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944.003
LB6n
pt.l
1784676
REYNOLDS HISTORICAL
GEMEALOGY COLLECTION
ALLEN COUNTY PUBLIC LIBRARY
3 1833 00662 6060
AUGUSTE LONGNON
Ml Miuii: uv i.'lv- iM I 1
LES XOAIS
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\m \A YWAKŒ
lEOR ORIGISE, LEOR SlâSlFlUTlOl, LEURS ÎRÂfiSFORÎlATlCl;
ii:si'\n: m;-- iom-i ';' m:i-n \\\ i iirc i\ : mi \s i i, .i i (. m itAi.i;
lAiri;^ A i.'i':i;(), 1 i-ii \ i njui-: h: s ii m ii- i'ii m-,
^si;i iKi.N his si:ii:.Mrs iiis i uhkji i ^ i:i l'ii ii.oi oi.n.uics'
Mil I' m;
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Paul MARICHAL et Léon MIROT
M.'Milir.'- .In Oiinil.. .1. ~ rr;.v.ms In-' ..n,|n. .; ,■! -,
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1784676
LES
NOIMS DE LIEU DE LA ERANCl^
■"^^0tJr
E I.oiiKnon, 7\ii;:ius{c Honoré, If^lI-KUl.
831 ... T-'"^ noms (11- lieu ni' lii l'i-incc; Iciii' oi-ioirn', leur signi-
,52 firalioii. h'iii's traiisfoi'iiiiitidii--' : n'siuiit' dos con fi'ront'i's de
tn)i(ini)tn:i'-ti(|ii(' iri'nrrali' failcs à I'l';r()li' pratiiiiic des hautes
t'i ndr^ (.'-^rciinn i\r< M'irllfi'--' 1 1 l-l (M'ii | Iles et J)h ! lolo^icjlios)
Vnli. |i:ir l'an! .Maiirlial ... ict, I.roii Mirot ...
]'aris, Iv ('lianii)i.)ii, l'.i-JO- Z9 .
.xi ii .831 ,cl3P. 25cr.,.
At lic.'ul <if litk': A>it;usto I^ju^^Tion.
..H.t.o .-ij I-f:uorl in --vie.
1. Njiiics. Ccd'j'i';!])!)'!!.'.!] --Franco. I. Mariijbal, Paul Goorpc^i Pimii-
■■'--•■'.' r;.ii, .|(,-.r|.li, cil. 11. •.Milcl, l.coii, 1 STO- jcillt tKÎ. IH. Tille.
.' — - 22— 30S7
Lil.r.ii-.v <il' Cuii-rcss ( DCl I.LG
AVERTISSEMENT DES ÉDITEUHS
Le 1 l juilleL' I *.) M dccL-dail [>i'i'siiu<-' suhiU'inenl le mnilro
de la géoi;-raphie liislorKiiie, Ah-liï^U' Loiiynnn ; son ensei-
o-nemenl ne lui siii'véLMil pas : la chaire iiuil avait oeeiipée
au Colle-v de FraucL'. d'abord <le ISS',) à 1S',)2 coniinc reni-
plarauL ou sup|)Iéaiil d'Alli'ed Maury, [)uis coinnu' liluliiire
d,-puis IS'.W. K.s eonri'i'eiu'es (pi'il dirii;\';u'l a ri'A'dlt pra-
lique des Hautes Ktuile- eouiuu' réi)rlileui' eu 1 S7'.), eouinie
maître de oontereuees depuis ISSI, eounne diree'.eur
(Tétudes à partir de iSSG, fureui Irau.-foriuée^. l'ne seit^uiee
inie sesoriL;\uesral[aeliaient à (r,\.nvillr, ,\ Ailrieu de\'alois,
à Nicolas Sauson il" AMa'vilK'. el qu'Au-uste l.ouguou a\ait
,-;u éri"X'reii eoi'[)s de doctrine, L;i'àee à -a pi'U(l(.'iu_-e et à sa
sayacilé de reelierches, à sa niélhode erili(pie, à son lalieur
l)rodiL;'iciix, à la sûreté et à la tdarU- de son e\[)osé. allait
tomber dans l'oubli ; et la porte ris(piait de se rouvrir à
toutes les i^'iiorances. à touti's les fantaisies, à toute- les
invraisemblances ét\!noloi4i(pies (jue [.oni;non avait, tlurant
tant d'années, combattues et dlssipét's.
Kn ell'el, (pie reslail-il de son enseignement Icui à
la fois si varié el mar([ué d'une lelle uuilé de doctrine?
llicu ou à [leu près ruMi d'écril. lau-mèMie avait bien. daiK
riitlroiluflinit de sou 1 }icl ionii.iifc /npoi/ r.i/ihnj iic du (i'p;n--
Icnienl di- l:i M.irnr, condensé en (pielipies pages les grandes
lignes de- son enseignement. Des résumés analogues avaient
l i.'.i iioM — soit ilit pour .-ouiier rourl :ui\ hosilalioiis des bioûiiflios
;, vonir — lo WJuiit, comiu.' nous r.nou- vu un [iri mr i|iirl(iiu> |i.irl. -
.Vii;;-usli>-ll(>iior.- Lou-iiou .'Uiil m> fi l'nris le IS oeU.lir.' I S 1 i ; ses |Ml.•lll^
luibilaiciU ;.M n» iO de la nie de h, l'enue-des-.M;illniiins, aujounl'lini l'iu
i,i:s .MiMs ni: i,ii;r
i''U'- (loiiiU'S par (H-i'lains (le sc'S(lisci[)lrs : dv<, ( 'on.sidéf.ifions
su/- I Oi-Kjmc cl l:i .si(//ii/ic;i/ii)/i r/c.v na/iis i/cs lieu.r Ii;il)ilvs
du (li'pnrlfiiwnl de Suàne-cl-Loin-, [)ar M. L. Lacoimnc
(HH'ii]K'iil lr.-> paires 7 à 17 du ptiil Dicliniiniiirc dv^ ces loca-
liU'<(|iie M. 1*. Siraiid a [)iiltlir en I.S'.I2 ; cl Ton doil à MM.
Léon lîcilli(iiid i-L Louis Mairucliol une Elude hi.sloi-icjuc
cl cl i/iU(dniii(juc des noms de licti.v h:i hilcs . . . du dcpnr-
Icnirnf de l:i Cùlc-d'Or. [)arnc de \\U)\ à l'.Mi;. dans 1rs
Mcniiii rcs de l;i Soeie/e des ^'eienecs liislDritj ues e! u.itu-
relles de Seniur. Mais il n'cxislail aucun li'avail d'fii-
scndilc.
Ou csl Icnlc de s'clonner de celle carence, en souL^'eanl
que de[)nis ISS',) le double enseinnemenl de Lr)niriu)u. au
CoIU-l;'!' de l'^rance el à Tlù/ole des llaules l'^lnde-^. avail
porte, dans le preniiei' de ces élalilissemenls sur Ks données
ellinoi;raplinpies des noni> 'le lieux ij)ériode anli([ue, noms
gaulois el romains, noms d'origine clirélienne. noms d'on-
gine gi-rmaniqne cl noms cmprunlés aux méliers, noms
lires des ollices el dignilés. des tpiahlés [di N'siipies el mo-
rales, noms cmprunlés à la faune, au règne N'egédal cl au
rcgiu' minérali, dans le second sur ces méuie> iioms étu-
diés par époipu' origiiU'> ligure, gauloise, roiiiainc ; ori-
gines barbares ; origines ecclésiasliipies ; origines l'éoilalcs
cl modernes). Il i'aul, pour se garder de cet éloiinemcnl,
d'une pari tenir comple de ce ([ircii lail de toponomaslupie
Icri leçons de Lougnon au (Collège île France ii'élaienl (pie le
développcnieul de nialières Irailées moins en détail dans
ses coiirércnccs de ri''cole tics ILiules l^liides ; cl d'aulrc
pai'l observer commciiL, au cours des années, ces conférences
oui élé conçues.
(lommc les autres cnseignemeii ts de l'iù-cdc dus Hautes
l'.ludes. celui de Lougnon comportait deux eonlereiices
par semaine. le jeudi el le samedi. \h\e seule à l'origine
elail consacrée à la topoiiomast iipie. (-'est ce ipi'aiiiionçail
Lougnon dans les prop(jsitioiis (ju'il soumit, le M jiuilel
1S7'.). au président de la Section des sciences liisloriqucs et
A\ i:iirissi:MKNr iii;s i;uiri;L us vu
|iluli)l()L;i(jtn's ', ri ([iii alx^ulirml à lanôlé ininislrru'l du
l.'j sepLeinbre suivant, lusliUianl [»rès celle seclion îles u con-
térences de géographie hisloriiiue de la France ». N'oiei
coninienl il sexpriniaiL : n Je vous deniandt'rai de vouloir
bien niauloriser à consacrer spéeialeaienL une tle mes con-
lerences à 1 élude hi^loi'ique el pliilologi(|ue des noms de
lieux -, élude (jue je considère comme la hase essentielle
de la géographie comparée. On v étudierait l'origine el la
signification fies noms de lieux dans les dillerenles parluïs
de la l'^rance, ])uis leurs transformations, el j'estime (juil
sortira même (\c ci'tte seule porluMi i\u vasli' cadre (jue p- me
Irace, des liiinu'res [)récieuses pour rhi>l(»ire de notre
pays ».
Celle K élude historicpie el philologi(pie » occupa les
conférences du jeutli durant trois années scolaires, de ISTit-
18S0 à ISS 1-1 S(S2, el Longiion la reproduisit pendanl les
lieux [)ériodes triennales (|ui siii virent. A|H'ès avoir, au
cours de ces neuf années, réservé les conférences du samedi
à la géograi)hie liislorupie proprement dite, soit à la ma-
tière essentiellemenl \isée par l'arrèlé de 1879, Longnon
crnl pouvoir renoncer à celle dernière partie de son ensei-
gnement : il se [M'omettait d'y suppléer en poursuivant la
publication de son AfLis his/i)i-i(jiit' de l''nnicc, publication
que malheureusement il n'a pas achevée. A partir de 1 S89
ses conférences ont eu pour objet exclusif la loponomas-
tique. « Les noms de lieu de la h'rance, leur origine, leur
significalion, leur transformation », furent éludiés, comme
précédemmenl, le jeudi, mais en un cycle de quatre, et non
plus de trois ans. Dans les conférences du samedi le
1. CeUe pièce est conservi-e au .secrôlai i.il de la Seclion.
2. {^e mol est ainsi écril au [)luriel, ici el un |uu plus loin. On esl
donc on di'dil de présumer ((ue c'est sous une iullucuce exlérieuii.' (|ue
l,iiui;iuMi .1, par \:\ >uite, '•[ (■(instauiinrnl , adupt,' l:i L;rai)liii' " u<.)uis d<'
lieu •■, il l'cNeinplo des auleurs des « du-liminaires lopOL;i'a|)luques i> parus
dans la collection otlicielle. Celle grapliii-, mins n'avons pas osé, dans la
[n'ésenle publication, ne [ia> la respeclei', bien ipie nous la lenions pour |)eu
justifiée ; dans la juxtai)osition d'un nom de lieu et d'un autre nom di;
lieu, impossible de ne pas voiries noms <1 au moins deux lievx.
\iii r.r';s ndms hk i.inr
luaiLre, au lieu do coiisutri'er l'iuiscMiiblc du lerriloiiH' IVan-
Vais, s'allachail à un drpai'leuu'ul eu parliculirr.
(a'Uo heureuse iunovatiou procurait aux |)ersouues euipè-
ehées de IVéïiueulep peudaul ipiali'e aimées conséculives
rKcole des Ilaules Kludes le moyeu de s'assimiler plus rapi-
deuieuL sa mjihodo. De plus, et non-; insistons sur ce point,
elle fournissait au maili'e roccasion de rcprendie eu sous-
(i-uvre, en pi'ésence de ses auditeurs, dont il accueillait
volontiers la collaboration, sou ensei^-uemeiit du jeudi.
l'Ji éludiant cliai[ue aiim'e ' un déparlcmeut au point
de vue toponoinastique, en recherchant cl eu rapprochant
les fornies anciennes des noms de lieux, en couCronlant ces
tormes avec celles de- uouis similaires on jKiraissanl tels.
l'eU'vés d.uis d'autres dc^pai'l.cmeuls. eu élciidanl celle
empiète à la majeure partie des divisions administratives
actuelles de la France, Lougnon s'imposait une lâche véri-
tablement scientirupie, mais qui. loule expérimentale, ne
pouvait aboutir — ses [irémisses dL'\ aut être ou corroborées
ou modihées ])ar des couslalati(ms ullérieiii'es - à des con-
clusions inébranlables que dans un avenir i'ort l.)inlain : en
effet les départements (pi'il a ainsi passés eu iwue soûl au
nombre de dix-huit : .\isne ! 188S ! M88 '• ), ilaulcs-Alpes
M907-1892). Aube (1893-189't), Côte-d'Or (1900-11)011.
Eure, 1891 • l8'.)-2. Eure-et-Loir ( 1897-1898^ Indre-et-Loire
i 1898-1899,. Maine-et-Loire (]89o-lS9l>),Marne'l 888- 1889),
ITaute-Maruei I901-h)n:i d 1 9():i-n)(M; i, Meurthe-ct-Mosellè
; I8'.)l-I8'.i:;,, MiMise- 18:)(1- 1 807 (..Nièvre ( 1901- 1 0()2). Ilaut-
Uhin, limité au Territoire de l]ell'orl , 1 OllO- 1 0(l7 i. Deux-
Sèvres (lOD.'J-lOOi), Somme * 1 81)1»- 1,S9] ,^ ^^ieune il'.)(l2-
190;î), Yonne , I 8;)9- 1 901) , ; suppo>é (pi'il soit parvenu à
traiter de même tous les départements qui, commeceux que
1. Sauf peiid.nil reliure scol.-ure l.S92-18!»:i : voir ci-apr,s notreuoto de
la ))a^n 279.
■>. l'eudaut lo-, U-ois aiiiit-L-s scolaires i[ui oui précciié sa .iioit, Loii-.ioii
csl i-cvrmi a rrl.nir do <•>• dépa i-U-,ueiil , d,,„l la loponoinasl i,iue rst iKuti-
■ ■uliùivineiU iiil, •!•,■. sanlr. le Ifrriloiiv en étanl parta-é eulre les dialecles
li'aU(,'ais et picard.
.\\ i-.iri'i^-îi'MFNT nrs kdi i iîi'hs in;
u.uis venons (l\Miimu'i'iT. soiil rrpr /•s^Mik's dan- la t'ollrclnni
oïWcit'Wcda Dic/innri:ii/-c h)p<)(/i:ij)/iii/uc (Ir l;i l'^r.iucc. on onl
faiirohjel de Lravanx oonrus dans le même espial, les lésid-
lalsaecinis n'anraient inléressé ([n'uii llers environ de noire
len-iloii'e nalional. el \\n liers (jiii n'en^lohe [)as. à hean-
ooiip prè'S, lonles les i','-ions doni la lo|)ononiasli(iue sidli-
eile nue éinde pai'lienlièi'eUKMil allenli\-e. l'\inle Av ces
listes de loiaues anciennes (jui lonl loni le |)ia\ des .. die-
lioniiaii-os lojio^raphicpies m. |\(iM-non devail pm'sisler à st.
nionli'i'f 1res s(d)re d'exemples ein]'rnnlés à la l'dandre IVan-
çaise el an rionssillon. ,.'l s'en leniranv mdnelioiis el an\
hy polhî'^es. 1res ralionnelles à la vei'ih-. mais l'ondcis-ni-
un nombre e\(rèmein<'nL reslrcinl de lails posilifs, .iiii
l'aisaienljle fond deson enscii^tiemenl relalivcmenl aux noms
(le lienx d'orii;-ine hui-^^onde el d'oi'i^ine \\isiL;t)lliiinic : il
ne ponvail jn^er venue l'Iienre de sid)>lilner à sc;. t-MulV-
renées un livi'e déiinilil".
Imi r.llo le D' llerniaiin (îrrildci . (!-■ i'.rt-hm, enlreorc-
uail la publication d' ww manuel inlilulé : I'Ihu- I rs/jnnn/
iind HocUniluiKj dcr fi:;nzr>.sl.srhrn ( >rlsn:micii . Lepremiei'
volume, seul paiat jusqu'à ce jour, esl c-msacré aux \oeaMes
croi'igiue liqaire, ibérique. [)lieiiieieiine. -reeciue. i;aidoise
ol latine : c'est, ou le reconnaît, la matière li'aitce dan> les
première des quatre années que comportait le cvcle de
renseignement de Lougnon : il y a d'ailleurs beaucoup
d'analogie entre le plan suivi par le pi'o|'es<eur de l'.re-lau
el celui qu'axail a loj)|:- !.• di rt'.'l eui' d\d n 1--^ de Paris. Mai-
eelni-ci s'apphfjuail à renq)lir-on pro^i'am me en une Iren-
tanie de .'oa l'JrenL'e-, laiidi> (pie le D' ( îi-.'dilfi' a en Lnite
lalilude pour mnlliplier. en plus do (n.is reut cinquante
pages, les exemples ac<-onq)agiR'~ de rèlerciioes prècisi-s et
les hypollie-es di-nes de la plu- >erien.-e alleiiliou.
Tout recemineiil. eu I'.IlHI. M. Alberl Dau/at, dans un
volume de momdiv ('•lendne, mais dc^ coiuprc-lieiision plus
vasle — I.cs- imnis de ll,-ii r. Krhjinf ri rr,,hili<iii : ri/ /es cl
ri//;,tjcs. /);ii/s-. cmirx d'r.iii . nmnl nijucs . /iru.r dils ~ a mis
i.i.s NOMS m: i.ih.L
à la poi'tée du uraïul pul)lic un iiiLércssaiil essai de >yii-
lllèSl'.
l'oiir iiuléiiiahles (|ue soieiil les uu'i'ilcs respcflils Av ors
deux pnl)licali(ms, ils iic saiiraicnl (lissiimik'i' nu l'ail hni-
lai : depuis la morl de Ix)iiL;'iiun la reeliei'ehe de^ k'xles
relatifs aux noms de lieux franeais. à lacjuelU; il allaehail à
bon droii une si j^-raudi' iu\p(U'(anee, n'a L;'uèie progressé,
puiscpie la coUecUon des » ihclionnaires lopui;! ap]ii(|ues >•
Ile s est ani;inentée (]Ut' de trois V(dunu'S, doiil. au deuieu-
rant, les niannsents lui avaient éléee)nnns; le li\re déiini-
Lil'cpi'il eùl jiiLjé prénialui'é d'éeriie, pei'st)niie n'est encore,
à riieiire actuelle, en état de renlreprendre, cl il iinpoile
(pie nos leetenrs ne se niépi'cnnenl pas sur la nature l'I la
|)ortéc du volume (pu' !ion- leur (dirons.
l)evant 1 oid)li an([Uel clail l'alalemenl voué un enseii^iie-
ment pureiiunil oial, de\ant le dauL;er de dérormalion ou
(raltératiou (pu' courait la niélhode suivie, non- aviui- [)eiisé
tpriin impt'i'ieUK devoir s'imposait : rappidei' l'e ([n'était
la doetrine du maître de la idéographie liistorupie au mo-
ment de sa disparition. Telle est, sans ])lus, la làelie (pie
nous nous s(jmmes a^siL;■née '. 11 nous l'sl a^réalil.' de
remercier les personnes (pii, dans ci' travail de ree(m>litn-
li(jn, seuit venues à 1 aide de nos soiivenii's [)ei sonneU, et
tout parlicnlièremenl MM. (Iccm'ljcs Mesiiard el Pascal
Lanco. Ce dernier, aujourd'hui arclii\iste i\i[ de|)arlemenl
de la N'endée, a rré(pient('' l'iù'ole des liantes llludes pen-
dant les sept années (pii ont précédé la mort de Loui^iion :
nous lui devons uu résumé lr(-s attenlil" des noies (pi'il a
recueillies. Non moins assidu, mais à une épo(pie plus an-
cienne, M. ('iCoi'i4es Mesnard a\ail, de son c(")té, résumé les
I. 11 ou rrsullr ijiif iioirc rnlc élail des pins iiioïK'sli's, liraucoii |i |iIum
iiKidesti' ijiK' ne li.' ronccxiiil .M. Iùmu' 1 .;iiL;illii-rc, Ihins nn r(>ni|)U' itihIli
donné l'ii l'.l:!! Ilran- Crili'/uc, .\l.l, iilil-.!'!! , ce jcnnc '-avant, ddUi 11
l'an l (l(''|ilorc'r la pri'li' |ii'énia (nré<', s'csl scaiidalisr de ce i|ni', pour résn-
(DCr 1rs conlÏTciiCrs île l.ijn-^iiun ridali\es an.\ inmis vl lienx d'cni^iiu' Iji'e-
loiiiie, " .\I.M. Mariclial et Miinl, qui i^iiorenl luuldu i)i-i'l'>ii, ii'mU pus
daifiné faire aiipel à un cellisie compélent n.
A\ i;ii rissL.MKN I m, s i:iiiii:ius xi
.■.MitV'irm-fs .les aiinres I '.MIO- 1 IMI I ;i I '.Kl.!- I '.)0 i . rt nous
avons (.'Lialcnieiil mis ;'i conlnlnilion sou Iravail: la réilachoii
cil L'sl moins condrnsL'e. cl Ion nous as^Ul•(.■ (|iril a pris soin
(le la soumc'llre au conlrôle du niaîlrc.
lIcurcMix dcvoquei' la précieuse s>iupalhie donl la
lanulU' Loni;noii a l'avorisc noire enlreprise', nous croyons
(levou- lusislcr sur le parli que nous avons lire des coiumu-
nicalions hhérales par lesquelles celle -^vuipalhie s'esl
at'iirmée.
Les liclics (pic I,oiii;iion a\aiL sous les ycu\cn prolessanl
à I lù'ole des llaules lùudes ne porlenl, eu gémi'ral, ({ue
des indicalions 1res Ijrc'ves, des linuuKJralions. des ébauches
de Iransilions. donl il s'aidail pour ordonner ses exposés ;
il délaul d'une documenlaLion au sens rigoureux du inoL
elles nous onL |)rocuré le moyen de eoiiUvMer les noies de
MM. Mesiiard el Laiico. el. liàlons-noiis de Tajouler. d'en
conslaler l'exacliLude.
Au Collège de France, Longuon enleudail ne rien laisser
il l'improvisalion : le lexle de ses leçons était enlièremenl
rédigé. ()v il se Irouve (pie, pendani les années 188U-18'J0
el ISUU-1(S',)1. ses le(,'ons du jeudi malin oui porté sur les
mêmes malières que les conrérences des dcA\x premières
années du cycle de l'Ecole des llaules l"^Uides : griice à cette
circonstance, nous nous llallons d'avoir fidèlement repro-
(luil. en ce (|ui conci'nie les noms de lieux remonlauL ii
l'anliquilé el aux invasions barbare?, la pensée el l'expres-
sion di' noire mailre.
Dans le n résumé des cou lé renée s de I o pou om as tique géné-
rale » c[ue nous livrons au public, en dehors d'une division
en chapitres (|ui s'imposait, el de la numéralion des para-
graphes, sur laquelle nous allons revenir, nous nous sommes
allachés ;i n'iulrotluire rieu de nous-mêmes. ,Si. dans
(pielqiies cas tout exce[>lionuels, nous avons jugé opportun
I. Nijiis rcinorcious loul |i^'rLiciilii''ruinfiil iiolrc cdiilVèM.' M. Joaii Lon-
^11011 (Ir son arliclo : Ce (juc ilisi'nl les nnnia (!<■ lieu \Li> lleeue eritiijue des
((/<x's el {/es lierez. XXX, n" C.» '-.':; (liV-cmbrc IVliU,, p. 00:!-67:i. ,
Ml i.hs ^o.Ms m: i.iiai
(Il iKMis (K']i;irlii' (le ccllr rJsdliilmii Ac |)riiiciric, c'c!:-! t'ii
mile (| lie iKHir- r;i\ (MIS l'ail . I'!l (|ii.mi I , dauli'i.' pai'l , mnis ;t\ ons
l't'jc'lr (Ir niènii' vu iidle «les rnoiR-ialions apparlenanl à
l.onyiioii. iiuii- Il a\oii- |ia> juaiKjUL' il en iiuliquri' les ino-
lils : là ciicDi't.'. iMi lions l'atTdi'dcTa. iiou- avons ék' i;ui(.iés
par le soiiei le ])liis soni|nilen\ de ne pas dénalurei' sa
j)enséi.' '.
("e " résnnié ••, nous avons ern qu'il elail indispensable
de le l'aire suivre (Tim ■• indi'X >> alpliahéliqne, dans leqnel
nous aMiiis l'ail liyuier, non senlenienl les j'ovnies anciennes
el les formes aelnelles des noms de lienx. mais encore les
sullixt'S el anlix- élémenls. élndiés [lar I.miynon, de ces
vocahles, ainsi (|iu' le< leiines e.\pi'inianl lelles notions a la
prisi' en «.■onsiilc ration di'sqnelles il altaeliail qudqne iin-
porlaiiee, tels |diénoinène> de plioiu'diqne sur lesquels il
s"ap[)uvail. Cet index lenvoïc, non [las aux pages du voliiine,
mais aux païai^i aplu'S ; saii^ être, imus le reconnaissons, à
lalu'i de loiile l'rilujne, la nnmér.olal ion de ceu\-oi a du
moins raxaiilagc de loeali.-rr lis rt'clierelies. el c'est loni'
ce que nous nous projiosionsen lélablissant. Puissions-nons
avoir lacililé aux esprits île lionne \olonlé la connaissance
exacte. 1 équitable a]jpréciation cL réventuelle mise en
valenrdela mélluule. tiuile de jirndence. moyennant Ia(|uelle
I.ongnon seil'oriMil d'équilibrer comme il convient les prin-
cipes répulés ininmables de la théorie, et les résultais, par-
lois déconcerlanls à première ^■ue, de l'expérience -.
1 . C'f>t ainsi c[u'.'"i li;ib (II- l;i \<:>'^v i Ni.i nous ;nijii'> liipporté, ^ui buiel de
l'orij^^ine des noms du liroisii' el de l'urnic, une opinion émisi' pur Louynon
en ISOO, mais (jue nous n'a \( mis pas i ch ou\ éi ilaiis li's noies j dus récentes
de ses auditeurs : eelte opinion, (|ui' M. lian/.at n'aeeeplo ]jas Les ruuiis il'-
lieux, p. 144 cl \~'.'\ il est piid'aldi' (pie l,oni;noii ra\ait, loul le jireniier,
îibandonnin^.
2. Qu'on ol)ser\ e ^aiis parti pv\s les laisons données |)ar l.on{,''non de
i'identifieati':.!! de :^'niliinuiii avi-c Sunue, et l'on reeonnailra qu'il y a
(pieUpie (lésin\ ollnro dans le d('i;nialisinc a\ee liupiel le 11'' C.C'ihNn' iZt'i7-
schrifl I ùf runiiui L'oeil '■ l'IiilfUujii' . \'.>-l\, p. ,s'.i det lare (pic celle idenlilica-
lion iil f.rth^trt:rfli''udUclt :;/ m k fr/cii . - ]'our(pioi le même savant
eslinie-l-il injuslilîi'e inibcrcrhti'jl' riiy[ollu'?e. [lour Keouen, d'unprinii-
A\ i:htissi;mem lUis i::iirn:L-Hh
PeuL-èlre nous reprochera-l-on de* n'avoir lenu aucun
compte des travaux, des découvertes faites depuis JUll. el
ijui ont pu modifier les lliéoi'ies d'Au^usle I.oni;non. Niuis
axons voulu le laisser parler niu- dmiii-re lois, eoniinr il
Tavail l'ail dans celle dernière annce scolaire 101 0-J ',) l 1 .
clevanl, nous a-t-il semblé, à sa mémoire lemonumenl qui
lui eùlle plus agréé, el lui nianilcslanl . pour riusli uclicii de
tous ceux qui ont prolilé, proiilenl el prolileront de son
enseiLmemenl. le lémoiynasie le plus complel de la gralilude
vivanle de ses nombreux disciple- el admiialcurs '.
tif yuulois Sculonniijus'! Lu ^l'iinaiiique Esk-licni, iju'il olVrc un éch;iii..;u,
serait seul de son espèce dans hi région, cl nusiunnil u.\ jiliiiuci!;i diiilildiiuiie
c|iii uanictérise, d;ins lu nom d'iù-oiieu. lei s\1I;i!m' l.iiiiniu. — Ailn'.Uru
Hiiu V:ipiiir}nn. r.niuiun il.. m <lu ("i:il\ a ulù l'.inuu ;.m- ,ui nom (l'in.nnnu
i;uini,uin|iu- au nuiyun dn bulli\u -(//;/, uu ■pu n'aniail pM -u produiru ipi'à
la -.uilu dus invasions, c'est mùuonnalliu cpiu V:ipinijiim li-urc dan- nu
lu\lu du laiitiquité romaine, l'Itinéraire d'.Viitonin.
l. M. Antoine Thomas, membre de l'hislilul, a pris la peine de relire
lus épreuves decet on vrage, et nous a aidés de ses préuieuN conseils. Kt iVr6
19-2."i son collù-ue M. Cli.- V. Langlois, direcluur des Archives, a bien vnulu
signaler noire unlreprise à l'aKcnlion du faraud |.ul)lic ■Noni>i de lirn. m
Franc, dans la l!rnie ,lr Fninrr. i'.e année, n" -2(1 lllocl.dnc lll-JO. p. IJGV-
tj'.ri'i. A tous deu.\ nous exprimons ici noire n's]iucluuusu yratilmlu.
LES
NOMS DE LIEU DE LA FRANCE
r.KUl! OUKJIM;. M;UK SIC.MFICATION, Li;UliS l'IiANSKOHM.VTlMXS
AVANT-PI lOPnS
Les noms de lieu j'ormeiiL la j>lu.s riche des noniencia-
lures qui se rattachenl à la langue usuelle. Environ deux
cenl mille vocables, doni certains sappliquenl. il esl vrai,
à plusieurs localités, oui été véuuis dans l'cdilion du /)/c'-
tionnuirc (les Postes et des TeIc(fi\i/)/tes [)nh[ivL- eu ISUS. Si
Ions les lieux habités de la France y liguraienl, leur nombre
dépasserait certainement le million : et si l'on faisait h'
dépouillem'enl du cadasti'e, ou arriverait incontestaljleuient
à cinq ou six millions de vocables géographiques.
Cet immense vocabulaire n'est pas, comme celui des
sciences, le produit de la méditation, et encore moins le
développement d'une donnée systématique. 11 n'est pas
l'œuvre de ({uelques hommes. Il s'est formé à la longue, et
comme au hasard des circonstances. Il a pour auteurs tous
les peuples qui, successivement, sont venus s'établir dans
notre pays, toutes les races, victorieuses ou vaincues, dont
le mélange a produit la nation française.
1. S<uif quelques rai'es moilificalions ([u'ori n'a p.is cru pouvoir se disfjeii-
sei'd'y apporter, le texte qui suit esl celui ([u Aui^uste I^ouj^uou ;»\ail léili^c
en vue de sa ieçyu ilu jeudi 5 déceuibre ISS',1 au Collège de Fiaucc, cl
qu'il pai'aît avoir ensuite relouché pour l'adapter à sou onseigiieuieut de
ri-Volc des llaulcs l'iludrs.
Les i!iiin:i 'Ir Uni. I
I) 27ryt-i
Des éléineiil.s si divers par leur urii^ine ne le soiiL
pas moins par leur sii^^nificaLion. Ils indiqueiil lanlol la
coiuiLTuralion ou la nalnre du sol. (antôl les espèces ani-
males ou véi;étales qui v vivent, d'autres l'ois la deslinalion
(jue les lieux ont reçue du l'ail des liomnies ; ou bien encore
ils nor.s ont cop.servé la mémoire d'anciens événements ou
le iioui des personnages par qui les centres de population
t'iiroi\t vTrés ou Iranst'ormés : de sorte que. dans la nomen-
ei.ilure d'nu pays comme la France, le> renseigne-
!Mejil> aboivlenl, non seulement pour le linifuiste,
ni.u> aussi pour riiist(jr!en, pour l'archéologue et pour
l'économiste. \)uaut aux mots dont le sens nous écliappe
(el il en est encore beaucoup), ils sont eux-mêmes utiles à
riiîslo;i'e, parce (pie. si l'on en ignore la siguirication. on
sait parlois cependant, grâce à leur structure, à quel peuple
ou les doit.
l'ne source où il y a tant à puiser n'est pas sans avoir
éle déjà mist' à contribution. Elle a servi à la plupart des
érudils Au temps passe, mais d'une manière tout à fait
accidentelle et rarement intelligente. Adrien de \'alois. dans
sa Xodft.'i CiiUhiniin, publiée en 1G79, et l'abbé Lebeuf.
dans V {li.sloire de hi ri/lc el de loul le diocèse de Paris, qui
date du milieu du xvui^' siècle, sont les seuls auteurs qui
aient tiré nn parti raisonnable de ce moyen d'information
ilonl ils avaient ac({uis le juste sentiment par une Icmgue
habitude el-beaucoup tie pénétration ; encore le second,
parfois bien aventureux, ne doit-il être consulté qu'avec
beaucoup de circonspection.
Ce n'est guère avant le milieu du xix'' siècle, ([u'on a
eounnencé à l'aire une étude spéciale des noms de lieu. Un
erudit d'espril très cultivé et de sens droit, Auguste bc
Prévost, a, eu 1^(3U, tracé la voie qu'il convenait de suivre,
en l'éunissanl, sous la forme d'un dictionnaire ', avec Téqui-
I. Diclioinuiire dex anciens fuiiiis île lieu dit ili'iiiir!''iinnl île ilùin
i'Mciix, is:i',i. in-rj.
valt'iil modci'iu- à colé, les iioius anocii.-- dis luciililt'^ liii
(lùpailoineiil de rEuro, lois (lu'il les ;ivaii ireiu'illis dans
les vieux textes eL surlouL dans les rharlfs. Des (.nuages
conçus dans le mcnie espn't, mais ciiU'éi'eiils dans lei;i' dis-
position, ont paru depuis, consacrés aux réoions les plus
diverae? de In France. Enfin, un réjK'i'loiie i^i-neral, (pu
doit enii)i'assei' LouLe la France, enlrepris il \ a |)!iis de cin-
quante ans par ordre du ministre de rinslruclion pubinnie,
le Diflionnuire lopn(/r;ip/nque (/e la France, ron/prc/iaji/
te.s nomsdc lieu luicicus cl modernes, est aujnin-d Imi publie
pour vingL-se[)t déparlements '. J.es index j^eoj^-rapiiupies
(les nombreux cartuiaires publiés depuis un denii-^ierle '
apportent une non moins utile coiUributinn à l'eliide i\i^~,
noms de lieu que les dictionnaires dont nu \ i^.nl de j>arl(r;
ils sont môme en quelque aorte plus précieux, ])aree (juils
1. Voici rèniimération de ces (lôp.irlomiMils, le n,)i,i .le (-li.irun l'hnil
Bcooinpnf,'!!!), cnU-e pareiillièsos, du nom de l'iiiuoin- cl ik' l.i .ImIo <\o .inMi-
catioii (lu (licLiommirc ;
Ain (l'iiilipoii, l'Jlli; — Aisne (Mullori, 1871,^ — ILuitos-Alpes J!.,h,;,ui.
18841 ; — Aube ([^oiiliol, el Socard, 187i: : Au. le labix' S;i!..irtliès. ['.H-y ; -^
Calvmio» (Hippotm, 188,'^); — CniiUil ;Ainé, IS'IT); ^ Durdo-iu' i!o
(iom-yiics, 187;}); -- Drùmo , Brim-Duraiid, 1^'JI ; — lune ^m'- de' lilusse-
vlllc, IS78); — i:m-c-cl-I,<)ir (Mcr)et, ISi'.l); — Cai'c! (( ionner-l )iii':in(i.
1868); — llénuill (Thomas, I8tij); — II(ii)te-i,oire (Ghiissiiiiig. et .lacoliii,
1907); — Manie (Loiiffiion, 1801); — Ilaule-Marae (iîoserol, 1003,; —
.Mayenne (Mailro, 1858); — Mcurtlio (Lepagc, ISO'i''; • Meuse M.i.'iuird,
1872) — Morbihan (Uosen/.weiy, 18701; - Mo>;elle ide l'.onlciMer, :S7r:
— Nièvi-e (de Snultrait, J86.")) ; — l\is-de-Calais jc''-- de l.i.l^ne," l'JdSi"
— Hasses-Pyi'énéos (Raynioiul, ISO.'i) ; — lianl-lildii Stcllel, IKOSi; —
■'iciine (liédel, 1880; ~ Yonne (Quniilin, IS(Vi). - SuiiL souh piesVe. ,'i
l'iicure aeluûlie, les cliolionnairos du Clier cl de l.i Cuto-d'Oi'; en mdie, un!
i-s- déposés aiiMinisIère do l'Instruction publicpie les iii;i;iuseiils des die-
oiinaires d'Illc-cl-Vilaine, de la Sarllie, île Seine-el-Mni ne (I des Vosj.'es.
Divers travaux conçus dans le uiènie ■■sprll (>nl. éli'i pnbln's en deliorsde
felle collection oiTiciellc : les principaux se iM|ipoi!.eni :in\ di'p.irlernenls
de l'Indre (Euf,'. Hubert, 18811), d'Indre-el-I.oire (Carn'- de Hnsseiollc, IK-jS-
1884-), <le la Loire-Iuféricui-o (Quilf^nrs, l'JOT), de Maine-ei-l.oire i PorI ,
IH7V-IS78), de lu Savoie ;Vernior, iS'.u; . des Deux-Sèvres il.edain et
Dnpond, tilO-2}, de la Somme î.Iaecpies Ciarnier, ISf>7-IS7S, dans .U.</;, ,/.• la
Soc. lies Andij. lit' l'ir.inlir. .'i" série, t.. I el IV).
2. U. ^tw\, Diblioç/ruphi,' rjihirndc dc^ c^irtiiliira: fi-uirnia .(onie IV (le
la collection dos A/anue/s de liiblior/ruphic histori'/iic IVn-is Mpi, l'i,-,r('
l'J07. in-8"';.
l'ournissenl ^i^énéralenietiL les formes les plus anoiennes, el
pai'lanl les plus iploressautes. «.les vocables géo^iraphiques.
D'autre pari, queUiues iuivraL,a;s oui élé eousaerés par
divers érudils à rélucie de la foruialion ou de la signiiica-
tion des uoms de lieu. Tels eonl, par exemple :
Ilouzé, Etude sur lu signification des noms de lieu en
France [ï^^'t, iu-8°, 1 iO p.). L'auleur de ce livre éludie
(piekjues séries de vocaMes topoijjraphiques, en preuanl
pour poiul.dc départ l'explicalion d'un nom de lieu déler-
miné ; possédant à fond les travaux de Valois e( de Lebeuf,
et doué d'un grand bon seifs, il arrive à des résultats vrai-
ment étonnanis pour le temps où il écrivait.
(Oniclierat, l)c la formation française des anciens noms
de tien, traité prali<iue suivi de remarques su/- des wjuis
de lieu fournis par divers documents (I8G7, petit in-8°,
I7G pages). Ouvrage dont l'éloge n'est plus à fa.ire, mais'
auquel on aurait tort de se lier (.■onq)lèlemenl.
11. Cocberis. (h-iijine et forma fin/t des noms de Iwu
(ilST'i, in-l'i, "iTC) pages;. (a-I ouvrage u pour autour un
ériidit auquel on doit d'esliinribles lra\aux ; niai-^. appareni-
ment plus complet et plus melliodique que les livres men-
tionnés précédemmeul, il doit être consulté avec une
grande méllance pour louL ce qui appartient en [)ropre à
son auteur.
FI. d'Arbois de Jubainville, liecherclies sur l origine de
la pnijjricté foncière el des noms de lieux haljitrs en France
(ISOlJ, in-8"i ; cet ouvrage renferme surtout de jM'écieuses
données sur les vocables géograpbiqucs formés en Gaule, à
l'époque romaine, sur des noms propres de personnes et des
noms de proju'iétaires.
L'étude de la signilicatu>n des noms de lieu repose
aujourd'hui sur des bases assez, solides. On ne se conteute
plus, comme le faisait Bullet il y ,a un siècle el demi, de
dépecer les noms de lieu en autant de morceaux qu'ils ont
de syllabes — sans paraître se douter des altérations, parfois
si <rraves, (lu lis ont subies au cours des siècles — el, ce
A\A>T-r'ii(ii'ns
(K'pècemeiil opéré, de chercher la sij^nilicaliun de chacune
de ces parties du nom dans un prétendu langage celtique,
qui n'a rien de coninuin avec celui qu'ont étudié, de nos
jours, MM. d'Arbois de Jubainville, Gaidoz, Loth et
l'.'ruaull. La seule méthode vérilablcnient scientifique con-
siste à rechercher les formes anciennes tle chacun de ces
noms, ou, à leur défaut, les formes anciennes sous lesquelles
les anciens documents désignent quelque localité honio-
nyme, et l'on part de là pour eu déterminer le sens, à l'aide
(les langues successivement parlées par nos ancêtres. Par-
lois, c'est l'étude comparée de tous les noms de lieu d'une
région, aujourd'hui française, qui permet d'arriver à l'éty-
inologie d'une série importante de voccddes géographiques.
Les progrès accomplis depuis un demi-siècle dans les
(■•Indes de philologie en général, et de philologie celtique
l'u parliculiei', lu' soui pas sans utilité pcnir ce genre
(l'éludes.
OUIGINKS G1\KCQUES
Los lUMiis lie heu acliiels du terrilo'ue frain-ais no nou'.
a|i[)roiineut rien, pour ainsi dire, sur les colonies que les Grecs
ou les Phéniciens formôrenl jadis en Gaule, et, senible-t-il,
prcsipe exclusivement dans la Gaule méridionale.
1. Pour les Grecs, par exemple, leur plus imjiortante colunie
(le Gaule fut Marseille, fondée par les Phocéens vc-rs l'un r.(i()
avant notre ère; or le nom ancien (K' cette ville. "Wyjr.à.'.j 'Mi
1,'ree, M a ssi lia ±?n latin, n'est peiit-élit! pas d"o( ij;i:ie g-rccque : il
est possiI)le que ce soit simi)lemcnt un nom indigène, par oxeuiole
lij^ure, puisque ^îarseille fut fondét; dans une tonlrée où donn-
naient aloi-s les Li;^iu-es.
Quelques noms ^éoL;r;q)hiques d'orii^ine i;ieeipii.' ';ont mention-
nés et appliqués à des localités de GanK', par danciens a.uleurs
^M'ecs ou latins, mais tous désignent îles localités situées .sur 1,'s
cotes de la Méditerranée. Tels sont, par exemple, Athenopolis,
Portus Herciilis Monoeci, Nt/x'-a, 'Avti.-:>,'.ç, '\\-yJi-r^. '.Vjc;-
l'.T.x:.
2. Athenopolis, la ville de Minerve, localité dont le nom
ne paraît pas avoir subsisté, et dont la'situation. tpii n'a [las été'
déterminée d'une fa(,'on certaine, répond peut-être ii c-elle de
Saint-Tropez (Var).
3. Portus Herculis Monoeci était, ce nom l'indique sulli-
saminent,-Ie port consacré à 'Iipay./.f;ç MoviT-/.:;, dénomination
i,n-ecque d'un Hercule solitaire ([ui n'est autre, parait-il. :]\\e
rilercule tyrien, c'est-à-dire le dieu phénicien Mclkailh. G'rsi
aujourd'hui Monaco, que l'on désignait encore au xvn'" siècle sous
le nom de Mouryiies ou Mourguez- '.
Deux autres localités de la même région étaient dédiées ■^
Hercule, à en juger par leur noni d ' îleraclea.
\. Voir !1. Bouche, La i-liorngrnphie on <lrscrii>tloii 'ic Pruvrncf Aiv,
ITiGi, "2 vol. iii-l'ol.\ •^i.TssÙM.
f
4. L'une (1 ollos (H.iil situei^ (.■rdit-ciii, \ ci's Siiinl-dillrs; ( GarJ),
c'esl-k-dire à 1 ouest de reii\!i(iucliuie Ju !"îhriiic.
5. L'autre es^t Heraclea Caccabaria, qu'on a pUicée, non
sans vraisemblance, au sud de Saint-Tropez, vers la baie de
Cavalaire.
On est assez porté à considérer ces deux Heraclea, de même
que Monaco, comme d'anciens comptoirs phéniciens cpii auraient
ensuite passé aux Grecs.
6. Niy.aia, nom grec reproduit par le latin Nicaea. désigne la
ville de Nice. Ce nom. i[ui signifie littéralement i< la victo-
rieuse », s'appliquait peut-être originellement à un sanctuaire
de la A'ictoire, NtV.r,, à moins qu'il ne s'ap"isse Ici de Minerve,
ou plutôt de Pallas, (|ui était, on le sait, htmorée sous ce surnom
dans la citadelle de Mégare. en Attique.
1. 'AvTt-c/.i;, c'est-à-dire <. la ville d'en face i-. devait son nom
à sa situation opposée à celle de Nice, de mènie que la ville
actuelle de Tortose, en Syrie, située en face de l'île d'Aratlus, fut
jadis appelée Antaradns. C'est la moderne Antibes, en pro-
vençal Antiboul, ce dernier nom accentué sur la seconde syllabe.
8. 'AviO/;, (jui, comme Nice et Antibes, était à l'origine un
comptoir marseillais, est aujourd'hui la ville d'Agde (Hérault).
Suivant Timosthène que cite Etienne de Byzance. le nom com-
plet de cette localité aurait été "AvjtOr, T>/v;, c'esl-à-dire « Bonne
Fortune ».
9. Aspco'.crwç, c'est-à-dire (( lieu consacré à Vénus », e.st le
nom qu'Etienne de Byzance donne à Port-Vendres (Pyrénées-
Orientales) dont le nom actuel dérive du latin Portus "Veneris
au même titre que vendredi de X'eneris dies.
10. Tels sont les quelques vocables géographiques d origine
grecque qui ont pu être relevés sur notre pays. Ce modeste
ensemble n'a pas suffi à certains esprits qui, ^■oulant voir en
Gaule de plus nombreux vestiges de colonisation grecque, ont
cru trouver satisfaction dans certaines régions avoisinant, les
unes l'Océan Atlantique, les autres l'embouchure de la Somme.
Les noms géographiques sont ici les seuls témoins invoqués : eii
l'espèce, ils ne prouvent pas grand' chose. Sans doute, dans les
départements des Landes, du Gers, des Basses-Pyrénées et des
Hautes-Pyrénées, un assez grand nombre de villages ont leur
nom terminé en os, Athos, Pissos, Ihos; mais la terminaison de
nmr.iNi'is Gi!r;(:oui':s
r.-s noms, correspondant ;i une syllalie accenluée du nom primi-
lil, est sans rapport avec la terminaison grecque -c: cjui n'aurait,
.'11 irançais, pas laissé plus de traces que les terminaisons latines
-us et -um, appartenant à des syllabes post-ioniques.
Les prétendues preuves de ccdonisation grecque vers l'embou-
cluire de la Somme ne sont pas plus convaincantes. Il se peut
que le nom primitif de Saint-Valerv-sur-Somme soit Leuconaus,
comme le dit la Vi/a Sc-inc/i Walarici, écrite au vii^ siècle ; mais
c'est à tort qu'on voudrait reconnaître dans ce vocable deux mots
jurées, l'adjectif Xîuy.i;, h blanc », et le substantif vau;, « vais-
seau ». La terminaison du nom Leuconaus n'ofTre qu'un rapport
fortuit avec le mot grec vtj; : ce nom paraît formé à l'aide d'un
suffixe -avus (réduit de bonne heure à -aus), qu'on trouve dans
certains noms de lieu de la Gaule, tels Andelaus, Merlavus,
Vertavus, et notamment Vinimaus ctTellaus, ces deux der-
niers noms désignant deux ré^-ions peu éloi,o;nées de Saint-Valerv,
le Vimeu et le Talou.
Il convient donc de ne pas exagérer la recherche d'éléments
grecs dans la toponymie française, d'autant plus que les anciens
noms grecs qui se sont perpétués jusqu'à nous, tout comme les
mots qui du latin sont passés dans notre langue, ont été altérés
de telle façon, que leurs formes modernes n'offrent rien qui
accuse leur origine, et sont presque méconnaissables, ainsi qu'on
l'a vu par l'exemple d'Agde. d'Antil)es. de Nice et de .\[niirrin,'.^.
l
(M^KtINES PHENICIKNNKS
11. Les noms de lieu n'apprennent rien sur les colonies phéni-
ciennes qui ont pu ou même qui ont dû exister, à une époque
antérieure à la fondation de Marseille, dans le voisinage de la
Méditerranée. Il est vraisemblable que la plupart des établisse-
ments grecs dont le nom rappelait celui d'Hercule, sont d'anciens
comptoirs phéniciens passés aux Grecs, et que le nom d'Hercule
évoq\iait là le souvenir du personnag'e mythologique que les Grecs
appelaient l'ilercule tyrieu, et que les Tyriens — qui ont porté son
cuite à Cadix, à INIalle et ci Carthage — nommaient Melkarth.
Mais il est périlleux de vouloir distinguer, parmi les localités de
la Gaule dont les écrits de l'antiquité nous ont tran.=;inis les noms,
celles dont les vocables peuvent dériver de quelque lang-ue sémi-
tique. Par exemple, dans le nom de Ruscino, qui désigna tout
d'aboi'd CastcU-Hossello, près de Perpignan, en attendant que le
nom de Roussillo'îl fut appliqué ô un comté, puis à l'une de nos • '.
provinces, on a voulu voir la racine ras, qui figure dans bien des
noms géographiques africains d'origine punique (Kusadir, Uns- v '■
gunia, liusuccurum), et dont lesens, identique à celui de rcs,
si fréquent dans les dénominations géographiques d origine crabe, ? .-
réjiond au fi-amais <■ cap » ou « promontoire •» ; mais, outre
que la position de CastclMtosscUo, même s'il s'était produit un ' j
changement important ilans la couliguration du littoral méditer-
ranéen, ne penv.et guère celte conjecture, le rapprochement est .;•
peut-être tout fortuit. Il sei-ait plus raisonnable de dire que
Ruscino se rapprociie par sa terminaison de Barchino, i
aujourd'hui Barcelone, ville d'Espagne certainement d'origine
punique, puisqu'elle a été fondée par Amilcar Barca, vers 230
avanL .I.-(^.. i{ue son nom paraît bleu avoir été formé, à l'aide J
d'un suflix'c punique, sur Barca. Ixuscino procède-t-il pareille- f j
ment d'un !'.-..n d iuimme te! que l'usct'! On ne peiit que le sup- ]
p^wcr. k
0(;ii;iM,s l'IIKMCIE>NES I 1
Los noms piiénu'iens ou j)unic[ues ne doivenl d'aillciu's pas
avoir été très nombreux en Gaule ; et, comme les moaumcuLs de
l'antiquité ne nous en font connaître aucun dont le caractère
ethnique soit certain, il faut se gcirder d en chercher des vestiges
sous les formes, souvent si trompeuses, de la nomenclature
gcog^raphique moderne de notre pays.
m
ORIGINES LIGURES
12; Les Lij,''ures qiii, lurs de la cout[uèto romaine, occupaient
les régions alpestres de la Uaute-Ilalie et de la Gaule, semblent
avoir dominé jadis sur une bien plus grande étendue de pays.
En effet, selon Justin, rpii n'est que l'abréviateur de Trogue-
Pompée, historien latin contemporain d'Auguste et originaire de 1
la cité des Voconces, c'est « inter Ligures et feras gentes H
Gallorum », sur le territoire des Segobriges, que les Phocéens ^^
auraient fondé, vers l'an (iOU avant J.-C., la ville de Marseille. tj
Festus Avienus, qui écrivait à la iin du iv^ siècle de notre ère, 4
en saidant de documents postérieurs d'un siècle environ à -^
la fondation de Marseille, dit que le Rhône Cormiiit la limite f
entre l'Ibérie et les rustiques Ligures. Cependant on a lieu de j
croire ([u'il y. avait des colonies ligures au nord des Pyrénées, si !
même à un moment donné, ce peuple n'a pas occupé le pays l\
situé entre ces montagnes et le Rhône : le souvenir en subsiste ■
dans le nom de Livière, porté par une plaine voisine de Nar- ]
bonne, que Grégoire de Tours, dans son LiLer in gJoria marty- Jj
runi\ désigne sous le nom de Liguria. \..
Suivant l'opinion des savants modernes qui se sont occupés ■
d'ethnographie avec le plus de succès, MùllenhoU'en Allemagne, |
d'Arbois de Jubainville en France, les Ligures seraient venus y
des régions de la mer du Nord, chassant de\ant eux les Sicanes, ^
établis alors en Gaule, qu'ils poursuivirent jusqu'en Italie, où ces 1
derniers ne purent d'ailleurs-se maintenir. Fa un mot, les Ligures j
auraient dominé quelque temps jusque vers les confins de l'Etru- ^
riej et même fondé en Espagne une colonie dont l'emplacement ^
est difficile à déterminer, mais qui aurait compris la région avoi- ij
sinant les sources du Betis, c'est-ci-dire du Guadalquivir actuel.
En Gaule, ils durent cédei' le pas aux populations celtiques qui y
arrivèrent cinq ou six siècles avant 1 ère chrétienne.
1. Montimenta (u'nnaniup l\hliirii-;i. S, lijilm-i'x ri'rnni nif>r(jrln(/ir;irin)i, I,
IKK.INKS l.HH.'liliS
13
La lanyiie des Liyures s'est perihie sans laisser de traces bien
apparentes, et aucune inscription ligurienne n"a été troiivée dans
les iVlpes maritimes, qui furent comme le dernier refuge de leur
indépendance. Cependant un possède ([uelcpies données sur des
iinnis propres qui peuvent être altrilmés à cette nation.
13. Un texte épii,'rapliique ' remontant à l'an I 17 avant J.-G.
et trouvé dans la Valle di Polcevera, près de (lènes, soit en
pleine Lig-urie, est particulièrement instructil à cet égard.
He[)roduisant une sentence arbitrale prononcée par les frères
Minucius entre les Génois et les ViLur'd. il renferme des noms
propres de populations, de villages, de forteresses, de montagnes,
de vallées, de cours d eau, et parm: ces appellations, au non\l)re
(le vingt-neuf, on distingue les noms Neviasca, \ inelasca —
ré|K'té sous la forme \'inelesca — Veraglasea et Tutelasca,
tous appliqués à des cours d'eau. Le sullixe -asca qu ils pré-
sentent, et dont on const;iLe ainsi la fréqueuee relative dans
celle inscription, peut ctie d'autant mieux considéré comme
parliculiei' aux Ligures, ipi on ne le i-encontre dans aucune
des langues de ri'lui'ope occidentale cjui nous sont connues •'.
11 est impossible de ne pas reconnailre dans le suffixe -asca
la forme féminine d'un .suflixe encore vivant dans la Haute-Italie
l't dans la région al[)estre, oii on l'emplou^, pruu' la formation
d'ellmiques tels que Lcrt/anuisqiic, crétnusijue, inoni'<j nuque, mots
italiens francisés qui désignent les habitants tle lîcrga.ine, de Creine
l'I de Monaco. La forme masculine parait dans les noms de lieu
.\reliascus et Caudaliascus, qu on lit dans la Talilc alinientuirc
lie Veleia, docunumt épigraphique de ranciennc l'itrurie ''. Ce
.Millixe étant à Ixm droit considéré comme ligure, ou a intérêt à
rceliercher s'd a laisse des traces en l''rance.
Dm [)cut répondi'e aflii inativement à cette cpuîstion par
I. Corpiti in$criiilionnin l.ilinaruin, V, 886.
'1. La niênio inscripLion pre-seiiLc dautres sulTi.ves de noms de lieu, tels
(Hie -cniia, -inus, et -alis ou -aies, qu'on pcul au.ssi attribuer aux
Lilt^uros ; mais les deux derniers ne leur étaient [)as spéciaux, car ils so
ictroiivent dans d'autres lan;;ues iiido-euiopéoiuies ; r(uanl à -eniia. il esl
•Ufllcile ;< reconnaître dans les formes niédicvale^ tui modernes des noin-s de
liL-u ; on n'en lieudra donc pas compte ici.
;). Ces deux vocables fignrent à la page xvii, liyiie 21, du texte de la
liiLulu ulimerUaria Veleialium qu'li^rnest Debjdrdins a donné i» la suite de'
»i llu''r>e dedoeloraL iJi' lalnilia .ilinii'nlufus,... (Paris, IK.'it, in-'t").
1i
l.i;^ MUM.-( HK I.IKU
l'examen de deux précieux docuiaenls de hi période IVanquc
intéressant le pays compris entre le lîhnno inl'érii ur el les Alpes,
o"esl-i(-dire le Ti-stanient du pal l'ice Al>liou,(pu daLede7;il) ', et le
PolypLit[ue de l'éylisede Marseille-, rédiyé vers .SUi, sousTévèque
Wadald. Le premier de ces textes, dans lequel sont énumérées
d'assez nombreuses localités de la Provence, du Dauphiné el des
rég-ions voisines, en mention/io au moins quatre d(jnt le nom est
terminé en -a se a ou -ascus : Anncvasea, CiMvasca, Bar-
ciaseus, Bicorascus ; et sept autres présentant le suffixe
-oscus, qui [jarait n'êlre (pi'une variante du précédent: Alba-
rioscus, IJonnoscus, Cattaroscus, Cravioscus, Lavarios-
cus, Lavarnoscus, Riaeioscus, Quant au Polypticpie de
l'église de Marseille, on y rencontre .Mbarascus. Albaroscus,
Albioscus, Curioscus, Dailosea. Lebrosea, Mainosca.
On ne eunnaît malheui-eu-ement |)as tnujou^s l'équivalent
moderne de ces vocables.
Aux deux suflixes pres(|ue analotrues -ascus et -oseus, il
faut sans doute en jointlre un troisième, -uscus, cjui termine,
dans Pline et dans Plolémée, le ituin d'unn population alj.estre,
donc vraisemblal^lement ligure, les lîugasci. Il sciait iiunrudent
d ajouter à ces trois suflixes, les suHixes -csr el is'\ (pii complé-
teraient la gamme vocale, car ces deux dernieis, lorsqu'ils se pré-
sentent dans les noms de lieu, proviennent le plus souvent d'un
suffixe gernnniique, subsistant dans l'allemand -i.ick et dan»
l'anglais -i.s7/. (pii caractérisent surtout des adjectifs ethniques.
Pour ne pas risipier d'attiibuer une orij^ine ligur<' ;i des noms en
ré;dite germaniques (.n s. un-^ermaïuciiie:,, il faut donc n'admeltn'
])Our ligui-es ou sciin-ii^iue-, ((ue des voeahles dont le suflixc
était originelliMnrnl -.-isc. -rsc ou -usr.
14. l']n disant <• ligures ou semi-ligures <>, on entend bien préci-
ser que les noms dans lesqiuds on recmmaît ces sulHxes, sont loin
de renmnter tous aNcc certitude a la pi'rind.' liguiiemu' du passe-
de hi France nu-iàdionale, c;u' l'un de ces suflixes est. on vient
de le voir, usité de nos jours encore pour la formation d'adjectifs
1. l'ardossns, Diplaninln, i I , ;<7i)-37,s.
2. f'ubJié cil IS.'JT |uu' Guérunj, à j:. M.ule <Ui i:.ir/iil:uir de i.i.hh.njc i/<:
Sutul-Viclor de ^H'-acilli-, a.uis 1,. i. l.\ (p. iV.\:i-i\:, Vi de l:i CulL^choii du^ car-
lultiiref: (/(■ l''r::iit-<\
OllK.INKS Lli.l l;K:
ethniques dans la liauLe-italic. Los sullixes liyures paraissent
être restés en usag-e pcnir la forma! ion des adjectifs à l'époiiiie
romaine, et sans doute môme à l'époque franipie, dans les puvs
précédemment habités jiai' les Ligures, et dans lesquels, pur
conséquent, leur langue avait été usitée. Par un pliénomi-ne
dont on peut citer d'autres exemplos, le suflixe -asr survécut à la
langue à Lupiclic il appartenait. Le l'ail est d'ailieurs parf;ulement
établi, gi'àce à une disserta ti(U) sur certaines formes de noms de
lieu de la Ilaute-ltalie, qu un érudit italien, .loan Flecliia, a coni-
niunicjuée en lisTO et 1871 à l'Académie ro\nle dos .Scli. nées de
Turin ^, et dans laquelle sont énumérés plus de cent trente n.oms
en -usai ou en- nsco appartenant aux pro\'incrs italien iies situées
au niirdde l'i-ltrurie, et <{ue l'on sait avoir elé c>eeupées, dans une
certaine période de l'antiquité, p.ar les Ligure... A côlé des noms
i A(jli-uscu, Barl);tri-a.sco. Contcijli-nscH, Lisin-n.-..-,,. ipii snnt cer-
tainement dérivés des gentiliccs ou noms de famille roniams
.\llius, liarbarius. (^alvinius, Cornélius ci l.icinius. ci
(jui ne peuvent dater ipie »lc répocpic à laquidlc la Li-Liric élail
devenue romaine, on trouve, dans la lisle dres-^cu [>ar l'icchia, des
noms manifestement postérieurs iil'époijuc loniainc. déiivés cju ils
sont de noms d'origine g'ernuuiique : par exemple Jlosun-asco ou
liosn-asco, Garibald-asco, Gejnd-Hsco, formés sur les noms
d'homme Boso. Garibaldus et Gepidus. Ces noms de lieu
liguro-lombards sont, à la vérité, en n(nnl))e relativement peu
élevé.
Sous réserve de ce qui vient d'être dit relativement aux
noms de lieu formés, soit h l'époque romaine, soit ii l'é[)oque
lian((ue, h l'aide du suff.xe ligure -tnc, il convient dexamiiier les
noms (!<• litni du lerrituiie frain^-ais doni la loi-nie primitive était
PII -asca, -ascus, -osca, -oscus, -usca, -uscus, alin d;- voir
s'ils permellont d'admettre, avec les savants ethnographes de
notre tem])s. que les Ligures ont étendu jadis leur domination
en France, sur des pays autres que ceux où nous les trouvons
cundnés, à l'époque où fut constituée la Province Itomaine.
1. Di alcunr l'iiinir tir' noiui Im .di ilflf Ili'li.i supcrinrc, Jn^rrlnzioni-- Un-
'/(/is/u'fl, (UmsiVi'/Noric r/e//.i renlr Accudcutia Jrllc xcicnze di Torino,i" série,
XXVn (1878), 275-374; mu sufllxe -asco soiil .s|iécialeriient consacrées les
h.i-es -Xn à 3Wi.
1G
ij;s Mi\i^ hi: 1.11:1
•'}
>,
Ces noms de lieu se i-eiiccmlreiit dans toule retendue de pnys
comprise entre Je Rhône et la Saône tl'une part, les i\lpes et le
Jura d'autre part. On les trouve aussi à l'ouest du Rhône, dans
le VIvarais, l'Auvergne, le IJouer^ue cl la Bouiyogue ; en oulrr,
on eu constate la présence plus au nord, jusque dans les environs
de Metz, si toutefois on peut faire état du nom de Caranusca, "'*
que la Table de Peutinger attribue à ime station itinéraire, située
entre Metz et Trêves: et, du côté du midi, on en rencontre un î.
exemple dans le département de l'Hérault. De sorte que la topo-
nomastique permet d'afiirmer que les Lif^iires habitèrent jadis
dans une vingtaine au moins de nos actuelles circons.^rijilions
départementales.
15. Parmi les sufli.xes caraetéristiqu'-s de ces noms de lieu,
c'est le féminin -asca qui est le plus reconnaissable dans les
formes qu'il revêt ordinairement : -asque dans les jiavs de langue
d'oc, -nche dans ceux de langue d'oïl.
Annavasca, 739 : Névache (Hautes-Alpes). I
Baa^cha, xu' s., pour un plus ancien Radasca ou
Bagasca : Saint-Seine-c!i-Bâche et Bauche, commune de
Saint-Symphorien (Cote-d'Ûr;..
Girvascha, xn'' s. : Gillivache (Isère, commune de Bresson).
Gratiasca, m'^ s. : Gréasque ( Uouclu-s-du-lUiône).
Manoasca, xii^ s. : ManosquG (Basses-Alpes i.
oinler duas Se vei'iasca s », 1148: texte s'appliquant à deux
afUuenls du Drac (Hautes-Alpes), la Severaisse et la Severais-
sette.
Vindasca, iv' s. : Venasqiiy (VaucluseV <jui a donné son
nom au Comlat-Venaissirr.
16. Quant au masculin -ascus ou à son accusatif -ascum,
s'il est généralement à peine altéré dans les pays de langue d'oc,
on le reconnaît moins aisément dans ceux de langue d'oïl, où il
s'est réduit à :i. aujovii-illiui noté t'e diverses façons.
Avanascus, 123tj : Saint-Sixte d'Avenas (Hérault).
Brascus, ix*^ s., chef-lieu de la vicaria Brascensis : Brasc
(Aveyron).
Gabanascum, xin*" s. : ancien prieuré du diocèse de Gap.
M a ia se us, ix" s. : Maatz (Haute-Marne).
Murasc, IJÎjT, de Marasco, MH8, confondu dès le xiv' s.
aviX" marescus : Marac ; IIauto-^î^rne'h
i>i',ii,iM-:s i.i(;ri;Ks I /
l';i l,iii;i.sciis. l'pocjue carolinyionne : PailliarèS (Ardèchci.
Salaseus. iV ou x'' s. : Salasc 'Hérault).
Soleilhascus ou Sol ei Ihascuin, i'orine basse : Soleilhas
liJasses- Alpes").
Von nasclius ou Venuascuni. localité aujourd'hui inconnue,
mentionnée en lUTlJ dans une charte de l'abbaye de Gelloue.
n. Les suflixos ■ féminins -osca, -usca, fréciuoniment
corjfondus a.u moyen âg'e, devraient donner en langue d'oc
-osquc, -nsqiie. en langue d oïl, ochc, -ucJic.
Lantosca, xii'" s. : Lantosque (Alpes-Maritimes).
Cenlusca, 1149 : Santoche (Doubs).
18. .\ ces noms il convient d'ajouter les suivants, dont on
i;.'iu)re les formes anciennes :
Eydoche (Isère), Lambrnche (Basses-Alpes), Mantoche (Flaute-
Saône).
19. Beaucoup plus fréquent que son féminin, le masculin
-oscus, -uscus, se reconnaît aisément dans les contrées de
îangue d'oc sous les formes -ost\ -use ; on le pressent moins dans
les formes vulgaires en -oc, -ost, -o/., -nu, -oud et -eux (ju'il a
prises en langue d'oïl, par suite de 1 assourdissement de Vs
d'abord, du c ensuite.
Albioscus, viii'" ou ix'= s. : Albiosc (Basses-Alpes).
Baroscus, 986 : la forêt de Barou (SaCuie-et-LoireV
lUanuscus, 927 ; Blanciscus, xii'^ s. : Blauot ^Saone-el-
Loire), qui a un homonyme dans la Cùte-d'Or.
Branoscus, xiv'= s. : Branoux (Gard).
Drinosc, I !0() ; Brignoux (Isère).
Cadaroscus, Sio, où il faut vraisemblablement reconnaître
un coijnunien formé sur le grec xaOapiç : Cadarot ^IJouches-du-
llhône, commune de Berre).
Cagnoscus, xi*" s. : Saint-Jacques-de-Gagnosc (^'ar).
Ciiano/.co, îlliO ; Cannoscus, lO.'iO : Chanos 'Drome).
Canialoscus, 1299, cl en langue vulgaire ^'/(,i«i.'î/o.s/, xiu'' s. :
Chamaloc (Drômei.
Cambloscum, i." s. : Champlost ( Yonne .
Camboscus, xii'' s. : Chanibost (Hliône).
Curioscus, Sli : Curiusque (Basses-Alpes).
Flaioscus, xi'" s., formé probablement sur !e genfilic."
Klavius : Flayosc 'Varl.
IS I,i;s M..\].s lih I.IKUN
llemuscum, 1293 : Eymeux (Drôme).
Monsioscus, \^ s. : Monsols (^Hliùnt-).
Noioscus, 970 : Niost (Ain).
Ornosc, K" s. : Larnaud (Jura).
Si^uroscus, 852 : Sirod (Jura).
Vallis \'LMui.sca, 8iS : Venosc 'Isère .
N'clioscus, 1038 : Vilhosc (l^asses-Aipesj.
Vitru.scu.s, .v'-xi'^ .s. : Yitrieux (Isère).
20. Le nom do Vitrieux appelle une observalioii particulifn.'.
La torniinaison qu'il présente est, dans la réyicHi où est siUiée
telle localité, propre aux. noms de lieu l'ormés à l'aide de la ùé.si-
nence d'origine eellique -iacus, dont il sera trailé plus loin. 11
est probable que ce nom, qui ne remonte qu'à l'époque romaine
— on y reconnaît le gentil ice Viclorius — eut dès l'oriqine
deux formes indilleremmenl usitées, et caractérisées respective-
ment par le suffixe ligure -oscus et le suffixe celtique -acus.
(x'ite hypothèse d'une appellation double s'impose aussi à propos
dApinost (lllnme), que des textes <lu x" siècle appellent Appen-
n lacus uu A ppi niacus. mais dont le nom actuel ne peut s'expli-
(|uer que i)ar un primitif formé à l'aide du suflixe ligure -oscus.
2L .V la [)récédente nomenclature il faut sans doute ajouter les
lujnis suivants, dont les formes originelles sont inconnues ;
Artignosc ( Var), Brusque (Aveyron), Gilhoc (Ardèche) — dont
la Iciniinaisun est identique à celle de Ghamaloc, — VailOSC
(Ardèche).
22. L exauicn atlentif (.It's noms (|ui précèdent proUN e que
r;incien suttixe ligure masculin, souvent recounaissable au sud de
la Diirance et en l)au|iliiué, où il parait aujourd'hui sous la forme
orthographique -.isr ou -<isr, s'est (|uolquefois assourdi en -al.
même dans la Provence méridionale, témoin le nom de Cadarot.
Cet assourdissement s'est produit encore dans le nom de Gha-
maloc. où r,s' a disparu, et dont le c luuil n'est plus là .sans do\ite
(|ue coniuu" un souvenir ; ou l'observe aussi Uans le nom
d'Hymeux. (pi'élymologiquement on pourrait écrire E/neusc;
mais on le cniisl;ile surtout, au nord de Vienne et de Lyon, dans
les noms de Siimi, de Monsols, de Niost, de Blanost, de Cliani-
jilost, aussi bien que dans liarou, Branoux et Brignoux, où Va
de -oscus s'est développé en ou.
]\n raison de ces faits, il est impossible, c|uand on ne [)<issèdi'
';
Ol'.IGI.NKS LllilllF.S 1 .•]
pas de formes latines réellement anciennes, de distinguer, ponni
les noms de lieu modernes en -as et on -ot qu'on rencontre dans
la partie septentrionale de notre pays, ceux qvii étaient ori^i-
nellement terminés par les sui'fixes ligures -ascus, -oscus et
-uscus.
23. On hésite aussi, en l'absence de textes, à attribuer une
terminaison ligure féminine aux formes primitives des noms (jui,
dans la même région, sont terminés aujourd'hui en -ac/ie, -oclie
ei'ouche. et qui, dans un certain nombre de cas, peuvent ii\oir
une tout autre origine : c'est ainsi que, par exemple, Cadaraoho
(Vaucluse) représente le lutin cataracta, c chute d'eau ».
Dans ceux des |)ays de langue doc où s'assourdit le c dts
sutiixes ligures, il est également dif(îcile de déterminer .si un
nom de lieu en -as dérive de -a se us ou de -atis, et d'affirmer
que les noms de lieu en -ns. si nombreux dans h'S départements
du sud-ouost, dérivent de noms [irimitifs en -oscus. En outre
dans le départenieut de l'Ardèche les noms d'Arlebcsc et de.
Malbosc paraissent complètement étrangers à rinlluunce liguic,
car on sait que hosc est, dans le midi de la France, IVMpiival.-ni
de notre mot bois.
Il faut donc se contenter, jusqu'à plus ample informé, de
savoir que les suffixes caractéristi(|uos des pavs jadis occupés
par les Ligures se rencontrent en Provence, dans le Dauphiné,
la Bresse, la Franche-Comté, la Bourgogne, l'Auvergne le
Rouergue, le Vivarais et h: [^angucdoc oriental.
24. La présence d'un élément ligure dans la nomenclature
géographique de notre pays est maintenant un fait indiscutable.
Mais peut-être d'Arlxiis de Jul)aiiivilli" va-t-il [riip loin, ([uaïul
û attribue aux. Ligures tous les vocables d'.ii)[iarenee indi)-
europeenne, qui ne peuvent s'expliquer, ni par le latin, ni
par le gaulois, tels les noms de l'ivit'io en -la flsaia, .\vaia.
Tara, Savaral, en -antia, -entia, -onlia iAsiuantia,
jjrucntia, Alisontia;, en -unina iOlumna, G a runi iia ) ou
eu -ona (Axona, Matrona) : il y a là une exagération de
nature à compromettre les résultats certains oi)teniis à si grand'
peine d'une étude attent'ive de la topononiiistique t'ran(,:aise.
25. Ce que les noms de lieu en-ascus, -oscus, -uscus nous
apprennent de l'extension géographique des Ligures, on jiourrait
l'induire également peut-être des vocables de même ordre [*■< ■'-
20 LES M>MS m. I.U.l
nés par un aulre suffixe, dont nous devons la mention implicite
à IMine l'Ancien, lui signalant Hodincus, qu'il traduit par
« siins fond », (fundo carens), comme le nom ligure du Po, cet
écrivain nous indique suffisamment -in c us comme un suffixe
ligure. Celui-ci se retrouve en d'autres noms, malheureusement
trop rares, que fournissent les textes antiqvios : Lemincum, loca-
liu- du pavs alloliroge que représente aujourd'hui Leiïiens, fau-
l)t)urg de Clunubéry; Alisincum, vraisemblablement Sai!)l-
llonnié (Nièvrei; Duro tincu m (|u'ilfaut chercher dans le dépar-
tement de l'Isère; Agedincup-i, qui a échangé son nom contre
celui lie la nation celtique des Senones, dont elle était, au temps
de César, la vilh^ capitale ; Vapincum, Gap (Hautes-Alpes).
26. Ce suflixe, (ju'on trouve également en d'autres noms de
lieu pour lr'S(piels on ne possède pas de mentions anlicjues,
coinnu- celui de 1 Albenc (Isère), s'étendait donc vers le nord, au
moins jusqu'il Sens, de même que le suflixe -oscus. Mais il
serait dangereux d'être plus ailirmatif, car dans les formes
modernes des noms de lieu le suflixe -i ncus se distingue dilllci-
hineut d'im sulfixe germanuiue presque iclenti([iu'. -nu], lai misé
-ingum, qui se retrouve dans le haut bassin du lîhùne. sous la
forme -ans, et dans le Midi sous la forme -enc, au pluriel -eus,
formes qui représentent, non moins régulièrement, le suflixe
ligure -incus.
11 faut observer que ce dernier a parfois perdu l'accent, témoin
le nom de la ville de Gap et la prononcialion locide Alb du nom
de l'Albenc.
IV
(HUGINES PRKSIIMKKS IP.KHl-S
Les Ihèro-s oui dominé dans la péninsule hispàni([ue antérieu-
rement à l'invasion celtique, soit au iv'-' ou au v*" siècle avant
notre ère.
Les A(iuitains c}ui, au temps de César, occupaient la l'i'i^ion de
la (iaule comprise entre la (iaronne et les [^yré'nées, s'étendaient
antérieurement, au dire tle Strabon, jusqu'aux Cé\t'iuit's ; selon
le même géographe, ils se distinguaient non seulement par leur
hmgap^e, mais aussi par leur type physi([ue, beaucoup plus rap-
l)riiché du type ibère que du type gaulois, et formaient un groiipe
romplètement distinct des autres peuples de la Gaule.
Ge pays entre Garonne et Pyrénées l'ut romanisé avec le reste
(le la Gaule, puis occupé au V" siècle par les (loths, que les
l''iancs remplacèrent à la' suite de la bataille de \'ouillé (307).
l'inlin, moins d'un siècle ]j1us tard, la contrée, (pie depuis
1 t'poque impériale on désignait sous le nom de .\ovempopulanie,
lui en\ allie jiar les \'asc()ncs, habitant .uu ienneuu'ut la Cau-
t:d>rie, et dnnt l'inlluencc sur la [)opulation et la langue du
l'.avs au([uel ds ont donné leiu- nom — notre Gascogne — est
encore des plus visibles : c'est, en cifct, à cette dernière invasion
(|a il faut sans doute attribuer l'introduction de la langue basque
t.'u Gaule, où elle fut d'ailleurs assez vite refoub-e, et confinée
dans ce qu'on appela plus tard les pays de Soûle el de Labourd
et la Hasse-Navarre ; il est même probable que cette région est,
en deçà des Pyrénées, la seule où les Basques formèrent, sintm
lu totalité, du moins la grande majorité de la population, taudis
(pie, dans les parties plus' septentrionales de la Gascogne, l'élé-
ment romain conservait l'avantage du nombre.
1. existence, dans un coin de l'.Vquilaine priiuitive, d'une
jnqmlation si cai'actérisée, a prévenu favorablement, et de bonne
heure déjà, les ethnographes en faveur de ridenlité des Aquitains
et des Basqu<;s ; mais on a peut-être eu le tort d'oublier la date
récente de la venue des (lascons en Gaule.
LRs NOMS nr r,ii:r
27. L'argumenl. le plus oonsidérahle pour app;irenter la lan;^aie
t'.os .V(|uilai>is réside dans te nom ]iriniilir de la ville d'Auch,
K 1 ini he rris, il.nis l'uinponius Mêla, ( ' 1 i ni 1) er ru m, par une
faute de c'nj^i<ie, dans l'ilim'raire d'Anlnniu, Mliberre dans la
Taille de PeuLin^'er. On a rapproché ce nom de celui d'Illiberis
(pii s'en distingue eependant, non seulenienl par sa lettre initiale,
mais encore par le redouLdeincnt de !7 et jiar la présence d'un
seul /• au lieu de deux ; et, comme le nom d'Illiberis s'appli-
quait dans l'antiquité aux villes d'l']lne (Pyrénées-Orientales) et
de Grenade (l\spau'He , on a v.ralu miw d;iiis ces trcjis villes, trois'
loealili!s liomom mes cpii, |i.ii- leur nom d oi-iyine à la l'ois ibé-
[ieiine et bas(pu% et par leur situation, marquaient les points
extrêmes de la domination ibérienne. « (^es noms mêmes, dit
Achille Luchaire, sufiiraient à eux seuls pour établir que le
basque l'ut parlé jadis dans l'Andalousie, en Gascogne et en
lioussiliou >i ; et d déclaie ei:>uile ipie ces noms représentent le
nom basijue irilic/Ti, que Iraduisent exactement les mots « ville
neuve ».
A ce.-. Hllégation.s on jieut objecter que les trois vocables ne
sont p:i.s eutièreni':'!)! idep.iiques. et oue l'ancien nom d'Elne et
di; Gi'i'n.ide ne présente ;<;i.i !e double r si caractéristique de
ladicclir basipie hcn'i ;iu ^l'ii-. d.ii ifançais « nouveau » ; d'autre
part, 11 cîst téméraire d'aliiriner l'identité des deux syllabes illi
avec le mot basuue iri siguifianL " ville >j ; enfin, s'il faut en croire
Polvbe, le nom piimitif de la ville d EIne lui auiait été comnuni
avec un cours d'eau voisin, le Tech ; or, il est c^mstant que dans
les cas similaii'es, c'est le cours d'eau (jui a dcmné son nom à la
ville, et la traduction d'Illiberis par « ville neuve » n'est pas
• Kv e[itab!i.' poui' un cours il'eui. l.'éty nuilonie b;is(]ue de ce ifiuu,
i t partant l'idenlité des Aipiitains et des Basques, se trouvent
donc bien compromises.
Aussi paraît-il sat(e de se rauïj^er à l'avis de M. Julien Vinson :
i( La science ne peut rien dire encore, ni sur 1 origine des
r>as(pies. ni sur la langue des lljères >'. Peul-étre, comme la
priist' (iuillaimic de Ilumboldt, y a-t-il dans l'Esjiagne, et même
en Gaule, d'anciens vocables gé(igra[)hiques (ju'il est possd)le
d'explic(uer par le basque, ce qui, en supposant le fait avéré,
prouverait qu'avant d'être confinés dans les montagnes de la
Cantabrie, les ancêtres des Basques avaient eu des établissements
(1,'ins diverses p;n'ties do la péninsule il)i.-ri(jue e( daiis h) G;uile
nit'ridionale : mais rien ne démontre que la langue des Ibères,
et p.'ir suite celle des Acjuitains, soil reurésontéo aujourd'hui par
la langvie basque; celle-ci, à vrai dire — le fait a élé récemment
démontré — renferme, avec une grammaire anli([ue, un grîmd
nombre de mots romans.
Si l'on ne peut identifier avec la lang'ue ibéricjue certains
1 vocables encore usités dans la France méridionale, et don! l'ori-
• gine est peut-êti-e imputable aux Hasqucs. il faut cependant
reconnaître (\nc certaines appellations i^ép;^raphi(|ues iVonçaises
remontent aux Ibères.
28. Tel e.st en premier lieu le mot «//.«os, écpnvalent du latin
^' alnu-s, et représenté par l'espagnol allsn. dont on a rapproché
le basque eltzn et l'allemand cbr-, anciennement cUzr ; il a été
latinisé en aliso. alisonis, réduit plus tard à aiso, alsonis,
qu'on reconnaît dans Alzon (Hérault!, Alzoïine (Aude), et drms
le nom d'un grand nombi'e de cours d'eau : l'Alzoïl (Avc-yron,
Gard), l'Auzon (Basses-.Xlpes, Ardèche, Aidie. Gard, Indre,
Ijoire, Ilaute-ljoire, Puy-de-Dôme. Saône-et-I,oire, ^^auclu^e,
Vienne) : on peut citer plusieurs cas oii ce dernier nom désigne
non seulement le cours d'eau, mais encore une des localités rive-
raines.
29. Alisos est aussi la racine d'uti autre nom de cours d'eau
dont le territoire gaulois fournissait beaucoui; d'exemplaires,
Alisontia. Ce nom, applic[ué par le poète A.usone à l'Elz, ailluen.t
de la Moselle, qui coule dans la région de Coblenz, et dont on
reconnaît un diminutif dans le nom de l'Alzette. qui arrose
Luxembourg, a désigné aussi l'Auzance, fleuve côtier du départe-
ment de la Vendée, et son homonyme qui passe h \'(iuillé (Vienne),
ainsi que l'Alsance, affluent du Tarn; c'est sans doute lui tpti
fournit le thème étymologique du nom des communes actuelles
d'Aussonce (Ardcnnes) et d'Auzances (Creuse).
30. Il est douteux qn'alittoa soit an mot ligure, conmie le
croyait d'Arbois de Jubainville. 11 existe, à la vérité, dans la
Corse, où les Gaulois n'ont jamais pénétré, un hameau dénommé.
Alzone, et des cours d'eau appelés Aliso, Alzeto, Alizani ; mais
dans la Ligurie proprement dite, autrement dit dans la Haute-
Italie, on n'observe aucun vocable dérivé d'alisos. La persistance
à' aliso en espagnol et le basque el/za, autorisent, .sernble-t-il,
2\ t,i;s NMMs i)i; i.iia
à tenir idisos [)our un mol ibère ; les Iljèi'os, i|in sont la jjIus
ancienne population connue fie l'Espagne, ont occupé, nous
l'avons dit, la Gaule du sud-ouest ; d'ailleurs leur sphère d'in-
llucnce dans notre pays est encore à déterminer.
Pareille origine est altribuable auK mots nrfig, fjnriic, cahnh
et scrru.
31. Le premier, qui subsiste en Espagne sous la forme artiga^
au se'is de défrichement ou tl'essart, avait la même acception
dans la langue du Midi ; on le trouve aussi en catalan sous la
forme artiqu, dont le patois du Limousin ollre la variante artijo :
ces deux dernières formes figurent dans le Trésor du Félihrige
de Frédéric Mistral. Or, il est curieux de constater ([ue la fonne
limousine a été employée comme nom de lieu en Poitou, en
lîourbonnais, dans la Marche et eu Auvergne — Artige (Vienne),
Artiges (Allier, ('antal. Puy-de-Doiue), Lartige (Cliarente) — et
({ue la forme méridionale Arligue ou Lartigue, avec ou sans s
linal, accompagnée ou non d'un complément, se retrouve dans
des vocables géographiques de 1 .Vriège. de l'Aude, de l'Averron,
de la Corrèze, de la Haute-Garonne, de la Gironde, des Landes,
du Lot, de Lot-et-Garonne, des Basses-Pyrénées, des Hautes-
Pyrénées, et même du Var.
32. Voilii donc un mot d'une langue anléromaine, qui, encore
employé en Espagne — où il n'est pas question ici d'en déterminer
l'extension primitive — a été jadis usité, ainsi que les noms de
lieu l'attestent, à peu près dans la moitié de la Gaule, principale-
ment dans l'Aquitaine, au sens large de ce mot, c'est-à-dire dan.s
tout le pays conqjris entre les Pyrénées et la Loire ; et, fait inté-
ressant à noter, on le trouve même à l'est du lilione, dans le
ilépartement du Var. Ce mot. autéromain et sans doute antécel-
tiqiie. est-il ibère, est-il ligure? Ligure, ce n'est guère probable,
car alors on le trouverait dniis les régions de la Haute-Italie,
tli'rnicr rel'uge de l'indépeiidaïK-e ligure : or, on m- paraît pas l'y
avoir oiiservé. Ibère, on le croirait plus volontiers, puisque c'est
dans lu langue actuelle de l'ibérie. dans l'espagnol, qu'on le
retrouve surtout aujourd liui, «4 puis([u il s'étend en France,
non seideinont dans la région baliité.' au temps de (îésar par les
-Vquitains, chuil Slrai)on indiijuo la parenté avec les Ibères, nu^is
aussi au delà du lUione. alors qu'on sait que les Ibères se sont
étendus jusqu'au Mhone, par le littoral méditerranéen.
OlUClMvS l'IlKSI .Ml'.l'.S MlKKl'S 2'ji
33. Non moins intiT^ssanl est lo mol <;-aS(>(-m t>( laii^'iiodocien
ijarric, ;ui sons do » olièno », (|ai, au dolà des PyiLMu'os, se
rotmuve en catalan sous la rormo i/;irri(/. Ce mot, qui fii;ui-e
avec SOS dérivés dans lo dictionnaire proNenoal de Mi-^lral. ou.
[lour parler plus e.Kactoment, son dérivé '/;ir;'ii/u, au sons de
X chcMuiie. lieu planté de chênes •■. a pour e(jui\alenl limousin
jarrijo, et celui-ci semijle avoir, dans les ré<4ions septentrionales,
une variante jurric. dont les noms lio lieu révèlent l'existunce.
On rencontre dans la France nu lidionalo Garric ou le Garric
i.Vudo, Aveyron, Hérault, Tarn",, Garrigou i.\.rièL;e, î.ol ct-
Garonne), la Garrigue (Aude, Avo\ron, Cantal. Dordo-no,
Haute-Garonne, Hérault, Lot, Lot-et-Caronno, Pyrénéos-()rien-
tales, Tarn, ^'ar), partois ortlio<^raphio officiellement Lagarrigue
(Lot-et-Garonne, Tarn;. Garrigues ou l(îs GaiTigues (Gai'd,
Hérault, Lot-et-Garorine. Tarn, Tarn-el-Garonne, N'auolusei. La
lornu> limousine est re|)i'ésentéc par la Jarrige ;i'anl;d, i iorre/.o,
hulre, Haute-Loire, Lot, Luy-de-Dùin.e, \'iemie. Hante-.\iê;M<ei.
et les Jarriges ^(^harente, Indre. \"ionne\ lùdin. on reconnaît la
variante qui peut être rapportée ii la lani:;ao d'o'il dans la Jarrie
(Charente-hilerieure, Cher, Dordo^iie, Indre -(-Loire, Is^re,
Loire-Iuférieure. ÏMaini'-et-Loire, he!!\-Sevrc>, \ icnn-o, Vonrie
Iss Jarries /".iiaronte-Inférieure. \'ieiuu',. le Jarriel (Soine-el-
Marne'i. Jarrier Savoir-, le Jarrior i 1'jiu\ Imhe ot-Loire, Loiie-
Inlérieure, Nièvre, (Irne, Sarllic Soin', -et-.\!arn.' •. les Jarriers
.Sarthe). L'aire i;ét)n-rapiii([ue du mot ijurrir cl de ses variantes
(»u dérivés (>st j)his étominr, o!i hj vr.it, ipie eello du mot wliij,
paisqu'elle atteiïit vers le nord les dé-piulemeiit^ de la Sartlio, ne
rOrne, do l'Lure et le S-'ine-et-Mai i;..-, vers l'est cen\ do l'Isère
et de la Savoie. 1 )":i jirès (■,•■•,, don m-c^. .v.'nm 'n-r'.'-fv- y^h:- ;',r '■■ ■■-
f'j.'idi.: pour;-.! M:<(]i!i',-r. ';.,:rir '-.•.•i:ii'.. ..... '.,.■ . \
pl'ilot ou-.; l!j!-res (jn'aux Ligure^, puisipiil i-.s, ^' .i ,. . ;. , ,,,
i''rance et ii ri']spa^'ne, et qu'on ne le lolrruivo p.:-' d.oi, l'Uahe
septentrionale; mais, l;i onoore, rojiinion d'après lauuidL ie
hasque repré-scnterail l'aîKUonne lan^^ne dos Ihères, se tiviuve
or.oore en ^h'I'.uit, eai- le mol <jarr/r n'aPj)artienl pas à la lan^aie
hosque, où le chêne est désig-né par le mot uriz.
34. Le mot cs[)aonol cihna désigne un plateau désert o\i Ion
mène paître le hétail. 11 est identique au bas lalm calma ou
(îa.imis, que fo\irnissent de noml)reu\ textes du mo^^'^ a^-e, et
2r.
M)Ms m; i.ii'T
qu'on retrouve dans tous les dialectes méridionaux, sous les
formes leS plus diverses — ailni ou culin en Rouerguc et en
Albif::eois. champ en Auverg'ne, «n Oévaudan, en Vivarais, en
Lyonnais, en Volentinois, rlmlp et clinup en Uiuiphin'é — aux-
quelles correspond la forme cluiu.r de la llourg'Ogne et de la
Franche-Comté. Ce mot. d'où snr.t sortis de nombreux noms de
lieu, tols ((ue Calmeties Avevron. r\ rcnées-OrioiUales), Calmette
ou la Calnietti AriÙL;e. An(l(\ Aveyron. Cantal, (jard, Hérault,
T.-vi-n'. Lacani Aveyron. Lot), Lacamp fCantaL, Lachamp
iAi-dcoh.e. Dr. '.nu:, isére'. Laschamp ! Puy-d^'-Oéiue). la Chalp
( Hautes- Aljie.=-, Isère), la Chaup ; Hautes-Alpes'. Cliaux ou la
Chaux il)o\ibs, Jura), j)eut aussi, en laison de sa [)ersistance
dans la lani^aie espai,'nole, éti-e allrihué aux !]>ères de préférenee
a tout aulre pcu[)le.
35. * 'n en peut dire autant du nvU pcno, pcnii<<. qui désii^'ue.
dans le midi de la Franee. nne ])ointe, une liauU ur, un sommet,
un château à créneaux, et qui corresjiond à l'espagnol pena,
" roche >. . Forme primitive, à ce (pi il semble, des noms de Penne
;Lol-el-("iari)nnri, de Pennes Dri'imc . de laPenne , Alpes-Mari-
times, Aude, lîouches-dii-llhùne, Drôme), de Lapenne (Ariège)
et des Pennes (I>ouches-du lihône), ce mot a [tassé pour être
(l'origine latine : Liltré atlriitue en cIm^! au mol latin pinaa le
sens de - sommet » ; mais le S'ad t<'xte (pu autorise celle inter-
pr(Mation parait élie la Vit> de s.niil \'ietor i-l de sainl VvVw et il
n'est pas des |ilus jn'obants. car cette \ic de saints aragon;iis du
vnr" siècle doit avoir été éci-ite au xiii'' sièch\ à Saragosse, et
l'auteura vraisemblablement empiunté [linna. au sens de >-< faite '>
et d<> « uionta^rne », au langage vulgaire de son pays.
36. Le mot .'?(we est certainement antéromain ; tantôt masculin
e1 tanti'jt féminin, suivant les dialectes, il se renconti'e dans toute
la moitié méridionale de la l''rance. et, désignant une chaîne de
montagnes, une crête, ime cinu^ dentolé'c. il est 1 équivalent de
l'espagnol aicrvH, ce cjui autoriserait à le lenii- pour il)èie.
37. Peut-être en est-il de même du mot sair/iw ou sar/ne, qui,
dans \<? patois limousin, désigne une prairie marécageuse, un
terrain humide, et cpi'ou rencontre à un grand nombre d'exem-
plaires dans hi nomenclature topographique de la France méri-
dionale. C'e-^t ce mot qui est l'origine du nom de Grandsaigne
' (^orrèze).
V
ORIGINES C]^]i;i'I(,lUI-:S
5
ï
Les noms de lieu .iVirii^-iiu' i^eitique sont i ''v- r.oiMrii'C'/.y f.'-
France, et, à défaiil de résulLnts ([ul ne lai.ss(Mil iion ù (!r''f;ire;\
l'étude en procure des données intéressantes; et cei taint^s.
La plupart du temps on est en présence d'un substantif uni,
soit avec un nom d'homme, soit avec un adjectif, et occupant
d'ordinaire la seconde place.
Quelquefois la fin du nom est constituée par un suffixe qui n"a
de valeur que combiné avec un nom comnuin ou un nom
propre.
38. L'un des substantifs gaulois les plus répandus dans la
toponomastique de notre pays est diinos^ latinisé en dunum,
dont le sens originel est celui de « monta^-nc i»
Ce sens est atteste par trois écrits :
i° Le pseudo-PUitarque, écrivain grec du premier quart du
m* siècle, qui rédigea un iivre sur les noms des tleuves et des
montagnes, énonce forniellenient, à propos du nom de la ville de
Lyon, AcjvScj^':'/, qae i! -ns la langue des Gaulois. î:Dvov avait le
sens de « lieu élevé' >' .
2° Le petit g'IossaiiT-' gaulois ~- De nominihii^ gallicis — dont
Stephan Endlicher a siTr.alé la présr-nce dan, ihi manuscrit du
irJ siècle, conservé a "\';«'wnc. trnduit ainsi le nom de 1;: même
ville : Lugduno. desidt-rato monte'-.
3" Enfin la V'/'/.v sanrfi (hrnznni, episcopi Aufissiifilnrensis,
•ncfrica, écrite au iK^' siècle par le moine lieric, aflirnie à deux
1. Aoôyov yàp t^ dçùlv fî'.aÂe/.rt.i tov v.iiyr/.a. zayoui'., ooJvov o; to'aov iciyo-r.a..
PliiUrchi opéra, éd. Dïibuer (18'd5), V, 35;
2. Caialiu/us codicum phiiolûgiconirn lalinoruni hihliD/itcrue pnbifin/'f:
Vindobnnenxis (Vienne. IfiSCi!, p. Ilt^.
■JS ij;s Ndiis iiK .Mi:r
roiM'ises, à jiropos du nom d Aiiliin ' ot (le tcliii dt' l^Vdii -, la s_\ :!ii-
iiMnie du mot dont il s'agit et du latin nions.
Malgré ce triple témoignage, on a beaucoup discuté, au siècle
dernier, sur le sens du mot dunum, d'aucuns jpposant au sens
de '< montagne » celui de « ville ... qu on trouve dans le saxon
(un, dans l'anglais moderne (oivn : opinion fondée sur ce ([ue cer-
taines localités an nom latin en dunum ne sont pas dans une
situation élevée, par exemple (^ikescirodunum, aiijourd'hui
Tours.
Et, tout en n'admettant pas cette opinion, d'Arbois de Juljain-
ville, attribuait à dunum le sens de « forteresse >■, qu'a conservé
l'irlandais clan.
11 semble préférable de supposer que ilununi, ecmime Inen
d'autres mots tians les diverses langues, a eu un m-us primitif
et un sens secondaire ; qu'après avoii-, à l'origiac. déslgiié un
lieu élevé, il est devenu .synonyme du latin oppidum, les
0 |jp ida occupan! ordinairement des lieux élevés. Ainsi ont évolué
1 allemand InTij dont la variante Ininj équivaut au latm cas-
trvim. ot le bas lalni rocea, origine denotre mot rurAc ; ce dernier
rei.ut, dés le \ii; siècle, le sens de n forteresse 'i ({u'il avait
encore au \vi'', sous la fornu.' roi/ue, de sorte qu'on donna, au
cours du moyen àue. en l''rancc;, le nom de Roch.efort, c'est-à-dire
■ • cliàteaii fort ■>, et celui de [ai Itoelu-lle, c'est-à-du'C <i le petit
cbâteau ><. à des localités dont l'assieite n'était pas précisément
une niclie.
Les noms de lieu ayant dunum poiu' origine sont nombreux.
39. En prenùiM- lieu doivent être signalés ceux dont dunum
est 1 élément unirpie.
Sans parler des Duno d'Italie et d'Espagne, qui représeuleut
à c-ou|i sur d'aiui''nui's colcuiii's celliijuc;--, oîi note le nom de Dun
dan> les déparlemrnis de rArièi;-e. du Cher, -de la Creuse, de
rindi-e, de la Meuse, de la N;è\'re et dr Saùne-d-Loire.
l.'rlis i[iu)(|uc [irovecUiiu merilisqLic el houmih- l'^it,
.Vu^usluiliiiuun démuni concepta ^ oeari,
.\ii.L;usli nioiilein transfert f[uod coltica liiii^iia.
'■Arta Snnrtonjni, jinlicl. Vil. -J^',» ■■
I.u^'liuio 1-clebi'ant Gal)<iruni famine nonicn,
lii\lio-.il Min iiuonfliim, (iiod sit rnons luridus id'Mn.
Aria Saili-toni/n. juillc;!, \'ll. i'tl 1'
i
uiiu;iM;s ci;i.TiMi;i:s : inwtis 2(t
40. Ia's Dimet ([u'on icuconti-o dons l'Aveyron i-t ilans l'Indre
•^ont d'anciens Dun pourvus, à une date relalivenienl rccenLe,
il'une terminaison diniiiuili\e ; le seeond était, à l'époque earo-
lin^'ienne. le ohof-lii'u dune eirconscriptiou appelée vicaria
I ) u n e n s i s .
41. Dununi tlésiL;nail encore vei's iOlil un ancien castelUun
de la cité des Garnutes ; l'usaye, constaté dès oSl , de faire pré-
céder ce nom du mot castellum, a [)révalu : cette localité n'est
autre rpie la ville de Châteaudun (Eure-et-Loir).
42. Le nom du Bourg-Dun iSeine-lnierieurel est le résultat
d une juxtaposition analogue.
43. Le lac de Thoune est appelé dans la chronique dite de
Frédégaire lacus Dunensis, ce qui révèle dans le nom de celte
ville de Suisse, qui s'écrit en allemand Thuil, un anli([ue
Ounum dont la dentale initiale, s'est durcie.
44. Beaucoup plus i'i'équemmcnt dunum est le dernier leiMue
d'un nom com[HiS('' ; et il est parfaitement reconnaissalde dans
; les noms suivants :
Bezaudun (Alpes-Maritimes, Drome), liomonymcs, ;i n'en pas
douter, de Besalû en Catalogne, qui fut le chef-lieu du pagus
H i s u Ul u n e n s i s .
Chaudun (.\isne. llaules-Alpes), dont le nom, qu'on rencontre
■.u xu'' siècle sous la forme Caudunum, représente sans doute
an ancien Calodunum.
Goudun (Oise), mentionné dès ()57 sous la forme Cosdunum.
Exoudun Deux-Sèvres et Issoudun (Creuse Jndre), homo-
nymes de 1 IJxe 11 odu n M m de Césai'.
Gavaudun ;Lot-el-(jai(>niie), nom dont la première partit est
•-ipparenlée au iu)m du elief-lieu du Gévaudan. pagus Gahali-
I anus.
Laudun iGardi, Laudunum en KKSS, et plus ancienneiin.-nt
rx:ut-être Lugdunum.
Liverdun (Meurthe-et-Moselle), vraisemblablement condiinai-
>on de dunum avec un nom d'homme romain tel que Liberius.
Loudun (Vienne'l, à ''('pofpie carolingienne .-lief-licu d.- la
vicaria Laucidunensis ou Laucedunen sis.
Tourdun (Gers).
Verdun i^Aude, Doubs, Eure, Meuse, Saone-et-Loire, Savoie,
Tarn-et-Ciaronne), répondant à Virodunum, qui est aussi le
30 I.ES MIMS lil", LIKl"
nom primitif de Château-Verdun (Arièg^a) et de Montverdun
(Loire, Seine-Inférieure),
Vesdun (Clieri.
Le primitif dunum a subi également des altérations plus ou
moins profondes, plus ou moins nombreuses,- sous lesquelles on
le reconnaît moins aisément.
45. Parfois dun est devenir don.
Averdon (Loir-et-Chorj, au xi" siècle chef-lieu de la vicaria
Everdunensis ; le nom primitif en était sans doute, comme
celui d'Embrun et d'Yverdon, l'^hurodunumi.
Brandon (Saône-et-Loirp .
Bresdon (Charenlo-Inforlcme), jadis clioj-lieu d'une viguerie
du paj^iis Saiitonicus, L' vicai-iu Hrddunens js.
Cardunum désignait, au \'' siècle. Villechardon (Mayenne),
qu'on peut donc considérer comme un liunionymc de Karden
\^ Prusse riiénancj.
Crodon (Marne), en 117a Crao Idun uni.
Loudon (Sarllie), au ix" siècle f.u^dunum.
Lourdon (Saône-et-Loiro). au i.\" siècle Lordunum.
Meudon (Seine-et-Oiso), an \\V siècL' Meldunum.
liîûudon ;Suisse, canton de \'dudi, le Mi n uodunu m des itiné-
raires.
Yverdoil iSuisse, canton de Ncucliàl.cl), TEhrodunum des
itinéraires.
On la' siuirail joindre à cctfO çalegoi'ie le non) de Boîjcodon
(llaules-.Mpes), (huit rcu'igijie est bien dill'érente, car il repré-
sente, selon toute vraisendjiance, un ancien boscus Aldonis
ou Oddonis,
46. Ardin (L)eux-Sèvres;. jadis Ai'dunum pour un plus
ancien Aredunum, otVre l'exemple d'une autre déformation.
ini[)ulalilc a une pi'ononciation vicieuse, de la voyelle toiiiqut! de
dunum.
4T. En vertu du phénomène piionéliqu(? par lequel s'explique
la désip.ence du nom du Qiirrci/ -- jtagus Cadurcinus — ■ Vn
de ilununi est li)inbé en Languedoc : c'est un homonyme de
Verdun (ju'il faut voir dnns 'Verduc i llaule-tùiioiine. tiers) : le
c qui termine cr. jnol est ailventiee, et ii l'origine ne se prononçait"
pas. 11 en est d'.; mènie de !a linole du noro de Roquedui' (Gard),
prnnilis l'uient 1 1 noad n n uni .
M
48. Le nom, déj;< mciilioijué, de Besalù, en (^aLal"-iu', [ué-
M'iiLc aussi la chuto A'-, la nasale ; mais on observe, par siu'iroîL,
ijUf le (/ (le (lununi a disparu, ou plutôt qu'il s'est assimilé k 1'/
ipu le précédait, ouxertu d"une loi phonétique dont les eU'ets
sont particulièrcnu;nl sensibles eu Catalogne et en Roussillon :
'es noms de personne Arnal, ditihal, Jiajjnul, tiujal y répondent
a Arnaldus, Wilbaldus, Reginald us, Rigaldus, la termi-
'.naison ^ermaniciue uld, latinisée uidus, s'étant altérée en
.il lus. ainsi que des chaînes du \'' siècle en fout foi; de même
!'>isuldunum est di'venu H isull unun^.. Pareil phénomène sest
luanil'esté dans une réi^^ion moins méridionale : l'Iixel odunum ou
l']xoldunum qu'uiu? eharle du ini !Sa(Jul nientioime en 930, est
devenu Exoliunum, témoin la forme ÎSEOlu que présente le ivun
!, tnoderne de la localité : Puecli il'lssolu (Lot), maladroitement
déformé en /'ui/-I)i>isalu : c'est dans cette localité (jue des
.u'elié(do;4ues eroieul recounatlre l'U xellodu n um de César.
49. n.uis Montlahuc (Drôme) il faut voir un antique Lu;;-
<lunum, devant le nom-duquel le mot nions est venu de bonne
heure se placer, comme il est arrivé à propos de Moutverdun.
50. Ailleurs, nuiis toujours dans la France niéritiionale, le d
de dunum a iléclii en .: : Lauzun (Lot-et-Garonne), Montlauzun
(Lot), et sans doute Monlezun (Gers) représentent, euK aussi,
d'anciens Lu-^dunum; et le Maudunum qui, dans un texte de
1207, désig-ne Mauzim (Puy-de-Dôme) est vraisemblableniont
pour un plus ancien Ma<,^dunum, vocable que l'on rencontre
ailleurs. Baiazuc (Ardéche) dont on rapprochera la terminaison de
,.'«dle de Veidue. s'appela jadLs 15.iladuuum, et -peut-êtru en
l'aut-il dire autant de Balaruc (Hérault j, ea supposant une mani-
festation du phénomène inverse du rliotacisme.
51. La chute complète d'une dentale onj^iiielJement placée
entre deux voyelles est un fait constant en pays de langue d'oïl,
et ainsi explique-t-on que le </ de dunum n ait pas laissé de
traces dans les noms suivants :
Achun i.Nièvrej, au xi siècle Scadunum.
Aiglun (liasses-, Mpcs. Alpes-Maritimes;.
Arthun (Loire), jadis Artedunum.
Autun (Saône-et-Loiie), Aujjfustodununi.
Embrun (ilautes-Alpes), la civitas EbroduïJensiuni de la
Xntiùu. dont le nom primitif était sans doute Eburodunum.
32
l.l.S .NOMS hK I.IKI
Mehun (Cher. Indre ., Meung (Loirel, N'i.'vrL'i, aueioii M;i--
duiiuin dont le ij s'est vocalisé.
Meluil (Seine-et-Marne), le Alelodunum île César.
52. La nonienclatiuv qui précède doit être i^rossie îles M;K\iMe>
dans !es(|uels on observe en outre les defiuinalions signalées plus
liaul de l.i vovelle lonicpie de liununi :
AttOll I Meurthe-et-Moselle) et ÉtOll (^Meuse;. qu'on a lieu de
répuler honionvnies du Si adununi auquel doit sou noiu l'Ate-
nois, ancien /;:/;/;7.v compris dans l'arroniiissenieiit aoluel de
Sainte-Menehould (Marnel.
Brancion (Saone-et-Loire). B raneedu nuni.
Cervon (Nièvre'i. au VI'' siéoleCervedununi.
Chalons (Mavenne), au viri<" siècle Caladununi.
Gugnon (Belgi(|ue, Luxembourg-), Congidunum.
Lyon (Rhône), Lugudunum, puis Luf,'-dunum.
Marquion ^l'as-de-Calais^. au X" siècle Markedununi.
Nyon (^Suisse, canlou de Vaud), Noviodunum.
Sion (Suisse, Valais), Sedununi.
Suin i Saône-el-Loire), jadis chel'-lieu de la ^icaria Seodu-
nensis, et dont le nom primitif était i)rohablement. comme celui
de la ville de Piodez, Seyodun inn.
Torvéon (Rhône), au X"-' siècle chel'-lieu de la vicaria Talve-
d u n e n s i s .
53. A côté de Lyon on peut mcnliiumer Laoîl (Aisne), <pio
Grégoire de Tours appelle Luydunum Clavutum ; on sait que,
dans la prononciation, la finale de ce nom se réduil à an. Pareille
réduction est graphiquement consacrée dans le nom de Belan
((-ôle-d'Or), dont les formes ancienn<'s. lichnin (h\ 1117, Bclei'in
en 1 loi, autorisent à supposer un priinilu' Baladunum.
54. Les noms de la BDurç/ognc cl de Conipièijnc, portés par un
pays et par une ville qui s'afjpelèrent Burgundia et Compen-
dium, autorisent à supposer des formes intermédiaires Burgun-
nia et (-ompennium, dans lesquelles la lettre i/, précédée delà
lettre/;, se serait assimilée à cette dcr'uière : ainsi s'est comporté
le il de dunum dans le nom d'une localité que Flodoard appelle
Suidunum. C est là, nous apprend l'auteur de Vllislorla ccclesiac
licrnensis, qu'étaient honorées les reliques de saint Oricle. per-
sonnage qui p'^rit lors de l'invasion des Vandales, au x" siècle ;
or l'iifiique pariiisse, de l 'ancien diocè.se de Reirns, eiont l'égli.se
Miudi.NKs i;i:i.ri(iij'Ks
:{;{
ail poui- vocal)le Saint-Uricle est SeilUC i Ardeniies . cj;t';iu
Mil'' sièclo Auhry do T:'c)is-l'\)ntaiiies appelle Scitti. On ne tenlera
|)as d ex[)lli|uor ici la chute, insolite en ces contrées, -de Vn de
tlunum, ni rap{)arition tardive du c, purement parasite, qui
termine aujourd'hui le non\ de cette localité.
55. Dans les parties de l'ancienne Gaule ou riufluence germa-
nique a prévalu, la terminaison dunum s'est comportée tout
autrement qu'ailleurs, en raison du recul de l'accent tonique, qui
s'est porté sur la syllahe précédente ; elle n'a laissé d'autre trace
qu'une désinence atone. C'est ce que l'on constate dans le nom
de Karden. déjà cité, dans celui de Birten (régence de Diisseldorf),
queGrég'oire de Tours désigne par les mots apud Bertunensim
o[)pidum. dans celui de Leydc, en hollandais Leiden — un
autre Lugdunum — enlin dans les appellations allemandes
Ifferden, Milden et Sitten, appli([uées aux villes suisses d'Yver-
(loa, de Moudon et de Sion, dont il a été aussi question plus
luaut.
11 convient d'examiner maintenant l'inlerprétation demi plu-
sieurs des noms en dunum sont susceptibles.
56. On a constaté l'extrême fréc]ueiice du vocable Lugdunum,
aujourd'hui représenté par Laon, Laudun, Lauzun, Leyde. Lou-
(lun, Lyon, Monlezun, Montlahuc et Montlauzun, et qui fut le
nom [)rimilii — Lugdunum Conveuarum — de Saint-Her-
Irand-de-Comminges (Haute-Garonne). Lugdunum signilierait
• mont des corbeaux » d'après le pseudo-Plutar([ue, <■ mont
désiré » d'après le petit glossaire d'iuidlicher, <( mont lumineux »
d'après le moine Ileric ; d'Arbois de Jubainville a cru reconnaitre
dans la première partie de Lugdunum le nom d'une divinité,
I-iig, dont il est question dans des poèmes irlandais, mais dont
il resterait à prouver que le culte fut répandu aussi en Gaule.
L'opinion du moine Heric paraît la plus vraisemblable : elle fait
de Lugdunum le synonyme des Hier mont fju'on rencontre
en si grand nombre également sur le sol de noire pavs.
57. Dans Verodunum, non moins répandu queLugdunum,
puisqu'il est représenté par sept \'erdun, deux Verduc, deux
Mi>nlvordun et par Cliàleau-Verdun. la première partie est, soit
un nom d'homme Vero!^, d'ailleurs fort rare, soit un adjectif
.NuMs UK I n;i
0
tï
L-quivalanl au Uilin verus : (laiis ce tlei'iULT cas, lu iiiduis
iiMpi-ubal)]c, \cio(Iuiuim .sit^nilieralt <■ vraie l'urleresso ".
58. Uxolloduiuiiii. (|iu' Ton recoimuîl dans les deux Issou-
duii. dans Exoiidim i-l dans le Puech-d'Issolu, dériveraiL d'un
mol -aidnis urellos. <|ui peuf avoir élé employé comme nom .
d liuninu-, mais dmil vn ne saurait méconnaître la parenté avec f
railjectif breton ucvl, au s.-ns d" ,> élevé », qualilication couve- i
nant bien à uiu; monta-^ne ou à une forteresse. f
59. Le premier ternuMle Noviodununi, nom ori'ginelde X\on,
est sans doute un adjectif é(juivalant au latin no vus : ce nom
si^niiGerait donc u uou\olle rorlercsse -.
60. Tandis (pie ilans la première partie des vocables qui
viennent d'ètie [lasaes en revue, on incline à voir des adjectifs,
il semble bien que duiiuni soit précédé d'un nom d'homme dans
cluicun des noms suivants :
A rtedunum, aujourd'hui .Vitliun, ((ui serait forme sur le nom '•
d liomme Arlos, au sens d' '. ours ».
Inandon, où apparaitrail le nom tlhomme Jir;tn<)S, sii^niliant
" corbeau ».
Ml)urodunum, dont le premier ternie aurait l'acception de
' sanglier ».
61. Des noms d'hommes romains sont entrés jiareillemeut en
composition avec d un uni. Bien connus sont les exemples four-
nis à cet éfrard par .Vuy us toilunum, d'où Autun (Saone-et-
Loire) et par Caesarodu num, qui fut, jusqu'au m'' siècle, le
nom de la ville de Touis ; il faut sans doute sujipi^seï' par analo-
gie (ju'Aiglun et Liverdun dérivent de noms romains tels ';
(ju'.K quilius et Liherius.
DU nos
1784676
62. Nuros. signilie '< torteresse », foimiie duiids ; mais il est
priibable t[ue c'est un sens secondaire, et ([u'à l'origine ce mot
flail un adjectif t'(juivalent au latin du i-us ; ainsi l'adjectif latin
fnrtis, « hiave », est devonu notre substantif " fort ».
Latinisé en durum, ce mot constitue la désinence d'un cer-
tain noml.ire de noms de lieu, dont deux apparaissent déjà dans
les Connnentaires de César et dans les Itinéraires : Octoduruni,
aujourd'hui Marli^ny (Suisse, canton du Valais) et Augus-
todurum. aujourd'lmi Baveux (Calvados').
63. En raison de la voyelle liiiale cpTen présente le premier
terme, les noms de lieu de cette catégorie se terminent invaria-
blement en -oduruni. (Jette constatation a son intérêt, car le
premier ?/ de durum étant bref, c'est sur la syllabe précédente
que se place l'accent tonique, ce qui devait entraîner la chute tle
Vu atone, et l'assimilation du d à l'r a\ec lequel il se trouvait
conséquemment en contact ; -oduruni, altéié à l'époque franque
en -odorum ou -ode ru m, puis réduit ;i -odrum, est devenu
en français -^,v//-c, qui s'est à son tour, un va le voir, altéré parfois
de diverses façons. La ville qui, à l'époque romaine, s'appelait
Au t essiodui'u m, est, sous la dominafinn frampie, nommée
Autissiodorum, Autixioderum : de là est venue la forme
ron.iane Auçiierr/?^ qui se prononçait Aucenrc; aujourd'hui l'on
écrit Auxerre (Yonne).
64. La forme -etz/'c s'est maintenue pour l'oreille dans les tuims
suivants :
Âujeures (Hantt.-Marne)-, l'AIbiodero des monnaies niérovin-
giennes, représentant un plus ancien Albiodorum.
Chilleurs (Loiret), qu'un pouillé du xi"^ siècle appelle Calo-
du ru m.
Izeure (Côte-d'Or;, Yzeure (Allier), Yzeures Indre-et-Loire),
le premie)' appelé Iciodoro en li'ù^.
Mandeure (Doubs"), représente ranfi((ue Epamandnodu-
rum. (>ri\é par ui)e ;qiliéri'.se <le si'-, deux priMiiières svllalir'S.
I.H6 i.l;s MiMs uK i.ii:i
Soleure (Suisse), 11' Salodiiruni tlos itiiiéraii'es.
65. Ces exemples bien avérés autorisent à ranger, avec beau-
coup de vraisemblance, dans la même catégorie, les noms de lieu
i'ranvais ({ui se terminent par le son eurr.
Avalleur (Aube), dont le premier tenue est [)resquc certaine-
mout le mol j^^aulois Aballos, employé, soit au sens de <^ pom-
mier », soit comme nom d'homme.
Balleure (Saïuie-et-Loirei, com[)aral)le, au p. ■i:- > ne du
premier terme, à Bnlazuc et à iJclan, mentionnés pi ii.^ haut.
Pleurs (Marne), appelé Plaiotrum en 1052, et dont li. d'Ar-
bois de .lubainville suppose (jue la l'orme pnmitive était
Pelagioduru m.
66. On a vu par l'exL'mjilc dM//.tr/7-e que le son eu/'c, représen-
tant -oduruni. peut se réduire à erre. Ainsi en a-t-il été dans les
noms ci-après :
Augers (Seine-et-Marne), prononcé Auyèrc ; ce vocable appa-
raît au moyen aye sous les formes Aljotrum, Aujotrum, tjui
send)leiit permettre d'y recomiaitre l'Albioderum de Frédé-
gaire, soit un homonyme d'.iujeure.
Brières (Ardennesj, appelé à l'époque i'ranque Briodrum ou
Brioderum, formes basses pour Brivodurum.
Nanterre iSeiuei, Xemptodorum dans Grégoire de Tours,
Xemetodorum dans la Vie de sainte Geneviève, pour Neme-
t odurum
Solers (Seine-et-Marne), prononcé Sulcre ; ce nom, que les
clercs du moyen âge traduisaient abusivement par Soleria.
pourrait bien venir, comme Soleure, de Saloduruni.
Tonnerre ("^'onne), appelé par Grégoire de Tours Teruodo-
rense caslrum. ce ipii su|)pose un primitif Turnndu rum ; on
rencontre au cours du moyen âge les formes inlernu-diaires
roriiiicrre, Tixiriioirrc.
67. A son tour -erre s'est parfois déformé en -arc.
Briare (Loiret) est le Brivodurum de l'Itinéraire d'Anlonin.
Briarres (Loiret) rej)réscnle prol)ablenu'nl un [)rimitil sem-
blable.
Bussiares (Aisne), qu'il ne faut pas confondre avec les nom-
breux Buîisières (représentant autant de Buxaria formés sur le
nom latin du buis) est appelé liolssuerre en t20t, ce qui autorise
à supposer une forme originelle telle que Buxodurum : hypo-
thèse a laciuelle ne contredit pas le Jinss'Trc d'un texte de 1 l(i!t.
:?:
68. l'iu' (IdunniitLoii (.'xn^iilionncllo de la (iM-miiiaisun -cr/w
explicable par le iihéiionuMic invers.' iln rhotacisnic, se manileste
li.uis lo nom (rArnaise. porlf p.u' deux iiMi-ls (le la et)imnune île
S.nnt-Ainliroix (("lier) : les Cdi-nies médiévales de ce mim, Ariiu-
ria en 120S. , l/vv/xv/re en l.'<*IS, procèdent sans nul iloute de
l'appellation anli<iue tlu Imuri; de Sainl-Anduoix. Il-", rnoiluru m
(le l'Itinéraire d'Antoniu.
69. Dans une ré^'inn éli'oitemeni délindlee, la llnale -fitrr s'est
;illérée dillerenuaent, pai' l'eitet d'une substitution de li(]uide.
Brieulles-.s(/r-.lA'((.sv iMense) est appelé liidodoruni dans des
textes des x''. .xi'' et xii" siècles ; on peut donc le considérer
comme un homonyme de lîriare; peut-être en esl-il de même de
Brieulles-5(/r-/i.ir ( Ardennes) .
ManheuUes (Meuse"! est appelé Manbodorum ,01 xi' siècle, et
Miii/iiirrc, Manhiicr-i-t' AU xur'.
Boiireuilles (Meuse), n.->ni d.ans leiiuel la nuunlbne (inale
n'aiiparaît que tardivement, est appelé lîuiirrcurc en l:2(lo : cette
l'iirnie autorise l'hypotlièse d'un |)riniitir Hurrodurum.
70. Le nom de Tonnerre est passé, un l'ii vu. par la forme
Tiitirnoirrc : la prononciation ainsi notée se rencontre ailleurs.
Issoire (Puv-de-Dôme), appelé Iciodorum par Gré^'oire de
Tours, el depuis f.tsocrrr, fssnerrc, ce dernier prononcé Ixsciire,
i-sl l'équivalent d'I/.em-e.
Jouars i^Seine-et-Oise'i a pour ancien nom Diodurum, variante
lie Divodurnm, qui désigna la vdle de Metz; c'est une contrac-
lion du même nom qu'on reconnaîtra dans .lotrum, ap[)ellation
médiévale de JouaiTe (Seine-et-Marne;.
De ces noms on est lente de rapprocher cehd de Bouchoir
Somme, en raison de ses toriues anciennes : liiirliiirrc en I21;3,
l)(iiicliciirf en I2.')7.
71. Waulsort ilîîelgique. province de XamuiM esl appelé
W'alciodorus en Oi-tl. La transFoi-mation de -odurum en -o/v
est moins surprenante dans le nom d'Izemore (Ain), au
vni'' siècle Lsarnodoin m, ijiii apj)arlienl à une région plus
méridionale ([ue celles oii ont été' relevés les vocables précédem-
ment passés en revue. Ballore (Allier, Saône-et-Loire) repré-
sente sans dfiule aussi un [irimitit en durum ; mais cette hypo-
thèse n'est pas permise en ce qui concerne Saint-Paul -d'f'core
(Loire) el So/ore-Salnt-Laurent. aujourd'lmi Saint-Laurenl-sous-
nS ' i.Ks NOMS nv; i.iKf
lv)ch(.'fort (Loire), la teniiinaisoii de oos noms ;iv;iii' [las'^é ;iu
nioven ùge par la forme -orre ou -nhrc.
72. Kn pays de langue germanique, l'accent tùni([ue des noms
en -durnni s'est dé[ilacé, mais non pas do même ([ue celui des
noms en -dunum : c'est sur la première syllahe de du ru m rpi il
s'est porté : Soleure s'appelle en allemand Solothurn ; le Tlieu-
durum de l'ItiuiMaire d'Aiiloi\in e^•l aujourd'hui Tuddereil
(ri'i^ence d'Aix-la-Cluipelle! ; el 'Winterthur (Suisse, canton de
Zurich) répond a un antique Vitodururo.
73. Les noms primitifs d'Auxorre, de IJôureiùlles, d'Izernofe,
d'Izeure ou d'Issoirc. deTonnerre, paraissent avoir pour premiers
termes des noms d'hommes gaulois : Aiitecio^, Jhirrns. Iccios,
Turiios; ceux d'Aujinue et d'.\.ui;ers et de Pleui's débuteraient
par des noms romains. Alhiuset Pelayius, ce dernier d'orlgiiu-
grecque.
.\valleur et Xanlerre dériveraient des mois ganlois aballos,
« pommier » et nernctn>i, .. temple >■ qui [>euvent avoir été pris
aussi comme noms d'homme.
Dans Brière, Hriare. Brieulles on rec(nniait le nml Lriva.
« pont ».
Rrnodurum est apparenté au nom de la rivie'c ([ui arrose
Sainl-Amhroix, 1 Arnon.
On retrcuive h' premier terme du nom des //.i/'oiivissi".?, dans le
nom i\\\c portait le chei'-lieu lie la finis Haio t n n sis. en l)nes-
innis.
Diirum s'est combiné en outre avec des noms eihnicpies : les
lîalaves et les lioïens avaient des villes appelées Ba t a vod uru m
et Boiodurum.
74. Onrum a été' emplovc' aussi comme premier terme, par
exemple dans h's noms Du ion' ernum. Dnrncor no\ i ,i m,
1) u roc oi-to ru m el Dur oea I ue 11 au ni. qui ont désigné, le-; deux
]iri'miei's, en Angleterre, ( ^antorhéry i comté de Kent) et (',iren-
cester (comté de Gloiu;ester), les deux autres Jleims et (Jhàlons-
sur-Marne : il a, à cet égard, laissé des traces dans les nonis de
Dreux (Rure-et-Loir'), de Domians CMarne) et de Doiiqueur
; Smnme^ coi-respondant aux vocaldcs anli(jnes Dui'Oca.ssfs,
Dnro in.innum, 1) u rocoregnm, dans ceux de Diiclair (.Seine-
Inférieure) et de Drucat (Somme), pour Icscjuels on a les formes
basses Durclarum el Durcaptum. [leut-ètre aussi dans celui
de Durbuy ' lîelt^ique. province de Luxendxuirg'.
oiur.INKS CKI.lii.l i;s : /'/ /,■'
■M)
75. A considérer les coulréos inlLTcsscos par los cmiiiu râlions
([ui précèdi'ut, on observera ([iio les noms dans la coni[npsilion
(lt'S([uels entre duras soni inconnus à Tesl du liliin, entre le
Kliùne et les Alpes, dans le bassin de la (;aionne el dans !o iiavs
Mil ori ;i])pela là Septiinanie.
VI
BBIGA
76. Les noms de lieu ayant pour torininaisou hriga, autre mot
auquel les celtistes les plus autorisés attribuent aussi le sens de
« forteresse », ont dû être jadis fort nombreux, mais plus au delà
qu'en deçà des Pyrénées : les écrits de l'antiquité, tantlis (|u"ils
révèlent l'existence en Espagne d'une vingtaine de vocables de
cette catégorie, en font connailre seulement quatre ayant appar-
tenu à la Gaule : Baudobriga, Kburo'origa, Li tanobriga,
mentionnés dans les textes itinéiairrs, (4 Aîagetobriga ou
Admage tobriga, (jui figure dans les (lommontaires de César.
Évidemment hriga appartenait au dialecte des Celtibères^ et ce
mot, hors d'Espagne, constitue une trace du passage de . ces
Iri'hus.
Do"^ (piatre noms qui xicnnenl drlii' rap[Hdt''S, les deux der-
iiit-rs n'ont laissé nulle Iratr. lîaudobriga est aujourd'liui
Boppard (régence do Coblen/) ; mais ce nom moderne, formé
sous l'inlluence germanique, ne fait en rien connaîtie le sort
réservé en France au mot L;au!ois l>ri(/n. 1'] Imroiiriiia n'esl nuire
{(u Avrolles (Yonne), dont le nom, (|ui se présente dès le ix"^ siècle
sous la l'orme Evrola, rappelle assez bien la première partie du
nom anti(|ue, mais niillenn'iil s:i linale : celle-ci aura sid)i une
lie CCS Irausl'ormations iiudlenducs qu'on ne; |>eul c|ue constater,
s:ms fpie la cause en soit di'li'nninahle.
T7. Parmi les noms en br i g a (pi 0!i observait dans la pénin-
sule hispanique, un des plus sûrement identifiés est Conimbriga,
aujourd'hui Coiiubre Piirtugall ; on dnil conclure delà qucl'ide
b r i g a était l)ref, par conséquent ;it()ue (juand b r i g a jouait le
rôle de désinence.
78. L'i bref accentué deven;iiit en franvais ni, on peut consi-
dérer comme représentant briga employé seul, les noms de
Broyé (Ilaute-Saône, Saône-el-boire i et de Broyes (Marne,
Oise).
79. Mais dans le cas, bien plus l"ré(p:ent, oti briga est le de:-
i
ORKilNF.S Cia.rinL'KS
nuT terme d'un nom de lieu, racceul se porte sur la svllabe
précédente, qui est d'ordinaire — on Ta vu par les quatre exemnles
■ liu! nous a laissés l'antiquité — un o.
80. Des formes vulg'aires (pi'a revéluesla terminaison -ohrijja.
l;i plus reconnaissahle est -nhrc : on la rencontre dans 'Vèzenobre
iCiard), Vezenohrium en lOSO, Vedenol>rium en liai, dans
Vinsobres (Drôme)., Vinzobrium eu 1137, vraisemblablement
l'our un plus ancien Vindolirij^-a, ]HHit-ètre aussi dans Lanobre
, Cantal';.
81. Plus au nord, le h devient v. Verosvres (Saône-et-Loire)
i'>t appelé au xiv- siècle 1 orovre, ce qui autorise à supposer un
primitif Verobri<>a dont le ternie initial serait le même (pie
celui de Verodunum.
82. Parfois -ovre s'est réduit à -orc. Le chef-lieu de l'aj^-er
Solobrensis ou Solovrtnsis du x"" siècle a été appelé Solore-
^uint-L^iurcnt ; -c'est aujourd'hui Saint-Laurent-sous-Rochefort
Luire;. Kl la forme Ysovrus, des x* et xi*" siècles, donne à
penser que Sainl-Paiil-d"Uzore (Loire , représente un ancien
Icciobrig-a, apparenté par son premier terme à Issoire et à
Izeure.
83. C'est sans doute par l'intermédiaire tle cette forme réduite,
dunt le son liquide aura été altéré; que s'explique le nom déjà
eité d'Avrolles (Yonne) représentant Kburobrig-a.
84. Le son de Vn peut s'être allongé en ou : Courouvre ('Meuscj,
(lorrubrium en 1149, Corrobrium en 1207, était probal)le-
inent à l'origine Corrobriga.
85. Mais la forme que -obriga revêt le plus communément en
pays de langue d'oïl est -rarre.
Cliartreuve (.\isne), Carlobra au i\'' siècle, vraisemblahle-
inent pour Ca r to iM-iga.
Deneuvre (Meurthe-et-Moselle), Donobrium au xii" siècle,
parait représenter DonnoJjriga, « la forteresse de Dunos -> ; il
ca est de même de Ghâtel-de-Neuvre (Allier), qui était, à l'époque
mérovingienne, le chef-lieu du pagus Donobrensis, et dont le
nom devrait s'écrire Chatel-Denenvre.
Escaudœuvres (Nord), Scaldeuvrium en 1137 ; nul doute
a est possible sur le sens de ce nom, dont le premier terme est
le nom de l'Escaut.
Vendeiivre (Vienne) est appelé à la fin du x« siècle 'Vendo-
m
'•- i.i;s .NOM.s DR r.iKr
bria, ce qui ne diiïère guère du Vindobrig-a que donne ii sup-
poser Vinsnhrr, et dans le premier Icrnie duquel on l'eeonnaîtrail
i'adjeclit" viiii!()s « ])lane », peut-t'tre ju-is comme nom d'homme;
unlexte de 938 donne la forme plus altérée Vindopera, sous
laifuelle on voit désigné aussi, vers la même époque, Vandœuvre
('Meurthe-et-Moselle). Uiip forme presque semblable, ^'en do-
pera, est appliquée en llT^i à Vendœuvres (Indre). Veudeuvre
(Calvados'l est probablement de même origine, mais non point,
on le verra plus loin (n'' 121), Vendcuvrc i .VnbeV
86. Il est arrivé que celte (înale -ciirre se soit réduite ii -èvrc.
Denèvre (llaute-Saône apparaît ehiii-emeiit comme une
variante de Deneuvre.
Lingèvres (Calvados) est mentioiim- au xii" siècle sous la
forme Llru/ticvrc.
Soulièvres (Deux-Sèvres) peut passer pour un homonyme de
Solorc, témoin l'appellation Solu brium, qu'on tiTmveeneore au
XI v" siècle.
Sur le noni de Suèvres (Loir-et-Cdieri a été formé,
carolingienni", l'adjectif Solobrensis.
Volesvres ;Saône-et-Loire\ jadis \'nhicrr?. donne U supposer
un primilif \'ol()briga.
87. A si>n tour -erre s'est réduit .'i -/ve dans le iiom de Ghar-
tèves (Aisne), dont, l'origine paraît ne pas différer de celle de
('hnr/reuvp.
époque
ri
VII
MAdOS
88. Le substantif ijaii lois inufjOfi^ latinisé mag-us, avait le seni
(lu latin campus. On le retrouve dans Ifi gaélique irlandais,
témoin le nom de la ville archiépiscopale d'Armayh, et dan.'^. le
hretini armoricain mn":-, qui iermino un assez .'.^rand non\bre de
viH'ald(>s ne(i-celtii[nes.
89. I.'.7 de inauiis était brei', et conséquemment atone dans
1rs noms dont ce moi conslituiut la désinence ; le premier teime
de ces noms se terminant d'ordinaire par un o, c'est sur cette
vovelle que se portail l'accent tonicjue ; or la finale -omag'us a
lie Ixinne heure perdu tout ce qui suivait l'm : on reuooidrc sur
lies triens ou tiers de sou mérovin^-ien^ les formes Cisomo,
Xoviomo, Ilotomo, au lieii des formes Gisomag-us, Novio-
maj^'-us, li.otoma^'us, que fournissaient les textes antérieurs
au \ii' siècle.
90. Les plus anciennes foi-mes romanes des noms en -omaj^us
présentent ia désiut^iu'c -nm. qui sniivciil deviendra -an el parfois
se réduii'a à -;in el -l'n.
91. .\ celte règle générale Quichcrat a voulu ojiposcr (piehjues
o.\ceptions, caractérisées par l'absence de la nasale linale ; mais
les faits allégués par lui ne sont rien moins (pie probants.
L'identification qu'il fait du Cenomagus des Itinéraires avec
Senos (Vaucluse^ nest pas certaine.
Xcris (Allier) correspond bien ;'( l'antique Neriomagus,
Irinoin rinseriptir)n qu'on y a trouvée, où il est question de.s
vicani Xeromagienses ; mais aussi Grégoire de Tours désigne
ce lieu par les mots viens N ère en si s : d'où l'on est fondé à
conclure qu'il y eut jadis, pour désigner Néris, deux appellations
formées d'ailleurs l'une et .l'autre sui- le nom d'une des divinités
j^nuldises auxquelles étaient consacrées les fontaines. Tandis que
Neriomagus ne pouvait donner que A\'ron ou Néran, c'est à
l'autre appellation, celle sur !a(pu^lle a été formé radjrctif
employé par Grégoire de Tours, (ju'il faut rapporter le vocable
moderne.
1-1 i.i':s No.Ms ni', r,ii:c , |
Claudioinaf;u.s, que (}uiclierat traduit à tort pur C.h)in\ \
(iyure sous une forme lég-i'remcnt dillrrente — al tare de Clan- ; J
diomacho — dans une bulle du pape Calixte 11, en faveur de I
l'aldiave du Rourg-Diou : il s'a-'it do Clioil (lnd:e), dont l'c-lise l
fut, jusqu'à une épo(|ue lécenle, sous le patronage de co , |
monastère : on peut supposer .une forme intermédiaire (Jloïon. J, i
luifin Cisomagus n'est pas, comme Quicherat l'a cru, Chi>t- o '
■tcaii.r (Indre-et-Loire), car on ne saurai! expliquer le chuintement
du (■ :nitial. ntm plus que le redoublement de l's inlervocal, sans 'i '■
eonqiter (jue la désinence du nom de (^liisseaux nest autre eliose ,
([u une désinence diminufive bien connue, ce nom étant le dimi- - j
nutif de celui d'une localité voisine, C hisse}/ (Loir-et-Cher). j.
Cisomagus est devenu Cisan, puis Cisan, forme attestée par un j
pouillé, enfin Ciran (Indre-et-Loire), par un phénomène dont il 1 j
V a d'autres manifestations en Toiu-aine et en i'errN'. f ;^
92. Aux deux noms en -magus dont l'équivalent moderne |
vient d'être déterminé, il convient d'ajouter les suivants : ' î
- Argentomagus, qui, dans l'Itinéraire d'Antonin,' désigne ;
Argenton (Indre) est sans nul doute l'appellation originelle des * j
communes de même nom ((ue renferment les départements de ;
Lot-et-(">aronne, de la Maverme et des Deux-Sèvres, et de la ville .. i
d'Argentan lOrne). ' '
Hlatomagus, que donne à supposer la forme basse lîlato- i
m os, inscrite sur un trions mérovingien, est aujourd'hui Blond ;
(Ilaute-A'ienne) : la consonne parasite qui termine ce dernier nom ^
est TcH'et d'une assunilation de ce vocable communal à l'adjectif f i
connu. ■; .
Burnomagus qui n'est aussi connu rjue par une forme basse, t
Burnomo, liguiant sur im triens, est l'origine de Bournan ,
(Indre-et-Loire. Maine-et-Loire) et de Bournand (\'ienne). '},
Catumagus, c'est-à-dire m le chamj) du combat ", est le nom •
primitif de la ville de Caeu (Calvadosj. appelée Cadomum au
XI'' siècle, et de Cahon iSomme), tlont le nom st' présente en I2U7
sous la forme très suggesti\e (lalioni . |
Carentomagus, dans im texte itinéraire, désigne Cranton I
(Ave3Ton;. dont il faut rapprocher Charenton-sw/'-CVicr (Cher), %
au IX'' siècle chef-lieu de la vicaria Carintominsis, et <
Carentan (Manche ), mais non pas ('hnrcntnn-lc-Pont (Seine;, qui ^
se déclinait Cai-ento, (^.aren l on is. ■
ouiGiNKs i:i':i;nnuEs : mmuis i-o
I '..is.sanoniay'us, anLi([m' station de la voie do Pt'rii^ueux ii
A;i;,'iialôme, est représenlé par Ghassenon (tlliai'CiiLe), (jiii a îles
ii'Miionyines dans les départements de la Loire-Inférieure, du
lilione et de la Vendée.
('.«ndatomagus, c'est-à-dire « le chamj) du confhieul »,
s";n>(di([ue, dans les textes itinéraires, à une localité du Rouergue,
(liiiil Condéon (Charente), est vraisendjlaldement un homonyme.
()n ne formule pas la même hypothèse à propos de Condom
(A'.evron, Gers), car en {)aysde langue d'oc lé t intervocal ne
serait pas tombé ; mais la i;i'aphie -o/n, dont on observe aussi le
ni.untien dans Riorn, autorise à rattacher ce nom, et, soit dit en
p;.:'.sant, celui de Billom (Puy-de-Dôme), à des primitifs en
-cmagus.
Ki)uromagus, de la Table Ihéodosienne, jiarait être devenu
Biaiîl (Aude), moyennant mie aphérèse.
leiomagus — ainsi faut-il reclilier, semble-t-il, l'Icidniagus
lie la Table de Peutinger — répond à Ussoil (Haute- Loire), qui
a des homonymes dans le Puy-de-Dome et dans la Vienne.
Mantalomagus ou Ma n talomaus, dans Grégoire de Tours,
désigne Manthelan (Indre-et-Loire). 11 serait téméraire d'assigner
\i Miinthelon (Eure) une origine analogue.
'•tlosomagus est le nom originel de Mouzon (Ardennes). Le
jui.niier terme de ce vocable paraît n'être autre chose que le nom
lie la Meuse, Mosa. Cet exemple de la combinaison de magus
avec un nom de cours d'eau, ne serait pas unique, s'il était per-
liMs de voir dans le nom du Garnomus castrum, où un concile
.se tint en G70, la contraction d'un primitif Garumnomagus.
Noviomagus désigne, ilans la Nolilia dignifaiiun, hi ville de
Noyon (Oise). Noyen (Sarlhe, Seine-et-Marne), Noyant (Indre-
«•(• i.oire)', Nyons (l)rome) et Nouvion-f;i-Po;i ///.;>;/ (Somme) ont
p.irriile origine. Il eu est sans doute de même de Neuiig-A'ur-
/)''';(iro/-i (Loir-et-Clier), qu'un pouilléde i22r)appelle iVoemium,
et de ^OQeni-le-Roirou (Eure-et-Loirj, dont la plus ancienne
iii;'iilion certaine, datée de 1031, présente la forme très basse
Nugiomum. Ici l'on observe cette « consonnitication » de Vi
o(/nsécutif à une labiale dont les exemples ne manquent pas.
(L'est peut-être, fort bizarrement altéré, le duninutif de quelque
. Nogent » de même origine que Nogent-le-Rotrou qu'iP faut
reconnaître dans Longjumeau (Seine-et-Oise), dont on voit 1;^
iiDin écrit, au xiiT' siècle, Nogemellum.
4(; i,i:s MiMs ino i.ir.f
Uicomagus ou Uiti,-oaa„us, c'est-à-dire, d'apr^-S d'Arbois
de Jubainville, « le champ du roi », était une. des cités de In
province des Alpes Grées et Pennines. Ce noni fut aussi celui de
Riom^Puv-de-l)ome), el suiis douie de IXians (Cher), chef-lieu
au X"' siècle de la vicaria Biomensis.
Uotomagus, priinitivement lialtniuigos, est représenté par
Rouen (Seiae-lnféricure). pai- Pon^(/e-Ruan (Indre-et-Luire),
l'ancien chef-lieu de la vicaria Ro ton. en sis, et par Pondron
(Oise;, cpi'il conviendrait décrire Punl-'le-Hon. et qui correspond
au liodoniuin d'un diplôme de Charles le Simple pour 1 abbaye
de Morieuval.
'lurnomagus ou Torno niaji:\is, dans Gréj^oire de Tours,
désii^ne •Yournon-Sainl-Marlin (Indre). Toumaa ^Seiue-eL-
Marno) se nommait sans doute de même : on trouve au xii" siècle,
pour cette localilé, l'appcllalion Turnomiunr.
Viudoma^-us, ipie Pline si}>nale comme un des vici des
Vnhpies Aréeoniiciues. a ptnu' luuii ):iynu:, ( roil-on, Veiuloil
(Puv-de-Dônie).
93. Le nom d'Écouen i^Seine-el-Oisc} [.ai lil devoir élre ranj^é
dans la même catégorie. Ow n'en possède pas. a vrai dire, de
formes lalines, mais la plus ancienne forme vulyaire, Esciiem
donne lieu de supposer, en raison de si>n /;; linale, un prunitii
tel que ScoLomagus, dont le premier terme serait apparenté
au nom des habitants de l'I-'cosse.
94. On ne doit jias, -" /vr/o/-/, considérer comiiie provi-nant
d'un nom en -oniag'us tout no)n inodei-ne teiiintie par -o/n :
avant de se prononcer dans ce sens, il faut s as-airei' que lui,
finale essentielle et caraclérislique de cette terminaison, se
retrouve dans les formes vulgaires, appartenant aux xn° et
xui'' siècles, du nom dont il s'agit.
95. Dans les pays de lanj^ue g-ernianiqiie. l'accent des noms
en -oma^us s'est déplacv' et porté sor la : de là des résullols
très dilVérents de ceux qu'on observe en pays roman.
Le Brocoma{,'US de l'itinéraire d'Aidonm paraît être Bru-
math (Ba.sse-Alsace).
Duruomajius a donné Dormagen (rej^ence de Dïisseldorf).
Marcomagus Marmagen (rëgence d'Aix-la-Chapelle), Novio-
magus Neumagen (rég-ence de Trève.^; et Nijmegen, que nous
appelons Ninn.jue (Pays-diasi, Rigomagus Remageu •régence
de ('.nldeiiz' .
VI II
BHI VA
ï
96. Le mol brion ul- s'est conservé dans aucune des langues
aéo-celliques. On lui a, dès le xvi'' siècle, altribué assez heureu-
sement le sens du lalin pou s, qui semble ressortir, en elFel, ilu
nom Briva Isara, désiynajil, sur la voie de Paris à Rouen,
lemplacenienl de la ville actuelle de Pontoise : ce dernier nom
Il est autre chose que la traduction de Briva Isara. Cécile con-
jei Ltue s'est trouvée vérilii'c par l'examen, non seulement îles
noms analoj,'ues que fournit la nomenclature ^éog-raphique, mais
•.Micore du petit glossaire d'Endlicher, où brio, représentan!
une forme masculine de ///-/(vi, est traduit par le latin poule.
97. Employé parfois isolément comme nom de lieu, lîriva est
l'iirig-ine de Brive CMayenne), de Brive-/.J-^'a^'//.(/■(/(• (Corrèze), de
Brives (Indre, Ilaute-Loire), de Brives-.sur-C/(<(/-e/i/c' (Charente-
Inférieure), de Brèves (Nièvre), de Brie (Aisne;, ce dernier nom
(lési>jnant le point oîi l'antique voie île Saint-Quentin à Amiens
franchit la Somme.
88. Il est à noter que Brive-!a-Gaillarde est mentionné par
Cueg-oire ilo Tours sous l'appellalion de Briva Currelia, dont
le second terme n'est autre chose (pie le nom de la Currczc : ainsi
([ue dans liriva Isara. le mot briva est suivi d'un nom de
rivière. Des exemples analogues sont fournis par Briva
bugnutia, nom qu'une inscription romaine appliciue à un oicu&
du pays éduen où existait une fabrique d'armes ' ; par Br lovera,
ou inieux, sans doute, Briavera. forme basse pour Briva Vera,
aujourd'hui S.iinl-L6. suv la \'ire ; par Bria Saita, [)our Briva
Sarta, nom qui s'est conserve dans Brissarthe ;Maino-et-Loire).
99. .ailleurs, le mot briva occupe le second rang. Dans
r.inti([uc appellation d' Amiens, Samarobriva ou Samara-
!. Km. 'Si Dos'pircliiis, (.co'ir.tplnc.... 'Je lu (Uul- ronuiun' (l'ariA, 1876-
!se3, k;i. iii-«", 11, +7i-47:}; ridentiHe avec Brèves (Nièvre), iiieutioi-inè [\\u^
.48
Li:s No.M.s lU': r.ii:i"
briva, le premier -terme est le nom primitif de Ui Sonun<>,
Samara. Chabris (Indre), qui était à l'épuque carolingienne
chef-lieu de la vicaria Carobriensis, s'appelait vraisembla-
blement à l'oriij^ine Carobriva : Chabris est situé sur le Chci\
en latin Carus ou Caris. Le nom de Salbris (Loir-et-Cher) est
peut-être formé de la même façon : en tout cas, cette localité est
placée sur la Saulclre, en latin Salera.
100. L'exemple de Chabris atteste que Vi de briva était long,
donc toni(iue, à la ditï'érence de celui de briga : les deux mots
ne sauraient donc être confondus.
101. C'est sans nul doute briva qu'on doit reconnaître dans le
nom, mentionne déjà, de Brivodurum, primitif de Brières, de
Briare, de Briarresetde Brieulles, et qui signifie, par conséquent,
la « forteresse du pont ».
r. 1
1
m
fî '
IX
lilTOS
102. Le mot g-uulois ritos avait le, sens de u gué », tel le latin
viidus, tel aussi l'anglais ford dans Oxfurd, <■ le gué des
bcL'ul's » et l'allemand fart, dans Frankfurf, ■< le gué des
Francs ».
■Î03. Les texte.? antiques relatifs à la Gaule ne font connaitro
!jue trois noms de lieu dans lesquels on reconnaisse >'ilos : Rilu-
M'.agus, <( le champ du gué », station de la vo\c de Paris a
Uouen, sur l'Andelle, dans le voisinage de Uadepont (Eure);
Augustoritum qui a, au m" siècle, échangé son nom contre
celui des Lcmovices, dont il était ie chef-lieu ; enlin Bandriturn,
station itinéraire dont la situation répond à cr-Uo de luissor.
O'onne), sans (ju'il y ait il'ailleurs entre le nom antique et le nom
actuel le moindre rapport.
104. Les noms Augustoritum et I^andritum n'ayant laissé
aucune trace dans 'a toponomastique moderne, on ignore fjuelle
était, dans ces noi. s, la quantité de 1'/, et par consé([uent, la
|)lace de l'accent tonique.
.V supposer que cet i ait été bref, donc atone, on serait fondé
à voir des équivalents de Camhoritum, localité disparue de la
Grande-Bretagne, dans Charabord (Eure, Loir-et-Clier), Cham-
bors (Oise) et — forme plus altérée — Chanibourg (Indre-et-
l.oire), qui était, à l'époque carolingienne, chef-lieu de la vicaria
(^ambortcnsis. Camlioritum signilic u le gué torlu ». Et
peut-être faut-il rattacher à la même série le nom de Niort (Deux-
Sèvres), dont la forme Noiortum, constatée à l'époque carolin-
gienne, représente vraisemblablement un primitif Noviorituni,
aj)parenté par sou premier terme à Noviomagvis.
X
1)1 lili<)^r
105. l-e iiioL gaulois (hthniii, laUuisé dubruni, équivalait au
latin aqua. 11 s'est cmosim-vl' dans divors Jialocto^ neo-ci'lliques.
iiotaniineiit dans le gallois et ba.s-bi'etoii daur [jar l'inloriuédiairc
dune l'orme niédiévaU' (hier. C'est lauti' d.^ coiinailre celle-ci que
les savants qui, du xvr siècle à nos jours, se sont t)ccu])és de
l'origine des noms de lieu, ont pen-^é relrouver le mol dont il
s'aii'it dans la terminaison -du ru ni piécc'donunenl éludii'e.
106. Duhron ou dubruni ne [)aiail dans aucun des p.oms de
lieu de Ciaule (.[ue mentionnent les monument- de l'.Mitiijuilé ;
uuiis à l'époque camlingieniie, on voit dubrum pris isolénienl
pour désigner Douvres i^Seme-et-Mainc . et emplox e comme second
terme du nom de deux localités du iU'Ucr^ne meridion.il dont i!
est (juestion dans une charte de 88l{ eu laveur du numastère de
Vabres : Ladedubrum et Valedubrum, aujourd'hui Ladezouvre
et Valezoubre (Aveyrou). (irégoire de Toui's avait d'ailleurs pai'lé
d'un certain Cambidobrense monasterium.
107. Par contre on reconnaît dubruni dans la terminaison du
nom d'un certain nombre de couis d'eau de l'ancienne Septimanie.
l*line. ilans sou Histoire ihiltirt'llc. appelle N e rnotlubrum cet
alllueni de l'-^f^lx lUii, dans le dcpailcmcnl dc^ ! *yrénccs-( )rien-
tales, a de nos jours nom le Verdoublo ; parcillo est l'oriyine des
noms du Vernazobre, du Veniezoubre ci du "Vernoubre, al'iluent.s
de l'Ajjout, et du Veniazoubre. ariluenl de r( hl) dans le dépar-
tement de l'Hérault, où d'ailleurs le Vernezoubre et le Vernazoubre
ont donnéleurnom à des hameaux riverains, l'a primitif Aryen-
todubrum est bien reconnaissable sous les formes Argentuui-
dubluni. Arj^en tumduplum et Argen tuinduprum qui,
aux vni^ et ix"" siècles, ont désigné l'Argentdouble, aflluenl de i
l'Aude. . I
108. Ces noms de rivières ou ilc ruisseaux eu -dubruni
méritent (]uelque attention : les noms de cours il'eau d'origine !
celtique étant, de l'avis des celtistes les plus autorisés, très rare
KLlUjlKS
m (jaule, il osl intéressiinl de roncuiiirci' ct'ux-l;i eu uonibrc
lelalivenienl considérable duns une léj^iou où [iiveiséinenL les
(î.dilois n'oiiL pénétré, senible-t-il, (ju'k une époque peu reculée,
Irois siècles environ avant l'ère chrétienne ; cl si ces noms
iloivenl être considérés conune particuliers à (elle Iribu i;aidoisc
jilutiH qu'à telle autre, les exemples (pii \ienni'nt d être eiU-s,
lelc.vés dans le Lanyaedoc oiiental, tendi-aienl à les faire allribuei'
aux Volcae.
XI I
XAXTOS k
109. Le molyaulois Inlini'^ô uanliis ou nantuiii est mentionné
sous la forme oblique nniitu dans le petit glossaire gaulois
d'Endlicher, qui le traduit par vallis, et indique, en outre, le '
composé trinanlo, traduit par très valles. C'est évidemment ce
mot qui, dans le langage des régions alpestres de la Savoie et de
la Suisse romande, subsiste sous la forme nand, avec une légère
déviation de sens, la partie étant prise pour le tout, pour désigner ^
une cascade, un torrent. |
110. De même que dunns, minlus a été parfois employé comme
nom propre de lieu, sans le secours daucun adjeclil, ni d'aucun
autre nom propre., et il subsiste, sans autre altération pour
Foreille. c|ue la chute de la syllabe atone, dans les noms de Nant
(.Vveyron, Meuse), Nans iHoubs. \'ar), Namps (Somnu'i. N un tus
fut, à l'époque mérovingienne, le luun d'un monastère du diocèse ^
de Coutances, qu'a désigné depuis le vocable de Saint-Marcouf
(Manche). On reconnaît aussi un primitif nantos, accompagné ;
d'un déterminatif moderne, dans Nan-sof;s-7'//!7 (Cote-d'Or),
dont le nom est devenu celui d'une l'umille militaire célèbre, sous
la forme Xunsnuty . ^
111. Dans li's noms comfiosés où il parait comme second terme,
le mot gaidois nun/os n'a j;imais subi 'd'altération plus sensible. ;
Dinant (Belgique, province de Nanmi'), et peut-être Dinail >
(Côtes-du-Nord), représentent un bas-latin Dionantus, origi- ^ •
Tiairement sans doute Divonantus, (pii se rapproche par son
premier terme de Divoduruiu ou Diodurum.
Grenant (Cote-d'Or, Haute-Marne, Nièvre), correspond au ,
Graunanto des triens mérovingiens, et on le voit, dans Vaugre-
nant (Saône-et-Loire), combiné avec vallis.
Lournand (Saône-et-Loire), nom d'une localité mentionnée '
fréquemment dans les chartes du x"" siècle de l'abbaye de Cluny,
sous la forme Lornantum, st3mble avoir pour parallèle le nom .
d'une localité toute voisine, Lourdnn, dont il est <juestion dans
• nmCINKS r,i:i.T|(jt ES : \A.\TnS "i^
l(\s nii'iiu's (iocmneiits, rt dont le second lei-nie dunimi indique
I lu posili(jn élevée [lar ieip[ioi't à Lournanl.
[ Mornand (Loire), Mornans (Drôrae'-, Mornant (Rhône, Hante-
Savoie), représentent ini primitif (el f[ue Manronantns ou
Maurinantiis.
Pargnan (Aisne), Pernand iCôte-d'Or), Pernant (Aisne, Orne),
portaient sans cloute à l'origine le nom de Parronantus, à rap-
procher du nom lie lieu celtifjue Parrodunum, mentionné par
Ptolémée.
Dans Ternant (Ain, Charente-Inférieure, (>ôte-d'Or, Nièvre,
Orne, Puy-de-Dôme, Yonne), il faut vraisemblablement recon-
naître d'anciens Taronanlus, ap[)arentés par leur premier
terme à Tarodununi qui, à l'époque romaine, désignait une
localité de Germanie d'origine j^auloise, et sans doute aussi le
chef-lieu, à rechercher entre Soissons et Reims, du paffus qu on
;qq)olle le 'l'ardenois.
112. [^e gaulois nniitus semble être en outre la racine du nom
(le lieu Nanloialum, que traduirait assez bien, seml)le-t-il,
l'adjectif latin vallestris. Ce vocable est l'origine du nom si
r» [landu de Nanteuil, et de ceux de Nanteau (Seine-et-Marne,
Yonne), de NantOUX (Côte-d'Or, Saône^et-Loire) et de Nampteuil
Aisne), variante graphique du premier. Dans Moiiampteilil
Aisne), on reconnaîtra Mous Nantoialum. VA Nailtouillet
Some-el-Marne) est un ancien Xiinlciiil, (]u'nne désinence
'lumniitive tlilîérencie d'iui liomonNine [ilus important, Xanieiiil-
Ir-Uaiidoniii (Oise).
113. Peut-être faut-il voir la mènu" racine dans Nantua (Ain) :
moiias t eriol uni (|iiiid Naiituadus ab a([uis e vicino
iiif ige H t ibus [luhlice vocitatur, porli,' un diplôme du roi
1 (iIImuc daté de S.'i2 ; une interprétation toute seiublable de ce
iii)!n — a multitudine aquaruin ibi conlluentium — se lit
(i ans la chronique de Saint-Bénigne. On en rapprochera Nantois
(Mi-use).
f
XII
ONXA
114. I/existence d'un mol g'fiulois onna, au sens du latin fons,
n'i'sl ;itleslée par aucun ûcrit de ranti([uité, mais on peut l'induire
en ([uohjue sorte de deux, faits. L'un est la mention, dans un
éciil — la \'i/a sancfi Daniiliani — consacré au récit de la vie
d'un pprsoiuKii;e du iv" siècle, de deux sources, de deux fontaines
du territoiie de La^nieu (Ain), appelées respectivement
r>ol)ronna et (Jalonna. L'autre fait est la présence, dans le
petit ylossoire d'Kudliclie'r, d un mot ([ui ne dilVére de onr]a que
par le yenre, onuu, traduit par flumen.
115. Le nom de Calonna ne s'est pas, dans le P>U!4ey, où
vivait saint Domitieu, transmis jus(|u"à nous, l'hagiographe nous
a[i[)renanl (|u'aii iv'" siècle ce nom iît place à celui de Fons
Lalini, ou plutôt Fons Latinii. Mais il a désigné, du vi*^ au
XI'' siècle, C\ia\onne&-sii r- Loire , aujourd'hui dans le département
de Maine-et-Loire, (jui possède, en outre, un Chalonnes-.sooi'-/e-
Lmle. La première partie du nom de Calonna lui serait commune
avec Calodunum, forme primitive supposée de Cliaudnn et
Calodurum, que représente Cliilleurs.
116. Quant à Bebronna, peut-être à l'origine Bibronna,
(|u'on pourrait traduire par « la fontaine des Inèvres » ou n des
ca.stors », c'était en Gaule le nom d'un grand nombre de fontaines
ou de ruisseaux, a[)pliqué parfois à des localités riveraines : la
Beuvronrie, afiluent de la Marne, la Brevonne, sou.s-aflluent de
l'Aube, la Breveiine, alllueni du Hhône, la Brevanne, (pu coide
dans le Luxembourg belge.
in. Notre [lavs possèdi; im certain noud)i'e de cours d'eau,
(K'signés ])ar un nom masculin, qui ne dilVère de ceux qui \ionnent
d'être indiqués, que par le genre et par la terminaison qui en est
la consé({uence : le Beuvron, affluent de la Selune, qui coule
dans les départements d'IUe-et-V^ilaine et de la Manche, et dont
le nom se retrouve dans le nom de Sainl-Senin-de-Deuvron
.M.ni.'he) : le Beuvroil. afiluent de l:i Loire, (pii coule dans les
(iiîir.iNios ci'j.rii.ni'.s : ".v\ i .>.)
ili'pai'U'ini'nls ilu (llu-i-, du Ldirol <■[ do [.oir-el-Tlher. cl (jui. dans
II' iliM-iiit-r, arrose /.■( Moite-Hriirron ; le Beuvron, afllucnt de
rVoniie, (|in a doniii' son nnm à la cornnnuu' de Unirroii
[Nièvre); l'idin le Brevon, i(ui [)rend sa source à la roiilaine
15el)i'f)ii na de la M/,i i^nncti fJoiniliani , et (|ui se jelle dans
l'Aîliarino it Saint-I^iandiert (Ain), localité qui, a\ant de porter
son nom actuel, était tlésig'née à ré[io([ui' iVamnic, par cehu du
cours d'{*au en question, Hehronna.
H8. On est fondé à regarder comme procédant de pi-imitil's en
-onnn le^ noms de la Chalaronne, aflhient de la Saône, (lala-
niniKi ; tle l'Aronde, afiluent de l'Oise, Aronna; de la Saône,
Saug-onna ; de la Boutonne, alllueiit de la riharenle. \'ultunna.
119. Mais on ne coidondra pas onna a\ec la lei-minaison
-t)na, tju'cin i)l)seivc dans Axona et dans Malrona; tandis que
]'() de onna était long-, donc tonique, et s est conservé, celui de
-ona était atone, les vocal)les modernes Aism; et M:\rric en l'ont
i'oi .
120. Il est [lossilde (pie Divonne (Ain) repn'sente \\\\ ]irimitir
en -onna. apjiarente par sou [)i-emiei' ternu- a Divodur'um;
mais on ne saui'ait sans dangci' iormer pareilK' conjecture a pro-
j)os de tous l(>s noms qui se terminent actuellement en -on ne,
car on sait positivement cjue certains d'entre eux, Cnrcassonne,
yarhonnc, Bdiirlionnc, représentent des noms latins de déclinai-
son impari.s\ llahi([ue en -o, -onis.
XIII
VEHA
121. Vera est la l'orme latine d'un mot supposé gaulois qui
se serait conservé dans le breton armoricain (jouer, au sens de
« ruisseau » ; toutefois certains çeltistes prétendent que ce der-
nier mol est pour un ancien ivober.
Quoi qu'il en soit, ïe de vera était bref, on peut s'eu convaincre
jjar l'étude des noms dont il constitue le second terme, et dans
lesquels l'accent était sur la syllabe précédente.
Dèvre (Cher), anciennement Oeuvre, était à l'époque carolin-
yieune Do vera.
Megavera désignait à la fois le Mesvrin, affluent de l'Arroux,
et une de ses localités riveraines, Mesvres (Saône-et-Loire).
L'ancien nom de la Touvre, affluent de la Charente, est Tol-
vera.
Vendeuvre ^Aube) est appelé sur des monnaies mérovingiennes
\ iiulovera ; il se dislingue donc de ses homonymes indiqués
plus haut (n" 85) qui sont d'anciens Vindobriga.
122. Dans vera, employé seul, l'e était nécessairement
accentué ; étant bref, il devait, en langue d'o'il, devenir ié : c'est
ce que ion constate dans le nom de la "Vière, sous-affluent de la
Marne.
XIV
NE METIS
123. Le sens du mot iicniefis^ qu'on j^oun-ait induire de celui
de l'irlandais naned, au sens de « sanctuaire » est clairement
attesté par ces vers ([ue Fortunat, au vi" siècle, a consacrés au
nom Vernemetis porté par une localité de TA^quilaine.
Nornine Vernemetis voliiit v oc i tare vetustas,
Ouod quasi fa nu ai iugcns i,':(llica lingua refcrt.
.Xcnicd'i, qui fig-ure quelquefois dans les noms gaulois latinisés
sous la forme nemetum — Vernemetum dons 1 île de Bre-
tagne, Tassinemetum dans le Norique, Augustonemet um
fil t^iaule — était donc pris, comme l'irlandais nerned, au sens
du latin fa nu m.
124. Les seuls noms de lieu modernes qu'on puisse rattacher
dune fat^on certaine et po'ir une de leurs p<vrties k ce mol gaulois
sont :
Vernantes (Maine-et-Loire), au ix.*" siècle Vernimptas, dérivé
[irécisément de"Vernemetis, accentué sur l'anlépénulliéme, dont
nous devons à Fortunat de connaître le sens.
Nanlerre (Seine), dont le thème étymologique est Nemeto-
ilurum, déformé au vi'' siècle, dans les écrits de Grégoire de
'l'ours, en Nemptodorum.
125. Des inscriptions romaines trouvées dans le départen»ent du
Ciard signalent l'existenc-e, dans la Gaule méridionale, des
.\ rneinetici, c'est-k-dire des habitants d'une localité appelée
.\rnemetis : peut-être doit-on rattacher à ce dernier vocable,
moyennant une substitution de liquide, Arleiîipdes (Haute-Loire)
et Ârlende (Gard).
126. Les noms Augus tonemetum et Nemetocenna, four-
nis par des écrits de l'antiquité, et désignant, le premier le chel-
l.iu de lu cité des Arvernes, le second une importante localité
- juloise voisine de l'Artois, n'ont rien donné en franvais, ayant
C'.-->sé,dès l'époque romaine, d'être en usage.
XV
COXDATK
a
M
127. La fréquence ilu iidm antique Condate, dont l;i fornu^
nominative esl peut-être Condas. est déjà ind!([u<'e pai- les
monuments de l'antiquité romaine. En effet, les documents
itinéraires relatifs à ladaule, ne font pas connaître moins de huit
localités ainsi dénommées — une seule a conservé son nom,
c'est Condé-sur-lton (Eure) — auxquelles il en faut joindre une
neuvième, Condatomagus.
128. La terminaison, étudiée déjà, de ce dernier nom, paraît
élal>lir la cellicité de cnntfaif. et connue d'ordinaire les localités
i]vii portent aujourd'hui le nom de (londat ou de Condé sont
situées à la jonction de deux cours d'eau, en esl fondé à croire
qu'en g-aulois cmilate avait le sens de conlluent ; ces localités
seraient donc synonymes de Coblenz et de Cnnflan.^, lormés sur
le latin Confluentes. et de Quimper. ([ui représente le breton
armoricain Kcmlicr.
Ces noms de Condé et de Coudât sont les formes vulL^aires les
plus répandues, la première dans le nord de la France, la seconde
dans le mîdî, de l'antique Condate.
129. Le nom de Condé est porté par une trentaine. de localités
françaises, dont les deux tiers ont rang- de commune aans les
départements de l'Aisne, des .-Vrdennes, du Calvados, de 1 Eure,
de l'Indre, de la Manche, de la Marne, de la Meuse, de rancienuc
Moselle, du Nord, de l'Orne, de Seine-et-Marne, de Sfine-el-
Oise et dcda Somme.
130. Parmi toutes ces localités on n en compte cpie deux —
Condé (Indre; et Condé-siir-Vôrjrc (Seine-et-Oise) — dont lu
situation ne justifie pas le sens attribué au mot condate Peut-
être les noms de ces deux localités n'ont-ils pas plus de rapport,
au point de vue de l'origine, avec ee mot que le nom de Condr-
court (Seine-et-Oise), pour lequel on possède la fornu> ancienni^
(iondeiicourt, qui donne lieu de supposer un primitif Cundildis
c u r t i s .
fii
lÈ
onKiiM-:^ r,i:i.riui'i;s : coxiiat/-: .'■•I
131. Parfois, dans les régions de lang'uo d'oïl, Condatc a
produit une l'oiine cjui se distingue de celle ([u'oa \ient <l'ol)ser-
\or])ai- la réduction du son nasal de la première syllabe : deux
.uioiens Condatc sont aujouixl'hui dénommés Candé dans les
départements de Loir-et-Cher et de Maine-et-Loire.
132. Dans la portion méridionale de la France, c'est Condat
(pii représente le Conilate antique, et ce nom y est porté par
iniil communes, toutes situées à des confluents, et qui a|)par-
ticnnent au.K départements du Cantal, de la Corrèze, de la Dor-
(loL,'-ne, (lu Lot, du Puy-de-Dôme et de la llaute-Vienne.
133. Cnndé. Garnie Qi (Innclnt représentent Condate accentué
sur 1',-? : mais il est probahle, sinon certain, que Condatc était
un cas ol)li([ue de Coudas, dont Va était nécessairement atone :
on ne peut expliquei- auti-ement le nom de Candes (Imlrc-et-
I.oire'i, localité située au eonOuent de la Vienne et de la Loire et
que Sulpice Sévère et Gi-égoire di^' Tours ;q)pellent viens (^onda-
tensis. Condes (Jura, ilaute-Marne^, a la même origine, ainsi,
peut-être, que Cosne (Nièvre).
1^ 134. Condateesl aussi, mais médialcment. l'oritrine îles nonis
dq Condel (Calvados), Condets (Seine-et-Marne I. et CondeaU
! Orne), (pii, sous leur ancienne forme Comlccl, représentent des"
diminutifs de Condé.
135. Le mot gaulois condatc, qui a servi de nom propre à tant
de localités celtiques, a eii outre contribué à former des noms
cuiuposés. Les textes antérieurs au vu" siècle nous en l'ont con-
naître deux.: Condati^co et Condatomagus.
Le premier désignait à l'époque franque, au conflucnit de la
Hienne cl du Tacon, le lieu qui, d'un monastère célèbre qu'on y
l'iablit, prit successivement les noms de Saint-Oyand (Sanctus
lùigendus) et de Snint-Claudc : ce lieu est actuellement le
siège d'une des sous-préfeotures du .lura.
<^uant à Conda tomagus, nom qui signifie « le champ du
conlluenl » et qui, sur la Table de Pentinger, s'applique à une
station itinéraire voisine de Milhau (Aveyron), il doit être, en
outre, le terme étymologique du nom de Condéon (Charente').
l.
XVI
MEÏ>IOLA.\rM
n
136. Le nom g-aulois latinisé en Mediolauum ou Aîediola-
nium est presque aussi fréquent que condatc, et les textes
antiques font connaître huit localités ainsi dénommées : l'une
appartenait à la Gaule cisalpine ; cinq étaient comprises dans la
Gaule transalpine, une dans la (lermanie et une autre encore dans
l'île de Bretagne.
Trois seulement de ces localités peuvent être reconnues avec
certitude dans des lieux dont le nom actuel dérive de l'ancien :
ce sont Milan (Italie), GhâteaumeiUant (Cher) et le Mont-Miolant
(Loire). Deux autres, leMediolanum des Sari/oni ei celui des
Eburouiccs ont changé de nopi dès l'époque romaine, et sont
aujourd'Iiui représentées par Saintes et par Evreux.
Si les textes antiques prouvent la fréquence de ce vocable
géographique, la diffusion en est encore attestée par la topono-
mastique de la France, qui contient une trentaine de noms venant,
seli>n toute .à[)parence, de Modiolanum ou de 'Mediolauiuni :
le lait est d'ailleurs incontestable pour la plupart, grâce à la
mention qu'on en trouve dans des chartes.
Ces noms modernes se divisent tout natui-ellement en deux
séries : les uns dérivant certainement de la forme antique, attestée
par des inscriptions, Med iol anium ; les autres qu'il convient
de rapporter à Mediolanum.
137. La première série est représentée par GhâteaumeiUant et
Meillant (Cher), Meilhan (Gers, Landes, Lot-et-Garonne), Meil-
lan (Haute-Garonne, Gironde), Moilien (Aisne), Moliens (Oise,
Seine-et-Marne), Molliens-aux-Bois et Molliens-Vidame (Somme),
Montmeillant (Ardennes, Seine-et-Marne), Montmeillien (Côte-
d'Or), Moutmélian ((3ise, Savoie) : tous ces noms sont caractérisés
par la mouillure de la liquide médiane — //, Ih, li — mouillure
explicable par le recul de 1'/ qui, dans Mediolanium — suivait
le groupe an.
138. .Au contraire, nulle trace de cet i n'apparaît dans les
i.)iiic,iM-:s c.iw.iinL :i:s : i;/..7»/o/..i.vk,i;
(11
J
iKUns (1
|ui coasliluenL la seconde série : Mâlain (Gôle-crUr),
Maulain (llaute-MameK Méolans (Bnsses-Alpcs), Meulin (Saône-
rl-l,oire), Meylan (Isère, Lol-et-(nuonno), Miolan (lUume,
Sjvole), Mioland (Rhône, Saùne-eL-Loire),. Moëlain 'Jlaute-
Man.e), Moislains (Somme), Molain (Aisne, Jura), et le Mont-
Molain (Loire).
139. Le nom antique, de Mediolannm se retrouve, on le voit,
un peu partout en Gaule, sauf peut-être dans le nord-ouest, en
Auvergne, en Limousin et dans le Languedoc. Que si-uillait-'.l ?
Henri Martin l'a traduit par » terre sainte du milieu », lan
représentant, k ses yeux, l'idée de « terre sainte v ou de « sanc-
tuaire », le sens de « milieu >■>, étant attaché à la première partie
du nom ; et il semblait croire que chaque peuple g-aulois avait
un mediolanum; mais la répartition géographique des localités
dont on vient de Ure l'énumération ne favorise guère cette opi-
nion : on en a compté trente-deux, et les diocèses auxquels elles
appartenaient au moyen âge, sont au nombre de vingt-deux
seulement, correspondant à vingt et une cités romaines ; d'où il
ré.^ulte, à sun-re Henri Martin dans sor. hypothèse, ({ue les
Ambiani auraient eu trois « terres saintes du milieu .. : Mohens
(Oise), Molliens-aux-Bois et Molliens-Vidame ; les Bilurujes
deux : Chàteaumeillant et Meillant; les Ardui trois : Meulin,
Mioland et Montmeillien ; les Segutsiaviivois. également : Miolan,
Mioland et le Mont-Miolan ; les Allohrofjes trois aussi : Meylan,
Miolan et Montmélian ; enlln les .lusca' deux : les deux Meilhan
du département du Gers : il faut remarriuer, en outre, que plu-
sieurs de ces localités irélaient pas situées au centre des cités
dont elles faisaient partie. L'interprétation proposée par Henri
I Martin paraît donc devoir être rejelée.
XVII
M')VIE\TrM ET -EXTOS
140. Le nom de lieu de Novientuni n'apparaît dans aucun
des textes de 1 époque romaine qui seul parvenus jusqu'il nous,
mais un le trouve tréqueinment dans les textes de l'époque
t'ranque, où il figure parfois sous la forme Novigentum. carac-
térisée par la présence d'un (/ qui non modifiait guère la pronon-
ciation. Ce vocable — tel était du moins le sentiment de d'Ar-
hois de Jubainville — dériverait de la racine qui a fourni l'adjectif
gaulois novius au -sens de " nouveau », ;• l'aide d'un sultixe
-entum, analogue au suffixe -enlc.z, ipii a servi a former, dans
le brelon armoricain, un cerlain nombre le substantifs dérivés
d'atljectifs. Ainsi Novienlum, littéralement « nouveauté », serait
un vocable lopograpbirpîe équivalant aux Neuville et Villeneuve
qui ont été formés en si grand nombre au moven âge.
141. Novientuni a produit le nom Nogent, qui, en France,
ne désigne pas moins de seize communes appartenant aux dépar-
tements de l'Aisne, de la Côte-d'Or, de '"Eure, d'Eure-et-Loir, de
la Haute-Marne, de l'Oise, de la Sarthe et de la Seine, et dont la
formation est régulière, caractérisée qu'elle est par la consonni-
fication de ïi ; dans ce nombi'<i n'est pas compris Nogent-le-
Hotrou ( Eure-et-Loir j, qui, W en juger par une forme du xi'' siècle,
Nogiomum, représenterait \m primitif Noviomagus, et serait
plus régidièremonl oriliograplué .^'■l/e// ; non plus que .Xoijcni-
s///'- 1 Vr/a'.s.so/f (Loiret), qu'un ponilb- du xiV siècle ap[)elle
Noeinium, ce qui autorise la même conjecture.
142. Le nom de Nojjentel (Aisne, Marne), s'applique à de ])ri-
mitifs Xiii/ent, qu'il d'il'érencie, au moyen d'iui suffixe diminutif,
d'homonymes plus importants ; il a pour équivalent Nointel
(Oise, Scine-et-OiseL
143. Dans un certain nombre d'autres cas ïi de Novientum
no s est pas consonnifié, de sorte que ce vocable a produit Noyant
^Ain. Allier, Indre-et-Loire, Maine-et-Loire).
■i
iiuii.im:s i.Ki.iinn;s ; \(i\ i/:.\ n \i i;r -i-:xi<is (l,")
144. l'iir cimLi'f. un puai si;^iialt-!' des l'oiiues iiiodcrjies qui ont
cDiixîrvi' le r lie Novientuiu, el leprésenlont pi'esijue intact le
iKun iinlique ; elles [)iir:iissent d ailleurs localisées à la région du
ii"rd-.'si : Noviant-.T^^f-Pr/'.v ■Meurthe-et-Mosellei. Novéant
Lorraine), Noviand '^Prusse rhénane, régence de Trêves) et
Nt'pvailt (Meuse), dont le y» ne se prononce pas. Ces formes
• ml pour variante Nouvianf, cjui désig'uajuscju'au xvfi'' siècle, trois
Nouvion de lAisne : à la vérité, raltérution du son un en on,
ijuou trouve ici esl rare, tandis que le phéuiuuène inverse est
tiés iVecjuenf, témoin les noms d'.Vrgenlan, de (^.aen el de
lîouen.
145. !\'oycnl entre en compositiim dans Xo'je/tlriUicrs, formé
au moyen âge parla combinaison du nom propre Nagent avec le
nom commun pi'oeédant de villare ou villarium ; par l'elVel
d'une aphélése qui renu)nle [leut-êlre à liuit siècles, Xogcntvillicrs
i-sl ..njourd'hui Jaiivilliers (Marne;.
146. Chose singulière : de toutes les localités qui viennent
d'èlre énumérées, les plus méridionales apparlieniu:nt aux dépar-
lenients de Maine-et-Loire, d'Indre-et-Loire et de l'Ain : n'y
.nn-.ut-il pas (juelque indication ethnique à tirer de là?
147. Le suIlL^e gaulois -cntos que révèle Novientum paraît
-e retrouver dans le nom d'Agen tum, porté jatlis par le village
aciuel d'Hains (Vienne), ainsi que. par un bourg du diocèse de
Limoges où l'établissement d'im monastère fit prévaloir l'appel-
lation .Vgenli monaslerium, et qui n'est autre aujourd'hui
qïi'Eymoutiers (IIaute-^'iennc'l.
148. Drevant (Cher), en lalin Dervenluni, présente, en
.i\ant du même suffixe, le mol gaulois ilcrvus, au sens de
•• eliène » au(|uel doivent leur nom le han\eau de Der (Aube; <\.
la région forestière où se trouve. :l/o^i/ie/'-en-Der (llaute-Marnei.
lUfvnnl serait donc l'équivalent des noms romans Chesnay,
I lirsiiKi/^ >Jui'sn:n/, Qucs;iut;. l't doit èlre l'approehé du nom
.•lilique De r\-en t ione. smis lequel 1 llinéi'aire d'.\ntonin désigne
nu' localité lie l;i Grant!e-P>rela':'ae.
XVIIl
ACTE OU -ACTA
149. Le suffixe gaulois -acte, ou mieux -acla, que d'Arbois
de Jubainville pense reconnaître dans le suffixe -ez du bas lueton
moderne, paraît dans deux noms de lieu mentionnés par les textes
antiques.
Bibracte ou Bibracta, ijui désigne, dans Cosar, le princip;il
oppidum des Kdiieus, est représenté par le mont Beuvray, dont
le nom, qui s'écrivait jadis Bevrait, est très régulièrement formé,
la désinence s'étant comportée tout comme le mot factum,
devenu f^it, et le radical de même que celui de bibera ticum,
mot qui a donné bcvrnçje, ancienne forme de breuvage. Ce radical
paraît n'être autre que le nom celtique du castor, apparenté au
latin fiber, et qu'on retrouve dans les noms de cours d'eau
bibronnum, bibronna; Bibracte aurait donc été un lieu
servant de retraite aux castors.
Le second nom, Garpenloracte, fut celui delà ville acLuelie
de Carpentras. D'après d'Arbois de Jubainville, il faudrait
entendre par ce vocable xm lieu où l'on fabriquait des cliars,
appelés en latin carpenta, d'un mot emprunté sans dout'.^ à la
langue gauloise, puisqu'on pense que le rarpentuin fut, dans le
principe, particulier aux Gauloi.'^. ; c'est à ce nu)t, on le sail, que
se rattache le français charpentier, qui devrait, étymologi(|U(.!inenl.
désigner le charron.
XIX
-OIALOS
150. Los noms de lieu terminés par le suffixe -nialos, latinisé
on -oiaj us ou -oialum, devaient être fort répandus en Gaule,
à en juj^cr par les nombreux vocables i^éonraphiquc^ modernes
(jui j)résentenL les terminaisons -euil ei -w'joh, formes vuliraires
les |)lus fréquentes de cet ancien suflixe gaulois. Cependant les
textes de l'antitjuité parvenus juscjuù nous ne mentionnent (ju'nn
seul nom de cette catégorie, reconnaissalde dans les thcrmae
Maroialicac dont parlait au iV siècle saint Paulin de N(jle,
(iésignanl les bains (.l'une l'uvalilé, ?\[a roialmn. <]in appartenait,
sendile- l-il, à la région du sud-diu-si dv hi (iaid<!.
Les noms en -oialnni apparaissent plus liéipienimeiit dans les
textes de l'époque mérovingienne, notamment dans (irégoire de
Tours.
Au vn" siècle la graphie -oialum s'est altérée en -oilum,
forme qui, à l'époque carolingienne, a été, par l'introduction
d'une gutturale, modifiée en -og'ilum ou -ogelum, qu on a
enlin remplacé par -<>!ium.
Le nombre des noms de lieu formés à l'aide du suffixe -oialum
est considérable. On n'en donnera pas ici le relevé ct»mplet, et
l'on se bornera à en présenter quebpie.s-ims parmi ceux que men-
tionnent les texies lalins antérieurs à l'an mil.
151. A ba 1 1 oia 1 nm. didnrmé en .\ va 1 oi.i 1 n m eu A\:ilogi-
luiii, est devcîui, par l'aidx'Tése tli> !'.. initial, pi'is pour uiio sorte
(li; locatif, Vaieuil (Dordogne) et Valuéjols (('lanlalj : mi r.H'oii-
naît dans le premier terme de ce vocable le nom gaulois du
pommier, ce (jui autorise à considérer Vaieuil et \^duéjols comme
des .synonymes de k pommeraie ».
152. Arcoialum, en l'1I9 Archoilus, en 1 1 i2 A rcoi 1ns,
désigne Arcueil (Seine), qui doit son nom, de toute évidence,
aux arcades dun aqueduc romain dont les vestiges sont encore
visibles.
153. Argentoialum, d'où Argéntogelum et Argento-
/.(■.■> nntiis ih' lieu. -1
y ilum, aujourd'hui Argsnteuil (Scine-cl-Oisi-, Vonnej. Ci; uom,
indiquant sans doute à l'orij^ine un yisonienl d'argent, c\ cunipa-
rable en co cas au nom cntiùroinent latin Ari,a'ntaria, Lnrycn-
tière, ne serait pas le seul nom en -oialuni .dont le premier
terme soit à rattacher au règne minéral : Preuil 'Maine-et-Loire).
contraction de Perei;z7 est appelé en H30 Petroilum, vraisem-
blablement pour Petroialuni, >( lieu pierreux », et il est permis
de penser que Sablé (SarLhe), anciennement Sa/>lcil, représente
un primitil' Sa buloia lum, « sablière ,i.
154. Balinialum est sans doule la l'orme primitive d'un nom
qu'on trouve écrit Baliolum à la (in du x'' siècle, et duquel
dérive le nom de lieu Bailleal 'dùue, Nord, Oise, Orne, Pas-de-
Calais, Sarthe, Seine-Inierieure, Somme), reconnaissable, en
composition, dans Bailleulmont et Bailleulv^l (Pas-de-Calais),
et qui a pour variantes Bailleu (Oise), Baslieux (Marne), Bailleau
(Eure-et-Loir) et Baillet (Seine-et-Oise), ce dernier pour Jhil-
leil.
155. lilanoialum, d'où Hlanoilum, Bléneau (Yonnej.
156. lîonoialum. devenu Honoyelum au vii*^^ siècle et
lîono'^ilum à Tépocjuc <>aroiinnienne, est l'origine des noms de
Bonneuil (Charente, Indre, Oise, Seine, Scinc-et-Oise, Vienne),
Bonnœil (Calvados) — notation rappelant la traduction latine ;
Bonus ocuhis adoptée par les clercs parisiens des .mu" et
XW siècles pour désignei' le Bonneuil de Seine-et-Oise — et
Bonneil (Aisne).
157. Burgoialum est, peut-on supposer, la forme correcte de
Hurgogalum, qui a désigné Bourgueil (Indre-et-Loire). Il y a
des écarts également nommés iiourgueil dans Saùne-et-Loire et
dans la Vienne.
158. Buxoialum, qui, formé sur le latin buxus, serait
Léquivalent de Huxelum, le([uel a donné Bar;/ et liiissi/, est le
thème étymologique des noms de Buxeuil f.Xube, Vienne) et de
Bisseuil (Marne).
159. Canloialum a donné Chanteau (Loiret) et Chanteuges
(Ïlaute-Loirc), primitixemeiii Chunlcuijeul , accentué sui' eu.
160. Cassanoialum ou Cassinoialum, forme primitive
du nom carolingien Cassiuogilum, a domié Gasseneuil '^Lot-et-
Garonne j, Casseuil (Gironde) — où l'on constate l'eifet de la
cnule d«' 1'// placé entre deux voyelles - et Chasseneuil (Ch.i-
r
i>uic.iM> ':ri,i h.H i,> : -"/ i' "> liT
l'iUf. Indre. N'ii'niU') ; le |)i'einier d'i'iiie de C];i ss.i uoi ;i liiiii est l(^
iiKit ;iiiLéroinain cassitnos, ;ai sens tlo « elièiie ».
161. Corhn ia I uni est l'ancienne l'urnie Iiy|U)lliéti(|ue du nom'
^ il.- lldiboilu m, (lésie^nanl Corbeil i Seine-et-()ise).
162. Cristoialum. d'où Gréteil (Seine) ei Criteuil 'Cha-
i.'hte).
163. Ebroialuni d'où i']bp(i;.,'ilii ni, Ebreuil (Allier:.
164. Garrig'oja luin, l'ornié .sur un de.s noin.s antéi'oinains du
oliêne, est sans doute le thème étymulog-ique du nom de Jargeau
l.iiiretl, en latin de basse époi|ue .1 arj^Mig-ilum ou Jargolium.
165. Genistoialum, où l'on reconnait le latin j^enista.
.• ij:cnét ", stiail l'orii^ine de Geiineteil '^Maine-et-Loire).
166. Lenioialum, formé sur le gaulois lernos, << orme o, qui
subsiste dans l'irlandai.s Icamh, a produit Limeuil (Dordoj^ne\
Limeil (Seine-et-Oise) et Limejouls il)ordoij[ne,.
167. Maroialum; ce nom est un des plus fréquents de la
|iiésenle série, et cela sans doute en raison d'une circonstance
t(ip()i;iaphiqne (jui se produit souvent : on croit volontiers, en
cll'et, que la racine de ce vocable est la même que celle, d'oi'igine
ïj". jj'L-rmanique, à laquelle la langue française semble devoir les
noms communs '< mare », désignant une masse d'eau dormante,
fl « marais », ce dernier représentant un bas-latin mariscum
dérivé d'un adjectif g-ermanique en isr : Maroialum désignerait
ainsi une localité voisiiu^ de marécages. De ce nom Viennent ceux
de Mareuil (Aisne, Charente, Cher. Dordogiie, Loir-et-Cher,
Marne. Oise, Seine-et-Marne, Somme, Vendée), Marœuil (Pas-
|, dc-(]alais), Mareil (Sarthe, Seine-et-Oise), Mareau (Loiret),
Mareugheol (Puy-de-Dôme), Mareuge 'Puy-de-Dôme], Maruéjols
Ci.nd;, Marvéjols iLo/ère), Marvège (lard). II est à remarquer
que dans les noms Mareugheol, Maruéjols et Maivéjids la der-
nière syllabe est atone, et que ces noms se prononcent M.irruije,
Muraiuje et Marvège.
168. Najoialum, d"où Nieuil (Charente, "Vienne) et Nieul
C.h.wen te- Inférieure, ^'en(lée, Il au le- Vienne).
169. N a ni oial uni. où 1 on r^'cimnaîL le mot gaulois nanfntf, dé'j;^
signalé, aurait le sens ti.u latin vallestris, et désignerait un lieu
SIS dans une vallée ; il a produit Nailteuil (Aisne, Ardennes, Cha-
rente, Dordogne, Marne, Oise, Seine-et-Marne), Nampleuil(.\isni')
.1. en composition Moiiampteuil (Aisne: on v^-rra des diniinu-
68
LES Mi.M.S 1)1, 111.1
tils de Nautoiiil dans NautOuiUet cl N.iUteaU iSfi!u;-cl-MariK').
nu. Navoialuin, J'oii l.i riii-nu' Ikissc Navoliuin : iS'avoil
( l.oir-fl-Clicr^
m. Org-adoialuin. J'.m'i Orgcdeui). i ( liiarcnU- .
172. Ht)toial\irn o.'-^t la Inriiie (U'i^ini'lle des iiùins de Reuil
(MaiiKî, Oi.so) et de Rueil il'lure-i'l-I.uii', Scine-el-Oise), cL dcsi-
yiiail une vilhi royale que nieiilioiuie Gl■(■^^■(^!i■c de 'l'oui'.S, et dont
le sou\enir jiersisle d:ins 1 appeliat lo.'i ■K's eomuiUP.es de Nolre-
Danu^-du-Vaudreuil et de Siiinl-dyi-diiA'juidreuil ilùire'j, Vau-
dreuil devant s'entendre (' valide Jîeuil ■•. /^(V,v7 (S(^ine-et-Marne)
a une autre ori^^ine : ee nom, qtii i;; lemonte du au \ii" siècle,
désigna tout d'abord iin luonastèi-o for.dé pur un IVère (je saint
Oiien, Uado, qui de sou nom. nous a[iprend la vii' de saint Aile,
al)l)é de Hehais, Tappela Kadoliiini.
113. Septoialuin, au ix" sièide Se p ! o o-iîu m ; Septeuil
(Scine-et-Oise).
174. Spinoialuni. d'où Spino;.;elu ni ([ui l!;j;-ure au vu'' siècle
dans la chronique de Fi'edè\L;'aive. C!e nnm, (jiii parait l'oi'nK' sur le
nom latin d(> l'i'pine, serait donc ss nonynie de spmetnm. Ses
formes vulgaires sont Epiiieuil ((.'lier. Yonne), I-^pi/ieil. adouci
en Epinay, dans le nom d' I-^pin;u/'Stir-< )r(jc (^Seinê-et-l)isej — le
Spi noj^i lum tlu Polypticpie d'Iiininon — et d'Ep!nai/-.'iur-Seinc
(Seine) — le Spinoj^clum de l'rédi'^'aire — enlin Epilieau
(Yonne).
175. Vernoialum, le nom le plus répandu du groupe avec
Maroialum et Nantoialum, est roniu' sur le mot gaulois
vcrnus, desii^-nant l'aune : il a donne Vcnieuil (Aisne, Allier,
Charente, Cher, Kure, Indre. Indre-et-Loire, Marne, Meuse.
Nièvre, Oise, Seine-et-Marne, Seine-ct-Oise, Haute-Vienne),
Verneil (SHrthe), et dans le Midi, oii on en remartjue bien
moins de traces ; Veriieugheol (Puy-de-Dôme), Verneiighol
(Cantal), Venilléjou (Canlal'i, Venieuge Haute-Loire, Puy-de-
Dôme). Vernouillet (Lure-et-Loir, Seine-et-Oise) est un diminu-
tif de Verneuil, comme Nantouillet de Naiiteuil.
^
i
M
m
1
176. On fera observer en passant tjue le mot n^iwios, employé
seul et lalinisi' en vernus ou vei'num, esl l'ori^'ine de plusieurs
noms de lieu : Veni ( Ille-et-X'iUaine, Ma.ine-el-Loire) ; Ver
(Calvados, Manche, Oise'i. :)ù lun ob:-.t'rve le même assourdisse-
ri
(iiuoiM's <;i:[.iini;i> : -'w.i/.on C»?
iiii-nl (le Vn que dans four, hiver. J"!ir, AVriv.^, Aurers, {IrrivcH
(Ir furiuiiii, liibcriuiin, il uirniini, X i vern is, Alveruis; et,
par l'elIVt (111110 notation vieiinise, Vert i Landes. Marne, Seine-
•■l-Oise).
m. \'i ndoialuni est la l'orme jiianillive du earolini;n-n \'in-
doilun», d'où Vendeuil (Aisne, Marne, (tisei.
178. Vinoialum, finine priniilive <lu earolini^-iiMi \' m o^'il n ni,
a donné VineuJI (Indre. Loir-el-Chen, et Vignols iCoiar/e.
179. Zezinoiahun, dans la vie de saint Lé^i-r, l'crile an
vn'' sii'cle. dési;^ne Jazeneuil ('vienne,.
180. l>e ee que le plus j:^ranil nond)re des vocaldcs nioderm's
ipidn vient <li' passiT en revue sont terninu's en -rnil . ou aurai'
lorL d'intliiire ([ue tout nom de lieu pi'esentanl relit' drsiiu-iier,
repifsente. néeessairement im prinnlif en -oialum. .\insi Ir mT,!
cil- M'jntroiiil . porté par une trentaine de coniinuiies de r'r.mi-e.
|)iii\iiMil du lias latin Mo ii a s t eri o 1 u m, tlinunul d du nom ooni-
Muni nionas t erium, i[ni .i donm- le \'U'U\ mot tramais nutulier ;
cl Miircliv^ctu! iClôte-dl h', Saïuie-eld ,oire : repr(''S('iili.' une lormr
liiniiiiutive du N'ieux. mot iii.trrli:ils. repr^'Sriit.int en bas iatm
mncasiu m, et désii;'nant un lieu humide et maiéi-ai;eii\'.
181. 11 coiuicid tre.xaminernuunti'iiaiit l.'s di\ crsrsalti'ralions
il" la linali- j^auloise oialum, ac-ecnlué'- sLir la diplilont;Lie o/ . I )aiis
Il pari ii^ septiMitrionali' de la Franco, amsi ([uo dans le l'oitoii. le
l'.:'ir\, le lîonrlionnais, r,\nL;c)nmois. I,i ,'^ainlMn:.;i', lo l'cMai^'ord
il la (iuscnne, eette tinale est doN-rmie -ciiil ou -cnl : Vulcinl .
{i-'ji'iih'uil, Halllciil. /înnnciiil. Hnti/-;; iici/ , Jlii.rcuH. IH.ssenil.
I'.i^.<i-nciii/. Hù^sciiil, (Hi.is^ciiriiil. (li-'ilciiil. h'.liriiiil. /.iinruil.
Xh-nil. \irlll. \;illlrnl!. ' 'r^icilrtili . Ilrilil. .SV/)/.'(/,'7, I'. j^l lie:: i! .
\ •riiciiil . \ (■iKh-Jul ot V,/,, ///'/. ,\ii lii'U de -('(/,'' on l'ciieontn'
■■.tii dans le sud.-onrsl k\u dip.irlnnenl de Sr mo olMarii'' . d.nis
uiK- p.arlie de celui de 1 \ oniie, dans le L.oiret el dans l'airo-L'l-
Loir : linillcaii, Blôni'uu, (Hiantcuu. Jnnjc-uii. M.trciiii, .\aiii'f;in ,
l'jiincuii : eest dans la mi''me réi;'ion que Mnii/rciiil id ilu'/ nni.r
- ee dei'iiier dérivé du bas latin Ualneolum niluit a ILanin-
lum - oilI pour ('•quivalenls .Moiih'rr.ni el linj ii(-:in.r ou /'.w-
'jii'-.iii.r. r,a desuuMiee -ciii! devient -'•// aux emiions do l'an--,
liai:-- une jiarlii' imporlantr du Ma::ii" i| dans Ir \ ■iidr-moi-.,
t.-ni.ims 1.'.- noms do IloiuifH, < 'nrliril . < '.irl/'il . Cmiir/cil . /.nuri'.
70 Il> MtMS I)i: IJKL
I
Muri'il. NiiiH'il. Itucil cl \'criicil; le son mouille iiui termine J
celte linale s'est cleint p;irtms : JJuillel, Epinaïf, Subir. Enfin dans ■ j
lAuveigne el les pays avoisinanls : Gévaiidan, \'elay et partie du r l
Languedoc — départements du Gard et de l'Hérault oialum ^ \
est représenté par -lU'Jols, -cikjIicoI, -ciii/hol, -uéjou — et mémo 1 ^
-ojnul.a, comme dans Caussiniojouls (Hérault) — linales dans les- \ j
quelles le groupe ol ou oui est atone, et qui, dans le langage fi|
traditionnel du pays, se prcuioneent iiejc i'[ cinjc : il en est ainsi 'i^A
des noms ]':Lliicjob, Liinrjntils, Malcii'j/u'<il , M.ircrjuls. Ver- |'|
ncu'jlicol, et c'est de cette jirononciation ([ue dérivent les formes t- j
grajihiques Chanteuç/cs, Mareiuje et Verneiigc. j| j
Dans un certain nombre des vocables qui viennent d'être pas- ^^
ses en revue, on peut déterminer la valeur du premier terme. i |
182. Celui-ci est assez souvent emprunté au règne végétal, on ; ,]
l'a vu par l'exemple d'AbaUoia lu m, de Cassa noi al um, de | ]
Garrigoialum, de Lemoialum et de Vcrnoialum, ainsi que
par celui de lUi x o i a 1 u m , de G i n e s t o i a 1 u m et de S p i n o i a 1 u m .
Dans ces derniers noms, le premier terme appartient à la langue
latine, d'oîi 1 on est amené ù conclure (jue l'usage du sul'iixe -oia-
lun\ persista en Gaule postérieurement à la conciuète romaine :
e'e>t de même, on ne l'a pas oublié, (pie le suflixe ligure -.■isca
s'est maintenu dans l'Italie septentrionale. Consequemment on
peut supposer la formation de noms en -oialum sur d'autres mots
latins désignant des arbres. Cerasoialum, fm-mé sur le nom du
cerisier, serait le thèuK! étymologique de Gerseuil (Aisne, Marne).
C^ornoialum, formé sur le nom du cornouiller, aurait donné
Corneuil (pAu-e) et Gornuèjouls (Aveyroni. A Pinoialum, formé
sur le nom du pin, on devrait Pineuilh (Gironde). VA Péreuil
(Cbarente), Pereuilh (Hautes-Pyrénées), Perruel (Eure),
Perruéjoul (Cantal) se réclamei-aient de Piroialum, formé sur
le non\ du poiiàer.
183. Le raiiprochement, fait plus haut, dos noms A' Arr/enfriiiL
de l'rcuil el de SniAi'' donnerait lieu d'admettre (jue le suflixe
-oialum s'est combiné avec des mois empruntés à la nomenclature
du régne minéral.
184. Il est fort probable aussi (pi'il ait été combiné avec des
noms d'animaux, témoin le nom Cabrogilum qui, dans un
texte ilu x'' siècle, conservé par le cartulaire de Brioude, désigne
une localité d'Auvergne ((u'on n'a pas identifiée .
iinir,iM:s (;i:Lrinri;s : -oiauis 71
185. Dans Maroialuni, N.'.n toiahim, et dans Arcoialum le
premier terme évoque une particularité d'ordre topofi^raphiquc.
186. Enfin le nom de Reuil (Seine-ol-Marne) nous a montré
lo suffixe en question combiné, à une époque d'ailleurs tardive,
avec un nom d'homme.
187. On a pu voir que les noms de lieu en -oialum se
retrouvent du nord au midi de la France, du département du
Pas-de-Calais à celui de l'Hérault. Ils ne semblent pas exister,
ou du moins ne sont guère apparents, dans la Gascogne — qui
d'ailleurs représente l'Aquitaine de César, où l'élément gaulois
devait être presque nul — ni dans le Toulousain. Op. ne les trouve
pas ilavantage semble-l-il, dans les provinces les plus orientales :
Lorraine, Bourgogne, Franche-Comté, Dauphiné, Provence,
Peut-être un jour l'ethnographie pourra-t-elle tirer parti de ces
indications qui, fort sommaires du reste, auraient besoin d'être
complétées.
OIUGINKS AXri<KÔMAlXI':S: [VUliANDA OU IGORANDA^
188. Oa (Hudiera plus loin, piiriui les noms de lieu d'orij^ine
romaine, ceux (]ni expriment une situation voisine des contins de
deux cites, l'el [>iiraît avuir été le rùh; du mol anléromain — on
n'ose dire ^-.-udois — wnianda ou i;^'orantla.
Les i'oritics vulgaires de ee mot S(nit au noinln-e d'au moins
neuf '-.
i
5r i
1. Ncuis r.'i'rodnlseiis ici, l'ii hi i-(i[[ileiis;iiU Ic^értMiienl, iiiie parlii^ ili'
l:i levoii, néte ,e 1 :( mars I S'.Mi an ( ;oilé;ir de l''raiu-f, dans laqiiell.' .\ii- u-,lc
l,i)ML;n<iii, après avolf étudie li-'s \<)cal)l^^, issus des nu.'ts !al iiis fmr^ el Inni-
tes. en i\i|i|iiiiclia ceux de iik'iuc sii,^iiiti<-ai ion, ()ui re]jrésLnteiil le mot,
sinon ^anlnis, il r(in[i snr aiiU'-romain, !rui-:iiii!n oxi ujoriinda. r)eiiuis lors
— en IS'.I- - un a \n ]>aiailri' dans I i lii'iun: cirrliruldiji^jne [.'>'' ■^érie, t. .X..Vi
deux mémoires snr la matière: l"nn [i. 170-1 Tii) de .lulien llavel, sous le
tilrc : ■ Ii/(>r;uiil:i nii " icor.unht, j'runl'f !■>■ , nntc -/c t'ipoinjmie guuluisf ; l'î'utn'
i|i. ■iSI--.ii<7 ir.\u;.^ustc Longuon lui-nu'ine, iiUitulé : Le nom de liéii g-Milni^
ririr;ili'l;t.
■2. Il e(jn\irnl d'y ajouter les rorm<-s Aiguerande et Égarande, meniion-
lUM.'S par. lulien lla\el (p. ioii, et, qui dési^iienl, la première un écart de
l!( lle\ ine-sur-Saône(RliûuG),silué n :iquel([iies kilomètres de la limite sépa-
r.dive lies aneliMis diocèses de Lyon et de Màcon », la .seeoiule un écart
d'l-'.sll\,ireilles il.uue' u dans l'aneie'i ■liueèse du l'uy-en-Velay, à la limite
de eeu.\ de Lyon et de C^leiniont ». — U'autri- part le mémoire dWugusle
Lonynon iuiliqui'' dans la noie précè'dente sij^niale (j). 281 el "IH'.'i) la forme
apln'u(''sée Guirande, nom ; d'un lianu-au de Layorce (Gironde^ qui apjiar-
lenuil il l'ancien diocèse de Bordeaux, el conliiiail à celui de Saintes-; d'un
li;\meau du déparlement de la Loire actuellement rattaché ii Xoirélaljle
(nu.cien diocèse de Clermonll, mais ipd paraît avr)ir dépendu auparavant
des Salles (ancien diocèse d<' Lyoi\) ; — d'un hameau de Fel/.ins (l^ot),
qui appartenait au diocèse de Oaliors, et n'était séparé de celui de l^odez
(|ue par une dislance de l.GOO aielres : localité (jni ne parait pas « ililî'éi'ente
de celle (;ue le Dirlionnaire des Postes lédil. de 1876) mentionne sous k:
nom Ënguirande, comme un écart de Sainl-b'élix », canton de Velzins ; —
d'un aflluent de la Sèvre Niorlaise traversé ■• vers le milieu de son eovirs
par la limite séparant avant 1^17 le diocèse de Poitiers... de celui de
Saintes ". Vax outre » les Guiraudes, petit hameau de la eonunune de
Moulij;nae-le-taj(| 'r.hareute;, était situé dans l'ancien diocèse de Péri-
"■uenx, de Saintes et d'Aiigoidênie ".
Mllir.INES ANTÉmniAlNES : IVl-B.WDA OU inCllIAXtiA /..
189. Aigurande (Indre) pst mie paroisse de raiicieii diocèse de
H'iiii^cs \rii)il:ts Bitiiriijur/r' situi'i' [irès de celui de Liinog<'>s
•■< ('//.? .s- Lcnioririini).
100. Eygurande (Corrèze, Dordoi;ne) : l'une des communes
.iiiis! nommées se trouve sur le territoire de l'ancien diocèse de
«'Iriiiionl : l'autre, du diocèse de Pèrij^ueux, c-tait voisine de celui
lir lîordeaux.
191. Iguerande (Saône-el-Loirel, Ivuranda à l'époque caro-
lin;;ii'nne. appartenait au diocèse de Lyon, conlinant à celui
(le Màcon, qui fut formé d'un démembrement de la civitas
Aciltinruin .
192. Ingrande (Maine-et-Loire, Mayenne. Vienne) est le nom
Je trois paroisses qui appartenaient respeclivcinriil au.N. diocèses
d'Ani;-''rs, du Mans et de Poitiers, dans les lé'j^iuns où ils conti-
II.. lent, le premier à ceux de Nantes et de Poitiers, le second à
crlui d'Ang-ers, le troisième k celui de Tours. D'ailleurs l'empla-
iiinent d'Ingrande (Vienne) répond à celui de la station Fines de
l;i voie romaine de Tours à Poitiers.
193. Dans l'ancien diocèse de Poitiers, vers celui de Bourges ;
d.nis l'ancien diocèse de Tours, vers ceux d'Angers, d'une part,
■ •t d(^ Poitiers, d'autre part ; et dans l'ancien diocèse d'Angers,
vtrs celui de Nantes, on remarque quatre localités dont le nom
s'écrit Ingrandes (Indre, Indre-et-Loire, Maine-et-Loire), et dont
l'inie correspond à la station Fines de la voie romaine de Bourges
il Poitiers.
194. Ingrannes (Loiret), de l'ancien diocèse d'( >rléans, confinait
a eelui de Sens.
195. Ygrande (Allier) était une paroisse du diocèse de Bourges
j vingt-trois kilomètres de l'ancienne limite de celui il Autun.
196. Yvrandes (Orne) est aux contins des anciens diocèses de
Baveux et d'Avranches; il appartenait au premier.
197. Enfin la Délivrande, à Douvres (Calvados), dont le véri-
table nom est Vvrande, encore employé au xiv*" siècle, se trouvait
dans le diocèse de Baveux, à une vingtaine de kilomètres de la
linute occidentale de celui de Lisieux.
198. L'identité du nom Ingrandc avec les noms Ai'jurande et
Ii/rande est nettement attestée par les formes anciennes du nom
d'Iiigrande (Vienne) : Evranda, Igoranda et Igranda. On voit
par là le peu de cas qu'il faut faire de l'opinion qui, fondée .sur ce
P
74
LES ^OMS UK Mi:r
quil yadeuxou ivois Iriffrandc a rexlrémité du territoire angevin,
tirait ce vocable de iugressus Andiiim, .4N(/<.'i( étant le nom
sous lequel César déF;i^;ne les hahitaiits de notre Anjou.
199. On voit que, .sauf deux exi.\'pUoiis ', toutes les localités
énumérées plus haut étaient situées près des li miles des diocèses
auxquels elles appartenaient; et Ton sait (jue la circonscriplion
des diocèses français, telle qu'elle se présentait encore au
xvm'' siècle, correspondait, dans son ensemble, k celle des cités
de l'époque romaine. Or. il n"est pas interdit d'expliquer les deux
exceptions que constituent Yi^'randi- et la Délivrande par des
niodilicalionsque la liniilc des Acdui et celle des I.c.rovii auraient
subies, soit aux premiers siècles du moyen i\ge, so't même anté-
rieurement à la conquête romaine, puisque le mot ivuranda
ou igoranda e,st antéromain.
200. Il n'est pas sans inlérêt de rapprocher de la désinence de
ce mot les expressions rand et randuii, qui, dans la partie méri-
dionale du département de l'Aube, désig-nent certains tertres
servant de limites aux territoires des communes, et qu'aux envi-
rons de Troyes, on appelle fins.
in
1 . t^lus crilt' i|nc (•ouslitiio 1
eu [.loin Poitou » \.I. ilavet.
la lièciiilif \Cuil(H>' .-itut
XXI
ORIGINES GALLO-ROMAINES : -ACOS
201. Le sullixe -ncos, hitinisé -acus, lient dans ronomaslique
uiuiloise une place considérable, et ii contiibut; à former un
iMnihre immense de nonis de lieu g'allo-romains encore subsis-
liints aujourd'hui.
La valeur de ce sulTi.xe est un peu vag-ue, et comparable à c?t
cj;.u-d à celle du .sul'lixe iVam^ais -irr. -ièrc. dérivé du latin
-arius, -aria, ijui sert à former : des adjeetiCs dérivés d'atljec-
lifs. comme premier et sinijulier ; des adjectifs dérivés de
substantifs. con\me réf/uHer ei séculier ; des noms d'agents ou
de professionnels, comme chrvalier, potier,, tuilier; des noms
locaux communs dérivés de noms communs, com.ine foyer, >frV-
iiier. ririèrc. ^aljUrrc; des noms de lieu dérivés de noms propres
d'iiomnies. comme Bernnrdière, Blanchardière, Girardièrc.
202. Le suffixe -acas a subsisté dans les langues néo-celtiques :
dans les dialectes gaéliques sous la forme -ach \ en gallois sous
l;i forme invc, souvent réduite aujouid'hui a or/-, et en breton
anuiiricain sous la forme -ce qui, au xiii'" siècle, a i"em})lacé le
iiiMveu-brelon oc.
203. En breton, le suflixe -ce termine un grand nombre d'ad-
jectifs : I/arrec, » branchu », de Larr, « branche » ; dourcc,
■ aqueux >i. de dour, « eau )> '.poullec. ■■■ n»arécageux », de pnnl.
" marécage ■>. Il sert au'^si à donner aux substaudis une idée de
coilectivité : faoec, de fuu, ■' hêtre ". tlésigne une hètraie ;
t/RT/K-c. de sjicrn, u épine ", un buisson d'épines. Cette dernière
ciiconstance e\pli([iie pourquoi les érudils (pii h's premiers ont
c'insacré leurs loisirs à l'élude des anciens noms de lieu, ont
|p> usé ![ue le nom d'Épernay, en latin Sparnacus ou Sparna-
cuni, pouvait olVr'ir le même sens que le bretoh spernec. et con^-
liluer un svnonvme des noms romans Epiuoi/. Epinai/. cpu
loprcscnlent le laiin s[)inclum. ()iî ne s;uu'ait (.'ondamuer abso-
lument celte opinion formulée en 186i parllouzé. i\Iais il résnUe
des études auxquelles d'autres savants se sont livrés, qii'en très
70 i.i:s NOMS Di: i.ieu
grande ninjorité les nuins de lieu terminés par le suffixe f^iiulms '1
-acos, latinisé -acus, dérivent de noms d'hommes, et surtout clc i
noms d'hommes latins : la très grande majorité, et non, comnn' ^A
le préteiulait Henri d'Arbois de Jubainville, la totalité, car K" . j
nom do Mouzay (Meuse), en latin Mo sa eu m, est visiblemenl '^|
formé sur celui de la Meuse, eomnie en r<eliiifiue les non\s rie ;."'5
k 5
TlUy (Brabant), de Ligny (province de Nanuu-i, de Silly (liai- M
naut) sur les noms des cours d'eau — • la Tille, la Ligne et Ki ■;>]
Sille — dont elles sont riveraines; à ces exemples on peut ajou- ,,^
ter celui de Blézy (Haute-Marne) sur la Bla'se. ^'j
204. Au sujet des noms de Heu en -acus de la Gaule, yi
H. d'Arbois de Jubainville s'est livré à une statistique assez in- ..«
téressante. Il a constaté que sur quarante-cinq de ces noms dont "i
1 existence est attestée à !'épo(pie romaine, trente-six, soit les -:%
quatre cinquièmes, présentent un / avant le suflixe, en d'autres [\
termes se liM'niinent eu-iacus: 11 la l'-Jaeus, Ca 1 us-iaous. Coi-- ||
tor-iacus, Germin-iacns, etc. ; il a observé la même partieula- ';
rite dans quarante-cin([ des cin([uante-trois noms en -acus ({ui À
(igureut dans les écrits de Grégoii-e de Tours ; et la jnoportiou ',
des noms en -iacus est bien jdus forte encore parmi les noms j:^.
de lieu que mentionnent les liocum'^uts des siéeb'S siii\aiits.
205. Va\ étudiant de plus prés tous ces noms lii.- lieu. >.t'l eru- ' • '
dit a constaté que la pbapart du temps ds ont [)ou[- radical un ] '
nom d honnne d origine r(^maiue, d'ordinaire un guntiliee, c'est-à- /|
dire un nom de famille, et il a observé avec beaucoup de iustesse ^
que c est à cette dernière circonstance qu'est due la fréquence de ' j
ri précédant le suffixe -acus, la très grande majorité des genli- iS
lices romains étant terniiiii's en -rus. (^est alors qu'il a eru pou- '~'^
voir présenter sa théorie, bien connue aujourd liui. et à !a(|uellc \ii
il a réussi à lionner une grande vraisemblance, qu aux temps de .! j
1 indépendance gauloise, la jU'ojjrieté l'urale était encoi'e indivise i.'j
dans chaque cité, et (pie ce fut le dévelojjpement de la culture
des céréales, après la conquête ronuiine, (|ui ainen;i le [)artage dr \ ,
cette propi'iéte collective, c'est-à-dii'e la constituticni de la pro- ~. i
priété uuliviiluelle dans notre pavs. ^ \
La meilleure preu\e de l'origine romaine de la (U'upriété indi- , '
viduelle en Gaule résulte, à ses yeux, des noms piopres vm fc
-iacus ((ui, pour le plus grainl nombre, dérivent de noms de 1 1
gentilices romains, et durent être, a l'origine, des n 'ns de J *!
Kl
OKIGiNES GALI.O-KOMAIN'J;
77
i
i
.u'Ii au de loopi'iélés imnioliilières : les noms de lieu o-aulois, ou
!' .1 -;i!!o-roiii;iiiis. on -iacus seraient donc analogues, oonmie
■..ili..'.!. au\ noms do Hou latins en -iauus, si nond)reux en
Il ,'■,• ,! d.ins la Ganlo Miéridlonale, el qui seront ulti'Tiouromenl
.rnli.'S.
206. Los noms de lieu dont la forme primitive élait terminée
,1. ;:ilin par le sul'lixe -acns appartiennent à toutes les rég-ions
,i l;i l'ranoe actuelle, et oela prouverait, s'il était nécessaire, que
]■ ^ (".elti's ou Gaulois ont occupé toutes les parties de noire pays,
lui-, nos départements, & l'exception dos .Mpes-Marilimos et du
\ r. possèdent des eonunuues dont les noms appartiennent t.
>.|U. c;il(''..;orii' : encore cette exception prouverait-elle seulement
,pic la iiopulation celtique était peu répandue dans la )'ét;ion ct)r-
i. •^iiondanlo, car le nom. ([u'on a ou occasion de rencontrer, de
lù'Z.itiJini (N'ar) est une preuve non équivoque de 1 occupation
■ II' celle [.artie de la Provence par les Gaulois.
207. D'ailleurs, à en juger par la nomenclature communale
inuderne, les noms en -acus sont en général beaucoup moms
ni)nd>rou\ dans l'ancienne province romaine et dans la Novem-
populanie : la chose s'explique, en ce (jui touche la première de
c«'s réo-ions. par ce fait que les noms de fundi \ étaient, à la
ni.iniére romaine, termines le plus souvent en -anus, ce ({ui est
\\\\ dos indices nombreux et variés du haut degré de ron.anisa-
tion de cette partie de la Gaule. Pour la Novempopulanie,
Texplicalion est autre, car cette province, comprenant d'une
(..^on à peu près complôle le pays entre Garonne et Pyré-
ik'os, reinésente l'Aquitaine de César, dont la population
'.lit de môme race que les Ibères; les noms en -nr, cl ceux,
,; n, dés déjà, de Monlczun et de Tourdun (^Gers) y atteslent
r .i ■niablemcnt une infiltration celtique dont les écrits de l'anti-
.i ;.!.• iiarvonus jusqu'h nous ne font aucune mention.
^i lumdjreux sont les noms correspondant à <los primitifs en
,icu.s. (lu'il n'en sera donné ici qu'un choix d'cxenq)Ies énumérés
••l.)u l'ordre alphabétique de ces primitifs.
208. Albiacus, formé sur le gentilice Albius, qui lui-même
.irnve du coijnomen .\lbus : Albiac (IlauLe-Garonne, Lot),
Alhieux Loire), Aubiac (Gironde, Lot-et-Garonne', Aubiat (Puy-
.h-l,)6me), Auby (Nord), Augea (.lura;, Augy Aisne, Glier,
Yiinno), Aujac (Charente-Inférieure,- Gaid).
78 LES NOMS Oli LlliL'
209. Albiniacus, liu ^■/•iiUiice Albinius, tonné lul-mèine ' î
sur le cocjnomen Albinus : Albignac (Corrèze), Albigneux V \
(Loire), Albigiiy (Loire, llhùiie, Savoir. Îlaute-Savoie), Aubignac |
(Aveyron, Corrcze, Iîaul';-Loiréj, Aubignat ( Puy-de-Domt;':. %À
Aubigné (TUe-et-Vilaine, Maine-et-L.)ire, Sartlie, Deux-Sèvres), Wi
Aubigney ^Ilautc-Saùne). Âubigny (Aisne, Allier, ArJennes, |Cj
Aube, Calvados, Cher, Cùte-d'Or, ilaule-Manie, Nord, Pas-de- W\
Calais, Deux-Sèvres, Stiaune, Vendée), Arbigny (Ain, Haute- f,]
Marne), Herbigny (Ardennes), appelé Albiniacus vers SlU). >■} |
Herbignac (Loire-Inierieure), Arbignieu (Ain). ; ■
210. AlciaeuN : Aussac iCbarenle. Taru;, Aucey (Manclip), f . j
Aussy (^Seine-el-Marne), Alichy (Nord, Oise, Pas-de-Calais^, .^
Aiisqiies, qui iig'ure en oouiposiUni) dans Nordausques et r i
Zudausques (Pas-de-Calais;. '
211. Antoniacus: Antony (Seine), Alîtogny iludre-et- ^
Loire), Antoigni (Orne), Antoigné (?vlaine-el- Loire), Antounial *>:
(Dordof^ne). |^
212. Aurt'liaeus : Aureillac iLul-et-Ciaronaei, Aurillac
(Cantal), Orlac (Cluii'enie-Inierieure), Orliac (Corrè/.e, Dor-
dognej, — d'où le diniij)utif Orliaguet (Dordognc;, — Orléat ^'
(Puy-de-Donie), Orly (Seine). »
213. Avitiacus : Avessac ; Loire-Inférieure), Avezac (Hautes- j ■
Pyrénées), Avc^é (Sartliel.
214. Blandiacus: Blanzac (Charente, Charente-Inférieure i
Haute-Loire. Haute-Vienne), — d'où le diminutif Blanzaguet ; ,
(Charente), — Blanzat (Puy-de-Dôme), Blanzay (Charente-In- j
férieure), Blanzée (Meuse), Blanzy (.Visne, Ardennes, Saône-el- |'
Loire), Blandy (Seine-et-Marne, Seine-cl-Oise), Blandecques (Pas- |
de-Calais), Blangey ;Côte-d'Ori, Blangy (Calvados, Pas-de-Ca- ;;
lais, Seine-Inférieure, Somme).
215. Calviacus : Calviac iLot), Galviat Dordoi^ne), Gauviac t
(Gard), Cliaugey (G6te-d"0r;. 'r ;
216. Calviniacus : Galvignac iLot), Chalvignac (CantuD, '
Cauvignac (Ciironde'i, Cauvigny (Oi.so), Chauvigné (Ille-.>i-Vil-
lauie), Chauvigny (Loir-et-Cher, Vienne). i
217. Campaniacus : Campagnac (Dordo^^ne, Lirni. Cham- '.
pagnac (Cantal, Charente-Inférieure, Corrè/.e, Creuse, Dordogiie, j
Haute-Loire, Haute- Vienne) , Champagnat (Puy-de-Dôme,
Saône-et-T,oirel, Champagne (Sarthe, Vendée, ^'icnne), Cham- ■
Pi
(»!ilGINKS GAlJ.O-H(/.MAI.\ES
TU
«
paçjney (Doulis. ,fui-a, llautc-SaôriHJ, Champagny (Côte-d'Or,
Jiini, Snvoic), Champigné (>iainc-ci-Lnlre), Champigny (Aube,
lùiiv, liiilre-et-Loiie. Loir-iit-Cher, Alarue. HauLe-Miirne,
Siinc. Vienne, Yonne).
218. C.assiacu.s : Chassac (Corréze, Gard), Chassé (Saillie),
Cliassey (Côte-d'Or, Meuse, Haute-Saône, Saùne-et--Loire).
Chassiecq (Charente), Ghassieu (Isère), Ghassy (Clier, Saônc-ef-
Li>ire, Yonne . Chessy (Aube, Rhône, Scine-et-Marne'l.
219. Domitiacus : Domezac (dharentei, Domecy (Yonne;,
Donzy (Nièvre), et sans doute aussi Donzac (Girouile, Tarn-et-
(j.iruiuie), Donzacq (Landesl.
220. Eburiacus, dérivé par l'intermédiaire d un gentilice
l'ihurius du nom gaulois Ehtiros déjà rencontré dan.s Eburo-
•hniuin, Kburobri-j^a, Eburoniai»'us : Evry (Seine-et-Marne,
^(■iiif-ct-()ise, Yonne), Yvrac (Charente, Gironde), Ivrey (Jura),
Yvré (Sarthe>. Ivry (Cote-d'Or, Eure, Oise, Seine).
221. Flaviacus : Flaviac (Ardèche;, Flavy 'Aisne. Oiseï,
riayal (Creuse), Fléac (Charente. Charente-Intérieure). Fleix
Vienne';, Fiée (S.irthe) et Saint-SauL^eiir-ile-Tlée (Maine-et-
I/>ii'e\ !^ninl-(H'rmer-de-T\y (Oisei. Flaugeac (Dordog'ne), Flau-
jac ;I.ol . Flageac iDordo^ne, llaute-Loire), Flagey iGùte-d'Ur,
l)oid)s, Haute-Marne). Flagy (llaute-Saone, Saône-et-Loire,
Si'iiio-et-Marne'!, Fyé (vSarthe). — FU'c [Cùlc.-d'Or'j, a une autre
ori^'iiie, cette localité étant, aux vin'' et ix'' siècles, conslamnient
iioi'unée !'Mex.us.
222. l'Maviniacus : Flavigiiac ; Haute-Vienne). Flavigny
.Visne, Clier, ('ôte-d'Gr, Marne, Meurlhe-et-Moselle), Flaugnac
l.ft!. Flagnac (Aveyrou). Flagnat iCharentei, Flagny (Nord.
.■^l'itic el-Marne).
223. l'ioriacus : Florac (Lozère^. Florat (Haute-Loire),
Floirac (Charente-Inférieure, Gironde. Lot). Fleurac (Charente,
l>.irdo,i,-ne). Fleurât (Creuse), Fleuré ((.)rne. Vienne), Fleurey
Cole-dOr, Doubs, Haule-Saône), Fleuriel (Allier), ancienne-
iiii'iii Fleurie. Fleurieu (Hhône). Fleurieux (Rhône), Fleury
..Visue. Mure, Loiret, M.inclie, Marne, Meuse. Nièvre, Oise,
l'.isde-Calais, Saôue-et- Loire. Seine-et-Marne, Seine-et-Oise,
""uiiuue, ^ uunei '.
! Si I,- tidin lie l'Icui-y r!t;;iif d;\fis la noiiirnclulure communale du dopar-
80 (.KS NOMS hi: t.IEU"
i;u!U;,
224. Juliaciis, du ;^^eiitilico juliiis, trè'^ r(-j)aiiilu eu (1;
beaucoup de nobles Gaulois, qui di-v.-iieiil le dioil l'.o cili'- i'i
Jules César, ayaiilpris son nom : Juillac ' ('liarenle, (lonèy.o. (liri-s,
Giioiuli'i. — d'où le diniinuli!' Juillaguet . Chaienl'' . — Jivillc
(C^-harenle, Sarilio. Dmix-Sevr.'si, Jlîilié Ixlîoni'). Na//// -/ '/-vrc-
t/c-Juillers (Charente-lnféiieuifi, Juiliey lAIanclioi. Juilly ((".ole-
d"()r. Seine-et-Marne), Jully ;Aul)e, Saonc-et-Loire, Yonne),
Juliers, en allemand Jùlich ('['russe rhénane, réii'ence d Aix-la-
Chapelle).
225. Justiacus : Jussac iCantal;, Jussas Lharcnle-lnfé-
rieuri"). Jussey (Haute-Saône), Jussy Aisne, Cher, Yonnel.
226. Latiniacus : Ladignac ;Corrèze, Haute- Vienne),
Ladinhac (Cantal), Ladignat Haute-Loire), Lagnat (•'viiii,
Lagney (Meurthe-et-MoseUc ., Lagnieu (.Vin), Lagny (Oise, Seine- :
el-Marne), Laigné (Mayenne, Sarthei. Laigny (Aisne).
227. I.ieiniaeus : Lésignac llaute-Vienne), Lésignat :Cha- l
rente), Lésigné i^Maine-el-Loire', Losigiiy (Seine-et-Marne, j
Vienne), Lusignac ^DordogucO. Lusignat (Am, Creuse), Lusigny j
(Allier, Aube, Côte-d'Ori. Lusignan (Vienne) esl de inèine ori- \
gine ; la nasalisation de la dernière syllajie ne date (jue du temps i
de Philippe le Bel. \
228. Marcelliacus : Marcillac (Aveyron, Charente, Corrèze, |
Dordogne, Gironde, Loi;, Marcillal (Allier, Puy-de-Dôme), |
Marcillé (Ule-et-Vilaine, Mayenne), Marcillieu (Loire). MarciUy l
(Aisne, Aube, Cher, Côte-d'Or, lùire. Indre-et-Loire. Loir-et- j
Cher, Loire, Loiret. Manche, Marne, Haute-Marne, Ithône. '
Saône-et-Loire, Seine-et-Marne), Marsilly (^Charente-Inférieure). |
. 229. Maxiiniacus : Meximieux (Aini, Messimy (.Vin, Pdiône), l
Massingy i^t'.ôte-d'Ur, llaulo^Savuiei, MarsangiS: Marne, Yonne^, !
et peut-être aussi Marchangy (Loirei. ^
230. Montaniacus : Moiltagiiac ,15asses-.V]pes, Dordoyne, i
Hérault, Lot-et-Garonne'i, Montagna (Juj-a), Montagtiat {.\m\
Montagney (Doubs, Hauie-Saône), Montagnieu (Ain, Isère), }
Montagny (Côte-d'Or, Loire, Oise, Rhône, Saône-et-Loire, /,
t
lomeiiL de l'Aude, où il prujit iiisolile, c'est t-ii rni.s'in ■! ".ne circoii- _■
stauce spécinle : l'érection, en uiai-s l":'C.. ds' lii li'i'iodi- !\-ii^n;i.i en .ImcIu'- '
puirie sous le nom de Fleury, en faveur de .lein>.-ilcrcule 'de il'js.scl de j
Fleury.
ilHUil.MOS C.AI.lO-liOMAIM'.N '. -ACO.S 81
S.vdi.', llaule-Savoiei, Montigiiac (Cliai-eiilc, Duiilo^nc, Giiondc,
\ I nt-i'l-(iaromn', 1 laulos-Tv i\'iu''i's ), Moutigué i, (".liaronle. Maiiie-
i-t I.uiro, Mayniiic, 1 )eu\-Sf\ i os^l. Moutigiiy, nom porli- parant'
t iiH|uanlaini' ilc communes, vl par nombre d'écaiis, dans la par-
tie septentrionale de la France.
231. Pauliacus : Pauilhac (Orsi, Pauillac (Giicinde),
l'ailliiac (Caillai, Ilaute-Ciaroniie, Maute-Loire, Loirei, — dOii le
.liunuulir Paulhnguel (^Ihuile-Lou'e). — Paulhiac ' Lot-el-da-
h'i, Pauliac ( -Vrie^e, (^.iiire/e, etc. 1, Pauliat (.\.llier, Creuse'i,
Il pUiparl des Poilly, PouiUé. Pouilley, Pouilly de la moilié seji-
Iciitnunale de la l'rance, Peillac (Morbihan), et [jeut-èlre Paillé
t ;ii.irento-IiilV-rieui'e et Pailly i Yonne'.
232. l'osiumiacus : Pouthuiiié (^'ienne'l, Potangey i ("ote-
<i Cl . Potangis (JNÎanie).
233. (Kur.tiaeiis : Quinsac (nordo;.;ne, Gironde), Quiiissat
l'u\ -de-PômeN Quinçay i\'ieiine), Quincé (Maine-et-Loire),
(luincey (.\ulie, Cùte-d'Oi-, Ilaule-Saône), Quincié iHliôae),
ûuincieu dsèiei. Quincieux l^liône), Quincy (Aisne, Cher, Côtc-
.1 l.tr. Meus.-. Seine-^■t-^î.ll■^e, Seiiie-el i)i<e^ CuilH'lry ; l'a.- -de-
l'.il.,is . Cuiiliy Xiird . V/;.".'e:7 a p.'.ii d:;ii;i!Uiii tiuinCtM'Ot C...U •
li'l'r. ^ oii'u . ipu e-^l ;i r;i |ipi'oclier de /'l.irii/ nefol ri de 'Jn. ■
!ti- '■,,/ '(lol'.'-d ( •;• , ihiuiliill l!s de h'Liri'/Ill/ et de (Jlh'-I hj l: ij .
234. Homaniaeus : Rojiîûgnac (C-anlali. Piomagnat (l'u\ de-
l' Mlle), Roniagné i lllc-ot-\'ilaine., Roniagiiieu (Isère), Roniar.uy
'^l.uiclie, ancien Haut-Rhin), Romenay Saone-et-Loire), Roine-
ny ,.\isne).
235. Sabiiiiacus : Savignac (Arièye, Avevron, Dordo^ne,
('.. IN, Gironde, I.ot-et-Craronne), Savignat (Creusel, Savigra
•lui, il, Savigné (Indre-et-Loire, Sartlie, Vienne), Savignoux
Vm:, Savignies (Oise), Savigny, nom porté par plu.s de viiif;!
»' ::inuuuvs (le la Fi'anoe se[)lentrionale.
236. Severiacus : Séverac (Aveyrou), Sévérac (Loire-Ini'e-
(e-'re\ Sevrai (Orne), Sevrey (Saône-et-Loire), Sivrey (.Vube),
Sivry .\rdennes, Marne, Meurthe-et-Moselle, Meuse, Seine-et-
M'iiie), Cieurac (I-ot), Civrac (Gironde), Civray (Cher, Imlre-
• 1 l.dir.;, \'ienne), Civrieux (Ain. Rhône), Civry iCùte-d'Or),
l'.-.iie-et-Loire, Seine-et-Oise, Yonne), Xivray i Meuse), Xivrv
Ml liilho-et-Moselle).
'f .''.7. Tilliacus: Tillac iîers), ïilly (Calvados, Eure, Indre
.' •,. mniis lie lieu. r,
82
i.i;s .NMMs m: i ii:i:
Meuse, Pas-tle-C;ilais, Seino-ot-Oit;o), Teille (l-oiie-IulV'rii'ure),
Tilques (Fiis-de-Calais)'.
238. Valoriacus : Vallery (Haute-Savoie, Yonne), Vaudrey
(Jura), Vaudry (Calvados).
239. Mais les noms ile lieu i;allo-romains en -acus ne sont
pas tous formes sur des i^entilices en -ius, car si la plupart des
g-entilices présentaient cette désinence, (juehjues autres étaient
terminés dillereniment, par exempleen -enus : Aatius, A vins,
Lucius et Marcius ont pour doublets Antenus. Avenus,
Lucenuset i\Iarcenus, qui, combinés avec le sutîixe -ac us, uni
formé des noias de lieu gallo-romains :
240. Antenacus : Aiithenay (Marne).
241. Aven acus : Avenay (Marne).
242. Luce-nacus : Lucenat (Allier), Lucenay (Cote-tr(jr,
Nièvre, Saône-el-Loire), Luzenac (Arieye), Luzinay (Isère).
243. Marcenacus : Marcenat (Allier), Marcenay, Marsannay
(Côte.-d"Or).
On trouve aussi -acus combiné avec un cogiwnien lalin ou
un nom d'homme gaulois.
244. Avitacus est le nom sous lequel Sidoine Apollinaire
désigne la villa qu'il possédait en Auvergne du chef de sa
femme, lille de l'empereur Avitus ; remplacement en est aujour-
d'hui ma\-(jué par Aydat (Puy-de-Dôme).
245. Brennacus, nom d'une ville royale du Soissonnais au
vi* siècle, est (orme sur le nom gaulois Breiinos. Brennacus
doit être identilié, non pas comme on a voulu le faire, avec
Braisnc (Aisne), mais avec Berny (Aisne), anciennement
Brcny.
246. Turnacu.s, forme sur le nouj d'iiomme gaulois latinisé
Turnus est l'origine des noms de Tournai (i3elgique), de Tour-
nay iCalvados, Marne), de Ternay (Loir-et-(>her).
247. L'usage de former des noms de lieu en -acus ne fut pas
brusquement abandonné ; il persista en Gaule pendant la période
franque, comme d'ailleurs en Gaule ci.salpine, c'est-à-dire dans
la Haute-Italie, pendant la péiiode lombarde.
248. Quand les Francs s't'tablirent dans la Gaule du Nord, la
très grande majorité des noms de lieu de notre pays, dérivés de
f^iiitiliei'.s romains en -ius, déterminaient en -iacus; mais à
n((i' e[ioque, les genliliccs n'existani plus, on ne com[irenail
nnU.LN'KS (iAl.i.ll-UOMAIMiS : -AC<IS ^S;î
jJus bien le mode de loniuitioii usité dans les premiers siècles
de noire ère, et les Francs, li)rs([irils voulurent donner leuis
iidins aux propriétés cpi'ils [lossédaient, ronihiuèreuL ces noms
.ivoe le groupe -iacus, au lieu de snivr(> les exemples (pie pou-
•..lient leur fournir Avit-acus, Brenn-acus et Tu;ii-acus.
Les noms de lieu en -iacus formés sur des noms d'honune
d'origine germanicpie, sont en nonihre moins t'onsiderahle (pie
l''s vocables gallo-romains terminés de mèuie ; ils paraissent sur-
tout dans les pays colonisés par les Francs, soit en lîelgi(pie et
■ tans la France du uord-ost. ()n citera ici, ii litre (i'exenijdes, les
iioins suivants ;
249. Acliariaeus, de Acliaiius : Achery (Aisne i.
250. Ala mundiacus, de Alaniundus, devenu par aplié-
rèse Lamonlzée (Helgicjne, prov. de Liège).
251. Albcriciacus, de Albericus ; Obrechies (Nord : cf.
Auberchicourt (Nord), représentant Albericiaca curlis.
252. Hertmariacus, de liertmarus : Beriueries (Nord, ; cf.-
Berraéricourt (Marne).
253. Betiiniacus, de Be l to. -on is : Bétheny (Marnci; cf.
Bétheniville (Marne).
254. Bli tmariacus, de lUitmarus : Blumerey 'Haute-
Marne), Blémerey (Meartlie-ct-Moselie, Vosges).
255. Carliacus, formé sur un radical lùtrl : Charly (Aisne).
256. Fulcoldiaeus, de L'ulcoaldus : Faucouzy (.Visne).
257. Gerbortiacus, de Gaireb(!itus : Gerbehaye (Belgicjue,
prov. de Liège), nu xiii*^ siècle Grrborchcis.
258. Gerbi Idiacus. du nom d(^ femme (laireli i Id is : fjrugis
Aisne^.
259. (}eroldiacus, de Gairoaldus : Grougis (.Visin'l.
260. Gislebertiacus, de, (iislob<'rtus : Gelbressée ;liel-
i^'upie. prov. de NamurK
26i. Ili Idericiacus , de (^ iiilde ri c us' : Haudrecy
' Ardennes).
262. Landericiacus, de Landcricus : Landrecies 'Nord).
263. La n doldiacus, de Landoaldus : Landouzy (Aisne).
264. Lanlberciacus, de Landluîrtus: Lanibercy (.Aisne).
265. Leuthariacus. de Leutharius : La Hérie et Le Hérie
'.\isi)e), (|ui devraient s'écrire tous deux eu un seul mot.
266. Katiiariacus, de Uatbarius : Raray (Oise).
Si i.rs NOMS dk i.ii:i'
267. Hol-aiiacus, .le 1 ; .xlo-a n us ; Rougeries (Aisiicj.
268. ■rheo(li'bLTliacu.s,(li> Tli L-odcbcr tu.s : Thiverzé, l'.ca-
lilé aujourd'hui eiig-lobée dans l'\uileuay-le-CouilL' (Vendcu). .
269^ ■!']ieodeiiciacus, <U' Tlieodoricus : Tiercé iMaine- |
el- Loire). i
270. Ti-udoniacus, de 1 ru.lo : Trignée (Bel-i^iue, prov. de ^
271. Wali.sniiacus, de Walisr.ius : Valmy (Manie).
272. \ValLljei-Liacu.s,de Waldeherius : Vaubeixey ', Aub-' ;,
Vaubexy (V.)s--;:.s). È
273. Wariniacus, de Warinus : Guérigny (Nièvre), War-
gnies (Nord, Souune). ;
274. Witaieriacus, de Widomavus : Gumery (Aube). j
i
275. 11. V a lieu d'aborder létude di-s formes vuls.(aires du |'
suffixe -acus. La ([uestiou ne serait [)as compliquée si cette ter- h
miiiaison était toujours précédée d'une con.sonne, comme dans les f
noms tle lieu dérivés de i;eiitiliees en -enus : Dans ce ■, .'is, |'
-acus devient en langue d'od -ni/, et en langue d'oc -ac ou -ul . f
INlais beaucoup plus fréquemnionL le sullixe est précédé d'un / ; !_,
or il s'est produit, par le \oisinage de cet / et de Va, une sente V
d'amalg-ame qui, de bonne heure, dans les pays romans qui furent
plus tard de langue d'oïl, lit substituer au groupe io un e ; c'est jv
du moins ce que permellcnt de conjecturer les formes Criscecus t^
et Krchrecus, substituées dans la seconde moitié du vni^' siècle, |-
par le pscudo-contmuateur do iMédégau-e. aux primitifs Cri.scia- |
eus et Ercuriacus, aujourd'hui représentés par Crécy etEcry. |'
276. C'est vers le Poitou et la Saintonge que cette forme altc- l
rée -ecus s'est le mieux maintenue : au début du xis" siècle on ^
notait encore -ec la finale, a présent réduite à -c, des noms
Andillé, Chiré, Cissé, Cloué. Latillé, Ligugé (Vienne) ; d'ailleurs
cette linale -ce et sa variante -oa/ subsistent encore dans Cer-
sec, Lirec, Pressée (Vienne), Aizecq, Chassiecq, Ruffec (Cha- ;
rente), Prahec, Sciecq (Deux-Sèvres), par exem!)le. ^ i
277. Tout au contraire, à droite de la Loire, le c de -ecus s'est *,
de Ixmne heure vocalisé en -l : au ix'^ s'a'cle, dans le poljptique ï
de Saint-Remy de ileims, Fleury-Za-y^/i-^rt" el Ri\\y-la-MonLi<jnc j
(Marne) sont appelés Floreïus et Risleius : celte finale latine j
-eius, remontant donc pour le moins au ix« siècle, suppose une
oiiu.iM'is gam.o-iuimaim:s
s:")
Inrine vulfïaiiv contcinporaiiK' t'W -ri: celle-ci subsiste, sous la
iKitiilinii -rt,'. dans nos provinces romanes de l'est, Lorraine,
l'ianche-Cointé, r,our-o-nc orientale, el menu- dans la Cliani-
pa^ne ovienlale el méridionale : Aubigiiey (IIaute-SaAne\ Cham-
pagney (Doubs, Jura, Haute-Saône), Vaudrey i.lura).
278. Dans la Picardie, le reste de la Ciiaïupa-ne. l'ile-de-
l'iance, rOrléanais. le Ikrry, la forme -ci a de bonne heure, au
\i-sii'cle au plus tard, fait place à un -/ (pie depuis déjà plusieurs
.ircles on noie -y : Antony, Aubigny, Blanzy, Goucy, Domecy,
rie. Dans les pavs wallons cette tiiuile a pris la l'orme féminine
plurielle -icx : Laiidrecies, Orchies.
279. Il convient d'observer que la linale -c', provenant de
iacus, domine non seulement en Poitou et en Sainton^-e, mais
.uissi dans l'Aunis. la Touraine, l'Anjou, le Maine, la partie de
]., Xormandio l'epiésenlée par le déparlement de l'th-ne, et les
fraetions delà P,reta^i;-ne où rinilnence bretonne ne s'est exercée
.pi";! partir du ix" siècle.
280. Dans les pays de langue d'oc. Va de -acus s'est mainu nu,
,1 la forme vulgaire de cette terminaison est -ne, AlbignaC,
Albiac, Aurillac, Blanzac, Calviac, Calvignac, Chassac, eic.
M.iis dans les plus seplentrionaux de ces pays la linale -,'ic s est
,,>;s(mrdie, el est remplacée par -,(/ dans le sud du Bourluamais,
l'Auv^M-gne. la Marche : Aubignat, Aubiat, Calviat, Champagnat,
Fleurât, Ladignat. Lusignat, Marcillat, Quinssat, Savignat. etc. ;
(.■I assourdissement est parfois même consacré parla proncmcia-
tinii locale, bien que rorthographe oflicielle ait conservé la nola-
tinn -ar : le nom de Boussac -Creuse), se prononce Ilnnss.-i.
281. Dn constate aussi rassonrdissement (bi c linal dans la
|,,rlie méridional.' du dé| ..(rtenhaii d.u Jura. ,1 dans la i>ai lie
..■pl.Mitnona.le .le celui dr l'Ain la r.-ion (pu av..isine la
Innile de ces deux départements présente un -raiid nombiv de
ncins géographiques terminés aujourd'hui en -.t ou en -m, et dont
la finale latine était -iacus : Bissia, Broissia, Dénia, Loisia,
Siivigna i.lnra'»; dans le déparlement de l'Ain, on observe par-
Nus, Comme en Auver-nc, la notation -;U : Attignat, Ceyzériat,
Curciat, Maillai, Martignat. Polliat, Pressiat.
282. Une antre fornu^ vulgaire correspondant ii -iacus est -icii
.u -icii.r, qui existe dans le pays arrosé par le P.lu'me depuis
Sevssel jusqu'au contluent de l'Isère, et ([ui, de la, s'étend sur
SC)
Li:s NOMS ij|.' |,ir.;c
l".s <l('i.;u'lrMUM,l.s<l<. l'Ain, de rU^n-, ,lu I{t,on.>. ch> la Loire et
'le I An!.'>clie. Lu plus uurwmu^ notation de celle. forme otail -/>',
(|u. s est conservé dans les noms ,1e Jullié el de Quincié fHhône) '
du moins, c'est en -/e que se terminaient, vers le xii^' sièele là
pluimrl (les noms qui sont aujourd'hui en -ici, ou iru.r. pann'i
l.^squels on mentionnera ici Albigneux (Loire), Albieux f Loire)
Ghassieu (Isère), Fleurieux (Ain. Uhône), Jussieux (Hhône)'
Lagnieu (Ami, MarciUieu (Loire). Montannieu (Ain, Isère)'
Qumcieu (Isère), Romagnieu (Isère). Savignieux (Ain, Loire).'
283. La détermination des zones occupées par les 'diverses
lormes vulgaires correspondant à -iacus, tort intéressante >. coup
sur pour le linguiste, ne Test par moins pour l'eUmo.n-aphe
(>elu.-c., toutefois, n'attacliera pas plus d'imporlaiice ([u'il ne
convient à la forme -,/ : ono-lnellemenl circonscrite dans une xone
ilelerm.née, elle en est sortie peu .^ peu sous l'influence de 1 "ex-
tension do la lan-ue française, et par l'ellet d'une sorte <le cen '
IraUsation : c est ce qu'on remarc|ueà propos du nom de Coliqnv
(Vm), qui dans le patois s'appelle encore Couliqna.
284. La forme -cic, qui est, on La vu, celle de la lan-ue d'oc
se rencontre aussi dans la partie de la Bretagne qui a clé sou-
mise, dc^s le V" siècle, à l'influence bretonne : Campénéac (Mor-
l"I'=<"\ Comblessac (Ille-et-Vilaine), Marsac (Loire-Inférieure',
Peillac 'Morbihan), Ruffiac (Morbihan).
285. On trouve, il est vrai, ailleurs que dans le midi de la
France et en Hretagne, quelques noms de lieu terminés par le son
^o\ tels que Urissac (Maine-et-Loire), ,hnll.u: .Aube). Tnn.^ac
;Seme-el-Marne) et Crcssonsac (Oise) ; mais ils ne représentent
i)as des primitifs en -acus. Jaillac est appelé Jaillard dans les
textes anciens. Cressonsaeq, dont le nom se prononce ou se pro-
imnvait Crcsson.n, es! pour Oc.sonrs.nrl. Toussac, vocable
■«PI'l';P'e exclusivement à des moulins, a son origine dans une
l.'cution facél.eu.se, tolliL saccum, .. .mleve sac », allusion
m.x melaits si souvent reproches aux nu-uniers ; .1 en est vrai-
son.blablement de même de lirissac, a en juger par la fbrme
ancienne lircchos.ac, dont malheureusement le premier terme
est ine>;pll(|ué'.
286. Dans les pays que les invasions ont germanisés -iacus
';^l '^''''''^ -'■•''' -^'^ iMs-allemand -,cA- : Hlariacus, Blerick
'lavs-I3;,s. l.,m))ourg\ Oortoriacus. Coortryck. nom flamand
r
(
i
ohi(;im:s (iali/j-homaimcs : -.w.os' ST
lie Cuuptrni. Ge mon ir>cus, Gemmenich (] Je inique, pioviiiro de
I.ii-^'-c; ; Juliacus, Jiilich, nom allemaïul do Julit<rs (iv^(,'nco
(i'Aix-la-Chapelle); 'l'i be riacus, Zieverich fn-gonce de Cul(j<j;i)e),
rulhiacusnii Tulpiacvis. Ziilpich (rét;-ence (rAix-hi-Clianello'',:
l'uinaïus, Doornyck. nom tlamand (lo Toviiiiai : NircNiacus.
Werwicq (Boli^iquo, l-'landre Occidentale).
287. Celte l'orme, lionl ou [loin-iait mulliplier ifs exemples,-
soinhie avoir donné naissance à la iinale germanique romanisée
■ra/tics, observée dans la partie nord-ouest du département du
l'as-de-Calais — soit dans les arrond'ssemonts de Boulogne et
■ if Saint-Omer — cpii avait reçu à l'époiiue dos grandes invasions
Mil fort appoint de pojnilation germanique. La l'orme -ecqws —
l's n'en date que du xvi<^ siècle - — sul)stituée au bas-allemand
-ick implique nécessairement le recul de l'élément germaiii(|iie
ilevanl l'élénuMil roman. Elle paraît dans les noms doBlandecques,
de Coyecques. d'Eperlecques. de Questrecques, de Senlecques et de
Wardrecques ; assez l're(iuemmenl un déplacement de l'acceut
lonupie l'a réduite à -(fiics atone : Nordausques et Zudausques,
Isques, Mentques, Quesques, Setques, Tilques. Wisques.
^■:d
XXII
ORIGIXKS KOMMXES
NOMS FOPyMKS SU]{ 1)1^:8 GKX'I'ILICIÎS
m
M
l.os Homains appelaient frécpieminont les propriétés ruvales
(lu nom lies propriétaires, el cu l'^rance, depuis répor[ue romaine,
il on futsouvont ainsi. La plupart du temps le vocable, du domaine
rural était un adjoctir formé sur le nom du |)ropriétaire à 1 aide
à\\ snllixe -anus, en sous-entendant le suhstantd' iundus; cette
formation est identique, on le voit. ."•. celle des noms ^'allo-
romains en -.aciis.
288. Mais aussi il est arrivé ([uc le i^entilice même du posses-
seur ait été traité comme un véritable adjectil. luudus étant
toujours sous-entendu ; Albinius. /Vubill 'Avevron;: .\.ntu-
nius. Antoingt l\i_v-di'-l)omei. Antoirig (l'>clu'i(|ui-, llairiauT:;
.Vurelius, Aureil llaule-\'icnne : t^.,i 1 v i n i u s. Calvin A\ey-
ron 1 ; (".r is |)i n iu s, Crespiu i .\ vc\ ron . Tarn / : l''lavtnius. Fla-
vin i^.Vn eyron ; ; I-"l oren t i n i us, Florentin , A^ evnm' : l.uca ii lu-^,
Lugan .Vvevron, Tarn ; Pomponius. Pontpoint l>isci. ipiou
devrait éciirc l'nin/ioi n : Tibcrius. ThivierS ! lloido- lU' .
289. Parfois h' i^en tilu-e est employé au féminin : .lior.^ !,• sub-
sl.intil' sous-eulimilu n'est pbrs l'undus. mais casa, villa ou
domus : Albania. Aubague ! I!oucbes-du-lilioiir ; Aurrlia.
Aureille (Bouclies-duHiiône ; .V V i tia. Avèze ;('iaril ; Camu-
lia. Chamouille (Aisne) : Ilispania, Espagne ^(lonéze;. Épagne
(.\ube, Indre. .Somme. \'endée^; Épaigncs ilùire ■. Lusil.inia,
Luisetaines Seine-et-Marne ; Marcllia. Marseille Oise.
Marsoilles iCber. et leui' .limiiuiiif Marseillclie lAudei : Pom-
[lon ia, Pompogne [ Pol-el-r,aronnei. Pomponne (Seine-et-Marne).
Mais ces noms, (pii consistent unicpiemenl dans les i^^entilices
pris ail)ectivemenf , sont comme perdus dans la fende de ceux
qui ont été- iVu-nu-s sur les L;entilices au moyen ib-s suilixes -.-icus
et -anus.
290. Les n(ur.s en -anus sont aussi fré(pients dans l'iuirienne
Pro\-ince romaine oue ceux eu -acns dans le reste de la (i.nde.
IH
(iIliCl.NKS ROMAINES ! NOMS l-n|!MI:S STR DES r,F:Mu.ici:s 8',)
291. Abcllianus, dt-rivé du grntilice A})ellius : Abeilhan
llrr.UlU'l.
292. -Mbianus, de Alhiu.s : Aubian ^llûrauin.
293. Albiniâinis, de Albinius : Aubigiian ( Vauclii.se).
294. Aiiicianu.s, du g-entilice A niciu.s. qui, pris adjecliA o-
iiiriil, constitue le iioni primitif, Aniciuui, de la ville du Puv
llaiile-Loire) : Nissan (Hérault), pour .l/)/.v,s ,■;//, par aphérèse-dc
r.7 initial, coninndu avec un locatif.
295. Anianu.s, de Anius : AignaiWGers ;. Agnin (Isère).
296. Aurelianus, de Aurelius : Aureilhan (Landes,
Il.nites-Pvrenecsi, Oreilhan (Hérault,. Oreilla ; Pyiénées-Oriou-
tales'.
297. .Vviliauus, de Avitius : Avezail (Ger.s).
298. lialbianus, de Ralbius : Balbins (Isère).
299. Harbarianus, de j^.arbarius : Barbaira (Aude)
300. Ikissianus. de Ra-ssius : Bassan (Hérault).
301. lîlandianus, de lîlandius : Blandill (Isère).
302. r>ojanus, de Rnius : Boujan (Hérault;.
303. Caprilianus, de Capriliu.s : Chabrillan (DrÛniei.
304. Gassianus, ,de Ga.s.sius : Cassan 'Gantai).
305. Glarianus, deGlarius : Glérans i Dordog-ne), Claira et
Clara vP.vrf'iU'cs-Orientales;.
300, Glenienlianus, de Glementius : Clémeiiçan
Ib-i.udtl.
307. Goiiiclianus, de Gornelius : 'Corneilhan (Ib'rault),
r.orneiîlan (Gers), Corneilla (Pyrénées-(^rientales).
308. Gi-ispianus, de Grispius : Crespian (Gard).
309. Guitianus, de (^urtius ; Coursail 'Aude).
310. Halni i Lianus, de Dalmatius : Dnuniazail ! .\iiéj;v i.
311. Diiinilianus, de Doniitius : Doiuessin iSavoie)-,
Doniczain i Hasses-Pvrénées).
312. Fabricia nu.s, de Fabricius : Fabrezan (Aude).
313. Fia ce i an us, deFlaccius : Fiassans A'ar,, Flassa (Pyré-
ii. i"<-()ru'ntales).
314. Florianus. de Florius ; Floriaii (Gard), Fleuriau
' 1! iM(c-(^iai'onne), Floure (.\udei.
315. Frontinianus, de Froiitmius : Froutigiiau (Hautc-
("larcmiie, Hérault).
316. Gallianus, de Olallus ; Gaillan (Gironde). Galhan
(.:U'(r,.
90
LKS NOMS DE lAEV
317. Gratianus, de Gratins : Grazan (Gers).
318. Julianus, deJulius : Juillan Mlaiites-Pvrénéos), Juliaiis
i^N'aiuluso), Julhians( Rouchos-iUi-liliniu»', Julia ( llauto-Garoniif,
ryrcnées-()rien taies).
319. Licinianus, de Licinius : Lézignan (Aude, Hérault,
Hautes-Pyn^nées).
320. Lucaiiianus, de Lucaiiius : Lugagnan Hautes-Pyrë-
néès).
321. Lucianus, de I.ucius : Lussan (Gard. Ifaule-Garonnc
Gers), Lucia (Pyrénées-Orientales).
322. Lnpi.'inus, de Lupius : Loupian 'Hérault), Loupia
< Aude ).
323. Marinianus, de Marinius : Marignan l'Gers).
324. Marcellianus, de Marcellius : Marseillan fGers,
Hérault, Hautes-Pyrénccs).
325. Martianus, de Martiu^ : Marsân (Gers), Marsa
'Aude, Lot).
326. Maurianus, deMaurius : Maurian (Gironde, Hérault).
327. Maurilliauus, de Maurillius : Maureilhan (Hérault,
Landes).
328. Na-'vianus, de Xaevius : Néviau (Aude), Nébiaii
(Hérault).
329. Pardelianus, de Pardelius : Pardailhan Hérault),
Pardaillan (Lot-et-Garonne), Pardeillan (Gers).
330. Paulianus, de Paulius : Paulhan (Hérault l.
331. Pomponianus.de Pomponius: Pompignan ((iarrl,
'rani-et-Gai'ounL').
332. Pontianus, de Pontius : Ponsan (Gers), Ponsas
(Diôme), Foncin (Ain), Poncins (Loire).
333. Porcianus, de Porcins : Poussan (Hérault).
334. Priscianus, de P ri sein s : Preixan (Aude), Pressins
(Isère).
335. Quintiîianus, de Quintilius : Quintillan (Aude).
336. Sal\ ianus, de Salvius : Sauvian (Hérault).
337. Seianus, de Seius : Sigean (Aude).
338. Sesciauus, de Sescius : Seissan (Gers, Bouehes-du-
Rhone), Seyssins (isère).
339. Sornianus, de Sornius : Sournia i Pyrénées-Orien-
tales).
Ollir.lNES T'.OMAINKS : NOMS !-OU.Mi;S S(iH l>KS GEiXTirjCES
91
340. Taurininnus, de Taurin iii s : Taurignan (Ariège),
Taurinya (Pyrdnées-OrienUiles).
341. Tiberianus, de Tiberius : Tibirail (Haules-Pyrénées).
342. Trebelliaii us, df Trebeliius : Travaillai! (Vaucluse).
343. Tulli.'inus, de Tullius : TiiJîins (Isère).
344. Ur.<^iauu.s, doTJr.sus : Orsan (dard).
345. Valentianu.s, de Vaîentius ; Valencin (Isère).
346. Valerianus, de ^'aleriu.s : Vallerius (Nièvre).
347. Viudemia nus, 'h- Vindeinius : Veildémian 'Hérault).
^
348. Si l'on c!iPi-che à détermiu'^r l'élendue de pays où se ren-
contre le suliixe latin -anus dans les noms de lieu de l'époque
rnmaine, on constatera (ju'elie oorre.spond, d'une manière générale,
|. îi l'ancienne Province roniaine et à l'ancienne Aquitaine, c'est-à-
■liio précisément aux parties de la Gaule où les noms gallo-romains
■ Il -acus sont le moins nombreux. 1 ,o fait s'explique, pour la
IV^n-iiice romaine, par une rf)manisalion j)!us conqtlète que celle
ilis autres parties île la Gaule, et poui- !'.\(|uitaine, parce que, ce
[liivs n'étant pas, à propi^einent j)arler, celtique, on y fonna
|)ciit-étre les vocables de domaines l'uraux dérivés de noms
(i'imiume en se servant, de préférence, du suffî.xe latin -anus.
349. On a pu constater que les fornics vidgaiies revêtues par
le ."iufiixe -anus sont au UMiubre de trois : -:in, -in et -a. La pre-
ir.ière est la plus fréqucple. mais un ne l'observe pas dans la
[Ml lie orientale de la Pie.viuce rnm.uue, en deçà de l'Isère : dans
l'-s départements de l'Isère et de la Savoie, et., moins fréquem-
ment d'ailleurs, dans ceux de la Loire et du Rhône, la combinai-
,-iiii d.' Va de -anus avec Vi qui le précédait a eu pour résultat la
*}' fiMine -;'/; ou, par l'addition d'un ,s parasite, -ins ; le nom de
l>''ii)rz,iin il^Basses-PyriMiéesl, atteste i]ne le même pliénomène a
j 11 se produii'e assez loiii de la région (jui vient d être indiquée.
< Kianl à la forme -a, les exemples cités plus haut montrent qu'elle
se rencontre presque exclusivement dans le département des
l'v rénécs-Orientales et dans la j>artie nu^ridionale de celui de
lAvide : elle résulte d'un phénomène phonétique très connu dans
!•• Midi de la France, la chute de Vn placé entre deux voyelles,
l'.irfois cet a final, biiui (jue lon!([iie, a été francisé en un e muet
;itone, on l'a vu par l'exemple de t'iourc, représentant le latin
I' 1 o r i a n u m .
i
350. A la did'éronce de ceux formés à l'aide du suffixe ntascu- - !|
lin -anus, fort nombreux, et dont il n'a été cilé qu'uii clioix,
les noms de lieu qui préseutaienl le féminin de ce suf(i.\c, -an.i, j
sonl assez rares. On peut citer pourtant, dans la Province , |
rnu-iaiucv Cliichilianne et Séchilienne (^Isère), de Caeciliaua; 1"^
Maillanne (Bouclies-dn-Hiiône) de ÎNIalliaiia ou Manliana; f • -^
Marsanne (Drùme), de Alarciana ; Marignane (Houches-du- v ^
lihône), de Mariniana; Reillanne (^^Basses-Alpes) et sou diiiii- j '-
nutif Reilhanotte (Drômei. de licL^uliana. C'est vraisemblaMe- | ;
ment à la mémo critéj^orie qu"a])j)artiennenl Clamensane, Sau- fi
mane et Taulanne (liasses-Alpes), Maussanne, Pélissanne cl \,}
Simiane (Houches-du-Khône), Gumiane (Urôme). Hors de la 'k^-]
région proven(,>ale, ces formes féminines sont encore plus rares; " \
cependant on note, dans la France septentrionale Louvecicnnes i- ,
(Seine-ct-Oise), de Lupici.ina; Marchiennes (Nord), de Mar- s .
ciana; Valenciennes (Nord, t!e X'ateniiana; Vauciennes 'i :
(Marne), <le \'elLiana. f
351. Plus rares eui'ore sont les noms de lien dont le ilir'-iue t.;
étvnioloyicjue j)résent(' le sui'lixe -anus sous sa fornie masculine i' '
plurielle ; toutefois, il en existe un spécimen bien connu : i, s;
Orléans (Loiret) ré[>ond au latiu Aureliani ; jusqu'au xn"" siècle | '
on disait Drlicus et i illicns ; la l'orme actuelle est retr<'t d'une J '
rt^aclion savante. Ê;,i
352. Il convient de rappeler ici (pie dans le sud-est de la f
Gaule un certain noinlire de noms de lieu ont été formés sur des \
^■entilices, au moyen des suffixes d'orig'ine liirure -ascus et î:
-oscus, dont l'usag'e avait persisté tians cetle contrée. f
353. Les nombreux vocables g-éograpliiques en -//!, -ain, -nin;/,
([u'on rencontre dans les pays walhuis de France et de Belgique,
tels que Hesdin (Pas-de-Calais), Crespin, Bouchain, Gantaing, î
Vertain (N'ordl, sonl, dans les textes carolingiens, terminés en ■;
-iuium; on peut sup[)oser cpiils ont cté formés, eux aussi, sur |
des gentilices romains, et que le suffixe -inius était particulier 1
à la Gaule Belgi(jue ; comme, au dire de César, certaines popula- y
lionsl)eigi([ues ('liaient ajiparc-ntées aux [)opulalu)ns gcrmanitiues, \
peut-être ce snflixe -est-il une variante du suflixe germanique ?
-ing, qui termine tant de noms de lieu ayant pour racine un nom
de pei'sonne. |
ilI\10ISi;S IIOMAINDS : NOMS KOUMKS SUIS DliS GENTI LICF.S 93
ifij'i. Sur Il's j^cnliliccs i-ninains ont éU'- fui-niés eiicoie des noms
lie lieu iin|);iiisyllal)iqiu's v\\ -o, -ouis :
355. Albuciu, formé sui- le gentilice Albucius — ouqud ou
i-il A!Ijiiss;ic (Corrèzci et Auhussm/ (Cher) — a (loniu'.
Auhusson (Creusei.
356. liullio, (ie Ikilliu.s — ci'. Bnulllac (Aveyron, i)or-
»lu;,'ii..'. Tara-el-Ciroune) — : Bouillon ! H('l;^iiiue, I.uxi'uibouru;.
357. Cabt-llio. de Cahellius : Cavailloîl (Vaucluse).
358. Cas.sio. de Cas.sius : .S;t//i/-/''.-i(i/('('-(/t'-CaisSûn (Gard) et
Caixon (Hautes- Pyrénées).
359. Gornclio, de Corneliu.s — ef. Corail (Corrèze), Cor-
nillr (Dordo>;ne\ Cornillac (Drôme), Cornillé (lile-el-N'ilaine,
.\l.iii)i'-et-Loirei. CuriirilJiun (HéraulL', Curneillan ^Ger.^-), Cor-
ncilla (Pyrénécs-Orieiilales) — : Cornilloil (Bouchcs-du-Rliùne,
I)rôuie, Gard, Isère).
360. Crispio, de Grispius : Crépion (Meuse).
361. Gurlio, de Gurtius — cf. Coiirsan (Aude), Courcy
Galvados, Loiret, Manclie, Marne) : — Courson (Calvados).
362. Divio, de Divins : Digeoil (Cantal, Somme), Dijon
r.ole-d'Or).
363. Fulvio, de Fulvius : Fougeon (.VuUe).
364. Liuio, de Linius — cf. Lignan (Hérault), Lignac
Indre), Liy^ie- (Charente, Loire-Inférieure), Ligny (Loiret.
M. -use, Nord. Pas-de-Cah\ls, Yonne) — : Lignon (Marne).
. 365. Martio. de Marlius : Marçotl (Sarthe), MarsOîl (Marne,
M.'use).
366. Poiilio, de Pontius : Ponscn (Basse.s-Pyrénées).
367. Pullio, de Pullius : Pouillon (Landes, Marne).
3Ù8. lioyio, de Hogius — cf. Royer (Saone-et-Loire) et
pcul-èlre aussi Rony (Aisne, Nièvre, Somme) — ; Royon (Pas-
iie-(>alais).
369. Sylvanio, de Sylvanius : Sauvagnon (Basses-Pyré-
lu-es).
370. Tullio, de Tullius : Touillon (Cùte-d'Or, Doubs).
371. Viridio, de Viridius — cf. Vicssaf (Creuse), Vicrzy
'.\isne), Vcrz}! (Marne) — ; Vierzon (Cher).
372. De tous les noms d'oriyiue romaine qu'on vient d'étudier,
A convient de rapprocher la catcf::orie des noms de lieu en
94 LES Mi.MS Di; Lli.U
-anicus. Il n'esL p;is i'npos.sible que ces vocables aient élc
formés, au moyen du sul'lixe -icus, sur des coijnoniinri eu
-anus ; mais il est aussi bien permis de voir dans -anicus un
sul'lixe spécial dont Tau j cet il ;;'i'a ce a n \eus, eiiipU'vé par Sué Unir,
l'iiiu' cl \'aiTiin. alU'sIc rexislcnco, cl cjui aurait été joint, li^ls
le.S sullixes -acus cl -anu^^. a des ^^eiililices : dans l'une ccimnic
dans l'autre hvpotliesi-, c'est sur Y :i (pie porte 1 accent lonicpie.
Acutianicus, Guzargues i lierauU ' ; A Ibuciani eus. Aubus-
SargueS iGardi; Biiliianicus, Bouillargues llnird); Cassia-
nicu;^, Caissargues fC'i.nd'; ('.•■Isiuianicu'i, Sauxillanges
(Puy-de-l)('Mi)e), |)uur ■> ms^u/it.tnir -^ . 1 ' ■> m i ! la u icus, DoiTies-
sargues (Gard/; (lallian ii as, Gailargues (Ciurdi: Gallinia-
nicus, Galinagues i Audr . G-udianieus, Gondargues (Gard);
(irnnianicus. GragiiagUU 1 ilaute-'oaronue) ; lia rpilian icus.
Arpaillargues (G:iiii -. ,l ui uhiiîmi^, Julianges (Lozèrei. Jul-
lianges ^Haute-Loire; ; MaUiauicvis. MaiUargues (Gaulai ;
M a r c e 1 1 i a n i eu s, Marsiliargues ( 1 lérauU 1 , Massillargues (Aude.
Gard, Lo/.ere), MarceUîiiye y-Mliei-. l'uv-da'-Dome) ; Marciani-
cu.s, Massargues iGard;, Marsange (Ilauie-Loire), Massanges
(Puy-de-Dôme'i ; Martinian i eus, Martignargues ((îard) ; M a u-
rontianicus, Mauressarguefi 'Gardl ancieancment Mauron-
sargues; Patronia aicus, Paiignarquea (Gard); Porcarinni-
cus, Portiragnes ^IIén^dlt), a.ti .wu'' siècle encore Porc.iirHgnca
ou Pourcairu'/nea ; Probil ia n icus, Proviihergues (Tarn);
Sabinianicus, Sdvignargues (G.ard): Saturianious, Satu-
rargues (Hérault); Silvinianicus, Souvignargues (Gard);
Venerianious, Vendarauea (Hérault), anciennement Ven-
Uranjiies \ Veranicus, Verarguec. Il convient de rapprucher de
ce dernier nom celui île VaavOîiargues (l>ouclies-du-Rhône),
jadis Valiveninjiirs, représentant Vallis Ver<inica.
373. On le voit, les iVirmes par lesquelles est représenté le
sufUxe -anicua, sont au uon\bre de quaUe : -argues, la plus
fréquente, <[u on rencontre clans les dépiulenients des Bouclies-
du-Hhùnc, du Gard, de 1 Hérault, ^W\ rarn, de l'Aveyron, du
Cantal ;. -éi(y»e.v, dans l'Aude >'{ ia Haule-Garonne ; -agnes, dont
un seul exemple est fourni par' Por(ir:i</nt>s 'Hérault) ; eulin ~aa(/e
qui appartient aux réj^ioiis plus sepleiit riiui.di-s, départements du
Puy-de-Dùme et de la Corrè/e. Plus d un auteur, même parmi
l0i> modernes, a préituidu que 'èir'jijes représentait le latin ajjer,
Olur.lNKS UOMAINKS : NOMS FOUMIOS SUIl DKS CENTILTCES
:i5
• >li;mi[) » ; il n en est rien, et le passage Je -anious à -argues
Il 11 rien de surpi-cnant pour ([ui sait que les noms propres
D'ïincrgiir et Rouerç/iic viennent de Dominicus et Rutheni-
' us 11 faut voir, senil)ie-t-ilj dans -n'jncs une altération pJioné-
li([iu' lie -ngiiea, qui lui-même est une réduction de -argues.
iiiLinl il In forme -ançjes, elle s'explique non moins aisément, si
I <'n considère ((ue le même nom Dominicus. cpii vient d'être
. lie, est devenu en pays de langue d'oïl Doinnruje ou Dcniange.
!.'.s lenninal des noms inoderues qui viennent d'être énumérés
II est pas étymologique : c'est vers l'an mil (|ue 1 usage s'est intio-
(luit d'employer au pluriel les noms latins correspondants.
374. i>a terminaison -auge ne représente pas toujours le latin
-;iiiicus ; les exeni])les qu'on en trouve en Lorraine et en
'.•'laiiche-ConUé correspondent à une terminaison g"ermanif[ue
-iiuj ou -ingen.
375. Qu'ils aient été enqjloyés adjectivenumt au masculin ou
au féminin, ou bien cpi'ils aient été combinés soit avec le sufdxe
d'orit^'ine gauloise -a eu s, soit ,avee les suftixes d'orij^'ine ligure
-.iscus et -oscus. soit avec les sullixes latins -o, -anus et a ni-
lus, les ji^entilices romains ont produit un nombre de noms de
lieu si considérable, ([u'on sera peut-être tenté d'accueillir avec
i|iie!tpie scepticisme l'exposé qui précède. L'usag-e d'appliquer à
ir.u- luealité im nom il'homme remonte cependant à la plus haute
..nli(piité, témoin ce passage de la (ienèse (IV, 17) relatif à Gain :
l'.l aodifieavit civitatem, vocavitque nomen ejus, ex
noinine filii sui, Henoch. l<]t cet usage s'est perpétué jus-
ipi'aiix temps modernes.
376. \Jn<; L[uantité de localités rurales en l'^rance sont dénom-
iiii-esà l'aide de noms de famille français : ceux-ci ont été combinés
.ivce des sufllxes dilférant, à la vérité, de ceux étudiés dans ces
deinleres pages, mais jouant exactement le même l'oie. Le plus
fréquent de ces suffixes est/é/'c, forme française de -aria : la
Champioiinière, la Rigaudiére, formés sur les noms patrony-
miques C/innipion et liigaiid ; [larfois, il est remplacé par
■me : la Doucelterie, la Marchanderie, de Doucci oX Mnrchurul.
\ enté tle ces deux suflixes, employés aussi généralement que
I el-iil. il y a dix-s(>pt siècles, le gallo-ronuiiii -.'eus, il en est
À àtkrf.V comparables à cet égard au suflixe latin -an i eus, dont
1 us:ige est particulier ii telle (ju telle ri'giou.
90
i-ijs NOMS Dr i.ir.c
377. Tels sont, [);ir oxci'ipîc, dans la Bretayne non breloiinaiib'
et les parties qui ravoisint;iit des départements de la Mavenne el
de Maine-et-Loire, les suflixes-a/e et -.i/s : la Kunaudaie, la Robi-
nais, la Séguinais.
378. Va\ Limousin, ea .Vuveryne, en Péri!i,ortl, et dans tuu'
partie de rAn^ouniois, c'est le sul'li.xe -ic cpi'on aenij)l(i_\e : la
Rol)ertie, Leyraarie, Lasteyrie dérivent de Robert. d'Ej/mur oi
d'Asdcr.
Ce sont là d'inconscientes applications de la métliode des
Romaijis. On ne peut nier cpie parfois tel des noms de litu dont
il s'ayil a pour racine, non pas un nom de Camille, mais un nom
de baptême; mais la distincition n'est pas aisée à l'aire, bien des
noms de baptême étant devenus noms île famille à partir du
MI'' siècle.
m
i'4i
XXIII
SOUVENIRS DES ANCIENNES POPULATIONS
DE LA GAULE
i
Liirs lie r;irrivce de Jules César, la Gaule, exceptiim faite (!e
j.i I'ro\ ince l'omaine déjà soumise, se tli\'isait, au témoignage du
oiihiin-raut, eu trois parties, habitées respeclivemcut par les
1' 1^'^es, les Gaulois et les Aquitains : de là les noms de Beli^ica
cl d'Aquitania, donnés plus tard à des provinces de la Gaule
roinnnisée ; de là aussi le nom de Gaule, Gallia, qu'on donnrùt,
i!é^ lors, non plus au seul pa}s, situé entre Seine et GaroiuK-,
([U'' César dit être habité par les Gaulois, mais à toute la ré^^ion
i.(iiii|jn^e entre le Rhin et les Pyrénées.
(.es trois noms, Gallia, Aquitania, Belg-ica, subsisti^nt
■ neuri-, mais il semble bien que les deux premiers seuLs ont été
.ciiisrrvés dans le langag'e populaire; quant au nom lie l>elLri(|ue,
■ |',:i sappli([uait à lune d'"s parties de 1,; Gaule, s'é'lemlant d-' la
M.uiieau.K A osp.es et à la .Meuse, il ne seinble pas a\'oir (Hé connu
;(U moyen âge., et c'est par une sorte d'évocation du passé que,
depuis un siècle, il a ét('' appliqué à une importante pf)rtion du
jKiys qui l'avait jadis porté.
379. Le n\ot " Gaule • [Provient ré'pulièrement de Gallia.
ii.>_\ '•im.inl la consonniliealum du [ireuuei / ; mais il n'a[i[iarl!fiil
i.is au dialecte franc^'ais, ou le g initial l'iil devenu j\ comnT' il
■-• iirrivé dans notre mol « jaune », représentant le l.'lin
^-.ilbinus : K Gaule » est. suivant toute appai<;:nce, une l'orme
'.•. illoniie.
380. Tandis qu'à l'origine le pays des Aquitains était limité
jiiili's Pyrénées et la Garonne, l'empereur Auguste étendit l'ap-
I" llation d'Aquitania à tonte la région située au sud de la Loire,
ff) dihurs de la Province romaine. Dès le m' sièele, l'Aquitaiiu;
|!rnmlive était désignée par le nom de Noveinp()[iulanu' , qu elle
■ liaiigea depuis contre celui de (i,isco(/nc, Vasconia, par suite 'îc
I ; .Mi.'v^iMui'iil d'une noinidle popidation venue d.es P\réné( s
■ -|i.i.:;nele^ l'.n Iraneais piiinilii. le nuit .\.qu:taiiia e>! di-\>iiu
Les nnis :1c lien.
its
i.K.s Mi\is i)i; i.ir-.i'
.\ij:iiiin\c ou .{(juienni-, l)ienLôl rcduil ii (iui/niiic par une apli'-
jTse ilonl le nom de hi Pnuillr, ri'poiulaal au lalln Apulia, iour-
lui un exemjilt! nou moins connu.
381. Le souvenir d'une ciaquantaiii'! dépeuples, — ou, comme
on (.lisait d;in.s l'antiquité, de civiLilcs, — de la Gaule, sul>t^i.sli
dans des noms de villes, parfois de rijj^ions : ces noms i;-éoi;ra-
jitiKjues, exirèmement précieux, ont puissamment contribué ii
doiiuer ime base solide aux rechi'rclies concerj ant ia ^'•l•o^•rapllil■
anticp.ie de notre pays.
l'ar un phénomène pres(jue particulier à la Ciauîe, et qu'on
a'o!)serve qu une fois dans la Province romaine, les noms delà
phqiart des anciens peuples ou cnufatox passèrent, du m'' au
iV-' siècle, a\ix chefsdieux ; et ceux-ci perdiri-nl dès lors les
ni^ms qui, jus(pie là, les désit^naieiit : ainsi le nom de Ihiro-
eortorum (]ui, dès le temps de César, désignait li> chef-lieu de
la nation des /iV/y;/, fit {jlace au nom même de cette nation, nom
dont la forme accusative Hemos a donné en fran(;ais Reims.
Il est aisé' de comprendre comment de tels chang-enients de noms
-^e sont opérés. La confusion entre . la civitas. c'est-à-dire le
[)eu[)le antique, et le chef-lieu où siégeaient ses magistrats dut
se faire rapiilement : de lii l'emploi, qu'on trouve dès le pi-emicr
siècle d.' notre ère, notamment dans Frontin, du mol civitas ini
sens de « ville »; de l.a aussi, par un mouvement parallèle, l'ap-
plicalioii <lu nom projire de la civitas k son chef-lieu.
Pour déterminer les muns de ciri/afcs gauloises qui passèrent
aux' villes oii siégeaient les admini.sti'ations respectives de ces
ciri/;}/cs, il n'est pas de guide plus commode cpie la Noliti.i pm-
l'.inrinruni ol cioitutuin Gnllii"^, précieux document rédigé après
• t/."'», jii-ohalilenient au dé'nut du v'' siècle, et dans lequel les cités
gauliiix's aliH's existantes sont réparties enti-e U's dix-sepi pro-
Nuui's ih; la daxdi, selon mi ordre (juOn va .sui\ie' ici.
Di's trois cili's (pu' comprenait ia Prenuèrc Lyonnaise, deux
sruli:men; portaient des noms de peuples : la ciri/as Acdiinriim
!•( la '■tvifita Liiu'Oiiiun.
1 C;- ù.icuni. ni, niiuiuos i'ois imprimé, w dé reproduit, <( accompagné
<l.'s v.iiiiiiilcs nue rouiiiissoiil les deux plus Miicieii.s maïuiscrits connus »,
ii.i: Au^. l.(mf;iioii, «laiis ic Tcj-le cj:iilic:ilif tira i,l;unlit.< (l'aris, lOll';, iii-i»)
iH- ,Mii W/.is- liixl'irfi/lii- ilr In l-'ramr, p. 14-)i'.
illir.IM.S HOMAI.MIS : su; NIOMliS IIKS \ NCI i:.\ M ;S i'Mi'll.AI lO.NS IH)
î
382. I.o iioni <ii' Ifi rir!f;i.-< Aedimnin} sfiulili^ irnInjuiM' ([u'Auiuii.
A iinust 0(1 un uni, ;1^•;llt iilmnihinnc cv nom, i\M»uuilanL h s;i inn-
.i:ili(Ui sous le rî'L^'uc (r.\.UL;'usli,', piiur y s\ilislil\uT 1(.> nom du
[Ktipli' dont il ('Uni le chi-f-lu u : ni.-iis cot aluimlon no l'ut f|ue
itioiixMihiné, V/fis/nri:i l<'r,inc()runi de Gréi^oire de Toui'.s on !;ul
lui, cl le mol .Vedui n'n laissé nucune trace dans la g-éographie
(lu moyen âge.
383. Liugones. subslitué à And ema l un nu m, esl l'oi'ioine
du iii>m de Langres(llaiiti'-Marne), i[i]i s'est t'o l'Ole ili' Li n i;- oui' s,
..«eenfiie sur l'anlt''[>i'niil! lome, ("omnii- tli,icri\ t-^jj'n\ anlri\
j'.i'iipi'i' et liinhrc sont l'oronVs do diaeonuni, ccphinum, crdi-
iieni, pampanumel lympanum. De f,i n l^mi n es est dén\ée
l'expression Lini;'c> n i eu m. désip;nant le pavs dont Langres était
il' elud-lieu, et <pi on trouve en iVaneais du xni" siècle sous la
loinie /.am/oinc.
i4
1), ois la Provinc'ui /,u;/(iunt'i)^is sccnnd;! la Yoli/ia compte se]it
villes dont ciiK] portent des noms de peuples : ce sont les r/vi-
l ilrs Dujocniisiiiin^ Ahri/ic:i/u/n, l'Jhniifijriu)! , Sni/inruni et [j\'rn-
'■inrnni .
384. 1 .0 nom des riajoensses, (pii a pris la place de celui
r \ UL^us t od u rum, édail aceentui' sni' ranlépiMinltième : il a
luie t'omn- i'é;4-uiièi'enient le nom Ac Bayeux (^Calvados), dont le
crritoive — i^ajoea ssi n um — esl appelé le Bessill.
385. Le nom des .\hri nca tes — les Ahi'inca lui de Pline —
aeeenhu' sur 1 an tépé'indtiémo, est devenu en Irançais Avranches
Maiiehoi; le territoire di' cefto ville — .A h r i n ea t i n u m — est
.ijip. lé l'Avraiicliin.
386. Mlii-o I ci, ;dt('ialion <ri'] hn ro \ i ( c s. (■lait aeeiaitué sur
1 ioilé'pénullième ; sid)stitué à Med lo 1 n n iii m , et' nnm esl
devriui Evreux (l'Airai, et son dérivé Kbroicinum a dromé
Èvrecin.
387. l.e nom di's Sa ^' M. ipii parai! avoir l'tMuplaeé mi nom de
ville Xudi.HnMim, esl |.' ihémc é'Iy nndo^iipio du nom de SéCS
'Oiaie).
388. Le nom des L(>X'ivii, (|Lii a pris la place rie celui de
NoviiMUai^'Us, esl devenu LisieUX ( t lalvados'l ; le leia'il(Ui-e de
I.isiiMix- — • Le\ovinun\ — esl le Lieuvin.
V.w dehors de ces ein({ noms de peuples de la Seconde Lvou-
100
l.F.S NOMS DIO I.IEU
naisc, ineiilioniiL's dans la A'.-////,/, il lmi v^l trois autres qui suIj-
sislent, l'un con-iuie nom do lieu, les doux autres dans des noms
de régions.
389. La ciri/:i^ Viihicassiuin, nienliounée au m'' siècle dans la
fanu-use inscriplioii de Ton.^aù-sur-Virc '. étail sans doute, quand
lui écrite la Xo/iha, fondue dans la cité dfs J^:!j<)c;is\cs ; mais le
nom des Vid ucassés subsiste dans eelui de Vieux iCalvados).
390. La cité d' i.r-aen nn'Mlioniiee dans la .Vo/;,'/,< n'sull:dt de
Lunion des tilés .les <:;ilr/i >■[ des W-linr.usfu-x qu'on avait reii-
coiilrés dans Cé?,ar. Le nom des jircmiers se retrouve dans celui
d'une circonscription de répoque Irannue. le paj^'us Calctus,
ou |>aysde Caux ; de inemi- le nom fh ■; \'e 1 i o ca ss e' s est 1 ori-
j^-ine du pai;us \' i 1 ca -^sl n us llu^^■lca•- .ions, en Iraneais du
moyen â^-e ^'r//iirsi.iii, ([u'on écrit aujounl liui Vexiil.
La Xofi/iii comprend sous la Troisième Lyonnaise neui cités,
toutes dési-nées par des n^aiis de peuples : Tunuics. Ceno-
manni, Hcilorws. Amlcc^ici. .\ainni-/es. Corinnhlili's, \ curlc.^.
Osisniii et Diit/j! inli-s.
391. Le nomdcTurones a remplte.' celui .le «".aesarodu-
num; accentu.' sur l'antep, nullieiiie. li s.' présente c-n l'ran.;ais
.sous la l'orme Tours ! indre-et:-Loirej ; c'est. proLald-ment de
Turonicum. mol formé ;i l'aide du suflixe-icuin liont ii est
atone, (juc provient !e mot Touraine pour TnirruiiiP : rethnupio
/niinni'ic-iii dérive du méiue uu)l par rinterniediaire d'un prmiilii
Tnu!\in'/i\ d'.nl il est le diminutif.
392. (>enomaiini, (pii a remplacé le nom de lieu Subdin-
num ou Suindinum, est la forme primiti'.e du nom du Mans
(Sarthe); mais la chose a été fort bien expliquée \ydv Jules (Jui-
cherat, à l'aide d'une forme donnée par un document de H)l),
Cil ma unis : la forme vuli^-aire .[ui en est résultée a passé par
un substantif Mans précédé d'un adjectif démonstratif, .auquel
l'article a été substitué. Le nom de la province du Maine, en
latin Cenomannicum ou Cil inan nicu m, a subi la même
altération.
393. Le nom des Redones, qui a remplacé le nom de heu
1. Voir, rol.'itivemenl h celle iiiscriplion, E. 1 lesjar.tins, ii,-orira]>hir... dr
la r,.iu!r rnmain,' /P;.ns, lK70-lK9;i. 4 vol. in-4-. III, 19S--20'1.
^1
iiUGiNES K(.)MAiNi':s : S(ii: viCNrus iJics \ni;ii;nm-.s l'Di'n.ArioN;-
l(i!
(idiulale, (Hait accentué sur l'untépéiuillièrm' : il est devenu
Rennes (^Ille-et-Vihune).
394. I.e nom des Andegavi, qu'on trouve sous cette forme
iluis Pline, et sous la forme Andecavi dans Tacite, est un
ilrrivé du mot Andes, pur lequel Ctisar désigne le même peuple.
.>ulistituéo à Juliomai;us, la forme oblique Andegavis e<t le
lli('inc élyniologi({ue du nom d'Augers (Maine-et-Loire) ; el,
d'autre part, le nom Andegavum, par lequel on désignait, à
l'r-|ioque frànque, le territoire dont Angers était le chef-lieu, a
produit le mot Aïljou.
395. Le nom des Namnotes a icmplacé le nom de lieu Con-
divicnum et a donné naissance au nom français Nantes ( Loire-
Inicrieure).
396. Le nom Cieti Coriosolites ou Curiosoiites, peuple
mentionné par César, subsiste dans celui de Gorseul (Côte.-j-du-
.\ord), où l'on a retrouvé, en 1709, les vestiges de cette cité ;
( tdle-ci ne subsistait peut-être plus quand fut écrite la Notilia,
car les plus anciens manuscrits portent, non pas civitas Corio-
.solitum, mais bien civitas Coriosopitum, ce qui est l'ancien
nom de Quimper (Finistère).
391. Le nom des Veuetes, substitué à Dariorigum, a
donné Venni?s, qui s'est [u'onoucé, pui.? écrit V&nnes (Morbihan^.
39&. Le nom des Ûsismii, qui a pris la place de Vorganium,
n'a pas laissé de ti'ace bien apparente. Î\L J. Loth prétend le
iTconnaitre dans le dernier ter/ne du r.om de Co--Castcll-kch,
c'est-k-dire « le vieux château d'Ach », porté par une ruine sise
en l'iouguerneau (Finistère) ; en dehors d'arguments phonétiques
empruntés à la langue bretonne, l'opinion de M. Loth se fonde
sur ce que le pays dont Coz-Castell-Ach était le chef-lieu, est
ap[iole pagus Aohuiensis. ce qu; S";\ii'. une altération tic pagus
(,)s ismio nsis. Par contre, dans l'opinion de M. Ferdinand Lot,
remplacement de l'antique Vorganium serait représente par
Carhaix (Finistère), anciennement Kaer-Ahes, dont le nom, par
son second terme, répondrait à Osismii. Il est difficile d'opter
entre ces deux solutions.
399. Mais si l'on n'est pas très tixé touchant les traces que
les Osismii ont laissées dans la péninsule armoricaine, le souve-
nir s'en rencontre ailleurs. Il semble évident que des familles de
ce peuple avaient émigré et fondé des villages appelés 0 si s ma s
t(l2
,M;s noms Dli I.IEU
ou Osisnia : lolle parait être roriyine d'Exnies lOine). a !V'j)0(iiu.'
nu'Tovinj^iep.nc Oxiiui; triluismes i Iiulre-et-Loirei, au .V sièclu
OxiniLMisis villa; Je Humes (Maule-Marne , qm: Flodoaiil
appelle Isnia ; el de Hiosiues. nom porté jusqu'au xvui'-' sièck-
[)ar N'illiers-lc-Morhiers (lùire-el-L.oir), qui représeule un
0 xi ni as uiérovini^ien.
400. Le nom des Diablintes, substitué à celui de iN oiodu-
num se reti'ouve dans celui de Jublains iMavenue'l.
1 K'S sept cités ipii c(.uuposaieid la Quatrième Lyonnaise, cinq
étaient désignées par des noms de peuples : Scnnncs, Cnrniites
ou Cuniotes, Tricasscs, Parisii et Meldi.
40L Le nom des Senones, (jui a renqilaeé ['; nom de ville
Ag'cdincum, était accentué sur raulé|iénultième : de là, la
forme vulgaire Sens (Yonne). Sen&-<lc-Jirc/iii/n(' Ille-et-^■ilaine)
doit peut-être son orii;-ine à une l'olcuue de Sejinnrft étalilie chez
les licdones.
402. Carnutes, également accentué sur l'antépénultième, et
qui a remplacé l'Autricum de (^'sar, est devenu Chartres
(Eure-et-Loir), son dérivé Caruotenum, applif{ué à la circons-
cription dont Chartres était le chef-lieu, a donné Chartrain,
anciennement (Jhar/nin. 11 y avait chez les lii'dones un [)ag-us
Carnutenus dont le souvenir survit dans le nom de Chartres
(lUe-et-Vilaine) ; et il est probable rpie Chartrettes (Seine-et-
Marne), dont le nom est tiaduit aux .\ii'' et xm'' siècles par
Carnotule, s'appelait aussi C/iarircs, la terminaison dimina-
tive ayant été ajoutée [lour piévenir toute confusion.
403. Le nom des Tricasses, (|ui a fait oublier le nom de
ville Augus tobona, et dans lequel, comme dans Bajocasses
et Viduca sses, la finale -casses était atone, a donné Troyes
(.\ube) ; le dcrivé 'rricassinu m, qui désignait, à l'époque
franque,, le territoire de Troyes, est ilevenu en finançais du moyen
âge Traicsin.
404. Substitué ti Lutetia. le nom des Parisii est l'origine de
celui de Paris, et son dérivé Parisiacum a {)roduit le vocable
de région Parisis.
405. Le nom des Meldi, substitué à celui de .lalinum ou de
Fixtinum, est l'origine du nom (!e Msaux ! Seine-et-Marnej ; le
vocable l)as-latin Meleianum, par Icipifl on désignait le pays
de Meaux, est d.'vciiu en n inv;iis Mi'iissicii cl Multieil.
Il
•lUUilNT'^ HOMAIM'.S : <fUVKNIKS PKS .\N.:ii:\> P.S !'. IITLAIK 'N^ 11):!
l),uis la l'romii'ro 15eli;i([iie, trt)is fiiij^ siw ([u.iLi-c L'hiicnt iK'si-
^r.ros |)ar îles nt)nis Av peuples : J'icrrri, Mcilinni:ilri'-i et
/'■/;.•,.
406. Le nom tles TreN eii, qui reinplacj'a celui d Auj^usta, est
il'-vi'iui Trêves (Prusse rlu'nane), eu allemand Trier.
407. Substitué à Divodurum, le nom des ^I edinnia l r ie i a
hn-mème hienlot cédé la place à im autre vocable, Meltis, (jui
s;ms doute ne désii^nail à l'origine qu'un quartier de la ville de
MiUz. Mediomatrici n"a donc laissé aucune trace dans la topo-
iM)niaslique française.
408. Il en est de même du noni des Leuci. sidistilué inomen-
l inénuuit au nom [)rinutit' de la ville de TnuL Tullum, (pii iinit
pur prévaloir.
Neuf noms de a illes sur douze, daiis la Seconde Ijêlgicjue. sont
empruntés aux peuples '^'■aulois : Ih-ini, Suessiuncs, Cdlalmini ou
(lalticllaiini, Verornainliii , Alrcljnlr^^ Silrnin'clcs, Belloodci,
Ambiant et Morini.
409. llemi, substitué k Duroco rlurum, est rori>.;ine du nom
de Reims (Marne); de là aussi le nom de réj^ion Uem tia nus,
Bj en français du nio\ en at^e Itanaen.
%■ 410. Suessiones. qui a pris la place du iiom Augusla. a
jiroduit le nom moderne Soissons (Aisne).
411. Clatalauni, substitué à Duro ca l alau ni, est tiovmiu
aiuialons, aujoui'ddiui Ghàlons-sr//'-.'l/;ir/ic.
412. Le nom des Veromandui, qui avait été substitué à celui
d'Aug-usta, lit à son tour place, vers le ix'' siècle, au nom du
nmrlvr dont ce lieu posséilait le tombeau. Le vocable de la ville
.le Sainf-Qiientin (AisnCi n"a pas eU'acé complelement le souve-
nir de l'appellation antérieure, dont dérive le nom do ré;;ion
Verniandois, en latin médiéval Vermandt-use. et qui. [)oui ties
raisons archéolof^iques, l'ut transportée, dans le cours du n'-.oyen
âge, aux ruines d'un ancien vicus romain, près desquc-ries s'éleva
le bourg- actuel de "Vermand (Aisne).
413. Atrebatos. qui avait supplanté NemeLaeum, ses* de
lionne heure contracté en Atrades ou Atradis. don i\rras
(Pas-de-Calais) ; le [)agus Atradensis, puis Artensis. est
devenu l'Artois.
414. Siivaneetes, substitué à Augustomag-us, s'est réduit.
;i
ï
?
104
I.r;S iMi.MS (lE MKU
1
(les l'époque mérovingienne, k Selnectis. dont une mélalliéM'
fit Senlectis : do là le nom moderne Senlis (Oise). An movei:
ât^e le territoire de Senlis ehiit apj>olé le Sellcntoi^.
415. Le nom dos Hollovaci, (fui avait fait oublier (laiîsani-
mag'us, est devenu celui de la ville do Beauvais Oise).
416. Le nom des Ambiani, ijui ,i remplacé celui de^Sania-
rabriva. est la forme primitive du nom d'AniieilS .SommeV
417. Il ne reste pas trace du nom des Morini : leur chef-lieu
était Thérouanne (Pas-de-Calais\ en latin Taruenna, dont le
pays, Taruanense, fut appelé Trrnois. Il convient de noli-r
(pi 'au moyen âge révê([ue de Thérouanne se disait episco])Us
Morine nsis.
418. Le nom des Mcnapii, qui avaient pour ville principale
Toui'nai (Belgique), subsista, à l'époque franque et jus(pi'au
xii'' siècle, dans celui de Mempiscum, fornu' à l'aide du r-uflixe
<;ern)ani(j.ue isc ou isch, e( qui désignait une partie au moins de
leur territoire.
419. Des quatre cités de la Première Germanie, deux portaient
des noms di; peuples, Xenictes et Vangiones ; mais ces deux
vocables, qui avaient remj)lacé, le premier Noviomagus, le
second Borbeto magus, furent à leur tour abandonnés respec-
tivemenl pour Spira, d"où Spire (Bavière rhénanel, en allemand
Speirr, et War.inatia, d'où Wor/zis (Hesse rhénane).
420. Une des deux cités qui composaient la Seconde Germanie
parlait un nom de peuple; c'est Tungri, primiti^c-ment iVdua-
tuca, aujourd'hui Tongres (B(dgi(pie, Limbourg).
421. Sur les (juatre cilés (ju'indi(jue la Nolitia pour la Provin-
cia maxima Serfuanoruin, une sevde porte un nom de peuple, la
civitas Elveliortim ; mais c'est le nom du chef-lieu, Aventica,
Avenches (Suisse, canton de Vaud), qui a -prévalu. C'est par une
évocation des souvenirs de l'antiquité qu'a été créée, à la fin du
xvin° siècle, l'expression a république helvétique ». Le nom du
casfrum Rauracensc, que la Natif ia meniionnc également à pro-
pos de la Séquanie, et qui rappelait le souvenir des anciens liau-
raci. n a pas davantage survécu, ce castrum ayant repris son nom
d'Augusta, avijourd'hui Auijt^t (Suisse, canton de Bàle).
'■• iiKir,iM:s iKiMAi.MOs : siii'Vi'.Nius 'iii:s an(":iI':nni;s imhti. aimons lOii
t
' •122. I.i's lieux cités lie 1;> provinee des Alpes (iiaics et l'eii-
h; i.iiiis ('■laii'iil désignéos [)ar des noms dt; peuples : Centrant's et
k Will/'ftscs : CCS deux noms ont dû reudre la place aux. noms pri-
^ niilii's Darantasia — aujoui'd'liui J/'>(</'(''/'5-('n-Tarenlaise
P Savoie), et Uctodurum; mais le nom des Valleuses est
il-'veiui eidui de la réi^àon, le Valais, qui est l'un des cantons de
I I (]onledcT.alion suisse ; il est à noter, d'autre ijart, que le nom
if ._ ...
*>:? .1 ine' dos ipiati'e Lriuus qui composaient la cité des Vullenscs. le.S
•';»:■ Srduiii, (.'st roi'iL;iLie du nom de Sio)l, capitale du \';dais.
I.' 423. Dans la \'iennoise, formi''C d'un démend^reuient de la
■^ l'riivince romaine, une seule cilé'siu' treize j)ortait vm noru de
IJ peuple. Tricastini, substitué ii Aug'usta : ce nom sulisiste,
¥ :<\vc une. déiàvalion ([ui résulte d'mie étymoloicie ])opulaire, dans
'?i Ir surnom do la ville de Sni/if-Paul'Troia-Qvdieanx (Drôme).
f^ La Première Aquitaine comptait huit cités, dont sept dési-
M ;^nées [Tar des noms de peuples |j;-aulois :• Bituriges. .irvcnii,
U Kiilcni. ^Jnitiirci. Lrrunriccs, CuLnles et Vi'llavi.
%... 424. Le nom des Bituriges, accentué sur l'antépénultième,
f; et (ju'on substitua au nom de ville Avaricum, a produit le nom
luoderne Bourges (Cber;, anciennement Beorges ou Beourrj'^s ;
e'est d'un adjectif Bituricum, accentué sur la pénultième, .qu'est
déiivé le nom de province Berrj/.
425. Le nom des Ar verni, qui a remplacé le nom de ville
.V ugus toueme tum, a lui-même été abandonné à l'époque caro-
f| luigienne pour le nom CJlarus Mon s, qui désignait la citadelle
iL lie la cité arverne, aujourd'hui Cl(^rmont (Puy-de-Dôme). Mais
e'est d'Arverni que dérive le nom de région Arvernia ou
.Vlvernia. en iVaneais AuvcrgilG. L.a forme basse .\1 v e rni.s ([ui.
dans des le\les carolingiens, (iésigne [)lusieurs villagc?s de la
l'"rance septenirionale, rappelle vraisend>lablement île petites
erdonies auvergnates : elle est l'origine des noms d'Auvers-s»/"-
'lisf et d'Auvers-.Sa/7!/-^'eor^es (Seine-et-Oise), dont le second a
\ui (Jiniinutif, Auvernaux (Seine-et-Oise;, dans lequel Vit s'est
eonservé. Arverni ou Alverni semltle être aussi la racine
il'Alvernicum, dénomination primitive de Vernègues (Bouclies-
ilu-Rhône).
426. Butenis, cjui s'est substitué 'à Segodunum, a produit
lor.
i,i':s N(Mis |)|- i.n !■
M
Rodez (Avevroii), nioyeanmiL l;i chute <l.: Vn '■■lia plari' onliv
deux voyelles; son dérivé liu te iiicuin, uccf-ntuL- sur raiitc|,('-
nultième, est l'ori'^'-iiie du nom du Rouergue.
427. Le nom des Cadurci, qui remplaça le nom do ville
Divnna. osl rorij^ine du nom de Cahors (I.oti ; son dérivé ||
Cadurci num a produit, par la double chute de la dentale ci de l^^|
Vn intervocaux, le nom territorial de Quercy. ij
428. Lemovices, substitué à Auynslori tum, et son dérivé M
Leniovicinum ont donné respectivement Limoges pliante- ^' l
\'ieiine) et Limousin. Le villa--e de Limoges (Seine-ct-Mume), ^
qu'une charte du roi Robert appedle Lemovices, représente -,"*
évidemment une ancienne colonie de Limousins. f; j
429. Cabales, qui a pris la place d'Anderitum. est le ' 1
thème étymologique du nom de Javols (Lozère), et son dérivé . >
GabaLitanum. celui du mot Gévaudan. Les éditeurs des i1/o;n;- ^' ^
menta Ccrtnaninc liistorica ont Iraduil j);i-us Gabaldanus, |...
qu'ils ont imprimé Galvadanus, par Calvados, erreur d'autant ^ '
plus étran<2:e que la notoriété du Calvados ne date que de la créa- ;
tion du département de ce nom. '■ i
430. Le nom de Vellavi, substitué au nom de lieu Revessio. ■ '
a été lui-même remplacé au cours du nioven àg-e par le nom de % 'i
Snin/'Paiilien (Haute-Loire^ enqii-unle à un sanctuaire chrétien,
mais, grâce à son dérivé \'el!avicum, puis Vellaicum, le }
souvenir en est conservé dans le nom <lu Velay, que porte leur ■
ancien pays. v;;
I>ins la Seconde .Vquitaiire, trois noms de cités sur six sont t*
des noms de [)euples : San/oni's, Pirtavi et Pefrocorii. «
43L Le vncaMe Santon.'s, (pii a pris la place du n(im de f -
vdlc .Mediolanium, étant accentué' sur rantépén\iltième, a pro- •:
tliiil le nom de Saintes I Charente-Inférieure), et son déri\-.:' San- •
lonicum a prcduit le nom de la Saintonge.
4o2. 1"' it' la \-i, vai'Miife du nom dr-s anciens l^'ictones, ou i ■
pluIoL son cas nMiriue Lictavis — p:ired fait a été rdgnalé jjoui' ï I
.\ndegavis — es! \o tln'me étymolugicpie du nont de Poitiers 1 i
' \ i-Mine). ville originairenieut connue sous K; nom de Lem(iniiin. } )
Le nom du Poitou vient de Pictavùiu. V ;
433. l'elrocnrii, sul.slilu^^ ;i ^■.^uIl!)a, vl soii dci'ivé %\
Pelrocoricum, accentué sur l'antepénullième, ont donné res- t ^
pei'livement Périgueux -'Doivogne, et Périgord. i ;
iiIll(;lM';S UOMALMCS : SOCVEMIIS ^MS ANC.IIlNNKS l'DPL'LATlONS 107
Sur (Ion/,0 noms ilc cilos, la Novoinpopul.'uùe n'en coni[)lriit
■ ;i:i' ijuatre qui l'usseiil des noms de peuples : Convenae, Co/iso-
ranni, ]'asii/es ot Auscii.
434. Les deux premiers de ces noms, qui avaient été substitués,
it; |)iernier à Lupfdunum, le second peut-être à Austria. ne
|ianiisseiit pas avoir survécu au monde romain ; toutefois, ils
•ul)sistent dans les noms de pays Gominges — Convenicum —
•l Couserans — Gonsoranum — qui désii^nent aujourd'hui
encore le territoire de ces deux cités.
435. Vasates, qui a pris la place de Cossium, se retrouve
.lîijourd'hui dans le nom de Bazas (Gironde).
436. Le nom des Auscii, qui a détrôné les noms successifs
li'l'Mim l)"erris et d'Augusta, a pi'oduit le nom d'Aucll ((".ers).
437. La Noti/la place encore clans la Novempopulanie la
civitus Boiatium, dont on ignore l'emplacement exact, mais
(loiil le territoii-e, pagus Boieus, devint l'une des divisions du
diocèse de Bordeaux, Larchiprêtré de Buch ; dans'Boiates et
(huis Boieus on reconnaît le nom des Boii, duquel dérivent
(l'ux delà Bohême. Boiohemum et de la Bavière, Boioaria.
.\ucune des cités de la Première Narbonnaise n'était désignée
par un nom de peuple.
438. La Seconde Narlionnaise, sur sept cités, n'en offre qu'une
M'iile, la civitas Heioruni, qui soit désignée par un nom de
|K'uple : c'est lie ce nom que proviciil ctdui de Riez (Basse.s-
.Mpcs).
439. Dans la province des Alpes-Maritim'^s. la Xntitio ne
ili'sii^nc aucmie des huit cités par un nom «le peuple ; mais la
autropole de celte cité, r.mbrun, était comprise dans la cité des
llnturiges, dont le nom se retrouve dans celui de Ghorges
llautes-Alpi'sl. Que les ('nUirufes aieiit, comme les Arverni et
li's Lemovices, colonisé hors de leur pays, le fait paraît résulter
(i''" ce que leur nom est attribué parla Table de Peutinger, à l'une
lii's stations de la voie de IHeims à 'l'oul, station dont l'emplace-
ment est marqué parla \ille actuelle de Har-le-l>uc (Meusoi.
XXIV
LIMITES DES CITÉS
440. Les textes itinéraires de l'époque romaine mentionneiU
des stations désignées seulement par le mot Fines; on n'en
compte pas moins de dix-sept en Gaule. Grâce aux ressources
qu'offrent, pour la connaissance du territoire des anciennes cités.
les documents relatifs à la géographie ecclésiastique du moyen
âge, on arrive, pour la plupart de ces stations, à une certitude
absolue touchant leur situation aux confins de deux cités ; les cas
exceptionnels où pareille preuve n'a pu être faite, sont impu-
tables évidemment à l'insufiisance des movens d'inf'ormalion donl
on dispose actuellomeul.
441. Les localités du nom de Fines qu'on rencontre dans les
documents itinéraires, étaient le plus souvent de simples relais
de poste qui n'auront pas survécu à la chute de l'empire romain :
deux seulement d'entre elles, Pfyn et Fisnies. ont conserve, plus
ou moins altérée, leur appellation primitive. En revanche, la
nomenclature topographique de noire pays fournit plusieurs
autres localités qui, bien qu'elles ne soient pas nommées dans
les textes antiques, représentent, sans nul doute, des Fines pri-
mitifs.
442. Fains-la-FoUe (Eure-et-Loir), au diocèse de Chartres, était
éloigné de cinq kilomètres seulement du diocèse d'Orléans. La
graphie Foins est condamnable, car elle fait d'un Fines antique
ré(piivalenl des noms qui paraissent repré.senter le latin Fanum.
443 C'est également à l'ancienne limite des mêmes diocèses
qu'est situé Feings (Loir-et-Cher), dont un homonyme, compri.s
dans le département de l'Orne, appartenart au diocèse de Sées,
et confinait à celui de Chartres.
444. Le nom de Feins (lUe-et-Vilaine, Loiret), désigne deux
localités sises aux contins, la première des diocèses de Rennes et
de Saint-Malo, la seconde de ceux de Sens et d'Auxerre ; la
paroisse de Saint-Michel-de-FeiïiS, (Mayenne), au diocèse d'An-
gers, était contiguë au diocèse du Mans.
ORIGINES nOMAINF?
LIMITES lJi:S CITES
109
445. Fins (Somme) était du diocèse de Noyon. aux conlins de
<• i rliii do Cambrai.
446. Yix-Sa'tn/-(!cnrtjs eiTix-VUlcnc'Uve, qu'on appelle aujour-
•1 liiii Sai/ite-Ei!fjcnie-i!c- ]'illencure (Ilaute-Loir.e), appartenaient,
iiviiiit l'U", au diocè.se de Clermont, près des limites de celui
lia l'ny. La forme Fi.r procède de la chute de Vn latin intervocal,
|ilu'niinièiu" ob'^ci-ve déjà it [)rupos du nom de Uodcz.
447. Fisilies (ivlarue), à la limite des iliocèses de Ptoims et de
."^nis.suus, est l'un des Fines de l'Itinéraire d'Antonin : la fornie
!j, iiisiiHle de son nom s'explique par le datif Finibus. Vni résul-
l.iiit du contact de 1"/; et du b, après la chute de 1'/ atone de la
l di'sinence.
448. Hinx (Landes) est le nom d'une paroisse de l'ancien dio-
(•■sc de Dax. contlnant à celui d'Aire ; la transformation de 1'/'
I.itiii en h est un fait phonétiqiu^ commun à l'espaunol et au dia-
1 -cti' ^"-ascon.
449. Hix. hameau de I>om'i;-MadaMie Pyrénées-Orientales) est
Mtu'' près de la frontière es[):i--nnK' ([ui. s.ms duutc. a loujours été
une bi;iu' <lc démaroalion.
j; 450. Pfyu iSuisse, Thui^oviej est le l-'ines j)laei'. par l'Itiné-
i!;i r.iiic d'.Vntonin, sur la rc>ule d'Ainju-i/a \'indclicuruin ii Trêves.
La situation de lM\n ci>i resnMudait à la luuite mènu" de la (lauiii,
(■;ir. à partir de ce point, la mesure itinéraire des l^omams, le
h mille, fait place à la lieue i;auioise.
451. Le iitiiu l'ouimun fines n '.'sl jias le seul (jui ait été
■ iiiployé à 1 é[)o(|ue rciinaiiif pour (lesu;iRr, en (iaule, d'.'s loeali-
li-s situées sur les conlins do cités. (.)u parait s'élre ser^'i, dans le
Hii'iiii' ordre d idées, du nom commun limes, au g-é^ndif 1 i ini li s,
i|iM est l'orii^ine de notre mot liinilc. En elfet, une charte de 81.'î
jir.mvi' (pic Limites était le nom primitif du villaue de Linthes
■ .M.iriu-i, SIS a I ancienne limite des diocèses di' Troyes et de
Lli (Ions. l'eiil-étre faut-il reconnaitre h- même luun cninmuii
iluis la dernière partie du nom de Chailiplitte (Haute-Saône), ([u ù
1 ipiupie mérovingienne on appidait Can to lime t (>.
XXV
s.vNCTrAii;i':s
Parmi les noms de lii'u ([ui atlestenl riiillucnoe de la civili-
sation romaine en Gaule, ceux ([ui iMpjiellenl le soTivenir des
divinilés du jtaganisnie, ou. [)our iiiieux diie, des .sanctuaires
({ui leur étaient consacrés, ne sont ua.s les moins intéressants.
("-es noms de lieu sont de deux sortes : les uns représentent
un nom commun — fanurn, pai' ext inple — régissant un nom
de divinité; les autres sont iK'rivés d un noiïi di\ui, au moyen
d'un si-illixe, ou bin'n présentent le nom di\in acc<unpai;né de la
pré[iosition ad.
452. Les noms composés à l'aide du mot l'anuni ne sont pas
les plus nombreux, et les textes de li'^poque romaine n'en l'ont
connaître que trois pour la Gaule : deux P'anum I\Iarf is et un
P'anum Miner va 0.
453. De m^^'Uie cpie les nonts d .Vix (r>ouohe.s-(Iu-Hlinne), de
Colog'ne (Prusse rhénane], de Fos ^ iiouehes-du-lîhoiie) et de
Luc-en-Diois (Drome), représentent les antiques .\quae Sexliae,
Colonia Agrippina, Fossac Marianae et Lucus Augusti,
de même il est permis d'admettre ([ue, dans un cei'tain nombre
de noms de lieu comprenant le mot fanui,Ti et un délerminatif, ce
dernier est tombé en désuélmle : de là. les noms de Fain-/ès-
Monthard, de Yam-h'-s-Moii/ii-rs iCùte-d'Ôri et de Fains (Cal-
vados, Kure, Meuse), hans les [layscie langue d'oc, t'anum a
produit /'<?N, ou fa, parla rhute <le 1'// : /,/ /loqnr-dr-pa i .\ude).
454. Le nom de Jupitff. (pu se présente, h l'époque romaine,
dans les noms géographiipies Ad Jovetn et Fanum Jovis, se
retrouve aujourd'liui dans les noms de lieu Jou (Indr'.^l. Jeux
i^Gote-d'iJr). Joux (^lihùni. , si touiet'.'i^ l'^s noms ne repre.--.eulent
pas un mi)l gaulcis iatinisi' jui^-iini, lu sens de " montagne n,
eoinme cela se constate à propos dv l'Ciu jfii . s\ iioii\'me d'.', Bcaii-
inoiit ; dans le ncun de Mouljoux, (pp vi désigné le (irand-Saint-
Bernard, où s'élevait un lem[de dé'iii- :; Jupiter ; dans la dernière
partie du nom de S;uii/-J'iUil-(!;ij}''!j ioux (Tarn"), lieu riciie en
f.HUiilM.h noMAlNES : SANCIl AIÎIES III
i.ilu[uiU'.s ronuuiu's, (u"i l'on cU''Ooii\ ril , ilit-i);i, une tèlc de Jupi-
t'r. Les noms de Faiijeaux (Aude et de Fanjoux I^Haute-
(i.uuiuie) ont pour llierne étymoloaique Fanum Jovis.
455. Mercure est peul-ètre la divinité dont la toponoinastique
fr;ia(,'aibie évoque le plus fréquemment le souvenir, en raison sans
■ ii>ute de l'importance et de l'universalité du culte d'une divinité
L.'. lilloise qui lui, après la conquête romaine, assi.nuée au fils de
Mii i IV' là les aoius de heu nmdernes Mercœur iC.orréze,
ll.iute-Loire), Mercoire 'Lozère;, râercuer (Artlediej, Mercuès
i.ol:, Mercueil (Cote-d"()r^, qui se prononce Meirjucii.r : Irurs
■ iiMiinutifs Mcrcoireti'Oard), Mercuriol (Gard), Mercurol lAllier,
l'rùnic et Pu_v-de-lJôinej, l>e, là aussi l'expressioii Mimis Mer-
.•uni, qui ifune part a désigne MnntmalcluiS ou S.iinl'Xlichcl-
Mont-MerCUre ;\endee':, et qui, d';iiitre j^arl, lig-ure dans la
iluiini{[uc ilite de Frédégaire, sous la l'orme Mcrcori Mons
pour désigner la hauteur de Montmartre, aujourd'hui comprise
liaus l'enceinte de Paris; à vrai dire, Md/i/ninr/re procède, non
p:is (le Mou>^ Mercurii, ce dernier mot étant accentué sur l'an-
t( pénultième, mais hien de rappellation ÎMon s Martyrum, que
I iis.i^e iiopulaire Ht prévaloir, soucieux d'aholir le souvenir d'un
> ulle païen dans un lieu qui passe pour avoir vu le martyre de
'\:'fÊÊL'' N.iiiii Denis et tie ses compagnons.
( «^ 456'. Le nom de Mai-s se retrouve dans Famars (Nord) — le
I m Kanum Martis de la Nolilin. dlfjnilatnm iniperii — et dans
Talmas (Somme), qui traduit Tem])lu m Martis. Il est possiljle
ipie Mars, nom porté [mw des localités de diverses régions de la
l''rau(;e. [irovienue part!."c de quehpu' sanctuaire du dieu guerrier ;
.11.1!^ rel.i n est pas vrai pour Inuîes. car .^f.'irs (.\rdennes)
f-t appelé Medarcum dans le latin du uu:)yt'a Age. Ch.U".7ars
iùue-et-Loir) est désigrié au i\'' siècle par Campus iViartis.
457. Le nom de Vénus subsiste dans plusieurs noms de Heu :
Vendres ( Hérault i, dérivé d'un cas ol)li([uc. Veneren'. jjar
■ \iMuph', du nom de la déesse ; Port-Vendres (Pyrénées-t)rien-
t.di's , le l^ortus \'cneris de Pomponius Mida ; Moiltveudre
Prôme), Mons Veneris.
458. Le nom rie Minerve se relrouxe aujourd'luii dans Minerve
lii'rauU'i, ilans Meiierhos (Vaucluseï, et dans Menesbles iCôte-
• i'OrV
469. Le U(un de Hiane est l'origiiic de ceux de Dienne ((^an-
1 \-2
N(i\is l)i; Ml.i:
tiil'i eL de Dieiines (Nièvre j. Le suriiuin de \7//(c/'S-t'/i-DésœuvTe
(Eure) représente Dianae Silva, silva ayant sulù la inènn;
alléralion que dans le nom Ijlzarrement écrit de P!rines-01ùivr\'i
(Calvadiis) i|u"a produit Plan;i Silva.
460. Le nom ile Lalon(\ mère de l)i.inc el d'Apollon, est le
thème etymolo^''i({ue du nom de Losîie iCôle-d"(_)r) — que lu
chronique de Frédcgaire ap[)eUe .efTecllvement Latona — et
peut-être aussi celui de Lannes (Haute-Marne).
461. Le nom de Cupidon paraît être l'origine de Cupeduniu,
pour Cupidonia, qui, au vin'' siècle, désigne Gouvonges (Meuse).
La formation de Cupidonia serait aussi régulière que celle du
nom de lieu Apollonia, fréquent dans l'antiquité.
462. Enfin, et l'on jjourrait sans dcaite en citer bien d'auti'es,
certains nom:; de lieu de la Fraiice méridionale et de l'Espygne
rappellent le souvenir d'une diviidlé l'oniaine que l'on nommait
Tutela. el dont le culte reposait essentiellement sur une méto-
nymie, c;iril e<)nsisl;nl à adorei'. .sous «.'e vocable, hj dieu inconnu
protiicteur d'une ville. Le nom de'l'utela, considéi'é comme celui
d'une divinité, n'apparail guei-e ipie dans les inscriptions du sud-
ouest de la Giiule, de rh".sj>;igne ■■l des bords du llhin ; il est
l'origine des noms de Tulle (Corrè/.i'l et de Tudela (Espagne). On
sait ([u'li Borileaux. les ruines du giand sanctuaire de Tutela sont
di'nomnu'es >' piliers dv Tutelb' x.
463. Le snuveidr d' AiJoUon paraît n avoir éti' r.ippelé, dans la
toponomastique de notre pays, <[ue par l'ancien nom de la ville
de Biez (Basses-Alpes), Il e i i A..pol li na res ; mais ee détermina-
tif A ])ollinares n'a pas survécu, semble-t-il, à la civilisation
ronuune. (Juant aux noms PnViijnnc. l'nliijni/ , (ju'tm a souvent
apparentés ;i celui d'Apollcn, oi] sait maintenant ([ue la forme
latnie en est Podempniacus ou l'u 1 e m n iaeus. Mais à (b'faul
de dérivés du nom divin Ajiolio. on i!omj)le en !''ranee plus d'un
vocable rappelant le .nom d'ime des divinités gauloises assimilées
par les lîomains à Apollon.
464. Parmi ces dieux indigctes de Gaule, il faut citer on pre-
mier lieu Belenus, que mentionnent des inscriptions votives do
l'époque romaine retrouvées à Langres, à Vienne et à Clermont-
Ferrand, et dont parle aussi le poète Aasone. Ces' daiis le nom
de Belenus, aecei:ilué sur l'anlépénultiiaTje, (ju'il finit chercher
l'origine des noms de Beaime (A^llier, Corrèze. Cote-d'Or, Haute-
;■' oiii(;iN!:s ikimainks : sA.Nr.ri'AïUKs !13
|-; I.oiir, Loiret, Puy-dc-Dônic, Savoie, Ilaiiie-Vieniie'), de
r Peaulne (Aisne), Baulne (Aisne, Seine-et-Oise) ; celle origine,
fe ii!i()in''ti(jiu'nient régulière, est d'ailleurs attestée par la légende
t lîh'.LKNO (^iAS[TRO] d'un triens mérovingien, qui est la plus
{■-: .iiicicnne mention de Beaune (Côle-d'Or). A Helenus on doit
^; r.ipporler Beaunotte (Cote-d'Or), earactérisé par une désinence
t. diiniiiulivc moderne, el sans doute aussi Belcnas et Mon s
g i'it'Iona tensis, noms sous lesquels on désignait, au vi'' s'iècle,
; SAint-I)<innri'-prcs-IUoni (Puy-de-Dôme). Belenasest vraiscm-
hlablement une forme adjective, de même que Belenacus qui
p;iraît être le thème étymologique do Beaunay (Marne. Seine-
IiitV'rieure).
465. Borvo ou Bormo — les inscriptions <le l'époque romaine
jirésentent l'une et l'autre de ces formes — fut aussi considéré
coinnie le même dieu que l'Apollon des Grecs et des Romains :
une inscription votive de Bourbonne-le.s-Bains porte en effet
DEO APULLINI BORVONl. En réalité, Borvo ou Bormo était
mie divinité indigète à laquelle nos plus anciens ancêtres consa-
crèrent plusieurs des eaux Uierinales qu'ils avaienl su apprécier
i-t utiliser. Les monuments épigraphiques mentionnent, en etVet,
lu dieu Bormo aux stations de Bourbonne-les-Bains et d'x\ix en
Savoie, et le dieu, Borvo à Bourbon-Lancy, à Bourbon-l'Archam-
hault, et encore à Bourbonne-les-Bains. Il est probable que
toutes ces stations étaient désignées, au temps des Romains sous
le nom d'Aquae Bormonis — la Table de Peulinger .atteste le
fait pour Bourbon-Lancy — ou d'Aquae Borvonis ; mais
chacune n'aurait, ilans ce cas, gardé qu'une partie de son appel-
lation antique, car les noms de BoMThon- La ne tj (Sa6ne-et-Loire),
de BQXivhon-l' ArchamhauU (Allier), et de Bourbonne-/es-j5ams
Haute-Marne) représentent le cas oblique du nom divin Borvo,
tandi'j que le vocable de la ville d'.-li.r-les-Bains ^Savoie) est la
trnascriplion romane du latin Aquis, qui a également fourni les
noms d',lj.r-en-Provence, d'/l/,i'-la-Chapelle, de Da.v (Landes),
anciennement Acqs, et d'.lx (Ariège).
466. Le dieu gaulois Grannus, connu par des inscriptions
rhénanes, était également assimilé à Apollon, témoin la dédi-
cace APOLLINT GRANNO, qu'on voit, gravée sur la pierre, à,
b'rp (régence deCologneV à Neuenstadt (Wurtemberg) et à Hor-
boLU'g (Alsace). On lui consacrait, comme à Borvo, les sources
Les noms iIp lieu. S
1 1 'i ij-.s \(iMs ru; i.ir.r
Ihorinalos : ik' là le nom d'Acjuae Grauni, qui désiyna Aix-la-
Cliupcllc jusqu'au Iciups de Cliaiieniagne. C'est sans doulo aussi
ce nom divin que reproduit la dénomination de Grand (Vosj^es),
jadis Or\in, localité bien connue des archéoloj^ues en raison des
vestiges romains qu'on y a découverts.
4aT. La dédicace APOLLINl VIROTVTI d'un autel romain
dont on a retrt)uvé les vestif,^es en 18i-4, près d'Annecy, fait con-
naître une autre des divinités indigètes qui furent, après la con-
quête romaine, assimilées à Apollon. Virotus ou Virotutes
parait oll'rir l'explication du nom cle Vertus (Marne), et de celui
il'une autre localité de la même région, Vertuelle, dont le nom
n'a pris la terminaison diminutive qu'à une date relativement
récente.
468. Vellaunus est une des divinités gauloises qui ont été rap-
prochées du Mercure romain ; oh lit, en effet, sur un ^utel décou-
vert en 1857, dans le mur du cimetière d'Hiéres (Isère) : DEC ^
MEr.CVlilO VlCTOni MAGNIACO VEILAUNO. Sans doute «l
peut-on tirer de là l'explication du nom de Velia unodunum, ' ■]
que portait, au temps de Jules César, l'un des oppida des cJ
Se no nés. -A
469. Le nom d'un autre Mercure gaulois, Artaius, figurait y |
sur un autel votif découvert au xviu" siècle, près de Beaucrois- , '
saut (Isère) : MKUCVi{10 AVGVSTO ARTAIO ; le lieu même ||
de cette découverte était appelé Artay. C'est peut-être à la ' ~
même divinité (]ue le village d'Artaix (Saône-et- Loire) doit son ^
I
nom.
410. Le dieu Vin tins, adoré surtout dans la région alpestre
ou rhodanienne, était peut-être, en raison de cette circonstance, ;' j
une divinité ligure plutôt (jue gauloise. Certains traits caracté- .f.j
ristiques le firent considérer comme une sorte de Mars, d'où la -. ]
dédicace MARTI VINTIO trouvée à Vence (Alpes-Maritimes) ; ^ -i
ailleurs, ou du moins à Seyssel (Ain), c'est à Pollux qu'on ^l \
l'assimilait, comme en fait foi la dédicace DEO VINTIO PÛL- ^
LVCI, gravée sur un autel découvert en ce lieu. Il est intéressant
de constater que le souvenir de l'un et l'autre des sanctuaires
auxquels on doit ces deux inscriptions s'est conservé dans le nom
de la ville de Vencej et dans celui de Vence ou Yens, que porte
une coljine voisine de Seyssel.
i. ï
'JllK.INKS ItOMAINKS : SAiMill'AI lUCS 1 | f)
471. L;i déesse gauloise Belisama, assimilée à la Minerve
'"1»;'''^' il"ii'^ une inscription de Saint-Lizier i^Arièg-e), a é"ale-
nu'nl donné son nom ;^ plusieurs localités de notre [)ays. Du
moins, Helisama, accentué sur ranfépénultièine, paraît être le
tli.'uie étymologique des noms de Bellême lOine) et de Blesines
lAisni», Marnej.
472. Il convient de citer encore la déesse Andarta, dont le
iulle fut apparemment très populaire chez les Vocuntii, puis(ju"on
lie cite pa.s moins de huit inscriptions votives en son honneur :
ni'lAK ANDARTAE ou DEAE AVGVSTAE ANDARTAE
r^ lians l'ancienne ville romaine de Die (Drome) ou aux environs.
^ Toutes ces inscriptions l'ont précéder le nom d'Andarta du litre
\i ''^' " ('l't^Jise -., dea, sous lequel il est vraisemblable qu'on dési-
:.f :-'"i"t vulgairement Andarta, puisque c'est de ce mot que vient le
fJ. nom même de I)ic.
Hf 473. En se bornant à n'envisager ici que des divinités ilout le
;| culte et le caractère ne peuvent être discutés, on a voulu ne pas
lî risquer de considérer comme formés de noms divins, des noms
•le localités qui ont, tout au contraire, servi ;\ désigner les "-énies
protecteurs de celles-ci. C'est pourquoi on a passé sous silence
It déesse Bibracte, honorée au mont Beuvray, et les dieux
Ararno, Letinno, Nemausus et Vasio, honorés respective-
ini-nt à Arninon (Gard), à Lédenon (Gard), à Ximes (Gard) et à
1 :iis<iu (Vauclusel.
'%■
I
XXVI
VOIKS lîOMAINES
474. Parmi les noms de lieu empruntés à diverses circonstances
du parcours des voir. ..^ l'Empire romain, il n'en est point dont
le sens soit moins douteux que celui des stations mentionnées
par les Itinéraires, sous les noms Ad Quintum, Ad Sextum.
i\ d Sej)timum, etc. L'examen des textes (jui les concernent
piouve que ces localités devaient leurs vocables à leur situation
sur une route, aux cin([uième, sixième, septième... milliaire, par
rapport au chef-lieu de la cité dont elles dépendaient, car ces
adjeclils numériques étaient marqués sur le milliaire même, et
la numérotation commeni,'ait ordinairement au chef-lieu de la
cilé, poui- se leiniineraux confins de son territoire. Les noms Ad
Quintum, Ad Sextum, étaient des locutions vulgaires pour
Ad qui ntuni lapidem, Ad sextum lapidein,
475. Beaucoup d'autres localités, que n'indiquent pas les iti-
néraii-es romains, poi-taienl des noms arudogues. En Gaule, du
moins, on jieul signah'r (juelques noms de lieu empruntés aux
milliaires îles voies romaines qui, en deliors île la Province
romaine, étaient distants l'un de l'autre d'une lieue gauloise, soit
de 2.222 mèties, tandis que le mille romain, employé dans l;i
Province comme dans la |)lupart des parties de l'Empire, ne
mesurait (pu- i.'iSl mètres. \'oici ces noms de lieu, selon l'oidre
nunu'ri(]ue :
476. Quartes, luuneau de Pont-sur Samhre (Nord), le locus
Quartensis de la Nolilia di<jiiilatuin iinperii romani, doit évi-
demment son nom au quatrième milliaire de la voie romaine de
Bavai à Heims.
477. Sixte, hameau de Michery (Yonne), mentionné, dès 8G3,
sous le nom de Sexta, était au sixième milliaire de la voie qui.
de Sens, se dirigeait sur Paris.
478. Septême (Isère) et Oytier (Isère), sur la voie antique de
Vienne à Genève, sont situés à sept et huit milles romains de
la première de ces villes, au territoire de laquelle ils apparte-
naient.
OUIGINES noMAIMCS : VdIRS lidMAINKS l!7
479. Uchaud (Gard), situé à huit milles de Nîmes, sur la voie
Domiiienne qui reliait cette ville ;i Narbonne, doit son nom à
ndavum. Cette dernière appellation désigne aussi, dans des
textes de l'époque franque, le liourg actuel de Sni/if-Syinjiho-
ricn-d'Ozon (Isère), au huitième milliaire de la voie de Lyon à
N'ionne.
480. Ces exemples sont indéniables, car ils intéressent tous des
voies décrites par les textes itinéraires de lépotiue romaine. Il y
.1 (loue lieu de tenir compte des dénominations analogues, lors
même quelles s'appliquent à des localités placées sur des routes
(jui ne flg-urent ni dans l'Itinéraire d'Antonin, ni dans la T.able
tic Peutinger ; c'est pourquoi le nom de Septêmes (Bouclie-;-du-
Klione), village situé sur le territoire de la rli'ifas M;}ssilirnsiu/)i ,
l't à onze kilomètres, soit à sept milles romains de Marseille, sur
la i'oule qui conduit de cette ville à .\ix, parait être un indice
sul'lisant île l'origine romaine de cette vme de communicalion.
481. Il laut citer encore, ctmime se rapportant à des milliaires
romains, les noms de Tiercelieux (^Seine-et-Marne) et de Carle-
lègue (Gironde), les localités qui sont appelées, dans les textes
ilu \m'' siècle. Tertia leuca et (Uiarta leuga.
482. Le niot mutatio, par lequel les llomams désignaient les
relais de poste, a aussi fourni a la topononiastic[ue française
ipielques noms : celui de Muizon (Marne), village situé sur l'an-
fienne voie de Reims à Soissons : et peut-être — car il s'agit d'une
localité située à trois kilomètres et demi au sud-est de la voie
Honii tienne — celui de Mudaison (Hérault).
483. Le mot niansio, (jui s'appli(|nait aux éta[)es, aux lieux
de gîte des voies romaines, peut avoir contribué à former
((Uelc(ues-uns des nombreux voca1)les topographiques où ligure
le mol nuiison; m;iis le sens plus vague tle u demeure n qu'a
pris ce mot au cours du moyen âge commande à cet égard une
ré.serve absolue.
484. Par contre, on peut faire fond, dans les pays de langue
d'oïl du moms, sur les noms de lieu l'eprésentant le latin strata,
l'.ar lequel on désignait les grandes voies pavées de l'époque
romaine ; ce mot, participe passé du verbe sterno, figurait à
118
LES MniS DE lAFX
rorigine dans la locution via slrata lapide il fut ensuite
employé seul, et c'est ainsi c[u'en use iMitrope, dès le début du
IV* siècle. Répandu dans toutes les régions où dominèrent les
Romains, il se retrouve dans l'ancien fran(,'ais eslrée, dans le pro-
ven(,-ales/r;?(/e, dans l'espagnol es/ra*/,?, dans l'italien sirar/a, dans
l'allemand s/rasse et dans l'anglais strpc/. Il importe d'observer
que le provençal est rude est encore usité communément de nos
jours, tandis que dans les pays de langue d'oïl, le mot estrée est
tombé en désuétude vers le xu'" et le xui"- siècle; c'est pourquoi
cette région est la seule où l'on puisse avec sûreté attribuer une
origine ancienne aux noms de lieu représentant le latin strata.
N'oici ces noms, en ne tenant compte que des communes :
485. Estrée, Esirée-Cnuchy (Pas-de-Calais).
486. Estrées (Aisne, Nord, Somme), Lstrées-Dciiiccourl,
E&irées~e ri-C haussée, Entrées- lès-Crccij (Somme), Estrées-/a-
Ciimpagin' (Calvados), Ezlrées-Sainl-Dciiis (Oise), Nulrc-Dainc-
J'Estrées (Calvados).
487. Etrez (Ain).
488. Strée (lîelgique, Ihiinaut et province de Liège).
489. .S'c7//i/-il/ar//n-Lestra (Loire), présentant une forme parti-
culière à la région méridionale du pays de langue d'oïl, qu'on
trouve aussi dans Étrat (Loire) et dans Étraz (Savoie, Haute-
Savoie').
490. Estréelles (Pas-de-Calais), Étrelles (Aube, lUc-et- Vilaine,
llaule-Saone), formes diminutives.
491. Ces noms sont l'indice certain du passage de voies
antiques, on peut s'en rendre compte par l'examen des cartes à
grande échelle. C'est grâce à un Entrées, aujourd'hui disparu,
mentionné par des actes des xiv'' et xvi'' siècles, et dont l'empla-
cement appartient au linage de Alontmirail (Marne), ((u'a pu être
retrouvé un tronçon de la voie romaine, tracée sur la Table de
Peutinger, qui reliait Meaux à Bibe.
492. Le vieux mot français estrée a aussi servi à former
quelques noms de lieu composés : tels que, par exemple, Estrée-
Blanche (Pas-de-Calais) et Froidestrées (Aisne). Le premier de
ces noms oIVre un sens que l'on trouve dans un autre vocable
communal, Aubevoye (Eure), du latin Alba Via, le « blanc che-
min ». Le second, Fracta Strata, dans le latin du xn^ siècle, et
alors en langue vulgaire Frète Estrée ou Fraitc Estrée, signifie
t t^
;4
lA
oui(;iNi:s iioMAiNKS : voiks iuimaim:.s
119
littéralement c route brisée », et indique la situation du village
([ui le porte a une lég-ère déviation du tracé de la voie romaine,
de Havai à Reims, si généralement remar([ua])le par sa reeliluile;
c'est donc, en quelque sorte, un synonyme 'du nom (knii'hevoie-
(Seine), Curva Via.
493. Le mot s Ira ta avait pour synonyme le bas-latin cal-
ceota, originairement pris adjectivement, témoin l'expression
viacalciata, relevée par du Caiige dans une cliarte tle 1015.
De là viennent les noms Chaussée dans la plupart des pays de
langue d'oïl, Cauchie, dans ceux do dialecte picard, ou Wédloh,
Chaussade, dans la France centrale, Caussacle dans les pays
de langue d'oc, qui sont, au point de vue du tracé des voies
aiiti((ues, des indices de même ordre que les noms de lieux septen-
trionaux dérivés du latin slrala. Toutefois, comme les expres-
sions chaussée, cuuc/nc, c/tiwxxjde t^l cnus.tnde ont été emjdoyées
durant tout le moyen âge, et le sont encore aujourd'hui, elles ne
constituent point — à moins de désigner des localités d une
ancienneté avérée — une présomj-ition certaine d'antiquité pour
les voies auxquelles elles s'appliquent.
XXVII
NOMS COMMUNS IJK LIEUX HABITES
494. Parmi les noms communs du vocabulaire latin b"api)li-
quant à des lieux habités^ le premier rang- hiérarchique appar-
tient au mot civitas. Ce mot désignait, à l'origine, une réunion
de citoyens, un corps de nation gouverné par ses propres lois ;
une évolution fort naturelle de langage, confondant de bonne
hr-ure la nation avec la ville qiti, en sa qualité de chef-lieu, en j
était l'expression la jilus autorisée, donne a civitas le sens de
« ville », du moins pour désigner ce chef lieu : cette évolution
est parallèle à celle qui substitua aux noms primitifs de la plu-
part des chefs-lieux de cités romaines en Gaule les vocables de
ces cités, tel i\ Lutelia — ])our ne citer qxi'un exemple —
Paiisii. Le mot civitas n'a jamais été employé à l'époque
romaine comme nom piopre <le ville, mais dès lors on désigna
sous ce non\ commun les chefs-lieux des anciennes ciiUatra, et.
lorsque ces villes eurent pris, plus tard, quehjue extension,
civitas ou ses équivalents vulgaires, cilé en langue d'oïl, ciculat
en langue d'oc, devint le nom pnrticnlier du (juartier répondant à
l'emplacement de la cité romaine : on constate le fait à Paris, à
Trouves, à Carcassonne. .Après la chute du monde romain, le norn
Civitas est resté attaché aux ruines ou h l'emplacement des
anciennes villes romaines détruites par les invasions : de là le
nom de Cieutat (Gers, Hautes-Pyrénées i, qui s'applif[ue d'une part
à 1 euqilaeement d Eliisn. aujourd'hui Iviu/e, ancienne métronole
de 1.1 Xovemp'ipidanie, d'autre pari au chef-lieu primitif de la
cité de Bigorre. La ville de la Giotat ( Bouches-du-Rhône) n'oc-
cupe pas, à la vérité, l'emplacement d'un chef-lieu de civitas;
mais son site est celui d'une localité antique, le port de Cilha-
ris/a, qui fut, croit-on, une colonie des Grecs de Marseille, et le
nom qu'elle porte lui fut donné, au xiii*^ siècle, en raison des nom-
breux vestiges de l'antiquité qu'on y voyait alors. C'est ainsi
qu'aux environs d? Tréguier (Côtes-du-Nord), une autre localité
antique, bien connue des archéologues de la région, reçut, au
ï
I
OniGINES IIOMAINKS : NOMS CUMMIINS !21
. !i ;"ij;»', le nom de Coz-Giiéodel, c"csl-ù-(iire " la vuiille
. ijuôndcl étant l'équivalent breton du latin civilas.
195. Le nom de Colon la, donné par les Romains à la plu-
. 'I ilt's villes où ils établissaient des colons, était plutôt, à pro-
ii'iil parler, un nom commun qu'un nom pi'opre, et l'on y
_'iKiit ordinairement un ou plusieurs déterminatifs ; ces noms
!, ..lit pas, le plus souvent, laissé de traces dans la toponynùe
vlU'Ue, parce qu'ordinairement ils n'ont piu faire oublier le !U)m
...iinilif de la ville, qui bientôt a repris le dessus : c'est ce qui
• -I arrivé, par exemple, pour Narbonnc, Carcassonne, Nîmes,
ioiilouse, Vienne, Lyon. Toutefois une ancienne colonie de
(iiuli- porte aujourd'hui un nom qui rappelle son ancienne qua-
lité : c'est la ville de Cologne, appelée en allemand Kœln, dont
1- nom latin, (^^olonia AL^rippina, lui avait été donnée eu
l'Ii'MHieur d'Agrippine, femme de Temperour (llaude. Rn Anglo-
tirc, Lindum Colonia est devciiu Liiicoln.
496. Le mot latin castrum, par lequel on désignait une for-
tiTPsse ou une ville fermée, a fourni à la France plus d'un nom
ili- lieu, car il est le thème élymoloyique de Castres (Aisne,
'iininde, Tarn), forme commune au dialecte picard et à la lauf^uc
d'di , de Chastres (Cantal), et de sa noîation moderne, conforMie
.lU dialecte français, Châtres ' (Allier. Aube, Corrèze, Creuse,
î'iordognc, Loir-et-Cher, Alayenne, Niè^re, Seine-et-Marne,
Haute- Vienne), enlîn de Chestres (Ardennes), variante emprun-
tée il la région lorraine.
497. Si les noms de lieu représentant castrum peuvent, en
raison de la désuétude précoce de ce mot, qui n'a rien dorme à
l;i langue française, être considérés comme remontant à l'époque
loniaine ou aux premiers siècles du moyen âge, il n'en est pas de
même de ceux qui répondent au latin castellum, ce nom com-
ninn étant passé clans le langage vvilgaire. sous les formes casli'I,
c.itcJ, rhiUcl, chàté et cJtàlcau. Cependant, on pourrait citer plus
d'une localité dont le nom moderne remonterait véritablement à
lépoque romaine : tel est, du moins, le cas de Cassel (Nord), It
Castellum M^napiorum de la Table de Peutinger, et de Kas-
Ce nom l'ut, jusqu'en 17:2U, (M.'lui i!u huLiiy ir.\r[)ajo!i 'Sfiiic-et-Oisi
122
i.Ks NOMS nr, i,ii;r
sel (Pays-Bas, Limbourg), qu'Ammien Marcollin appelle C;
tellum.
T'I
498. Oppidulum, diminulil doppi'dum, est le thème l'ty-
mologiqué du nom d'Oppède (Vauclusc), qui ne saurait venir
d'oppidum, accentué sur l'o.
499. La locution latine muro cinctus, désif^nant une localité
entourée d'une muraille, est devenue un nom de lieu assez fré-
quent en Gaule, et qu'on trouve employé au iv*^ siècle par
Ammien Marcellin sous une forme féminine, Murocincta,
comme le nom propre d'iuie ville de la Basse-Pannonie. Muro
cinctus est en France le thème étymologique des noms de
Mursens (Lot), localité célèbre par les vestiges d'un oppidum
gaulois, de Murcin (Allier), de Morsan (Eure), de Morsang-s»/--
Or^e et Morsang-sî7r-.SV/;)e (Seine-et-Oise), de Morsans (Eure-et-
Loir), de Morsant (Loire), de Morsent (Flure), de Mulceilt (Seino-
et-Oise), de Meursûnts (Indre), de Mercin (Aisne), de Meurchin
(Pas-de-Calais) et de Morchaill (Sommo).
500. De même que Mursens doit son nom à une ancieniR'
muraille gauloise, Murviel (Hérault). doit le sien à de curieux
murs d'enceinte en pierres sèches, de trois mètres d'épaisseur,
certainement antérieurs à la conquête romaine : ce nom, repré-
sentanl un IIu'muo étyn\(dogique. Murus vetulus, a pour syno-
nymes Viclmur (('antal, MaiiK'-et-Loiie, Tarn) et l'espagnol
Mlirviedro, (jui procède de Murum voterem.
50L Semiir (Côt(>-d'()r, Saône-et-Loire, Sarthej, peut êtro
rapporté à un pi'irnilif son ex murus — on a la forme carolin-
g-ienne Sen murus — plus vraisemblablement qu'à sine muro,
.imaginé par des clercs du moyen âge.
502. Des noms qui précèdent il est peut-être intéressant de
rapprocher celui de Frémur (Maine-et-Loire'', qui répond ;i
Fractus murus.
503. C'est encore à d'anciennes murailles, murs d'enceinli'
probablement, qu'est dû le bas-latin murittum, « petit mur i,
(ju'on trouve dans des chartes du ix'= siècle, el qui est la forn:i
originelle des noms de lieu Muret (Aisne, Aveyron) et Moret
(Seine-et-Marne).
504. Le mot latin forum, qui désignait [irimitivement uih'
(IIUC.IM:S lïOMAINKS
rai.MS COMMUNS
123
i
^
î'
H (■ ]nibli([ue, un marclié et tout entrepôt de niarcliandise.s, a
!r Iroquemment combiné avec des noms propres d'homme, par-
f.iis ;ivec des adjectifs, pour former des noms de lieu ; mais un
jH'til nombre soulemenl de ces noms ont '.uil'.sislé à travers les
Mrcies : tels sont eepeudanl, en Ilrdie l■^^rnm Livii, Forum
l'djiilii, b'orum Sempronii, l''(.>rum no-.iini, aujoin'd'liul
l'oiTi, Forlimpopoli, Fossornbrone el Foniovo, que nous appelons
f'ornoue. En Gaule, où les documents de l'époque romaine nous
t'^nl connaître au moins sept noms «^géographiques ayant Foruin
p.jur premier terme, on ne jieut signaler comme renfermant ce
nuit (]ue les trois seuls vocables de Fein-s (Loire), de Four-
vK'res (Rhône) et de Fréjus (Var). La première de ces localités
ri'présente le chef-lieu de la nation des Scfjusiovi^ mentionné dans
!• ^ itinéraires, sous le nom de Forum Segusiavorum, dont le
l'icniier terme est le thème étymologique du vocable moderne
Fours el la racine du dérivé Forez, l'oi'en.se. Fouî'vières, quar-
tier lie Lyon, doit son nom à un cas oblique, tel que Foro
vcleri, de Forum vêtus. Quant à FréjllS, qui a pour origine un
riilrepôt étal)li par Jules César pour les besoins de son armée des
("i.iuleSj son nom représente le latin Forum Julii, qui a dû pas-
siT par lui intermédiaire Feurjus, avant de revêtir la forme
iicluelle résultant d'.une métathèse de Vr.
505. Le nom commun viens, qui désigne en latin un centre
• [:' population nofl fortilié. c'est-à-dire UTie bourgade ou un gros
village, a formé le nom d'un bon nombre de localiU^s de France
(jtii remontent, sinon à l'époque romaine, tout au moins à
l'./po([ue l'rau([ue : Vy ! liaule-Saône ), Vic (Aisne. Ariège, Can-
l;il. Cô(e-d'l)r. Gard, Gers, IKh-ault, Lot, l'uy-de-Dôme', Hautes-
l'vrénées), Vicq (Allier, Dordogne, Indre, Landes, Haute-Marne,
Nord, Seine-et-Oise, Vienne, Haute- Vienne), et les diminutifs
Viel (Ardennes), Vieu (Ain) et Vieux (Ardennes). Parfois vicus
,1 remplacé un vocable plus ancien, ce qui est arrivé pour Vieu,
•iiiciennement Veneton i magus.
506. Combiné avec l'adjectif novus, vicus a produit Neufvy
■Oise), Neuvy (Allier, Cher, l'Eure-et-Loir, Indn'. Indre-et-Loire,
Loir-et-Chei-, Loiret, Maine-et-Loir^;, Marne, Nièvre, Orne,
Saône-et-Loirc, Sarthe, Deux-Sèvre.;, Yonne), Neuvic (Corrèze,
Dordogne, Haute-Vienne), Neuvicq i^Charente-Inférieure), et, les
12i.
*f
r.TvS .NOMS DK LIEr
deux termes étant disposés dans l'ordre inverse, Vigneux (Seine-
ct-Oise) et Vinneuf (Yonne). Vêtus viens, désignation qui paraît
avoir été appliquée, pendant la période franque, à d'anciens vici
romains abandonnés par leurs habitants, a donné Viévy (Côtc-
d'Or, Loir-et-Cher, Loiret), Vivy (Maine-et-Loire), Vieuvy
(Mayenne), Vieuxvy et son diminutif Vieuxviel (lile-et- Vilaine),
Vieuvicq (Eure-et-Loir).
507. En combinaison avec long-us, viens est le thème éty-
mologique de Longvic (Côte-d'Or) et de Longwy (Jura, Meurtlie-
et-Moselle).
508. Il existe encore en France un certain nombie d'autres
noms géographiques comprenant, avec vicus comme élément,
soit initial, soit final, un nom de rivière :
509. Vicus' Axonae, au passage, sur l'Aisne, de la voie
romaine de Reims à Verdun, est aujourd'hui Vienne-/.';- V7/,V
(Meuse), que jusqu'au xvi" siècle on a appelé Viaisnr.
510. Vicus Rrigiae répond à Vlbraye (Sarthe), situé à l'en-
droit où un chemin antique, conduisant du Mans h Chàleaudun,
traversait la Broyé.
511. Vicus Sipiae, aujourd'hui Visseiclie (Ille-ot- Vilaine),
est construit au lieu oii la voie romaine d'Angers à Rennes, pas-
sait la Seiclies, soit à remplacement de la station itinéraire que
la Table de Peutinger désigne simplement sous le -lom de la
rivière, Si pi a.
512. Vicus Vedonae, à présent Vivonne (Vienne), se trouve
sur la voie de Poitiers à Saintes, au passage de l'allluent du Clain
qu'on appelle la Vonne.
513. Blesae vicus, actuellement Bîévy (Eure-et-Loir), est
situé au point où un chemin antique, allant de Chorlr.vs à Lisieux,
franchit la Biaise, aftluent de l'Eure.
514. Ouiiiae vicus, aujourcriiui Deunevy (Saùne-et-Loire),
est sur la voie romaine d'.-Vutuu à Chaion-sur-Saône, au lieu où
elle passe la Diieuiic, aftluent de la Saône.
515. Mosae vicus, l'actuel Meuvy (Haute-Marne), s'élève au
pa.ssage, sur la Meuse, d'un chemin antique dans lequel certains
auteurs ont. voulu reconnaître la voie romaine de Laugres à Toul.
516. • De l'ensemble des sept noms qui précèdent, il parait
ré.sulter qu'ils ont été donnés aux localités qui les portent, de pre-
iérence à toutes autres situées sur les mêmes cours d'eau en rai-
()nir,iM:s no\iAiM;s : .noms communs
I->0
>>Mi lie l'importance qu'elles avaient pour les vovageurs : on a
vu, en cffel, qu'elles sont toutes situées sur le parcours de voieî.
.iiitiques. D'ailleurs, les itinéraires de l'Empire romain indiquent
j.lus (l'un rolai de poste désigné uniquement par le nom de la
rivière sur laquelle il était situé, et que la voie traversait en cet
fiulroit : à l'exemple, cite plus haut, de Sipia, s'ajoutent, en
r.,iule, ceux de Larg-a. Mosa, Vanesia et Vidubia, noms
.qiplicjués à des stations situées au passag't de la Largue, en
\ls ice. de la Meuse, de la Baise et de la ^'oug•e.
I
5n. Le nom commun villa, par lequel on désignai! un
lii maille rural, et ([ui est entré, à l'époque franque, dans la com-
position d'un grand nombre de noms de lieu, ne paraît uuère
.ivoir été employé au même usage à l'époque romaine, ce qui se
cninprend aisément, puisque la plupart des noms de domaines
ruraux étaient alors formés sur les noms des possesseurs, et par-
ticidicrement sur leurs gentilices. Cependant, il est possible que
les noms de Villeurbanne (Rhône) et de Villorbaine (Saône-et-
I.uire) remontent à l'époque romaine, puisque villa uj'bana,
.tu témoignage de Columelle, désignait alors, dans luie maison
tU- canqjagne ayant une exploitation, l'habitation du propriétaire.
(Irs noms seraient ilonc les synonymes romains des noms \'illc-
dc/nu/iclif, \'Hlcdnr)i;in(/c, Dcrnarujcuillc et Di/Danchcrille, villa
(Joniinica ou dominica villa, « la tleineure dvi maître », qui
(hilent de l'époque franque.
Mais si le mot villa n'entre pas, ou n'entre que rarement, dans
l;i composition des noms de lieu romains, il en va tout autrement
lies noms conununs qui désignaient des habitations rurales d'un
caractère plus humble : colonica. attegia. stabulun» et
t a b e r n a .
518. Dérivé de colonus, colonica désignait une maison de
cultivateur ou de paysan ; dès l'époque mérovingienne, ce mot
iHail altéré en colonia, comme le prouve notamment un passage
lies Minirulii Sit/ic/i Jnliani de Grégoire de Tours. De là, les
noms de lieu : la Goulonche (Ornej, CoUorgues (Gard), Col-
longues (Alpes-Maritimes, Hautes-Pyrénées), Coilonge (Saône-
ot-Loire), la Gollonge (Haut-Rhin), Collonges (Ain, Conéze,
(^ùte-d'Or, Rhône, Saône-et-Loire, Haute-Savoie), Coulonges
126
I,i:S MOMS DB Ll'M
(Aisne, Charente, Ghnreiilu-irilerieure, Eure, Orne, Deux-Sèvits. / j
Vienne), el, cariictérisés y/dv l'ulU-rallon tlu son nasal, Collangcs
(Puy-de-D(ime), la CoUange el les CoUanges, noms décatis fort
répan(ius en Auvergne el dans les pays voisins, et Coulanges
(Loir-et-Clier, Nièvre, Yonpe). C'est aussi de Colonica, altrn-
en Colonia, que proviennent les noms de Cologne (Aisne, Chcri
— dont l'origine ditrère conséqueniment de celle du nom de la i j
célèbre ville rhénane — de Coulogne (Pas-de-Calais) et de Cou- ''" '
•laines (Sarlhe).
519. Le mol allegia désignait, au dire de Papias, les liuttes ■ ^
des Maures ; mais il s'appliquait aussi à des conslructions moins
primitives, témoin linscription : DEO MERCVRIO ATTEGIAM
TEGVLITIAM COMPOSITAM Sl-VEîllNVS SATVLLIXVS |
EX VOTO POSVIT; il parait être devenu un nom de lieu assez. I.
fréquent en Gaule : Athée (Cote-d 'Or, Indre-et-Loire, Mayei.nc), 1
Athie (Côte-d'Or, Yonne), Athios (Aisne, Pas-de-Calais, f
Somme), Alhis (Marne, Orne, Seiiie-et-Oise), sans compter ^
Etiolles (Seine-et-Oise), (lui su))pi)se un diminutif .\ ttegio lae. ^;
520. Le mol stabulum avait en latni, entre autres sens, ceux
d' ■' élable » — ce mot frani,'ais en est dérivé — tle « chau- '.
mière », d' « auberge » : cedei-nier sons parait l'ésultcr de ce que '■>
les textes itinéraires indiquent des stations appelées Stabulum,
Stabulum novum, Stabula. Ce mot est le thème étymolo-
gique des nonis suivants Estahles (I.o/.ère), les Estables (Haute- ^
Loire), Étable (Sav(Me), Étiible:? i .\.ii!, Aidècbc, Côfes-du-Nord, l
Seine-Inférieure I, Élaules ((Charente- Inférieure, Côte-d'Or, ?
Yonne), Etaves ( Aisne 1, anciennement Esfaolt'Sj el le diminutif
Establet (Drôme!. fc
1:
521. Dérivé du latin archaïque taba, « planche .. , le mol
taberna, qui désignait une cabane, une chaumière, une auberge, ^'
avait sans doute ce dernier sens dans les noms Tîibernae, Très *'.
Tabernae qu'on rencontre à plusievirs exemplaires dans lltiné- ^
raire d'Antonin. Tabernae est le thème étymologique de
Tavernes (Vari, de Saverne (.\lsace), de Rlieinzabern (Bavière
rliéiuine) et de Tavers (Loiret).
fi
ï I
XXVIIl
COLONIES HAIÎBARES KT 1-TllAXGKRES
522. Les Goths ayant été détails, en 270, jîai- Tempercur
(!l;iude, surnommé depuis le Gotliique, ceux d'entre eux qui sur-
vcoiirent entrèrent dans la milice romaine ou cultivèrent les
Icircs de l'Empire. En 277. Probus ayant vaincu les (Germains,
lit (.ulliver les champ.s dos Gaules par les prisonniers de cette
lulion. En 201, les Francs, re^us dans l'I^mpiie. lurent établis
|..ir l'empereur Maximien dans les terres en iViclic des Nervien.s
il du pays de Trêves; et, cliu[ ans plus lard, les victoires do
(Constance Chlore forcèrent les Chamaves, les Fiisiuis et d'autres
pi'uples barbares à porter les armes et à trav.tiller pour les
U'.Muains. Ce f\n'eut, en [larticulier, ces peuples tjui cultivèrent
l.-s terres déscrlos tlans les cités d'.Vmiens, île lîeauvais, de
Irovcs et de Lanières. Les Eduens re^m'ent aussi, de la Hretagne
Mdijuf^-uée, des artisans qu'ils employèrent à reslaurei- k-urs é.li-
licos. En 3r)S, Julien incorpora dans l'armée romaine des Francs
Saliens, des IKiades et des Chamaves, ainsi que, d'autres Ger-
mains établis dans l'île des Bataves, au milieu du Lhin. ^'ers la
lin du iv'^ siècle, les riverains de ce lleuve, ayant été contraints.
par les succès de Stillcon, de renoncer à leur vie sauva^ijo, les
Francs Salions qui se trouvaient parmi eux s'adonnèrent à l'a^n-
culture; et les Sicambres, dont les épées, suivant l'expression
.hi poète Claudien, se recourbèrent en faux, lendirenl leur pays
M fertile, i\\w. le voyayeur, on oonlenqdaut les deux riNC- du
lleuve, demandait quelle était celle des Romains.
Divers historiens, et parmi les plus modernes Aniédée
Tinerry, dans son Tableau de VEmpire romain, ont étudié la
condition du Barbare admis en Gaule à l'état de « lète ». U
Jcvait d'abord obtenir une concession de l'empereur ; et, tondant
à créer des centres de population, le fjouvernemenl favorisait,
M'I.m toute apparence, les immigrations par familles. Une lois
admises, les familles étaient groupées en villages, dont l'ensemble
formait une préfecture administrée par un mairistrat — pracfcc-
28
i.Ks NdMs ni': ij;,r
lus — moilié mililairc, iriuiùé civil, prcsidanL à la fois à l'exploi-
ta lion agricole de la cimlrée d à l'organisation militaire dt's
colons. Le lèle, à son installation, trouvait dans la colonie Ir
bétail et les instruments de cnllure nécessaires. Chaque préfec-
ture ou chaque quartier d'une grande préfecture était muni d'un
champ de manœuvres pour les exercices militaires, et aussi d'écoles
où s'enseignaient la langue et les lettres latines ; c'était une
pépinière de futurs citoyens romains, car, à la différence du
« déditice », qui était ongin;urement un prisonnier de guerre, lo
lète pouvait devenir romain de plein droit; on le voit, au
'v'' .siècle, changer souvent son nom germanique pour un autre
entièrement latin, ce qui contribuait à ell'acer son origine ; ainsi
firent Magnentius et Decentius, qui, de 3ol à 333, revêtirent l;i
pourpre impériale en Gaule, et Sylvanus qui, à son tour, fut pro-
clamé auguste en 3;Jo. Mais, en revanche, les lètes mirent en
circulation, dans le monde romain, un certain nombre do
noms propres d'origine girniauique : c'est ainsi qu'à Nanterre
deux époux, vraisend)lablenient d'origine lélique, Gerontius et
Severa, donnèrent le nom de Genovefa à leur fille, que l'Eglise
honore sous le nom de sainte Geneviève.
La Nolilin duinilatuin imperii romani ' mentionne, en Gaule,
divers cantonnements de Lètes et de Sarmates ; malheureusement
le paragraphe qui les concerne, dans le chapitre xui de la-partie
consacrée à l'Occident, est incomplet. Elle indique le préfet des
lètes francs à Rennes, dos préfets de lètes suèves à Coulances,
au Mans et à Ciermont en Auvergne, des préfets de lètes bataves
à Bayeux, à Arras et à Noyon, le préfel des lèles teutoniciens ii
Chartres, le préfet des lètes AcJi à Ivoy, aujourd'hui Carignnu
(Ardennes), et celui des laeli Lagenses auprès de Tongres.
D'autres lètes sont désignés par le nom. de la cité gauloise dans
laquelle ils avaient été reçus : laetl Llngonenses, alors dispersés
dans la Première Belgique,- et qui avaient eu pour première
demeure le territoire de Langres ; lacli Nervii, dont le préfet
résidait encoie en pays nervien, à Famars, près de Valenciennes.
Eniîn, d'autres lètes, dont le préfet était à Reims ou à Senlis,
1. Du Chesne. Hislori.v Frmtcoruin scriplori's co;rtanei. I. l-l; voir l'in-
dication des mitres éillMons de \a Nofitia di(j!iii.;tiiiu dniis Poitliast, iJi7j//o-
Iheca historica inedii a-vi^ 2' éd., II, 868.
(MUillNI'.S IK.ni.MM:-
rm ().M!.;s IJ'KA.Ni.l'Kl.S
■2\)
i!;^-
sont (Ilsliii-IK'S .siin[>hMu,>iil j.;,i- la ([iKililiration (jcnlilcs, sans
douU' — on revioiidfa Inouiùt sur ce point — paix^qu^ils liraient
leur origine de diverses populations j^eiinaniques.
523. Les étai)lissements des Sarnuites — cette appellation
.iésiynait les colons d'ori-ine scyllii.jue — n'étaient pas' comme
lus établissonienls létiques, particuliers à la Gaule, la XoUtiH
linjnituluin nvw mentionnant pas moins do (juinze pour l'Italie
l.a Gaule avait les siens sur les territoires de Poitiers, de Lany res,
et peut-être d'Autun, dans la région conipri'-.e entre Reim.^ et
Amiens, dans celle qui sépare Paris de Vézelay, et dans plusieurs
autres contrées encore. Ceux de Poitiers étaient mélangés h îles
Tdifdi, tribu d'origine gothique. Les Sarmates étaient, comme
les létes, sous la direction supérieure du maître de l'infanterie.
524. Ces indications de la Nofitia dùjni/utiun sont fort pré-
cieuses, mais malheureusement trop va-ues et fragmentaires; du
moins, elles peuvent être utilement complétées par des témoi-
gnages remontant aux premiers siècles du moyen âge, et surtout
p:ir la toponomastique.
525. Les Taifali, ces hommes de race gothique, qui, au d.djut
liu V siècle, étaient soumis ou même préfet que les Sarmates du
Poitou, conservaient encore leur individualité dans la .seconde
r.ioitié du siècle suivant, et h;;bitaient alors la partie de lan-
• len territoire de Poitiers qui, détachée plus tard du Poitou,
.voisinait la Loire entre .\ng-ers et Nantes : les Taifaii, au rap-
port de Grégoire de Tours, vinrent, peu après 361, attac^uer
Chnntoceaux, sur la rive gauche de la Loire. Or, la partie du
l'oilou.oùils constituaient une part importante de la population,
fat appelée de leur nom pagus Taifalicus, vocable qu'on ie:i-
i-ontre au x-" siècle sous la forme altérée pagus Theofalgicus,
et qui .subsiste aujourd'hui dans le nom de Tiffauges (\'e"ndéc)i
Hai.semhlablement l'ancien chef-lieii de cette population barbare!
526. C'est là un exemple avéré d'un nom de région formé sur
le vocable d'une population barbare établie en Gaule au cours de
l. période impériale. Peut-être faut-il attribuer une origine ana-
!-^'ae aux noms de plusieurs circonscriptions administratives
formées à l'époque franque du démembrement de la cité de
Liiigres et de celle de Besançon : U pagus Attonrlorum et ses
soi.Miis orientaux, le pagus .4/;i,??/i' ou ronnuujrum, le pu'jua
y.irascus ou Wnrascoriim et le p.igm; Srodingu, <ni Scnluuju-
.'-••< HDiiis lie liitii.
NOMS 1)1'; i.iior
;•/;;;(. Le pii;/us A/loarloriiin, donl le nom ne s'est pas conservé
jusqu'à nous, — dans la toponoiuastique s'entend, car on peut
'en rapproehor le nom do famille Atu;/cr — rappelle le souvenir
d'une pnpulati(u\, sans doule apparentée aux Ilessois — les
Clinlli de 'raeite — el dans Lujuelle on est tenté de reconnaître
les barbares ({ue Constance Chlore, au ilire de son panéL',ynsle
Kumèue, établit sur le sol des Liivjones. Le nom du pagus
Amaus — pagus Comavorum pour Camavorum, dans un
texte du vu^ siècle — évidemn\ent formé sur celui des Chamnves, |
se reconnaît dans le surnom de Sidnf-V'u'finl-cn-kmOMS (Jura), |
de même que l'on trouve, dans celui de Sceij-cn-VaTRy (Doubs), i
trace du pa-us Varascus, (jui devait son nom aux Wara.u-i, J.
population nientinnnée dans un texte hagiographi(lue du ^
Vii-^ siècle. Enlin le nom du pagus Scodinyus, foimé sur celui i
d'une population tpi'un cbronlcpieur du viT siècle appelle Sco- i
linyi, a revêtu au xui" la foiine I':sciicns. Mais faute de témm- 1
g-nages aussi sit:;nilicalifs ([ue celai de la Nntilia (lii/nlialinn au |.
sujet des Tuifuli. on ne peut aflirmer avec certitude cpie l'éta- |
blissenicnt en Caule des JI;i/ luurli, des Cliamavl. des tr;/;v(A;r/ ^
et des Scnliin/i remonte à l'équique romaine.
527. Parmi les articles de la Xulilii <lujni/afunt, dont on a lu
plus baut le résumé, celui qui se rappoilc aux lacti <jcnliles dont ^
le préfet résidait, soit à Ueims, soit à Senlis, est aussi celui pour V
lequel les noms de lieu fournissent le commentaire le |)liis élo- '
quent. '
528. Dans la banlieue occidentale de Reims, où elles sont dis- fe^
posées en denii-circonférence, on renianjue les localités dénom- f-
niées Bourfjogne, Auménancourt, Villers-Franqueux, Gueux et |
Sermiers, ainsi qu'une voie antique, le chemin de Barbarie. |
Bourgogne, en latin Burgundia ou i^urgondia, indique la C
résidence d'individus appartenant à la race des Burgondes. Le p
nom d'Auménancourt, qui. dans plusieurs textes carolingiens, se |
pré.sente sous les formes Curtis Alamannorum ou Al aman- |:
norum Curtis, désigne un domaine rural ou un village habite «
par des individus de race alamannique. Le sens de Villers-Frail-
queux, Villare Francorum, n'est pas moins transparent.
Gueux, dans le Polyptique de Saint-Reiny de Reims, dressé au
milieu du ix" siècle, est appelé Gothi. Quant au vocable de
oiiiniMS i;o.M mm;
i:i)\ i]Mi:s !;riiAN<;i:i;i:'^
k
î
h
St;rniiers, Sarmt'dus d.iu^ l.,.- mènu^ (JocuineiiL. il paraii l'i-pri'-
iiliT lu noii) (les Sarnialcs. Eniiii le nom du eliomii) de Bailni-
iif. voie antique tivicée a.u pied de la Monlagne de Reims et
lojniijuaut la voie de Soissous, esl des [)lus iutéi-essanls. Ce che-
min est, en eUV-l, mentionné deux l'ois dans les éciits de l'ai'elu'-
M"i[ue llincma;-; daus une lettre que ce prélat écrivit, entre (S-llI
l'I S.')/ . a Tardule, éYê(|u- de I.aon, ii est ijuestion de la via j axta
moules Kemorum ([ue voea tur Harba ria ; et dans la ^'ie
de >.aiid Reniy, 'parlant de telte vuie comme existant au v^' sièele,
Ilineinar ajoute : Hnae usque hodie. propter Harbarorum
juTeani iior. Baibai'ie. ramcii [)a tur. L'explication con'ciiU'^
dans ces deinieis mois paiait eiionée : ce n'est cei-tainoment [las
.1 une eirciuistance aussi fugitive que le passaj^c de l'armée de
( 'devis (pie le chemin, de Ilarbarle doit un nom aussi tenace, et
r-dui-ci ne peut s expliijuer que par im séjour permanent de Ikir-
bares,à lOuesl de Henns. Lorsqu'on rapjiroche, de l'existence d'un
etal)lissen)ent de letes sur le territ(dre rémois, les noms de lieutpn
viennent d'être passés en revue, et que l'iui eu;islale qiie le ehe-
nnn do Barbarie desser\'ail Sernuers id L'uieux, on \'oit liien ([v: il
n'y a [las lii une ctuneidenee sinqilement l'ortuiti'. Les Incd (jrn-
lilcs de cette région appartenaient vraisemblablenuml aux
nations les jdus diverses, d'où l'inqjossibilité de les désigner par
un ethnique quekon(|ue : sans doute, il faut, da.ns les Burgondes
lie Bourgogne, les Alamans d'Aumériancourt, les Francs de
Villers-Lranqueux, les Cudhs de Gueux et les Sarnudes de Ser-
iniers, reconnaître ii la fois les lueli (jcnlilcs de la Notitia d'ujni-
la/tim, et !>'s Ba.rbares dont le chemin de Barbarie conserve un
vague souvenir.
529. De ce {[UC le préfet des Lictt f/enillcs résidait tantôt à
Bcinis et tanlôl ii Senlis. d seudde résulter c[u'une partie de ces
e<d()ns barb.tres étaient e'.ablis vers la seconde tle ces villes.
l''tl'eelivement, un diplôme royal, (>n date de 1)20, mentionne
dans le Sellentuis une ^llla Almannoi'um, qui rappelle
Aiiini'iuincoiirl ; et d'autre part, à une huitaine dd ligues à l'est-
snd-esl de Senlis, une j/etite localité porte le nom de GuGUX,
vocable dont le Polyptique de Saint-Hemy permet de pénétrer
l'oiigine en tant qu'il s'a|>[)lique à un village des environs de
Ueinis.
530. l''aut-il '.-uii- dan: le nom d'Allemagne Calvados;, j.m
\:i-2
M. s NOMS hi: t.ii'.L'
Ititiu Alamanni;», et (hins celui d'Alnienêches (Ornoi, du bas-
Ic'itiii AlaiiKitmisca, (juehjucs souvenirs des lûtes de uali.in
suevujue, ddiiL li's prc-l'ois rosidaicnl à Hayeux el, a.u M;ins'.' On
peut allé'^'uei- eu iaveur de celle iiypni.hèso lu cord'tisioii ([u'on
faisait A olontioi's, au dél)ut du moyeu ài^e, entie les Suèvcs el Ks
ALuuauK. Toujours esl-il ([ui ces noms indi(|ueiit incontestahle-
nuMil l'origine gei'mani(iue des localilés ([u'ils dcsif^'uent.
m
531. Des constatations qui précèdent, il résulte clairenu-ul
qu'à répocpie romaine, outout au moins au début du moyen aye,
les <lénomiuations ethniques pouvaient fournir cinq variétés de
noms lie lieu :
1" Le nom même de là nation ou de la tribu : Gollii, Gucii.r \
Sarmatae, Sermiers ;
2" Le nom de nation ou de tribu combiné avec le suffixe -ia,
servant d'ordinaire à former des noms de régions : Burgundia,
Bourynf/nc ; Alamannia, Allcniagnc ;
3° Le nom de nation ou de tribu combiné avec le suffixe latin
-icus, -icum, -ica, à l'aide duquel on forme ordinairement des
adjectifs : Taifaiicus ou Taifalica, Tiffiiuges\
i" Le nom de nation o,u de tribu combiné avec le suflixe ger-
ma iu({ue qui est usité encore aujourd'hui sous la forme -isch,
notamment pour former des adjectifs ethniques : AUimannisca,
Almencchcs ;
5° Le nom de nation ou de tribu employé au génitif, et com-
biné conséqueinment avec un nom commun : Alamanuoruni
corlis, Atiménancourl ; Yillare Francorum, Villcrs-Frun-
(jiietix.
1'^
r
Cette théorie établie, il convient de passer à l'examen des
noms de lieu d'origine semi-barbare, et remontant très probable-
ment à l'époque romaine, qu'offre la nomenclature géographique
de notre pays.
532. Aux Sarmates, indépendamment du nom de Sermiers
on (h)it ceux de Samiazes (Orne), de Sermaise (Maine-et-Loire,
Oise, Saônc-et-Loire, Seine-et-Marne, Seine-et-Oi.sc), de Ser-
maises (Loiret), de Sermaize (Marne), de Serraoise (Aisne,
Aube, Nièvre, Yonne), de Salmaise (Côte-d'Or), de Saumaise
(Côte-d'Or), de Charmasse (Saône-et-Loire) — que, vers 1300,
(ir.iriiM:s iii»maini:s
IMr.AM.I-.llKS
I Xi
l'ii .ippcUiil S.irni'ici' ou Snhnacc — i'fori'sfi'i'uini U' tlu'iiit.- Sar-
m.iti.i, et .uiX([Ui.'ls mu pinil joimln' le diniiiaitii' Serilîizelles
Viuiiie). De même (luc Taifalica a ilomu' Ti/f.iiK/fs, lU- mèfiic
"";! rnia l icum aura (Iuii?ié Serillâges (Niî'vre).
533. Le nom il^'s Alamans paraît avoir pioduit un plus gi'and
iii/inhrc de iiouîs de lieu primitifs, mais pour dési}i;ner de moins
;i(ind)reuses localités ; Alamannl, Allemand DordogTio, Lot-
.■(-(iaronnc , AllemaiU (Aisne, Marne • ; A ia /ua n u ia, A]]enir>gpe
lî.isscs-Alpes, (lalvados), Aileoiogne l^Ain) ; A la nian !i i e iim
eu Alauiannica, AUemanchft (Marne -, Alamannisca, Allîie-
nêches (Orne); Alamaunorum curti.--, Auni6nanC0urt-/(-'-
fh-.-tnd ai Anménancouvt-lr- Pet if Odai'ne'. : WWa Alanianno-
ruui. dont remplacement, en Selleniuis, n'a i-.a- r[{- deleiinmc.
534. Li> .sou\enir des ^Vlains qui t'ondereni en Gaule, au
\' siècle, ([uelques élablissemonts de jieu d'importanee. nulani-
ment dans le \'alentinois et l'Orléanais, se retrouve dans le .nuu
d'Allaiîl-<'(/.'-yicr(//s (Meurthe-et-Moselle), repré'seritanl ,V I an i,
il dans ceux., avant pour thème étymolog-icjue .\lania, d AiaÇjTie
'.\ude'| et d'AUaines (lùu-e-ei-Loir. Somrne) : on remartjueia
nu'une de ces (.lernières hjcalités apj.Kirfen.ail au diocèse d Or-
liMUs, territoire que les Alains occujjaient lors de l'invasion
d'Attila.
535. Formé sur le nc/Ui des TUirg^ojides, lUu'i^-uudia est, on le
répète, Bourgogne (Marne), tandis (pu: l'ellinicjue Bur^-un-
diones est repiesenté [uir Bourguignon (Ai.^ne. Douhs; et Bour-
guignons (Aube).
536. Le souvenir de;; colons l'i-aïu's de la (laule l'omaine sub-
siste dans les noms de lieu modernes tpaiont pour Ihènies étyn-o-
lo;,M(|ues Kranci, ad Franoos, Francs (Gironde), Fraus (Ain;;
l'rancia, France; l'"rancoruni ca m [lus, Francorchamps (Bol-
LTupie, province de Lii'g'e) ; FranciM-um villa, Fraucourville
l'Iure-el-Loir,, Francouvillc > Seme-el-Oise;, anciennement
Frnncorvillc \ Villa Fra'ncorn n.i, Viilehancœur (Loir-et-
dlicr) ; Villare ['rancorum, Viller.S-Franqueux (Marne).
537. La mémoire des Gotlis est conservée dans un assez yrand
nombre de noms de lieu, dont les plus méridionaux rappellent
vraisemblablemen! le s.an enir des V,'i.si;^'-olhs, qu'^ dominen ut nn
moment sur toute la Gaule d'outre-Loire, tandis que les plus
septentrionaux sont bien plutôt d'origine romaine, ou pour niieux
l:',', LES NdMS ni: l.ilT
dire, léliqiie ; mais i! ne p.uMÎt ^'uèiv possible li- !:>s dislingucr
ici. La forme primitive de ces divers nom. s de lieu e.sl Cnthi.
Vallis Godesca, Mon s Gol hoj'U ni îîo ( liorinu v-Hla. 'villa
Golhoruin, ^lors G-UIummiiu. (m; a .a que G ■> I !.i a pi-.nluil
Gueux (Marne, Oise) ; le nuin de Vallis G odesCa, qui dési^^nait,
il TépDcpie caroling-ienne, nw localiir do la Senlimanie, doil être
si"-nalé parce (ju'il préseale un adjectif fi.rmé sni le m. m des
Gnlhs au moyen du suflixr :.re"'mauiqie' ; M o n s G.; l ho ru m est
le thème étymologique du nom de MoiilguSUX (.'•. u!>e) ; Gotho-
rum villa, nom de lieu assez fréquent dans les cn.ilrces d outre
Loire, ({ui ont été soumises pendant un temps plus ou moins luiig
aux Wisigolhs, a parfois été remplacé au moyen âge par d'autres
noms de lieu : dans le 'roulousain par Escatuions (Tarn-et-
Garonne), dans le Roussillon par Mailinh-s iPyrenécy-Orienlales) ;
là où il s'est maintenu, il se présentesous des loiuies variées, loutes
coniormes, d'ailleurs, aux lois plMUcliqu 'S dosiégii-ns auxcjuelles
elles apparticmuMit : Goudoarvillo i^iVun-cf-Garonn.' , Goudour-
Vielic 'Gers), Gourville (^Gharente, Loi.ct? Seine-> l-Oice^ et son
diminutif Gourvillette (Gharenle-lnférieure) ; Villa Gothorum
est rorigine du nom de Viîlegoudou ^Tarii; : enlin Mors Gotho-
rum. nom cité par TAstri-iiiMne, Uisloi-ieu tle Louis le Pieux, et
qui rapiselle sans dont.} uii désaslre sul;i par les Wisigoth.s, est
le tlîèine étymologique du nom de Mori|Oudou (Tarm.
538. Aucun 'document de i'(q)0([ue romaine po \enu jusqu à
nous ne parle de M arcomans eanii.nnés eu 'uaule. Le nom de
Citle tril>u suévi([ue, chassi'-e de Bohèinc par les C«-ltes Boïens,
n'a laissé aucune trace dans les contrées gernianiiu! s ; mais il a
fiu'iué en Gaule le nom d<- liexi Ma rc'omaiinia, ([ui, tiguranl
dans des ti'xtes de l'epfique luéro'. Uiuionne. i si aujourd luii
j-epré^enté par Marmague ;^.\Hier, Cher. Gole d Or, Saone-et-
Loire) et MariTiaigiie (Mayenne).
539. Le nom rie la grand" naliou de.? StiXoiis est la racine du
nom de lieu S'xonia, ([ui ii produH eer'iaineu'.ent le> noms
nindernes Sassogne (Nord) et SifiSonne (Aisne). (hi n'ose aiïii'-
nier (\\\e ces vocables reimnlenL à l'époipie romaine, car les
Saxi^ns ay.ant conservé h'ur dénominaiion eiijrdque penda'.it tout
le moyen âge, i! est juissiMe que les lieu.'v ap;.eh's baxonia,
appartiennent seulement à la période franquc. îln tout cis, il.
devait v avoir à Sissonne un tonds de population luen \ivac'*, et
i
%
fiiîic.iNivs ui>M.\i.NEs : i:o(,()Mi':s l'vri', vNT.i.ni's l.'î;')
'\n\ Uaucha, pendant plusieurs siècles, sur la p()[)ula(,i()ii l'ornane
lUs enviions, témoin l'apiiellation tlieotunica villa de Sisso-
iiia ([u'on trouve dans une charte de 1222; il est juste d'ajouter
(|iie, dès lors, ou peu après, la population de Sissonnc perdit son
e.iractère étranger, et qu à une appellation considérée sans doute
connue injurieuse, l'ut substituée celle de " Sissonue la Fran-
çoise I) qui [tarait pour la première lois en 1271!.
540. On ne peut citer avec certitude aucun nom de lieu rap-
pelant le souvenir des Suèves, puissante nation gei-manique sou-
vent confondue avec les Alamans, el qui en (.iaule — la Xu'.ilin
ilii/nitaiurn iwporii l'alleste — avait des établissements, tout au
moins, au.K environs de Bayeux, de Coutances, du Mans et de
(^ilermont en Auverg-ne ; mais il n'est pas téméraire de considérer
!r nom de Wissous ^Seine-et-Oise) comme représentant Viens
Suevorum : c'est du moins là l'hypothèse la plus plausible ([ue
|iérnicLlent les premières formes connues de son voeal)le, Vizeo-
riuni en latin du xu'' siècle, F/zoor et Viccor en lanj^ue vuljjfaire
(le la même époque.
541. li'a|ipellalion eihnic[ue des \'andaU-s se reti'ouve, au
\'' siècle, dans le nom C-astrunt Vandalornm ou C^aslellum
Wundclons, aujourd'hui Gandalotl (Tarn-et-Garonne').
Tous ces noms de lieu ne sont pas les seuls de leur espèce
(pion puisse attribuer au déclin de la période romaine : d'autres
ell'ectivement semblent se rapporter à des cantonnements de bar-
bares étrangers aux races germanique et slave.
542. l.es Maures, nation africaine dont le paj's, la Mauritanie,
correspondant au Maroc actuel, fut incorporé à l'iînqjire romain
en l'an i2 de notre ère, foiu-nissaient aux armées romaines tles
cohortes auxiliaires, dont la No(i!iH dUjnilrdnia inijierii indi(|ne
les canlonnemcnls, non seulement dans la Maui'ilanie Tingitane.
leur pays d'origine, mais aussi dans l'île de Bretagne, dans lIHy-
rie, dans Iltalie, en Pannonie, dans la Gaule et dans diverses
parties de 1 empire d'Orient. C'est évidemment à un ancien can-
tonnement de cavaliers maures, les mêmes peut-être qui rési-
daient, bus de la rédaction de la Nolilia dignitaliim, à Qu-nlrn-
fuiii, dans la Première Pannonie, qu'une localité du Norique
devait le nom Ad Mauros sous lequel cet écrit la désigne. Au
commencement du v'= siècle, des soldats de cette nation tenaient
I.sii
i.Ks .NOMS m: 1,1 la'
j^arnison en Grmlo, ùaiis la jM-ninsulc ai-moricaine, et la .\,)/i/i;t
ili;//iif:ifiiin les apjujUe. <lt| nom (his cilos dans lesquelles ils
L'iait'iil élal)lis, Mauri Yen e ( i cl, r\[ auri Osisiniaci La ceiii-
lu.lo (In séjour des Maures en (iaule. sous la doniinalion i-omnine,
et li's conslatatious laites [ueocdcnimeiit pormettcnl de fixer le
sens du nom de lien Mauri ta nia, (|iu' l'on trou\..- dans de nom-
breux textes latins pour désigner les lieux ,[ui portent aujour-
d'hui lï nom de Mortagne (Charente-Inférieure, Nord, Ornu,
Vench'e) : Mauritania serai! une forme basse du nom latin
Mauretania, el en France le nom Morla'jite désignerait des
localités fondées ou occupées, à l'époque romaine, par les soldats ?
maures (jui, licenciés sans doute après la chute de l'empire, ont
dû chercher un asile dons des lieux divers.
543. (Certaines localités de notie pays paraissent rappeler la
mémoire de petits établissements bretons, contempoi-ains des
derniers temps de l'Empire ou de l'époque immédiatement posté- k
rieure. On a vu que les Eduens reçurent, de l'île de Bretagne
subjuguée par les nomains, des artisans qu'ils employèrent à
restaurer leurs édifices; on sait, d'autre part, (ju'aux derniers
jours de la domination ronudiie, l 'empereur Anthemius confia /
la garde du Berry à un corps breton de 1.200 hommes, auquel t
les Wisigoths, sous la coudvdte de leur roi luiric, infliuèrent un
échec sanglant prés de Chàteauroux. On a rapproché de cette der-
nière et intéressante notion !iistori(pu' deu.K noms de localités
berrichonnes voisines du lieu de la défaite des Bretons, Bretagne [
et la Berthenoux (Indre) : le premier de ces noms repré.sente le |
latin Brilannia ; le second, dans le(]uel i! est permis de voir ur) ^
primitif Britannorum, en sotis-enlendant villa, est comp.arable |
à ^'.7/(, /.;/.'(/, cité plus haut, il existe en France d'autres localités À
ayant les nièmes origuies : Bretagne iGers, Landes, Ilaut-IUiiu; ^
et Bretenoux (Lot), qu'un acte de ^{jh appelle Villa Bretono- l
ru m. Il est intéressant de rapprocher de ces noms celui de
Santu Maria de Bretona, en Onlice, crui rappelle le souvenir
d'une colonie bretonne, assez, iirip.u'lanle pcuir avoir eu, au
VI'' siècle, un évècpie d'origine britannicpu', nommé Madoc.
544. Peut-être les localités dont les noms représentent des |
primitifs Hispania, Lusilania, Vasconia, correspondent-elles |
à d'anciennes colonies d'étrangers, espagnols, lusitaniens, ,-;,
f
OHU.IISKS l!(jMAIMiS : COUJMliS i: IHAM.lIlIvS
^Mscons; mais ou ne pout, à cet égaitl, <jue former des conjec-
luros, e;ir il est tout aussi possible que ces primitifs représentent
lies yentilices pris adjectivement - — l'existence d'un gentilice
Ilispauius étant attestée par des noms de lieu tels qu'Epa<jny
et Espagnac — ce qui rangerait les noms dont il s'agit dans une
catégorie précédemment étudiée (cf. ci-dessus, n° 289). Quoi
(jii'il en soit, on croit devoir énumérer ici ces noms.
545. H ispaniaest représenté par Espagne (Corrèze. Gironde),
par Épagne (Aube, Indre, Somme, Vendée) et par Epaignes
(Kure). Il faut voir dans /foZ;c/-/f-Espagne (Meuse) un homonyme
de ces localités, différencié au moyen d'un nom de propriétaire ;
au .MU* siècle, on eût dit Espagne-la-Bohert , et la construction
Hobcrl-Espagne suppose une ancienneté relative ; d'ailleurs une
charte de 1019 appelle ce lieu Membodi Spania, moyennant le
nom d'un autre tenancier.
546. Lusitania est l'origine de Luisetaines (Seine-et-Marne).
547. A Vasconia répondent les noms modernes Vacognes
(Calvados), Vacongne (Somme), Vaucogne (Aube), Gaccgne
(Nièvre) et le diminutif Gacougnolle (Deux-Sèvres).
XXIX
SOUVENIRS DE PERSONNAGES HISTORIQUES
Les vocables t,>-éographiqu€s évoquant le souvenir de person-
nages historiques sont beaucoup plus rares qu'on n'inclinerait à
le croire. Les dix siècles du moyen âge n'en olîrent, du moins
dans l'Europe occidentale, qu'un très petit nombre : en France,
particulièrement, il faut attendre jusqu'au xvi^ siècle pour en voir
paraître (juelqucs exemples, tels que Vitry-le-Franrois et Villp-
Frnnçoise-(lc-Oràce. A vrai dire, le fait ne se produit, semble-t-il,
que dans .des milieux fort civilisés ou civilisateur-^ ; aussi est-il
possible de citer povu' notre pays cjnelques noiii'^ dr cetli' espèce
remontant à ré[ioque romaine ; mais, dans plus d \\\\ cas, le nom
de personnagf historique compris ilans un nom de lieu mniain,
n'a pas réussi à traverser les siècles, car, employé à 1 état de
surnom, il demeurait à peu près igncjré du vulgaire ; [)arfoi.s
même tout, dans le vocable antique, a disparu à la fois, déter-
minatif et détermine, pour faire place à une dénomination nou-
velle, à supposer que la localité ello-mèiue ait iiurvécu aux inva-
sions.
548. Le plus ancien nom de lieu reid'ermant un nfiin de per-
sonnage historique qui ail a[)paru en Gaule est Aqua.e Se.xtiac,
dû au consul C. Sextius Calvlnus, cpil acheva, en l'an '12i avant
notre ère. la soumission des SuUurii , peu[ile ligure établi ;> l'est
du Rh('ine, vers li.'s l)ouclu:s de ce llevive : ce consul détruisit leur
métnqiole et fonda, dans le ^•oisiuJg■e, un cnsn'lliini . qui, v:\. rai-
son des eaux thermales qui s'y trûu\;dent, fut appelé .Vi|uae
Sextiae; la première partie de celte appellation a serde sid<sislé,
et se l'ctrouve dans le nom modei'ue .1/'' ( Houches-du-Rhdne).
549. L'un des consuls de l'an 122 avant J.-C, Cn. Domitius
-Veuobarl.nis, l'un tles ancêtres de l'empereui' Némn. et qm resta
plusieurs années dans la Province l'omaiiie -en qualité de procon-
sul, a laissé son souvenir dans j)lusieurs vocables géographicjues :
celui de la v i .i Domitia, cette grande soie par bupielle il relia
Nîmes et Narbonne à l'Espagne, et celui de Forum Domitii,
ohii.i.m:.s HnMAi,M:s : ri:iiSONN \i;ks iiisrniuoL'Ks
131
1 une dos slntions âe la inènic voie; mais ni l'un ni l'autre de ces
vncahlos uo s'ost c(insorvé.
550. On appelait Fossao Marianae le canal ipie Marius,
ildis consul pour la (juatrièr.i.c fuis, fil creuser, en l'an 102 avant
.l.-C, pendant la eauipague (>ntre les Cinibres et les Teutons,
alin de recevoir plus aisément les vivres qui lui étaient amenés
par vaisseaux, les embouchures du Rliène élanl ensablées et
l'Nposées .lux cou[is de la nu'r. L'appellation Fossae Marianae
fut appli(pi'''e par la suite, non si.'ulenienl au canal de Marins,
mais aussi au port qui en gardait l'entrée, et que représente la
ii'iurgade actuelle de Fos (Houelies-du-Rhône ). Dans cet exemple
iiiinme dans celui d'.-iix, le déterniinatil n'a |)as laissé de
traces.
551. C'est incontestablement à Jules César (pie Fréjus (Var),
l'anlique Forum .lui ii, doit son nom ; mais il serait téméraire
lie rapportei- au coiupiéran! des Gaules, l'origine ou la dénomina-
ii'Mi d'un t^ran;! nombre dr villes, dans le vocable desquels est
lidré, soit le yentiliee JuHus, soit le surnom Caesar, car ces
MMivis se l'appoilrnl éi;-alen;ent à la personne d'.Vu^uste ((ui, con-
farnu'UUMit il la loi r<inianu', a\ait pris les noms de son père
adnptil. Les noms de ces villes vont donc être iudi(piés sans ({u'on
p'.'i'ju^^e la question de savoir s'ils datent de l'éjioque de César
■''i de celle d'.\ui;'uste.
;)52. Le L;entilice Julius ligure tlan.s les noms de lieu dem.i-
: e.lni^ ,1 ul i obona et ,1 ni iomagus. Appliqué au chef-lieu des
'• /,■•;(•/. le second de ces i\oms a clé su[vplanté. au ui'' siècle, par
lui de colti> nation, d'.jù Angers. Juliobona, ehef-lieu des
'.(■tes. est auj lurd'hui LiUebonne iSeine-lnférieun.'^ : ce nom
■ -' l'ciVel d uiu- mlerprctation cpii remonte au xir' siccle. cl que
' .l'risa penl-ètrt' une altération anabjgue à celle qu'atteste le
ni it.dien du i',;ois do juillet . uiglio. Le nom de Viens Julius
.; \ ieus Julii. qiu^ [lorii-ronl à l.a lois .[ire-siir-lu-Li/A ^^Pas-cie-
I il ii-,j et Gcrnwrshi.'irn 'Wiwiévi: rhénane), a été abandonné dès
lébut du moyen âge. .1/)/ (Vaucluse) n'a conservé que la
|. Minière [varLie du nom .Xota Julia, sous lequel Pline, l'Itiné-
ae d'.Vntonin et la Tabb- de Peuliuger le désigaient, abrégeant
I ipjiella ion olîiciidle, a! Lestée par les iïiscriptions, Colonia
.Lilia .\pta. 11 n'est pas inutile d'ajouter que les noms Juliaeus
'. .lulianus, si fréquents en Gaule, n'ont ordinairement rien à
! '<()
l.l.'s .^(IM^
voir avoc César ni avec Au^nistc : ils s"applii]uaiciil à dos
tloniaiiics ruraux appartenant à des propriétaires qui portaient le
gentilice Julius, adopté, après la e()n(pièt(' romaine, parun i;rand
nombre de familles gauloises ; il est proUaMe (pie, de même, les
noms de lieu Tiheriacus et Claudiaeus ne rappellent en rien
le souvenir des empereurs Tibère et Claude.
553. La g-éog-raphie de la Gaule romaine oll'ie trois noms for-
més sur celui de César, se rapportant sans doute, <lans res[)èee,
il .\uguste : Caesarodunum, aujourd'liui Toiiis, Caesaioma-
gus, aujourd'liui Benuvaifi, et (^aesarea, ile de l'areliiitel nor-
mand ; aucun ne s'est maintenu.
554. Dans les noms Caesaris burgus, Cuitis Caesaris,
Militia Caesaris et Sacrum Caesaris, [)ar les(piels des
chartes des \n'^ et xiii'^ siècles ont désigné C.Jicrhonnj (Mancliei,
(lonrcc.ricrs 'Mayenne), Millnnriitj (Loir-et-Cher) et Sninrrrc
((]her), il ne faut voir que des fanlaisifs de clercs cpi'on ne sau-
rait acceptei'. ()uant aux noms de dhnuin de C/'s:ir, de Cai/ijxlc
Cc'sar et de Tour de Cisar, appliqués;! tant de chemins aiiticpies,
de vieilles enceintes et de donjons féodaux, ce sont des dénomi-
nations relativement modernes, et parfois ridicules, dont l'ar-
chéologue ne doit tenir aucun compte.
555. Le titre d'Auguste, décerné en 27 avant .I.-C. à Octave,
l'héritier de César, et que l'histoii'e a traité conmie un nom
propre, est entré en composition dans bien des noms de lieu de
Gaule : .\ugustobona, Troycs \ Augus lodun um, Autun;
Augustodurum, Ba/jeiix; Augus tomagus, Scnlis; Augus-
tonemetum, Clcrmonf-Fcrntrul, et Augustori tum, Lirnurjes.
Si de ces six noms semi-gaulois un seul a subsisté, le nom d'Au-
guste n'a laissé jiucune trace dans les formes vulgaires où il ligu-
rail comme (iéterminatif : Alba Augusta, chof-lieu des Hcîvii,
Aquae Auguslae, chef-lieu des Tarbe.lli, Lucus Augusti, l'un
des municipesdes Voconces, et Tropaea Augusti, qui doit son
existence au monument de la victoire des Romains sur les peu-
plade.-- alpines, se nomment aujourd'hui .■>im|)lomenl .^/.(«(Ardèclic),
Dax (Landes), — naguère .Icvy.v, — Lm-en-Duns (Drôme) et la
Tiirbie (Alpes-Maritimes). En ce (|ui concerne les villes et les
vici qui, en l'honneur d'Auguste, avaient pris le nom d'Augusta,
plusieurs l'ont ai)andonné, on le voit par l'exemple iVAuch, de
Suissons, de. Trêves, de Saint-Qtien/in. Où il a subsisté, il est
nitiiii.NKS ii<)-\imm:s : 1'i;us()Nnai;i;s iiisioiuoui'.s I i 1
il. •venu Aoste (Isùre, Italie), Aousie (ArdeniU's, Drôme) et Oust
Soiiiim'). 11 convient tie sii^naler, en pays de lan^-ue allemande,
Augst, (Suisse, canton de I5àle) et Augsbourg (Havière), qui s'ap-
[irlaienl resjjectivenienl, au temps des Romains, Aiigusta Rau-
nunrum et Augusta A'^indelicorum.
556. On mentionnera pour mémoire le nom de Forum Nero-
II is, porté momentanément par Lotlcre, et peut-être aussi par
f!.ir/icn/nis, en l'honneur de Tiberius Claudius Nero, qui gou-
verna la Gaule, en qualité de (juesteur, de 47 à ii avant notre
l'Pe ; celui de Forum Tiberii, qu'une ville des Helvètes devait
;m successeur d'Auguste; celui de Forum Claudii, qui fui
donné à la ville de Daranlasia, aujourd'hui Moiitiers (Savoie) ;
l'tlui do G ermanicamagus que portait, en l'honneur de (ter-
nianicus, neveu de 'l'ibère, une ville de Sainlongo ; celui de (^.olo-
nia Agrippina, aujourd'iiui Coloçfne, sur le Hhin, (pii portait
le nom d Agrippine, (ille de Germanicus et femme de Glande;
celui de Golonia Trajana, aujourd'lmi Xaii/cn (Prusse rhénane,
régence de Dûsseldorf), (jui date évidemment du règne de l'rajan,
celui de Forum Iladriani, fondé sans doute par oi'dre de l'em-
reur Hadrien, dans le pays des Bataves ; enfin celui de Flavia
Aeduorum, sous lequel Autun fui momentanément désigné, au
cours du iv*^ siècle, en l'honneur de l'empereur Gnnslance Chlore,
(|ui avait relevé cette ville de ses ruines, et dont le gentilice était
Flauius.
Mais il convient d'insister sur les noms Claudio magus;
(^onstantia, Ilelena et Grati anopolis, qui tous quatre sont
parvenus jusqu'il nous sous une forme vulgaire.
557. Le nom de C lau die magus, remontant probablon-.ent à
l'onfpereur Ghuule, figure dans la \'ic de suinl J/,7/7V>i, écrite au
IV'" siècle par Sulpice Sévère, et, sous la forme Glaudiomachus.
dans des bulles du xa'' siècle, conceriuuît l'abbaye de Déols, pour
désigner Clion (Indre).
558. C'est à Constance Chlore qui, de 292 à 305, gouverna
en qualité de césar, la Bretagne, la Gaule et l'Espagne, avec
Trêves pour résidence, que Goutauccs (Manche) et Constance
(Grand-duché de Rade) doivent leur nom, Constantia. qui leur
était comumn avec un piut situe vers l'cmbomlmic do la S^ine.
peut-être sur l'emplacement occupé aujourd'hui par Honlleur.
559. Les successeurs de Constance Chlore, vonlajit ]i'>i',orer
1i2
i.ics ^(_)Ms Di: i.ii':r
t 1
1,1 mémoire de sainte [léL-i'o^ mùri; de rempeieur Constantin,
donnèrent son nom à plnsieurs villes de l'Empire. Du nidin^;
Constantin donna le nom d'Ilelena ovi Ilelenopolis au luu
natal do sa mère; et c'est lui. sans doute, ([ui substitua le n^ih
d'Ilelena à celui d'IlHIjcris (jue l'.ni'tail une houryade de la eiîc
de Narlnnine. l'n ricus du pavs des Atieliale.s, ou les Francs de
Ciodion furent défaits par xMajorien, po]-(aiL aussi au V^^ siècle !.■
nom d'Ilelena, qui, en ce pays soumis cpiolque Leniji.-. ii
l'inlluence germanique, est d(-veim Hélesmes (Nord), par dépL,-
cement de l'accent tonique, tandis que l'Helena de la Première
Narhonnaise est devenu re-ulierement Elne (i\yrénées-Orien-
tales), que les Kran(,-ais du Nord appelaient aux xiii" et xiV siècles
Eau ne ou lu une.
560. Le nom de Gra tianopolis paraît pour la première luis
en 381, sous l'empereur Gratien, en l'honneur de qui la cité de
(Uil.irti, peu aiqiaravant démeinlu-ée de celle de \'icnne, prit eeltr
nouvelle appellation formée, on ne sait trop pourquoi, à la favou
yrectpie. Accentué sur rautépénullième, G ra tianopolis est
devenu Grenoble .Isère).
561. On rappelle en passant le nom de Carlopolis ipi'iiu
ix'' siècle Charles le Chauve essaya de donner à Cornpiègne.
u
m
%■ }
«Si-
XXX
MONUMENTS MEGALlTlIlOlil-^S
riusieurs des noms île lieu ru]ip(>l,int le som'enir des nioim-
im iils im''y';ili!liu|ue.s de la Gaule peuveiil reinonler à l'c^pocjuc
l'Uii.iino, ou tout au iiuiiiis aux })i-eijiit'rs siècles d.u niuyeu ài^e.
562. Le nom Pelni l'iela, dont les nionuiuenls de la période
iV.iiHiiie parvenus juscpf à nous ollVenl, |)lus vl un cYeniple, signilie
littéralenienl <( pierre fichée n, car fie Ut doit èlrc là non pas
11- piirlieipe jiassé iV'nùnin de fini;o, mais une forme basse de
celui de figo : selon toute apparence il fait allusion ;i la présence
il'unede ces énormes ]-)ierres brutes de forme nllongée, implantées
vtMlicalement dans la terre comme des bornes, et qui, mainte-
nant, sont désignées en ;:rcliéoloyie parles mois bretons mcn]iir
l'I pfulr.in. Ce nom Petra ficta revêt aujourd'hui tliverses
liirmes : la plus répandue dans nos contrées de lanj^ue doïl est
Pierrefitte (.Vllier, Calvados, Corrèze, Creuse, Lolr-el-Cber,
Loiret, Meuse, Oise, Seine, Deux-Sèvres, Vosyes), qui a pour
variante Pierrefixte (Eure-et-Loir). Les autres formes modernes
sont Pierrefaite (llaute-Marncj, Peyrefite (Aude), Pkrreficlie
iAveyron, Cantal, Corrèze, Dordo^ne, Lozère, llaute-Viennel et
Peyrefiche (Hérault). Pierreficques i Seine-Inférieure) et
Peyrefic (Lot) paraissent provenir plutôt de Petra fixa, altéré
en Petra fisca.
563. Le nom Petra lonj^^a, dont le sens correspond exactement
il celui du breton nifnltlr, peut être considéré comme un synonyme
lie Petra ficta. bien qu'à la riyueur il puisse avoir été pris par-
lois avec l'acception <lc « lon^^ rocher » ; il est le thème étymolo-
^dipie des noms modernes Pierrelongue (Drôme, Hhône, Seine-
et-Marne) et Peyrelongue (Gers, Landes, Basses-Pyrénées).
564. Le nom Petra le va ta, c'esl-;i-dire c {)ierre soulevée »,
désignait un lieu voisin de quelque dulincn, c'est-à-dire d'un de
ces monuments préhistoriques formés d'iuie ^T;>'.)de pierre ulate
posée sur deux pierres placées vcrticulenu-nt, monuments !uné-
raires recouverts primitivement par une éminence arlih'cielle, un
X
> I I i.i",s Nd.Ms ni': i,ii:i
/ti/nuliis que dos cultures rcihirées. les pluies et les gelées
ont peu à peu nivelé et abaissé à la surface du sol environnant.
De là les noms de Pierre-Levée (Charente, Seine-et-Manu-,
Vendée) et de Peyrelevade (Avoyron, Cantal, Corrcze. Dordo-nc.
Gironde, Lot, Lot-et-Garonne').
565. Le nom I-*etra la ta s'appliquait sans doute également
au dolmen, faisant allusion à la pierre. principale posée horizon-
talement ; il se présente aujourd'hui sous les formes Pierrelée
(Eure), Pierrelea (Seine-et-Marne), Pierrelays- (Seine-et-Oise),
PejTelade (Avevron, Cantal. Corrèze, Dordogne, Tarn-et-
(îaronne. Haute- Vienne).
566. Ce dernier nom ne doit pas être confondu avec celui do
Pierrelatte (Drôme), qui représente Petra lapta, pour Petra
1 a p s a .
XXXI
ÉTABLISSEMENTS HALNÉAIHES
C'iéiKTaleinent les stations balnéaires étaient désignées pai' le
nom propre Aquae, et ITtinéi-aire d'Antoniu ne mentionne pas
moins d'une trentaine de localités ainsi nommées dans l'étendue
(le l'Empire ; mais pour remédier à ce que ce nom avait de trop
\i\y;ue, ou y ajoutait un surnom indiquant, soit la divinité à
knpielle les eaux étaient cousacri'-es — Aquae Apoll inares,
Uorvonis. Granni, Sej^^estae ou Seyetae, Solis, — et dans
ce cas le surnom, véritablement topiijue, était presque insépa-
rable du nom, — soit la population chez laquelle était située la
station — Aquae Bilbi tanorum, Couvenarum, Dacicae,
Neapolitanae, Tarbellicae, — soit enfin le fondateur du
lieu, comme il est arrivé pour Aix en Provence, Aquae Se\-
tiae.
567. On a vu par les exemples de Bourhun et de Bnurhonne
(pie parfois le surnom fut assez populaire pour se maintenir à
l'exclusion du mot Aquae ; mais le fait contraire s'est produit
(ilus souvent, et c'est le déterminatif qui a disparu, laissant la
place il la dénomination trop vague Aquae, si toutefois, après
la chute du monde romain, la localité n'a pas changé de nom. Le
nom il'Aix, dérivé du latin Aquae, est aujourd'hui porté en
France par deux villes pourvues d'eaux thermales appréciées dès
l'épocjue romaine, Aix en Provence et Aix-/c.s-Z)'a//)s, et par une
bourgade du département de l'Aube, Mx-en-()(/ic, où existait
vraisemblablement un établissement balnéaire alimenté par les
eaux que les Romains y avaient anienées de la colline voisine.
Ce nom a pour variantes méridionales Ax (Ariège) et Dax
^Landes), cette dernière appellation s'appliquant à l'anticjue
Aquae Tarbellicae. Aquae est aussi l'origine du nom d'Aix-
la-Chapelle (Prusse rhénane), en allemand Aachen.
568. On désignait, à l'époque rouu^ine, sous le nomd'Aquae
..•alidae, commun sans doute à plusieurs établissements ther-
maux, la station balnéaire qui porte aujourd'hui le nom de
La noms île lien. to
1^
1 ir» Li;s NOMS DlC LHa' t
Mi'/iif ^Allier) ; mais si en cet endroit le nom antique n'a rien
donni', son é({uivalent Galidae Aquae a produit ailleurs le
nom moderne Chaudesaigues (CanUil).
569. l ^.iclques-unes des localités de la Gaule romaine possé-
dant des élahlissenients balnéaires de cpiolque importance leur
doi\'ent é\idemment les noms qu'elles pcutent aujourd'hui. Le
cas n'est pas douteux pour Bains (Vosj^^es), dont les eaux ther-
males étaient déjà fréfjuentées au premier siècle de noire ère, et
dont le nom représente le latin BalneUm; il ne l'est pas
davantage poui- Bagnèvea-Jc-Bigorre (Hautes-Pyrénées) et pour
Bagnères-(/('-Aiir/V>/; (Haute-Garonne), dont le nom représente
le latm i^alneai'ia, adjectif formé sur balneum, et qui, dès le
temps de Cicéron, était employé substantivement ; d'ailleurs le
surnom de la seconde de ces localités rappelle le souvenir d'une
divinité [)_vrénéenne, Ili.co, à hujuelle étaient détliées les sources
liierinules de l't'ndroit.
570. 11 laut joindre à ces noms ceux (pii dérivent du diminutif
bal n eolum ou de son pluriel hétéroclite balneolae, à l'accusatif
balneolas : Bagneux (Aisne, Allier, Aube, Cher, Indre, Isère,
Maine-et-Loire, Meurthe-et-Moselle, Seine, Deux-Sèvres,
Somme, Vienne), Baigneux (Côte-d'Or, Indre-et-Loire, Sarthej,
Bagneaux (Seine-et-Marne, Yonne), Baigneaux (Eure-et-Loir,
GjH'onde, Loir-et-(]lier), Bagnot (Côte-d"()r) — et leurs diminutifs
Bagnolet (Seine) et Baignolet (Eure-et-Loir) — Bagnol (Vaucluse,
Haute-Vienne), Bagnoles (Aude, Orne), Bagnols (Gard, Hérault,
Lozère, Puy-de-Dôme, Jîhône, Var), et la variante catalane
Banyuls (Pyréuées-Orienlales). 15a|.înoles (Orne) et Bagnols f
(Lo/.ère'j ont des eaux minérales réj)ulées, et à Bagneux (Maine- ]'
tît-Loire) on a li'ouvé des vestiges de bains romains. '
571. Le mol ealdarium, enqiloyé notamment par Vilruve .^"
au sens d' « éluve », est l'cn-igine du nom de Caudiès (Pyrénées-
Orientales).
S?
I
l
i
XXXII
A(JUKDUGS
I.i's Uoiiiains ont construit de ndinbn iix aqueducs pour con-
iluin* l'eau, de très loin parfois, dans leurs centres d'habila-
ll.Ml.
572. Parmi les noms de lieu rappelant le souvenir de ces
travaux, celui dont le sens est le moins douteux, et qu'on peut
.-ittribuer d'une manière à peu près certaine à l'époque romaine,
•■•<t Aquaeductus, qui n'est autre que la l'orme latine du mot
'I aqueduc •>. Ce nom figure dans des textes carolingiens pour
(i'.'siguer deux localités qui appartenaient, l'une à la Bourgogne,
r.iiitiv il la Narhonnaise ; on ignore le nom aeluel de celle-ci ;
iii.ti-' l'Aiiuacduc l us l.iourguignon est aujourd'hui Ahuy j^tlôte-
.i'Or). Pareille est l'origine du nom d'Adich (lAixembourg) et
^.iiis doute de ceux d'Audun-/e-/?om;u! (Meurthe-et-Moselle) et
'Vkudun.- le -Tiche (Moselle) dont les surnoms rappellent les
^it^^lllllns respectives en pays de langue romane et m i)ays de
l.iiigue tudesque.
573. t^/est aussi à un aqueduc antique qiu' le bourg d'.lrc;;e;7
.Soiiie) doit son noni, dont la forme originelle, Arcoialum,
jiri'sente le mol latin arcus « arcade », cond>iné avec le suilixe
ci'lli(pie -oialum, et constitue um^ allusion directe aux arcs de
r.uiueduc que les Romains y consti'uisirent pour l'alimentation
Je Paris et du palais des Thermes.
574. Le nom d'Avcueil, formé i'i l'aide d'un .suffixe celtique,
fil oertatnement antérieur au moyen âge ; mais on doit se gar-
ili-r d'attribuer la même anti((uité à tous les noms topographiques
fermés ;i l'aide du mot latin ai'cus ou de ses synonymes, et se
rainuirlant également à de.s aqueducs antiques. Plusieurs de ces
r.diiis ne remontent même qu'à une période assez tardive du
;iuiyeu âge ; mais ils n'en sont pas moins intéressants au point
Je vue archéologiciue, et subsisteront sans doute longtemps
encore après qu'auront disparu les derniers vestiges des monu-
ments romains qu'ils rappellent. Diverses portions des anciens
I iS i.i;s NOMS II: i.iKU
aqueducs sonl ordinairement désignées au moyen âge sous K:
nom d' " arcs » : ainsi les arcades qui supportent l'ocjucduc do
Fréjus (Var), aqueduc dont le développement est d'une trentaine
de kilomèires, se nomment successivement Ir^ Arcs-Sorcllirr.
les Arcs-Beringue(, les A/'cs de Cinjulon, /e,s Ares de lu Bonleil-
lièrc, les Arcs-Escof/ler. les Arcs-Senesquier, etc. Sur le terri-
toire de Fontcouverte (Charente-Inférieure), l'aqueduc de Saintes
franchissait un vallon sur des arcades dont les ruines lui ont
fait donner le nom (le vallée des Arcs, encore usité dans le
pays; et plus près de la ville, dans lu vallée a.ircoul. vocable
éyalenient significatif, il passait encore sur des arcs, dont il ne
reste que cpielques piles très rainées. Près de Poitiers, on
appelle Arcs de Pariginj les vestiges d'un aqueduc romain.
Enfin, l'aqueduc qui conduisait à Metz les eaux de la fonUnnc
des Bouillons, près Gorze, traversait la Moselle, vers le village
de ]o\i\-iiU.r- Ardiez, sur une lon^^ue suite de jurandes arcades
formant un magnifique pont d'un kilomètre de longueur, qu'on
appelait au xV siècle les arcs de Joy, et qui ont valu à ce villai^c
le surnom qu'il porte aujourd'hui.
XXXI II
THÉÂTRES
l'armi les noms cU>. lieu intéressants au point de vue de l'ar-
chr-ologie romaine, il faut citer ceux qui rappellent les édilices
cniisacrés aux jeux publics, c'esl-;''-dire les théâtres et les
ainphilliéàtres dont notre pays offre un assez «jrand nombre
iri-\oii!['lrs. Les noms de cette espèce ne sont peut-être pas
toujours, à pi-oprement parler, des noms de l'époque romaine,
mais ils dateiil vraisemblablement au moins de l'époque franque,
l't doivent être mentionnés, à l'occasion des vocables géoyra-
[ihiques dus à la civilisation romaine.
575. Le mot latin arena, dont le sens primitif est « sable m,
(K-si^;nait la partie sablée de l'anq^hithéàtre, réservée aux com-
liatlants, et. par une sorte de métonymie, l'amphithéâtre lui-
niénu'. .\u moyen àye, dans ce dernier sens, on semble l'avoir
cmplové de préférence au pluriel, et c'est ainsi que nous disons
aujourd'hui ;< les Arènes ».
L'attentiiu' ne saurait être trop appelée sur l'utilité de relever
le nom Ar:iinc "u Ai/';iine, r(q)résentant le latin arena, au sens
d' - ampbithéàtie )>. surtout lorsqu'il ligure dans dus textes du
moyen àye ; sans doute, il peut n'olVrir que le sens de « sable ><,
fl l'on peut être fixé à cet cj^ard en considérant la nature du
snl ; mais le plus souvent il indiquera au chercheur la trace d'un
monument antif[ue, ou l'aidera à déterminer la nature de vestiges
romains tpii n'ont pas été suirisamn'ient mis au jour.
Ainsi, pour citer un exemple bien connu, emprunté à la topo-
graphie parisienne, le cirque romain de Paris, ipie le roi méro-
vmgien Chilpéric lit restaurer en ;')S3,etdonl l'emplacement pré-
cis a été révélé par les travaux exécutés en 1870 pour le perce-
ment de la rue Monge, conservait au xiu'^ siècle le nom d'Arènes,
comme le prouve la dénomination de clos cr Arènes donné par de
nombreux actes à un lieu voisin de l'abbaye de Saint-^ ictor.
L'emplacement de l'amphithéâtre de Reims, situé à peu de dis
tanci; au nord de la ville, se nomme encore le nionl (FArniiif, et
! .-iO
LES MOIS vv: i.ii:r
le peuple, ignorant le sens do ce vocable, a dit parfois, paraîl-il,
« le mont de la Reine ». A Senlis enlin. on a retrouvé, vers ISIiil,
les restes d'un amphithéâtre dans un lieu appelé FoiiLiinc ilcs
Hcinrs. ce ([u'ou serait tenté d'inli'rprétcr dans le sens de c ion-
laine des grenouilles ». alurs qu'il oonviemlrail iTéorire u fonLaiiic
tl Auame ", conformément a la dénomination fons arenaruni
employée dans les chartes latines du moyen âge : c'est xuiiipic-
meat sur les indices fournis par ce vocable (juo le (Comité arcluMi-
logique de Senlis avait entrepris la i-eclierche de cet ampliithéi\trt'
jusqu'alors inconnu des archéologues.
Tout nom de lieu dont la forme est arena ne suppose pus
nécessairement un amphitéàtre ; le nom d'Areines ! Loir-et-Cher,
prouve en elîet que par u arène », on a parfois entendu un simplf
théâtre : du moins ce village paraît devoir son nom à un théâtre-
romain situé à six cents mètres à l'ouest de l'église du li"u,
Hiéàlre i[ue la Société arelu'-ologique de ^'endôn\e a lait exiiKner.
Le mot latin arena, soit en son sens primitif de <i sable »,
soil en son sens secondaire ù' c amphithéàlre » ou de « théâtre »
est encore l'origine des noms de lieu modernes Arrènes (Creuse),
Airaines (Somme i, Éraine Oise;. Éraines Culvados). Su!- un
plateau voisin de cette dernière localité, on a signalé des sub-
structions romaines fort importantes : il serait intéressant de
savoir si ce ne sont pas là les restes d'un amphithéâtre.
576. Un autre mot latin, cavea, désignant primitivement la
p.irtie du théâtre ou de l'amphithéâtre où étaient assis les spec-
tateurs, a pris ensuite l'acception de théâtre ou damphithéàlre.
Plus tard, à répo(|ue franque, il est devenu le nom propre du lieu
uii s'élevait antérieurement l'éditice consacré aux jeux publics.
L'abbaye de Sain(-Crépui-en-Ç.hdiye, dans la banlieue de Soissons,
tirait son nom. — Sanctus Crispinus in Cavea — de l'ani-
phithéàtre sur l'emplacement ducjuel elle avait été fondée. L'ab-
baye de Ghage, fondée en II3o au faubourg de Meaux, doit son
nom, également formé sur cavea, à une circonstance analoi-'ue.
XXXIV
INDUSTRIES DIVERS1-:S
La série des noms do, lieu d'orig'iiie romaine empriintéi^ aux
iliverses industries est encore peu étendue ; mais nul doute
iiu'une connaissance plus approfondie de la toponomaslique n'y'
ajoute plus tard d'importants éléments.
577. De ces industries, c'est la cérami([ue (jui fournit les noms
I('s plus intéressants.
I.e nom conmivm fig'lina, au sons d" " atelier de potii-r »,
Icrivé du latin fig-ulus, n potier », est devenu sous cette forme
l'i^lina, ou sous la forme plurielle Figlinae, \m nom [)i'opre
(il' lieu dès l'époque romaine, témoin le nom de Fi<;linae donné
lians la l'aide de PeiUini^'er, à un relais de juisle situé entre
\'ienne et \'alenee, sui- la rive i:;auche du llhône, ;i 2.."J0n mètres
environ au sud de Sainl-Rambert-d'Albon (Drôme), Les ateliers
il.' potier ayant été, semble-t-il, nombreux en Ciaule, eomme
dans les autres parties de l'Empire romain, on ne s'étonnera pas
(]ue Fij^lina et Fijjlinae soient le thème étymolog-ique d'un
eiitain nomlu'e de noms de lieu dans notri' pays.
Félines (Ardèche, Aude, Drôme, Hérault, Loue, llautc-Loire,
Lot, Puy-de-Dôme, Tarn, Tarn-et-r<aronne^, la Féline (Allier),
Flines iNnrd) paraissent représenter, malgré Vs linai de la [)lu-
[lart de ces noms, lequel n'est pas toujours étymologique, le sin-
gulier Figlina. (^n en peut dire autant de Fieulaine (.'\.isnt\\ de
Filaine l^Cher, Loir-et-Cdier) et tle Fulaine (Maine. Oise;, La
diphtongue eu de Fieulaine paraît résulter d'une vocalisation du
<j de Figlina, vocalisation dont fournissent d'autres exemples l^
nom de Vémeraude, en latin smaragdus, et l'appellation Paii-
<Lis par laquelle le français du moyen âge désignait Bagdad.
Dans Flins (Seine-et-Oise) et dans Filain ^.\isne, llaute-
Saône! l'absence de terminaison muette aidorise a supposi-i- le
prinnlif b'ig i i nae,
578. Il y a peut-être intérêt à nuuitionner ici, en [)assant, le
nom de MontpotJiicr (Aube), écrit Monl-U'-Polirr du xni'' sii'clè
I."i2 LES NOMS l)'.: I.IKf WA
au xviii'^, ce qui réj^ond au Mons Potarius ou Mons Figuli ;.,'^
du xu'^ : on retrouve on ce lieu un grand noinln'o de poteries °' j
antiques. • ]
579. L'Itinéraire dAntonin mentionne deux l'elais du nom de ,-; \
Calcaria situés, l'un dans Tîle de Bretagne, l'autre en l'ro- j;
vence, non loin de Marseille. Ce noni, désignant un foui- à chaux, * ;
n"a aucun équivalent dans la nomenclature moderne ; mais s;i 'f; i
varianle Fur nus ealcarius est le thème étymologique du nom f^-i
de Forcalquier (I>as3es-Alpes'i et de son diminutif Forcalqueiret i.A
(Var). f\
580. Les vocables Caufuur, Chnufoiir, qui sont de véritable.s s-,;
svnonyniesde Forcalquier, formés (ju'ils sont surcalcis furnus. | i
n'appartiennent pas k l'époque romaine, ni môme, semVjle-t-il, ;i 'y':
l'époijue francjue ': il n'y a donc pas lieu de les examiner ici. f. i
f ■;
La recherche et l'exploitation des métaux a fourni quelques ^\
vocables géographiques, dont plusieurs remontent à répo(pie W.'
romaine. | i
581. Argentai'ia, désignant une mine d'argent, est repré- ^'
sente par Argentières (Seine-et-Marne), l'Argentière Jlautes- |,i
Alpes), Largentière (x\rdcche), Argenteyres (Gironde), cjui sont, î ■
on le rappelle, les équivalents du nom d'origine celticpie Argcn- ê^j
(cuil. p-]
582. Le mot latin ferraria, désignant un gisement de fer, est ":
l'origine des noms de lieu Ferrière, Ferrières — dont Va est I .
parasite — et la Ferrière; à côté de ces noms, dont il existe un j;'
si grand nombre d'exenqjlaires, on citera ceux de Ferrère f
(Hautes-Pyrénées), de Fraire (Belgique, province de Xamur), de L '
Herrère (Basses-Pyrén»^es)et de la Herrère (Haute-Garonne), ces jf-
deux derniers caractérisés par la transformation gasconne de Vf ]
latin en h aspiré. «
583. D'antiques ex[)loitations de minerai de fer sont révélées y
parfois à l'archéologue par des dépôts de mâchefer, que désignent |
le plus souvent des noms signilicatifs : le nom de Rosco/f (F'ims- { '
tère) signifie en breton « le tertre du forgeron ».
584. A la métallurgie se rapporte également le mot latin ^ ■
fabrica, dérivé de faber, a forgeron », et qui a donné en fran- '■
çais « forge ». C est de ce mot que viennent les noms de lieu /
Fargues (Gironde, Landes, Lot, Lot-et-Garonne), Farges 'Ain, ;
OUir.lMOS HOMAIMS : I.NDISIIIUS [11 V KRSKS
1 :V.\
!i'
C.luT, Saône-el-Loirei, Forgues (Ilaute-Ciironne). Forges (Cha-
ronte-Iuférieure, lUe-eL-Vilaine, Maine-et-Loire, Meuse, Orne,
S.'iiie-el-Marne, Seine-el-Oise, Seine-Inférieure), Horgues
Ihiules-Pyrénées).
585. Il est arrivé parfois que l'accent tonique de f abrica, dont
la place ré-uliere esL sur la première syllabe, s'est reporté sur la
seconde : de là les noms suivants : Fabrèges (Lozère), Fabrègues
(Avejron, Cantal, Hérault, Var), la Fabrègue (Tarn), Favergë
■ Savoie), la Faverge (Loire), Faverges (Isère, Jura, Ilaule-
Savoie).
586. Ces dilTérents noms de communes — on a négligé leurs
honumymes appliques i) de simples écarts — remontent vrai-
semblablement à la période romaine. Il en pst peut-être de même
d'un certain nombre de villages appelés Fours, et qui peuvent
devoir ce nom à d'anciens fours à poterie ou à chaux ; mais le
mot four, du latin furnus, ayant persisté dans la langue
moderne, il est possible que plusieurs de ces localités ne .soient
pas d'une origine aussi ancienne : on n'en dira donc rien de plus
ici.
XXXV
-AlUA
Le siiilixo lalin -aria a iHt' coml)iné. non seulement avec des
noms de métaux, mais encore avec des noms de [liantes [inui'
former des noms de lieu : ceux-ci se jn'ésentent jiour la plupaii
dans les textes de la période rran([ue ; mais on en rencontrerait
sans doute <le plus anciens exemples si les textes topoyraphiqvus
de la période romaine étaient plus abondants.
587. Cannabaria, formé sur cannabis, « chanvre », est la
forme primitive des noms de Chenevières (^Meurlhe-el-Mosfllr -,
Chennevières (Mi'use,, Seine-et-Olse), el de Canabières (Aveyroui.
588. l'"abaria, rlérivé de faba. .< fève », a produit Favièrcs
(Eure-et-Loir, Meurthe-et-Moselle, Seine-et-Marne, Somme . la
Favière (Jura;, et, moyennant l'addition d'une désinence diminii-
tive, Faverolles (Aisne, Canlal, (^ote-d'Or, Eure, Eure-et-L<Mr,
Indre. Loir-et-Cher. Haute-Marne, Orne, Somme)
589. ]'"rume n tari a, de frunienlum, « blé », est le Ihènui
étymolog-ique de Fronientières (Marne, Mayenne).
590. De Humularia, formé sur le bas-latin humulus,
« houblon ». provient le nom d'HoiIlblières (Aisne', pour ieiiuel
on a la forme caroling'ienne Ilumolariae.
591. Linaria, dérivé de liniim, i< Mn ■*, a donne naissance
ans; noms de Lillières iMaine-et-Loire), de Lignières (Aube,
Charente, Indre-et-Loire, Loir-et-Cher. Mayenne, Meuse,
Sarthe, Somme] et de Lignères (Somme), auxquels il faut
joindre le diminutif Lignerolles (Allier. Cote-d'Or, Eure, Indre,
Orne).
.\ côté des noms ([ui viennent d'être éuumérés, etqui dési,L;'nent
des localités (;ù l'un eultiva le clian\Te, les fèves, 1 blé, le iiou-
blon et le lin, la toponymie latine présente des noms de même
formation, ayant pour r;icine des noms de ])!antes ci'uissant sans
cultui'c.
592. Pervincaria, tlésii^nant un lieu où croit la pervenche,
est hi forme priniitive des noms modei'iies Pervenchères ;Il!e-td-
(in;r,iNi-:s p.omainiv
ir)5
Vilaine, Oriio), Pervinquières (ïaT-n-et-Garonne), Prévencllère
(Ardôclu', Cher), Prévenchères (Creuse, Lo/.èrei, Préviiiquières
(Aveyron). Proveiichère (Douhs, Puy-de-Dôino, TIaute-Saùne),
la Provenchère (Eure-et-Loir, Loiret. Savoie;, Provenchères
iHaute-ALarne, Vosges), les Provenchères fSavoie), la Proven-
quière et Provenquières (Tarn).
593. Sinaparia, c'est-à-dire c lieu où croît le sénevé », se ren-
contre au vi^" siècle dans Grégoire de Tours, sous la forme Sena-
naria, pour désigner le monastère de Sennevières (Indre-et-
Loire\ Sennevières (Oise. Yonne: et Cenevières {Ua^ ont la
même origine.
594. Juniperaria, formé sur le nom du ge\)évrier, j un :pe-
rus, adonné Genevrières (Haute-Mame , la Geiiévrière (Cor-
rè/.e), les Genevrières (Côte-d'Or).
595. Au moyen âge on a formé helon le même procédé des
noms de lieu sur des noms de plantes dont quelques-uns n'étaient
pas d'origine latine, et c'est ainsi qu'à côté des noms Jonchères,
la Jonchère, Jonquière, Jonquières, représentant un bas-latin
Juncaria, des noius Boissières, îa Boissière, Bussière, Bus-
sières, Buxière, Buxières, représentant un has-latin Bu\arui,
on trouve des noms tels que Leschères, en i.MS-latin Liscaria,
indiquant la présence de cette plante de la famille des cypéracées
qu'on appelle la laiche, et que Rozières, en bas-latin Pvosaria,
dérivé de la forme primitive du nom de la plante qu'aujourd'hui
nous iqipelons diminutivement le roseau. Liscaria est l'origine
de Leschères (Jm-a, Haute-Marne, Savoie) — qui a pour dimi-
nutif Lescherolles (Cher, Seine-et-Marne) — et de l'Échelle
(Marne, Seine-et-Marne) : on voit que dans ce dernier nom. une
substitution de liquide a eu poiu- conséquence une fausse mter-
prélalion. .\ signaler les v;irianti's bourguignonnes et lorraines
la Lochère (Côte-d'Or), les Lochères Saône-et-Loire). Lochéres
(Meuse).
596. Le suffi.Ke -aria a été combiné, non seulement comme on
vient de le voir, avec ues noms de végétaux, mais encore avec
des noms d'animaux : les noms de lieu de cette dernière forma-
tion ont trait à l'élevage du bétail.
597. Armentaria, formé sur le nom gc-nérique du gros bétail,
armentum, est l'origine du nom de lieu Armentières (Aisne.
iaft i.i:s NOMS [)i: lifu ^"
Arièg-e, Aube, Eure. Indre-ct-Loirç, Nord, Oise, Seine-ot- :
Mnrno).
598. Asinaria. c'e.st-à-dirc i lieu où l'on élève des ânes » csl ^
représenté par Asnières (Ain, Calvados, Charente, Charente- f
Inférieure, Côtc-d'Or, Eure, Sarthe, Seine, Seine-el-Oise. %
Vienne, Yonne), Ànières (Deux-Sèvres), Agilières (Hautes- f
Alpes, Pas-de-Calais, Somme), Anères (Hautes-Pyrénées).
599. lîerbiearia, formé sur le latin herbex, n brebis >\ J;
variante, employée par Pétrone, du ebissiqne vervex, a loiu'ni le^^ V ^
noms de lieu modernes Berbiguiôres (1 '.ndoyne), Bl'ebières m \
(Pas-de-Calais), Berchères : lùire-et-I,oir), Bergères (Aube, f' î
Marne), la Bregère (Haute-Vienne), la Bregière f.-Vllier). •' j
600. Bovaria est l'origine du nom de Bovière (Mayenne). f i
601. Capraria, qui indi([ue un lieu où l'on élève des chèvres, ^ j
et qui est d'ailleurs un ]ioni ^/ographique connu de l'antiquité ï I
latine, a donné en France Cabrières (Gard, Hérault, Vauciusc) |^ !
— d'où le diminutif CabreroUes (Hérault) — et Chevrières , '
(Ardennes, Isère, Loire, Oise'/. Les noms de Cabriès (Bouches-
' . . "" i
du-Rhnne) et de Chevrier (Haute-Savoie) tirent leur ong-uu;
d'une l'orme nuisculine ou neutre de Capraria. ,. i
602. Porcaria, u porcherie >>, a produit Porchères (Girondei, ^ '
Pourchères (.Ardèche), et, par l'adjonction d'une terminaison i '
diminutive, Porqucrolles (Varî. ■■ ■■
603. Vaccaria, « vacherie », a fourni les noms de lieu ;
modernes "Vachères (Basses- Alpes,' Drôme), la Vachère (Piiy ^' '
de-Dôme), Vacquières (Bouehes-du-Rhône, Hérault), desquels • ,'
il faut nipprocher le diminutif Vaqueirolle l(iard) el "Vacquicrs i.\i
(Haute-Garonne), qui a évidem.menl pour origine un neuti-e Vac- ;,":J
carium, .synonyme de Vaccaria. ^ :^
604. C'est aussi, selon toute apparence, à répo([ue romaine l ;.
qu'il faut rapporter l'origine du nom de lieu Apiaria, mentionné *;, ^
dans plusieurs textes de la période franque, et cpii désignait à l '^
l'oriiT-ine un lieu où l'on élevait des abeilles, apes. Ce nom a ' !
o ■ . i
produit le nom Achères (Cher, Eure-et-Loir, Loiret, Seine-et- ?, t
Marne, Seine-et-Oise), et sa variante fautive Aschèrss (Loiret). O
605. Le curieux capitulaire De Villis, édicté par Charlemagne^
antérieurement à l'an 800, révèle l'emploi au viir' siècle, comme,
synonymes de' plusieurs des mots qui viennent d'être passés en
(i1;1C,|M;s Ko.MAlMùH : -.w.'/.i t;)7
ri'\uiî, tir Iciincs ([ui s'un disliiii^uciit par la ik'sinoncc -arilia,
i-inploN ('t' au lieu di! -aiia. Ou )il a 1 ariùlo XXIll de celte
ordonnance : lu uuaqua;[ue villa uusira lialua u l judices
vacearitias, porca ri lia.s, her b ica ri li a s, ca pra ri l ia s, liir-
earilias, ([uauLuiu iiius poLueriuL. Chacun de ces niols, à
l'exception peut-être du dernier, qui semMe n'être (paun synonyme
lie ea[)ra ri lia, a fourni des noms de ]\en qui remontent vraiseni-
hlablement pour la plupart à répo([ue franque.
606. Vaccaritia est le thème étymologique des noms Vache-
resse (Charente, Doubs, Loire, llauto-Loire, Puy-de-Dôme,
Haute-Saône, Ilaule-Savoiei, la Vacheresse (Seine-et-()ise,
\"osyes), Vacheresses yFAU'e-el-L,cur;, Vacqueresse (Somme) el
Lavaqueresse (Aisne i.
607. Porcaritia est la forme primitive des noms de lieu
Porcheresse (Charente- Inférieure. LoireL 1 . PourcharesS8 .
(Ardèchc), Pourcharesses (Lozère , Pourcheresse (Puy-de-
Dôme i.
608. Berbicarilia a produit tout au moins le nom la Berge-
n'usc qui, dans un acte de 1 i23, désigne une localité de la Hrie.
609. (daprarilia est vraisemblabltmienl 1 origine du nom de
Chevresse (Cher), dans lequel on verrait LeHel d"unc contraction.
Gabrerets (Lot) paraît représenter un synonyme masculin ou
neutre de Capi'aritia.
610. Uovaritia. dont le capitulaire /)(■ \'illis permet de sup-
poser l'existence, est sans doute le thème étymologique du nom
de Bouresse (Vienne).
611. Si le mot hircaritia, désignant une étable à boucs, n'a
rien donné, cela tient à ce que ce mol n'est qu'une traduction
d'une expression vidgaire (}ui subsiste évidemment dans le nom
de lieu Boucheresse (Creuse), formé sur le nom roman du bouc,
et non pus sur son nom latin. Le sens que permettent de donner
au nom Bouchercssc le.s constatations qui précèdent, autorise aussi
a traduire les noms de lieu Bouchère (Charente, Hautes-Pyré-
nées), la Bouchère (Nord) et Bouchères (Lot-et-Garonne) par-la
périphrase « étable à boucs ".
XXXVI
AP.BRHS
Un grand nombre de noms de lieu représentent des collectifs
latins i'orniés siir des noni.s d'ai'bres ;i Tîiide dn suilixe -etum,
qui, à l'rpocjue carolin^'-leniic, a éli- altéré eu -idum ; -cla,
lornie féminine de -etuui, a été aussi eni[)l()yé à lu même lin.
Pour énumérer ces noms de lieu on suivra l'ordre alphabétique
des formes originelles.
612. Alnetum, de alnus, .i aune ■> : Aulnay ^.\ube, Eure,
etc.), Aulnois i^Ai'jne, Meuse, >'[c.). Alllnoy i Haute-Marne, Nord,
ele.), Aunay (Eure-et-Loir, Nièvre, etc.), Lauiiay (Aisne, Cal-
vados, etc.), Launoy (Aisne. Antennes), Launat ' (Marne),
variante champenoise, LaniiOy (Xurd, (Jise, Pas-de-Calais),
variante [)icarde.
613. Betuletuni, île belula, n bouleau o : Belloy (Oise,
Seine-et-Oise, Sommej, le Belloy (Seine-el-(Jise), Bellay (Marne,
Oise), le Bellay (Seine-ct-Oise) ; d'une nuuiière générale, la pré-
sence de l'arlicle peut être l'indice d'une origine moins ancienne.
614. J3etulletum, doublet du précédent, qu"autoris(Mit à sup-
poser les vocables Bouloy (Côte-d'Or, Seine-et-Marne), le Boulois
(I^oubs), Boulay (Loiret, Mayi'une, Seine-et-Oise), le Boulay
(Eure, Eure-eL-Loir, Indre-el-Loire, \'osges). La Boulaye
(Saône-el-Loire) viendrait de l'etullela.
615. Buxetum, de buxus, « buis » : Bucy (Aisne, Loiret),
Bussy (Ardennes, Calvados, etc.), Buxy (Saùne-et-Loire), Bou-
chy (Marne), — quelques-uns de ces nombreux noms peuvent à
la vérité représenter un primitif Bueiacus ou Bucciacus,
formé sur un gentilice Bucius ou Buccins — Boissy (Eure,
Eure-et-Loir, etc.), Boissay (^liure-et-Loir, Loir-et-Cher, Maine-
et-Loire, Seine-Inférieure), Boisset (Cantal, Eure, Gard, Hérault,
Loire, Haute-Loire), Boissets (Seine-et-Oise), Busset (Allier).
Le changement, qu'on observe en plusieurs cas, de IV de -etum
en (■ est l'elfel du son sifllant qui précède ; il en est ainsi dans
le mot c/rr, venant du latin cera.
i
'^
OIUC.INKS UOMAINKS
.*)',!
f^fk
I
u
616. Carpinoluni, de carpiaus, « charme » : Garnoy
Sdinine), Charnois (Ardeiiae.s\ Charnoy (Marne, Nièvre), le
Charnoy (Seine-et-Marne), Gharmoy (.\ube, naute-Afarne, Saone-
fl-Loire, Yonne, etc.).
617. Casneliun, qu'on rencontre dans des textes de l'éponue
iVancpie, et (pii est lornie sur le nom du chêne tlans une langue
iuiléromaine de Gaule : Chanoy (Loiret, Haute-Marne, Haute-
Saône, Vosges), le Chanoy (Seine-et-Marne), Chesnois et le
Chesnois (Ardonnes), le Chesnoy (Nièvre , le Chesnay (Seiue-
cl-Oise), le Chenoy (Loiret. Meurlhe-et-Moselle, Seine-et-Marne,
Yonne), Chenay et le Chenay (Calvados, Eure, etc.), Quesnay et
le Quesnay (Calvados. luu-e, ete.'i, Quesnoy ou le Quesnoy
Manche, Noi-d, etc.).
618. Castanelum, de castanea, « châtaignier )i : Gastenet
(Haute-Garonne, Hérault, Tarn, Tarn-et-Garonne), Gatenoy
(Oise), Catenay (Seine-lnlerieure), Châtenois (Jura, Haut-Rhin,
Ilaute-Saôue, Vosges), Ghàtenoy ;l,')!ret. Saône-et-Loire, Seine-
ri-Marnei, Chàtenay mi le Chatenay jAlu, Diruue, etc. , Chàte-
nct <iu le Ghàtenet (Charente, t]urrè/.e, ilaale-\'ienne).
619. Ce rase t uni, en has-latin Cersetuniuu Ce r si tu m, de
cerasus, .. cerisier .> : Cerçay (Côte-d'Or. Loir-et-(^Jier, Seine-
et-()ise), Gersay i^ Deux-Sèvres).
620. Coryletum, à l'époque i"ranf[ue Colritum ou Colri-
duin, de cor y lus, » coudrier >< : Golroy 'Nosges;, Gorry
(Loiret, Marne), Gauroy (Ardennes, Marne), Cauroir (Nordi.
621. Fagetuin, de fagus, >< hêtre » : Faget ou le Faget
(l)ordogne, Gers, Haute-Garonne,. Lot, Lot-et-(iaronne, Basses-
Pvrénées, Savoie), Haget (Gers, Landes, Lot-et-Garonne,
lîasst's-Lvrenees. Hautes-Pyrénées,, Fayct ' .\isne, Aveyion.
Puy-de-Dome, etc.).
622. Fi-a\ inet uni, de l'raxinus, « frêne » : Fraysshiet (Lot),
Freycenet (Haute-Loire), Freychenet (Ariege;, Freyssenet
(.Vrdèche), et en pays de langue. d'oïl, les noms si fréquents de
Fresnoy, Fresnois, Fresnay, Fresnai, Fresnais, Frenoy, Freney
et Frenay.
623. Nucetum, de nux « noyer » : Noisy iSeine, Seine-et-
Marne, Seine-et-Oise), (jui a pour diminutifs Noisiel et Noiseau
(Seine-et-Marne).
624. Fine tu m, de pin us, « pin » : Pinay (Loire),, Pinet
(Nièvre).
iO
LES NOMS DK I.ll'r
625. Prunetuin, a l'époque inéroviri'^'-iLMinc Pruniduni, de i
prunus, « prunier » : Prunoy (Yonne), Prunay (Aube, Euro-d- •
Loir, Loir-et-Cher, Marne, SL'ine-et-Oise), Prunet (Allier, i
Arclècho, Cantal, Haute-Loire, Lozère. Pyrénées-Orientales), Ira
Pournoy (Moselle). ^
626. Roboretum, derohur, « rouvre » : Rouvroy, Rouvrois, ^
Rouvray, et, en pays de langue d'oc, Rouret (Gard), le Rouret "i
(Alpes-Maritimes). * ';
627. Salicetum, de salix, >. saute >■ : Saulcy i^Aube,
N'os-es), le Saulcy (Vos-es), Sauchy (Pas-de-Calais), le Saus^oy î
(Seine-et-Marne, Yonne), Saussay et le Saussay (Kure, Eure-et- ^
Loir, etc.), Saulchoy (Oise, Pas-de-Calais, Somme), Sauîcet ^ j
(.VUier), Sauzet (.Vveyron), Saulzais (Cher), Saulzet (Allier, '" <
Puy-de-Dôme).
628. Sabucetum, pour Sambucetum, de sambucus, >\
« sureau >>, est probablem Mit l'origine de quel(|u'un des vocables £ ;
Sucy (Seine-et-Marne, Seine-et-Oi.se), Suzy (Aisne), Souchez ^.
(Pas-de-Calais). ijà,
629. Spineturn, de spina, « épine » : Épinoy (Xord, Oise, |-j
Pas-de-Calais), l'Épinoy (Loiret, Pas-de-Calais), Lespinoy (Pas- ^'^
de-Calais) ; enlin Épinay ou l'Épinay, vocable très répandu,
mais qui cependant, en ce qui concerne Epinay-sar-Scine (Seine),
ei Epinay-sar-Orge (Seine-et-Oise), représente une forme assour- *
die d'Ëpineil, qui vient du'synonyme gallo-romain de spineturn,
spinoialum. ■.',
630. Tilietum, de tilia, « tilleul» : Tilloy, Thiilois, Tillay, M
Theillay, Teillay, Teillet et Teilhet, vocables très fréquents. v;
63L Tremuletum, du qualilicatif de populus tremula, * •^•
(( tremble » : le Tranloy (Oise), le Transioy (Nord, Pas-de-
Calais), Tratllay (Somme), et les noms de lieu si comn\uns,
Treniblois, le Tremblois, Tremblay, le Tremblay.
632. Ulmetum, de ulmus, .< orme » : Ulmoy (Maine),
Ormoy (Eure-et-Loir, Haute-Marne, Oise, Ilaute-Saone, Seine-
et-Oise, • Yonne), Osmoy (Cher, Eure, Eure-et-Loir, Seine-el-
Oise, Seine-Inférieure), Ommoi (Orne). . j
633. Vernetum, du nom gaulois de l'aune, qui a persisté : ïpf
Vernoy (Yonne), Vernois (Côte-d'Or, Doubs, Haute-Saône), le ^l
Vernois (Côte-d'Or, Doubs, Jura), le Vernet (Basses-Alpes, i>i
Ariège, Haute-Garonne, Haute-Loire, Puv-de-Dôme. Pyrénées- ^
Orientales). ^
ORIGINES ROMAINES : AHKHES
\(\\
l.
La long-ne tHuuuéralion qui précèdu lU" comprend qu'une partie
(li!S noms Je lieu de France, pouvant remonter à l'époque
romaine, qui sont empruntés au règne végétal. D'autres con-
sistent dans les noms mêmes des arbres, emj)lovés sans aucun
sullixe :
634. Alnus désigne, dans un diplôme de Charles le Chauve
une localité voisine de Nogent-sur-Seine qu'on ne peut plus
uleiitilier ; ce mot est l'origine du nom de Laulne (Manche).
635. Carpinus : Charmes (Aisne, Allier, Ardèche, Cotc-
il'Or, Drôme, Haute-Marne, Haute-Saône, Vosges), la Charme
(Jura), le Charme (Loiret).
636. Casnus : Chanes (Saône-et-Loire), le Chêne (Auhe), le
Chesne (Ardennos, Eure), le Quesne (Somme), Casse (Lot-et-
Garonne) ; cette dernière forme, plus rare, est l'origine des noms
de famille Ducausc et Delcassé.
637. Corylus : la Caure (Marne), Gaulre, la Caulre (Meurthe-
et-Moselle), ot peut-être Corre (Haute-Saône).
638. Fagus : Fay (Aube, Drôme, Loire-Inférieure, Loiret,
Oise, Sarthe, Somme); Fai (Orne), le Fay (Saône-et-Loire), Faux
îArdcnues, Aube, Creuse, Dordogne, Marne), Faulx (Meurthe-
el-Mosellei. le Faux Pas-de-Calais).
639. Fraxinus : ■ Fraysse (Dordogne), Fraisse (Hérault,
l.oii-e., Fraisnes ^Meurthe-et-Moselle), Fresiie iCôte-d'Or, Eure,
.^eiiu-interieure), le FrcSlie (Calvados, Eure, Manche, Maine),
fresnes (.Visne, Loir-et-Cher, Marne, Haute-Marne, Meuse,
Nord, Oise, Pas-de-Calais, Seine, Seine-et-Marne, Somme),
Frênes Orne), Frasne >i;)oubs, Jura, Haute-Saône).
640. Pinus : Pin i llaule-Saône), le Pin (.Vllier, Calvados,
Charente-Inlérieuie, Gard, Haute-Caronne, Indre, Isère, Jura
Loire -Inférieure, Seine-et-Marne, Deux-Sèvres, Tarn-et-
(laronnej.
641. llobur : Reuves (Marne), Rouvre (Deux-Sèvres),
Rouvres (.Vube. C;dvados, Côte-d'Or, Eure-et-Loir, Indre, Loi-
ret, Haute-Marne, Meuse, Oise, Seine-et-Marne; Vosges), Roure
Al|)es-M;iritinu's).
642. Salix : Saulx (Côte-d'Or, Meuse, Hante-Saône, Seine-et-
Oiseï ; parfois employé; comme nom d'écart, Saulx est précédé do
1 ai'ticie /,(, conservant le genre qu'avait salix en latin; il
résvdte île là tpie le nom de lieu dit Fontaine de la Saulx, tra-
/.('.<; noms dt: lifii. jj
Ifi2
LES NOMS IJE LIKII
duisaiil le latin Fons salicis, est souvent écrit « Fontaine ilr
l'Assault ».
643. Spina : l'Épine (Hautes-Alpes, Marne, Pas-de-Calais .
644. Tilia : Thil (Ain, Aube, Cùle-d'Or, Haute-Garonn.',
Marne, Meurthe-et-Moselle, Saône-et-Loire, Seine-Inférieuici,
le Thil (luire, Seine-Inférieure), Theil ;Cliarente, Yonne), le
Theil (Allier, Calvados, Eure, lUe-et-Vilaine, Manche. Orne), le
Teil^Ardéche).
645. Ulmus : Olmes (Aveyronl, les Olmes (Rhône), Ouliiies
(Vendée), Ormes (Aube, Eure, Loiret, Marne, Meurthe-el-
Mûselle, Saône-et-Loire), l'Homme (Sarllie), l'Houme 'Charente ,
Oms (Pyrénées-Orientales), Omps Cantal), Homps (Aude), sont
à rapprocher du nom de famille Dchnns, forme auvergnate do
Desormes.
646. La plutiart des arbres étaient désiarnés dans la lan"uc
vul_L;aire du moyen âge sous deux formes dilTérentes, l'uno
simple, comme boule., charme, chêne, corre, pu/, frcstie. pin.
rouvre, thil, orme, l'autre dérivée à l'aide d'une terminaisnn
diminutive — bouleau, charmel, chcsncau, cuurcl, fui/el, //■■ snvl.
piiirl, rouvrel. filleul, oruwl — (jui d'ailleurs n'impliijuail
aucune idée de petitesse ou de jeunesse, mais dans laquelle il ne
faut voir qu'une manifestation de la tendance à allonger les mots
monosyllabi([ues. Toutes ces formes dérivées ont donné nais-
sance à des noms de lieu qu'on s'abstiendra d'énuniérer ici, car
il est peu probable (ju'ils soient antérieurs au moven âge.
647. Il est plus légitime de classer parmi les noms de lieu
d'origine romaine ceux qui présentent lui nom d'arbre combiné
avec un adjectiP, soit numéral, soit qualitîcatif : certains perpé-
tuent le souvenir d'un ou de plusieurs arbres remarqués par no^
lointains ancêtres qui les avaient parfois divinisés, témoin le nom
du dieu Sex arbores, que mentionne une inscription votive. Un
relais de poste voisin de Hazas portait le nom de Très Ai-bores.
Le nom de Sep/nuhres, qui désignait une localité du Limousin, a
pour équivalent les Sept-Arbres (Tarn-et-Garonnei, et on en
rapprochera Cinq-Albres (Lot-el-Garcmne .
\ oici quelques vocables géograj)Iu([ues ayant pour second ,
terme un nom d'arbre. ]
..S
ouii;i.m:s ko.maim-:,
Ili:i
6i8. Beauclîène (Loir-el-Cher, Orne), de Bellus C;isnus; le
Torquesne iCalvados), de Tortas casuus ; ïortequenne (Pas-
ilo-(]alaisj, équivalent du précédent, mais particulièrcaient inté-
ressant parce qu'où y voit cas nus pris au féminin comme la
|ilii|>art des noms darbres, dont le latin quercus.
649. Gros-Ghastang (Corrèze), du bas-latin Grossus Casta-
Mt'us : le latin classique eût réclamé G rossa Gastanea.
650. Beaufai (Orne), Beaufay (Sarthe;, Beaufou (Vendée), de
Bellus Fagus; Torfou (Maine-et-Loire, Seine-et-Oisei. de Tur-
lus Fagus; Trefols (Marne), de Très Fagi.
651. Grosrouvres (Meurthe-et-Moselle), de Grossum Uobur ;
Tourouvre (Orne), de Tortum Roi)ur ; Silvarouvre (Haute-
Marne), jadis SouvHinroiivre, appelé en 877 Sopinum Robur
jiour Supinum Robur. Dans Sècherouvre (Orne), c'est-à-dire
.1 le rouvre desséché », on voit le gejire léminin attiàbué à un
Hiim d'arbre, qui, par exception, est neutre en latin.
652. Septsaulx (Marne;, de Septem Saliees; Séchaull
(Ai'dennes), deSiccus Salix.
653. Le Gros-Theil (Fure), c'est-à-dii-e V le gros liUeul ».
654. Lancônie (Loir-et-Cher), de Longus Ulmus.
655. C'est de la même manière qu'a été formé, vraisemblable-
ment dans la première moitié du moyen âge, le nom d6 Long-
perrier (Seine-et-Marne), sur Longus l'irarius. k le grand
puirier ».
\
t
11 faut encore sans doute reporter à l'époque romaine les
noms de lieu cjui représentent des adjectifs latins formés sur des
noms d'arbres et qui, suivant toute ap[)arenco, ont été d'almnl
l'inployés sid)slanlivenient dans le langage {)iq)uhure à Utre de
collectifs pour lesquels la forme féminine a généralement pré-
valu.
Une des catégories de ces collectifs présentait la terminaison
-ca.
656. Buxea : Boisse (Uordogne), la Boisse (Ain), Boë.sse
(Deux-Sèvres). Boesses (Loiret), Bouesse (Indre), la Bouesse
(.\llier, Vienne).
657. Fagea : la Fage,(Aude, Corrè/.e, Lozère), Fage (Allier),
Fages (Aude, Cantal, Dordogne, Lot, Pyrénées-Orientales), Faye
(Indre-et-Loire, Jura, Loir-et-Cher, Maine-et-Loire, Deux-
Sevres;, la Fûye (Allier, ilautes-Alpes, etc.).
1 () I i.i:s M).Ms uii Liia
658. Fraxiiiea : Fraissigne (Creuse), Frayssinhes (Loi\
Fraissines (Tarn), Fressigne ((îroiise\ Fressines (Doux-Sévivs>.
659. Salioea ou plutôt Salcea : Saulce (Drônie'l, la Saulce
(llautcs-Alpcs), Saulces (Ai-dennes), Sausses (Ba-sse-s-Alpi-'S!.
— Dimiuutir : la Saulsotte (Aube).
660. Treniuloa : Tréniouille (Cantal, l'uy-de-Donie), la Trô-
mouille ( Dordounc. llaule-Vienao), TrélUOuilles (.Avevi'ou), la
Triniouille i,\'icMim'!.
La dé.sinenco laline -ca a été conibincc aussi avec des m.nis
d'arbres appartt'iuuit à des lan^■ues pai'lées en Gaule antérieure-
ment à la con([uète romaine.
661. Cassanea, l'ornié sur un nom anléionudu du chêne, qui
s'est conservé dans les provinces du cenlie sous les formes cus.sun
ou chnasnn : Cassaigne ((iersi, la Gassaigne et Cassaignes
(Aude), Cassague (llaute-(iaronue), Gassagues 'Aveyron, [.ol,
l'yrénécs-Orientalosj, etle diniiiuilit'Gassagnoles (Gard, Hérault) ;
Chassagne (Côte-d'(.)r, Doubs, Ilaute-L.oire, Puy-de-Donie),
Ghassagnes ^.Vi-deche^ la Ghassagne (.lura, Rhône), Ghas-
saignes (Doi'doj^ue), Ghasseigne (Clier, Xièvre, Vienne).
662. ^'e^nea, i'ornu'^ sur le nom ^^aidois de 1 aune : la Vergiie
(Charente-Inlerieure, etc.'i.
Sur les noms d'arbres éi;alenu'ut ont été l'ormés des fréquen-
tatifs en -osus, -osa, qui soni ileveims noms de lieu.
663. Ijctullosa : Bouleuse (Marne"!, la Boulouze (^Manche).
664. Cassa niosa : Cassailiouze (Caulal).
665. b'raxinosa : Freneuse (Mure, Seiue-et-Oisc, Seine-Inlc-
rieuie). — Fra xinosus : FrayssillOUS (.Vvevrou, Tarn).
666. Saliceosus : Sausseux (Eure-et-Loir,. — Sausseuze-
mare (Seine-Inférieure) représente un bas-la tiuSaliceosa Mara.
667. Spinosa : Épineuse (Oise), Épinouze (Drôme). — Spino-
SU.S : Épineux (Mayenne).
668. Tiliosa : Thilouze (Indre-et-Loire). — Tiliosus : Thil-
loUX (Indre), Teilloux (Creuse), les TeiUoux (Puy-de-Dôme).
669. Veruosa : Vernouze (.Vin), Lavernose (Haute-Garonne).
— Vernosus : VeruOUX (Ain).
XXXVII
AITRES USAGES DES SUFFIXES -ini'M 1<T -nsUS
Les suffixes -etum, -osus et -osa ont été conil)iiu''s lum seu-
lement, comme on vient de le voir, avec des noms d'arbres, rn.ns
encore avec des noms de plantes, et même avec des niol< éli:ui-
j,'i.Ts à la nomenelalure vé^-élale.
670. Sinapetum, véritable synonyme de Sina[)aria : Sen-
nevoy (Yonne).
671. Ginestetum : Ginestet (Dordoyne), et ses éijuiN -.dents
l>lus modernes Genetay, le Genetay.
672. Juniperetum : Genevrey i llaute-Saùnei. (pii a pour
i'<Hii valent féminin la Geiievroye (llauto-Marnoi.
673. Eontanelum, formé sur l'.idjeclif fontana, aufiros
iluc|uel on sous-entendait aqua, et ([ui a été ensuiti', et des
rép0(pie romaine, pris substantivement : Fontenoy (.Visne,
Mrurthe-et-Moselle, ^^osçes, Yonne), Fontenay (Aube, Calva-
ilos, ete.i. Fontanet (Lot. Lot-et-Gai-onn.>, l'uy-de-l>.'.me 1.
674. Ginestosa : la GenetOUZe (Charente-lnféTieuri', \'eud.'e ,
la Geneytouze ^llauteA'ieime). — Ginestosus : Ginestous
Hérault, Tarn, Tarn-et-Garonne), GinestOUX (.Vveyron .
675. Lutosa, c'est-à-dire c la boueuse » : Louze (llaule-
.Miuiie), Louzes (Sarthe), Leuze (.Aisne et, en Helgi(pie, llainaut ut
province de Namur).
676. Braiosa, synonyme de Lutosa, formé sur un mol anle-
niinain ([ui s'est conservé dans le français du moyen à^e sous la
fiume hral : Briouze ((hau';.
G77. .\ri';illosa, dc'siguant^ \m lieu ar<^-ileu.>: ; Argelouse
L.iiales). — Arj.;illosus : Argelos Landes, l)asses-Pyi\-né.-s..
I 678. Tel l'osa, e'est-à-ilire « lieu pierreux, rocheux •' :
Peyrouse dlaules-Pyrénées), la Peyrouse (Gironde, Pu\-de-
Hnme, etc.), la Péreuse (Ardeunes, Charente). — Fetrosus;
PeyrOUX, fréquent en Auveryne, en Limousin cl dans le vui.^i-
ii.iLTe.
IGG
LES NOiMS DE I.llOl'X
Parfois les îuljeclifs en -osus ont tonné des noms de lieu par
combinaison avec des noms communs.
679. Fons petrosa : Fontpédrouse (Pyrénées-Orientales,.
680. Petrosa Villa : Preuseville (Seine-Inférieure).
681. Va du m petrosuni : Voipreux (Àlarne), Guipereux
(Seine-et-Oise), le Guéperoux (Manche).
682. Fons j une os a, c'est-à-dire « source environnée de
joncs » : Fontjoncouse (Aude\ à l'approcher, au point de vue de
la formation, de lu Lcxjc-Fomjcreuse (Vendée).
XXXVIII
FORÊTS
683. Le mot latin silva, « forêt, bois », a produit les noms de
liiu suivants : la Selve. (Aisne, Aveyron), Selves (Aveyron, Can-
l.il , la Serve (Ain, Jura, Loire, Puy-de-DAme, Rhône), la Sauve
'Nièvre) ; mais en raison de ce que les mots aelve. serve, sauue
(ml été employés comme noms communs avec le sens du latin
silva dans le langage de plusieursde nos provinces au moyen âge,
et plus tard encore, il se peut que tel de ces noms de lieu ne
remonte pas nécessairement à l'époque romaine.
Silva a été employé en composition, témoin les exemples sui-
vants :
684. Plana Silva : Pleine-Selve (Aisne, Gironde',, Pleilio-
Sève (Seine-lnférieui'e), Pleilie.S-Œuvres (Calvados), pour
IHeineseuve, Pleinesserve (Haute-Savoie). La disposition inverse
(les deux éléments de ce noiu a produit Sauveplane (Aveyron,
Lozère).
685. Dianae Silva est, on le rappelle (cf. n° 459), l'origine
(lu nom de la région forestière à la([uel!e r////Vrs-e^-Désœuvre
(Eure) doit son surnom.
086. Grossa Silva : Grossœuvre (Eure).
687. Les trois ncJms composés Plana Silva, Dianae Silva
et Grossa Silva remontent très probablement à l'époque
romaine; on ne peut être aussi aftirmatlf au sujet de Silva piau-
la 1. 1 cl de Ma n sus Sil\ao. tlun.U's ét\ nuilogiipuvs de Sauve-
pianlade (.\rdèelie), et de Masseube (^(.'crs).
[/, 688. Le mol latin lucus, qui élait à peu près synonyaur de
silva, mais désignait, sembie-t-il, un bois ou une forêt de
moindre dimension, élait peut-être plus fréquemment employé
(pie le mot silva comme siom do lieu à !'épo(|uu romaine : du
moins l'Itinéraire d'Antonin, qui n.'indique aucuns station appe-
|:. lée Silva, en fait connaître trois du nom de Lucus, situées res-
pectivement en Gaule, en Italie et en Espagne. Le Lucus de
I.
Mis
i,i:s .NOMS r>i-: Lir.r
Gaule est aujourd'liui lMC-ci)-])i/)i.<i (Drùme), et celui d'Espai^in'
se nomme actuellement Lugo.
689. On pont induire de là que lucus est l'origine des noms
de' lieu Luc (Aude, Avevron, Calvadi-s, Drôme, Basscs-Pvi\--
nées). Lucq î Hasses-Pyrénées) et le Luc (Vor).
690. lui admettant — ce (ju'aulorise an moins une des
l'oiiiies anciennes du nom de Liic-sur-Mcr (Calvados) — l'as-
soiu'dissement du r étymologique, on peut attribuer la mènu'
oriL:-ino au nom de Lu (Seine-et-Oiso) et ;i celui du bois de Lhu
(AisneV
Dans les noms composés dont le Ihème étymologique pre-
ssente lucus comme second terme, le c s'est également assourdi :
691. Grandlup '.\isne). appelé au -xu" siècle Grnnlu et GrmUlii,
représentant Grandis Lucus.
692. Grolu i Savoie , de Grossus Lucus, u bois épais ».
693. Nélu ;Eure-et-Loiri, vraisemblablement de Niger
Lucus.
694. Orluf.Vriège. lùne-et-Loir), Orluc (Corrèze), Orlut (Cha-
rente), du latin Aureus Lucus.
695. Vélu (Pas-de-Calnis'i, Veslud (Ai.sne), qui pourraient
liien vcnii' de ^'etatu^ Lucus, expression svnonvme de
I' garenne ».
696. Il est permis d>' ranger dans la même catégorie, sans qu'on
puisse en défeiauiner sûrement le premier terme, les noms sui-
vants : Andelu iSeine-et-Oise), Banthelu (Seine-et-Oise), Dolus
((Charente -Inférieure'!, Gandelu (Aisne) — Wandeluz au
XII" siècle, Gandelueus au xiii'^ — Ramoulu (Loiret) et Retolu
I .Seine-et-Oise '..
697. Lucus apparaît comme [)remier terme de l'appellation
Lucus plantatus, sous la(piel!e une ciiarte de 120G désigne
Luplanté (Luie-et-Loir), synonyme de Saiiveplantadc. ,
i
ii
:■■ 1
XXXIX
COURS WKW
698. De tout temps, dans notre, pays, dos noms de lieu ont (Hé
formés sur des noms de cours d'eau. Les villes i;;auloises
d'.-Vvaricum, aujourd'hui Bourf/es, et d'.Vu Iricum, aujourd'hui
Clhartres, devaient leurs noms aux rivières qui les arrosent,
l'Yèvre, Avara, et l'Kure, Autura. Lo. n(m-i de Thouars (l)eux-
Si'vresV ville située sur U^ Thouet, Toaris. était sans doute à
l'orig-ine, par luio construction analogue, 'l'oaricum, témoin
l'appelhition latine du territoire de Thonar.s, pai;us 'l'oa rcensis.
Par un procédé différent, le nom de Nevers, Xivcrnis, a été
fiirmé sin- celui de hi Nièvre.
699. Ce .sont là des noms anteromains ou celtiques ; et l'on a
rencontré [trécétlenunent des nonis de lieu résuUant de la comhi-
naison de noms de riAiéres a%'ec les mots, celtiques aussi, hriva
(n" 98), niarfns (n" 92), duros (n" 13). On peut attribuer une ori-
i(ine non nioins ancienne au nom de Chacrise (.Aisne), au \'' siècle
Carcarisia, villai;-e situé sur la (^rise, sans pouvoir toutefois
expliquer d une manuTc certaine la pri'iniere [)artie de ce nom.
Par contre, c'est à répoi[ue romanie ipi il faut r.ijiporter les
nonis, eux aussi éluiliés déjà, qui résultent de la ccunhinaison de
nonis de rivières avec le mot latin viens, « boury » : 'Vibraye,
Visseiche, Vivonne, Blévy, Dennevy, Meuvy.
Le mot pons a été parfois associé — tel, à l'épocpje {.gauloise,
on l'a vu, le mot briva — ii un nom de rivière.
700. Pons Isarae est le thème étymologique du nom de
PontOJse iOise, Seine-et-Oise) appliqué à deux localités situées
sur l'Oise, l'une au passage de la voie de Soissons à Amiens,
l'autre au passaye de celle de Paris à Rouen; toutes deux sont
mentionnées dans les documents itinéraires de l'époque romaine,
la première sous la simple appellation delà rivière, Isara, la se-
conde sous le vocable Ihiva Lsara, équivalent gaulois de Pons
Isarae.
!7(t
i.Rs NrvMS ]<K f.ircr
701. Pons Dubis, Tune des stations, d'aj)rès la Tuble de
Peulinger, de la voie de Besançon à Chalon-sur-Saône, est
aujouvd'lmi Poilloux iSaono-cl-I,oirc'), village sitvu> au point où
celte voie traversait le Doubs, Dul)is.
702. Le Pons Scaldis que ritinéraire d'Antonin et la Table
de Peutinger placent sur la voie de Bavai à Tournai, (;st actuel-
lement, moyennant le renversement des ternies, Escauponl
(Nord) : c'est là que cette voie franchissait l'Escaut, Scaldis.
703. Pons Mucrae n'appaivaît qu'au moyen âge pour désigner
une localité située sur le Givand-Morin, en latin Muera ou
Mogr;i, sans doute au passage d'une voie romaine se diri"'eant
de Meaux vers Troyes : le nom de cette localité est jjevenu Pom-
jnciirc, puis, par le changement dV en .s, souvent constaté au
XVI'' siècle, Pommeuse (Seine-et-Marne).
704. Les noms do Pontrieux (Cotes-du-Nord), sur le Trieux,
et de Rennepont iIJaute-Mame), sur la Renne, sont de même
formation que ceux de Pantoise, de Ponloiu; à'Escauponl et de
Pommeuse : ou n'ose toutefois leur attril)uer une origine aussi
ancienne.
705. 11 va sans dire que les noms de lie'U dont le mot pnnf est
un des él(-ments ne renferment pas tous un nom de rivière.
Ainsi, au moyen âge on a parfois, pour former des noms de lieu,
combiné ce mot avec des noms de personne : PnniheurarJ [Seme-
et-Oise), Pons Eborhardi ; Ponl.-licm;.j (Somme), Pons
Bemigii; Porrcntruy (Suisse, canton de Bàle), Pons Uagne-
Irudis. Il apparaît aussi en composition avec un adjeelif. et les
iiMins ainsi formés peuvent remontera l'époque romaine ; où les
trouve du moins mentionnés dans des textes appartenant au début
du moyen âge : tel par exemple Pons pelreus, qui dans Grégoire
de Tours, désigne Pompierre (Vo.sges), et qui est également le
thème étymologique des noms de Pompicrre iDoubs, Seine-et-
Marne), de Pontpierre (Ardéclie, Indre-et-Loire, Loiret) et de
Pompières (Aisne,. Pierrepont (Aisne, Ardennes, Calvados,
Maueiie, Meurthe-et-Moselle, Oise, Somme, Vosges) oifre la
disposition inverse des deux termes. Ces divers noms de lieu ont
un .synonyme latin de forme plus classique dans Pons lapideus,
aujourd'hui Pontlevoy (Loir-et-Cher).
â
fi
ORir,INP;S RO-^fAliNES : COURS U EAi:
17i
Plusieurs localités portent un nom roppoUint leur situation à
i.i source d'un cours d'eau.
706. Tantôt le nom de celui-ci est combiné avec le niot latin
fous, K source », par exemple dans l.e nom de Fonsommes
Aisne), Fons Sommae ; dans celui de Fontvannes (Aube),
l'iins Vannae; dans celui de Fouvent-/<'-/j<TS et de Fouveilt-/e-
Jl^iiif (Iloute-Saône) situés vers la source d'un affluent de la
S;iône appelé le Vannon. Fons Lagnis désigne, dans un texte
"ie iu\2, une localité cpii ne porte plus maintenant que le nom de
l'alRuent de la Seine qui y prend naissance : Laignes (Côte-d'Or).
707. Tantôt fons est remplacé par caput : de Caput Vul-
tuinnae vient le nom de Chef-Boulonne (Deux-Sèvres). Caput
a d'ailleurs le sens d' « extrémité » plutôt que celui d" « origine » :
l'ii effet Caput Droti est le thème étymologique, non seulement
du nom de Capdrot (Dordogne), à lu source du Drot, mais encore
de celui de Caudrot (Gironde), au confluent de celte rivière et de
la Garonne.
708. Mais dans la majeure partie des cas le nom de la rivière
est combiné avec l'adjectif latin summus, qui désigne ainsi le
]ioint le plus élevé du cours de cette rivière. Les noms de lieu de
cette formation sont pour la pKqjart groupés vers les confins
de la Champagne et de la Lorraine, et telle en est la fréquence
relative en cette région, qu'un érudit champenois du XYiii*^ siècle,
Grosley, a cru voir dans som ou somme un mot du langage
troyen qui aurait eu le sens de u source » : c'était rnécannaître la
véritable origine de ce membre initial du nom de nombreux vil-
lages, sur laquelle aucun doute n'est maintenant possible. Les
vocables dont il s'agit vont être énumérés selon leur ordre alpha-
bétique, plutôt que sebui celui de leurs formes originelles, qu'on
est loin de coiniaître lonlt's.
709. Somloire (Maine-et-Loire), vers la source du Louère —
écrit souvent l'Otiùrc — affluent de l'Argenton. La première
syllabe de ce nom, Som, représente le latin summus, qui s'ac-
corde avec le nom, t\iasculin, do la rivière.
710. Sommaisne (Meuse), Su m ni a Axonu, ù la source de
l'Aisne.
711. Sommauthe (Ardenncs), Su mm a Aller.., a la source de
r.-Vuthe, afiluent de la Bar.
712. Somme-Bionne (Marne), Su m ma P.iunna, à la som-ce de
la Rionne, affluent de l'Aisne.
LES N'IAIS HK 1 IKi;
ï ;
713. Sommedieue (^Meuse), Sumina i)eva, à la «oiirc(> c!^' f^ j
la Dicue, .'d'iluont de la IMevise. ]
744. Sommelans (Aisne), à lu source (lu ru dWlInn, aflUicul J j
de l'Ourcq.
715. Sonimelonne (Meuse), à la source de rOrnelle, afthunl 4; '.
de la Marne dont le nom actuel est un diniinutil'du nom primitif \
Olomna, par lequel fut di^signée, à son orii;ine, la ville d<'
Suinf-Dizier (Haute-Marne).
716. Somraepy (Marne 1, à la source du Py, aflluenl de 1\ 4 ; J
Suippp ; le nom correct serait Sompj/ ; ou a dit Soninirpj/ jur 7' |
analogie avec les nomlu-eux noms qui commencent par somntr. 'à: \
717. Somsois (Marne), i:t la" source du Sois, affluent du ?"' i
Meldançon. ,,; ;
718. Sommesarthe (Orne), Summa Sarta, à la source de la -f \
Sarthe. ^J
719. Sommescaut (Aisne), à la source de l'Escaut 'Ipl
720. Soinmesous (Marne). Summa Sait us, à la source de la ''-^'l
SommesoTulc, affluent de la Marne, dont l'ancien nom était Sons. <| j
721. Somme-Suippe (Marne), Summa Soppia, à la source '*- ,
de la Suippe, affluent de l'Aisne. ■ .)
722. Somme-Tourbe (Marne\ Su m m;' 'fur ha. à la source do- ; j
la 'l'ourhe. affluent de l'Aisne. , . ,;
723. Sommevesie (Marnel, Summa Vidula, à la source de
la Vesle.
724. Sommevoire (Ilaute-Maine), Summa Vigera, h la
source de la Voire, affluent de l'Auhe.
725. Somme-Yèvre (Marne'), Summa Evera, à la source do
l'Yèvre, affluent de l'Aisne.
726. Sompuis (Marne), Summus Puteus, à la source du
Puis, affluent de l'Aube.
A ces noms, dans lesquels l'adjectif latin est aisément recoii-
naissable, il faut joindre les deux suivants :
727. Semide .Ardennes), à la source de l'Aidain. priraitive-
menl A'uh\ aflluenl de l'Aisne.
728. Souain (Marne), h la source de l'Ain, affluent de la ^|
Suippe. S'o;/- est évidcmmenL j)Our Snni-. Si l'on n"a pas dit ;;.^
S(jmn/n, c'est sans doute parce que le nom de la rivière eomnien- ^J
Vait jadis par une aspiration.
■ I
'i t
op.ir.iNKs noMAiNDs': c.otins d'eau !"•'
729. Kn plus d'un cas, toi iKini do rivlôro a désigné une dos
Idcalilés riveraines, la plus ancionno peut-èti'O. Dès l'éjioquc
romaine, les documents ilinéraircs niontiounont plus d\in relais
de poste qui, situé au passage d'un cours d'eau, empruntait à
oi'Kii-ci le nom sous lequel on le désignait : Axuenna. du nom
de l'Aisne; Banesia, du nom de la Baise; Isara, du nom de
l'Oise ; Mosa, du nom de la Meuse ; Odoana, aujourd'hui Ouaiine
Yonno^ du nom de l'Ouanne ; Sipia, du nom de la Seiches;
\'idiii)ia, du nom de la \ouge.
730. Au point de vue de l'origine on peut assimiler h ces relais
antiques un certain nombre de localités désignées chacune par
le nom du cours d'eau qui l'arrose, par exemple : Alrance ( Avey-
ron). Allier iLo/oro), Amance (lIaute-Saùno\ Ancre, aujour.l'hui
yUbert (Somme), Anille. aujourd'hui Sainl-Calais (Sarthe). Alite
(Marne), Authe (Ardonnes), Authies (Somme), Auve (Marne),
Barbuize (.\uhe), Beuvron (Nièvre). Bèze l'Cùte-d'Or), Bièvres
Seine-et-Oise., B\diis,e->:'"is-[Iautccil!c ;Marne'i, Dives (Calvados,
Oise). Doubs iDouhs), Essomies (Seiiie-et-(j!sci, Gartempe
(Creuse), Mœurs (Marne), sur le Crand-Morin, jadis Mcuri?. du
latin Muera. Moivre (Marne), Morailis (Marne), sur le Petit-
Morin, Reyssouze (Ain), Sommette (Aisne), sur la Somme,
Suippes (Marne), Touques (Calvadosi, Vire (Calvados), 'Vismes
(Somm.e).
De ces vocables divers la transition est toute naturelle à ceux
qui expriment la situation des localités il tel ou tel point du
cours des rivières.'
731. On a vu qu'à l'époque celtique cortaines localités i'taient
dé.'^ignées par ]■' mot hrini. éciuivalcnl du latin pons. Les locali-
tés d.nit le nom iranoais Pont dorive de ce mot latin sont bien
plus non-ibreuses, de sorte qu'il a tallu de toute nécessité les dis-
tinguer entre elles par des surnoms ; on se dispensera d en don-
ner ici l'énumération.
732. Le mot N^iduni employé seul comme nom de lieu est,
sans parler des noms modernes le Gué, l'origine des noms de
Wé (Ardennes), de "Wez (Marne), de Wetz (Nord) et de 'V'ez
lOise). Cette dernière localité l'ut h- chef-lieu d'une circonscription
administrative, le pagus Vadensis, dont le nom, devenu Fameux
à l'époque féodale, s'est conservé sous la forme 'Valoi.^.
175
r.i;s NOMS [>E lAKV
733. C^es formes viilpiiiros légèrement dissemblables Ju mot
latin vadum, et qui, pour la prononciation, se réduisent à ih' ou
ICC, sont spéciales aux pays wallons, à la Picardie et à la Cham-
pagne, où on les voit aussi entrer en comjiosilion : RegnioWGZ,
Renwez, T.Taranwez (Ardennes). Parfois elles ont suln des défur-
mations qui Us rendent quelque peu méconnaissables. Un
Vadum gallo-romain ou gallo-franc est devenuVoillecoiïlte (Haute-
Marne), par suite de l'agglutination au nom vulgaire de celle
localité d'un surnom du xn*^ siècle, exprimant qu'elle appartenait
au domaine d'un comte, le comie de Cliampagne. L'allératiou
est plus grande encore dans le nom moderne du lieu que des
chartes du xu'' siècle ajipellent Vajum Passonis_ nom latin
qui, de Woepasson est devenu Vaupoisson (Aube). Un autre
composé de vadum est Vadum petrosum, dont les formes
vulgaires ont été énumérées ci-dessus (n'^ 681).
734. Uo mol gaulois cond;i.< ou coruhUi' a pom- équivalent latin
le mot pluriel ronfluentes cpii, dès 1 époque romaine, dési-
gnait un castnnn siîué au oonHuent de la Moselle et du Rhin, el
qui n'est autre ipie la villa actuelle de Cobîenz (Prusse rliénane).
Selon les régions ce nom latin Confluentes a subi dans la
langue vulgaire des altérations diverses : Conflans (.Ain, Drôrne,
Loiret, Marne, Meurlhe-el-Moselle, Ilaute-Saone, Sarthe, Seine,
Seine-et-Oise), Gonfolens (Charente, Haute-Vienne), Confolent
(Cantal, Corvti/.e, Ilaute-Loire, Puy-de-Dôme), Gonflent (Corrè/e),
Goufîoulens (Aude), Couffouleux (Aveyron), GoufouleilX (Tarn),
Comblain (Belgique, province de Liège), Goublanc i Ibiule-ALaruL-,
Saône-et-Loire).
735. A côlé de Confluentos, il eonviont de signaler les noms
exprimant une situation, sinon au continent, du moins dans le
voisinage de deux cours d't'au. In 1er A m nés est représente par
Entranimes (Mayenne) et par Antran (Vienne). Inter-xVquas
est l'origine des noms modernes Entraigues (Indre. Isère. Puy-
de-Dôme, Savoie. Var, Vaucluse), Entraygues (Aveyron, Cor-
rèze). Entre-Aigiie (Savoie), Antraigues (.\rdèche, Canlal, Cor-
rèzei. Inler ambas a(juas est devenu Tramesaigues (Hante-
Garonne, Ilaules-Pyrénées).
XL
ORIGINES GERMANIQUES : -IXG
Dans le conliiiyent qu'ont ap[)orLé à lu lopononiastiqiie fran-
(,'aise les populations établies en Gaule du y'" au x'- siècle
— Saxons, Burgondes, Goths, Francs, Scandinaves, Bretons et
Basques — 1^ noms d'origine germanique tiennent une place pré-
pondérante. Avant d'en aborder le détail, il convient de bien
préciser le sens du sutlixe -iruj, au pluriel -ingen, dont le rôle,
dans la formation de ces noms en Germanie, en Gaule, en Grande-
Bretagne, en Italie, n'a pas eu moins d'importance que celui du
suffixe -acus dans les noms de lieu d'origine gallo-romaine.
736. Ce suffixe a de bonne heure attiré l'attention des histo-
riens. Il doit celte faveur h ce qu'un le voit paraître dans les
noms des deux premières dynasties franques et dans celui de la
Lorraine. Augustin Thierry et Henri Martin ont cru retrouver dans
les noms Mérovingiens , Carolingiens, Lotharingiens, des noms pa-
tronymiques désignant les descendants de Mérovée, de Charles,
de Lothaire, de même qu'Agi lui fi ngi désignerait les descendants
d'Agilulf, qui gouvernèrent la Bavière du vi'' au x" siècle. C'est
ainsi que Withgils, père des princes anglo-saxons Hengist et
Ilorsa, était dit Witting, c'est-à-dire iils de Witta, celui-ci
Wcçting, Iils de Wecta, et ce dernier Wi>ilenin([ ou fils de
Woden".
Dans tous ces noms le suffixe -ing reparaît, et aux historiens
mal informés il est apparu comme l'équivalent de notre mot
« fils » et de l'allemand Jung. Celte opinion est complètement
erronée. Ing au sens de « fils », n'existe dans aucune langue ger-
manique ; mais supposé qu'il existât, on ne saurait expliquer à
quel titre il est entré dans la composition de nombreux noms de
lieu formés sur des noms d'homme ; ni comment le roi Lothaire
ayant eu trois enfants, le nom de Lotharingcn, au sens de «pays
des Iils de Lothaire » aurait été donné îi une seule contrée de
l'empire franc, alors que ces princes régnaient sur des pays
7(;
■a.iV.s l)i: lAEV
portant des noms Lout dillercnls, e[ faisanl cependant partie de
l'fmpire franc. Il faut noter aussi que dans le haut nioyen âi,''e le
mot Mcroviniji désigna, non seulement les roi.s, mais leurs
sun'ts ; et «pie Kcrlingen, aux. xi*^ et .xii'-' siècles, fut appliqué aux
habitants des provinces septentrionales du royaume capétien ijui
avaient été antérieurement sous la domination caroling'ienne. On
conclura de Ik que le suflixe -intj exprime non la filiation, mais
la sujiHion. Par <c Lorrains •; — ■ Lotharingi, Lohcrains — il
faut entendre « les sujets île Lothaire ».
Le suflixe -^-ennanique -inr/ est donc l'équivalent du yallo-
romain -acus et du romain -anus: cesL là un l'ait dont lu no-
tion était encore vivace au ix'^' siècle, alors qiCon substitua
Salmoringus et Scudinyus aux vocables Salmoriacus et
Scutiacus qui désignaient, le premier un comté de la région
de risère, le second un pays de la Franche-Coi'nté.
T37. On sait du reste que ce sui'ilxe s'ajoutait à des noms
tlliommes pour former des adjectifs nominaux. C'est ainsi que
dans le capitulaire De villis, par lequel Charleniag-ne réglementa
l'administration des domaines royaux, sont mentionnées deux
sortes de pommes nommées Gozmaringa et Geroldinga ;
d'autre part, dans un manuscrit deWolfenbuttel remontant au x''
siècle, certains modes nnisicaux sont appelés modus t^arle-
manic, modus Florinc, modus Liebinc et modus Ottinc,
et l'auteur a spécilié que cette dernière expression était due à
l'empereur Othon l", d'où l'on peut rapporter les trois autres
mots à des personnages nommés Carloman, Florus et Liel)o ou
Liubo.
738. Dans certains cas -iinj est joint, non plus au nom de la
pei'sonnc, mais à SdU titre : diverses localités, aux xi'= et Xll'^•
siècles sont appelées xA-bbatinga, Ahbalissinijen, Biskopfinfjen,
Griwingcn — on eût dit en latin Abbatialia, Abbatissalia,
Episcopalia, Comitialia — (lé'signant des domaines apparte-
nant à un abbé, à une abbes^e, à un evè(pie. à un comte. l'iu-
sieurs de lu's noms subsistent :
firafing, Grafing (Havière, Autriche) ; Graffmgen (grand-
duché de Jiade). 11 cunvieut d'eu rapprocher les conqiosés Gra-
finiiaus. <■ maison tlu comte ■>, Grafinglinlz (\V-^stphalie). .< le
hoi.': du comte «, Gràîîngloh ( NN'esLphaiiei. « le pré (Ki comte »,
Bischofing (Bavière 1, BischoîTmgen (grand-duché de Bade).
I
ou IGl ^ ES CEUM AN lUl'KS
177
739. (JuauL aux noms de lieu l'orinés sur clos noms d'iiommi^s
.m moyen du sullixe -iinj, ils sonl l'oit nomlu'eux.
Ainsi l'on doit au nom Olto, -onis, les noms de lieu Otting,
Ofltiiig, Oeltingen lAuiriehe, lîavièi-e), Ottingen illanovre),
Ottinghausen (Lippe-Delmohl, Oettinghausen i Westphalie),
Oltingmùhle (Autriche), .' le moulm d'Olhon ;., Ottikon (Suisse.
cuit, (le Zurich), alténilion (VOllinglto/fcn, n la ferme d'Uthon ».
De même sur le nom propre Waddo, -onis, <[ui, d'après
(>rc;4oire ile Tours, était porté par un contemporain de ('liilpéric,
un a iormé radjeclil' nominal irmlili/ii;, d'où les noms de lieu
Ter-'Wadding (Pays-Bas, Hollande méridionale), VadailS (Jura,
llaule-Saone), Waddingham (Lincoln), Waddington (Lincoln,
Vorki, Waddingworth Lincoln'. Wadenthun Pas-de-Calais .
(".est éq-alemenl le sullixe -in;/ (pi'ou reconnaît dans la termi-
naison, pi'ononcée -.7/;. de certains mots, tels cpic /l;iiii:iii(l . de
fia niinyus, et lesnoius depoisscm, tl'ori j;i ne yer nui nique, hun'inf,
infrlan, (•pcrinn.
Les iinins tic lieu.
XL
OllIGIXKS SAXOXXKS : Ol-XKUALrri' S
740. Tous les peuples ii\eiains orientaux tie ia Mer du Xm,!
— Frisons, Saxons, Danois, Jules, Angles — ont plus ou nioiio
mené la vie de [)irales. La misère à laquelle ils étaient en proir.
les mis en raison de la rigueur du elimat. K-s autres parée (pie li>
proii'pès de la mer les l'orvaieiil de eliercher une autre patrie, di'M-
loppa ciiez eux le j^oûl îles courses maritimes, (l'oii ils ra[)p(uiaienl
le plus sou\enl un rieiie hutin. Au ni'' siècle, les pirates saxons —
et l'on confondait évidemment sous ce nom de hardis naviL;atein>
apiiartenant aux régions \(Msines de la Saxe proprement dilr —
inri'staieiil déjà les côtes di' la (iaule, rt tenaient d:iiis ce p.i\s Ir
ride ou \ ioucronl, six sii'i'lcs [ilus lard, les pu'ates Scandinaves
ou inu'mands. Dès l'an '2^i\, ils ih'Nastcnt le litinral t;aulois, ipu'
(varausius était alors cliarL;c de jU'oti''i;-er contre leurs incursions,
et ils ravagent également le littoral de l'ile de lîretagne. Lcur.s
incursions prenant un car;ictcre chronique, les régions les plus
parliculièrcnient exposées sont désignées, à la lin du iv'' siècle, cl
d'une manière oriicielle, ])ar le Ncu-aMe de littus saxonicuin :
ri']nipire rt)niain en conlie la dél'ense à un conimandaiil militaire.
([ualilié de «■ comte du rivage saxon en iJretagne », conies lit-
loris Saxonici per lîritanniam. Si l'on en juge pnv les deux
mentions (pi'en l'ait la Noii/in iH;/!ti/:iltnn Iinperii, le « rivagr
saxon '• ilc\ait s'eUnulre, en (umle. des liouctu's de l'I^scaul ,'i
r<'ml>ouchure di' la Lnire. peut-èti-e nicnie à celle il'.' la (.iironilc.
Le [)avs ainsi ili'signc, cl ipii l'cpiuuliit à peu près à rAriuori([iif
de (Jésar, était constamment exposé' ;l leurs ravages. Sidoine Apel-
linaire dit en iimprcs termes : c 1/ Arnioiique est li)U)ours nieii.i-
cée de l'invasion du pirate saxon, ([ui se l'ait un jeu de silloinici-,
sur une peau, les eaux de l'ile l)ritannique, et île courir la nui
verte sur des cuirs cousus ' •>.
Mais les Sax(Uis ne s'en tinrent |)as à ces courses presque coii-
Cariniiiuni Vil, v. :u;'.l-:i71 [Mon. C„'nn., Aticl. !inliqiiis>i. VIII, 212).
ORIGINES SAXONNES : (lÉN ÉliAI-ITÉS
170
. Il 11, 'S. Les Hoinalns ayant dû aliandonner la (îrande- Bretagne
j . llr-uu'ine pour coiiceiitror la délense de Tlùiipire, ces liardis
, .i.iti's s'clablireuL il une façon presque pernianenlo dans
.II'- lie, et, la Inrlune secondant leur audace, les Saxons,
isxiciés aux Anq-les, leurs voisins de la péninsule cimbrique et
i. lus congénères, y fondèrent, dans l'espace de moins d'un siècle
■ ; deiui, de 4'iî) à o8i, sept royaumes, refi)ulanl successivement
'i i.ici' lireldime dans la partie occidenlale de l'ile. où elle s'est
■aiiiilenue, surtout dans les pays de Galles et de Cornouailles.
iVois de ces royaumes, — celui de Nasser ou Saxe liu sud. fondé
.11 ilM ; celui de llessc.r, ou Saxe de l'ouest, qui date de .") 1 9 ; et
irliii d']:sse.i\ ou Saxe de l'est, dont on fixe le conimencenient à
'.Vlù — portaient même dans leur appellation l'indication de leur
uriL;ine saxonne, qiron retrouve ég-alement dans le nom du comté
.lins lequel est située la ville de Ijuulres, car ce nom, Miihlle-
M .;■, sii;iu(ie la « Saxe du milieu ■>. l'n autre des sept rovaumes
.iiii;!o-saxons portait le nom d' Esfaiir/lic, indiipuint la résidence
<K's .Vngles de l'est.
Dans la Gaule, objet de la convoitise d'un plus yraïul nombre
.If nations i^'-ermaniipies que nerétail. par le l'ail de sa siluation.
l'ih' de i')relai;-ne, l'établissement des Saxons ne pouvait s'ellec-
lueravec la même facilité. Aussi ne semble-t-elle pas avoir oll'erl,
.iiinine l'ile de Bretagne, une suite de Saxes contii;ués, mais seu-
Kiiiriit de petites Saxes isolées, ne s'écarlant g'uère. en aucun
jininl, du littoral maritime. Les textes historiques concernant
notre pays, au cours de la période frampie, sij;-nalenl deux
lie ces (.mIoiiics saxonnes; l'une au \ ciisiiiai;t' de lJa\eiix, renré-
-entée au \i' siècle par les Saxon es Bajooassini de GreL^cire
• le Tours, et au ix'' siècle par la circonscripiion adininisliMlive
,|u'on appelait Ollinga Saxonia; l'autre, établie dès les dei--
iiii'res aimées de l'iunpire d'(Jccideut dans les ib-s que formait la
Loire il son iMnboueliure, avait alors pour elietun certain Odoacre
i|iii. un moment maître d'.Angers, l'ut ensuite dompté par le roi
li'aiic Gliildéric, dont il dut accepter la domination.
L'étude des noms de lieu permet de croire a l'existence d'autres
loloiiies saxonnes sur le littoral gaulois de la Manche ou de la
Mer du Nord, colonies sur los([uelles les moiumu-nts l'-crits
sont entièrement muets : dans le Cotentin (NLinche); dans le
pays de Caux ; Seine-Inférieure) ; dans le ISoulenois ipas-de-
ISO
i.ios NOMS i)i: i.ir.i:
Cahiis'i. Très prol)ablen\eiit les cùles de la r)olL;'i([uo aeluclle
reçurent aussi des colons de race saxonne. Mais sur lous b's
points où ils s'établirent en Gaule, des luiuclies de 1 Escaut a
renihoucluu'e de la Loire ', les colons saxons avaient dû. dés le
conimencenient du vi'' siècle au [dus tard, reconnaître lautoiile
des rois mérovingiens.
Ce c|ui s'était passé dans l'île de ]5retaL;-ne et en Gaule aux \''el
vi*-' siècles, du fait des Saxons, se icMuuivela en jiartle après l;i
mort de Gdiarlemag-p.e. Cette fois les pirates, ordinairement
désignés par les chroniqueurs sous le nom de Xort lima nui
ci lie Daui, appartenaient à la famille Scandinave. Apres avoir
dévasté, [)ar des incursions so\ivenl repétées, les cùles de hi
Gaule et des îles liritanniipu-s. ils \- fondèrent à leur tour
d'importants étalilissemenls tpu souvent se super[iosèrent aux
anciennes colonies d'Angles et de Saxmis. de sorte (pie hi lopo-
nvniie actuelle de plusieurs des régions oîi ils se fixi'rent ollre
\in grand nombie de vocables scantlinaves ou demi-seaiidinaves,
iiui, en plus d'un c;is sans doute, se sulisliluèreiit à tles iioius
saxons (pie les ravages des nouveaux venus a\aient fait (_iublier.
La langue de ces derniers était d'ailleurs étroitement ai)parentée
à celle des Saxons; aussi n'est-il pas toujours facile de détermi-
ner ce qui doit être attribué en propre aux uns et aux autres.
-i. :
m
1. r<uichanl celle dcrnièiv réyien, \()lei, U'\ liiellenienl, en quel> loi nu'>
A. l.oii"iiiiii s'ex|niiiKiil dans sa leeuu iln II ili'CL'iiiljre IS'JO, an Hollr^c di'
l'raiice : « A iléfaiit de noms d'orii^ine i'oneièremeiil saxcnuu», cni pcul
signaler, vers reuilioucinii-e de la Ivoire. (iiieli|nes noms de lien (iiiL'inal-
remenl lerminés en -aens, et dan> leM|nel^ re snlIiNe. sous liiilluiMut'
saiKS doute d'un eléiiieid as-,ez inviierlanl de populalimi saxonne, se |ui'-
seiile anjoui-d'hui snus la loi me -le, cesl-à-dii-e -^ous une l'orme tic-, voi-
sine de cidle i|u'il revèl dans les i-L-ions voisine-, dn llliiii, on réh'-meiil
i4-ei'manii|ue n'a jamais cessé d'êlcc |)r('dominanl : j'i'iilends parlei' i<'i du
nom du Croisic, liouryade de la |u-es,|u'ile de liai/. (Loire-lnlërieuic ;, on
lalin Ci'uciaciis, et du vocable de Pornic, autre bourgade du inêuic
dé|iartemeiit, mais située, elle, au sml de la l.oire, à douze lieucs au
su.Uesl du Croisic, cl dcuil le nom latin semble avoir élé ([ueliiue chose
comme l'runiacns. l.a t'oiiu<> moilcrnc des noms du C.idisii; cl de Poi-
uic, bour-adcs maiilimes (pium' dl-^tauce de six lieucs sei^are l'une et
l'aulre de rcmboucliure de la l.oiie, a élé très iirobablemenl inilucnccc
liai- la colonie saxonne ijui se li\a dans ces i)ara;;es au cours du V siècle >■.
XLIl
ORIGINES SAXONNES EN NORMANDIE
l'our U'ouvcr dans la toponymie du liessiii, du Cotcnliu et du
|i;iys de ('.aux îles vestiges de la doniinalion saxtume. d y a lieu
d V l'i'ciiei'ehei' les N'oealdes l'oriiu'S à 1 aide de divers uduis coni-
muiis t|ui aj)[)arlienneul à la laiiyue des envahisseurs, cl (|ui
vont être suceessivemenl passés en revue.
ri'X
741. (<e nudesL eonumui à rani;li)-saxon, au vieux norois el au
vii'ux iVison : il est devenu dans l'ancien luuit-ulleniand zi'in,
eiirrespondanl à l'alleinand modei'ne zaïin, « haie », el dans l'an-
lieii alii;lais fnii, auinurd'liui tini-n, i. cité ". l)u sens primitif de
rliMiu'e — la même racine se rencontre dans le vieil ani^lo-
saxon li/n;iii, i. enclore' - — il est piis^-é' à un(- .icceplinn analogue
il celle du latin villa.
Si ce mot tut commun à plusieiu's nations L;ermani(|ues, les
Saxons seuls paraissent 1 avoir employé coninu^ second terme de
noms de lieu composés. Les noms en -Ion sont très fréquents en
.\nL;'lelei're, el rexistence, sur hupudle on reviendra plus loin
11"" 760 à 790\ diuie lientaine de iinms en -//nui dans le IJiui-
leiiois, est k; [U'iiicipal argument sur le(piel on se fonde jmjui'
ii'uire ([Lie cette régi(m reçut, aux V et ni'' siècles, une colonie
saxonne.
En Normandie, on ne peut aujourdhui citer, comme apjtarte-
nanl à cette catégorie, que le nom de CottUll. [lorli', dans le
(ii''|iai'lemt'nt du (lalvados, par une cominuiii' du canton de
r.aycux et par deux écarts situés respecti\ement à lîarheNilh'
même canton) et à Tournières (cant. de Halleroy). (Test dune
de ces localités c[u'il s'agit dans une charte île !())!lj ; terra
Oslvctelli de (]ollun: cette mention est parlicidiéremenl
inlt'ressante, le nom du personnage é-tant purement saxon :
fijuivahuit du moderne Aixiuelil, il présente comme prennc'r
\H-2
I.KS i^OMS UIO LIKi;
tcriiK' \c nom de ces tli vinili's i;t'rin;iui([uos qui l'iueiil appcl-o
Ans [lar les l'"r;uu's, .l,v par les ScaiulinaNes, el fis [lar les Saxon--.
L7 de Culltin s'est ^'ocalisée de bonne heure : (.1rs I 1(10 en\iriin,
on a la l'orme Coutuin. — On j)ent voir dans (lolluii un hniiio-
uvnie des loealilés ani;laises ilenonnuées ColtOll Laiicisl' i-,
Xorl'ollv, SlalToitl. ^^'oreester. York), dont l'une esl a^fiuléc C.i'l-
liiii, en 'JTO, dans une eliarle du rt)i l'^d^ar.
Il A M
742. Le mol anglo-saxon Jimn est analogue au gollu(Hir
hrinis, (|u on Iri.uive, avee le sens de <■ > illagi.' >■ dans la Iradue-
lion de la lîilde éci-ile au n'' siéele par rililas, au vieux noi'ois
hci/nin, au vieux IVison hem, au danois djcin, el à ralleniaiiil
lieini eneore usilé, à l'état d'adverbe, au sens de « à la maison,
chez soi » ; employé par les Kiancs, le mol luim s'est conservé
dans le diminulil' /^■(/;(t7, aujourd hiii h:inic;iu.
Cr mol élail, on le N'oit, eoinmun aux diverses langau'S gcrina-
niipies ; mais ecunme il ;t laissé <.K> noml)rt'irses traces dans la
toponomaslique derAnglelerre el du lîoulenois, on jieul allribuer
aux Saxons les cpielques noms de lieu du Ucssin dans lesquels
il est possible de le reconnaître.
Ouistreham (cant. île Douvres) est ap[Hdc en lOSG ' )isfrcli;iiit \
la même l'oiane ancienne dé'sigiic, vers la même date, (lans le
J hiiiics(l;ii/-Jkiu/,\ lui vdlage ilii comté de Kenl. tlont le nom
actuel esl 'Westerham. 11 faut N-raisemblablemeid eiilendrepar lii
(( village occideiitul », acception que justifie la siluation d'Ouis-
treluim sur la rive gauche de l'Orne.
Etrolinill i^eanl . de 'l'réx leres . qu'on preiulr.iil à première \-ue
pi>ur un " \illage oriental ", rsl imi l'é'alile uiir \arianle t]'<)iiis-
lrch;uii. l'ar ce \ dlage esl dé-nominé' ( IcsIitIihiii dans im pouillc
du diocèse de 15ayeux, élabli en 13"J0,
Surrain (canl. de Trévières), ap[)elé Surrelutin , ou plulM
Siifrchiim, au xi'' siècle, Sun-cliciin en l:^!2."), cl Surrcluiii en ]'2'->~.
parait élre un synonyme de Southerhaill (Wiltsi: c'esl \v
I' N'illagi.' du sud i>.
743. Sur d'autres points de la Normandie, le Haiîl (Manche,
cant. de Montebourg; Calvados, cant. de Cambremer), ainsi que
Canehan (Seine-Inférieure, cant. d'Eu), appelé Kcnelnui en HD^O
I
i
(lliUWMOS SWONMCS i:.N Ndlt.MAMil lO IN'Î
(./{'■in-u/i im < Ihanuluui en KKi'i, smil iissi'/. \w\\ ilishiiils des
:- ^ [)(nu' ([iiil soit permis t\ y \nvv traiiciennos roli^nies
M'illirs.
7-i'l. l'ius II rinlérieiii-. c'est aux l''rjiics ([u'il hiiil atlriluiei'
|.^ iKUiis (le lieu dans les(|uels lnun est plus ou moins l'ecoimais-
^.l.le.
COT
T-'if). 1 .e t'i-me col, i|iii iK'^sii^nail mu' pelili' lialu l;i linu , esl la
I II me ilu mol ni/rrii' — pai' le(|ui'l. en ÎS'ornuuiilie, ou euleudail,
.iii uiineu âne, un groupe de pavsaus eouslilué pLiui' leuir les
(■ ii-es d'un sei^-neur — vl celle aussi du mol C(i//;«/c, ([ue nous
.i\cins eni[U-iuiLé aux Anglais pour rapphqucr à lui dom^une rus-
licpu'. mais clci;ant.
[,es noms de lieu Caudecotte (Calviulos, Eure. Seine-Inré-
li.'ure), BroCOtteS (Calvados) el VaUCOtte (Seiue-lid'ei-ieure)
seul, de toute évidence, l'orniés à l'aide de ce terme : nuds
jiinoutent-ilsaiix Saxons, ou datent-ils seulement de l'établisse-
iiii'nl des Noruiiuuls? (Jn a d'autant plus sujet d liésiler ([ue cul
ajip:u'lenail aussi à la lam^aie noroise. l)u nunns la |H-einiére
li_\ piillièse est vi'aisend)lalile quand tel de ces \oeal)les correspond
a une loealilé \-oisine du littoral ; l'un des ('.uiidccnl la de la
Seine-lnl'érieui'c est ;i l)ieppe, el l'iiidre à ANCsnes 'caul. d'I-ài-
vernu'u) ; Viiucntlc est à \'attelot-sur-Mei'.
(.'uudccollc a d'aillein's plusieurs écjuivalenls en An<^'le-
terre : Caldecot l'Nori'olk), Caldecote (Cambridue, W'arwiek),
CaldeCOtt (!>edf(U'd), Caklicot iMonmoullil ; ces diverses localités
sont désij^net's dans le Diiinesdaji-llooh' sous les lornies Culdc-
rnt, Cidilernh-. C .1 l<lrr,,lrs .
746. Le niun de ( laudecolte a l'té traduit aux xni"el \iv'' siècles
par(jalida lunica : c'est un jeu de uujts dont il conN'ient dv ue
l'aire aucunement état . Le [iremier éli'nient (K' i.'e nom n'est autre
chose cpu^ 1 adp'Clil corrosp<uulant à l'alK'inand /..;//, àl'anL;lais
culd, au sens de u l'i-oid ■>, el il l'aul N'oir dans < 'uiidccolU', luie
Cl habitation froide ». c'est-à-dire exposée [)ar soji is(dement à
tous les vents.
IIO
747. Les noms de lieu (.'ridcshu, f^nci/csho — qu'on rencontre,
184
l.i:S NOMS DK LIKU
le premier en 780, le second t^n 7!>.'î, dans des diplômes du nu
OlVa — el Clofcshoas — l'orme ialiniséf, ;i l'accusalil' pluriel. i|ui
ligure dans des textes de 7!)i et de 8:21 — présentent une tmin-
naison ([ui, dans la toponomasticpie actuelle du l!n\ aumc-rni.
alTeete toujours la forme Aoo : NortllOO i^Sull'olk), Poddinghon
(Worcester), Millhoo (Essex), ce dernier appelé Mclalio dans (l>s
textes de l'époque anylo-saxonne. Dans cette terminaison \v.
érudits anglais reconnaissent un mol saxon dési^-nnnt un pro-
montoire en l'orme de talon dominant, soit la [)laine. soit les lli.l>
de la mer. Ce mot est entré' dans la formation de l>on nomhre dr
noms de lieu du Colenlin et des ileN aii^lo-normandes.
748. \'A\ Cotentin il y a lieu de signaler : NellOU (cant. de
Sainl-Sauveur-le-Vicomte^, Pirou (cant. de Lessayi, QuettellOll,
/"/.s7t'-Tatih0U, à Saint-Vaast-de-la-lIoug-ue (caid. tic ( juetlelioui.
Dans tel de ces noms, la terminaison a ete, aux \ii' et \\\V siècles.
latinisée en hulnium, el l'cui a voulu ridiiitilii'r avec le nuit
norois liohn. siyniliant ile : il faut tenir pcnir eriwuu'c cetti'
cjunion, fondent unicpiemenl sur une fantaisie de clercs. //iil:,i
est représenté dans la toponomaslique [lar -/iô//(//ie : liuliflmimw
(Calvados).
749. Autour des îles an^lo-normandes on obsei-ve des ilôts et
des rochers a])pelés le Hou et BrecquellOU, près de Gueinesev.
Brehoti, Bernchou, Burhoii. Coquelihou et Ciethou, près d'.Vurl-
i;ny, EcrellOU, pi'ès tle .lersey.
/G
750. A considérer ce dei~niei- groupe, on est ament' à penser
c|ue les Saxons des v' et vi'' siècles ont occr.pé. non seulement le
t'oteulin, mais aussi k's iles voisines. A l'appui de celle hv[)ii-
Ihèse on pi'ul invo(pier é'galement la |)résenee de la lerminaiseii
-rij dans le nom de ces îles, Guernesey, Jersey. Chausey.
ainsi qu'Alderney, nom anglais de lile d'Aurigny ; terminaison
qu'on observe de même dans le nom anglais — Orkney — des
Orcades.
l-.jl n est anire chose (jue le saxou /y, au plmàel 'ujc, signilianl
" ile 11, (pii conslilui' la lernunaisou Ac lnui nond)re de noms de
lieu mentionnés dans les chroui([ues et les diplômes du haut
nn)vcn âge intéressant r.\.m:hderre :
OKKWMCS SAXONNKS KN NOUMANUIK
is:
/fi'iii/cstifj — Ibriné sur le nom que porta le prenûer roi de
Isciit — aujourtriuii Hincksey (liants) ;
./•.'(/(7/(/ — aiu'ienne fonfie du nom d'Alhelliey (Sonierseli
— parfois traduit par Insula Cl i tonum (-/.XjTiç = cilcl, noble);
Ci/nwsif/c, aujourd'hui Kenipsey (Wfircester) ;
Tliornifj. t'ornié sur (horn, épine, aujourd'hui Thorney
Middiesex);
liiinini;icsi;/, aujourd'hui Ramsey (liants).
Pour en revenir au nom (lc\s iies ani;'lo-normandes, il est à
ieniar(pier ipu:" ilans le lh)innn ilc Itou, écrit au \n'' sièchi, .Icrsi-y
rst app(dée (icrsiii, et < 'luernesey (liirrncsiii ou (riicr/tcsi : la (im-
iniiiaison de ces forme ancieiuies apparaît comme luic variante
<le -i<j.
XAKS
751. 1a' sidistanlif sa\on n;ifs. doul l'éipiis aient uoi'nis est
iicis, au sens de « cap ». et <pii se retrouvi' dans l'anylais -iicss
- Inverness — ■ a domié le nuit nrz, emjdoyé dans le ]ani;a^e
loiu'aut du (^.otenlin el tles iles anj^ln-noi-mandfs : le Ngz <le (^,ar-
teret, de .lobouri;-, le Gros-Nez «le l'Iaiuanvilh', tle .K-rsey.
752. Soit dit en passant, ce mot fui employc aussi dans h-
Boulenois, où l'on renuii'(|ue le cap Blanc-Nez, ancienncmcnl
liln/nu'z, c'est-à-dire » cap noir m. et le ca[) Gris-Nez, ap[)elé en
l.'il:^ le .Ye.s.s.
753. Le tlernier tiuine tles noms Barfleur (Manche, canl. de
(hu'tlehou], Fiquefleur (lùu-e, cant. de IVni/.evilIc;, Harfleur
Seine-luférieure, cant. de Monlivilliers), Honfleur (^(^alvados) ci
Viltefleur iSeine-lnlérieure, caul. de Cany i lait, ;i pi'ciniere
vue, penseï' au norois /hjdli, << L^'olle >> ; ces lujuis auraient ;dors
été' impnrLés sur noire srd par h'S Xornuinds, soil au iV sucle
seulement. Mais à cmisidérer (ju ils lU' tonslituent (|u'un h)rl
petit groupe, et s'ap]diquent à des localités nuiritimes ou [)cu
éloig'uées de la côte, ou [)eut, sans tro[) s'aventurer, les attribuer
aux Saxons, dont la langue tlésignait par /h'<i(l une eau com-antt'.
une petite rivière, mi canal, par /lud un amas d'eau, la luarée.
1 .e nom de l itif fleur, \illage situe sur hi ri\'e droite de la l)ui'-
denl, il six kilomètres emirou tle son embouchure, a vraisem-
hlahlemenl le sens iV '■ eau lilanche ».
i8(;
I.i;S NOMS !)K i.nu'
754. Mil l'avour iK" rori^iiif saxoiuie ilu nom doul il s':ii;il, on
pi'iil nivo([iier par surei'oll rexistence en lîonL'nois du nom
d'Ambleteuse, localilé (jue -\]^•dv ie Vénéralde, au viii*^ sii'cK'.
apjielait Ani/lcuf . La l'orme acluelle de ce nom ne remonte ([u'.ui
\V1'' sièele. el le> l'ormes antérieures — y eompris Ani lilclnirr
([ucui trouve enecue en l.'i'lU — procèdent manit'esiemenl d un
primitil tel que Am/Icn/ liore.
755. IKuilleuresl appelé en 1 i'JS Iloinir/h), el, dans les Ibrini's
médiévales des noms qu'on vient de lire, la tiM'minaison est d'nr-
dinaire -fïiic ou -/Icii ; parfois elle est rendue par le latni
riuetus, dont le ^ens ne dill'ère i;nère do celui de /Icnl. Lr
linale n'est apparue tpi'à une é[)i^)([ue relati\"emenl récente, et. dr
nos jours eneon', la prononciation locale ne la lait ordinairenieid
pas sentir.
756. On se i;-ai'dera d'apparenter à ces noms celui de Cuui/lciir
fluu'e, canl. de lîernay) : la localité est trop éloi^'uée des ciMes
pour i|u'on puisse sup|ioser ([Ue les Saxtuis s y soient etaljlis ; 1 /•
linale se rencontre elès le iUd>ul du M'' siècle : dinip/h)/- : et
1 ap]Kdlation (^impus l'ioridus, ipii se trouve tlans \ui ancien
pouilié de Lisieux, est sans doute le thème étymoloi;ique. tlori-
dus étant accentué sur ranlénénultième.
,
fi
I
C.ATE
757. Le mot unie avait, chez les Saxons, le sens de <> Inm,
[iassaL;e, on\'ertm'e » ; ilans l'anglais nnxlerne il a celui de
1' [)oiie ■>, de " barrière )>. On en trouve des traces en lioidenois
(cl. ci-après, n" 802'. Mais connne ce mol paraît avoir a[)[)artenu
aussi à la lani^'ue noroise, |>uis(pi'en suédois unlii sl^■nll!e i. rue »,
ou peut lu'siler sur la (pieslion de sa\dir ^i le nom de HoulgatC.
porté' dans le dé'parl emeii t An (laKados par une station hal-
néaire lùen coniuu' '^cant. de Do/ulé) et i)ar des hameaux tle liie-
vilh' (cant. de?\[c'/,idon) el tle 1 >eux-Jumeaux (canl. d'Isij;ny!.
remonte aux Saxons ou aux Xt)rmands. La première hypothèse est
légitime à l'égard de la première et de h\ dernière de ces localités,
dont l'une est à l'embouchure île la Di\'es. el l'autre à peu de
distance du littoral ; elles ont d ailleurs un homonyme d'nri^ine
saxonne bien avért-e dans Holgate (York).
< )n peut attribuer ég-alement aux Saxons le nom de Hiégathe.
u
< ,
ORIGINES SAXONNES EN NUliMANDIE
-187
■ •ili' |i;ir un ccarl de la foniimuic de Monlniarhn-en-Graii^nes
M. niche, canl. de Sainl-Jean-ile-Daye).
Dlh'l-:
758. Dans une anse voisine dllerqueville (Manche, c;\nl. de
lîiMLimonl) existe pres({ue en son entier un retianclieinent
.Miinu sous le UdUi de Haguedike, h'(|uel dut être élevé [)ar
lis |ui'alcs du Nord, pour in-i)léi;er c(>nlre Ic^ eiilre[iiises des
i»i|)ulaliiuis ronuuu's un de leius postes, étal)li à lexli'eniilé de la
|ioinle de la IIaj;'ue. Ce rclranclieinenl esl-il dOriL^ine normande
ou d'origine saxonne? I)Uit\ en ell'et, ap[jarenté à notri; mot
diL;ue '). appartient à lna(e> les laiii;ues yermanicpies, aussi
hicn au norois qu'au saxon. On peut, dans l\'spece. l altrdjuer
,iii\ Saxons, car il existe en Ani^leterre un Danesdike (Yorki,
il.iiis U'(pud il laid N'oir mi retranchement élevé, connue son lunu
rni(li(pie, par les Danois, mais (pii did son a[»pcIlalion aux
Saxons; d'autre part, les noms de lieu en (//Ac, assez, rares dans
la Scandinavie, sont plus noinlu'eux en Angletei-re : Kinsdike
iviid), Dogdike ([.inc(dn , Wanesdike (\\'iltsi.
759. l'our lerminer celti' rc\iu' des noms de lieu de N(U'man-
die (pu paraissi'ut d orii;ine saxonne, il l'esle à exandner si les
Minus en -mare doixent être rajiprochés îles nonrs en -inct\ si
connuiuis eu An;j;'leterre. .V \y,\\ dire, ils sont [ilulol norois : la
i liDse est incontestabli' ([uand on \u'\l le terme dont il s ai;it
[ii-('i.éilc'' d'un adjeclil' ■ — /.(nnjiicm.ire il'AU-e). S.-inssciizcnnirc
.^^euu'-lniérieiu'Cy — ou d'iui nom tl homnu- normand. ( .e lernu.'
a dans ces noms le sens de uolre mol <- mare ■ .
(Juant aux noms en -mer, dont la Normandie pré'senle plusieni's
exemples, leiu's tormes ancii'iines al testent en plus d'un cas une
orii;ine tout autre. Cuiithretiwr (Cah'ados i. connu tlepuis le
\ii'' siècle, elail alors appelé Cam hrimaru m. r'on/7o/;;c/' (( >rne)
est un nom de lieu de t\[)e bien connu, j)résentant, à la suite tlu
nom conuuiui cor lis, \\n nom tl'homme gallo-fi'anc : (!lortis
.Vudomari. Et le thème élynu)loi;ique de Moi-d'invr (Seine-
Inl'érieure) peut bien être exclusivement latin.
XLIII
OlUGINES SAXONNES ]<N lioULEXOlS
L'oxislence Jiuu' colonie saxonne en JloLilenois esl aLteslée,
sinon par les monuments écrits, du moins par la toponomasticjue
de la région.
760. On a vu (cF. ci-dessus, n" 741) ce (pi'il faut enlendie par
le mot /;;/). S'il a laissé peu dv traces vu Xormandie, ou le ren-
coniie dans une ti'entaine île noms de lieu du Boulenois, et cette
constatation est ii rap[)rocli('i- île celle ipie faisait jadis le philo-
logue allemand Léo, lorsqu'il établissait, à l'aide des cin([ cent
ving'l-sept chartes, comprises entre les années GO'i à '.HW), qur
renferment les if'ux j)remiers tomes du (Voiler di/jluniulicus
acri .s.i.i'iinici, ipu' l'i^nsenihle des noms terminés en /;//;, consti-
tue, lie l'auli'e ci'iti' ilu détroit, h' huitième des \-ocaldr>s !.;-éor'ra-
jihiipii's.
761. Alenthun, écart iK' l'ilu-n (cant. de Guînesi, appelé en
lOSi lilliiKjaluDt t'L Allin;/;L/ii/i, esl formé de /un, précédé de
radjeclif nominal iilliiii/ ] il a pour équivalents Alincthun (caiit.
d(^ Desxres'^ — .[liinj hrl un vn 1 !!•'.) — et, en Ani;leterre,
AlliligtOU iDorset, liants, Kent, W'ilts, etc.) et Ellington
( Noi'tlmmherland, Kent, I luntinj^lon, ^'ork'j.
762. Audincthun ^^cant. de FamiuendnTj^ues), en H)ll) Oiliii-
(jntiin ; le nom d'homme sur lequel est formé, à l'aide du suIUm'
-///'/, le |)remier terme, est. Itdda, origine du nom Kudes. —
Cf. Audincthun, nart d'.Vudin^hcn icant. de Marquise), Audin-
thuJl. écart de /uihiusipu-s (canl. de Kumlires'i, et, en Angleterre,
Oddington - C.loueester, Oxford I.
763. Baincthun cant. de lioulognc-Sudl, en 811 J!;ii/ini/a/un.
— Cf. Baginton ^Warwick), Bainton (Xorlhamplon, Oxford.
Sulfolk;.
764. Bandrethun, hameau de Manjuise.
765. Colincthun, écart de lîa/.inghen (cant. de Maripiise). —
CA'., en Ecosse, Collington ( Edimbourt;).
766. Dirlinctun, village disparu au leriitoire de liâmes-
IJ
OlUGINKS SAXONNl'.S KN liOlI.KNOlS 1 8Î)
l;..ucri's (caiil. d^' Giuiies); eu 1107 Dirlinijatan. — Cf., sons
r.■^L•^vL■s, Darlington (Durham).
767. Florinctun. hameau de Coudetle (eaut. Je Sau\er'. en
I_"jT /•Id/'iiK/lictuii ; le premier terme de ee uom est 1 adjoelil
;,..iinnal /Jnrin/j, l'ormé sur l'Morus.
768. Fréthun l'eaul. de Calais-X(ud-Ouost). Frailiiin, Fruil-
'iiiii, Fruilun eu lOSi, FrctUin en t KiO.
769. Godincthun, écart de Peruesicant. de !5ouloiiue-Sutr .
770. Guiptim, i-earl de Tardinnheu l'caut. île Marquise), eu
1 i:;(i (;iljliiii;/!i/iin.
771. Hardenthun. hameau de Mar<iuise. — Ci. Hardington
.^^liiuerset).
772. Landrethun-/e-.Vr;/-(/ fcant. de INIarquise) et Landrethun-
Irz-Ardres (caut. d'Artlri-si, ai)[)elés. le pi'cmier LaiidriiK/liclini
,■11 Mil», K' sce.Mul I.:inilrini/f/un, /.;iiiilr<'ii:i I un c\\ lOSi. 1,'ad-
]rclil nmniual eonslituaul le preiuicr lernu" est bien appaiful
dans ces formes aucienues ; il n'en reste plus trace à présent.
773. Offrethun (cant. de Mar<iuise). Ce nom résulte d'une
rV(dution plus grande ([ue celles pi-écédemmeut constatées. La
firme W'nl fcriun , qu'on rencontre en 12Sl). iierniel de le ralta-
cliei- au uom d'homme germani(jue ([u'au temps des MéroviuLiiens
<■! des Carolinj.;iens ou latinisait en \ulfarius. et tl'où proc'i'de
!,■ nom de famille Cnuf/tcr. — Cf. Wolverton (lUicks, liants,
.\(,rfolk. WarwicLl.
774. Olincthun, écart de \Vimille (eaut. de r><uiloi,'-ne-Nord i,
111 I :!G7 Olinijurliin.
775. Paincthuu, hameau d'I'.cliiuuhem iMul, de r.nulM-iH--
.siid;. eu MIS Pannni'jiiluni. — Ci. Paington It.'vou .
776. PélinCthun, hanican de Verliiuthuu leaut. de Sauu'i , eu
1112 Paiinif/cltin, en 17i8 Pcninrt Iniii . — Ci. Penningîon
liants, Lancaster).
777. Raventhun. hameau d'.Vmhletense icaut. de Marqiuse'i.
lU lOSi llirrii/iiin.
778. Rocthun. ancii-n lief à Lou-uevillc (c-aiil. de DesYiesi.
779. Samblethun, ancien lief à Coveeques (eaut. de h'au-
i|ueml)erg'Ues).
780. Tardincthun, ancien lief à Tardiu-heu (caut. de Mar-
quise). On remarquera (pie, dans le nom de la comn\une actuelle
cl dans celui du lief. le premier terme est le même.
190 LES NOMS Dt; lAEV
781. Terlincthun, écart cb- Wimille (cant. de Jîuulo^niK'-NOrd^.
Les aiiciuiincs rorines du ce nom, à coiniueiicer [)ar le Teli/i//e/iiii
lie 1208, ne présenlonl pas, dans la syllalje initiale, ïr qu'on
observe tians la forme actuelle. Celle lettre n'apparait (;u':iu
xvi" sii'cle, correspondanl à un premier / que le lliènie (jrii;inel
présentail à coup sûr. — (]ï. TellingtOll (Lincoln' vi Tillington
(llereford, SlalVord, Susse.xi.
782. Todincthun, hameau d'Audinclhun (cant. de Fauipieni-
beryues). Ce muii se IrouN'i' mi 8()7, sous la forme Toti/Kje/an.
dans une charte de Saint-Berlin ; tle tous ceux présenli-mciil
étudiés, c est celui donl on [lossède la plus ancienne mcnli(jii.
— Cf. Toddington (lîedfoid, Clouccster).
783. Tourlincthun, hameau de \Vir\vij.^nes (caul. de D(>svri's).
— Cf., sous réserves, TorletOll (Gloucesler).
784. Verlincthun icanl. de Samer', en I17.'l Verliiig/tiri .
785. Wadeilthim, hameau de Saint-In^■leverl (cant. de Mar-
quise], en lON'i \\\nli/i;/:iUiii. — CI'. Waddington (Lincoln,
York).
786. Waincthun, ancien lief à Saint-Léonard iCanl. de Samer'l.
787. Wingthun, ancien lief à 'rardini;iien (caul. de Marcpiise;.
Ce nom est sans doute une variante du préeéilent.
788. Warincthun, hameau d'Audini^hen (cant. de Marquise).
— CL Warrington (Lancaster .
789. Witrethun, écart de Leubrln-hen (cant. de ]\Iarcpiisei.
790. Zeltun. ancien lief ii l'olincove 'cant. irAudruicc] , eu
lOS'i Scel/im.
l']troitement apparentés — vn Va vu par maint exemple — à
des noms de lieu d'Angleterre, les vocables qu'on vient de j)as-
scr en revue sont dus é\idi'mment an\ Saxons. Acluellemenl
gi'oupé's, il ciiHj exceptions près — les raillons d'Ai'tlres. d'Au-
di'iiicc[ (■! de i''au([ucniliei'i^ncs apparru'iincul ;i rarrondissc-nienl de
Sainl-( )mer — d.uis rarrondissmienl de liouloniie, ils se troiiNciil
méU's sur le terrain à d aul res noms d'origine germanique, ipi il
est légitime d'ail ribuer aussi aux Saxons, mais que, faute de con-
sidérer (ju'ils sont ainsi encadrés, l'on hésiterait à rapporter a tel
ou lel dialecle.
791. IMusieurs de ces noms représentent simplement des
OUKIl.MOS SAXONNKS KN liOfl.KNOIS | U 1
.ilji'olir.s nnininaux en -///.'/, -iinjun. l.oi'siiu'ils s"iippli(|iienl ;i des
iiK-:{lilés qui, en raiscni de leur ini|)c)i-lance, sont (le^•enll(•^ des
'.iinuuuies, la linale, remaniée, oi'dinairenienl des le \ii'= siècde.
Il -eih/lics. alVeele aujourd'hui la l'urine -im/ufs. eonuiu' dans
Ailringues leanl. de Lundires), Autingues 'eant. d'Ardi'csi, ,'le.
792. l)ans les noms de simples éearls ou lieux dils, moius hien
pnilri;('S conlie les altéralions populaires, -ez/yAcN s'est déformé
Il -riuic ou -cniH\-i : Foucardennes, Heu dil d'()uU-eau l'eaiil. de
"^.unrrV Rabodennes. aneien liei' à M:inini;-lien eanl, d'Ilucipie-
liiTsi, 'Wicardenne, hameau de Sainl-Marlin-r.Dulo^ne (eanl. de
Miiulo^HMie-Suti).
Les aulres noms de lu'U d origine L;ermani(jiie qu'on reinai'(iue
'l.uis la ri-''L;ion sont île l'orme compt)sée. On peut les grouper
■~(Mis les divers termes (pii en eonsliluent les désinences, et e'est
M'Iiui 1 ordre de eeux-ei qu ils \oiil être indiqués, assez rapide-
nic'iil d'ailleurs, car tel de ces lernus, à la dillV-rence de /un, a
I. lissé' des traces dans d'autres parties de la Caule, colonisées par
i'S Francs ou les Houri^'uig'nons.
793. -IcAcr. c champ .. : Dampnacre. Heu ditd'Outreau cant.
de Sameri, le Denacre. hameau de Saiiil-.Martiii-lîouloLiue icanl.
d«' r.oulou'iic-Sud] el de Wimille n'aiil. de lîouloi^ne-Xortl ■.
Disacre, hameau de Leuhrini^licn t'aiil. de Marquise). Gouve-
Iiacre, Heu dit de Ficiines icanl. de (luines), Hoiinacre, ancien
li.'f il Wissant (cant. de Marquise), Laildacre, hameau d'Halin-
^lieii et d llesdin-lWbhé (cant. de Samei).
794. lli'hc. K ruisseau » : Belbet, anciennement lie/ hffij,
li.iiiieau d'ileimeveux (cant. de Desvresi, l'Estebecque, ruis-^e.iu
(onhiiil à .Vuilemherl >c:iiil. de Marcpiisc', Estieillbecque, anciens
liefs à Ch-npies et à Louches (eanl. d'.Vrdresi, la Marbccque,
li;iineau de Samer, Rebecques l(caiil. d'.Vire-sur-la-L>vs 1. Cv der-
nier nom est ré([nivaleiit d'un nom de Heu Iranciipie ([Ue l'on
li'nuN'e au \'ii'' siècle sous la l'orme lieshaeis (et. ci-iiprés
11" 866) : el l\sru'iiilii_'ctjuc doit éli-e rap[)roc'lu' de l'allein.-iiiil
Slriii/iucli . H le ruisseau [uerreux ". — Un certain muiilii'e de
ruisseaux de la n''i;ion portent le nom de Becque. prc'i-é'dé' dr
larlicle l'éminin, ([ui alleste (pie le mot était passé- dans le laii-
g.iH'c courant.
795. />^''.'/, " nionlan'nc », dcNcnii, p;ir assonrdissemeiil de la
192 r.ES ISOMS DK lAKV i
coiisoiino (inalo. -hrrl : Audembert (canl. de Marciuise). Bru-
nembert (tant, de Desvres), Golembert (niême cantDn), Humberl
(caiiL. d'IIucqueliers), Milembert, litHi dit d'Oulrcau (canl. Ar
Saniei'), Palembert, lieu dit de ^^'inlilU' (cant. de Bouloi^nie-Xonl ,
Pouplembert, ancien lief à Golenibcrl. Riquembert. Iiois à
Montcavrel (cant. d'I'^taples), Rotembert, lianieaii de Sainl-Mar- t
tin-Buul()<.,Mie (cant. de linuloi;-ne-Sud), Rupembert, hanieau (!.■ .;
\\'inulle. I-e mol Iirnj ayant appartenu à tous les dialectes ^ei- >j
niaidques, il convient d'insister sur ce cpu^ les locahtés dunt '•
l'énuniération ]:)récède appartiennent à larrondissement de lînu- ,;
]()i;;'ne ou à des cantons qui en sont voisins. — La nasale cpii "' '
pr(''(.'ède dans tous ces noms, la désiiUMiee -lier/ reprt'-senle I /(
d'un L;t'nilil' i^ernianique.
796. l'riiiii. Il [lont •> : le Cobrique, liaïueau de 15elle])rnMe \
(cant. de Desvresl — en IliSCi (JiiO(ll>ri(/i/i' — l'Etiembrique on t
Estienibrique, liameau île Windlle, nom dont la première pari le M
répond ;i l'allemand ,s7c//(, <i [)ierre w. :■■
797. Jirui/;, « marécage ■. : les Crambreucqs. nom ilésii^iianl
un ruisseau ipii prend sa source à Fiennes. DeiinebrœUCq (Oynl. A
de l""au(piemheri;uesi, Godeliinbreucq. lieu dit de ^^'imille. le
Hambreucq, écai-t de 'l'ardini^hen (canl. de iVIarquîse), Reque-
breucq, hameau d'Ouve-AVirquin (cant. de Lumiu'es). — Amen- s
tioimer quelques écarts, lieux dits et cours d'eau appelés le Breu, ,i
le Breucq et les Breucqs. ;.;
798. Ih'ini. u l'onlaine i>, est l'orii^àne de trois ilésinences : ?
!" -hrninic : Acqucmbronne, nom de cini] écarts ou lieux dits, -
Caudebrone, lieu dit d'Arqui's icant. tle Saint-Dnier-Sud ), Gau- v
debronne, lieu dit d'Outreau, Cottebronne, lieii dit de Saint-Mar- "^
lin-I!ouloi;ne et écart de ^^'ierre-l^lVro\• (canl. île Mar(p.iise., Cou-
bronne, nom de cin([ écarts ou lieux dits. Follembroune, ancien
liel'à Saint-l-ltienne (cant. de Samer). Hassebronne, ancien lief ii ;
Maninnhcn (cant. d'Iluc([ueliers'l, Hellebroiiue, ancien licl',! Réty §•• ;
icant. de Marquise), Houllebroniie, lieu dit de \\"acipuni;lien lî • '
(cant. de Marcpiiseï, Liembronne, hameau de Tini^rv (cant. iK- v ,
Samer), Thiembronne (cant. de Fauquemhergues) ; — 2" -hriiiic : .■
Bellebrune (canl. «le Desvres), Rosquebrune, écart de l.migl'ossé ;'.
l^nuMue canton) ; — ','<•' -Imiirne : Gourtebounie, luuneau de Lieipios ■
(canl. de (niines. — 11 faut entendre vraisemblaldement par .V !
(liiiidchronnc el (Jnf/clironne n Froide l'onlaine )', iiar Ilr.ltc- '
iiIiii,im:s swd.wks i;> mu i.i:\(iis |',);!
'• « liiiil.iiiie siici'oi' », cl par I Imillclirniinr „ ronl.iluc
IW n.i/r. ,. valK'o .. : Belle-Dalle, coai-l .lo 'l'.iiclin-hon.
; iiiri|iiedalle. Ikhiumu iriiosdiu-rAl.hi.'. Dippendale, liamcau fie
■. •:: lurhaiill LMiU. ile(iuîiK'.s), le Willieildalle, licudll d'diilivan.
l'ii i\MK'(uili\' en Xui'inaiulie des iioiiis aiialo-ues : llrmiur-
>'"- el hirjijicdullc i Sianf-lnférieui'e : ; ils n, .sauraient idre
•l.iliiu's en Uuile sûreté aux Saxons, ear ils mil pu Iciut aussi
Il rire iiuporlés par les Normands. 1 ,e premier de ces noms
I Miil s!L;-niliei' - vallée niaré'ea-euse -, et le seemid u vaille pro-
: idr '. ; ce dernier (pialiliealir étail exprinu' par le savon -/rny,.
i...!n-ue à 1 anylais dreji, et par le norois diiip.
HOU. /'VA/, .' ehanip ... Parmi les noms de lien du r.oulciiois
■i.iiit la l'orme ori^'inellc [)résenlait ee mut eomme seeond lerme,
a\ qui s,' sont rcnuanises les premiers sont aelurllement lermi-
i: s en -/',;(// : Iris sont Helt'aut leanl. de Saint-( )mer-Sud i, Mil-
failt. liameau de 1 )ennelMieue(j. el aiieien liel' à ]''rii \-Sai nl-
Jiili.Mi eanl. de l''an([uembei'gues i el Pittefaux feanl. de l'.ou-
.'■uiii'-Xord , le pi-emier romanisi' dès le mi'' siècle. I/adoui'isse-
111. ail de l'/'en r <[u'on ol)serve dans le nom de Glémevaut. lieu
iil d ()utre;ai. pai'ail l'indice d'une l'omanisation moin.'; aneieime.
i.iilin, dans les eonti'èes où l'inlhicnee di/s po[iulalions de langue
,'.'iiiiam(pie a persisté le pins lon-'lcmps, la romanisalion. eoii-
-.•ipienmienl plus tardive, est earat'ti'risée non s.'ulement par le
. liaii-emeni de l'/'en /'. mais de plus [lar celui de 1'/ en r :
Gazevert. ancienne maladrerie à W'issanl, Pichevcrt, en l.'iU'i
/'e^sr/'c//. h.imi'au de W'imille. el Saiut-IlKjlovert eanl. d,> M.n-
■|Uise'. (".elle dcrnieii' loc.dite est ;i[ipeli'c au \ni sicelc. .lans la
ilironiipif de I.anihert il'Ardi-i's, Simlium campus vul-o
^'in/iiii//ifrrf/ : cL de celle lorme vul-airc (m rencontre, depuis le
\ii'' siècle jusipi'au X[V^ de léi;-ères variantes attestant (pi'mi se
Imuve en pri'sciic.i d'un imm dont le lypc primi ti !' consiste .lans
!■■ nom comimm fclil pnxa'dé d'un adiecllf nominal en -//;(/,
i'ien loin ipi il /■vocpie le soUNCiiir d'un persomiaue hoiinré' par
I l'-ll.SC.
801. J-'nrd. H ^ué ,' : Audenfort. liameau de (;iel([Ues <caid.
il .Vrdres!, Etienfort, nom de (piatre hameaux cl s\non\nie du
tlainand S/c-iiroordr ^X(n'd) et de (hn/ic/-('ii.r (voir n" 681;,
/.(•N- iiiiiiis i/,' tien. I.i
Ill'i i.i:s .\(i\is m; 1.11:1
Houllefort. c'csl-à-ilirf " K' -ur iinifonil ". .scrlidn (!■■ \)i'\\. ,1 i
I li'ullcroi'l ir;iiil.ili' Dosvri'Si. |
802. <•;!/(■ (cl', ri-ilessus 11" 757 1 : Enguinegatte 'cjni. dr 1 .m- |
(iuumhfr?.;u('s!, Sangatte 'caiii. ilo ('.al.iis-Xord-Oiu'st I, Tégatlc. i
li.iii>e;iu ilu l*oiU;l (e;iiil. de Saincij. i
803. //.(/// vï. ei-tle.-^sus a" 742 . ('a' mot a (luiiiii' le; .^^ullix •
(]u'(Mi i-fii('(iiili-f \c plus rri.''<|Vioiimii.'iit il.ui.s la parlii' iK'ciiK'ul.il
(lu ilrnarli'incnl du l'a.s-(K'-( la lais. (..uni'i'aU'iiU'ut v-.jinl>i lU' avir
di's adjoclifs iioniiuaux eu -m;/, v[ pnuiniu'ç -,//( ou -;//, la Imiiu
(]U il nnùl c'sL 'Iwiii, el, tlaiis le sud du l!(nil(Muiis, -lien. IMu-
sii'Ui's dos noms ainsi l'ornus nul, connuL' la-iix lUi -l/tun, Icuis
LM|uivalL'nts cil Aii^leli-rre : Barbiligheni. hameau de Moriii-lieiii
(^e.iiilon de Saiul -( )inei'-Nord '. appelé au i\'' sieele llir/nni'jh.ic/i: ,
esl synonyme d'' Birmingham (W'arwiek., el le nom de BOU-
guinglicn. hane^au de Marcpiisi', doil l'd re ra|>pi'oi'lii' di' eeiiii de
Buckiugham, ipi a la cour de Louis XIII on pi'ononeail llnth/ nin^
'J'in. — D'aul'i'e [uirl, il existe ipndtpir,^ lunns dans la Inriiir ori
L;iiicdli- des(iueK on Aovail //.;//; pri'eédi' <liui Li'émld eara(li'i-is(''
pai- la liiiale .s- : HardillXtnit . ei-.irl de ll.'ly leanl. de M,n\]ulsc .
Anluii/cs/irin au \ir siècle — Hiuxeut iiiieme eanlon). en M 111
Jliiuiilii/s/ic//i el Tulierseut (eanl. d l''.laples,. au 1 \' sioeir
Thnrhn.lr.slwn:.
804. //"/', ■- eour, l'ernie ■• : Fouqucliove, ham.' au de l'enus
leanl. de lîoulo^-ne-Nord 1, MouiieCOVe. iiameau de Uayeuuhriii-
le/-l''perlee(]Ui's eani. d'Ardres , Rorichove, lieu dil d'Audns
(eanl. de (iuiiiesl, WalricOVC. lieu dit de Feri]ues leaid. de
Maiapiise), voeahles manireslenunl lormés sur des noue,
dliomnie: — Osthove, hameau tie l!ain<_;heii leauL. de Desxiesi,
Ostrohove. hameau tle Sainl-Marlin-lîouIoL; ne. We.StllOVC. hanieaii
lie r>l.indeeipie-> eanl. di' Sainl-t huei -Sud ' el aneieu niaiioii- ,1
( juelnies 1 eanl. de Lmulires;, WestrehoVU. hameau d"l-'.perh'eiph's
et aïK-iiMi liid' l'iil l'e IudierL;ui's eanl. d.\rdresl el Sui'([ues ' eau!.
de l.uinhri's), inlin ZutllOVti, lieu dil i\r (jiu/lnits eanl. Ar
l.umlii'esi, noms rappidanl par leurs premiers lei'iin's la -.ilualioii
(U-ii'iilah', orcid'-nlale (Ui nn'i-idionale, |ku- lappoiL a (h's nail l■e•^
plus im[)orlanls. des loealilt's auxciueUes ils s'a[)pli(pienl .
805. l/ol/. . hois >■ : Bouqiichault eanl. de ('.mues , Écauil,
hameaux (!"( lll'rel liun eanl. de Mai'(piise) el de Sainl-Llicnin'
(eanl. de Sanier,, bois a (^nesl reeijues 1 inènie caulon^. Hodrc-
ï
ii1;|(;l\i.s SA\iinm:,s i.n i;(iri.r.\( HS \.I)
li.iult, aiii'ii'ii liiM ;'i lu'l\- canl. Av .M;ir(|uisf l : - l't, iiNi'C iiiH'
• .iniiialstiu (liiri'i'cnle, CambrellOUl. liois ;i ( 'JcM'iiut's iL'unl.
, Aulrcs), Cupréhout, I>ois ;i 'rminiflKMii (lur'iiir (miiIom), Écout.
..il a Tilinu's LMul. (K- Sainl-( hncr-.Xord'. NortllOUt. icmiI ilo
I; i\ i'iiL;licni-li'/-l'.|)iM'l"ri|i.ies ^(■alll. d AnliL's . ids (!.• n-s
■■ hm1)1i's siiiil l'oi-iiH'S -^ur ilos lunus darlire's : ■/■.i-:i::lt sur icliii
. I rlh'MiL', en allcinaïul riche, ol Hn/Kj nrlt.uil I Mii-^'elui du li'.Hic,
Il alKinaiid Jiuchr : ce sont aussi des luHraios (|u d laul locon-
; i.tiv dans BéCOUrt 'calll. d'I IlUaiUclicrs i. l'ii 117(1 lirml/, et
1.11^ HoilCOUrt. 011 II.'iT l'xicnll. Iiailli'au d.' l'Iv^liin .aiil. de
l',iui|m'lillH'ii;ucs , ; à la désiiioiin' |)i-illill l\ i' de ci's i\i.'\\\ iitiins
!'u-<aLCi' ''Il a suhslilué une autre, e\ln''tiieiiiiMil IVciiucide cii
diverses i-é_i;inns do la I'"riinee seplonlrinnale, mais dont 1 (in^ine
'•^t tdiilo dilVéronte.
806. -V.vcs : voir ei-dessus ii"" 751 l't 752.
Sl)7. S:iiul. u sahlo 0 : U- s, -us du imiu de WissaiU k'.int. de
M.iri|uisc , dont les luoiilioiis ahondeiit di'|iuis !<■ \i'' sièil.-. est
:illcsli' [lai- et' [)assane de LaiulierL dWrdres : Il l'i l a ii nieu s |iei--
lus, (jui al) alhediiie areiio vuli^aii iicMuiiie aupdlatur
U '/7,s;i;(/. — S;ui(l semble liieii être le [iremu'i' leiaue du nnm de
San[}atte. monllonuo ei-dessus l'n" 802 .
808. N/,;/;. M piiTi'o, i-oelie ", m- p.irait [i,is avuii' ele LUiiplovr'
I njuiiio d siiieMiee dans la tii|inni)inasli(|ue ilu llduloiiois ; mais nu
la ri nenntré eoiume premier loi-iiu; des noms /''slicjit hi'nj iic
M" 794;. f-:iinnl>n<[iic (u" 796) et Élimfnrt i n" 801).
809. \r,;A/, .. foi-ét ') : Pelenfjaud i.
810. 7.rlh\ ■' chapelle " >' : Floringuezelle. Harinçjuezollu el
Wai'ilUjUeZClle, hameaux d".\ui!iiii;"hen (eaiiL. do .Manpusi-' ,
Watl'LîZelU!, hami'au de ^\■imille.
I. \.i- IliclKiiin.iif' h>i:'};/i:il'lin/iir ,ln ,li'j>:i rL'iii-iil In I ':is-Jr-l l.i Lus <\<
\1. .!i' i.iiisiir, |iaiii eu i'.iuT, rcnrriiiif un arlicK' .iiii>i mniMi : ITi i\.aii >.
I'., .■oin. de Saiiil-Miu-tiii-l'.oLilo-uo. -- l'rliui/lu'n, ITida (Icrr. <\i- Si.iiil-
Wiilmcr, i^. \i\). — I>rllin:/I,ui'ii. 1 :i:;() . iiril I . ',\r X.-H. ,1,- li.iul.. (i. SS] .
/' /■■i/f/ Ud/ , l''.l:il iiiaj.^ -. Il l'sl r'\iiU-iil ipie l.'i «Ifiiliri'i- tic ces 'oilUi's
ji;. ii'iMU'-- ■', i'niii|i:iri.H' Jil\ ileiix aiilii^s, ilnii clic liu ! 'rir/i i/.unl \.Mis ne
i,|'i .>.liilsniis li.iiir (|in' siMis Iniilo it-m-iv c-- ui\r 1 m liralioii ijii .\'rj,. I.uii-
.iMMi. ^'il s'rlail arrrlé aiiv irxles iln \\i'' -,irrlc siL;nali''~. |i.u- M. t\> l.ni-ii,'
:iiiiail sans nul iIduU' sarrilii'c, cl <luill on ii'licndia --rnlcnuaU ipic le mol
u\il,l. ciiniiniin an\ «livcis idiomes L;crnKinii|nes, |i(miI Mcn aNuii- 1 ii-.m;' ilc--
ii.iri'-- (Il ['.cil Ici mis cumnie «laiis d'au Ire s [•éL;iiins Av lol le pax s.
•J. ^iw le ■.cils .le ,-c mul. .\. l.oiu^i s'i'x i.niiiai l .11 iTeiviii nieii I 'lans -a
|.-.;,,n .hi IS .lei'einiiic IS'K). ;,n Ccill^'-c .le rr.ince : .. I.e mol :-■//,., .m >eus
,|r .•.■liul,' im lie |.clile in usoii, cm | n-nnU' an laliii c c II . i |,ai- le-, |m.|.uI,,^
Ueiii L;crniaiii<|ncs... d .
XLIV
ORIOINKS HriK^.oxnKS
811. 11 est queslioii des Hurj^ondes pour lu première fois dans
Y Histoire naturelle de Pline, où leur nom est associé à celui des
Vandales : Vindili quorum pars Huri^undiones ' ; ils habi-
taient alors non loin de la mer Balti({ue. On tnjuve dans Ptolé-
mée une mention des BcDpyiJv-s;, dont il n'y a pas un parti apj)ré-
ciable à tirer. Les Burf,''ondes furent chassés de leur territoire
vers le milieu du iii*^ siècle par les Gépides, le fait est attesté par
l'historien national des Gofhs, Jordanès, évêque de Ravenno ;
ils vinrent alors se fixer vers la forêt Hercynienne, dans le voi-
sinage des Francs, des Thuringicns, des Suèves et des Alamans;
alliés par des mariat,^es aux garnisons romaines de la région, ils
pi'irent des habitudes sédentaires, et construisirent des» bourg> »
à maisons contiguës : c'est dans cette dcrnièi'e eiiconstancc
qu'Orose et Isidore ont pensé trouver rétymologic de leur nom.
Leur premier établissement en Gaule date vraisendjlablemenl •
de la grande invasion barbare àa iO(J-407. Ils se fixèrent dans la
Première Germanie, près de \Vorms, (jui devint la l'ésidcnce de
leiu's rois. Le souvenir tle ceux-ci est consigné dans la Loi (îoni-
hcltr et dans le poème épique des Xibelungen, où ces princes
portent les noms de Gibich, Gisleher et Gunther : ce dernier, que
les textes des v" et vi*^ siècles appellent Gundn/uiriiis ou Gundi-
cariiis, se consitlérait comme un auxiliaire de la puissance
romaine, et en 411, à Mayence, il lit proclamer empereur un
obscur soldat, Jovin, qui fut tué l'année suivante. A'ers i'15,
Gunther fut ])altu ]iar Aétius qui, selon l'exjiression de Prospcr
d'Aquitaine, acconla la jjaix à ses siqjplications ; mais peu a[M'ès,
les Huns d'Attila taillèrent en pièces les Burgondes, près du
Rhin, en une bataille où périt toute la famille royale : le récit
de ce désastre termine le poème des NihclujKjcii, où Attila est
a[)pelé Etzel.
1. Jlixl. nat., IV, -iS (chI. i.enuiire, II, ;<!;o).
iuih;im"s Kri;i;iiMii:s
On lioiil (lu chrdiiiquour l^rospci' Tiro que, (jui'l(]ucs années
plus l;u-(l, les lioniains recueilliront les débris du peuple Inu--
^Minile dans le pays i[ui, scnis le nom de S;ij)uinli:i . s'étiMidail dans
l;i partie de la Suisse (|ui conline au lac Léman, id comprenait en
outre, semble-l-il, une pai-Lie du dépai'Lemenl de lAin.
Va\ io6, les Bur^^ondes paraissent avoir accru leur territoire ;
la Séquauaise reconnut leur autorité. Lyon et la Première Lvou-
iiaise devinrent leur proie vers iC.) ; et l'on sait la douleur causée
a Sidoine Apollinaire [lar le mariag-e, célébré dans sa -ville
natale, de la fille d'un roi burgoutle avec le i'ranc Sigismer. Les
ISurgondes povissèrent bientôt leiu-s conquêtes jus(ju"à la Dui'ance.
Indépendants jusqu'en lui'i, ils i'ui'ent alors soumis par les Francs.
Dans cette vaste « Jiourgogne », comprenant, avec la région
(pii a conservé ce nom, le pays de Langres, la l''i'anche-('omté,
\nu' partie de la Suisse, la Savoie, le Lyonnais, K' l'orez, le Dau-
])lniié et la Provence septentrionale, les colons burgondes étaient
inéj^alement répartis. Il convient de distinguer entre les pavs que
ces étrangers colonisèrent eiredixement, et ceux cjui ne tirent
(pie reconnaître leur domination : c'est surtout a létude des noms
de lieu qu il faut demander les moyens d'établir cette distinction.
On se g'ardera donc d'attribuer aux J'urgondes, comme l'a fait
M. Perrenot dans une étud(! jiuMiée en lltdî par la Société
d'énudation de Montbéliard, l'ensendjlc des noms de lieu d'oi'i-
gine germanique sig-nalés dans l'étendue de l'ancien royaume de
Hourgogne.
Les pays où donnnèrent les P.urgondes à la lin du v"^ siècle et
dans le premu-r tiers du \\'\ sont aujourd hui, à peu près exclu-
sivement, de langue romane. A première vue, on n'v découvre
[)as de noms de lieu aeeus.int nettement une origine ge!-mani(pie ;
mais l'étude des cliarti'S antérieui'es au \n'' siècle — malheiu'cu-
semeiit 1res rares [)o\n- cette conti'ée — ré^ele l'existence en
Li-anche-("omté et dans la Suisse romande, de vocaljles géogra-
phi(pu's dont les tei'minaisons dén(deid l'oriijine gernumitpie, et,
dans respèce, burgonde.
812. Un cartulaire de" l'église cathédrale de Lausanne, publié
en LSol par la Société de l'Histoire de la Suisse romande, l'ait
passer sous nos yeux, dans dos chartes des ix*" et x" siècles,
([uchpies noms de lieu présentant la terminaison ~in(/, -in(/en,
latinisée en -intifus, -iui^i. On renc(Hiti'e ainsi : en S."»(i Marsin-
1 98
î,i:s M IMS r)K i.iKU
i;iis, l{scarlini;-us, Vui ped iiij^us, Marsens, Écharlens l'I
Vuippens, on allemand Wippingen, localités appartenanl Imites
Irois au canton de Friboiir^- ; — vers !J'i8, Sclepcilini;ii.s et
lluning-i, Eclepens et Renens, au canton tle Vaud ; — en \)i\'.],
Seuliiling-us et Losing'us. ÉcubleilS et Lucens, au même can-
ton ; — vers 97^5 Sotving-i, soit Sorens cm Soring, au canton
de Friliourg- ; — au x'' siècle enlin, Dallingi et I^ esol din.^'i,
Daillans et Ressudans, au canton de ^■aud.
813. Les chartes de l'alil^aye de Clunv intéressant la rjoiu--
gogne fournissent peu de noms de cette espèce : on peut citer
Ol'fa neni;os, vers 908, Ofieningo, vers 9o2, OfFanans (Ain).
814. (,)n constate ([ue la terminaison romane qui procède de
-///'/ est -c/;s dans la Suisse romande, -<'7/(.s' entre li' Jura el la
Sac'me. Au point de vue de la prononciation li' l'ésultat est le
même, et c'est celui qui a été signalé plus haut [n" 739) à propos
des mots /laninnJ, harenff, nifrhin, cjierla/i ; dans certaines par-
ties du tlcpai'tement on oliservera la N'ariante -clns (ci. ci-dessous,
n" 850 >. -uns est une grapiiie [)lus moderne que -ens, car tlans les
noms Abbnns, l'^ouclirrans, Gonsans, 1-tnulans, les formes anté-
rieures au xiii*^ siècle se terminent par -eus.
De toutes les régions de la France qui ont été soumises aux
Burgondes, c'est la l'ranche-Comté ijui comprend le ])lus grand
nombre de noms de comnuine en -ans, c'est-à-ilire issus d'adjec-
til's germaniques terminés en -inç/. On en compte S7 dans le
di'partenu'nt du Doubs, soit prescjue vm septième de l'idlectif
total (les commîmes," ([ui est de 030 ; Tit) sur l')^'A dans l;i
Ilaute-Saône, soit un peu plus du douzième ; !{8 sur 'iSo d;ins le
Jura, soit un peu moins du quinzième. Un certain nomlire de ces
vocables vont être passés en revue ; on consiiléi-era daboi'd les
trois di'parlements franc-comtois en jjrocé'dant, jionr le I)oli1is,
par ai-rondissements 1 ; ensuite les départements voisins.
. l fron disse ni en l de liesn n çon .
815. Abbans, de Abhinrf^ adjectif noininal formé sur ré(|uiva-
lenl burgonde du nom franc Abbo, (|u"on voit, au ix'" siècle, [lorlé
1. 1. ;uToii(lissom('iil de l'oiitiirlici' ne (■(iiii]ir('iul :niciiu iiciiii de comniiinn
en -anti.
i
iMiii.iNKs iini;(;(iMii;s I .i;i
p.ir un moiiiL' 'li' Sniiil-Gei-in;iiii-(K's-Pri''.s, aulfur (riiii po^inc. sur
le s\c<^e de l'aiis.
816. Amondans, de .[i/ni'jndiii;/, fornié sur un n(>n\ d'iioninie
l.diiiisécn Aj.;-im undus ; erlui-ui preseulo une liiuile ici. ei-apres,
11" 1134 à 1136) (|ui lui esl cuiniuuue avec les iionis tloal nous
avens l'ail l'hni-iunoiid, Ilii/niniid-, h'i-unnind, l'Lc.
817. Bartherans, \w\\v JJci-l/icrcus, a pour racine, le nom
d"lionime i;-erniani([ue latinisé tui lîer Lha rius. Le nom Jicrl hirr,
iHi'iin ne reneonlre |)lus que connue nom de Famille, élail, au
lUdins iiis(prau xiV siéeh", employé connue nt)ni ilc l)a[dènie en
!■ ianclie-(.".omlé.
818. Foucherans, en il 02 l-'alchcfcns, est ap[iarenlé au nom
lùiihlicr^ tlonl le Ihèiue i;-ernKUU>-lalin esl Kolcarius uu l''ulea-
rius.
819. Germondans a poui' origine prohaMe (Uii-iiiiiiiKlimi
\ furnie sur ( i.iri/iin nd , lecpiel a donné' I iiTinmid .
Arrondissement de l>:ninv-les-]);in}cs.
820. Bremondans, de lircimund.
821. Glaniondans, jle Cdmimimd.
822. Hyémondans, prohahlenuMil de LcudmiuuL
823. Guians- rr/(/M'.s\ du nom, latinisé» en W'iilo. (|ui a ilonné
Guji.
824. Orsans, du nom latin Uisus.
Arrnndissenienf de Mnn fhi'di^ird .
825. Bavans, du uom latinisé en lîabo, ])uis l'avo.
826. Frambouhans, de I-'mncoJjod. nom yermani([ue doul le
secontl lerine se retromc dans le nom ipn suit.
827. Mambohans, de Mr;/in/ji)d. ([ui a donné Mimnhrul'.
828. Rémondans, de Ilc</inui!id ou /l.i/inund.
829. Semondans. de Sn/ismuiul, (pii lut au VI'' siècle le nom
(lun roi huri^onde, cl dont la l'orme \ulL;'aire est S/nidiid.
830. Thiéboubans, de Tmibud.
831. Vermondans, du nom latinisé eu A\a rimu nd us.
200
LES MiMs m: i.iKi:
II;ui/r-S;i<Ui('.
832. Amblans, du nom. Inlinisc fil iViualo ou Ainuld, i|iii,
sous celte dernière l'orme, a désigné un arcIievèt|U(' de I.von ;iu
w' siècle ; ce nom se retrouve dans Alihincourl ^^Mai-ne). appelé
en 850 Anihlonis curtis.
833. Aubertans, de Ailallini ou de AiUhrrt.
834. Bouhans — nom jKuté par trois communes — du nom
d homme, latinisé en Bodo, ([ui représente la première partie du
nom de Boncourt (cf. ci-a|)rès, n" 1011).
835. Lieffrans, de IJcffrUI m\ lAulfi-'ul, en IVant^'ais Lciifnii.
836. Malbouhans, de M.id.i/lmd.
837. Thieffrans, de 'fcn/frid \ ce nom l'st à Tliii-llruin (Aubel
ce que Lolwrun est à Lorntin, déri\'é comme lui de Lulha-
r i n i;- u s .
838. Vadans, du nom d'homme latinisé en A\'addo, ([ui con-
stitue l'un des élémeids du nom de Wadcnihun, menlionni'
ci-(l(>ssus (n" 785). — es. "Vuadens (Suisse, eant. de Frihouri^-).
.lu m .
839. Augerans, du nom latinisé en Adelg'arius, primitif du
nom de famille Aiiificr ou Aii(/cr, ^\m a pour iliminnlif .h/7^-
840. Foucherans, homonynu; d'une commune du Doubs
(n" 818), et Vadans, homonvme d'une commune de la Ilaute-
SaAne fn" 838).
Cn/e-cFOr.
841. Chamblanc (eant. de Seurre', au mu" s. CItainJihiiis.
S;iùiw-et-lj)irc.
842. Bouhans (eant. de Saint-Germain-du-lJois), homon\iiie
de trois communes de la Haute-Saône (n" 834).
843. Gommerans, écart du Tartre (même canton), th' ' ifxh^nmr.
nom que portèrent, aux \'' et vi'' siècles, plusieurs princes hui'-
g-ondes, et notamment un frère et un lils du roi CiondeI)aud. '
844. Louhans, appelé en ST.'i et llir; Lovin^'us : cette ville
iiiiiciNKS iu'iu;(iMii:s
1201
, .1 K- chor-licu (le rarroiulissoineiit :iU([iU'l appailicmicMil les
.|,(i\ ii.imimiu's ([ni pi'éctHk'uL ol ccUo ([ui suil.
8'i5. MervailS (oanl. ilo Sainl-(îennain-ilu-H(iis), en I 1 lO
MfiTriis, (lu nom, lalinisé en Merovecus, (jui fut celui du Inn-
il.ilrur (11' la pi-(MUu';re race de nos rois.
^1 in .
846. Garnerans (eanl. de ThoisseyV auxu" siècle (hi:irnrrcns.
.lu nom (ju'on voil, au vr' siècle, latinisé en ^\'ar nacarius. et
([ui a donné en IVanc^-ais Ciirnicr.
847. Graveins, hameau de Villeneuve (cant. de Sainl-lVivier-
sur-Moi--nans), synonyme des Grnfuvj, Gr.ï/iiuj, ( h';if/in(jen,
cités plus haut in" 738), au sens de « donu\ine du comte ».
848. Offanans : voir ci-dessus, n" 813.
849. Romaneins, écart de Suint-l)idier-sur-C:iialaronne (canl.
do Thoissev), fournit un exenqile d'adaptation du sullixe -in;/ à
un nom dlunnme latin.
850. On vient de rencontrer deux exem])les de la variante -(V«.s :
celle-ci est fréquente dans le canton de Saint-Trivier-sur-Moi-
^nans, (|ui appartient, comme celui de Thoissev, à l'arrondisse-
nu'ul d(> rrév(uix : Amareiiis, Baneins, Cesseins, Chaleins, Cha-
ueins. Fareins, Francheleins. Si l'on iiossédait de ces noms
des foi-mes sullisannnent anciennes, on délernnnerait aisénu'ut
les noms d'hommes auxc[uels ils se rattachent '. Du moins, il est
pernns de rt«counailre dans la racine de I-'un'iiis le imm tle Faro,
porli' au vir siècle par un évê.pu' de Meaux, (jui iHait précisé-
1. M. Ivl. i'liilip(in, (donl !<' l)ir/!oiiii:iirr loi,n,/ i-iplin/iir du <li'pnrlrniri,l
dr l'Ain i\ iKini eu l'.)ll, r'osi --i-diro i'nnuéc même >\c la uHui (rAu-iisIc
l.i-mt^-aoïi, in-élend ilniroil,, [^. \) que <i riiilliicMicc exeiTce \ku- rorriipalioii
liurgoiidc. . . sur l'ononiasti(|ii(" do l'Ain a été ii peu prrs nidlo ■■ ; d csliun^
;////(/., p. XII M urdaiso do rcoonuailro, sdus lours formes roiiiaiios, le wulTixo
-onnani([iio -//),i/- du sid'lixe li-ure -(/ko- •■ ; ol il opiue visil)louiei\l iiour
eo dornier. Ses ari;uinoiils no nous paraissenl pas prcibants: on no saurait,
par excmplo, souscrire il rai'llrmulion (|u'« on germanique, le sullixo -(«,7- no
s'ajoute jamais qu'à des noms simples » (of. 7{e!-(;<' liis/oriijiie, CX, t'iî;.
D'autre part, le groupemeiU, sur le terrain, des noms cités par A. Lonj^iion
est partionlioromeiit caraclérislique : l'iiypotlièse d'une colonie burgondo à
une assez, l'aiblo dislanco i\(' Ly.in (>sl on no poul plus \ raisondilalilo ; laiidis
qu'on n'a aucune raisiui posilivo do supposer qu'il y ail eu lii un el.ililisse-
lUi'Hl liLliiri' aussi él roi hMiu'ii I délimilé.
202
i.ios NOMS pi; 1,11:11
Dicnt crorii;iiie ])iii'j;-()U(li'. (Juaiul ;i /■'nuic/ii'li'ins, il iH'|irrsrii|,-
l'vidoiuinent rancien adjeclif h'ranhaUiuj , laliiiisé on l''raiuM-
hngus : cet adjectif est aussi la soui'ce du mot frnnldin^ ([ui d.'.si-
,i;-nait une certaine classe (riinnnnes lilnesdans l'Ani^lctcrre nu'ilii'--
vale, et est devenu mmi de famille.
851. Le çf du .suflixe -inrj n'a pas laissé de traces dans les
noms de lieu en -eus, -nns vl -cins. 11 devait, au contraire, [ht-
sister lorsque ce suffixe était latinisé sous la forme IV-mininc
Une quinzaine de noms de lieu, ([u"on rencontre entre le Uoulis
et rOi^-non, paraissent corres])ondre à des primitifs en -iui^a. (le
sont : dans le département du Douhs Berthelange, Jalleraiigo
(canl. d'Audeux) ; dans le .lura Auxange, Louvataiige. Malango.
Rouffange, Sermange (cant. de Cendrey), Offlanges (cant. 'd.
Mt)ntmirey-le-Cliàteau), Amaiige , Archelange. Audelange,
Romange, Vriange (canl. de Itochefort-sur-Menon^ ; dans !;,
Côte-d'Or Bousselange cl Jallanges (cant. de S.urrei. Ces noms
est-il liesdin de le dire ? — n'ont de commun (|u'une ressciii-
hlance de terminaison tmite fortuite avec les noms en -.nc/c,
procédant de primitifs pui'emcnt latins en -anicus, dont on ;i
constaté (cf. ci-dessus, n"" 372 et 373) la présence aux conlins
de l'Auvergne et du Limousin.
852. Voici un autre exemple de la survivance du q de -(/)(/,
due cet II' fois ii ce (|ue ce suflixe s'est trouvi' suivi d'une dési-
nence diminulive : 11 est impossible, en etVet, de voir dans Blus-
sangeaux (Douhs, cant. de risle-sur-le-Doul>s) autre chose qu'un
diminutif du nom de BlussailS, porté par une connnunc» voisine,
et représentant, send)le-t-il, un primitif 7)7c'.v.s//( y.
853. h'aut-il, dans la eatén'orie [»résontement étudiée, faire
rentrer les luinis de lieu sui\';ints, qui appai'tiennent au déjuii'te-
ment de l,i Haute-Savoie : Samoëns et "VulbeilS, d'une inut,
Allinges, Fillinges, Larringes et Lucinges, d'autre jiart .' 11 est
|)i'udent de s'en tenir, sur ce |>oint, à une siini)le hvpotlu'^se, cm-
nllu^ man([uons de docunu'nts anciens sur la i'éi;ion.
854. ( )n a découvert, dans la Suisse ronuuule et (hins la iM-anclie-
Comté, bon nombre de cimetières i.;'ermani(pu!s : les données di'
l'archéologie conlirment donc celles de l'histoire, (pii placent, 011
l'a vu (n" 811) dans la Supnudia primitive le premier étahlisse-
4
è
1-1 ■<
OUir.INKS KIIU'.UNDICS
2()r!
r
h
nuMil (les IJui-ondcs en C.aule. Une HuLie aUeslalion de la colo-
nisation germanique de ces contrées est fournie par le nom de
Komanèche. (juVin rencontre dans le canton de Vaud et dans nos
.Iqiartements de TAin — où il est porté par une commune et
au moins quatre écarts — et de Saùne-et-Loire. Il laut voir dans
^.^. nom— llomanisca — l'appellation imposée parles barbares
■j de petits centres où la population romaine s'était maintenue.
!..■ même l'ait s'est produit dans une autre répon. qui a fait aussi
partie de l'einiMre ronuùn. l'n villa-e des environs de Sal/.burg-.
vn lîaviérc. esl appelé, dans des textes de l'épocpu- earolin-ienne,
tantôt viens romaniscus. tantôt viens W'ahchdnrf. L'adjec-
tif »v?/sc/h', auquel, sous la forme ii'clsch, les Allemands donnent
le sens d' " étrang-ers ", surtout ii propos des Français et des
Italiens, procède du mot irala, par letpu-l les barbares désignaient
les Romains; on connaît l'emidoi cpu- Voltaire faisait du mol
,. welche » ; la hvnoue anglaise a])p(dle W'rlsh les Gallois ; et le
(pialilicatif - wallon » a désigné dans la France se[)tentrionale,
ol désigne encore en Belgique, les populations de langue romane.
855. Peut-être convient-il d'apporter ([uebpie ré.serve dans
l'allrilmlion exclusive aux lîurgondes de la totalité des noms
(Ir lieu d'origiiu> germaniciue (pii viennent d'être passés t>n
revne. Fne part n'en serait-elle pas due aux Alamans qui, vers la
lin du VI'' siècle ou le commencement du v^^ pénétrèrent dans
le pavs avoisinant le Jura? D'outre part, les Varasci et les Sen-
ti lu/i s éUihWvenl à Test de la Franche-Comté, où deux juv/i ont
conservé leurs noms : le Varai/ et 17<:.vr//c/;.s (cf. ci-des.sus. n" 526)-
Les r,(/-a.sc/ furent convertis par saint Eustase, abbé de
Luxeuil, (pii mourut en (i2:'>. L'établissenumt de ces barbares
raviva cerlaiiuunent l'éli'-ment germanique sur le versant occiden-
tal du.lura, mais il est impossible de dire dans quelle proporlu)n.
La distinction esl d'autant plus diflieile à faire que, diins d'autivs
parties de la Uourgogne où ces Germains n'ont jamais pénétré,
les noms de lieu ne dilTèrent pas de ceux du Valais et du [jays
de Vaud. Si l'on était tenté d'attribuer aux Viir;isci les noms en
-niujp énuniérés plus haut, il faudrait pii'ndre garde ;t ce ([\\v le
pays dans lequel ils sont groupés — 1'. l/;(';//.s, pagus Amavus
— rappelle le souvenir des Francs Chamaves, qui s'y s'étabbrent
on lu^ sait il quelle épo((ue, peut-être connue auxiliaires de 1 lan-
pire.
{
Xl.V
ORIGINES GOTHIQUES
856. Les Gollis oui dominé pendant plus do doux siocles et
demi dons le midi de la Erance, en Septimanie.
Originaires de la Scandinavie, ils quittèrent leur première
patrie, les Gôpides formant leur arrière-garde ; des bords do l;i
naUi([uo, ils s'avanc'M-enl ii travers l'Europe orientale jusqu'à
l'emhouchurt' du Dniepr; tandis que les Gépides poussaient plus
au sud, ils s'établiront des deux côtés du lleuve, et formèrent, dès
la lin du u'^ siècle de noire ère, doux nations distinctes, les
Ostrogoths ou « Gotlis de l'est >', sur la rive i^auche, ot les
^Visigollls.
Au iv" siècle, Ilernuinaric, roi des Ostrogotlis, élendit sa
domination sur les Slaves, les Gépides et les Ostro^ollis ; il
vivait encore en ,'171, (juand les Huns, (|ui couvraient les deux
versants des monts Ourals, passèrent lo ^'oIga, et se ruèrent sur
son empire : le vieux roi, deux fois vaincu par eux, se donna la
mort.
Los ^^ isigolhs se ro])lièronl vers lo Truth ot lo Dauubo : c'est
alors (pie l'évoque llllilas leur conseilla do solliciter do l'onqjo-
reui' la permission de se réfugier sur son territoire : en .'}7(), ils
passèrent le I)anid)e au nombre d'environ deux cent mille. Ils ne
se montrèrent pas reconnaissants d'une hospitaliti' qui n'était ni
très humaine, ni Ires honorable : ils se révoltèrent et mirent le
siège devant t^onstantinople. L'empereur Valons, a|)rès avoir
réussi à les refouler, fut battu et périt près d'.\ndrinople.
Théodore lit bientôt rentrer les Wisigoths sous sa domination.
Mais après sa mort, leur chef Alaric dévasta les provinces de
l'Empire situées au sud du Danube, et s'empara trois fois de
Rome. Alaulf, beau-frère et successeur d'Alaric, mourut assas-
siné on 41;), après avoir parcouru le midi de la Gaule et une pai--
lie de 1 l']spagno.
Les Wisigoths avaient ainsi pris pied une première fois dans
notre pays. On les y retrouve! dès 4 I *.) avec Wallia : l'enqu'reur
oiiHiiMis i;()'i'iiii)iii-:s
211;
Ildiioiius lL;ur céchi le tcrriloiie compris cuire la (ïarniuic, les
l'vréuces et l'Océan, avec plusieurs cités avoisinanles : Toulouse
.icviiit leur capitale. Ils lultèrent avec succès en Kspayne contre
l.'s Suèves ; el, en Ciaule, leur domaine s'elendil, d'une part,
juscpi'à Narlionne el Xinies, d'autre pari, jusqu'à la Loire. Sous
.Marie 11, le royaume wisiyoth, borné par l'Océan et la Loire,
s'étendait, au delà du lUione. sur la partie de la Provence située
au .sud de la Ourance.
La victoire de \'onillé. remportée en ."iOT par Odovis, restrei-
-int considérablement en Gaule la puissance des ^Vislli,•olhs. ([ui
n'y conservèrent c[ue la Septimanie, c'est-à-dire le pays compris
iMitre les Cévennes et la Méditerranée, le Rhône inférieur et les
Pyrénées : ce pays, appelé aussi Gotliie, ne devait être soumis
par les Francs qu'au lenq)s de Pépin le BreL Après la nuirt de
C.lovis, le PiOuert,aie parail être tcnnbé au pouvoir des \\'isii;otlis
pour nue vinii'taine d'années.
^■^ Les établissements wisiyolhs ne turent pas é^'alement répar-
tis entre toutes les contrées de la Gaule cpii leur étaient sou-
mises. C'est dans le Rouergue, le bas Languedoc et les pays
adjacents qu'on a trouvé le plus de cimetières barbares, et qu on
rencontre le plus de noms de lieu rappelant le souvenir d'hommes
de race g'ermanique.
857. Les textes antérieurs au ik'' siècle qui concernent ces
régions sont, à la vérité, peu nombreux : pourtant, on y relève
(pielques vocables topoi^raphiques terminés par le sul'Iixe -in;/.
Une charte de l'abbaye de INIoissac, datée de (\S2. menlioniu-,
dans le Toulousain Raroling'us, Resingus, Or l'oU i ngus et
Speuting-us, et, dans le pag-us Elusanns ou pays d'Eau/e
(Gers), Ginningus.
A l'époque carolingienne, on voit le nom Scatalingi applifiue
à une localité qui, vers SnO, était désignée par l'appellation
vague, mais très intéressante, de ^' illa Go tho rum.
Dans une charte de \KV\ . une localité du Carcasses i-sl ai>[K'lée
Moschel i ngus.
On ne peut, à l'heure actuelle, identilier tous ces noms de
lieu; du moins on reconnaît Besingus dans Bessens (Tarn-et-
Garonne), Scatalingi dans Escatalens (Tarn-ct-Garonne),
Moschelingus dans Moussoulens (Aude^;.
20(;
I.KS NOMS HIC LIEU
858. (hi le volt, (Imus ces pavs du Midi, le .sullixi'. -///</ a pro-
duit des noms de Heu tloiit la terininaison est aujouid'luii, cDinmu
dans la Suisse romande, -ens. Dans les textes des x'' et xi" siècles
cette terminaison alFecte <fénéi'alcment la l'orme -eues, dont lo r
représente le fj du sufdxe germanique.
859. On se gardera bien de rapporter à ce suflixe tous les
vocables en -eus qui ligurenl dans la nomenclature topograpliiquc
de la France méridionale, hlourens (Ilaule-Garonne) et /.cutrrns
(Hérault) correspondent aux noms latins Florentins et Lau-
rcntius, et rentrent dans la catégorie (n" 288) des noms de lieu
consistant en un gentilice pris adjectivement, le nom coninuui
fundus étant sous-entendu : il s'agit ici de gentilices terminés
on -entius. Moins anciens, Piiilaurcns (Aude) et Pin/lnurciif
(larn) ont pour thème ét3Miiologi(iue Podium Laurenlii.
Villai'zcn.H (Aude) est ap])elé en (S!I8 Villa Ranesindi : la dési-
nence représente celle d'un non\ d'Iimume — d'ailleurs peul-ùlre
gotliicpu' — (pie précède, dans l'espèce, un nom commun.
860. ('es réserves faites, on peut tenir pour considérable le
uiunbre des noms de lieu dont la l'orme primitive aurait clé un
adjeclii' nominal en -iiuj atlribuable aux W'isigoths. Nondireux
dans les départements de l'Aude, de la Haute-Garonne, du Gers,
du Tarn et de/Farn-et-Garonne, ils le sont moins dans la Dor-
dogne, la Gironde, les Landes, les Basses-Pyrénées, les llaules-
Pvrénées, ainsi que dans l'Ariège et Lot-et-Garonne. La dési-
nence -cas a pour variantes -en.r (cf. -cncs, n" 858l et -cnr/ dans
les Landes et les JVasses-Pyrénées.
861. Parmi ces vocables, il en est dans la racine desquels on
reconnaît siu-ement un nom d'homme germaniipie : GuitaleilS
(Tarn), de Wi talus — Ratayrens (Tarn), do Uatarius — Arta-
lens (llautes-Pvrénées), de Artahius.
862. Parfois l'adjectif nominal a été fornu> sur un non»
d'homme rom.iin : c'est, en ell'cl, la coinldnaison deMaurus
avec le suflixe -uuj ([u'il est permis de voir dans Maurens I Dur-
dogne^, appelé Maurencu m cii \'MV.\ cl Maure n.v ou Mnureiir.r
en lliS2. Gette localité a des homonymes dans la Ilaute-(jaronne,
le Gers et le Tarn : il serait imprudent de leur attribuer la menu-
oi'igine sans s'èlre re[iorlé aux formes anciennes.
863. (>n a vu (n" 537) cpi'un certain nondjre de noms de lieu
(h; France rappellent le souvenir des Goths : il est inutile do
(UiiGiM:s r.iiriihjn-;s
207
n'|ir(i(luire ici l'ôiniinéralion des localités qu'ils (lésii;ncnl , painii
lcs(iucllcs il lU" l'aiulrail prcscnleincul onvisai;ci- (|uc celles (|ui
Miiil siLuées au siul de la Loire. On ohsei'vera seiileineul (lue
(iiiiirrillc (('hai-eiite'i et Cniirrillrf fc (('diai'ente-liiiV'rieui'e^ sonl à
|H'U de dislance du iiaïueau d'ller|)es, a\i leri'iloire do ("ourhiilac
Cliareule), où l'on a e\|)loré une iniporlauLe nécropole liarhare
([ui peut, à tons points de vue, élre considérée comme qotlii([ue.
1^
XL VI
ORIGINES FHAN(iUES : GENKRALIT]<:S
864. L.e nom des Francs a[)jiai'ail pour la jireniicj'o fois dans
riiisloirc vers l'an 2iU de noire ère. ils liahilaient sur la rive
droite du Kliiu, dans la basse Germanie. Le l'uLur empereur
Aurélien, alors tribun de la VP lég'ion, eut à repousser leurs
incursions en Gaule : il les délit complètement, leur tua
sept cents hommes, en vendit trois cents à l'encan, et cet exjiloil
donna lieu à une chanson nulitairi; tlont l'historien T'IaN'ius
Vopiscus nous a conserve le ilébut : Mille Franc os, millo
Sarmatas semel occidiiuus... *. Le nom de Franci désignait
collectivement diverses nations germaniques unies par un lien
fédéral, mais dont chacune avait sou nom particulier : les Saliens
— (|ui peut-être ne diiîéraient pas des Sicambres — les Clia-
nuiNcs, les Ghaltes ; le nom de ces derniei'sse retrouve dans celui
delà liesse, l'aspiration initiale ayant persisté, et la double den-
tale s'étant altérée en un son sifflant.
Cette dernière peuplade s'est Inentot fait connaître sous le nom
llattuarii, [)résenlant, à la suite de l'appeUalion (H-iginelle, \n\
sullixe ([ue les Ixomams ont rendu ])ar -uarii ou -oarii. i'.v
suflixe a servi à fcu'mer des adjectifs ethniques ; lîaioarii,
ancien nom des Bavarois — formé siu' le nom de peiijîle eel-
ti(iue l'oii — Cantuarii, Vectuarii, noms que les Saxons
établis dans la Grande-Bretagne donnèrent aux habitants du pavs
de Kent et de l'ile de Wight ; et l'on renuirque, dans l'allemand
moderne, des atljectifs, tels que Ijcrlincr et ivieiv^r, formés à
l'aide du suflixe -('/• sur des noms de ville.
Les Francs, vers 2G0, assiégèrent Toid, et une de leurs bandes,
après avoir traversé toute la Gaule et la péninsule ibérique,
franchit le détroit de Gibraltar, et alla périr dans les sables de
la Mauritanie.
I. \'il:i Aiii-rliani, ihins lievueil des llls/uriens îles (iaiilcs, I, iJ'iO.
nr,ii,i.M;s n!.\.\ui:i;.s : i.i;.\Ki(Ai,i'ri:s 2<)'J
\ iii:;l ans plus Lard, l'enipiTeui' l*i-(jl)us hailil les l"'raiifs, l'L
l'Ialilit plusieurs milliers d'entre eux en Gaule comme colons.
l'Ai 2NG, les Francs ravagèrent les côtes de la Helglque et de
rArinori([ue. De nouveaux colons lurent introduits par Maxi-
iiiicii lleicule et Constance Chlore dans le territoire, alois incidlc,
(les Nervicns et dans les cités de Trêves, d'Amiens, de Troyes
it de Langres : ils n'ont guère laissé de traces dans ces régions,
saut" peut-être dans le sud-est de la cité de Langres, oii 1 exis-
tence, attestée par des textes du haut moyen âge, tlun pagus
A t toariorum, donne lieu de penser que des Chattes furent
t'tahlis ( cf. ci-dessus, n" 526).
\'ers 290, les Suliens occupèrent lile des Bataves, soumise
(le[)uis trois siècles à la domination de lu)me ; lui demi-siècle plus
tard, ils envahirent la Toxandrie, représentée par le Brabant et
les contrées avoisinantes ; en ooS. ils furent dtd'ails par Julien.
Celui-ci battit les (^,lKuna\es en '.\M . ()n voit alors des h'ranes
Saliens sei'xir dans les armées ini[H'riales, oîi certains par\ iment
à des charges importantes. 11 est proliahh' ([u'au défmt du
\"' siècle, ces h'rancs colonisèrent les pa\s arrosés par le cours
inférieur de l'Escaut.
Sous leur chef Clodion, vers iiO, ils se rendirent maîtres de
tiiule la région située au nord de la Somme, et continuèrent la
inai-clu' en avant.
Les l''rancs Ripuaires, riverains du l«hln — d'où leur nom,
formé à l'aide du sulHxe -uarii sur le latin ripa — occupaient,
au début du Y'' siècle, après des fortunes diverses, Cologne,
'['rè\es et une partie tie la Basse Germanie. Au temps de Clovis,
ils avaient pour roi Sigebert le Boiteux, (pii eoinbattit les Ala-
mans a Tidl)iac.
Les liipuaires et les Chattes — ceux-ci sé'tendaient à l'ouest
jusqu'il la Sarre — reconnurent, dans les premières années du
vT' siècle, la domination de Clovis. Ce prince soumit le roi de
Tournai, s'empara des cités de Soissons et de lîeims, et devint
maître, |)ai' la ^'ictoire de Voiùllé, de pres([ue tout le teiriloire
l'ompi'is entre la Loire et les Pyrénées ; peu à pi'u, il absorba les
i']tats des petits rois saheiis cjui i-égnaient à (Cambrai et au Mans.
Ses lils révinirent à l'Ltat franc, en olVi-, le royaume des Bur-
gondcs, et, en '139, la partie de la Provence placée sous le sceptre
(les rois ostrogoths.
y.i's noms (Ir lirii. I 1
210
T.i:s NOMS iiio r,u;u
I,;i ('nulle [uiuvail, dus lois, s'njipclei' la l'VaiU'o, puis(|ui' lu
(Idininalum iVamiuc s'iHeiulail sur la pi-es(|ue totalité de iiulrr
|)a\ s actiud ; elle on débordait (railleurs eonsiilérablemeul Ic^
limites au nord cl à l'est.
Au milieu du vi*-' siècle, on distinguait dans la France deux
parties : à l'ouest, la N'eustrie, soumise depuis .'Jfil à ChilpiMie :
à l'i'sl, r.V\istrasii', où ré;;nall à l.i même époijue SiL;el)eil. l.i'
nom de la Neuslrie pai'ait l'oi'mé sur niiis/, superlatif de 1 n'I
jeetlt' niii ou ncii, cette région étant, en ell'et, celle que Ks
Francs avaient ■( le plus nouvellement » occupée.
Dans l'Auslrasie ou France de l'est, les Francs a\aient sur lt■^
poi)ulalions ^allo-roniaines l'avantaye de la force et du nondii-'' :
ils V im[iosérent leur lanL;ue et donnèrent aux localités des noms
j,'ermani([ues, i|ui sulisistent enc(u-e tlans la Prusse et la Bavière
rhénanes, les yrands-duchés de liesse et de LuxembourJJ^ \v
Limbonrj,^, l'Alsace et la partie orientale de la Lorraine ; c'e^l
ainsi rpie S/rnslmuri/, Sitirc et W^or/iis ont rem})lacé Argento-
ratum. Nemetes et Van,qinnes.
Mil Neuslrie, la p()[valallou j^allo-i'omaine était assez dense,
tandis ipie la populaliiui IVaiuiue était éparse : celle-ci adopta
bientôt la lan,^■ue latine, et les noms de lieu purement fi^ernia-
niques qu'on peut rencontrer dans cette région sont en minorité.
On peut tracer les limites de la colonisation l'ranque eu (]aule
en distinguant, parmi les noms île lieu dus aux Francs, eeu\
don! Ions les éléments sont gei'inani([ues, et ceux, pouvant étn'
([ualilies de n l'tunano-lrancs m, ipn comprennent des élt'menl.s
empiuntés ii la langue des (rallo-Iùunains. Ces deux catégories
vont être étudiik-s l'une après l'autre.
ira
XLVII
X(1MS Gl-lliMAXK^T'KS
l':ir ;inaloL;'ie avec ce ({ui a élé l'ail, pour réliule îles ikhhs de
lien irori^ine saxonne (Mi Normandie, on ])assera en revue, suc-
cessivenienl . les divers éléments, noms communs pour la plu-
])acl. ipii, lii'és de la hiuijue des Fi-anes, onl laissé des traces
dans la toponoinaslupte di' notre pa\s.
llAf:
l''([uivalent de Tallemand moderne hnchvi du néeilandais hcri;,
(( ruisseau ", ce mot se retrouN'e dans un ^'rand nondtre de noms
de lieu.
865. Orliaeus désiL^iiai t. au i\'' siècle, im monastère du dio-
cèse de Soissons, Talihaye il'Orbais (Marne), située sur un ruis-
seau aucpud piimitivement rappellation s'appliquait en [)ro])re.
On l^iuire le sens du liMine ([ui [irécède l>:ic : il se retrouve dans
les synonvnu's d (h-huis existant aux pays dv lani;ue ^ei-nia-
ni(|ue ; Orbach i re-enee de Coloi^nc et ses dérivés Orbachsliof
( Wurtemberg) vl Orbachsmdhle (réj^ence de Cidjlenz] — c'est-
à-dire '( la terme (rOrbacli » el '■ le moulin d'Orljacli )> — v[
Oirbeek (Relirai pie . lîi'alianl). O/'Acc ; ( ;;dvados ; est é'videmmeiit
une variante scandinaNC d f)rh;iis.
866. SainI Onen fonda, en liiVi. an dineèse de Mcaux, une
aM)a\e .appeU-e daltord Ji.'rii.'<;i !cin , el ([ni prd en^nile. du nom du
eo\irs d eau ipii 1 arrosait, 1 1 u \' i o 1 u s I le sba ce n u s, celui de
Rebais 'Seine-et-Mann'i, (pie la localité a conservé. Le innn de
lichais est porté .aussi par un écart du département de I l'Aire,
l'ans un dipl(')iue doniu'" en iST'.l [lour lahliaye de Saint-F^enis,
llesliacis super lluvium lîeshacis m pai;-o Lauduin^nsi
(lésii;au^ Roubais f.Visiie). On |ienl atliilmer la même oi'i^ine ;i
Rcbcts (Seiue-lnlerieure'l. RcbolZ Oise! cl Rebccq ( l'as-dc-
Calaisl.
867. Uosliacius i3sl appli([Ui'' p.ir un dlpléune di' 7."îl a ime
^
-I- i.i:s MiMs 1)1, i.ii.i;
localiU' (lu i^ji^us Mmlriiiei'!) sis — |);ivs de ^[^M■^■•. siLiu- ciiIim?
l'^vreiix cl l'oissv — dont on iynore le iiniii aeluol. C.elU- localitr
a pour synonymes Roubaix (Nord), au xi" siùeU; Hn.sh.tcc, Robecq
(Tas-chî-dalais^ A, en AlK'ina^-ne, Rossbach, ou le piinco ile Sou-
hisf fut battu par ie roi tlo l'iaissu l''r('(U''ric II, en 1757. Il est
piTOiis de vou'. dans le jii'eniier terme de ees noms, le nvit alle-
mand /-uss, H eheval « ; cette hypothèse est autorisée par l'exis-
tenee, dans la banlieue parisienne, au territoire de Fontenax-
sous-liois, d'un lieu dit dlfruiu-u, diml le nom, entièrement
ronuui, représente le thème étymoloL;i(jue caballi ri vus. De
telles appellations évoquent sans doute quelque légende germa-
nique.
868. Les Ml/';iciila s.tncfi liicurii^ écrits au xr' siècle, men-
tionnent, sous le nom Scalbacis. \\\\ ruisseau et un \illaL;'e voi-
sins de Saiid-\ alei-y-sur-Sonuue. Ce nom, latinisé aussi en
Scalliacius, ne |H)Uvait domier ipie I^scuuhais ou lù-;nilioi\ et <iii
ne saurait se l'alIier à l'opinion qui l'identifie avec Estr''lj<riif
(Somme,. Schallbacll ^.i;rand -duché de Bade) est certainement
un synonyme tie Scalhacis.
869. Wambach, nom porté en AIlemai;ne pai- une dnu/ainc de
localités, a pour é([uivalents romanisés 'Wambaix ( Xnrd , Waïubcz
(Oise) et Ganibais (Seine-et-()iseK dont le diminutif Ganibaiseul
désiyne une localité voisine. On rencontLC en BelL;i(pie Wambcck
(iîrabant).
870. On peut rapprocher de ces ncuns ceux de Gorbais, Gér-
bais et Lambay, ipii appartiennent à la noiuenclature du dépar-
tement de l'Aisne, le second comnu' nom de ruisseau.
871. [:n certain nombre de vocables analoi;ues ont été étudié.s
par (lodeiroid Kiuih, dans son ouvraj^e intitulé : /.a /fon/iùrc
lin;/iiis(iqiie en Hchjiijiic cl, tinns le nord de l;i J'^rann- i : Bercen-
bais, Bierbais, Brombais, Chébais, Chisebais (Bral.anti, Gorbais
iHrabant, NamurI, Fleurbais ( l'as-de-C.alais), Glabais (Braljanl:,
Harbais (Luxeiubouri^-), Herbais (lirahanl), Hollebais (Ilainaut.,
Lembais, Marbais, Metchebais, Nodebais, Opprebais, Orbais.
Pietrebais, Pourbais, Thorembais (IJrabant) ; — et avec îles ter-
minaisons (jui ne dillerent yuère de -Jmis que pai' la graphie :
I. )frniiiîri's Cdiirniiiiés fl .iiiIrrH nuhiniire^ piihlii'^ p:ir tWindi'iiin' rnij-ii'
'/'• llr/,/i,/ii'\ celleelii.ii iil-N", leine \l,\lll, I., -lires i I ll'll xel les. IS'.i:;".
tilU(.l,M;.S l-ltAMill,
Marbaix ^NcihI, llmiiaui ). Molembaix, Moulbaix, Obaix, Pipaix,
Robaix (Ilaiiutul) ; — Marbay, Rabay (Luxnnboui- ), Rebay
fXaiiiiir), Steinbay irryonce d'Aix-la-Chapi'llc i, 15i-abanl,, Wem-
bay il,u\iMnl)our-i : — Bombaye, Hallembaye 'Lii'ye;. — Lutre-
l)Ois I Luxc'mhour^i. csl appelé, en WiV.), Lui rdjuji ^ ce (iiii
I appareille a l'alleiiuind Lnulcrlinrh , e(piivalei>l île C.hiirrfon-
l.iuic. — Lobbes (Ilaiiumlj se ratlaclie au nièine i;roupe, témoin
la forme Lauljacum, i|u'on rencontre en 707.
872. Dans (piebjues v(ieal)les le sulllxe formé sur -!j;ic a revélu
la forme -hnr.iii, qui a donné eu roman -baise ou -Lise : Barbaize
iArdennes;, en 8t'>8. Herbacis, Jurbise, Lombise, Straubise
; Ilainaul), Tubise ilîrabant), en S77 Tobacis, en 1051) Tubeeeu.
873. Le mol lranei(|ue Luc, emitloye isolément, est vraisem-
blablement le primitif du noiu de Betz (Oi.se). localité située sur
la Grivelle, aflluent de l'Ourcq. Jlc/z (Indre-et-Loire) se réclame
sans duule d'une orij^-iui- dill'érente, car il apparlii-nt à une ré^'ion
où il n V eul -Itère de eolous ncrmani(iues. Lt //,7/.v (Ma\enne),
111 WTo lîodiseum, est sans- rapport élynudoi^ique avec les
lumis en -Luis dont on vient de lire l'énumération.
SI li()()}f
874. Li> mot s//-ii()iit, au sens de " cours d'eau >i est repré-
senté par (piebpu's noms de lieu de la l''rance septentrionale.
Etrun (Nord) est appelé, sous la date de 881, dans les Annales
de Saint-Hertin, Stromus — qui représente, à bien peu de
chose près, le terme ori-inel — et en I^Di Esfruem. Cette der-
nière lorine d.>sit;-ne aussi, en 1227, Étrun ! l'as-de-Galais), Idéa-
lité' [loin- laipicllc (.11 !-,Micoiili-e, .lès 11).");!, mu' autre forme
vuinairi', t'ualiMiient caraeté'ris.'c par l.i prosllicse d'un <■ : i'sti-iim.
On consl.ate ipie 1'/// linale s'est ultérieurement modiiiée en //.
Le nom d'Etrœungt (Nord) a laïuèmeorigine (jue les précédents,
(lonl il ne dilVere cjuc par une i;-rapliie toute fantaisiste.
I. Sli-iiili:ii/ i",! 1111 orail ilr la coinniuiic ilc Woisuic^, et colle-ci l':ii-,ail
parlic <lii r>Tclc ,lr Mal iiu-. I y, aïKinel IWlIcma-n.', aux tniucs ilo l'ar-
lii-lr .KX\1\' ,lii Irall.' ilr \oi ^ai Iles, a la-ii.nirc on laveur de la IJelyiquc. —
(i. Kui-lh oliservi- i[uv Slri/ih:u/ est la |.r.(iM>iicia tioii iiiiliyène du nom di'
Sl,-iiil,,icli — (loiiL rorLIio-raphe ofllcii'lli- esl proijal.lciiiuiil iiiodcriH- —
liiirlé |)ar un écarl de 1 .iiiicrli' 'l.uxcniluiiirL; l.
21
i.Ks MiM.s iir. i.n.i'
Dans les noms d'EstrCUX (Xordj, t-ii 1 I(l7 Iis/ninn. d d'Étreux
(Aisne), en I 1 'i i Iisfrnn, le son nasal. allesLé par ces l'orin«-s
anciennes^ a disparu.
Knlin. dans le nom de Lestrun (Pas-de-C-alais), Shunuun en
1 l'id, on oljserve l'adjonclion de rarli(de roman, d'oii l'on est m
droit de eonelure que le mot cstruiii ou esli-cin a été usilé dans \r
lanL;aL;e courant.
/•■-l/M
875. Le mot fara fut em[)loyé par les Lombards avec le sens
de u l'amillc », attesté par les éciits ilc l'aul Diacre, et [lai' ce
pas.sag-e de l'édit donné en OiO, par le roi lîotliaric : Si (|uis
liber liomo poteslatem lia])eat intra dominium rei^'is
cum l'ara sua mei;rare ubi voluerit'. Le n(MU d'homme
latinisé l'aramannus s"ap|)li(pie au " cliel de la lannlle ", et
celte expression donne au mol ■< famille » le .sens de k ménai^e >■■,
de « séquelle » qu'aura, dans le français du moyen àf;e, le mol
Dirsnif. (-crlains textes • enqM'untés à la ( '.hronicpie (hi Mont-Cas-
siu et .1 celle de Larfa établissent nelttincul que. dans le-, par-
lies de l'Italie ([ui furent habili'cs par les Lombards, on a consi-
déré le mot f;ira comme un équivalent de cortis, i< domaine ».
Lara, qui désigne, dans Llodoard, la ville de la Fère (Aisne),
est aussi le primitif des noms de Yère-cii-Titnlcnnif< ^ Aisne),
Fèrebrianges et Tère-Chamj)en()isc (Marne) : ces deux dernières
localités ne sont guère éloiguées Lune de l'autre, et de bonne
iieure on a pris soin de les diU'érencier en adjoignant à 1 ap|)el-
lation i[ui leur était commune lUi autre nom.
■i
IIAM
876. Le sens de ce mol. cpii appartenait aussi aux Saxons, a
été déjà cxplii[ué m" 742;. 11 a li'ouvé elle/, les Lrnncs im emploi
conq)araMe à celui qu'avaient fait les Gallo-Iîome.ins de sou
équivalent viens : isolé ou eu couqîosition, il a seivi ii deu<Mn-
mer des localités. Ihtin, au moyen âge, se prononçait 7/./,v. et lel
est le motif pour lequel Ham lArdennes, l'as-dc-Calais, Scine-
I. )fon . r/crm. Iii^l., Loç/iiin W , Wji. I7T.
■2. Cités il:iiis rédilion DidoL du C/n^^s.iriuin de Du Caii-c, y" F.'tra.
()r>ii;i.M:s fiianqi es
215
cKJisc, SoinniL'), a pour variante Han (Meiirtlie-el-i\Ii)sell(',
Meuse). L'article qu'on remarque dans le Han, nom d'un écart
(le Hdurijf-Bruehe ', ainsi que dans le Ham, nom porté par des
coniiniuies du Calvados, de la Manche el de la Mavenne,
attestent c[ue le mot qui procède du j^ernianicpie li;i;>i a trouvé
place dans le lang-aj^-e courant.
877. Bohain (Aisne) est appelé au xi'' siècle Ijucham nuim, ce
([Lii autorise à reconnaître, ilans le premier ti'rnie île ce nom,
l'appellation allemande du hêtre fcf. n" 805). BoJiuin est donc
ré([uivalenl des vocables, mentionnés plus haut fn"" 621, 638 et
657 , i[ui représentent le latin t'agus ou ses ilérivés.
878. Etinehem (Somme), qui se piDuonce Jùiiiuii, est a[)pelé
As/c/ilicni en ll-'iS, .\.sfiii/iani en IITIJ. Malgré la ressL'nd)lanco
(le ce nom avec certains vocables du lioulenois (sui' les(juels voir
n" 803), on doit le rapporter aux Francs [ilulnl ipi aux Saxons,
car la localité qu'il désigne, appartenant au canton tle liray-siu'-
Sonune, est fort éloignée de la mer. L'hypoth('se inverse serait
mieux iniliipiée à propos des localités (pu se nomment Ilclicn
(cant. de Mo\'enneville), liogvnl, ('■cari de 'l'iculles ('même can-
ton) et 7'VoAc/(-le-Gran(l et /''/'o//('//-le-l*eli[ (cant. de l<erna-
ville).
l.Ml, I.MU
879. (^n ignore le sens précis du mot germani(|ue /,;/• ou /;(/■/ :
pcid-èlre i-n l'aut-il voii- im déi'ivé dans le vieux mot i'ran(^'ais
l:ir/'is. (jui a\'ait h.' S(.'ns de " lande ■• ou de c i'riciie >> ; el, d'autre
part, on l'a ra])[)roché d'ini mot celtupu^ désignant un fonds
(le lei're, (pu est représenté par l'n'laiidais hir et le breton /;/;//■
ou ILiiinr.
(juoi (piil en soit, /,//• ou /.(/•/ est eut ri', eomnie dernier tei'me,
dans la com[)osition d'im grand noinbie de noms de heu ddia-
gine g-ermanique : F(irstemann en a relevé jusiju'à cin(puinte-
(piatre dans les textes antérieurs à l'an mil; et l'on [)eut citer,
dans la loponomasli(pie de l'-Mlemagne modeine, les noms
Fritzlar, Goslar, 'Wetzlar. Ce terme a (dt- romanlsé de ditleieiites
la(^'ons.
1. Celle aiirienne comimiiie des Vosg'cs rcsic cemiiriM-, ili'pviis le roleiir
(le l'AlsMce m la l'raucc, daiis.le déparlenierit du lins-lUnn.
2\<]
I.IÎS .\')M.S HK I.lKl'
C'sl appel
880. Roulers (Belgique, Flandre (»cci<lent(
ix'" an \n'" siècle, Hnslnr.
De même (jne le nom dorigine l'oniane Mlli'f.-i a pour
variante \'illicrs (voir ci-après a" 955), de même la terminaison
qu'on vient d'observer dans Houlers a pour variante -lia-, (pii
s'explique par hiri plutôt (|ue par /,(/■ : Longlier ( Helulipie,
I^uxemhourg-), est appelé au viii'' siècle Long-olare.
881. A la catégorie des noms de lieu c(ue représentent avec
cerlitutle lioulcrs et Lon;/lier, il est 2:)ermis de rattacher les
vocables suivants, appartenant aux régions depuis longlemjjs
r<Mnanisées de l'Artois et de la Picardie : Amplier (Pas-de-
Calais), Bouflers (Somme). Ganlers, Huclier, Hucqueliers (Pas-
de-Calais), Marlers (Somme), Maulersi Oise), Mouflers (Somme).
— Maffliers iSeine-et-()ise) est appelé au moven âge Masl'lare.
882. Hne graphie fantaisiste a parfois défiguré la finale -/('/• ou
-lier : Mouflières (Somme'i s'est substitué aux formes anciennes
Mdu/Iicrs ou J/o/7(V.s ; — le nom de Maignelay (Oise; s'écrivait,
anléricui'cmenl au xvi" siècle, Mai(jnclors.
883. Mérélessart(Sonnne) résulte de la coudiinaisun de .l/crs/('/-
ou McsU-r — dont Vr a été déplacée — avec le nom commun
fssar/, i' défrichement ».
LOIl
884. Le substantif germani(|ue lo/i a plusieurs sens, dont le
plus répandu, dans le nord île la Gaule, est celui de << I)ois •■, (jui
l'apparente au latin lucus (n"" 688-697) : on le reconnaît, sous
la lormc -loo, comme terminaison d'un grand nombre de noms
de lieu en lîelgiipie : Tessenderloo (Limbourg), Waterloo ilîia-
banl), etc.
885. L';iire géographicpie des vocables tlont le dernier terme
répond à loh paraît s'être étendue au moins jusqu'en Picardie : elle
comprendrait not;miment Barleux i^Somme) — Burinas en 8S2.
lUirlos en 11 OS — Hucleu (Seine-lnferieure), Huleux (Oise,
Seine- Inférieure, Somme).
886. 11 est possible que le mot bili n'ait pas toujoui's été pris
dans le sens de « bois », et (ju'il ait eu parfois celui de « lieu ■•,
locns : telle est, en ell'el, l'acception de loch en vieux frison et
en anglo-sa\'on. Wadreloeus, <pii dési^i^iie, à l'épocpu^ méroviii-
ouh;im;s ruANoiics
217
i;u'mu', iiiu' lucalilé tlu j)at;'us \'elc'a.ssiniis, c'i's(-;i-(liro ilu
N'cxiii, ollVo, une analot;ii' IVappante avec \]'nf('rl<io cl Wattrelos
i.Xonl).
-ING
I-
887. Le suffixe -ing, on l'a vu, était commun aux diverses
nations g'ermaniques. Dans la partie de la Franciu où l'élément
romain dominait sous les Mérovingiens, les noms île lien Formés
à l'aide de ce suflixe sont en petit nombre.
Dourdan (Seine-et-Oise) est mentionné en '.(.'iG sous la l'orme
l)ordincum, comme le lieu du décès tlu père de llugiies (",a[K'l,
le duc de France Hugues le Grand.
Houdan (Seine-et-Oise), llosdingus dans les textes latins, a
plusieurs homonymes : Hodant, Hodent (Seine-et-Oise), Hodenc
(Oise), Hodeng (Seine-Inférieure), peut-être aussi Houdain (Pas-
do-Calais) et Houdeng (P)elgi(pie, Ilainaut). Le 7 du suflixe ori-
ginel a disparu dans ([uel([ues-uns de ces noms, mais il s'est
uiainlenu tlans les dérivés : Hodenger (Seine-lnférievu'e) repré-
sente un plus ancien Iludcnt/cl, signifiant ». Ilodeng-le-Petit ».
Gazeran (Seine-et-Oise) est mentionné en SS."), dans une
charte du comte Eudes, (ils de llohert le Fort, sous la l'orme
^^'asiringus.
Doullens (Sotume) est appelé I )<>iirlrii)/ en lli". et Dorengt
I Aisne), DnrviK: qii 11.'),"».
888. L'exemple de Houdain permet d'avancer que la termi-
naison*-,i/n, -al ni/, si fréquente en Artois et dans les |ta\ s wal-
lons, procède parfois du suilixe germanicjue -imj ; mais on iloit
se gai'derdc gc'iiéialiser celte m tei'prélal ion, la UMininaison dont
il s'agit représentant, en d'autres cas, im suflixe latin -inium
(n" 353). Du moins, on ne saurait mettre en demie l'origine L;er-
niani(pu' du nom de Bemierain (Nord), en lllilTi Ilci'nicruu/ ; car
le premier terme en présente le nom d'homme, latinisé en l>ert-
niarus, <pn entre aussi dans lu composition tles noms BcriniTit'fi
(Nord), Bert ma riacas, et Uerniériconrl (^Marnei, Hertmariaca
cur tis.
889. lin autre exenqde de la terminaison -ain, dans une
région dilîérente, est fourni par Thieffrain (Aube), qui repré-
sente un adjectif en -ing formé sur le nom d'homme Teudefrid us,
218
l.KS NOMS liK 1.11:1:
et dont rm ;i leiicontré plus liaul (a" 835) un LV|ul\';ileiil iLiiis
T/iie/frans (Ilaiite-Saôiio).
890.. Diui.s 1(> |)ays niossiii, ou, ptuir mieux, dire. cImus la rôuicni
(]ui cciuline, vu ces |)arai^i.'s, à la limite Jos lauguis, k-.s noms
dr lieu inruii's à l'aule du sullixt; -'/','/ — ('iii|)loyé au pluriel, le
l'ail doit vlvv luilé — .sonl plus n(unl)i'eu\ (pie partout ailk'Ui'.s.
El dans la partie occidentale de celle im^^iou, moyennant ini
pro^'i'è.s de la romanisalion rpii n"a fail cpie s'accentuer à partir
du \ii'' sii'cle. mainte localité a éK' depuis lors désignée cmcur-
remnient par deux appellatinns, l'une allcmaiule en -imji-)t, plu-
riel de -inif, l'autre rouiant; en -cinjc.'^, puis -lUKjo.
891. Par contre, dans les parties de la I>orraine où riniluenoo
i;'ermani(jue persista plus loui^-temps, les formes adoptées depuis
le xvni'' siècle, et conservées jusrpi'en 1 S7 1 par l'usage ol'liciel,
ne se distinj^aicnt des formes allenuindes en -inijcn (|ue pai' Fa
chute de la syllal)e atone i[ui termine celles-ci. l'.n il autres
termes, dans la partie orientale îles anciens départements de lit
]\Ioselle et de la Meurllic, la ternunaison -//(// — prononcée -//(
— caractérise, d'une manière générale, les noms de Heu. formés
à l'aide du sufiixe pluriel -iit'cn, dont il n'a\ait pas été ciéé, au
moyen ag'c, de .synonymes romans en -rn/fcs.
Parmi les noms de lieu de la Lorraine dont la forme primitive
présente le sullixe -iiKjen. on n'étudiera ici (pie les plus iiitéi'es-
sants. A l'exception de FénrtntiKjc, de (tiiinlrc.rniKff cl de
Pcrnnije, connnunes ([ui appartenaient, avant 1871, au dépai-te-
ment de la Meurthe, ils sont tous empruntés à la nomenclature
de l'ancien département de la Moselle '. *
892. Adelange (Edelingen) dérive du nom propre d'homme lati-
nisé sous la forme imparisyllabi({ue Adalo, au yénitif A dolo-
nis : forme familière, hypocoristique, de l'un des numbreux
noms — Adalbaldus, Ada Iber tus, Adalmundus, Adalri-
cus — dont le premier terme est le nmt ,((/;(/, a noble d. —
.l(/(7.(/(.s' (IIaule->'a("uu' ; a la ménu' orii^iue.
^
^
1. l'our cliacim (le ces noms. Il' cas écliénnl, anus indiquoiis, oiilic [Kircii-
llié.scs, ;i la iiiilc <lt' la l'ornii' ornciollemeiil usitée en is;!, celle (|iii lui
ousuile imposée |jai' l'ailininislraliou allcinanile. — Les nnins de lieu iiieii-
lioiiiiés, |)oiu' rapproclicmonl, clans le cor|)s des alinéas ipii Nni\enl, s'ap-
pli([nenl aussi, siiuf avis contraire, à des loealilés de l'aticien d('[iai'leiiiciit
de la Moselle.
OIUKIMîS FUANurES : -/.Vfl/'.'A' 2]<)
893. Algrange (Algringen), (K's I2(H; Ah/ci-.uu/e : du lumi
illiuiimu' lalinisr Achilt^arius. — CA'. Aui/fntns (ii"839).
894. Bertrange (Bertringeni, on 1222, cl pcut-êhv dus 11.30
l!rr/run<jcs. a pour homonymes Bertring ci Bettring, en l.";94
Herlr'uujcn : de liertarius, origine do Ber/ic;\ nom de liaplêmo
usité en Bourgogne jusqu'au xv"= siècle, mais qu'aujourd'hui l'on
ne rencontre cpie comme nom de famille.
895. Bettange olBetting (Bettingen) : de r.oiio, -onis, l'orme
Iiypocoristi(jue et alli'iée de l'un des noms - Herlmundus,
Hertoaldus, etc. — ([ui, comme lierlarius. ont pour premier
(orme 1 adjectif Lcrcf. u l)iiUant ». — 15eLto entre dans la com-
position d'un grand noinhre de noms de lieu l'oniontant à r(''po(pu'
h'anque (cf. ci-aprcs, n" 1010).
896. Boulange (Bollingen), du nom im|)arisyllal)i(pie noté
liolo au MM'' siècle et lîollo en 8l)2.
897. Boussange, en II2.S /inlscnijes : de lîolzo, forme hypo-
corisliquo de l'un des noms d'homme ayant pnui' terme initial
hnld ou liiild : Baldricus, Balduinus.
898. Éblange lEblingen) : du nom l^balo, -onis, dont les
lormes ronumos sont Ehlc au cas sujet et JiJjhin au cas régime.
899. Elvange (Elwingen), en 1121 Ilbinga ; celte l'(jrnie
ancienne permet tle reconnaître pour racine du vocaldo le nom
d'homme îlilbo. qu'on trouve dans des textes du \ni"' siècle,
et (\u\ peut cire une forme hy poctu'islicpic du nom royal Chil-
pr l'icus.
900. Elzange (Elsingen) et EIzing : de l\lso ou llso.
901. Évrange (Ewringen), E/jirin;/cn en λ(i3 : du nom Khero,
((ue [)orlail im personnage mentionné par Grégoire de Tiiurs.
Mhero drrivi' du mot ehiT, u sanglii.'f >■.
902. Féiictrange iFinstingeni, dès 1070 /■'iHs/cin/cs cl on 1222
/'lii/lfsi;uii/('.s : du nom do femme Filista qu'on rencontre
uotamnuMil dans les Miraciila sancfi Ajiri, rorits à la lin du
i\" siècli-.
903. Florange (Florchingen), à la lin du \\< siècle Floringas,
représonle visiblement un adjectif l'oi'mé sur le noni romain
h'ini-us : il y a lieu d'en ra|)proclior FloriiirlJinn (n" 767) ol
l'loi'in(/iii>Z('lU' (n" 810).
904. Gondrexange, dont ï.r est la notation du son v/i — l'ait
assez commun on Lorraine — a pour racine Te nom d'homme
2:20
Mos .N'd.Ms III': 1.1 la;
Giiiulericus, (|u"()n ri'connaîL tlans la [n-einiùrG parlii' des iiunis
de lieu (iondrecDurl , ( Inmircritic (a" 1139), C'iiitn'j-crillr
(\'osL;'es) :; Ciuiulericiaca villa, cl luindrcmn (Meuiihe-cl-
MoselU").
905. Guéblange (Geblingenl : les fonnes médiévales (hiohol-
(hiiii/c.';, ( lii('/)lt'd;i!L<j('H, (iurljcl(hin(/rs. [)eiTneLte]it de reconnaître
dans le premier terme de ce vocahle le nom de femme G ihohil-
dis ([ui ligure dans le r*otvpti([ue d'irniinon; ef. Guéblaiige '
(anc. Meurthe), en 122."! Gcljeldiin/cn .
906. Guirlange (Girlingen), dès 1 148 Hcrildauijes, dérive d'un
autre nom de l'i-mme, également connu jiai' le INilyptiqiie d'irmi-
iion : Gerhildis. La contraction remarquable d(jnl résulte le
nom moderne de cette localité s'expli(jue peut-être par 'une l'orme
intermédiaire telle que (hiirlcihinf/c, dont la dentale sera très
normalement tombée.
907. Inglange (Inglingen), de Ingelo, -onis, l'oime liv[io-
coiisticpu- de l'un des noms 1 ugel hei'lus, 1 ngel ram nus, etc.
908. Knutange (Kneuttingen), île Knuto, nom qui lut porié en
Danemark par six rois.
909. Lommerange (Lommeringeni, dans le patois local f.m-
moraii'/e, du nom I eudomirus, (|ui fut celui d'un [)ersomiage
honoiH' par l'I^glise dans deux villagi's du département de la
Mai'iie appidés Suiiit-Liiniicr.
910. Ottange Oettingen), du nom si répandu Otto, vaiiante
d'Odo, que représentent, dans ronomasiiipu' romaiu'. lùnlfs v[
Odon.
911. Pévange Pewingen'i procède vraisemblablcnient du nom
Pibo, (pii fut porté au M'' siècle par un évèque de Tuul.
912. Piblange ;Pieblingen) dériverait d'un diminutif de Pilx),
Pil.llo.
913. Puttelange (Piittlingeni, nom de deux communes dont
l'une est appelée, en lOCi!) Pulilinga, [)araît foiMué sur l'utile,
variante alamane du n(nn francique Budilo, qu'on trouve dans
l''ri''d(';j;aire : peut-être atlesle-t-il ([uelqiu^ inliltratiim alamane —
explicable pai' le voisinage de l'Alsace — dans le territoire de la
cité de Trêves.
914. Racrange 'Rakringen), de lîatgarius.
I. Nom (liTir'u'l sons le rétîinu' allcmimil : Gebliug.
()iiii;LM:s i-uANori,
•>-l\
915. Rédange (Redingen\ vu !J2(; llailin-a, àv l'.ado, IVuihc
Inpoiorisliiim' (le liallKnlus, Halhi-rlus, lladulfus, r[c.
916. Rurange (Rorchingen), liii(lrr/.an<jcfn 1:227, liiirelcnnijcs
,•11 12!)'.t, de lîc.aei-icus.
917. Talange iTalingen), Tatolin^a en Util), TaU-lin-a on
",177, 'l'ahliui^-a en 993, de l\uliU) oiiTaLilo, nom dont (ui
.(iiuiaîl une l'unne féminine : Tatila.
918. Volmerange ;Volmeringen), dè.s le xn" siècle \Vi>lniC'
rciii/ffi, de Volcniarn.s, nom fréquent dan.s la ré^j'ion messine, a
ro]io(jue féodale, sous la forme Folmurus.
-oah
919. Telle etail. peut-on supposer, la forme ori-inelle d'un
sul'lixe i;i'i'mani([ne laLinisé au nominatif pluriel en -uarii.
-oarii, dont, il a été parlt' déjà (n" 864). 1/usa-e (ju'en ont l'ail
les Franes est attesté, non seuleiui'nt par le nom des Ilaltuarii,
mais eneorc' [lar un eerlain nombre d'adjoetifs i'lhni(|ues (|ul ont
eu eoui's ,i\i n\o\en ài;'e, et ([u'il iiarail inlei'essant il étudier iei.
920. l.i' ncun du Ila'utniil. pagus Ilainans, a[iparait bien
eomme un nom formé à la mode j^'ormanique siu- eelui d'un eours
d'eau, dans l'esjjéce la Ilaisne. (.)r, les liahitanls de ee pavs ont
été ujipelés au moyeu âge les Ilnimnrvs — • d'oii le nom de lamille
Hennuyer — de même qu'on a des e\enq)les du mot lUiiners
[tour di'siniierles lîavarois, Baioarii. Le sullixe ([ui nous occupe
a done re\éln, en français, la lorme -icr.
921. Aux XI''. xn*" et xui"^ siècles, les habitants de la Picardie
étaient appelés Pofiii'rs ou Pouhicrs : Pouyer sul)siste comme
nom de lamille.
922. Le terme Hraierus désit;ne, dans Orderic ^'ital au
\H'' siècle, et dans Guillaunie le lîri'ton au \in'\ un habitant ilu
pavs de Itray, aajcnu'd'hui parlai;-é entre les départements de
l'Oise et de la Seine-Inférieure.
923. Le nom Gohier s'applicpiait oriL;inellement ;i un habitant
(lu pays de ( umy-en-Gohelle (l'as-de-Calais) ; Gohelle est l'alté-
ration du nom Goliicrc, qui désii;-nait ce pays au moyen-ài;;e.
924. Les habitants d'Anglure (Marne) sont appelés Anglu-
riers : ce fait autorise à supposer qu'à un moment donné le lond
de la [)opulation de l'endroit était entièrement francique. A l'ère-
222
LKS NOMS m: I.IIUT
ChainponoisL' i^Marne), les liabilanls du ([uarliur haut el du ([uai'-
[\er bas de la ville sont appelés respeclivein(.'nL lahoyèrs el
labayers : on peut voir dans ces bizarres dénominations l'emploi
mconscienl d'un suflixe originairement ^ernumique inipinii' l;i
par la famille Irampie — la /'<■(/•.( — à bupielle l'ère-C^ihampenoise
doit son nom (vdir n'' 875).
1
^
XLVIII
NOMS IIOMANU-FRAXCS : EXPOSÉ PRELIMINAIRE '
'i
925. Les noms île liou l'oinano-tVaiics Fonnoiil iiiu' caléi^'orie ù
l.uiLK'IK' il c'onvieul de s'arrèlor plus longucnient qu'à celle ([ui
précùdo. Sans euinpter iiu'ils soiil en bien [ilus yi'and nunibre,
tel d'entre eux est susceptiljle d'êlre considéré de points de vue
(lillerents, suivant que l'on s'attache k l'un ou l'auti'e des élé-
ments qui le eonq)osent. L'étude qu'ils a[)[)ellenl est passahle-
lueut C(.)niplexe : avant de l'abonler, on croit utile de s'ex[)liquer
sur la luétliode (jid sera sui\ie.
I. l'oLir ijualiCior les luniis di' lieu fini ronU'il)uenl :i (léuiniilrer rJLilluL'iiec
siu- le nioiiile j^allo-roinniu de l:i péuélraliiin IVaniine, AuL;Uble L(.inL;iiciii a
employé parfois l'expression <• L;allo-frniies " : olle lu- Cduvienl, à vrai dire,
(pi'aux noms (]o lieu déjà elles incideiiiiueid di"- 248 il 274i cl aux adjeclil's
iioiniiuuix ipii l'ésulleul 1rs uns cl les autiT-^ de lu ccnnliinaisou du suflixc
ci'Uiiiuo -acus avi!C des noms mTmani(|ues de personne; il serait excessif
de l'étendre à tous les voeabli's cpii oui élé étudiés dans les chapitres xi.ix,
il i.ir ; ces vocables, dans leur ensemble, apparliennent à un langage où
l'élcment g-aulois n'avait laissé que de faibles traces, et «pTau ix'^ siècle on
ai)pellera lin<;na rouiana : voilii pouiquoi nous pi'él'érfuis K's qualilier de
(( l'oniaïui-rranes >>.
Nnus ne ponviiins, en ee (pu concerne ces noms de lieu, résumer l'ensei-
j;iienu'nl du niaitri; en le suivant, eoninu' ailleurs-, pas ;i pas. Il (Hait indis-
pensable de reeonslituer dans ce livre, en \ ue il'une con-.ulta tion cOiihiuhIc,
telles énumci'alious dont A. Luu^Mion, |)0ur en épargner la monotonie ;i ses
auditeurs, dispersait (pielipie peu les élémenls, anticipant ici. et lii revenant
en ari'ière. tl'est ainsi c|u'au (!ollè-e de iM'ance (eoui-s [Udl'essé eu 18'J0-'.il
connue ix l'iOcole des Hautes Ktudes, il s'y re[irenail it deux l'ois — ii pro[ios
des noms formés sur eortis, et puis a\anl d'en liniravec les noms de lieu
de l'époque franque — pour l'iujncer les notions d'ouoiuaslicpie gerjiui-
niquc qu'il nous a paru convenable de grouper dans un chapitre spécial —
le clia[)itre i.ii — eonlro-partie des trois précédenis, ciMix-ei comme cclui-lii
traitant de la même calég-orie de vocables. Imi un mol, nous avons voulu
réaliser une division du sujet qui n'était (pie virtuelle ; et c'est pour I indi-
cpier que nous inlercahuis ici le présent <■ exposé préliminaiie >■, qu'on
clierelierail en vain dans le m.innscrit du cours du Colle-e de l'rauee, et
dans les notes, prises ,'i l'iicidedcs Hautes Ktudes par de.-> auditeurs d'Au-
gusle l,oni;non, ipii nous mil élé e(UnmuiiiqiH'i'S.
i.i:s No.Ms iji. i,ii;i'
Ces viifiililcs n-poiulcMit au \-\[)i^ ({ii'nii pcul ainsi caracItM-isiT :
lin nom c'oimnun, latin ou has-lalia, élcnu'iil principal, à r>\\r
cUiipu'l un nom propre de personne, trorigine germanique, jour
le nMe de déterminatif. Voilà la rè^de g-énerale, mais elle suullVr
des e\ce[iticins, car il est des noms de lieu dans lcs(piels l'elr-
meiil noi'manique n'apparaîL pas aussi nettement, et (pio pourl.uil
on aurait tort d'exclure de la catégorie des noms de lieu romano-
Irancs. Tantôt le nom d'homme n'est pas germanique. Tantôt le
dcterminatif est autre chose (pi'un nom de pei'sonne, autre chose
même qu'un substantif. Tantôt enlin, rarement d'ailleurs, lo
détei-minalif l'ail totalement défaut, et l'on est en présence d'un
mot isolé. Ce mot — comme souvent celui qui l'accoiupagne
dans les deux autres éventualités — appartient à la langue des
GaUo-riomains ; mais l'acception dans latpielle il est [)i-is, l'usage
auquel il est employé, étaient propres aux Francs, et c'est bien
là ce (pi'il faut retenir.
ParuH les mots qui, dans la composition des noms de lieu
l'omauo-friuics. constituent l'élément principal, cortis est celui
([u'd convient d'étudiei' le premier et avec le plus de détail
^n"" 926 à 948) : il fut de tous, sans conteste, le plus usité ; et,
il clélaut de la liste, trop longue, des vocables dans lesquels on
le reconmy't, un choix raisonné de ceux-ci sera l'occasion de
remanjues cpii seront formulées une fois pour toutes, et qu'on se
contentera de rappelei- brièvement, lorsqu'à propos de noms de
lieu forniés sur d'autres mots (pie cortis, on aurait sujet de les
répéter.
De ces derniers, deux parts seront faites : d'un côté (n'"' 949 à
971) les mois (pii s'api)liciuent, comme cortis, à des lieux habi-
tés; de l'autre , n- 972 à 983) ceux dont l'emphii osl l'eiret
d une nu'tonvnue, car chacun d'eux ilésigne, propiinuMit. non
pas un lieu habité, mais le site (pu l'avoisine.
Après l'élément principal, le déterminatif. Encore un coup, il
s'agit en principe, et de l'ait la plupart du temps, d'un nom de
personne. Or, l'onomastique germanique olTre un certain nondire
de désiiu-nces dont il est intéressant de considérer l'évolutinn au
point de vue de la formation des noms de lieu : c'est là unr
étude particulière (n"" 984 à 1150) (pi'on n'aura garde de négli-
ger.
XLIX
conris
926. Le mol coi'tis est ancien dans la lanyue latinu : il est
iMnployé, au cours du siccle qui prcccda l'ère chrcUicnne. [iar le
i^Tainiuairien \'ai'ron, sous la l'oi-iuc coli ors, au ,i;\'Miilil' en Iki l'I I s,
cl il désii;-nail la cour inicricure dun ('■lahlisscnienl rural, la cour
cnLource [lar les ctables cl les aulres bàlinicnls. C'csl lii le sons
priniitii', originel, de ce mol. celui qu'on retrouve au premier siècle
de notre ère, chez l'agronome Columelle ; le sens de « troupe
entourée, palissadée » — d'où le terme militaire « coliorlc o —
est leirel d'une métonymie.
Le sens primitif a s'absislc, et il a donné en fraue^'ais, par
exemple, le mol raar ; tenitelois, dans le lanyage îles campagnes
le mot cohors, réduit à cors, et employé, même au nominalil',
sous la forme coi'tis, originairement g('nitive, ne désignail plus
simplement la cour de la ferme, siègt' du donu\ine rural, ('/est
grâce à ce (jue la partie a été prise pour le tout tpie le mot cor-
lis est devenu, non seulement un synonyme de villa, c'est-à-
dire d' « exploitation rurale », mais aussi un véritable écpiivalent
de notre nu)t n domaine », et Ion N'oit, ilans la M /a sniicti Pln-
cidi, qui, en son premier étal, date du vi'" siècle, im personnagiî
possédant en Sicile « plusiem-s corles très riches et de bon pro-
duit, contenant bois, eaux_ et coiu's il'eau, moulins, péclieri(>s,
chacune cultivée \n\v cpiehpics centaines ilesclaves >. A celle
époque, fundus, praedium, ager, villa, cortis, étaient des
termes conqilètement synonymes, et c'est au sens de « domaine
rural >• que cortis ligure en de nombreux noms de lieu composés
de l'époque niérovingienue.
Là ne s'arrêtent pas les éNolutit)ns de cortis ou de couii,
forme romane de ce mol. Comme il désignait tout domaine riu'al,
et par consc(jnc'nt la résidence riu'ale du roi et des seigneiu's, on
Les nnins ,/<■ lien. 1 .>
■2-2^\
a])|)ol;i (lu nom dr ro;//7 \c. sièi^-c île la justice du mi (lu des sri-
giieuis, le lieu où le roi ou lus seigneurs reiulaicnl la jusliee, puis,
enliii, (ouLe assemblée char^-i'e tle rendre la justice, (yesl lur^iiue
K cour 1) commença à devenir synonvnie de « siè^:;-!' dv justice .>
([u'une conl'usiou l'acilement exidicalde se proiluisil dans rcspril
des i^-ens inslruils. U)uehant la l'orme latine de ce nmt : c'est |i;ir
suiLc de celte eoidusion i(u'(mi écri\it plus d'une l'ois curia au
lieu (le curlis ou eortis dans d(>s nunrs de lieu composes (lui
datent de répo(|ue mérovingienne. Mais le mol curia qui, vi\
latin, désigna d'abord le Heu où le Sc'nat s'assemblait, et par sinte
le lieu de réunion, la salle de sé'ance, il luie assend)lee quelconinie,
n'a rien à voir ilaiis rétvnioloj.;ie du mot français u cour .), (piellc
que soit son acception — mot ([lù devrait s'écrire réi^ulièrcmcnt
court, la perte du / linal étant due à riniluence du latin curia
— ni dans celle des noms de lieu qui présentent ce mot.
Le mot coiirl, au sens de .■ domaine rural », paraît avoir été
j^énéralement préféré au mot villa par la [)lupai-l des nalioirs
_i^-erinani([ues qui envahirent les provinces occidentales de l'iùn-
pire romain. On le ti-ouve, sous les formes eortis et curtis, dans
les lois de plusieurs des nations bai'b;ires : \\'isi^(iths, IJour-
g-uignons, Francs Saliens, Lombards et P.avarois; mais aucune
nation ne ralïectionna au ménu' ile^ré que les Francs.
927. On l'enconti'c des muns de lieu formés à l'aide de eortis
dans la l>ouri^-U!;-ne, la Franclie-Clomté, et les parties de la .^uisse
ipii avoisinent le .lura, mais suitout dans les pays où s'établirent
les hommes de i-ace franipu' : Lorraine, Champagne, Artois,
Picardie, lle-de-l''rance ; ils sont |)lus clairsemés dans l'Orléa-
nais, le (.hartrain, le Vendômois, le Maine, la Ncuanandie, l'.Vn-
j(Ui, la 'l'ouraine ; an delà de la Loire on n'en voit qu'entre ce
lleuve et la Saiddie ; encore cette bande de terre dépendait-elle
de 1 < )i'léanais. Parmi ces derniers [)a\-s, c est le Maine qui on
oll're le plus grand nombre : le fait ne semblera pas surpre-
nant, si l'on se rap[)elle ipi'au temps de Clovis, le Mans était le
chef-lieu d'un petit l\tat franc où ré'gnail lUgnomir. D'ailleurs,
on a pu, pai' des fouilles, constater l'existence dans le Maine
d un dot de popul.ition gei'uianiipie ; ci d'une manière gén('Tale,
la hmite de la cidonisalion germani(pie en (îaide. telle inie
1 élude (les noms de lieu [)ernnd de la tracer, ilill'ére peu de celle
(pu r(''sulle de la carte des cimetn''res mé'roA'ingieus dressée \ei's
'i
iiiiii;im;s i'ka.mji r:s : ronris -J. i
IS77, iioiu' la (loininission de t()|ii)>;-i'aplnc des (laiiles. |iar le
|)' Ilaiiiv ' : clic est sculi'UK'nl un [U'u plus pi-i'cisc .
928. 1m) deçà de celle limilc le mol eorlis leiiail Irop de place
dans le lani;'a,^'e eoui'anl pour ap|)araili'e dans la l(ipen(imasli([ue
aulrenienl (pi'en e(ini[)osil,i()n. Il faul s'éloiy-ner, [Kirlois heauenup,
de la n'i;ion soumise à riulluenee IVanque pour découviar, 1res
rares cl très disst'nuiU'S, dos luims de lieu représentant e(> mot
«■niplov.-. seul : Cours (Lot. Nii'vre, lllu'uie, Deux-Sévrcsi,
CourS-'/e-/'/7e (Dordo-ue!, CourS-/e.v-/;,7/^î.v (Cnn.ndc). CourS-/e.s-
llirrrs îCJier), ainsi (|ue Cour-.s;;/'-/.n//-c (^Loir-el-Chen. (diacuni'
de ces localités doit vraisi'udjlaldenient son ori-ine à nu domaine
rui'al dont le propriétaire, do race rran(|iie, avail importé le mot
eorlis. rem[irunlaul à la lauL^ue adoptée dans la contrée d ou
il venail.
929. Le domaine rural désii;né à répo([ue mérovin-iennc par
ce mol constituait le plus souvi-nl, en raisim tics liabitalimis des
tenanciers et île leurs fanHllos, un vc-ritable villa^'o. Vodii [lour-
(uioi, (Unis les parties de la Suisse (lul s(uit situées à la limile des
langues, et oîi corlaines localités ont à la fois un nom français et
un nom allemand, on voit le mot rmir. terme initial du premier,
traduit dans le seeoiul par tbirf : Gourcelon - Solleildorf ; —
Courchapoix -= Gebstorf ; — Courgenay = Jennsdorî ; — Cour-
rendlin ^^^ Rennendorf ; — Courroux, de Coriis lîodoldi --^
Lliltelsdorf. i)our Jtulolsilurf ; — Corban, pour Courh.mn. de
Cortis r.attonis -^ Battendorf ; ces localités appartiennent au
cant(ui de r.orne.
930. On remar((uera parées l'xemples ([ue d.ins \v nom alle-
mand, il la dilVéïHMice de ce ipii se pi-oduit dans le nom IVaiieais,
le lerme piancipal esl ivjidé à la lin. la première place étant
tenue par le déterminalil' : c'esl la ra[i|dlcatinii d'une rei;-le([Ui.
dans la toponymie gcrnuinique, ne souIVre jias (re\ce[)lions. .Vu
contraire, dans les u'uus romans, ainsi ipron va rol)ser\-er, le
déterminalil' occuiie tantôt la première place, tanlAt la deriuere.
1. .Viusi qael'n si-nalé M. Snlomou Wcuv.xch illrvur ;,rrl,ri,ln,;i</w, l',ll">.
II, -H'-K cl (:al:iln</ui' illuslrr du Muser i!rs ^iiil i'juilrs ii.ilionaUs :ui cli:ile:iu
,lr S:,inl~(;rnn:un-rn-La;/r, 1, IS'.). les cm Les .Iressérs pour la Coniniissina
,U' loiui-iai.léie (les (lanle^. el nulanimeiil crlU' iK' la ■■ C.aiiK' iiiérMxiii-
UUMiur ., sniil acIuellenuM'l .léposos dans un cahiiiel dn nuisri.' de Sainl-
(iiMin ain .
228
i,i:s .NOMS m; i.ii:r
Ik'Ui-i (VAi-bois de .lubainvillo éiiu'LlaiL à fc propos ropiiiion (pie
la disposilioii qui donne la seconde place au déteianinatil est plus
moderne que celle où le détemiinatif iii;uro en lète : (pie, p;ir
exemple, le nom BoiujipuL Uaudei^-isi li vallis, apparlicni ;i
répotuie mérovini^'ienne, tandis ([ue }'aut/irnnl, ^ a Uis ( "li ran.l i.
date seulement du xiu'' sièle ; que Nova Villa, Xcantlle. est
plus ancien que Villa nova, Mllcnciin'. ([ui serait une loiine
contemporaine du nom de \'aui;iiard. On peut étayer ei'Ite théo-
rie de faits qui sendjlent pioi)ants; mais [lour peu qu on aille au
fond des choses, on s'aper^H'if combien elle est décevante, et
l'on est forcé de reconnaître ((ue les deux constructions, les deux
dispositions, existent dès l'époepie frantjue. l'^t l'on est amené à
constater, dans les noms romans de la pt'rioile nuMovin^ienne.
deux courants dill'erents : le courant L;-ernuini([ui\ oii l'ordre des
mots, rég'lé sans appel, dcuine toujonrs la [)remn''re place au
déterminatif ; elle courant romain, cpii laisse d abord une cer-
taine liberté d'acli(m, mais qui. a[M-ès plusieurs siècle--, arriva à
rejeter le déterniinalif à la lin du mol. ^'onformément ii I usai,a'
(pii a prévalu dans la lani^ue française. Mans les noms (h^ lieu
formés k l'aide du bas-latin cor lis. et qui sendjlent caractéris-
tiques de la colonisation franque, le courant germanicjue l em-
porte de l)eaucou[).
931. Said' lie rai'cs exee[)lions (pii seront signalées plus loin
(n"" 943 à 948), le mot cortis est combiné avec un nom propre
d'origine germanique qui rappelle l'un des premiers possesseurs
de lacortis. Parfois ce nom paraît aussi dans l'appellation de telle
ou telle dépendance de la cortis. C'est ce ([u'on observe à Cour-
hetaux (^Marnei ; le nom pi-iinilif de ce \illage. Cortis lîer-
toahll, a ])our secoiul élenu^nt un non\ d homme i[u au vn'' siècle
la cbronî(pie de Frédégaire applitpiait a \u\ nudre du palais au
royaume de Bourgogne, et (pii, après avoir été usité- au moyen
âge comme nom de baptême, subsiste aujourd'iuii comme nom de
famille sous les h)rmes Jk'iiuinl, Jlef/;ui.r\ti[, vers le Jura, I'htIIioiI
et Bcrlkninl. Or, ce nom ligure à Courbetaux — on devrait d:rc
Courberlanr, mais par un phénomène de dîssimilation assez,
commun, la seconde /■ a disparu — non seulenumt dans 1 appel-
lation de la commune, mais dans celles d'un ruisseau et d un
bois de son terrîloire, le nn-H.ir/aud et le Bois-ljcr/und.
uitw;i.M:s KinMiriis
•2-l\)
932. Ia' mot l);is-lalin cortis se piH'senle aujovircriiui sous une
l'orine uuiciue, l'L cori'ccto, ranrt. \ovs^\\\\\ esl iMuployé — c «'sl
!(' cas de beaucoup le plus frcqueuL — couiuie élénuuiL liiial :
Cmulrerourl, Ihiucourl, Vinidoiivaiirl : à cette place rien ne le
cniuprinie, et il reste toujours lui-même. En revanche, s'il ligure
en lète d'un nom de lieu de deux ou trois syllabes, sa lorme
rcunane est susceptible d'altérations plus ou nu>ins imiiortantes.
933. l'.llc n'échappe a t'cs altérations qu'il la conditit>u d'être
suivie d'un son voyelle : Courtabœuf (Seine-el-Oise) -;: C.
Acbodi; — Courtabon .Indre-et-Loire):^--: C. Abbonis; —
Courtagnon (Marne) -= C. lIai.;anonis ; — Courtangis (SarLhe)
-r: C. Anse-isi : — Courtenot (Aubei — - C. .Vmult'i; —
Gourtoin (Yonne) = C. Audoeni: — Courtomer (Seine-et-
Marne) ^ (-. .\udoniari, vraiscinblablenienl .
934. Le / linal subsiste aussi ilans les noms de lieu du dép.ir-
lement île l'.Vin, les plus méridionaux de ceux l'ormés sur cortis,
dans lescpiels ce mot est devenu curi : Curtablanc, Curtafond,
Curtafray = C. Acfredi, Curtalin.
935. Devant une consonne, cortis <levieut le plus ordinai-
remeid cnur : Courbouvill (.\isne) (1. Kovane; — Cour-
bouzon ( Loir-ct-Clu-r) (",. Hosonis; — Courcerault (()rnei =
c:. Ceroldi ; — Cotirgivaux (Marne) := (1. ('.ibt)aldi ; — Cour-
tOUlin (Sarthe)i-: C. Dodoleni.
936. Parfois cepemlant ïn latin s'est maintenu en français
sans prentlre le son 0(/ : Corcundray (l)oubs) --- C Gundi-adi;
— Corîélix (Mariu') - C. Felicis ; — Corgebin (Haute-Marne)
= C. Gibuini; — Corgengoux (Côte-d'Or) =: C Gan-ulfi;
— Corgoloin (Gôle-d'Or) =: C. Godoleni ; — Cormolain Cal-
vados) r= G. Modoleni; — Gomantier (Marne) = (]. Nan-
tharii; — Gorquelin (Aube) ^-:: G. r.occoleni; — Gorribert
(Marne) r- C. P. ii;ober ti ; — Gorricard iLuie) -- - C
llichardi ; — Corrobert (Marne) --:^ G. Potbcrti ; — Gortam-
bert (Saône-et-Loire) = C. Ansberti, etc.
937. Gn [)eut citer quehjues exemples de cor pour cortis ini-
tial, ayant perdu Yr par suite de circonstances diverses, mais non
toujours appi'éciables ; dans ce cas, la fornu^ vulij;aire du nom de
lieu est assez altérée pour c[u'en l'absence de textes anciens on
hésite à se prononcer sur son orii;int' : Gocloix (.\ube) et Goclois
(Saône-et-Loire) -^ G. Glaudia; — Corabœuf ' G,(Me-d'( )r') =:=
230
Ll'lS .NOMS IIIC [AVX
(]. lialliiidi; — Cosdoil Aulic), proiionti' Cùilnn. v\\ I l.t^S
Cuitinliin :r=^ C. Oddonis; — Coizard M.iiiic'), t'U lliii Cnhci-
rarl et en ViTo C'nirurl = C II a i rlianl i ; — Golléard (Marne.
= C. Lielharili ; — Golligis (AistU') — C. Lict^isi ; — Colo-
nard (Orne) =^^ C. Leun-iudi; — Commarin ((^ntc-d'Or, .^s-
(]. Mariani.
938. Cette eliule de Yr s\'s( produite aussi alors que l'o de
eorlis était devenu nu : Coubert (Seine-et-Mai-ne), au xin'' sit'cl.'
Cor/jc-ird \ — Coubertin (Seine-et-Marne, Seine-i't-( )isc i ^
(]. Herlane; — Goulandon (Allier 'i :^ C. Landonis; — Cou-
levon (Ilaule-Sanne) = C. Levonis; — Goulimer et Coulmer
(Orne', — (]. I.ietniari; — Goupvray St'ine-et-Mani.' —
(]. Protasii; — GoutamOUX I Yonne) == C. Arnulli; — Gou-
tevroull (Seine-et-Marne) = (]. MheiuU'i.
939. La syllahe initiale proeédant de eorlis, et altérée par la
eliule lie !'/•, s'est parfois nasalisée, la nasale étant uni- // ou,
diM-ant une l.ihiale, une //; : Goillbertault .(létu-d'Or :^ C. lîer-
loaldi ; ef. Cniirhelnux m" 931 1 ; — Goniblaiichien Côte-d'Ori
-- C. lUaneane; — Gompertrix (Marne) = C. lîeririei; —
Goncevreux (Aisne) = C. sujierior; — Gonfavreux lAisiu-; =
c. l'ahroruni ; — Confrançoil (Ain) r=- C. Francionis.
940. Si le mot eorlis, employé seul, n'a pu constituer un
nom lie lieu dans les rén'ions sitiu'os cii dci;ii de la Loire, il n'en
est pas de même de son dérive eortiet'lla, lormé à l'aide d'un
suflixe diminulif fort usité en latin vulgaire, et qu'on tr(Ui\e en
fraïK^'ais, par exemple dans les mois maseulins lioitrciii, ni<in-
cc;iu, jionccau, et dans le mot réminin nuccllr.
(lortieella, e'esl-à-dire <( le pelit domaine », est l'cn^i^ine des
noms de lieu suivants : Corcelle (Ain, Doubs, Saoiie-et-Loiie\
Gorcelles (Ain, Cote-d'Or, Jura. Nièvre, lîliône. Ilaute-Saone,
S;iône-et-Loire), Gourcelle (l>oul)s, Loiret, Nièvre, l'as-de-
Culais, Ilaute-Saone, \'ienne|. la Gourcelle (CliarenLe, Cher,
Creuse, IIauLe-\'u'nne, Vcuine), Gourcelles (Aisne, Aul)e, Clia-
I. Ce cli'iuirlemenl se Inun.nil e(>iii|.IM(Mii<Mil eu (leiims de l;i ré^inn
iléeille plus IkiuI ir 927', ii(,iis |,n,|,.,s,,n.s .rèlcii.lre a Cnul.-UJ'/uii V\,\\h,-
llii'-se r<iniuilée lu" 928 au Mijel .le loi i-iiie .les |. .,;, lil.-s iI.miI le leMii iv|.iV-
srnle eorlis ein|]l(i\ i' seul.
((UICINKS KHAN 1,1 mOS
2:n
r. nti-Infôricurc, (Jôlf-d't >i', (-rL'iisc, iJuubs, luu'c, liHlrc-ul-
!..ilii<, Ldii'-et-ClKT, Loiret, Mai'iie, 1 UiuU'-i\Iaiiir, Mayuiuic,
M>'iirlho-i'l-M(isello, ÎNIcvise, Nièvre', Oise, l';is-(le-('-;il;iis, Sarllio,
>.'iiie, Seiiu-Iiilerieui'e, Seine-cL-Marne, Seiiu'-el-( )ise. Somme,
\Hst;-es, '^oiine). — (Mi n'a pas lieu, seiiihle-l-il, de (listi)i;^uer,
|i;irini ees noms, eeu\ (|ui se lerminenl |iar une s ; ainsi sont éeriLs
inijourd'liui lieaueoup de noms de lieu donl la l'orme primitive
préseulait une finale nuu'lle, sans apparenee de pluriel.
941. Il est il remaripiei- (jne, dans l'rnuméi-alio]! (pii préeède,
les noms d(ml l.i premiii-ie svllaKe alïï'ele lu l'orim- cnr appar-
tiennent à la i'éi;-ion l)oui-^uii;iuume.
942. Corccllr, Courcclle et leur variante picarde Courvlu-llr,
— ipi'ûn rencontre parfois dans les textes — i)ien (jue résultant
(le la comljinaison de cortis avec une désinence diminutive,
n'ont pas laissé de foiMiier à leur tour des diminulifs, d'adleurs
plus modernes : Corcelelte ^Ain). Corcelolte Douhs,, Cource-
lette (Somme!, Courcelotte (Cùte-d'On, Gourchelettes (Noidj;
autrement dit « le jietit Cloreelles » ou « le petit (lourcelles ».
Dans les ncmis de lieu formés sur eortis, le déternùualit est
d'ordinaire \\n nom de personne i^ermanique . mais il n en est
pas toujours ainsi, ([uelipies-uns des exemples (|ui vieniu'nl
d'être cités l'attestent. La rè-le -énerale a des exceptions, (jui
vont être t'xaminées.
943. Tantôt cortis est combiné avec un adjectif.
Cortis dominica, « le domaine sci-neurial » : Courdemanche
ll'.ure, OriK-, Sarthei. Courdemange (Marne), Courdimaiiche
Scine-( l-Di-e), Courtenianche. ^ Sounne'i. — Avec villa, (luiest,
on le veri'a plusl<un,u" 950 U un svnouvme de eortis, le même
adjectif a produit 'Villcdomaiige iMarnej, "Villedemanclie Puy-
de-Dôme), Demangevelle (Haute-Saône) et Dimancheville 'l'.ure-
et-Loir, Loiret).
Coi-tis su])erior, <> le domaine d'en haut " ". Coiicevreux,
(cf. n" 939', en 12'i'(- Conu-vrciis. — L'adjectif se comporte sen-
siblement de nu'-me dans Moiltseveroux (Isère), (|ui l'cpond à
Alons superior, tandis (jue MoilSteroux, nom A'wm- loe;dité
toute voisine, représente Mons subtericjr.
Cortis jusana, " le domaine d'en bas » : Courgeremies
(Aube), au \n'' siécU' Ciir/jusninr. dont ré(|uivaleid Juzenne-
:^:!2
i.Ks .NOMS ni; i,ii:i-
court (llauLe-Marne), cillre la tlispusilion inverse des termes. --
La racine de l'adjectif bas-latin qui est ici mis en cause est oelli'
que reproduit notre vieil adverbe Jus, « en bas » ; peut-être crt
adjectif entre-t-il dans la composition du nom de Ju/.anvii^iiv
(Aube), en 11 ïfî Jusenolsncir.
Ilomana cortis, « le domaine romain o : Romaiuecourl
(Aube).
944. Tantôt le délerniinatif de cortis est un nom comimiii
désipi'nant le possesseur du domaine.
Abbalis cortis : Abbecourt (Aisne, Oise). La dignité ajibu-
tiale tient lieu de la personnalité du possesseur (cf. ci-dessus,
n" 738 : Abbating-a); le nom semi-germanique Abbatis //,(//(
était |>orté au ix'^ siècle par une possession de Fabbave de Sainl-
liupiier, qui paraît avon- ilomié naissance au vilhiL;-e d'Aulhic
(Somme). — Cf. Abbeville îSeine-el-Oise, Somme, AbbéviUe
(Meurthe-et-Moselle); — Ab].>atis villare a donné Abbevil-
lers (Doubs).
Cortis monas terioli. a le domaine du petit monastère ■!,
aujounriiui Connontreull (^Marne), appartenait, au ix" siètle, à
la lameuse abbaye de Saint-llemy de iteims; celle-ci, sans
doute, l;i tenait d'un monastère moins inqxirtant cpii lui avait été
soumis.
945. Ailleurs cortis est combiné avec un nom propre collec-
tif, ou pour mieux dire avec un nom de population.
Auménancourt-/c-6'/v(/((/ et Auménancourt-/.'-y'c/// (^Llr^e) =
Alamannorum eortis,« le domaine des .Vlamans » (cf. n** 528).
Conf recourt (Aisne) = Cortis Lrancorum ; il va sans dire
que cortis n'est aucunement représenté par la dernière svllaljedu
nom, comme poui'rait le faire croire le / qui la termine à tort. —
On peut i-approclier de ce nom la plupai't de ceux, éiiunn rés
plus haut in" 536). cpd ra[q)ellent le somcjiir des colons francs de
la (îaule romaine.
946. Le nom de Gonfavreux (Aisne), déjà cité (n" 939), olîre
un exenqjle de composition un peu dillerente, et siMuble indiqui'i-
(pie le village était occupé par une population iutlusti'ielle.
947. Voici maintenant une série de vocables qui rentrent, 'i la
vérité, parmi ceux dans lescjuels cortis est accomj)agné d'un
nom de personne ; ils n'en constituent pas luoins une exception
à la règle généi'ale, car ic'i les noms de personne arpartienn.Mil
à l'onomastique l'omaiue.
!
(IHK.I.M-.S l-'HANnl'i:
:iii< m
■i:v.\
(!. (llaudin : voir ri-dessus n" 937.
( ;. l-'clicis : voir n" 936.
C. GeiU'sii : Gourgenay (Calvados. Yoiuu', et eanloi) de
rxM-ne), Courjeonnet (Marne).
c. Palladii : Courpalay (Seine-et-Marne).
C. Prul asii : voii- n" 938.
Cvrici c. : Circourt (Meurthe-et-Moselle, Vosi;-e.s).
.lovini c. : Juvaincourt (Vos-es), Juvincourt (Aisne).
Martini e. : MartillCOUrt lArdennes, Meurtlie-el-Moselle,
Meuse, Oisei.
Mauri c. : MauCOUrt (Meuse, Oise, Somme), Maurcourt
iSeine-et-Oise'. Morcourt (Aisne, Oise, Somme). — Minimiirl
était le nom du villai^^e sur remplacement du([uel tut édiliée la
ville de Vitry-le-Franoois.
Pétri c. : Pierrecourt (Ilaute-Saùue, Saône-et-Loire',.
Uemig-ii e. : Remicourt (Aisne'. — I\emuourt Alarnei était
à l'origine llimncufl .
lU)mani c. : Romaincourt (Seine).
Sulpitii c., ou mieux Suplitii c. : Souplicourt (Somme).
948. Une dernière série d'exceptions à la règle générale, beau-
coup plus importante cpu- celles cpii précèdent, se compose d-
vocables dont le délerminalir est, non pas un ninn propre de per-
sonne, mais un adjectif formé à l'aide du sullixe -acus ou -lacus
sur un nom [iropre de |)ersonne, soit germanu[ue, soit romain ;
la persistajice en Gaule, k répo([ue franque, de l'usage île ce sul-
lixe a été précédemment signalée ii"~ 247-274) '.
Aln-iniaca c. : Évergnicourt (Aisne).
Aculiaca c. : Aguilcourt ! Aisne i.
I. Les cli.irles de l'iibliave .!(> Cor/.e ronniisseiit de curieux e\ein|iles de
l'usaye lie ces adjeelH's iioininaux. i'uiir iiV-n eitei- ([u'uii, (Hi peul, ^^^ ci'
passage : in Dodene-a fine, vol in ipsa villa que vucatur
Dodona curlem, iuleier que, le villa-e acluel ivilla de Duncourl-aux-
Templiers , Meuse elaut appelé Do.luuis coilis, ,ni apidiquail à son lor-
ritoire i^l'inisi un adjceli! en -i a e n s Ipar allération -eyus'i Un-mv sur le
nom d'iioinme Y)oAo. L'un de nous ayanl elierché iMnimsin, 111, la et Sri
à liror parti de ce l'ail, croit devoir alle^ler iei ([u'il a\ail eiiUuulu An-usle
Lous'uoii renoncer dans s.ui cnsei-nenienl. — Les .■uunu'TaUon.s cpi on
trouve aux payes x el xi du Dirlimin.urf loin„jr:iphi'iilr dr la Mann-
comprennent un certain nombre de vocables dans les(|uels on voiLun adjec-
tif nominal en -acus suivi, non plus, le , M. ri is, mais de v i 1 I a (BétlieniviUc
'23',
LKS NOMS liK LlKt:
A 1 l)orici;ii:i c. : Auberchicoiut i Nord ) .
AKliiuuca c. : Audigiiicourt (Aisne).
Anynliacii c. : Aiiguilcourt (Aisne). v»
An laça c. : AgnicOlirt (Aisne. Oise, Somme i.
IJaldiniaca e. : Baudigiiécourt iMeuse).
Jk'i-liniaca c. : Berthenicourt (Aisne).
lîettiniaca c. : Bétiguicourt lAnlie). — CI'. Béthoiiiville
(Marne).
Uerhnariaca c. : Berméricourt (Marne).
Gerniaea e. : Gernicourt (Aisne).
(indiniaea c. : Guignicourt I Aisne, Ardennes).
Liniosiaca e. : Melzicourt (Marne . oriL;inidlen\Mnl l.i'iiirsi-
cuiirl .
Mnliaea e. : Muscourt (.\isne).
Poneiniaea e. : Poiltséricourt (Aisne).
l'di-cai'iaea e. : Pixerécourt (Menrllie-el-Moselh').
lîalheiliaea e. : RapséCOUrt (Marne).
l^ans la plnparl des noms de lien qu'on vienl de reneonli'er, m
dehors du iK'i'nier i^roupe, le nom eommun eorlis esl sui%i de
son délei-minal il'. La disposilion inverse esl, il ne l'aal pas le
perdre de vue, de beaucoup [tins l'récpienle (cl', n" 930) ; mais ee
mot étant alors aisément reeonnaissable (cl', n" 932), l'intérèl.
(pfoIVrenl les vocables réside dans l'élude des aUéraln)ns sid>ies
pai- les noms de personni" (pi'ils présentent comnu> termes ini-
tiaux, tlomme il n'importe -nére pour celle éUnlc (pu^ le Icrnu'
linal soit cor lis ou un aulrt' nom coiuniuu, elle feia Tobjel d'un
cha|)ili'e spécial (n"^ 984 à 1150), renreiinanl le c(>in|>l('nieii I
indispiMisalile des niilidus énmici'es dans cidui-t'i sur les noms de
lien rornu's à 1 aide du mot eorlis.
ou (le iniins (Haussignémoilt) ; v[ des noms ilr lien unald-^ncs se lidiixcn
ilaiis 1,-s (K'iMiiciiuMils vdisiiis : Butgnéville ! Mi'iisc; : cr. \l,'i/rii^i.;_ m,
iS-iO; — Butheguémont ,-Meiiiliif-ot-M<iscllc ; — Contrexéville (\"(isl;os) :
cl'. ci-(li'ssiis, 11" 904.
w
NOMS COMMUNS DE LIEUX IIAIUTKS
l
l)';iiilii's noms coinmuiis (|i\c eorlis onl rU; iilVoclés au mémo
iisiij4'e dans ]a lopDnomasliijuc; de noire pays. Mais en exaniinanl
ilans ce elia[nlre el le suivant — les noms lie lieu (|ui
irsulli'ul lie là, on ne perdra pas de vue (|ue tels denli-e eux
priivenl n avoir élé l'oianés (jue pendanl la jiériodc féodale : les
nunis lie personne qui, dans ces vocal)les, jouent le r(Me de
ili'lerminatil's, ont conlinué d'être usités bien aj)res IVpoipie
li-anijue, parfois même ius(prà nos jinu-s ; el de même les noms
'.Munnvms eu ipieslion ont n'é'néralemi'nl subsisté dans le laui^ai;!'
C'UM'ant.
949. Le mol villa, ipii désii^iiait, dans \o latui classicjue, une
maison de campai;'ne, prit, à la liasse époipie, ce sens de
.. domaine rural » ipie les populations d'origine framiue allaient
exprimer [dus \adonliers par le mol cortis. Lt par une é\'olution
loute [lareille à celle inilii|uée plus haut in" 929) à propos de ce
liernier, on xoit au moyen àt^'e, el jusipi'au W' siéele. le mot
l'il/c employi' dans le sens de n village ». On peut donc ai limier
la .synonymie de cortis el de villa. Mais le premier de ces
mots, pris dans racce[)lioii dont il s'a^il. lomba en désueludr de
bonne beure, peul-iMre au x'' siècle, (andis cpie le second a\ant
Sidislslc', certaines loealilcs dont le nom n'iifernu' icj mot rlllf
sont dédale relalivement moderne. l)"au(re part, le mol ^' 1 1 1 a
a\aid iormé des noms de lieu, dés le liant nios-eii-àj;e, dans les
diN'crses réj^'ions de la l'rance, on ne saurait tirer de ci's noms
les rensei;4'ncmenls précieux que Inuiaiissenl , touchant la distri-
Inition des races sur notre sot, les noms de lieu <lans la loi-iue
primitive d('S(puds enti'c le mot cortis.
Li' mot N'ilia n^\'ét, dans les noms de lieu Irancais, les formes
villi'^ i'('lli\ rinllc et nielle.
950. La forme ville, qui est la plus fréquente, est ([uelquelois
notée à tort r/7, lorsqu\dle est em|)loyée comme membre initial.
Vilbert i^Seine-et-Marne) .'sl synonyme de Coiihe/i (n" 93'^). et
■2-M\
i.i;s NOMS m: \ae\-
î •
Viltain (Oise), dv V. AJlaiu-, csL une varianlc df ViUelaill
(^Sriue-oL-Oise). — Vildé ( Côlcs-du-Nord, Illu-i-l- Nilaiii,',
Mayenne, Vendée), représentent le thème étymolog-i(iue Y. l)ei :
les localités appelées Villedieii sont souvent d'anciens domaines
ayant appartenu à l'ordre de Malte.
951. La forme relie semljle particulière aux pavs romans ipii,
à 1 épor[ue lraiu[ue, ont svd)i, durant un temps plus ou nuiuis
pr(donL;è, rinllueuee du lani^ag'e i^-ermanicjue : les noms en -vellr
apparaissent par ^-roupes \'ers la limite com'mune des anciennes
provinces de Lorraine, de Cdiampayne el de Franche-C.onitè.
vers la source de la Saône : Demangevelle (llaute-Saone =
Dominica v. ; — Franchevelle (llaute-.Sunne) ::= Lranca v. ;
— ■ Jonvelle dlaute-SaAne ; — Longevelle 'Doubs. llaute-
SaAne) --= Lonya v. ; — Martinvelle (\'i)si;es) = ^Ltrtini v. ;
— Neuvelle (Côti'-d"()r, Haute-Marne, llaute-Saùne) -- Nova
V. ; cl', la Neuvelle (Haute-Marne, Haute-Saône); — "Velle
((>ôte-d'Or, Meurthe-et-Moselle ). — Les mtms de lii'U dont vrllt'
est le [iremier teiMue sont fréquents dans la l''ram'lu>-(',omlé sep-
lenlriouale. — Il convient d ajouter (|ue le terme initial ou linal
ville des noms de lieu de Lorraine est pi'ononcé relie par les
[)opidations locales d'entre Met/ et \'er(lun.
952. Malle, résultant de la diphtony-aison de 1';' toni<pie de
villa, se rencontre dans le l"\>re/., l'Auvergne, le Limousin, le
Lériyord, le Rouergue et dans (pielcpies parties du Languedoc ;
Vialle ou la Vialle (Creuse, Gard, Loire, Haute-Loire. Puy-de-
Dôme), les Vialles (Puy-de-Dôme); — Nauvialle ou Nauviale
(Allier, Aveyi'on, Cantal, Corrè/e, Tarn-et-Garonnel = Nov;i
villa.
953. Vielle, autre exemple de ili[ihtongaiscin, ap[iartienl aux
départements du sud-ouest, c'est-à-dire aux contrées g-asconnes :
Vielle (Landes, Ilaules-Pyréiuk's ' i ; — "Viellenave (liasses-
Pyrénées) = \'. nova; — Viellcségure « lïasses-Pyrénéesi -
^'. seeui';i ; — Catonvielle (Gers) ; — Franquevielle (Gers; : .
Kra uca v.; — Goudourvielle fGers) = Go! Iiorum v. - ( f. n"537(.
Ï-;
954. Le mot \' il la ris ou \' il lare, fornu' siu' vill;
I au nio\ea
I. I-'t sa vnrKiiile Bielle ' liasses-l'yrr'jiées , riuiroiTiio à \:\ |ui)nouei;\(ii)ii
iiiiii.i.m:s i-i:a.mii i;.s : vu. i. mus m vn.iMih:
■1-y.
;: ^tillixc -.iris, viiri.inlc de -alis, ;i dû servir iliilHn-d cnmnic'
■■■■(■lif j ([Ualilicr les (K'[ien(l;inees d un di)in;iiiie lui'iil : terrae
•■ .II.ii-cs. Iil-dii dans une cliarLe tlu \\\'' siècle ; mais on le \t)\\
..is sulislantiN'enient dans divers textes de ré[)of|ne i'rancjiie.
l'UMii lesipiels il faut citer ce passaL;e d Un dipli'une de Louis le
i'iiMix doniu'' en (S3'i- en faveur de l'éi^lise île (lirone : \illa
i|iiae est in ])a^d lî isiil tlun en se et \ocatur Hascara, en m
suis villarihus et suo termino, neciion et /Vrcas, i-L
vil lare \'ocanteni Spadiilias, et alimn viUai'e ([iiod est
iiilia m em Cl l'a t a run\ n' 1 1 1 a r u ni lerniinos;on loNnit. tandis
(|ue villa L'Di-ri'spond à ci,: ([lie nous appelons an|ourd'liui la
l'ctnunnne ou la pai'oisse. vil la ris ou N'illai-e d(''sii;iiait léipii-
v.ilent de nos hameaux, de nos écarts modernes.
955. Dans le nord de la France, le mot dont il s'agit a revi'tu
les deux formes vulg-aires villers et villiers. La prenilère a pour
variantes viller ' — [lar l'alisence Ac l'.s linale, d ailleurs al)usi\e
— et plus rarement ViUez ' Seine-el-Oise i -'. La secmule scxpliijue
par 1"; de villaris ; c'est ainsi qu'on a vu (n" 880) le mot g'er-
iiiaiiirpie lar prendre la forme 1er dans le nom de iloitlers, tandis
ipie la dernière syllabe du nom de Loiuflicr procéderait de la
variante l.iri.
956. Dans la partie méridionale de la l-'rance. ^ illare devait
(iomier villar, cl celle l'orme s'y trouve, en ell'el, ainsi cpui ses
variantes purement t;ra[)lii(|ues villard, villards. villars. H serait
trop long' d'i'numérer les dé'j)artemenls dans Lesquels elle parait;
on observera seulement ((uelle sélend jusque dans certains
pays di' langue d'oïl, la l'ranclie-Comté, par exemple, et nn'me
dans les départements de la Cûle-d'Or et de la Haute-Marne.
957. l'ai Auveri;'ne et dans les régions aoisuics, où le lalin
I. l/('iii|)loi (le rillcrti prélV'r^ililemenl :i rillcr c^l ikuIuIn — nous ci'oyniis
(iL'voii- le l'Mire oliserver — iin|5iiL;il)le U des circdiislaiircs louU's !noderiH'S_
l.n iuiiiiencl:iliire coininiiiKile du dcpMilcnuiil de MeurI he-cl-Mosello ollVe
ili'-^ r\iMn[)les des deux fdi'incs : nr, les 1i.h';i lllés tUud le iidin seterinincen
-nllci-s -- \y.\v e\(Mii|de BonvillefS — aiv|inrlriiiiienl, :i\aiil 1S71. au dé|iar-
Iciiienl de la Moselle, Laudi-- i|ue les ctHimuiiics au uiuu iMi -rilliT — [lar
i'\eiii|de Gerbéviller — faisaienl partii' de cidui i\v la Meuiliie.
"2. Peul-èlre c-onvienl-il d'aiuulei-i|u"(>ii liouxe la forme (■///(• ilans l'apiud-
laliiiii fraiieaise de certaines localili's silui'es eu pays de langue alleiiiainle,
coiuiuo Ribeauvillé 1 liaul-liliin , en allemand /l'.i/i/io/^s-icivV'V.
2:!S
\A-:s N'j.MS t)\: 1.1 la
villa est devenvi viallc, on tiouvu les iiuiiis ili; Hou Vialard <'ii Ir
Vialard (Clanlal, (^orrèze, Dordo^'iu', l*in--(U'-I)onu', llaiilr-
Viomie), au lieu de Villar Q)U le Vilhii-. — La Inriue Viala nu \(\
Viala, caractérisée par l'assourdissenuMit de Y r liual. apparliinl
aux départements de l'Avovron, du Cantal, du (laid, de rilcr.aill.
de la Lozère et du Tarn. En Gascdyne nn a la vai-ianLc Vifdla
(Crers, Hautes-Pyrénées).
958. On voit, par le diplôme de NIiî, (pi'au i\' siècle, en
( lalaloi^-ne, villare ap])artenait au lan,i;-ai;e courant. 11 en fut df
incnie. k)nntenips encore après, de ses lornies vulgaires dans nos
provinces méridionales, témoin l'article, singulier ou [duricl.
dont les noms Villar, Villard, Villars. Vialard et Viala sont
souvent précédés. Par contre, aucune des nond)reuscs localités
ipii s'appellent Villers ou Villiers n'a son nom ainsi précciK'
de l'article : on a lieu de conclure de là (|ue 1 emj)l(ji de villare
connue nom commun toml)a en tlé.HuéUulé de très bonne licm'e
— peut-être antérieuremeid à l'époque carolingienne — dans le
nord de la France, et de faire l'emonter assez haut l'origine, laiit
de ces localités c|ue de celles dont le nom présente rillcfs ou vil-
liers comme terme initial ou final.
959. Le mot villare a été adopté j)ar les Alamans, lune des
ludions gernumiques qui, par raison tle voisinage, ont été le plus
directement en contact iivec les populations romaines : aussi le
trouve-l-on connue second terme linal d'un grand nombre do
noms de lieu dans les pays occupés à l'époque francjue par la
naticm alamanne. Ses formes vulgaires les plus l'ré([uentes sont
aujourd'hui -willer, -weiler, -weier, -wihr en Alsace, et mèiiir
-wil ou -weil, dans la Suisse alleniandi'.
960. La combinaison de villare avec un sullixe .signalé plus
haut (n" 940) a produit le diminutif villan^cel lu m, qu'un
trouve employé comme nom commun dans vme charte de cSTN, v\
([ul est l'origine des noms ViUarceaux , Lure-eL- I.oii', Loir-cl-
Cher, Seine-et-iMarne, Seine-et-( )ise; et Villacerf (Aube;, au
XMi' siècle Villarcel.
961. A répo([ue fran(pie, le mot ma n sus, qu'on ne triuivr
dans auc\in docunuMit anté'neiu', ilésignait une sorte de petite
ferme ou d'habitation rurale à laquelle était attachée, à per|)i:
tuite, une quantité de terre déterminée et, en principe, invariable.
(Jui>i(|iu' rr
rninilH! (ill
rolyfilique
riiahilalioii
t.iins CHS,
oniiiiM:s M<AN(jri''.s
S(' rappoi'lc
:i'J
nom S(' rapporu- il oi'diiiairc à la srulc lialiilalimi,
\c voil lii's iielteniLMit dans plusieurs passades du
(l'Irniinon, il désii^^naiL aussi quehiuefois, cuire
, k'S lerres (jui eu dépoudaieut ; et niènic, dans cer-
c'esl aux terres qu'un paraît ra[)pli(]uer principale-
iiiciit. Ce nidl, dun emploi encore Li'ès tréquent à l'époque carn-
liiii;'ionue, a [)ris, dans les parlers vulgaires de noire [lays,
deux. Cormes Inen diU'érentes, qui participent du caractère de
cliacune des deux: lan^•ues romanes entre lesquelles la France se
parla-c.
962. Dans la langue d'oïl, mansus, réduit à niasus, par celle
cluile de ïn suivie d'iuie .s dont on connaît tant d'exemples —
/7e ^=insula; métier =: mi iii.steriuin ; nutisoii = mansioneni ;
mesure ^= niensura ; Diois. = mensis; époii.r ^=: sponsus —
est devenu inéa, écrit ]dus tard, et notaninient au xiv'' siècle,
inri.r dans les contrées du nord-est.
963. Vtans la langue d'oc, réduit de nièine, il est devenu mus,
mot encore, employé à Arles, dans le Languedoc, en Daupliiné,
en Fore/ et en Cerdai;-ne, au sens île u maison île campai;iic >),
de « tènement », de « ferme ». de u métairie », et dans une
acception quelque peu diil'erente dans plusieurs réj^ions du ]\Iidi.
Les noms de lieu l'ormés en tout ou en partie du mot méridional
mas ]ieuventdonc ne remonter parfois qu à une date peu éloii;née.
964. Il n'en est pas de même de son équivalent septentrional
mes qui, dès l'époque féodale, ne semble plus guère avoir été en
u.sag-e que dans les provinces françaises du nord-est ; de sorte
qu'il est lég-itime d'attribuer à une date antérieure à Fan mil la
plupart des noms de lieu ipii présentent ce nom, soit isolément,
l'onune Mée iMa_veune\ le Mée ^lùire-et-Loir, lUe-etA'ilaine,
Loiret, Manche, Seine-el-I\Iarne, Yoiuie), les Mées (Indi'e-et-
Loire, Loir-el-Clier, Sartlie, Scine-el-Oise, Vienne), soit condiiné
avec un nom propre de personne, sous les formes me. mci.r, me/z,
mi, cette dernière résultant d'une altération favorisée par l'éloi-
f^nement de la syllabe représentant le lias-latin mansus, par rap-
j>ort à l'accent tonic[ue. On se contentera de citer de ces diverses
formes quelipies exemples [iris au hasard :
Médavi (Orne') = ÎNL David; — Méguillaume (Orne) --
M. Willelnii; — Melanfroy (Seine-et-^L'a■ne) ^ M. Lande-
fridi ; — Mémillon (Eure-et-Loir) = M. Milonis;
■2'ii)
i.i:s .M)M.s 1)10 Lii:i'
Le Meix-Saint-Époing 'M;iniei ^ M. Sinuii Ili.s|)inii; - le
Meix-Thiercelin (Marne) = M. Tetselini ;
Metz-Robert ;Aubo) ^^ M. Holberti ;
Mifoucher (Kure-et-Loir) = M. l''o Icharii ; — Migaudry
Eure-et-Loir) =.. M. Wahlerici; — Mihardouin (Euie-i'l-Loir,
= M. Ilarduini ; — Mirougrain (Rure-et-Loir), en 13l)0 Mcso-
;/rnin.
965. Mansus rcpréscnlc le loriuc linal des noms de lien sui-
vanls, dans lesiiuels la prononeialion //n' est li-'ui-ee de façon |)Ius
ou moins l'antaisisle : Englebelmer ^Somine) -= In-elberti ni.;
— Yzengremer (Somme) :-- Ysengarii m. ; — Bertrameix
(Meurlhe-et-Moselie), Bertrametz (Nk'usc) = Herii'amni m.;
— Brunehamel (Aisne), lUunchaul incis en I2i;:i. J!runrli:ni(-
mcz en 1290, Brunchaunwz vn 13il) :^ Hrunehildis m.
966. Le mol mausio, emplové ilès r(!po(jue, im[)ériale au sens
spéeial d' « habitalion.» (pi a eon.servé le mot maison, a donné
naissance au mot bas-latin mansionile qui, à rorii;ine, ne
devait être qu'un adjectif dOsi--nant un terrain à bâtir, et (pii,
dès le i\"^ siècle, sinon plus tôt, a pris le sens de " maison ...
Mansionile est ordinairement en français ménil, souvent encore
écrit mesniL
967. Parfois, en Cham|)ag'ne, en Bourgogne et en Franche-
Comté, mansionile se présente sous la forme magny, qu'il faut
savoir distinguer du nom de lieu gallo-romain formé à l'aide du
suffixe -acus sur le gentilice Magnius. Hien entendu, la (pics-
lion ne se pose pas (juand nuujni/ est accompagné d'un nom ^
d'homme, comme dans Magny-Lambert (Cote-d'Or).
968. La formi' plurielle de mansionile est représentée par
Magneux (Marne, Haute-Marne), les Mesiieux (Marne).
(Jueli|ues autres noms comnums de lieux habltc's, employés
dans la toponomasti([ue dès l'èpocpu^ frampie, ne seront ici
(printli([ués.
969. Le mot latin castellum o lieu forlilié .., diminutif de
casLrum (cL n"- 496 et 497), apparaît dans les noms de lieu
sous les formes château, châtel, casteau, castel ; ces deux An-
nières sont conununes, d'une part, aux pays de langue d'oc, et.
d'autre [)art, :i la Picardie et aux pays wallons, où idles ont Uni
levenir, au moins dans la ])rononcial ion. cateau >'\ catel.
nai
OKIC.IMCS KlîAXQLES : Ma.XASTh.'HirM
2 il
970. MniKisterium, .. .sanctuaire .. est rcpivsL-iilc dans ]fs
I |..-.vs (le laii-ue d'oc par Monastier, Moneslier. Monêtier; plus
au nord par Moustier, Moustiers, Moutier, Moutiers, Mouthier,
Mouthiers. Motier, ([ui ont pour variantes Moustoir en l!rela-ne
•-'l les Moitiers dans le département de la Manche. — Dans les
[M vs de langue allemande nionasterium est ilevenu Mlinster.
971. Le mot capella. dési^mant un .sanctuaire chrétien d'iin-
porlance secondaire, ne fii,nire parmi les noms de lieu (|ue sous
.'-■s formes Chapelle et Capelle — cette dernière ai)parlenant k
!a Normandie, à la Picardie et aux pavs wallons, aussi hi.'u
(juaux pays de lan-ue (Toc — aux(|uelles il laui joindre hi
variante g-aseonne Gapère. dont Taire -eog-raphi(pie n"cst pas fort
l'teadue.
Les nonis ./p lieu.
LI
NOMS COMMUNS Dl- SITKS
Les nu)ls lalius ou hjts-laliiis étudiés ihuis U' [irécédi'iil clia-
[litro, el qui, tous, tlési^'ucnl des lieux li;d)ilés, ne sont [vis les
seuls donl la uoiuenclaLure i;éo^i'a|)hique de iioLre [Kiys pn'seide
la eoiiddnais(ui avec des délerminaLil's, la phiparl, du lemps
noms propres de personne de l'époque francpu' ou de 1 époque
féodale. Il convient de mentionner au même lilre un ecrlaiii
uiMîdu'e de noni'^ eonununs uulicpianl une (.■iietuistanee lop(.)j^ra-
plii(pu', l'assicde du lieu déncuunu''.
972. Mous, au sens d" « elévaliiui », de >> eoUine ■>. de « moii-
lai.;ne », est très fré([uent dans les luuns de lieu eonqiosés. (lù sa
l'oiMne vu'u-aire est ordinaii-einenl mont ; souvcnl noté innit,
sans /, dans les iK'partemi'nts fonné's de l'aneicnne [irovinee de
Guvcnne, vWv se l'éduit (pud(pud'ois à mo ou iiinu. l(U'S(pie le
second terme du nom eoin[iose eonunenee par une li([uitle : Moli-
tard (Kuri'-et-Loir) r^ M. Idelardi; — Moulicent (Orne) :^
M. Lelsendis; — Momorant (Orne) ^^ M. .Modc-ramni ; —
Monampleuil (Aisne) = M. N an toi al i : ici le délerininatif est
exeoptionnellement un nom de lieu (cl. n" 169j ; — Morambert
(Aid)e) ------ M. l!a-ne])erti ; — Morintru I Seine-et-Marne; =
M. I> a i; ne t ruil is.
973. ^'r\llis, « \-allée » revèl dans les noms de lieu romans de
l"'i'anee les l'ornu's rai — assourdie év(Miluellement en r,i -^ et
n:iu. I/ime (!t l'autre sont parfois précédées dans les noms locaux
du nu)ven âi^'C de l'article féminin — d'où Laval et Lavau —
parce ipie le français vu/ ou r;iti (dait (U'ii^'inairement l'éiiunin,
comnu; le latin \'a 11 is.
974. llivus, 'i ruisseau », se présente sous les formes rien,
rio. m, r-eii , ri, di\i-rsemenl notées.
Rieu (.\rièL;-e, (lard, llaute-( lariunu', Tarn, ^'aucluse). —
Rieumajou (lIaule-(iaronue. Hérault; -- 1!. majoi'cm; —
Milli.l.M.S l'HA.Ndl I.
lin i
2i:i
Rieupeyroux (Avevroii, C.ci-s), Riupeyrous Jiasscs-Pvn'urfsi
li. pL'trosus ; — Rieussec (Hi-i'iUilL) ~ II. siccus; — Rieutort
'[.(>/èift), Riotord ( llauLf- Loire) , le Riotord (\'auclu.se) =--=
l'i. Uni us; — Grandrieu (Lozère) r^ Graiulis r.
Rieux ( Ai'ii't;..'. llaule-Ciaroiine, AJanu', Moi-liilian. Sciiie-InlV'-
rii.'ure) ; — Rieux-Martiu i^ChaicnU'; 11. ^Lll•lilli : — Beau-
rieux (Aisiu', Nord) ^^ lîeUus r. ; — Grandrieux (^ Aisiu') =._
(î Tandis r.
Rioux (CliareiiU'-Inl'iM-ii'ure).
Rupt i!sL 1 oi'dinairt' et ahusivc graphie de la l'ornu' /•(;, 1res
r('[)andiu' tlans le luii'd-esl de la l'^raiiei'. — Le Boiirupt ^ oiuie, -=--
lîoiuis r. ; — Maurupt (Marne, Uaute-Mariie I — ^LlIus r. ; —
Grandru lAisne), Grandrupt (Vosi;es) =_- Grandis rivus; —
Parfondru (Aisne), Parfondrupt (Meuse, Haute-Saône), Parfouru
idalvados) = Profunilus r. ; — Rupereux (Si'ine-et-Mai-nei =^
1!. [lelrosus.
Buffignereux (Aisnel esL a|)[udé au ix'-' siècle Wnlfiniaci
rivus dans V llislitriu Cfclosiiic Jiciiicnsis de Fiodoard.
Ris ( l'uy-de-Dônie, llautes-Pyréuées) ; — Grandrif l'uy-de-
Dt'inieK Grand-Ris (Loire) = Grandis r. ; — Vignory .llaule-
Marne), au ix'' siècle Wanhionis rivus; — Rix (Xièvre).
975. Fous, « fonlaiiu' ■), donl (|neli[ues eoniimsès ont ('le vus
déjà in" 706), lii^'ure aujoui'd'liui dans les noms de lieu l'raneais
sous la forme /on/ ou fnml : Froidefond (Allier, Gher) ; — Sept-
fonds ( Tarn-el-Garonney, Sept-Foilds ( Yonne i ; — Ccffonds
(llauLe-Marne!. en 111 '( Si^'ii'ons; - Foildouce tGliaienle-
lidV-i'ieiu'e, iléi'aull'l ; — Foufrède (lîasses-Al[ies. Lol-el-
(iai'onneî. (.elle i-aeine e^l nioiiis t'ré(HU'nte (jue ses anale-iu's
l'oulaine en lam^ue d"oïl, foiltaue eu langue d'oe. rè]unulanl à
l'adjeelii' pris sulistanliwmenl (ef. n" 673'i l'on la n a.
976. Le mol latin ]ions. d'où le français pont, se présiuiLe
sous eetle forme vuli;'aire dans les noms de lieu de la France. ()n
a lui'ulionné plus liant plusieurs des vocables, formés au cours
du nu)yen àL;'e, dans les(puds il entre en conipositi(ui. L'exemple
de Pommeuse in" 703) el de Porrentruy [W 705'i — cette der-
nière localité s"ap])elle en allenuuul Pruutrut — atleste (pie,
[)ar une allération analogue à celle que sidiit vu [)areille [)osilion
2 I ï i.i> NOMS \i\: 1,11.1
la roiiiic viili^airi; de nions (n" 972), /)ii/t/ pciiL se réiluirc [\ jki
devant une liquide.
977. Le mol campus, c plaine i>, est ordinairement l'nil
reconnaissable dans les noms de lieu modernes, soit (ju'il lit;tiri'
sous la forme champ, qui a prévalu dans notre lanniie, soit (pi'il
conserve la forme cailip, usitée dans les dialeeles nuiin:iiul,
])icard et wallon et dans ceux de la langue d'oc. Cependaul \\
perd le son nasal, lors(jue le second terme des noms dnns
lesipu'ls il lig'ure connue élément imlial, commence par uih'
liqui<ie : Ghamartin (Isère = C. Martini; — Ghamorin
^Indre! = C. Maurini ; — Charaintru (Seine-et-Oise. —
c. Ilagne trudis.
978. Un ajierçu des noms de lieu dans lesquels entrent les
formes vulg-aiies du latin vadum, <( gué », a été donné déjà
(n" 732j ; on peut y ajouter ici Gajoubert (llaule-Viennei =-
V. Gauzberti; — Guéhébert (Manche); — le Guédéniau
(Maine-et-Loire) -^= Y . Danielis.
979. Pratiim, « pré », n'a dans la topononiaslique i'rançaise
que deux fornu^s vidgaires possibles : pré en langue d'oïl ; prat
— parfois pra en construction — en langue d'oc.
980. Le mol latin podium, ([ui avait, à l'épocpu^ romaine,
entre autres acceptions, celles de « petite butte >>. de ^ pelilc
éminenee », de <' tertre n, est bientôt devenu un véritable syni)-
nvme de mous. Ses formes vidgaires sont assez variées : la [ilus
répandue est puy, écrit parfois puits. par confusion avec l'équi-
valent de puteus, t[ui entre aussi dans qucdtpies noms de lieu;
viennent ensuite poux en Ptiitou et en Berry, les formes méri-
dionales puech, puch, pech. pé, pey, enlin pié, ([u'on trouve
entre Loire et Ciaronne, notannnent en Poitou, et i[u'une autre
confusion fait parfois écrire pied.
981. Exsartum, « défrichement » n'appartient ])as au latin
classique, mais dès le début du moyen âge, il parait dans les
lois barbares. La forme française de ce mot est essart, que les
dialectes picard et wallon n-iluisent à sart : il est employé
connue nom de lieu, tanl(M seid, tantôt en conqiosition ; el, dans
DiiMiiMis rii \.\ijn S : /•;.v.s\-\/;/7-.w 2%-)
Cl' ik'i'nici' cas. il esL parlnls iiu''coiinais.sal)U' ; Moi'tcerf (Sciiu'-cl-
Mai'iie) ('lait au xii*" sirclu Mnrcss/ui ; — Corbeil-Cerf (Oise) élaiL
jadis (lorlii'U cst^nrf ; et CressOUSacq lOise) esl, on le sail
iel. n" 285 , pour ('rrsfioncssiirf.
982. Le mol trorig'ine genuanitjue latinisé hoscus a sup-
[)lanté dans les lan<^ues romanes le classifjue nomus. Le nom
eonimun bois et ses variantes bos et bosc lit^urent, soit comme
terme initial, soit comme terme linal, dans lui foi't ^'•rand noni])re
de noms de lieu.
983. Hroilum, pour broialum, mot d'orii^ine ceUi([ue,
d('sii;ne, d;ins les textes méroving'iens, un bois clos, mie soile de
[)arc. Il esl devenu en français BreuiL foiine très répandue,
Breil dans les régions occidentales, et parfois Bréau ou le Bréau
Loiret, Xiévi'e, Seine-et-Marne, Seine-et-(_)ise, Yonne). —
Belgeard (Mayenne l était anciennement Ilrcil-/Jrijc;tnl =
IL Leutgardis.
Dans la b'rance méritlionale hroilum est représenté à de très
nombreux exemplaires par BrueL
l'iusieiu's autres non\s commims, la plupart d't)i-ig'ine latine,
pourraient être encore cités, comme ayant, à l\''po(pu' fraïupie et
il l'i'poipu' lVH)dale, par combinaison avec des noms [)ropres de
personne, contribué ii formel' des luniis de lieu ' . On croit pt>u-
\'oir les nég'lig'er, dans la ccn'tiludi; où l'on est de n'avoir omis
aucun de ceux tlont rem[)loi est le plus IVinpienl, et d'avoir ainsi
sullisamment pn'^paré le terrain pour étudier le rôle, dans la for-
inalion des noms de lieu, des noms de [)ersonne em|)i'unlt'S aux
nalions g-orinaiiii|ues.
I. Ou rencoiiIreiM ci-.'iiirés, |i,ir exeiii|ile les nuils ensa (u" 1058\ i-cclc-
sÎM fil" 993\ ;^r;inic:i n" 1126; — qui [JOii v.'iieiil li-oin'Cr |)laci' clans le
lu'écr'ilcnl cliapilre — cislerna (n" 1074), cullura (u" 994), l'dssa
in" 1026 , iusula u" 1108\ sallus (II" 1107K
LU
NOMS DE PElîSOXNE
984. Le meilleur répertoire d'onomasliiiue L;ennani(]ue esl le
^■|ll^lIne iii-'i", pulilié en I S.'iC) par F^rslemann, sous le lilri'
Altdcu/schcs Xiinirnlnich '.
985. Parmi les noms yermnniipu'S de personne ipii enlniil
clans la composition des noms de lieu, les noms do reniiiir
tiennent une place à la vérité resti'oinle, mais cpii vaut qu'en
s y arrête.
Les ])lus apparents sont à coup sûr ceux ([ui appartiennent ii
ime déclinaison impai'isyllalji(pie projire a l'epocpn' lran([ue : Ir
nominatil' est en -a, le i^'énitif vn -ane : Bei'ta, lîerlane;
ilexion dans lacpielle il l'aut Noii- une iniluence île la di'elmaisoii
i'ailjle des lanj^ues ycrmauiipu's pl'éscntant aux cas obliques une ;)
(pii n'existe pas au nominatif, dette Ilexion a passi' dans lu
lanL;ue \'uli;'aire, un même nom de i'emnie ayant son cas sujet el
son cas régime, lîfftc et licrtiiin ; elle a même été appliquée à
des noms propres et à des noms conununs empruntés au latin :
/!(,'<?, Evain ; — Marie, Mariain : — ante (;= amitai, an/iiiii ; —
nonne, nonnnin. .\insi s'expli([uent, soit dit en passant, les mots
t'Cfivnin et sucrisl.iiii, formés sur des nuds latins de la |)remi(Mv
déclinaiscui. Les eU'ets de cette déclinaison sont particulièreinenl
sensibles dans les noms de lieu, dans la composition (les(piels
les noms de personne ne peuvent entrer ([u'au i^énitil.
Ariane cor lis : Aincourt (Oise, Seine-et-Oise), Ayeucourt
(Si)mme). — A. vallis : Ainval (Somme). — A. villa : Ain-
velle (IIaute-Saê)ne, \'osges).
Amblane cortis : Amblaincourt (>b'use).
A /.a ne c. : AzillCOUrt (Xoril, Pas-de-Calais).
lîabane c. : BavillCOUrt (Pas-de-tdiilais).
I. Une nouvelle rililiou a éU'' domiée ;i Hoiiii eu r.KKl. — Il ronvicnl ilr
siLiiiali'i' ici l'un lies .1 |iin'inik'('s (Kniués |i:ir Aul;. 1.ou;^iiimi dans son l'ili-
lion .lu l'oh/ii/i'/iir irifniin<Mi ;ll. 2.'li-.H8-2\ sous ce tihc : Lfs ii"iii^ ilr jut- ,|:
siiiiiii- ;iii /fiiips lie I !/rii-h-ni:i;/lli\
i ••
OltllilNKS KltANHlIOS : M'MS I.K PKllSi .N N E 1 1 '
l!;,iaiM-c. : Bayencourt 'Oise, Snimno; Biencourt (Meuse.
" ' lie t la ne e. : Betlaincourt (Ilaule-Marne) ;Betaincourt (Eure-
(•i-I,<)ir\
Hnsane e. : Bouziiicourt ! Somme).
lîovaue e. : Bouvaincourt (SoinnieV. Bouvincourt (Xoi-a,
Semnie).
Farane c. : Farincourt (Haute -Ma me).
("raudiane c. : GoyenCOUrt (Somme).
Godanec. : Goincourt (( )ise).
r.on/.ane e. : Goussaincourt (Meuse . —G. v. : Goussain-
Ville iluue-el-Loir, Seiiie-et-Oise).
Si- rail a ne c. : SerainCOUrt (Ardonnes).
iJa^'ns les exemples suivants le nom de femme lienl la seconde
place :
Villa A (Il a ne : Viltain 'cf. n° 950..
Cor lis i; lança ne : GomblauchiL'u cf. n" 939
G r.ovane : Coui'bouvill (ef. n" 935 .
G. lîerlane : Coubertin (cf. n" 938Ù — V. H. : Villebertin
I Aubel.
V. Lupane : Villeloin {Indre-el-l.oire).
G. Waldradane, dans le Polvplicpie d'irminon : Courgau-
dray |(>rne .
986. Dans ce dernier nom la nasale <pii lermine le cas rc-ime
du nom féminin a tlisparu ; on coi>state le nuM^e phénomène dans
Bubertré (Orne), dont le second terme répond auj;emlif liiMlra-
dane, et dans les noms — portés par trois localités peu éloi-nées
,•„„,, ',1e p;mire — Villacoiiblay, Ville-d'Avray et Viro/hiij (Seine-
rl-Oise . .pii s'ecrnaienl au XIU" siècle V/V/c /A, •',/,/,■/,/ , Villr
l)jri\iin el Villnjlchi.
K 987. A viai dire, le second terme du nom de Virollay n est
[ pas un nom de lemme, la forme Offleni villa, (pi'on trouve en
I !G2, attestant qu'il s'a-it d'un nom masculin en -lenus. 1) une
manière générale, il i'aul se garder de considérer comme autant
de noms T'unnins tous les détermini.tifs en -nin compris dans les
noms de lieu en -vlUa ou en -court : on s'exposerait a plus d'une
méprise si l'on concluait en ce sens sans avoir exannué les formes
anciennes. Gelles-ci peuvent révéler qu'on est en présence de
noms en -lenus — comme celui qui entre dans la composition
:i'i.S
r.i;s isciMs di
(lu nom tle ^'i^()(la^' — ou tlo noms, é^aleiiu'ut ^■eriii;uH(|ues, en
-LMiiis ou -iuus ; Gitinrillr (luire-ot-Loir), au i\'' sii'clc (îau-
(li'iii villa; Vilh'hadin ((Irne^i =t^ \'. liadilcni, l)'aulre, pai1,
Mniidruinvilh' (Calvados), Tou/fruinoille (Seine-liilerieure) et
Trancruinville (Eure-el-Loir) étaient appelés au moyen-àj^e
Mniidrcvillc, Toiifreuille et Tancrevillc, ce qui suppose les
formes primitives Muudradi v., 'riiorfredi v. et Tancradi
V. : la nasalisation n'est intervenue t[u'au \vr' sieele ou au wu''.
Va\ dehors de ceux ([ue le latin de répocpio fran((ue déclinait en
-n, -ane, l'onornasliipie germanique latinisée comprenait divers
noms de femme caractérisés par des terminaisons telles (juo
-burgis, -gardis, -g-undis, -hag-dis, -liildis, -lindis, -sin-
dis, -trudis : les formes vulgaires de ces terminaisons, dans la
langue du moyen-Age, n'avaient aucunement l'e muet tinal que
de nos jours les noms de femme présentent presc|ue tous.
988. -burgis est devenu en français -huître, [)lus tard écrit
-hourrj. (Test le nom Kramburgis ([ui ligure dans l'appellation
aneit'nne d'ime voie parisienne, la rue Ennuhmvij de Jlric,
aujoiu'd'luii » rue lîoutebrie ». — \\'ithurgis est l'origine du
nom (luiljourfi, (|ui (igure en plus d'une chanson de geste du cvcl
de (liiarlemagne. — La forme vulgaire de II i Ideburgis appa-
laît tians Fontaine-Heudebourg (l^ure).
989. -ga r d i s a donné -ijurd , -/'"'d, -'jcard, ou sinq)lemcnt -nrd
quand le 7 se trouvait pré'cédé d'une voyelle :
^'illa Adalgardis : 'Villaugeard (luire-et-Loir).
Mo n s B e 1 i g a r d i s : Montbéliard ( Doubs ) , Montbliard ( Bel giquc,
Ilainaut). — Podium Beligardis : Puybelliard (\'endée).
N'allis Engelgardis : Vallangoujard (Seine-et-Oise).
F. Ermengardis : Fontaine-Émangard (Calvados').
r.r. Leutgardis : Belgeard (cf. n" 983). — Cf. le Clos-
Ligeard (Mayenne), et Lijardière (Charente-Inférieure).
Dans l'étude mentionnée plus haut (n" 811), M. Berrenot a
donné du nom de Montbéliard une étymologie qu'on ne saurait
admettre : Mons belivardae, « mont du clocher .1; l'agglomé-
ration à la([uelle Montbéliard doit son origine a>ait reçu son
nom bien avant qu'un clocher ne s'y élevât. Cette ville est
appelée! en allennuul Mbnpelgard.
onidiNKS l'iiANijiiKs : NdMs ni. l'intsoNM-; -!■'
990. -L;unclis esl devenu -i/nni : les nmus AUlfi/ondi', Frédc-
i/nmle soûl de lormatidii savante : Sainte-Aldegonde (Noi^l) s"esl
a[)[ieK'', tlurant lout le inoveu-àye Suinte-. [iiile(/(iii/ .
Bois-Ragon (Deux-Sèvres) présente la loinie vulgaire du nom
I { a d e i,'- u II d i s .
991. -hai;dis ou -haidis a produit -;iis, r('duil plus tai'd
à -ift.
Adalhag-dis ou Adalhaidis, eu langue vulgaire Alais ou
.Mis, se retrouve dans les noms de la Ferté-Alais (Seine-et-
OiseV du Bosc-Alix (l'AU'e'i, d'Écalles-Alix 'Seine-lnlerieure;.
de la Fontaine-Alix (.Visne), sans e(>mi)ter ceux de Pontalis,
Portalès, Portails et Pourtalès, (pu sont devenus noms de
famille.
992. La linale -hildis est moins reeonnaissalile f[u'aueune
autre dans les noms de lieu français, car, par suite de la vocalisa-
tion de 17 et la chute de la désinence atone -is, elle a produit
un monosyllabe noté de diverses façons : -hnul dans llni-
ncli.iiiL, de Hrunehildis, et .Mnhniil, de Mathildis ; -heiil
dans liiclieuf, de Richildis; -Iwiil, dans Sainle-MenchouUI,
de Sancta Alan eliildis ; et ce monosyllabe est plus d'une fois
altéré par des accidents de graphie cl de négligences de pronon-
ciali<m.
Mous .Mnhildis, dans le Polypti([ue d'irminon, désigne
Monhinot (Orne).
Uert hildis cortis : Brétencourt (Seinc-el-Oise), ancien-
nement llcrtlipurnurl , [mis Jlreflicucnnr/ .
('astrum lirii neh il d is : Bruniquel (Tarn-et-Ciaronne:. le
ternu> princi|Kd elani Icuubi' en désmdude. -- 15 ru neli il di s
mansus : Brunehamel (cf. n" 965 1.
Gisehildis cortis : Gizaucourt (Marne).
Gundiiildis c. : Conclécourt (cf. n" 130).
liichildis m. : Richaumont (xMsne).
V. Seniliildis : Villeseneux (Marne).
993. -linilis a donné -Icnf, -Uinl connue lingua Uiiu/ur.
Berelindis c. : Berlancourt (Aisne, Oise), Berlencourt (Pas-
de-Calais), Bellancourt ("Somme). — 1',. ecclesia : Bellenglise
(Aisne). — lioscus W. : Boisbellent .Manche).
2"i(l i,i.:s M IMS iji-; i.iu;!;
GuikI clin dis cortis : Goudelancourt (Aisne).
I n^-oiiiulis e. : Aingoulaincourt 11;uiU'-M;iiik').
994. -sindis est drveuu -sc/il.
Fredesindis cort is : Fresseucourt ^Visne).
Main sindis cul lu la : Metz-en- Couture ^Pas-de-Calais, jadis
Mrsspncoudire.
lUirg'us Ilerisiutlis : le Bourg-Hersent (Mayenne).
995. -Irudisa pour forme vul^aii'e -//v/.
(laniijus r.aij;net rudi s : Gharaintru (cl', n" 977. — Mous
H. : Morintru (el. n" 972 1. — Pons Pi. : Porrentruy (cf. n- 705
et 976).
()uanl au>: noms ^ermaniciues tlliomme, ils peuveni être
répartis en deux i^randes séries, dont la principale compr(nd ceux
de forme qu'on pourrait a[)p(dt'r solennelle, composés de deux
éléments, comme on le \o\[ dans la plupart des noms ro\aux de
la (.lynastie méroviny'ienne. .V ces noms correspondent, en
moindre nombre, des formes familières, dont l'ensemble consti-
tue l'autre série. C'est celle-ci c]u'on envisagera tout d'abord, 'a
théorie tic la formation des noms (jui la composent inésenlanl
quelque complication.
996. Les Allemands emploient Fri/z concurremment avec
Fricdririt ; Les .Vnglais disent linf) pour Ro/x'r/, I)irl: pour
/{ic/i.ird. Bill pour \\'illi,un. Trd pour liil/ranl, Xoll pour Oli-
ric;-. L usa_i;'e des noms lamilu'rs, très \i\ace enc(jrt?. on le \'oit,
che/, les nations i^ermaniqiu's, est constaté dès l'éjwique frainpie.
Le nom de Clilotlio, réduit ipudcjnefois à (^loio, n'est auli'e
chose que la forme familière, c liypoe(H'istique », d'un nom tel que
Chlodovicus, Ghlo dom ii'us, (^Jil odericus. Le troisième (ils
lU' (^diarles Martel et de Soan a cli i 1 d is, il'ordinaire ap[U'l(''
(îrifo, doit èli'r reconnu dans le comte de Paris (la i refredus,
([LU' nu'nlioinu' un acte de P(''pin le l'ref '. l)ans une charte ilu
IX'' siècle, on voit une femme nommée lîichoara sij^ner l)eca-'
(cf. Dick = Hichard ).
I. 1\. (le I,.isli"yrio, C^ti-liilairc iji'iicr.tl tle l'.ifia. I, 27.
:.•. A. r.rii.'l, /,',•,■;;,•// '1rs rli .irir-: ,!,■ r.il,l,.i;/" 'IrClun,/, I II, :;SG-r,S7, ji^^.'ilO.
ORIC.INKS KHANOUKS : NOMS DK IM:itS( INNK
2ni
Lu loinuiLiun diui nom familier comjiorlail la siippi'ossioii
(lu second élément de la forme solennelle, le premier
étant, par compensation, allublé de lu désinence -o. A l'nn des
M'inis iM-idericus, Fredholdns, Fredmnndus, etc., était ainsi
substitué l"'rido en Fredo, cpie le lalm de 1 épocpie déelinait
iniparisyllabiquemcnt en -o, -onis.
Fur la suite, les noms ainsi formés ont reçu un suffixe ilimi-
nutif correspondant à l'allemand moderne -h-iii, et latinisé en
-lenus ou -linus ; Frido est devenu l''ridolinus.
997. Avant d'aborder Fexamen de ces deux catégories suc-
cessives de noms bypocoristiques, il |iaraît à propos de eonden-
sei', dans un t'x.omple lypi(|ue, l'exposé c[ui précède. On s'est
étt)nné ' devoir un éxècpu-de Faris, contemporain du roi liobei'l,
appi'lé indilléremment Adalberlus et Ascelinus. Or, il est
avéré qu'aux xi" et xri'' siècles, en Lombardie à tout le moins,
le niiin Adalbei'tus, [lar la suppression du dernier terme, la
ri'duelliin du premier, el l'in tnnhu'tion du son sifllanl, est tli'senu
.Vil/.ii : .Vseelinus s'L'N:pli(pie [lai' la combinaison d Ad/.o a\'ec
le suffixe -1 inus.
998. 11 est aisé de reconnaître les nonis bypocoristiques en
-o, -onis, dans les noms de lieu où ils oeeu|ienl la «lerniére
pince : Goncourson (Maine-et-Loire) ^^- Ct)rlis Oontionis; —
Courtabon cf. n" 933) ~= C. .Vbbonis ; — Gourbouzon (cf.
n" 935) = C. Bosonis ; — Gourvaudon (Calvados) ^-- C. Wal-
donis. Le maintien tlu son -on est favoilsé par ce fait (pie l'ac-
cent toni([ue est sur l'o du i^énitif -onis.
l'ai' contre, eel n n'a [dus, [iour ainsi Awc. i|u'uii (U'ini-aeeenl
(piaïul le nom d lunnine en -o, -onis est le [iremicr Icrnu' du nom
de lieu. Dix'erses altérations peinent alors si" produire, ainsi
qu'on en jugera par plusieurs des exemples cjui vont être éiiu-
mérés en rei;ard d'un clioix de ces noms d'bomme.
999. Abbo (cf. n" 815) : Aboncourt (Meurlbe-et-Moselle,
Haute-Saône), Abancourt (Nord, (^ise, Seine-lnférieuii') ; - Gour-
tabon (cf. n^' 933).
1000. A-lo : Ailloncourt (llaute-Saône).
t. I!. (lo I.Msloyrie, o/(. ,'(7., I, 11^2, n<Ao (i
2')2 I.KS NdMS \)\-. I.IIOI'
1001. Ainhlo pour Anuili) ou Annilo (cf. n" 832; : Ablan-
court (Marne).
1002. Ainho: Ambonville (Loirol, Il;nlle-^[a^^el
1003. Aasf), formé sur l'un tles nom.s iK'. la famille à
laquelle appartiennent AnsberLus el Ansegisus : Ansoil-
COUrt (Meurthe-et-Moselle), Ansonville (Eure-et-Loir, Loiret l,
Ensonville (Eure-et-Loir). — Le mèmie nom se retrouve daii.s
la Lande-en-Son ((^ise\ ([ui ilevrail s'éerire l;i Lundr-Aitsmi.
1004. .Vrno : Arnoncourt ( Ilaute-Mame), Arnancourt
(Ilaute-Marne).
1005. .Vtto : Attancourt ( Ilaute-Manu^j, Attencourt (Aisne.
Eure-et-Loir), Hattencourt Somnu").
1006. Austio : Outrancourt ( Vosj^-es).
1007. IJaddo, nom qui (b'sit^-ne dans (}réi,'-oire tle Tours un
émissaire de Frédégonde : Badonville Eure-et-Loir i, Badonvil-
1er lAIeurthe-el-Moselle), Badonvilliers (Meuse); — Vaubadon
(( lalvados).
1008. lialdo : Baudoncourt (Haute-Saône).
1009. Bego, nom porté au début du \\'' siècle par un comte
de Paris : Causse-Bégon ((f.arcL, Champbegon (Saône-et-Loire\.
1010. Helto : Bethoncourt (Doulis), Betoncourt (Haute.
Saône), BettOIlCOUrt (Haute-Marne, VoSL;-es) . BéthanCOUrt
(Aisne, Oise), BétheilCOUrt (Nord, Pas-do-Calais. Seine-Infé-
rieure, Somme), Béthouvilliers terr. de Relforti. Bethonval et
Béthonsart (Pas-de-Calais).
1011. Hodo ief. n<'834) : Boncourt (Aisne, Côte-d'Or, Eure,
l!]ure-et-Lt)ir, Meurthe-et-Moselle, Meuse, Oise), BailCOUft
(Pas-de-Calais).
1012. lîoso : .S,a'/(7-/»cv/(//-r/;-Bouzemont (Marne), Bouzoïi-
ville (Loii-et), Bossancourt (Auliei, Bouzancourt (Haule-Marne,
Somme). — Montbozon ( Haute-Saône i, Courbouzon (cf. n" 935).
1013. P)ovo : Bouvancourt (Marne .
1014. Oai;'o. ([ui peut ètix- la l'oiane livp(K'orisli(p.ie du nom de
Dai^obert : Dagonville (Meuse).
1015. Dodo : Doncourt (Haute-Marne, Meurthe-et-Moselle,
^^•nse), Dancourt (Ardennes^, Dampcourt (.\isne . — Llsle-eii-
Dodon (Cers) se traduit par Insula domini Dodonis.
1016. j'iudo. (|ui fui le nom dun due (r.\(piitaine contenqio-
raiu (le Chaides Muriel — e( (pi'ou a confondu à tort avec Oddn.
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uiiic.i.MOs i-i;.\Nni i;.s : .\(iMS ijK i'i:usu>\i
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d'uii /ùuli's — a doniu' ou IVant^-ais, an t'as siijol )'.v, cl an cas
i(''L;iinc )'(Jii — S;iin/-)'()ii (Seiiir-et-Oise) — ou /ùi/i : Bosc-Hyon
iSi'iuo- Inférieure), le Boshioil ( Enve) , Monthyon i?eine-el-
Marne).
ion. Faro, au iléhut du vii'^' siècle nom d'nn saint évè(iuc de
Meaux : Faronville (Loirol), Féronval (Aisne i.
1018. l'ranco : Franconville (Loiret, Meui'tlie-et-Moselle),
Franquemont (IIle-el-\'ilaine'). — Mais Friuicniicillc (Seiue-el-
Oise) = Francoi'um villa (cf. n" 536i.
1019. Ciisd : Gisancourt (luu-e , Gizancourt i^Oise,. — Mont-
(jeroil ;Si'nu'-el-( )ise 1, aïK'ienneinent Maiih/csun.
1020. (lodo, [lour un nom eumineneanL [)ai' (Itnl, eonune
Ciodherlus : GonCOUrt (Marne, 1 laule-Marue j, Gancourt i Seine-
Inférieure).
1021. (ionlio ; Goussancourl ;Aisne , Concourson cf.
n"998i.
1022. <'irimo, forme familière dun noni tel ([ue Grimoal-
dus ; Grénioménil A'os-i's), Grémontmesnil Seine-Inférieure;,
Grimomez (Nord), Grimonpont (Nord,, Grémonville (Seine-Infé-
rieure), Grimonville (('lier), Grimonviller iMeurthe-et-^klosellel,
le Grémonpré (Seine-Inférieure).
1023. llatto : Hattonchâtel (Meuse), Hattenconrt (Somme),
AtlailCOUrt pliante-Marne), Altencourt '.\isne, luu'e-et-I.oir),
Hattonville (Meuse), Hathonville ;Seine-el-<.)ise), Hattenville
(Seine-Inférieure). — Ménil-Haton (Orne).
1024. Iluymo : Heymonrupt (Meurtlie-el-Moselle), Henne-
mont (Meuse). — La ville du (Juesnoy iNord) était jadis appelée
lliijininn<[uefin<jii .
1025. llu-o : La Cliapelle-Huon (Sarthe , Valhuon l'as-
de-Calais) : Magiiy-Danigon (liante-Saône) - ?ilansionile
d o m n i IL
1026. Milo, l'un des plus anciennemenl connus parmi les
noms germanifpies : Millencourt (Somme) ; MiUonfosse (Nord) =
M. fossa ; Millemont (Seine-el-Oise). — Le Bois Miloil ^Aisne,
lùu'e, Oise), Champmillon ; Charente), Fontaiue-Milon (Maine-
et-Loire), la Ferté-Milon (.\isne).
1027. Modo : Monville (Seine-Inférieure), Montville i^Clia-
1-eule, Loii'et', Moiivilliers (Kure-el-Loin.
1028. l'iopkionis curtis est le nom donné par un texte de
\
k
2.j4
LKs .Noms di.; i.nai
tH»i à Plichancourt (Marne i : ou i-iu.rc ;i ([uoUc Imnu' solcii-
ncUo (1(> nom d'honuiie [)eul répondre riiypocorislKjiK' l'iojikio,
1029. Kiido : Rancourt (Meuse, Somme, Vosges i.
1030. Hocco : Rocquancourl C.alvados), Rocquencourt
(Seine-el-(_)ise).
1031. Waddo (cf. n- 785 el 838) Vadencourt (.\i.sm..
Somme), Gadaiicourt (Seine-o( Oi.se), Gadencourt (Kure). Vadon-
ville, Wadonville (Meuse).
1032. \Valdo : Vaudoncourt (Meuse, Vos^-es), Godoncoiirt
(Vosi^es), Vaudancourt (Marne, Oise).
1033. Walo : Ghampvallon (Yonne). Chapelle- Vallon (Aube).
1034. Warno ; VernailCOUrt (Marne).
1035. Wido : Guyancourt .Seine-et-Oise) , Guyencourt
(.Visne, Soiunie), WieilCOUrt (Somme), Guyoïivelle illaule-
Marnej, Yonval /Somme). - Bois-Guyon (lîlure-el-Loir), Ghamp-
guyon (Marne), le MesnilGuyon Seine-et-Oise', Monlguyon
tCharer)le-Inférieure). La Roche-Guyon ( Seine-eU( )ise), Lavau-
guyon (naulo-\'ienne). — Au moyen %e la ville de Laval
(Mayenne) était appelée /,/ Vnl (Jui/on ou lu Vnii Ciit/un, piu-ce
(pie ses seigneurs oui porté, pendant de nomlircuses générations,
le nom de (hiy.
1036. ()n voit (jue la finale -nn, (pie présenlenl réguliéremeat
les noms d'homme corrcspondanl à des hypocorisliciues en -o,
-onis, s'altère souvent en -,(// ou -en, dans les vocables topo-
gTaplii(pies oii ces noms (riiommes tiennent la prenuére |)lace :
Béthancourt, Béthencourt [W 1010-, etc. —D'autre pari. Bouze-
mont (n" 1012), Franquemont (n" 1018- i-t Millemont (n" 1026)
\)ourJ)nuzim-ninnl,FrHiirun-ii>iirtl cl .l///y/i-mo///,ollr<Mit l'exemple
d une altération plus mar(piée, pour raison d'euphonie, de même
tjue Hennemont (n" 1024) pour Ilctnon-moiit, oii 1//; du nuni
d'homme, trop voisine de celle de mnnt, est de\eiuie n.
1037. Dans les noms Bocasse i Seine-lnférieui-e), le Mesnil-
Eudes (Calvados), le Mesnil-Hue (Manche) et le Mesnil-Rogues
(Manche), qu'on pourrait traduire par Hoscus Adsonis, Man-
sionile Oddonis, M. llugouis et M. lioiicouis, le nom
d'homme se présente, non plus au cas régime en -on, mais au
cas sujet : évidemment il n'a été aj(Uité ipi'à une épo(pie tardive,
alors cpii' 1 usage de la déclinaison était al)andonne, c'esl-ii-diie
à partir de la première moitié du .kiv'' .siècle.
(iiii(;i.\i;s i'itAMji'i;s : noms m-; ri:itS(i.\Nr, L'.i;)
I.rs iKMMs livj)()Coi'isli([iu'.s en -IcMiusou -liiuis, (liiniiuilir.s
lies prôccik'iiLs, ont conli'ibué, eux aussi, à foi'nicr dos noms de
iil'U.
I 1038. Ahbolenus ou Abolenus, de Ahbo (n" 999) : Mon-
h taboulin (Indre), Montaulin i^Aubo!.
I 1039. Ambolonus, de Ambo (n" 1002) : Amblainville (Uisej,
Amblainvilliers ; Seine-ei-( )ise).
1040. Ascelinus (cf. n" 997) : le Bosc-Asselin (Eure, Seine-
hiferieure), Mesnil-Asselin iC'alvadiis .
1041. Babolenus, cU' IJabo iii"825i : Bavelincourt (Somme).
1042. Bobolenus, de lîobo ou Hovo (n" 1013; : Bouvelle-
mont î^Ai'deiinesl.
1043. Dodolenus, de Dodo (n"1015i : DolaillCOUrt ^\'osi:,es),
Doulaincourt (Ilaule-Marne). — Courtouliii (cT. n" 935).
1044. Gislenus, de Giso (n" 1019) : Villers-Guislain (Nord).
1045. IIu}>-olinus (cf. l'ilalien n;folinn), de llui^o (n" 1025):
le Bois-Hulin (lune, Seine-Inférieure ., la Chapelle-Heuliii
(Loire-Inférieuro), la Ghapelle-HuUiu (Maine-el-Loire), le Mont-
Hulin (Oise, Pas-de-Culais).
1046. Modolenus, de Modo (n" 1027) MoulainvJlle (Meuse) ;
— Cormolain (cf. a" 936).
1047. Offolenus : Viroflay (cf. n" 987).
1048. Roccolenus, de llocco (n" 1030) : Reclainville (lùu-e-
et-Loir) ; — Corquelin (cf. n" 936).
1049. Roseelinus : la Ghapelle-Rousselill (Maiue-el-Loire),
le Mesnil-Rousselin (Manche).
1050. Sigolenus : SelilîCOUrt fSomme), Selaincourt (Meurthe-
et-Moselle).
1051. Waddolenus, (K> \\addo ^n^' 1031) ; Vadelaiucourt
(Meuse), WadelinCOUrt (Ardennesi.
1052. Waadelinus : Vandelaiiiville et Vandeléville (Meurtlie-
et-Moselle).
1053. Wazelinus : Valaiiicourt (N'os^-es), Valainville (luu'e-
et-Loir).
i
^
Les noms d"liomme i;ermani(|ues de, forme solennelle sont
exlrèmenient nombreux, et lénuméralioii com[)lèle n'en saui'ait
trouver place ici; on se contentera de faire connaître les princi-
pales modiiications que leurs terminaisons ont subies dans les
^•M) l.i:S .M IMS iJl. IJI'U
iioins (le lieu, el :i ci'Iti' lia Ion suivra l'ordrL' alplial)(,''li(|iu: iK'
ces U'rniinaisdns lalinisées.
1054. La linale -aldus t)U -oldiis de 1 épo(|iie laiolini^ieiine
représente la terminaison niérovinyienne -oaldus, (|ii"on oljserve
dans Clilodoaldiis et Tlieobaldus. Elle devient ordinaii'e-
ment en français -<•((/(/, noté -aulil ou -aiiU dans qnelcjues [iro-
vini.<.'S, telles ([ue la Tiau'aine t't U; Poitou : dans eerlains pavs de
lani;iie d'oc -aldus devient -.// lef. ci-dessus n"48); dans les
réglons qui avoisinent le cours nio\en et inférieui- de la Seine,
et en Normandie, -oaldus a, par l'intermédiaire de -oldus.
donné -ouil ou -oull, comme dans le nom de saint ('Aoud
(== CIiU)doa Idus j. Cette l'orme vulyaire -o;///, -o//*/, aujoiu-d'iiui
conlinée presc[ue exclusivement en Normandie, alors cpiau
moven-âge on la rencontrait aussi dans le Parisis et avix environs
de Melun, peut être facilement confondue avec la Forme vidgaire
en -ou des noms orijji^inairement terminés en -ulfus (cf. ci-après,
n'"' 1143 à 1150), de sorte qu'en cas de doute, il est prudent de se
reporter aux formes latines des noms de lieu ([ui les |)rési'ntent.
Dans tous les pays de langue d'oïl les formes vulgaires des noms
diiomme en -oaldus se terminent par inic dentale, </ ou / ; mais
ceIK'-ci disparait toujours dans la forme moderne des noms de
lieu dont ces nonis d'homme constituent le premier éliMuent,
tandis qu'elle persiste dans ceux où ils tiennent la ilernièrL'
place.
1055. Ansoaldus : Ansauville ( Meurthe-et-Moselle!, Ansau-
villers (()ise). — La seigneurie du Plessis-feu-AussOUX (Seine-
et-Marne') appartenait, en 1170, ii un chevalier nonmié Ansould
du IMessis : le qualilicatif « l'eu » indique que le surnom tpi'a
conservé le Plessis est postérieur à la mmt de ce personnage.
1056. Beroaldus : Braucourt (llaute-Marnei, BrauviUiers
(Meuse).
1057. Fulcoaldus : La Rochefoucauld iChaiente) ; — Fou-
caucourt (Meuse, Somme 1.
1058. Gairoaldus, plus tard Geraldusou ("liraldus :1a
Ghaize-Giraud (N'emlée) = Casa (ieraldi; le Bois-Giroull
(Eure) ; — Gérauniont (.Vrdennesi, Giraumont i .\rdemies,
ÎSleurthe-et-Moselle, Oise), Gérauvilliers (Meusei.
1059. Grimoaldus : le Boulay-Grilliault flùue-et-Loir',
i_iKi(iiM':s b'ii ANijri;s : .noms ui; I'Imiso.nm: 2.) i
Cliainp-Grimaud ^l'uv-Jc-Diuiu'),' le Plessis-Grimoult ('.al\a-
(Insi; — Grimaucourt Meusi', Oise . Grimouville Maiiclic'.
1060. liaL^noaUlus : Chaiiiprenault (^l'iie-ilOri, Chàteau-
Regnault lAnlonnes , Château-Renaud (Sariur-ci-Lnii»,' , Châ-
teau-Renault (Iiidre-el-Loiri') ; — Rignaucourt Meuse;, Renau-
Val (MariU').
1061. Thooduldus : Thiaucourt'Mi-urilu'-cL-MosflIe!,Thiau-
inont ^Mi'use).
1062. La linale -liaidus — au .soii.s de m hardi » — jdu.s lard
-lidldvi.s. a .sulii di's NariatidU.s paralU'dos à celles de -aldus.
'Idieodcbahlus, i|u":iu trouve h r('iio([ue carolinj^-ieiiiie sous
la foinie 'routi)oldus : le Bois-Thibault (Onu-), Thiébauménil
Meuillie-et-Moselle), la Chapelle-Thiboust (Seine-et-Marne i,
Thibouville (Eure).
1063. Parlois, à rinlérieur des noms de lieu, -hau- est abu.si-
venienl noté -beau- : Ribeaucourt l'Meuse. Nord, Soniinoi.
Ribeauville Aisne, Ardemies, ()ise, Somme).
1064. -berlus, plus anciennement -berclitus, '< In'illant »,
devient -IjcrI , dont le / disparaît, (juaiul le nom d'homme dont
■ il l'ait partie est le prenuer terme d'un nont de lieu ; [larlois
nièn\e. dans ce cas, Y r s'assourdit, et -hrr- se réduit ;i -hc-.
1065. C'di a rilier t us, à répo([ne nu''rovini;ienne nom roval,
au i\'' siècle noté 1 1 e ri lie r lus, est sujet à des altérations
diverses, en raison <les deux /• ([u'il renl'erme, et de celle cpd
peut st- trouver dans le terme dont il est suivi : la dissinnhitinu
intervient nécessairt'nient : Herbécourt i Somme). Hébécourt
llùire, l'as-de-Clahus), Hébécrevon (Manche) = II. caprio, " le
ciievron, le pont de bois d'IIerljert » ; Héberville (Seine-Inl'é-
rieuinO. Hébertot (Calvados"! — dont le dernier ternu' est d'oià-
^■ine Scandinave — Herbeville > Seine-et-( )isc ) , Herbéviller
l^Meurlhe-et-Moselle), Herbémont (Meurthe-et-Moselle), Her-
beval (Pas-de-Calais I.
1066. (^huniherchtus, puis llum])ertus : HunibéCOUrt
(Haute-Marne), Humbépaire I Meurthe-et-Moselle ) ^-^-^ II.
petra'. — On se gardera 'le rattacher ii ce i4r(nii)e Uiimber-
I. (l'esl smiN loules ré--er\es (|iu' nous rr|ii'oiluisiiiis celle iiiler[)rél.ilion.
I.i:.'i (loms dr tien. I '
2:;8
1,1'js NiiMs lU'; 1,1 icu
camps (r'as-de-C'.;il;ùs), appolé. cii 1200. llciulchi-rr^intp (- -llil-
ilol>iM-Li c;\in[)us) ol lluinhcrviUc ivoir ci-apros n" 1073».
1067. Leutberlus : Libercourt (l'as-iK:-Galai.si, Libermont
(Oise), Libessart (Pas-do-Calaisi.
1068. lî i) t b e r t us, à ri'po([ue méi-o vin-iunne C li r o d o b f r l ii s :
Robermesnil (Calvados). Robermetz (Nord), Robersart iN<>i\l .
Roberval (Oise) ; — Robécourt ( Vos->;esl
1069. Si"-il)i>fLus, nom di> |)lusieiii-s rois de la dyiiasliu
mérovini^ienne : SebécOUrtMurei, Sebéville (Maialu'i.
1070. On sri-ail U-ulé de reeoiiaailie tlaiis Aiiljcnncxnil (Seiiie-
luIV-rieure) el Auhcru'dle (Calvados, Seiue-liderieiire) le nom
(rhommo .Vdalber tu.s ; oi\ au moyen âye, ces localités sonl
appelées ( Jshcrincsn'd et Oshcrritlc ; d'où Ton doit conclure (pie
le premier terme de leurs noms est Osbernus, noiu d'honuue
d'ori-'iiie non point fraucpu', nuus l)ien an-bi-saxcmne, et lornié
sur le nujL Os, équivalent tlu latin Deus.
1071. -bodus a donné -bue, puis -/veu. .V la lin di's noms de
lieu, cette l'orme vulgaire est souvent nolé-e -Lriif ou -hifiif : à
l'intérieur, elle s'altère parfois eu -/k'-, td, dans ce cas, l'examen
des formes anciennes est de l'igueur pour .[u'ou sache s'il s'a-il
d'un nom en -bertus ou en -bodus.
1072. Acbodus : Courtabœuf (cf. n" 933).
1073. Ha<^-inbodns : Humberville (Haute-Marne), semblerail
ù première vue, répondre à Humberti villa ; dans un pouillé
du diocèse de Toul ré.li-é en I i-02, celte paroisse est appelée
llaimliuevilla ; V r n'est pas étymolo-^ique.
1074. llerilMulus : Herbeuval (Ardennes), Herbeuville
(Meuse); Hébuterne Pas-de-Calais), ^- llerbodi cisterna.
1075. llildebodus : Heubécourt (Eure).
1076. liaLbodus : Corabœuf ^ef. n°937).
1077. llicbodus : Ribécourt (Oise), Ribemont (.Visne,
^j„„,^U'.^. — lUh'coiirt (Nord) ^rUicberli corlis.
1078. Si-ibodus : Gourcebœufs (Sarthe).
1079. Warbodus : Vaubecourt (Meuse).
1080. -fredus, apparenté à l'allemand moderne frir.ilc,
u paix », a donne -froi/, -fnni ou -/'n'/y, ([ui, à l'intérieur des
noms de lieu, peut s'allérer en -fni- ou -/'/-e-, parfois s'assourdir
•en -fie-.
(_)1U(;im:s i iiamu i;s : mi\is lu: n usonm "J.i;i
1081. Aiisl'iH'dus : Anfroipret iNurdi, Amfreville '^(/..-ilviKltis,
lùii'i', Manche, SiMiu'-Inrérieure).
1082. AutTredus : Affracourt iMeui-llio-el-Mn-cllci, jadis
nifn/ivmirl .
1083. lU-rfredus : Beffecourt ( -\isnel. en 12711 Hr/Jrrcdurl :
Beaufreniont (^"os-l■^^ jadis /ic/froimon/.
1084. (UiiuK'rri'diis : Confrecourt (Aisuci. en I2ii:'i dunfrr-
i-niirl ; CoilfraCOUrt (Ilaute-Saùne), que (juicherat supposai! a
tort ré[>(iiulre à Curtis Franeoruni ; Gonîreville Miiiielu-.
Seiiie-Inlérieure)
1085. LandefiiMlus : Lanfroicourt (Meurlhe-et-Mosellei :
Mélanfroy (Seine-el -Marne ) et sa ^ariallle le Mélanfray
(Mavenru>) =~-^ Mansus Laiulefredi.
1086. Matl'redus : Maffrécourt ^ Marne).
1087. Ilot Ire du s : Vaurefroy i Marne).
1088. -i;arius devient eu iVaneais -y/V/' ou -ijcr; ;i l'inlv-rieur
des noms de lieu V r peut disparaître, et IV' de\enlr luuel.
1089. Adaii^arius : Champauger (Seine-et-Marne'i, Auger-
ville (Loiret).
1090. .\ns^arius : Mésanger (Loire-Inférieure), Angerville
( (^ialvados, luire, Seine-lnierieure, Seine-et-Oise), Angervilliers
i^Seine-eL-()isol.
1091. Aui-arlus : Bois-Oger Mainc-el-Loire), le Mesnil-
Oger V.alvados), Ogéviller (N[i'ur(lie-el-MoS(dle).
1092. IJering-arius : Béreiigeville M'Aue), Bellengreville
(dalvados, Seine-Inl'i'rieure).
1093. liotiiarius : Bois - Roger Calvados), Boisroger
(Mauehe\ le Bois-Roger (Aisne), Champroger (Srine-el-Marne;,
Méroger ( l-'ure-et-Loir, Seine-el-Marnc'), Rogécourt i.Aisne),
Rogéville (Meuilhe-el-Moselle).
1094. Teut^-arius : Tichevllle (Oi-ne-, [H-éseidant, ouli-e l'c
nuiet, une altération du y.
1095. W'arengarius : VareiigeviUe ^Sciiie-lnrérietire .
1096. Dans le iKun Bellengreville, nieutioi.né plus iuuii
in" 1092). sans parler du chany-enuMit de li(piide ((ui se produit
entre la première svUahe et la seeonde, on ohserve dune par.t, la
persistance du cj dur — ce qui est le t'ait des dialectes utuinand,
picard et wallon — et d'autre [)arl l'interversion de Vr el du son
^l'd i.i:s MiMs m; i.iLi
voyelle qui la précède : ilouhle phénomène donl mi ;iuIit
exemple esl roiiini par Yzeiigremer i^cf. Il" 964), aii\ \iir ri
xiV siècles Ysonifuieriner.
1097. -i^isus, plus anciennement -^-aisiis — l(''moin le nom
lîadayaisus poiti' par un roi franc contemj)orain de IV'inpi'reur
Constantin — adonné en français -;/is. A l'intérieur des noms
de lieu Ts disparaît ; de plus 1/ pouvant faire place à un c nuict,
et le (/ subissant [)arfois une altération semblable à celle qu'on
a vin; dans Tif/ifriUc in" 1094 i, la l'orme vid^aire de -i^isus se
confond éventuellement avec celle de -yarius.
1098. Adalyisus : Augicourt (Haute-Saône).
1099. Ansegisus : Courtangis (cf. n"933); Angicouri ;Oise .
Angivillers (Oise'i.
1100. A'rti^isus : Montargis (Loiret).
1101. Autgisus : Auchecourt !^^arne;, ()y/(,-o/7 vers 122(1.
1102. Guiidei^isus : "Villegongis (Indre).
1103. Ratgisus ; Rachecourt (Haute-Marne), Richecourt
(Aisne), en 1278 llef/icuu/-/ , en I.'i.'H li'ujirourl.
1104. Uot^isus : Mérogis (Seine-et-Oise), Rogiville l'.Vr-
dennes).
1105. Teuti^isus : Tigecourt (Marne), au xu'^ siècle Tc/icort .
1106. Warcn-isus : 'Varangéville (Meurllie-et-Mo.seile).
1107. -liardus, représentant un vi(Uix mot i;ermani({ue cpii
subsiste dans l'allemand moderne //<-;/•/, x dur, ferme, solide,
fort », devient en français -ard, comme on le voit par des noms
d'homme bien connus, Hcz-nurd, liominl^ etc. ; le </ linal de cette
ftu'ine vuli^aire disparaît généralement dans l'intérieur des noms
de lieu : Bénarville (Seine-Inférieure) ^^ liernehardi villa;
Gérarcourt (Meurthe-et-Moselle;, Ménarmont (Vosges), Garsault
(Marne), anciennement (r'oar.va///-- (iunliardi saltus.
1108. Touli'fois ce (/ jieut laisser (|uel(jue trace, quand le lernie
<jui suit le nom d'homme commence [lar ime voyelle : Cohartille
(Aisne) = Gunhardi insula.
1109. D'autre [)art Y r de -hardus est sujet à disparaître;, jiar
dissimilation, ([uand l'une des syllal^es voisines renierme une
autre /• : Bénaniénil (Meurthe-el-MoselIe) .— Berneliai'di maii-
sionile; — Bemapré (Sonune) - H. pratum: — Bernaville
hiic.im:s i'ii \Nnri':
^(l' s m; imikso.nM': 2(11
Sdiniiu'l -— 1). villa ;■ — Grammout (r)elt;i(|uo, Flandre Drirn-
lalci : (jtM'olia i-di nions; — Grasville (StMne-lnlV'i'ieure) —
Ci. \illa ; — Gravai iSoine-Inléi-iourei ~-- Cl. vallis.
1110. -liarius est devenu en IVan^ais -hier ou -ier, toujoiu's
i'('ci)nnais.sal)le dans les noms de lieu ayant pour dernier élément
un n(ini d'hiunine ainsi terminé : Coriiantier (Mai'ne) :- Cor Lis
.N anl ha ri i ; Boisgarnier (l'Iure-el-Loir) -lui sens Warnliarii.
1111. L'/' de -ier se mainlienl parfois à linlérieui' dt's noms
de lieu : Vernierfoiitaine (Doul>s) -^ W . fontana ; — Vauthier-
mont (lerriL. de Uellort) = \\'aUh a lii nions; — Vattierville
^Seine-Inlerieure) \\'. villa. La j;ra[)liie de Regilière-Écluse
iSoninie') lîainharii exclusa, est inipiitai)le à la liaison.
1112. Mais souvent aussi relte /• dis|)arait, ainsi ([ue, sous
diverses iniluences, 1'/', de sorte que -ier- se réduit à -é- : Bréval
(Seine-et-Oise), Rerharii vallis dans le lV)lypti([ue d'Irniinon ;
— Regnévelle (Vos5,'es) = llainharii villa.
1113. hans d'autres cas -ici-- (le\ient. non plus -e'-, mais -/- :
Vatiinesnil (lùue) et Vathiméllil i Meurlhe-et-Musellei WaL-
I 11 a ri i ma n sio n i ! e.
1114. La l'orme vulgaire de la linale -ma n nus, (|ui reproduit
]";dlenian(l in;i/in. «' homme », est d'ordinaire notée -iiiniid \ on le
voit altérée en -incnl , [lar exemple dans Moudement (Marne),
jadis Molli Ilcudcmnnl , de Mous II ildenuinni .
1115. A l'intérieur des noms de lieu, la dentale, (pii n'a rien
(rétymoloi;i([ue, disparait : Armancourt (Oise, Somme) lleri-
manni ou llarlmanni corlis.
1116. La linale -marus, -meris ou -mii'us, ré|ionil à un \ieil
adjectil" <4'ermani(|ue (|ui sii;-nilie « illustri'. uohle » ; elle a [lour
formes vu]j.;'aires -//hv et -/y//r/' ; tle cette deiniere, mieux expli-
caiile par -meris (|ue par -marus, on a vu un exemple dans
Saint-Luniier (n" 909i; elle est d'ailleurs peu fréquente dans la
(npiuiomaslique. L /• linale (lis[)arait assez souvent, tant à la lin
que dans l'inlérieur ties noms île lieu.
lin. Adamarusi?): Amécourt (lùirej, Amerniont iMeurthe-
el-Moselle'!, Amerval (Nord).
^(il: i.i:s MOIS m, i.iKr
1118. AihiMiiarus : Moutieramey 'Aiihu"!, en IIS2 M<isiifr
. \rr:nnr .
1119. Al(U'inai-u.s : Pont-Audemer lùu'O'.
1120. Auiliiniarus : Courtomer lOnie).
1121. Autniarus : Oiiiécourt ((Msei.
1122. (lau/.iiinrus : Goniiécourt (Somme).
1123. IltM-imarus : Monthermé ( Ardeniu's) , la Chapelle-
Hermier ^ Vendée ;.
1124. Nortmarus : Noniécourt (Haule-Mame).
1125. Wulomaïus : Mout-Aimé iMarnei, en S77 Mous
117//;/,7/\ an \ni'' siècle Mnliiincr.
1126. La linale -mn^idns a pour foi-mc vulgaire -inoinl, qu'on
a pail'ois nolée -inniit. Le thème étymologique de Grangermont
(Lou'eli. ([ui semblerait à incimere \ne avoir pour si'cond ternir
le suhslanld' latin mous, et en ri-ahlé' ( i im n i e a lli'rimundi.
1127. A l'inlériour des noms de lieu -^/h^/h/- se réduit à -//c//)- :
Bermonville (Loirel) = liuM'imundl \illa; — Fromonville
(Seine-et-Marne), FrémonviUe (^Meurthe-et-Moselle — Lrol-
mumli villa ; — Gemionville I l']ure-et-Loir, Loiret, Meurt he-
el-Moselle, Meuse); — Hérimoncourt (Doubs) =^ Ilerimundi
cor lis ; — Hermonville (Marne) = Ilerimundi villa.
1128. Dans Autremencourt (Aisne), -mun- est devenu -iitcn- ;
si Ion ne disposait de textes anciens, le thème él\ nu)loL;ique
Ans t l'emuntli et)rtis ne saurait être déternnné sùrenuMit.
1129. La hnale-oenus, ou -oinus, représentant un nmt L;'cr-
nianifpie ayant K' sens d " .-uni ■. de\ient eu français -o?///( ou
-"in : Villiers-au-Bouin I Indre-cl-Loire pour Mlliers-Auhnnin -
X'illaris Alboini; — Montbertoin (Aisne) -- Mons lier-
toini : — le Mesnil-Foucoin i luire) =^ Man.sionile biilcoini ;
— Ménil-Gondouin (Orne) = Mausiouile Gundoini ; — Ville-
hardouin (.Vubei - Villa Ilardoini.
1130. .\ 1 intérieur des noms de lieu, cette ternunaison ]ieul
.sid)irdi's altération.s plus ou moins graves : jîaldoini mons est
devenu Baudimont (Pas-de-Calais); — llartloini cella est
aujourd'hui Hardoncelle ;Ardennes). — (_)n observe une aller.t-
tion comparable à celle que présente ce derniei' nom dans ceux
decpudqnes loealid's du bassin do la Loire — l' Aiilion iiir/'c , \'i-n-
■v;
OH1(;IM:s l'UANOlJKS
Di-; l'KK siiNM':
iltH'l. l<'i Ifurdonnirre (Loir-et-Ciher. Loire-IiilV-rioure, M;i\eniu',
S:iillu!), /,'( J.iiidonniri'c (\'eiukH') — foriiu''.s sur des noms
iriioinino dont les formes latines sont All)oiiius, Ilanloinus,
( in 1 (loi nus.
1131. La finale -radus dont cui a un exemjiii' hien i.'onnu dans
l'.iiiinul, a donné en fi'an(,'ais -rt'\ el Fi)iirfc est. dans la laiiLj'ue
il'od du n)oyen à^e, la l'orme \'ulgaiie de Fulradus. Les noms
il'homme en -radus ne pai'aissent pas avoir ('lé très fréquents
dans la Franee romane, car bien peu ont contribué à y former
(les noms de lieu. Mundradi villa et Tancradi villa sont
devenus au moyen àj^e Mnndrrvlllc el Tnnrrci'ille ; mais on a
vu (n" 987; (|u"au \vi'' siècle la syllabe cjui i-e[irésenle -radus a
été nasalisée, d'(ni les formes aehudies MoildrainviUe ((Calvados)
et Trancrainville (luu-e-el-Loir).
1132. Dans la I''ranclie-Comté seplenlrionale, où riniluence
i;ermanique s'est fait sentir fortement au début du moven àg-e,
(ui voit -radus d(^venir -m- : Corravillers Ilante-Sa('me) ^-
(lonradi v illare.
1133. La linale -ramnus, à rapprocher du mot chramnus
ou hranulus, (jui paraît avoir eu le sens de ■■ corLeau », est
devenue d'ordinaire en fi'ançais -/•.//(, cpraujourd'liui, sans é^aid
à l'étymoloi'-ie, on éci'it avec un d linal, cunuiie dans Ucrli-and :
Villers-Allerand (Mai-ne; - ^'illare Aledi'amni. Les noms de
lieu dont Hertramnus constitue le premier terme présentent
aussi le son /•;(// : Bertrambols (Meui'tiie-et-Moselle), Bertran-
COUrt (Sonune), Bertrandfosse (Oise) ; toutefois la nasale dis])a-
laît devant une //; : Bertramelx (cf. n" 965), Bertraménil
^\'os;.,''es"!.
1134. -riens, (pii se l'elrouve dans l'allemand rcicJi, « puis-
sanl 11, est une des (Inales les plus fr('<pu'nunenl usih'es dans
I oninnasti(pie rran(pie ; elle apparail à l'époque mérovin<^-ienne,
dans les noms royaux (".iiildericus, Tli eod ericiis, Chilpe-
ricns. Sa bu'ine française, -/■/', (praujourd'hui l'on note ^-énéi'a-
lement-/'//, subsiste loujoui's dans les noms Av lieu dont le second
élément est un nom d'homme en -ideus : mais (luand au con-
LIS .NOMS m: i.ii:i:
tralri' \v nom cl'liuniiiu' licnl la pix'iniiTO phicc, -/■/- se rinluit le
plus souvent à -/■(•-,-/■(■'-.
1135. Albei-icus [cï. n" 251 l : le Bois-Aubry (Indro-d-Lonr .
la Chapelle-Aubry (Maine-c-L-Loiic-, la Ville- Aubry (lllc-ri-
Vilaine .
1136. lîalderic'u.s : Baudrecourt i Ilauie-Marnc), Baudré-
raont (Meuse), Baudreville (Manche), Beaudreville (lùue-ei-Loii'.
Loiret, Seine-ot-()ise).
1137. J'jertrieus : Bertrichamp (Meurthe-el-Mosellei, Ber-
tricourt (Aisne",, Bétricourt (Pas-de-Calais:, Bertriniouliu
(\'os-es), Bertrimoutier i^Vo.s-es), Bertrimont (Seine-Inférieure).
Bertreville - Seine- Inl'éi-ieuie) ; Conipertrix (voir ci-dessus,
n" 939).
1138. Fredericus, dont les formes vulgaires étaient F/'cri ou
Fciri : Villeferry (Côte-d'Or). — Le sui-nom d.' I',u\ii/-lc-Iù-<'sil
(Allier) est une variante de lù-cri.
1139. Gundericus : Gondrecourt (^ Meurthe-et-Moselle,
Meuse). Gondreville (Loiret, Oise}. — Contrexéville (N'os-esi -^
(lunderieiaea \' i 1 la.
1140. L.'indericus (cf. n" 262), Landrichamp Ardeniies),
Landricourt (Aisne, Marne), Landrecourt i Meuse), Landré-
mont (Oise), Landremont (Meurllu-ei-Moselle . Landreville
(Ardennes, .\ul)e, Loiret, Seine-et-Marne).
1141. l'heodcricus (ef. n" 269) : Villethierry (Yonne), Thi-
riville (^^^sg•es). — [,e smnom de Château-Thierry Aisneirap-
pelle le souvenir, non pas tlu loi Thierry \\\ comme on l'a
souvent l'épélé, m.iis d'un personnai^e (pu vivait ;iu début du
X" siècle.
1142. ^^' alderieus ^r, Montgaudri 'Ornei, Vaudricourt ^ l'as-
de-t]alais, Sonune, Yonne), Vaudrecourtdlaute-Marne, Meurthe-
et-Moselle), "Vaudrimesnil i Manche,, "Vaudremont (Haute-
Marne), "Vaudrivillers (Marne). 1
1143. -ulfus, ([ui l'épimd ;i rallemand nuulerne ?rn//', i. loup »
esl devi'uu en ir.inviiis -mil : Uailulfus a donné Ihioiil. L'/ est
sujette à disparaître, sui'loul à l'intérieur des noms delieu ; luais
il arrive aussi que le t^roupe on est aecompag-né de consonnes
parasites. D'autre part certaines altérations, comme celle du son
on en o, ou même en un scui nasal, peuvent donner le change à
MI!1C,1.M;S l'IiAMjl'KS : NOMS tt\-. l'i;iiS(I.N .\ !■: 2U.)
«l'.ii, |)iiui' e'iiorclu'r 1 cl N'inolog'ic d'un VDcahlo, non consicUM'criiil
{|Ui' l;i loi'inr (K'Iui'llo.
1144. Arnuirus : AmanCOUrt ( Ilaulc-Mai'iiO;, au IX'' siècle
AiiiuH'i c'oriis ; — Arnuuville (lunt^-ei-Loii-), Chêne-Arnoult
A'onne). Château- Amoux ! l)asses-Al[ies), Coutarnoux Uf.
n" 938). Courtenot ;cl'. n- 933j, Gouternon (Côte-irOi). Celle
dernière localiU'; est appelée au xi'^ siècle Cort ar nuli'us ; raltéra-
liiiu en on. dimt on trouvera plus loin d'autres exemples,
s'observe aussi dans les noms Sainf-f^Kiinlmi (Loiret i, S;iifil-Mi/(jn
( l'u_v-de-I)ôme 1, Saint-Pardon (Gironde), SaiiitSanilon Marnej,
([iii i't''pon<li'nL respectivement à S. Gundulfus, S. Afedulfus,
S. l'arduH'us, S. Sindull'us. — ArnouviUe-lè.s-doncsse [Sc'iuv-
et-()ise) est appelé en l'iOo ]<]rmeno villa, ce ([ui suppose un
thème étyniolo^i(|ue l']rmenulli villa.
1145. lîei'ul lus : Montbron (^Charente).
l 1146. Hurnulfus : Bournonville ( l'as-de-Calalsi, eu lOSi
I?ur n ul villa.
1147. Ililduli'us : Monthodon (Indre-et-Loire).
1148. llacullus : Montracol (Ain).
1149. liadulfus ; Raucourt ( Ardennes, AL'urI he-et-Moselle,
Nord, Ilaule-Saone), Raumesilil (Calvados), Rouxmesnil (Seiiie-
Ini'érieure), Rauville (Manche), Rouville (lîure, Loiret, Manche.
Haute-Marne, Oise, Pas-de-Calais, Seine-lnl'érii'ure) ',Rouvillers
(Oise), le Bois-Rault iSomnie), Croix-Rault (Somme), Château-
roux (Il.iutes-Alpes. Indri', Oine, Sarthe, Vendée,. Châtel-
Raould (Marne).
1150. Tlieodull'us ; Thionville-vf//- Oy^/o/i (Seine-el-dise)
appelé dans le l*o!ypli(|ue d'Irniinon ret)duli'i villa. — Le
n(»m (U' la ville di' Thionrillc iMoselh'j a une aulri' orii^ine •
'l h eod o n i s villa.
I. Il cxislc ilaiis la comnuiiir ilc Mai'siif ; l'n\-(le-l)ùmc , un éi-ail éi^'aU
nu'iit luiimné IIduviIU'.
LUI
NOMS DK HIVII'UK
1151. Bien (|uo l'iUiule îles no. us (|ne porlenl les conrs il'eau
de la l''rance n'entre pas clans le plan île eel uuvray'e', il parail
utile lie soulig-ner ici les renseiifnenients qu'on en peut tirei-. au
sujet des diverses races ([ui ont successivement dominé sur Ifllcs
ou telles de nos pro^■incl's.
1152. « Les noms de cours d'eau et de montagnes, (|ui
remontent à lantiijuité, appartiennent pour la plupart à une
ou'plusieurs lanL;ues antériciues à la con(]uête celtK[ue. id sont
inexplii'ahles pour nous )i. ,\insi s'expiàme Henri d'.\rl)ois ilo
,Iul)ain\ille, dans la prélaci' de ses liccJicrchcs sur rnr'Kjinc de lu
})rnjiri(''li'' foncirrc cl des iionis de lieii.r linhi/rs on J'^rniice ; cl
cette fayon denvisayer la question est très préférable à celle ipii
avait cours chez nous depuis un demi-siècle, et ijui consistait à
considérer tous les noms de rivière comme celtiques, et à le.*?
expli({uer par des mois celliipies ou prétendus tels. Ainsi, l'on
rattachait à <loiir, mot qui, dans le hi'eton moderne, signifie
'< eau », les noms de rivière présentant aujourd'hui (pielc|UL' son
analogue : Adoiu\ Dordoijnp^ Diiranct'. Or, attribuer au langage
i
I. Df l'ail, iKiiis n':iv()us pas li-ouvé, duiis li's iicilcs d'aailiU'nrs (|iu< lunis
avons l'iU'S sous les \cnx, l'éi|ulval('iiL iln présciil rliapil ro. Colui-i'i l'^L li'
résumé d'une leçon l'aile au ('.ollène de l'ianee, le 19 mars ISOl, e'esl-i'i-
dire le jeudi (|ui, eel le année-là, |iiéeédail la Semaine sainte. A. l.on.tînoil
s'i'xpj'imail ainsi ; " .le |)ensais, immédialemenl a|irès l'élude des n(_nus de
lieu d'oriM'ine francique [lerniinée le jeudi préeédrnli, aborder devant \(.ius
l'examen des vocaliles n-édj^raiihiiiues ipii rappelleuL la colonisation Scan-
dinave ou normande, au x'' siècle, dans la t'iance du noi'd-ouesl. Mais j'ai
dû \' renoncer pour ne pas couper, [lar les \acances de Pâijnes, l'eliide de
cette inlc''r<'ssante pai'tie de la loponyniie riançaiso. (i'est pourquoi j'ai
décidi'' de consacrer cette leçon ii cpnd(|ues indications siu- les noms de
rivières de l'ranco, considéiécs ii peu près ex( lusivemi'nt au point de vue
de.s renseig-nomcnis cpie ces vocaliles peu\ent renfernu-r au sujet dc->
diverses races f[ui ont suci'essivenieul diuniué sur noire pays ou sur cpu'l-
ipi'mu^ de nos provinces ».
f f
J
J
onrGiNios MtA.MjiKs : n(»ms iik nivii;i;h; LMiT
<|i's Gaulois 1(> mol don/-, c'esl conunetlre iino iM-rour aussi i^i-os-
siiTe (juo celle ([ui consislerait i» voir un mol latin clans notre
nom commun eau : ilour est un mot nëo-cellique représentant le
^'aiilois (hihron (voir ci-dessus n" 105), ct)mme enu est un mot
iii'o-latin ropréseniont le latin aqua ; et les noms les plus
.ineiciHienienl connus de ces trois cours d'eau, 'ÀTîJpiç, Doro-
iitinia et Druentia n'ont rien de commun avec le prétendu
urauiois (Iniir-, encore moins avec le yaulois liien autlienli([ue
■ liihriiit .
1153. S'il est vrai que beaucoup des noms de cours d'eau
français sont antérieurs aux Celtes, il serait exagéré de n'ad-
mettre la celticité d'aucun d'eux. On a vu (n" 107) ({ue les noms
(lune demi-douzaine de cours d'eau de l'ancienne Seplinuinie
présentent connue dernier terme de leur l'orme orig-inelle le mot
dubroii : dans \'ernodubrum, le terme initial est également
un mot celtique, le nom gaulois do l'aune (cl", n" 175) ; et par
Argentdouble, il faut vraisemblaldement enleiuli'e « la rivière
lilaiiche ••.
1154. D'ailleurs, les noms primitifs des l'iviéres n'étaient jias
inunu;;bles. Sans tloute, les peuples nouveaux venus dans un
pays n'en « débaptisaient » pas systémalicpiement les cours
il'eau, mais il s'en faut (pi'ils aient toujours adopté les noms (jui
étaient en usage avant leur arrivée. On a vu dans ranti(piit(' un
inèmi' cours d'eau porter plusieurs n(jms. dont l'nn seulemeni a
fini par prévaloir. I,e Po. Patins, avait été désigné par le nom
ligure de lîodincus (cf. n" 25). On connaît :'( la .Saune trois
noms dill'éi'ents : le plus ancien est indicpié par le pseudo-Plu-
lar([uesous la forme 15p(-':j/,:; ; il fut remplacé par Arar <, qu'on
trouve dans (À'sar et dans plusieurs écrivains de l'tqxxpie
romaine; enlin le iu>m Sauconna parait \\o\\v la première fois
au IV" si('cle dans .Vnunien Marcelliii. qui le présente connue un
surnom de l'Ariir'-'; n'est-il pas viaisendilablc (|ue eliacnn de
ces noms fut imposé par un g^roupe ethnique particulier, et que le
nom Sauconna, le nn)ins connu d'abord, nuiis (pii a fait oublier
les deux autres, puis{pril subsiste encore luijourd'hui sous la
1. "Apap nora;j,iJ; ÈaT'. Tr,; IwAT'./r,; . . . . e/.a/.siTo oi rvj-.scov HGi'youÀf/:. l'Iii-
tarrlii <Jjirr;i, ('•■!. tX'ilirii'r i |s:'..'; , \', St.
i. \r;irim, (|ni'iu S.t ne dii ii ;i m :i |i pi' I I ;i ii I. lire. ,lrs his/. ilfs r ;,n;/i's.
-<iS i.i:s .NOMS m: i.ii:i;
li)riiu' Saône, esL irni-ii;iiie plus n'-ccnli', cL ciui', par cuiisi'ciuciil.
(111 Jdil V vdir un vncal)lt* gaulois dont U's colLisles aclurls, en
raison de 1 (Mal du la science, ne [)eu\cnL enct)re pi'élendre ddii-
ner luu' ex[)Ucalion rali()naelle ? Le nom Sauiara, ([ni (l(■•si^■llail,
au temps de (lésar, la Soilime — témoin l'ancien nom tl Amiens.
Samaraliriva (cl', ci-dessus n" 99) — a depuis céd(' la place ;i
Suniina ou Somena, oriyinc de l'appellation moderne, lamlis
<|ue plus au nord il est demeure le nom d'un aniuent de la
Meuse, la Sambre.
1155. On le voit, les noms de riYi(;'re sont moins immuaMes
([U on ne la [)r(.'t(.'ndu. Il est d'aillem-s moins ais(' de parler de
CCS noms ((ue des ntnns de lieuv habiles, rien n'idanl plus raie
([ue ceux-là dans les te.vtes. Les auteurs de l'anliquitc^ ne nous
donnent les noms cjne d'un tr(:'S petit nombre des cours d'eau de
la Ciaulc ; el la plupart îles mentions ([u"(jn leiu' doit Sont |;'r( u-
pées dans doux textes <[u'on [)cut ([ualilier de spéciaux : d'une
part le petit poème ([uAusone a consacre à la Moselle, el dans
le(piel sont nommés plusieiu's des aflluenls de celle rivii're ;
d autre pari, deux n ers du j>anéyyri(]ue de lempereur Maj(jrien, j
par Sidoine Apollinaire ', qui renferinenl une énuméralion de p
douze rivières de Gaule, destinée à prouverque le nouvel Aui.;usl(^ )
était connu dans toute cette im[iorlante réi;'ion de llunpire '
romain. (Juanl aux chartes du moven âge, ([ui l'enfei'ment tant ^
de noms propres île lieux habités et même de lieux dits, c'est i
jiar luu^ sorte d'exception ([u'on v trouve des noms de couis j
d'eau. -i
1156. D'ailleurs la nomenclature des coui's d'eau de notre pavs
ne se compose pas (pie de noms anlé-i'cltiques et i^-aulois ; on v
rtMK'ontre un certain nondire de \ocaliles latins ou romans, sans
conqjtcr les noms bretons de l'ancienne Armoriqiu'. les noms
j^ermaniques de bien des cours d'eau ap|)artenant au bassin du
lîhin, les noms basiiues du département îles lîasses-I'yrénées,
les noms Scandinaves de la Normandie, l'armi les noms atlri-
buables à 1 t'poipu' romame, on peut i-iter à eoiq) sur Alba, qui
dési<;-nait, non seulemenl lAube, allluenl bien connu de la .Seine,
mais aussi les diverses rivières appidées l'Aubette i (^('ile-d'l h-,
()ise, Seine-lnferieure) el l'Aubetin. aflluent du ( irand-Morin ;
1. C.irnilniiin V, v. •JlX--2ti.l i }f,,n . Crnii., Aiirl. .ui/li/iii^f!., \'III, -li-l).
iiiii(ii.M;s i'i(A.M,ii i:.s : .ncims m: iii\ii:iii. Ji).i
te iKim .\,ll)ii, L'\'st-ii-(lin' u la Iilanchc » csl dû, sinNanl les
«"-in'fc's, soil il la ccjulciir de ICaii même, so\[ à ('elle du fond
(|ii\dli' reeonvi'e. (^rosa, u la profonde j) , ([iialiliralioii bien jus-
lilice [xnir eerlauies rnières, dësii:,'ne an temps de Cliarlemag'ne,
tians l'Anonyme de Uavenne, la Creuse, aflliienl de la \ienne,
diinl le nom a été donné à l'un de nos déparlements.
(In pi'id eiler parmi les eoiirs d'eau dont rap[iellalion est
d'erin'ine latine ou simplement romane le Noireau — XiL;ra
.■i([ua dans les textes du moyeu àt^'e — ai'lluent de r()i'ne, eL la
Clairette, anciennenuMiL Clerc, Clara — sous-aflluent de la
Seine, dans l'arrondisscMiienl de Houen, et ceux qui. eu vertu
d'un usai;-e (pie l'on etmstate ehez U's populations tant i;ernui-
aiques ipu' nt'O-eel ti([ues et chez lui j^'raud nondu'e de nations
plus ou moins eivilisées. sont désii^nés par iK's noms d'aninuiux
(cf. ci-a|)res, n" 1164 : Lupa).
Les faits sur lescpuds on eulend insister iei ap|)artiennent à la
piriode envisagée dans les précédents chapitres. Il s a^it, d'une
[lart. de l'emploi (pu- les hommes de race g'ermanique firent des
noms de rivière pour cré'er les vocahles ap[)li(pu's à un cert;iin
lUJinhre de eireonsei'iptions administratives, et, d'autre part, tles
modillcations que ce nouvel élément ethnique vint appoi'ter à la
forme de di\'ors noms de cours d'eau.
1157. Tel peu|ile affectionne plus partieidièrt'nu'ul tel mode de
diMiominalion. Les Ivomains et les (îaulois, jiar exemple, s'ils ont
en hien des cas, emplo\('' un nom de rixière poiu' former le nom
d'un liiîu hahilé, lu^ paraissent pas a^■<)n• son^é à dénonuni'r une
contrée ii l'aide du nom de son principal cours d'eau. Or, un cer-
tain nombre île divisions de la (iaiile fi'an([ue st)nt désignées jiar
(U'S vocahles foi'nu''s sur des noms de rivière, et ce sont là des
dénominations qui, lors même qu'elles revêtent extéiàeurement
une foiane romane, j)ortenl la niar([ue earai'teristiipu> d une ori-
gine j;ermanique, car, dans l'I'lurope occidentale, c'est presque
exclusivement en Geinuuiie et en Gaule, dans le bassin du Hhin,
qu'on les rencontre. ( )n peut donc, a priori^ considérer conune
ayant été colonisée [lar des hommes de race t;ermauic[ue, toute
contrée dont le nom olliv'iel. à l'i-poque nu'rovin^ienne ou caro-
lingienne, était dérivé' d'un nom de ri\iere. Les noms de reL;ions,
de /l'if/i, ainsi formés sont de plusievu's espèces.
270
Mes .NOMS 1)1. 1,1 Kf
1158. L'un (le ces modes de l'ofinatioii — cl c'esl pcul rire
celui pour lequel on possède le.s exemples les plus luicieiis —
cousi.ste à joindre au nom de rivière un suffi.Ke -;nis, (|ui en i'iul
une sorte d'adjectif. C'est seulement dans les relions qui avoi-
sinent plus ou moins directement la Mer du Nord, entre l'em-
lunieluire de la Seine et le cours de la Meuse, que se renconlrml
les noms de régions ainsi formés. Une portion du pays de Caux.
démembré delà cité de Rouen, fut appelé pag-us Tellaus, en
lanj^'-ue vulyaire le Talou, du nom du fluvius Tellas, que por-
tait alors la Bélhune. Au nord de ce pays, dont le point le plus
septentrional était la ville d'Ku (Seine-Inférieure), se trouvait le
pai,-us Viminaus ou 'Vimeu, démembré de la cité d'Amiens.
et dont le vocable était enq)runté à un petit affluent de la
Bresle, la Vismes, Vimina. Plus au nord encore, l'une dos
subdivisions de l'ancienne cité de Cambrai était le pa-us
Ilainaus ou Hainaut. (|ui devait son nom à la llaisne, en latin
Ilaina, afiluent de droite de l'ivscaut. Ces li'ois noms de inên'ie
formation remontent sans iloute aux premiers temps de l'occupa-
tion, par des tribus germaines, des pays situés au nord de la
Seine ; et deux d'entre eux ligurent, sous les formes TELL.Vt) et
\IMINAO sur des triens de l'époque mérovingienne. Onpeulévi-
demment assigner la mémo date à un ([ualrième nom de région
franque, le pagus Masaus. démembré de la cité de Tongres, et
qui devait ce vocable à la Meuse, M osa en latin, Mias ou Mites
dans les divers dialectes germaniques.
1159. Un autre mode de formati )n, aboutissant à des vocables
germaniques, consistait à combiner le nom de rivière avec
1 écpiivaleut du latin pagus, le mot <j;iii, qu'on notait dans le
haut moyen àg-e, assez diversement. 70/re et chowe, par exemple.
Si 1 on voulait donner à ces vocables une apparence latine, on
remplaçait le nom commun yo/rc fiu vlnnre par le sullixe -en sis.
Celui-ci, dans les textes des .\ii" et xin'' siècles, a revêtu, selon
les rc'gions, les formes romanes -o/,s, -,(/,s- ou -('-.s. Qaekpiefois
aussi (jaii a ét(' substitué à la terminaison -aus, et c'est ainsi cpie
le pagus Masaus est appelé Miis.ujnu/ri et MDsiujnn dans cer-
tains documents au i\" siècle, (pie reproduisent XitluM-d ot
l'évêque Prudence de Troyes, C'est i)ar une substitution ana-
logue que l'allemand moderne appelle le Hainaut I/cnnerjau.
1160. .\ gaucbe du Rliin. c'est dans le bassin de la Moselle,
()iii('.iM';,s i-ii.\.N(ji;i;s ; .noms di: itixir: iti:;
271
.111 dans son voisinage, (lue l'on reiiconti'e des noms de [)a\ s l'or-
iiu's par la combinaison de noms de rivière avec le suflixe lalin
-eiisis ou avec le mol germanicfue (jau. Le plus oriental de ces
j)iivs est le pagus Nafinsis, Navinsis ou Nainsis, en alle-
inand Ynluif/otce qui doit son nom à la Nalie. affluent de yauclic
(lu Hliin. Entre Trêves et Metz, et h l'est de cette dernière ville.
(111 rencontie à l'i-poque carolingienne just[u'à six noms de /j<7(/t
ou (jointes formés de même que celui ilu |). Nainsis ou Nuha-
ijuioe : le p. Saroensis ou Surnchoire, (( pa\'s de la Sarre »,
aflUient de droite de la Moselle, ([ui (Hïiit appeU- Sara\'us à
répo((ue romaine, et les pagi Moslensis ou }[usal(/iiifc —
Nitensis ou Nilaf/awit — llosalensis ou linslo/u/uirc —
ISleseusis ou lllcsi/rhoii'e — Albensis ou Alhcclioii'i-, qui
(levaient leurs noms à la Moselle et à ([uatre afllucnls de la
Sarre : la Nietl, la llosselle, la Bliese et l'Albe.
4161. A la dilTérence de ces sept pnf/i, où l'élément gei'ina-
iii([ue n';! pas cessé d'être prépondérant, les suivants appar-
tii'iuicnt à des contrées où la langue ronume paraît avoir été tou-
jours dominante : le p. iVloriiensis, au diocèse de 'lOul. en
langue vulgaire l'Ornois, qui d()it son nom à la rivière de lîar-
le-l)uc, rOrnain, en latin Odorna ' ; • — le p. Dlesensis ou
Blaisois, entre les diocèses de Chàlons, de Troves, de Langres et
(le l'oul, arrosé par la rivière de Wassy, la lîlaise ; le p. Osca-
rensis ou Oscheret, situé au sud-est de Dijon, et dont le nom
procède de celui de l'Uuche, affluent de droite de la Saijne ; —
enfin le p. Orcensis ou Urcensis, l'Orxois, c jjays de
l'Ourccj )), au sud de Soissons. Ces deux derniers y;,if//' sont plus
éloignés ([ue l'Ornois et le Blaisois des pays où les hommes de
race teutoniipie ont dominé jiai' le nombre à lépotpie inérovin-
I. A. L(jnt;iiiHi iueiiliiiiiu:iil au[Kir;iviinl le . paL;us O r lU' n s i s vu llor-
iMMisis, dans la |iai'lic hoimI-csL du W'id himÙ^, doiil le iiniu, iiiciilidii mj |iai'
(les acU'sdc 72li cl de '.i.'i:), est (Miipiinilr à l'Orne, allhiiMil de gauche de la
M(iS(_dl(.' >' ; nous luins croNons autorisés ;i snppriinor ('(.'Ue indii'ali(jn, l'oi-
inul(''(' en I1S'.)I sur la foi du Dii-tiuiiniiiri- li)p()(jr;ij)liii/iir ili- la Meuse, car,
ainsi (|u'on l'a l'ail oliservec une di/aiue d'années pins tard [Mrlli-nsia, III,
Sl-8;i el Mrni. ilr ht Soi- . <lrx Lollrr^ ,!,• ll-ii-lf-Dlir, IV« série, I, p. uv
el ivi roxislence de l'acU; de OiîM est ii d(''nioiitrer, et la localité .(Uni t il est
(pieslion dans l'acle de 720 peut éti'e idenliliée avec un village ([ui n'est
^uoi'o éloij^né de TOrnain. île telle sorte que l'Ornensis ou Ilornensis
se confondrait avec l'Od o ni e n s i s.
i.i:s MiAis i)i'; i.ii.i
^ifiine ; mais le caraclèri' L;L'i'iiiaiii([uc du ikuii de !'( t^rliciTl
s e.\])li([ue' par le fail ([ue ceLt(> circonsci-lplinn lui lonni'c ciilie
Sl^li i>l S'il, d'un déinenibremenl du p. A l toa lio ru m. ddiil
roi'ii;im.', on le sait fvoii- ei-des.sus u" 526!. est due ;i des lioniiuo^
de rare l'ra.ii(|ue, appartenant à lu tiibu des Chattes.
1162. Les noms de /j;iy/ tlouL on vient de lire rénuniéiatioii
sont inconlestablenient d'oriyine [.germanique, alors même cpie
leur mode de formation est roman ; mais il est possible qu'on ait
formé sur le même ty[)e d'autres noms de région. L'amer
Jaronsis, en Lyonnais, dont le souvenir subsiste, sous la
foiine Jarez on Jarest, dans les surnoms d'une demi-douzaine
de comnuuies du département du llhone, paraît devoir son nom
au Gier, afiluent de i^auche du Pdiône ; et il faut, semble-t-'il,
reconnaître la trace du ministerium Garonense, en Toulou-
sain, dans le nom du Mas-Grenier (Tarn-et-Garonne), jadis Mua
(htrnrs.
1163. Un. auti'C ell'et de la colonisation d'une partie de la
Gaule par des populations IVancpies ou bouryuiynonnes est révélé
par 1 application à des noms de cours d'eau, présentant une ter-
minaison féminine, de la déclinaison imparisyllal)U[ue en -a,
-a ne, dont il a été (jueslion [)lns haut (n"- 985 et 986^ '. En ce
qui concerne plusieurs de ces vocables — mais non ceux des
rivières les plus importantes — la terminaison muette, corres-
ptpndant à Va du nominatif latin, lit place à une terminaison
accentuée nin ou -an selon les régions —qui, orii,''inairement,
caractérisait le cas rég-ime ; et l'adoption définitive de celte ter-
minaison eut pour conséquence, à l'éi^'-ard de ces noms, la substi-
tution du j^'enre mase-idin au féminin. ()n en peut jui;'er itar
1 exemple c[ue voici. L'allliU'ut de !"( )ise ([ui passe a BeauNais est
appelé, dans les Annales Berlinia/ii, sous la date de S"/l),
Thara : le nominatif a donné Thcre, ([u'on retrouve. dilVéreni-
ment noté, dans le nom de Montataire (Oise"!, Mon s ad Tha-
l'am; et c est ])ar un cas ol)li(|ue de la déclinaison t-n a. -a ne,
I. (;r. AiiLoine 'l'IiouKis, Les iiuins de ririrrrs ,■! ht iléclin:i:si)ii frniinuie
<r')ri(jiiii; ;jcrniani'[ii>;, d;ms lioninni.i, XXII (IS'.VV, 480-"ll).'! : niiicle rriiu-
[jrimé par l'autour en 18'.>7, sous le lilre : /.c.-i nuiiis île ru'ière en -ain, ihins
ses A'ss,-((.s de jihll'il<i;/ic frnnraise, p. 30-0(1.
iiitiiiiNKs |.-iiA.\nri:s : n(ims |)i: inviuii: 2~'\
ijuc s rxi)li(nu' K' nom Tllérain. t[ui ;i [iroviiUi ; ce nom, n'avaul
[iliis l'appurence féminine, est ilevenu nuisculin.
1164. Parmi les cours d'eau donl les noms ont été Irailés do
nii'ine. on [leut mentionner avec certitude les suivants ' :
i.'Anglin, allluent de la Garlempe, à rori^ine Ijliu/Ic. nom
(|in reproduit celui de la comnuine d'Aligles-SUr-Langlin
i'N'ieiine).
I/Aubetin. aflluent du (Jrand-Morin. ipù eoule dans les dépar-
tements de la Marne et de Seine-et-Marne : Alha au vn'' siècle,
All.eta en I:2i;i.
Le Breuchin, allluent de la Lanterne, qui passe à Breuches
' Haute-Saône \.
Le Cousin. aClluenl île la Cure (Yonne) : Cosa en 1 I iT.
Le Cusancin, allluent ilu i)oid>s. (jui passe à Cusaiice ( Douhs).
L"Hozain, ai'lluent de la Seine : Ausa en 7."li. La l'ornu'
nonnnative s'est conservée dans le nom de /,•( Chupi'lle-d'Oze
(AuLe).
L'Ingressin, allluent de la Mostdie : Ani^M-uxia en !)S2.
Le Jarnossin. allluent de la Loue, (pu passe à Jarnosse
(Loire;. .
Le Lalain ou l'Alain, allluent de la \'anne (^Aube, ^'onnei, (|ui
semble s'être ajipelée d'abord l;i Lcir, puisqu'tui a au xii'' siècle
la l'orme I^cje.
Le Loing, alUuent delà Seine l'Yonne, Loiret, Seine-et-NLirne),
au vu'' siècle Lu pa.
Le Mesvrin. ^L^i;■avera, allluent de l'Arroux, passant à
Mesvres (Saône-el- Loire).
Le Grand-Morin, allluent de la Marne ; le nominatif cK' son
nom latin, Muera, a dtuuu'' Mœurs (Mai-iu' ; \(iir ci-dessus
n" 730) et Pn/nincarc. aujourd'luii Ponimeuse (Seiue-et-Maine :
voir ci-dessus n" 703).
Le Petit-Morin. autre aflluent de la NLirne. li(muin_vme du
précéilent.
L'Ornain, Odoma, alllueut de la Saulx.
I. L'éniiniéi-ation (|u'oil \ ;i lii'c, et iiui se poursiiil sons le n" H64. esl
|ilu> IdiiLjue (]iie relie que ciuiiiii-eii.iil la leçiMi ilii l'.l mai-., IS'.lj. Wm- l'éta-
lijissdiis (l'ainès une mile (|iie liens avons IroiiNec jdinU' an le\le de cette
leçon, et i|n'Aiii;nsle I,on;^niMi a écrite an pins lot en IX'.li.
I.cs noms ilr lien . Is
I
274
Lies NOMS liK i.ii;r
I/Orvin. allUu-nL de l;i Si-ine (AuIk', Si'iiu'-ct-Marnc, , Alva
ou ll7;j.
L'Othain, allkienlde la (lliiers (Meuse) ; Otha dans un lexlc
de I2S;{.
Ia' Sagonin, allluenl de l'Aulxiis, ([ui passe ;i Sagonne (Cllieri.
Le Serein, allluenl de T^'onne, ancieniienienl Si'deiia, Sciic
eL Sonnin.
Le Sornain, allluenl de la Loire MUiôno, Saône-et-Loire, Loire'.
en 870 S<.na.
Le Ternin, allluenl de l'Airoux, dénonuiié Taréne ou Tarenne
dans son coiu's supérieur.
Le Thérain, nientionné ei-dessus ( n" 1163ï.
Le Valouzin ou la Valouze, allluenl de la Grosnc (Saùne-el-
Loire), au x" siècde A val osa.
On voit par plusieurs de ces exemples que la l'oi'me régulière
-o'ui a parfois été altérée en -//;. par eonl'usion avee une linale
bien connue ; cl Loi/nj a tMé substitué à Ijniain sous riniluenee
de l'adverbe représentant le lalin lon^e.
1165. Les noms de cours d'eau donl l'énuméralion précède
appartiennent, dans leur ensemble, à la [larlie septenlriouale île
la France ; plus au sud. d'une manière i,^énérale, la terminaison
des cas obliques est devenue -an.
lui I2().'{, on d(''si;;nail, aux cas obliques, l'Isère sovis la l'ornu'
Isrnin, et celle-ci subsiste dans l'expression, bien connue îles
géoi^-raplies — >. le Col d'Iseran » — ipii désigne le passai^e
réunissant les vallées de Maurienne et de Tarenlaise, en Savoie.
Le Conan, al'Iluent de la IJrévenne 'nhôae), était, k l'origine
Colna. en français Cosne : ce dernier nom désigne un autre
afiluent Ao la même rivière.
Le Drouvenant ou la Drouvenne, afiluent de l'Ain ^.lura).
Le Formans, afiluent de la Saône, l'ohiioda vers llSll, au
moyen âge Fornioan.
Le Séran, afiluent du Mhône (Ain) : un de ses aflluenls est
dénommé la Serre.
Le Soanan ou Souanan, afiluent de l'Azergues, en cS:;s
Soanna ; la forme nominative subsiste dans le nom d'une leea-
lité riveraine, Valsonne.
Le Trambouzan, afiluent de la Loire (Loire), voisin d'un autre
cours d'eau appelé la Trambouze.
(llUC.IM'iS l'KAMU'I'S
ni'". i(i\ii:ni:
1166. I)i'iiuc<)ii[) <r;iulic'S cours d'eau ont leurs mmis leruiiues
le luèiuo, el saus doute la plupart d'entre eux devraient [)rendre
ilaee à eôlé de ceux-là ; mais on ne possède ])as toujours les
.iiines latines ou les vieilles formes vulgaires ([ui attesteraient
'emploi, en ce i[ui les concerne, de la déclinais(m imparisvlla-
liipie féminine. Néanmoins, pour arriver ii déterminer, plusexac-
einenl ([u'on ne l'a pu faire iuscpi'iei, les limites de la colonisa-
ion •germanique en Gaule, il serait peut-être intéressant d'indi-
ipier sur une cai-te de France tous les noms de cours d'eau en
-.///(, -;/( ou -itn ; et l'on peut espérer (jue cela se fera (|uel(]ue
jour.
LIV
(»UIGJi\l<S SCANDINAVKS ' : GENKlIALlTJvS
1167. Les contrées inarilirnes de l;i (jaule semblent avoir joui
d nue (|niétude relative durant la période niérovin^-ienne <4 soiis
le réi;-ne des deux premiers princes car(dini;icns ; nuiis à partir ilii
rèyne de Louis le Lieux, et surtout après sa nu)rt, elles lurent
exposées aux déprédations des pirates scandiiutves, des Nor-
m;uids ou c hommes du Nord )i, venus des mêmes réj^'ions, ou à
peu près, (pie jadis les pirates saxons, et ([ui, renu)ntant le l'oui.s
des lleuves dans leuis banpu^s légères, ravagèrent même les pre-
vinces centi-ales de la Fi'ance. Dès le ix'^^ siècle, plusieurs des
c< rois de nu-r » cpii commandaient leui's escadres se lixèrent en
Angleterre et en Irlande, se taillant dans Lune ou l'autre de ces
îles de petits loyaumes. Ils ne réussirent pas aussi vite à s'im-
planter dans quelqu'une des riches contrées de la Gaule. Cepen-
dant, avant l'année 8;i(>, i)n trouve un chef nornumd, llarald,
conveiii à la toi chrétienne, et occupant, eu Frise, dans les pavs
qui avoisinent les bouches du llhin, ainsi que son frère lluric, des
liel's (ju'il doit à la libéralité de l'empereur Lothaire 1"' ; cet éta-
blissement normand subsistait encore après vingt-cinq années, cl
il est possible (pie certains des dynastcs féodaux cpii dominèrent
plus tard en Lrise aient appartenu au sang de Ilarakl et <le
Ruric.
Mais le plus fameux des établissements Scandinaves que revut
l'empire carolingien est sans contredit le duché de Normandie.
L'origine en est ilue au traité de Saint-Clair-sur-Lpte, (pii, en
!M 1, régularisa un état de choses existant depuis plusieurs années
déjà : Lmslallation du roi de mer Ilolloii et de ses compagnons
dans les ciuitré'cs arrosées par la basse Seine, lui outre du Talon,
!
}
1
i. (-".onsuller siii' colle (iiu'sli(ui le méinnirc de Cli. Jorel. pulilié (lo|uiis
lii luorld'A. I,(in-iu)n, sous ce lilro: l.cs iKuna de lieu iVor'Kjinc mm min^inf
ei l:t rolunisulion i/erinaniijin' cl si-;in(lin:irc en NuriiiH/nlie. l'iuis, r,l|:i,
>'>X |i. in-4".
lilOMiltAIJ I l.S
177
(lu |i;ivs (le r,au\, du Houmois cl de la partie du Vexin située à
(iiuilf de ri'"[)te, liollon ne re^ut dahoid, au sud de la Seine, (|ue
If i.ieuviii v[ 1 I',\ recin, c"est-à-diie les comtés dont Lisieux et
!'!vreux étaicnl les chefs-lieux. Le diocèse de Baveux et celui du
Mans, et conséquemment celui de Sées, situé entre deux, l'ufenl
n'di's au nouvel état, en 92'(, par le roi Haoul, (]ui y joignit
encore, en !I3;{, « la terre des IJretons située sur le littoral »,
c'est-à-dire les dioi'èses de C.outances et d'Avranehes. alors
r.it lâchés depuis soixanle-six ans à la 15ret;i^ne. A 1 exception du
Maine, dont l'occupation par les Norniands ne l'ut probahlenient
pas consommée, les pa\s cédés à liollon et à son lils et succes-
-eur, Guillaume Loii;.;iie-l''pi''e, constituèrent le Ljloi-ieux duché
léodal de Normandie.
.\ l'épocjue nuMue oii Ilollon pienait pied ihins la Norniamlie
acluelle, d'autres pirates scandina\es, dont le cliel a été
ap|)elé lia^e n oldus, s'étahlissaienl tlans les conti'ées Noisines de
l'enilKincliure de la Loire ; de là ils dotuinèrent un moment,
parait-il, sur la Hretaj^-ne entière, mais, en 9.l(i, ils en furent
chassés par les princes bretons revenus d'Augdetorre.
Les Xormands, ou du moins les compa^-nons de lîollon.
t'taient-ils ori;^inaires du DancMiuirk, coninu' rindi(|ue Diulon de
Sainl-(^)uentin, (|ui recueillit, vers l'an 1000. la tradition nt)r-
inande? Venaient-ils de la Norvège, ainsi (jue le prétendent les
s.iifHs islandaises, ilont la rédaction n'est pas antérieure au com-
uienccMuenl du xu"" siècle? La première o|)inu)n a été délendiu' de
nos jours par .Sleensli'u[), l'érudit le [dus au courant de l'histoire
(les |)reniiers siècles de la race scanihna\'e.
Si la question est cependant encore douteuse, il est du moins
cerlaiu cpu' l<>s hommes de race scaiulinave s'établirent en grand
U(unbre dans les pays cédés à Hollon par les rois ("Jiarles le
Simple et lîaoul. La Normandie, depuis lonylenq^s ex[)osée aux
rasages des pirates, élail alors presijue entièrement (h'sei-te, ''l au
dire de Oudon, liollon aurait divist» les lerres au cordeau poiu' les
dislribiu'r à ses litlèles ccunpagnons. Le grand nond)re de noms
do lieu Scandinaves qu cm peut rcdevei' en Norm;indie [)rouve que
la c(donisalion fut réalisée sur une grande échelle, sans atteindre
Icuilefois le départenuMil actuel de l'I^riu^ ; il parait attester aussi
(pie la langue d(>s C(unpai;-nons de liollon — la langue noroise —
ne s'iUeignil comph'Ienient (pi'apiH'S plusieurs g('n(''ral ions, et
27S
i.r;.s MiMs r>F, i,ii:r
([ue certains df sos mois passi-i'ciil mêinc pour un temps dans le
langag-e roman de la contrée, ainsi que l'indique l'enq^loi, comniL-
noms de lieu, de certaines expressions précédées de l'articlu li\
In. De plus, la limite atteinte par la colonisation scandinaM' en
Normandie, ain.si du moins qu'on en peut jui^er par l'élude dos
noms de lieu, ne diU'ère pas de celle en deçà de laquelle se nuuii-
festenl les principaux caractères du dialecte normand.
Les noms de lieu qui, en Normandie, portent témoignage de
la colonisation Scandinave sont de deux espèces : les uns son!
caractérisés par des terminaisons noroises ; les autres présentant
la C(unbinaison il'un nom jn-opre d'honune — d'oriyine Scandi-
nave — avec le mot roman ville, rappellent les noms de lieu en
-court des pavs colonisés à l'époque mérovingienne par des
hommes de race franque.
LV
NOMS A TFJÎMINAISOX NOP.OISR '
('.('S noms seronl ôliulios selon l'oi'ilio ;il|)li;il)(''[i(|iu' des niuls
nortiis (ini cnnsliliicnL ];i (Irsiticnco.
1168. Svnonvnie de l'alleniaml nioderno Ijinli , dn danois lj:rh
cl du suédois biivi;, ce mot a le sens de « ruisseau ■>. Il a trouvé
|)laci', [)our un temps du moins, dans le langag'e roman de la
Xormandle, comme l'attestent le nom de cours doau le Bec et
son diminutif le Becquet. (ahs vocables sont [)ai l'ois passés des
coiws d eau à certaines des localités riveraines. Deux d'entre
elles, ap[)artenanl au d(''|iartemeul de rp.ure, sont dislinijiu'M's,
tlepuis au moins huit sièeles, au moyen des surntuuN rap[ielaiil
des pari ieularili's de leur histoires : le BeC-fft'll'iiiln, où le bien-
heureux llellouin l'oiula une abbaye en lOHi, et le Bec-Th()m;is,
dont le château fut construit, d'après Le Prévost, par Thomas de
'r()urnc])U, (|ui vivait en I 181).
I. N'nus nvoiis iililisé |i(iiir ce (■li;i])ilie : I" le le\le des lec-uiis l':iiles |);\i'
A. 1,1)11-11(111 au ("ollé-e (le France li'S 0 el 10 avril IS'.M ; ^ !'■ les miles
a-^sc/ (l('\ elopiiécs, lanl('il coiii|ilélaiil ce texte, et tant("il le i(''siimaiit, (iii y
rciudyanl , ipii leiiril'^entent le jilan des eoiil'oi'eiices l'ait(_^s à D'icole (-li'S
Hautes l'.tiule-. les samedis 17 et :.' i décembre l<S'J2, 7, 11, L'I et -J8 jau\i<T
IS'.m ; cai, eu laiiuée scolaire IS'.I:^-) 8'J:!, à l'Iu-ole îles Hautes Études, au
lieu de ne s'iiccu|)er. C(nunie au|iaravaut el comme de|iiiis, de l(i|i()ur)iiias-
tii|uc L;('Mu''ralc i|n'uue feis par semaine, .\. l.(Uii;n(in mena (le IV(mt, le jeudi
TiHude des noms liL;nres, pauldis. remains, el le samedi celle des ■■ udins de
lieu d'orii^iiu- miroise en N(M'iiia ndic, comparés ii ceux de la Scaiidiiuoie et
des lies I5fitaniii(pies .- ; — 3" et Î-" des uoti's daudi leurs, dv dr^ix auditeurs
dillerents, i|ui snixirent les conféreuces de 1.oiil;uoii, l'un eu l'.lOI-l'.HeJ,
l'autre en r.Hlii- I OdCj. — 11 nous a étéainsi donné d'ciliservcr les retouches
(pie le maitre lit snliir à son enseii;iieuieul ; el l'on tromcra là-dessus
ipiehpii's iiulications au bas des prochaines pa;;cs ; ajoutons ici (|u"en IS'Jl
el eu |S'.)2- 1 S'.i:i, il eoniprenail parmi les mois noixiis étudiés, les l'xpres-
sioiis rij, /!iU)(l et ;n/cn. (jue depuis il prit li> parti de ra pporliu- aux Saxons
(voir ci-dessus ii"* 750-753).
2S0 i.i'.s NOMS hK i.M:r
1169. l'aniii li^s noms di; cours d e;iii iIoiiL -hec l'sl \c Irriiic
(iiial, il coavieul de citer : dans la Scinc-Inleritmic \v Bolbec, 'c
Robec — ce nom esl à rapprocher du nom de lieu d;inois Rode-
bœk — el le Saffimbec ; ilans le Calvados l'Orbec ; dans l:i
Manche le Bricquebec et le Trottebec, dont le nom rappelle, par
son premier terme, les noms de lieu suédois Trottaberg, Trotta-
torp et Trottorp '.
1170. Quant aux noms de lieu en -bec, ils sont assez nombreux
en Normandie : Annebecq iC) — Beaubec (S.-I.) : cf. Bjalle-
bâck (S.) —Bolbec (S.-l.i : d'. Bolbaek iD. ) — Bricquebec M.i
— Carbec (Iv) — Caudebec (^S.-I.) — Clarbec (C.) — Crabec
(M.); cf. Kragbœk iD.) — Drubec (M.) — Foulbec (K.) —
Houlbec l'K.); cl'. Holbœk (D.) — Mobecq (M.) — Orbec (G.);
et". 0rb8ek (D.) et Orbâck (S.) — Varenguebec (M.).
1171. l)ans plusieurs de ces noms, le premier terme esl un
adjectir.
lldiilbcc, l'orme siu- railieclif seamlinave hol, i< creux " est
ré(juivalent de l'nrfundrii < \n\v ci-dessus n" 974) el de ses
variantes.
Dans le nom du liobec l'élément initial peut être 1 adjectif /■(»/,
« rouj^e » : on voit parfois attribuer à un cours d'eau la couleur
du S(d sur le([uel il coide (cf. ci-dessus n" 1156 : Aiihc).
Si le premier lei-me du nom Fnul hcc esl à rapjjrocher tlu
suédois fui, " vdain », ce nom est synonvme <le Mnarupl
(Marne).
Clarl)PC signifie évidemment » le ruisseau limpide «, tout
comme liieuclnr (Ardèehej. Mais doil-on apparenter la première
partie du nom (Uarl)pc au suédois l,inj\ ou faul-il v voir un
adji^etif roman? Si cette dernière hypolhèse est plausiliK', nu
aurait un autre exemple de (.•omhiiiaison simihiire dans Drnhfc,
(( fort ruisseau ».
1172. Plus fréquemment -Ijcr est combiné avei' un luuu
d'homme : on a lieu de eonsiilérer comme tel le tcinie initial
(piaïul on le reli'iune, dans d'autres noms de lieu de Ntuniaiidit',
eomlnné a\'ec le mot roman riJIc : ;i cet éyard Bolhcc est à l'ap-
I. Aliri (le 110 p;is snrclinri^ci- li" lexle de ce c'l\n|iilri' cl du sniv:in(. ^^ll^,
;iVLiiis cru tlcvoir y désigner siuipleinoiil |):ir les inilialcs ilo Umiis ihuiis les
dé[)arleineiils l'oniiés par I;i NoiniMiidio, :iinsi que les pays scaiidiiinv (■■;■
Suède, Norvège el Danemiiri;.
iii!ir.iNi:s sr.ANiJi.NAN i':s : iii:i<i<ii
2S!
|iri)clu'r de lldllrrlllr .M., S.-l.) — Briajui'lii'c de /iric(ju('iullc
C, AI.) — Cnrhcc du Cnrvillc (C, S.-I.) — Cnihcr de Crusoille
!•'., M.. S.-l.l — \;ir('ii'/ucl)('c de \',in-iti/eiùlli' ('S.-l.), jadis
Wircii'iiicrilli' '.
1173. Le mol lunlh, « cabaiu;, ehaumièro », qu'on retrouve
ihiiis le danois bud, « iiîtraque, loj^e, liuulique >!, a coiiti'lhué à
former un nombre relativement élevé de noms du lieu en Xor-
niaiulie. Il devient en français du xi'^' siècle -hucil ou -hucf , ([u'on
lironoiiV'iil heii, id, celle foi'me fi-ancis(''e du mot norois subsiste
ciu'ore aujoiu'd hui, mais dénalui\''e jiar la imlalion fantaisiste
-In'iif et miMue -Ixriif, dont on LimuI maintenant à prononcer 1'/'
liiial et parasite. On a vu (n"'' 1071, 1072, 1076, 1078) pareille
transformation sid)ie pai- la finale, latinisée -bodus, d un grand
iiend)re de noms d homme des é|)0(jues mért>vingienne et caro-
linL;ienne.
1174. Le mol 1)11(1 h est l'origine du nom de BoOS (S.-l.'i,
itothus au XI'' siècle, puis y)oc,>i.
1175. Parmi les noms de lieu ([ui, en Normandie, présentent
la terminaison -hciif ou -bcruf. il y a lieu de citer- : Belbeuf
I. Uiiiis hi le(,-on du '.I iivril IS',11, ;i[)r('s a\iiir donné, snr les noins de lieu
en -/m'i- de> induMlions aiiMloj^nes à celles (|ue nous xeiiens (.le l'ésiiuier,
A. l.diii^iKiii s'(>\|irini;u( ainsi : ■. Le imil nnniis /»•;■//, .ui sens de > niiin-
la^nie n on de u roc » n'a i;ni''re éli'" rrli-xi- i|ni' dans des noms de lieu dil, et
je citerai Wimbergue Manclu-i; enc(n'c, le pins sonxcrd, In-r;/ esl-il
■isscHudi en /)!';•, luilé /)C/7. comme dans Cannebert .Cahados), le Mont-
Cabert et Godeberl iScinc-lid'éilenre . Il est [lossilile ([ue ce >eil Un anssi
«(u'iai relrouM' dans l.i linalc du innn Camembert ((Irnc , \'illai;e constrnit
-.iirnnc coUiiu' ipii domine nii at'lliu'nl de la ^'ie ; mais ce n'est la (|u'nne
l\\ |iiillièse, une siniple li v|i()thèsc, car la li'rndnaison /»■/■/ d'nn nom de
lien français représenti' le pins souvt'hl la liiiale, oi'i;; inairemeni Ac/'c/// dans
le laiifjaye des l'i'ancs, d un nom pi-opre d'Iionunc j^ermain ». D.ins son
cns('ii;neinent do Fl'^cole dc's Hautes tltndes, Il a reproduil ces énonciatioiis
iMi I IIOI-I ',.IO:J, mais non |)lns en lOO.'i-l'Iori ; d'ailleurs les réserves ipi'il avait
fornuilées an sujet iln nom de Lanicinhfrl étaient des plus l'(nnlces ; en
ciTct, dans son l\:ijij>iii-l ^nr roi-thiujrniiln' ilfn iin/iis dr rnnuiunirs ilii ih-p:ir-
Iriiiriil i/c l'Oriir, pulilii- en t l'Oii, Louis l)n\ al signale i |i. IX' (pi'au \ii'' siée le
Cftti^ localité es! ajipcir'e ( ' a m p ii s Maimbei-ti.
i. Nous reproduisons ici, à toutes lins utiles, C(d autre passai^c de la
2S2
i.ros .NOMS Dio i.ibr
fS.-I.i; cf. Bjalbo (S.) — Brébeuf (M.) — Coulibœuf ^G.l;
cf. Kolebo (S.), Kolbu (N.) — Cricquebœuf (G.) <■[ Crique-
beuf (!•:., S.-I.): cf. Kirkebo D.. X.i— Daubeuf (G.. ]':..S.-I.i:
cl. Dalby iD.i, ^\n\ a des lioinonvnu"^ en .\n-loU'iTe Linculn —
Elbeuf (S.-I.), aii.i^'iui.'m.Mii ]]'i'/lr/icii/': d. Vejlby 1).). Velebo
(S.), Welby (Lincoln) — Limbeuf !•'.., Lindebeuf S.-l.;;
cf. Lindby iS.) — Marbeuf (l-:., S.-I.) ; cf. Marebo S.i — Mar-
quebeuf ( 1'..) ; cf. Markebo (S. i, Markby S. d Lincoln — Pibeuf
S.-Lj — Quillebeuf (K.): cf. Kilbo (S.) — Ribeuf (S.-I.,;
cf. Ribby (S.), qui a un lK>ninnvnu' dans le Lancasliiic — Vibeuf
(S.-L, — Yquebeuf (S.-I. : cL Egebo. Egeby il).), Ekebo.
Ekeby (S.). — ( )n ri;nian|ui'ra (|u'à l'exceplion de Uréht'uf, de
C.ouUIxeuf et de ('.riccfiirhicuf, tous ces noms appartiennent a la
Ilaute-Xormandie.
1176. Le terme initial est, dans un ceitain nomhie de cas. un
nom commun il ordre lo]iOi;raplii{pu'. t hi jieut rapprocher : de
Dini/triif le daimi.s (/,■;/, ■< vallée •■ ; — de Linilrhcu f, et sans
doute aussi de l/nnhruf, le sui'dois liml, <• tilleul n : — de Mur-
bouf le mot iiuir, u étan^- » i>k << marais », étudié ci-a[irés
{\V'^ 1202 à 1204) : — de (JuUlchcuf. le danois l.ihlr ou le sué-
dois kiUla, " source » ; — A' )'quf/)('iif. le danois e^ ou le sui'tlols
f/,', » chêne •).
im. Il se peut que ('/•ic<ju('Jj(rii/' et driquc/jciif soient for-
més de façon analoj^-ue sur le mol norois ijui sii;nilie » éi^lise )>,
leroii du 'J iivril IS'JI : a .\v;ml cje vous énuniéi'er les noms île lieu uni-
niauils ilonl le seeoiid terme esl le nml norois Au'//(,... je ernis luléi-essnnl
lie NOUS sii;nalor, hors de Nerinitudie, deu\ nems de lieu minleiiies dent K'
seennd terme représente 1res ceilainenieni ce mol : e'esl d idioi-d l:i ville
de Paimbœuf, ii remlinnelun-e de hi l.nire, :iu dé|uu'lemenl de \:\ l..iire-
Inlerieure ; e'esl ensuite le \ill:i,i;e il'Estrébœuf, près de l'emljoiirliure de
la Siuniue, à une I ieia/ au sud de Sa inl-\'aler\ , au d ('par tente n I de la Siunn.e-
Le priunier de ces n(uns, P.ilinLuii/', est eerlainenient un veshj;i' de l'iu--
eupalion par les -Xormands du pays nanlais, dont ils reslèi-ent niailies di'
nos à '.riT en\iriiu ; el II est <'\l rèinenu'nl pridjaMe ipu' le iidm d' A's//-,''/.ic/i/
es! di'i ;i uiu' oeeupalion ((nuporaiie pai- les luuiiuies du Nord du pays siluf
à l'eiuliourliure de la Somme >i. \. I.iin^non lappruehait iV l-'.sli-i'lin'uf les
noms de lii-u Scandinaves jDsterby i l)anemark} et Osterbo Suède;; el en
cet endroit d(? son nianuserit nue note marginale, peut-èlif ajinilée après
eoup, nu-nlionnc Thubœuf Mayi'uaei. Il ;i i-é|)élé ces indications en KS'.l.i el
I'i0l-r.l02, mais non. parad-il, en l'.io:,- lUOli.
Miiir,i.M:s sr.AMiiNAVi:s : nriiii 2^3
!.irl;r en il.iiiois cl ki/rlui. en siuvlois ; loiilcfols on est .lulnrisi'
Imil :iussi l>icn, p;ii' l'cxisli-ncc du iKini drlcifiirri/lc ((]/i ii fi'c(ju-
!i;iilic ilaiis la jiremièrc pai'tie île ces V()Ciil)le.s un nom piopif
illiomine, (le même que dans les noms Bulhcuf ol lircbciif, ([ui
^ont à rapprocher, le premier de Bo/Ji(>cr[ de Bol/rrillr (cl. ei-di's-
sus n" 1172), le second de BrévUle (C, M.;.
BU
1178. Ce mot, qui se i'a[)proclie de binJli à la fois par la iornu'
et par le sens, avait l'acception de i< maison », de « domaine » :
il revêt aujourd'hui la l'orme ht/, (jui désigne en suédois un vil-
liij;x', en danois une ville. Il se présente dans les noms de lieu tle
Nornuindie sous les deux formes -hu el -J)ie qui répoiulent hieu
il révolulicui du nu)L Scandinave.
1179. La forme -hii a [jrévalu dans les noms Bourguébus ((- )
vers 107S Bor;/esljii, Carquebut (M.), Tournebu ';C., K. . (.le
dernier nom et sa variante Tournebut (M.) sii;nilient c maison
de l'épine », — u épine » s<' disant en danois /(//•// — et a pour
synonvnu\s Tornby (D.) et Thornby (Xorthampton).
1180. Par contre, c'est la forme -/>/<■ (jue présente Hambye ^M. i.
1181. L'é(|uivalence des deux terruinaismis -/)ii el -Lie résulte
<!e ce c[iU' Carijuohut est a[)pelé tlans un lexte du \in" siéch'
Kir/,e/>i : cette forme, ;i peine dill'érente îles li'ès nombreux
Kirkeby «le Danemaik et de Norvège, Kyrkby et Kyrkeby de
Suèile, attestent (pu- par C;ir<fiirliii/ il l'aut eiiiendre « la maison
de l'église ".
DAL
1182. C-e mot, commun aux dialectes Scandinaves el bas-alle-
mands, a\('c le sens tle ■■ \alK''e ». termine qm^hpies noms de heu
en Nornuuulie : Becdalle [E.), Bruquedalle iS.-l. , Croixdalle
(S.-l.), Dieppedalle ^S.-!.), Oudalle (S.-I.).
1183. Par le premier de ces noms et par son é([uivaleiit danois
Baekdal il faut entendre ^ la vallée du ruisseau >>.
1184. r^e premier terme de Ih-iit/uedidlc est [leut-étre appa-
renté à l'allemand hnich , h marécage ».
1185. />/'7//*'''/,(//(>, comparable ii Djupdal, Djupedal (S., X.i,
•2 S',
i.i:s Mi.Ms ni': i,ii:i-
Dybdal (1)., N.), a le sens de » vallée profonde » : c"est donc un
svnonvnie de Parfondrritl w\isne, (^ise, Oi'ne, S.-I.).
CAUD
1186. dard avait, dans la laiii^-ue nornise le sens d" <( enclos »
([u'on l'elrouve dans noire mol jiirdin ; il a pris dejuiis celui de
(( domaine », voisin de celui de " maison )^, que })résenlait le
i,''othique i/nrda, et que conservenl le danois gnard et le suédois
(jiird.
1187. Auppegard (S.-I.), appelé pai-fois au moyen ■À'j;^ Ap/dr-
(/;u-(l — cf. ^blegaard (1). , Apelgârden (S.i, et en l'".cossc
Applegarden (l)uml'ries) — a [lour |M-emier terme le nom du
|ioinmier, n pomme » se tlisanl en danois n'hlc et en suédois
■ïplc. — Il a pour variante Epégard iM.). tpii est appelé en I 181
Aii/ij)ri/;trd et en 1 I !•!) Al/ici/;ird .
'^
1188. Bigards (K.) — cf. Bygârden et Bygarde iS.) — peut-
être un é([uivalenL d'Aclières (v. ci-dessus n" 604), car dans son
premier terme on reconnaît le nom de labeille, en suédois /;/ '.
I. Onlro Aiipiwfj.-ird, Hpi'';/;ir(l cl l)i(/;ir(h, A. I.oiig-non induiiiail, <!:uis s.i
lci;on du '.t;i\ill I S'.) I , :ui r.oliéi;!' de l''r:iiK'c, c\ diins sii conférence ilii 7 |:iii-
\iei- I.S'.l.'ià l'Iù'oic des Iliuiles Kludcs, les noms J-'Isii/.iril cl Vinij:ii-I, i|n"il
iilli'iljne, le |)i'(Mnicr à la Seinr-Inrérienrt-, le sccnntl an (!al\ad(is, mais dont
jious no pouvons dr^nucr l'idenliricati(m [H'érisc, cl sur la sij;iiillfalioii dcs-
(piels il ne s"ex])rimi' i|n'avft- licancoii|) i\K- résci've. \'iiif/:irl . désii^nanl uw
lieu dililn I?essin, ponrr-ul rire ia|)i)ioclié dn dam)is ritii/!t;ii-il, « viL;Hulili' ■< :
[.. tUdislc. dans sc> Hliidrs sur h, ,;niil!li<>n ilr l;i rhis^r ;i,jrlr,>lc rt l'rl.i! ,!,■
r.-K/ririil/nrr m .\<inii:i/i(llc :ii: iinii/rn :li/i\ ^'e.sl rlcndn assr/ loni^ni'nu'nl
|i. UN à iTOsnrla cnUiirc de la vii^nc, it le dc|ia il imiumi I dn Calvados
i-omprcnd nn ccriain m)ndirc de liiralilés dénommées /./ \'ii/ni\ /es l'/i/zics,
/;; \'ii/iii'llf, les \'ii/Ni'l les . — (jnani .à Fi^iij.-ird , après l'avoii- comiiaré, en
l'.IOH, Il ]-'is/,ri:t/;i:ifil ' 1),1 noma l'k 1 t't il I-'islii/iinnl J'emhrokc , l.oni;non Ir
passail sons silriK'ccn I '.llll - I '.1112, el l'aniail iilacé dans rtlnrc rn I '.H):>- 1 '.Hlli ;
il .1 1 Inluiail à ce nom — sons ré'MTM'S, nous U' ré|)étons - le si'iis île
M pridicric il : lums croyons dcxciir signaler, ii ra|ipni <\i' celle opinion,
ipi une cliaric de la l'rinili'' i\u MonI, daU'c de Kl.'il), mentionne ii n ii m i'isi-
i; a rd u m in I) i e p p a.
si:a.M(1.\ w i-.s
ain;.\\\ I
2s:i
1189. I.c mot norois f/runn, » luiul, l'oiul, rcueil », csl pi'o-
hahlciiuMil r()ri;;-iiic du mot u grune ", ijui (K'si';ne oorlains
I rocliers des côtes nord-ouest du Cotentin : le Jl:iii<- des Grunes,
' (levant Carteret ; — la Grune, à Joljourg ; — la Grunette, i<
I''lamanville; les Grunes, de Bretteville, etc.
1190. (>ti pourrait èlre tenté de reconnaître ce mol dans le
second élénuMil du nom tle Laiigrune i ("..), villnyï- de la cote en
l'ace duquel s'étend une lit;ne de rochers plats; mais la forme M n-
1 ^-lonia, (}u'oii rencontie en I 1G2, interdit à cet éi,^ard une allir-
I nialion absolue ; et il faut cheri'lier une autre oi-igine au nom
Lviii/riiniK-, i|ue porte une conununc du canton de tlavrav M.-,
située il 1 i! kilomètres «les côtes.
f IIOI.M
1191. Le mot hohn, qui termine tant de noms de lieu dans
les pavs Scandinaves, et notamnu-nt celui de la capitale du
rovaume île Suéde, désignait une ile. nmi pas seulenuuit une ilc
nuuitinu', connue le mot sa.Kon /'/ [\u\v ci-dessus n" 750, mais
! encore une ile située dans l'intérieur des terres, et même, s il
est permis de s'exprimer ainsi, une ile tle terre, c est-;i-dire, par
exemple, un mamelon isolé qui, en raison de la dépression des
(erres enviroiinanles, se trouve de temps à autre envu'ouné par
les eau\. Ou le rencontre, sous la ïonnc -liunuiu-, dans les noms
Engehomme [E.) et Robéhonime [C.\, (jui s"a[)pliquent, le [)rc.-
niier a une île de la Seine située en l'ace de Martol, le second —
l(;iitiihrrl/i'nn!iic au xm'' siècle - à un village construit sur un
mamelon doiuinant un vaste nuirécage. — Dans une charte de
|0;{(), le lexte ([ue voici : insulam super alveum Sequane
([uam dicunt nomine Torliulmum, alio ([uidem vocahulo
Oscellum, désigne sans doute l'ile d'Oissel (S.-I.j, mentionnée
au IX'' siècle comme une station très fréc|uenLée des pirates.
1192. il semble que le mot norois lioln) soit entré dans le
l. I.a \crv\\ (In '.I avril 1S'I| ne l'ail aucune allnsi(ni à <■(• nnil ; .V . I .(Mi-ikui
r(-'hnlia dans la .■(.nl'ércnce (in 7 jaiivic.' IS'.>:! : il lil de ni(-inc en I '.iH.'.- IIKU',,
alor^ inril l'avall di- n(iu \ can passé S(mi>. siliMicc en I '.H) I - I '.IOl>.
^cSC)
,l-:s ,M)MS lUO (.IKC
langaj^u roman des populations do la NorniandiL', car la nomen-
clature topoi^-rapliique de celle j)rovince présente les l'ormos \\[\-
gaires Houlinc et Ilonnne précédées de l'arliele. Le Houlllie
(^S.-I.) est voisin d'une île du ru de Caillv. (Uiant au nom le
Homme. 11 désigne plusieurs écarts dans les départements du
('ahados et de lluire ; et 1 ou eu l'eucontre des diminutifs : le
Hommel et le Hommet (M.).
1193. Ou se i;'ai-dera d"a[)pli(juei- la même élvmoloL;ie aux
noms de lieu lllninmc et F Iloninieau, rilou/iie et V Iluuineiiu,
(|ui existent en assez grand nombre dans plusieurs autres pro-
vinces de l'Ouest : Anjou, Maine, Touraine, Pt)itou, Sainton^'e,
Angoumois, et dans les({uels il faut voir une variante dialectale
des mots ortne et ormeau (cf. ci-dessus u" 645).
inrs I
1194. Le mot norois luis, » nuiiscui, demeure ■•, (|ni
n l'st <pi'une ^•ariantc de l'allenuind moderne /mus, lermiiie,
dans les pays du Nord, un certain nomjjre de noms de lieu, par
exemple celui de la ville dWar/tus (IX); c'est incontestablement
ce mot cpii constitue le dernier terme du nom Étainhus (S.-L),
jadis Efilaiiihus, cpii a pour écpiivalents Stenhus (1). i et Stenhuse
(S.) ; ces noms ont le sens de k maison de pierre ». Peut-être
<loit-(ni reconnailre la même désinence dans Cropus (S.-L) et
Gavrus (C.) : le premier de ces noms serait apparenté par so!i
terme initial — un nom d'honuiie sans doute — à Kmpps/.id,
Kroppelorp, Krojipfjlill, Kr(i/ipl,;!rr (S.).
A'/.//.'
1195. A7//", au sens de ■< rocher » cl', le danois /.lippe et le
siu''dois /dippa — est aussi entré dans la loponomastique Jior-
mande. Vn texte de 1221, (;|ue le Dic/ionnuire luji(j/fr;ijilii'/ue ilc
1 l'Aire rapporte à la (>ote-lUanche, près d'I'^vreux. mentionne
une rochaqui vocatur wi/e élire : on ri'conuaît dans le pre-
mier terme l'équivalent de notre adjectif u blanc j, /irid en
danois, /ii'i// en suédois, w/iiie en ant^lais, n^eiss en allemand.
Verclives (K.) est à rapprocher, pour son pi-emier terme, de
Vars/en [S.). i
1. I> iiinl n'a pas élé éliulié dans les coiilV-n'iiees di' I '.lO!'.- 1 VIOCi.
(lltir.INKS SC.AMJlNAVKS : i.uxuh 2S7
LUNDIS
1196. Le mol /»/)(//•, « bois, Imcni^o », a laissé de liés iiom-
liiciises traces tlans la topoiiomaslicjvie seandiiune : on l'y voit
t-mplcjVL' tantôt seul, comme dans le nom de la ville luiiversilaire
lie Ltiiid, tantôt en comi>osilion.
1197. On a [H-nsi'- le reeniinailre dans K' nom de lien /;/ Limile,
::sse/. iriHiiient en Normandie, où nne forêl, silnée an snd de
lumen, est appelée forêt ilr In l-mnlf. Mais ct'tle Inrèl tire sun
niini d'nne localité voisine et l'on duit, à riivpolhèse dont il
'. ;ij;il. objecter il une part le genre féminin attril)ué au mot londc,
■A d antre part la persistance du </, alors fjue dans les noms énii-
inérés ci-après, et dont l'origine uoroise est incontestable, ce d
s'est assourdi. Loinlc apparaît comme luie variante dialectale de'
iundc, tlont les Anglo-normands ont tait launde.
1198. Lundi- est évidemment le terme linal des noms sui-
vants : Beslon [SI.), Boslon (K.i, Boulon (C^.;, Bouquelon (I';.),
le Catelon (K.), CroUon (M.), Écaquelon (E.), Ellon (('..),
Scellon lE.'i, 'Yébleron (S.-l.), jadis YLlclun iS.-l.i, Yquelon
iM., S.-l.).
1199. Un bois voisin île lioslon, lianieau de (juittebeut [M.),
était appelée en I 1S9 nemus de Jiooltjn.
1200. Yi/iielon — cf. Egelund (D.i et Eklund ;S.) — a pour
Uiine initial le nom du ciiène (voir ci-dessus, n" 1176).
1201. I!nin/iic/n,t — cf. B0gelund (D.) et Bokelimd (S.) -
signdie « La hètraie ».
MAI!
1202. La tei-minaison -mare, à la(|uelle on peut attrilnier le
'■cns d' i< étang », de n mai'ais », comparable à celui de notre
mot H mare ", est 1res h'é'([uente dans la loponoiiia^tujue de la
Xiirinandie : Alvimare (S.-l.). Aumareil". ,Bellemare ! F.., S.-I),
Bocquemare (K.). Briquemare (S.-l.i, Brumare ^1-'.), Colmare
Iv), Croixmare (S.-L). Drumare (C. !, Étenneniare (S.-L),
Fine-Mare lE.), Fongueusemare (S.-L), Germare iV..), Hecto-
mare (E.), Homare (E.i, Honguemare d'I.), Inglemare [K., M."),
ingremare (Iv), Inlremare i\i.\ Landemare [C], Lignemare
^S.-L), Limare (Ivi, Longuemare E., S.-L), Melamare (S.-L),
:2S.S
.NOMS m-: i.ii:r
Normare (1*].), Rondemare \K.), Roumare (S.-I.), Sausseuzemarc
(S.-I.j, Vandrimare (E.), Ymare (S.-I.).
1203. Les noms J'cllcniurc, Fnni/iieu.scnui/'i', Lijii>iucm:tn\
Jidndcinarc, Saussciizc/iiii/'t', dans lesquels on voit -marc nrécH'ch'
d'un iuljeelir rcnnan, alteslcnl que le mot norois /;),//• avoil prwr-
tié, sous la lornu' d'ini substantif l'émiuin, dans le lançai;'!' l'oniaii
de la réj^ion.
1204. Le premier lernu' des noms lh-i(/iieniure. Colnutrc,
lilfiiiwmare, Xomuirc, liouinarc et )'in!irc, (|u"on retrouve dans
Briajucvillp{CK Cullcrillc yC, S.-I.), lùrnncrill,' ^l.], Xurvill,-
(S.-l.), Rotivillc [E., S.-l.), )'oille (S.-l.), est sans doute un nom
dliomme. • j
TIIOHI'
1205. Le mol norois //tnrj), c villaL;-e », variante de lallemainl
(l>ir'f, s'est ronianisé, témoin l'article c[u'on oliserve dans les noms
le Torp i>l.. S.-L), le Torpt (l^:.), le Tourp (M.;; mais il est
tombé de bonne heui'e en désuétude, car on ne le rencontre,
eniplové comme nom conunim, ilans aucun texte en langue vul-
gaire de Normandie. — Torps (C.), sans article, doit être rap-
proché des nombreux Torp de Danemark et de Suède.
1206. On ne peut citer (jue de rares exemples de /horp
employé connue ilernier terme d'un nom de lieu.
Gametours (M.) est peut-être à rapprocher de Kampetorp (S.) ;
le terme initial serait kiinip, « combat i>.
Clitourps (M.) — cf. Klippestorp (S.) — est certainement roriui'
sur le mot kli/, « rocher >., étudié plus haut (n" 1195). 4
Au territoire de (Uitoiir/is, l'écart dénommé le Prieuré, re[)ré-
sentaut une ancienne tlépendance de l'alibayc de Saint-Sauveur-
le-N icomte, fut désigné pendant tout h' moyen ài;e par un nom
dont la plus ancienne forme connue est Tonihlnrp ', à pcinu
dill'érente du nom de Torgestorp (S.). Ici le premier élémeid est
le n(uu d'homme Thoi-(fHs, (pii subsiste en Normandie, comme
nom lie lamillc, sous la forme Ttiri/is.
1207. Sonnue toute, le luoi Ihoi-p est rare d;u)s K'S noms do
I. \'olr, (iniis le aprciiiicn joint ;ui\ iaslriictiinis ilc l.i'>()|Miltl l)ellsl(', siii'
le l>ifti()iin:iira (/l'ui/i aplii'/in' île la l''raiici', l'ai'liclc l'iiiiaiu': il.i-),
(X. (^Ikiiiik's, l.r l](iinilr ilfs lr:iriiii.r hislorùjiu'n cl scii'iili/i</ucs, 111, l'.MI;.
OUK.l.MiS SCAMHNAVKS
2 S'.)
liiMi (lo la Normandie, mais celte rareté s'expliiiue lorsciu'on cons-
tate que les noms donnés [lar les compagnons de luillon aux
domaines c[uc ce prince leur concéda sont ordinairement termi-
nés parle nom commun ville qui, dans la langue de leur nouvelle
patrie, était le synonyme de ihorp : il y a en Normandie — sans
parler des écarts, également tort nombreux — plus de cinq cents
cdnununes dont les noms, terminés l'u -cille, paraissent remon-
Icr, sdii au X'' siècle, soit an commencc'menl du xi"". La parité de
renq)loi des deux termes //lorp et ville dans les noms de lieu
normands apparaît clairement, si de Ton/isforp on rap[)roche le
nom T<)r(jisvillc ([ui, au xiii'' siècle, désignait le village actuel de
Tourgéville (M. h
Tnvi:iT
?
i:
1208. Le mot norois /lireit désignait une pièce de terre, mais,
s(Mnble-t-il, une pièce de terre provenant d'un défrichement,
connue rindi([uent les mots /reil, Ived, lecf, (jui, dans les dia-
lectes norvégiens etsuéiUiis, désignent un ahatis d'arhres. Thveil .
qui avait, par consé(|uent, le sens du mot français essart — - s;irt
dans les pavs wallons — si fréquent lui-même dans la toponymie
(voir ci-dessus n" 981), a été fort employé soit seul, soit comme
second élément de composés, pour former des noms de lieu dans
les pays Scandinaves.
1209. l'-n Normandie, où il a revêtu la l'orme thuit ou /iiil, il
se rencontre presque exclusivement dans la région de la basse
Seine, c'cst-ii-dire dans les départements de l'Eure et de la Seine-
Inférieure : le Thuit, Thuit-Agron, Thiiit-Anger, Thnit-Hébert,
Thuit-Signol, Thuit-Simer [K.]; assez, loin de ces localités, à
Houlon (C), il y a un écart également dénommé le Thuit. La
présence de l'article atteste ciue, dans une partie au moins de la
Normandie, le mot est passé pour un temps dans le langage
usuel.
1210. On voit -fuit ou -ihiiil constituer le terme final d'un
certain nombre de noms de lieu — Bliquetuit, Brennetuit (S.-L),
Écriquetuit (K.)- Long-Thuit. le Milthuit, Vauthuit (S.-L) — le
premier terme étant le plus souvent, send,)lc-t-il, un nom
d'honnue. parfois lui adjectif roman.
/.c.s' uiuii.s lie lieu . ''-*
!'J0
Lios .\(jMs uK uu:
TOFT
1211. Lo mot loft esl un de ceux (|ui se présentent le plus
fféciueninient dans la topononuislirjue de la Nornumdie. lîicn ipic
ce nu)L ait, dans le danois moderne, le sens d(î u champ ■. s,i
signilication noroise paraît avoir été celle de notre vieux nml
« masure », désignant un emplacement jadis occupé par uni>
maison, ou, jilus exactement, u ce cpii leste de bâtiments tom-
bés en ruine » : c'est du moins ce qu'on peut conclure de l'expli-
cation donnée par Bioru Ilaldorsen, dans son Lexicon islandiro-
lnlin(j-(Linicuni : k 7'o/V, area domus vacua, parietina, en
loiiil » ; et loinf, en danois, signifie « emplacement à bâtir ><.
1212. Top, qui en Normandie se réduit à lot, fut employé
par les compagnons de Hollon pour désigner, soit seul, soit com-
biné ,ivec un autre éK'Mnent. eerl.-iines des habitations (pi'ils si'
construisirent lii où l'on voyait encore sur le sol des traces des
villages et des hameaux qu'avaient ruinés les incursions des
pirates. On comprend dès lors qu'il soit relativement plus fré([uoiit
dans la toponymie nôroise de la Normandie que dans celle de»
pays Scandinaves.
1213. Les noms de lieu de Normandie dans lesquels entre lo
mot lo/'l, aujourd'hui tôt, olVrent donc un sens analogue aux
noms de lieu français dont le vocable représente le latin maceria,
« muraille » : Mczières, Maizières, Mazùres, leurs dérivés Mezonii/,
Mnizcraij, Mazcret — qui, le plus souvent, s'appliquent .\ des loca-
lités édiliées au nioyen âge auprès de ruines antiques — et à leurs
équivalents bretons inogucr (cf. ci-après n" 1342) et mogucriou.
1214. De même que les formes vulgaires de plusieurs des
mots norois précédemment passés en revue (n""" 1167, 1193,
1206, 1210), toi est momentanément entré dans le langage cou-
rant de la Normandie, témoin l'article qu'on observe dans le Tôt
(M., S.-I.). On le trouve en composition dans une soixantaine
de noms de lien désignant plus de (piatre-vingts localités, et dont
quebpies-uns seidement seront indicpiés ici.
1215. Par Martot (E.), Marelol vers M C.O et en H!)7 —
cf. Maretoft (D.) — il faut entendre " la masure de l'étang »
ou « du marais ».
1216. Lilletot ' K.) fournit un exemple de condjinaison du nom
olillilNL'lS SCAMilNAVKS : TOI'T 291
coiiiimiu lofl avec un adjectif : il existe en Dnnemark sous la
forme Lilletoft, et sif^nilie (( petile masure ». Dans Fultot (S.-I.)
— cf. FuUetofta (S.) — le joremier terme peul Incn être l'adjec-
[\i fui, « laid, vilain », mentionné plus haut (n" 1171).
1217. On voit loft combiné avec un nom d'arbre dans :
Appetot (E.), en 12o8 Aplclol, » la masure du pommier ji (cf.
Il" 1187. : — Bouquetot (K.), << la masure du hèlre » (cf. n° 1201);
— Ecquetot (E.) — cf. Egetofl (1).), Ektomta (S.) — « la
masure du chêne » (cf. n"» 1177 et 1200) ; — Lintot (S.-I.), c. la
masure du tilleul » (cf. n° 1176); — Tournetot (E.), « la masure
.1.' rci)ine ,. (cf. n° 1179).
1218. b]nlin il est fréquent que le terme initial soit un nom
propre d'homme : nom d'origine Scandinave dans Colletot (E.),
Routot [Vj.], SassetOt (S.-I.), formés sur Kolli, Ifrolf et Sn.vi;
nom d'origine germanique dans Hébertot l(^.), Raimbertot
iS.-I.), Robertot (S.-I.), où l'on reconnaît lleriberctus,
Haginberctus, llotberctus.
VI K '
1219. C-e mot, qui subsiste en suédois et auquel le danois
donne la forme vi;/, désignait une anse, une baie, sinus brevior
et laxior, dit Hiôrn Ilaldorsen : il est, on le sait, la racine du
nom commun vi/dng, désignant ces hardis navigateurs qui. non
contents de courir les mers pour chercher fortune aux dépens
des nations chrétiennes, allaient s'établir dans des terres loin-
laines, comme llslande et même certaines parties du continent
américain.
1220. r/A- se retrouve, par exemple, dans le nom Sanvic (S.-I.),
porté pai- une comnume située au fond d'une crique voisine du
Havre, et (pii a pour écfuivalents Sandvik, très frétpient en Suède
et en Norvège, Sandvig en Danemark, Sandwich en i\.ngleterre :
le premiei- terme de ces noms est sanci, « sable ».
1221. On reconnaît également le mot u//r dans le nom de plu-
sieurs petites anses du Gotentin, et notamment dans celui de
Cap-Levy (M.), au xu'' siècle Kupclvic
1222. Ou ne saurait considérer comme épuisée, dans les pages
1. A. I.onynon ne s'esL pns occupé tic ce mol (Unis ses conférences ilc
1901-1002 cL (le iOOH-lOOO.
2Î)2 i-i:s M(Ms 1)1-: i.ii'a;
(jui précèdent, la liste des mots Scandinaves que présente l;i
nomenclature ^'■éographiquc de la Normandie : il en est certai-
nement cpii, pour l'instant, sont ii'-norés, et ([u'on signalera
quelque jour ; il en est d'autres qui ont été omis à dessein, suit
qu'ils n'existent (juc dans des noms simples, soit que, comnunis
aux anciennes langues germaniques et à la langue Scandinave,
ils n'attestent pas avec assez de certitude l'origine normande des
noms de lieu ([u'ils terminent. Par exemple, les noms de Cher-
bvuni, de Jnhounj et de Mnnlcbourij (M.), celui de Cnhoiin;
(C), sont-ils l)ien certainement Scandinaves, ou existaient-ils
avant la domination normande? Leur linale ne permet pas de se
prononcer, car elle peut provenir aussi bien du hiir;/ de la plu-
part des langues germaniques, au sens de u forteresse ;>, ([ue du
norois horç/ — « rempart de pierre » et, par extension, u forte-
resse » — terme final de noms de lieu, tant anciens que
modernes, dans les royaumes du Noi-il. Il convient toutefois de
noter l'analogie de Cnhnurij — en 1077 Cn(Jbur'/us et Callihur-
ijus — avec (hilhorg (D.) : le premier terme pourrait être l'ad-
jectif norois Av;//', « riant, gai ».
Deux autres mots, du nombre de ceux volontairement omis
pour la raison qui vient d'être indiquée, ont pourtant droit,
semide-t-il, d'être mentionnés ici ', en raison de la place qu'ils
ont prise dans le langage courant de la Normandie.
1223. llaïuj, ^< élévation, hauteur », se retrouve dans les
noms la Hogue (C, M.j, la Hougue (M.), les Hogues (G., E.,
M., S.-I.), les Hougues (M.). — La Hoguette (G.), les
Hogueltes (G., K.), sont des formes diminutives qui n'ont pu
appartenir ([u'au langage roman parlé par les descendants des
compagnons de PioUon.
1224. Ilafn, <• port », subsiste encore dans le mot Jiuvrc, (jui \
fut attribué connue nom propre, au xvi'^ siècle, à une ville mari-
time fondée pai' Franvois I"', le Havre de Grâce. Un certain
nondn-e de lieux, tle lieux tlits presque exclusivement, portent le
nom de Havre, nuus le vocable qu'on rencontre le plus souvent
est Ilahle, ainsi que son diminutif llablcl : le Hable de Dieppe,
de Veulettes (S.-I.), de Gricqueville (G.), le Hablet d'EciiUe-
ville (M.).
1. Il Wvu a |ias (Me i|u.'sli(m .lims K'> eiiniVMriicfs de l'.IO:;- I DOl',.
LVI
NOMS KN -VILLE
1225. Les noms de Heu en -oillc sont fort nombreux en Nor-'
in.uulie, où ils paraissent remonter, à queltjues exceptions près,
rtu x'" siècle. Le mot villa avait, on le sait, le sens de « villag-e >■,
ivoir ci-dessus n" 950), et ces noms s'appliquent aussi bien à
(li>s ('carls ([u"à des cliefs-lieux île communes. La [)ro|)ortion dans
l.upielU' les présente la nomenclature topoi;r,iplii(jue des (l('par-
h'inenls f[u"a l'ormés la Normandie procui-e d'utiles indications
sur l'étemlue de la colonisation Scandinave. Si l'on ne tient
compte (jue des noms de commmio, on voit que cette proportion
atteint presque le tiers, avec 'l'.V.] vocables, dans le déparlement
<le la Seine-Inférieure, qui comprend T.'i'.t communes ' ; elle
dépasse le sixième — 121 sur 700 — dans l'Eure ; elle est de
près d'un septième — 111 sui' 7(i7 — dans le Calvados, et de
près d'un ([uart — L')7 sur GG4 — dans la Manche; fjuant au
département de l'Orne, correspondant à une contrée qui ne ]iaraît
f^uère avoir re^n de colons scandina\H's, on n'\- compte que 10
noms de commvine terminés en -ville sur "Il \. c'est-à-dire moins
d'un cinquantième ; encore deux de ces noms, P^rancherille et
Neuville, ne peuvent-ils rentrer dans la série actuellement étu-
diée, ce f[ui réduit encore, dans ce département, le nombre et la
proportion des vocables communaux aux([uels on jiourrait être
tenté d'attribuer une orij,;'ine normande.
L'exemple du département de l'Orne prouve i)ien (jue la fré-
((uence et la terminaison -ville dans la toponomastique des (pialre
autres départements normands résulte de l'établissement des
« hommes du Nord >'. Bien (ju'on rencontre des noms en -ville
1. Ces c'iiill'res ol C(.'u\ inii suivent snut ceux ([u'énoni;;iit A. I.dULiiion
il;\ns S.1 le^on du :23 .ivrii IS'.lj, au (lollè^o de France. I-es créations et sup-
[iressions de coniniunes (|ui se smU produites depuis lors les ont plus ou
moins modifiés ; mais la statistiipu' éliaucliée ici demeure exacte dans son
enseniijie.
2!)i
i.i:s NOMS iiii Mi:c
dans les dill'érenles régions do la l''rance, ils ircxisteiil pas dans
la inônic proportion. Ainsi, le ilé{)arlcnicnL de la Somine. (pii
couline à celui de la Seine-Inférieure, ne comprend que 'M iioins
de commune en -ville sur 832, c'est-à-dire à peine plus d'un
vingt-cinquième : contraste bien apparent avec le départenienl
voisin, où la proportion des noms en -ville est, on l'a vu, de
près d'un tiers.
1226. On peut aillrmer d'une façon générale, que ces noms de
lieu, en Normandie, sont dus aux compagnons de Piollon. nu à
leurs descendants immédiats, et les attribuer, d'une favou plus
générale encore, peut-être, au x^' siècle ou à une date fort voi-
sine. Il va sans dire que la linale -ville étant romane, quebjues-
uns de ces noms peuvent avoir été donnés aux localités qui les
portent en dehors des Normands, mais c'est l'exception.
1227. Une exception plus rare encore, sans doute, consiste
dans l'emploi, comme membre initial, d'un adjectif au lieu d'un
nom propre d'homme ; aussi n'est-il pas inutile d'insister ici sur
les exemples qu'en oil're la toponymie normande. Les adjectifs
ainsi employés sont de deux sortes : adjectifs qualificatifs pro-
prement dits et adjectifs etlmifjues.
1228. A ne considérer que la nomenclature communale, on
reconnaît les premiers dans Belleville (S.-I.), la Bnnnevillc (C),
Longueville (G., M., S.-L), Neuville (G., E., S.-I.). — Camp-
neuseville représente le bas-latin Gampanosa villa, désignant
un village situé dans un pays plat. — Grenieuscuillc (E.) semble
indiquer que les habitants étaient désagréables, rjrigneux,
comme on disait au nu)yen âge ; on dirait aujourd'hui u grin-
cheux ... — Prcuscville (S.-l.) répond au latin Pc t rosa v il la.
1229. (JuanI aux adjectifs ethniques, on en conq)te (juatre. Le
vieux mot saisnc, du latin Saxonem, accentué sur l';;, ligure
dans les noms Sninneville (S.-Lj, Scnneville (E., S.-L) ; ce der-
nier nom existe aussi, en dehors de la Normaiulie, dans Seine-et-
Oise et dans Eure-et-Loir. — L'adjectif féminin c/itfli'sr/iw se
présente dans En</lcsf/iieville (G., M., S.-I.) et dans An(;lesijiic-
oille (S.-l.) : ces noms s'ajjpiiquent à des villages qui ont été
fondés peut-être, au commencement du xi'" siècle, [lar les parti-
sans exilés des rois anglais, dépouillés, en 1014, du trône d'An-
gleterre par la conquête danoise, et (pii, aiiparentés aux ducs
norniaiuls. viuroid chercher asile auprès de ces princes. — L'ad-
liniGIM^S SrAMiINAVRS
2!)-;
jfclil réininiii lircllc, au sons i\Q « bretonne », (jii'il a cdnsui'vé
(I.iiis le lani^aj^c de certaines provinces de France, existe dans le
notii lircllevillo (C, M., S.-I.), porté par une quinzaine de loca-
lités : cette fréquence s'explique en partie par le fait que, durant
plus de soixante ans, de (SG7 à 933, les Bretons dominèrent sur
l'Avranehin et le Cotentin, et poussèrent leurs incursions sur les
i'onlrées voisines. — Kniin l'adjeclif cossessc, >< cauchoise » —
le pays de Caux forme l'extrémité nord-est de la Normandie —
acontrilmé à former le nom Cosscsscoillc (G.), comme son mascu-
lin le nt)ni du Mesnil-Cuussois (C).
1230. Encore une fois les noms de lieu en -cille dans les(|uels
\c terme initial est un adjectif ne sont qu'une excejîtion, et dans
l'inunense majorité des cas, ce terme initial est un nom
iHionniu".
l'arnii les noms d'homme que présentent, employés de la
sorte, les noms de lieu en -pille de Normandie, il en est un
i,M'and nombre dans lesquels on reconnaît tout d'abord de ces
uiuns français, fort à la mi»de à l'épocjue féodale, qui étaient
(l'(iri_i;-ine iVanci(pie ' ; cependant, dans la,plupait des cas où ils se
présentent, ces noms désig-naient, soit des com[)agnons de lîol-
lon, soit tels ou tels de leurs iils ou pctit-fds. On sait, en (dl'et,
(pie les Normands établis en terre iranc^'aise pouvaient porter des
noms français, puisque RoUon lui-même reçut au baptême, en
!I12, le nom de Roljert, que portait son [)arrain, le duc de
iMance ; et ce nom passa depuis à plusieurs de ses descendants.
On sait aussi que les enfants issus de l'imion des corsaires Scan-
dinaves établis en France avec des femmes de ce pays, portaient
plus d'une fois des noms français, tel, par exemple, le Iils de
UolUui, le duc Guillaume Longue-Epée, né, antérieurement à la
conversion de son j)ère, de la fille d'un comte franc de Rayexix.
Cil doit encore tenir compte des rapports existant entre l'ono-
niasti([ue franque et lonomastique Scandinave, moyennant les-
(puds le nom d'un iinmig-rant Scandinave pouvait être assez sou-
veid tiaduil jiar un écpiivalent français. Ainsi nos chronicpieurs
du \" siècle appellent en latin liat^enol dus le chef des Nor-
mands établis à l'embouchure de la Loire, alors que le nom
I. Crest .linsi qu'à ]iropos do plusieurs de ces uoms, on a vu inculionnées
ci-dessus (n- 1022, 1023, 1027, 1062, 1065, 1084, 1089, 1092, 1095, 1109,
1111, 1131 "i un Ci'i'tnin noniliri' île liie:ililcs ilc Noi'nuinilie.
•2'M\
l.l'.S NOMS l)i: I.IICl'
noi'ois (le ce pcrsomuige était sans doute Jinc/nonlld. Le nom de
Ilollon lui-même — Hollo chez ces chroniqueurs, Ilrnlf en
norois — qui était peut-être une variante Scandinave de lîodul-
fus, est tlevenu en lant;'ue romane /w);;, (|ui l'ut aussi l'une des
formtîs vulj^aires du nom Haoul.
Il serait trop long dénumérer ici tous les noms d'homme
d'origine Scandinave qu'on trouve, dans la toponomastique nor-
mande, combinés avec le mot ville. Ces noms sont de deux sortes :
il y on a de simples, il y en a île composés.
1231. Les noms simples f[ui voni être j^assés en revue sont
empruntés presque tous à deux textes particulièrement intéres-
sants dans cet ordre d'idées : Vlslancla LnudnamaJjok — récit de
l'établissement des Norvégiens en Islande — édité à Copenhague
en '\1~\- par Ilannes Finnsson, et un nécrologe de l'église de
Lund — IAI)cr dnticiis J.undcnsis — ■ ([ui occupe les pages 471 à
',\~\) dans le troisième vohune des Scri/)(nres rernin dunicnruin
de J. Langebek. Tels de ces noms — Aid, liard, liera, llloh-,
Bolle, Kolell, par exemple — étaient encore visités en Suède au
xiv'^ siècle.
^Vssez fréi[vuMiuuent, ces noms simples avaient, à vrai dire, le
caractère de surnoms : hjiirn est le nom suédois de l'ours ; blahk
pouvait avoir le sens de « noir » qui est celui de l'anglais blacl; ;
(jaasi désignait l'oie ; l'adjectif danois hnap ou suédois Inxapp
exprime l'idée de petitesse, d'exigu'ité qu'on retrouve dans le
substantif allemand kn,i/>c, « garçon n ; stnl/ est l'équivalent
danois et suédois de l'allemand s/olz, '< lier » ; Sa.ri signilîail
évidemment u le Saxon » ; et sni.ill peut bien correspondre à
l'allemand scIlucII, « rapide, vif, leste ».
1232. Ahi, latinisé Aco : Acqueville (C, M.).
1233. Jiardr : Barville (E., M., ().).
1234. lîero, forme latinisée qu'on trouve dans le Lihcr dofi-
(•(ys : Berville (C., L., S.-l.i.
1235. Iljl'irn, ([ui fut le nom de plusieurs rois de Suède, et qui
revêt la forme Hier dans le Uoman de liou, est devenu, au
xii'" siècle liern dans les noms de lieu de Normandie dont il
conslitue le preniier terme : Besneville '(^^■), Jadis /iernrrille,
Bennetot (S.-L). originellement BJ'irnlnft, et Berneval iS.-I.j.
1236. Blal.k : Blacqueville (S.-L).
(>iii(;iNi:s sr.AMiiNAVKS : -vii.i.h: 2i)7
1237. illnl;, (lonl l'usai^'O en Norniandio, au dohuL du xT' siècle,
osl alleslé par le carlulairo tle la Trinité du ^^lonl : BlosviUe
(C. M.).
1238. Blund : Blonville (C.^:.
4239. Bolli, linlU- : Bolleville (M., S.-l.,, Boulleville (K.), en
tOiO l'.oUivilla; cf. Bolbec (S.-L).
1240. Rondo, -forme lalinl.sée : Bondeville (^L).
1241. PJt/stcini) : Étienville CM.).
1242. ^laasi, ([ui parait dan.s les snf/na islandaises, et qu'on
retrouve sous les formes Gaas et (iase, était l'équivalent de l'alle-
mand r/ans : sous l'influence francique il est devenu Ganse :
Ganzeville i^S.-I.).
1243. r.riri, Gcrri : Gerville iM., S.-I. i. Guerville iS.-I.).
1244. Ila/.-i : Hacqueville (E., M.).
1245. Kalj>: Cauville (C, S.-I.,.
1246. Rare : Carville [C, S.-I.); cf. Garbec (E.).
1247. Karl : Galleville (E.l, au \uf siècle Carlerillc.
1248. Kctcll : Quetteville (C, M.). Quettreville iM.); cf.
Quettehou, Quettetot (M.).
1249. Knappr : Canappeville (E.), Canapville i^C, 0.).
1250. Kollr : Golleville (C, S.-I.) ; cf. Colmare (S.-I.).
1251. Krakr : Grasville (E., M., S.-l.); cf. Grabec (M.).
1252. Krokr, Groco dans le cartulaire de la Trinité du Mont :
Crosville (E.. M., S.-I.) : celui de l'Eure est appelé Crocvilla
ver.s 10:27.
1253. Sa.vi, Saxa: Sasseville fS.-l.j; cf. Sassetot (S.-I.^.
1254. Sniall, en français /.s7H'/ : Isneauville (S.-I.). — Le
Duisson-llocpin, dépendance d'I^vreux, est désig:né dans une
charte de II!)."), par l'appellation Lsnelmaisnille.
1255. .S7o//, en français J^sintif : EstouteviUe, ÉtoutteviUe
(S.-L). Le nom d'homme 7?s/o«/ était encore usité au xiv'' siècle,
dans la famille d'ivstouteville.
1256. S/are, nom d'une famille qui fournit à la Suède trois
administrateurs entre 1471 et 1.')20 : Étréville (E.), vers II iS
Estervilla. et peut-être aussi Éterville (C).
1257. Tolà. latinisé Toko et Tocco, et dont le nom d(>
haptême suédois et danois l\i/chn n'est, paraît-il. qu'une
variaTile : Tocqueville (1^^., M., S.-L); cf. Tocquemont (C.j.
1258. Tnrf : Tourville (Iv, S.-L). — (}uillaume de Jumièi,'-es,
:2!»S
I.IvS MOIS liIO I.IICI
qui ôcrivail au début du xu"' siècle, ineiitionno Turull'us de
Pon-te Audemari qui fuerat fiiius oujusdain nuininc
T<)r/\ a ([uo otiam us(|m' iiunc quaoda m vi llae coynoiui-
nalae sunt TorTvillae '.
Parmi les noms propres de personne, composés de deux élé-
ments, qui ont contribué à former, en Normandie, des noms de
lieu en -ville, on se contentera d'examiner ici deux séries de
noms c< tliéophores », c'est-k-dire ayant pour élément initial un
nom de divinité, cehii des Ases ou celui de Thor.
1259. Les Ases, au nombre de trente-deux, dont quatorze dieux
et dix-huit déesses, constituaient le panthéon Scandinave, et,
peut-on dire, le panthéon des autres nations g-ermaniques anté-
rieurement à leur conversion au christianisme ; mais chez les
Francs, les Lombards et les Goths, le nom divin As se disait -In.s
— latinisé au pluriel sous la l'orme Anses dans Jordanès — et
chez les Saxons on l'écrivait Os : de là, chez les Francs, les noms
Ansoatd, An.therl, Anshchn^ Ansgar; — chez les Saxons 0,s/r,i/(/,
Osberl. Osborn, Ojer, Osicin ; — chez les Scandinaves Ashuini,
Ashrund, Asdis, Asgaui, As(jeir, Asgrim, AsI.illd, Askcll, ^iske-
lell, Asliik, Asleik, Aamund, Astolf, AsDalld, Asv'ir. Lorsque ces
derniers noms pénétrèrent en Gaule, leur élément initial devint
Ans — sous l'iniluence francique, de sorte que les noms Asi/uul,
Asffcir et j[sketell, qu'on peut considérer comme étant au nombre
des plus répandus, se sont perpétués en Normandie, d'abord
comme nom de baptême, ensuite comme noms de famille, sous
les formes vuli,Mires Antju/, Anç/icr ou Angcr el Aiujuclil;
d autre part, sous rinlluencc saxonne (pii pouvait l)ien s exiTcer
eiuore sur cci'Iains points. As- lit place à Os- : Asliii'n-n devint
Osborn ou Oslxiriic — Asol/\ (Jsulfus, d'où ^\tisoiif — Asiinmil,
Osmunilus, d'où Osniond oi Onionf.
1260. Aslji("irn a produit, sous l'iniluence francif[ue, Amber-
ville (IC), et sous l'iniluence saxonne Auberville (C, S.-L);
l'Auberville du Calvados est appelé en IISI^ Osbernivilla
• su pra ma re.
1261. As(jL'ir, confondu avec le nom francique latinisé Ans^a-
rius : Angerville (G., Iv, S.-L), Angreville (K.), au xn" siècle
A n s ^- e r %• i 1 1 a .
I. Hn (llicsiii', llis/(tri:\c A'<>i'ni:iiiniiniiii seriiilarcs :iiifii/iii, ]>. .'il'2.
(iui(;iNi:s si:,\M)iNAvi':s : -vii.li-: 2',)!)
1262. Asfinut : Angoville (C, E., M.). — Cf. Le .\fesnil-
.Wk/o/(M.).
1263. Aakeicll : Ancretiéville, Ancrelte ville, Anquetierville.
Ancourteville (S.-l.), Ancteville (M.), Ancto ville (C, M.).
1264. Aslcik, latinisé .sous l'influence francique Anshticus :
Anneville iM., S.-l.), au xiii" .siècle Anslevilla. — Cf. Anne-
becq (voir ci-dessus n" 1170).
1265. Asrninul, devenu fhrniind sous l'inlluence saxonne :
Osmonville (S.-I.), Omonville '^K./M., S.-L).
1266. Asol]\ soumis à la même influence et latinisé Osulfus :
Auzouville (S.-L). — Cf. Champosoult (0.), le MeRnil-Ausouf
C).
1267. D'autres noms dhomme, rappelant le souvenir des
,i/i.sf.s- fi^crmaniques ou des aaes Scandinaves ont éi,'-alement, en
Normandie, contribué à former des noms de lieu en -riUe :
Anselmus, Ansfredus, Anseredus, reconnaissaljles dans
Ancoaiinirinlle (S.-L), dans Amfrcvillc (C, E., M., S.-L) et
Ainfcrrillc (C), ainsi que dans Anscrérillc, ancien nom, à ce
(pi'on prétend, de Saint-Mards-de-Blacarville (E.j; mais ces
vocables paraissent avoir été empruntés par les Normands au
x*^ siècle à l'onomastique franque, et n'avoir point d'équivalents
dans l'onomastique Scandinave.
1268. Le dieu Thor, l'un des Ases, présidait à l'air, aux sai-
sons, aux orages, et pour ce motif, on l'a parfois assimilé à Jupi-
ter, témoin l'appellation .Scandinave dujeiidi, Inrsdag. Son nom,
([ui n'est peut-être point entré dans la composition de noms de
personne chez les nations germaniqvies propi'cment dites, forme
au contraire le premier terme de nombreux luuns d'homnu' scan-
dmaves.
1269. Thornlhl, latinisé TuroKlus sous l'inlluence franciijue
locale i^cf. ci-dessus n" 1054) : Thérouldeville (S.-l.) ; cf. Bourg-
théroulde (E.).
1270. TlKjrliiorn : ThouberviUe (E.); — cf. Thibermesnil
(S.-L), jadis Touhermesjiil.
1271. riiorfrc'I : Touffrainville (S.-L), jadis Toufn-rill» (voir
ci-dessus m' 987). Toufîreville yC, E.. S.-L , Toufresville M.) :
— le Mcsml Toufrny [O.
1272. T/iorqils, d'où le nom de famille Tnrt/is : Tourgéville
(C).
'MO
I.KS .NOMS D1-: [.IKC
1273. Tlinrhell : Turqueville (M.), jadi.s Torch'viih-.
1274. Thorhricll, (l'oii le nom de famille Turqiirfti : Teurthé-
ville (M.).
1275. Thorlah : Tourlaville (M.).
1276. Thonnoil : Trémauville l^S.-I.), jadis TnnnovUln.
1277. Thnrolf : Trouville (C, M., K.. S.-I.).
1278. Thors/cinn, d'oii les noms de famille Tousiain — ])ris
à tort pour une altération di' Toiiss.iinl — et Tniilain • Toutain-
ville (E.).
I
LYII
OlUGINES URETOXNES : GEXEKALITKS
1279. Les noms de lieu l'onnés à laick' d'éléments bretons
(liiniinent pur le nombre dans la péninsule armoricaijie, exception
laite cependant des anciens diocèses de Rennes et de Nantes ;
mais il faut bien se garder de croire, selon une opinion populaire
([ui n'est pas encore entièrement déracinée, que la langue bre-
tonne soit dans cette contrée un vestige de l'ancienne langue
gauloise ijui y aurait été conservée, parce que la ci^■ili.sation et
la langue des Romains n'auraient pu s'inqilanter juscpi'en ce coin
reculé de la Gaule. La péninsule armoricaine a subi, comnu' les
a'utres parties de notre pays, l'inlluence de la civilisation
romaine ; ses babitanls ont parlé — plus ou moins bien — le
latin ; ils ont pris des noms romains, et vécu de la vie romaine ;
ce dernier point est sulFisamment établi par les voies cjui sil-
lonnent le pays, par les vestiges des édifices et des demeures
antiques' (ju'on trouve sur tant de points, même dans'les parties
les plus extrêmes de la péninsule, et par les ustensiles et menus
objets qu'on y recueille.
Mais l'Armorique ne jouit pas, durant tout le temps de la
domination romaine, de la quiétude et de la sécurité qui, pendant
les premiers siècles, y favorisèrent l'expansion de la civilisation.
Comme toutes les contrées du littoral septentrional de l'Empire,
elle fut en butte, du m'' au v*^ siècle, aux incursions des pirates
saxons, contre lesquelles la défendaient à grand' peine quelques
postes fortifiés dont on trouve l'énumération dans la NolUia
(lui II il util m. Plusieurs de ses villes périrent, et le sol armoricain
se dépeupla rapidement. Cest à la lin de ces rudes épreuves, et
vers le milieu du v" siècle, qu'apparaît alors sur le sol l'élément
breton : il venait de l'île de Bretagne, habitée par une nation de
race celtique — les Britanni — soumise dès le i'''' siècle à la
domination romaine, et que le peuple-roi ne s'était pas encore
complètement assimilée.
L'immigration des Bretons en Armoricjue fut la conséquence
'M)2
I,i:s AOM.S liK Lli;i
tle renvaliissoinoul eL de la conqiuUe de l'île de Hrelai^-ne par
les Saxons el par les Angles, venus des conlrées qui avoisinenl
la péninsule cinihrique, c'est-à-dire par ces mêmes populations
de pirates cpii avaient été, durant deux siècles, la terreur du litto-
ral de la Gaule. La chose paraît établie par les découvertes de
1 érudition modei'ne, et en particulier par les travaux d'Arthur
de I,a Horderie ; le souvenir en était encore vivace au tenqis de
Gharlemagne, puisque les Annales d'Eginhard, parlant, sous la
date de 78(^ de la réduction de la Bretagne cismarine, rappellent
que, lors de l'invasion de l'île de Bretagne par les Angles et les
Savons, ime grande partie de ses habitants, passant la mer, vint
s'établir dans le pays des Venetes et dans celui des Curioso-
litiie, c'est-à-dire dans les territoires dont les villes romaines de
Vannes et de Corseul étaient les chefs-lieux.
L'école de La lîorderie ne reconnaît l'existence d'aucune l)ande
d'immigrants bretons en (iaule avant l'an 400 environ. Le pre-
mier élablisscnuMit dnrai)le de (pudtpie importance aurait été le
petit royaume tle (^ornouaille, ayant pour capitale (^uinu)er,
et l'onde, vers iSO, par un chef connu, dans les traditions de
la Bretagne, sous le vocable de Grallon Meur, c'est-à-dire Gral-
lon le Grand. La fondation du petit Etat de Léon, l'établissement
d'une colonie bretonne dans la partie septentrionale diT diocèse
de Vannes, et la création du royaume de Domnonée, (pii corres-
pondait au tiépartement des Côtes-du-Nord et à la partie occi-
«Icntale de celui d'IUe-et-Vilaine, n'appartiendraient ipi'au com-
mencement du VI'' siècle. Les noms de deux des États bretons de
la péninsule rappellent ceux des tribus insulaires qui les for-
mèrent. Celui de la Cornouaille, Cornubia en latin du nu)ven
Age, hcrnnio en breton, est du aux Gornuvii, qui liolntaient
outre nu^r le comté de Ghesler et (pud([ues-unes des conlrées
voisines de l'extrémité sud-ouest du pays de Galles, et cpii.
chassés de ces régions par les Angles, portèrent aussi leur nom
à la pointe sud-ouest de l'île de Bretagne, tenant à la Domnonée.
c'était une colonie des Duinnonei dont le nom subsiste, trans-
fornu'' dans celui du comté de Devon.
Durant plus de trois siècles les Bretons ne s'élentlirenl guère
en dehors du pays qui, jusqu'à la veille de la Révolution fian-
çaise, comprit les diocèses de Léon, de Tréguier, de Saint-Brieuc,
de Dol, de Saint-Malo, de Quimper et de Vannes. Ils n'en sor-
oiiiciM'.s iiui':r()NM:s : (uoNÉiiAi.iriis • .'{();!
liriMil, réiilk'iiiciil que vers l'iui Ni;!, alors que Noménoé, devenu
le roi national de tous les lîretons de la péninsxile, enleva aux
JM-aues les terriloires de Nanles et de luMines. (|ui furent, en
S."»|, cédés olUeiellenient à son fils et succc;sseur Krispoé, ]ku-
Cluirles le Chauve.
1280. Par suite des progrès incessants ([ue fit, depuis le
X'' siècle, l'élénient roman dans le pays armoricain colonisé aux
\'' et VI'' siècles par les lîrelcms, la lan;^-ue bretonne n'est en
usa^e, de[)uis longtemps, (jue dans les déparliMuents du Finis-
tère et du Alorhilian et dans le tiers occidental de celui des
Côtes-du-Nord, autrement dit dans les anciens diocèses de Léon,
de Tréguier, de Cornouaille et de Vannes, dont les noms servent
à désigner ses quatre dialectes. On ne la parle plus dans les
anciens diocèses de Saint-Brieuc, de Saint-Aialo et de Dol ; et
pourtant cette région, qui correspond à la plus grande partie de
ce que fut le royaume de Domnonée, présente un grand nombre
(le noms de lieu d'origine bretonne. De {)lus, l'étude attentive
(le la toponymie révèle des traces d'iniluence bretonne k gauche
de la Vilaine, depuis la pointe où elle reçoit le Samnon jusqu'à
la mer, et sur une largeur d'environ vingt kilomètres, alors (|ue
la Vilaine passe pour avoir été, vers le sud et le sud-est, la
limite du pays breton antérieurement au ix*" siècle. Ces traces
d'intluence bretonne, on ne doit pas les chercher seulement dans
(les vocables formés à l'aide de racines bretonnes. Kntre le pays
breton de l'époque mérovingienne et le pays roman, on peut
tracer une ligne de démarcati(3n en considérant comment se sont
conq)ortés les noms de lieu, d'origine gallo-romaine, dont la
forme primitive présentait la linale -iacus : dans le [)aA s roman
([ui avoisine la Hrelagne, e'est-à-dire vers Hennés et vers
iXantes, aussi bien (pie dans le Maine, l'Anjou, la Touraine, le
Poitou, -iacus s'est réduit ù -r (cf. ei-dessus n"" 279 et 209,
228. 231 1 ; dans la région oîi la race bretonne dominait au didnil
dti moyen âge, il est devenu -ac (cf. ci-dessus n" 284). De sorte
([ue les noms de Xivillac et de Trédillac (Morbihan), ainsi (pie
ceux d Js.sv''/',7f, iX Avcssnc, de ('rossac, de Drc/Jcac^ de Fégrcnc,
d' JfL'rhi</nHL\ de Mnrsac, de Mnssérac, de Mis.silluc. de Piriac et
de S('r('i-!ic (Loire-Inférieure), appartenant tous à des paroisses
de l'ancien diocèse de Nantes, et celui de Mrssac (llle-et-Vilainel
l)orlé par ime pai'oisse de l'ancien diocèse de Hennés, (jui semble
;{0i.
LES NOMS uE Liia;
avoir d'abord a[ipartenu au pays nantais, sont ilus indices non
i''C[uivoques des progrès de la colonisation bretonne siu" la rive
gauche de la Vilaine.
1281. Les noms de lieu d'origine bretonne, (|ui sont spéciale-
ment envisagés ici, bien que tirant leurs éléments du langage
parlé par inie population étroitement apparentée aux Gaulois,
sont fort diiTérents des noms de lieu d'origine gauloise qui
forment l'une des parties les plus anciennes de la topononias-
tique de notre pays. Dune manière générale, on n"v reconnaît
aucun de ces mots celtiques qui ont été étudiés plus haut : (/(;/io.v,
duros, hricja, niagos, Iirir,-), rifos, dul)ron, nantos, onna. coni,
ncnietis. Kn revanche, ils renferment un certain nombre de mots
d origine latine dont les Bretons avaient enrichi leur langue.
D'ailleurs, le mode de formation de ces noms de lieu est tout
autre : tandis ([ue dans les vieux nonis de lieu gaulois le mot
principal est employé comme élément final, ce mot occupe la
première place dans les noms donnés depuis le V siècle aux
localités (le l'Armorique. Aussi, poiu' grouper ces derniers en
vue de l'étude qu'on se propose ici, doit-on considérer tout
d'abord leur terme initial. Celui-ci est un nom commun dési-
gnant soit une circonscription territoriale, soit un lieu habité,
soit un site.
LYIU
NOMS COMMUNS DE CIRCONSCRIPTIONS
Ces noms seront L'tiuliés selon rorJre d iniporUince des cii-
iMinscTiptions ([Il ils ilésiL;'nent.
Il 110
1282. Ce mol breton, signilianl « pays », est évideinnient
;t])parenté à la désinence du nom de peuple g-aulois Allobrog-es.
V.n BretaL;-ne. il est le terme initial du nom que les nouveaux
veiuis ilonnérent au teri'itoire de \ aunes, à la civitas Vene-
lum, où leur premier prince connu fut un certain Waroch, et
(piils appelèrent pour cette raison llro-]]';>r(>ch . c"est-à-dii'e
■ • pavs lie ^^'arocll " : vocable traduit parfois par le latin ^\ ar-
rocliia ou patria Gueroci, et (]ui, all'aibli depuis en Broërec,
a dési^■né, jusqu'au xv'' siècle, une des sénéchaussées ducales de
lîieta^ne. et jusquà la Révolution l'unique archidiaconé du dlo-
t'èse de \ amies.
■ POU
1283. Le nom du liraërec parait être le seul exemple cpi'on
puisse citer de rem[iloi, dans la [léninsule armoricaine, pour
désin'ner une circonscription territoriale, du luot d'orii^ine celti(pie
l)r(). Les Bretons étalilis sur le continent send>lent avoir tle très
lionne heure préféré à ce mot son équivalent latin pagus. dont
ils firent yjo;;, vX qu'on retrouve dans les noms de quatre anciens
comtés : Poher, Poi'/iDr/, l'ouduuvre et Poulet.
1284. Le Poher, en tant cpie comté indépendant ilu comté de
Cornouaille, remonterait au vi' siècle, si l'on en croit les tradi-
tions relatives au prince Comorre ; il devait son nom, originai-
rement Pouaicr, <c le pavs de Caer », à sa capitale, la ville de
Carhaix (Finistèrej, cpi on ajipelait en breton Jdior-AIirs '.
l. l.e iKun (lu l'olicr > C-^l
cUiiii lo siunoiu d'une tle:
luuucs (lu cniilon de r,;irliai\, ' Ui'ilrn-I'oln'r.
I es nnn,s Je lieu.
.kk;
l.KS ^<(jMS LU-:
1285. Le nom de PorllOët, cloiil le iHiin fui ;i|)|)li(|iu'' ;i un rnm\v
el à rarchidiacoUL' niériilional du diocèse de Sainl-Mal(t, apparaît
au xr siècle sous la forme payus Trocoet, traduite parfois par
les mots pa,i;-us trans sjlvam, tro ayant le sens de la prépo-
sition latine trans. et L-ii;i/ sii;nilianl >. forêt ■> (cf. ci-après
n" 1335): dès Soi» j on l'cneonlre la forme cnlièrcmcnl hrctoniie
l'nulrecoël. On voit «juc le l'orlioi't èlait à l\)rigine uiu^ contrée
naturelle.
1286. On en peut dire autant du Poudouvre, Y'^^^ws DnmJuvr,
n le pays des deux rivières » ou « entre deux livières .. : dans
le breton moderne dnnu désigne le nombre « deux » et dour so
traduit par « rivière ». La forme francisée Poiulouvro a servi à
dénommer une vicomte féodale et un archidiaconé du diocèse de
Saint-^Lalo.
1287. C'est au même diocèse qu'appartenait le Poulet, en
latin paj^us Aleti, et en lanj^-ue vulgaire Potialef, \mi\s Pour Ici ]
il faut entendre parla le pays (pu di'pcndait immédiatement de
la ville épiscopale d'Alet; celle-ci fut remplacée, au xn'' siècle,
par la ville nouvellement construite de Saint-Malo.
Des quatre noms qui précèdent, le premier seul s'applique à
une contrée où l'on parle encore le breton ; les trois autres,
appartenant à la Breta-ne k yallo », c'est-à-dire à la Bretagne
aujourd'hui de lanj^ue française, se sont plus ou moins altérés
sous l'iulluencc romane.
PLOrr
1288. .Vu-dessous du diocèse, les l'retous de la péninsule
armoricaine reconnaissaient le /i/du. Ce mol, cpii cori'cspond au
gallois jilici/) n'est aidrc chose cpie le latin [)lehs, au sens de
<■ jjeuplade » : chez les Gallois aussi bien que chez nos lîretons,
SCS ditférenles formes désignaient tout à la fois une peuplade
organisée, une paroisse et le territoii'c de cette paroisse. On
com|)rend des lors pourquoi le nu)t plan, ou l'une de ses variantes,
lorme le pivniier terme de tant de noms de paroisses en lîro-
tagne. Au reste, un bagiographe du i\'^ siècle, l'aijbé de Lamlé-
vennec, Gurdestin, rapporte ainsi l'origine de l'une d'entre elles,
Ploufragan (Côtes-du-Nord) : c( ÎTn homme illustre, de la race
i)Iui,im:s i;iii;r(i>.M:s
;i()7
dos rois de 1 île de BrfLaij;'ne, Fracaii, ayant ouï dire qu'il y avait
encore, en Armorique, des forêts où l'on pouvait vivre en paix,
monta sur un vaisseau avec un petit nombre des siens, et, favorisé
par un I)nn vent du nord-ouest, il vint prendi'e terre dans la haie
(le Bréhec. De là, lont^eant le rivage, il découvrit un terrain d'une
certaine étendue, et comme d'un seul tenant (quasi unius pie-
bis) ; des bois toulTus l'entouraient de tous côtés, et, non loin
do là coulait un lleuve nommé Sanyuis. Fracan s'établit avec
sa petite tribu sur ce territoire, ([ue fertilisaient les eaux de la
rivière et dont le climat lui olTrait toute sécurité ' ».
L'emploi du mol plebs pour désig-ner une circonscription
ecclésiastique n'est pas exclusivement breton. Dans les textes de
certains conciles du iV siècle, ce mot est pris au sens de « dio-
cèse )i, et c est ainsi que l'évêrpie de Potenza se ([ualilie episco-
pus plebis Potentinae au vi" concile de Cartluii^'e; mais cette
acception, qu'on trouve même dans un diplcmie de Charles le
Chauve, pour l'église de Paris, ne s'est niaiutenue dans aucun
pays roman. Tout au contraire, le mot [ilebs, au sens de
0 paroisse », n'est pas resté seulement dans le breton plou : il a
aussi produit litalien picvc, ipion retrouve dans la toponymie de
l'Italie et de la (^orse ; et son dérivé plebanus est représenté
par l'italien pievaiio ou jiiovaiio, « curé ».
1289. Le mot breton qui représente le latin plebs parait
aujourd'hui sous une demi-douzaine de foi'mes diflerentes dans
la toponymie de la Bretagne : la plus pure, plou, appartient
exclusivement aux départements du Finistère, du Morbihan, et k
la partie bretonnanle des Côtes-du-Nord ; elle cède parfois la
[ilace à jilii dans le Morbihan et les Côtes-du-Nord. à plo ou plue
dans le Morl)Uian ; jilcii, (ju'on rencontre dans les départements
du Morbihan, des Côtes-du-Nord et d"llle-et-Vilaine, est fort rare
en pavs bretonnant; on trouve plej/ dans le Fini.stère ; enlin pic
est une forme rrancisée depuis plusieurs siècles qu'on observe
seulement en paysgallo.
1290. Les noms de lieu bretons présentant comme premiers
ternu's l'une de ces formes sont relativement nond^reux et [)ortés
exclusivement par des chefs-lieux de communes, représentant
d'anciennes paroisses. On en conq)te dans le Finistère 57 sur
1. Vila S. H'invulori, chuis Anah'clu llolhindiana, VII (IHS8), 1'
30S
i.Ks .NOMS Di; Lii:i:
i
2S i ' ctmumuu'S, suit le t'iiuiLiiiMiK' ilc rell'eclir L(il;il ; dans Ici
Cùles-du-Nord 70 sur 382, soi! un peu plus des deux on/iènies ;
dans le Morbihan 21 sur 237, soil pres([ue le onzième ; dans illo-
et-Vilaiiie 8 seulement, appartenant ;i lextrémité oecidentale du
département, sur 35(J ; enlin la Loire-Inférieure n'en offre (ju'un,
Plcssi', (|ui conlirmele fait, entrevu déjà (n° 1280), de la dillusion
de lélément breton dans la partie ilu pays naïUais (|ui avoisiiie l;i
Vilaine. On le voit, il y a de ees noms dans toides les parties
de la péninsule armoricaine cjui ont rec^'u, aux v" et vi" siècles,
des colons bretons ; par contre — et 1 on peut juger par là du
caractère régional des modes de dénomination — plii'if, équiva-
lent gallois lie plou, n'est entré dans la composition d'aucun des
noms de lieu de la Grande-i>relagne.
L'exemple de J'ioufrai/an, cdé plus haut (n" 1288;, provive (pie
ploii se combine avec un nom d'homme, et c'est là incontesta-
blement le cas le plus fréquent ; mais il peut aussi se condjiner
avec un nom — propre ou commun — de heu , ou avec un
adjectif.
1291. Il se condjine avec un nom propre de lieu dans le nom
de Plessé (L.-l.), qu'un acte de 8.")4 mentionne ainsi : plehs
que vocatur.S'e/ ; le nom propre Sei, latinisé, se retrouve dans
un texte de l'an 1)00 : castrum Seium.
1292. Comme exemples de la combinaison de plebs avec un
nom commun de lieu, l'on peut citer Plcchàtcl, Plojasfel, PIdii-
f/iicr, Pli'lun, Ploiilccli, Plouin;i;/nar et Plùii/udi/uci-.
Pléchâtel (l.-et-V.) et Plogastel (F.j sont deux formes,
celle-ci plus bretonne, celle-là presque française, d'un nom dont
le thème étymologi(jue est Plebs castelli, « la paroisse du
château » ou « du lieu fortilié ».
Plouguer (F.) était, avant la Révolution, le nom de la circoii-
scrinlion paroissiale de la ville de Carhaix, et son nom, (pii
1. Ces cliillros et ceu.\ qui suivent sont ceu.x qu'énouçail A. l.Duynoii,
dans sa leçon du 30 avril 1S91 au Collège de France. Depuis lors, le nonihro
des couuunut's, dans les divers déparlemcnls bretons, a lét,'èrenieiit auj;-
nn'ulé; el l'on a lieu de rappeler à cette occasion l'oliscrvalion l'ormulée
plus liant, p. i'.lH, note I. — Paranalog-ie avec ce que nous avons lait [leur
les dé|>arlenienls de la Normandie (cf. ci-dessus p. 280, noie I >, uon^
<lésij,'nerons, dans cecliapitre et lesdeiix suivants, ceux de la nielayiie par
les initiales de leurs noms.
(lUlliINKS I111ICI'(I.NM:S
HO!)
si^nilit; i< la paroisse de la ville », a pour second Lernie le mot
liri'lon /,(■/• (voir ci-après a"" 1304 à 1309t, ([u'oii rencontre dans
le vocable Poiicucr, aujourd'hui l'olwi-, dvi payus, du conilé
ilonl Carhaix était le chei'-lieu icf. ci-dessus iV 1284j. — La
transformation de hacr ou ker en guer est bien conforme à rusaii;e
breton qui, en composition, c'est-à-dire à l'intérieur des mots,
adoucit les consonnes initiales ; faislcll s'est transformé de
même dans Plocjaslcl (voir en outre ci-après n" 1296).
Par Plélan (C.-du-N., I.-et-\'.l. il faut entendre « la paroisse
(lu monastère » ou c du lieu consacré » (cf. ci-après n"" 1312 à
1316).
Ploulec'h (C.-du-N.), se traduit en latin par plebs lapidum,
H la paroisse des pierres », llech en ;,^allois, lench en breton
armoricain, sig'niliant eifectivement « pierre ».
Ploumagoar (C.-du-N.) et Ploumoguer (Finistèrei re|irésentent
un même vocable primitif formé de deux mois empruntés au
latin, et dont le thème étymologique serait plebs maceriarum,
« la paroisse des murailles », allusion probable aux vestiges des
constmclions anli([ues que les Bretons des V et \'i^' siècles trou-
\èrcnl dans l'une et l'autre de ces boiu'gades (cf. ci-dessus
n" 1213 et ci-après n" 1342) : le mot latin inaceria est l'origine
ilu gallois ni.'KjU'ijr et du breton armoricain /nni/oei' mi innijucf.
1293. La combinaison de plebs avec un adjectif ap|)araîl dans
Pli'tihian, J'h'iinieiir, Ploerneiir, J^lonncvez, l'ionrvez.
Pleubian (C.-du-N.) se traduisait en latin par plebs
p.irva : il a pour second terme l'adjectif breton hilnut. tpi'on
trouv(> aussi dans le nom du golfe du MnrJiihan, u la petite
mer ■>.
Dans Pleumeur (C.-du-N.) et Plœmeur 'M. s l'élément llnal
est l'adjectif ntcur, « grand », dont ranti(pie forme gauloise,
innrns. termine tant de noms d'homme d'origine celtique.
Par Plounévez l C.-du-N.) et Plonévez fL.), il faut entendre
" la nouvelle paroisse )>, l'adjectif nrvcz signiliant <( nouveau ».
1294. On voit plebs combiné avec un nom commun de per-
sonne dans Plogo/I' et Plcscop.
C'est bien à tort que Plogoff (F.) a sollicité l'attention de
([uelques slavisles ; le second terme de ce nom se rencontre aussi
dans h' nom, incidemmenl cité plus haut (n" 583) de Roacdj'j'.
V,\\ bi-i'tdii ij<>l]';\ le sens de ■• foi'^eron » et Ploi/a/J', « \-a paroisse
.ilO I.KS NOMS IiK l.li:U
du foryeron », est apparenté par le sens à (Jonfavrrii.r (cf. oi-dos-
sus, n"" 939 et 946), Curtis fabroriun.
Plescop (Morbihan), bourg où les évoques de Vannes avaicnl
une maison, est appelé en 13(i.'j Ploescoh : le thème étymoloi^iquc
est Plebs episcopi.
^ 1295. Dans les noms de lieu dont le premier terme répond à
plebs, et qui ont pour second terme un nom d'homme, celui-ci
est très souvent le nom même du saint patron de l'église parois-
siale du lieu, et plus d'une fois aussi ce patron n'est autre que
le fondateur du ploii, car, ainsi tpie l'a étaljli Arthur de Lu Bor-
derie, les moines et les évèques de l'ile de Bretagne étaient les
véritables chefs, les véritables conducteurs des immigrants lire-
Ions du V et (Ui VI'' siècles, et <> il n'est pas téméraire d'aflirnier
([u'ii chaque saint qui débarque en Armorique, venant de la
Grande-Bretagne, c'est une nouvelle bande d'émigrés qui
débarque avec lui i>.
1296. Le [Kilrnn de l'église de PlébouUe (C.-du-X.) est saint
Paul, et IHi'hinille é'ipiivaut à l'irbs Lauli; de même Ploubezre
(C.-du-X.) a pour thème étvmologi([ue Plebs Pétri. L'église
de Ploujean (F.) est dédiée à saint Jean-Baptiste ; celle de Plou-
gras (C.-du-N.) est placée sous l'invocation de la Sainte Croix,
« croix )) se disant en breton Lroaz.
1297. A la diil'érence de ces noms, correspondant à des
vocables que l'on rencontre dans toute la chrétienté, les suivant.-;
sont d'origine plus particulièrement bretonne.
Plouégat (F.) rappelle le souvenir de saint Agapat, vulgaire-
ment saint b'gat ; Plouagat (C.-du-N.) a sans doute la même
origine.
Pleucadeuc (^L), Plebs duloc, en S20, présente ccunnie
second terme un nom breton bien connu.
Ploudaniel (F.) a pour patron saint Daniel, évêcpie breton au
pays de Galles; il en fut sans doute jadis de même de Pleudailiel
(c'.-du-N.).
Ploërmel (M.), en S:i'; Plebs ArlhnuiL'l, a pour patron saint
Armel.
Plougoulm ';^F.) a pour patron le saint abbé irlandais (^oloni-
ban, dont le nom bas-breton Cou lui a été modifié en conqiosi-
tion par l'adoucissement de sa consonne initiale (cf. ci-dessus
n- 1292 et 12961
(jiiKiiNics i!iii:r(i.NM:s
:M
Plonédern (F.) doit son nom ù saint lùlern.
L'c'f,^lise de Pluvigner (M.) — P/cut/uinner en \2l't\), l'inivin-
(jner en \'V21 — est dédiée à saint Ei;iii^ner on Guéyner, qui
vivait au vi'' siècle.
Plonéour (K.) est appelé, vers le x" siècle, Ple])s sancti
Hneyuorii ; les deux Plounéour (F.) ont le même patron, saint
l'inéour, abbé.
l/éf;lise de Plestin (C.-du-N.) a pour patron saint Gestin, ana-
oliorèle du vi'' siècle.
Celle de Plougonven (l'\) est aujourd'hui dédiée ù saint Yves ;
mais on sait que le culte de ce saint, qui vivait au xiii'' siècle,
est relativement moderne ; et c'est presque de nos jours cjuà
Plougonven, il a été substitué à celui de l'anachorète saint Gon-
ven.
Le patron de Plouigneau (F.) est saint Igneau.
Pluherlin (M.\ en S33 Plebs Iluiernini a pour second terme
im niini breton c|ui revêt, au ix'' siècle, les formes HoiunKjen et
Ihnarnicn, et qui répondrait à un nom gaulois Isarruxje/ioîi, « le
lils du fer ».
Plumaudan (C.-du-N.) a pour patron saint Maudan, abl)é.
Ploumillian (C.-du-N.) et Plumélian (M.) ont leurs églises
déiliées à saint Mélian.
Plomelin (F.) a aujourd'hui pour patron saint Mellon, évêcpie
de Rouen ; mais il est probable que le culte de ce bienheureux
a été substitué à celui d'un saint local dont on ne savait plus
rien, et avec lequel il aura été confondu.
Plumieux (C-.-du-N. ) a pour patron saint Mioch, abbé, vulgai-
rement saint Mieux.
Plounérin a son église dédiée k saint Nérui, évêque.
Plouzané (F.) doit la seconde partie de son nom ii saint Sané,
Sanaus^ évêque irlandais mort vers 4SÎ>.
TBEF
1298. Le mot Ircf ou treu, francisé « trêve », représente le
latin tril>us. \ travers les modilications successives de sens du
mol j)l<m, il ne cessa pas de désigner une fraction du pluu bre-
ton ; par rap[)oit au /jIuii considéré comme le bourg chef-lieu de
la paroisse, la //<■/' élait un village; par l'apport îiw pi ou consi-
312
ij:s noms iik Mi:ii
dévr coiunie 1 l'^lise paroissiale, la fref était uiiu église succur-
sale, (ï'osl naturellement au sens de a villa^'-e subalterne cFuii
flou » ((ue le mot (ref ligure clans les chartes des premiers
siècles de la domination bretonne en Arniorique, et l'un des
exemples les pluo intéressants qu'on puisse citer à cet égard se
trouve dans le carlulaire de Landévehnec. On j voit qu'un breloii
du nom d'Ilarthoc, venu d"outre-nier au temps où le roi Grallon
régnait sur la Gornouaille, acheta une « trêve )) de trente-deux
villas, dépendant du <( plou » de Bi-iec, et qui, Ilartlioc étant
mort sans postérité, passa, désignée sous le nom de Tref-IInr-
tkoc, au roi Grallon, lequel la donna à saint Guénolé, c'est-à-dire
au monastère de Landévennec; le nom cpie la u trêve » avait ainsi
pris de son propriétaire lui demeura ; et, sous la l'orme Trr-
r;irzi'(\ eu construction — par adoucissement de la consonne
initiale — -drccnrzcc, il forme aujourd'hui la seconde partie du
nom Liindrcrarzcc — c'est-à-dire c l'église de Ti'ef-llarthoc •■
— porté par une commune voisine dtî Briec (F.).
1299. Le mot trcf (igure aujourd'hui le plus souvent sous la
l'orme Ti-i'~ dans les noms de plus de soixante communes ;
celles-ci appartiennent à toutes les parties du territoire breton
d'avant le i\'' siècle, et re[)résentent autant de a trêves » qui,
au cours du moyen âge, ont été élevées au rang de paroisse.
Mais il est bien plus fréquent dans les noms des localités d'ordre
inférieur : par exemple le département du Morbihan, à coté de
trois ou ([uatre communes chuil le nom commence par T/-ô~ ou
Trcf-, comprend environ deux cent (juaranlc écarts ollVant la
même particularité.
1300. Le mot tref est assez fréquemment, dans la toponvmie
bretonne, ciunbiné avec un nom propre d'homme ; mais, même
parmi ceux des noms de lieu ainsi constitués, cpii désigneul
aujourd'hui des communes, c'est-à-dire d'anciennes paroisses, il
en est peu dans lesquels le second terme reproduise le nom du
saint patron do l'église ; on peut citer toutefois, comme remplis-
sant cette condition, Treffiagat (F.), Treffléan (M.), Tréflaouénan
(F.), Tréméven (G.-du-\.) et Tréouergat :F.), noms portés par
des bourgs ayant |)our patrons respectifs saint Riagat, anacho-
rète breton du v'' siècle ; saint Léon ; saint Laouénan, disciple
de saint Tugdual ; saint Méen, Mevennus, abbé, cpii vivait au
\f siècle ; et saint b'rgat, abbé.
ORIC.INES ItltKTO.N.NKS : THKl-- 3|3
1301. Tréflez (F.), qu'une fort ancienne vie de saint appelle
Tril.us Lisiae, et Tréblavet (AL), présentant comme second
l.Mine le nom du Blavet, lleuve cùtiei- qui se jette dans TOcJan à
l'orl-l.ouis, monhvnl //v/ en combinaison avec un nom propre
;'-énj^Taplii(pie.
1302. Dans Trébras (M.) — pour Tref-hruz. « le grand vil-
lage . — Tréguen iM.j — pour Tref-rjirenn, . le village blanc >,
-elTrémeur (C.-du-X., F.J — peur Trcf-nu-nr. « le -rand vil-
lage M — le second terme est un atljectif.
1303. Fnlin Ircf peut être suivi d'un nom commun d'ordre
lopo-raphique, témoins les noms Trébont (M.), ., le village du
l-nil >., Trécouet (M.), le Trécouet (I.-et-V.), Trégouet (M.) et
Tréhouet(C.-du-\.), variantes de Trcf-njël, „ j^. villa-edu bois ».
LIX
NOMS COMMUNS DE LIEUX UAlilTÉS
A'AV?
1304. Un des siibstantirs bretons qui paraissent le plus fré-
quemment dans les noms de lieu est incontestablement le nml
ker. Il a, dans le breton moderne, le sens de « maison », et l'on
s'explique parla pourquoi, dans toute la Bretagne, il est le terme
initial du nom de plusieurs milliers d'écarts et d'une quinzaine
seulement de conununes ; dans le seul département du Morbihan
la proportion est de 4 à 2.000 environ.
1305. L'histoire du mot ker est particulièrement remar([uable.
Il avait à l'origine le sens de k ville », de «lieu retranché », et ou
le consicK'rail comme un véritable synonyme du latin civilas.
Ainsi un breton insulaire, Nennius, qui vivait au milieu du
IX'' siècle, l'écrit cair dans la liste qu'il donne, au chapilre i„\\ii
de son Ealoçjiiini Britannhie seu Ilisturia lirilunufii, des cités de
l'île de Bretagne : il y nomme York, l'Eboracum de Romains,
Cair Ehroauc ; Londres, Cair Lunclcn; Gloucester, Cair Glori ;
Cirenccster, Cair Ceri ; Dorchestor, Cair Daiiri, etc. Le mol
cair ne paraît pas s'être avili dans la Bretagne insulaire ; et à la
fin ilu xn'' siècle encore Giraud le Gand)rien le Iraduisait par
urbs; aussi les noms de lieu dont il constitue le terme inilial
sont-ils peu nombreux en Angleterre ; tels sont : Caermarthen,
réunissant au substantif breton kacr le nom anticpu' iNIaridu-
num; — Carlisle (Gumberland , dont le second terme procède
de Lugiivallum, nom que cette ville j)orlait sous la domination
romaine ; — Caerleon (Moiuuouth), qui doit sans doute à quelque
poste militaire roiuain ce non.i de « ville des légions » pour lecpicl
elle a abandonné celui d'isca Silurum.
1306. Dans les premiers siècles de la domination bretonne en
Armoi-icpu', le mot ker, cpii j)arail dans K's textes sous la fornir
chaor ou cacr, a aussi le sens de « ville », et c'est ainsi qu'il a
désigné dès cette époque deux localités qui ont conservé d'im-
portants vestiges de l'âge romain : Carhai.r et I.ocniariaijuer.
■%
(JRKil.NKS HHKiriNMiS
Carhaix (K.), le Vorji^ium des anciens, se dit en breton Ker~
Mti'.i ponr Kaer-AIic^ ; on a cru reconnaître dans la seconde par-
tic (le ce nom celui d'une princesse bretonne, (jui joue dans les
Iriiditions du pays un rôle comparable à celui de la reine Bru-
iicli.iul dons celles de nos provinces septentrionales ; mais la cri-
ti(|ue inotlerne voit plutôt dans Alws le nom des Osismii (cf.
ci-dessus n" 398). Carhaix, au début de la domination bretonne,
t'iiiit simplement appelé Kaer, (( la ville », d'où les noms signa-
lés [)lus liant, Plougiicr (n" 1292) et Poiicaer, aujourd'hui l'ulicr
m" 1284) (jui ont désiq-né respeelivement hi circonscription
paroissiale de (Carhaix et le comté dont cette ville lut le eliel-
lieu.
Locmariaquer (M-), ancienne ville romaine de la cité de
Vannes, ne fut aussi connue tout d':d)ord des lîretons que sous
le nom de Kaer, et la mention de la plebs (juae vocatur
dhiicr, (jii'on lit dans une charte de STil) environ, prouve (jue
cette localité a risqué de s'appeler J-'luuguer, comme la circon-
scription paroissiale de Carhaix ; son éylise, dédiée à la Yierg-e,
lui a valu le nom qu'elle porte, et ([ui signilie i< Sainte-Marie » ou
<i Notre-Dame de Kër ».
1307. Mais si, dans les premiers siècles du moyen âge, le
breton /::irr ou kcr a conservé le sens du latin urjjs ou castrum,
il lu bientôt perdu pour celui de » village », voire de « logis »,
de (( maison ». Il a suivi, dans cet avilissement de sens, une
marche tout opposée à celle du mot latin villa, le français
u ville », qui, désignant à l'origine une ferme, un domaine
rural, a pris plus tard la signilication de « village », qu'il con-
serva durant [)res(pie loul le moyen âge, pour devenir enfin
l'écpuNaliMil ilu lalin urbs ou civitas.
1308. C'est le sens avili de u village » on de « maison >■ cjue
présente le mot l;er dans les milliers de noms de lieu des dépar-
tements du Finistère, du Morbihan et des Côtes-du-Nord dont
il est le terme initial, car ces noms sont, en général, postérieurs
aux premiers siècles de la domination l)retonue. Dans la partie
orit'ulale ilu département des (^ôtes-du-Nord , oîi l'usage du
bnlou est abandonné tlepuis longtemps, et dans la |)artie
du département d'IUe-et-Vilaine, cpii avait rec^u au vi'" siècle,
des colons de race britannique, il existe un assez grand
nou^bie de noms de lieu commençant par la syllabe cai'- : c'est
316
LES MJMS m-; LIEU
UlU
i' lorim' francisée de /,(V, celle qu"on a observée dans le nom
ofliciel deC:arliaix. Quelquel\)is aussi, dans la Bretagne de lan-iie
française, l.cr- est noté qiicr-, mais le fait est peu fréquent. A la i
cour des rois de France, aux xvi^' et xvii'^' siècles, on en usait de
même à l'égard des noms des seigneurs bretons de ces localités. i
François de Kernevenoy, gouverneur du duc d'Anjou, le futur '
Henri III, n'était connu à la Cour que sous le nom de Carn;ir;i- i
let, et ce nom, grâce à une acquisition faite par sa veuve, dans 1
le quartier du Marais, à Paris, désigne le charmant hôtel, con-
struit par Du Cerceau et orné des sculptures de Jean Goujon, |
où est actuellement installé le musée historique de la ville de J
Paris. Un des memlires de la famille de Kerhoent, ayant acquis. i
au xviii-' siècle, du duc de Tallard, la seigneurie de Montoire en 1
Vendomois, obtint l'attribution de son nom patronvmitpie au j
chef-lieu de cette seigneurie : Qucrlioenl demeura, jusqu'à la
lîévolution, le nom officiel de Montoire. 1
1309. Il serait sans intérêt ici de disséquer un certain nombre
de noms de lieu bretons commençant par Kcr- ou par Car-, pour
prouver que dans ces vocables le second terme est le plus sou-
vent un nom propre de personne, paifois un nom commun
d'ordre topographique ou un adjectif : on n'en tirerait rien au
sujet de 1 histoire de la colonisation bretonne, car beaucoup de
ces noms sont relativement modernes, tels, par exemple, ceux
([ui pré.sentent comme élément linal un nom de ])aptépie de
1 é|iO(pie léodale, un nom île ivqttème d'origine gerniauicpie
Kerguillerme, Kerroland, Kerrobin, Kerrichard — ou nneux
encore un nom de famille fraïuais. comme Kerrousseau, Ker-
roussel, Kerchevalier. H convient seulement d'ol)server t[ue dans
la IJretagne gaUo, ou du moins dans la partie de cette contrée où
le h-ançais s'est substitué au breton, une grande quantité lU' noms
de maisons isolées ou de hameaux commencent par les mots /,(
ViUc, accompagnés du nom de baptême ou du nom de famille de
(piebpie ancien possesseur : la Ville-André (I.-et-\'., M.), la
Ville-Artus (l.-et-V.), la Ville-Aubert iM.), la Ville-Baudoin
(C.-du-N.j, la Ville-au-Boucher ^I.-et-V.), la Ville-au-Marchand
(I.-et-V.) ; dans tous ces noms, /.■( VUlo est l'éipi valent français
du bi-eton A'er.
OlilC, I.NKS llKi:i(,lNM-,S
G WIK
1310. Ce mol, au sens de « bourg- », représenle le latin
vifus, entré tlans la langue bretonne à rexeni[)le des nîols
i)agiis, plehs vl tribus. (în-il; s'est rédnit à ^i(//- dans les
noms lie lieu dont il constitue le membre initial : Guichen
il.-el-V.). Guiclan \\'.). Guimiliau K.), Guipavas iF. :, Guissény
(K.i, el i)eul-ètre aussi Guiprouvel (F). Guipry (I.-et-\'.). Guis-
crifF iM.) ; ces noms désignent tous d'anciennes paroisses bre-
tonnes, parmi les([uelles deux au moins avaient, au moyen âge,
\\\\ second noiu, synonyme en ([uel([ue sorte an premier, et c[ui
n'en dillerait que par la substitution de plou à (/iciL- : Guiclan se
nommait aussi Ploclan, ei Guipavas l'iocavaz. l'ar contre, Plou-
gourvest (F.) s'est appelé duicoti/iH'.st ; et dans l'ancien diocèse
de Saint-Pol-de-I>éon, aiu[uel appartenaient Guiclan, Guipavas
et riougourvest, on a souvent désigné sous les iu)ms de (hiitul-
iiiezaiti et (/tiii/tcrncuii les chel's-lienx des paroisses de Ploudal-
mé/.ean et de Plouguerneau (F.). 11 est à remarquer que les
églises de Guimiliau et île Guissény ont pour })atrons respectifs
saint Méliau. prince breton, el saint Seny, évèque dOrigine
irlandaise, et Ton a là une preuve de plus de l'analogie qu il y a
dans la toponymie au moins de l'ancien diocèse de Léon, entre
l'usage de '//r//r et celui de pion, le premier de ces mots désignant
proprement le bourg paroissial, et le second la circonscription
tout entière.
1311. Un exemple de combinaison de gwick avec un adjectif
— dans l'espèce en, qui sig-nifie « vieux » — est fourni par
Guichen, " le vieux bourg ».
LAN
1312. Les noms de lieu ijyant lan pour premier terme ne sont
pas spéciaux à la Bretagne armoricaine. Dans les contrées de la
Bretagne insulaire qui ont conservé une toponymie bretonne —
pays de Galles, Coinonailles, Ile d'Anglesi-y — on ne conqUe
pas luoins de i 'lO noms commenijUnl [lar le mot gallois ou coi'-
nique U;m. Celui-ci avait le sens d' -< église », attesté au x" siècle,
dans les lois du prince de Galles, Iloël le Bon — egltvys, alias
llun — et au xii"^ par Giraud de Barrv. auteur de V Ilini'rnrhini
3il
I.liS .NOMS [JE i,ii;ii
.1
i
Cainlii-inc el de la l)cscri/>/iii (Uiinhri:ii\ (jui iiUcsle (|ut' laii
locus occlesiasLiciis soiuil, eL Iraduil les noms de lieu
Laviinon, Landcri, Landu. I.aïuncir vi Lanpadcrn Mnur p.ir
Ecclcsia S. Avani, Ecclesia David, Kcclesia Dei, licclo-
sia Marine, Ecclesia Paterni Magui, el celui de LandnjiJi
par Ecclesia sita super Taph fluvium. Il ne peut doue v
avoir doute svir la sig-niflcation du terme initial Lan- des noms de
lieu de la Bretag'ne armoricaine, et à les examiner, un voit bien
({u ils sont étroitement apparentés aux noms de lieu ^-allois eilés
par Giraud le (.".an\brien, lescjuels font partie d'un gioupe très
nombreux.
On ne compte pas moins dune soixantaine de communes de
la péninsule armoricaine dont le nom conuuence par Lan-.
1343. L'une d'elles, à l'exemple de la ville archiépiscopale de
Landair, au pays de Galles (cf. ci-dessus n" 1312), renfei-me
dans son nom celui de la rivière qui l'arrose : c'est Lanleff ;C.-
du-N.), sur lé Leir, aniuent du 'l'rieux.
1314. Lan- est suivi d'un adjectif dans Lanmeur (F., M.),
« la i^-rande église » et Lannevez (G.-du-N., F.), n la nouvelle \
église.. ' *
1315. 0\\ a vu dans Landrévarzec ^cf. ei-ilessus n" 1298) la !
combinaison de lan avec le nom ])rimitif du lieu. j
1316. Mais dans la majeure partie des cas, lan a pour déter- 3
minatif le nom du saint aucpiel est dédié le sanctuaire du lieu ;
la consonne initiale de ce délerminatif s'adoueit le plus souvent,
quand il commence par une labiale (cf. n" 1296, Pléhczrc et l'ic-
houlle), une gutturale (cf. n" 1292, Phjuijucr) ou une dentale
(cf. n"1298, LandréiKirzcr).
Lamballe (C.-du-N.) et Lampaul (G.-du-N., F.), doivent se
traduire par « église dé saint Paul >'.
Landeleau (F.'l a son église dédiée ;i saint Tlieliau, Thelia-
vus.
Gelle de Landerneau (F.) est sous l'invocation de saint 'l'ernoe,
évêcjue, lils du roi breton Judicaèd, contemporain de Uago-
bert !'•'■.
Landivisiau (F.), Lanloup (G.-du-N.,, Lanildut (F.i, Lanmo-
dez (G.-du-N.), Lannédern (F.), Lanriec (F.), Lanrivoaré (F.).
Lanvollon (G.-du-N.) ont ou ont eu pour patrf)ns resp^^ctifs saiid
Thivisiau, saint Loup, saint lldul, ablté, saint Mandez, ablié,
UHll.lNES linKTd.NNr:»
3 1 '.)
s.ùnl lùlerii, solit:iirp, sainl Riec, disciple do saint Guénnlé,
sailli lîivoarô, prêtre hrelon, oncle de saint Henri, ol saint Vol-
li)M, al)l)é.
LOK
1347. On peut être de prime abord porté à rattacher au mot
lucli, (pii appartient au breton armoricain et au gallois, avec le
sens de « cabane n ou de « lo^-e '■ le membre initial — lok ou lo
— d'assez nombreu5( noms de lieu de la Bretagne armoricaine
— le pars de (udies ne possède pas de noms analogues — et,
comiiii' ce mot lok y précède généralement un nom de saint lire-
ton, on a pu croire (juil servait à désigner les retraites que de
pieux ermites ou autres saints personnages s'étaient choisies
dans des localités éloignées des centres habités. Mais le nom
assez répandu de Locmaria (C-du-N., F., M.), désignant des
localités possédant un sanctuaire dédiée à la Vierge Marie, ne
se prête pas à cette explication : on songe alors à reconnaître
dans luk le mot latin locus, passé dans la langue bretonne avec
le sens restreint de i< lieu saint », de « lieu consacré » ; conjec-
ture à laquelle est loin de s'opposer le nom Locminé (M.), dont
la forme primitive, Loc/i-Menerk en l'IOS, présente comme
déterminatif le breton ntencch, forme plurielle de m;inac/i,
« moine » ; en clfet, ce vocable, qu'on rend assez exactement
dans les chartes du moyen âge par Loeus monachorum, est
dû H un monastère qui remonte, paraît-il, au vin" siècle.
1318. La consonne linale de lok [lersiste (Uins Loc-Brévalaire
(F.), Loc-Éguiner (F.), Locmalo (M.), Locronan (F.), Loctudy
(F.), noms désignant des paroisses (jui ont ou fpil avaient
;^ l'origiiu^ pour patrons sainl Hrand walader, al)bé, saint l'',gui-
ner, inai'Ivi-, saint Malo, évê([ne, saint l{enan, ermite, et saint
Tudy, abbé.
1319. Cette linale se confond presque complètement parfois
avec l'initiale du nom du saint patron, (piand cette initiale est
un 1/ : Locoal (M.), Focus (înduali; — Locqueltas (M.), dont
l'i-gî^r est dédiée au fameux saint Gildas, <!iiel/ii!^ en breton
armoricain ; — Locquirec (F. ), qui a pour patron saint Guerec,
Warochus; — Locquénolé (F.) et Locunolé (F.), dont l'épo-
nyme est saint Guénolé, Winwaloeus, premier abbé de l^an-
dé\'eiiiH'e.
320
ij:s noms ue i.iku
1320. L'assourdisseineiit total du k de lok se constate dans ks
noms Loperhet (F., M.), Lohuec (C.-du-N.), Loperec (F.) ot
Lothey (F.), dus au culte de sainte Bi'iyitte, eu breton Berlicl^
de saint Josse, Judocus, de saint Perec, Petrocus, de saint
Thei, Taicus.
1321. Enlin lok, assourdi en /o, s'écrit lau dans Laurenan
(C.-du-N.), nom d'une paroisse de lang'ue t'ranc^-aise dont le patron
primitif était saint Renan, remplacé aujourd'hui par l'évêipie
d'.Vn^ers, saint lîcné.
ILIZ
1322. Le mot breton iliz, écpiivalenl du t;'allois C'y/'r;/.s-, repré-
sente visiblemenl le latin ecclesia icf. ci-dessus, n" 13121.
Beaucoup moins employé (]ue lan, il apparaît surtout dans le
nom de lieu dit Coz-Ilis ou Goh-Ilis. « la vieille égalise ->, nom
relativement moderne appliqué, parait-il, à des endi'oits possé-
dant des sub.structions romaines, (jue les paysans ont pris pour
des restes d'édifices religieux.
Bodilis (F.) signifie <( le buisson de l'église » ; Brennilis (F.),
« la butte de l'église » ; Kerillis (C.-du-N. ), « la maison do.
1 église » ; une variante de ce dernier nom est iormée par Ker-
nilis (F.) - — oii Vn joue le i-ôle de la préposition '< de » —
vocable assez ancien pour qu'on ait lieu.d'en interpréter le ternie
initial par « village » plutôt que par « maison ».
h' AS TELL
1323. Le mot \)relon kaslell n'est autre que le latin castellum.
avec les diverses acceptions qu'a reçues le mot fraii^^ais chàfenu
dans la langue du moyen âge. Il désigne parfois quelque retran-
chement, voire même quelque ancienne ville fermée, comme
dans le nom Coz-Castell-Ach, porté en Plouguerneau (F.) par des
ruines qui passent pour être celles de l'ancienne capitale des
Osismii (cf. ci-dessus, n" 398), et dans les noms Plogastel et
Plougastel (F.), qu'on a traduits par Plebs castelli.
1324. Ainsi qu'on l'a vu (n" 1292), ces derniers noms ont
pour variante, en Bretagne de langue française, Pléchâtel
i)Hm;im-:s niuiTO.NM:;s : kastull
321
'I.-el-V.). lin aulri- (K'i-ive'" ilo l;:isl('ll^ ([ui .-i (•[(• CDiiiplètcnicnt
IVaiicisL', est Châteaulill (1'.), jadis (uaalelnin : on iyiioro ce que
sii,niiiiaiL le (léleniiinritif -nin.
1325. Pans Chàtelaudren iC.-du-N.), le secoiul terme est un
neui (l'InMimie hi-elon, assez l'épiindu encore comme nom de
t'auiilie.
1326. Gastennec (M.^i est appelé en lOGG Castellum Noce.
LIS
1327. Le noni lis. (pii subsiste en yallois sous la forme Uys,
en breton armoricain sous la forme lez, est un synonyme du
latin aula et du bas-lalin cortis, et comme ces deux mots, il a
eu, à la fois, les deux sens de notre mot <( cour », celui de cour
dun prince ou d'un seigneur — qui en fait comme un synonyme
de « cbàleau ;) — et celui de cour d'une maison. C'est en son-
i^'eanl à ce dernier sens (ju'un glossateiu- du \'' ou i.lu \i'' siècle le
dt)nne comme équi\alent de siica lorium, " sécboir )i. Mais
avant cette cpociue, et dès le i\'' siècle, notamment dans les
chartes de ral)l)aye de Redon, lis est le terme initial de noms
pi'opres désignant un certain nombre de demeures seigneuriales,
connue Lishcdu ou Liscedii, l.iscoel, Lisfaii, Lisfavin, J/isnou-
rid. /.isjiraf., Lisriuinuc, Lisrus, Lisircrn, qui doivent se traïkiire
par « la cour du bouleau.», « la cour du bois », « la cour du
hélre », v la cour des hêtres », '< la cour neuve », « la cour du
pré '), (( l;i cf)ur de llenac » — Ilenac est un bourg voisin de
Kedon — Cl la cour du tertre » et « la cour de l'aune », et dont
certains ont des homonymes dans la nomenclalure topographi([ue
du Morbihan : l.iscoct est à rapprocher de Lescoët et de Les-
COUet, l.isniiuriil de Lesnevé. l.e nom de LeSCOUet "sl aussi
porté par deux communes des Coles-tlu-Nortl. Lesiieven \V .) et
Lescastel (M.) peuvent être cités comme appartenant à la mémo
famille.
K KM EX ET
1328. Le vieux mot breton I;cincnr(, apparenté au nom com-
mun breton kcincnn, n mandement » ou « ord(jnna)ice », et au
verbe kemennn. « commander », est traduit dans les chartes
les imius lie lieu. 21
•'-- I-KS .NOMS DE 1.1 i;U
laliiu'S (lu niovcii à-e par le mol roiii meiula t i... exprimant
l«i(Mi le sens de « fiel' » ou (le « héiuMico >., ciu'il païaîl avoir eu.
Le nom KcrnenrI -Ulij ^ ,lonl le second terme est un nom propre
de heu, désignait un des arehidiaconcîs du diocèse de L.'-on :
l'auteur de la Vie de sainl Jadiaiël le traduit par Commen.la-
tio m. Aujourd'hui Kemenel se retrouve, dans Guémené (L.-l.,
M.), et, en composition dans Quéménéven (]•'.).
1
LX
NOMS COMMUNS DE SITES
ABKR
1329. Le mol aher, que les lexicographes Ijretons traduisenl
par u liavrc '>. ne s'euLeiulaiL à roi'ii^ine t[iie de remliouehure
d'une i"i\iére, el non pas seulonieul il une L'uiboucliure nuiri-
tiiue, nuiis aussi du conlluent du tleux rivières. Ce sons pri-
niilif est allesté, à la lin du xii^' siècle, en ce (jui concerne le
gallois, par Girauil de Barry, qui nous ajiprend ({uM/)cr//o///c//(,
aK)rs clicl-lieu d'une province tlu pays de Galles, l'tail situé uln
ri vus Ildthcui in aquani Oschee ilevolvilur, car ajoule-
t-il. iilicr lingua hrilannica diciLur locus oninis uhi
fluvius in l'iuviuni cadil. lîien ne prouve toulcfois que, sur
le conLiucnL n/jcr n'û désigné le conlluent de deux rivières; il esl
possible qu'on l'ait réduit de bonne heure à n in(li([uer (jue le
point où un cours d'eau tombe dans la mer. Le breton armoricain
emploie en oU'et un autre mot ici", ci-aprcs, n" 1333) pourexprimer
l'idée de u cimlluenl », et en Urelague le mol nher ne paraît pas
se rencontrer ailleurs t[ue vers le littoral. Les réperîoires géo-
graphiques les plus complets concernant la France ne pn'sentenl
(pie ([ualre vocables le reni'ernumt : Aber, Aber-Beiioit, Aber-
Iltud et Aber-Vrac'h. Ces noms sont portés par quatre lleuves
cùliers du Finistère ; mais à Foi-igini' chacun d'eux désignait
pro[)rt'nienl la localité située ;i l'embouchure du cours d'eau,
comme on le i-econnait à l'existence des petits ports d'Aber-
Benoil et (V Ahcr-Vrac h.
Bor
1330. Le luol Jii)/, aujourd'hui /)0(/, au sens de <• buisson »,
de u toull'e d'arbres ou de plantes », a contribué, dès le ix*^ siècle
— on le voit par le cartulaire de Redon — à former des noms de
lieu eu Bretagne. Il existe à l'heure actuelle, commençant par
Bnd-, un nom de commune — Bodilis (cf. ci-dessus, n" 1322) et
321
l,i:s NOMS Jip; iJEi;
beaucoup de noms d'écart, .surtout dans le Morbihan : Bodaval.
« le buisson de poniiniers >. ; Bodelven, hameau sis en l^lven,
Bod-er-Guen, m le Imisson du nonuné Le Blanc >>, Boderbihan.
c le buisson du nommé Le Pet il >., Bodermoël. >• le buisson du
nomnu^ Le (Chauve ■>, etc.
1331. Bod a pour synonyme /xvlcn : le Bodail (AL); parle
Bodanic (M.), il faut cntemire « le petit buisson ».
niU':x
1332. c:e mot, au sens de c colline » ou « butte ... se reconnaît
dans Brennilis (cf. ci-des.sus, n" 1322] et dans Brénédan (M.):
le nom de cette dernière localité s'écrit en 1447 Braniuulmt.
d oii l'on peut cmiclure (jue hrru avait à l'orin-ine deux //.
KKMISF.Ji
1333. Le mol hemhrr est l'écpuvalent du latin confluentes
[hrn ^ eu m et Aer,7 = f lucre). 11 se présente dans la topony-
mie brelonne s,his la forme hnniwr, au /,■ initial duquel on suh-
stilue dnrdinaiiv aujnmd'hui le -mupe yu. Quimper-F.) est au
cmllnent de !'( )det et du .Slcyr ; nn le dislin-ne de s.'s hmno-
nymes en Lappidant (Jiiiin/,rr-( :nrrn/ln , da nom de son patron
saint Corentin. le premier évètpie de Conmiiaille. Le surnom de
Quemper-(;»e;rvi;ific (L.-du-X.), au confluent du Trieux et du
Lell, est é-alement un nom d'homme, (iuethenocus en latin du
nu)yen aye. Quilliperlé (h'.i, primitiveyient Kon,j>cr-Ellé, est au
conIluenLde l'Is..lle et de L]<:ilé; et Quemperven iC.-du-N.) à
celui de deux ruisseaux dont les eaux vont ensuite -rossir le
C.uindy. Il existe dans le Morbihan deux villa-es dénommés
Camper et le Camper.
KENKCII
1334. Le vieux mot kc/iech, au sens de « tertre », de « sommet
d'uiu^ colline » est en breton moderne krec'/i, hrrnc'h, et même
«er'A, selon les dialectes. Il subsiste, sous une forme conservant
Vn primitive, dans Quinipily (AL), en liil (Jucncrhhil,, Quéné-
colet (AL), en 1130 Qucncc/n/olnc/, Quénépozan (AL;, en lli>2
Qiicncc/i/icu.san .
OIUC.INES IIKICIO.NNF.S : IC(l.\T .'i'i."
h'OAT
1335. Le mol l)reton l.ouf, au sens de « bois », qui repré-
sente un vieux mol gaulois, kelos, existanl dans le nom Leloce-
tuin d'une localité anticiuede l'île de Bretagne, est extrêmement
l'récjuent dans la loponymie bretonne sous les i'oimes coût, coct,
cmirt. Il ligure dans les noms d'une quantité innombrable de
menues localités, d'écarts, et aussi dans quelques noms de com-
mune : Coatascorn (C.-du-N.), Coat-Méal (V .\ Coatreven,
Coëtlogon, Coëtmieux (C.-du-N.) ; celle dernière localité doit la
seconde partie de son nom au patron de son église paroissiale —
saint Mieux, Miocus — qui est éi-'alcment celui de l'i^glise de
['luniirux (C.-du-N.), Plebs Mioci.
1336. A'o<7/ joue aussi le rôle de déterminatil' dans bon nondjre
de noms de lieu dont il constitue, en conséquence, le second
terme ; alors il est assez frécpienurient adouci en (joël et même en
hovi : Hiielgoat (F.). >' le haut bois, le bnis élevé - ; Kergoat,
Kergouet, Kerhoat, Kerhouat (M.), «< la maison du bois >- ;
Lescouet (C.-du-N., M.), (( la cour du bois » ; Porhoët, nom de
contrée dont le sens a été expli(iué déjà (n" 1285) ; — Penhoat,
Penhoët, Penhouet (M.) ; — Talhoët,Talhouet (M.); — Toul-an-
Goat (F.), Toulgoët, Toulgouet, Toulhoât. Toulhoët, Toulhouet
(M.), « la cavité du bois ». Le château de Penhoat, en Llcemeur
\\\.). était le sièye d'une seigneurie dite vulgairenuMit Clief-du-
Jiois] cette appellation, (jui ne l'ait que traduire Penhoat, indique
la situation du lieu à la « tête )), à la lisière du bois ; Tnlhoët
et Talhoiict ont à peu près le même sens.
1337. On se gardera d'apparenter aux noms qui précèdent le
surnom de Saint-llilaire-du-A/./rco/n-/ ^Manclie\ ilans lecpud ow
serait tenté de voir un témoignage de l'occupation bretonne au
delà du Couesncm ; en réalité, Ilarcnucf est une altération de
Hascou, II a seul fus, nom du personnage ([ui possédait la terre
de Saint-llilaire an xi'" siècle.
KONK
1338. Le mot konk, « angle, coin », constituait le nom de
deux localités maritimes du département du Finistère, situées
l'une et l'autre à des pointes de terre, à des sortes de caps. Le
nom de la moins importante, le Conquet, se distingue par une
1
.H2G LKs MOMs ijK iJi:i:
teriniiiaisou dimimilive. L'autre, siluûe en Cornuuaille, csl,
pour ce motif, appelée en breton Kuiih Kernmr, duù Concar-
neau.
no un
1339. Le mot breton dour, (( eau », qui reproduit le "aulois
du brun (cf. ci-dessus, n° 105), paraît dans le nom Dourdu ou
Dordu, porté par une rivière du Morbihan, et dont le second élé-
ment signilie « noir », ce ([ui fait tle ce nom 1 équivalent de Xnl-
rcau [n° 1156). Dourduff (F.) a sans duulc le même sens, tandis
que par Dourguen ('\L), il faut entendre i' eau blanche ».
1340. Le nom du Poudouvre qui résulte, on la vu n" 1286),
d'une forte altération de l'expression payus Dmidovr, c pays des
deux rivières >>, consei've du moins trace de la forme durr, inter-
médiaire entre diibron et dour.
/•:.\7.s •<
1341. Le mot enis, << île » fjui revêt dans le brdon moderne ;
la forme cnez. s'est mieux conservé dans le nom de Gavrinnis,
(( l'île aux chèvres », île du ;^olfe du Morlùhan qu'a rendue
fanu'use un monument mé^alitliique avec sculptures.
MACOEIi, MAGOI^li
1342. Macoer ou nia(/oer, en bas-i^rettui indijucr^ rei^résenle le
latin maceria, et s'applique g-énéralement à des vestij^es de
répoi|ue romaine. On le reconnaît dans Magoar iC.-du-N.),
Magouer (M.i. Ploumagoar et Ploumoguer 'cf. ci-iKssus,
n" 1292,, Coët-Magouer ^^1.;. Magoro, Magouero, Maguero,
Mangoro, Manguéro, le Manguéro (M.), ainsi (pie dans le
Magouérec (^L), qui représente une forme adjective.
M A EN
1343. Le mot ntaen, aujourd'hui men, « pierre » est le terme
initial d'un grand nombre de noms de lieu bretons, notamment
dans le Morbihan : Men-Bihan, '< la petite pierre o, Mendu, « la
pierre noire », Mengouet, " la pierre du bois », Menguen, " la
pierre blanche », Menhir, » la pierre lonij^ue » ; on sait (|ue le
nom commun menhir désif^^ne une pieiie lichée en terre.
uuii'.iM';s iihkionm;s
327
I
M EN H, ME NI-:/.
1344. Ce mot, ;iu sens Je <^ monlague », est très fréquent dans
la nomenclature géographique de la Bretagne. Par une sorte de
tautologie, la carte de Cassini appelle « montagnes du Mené »
une chaîne importante de ce pays : les ingénieurs employés par
(lasslni ont pris pour un nom pi'<)[)re le mot tlu langage courant
que les populations applic[uaient k cette chaîne. Ce mot se
reconnaît dans le Mené iC.-du-N., M.), Ménéguen (M.), " la
numlagne hlanclie », Ménémeur (M.), « la grande montagne »,
Ménégoff, " la monlague du forgeron ' ».
1345. Le mot peu « tète », qu'on a rencontré en combinaison
avec Ltial (n" 1336), ligure également dans Penmarch (F.), " la
lèlc de rlii\al » — ajjpcllation due vraisend>lablemenl à la forme
d'un rocher — ei dans Pencran (F.), Péiiestin (M.), Penguily
^C.-du-X.) ilPeiihars (F.).
poyr
1346. Au sujet de ce mot, d'origine latine et par conséc[uent
anah)gue au nmt français, le seul fait i|ui soit à signaler est
radoncissi'iniiit de sa (.nnsonne initiale (piand d est ennjloyé
l'oniinc second Icrnu: d'un ncnu C(inq)osé', par cxcnqile dans
lleiihoiil, " le vieux pont », (pu s'écrit avijourd'hui Hennebont
[U.], et dans Trébont îcf. ci-dessus, n" 1303).
1347. Le mot breton pnnl, au sens d' « excavation », de
<( trou », de « fosse », de « mai'C » et ]iar suite d' « étang », est
le premier terme des noius de commune Pouldergat (F.), Poul-
I. Ici le li'\(t' rédigé |i;\r A. I,oiil;-iuiii ]'Oui'sa leçon «lu "il iiini lt<'.)l, :iii
Cellè-c (le Fr:ii\ce, inlercile le couit alinéa suivant : .. ],e mol breton
inriirc'ln, ininir' Iti, sij;niliuiil » asile, franchise », est l'origine dos noms
le Ménéhi el Minihy (-M.}, analo^nes, jiai' eonséquenl, aux noms méridio-
naux de t'ianee, hi SalreUil, lu Saiin-hil ». Nous ne trouvons rien de tel
dans les miles prises à l'iv-ole des llautes-Ktudcs en 190-2 el on 1906.
328
i.Ks NOMS i)i': iji:i:
douran (C.-du-N.), Pouldreuzic [F.y Uni à un nom d'homme
dans Poulbrient (M-^i et Pouldavid (F.l, il est coml)iné avec un
nom commun de liou dans Poulderf et Pouldero (M.)> " l'' f'^'^se
du chêne », et dans Poulprat (M.), " ht fosse du pré » ; a\ec un
adjectif (huis Pouldu fC.-du-N.. F., M.), » la fosse noire ».
nos
1348. Le mot r-ox, u tertre, butte ■>, est d'un emploi assez fré-
quent dans la toponymie bretonne. Hoz-Landrieu.r et B-OZ-siir-
Coiicsiio/i (I.-et-V.) appai'tiennent à l'ancien diocèse de Dol,
c est-à-dire à la partie la plus orientale du pays cohmisé par les
Bretons du vi'' siècle. Ros est le terme initial des noms de com-
mune Roscanvel, Roscoff, Rosnoën, Rosporden F.), Rospez,
Rostrenen (tl.-du-X.j, et île bien des noms d'écart : Roscoat,
Roscoët. Roscouet, Roscouedo, Rosguillerme. Roslagadec i M.).
— Le nom de liosco/f c la butte du forgeron », est porté, non
seulement par une ville du Finistère, mais par plusieurs lieux
dits de Bretagne où existent des amas de scories témoii,'^uant
d'une ancienne exploitation de minerai de fer (cf. ci-dessus,
n" 583 .
nrx
1349. Le mot /-un, « colline », se rencontre notamment dans
Runespern (C.-du-N.), « la colline de l'épine ».
rori.L
1350. Ainsi cpi'on l'a signalé à ]u-opos de Toul-an-Coat.
Toulgoët, Toulgouet, Toulhoat, Toulhoët, Toulhouet (n^' 1336),
toull a le sens de « creux », de « cavité », de <> trou », on le
rencontre aussi dans les noms de lieu suivants, empruntés à la
nomenclature du Finistère : Toul-an-Groas, « la cavité de la
croix », Toul-an-Marc'h, " le trou du cheval », Toul-an-Ster,
« le ti-ou du Steyr », etc.
1351. Le mot lireton qui, en gallois, à la forme /i/no. et qu'on
trouve, au xi' siècle, dans le cartulaire de Landévennec sous la
i'oiine Innu. siirniiie c l)as-l'nnd, vallée » : il est devenu traov et
(HiU'.iNKS iii!K'i'nNNi:.s : rxor D'jll
iiu'iiie iruDii. De là les noms do lieu le Traoïi ^l-'.), Traou-Jacob
(('.-du-N.), et beauqoup d'autres dont Ininu ou Iraoti constitue
K- premier terme.
1352. Trnon s'est réduit à /ro;; dons les noms Tronjoly (M.\
(( la belle vallée » et Tronscorf (M-)- ^e dernier porté par un
écart situé sur le ScorlT.
1353. Ailleurs le vieux breton Inoii esl représenté par Iro :
Tronielin i^M.I, ^ la \allée jaune o ou « ilorée » (cf. Orval),
Tromeur iM.), « la g-rande vallée « (cf. Grfindvnl).
Aux noms de lieu formés sui- des noms communs de sites se
ratlaclienl tout naturellement ceux (jui dérivent de noms
d'arbres ou de plantes. 1 ,a loponvmii' bretonne en présente un
grand nombie.
1354. Les uns ne font que reproduire un nom d'arbre : le
,^ Faou (F.'i, c'est-à-dire <( le hêtre », Guern 'M.), c'est-à-dire
I" « l'aune ». Ce dernier nom a pour é(juivalent Guer (M.), forme
I dans la(]uelle, sous l'intluence fram^'aise (cf. Jmir =- diurnus,
II l/irer = hibernusy V n linale s'est assourdie, (nicrn a pour
£ diminutif Guernic (M.), « le petit aune », pour pluriel Guerno,
1" « les aunes ».
1355. Ailleurs on se trouve en présence de collectifs formés au
'^ nu\yen du suflixe -hué ou -oët, cpii -n'est autre cpie le latin
|. -etum : Guernehué. Guernué (M.) =-- \'ernetuni (n" 633 j —
f. le Faouet (C.-du-X., M.) = Fag-etum (n" 621)— Casténoët
I'' ['Si.) = Castanetum (u° 618). — Le Spernoët et le Bézouet
?t (^ï ■ ) formés sur les noms bretons de l'épine et du bouleau, sont
les équivalents à'Epinay (n° 629) et de Bouloy (n" 614).
1356. Mais le suflixe cpii sert à fornu^r le plus grand nombre
de collectifs de cette nature — il se joint il'ailleurs à des noms
il'arbi'isseaux plus souN'ent rpi'à des noms d'arbres — esl le suf-
lixe-fc, analogue au gaulois -acos (cf. ci-tlessus, n" 203) Avallec
(M.), <t la pommeraie •>, Balanec (F.), « la g-enêtaie ». Beuzec
iF.), (( la buissière », le Drennec F.), le Dreneuc (L.-L), « l'épi-
naie ». Quélenec (C.-du-N.), Quélennec (F.), « la houssaie »,
Radenec (AL), <> la foug-ei'aie », le Spernec (Moibihan). « l'épi-
naie ■).
LXI
ORIGINES BASQUES
1357. C'est une erreur ([ue de voir ilans les Basques de l'cx-
Iréniili' sud-ouesL de la l'^rance. un dei'uier vestige des po[)ula-
tions qui, au temps de César, hal)itaient entre la Garonne et les
Pyrénées, et que le conquérant désigne sous le nom d'A([nilains.
Il est possiljle ({ue. parmi les Aquitains, il y ait eu une dose
plus ou moins foile de population apparentée aux Bascjucs;
mais la présence de cet élément ne se révèle, d'une façon cer-
taine, ni par les textes, ni par la toponvuiie antique de I;i
région; le nom I-llim l)e rris, sous lc([uel Poniponius Mcda
désigne la ^■ille irAucli, est le .sinil argument un peu sérieux, au
point de vue liiiguislique, [U.'sc'iiir' par les partisans d'une
origine etimicpu' eummuiie d( . Aciuiliiiiis l't iKs Bas([ues; argu-
ment résultant de l;i ecunji;ir;ii>.ui de ce xoealile avi'c un ikmu
lie lieu Iiasque moderne. Ir.lirrii, (|ui. iMi-iné du sul)st:inlir iri
<( denu'ure, ville ", et de l';! l|i'i.lii' Itrii!, ■> ncul' y. a un sens
analogue ;t celui ilc notre n.im de lic-u \"tll,'ncurc cl', ci-apiès
n'' 1358) ; niai.s les objections ([u'd y a limi de l'aiie à ctlt' ()[)i-
nion ont été indiquées déjà ( n" 27). Lors même qu'on admctliail
la présence d'un élément bastjue chez les A(|uilaiii deC.r'sar.
cet élénuuil, par suite delà nunanisalion si compli'lc ilc la('i;iulr,
ne devait plus se trahir, au point de \ ue linguistique, lois des
grandes invasions du v'' siècle i.[\n jjlacèrent notre pavs sous la
domination barbare de nations d'origine ^;ermani(iue.
Les ancêtres des populations basques de notre départi-ment
des Basses-Pyrénées habilaii'ut aloi-s. comme au cour-^ dr hi
période ronuiine, la région, conqirise entre les Pvrénées it 1 l'bie,
qui correspond d'une manière générale à la Navarre espagnole.
Ils réussirent tout d'abord à se nuiintenir dans ime stjrle d'indé-
pendance à l'égard des A\'isigotlis qui, maîtres de la plus grande
partie de l'Espagne, les assaillirent vigoureusement pendant la
seconde moitié du vi'' siècle. Ils furent délinitivement vaincus
vers ."78 par le roi goth Leovigilde, et ime partie de la nation
()Iiii;im;s kasiiuivs
:VM
I
%
li.tsiiiu', |u)ur ('oliappcr à la iiouvclK' doininalioii, se ixjila au
iiiiiil lies Pvrt'ni'os, entre celle cliaîiio et la Garonne, dans le pays
•jui, de leur nom lalin. Vasconos, a conservé le nom de Gas-
cogne, Vasconia; leur présence sur le versant français des Pyré-
nées est attestée pour la première fois en 387. Grégoire de Tours
S'jxpriiue ainsi : « Les Vascons, se précipitant tles montagnes,
ih'>ecndonl ilans les ]5laines, ravagent les vignes et les champs,
iivi-enl les maisons au feu et emmènent (|uel(iues-uns des liahitants
captifs avec leurs troupeaux. Le duc Austrovald nuuclia sou-
vent contre eux, mais il n'en lira qu'une faible vengeance )>.
Les Vascons se lixèrent d'ahord, eu des proportions fort
liilTérentes, selon les régions, dans l'ancienne province de
Ncnenipopuhmie, com[n-ise entre la Garonui^ cl U's Lyrenees.
i'Ius lai-d, cl dès le commencement du vin'" sii'cle, leur duc ^ on
— Eudo — élentlil sa domination tlans les provinces voisines :
il dominait non seulement à Toulouse, mais dans toute la partie
lie la Gaule comi)rise entre la Loire et les Pyrénées, entre
rOeéan et le Pvliône. Aiissi le mol Gascogne, ^'asconia, dési-
gnant chez Itvs auteurs du viu"-" siècle el nu'me du ix'', le pays ([ue
!;ouvernèrenl successivement Yon, Ilunaud et Gailier — a})[Hdé
à tort WaïlVe pai' nos historiens modernes — est-il un véritable
svnonvme d' Aquitania, témoin le capitulaire, édicté en 80G par
( Iharlemagne, relativement au partage de l'empire franc, où.
r.Vquilaine est appelée Acjuilania vel Wasconia.
C'est là le sens le plus large dans lec|uel ait été pris le nom
\'asconia. Dans une acception pins reslreinle, il fut appliqué à
la partie du donuiine d'Yon, situé entre la Garonne et les Pyré-
nées, qui fornui au i\'' siècle, le duché carolingien de Gascogne,
région dans hujuelk', sans doute, s'éhnenl établis, pour se fondre
bientôt dans la population gallo-romaine, une partie des envahis-
seurs vascons de la lin du vi'' siècle. Mais il aurait pu, ndeux
rncore, désigner le pays bas([ue, ([ui répond à peu près à la par-
tie occidentale — arrondissements de Bayoruie et de Mauléou —
du tlépartement des Basses-Pyrénées, autrement dit au Labour-
dan ou [)avs de lîîiyonne, à la Basse-Navarre et au pays de
Soûle ; la popvdation vasct)nne, beaucoup plus dense, y domi-
nait parle nombre, et elle a pu y maintenir, Juscpi'à nos jours,
l'usage presrpie exclusif de sa langue nationale, parlée aussi, au
delà des Pyrénées, par les i'astpies esjiagnols (|ui peuplent les
:\:V2
l.KS NOMS lir, I.IIU'
provinces lie l'Alavii, de la liiscaye el du Guipuzeoa. Islle s'y
iti.-iiiUiiil inèaie avec une telle force ([ue, durant le cours du
\ix'' siècle, le seul où Ton se soit préoccupé de l'étudier, on n'a
pu, paraît-il, constater un recul quelconque de cette langue,
appelée cushni-n par ceux (pii la parlent.
Les documents qui permetlraient de juger la question pour les
temps plus anciens manquent d'une façon à peu près absolue. 11
semble cependant incontestable (jue l'euskara a reculé quoique
[)eu devant le dialecte roman que l'on ([ualille de i,'-ascon : celait
est attesté ])ar l'existence de toute une série de villes ou de vil-
la;^es où l'on [larle aujourd'hui gascon, mais dont les noms sont
de physionomie basque : Biarritz, Bnyonnc, Bidac/w, Arancou,
Os.serain, C/iarre, Bidos, Aramils, Asasp, hsor, etc.
Di's noms de lieu d'orig-ine basque existent sans doute aussi.
à plus de dislance encore de la limite des langues, dans les dill'é-
lenles parties de la Gascogne, où ils apparaîtront, aux veux des
érudils (pii en constateront l'existence, comme des témoignages
irrécusables de la colonisation basque du vu'' sièele. Malheureu-
sement, ces noms doivent avoir subi de sérieuses transformations
sous l'inlluence du dialecte gascon, ([ui, depuis plus de dix
siècles, tend à se les assimiler ; et les actes du haut moven-àge
sont tellement rares pour la Gascogne, que le philologue ne peut
galère en attendre d'utiles indications sur leurs formes primitives.
Néanmoins, quelques-uns de ces noms ont conservé, sous le
costume français, ou plutôt gascon, une physionomie qui atteste
sullisamment leur origine bas(|ue. Mendosse ''L<.t-et-Garonne 'jet
Mendousse i^Basses-Tyrénées) — ce dernier nom est celui d'une
localité située à quatorze lieues du pays de langiu" basque —
siMit des formes fi'anciséi^s d'un nom de lieu bas([ue (pi'on trouve
en Isspagne sous les foianes Mendoz l Guii)ù/.coa i et Mendoza
(.\lava, Biscaye). Or, Mendousse est appelée au xi'' siècle Mcn-
iIiDZu, et l'on reconnaît dans le premier terme de cette fornu'
le niotl)asque nicinli, c nmnlagiie » (cf. ci-ajtrès, n" 1364).
Cet exemple met suiïlsamment en lumière l'intérêt que pré-
senterait, pour déterminer l'extension primitive de l'élément
vascon en France, l'étude de la toponymie gasconne. i\Iais,
■|
1. Lieu dil de la commune d'Estilhip, .irr. d'Af,-cn, rant. de Laphimc
1 renseignement dû à Tobligeance de M. IkMié Bonnat, archiviste de Lot-
el-Cironiip'.
OIUGI.NKS UASyrES
:î33
faute de documcnls anciens, celte élude se lieurlerail à de
sérieuses difficultés, et on ne l'entreprendra pas ici. On se bor-
nera à l'indication des principales racines et des principaux suf-
li\es ([ue présentent les noms de lieu du pays basque.
1358. Le mut //•/, au sens de u vlUag-e » ou de u localité », a
produit les noms -éog-raphicpu'S : Iriart (lîasses-Pvréuées ''<. ([ui.
sous une l'orme un jieu dill'éienle, )'riar/r, esl devenu nom de
famille ; — Iribarne, " lieu jjrolond M, nom porté p;ir deux
écarts et deux cours d'eau, et sa variante Iribarnia ; — IribeiTy,
(pu désii^ne deux villa-^es ou hameaux appelés dans dts textes
lies \vr, xvu'' et xviu'' siècles VilUuiuva, \'illitniiev;i ou ]'illc-
nciic(\ licri-i si^niliauL « nouveau » en basque ; — Irigaray,
u villa-e élevé ■■ ; — Mgoyen, .< village du bois ., ; — Irissarry ;
Irissura. Le même mol est le second terme des noms Baratchéry,
Carriquiri et Queheliri, qui ont respectivement pour premier
ii-vmt' biu-alch, u jardin », cnrriqiii, '< rue», qachel, n muraille ».
1359. Li' mot ciin-icn, qui désigne une rue ou un chemin
1.1. rdc de murailles, [uu-ail dans les noms : Carricaburu. ^' le
bout " ou '• la lète île la rue •«, éipiivalaul au nom Chcdcvillc,
caput villae, (jui désigne la partie extrême de certains Aillat;es
j^-énéralement formés d'une longue rue unique; Garricaçarra,
Carricamussa, Carricart — dont le second terme est le même
(pie dans friiirl — Carriquiri '^^ef. ci-ilessus n" 1358;, etc.
1360. Le uo!U commun /;uir('ijui, formé à l'aide du sullixe
-y;//' sur un substantif //a/;/i, au sens de '< seigneur » désigne une
maison noble. De la les noms de lieu Jauréguy, Jauréguia —
cf. Jauréguia (Biscaye) — Jauréguiberry, » le nouveau manoir ..,
Jauréguissahar, <' le vieux manoir ».
1361. Le mot ,s,i/,(, d'origine française, a en basque le sens
qu'au inoven-àge notre langue donnait au mot .s;(//t', celui de
(. demeuiH" seigneuriale ». Sallaberry signilie donc " salle
neuve >< ou n nouveau manoir >> ; et lune des localités de
ce nom est en ell'et aj)pelée Salanuoa dans un texte de IG21.
1362. Etfhc, qui a le sens de " maison », a produit beaucoup
1. 11 \unis ii;ir;ril huUlle île répéter colle iiuHealin]! ;> propos 'les iv.m-
breuses localités apparlonaiU au mèine .lép^rUiiieut. iiui son! ii'Mniuee-
dans le présent chapitre: plusieurs denlre elles — nous avons const^aé le
fait, et croyons devoir le si^jnaler ici — ne fijrurenl pas dans le Dirtmnnair,'
topngrapliii/ue de Paul Raymond.
:}3i
I.HJS .\(JN]S 1)1-: l.II^U
de noms de lieu L'un des plus répandus est Etcheberry, Etche-
Verry, Écheberry, << la maison neuve », dont les é(|uivalenls
sont, en Espagne. Javerri (ui Xaberri et Javier ou Xavier: eo
dernier nom est celui du lieu de naissanee de saint iManrois de
Xavier, l'apôtre des Indes. Il convient de citer aussi: Etcharry :
— Etchéandy, « la grande maison .. ; — Etchébar et Etché-
barne, u la maison d'en bas - ; — Etcheçahar <i la vieille mai-
son .' : - Etchechurry, » la maiscm Manche » ; — Etchecjaray.
« la hauli' maisiMi n; — Etchegoyeil, <■ la maison ilu hois":
— Elchepare, « les ileux maisons ». — La l'oi nie liche/jrm/
autoiise à reconnaître la même racine dans : Échagoyti, « la
maison d'en haut >> ; — Échart, dont on a rencontré le second
terme dans Iriurl [n" 1358; et dans Carricarl (n" 1359) ; — Échat.
1363. Le mot basque élira, qui, comme le Ijreton ilis. repré-
sente le latin ecclesia, (ig-ure dans les noms : Éliçabélar, lille-
ralement << front de l'église », c'est-à-dire <' lieu faisant face à
l'église » ; — Éliçaberria ou Éliçaberry, « la nouvelle église .> ;
— Élicerry, « le village de l'église » ; — Élicetche ou Élissetche,
(< la nuiison de l'église ). ; — Élissagaray, « la haute église u ■
— Élissalt, pour Eliçaull, >■ près de l'église », etc.
1364. Mciull, » montagne )i, se [)résente seul dans Meildy, et
constitue l'élément initial des noms : Mendioilde, '< près de la
montagne .. ; — Mendilte ; — Mendive ; — Mendiburu, ■• !e
bout de la montagne » ; — Mendigorry, « la mont;igne rouge >>
— et Mendousse, mentionné déjà ( n" 1357).
1365. Le mot ar.m, « vallée », est aussi enqdojé connue
nom de lieu, et ligure comme premier lern\e dans Araiice, Arail- -à
cou; — Arangaixa, - la mauvaise vallée» (cf. Miilli'L\'il): — ^
Arangorine, Arangorry, « la vallée rouge » ; — Aranpuru, " le
bout » ou (( la tête de la vallée », etc.
1366. //),(/•, synon_yme d'aran, paraît dans les noms : Ibar-
be'ity, « en bas de la vallée »; — Ibarbidea, Ibarburia, Ibarla,
Ibarle ; — IbarroUe, <' la forge de la vallée » ; — Ibarron, <• la
bonne vallée » (cf. Boniieral); Ibarrondoa, etc.
1367. Itiirri, (( source, fontaine », est le premier membre du
nom Iturbide, « le chemin de la source », qui était au cnnuncii-
cemenl du xix' siècle le nom jiatronymique de l'empeicur du
Mexi(jue, Augustin L''. On le rencontre aussi dans le nom
de commune Ithorots, et dans divers noms géograj)lii(jues :
(I111(.1M:;S llAsnUKS
X\",
Itliorrondo. c< |u\'s de lu fonluiiic » ; -— Ilhorchilo ; — Ithurralde,
« contio la fontaine » ; — Ithurramburu, " la tèlc des l'uiilaines <•,
nom (le niuntag-ne ; — IthurrétO, elc.
1368. Les mots bas(|ues ihni, « rivière » et errcka, « ruisseau»
ou « ravin i>, ont contribué éi^alement à former un certain
nombre d'appellations u;'éogTaplii(iues ; parmi celles qui procèdent
du second de ces mois, on peut citer Errécagorry, c le ruisseau
roui^-^e », et Errequidor, qui — idor ayant le même sens que
l'adjectif français « sec » — est un équivalent du nom liieusscc,
très fréquent dans la toponymie de la France méridionale.
1369. Harri, « pierre », ou « roche » — arri dans les dia-
lectes basques d'Espagne — parait dans ; Haïriague ; — Har-
riondo, " près de la roche ».
1370. Oihan, oi/an, « fjois, forêt », est l'élément initial des
noms : Oyanhart ; — Oyanbelché, » le bois noir » ou mieux
I' sombre » ; — Oyhançarré ; — Oyhanhandy, « le i^rand l>ois »,
etc. — C'est le même mot ([ui, à la lin des vocables géogra-
phiques, affecte, peut-être par euphonie, la forme -ijoj/en :
Irigoyen, Etchegoyen (cf. ci-dessus, n"- 1358 et 1362).
Les noms communs d'arbres ligurent naturellement dans un
grand nombre de noms de lieu.
1371. Ainsi hari/z ou arifz, >< chêne », est h', racine des noms
Aris, » le chêne » ; — Ariste, i< la chênaie » ; — Harispe, « sous
les chêiu's » ; — Harismendy, » la montagne des chênes » ; —
Harispuru, « la tête des chênes ». Il se voit également dans
Biarritz, « les tleux chênes ».
1372. Arneiz, nom bascpie du chêne tauzin, paraît dans Ames-
petzu, Amestoy, Amexague.
1373. L'appellation du frêne, lizar, se présente dans les noms
Lissaragay, « la frênaie » et Licerasse, en 1 iO:2 Liçaraça .
1374. Inchanipe, formé sui' le nom du noyer, inchain, signifie
« sous les noyers » et est devenu nom de famille.
1375. Le nom du pommier, sarjur, a produit Sagarspe, » sous
les pomnuers ». — Le nom dt; famille espagnol Sagasta doit se
traduire pur u la pommeraie ».
1376. Le mot suras, « saule » est la racine de Sarastey, " la
saussaie » et de Sarrasguette.
1377. Gueres, « cerise », mot d'origine évidemment latine, se
reconnaît dans Guerestey, " la cerisaie ».
3;jo
Lies .N(J.M.S Ul, l.ll'.l
1378. Eniin le nom de réiiiiu', cUior/i, est jjoilé juir le Ikiiikniu
d'Elhorry. — Elhoriet, Elhoriéla, sont des éciuivalcnls d'ii/iinai/.
1379. Ou })OurraiL citer une nuiUilude d'aulres nuins de lieu
formés sur des noms communs d'arl)res ou tle plantes. (3u se
coatenlera de mentionner ici, parmi ces derniers, le mot if.izr,
« fougère », d'où dérivent les noms de lieu Iracelhay et Iraçabal,
et qu'on a peut-être lieu de reconnaître, condnné avec quehpie
suffixe locatif, dans le nom d'Irazein (Ariège). Mais, encore une
fois, en ce qui concerne la possibilité d'une orig-ine has(juc pour
les noms appartenant à la Gascogne proprement dite, il serait
ipprudent de conclure sans avoir préalablement étudié leurs
formes anciennes'.
Ici, d'ailleurs, on n'entendait a|)pnrter que quelques notions de
toponymie basque. La trruluclinn, donnée en passant, de plu-
sieurs d(!S vocables énumérés, a mis en vedette, concurremment
avec les sul)stantil"s particuliri-emcnl étudiés, lui certain n(jnd)re
d'adjectifs et de locutions ad\erlilales, et de plus un certain
nombre des suffixes les plus communément usités.
Mais parmi ces derniers il convient de signaler encore ceux
qu'on voit combinés avec des noms de [U'rsonne pnui' former des
noms de lieu ; car ce mode de formation n'a [")as ('lé moins l'amilliM'
aux Basques qu'aux g-roupes ethniques dont il a été question dans
les chapitres qui précèdent celui-ci.
1380. Le suffixe -haïlluui ou -J)a)'thn a le sens de notre prépo-
sition « chez ». Par Goyetchebaïta et Laffittebaïta, il faut
entendre » chez Goyetche » et u chez Laflitte ».
1381. Analogue aux suffixes IVam^'ais -/é/v et -crie (cf. ci-des-
sus, n''"* 201 et 376), le basque -cnca ou -enia se joint très fré-
quemment aux noms propres de personne ; Errolenea et Catale-
nea pourraient se traduire par lu liolandière et la CatJicrinièrc.
Mais par surcroît d'analogie avec -aria, primitif de -ière, il se
combine aussi avec des noms communs de végétaux : Mahatrenia,
(( la raisinière », Iratzenea, « la f(nigeraie ».
1382. Le suflixe -ia, paraît ne se combiner, comme -baïtha,
qu'avec des noms de personne : Bidegainia, « chez Bidegain ».
LXll
OUICIXKS KCCLKSIASTIOl'ES : (li: NFJîALn'l'S
1383. Les luiiiis (le lieu (lus aux populalions (jtablies sur le
sol gaulois du \'^' au x'' siècle, et (|ui ont él(.' passT'S en revue
(liins les [)récé(.lenls chapitres, ne sont pas, dans la lopononias-
li(pie française, les seuls qui renionlenl k lu première nu)ilié ilu
inoycn-à^'e. A C(~)té de ces noms, (jui dans l(!ur ensemble inté-
ressent l'ordre ci\il, les n(nns d^n'ii^ine ecclesiasti(pie tieunenl
une place considéralile. Origine ecclésiastiipie, doil-on dire. j)lu-
lôt qu'origine reliyicvise : cette dernière expression serait ici trop
géiu'rale. L'étude des noms se rapportant à des sancluaii'es
puïens a l'ait l'objet (n"" 452-473) d un des cdiapitres consacr(''S
aux Nocables (pii ont [)ris naissanc(; sous la domination romaine;
à ré[)oqiie médiévale les seids noms de lieu tlOrigine religi(aise
dont il puisse être cjuestion ont été inspirés par l'éylise chré-
tienne.
On peut de ces noms faire trois catégories :
(À'ux de la première, empruntés aux établissements religieux,
sont formés, en tout ou en partie, de noms c-omnums désignant
ces établissenients.
Moins anciens, ceux de la seconde lappellenl le souxenir des
ordres religieux établis en France.
La troisième, de beaucoup la [)lus considérable, comprend les
non\s (pii ■;(■ rattachent aux dix'erses notions du cidte chrétien :
souvenirs de la Torre-Sainle, événements de l'histoire ndigieuse.
culte de la Divinité, appellations nivsti([ues, et surtout culte
des saints.
/.es ixiiiix (/(• tien.
LXIII
l-rrAl^LISSEMENTS P.KLIGIKUX
I.L' (.'hoix (les ncMiis coininuns (Miiploxés à désit^ncr les élalilis-
senuMils i-elii;ieu\ a varié selon les lemps ; les plus ancieiineinenl
iisiLés soiiL ceux (|ii"iei l'on éliuliera les |H'eniicrs.
1384. Le nu)l Ijasilica était un adjectif l'éniinin (.l'orii^iiie
grecque, au sens de « royale ->. Pris substantivement, il désigna,
dans la lionie païenne, un étlilice somptueux où les mai^istrats
rendaient la justice. Cette acception primitive s'est conservée
dans le mot " basoelie », nom de la juritlietion à hujuelle les
clercs du Parlement soumettaient les dill'é'rends cpii pouvaient
sur^àr enti'e eux. Par ime én'olutinn de sens ipi'ou ne tentera ])as
d'expliquer ici, basilica en est arrivé dès le v'' siècle — les
écrits de saint Jérôme et de Sulpice Sévère en font loi — à dési-
gner un édilice chrétien consacré au culte, ime é:.;lise, parfois
même, sous la [)lume du premier de ces (uiteurs, une simple cha-
pelle. Dans les œu\res dt; (ïrégoii'e de 'l'oiu'S et dans plusieurs
diplômes mérovingiens, oii il revêt souvent les formes basileca
et l>aseleca, il a toujours ce sens d" <' éL;lise >>, moyennant
lecpiel il a trouvé place dans la toponomastique de notre pays.
Les noms de lieu qui le i-eprésentent diil'èrent assez sensiblement
du type primitif, en raison de [)lusieurs faits de phonétic[ue aux-
quels il convient de s'arrêtei'.
1385. A l'exenqjle îles autres adjectifs latins en -icus, -ica,
-icum, basilica était accentué sur l'antépénultième ; il résulte
de la (pie d'ordinaire, 17 post-tonique étant tombé, le v i;uttural
<pii le suivait a laissé ([uel(|ue trace ; en revanche ce c disparait
parlois, en raison de ce (pie de bonne heure on a dit basilia pour
basilica, de même cpie colonica s'est altéré en colonia (cf.
ci-dessus, n" 918).
1386. Soit dit en passant, Basilia. déformation de l'asilea.
nom latin de la ville de Jîùte, n'a rien de commun a\cc les noms
présentement étudiés.
1387. Le c latin, placé devant un ,(, devient c/t en fran.tals ;
OUICIMOS KCCMCSIASI-KilIlO
;;;!!.)
Miiiis il coiisiTve le son .qutluriil dans la lani;-uo d'oc d'une pari,
dans les dialectes noj-inand, picard et wallon d'autre part. Con-
séqueinnient on voit hasilica représenté en Normandie par
la Bazoque (Calvados, Orne) et Bazoques (Eure) ; dans ce der-
mei- nom. comme dans une foule d'autres noms de lieu iVançais
a terminaison l'éminine (cf. ci-des.sus, n»'* 373, 577, 581, 582,
940), r.s finale est parasite. L'i atone de hasilica étant tombé
<le lionne heure, ce mol s'est réduit à hasilca ou haselca ; 1'/,
se trouvant en contact avec le c, s'est vocalisée, ce qui pouvait
produire une forme telle que haseiu/iie ou basenc/ic, .suivant les
^é^•lons : à vrai dire, les textes ne font connaître que IjHswjue el
hiisoche.
1388. Cette dernière forme, propre au.\ pays de langue d'oïl
situés enolecà de la Normandie et de la Picardie, paraît dans les
noms : la Bazoche-Oo(/(V (Eure-et-Loir) — dont le surnom est
celui d'un de ses anciens seigneurs, Guillaume Gouet, (|ui vivait
iMi I0:;0 — Bazoche (Oise), Bazoches ^ Aisne. Eure-et-Loir. Loi-
ret, Nièvre, Orne, Seine-et-Marne. Seiue-el-Oise i), llclon-
Bazoches (Seine-et-Marne) — dont le thème étymolo-ique fait
préc(''der hasilica d'un nom d'homme bien connu, d'origine ger-
manique, Betto (cf. ci-dessus, n" 1010).
1389. .\u\ W'et XVI'' siècles on a iVéquemment confondu, dans
la jM-ononeialion, Vr et r.s intervooale. Clément Marot, dans sa
eélèl.re Jipis/rc du hinii fi/s de P^izi/. a raillé cette façon de parler,
(pu de son temps était en vogue d.ins eert:^ines contrées arrosées
parle cours nKjyen de la Loire, et dans l'Ile-de-France, et ([u'on
observe encore de nos jours en lîerry, et peut-être en Touraine.
La substituliondel'rà V.s, autrement dite le rhotacisme, a parfois
transformé basoche en haruclw, témoin les noms de la Baroche-
.w(/.s'-/,Hce (Orne) et de la Baroche-':;';;i^/oj///; (Mayenne), le pre-
mier latinisé en Ll'iO Hozocha, le second revêtant en 11 M) la
forme Basilgia Gunduini; mais on verra bientôt (n" 1398K
qu'ailleurs harodie se réclame d'une origine diiférente.
1390. Le ch répondant au c de hasilica prend le son du /
dans Bazoges i Vendée , Bazouges (llle-et-Vilaine, Mayenne.
1. Trois de ces déparlemoiiLs possèdenL deux Bazoches; aassi ce nom
osl-il d'ordinaire suivi d'un déterminalif, qu'il .serait d'ailleurs sans iiilérèl
li'indiciuer ici.
;ii()
Li;s Nci.MS i)i: i.ii:r
Sai-llu'l, Bazauges (CharL-nle-Iuieianuc , la Bazoge 'Maïuhr,
.M;iyonm>, Sarlhe), la Bazouge ^Maycniu'), ainsi ciiu" dims
la Bazeuge (llaule-Vicune): ce (.Icniier iioni se rapproche. p;ii- sa
(liphlon^-ue loniqvie, de la forme luiscuche, (prou suppose
(cf. ci-dessiis, n" 1387) avoir précédé /lasacltr.
1391. Dans la France méridionale, le c de hasilica, avanl
conservé le son gullural, ne peut s'adoucir qu'en 7 dur. Il esl
permis de supposer que ce mot est le primitif de Bazugiies (1ers)
et de Bazialgiies (Haute-Garonne), l'ai ce (|ui concerne le pre-
mier de ces noms, il faut adnietti'e qu>;/ s'est altéré en 11.
1392. On pourrait être tenté de croire (|ue JJnzuiK/erx
(Ma^-enne) a pour primitif un adjectif formé sur Ijasilica. tel
([ue hasilica rius ; mais la plus aneit'nne forme connue Je ce
nom, fournie par un texte de !)<S*.I Lranscril au cartulaire
d F,vron, est Hasilyeacum ; d'où l'on doit conclure cpi'il a
pour origine un nom en -acus formé sur le gentilice Uasilius.
1393. Par contre, il semhle bien (|ue hasilica entre dans la
com|)(-)sition du nom de Bazancourt (Marne). Flodom^l, (pii écri-
vait au milieu du x'' siècle, ap[)elle cette localité lîasilicae
cortis, c est-à-dire u le donuiine de la hasilicpie », ce dernier
ternie s'appli(juant, soit à la cathédrale, soit à l'un des mona-
stères de Reims. Basil icae cortis a dû donner d'abord jJ;tze-
coiirl \ la nasalisation de la s\llabe antétonique est explicahKi
par un phénomène particulier à la région, A la niannoruin
cortis n'ayant pu devenir Atinn-iiniifiiiir/ Ivï. ci-dessus, n"" 528
et 945) ([ue par l'interinediaire il'une forme telle cpi'. !////('•//(';;-
coiir/ .
1394. La lorme Ixisse basilia est représentée par BazeiUes
'.Vrdi'nnes, Meuse'i, dont BazoiUeS (X'osges) est [leut-étre mie
variante lorraine ; mais il n'y faut pas rattacher i^a:-o//('s iXie\rc^,
dont la terminaison est sans mouillure.
1395. 'rranscri[)lion du grec T.y.zz'.y.'.-j, " voisinag-e », le mol
paroecia se rencontre au délnit du V siècle dans les é'crils de
saint Augustin : il désignait alors la circonscription teri'iloriale
dépendant d'un prêtre ou d'un é\é(jue. 11 a bien conserve ce
doul)le sens de <i paroisse » et de «. diocèse » dans les documents
du haut moyeii-àge ; mais en Gaule, et des ré])o<iue carolin-
gienne, il a lini par ne désigner (jue le ressort d'une église urbaiiu'
<(Ii1(;im:s i;i:(:i,i;siAsni.iri:s
IWnni III A
;ri !
DU luiali'. Celle acfe|>liiui restreiiile, celle de sa torine vuli;Tiiie
liuraissf, l'st la seule avec la(|uelle il se soiL inli-(nluiL clans la
loiioiiomasticiue. De bonne heure paroecia s'est alléré en paro-
eliia. niovennant un apparentement mal l'ondé avec K- suhslaii-
lif panu'lius, (pii répniul au grec -y.pzyz;, " pourvoyeui- >'.
1396. Les noms de lieu représentanl le laliii paroecia ou
parocliia sonl d'ailleurs en petit ncnubre. Peut-être 1 étude des
textes locaux révélera-t-elle pourcpioi la Paroisse (AUiei', Loire.
Isère) et Paroisse (Isère) sont de simples écarts; Uuant a la
l'orme plurielle les Paroisses (Puy-de-Dôme), l'explication en est
aisét' : ce iu)m s'a[)pli([ue à un j^roupe actuellement réduit à trois
maisons, dont deux appartiennent au territoire communrd d(f
Saint-Diei' et l'autre à celui de Saint-Jean-des-Ollières. Lappella-
lion la Paroisse-(/f/- l'/'/.i/i (Gard), qui désijj^nait luie commune
réunie en ISliO à celle du Vij^an, remonte ;i 1 'l'io ; on entendait
alors par là la partie rurale, imposi'c à [)art, de la circonsci-i|3tion
paroissiale du \'ii;'an '.
1397. Le nom de la Grande-Paroisse (Seine-et-Marne i est
applicpu' depuis le xv"' siocle -' à une localité dont l'existence est
attestée dès l'épocjue mérovini^ienne, et que les plus anciennes
chartes de l'é^dise de Paris appellent Cellas ; il a sa raison
d'être ilans l'étendue considérable — 2.907 heclares — du ti*rri-
loire communal, jadis paroissial, de cette localité. .l/,(/3/ê/'c.s-Ia-
Grande-Paroisse (Aube), commune tle 2.0 5 ti heclares, doit évi-
demment son surnom à une particularité analogue.
I. Dans ecL exeinplo, i|ui ruiipclle celui de Pl(Hii;iK'r (Fiiii.stèro!, " la
]iar(iissc (le la ville n de Carliaix Ici', ci- dessus il" 1292), re\[)ressiiiii .. la
parois-,!' :. osl |M'ise «latis luie aereplien. neii [iliis eecli'-'i:islii|n(\ mais eivili-;
olli- a le niriiie sens, exai'lenuMil , 'HU' >■ 1rs villaLies - eu lierrv, - le plal
pays " eu lionr^'d^aie, " les ^l'an^cs <■ en I .oi-raine. ()u voit, dès 1701, l:i
l'ulure connnune d'Anbiyuy-N'illa^cs i'ornier une (jollecle disliiicLe de celle
dAuliiijiiy-N'ille : (;L c'est de nos joiirs seidemeul, en 1 '.lUCi, (|ue les deux
coMunuMCS ont été réunies eu une seule, sous le nom d'Aubij^ny-sur-Nei-e
(Cher). La séparalion de Vierzon-Villages (Cher] d'avec Vier/.oii- Ville
remonte au moins à l'ISO. Le Plat-Pays-dc-Saulicu, mentionné dès 147C.,
a formé, jusqu'en ISaVl, une connnune distincle de celle de Saulieu Cut(^-
d'Orl iiu'elh.' enlourail. Les Granp,es-de-Ploml)ières iN'osges),
comnmne
dont le territoire atteint presque le bourg de Plombières, conslitnaieLd tlès
lliiiî une communauLé distincte.
■J. r)onc il ne remonte pas à la première moitié du nioyen-.à^;e, et c'csl .à
pi'ine si on peut le considérer coinine un nom d'ori^;iup ecfdi''siasliqni'.
■<'l2 r,ES NOMS \)E I.IRII
1398. I^e mot jturnis^in soiiiljle :ivoii' en pour viiriaiiU's, dans
K' noP(l-c\st (le iiolro pays, ])nrochc et harorhc, employés cou-
curreninient.
La commune appelée les Paroches, près de SaiaL-Mihiel
(Meuse) — aux xvii'' el xviii'' siècles on disait les lim-ochcs —
comprend deux hameaux, la Grande-Paroclie el la Pelite-
Pai'oche, dont l'un se nommait jadis (![ii(jiiiiHlle ou Gnérille, el
l'autre Ilnniclcl \ et sur son len-itoire une chapelle isolée a
cHMiservé le ncun de UelVoicourt, viilag-e disparu où se trouvait
l'église mère '.
()n voit désigné, en 'I7rj3, sous le nom les Paroisses, un f^-rou-
pement formé, dans le voisinaij;-e de liriey i Mevn'lhe-et-Moselle),
par la communauté de Génaville, celle de Pénil et Méraumonl,
et celle de Lanlél'ontaine, et que le DiclionnHife lopor/raplui/uc
de la Moselle appelle « la nuiirie des Paroches » ; la plus ancienne
mention ([u'en rapporte cet (unrage n'est que de I (iiS9 ; mais on
peut citer ég-alement un contrai de KilMI-, dans lequel il est |
question de /.■; ninirie de ta Parochc'. le contexte ne laissant i
!
1. h'iiprèN l.iéiianl 'J)icliiiiin^iii-r /o/ioi/r.i/./ii'./i;!' ./c /,/ l/tw/s.- , lo> Parodies ;
soraiciU appelée-^ en I13;i Parocliia. Il osl de l'ail i|iie, dans lelexlc (|u'il
cilc, cl iiui a élé |iiililié par Doiii .loM'pli de I.'lslc, parmi les pi\'n\(\s de son
lllsl(iii-r (/(■ S:iiii/-Miliii-I ,[i. fOll-lTT;, le passade I' a r lo i; Il i a (iupuevilla,
lliuiiolollo coiicoi'iie iiicoiUeslalileineul. les Parodies, sans f[iril iiii|iovtt'
lioaueoup de savoir si parrochia — oinployi', reiiKinpioiis-lo, au siiij^u-
lier — est dans l'espèce nom propre ou nom L-ommnn. Mais ce lexle lalin,
dans lequel ou voit inlercalées des expressions \ul;L;'aires i ce r l u ni j u s
V 11 I l; a ri t er ii ii ii c u p a I ii m If l.inl, (|uod est ri'pinc dj- pm;-, .•<;/■■,•;,
:tnil.}iiille.i rt hutidins — rereiiliiin voeatuin la iiui-rf — de dominio
direclo, v u 1 ,L;a r i t e i' niineupalo lu >iri(//iciirii' foiicirrc, L'ic. ' est liion
moins ancien (pic ne le pensaieul bmii de I/KIe et i.iénard, cl pourrait bien
ue dater (pie du w ' siècle.
2. Bil.l. .\al., coll. de Lorraine, vol. i-7, r<jl. '.iC.
H. 11 n-oiis parail intéressant ilc constaler, ici cncoia», l'emploi du sin;.iu-
lier : si le lerme dont il s'ai^it avait ('té pi'is dans son acccpliou eC(d(''sias-
li(|iic, le pluriel se lût impose, car ci> texte de l.'f'.r.i allesl(< (pie, parmi les
honiiues tle celle mairie, il y en avait de (iéiiaville, paroisse du diocèso do
Metz, il yen avait d'I mon ville, |i.iroisse du (lioc(''se de \'erdun. On peut
conclure de là, seinhie-l-il, fpi'en liarrois, \ers la fin du moyen-âf^e, le mol
paroisse, ou loul au moins sa v.arianle locale ii:iri>clic, pouvait s'entendre
d'une circonscri|>tion civile, l'àisuile, à partir du xvii'' siècle, t('>ujonrs en
liarrois, p:iri)chc on iiarnvlic, on même p:iroissi\ en sérail \'ciiu ,'i dcsif;-ner
un sinijile liamean. lémoiii l'emploi du pluriel, uniijuemeni jnstitlé, près de
OUKIIINKS ICCCI.lOSIASriOUKS : I-ICC.LESIA
•.\\:\
■.wwwn demie sur ce ([ii'on Joit enlciulre par l;i. Le souvenir de
celle mairie a persisté au cours du xix.'-' siècle ; l'appellalion les
Baroches, ({u'ou rencontre dans le Dic/ionnairr des /*i)s/cs. à
parlir de l'édition de IS'iil, a été ai)[)li(piée en [jropre, el i(ln])a-
leinent, aux hameaux contigus de l"*enil et de ATéraumont: ci
elle a été ollieiellement consacrée par x\n décret du 2 février I!)(l7,
(pii, transférant au x hameau des Baroches », le chef-lieu de la
cnnnnune de Génaville, a fait disparaître ce dernier nom de la
nomenclature communale.
La BarOChe (Haut-Rhin), appelée Zell par les Allemards,
répond au hilch^iicl zii ZcHc — c'esl-à-dire ;i la [paroisse [kircli-
:^pu'l\ de Zell — de 1411.
La H fei'me dite la BarOche » mar(juait, en IT.'i.'!, au liiiagc île
'lizaucourt (^Marne), remplacement d'ini village détruit, appelé
en !0'J2 Sancti Pétri l'arrochia, et en l)io2 lit /'i>rrniclie ^ .
1399. Laparrouquial (Tarn), qu'on ilevrail éciire hi Piirrou-
([iiial, représente l'adjectif parochialis, (jualiliant quehpie suh-
slantif féminin sous-entendu.
1400. Le mot latin ecclesiu représente le grec b/.yj.T,a<.a,
(( assemblée » ; les chrétiens l'appliquèrent projirenicnt à leurs
assemblées ; puis il désigna tout local où l'une de leurs con\nui-
SaiuL-Miliiol, ]ku- l'i'xibloiu'i' iruiie Ciraiulo-l'aroclu' el il'uin' l'elili'-Pai . n'he,
Idcalilt's Joui Muciiiu' n'a\ ail lanj^- ilo paroisse — vers I GOO, les l'ai'oclios
u'élaioiil eui'oie nu'uiie annexe de lietroicourt [l'oiiillÀs dr lu iiniviiicc de
'/'/•/'('l'.s-, p. ^S2l — aux l'iix'iroiis île lirii'V, ])ai' le fail i|u'au niilion iln
wiie' sièele, la <• mairie îles Paroisses » un ■• tics l'aroclirs -étail cuiisl ilnéc
par un ^ronpr de pi'IlU'S rouununailtés, cl ipic le ■• lianican lics l'.i l'orlics .-
il'avanl l'll)7 n'clait anirc rhnse (pio la réunion de ceux i\v i'cuil cl de
Mci-anniiml.
I. (a'I exemple esl K' seul qui monlrc einplnyï' cuninio nom de lien, eu
jjlein moyeii-âye, le mol paroi- liia, pris dans son ac<-e])lion orii^imdk'. A
la suile des recluTclics anxipiclles l'un de mms s'csl livré ]ioni' mellrc au
point les notes donl nous disposions, nous avons cru dc\oir insister, dans
ce parag'raphe ettluns les {\i.'\\\ [irécédenls, ainsi que dans les notes qui les
accouqiaj^Dcnl, sur ce que, ii i\ol l'e avis, K^s an Ires vocables qui y sont men-
tionnés — : pai'ce que l.ouL;non les éUuliait ;i l'Ctte place — siuil relali\e
inciil modernes, cl ne doivent pas être consitlérés, à [u'oprinuenl pailer,
comme des noms de lieu d'orij^ine ecclésiasiique : de lii certains déxelop-
pemcnls de nninre à surprendi'e ceux de nos lecteui's qui auraient gardé de
l'cnseifïncment du maiire un lidèle son\erur.
'M't
i.Ms .NOMS m: i,ii;ii
iiMiiU'S s(! i'(Miiiissail poui' les C('n'' moi lies l'iill^icuscs, c^l ce snis
(1 u r--lisi' .) csl ;itte.s(r, vers la lin du vi" siècle, [lar les éerils de
(ii-e-oire de Tours el tie l''orlunaL De niênie (jue sou svnoinine
hasillca, il devait fournir des nouis de litui aux dixcrs navs
chréLieus, entre autres ii la Gaule.
1401. L'Eglise est le nom d'au moins une Li'eutaine d'éearis
appartenant aux ré--ions les plus variées. On le voi( accompagné
d'un déterminalif dans les noms de communes : rÉglise-,/;;.'-
Bois iCorré/.ei, Église-Neuve-(/7,s.svu- et Église-Neuve-'A'-lV/v//
(Dordo-ne), Égliseneuve-d' Enfrnif/nes, tgli&enenve-'Ie^-Li.inls,
et Égliseneuve-/'/r.s-/////o»i (Puv-de-DAme). Neuvéglise (Canlali
était, en 1)28, le chef-lieu de la vicaria de Xova Kcclesia.
1402. Les Gleizes (Drome) et Gleysenove (Av.-yrom pn-
sentent. dans la France méridionale, une forme vul-aire du mot
ecele.sia, caractérisé par une aphérèse, la même à lacpielle est
dû ritalien c/iics;!.
1403. Le nom, si-nalé .lejà (n" 993) de Bellenglise Aisne), en
ll!MI Jielninc'jlisc — ce (|ui suppose un thème 'étymolo-iquo
lîerelmdis ecclesia, dans lequel ecclesia est précédé d'un
nom de femme — doit être rapproché des noms de lieu -erma-
uupies en -/,//vA, ayant pour terme mitial un nom de personiu",
celui du fondateur ou du patnm de l'église qui a donné naissance
à la local it(L
^ 1404. Dans Roiglise (Somme) on ohseive la comhinaison
d'ecclesia avec le nom primitif de la localité, située entre
Soiss(ms et Amiens sur la voie romaine de \'evey à Boulog-ne-
sur-Mi'r, el appelée llodiiim parla Table de Peutinger; com-
binaison imaginée pour (hlVéreiieier ce lieu du nis/rinn voisin.
])ortant le même nom, auquel la petite ville de lloye doit son
origine.
Ecclesia est également reconnaissable dans "WitainéglisB
(Somme), nom d'un hameau connu dès le xi« siècle ; mais on
ne saurait dire en toute sùrete ce qu'il faut entendre par le
j)remier terme de ce nom.
1405. On sait que le mot ecclesia, importé en Gaule sous
l'inlluence romaine, s'est maintenu dans des régions ou la
langue romane a cédé du terrain : en Hretagne, sous la forme ///:
[CÏ. ci-dessus, u« 1322); au pays basque, sous la fornu- rlira
(cf. ci-dessus, n" 1363;.
f' (iiU(;iM-;s l'.cci.KsiAsrii.niKs : khiuiis 3'i-)
f 1406. Il rxisle t'U l'"r,-iiici' des noms de lien repi'ése.nliint des
foinies (liiniiiutives d'ecelesia, ot piincipidenieiiL des deiivés
romans d'ecclesiohi : Eglisolles ( Puy-de-Dôme i, et, moyennanL
une nphéièse, GlisoUes (Eure), en 1131) [(/li.sulrs. la Gleizole
I . ('.(U-rè/e, Indre. I.o/ère), leS GleizoUes ( lîasse-.- Alp^'.s, ll.iule'^-
f Alpes, Drônu"), Gleygeolle ( C'orrè/.e !.
' Dans Grisolles 'Aisne, 'Tarn-el-C laronne), Grisols ! (Maniai i.
Grisollettes l Loire', on noLe une nuxlilication de la li([uide
d'eeclesia ; eetle liquide disparaîl, ainsi cpie Vs de la sylUdie
suivante, dans Laguiole Aveyron) el Laguiolle ((iard).
La lerniinaison s'est altérée, tardivement d'adleiu's, dans
i Ëgriselles, nom de trois loealités du département de 1 Ymine,
f dont rinu\ /■J;//-i^clles-/'--/lor;nfi\ cs[ ap[)elée A ecel l'S i ol a par
un petil pouillé sénonais datant du \i'' sièele, et dans Griselles,
noui porté par deux communes, Winv de la (^Me-d'Or, l'autre du
Loiret; lui certain llu_^ues, (pii tirail son surnom de la |)renuéi'e,
est a|ipeli'' en lOlICi, dans une eliarte de ral)lia\e de Midesnu'.
1 1 u :;• o 1^ e c 1 e s u) 1 e n s i s .
Dans la plupait îles uiuns terminés pai' um.- .v ([ui N'ienni'ut
d'être énumérés, l'.s est parasite, el n'autorise aueunennuit à pri'-
sumer un primitif à l'orme plurielle : \\ n'en est pas de même
dans les Églisottes iCdronde).
1407. Le mot eeclesia avait pour (■(|ui\'alenl le haut alle-
mand hificli:i, aujourd'hui re[)résenté par l'allemand Lirrhc id le
liamand hi^rhc.
Dans la nom d'Altkirch ( Ilaut-Iihin |, le premier lernu- est
l'adjechl .•///, « vieux » ; ce nom est tlcjnc à ra[ipi'ocher, au [)0int
de N'ue du st'us, de ceux île \"n'il/f-lù/lisi' ('Si-ine-td-nise el de lu
\'i,-il/r-l-:,/llsr pliante-Savoie).
La [)elile ville de Dauiu-marie (Ilaut-Hliim est appelée en
allemanil Daiiiiner/iirch , c'est-à-dire « l'église de sainte
Marie ».
Quant à la forme llamande, on la reconnaît dans (jueLjues noms
de lieu de la France septentrionale :
Brouckerque l'Xord:, •< Léylise du marais » ■ lifock = marais) ;
Coudekerque (Nord , ^ ré<:;lise froitle » [l;r)ud = froid);
Dunkerque (Nord), v l'éylise des dunes » ;
Houtkerque (Nord^, •< l'église du bois n [Innil — bois).
3^6 r,r;s noms uic ukv ^
Dans le nom Haverskerque (Nord), en 1 3(;2 Jlaiws/.rrhc, le
premier terme t'ait penser à /tHvih-, nom du gerfaut en tlaniand
moderne ; mais dans l'espèce, il s'a-it vraisemhlahlement d'un
nom ^rhomme, comme dans la plufiarl des noms de lieu g-erma-
ni(pies de torme composée antérieurs au \iV siècle.
Offekerque (Pas-de-Calais) est appelée Ilouoe en 1100, //one-
kirke en l.orilj ; on voit par là que le mot signifiant « église »
est combiné avec le nom primitif de la localité (cf ci-dessus
n" 1404!.
1408. Le mot lalin altare, u aulel », a pris de bonne lieure
en (laule le sens d" .. église d'ordre secondaiie >., témoin ce pas-
sage, cité par Du Cange, d'un ca])ilulaire de Charles le Chauve,
donné à Toulouse en juin Nli : Si nécessitas populi exe-
g-erit, ul plures fiant ecclesiae, aut statuantur altaria,
cum l'alione et auctoritate hoc facianti. Dans l'ancien
Iram^'ars « altare a donné régulièrement aller, ou allier, ou
iiulier- la forme ,•(///(•/ s'est g-lissée à côté, par l'ainnilé enli'e 1'/
et 1'/', et aussi par le grand u.sage de l'adjectif aiileJ, sem])la]de,
mot très usité dans ces lemiis - ».
Dans la toponvmie fran^ai-se actuelle, le mot .. autel .. est tou-
jours emplové au pluriel : Les Autels (Aisne, Calvados, lùue-et-
Loir). Un écart tlu département de Saôue-et-Loire est égale-
ment appelé /es Auleh ; mais il semble que ce soit là une graphie
fautive \)ouv les Hôtels, c'est-à-dire >. les maisons ...
La l'orme les Authieux (Calvados, Eure, Eure-et-Loir, (Irne,
Seine-Inférieure) est à l'approcher de lieux, qui fut une des
formes du pluriid de l'adjectif indélini tel.
Le nom d'Autheux (Sommej se distingue des précédents par
l'absence d'article. Par contre, c'est une tiace d'article cpi'on
observe en tête du nom Zoteux (Pas-de-Calais), résultant de
1 altération de /es Auteii.r dans une région où l'on prononçait
/'; .l/;/-7/.,'. et où Zaleu.r ;Somme)se dit pour les Alleu.r. Soit
dit en passant, t^'est à cette prononciation, propre aux dialectes
picard et wallon, (ju'est duc la forme actu(dle, J/iilsniini;iii.r
(Bclgicpie, prov. de Namur), du nom d'un village cpii s'apiielait
primitivement Ifuij, et qu'on voulut distinguer de
la ville (le
Moniini. Corin., /.ff/mii srrfi,, rf,(:niii/uI:ifi.;n';/uiitfr:inronnn.\\,-i:;
I-:. I.iltri', Dirlioini.ilrr <l.- ht l;in(/iii' fr;in<:;iis<\ .n-i . Aiih'l .
IIHHilMvS I^CC.I.rCSIASrinri'.S : (iHArdllllM
:\ 'i 7
iiuMue nom, au moyen d Un surnom Lire clos aiuii's (|ui ahmi-
(laicnl sui' son lorritoire, autrement ilil en ra[)[)elanL I!ui/-lrs-
Aiininu.)-.
1409. Le substantif latin oi'aLorium, formé sur le verl)e
orare, ([ui, ilu sens de « parler » est passé à cehu île » prier >',
a ili''sli;né, aux bas leni[)s de l'I'lmpire romain, un ■> lieu consa-
cré à la prière », et c'est ainsi (jue l'emploie saint AuL;usUn. 11
est représenté, sur le sol français par un <;rand nombre de noms
de lieu de formes très variées.
1410. Oans les pays de lani;ue doc, la dentale intervoeale /
s'est adoucie eu d. d'où Oradour (Chantai, Charente, Ilaute-
N'ienne) et l'Oradour (Dordognci, dont l'article atteste ([u'o/v;-
ilotir était im mot ilu kin<.;aye coiu'ant.
1411. L'article })arait éualemenl, mais faisant corps avec le
mot — caprice de f^-raphio dont il y a bien d'autres exemples —
dans Lourdoueix, nom dont la l'orme est caractérisée [)ar des
particularités imputables à la sitiuition vers la limite des langues
doc et d'oïl des localités, continues d'ailleurs, ([u'il dési^-ne,
Lounlouei.r-Sainl-Mic/icl (Indre), et LunrdoueirSitint-Picrrc
(Creuse) : disparition de Vu antétoni([ue, qui était sans doute
deveim un c muet; pei'sistance de la dentale; enlin complica-
tion du son vovidle île la syllabe timiipu;, [)ar l'elVet du passa^^e
a eett(î syllabe de 1'/ de la desuienee (^ct. ci-après, n" 1413;.
1412. b^n pays tle langue d'oïl, le / mtervocal tombe, et la
voyelle antétoni([ue, se trmn'ant l'u contact avci' Vu tonique, ne
t;n'de pas à disparaître.
Tantôt 1/ de la désinence ne laisse aucune trace : Oroux
(Deux-Sèvresi, OuroUX lAin, Nièvre, lihône, Saône-et-Loire),
et, moyennant la prostlièsede l'artlele, LourOUX i.VUier), Loreux
(Loir-et-Clu'r) : ce sont là il'anclens Orotir, Ourour, Orciu:^ dont
1'/' linale s'est assourdie ; V .r est pai'asite.
1413. Tantôt cet / passe à la .syllaiie tonique, dont il modifie
le son voyelle : Ourouër (Nièvre), OnvoueT-lcs-l-loiirdelin.i
(Cher), Oroër (Oise), Orrouer (luue-( t-LoIr), Oroir, ancien nom
(le \'ille^audé (Seine-et-Marnej, Orrouy (Oise), ancienntnnent
Oniiicr, Aurouër (Allier), Auroir (Aisne), Yrouerre (Yonne).
Le iu)m Lourouer désignait deux communes du département de
rindre, Lourourr-lc-linis e\ LourouerSaint-Lauronl\ la première
3iS LES M1MS T)K LIF.IJ
s'appelle auJDUi'iriiui le l'oiiironnct ', son chel-licni ayant i''lé
IranslV'i-é au vlUaye qui doit ce nom à une l'aniille de lalxturcurs
nu'nlionnée au xvii'' siècle.
1414. On a vu (n" 1389) le rliolacisme modilier J);is(i<-hr on
Jinroclie. Le phénomène inverse (cf. n"" 68, 703, 1138) a eliani;é
en 3 V r d'oralorium dans Ozouer et Ozoir (Seine-et-Marne),
Ouzouer (Loir-et-Cher, Loiret), Auzouer (Indre-et-Loire),
Louzouer (Loiret).
1415. .\ ])ropos de la proslhèse de Larliele, ([u'on uhserve dans
ce dernier nom et dans plusiciu's tle ceux [)récédemnient (Miunu'-
l'és, il convient de rappeler les exemples (pi'en ollVe le vocabu-
laire français : aureolus et hedera son" devenus loriol el
lierre, el l'on a si complètement oublié que linitiaU^ de ees mots
élail à lorii^ine im arlicle, ([u'(Ui dit « le loriot « et ■< le herre »,
(K' même ([ue « le lendemain » se dit pour l'endfiiinut ; la eélèbre
foii'e du Lendit, à Saint-Denis, était a[)pelée en latin indiclum.
()r. pareil redoublement d'article s'est produit à l'é^'ard de
quebpies iirimitil's oratorium ; le Loroux f llle-et-^'ilaine,
^L^ine-et-Loire), 6'a;/i/-y'/V77r-du-Lorouër (Sarthe , le Loreur
(Manche) ; et tandis que, dans les expressions (pu ^ ienuenl
d'être citées, il ne i-emonle pas au delà du xV siècle, on ^■olt dès
ll.'L'i-, le nom du Louroux-/'('Vo/( /;,•//*■ (Maine-et-Loire j, latiiusé
Loratorium; plus ancienmmient encore, en IDiJC», certain
scribe traduisait par Labora torium le nom de Saint-l*ieire-
du-Lorouër, ne soupçonnant pas mênu' ce (pi'il devait enlendre
par ce nom.
1416. Le mot capella, (jui ré|4-ulièremenl devrait s'écrire
cappella, est im diminutif <lu bas-lalin cappa, " elnqie ". Il a
eu plusieurs sens successifs.
Primitivement, il s'entendit d'une petite chape, d'un petit
manteau, la chape de saint Martin, reli(pie insii^ne conservée
dans le palais des rois, et sur la([uelle se prêtaient les serments.
Ce sons est attesté par plusieurs textes méroviiii^iens. On lit,
dans un diplôme de Thierry III (67o-G!)l) : De novo denonie-
natus aput sex, sua ma no sep lima, dies dirns anle
c.'ilendas julias, in oralurio nosti-o, super eapella
I, t'.ii V(*i-lii (l'un clôcrfl (lu it m:u's tS7;i.
fm-
(lIlKil.MOS I.CCIJ'iSIASI IIJTKS : C. W'/.7./..l ."' '| !»
(loiuni Marlini, uhi rcliqiia sacrameiita perçu ri i l)a ii t,
iiof dihirel conjurarc'. Les mêmes Icrnu's, ou à peu près,
se retrouvent dans un diplôme de ( Ihildebei'l III i liOM-Tl 1)^, a pio-
[iiis d'un jun'ement rendu par le maire du palais (IriiiKiald : Sic
ad i[)S() viro ( "■ r i mo a 1 d o l'uil judeealum. ul sex liumenis
de \'ern(). el sex de Laliniaco, htma l'ideus in(jraluriu
suo, seu cappella SancLi Alarelhyni, memurate liome-
uis hoc dehirent c o n j ur a r e -'. (Vest encore d'expressions
scnd)lables (pie se sert Marcull'e, dans la formule XXXYIII du
livre premier de son recueil : Sed il uni in ter se in te ndere ii t,
sic eideiu a procerilnis uoslris, in quantum in lus tris vir
ille, comes pala tii nost ri, t es ti moni a vi l, lui l j u ilica t uni,
et de (juin(]ue denomiiiatus idem ille ajnul très el alios
1res sua manu septinia tune in [talatio nostro super
capellain (loin ni Marlini, ubi rclifjua sacramenla per-
çu r ru n t. debea L conj urare ■'.
liienlùt capella ilésit;na le lieu même où, dans le palais, était
conservcH- la clia[K' de saint Martin ; et c'est dans ce sens qu'il
faut entendre le surnom de la ville d'Aix-la-Chapelle, où l'on
sait ((ue les rois de la seconde race avaient un palais : Cni-lcs
scrat ad .1/s, .•( ,sa capclc, lit-on dans la Chanson de Roland '■.
Plus tard, l'appellation capella l'ut appliijuée à tout édilice
relii;'icux où étaient conservées des reliipies.
iMilin, le sens de ce mot se reslreii;iiit, et aujourd luii « chu-
pelle » ne se prend plus que dans trois sens : le local all'ecté à
l'exercice du culte dans un palais, un château, un établissement
hospitalier ou d'enseignement: — une petite é-^dise non parois-
siale ; — toute partie d'une é;;dise, autre <[ue le clueur, avant un
aut(d.
Le mot capella, desij^nant un cdilice consacré au culte,
devait nécessairement devenir nom de lieu.
1417. Il revêt la rorme capcllc dans la lan^■ue d'oc, d'une p;irt,
dans les dialectes normand, picard et wallon, d'autre part; de là
les noms de lieu suivants : Capelle (Aude, Nortl, La.s-de-
I. Pardessus, Di pluniaUi , 11, ISii.
"2. l-'ardessns, lJlj)loin;il;i, II, '2S0.
.'i. Moiiuincuhi Gi'rinniiiuc, I.LUjiiin xrcliu \', h'iinnuhit', p. 67-(ilS.
4. VA. Looii (Jaulier, vers '.'i.
"•"0 i.i:s MiAis 1)1-; i.iivi:
Calais) ; — Gappelle (Nord) ; — La Capelle (Aude, Avevmii,
Gard, Lozère, luire, Pas-de-Calais); — Lacapelle (Cantal, Lot,
Lol-t'l-Ciaroniu', Tarn, Tarn-et-Garonne) ; — Capelles I lùiro'l ;
— les Capelles (Calvados).
1418. (hipcl/c a pour variante, dans le dialecte gascon, cnj/crc \
Lacapère (Hautes-Pvrénées).
1419. Dans hi France de lanj^nie d'oïl, (>n deçà, Ijien entendu,
des limites des dialectes normand, picard et wallon, le c, lors-
(|u'il était, en latin, suivi d'un ,7, prend le son cluiintanl. 11 serait
trop long et sans intérêt d'énumérer ici les localités dénommées
Chapelle, la Chapelle, Lachapelle, les Chapelles, souvent avec
un déterminatif, surtout lors(iu'il s'agit de comnmnes, (ju'on ren-
conti'e en si grand nombi'e — ■ la liste en occupe six pages dans
le Dictionnaire des Postes — sur le sol de notre pays. On obser-
vera seulement t[ue l'inlluence de la langue française a, dans
(iuel([ues cas isolés, fait prévaloir la i'ovnw. c/iajjelle en des régions
où le parler local a maintenu cipelle : il existe des écarts appe-
lés lu ('/iHpelle dans des départements (jui comptent parmi les
plus méridionaux : Haute-Garonne, Landes, Basses-Pvrénées.
llautes-Pvrénées, Var. Le nom f.ac/nijn'llc voisine, dans la
nomenclalure communale olllcielie de Lot-et-Garonne, avec
LacapcIlc-JJiron, et, dans celle de Tarn-et- Garonne, avec /.aca-
pelle-Lioron ; on voit, dans le département du Lcd, Lacnpellc-
Cabunac et LacapeUe-Muriral, et aussi f.ncJiapelle-Auzac. Lii
autre Lnrliapolle se trouve dans la Sonnne. Kt le département du
Nord, où l'on a remar([ué Cupelle et (.'appelle, comprend l'im-
portante commune de Chapelle-d' Arineitlières.
1420. Capelette (Lot-et-Garonne), la Capelette (Houches-du-
PdiAiie, Lot, Pas-ile-Calais, 'Lirn-et-Garonne), Chapelette (Puv-
dt:-L>ome), la Chapelette (.Mlier, Haute-Loire, Loire-Inférieure,
Sonnne) et la Chapelotte (Cher, Haute-Marne, Haute-Saône,
Yonne) sont des diminutifs de capelle et de chajielle.
1421. Dans les arromlissements de l)unkert|ue et d'IIa/e-
hronck, ipiehpuvs noms de lieu d'aspect ilamingant ont été faits
à l'aide du mot capella, (pii revêt la forme cajijiel. '\\'\ est le
nom Armbouts-Cappel (Nord), dont le premier terme est un
nom d honnne employé au génitif, ce cas étant caractérisé par la
finale s.
oiudiNKs i:i:(;i.i:siAsrinn;s : M(i.\.\.-> n:j:nM x.\\
1422. 'l'iMiiscrlplinii du ^mx-c v.:v«Tr,pi;v, le iiiut mo !■ a s Ici'i u m
apparaît au déclin de la période ixiiiiaiiie, pour désio-ner ee ([uc
nous appelons un monastère. Cerlains indices permettent d'allir-
Mier ([ue. dans quel(|ues parties de la Gaule, il est devenu, par
la chute de l'a antétonique, monsterium ; 1"/; se ti-ouvant ainsi
en contact avec l's. est tombée à son tour, par un phénomène
.loni plusieurs exemples ont été cités déjà (n" 962] ; de même que
nunisterium est devenu nirticr, de mèm,- monas t ei'ium,
réduit successivement à monsterium et à mosterium. a
(loniu- mualicr, inoiislier, moulier. A la fin tlu moven-à-e, le
mol /);o(/.v//(>r avait le sens à [)eu [irès exclusif d' « é-lise .., et de
nos jours encore, on voit, dans plus d'une localité, la rue qui
mène à l'e-lise, dénommée » rue du Moutier » ; mais dans la
toponomasti(iue proprement dite, lorscju'on rencontre l'une ou
l'autre des l'ormes vul-^-aires de mo nas t e r i u m, on doit l'en-
teiulre au sens originel de ce mol, car, la plupart du temps, la
localité dont il s'agit possédait un monastère de fondation anté-
rieure au XI" siècle, et remontant [larfois même à l'épocpu' méro-
Aiiif^ienne.
1423. Les noms de lieu suivants sont tles variantes de mun-
lin- : Moustier (Corrèze, l)ordo-ne, Lot-et-Garonne, Nord).
Moustiers inas.se.s-Alpes), le Moutier (Allier, Calvados' Greuse,
Manche, l'uv-de- 1 >ôme, Seine-et-Oise), Moutiers (Gote-d'Uri
l':ure-el-Loir, lUe-et-Vilaine, Meurthe-et-Moselle, Orne, Savoie,
Seine-el-Oise, Deux-Sèvres, ^-onne), les Moutiers (Galvados,
Loire-Inférieure, Drôme, Manche, Orne, Vendée, Vienne), Mou-
thier (Doubs, Saùne-et-Loire), Mouthiers (Charente), et, en
Suisse, Môtier icant. -le Fribour-i, et Môtiers (cant. de Neuchà-
tel). Deux communes de la Manche s'appellent les Moitiers, et
pour l'une d'elles, on voit ce nom latinisé en Monasteria;
peut-être rappellent-elles le souvenir de monastères doubles
de rép(jquc l'raïujue.
1424. Far delà les limites du lan-ai,^e roman, mona.sterium
est devenu, en Bretaj^nie Mouster (Cùte.s-du-Xord, Finistère),
Moustoir (Morbihan^ le Moustoir iCôtes-du-Nord, Morbihani
— en Alsace Munster.
1425. Le nom de Mouterre, porté par deux communes du
département de la ^'ienne, et dans la gi-aphie duquel la finale re
n'a été ajoutée qu'à une époque récente, diffère des précédents
:\:\2
I.KS .NOMS liK I.IKi:
|)iii' vv lait (|nc \'i i)().slL()iii(|ue n'a vu aucuiu- inlliR'iico sur la
\ityelk' acceiitm'i".
1426. Vers la lin du moyen à-e el au \vi'' siùclf, une ivactioii
l)rovo(iiK-e par les clercs a subslilm^ une // U 1"// de inmisli,>r\ de
là les noms Montier (Auhei. Moiitiers (Meuse, Oise), Moiilhiers
(Aisne), Montiéramey (Aubei, Montierchaume (Indiej, Montier-
en-Der (Ilaule-Mai-ne).
1427. A ces (livei'ses ionues, f[ui procèdent toutes de l'aUéra-
(inn populaire de niona sleriuni en nios t e l'iuiu, il \- a lieu
d opposer (|uel(|ues l'ornies, plus ou moins savantes, (jui se ren-
conlrenl, en nombre restreint d'ailleurs, dans la partie méridio-
nale de la France :1e Monastère (Avevron), le Monastier l'IIaule-
L(<ire, Lozère;, Monestier i Allier, Ardèche, Corrèze, Dordo^ne,
Drônu', Isère', le Monestier • hrùme. ruv-de-Dônie). le Monêtier
(llaules-Alpes), Moiiestiès (Aude, Tarn), et leur variante cata-
lane le Monestir (Pyrénées-Orientales).
1428. Dans un i^rand noniljrede noms de lieu où Ton reconnaît
le mot latiji monasterium, ce nu)t est en composition.
L élément (jui l'accompayne peut être d'ordre topo-^'-rapliique :
nom de ré<;-ion. de site, de cours d'eau, ancienne appellation de
la localité.
Montier-en-Der (Haute-Marne), Monasterium in Dervo,
rappelle le souvenir d'une abbaye l'ondée vers 07.'^ dans la réo-ion
forestière dite le Der — dervns était le nom gaulois du chêne
(cf. ci-dessus, n" 148) — au lieu dit Putiolus ou Pociolus.
L abbaye de Montiei's, près Possesse (Marne!, a élé ajipelée
Montiers-en-Argonne. du nom d'niu' autre région forestière bien
connue.
Le vocal.)le Vimoutiers Ornel a pour pn^miei' terme le nom de
la Vie, allkient de droite de la Dive.
Montier-en-l'IsIe (Aube) doit sou ori-ine à un monastèi-e fonde
assez anciennenuMit dans mic ile de l'Auln'.
Forest-Montiers (Sonune) est dési<^né, au ix'' siècle, par l'ex-
pi-ession Forestis cellaou Forestensis cella
Fresmontiers (Somme) est appelé dans les textes du moveu
âge FrcsucuKJiisticr : le premier ternu^ de ce nom répond donc au
latin fraxinus.
Celui du n(un de Marestmontiers (Sonuue) représente le lia.s-
latin mariscus. >• marécaiie )i.
■;;
iki(;i.m:s i:i:(:i.r:si,vsi iocI'IS : Mi>.\.\^rHiiii'M
:\:v.\
MoiUipouret (Imlro) osl ;i|)pelé au moyeu ;i^e Mus/ier l'orrrr,
ci: i|ui ;iul(uise ii penser ([ue, diiiis le tlièine él\ni()loni([ue de ce
111)111, monaslerium est suivi d'uii uoni de lieu yallo-ronniiii en
-a eus.
l.e nom de Noirmoutier /^'endée) ollVe la eoniltinaison de l'an-
l'ieii nom — llei'us — de lile où s'élève ce houi'L;', et du mol
monaslerium, s'appli(|uant à l'ahhave (|u'y fonda saint IMiili-
hei't au vil'' siècle. Ileri mona slin'ium de\'ait donnei' en lanL;'ue
vulgaire Oinnoutitioi^ et la prosthèse de Vu qui s'est produite
résulte vraisemblablement de la fréi(uence de locuti(uis telles
cpie : (( je vais en Oirmoustier ».
Montier-la-Gelle, abbaye bénédictine l'ondée vers (iliO, auprès
(le Troyes, (.'st appelé au i\''"sièele (<ella domiii IJobini, en
121"i eeclesia (lellensis ; le nom moderne résulte ^Xn rappro-
chement de monaslerium et de Ce 11 a, (jui était devenu le uom
[)ro[)i'e du lieu.
\\\ l'approelienuMit analoi^'ue a produit le nom Montivilliers
.^Seine-liilérieure), en latin Monaslerium \'illare.
1429. On peut citer (juel(|ues noius de lieu résultant -de la
combinaison de monaslerium avec un adjectil '.
Puellemontier (Maute-]\Iarne) doit son orii^ine à un mona-
stère dont l'existence remonte presque aussi loin cpu^ celle de
Montier-en-l)er, située tout auprès : c'était un moiiastert- de
lemiues, l'ue 1 la re m o n a s t erium. Le uoiu ae'tuel a sans doute
succédé' à ime lorme plus ancienne Pucl/cnnons/icr.
Le nom île Marmoutiers (Indre-el-Loire) s'applicpi.iil ;i une
abbaye li-ès laineuse, l'ondée au iv'' siècle par saint Martin ; l'im-
portance considé-rable de ce monaslèi'e le lit appeler ma jus
monaslerium ; la lorme de ce nom qui a pré\'alu supptise l'em-
ploi de major au lieu de majus.
l'mir e\[iliquer le nom Brémontier. ([ue poileiit deux localités
lie la Seine-Inl'érieure. on n'ose l'aire étal de la l'orme lîreve
monaslerium, donné par un pouillé de \XM : il faudrait, pour
londer une hypothèse plausible, pouvoir recourir à des textes
plus anciens.
1430. Somme toute, il n'y a j)as beaucoup de noms de lieu
formés de monaslerium et d'un adjectif, et l'on conçoit ;i
1. ('.(. I.'Ahbayc lie Montierneuf, ;i Poilici's.
I.fx iioiiis lie lien.
(|uelle cri-our ou s'exijusi'rail si l'on voulait raiipoi-ler au laliii
ni'--runi k- lerme initial du uom de NoiruiouLier. De luênie lély-
uuiloi^io donnée pour Mannouliers ne saurait être répétée à pro-
pos de la petite ville des environs de Saverne i[ui porte presque
le même nom ; eelle-ci s'est formée autour d'une ahbave dont le
fondateur est un saint personna'^.e du nom de Maurus, et Mar-
moutier (Bas-Khin), en allemand Muursinunster, représentant
le latin Mauri monasterium, appartient k la caté^n'orie des
noms de lieu dans lescpuds monasterium a pour délerminald
im nom tle [)ersonne.
Le nom de Montiéramey lAuhej est une contraetion de la
l'orme Moslier Arr.inic, ([u'on rencontre dès I 182, et cpii réptuul
au thème él}Miiolo-i(iue Monasterium Adremari, ei- dernier
nom étant cidui d'un prêtre de Troves, ((ui. en 8.'iT, y londa une
al)bave hénédietine. l'.elle-ei, assez vcusine de la lisière oeciden-
tale du Der, a été ap[)elée. notaunnent en I 1 l.'i. Dervense
monasterium, et aurait pu être l'iionuuiyme de celle de i\Ion-
tier-en-l)er, située à l'autre extréndté de la même réi^'ion.
Monthierault (Aube) est appelé, en Mol, Monasterium
Ai raidi : on ne sait rien de cei'tain sur l'origine tle eette loea-
ilc ; le nom d'homme combiné avee monasterium est vrai-
send)lablenu'nt le nom yermanii[ue Adroaldus, tle\ enu ensuite
Ail rai dus ; peut-être s'aj^'it-il d'un saint ijersonna^e nommé
Adraldus, dont l'éi^-lise de 'l'royes conserve le souvenu'.
Dans le nom de Faremoutiers (Seine-et-Marne), le terme mi-
tial est le nom de sainte l-'are, S(eur de révê(pu' de Meaux samt
Farou. ipii, dans la [)remière moitié du vu'' siècle, londa l;i une
abliave de l'eunnes. Un doeumenl bien emmu du ix'' siècle, le
[estament du ciuule Aieard ou Achard d'Autun, appelle ce
monastère Farane ou Feraiie monasterium. La l'orme vul-
i^aire primitive a dû être Furninnioiisticr : le son nasal nin se sera
réd\iil à (■ sous riulluence de ïin ([ui le suivait.
Giremoutiers iSeine-el-Maïaici est ai)ptdé Ciirotli monaste-
rium dans des textes latins ipii ne s(uit. ii vrai tlire, pas très
anciens ; aussi est-il permis triiésiler sur la ([uestiou de savoir
si le nom île personne ([ui constitue la première partie (h' ce
vocable est un nom d'hoiume, tel que (icroldus ou C.iraldus,
ou bien le nom de i'emme Cierhildis.
Dans RomainmÔtier (Suisse, canl. de ^'au(L, il faut recon-
à
(lUici.NKs i:(:(;i.i:siAsrioL"i:s
M()XASTi:iii(ii.rM
n.iilri' lo nom de saint lunnam, dont la vie est un des plus
.mcii'iis monuments ha^ionrapliiqiu's ijiie l'on connaisse.
Monasf erioliim, (|ui désignait, comme il convient à un
diminutif de monast erium, mi monastère de peu dimpoitanee,
est devenu le nom d'un grand nondire de localités.
1431. Dans le midi de la l'rance, il ne s'e.sL guère altéré :
Monestrol (.Vude, llaute-r.aronne), Monistrol (Ilaute-Loire).
1432. Les tonnes suivantes, répandues sur une assez vaste
étendue de territoires, sont caractérisées par l'alTaiblissement de
Vo de la première svllalie : Méliestérol (Dordogne), Méllétréol
(('luTi. Ménétréols (Indre), Ménétrol i Puy-de-l)ome), Meiiestruel
iAin>, Ménélreuil Sa.')ne-et-Loire), Menestreau (Loiret, Xièvrej,
Menétreau i('her, Xièvre), Ménétreux ((lôte-d'Ori, Ménétru
(Jura).
1433. Par une transformation semhlahle à celle signalée plus
haut i'n"1422i à propos de ni onasi er ium. monasteriolum est
<leveiui mosteriolum. De là le vocable si répandu Montreilil
f.Visne, .Vrdeiines, Aube, Calvados, luu-e. Kure-et-Loir, llle-et-
\'ilaine, Indre-et-Loire, Loii'e -Inb'i'ieure, Maine-et-Loire,
Manche, Haute-Marne, .Mayenne. Oise, Urne, Pas-de-Calais,
Sarthe. Seine, Seine-lnl'érieure, Seine-et-()ise, Vendée, ^'iennel,
(|ui se présentait, au xm" siècle, s(nis les foi'mes Mos/eriicl,
Motis/n-iifl , dont la diphtongue ne se prononçait eu ; Vu a é-té
rétablie, ^■ers la lin du moyen âge. comme dans Mon/icr (cl.
ci-dessus, n" 1427), par l'ell'et d'une réaction savante, c cléri-
cale », et c'est au xv!*" siècle que r,s étymologicjue a disparu.
M(jslcriiL'l ri Monstei-iiel sont d'ailleurs les l'ormes médiévales,
non seulement de Moiitiriiil, mais des variantes de ce nom cpii
vont être iiulupiées.
1434. Dans b'S unes, la linale -tw// est devenue, non [tas -/■iiil,
mais -CHU : Montereau (Cher, Loiret, Seine, Seine-c-t-ALirne,
Seine-et-()isel, appartiennent à la région oîi Maroialum(n" 167),
Xanloialum (n" 169), Spinoialum (n" 174), sont devenus,
non |ias Miircnil, Xnntciiil, I\/)inruil, mais Murcau (Loiret),
.\;inlf!ui (Seine-et-^[arne), J^jjtncui [\uunv], et où le nom de
.lanjcan (Loiret) [)arait re)3résenter au primilil' (la r rigoj a I u m
m" 164).
1435. Ailleurs, cette linale s'assourdit en -eu : Montreux
;i;;(i
Mos .NOMS hh'. i.ii:i:
(Aisiu-, Meuplhe-et-Moselle, Nord, ll;ml-l!liiii). Montureux
(IlauU'-Sanno^, Monthureux Vos-vs: ; cc{[c dcvn\i-i\' -Taiihir,
sur l.KiiirlU' ;i rit- l'omK'C la Iraduclinii Mous folix, a clé adoj)-
loc à iiiu' é[)0<[iu' i-elativt'iiu'nL réoi'iile.
1436. Les noms le Moutherot (Doul^s) cL Montrol (IlanU-
Vienue) doivent être considérés comme des diniiiuitirs de ntmis-
licr el de ?nonlie>\ plulôL (|ne comptés parmi les l'oiMues romance
de monas teriolnm.
1437. Par MontroUet Charente) et Montrelet iSomme) —
d'ciii lirait son nom le célèbre chronicpienr lùiyueri-and de Mons-
trcdel — il Tant entendre « le petit Montreuil ...
1438. Ponr expliquer les noms Monéteau (YoiinL-i — (lu'aii
\iii= siècle on voit rendu par Mo nastal 1 u m el Moues l a 1 1 uni
— MennetOU (Lcnr-et-Cherl et MeiietOU (Cherl, il faut recouru' a
riivpothèse d'un autre diminutif de monasterium, ipii serait
monastellum, et dont la formation serait comparahle à ecllr
de capella et de castellum, tlinunutifs de capra et de
ca s tru m.
1439. Un adjectif formé sur monasterium iii^ure, au polyp-
tv(pie de Sainl-Hemi de Ueims, composé vers (ioO, dans la plus
ancienne mention connue — Curtis mona s ter ia 1 is — <\v
Gormontreuil (Marne). Le nom de cette localité sii;nilierait donc
« le domaine du monastère » connue (lonrdcinniichc (cl. ci-tle.s-
sus, \\" 943} Il le domaine seigneurial ' ».
1440. ('/est comme un synonyme de monasterium (pi il
faut reconnaître clans Lamontgie ^l'uv-de-Dôme) et Lailionzie
1. l);iiis rinlri.iluelioii, (|u'il :i rédi-ée :iv;iiil IS'.U, de son l)ir/ii>ii!tuirr
lopui/rapliii/iii' de l:i Miirne, .\u;;usle Loiii^non alTinne (|i. xj <|ue Coriiion-
Iri'ull |iréseiilo ■• la coinljinaison du noiii coiiunuii corlis .•i\cc lui
adjeclif latin .. ; el au cours de ses eoiilereuces de l'JOlJ-l'JUT à l'Meijk' des
Hautes Klndes, si-nalant les deux iiilerprélations — corlis in(.iia!-le-
rialis el cortis lu ii a a s t e r i o 1 i — dont ce nom de lien esl SLisee|)lilile,
il anrail [lenelié pour la preiuièrt', eontredisanl ainsi l'expliealion donnée
plus hanl [iV 944;, el dont nous avou.s emprunté les termes, lextuelleinenl .
à la leçon ((u'il avait l'aile, le 11 lévrier 1891, an Collège de l'i-anee. la-lU'
explicalion, il l'avail réi.élée, neuf ans pins tard, à ri';cole des llaules
Étndes ; el, mieux encore, eu I '.lO.'i- l'JOO, il aurait exprimé l'avis ipie le
t'.urtis mouaslerialis dn l'ol \ |il vipie n'est (pi'uue «> |)araplirase i- du
vérilalile lliiiue èl vmoloy iipie . Nous avons voulu, moyennanl eel e\po>é',
i
1
I
s
oiuciM-.s Krci.KsiASTKU i:s : <:i:ii.\
X\l
I )()r(l()i;iiej ; K's drux ciiiiiniuiu's ([iii poi LlmiI cv (.Irrnii'i- noin sont
;i|i|irl('cs la Mongie «Ums le Dictionnnirc /o/inijrn/iltii/iif du
vicomte de Gour^iies. Le mot latin monachus, qui reproduit le
:,'rec ■j.:-/y./izy et ([ui a donné le i'raneais ntoiiie, est de^■elul /ikhh/c^
vers la limite des langues d"oïl et due ; et le substantif DintKjif,
t'irmé sur /nnin/r, est conipai'ahli' à notre expression t'amiliÎM'e
iiKiinci'ii'.
1441. Dans le domaine proprement dit de la langue d'oc, oii
l'on a vu, par exemple, Do mi t i a n icus devenir Doincss;iri/ucs
(il" 372) et liulenicum, lioncri/iic in'" 373 et 426), et ou l'on
sait (pie le nom de Mnur(/ties tlési^na, jusfju'au xsii'' siècle, la
\ille de M(Uiaeo, en latin Monoecus in" 3 . monaclius a
ic\ètu cetLi' nuane l'orme iiKUirj/iic : rancienne éi;lise pai'oissi.de
.Yo//-(i'-/A(//(e-(/c'-LamOUrguier — lîeala Maria de Monachia
en 1302 — à Narbonne, faisait partie d'un prieuré dépendant de
ra!)baye de Saint- Victor de Marseille.
1442. De monacluis déiàve l'adjectif monaehalis. qui
parai! dans le surnom de plusieurs localités, pai' e\enq)le hi l'^ii/r-
Monjault (Deux-Sèvres ;, l'"aia monaclialis en 122)!. p!U\ii/-/e-
Monial (Saône-et-Loire) doit le sien ii un prieuré clunisien. Le
cln'f-lieii de la commune de Pavay-Douaville i'Seine-et-(Hsej a
pour appellation proj)re /'urai/-l( -Moineau, variante populaire
lie Pai-ay-li'-Monial, l'appelant b' soUNcnii' d'un pru-uré dc'pcn-
danl lie l'abbaye de C'.lalrel'onlaine. au dioeèsi' de (>bartres.
1443. Le mot cella. ([ui devint, à certaines épocjiies du
nioyen-àf^e, un véritable synonyme de monas teriuni, s'enten-
dait primitivement, dans le la lin classi([ue, de l'endroit oii l'on
met en ri'ser\e tics pioxisions, celles-ci é'ianl di''siL;'iU'es à 1 ;iiile
d'un adjei'lif: cella iarinai-ia, li^'uaria, pomai'ia, oleari;i;
ce sens, (pu s'est conservé dans notri' mol n'ilicr. ne jiarait
[las avoir laissé de traces en toponymie ailleurs (|ue dans Vin-
celles (Aisne, Jura. Marne, Sa("ine-et-Loire. .Seine-et-Marne,
\ onne), si du moins il ('st permis de rapporter ce nom au thème
iiislifier la forme coiidil ioniiclle sous la(|iiflle se iiréseiite lo pai'a£,Taplie
qu'on vient de lii'c; sans coniiiler inéaii point de \ue |iliil()lof;iqiie inuii-
Ireiiil répond mieux à ni o n a s le ri(j 1 i i|n"à nio nas t ei-i a I i s.
I. Dans le nom /.('cx/jr-Ies-Monges (Creuse) le déterminalif se iMji[iorle à
nnc fommiuianti'", non île moines, mais de relig'ienses.
;i:;s
I.KS NOMS III, MIOr
étymologique vinicella, on c<in.si(U'T;inl (jiu' les lot:;ililrs ;iu\-
quelles il s'appliciue appartiennent ii des l'éi^ions vilicoles; ecllc
de la Marne est voisine de Oonnans. el celle de l'^'uiuie l'ail
partie tlu canton dont le cliel'-lien porte le nom si^-nilicalif de
Coulanges-/rt-r//H'(/sc. Vincelottes (Yonne), au même eaiilon, est
un diminutif de Vincellcs ^ .
4444. Toujours à l'épofjue classique, cella a signilié aussi
Il petite eliamhre ^ : cest le sens cpie nous donnons encore au
mot cellule. Il désig-ne dans Pélroni'. a\ee le (puililicatil' oslia-
ria, lu logo du [)ortier, dans Pline un cahiiu-t de hains, dans
M;u-tial une maisonnette. De bonne heure, il prit un sens plus
nol)le : celui de m sanctuau'c d, qu'on lui voit clans Vitrnve, celui
de « temple », dans lecpiel (lieéron ra\'ait déjà pris.
1445. Certains érudits ont voulu rattacher, les uns au sens dit
« cellier >■, les autres à celui de u sanctuaire », le nom tle lieu
/.a (lcll(\ (pi'on rencontre assez fréqueinnuMit. Henjaniin Guérard
veut que cella, dans la première nu)itié du moyen àg'e, ait dési-
gné une g-ranye, un cellier de monastèi'e ; el suivant lui, la plu-
part de ces g-rang-es étant devenues des prieurés, cella se serait
entendu d'un pineure, c'est-à-dire d'un monastère il'onlre infé-
rieur, soumis à une ahhaye. Sans (huite, il en est ainsi dans ce
passiig'e de la \'ie de saint Bemu't d'Aniane. rédigée [)ar le moine
Ardon, au déltut du ix'' siècle : Kt quia caetera loca eos
capere wuw ([uibant, constituit locis congruis cellas,
quibus praefectis magistris posuit fratres ; et une
charte donnée, en 1120, par Arnaud, aiehevê(|ue tle Bordeaux,
dit, il propos de Sainl-Macaire (Clironde) : (juia SanctusMaca-
rius non cella Sanclae Criicis, sed per se monasleriuni
eral. l'ar contre, dans le Livre des conIraterniié'S de l'abbaye
de Saint-dall, écrit vers S.'ÎO, la liste annoncée en ces ternu\s :
11 aec sun t nomi na m onach o rum ex cel la Sa ncli Dyonisii,
et dans laipielle ligure l'abbé llilduin — l'auleur des Aj-enjuti/ilic:!,
où le premier évé([ue de Pai-is est idenlilii' avec saint Denis
1 Aréopagite — - ne concerne rien moins cpie l'illustre ahijaye do
Saint-Denis. On conclura tle ce dernier exemple qu'un monastère
([ualilié de cella n'est pas nécessairement de rang subalterne.
4
■.Ji
1
1. Les crus ih- Vincelles el di' \'ineclolles soûl connus piirrni
l'Anxci'iMis.
oin(;iM';s i-icci.i'.si \srirui;s : ri'ii.A .l.r.l
(Ml il;ui(rrs toriiu's (jui' rDpiiiion ('inisc |):ii' ( lUi'fitrd ne neul rli'e
pDst'O on rèj^le ^'énéi'ale. Mais ccUi' opinion se ^■l'^ilil• dans nn
^'lanil nombre de cas, par exemple en ce ([iii cmieeiiie la Celle-
Sai/if-Chunl ( Seine-eL-Oise|.
La seii,^neui-ie de ce lieu, que Louis XIV acheta, en ICiNii, ])onr
l'incorporer au domaine de A'ersailles, appartenait au|)aravant à
l'abbaye de Sainl-Cicrmain-des-PréSj en vertu d'ime donation de
l'abbé Wandreniar, remontant à l'an 700 envircjn. Le nom pri-
niitil'de la localité, \'illaris, s'est perdu en raison de la maison
nionastifiue — ce lia fratrum — cjui s'y fonda, e( dont il est
l'ait mention au clia[iitre ^'1I du Pid\'pl\ ipic d Irminon ; on le
voit encore dans une charte de iS2!) : colla (|uao dii'itur \'illa-
ris ; nuiis imo tronlaine tl'annéos plus lai'd. Ainuiin, moine de
Saint-Germain-cles-1'rés. le rem|>Iacera par une péri[ibiase :
celhi nostra t[uae contra vel secus locum Karoli \'enna
posita est, le nom Karoli \'enna désii^nant le hameau,
dé-[)endant de l'oui^ival, fjuOn nomme aujourd hui /<■( ( '/i;ius.'i(-i'.
1446. Pris ainsi dans le sons de monastère, la plupart du
temps (le second ordre, colla est Iréfjuemment devi'uu nom de
lieu.
La forme (Jclle est lare ; encore le seul nom tle commune —
CeVe-V ICvi'-caull (Vienne) — dans lecpiol elle lii^aire, roprésonte-
t-il. ncm pas colla, mais son diminutif ce 1 1 nia — t^>:ï. ci-api\'s,
n" 1455). lui re\anclio, beaucoup île loealiLi's jiorleni le nom de
Celles (Aisne, Ardcclie, (]orrè/.e. Aube, Cantal, ( Ihavonlo-lnfé-
rieure, Dordo^ne, Hérault, Ilauto-Marne, l'uy-de-l)onie, \'osi;'esi.
dont 1 .V terminale est le [ilus soa\'enl païasile ((.!'. ci-dessus,
n" 1387) ; il est toutefois [)rudent (.le. n'allirmer cette dorni(''re
particularité c[u'aprcs avoir interroj^é les textes : en ell'ol, le nom
de (belles, qui désinna loni;tein|)s la Grande-Laroisse 'Seine-et-
Marne), se pi'ésonte dés rép()(|ue méroviiii^ionne sous la foi'iiu'
Collas (cf. ci-dessus, n" 1397); il est du reste vraisomblal.)li'.
qu'employé ainsi au pluriel, le mot cella avait le sens de
(( o^ranye » ou de « lii-enier » |)lul(')t que celui de « monastère ».
1447. Selles-.s(;/--.V,//io/! (Indre), Selles-N.7 ////-/-'(•/( /.s et Selles-
sii/--(^lic/' I Loir-el-( dior), représentant d'anciens cella; mais il
faut se g-arder d'attribuer la mémo étymolo;^i(> à tous leurs Intmo-
nvmes, et notamment à Selles (Marne).
1448. S'il n'existe aucune commune du nom de Celle répon-
;](i()
i,i:s .No.Ms uio i,ii;i;
(laiil à cella (cf. ci-dessus, n" 1446), ou vu vomplo uno viun
laine ([ui s'appellent la Celle (^Aisiu^, Allier, Cher, Cieuse. liulre-
e(-L()ire, Marne, Xiè\re, l'uv-de-l)ôme, Seine-et-Marne, Seine-
et-!)ise, Vai', Yonne), ou Lacelle ((]un'é/,e), vocable dont la Selle
(Ille-et-\'ilaine, Loiret, Mayenne, Saone-et-Loire) — Tune el
l'autre fornie désignant en outre un certain nombre d'écarts —
peut être une variante : le nom de la Celle-Sainl-(]loud s'est éi^i'il,
jusqu'au \ix'' siècle, avec une s- initiale ; et c'est peut-être ^-raee
à 1 autorité de Henjamiii Guérard ([ue cette incorrection ne s'est
pas maintenue .
1449. On a proposé de leconnaili'c l'abbaye de Saramon (Gers),
dans la Cella Medulfi, ([ue mentionne un capitulaire de SI7.
Cette opinion, sui- le bien fonde" di> laquelle il n'y a pas lii^u de
st' i)rononcer ici. lire du moins (piel(| le vraisemblance du lail
(pie, dans le dialecte ,i;ascon, // devient /■ icf. ci-dessus, n" 1418).
l'eut-êlre le nom de la Serre ou Lasserre, quand on le rencontre
dans le domaine de ce dialecte, échappe-t-il ii rinlei'pn-iUalion
précédcmnuMit donnée m" 36 1 du mot Serre, et se reclame-t-il
du primilif cel la.
1450. Lalacelle i'Ornei, (jui esl aussi un ancien cella, pré-
sente un reiioublement d'arlicle analo;.;ue à celui qu'on a observé
(n" 1415), pai- l'xemple, dans le Lorou.r. L'ayo-lutination (|ui a
prépare ce redoublement, peut s'èlre j)roduile de fort bonne
iieure, si l'on en ju-;-e par la l'ornu; latine i.acella, sous laquelle
un lexte des environs de l'an !2()l) désii;iu' /// Scllc-la-l^onic
i'Orne).
1451. Les loealilés appeK''('s /// f'.rUr sont assez nondireuses
pour (pie, mainics l'ois, ce nom ait(''l(' conqjb'dé au moven d'un
(lé te rmi natif.
'l'anlAt celui-ci est d'ordre lopograpliiepie ; il a été adopté sur-
t(uit — car les habitants de l'eiulroit ne l'emploient yu(M'e dans
leur lani,^aL;-e courant — pour la cmiunodlté des pers(.innes pilus
ou moins étranyèi-es à la ré-ion. Ln nom tel que la Celle-SOUS-
Ghantemerle (Marne) se passe de toute explication. Ceux de la
Celle-Barmontoise et de la Celle-Dunoise (Creuse,, rappellent
que ces localités appartenaient à des circonscriptions dont les
clief.s-lieux respectifs étaient Barmontet Dun-le-Palleteau.
'LmU'il le délerminatif est un nom d'homme, \raisembla])le-
nienl le nom du pieux fondateur de la cella : la Celle-Guenand
ouiciNKs i:ri;i.F.siAsi iijii'.
:!(;
|ii.|ic-rl-Lniit'), (;('ll;i \\';iinii-'i ; — Cellofrouiu (<'liai-cnlo'i.
(iilla l''i-ulni ou l''ri'y()ii i i. (_>(• inixliî (K' |u\ laposiLimi ;i r[c
|ir;:ti(|ué tle l'oii bonne Ium.uh'. on lu vu [lar ri'xejnpk' de (^ella
Nîciluli'i (n" 1449', et parl'ois le nom d luninne a Li'il ou lard
lih' par ilisparaitro. La ('. e 11 i tlo m n i lînhi n i du ix.'' siècle a [iris
le iKini de Mnnli^T-ln-CeUc :v{. ei dessus, n" 1428). I/ahUave de
Selles en lierre — on dd aujourd liui SelIcs-xnr-Chcr ( l.oir-et-
(■lierl — était ap[)elée jadis Cella saneti lùisicii, en souveiur
de son l'omlateur, conliMn|>(U-ain des lils ile(dt»vis. La Ti-:inshi Im
saneti Vi/i, écrite vers S'il), inentlmine, enlre autres poinls de
l'itinéraire suivi par le pieux cortej^e, (lella (lisleliddi ' :
située entre jlebais ;Seini.'-el-.Marne ; et ()\ es (Marne), celte loca-
lllé se noniiue aujourd'hui la Un/le f Aisne) tout court. A./ ('r/le
(.Vlliei') a loni^'teinps [)oité le nom de la (UjUc-Saiiil-I'nl nn-lc
D'autre part, le nom de Mannoiilk'r, en Alsace (cf. ci-dessus,
11" 1430) a renii)lacé celui de Cella Leobardi.
1452. La combinaison de cella avec u\\ nom dhonune a élc'
assez IVéquente dans le.s pays de langue gerniani(jue. Fterslennum
en cite une trentaine d'exemples, dont douze sont tirés de textes
latins antérieurs au xn'' siècle, et ([ui répondent à des noms pri'-
sentant aujourd'hui la terminaison -:•(>//. L'église d'AppeiîZell
Suisse) a tUé fondc-e, dil-on, en lldl, par Norbert, al.)i)e de
Saint-Gall, et l'on a pensé ([ue ce nom représente le lalin Abl)a-
lis cella ; il est |dus probable ([ue st)n pren\ier lei'ine est le nom
d'homnu' Abbo '^volr ci-des.sus, n"999).
1453. Si ;('// est l'éipuNalenl germanique du roman celle, il
ue faut pas classer paiini les noms de lieu formés à l'aide de
cella Aiidrruselles, Frnniezelle ( Las-de-Calaisi, Lederzeele,
\\'inne:.eelr. Zerniez-eele iNord , Mnnrseele, S,,sseele. l'nn,-
iiiez-eele ( lielgiijue, h'iandi'e occidenlalel. Dans ces vocables, qui
appai'liennent au pays tle langue llamanile, zeele, selon l''tersle-
mann, représenterait un nom d'origine gernianique, au sens du
latin domus, atrium, du français « maison, demeure n, qui
paraît dans l'ancien haut-allemand sous la forme s;il, dans l'an-
cu'u saxon sous la lonne seh.
1454. Dans Ilanloneelle lArdennes'i, dont le terme initial est
le nom d'homnu' llardoinus (cf. ci-dessus, n" 1130). le second
1. Mon. Crrni. hl^rl,, Sn-i/il., 11, :'.82.
'MV2
I.KS NOMS l)i: 1,1 KU
lei'ine esl . non pas oella, mais silva; les J^'codii, C';ini/i;ini:i<'
raltestent. On noiera lii une forme vult^'aire de silva, qvii, avec
celles ([ue présentent W'u.rlinu/cs (Cùle-d'l^r ),. en I llM , N'aeiui
silva, et If.in/f-Scillc '^Meurthe-et-Moselle), dans les textes
latins .Alla silva, pouvait compléter une énuméi'ation donué'O
ailleurs (n"- 683-687).
1455. I.a t('p(>nomasti(pie olVi'e quel([ues diminutits de eclla.
I.e latin cellula, dont la terminaison est almu'. peut don-
ner une l'orme romane semblable à celle qu'a revêtue cella,
et de l'ail la localité poitevine ([uun texte de 121 (S appelle
Kpisco|ialis cellula est maintenant Celle-Lévescault (Viennt').
De même CelleS-SUr-Belle (Deux-Sévres) est, dans une charte di"
HliVl, désig-né par les mots villa qnae vocalur Cellula, c
(pii interdit de rapporter ii cette localité la lég'ende CELLA <pi'oii
voit sur des triens mérovingiens. Cela considéré, on ne doit que
sous réser\'es r-apporter à un primitif cella le nom d(^s localit(''s
appidées Celles, Selles, la Celle, la Selle, qui ont été mention-
nées plus haut : l'étude des textes peut révéler que tidle d'entre
elles se nommait à l'ori^'ine cellula '.
1456. Le dinunutif roman ccllellc appelle inie observation. 11
est à présumer (pie les localités aujourd'hui dénomiiu'es Celettes
((Jlharenle), Cellettes (Loir-et-Cher) ', la Gelette (Cher, Corrè/e;,
la Cellette (Creuse, Pu\--de-l)ônu^) s'appelaient primitivement
C('//(' ou /;/ ('.elle, et le diminutif a été eniploy(> pour les dill'éren-
cier de localités homonymes plus import.antes ■' situées dans le
voisinage; ccUellc si^iaiilie donc, non pas comme cellula, <> la
petite cella ". mais bien c< C(dle-la-Petite ".
I. (^>sl te ciis (lo l.'i Celle-sous-Morel (Seiiu'-('l-M;irno\ il;\iis un ]i(iiiill(''
rédim" vers [X\{) ,
t. delta saucli Mumlricii dans nn ponillé rédigé vei's 1272.
W. (!eilofrouin ; ( ^liarenle), au canlon de Manslo, connue Celelles ; — i,a
Celle (T'IuM-), dans l'an-ondissenienL de Sainl-Ainand, coninif la Cfh'llf;
— I.acelle f(!orré/,(''|, dans l'arrondissenienl de 'l'ullo, auiiuet confine le Icr-
rit(_)irc de Monestioi'-Merlines, comprenanl l'écart dit la CelcUe; — la
Celle-sons-(iou/,on .Tyreuse), dans l'arronilissenicnL d(> Boussac, coinnu' l.i
Cellelte; — la (^(dlo , Puy-flc-l)onie), dans l'arrondissenuMil de lîioni,
comme la Ccllcl le.
(•KUiiM'is i';(;(;ij';si.\sii(.M'i'',s : .\iui \ri \
•M\\\
1457. lu inonasliTi' ayant à sa tèle un u alihi' », en lalin
;tl)l)as, du syriafjuo aha, <i pt'i'e ». était apicole c al)l)a\e », en
l.itin abha t ia.
l.a foniniune de rAbbaye-.vof;,s'-/-'/;i ;?(■// (Auhe^ doit son origine,
non [K1S à vnie al^liaye, mais ;i un prieuré de ral)liave de
M(desnie, t'nndc'' vers 108(1, et a[)pelé aloi's monasteriuni ad
l'inios. On voit qu'en l'es|)èce le mot n al)l)ave » n'est pas pris
dairs son sens propre, mais i>ien dans celui de m dépendance
d'une ahhaye ». La même oliservation s'appiiipie ;i lieauemip des
niimbreux écarts — il y en a jilus cle (|uatre-vinnts — (|ui
poitent le nom de l'Abbaye. Il s'en faut, en ellet, ((ui' tous
représentent, comme l'Abbaye d'Emont Somme;, l'Abbaye-
d'Igny (Marne), l'Abbaye-de-Jouy Seiue-et-Marnej, rem[)laee-
nient d'abbayes supprimées par la liévolulion : plus d'ime
lois on n'est en présence (jue d'un ancien domaine abbatial.
1458. Dans la toponomasti(pie du ncu-d de la France, le mol
(pu ré[)(uul au latin abbatia se pré-sente sous une l'orme plus
réduite.
Abbie i Pas-tle-l/lalais^i est une ancienne l'ernu^ de l'abbaye du
Monl-Sainl-!\loi.
Les Termes dénoiuniées l'Abby, aux (eri'itoires de 15onniéi-es,
(lllaisnes, de Neuville-Sainl-\"aast et de Tbélus (Pas-de-Calais),
appartenaient, la prciuièi'c ii l'abbaye de (lercamp, la secoiule à
l'ablniye de MarclueniU's^ les deux aulri's à l'abbaye de Saint-
N'aast (l'A r ras.
Le nom ile l'Abie, ancien ('cail (bi (]rolo\' Somnu' , a sans
douti' la uu''me éLymldo^■ie (pu- les pi'('cédenls.
1459. La l'orme méridionale d'abbalia t'st représentée parles
noms de lieu Abadie (lîasses-l'yreuées, 1 lautes-1'y rénéesj, Laba-
die (.\lpes-Marilimes), les Abadies i l'yiénées-Ôrientales; ; Alm-
ilic est devenu un nom de l'anulle assi-z l'épandu. lui (jascoi;ne
et vers les l'yréné.es, ce mot s'entendait d'im alleu, très vraisem-
blablement domaine abbatial à l'orij^ine, mais de bonne lieure
usurpé par quelque la'ique : le (ilnssnirc de Du Cant^e fournit
des exenq)les de cette acception lemonlant à 9151, 1002 etlOiji.
1460. Alili:ii/c et .ililtic ont poui' diminutifs Ablette (Somme\
l'Abbayette ^^Pas-de-(^•llais), l'Abbiette i Aisne, Pas-de-Calais),
l'Ablette, Labiette (Pas-de-Calais), la Blette 'Nord) ; si l'on se
lejiorte au Dicliannnire fnpof/r,iphif/ue de l'Aisne et à celui du
3()
I.KS NOMS I)K |.l|-|;
Pas-dc-Calais. on constalcra (|uc bon n,>nil)iv des ôcaris ainsi
(Iriioiuiiu's soiil d'anciens Incns d'al)l)a\ es.
1461. Un nionaslèi'e de seccMid ordiv. sul.ordunné à inir
al)l)a_ve, el diri-ô par un prieur — ,m une prieure — est appelé
j.ncnn-. priera tus. Le mot prior, coniparatiF de l'adjectif dont
le sui)erlatit' e.st prinius, est employé sul)slantivement, en plu-
sieurs endroits de la rè-Ic de saint "ik-noil, pour desi-ner celui
qui est à la tète d'une ahhave, autrement dit V-.Mn'-. Le sens
qui a prévalu paraît vers le xi^ siècle. Alnisivement on appela
" l'iieur », l)i(ii ,pi'il ,„. diri-eàt aucune communauté, le reli-
i^-u-ux desservant une é-lise paroissiale soumise à une al.j.ave, et
«prieuré » sa cure. Kt, non moins abuslvenu'ul , vers la lin ,!.■
l'ancien rég-ime, on dénonnna <- prieuré . la .lenu-ure du prieur,
même .[Uiind elle n'était pas située dans le lieu du prieuré pnnu-
lil. C'est à cette ciironstance. relativement modern(>, (pi<. le mol
<■ prieui'é ). doit la place assez importante qu'il Lient dans la
top,momasti(|ue ; plus importante, soit dit en passant, .[ue le
l)ir/innn,;lrr ,/rs l'nsfes ne le laissei-ait suppose:'. Sur p,vs ,1,.
trente écarts appelés le Prieuré (|ue ce ré.pertoire indique, un
seul appartient au département des Hautes-, Mpes ; or. on en
rencontre cint] dans le Dirlionnairr l„po<irfii>hi>iue de ce dépar-
tement. Va l'on doit observer ([n'en cette ré-i.m, où un |uiniitif
priera tus aurait d.mné prinrul — plus au sud, on remanpie
etlectivcment le Priora (Alpes-Maritimesl — le vocal.le l'rieun-
ne peut remonter aune date bien lointaine. Pourtant, l'un <le
ees einqécai-ts des 1 lautes-.Vlpes, celui conquis dans le lerriloire
eomn.nnal de ( Ihor^-es, correspond bien a un ancien prieuré, qui,
aj.res .avoir dépendu de Saint-Victor de Marseille, fut vers I I 10,'
uni à l'abbaye de lîoscochm.
l^n rè-le ji^énérale, un prieuré proprement dit n'avait d'autre
nom que celui <le la localité où il s'élevait : p.arlois, on voit ce
nom servir de délerminalif au mol prirnrr. comme dans le
Prieuré-de-Bainon(Seine-et-t:>i.se) et le Prieuré-d'Er, en Don-es
i Loii-(^-lnrérieurei.
1462. A partir du V siècle, il arrive assez souvent que le
l.itin ecclésiasti(pie dési-ne un monastère par le mol coeno-
bium. ea.bpu'. sur le -rec y.;r.v:£.:v. <iui s'appli,|u.- à un endroit ou
tt
(mi(;i.M:s I'Jci.i.i^.siasiiih |.;
LIIAI'I I lil.S
;!(;;;
I un mriu" (' hi \ie t'ii comiiuin ». Oii [iijunait dire ([u'il nu rr.sle
|);is (race ik' ce nuit dans la toponx iniu IVançaisc, si le hoiir;^' de
NdlelVaiiche (Alliei'j n'était appelé, dans un dneunienl n-di^'é
.•nlre KliSet 1137, V il 1 a fra aca M o n t is Ce n uh i i. Dans cette
f\|)ressi(in, Montis (lenobimn — à nuiins ([iie ce ne soit
M(ins Cenoliii — tlesiL;'ne un écart de la cuniniune actuelle de
\'illerranclu'. ([ui a nom MontcenOUX.
1463. La transition e-^t toute naturelle des éylises niona-
sticpies au\ t'i;-lises collég-iales, desserN-ies par des chapitres tic
chanoines.
LenioL latin canunicus — d'où le IVanyais clianuine — ■ dérive;
(lu i;'rcc y.zvfov, dési^'uant la u rè^-it' ■■ à hupielle étaient assujellis
les chanoines. De même (pi'on a vu monaclius di'\enir. sui\ant
tes réj.^ions, moiiie, iiioiuje ( n" 1440) ou ntnuri/iic (n" 1441), de
même canonicus, accentué aussi sur To de rantépénultième, est
devenu, dans la partie méridionale de la France, CiïiKjinjt' et
rnnitrijiiv ou cnuDunjiu'. (^uand un de ces mots, précétlé de l'ar-
ticle ré'ndnin, parait comme nom de lien, il représente Tadjeclir
ca no n i ca, (pialilianl (.'ccl esia sous-entendu.
La Canourgue (Lo/.cre) doit Men son nom, l't sans doute aussi
son origine, à une collégiale qui y subsista juscju'à la llévolution,
tandis que la Canonge il.o/èrc), la Canorgue iVauclusej, la
Canourgue (Hérault;, ainsi ((uc Ganourgue (Ijouches-du-llhoue,
Lot), ne ré[Mindent \ raisendjlahlement ipi'à il'anciens biens de
cha[)ilres '.
1464. ( )n peut ra[)proclier de ces vtioables, au point de vue de
la signilication, les déterminatit's des noms de lieux suivants,
ipii ont trait, tantôt à un cha|)itre de chanoines, tantôt à l'im de
ses dignitaires.
OV .s (vcs-le- Chapitre (Seine-et-Marne,, ancienne [)ossession du
chapitre de Meaux, se distingue, par son surnom, du lief appelé
en dernier lieu (lesvres-le-Duc, (pii est aujourd'hui représenté
par un écart des communes de ( -rou y-sur-( )urc(| et de May-en-
Mullien ''Seine-et-Marne).
I. l.c l)iclitinn:iii-f tujiu,/r:ii>/ii(/iir dr l'Aude, |kiiu depuis la morl d'Aii-
y;usU' Lou^nun, indi(|ue un llcf du eli;.|iili'e de 'Jaie.issoniie dénommé
Canorgues, an leri-iitiire de l';dMJ,'i.
:iG6
i,i;.s MiMs hic i,ii:i:
1465. Le nom de la /'e/v/rre-au-Doyen, (jui lii^ure dans la
noniencliiture coinniunale du Calvados et dans celle de 1 Orni',
s"ap|)li([ue à des localiLés dont les seigneurs respecUrs étaient le
doven du chapitre calhédral de liayeiix et cehii du chapitre
catliétlral de Sées.
La terre de la (î/'a/i'/^'-au-Doyen, dans la |jaroisse de W'mom
(^'onne), appartenait au doyen du chapitre métropolitain de
Sens.
Le surnom tl<' .V(';;/7///-le-Dien i^Sonimei, qu'on \ uit paraître
depuis le \i\"' siècle, n'est autre chose — K's textes de celte
é[)0f[ne en l'ont loi — (pi'une altération tlu nmt (hii/rii.
1466. La cure de Brif/iieilAe-Chdinire (Vienne) était, juscpi'à
la lin de l'ancien réyinu', à la cidlation du chanti'e de l'église col-
légiale du Dorât.
1467. La cure de Villeneuve-Minervois (Aiule), ((u'on appela
longtemps r/Z/c/zci/rc-les-Chanoilies ', était unie au chapitre de
l'église cathédrale Saint-Nazaire de Carcassonne •'. /.'Aiiffli'-a.]XX-
Chanoines, écart de Chantonnay (Vendée), était sans doute aussi
la j")r()|)riété de (pudque chapitre.
1468. Avant d'ex|)li([uer par une circonstance similaire le
vocalde les Chanoines (^ l5ouches-du-Rhône, Loiretj, il convieu;
drail de s'assurer (pu; les localités dont il s'agit ne sont pas au
nombre de celles tlont le nom, commençant par l'article pluriel,
est celui de la famille d'un ancien propriétaire ■'.
'\
À
'%
1. 1a' rlKiiiyiMuenl de nom :\ cté prCMa'iL |iai' dérrel du 2'! oelobro IS'J'i.
2. ltri.r('i/-;iii.i--('.li.iiioiii''s 'Meuse él;iil le siè^e d'un elia|)ilre l'ondé en
l'iiil ; ^oa sunioiii lU' |ient doue l'i'iiuiuler i|u à une é|iin|ue tardive du
uu)\ on-fi^e, el e'esl |u'ul-élri' pour ce uioLd' ipi' AunnsU' Li)ni;iiou ne l':i pas
luonlicHiné ici.
.'i. A. [.(ju^iion luiinulail la uièuie réscix'e ii pro|i(i!-, du nom les CanonÇfes
]iorlc [jai' deux écarts île l'Aude; mais, l'un d'eux, situé au lerriloirede
Laui'ahiie, est appelé, l'a ^OC), leueiilia (^a pe 1 1 a no imi m.
1
LXIV
SOrVKNir.S des OliDIlES lîELKUKUX
Mciins anciens ([ue ceux préci'deuinienl passés en i'cviuî, les
iiiiins de lieu donl réluilc; esl alxirdce ici sont enii)runlés surloul
,iux ordres lujspilalieis (|ui jouèrent lui rôle important pendant
1.; seconde moitit' du moyen-àg-e.
1469. I.'tu'di-e militaire cl reliL;icux du Temple l'ut l'onde en
11 IS, à Jciusalcm, |)ar un clie\alier champenois, Hugues de
l'ains. el huit aulres croisés IVauc^'ais. Son but était de protéger
K's pèlerins qui allaient visiter les lieux saints. Baudouin II attri-
liiia aux nouveaux chevaliers luie maison voisine île remplace-
ment du rem|)le de Salomon, d'oii les jioms de Teuiple et ilc
i'eiupliers donnés a l'ordre et ii ses membres, l'ar suite des
(1, mations considérables dont ils l)énéficièrent, les Templiers se
r'i'Dandirent dans toute 1 lùu'ope chrétienne, et non contents de
leur réputation niéi'itée de bravoure, ils se livrèrent à des opéra-
linns (inancières ({ui accrurent leur richesse et leur puissance.
I.i'urs maisons étaient nombreuses, surtout imi l''rancc, où,
même après la sup|ircssion de l'ordre en \'.\\'2, et 1 attribution de
.sr> biens aux llos[)italiers de Saint-. lean de Jérusalem, ces mai-
s'Mis couservért'nt le nom de 'l'emple.
1470. I.i' Dicliuiinairr des Posfrs indicpie ]dus de soixante
Idéalités dénommées le Temple ". ou pourrait, à l'aide des Dirlinn-
ii.iirfs l()[i<iijr;ii)hiij lies di'partemenlaux et des discrscs nomencla-
tures régiiuudi's, grossir notablement ih' nombre; sans coni[)ter
'lue le nom dont il s'agit est resté à certaines maisons de Tem-
pliers, situées il l'intérieur des villes, telle, par exeujplc, leur
maison parisienne, (jui devint, entre les nudns des Hospitaliers
fie Saint-.Iean, le siège du (/rand-Prieuré de France. Le souvenir
du Temple subsiste encore, son nom ayant été attribué succes-
.sivemeut à l'un des (piartiers du sixième arrondissement, et,
(ii-puis liS6<) ', au troisième arrondissement de Paris. Parfois ce
1. Déci-el (hi .SI ocloljre ISii',».
;i(is
LES MiMS nh: i.iii:
uDiii l'sL aLX'oinpa-iK' d'un déiciiniiiatir : le Temple-de-Brelagiic
(Loire-Inleneuir), le Temple-de-Médoc (Gii-oiule), le Temple-
sur-Lot (I.c)l-t.'i-('.ar(iiino\ le Temple-la-Cmyoïi (Oortldgiic . de.
1471. Dans (|iu'l(|uos luinis tic lieu, \c uiol /cm/ilc c^i cuiplnNc.
non l'ouiuio liTUU' [)i-inci[)al, mais (.•oninu- diderniinaliF: ces noms
s appliquent iFailleurs, comme Kvs précétients, à d'aiic'ieuiu s
etimmaiuleries ou dépendances de commanderies ; C;i/illn/t-d\l-
Temple fx\isne). ^.7/oV.s7/-le-Temple (Seine-et-Maruej, Irrij-lc-
Temple (Oise). Dn/upierrc-a.u-'Tem])\e et .S'r/////-//i7;///T-au-Templo
iMai-ne) appartenaient h la eoiumanderie de la Xcucillv-dw-
Temple, dont remplacement est situé au finage de Danipierre.
1472. Le souvenif des chevaliers de Tordre du Temple est
éf-alement rappelé par le nom d'eeait la Templerie (Cliarenle,
llle-et-Vilaine. Loire-Intérieure, Mayenne, Vendée) et par le
surnom des comnuuies de />'»/r-les-Templiers et de Vouhiincs-
les-Templiers (C'ôte-d'Or .
1473. Le sens du sui'nom de Dampierre-au-Teniple et de
Saint-lIilaire-au-Temple est nettement établi par les chartes de
la commanderie de la Xeuville. (l'est donc bien à tort (|u'oli a
pensé reconnaitre dans l'une de ces localités le Fanum Miner-
vae des textes itinéraires. Jamais dans la toponomastique, où
quekjues exemplaires s'en rencontrent ici', ci-dessus, n"" 452-454
et 456), le nuit latin fanum n'a étt' traduit par lewplc. Les seuls
vocables (ju'ou [)uisse i-apportt'r au primitif templum. désl^nant
un sanctuaii'c païen, sont Tcinpleniarn [y,ovà) ai 7 a//j«as (Somme)
— le nom de famille du célèbre trag-édien Talnin est une
\ai'iante de ce dernier n(un -~ synonvmes l'un et 1 autre de
J''iiiii;i/-s (Xoi\Ls Fanum Martis icf. ci-dessus, n" 345].
1474. L'ordre des llospitalieis de SainL-.Iean-de-Jérusalein a
été créé dès lOlJi), au lendemain de la pi'ise de Jérusalem par les
croisés. Il avait pour mission de prati(pier l'hospitalité envers
les pèlerins, el son premii r chefdieu fut. dans la ville sainte,
réj.;-lise Sainl-Jean : de lit les appellations d' u ordre de l'Hôpi-
tal » et de u cliexaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem ». Ce clief-
lieu fut lransfér(> successivement à Acre, après la prise de Jéru-
salem par Saladin en 1IN7, à lîhodes après la perte d'Acre eu
1320. Chassés de Rhodes par le sultan Soliman, après un siè^e
nuMiioi-able, les (JuM-aliers s'c'lablirenl . en L'i:]!), dans l'île de
OllKlINES EflCIJCSIASTlOLIvS : (HUjHKS UKLir.IKUX
;i(i!)
M;ill(', (loiil Cliarles-(Juiul leur avail fait don. Malte U-ui- fui euk;-
vi'c, m I7!KS, [)ar l')(ina[)arli', el, tle nos jours, !"oi'(1i'l' ne subsiste
^'Ufi'e ([lU' lie nom.
1475. C'est le souvenir de cet ordre que rappellent la plupart
<los localités appelées Hôpital ou l'Hôpital. Ce nom est souvent
l'inployé seul, et parl'ois. surtout quand il s'ai^it d'une eoninuuie,
aeconiiia-^ué d'un ([ualilicatif — l'Hôpital-le-Graild (Loire) — ou
d'un déterniinalif ([ui rappelle, selon les cas, le nom primitif.de
l'endroit — Hôpital-Gamfront (Finistère). l'Hôpital-du-Gros-Bois
i Douhs), l'Hôpital-d'Orion (Basses-Pvrénées), l'Hôpital-le-Mercier
(Saùne-et-Loire), Mercier répondant ici au latin ?*[a rciacus — ,
le vocable de l'église paroissiale — IHÔpital-Saint-Blaise liassos-
Pyrénées), THÔpital-Saint-Lieffroy i Doubs) — , la siluation topo-
},M'apliique du lieu — IHôpital-sur-Dortlie (Ain), l'Hôpital-sous-
Rochefort (Loire], — L'IIôpilul a pour variante l'Hopitau (Aube,
(Charente, Charente-Inférieure, Côtes-du-Nord, lùu-e-et- Loir,
Loire-Inférieure, Loiret, Nièvre, Sarlhe, Deux-Sèvres). — Les
noms ^7(,Tm/3/f//i/y-rHopitaux (Seine-el-Marne) et Clinmpujnollcs-
les-Hospitaliers (Côle-d'Or') doivent èlre rapiuoehés des précé-
dents, en raison île leui's déterniinalifs.
1476. 1mi revanche, les noms caractérisés pai' la l'oruu^ plu-
rielle, les Hopitaux-Neufs, les Hôpitaux- Vieux (Doubsi, lu-
rappellent certainement en rien l'ordre de Lllopital. Il va sans
(lire, (1 ailleurs, cpu; dans un petit nond)re de cas l'euqjloi du
mot hnpitiil^ en toponymie, peut s'applicpier à d'autres ordres
iiospilaliers. nullement militaires, et désii^ner d'anciens établis-
sements destinés à recueillir les v(>yat;enrs, les pèlerins, les
enlanis ti-ouvés. Tel paraît bien être le sens au(|uel se rapportent
la plupart des noms de lieu désiL;iiés par la forme diminutive
l'Hospitalet (liasses-. Vlpes, Ariège, Aveyron, Loire, Loi.
Lozère) : les localité's ainsi nommées se trou\aieut, en i;énéral,
sur d aucicMines grandes routes fré(puMité>es par les vovageurs.
L'Espitalet (.Vude) esl une variante de rif(>sj)itiilc/.
I) luie manière générale, il convient, pour expliquer le nom,
apparenté au mot hàpilal^ d'une localité, de s'informer to\it
d'abord du passé de cidle-ci. On trouve d'abondants renseigne-
ments sui' les anciennes possessions de l'onlre de Malte, dans le
CartuUiirc de l'ordre des llospitidicrs de Sainl-Jenn-de-.lériiunlrin
.IIOO-LIIO], publié de IcSili à l!IOG, en quali-e volumes in-f..lio,
/.es- nom}! (/(' lien . ■> ■,
LKS No.MS [)]■: rjL;i'
par Joseph Delaville I.e Pioulx, et dans les publiealions d'un
objet plus spécial, comme celles de Manuici' sur les Cdiiunandc-
ries du ynuul-prieuré de France, de Du Ijourg sur le ^rand-
prieuré de Toulouse, de Niepce sur le >;rand-prieuré d'Auveririie.
11 faut aussi tenir compte de ce cpi'un établissement de l'ordre
de l'Hôpital comportait d'oiilinaire luu^ chapelle sous le vocable
de son patron, saint Jean.
1477. Les noms de lieu cilés dans les [la^es C|ui précèdent se
rapportent eu propre, les uns aux Templiers, les autres aux
chevaliers de Malle. Les suivants [)euvent concerner soit l'un, soit
l'autre de ces ordres, et seule l'étude des ilocumenis permettrait
de tixer la part de chacun.
Les maisons du Temple et de l'Hôpital étaient appelées
(i commanderies », chacime ayant à sa tête un praeceptor
ou commandeur. L'ordre de Saint-Lazare, dont il sera ques-
tiiin plus loin, avait aussi ses commamleurs, comme ses che-
valiers. Le nom d'écart la Commanderie se rencontre dans
les léi^ions les [)lus diverses ; on le voit accompa^^né du nom
orii^inel de la localité dans la Conimanderie-de-Beaugy ((Cal-
vados).
1478. Les écarts dénommés la Chevalerie correspondent à
d'ancHumcs commanderies, l'onsiilérées connue i< maisons de che-
\-aliers », (piaiid ils ne repré'SLMitent [las h's biens de propriétaires
dont le nom patronymicpu- était Cheonlicr. L'é([uivalent de la
Chevalerie est, en pays de lan'ijue d'oc, la Cavalerie (Arièi,'-e,
Aveyron, Dordogne, Tarn, Vaiicluse) ; et Idii sait positivenu'ul
([ue la Cavalerie, écart situé au territoiie de Pamiers, doit son
orig'ine à une maison du Temple, i'ondéi^ en IL'50, et ([u'on
ap|)ela longtemps /;/ Cavalerie de ii Xoiii/arède.
1479. Le nom Villedieu ou la Villedieu, porté', dans les
diverses parties de la Franci-, par dix-neut communes et bon
nombre d'écarts, ne remonte jias :>\\ (Udà du xii»^ siècle, et l'on
|)eul allirmer (pie toutes ces hn'alités sont d'ancu'unes posses-
sions des Templiers ou des Hospitaliers. (>e nom est souvent
accompagné d'un surnom : celui de Mlledieu-les-Poèles (^^lunchii,,
qui a cesst' il'être olTiciid, fait allusion à l'industrie des jioéU-s ii
frire, assez ancienne dans le pa\s, puisque liabelais en lait men-
tion.
MlUCilMvS ICCCLKSlASTinUIvS : OllDUKS HICI.ICI KUX
371
1480. Vildé (Cùtcs-(lu-Nord, Ille-oL-Vilaiiie, Mayenne, Ven-
dée i, Villedé (l)eiix-S(-vres), la Villedée (Côles-dii-Nord), peut-
être la Villedée (Morl)ihan), sont lies altérations de VUlcdic.n ou
/.( yUlcdicu.
1481. L'interprétation qui vient d'être donnée de ce nom, et
<iu'il serait facile de justiiier liistoi'i(|uenient, ne peut être éten-
due à Uuis les noms de lieu dont le tliènie étymolo^icpie est
\'allis hei. A la virile, l'ancienne commune' tle la Vaudieu
hulre était le sièj^<' d'une commanderie ; mais on n'a pas la
preuve tpi'il en ait ete île même île Vaudieu (Vaucluse). Valdicu
.Marne) (Hait, au diocèse de Troves, un prieuré de l'ordre du
\'al-des-Choux, fondé en 121!). (hianL au villai;e <le Laouudieu
. llauti'-i .oii'e , il n'est ainsi appelé qu'en vertu d un ehani^ement
de nom autorisé par acte royal, postériem ement au nioyen-
à^e ; en ce lieu, jadis dénoninu' Comps, s'élevait un monastère
de femmes subordonné à l'ahhaye de la Chaise-Dieu ; l'abbé
Renaud de lîlot, voulant que ce monastère reçût un nom ■■ con-
sonnant au nom de sa dite abbaye .. obtint du roi C.liarlcs \ III.
par Irtlres données à Laval le '.I octoluc 1 ÎS7. ijui' !>■ [ui'iin' ^y■
(".omps s"a])pelàl désormais >■ le [iricun- <lf \ ;i\iilii u . ■■! non
.lulicmchl 'i.
1482. L'oi'dre des chevaliers de Saint-Lazare fut établi,
eroil-on, en 11 19, à Jérusalem, par le roi Haudouin 11, et confirmé
par le pape .\lexandre IV, en ISoT). L'importance qu'il tirait de
sa mission spéciale, celle de soii;ner les malades atteints de la
lèpre, diminua en raison de ce ipie le lléau pei'diL de son inten-
sité. I''n France, où il avait llxé'son chef-lieu dans le domaine de
r>oii;nv, concédé [>ar le roi Louis \'I1, cet ordre fut réuni en 16'J:5
à celui de Saint-Michel ; tandis ipie l'union, en Savoie, de l'ordre
de Saint-Lazare à celui de Saint-Maurice est l'origine de l'ordre
houoriliipu' " des saints Maurice et La/are » au royaume actuel
d'Italie.
On peut rattacher au souvenir de l'ordre de Saint-Lazare la
plupart des noms de lieu désii;nant d'anciennes léproseries; la
l)lupart seulement, car quel([ues-uns de ces établissements
claient anlcrieurs ;i l;i création de l'ordre : telle, par e\ein[)le, la
maison de Saint-Lazare, à Paris.
I. liémiio :i ci'lledo Siiiiil-Itil.iiie [jar ordonna iici' du l"'' se|ileinlni' 181',»
372
LFS .NiiMS m: lAEV
1483. Les lépreux avaient été placés sous la pioteotion de î
saint Lazare, par relîet d'une confusion entre Lazare, le nuii-
cliant couvert d'ulcères — le n\oyen-àt;e en avait fait un léprcuK
— dcMil parle, dans l'I^vanyilc selon saint Luc, la parahole du 'Si
Mauvais Hiclie, et saint Lazare, le frère de Marthe et de Marie,
(|ui, ressuscité, partag'ca le repas de Jésus, six jours avant la
Pàque, chez Simon le lépreux, à Béthanie. La forme vulifaire tle
Lazarus, accentué sur l'antépénultième, étant Lmlre, la lepn'
était dite mai Ladre, d'où le mot inalndrcries désignant les niai-
sons oii les lépreux étaient conlinés. Le nu)t léproserie, de forma-
tion moderne, n'a pas trouvé placi' dans la loponomaslique :
mais bon nombre d'écarts ' sont appelés la Maladrerie, la Mala-
drie, et — car mal Ladre a ('té parfois abusivement assinnle ;i
l'adjectif malade ^ — la Maladière, les Maladières.
1484. Plus fréquemment, les localités correspondant à d'an-
ciennes léproseri(\s portent le nom de Saillt-Lazare ; nuiis l'em-
ploi de la forme savante Lazare ne remonte guère ([u'à l'époque
de la lîenaissance ; aupara^■ant la forme vulgaire était seule usi-
tée ; ([uelques Saint-Ladre (Cher, Eure-et-Loir, Nord, Uise, Pas-
de-Calais'i, se sont d'ailleurs maintenus. _'■
1485. La ville de Po/i /-Saint-Esprit (Gard), qui s'est fornu'e
autoiu- il'un prieuré clunisien, ecclesia sancti Saturnini, dunl
on constate l'existence dès 9'(;'j. doit son nom actuel à un poid,
jeté sur le Uhône, dont les travaux durèrent de 1209 à 1309, el
à un hôpital de l'ordre du Saint-Esprit de Montpellier qui fui
fondé vers la même époque.
C'est vraisemblablement à ce- même ordre hospitalier, créé au
xn'' siècle et coniirmé en 119S par le pape Innocent III, que
1. \î.l, pijuri-ail-oii ajoiiler, lui iKiinliic bien [)lns coiisidérahle encore ili-
lieux ilits. On eu peut juyer en eonsullanl les tlictiiiiuiaiies topog-raphiqur^
(le la llauU'-Marne cl de la Cùtc-iri )]■, cl l'un ilc nous a l'ail pareille conslii-
Lalion en ili''pouillan L les claLs de sci/liojis des eouuuiuics du départenunil
des \'()S;4e^. Il \'a s^ms dir-e (|ue dans la |ilnpai-l des cas un lieu dit a|i|H|i''
la M.il.,ilii'rc ou la M.i/udrcin' rcprcscnle une aiu'ieruic pnsscssi(Ui de
léproserie, ri non reni|ilaceiuenl. d'iuic lc|)i(iscric.
2. Monl-;iu.c-M;ihi(h:<, aticicruie conmuinc à ia([Uelle une ordonnance (]\\
■20 jaiw'iri- ISl',1 a réuni celle (le S.iin l-Ai;;nau ponr l'ormer la coninuiiic
acluelle de .Monl-S.iint-Aij;[uui i.Seiile-Inféiieure), est a|ipelé, dans le-
textes lalii\s du luoyen-à^c, Mons I ,c p lO so r u m.
e
(»iiir,i.M:s i:i;(,i,KsiAsi i(ji:i';s : f)iii>r,i;s iii:i.ic.ii:i-x 'M'.\
<li>i\eiil leur nom les localités a[)|)elées Saillt-Esprit (Allier,
(lôles-(lu-\oi'(l. l'^inislère, (kts, Lot-el-Ciaronue, Basses- l*\r(.'-
iiées, Vaucluse) et le Saint-Esprit i()nie). Anlérieuremenl au
xii'' siècle, on n'aurait [)as eu l'idée de placer un sanctuaire sous
l'invocation exclusive de la troisième personne de la Trinité fcC.
ei-après, n" 1515).
1486. L'in-dre de la Sainte-Trinilé fut l'onde en 1 1!)9 par saint
,iean de Matlia et saint Félix de Valois, pour racheter les captifs
(les mains des infidèles. En France, les Trinitaires étaient appe-
lés Mathurins k cause de leur maison de Paris, voisine de
l'i'glise Saint-Matliurin, qui leur avait élé donnée en 1228 ; on
les désig'uait aussi sous le nom d" « àuiers » ou de « frères aux
ânes » parce qu'à l'origine l'àne était la seule monture qui leur
fût permise, témoin ce passage du Mar/niini chronicon Belgicum,
cité par Du Cange : Anno Domini lllKS, pontificatus Inno-
eentii pape III anno I, coepit et institut us est ordo
S a n c t a e T r i n i t a t i s , q u e m s o 1 e b a n t a p p e 1 1 a r e o r il i n c m
iisi noru m, eo ([uod asmos e([ui lalia u t, non e([uos ; c'est
sculcmenl en I2(i7 que le pape (^llémiMit l\ leiu- permit de mon-
ter dt's chcNaux, à l'occasion. Mais leiu' nom vulgaire subsista,
on le voit dans un compte de lliôtel du roi pour 1o30, que
Du Gange rapporte également : Les fi-ercs des amies de Fnidaine-
hliaii/, ou Madame fut esj)ousée.
1487. Kn raison de cette circonstance, cha(|ue maison de
l'ordre, chaque n ministrei'ie ■> — le supérieur portant le titre de
■ • ministre " — entretenait lui certain nombre d'ànes. De là le
surnom <( aux ânes » accolé, quand elle avait beaucoup d'homo-
nymes, au nom d'une localité oîi se trouvait une ministrerie :
/v(,V-aux-Anes (Oise). Un voit ce surnom déformé dans la T/Z/r-
/(('(/cr-aux-Aunes et /,•( r///c//(^-aux-Alllnes (Seine-et-MarneV
1488. S'agit-il, dans ces deu\ derniers noms, d'une déforma-
tion inlenliouiu'lle, b's habitants voulant échapjier aux plaisan-
teries que le mot " ânes » pouvait leiu' attirer? Ou bien se
Irouve-t-on en présence d'iuu' altération de prononciation, étran-
gère à toute arrière-pensée ? Cette dernière supposition n'est pas
sans vraisemblance. La localité que le Polyptyque de Saint-Remi
de Ueims appelle V illare asinorum, et une charte de I24G
\^dei's Allons^ est aujourd'hui ViUers-aux-ywiids (Marne), par le
'Mi
LES NOMS 1)10 I.IIOU
double ellel de la même altéi'jilioii, et d'un jeu de mois (lui
remonte au moins au détnit du .\i\" siècle. Il va sans dii'c ([Uc le
surnom » aux- Nœuds », qui devrail s'écrire a.s7)t'(/.r, n'évo(|ue en
rien le souvenir de l'ordre des Trinitaires, à la création duquel \\
est antérieur; il a trait à l'élevag-e des ânes, et Villrrs-uu.r-
.\œa(ls répond à la même notion d'économie rurale que les
vocables représentant le latin asinaria : ceux-ci ont été indiqués
ailleurs (n» 598), et on y peut joindre les noms plus modernes
l'Anirrc (Loiret) et l'Anerie (Ardennes, Loire-Inférieure. Sarihe.
Loire-Ini'érieure), du moins dans les cas oii ce dernier ne s'a])-
plique pas à (Quelque propriété d'une famille Laitier ou Lusnicr.
LXV
SOUVKNIP.S DE LA 'rKHRE-SAIXTK
1489. On voit, à l'heure actuelle, dans noire pays, un petit
nombre de localités porter les noms de Bethléem (Nièvre, Nord,
Ilaule-Saône, Somme) et de Jérusalem (Nord, ^'aucluse, Vienne) ;
il une exception près fcf. ci-api'ès, n" 1493j, elles sont de peu
diniportanee, et l'on n'a pas la preuve qu'elles S(nent très
anciennes. Mais il est certain que. dès l'époque franque, ces
noms ont été en usai;e siu' le sol i^'aulois.
1490. Le l'ail a été sii;nalé iiicitleniment (n" 866j à propos du
nionastèi:e de Mchiiis, qui, lors de sa i'ondation, l'ut appelé Jéru-
salem. Va Flodoard-, dans son Hiataire ih' réç/lisc de JlciinSj
écrite vers 940, mentionne un autre Jérusalem, situé en N\)yon-
nais, sur la rive gauche de l'Oise, et dont il fut question, en un
coi\cile tenu à Noyon en S l 'i , ;i ])ro[)os de contestations entre les
évèipies de Noyon et de Soissons louchant les limites de leurs
(liocèsi's.
1491. L'abbaye de Spermalie, au territoire de Sysseele, près
de Hrup^es, dans l'ancien diocèse de Tournai, est dite Nova
.lerusalem dans des textes latins du xiu'' siècle.
1492. La célèbre abbaye de l'^crrirrcs (Loiret), au diocèse de
Sens, recul, lors de sa fondation, au xiii'' siècle, le nom de
Bethléem, ([ui, tout connue celui de Jérusalem, appliqué' à la
même épof[ue à Rebais, est tombé on désuétude.
1493. l'ar contre, un l'aubouri;- ilc l,i ville de (Hainecy (Nièvre)
a conservé' le nom île la pi'lite \ille de Judée où naquit Jésus.
Au d(''l)ut du xiu'' siècle, l'évècpie de Bethléem, chassé de i\des-
line par les inlidèles, vint se lixer à Panthenor, près de Cla-
mecy, où s'élevaient un hôpital et une chapelle légués à l'un de
ses prédécesseurs, en I l(j8, par le comte de Nevers Guil-
laume IV ; Panthenor prit alors le nom et le titre épiscopal —
sans juridiction — de Bethléem '.
1. l'.iiis sa l'onfércnce du 2."j j;\n\'ier l'.IOH, m ri'lcele îles ilaulcs l-.liiiK's,
.\. Lon^^noii a l'ail rciiiarijuor ([lie Ketliléeui a pour l'ui'iuo romani' lirtlili':in
ou Jiclc:ui. L'liô|jilal de HcLliléeni, à Chunecy, est etl'ectivenii'nl ;ii)[ielé
l'i-lh'iim cl liflJilcan on liON, et la forme l'clhan, iiiii .se dit liè-i;in dans li-
:!7(i
Li;S .\(IMS UIO I.IKd
1494. Le villaoe de Bithaine (Haute-Saône), doit son oii-iiu'
à une abbaye cistercienne l'ondée en 1133; son nom est une
l'orme vult^aire du latin Uethania. On n'est pas surpris de voir
évoqué de la sorle le souvenir d'une localité, située à deux kilo-
mètres de Jérusalem, dont les Evang-iles font douze fois mention:
c'est à Réthanie que saint Laïc place la dernière apparition du
(liu'ist à ses Apôtres : Eduxit autem eos foras in Bellia-
niam, et, elevatis manibus suis, benedixi t eis; et factuin
est, dum benediceret illis, récessif ab eis, et ferebatur
in c a e I u m ^
1495. Ces derniers mots ont trait à l'Ascension, qui, selon la
tradition, se produisit sur la Montaj^ne des Oliviers — le Mous
olivarum ou Mons oliveti des Ecritures — d'ailleurs toulo
voisine de Bétlianie. La vénération des lidèles pour ce lieu
s'est-elle manifestée dans la toponomastique ? Il se peut ; mais
<ui doit ciuitrôler soigneusement les exenqjles qui paraissent
justifier ce sentiment. MoiiLolivet (Seine-et-Marne), paroisse de
l'ancien diocèse de Troyes, est appelé, dans un pouillé de I 107.
MontaiUcvert : il faut conclure de là que le second terme de et-
nom de lieu, loin d'être le calque du latin olivetum qu'on sup-
poserait sans déliance, résulte de l'altération d'un nom d'homme
en usai^-'e à répo([ue franque, celui qu'on rencontre dans le
Polyptyque d'Irminon sous la forme Aglovertus, et qui repré-
sente un ancien A^lebertus.
Le nom de Moiiloliou (Aude) et celui de Mnnfoiilieii (Hérault),
dont le terme linal n'est jamais traduit, ilans les textes latins,
par un pluriel ou par un collectif, raiipelleut vraisemhlaldmuMil
l'existence, eu eliaeun de ces lieux, d'un olivier isole, plutôt (juc
le s(juvenir des oliviers de lîétlianie ^.
parler local, esL toujours ea usan-r. — Daiilre pMit, c'esl aussi un primiUr
Bethléem que représente Béliam ou Bélion, écait de la coniuuinc de Mesvii.
(Belgique, Ilaimuit), prés Mous, où lui lumléc, vu 12iV, une aLiljavL' dt-
femmes de l'ordre de saint Auyuslin ; et peul-étie en osl-il de uiémr de
Balham (Ardcuues), (pi'uu poudié du diocèse de lloiui-,, auléricur à i:.i|-,'.
appelle li:ilcli:in.
I . /.(/(', XXIV, :iO-."il.
-'. Sui- II' (crriloirc de Sainl-\'ci'aiu ;\iévi-(") ou reuianiuu uu laiisseau ut
des éciiris dénommés le Jourdain, Betphagé, Jéricho, Jérusalem, sans par-
ler du liameau des B(>rtli(vs, (jui lut, jusqu'au xvii'' siéck', appcdé Bethléem :
CCS iiouis oui été imp(uiés do Torre-Saiute, à rép()(|ue des croisades, pai
les seiu'ueurs tle Saiul-X'erain.
1
LXVI
]':\H\KMENTS DE L'HISTOlIiK RKLIGIl-rSK
1496. Le plus ancien texte où soit consij^née la tradition qui
place à Montmartre le lieu du martyre des saints Denis, Rustique
r[ Kleuthère est-ce passage de la Vita sancfi Dionysii, écritf
anlérieureinent ii 84-0 par l'abhé Ililduin : (^luorum niemo-
randa et yl oriosissima pas sic e regione urbis Parisio-
rum in colle qui antea Mons Mercurii, quoniani inihi
idoluin i[»sius p rin ci pa li ter coiebatur a (^lallis, nunc
veroMnns Martyrum vocatur,... celebrata est vu idus
oclo bris.
Julien Ilavet, dans son mémoire sur les Oi-ii/ines de Sainl-
Dcnis. public en ISÎHH, prclendanl ([u'IIilduin expli(|ue ainsi
<■ le nuMue nom de deux l'ac^'ons dillerentes », et concluant de là
(pie i> l'une ou laulrc de ces étymologies est nécessairenienl
fausse ». estinuiit que u la vraie est Mons Mercurii, car un
texte relativement ancien, la chronique dite de Frédégaire, nous
apprend que Montmartre s'appelait au vii'^' siècle Mons Mer-
core- ». A vrai dire Ililduin, en s'exprimant dans les termes
([u'on vient de lire, h ne |)résentt; aucnnenu^nl Mons Mercurii
et Moi\s Martyrum connue étant l'un et lautre la lorme pri-
mitive du nom de Monlnuartre ; il les indicpie simplement comnu-
deux vocables successil's d'un mènu' lieu, deux vocables dont le
plus ancien, emprunté au paganisme, a été, postérieurement au
1. /?//./. '/»> l'KcoIe lies cliiiiies, 1,1, W-irl. l^éiniprinié pu ls9li (Lies les
(J/;/;c/-f.s Jr Julien ll.ivrt, 1, I Dl -i'ill.
2. ,lulicn llavel s'avaiiç;iil [ilus que de Liiisoii. Le lexU- de l'ré(lé^air(.' ne
t'iiil iiiie jiixl;iposor les iikMs iii ni o ii l c Mercoio ri la inciitioii d'un
SL'jinir (lu rci Clolaire ii C'.licliy : tout ce (|u'il csl iicrinis (.le lircc (,!(.• la —
vraisemlilauec el non cerlilude — c'est (juo la hauteur ainsi (lési,t!-n(''e
:i|i|iart<^iiait l\ la rcyt^ion paiMsieune ; et, pour ridenlilier avec M(uiluiarlre,
on ne saurait, en Ixinnc crili(|uc, se c(uit('nler de l'alïn uuilion dllildiiin -
llavet tenait son Icmoigiiaye pour > ahscdunicnt nul >< — portant i|ue la
" lUille " s'ap|H'lail jadis M o n s MorcuL-ii.
•! '<> IJvS NOMS IMC l.lliU
nuirlvre de sainl Denis, remplacé par une appellalion rappelant
le souvenir du pieux évèque el de ses eonipagnons '. Vnv telle
allirnialion u'oIVre absolument rien (pii, à premii're vue, per-
mette de la eondan\ner •'.
u Mous Mereurii est le nom primitif de Montmartre. Inspiré
par le culte île Mercure, il était certainement, àrépocjue l'umaine,
le nom de plusieurs autres lieux de la Gaule ", et notamment de
Saint-Micliel-Mont-Merciirc ou MontmalcJnis ivï. ci-dessus,
n" 455") ; <> Mous Mercui'ii, accentué sur ;; lirel', n"a pu donner
en roman que Montmen/uriir ou Montiner<jucu » — par une
évolution exactement seudjlahle à celle qui de Mercui'ium a l'ail
Merarur ou Mcrciwil, prouoncé Merrjucv.c — c pour aboutir
finalement ;t MorUriialchus. en passant par les intermédiaires
Mnnfnicrcii, Monfinnrcii, Montinalcu, et, en l'absence d'une
preuve quelconi|ue, il est iiuprudent d'ailirmer qu'il ait produit
Moniniertrc ou Monlinarl rc ■•. En vain allé^aiera-t-on (pu- hi
svllabe loniipie de Mereurii a pi'rdu sou accent dans le mot
rnercn-di, Mereurii dies : elle ne pouvait le conserver, se
trouvant suivie immédiatement de la syllabe (//, sur la([uelle est
accentué ce mot '■'.
.-:«
1. Nous croyons ilevoir l'airu oliserver que eelLe interprétation de Mons
M;irlyi'iini n'osl [las la seule [lossililc. Hieu n'inili(|iie posiliveiiieiit <nic
les niarlyrs dont il s'ai^il soient sainl Denis et ses compagnons ; bien plus,
si la tradition avait été très nette à cet éi^ai'd, il serait surprenant ([uc, pour
honorer la ménioii'e du pi'eniier évêciue ^\v. l'aii^s, on se fût contenté d'une
ap|iellaliou collective, ancniyme. Et cette appellation ol)li,i;e-l-elle luînie à
croire que îles chrétiens aient, à .Montmailre, sulji la mort pour leur foi?
N"y peut-on voir, tout simplement, une manifestation d\i culte des martyrs,
peut-être même des sainl s en -énéral — la fêle de la 'l'oussaint a élé
app(di'>e /,( M.tr/rtir — suhstilué fort nalurellemeut par le populaire à
cehii des faux (.lieux ?
2. D'ailleurs, le rapprocluuueul du texie d'illlduin et de certain pas-
sade — Mons Marti s, nu ne felici niutalioue Mous Mailxriini
— des Miraciil.t :i:uic/i Dinnisii, fpuvre d'un de ses conlem|j(u-ains, étahlit
l'exlsteuee, dès le i\- siècle, d'une li'aditiou d'après hupielle rappellatieu
ehrélii'une Mons M a r t y r u ni aurait pris la place d'une appellaliou
païenne.
:i. A celte obseivalion, formulée par l.ouf;uon dans ses conférences de
1902-l9O:i et de l'.MI(l-l'J07, il convient d'objecter ipie, concuri'cmmeiil avec
Mercurius, Mereurii, une déclinaison Mercur, Mercojis, avec
l'accent sur l'c, parait avoir été en usage ; elle expliquerait, avec l'ancien
Français iiiercrcadi, le iirovcnçal merci-cs el l'espagnol iiiiercolf^.
iHtKlIM'-.S KCCI.KSIASrinllKS : IIISIiUllls Hi;i,lfiIi:iI.SK .'i71t
I' Le nom latin de Mons Marlvrum, (|ii IliUluiu dit a\oii-
('U' substitué au nom primitif do la nionla<4MU\ portait raccent
t(>iii(|uo sui' rantépéniiltiènie, c'est-à-dire sur Va : c'est, par
(•unsé([uent, la seule élvmoloL;ie cju'on puisse accepter (.lu nom
de Montmartre. Si l'on admettait, avec Julien Ilavet, (jue le
vocable de Mons Martyrvini est de l'invention d'Ililduin, il
faudrait supposer cjue ce prélat ct>nnaissail les lois cjui (,>nt pré-
sidé au passai^e du latin en l'i'anc^'ais, et d(jnt 1 existence n a été
lévélée qu'au xix'' siècle seulement, par Die/, et par Gaston
l'a ris ' ».
I. En dehors (le l'ohsc^rval irm relative :ui mot nirrcrcili, toiil ce (hMint de
(■lia|)ilie fsl rahréi^c d'un |>elil in(''iiuiir('' — L'i'li/ninhuilr du nom ilc Mmil-
iii.irlrc — [iiddié par .\(i^(isle !,onL;U()ii, dans le l'.ccin'tl (]ue la ^ocu'lé
iialioaaio des ,\idi(|iiaires de l'rance, .'i l'occasion de sou eeiiLenaire, a l'aiL
|iai'aîlre en HlOi-. — Dans un travail l'écenl — Ktiulvs sur Vuljbnijc de Suinl-
Denis .( rrp„<fue nuh-oviiujicnni' [Bibl. de V Écule <lrs rhurles. l.XXXII,
12-K!i — M. I.evillain esl revenu sui' le même siijel. S(don lui, Moiilmarlre
devrait .se dire Moidniurle, cl rappellerail le eulLc de Mars '^^oir ei-d''ssiis,
|i. :i7S, 11. i) ; Mons M a r l y r u m serait., soit une invention des moines de
S.iiiil-llenis, soit la Iraduelion en laliii de Munlniniirc, altération ilc Mnid-
ninrle i\\\l '^e serai! produite dès ce temps-là. ( '.onsla laiit ipic Campus
\larlis est devenu (^hani.irs, !''aiium .M a r t i s I'':tni;irs, ri 'i'(.'mpliim
Marlis Talinas (cf. ei-dessus, n" 456), M. Le\illaiii i-econnait (pu' .Mous
\tartis aiu'ail dû donnei- eu IVam^'ais Mon/mars ou Munlmas, cl, de lait, il
cite les vocables M<i/ilni:irl (Aubej et Munl-M.jrl ; mais l'existence de lieu.x
dits Miinluvirlf, aux envirmis d'.\vall(.>n et sur le lerrituire de Niiucs, l'en-
.,a^(' il dire ipi' .. il l'iuit liien a(.lmettri' une autre did'ormatioii populaire "
de Mous Marlis. Nous ne pensons pas ijue celle eoiiji'cl ure s'impose,
ijiiaud bien même les dèetuiverles arclu'vdo^iipies l'aites au Moniniarle de
I Yonne justllieraient l'explication du nom de ce lieu dit pro|iosi'c par
M. I.evillain, il serait téméraire d'étendre cette ex plication au Monlmartre
uimois, sur le passi'' dinpiel on ne connait i|ii'iine Iradilion toule (diré-
lieniie, celle d'après laipudle saint lîaudile aurait ét('' martyrise en cet
endroit. VA si l'iju envisage la (pieslion au poini de \i:e puremeni plioné-
lii|uc, il parait certain ipi'au ix'' siècle, en (laiile, la l'orme vulgaire de
-Marlis ne eom])ortait aucune voyelle d'ap|)ui à la suite du ;4roii|)e ri :
en elfet, l'un des cas oljliques tle pars, (pii s(? décline comme Mars,
est représenté, dans le serment des soldats de C.liarles le Cliau\e, par le
mot pari (Mon. Gcrm., Script. II, 600, 1. '.é .
C'csl éxidcmment pour ne s'être pas avis(''S de disjoindre la ipiestion
lilstoricpii' (lu lieu du marl\re de snini llenis et la (pn'slloii philidoi;iipie (!>'
rélymol();^ie du nom de Moiilmarl re, ipie .liilien llavtd et M. I.evillain ont
allaclié tani d'impin'lanec à tenir pour inventé de toutes pièces le x'ocalile
-Mons Martyr uni : s'ils s'étaient bornés à critiipier le rapproeliemeul
•SSII
i,i:s .Nd.Ms Ki; 1,11:1
1497. Kmployé au iii*' siùcle par TeiLuUien, au \ '' [)ar saini
.lérùme — el depuis lors les exemples en aljoinleul — le mut
latin inartyriuin ilési^'iiail le lieu du supplice ou de la sépul-
Ivue des niarlyrs. l*eul-ètre eertains exemplaires du vocable
Martres ou les Martres (Charente, Dordogne, Gers, IlauLe-Loire.
Puy-de-Dôme) sonl-ils apparentés à ce mot.
1498. On peut en toute sûreté rapporter au latin inartyriuin
lait [lar llilduiii de ce vocriblc el du souvenir de saint Denis, leurs ari^u-
ineiils. eu ce ([ui coiicei'ue la preniièrc queslion, n'cusseul rien perdu de
leur valeur.
Le nain de Muiilin:uire est éUulic aussi dans une brochure ùv i'J payes,
(|U(' M. l'abbc .l.-M. Meunier a fait imprimer à Nevers en lOl'i; lauLcui' a
judicieusement cru pouvoir aborder cette étude « sans essayer d'ap])rofou-
dir la question difficile du lieu où saint Denis l'ut mis à mort ». Son avis es'
((uc Monini.trtri' » ne dérive |>as do Monte Martyruin, mais de Monte
Mercure, l'ornu- du lalin vulgaire pour le cdassi(|ue Mereurio » ; l'o
postlouique de Mercore serait loinhé dès le viii'' siècle, et u au lemps
d'IIilduin, ...il a lallu (|ue Monlnicrcfc lût, comme prouoncialion dans lii
l)Ouche du peuple, bien près de Moiif/iiarlrc, [lour tpie cel historien put
déjà rapprocher ce mot de Mons .M a r ly r u m . . . La gutturale soui'de de
Mercri' s'avançait \-ers la dentale so\uile /, et elle de\ait en être bien près
déjà ; de même l'c entravé devant /• devait v[\v très ouvert, el sonner
[U-esque comme ;i, pour que .l/r'/'c;c soit tk'veun , vers h- milieu du ix'' siècle,
prescpie Mariro, et put être rapproché de Martyrum ». Li's laits de pho-
hétiipu' ai)|K)rtés à [)rorusion à l'apiiui de ces iiypothèses, à suiqioser qu'ils
soient applicables à la langue ])arlée en Gaule au temps d'IIilduin, ii'iii-
lirment en rien l'opinion que détendait Longnon.
A cette opinion M. Meunier objecte seulement que le mot ma rlyr " n'a
pas passé dans la couche [lopulaire des mots des langues rcimanes >■, et n'a
pénétré dans le franc;ais qu'à titre de mol >avant, caractérisé par le dépla-
cement de l'aeceut louiipie. l,'ar;,''unient, à notre avis, loin di' servir la
tlièse fie .M. Meunier, établit l'ancienneté du \-ocal)le M o n s Martyrum;
ancienneté comparable à celle des noms de lieu dans lesquels se recon-
naissent des termes de bonne latinité disparus du langage courant, comme
les suljstantil's v i c u s Vf. ci-dessus, n"" 506-515, f a n u m n"^ 453, 456.
Ukmis {n"^ 688-697;, l'adjectif lapide us m" 705;.
M. Meunier signale tmlin ([ne, parmi les " aulnes lieux en l<'rauce appelés
Mdiilnuiflre », celui îles en\ irons d'Avallou -- nous avons dit <pie M. Levd-
lain l'appelle )Inii/ iii:u-lc — possédait vin teuqile dédié à Mercure. On con-
çoit que ce fait, à coup sur ri'mar(pia ble, l'ait |ia l'iieulièi'ement séduit. .Mais
on peut légitimement considérer ipi'en raison de la réputalinn cpi'ont pro-
curée à la butte aujourd'hui [lai-isienne les Arcoptu/ilica d'IIilduin, le nuiii
de Montmartre peu! bien avoir été donné, par analogie, ii d'autres mon-
tagnes vouées à Mercure par le paganisme romain.
4
%
i
.t
OmciMvS ECCI.KSIASTIQL'RS : H IS l'ÙIIth; UKI.TC.IKUSI-;
:!SI
II' 11(1111 (U' lieu hretoii le Merzer ((lôlcs-du-Nord, Morliili.ui).
iMerzer-SalaÛn (Finistère; est reiulroil où l'uL assiissiné, en iS I 'i ,
II' lui (les ])retnns Salonion — Siiliiiin est récjuivalenL breton de
Salonioii — deuxième successeur île NoniéuDi' ; la mort vio-
lente de ce prince Fut assimilée au sup[)lice du clirélien mourant
|i(Uir sa foi. Limerzel (Morbihan) est appelé, dans un texte latin
(le l.1<S7, lù'clesia ni.artyrum, ce (|ui est bien le thème élv-
iniilo!;'i([ue de son nom : en ell'et, on sait ([uen breton ecclesia
est devenu i/iz (cf. ci-dessus, n° 1322), et un document de liS'i
donne la l'orme îllintcrzel ; la l'orme moderne résullt^ de rajilié-
rése (le la première s\'llalie.
LXVII
CULTE Dl-: LA
DIMNri'K
1499. On apiX'lait, au moyen àj;e liùlel-Dicu ou luaisun-Dicii.
\\n étiihlissement hospitalier destiné, soit à héberger les vova-
g-.'Uis, soit à reeueillii' les malades. De ces deux expressions
synonymes, uniformément traduites j)ar le latin domiis Dei, la
première, un peu archaïque, ne s'est guère maintenue que dans
les villes, oîi elle désigne souvent le principal hôpital, ou le plus
aueien, comme c'est le cas à Paris. Les localités appelées Mal-
son-Dieu (Haute-Marne, Deux-Sèvres i et la Maison-Dieu (Cnle-
d'Oi'. Creuse, liulre, Marne, Nièvi-e. Seine-et-Marne, Yonne
coi'respondent, soil à tl anciens hôpitaux ruraux, soit à des iiro-
priétés d'hô[)itaux urbains. Une seule de ces localités a rang de
commune — c'est celle du département de la Nièvre — et son
nom actuel a été substitué à celui de '/V/.s/, cpi'on Ht dans un
])(uullé du diocèse ilWulun antérieur à \'A\2.
1500. L'appellation Locus Dei, attribuée il'ordinaire à des
monastères renu)ntant au xn'' siècle, est représentée par le Lieu-
Dieu (l^ôte-d'Or), abbaye de l)ernardines l'ondée vei-s I L'ill, le
Lieu-Dieu (Sonuue), abbaye de l'ordre de Cîteaux fondée en
1I*.M, Lieu-Dieu-tv)-.//!/-*/ (Vendée), abbaye de l'ordre de Pré-
montré fondée en ll4.^i, Lieu-Dieu (Dordogne, Isère}, et par Loc-
Dieu (.Vveyron), abbaye cistercienne fondée en 1121). — Dillo
(Yonne), où une autre abbaye de l'ordre tic Prénmnti'é fut fontléc
en 1 Li"), répontl ;t Dei locus.
1501. L'abbaye bénédictine du Joug-Dieu (Rhône), dont l;i
fondation se place vers I I LS, était appelée en latin ,lugum Dei.
1502. Le Mont-Dieu i.Vnieniu's, Mous Dei, doit son origine
à luu' ehai'treuse.
1503. L'abbaye de Mo/idni/e (Calvados), fondée en 121:^ par
Jonrdain du Ilommet, évècjue de Lisieux, passerait p"ur avou-élé
l'homonyme de cette chartreuse, si l'on s'en tenait aux termes
cpie voici d'un document de 1217 : conventus sancti Marlini
de Monte Dei: mais c'est là une traduction l'autiAc de L
.Â
(>iuc.i.m:s io(;f:i.KsiAsTinui;s : clm.tI'; uk r.A ihvi.mi'i
:!8:i
luriiK' \ul^'aii"e, on peut son conv;iincre par rexanioii cU-s lexles
plus ancitMis : Mons d'Ae, en 1202; Sanctus MarLiuusde
Ae cL Sa ne tus Martinns de Aeio en 121"); occlesia de
Ae en 1210; Mundôe eu 1212. Ces diverses formes pernieltent
(le reconnaître dans Mainluj/c le mot mont siii\i, avec intei'cala-
lion de la [iréposition de, du nom primitif du lii'u, nom d'drit^ine
^'allo-romaine, et vraisemblablement analoyue à celui il.i//
(Marne) (pi'on rapporte i;énéralenu'nt au latin Af^'iacus.
1504. Ciloi'ia Dei, rpii dési<.;nait jadis une ministrerie de
l'ordre des 'l'rinitaires, est aujourd'hui Gloire-Dieu (Aube).
1505. La Grâce-Dieu (Charente-Inférieure, Doubs, Ilaute-
Ciaronne), Gratia Dei, c'est-à-dire « la faveur di\ine «, répond
à uiu> idée cpu paraît avoir été en honneur dans la première moi-
lie du \n'' siècle. Deux des localih's ainsi nemimées oci'upant
l'emplacement de nu)nastères ft)ndés, l'un en I l.'i'i, au diocèse de
Poitiers, l'autre en 11 H!), au diocèse de Besancon. — Darjs le
nom de la Grâce, écart de Courbetaux (Marne), ce n'est pas le
nom divin qui est sous-entendu ; en ce lieu, voisin de Montmi-
rail, s'élevait, antérieurement aux guerres de religion, une
al)l)aye loiulée en 122'^, qu'on voit, en 12()."^, ilésignée [>ar les
mois ecclesia de Cratia béate Marie subtus Montem
M i rabi lem.
1506. La Bénissons-Dieu (Loire) était appelée en latin IJene-
dictio Dei : l'accusatif benetlic tio ne m a donné très régulière-
ment benis!iiin et l'.v a été ajoutée à ce mot sous l'inlluence d'im
impératif l'récpienunent employé.
D'autres noms tle lieu j:)résentent le nom divin compris d;ins
une fiirmule préi'alive t)U votive.
1507. (Àduî de Dieulouard (Meurthe-et-Moselle) reproduit
l'expression lorraine /);Vv/ /o(i ivarl, c'est-à-dire c Dieu le garde »;
(Ml la rendu en latin par Dei ciistodia, i'aute d'en pouvoir
ais(''ment donner une traduction exacte. Ce nom est cerlainemeiit
antérieur à l'an mil, témoin la mention (ju'on en ti'ouve sous la
foiMue DcilHuvurt , dans V HislurLi episcoporain Virdunensium.
1508. Dieu-s'en-SOUVienne (Meuse) est un ancien prieuré de
l'ordi'e tlu \'al-des-l'\'oliers l'(nulé en 1227.
1509. Le nom de Divajeu (Driune) se présente sous les formes
dialectales l)rr;ijna en 1 I i-5, J)cvujnda en 1201 ; on la traduit en
;is i
l,i;S .NOMS IjK IJKII
laliu par Dei a d j u toiium. A vrai dire !.■ Lhùme élyin()Io--i(|iH'
est De us adjuva t.
1510. Dieuleflt (l)rùme) ei)ni])i-end dans son territoire uiu-
inonlagne ap[)eK'e Dieugràce : ces noms s"e\-pli(jueut d'eux-
iuèiiu\s.
1511. Le nom Dieulivol ((liroade) comporte connue un acte
de l'oi en la protection divine.
1512. lîeaucou|) d'églises sont ou étaient dédiées k la Sainte-
Trinité : il existe, outre la Trinitat (Cantal), une trentaine de
localités appelées la Trinité ( Basses-. Vlpes, Alpes-Maritimes,
.\ul)e, Calvados, Cotes-du-Xord, Kure, Finistère, Loire-Infé-
rieure, Manciie, Mayenne, Meurthe-et-Moselle, Morbihan, Oise,
Orne, Basses- Pvri'-nées, Savoie, Seine-Inférieure, Seine-et-Oise,
Var, Vosges ').
1513. On ne peut citer aucun voca])le honorant en particulier
la première personne de la Trinilé. Mais le culte de Dieu le ImIs
a donne naissance aux noms de lieu dont la forme latini' rst
Sanctus Salvator. Le nom Saint-SauVGUr, porté par plus de
(juaranle communes et par (|uel([ues écarts, a pour variantes,
ilans la France méridionale, Saint-Salvadour (Corrèze) et, par
assourdissement de Vr linale, Saillt-Salvadou (Aude, Ave\ron) :
ces formes répondent à l'accusatif Sanctum Salvatorem, tan-
dis (jue le nominatif est représenté par Saint-Salvaire (Alpes-
Maritimes, Aude).
1514. 11 n'est [las sans intérêt d'observer qu'au début du
règne de Philippe-Auguste, (lui avait expulsé les .luil's du
royaume dès !IN:2, le vocable du Saint-Sauveur fut attribué à
une ancienne synagogue convertie en église à Orléans : le même
fait peut s'èti'c produit ailleurs.
1515. L'idée première de placer un édilice religieux sous l'in-
vocation spéciale de la troisième personne de la Trinité sem])le
avoir appartenu à Lierre Abélard, le céb-bre philosophe (pii, en
11:22, ionda au diocèse de Troyes le n)onastère du Paraclet,
dédié, comme son nom rindi(nie, au Saint-i^lsprit conscdaleui-,
-otpa/.A-^Tiç. Cette appellation causa un certain scandale, parce
([u'ellc était alors sans exemple. Abélard, dans sa célèbre Lr'tln-
l. CoLtc (lerriièro localité, ée;irl de la ooiiimuiio rie Lamyrche, esl im
Miicicii cduvciiL (le 'rriiiil.ih-es.
UlUGINES fCCI.ltSIASTIolJES
I.i; SAI.NT-ESPIUI'
:m
I
^
.i (/// ami, s'en explique en ces termes : <( Fondé d'abord au nom
de la Sainte-Trinité, placé ensuite sous son invocation, le sanc-
liiaire fut appelé Paraclet, en mémoire de ce que j'y étais venu
en liigilif, et de ce qu'au milieu de mon désespoir, j'y avais
trouvé cpielque repos dans les consolations tle la yràce divine,
dette dénomination fut accueillie par plusieurs avec un ^rand
clonnemenl ; tiuelques-uns l'attaquèrent avec violence, sous pré-
texte (pi'd n'était pas permis de consacrer spécialement une
éi;lise au Saint-Esprit, pas plus qu'à Dieu le Père, mais qu'il
fallait, suivant l'usaye ancien, la dédier, soit au Fils seul, soit à
la Trinité. Leur erreur provenait de ce qu'ils ne voyaient pas la
distinction qui existe entre l'Esprit du Paraclet et le Paraclet.
Imi l'il'et, la Trinité elle-même, et toutes les personnes de la Tri-
nité, de même qu'elle est appelée Dieu et Protecteur, peut être
parfaitement invoquée sous le nom de Paraclet ; c'est-à-dire de
consolateur, selon la parole de l'AjJÔtre : « Dieu béni et le Père
c( de Notre-Seiyneur Jésus-Christ, le Père de toutes les miséri-
'< cordes, le Dieu de toutes les consolations, la consolation de
» toutes les tribulations m; et aussi, selon ce que dit la vérité :
M 11 vous donnera un autre consolateur » . Puis(pie toute éj^lise
est également consacrée au nom du Père, du Fils et du Saint-
Esprit, et qu elle est la possession indivise; des trois personnes,
(|u est-ce (jui enq)êche de dédier la maison du Seii;neur au Père
ou au Saint-Esprit, aussi bien qu'au Fils? »
Abélard olitiut gain de cause, puistjue le nom de Paraclet fut
également donné à une abbaye fondée en 1219 au diocèse
d'Amiens. Et l'on a vu \iV' 1485) ([u'entre tenqjs avait été fondé
tordre du Saint-Esprit, auquel un certain nombre de localités
doivent leur nom.
'.es iionif: de lien .
lAVlIl
APPELLATIONS MYSTIQUES •=
1516. Oa a vu (n" 1503) le mot g-ratia, en conil)inaison avec
le nom divin, représenté par les noms la liràce-D'ieu. — La
Grâce (^Lu•no) est pour /,■( linicc-Xotre-DaDW, Gratia l)ealae
^Lu■iae.
1517. Gaudium, désij^nant la joie s[)irituelle, caractère dis-
tinclif du vrai chrétien, est le nom de la Joie, porté par des
abbayes cisterciennes de femmes, fondées, l'une en 1:21} L au
diocèse de Sens, près de Nemours (Seine-et-Marne), l'autre en
1250, au diocèse de Vannes, près d'ilennebont (Morbihanj. La
première l'ut réunie en 17Gi k celle de Villiers-aux-Nonains
(Seine-et-Oise) cpi'à cette occasion on appela Vill icrs-lSi-J oie K
On n'a pas de renseignements précis sur l'origine du nom de
la. Juie porté par des écarts des Ardennes, de la Lnifc-lni'érieui'e
et de la Haute-Savoie.
1518. Pietas Dei est le nom sous le([uel fut fondée, en 12:2!!,
au diocèse de Troyes, une abl)aye cistercienne, aujourd hui la
Piété i;Aube].
1519. Il serait hasardeux de rapporter le nom la Foi (^Charente,
Charente-Inférieure, Vendée) au latin fides, car il est possible
qu'on soit en présence d'une variante, d'une altération de ta iunjc
(Deux-Sèvres), nom qui appartient à la nu^me région, et qui
aiuail pu être c-ompris [)armi ceux représentant fag-ea, <> hêtraie »
^n" G57j. 1mi re\'anehe, il u y a pas de doutt' possible sur la
signilication du nom de Bonne-Espéraiice (Nord), ancienne
abbaye du diocèse de (_^ambrai fondée avant 122G. Mais des trois
vertus théologales, c'est la charité qui se trouve la plus honorée
dans la toponomasliipie française. La ville de la Charité (Nièvrej
doit son origine ii un prieuré de l'oi-tlre de C^luny l'(nulé au
xii'' siècle. Sur le territoire de Chàteau-Tliierry (Aisne), un lios-
I. C.(. p. Quesxers el 11. SIcin, Puuillc di: Vaiicirn iliuci'^sc iln Sens,
\). 'Jl-it2.
OUKUINES Kr.CI.RSlASTIOljl'.S : I.A CHAUITK
3S1
liicc iM)k' rsl îippelé la Charité ; et l'im \'()il le niènie nom tlési
;^ruM' iK'S lii")|iiUuix uri)ains, à .Vuxoniie, Hesaii(,on, ('hambéry,
l.an^'ies, Paris, Toulouse, par exemple. Quant aux écai'ts appelés
/.( Clinrité lArdennes, Ilaute-Saùne, Savoie, Seine-el-Marne), il
_v aurait lieu de rechereher, pour chacun d'eux, à ijuelle circon-
sfaiice il doit son nom.
1520. L'écart appelé Reconîort (Nièvre) est une ancienne
al>l)aye de cisterciennes l'ondée vers I2i}r>. monasleriuni ([uod
<licilur Consolatio lu'ate \'^irg-inis. Le nom latin de Con-
sola tio heate Marie a été appliqué à un autre établissement
du même ordre, l'abbaye des Mazures (Ardennes), au diocèse de
lu'inis, mentionnée en 1:271 et réunie eii I^^Dl) à l'abbaye d'I'llan.
La chapelle de rermila:;-e de ChèNreroclie, près Thuillières
' \'iiSL;-esi. au dim'èse de Toid, étail sous h' Nocabli' de \otrc-
l)ame-de-(jOnsolation '. Les écarts dénommés donsoliition
(l)oubs, Pyrénées-Orientales) sont peut-être aussi d'nrit,àne reli-
t^ieusc.
1521. F-ntre le xii*' siècle et le xn*". le nom de Corona béate
NLii'ie l'ut attribué à plusieurs inonasières, dont l'un. Fondé en
1121, a donné naissance au boury de la Couronne, près d'An-
^'oulèuK!. — Grnnd-Coiironne et Pc/il-Courunne (Seine-Infé-
rieure; sont d'une origine toute dilVérente ; dans l'espèce, (Jou-
roiine, qui est masculin, résulte d'une altération de Couro-nme,
latinisé (jurbolmum, nom (h' lieu dans lequel on reconnaît
le ternie Scandinave holni, [)récédemment étudié fn" 1191).
1. M('in()ii-fs lie 1.1 SoviiHi^ <rarch('olo(jir [orraine, 1910, [j. llfS.
W^'
LXIX
CULTE DES SAINTS : PAllTICULAlUTÉS DIVERSES
1522. Les noms de lieu se rapportant au culte des saints sont
fort nombreux.
Quelques-uns de ces noms, l'eprésentant le pluriel de radjcc-
tif sanctus, évoquent le souvenir de plusieurs saints réunis en
un culte commun. Tel est Xanten (régence de Dûsseldorl'). oii
sont vénérées les reliques de plusieurs des martyrs de la Léf^non
théhaine. Il existe, en Erance, plusieurs localités dénommées
Sains (.Visne, llle-et-^'ilaine, Nord, l'as-de-Calais, Somme) et
Saints (Seine-et-Marne, "^'onne) : Sains-cn-Ainicnois (Somme)
est désii,'-né dans un texte de 101)0 par les mots fundus ex
nomiuL^ Sanclorum ; et Saint^-cn-I'uisaye (Yonne), Cottia-
cus ad Sanclos au vi'' siècle, est le lieu où furent martyrisés
les saints Cotlus et Priscus.
Maintes fois le vocable d'un sanctuaire est devenu le nom de
la localité oii il s'élève, et la plu|>art du temps ce nom. bien
reconnaissable, consiste dans un nom de personne précédé du qua-
lificatif s;h'/?/. Mais cette règle générale soull're tiiverses exceptions
à l'examen des([uelles va se borner l'objet du présent cbapitre :
c'est dans le suivant, beaucoup plus développé, tpie seront pas-
sés en revue Irs noms de perst)nnages lionorés par 1 l'église, qui
ont trouvé place dans la toponomastique franc^-aise.
Sanctus n'est pas le seul qnalilicatif c[ue le latin nu'diéval
ait applicpié à ces personnages.
1523. lîeatus a été d'un usage tout aussi fréquent; nuns le
seul nom de lieu dans le(|uel on soil fondé à le reconnaître est
Belhomert (Eure-et-Loir). Cette localiti' doit son origine i\ un
oratoiie fondé au vi" siècle par un pieux abbé cliartrain nonuné
Launoniarus, et qui devint, par la suite, prieuré de l'abbaye de
Eontevrault. Launomarus fut donné pour patron à l'abbaye de
Sniiil-f.oinrr de Blois, et il est lionoré au Pns-S;iiiit-I.' Ilcnicr
]■
i
OKIGIMCS lOaXKSIASIUjUES : /lEATrS 389
(Orne) : nul cloute ([ue son nom tloive èlre reconnu dans
lii'lhninerl ; ct'la dit, on ne saurait souscrire ;i la ti-atluction
Bellus Launomarus que les auteurs du GalUa clirhlinnu ont
iinat;-inée ; au qualilicatit' bellus, qui jamais n'a été ap[)liqué k
un bienheureux, il faut, sans hésitation, suljstituer bea lus.
1524. Domnus, l'orme réduite de doniinus, a été, aux
épo([ues mérovingienne et carolingienne, un véritable synonyme
de sanctus. Les ileux expressions sont employées concurrem-
ment dans le testament, écrit vers l'an 700, d'une dame pari-
sienne du nom d'Krmintrude, contenant de nombreuses libérali-
tés en faveur des égdises de Paris ou des environs : baselica
sancti Diontsi, baselica domni Sinfuriaui. Beaucoup de
noms de lieu corres[)ondent à des vocables tréglises, dans les-
quels le nom tlu saint patron était ainsi précédé, non de sanc-
tus, mais de domnus : Domnus Germanus et Domnus
Pet rus ont donné Domgermain et Dampierre.
1525. Domnus, on le voit, devient doni. altéré parfois en
ilaïu. Le son nasal (pii caractérise ces formes peut disparaître
devant une voyelle ou devant une licpude, comme dans Donialain
illle-et-Vilaine), Domnus Alanus — Bonnement (Aube),
Domnus Amandus — DannevOUX (Meuse), Domnus Hipo-
litus, d'une part; — Dommartin, Dammartin, Domnus Mar-
tinus — Doulevant (Haute-Marne), Domnus Lupentius —
Dommarien (Haute-Marne), Domnus Marianus — Douriez
Pas-de-Calais), Domuus Piicarius, d'autre part.
1526. Dans Demuin (Somme), Domnus Audoenus, l'o de
(loin ou l'a de dam s'est assourtli en o muet.
1527. Le féminin de domnus, domna, revêt des formes
assez variées, témoin les noms Domniarie (Meurthe-et-Moselle),
Dame-Marie (luire, Indre-et-Loire, Orne), Dammarie (Eure-et-
Loir. Loiret, Meuse, Seine-et-Marne), Donnemarie (Haute-Marne,
Seine-et-Marne), Dannemarie ' Doubs, Haut-Hhin, Seine-et-Oise),
([ui tous procèdent de Domna Maria.
1528. Passé l'an mil, on n'a [dus d'exemples avérés de l'em-
ploi de domnus au sens de « saint », mais la forme vulg-au-e de
ce nu)t s'est maintenue dans la langue franvaise. On sait que,
postérieurenunit à la Renaissance, le titre dom a été donné
aux membres de certains ordres religieux, de l'ordre de saint
;!!i(
I.i:S NOMS liK I.lllll
IjcnoîL nutaininent. Dautif part, peiiclaiiL les (iLM'iiicrs siéclos
du moviiii-ii^e, duin ou dam, appellation de couitoisie analoniu'
à respagiiol don et au portugais d(jin, avait été attribué ;i
des seigneurs ou à des j^ens d l\L;'lise. Kt parfois le nom do lel
personna;^"e, précédé de cette appellation, est devenu celui d un
étaMissenieut l'ondé par lui, d une maison qu il avait possédée.
De lit certains noms de lieu, très analogues d'aspect à ceux qu'on
vient de rencontrer, mais dans lesquels il faut bien se garder de
voir des vocaliles hagiographicjues. Si le thème étymologique du
nom de Dainparis (Jura) est bien Domnus Patricius, du nioius
doit-on entendit' parla, non pas saint Patrice, mais un religieux
du nom de Paris, t(ui, vers 1 loO, fonda en ce lieu un monastère.
— Damrcniont (Haute-Marne) n'a que tardivement pris rang de
paroisse ; c'était à l'origine une simple maison rurale fondée par
un nommé Réniond, sans doute prieur de Varennes. Des noms
de femme, précédés du mot dame, ont eu le nu''me sort : la
Dame-Alix (Haute-Marne), la Dame-lhKjiieiwte (Haute-Marne I,
Dame-Jeanne (Côte-d'Or).
Il convient d'observer (]ue dam, signifiant non pas " saint »,
mrds <( seigneur d, fait partie du déterminatif, smgulièrement
déllguré par la graphie oIRcielle, de certains noms de lieu.
Ma;/ni/-Dani(/on i^Ilaute-Saone), les Aix-d'Angilion (Cher) et la
Cliapelle d'Angillon (Cher), devraient s'écrire Magny dan Igon.
les Haies dam Gillon et la Chapelle dam (lillon, répondant res-
pectivement à Mansionile domni Hugonis (cf. ci-dessus,
u" 1025), Haiae domni Gilonis, Cappella domni Gilonis.
Ces deux derniers noms raj)pellent le souvenir d'un seigneur
berrichon, Gilles de SuUv.
I
1529. Les noms de lieu, se rapportant au culte des saints,
dont la forme originelle présente comme premier terme domnus
ou domna, seront indiqués dans le prochain chapitre ', à pro-
i. En cola nous nioiliiloiis le plan conslaniiiient suivi par Loui^noa.
En l'.lOS, il a consacré à l'examen de ces noms la majcurf [jartie île la
conférence du 2'J JLuivier — dont le début coïncidait avec celui du |iri'>-
sent chapitre — et toute la conférence du o février; c'est seulenuiil le
20 février qu'il devait aborder, pour la poursuivre jusf[u'à la fin de l'aiHiée
scolaire, l'étude des noms de lieu ayant pour premier terme le mut
II saint ". De là, dans les notes orises oar ses auditeurs deux séries de
ouKiiN'Ks K(".CLi':siA.srioi)i;s : DOMyijs 3'Jl
pos (les divers noms île personiu' sur lesquels ils ont été formés.
L'un lieux cependant doit être mentionné à part, à raison de sa
composition exceptionnelle et des altérations remarqua ])le.s dont
'1 est le résultat : c'est celui de Dandesigny (Viennei. Les [)lus
anciennes mentions ([u'on connaisse de ce village, jadis paroisse
de larchiprétré de Mii'ebeau, appartiennent aux toutes dernières
années du i\'' siècle; l'une est ainsi con(,'ue : ecclesia Aiulon
et Sennes in castellanla M i rebel len se ; l'autre oll're la
l'orme \ulyaire J^oni i/c S('i(//ic, où, par l'eU'et d'une crase assez
l'orte, (le représente Ahdnii ; en L107, on rencontre DnittleseiyrK',
(]ui semble, à première vue, répondre à quelque primitif en
-acus ; la forme actuelle s'est produite sous l'inlluence qui, dans
la même réyion, a substitué le IVançais Chumpigitij au poile\in
(!li:uii/icii/ni\ usité encore en I'(.'I7. Si compli([uée cpie piusse
paraître cette étyinolog'ie, elle est pourtant indiscutable, car, à la
veille de la Révolution, l'église de Dandesigny avait encore pour
patrons les saints martyrs Al)don et Sennen, victimes de la per-
sécution de Decius.
1530. De ce qu'un nom de lieu a pour premier élément le mot
" saint », il ne faut pas toujours conclure que le terme qui suit
soit un nom de bienheureux.
La démonstration n'a pas besoin d'être faite à propos des noms
précédemment étudiés, (|ui se rapportent au culte des seconde et
li'oisième personnes de la Sainte-Trinité — Saint-Sauveur et ses
variantes [n° 1512), Snini-Espril [n" 1484l — • non plus (pie des
vocables Saintc-('r<)i.r, ligurant à plus de cinquante exemplaires
au Dictionnaire des Postes, et Saint-Sépulcre (Côtes-du-Nord,
Nord) — ■ cf. la Chaj)elle-Saint-Sépulcre (Loiret), Xeuuy-Saint-
Sépulcre (Indre) et }'^illers-Saint-Sépnlcre (Oise) — dont on pré-
tend ([ue Saint-Polgues (Loire), prononcé dans le pays Saint-
Ponjuc, est une altéiation. Dans le surnom tlu village de Braux-
Sainte-Cohièrc (Marne), (pii a pour objet île le dill'érencier de
son voisin lîraux-Saint-Hemy, si le mot saint procède bien d'une
vocables li;\giop;î-apliiqiics, dont la seconde préseulait bien des éléments
rencontrés déjfi dans la première, et donnani lieu inévitablement, qu'on
nous passe le mol, à des redites; il n'y avait qu'avantage, avons-nous
pensé, à faire (iisparaiire celles ei par la fusion îles deux séi'ies en une
seule.
3;)2
I.ES iNO.MS 1)1': [JEU
idée ro.liyiense, coliicrc paraît être mie expression locale dési-
gnant l'action de mettre un prisonnier aux fers, et l'on doit, dans
l'espèce, y voir une allusion à la Saint-Pierre-ès-Liens, fêle
patronale du lieu.
1531. Dans chacun des noius qui suivent. Sain/ est une alté-
ration de la j)renuère syllalje, indûment séparée du resle du
nom.
Les formes anciennes du nom de Saint-Boiiirjt (Meurthe-et-
Moselle) sont, en 1179 Ccnihench, en l'i'^l Sanihoin, en lo'iS
Sam/jcinf/.
S;unf-Ct/ (Nièvre) est dit en 1 .')57 Suinci/, et en I ()!)9 Sinci/ :
ce nom est d'origine gallo-romaine, s'il faut faire état de la
forme Suenciacum, (ju'on trouve en 12iS7.
Sainf-Drérnoni (Vienne) est appelé vers 1090 Sidreniuni.
Saint-Eny (Manche) a pour forme primitive Centeniacus.
Le nom de Snint- fiu/lorcrl (Pas-de-C'alais'i a été expliqué
ailleurs [n" 800).
Celui de SainZ-Sau/Ueti ;Somme) était écrit au moven-âgv
Sossnulieii, ce c[ui suppose un primitif Saxoaldi ou Saxoldi
1 G c u s .
La substitution de la graphie Huinl-Tronc à Ccntroii, pour
désigner un écart du territoire de Marseille, a peut-être poui'
cause la grande notoriété de la ville belge de Saint-Trond
(Limbonrg) — sanctus Trudo — flont les maichands fréquen-
taient les foires de Champagne et celle du Lendit.
1532. Dans certains cas, saint correspondant bien au latin
sanctus, le terme qui suit combine le nom du bienheureux
dont il s'agit avec un autre élément, par exemple avec un de ces
noms conununs qui ont été d'un usage si fréquent jjour la forma-
tion des noms de lieu : mous, dans Sainl-liasleinonl (Vosges),
Sainl-Cicrmainiiinnl. (Ardennes), Saint- Ililairemoiil (Marne).
Saint- Pierrcnionl (Aisne, Ardennes, Meurthe-et-Moselle.
Vosges), Snint-Ih'niimonl (Meurthe-et-Moselle, Vosges) ; —
cortis (h\ns Sainf-Denisrourf (Oise); — villa dans Saint-Pier-
rcLullc (Ardèche) ; — villaie dans Saini-Pierrcoillci-.'i [\lense) ;
noms construits de mênu' ([ue celui de Saint-Eloi-Fontainc
(Aisne), que portait une abbaye augusline du diocèse de Novon.
fondée en 1 139.
1533. Les anciennes mentions de Sainl-Pcraville (Nièvre) —
[ ^r
(»hii;im:s i':(:cMi;siASTin[i:s : sa.xctis 'M):\
parrocliia Saiicli IV'lri de Villa en 12)12, Sain/ Porc en r/Z/e
011 Ki'i.'J, Saine/. Père ti Ville eu ! iO.'i — donnent lieu de croire
i|ue \^illu était devenu le nom de la localité; Saint-Péraville
résulterait donc d'une combinaison analogue k celle qui a donné
Sainl-Ci) bardeaux (Charente), nom dont la forme correcte serait
Suin/'Ci/hard-d'Eanx, Sanctus Eparcliius (cf. ci-après,,
n" 1551) de llice ou cl e llcio.
1534. Le nom de Sainl-Péravy-la-Colottibe (Loiret) répond au
latin Sanctus Petrus ad vicum Columnam. Columna est
le nom sous lequel Grégoire de Tours désigne le bourg (viens)
de la cité d'Orléans où le roi Clodomir, en 52:î, lit tuer son pri-
sonnier Sigismond, roi des liurgondes. Celui-ci fut réputé mar-
tyr, et le [)uits où son corps avait été jeté — puteus sancti
Sigismundi, Paits-S;nn/-Siniond — devint un lieu de pèlerinage
qui donna naissance au village acluel de Saint-Sigismond Colum-
na doit être identilié, non pas, comme on l'a cru, avec Coulmiers,
dont le nom représente columbarium, mais avec Saint-Péravy-
la-Colombe, dont le territoire communal conlineà celui de Saint-
Sigismond ; colombe esl d'ailleurs une des formes vulgaires que
revêtit au mo\en-âgt' le latin columna, à tcdles enseignes qu il
est s(juvent c[uestion, dans les inventaires de librairies des xiv''
et XV*' siècles, de livres écrits >' à deux colombes » '.
Sain/-Péravij-Epreiix (Loiret) est évidemment un autre Sanc-
tus Petrus ad vicum.
1535. Les noms Snin/- An^ancel (Tarn), Snin/ -Camidcl
Bouclies-du-Rhùne), Sain/-Ci/hrane/ (Dordogne), Sainl-Flore/
(Puy-de-Dôme), SaiiiZ-Gallet (Indre), SainZ-Jeanne/ (Ikisses-
Alpes, Alpes-Maritimes), Saint-Jouanne/ (Landes), Saint-Louei
(Calvados, Manche), SainZ-Paulct (Ariège, .Vudc, Gard). Sain/-
Sevrc/ (Landes), s'appli([uenl à des localités primitivement ap[ie-
lées Sain/-Anuins^ Sain/-Canna/, Siiin/-(^i/bran, Sainl-Floiir,
Sain/-,Iallc, Suinl-Jean, SainZ-Joiian, Sain/-Lô, Sain/-Paal,
SainZ-Screr ; la terminaison diminutive (pi'ils présentent a pour
objet — le déterminatif II le-Petit » eût pu être employé à pari-ilU;
1. Voir \)tn\v plus de dctails, A. Loii^non, (iéof/rnphic de hi Cnulp au
Vl" si''rl,_\ p. :t'i î-3 ili, cl ,1. Soyer, Le " doliininne cicuf. •< d V m sxjit t'.oliun-
nrn^h :, dans los llull. dp l:t So,:. .-ircli/'ol . rt lii^l. de l'Orlé.in;ils, I. XVIII ;
lire à pari ^Oi'léaiis, IDIS, 1.'! p. in-S").
:;;)!
i.i';s NOMS m-; i,ii:i;
lin — de diUei-eacier ces localités de localités hoiuoiiviues plus
iinpoi'laiiles.
Diverses circonstances ont eu parfois pour résultat de changer
le genre du nom de tel saint ou de telle sainte.
1536. Sancta Ag-atha est devenu S;un{-Ch;ij)tc.s (Gard).
1537. Sancta Agnes a produit Saini-Agncf (Landes et
Snint-ÂLinès (Hérault), u saint » ne se distinguant pas, pour
l'oi-eille, de « sainte » quand le nom qui suit commence par une
voyelle; c'est ainsi que Sancta Alvera est aujourd'lud S.iin/-
Alrrrc (Dordogne;.
1538. Sainte Barl>e est la patronne tle Saint-Barhnnl (Haute-
Vienne). Le nom latin Barl)ara, qui était accentué sur l'antépé-
nultième, s'est réduit à Barha, et cette forme basse s'est vu
appliquer la déclinaison inqiarisyllabique en -a, -a ne (voir
ci-dessus, n" 985) ; le cas régime B;irhan — tout comme les
noms de rivière Cousin, Marin. Serein, Tliérain [w" 1164),
Cnnnn et Forninns (n" 1165), par exemple — a été. en raison
de son aspect, attribué au genre masculin; il va sans tlire que le
/ final de Saint-Barbant est parasite.
1539. Sanctus Candidus est devenu successivement Sa//;/-
daiulc. S;tint-(!anne, enlin, en raison tle l'apparence féminine
qui lui donnait sa terminaison nuiette, Sninlc-Canne (Gers).
1540. Sancta Eulalia est le nom primitif de Saint-Aiilaire
(Corrèze, Dordog:ne), de Saini-Anlais (Charente), de Saint-
Aulai/c (Dordogne), de Sainl-Aiilazie (Tarn-et-Garonne) et de
Saint-Araillcs fGers^ ; le changement de gem-e s'explique —
comme à propos des noms, nu'utionnés précédemment (n" 1537),
qui lépontlent ii Sancta .\giies — par le fait que le nom de la
sainte commence pur une voyelle.
1541. Sainte-(}erffoi;iL\ ferme détruite au iinage de Dommar-
tin-la-Planchette (Marne) est appelée Saint Jargoinne en 14(J0,
Suint Gerffoinnr en 1 iiG, Saint Jar/joinc en 151 G, Sainct Ger-
(jnnnc en l.'iO'.); la féminisation, inq)utable sans doute à la
terminaison nuictte, paiait n'être pas antérieure au xix" siècle '.
I . Les ri-li<|aes de saint Gorgoii i Gorgoii iii s) étaient vénéiéos à l'ahjjaye
(le (ior/.e, cl ce monastère possédait des t)iens dans la réj^-ion ii laquelle
appartient Domniartin-la-Planchellc. — On trouve constamment, dans hi
région jorr.iine, la forme Gi-rf/oiite, et d'autre-, ipii n'en ditTèrenl g-nère,
Ollll.lM'iS KCC.LKSIASIIMLIKS '. SA.Mri'l'S
:vx]
1542. Sauolus lllidius s\'sl allL-rc l'ii S/iinfc-Olirc \ .\\i\i '.
1543. Abbalia saiicti PeLrnsii i n M o r vt' no (K'-si^iK^, dans
un Icxlp de i>^l , Siiin/e-J^ci'cusc iXu-ntc). Lu tcnninaiscm nuicUe
de la l'orme vulgaire de Petrusius n'a rien d'anornial dans une
région où sanctus Palricius a donné Suint-Parize (Xiéviei.
1544. Sain/c-Raniéc (Charente-Inférieure) représente ï^anetus
Ueniigius.
1545. Sanelus S y niplin ria n us est devenu ■S'.7////c-/w'///ï'
(Creuse), par l'internukliaire d'une l'orme telle (pie Sainl-Sinfcini ;
eelle-ci présentait à loreille une l'edontlance (pion aura évitée
en disant Sainl-Feira ; puis, par un phénomène analogue à celui
([ui a [)roduit Sinnl-A Ifr'uiiie (.V i'ricanus, Afriri\). Va final de
Fi'riii, transt'ornu' en «' muet sous l'inlluenee du fram^-ais. a perdu
l'aeeent, et Feire a passé poui' un nom riMninin'-'.
L'adjectif sanctus a suhi diverses altérations, les unes acci-
dentelles et isolées, les autres j)résentant un caractère régional,
qu'il uiiporte de noter ici.
1546. On lui soup(^'onnerait pas ci4 éh-menl, dans le nom de
Sniucr (Pas-do-(]alais), si l'on ignorait (pie le nionaslèi'e (jui
s'i'levait en cet endroit est appelé, en 1107, monasleriuin
saneti Vulmari; la forme Suun}c'r, qu'on rencontre en 120S,
reproduit évidemment une jjrononciation populaire Sn-ti-nicr,
pour Sninf-f'mer.
1547. C'est par une prononciation similaire, ne fais.uit pas
sentir h> / de sain/, cpi'on peut explicpier l'alléralion de Sain/-
Aubin — Sanctus Albinus — en Saminn ( Loir-et-Cher ■.
dans les Mucieniics ilépii^natioiis tant ilii villa^^e tle Saiiil-liuiynn N'osni.'^
i|iii' iK' la |iaroisse. iiiossiTic dénoiiiiacr ilo mriiii' : rers S.ilnc/ <îrr(/(iiiic ;iil
mil] viricr > L:i Ciu'rre ilr Metz en l^i'J'i, pnëiiie, . . jiiililié p;//' /:'. île Hon/eil-
ler. sir. I.">, vers Ci).
I. Le l)iclinnn:iire lopii;/r;ii>hii/iie (]e l'Ain porir S;iinl-( )lire ; mais ecKe
ret-lilicalion, si jnslidèc i|n'elle soil, n'(>st pas ciiccmc (iflii'ielli'iiiciil consa-
crée. — (Ju'il nous soit pciinis de cilcr un autre exemple de changement de
!,fenre, résultani îi la fois de ce (|ue le nom de la sainte commence [)ar nnc
voyelle et a été décliné en -a, -a ne ; S.iinl-i )iipn-lès-l';trei/ (\^osi;es'i a pour
patrmnie sainte Ode, Oda, donl le nom. an cas réi^imi', prenait la l'orme
()uni!i .
i. l.a l'orme ori^'inelle du nom di! S;iirile-Trie (Dordog-iie) est Sa ne tus
T roja 11 u s.
;{i)(;
LKS ^O.AIS IIK IJIÎU
1548. La disparition du sou nasal caractérisLi(}ue du uu)l
sniiil sous riulluencc de la liquiile iuiliale du nom (jui le suit, a
donné au nom de Saint-Neclaire (l'uv-ile-Dinne) la forme vul-
^■aii-e Scii/u'/rrrc, (lésij^^nant la l'aniille, orii^inaire de ce lieu,
à laiiuelle appaileuiiil le n\ai'éelial de La Ferlé. La petite ville île
La Kerté-Saint-Aulnn (Loiret), ancien chef-lieu d'un duché-pairie
érig-é, en IGlio, en faveur de ce personnage, a été appelée L;t
Fcrlé-Sennelcrrc.
1549. Sniarve (Vienne), ap])elé par des textes du xiv'" siècle
Saint-Miiroe et Sane t a Mar v ia, paraît fournir l'exemple d'une
contraction remarquable qu'on ne pourrait cpie constater, sans
avoir le moyen de l'expliquer.
1550. Le passage du groupe latin et au son chuintant, ([u'on
observe dans la langue espagnole {nochc =- nocteni ; — ocho =r
oeto; — icchi) = teclum) s'est aussi [irotluit dans les parlers
<le la France méridionale, témoin le nom d'i-fhainl, dont le pri-
mitif est Octavum (cf. ci-dessus, n" 479l. Sanctus et sancta
sont ainsi devenus, au moyen-âge, sancli ci sancha; puis, sous
rinlluence du français, saiicli ou sancha est devenu sninchc, et
parlois, le nom qui suivait commençant par un son voyelle, le
son chuintant de sanch s'est détaché de l'adjectif pour faire
corps avec le nom. Telle est l'origine des vocables Sainl-(Jliiiiian
(lléi-ault), Saiiil-(!/ia/nans (Vaucluse), Saint-CJininant (Cantal,
Corrèze, Puy-de-Dôme) et Sainl-Chamaa (Bouches-du-Rhône).
Saint-Chamond (Loire), Saint -CliapLes (Gard), Sainl-Chély
(Aveyron, Lozère), cjui répondent respectivement à Sanctus
.Vnianus, Sanctus Amantius, Sanctus Annenumdus,
Sancta Agalha (cf. ci-dessus, n^' 1536) — par l'intermédiaire dt-
formes telles que'SV(/icAe Ate eiSainc/tc Ate — et Sanctus Ilila-
rius. Le nom de la ville de Saint-Chamond a trouvé place dans
la topogra[diie parisienne sous la ft>i'mL- Saiiit-Cliaiuiidnt '.
I. l.'hôli'l (le Saiiil-dlKiuinoiil, consliiiiL poiu- le mar(iuis de S:iial-< ilia-
nioml, (|iii mourut en llil'.l, l'ul nctiuis, ru 1('83, par les roliyieuscs de
l'I.'uiiiM cliri'Licuiu', i|ui. depuis loi's, l'urenl diles >' !''dles île Sainl-Cliau-
uioul '. cl s'avisèreul, a[>i'ès coup, de preudre pour second |)alri)U 'i sainl
(^haumoud, évéque de I.von el iiiarlvi- ^^ fêlé le 28 septeudjie voir Cddi-
mhaion municipale ilii Vieux-Paris, année I i>()G, procùs-verhaiix, \) . (i-IS :
Hnpiiorl [irésenté p:iv M. Cliarlex Sellier. . . »ur l'ancien couvent ilex ////l's
lie S:iinl-(:ii:innu>ni, .'i jinipiis de l;i (iéniolil ion du n" '22 'i de la rue S.iiiil-
"Mi
ORIGINKS KCCLESlASTIurUS
307
1551. l'arfols, et, (rviiie niiinièi-e i^c'uérale, dans luio ri'f^ion
moins nji'ridioiiale que celle à la({uelle appartiennent les noms
([ui viennent d'être énumérés, au lieu du son chuintant, on
observe un son siillant qui s'est comporté tle même. Sanctus
.Vredius, Sanctus Avitvis, Sanctus Eparchius, Sanctus
Ilospitius ont donné Sain/Si'riès (Hérault), Satn/-Savu
^l)ordoj.^no I, Sain/-Ci/h;tr(l iCAvdvcnle, I)ordoi,nie, Gironde) — et
Dk'ius]. — Nous ne croyons pas devoir ajouter, comme le faisait Lon-
^■non, que les Biitles-Cliaumonl devraient s'ap|ieler du nom de celte
coinnumaulé, Dutles !>;unl~(!li;iuiiwiit. Il existait bien, voilà (|uelf|ui'
soixante-dix ans, >uie " Soeiélé des Hnltes-Saiiit-Chanmont », témoin c(!r-
taine deman<le de reclierclies adressée de sa part, li' "Jlt juillel IS.'i'i, an
secrétariat de la t)irec(ioii ;,;-énérak' des Ai-eliives de i'Iùnpire, où (die lut
enregistrée sous le n" Iliil27; la <■ cité SainL-Cliaumont •, relie le IjOLdevaid
delà Villotte à la rue tiolivai', qui contourne les Buttes; et au n" il.'i de la
rue du l'^aubourg'-Sauil-Martin, prcs([ue au coin de la rue l.ouis-HIanc —
dénommée ivisqu'en ISSIi <. r<ie delà Hulle-Clianmont " — on lit l'eiiseinne
Cl liains Sain! -f ihanmonl ". Tout cela suppose, à cou|j si'ii', cpu' l'appellation
dont il s'ai:il l'ut elVectiv ement usitée, niais ni' [ji-oiixe aucunement qu'elle
soil fort ancienne. K\\ lii'iT, on ('■ciÙNait ceci : in terrilorio de /,-(
i'.iiurliUi-, in loco dicto ('.hoiiiinHli' , projje m o n t e m de (^hnumoni
(Aicli. liai. S' .'iO(t, l'ol. Il ; ce deiaiier nom n'a rien d'énif;inali(pie poui'
(piiconqne sait (pu' la '< b.irriére de la t^oui'lille » était située à re.xtrémité
de la rue du l'anbonrt;-dn-'renqdo, prolonL;ée par la rue de Hellexille, et la
« barrière de la (".liopinelte " à l'endroit oii Unit la rne du Buisson-Sainl-
l.onis, et où commence la rue Héljeval. Loni;tem|js avant ipie le \\o\\\ Sainl-
l'.lciniHDnl ne inil racine ,'i Paris, un i-ensier de lielle\ille, daté de l."i't(i,
mentionnait le » lieu de (llianmont i. '.\rcli. nat,, S M8i). VA, mieux
encore, dans une cliarle <le l-7('>, 11 l'st question de Ijiens sis vers la ^'il-
lette, in lerritorio dicto de (Jalvo monte prope p a ' 1 b n 1 u [u
(Arcli. nat., S '.)|0, n" Il : par patibnlnm, il faut iMit<'ndre le j^ibet de
Montl'aueon, dont l'emplacenu'ii I , autant (pi'on peut k' détei'minei- eu
reportant sur nu plan moderne les données du jibin de N'erniqnel, '-orres-
|)ond a la bifurcation <les rues Boli\ar et Sccrelan, au pied di's Ikittes-
(>iiaumont. Nous a\dns i-enconlré' c^'-^ textes paiani ceux (pi'a jadis recueil-
lis, en vue do l'établissement d'un l)i</ itiiiiiairr li)i>iii/i-;ijyltii/iic ilii (léjh-irtc-
iivnt lie hi Si-iiif, M. Haymond Teulet, alors ai'cliivisle aux Ai'clii\es natio-
n.iles ; ils permetti'ut d'allirmer i|ne les Huttes, dont l'asiiect, antérieure-
ment aux emi)ellissemenls qui les ont transformées comme cliaenn sait
justifiait rappellation île calvus nions, n'ont été placées (pie tartli\e-
ment sous le p.'ilronai;e de u sain! Cbanmond ■■, mo\ennant nue adaptation
comparable — sans qn'q^ii puisse l'expliquei- avec la même sni'eté — .'i
celle ipi'a\aienf mise en (cuvre les l'illcs de l't'nion chrétienne.
;i})s
MCS .\'()>IS ino l.UOL'
Sninl-Cfilinrdeanx (cl', ci-dossus, u" 1533) — eiilln S;uji/-Sns/)i.s,
;iiicieiine l'oiine du nom de Saiiil-llospice (Alpes-Maritinu's,.
1552. Dans le centre de la France on . voit l'adjectif sanclus
conserver la forme méridionale san et faire corps avec le nom
qui suit. Des clercs des xi'' et xii'' siècles ont appelé S;inccrre
(Cher) Sacrum Gaesaris, aloi-s ([n'en réalité rappelliilion
antique de ce lieu est Gortona, d'où celle de Chàtcnu-Gordon
usitée au debul tle l'époque féodale, et que Sancerre n'est autre
cliose que le vocahle — Sanclus Satvrus — d'iuie ahhiive
tuule voisine de celle ville. Le nom. d'orij^-ine i^-recque ^l!âTJ;;r),
du hienheureux aucpiel cette abbaye était dédiée, accentué sur
1 antépénultième, et rétluit l\ Salrus, a donné .se/ve aussi l'cni-
lièrement que [)atrem pm-. Dans la même région Sanclus
Cyricus est devenu Su/iccrc/iics (Cher).
1553. Scnhiniille (Ariè-e) et Xni/tf railles (Lol-ei-Garoime),
réi)ondenl — comme SaiiU-Araillcs, citt' plus haut mi" 1540)
à S a n c l a E u 1 a 1 i a .
1554. Le nom d'homme Medardus a revélu, au moven-i"i"'e
les formes vulgaires McnnI et Mard, et bon nombre de localités
dont l'égli.se est sous le vocable du premier évêcjue de Xovon sont
appelées Saint-Murd ou Sainl-Mars. Le nom de l'une d'elles,
incom[)ris dès le xu'" siècle, a été traduit par Ouin(]ue Martes,
et ce jeu de nuits a été consacré par la graphie Cinq-Mars
(Indre-et-Loire), ol'licielle dv nos jours encore.
1555. Cinteiiuhellc (Haute-Garonne) est appelé aux x" et
xi^' siècles Sancta Gavella ou Gabella; le n(un de cette
comnume est donc d'origine religieuse, en dépit des apparences.
1556. On sait (ju'à l'épofpu' de la Hevolution, un ceitaiii
nond)re de noms de lieu commentant par Saint- ou [)ar Sain/e-
oul été privés de ce pi'cmier ternu" ; mais cette disposition n'a ('té
(pif lort peu de temps en viguem-, et l'usage courant ne l'avait
jamais complètement adoptée. Il est assez curieux d'observer
(\m\ dans un cas au nu)ins, pareilh^ anq)utalion s'est produite
bien plus ant'iennement. La plus ancienne nu'nlion comme de
Martjcric (Marne) est Sancta Margariia, qu'on lit dans un
texte de 1119; et dès 1222, mi voit concurremment emphnces
les appellations Mergerie et Sain/e Margeric. Jules (Juicherat a
prétendu que Mamers (Sarthe) s'est appelé Sanctus Mamer-
tus, nuus aucun texte ne vient à l'appui de cette opinion ; peut-
ornniMcs kccucsiastuicks : saacj'cs
;i!ii)
«■•trc a-l-il tHi'" iniovix inspiré eu cilnnt, ilnus la inêiUL' région,
T(-/-rr/i,iiiU (Sartlie), localité dénommée, dans les textes ialins
(lu inoven-âye, Sanetiis Errehaldus : sui/i/ n'aurait laissé
d'autre trace que son / linal, soudé au nom, oublié de bonne
lieure, du bienheureux. L'ég'lise de Bologne (Haute-AIarne) a
pour patronne sainte Bologne, martyrisée au iv" siècle ; mais ce
lieu était, dès 83i, le centre d'un des p^Kji de la cité de Lan-g-res,
le pag'us 1)0 Ion iensis, et il nest pas impossible que le culte de
la sainte y ait été introduit en r;dson de l'homonvmie. — Le rap-
port (pie certains érudlts locaux ont voulu établir entre le culte
de saint Eloi et le nom (.VJilayes (Vosges) ne repose que sur la
L-raphie toute moderne de ce dernier '.
I. l'iic churtc (11.' I:i.'f7 (Arch. des \'os(;e.s, G |-2i)lj mcnlioniie le .■/;/•(•/ i/cs
/.((//■■s; \i\ |):iroisso est dési^-née dans un pouillé d(» 1402 par les mois de
l.obiis. L'église d'I^loycs est sous le vocuble de 1 Assoinplioii.
LXX
VOCABLES HAGIOGHAPIIIOURS
Lu 1res loiiyue ' énuinération qui suit se compose exclusive-
inent (le vocables dont chacun, sous sa forme primitive, consiste
en un nom de personne i)récédé de l'un des mots domnus ou
domna, sanctus ou sancta. Les transforniations (ju'ont pu
subir ceux-ci ont été sullisamment indiquées plus haut, et
il n'y a plus lieu de les souligner au passage. On s'attachera
désormais à considérer les aspects variés qu'ont revêtus, sur le
sol français, les noms des saints et des saintes, et c'est à cette
l'evue c[u'on va procéder dans le présent chapitre, en suivant
l'ordre ulpludx'ticjue des formes originelles de ces noms.
1557. .Vbundius : Saint-Haon (Loire, Ilaute-Loire) et peut-
être Saint-Ahon (rironde).
1558. Acai'dus ou Achardus, abbé de Jumièges au
VII'' siècle : Saint-Accard (Somme).
I. m, iijouti'roiis-iious, 1res srclu-, cardans ces |_iaj;fs, que xiaisiMiihla-
hli'ini'iil on ccinsnllrra pat' cinlruils |>lnl('il i|n('(l\'n t'aii'e rcjhjcl d'nnc Icc-
tnre suivie, on n'amait i[ue l'aire îles ilé veloppemciils de style donl il i'al-
lail bien, dans nn enseig neuieiil oral, accompagner cette énuinération ponr
la l'endie snppuiialile. D'ailleurs, il nous a paru convenable de eondeiiser,
antani ijue faire se peut, le texte du présent chapitre, dont l'étendue res-
tera néanuKjins eveeplionnellenieiit considéra hle, puisipi'il contient la
nialière d'une ipiin/aine de ecMil'erenci's : c'est à celte lin cpie nous muis ahs-
t i end m n s, s ai; i s sa ni d'un \ ocahh' très [■épan<ln, iréiuunércr les dc|iai'lcnienls
où on le rencontre, à moins ([ue cette énuméralion n'en fasse ressoiiir le
caractère réyional, comme cela se produit, par exemple, pour Sninl-
Bonncl .
On sait que, dans le Dicliun/uiire r/cs Punies, les noms de lieu commen-
(^•anl par S;ilnl foi'ment un t;'roupe à pari, à la suite de la lettre N. Tons ces
noms n(^ se i'elron\enl [)as ici ; nous nous en sommes tenus à ceux que
I.onyiion a étudiés, sans nous attarder à rechercher les motifs du choix qui
lui a l'ait accueillir S.nnl-dlinjnolc cl laisseï' de côté Sainl-Aj/alhon, men-
tionncL' Sainl-IU'fitnrd et Sninh'-ilnlld'ruic, et pas-ser sous silence Sainlc-
Aniii' et S:niit-C/irinluj)lie, ainsi ipie ses variantes Sulitl-Clifistul , S:\inl-
CJirixlnuil el S:iinl-t Hirinloli/ .
4
1.
i
ï ^
OUKiliNKS KC.CLlÔSIASriulES : ACh'.OIJS 401
1559. AcodIus, niiirtyi'isr' ;\ Amiens avec son frère Aceus :
Saint- Acheul (Somme).
1560. AchariiLs, évècjuc de Noyon au vu'' siècle : Saint-
Accaire (Nonl), Saint-Acquaire (Aisne); -nire est une l'orme
demi-savante de -arius, comme dans ClnLaïre, reiiréseiitant
(Ihlolacliarius.
1561. .\ da 1 lierlus, de bonne heure réduit, |iar chute de la
dentale, à Alberlus ; Saillt-Albert (Ardennes, Cii-oude), Saint-
Aubert i llaules-Alpes, Alj)es-i\[aritimcs) ; cette dernière forme
peut aussi Itien représenter Saue lus Autb er tus (cf. ci-après,
u" 1617).
1562. Adal-isus icf. ci-dessus, n" 1098) : Saint-Algis (Aisne),
l'ornu: demi-savante.
1563. Adalveus : Saint-Auvieux (Omei: c'est ainsi cpie
|[eri\eus a (k)nné llcrvieu.
1564. .Vdjutorius : Saint-Adjutory (Charente), forme savante ;
1'//, re|)résentant 1"/ de la terminaison latine, était jadis aloue ;
il est sans doute devenu accentué, sous rinlluence des pro^-rès
de l'inslruction primaire ; — Sailît-Ustre (\'iennei, foriue vul-
i^aire (pu se prononce Sainf-l'lrc, et cjui est vraisenddablement
la contraction d'un plus ancien Suinl-Ai/ulre.
1565. Adora tor : Saint-Oradoux (Creuse), représentant
l'accusatif Adoratorem, accentue sur Vo de la jiénultième.
1566. Aei^idius : Saint-Gilles, moyennant l'aphérèse de la
première syllabe et le chan<^emenl de (/ en / qu'on observe dans
le nom du Valois (cf. ci-dessus, n" 732) et dans celui du pays
de Blois, ancien p;u/iis de la cité de Toul, en latin Vadensis et
Bede nsi s ; — Sain-t-Gil (Savoie) ; — Saint-Gély (Gard, Hérault),
dont 1'// est ou devrait être atone. Saint-Gély-du-Fesc (Hérault)
a été appelé parfois, au xvn'' siècle, Sain/-(ieri/ : et l'é^dise
paroissiale de Saint-Géry (l)ordoi;ne'l a bien pimr patron saint
Cilles: mais on verra plus loin (n"- 1692 et 1774) tpie Snuil-dérji
n'a pas partout la même orii^ine.
1567. Aemilianus : Saint-Émilien (Loire-Inférieure), Saint-
Émiland (Saône-et-Loire), Saint-Émilion (Gironde). Les deux
premières de ces localités ra[)pelleraient le souvenir d'un saint
évè([ue de Nantes, qui mourut en iîoury-og-ne en cond)attanl les
Sarrasins, au vni'' siècde.
1568. Africanus : Saint-Affrique (Aveyron, Tarn) ; la forme
Les noms de lien. 26
402
LKS NOMS DE LIi:U
vulgaire d'Al'ricanus, on cettu région, était Africa, (huit 1',/
(inal, sous l'induence du français, a pordu l'accont et s'est trans-
formé en e muet (cf. ci-dessus, n" 1545). .
1569. Agatlia : Sainte-Agathe, forme s»»vante. Le nom lallu
étant accentué sur rantépénullième, la forme vvdgaire se rap-
proclierait du nom de la ville d\[(jdc (cf. ci-dessus, n» S) ; et c'est
de cette forme vidgaire que procède le nom, précétlemment indi-
qué (n"^ 1536 et 1551), de Saint-Ghaptes (Gard).
1570. Agericus, évê([ue de ^'erdun au vi'= siècle : Saint-Airy,
nom il'une abbaye située en cette ville. Domnus Ag-ericus a
revêtu, dès lOlii, la forme vulgaire Dorncrcis ', à peine dillerente
de Domerij, qui, au xviii'' siècle encore, désignait le village de
Domprix (Meurthe-et-Moselle) ; dans la forme actuelle le p,
introduit très tardivement, résulte du contact de 1'//; et de /';• dans
la prononciation populaire Dorn'ri.
1571. Agilus : Saiht-Agil ([.oir-et-Cher), Saint-Ay (Lnireti,
Saint-Isle (Mayenne). Le [iremier de ces noms est une forme
savante; le secoml se prononce dans le pays S<ii/it-I\ dans le
troisième, où aç/i est également représenté par le son /, \'l étvmo-
logique s'est maintenue, et Vs parasite est l'effet d'une assimila-
tion avec le nom commun qui répond au latin insula.
1572. Agiulfus ou Aigulfus : Saint-Aigout (Var) et
Saint-Ayoul, nom d'une église à Provins. Le / parasite de Saiiit-
Aiijonl se remarque aussi dans sa variante Samt-Août (Indre);
le second terme de ce ncjm, (ju'à première vue on rapporterait à
Augustus, parut, au tenq)s de la liévolution, enq)runté, comme
le premier, à un vocabulaire proscrit, ce qui valut à la localid'
d'être, pour un temps, appelée Tliermulor.
1573. .\gnes : Sainte-Agnès l.\.lpes-^L•lri^imos, Douhs,
Isère, .lura', Inrme savante. La dé'elinaisou de ce nom élanl
imparisyllaijicjue, c'est île ses eas obli(jues tpie procèdent les
formes populaires, mentionnées précédemment (n" 1537), Saint-
Agnet (Landes) et Saint-Aunès (Hérault) ; dans celle-ci le // s'est
vocalisé comme dans le mot cmcrnudc, en latin Smaragdus.
vi ilans le nom l>.ni<l,is, sous lequel on désii^-nait, au xiu'' siècle,
la ville de Hagxlad.
1574. Agrippanus, dérivé du nom romain Agrippa : Saint-
1. Cf. Mellcnsi:,, 11, 2:j'J, el III, î)4-3u.
4
OUKUNES ECCMÎSlASTIOt'KS : AHItl l'I'A \rs 'jOii
Ayrève (Ardùclie), Saint-Égrève (Isèi-o) ; dans ces noms, où le p
iTiliiuljlc (lu lutin s'esL comporté, entre deux, voyelles, comme
un j) simple, le déplacement d'accent s'est produit de la même
manière que dans Sainl-A/frique (cf. n"'^ 1545 et 1568).
1575. Alanus, précédé de domnus : Domalain (cf. ci-des-
sus, n" 1525).
1576. Albanus : Saint-Albain (Saône-et-Loire), Saint-Alban
(Ain, Hautes-. Vlpes, Ardèche, Drùme, Gard, Haute-Garonne,
(iéraull, lsèn\ Loire, Lo/ère, lîhône, Savoie), Saillt-Auban
(Basses-. Vlpes, llautcs-.Vlpes, Alpes-Maritimes, Drômc). Appli-
qué à une commune, des Côtes-du-Nord, Saint-Auban est une
forme savante.
1577. /Vlhinus : Saint-Albin (Isère, Loire, Pas-de-Calais,
Haute-Saône) ; — • Saint- Alby (Tarn), caractérisé par la chute de
1'/; intervocale, connue le nom du (hiercy (cf. ci-dessus, n" 427) ;
— Saint- Aubin ; — Sambin (voir ci-ilessus, n" 1547).
1578. Aida, peut-être déformation du j.;ermanique llilda :
Sainte-Aulde (Seine-et-Marne) où 1'/ est abusive, comme dans la
graphie aiillre, adoptée à la Renaissance ; l'existence du nom de
fennne Aude, aujiaravant Aide, est attestée par un épisode bien
connu de la ahiinnon de Itoland.
1579. Alpinianus, prêtre du Limousin honoré par l'Eylise
le même jour cpie saint Martial : Saint-Alpinien (Creuse), forme
refaite', et Saint-Anprien (Indre;, forme vulii;aire où l'on observe
la même sul)stitution tie licpiide cpxe dans les noms communs
puinpre et rnffre, en latin pampinus et cophinus.
1580. Alvera : Saint-Alvère !voii' ci-dessus, n" 1537j.
1581. Aniandinus : Saint-Amandin (Cantal).
1582. Amandus : Saint-Amand. — Saint- Amant (Charente).
— Domnus .Vmandus ; Bonnement (voir ci-dessus, n" 1525).
1583. -Vmantius : Saint-Amans (Ariège, Aude, Aveyron,
Haute-Garonne, Hérault, Lot-et-Garonne, Lozère, Tarn, Tarn-
et-Garonne) ; Saint-Ghamans et Saint-Chamant (voir ci-dessus,
n" 1550) ; Saint-Chamas (Bouchcs-du-Rhône), ([u'en 1035 une
charte de Saint- N'ictor de Marseille appelait castrum sancti
A ma util. — A vrai dire, le départ entre les noms de lieu
Ciirrespondant respectivenuMit à Sanctus .Vuiandus et à
I. .Vu iiKiN iMi-.'ii;(' (111 (lisait S.unl-.\uj>crirn .
40 i.
i.Ks NOMS DE i.ir.r
Sanctiis Aniaiilius estime quesLion d'espèce; il importe clc
considérer que le martyroloye comprend cinq personnages du
nom d'Amand, et ([ue le culte de saml Amans, premier évêque
>le lîndc/. a mi caractcre régional. — <)n a vu (n" 1535' que
]iar Saint-Amancet ('ratii'l, il l'aut entendri' « Saint-Amans-le-
Petit ...
1584. Amator : Saint-Amator (Calvados), forme savante. Le
vocaMe Saint-Amàtre. en usage à Auxerre et à Langres, est une
rornie demi-savanle. car la forme populaire du nominatif A ma-
ter serait ^{nièrf ^ . Le cas oMic[ue Amatorem est représenté
par Saint-Amadour (^hlven^el et, Ir linale s'étant assourdie,
Saint-Amadou (Ariège) ; on s'étonne de rencontrer le premier de
ces noms fort loin du donudne de la langue d'oc : peut-être le
fait s'expli([ue-l-il par la grande céléhi'ité de liocHiniidour (Lot).
,Soit dit en passant, l'Amator au souvenir duquel ce lieu de
pclci-inage doit son niun serait, d'a[M-ès certains liagiograplics. le
pulilicMin Zacliéc, dont il est question au chapitre .\1X de ri'A'an-
gile selon saint I .uc.
1585. Amatus : Saint-Amé (Vosges).
1586. .Vmhrosius : Saint-Alllbroise (Finistère, Gard, P.asses-
Pvrénées). Saint-Ambroix (('her, Gard), Saint-Ambreuil (Saône-
et-Loire) et le /'////-Saint-Ambreuil (Alliei)-'. La forme très
régulière Ainhrui.r — .Vmhroise de Loré, prévôt de Paris sous
Charles Vil, est a[)pelé dans les textes contemporains AniJjrois,
et à cette époque Anibroisc ne représentait (|ue le féminin
Amhrosia — s'explique par rinihience de 1'/ de la terminaison
-ius sur la vovelle tonicpu-. Anihmiil i^iull auparavant Ai)ibrcn \
dont la lin, de a été ahu^^iveinent assimilée ii celle des n(uns en
-ciiil: c'est ainsi (pie Lu xo v i u m est aujouririuii Luxruil (Haute-
Saône), après avi>ii- éti'', jus(pr;i la lin du nioven-àge, prononcé
Liisseu.
1587. Anior, martyr à lîesançon : Saint-AlllOUr (,Iur;i,
Haute-Marne, Saône-et-Loire).
1588. Anastasia : Sainte-Anastasie (Cantal, Gard, Van
foime savante ; Saint-Anastaise (Puy-de-Dôme), l'onne popu-
'i
s'^
1. Cr. Irourèrf.
1. \. IJruel, l'ollillrx '(/es (linri-:
de CAcnnonl el <li' Sainl-Fluiir, p. '.M,
oiiiGiNEs i".c(;iJ:siAsrini'i;s : aa'astasia
W)
lairc conii)li(|uée d'un clians^-eincnl de grnre (cf. ci-dessus,
n"^ 1537 et suiviuils).
1589. Analolius, nuiiiyi- d'Asie-Miueui-e, dont les rLdiques
('■laienl vénérées eu l'église Saint-Anatoile de Salins (Jura) :
Saint-Anatole (Tai-n) ; Saint-Anatholy (Haute-Garonne), dont la
(inale était jadis atone (cf. ci-dessus, n" 1564).
1590. .Vndocliius. nuirtyrisé au n' siècle à Saulieu 'dole-
il'Ori ' : Saint-Andoche lUaute-Saôiu'l, forme savante.
1591. -Vndreas : Saint-André; — Saint-Andrieu (Basses-
Pyrénées, Seine-Inférieure), Saint-Andrieux (Dordoyne). — I.a
forme Saint-Andréau a été employée, concurremment avec Suinl-
Amlré, |)our dési^i^ner une commune tlu canton dWuri^'nac
(llaute-(îar(uine).
1592. .Vn,i;eliis : Saint-Ange (Drdme, Hùire-et-Loir, Sidne-
et-Marne). — Saint-Angel (Allier. Corrèze, Dordogne ', Puy-de-
Dome, Tarn) est une forme savante qui s'est altérée en Saint-
Angeau (Cantal. Charente).
1593. Anianus : Saint-Agnan ; — Saint-Agnant (Charente-
Inférieure. C>reuse, Miuse) ; - Saint-Aignan : — Saint-Agnin
(^Isèrej, dont la terminaison est à rapprocher de celle de Tullins
(voir ci-dessus, n" 343); — Saint-Ignan (Maute-Garonnc; ; —
Saint-Ghinian (voir ci-dessus, n" 1550). — La linale d'Anianus
a\'ant passé par les mêmes vicissitudes ([ue celle de Symjiho-
rianus (^n" 1545) et d'.Vfricunus (n" 1568), Sanctus Anianus
est aussi représenté par Saint-Agne (Dordoj^ne ^\ Haute-Garonne,
Lot-et-Garonne), Saint-Igne ( Tarn-et-Garonne) et Saint-Chignes
(Loti, pour vin ancien Siincli-/r/ii;t.
1594. Annemundus, évêque de l>yon au vu'' siècle : Saint-
Ennemond (Allier, lihôue), Saint-Ghamond (voir ci-dessus,
n" 1550).
i. Los l'oi-iiios :iiu'ieuncs — ."i c(jiniiu'iiccr par S a n c l u > Aiiileolus
(l27-2'i — (lu nom de S.tint-Anili'tix i Cùle-il'Orl ne |iornieLUMil pas ify
reconnaître une l'orme vnlj^aire d'A n il oe h i u s ; on serait d'anlaiU |jlus
enclin à commettre cette erreur, ([ne Sainl-Andeux appartient au canton
de Saulieu .
2. Celte paroisse a [kuu' patron saint Micliel : le thème étymologique de
son nom compri-nd donc le mol an^eliis, et non |ias le nom iln niarlyi'
saint ,\ni;e, télé le ;i mai.
15. 1, 'autour du Dictinitnniff lojtoiji\ip/ti(jur de ce déparlenient a adopté la
l'orme Saint-Aigne .
'i(H) i.i;s Nd.Ms 1)10 i.iTîr
4595. AiiLhemius : Saint-Anthême (Puy-de-Dnine), l'nvmv
savante.
1596. Antidius : Saint-Anthet (Loi)., Saint-Anthot (Côk'-
<rOi-). Ce dernier est ap[)elé en 1 197 S:iitt Anlcil, en I 22 i S.iint
^■in/oil; 17, repré.SL'ntanl le (/ du priniilif : cl', ci-dessus, n'M566).
s'est assourdie.
1597. Antoninus : Saint-Antonin (Alpes-Maritimes, Bou-
ches-du-Khône, Gers, Tarn, Tarn-et-Garonne, Var).
1598. Antonius : Saint-Antoine ; il est surprenant que cette
lornie savante soit la seule qu'on rencontre, alors qu'An ton ius
employé seul a ilonné Aiilouuf et Aitloin/// (cï. ci-dessus,
n" 288).
1599. Aper, évèque de Toul au début du vi"' siècle : Saint-
Epvre (Haute-Marne, Meurthe-et-Moselle), dont le p lait doul)le
emploi avec le r ; Doninus Aper adonné Domêvre (Meurthe-
et-Moselle) el Domèvre ("Vosges). — C'est au culte d'un autre
sanetus Aper, prêtre genevois fêté le 'i décembre, que se
rapportent les noms Saint-Avre (Savoie) et Saint-Aupre (Isère) i.
1600. Apollinaris : Saint- Apollinaire (Hautes-Alpes,
Ardèche, Côte-d'Or), Saint- Appolinaire (llhûne) ; ces formes
savantes ont été substituées à <,les formes populaires usitées au
moyen-âge'-. — Saint- Appolinard (Isère, Loire).
1601. ApoUonia : Sainte- Apollonie (Haute -Garonne),
Sainte-Appoline (Meurthe-et-Moselle).
1602. A qui lin us : Saint-Aquilin (Dordogne, Eure, Oine),
forme savante; Saint-Agouliil ( Puv-de-Donie), Saint-Aigulin
(Charente-Inférieui-e), fornu's méridionales ; dans le nord de la
France, oîi l'on chercherait ([nel(]ue chose de comparable ;i l'cc-
///((', en latin h^iuilina, ancien nom de la forêt de liambouillct,
on ne trouve (jue Saint-Eulien (Marne), dont la linale a été
assimilée de bonne heure à celle que produit le latin -ianus.
1603. Archontius, nom d'origine grecque porté au temps
de Charlemagne par un saint évêque de Viviers : Saint-Arcons
(Haute-Loire).
1. Le nom (le Saint-Apre-c/- '/'oc/j/il- ( Donloi^iic) aiu-uiL une nuire oi'i^iuo,
puisciu'on le voit ti'aduil en l.'^ll'i, par Sancliis Asprus, el m K^SO par
Sanetus Asperus.
2. On on trouvera une gfi'ande variélé dans le Dictionnaire loiiographiijU''
de la Côtc-d'Or.
I
oiur.i.N'Ks i;f;(:i.i';siASTiui'i;s : Mii-.mrs 407
1604. Ai'ctlius, ;il)l)i.'' en Limousin à lu (in du vi'' siècle :
Saint-Yrieix (ChurenU". Gonè/.o, (Creuse, ILiule-Vienne), pro-
noncé SHini-lrié \ la A/o/z^-Saint-Héraye (Deux-Sùvres), Saint-
Hérie (Charente-Ini'éi-icuie), Saint-Izaire (Aveyron), pour Sui/tl-
Iraire (cï. n" 1566 : (rrri/ = Aei^-idiusi ; Saint-Sériès (voir
ci-dessus, n" 1551 ).
1605. Arni;igilus ; Saint-Armel (Ille-et- Vilaine, Morbihan).
Le même nom enlre dans la comptisilion du nom de Plncfincl
icf. ci-dessus, n" 1297).
1606. Arnoaldus : Sanct-Amuald, près Sarrebruck ; Saint-
Arnaud (Lot-et-Garonne, Savoie); — Saint-Arnac (l'vrénées-
( hientales) présente un c para.site.
1607. .Vruulfus : Saint-Arnoult (Calvadus, Eui'e-et-Loir,
Loir-et-Ciier, Oise, Seine, Seine-Inférieure, Seine-et-Oise ).
1608. Arteniius : Saint-Arthémie (Tam-et-Garonue), dont
1'/. aujourd'hui suivi indûment dun c muet, était jadis atone.
1609. Aslerlus : Saint-Astier (Dordogne, Lot-et-Garonne).
1610. .Vudoenus : Saint-Ouen ' ; — Saint-Auvent (Haute-
Vienne). — Domnus A. : Demuin (cf. ci-dessus, n°1526).
1611. Audomarus : Saint-Omer (Calvados, Oise, Pas-de-
Galais).
1612. .\ugustiuus : Saint-Augustin : — Saint-Utin (Marne).
1613. Aurelius : Saint-Aureil (Lot).
1614. -Vureolus : Saint-Auriol (Aude).
1615. .Vuslreberta : Sainte-Austreberthe (F.ure, Pas-de-
(lalais, Seine-Inférieure).
1616. Ausl rej^-is i 1 us, évècpie de Boiu-^i^s au connnencement
du vil" siècle : Saint-Outrille (Cher). Saint-Aoustrille (Indre),
/.i-7'o»/--Saint-Austrille (Creuse) ; le iu)m laliu était accentué
sur l'antépénultième.
1617. .Vulbertus, noni porté notamment par un évèijue de
('amiM'ai au \ii'' siècle et par un évècpie d".V\ranches au viiT' ;
Saint-Aubert (Nord, Orne) ; la forme populaire serait Ohi'rl .
1618. Autbodus : Saint-Aubeuf (Marne), en 132i Suint
Obiief i^aiiv Vf parasite de la linale, cf. ci-dessus, n" 1071).
1619. .Vutf^arius : Saint-Oger (Vo.sgesj.
1. Mnis non |i;is S;iinl-( liien-lrs-P.iri'i/ (\'os^es) ; cf. ci-dessus, p. H'.l.'i,
iioLo I.
'i.OS
i,i:s Mi\'s iiK i.ii:ii
']. -1620. Avilus : Sainl-Avit ; — Saiiit-Abit (liasscs-l'virmVs'i;
cl, HKJvennaiil les olléralioiis imlicjiiLH's i)ivcé(loiiinu'nL | ii'" 1550
cl 1551), Saint-Ghavis, Saint-Ghabit et Saint-Savy l'Dui.lnui,,- .
1621. .\yl.orLus : Saint-Aybert (Xnnli.
1622. J^TbvIas: Saint-Babel i Puv-,lc-l)ùmo).
1623. Ualdefhihli.s, femme ilii vo\ Clovi.s 11 sainle
Balhilde — est connue siulout pdur avoir fondé rahl)a\e île
CJielles (Selne-ol-Marne). ([ui, au moven-à^e, était appelée
^;/(W/c.s-Sainte-Baudour ou Sainte-Baudeur. Dans ces foiaue.s
vulgaires Vr linale e.st parasite, la finale -hildis s'étanl d'ailleurs
comportée ainsi (|u'il a été dit ailleurs (n"992).
1624. Bal (lui fus, al)l)é d'Ainay. à Lyon : jSaint-Badolph
(Savoie), Saillt-Bardoux iDrùmel.
1625. Haldus : Saint-Bauld (Indre-et-Loire). Saint-Bond
(Yonne).
1626. lîalsemius, patron de l'église paroissiale Saint-Baus-
sange. aujourd'hnl détruite, .jui avait pour succursale celle du
Chêne (Aube) ; Saint-Baussant (Meurthe-et-Moselle).
1627. lîandarides, évèipie de Soissons ou iv*-' siècle : Saint-
Bandry (Aisnel.
1628. Haomadus, diacre dans le Perche au iv^ siècle, honoré
le 3 novembre : Saint-Bomer (Mayenne. Orne), Saint-Bomert
(Eure-et-Loirl. La foi'nu' correcte serait Borné : Vr n'avait a
l'ori-^-nie d'autre raison d'être c[ue d'empêcher Vc d'être pris pour
un (' muet ; puis elle s'est prononcée, ce ([ui a favorisé l'addition
d'un / parasite.
1629. Barba l'a, accentué sur l'antépénultième : Sainte-
Barbe. — Le nom Saint-Barbant ( Ilaul.'-Viennei .1 é-té précé-
ilemmenl explicpi,' : n" 1538 '.
1630. Hartholomaeus : Saint-Barthélémy; — cette forme
demi-savante s'est substituée à une épo(jue plus ou moins récente
à des formes vulgaires présentant Bcrlhonncu et Berthomr.
1631. Basilius : Saint-Basile (Ardèche, Calvados, Côte-
d'Or), Saint-Bazile (Corrè/.e, Haute-Vienne) '.
1632. Basilia : Sainte-Bazeille (Lot-et-Garonne).
1. Il est possiijjo ([ue, dans lu France niéritiionale, ce nom rcprésenlc,
non |.,ns S. Ba.silins, mais S. IJaudilius. Lonynon par.TÎt avoir admis I,-,
cliose, (lu moins en ce qui concerne Saint-Bazilc-dc-la-Iioclio (Corrrzc ,
appelé aussi S^,lnl-i::tucire (voir ci-après, n" 1634;.
(ihic,im:s K(;i;i.r:si.v.siio[i:s : baS'ii.cs 'i O'J
1633. iiasolus, .iccenliu' sur ranli'pc'imUK'iui' : Saiut-Basle
(MiiiiK'i. Saint-Baie (Ardemios) : d'. Saint-Baslemont (n" 1532).
— Doiiinus I). : Dombasle (Meurllu'-ol-Mosclle, Mi'use,
N'o.s^ti'esj.
1634. Diiiulilius, niaitvrisé à Xinies : Saint-Baudel iClier),
Saint-Baudelle (Mayenne), Saint-Baudille (Isère, 'l'ann, et [kh-
snlistilulion de lii|ui(K', Saint-Baudière (Nièvre), l.e (/ inlervoeal,
qui s'esL niaiiileiui dans ces loi-iues plus ou moins savantes, esl
devenu z dans les formes méridionales Saint-Bauzeil lArie^i-l,
Saint-Beauzély (Gard) — dont 1"//, comme celui de Saint-Bauzély
(.Vveyion I, était originellement atone — Saint-Bauzile Ln/éiei,
Saint -Bauzille (Hérault i, Saint-Beauzeil irani-et-Ciaronne),
Saint-Beauzile (Aidèche, Tain), Saint-Beauzire (Ilaute-Ldiio,
Pa\'-de-l)ome) : et. par la substitution réi;ulièi'e de r n<l a[)iès
la diphtongue au dans le dialecte limousin, Saint-Bauvire, nom
([nia parfois désigné Saint-Bazile-tlc-la-P»oehe (Corré/e). Dans
les pays de langue d'oïl le (/ inlervoeal est tomljé, et les .syllabes
(|u'il sé[)aiait se sont contractées : Saint-Boil (Saône-et-Loire),
jadis Suint-lldi'l. Saint-Bois i.Vin!. Saint-Bueil (Isère) ; et. gra-
[)liie bizarre, Saint-Bel (Ixliône..
1635. lîeatus : Saint-Béat (Haute- (laronnei, Saint-Biez
(Sarthe).
|, 1636. B enedic tus : Saint-Benoît ; — Saint-Benezet (Gard.
p — Domnns 15. : Danibenois iDouhs), Dambenoit (llaute-
I Saône I.
1 1637. IJenignus : Saint-Bénigne (Ain), i'ornu> savante dont
i l'usage ne pai'ait pas aiitéTleiU' a la lîen.aissance ' ; Saint-Benin
(Allier, (Calvados, Nièvre, Nord), altéré en Saint-Bonnin
(Saône-et-Loire) ; et, par dissiinilation (.les deux /(, Saint-Blin
(Haute-Marne), Saint-Berain ^ llaute-Loire, Saôni'-el-I.ou-e i,
Saint-Baraing (Jura. Saint-Broing (Gôte-d'Ori, Saint-Broingt
(Haute-Marne, Haute-Saône), — le nom Ac l'amille ll/-ii/ti/iii:i/-/
est un dérivé de liroiiKj — Saint-Beron (Savoie), Saint-Branchs
(Indre-et-Loire). Cette dernière localité doit son nom à un saint
local mentionné par Grégoire de Tours, mais dont le souN'enir
1. M. lui. I-'lnli|H)n ;i iclcvé, clans un jjouillé tlu niilien du xiir siècle, la
forme Saiiz lii-i'cini/s, (|ai ressenil)lo à ))lusieurs îles noms donl ri'iinmc'ia-
tioii suit.
'H
'(10
l.KS iN'OMS hK I.lKi;
^
s'esl si bien perdu, qu'à son culte on a substiLue celui de son
lioiuonytne honoré ù Dijon. — Doninus B. : Damblain (Vos-es),
Dambelain(])oub.s), Domblain (Ilaute-Mnrne). " ' H
1638. r>erchariu.s, fondateur de l'abbaye de Montier-en-
Oer : Saint-Bercaire ^Haute-Marne), l'orme savante; la forme
populaire serait Sainl-Bc>-ier.
1639. Hem ardus : Saint-Bernard.
1640. Hertramnus : Saint-Bertrand ainule-Garonne), ville
fondée au \W siècle .sur les ruines de l'antique Lugdunum
Conveuarum, elief-lieu du pays de Coniinyes, détruit au
VI'' siècle.
1641. Betharius, évêque de Chartres au vu'' siècle : Saint-
Bohaire (Loir-et-Cher).
1642. Bibianus, évêque de Saintes au m" siècle : Saint-
Vivien (Charente, Charente-Inférieure, Dordogne, Cironde, Lot-
et-Garonne, Basses-Pyrénées).
1643. lîlasius : Saint-Biais (Vienne;, Saint-Biaise: — Saint-
Blaize (Haute-Savoie).
1644. Blitnnindus, second abbé de Saint-Valerv-sur-Somme :
Saint-Blimont (Somme).
1645. Bonifacius .• Saint-Bonifet (Vienne).
1646. lîonittus ; Saint-Bonnet (Ailier, Hautes-Alpes, Can-
tal, Charente, Charente-Inférieure, Corrè/.e , Drôme, dard,
Cironde, Isère. Loire, Haute-Loire, Lot, Lozère, Puy-de-Dôme, |
P>hône, Saône-et-Loire, Savoie, Vienne, Ilaule-Vienne) et .sa
variante bouro'ui-nonne Saint-Bonnot (Nièvre). Les textes du
moyen-â<;e portent S. Boni lus, mais ce n'est pas \h certaine-
ment la fornu- oi-i^'-in(d[e, c.ar un / unique entre deux vov<dles
serait tombé ; cette appellation parait avoir été aussi celle de
Saint-Bon (Marne, Haute-Marne, Savoie) ', dont le nom résul-
terait d'une altération philoloyi(juenient inexplicable.
1647. Botericus : Saint-Beury (Côte-d'Or) ; c'est à tort
qu'on a parfois traduit ce nom par S. Baldericus, qui eut donné
S;>inl-/i;iinlri.
1648. Bova : Sainte-Beuve (Seine- Inférieurcl
I. .\iiisi que du sancUmire parisien — ecelesia s a ii c l i l'.o n i l i nllr;i
.Maoïuuu l'onlem, oa 113(1 (Lasleyi-ie, Cnrlulain- iji-iu-nil ,1e J'.ins, I,
2.";S) — ilont la nie Saint-Bon rappelle le souvenir.
iiiufiiM-:s icccLÉsiASTiniKs : nnicrics i\\
1649. lirictius, successeur de saint Martin svu' le siège
inélr()[)()litain de Tours : Saillt-Brice (Chan-nte, lùire-el-Loir,
IIiiule-(iai-onne , Gironde, lUe-et- Vilaine , Lot-et-Garonnu ,
Manclie, Marne, Oise, Orne, Seine-et-Marne, Seinc-et-Oise,
llaute-Vienne), forme savante ; Saint-Bris ' ('.harente-InlV'rieure),
Saint-Brix (Charente-Inférieure), Saint-Brès (Gard, Haute-
Garonne, Gers, Hérault). — Saint-Bresson (Gard, Haute-
Saône), Saint-Bressou (I^ot) et Saint-Brisson (Loiret, Nièvre)
donnent lieu de sui^poser une iléclinaison imparisyllabique
llrictio, Brictionis. — Domnus V>. : Dombras (Meuse),
Dombrot-/e-.S(?c (Vosges '), jadis appelés l'un et l'autre Dninhrez;
— Dombresson (Suisse, cant. de Neiichâtel).
1650. Hrigitta, Hrig-ida, Britta : celte sainte, dont le
culli' en Brctayne a été signalé précédemment (u" 1320), est
ap[)elée Bride dans les anciens calendriers français, mais la forme
savante Sainte-Brigitte (Basses-Alpes, Côtes-du-Nord, Hérault,
Morbihan, ^^^r) est la seule usitée dans la toponomasticpie.
1651. Cadocus, saint breton 'cf. ci-dessus, n" 1297) : Saint-
Cado fFinislère. Morbihan), Saint-Cadou (Côtes-du-Nord. Fini-
stère).
1652. Cat'cilia : Sainte-Cécile.
1653. Caesarius : Saint-Césaire (Bouches-du-Bhône, Cha-
rente-Inférieure, Gard, Meurthe-et-Moselle), Saint-Cézaire
(Alpes-Maritimes).
1654. C-alixtus : Saint-Calix (llautes-Pyrenées^.
1655. Camélia : Sainte-Camelle (Autle'i.
1656. Candidus : Saint-Cande, nom jadis porté à Rouen par
deux paroisses ; — Sainte-Canne (voir ci-dessus, n" 1539),
Saint-Xandre (Charfnte-lnfi'rieurc).
1657. Canna tus : Saint-Cannat (Bouches-du-Hhône) et son
(lin\inutif Saint-Canadet (voir ci-dessus, n" 1535).
1658. Caprasius : Saint-Caprais (AUiei', Cher, Haute-
Garonne, Gers, Gironde, Lot, Lot-et-Garonne, Seine-et-Oise,
Tarn,Tarn-et-Garonne), Saint-Chabrais (Creuse), Saint-Gapraise
(Dordogne), Saint-Caprazy (Aveyron).
I. l)on\l)i'ol-sui'-\';>ir, ww même (léiKu-lomciU, a [uni" piilroii sainl Denis;
mais celte leealilé ne s'appelle Donibro/ ((ue depuis 17i:> ; elle portait aiipa-
ravaul le nom de llouzcij, ([ue l'usage local a conservé juscju'à nos jours.
V o o r^ V
■ 'li:y^^i'':^'l
i);
>rî,
Vr;;;^{;t/^
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■ : \''i';->-iHlri''\.!
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