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Full text of "Les noms de lieu de la France; leur origine, leur signification, leurs transformations; résumé des conférences de toponomastique générale faites à l'École pratique des hautes études (Section des sciences historiques et philologiques)"

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Gc 

944.003 

LB6n 

pt.l 

1784676 


REYNOLDS   HISTORICAL 
GEMEALOGY  COLLECTION 


ALLEN  COUNTY  PUBLIC  LIBRARY 


3  1833  00662  6060 


AUGUSTE    LONGNON 

Ml  Miuii:   uv    i.'lv-  iM  I   1 


LES  XOAIS 


h    \AVj 


\m  \A  YWAKΠ


lEOR  ORIGISE,  LEOR  SlâSlFlUTlOl,  LEURS  ÎRÂfiSFORÎlATlCl; 


ii:si'\n:    m;--   iom-i  ';'  m:i-n    \\\     i  iirc  i\  :  mi  \s  i  i,  .i  i     (.    m  itAi.i; 

lAiri;^    A    i.'i':i;(),  1     i-ii  \  i  njui-:    h:  s   ii  m   ii-    i'ii  m-, 
^si;i  iKi.N    his   si:ii:.Mrs  iiis  i  uhkji  i  ^    i:i    l'ii  ii.oi  oi.n.uics' 


Mil       I'  m; 


Fi 


Paul  MARICHAL  et  Léon  MIROT 

M.'Milir.'-  .In  Oiinil..  .1.  ~  rr;.v.ms  In-' ..n,|n.  .;  ,■!  -, 


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1\\1Î1S 
,1151!  Ali;  11',      AXCil'.Wl';      intXO!;!-;      CllA.Ml'InN 

i;i)<i|     \l;|i      CIIAMIMON 


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in  2010  with  funding  from 

Allen  County  Public  Library  Genealogy  Center 


http://www.archive.org/details/lesnomsdelieudel01inlong 


1784676 

LES 
NOIMS   DE   LIEU    DE    LA   ERANCl^ 


■"^^0tJr 


E  I.oiiKnon,  7\ii;:ius{c  Honoré,  If^lI-KUl. 

831  ...  T-'"^  noms  (11-  lieu  ni'  lii   l'i-incc;  Iciii'  oi-ioirn',  leur  signi- 

,52  firalioii.    h'iii's    traiisfoi'iiiiitidii--' :    n'siuiit'    dos    con  fi'ront'i's    de 

tn)i(ini)tn:i'-ti(|ii('  iri'nrrali'    failcs  à   I'l';r()li'   pratiiiiic  des  hautes 

t'i  ndr^     (.'-^rciinn      i\r<      M'irllfi'--'      1 1  l-l  (M'ii  |  Iles      et       J)h  !  lolo^icjlios) 

Vnli.  |i:ir  l'an!  .Maiirlial  ...  ict,  I.roii  Mirot  ... 
]'aris,  Iv  ('lianii)i.)ii,  l'.i-JO-   Z9  . 
.xi  ii  .831  ,cl3P.       25cr.,. 
At  lic.'ul  <if  litk':  A>it;usto  I^ju^^Tion. 
..H.t.o  .-ij     I-f:uorl    in    --vie. 

1.  Njiiics.  Ccd'j'i';!])!)'!!.'.!] --Franco.         I.  Mariijbal,  Paul  Goorpc^i  Pimii- 

■■'--•■'.'        r;.ii,    .|(,-.r|.li,    cil.      11.    •.Milcl,    l.coii,    1 STO-  jcillt    tKÎ.      IH.   Tille. 

.' — -  22— 30S7 

Lil.r.ii-.v  <il'  Cuii-rcss  (  DCl  I.LG 


AVERTISSEMENT  DES  ÉDITEUHS 


Le  1  l  juilleL'  I  *.)  M  dccL-dail  [>i'i'siiu<-' suhiU'inenl  le  mnilro 
de  la  géoi;-raphie  liislorKiiie,  Ah-liï^U'  Loiiynnn  ;  son  ensei- 
o-nemenl  ne  lui  siii'véLMil  pas  :  la  chaire  iiuil  avait  oeeiipée 
au  Colle-v  de  FraucL'.  d'abord  <le  ISS',)  à  1S',)2  coniinc  reni- 
plarauL  ou  sup|)Iéaiil  d'Alli'ed  Maury,  [)uis  coinnu'  liluliiire 
d,-puis  IS'.W.  K.s  eonri'i'eiu'es  (pi'il  dirii;\';u'l  a  ri'A'dlt  pra- 
lique  des  Hautes  Ktuile- eouiuu'  réi)rlileui'  eu  1  S7'.),  eouinie 
maître  de  oontereuees  depuis  ISSI,  eounne  diree'.eur 
(Tétudes  à  partir  de  iSSG,  fureui  Irau.-foriuée^.  l'ne  seit^uiee 
inie  sesoriL;\uesral[aeliaient  à  (r,\.nvillr,  ,\  Ailrieu  de\'alois, 
à  Nicolas  Sauson  il" AMa'vilK'.  el  qu'Au-uste  l.ouguou  a\ait 
,-;u  éri"X'reii  eoi'[)s  de  doctrine,  L;i'àee  à  -a  pi'U(l(.'iu_-e  et  à  sa 
sayacilé  de  reelierches,  à  sa  niélhode  erili(pie,  à  son  lalieur 
l)rodiL;'iciix,  à  la  sûreté  et  à  la  tdarU-  de  son  e\[)osé.  allait 
tomber  dans  l'oubli  ;  et  la  porte  ris(piait  de  se  rouvrir  à 
toutes  les  i^'iiorances.  à  touti's  les  fantaisies,  à  toute-  les 
invraisemblances  ét\!noloi4i(pies  (jue  [.oni;non  avait,  tlurant 
tant  d'années,  combattues  et  dlssipét's. 

Kn  ell'el,  (pie  reslail-il  de  son  enseignement  Icui  à 
la  fois  si  varié  el  mar([ué  d'une  lelle  uuilé  de  doctrine? 
llicu  ou  à  [leu  près  ruMi  d'écril.  lau-mèMie  avait  bien.  daiK 
riitlroiluflinit  de  sou  1  }icl ionii.iifc  /npoi/ r.i/ihnj iic  du  (i'p;n-- 
Icnienl  di-  l:i  M.irnr,  condensé  en  (pielipies  pages  les  grandes 
lignes  de- son  enseignement.  Des  résumés  analogues  avaient 


l  i.'.i  iioM  —  soit  ilit  pour  .-ouiier  rourl  :ui\  hosilalioiis  des  bioûiiflios 
;,  vonir  —  lo  WJuiit,  comiu.'  nous  r.nou-  vu  un  [iri  mr  i|iirl(iiu>  |i.irl.  - 
.Vii;;-usli>-ll(>iior.-  Lou-iiou  .'Uiil  m>  fi  l'nris  le  IS  oeU.lir.'  I  S  1  i  ;  ses  |Ml.•lll^ 
luibilaiciU   ;.M   n»  iO  de  la  nie  de    h,  l'enue-des-.M;illniiins,    aujounl'lini  l'iu 


i,i:s   .MiMs    ni:   i,ii;r 


i''U'-  (loiiiU'S  par  (H-i'lains  (le  sc'S(lisci[)lrs  :  dv<,  (  'on.sidéf.ifions 
su/-  I Oi-Kjmc  cl  l:i  .si(//ii/ic;i/ii)/i  r/c.v  na/iis  i/cs  lieu.r  Ii;il)ilvs 
du  (li'pnrlfiiwnl  de  Suàne-cl-Loin-,  [)ar  M.  L.  Lacoimnc 
(HH'ii]K'iil  lr.->  paires  7  à  17  du  ptiil  Dicliniiniiirc  dv^  ces  loca- 
liU'<(|iie  M.  1*.  Siraiid  a  [)iiltlir  en  I.S'.I2  ;  cl  Ton  doil  à  MM. 
Léon  lîcilli(iiid  i-L  Louis  Mairucliol  une  Elude  hi.sloi-icjuc 
cl  cl i/iU(dniii(juc  des  noms  de  licti.v  h:i hilcs .  .  .  du  dcpnr- 
Icnirnf  de  l:i  Cùlc-d'Or.  [)arnc  de  \\U)\  à  l'.Mi;.  dans  1rs 
Mcniiii rcs  de  l;i  Soeie/e  des  ^'eienecs  liislDritj ues  e!  u.itu- 
relles  de  Seniur.  Mais  il  n'cxislail  aucun  li'avail  d'fii- 
scndilc. 

Ou  csl  Icnlc  de  s'clonner  de  celle  carence,  en  souL^'eanl 
que  de[)nis  ISS',)  le  double  enseinnemenl  de  Lr)niriu)u.  au 
CoIU-l;'!'  de  l'^rance  el  à  Tlù/ole  des  llaules  l'^lnde-^.  avail 
porte,  dans  le  preniiei' de  ces  élalilissemenls  sur  Ks  données 
ellinoi;raplinpies  des  noni> 'le  lieux  ij)ériode  anli([ue,  noms 
gaulois  el  romains,  noms  d'origine  clirélienne.  noms  d'on- 
gine  gi-rmaniqne  cl  noms  cmprunlés  aux  méliers,  noms 
lires  des  ollices  el  dignilés.  des  tpiahlés  [di N'siipies  el  mo- 
rales, noms  cmprunlés  à  la  faune,  au  règne  N'egédal  cl  au 
rcgiu'  minérali,  dans  le  second  sur  ces  méuie>  iioms  étu- 
diés par  époipu'  origiiU'>  ligure,  gauloise,  roiiiainc  ;  ori- 
gines barbares  ;  origines  ecclésiasliipies  ;  origines  l'éoilalcs 
cl  modernes).  Il  i'aul,  pour  se  garder  de  cet  éloiinemcnl, 
d'une  pari  tenir  comple  de  ce  ([ircii  lail  de  toponomaslupie 
Icri  leçons  de  Lougnon  au  (Collège  île  France  ii'élaienl  (pie  le 
développcnieul  de  nialières  Irailées  moins  en  détail  dans 
ses  coiirércnccs  de  ri''cole  tics  ILiules  l^liides  ;  cl  d'aulrc 
pai'l  observer  commciiL,  au  cours  des  années,  ces  conférences 
oui  élé  conçues. 

(lommc  les  autres  cnseignemeii  ts  de  l'iù-cdc  dus  Hautes 
l'.ludes.  celui  de  Lougnon  comportait  deux  eonlereiices 
par  semaine.  le  jeudi  el  le  samedi.  \h\e  seule  à  l'origine 
elail  consacrée  à  la  topoiiomast  iipie.  (-'est  ce  ipi'aiiiionçail 
Lougnon  dans  les  prop(jsitioiis  (ju'il  soumit,  le  M  jiuilel 
1S7'.).  au  président  de  la  Section  des  sciences  liisloriqucs  et 


A\  i:iirissi:MKNr  iii;s  i;uiri;L  us  vu 

|iluli)l()L;i(jtn's  ',  ri  ([iii  alx^ulirml  à  lanôlé  ininislrru'l  du 
l.'j  sepLeinbre  suivant,  lusliUianl  [»rès  celle  seclion  îles  u  con- 
térences  de  géographie  hisloriiiue  de  la  France  ».  N'oiei 
coninienl  il  sexpriniaiL  :  n  Je  vous  deniandt'rai  de  vouloir 
bien  niauloriser  à  consacrer  spéeialeaienL  une  tle  mes  con- 
lerences  à  1  élude  hi^loi'ique  el  pliilologi(|ue  des  noms  de 
lieux  -,  élude  (jue  je  considère  comme  la  hase  essentielle 
de  la  géographie  comparée.  On  v  étudierait  l'origine  el  la 
signification  fies  noms  de  lieux  dans  les  dillerenles  parluïs 
de  la  l'^rance,  ])uis  leurs  transformations,  el  j'estime  (juil 
sortira  même  (\c  ci'tte  seule  porluMi  i\u  vasli'  cadre  (jue  p-  me 
Irace,  des  liiinu'res  [)récieuses  pour  rhi>l(»ire  de  notre 
pays   ». 

Celle  K  élude  historicpie  el  philologi(pie  »  occupa  les 
conférences  du  jeutli  durant  trois  années  scolaires,  de  ISTit- 
18S0  à  ISS  1-1  S(S2,  el  Longiion  la  reproduisit  pendanl  les 
lieux  [)ériodes  triennales  (|ui  siii virent.  A|H'ès  avoir,  au 
cours  de  ces  neuf  années,  réservé  les  conférences  du  samedi 
à  la  géograi)hie  liislorupie  proprement  dite,  soit  à  la  ma- 
tière essentiellemenl  \isée  par  l'arrèlé  de  1879,  Longnon 
crnl  pouvoir  renoncer  à  celle  dernière  partie  de  son  ensei- 
gnement :  il  se  [M'omettait  d'y  suppléer  en  poursuivant  la 
publication  de  son  AfLis  his/i)i-i(jiit'  de  l''nnicc,  publication 
que  malheureusement  il  n'a  pas  achevée.  A  partir  de  1 S89 
ses  conférences  ont  eu  pour  objet  exclusif  la  loponomas- 
tique.  «  Les  noms  de  lieu  de  la  h'rance,  leur  origine,  leur 
significalion,  leur  transformation  »,  furent  éludiés,  comme 
précédemmenl,  le  jeudi,  mais  en  un  cycle  de  quatre,  et  non 
plus    de    trois  ans.    Dans    les    conférences    du     samedi    le 

1.  CeUe  pièce   est  conservi-e  au  .secrôlai  i.il  de  la  Seclion. 

2.  {^e  mol  est  ainsi  écril  au  [)luriel,  ici  el  un  |uu  plus  loin.  On  esl 
donc  on  di'dil  de  présumer  ((ue  c'est  sous  une  iullucuce  exlérieuii.'  (|ue 
l,iiui;iuMi  .1,  par  \:\  >uite,  '•[  (■(instauiinrnl ,  adupt,'  l:i  L;rai)liii'  "  u<.)uis  d<' 
lieu  •■,  il  l'cNeinplo  des  auleurs  des  «  du-liminaires  lopOL;i'a|)luques  i>  parus 
dans  la  collection  otlicielle.  Celle  grapliii-,  mins  n'avons  pas  osé,  dans  la 
[n'ésenle  publication,  ne  [ia>  la  respeclei',  bien  ipie  nous  la  lenions  pour  |)eu 
justifiée  ;  dans  la  juxtai)osition  d'un  nom  de  lieu  et  d'un  autre  nom  di; 
lieu,  impossible  de  ne  pas  voiries  noms  <1  au  moins  deux  lievx. 


\iii  r.r';s   ndms   hk   i.inr 

luaiLre,  au  lieu  do  coiisutri'er  l'iuiscMiiblc  du  lerriloiiH'  IVan- 
Vais,  s'allachail  à  un  drpai'leuu'ul  eu  parliculirr. 

(a'Uo  heureuse  iunovatiou  procurait  aux  |)ersouues  euipè- 
ehées  de  IVéïiueulep  peudaul  ipiali'e  aimées  conséculives 
rKcole  des  Ilaules  Kludes  le  moyeu  de  s'assimiler  plus  rapi- 
deuieuL  sa  mjihodo.  De  plus,  et  non-;  insistons  sur  ce  point, 
elle  fournissait  au  maili'e  roccasion  de  rcprendie  eu  sous- 
(i-uvre,  en  pi'ésence  de  ses  auditeurs,  dont  il  accueillait 
volontiers  la  collaboration,  sou  ensei^-uemeiit  du   jeudi. 

l'Ji  éludiant  cliai[ue  aiim'e  '  un  déparlcmeut  au  point 
de  vue  toponoinastique,  en  recherchant  cl  eu  rapprochant 
les  fornies  anciennes  des  noms  de  lieux,  en  couCronlant  ces 
tormes  avec  celles  de-  uouis  similaires  on  jKiraissanl  tels. 
l'eU'vés  d.uis  d'autres  dc^pai'l.cmeuls.  eu  élciidanl  celle 
empiète  à  la  majeure  partie  des  divisions  administratives 
actuelles  de  la  France,  Lougnon  s'imposait  une  lâche  véri- 
tablement scientirupie,  mais  qui.  loule  expérimentale,  ne 
pouvait  aboutir  —  ses  [irémisses  dL'\  aut  être  ou  corroborées 
ou  modihées  ])ar  des  couslalati(ms  ullérieiii'es  -  à  des  con- 
clusions inébranlables  que  dans  un  avenir  i'ort  l.)inlain  :  en 
effet  les  départements  (pi'il  a  ainsi  passés  eu  iwue  soûl  au 
nombre  de  dix-huit  :  .\isne  !  188S  !  M88 '•  ),  ilaulcs-Alpes 
M907-1892).  Aube  (1893-189't),  Côte-d'Or  (1900-11)011. 
Eure,  1891  •  l8'.)-2.  Eure-et-Loir  (  1897-1898^  Indre-et-Loire 
i  1898-1899,.  Maine-et-Loire  (]89o-lS9l>),Marne'l  888- 1889), 
ITaute-Maruei  I901-h)n:i  d  1  9():i-n)(M;  i,  Meurthe-ct-Mosellè 
;  I8'.)l-I8'.i:;,,  MiMise-  18:)(1- 1  807  (..Nièvre  (  1901- 1  0()2).  Ilaut- 
Uhin,  limité  au  Territoire  de  l]ell'orl  ,  1  OllO- 1  0(l7  i.  Deux- 
Sèvres  (lOD.'J-lOOi),  Somme  *  1 81)1»- 1,S9]  ,^  ^^ieune  il'.)(l2- 
190;î),  Yonne  ,  I  8;)9- 1  901) ,  ;  suppo>é  (pi'il  soit  parvenu  à 
traiter  de  même  tous  les  départements  qui,  commeceux  que 

1.  Sauf  peiid.nil  reliure  scol.-ure  l.S92-18!»:i  :  voir  ci-apr,s  notreuoto  de 
la  ))a^n  279. 

■>.  l'eudaut  lo-,  U-ois  aiiiit-L-s  scolaires  i[ui  oui  précciié  sa  .iioit,  Loii-.ioii 
csl  i-cvrmi  a  rrl.nir  do  <•>•  dépa  i-U-,ueiil ,  d,,„l  la  loponoinasl  i,iue  rst  iKuti- 
■  ■uliùivineiU  iiil, •!•,■. sanlr.  le  Ifrriloiiv  en  étanl  parta-é  eulre  les  dialecles 
li'aU(,'ais  et  picard. 


.\\  i-.iri'i^-îi'MFNT  nrs  kdi  i  iîi'hs  in; 

u.uis  venons  (l\Miimu'i'iT.  soiil  rrpr /•s^Mik's  dan-  la  t'ollrclnni 
oïWcit'Wcda  Dic/innri:ii/-c  h)p<)(/i:ij)/iii/uc  (Ir  l;i  l'^r.iucc.  on  onl 
faiirohjel  de  Lravanx  oonrus  dans  le  même  espial,  les  lésid- 
lalsaecinis  n'anraient  inléressé  ([n'uii  llers  environ  de  noire 
len-iloii'e  nalional.  el  \\n  liers  (jiii  n'en^lohe  [)as.  à  hean- 
ooiip  prè'S,  lonles  les  i','-ions  doni  la  lo|)ononiasli(iue  sidli- 
eile  nue  éinde  pai'lienlièi'eUKMil  allenli\-e.  l'\inle  Av  ces 
listes  de  loiaues  anciennes  (jui  lonl  loni  le  |)ia\  des  ..  die- 
lioniiaii-os  lojio^raphicpies  m.  |\(iM-non  devail  pm'sisler  à  st. 
nionli'i'f  1res  s(d)re  d'exemples  ein]'rnnlés  à  la  l'dandre  IVan- 
çaise  el  an  rionssillon.  ,.'l  s'en  leniranv  mdnelioiis  el  an\ 
hy  polhî'^es.  1res  ralionnelles  à  la  vei'ih-.  mais  l'ondcis-ni- 
un  nombre  e\(rèmein<'nL  reslrcinl  de  lails  posilifs,  .iiii 
l'aisaienljle  fond  deson  enscii^tiemenl  relalivcmenl  aux  noms 
(le  lienx  d'orii;-ine  hui-^^onde  el  d'oi'i^ine  \\isiL;t)lliiinic  :  il 
ne  ponvail  jn^er  venue  l'Iienre  de  sid)>lilner  à  sc;.  t-MulV- 
renées    un  livi'e  déiinilil". 

Imi  r.llo  le  D'  llerniaiin  (îrrildci  .  (!-■  i'.rt-hm,  enlreorc- 
uail  la  publication  d' ww  manuel  inlilulé  :  I'Ihu-  I  rs/jnnn/ 
iind  HocUniluiKj  dcr  fi:;nzr>.sl.srhrn  ( >rlsn:micii .  Lepremiei' 
volume,  seul  paiat  jusqu'à  ce  jour,  esl  c-msacré  aux  \oeaMes 
croi'igiue  liqaire,  ibérique.  [)lieiiieieiine.  -reeciue.  i;aidoise 
ol  latine  :  c'est,  ou  le  reconnaît,  la  matière  li'aitce  dan>  les 
première  des  quatre  années  que  comportait  le  cvcle  de 
renseignement  de  Lougnon  :  il  y  a  d'ailleurs  beaucoup 
d'analogie  entre  le  plan  suivi  par  le  pi'o|'es<eur  de  l'.re-lau 
el  celui  qu'axail  a  loj)|:-  !.•  di  rt'.'l  eui'  d\d  n  1--^  de  Paris.  Mai- 
eelni-ci  s'apphfjuail  à  renq)lir-on  pro^i'am  me  en  une  Iren- 
tanie  de  .'oa  l'JrenL'e-,  laiidi>  (pie  le  D'  (  îi-.'dilfi'  a  en  Lnite 
lalilude  pour  mnlliplier.  en  plus  do  (n.is  reut  cinquante 
pages,  les  exemples  ac<-onq)agiR'~  de  rèlerciioes  prècisi-s  et 
les  hypollie-es  di-nes  de  la  plu-  >erien.-e  alleiiliou. 

Tout  recemineiil.  eu  I'.IlHI.  M.  Alberl  Dau/at,  dans  un 
volume  de  momdiv  ('•lendne,  mais  dc^  coiuprc-lieiision  plus 
vasle  —  I.cs-  imnis  de  ll,-ii  r.  Krhjinf  ri  rr,,hili<iii  :  ri/ /es  cl 
ri//;,tjcs.  /);ii/s-.  cmirx  d'r.iii .  nmnl nijucs .   /iru.r  dils  ~    a    mis 


i.i.s   NOMS    m:   i.ih.L 


à   la  poi'tée   du   uraïul    pul)lic    un    iiiLércssaiil    essai    de   >yii- 

lllèSl'. 

l'oiir  iiuléiiiahles  (|ue  soieiil  les  uu'i'ilcs  respcflils  Av  ors 
deux  pnl)licali(ms,  ils  iic  saiiraicnl  (lissiimik'i'  nu  l'ail  hni- 
lai  :  depuis  la  morl  de  Ix)iiL;'iiun  la  reeliei'ehe  de^  k'xles 
relatifs  aux  noms  de  lieux  franeais.  à  lacjuelU;  il  allaehail  à 
bon  droii  une  si  j^-raudi'  iu\p(U'(anee,  n'a  L;'uèie  progressé, 
puiscpie  la  coUecUon  des  »  ihclionnaires  lopui;!  ap]ii(|ues  >• 
Ile  s  est  ani;inentée  (]Ut'  de  trois  V(dunu'S,  doiil.  au  deuieu- 
rant,  les  niannsents  lui  avaient  éléee)nnns;  le  li\re  déiini- 
Lil'cpi'il  eùl  jiiLjé  prénialui'é  d'éeriie,  pei'st)niie  n'est  encore, 
à  riieiire  actuelle,  en  état  de  renlreprendre,  cl  il  iinpoile 
(pie  nos  leetenrs  ne  se  niépi'cnnenl  pas  sur  la  nature  l'I  la 
|)ortéc  du   volume  (pu'    !ion-   leur  (dirons. 

l)evant  1  oid)li  an([Uel  clail  l'alalemenl  voué  un  enseii^iie- 
ment  pureiiunil  oial,  de\ant  le  dauL;er  de  dérormalion  ou 
(raltératiou  (pu'  courait  la  niélhode  suivie,  non-  aviui-  [)eiisé 
tpriin  impt'i'ieUK  devoir  s'imposait  :  rappidei'  l'e  ([n'était 
la  doetrine  du  maître  de  la  idéographie  liistorupie  au  mo- 
ment de  sa  disparition.  Telle  est,  sans  ])lus,  la  làelie  (pie 
nous  nous  s(jmmes  a^siL;■née  '.  11  nous  l'sl  a^réalil.'  de 
remercier  les  personnes  (pii,  dans  ci'  travail  de  ree(m>litn- 
li(jn,  seuit  venues  à  1  aide  de  nos  soiivenii's  [)ei  sonneU,  et 
tout  parlicnlièremenl  MM.  (Iccm'ljcs  Mesiiard  el  Pascal 
Lanco.  Ce  dernier,  aujourd'hui  arclii\iste  i\i[  de|)arlemenl 
de  la  N'endée,  a  rré(pient(''  l'iù'ole  des  liantes  llludes  pen- 
dant les  sept  années  (pii  ont  précédé  la  mort  de  Loui^iion  : 
nous  lui  devons  uu  résumé  lr(-s  attenlil"  des  noies  (pi'il  a 
recueillies.  Non  moins  assidu,  mais  à  une  épo(pie  plus  an- 
cienne, M.  ('iCoi'i4es  Mesnard  a\ail,  de  son  c(")té,   résumé   les 


I.  11  ou  rrsullr  ijiif  iioirc  rnlc  élail  des  pins  iiioïK'sli's,  liraucoii  |i  |iIum 
iiKidesti'  ijiK'  ne  li.'  ronccxiiil  .M.  Iùmu'  1  .;iiL;illii-rc,  Ihins  nn  r(>ni|)U'  itihIli 
donné  l'ii  l'.l:!!  Ilran-  Crili'/uc,  .\l.l,  iilil-.!'!!  ,  ce  jcnnc  '-avant,  ddUi  11 
l'an  l  (l(''|ilorc'r  la  pri'li'  |ii'énia  (nré<',  s'csl  scaiidalisr  de  ce  i|ni',  pour  résn- 
(DCr  1rs  conlÏTciiCrs  île  l.ijn-^iiun  ridali\es  an.\  inmis  vl  lienx  d'cni^iiu'  Iji'e- 
loiiiie,  "  .\I.M.  Mariclial  et  Miinl,  qui  i^iiorenl  luuldu  i)i-i'l'>ii,  ii'mU  pus 
daifiné  faire  aiipel  à  un  cellisie  compélent  n. 


A\  i;ii  rissL.MKN  I    m, s    i:iiiii:ius  xi 

.■.MitV'irm-fs  .les  aiinres  I '.MIO- 1 IMI I  ;i  I '.Kl.!- I '.)0  i .  rt  nous 
avons  (.'Lialcnieiil  mis  ;'i  conlnlnilion  sou  Iravail:  la  réilachoii 
cil  L'sl  moins  condrnsL'e.  cl  Ion  nous  as^Ul•(.■  (|iril  a  pris  soin 
(le  la  soumc'llre  au  conlrôle  du  niaîlrc. 

lIcurcMix  dcvoquei'  la  précieuse  s>iupalhie  donl  la 
lanulU'  Loni;noii  a  l'avorisc  noire  enlreprise',  nous  croyons 
(levou-  lusislcr  sur  le  parli  que  nous  avons  lire  des  coiumu- 
nicalions  hhérales  par  lesquelles  celle  -^vuipalhie  s'esl 
at'iirmée. 

Les  liclics  (pic  I,oiii;iion  a\aiL  sous  les  ycu\cn  prolessanl 
à  I  lù'ole  des  llaules  lùudes  ne  porlenl,  eu  gémi'ral,  ({ue 
des  indicalions  1res  Ijrc'ves,  des  linuuKJralions.  des  ébauches 
de  Iransilions.  donl  il  s'aidail  pour  ordonner  ses  exposés  ; 
il  délaul  d'une  documenlaLion  au  sens  rigoureux  du  inoL 
elles  nous  onL  |)rocuré  le  moyen  de  eoiiUvMer  les  noies  de 
MM.  Mesiiard  el  Laiico.  el.  liàlons-noiis  de  Tajouler.  d'en 
conslaler  l'exacliLude. 

Au  Collège  de  France,  Longuon  enleudail  ne  rien  laisser 
il  l'improvisalion  :  le  lexle  de  ses  leçons  était  enlièremenl 
rédigé.  ()v  il  se  Irouve  (pie,  pendani  les  années  188U-18'J0 
el  ISUU-1(S',)1.  ses  le(,'ons  du  jeudi  malin  oui  porté  sur  les 
mêmes  malières  que  les  conrérences  des  dcA\x  premières 
années  du  cycle  de  l'Ecole  des  llaules  l"^Uides  :  griice  à  cette 
circonstance,  nous  nous  llallons  d'avoir  fidèlement  repro- 
(luil.  en  ce  (|ui  conci'nie  les  noms  de  lieux  remonlauL  ii 
l'anliquilé  el  aux  invasions  barbare?,  la  pensée  el  l'expres- 
sion  di'  noire   mailre. 

Dans  le  n  résumé  des  cou  lé  renée  s  de  I  o  pou  om  as  tique  géné- 
rale »  c[ue  nous  livrons  au  public,  en  dehors  d'une  division 
en  chapitres  (|ui  s'imposait,  el  de  la  numéralion  des  para- 
graphes, sur  laquelle  nous  allons  revenir,  nous  nous  sommes 
allachés  ;i  n'iulrotluire  rieu  de  nous-mêmes.  ,Si.  dans 
(pielqiies  cas  tout  exce[>lionuels,   nous  avons  jugé  opportun 

I.  Nijiis  rcinorcious  loul  |i^'rLiciilii''ruinfiil  iiolrc  cdiilVèM.'  M.  Joaii  Lon- 
^11011  (Ir  son  arliclo  :  Ce  (juc  ilisi'nl  les  nnnia  (!<■  lieu  \Li>  lleeue  eritiijue  des 
((/<x's  el  {/es   lierez.  XXX,  n"  C.»  '-.':;  (liV-cmbrc   IVliU,,   p.  00:!-67:i.    , 


Ml  i.hs  ^o.Ms   m:   i.iiai 

(Il  iKMis  (K']i;irlii'  (le  ccllr  rJsdliilmii  Ac  |)riiiciric,  c'c!:-!  t'ii 
mile  (|  lie  iKHir-  r;i\  (MIS  l'ail .  I'!l  (|ii.mi  I ,  dauli'i.'  pai'l ,  mnis  ;t\  ons 
l't'jc'lr  (Ir  niènii'  vu  iidle  «les  rnoiR-ialions  apparlenanl  à 
l.onyiioii.  iiuii-  Il  a\oii-  |ia>  juaiKjUL'  il  en  iiuliquri'  les  ino- 
lils  :  là  ciicDi't.'.  iMi  lions  l'atTdi'dcTa.  iiou-  avons  ék'  i;ui(.iés 
par  le  soiiei  le  ])liis  soni|nilen\  de  ne  pas  dénalurei'  sa 
j)enséi.'  '. 

("e  "  résnnié  ••,  nous  avons  ern  qu'il  elail  indispensable 
de  le  l'aire  suivre  (Tim  ■•  indi'X  >>  alpliahéliqne,  dans  leqnel 
nous  aMiiis  l'ail  liyuier,  non  senlenienl  les  j'ovnies  anciennes 
el  les  formes  aelnelles  des  noms  de  lienx.  mais  encore  les 
sullixt'S  el  anlix-  élémenls.  élndiés  [lar  I.miynon,  de  ces 
vocahles,  ainsi  (|iu'  le<  leiines  e.\pi'inianl  lelles  notions  a  la 
prisi'  en  «.■onsiilc  ration  di'sqnelles  il  altaeliail  qudqne  iin- 
porlaiiee,  tels  |diénoinène>  de  plioiu'diqne  sur  lesquels  il 
s"ap[)uvail.  Cet  index  lenvoïc,  non  [las  aux  pages  du  voliiine, 
mais  aux  païai^i  aplu'S  ;  saii^  être,  imus  le  reconnaissons,  à 
lalu'i  de  loiile  l'rilujne,  la  nnmér.olal ion  de  ceu\-oi  a  du 
moins  raxaiilagc  de  loeali.-rr  lis  rt'clierelies.  el  c'est  loni' 
ce  que  nous  nous  projiosionsen  lélablissant.  Puissions-nons 
avoir  lacililé  aux  esprits  île  lionne  \olonlé  la  connaissance 
exacte.  1  équitable  a]jpréciation  cL  réventuelle  mise  en 
valenrdela  mélluule.  tiuile  de  jirndence.  moyennant  Ia(|uelle 
I.ongnon  seil'oriMil  d'équilibrer  comme  il  convient  les  prin- 
cipes répulés  ininmables  de  la  théorie,  et  les  résultais,  par- 
lois  déconcerlanls  à  première  ^■ue,  de  l'expérience  -. 

1  .  C'f>t  ainsi  c[u'.'"i  li;ib  (II-  l;i  \<:>'^v  i  Ni.i  nous  ;nijii'>  liipporté,  ^ui  buiel  de 
l'orij^^ine  des  noms  du  liroisii'  el  de  l'urnic,  une  opinion  émisi'  pur  Louynon 
en  ISOO,  mais  (jue  nous  n'a \( mis  pas  i ch  ou\  éi  ilaiis  li's  noies  j dus  récentes 
de  ses  auditeurs  :  eelte  opinion,  (|ui'  M.  lian/.at  n'aeeeplo  ]jas  Les  ruuiis  il'- 
lieux,  p.  144  cl  \~'.'\  il  est  piid'aldi'  (pie  l,oni;noii  ra\ait,  loul  le  jireniier, 
îibandonnin^. 

2.  Qu'on  ol)ser\  e  ^aiis  parti  pv\s  les  laisons  données  |)ar  l.on{,''non  de 
i'identifieati':.!!  de  :^'niliinuiii  avi-c  Sunue,  et  l'on  reeonnailra  qu'il  y  a 
(pieUpie  (lésin\  ollnro  dans  le  d('i;nialisinc  a\ee  liupiel  le  11''  C.C'ihNn'  iZt'i7- 
schrifl  I ùf  runiiui L'oeil '■  l'IiilfUujii' .  \'.>-l\,  p.  ,s'.i  det  lare  (pic  celle  idenlilica- 
lion  iil  f.rth^trt:rfli''udUclt  :;/  m  k fr/cii .  -  ]'our(pioi  le  même  savant 
eslinie-l-il  injuslilîi'e    inibcrcrhti'jl'  riiy[ollu'?e.  [lour  Keouen,  d'unprinii- 


A\  i:htissi;mem   lUis  i::iirn:L-Hh 


PeuL-èlre  nous  reprochera-l-on  de*  n'avoir  lenu  aucun 
compte  des  travaux,  des  découvertes  faites  depuis  JUll.  el 
ijui  ont  pu  modifier  les  lliéoi'ies  d'Au^usle  I.oni;non.  Niuis 
axons  voulu  le  laisser  parler  niu-  dmiii-re  lois,  eoniinr  il 
Tavail  l'ail  dans  celle  dernière  annce  scolaire  101 0-J ',)  l  1 . 
clevanl,  nous  a-t-il  semblé,  à  sa  mémoire  lemonumenl  qui 
lui  eùlle  plus  agréé,  el  lui  nianilcslanl .  pour  riusli  uclicii  de 
tous  ceux  qui  ont  prolilé,  proiilenl  el  prolileront  de  son 
enseiLmemenl.  le  lémoiynasie  le  plus  complel  de  la  gralilude 
vivanle  de  ses  nombreux  disciple-  el  admiialcurs  '. 


tif  yuulois  Sculonniijus'!  Lu  ^l'iinaiiique  Esk-licni,  iju'il  olVrc  un  éch;iii..;u, 
serait  seul  de  son  espèce  dans  hi  région,  cl  nusiunnil  u.\  jiliiiuci!;i  diiilildiiuiie 
c|iii  uanictérise,  d;ins  lu  nom  d'iù-oiieu.  lei  s\1I;i!m'  l.iiiiniu.  —  Ailn'.Uru 
Hiiu  V:ipiiir}nn.  r.niuiun  il.. m  <lu  ("i:il\  a  ulù  l'.inuu  ;.m-  ,ui  nom  (l'in.nnnu 
i;uini,uin|iu-  au  nuiyun  dn  bulli\u -(//;/,  uu  ■pu  n'aniail  pM  -u  produiru  ipi'à 
la  -.uilu  dus  invasions,  c'est  mùuonnalliu  cpiu  V:ipinijiim  li-urc  dan-  nu 
lu\lu  du  laiitiquité  romaine,  l'Itinéraire  d'.Viitonin. 

l.  M.  Antoine  Thomas,  membre  de  l'hislilul,  a  pris  la  peine  de  relire 
lus  épreuves  decet  on vrage,  et  nous  a  aidés  de  ses  préuieuN  conseils.  Kt  iVr6 
19-2."i  son  collù-ue  M.  Cli.- V.  Langlois,  direcluur  des  Archives,  a  bien  vnulu 
signaler  noire  unlreprise  à  l'aKcnlion  du  faraud  |.ul)lic  ■Noni>i  de  lirn.  m 
Franc,  dans  la  l!rnie  ,lr  Fninrr.  i'.e  année,  n"  -2(1  lllocl.dnc  lll-JO.  p.  IJGV- 
tj'.ri'i.  A  tous  deu.\  nous  exprimons  ici  noire  n's]iucluuusu  yratilmlu. 


LES 

NOMS    DE    LIEU    DE    LA    FRANCE 

r.KUl!    OUKJIM;.    M;UK    SIC.MFICATION,    Li;UliS     l'IiANSKOHM.VTlMXS 


AVANT-PI  lOPnS 


Les  noms  de  lieu  j'ormeiiL  la  j>lu.s  riche  des  noniencia- 
lures  qui  se  rattachenl  à  la  langue  usuelle.  Environ  deux 
cenl  mille  vocables,  doni  certains  sappliquenl.  il  esl  vrai, 
à  plusieurs  localités,  oui  été  véuuis  dans  l'cdilion  du  /)/c'- 
tionnuirc  (les  Postes  et  des  TeIc(fi\i/)/tes  [)nh[ivL-  eu  ISUS.  Si 
Ions  les  lieux  habités  de  la  France  y  liguraienl,  leur  nombre 
dépasserait  certainement  le  million  :  et  si  l'on  faisait  h' 
dépouillem'enl  du  cadasti'e,  ou  arriverait  incontestaljleuient 
à  cinq  ou  six  millions  de  vocables  géographiques. 

Cet  immense  vocabulaire  n'est  pas,  comme  celui  des 
sciences,  le  produit  de  la  méditation,  et  encore  moins  le 
développement  d'une  donnée  systématique.  11  n'est  pas 
l'œuvre  de  ({uelques  hommes.  Il  s'est  formé  à  la  longue,  et 
comme  au  hasard  des  circonstances.  Il  a  pour  auteurs  tous 
les  peuples  qui,  successivement,  sont  venus  s'établir  dans 
notre  pays,  toutes  les  races,  victorieuses  ou  vaincues,  dont 
le  mélange  a  produit  la  nation  française. 


1.  S<uif  quelques  rai'es  moilificalions  ([u'ori  n'a  p.is  cru  pouvoir  se  disfjeii- 
sei'd'y  apporter,  le  texte  qui  suit  esl  celui  ([u  Aui^uste  I^ouj^uou  ;»\ail  léili^c 
en  vue  de  sa  ieçyu  ilu  jeudi  5  déceuibre  ISS',1  au  Collège  de  Fiaucc,  cl 
qu'il  pai'aît  avoir  ensuite  relouché  pour  l'adapter  à  sou  onseigiieuieut  de 
ri-Volc  des  llaulcs   l'iludrs. 

Les  i!iiin:i  'Ir  Uni.  I 


I)  27ryt-i 


Des  éléineiil.s  si  divers  par  leur  urii^ine  ne  le  soiiL 
pas  moins  par  leur  sii^^nificaLion.  Ils  indiqueiil  lanlol  la 
coiuiLTuralion  ou  la  nalnre  du  sol.  (antôl  les  espèces  ani- 
males ou  véi;étales  qui  v  vivent,  d'autres  l'ois  la  deslinalion 
(jue  les  lieux  ont  reçue  du  l'ail  des  liomnies  ;  ou  bien  encore 
ils  nor.s  ont  cop.servé  la  mémoire  d'anciens  événements  ou 
le  iioui  des  personnages  par  qui  les  centres  de  population 
t'iiroi\t  vTrés  ou  Iranst'ormés  :  de  sorte  que.  dans  la  nomen- 
ei.ilure  d'nu  pays  comme  la  France,  le>  renseigne- 
!Mejil>  aboivlenl,  non  seulement  pour  le  linifuiste, 
ni.u>  aussi  pour  riiist(jr!en,  pour  l'archéologue  et  pour 
l'économiste.  \)uaut  aux  mots  dont  le  sens  nous  écliappe 
(el  il  en  est  encore  beaucoup),  ils  sont  eux-mêmes  utiles  à 
riiîslo;i'e,  parce  (pie.  si  l'on  en  ignore  la  siguirication.  on 
sait  parlois  cependant,  grâce  à  leur  structure,  à  quel  peuple 
ou   les  doit. 

l'ne  source  où  il  y  a  tant  à  puiser  n'est  pas  sans  avoir 
éle  déjà  mist'  à  contribution.  Elle  a  servi  à  la  plupart  des 
érudils  Au  temps  passe,  mais  d'une  manière  tout  à  fait 
accidentelle  et  rarement  intelligente.  Adrien  de  \'alois.  dans 
sa  Xodft.'i  CiiUhiniin,  publiée  en  1G79,  et  l'abbé  Lebeuf. 
dans  V {li.sloire  de  hi  ri/lc  el  de  loul  le  diocèse  de  Paris,  qui 
date  du  milieu  du  xvui^'  siècle,  sont  les  seuls  auteurs  qui 
aient  tiré  nn  parti  raisonnable  de  ce  moyen  d'information 
ilonl  ils  avaient  ac({uis  le  juste  sentiment  par  une  Icmgue 
habitude  el-beaucoup  tie  pénétration  ;  encore  le  second, 
parfois  bien  aventureux,  ne  doit-il  être  consulté  qu'avec 
beaucoup  de  circonspection. 

Ce  n'est  guère  avant  le  milieu  du  xix''  siècle,  ([u'on  a 
eounnencé  à  l'aire  une  étude  spéciale  des  noms  de  lieu.  Un 
erudit  d'espril  très  cultivé  et  de  sens  droit,  Auguste  bc 
Prévost,  a,  eu  1^(3U,  tracé  la  voie  qu'il  convenait  de  suivre, 
en  l'éunissanl,  sous  la  forme  d'un  dictionnaire  ',  avec  Téqui- 


I.    Diclioinuiire   dex   anciens    fuiiiis    île    lieu     dit    ili'iiiir!''iinnl    île    ilùin 
i'Mciix,   is:i',i.  in-rj. 


valt'iil  modci'iu-  à  colé,  les  iioius  anocii.--  dis  luciililt'^  liii 
(lùpailoineiil  de  rEuro,  lois  (lu'il  les  ;ivaii  ireiu'illis  dans 
les  vieux  textes  eL  surlouL  dans  les  rharlfs.  Des  (.nuages 
conçus  dans  le  mcnie  espn't,  mais  ciiU'éi'eiils  dans  lei;i'  dis- 
position, ont  paru  depuis,  consacrés  aux  réoions  les  plus 
diverae?  de  In  France.  Enfin,  un  réjK'i'loiie  i^i-neral,  (pu 
doit  enii)i'assei' LouLe  la  France,  enlrepris  il  \  a  |)!iis  de  cin- 
quante ans  par  ordre  du  ministre  de  rinslruclion  pubinnie, 
le  Diflionnuire  lopn(/r;ip/nque  (/e  la  France,  ron/prc/iaji/ 
te.s  nomsdc  lieu  luicicus  cl  modernes,  est  aujnin-d  Imi  publie 
pour  vingL-se[)t  déparlements  '.  J.es  index  j^eoj^-rapiiupies 
(les  nombreux  cartuiaires  publiés  depuis  un  denii-^ierle  ' 
apportent  une  non  moins  utile  coiUributinn  à  l'eliide  i\i^~, 
noms  de  lieu  que  les  dictionnaires  dont  nu  \  i^.nl  de  j>arl(r; 
ils  sont  môme  en  quelque  aorte  plus  précieux,  ])aree  (juils 


1.  Voici  rèniimération  de  ces  (lôp.irlomiMils,  le  n,)i,i  .le  (-li.irun  l'hnil 
Bcooinpnf,'!!!),  cnU-e  pareiillièsos,  du  nom  de  l'iiiuoin-  cl  ik'  l.i  .ImIo  <\o  .inMi- 
catioii  (lu  (licLiommirc  ; 

Ain  (l'iiilipoii,  l'Jlli;  —  Aisne  (Mullori,  1871,^  —  ILuitos-Alpes  J!.,h,;,ui. 
18841  ;  —  Aube  ([^oiiliol,  el  Socard,  187i:  :  Au. le  labix'  S;i!..irtliès.  ['.H-y  ;  -^ 
Calvmio»  (Hippotm,  188,'^);  —  CniiUil  ;Ainé,  IS'IT);  ^  Durdo-iu'  i!o 
(iom-yiics,  187;});  --  Drùmo  ,  Brim-Duraiid,  1^'JI  ;  —  lune  ^m'-  de' lilusse- 
vlllc,  IS78);  —  i:m-c-cl-I,<)ir  (Mcr)et,  ISi'.l);  —  Cai'c!  ((  ionner-l  )iii':in(i. 
1868);  —  llénuill  (Thomas,  I8tij);  —  II(ii)te-i,oire  (Ghiissiiiiig.  et  .lacoliii, 
1907);  —  Manie  (Loiiffiion,  1801);  —  Ilaule-Marae  (iîoserol,  1003,;  — 
.Mayenne  (Mailro,  1858);  —  Mcurtlio  (Lepagc,  ISO'i'';  •  Meuse  M.i.'iuird, 
1872)  —  Morbihan    (Uosen/.weiy,   18701;     -    Mo>;elle   ide  l'.onlciMer,   :S7r: 

—  Nièvi-e   (de  Snultrait,   J86."))  ;   —    l\is-de-Calais    jc''--    de    l.i.l^ne,"    l'JdSi" 

—  Hasses-Pyi'énéos  (Raynioiul,  ISO.'i)  ;  —  lianl-lildii  Stcllel,  IKOSi;  — 
■'iciine  (liédel,  1880;  ~  Yonne  (Quniilin,  IS(Vi).  -  SuiiL  souh  piesVe.  ,'i 
l'iicure  aeluûlie,  les  cliolionnairos  du  Clier  cl  de  l.i  Cuto-d'Oi';  en  mdie,  un! 

i-s- déposés  aiiMinisIère  do  l'Instruction  publicpie  les  iii;i;iuseiils  des  die- 
oiinaires  d'Illc-cl-Vilaine,  de  la  Sarllie,  île  Seine-el-Mni  ne  (I  des  Vosj.'es. 
Divers  travaux  conçus  dans  le  uiènie  ■■sprll  (>nl.  éli'i  pnbln's  en  deliorsde 
felle  collection  oiTiciellc  :  les  principaux  se  iM|ipoi!.eni  :in\  di'p.irlernenls 
de  l'Indre  (Euf,'.  Hubert,  18811),  d'Indre-el-I.oire  (Carn'-  de  Hnsseiollc,  IK-jS- 
1884-),  <le  la  Loire-Iuféricui-o  (Quilf^nrs,  l'JOT),  de  Maine-ei-l.oire  i  PorI , 
IH7V-IS78),  de  lu  Savoie  ;Vernior,  iS'.u;  .  des  Deux-Sèvres  il.edain  et 
Dnpond,  tilO-2},  de  la  Somme  î.Iaecpies  Ciarnier,  ISf>7-IS7S,  dans  .U.</;,  ,/.•  la 
Soc.  lies  Andij.  lit'  l'ir.inlir.  .'i"  série,  t..   I  el  IV). 

2.  U.  ^tw\,  Diblioç/ruphi,'  rjihirndc  dc^  c^irtiiliira:  fi-uirnia  .(onie  IV  (le 
la  collection  dos  A/anue/s  de  liiblior/ruphic  histori'/iic  IVn-is  Mpi,  l'i,-,r(' 
l'J07.  in-8"';. 


l'ournissenl  ^i^énéralenietiL  les  formes  les  plus  anoiennes,  el 
pai'lanl  les  plus  iploressautes.  «.les  vocables  géo^iraphiques. 

D'autre  pari,  queUiues  iuivraL,a;s  oui  élé  eousaerés  par 
divers  érudils  à  rélucie  de  la  foruialion  ou  de  la  signiiica- 
tion  des  uoms  de  lieu.  Tels  eonl,  par  exemple  : 

Ilouzé,  Etude  sur  lu  signification  des  noms  de  lieu  en 
France  [ï^^'t,  iu-8°,  1  iO  p.).  L'auleur  de  ce  livre  éludie 
(piekjues  séries  de  vocaMes  topoijjraphiques,  en  preuanl 
pour  poiul.dc  départ  l'explicalion  d'un  nom  de  lieu  déler- 
miné  ;  possédant  à  fond  les  travaux  de  Valois  e(  de  Lebeuf, 
et  doué  d'un  grand  bon  seifs,  il  arrive  à  des  résultats  vrai- 
ment étonnanis  pour  le  temps  où  il  écrivait. 

(Oniclierat,  l)c  la  formation  française  des  anciens  noms 
de  tien,  traité  prali<iue  suivi  de  remarques  su/-  des  wjuis 
de  lieu  fournis  par  divers  documents  (I8G7,  petit  in-8°, 
I7G  pages).  Ouvrage  dont  l'éloge  n'est  plus  à  fa.ire,  mais' 
auquel  on  aurait  tort  de  se  lier  (.■onq)lèlemenl. 

11.  Cocberis.  (h-iijine  et  forma fin/t  des  noms  de  Iwu 
(ilST'i,  in-l'i,  "iTC)  pages;.  (a-I  ouvrage  u  pour  autour  un 
ériidit  auquel  on  doit  d'esliinribles  lra\aux  ;  niai-^.  appareni- 
ment  plus  complet  et  plus  melliodique  que  les  livres  men- 
tionnés précédemmeul,  il  doit  être  consulté  avec  une 
grande  méllance  pour  louL  ce  qui  appartient  en  [)ropre  à 
son  auteur. 

FI.  d'Arbois  de  Jubainville,  liecherclies  sur  l  origine  de 
la  pnijjricté  foncière  el  des  noms  de  lieux  haljitrs  en  France 
(ISOlJ,  in-8"i  ;  cet  ouvrage  renferme  surtout  de  jM'écieuses 
données  sur  les  vocables  géograpbiqucs  formés  en  Gaule,  à 
l'époque  romaine,  sur  des  noms  propres  de  personnes  et  des 
noms  de  proju'iétaires. 

L'étude  de  la  signilicatu>n  des  noms  de  lieu  repose 
aujourd'hui  sur  des  bases  assez,  solides.  On  ne  se  conteute 
plus,  comme  le  faisait  Bullet  il  y  ,a  un  siècle  el  demi,  de 
dépecer  les  noms  de  lieu  en  autant  de  morceaux  qu'ils  ont 
de  syllabes  —  sans  paraître  se  douter  des  altérations,  parfois 
si  <rraves,    (lu  lis    ont  subies  au    cours   des  siècles  —  el,   ce 


A\A>T-r'ii(ii'ns 


(K'pècemeiil  opéré,  de  chercher  la  sij^nilicaliun  de  chacune 
de  ces  parties  du  nom  dans  un  prétendu  langage  celtique, 
qui  n'a  rien  de  coninuin  avec  celui  qu'ont  étudié,  de  nos 
jours,  MM.  d'Arbois  de  Jubainville,  Gaidoz,  Loth  et 
l'.'ruaull.  La  seule  méthode  vérilablcnient  scientifique  con- 
siste à  rechercher  les  formes  anciennes  tle  chacun  de  ces 
noms,  ou,  à  leur  défaut,  les  formes  anciennes  sous  lesquelles 
les  anciens  documents  désignent  quelque  localité  honio- 
nyme,  et  l'on  part  de  là  pour  eu  déterminer  le  sens,  à  l'aide 
(les  langues  successivement  parlées  par  nos  ancêtres.  Par- 
lois,  c'est  l'étude  comparée  de  tous  les  noms  de  lieu  d'une 
région,  aujourd'hui  française,  qui  permet  d'arriver  à  l'éty- 
inologie  d'une  série  importante  de  voccddes  géographiques. 
Les  progrès  accomplis  depuis  un  demi-siècle  dans  les 
(■•Indes  de  philologie  en  général,  et  de  philologie  celtique 
l'u  parliculiei',  lu'  soui  pas  sans  utilité  pcnir  ce  genre 
(l'éludes. 


OUIGINKS     G1\KCQUES 


Los  lUMiis  lie  heu  acliiels  du  terrilo'ue  frain-ais  no  nou'. 
a|i[)roiineut  rien,  pour  ainsi  dire,  sur  les  colonies  que  les  Grecs 
ou  les  Phéniciens  formôrenl  jadis  en  Gaule,  et,  senible-t-il, 
prcsipe  exclusivement  dans  la  Gaule  méridionale. 

1.  Pour  les  Grecs,  par  exemple,  leur  plus  imjiortante  colunie 
(le  Gaule  fut  Marseille,  fondée  par  les  Phocéens  vc-rs  l'un  r.(i() 
avant  notre  ère;  or  le  nom  ancien  (K'  cette  ville.  "Wyjr.à.'.j  'Mi 
1,'ree,  M  a  ssi  lia  ±?n  latin,  n'est  peiit-élit!  pas  d"o(  ij;i:ie  g-rccque  :  il 
est  possiI)le  que  ce  soit  simi)lemcnt  un  nom  indigène,  par  oxeuiole 
lij^ure,  puisque  ^îarseille  fut  fondét;  dans  une  tonlrée  où  donn- 
naient  aloi-s  les  Li;^iu-es. 

Quelques  noms  ^éoL;r;q)hiques  d'orii^ine  i;ieeipii.'  ';ont  mention- 
nés et  appliqués  à  des  localités  de  GanK',  par  danciens  a.uleurs 
^M'ecs  ou  latins,  mais  tous  désignent  îles  localités  situées  .sur  1,'s 
cotes  de  la  Méditerranée.  Tels  sont,  par  exemple,  Athenopolis, 
Portus  Herciilis  Monoeci,  Nt/x'-a,  'Avti.-:>,'.ç,  '\\-yJi-r^.  '.Vjc;- 
l'.T.x:. 

2.  Athenopolis,  la  ville  de  Minerve,  localité  dont  le  nom 
ne  paraît  pas  avoir  subsisté,  et  dont  la'situation.  tpii  n'a  [las  été' 
déterminée  d'une  fa(,'on  certaine,  répond  peut-être  ii  c-elle  de 
Saint-Tropez  (Var). 

3.  Portus  Herculis  Monoeci  était,  ce  nom  l'indique  sulli- 
saminent,-Ie  port  consacré  à  'Iipay./.f;ç  MoviT-/.:;,  dénomination 
i,n-ecque  d'un  Hercule  solitaire  ([ui  n'est  autre,  parait-il.  :]\\e 
rilercule  tyrien,  c'est-à-dire  le  dieu  phénicien  Mclkailh.  G'rsi 
aujourd'hui  Monaco,  que  l'on  désignait  encore  au  xvn'"  siècle  sous 
le  nom  de  Mouryiies  ou  Mourguez-  '. 

Deux  autres  localités  de  la  même  région  étaient  dédiées  ■^ 
Hercule,  à  en  juger  par  leur  noni  d  '  îleraclea. 


\.   Voir   !1.    Bouche,  La  i-liorngrnphie   on    <lrscrii>tloii    'ic   Pruvrncf     Aiv, 
ITiGi,  "2  vol.  iii-l'ol.\  •^i.TssÙM. 


f 


4.  L'une  (1  ollos  (H.iil  situei^  (.■rdit-ciii,  \  ci's  Siiinl-dillrs;  (  GarJ), 
c'esl-k-dire  à  1  ouest  de  reii\!i(iucliuie  Ju  !"îhriiic. 

5.  L'autre  es^t  Heraclea  Caccabaria,  qu'on  a  pUicée,  non 
sans  vraisemblance,  au  sud  de  Saint-Tropez,  vers  la  baie  de 
Cavalaire. 

On  est  assez  porté  à  considérer  ces  deux  Heraclea,  de  même 
que  Monaco,  comme  d'anciens  comptoirs  phéniciens  cpii  auraient 
ensuite  passé  aux  Grecs. 

6.  Niy.aia,  nom  grec  reproduit  par  le  latin  Nicaea.  désigne  la 
ville  de  Nice.  Ce  nom.  i[ui  signifie  littéralement  i<  la  victo- 
rieuse »,  s'appliquait  peut-être  originellement  à  un  sanctuaire 
de  la  A'ictoire,  NtV.r,,  à  moins  qu'il  ne  s'ap"isse  Ici  de  Minerve, 
ou  plutôt  de  Pallas,  (|ui  était,  on  le  sait,  htmorée  sous  ce  surnom 
dans  la  citadelle  de  Mégare.  en  Attique. 

1.  'AvTt-c/.i;,  c'est-à-dire  <.  la  ville  d'en  face  i-.  devait  son  nom 
à  sa  situation  opposée  à  celle  de  Nice,  de  mènie  que  la  ville 
actuelle  de  Tortose,  en  Syrie,  située  en  face  de  l'île  d'Aratlus,  fut 
jadis  appelée  Antaradns.  C'est  la  moderne  Antibes,  en  pro- 
vençal Antiboul,  ce  dernier  nom  accentué  sur  la  seconde  syllabe. 

8.  'AviO/;,  (jui,  comme  Nice  et  Antibes,  était  à  l'origine  un 
comptoir  marseillais,  est  aujourd'hui  la  ville  d'Agde  (Hérault). 
Suivant  Timosthène  que  cite  Etienne  de  Byzance.  le  nom  com- 
plet de  cette  localité  aurait  été  "AvjtOr,  T>/v;,  c'esl-à-dire  «  Bonne 
Fortune  ». 

9.  Aspco'.crwç,  c'est-à-dire  ((  lieu  consacré  à  Vénus  »,  e.st  le 
nom  qu'Etienne  de  Byzance  donne  à  Port-Vendres  (Pyrénées- 
Orientales)  dont  le  nom  actuel  dérive  du  latin  Portus  "Veneris 
au  même  titre  que  vendredi  de  X'eneris   dies. 

10.  Tels  sont  les  quelques  vocables  géographiques  d  origine 
grecque  qui  ont  pu  être  relevés  sur  notre  pays.  Ce  modeste 
ensemble  n'a  pas  suffi  à  certains  esprits  qui,  ^■oulant  voir  en 
Gaule  de  plus  nombreux  vestiges  de  colonisation  grecque,  ont 
cru  trouver  satisfaction  dans  certaines  régions  avoisinant,  les 
unes  l'Océan  Atlantique,  les  autres  l'embouchure  de  la  Somme. 
Les  noms  géographiques  sont  ici  les  seuls  témoins  invoqués  :  eii 
l'espèce,  ils  ne  prouvent  pas  grand'  chose.  Sans  doute,  dans  les 
départements  des  Landes,  du  Gers,  des  Basses-Pyrénées  et  des 
Hautes-Pyrénées,  un  assez  grand  nombre  de  villages  ont  leur 
nom  terminé  en  os,  Athos,   Pissos,  Ihos;  mais  la  terminaison  de 


nmr.iNi'is  Gi!r;(:oui':s 


r.-s  noms,  correspondant  ;i  une  syllalie  accenluée  du  nom  primi- 
lil,  est  sans  rapport  avec  la  terminaison  grecque  -c:  cjui  n'aurait, 
.'11  irançais,  pas  laissé  plus  de  traces  que  les  terminaisons  latines 
-us  et  -um,  appartenant  à  des  syllabes  post-ioniques. 

Les  prétendues  preuves  de  ccdonisation  grecque  vers  l'embou- 
cluire  de  la  Somme  ne  sont  pas  plus  convaincantes.  Il  se  peut 
que  le  nom  primitif  de  Saint-Valerv-sur-Somme  soit  Leuconaus, 
comme  le  dit  la  Vi/a  Sc-inc/i  Walarici,  écrite  au  vii^  siècle  ;  mais 
c'est  à  tort  qu'on  voudrait  reconnaître  dans  ce  vocable  deux  mots 
jurées,  l'adjectif  Xîuy.i;,  h  blanc  »,  et  le  substantif  vau;,  «  vais- 
seau ».  La  terminaison  du  nom  Leuconaus  n'ofTre  qu'un  rapport 
fortuit  avec  le  mot  grec  vtj;  :  ce  nom  paraît  formé  à  l'aide  d'un 
suffixe  -avus  (réduit  de  bonne  heure  à  -aus),  qu'on  trouve  dans 
certains  noms  de  lieu  de  la  Gaule,  tels  Andelaus,  Merlavus, 
Vertavus,  et  notamment  Vinimaus  ctTellaus,  ces  deux  der- 
niers noms  désignant  deux  ré^-ions  peu  éloi,o;nées  de  Saint-Valerv, 
le  Vimeu  et  le  Talou. 

Il  convient  donc  de  ne  pas  exagérer  la  recherche  d'éléments 
grecs  dans  la  toponymie  française,  d'autant  plus  que  les  anciens 
noms  grecs  qui  se  sont  perpétués  jusqu'à  nous,  tout  comme  les 
mots  qui  du  latin  sont  passés  dans  notre  langue,  ont  été  altérés 
de  telle  façon,  que  leurs  formes  modernes  n'offrent  rien  qui 
accuse  leur  origine,  et  sont  presque  méconnaissables,  ainsi  qu'on 
l'a  vu  par  l'exemple  d'Agde.  d'Antil)es.  de  Nice  et  de  .\[niirrin,'.^. 

l 


(M^KtINES     PHENICIKNNKS 


11.   Les  noms  de  lieu  n'apprennent  rien  sur  les  colonies  phéni- 
ciennes qui  ont  pu  ou  même  qui  ont  dû  exister,  à  une  époque 
antérieure  à  la  fondation  de  Marseille,   dans  le  voisinage  de  la 
Méditerranée.  Il  est  vraisemblable  que  la  plupart  des  établisse- 
ments grecs  dont  le  nom  rappelait  celui  d'Hercule,  sont  d'anciens 
comptoirs  phéniciens  passés  aux  Grecs,  et  que  le  nom  d'Hercule 
évoq\iait  là  le  souvenir  du  personnag'e  mythologique  que  les  Grecs 
appelaient  l'ilercule  tyrieu,  et  que  les  Tyriens  —  qui  ont  porté  son 
cuite  à  Cadix,   à  INIalle   et  ci  Carthage  —  nommaient  Melkarth. 
Mais  il  est  périlleux  de  vouloir  distinguer,  parmi  les  localités  de 
la  Gaule  dont  les  écrits  de  l'antiquité  nous  ont  tran.=;inis  les  noms, 
celles  dont  les  vocables  peuvent  dériver  de  quelque  lang-ue  sémi- 
tique. Par  exemple,  dans  le  nom  de  Ruscino,  qui  désigna  tout 
d'aboi'd  CastcU-Hossello,  près  de  Perpignan,  en  attendant  que  le 
nom  de  Roussillo'îl  fut  appliqué  ô  un  comté,  puis  à  l'une  de  nos         •  '. 
provinces,  on  a  voulu  voir  la  racine  ras,  qui  figure  dans  bien  des 
noms  géographiques  africains  d'origine  punique  (Kusadir,  Uns-        v  '■ 
gunia,  liusuccurum),  et  dont  lesens,  identique  à  celui  de  rcs, 
si  fréquent  dans  les  dénominations  géographiques  d  origine  crabe,        ?  .- 
réjiond    au    fi-amais  <■    cap   »  ou  «  promontoire  •»  ;  mais,   outre 
que  la  position  de  CastclMtosscUo,   même  s'il  s'était  produit  un         '  j 
changement  important  ilans  la  couliguration  du  littoral  méditer- 
ranéen, ne  penv.et  guère  celte  conjecture,  le  rapprochement  est        .;• 
peut-être  tout   fortuit.    Il    sei-ait   plus   raisonnable  de    dire  que 
Ruscino    se     rapprociie    par    sa     terminaison    de    Barchino,  i 

aujourd'hui    Barcelone,    ville    d'Espagne   certainement   d'origine 
punique,   puisqu'elle  a  été  fondée  par  Amilcar  Barca,   vers  230 
avanL  .I.-(^..   i{ue  son  nom  paraît  bleu  avoir  été  formé,  à  l'aide         J 
d'un  suflix'c  punique,  sur  Barca.  Ixuscino  procède-t-il  pareille-        f  j 
ment  d'un  !'.-..n  d  iuimme  te!  que  l'usct'!  On  ne  peiit  que  le  sup-         ] 
p^wcr.  k 


0(;ii;iM,s    l'IIKMCIE>NES  I  1 

Los  noms  piiénu'iens  ou  j)unic[ues  ne  doivenl  d'aillciu's  pas 
avoir  été  très  nombreux  en  Gaule  ;  et,  comme  les  moaumcuLs  de 
l'antiquité  ne  nous  en  font  connaître  aucun  dont  le  caractère 
ethnique  soit  certain,  il  faut  se  gcirder  d  en  chercher  des  vestiges 
sous  les  formes,  souvent  si  trompeuses,  de  la  nomenclature 
gcog^raphique  moderne  de  notre  pays. 


m 

ORIGINES     LIGURES 


12;  Les  Lij,''ures  qiii,  lurs  de  la  cout[uèto  romaine,  occupaient 
les  régions  alpestres  de  la  Uaute-Ilalie  et  de  la  Gaule,  semblent 
avoir  dominé  jadis  sur  une  bien  plus  grande  étendue  de  pays. 
En  effet,  selon  Justin,  rpii  n'est  que  l'abréviateur  de  Trogue- 
Pompée,  historien  latin  contemporain  d'Auguste  et  originaire  de  1 

la  cité  des  Voconces,  c'est  «  inter  Ligures  et  feras  gentes  H 
Gallorum  »,  sur  le  territoire  des  Segobriges,  que  les  Phocéens  ^^ 
auraient  fondé,  vers  l'an  (iOU  avant  J.-C.,  la  ville  de  Marseille.  tj 
Festus  Avienus,   qui  écrivait  à  la  iin  du  iv^  siècle  de  notre  ère,  4 

en  saidant  de  documents  postérieurs  d'un  siècle  environ  à  -^ 
la    fondation  de   Marseille,  dit   que    le   Rhône   Cormiiit  la   limite  f 

entre  l'Ibérie  et  les   rustiques  Ligures.   Cependant  on  a  lieu  de  j 

croire  ([u'il  y.  avait  des  colonies  ligures  au  nord  des  Pyrénées,  si  ! 

même  à  un  moment  donné,  ce  peuple  n'a  pas  occupé  le  pays  l\ 
situé  entre  ces  montagnes  et  le  Rhône  :  le  souvenir  en  subsiste  ■ 

dans  le  nom  de   Livière,  porté  par  une  plaine    voisine  de   Nar-  ] 

bonne,  que  Grégoire  de  Tours,  dans  son  LiLer  in  gJoria  marty-  Jj 
runi\  désigne  sous  le  nom  de  Liguria.  \.. 

Suivant  l'opinion  des  savants  modernes  qui  se  sont  occupés  ■ 
d'ethnographie  avec  le  plus  de  succès,  MùllenhoU'en  Allemagne,  | 
d'Arbois  de  Jubainville  en  France,  les  Ligures  seraient  venus  y 
des  régions  de  la  mer  du  Nord,  chassant  de\ant  eux  les  Sicanes,  ^ 
établis  alors  en  Gaule,  qu'ils  poursuivirent  jusqu'en  Italie,  où  ces  1 
derniers  ne  purent  d'ailleurs-se  maintenir.  Fa  un  mot,  les  Ligures  j 
auraient  dominé  quelque  temps  jusque  vers  les  confins  de  l'Etru-  ^ 
riej  et  même  fondé  en  Espagne  une  colonie  dont  l'emplacement  ^ 
est  difficile  à  déterminer,  mais  qui  aurait  compris  la  région  avoi-  ij 
sinant  les  sources  du  Betis,  c'est-ci-dire  du  Guadalquivir  actuel. 
En  Gaule,  ils  durent  cédei'  le  pas  aux  populations  celtiques  qui  y 
arrivèrent  cinq  ou  six  siècles  avant  1  ère  chrétienne. 

1.    Montimenta  (u'nnaniup  l\hliirii-;i.  S,  lijilm-i'x  ri'rnni  nif>r(jrln(/ir;irin)i,  I, 


IKK.INKS     l.HH.'liliS 


13 


La  lanyiie  des  Liyures  s'est  perihie  sans  laisser  de  traces  bien 
apparentes,  et  aucune  inscription  ligurienne  n"a  été  troiivée  dans 
les  iVlpes  maritimes,  qui  furent  comme  le  dernier  refuge  de  leur 
indépendance.  Cependant  un  possède  ([uelcpies  données  sur  des 
iinnis  propres  qui  peuvent  être  altrilmés  à  cette  nation. 

13.  Un  texte  épii,'rapliique  '  remontant  à  l'an  I  17  avant  J.-G. 
et  trouvé  dans  la  Valle  di  Polcevera,  près  de  (lènes,  soit  en 
pleine  Lig-urie,  est  particulièrement  instructil  à  cet  égard. 
He[)roduisant  une  sentence  arbitrale  prononcée  par  les  frères 
Minucius  entre  les  Génois  et  les  ViLur'd.  il  renferme  des  noms 
propres  de  populations,  de  villages,  de  forteresses,  de  montagnes, 
de  vallées,  de  cours  d  eau,  et  parm:  ces  appellations,  au  non\l)re 
(le  vingt-neuf,  on  distingue  les  noms  Neviasca,  \  inelasca  — 
ré|K'té  sous  la  forme  \'inelesca  —  Veraglasea  et  Tutelasca, 
tous  appliqués  à  des  cours  d'eau.  Le  sullixe  -asca  qu  ils  pré- 
sentent, et  dont  on  const;iLe  ainsi  la  fréqueuee  relative  dans 
celle  inscription,  peut  ctie  d'autant  mieux  considéré  comme 
parliculiei'  aux  Ligures,  ipi  on  ne  le  i-encontre  dans  aucune 
des  langues   de  ri'lui'ope  occidentale  cjui  nous  sont  connues  •'. 

11  est  impossible  de  ne  pas  reconnailre  dans  le  suffixe  -asca 
la  forme  féminine  d'un  .suflixe  encore  vivant  dans  la  Haute-Italie 
l't  dans  la  région  al[)estre,  oii  on  l'emplou^,  pruu'  la  formation 
d'ellmiques  tels  que  Lcrt/anuisqiic,  crétnusijue,  inoni'<j nuque,  mots 
italiens  francisés  qui  désignent  les  habitants  tle  lîcrga.ine,  de  Creine 
l'I  de  Monaco.  La  forme  masculine  parait  dans  les  noms  de  lieu 
.\reliascus  et  Caudaliascus,  qu  on  lit  dans  la  Talilc  alinientuirc 
lie  Veleia,  docunumt  épigraphique  de  ranciennc  l'itrurie  ''.  Ce 
.Millixe  étant  à  Ixm  droit  considéré  comme  ligure,  ou  a  intérêt  à 
rceliercher  s'd  a  laisse  des   traces  en  l''rance. 

Dm     [)cut     répondi'e    aflii  inativement     à    cette     cpuîstion     par 


I.   Corpiti  in$criiilionnin  l.ilinaruin,  V,   886. 

'1.  La  niênio  inscripLion  pre-seiiLc  dautres  sulTi.ves  de  noms  de  lieu,  tels 
(Hie  -cniia,  -inus,  et  -alis  ou  -aies,  qu'on  pcul  au.ssi  attribuer  aux 
Lilt^uros  ;  mais  les  deux  derniers  ne  leur  étaient  [)as  spéciaux,  car  ils  so 
ictroiivent  dans  d'autres  lan;;ues  iiido-euiopéoiuies  ;  r(uanl  à  -eniia.  il  esl 
•Ufllcile  ;<  reconnaître  dans  les  formes  niédicvale^  tui  modernes  des  noin-s  de 
liL-u  ;  on  n'en  lieudra  donc  pas  compte  ici. 

;).  Ces  deux  vocables  fignrent  à  la  page  xvii,  liyiie  21,  du  texte  de  la 
liiLulu  ulimerUaria  Veleialium  qu'li^rnest  Debjdrdins  a  donné  i»  la  suite  de' 
»i  llu''r>e  dedoeloraL  iJi'  lalnilia  .ilinii'nlufus,...  (Paris,  IK.'it,  in-'t"). 


1i 


l.i;^    MUM.-(     HK     I.IKU 


l'examen  de  deux  précieux  docuiaenls  de  hi  période  IVanquc 
intéressant  le  pays  compris  entre  le  lîhnno  inl'érii  ur  el  les  Alpes, 
o"esl-i(-dire  le  Ti-stanient  du  pal  l'ice  Al>liou,(pu  daLede7;il)  ',  et  le 
PolypLit[ue  de  l'éylisede  Marseille-,  rédiyé  vers  .SUi,  sousTévèque 
Wadald.  Le  premier  de  ces  textes,  dans  lequel  sont  énumérées 
d'assez  nombreuses  localités  de  la  Provence,  du  Dauphiné  el  des 
rég-ions  voisines,  en  mention/io  au  moins  quatre  d(jnt  le  nom  est 
terminé  en  -a  se  a  ou  -ascus  :  Anncvasea,  CiMvasca,  Bar- 
ciaseus,  Bicorascus  ;  et  sept  autres  présentant  le  suffixe 
-oscus,  qui  [jarait  n'êlre  (pi'une  variante  du  précédent:  Alba- 
rioscus,  IJonnoscus,  Cattaroscus,  Cravioscus,  Lavarios- 
cus,  Lavarnoscus,  Riaeioscus,  Quant  au  Polypticpie  de 
l'église  de  Marseille,  on  y  rencontre  .Mbarascus.  Albaroscus, 
Albioscus,  Curioscus,    Dailosea.   Lebrosea,  Mainosca. 

On  ne  eunnaît  malheui-eu-ement  |)as  tnujou^s  l'équivalent 
moderne  de  ces  vocables. 

Aux  deux  suflixes  pres(|ue  analotrues  -ascus  et  -oseus,  il 
faut  sans  doute  en  jointlre  un  troisième,  -uscus,  cjui  termine, 
dans  Pline  et  dans  Plolémée,  le  ituin  d'unn  population  alj.estre, 
donc  vraisemblal^lement  ligure,  les  lîugasci.  Il  sciait  iiunrudent 
d  ajouter  à  ces  trois  suflixes,  les  suHixes  -csr  el  is'\  (pii  complé- 
teraient la  gamme  vocale,  car  ces  deux  dernieis,  lorsqu'ils  se  pré- 
sentent dans  les  noms  de  lieu,  proviennent  le  plus  souvent  d'un 
suffixe  gernnniique,  subsistant  dans  l'allemand  -i.ick  et  dan» 
l'anglais  -i.s7/.  (pii  caractérisent  surtout  des  adjectifs  ethniques. 
Pour  ne  pas  risipier  d'attiibuer  une  orij^ine  ligur<'  ;i  des  noms  en 
ré;dite  germaniques  (.n  s.  un-^ermaïuciiie:,,  il  faut  donc  n'admeltn' 
])Our  ligui-es  ou  sciin-ii^iue-,  ((ue  des  voeahles  dont  le  suflixc 
était  originelliMnrnl  -.-isc.  -rsc  ou  -usr. 

14.  l']n  disant  <•  ligures  ou  semi-ligures  <>,  on  entend  bien  préci- 
ser que  les  noms  dans  lesqiuds  on  recmmaît  ces  sulHxes,  sont  loin 
de  renmnter  tous  aNcc  certitude  a  la  pi'rind.'  liguiiemu'  du  passe- 
de  hi  France  nu-iàdionale,  c;u'  l'un  de  ces  suflixes  est.  on  vient 
de  le  voir,  usité  de  nos  jours  encore  pour  la  formation  d'adjectifs 


1.  l'ardossns,  Diplaninln,  i  I ,  ;<7i)-37,s. 

2.  f'ubJié  cil  IS.'JT  |uu'  Guérunj,  à  j:.  M.ule  <Ui  i:.ir/iil:uir  de  i.i.hh.njc  i/<: 
Sutul-Viclor  de  ^H'-acilli-,  a.uis  1,.  i.  l.\  (p.  iV.\:i-i\:,  Vi  de  l:i  CulL^choii  du^  car- 
lultiiref:  (/(■  l''r::iit-<\ 


OllK.INKS     Lli.l  l;K: 


ethniques  dans  la  liauLe-italic.  Los  sullixes  liyures  paraissent 
être  restés  en  usag-e  pcnir  la  forma! ion  des  adjectifs  à  l'époiiiie 
romaine,  et  sans  doute  môme  à  l'époque  franipie,  dans  les  puvs 
précédemment  habités  jiai'  les  Ligures,  et  dans  lesquels,  pur 
conséquent,  leur  langue  avait  été  usitée.  Par  un  pliénomi-ne 
dont  on  peut  citer  d'autres  exemplos,  le  suflixe  -asr  survécut  à  la 
langue  à  Lupiclic  il  appartenait.  Le  l'ail  est  d'ailieurs  parf;ulement 
établi,  gi'àce  à  une  disserta ti(U)  sur  certaines  formes  de  noms  de 
lieu  de  la  Ilaute-ltalie,  qu  un  érudit  italien,  .loan  Flecliia,  a  coni- 
niunicjuée  en  lisTO  et  1871  à  l'Académie  ro\nle  dos  .Scli.  nées  de 
Turin  ^,  et  dans  laquelle  sont  énumérés  plus  de  cent  trente  n.oms 
en  -usai  ou  en-  nsco  appartenant  aux  pro\'incrs  italien iies  situées 
au  niirdde  l'i-ltrurie,  et  <{ue  l'on  sait  avoir  elé  c>eeupées,  dans  une 
certaine  période  de  l'antiquité,  p.ar  les  Ligure...  A  côlé  des  noms 
i  A(jli-uscu,    Barl);tri-a.sco.  Contcijli-nscH,  Lisin-n.-..-,,.  ipii  snnt  cer- 

tainement dérivés  des  gentiliccs  ou  noms  de  famille  roniams 
.\llius,  liarbarius.  (^alvinius,  Cornélius  ci  l.icinius.  ci 
(jui  ne  peuvent  dater  ipie  »lc  répocpic  à  laquidlc  la  Li-Liric  élail 
devenue  romaine,  on  trouve,  dans  la  lisle  dres-^cu  [>ar  l'icchia,  des 
noms  manifestement  postérieurs  iil'époijuc  loniainc.  déiivés  cju  ils 
sont  de  noms  d'origine  g'ernuuiique  :  par  exemple  Jlosun-asco  ou 
liosn-asco,  Garibald-asco,  Gejnd-Hsco,  formés  sur  les  noms 
d'homme  Boso.  Garibaldus  et  Gepidus.  Ces  noms  de  lieu 
liguro-lombards  sont,  à  la  vérité,  en  n(nnl))e  relativement  peu 
élevé. 

Sous  réserve  de  ce  qui  vient  d'être  dit  relativement  aux 
noms  de  lieu  formés,  soit  h  l'époque  romaine,  soit  ii  l'é[)oque 
lian((ue,  h  l'aide  du  suff.xe  ligure  -tnc,  il  convient  dexamiiier  les 
noms  (!<•  litni  du  lerrituiie  frain^-ais  doni  la  loi-nie  primitive  était 
PII  -asca,  -ascus,  -osca,  -oscus,  -usca,  -uscus,  alin  d;-  voir 
s'ils  permellont  d'admettre,  avec  les  savants  ethnographes  de 
notre  tem])s.  que  les  Ligures  ont  étendu  jadis  leur  domination 
en  France,  sur  des  pays  autres  que  ceux  où  nous  les  trouvons 
cundnés,  à  l'époque  où  fut  constituée  la  Province  Itomaine. 


1.  Di  alcunr  l'iiinir  tir'  noiui  Im  .di  ilflf  Ili'li.i  supcrinrc,  Jn^rrlnzioni--  Un- 
'/(/is/u'fl,  (UmsiVi'/Noric  r/e//.i  renlr  Accudcutia  Jrllc xcicnze  di  Torino,i"  série, 
XXVn  (1878),  275-374;  mu  sufllxe  -asco  soiil  .s|iécialeriient  consacrées  les 
h.i-es  -Xn  à  3Wi. 


1G 


ij;s   Mi\i^    hi:   1.11:1 


•'} 


>, 


Ces  noms  de  lieu  se  i-eiiccmlreiit  dans  toule  retendue  de  pnys 
comprise  entre  Je  Rhône  et  la  Saône  tl'une  part,  les  i\lpes  et  le 
Jura  d'autre  part.  On  les  trouve  aussi  à  l'ouest  du  Rhône,  dans 
le  VIvarais,  l'Auvergne,  le  IJouer^ue  cl  la  Bouiyogue  ;  en  oulrr, 
on  eu  constate  la  présence  plus  au  nord,  jusque  dans  les  environs 
de  Metz,  si  toutefois  on  peut  faire  état  du  nom  de  Caranusca,  "'* 

que  la  Table  de  Peutinger  attribue  à  ime  station  itinéraire,  située 
entre  Metz  et  Trêves:  et,  du  côté  du  midi,   on   en  rencontre  un  î. 

exemple  dans  le  département  de  l'Hérault.  De  sorte  que  la  topo- 
nomastique  permet  d'afiirmer  que  les  Lif^iires  habitèrent  jadis 
dans  une  vingtaine  au  moins  de  nos  actuelles  circons.^rijilions 
départementales. 

15.  Parmi  les  sufli.xes  caraetéristiqu'-s  de  ces  noms  de  lieu, 
c'est  le  féminin  -asca  qui  est  le  plus  reconnaissable  dans  les 
formes  qu'il  revêt  ordinairement  :  -asque  dans  les  jiavs  de  langue 
d'oc,  -nche  dans  ceux  de  langue  d'oïl. 

Annavasca,  739  :  Névache  (Hautes-Alpes).  I 

Baa^cha,  xu'  s.,  pour  un  plus  ancien  Radasca  ou 
Bagasca  :  Saint-Seine-c!i-Bâche  et  Bauche,  commune  de 
Saint-Symphorien  (Cote-d'Ûr;.. 

Girvascha,  xn'' s.  :  Gillivache  (Isère,  commune  de  Bresson). 

Gratiasca,   m'^  s.  :  Gréasque  (  Uouclu-s-du-lUiône). 

Manoasca,  xii^  s.  :  ManosquG  (Basses-Alpes i. 

oinler  duas  Se  vei'iasca  s  »,  1148:  texte  s'appliquant  à  deux 
afUuenls  du  Drac  (Hautes-Alpes),  la  Severaisse  et  la  Severais- 
sette. 

Vindasca,  iv'  s.  :  Venasqiiy  (VaucluseV  <jui  a  donné  son 
nom  au  Comlat-Venaissirr. 

16.  Quant  au  masculin  -ascus  ou  à  son  accusatif  -ascum, 
s'il  est  généralement  à  peine  altéré  dans  les  pays  de  langue  d'oc, 
on  le  reconnaît  moins  aisément  dans  ceux  de  langue  d'oïl,  où  il 
s'est  réduit  à  :i.  aujovii-illiui  noté  t'e  diverses  façons. 

Avanascus,  123tj  :  Saint-Sixte  d'Avenas  (Hérault). 

Brascus,  ix*^  s.,  chef-lieu  de  la  vicaria  Brascensis  :  Brasc 
(Aveyron). 

Gabanascum,  xin*"  s.   :  ancien  prieuré  du  diocèse  de  Gap. 

M  a  ia  se  us,   ix"  s.  :  Maatz  (Haute-Marne). 

Murasc,  IJÎjT,  de  Marasco,  MH8,  confondu  dès  le  xiv'  s. 
aviX"  marescus  :  Marac  ;  IIauto-^î^rne'h 


i>i',ii,iM-:s   i.i(;ri;Ks  I  / 

l';i  l,iii;i.sciis.   l'pocjue  carolinyionne  :  PailliarèS  (Ardèchci. 

Salaseus.  iV  ou  x''  s.  :   Salasc  'Hérault). 

Soleilhascus  ou  Sol  ei  Ihascuin,  i'orine  basse  :  Soleilhas 
liJasses- Alpes"). 

Von  nasclius  ou  Venuascuni.  localité  aujourd'hui  inconnue, 
mentionnée  en  lUTlJ  dans  une  charte  de  l'abbaye  de  Gelloue. 

n.  Les  suflixos  ■  féminins  -osca,  -usca,  fréciuoniment 
corjfondus  a.u  moyen  âg'e,  devraient  donner  en  langue  d'oc 
-osquc,  -nsqiie.  en  langue  d  oïl,  ochc,  -ucJic. 

Lantosca,  xii'"  s.  :  Lantosque  (Alpes-Maritimes). 

Cenlusca,  1149  :  Santoche  (Doubs). 

18.  .\  ces  noms  il  convient  d'ajouter  les  suivants,  dont  on 
i;.'iu)re  les  formes  anciennes  : 

Eydoche  (Isère),  Lambrnche  (Basses-Alpes),  Mantoche  (Flaute- 
Saône). 

19.  Beaucoup  plus  fréquent  que  son  féminin,  le  masculin 
-oscus,  -uscus,  se  reconnaît  aisément  dans  les  contrées  de 
îangue  d'oc  sous  les  formes  -ost\  -use  ;  on  le  pressent  moins  dans 
les  formes  vulgaires  en  -oc,  -ost,  -o/.,  -nu,  -oud  et  -eux  (ju'il  a 
prises  en  langue  d'oïl,  par  suite  de  1  assourdissement  de  Vs 
d'abord,  du  c  ensuite. 

Albioscus,  viii'"  ou  ix'=  s.  :  Albiosc  (Basses-Alpes). 

Baroscus,  986  :  la  forêt  de  Barou  (SaCuie-et-LoireV 

lUanuscus,  927  ;  Blanciscus,  xii'^  s.  :  Blauot  ^Saone-el- 
Loire),  qui  a  un  homonyme  dans  la  Cùte-d'Or. 

Branoscus,  xiv'=  s.  :  Branoux  (Gard). 

Drinosc,  I  !0()  ;  Brignoux  (Isère). 

Cadaroscus,  Sio,  où  il  faut  vraisemblablement  reconnaître 
un  coijnunien  formé  sur  le  grec  xaOapiç  :  Cadarot  ^IJouches-du- 
llhône,  commune  de  Berre). 

Cagnoscus,  xi*"  s.   :  Saint-Jacques-de-Gagnosc  (^'ar). 

Ciiano/.co,  îlliO  ;  Cannoscus,  lO.'iO  :  Chanos  'Drome). 

Canialoscus,  1299,  cl  en  langue  vulgaire  ^'/(,i«i.'î/o.s/,  xiu'' s.  : 

Chamaloc  (Drômei. 

Cambloscum,  i."  s.   :  Champlost  (  Yonne  . 

Camboscus,  xii''  s.  :  Chanibost  (Hliône). 

Curioscus,  Sli  :  Curiusque  (Basses-Alpes). 

Flaioscus,  xi'"  s.,  formé  probablement  sur  !e  genfilic." 
Klavius  :  Flayosc  'Varl. 


IS  I,i;s    M..\].s     lih     I.IKUN 

llemuscum,  1293  :  Eymeux  (Drôme). 

Monsioscus,  \^  s.    :  Monsols  (^Hliùnt-). 

Noioscus,  970  :  Niost  (Ain). 

Ornosc,  K"  s.  :  Larnaud  (Jura). 

Si^uroscus,  852  :  Sirod  (Jura). 

Vallis  \'LMui.sca,  8iS  :  Venosc  'Isère  . 

N'clioscus,  1038  :  Vilhosc  (l^asses-Aipesj. 

Vitru.scu.s,  .v'-xi'^  .s.  :  Yitrieux  (Isère). 

20.  Le  nom  do  Vitrieux  appelle  une  observalioii  particulifn.'. 
La  torniinaison  qu'il  présente  est,  dans  la  réyicHi  où  est  siUiée 
telle  localité,  propre  aux.  noms  de  lieu  l'ormés  à  l'aide  de  la  ùé.si- 
nence  d'origine  eellique  -iacus,  dont  il  sera  trailé  plus  loin.  11 
est  probable  que  ce  nom,  qui  ne  remonte  qu'à  l'époque  romaine 
—  on  y  reconnaît  le  gentil ice  Viclorius  —  eut  dès  l'oriqine 
deux  formes  indilleremmenl  usitées,  et  caractérisées  respective- 
ment par  le  suffixe  ligure  -oscus  et  le  suffixe  celtique  -acus. 
(x'ite  hypothèse  d'une  appellation  double  s'impose  aussi  à  propos 
dApinost  (lllnme),  que  des  textes  <lu  x"  siècle  appellent  Appen- 
n  lacus  uu  A  ppi  niacus.  mais  dont  le  nom  actuel  ne  peut  s'expli- 
(|uer  que  i)ar  un  primitif  formé  à  l'aide  du  suflixe  ligure  -oscus. 

2L  .V  la  [)récédente  nomenclature  il  faut  sans  doute  ajouter  les 
lujnis  suivants,  dont  les  formes  originelles  sont  inconnues  ; 

Artignosc  ( Var),  Brusque  (Aveyron),  Gilhoc  (Ardèche)  —  dont 
la  Iciniinaisun  est  identique  à  celle  de  Ghamaloc,  —  VailOSC 
(Ardèche). 

22.  L  exauicn  atlentif  (.It's  noms  (|ui  précèdent  proUN  e  que 
r;incien  suttixe  ligure  masculin,  souvent  recounaissable  au  sud  de 
la  Diirance  et  en  l)au|iliiué,  où  il  parait  aujourd'hui  sous  la  forme 
orthographique  -.isr  ou  -<isr,  s'est  (|uolquefois  assourdi  en  -al. 
même  dans  la  Provence  méridionale,  témoin  le  nom  de  Cadarot. 
Cet  assourdissement  s'est  produit  encore  dans  le  nom  de  Gha- 
maloc. où  r,s'  a  disparu,  et  dont  le  c  luuil  n'est  plus  là  .sans  do\ite 
(|ue  coniuu"  un  souvenir  ;  ou  l'observe  aussi  Uans  le  nom 
d'Hymeux.  (pi'élymologiquement  on  pourrait  écrire  E/neusc; 
mais  on  le  cniisl;ile  surtout,  au  nord  de  Vienne  et  de  Lyon,  dans 
les  noms  de  Siimi,  de  Monsols,  de  Niost,  de  Blanost,  de  Cliani- 
jilost,  aussi  bien  que  dans  liarou,  Branoux  et  Brignoux,  où  Va 
de  -oscus  s'est  développé  en  ou. 

]\n  raison  de  ces  faits,  il  est  impossible,  c|uand  on  ne  [)<issèdi' 


'; 


Ol'.IGI.NKS     LllilllF.S  1  .•] 

pas  de  formes  latines  réellement  anciennes,  de  distinguer,  ponni 
les  noms  de  lieu  modernes  en  -as  et  on  -ot  qu'on  rencontre  dans 
la  partie  septentrionale  de  notre  pays,  ceux  qvii  étaient  ori^i- 
nellement  terminés  par  les  sui'fixes  ligures  -ascus,  -oscus  et 
-uscus. 

23.  On  hésite  aussi,  en  l'absence  de  textes,  à  attribuer  une 
terminaison  ligure  féminine  aux  formes  primitives  des  noms  (jui, 
dans  la  même  région,  sont  terminés  aujourd'hui  en  -ac/ie,  -oclie 
ei'ouche.  et  qui,  dans  un  certain  nombre  de  cas,  peuvent  ii\oir 
une  tout  autre  origine  :  c'est  ainsi  que,  par  exemple,  Cadaraoho 
(Vaucluse)  représente  le  lutin  cataracta,  c  chute  d'eau  ». 

Dans  ceux  des  |)ays  de  langue  doc  où  s'assourdit  le  c  dts 
sutiixes  ligures,  il  est  également  dif(îcile  de  déterminer  .si  un 
nom  de  lieu  en  -as  dérive  de  -a  se  us  ou  de  -atis,  et  d'affirmer 
que  les  noms  de  lieu  en  -ns.  si  nombreux  dans  h'S  départements 
du  sud-ouost,  dérivent  de  noms  [irimitifs  en  -oscus.  En  outre 
dans  le  départenieut  de  l'Ardèche  les  noms  d'Arlebcsc  et  de. 
Malbosc  paraissent  complètement  étrangers  à  rinlluunce  liguic, 
car  on  sait  que  hosc  est,  dans  le  midi  de  la  France,  IVMpiival.-ni 
de  notre  mot  bois. 

Il  faut  donc  se  contenter,  jusqu'à  plus  ample  informé,  de 
savoir  que  les  suffixes  caractéristi(|uos  des  pavs  jadis  occupés 
par  les  Ligures  se  rencontrent  en  Provence,  dans  le  Dauphiné, 
la  Bresse,  la  Franche-Comté,  la  Bourgogne,  l'Auvergne  le 
Rouergue,  le  Vivarais  et  h:  [^angucdoc  oriental. 

24.  La  présence  d'un  élément  ligure  dans  la  nomenclature 
géographique  de  notre  pays  est  maintenant  un  fait  indiscutable. 
Mais  peut-être  d'Arlxiis  de  Jul)aiiivilli"  va-t-il  [riip  loin,  ([uaïul 
û  attribue  aux.  Ligures  tous  les  vocables  d'.ii)[iarenee  indi)- 
europeenne,  qui  ne  peuvent  s'expliquer,  ni  par  le  latin,  ni 
par  le  gaulois,  tels  les  noms  de  l'ivit'io  en  -la  flsaia,  .\vaia. 
Tara,  Savaral,  en  -antia,  -entia,  -onlia  iAsiuantia, 
jjrucntia,  Alisontia;,  en  -unina  iOlumna,  G  a  runi  iia  )  ou 
eu  -ona  (Axona,  Matrona)  :  il  y  a  là  une  exagération  de 
nature  à  compromettre  les  résultats  certains  oi)teniis  à  si  grand' 
peine  d'une  étude  attent'ive  de  la  topononiiistique  t'ran(,:aise. 

25.  Ce  que  les  noms  de  lieu  en-ascus,  -oscus,  -uscus  nous 
apprennent  de  l'extension  géographique  des  Ligures,  on  jiourrait 
l'induire  également  peut-être  des  vocables  de  même  ordre  [*■<    ■'- 


20  LES     M>MS     m.     I.U.l 

nés  par  un  aulre  suffixe,  dont  nous  devons  la  mention  implicite 
à  IMine  l'Ancien,  lui  signalant  Hodincus,  qu'il  traduit  par 
«  siins  fond  »,  (fundo  carens),  comme  le  nom  ligure  du  Po,  cet 
écrivain  nous  indique  suffisamment  -in  c  us  comme  un  suffixe 
ligure.  Celui-ci  se  retrouve  en  d'autres  noms,  malheureusement 
trop  rares,  que  fournissent  les  textes  antiqvios  :  Lemincum,  loca- 
liu-  du  pavs  alloliroge  que  représente  aujourd'hui  Leiïiens,  fau- 
l)t)urg  de  Clunubéry;  Alisincum,  vraisemblablement  Sai!)l- 
llonnié  (Nièvrei;  Duro  tincu  m  (|u'ilfaut  chercher  dans  le  dépar- 
tement de  l'Isère;  Agedincup-i,  qui  a  échangé  son  nom  contre 
celui  lie  la  nation  celtique  des  Senones,  dont  elle  était,  au  temps 
de  César,  la  vilh^  capitale  ;  Vapincum,   Gap  (Hautes-Alpes). 

26.  Ce  suflixe,  (ju'on  trouve  également  en  d'autres  noms  de 
lieu  pour  lr'S(piels  on  ne  possède  pas  de  mentions  anlicjues, 
coinnu-  celui  de  1  Albenc  (Isère),  s'étendait  donc  vers  le  nord,  au 
moins  jusqu'il  Sens,  de  même  que  le  suflixe  -oscus.  Mais  il 
serait  dangereux  d'être  plus  ailirmatif,  car  dans  les  formes 
modernes  des  noms  de  lieu  le  suflixe -i  ncus  se  distingue  dilllci- 
hineut  d'im  sulfixe  germanuiue  presque  iclenti([iu'.  -nu],  lai  misé 
-ingum,  qui  se  retrouve  dans  le  haut  bassin  du  lîhùne.  sous  la 
forme  -ans,  et  dans  le  Midi  sous  la  forme  -enc,  au  pluriel  -eus, 
formes  qui  représentent,  non  moins  régulièrement,  le  suflixe 
ligure  -incus. 

11  faut  observer  que  ce  dernier  a  parfois  perdu  l'accent,  témoin 
le  nom  de  la  ville  de  Gap  et  la  prononcialion  locide  Alb  du  nom 
de  l'Albenc. 


IV 


(HUGINES     PRKSIIMKKS     IP.KHl-S 


Les  Ihèro-s  oui  dominé  dans  la  péninsule  hispàni([ue  antérieu- 
rement à  l'invasion  celtique,  soit  au  iv'-'  ou  au  v*"  siècle  avant 
notre  ère. 

Les  A(iuitains  c}ui,  au  temps  de  César,  occupaient  la  l'i'i^ion  de 
la  (iaule  comprise  entre  la  (iaronne  et  les  [^yré'nées,  s'étendaient 
antérieurement,  au  dire  tle  Strabon,  jusqu'aux  Cé\t'iuit's  ;  selon 
le  même  géographe,  ils  se  distinguaient  non  seulement  par  leur 
hmgap^e,  mais  aussi  par  leur  type  physi([ue,  beaucoup  plus  rap- 
l)riiché  du  type  ibère  que  du  type  gaulois,  et  formaient  un  groiipe 
romplètement  distinct  des  autres   peuples  de  la  Gaule. 

Ge  pays  entre  Garonne  et  Pyrénées  l'ut  romanisé  avec  le  reste 
(le  la  Gaule,  puis  occupé  au  V"  siècle  par  les  (loths,  que  les 
l''iancs  remplacèrent  à  la' suite  de  la  bataille  de  \'ouillé  (307). 
l'inlin,  moins  d'un  siècle  ]j1us  tard,  la  contrée,  (pie  depuis 
1  t'poque  impériale  on  désignait  sous  le  nom  de  .\ovempopulanie, 
lui  en\  allie  jiar  les  \'asc()ncs,  habitant  .uu  ienneuu'ut  la  Cau- 
t:d>rie,  et  dnnt  l'inlluencc  sur  la  [)opulation  et  la  langue  du 
l'.avs  au([uel  ds  ont  donné  leiu-  nom  —  notre  Gascogne  —  est 
encore  des  plus  visibles  :  c'est,  en  cifct,  à  cette  dernière  invasion 
(|a  il  faut  sans  doute  attribuer  l'introduction  de  la  langue  basque 
t.'u  Gaule,  où  elle  fut  d'ailleurs  assez  vite  refoub-e,  et  confinée 
dans  ce  qu'on  appela  plus  tard  les  pays  de  Soûle  el  de  Labourd 
et  la  Hasse-Navarre  ;  il  est  même  probable  que  cette  région  est, 
en  deçà  des  Pyrénées,  la  seule  où  les  Basques  formèrent,  sintm 
lu  totalité,  du  moins  la  grande  majorité  de  la  population,  taudis 
(pie,  dans  les  parties  plus' septentrionales  de  la  Gascogne,  l'élé- 
ment romain  conservait  l'avantage  du  nombre. 

1.  existence,  dans  un  coin  de  l'.Vquilaine  priiuitive,  d'une 
jnqmlation  si  cai'actérisée,  a  prévenu  favorablement,  et  de  bonne 
heure  déjà,  les  ethnographes  en  faveur  de  ridenlité  des  Aquitains 
et  des  Basqu<;s  ;  mais  on  a  peut-être  eu  le  tort  d'oublier  la  date 
récente  de  la  venue  des  (lascons  en  Gaule. 


LRs  NOMS    nr   r,ii:r 


27.  L'argumenl.  le  plus  oonsidérahle  pour  app;irenter  la  lan;^aie 
t'.os  .V(|uilai>is  réside  dans  te  nom  ]iriniilir  de  la  ville  d'Auch, 
K  1  ini  he  rris,  il.nis  l'uinponius  Mêla,  ( '  1  i  ni  1) er  ru  m,  par  une 
faute  de  c'nj^i<ie,  dans  l'ilim'raire  d'Anlnniu,  Mliberre  dans  la 
Taille  de  PeuLin^'er.  On  a  rapproché  ce  nom  de  celui  d'Illiberis 
(pii  s'en  distingue  eependant,  non  seulenienl  par  sa  lettre  initiale, 
mais  encore  par  le  redouLdeincnt  de  !7  et  jiar  la  présence  d'un 
seul  /•  au  lieu  de  deux  ;  et,  comme  le  nom  d'Illiberis  s'appli- 
quait dans  l'antiquité  aux  villes  d'l']lne  (Pyrénées-Orientales)  et 
de  Grenade  (l\spau'He  ,  on  a  v.ralu  miw  d;iiis  ces  trcjis  villes,  trois' 
loealili!s  liomom mes  cpii,  |i.ii-  leur  nom  d  oi-iyine  à  la  l'ois  ibé- 
[ieiine  et  bas(pu%  et  par  leur  situation,  marquaient  les  points 
extrêmes  de  la  domination  ibérienne.  «  (^es  noms  mêmes,  dit 
Achille  Luchaire,  sufiiraient  à  eux  seuls  pour  établir  que  le 
basque  l'ut  parlé  jadis  dans  l'Andalousie,  en  Gascogne  et  en 
lioussiliou  >i  ;  et  d  déclaie  ei:>uile  ipie  ces  noms  représentent  le 
nom  basijue  irilic/Ti,  que  Iraduisent  exactement  les  mots  «  ville 
neuve  ». 

A  ce.-.  Hllégation.s  on  jieut  objecter  que  les  trois  vocables  ne 
sont  p:i.s  eutièreni':'!)!  idep.iiques.  et  oue  l'ancien  nom  d'Elne  et 
di;  Gi'i'n.ide  ne  présente  ;<;i.i  !e  double  r  si  caractéristique  de 
ladicclir  basipie  hcn'i  ;iu  ^l'ii-.  d.ii  ifançais  «  nouveau  »  ;  d'autre 
part,  11  cîst  téméraire  d'aliiriner  l'identité  des  deux  syllabes  illi 
avec  le  mot  basuue  iri  siguifianL  "  ville  >j  ;  enfin,  s'il  faut  en  croire 
Polvbe,  le  nom  piimitif  de  la  ville  d  EIne  lui  auiait  été  comnuni 
avec  un  cours  d'eau  voisin,  le  Tech  ;  or,  il  est  c^mstant  que  dans 
les  cas  similaii'es,  c'est  le  cours  d'eau  (jui  a  dcmné  son  nom  à  la 
ville,  et  la  traduction  d'Illiberis  par  «  ville  neuve  »  n'est  pas 
•  Kv  e[itab!i.'  poui'  un  cours  il'eui.  l.'éty  nuilonie  b;is(]ue  de  ce  ifiuu, 
i  t  partant  l'idenlité  des  Aipiitains  et  des  Basques,  se  trouvent 
donc  bien  compromises. 

Aussi  paraît-il  sat(e  de  se  rauïj^er  à  l'avis  de  M.  Julien  Vinson  : 
i(  La  science  ne  peut  rien  dire  encore,  ni  sur  1  origine  des 
r>as(pies.  ni  sur  la  langue  des  lljères  >'.  Peul-étre,  comme  la 
priist'  (iuillaimic  de  Ilumboldt,  y  a-t-il  dans  l'Esjiagne,  et  même 
en  Gaule,  d'anciens  vocables  gé(igra[)hiques  (ju'il  est  possd)le 
d'explic(uer  par  le  basque,  ce  qui,  en  supposant  le  fait  avéré, 
prouverait  qu'avant  d'être  confinés  dans  les  montagnes  de  la 
Cantabrie,  les  ancêtres  des  Basques  avaient  eu  des  établissements 


(1,'ins  diverses  p;n'ties  do  la  péninsule  il)i.-ri(jue  e(  daiis  h)  G;uile 
nit'ridionale  :  mais  rien  ne  démontre  que  la  langue  des  Ibères, 
et  p.'ir  suite  celle  des  Acjuitains,  soil  reurésontéo  aujourd'hui  par 
la  langvie  basque;  celle-ci,  à  vrai  dire  —  le  fait  a  élé  récemment 
démontré  —  renferme,  avec  une  grammaire  anli([ue,  un  grîmd 
nombre  de  mots  romans. 

Si    l'on  ne  peut  identifier  avec  la    lang'ue   ibéricjue    certains 
1  vocables  encore  usités  dans  la  France  méridionale,  et  don!  l'ori- 

•  gine    est    peut-êti-e   imputable   aux    Hasqucs.    il    faut    cependant 

reconnaître  (\nc  certaines  appellations  i^ép;^raphi(|ues  iVonçaises 
remontent  aux  Ibères. 

28.  Tel  e.st  en  premier  lieu  le  mot  «//.«os,  écpnvalent  du  latin 
^'            alnu-s,  et  représenté  par  l'espagnol   allsn.  dont  on  a  rapproché 

le  basque  eltzn  et  l'allemand  cbr-,  anciennement  cUzr  ;  il  a  été 
latinisé  en  aliso.  alisonis,  réduit  plus  tard  à  aiso,  alsonis, 
qu'on  reconnaît  dans  Alzon  (Hérault!,  Alzoïine  (Aude),  et  drms 
le  nom  d'un  grand  nombi'e  de  cours  d'eau  :  l'Alzoïl  (Avc-yron, 
Gard),  l'Auzon  (Basses-.Xlpes,  Ardèche,  Aidie.  Gard,  Indre, 
Ijoire,  Ilaute-ljoire,  Puy-de-Dôme.  Saône-et-I,oire,  ^^auclu^e, 
Vienne)  :  on  peut  citer  plusieurs  cas  oii  ce  dernier  nom  désigne 
non  seulement  le  cours  d'eau,  mais  encore  une  des  localités  rive- 
raines. 

29.  Alisos  est  aussi  la  racine  d'uti  autre  nom  de  cours  d'eau 
dont  le  territoire  gaulois  fournissait  beaucoui;  d'exemplaires, 
Alisontia.  Ce  nom,  applic[ué  par  le  poète  A.usone  à  l'Elz,  ailluen.t 
de  la  Moselle,  qui  coule  dans  la  région  de  Coblenz,  et  dont  on 
reconnaît  un  diminutif  dans  le  nom  de  l'Alzette.  qui  arrose 
Luxembourg,  a  désigné  aussi  l'Auzance,  fleuve  côtier  du  départe- 
ment de  la  Vendée,  et  son  homonyme  qui  passe  h  \'(iuillé  (Vienne), 
ainsi  que  l'Alsance,  affluent  du  Tarn;  c'est  sans  doute  lui  tpti 
fournit  le  thème  étymologique  du  nom  des  communes  actuelles 
d'Aussonce  (Ardcnnes)  et  d'Auzances  (Creuse). 

30.  Il  est  douteux  qn'alittoa  soit  an  mot  ligure,  conmie  le 
croyait  d'Arbois  de  Jubainville.  11  existe,  à  la  vérité,  dans  la 
Corse,  où  les  Gaulois  n'ont  jamais  pénétré,  un  hameau  dénommé. 
Alzone,  et  des  cours  d'eau  appelés  Aliso,  Alzeto,  Alizani  ;  mais 
dans  la  Ligurie  proprement  dite,  autrement  dit  dans  la  Haute- 
Italie,  on  n'observe  aucun  vocable  dérivé  d'alisos.  La  persistance 
à' aliso  en  espagnol  et   le  basque  el/za,    autorisent,  .sernble-t-il, 


2\  t,i;s    NMMs    i)i;   i.iia 

à  tenir  idisos  [)our  un  mol  ibère  ;  les  Iljèi'os,  i|in  sont  la  jjIus 
ancienne  population  connue  fie  l'Espagne,  ont  occupé,  nous 
l'avons  dit,  la  Gaule  du  sud-ouest  ;  d'ailleurs  leur  sphère  d'in- 
llucnce  dans  notre  pays  est  encore  à  déterminer. 

Pareille  origine  est  altribuable  auK  mots  nrfig,  fjnriic,  cahnh 
et  scrru. 

31.  Le  premier,  qui  subsiste  en  Espagne  sous  la  forme  artiga^ 
au  se'is  de  défrichement  ou  tl'essart,  avait  la  même  acception 
dans  la  langue  du  Midi  ;  on  le  trouve  aussi  en  catalan  sous  la 
forme  artiqu,  dont  le  patois  du  Limousin  ollre  la  variante  artijo  : 
ces  deux  dernières  formes  figurent  dans  le  Trésor  du  Félihrige 
de  Frédéric  Mistral.  Or,  il  est  curieux  de  constater  ([ue  la  fonne 
limousine  a  été  employée  comme  nom  de  lieu  en  Poitou,  en 
lîourbonnais,  dans  la  Marche  et  eu  Auvergne  —  Artige  (Vienne), 
Artiges  (Allier,  ('antal.  Puy-de-Doiue),  Lartige  (Cliarente)  —  et 
({ue  la  forme  méridionale  Arligue  ou  Lartigue,  avec  ou  sans  s 
linal,  accompagnée  ou  non  d'un  complément,  se  retrouve  dans 
des  vocables  géographiques  de  1  .Vriège.  de  l'Aude,  de  l'Averron, 
de  la  Corrèze,  de  la  Haute-Garonne,  de  la  Gironde,  des  Landes, 
du  Lot,  de  Lot-et-Garonne,  des  Basses-Pyrénées,  des  Hautes- 
Pyrénées,  et  même   du  Var. 

32.  Voilii  donc  un  mot  d'une  langue  anléromaine,  qui,  encore 
employé  en  Espagne  —  où  il  n'est  pas  question  ici  d'en  déterminer 
l'extension  primitive  —  a  été  jadis  usité,  ainsi  que  les  noms  de 
lieu  l'attestent,  à  peu  près  dans  la  moitié  de  la  Gaule,  principale- 
ment dans  l'Aquitaine,  au  sens  large  de  ce  mot,  c'est-à-dire  dan.s 
tout  le  pays  conqjris  entre  les  Pyrénées  et  la  Loire  ;  et,  fait  inté- 
ressant à  noter,  on  le  trouve  même  à  l'est  du  lilione,  dans  le 
ilépartement  du  Var.  Ce  mot.  autéromain  et  sans  doute  antécel- 
tiqiie.  est-il  ibère,  est-il  ligure?  Ligure,  ce  n'est  guère  probable, 
car  alors  on  le  trouverait  dniis  les  régions  de  la  Haute-Italie, 
tli'rnicr  rel'uge  de  l'indépeiidaïK-e  ligure  :  or,  on  m-  paraît  pas  l'y 
avoir  oiiservé.  Ibère,  on  le  croirait  plus  volontiers,  puisque  c'est 
dans  lu  langue  actuelle  de  l'ibérie.  dans  l'espagnol,  qu'on  le 
retrouve  surtout  aujourd  liui,  «4  puis([u  il  s'étend  en  France, 
non  seideinont  dans  la  région  baliité.'  au  temps  de  (îésar  par  les 
-Vquitains,  chuil  Slrai)on  indiijuo  la  parenté  avec  les  Ibères,  nu^is 
aussi  au  delà  du  lUione.  alors  qu'on  sait  que  les  Ibères  se  sont 
étendus  jusqu'au  Mhone,  par  le  littoral  méditerranéen. 


OlUClMvS     l'IlKSI  .Ml'.l'.S     MlKKl'S  2'ji 

33.    Non  moins  intiT^ssanl  est  lo  mol  <;-aS(>(-m  t>(   laii^'iiodocien 
ijarric,   ;ui    sons    do   »    olièno    »,    (|ai,    au  dolà    des  PyiLMu'os,    se 
rotmuve   en   catalan   sous    la    rormo    i/;irri(/.  Ce  mot,  qui   fii;ui-e 
avec  SOS  dérivés  dans  lo  dictionnaire  proNenoal  de  Mi-^lral.    ou. 
[lour  parler    plus   e.Kactoment,    son    dérivé    '/;ir;'ii/u,   au    sons  de 
X  chcMuiie.  lieu  planté   de  chênes  •■.  a  pour  e(jui\alenl    limousin 
jarrijo,  et  celui-ci  semijle  avoir,  dans  les  ré<4ions  septentrionales, 
une  variante  jurric.    dont  les  noms  lio  lieu  révèlent  l'existunce. 
On  rencontre   dans  la   France  nu  lidionalo   Garric  ou    le  Garric 
i.Vudo,     Aveyron,     Hérault,    Tarn",,    Garrigou    i.\.rièL;e,     î.ol  ct- 
Garonne),    la     Garrigue     (Aude,     Avo\ron,    Cantal.     Dordo-no, 
Haute-Garonne,   Hérault,  Lot,  Lot-et-Caronno,    Pyrénéos-()rien- 
tales,  Tarn,  ^'ar),  partois  ortlio<^raphio  officiellement  Lagarrigue 
(Lot-et-Garonne,  Tarn;.    Garrigues   ou    l(îs    GaiTigues    (Gai'd, 
Hérault,  Lot-et-Garorine.  Tarn,  Tarn-el-Garonne,  N'auolusei.   La 
lornu>  limousine  est  re|)i'ésentéc  par  la  Jarrige  ;i'anl;d,  i  iorre/.o, 
hulre,  Haute-Loire,   Lot,  Luy-de-Dùin.e,  \'iemie.  Hante-.\iê;M<ei. 
et  les  Jarriges  ^(^harente,  Indre.  \"ionne\   lùdin.  on  reconnaît  la 
variante  qui  peut  être  rapportée  ii  la  lani:;ao  d'o'il  dans  la  Jarrie 
(Charente-hilerieure,     Cher,     Dordo^iie,     Indre  -(-Loire,    Is^re, 
Loire-Iuférieure.  ÏMaini'-et-Loire,   he!!\-Sevrc>,    \  icnn-o,   Vonrie 
Iss  Jarries    /".iiaronte-Inférieure.   \'ieiuu',.    le  Jarriel    (Soine-el- 
Marne'i.  Jarrier    Savoir-,  le  Jarrior  i  1'jiu\  Imhe  ot-Loire,  Loiie- 
Inlérieure,   Nièvre,  (Irne,  Sarllic    Soin', -et-.\!arn.' •.   les  Jarriers 
.Sarthe).   L'aire  i;ét)n-rapiii([ue  du  mot  ijurrir  cl  de  ses  variantes 
(»u  dérivés  (>st  j)his  étominr,  o!i    hj  vr.it,  ipie  eello  du  mot  wliij, 
paisqu'elle  atteiïit  vers  le  nord  les  dé-piulemeiit^  de  la  Sartlio,  ne 
rOrne,  do  l'Lure  et    le  S-'ine-et-Mai  i;..-,  vers  l'est  cen\  do  l'Isère 
et  de  la  Savoie.  1  )":i  jirès  (■,•■•,,  don  m-c^.   .v.'nm    'n-r'.'-fv-  y^h:- ;',r '■■  ■■- 
f'j.'idi.:   pour;-.!    M:<(]i!i',-r.   ';.,:rir    '-.•.•i:ii'..    .....   '.,.■  .  \ 

pl'ilot  ou-.;  l!j!-res  (jn'aux  Ligure^,  puisipiil  i-.s,  ^'  .i  ,.  .  ;.  ,  ,,, 
i''rance  et  ii  ri']spa^'ne,  et  qu'on  ne  le  lolrruivo  p.:-'  d.oi,  l'Uahe 
septentrionale;  mais,  l;i  onoore,  rojiinion  d'après  lauuidL  ie 
hasque  repré-scnterail  l'aîKUonne  lan^^ne  dos  Ihères,  se  tiviuve 
or.oore  en  ^h'I'.uit,  eai-  le  mol  <jarr/r  n'aPj)artienl  pas  à  la  lan^aie 
hosque,  où  le  chêne  est  désig-né  par  le  mot  uriz. 

34.  Le  mot  cs[)aonol  cihna  désigne  un  plateau  désert  o\i  Ion 
mène  paître  le  hétail.  11  est  identique  au  bas  lalm  calma  ou 
(îa.imis,  que  fo\irnissent  de  noml)reu\    textes  du    mo^^'^  a^-e,  et 


2r. 


M)Ms   m;    i.ii'T 


qu'on  retrouve  dans  tous  les  dialectes  méridionaux,  sous  les 
formes  leS  plus  diverses  —  ailni  ou  culin  en  Rouerguc  et  en 
Albif::eois.  champ  en  Auverg'ne,  «n  Oévaudan,  en  Vivarais,  en 
Lyonnais,  en  Volentinois,  rlmlp  et  clinup  en  Uiuiphin'é  —  aux- 
quelles correspond  la  forme  cluiu.r  de  la  llourg'Ogne  et  de  la 
Franche-Comté.  Ce  mot.  d'où  snr.t  sortis  de  nombreux  noms  de 
lieu,  tols  ((ue  Calmeties  Avevron.  r\  rcnées-OrioiUales),  Calmette 
ou  la  Calnietti    AriÙL;e.  An(l(\  Aveyron.  Cantal,  (jard,    Hérault, 

T.-vi-n'.    Lacani     Aveyron.    Lot),    Lacamp  fCantaL,    Lachamp 

iAi-dcoh.e.  Dr. '.nu:,  isére'.  Laschamp  !  Puy-d^'-Oéiue).  la  Chalp 
(  Hautes- Aljie.=-,  Isère),  la  Chaup  ;  Hautes-Alpes'.  Cliaux  ou  la 
Chaux  il)o\ibs,  Jura),  j)eut  aussi,  en  laison  de  sa  [)ersistance 
dans  la  lani^aie  espai,'nole,  éti-e  allrihué  aux  !]>ères  de  préférenee 
a  tout  aulre  pcu[)le. 

35.  * 'n  en  peut  dire  autant  du  nvU  pcno,  pcnii<<.  qui  désii^'ue. 
dans  le  midi  de  la  Franee.  nne  ])ointe,  une  liauU  ur,  un  sommet, 
un  château  à  créneaux,  et  qui  corresjiond  à  l'espagnol  pena, 
"  roche  >. .  Forme  primitive,  à  ce  (pi  il  semble,  des  noms  de  Penne 
;Lol-el-("iari)nnri,  de  Pennes  Dri'imc  .  de  laPenne  ,  Alpes-Mari- 
times, Aude,  lîouches-dii-llhùne,  Drôme),  de  Lapenne  (Ariège) 
et  des  Pennes  (I>ouches-du  lihône),  ce  mot  a  [tassé  pour  être 
(l'origine  latine  :  Liltré  atlriitue  en  cIm^!  au  mol  latin  pinaa  le 
sens  de  -  sommet  »  ;  mais  le  S'ad  t<'xte  (pu  autorise  celle  inter- 
pr(Mation  parait  élie  la  Vit>  de  s.niil  \'ietor  i-l  de  sainl  VvVw  et  il 
n'est  pas  des  |ilus  jn'obants.  car  cette  \ic  de  saints  aragon;iis  du 
vnr"  siècle  doit  avoir  été  éci-ite  au  xiii''  sièch\  à  Saragosse,  et 
l'auteura  vraisemblablement  empiunté  [linna.  au  sens  de  >-<  faite  '> 
et  d<>  «  uionta^rne  »,  au  langage  vulgaire  de  son  pays. 

36.  Le  mot  .'?(we  est  certainement  antéromain  ;  tantôt  masculin 
e1  tanti'jt  féminin,  suivant  les  dialectes,  il  se  renconti'e  dans  toute 
la  moitié  méridionale  de  la  l''rance.  et,  désignant  une  chaîne  de 
montagnes,  une  crête,  ime  cinu^  dentolé'c.  il  est  1  équivalent  de 
l'espagnol  aicrvH,  ce  cjui  autoriserait  à  le  lenii-  pour  il)èie. 

37.  Peut-être  en  est-il  de  même  du  mot  sair/iw  ou  sar/ne,  qui, 
dans  \<?  patois  limousin,  désigne  une  prairie  marécageuse,  un 
terrain  humide,  et  cpi'ou  rencontre  à  un  grand  nombre  d'exem- 
plaires dans  hi  nomenclature  topographique  de  la  France  méri- 
dionale. C'e-^t  ce  mot  qui  est  l'origine  du  nom  de  Grandsaigne 
'  (^orrèze). 


V 
ORIGINES    C]^]i;i'I(,lUI-:S 


5 
ï 


Les  noms  de  lieu  .iVirii^-iiu'  i^eitique  sont  i  ''v-  r.oiMrii'C'/.y  f.'- 
France,  et,  à  défaiil  de  résulLnts  ([ul  ne  lai.ss(Mil  iion  ù  (!r''f;ire;\ 
l'étude  en  procure  des  données  intéressantes;  et  cei  taint^s. 

La  plupart  du  temps  on  est  en  présence  d'un  substantif  uni, 
soit  avec  un  nom  d'homme,  soit  avec  un  adjectif,  et  occupant 
d'ordinaire  la  seconde  place. 

Quelquefois  la  fin  du  nom  est  constituée  par  un  suffixe  qui  n"a 
de  valeur  que  combiné  avec  un  nom  comnuin  ou  un  nom 
propre. 

38.  L'un  des  substantifs  gaulois  les  plus  répandus  dans  la 
toponomastique  de  notre  pays  est  diinos^  latinisé  en  dunum, 
dont  le  sens  originel  est  celui  de  «  monta^-nc  i» 

Ce  sens  est  atteste  par  trois  écrits  : 

i°  Le  pseudo-PUitarque,  écrivain  grec  du  premier  quart  du 
m*  siècle,  qui  rédigea  un  iivre  sur  les  noms  des  tleuves  et  des 
montagnes,  énonce  forniellenient,  à  propos  du  nom  de  la  ville  de 
Lyon,  AcjvScj^':'/,  qae  i! -ns  la  langue  des  Gaulois.  î:Dvov  avait  le 
sens  de  «  lieu  élevé'  >' . 

2°  Le  petit  g'IossaiiT-'  gaulois  ~-  De  nominihii^  gallicis  —  dont 
Stephan  Endlicher  a  siTr.alé  la  présr-nce  dan,  ihi  manuscrit  du 
irJ  siècle,  conservé  a  "\';«'wnc.  trnduit  ainsi  le  nom  de  1;:  même 
ville   :  Lugduno.   desidt-rato  monte'-. 

3"  Enfin  la  V'/'/.v  sanrfi  (hrnznni,  episcopi  Aufissiifilnrensis, 
•ncfrica,  écrite   au  iK^'  siècle  par  le  moine  lieric,    aflirnie  à  deux 


1.  Aoôyov  yàp  t^  dçùlv  fî'.aÂe/.rt.i  tov  v.iiyr/.a.  zayoui'.,   ooJvov   o;  to'aov  iciyo-r.a.. 
PliiUrchi  opéra,  éd.  Dïibuer  (18'd5),  V,  35; 

2.  Caialiu/us  codicum  phiiolûgiconirn    lalinoruni    hihliD/itcrue    pnbifin/'f: 
Vindobnnenxis  (Vienne.  IfiSCi!,  p.  Ilt^. 


■JS  ij;s    Ndiis   iiK  .Mi:r 

roiM'ises,  à  jiropos  du  nom  d  Aiiliin  '  ot  (le  tcliii  dt'  l^Vdii  -,  la  s_\  :!ii- 
iiMnie  du  mot  dont  il  s'agit  et  du  latin  nions. 

Malgré  ce  triple  témoignage,  on  a  beaucoup  discuté,  au  siècle 
dernier,  sur  le  sens  du  mot  dunum,  d'aucuns  jpposant  au  sens 
de  '<  montagne  »  celui  de  «  ville  ...  qu  on  trouve  dans  le  saxon 
(un,  dans  l'anglais  moderne  (oivn  :  opinion  fondée  sur  ce  ([ue  cer- 
taines localités  an  nom  latin  en  dunum  ne  sont  pas  dans  une 
situation  élevée,  par  exemple  (^ikescirodunum,  aiijourd'hui 
Tours. 

Et,  tout  en  n'admettant  pas  cette  opinion,  d'Arbois  de  Juljain- 
ville,  attribuait  à  dunum  le  sens  de  «  forteresse  >■,  qu'a  conservé 
l'irlandais  clan. 

11  semble  préférable  de  supposer  que  ilununi,  ecmime  Inen 
d'autres  mots  tians  les  diverses  langues,  a  eu  un  m-us  primitif 
et  un  sens  secondaire  ;  qu'après  avoii-,  à  l'origiac.  déslgiié  un 
lieu    élevé,    il    est    devenu    .synonyme    du    latin    oppidum,    les 

0  |jp  ida  occupan!  ordinairement  des  lieux  élevés.  Ainsi  ont  évolué 

1  allemand  InTij  dont  la  variante  Ininj  équivaut  au  latm  cas- 
trvim.  ot  le  bas  lalni  rocea,  origine  denotre  mot  rurAc  ;  ce  dernier 
rei.ut,  dés  le  \ii;  siècle,  le  sens  de  n  forteresse  'i  ({u'il  avait 
encore  au  \vi'',  sous  la  fornu.'  roi/ue,  de  sorte  qu'on  donna,  au 
cours  du  moyen  àue.  en  l''rancc;,  le  nom  de  Roch.efort,  c'est-à-dire 
■  •  cliàteaii  fort  ■>,  et  celui  de  [ai  Itoelu-lle,  c'est-à-du'C  <i  le  petit 
cbâteau  ><.  à  des  localités  dont  l'assieite  n'était  pas  précisément 
une  niclie. 

Les  noms  de  lieu  ayant  dunum  poiu'  origine  sont  nombreux. 

39.  En  prenùiM-  lieu  doivent  être  signalés  ceux  dont  dunum 
est  1  élément  unirpie. 

Sans  parler  des  Duno  d'Italie  et  d'Espagne,  qui  représeuleut 
à  c-ou|i  sur  d'aiui''nui's  colcuiii's  celliijuc;--,  oîi  note  le  nom  de  Dun 
dan>  les  déparlemrnis  de  rArièi;-e.  du  Cher, -de  la  Creuse,  de 
rindi-e,  de  la  Meuse,   de    la  N;è\'re  et  dr  Saùne-d-Loire. 


l.'rlis  i[iu)(|uc  [irovecUiiu  merilisqLic  el    houmih-   l'^it, 

.Vu^usluiliiiuun  démuni  concepta  ^  oeari, 
.\ii.L;usli  nioiilein  transfert  f[uod  coltica  liiii^iia. 

'■Arta  Snnrtonjni,   jinlicl.   Vil.    -J^',»  ■■ 

I.u^'liuio  1-clebi'ant  Gal)<iruni  famine  nonicn, 
lii\lio-.il  Min  iiuonfliim,    (iiod  sit  rnons  luridus  id'Mn. 

Aria  Saili-toni/n.   juillc;!,    \'ll.  i'tl   1' 


i 


uiiu;iM;s  ci;i.TiMi;i:s   :   inwtis  2(t 

40.  Ia's  Dimet  ([u'on  icuconti-o  dons  l'Aveyron  i-t  ilans  l'Indre 
•^ont  d'anciens  Dun  pourvus,  à  une  date  relalivenienl  rccenLe, 
il'une  terminaison  diniiiuili\e  ;  le  seeond  était,  à  l'époque  earo- 
lin^'ienne.  le  ohof-lii'u  dune  eirconscriptiou  appelée  vicaria 
I  )  u  n  e  n  s  i  s . 

41.  Dununi  tlésiL;nail  encore  vei's  iOlil  un  ancien  castelUun 
de  la  cité  des  Garnutes  ;  l'usaye,  constaté  dès  oSl ,  de  faire  pré- 
céder ce  nom  du  mot  castellum,  a  [)révalu  :  cette  localité  n'est 
autre  rpie  la  ville  de  Châteaudun  (Eure-et-Loir). 

42.  Le  nom  du  Bourg-Dun  iSeine-lnierieurel  est  le  résultat 
d  une  juxtaposition  analogue. 

43.  Le  lac  de  Thoune  est  appelé  dans  la  chronique  dite  de 
Frédégaire  lacus  Dunensis,  ce  qui  révèle  dans  le  nom  de  celte 
ville  de  Suisse,  qui  s'écrit  en  allemand  Thuil,  un  anli([ue 
Ounum  dont  la  dentale  initiale,  s'est  durcie. 

44.  Beaucoup  plus  i'i'équemmcnt  dunum  est  le  dernier  leiMue 
d'un  nom  com[HiS(''  ;    et   il    est  parfaitement  reconnaissalde  dans 

;  les  noms  suivants   : 

Bezaudun  (Alpes-Maritimes,  Drome),  liomonymcs,  ;i  n'en  pas 
douter,  de  Besalû  en  Catalogne,  qui  fut  le  chef-lieu  du  pagus 
H  i  s  u  Ul  u  n  e  n  s  i  s . 

Chaudun  (.\isne.  llaules-Alpes),  dont  le  nom,  qu'on  rencontre 
■.u  xu''  siècle  sous  la  forme  Caudunum,  représente  sans  doute 
an  ancien  Calodunum. 

Goudun  (Oise),  mentionné  dès  ()57  sous  la  forme  Cosdunum. 

Exoudun  Deux-Sèvres  et  Issoudun  (Creuse  Jndre),  homo- 
nymes de  1  IJxe  11  odu  n  M  m  de  Césai'. 

Gavaudun  ;Lot-el-(jai(>niie),  nom  dont  la  première  partit  est 
•-ipparenlée  au  iu)m  du  elief-lieu  du  Gévaudan.  pagus  Gahali- 
I  anus. 

Laudun  iGardi,  Laudunum  en  KKSS,  et  plus  ancienneiin.-nt 
rx:ut-être  Lugdunum. 

Liverdun  (Meurthe-et-Moselle),  vraisemblablement  condiinai- 
>on  de  dunum  avec  un  nom  d'homme  romain  tel  que  Liberius. 

Loudun  (Vienne'l,  à  ''('pofpie  carolingienne  .-lief-licu  d.-  la 
vicaria   Laucidunensis  ou  Laucedunen  sis. 

Tourdun  (Gers). 

Verdun  i^Aude,  Doubs,  Eure,  Meuse,  Saone-et-Loire,  Savoie, 
Tarn-et-Ciaronne),    répondant   à  Virodunum,    qui   est    aussi    le 


30  I.ES     MIMS      lil",     LIKl" 

nom  primitif  de   Château-Verdun  (Arièg^a)  et  de  Montverdun 

(Loire,  Seine-Inférieure), 

Vesdun  (Clieri. 

Le  primitif  dunum  a  subi  également  des  altérations  plus  ou 
moins  profondes,  plus  ou  moins  nombreuses,-  sous  lesquelles  on 
le  reconnaît  moins  aisément. 

45.  Parfois  dun  est  devenir  don. 

Averdon  (Loir-et-Chorj,  au  xi"  siècle  chef-lieu  de  la  vicaria 
Everdunensis  ;  le  nom  primitif  en  était  sans  doute,  comme 
celui  d'Embrun  et  d'Yverdon,  l'^hurodunumi. 

Brandon  (Saône-et-Loirp  . 

Bresdon  (Charenlo-Inforlcme),  jadis  clioj-lieu  d'une  viguerie 
du  paj^iis  Saiitonicus,   L'  vicai-iu  Hrddunens js. 

Cardunum  désignait,  au  \'' siècle.  Villechardon  (Mayenne), 
qu'on  peut  donc  considérer  comme  un  liunionymc  de  Karden 
\^ Prusse  riiénancj. 

Crodon  (Marne),  en   117a  Crao  Idun  uni. 

Loudon   (Sarllie),  au  ix"  siècle  f.u^dunum. 

Lourdon  (Saône-et-Loiro).  au  i.\"  siècle  Lordunum. 

Meudon  (Seine-et-Oiso),  an  \\V  siècL'  Meldunum. 

liîûudon  ;Suisse,  canton  de  \'dudi,  le  Mi  n uodunu m  des  itiné- 
raires. 

Yverdoil  iSuisse,  canton  de  Ncucliàl.cl),  TEhrodunum  des 
itinéraires. 

On  la'  siuirail  joindre  à  cctfO  çalegoi'ie  le  non)  de  Boîjcodon 
(llaules-.Mpes),  (huit  rcu'igijie  est  bien  dill'érente,  car  il  repré- 
sente, selon  toute  vraisendjiance,  un  ancien  boscus  Aldonis 
ou  Oddonis, 

46.  Ardin  (L)eux-Sèvres;.  jadis  Ai'dunum  pour  un  plus 
ancien  Aredunum,  otVre  l'exemple  d'une  autre  déformation. 
ini[)ulalilc  a  une  pi'ononciation  vicieuse,  de  la  voyelle  toiiiqut!  de 
dunum. 

4T.  En  vertu  du  phénomène  piionéliqu(?  par  lequel  s'explique 
la  désip.ence  du  nom  du  Qiirrci/  --  jtagus  Cadurcinus  — ■  Vn 
de  ilununi  est  li)inbé  en  Languedoc  :  c'est  un  homonyme  de 
Verdun  (ju'il  faut  voir  dnns  'Verduc  i  llaule-tùiioiine.  tiers)  :  le 
c  qui  termine  cr.  jnol  est  ailventiee,  et  ii  l'origine  ne  se  prononçait" 
pas.  11  en  est  d'.;  mènie  de  !a  linole  du  noro  de  Roquedui'  (Gard), 
prnnilis  l'uient  1 1  noad  n  n  uni . 


M 


48.  Le  nom,  déj;<  mciilioijué,  de  Besalù,  en  (^aLal"-iu',  [ué- 
M'iiLc  aussi  la  chuto  A'-,  la  nasale  ;  mais  on  observe,  par  siu'iroîL, 
ijUf  le  (/  (le  (lununi  a  disparu,  ou  plutôt  qu'il  s'est  assimilé  k  1'/ 
ipu  le  précédait,  ouxertu  d"une  loi  phonétique  dont  les  eU'ets 
sont  particulièrcnu;nl  sensibles  eu  Catalogne  et  en  Roussillon  : 
'es  noms  de  personne  Arnal,  ditihal,  Jiajjnul,  tiujal  y  répondent 
a  Arnaldus,  Wilbaldus,  Reginald  us,  Rigaldus,  la  termi- 
'.naison  ^ermaniciue  uld,  latinisée  uidus,  s'étant  altérée  en 
.il lus.  ainsi  que  des  chaînes  du  \''  siècle  en  fout  foi;  de  même 
!'>isuldunum  est  di'venu  H  isull  unun^..  Pareil  phénomène  sest 
luanil'esté  dans  une  réi^^ion  moins  méridionale  :  l'Iixel  odunum  ou 
l']xoldunum  qu'uiu?  eharle  du  ini  !Sa(Jul  nientioime  en  930,  est 
devenu  Exoliunum,  témoin  la  forme  ÎSEOlu  que  présente  le  ivun 

!,  tnoderne  de   la  localité  :    Puecli   il'lssolu   (Lot),    maladroitement 

déformé    en   /'ui/-I)i>isalu   :    c'est    dans    cette    localité   (jue    des 
.u'elié(do;4ues  eroieul  recounatlre  l'U  xellodu  n  um  de  César. 

49.  n.uis  Montlahuc  (Drôme)  il  faut  voir  un  antique  Lu;;- 
<lunum,  devant  le  nom-duquel  le  mot  nions  est  venu  de  bonne 
heure  se  placer,  comme  il  est  arrivé  à  propos  de  Moutverdun. 

50.  Ailleurs,  nuiis  toujours  dans  la  France  niéritiionale,  le  d 
de  dunum  a  iléclii  en  .:  :  Lauzun  (Lot-et-Garonne),  Montlauzun 
(Lot),  et  sans  doute  Monlezun  (Gers)  représentent,  euK  aussi, 
d'anciens  Lu-^dunum;  et  le  Maudunum  qui,  dans  un  texte  de 
1207,  désig-ne  Mauzim  (Puy-de-Dôme)  est  vraisemblableniont 
pour  un  plus  ancien  Ma<,^dunum,  vocable  que  l'on  rencontre 
ailleurs.  Baiazuc  (Ardéche)  dont  on  rapprochera  la  terminaison  de 
,.'«dle  de  Veidue.  s'appela  jadLs  15.iladuuum,  et  -peut-êtru  en 
l'aut-il  dire  autant  de  Balaruc  (Hérault j,  ea  supposant  une  mani- 
festation du  phénomène  inverse  du  rliotacisme. 

51.  La  chute  complète  d'une  dentale  onj^iiielJement  placée 
entre  deux  voyelles  est  un  fait  constant  en  pays  de  langue  d'oïl, 
et  ainsi  explique-t-on  que  le  </ de  dunum  n  ait  pas  laissé  de 
traces  dans  les  noms  suivants  : 

Achun  i.Nièvrej,  au  xi    siècle  Scadunum. 
Aiglun  (liasses-, Mpcs.  Alpes-Maritimes;. 
Arthun  (Loire),  jadis   Artedunum. 
Autun  (Saône-et-Loiie),  Aujjfustodununi. 
Embrun  (ilautes-Alpes),  la  civitas    EbroduïJensiuni  de  la 
Xntiùu.  dont  le  nom  primitif  était  sans  doute  Eburodunum. 


32 


l.l.S     .NOMS      hK     I.IKI 


Mehun  (Cher.  Indre .,  Meung  (Loirel,  N'i.'vrL'i,  aueioii  M;i-- 
duiiuin  dont  le  ij  s'est  vocalisé. 

Meluil  (Seine-et-Marne),  le  Alelodunum   île  César. 

52.  La  nonienclatiuv  qui  précède  doit  être  i^rossie  îles  M;K\iMe> 
dans  !es(|uels  on  observe  en  outre  les  defiuinalions  signalées  plus 
liaul   de   l.i  vovelle   lonicpie  de  liununi  : 

AttOll  I  Meurthe-et-Moselle)  et  ÉtOll  (^Meuse;.  qu'on  a  lieu  de 
répuler  honionvnies  du  Si  adununi  auquel  doit  sou  noiu  l'Ate- 
nois,  ancien  /;:/;/;7.v  compris  dans  l'arroniiissenieiit  aoluel  de 
Sainte-Menehould  (Marnel. 

Brancion  (Saone-et-Loire).  B  raneedu  nuni. 

Cervon  (Nièvre'i.  au  VI''  siéoleCervedununi. 

Chalons  (Mavenne),  au  viri<"  siècle  Caladununi. 

Gugnon  (Belgi(|ue,  Luxembourg-),  Congidunum. 

Lyon  (Rhône),  Lugudunum,  puis  Luf,'-dunum. 

Marquion  ^l'as-de-Calais^.  au  X"  siècle  Markedununi. 

Nyon  (^Suisse,  canlou  de  Vaud),  Noviodunum. 

Sion  (Suisse,  Valais),  Sedununi. 

Suin  i  Saône-el-Loire),  jadis  chel'-lieu  de  la  ^icaria  Seodu- 
nensis,  et  dont  le  nom  primitif  était  i)rohablement.  comme  celui 
de  la  ville  de  Piodez,  Seyodun  inn. 

Torvéon  (Rhône),  au  X"-'  siècle  chel'-lieu  de  la  vicaria  Talve- 
d  u  n  e  n  s  i  s . 

53.  A  côté  de  Lyon  on  peut  mcnliiumer  Laoîl  (Aisne),  <pio 
Grégoire  de  Tours  appelle  Luydunum  Clavutum  ;  on  sait  que, 
dans  la  prononciation,  la  finale  de  ce  nom  se  réduil  à  an.  Pareille 
réduction  est  graphiquement  consacrée  dans  le  nom  de  Belan 
((-ôle-d'Or),  dont  les  formes  ancienn<'s.  lichnin  (h\  1117,  Bclei'in 
en  1  loi,  autorisent  à  supposer  un  priinilu'  Baladunum. 

54.  Les  noms  de  la  BDurç/ognc  cl  de  Conipièijnc,  portés  par  un 
pays  et  par  une  ville  qui  s'afjpelèrent  Burgundia  et  Compen- 
dium,  autorisent  à  supposer  des  formes  intermédiaires  Burgun- 
nia  et  (-ompennium,  dans  lesquelles  la  lettre  i/,  précédée  delà 
lettre/;,  se  serait  assimilée  à  cette  dcr'uière  :  ainsi  s'est  comporté 
le  il  de  dunum  dans  le  nom  d'une  localité  que  Flodoard  appelle 
Suidunum.  C  est  là,  nous  apprend  l'auteur  de  Vllislorla  ccclesiac 
licrnensis,  qu'étaient  honorées  les  reliques  de  saint  Oricle.  per- 
sonnage qui  p'^rit  lors  de  l'invasion  des  Vandales,  au  x"  siècle  ; 
or  l'iifiique  pariiisse,   de  l 'ancien  diocè.se  de   Reirns,  eiont  l'égli.se 


Miudi.NKs  i;i:i.ri(iij'Ks 


:{;{ 


ail  poui-  vocal)le  Saint-Uricle  est  SeilUC  i  Ardeniies  .  cj;t';iu 
Mil''  sièclo  Auhry  do  T:'c)is-l'\)ntaiiies  appelle  Scitti.  On  ne  tenlera 
|)as  d  ex[)lli|uor  ici  la  chute,  insolite  en  ces  contrées,  -de  Vn  de 
tlunum,  ni  rap{)arition  tardive  du  c,  purement  parasite,  qui 
termine  aujourd'hui  le  non\  de  cette  localité. 

55.  Dans  les  parties  de  l'ancienne  Gaule  ou  riufluence  germa- 
nique a  prévalu,  la  terminaison  dunum  s'est  comportée  tout 
autrement  qu'ailleurs,  en  raison  du  recul  de  l'accent  tonique,  qui 
s'est  porté  sur  la  syllahe  précédente  ;  elle  n'a  laissé  d'autre  trace 
qu'une  désinence  atone.  C'est  ce  que  l'on  constate  dans  le  nom 
de  Karden.  déjà  cité,  dans  celui  de  Birten  (régence  de  Diisseldorf), 
queGrég'oire  de  Tours  désigne  par  les  mots  apud  Bertunensim 
o[)pidum.  dans  celui  de  Leydc,  en  hollandais  Leiden  —  un 
autre  Lugdunum  —  enlin  dans  les  appellations  allemandes 
Ifferden,  Milden  et  Sitten,  appli([uées  aux  villes  suisses  d'Yver- 
(loa,  de  Moudon  et  de  Sion,  dont  il  a  été  aussi  question  plus 
luaut. 


11  convient  d'examiner  maintenant  l'inlerprétation  demi  plu- 
sieurs des  noms  en  dunum  sont  susceptibles. 

56.  On  a  constaté  l'extrême  fréc]ueiice  du  vocable  Lugdunum, 
aujourd'hui  représenté  par  Laon,  Laudun,  Lauzun,  Leyde.  Lou- 
(lun,  Lyon,  Monlezun,  Montlahuc  et  Montlauzun,  et  qui  fut  le 
nom  [)rimilii  —  Lugdunum  Conveuarum  —  de  Saint-Her- 
Irand-de-Comminges  (Haute-Garonne).  Lugdunum  signilierait 
•  mont  des  corbeaux  »  d'après  le  pseudo-Plutar([ue,  <■  mont 
désiré  »  d'après  le  petit  glossaire  d'iuidlicher,  <(  mont  lumineux  » 
d'après  le  moine  Ileric  ;  d'Arbois  de  Jubainville  a  cru  reconnaitre 
dans  la  première  partie  de  Lugdunum  le  nom  d'une  divinité, 
I-iig,  dont  il  est  question  dans  des  poèmes  irlandais,  mais  dont 
il  resterait  à  prouver  que  le  culte  fut  répandu  aussi  en  Gaule. 
L'opinion  du  moine  Heric  paraît  la  plus  vraisemblable  :  elle  fait 
de  Lugdunum  le  synonyme  des  Hier  mont  fju'on  rencontre 
en  si  grand  nombre  également  sur  le  sol  de  noire  pavs. 

57.  Dans  Verodunum,  non  moins  répandu  queLugdunum, 
puisqu'il  est  représenté  par  sept  \'erdun,  deux  Verduc,  deux 
Mi>nlvordun  et  par  Cliàleau-Verdun.  la  première  partie  est,  soit 
un  nom    d'homme    Vero!^,    d'ailleurs  fort    rare,    soit   un   adjectif 


.NuMs    UK    I  n;i 


0 


tï 


L-quivalanl    au    Uilin    verus    :     (laiis    ce    tlei'iULT    cas,    lu    iiiduis 
iiMpi-ubal)]c,  \cio(Iuiuim  .sit^nilieralt  <■   vraie  l'urleresso  ". 

58.  Uxolloduiuiiii.    (|iu'   Ton  recoimuîl  dans  les  deux  Issou- 
duii.  dans    Exoiidim    i-l   dans  le   Puech-d'Issolu,    dériveraiL  d'un 
mol   -aidnis    urellos.    <|ui    peuf   avoir  élé    employé  comme   nom  . 
d  liuninu-,    mais   dmil  vn  ne  saurait  méconnaître  la  parenté  avec         f 
railjectif  breton   ucvl,  au  s.-ns   d"  ,>  élevé  »,  qualilication  couve-         i 
nant  bien  à  uiu;  monta-^ne  ou  à  une  forteresse.                                            f 

59.  Le  premier  ternuMle  Noviodununi,  nom  ori'ginelde  X\on, 
est  sans  doute  un  adjectif  é(juivalant  au  latin  no  vus  :  ce  nom 
si^niiGerait  donc  u  uou\olle  rorlercsse  -. 

60.  Tandis  (pie  ilans  la  première  partie  des  vocables  qui 
viennent  d'ètie  [lasaes  en  revue,  on  incline  à  voir  des  adjectifs, 
il  semble  bien  que  duiiuni  soit  précédé  d'un  nom  d'homme  dans 
cluicun  des  noms  suivants  : 

A  rtedunum,  aujourd'hui  .Vitliun,  ((ui  serait  forme  sur  le  nom         '• 
d  liomme  Arlos,  au  sens  d'  '.    ours  ». 

Inandon,  où  apparaitrail  le  nom  tlhomme  Jir;tn<)S,  sii^niliant 
"   corbeau  ». 

Ml)urodunum,  dont  le  premier  ternie  aurait  l'acception  de 
'    sanglier  ». 

61.  Des  noms  d'hommes  romains  sont  entrés  jiareillemeut  en 
composition  avec  d  un  uni.  Bien  connus  sont  les  exemples  four- 
nis à  cet  éfrard  par  .Vuy  us  toilunum,  d'où  Autun  (Saone-et- 
Loire)  et  par  Caesarodu  num,  qui  fut,  jusqu'au  m''  siècle,  le 
nom  de  la  ville  de  Touis  ;  il  faut  sans  doute  sujipi^seï'  par  analo- 
gie (ju'Aiglun  et  Liverdun  dérivent  de  noms  romains  tels  '; 
(ju'.K  quilius  et    Liherius. 


DU  nos 


1784676 


62.  Nuros.  signilie  '<  torteresse  »,  foimiie  duiids  ;  mais  il  est 
priibable  t[ue  c'est  un  sens  secondaire,  et  ([u'à  l'origine  ce  mot 
flail  un  adjectif  t'(juivalent  au  latin  du  i-us  ;  ainsi  l'adjectif  latin 
fnrtis,  «  hiave  »,  est  devonu  notre  substantif  "  fort  ». 

Latinisé  en  durum,  ce  mot  constitue  la  désinence  d'un  cer- 
tain noml.ire  de  noms  de  lieu,  dont  deux  apparaissent  déjà  dans 
les  Connnentaires  de  César  et  dans  les  Itinéraires  :  Octoduruni, 
aujourd'hui  Marli^ny  (Suisse,  canton  du  Valais)  et  Augus- 
todurum.  aujourd'lmi  Baveux  (Calvados'). 

63.  En  raison  de  la  voyelle  liiiale  cpTen  présente  le  premier 
terme,  les  noms  de  lieu  de  cette  catégorie  se  terminent  invaria- 
blement en  -oduruni.  (Jette  constatation  a  son  intérêt,  car  le 
premier  ?/  de  durum  étant  bref,  c'est  sur  la  syllabe  précédente 
que  se  place  l'accent  tonique,  ce  qui  devait  entraîner  la  chute  tle 
Vu  atone,  et  l'assimilation  du  d  à  l'r  a\ec  lequel  il  se  trouvait 
conséquemment  en  contact  ;  -oduruni,  altéié  à  l'époque  franque 
en  -odorum  ou  -ode  ru  m,  puis  réduit  ;i  -odrum,  est  devenu 
en  français -^,v//-c,  qui  s'est  à  son  tour,  un  va  le  voir,  altéré  parfois 
de  diverses  façons.  La  ville  qui,  à  l'époque  romaine,  s'appelait 
Au  t  essiodui'u  m,  est,  sous  la  dominafinn  frampie,  nommée 
Autissiodorum,  Autixioderum  :  de  là  est  venue  la  forme 
ron.iane  Auçiierr/?^  qui  se  prononçait  Aucenrc;  aujourd'hui  l'on 
écrit  Auxerre  (Yonne). 

64.  La  forme  -etz/'c  s'est  maintenue  pour  l'oreille  dans  les  tuims 
suivants  : 

Âujeures  (Hantt.-Marne)-,  l'AIbiodero  des  monnaies  niérovin- 
giennes,  représentant  un  plus  ancien  Albiodorum. 

Chilleurs  (Loiret),  qu'un  pouillé  du  xi"^  siècle  appelle  Calo- 
du  ru  m. 

Izeure  (Côte-d'Or;,  Yzeure  (Allier),  Yzeures  Indre-et-Loire), 
le  premie)'  appelé  Iciodoro  en  li'ù^. 

Mandeure  (Doubs"),  représente  ranfi((ue  Epamandnodu- 
rum.   (>ri\é  par  ui)e  ;qiliéri'.se  <le  si'-,  deux    priMiiières  svllalir'S. 


I.H6  i.l;s   MiMs   uK   i.ii:i 

Soleure  (Suisse),  11' Salodiiruni  tlos  itiiiéraii'es. 

65.  Ces  exemples  bien  avérés  autorisent  à  ranger,  avec  beau- 
coup de  vraisemblance,  dans  la  même  catégorie,  les  noms  de  lieu 
i'ranvais  ({ui  se  terminent  par  le  son  eurr. 

Avalleur  (Aube),  dont  le  premier  tenue  est  [)resquc  certaine- 
mout  le  mol  j^^aulois  Aballos,  employé,  soit  au  sens  de  <^  pom- 
mier »,  soit  comme  nom  d'homme. 

Balleure    (Saïuie-et-Loirei,    com[)aral)le,    au   p.  ■i:-    >  ne  du 

premier  terme,  à  Bnlazuc  et  à  iJclan,  mentionnés  pi ii.^  haut. 

Pleurs  (Marne),  appelé  Plaiotrum  en  1052,  et  dont  li.  d'Ar- 
bois  de  .lubainville  suppose  (jue  la  l'orme  pnmitive  était 
Pelagioduru  m. 

66.  On  a  vu  par  l'exL'mjilc  dM//.tr/7-e  que  le  son  eu/'c,  représen- 
tant -oduruni.  peut  se  réduire  à  erre.  Ainsi  en  a-t-il  été  dans  les 
noms  ci-après  : 

Augers  (Seine-et-Marne),  prononcé  Auyèrc  ;  ce  vocable  appa- 
raît au  moyen  aye  sous  les  formes  Aljotrum,  Aujotrum,  tjui 
send)leiit  permettre  d'y  recomiaitre  l'Albioderum  de  Frédé- 
gaire,  soit  un  homonyme  d'.iujeure. 

Brières  (Ardennesj,  appelé  à  l'époque  i'ranque  Briodrum  ou 
Brioderum,  formes  basses  pour  Brivodurum. 

Nanterre  iSeiuei,  Xemptodorum  dans  Grégoire  de  Tours, 
Xemetodorum  dans  la  Vie  de  sainte  Geneviève,  pour  Neme- 
t  odurum 

Solers  (Seine-et-Marne),  prononcé  Sulcre  ;  ce  nom,  que  les 
clercs  du  moyen  âge  traduisaient  abusivement  par  Soleria. 
pourrait  bien  venir,  comme  Soleure,  de  Saloduruni. 

Tonnerre  ("^'onne),  appelé  par  Grégoire  de  Tours  Teruodo- 
rense  caslrum.  ce  ipii  su|)pose  un  primitif  Turnndu  rum  ;  on 
rencontre  au  cours  du  moyen  âge  les  formes  inlernu-diaires 
roriiiicrre,   Tixiriioirrc. 

67.  A  son  tour  -erre  s'est  parfois  déformé  en  -arc. 

Briare  (Loiret)  est  le  Brivodurum  de  l'Itinéraire  d'Anlonin. 

Briarres  (Loiret)  rej)réscnle  prol)ablenu'nl  un  [)rimitil  sem- 
blable. 

Bussiares  (Aisne),  qu'il  ne  faut  pas  confondre  avec  les  nom- 
breux Buîisières  (représentant  autant  de  Buxaria  formés  sur  le 
nom  latin  du  buis)  est  appelé  liolssuerre  en  t20t,  ce  qui  autorise 
à  supposer  une  forme  originelle  telle  que  Buxodurum  :  hypo- 
thèse a  laciuelle  ne  contredit  pas  le  Jinss'Trc  d'un  texte  de   1  l(i!t. 


:?: 


68.  l'iu'  (IdunniitLoii  (.'xn^iilionncllo  de  la  (iM-miiiaisun  -cr/w 
explicable  par  le  iihéiionuMic  invers.'  iln  rhotacisnic,  se  manileste 
li.uis  lo  nom  (rArnaise.  porlf  p.u'  deux  iiMi-ls  (le  la  et)imnune  île 
S.nnt-Ainliroix  (("lier)  :  les  Cdi-nies  médiévales  de  ce  mim,  Ariiu- 
ria  en  120S.  ,  l/vv/xv/re  en  l.'<*IS,  procèdent  sans  nul  iloute  de 
l'appellation  anli<iue  tlu  Imuri;  de  Sainl-Anduoix.  Il-",  rnoiluru  m 
(le  l'Itinéraire  d'Antoniu. 

69.  Dans  une  ré^'inn  éli'oitemeni  délindlee,  la  llnale  -fitrr  s'est 
;illérée  dillerenuaent,  pai'  l'eitet  d'une  substitution  de  li(]uide. 

Brieulles-.s(/r-.lA'((.sv  iMense)  est  appelé  liidodoruni  dans  des 
textes  des  x''.  .xi''  et  xii"  siècles  ;  on  peut  donc  le  considérer 
comme  un  homonyme  de  lîriare;  peut-être  en  esl-il  de  même  de 
Brieulles-5(/r-/i.ir  ( Ardennes) . 

ManheuUes  (Meuse"!  est  appelé  Manbodorum  ,01  xi'  siècle,  et 
Miii/iiirrc,  Manhiicr-i-t'  AU  xur'. 

Boiireuilles  (Meuse),  n.->ni  d.ans  leiiuel  la  nuunlbne  (inale 
n'aiiparaît  que  tardivement,  est  appelé  lîuiirrcurc  en  l:2(lo  :  cette 
l'iirnie  autorise  l'hypotlièse  d'un  |)riniitir  Hurrodurum. 

70.  Le  nom  de  Tonnerre  est  passé,  un  l'ii  vu.  par  la  forme 
Tiitirnoirrc  :  la  prononciation  ainsi  notée  se  rencontre  ailleurs. 

Issoire  (Puv-de-Dôme),  appelé  Iciodorum  par  Gré^'oire  de 
Tours,  el  depuis  f.tsocrrr,  fssnerrc,  ce  dernier  prononcé  Ixsciire, 
i-sl  l'équivalent  d'I/.em-e. 

Jouars  i^Seine-et-Oise'i  a  pour  ancien  nom  Diodurum,  variante 
lie  Divodurnm,  qui  désigna  la  vdle  de  Metz;  c'est  une  contrac- 
lion  du  même  nom  qu'on  reconnaîtra  dans  .lotrum,  ap[)ellation 
médiévale  de  JouaiTe  (Seine-et-Marne;. 

De  ces  noms  on  est  lente  de  rapprocher  cehd  de  Bouchoir 
Somme,  en  raison  de  ses  toriues  anciennes  :  liiirliiirrc  en  I21;3, 
l)(iiicliciirf  en    I2.')7. 

71.  Waulsort  ilîîelgique.  province  de  XamuiM  esl  appelé 
W'alciodorus  en  Oi-tl.  La  transFoi-mation  de  -odurum  en  -o/v 
est  moins  surprenante  dans  le  nom  d'Izemore  (Ain),  au 
vni''  siècle  Lsarnodoin  m,  ijiii  apj)arlienl  à  une  région  plus 
méridionale  ([ue  celles  oii  ont  été'  relevés  les  vocables  précédem- 
ment passés  en  revue.  Ballore  (Allier,  Saône-et-Loire)  repré- 
sente sans  dfiule  aussi  un  [irimitit  en  durum  ;  mais  cette  hypo- 
thèse n'est  pas  permise  en  ce  qui  concerne  Saint-Paul -d'f'core 
(Loire)  el  So/ore-Salnt-Laurent.  aujourd'lmi  Saint-Laurenl-sous- 


nS  '  i.Ks   NOMS    nv;   i.iKf 

lv)ch(.'fort  (Loire),   la   teniiinaisoii    de  oos   noms   ;iv;iii'    [las'^é  ;iu 
nioven  ùge  par  la  forme  -orre  ou  -nhrc. 

72.  Kn  pays  de  langue  germanique,  l'accent  tùni([ue  des  noms 
en  -durnni  s'est  dé[ilacé,  mais  non  pas  do  même  ([ue  celui  des 
noms  en  -dunum  :  c'est  sur  la  première  syllahe  de  du  ru  m  rpi  il 
s'est  porté  :  Soleure  s'appelle  en  allemand  Solothurn  ;  le  Tlieu- 
durum  de  l'ItiuiMaire  d'Aiiloi\in  e^•l  aujourd'hui  Tuddereil 
(ri'i^ence  d'Aix-la-Cluipelle!  ;  el  'Winterthur  (Suisse,  canton  de 
Zurich)  répond  a  un  antique  Vitodururo. 

73.  Les  noms  primitifs  d'Auxorre,  de  IJôureiùlles,  d'Izernofe, 
d'Izeure  ou  d'Issoirc.  deTonnerre,  paraissent  avoir  pour  premiers 
termes  des  noms  d'hommes  gaulois  :  Aiitecio^,  Jhirrns.  Iccios, 
Turiios;  ceux  d'Aujinue  et  d'.\.ui;ers  et  de  Pleui's  débuteraient 
par  des  noms  romains.  Alhiuset  Pelayius,  ce  dernier  d'orlgiiu- 
grecque. 

.\valleur  et  Xanlerre  dériveraient  des  mois  ganlois  aballos, 
«  pommier  »  et  nernctn>i,  ..  temple  >■  qui  [>euvent  avoir  été  pris 
aussi  comme  noms  d'homme. 

Dans  Brière,  Hriare.  Brieulles  on  rec(nniait  le  nml  Lriva. 
«  pont  ». 

Rrnodurum  est  apparenté  au  nom  de  la  rivie'c  ([ui  arrose 
Sainl-Amhroix,  1  Arnon. 

On  retrcuive  h'  premier  terme  du  nom  des  //.i/'oiivissi".?,  dans  le 
nom  i\\\c  portait  le  chei'-lieu  lie  la  finis  Haio  t  n  n  sis.  en  l)nes- 
innis. 

Diirum  s'est  combiné  en  outre  avec  des  noms  eihnicpies  :  les 
lîalaves  et  les  lioïens  avaient  des  villes  appelées  Ba  t  a  vod  uru  m 
et  Boiodurum. 

74.  Onrum  a  été'  emplovc'  aussi  comme  premier  terme,  par 
exemple  dans  h's  noms  Du  ion' ernum.  Dnrncor  no\  i  ,i  m, 
1)  u  roc  oi-to  ru  m  el  Dur  oea  I  ue  11  au  ni.  qui  ont  désigné,  le-;  deux 
]iri'miei's,  en  Angleterre,  (  ^antorhéry  i  comté  de  Kent)  et  (',iren- 
cester  (comté  de  Gloiu;ester),  les  deux  autres  Jleims  et  (Jhàlons- 
sur-Marne  :  il  a,  à  cet  égard,  laissé  des  traces  dans  les  nonis  de 
Dreux  (Rure-et-Loir'),  de  Domians  CMarne)  et  de  Doiiqueur 
; Smnme^  coi-respondant  aux  vocaldcs  anli(jnes  Dui'Oca.ssfs, 
Dnro  in.innum,  1)  u  rocoregnm,  dans  ceux  de  Diiclair  (.Seine- 
Inférieure)  et  de  Drucat  (Somme),  pour  Icscjuels  on  a  les  formes 
basses  Durclarum  el  Durcaptum.  [leut-ètre  aussi  dans  celui 
de   Durbuy    '  lîelt^ique.   province   de   Luxendxuirg'. 


oiur.INKS    CKI.lii.l  i;s     :     /'/  /,■' 


■M) 


75.  A  considérer  les  coulréos  inlLTcsscos  par  los  cmiiiu  râlions 
([ui  précèdi'ut,  on  observera  ([iio  les  noms  dans  la  coni[npsilion 
(lt'S([uels  entre  duras  soni  inconnus  à  Tesl  du  liliin,  entre  le 
Kliùne  et  les  Alpes,  dans  le  bassin  de  la  (;aionne  el  dans  !o  iiavs 
Mil  ori  ;i])pela  là  Septiinanie. 


VI 
BBIGA 


76.  Les  noms  de  lieu  ayant  pour  torininaisou  hriga,  autre  mot 
auquel  les  celtistes  les  plus  autorisés  attribuent  aussi  le  sens  de 
«  forteresse  »,  ont  dû  être  jadis  fort  nombreux,  mais  plus  au  delà 
qu'en  deçà  des  Pyrénées  :  les  écrits  de  l'antiquité,  tantlis  (|u"ils 
révèlent  l'existence  en  Espagne  d'une  vingtaine  de  vocables  de 
cette  catégorie,  en  font  connailre  seulement  quatre  ayant  appar- 
tenu à  la  Gaule  :  Baudobriga,  Kburo'origa,  Li  tanobriga, 
mentionnés  dans  les  textes  itinéiairrs,  (4  Aîagetobriga  ou 
Admage tobriga,  (jui  figure  dans  les  (lommontaires  de  César. 
Évidemment  hriga  appartenait  au  dialecte  des  Celtibères^  et  ce 
mot,  hors  d'Espagne,  constitue  une  trace  du  passage  de .  ces 
Iri'hus. 

Do"^  (piatre  noms  qui  xicnnenl  drlii'  rap[Hdt''S,  les  deux  der- 
iiit-rs  n'ont  laissé  nulle  Iratr.  lîaudobriga  est  aujourd'liui 
Boppard  (régence  do  Coblen/)  ;  mais  ce  nom  moderne,  formé 
sous  l'inlluence  germanique,  ne  fait  en  rien  connaîtie  le  sort 
réservé  en  France  au  mot  L;au!ois  l>ri(/n.  1']  Imroiiriiia  n'esl  nuire 
{(u  Avrolles  (Yonne),  dont  le  nom,  (|ui  se  présente  dès  le  ix"^  siècle 
sous  la  l'orme  Evrola,  rappelle  assez  bien  la  première  partie  du 
nom  anti(|ue,  mais  niillenn'iil  s:i  linale  :  celle-ci  aura  sid)i  une 
lie  CCS  Irausl'ormations  iiudlenducs  qu'on  ne;  |>eul  c|ue  constater, 
s:ms  fpie  la  cause  en  soit  di'li'nninahle. 

T7.  Parmi  les  noms  en  br  i  g  a  (pi  0!i  observait  dans  la  pénin- 
sule hispanique,  un  des  plus  sûrement  identifiés  est  Conimbriga, 
aujourd'hui  Coiiubre  Piirtugall  ;  on  dnil  conclure  delà  qucl'ide 
b  r  i  g  a  était  l)ref,  par  conséquent  ;it()ue  (juand  b  r  i  g  a  jouait  le 
rôle  de  désinence. 

78.  L'i  bref  accentué  deven;iiit  en  franvais  ni,  on  peut  consi- 
dérer comme  représentant  briga  employé  seul,  les  noms  de 
Broyé  (Ilaute-Saône,  Saône-el-boire  i  et  de  Broyes  (Marne, 
Oise). 

79.  Mais  dans  le  cas,  bien   plus  l"ré(p:ent,  oti  briga  est  le  de:- 


i 


ORKilNF.S    Cia.rinL'KS 


nuT  terme  d'un  nom  de  lieu,  racceul  se  porte  sur  la  svllabe 
précédente,  qui  est  d'ordinaire  —  on  Ta  vu  par  les  quatre  exemnles 
■  liu!  nous  a  laissés  l'antiquité  —  un  o. 

80.  Des  formes  vulg'aires  (pi'a  revéluesla  terminaison  -ohrijja. 
l;i  plus  reconnaissahle  est  -nhrc  :  on  la  rencontre  dans  'Vèzenobre 
iCiard),  Vezenohrium  en  lOSO,  Vedenol>rium  en  liai,  dans 
Vinsobres  (Drôme).,  Vinzobrium  eu  1137,  vraisemblablement 
l'our  un  plus  ancien  Vindolirij^-a,  ]HHit-ètre  aussi  dans  Lanobre 
, Cantal';. 

81.  Plus  au  nord,  le  h  devient  v.  Verosvres  (Saône-et-Loire) 
i'>t  appelé  au  xiv-  siècle  1  orovre,  ce  qui  autorise  à  supposer  un 
primitif  Verobri<>a  dont  le  ternie  initial  serait  le  même  (pie 
celui  de  Verodunum. 

82.  Parfois  -ovre  s'est  réduit  à  -orc.  Le  chef-lieu  de  l'aj^-er 
Solobrensis  ou  Solovrtnsis  du  x""  siècle  a  été  appelé  Solore- 
^uint-L^iurcnt  ;  -c'est   aujourd'hui  Saint-Laurent-sous-Rochefort 

Luire;.  Kl  la  forme  Ysovrus,  des  x*  et  xi*"  siècles,  donne  à 
penser  que  Sainl-Paiil-d"Uzore  (Loire  ,  représente  un  ancien 
Icciobrig-a,  apparenté  par  son  premier  terme  à  Issoire  et  à 
Izeure. 

83.  C'est  sans  doute  par  l'intermédiaire  tle  cette  forme  réduite, 
dunt  le  son  liquide  aura  été  altéré;  que  s'explique  le  nom  déjà 
eité  d'Avrolles  (Yonne)  représentant  Kburobrig-a. 

84.  Le  son  de  Vn  peut  s'être  allongé  en  ou  :  Courouvre  ('Meuscj, 
(lorrubrium  en  1149,  Corrobrium  en  1207,  était  probal)le- 
inent  à  l'origine  Corrobriga. 

85.  Mais  la  forme  que  -obriga  revêt  le  plus  communément  en 
pays  de  langue  d'oïl  est  -rarre. 

Cliartreuve  (.\isne),  Carlobra  au  i\''  siècle,  vraisemblahle- 
inent  pour  Ca  r  to  iM-iga. 

Deneuvre  (Meurthe-et-Moselle),  Donobrium  au  xii"  siècle, 
parait  représenter  DonnoJjriga,  «  la  forteresse  de  Dunos  ->  ;  il 
ca  est  de  même  de  Ghâtel-de-Neuvre  (Allier),  qui  était,  à  l'époque 
mérovingienne,  le  chef-lieu  du  pagus  Donobrensis,  et  dont  le 
nom  devrait   s'écrire   Chatel-Denenvre. 

Escaudœuvres  (Nord),  Scaldeuvrium  en  1137  ;  nul  doute 
a  est  possible  sur  le  sens  de  ce  nom,  dont  le  premier  terme  est 
le  nom  de  l'Escaut. 

Vendeiivre  (Vienne)  est   appelé   à   la  fin  du  x«  siècle  'Vendo- 


m 


'•-  i.i;s   .NOM.s    DR   r.iKr 

bria,  ce  qui  ne  diiïère  guère  du  Vindobrig-a  que  donne  ii  sup- 
poser Vinsnhrr,  et  dans  le  premier  Icrnie  duquel  on  l'eeonnaîtrail 
i'adjeclit"  viiii!()s  «  ])lane  »,  peut-t'tre  ju-is  comme  nom  d'homme; 
unlexte  de  938  donne  la  forme  plus  altérée  Vindopera,  sous 
laifuelle  on  voit  désigné  aussi,  vers  la  même  époque,  Vandœuvre 
('Meurthe-et-Moselle).  Uiip  forme  presque  semblable,  ^'en  do- 
pera, est  appliquée  en  llT^i  à  Vendœuvres  (Indre).  Veudeuvre 
(Calvados'l  est  probablement  de  même  origine,  mais  non  point, 
on  le  verra  plus  loin  (n'' 121),   Vendcuvrc  i  .VnbeV 

86.  Il  est  arrivé  que  celte  (înale  -ciirre  se  soit  réduite  ii  -èvrc. 
Denèvre     (llaute-Saône       apparaît      ehiii-emeiit      comme     une 

variante  de  Deneuvre. 

Lingèvres  (Calvados)  est  mentioiim-  au  xii"  siècle  sous  la 
forme  Llru/ticvrc. 

Soulièvres  (Deux-Sèvres)  peut  passer  pour  un  homonyme  de 
Solorc,  témoin  l'appellation  Solu  brium,  qu'on  tiTmveeneore  au 
XI v"  siècle. 

Sur  le  noni  de  Suèvres  (Loir-et-Cdieri  a  été  formé, 
carolingienni",  l'adjectif  Solobrensis. 

Volesvres  ;Saône-et-Loire\  jadis  \'nhicrr?.  donne  U  supposer 
un    primilif  \'ol()briga. 

87.  A  si>n  tour  -erre  s'est  réduit  .'i  -/ve  dans  le  iiom  de  Ghar- 
tèves  (Aisne),  dont,  l'origine  paraît  ne  pas  différer  de  celle  de 
('hnr/reuvp. 


époque 


ri 


VII 
MAdOS 

88.  Le  substantif  ijaii lois  inufjOfi^  latinisé  mag-us,  avait  le  seni 
(lu  latin  campus.  On  le  retrouve  dans  Ifi  gaélique  irlandais, 
témoin  le  nom  de  la  ville  archiépiscopale  d'Armayh,  et  dan.'^.  le 
hretini  armoricain  mn":-,  qui  iermino  un  assez  .'.^rand  non\bre  de 
viH'ald(>s  ne(i-celtii[nes. 

89.  I.'.7  de  inauiis  était  brei',  et  conséquemment  atone  dans 
1rs  noms  dont  ce  moi  conslituiut  la  désinence  ;  le  premier  teime 
de  ces  noms  se  terminant  d'ordinaire  par  un  o,  c'est  sur  cette 
vovelle  que  se  portail  l'accent  tonicjue  ;  or  la  finale  -omag'us  a 
lie  Ixinne  heure  perdu  tout  ce  qui  suivait  l'm  :  on  reuooidrc  sur 
lies  triens  ou  tiers  de  sou  mérovin^-ien^  les  formes  Cisomo, 
Xoviomo,  Ilotomo,  au  lieii  des  formes  Gisomag-us,  Novio- 
maj^'-us,  li.otoma^'us,  que  fournissaient  les  textes  antérieurs 
au  \ii'  siècle. 

90.  Les  plus  anciennes  foi-mes  romanes  des  noms  en  -omaj^us 
présentent  ia  désiut^iu'c  -nm.  qui  sniivciil  deviendra  -an  el  parfois 
se  réduii'a  à  -;in  el  -l'n. 

91.  .\  celte  règle  générale  Quichcrat  a  voulu  ojiposcr  (piehjues 
o.\ceptions,  caractérisées  par  l'absence  de  la  nasale  linale  ;  mais 
les  faits  allégués  par  lui  ne  sont  rien  moins  (pie  probants. 

L'identification  qu'il  fait  du  Cenomagus  des  Itinéraires  avec 
Senos  (Vaucluse^  nest  pas  certaine. 

Xcris  (Allier)  correspond  bien  ;'(  l'antique  Neriomagus, 
Irinoin  rinseriptir)n  qu'on  y  a  trouvée,  où  il  est  question  de.s 
vicani  Xeromagienses  ;  mais  aussi  Grégoire  de  Tours  désigne 
ce  lieu  par  les  mots  viens  N  ère  en  si  s  :  d'où  l'on  est  fondé  à 
conclure  qu'il  y  eut  jadis,  pour  désigner  Néris,  deux  appellations 
formées  d'ailleurs  l'une  et  .l'autre  sui-  le  nom  d'une  des  divinités 
j^nuldises  auxquelles  étaient  consacrées  les  fontaines.  Tandis  que 
Neriomagus  ne  pouvait  donner  que  A\'ron  ou  Néran,  c'est  à 
l'autre  appellation,  celle  sur  !a(pu^lle  a  été  formé  radjrctif 
employé  par  Grégoire  de  Tours,  (ju'il  faut  rapporter  le  vocable 
moderne. 


1-1  i.i':s    No.Ms    ni',   r,ii:c  ,      | 

Claudioinaf;u.s,    que    (}uiclierat    traduit    à    tort    pur    C.h)in\  \ 

(iyure  sous  une  forme  lég-i'remcnt  dillrrente  —  al  tare  de  Clan-         ;    J 
diomacho  —  dans  une  bulle  du  pape  Calixte  11,   en  faveur  de  I 

l'aldiave  du  Rourg-Diou  :  il    s'a-'it  do  Clioil  (lnd:e),    dont  l'c-lise  l 

fut,     jusqu'à    une    épo(|ue     lécenle,    sous   le     patronage    de    co         ,     | 
monastère  :  on   peut  supposer  .une    forme  intermédiaire  (Jloïon.         J,    i 

luifin  Cisomagus  n'est  pas,  comme   Quicherat  l'a  cru,  Chi>t-         o     ' 
■tcaii.r  (Indre-et-Loire),  car  on  ne  saurai!  expliquer  le  chuintement 
du  (■  :nitial.  ntm  plus  que  le  redoublement  de  l's  inlervocal,  sans        'i    '■ 
eonqiter  (jue  la  désinence  du  nom  de  (^liisseaux  nest  autre  eliose  , 

([u  une  désinence  diminufive  bien  connue,  ce   nom  étant  le  dimi-         -     j 
nutif  de    celui    d'une    localité    voisine,    C hisse}/    (Loir-et-Cher).  j. 

Cisomagus  est  devenu  Cisan,   puis  Cisan,  forme  attestée  par  un  j 

pouillé,  enfin  Ciran  (Indre-et-Loire),  par  un   phénomène  dont  il        1  j 
V  a  d'autres  manifestations  en  Toiu-aine  et  en  i'errN'.  f  ;^ 

92.  Aux  deux    noms    en    -magus    dont  l'équivalent   moderne  | 

vient  d'être  déterminé,  il  convient  d'ajouter  les  suivants  :  '     î 

-  Argentomagus,    qui,    dans   l'Itinéraire   d'Antonin,'   désigne  ; 

Argenton  (Indre)  est  sans  nul  doute   l'appellation  originelle  des        *     j 
communes  de  même  nom   ((ue  renferment   les  départements  de  ; 

Lot-et-(">aronne,  de  la  Maverme  et  des  Deux-Sèvres,  et  de  la  ville        ..    i 
d'Argentan  lOrne).  '    ' 

Hlatomagus,   que  donne  à  supposer  la   forme    basse  lîlato-  i 

m  os,   inscrite   sur  un  trions  mérovingien,  est  aujourd'hui  Blond       ; 
(Ilaute-A'ienne)  :  la  consonne  parasite  qui  termine  ce  dernier  nom       ^ 
est  TcH'et  d'une  assunilation  de  ce  vocable  communal  à  l'adjectif       f  i 
connu.  ■;     . 

Burnomagus  qui  n'est  aussi  connu  rjue  par  une  forme  basse,  t 
Burnomo,  liguiant  sur  im  triens,  est  l'origine  de  Bournan  , 
(Indre-et-Loire.  Maine-et-Loire)  et  de  Bournand  (\'ienne).  '}, 

Catumagus,  c'est-à-dire  m  le  chamj)  du  combat  ",  est  le  nom       • 
primitif  de  la  ville  de   Caeu  (Calvadosj.   appelée    Cadomum  au 
XI'' siècle,  et  de  Cahon  iSomme),  tlont  le  nom  st'  présente  en  I2U7 
sous  la  forme  très  suggesti\e  (lalioni .  | 

Carentomagus,    dans  im    texte    itinéraire,    désigne   Cranton       I 
(Ave3Ton;.  dont  il   faut  rapprocher  Charenton-sw/'-CVicr  (Cher),       % 
au    IX''    siècle    chef-lieu     de     la    vicaria     Carintominsis,    et       < 
Carentan  (Manche ),  mais  non  pas  ('hnrcntnn-lc-Pont  (Seine;,  qui       ^ 
se  déclinait  Cai-ento,  (^.aren  l  on  is.  ■ 


ouiGiNKs  i:i':i;nnuEs   :    mmuis  i-o 

I '..is.sanoniay'us,  anLi([m'  station  de  la  voie  do  Pt'rii^ueux  ii 
A;i;,'iialôme,  est  représenlé  par  Ghassenon  (tlliai'CiiLe),  (jiii  a  îles 
ii'Miionyines  dans  les  départements  de  la  Loire-Inférieure,  du 
lilione  et  de  la  Vendée. 

('.«ndatomagus,  c'est-à-dire  «  le  chamj)  du  confhieul  », 
s";n>(di([ue,  dans  les  textes  itinéraires,  à  une  localité  du  Rouergue, 
(liiiil  Condéon  (Charente),  est  vraisendjlaldement  un  homonyme. 
()n  ne  formule  pas  la  même  hypothèse  à  propos  de  Condom 
(A'.evron,  Gers),  car  en  {)aysde  langue  d'oc  lé  t  intervocal  ne 
serait  pas  tombé  ;  mais  la  i;i'aphie  -o/n,  dont  on  observe  aussi  le 
ni.untien  dans  Riorn,  autorise  à  rattacher  ce  nom,  et,  soit  dit  en 
p;.:'.sant,  celui  de  Billom  (Puy-de-Dôme),  à  des  primitifs  en 
-cmagus. 

Ki)uromagus,  de  la  Table  Ihéodosienne,  jiarait  être  devenu 
Biaiîl  (Aude),  moyennant  mie  aphérèse. 

leiomagus —  ainsi  faut-il  reclilier,  semble-t-il,  l'Icidniagus 
lie  la  Table  de  Peutinger  —  répond  à  Ussoil  (Haute- Loire),  qui 
a  des  homonymes  dans  le  Puy-de-Dome  et  dans  la  Vienne. 

Mantalomagus  ou  Ma  n  talomaus,  dans  Grégoire  de  Tours, 
désigne  Manthelan  (Indre-et-Loire).  11  serait  téméraire  d'assigner 
\i  Miinthelon  (Eure)  une  origine  analogue. 

'•tlosomagus  est  le  nom  originel  de  Mouzon  (Ardennes).  Le 
jui.niier  terme  de  ce  vocable  paraît  n'être  autre  chose  que  le  nom 
lie  la  Meuse,  Mosa.  Cet  exemple  de  la  combinaison  de  magus 
avec  un  nom  de  cours  d'eau,  ne  serait  pas  unique,  s'il  était  per- 
liMs  de  voir  dans  le  nom  du  Garnomus  castrum,  où  un  concile 
.se  tint  en  G70,  la  contraction  d'un  primitif  Garumnomagus. 

Noviomagus  désigne,  ilans  la  Nolilia  dignifaiiun,  hi  ville  de 
Noyon  (Oise).  Noyen  (Sarlhe,  Seine-et-Marne),  Noyant  (Indre- 
«•(•  i.oire)',  Nyons  (l)rome)  et  Nouvion-f;i-Po;i ///.;>;/  (Somme)  ont 
p.irriile  origine.  Il  eu  est  sans  doute  de  même  de  Neuiig-A'ur- 
/)''';(iro/-i  (Loir-et-Clier),  qu'un  pouilléde  i22r)appelle  iVoemium, 
et  de  ^OQeni-le-Roirou  (Eure-et-Loirj,  dont  la  plus  ancienne 
iii;'iilion  certaine,  datée  de  1031,  présente  la  forme  très  basse 
Nugiomum.  Ici  l'on  observe  cette  «  consonnitication  »  de  Vi 
o(/nsécutif  à  une  labiale  dont  les  exemples  ne  manquent  pas. 
(L'est  peut-être,  fort  bizarrement  altéré,  le  duninutif  de  quelque 
.  Nogent  »  de  même  origine  que  Nogent-le-Rotrou  qu'iP  faut 
reconnaître  dans  Longjumeau  (Seine-et-Oise),  dont  on  voit  1;^ 
iiDin  écrit,  au  xiiT'  siècle,  Nogemellum. 


4(;  i,i:s   MiMs   ino  i.ir.f 

Uicomagus  ou  Uiti,-oaa„us,  c'est-à-dire,  d'apr^-S  d'Arbois 
de  Jubainville,  «  le  champ  du  roi  »,  était  une.  des  cités  de  In 
province  des  Alpes  Grées  et  Pennines.  Ce  noni  fut  aussi  celui  de 
Riom^Puv-de-l)ome),  el  suiis  douie  de  IXians  (Cher),  chef-lieu 
au  X"'  siècle  de  la  vicaria  Biomensis. 

Uotomagus,  priinitivement  lialtniuigos,  est  représenté  par 
Rouen  (Seiae-lnféricure).  pai-  Pon^(/e-Ruan  (Indre-et-Luire), 
l'ancien  chef-lieu  de  la  vicaria  Ro  ton.  en  sis,  et  par  Pondron 
(Oise;,  cpi'il  conviendrait  décrire  Punl-'le-Hon.  et  qui  correspond 
au  liodoniuin  d'un  diplôme  de  Charles  le  Simple  pour  1  abbaye 
de  Morieuval. 

'lurnomagus  ou  Torno  niaji:\is,  dans  Gréj^oire  de  Tours, 
désii^ne  •Yournon-Sainl-Marlin  (Indre).  Toumaa  ^Seiue-eL- 
Marno)  se  nommait  sans  doute  de  même  :  on  trouve  au  xii"  siècle, 
pour  cette  localilé,  l'appcllalion  Turnomiunr. 

Viudoma^-us,  ipie  Pline  si}>nale  comme  un  des  vici  des 
Vnhpies  Aréeoniiciues.  a  ptnu'  luuii  ):iynu:,  (  roil-on,  Veiuloil 
(Puv-de-Dônie). 

93.  Le  nom  d'Écouen  i^Seine-el-Oisc}  [.ai  lil  devoir  élre  ranj^é 
dans  la  même  catégorie.  Ow  n'en  possède  pas.  a  vrai  dire,  de 
formes  lalines,  mais  la  plus  ancienne  forme  vulyaire,  Esciiem 
donne  lieu  de  supposer,  en  raison  de  si>n  /;;  linale,  un  prunitii 
tel  que  ScoLomagus,  dont  le  premier  terme  serait  apparenté 
au  nom  des  habitants  de  l'I-'cosse. 

94.  On  ne  doit  jias,  -"  /vr/o/-/,  considérer  comiiie  provi-nant 
d'un  nom  en  -oniag'us  tout  no)n  inodei-ne  teiiintie  par  -o/n  : 
avant  de  se  prononcer  dans  ce  sens,  il  faut  s  as-airei'  que  lui, 
finale  essentielle  et  caraclérislique  de  cette  terminaison,  se 
retrouve  dans  les  formes  vulgaires,  appartenant  aux  xn°  et 
xui''  siècles,  du  nom  dont  il  s'agit. 

95.  Dans  les  pays  de  lanj^ue  g-ernianiqiie.  l'accent  des  noms 
en  -oma^us  s'est  déplacv'  et  porté  sor  la  :  de  là  des  résullols 
très  dilVérents  de  ceux  qu'on  observe  en  pays  roman. 

Le  Brocoma{,'US  de  l'itinéraire  d'Aidonm  paraît  être  Bru- 
math  (Ba.sse-Alsace). 

Duruomajius  a  donné  Dormagen  (rej^ence  de  Dïisseldorf). 
Marcomagus  Marmagen  (rëgence  d'Aix-la-Chapelle),  Novio- 
magus  Neumagen  (rég-ence  de  Trève.^;  et  Nijmegen,  que  nous 
appelons  Ninn.jue  (Pays-diasi,  Rigomagus  Remageu  •régence 
de  ('.nldeiiz'  . 


VI  II 
BHI  VA 


ï 


96.  Le  mol  brion  ul-  s'est  conservé  dans  aucune  des  langues 
aéo-celliques.  On  lui  a,  dès  le  xvi'' siècle,  altribué  assez  heureu- 
sement le  sens  du  lalin  pou  s,  qui  semble  ressortir,  en  elFel,  ilu 
nom  Briva  Isara,  désiynajil,  sur  la  voie  de  Paris  à  Rouen, 
lemplacenienl  de  la  ville  actuelle  de  Pontoise  :  ce  dernier  nom 
Il  est  autre  chose  que  la  traduction  de  Briva  Isara.  Cécile  con- 
jei  Ltue  s'est  trouvée  vérilii'c  par  l'examen,  non  seulement  îles 
noms  analoj,'ues  que  fournit  la  nomenclature  ^éog-raphique,  mais 
•.Micore  du  petit  glossaire  d'Endlicher,  où  brio,  représentan! 
une  forme  masculine  de  ///-/(vi,    est  traduit   par  le   latin   poule. 

97.  Employé  parfois  isolément  comme  nom  de  lieu,  lîriva  est 
l'iirig-ine  de  Brive  CMayenne),  de  Brive-/.J-^'a^'//.(/■(/(•  (Corrèze),  de 
Brives  (Indre,  Ilaute-Loire),  de  Brives-.sur-C/(<(/-e/i/c'  (Charente- 
Inférieure),  de  Brèves  (Nièvre),  de  Brie  (Aisne;,  ce  dernier  nom 
(lési>jnant  le  point  oîi  l'antique  voie  île  Saint-Quentin  à  Amiens 
franchit  la  Somme. 

88.  Il  est  à  noter  que  Brive-!a-Gaillarde  est  mentionné  par 
Cueg-oire  ilo  Tours  sous  l'appellalion  de  Briva  Currelia,  dont 
le  second  terme  n'est  autre  chose  (pie  le  nom  de  la  Currczc  :  ainsi 
([ue  dans  liriva  Isara.  le  mot  briva  est  suivi  d'un  nom  de 
rivière.  Des  exemples  analogues  sont  fournis  par  Briva 
bugnutia,  nom  qu'une  inscription  romaine  appliciue  à  un  oicu& 
du  pays  éduen  où  existait  une  fabrique  d'armes  '  ;  par  Br lovera, 
ou  inieux,  sans  doute,  Briavera.  forme  basse  pour  Briva  Vera, 
aujourd'hui  S.iinl-L6.  suv  la  \'ire  ;  par  Bria  Saita,  [)our  Briva 
Sarta,  nom  qui  s'est  conserve  dans  Brissarthe  ;Maino-et-Loire). 

99.  .ailleurs,  le  mot  briva  occupe  le  second  rang.  Dans 
r.inti([uc    appellation    d' Amiens,    Samarobriva    ou    Samara- 


!.    Km. 'Si    Dos'pircliiis,  (.co'ir.tplnc....  'Je  lu  (Uul-    ronuiun'  (l'ariA,    1876- 
!se3,  k;i.  iii-«",  11,  +7i-47:};  ridentiHe  avec  Brèves  (Nièvre),  iiieutioi-inè  [\\u^ 


.48 


Li:s    No.M.s   lU':   r.ii:i" 


briva,  le  premier  -terme  est  le  nom  primitif  de  Ui  Sonun<>, 
Samara.  Chabris  (Indre),  qui  était  à  l'épuque  carolingienne 
chef-lieu  de  la  vicaria  Carobriensis,  s'appelait  vraisembla- 
blement à  l'oriij^ine  Carobriva  :  Chabris  est  situé  sur  le  Chci\ 
en  latin  Carus  ou  Caris.  Le  nom  de  Salbris  (Loir-et-Cher)  est 
peut-être  formé  de  la  même  façon  :  en  tout  cas,  cette  localité  est 
placée  sur  la  Saulclre,  en  latin  Salera. 

100.  L'exemple  de  Chabris  atteste  que  Vi  de  briva  était  long, 
donc  toni(iue,  à  la  ditï'érence  de  celui  de  briga  :  les  deux  mots 
ne  sauraient  donc  être  confondus. 

101.  C'est  sans  nul  doute  briva  qu'on  doit  reconnaître  dans  le 
nom,  mentionne  déjà,  de  Brivodurum,  primitif  de  Brières,  de 
Briare,  de  Briarresetde  Brieulles,  et  qui  signifie,  par  conséquent, 
la  «  forteresse  du  pont  ». 


r.    1 

1 


m 


fî  ' 


IX 
lilTOS 


102.  Le  mot  g-uulois  ritos  avait  le,  sens  de  u  gué  »,  tel  le  latin 
viidus,  tel  aussi  l'anglais  ford  dans  Oxfurd,  <■  le  gué  des 
bcL'ul's  »  et  l'allemand  fart,  dans  Frankfurf,  ■<  le  gué  des 
Francs  ». 

■Î03.  Les  texte.?  antiques  relatifs  à  la  Gaule  ne  font  connaitro 
!jue  trois  noms  de  lieu  dans  lesquels  on  reconnaisse  >'ilos  :  Rilu- 
M'.agus,  <(  le  champ  du  gué  »,  station  de  la  vo\c  de  Paris  a 
Uouen,  sur  l'Andelle,  dans  le  voisinage  de  Uadepont  (Eure); 
Augustoritum  qui  a,  au  m"  siècle,  échangé  son  nom  contre 
celui  des  Lcmovices,  dont  il  était  ie  chef-lieu  ;  enlin  Bandriturn, 
station  itinéraire  dont  la  situation  répond  à  cr-Uo  de  luissor. 
O'onne),  sans  (ju'il  y  ait  il'ailleurs  entre  le  nom  antique  et  le  nom 
actuel  le  moindre  rapport. 

104.  Les  noms  Augustoritum  et  I^andritum  n'ayant  laissé 
aucune  trace  dans  'a  toponomastique  moderne,  on  ignore  fjuelle 
était,  dans  ces  noi.  s,  la  quantité  de  1'/,  et  par  consé([uent,  la 
|)lace  de  l'accent  tonique. 

.V  supposer  que  cet  i  ait  été  bref,  donc  atone,  on  serait  fondé 
à  voir  des  équivalents  de  Camhoritum,  localité  disparue  de  la 
Grande-Bretagne,  dans  Charabord  (Eure,  Loir-et-Clier),  Cham- 
bors  (Oise)  et  —  forme  plus  altérée  —  Chanibourg  (Indre-et- 
l.oire),  qui  était,  à  l'époque  carolingienne,  chef-lieu  de  la  vicaria 
(^ambortcnsis.  Camlioritum  signilic  u  le  gué  torlu  ».  Et 
peut-être  faut-il  rattacher  à  la  même  série  le  nom  de  Niort  (Deux- 
Sèvres),  dont  la  forme  Noiortum,  constatée  à  l'époque  carolin- 
gienne, représente  vraisemblablement  un  primitif  Noviorituni, 
aj)parenté  par  sou  premier  terme  à  Noviomagvis. 


X 

1)1  lili<)^r 

105.  l-e  iiioL  gaulois  (hthniii,  laUuisé  dubruni,  équivalait  au 
latin  aqua.  11  s'est  cmosim-vl'  dans  divors  Jialocto^  neo-ci'lliques. 
iiotaniineiit  dans  le  gallois  et  ba.s-bi'etoii  daur  [jar  l'inloriuédiairc 
dune  l'orme  niédiévaU'  (hier.  C'est  lauti'  d.^  coiinailre  celle-ci  que 
les  savants  qui,  du  xvr  siècle  à  nos  jours,  se  sont  t)ccu])és  de 
l'origine  des  noms  de  lieu,  ont  pen-^é  relrouver  le  mol  dont  il 
s'aii'it  dans  la  terminaison  -du  ru  ni  piécc'donunenl  éludii'e. 

106.  Duhron  ou  dubruni  ne  [)aiail  dans  aucun  des  p.oms  de 
lieu  de  Ciaule  (.[ue  mentionnent  les  monument-  de  l'.Mitiijuilé  ; 
uuiis  à  l'époque  camlingieniie,  on  voit  dubrum  pris  isolénienl 
pour  désigner  Douvres  i^Seme-et-Mainc  .  et  emplox  e  comme  second 
terme  du  nom  de  deux  localités  du  iU'Ucr^ne  meridion.il  dont  i! 
est  (juestion  dans  une  charte  de  88l{  eu  laveur  du  numastère  de 
Vabres  :  Ladedubrum  et  Valedubrum, aujourd'hui  Ladezouvre 
et  Valezoubre  (Aveyrou).  (irégoire  de  Toui's  avait  d'ailleurs  pai'lé 
d'un  certain  Cambidobrense   monasterium. 

107.  Par  contre  on  reconnaît  dubruni  dans  la  terminaison  du 
nom  d'un  certain  nombre  de  couis  d'eau  de  l'ancienne  Septimanie. 
l*line.  ilans  sou  Histoire  ihiltirt'llc.  appelle  N  e  rnotlubrum  cet 
alllueni  de  l'-^f^lx  lUii,  dans  le  dcpailcmcnl  dc^  !  *yrénccs-(  )rien- 
tales,  a  de  nos  jours  nom  le  Verdoublo  ;  parcillo  est  l'oriyine  des 
noms  du  Vernazobre,  du  Veniezoubre  ci  du  "Vernoubre,  al'iluent.s 
de  l'Ajjout,  et  du  Veniazoubre.  ariluenl  de  r(  hl)  dans  le  dépar- 
tement de  l'Hérault,  où  d'ailleurs  le  Vernezoubre  et  le  Vernazoubre 
ont  donnéleurnom  à  des  hameaux  riverains,  l'a  primitif  Aryen- 
todubrum  est  bien  reconnaissable  sous  les  formes  Argentuui- 
dubluni.  Arj^en  tumduplum  et  Argen  tuinduprum  qui, 
aux  vni^  et  ix""  siècles,  ont  désigné  l'Argentdouble,  aflluenl  de  i 
l'Aude.  .  I 

108.  Ces    noms    de    rivières    ou   ilc    ruisseaux     eu    -dubruni 
méritent  (]uelque  attention  :    les    noms  de  cours  il'eau  d'origine  ! 
celtique  étant,  de  l'avis  des  celtistes  les  plus  autorisés,  très  rare 


KLlUjlKS 


m  (jaule,  il  osl  intéressiinl  de  roncuiiirci'  ct'ux-l;i  eu  uonibrc 
lelalivenienl  considérable  duns  une  léj^iou  où  [iiveiséinenL  les 
(î.dilois  n'oiiL  pénétré,  senible-t-il,  (ju'k  une  époque  peu  reculée, 
Irois  siècles  environ  avant  l'ère  chrétienne  ;  cl  si  ces  noms 
iloivenl  être  considérés  conune  particuliers  à  (elle  Iribu  i;aidoisc 
jilutiH  qu'à  telle  autre,  les  exemples  (pii  \ienni'nt  d  être  eiU-s, 
lelc.vés  dans  le  Lanyaedoc  oiiental,  tendi-aienl  à  les  faire  allribuei' 
aux    Volcae. 


XI  I 

XAXTOS  k 

109.  Le  molyaulois  Inlini'^ô  uanliis  ou  nantuiii  est  mentionné 
sous    la   forme    oblique    nniitu    dans    le    petit    glossaire    gaulois 
d'Endlicher,   qui   le   traduit  par  vallis,   et  indique,    en  outre,  le        ' 
composé  trinanlo,  traduit  par  très  valles.  C'est  évidemment  ce 
mot  qui,  dans  le  langage  des  régions  alpestres  de  la  Savoie  et  de 

la  Suisse  romande,  subsiste  sous  la  forme  nand,  avec  une  légère 
déviation  de  sens,  la  partie  étant  prise  pour  le  tout,  pour  désigner       ^ 
une  cascade,  un  torrent.  | 

110.  De  même  que  dunns,  minlus  a  été  parfois  employé  comme 
nom  propre  de  lieu,  sans  le  secours  daucun  adjeclil,  ni  d'aucun 
autre  nom  propre.,  et  il  subsiste,  sans  autre  altération  pour 
Foreille.  c|ue  la  chute  de  la  syllabe  atone,  dans  les  noms  de  Nant 
(.Vveyron,  Meuse),  Nans  iHoubs.  \'ar),  Namps  (Somnu'i.  N  un  tus 
fut,  à  l'époque  mérovingienne,  le  luun  d'un  monastère  du  diocèse  ^ 
de  Coutances,  qu'a  désigné  depuis  le  vocable  de  Saint-Marcouf 
(Manche).  On  reconnaît  aussi  un  primitif  nantos,  accompagné  ; 
d'un  déterminatif  moderne,  dans  Nan-sof;s-7'//!7  (Cote-d'Or), 
dont  le  nom  est  devenu  celui  d'une  l'umille  militaire  célèbre,  sous 

la  forme  Xunsnuty .  ^ 

111.  Dans  li's  noms  comfiosés  où  il  parait  comme  second  terme, 

le  mot  gaidois   nun/os  n'a  j;imais  subi  'd'altération  plus  sensible.       ; 

Dinant  (Belgique,    province    de    Nanmi'),    et   peut-être   Dinail      > 
(Côtes-du-Nord),   représentent   un   bas-latin  Dionantus,  origi-      ^    • 
Tiairement  sans  doute    Divonantus,  (pii    se   rapproche  par  son 
premier  terme  de  Divoduruiu  ou  Diodurum. 

Grenant    (Cote-d'Or,    Haute-Marne,     Nièvre),    correspond    au      , 
Graunanto  des  triens  mérovingiens,  et  on  le  voit,  dans  Vaugre- 
nant  (Saône-et-Loire),  combiné  avec  vallis. 

Lournand    (Saône-et-Loire),    nom   d'une   localité    mentionnée      ' 
fréquemment  dans  les  chartes  du  x""  siècle  de  l'abbaye   de  Cluny, 
sous  la  forme  Lornantum,  st3mble  avoir  pour  parallèle  le  nom      . 
d'une   localité  toute  voisine,    Lourdnn,   dont  il  est  <juestion  dans 


•  nmCINKS     r,i:i.T|(jt  ES     :     \A.\TnS  "i^ 

l(\s  nii'iiu's  (iocmneiits,  rt    dont  le  second  lei-nie  dunimi  indique 

I  lu  posili(jn  élevée  [lar  ieip[ioi't  à  Lournanl. 

[  Mornand  (Loire),  Mornans  (Drôrae'-,  Mornant  (Rhône,  Hante- 

Savoie),    représentent    ini    primitif    (el    f[ue    Manronantns    ou 
Maurinantiis. 
Pargnan  (Aisne),  Pernand  iCôte-d'Or),  Pernant  (Aisne,  Orne), 

portaient  sans  cloute  à  l'origine  le  nom  de  Parronantus,  à  rap- 
procher du  nom  lie  lieu  celtifjue  Parrodunum,  mentionné  par 
Ptolémée. 

Dans  Ternant  (Ain,  Charente-Inférieure,  (>ôte-d'Or,  Nièvre, 
Orne,  Puy-de-Dôme,  Yonne),  il  faut  vraisemblablement  recon- 
naître d'anciens  Taronanlus,  ap[)arentés  par  leur  premier 
terme  à  Tarodununi  qui,  à  l'époque  romaine,  désignait  une 
localité  de  Germanie  d'origine  j^auloise,  et  sans  doute  aussi  le 
chef-lieu,  à  rechercher  entre  Soissons  et  Reims,  du  paffus  qu  on 
;qq)olle  le  'l'ardenois. 

112.  [^e  gaulois  nniitus  semble  être  en  outre  la  racine  du  nom 
(le  lieu  Nanloialum,  que  traduirait  assez  bien,  seml)le-t-il, 
l'adjectif  latin  vallestris.  Ce  vocable  est  l'origine  du  nom  si 
r»  [landu  de  Nanteuil,  et  de  ceux  de  Nanteau  (Seine-et-Marne, 
Yonne),  de  NantOUX  (Côte-d'Or,  Saône^et-Loire)  et  de  Nampteuil 

Aisne),  variante  graphique  du  premier.  Dans  Moiiampteilil 
Aisne),  on  reconnaîtra  Mous  Nantoialum.  VA  Nailtouillet 
Some-el-Marne)     est     un    ancien     Xiinlciiil,    (]u'nne     désinence 

'lumniitive  tlilîérencie  d'iui  liomonNine  [ilus  important,   Xanieiiil- 

Ir-Uaiidoniii  (Oise). 

113.  Peut-être  faut-il  voir  la  mènu"  racine  dans  Nantua  (Ain)  : 

moiias  t  eriol  uni (|iiiid    Naiituadus    ab    a([uis    e  vicino 

iiif  ige  H  t  ibus  [luhlice  vocitatur,  porli,'  un  diplôme  du  roi 
1  (iIImuc  daté  de  S.'i2  ;  une  interprétation  toute  seiublable  de  ce 
iii)!n  —  a  multitudine  aquaruin  ibi  conlluentium  —  se  lit 
(i ans  la  chronique  de  Saint-Bénigne.  On  en  rapprochera  Nantois 
(Mi-use). 


f 


XII 
ONXA 


114.  I/existence  d'un  mol  g'fiulois  onna,  au  sens  du  latin  fons, 
n'i'sl  ;itleslée  par  aucun  ûcrit  de  ranti([uité,  mais  on  peut  l'induire 
en  ([uohjue  sorte  de  deux,  faits.  L'un  est  la  mention,  dans  un 
éciil  —  la  \'i/a  sancfi  Daniiliani  —  consacré  au  récit  de  la  vie 
d'un  pprsoiuKii;e  du  iv"  siècle,  de  deux  sources,  de  deux  fontaines 
du  territoiie  de  La^nieu  (Ain),  appelées  respectivement 
r>ol)ronna  et  (Jalonna.  L'autre  fait  est  la  présence,  dans  le 
petit  ylossoire  d'Kudliclie'r,  d  un  mot  ([ui  ne  dilVére  de  onr]a  que 
par  le  yenre,  onuu,  traduit  par  flumen. 

115.  Le  nom  de  Calonna  ne  s'est  pas,  dans  le  P>U!4ey,  où 
vivait  saint  Domitieu,  transmis  jus(|u"à  nous,  l'hagiographe  nous 
a[i[)renanl  (|u'aii  iv'"  siècle  ce  nom  iît  place  à  celui  de  Fons 
Lalini,  ou  plutôt  Fons  Latinii.  Mais  il  a  désigné,  du  vi*^  au 
XI''  siècle,  C\ia\onne&-sii r- Loire ,  aujourd'hui  dans  le  département 
de  Maine-et-Loire,  (jui  possède,  en  outre, un  Chalonnes-.sooi'-/e- 
Lmle.  La  première  partie  du  nom  de  Calonna  lui  serait  commune 
avec  Calodunum,  forme  primitive  supposée  de  Cliaudnn  et 
Calodurum,  que  représente  Cliilleurs. 

116.  Quant  à  Bebronna,  peut-être  à  l'origine  Bibronna, 
(|u'on  pourrait  traduire  par  «  la  fontaine  des  Inèvres  »  ou  n  des 
ca.stors  »,  c'était  en  Gaule  le  nom  d'un  grand  nombre  de  fontaines 
ou  de  ruisseaux,  a[)pliqué  parfois  à  des  localités  riveraines  :  la 
Beuvronrie,  afiluent  de  la  Marne,  la  Brevonne,  sou.s-aflluent  de 
l'Aube,  la  Breveiine,  alllueni  du  Hhône,  la  Brevanne,  (pu  coide 
dans  le  Luxembourg  belge. 

in.  Notre  [lavs  possèdi;  im  certain  noud)i'e  de  cours  d'eau, 
(K'signés  ])ar  un  nom  masculin,  qui  ne  dilVère  de  ceux  qui  \ionnent 
d'être  indiqués,  que  par  le  genre  et  par  la  terminaison  qui  en  est 
la  consé({uence  :  le  Beuvron,  affluent  de  la  Selune,  qui  coule 
dans  les  départements  d'IUe-et-V^ilaine  et  de  la  Manche,  et  dont 
le  nom  se  retrouve  dans  le  nom  de  Sainl-Senin-de-Deuvron 
.M.ni.'he)  :   le  Beuvroil.  afiluent  de   l:i    Loire,    (pii  coule    dans  les 


(iiîir.iNios   ci'j.rii.ni'.s    :   ".v\  i  .>.) 

ili'pai'U'ini'nls  ilu  (llu-i-,  du  Ldirol  <■[  do  [.oir-el-Tlher.  cl  (jui.  dans 
II'  iliM-iiit-r,  arrose  /.■(  Moite-Hriirron  ;  le  Beuvron,  afllucnt  de 
rVoniie,  (|in  a  doniii'  son  nnm  à  la  cornnnuu'  de  Unirroii 
[Nièvre);  l'idin  le  Brevon,  i(ui  [)rend  sa  source  à  la  roiilaine 
15el)i'f)ii  na  de  la  M/,i  i^nncti  fJoiniliani ,  et  (|ui  se  jelle  dans 
l'Aîliarino  it  Saint-I^iandiert  (Ain),  localité  qui,  a\ant  de  porter 
son  nom  actuel,  était  tlésig'née  à  ré[io([ui'  iVamnic,  par  cehu  du 
cours  d'{*au  en  question,  Hehronna. 

H8.  On  est  fondé  à  regarder  comme  procédant  de  pi-imitil's  en 
-onnn  le^  noms  de  la  Chalaronne,  aflhient  de  la  Saône,  (lala- 
niniKi  ;  tle  l'Aronde,  afiluent  de  l'Oise,  Aronna;  de  la  Saône, 
Saug-onna  ;  de  la  Boutonne,  alllueiit  de  la  riharenle.  \'ultunna. 

119.  Mais  on  ne  coidondra  pas  onna  a\ec  la  lei-minaison 
-t)na,  tju'cin  i)l)seivc  dans  Axona  et  dans  Malrona;  tandis  que 
]'()  de  onna  était  long-,  donc  tonique,  et  s  est  conservé,  celui  de 
-ona  était  atone,  les  vocal)les  modernes  Aism;  et  M:\rric  en  l'ont 
i'oi . 

120.  Il  est  [lossilde  (pie  Divonne  (Ain)  repn'sente  \\\\  ]irimitir 
en  -onna.  apjiarente  par  sou  [)i-emiei'  ternu-  a  Divodur'um; 
mais  on  ne  saui'ait  sans  dangci'  iormer  pareilK'  conjecture  a  pro- 
j)os  de  tous  l(>s  noms  qui  se  terminent  actuellement  en  -on ne, 
car  on  sait  positivement  cjue  certains  d'entre  eux,  Cnrcassonne, 
yarhonnc,  Bdiirlionnc,  représentent  des  noms  latins  de  déclinai- 
son impari.s\  llahi([ue  en  -o,  -onis. 


XIII 

VEHA 

121.  Vera  est  la  l'orme  latine  d'un  mot  supposé  gaulois  qui 
se  serait  conservé  dans  le  breton  armoricain  (jouer,  au  sens  de 
«  ruisseau  »  ;  toutefois  certains  çeltistes  prétendent  que  ce  der- 
nier mol  est  pour  un  ancien  ivober. 

Quoi  qu'il  en  soit,  ïe  de  vera  était  bref,  on  peut  s'eu  convaincre 
jjar  l'étude  des  noms  dont  il  constitue  le  second  terme,  et  dans 
lesquels  l'accent  était  sur  la  syllabe  précédente. 

Dèvre  (Cher),  anciennement  Oeuvre,  était  à  l'époque  carolin- 
yieune  Do  vera. 

Megavera  désignait  à  la  fois  le  Mesvrin,  affluent  de  l'Arroux, 
et  une  de  ses  localités  riveraines,  Mesvres  (Saône-et-Loire). 

L'ancien  nom  de  la  Touvre,  affluent  de  la  Charente,  est  Tol- 
vera. 

Vendeuvre  ^Aube)  est  appelé  sur  des  monnaies  mérovingiennes 
\  iiulovera  ;  il  se  dislingue  donc  de  ses  homonymes  indiqués 
plus  haut  (n"  85)  qui  sont  d'anciens  Vindobriga. 

122.  Dans  vera,  employé  seul,  l'e  était  nécessairement 
accentué  ;  étant  bref,  il  devait,  en  langue  d'o'il,  devenir  ié  :  c'est 
ce  que  ion  constate  dans  le  nom  de  la  "Vière,  sous-affluent  de  la 
Marne. 


XIV 

NE  METIS 

123.  Le  sens  du  mot  iicniefis^  qu'on  j^oun-ait  induire  de  celui 
de  l'irlandais  naned,  au  sens  de  «  sanctuaire  »  est  clairement 
attesté  par  ces  vers  ([ue  Fortunat,  au  vi"  siècle,  a  consacrés  au 
nom  Vernemetis  porté  par  une  localité  de  TA^quilaine. 

Nornine   Vernemetis   voliiit  v  oc  i  tare    vetustas, 
Ouod  quasi  fa  nu  ai  iugcns  i,':(llica  lingua   refcrt. 

.Xcnicd'i,  qui  fig-ure  quelquefois  dans  les  noms  gaulois  latinisés 
sous  la  forme  nemetum  —  Vernemetum  dons  1  île  de  Bre- 
tagne, Tassinemetum  dans  le  Norique,  Augustonemet um 
fil  t^iaule  —  était  donc  pris,  comme  l'irlandais  nerned,  au  sens 
du  latin  fa  nu  m. 

124.  Les  seuls  noms  de  lieu  modernes  qu'on  puisse  rattacher 
dune  fat^on  certaine  et  po'ir  une  de  leurs  p<vrties  k  ce  mol  gaulois 
sont  : 

Vernantes  (Maine-et-Loire),  au  ix.*"  siècle  Vernimptas,  dérivé 
[irécisément  de"Vernemetis,  accentué  sur  l'anlépénulliéme,  dont 
nous  devons  à  Fortunat  de  connaître  le  sens. 

Nanlerre  (Seine),  dont  le  thème  étymologique  est  Nemeto- 
ilurum,  déformé  au  vi''  siècle,  dans  les  écrits  de  Grégoire  de 
'l'ours,  en  Nemptodorum. 

125.  Des  inscriptions  romaines  trouvées  dans  le  départen»ent  du 
Ciard  signalent  l'existenc-e,  dans  la  Gaule  méridionale,  des 
.\  rneinetici,  c'est-k-dire  des  habitants  d'une  localité  appelée 
.\rnemetis  :  peut-être  doit-on  rattacher  à  ce  dernier  vocable, 
moyennant  une  substitution  de  liquide,  Arleiîipdes  (Haute-Loire) 
et  Ârlende  (Gard). 

126.  Les  noms  Augus tonemetum  et  Nemetocenna,  four- 
nis par  des  écrits  de  l'antiquité,  et  désignant,  le  premier  le  chel- 
l.iu  de  lu  cité  des  Arvernes,  le  second  une  importante  localité 
-  juloise  voisine  de  l'Artois,  n'ont  rien  donné  en  franvais,  ayant 
C'.-->sé,dès  l'époque  romaine,  d'être  en  usage. 


XV 


COXDATK 


a 


M 


127.  La  fréquence  ilu  iidm  antique  Condate,  dont  l;i  fornu^ 
nominative  esl  peut-être  Condas.  est  déjà  ind!([u<'e  pai-  les 
monuments  de  l'antiquité  romaine.  En  effet,  les  documents 
itinéraires  relatifs  à  ladaule,  ne  font  pas  connaître  moins  de  huit 
localités  ainsi  dénommées  —  une  seule  a  conservé  son  nom, 
c'est  Condé-sur-lton  (Eure)  —  auxquelles  il  en  faut  joindre  une 
neuvième,  Condatomagus. 

128.  La  terminaison,  étudiée  déjà,  de  ce  dernier  nom,  paraît 
élal>lir  la  cellicité  de  cnntfaif.  et  connue  d'ordinaire  les  localités 
i]vii  portent  aujourd'hui  le  nom  de  (londat  ou  de  Condé  sont 
situées  à  la  jonction  de  deux  cours  d'eau,  en  esl  fondé  à  croire 
qu'en  g-aulois  cmilate  avait  le  sens  de  conlluent  ;  ces  localités 
seraient  donc  synonymes  de  Coblenz  et  de  Cnnflan.^,  lormés  sur 
le  latin  Confluentes.  et  de  Quimper.  ([ui  représente  le  breton 
armoricain  Kcmlicr. 

Ces  noms  de  Condé  et  de  Coudât  sont  les  formes  vulL^aires  les 
plus  répandues,  la  première  dans  le  nord  de  la  France,  la  seconde 
dans  le  mîdî,  de  l'antique  Condate. 

129.  Le  nom  de  Condé  est  porté  par  une  trentaine. de  localités 
françaises,  dont  les  deux  tiers  ont  rang-  de  commune  aans  les 
départements  de  l'Aisne,  des  .-Vrdennes,  du  Calvados,  de  1  Eure, 
de  l'Indre,  de  la  Manche,  de  la  Marne,  de  la  Meuse,  de  rancienuc 
Moselle,  du  Nord,  de  l'Orne,  de  Seine-et-Marne,  de  Sfine-el- 
Oise  et  dcda  Somme. 

130.  Parmi  toutes  ces  localités  on  n  en  compte  cpie  deux  — 
Condé  (Indre;  et  Condé-siir-Vôrjrc  (Seine-et-Oise)  —  dont  lu 
situation  ne  justifie  pas  le  sens  attribué  au  mot  condate  Peut- 
être  les  noms  de  ces  deux  localités  n'ont-ils  pas  plus  de  rapport, 
au  point  de  vue  de  l'origine,  avec  ee  mot  que  le  nom  de  Condr- 
court  (Seine-et-Oise),  pour  lequel  on  possède  la  fornu>  ancienni^ 
(iondeiicourt,  qui  donne  lieu  de  supposer  un  primitif  Cundildis 
c  u  r  t  i  s . 


fii 


lÈ 


onKiiM-:^   r,i:i.riui'i;s    :    coxiiat/-:  .'■•I 

131.  Parfois,  dans  les  régions  de  lang'uo  d'oïl,  Condatc  a 
produit  une  l'oiine  cjui  se  distingue  de  celle  ([u'oa  \ient  <l'ol)ser- 
\or])ai-  la  réduction  du  son  nasal  de  la  première  syllabe  :  deux 
.uioiens  Condatc  sont  aujouixl'hui  dénommés  Candé  dans  les 
départements  de  Loir-et-Cher  et  de  Maine-et-Loire. 

132.  Dans  la  portion  méridionale  de  la  France,  c'est  Condat 
(pii  représente  le  Conilate  antique,  et  ce  nom  y  est  porté  par 
iniil  communes,  toutes  situées  à  des  confluents,  et  qui  a|)par- 
ticnnent  au.K  départements  du  Cantal,  de  la  Corrèze,  de  la  Dor- 
(loL,'-ne,  (lu  Lot,  du  Puy-de-Dôme  et  de  la  llaute-Vienne. 

133.  Cnndé.  Garnie  Qi  (Innclnt  représentent  Condate  accentué 
sur  1',-?  :  mais  il  est  probahle,  sinon  certain,  que  Condatc  était 
un  cas  ol)li([ue  de  Coudas,  dont  Va  était  nécessairement  atone  : 
on  ne  peut  expliquei-  auti-ement  le  nom  de  Candes  (Imlrc-et- 
I.oire'i,  localité  située  au  eonOuent  de  la  Vienne  et  de  la  Loire  et 
que  Sulpice  Sévère  et  Gi-égoire  di^' Tours  ;q)pellent  viens  (^onda- 
tensis.  Condes  (Jura,  ilaute-Marne^,  a  la  même  origine,  ainsi, 
peut-être,  que  Cosne  (Nièvre). 

1^  134.   Condateesl  aussi,  mais  médialcment.  l'oritrine  îles  nonis 

dq  Condel  (Calvados),  Condets  (Seine-et-Marne  I.  et  CondeaU 
!  Orne),  (pii,  sous  leur  ancienne  forme  Comlccl,  représentent  des" 
diminutifs  de  Condé. 

135.  Le  mot  gaulois  condatc,  qui  a  servi  de  nom  propre  à  tant 
de  localités  celtiques,  a  eii  outre  contribué  à  former  des  noms 
cuiuposés.  Les  textes  antérieurs  au  vu"  siècle  nous  en  l'ont  con- 
naître deux.:  Condati^co  et  Condatomagus. 

Le  premier  désignait  à  l'époque  franque,  au  conflucnit  de  la 
Hienne  cl  du  Tacon,  le  lieu  qui,  d'un  monastère  célèbre  qu'on  y 
l'iablit,  prit  successivement  les  noms  de  Saint-Oyand  (Sanctus 
lùigendus)  et  de  Snint-Claudc  :  ce  lieu  est  actuellement  le 
siège  d'une  des  sous-préfeotures  du  .lura. 

<^uant  à  Conda  tomagus,  nom  qui  signifie  «  le  champ  du 
conlluenl  »  et  qui,  sur  la  Table  de  Pentinger,  s'applique  à  une 
station  itinéraire  voisine  de  Milhau  (Aveyron),  il  doit  être,  en 
outre,  le  terme  étymologique  du  nom  de  Condéon  (Charente'). 


l. 


XVI 

MEÏ>IOLA.\rM 


n 


136.  Le  nom  g-aulois  latinisé  en  Mediolauum  ou  Aîediola- 
nium  est  presque  aussi  fréquent  que  condatc,  et  les  textes 
antiques  font  connaître  huit  localités  ainsi  dénommées  :  l'une 
appartenait  à  la  Gaule  cisalpine  ;  cinq  étaient  comprises  dans  la 
Gaule  transalpine,  une  dans  la  (lermanie  et  une  autre  encore  dans 
l'île  de  Bretagne. 

Trois  seulement  de  ces  localités  peuvent  être  reconnues  avec 
certitude  dans  des  lieux  dont  le  nom  actuel  dérive  de  l'ancien  : 
ce  sont  Milan  (Italie),  GhâteaumeiUant  (Cher)  et  le  Mont-Miolant 
(Loire).  Deux  autres,  leMediolanum  des  Sari/oni  ei  celui  des 
Eburouiccs  ont  changé  de  nopi  dès  l'époque  romaine,  et  sont 
aujourd'Iiui  représentées  par  Saintes  et  par  Evreux. 

Si  les  textes  antiques  prouvent  la  fréquence  de  ce  vocable 
géographique,  la  diffusion  en  est  encore  attestée  par  la  topono- 
mastique  de  la  France,  qui  contient  une  trentaine  de  noms  venant, 
seli>n  toute  .à[)parence,  de  Modiolanum  ou  de  'Mediolauiuni  : 
le  lait  est  d'ailleurs  incontestable  pour  la  plupart,  grâce  à  la 
mention  qu'on  en  trouve  dans  des  chartes. 

Ces  noms  modernes  se  divisent  tout  natui-ellement  en  deux 
séries  :  les  uns  dérivant  certainement  de  la  forme  antique,  attestée 
par  des  inscriptions,  Med  iol  anium  ;  les  autres  qu'il  convient 
de  rapporter  à  Mediolanum. 

137.  La  première  série  est  représentée  par  GhâteaumeiUant  et 
Meillant  (Cher),  Meilhan  (Gers,  Landes,  Lot-et-Garonne),  Meil- 
lan  (Haute-Garonne,  Gironde),  Moilien  (Aisne),  Moliens  (Oise, 
Seine-et-Marne),  Molliens-aux-Bois et Molliens-Vidame  (Somme), 
Montmeillant  (Ardennes,  Seine-et-Marne),  Montmeillien  (Côte- 
d'Or),  Moutmélian  ((3ise,  Savoie)  :  tous  ces  noms  sont  caractérisés 
par  la  mouillure  de  la  liquide  médiane  —  //,  Ih,  li  —  mouillure 
explicable  par  le  recul  de  1'/  qui,  dans  Mediolanium  —  suivait 
le  groupe  an. 

138.  .Au   contraire,   nulle   trace   de   cet   i  n'apparaît    dans    les 


i.)iiic,iM-:s   c.iw.iinL :i:s    :    i;/..7»/o/..i.vk,i; 


(11 


J 


iKUns    (1 


|ui  coasliluenL  la  seconde  série  :  Mâlain  (Gôle-crUr), 
Maulain  (llaute-MameK  Méolans  (Bnsses-Alpcs),  Meulin  (Saône- 
rl-l,oire),  Meylan  (Isère,  Lol-et-(nuonno),  Miolan  (lUume, 
Sjvole),  Mioland  (Rhône,  Saùne-eL-Loire),.  Moëlain  'Jlaute- 
Man.e),  Moislains  (Somme),  Molain  (Aisne,  Jura),  et  le  Mont- 
Molain  (Loire). 

139.  Le  nom  antique,  de  Mediolannm  se  retrouve,  on  le  voit, 
un   peu  partout  en  Gaule,   sauf  peut-être  dans  le   nord-ouest,  en 
Auvergne,  en  Limousin  et  dans  le  Languedoc.  Que  si-uillait-'.l  ? 
Henri  Martin    l'a  traduit    par   »    terre   sainte    du   milieu    »,    lan 
représentant,  k  ses  yeux,  l'idée  de  «  terre  sainte  v  ou  de  «  sanc- 
tuaire »,  le  sens  de  «  milieu  >■>,  étant  attaché  à  la  première  partie 
du  nom  ;  et  il  semblait  croire  que  chaque  peuple   g-aulois  avait 
un  mediolanum;  mais  la  répartition  géographique  des  localités 
dont  on  vient   de  Ure   l'énumération  ne  favorise  guère  cette  opi- 
nion :  on  en  a  compté  trente-deux,  et  les  diocèses  auxquels  elles 
appartenaient   au    moyen    âge,    sont    au    nombre   de  vingt-deux 
seulement,  correspondant  à  vingt  et  une  cités  romaines  ;  d'où  il 
ré.^ulte,   à  sun-re   Henri    Martin  dans    sor.    hypothèse,     ({ue    les 
Ambiani  auraient  eu  trois  «  terres  saintes  du  milieu  ..  :  Mohens 
(Oise),    Molliens-aux-Bois    et    Molliens-Vidame  ;    les    Bilurujes 
deux  :  Chàteaumeillant   et  Meillant;    les   Ardui  trois  :   Meulin, 
Mioland  et  Montmeillien  ;  les  Segutsiaviivois.  également  :  Miolan, 
Mioland  et  le  Mont-Miolan  ;  les  Allohrofjes  trois  aussi  :  Meylan, 
Miolan  et  Montmélian  ;  enlln  les  .lusca'  deux  :  les  deux  Meilhan 
du  département  du  Gers  :  il  faut  remarriuer,  en   outre,  que  plu- 
sieurs de  ces  localités  irélaient   pas  situées  au    centre   des  cités 
dont  elles  faisaient  partie.   L'interprétation  proposée  par  Henri 
I  Martin  paraît  donc  devoir  être  rejelée. 


XVII 

M')VIE\TrM  ET    -EXTOS 


140.  Le  nom  de  lieu  de  Novientuni  n'apparaît  dans  aucun 
des  textes  de  1  époque  romaine  qui  seul  parvenus  jusqu'il  nous, 
mais  un  le  trouve  tréqueinment  dans  les  textes  de  l'époque 
t'ranque,  où  il  figure  parfois  sous  la  forme  Novigentum.  carac- 
térisée par  la  présence  d'un  (/  qui  non  modifiait  guère  la  pronon- 
ciation. Ce  vocable  —  tel  était  du  moins  le  sentiment  de  d'Ar- 
hois  de  Jubainville  —  dériverait  de  la  racine  qui  a  fourni  l'adjectif 
gaulois  novius  au  -sens  de  "  nouveau  »,  ;•  l'aide  d'un  sultixe 
-entum,  analogue  au  suffixe  -enlc.z,  ipii  a  servi  a  former,  dans 
le  brelon  armoricain,  un  cerlain  nombre  le  substantifs  dérivés 
d'atljectifs.  Ainsi  Novienlum,  littéralement  «  nouveauté  »,  serait 
un  vocable  lopograpbirpîe  équivalant  aux  Neuville  et  Villeneuve 
qui  ont  été  formés  en  si  grand  nombre  au  moven  âge. 

141.  Novientuni  a  produit  le  nom  Nogent,  qui,  en  France, 
ne  désigne  pas  moins  de  seize  communes  appartenant  aux  dépar- 
tements de  l'Aisne,  de  la  Côte-d'Or,  de  '"Eure,  d'Eure-et-Loir,  de 
la  Haute-Marne,  de  l'Oise,  de  la  Sarthe  et  de  la  Seine,  et  dont  la 
formation  est  régulière,  caractérisée  qu'elle  est  par  la  consonni- 
fication  de  ïi  ;  dans  ce  nombi'<i  n'est  pas  compris  Nogent-le- 
Hotrou  (  Eure-et-Loir  j,  qui,  W  en  juger  par  une  forme  du  xi'' siècle, 
Nogiomum,  représenterait  \m  primitif  Noviomagus,  et  serait 
plus  régidièremonl  oriliograplué  .^'■l/e//  ;  non  plus  que  .Xoijcni- 
s///'- 1  Vr/a'.s.so/f  (Loiret),  qu'un  ponilb-  du  xiV  siècle  ap[)elle 
Noeinium,  ce  qui  autorise  la  même  conjecture. 

142.  Le  nom  de  Nojjentel  (Aisne,  Marne),  s'applique  à  de  ])ri- 
mitifs  Xiii/ent,  qu'il  d'il'érencie,  au  moyen  d'iui  suffixe  diminutif, 
d'homonymes  plus  importants  ;  il  a  pour  équivalent  Nointel 
(Oise,  Scine-et-OiseL 

143.  Dans  un  certain  nombre  d'autres  cas  ïi  de  Novientum 
no  s  est  pas  consonnifié,  de  sorte  que  ce  vocable  a  produit  Noyant 
^Ain.  Allier,  Indre-et-Loire,  Maine-et-Loire). 


■i 


iiuii.im:s  i.Ki.iinn;s   ;   \(i\  i/:.\  n  \i   i;r  -i-:xi<is  (l,") 

144.  l'iir  cimLi'f.  un  puai  si;^iialt-!'  des  l'oiiues  iiiodcrjies  qui  ont 
cDiixîrvi'  le  r  lie  Novientuiu,  el  leprésenlont  pi'esijue  intact  le 
iKun  iinlique  ;  elles  [)iir:iissent  d  ailleurs  localisées  à  la  région  du 
ii"rd-.'si    :    Noviant-.T^^f-Pr/'.v    ■Meurthe-et-Mosellei.     Novéant 

Lorraine),  Noviand  '^Prusse  rhénane,  régence  de  Trêves)  et 
Nt'pvailt  (Meuse),  dont  le  y»  ne  se  prononce  pas.  Ces  formes 
•  ml  pour  variante  Nouvianf,  cjui  désig'uajuscju'au  xvfi''  siècle,  trois 
Nouvion  de  lAisne  :  à  la  vérité,  raltérution  du  son  un  en  on, 
ijuou  trouve  ici  esl  rare,  tandis  que  le  phéuiuuène  inverse  est 
tiés  iVecjuenf,  témoin  les  noms  d'.Vrgenlan,  de  (^.aen  el  de 
lîouen. 

145.  !\'oycnl  entre  en  compositiim  dans  Xo'je/tlriUicrs,  formé 
au  moyen  âge  parla  combinaison  du  nom  propre  Nagent  avec  le 
nom  commun  pi'oeédant  de  villare  ou  villarium  ;  par  l'elVel 
d'une  aphélése  qui  renu)nle  [leut-êlre  à  liuit  siècles,  Xogcntvillicrs 
i-sl  ..njourd'hui  Jaiivilliers  (Marne;. 

146.  Chose  singulière  :  de  toutes  les  localités  qui  viennent 
d'èlre  énumérées,  les  plus  méridionales  apparlieniu:nt  aux  dépar- 
lenients  de  Maine-et-Loire,  d'Indre-et-Loire  et  de  l'Ain  :  n'y 
.nn-.ut-il  pas  (juelque  indication  ethnique  à  tirer  de  là? 

147.  Le  suIlL^e  gaulois  -cntos  que  révèle  Novientum  paraît 
-e  retrouver  dans  le  nom  d'Agen  tum,  porté  jatlis  par  le  village 
aciuel  d'Hains  (Vienne),  ainsi  que. par  un  bourg  du  diocèse  de 
Limoges  où  l'établissement  d'im  monastère  fit  prévaloir  l'appel- 
lation .Vgenli  monaslerium,  et  qui  n'est  autre  aujourd'hui 
qïi'Eymoutiers   (IIaute-^'iennc'l. 

148.  Drevant  (Cher),  en  lalin  Dervenluni,  présente,  en 
.i\ant  du  même  suffixe,  le  mol  gaulois  ilcrvus,  au  sens  de 
••  eliène  »  au(|uel  doivent  leur  nom  le  han\eau  de  Der  (Aube;  <\. 
la  région  forestière  où  se  trouve. :l/o^i/ie/'-en-Der  (llaute-Marnei. 
lUfvnnl  serait  donc  l'équivalent  des  noms  romans  Chesnay, 
I  lirsiiKi/^  >Jui'sn:n/,  Qucs;iut;.  l't  doit  èlre  l'approehé  du  nom 
.•lilique  De  r\-en  t  ione.  smis  lequel  1  llinéi'aire  d'.\ntonin  désigne 

nu'  localité  lie  l;i  Grant!e-P>rela':'ae. 


XVIIl 
ACTE  OU    -ACTA 


149.  Le  suffixe  gaulois  -acte,  ou  mieux  -acla,  que  d'Arbois 
de  Jubainville  pense  reconnaître  dans  le  suffixe  -ez  du  bas  lueton 
moderne,  paraît  dans  deux  noms  de  lieu  mentionnés  par  les  textes 
antiques. 

Bibracte  ou  Bibracta,  ijui  désigne,  dans  Cosar,  le  princip;il 
oppidum  des  Kdiieus,  est  représenté  par  le  mont  Beuvray,  dont 
le  nom,  qui  s'écrivait  jadis  Bevrait,  est  très  régulièrement  formé, 
la  désinence  s'étant  comportée  tout  comme  le  mot  factum, 
devenu  f^it,  et  le  radical  de  même  que  celui  de  bibera  ticum, 
mot  qui  a  donné  bcvrnçje,  ancienne  forme  de  breuvage.  Ce  radical 
paraît  n'être  autre  que  le  nom  celtique  du  castor,  apparenté  au 
latin  fiber,  et  qu'on  retrouve  dans  les  noms  de  cours  d'eau 
bibronnum,  bibronna;  Bibracte  aurait  donc  été  un  lieu 
servant  de  retraite  aux  castors. 

Le  second  nom,  Garpenloracte,  fut  celui  delà  ville  acLuelie 
de  Carpentras.  D'après  d'Arbois  de  Jubainville,  il  faudrait 
entendre  par  ce  vocable  xm  lieu  où  l'on  fabriquait  des  cliars, 
appelés  en  latin  carpenta,  d'un  mot  emprunté  sans  dout'.^  à  la 
langue  gauloise,  puisqu'on  pense  que  le  rarpentuin  fut,  dans  le 
principe,  particulier  aux  Gauloi.'^.  ;  c'est  à  ce  nu)t,  on  le  sail,  que 
se  rattache  le  français  charpentier,  qui  devrait,  étymologi(|U(.!inenl. 
désigner  le  charron. 


XIX 

-OIALOS 

150.  Los  noms  de  lieu  terminés  par  le  suffixe  -nialos,  latinisé 
on  -oiaj  us  ou -oialum,  devaient  être  fort  répandus  en  Gaule, 
à  en  juj^cr  par  les  nombreux  vocables  i^éonraphiquc^  modernes 
(jui  j)résentenL  les  terminaisons  -euil  ei  -w'joh,  formes  vuliraires 
les  |)lus  fréquentes  de  cet  ancien  suflixe  gaulois.  Cependant  les 
textes  de  l'antitjuité  parvenus  juscjuù  nous  ne  mentionnent  (ju'nn 
seul  nom  de  cette  catégorie,  reconnaissalde  dans  les  thcrmae 
Maroialicac  dont  parlait  au  iV  siècle  saint  Paulin  de  N(jle, 
(iésignanl  les  bains  (.l'une  l'uvalilé,  ?\[a  roialmn.  <]in  appartenait, 
sendile- l-il,  à  la  région  du  sud-diu-si  dv  hi  (iaid<!. 

Les  noms  en  -oialnni  apparaissent  plus  liéipienimeiit  dans  les 
textes  de  l'époque  mérovingienne,  notamment  dans  (irégoire  de 
Tours. 

Au  vn"  siècle  la  graphie  -oialum  s'est  altérée  en  -oilum, 
forme  qui,  à  l'époque  carolingienne,  a  été,  par  l'introduction 
d'une  gutturale,  modifiée  en  -og'ilum  ou  -ogelum,  qu  on  a 
enlin  remplacé  par  -<>!ium. 

Le  nombre  des  noms  de  lieu  formés  à  l'aide  du  suffixe  -oialum 
est  considérable.  On  n'en  donnera  pas  ici  le  relevé  ct»mplet,  et 
l'on  se  bornera  à  en  présenter  quebpie.s-ims  parmi  ceux  que  men- 
tionnent les  texies  lalins  antérieurs  à  l'an  mil. 

151.  A  ba  1 1  oia  1  nm.  didnrmé  en  .\  va  1  oi.i  1  n  m  eu  A\:ilogi- 
luiii,  est  devcîui,  par  l'aidx'Tése  tli>  !'..  initial,  pi'is  pour  uiio  sorte 
(li;  locatif,  Vaieuil  (Dordogne)  et  Valuéjols  (('lanlalj  :  mi  r.H'oii- 
naît  dans  le  premier  terme  de  ce  vocable  le  nom  gaulois  du 
pommier,  ce  (jui  autorise  à  considérer  Vaieuil  et  \^duéjols  comme 
des  .synonymes  de  k  pommeraie  ». 

152.  Arcoialum,  en  l'1I9  Archoilus,  en  1 1  i2  A  rcoi  1ns, 
désigne  Arcueil  (Seine),  qui  doit  son  nom,  de  toute  évidence, 
aux  arcades  dun  aqueduc  romain  dont  les  vestiges  sont  encore 
visibles. 

153.  Argentoialum,    d'où    Argéntogelum    et    Argento- 

/.(■.■>   nntiis  ih'   lieu.  -1 


y ilum,  aujourd'hui  Argsnteuil  (Scine-cl-Oisi-,  Vonnej.  Ci;  uom, 
indiquant  sans  doute  à  l'orij^ine  un  yisonienl  d'argent,  c\  cunipa- 
rable  en  co  cas  au  nom  cntiùroinent  latin  Ari,a'ntaria,  Lnrycn- 
tière,  ne  serait  pas  le  seul  nom  en  -oialuni  .dont  le  premier 
terme  soit  à  rattacher  au  règne  minéral  :  Preuil  'Maine-et-Loire). 
contraction  de  Perei;z7  est  appelé  en  H30  Petroilum,  vraisem- 
blablement pour  Petroialuni,  >(  lieu  pierreux  »,  et  il  est  permis 
de  penser  que  Sablé  (SarLhe),  anciennement  Sa/>lcil,  représente 
un  primitil' Sa  buloia  lum,  «  sablière  ,i. 

154.  Balinialum  est  sans  doule  la  l'orme  primitive  d'un  nom 
qu'on  trouve  écrit  Baliolum  à  la  (in  du  x''  siècle,  et  duquel 
dérive  le  nom  de  lieu  Bailleal  'dùue,  Nord,  Oise,  Orne,  Pas-de- 
Calais,  Sarthe,  Seine-Inierieure,  Somme),  reconnaissable,  en 
composition,  dans  Bailleulmont  et  Bailleulv^l  (Pas-de-Calais), 
et  qui  a  pour  variantes  Bailleu  (Oise),  Baslieux  (Marne),  Bailleau 
(Eure-et-Loir)  et  Baillet  (Seine-et-Oise),  ce  dernier  pour  Jhil- 
leil. 

155.  lilanoialum,  d'où  Hlanoilum,  Bléneau  (Yonnej. 

156.  lîonoialum.  devenu  Honoyelum  au  vii*^^  siècle  et 
lîono'^ilum  à  Tépocjuc  <>aroiinnienne,  est  l'origine  des  noms  de 
Bonneuil  (Charente,  Indre,  Oise,  Seine,  Scinc-et-Oise,  Vienne), 
Bonnœil  (Calvados)  —  notation  rappelant  la  traduction  latine  ; 
Bonus  ocuhis  adoptée  par  les  clercs  parisiens  des  .mu"  et 
XW  siècles  pour  désignei'  le  Bonneuil  de  Seine-et-Oise  —  et 
Bonneil  (Aisne). 

157.  Burgoialum  est,  peut-on  supposer,  la  forme  correcte  de 
Hurgogalum,  qui  a  désigné  Bourgueil  (Indre-et-Loire).  Il  y  a 
des  écarts  également  nommés  iiourgueil  dans  Saùne-et-Loire  et 
dans  la  Vienne. 

158.  Buxoialum,  qui,  formé  sur  le  latin  buxus,  serait 
Léquivalent  de  Huxelum,  le([uel  a  donné  Bar;/  et  liiissi/,  est  le 
thème  étymologique  des  noms  de  Buxeuil  f.Xube,  Vienne)  et  de 
Bisseuil  (Marne). 

159.  Canloialum  a  donné  Chanteau  (Loiret)  et  Chanteuges 

(Ïlaute-Loirc),  primitixemeiii  Chunlcuijeul ,  accentué  sui'  eu. 

160.  Cassanoialum  ou  Cassinoialum,  forme  primitive 
du  nom  carolingien  Cassiuogilum,  a  domié  Gasseneuil  '^Lot-et- 
Garonne  j,  Casseuil  (Gironde)  —  où  l'on  constate  l'eifet  de  la 
cnule  d«'  1'//    placé  entre  deux  voyelles      -   et  Chasseneuil  (Ch.i- 


r 


i>uic.iM>   ':ri,i  h.H  i,>   :    -"/  i'  ">  liT 

l'iUf.  Indre.  N'ii'niU')  ;  le  |)i'einier  d'i'iiie  de  C];i  ss.i  uoi  ;i  liiiii  est  l(^ 
iiKit  ;iiiLéroinain  cassitnos,  ;ai  sens  tlo  «  elièiie  ». 

161.  Corhn  ia  I  uni  est  l'ancienne  l'urnie  Iiy|U)lliéti(|ue  du  nom' 
^          il.-  lldiboilu  m,  (lésie^nanl  Corbeil  i  Seine-et-()ise). 

162.  Cristoialum.  d'où  Gréteil  (Seine)  ei  Criteuil  'Cha- 
i.'hte). 

163.  Ebroialuni  d'où  i']bp(i;.,'ilii  ni,  Ebreuil  (Allier:. 

164.  Garrig'oja  luin,  l'ornié  .sur  un  de.s  noin.s  antéi'oinains  du 
oliêne,  est  sans  doute  le  thème  étymulog-ique  du  nom  de  Jargeau 

l.iiiretl,  en  latin  de  basse  époi|ue  .1  arj^Mig-ilum  ou  Jargolium. 

165.  Genistoialum,  où  l'on  reconnait  le  latin  j^enista. 
.•  ij:cnét  ",  stiail  l'orii^ine  de  Geiineteil  '^Maine-et-Loire). 

166.  Lenioialum,  formé  sur  le  gaulois  lernos,  <<  orme  o,  qui 
subsiste  dans  l'irlandai.s  Icamh,  a  produit  Limeuil  (Dordoj^ne\ 
Limeil  (Seine-et-Oise)  et  Limejouls  il)ordoij[ne,. 

167.  Maroialum;  ce  nom  est  un  des  plus  fréquents  de  la 
|iiésenle  série,  et  cela  sans  doute  en  raison  d'une  circonstance 
t(ip()i;iaphiqne  (jui  se  produit  souvent  :  on  croit  volontiers,  en 
cll'et,  que  la  racine  de  ce  vocable  est  la  même  que  celle,  d'oi'igine 

ïj".  jj'L-rmanique,    à   laquelle   la   langue   française    semble  devoir   les 

noms  communs  '<  mare  »,  désignant  une  masse  d'eau  dormante, 
fl  «  marais  »,  ce  dernier  représentant  un  bas-latin  mariscum 
dérivé  d'un  adjectif  g-ermanique  en  isr  :  Maroialum  désignerait 
ainsi  une  localité  voisiiu^  de  marécages.  De  ce  nom  Viennent  ceux 
de  Mareuil  (Aisne,  Charente,  Cher.  Dordogiie,  Loir-et-Cher, 
Marne.  Oise,  Seine-et-Marne,  Somme,  Vendée),  Marœuil  (Pas- 

|,  dc-(]alais),     Mareil    (Sarthe,     Seine-et-Oise),    Mareau    (Loiret), 

Mareugheol  (Puy-de-Dôme),  Mareuge  'Puy-de-Dôme],  Maruéjols 
Ci.nd;,  Marvéjols  iLo/ère),  Marvège  (lard).  II  est  à  remarquer 
que  dans  les  noms  Mareugheol,  Maruéjols  et  Maivéjids  la  der- 
nière syllabe  est  atone,  et  que  ces  noms  se  prononcent  M.irruije, 
Muraiuje  et  Marvège. 

168.  Najoialum,  d"où  Nieuil  (Charente,  "Vienne)  et  Nieul 
C.h.wen  te- Inférieure,  ^'en(lée,  Il  au  le- Vienne). 

169.  N  a  ni  oial  uni.  où  1  on  r^'cimnaîL  le  mot  gaulois  nanfntf,  dé'j;^ 
signalé,  aurait  le  sens  ti.u  latin  vallestris,  et  désignerait  un  lieu 
SIS  dans  une  vallée  ;  il  a  produit  Nailteuil  (Aisne,  Ardennes,  Cha- 
rente, Dordogne, Marne,  Oise,  Seine-et-Marne),  Nampleuil(.\isni') 
.1.  en  composition  Moiiampteuil  (Aisne:    on  v^-rra  des    diniinu- 


68 


LES     Mi.M.S    1)1,     111.1 


tils  de    Nautoiiil   dans  NautOuiUet    cl   N.iUteaU  iSfi!u;-cl-MariK'). 

nu.  Navoialuin,  J'oii  l.i  riii-nu'  Ikissc  Navoliuin  :  iS'avoil 
(  l.oir-fl-Clicr^ 

m.    Org-adoialuin.  J'.m'i    Orgcdeui).  i  (  liiarcnU-  . 

172.  Ht)toial\irn  o.'-^t  la  Inriiie  (U'i^ini'lle  des  iiùins  de  Reuil 
(MaiiKî,  Oi.so)  et  de  Rueil  il'lure-i'l-I.uii',  Scine-el-Oise),  cL  dcsi- 
yiiail  une  vilhi  royale  que  nieiilioiuie  Gl■(■^^■(^!i■c  de  'l'oui'.S,  et  dont 
le  sou\enir  jiersisle  d:ins  1  appeliat lo.'i  ■K's  eomuiUP.es  de  Nolre- 
Danu^-du-Vaudreuil  et  de  Siiinl-dyi-diiA'juidreuil  ilùire'j,  Vau- 
dreuil  devant  s'entendre  ('  valide  Jîeuil  ■•.  /^(V,v7  (S(^ine-et-Marne) 
a  une  autre  ori^^ine  :  ee  nom,  qtii  i;;  lemonte  du  au  \ii"  siècle, 
désigna  tout  d'abord  iin  luonastèi-o  for.dé  pur  un  IVère  (je  saint 
Oiien,  Uado,  qui  de  sou  nom.  nous  a[iprend  la  vii'  de  saint  Aile, 
al)l)é  de  Hehais,  Tappela    Kadoliiini. 

113.  Septoialuin,  au  ix"  sièide  Se  p  !  o  o-iîu  m  ;  Septeuil 
(Scine-et-Oise). 

174.  Spinoialuni.  d'où  Spino;.;elu  ni  ([ui  l!;j;-ure  au  vu''  siècle 
dans  la  chronique  de  Fi'edè\L;'aive.  C!e  nnm,  (jiii  parait  l'oi'nK'  sur  le 
nom  latin  d(>  l'i'pine,  serait  donc  ss  nonynie  de  spmetnm.  Ses 
formes  vulgaires  sont  Epiiieuil  ((.'lier.  Yonne),  I-^pi/ieil.  adouci 
en  Epinay,  dans  le  nom  d' I-^pin;u/'Stir-< )r(jc  (^Seinê-et-l)isej  —  le 
Spi  noj^i  lum  tlu  Polypticpie  d'Iiininon  — et  d'Ep!nai/-.'iur-Seinc 
(Seine)  —  le  Spinoj^clum  de  l'rédi'^'aire  —  enlin  Epilieau 
(Yonne). 

175.  Vernoialum,  le  nom  le  plus  répandu  du  groupe  avec 
Maroialum  et  Nantoialum,  est  roniu'  sur  le  mot  gaulois 
vcrnus,  desii^-nant  l'aune  :  il  a  donne  Vcnieuil  (Aisne,  Allier, 
Charente,  Cher,  Kure,  Indre.  Indre-et-Loire,  Marne,  Meuse. 
Nièvre,  Oise,  Seine-et-Marne,  Seine-ct-Oise,  Haute-Vienne), 
Verneil  (SHrthe),  et  dans  le  Midi,  oii  on  en  remartjue  bien 
moins  de  traces  ;  Veriieugheol  (Puy-de-Dôme),  Verneiighol 
(Cantal),  Venilléjou  (Canlal'i,  Venieuge  Haute-Loire,  Puy-de- 
Dôme).  Vernouillet  (Lure-et-Loir,  Seine-et-Oise)  est  un  diminu- 
tif de  Verneuil,  comme  Nantouillet  de  Naiiteuil. 


^ 


i 


M 


m 
1 


176.  On  fera  observer  en  passant  tjue  le  mot  n^iwios,  employé 
seul  et  lalinisi'  en  vernus  ou  vei'num,  esl  l'ori^'ine  de  plusieurs 
noms  de  lieu  :  Veni  ( Ille-et-X'iUaine,  Ma.ine-el-Loire)  ;  Ver 
(Calvados,  Manche,  Oise'i.  :)ù  lun  ob:-.t'rve  le  même  assourdisse- 


ri 


(iiuoiM's   <;i:[.iini;i>   :    -'w.i/.on  C»? 

iiii-nl  (le  Vn  que  dans  four,  hiver.  J"!ir,  AVriv.^,  Aurers,  {IrrivcH 
(Ir  furiuiiii,  liibcriuiin,  il  uirniini,  X  i  vern  is,  Alveruis;  et, 
par  l'elIVt  (111110  notation  vieiinise,  Vert  i  Landes.  Marne,  Seine- 
•■l-Oise). 

m.  \'i  ndoialuni  est  la  l'orme  jiianillive  du  earolini;n-n  \'in- 
doilun»,  d'où  Vendeuil  (Aisne,   Marne,  (tisei. 

178.  Vinoialum,  finine  priniilive  <lu  earolini^-iiMi  \' m  o^'il  n  ni, 
a  donné  VineuJI   (Indre.  Loir-el-Chen,  et  Vignols  iCoiar/e. 

179.  Zezinoiahun,  dans  la  vie  de  saint  Lé^i-r,  l'crile  an 
vn''  sii'cle.  dési;^ne  Jazeneuil  ('vienne,. 

180.  l>e  ee  que  le  plus  j:^ranil  nond)re  des  vocaldcs  nioderm's 
ipidn  vient  <li'  passiT  en  revue  sont  terninu's  en  -rnil .  ou  aurai' 
lorL  d'intliiire  ([ue  tout  nom  de  lieu  pi'esentanl  relit'  drsiiu-iier, 
repifsente.  néeessairement  im  prinnlif  en  -oialum.  .\insi  Ir  mT,! 
cil-  M'jntroiiil .  porté  par  une  trentaine  de  coniinuiies  de  r'r.mi-e. 
|)iii\iiMil  du  lias  latin  Mo  ii  a  s  t  eri  o  1  u  m,  tlinunul  d  du  nom  ooni- 
Muni  nionas  t  erium,  i[ni  .i  donm-  le  \'U'U\  mot  tramais  nutulier  ; 
cl  Miircliv^ctu!  iClôte-dl  h',  Saïuie-eld  ,oire  :  repr(''S('iili.'  une  lormr 
liiniiiiutive  du  N'ieux.  mot  iii.trrli:ils.  repr^'Sriit.int  en  bas  iatm 
mncasiu  m,  et  désii;'nant  un  lieu  humide  et  maiéi-ai;eii\'. 

181.  11  coiuicid  tre.xaminernuunti'iiaiit  l.'s  di\  crsrsalti'ralions 
il"  la  linali-  j^auloise  oialum,  ac-ecnlué'-  sLir  la  diplilont;Lie  o/ .  I  )aiis 
Il  pari  ii^  septiMitrionali'  de  la  Franco,  amsi  ([uo  dans  le  l'oitoii.  le 
l'.:'ir\,  le  lîonrlionnais,  r,\nL;c)nmois.  I,i  ,'^ainlMn:.;i',  lo  l'cMai^'ord 
il  la  (iuscnne,  eette  tinale   est    doN-rmie  -ciiil   ou    -cnl   :    Vulcinl . 

{i-'ji'iih'uil,  Halllciil.  /înnnciiil.  Hnti/-;; iici/ ,  Jlii.rcuH.  IH.ssenil. 
I'.i^.<i-nciii/.  Hù^sciiil,  (Hi.is^ciiriiil.  (li-'ilciiil.  h'.liriiiil.  /.iinruil. 
Xh-nil.  \irlll.  \;illlrnl!.  ' 'r^icilrtili .  Ilrilil.  .SV/)/.'(/,'7,  I'.  j^l  lie::  i! . 
\  •riiciiil .  \  (■iKh-Jul  ot  V,/,,  ///'/.  ,\ii  lii'U  de  -('(/,''  on  l'ciieontn' 
■■.tii  dans  le  sud.-onrsl  k\u  dip.irlnnenl  de  Sr  mo  olMarii'' .  d.nis 
uiK-  p.arlie  de  celui  de  1  \  oniie,  dans  le  L.oiret  el  dans  l'airo-L'l- 
Loir  :  linillcaii,  Blôni'uu,  (Hiantcuu.  Jnnjc-uii.  M.trciiii,  .\aiii'f;in , 
l'jiincuii  :  eest  dans  la  mi''me  réi;'ion  que  Mnii/rciiil  id  ilu'/ nni.r 
-  ee  dei'iiier  dérivé  du  bas  latin  Ualneolum  niluit  a  ILanin- 
lum  -  oilI  pour  ('•quivalenls  .Moiih'rr.ni  el  linj ii(-:in.r  ou  /'.w- 
'jii'-.iii.r.  r,a  desuuMiee  -ciii!  devient  -'•//  aux  emiions  do  l'an--, 
liai:--  une  jiarlii'  imporlantr  du  Ma::ii"  i|  dans  Ir  \  ■iidr-moi-., 
t.-ni.ims  1.'.-  noms  do  IloiuifH,  < 'nrliril .  < '.irl/'il .  Cmiir/cil .   /.nuri'. 


70  Il>    MtMS    I)i:    IJKL 


I 


Muri'il.  NiiiH'il.    Itucil   cl    \'criicil;    le  son    mouille    iiui  termine  J 

celte  linale  s'est  cleint  p;irtms  :  JJuillel,  Epinaïf,  Subir.  Enfin  dans         ■  j 
lAuveigne  el  les  pays  avoisinanls  :  Gévaiidan,  \'elay  et  partie  du         r  l 

Languedoc  —  départements  du  Gard  et  de  l'Hérault oialum        ^  \ 

est  représenté  par  -lU'Jols,  -cikjIicoI,  -ciii/hol,  -uéjou  — et  mémo        1  ^ 

-ojnul.a,  comme  dans  Caussiniojouls  (Hérault)  —  linales  dans  les-        \  j 

quelles  le  groupe   ol  ou  oui  est  atone,  et  qui,   dans  le  langage       fi| 

traditionnel  du  pays,  se  prcuioneent  iiejc  i'[  cinjc  :  il  en  est  ainsi        'i^A 

des    noms    ]':Lliicjob,   Liinrjntils,    Malcii'j/u'<il ,    M.ircrjuls.     Ver-        |'| 

ncu'jlicol,   et  c'est  de  cette  jirononciation  ([ue  dérivent  les  formes        t-  j 

grajihiques  Chanteuç/cs,  Mareiuje  et  Verneiigc.  j|  j 

Dans  un  certain  nombre  des  vocables  qui  viennent  d'être  pas-       ^^ 

ses  en  revue,  on  peut  déterminer  la  valeur  du  premier  terme.  i  | 

182.  Celui-ci  est  assez  souvent  emprunté  au  règne  végétal,  on        ;  ,] 

l'a  vu   par   l'exemple   d'AbaUoia  lu  m,    de   Cassa  noi al  um,  de       |  ] 

Garrigoialum,  de  Lemoialum  et  de  Vcrnoialum,  ainsi  que 

par  celui  de  lUi  x  o  i  a  1  u  m ,  de  G  i  n  e  s  t  o  i  a  1  u  m  et  de  S  p  i  n  o  i  a  1  u  m . 

Dans  ces  derniers  noms,  le  premier  terme  appartient  à  la  langue 

latine,  d'oîi  1  on  est  amené  ù  conclure  (jue  l'usage  du  sul'iixe  -oia- 

lun\   persista  en  Gaule  postérieurement  à  la  conciuète  romaine  : 

e'e>t  de   même,   on    ne   l'a  pas  oublié,  (pie  le  suflixe  ligure  -.■isca 

s'est  maintenu   dans  l'Italie  septentrionale.   Consequemment   on 

peut  supposer  la  formation  de  noms  en  -oialum  sur  d'autres  mots 

latins  désignant  des  arbres.  Cerasoialum,  fm-mé  sur  le  nom  du 

cerisier,  serait  le  thèuK!  étymologique  de  Gerseuil  (Aisne,  Marne). 

C^ornoialum,    formé   sur   le    nom  du  cornouiller,    aurait  donné 

Corneuil  (pAu-e)  et  Gornuèjouls  (Aveyroni.  A  Pinoialum,  formé 

sur  le  nom  du    pin,  on   devrait   Pineuilh   (Gironde).    VA   Péreuil 

(Cbarente),      Pereuilh      (Hautes-Pyrénées),      Perruel      (Eure), 

Perruéjoul  (Cantal)  se  réclamei-aient  de    Piroialum,  formé  sur 

le  non\  du  poiiàer. 

183.  Le  raiiprochement,  fait  plus  haut,  dos  noms  A' Arr/enfriiiL 
de  l'rcuil  el  de  SniAi''  donnerait  lieu  d'admettre  (jue  le  suflixe 
-oialum  s'est  combiné  avec  des  mois  empruntés  à  la  nomenclature 
du  régne  minéral. 

184.  Il  est  fort  probable  aussi  (pi'il  ait  été  combiné  avec  des 
noms  d'animaux,  témoin  le  nom  Cabrogilum  qui,  dans  un 
texte  ilu  x''  siècle,  conservé  par  le  cartulaire  de  Brioude,  désigne 
une  localité  d'Auvergne  ((u'on  n'a  pas  identifiée . 


iinir,iM:s  (;i:Lrinri;s   :   -oiauis  71 

185.  Dans  Maroialuni,  N.'.n  toiahim,  et  dans  Arcoialum  le 
premier  terme  évoque  une  particularité  d'ordre  topofi^raphiquc. 

186.  Enfin  le  nom  de  Reuil  (Seine-ol-Marne)  nous  a  montré 
lo  suffixe  en  question  combiné,  à  une  époque  d'ailleurs  tardive, 
avec  un  nom  d'homme. 

187.  On  a  pu  voir  que  les  noms  de  lieu  en  -oialum  se 
retrouvent  du  nord  au  midi  de  la  France,  du  département  du 
Pas-de-Calais  à  celui  de  l'Hérault.  Ils  ne  semblent  pas  exister, 
ou  du  moins  ne  sont  guère  apparents,  dans  la  Gascogne  —  qui 
d'ailleurs  représente  l'Aquitaine  de  César,  où  l'élément  gaulois 
devait  être  presque  nul  —  ni  dans  le  Toulousain.  Op.  ne  les  trouve 
pas  ilavantage  semble-l-il,  dans  les  provinces  les  plus  orientales  : 
Lorraine,  Bourgogne,  Franche-Comté,  Dauphiné,  Provence, 
Peut-être  un  jour  l'ethnographie  pourra-t-elle  tirer  parti  de  ces 
indications  qui,  fort  sommaires  du  reste,  auraient  besoin  d'être 
complétées. 


OIUGINKS  AXri<KÔMAlXI':S:  [VUliANDA  OU  IGORANDA^ 

188.  Oa  (Hudiera  plus  loin,  piiriui  les  noms  de  lieu  d'orij^ine 
romaine,  ceux  (]ni  expriment  une  situation  voisine  des  contins  de 
deux  cites,  l'el  [>iiraît  avuir  été  le  rùh;  du  mol  anléromain  —  on 
n'ose  dire  ^-.-udois  —  wnianda   ou  i;^'orantla. 

Les  i'oritics  vulgaires  de  ee  mot  S(nit  au  noinln-e  d'au  moins 
neuf  '-. 


i 

5r     i 


1.  Ncuis  r.'i'rodnlseiis  ici,  l'ii  hi  i-(i[[ileiis;iiU  Ic^értMiienl,  iiiie  parlii^  ili' 
l:i  levoii,  néte  ,e  1  :(  mars  I  S'.Mi  an  (  ;oilé;ir  de  l''raiu-f,  dans  laqiiell.'  .\ii- u-,lc 
l,i)ML;n<iii,  après  avolf  étudie  li-'s  \<)cal)l^^,  issus  des  nu.'ts  !al  iiis  fmr^  el  Inni- 
tes.  en  i\i|i|iiiiclia  ceux  de  iik'iuc  sii,^iiiti<-ai  ion,  ()ui  re]jrésLnteiil  le  mot, 
sinon  ^anlnis,  il  r(in[i  snr  aiiU'-romain,  !rui-:iiii!n  oxi  ujoriinda.  r)eiiuis  lors 
—  en  IS'.I-  -  un  a  \n  ]>aiailri'  dans  I  i  lii'iun:  cirrliruldiji^jne  [.'>''  ■^érie,  t.  .X..Vi 
deux  mémoires  snr  la  matière:  l"nn  [i.  170-1  Tii)  de  .lulien  llavel,  sous  le 
tilrc  :  ■  Ii/(>r;uiil:i  nii  "  icor.unht,  j'runl'f  !■>■ ,  nntc  -/c  t'ipoinjmie  guuluisf  ;  l'î'utn' 
i|i.  ■iSI--.ii<7  ir.\u;.^ustc  Longuon  lui-nu'ine,  iiUitulé  :  Le  nom  de  liéii  g-Milni^ 
ririr;ili'l;t. 

■2.  Il  e(jn\irnl  d'y  ajouter  les  rorm<-s  Aiguerande  et  Égarande,  meniion- 
lUM.'S  par. lulien  lla\el  (p.  ioii,  et,  qui  dési^iienl,  la  première  un  écart  de 
l!(  lle\  ine-sur-Saône(RliûuG),silué  n  :iquel([iies  kilomètres  de  la  limite  sépa- 
r.dive  lies  aneliMis  diocèses  de  Lyon  et  de  Màcon  »,  la  .seeoiule  un  écart 
d'l-'.sll\,ireilles  il.uue'  u  dans  l'aneie'i  ■liueèse  du  l'uy-en-Velay,  à  la  limite 
de  eeu.\  de  Lyon  et  de  C^leiniont  ».  —  U'autri-  part  le  mémoire  dWugusle 
Lonynon  iuiliqui''  dans  la  noie  précè'dente  sij^niale  (j).  281  el  "IH'.'i)  la  forme 
apln'u(''sée  Guirande,  nom  ;  d'un  lianu-au  de  Layorce  (Gironde^  qui  apjiar- 
lenuil  il  l'ancien  diocèse  de  Bordeaux,  el  conliiiail  à  celui  de  Saintes-;  d'un 
li;\meau  du  déparlement  de  la  Loire  actuellement  rattaché  ii  Xoirélaljle 
(nu.cien  diocèse  de  Clermonll,  mais  ipd  paraît  avr)ir  dépendu  auparavant 
des  Salles  (ancien  diocèse  d<'  Lyoi\)  ;  —  d'un  hameau  de  Fel/.ins  (l^ot), 
qui  appartenait  au  diocèse  de  Oaliors,  et  n'était  séparé  de  celui  de  l^odez 
(|ue  par  une  dislance  de  l.GOO  aielres  :  localité  (jni  ne  parait  pas  «  ililî'éi'ente 
de  celle  (;ue  le  Dirlionnaire  des  Postes  lédil.  de  1876)  mentionne  sous  k: 
nom  Ënguirande,  comme  un  écart  de  Sainl-b'élix  »,  canton  de  Velzins  ;  — 
d'un  aflluent  de  la  Sèvre  Niorlaise  traversé  ■•  vers  le  milieu  de  son  eovirs 
par  la  limite  séparant  avant  1^17  le  diocèse  de  Poitiers...  de  celui  de 
Saintes  ".  Vax  outre  »  les  Guiraudes,  petit  hameau  de  la  eonunune  de 
Moulij;nae-le-taj(|  'r.hareute;,  était  situé  dans  l'ancien  diocèse  de  Péri- 
"■uenx,  de  Saintes  et  d'Aiigoidênie  ". 


Mllir.INES    ANTÉmniAlNES     :     IVl-B.WDA    OU    inCllIAXtiA  /.. 

189.  Aigurande  (Indre)  pst  mie  paroisse  de  raiicieii  diocèse  de 
H'iiii^cs  \rii)il:ts  Bitiiriijur/r'  situi'i'  [irès  de  celui  de  Liinog<'>s 
•■< ('//.? .s-  Lcnioririini). 

100.  Eygurande  (Corrèze,  Dordoi;ne)  :  l'une  des  communes 
.iiiis!  nommées  se  trouve  sur  le  territoire  de  l'ancien  diocèse  de 
«'Iriiiionl  :  l'autre,  du  diocèse  de  Pèrij^ueux,  c-tait  voisine  de  celui 
lir  lîordeaux. 

191.  Iguerande  (Saône-el-Loirel,  Ivuranda  à  l'époque  caro- 
lin;;ii'nne.  appartenait  au  diocèse  de  Lyon,  conlinant  à  celui 
(le  Màcon,  qui  fut  formé  d'un  démembrement  de  la  civitas 
Aciltinruin . 

192.  Ingrande  (Maine-et-Loire,  Mayenne.  Vienne)  est  le  nom 
Je  trois  paroisses  qui  appartenaient  respeclivcinriil  au.N.  diocèses 
d'Ani;-''rs,  du  Mans  et  de  Poitiers,  dans  les  lé'j^iuns  où  ils  conti- 
II.. lent,  le  premier  à  ceux  de  Nantes  et  de  Poitiers,  le  second  à 
crlui  d'Ang-ers,  le  troisième  k  celui  de  Tours.  D'ailleurs  l'empla- 
iiinent  d'Ingrande  (Vienne)  répond  à  celui  de  la  station  Fines  de 
l;i  voie  romaine  de  Tours  à  Poitiers. 

193.  Dans  l'ancien  diocèse  de  Poitiers,  vers  celui  de  Bourges  ; 
d.nis  l'ancien  diocèse  de  Tours,  vers  ceux  d'Angers,  d'une  part, 
■  •t  d(^  Poitiers,  d'autre  part  ;  et  dans  l'ancien  diocèse  d'Angers, 
vtrs  celui  de  Nantes,  on  remarque  quatre  localités  dont  le  nom 
s'écrit  Ingrandes  (Indre,  Indre-et-Loire,  Maine-et-Loire),  et  dont 
l'inie  correspond  à  la  station  Fines  de  la  voie  romaine  de  Bourges 
il   Poitiers. 

194.  Ingrannes  (Loiret),  de  l'ancien  diocèse  d'(  >rléans,  confinait 
a  eelui  de  Sens. 

195.  Ygrande  (Allier)  était  une  paroisse  du  diocèse  de  Bourges 
j  vingt-trois  kilomètres  de  l'ancienne  limite  de  celui  il  Autun. 

196.  Yvrandes  (Orne)  est  aux  contins  des  anciens  diocèses  de 
Baveux  et  d'Avranches;  il  appartenait  au  premier. 

197.  Enfin  la  Délivrande,  à  Douvres  (Calvados),  dont  le  véri- 
table nom  est  Vvrande,  encore  employé  au  xiv*"  siècle,  se  trouvait 
dans  le  diocèse  de  Baveux,  à  une  vingtaine  de  kilomètres  de  la 
linute  occidentale  de  celui  de  Lisieux. 

198.  L'identité  du  nom  Ingrandc  avec  les  noms  Ai'jurande  et 
Ii/rande  est  nettement  attestée  par  les  formes  anciennes  du  nom 
d'Iiigrande  (Vienne)  :  Evranda,  Igoranda  et  Igranda.  On  voit 
par  là  le  peu  de  cas  qu'il  faut  faire  de  l'opinion  qui,  fondée  .sur  ce 


P 


74 


LES    ^OMS    UK    Mi:r 


quil  yadeuxou  ivois  Iriffrandc  a  rexlrémité  du  territoire  angevin, 
tirait  ce  vocable  de  iugressus  Andiiim,  .4N(/<.'i(  étant  le  nom 
sous  lequel  César  déF;i^;ne  les  hahitaiits  de  notre  Anjou. 

199.  On  voit  que,  .sauf  deux  exi.\'pUoiis ',  toutes  les  localités 
énumérées  plus  haut  étaient  situées  près  des  li miles  des  diocèses 
auxquels  elles  appartenaient;  et  Ton  sait  (jue  la  circonscriplion 
des  diocèses  français,  telle  qu'elle  se  présentait  encore  au 
xvm''  siècle,  correspondait,  dans  son  ensemble,  k  celle  des  cités 
de  l'époque  romaine.  Or.  il  n"est  pas  interdit  d'expliquer  les  deux 
exceptions  que  constituent  Yi^'randi-  et  la  Délivrande  par  des 
niodilicalionsque  la  liniilc  des  Acdui  et  celle  des  I.c.rovii  auraient 
subies,  soit  aux  premiers  siècles  du  moyen  i\ge,  so't  même  anté- 
rieurement à  la  conquête  romaine,  puisque  le  mot  ivuranda 
ou  igoranda  e,st  antéromain. 

200.  Il  n'est  pas  sans  inlérêt  de  rapprocher  de  la  désinence  de 
ce  mot  les  expressions  rand  et  randuii,  qui,  dans  la  partie  méri- 
dionale du  département  de  l'Aube,  désig-nent  certains  tertres 
servant  de  limites  aux  territoires  des  communes,  et  qu'aux  envi- 
rons de  Troyes,  on  appelle  fins. 


in 


1 .    t^lus  crilt'  i|nc  (•ouslitiio    1 
eu  [.loin  Poitou   »  \.I.  ilavet. 


la   lièciiilif    \Cuil(H>'  .-itut 


XXI 

ORIGINES     GALLO-ROMAINES     :     -ACOS 

201.  Le  sullixe  -ncos,  hitinisé  -acus,  lient  dans  ronomaslique 
uiuiloise  une  place  considérable,  et  ii  contiibut;  à  former  un 
iMnihre  immense  de  nonis  de  lieu  g'allo-romains  encore  subsis- 
liints  aujourd'hui. 

La  valeur  de  ce  sulTi.xe  est  un  peu  vag-ue,  et  comparable  à  c?t 
cj;.u-d  à  celle  du  .sul'lixe  iVam^ais  -irr.  -ièrc.  dérivé  du  latin 
-arius,  -aria,  ijui  sert  à  former  :  des  adjeetiCs  dérivés  d'atljec- 
lifs.  comme  premier  et  sinijulier  ;  des  adjectifs  dérivés  de 
substantifs.  con\me  réf/uHer  ei  séculier  ;  des  noms  d'agents  ou 
de  professionnels,  comme  chrvalier,  potier,,  tuilier;  des  noms 
locaux  communs  dérivés  de  noms  communs,  com.ine  foyer,  >frV- 
iiier.  ririèrc.  ^aljUrrc;  des  noms  de  lieu  dérivés  de  noms  propres 
d'iiomnies.  comme  Bernnrdière,   Blanchardière,  Girardièrc. 

202.  Le  suffixe  -acas  a  subsisté  dans  les  langues  néo-celtiques  : 
dans  les  dialectes  gaéliques  sous  la  forme  -ach  \  en  gallois  sous 
l;i  forme  invc,  souvent  réduite  aujouid'hui  a  or/-,  et  en  breton 
anuiiricain  sous  la  forme  -ce  qui,  au  xiii'"  siècle,  a  i"em})lacé  le 
iiiMveu-brelon  oc. 

203.  En  breton,  le  suflixe  -ce  termine  un  grand  nombre  d'ad- 
jectifs  :    I/arrec,    »   branchu    »,  de  Larr,    «   branche  »  ;    dourcc, 

■  aqueux  >i.  de  dour,  «  eau  )>  '.poullec.  ■■■  n»arécageux  »,  de  pnnl. 
"  marécage  ■>.  Il  sert  au'^si  à  donner  aux  substaudis  une  idée  de 
coilectivité  :  faoec,  de  fuu,  ■'  hêtre  ".  tlésigne  une  hètraie  ; 
t/RT/K-c.  de  sjicrn,  u  épine  ",  un  buisson  d'épines.  Cette  dernière 
ciiconstance  e\pli([iie  pourquoi  les  érudils  (pii  h's  premiers  ont 
c'insacré  leurs  loisirs  à  l'élude  des  anciens  noms  de  lieu,  ont 
|p>  usé  ![ue  le  nom  d'Épernay,  en  latin  Sparnacus  ou  Sparna- 
cuni,  pouvait  olVr'ir  le  même  sens  que  le  bretoh  spernec.  et  con^- 
liluer  un  svnonvme  des  noms  romans  Epiuoi/.  Epinai/.  cpu 
loprcscnlent  le  laiin  s[)inclum.  ()iî  ne  s;uu'ait  (.'ondamuer  abso- 
lument celte  opinion  formulée  en  186i  parllouzé.  i\Iais  il  résnUe 
des  études  auxquelles  d'autres  savants  se  sont  livrés,  qii'en  très 


70  i.i:s   NOMS   Di:  i.ieu 

grande  ninjorité  les  nuins  de  lieu  terminés  par  le  suffixe  f^iiulms  '1 

-acos,  latinisé  -acus,  dérivent  de  noms  d'hommes,  et  surtout  clc  i 

noms  d'hommes  latins  :  la  très  grande  majorité,  et  non,  comnn'  ^A 

le  préteiulait  Henri   d'Arbois   de  Jubainville,   la    totalité,    car  K"  .  j 

nom   do  Mouzay  (Meuse),   en   latin  Mo  sa  eu  m,    est  visiblemenl  '^| 

formé   sur  celui  de  la  Meuse,   eomnie   en    r<eliiifiue   les    non\s  rie  ;."'5 

k  5 

TlUy  (Brabant),  de  Ligny  (province   de  Nanuu-i,    de  Silly  (liai-  M 

naut)  sur  les  noms  des  cours  d'eau  — •  la  Tille,    la   Ligne  et  Ki  ■;>] 

Sille  —  dont  elles  sont  riveraines;  à  ces  exemples  on  peut  ajou-  ,,^ 

ter  celui  de  Blézy  (Haute-Marne)  sur  la  Bla'se.  ^'j 

204.  Au  sujet  des  noms  de  Heu  en  -acus  de  la  Gaule,  yi 
H.  d'Arbois  de  Jubainville  s'est  livré  à  une  statistique  assez  in-  ..« 
téressante.  Il  a  constaté  que  sur  quarante-cinq  de  ces  noms  dont  "i 
1  existence  est  attestée  à  !'épo(pie  romaine,  trente-six,  soit  les  -:% 
quatre  cinquièmes,  présentent  un  /  avant  le  suflixe,  en  d'autres  [\ 
termes  se  liM'niinent  eu-iacus:  11  la  l'-Jaeus,  Ca  1  us-iaous.  Coi--  || 
tor-iacus,  Germin-iacns,  etc.  ;  il  a  observé  la  même  partieula-  '; 
rite  dans  quarante-cin([  des  cin([uante-trois  noms  en  -acus  ({ui  À 
(igureut  dans  les  écrits  de  Grégoii-e  de  Tours  ;  et  la  jnoportiou  ', 
des  noms  en  -iacus  est  bien  jdus  forte  encore  parmi  les  noms  j:^. 
de  lieu  que  mentionnent  les  liocum'^uts  des  siéeb'S  siii\aiits. 

205.  Va\  étudiant  de  plus  prés  tous  ces  noms  lii.-  lieu.  >.t'l  eru-  '  •  ' 
dit  a  constaté  que  la  pbapart  du  temps  ds  ont  [)ou[-  radical  un  ]  ' 
nom  d  honnne  d  origine  r(^maiue,  d'ordinaire  un  guntiliee,  c'est-à-  /| 
dire  un  nom  de  famille,  et  il  a  observé  avec  beaucoup  de  iustesse  ^ 
que  c  est  à  cette  dernière  circonstance  qu'est  due  la  fréquence  de  '  j 
ri  précédant  le  suffixe  -acus,  la  très  grande  majorité  des  genli-  iS 
lices  romains  étant  terniiiii's  en  -rus.  (^est  alors  qu'il  a  eru  pou-  '~'^ 
voir  présenter  sa  théorie,  bien  connue  aujourd  liui.  et  à  !a(|uellc  \ii 
il  a  réussi  à  lionner  une  grande  vraisemblance,  qu  aux  temps  de  .!  j 
1  indépendance  gauloise,  la  jU'ojjrieté  l'urale  était  encoi'e  indivise  i.'j 
dans  chaque  cité,  et  (pie  ce  fut  le  dévelojjpement  de  la  culture 

des  céréales,  après  la  conquête  ronuiine,  (|ui  ainen;i  le  [)artage  dr  \  , 

cette  propi'iéte  collective,   c'est-à-dii'e  la  constituticni  de   la   pro-  ~.  i 

priété  uuliviiluelle  dans  notre  pavs.  ^  \ 

La  meilleure  preu\e  de  l'origine  romaine  de  la  (U'upriété  indi-  ,   ' 

viduelle    en    Gaule     résulte,  à    ses  yeux,    des    noms   piopres   vm  fc 

-iacus  ((ui,    pour    le    plus  grainl    nombre,   dérivent  de    noms  de  1 1 

gentilices    romains,    et    durent   être,    a   l'origine,    des    n   'ns    de  J  *! 

Kl 


OKIGiNES    GALI.O-KOMAIN'J; 


77 


i 


i 


.u'Ii  au  de  loopi'iélés  imnioliilières  :  les  noms  de  lieu  o-aulois,  ou 

!'  .1  -;i!!o-roiii;iiiis.  on  -iacus  seraient  donc  analogues,  oonmie 

■..ili..'.!.  au\   noms  do   Hou  latins  en  -iauus,   si  nond)reux  en 

Il  ,'■,•  ,!  d.ins  la  Ganlo  Miéridlonale,  el  qui  seront  ulti'Tiouromenl 

.rnli.'S. 

206.  Los  noms  de  lieu  dont  la  forme  primitive  élait  terminée 
,1.  ;:ilin  par  le  sul'lixe  -acns  appartiennent  à  toutes  les  rég-ions 
,i  l;i  l'ranoe  actuelle,  et  oela  prouverait,  s'il  était  nécessaire,  que 
]■  ^  (".elti's  ou  Gaulois  ont  occupé  toutes  les  parties  de  noire  pays, 
lui-,  nos  départements,  &  l'exception  dos  .Mpes-Marilimos  et  du 
\  r.  possèdent  des  eonunuues  dont  les  noms  appartiennent  t. 
>.|U.  c;il(''..;orii'  :  encore  cette  exception  prouverait-elle  seulement 
,pic  la  iiopulation  celtique  était  peu  répandue  dans  la  )'ét;ion  ct)r- 
i.  •^iiondanlo,  car  le  nom.  ([u'on  a  ou  occasion  de  rencontrer,  de 
lù'Z.itiJini  (N'ar)  est  une  preuve  non  équivoque  de  1  occupation 
■  II'  celle  [.artie  de  la  Provence  par  les  Gaulois. 

207.  D'ailleurs,  à  en  juger  par  la  nomenclature  communale 
inuderne,  les  noms  en  -acus  sont  en  général  beaucoup  moms 
ni)nd>rou\  dans  l'ancienne  province  romaine  et  dans  la  Novem- 
populanie  :  la  chose  s'explique,  en  ce  (jui  touche  la  première  de 
c«'s  réo-ions.  par  ce  fait  que  les  noms  de  fundi  \  étaient,  à  la 
ni.iniére  romaine,  termines  le  plus  souvent  en  -anus,  ce  ({ui  est 
\\\\  dos  indices  nombreux  et  variés  du  haut  degré  de  ron.anisa- 
tion  de  cette  partie  de  la  Gaule.  Pour  la  Novempopulanie, 
Texplicalion  est  autre,  car  cette  province,  comprenant  d'une 
(..^on  à  peu  près  complôle  le  pays  entre  Garonne  et  Pyré- 
ik'os,    reinésente     l'Aquitaine     de     César,    dont     la     population 

'.lit  de  môme  race  que  les  Ibères;  les  noms  en  -nr,  cl  ceux, 
,;  n, dés  déjà,  de  Monlczun  et  de  Tourdun  (^Gers)  y  atteslent 
r  .i  ■niablemcnt  une  infiltration  celtique  dont  les  écrits  de  l'anti- 
.i  ;.!.•  iiarvonus  jusqu'h  nous  ne  font  aucune  mention. 

^i   lumdjreux  sont  les  noms  correspondant  à   <los  primitifs  en 

,icu.s.  (lu'il  n'en  sera  donné  ici  qu'un  choix  d'cxenq)Ies  énumérés 

••l.)u  l'ordre  alphabétique  de  ces  primitifs. 

208.  Albiacus,  formé  sur  le  gentilice  Albius,  qui  lui-même 
.irnve  du  coijnomen  .\lbus  :  Albiac  (IlauLe-Garonne,  Lot), 
Alhieux  Loire),  Aubiac  (Gironde,  Lot-et-Garonne',  Aubiat  (Puy- 
.h-l,)6me),  Auby  (Nord),  Augea  (.lura;,  Augy  Aisne,  Glier, 
Yiinno),  Aujac  (Charente-Inférieure,-  Gaid). 


78  LES     NOMS    Oli    LlliL' 

209.  Albiniacus,  liu  ^■/•iiUiice  Albinius,  tonné  lul-mèine  '  î 
sur  le  cocjnomen  Albinus  :  Albignac  (Corrèze),  Albigneux  V  \ 
(Loire),  Albigiiy  (Loire,  llhùiie,  Savoir.  Îlaute-Savoie),  Aubignac  | 
(Aveyron,  Corrcze,  Iîaul';-Loiréj,  Aubignat  (  Puy-de-Domt;':.  %À 
Aubigné  (TUe-et-Vilaine,  Maine-et-L.)ire,  Sartlie,  Deux-Sèvres),  Wi 
Aubigney  ^Ilautc-Saùne).  Âubigny  (Aisne,  Allier,  ArJennes,  |Cj 
Aube,  Calvados,  Cher,  Cùte-d'Or,  ilaule-Manie,  Nord,  Pas-de-  W\ 
Calais,  Deux-Sèvres,  Stiaune,  Vendée),  Arbigny  (Ain,  Haute-  f,] 
Marne),  Herbigny  (Ardennes),  appelé  Albiniacus  vers  SlU).  >■}  | 
Herbignac  (Loire-Inierieure),  Arbignieu  (Ain).  ;    ■ 

210.  AlciaeuN  :  Aussac  iCbarenle.  Taru;,  Aucey  (Manclip),  f .  j 
Aussy  (^Seine-el-Marne),  Alichy  (Nord,  Oise,  Pas-de-Calais^,  .^ 
Aiisqiies,  qui  iig'ure  en  oouiposiUni)  dans  Nordausques  et  r  i 
Zudausques  (Pas-de-Calais;.  ' 

211.  Antoniacus:  Antony  (Seine),  Alîtogny  iludre-et-  ^ 
Loire),  Antoigni  (Orne),  Antoigné  (?vlaine-el- Loire),  Antounial  *>: 
(Dordof^ne).  |^ 

212.  Aurt'liaeus     :     Aureillac     iLul-et-Ciaronaei,     Aurillac 
(Cantal),     Orlac     (Cluii'enie-Inierieure),     Orliac    (Corrè/.e,    Dor- 
dognej,   —  d'où   le   diniij)utif  Orliaguet  (Dordognc;,    —   Orléat  ^' 
(Puy-de-Donie),  Orly  (Seine).  » 

213.  Avitiacus  :  Avessac  ;  Loire-Inférieure),  Avezac  (Hautes-  j  ■ 
Pyrénées),  Avc^é  (Sartliel. 

214.  Blandiacus:  Blanzac  (Charente,  Charente-Inférieure  i 
Haute-Loire.  Haute-Vienne),  —  d'où  le  diminutif  Blanzaguet  ;  , 
(Charente),  —  Blanzat  (Puy-de-Dôme),  Blanzay  (Charente-In-  j 
férieure),  Blanzée  (Meuse),  Blanzy  (.Visne,  Ardennes,  Saône-el-  |' 
Loire), Blandy (Seine-et-Marne,  Seine-cl-Oise),  Blandecques  (Pas-  | 
de-Calais),  Blangey  ;Côte-d'Ori,  Blangy  (Calvados,  Pas-de-Ca-  ;; 
lais,  Seine-Inférieure,  Somme). 

215.  Calviacus  :  Calviac  iLot),  Galviat  Dordoi^ne),  Gauviac  t 
(Gard),  Cliaugey  (G6te-d"0r;.  'r   ; 

216.  Calviniacus  :   Galvignac   iLot),  Chalvignac  (CantuD,  ' 
Cauvignac  (Ciironde'i,  Cauvigny  (Oi.so),   Chauvigné  (Ille-.>i-Vil- 
lauie),  Chauvigny  (Loir-et-Cher,  Vienne).  i 

217.  Campaniacus   :  Campagnac  (Dordo^^ne,    Lirni.  Cham-  '. 
pagnac  (Cantal,  Charente-Inférieure,  Corrè/.e,  Creuse,  Dordogiie,  j 
Haute-Loire,     Haute- Vienne) ,     Champagnat    (Puy-de-Dôme, 
Saône-et-T,oirel,    Champagne  (Sarthe,  Vendée,   ^'icnne),   Cham-  ■ 


Pi 


(»!ilGINKS    GAlJ.O-H(/.MAI.\ES 


TU 


« 


paçjney  (Doulis.  ,fui-a,  llautc-SaôriHJ,  Champagny  (Côte-d'Or, 
Jiini,  Snvoic),  Champigné  (>iainc-ci-Lnlre),  Champigny  (Aube, 
lùiiv,  liiilre-et-Loiie.  Loir-iit-Cher,  Alarue.  HauLe-Miirne, 
Siinc.  Vienne,  Yonne). 

218.  C.assiacu.s  :  Chassac  (Corréze,  Gard),  Chassé  (Saillie), 
Cliassey  (Côte-d'Or,  Meuse,  Haute-Saône,  Saùne-et--Loire). 
Chassiecq  (Charente),  Ghassieu  (Isère),  Ghassy  (Clier,  Saônc-ef- 
Li>ire,  Yonne  .  Chessy  (Aube,  Rhône,  Scine-et-Marne'l. 

219.  Domitiacus  :  Domezac  (dharentei,  Domecy  (Yonne;, 
Donzy  (Nièvre),  et  sans  doute  aussi  Donzac  (Girouile,  Tarn-et- 
(j.iruiuie),  Donzacq  (Landesl. 

220.  Eburiacus,  dérivé  par  l'intermédiaire  d  un  gentilice 
l'ihurius  du  nom  gaulois  Ehtiros  déjà  rencontré  dan.s  Eburo- 
•hniuin,  Kburobri-j^a,  Eburoniai»'us  :  Evry  (Seine-et-Marne, 
^(■iiif-ct-()ise,  Yonne),  Yvrac  (Charente,  Gironde),  Ivrey  (Jura), 
Yvré  (Sarthe>.  Ivry  (Cote-d'Or,  Eure,  Oise,  Seine). 

221.  Flaviacus  :  Flaviac  (Ardèche;,  Flavy  'Aisne.  Oiseï, 
riayal    (Creuse),    Fléac   (Charente.    Charente-Intérieure).    Fleix 

Vienne';,  Fiée  (S.irthe)  et  Saint-SauL^eiir-ile-Tlée  (Maine-et- 
I/>ii'e\  !^ninl-(H'rmer-de-T\y  (Oisei.  Flaugeac  (Dordog'ne),  Flau- 
jac  ;I.ol  .  Flageac  iDordo^ne,  llaute-Loire),  Flagey  iGùte-d'Ur, 
l)oid)s,  Haute-Marne).  Flagy  (llaute-Saone,  Saône-et-Loire, 
Si'iiio-et-Marne'!,  Fyé  (vSarthe).  —  FU'c  [Cùlc.-d'Or'j,  a  une  autre 
ori^'iiie,  cette  localité  étant,  aux  vin''  et  ix''  siècles,  conslamnient 
iioi'unée  !'Mex.us. 

222.  l'Maviniacus  :  Flavigiiac  ;  Haute-Vienne).  Flavigny 
.Visne,  Clier,  ('ôte-d'Gr,  Marne,  Meurlhe-et-Moselle),  Flaugnac 
l.ft!.   Flagnac  (Aveyrou).   Flagnat  iCharentei,  Flagny  (Nord. 

.■^l'itic  el-Marne). 

223.  l'ioriacus  :  Florac  (Lozère^.  Florat  (Haute-Loire), 
Floirac  (Charente-Inférieure,  Gironde.  Lot).  Fleurac  (Charente, 
l>.irdo,i,-ne).    Fleurât    (Creuse),    Fleuré   ((.)rne.    Vienne),    Fleurey 

Cole-dOr,  Doubs,  Haule-Saône),  Fleuriel  (Allier),  ancienne- 
iiii'iii  Fleurie.  Fleurieu  (Hhône).  Fleurieux  (Rhône),  Fleury 
..Visue.  Mure,  Loiret,  M.inclie,  Marne,  Meuse.  Nièvre,  Oise, 
l'.isde-Calais,  Saôue-et- Loire.  Seine-et-Marne,  Seine-et-Oise, 
""uiiuue,  ^  uunei  '. 


!     Si  I,-  tidin  lie  l'Icui-y  r!t;;iif  d;\fis  la  noiiirnclulure  communale  du  dopar- 


80  (.KS    NOMS     hi:    t.IEU" 


i;u!U;, 


224.  Juliaciis,  du  ;^^eiitilico  juliiis,  trè'^  r(-j)aiiilu  eu  (1; 
beaucoup  de  nobles  Gaulois,  qui  di-v.-iieiil  le  dioil  l'.o  cili'-  i'i 
Jules  César,  ayaiilpris  son  nom  :  Juillac  '  ('liarenle,  (lonèy.o.  (liri-s, 
Giioiuli'i.  — d'où  le  diniinuli!'  Juillaguet  .  Chaienl''  .  —  Jivillc 
(C^-harenle,  Sarilio.  Dmix-Sevr.'si,  Jlîilié  Ixlîoni').  Na//// -/ '/-vrc- 
t/c-Juillers  (Charente-lnféiieuifi,  Juiliey  lAIanclioi.  Juilly  ((".ole- 
d"()r.  Seine-et-Marne),  Jully  ;Aul)e,  Saonc-et-Loire,  Yonne), 
Juliers,  en  allemand  Jùlich  ('['russe  rhénane,  réii'ence  d  Aix-la- 
Chapelle). 

225.  Justiacus    :    Jussac    iCantal;,    Jussas     Lharcnle-lnfé- 
rieuri").  Jussey  (Haute-Saône),  Jussy    Aisne,  Cher,  Yonnel. 

226.  Latiniacus     :     Ladignac      ;Corrèze,      Haute- Vienne), 
Ladinhac    (Cantal),     Ladignat      Haute-Loire),    Lagnat    (•'viiii, 
Lagney  (Meurthe-et-MoseUc .,  Lagnieu  (.Vin),  Lagny  (Oise,  Seine-     : 
el-Marne),  Laigné  (Mayenne,  Sarthei.  Laigny  (Aisne). 

227.  I.ieiniaeus  :  Lésignac  llaute-Vienne),  Lésignat  :Cha-  l 
rente),  Lésigné  i^Maine-el-Loire',  Losigiiy  (Seine-et-Marne,  j 
Vienne),  Lusignac  ^DordogucO.  Lusignat  (Am,  Creuse),  Lusigny  j 
(Allier,  Aube,  Côte-d'Ori.  Lusignan  (Vienne)  esl  de  inèine  ori-  \ 
gine  ;  la  nasalisation  de  la  dernière  syllajie  ne  date  (jue  du  temps  i 
de  Philippe  le  Bel.  \ 

228.  Marcelliacus  :  Marcillac  (Aveyron,  Charente,  Corrèze,  | 
Dordogne,  Gironde,  Loi;,  Marcillal  (Allier,  Puy-de-Dôme),  | 
Marcillé  (Ule-et-Vilaine,  Mayenne),  Marcillieu  (Loire).  MarciUy  l 
(Aisne,  Aube,  Cher,  Côte-d'Or,  lùire.  Indre-et-Loire.  Loir-et-  j 
Cher,  Loire,  Loiret.  Manche,  Marne,  Haute-Marne,  Ithône.  ' 
Saône-et-Loire,  Seine-et-Marne),  Marsilly  (^Charente-Inférieure).     | 

.  229.  Maxiiniacus  :  Meximieux  (Aini,  Messimy  (.Vin,  Pdiône),    l 

Massingy  i^t'.ôte-d'Ur,  llaulo^Savuiei,  MarsangiS:  Marne,  Yonne^,  ! 

et  peut-être  aussi  Marchangy  (Loirei.  ^ 

230.  Montaniacus  :  Moiltagiiac  ,15asses-.V]pes,  Dordoyne,  i 
Hérault,  Lot-et-Garonne'i,  Montagna  (Juj-a),  Montagtiat  {.\m\ 

Montagney  (Doubs,    Hauie-Saône),    Montagnieu    (Ain,    Isère),  } 

Montagny     (Côte-d'Or,     Loire,     Oise,     Rhône,    Saône-et-Loire,  /, 


t 


lomeiiL   de    l'Aude,  où   il    prujit    iiisolile,   c'est     t-ii    rni.s'in    ■!  ".ne    circoii-  _■ 

stauce  spécinle  :  l'érection,  en  uiai-s   l":'C..  ds'  lii  li'i'iodi-  !\-ii^n;i.i  en  .ImcIu'-  ' 

puirie  sous  le   nom  de   Fleury,  en    faveur   de  .lein>.-ilcrcule   'de    il'js.scl  de  j 
Fleury. 


ilHUil.MOS     C.AI.lO-liOMAIM'.N     '.     -ACO.S  81 

S.vdi.',  llaule-Savoiei,  Montigiiac  (Cliai-eiilc,  Duiilo^nc,  Giiondc, 
\  I  nt-i'l-(iaromn',  1  laulos-Tv  i\'iu''i's ),  Moutigué  i, (".liaronle.  Maiiie- 
i-t  I.uiro,  Mayniiic,  1  )eu\-Sf\  i  os^l.  Moutigiiy,  nom  porli-  parant' 
t  iiH|uanlaini'  ilc  communes,  vl  par  nombre  d'écaiis,  dans  la  par- 
tie septentrionale  de  la  France. 

231.  Pauliacus  :  Pauilhac  (Orsi,  Pauillac  (Giicinde), 
l'ailliiac  (Caillai,  Ilaute-Ciaroniie,  Maute-Loire,  Loirei,  —  dOii  le 
.liunuulir  Paulhnguel    (^Ihuile-Lou'e).   —  Paulhiac   '  Lot-el-da- 

h'i,   Pauliac  ( -Vrie^e,  (^.iiire/e,  etc.  1,  Pauliat   (.\.llier,  Creuse'i, 

Il  pUiparl  des  Poilly,  PouiUé.  Pouilley,  Pouilly  de  la  moilié  seji- 
Iciitnunale  de  la  l'rance,  Peillac  (Morbihan),  et  [jeut-èlre  Paillé 
t  ;ii.irento-IiilV-rieui'e     et  Pailly  i  Yonne'. 

232.  l'osiumiacus  :  Pouthuiiié  (^'ienne'l,  Potangey  i ("ote- 
<i  Cl  .  Potangis  (JNÎanie). 

233.  (Kur.tiaeiis  :  Quinsac  (nordo;.;ne,  Gironde),  Quiiissat 
l'u\ -de-PômeN     Quinçay    i\'ieiine),     Quincé    (Maine-et-Loire), 

(luincey  (.\ulie,  Cùte-d'Oi-,  Ilaule-Saône),  Quincié  iHliôae), 
ûuincieu  dsèiei.  Quincieux  l^liône),  Quincy  (Aisne,  Cher,  Côtc- 
.1  l.tr.  Meus.-.  Seine-^■t-^î.ll■^e,  Seiiie-el  i)i<e^  CuilH'lry  ;  l'a.- -de- 
l'.il.,is  .  Cuiiliy  Xiird  .  V/;.".'e:7  a  p.'.ii  d:;ii;i!Uiii  tiuinCtM'Ot  C...U  • 
li'l'r.  ^  oii'u  .  ipu  e-^l  ;i  r;i  |ipi'oclier  de  /'l.irii/  nefol  ri  de  'Jn.  ■ 
!ti-  '■,,/    '(lol'.'-d  (  •;•  ,   ihiuiliill  l!s  de    h'Liri'/Ill/    et  de  (Jlh'-I  hj  l:  ij  . 

234.  Homaniaeus  :  Rojiîûgnac  (C-anlali.  Piomagnat  (l'u\ de- 
l' Mlle),  Roniagné  i  lllc-ot-\'ilaine.,  Roniagiiieu  (Isère),  Roniar.uy 

'^l.uiclie,  ancien  Haut-Rhin),  Romenay    Saone-et-Loire),  Roine- 
ny  ,.\isne). 

235.  Sabiiiiacus  :  Savignac  (Arièye,  Avevron,  Dordo^ne, 
('..  IN,   Gironde,     I.ot-et-Craronne),    Savignat    (Creusel,     Savigra 

•lui, il,    Savigné    (Indre-et-Loire,    Sartlie,     Vienne),    Savignoux 
Vm:,  Savignies  (Oise),  Savigny,  nom    porté   par    plu.s    de  viiif;! 
»'  ::inuuuvs  (le  la  Fi'anoe  se[)lentrionale. 

236.  Severiacus  :  Séverac  (Aveyrou),  Sévérac  (Loire-Ini'e- 
(e-'re\  Sevrai  (Orne),  Sevrey  (Saône-et-Loire),  Sivrey  (.Vube), 
Sivry  .\rdennes,  Marne,  Meurthe-et-Moselle,  Meuse,  Seine-et- 
M'iiie),  Cieurac  (I-ot),  Civrac  (Gironde),  Civray  (Cher,  Imlre- 
•  1  l.dir.;,  \'ienne),  Civrieux  (Ain.  Rhône),  Civry  iCùte-d'Or), 
l'.-.iie-et-Loire,   Seine-et-Oise,    Yonne),  Xivray    i  Meuse),    Xivrv 

Ml  liilho-et-Moselle). 
'f  .''.7.   Tilliacus:  Tillac    iîers),  ïilly   (Calvados,  Eure,  Indre 

.'  •,.    mniis  lie   lieu.  r, 


82 


i.i;s   .NMMs   m:   i  ii:i: 


Meuse,    Pas-tle-C;ilais,  Seino-ot-Oit;o),  Teille  (l-oiie-IulV'rii'ure), 
Tilques  (Fiis-de-Calais)'. 

238.  Valoriacus  :  Vallery  (Haute-Savoie,  Yonne),  Vaudrey 
(Jura),  Vaudry  (Calvados). 

239.  Mais  les  noms  ile  lieu  i;allo-romains  en  -acus  ne  sont 
pas  tous  formes  sur  des  i^entilices  en  -ius,  car  si  la  plupart  des 
g-entilices  présentaient  cette  désinence,  (juehjues  autres  étaient 
terminés  dillereniment,  par  exempleen  -enus  :  Aatius,  A  vins, 
Lucius  et  Marcius  ont  pour  doublets  Antenus.  Avenus, 
Lucenuset  i\Iarcenus,  qui,  combinés  avec  le  sutîixe  -ac  us,  uni 
formé  des  noias  de  lieu  gallo-romains  : 

240.  Antenacus  :  Aiithenay  (Marne). 

241.  Aven  acus  :  Avenay  (Marne). 

242.  Luce-nacus  :  Lucenat  (Allier),  Lucenay  (Cote-tr(jr, 
Nièvre,  Saône-el-Loire),   Luzenac  (Arieye),  Luzinay  (Isère). 

243.  Marcenacus  :  Marcenat  (Allier),  Marcenay,  Marsannay 
(Côte.-d"Or). 

On  trouve  aussi  -acus  combiné  avec  un  cogiwnien  lalin  ou 
un  nom   d'homme  gaulois. 

244.  Avitacus  est  le  nom  sous  lequel  Sidoine  Apollinaire 
désigne  la  villa  qu'il  possédait  en  Auvergne  du  chef  de  sa 
femme,  lille  de  l'empereur  Avitus  ;  remplacement  en  est  aujour- 
d'hui ma\-(jué  par  Aydat  (Puy-de-Dôme). 

245.  Brennacus,  nom  d'une  ville  royale  du  Soissonnais  au 
vi*  siècle,  est  (orme  sur  le  nom  gaulois  Breiinos.  Brennacus 
doit  être  identilié,  non  pas  comme  on  a  voulu  le  faire,  avec 
Braisnc  (Aisne),  mais  avec  Berny  (Aisne),  anciennement 
Brcny. 

246.  Turnacu.s,  forme  sur  le  nouj  d'iiomme  gaulois  latinisé 
Turnus  est  l'origine  des  noms  de  Tournai  (i3elgique),  de  Tour- 
nay  iCalvados,  Marne),  de   Ternay  (Loir-et-(>her). 

247.  L'usage  de  former  des  noms  de  lieu  en  -acus  ne  fut  pas 
brusquement  abandonné  ;  il  persista  en  Gaule  pendant  la  période 
franque,  comme  d'ailleurs  en  Gaule  ci.salpine,  c'est-à-dire  dans 
la  Haute-Italie,  pendant  la   péiiode   lombarde. 

248.  Quand  les  Francs  s't'tablirent  dans  la  Gaule  du  Nord,  la 
très  grande  majorité  des  noms  de  lieu  de  notre  pays,  dérivés  de 
f^iiitiliei'.s  romains  en  -ius,  déterminaient  en  -iacus;  mais  à 
n((i'  e[ioque,    les  genliliccs    n'existani    plus,    on    ne  com[irenail 


nnU.LN'KS    (iAl.i.ll-UOMAIMiS     :     -AC<IS  ^S;î 

jJus  bien  le  mode  de  loniuitioii  usité  dans  les  premiers  siècles 
de  noire  ère,  et  les  Francs,  li)rs([irils  voulurent  donner  leuis 
iidins  aux  propriétés  cpi'ils  [lossédaient,  ronihiuèreuL  ces  noms 
.ivoe  le  groupe  -iacus,  au  lieu  de  snivr(>  les  exemples  (pie  pou- 
•..lient  leur  fournir  Avit-acus,   Brenn-acus  et  Tu;ii-acus. 

Les  noms  de  lieu  en  -iacus  formés  sur  des  noms  d'honune 
d'origine  germanicpie,  sont  en  nonihre  moins  t'onsiderahle  (pie 
l''s  vocables  gallo-romains  terminés  de  mèuie  ;  ils  paraissent  sur- 
tout dans  les  pays  colonisés  par  les  Francs,  soit  en  lîelgi(pie  et 
■  tans  la  France  du  uord-ost.  ()n  citera  ici,  ii  litre  (i'exenijdes,  les 
iioins  suivants  ; 

249.  Acliariaeus,  de  Acliaiius  :  Achery  (Aisne i. 

250.  Ala  mundiacus,  de  Alaniundus,  devenu  par  aplié- 
rèse  Lamonlzée   (Helgicjne,  prov.  de  Liège). 

251.  Albcriciacus,  de  Albericus  ;  Obrechies  (Nord  :  cf. 
Auberchicourt  (Nord),  représentant  Albericiaca  curlis. 

252.  Hertmariacus,  de  liertmarus  :  Beriueries  (Nord,  ;  cf.- 
Berraéricourt  (Marne). 

253.  Betiiniacus,  de  Be  l  to.  -on  is  :  Bétheny  (Marnci;  cf. 
Bétheniville  (Marne). 

254.  Bli  tmariacus,  de  lUitmarus  :  Blumerey  'Haute- 
Marne),  Blémerey  (Meartlie-ct-Moselie,    Vosges). 

255.  Carliacus,   formé  sur  un  radical  lùtrl  :  Charly   (Aisne). 

256.  Fulcoldiaeus,  de  L'ulcoaldus  :  Faucouzy  (.Visne). 

257.  Gerbortiacus,  de  Gaireb(!itus  :  Gerbehaye  (Belgicjue, 
prov.  de  Liège),  nu  xiii*^  siècle  Grrborchcis. 

258.  Gerbi  Idiacus.  du  nom  d(^  femme  (laireli  i  Id  is  :  fjrugis 
Aisne^. 

259.  (}eroldiacus,  de  Gairoaldus  :  Grougis  (.Visin'l. 

260.  Gislebertiacus,  de,  (iislob<'rtus  :  Gelbressée  ;liel- 
i^'upie.  prov.  de  NamurK 

26i.  Ili  Idericiacus  ,  de  (^  iiilde  ri  c  us'  :  Haudrecy 
'  Ardennes). 

262.  Landericiacus,    de   Landcricus  :    Landrecies  'Nord). 

263.  La  n  doldiacus,  de  Landoaldus  :  Landouzy  (Aisne). 

264.  Lanlberciacus,    de   Landluîrtus:  Lanibercy  (.Aisne). 

265.  Leuthariacus.  de  Leutharius  :  La  Hérie  et  Le  Hérie 
'.\isi)e),  (|ui  devraient  s'écrire  tous  deux  eu  un  seul  mot. 

266.  Katiiariacus,  de  Uatbarius  :  Raray  (Oise). 


Si  i.rs    NOMS    dk  i.ii:i' 

267.  Hol-aiiacus,  .le  1  ;  .xlo-a  n  us  ;  Rougeries  (Aisiicj. 

268.  ■rheo(li'bLTliacu.s,(li>  Tli  L-odcbcr  tu.s  :  Thiverzé,  l'.ca- 

lilé  aujourd'hui  eiig-lobée  dans  l'\uileuay-le-CouilL'  (Vendcu).  . 

269^    ■!']ieodeiiciacus,    <U'    Tlieodoricus  :  Tiercé    iMaine-  | 

el- Loire).  i 

270.  Ti-udoniacus,  de  1  ru.lo  :  Trignée  (Bel-i^iue,  prov.  de  ^ 

271.  Wali.sniiacus,  de  Walisr.ius  :  Valmy  (Manie). 

272.  \ValLljei-Liacu.s,de  Waldeherius  :  Vaubeixey ', Aub-' ;, 
Vaubexy  (V.)s--;:.s).  È 

273.  Wariniacus,  de  Warinus  :    Guérigny   (Nièvre),   War- 
gnies  (Nord,  Souune).  ; 

274.  Witaieriacus,  de  Widomavus  :  Gumery  (Aube).  j 

i 

275.  11.  V  a  lieu  d'aborder  létude  di-s  formes  vuls.(aires  du  |' 
suffixe  -acus.  La  ([uestiou  ne  serait  [)as  compliquée  si  cette  ter-  h 
miiiaison  était  toujours  précédée  d'une  con.sonne,  comme  dans  les  f 
noms  tle  lieu  dérivés  de  i;eiitiliees  en  -enus  :  Dans  ce  ■,  .'is,  |' 
-acus  devient  en  langue  d'od  -ni/,  et  en  langue  d'oc  -ac  ou  -ul .  f 
INlais  beaucoup  plus  fréquemnionL  le  sullixe  est  précédé  d'un  /  ;  !_, 
or  il  s'est  produit,  par  le  \oisinage  de  cet  /  et  de  Va,  une  sente  V 
d'amalg-ame  qui,  de  bonne  heure,  dans  les  pays  romans  qui  furent 
plus  tard  de  langue  d'oïl,  lit  substituer  au  groupe  io  un  e  ;  c'est  jv 
du  moins  ce  que  permellcnt  de  conjecturer  les  formes  Criscecus  t^ 
et  Krchrecus,  substituées  dans  la  seconde  moitié  du  vni^'  siècle,  |- 
par  le  pscudo-contmuateur  do  iMédégau-e.  aux  primitifs  Cri.scia-  | 
eus  et  Ercuriacus,  aujourd'hui  représentés  par  Crécy  etEcry.  |' 

276.  C'est  vers  le  Poitou  et  la  Saintonge  que  cette  forme  altc-  l 
rée  -ecus  s'est  le  mieux  maintenue  :  au  début  du  xis"  siècle  on  ^ 
notait  encore   -ec  la   finale,    a    présent    réduite    à  -c,    des   noms 
Andillé,  Chiré,  Cissé,  Cloué.  Latillé,  Ligugé  (Vienne)  ;  d'ailleurs 
cette  linale  -ce  et   sa   variante  -oa/   subsistent  encore  dans  Cer- 
sec,  Lirec,  Pressée  (Vienne),  Aizecq,  Chassiecq,  Ruffec  (Cha-  ; 
rente),  Prahec,  Sciecq  (Deux-Sèvres),  par  exem!)le.                   ^  i 

277.  Tout  au  contraire,  à  droite  de  la  Loire,  le  c  de  -ecus  s'est  *, 
de  Ixmne  heure  vocalisé  en  -l  :  au  ix'^  s'a'cle,  dans  le  poljptique  ï 
de  Saint-Remy  de  ileims,  Fleury-Za-y^/i-^rt"  el  Ri\\y-la-MonLi<jnc  j 
(Marne)  sont  appelés  Floreïus  et  Risleius  :  celte  finale  latine  j 
-eius,  remontant  donc  pour  le  moins  au  ix«  siècle,  suppose  une 


oiiu.iM'is  gam.o-iuimaim:s 


s:") 


Inrine  vulfïaiiv  contcinporaiiK'  t'W  -ri:  celle-ci  subsiste,  sous  la 
iKitiilinii  -rt,'.  dans  nos  provinces  romanes  de  l'est,  Lorraine, 
l'ianche-Cointé,  r,our-o-nc  orientale,  el  menu-  dans  la  Cliani- 
pa^ne  ovienlale  el  méridionale  :  Aubigiiey  (IIaute-SaAne\  Cham- 
pagney  (Doubs,  Jura,  Haute-Saône),  Vaudrey  i.lura). 

278.  Dans  la  Picardie,  le  reste  de  la  Ciiaïupa-ne.  l'ile-de- 
l'iance,  rOrléanais.  le  Ikrry,  la  forme  -ci  a  de  bonne  heure,  au 
\i-sii'cle  au  plus  tard,  fait  place  à  un  -/  (pie  depuis  déjà  plusieurs 
.ircles  on  noie  -y  :  Antony,  Aubigny,  Blanzy,  Goucy,  Domecy, 
rie.  Dans  les  pavs  wallons  cette  tiiuile  a  pris  la  l'orme  féminine 
plurielle  -icx  :  Laiidrecies,  Orchies. 

279.  Il  convient   d'observer    que    la    linale  -c',     provenant   de 
iacus,  domine  non  seulement  en  Poitou  et  en    Sainton^-e,   mais 

.uissi  dans  l'Aunis.  la  Touraine,  l'Anjou,  le  Maine,  la  partie  de 
].,  Xormandio  l'epiésenlée  par  le  déparlement  de  l'th-ne,  et  les 
fraetions  delà  P,reta^i;-ne  où  rinilnence  bretonne  ne  s'est  exercée 
.pi";!  partir  du  ix"  siècle. 

280.  Dans  les  pays  de  langue  d'oc.  Va  de  -acus  s'est  mainu  nu, 
,1    la    forme    vulgaire   de    cette    terminaison    est    -ne,    AlbignaC, 

Albiac,    Aurillac,   Blanzac,  Calviac,  Calvignac,  Chassac,   eic. 

M.iis  dans  les  plus  seplentrionaux  de  ces  pays  la  linale  -,'ic  s  est 
,,>;s(mrdie,  el  est  remplacée  par  -,(/  dans  le  sud  du  Bourluamais, 
l'Auv^M-gne.  la  Marche  :  Aubignat,  Aubiat,  Calviat,  Champagnat, 
Fleurât,  Ladignat.  Lusignat,  Marcillat,  Quinssat,  Savignat.  etc.  ; 
(.■I  assourdissement  est  parfois  même  consacré  parla  proncmcia- 
tinii  locale,  bien  que  rorthographe  oflicielle  ait  conservé  la  nola- 
tinn  -ar  :  le  nom  de  Boussac  -Creuse),  se  prononce  Ilnnss.-i. 

281.  Dn  constate  aussi  rassonrdissement  (bi  c  linal  dans  la 
|,,rlie  méridional.'  du  dé| ..(rtenhaii  d.u  Jura.  ,1  dans  la  i>ai  lie 
..■pl.Mitnona.le  .le  celui  dr  l'Ain  la  r.-ion  (pu  av..isine  la 
Innile  de  ces  deux  départements  présente  un  -raiid  nombiv  de 
ncins  géographiques  terminés  aujourd'hui  en  -.t  ou  en  -m,  et  dont 
la  finale  latine  était  -iacus  :  Bissia,  Broissia,  Dénia,  Loisia, 
Siivigna  i.lnra'»;  dans  le  déparlement  de  l'Ain,  on  observe  par- 
Nus,  Comme  en  Auver-nc,  la  notation  -;U  :  Attignat,  Ceyzériat, 
Curciat,  Maillai,  Martignat.  Polliat,  Pressiat. 

282.  Une  antre  fornu^  vulgaire  correspondant  ii  -iacus  est  -icii 
.u  -icii.r,  qui  existe  dans  le  pays  arrosé  par  le  P.lu'me  depuis 
Sevssel  jusqu'au   contluent  de    l'Isère,  et  ([ui,  de  la,    s'étend  sur 


SC) 


Li:s     NOMS     ij|.'     |,ir.;c 


l".s  <l('i.;u'lrMUM,l.s<l<.  l'Ain,  de  rU^n-,  ,lu  I{t,on.>.  ch>  la  Loire  et 
'le  I  An!.'>clie.  Lu  plus  uurwmu^  notation  de  celle. forme  otail  -/>', 
(|u.  s  est  conservé  dans  les  noms  ,1e  Jullié  el  de  Quincié  fHhône)  ' 
du  moins,  c'est  en  -/e  que  se  terminaient,  vers  le  xii^'  sièele  là 
pluimrl  (les  noms  qui  sont  aujourd'hui  en  -ici,  ou  iru.r.  pann'i 
l.^squels  on  mentionnera  ici  Albigneux  (Loire),  Albieux  f Loire) 
Ghassieu  (Isère),  Fleurieux  (Ain.  Uhône),  Jussieux  (Hhône)' 
Lagnieu  (Ami,  MarciUieu  (Loire).  Montannieu  (Ain,  Isère)' 
Qumcieu  (Isère),  Romagnieu  (Isère).  Savignieux  (Ain,   Loire).' 

283.  La  détermination  des  zones  occupées  par  les 'diverses 
lormes  vulgaires  correspondant  à  -iacus,  tort  intéressante  >.  coup 
sur  pour  le  linguiste,  ne  Test  par  moins  pour  l'eUmo.n-aphe 
(>elu.-c.,  toutefois,  n'attacliera  pas  plus  d'imporlaiice  ([u'il  ne 
convient  à  la  forme  -,/  :  ono-lnellemenl  circonscrite  dans  une  xone 
ilelerm.née,  elle  en  est  sortie  peu  .^  peu  sous  l'influence  de  1  "ex- 
tension do  la  lan-ue  française,  et  par  l'ellet  d'une  sorte  <le  cen  ' 
IraUsation  :  c  est  ce  qu'on  remarc|ueà  propos  du  nom  de  Coliqnv 
(Vm),  qui  dans  le  patois  s'appelle  encore  Couliqna. 

284.  La  forme -cic,  qui  est,   on  La  vu,  celle  de  la  lan-ue  d'oc 
se   rencontre  aussi  dans   la  partie  de  la  Bretagne  qui  a  clé  sou- 
mise, dc^s  le  V"  siècle,  à   l'influence  bretonne  :  Campénéac  (Mor- 
l"I'=<"\  Comblessac   (Ille-et-Vilaine),  Marsac  (Loire-Inférieure', 
Peillac  'Morbihan),  Ruffiac  (Morbihan). 

285.  On  trouve,  il  est  vrai,  ailleurs  que  dans  le  midi  de  la 
France  et  en  Hretagne,  quelques  noms  de  lieu  terminés  par  le  son 
^o\  tels  que  Urissac  (Maine-et-Loire),  ,hnll.u:  .Aube).  Tnn.^ac 
;Seme-el-Marne)  et  Crcssonsac  (Oise)  ;  mais  ils  ne  représentent 
i)as  des  primitifs  en  -acus.  Jaillac  est  appelé  Jaillard  dans  les 
textes  anciens.  Cressonsaeq,  dont  le  nom  se  prononce  ou  se  pro- 
imnvait  Crcsson.n,  es!  pour  Oc.sonrs.nrl.  Toussac,  vocable 
■«PI'l';P'e  exclusivement  à  des  moulins,  a  son  origine  dans  une 
l.'cution  facél.eu.se,  tolliL  saccum,  ..  .mleve  sac  »,  allusion 
m.x  melaits  si  souvent  reproches  aux  nu-uniers  ;  .1  en  est  vrai- 
son.blablement  de  même  de  lirissac,  a  en  juger  par  la  fbrme 
ancienne  lircchos.ac,  dont  malheureusement  le  premier  terme 
est  ine>;pll(|ué'. 

286.  Dans  les  pays  que  les  invasions  ont  germanisés  -iacus 
';^l  '^''''''^  -'■•'''  -^'^  iMs-allemand  -,cA-  :  Hlariacus,  Blerick 
'lavs-I3;,s.   l.,m))ourg\   Oortoriacus.  Coortryck.    nom  flamand 


r 
( 

i 


ohi(;im:s  (iali/j-homaimcs  :   -.w.os'  ST 

lie  Cuuptrni.  Ge  mon  ir>cus,  Gemmenich  (]  Je  inique,  pioviiiro  de 
I.ii-^'-c;  ;  Juliacus,  Jiilich,  nom  allemaïul  do  Julit<rs  (iv^(,'nco 
(i'Aix-la-Chapelle);  'l'i  be  riacus,  Zieverich  fn-gonce  de  Cul(j<j;i)e), 
rulhiacusnii  Tulpiacvis.  Ziilpich  (rét;-ence  (rAix-hi-Clianello'',: 
l'uinaïus,  Doornyck.  nom  tlamand  (lo  Toviiiiai  :  NircNiacus. 
Werwicq  (Boli^iquo,   l-'landre  Occidentale). 

287.  Celte  l'orme,  lionl  ou  [loin-iait  mulliplier  ifs  exemples,- 
soinhie  avoir  donné  naissance  à  la  iinale  germanique  romanisée 
■ra/tics,  observée  dans  la  partie  nord-ouest  du  département  du 
l'as-de-Calais  —  soit  dans  les  arrond'ssemonts  de  Boulogne  et 
■  if  Saint-Omer —  cpii  avait  reçu  à  l'époiiue  dos  grandes  invasions 
Mil  fort  appoint  de  pojnilation  germanique.  La  l'orme  -ecqws  — 
l's  n'en  date  que  du  xvi<^  siècle  - —  sul)stituée  au  bas-allemand 
-ick  implique  nécessairement  le  recul  de  l'élément  germaiii(|iie 
ilevanl  l'élénuMil  roman.  Elle  paraît  dans  les  noms  doBlandecques, 
de  Coyecques.  d'Eperlecques.  de  Questrecques,  de  Senlecques  et  de 
Wardrecques  ;  assez  l're(iuemmenl  un  déplacement  de  l'acceut 
lonupie  l'a  réduite  à  -(fiics  atone  :  Nordausques  et  Zudausques, 
Isques,  Mentques,  Quesques,  Setques,  Tilques.  Wisques. 


^■:d 


XXII 

ORIGIXKS     KOMMXES 
NOMS     FOPyMKS     SU]{     1)1^:8     GKX'I'ILICIÎS 


m 
M 


l.os  Homains  appelaient  frécpieminont  les  propriétés  ruvales 
(lu  nom  lies  propriétaires,  el  cu  l'^rance,  depuis  répor[ue  romaine, 
il  on  futsouvont  ainsi.  La  plupart  du  temps  le  vocable,  du  domaine 
rural  était  un  adjoctir  formé  sur  le  nom  du  |)ropriétaire  à  1  aide 
à\\  snllixe  -anus,  en  sous-entendant  le  suhstantd'  iundus;  cette 
formation  est  identique,  on  le  voit.  ."•.  celle  des  noms  ^'allo- 
romains  en  -.aciis. 

288.  Mais  aussi  il  est  arrivé  ([uc  le  i^entilice  même  du  posses- 
seur ait  été  traité  comme  un  véritable  adjectil.  luudus  étant 
toujours  sous-entendu  ;  Albinius.  /Vubill  'Avevron;:  .\.ntu- 
nius.  Antoingt  l\i_v-di'-l)omei.  Antoirig  (l'>clu'i(|ui-,  llairiauT:; 
.Vurelius,  Aureil  llaule-\'icnne  :  t^.,i  1  v  i  n  i  u  s.  Calvin  A\ey- 
ron  1  ;  (".r  is  |)i  n  iu  s,  Crespiu  i  .\  vc\  ron  .  Tarn  /  :  l''lavtnius.  Fla- 
vin  i^.Vn  eyron  ;  ;  I-"l  oren  t  i  n  i  us,  Florentin  ,  A^  evnm'  :  l.uca  ii  lu-^, 
Lugan  .Vvevron,  Tarn  ;  Pomponius.  Pontpoint  l>isci.  ipiou 
devrait   éciirc  l'nin/ioi  n  :   Tibcrius.   ThivierS  !  lloido- lU'  . 

289.  Parfois  h'  i^en tilu-e  est  employé  au  féminin  :  .lior.^  !,•  sub- 
sl.intil'  sous-eulimilu  n'est  pbrs  l'undus.  mais  casa,  villa  ou 
domus  :  Albania.  Aubague  !  I!oucbes-du-lilioiir  ;  Aurrlia. 
Aureille  (Bouclies-duHiiône  ;  .V  V  i  tia.  Avèze  ;('iaril  ;  Camu- 
lia.  Chamouille  (Aisne)  :  Ilispania,  Espagne  ^(lonéze;.  Épagne 

(.\ube,  Indre.    .Somme.     \'endée^;   Épaigncs  ilùire    ■.   Lusil.inia, 

Luisetaines     Seine-et-Marne   ;    Marcllia.    Marseille     Oise. 
Marsoilles  iCber.  et  leui'  .limiiuiiif  Marseillclie  lAudei  :   Pom- 

[lon  ia,  Pompogne  [  Pol-el-r,aronnei.  Pomponne  (Seine-et-Marne). 
Mais  ces  noms,  (pii  consistent  unicpiemenl  dans  les  i^^entilices 
pris  ail)ectivemenf ,  sont  comme  perdus  dans  la  fende  de  ceux 
qui  ont  été-  iVu-nu-s  sur  les  L;entilices  au  moyen  ib-s  suilixes  -.-icus 
et  -anus. 

290.  Les  n(ur.s  en  -anus  sont  aussi  fré(pients  dans  l'iuirienne 
Pro\-ince  romaine  oue  ceux  eu  -acns  dans  le  reste  de  la  (i.nde. 


IH 


(iIliCl.NKS    ROMAINES    !    NOMS    l-n|!MI:S    STR   DES   r,F:Mu.ici:s  8',) 

291.  Abcllianus,    dt-rivé    du   grntilice   A})ellius  :  Abeilhan 

llrr.UlU'l. 

292.  -Mbianus,  de  Alhiu.s  :  Aubian  ^llûrauin. 

293.  Albiniâinis,  de  Albinius  :  Aubigiian  ( Vauclii.se). 

294.  Aiiicianu.s,  du  g-entilice  A  niciu.s.  qui,  pris  adjecliA  o- 
iiiriil,  constitue  le  iioni    primitif,    Aniciuui,   de  la  ville  du  Puv 

llaiile-Loire)  :  Nissan  (Hérault),   pour  .l/)/.v,s ,■;//,  par  aphérèse-dc 
r.7  initial,  coninndu  avec  un  locatif. 

295.  Anianu.s,  de  Anius  :  AignaiWGers  ;.   Agnin  (Isère). 

296.  Aurelianus,  de  Aurelius  :  Aureilhan  (Landes, 
Il.nites-Pvrenecsi,  Oreilhan  (Hérault,.  Oreilla  ;  Pyiénées-Oriou- 
tales'. 

297.  .Vviliauus,  de  Avitius  :  Avezail  (Ger.s). 

298.  lialbianus,  de  Ralbius  :  Balbins  (Isère). 

299.  Harbarianus,  de  j^.arbarius  :  Barbaira  (Aude) 

300.  Ikissianus.    de  Ra-ssius  :  Bassan  (Hérault). 

301.  lîlandianus,  de  lîlandius  :  Blandill  (Isère). 

302.  r>ojanus,  de  Rnius  :  Boujan  (Hérault;. 

303.  Caprilianus,  de  Capriliu.s  :   Chabrillan  (DrÛniei. 

304.  Gassianus,  ,de  Ga.s.sius  :  Cassan  'Gantai). 

305.  Glarianus,  deGlarius  :  Glérans  i  Dordog-ne),  Claira  et 
Clara  vP.vrf'iU'cs-Orientales;. 

300,  Glenienlianus,  de  Glementius  :  Clémeiiçan 
Ib-i.udtl. 

307.  Goiiiclianus,  de  Gornelius  :  'Corneilhan  (Ib'rault), 
r.orneiîlan  (Gers),  Corneilla  (Pyrénées-(^rientales). 

308.  Gi-ispianus,  de  Grispius  :  Crespian  (Gard). 

309.  Guitianus,  de  (^urtius  ;  Coursail  'Aude). 

310.  Halni  i  Lianus,  de  Dalmatius  :  Dnuniazail  !  .\iiéj;v  i. 

311.  Diiinilianus,  de  Doniitius  :  Doiuessin  iSavoie)-, 
Doniczain  i  Hasses-Pvrénées). 

312.  Fabricia  nu.s,  de  Fabricius  :  Fabrezan  (Aude). 

313.  Fia  ce  i  an  us,  deFlaccius  :  Fiassans  A'ar,,  Flassa  (Pyré- 
ii.  i"<-()ru'ntales). 

314.  Florianus.    de    Florius    ;    Floriaii    (Gard),    Fleuriau 

'  1!  iM(c-(^iai'onne),   Floure  (.\udei. 

315.  Frontinianus,  de  Froiitmius  :  Froutigiiau  (Hautc- 
("larcmiie,  Hérault). 

316.  Gallianus,    de    Olallus     ;    Gaillan    (Gironde).     Galhan 

(.:U'(r,. 


90 


LKS    NOMS    DE    lAEV 


317.  Gratianus,  de  Gratins  :  Grazan  (Gers). 

318.  Julianus,  deJulius  :  Juillan  Mlaiites-Pvrénéos),  Juliaiis 
i^N'aiuluso),  Julhians(  Rouchos-iUi-liliniu»',  Julia  (  llauto-Garoniif, 
ryrcnées-()rien  taies). 

319.  Licinianus,  de  Licinius  :  Lézignan  (Aude,  Hérault, 
Hautes-Pyn^nées). 

320.  Lucaiiianus,  de  Lucaiiius  :  Lugagnan  Hautes-Pyrë- 
néès). 

321.  Lucianus,  de  I.ucius  :  Lussan  (Gard.  Ifaule-Garonnc 
Gers),  Lucia  (Pyrénées-Orientales). 

322.  Lnpi.'inus,  de  Lupius  :  Loupian  'Hérault),  Loupia 
<  Aude  ). 

323.  Marinianus,  de  Marinius  :  Marignan  l'Gers). 

324.  Marcellianus,  de  Marcellius  :  Marseillan  fGers, 
Hérault,   Hautes-Pyrénccs). 

325.  Martianus,  de  Martiu^  :  Marsân  (Gers),  Marsa 
'Aude,  Lot). 

326.  Maurianus,  deMaurius  :  Maurian  (Gironde,  Hérault). 

327.  Maurilliauus,  de  Maurillius  :  Maureilhan  (Hérault, 
Landes). 

328.  Na-'vianus,  de  Xaevius  :  Néviau  (Aude),  Nébiaii 
(Hérault). 

329.  Pardelianus,  de  Pardelius  :  Pardailhan  Hérault), 
Pardaillan  (Lot-et-Garonne),  Pardeillan  (Gers). 

330.  Paulianus,  de  Paulius  :  Paulhan  (Hérault  l. 

331.  Pomponianus.de  Pomponius:  Pompignan  ((iarrl, 
'rani-et-Gai'ounL'). 

332.  Pontianus,  de  Pontius  :  Ponsan  (Gers),  Ponsas 
(Diôme),  Foncin  (Ain),  Poncins  (Loire). 

333.  Porcianus,  de  Porcins  :  Poussan  (Hérault). 

334.  Priscianus,  de  P  ri  sein  s  :  Preixan  (Aude),  Pressins 
(Isère). 

335.  Quintiîianus,  de  Quintilius  :    Quintillan  (Aude). 

336.  Sal\  ianus,  de  Salvius  :  Sauvian  (Hérault). 

337.  Seianus,  de  Seius  :  Sigean  (Aude). 

338.  Sesciauus,  de  Sescius  :  Seissan  (Gers,  Bouehes-du- 
Rhone),  Seyssins  (isère). 

339.  Sornianus,  de  Sornius  :  Sournia  i  Pyrénées-Orien- 
tales). 


Ollir.lNES    T'.OMAINKS     :     NOMS    !-OU.Mi;S    S(iH    l>KS   GEiXTirjCES 


91 


340.  Taurininnus,    de    Taurin  iii  s    :    Taurignan    (Ariège), 
Taurinya  (Pyrdnées-OrienUiles). 

341.  Tiberianus,  de  Tiberius  :  Tibirail  (Haules-Pyrénées). 

342.  Trebelliaii  us,  df  Trebeliius  :  Travaillai!  (Vaucluse). 

343.  Tulli.'inus,  de  Tullius  :  TiiJîins  (Isère). 

344.  Ur.<^iauu.s,  doTJr.sus  :  Orsan  (dard). 

345.  Valentianu.s,  de  Vaîentius  ;  Valencin  (Isère). 

346.  Valerianus,  de  ^'aleriu.s  :  Vallerius  (Nièvre). 

347.  Viudemia  nus,  'h-  Vindeinius  :  Veildémian  'Hérault). 


^ 


348.  Si  l'on  c!iPi-che  à  détermiu'^r  l'élendue  de  pays  où  se  ren- 
contre le  suliixe  latin  -anus  dans  les  noms  de  lieu  de  l'époque 
rnmaine,  on  constatera  (ju'elie  oorre.spond,  d'une  manière  générale, 

|.  îi  l'ancienne  Province  roniaine  et  à  l'ancienne  Aquitaine,  c'est-à- 
■liio  précisément  aux  parties  de  la  Gaule  où  les  noms  gallo-romains 
■  Il  -acus  sont  le  moins  nombreux.  1  ,o  fait  s'explique,  pour  la 
IV^n-iiice  romaine,  par  une  rf)manisalion  j)!us  conqtlète  que  celle 
ilis  autres  parties  île  la  Gaule,  et  poui-  !'.\(|uitaine,  parce  que,  ce 
[liivs  n'étant  pas,  à  propi^einent  j)arler,  celtique,  on  y  fonna 
|)ciit-étre  les  vocables  de  domaines  l'uraux  dérivés  de  noms 
(i'imiume  en  se  servant,  de  préférence,  du  suffî.xe  latin  -anus. 

349.  On  a  pu  constater  que  les  fornics  vidgaiies  revêtues  par 
le  ."iufiixe  -anus  sont  au  UMiubre  de  trois  :  -:in,  -in  et  -a.  La  pre- 
ir.ière  est  la  plus  fréqucple.  mais  un  ne  l'observe  pas  dans  la 
[Ml  lie  orientale  de  la  Pie.viuce  rnm.uue,  en  deçà  de  l'Isère  :  dans 
l'-s  départements  de  l'Isère  et  de  la  Savoie,  et.,  moins  fréquem- 
ment d'ailleurs,  dans  ceux  de  la  Loire  et  du  Rhône,  la  combinai- 
,-iiii  d.'  Va  de  -anus  avec  Vi  qui  le  précédait  a  eu  pour  résultat  la 

*}'  fiMine   -;'/;    ou,    par    l'addition  d'un  ,s    parasite,  -ins  ;    le   nom  de 

l>''ii)rz,iin  il^Basses-PyriMiéesl,  atteste  i]ne  le  même  pliénomène  a 
j  11  se  produii'e  assez  loiii  de  la  région  (jui  vient  d  être  indiquée. 
<  Kianl  à  la  forme  -a,  les  exemples  cités  plus  haut  montrent  qu'elle 
se  rencontre  presque  exclusivement  dans  le  département  des 
l'v  rénécs-Orientales  et  dans  la  j>artie  nu^ridionale  de  celui  de 
lAvide  :  elle  résulte  d'un  phénomène  phonétique  très  connu  dans 
!••  Midi  de  la  France,  la  chute  de  Vn  placé  entre  deux  voyelles, 
l'.irfois  cet  a  final,  biiui  (jue  lon!([iie,  a  été  francisé  en  un  e  muet 
;itone,  on  l'a  vu  par  l'exemple  de  t'iourc,  représentant  le  latin 
I'  1  o  r  i  a  n  u  m . 


i 

350.  A  la  did'éronce  de  ceux  formés  à  l'aide  du  suffixe  ntascu-  -  !| 
lin  -anus,    fort  nombreux,  et  dont  il    n'a   été   cilé   qu'uii  clioix, 

les  noms  de  lieu  qui  préseutaienl  le  féminin  de  ce  suf(i.\c,  -an.i,  j 

sonl    assez     rares.    On    peut    citer    pourtant,    dans    la    Province  ,  | 

rnu-iaiucv  Cliichilianne   et  Séchilienne    (^Isère),     de    Caeciliaua;  1"^ 

Maillanne   (Bouclies-dn-Hiiône)    de    ÎNIalliaiia   ou    Manliana;  f • -^ 

Marsanne  (Drùme),   de  Alarciana  ;    Marignane    (Houches-du-  v  ^ 

lihône),  de  Mariniana;  Reillanne  (^^Basses-Alpes)  et  sou  diiiii-  j  '- 

nutif  Reilhanotte  (Drômei.  de  licL^uliana.  C'est  vraisemblaMe-  |    ; 

ment  à    la   mémo  critéj^orie  qu"a])j)artiennenl   Clamensane,    Sau-  fi 

mane  et  Taulanne  (liasses-Alpes),   Maussanne,    Pélissanne  cl  \,} 

Simiane    (Houches-du-Khône),    Gumiane    (Urôme).    Hors    de   la  'k^-] 

région  proven(,>ale,  ces  formes  féminines  sont  encore  plus  rares;  "  \ 

cependant  on  note,  dans  la   France  septentrionale  Louvecicnnes  i-   , 

(Seine-ct-Oise),  de    Lupici.ina;  Marchiennes   (Nord),    de  Mar-  s  . 

ciana;    Valenciennes    (Nord,    t!e   X'ateniiana;    Vauciennes  'i  : 

(Marne),  <le  \'elLiana.  f 

351.  Plus  rares  eui'ore  sont  les  noms  de  lien  dont  le  ilir'-iue  t.; 
étvnioloyicjue  j)résent('  le  sui'lixe -anus  sous  sa  fornie  masculine  i'  ' 
plurielle  ;  toutefois,  il  en  existe  un  spécimen  bien  connu  :  i,  s; 
Orléans  (Loiret)  ré[>ond  au  latiu  Aureliani  ;  jusqu'au  xn""  siècle  |  ' 
on  disait  Drlicus  et  i illicns  ;  la  l'orme  actuelle  est  retr<'t  d'une  J  ' 
rt^aclion  savante.  Ê;,i 


352.  Il  convient  de  rappeler  ici  (pie  dans  le  sud-est  de  la  f 
Gaule  un  certain  noinlire  de  noms  de  lieu  ont  été  formés  sur  des  \ 
^■entilices,  au  moyen  des  suffixes  d'orig'ine  liirure  -ascus  et  î: 
-oscus,  dont  l'usag'e  avait  persisté  tians  cetle  contrée.  f 

353.  Les  nombreux  vocables  g-éograpliiques  en  -//!,  -ain,  -nin;/, 
([u'on  rencontre  dans  les  pays  walhuis  de  France  et  de  Belgique, 
tels  que  Hesdin  (Pas-de-Calais),  Crespin,  Bouchain,  Gantaing,  î 
Vertain  (N'ordl,  sonl,  dans  les  textes  carolingiens,  terminés  en  ■; 
-iuium;  on  peut  sup[)oser  cpiils  ont  cté  formés,  eux  aussi,  sur  | 
des  gentilices  romains,  et  que  le  suffixe  -inius  était  particulier  1 
à  la  Gaule  Belgi(jue  ;  comme,  au  dire  de  César,  certaines  popula-  y 
lionsl)eigi([ues  ('liaient  ajiparc-ntées  aux  [)opulalu)ns  gcrmanitiues,  \ 
peut-être  ce  snflixe  -est-il  une  variante  du  suflixe  germanique  ? 
-ing,  qui  termine  tant  de  noms  de  lieu  ayant  pour  racine  un  nom 

de  pei'sonne.  | 


ilI\10ISi;S     IIOMAINDS     :    NOMS    KOUMKS    SUIS    DliS    GENTI  LICF.S  93 

ifij'i.  Sur  Il's  j^cnliliccs  i-ninains  ont  éU'-  fui-niés  eiicoie  des  noms 
lie  lieu  iin|);iiisyllal)iqiu's  v\\  -o,  -ouis  : 

355.  Albuciu,  formé  sui- le  gentilice  Albucius  — ouqud  ou 
i-il    A!Ijiiss;ic     (Corrèzci      et     Auhussm/     (Cher)      —    a     (loniu'. 

Auhusson  (Creusei. 

356.  liullio,  (ie  Ikilliu.s  —  ci'.  Bnulllac  (Aveyron,  i)or- 
»lu;,'ii..'.  Tara-el-Ciroune) —  :  Bouillon  !  H('l;^iiiue,   I.uxi'uibouru;. 

357.  Cabt-llio.  de  Cahellius  :  Cavailloîl  (Vaucluse). 

358.  Cas.sio.  de  Cas.sius  :  .S;t//i/-/''.-i(i/('('-(/t'-CaisSûn  (Gard)  et 
Caixon  (Hautes- Pyrénées). 

359.  Gornclio,  de  Corneliu.s  —  ef.  Corail  (Corrèze),  Cor- 
nillr  (Dordo>;ne\  Cornillac  (Drôme),  Cornillé  (lile-el-N'ilaine, 
.\l.iii)i'-et-Loirei.  CuriirilJiun  (HéraulL',  Curneillan  ^Ger.^-),  Cor- 
ncilla  (Pyrénécs-Orieiilales)  —  :  Cornilloil  (Bouchcs-du-Rliùne, 
I)rôuie,  Gard,  Isère). 

360.  Crispio,  de  Grispius  :   Crépion  (Meuse). 

361.  Gurlio,  de  Gurtius  —  cf.  Coiirsan  (Aude),  Courcy 
Galvados,  Loiret,  Manclie,  Marne)  :  —  Courson  (Calvados). 

362.  Divio,  de  Divins  :  Digeoil  (Cantal,  Somme),  Dijon 
r.ole-d'Or). 

363.  Fulvio,  de  Fulvius  :  Fougeon  (.VuUe). 

364.  Liuio,  de  Linius  —  cf.  Lignan  (Hérault),  Lignac 
Indre),     Liy^ie-  (Charente,     Loire-Inférieure),     Ligny    (Loiret. 

M. -use,  Nord.  Pas-de-Cah\ls,  Yonne)  —  :  Lignon  (Marne). 
.      365.   Martio.  de  Marlius  :  Marçotl  (Sarthe),  MarsOîl  (Marne, 
M.'use). 

366.  Poiilio,  de   Pontius  :  Ponscn  (Basse.s-Pyrénées). 

367.  Pullio,  de  Pullius  :  Pouillon  (Landes,  Marne). 

3Ù8.  lioyio,  de  Hogius  —  cf.  Royer  (Saone-et-Loire)  et 
pcul-èlre  aussi  Rony  (Aisne,  Nièvre,  Somme)  —  ;  Royon  (Pas- 
iie-(>alais). 

369.  Sylvanio,  de  Sylvanius  :  Sauvagnon  (Basses-Pyré- 
lu-es). 

370.  Tullio,  de  Tullius  :  Touillon  (Cùte-d'Or,  Doubs). 

371.  Viridio,  de  Viridius  —  cf.  Vicssaf  (Creuse),  Vicrzy 
'.\isne),   Vcrz}!  (Marne)  —  ;  Vierzon  (Cher). 

372.  De  tous  les  noms  d'oriyiue  romaine  qu'on  vient  d'étudier, 
A    convient    de    rapprocher  la    catcf::orie   des    noms  de   lieu    en 


94  LES     Mi.MS     Di;    Lli.U 

-anicus.  Il  n'esL  p;is  i'npos.sible  que  ces  vocables  aient  élc 
formés,  au  moyen  du  sul'lixe  -icus,  sur  des  coijnoniinri  eu 
-anus  ;  mais  il  est  aussi  bien  permis  de  voir  dans  -anicus  un 
sul'lixe  spécial  dont  Tau  j  cet  il  ;;'i'a  ce  a  n  \eus,  eiiipU'vé  par  Sué  Unir, 
l'iiiu'  cl  \'aiTiin.  alU'sIc  rexislcnco,  cl  cjui  aurait  été  joint,  li^ls 
le.S  sullixes  -acus  cl  -anu^^.  a  des  ^^eiililices  :  dans  l'une  ccimnic 
dans  l'autre  hvpotliesi-,  c'est  sur  Y :i  (pie  porte  1  accent  lonicpie. 
Acutianicus,  Guzargues  i  lierauU  '  ;  A  Ibuciani  eus.  Aubus- 
SargueS    iGardi;    Biiliianicus,    Bouillargues    llnird);    Cassia- 

nicu;^,    Caissargues     fC'i.nd';    ('.•■Isiuianicu'i,     Sauxillanges 

(Puy-de-l)('Mi)e),    |)uur  ■> ms^u/it.tnir  -^  .    1  '  ■>  m  i  !  la  u  icus,    DoiTies- 
sargues   (Gard/;  (lallian  ii  as,    Gailargues    (Ciurdi:  Gallinia- 

nicus,  Galinagues  i Audr   .  G-udianieus,  Gondargues  (Gard); 

(irnnianicus.  GragiiagUU  1  ilaute-'oaronue)  ;  lia  rpilian  icus. 
Arpaillargues  (G:iiii  -.  ,l  ui  uhiiîmi^,  Julianges  (Lozèrei.  Jul- 
lianges  ^Haute-Loire;  ;  MaUiauicvis.  MaiUargues  (Gaulai  ; 
M  a  r  c  e  1 1  i  a  n  i  eu  s,  Marsiliargues  (  1  lérauU  1 ,  Massillargues  (Aude. 
Gard,  Lo/.ere),  MarceUîiiye  y-Mliei-.  l'uv-da'-Dome)  ;  Marciani- 
cu.s,  Massargues  iGard;,  Marsange  (Ilauie-Loire),  Massanges 
(Puy-de-Dôme'i  ;  Martinian  i  eus,  Martignargues  ((îard)  ;  M  a  u- 
rontianicus,  Mauressarguefi  'Gardl  ancieancment  Mauron- 
sargues;  Patronia  aicus,  Paiignarquea  (Gard);  Porcarinni- 
cus,  Portiragnes  ^IIén^dlt),  a.ti  .wu''  siècle  encore  Porc.iirHgnca 
ou  Pourcairu'/nea  ;  Probil  ia  n  icus,  Proviihergues  (Tarn); 
Sabinianicus,  Sdvignargues  (G.ard):  Saturianious,  Satu- 
rargues  (Hérault);  Silvinianicus,  Souvignargues  (Gard); 
Venerianious,  Vendarauea  (Hérault),  anciennement  Ven- 
Uranjiies  \  Veranicus,  Verarguec.  Il  convient  de  rapprucher  de 
ce  dernier  nom  celui  île  VaavOîiargues  (l>ouclies-du-Rhône), 
jadis    Valiveninjiirs,  représentant  Vallis  Ver<inica. 

373.  On  le  voit,  les  iVirmes  par  lesquelles  est  représenté  le 
sufUxe  -anicua,  sont  au  uon\bre  de  quaUe  :  -argues,  la  plus 
fréquente,  <[u  on  rencontre  clans  les  dépiulenients  des  Bouclies- 
du-Hhùnc,  du  Gard,  de  1  Hérault,  ^W\  rarn,  de  l'Aveyron,  du 
Cantal  ;. -éi(y»e.v,  dans  l'Aude  >'{  ia  Haule-Garonne  ;  -agnes,  dont 
un  seul  exemple  est  fourni  par'  Por(ir:i</nt>s  'Hérault)  ;  eulin  ~aa(/e 
qui  appartient  aux  réj^ioiis  plus  sepleiit  riiui.di-s,  départements  du 
Puy-de-Dùme  et  de  la  Corrè/e.  Plus  d  un  auteur,  même  parmi 
l0i>  modernes,  a  préituidu  que  'èir'jijes  représentait  le  latin  ajjer, 


Olur.lNKS    UOMAINKS     :    NOMS    FOUMIOS    SUIl    DKS    CENTILTCES 


:i5 


•  >li;mi[)  »  ;  il  n  en  est  rien,  et  le  passage  Je  -anious  à  -argues 
Il  11  rien  de  surpi-cnant  pour  ([ui  sait  que  les  noms  propres 
D'ïincrgiir  et  Rouerç/iic  viennent  de  Dominicus  et  Rutheni- 
'  us  11  faut  voir,  senil)ie-t-ilj  dans  -n'jncs  une  altération  pJioné- 
li([iu'  lie  -ngiiea,  qui  lui-même  est  une  réduction  de  -argues. 
iiiLinl  il  In  forme  -ançjes,  elle  s'explique  non  moins  aisément,  si 

I  <'n  considère  ((ue  le  même  nom  Dominicus.  cpii  vient  d'être 
.  lie,  est  devenu  en  pays  de  langue  d'oïl  Doinnruje  ou  Dcniange. 
!.'.s  lenninal  des  noms   inoderues  qui   viennent  d'être    énumérés 

II  est  pas  étymologique  :  c'est  vers  l'an  mil  (|ue  1  usage  s'est  intio- 
(luit  d'employer  au  pluriel    les  noms  latins  correspondants. 

374.  i>a  terminaison  -auge  ne  représente  pas  toujours  le  latin 
-;iiiicus  ;  les  exeni])les  qu'on  en  trouve  en  Lorraine  et  en 
'.•'laiiche-ConUé  correspondent  à  une  terminaison  g"ermanif[ue 
-iiuj  ou  -ingen. 


375.  Qu'ils  aient  été  enqjloyés  adjectivenumt  au  masculin  ou 
au  féminin,  ou  bien  cpi'ils  aient  été  combinés  soit  avec  le  sufdxe 
d'orit^'ine  gauloise  -a  eu  s,  soit  ,avee  les  suftixes  d'orij^'ine  ligure 
-.iscus  et  -oscus.  soit  avec  les  sullixes  latins  -o,  -anus  et  a  ni- 
lus,  les  ji^entilices  romains  ont  produit  un  nombre  de  noms  de 
lieu  si  considérable,  ([u'on  sera  peut-être  tenté  d'accueillir  avec 
i|iie!tpie  scepticisme  l'exposé  qui  précède.  L'usag-e  d'appliquer  à 
ir.u-  luealité  im  nom  il'homme  remonte  cependant  à  la  plus  haute 
..nli(piité,  témoin  ce  passage  de  la  (ienèse  (IV,  17)  relatif  à  Gain  : 
l'.l  aodifieavit  civitatem,  vocavitque  nomen  ejus,  ex 
noinine  filii  sui,  Henoch.  l<]t  cet  usage  s'est  perpétué  jus- 
ipi'aiix  temps  modernes. 

376.  \Jn<;  L[uantité  de  localités  rurales  en  l'^rance  sont  dénom- 
iiii-esà  l'aide  de  noms  de  famille  français  :  ceux-ci  ont  été  combinés 
.ivce  des  sufllxes  dilférant,  à  la  vérité,  de  ceux  étudiés  dans  ces 
deinleres  pages,  mais  jouant  exactement  le  même  l'oie.  Le  plus 
fréquent  de  ces  suffixes  est/é/'c,  forme  française  de  -aria  :  la 
Champioiinière,  la  Rigaudiére,  formés  sur  les  noms  patrony- 
miques C/innipion  et  liigaiid  ;  [larfois,  il  est  remplacé  par 
■me  :  la  Doucelterie,  la  Marchanderie,  de  Doucci  oX  Mnrchurul. 

\  enté  tle  ces  deux  suflixes,  employés  aussi  généralement  que 
I  el-iil.  il  y  a  dix-s(>pt  siècles,  le  gallo-ronuiiii  -.'eus,  il  en  est 
À  àtkrf.V  comparables  à  cet  égard  au  suflixe  latin  -an i eus,  dont 
1  us:ige  est    particulier  ii   telle  (ju  telle  ri'giou. 


90 


i-ijs   NOMS   Dr   i.ir.c 


377.  Tels  sont,  [);ir  oxci'ipîc,  dans  la  Bretayne  non  breloiinaiib' 
et  les  parties  qui  ravoisint;iit  des  départements  de  la  Mavenne  el 
de  Maine-et-Loire,  les  suflixes-a/e  et -.i/s  :  la  Kunaudaie,  la  Robi- 
nais,  la  Séguinais. 

378.  Va\  Limousin,  ea  .Vuveryne,  en  Péri!i,ortl,  et  dans  tuu' 
partie  de  rAn^ouniois,  c'est  le  sul'li.xe  -ic  cpi'on  aenij)l(i_\e  :  la 
Rol)ertie,  Leyraarie,  Lasteyrie  dérivent  de  Robert.  d'Ej/mur  oi 
d'Asdcr. 

Ce  sont  là  d'inconscientes  applications  de  la  métliode  des 
Romaijis.  On  ne  peut  nier  cpie  parfois  tel  des  noms  de  litu  dont 
il  s'ayil  a  pour  racine,  non  pas  un  nom  de  Camille,  mais  un  nom 
de  baptême;  mais  la  distincition  n'est  pas  aisée  à  l'aire,  bien  des 
noms  de  baptême  étant  devenus  noms  île  famille  à  partir  du 
MI''  siècle. 


m 


i'4i 


XXIII 

SOUVENIRS     DES     ANCIENNES     POPULATIONS 
DE     LA     GAULE 


i 


Liirs  lie  r;irrivce  de  Jules  César,  la  Gaule,  exceptiim  faite  (!e 
j.i  I'ro\  ince  l'omaine  déjà  soumise,  se  tli\'isait,  au  témoignage  du 
oiihiin-raut,  eu  trois  parties,  habitées  respeclivemcut  par  les 
1'  1^'^es,  les  Gaulois  et  les  Aquitains  :  de  là  les  noms  de  Beli^ica 
cl  d'Aquitania,  donnés  plus  tard  à  des  provinces  de  la  Gaule 
roinnnisée  ;  de  là  aussi  le  nom  de  Gaule,  Gallia,  qu'on  donnrùt, 
i!é^  lors,  non  plus  au  seul  pa}s,  situé  entre  Seine  et  GaroiuK-, 
([U''  César  dit  être  habité  par  les  Gaulois,  mais  à  toute  la  ré^^ion 
i.(iiii|jn^e  entre  le  Rhin  et  les  Pyrénées. 

(.es    trois    noms,    Gallia,   Aquitania,    Belg-ica,    subsisti^nt 

■  neuri-,  mais  il  semble  bien  que  les  deux  premiers  seuLs  ont  été 
.ciiisrrvés  dans  le  langag'e  populaire;  quant  au  nom  lie  l>elLri(|ue, 

■  |',:i  sappli([uait  à  lune  d'"s  parties  de  1,;  Gaule,  s'é'lemlant  d-'  la 
M.uiieau.K  A  osp.es  et  à  la  .Meuse,  il  ne  seinble  pas  a\'oir  (Hé  connu 
;(U  moyen  âge.,  et  c'est  par  une  sorte  d'évocation  du  passé  que, 
depuis  un  siècle,  il  a  ét(''  appliqué  à  une  importante  pf)rtion  du 
jKiys  qui  l'avait  jadis  porté. 

379.  Le  n\ot  "  Gaule  •  [Provient  ré'pulièrement  de  Gallia. 
ii.>_\ '•im.inl  la  consonniliealum  du  [ireuuei  /  ;  mais  il  n'a[i[iarl!fiil 
i.is  au  dialecte  franc^'ais,  ou  le  g  initial  l'iil  devenu  j\  comnT'  il 
■-•    iirrivé     dans    notre    mol   «    jaune    »,     représentant    le    l.'lin 

^-.ilbinus  :  K  Gaule  »  est.  suivant  toute  appai<;:nce,  une  l'orme 
'.•.  illoniie. 

380.  Tandis  qu'à  l'origine  le  pays  des  Aquitains  était  limité 
jiiili's  Pyrénées  et  la  Garonne,  l'empereur  Auguste  étendit  l'ap- 
I"  llation  d'Aquitania  à  tonte  la  région  située  au  sud  de  la  Loire, 
ff)  dihurs  de  la  Province  romaine.  Dès  le  m'  sièele,  l'Aquitaiiu; 
|!rnmlive  était  désignée  par  le  nom  de  Noveinp()[iulanu' ,   qu  elle 

■  liaiigea  depuis  contre  celui  de  (i,isco(/nc,  Vasconia,  par  suite  'îc 
I  ;  .Mi.'v^iMui'iil  d'une  noinidle  popidation  venue  d.es  P\réné(  s 
■ -|i.i.:;nele^     l'.n  Iraneais  piiinilii.  le   nuit  .\.qu:taiiia    e>!    di-\>iiu 

Les      nnis   :1c   lien. 


its 


i.K.s   Mi\is    i)i;   i.ir-.i' 


.\ij:iiiin\c  ou  .{(juienni-,  l)ienLôl  rcduil  ii  (iui/niiic  par  une  apli'- 
jTse  ilonl  le  nom  de  hi  Pnuillr,  ri'poiulaal  au  lalln  Apulia,  iour- 
lui  un  exemjilt!  nou  moins  connu. 

381.  Le  souvenir  d'une  ciaquantaiii'!  dépeuples,  —  ou,  comme 
on  (.lisait  d;in.s  l'antiquité,  de  civiLilcs,  —  de  la  Gaule,  sul>t^i.sli 
dans  des  noms  de  villes,  parfois  de  rijj^ions  :  ces  noms  i;-éoi;ra- 
jitiKjues,  exirèmement  précieux,  ont  puissamment  contribué  ii 
doiiuer  ime  base  solide  aux  rechi'rclies  concerj  ant  ia  ^'•l•o^•rapllil■ 
anticp.ie  de  notre  pays. 

l'ar  un  phénomène  pres(jue  particulier  à  la  Ciauîe,  et  qu'on 
a'o!)serve  qu  une  fois  dans  la  Province  romaine,  les  noms  delà 
phqiart  des  anciens  peuples  ou  cnufatox  passèrent,  du  m''  au 
iV-'  siècle,  a\ix  chefsdieux  ;  et  ceux-ci  perdiri-nl  dès  lors  les 
ni^ms  qui,  jus(pie  là,  les  désit^naieiit  :  ainsi  le  nom  de  Ihiro- 
eortorum  (]ui,  dès  le  temps  de  César,  désignait  li>  chef-lieu  de 
la  nation  des  /iV/y;/,  fit  {jlace  au  nom  même  de  cette  nation,  nom 
dont  la  forme  accusative  Hemos  a  donné  en  fran(;ais  Reims. 

Il  est  aisé'  de  comprendre  comment  de  tels  chang-enients  de  noms 
-^e  sont  opérés.  La  confusion  entre  .  la  civitas.  c'est-à-dire  le 
[)eu[)le  antique,  et  le  chef-lieu  où  siégeaient  ses  magistrats  dut 
se  faire  rapiilement  :  de  lii  l'emploi,  qu'on  trouve  dès  le  pi-emicr 
siècle  d.'  notre  ère,  notamment  dans  Frontin,  du  mol  civitas  ini 
sens  de  «  ville  »;  de  l.a  aussi,  par  un  mouvement  parallèle,  l'ap- 
plicalioii  <lu  nom  projire  de  la  civitas  k  son  chef-lieu. 

Pour  déterminer  les  muns  de  ciri/afcs  gauloises  qui  passèrent 
aux' villes  oii  siégeaient  les  admini.sti'ations  respectives  de  ces 
ciri/;}/cs,  il  n'est  pas  de  guide  plus  commode  cpie  la  Noliti.i  pm- 
l'.inrinruni  ol  cioitutuin  Gnllii"^,  précieux  document  rédigé  après 
•  t/."'»,  jii-ohalilenient  au  dé'nut  du  v''  siècle,  et  dans  lequel  les  cités 
gauliiix's  aliH's  existantes  sont  réparties  enti-e  U's  dix-sepi  pro- 
Nuui's  ih;  la  daxdi,  selon  mi  ordre  (juOn  va  .sui\ie' ici. 

Di's  trois  cili's  (pu'  comprenait  ia  Prenuèrc  Lyonnaise,  deux 
sruli:men;  portaient  des  noms  de  peuples  :  la  ciri/as  Acdiinriim 
!•(  la  '■tvifita  Liiu'Oiiiun. 


1  C;- ù.icuni.  ni,  niiuiuos  i'ois  imprimé,  w  dé  reproduit,  <(  accompagné 
<l.'s  v.iiiiiiilcs  nue  rouiiiissoiil  les  deux  plus  Miicieii.s  maïuiscrits  connus  », 
ii.i:  Au^.  l.(mf;iioii,  «laiis  ic  Tcj-le  cj:iilic:ilif  tira  i,l;unlit.<  (l'aris,  lOll';,  iii-i») 
iH-  ,Mii    W/.is-  liixl'irfi/lii-  ilr  In  l-'ramr,  p.  14-)i'. 


illir.IM.S    HOMAI.MIS    :    su;   NIOMliS    IIKS    \  NCI  i:.\  M  ;S    i'Mi'll.AI  lO.NS  IH) 


î 


382.  I.o  iioni  <ii'  Ifi  rir!f;i.-<  Aedimnin}  sfiulili^  irnInjuiM'  ([u'Auiuii. 
A  iinust  0(1  un  uni,  ;1^•;llt  iilmnihinnc  cv  nom,  i\M»uuilanL  h  s;i  inn- 
.i:ili(Ui  sous  le  rî'L^'uc  (r.\.UL;'usli,',  piiur  y  s\ilislil\uT  1(.>  nom  du 
[Ktipli'  dont  il  ('Uni  le  chi-f-lu  u  :  ni.-iis  cot  aluimlon  no  l'ut  f|ue 
itioiixMihiné,  V/fis/nri:i  l<'r,inc()runi  de  Gréi^oire  de  Toui'.s  on  !;ul 
lui,  cl  le  mol  .Vedui  n'n  laissé  nucune  trace  dans  la  g-éographie 
(lu  moyen  âge. 

383.  Liugones.  subslitué  à  And  ema  l  un  nu  m,  esl  l'oi'ioine 
du  iii>m  de  Langres(llaiiti'-Marne),  i[i]i  s'est  t'o  l'Ole  ili'  Li  n  i;- oui' s, 
..«eenfiie  sur  l'anlt''[>i'niil!  lome,  ("omnii-  tli,icri\  t-^jj'n\  anlri\ 
j'.i'iipi'i'  et  liinhrc  sont  l'oronVs  do  diaeonuni,  ccphinum,  crdi- 
iieni,  pampanumel  lympanum.  De  f,i  n  l^mi  n  es  est  dén\ée 
l'expression  Lini;'c>  n  i  eu  m.  désip;nant  le  pavs  dont  Langres  était 
il'  elud-lieu,  et  <pi  on  trouve  en  iVaneais  du  xni"  siècle  sous  la 
loinie    /.am/oinc. 


i4 


1), ois  la  Provinc'ui  /,u;/(iunt'i)^is  sccnnd;!  la  Yoli/ia  compte  se]it 
villes  dont  ciiK]  portent  des  noms  de  peuples  :  ce  sont  les  r/vi- 
l  ilrs  Dujocniisiiiin^  Ahri/ic:i/u/n,  l'Jhniifijriu)! ,  Sni/inruni  et  [j\'rn- 
'■inrnni . 

384.  1 .0  nom  des  riajoensses,  (pii  a  pris  la  place  de  celui 
r  \  UL^us  t  od  u  rum,  édail  aceentui'  sni'  ranlépiMinltième  :  il  a 
luie  t'omn-  i'é;4-uiièi'enient  le  nom  Ac  Bayeux  (^Calvados),  dont  le 
crritoive —  i^ajoea  ssi  n  um   —  esl   appelé  le  Bessill. 

385.  Le  nom  des  .\hri  nca  tes  —  les  Ahi'inca  lui  de  Pline  — 
aeeenhu'  sur  1  an tépé'indtiémo,  est  devenu  en  Irançais  Avranches 

Maiiehoi;  le    territoire  di'  cefto    ville     —   .A  h  r  i  n  ea  t  i  n  u  m  —  est 

.ijip.  lé  l'Avraiicliin. 

386.  Mlii-o  I  ci,  ;dt('ialion  <ri']  hn  ro  \  i  (  c  s.  (■lait  aeeiaitué  sur 
1  ioilé'pénullième  ;  sid)stitué  à  Med  lo  1  n  n  iii  m  ,  et'  nnm  esl 
devriui  Evreux  (l'Airai,  et  son  dérivé  Kbroicinum  a  dromé 
Èvrecin. 

387.  l.e  nom  di's  Sa  ^' M.  ipii  parai!  avoir  l'tMuplaeé  mi  nom  de 
ville  Xudi.HnMim,  esl  |.'  ihémc  é'Iy nndo^iipio  du  nom  de  SéCS 
'Oiaie). 

388.  Le  nom  des  L(>X'ivii,  (|Lii  a  pris  la  place  rie  celui  de 
NoviiMUai^'Us,  esl  devenu  LisieUX  (  t  lalvados'l  ;  le  leia'il(Ui-e  de 
I.isiiMix- — •  Le\ovinun\  —  esl  le  Lieuvin. 

V.w  dehors  de  ces  ein({  noms  de  peuples   de  la   Seconde  Lvou- 


100 


l.F.S    NOMS     DIO    I.IEU 


naisc,  ineiilioniiL's  dans  la  A'.-////,/,  il  lmi  v^l  trois  autres  qui  suIj- 
sislent,  l'un  con-iuie  nom  do  lieu,  les  doux  autres  dans  des  noms 
de  régions. 

389.  La  ciri/:i^  Viihicassiuin,  nienliounée  au  m''  siècle  dans  la 
fanu-use  inscriplioii  de  Ton.^aù-sur-Virc  '.  étail  sans  doute,  quand 
lui  écrite  la  Xo/iha,  fondue  dans  la  cité  dfs  J^:!j<)c;is\cs  ;  mais  le 
nom  des  Vid  ucassés  subsiste   dans   eelui   de  Vieux  iCalvados). 

390.  La  cité  d'  i.r-aen  nn'Mlioniiee  dans  la  .Vo/;,'/,<  n'sull:dt  de 
Lunion  des  tilés  .les  <:;ilr/i  >■[  des  W-linr.usfu-x  qu'on  avait  reii- 
coiilrés  dans  Cé?,ar.  Le  nom  des  jircmiers  se  retrouve  dans  celui 
d'une  circonscription  de  répoque  Irannue.  le  paj^'us  Calctus, 
ou  |>aysde  Caux  ;  de  inemi-  le  nom  fh  ■;  \'e  1  i  o ca  ss  e' s  est  1  ori- 
j^-ine  du  pai;us  \' i  1  ca -^sl  n  us  llu^^■lca•-  .ions,  en  Iraneais  du 
moyen   â^-e    ^'r//iirsi.iii,  ([u'on   écrit  aujounl  liui  Vexiil. 

La  Xofi/iii  comprend  sous  la  Troisième  Lyonnaise  neui  cités, 
toutes  dési-nées  par  des  n^aiis  de  peuples  :  Tunuics.  Ceno- 
manni,  Hcilorws.  Amlcc^ici.  .\ainni-/es.  Corinnhlili's,  \  curlc.^. 
Osisniii  et  Diit/j! inli-s. 

391.  Le  nomdcTurones  a  remplte.'  celui  .le  «".aesarodu- 
num;  accentu.'  sur  l'antep,  nullieiiie.  li  s.'  présente  c-n  l'ran.;ais 
.sous  la  l'orme  Tours  !  indre-et:-Loirej  ;  c'est.  proLald-ment  de 
Turonicum.  mol  formé  ;i  l'aide  du  suflixe-icuin  liont  ii  est 
atone,  (juc  provient  !e  mot  Touraine  pour  TnirruiiiP  :  rethnupio 
/niinni'ic-iii  dérive  du  méiue  uu)l  par  rinterniediaire  d'un  prmiilii 
Tnu!\in'/i\  d'.nl   il  est  le  diminutif. 

392.  (>enomaiini,  (pii  a  remplacé  le  nom  de  lieu  Subdin- 
num  ou  Suindinum,  est  la  forme  primiti'.e  du  nom  du  Mans 
(Sarthe);  mais  la  chose  a  été  fort  bien  expliquée  \ydv  Jules  (Jui- 
cherat,  à  l'aide  d'une  forme  donnée  par  un  document  de  H)l), 
Cil  ma  unis  :  la  forme  vuli^-aire  .[ui  en  est  résultée  a  passé  par 
un  substantif  Mans  précédé  d'un  adjectif  démonstratif,  .auquel 
l'article  a  été  substitué.  Le  nom  de  la  province  du  Maine,  en 
latin  Cenomannicum  ou  Cil  inan  nicu  m,  a  subi  la  même 
altération. 

393.  Le  nom    des   Redones,    qui  a   remplacé    le  nom   de  heu 

1.  Voir,  rol.'itivemenl  h  celle  iiiscriplion,  E.  1  lesjar.tins,  ii,-orira]>hir...  dr 
la  r,.iu!r  rnmain,'  /P;.ns,   lK70-lK9;i.  4  vol.  in-4-.  III,  19S--20'1. 


^1 


iiUGiNES  K(.)MAiNi':s  :  S(ii: viCNrus  iJics  \ni;ii;nm-.s  l'Di'n.ArioN;- 


l(i! 


(idiulale,   (Hait  accentué   sur  l'untépéiuillièrm'    :    il  est   devenu 
Rennes  (^Ille-et-Vihune). 

394.  I.e  nom  des  Andegavi,  qu'on  trouve  sous  cette  forme 
iluis  Pline,  et  sous  la  forme  Andecavi  dans  Tacite,  est  un 
ilrrivé  du  mot  Andes,  pur  lequel  Ctisar  désigne  le  même  peuple. 
.>ulistituéo  à  Juliomai;us,  la  forme  oblique  Andegavis  e<t  le 
lli('inc  élyniologi({ue  du  nom  d'Augers  (Maine-et-Loire)  ;  el, 
d'autre  part,  le  nom  Andegavum,  par  lequel  on  désignait,  à 
l'r-|ioque  frànque,  le  territoire  dont  Angers  était  le  chef-lieu,  a 
produit  le  mot  Aïljou. 

395.  Le  nom  des  Namnotes  a  icmplacé  le  nom  de  lieu  Con- 
divicnum  et  a  donné  naissance  au  nom  français  Nantes  ( Loire- 
Inicrieure). 

396.  Le  nom  Cieti  Coriosolites  ou  Curiosoiites,  peuple 
mentionné  par  César,  subsiste  dans  celui  de  Gorseul  (Côte.-j-du- 
.\ord),  où  l'on  a  retrouvé,  en  1709,  les  vestiges  de  cette  cité  ; 
(  tdle-ci  ne  subsistait  peut-être  plus  quand  fut  écrite  la  Notilia, 
car  les  plus  anciens  manuscrits  portent,  non  pas  civitas  Corio- 
.solitum,  mais  bien  civitas  Coriosopitum,  ce  qui  est  l'ancien 
nom  de  Quimper  (Finistère). 

391.  Le  nom  des  Veuetes,  substitué  à  Dariorigum,  a 
donné  Venni?s,  qui  s'est  [u'onoucé,  pui.?  écrit  V&nnes  (Morbihan^. 

39&.  Le  nom  des  Ûsismii,  qui  a  pris  la  place  de  Vorganium, 
n'a  pas  laissé  de  ti'ace  bien  apparente.  Î\L  J.  Loth  prétend  le 
iTconnaitre  dans  le  dernier  ter/ne  du  r.om  de  Co--Castcll-kch, 
c'est-k-dire  «  le  vieux  château  d'Ach  »,  porté  par  une  ruine  sise 
en  l'iouguerneau  (Finistère)  ;  en  dehors  d'arguments  phonétiques 
empruntés  à  la  langue  bretonne,  l'opinion  de  M.  Loth  se  fonde 
sur  ce  que  le  pays  dont  Coz-Castell-Ach  était  le  chef-lieu,  est 
ap[iole  pagus  Aohuiensis.  ce  qu;  S";\ii'.  une  altération  tic  pagus 
(,)s  ismio  nsis.  Par  contre,  dans  l'opinion  de  M.  Ferdinand  Lot, 
remplacement  de  l'antique  Vorganium  serait  représente  par 
Carhaix  (Finistère),  anciennement  Kaer-Ahes,  dont  le  nom,  par 
son  second  terme,  répondrait  à  Osismii.  Il  est  difficile  d'opter 
entre  ces  deux  solutions. 

399.  Mais  si  l'on  n'est  pas  très  tixé  touchant  les  traces  que 
les  Osismii  ont  laissées  dans  la  péninsule  armoricaine,  le  souve- 
nir s'en  rencontre  ailleurs.  Il  semble  évident  que  des  familles  de 
ce  peuple  avaient  émigré  et  fondé  des  villages  appelés  0  si  s  ma  s 


t(l2 


,M;s     noms    Dli    I.IEU 


ou  Osisnia  :  lolle  parait  être  roriyine  d'Exnies  lOine).  a  !V'j)0(iiu.' 
nu'Tovinj^iep.nc  Oxiiui;  triluismes  i  Iiulre-et-Loirei,  au  .V  sièclu 
OxiniLMisis  villa;  Je  Humes  (Maule-Marne  ,  qm:  Flodoaiil 
appelle  Isnia  ;  el  de  Hiosiues.  nom  porté  jusqu'au  xvui'-'  sièck- 
[)ar  N'illiers-lc-Morhiers  (lùire-el-L.oir),  qui  représeule  un 
0  xi  ni  as  uiérovini^ien. 

400.   Le  nom  des   Diablintes,   substitué  à  celui  de  iN  oiodu- 
num  se  reti'ouve  dans  celui  de  Jublains  iMavenue'l. 


1  K'S  sept  cités  ipii  c(.uuposaieid  la  Quatrième  Lyonnaise,  cinq 
étaient  désignées  par  des  noms  de  peuples  :  Scnnncs,  Cnrniites 
ou  Cuniotes,   Tricasscs,  Parisii  et  Meldi. 

40L  Le  nom  des  Senones,  (jui  a  renqilaeé  [';  nom  de  ville 
Ag'cdincum,  était  accentué  sur  raulé|iénultième  :  de  là,  la 
forme  vulgaire  Sens  (Yonne).  Sen&-<lc-Jirc/iii/n('  Ille-et-^■ilaine) 
doit  peut-être  son  orii;-ine  à  une  l'olcuue  de  Sejinnrft  étalilie  chez 
les  licdones. 

402.  Carnutes,  également  accentué  sur  l'antépénultième,  et 
qui  a  remplacé  l'Autricum  de  (^'sar,  est  devenu  Chartres 
(Eure-et-Loir),  son  dérivé  Caruotenum,  applif{ué  à  la  circons- 
cription dont  Chartres  était  le  chef-lieu,  a  donné  Chartrain, 
anciennement  (Jhar/nin.  11  y  avait  chez  les  lii'dones  un  [)ag-us 
Carnutenus  dont  le  souvenir  survit  dans  le  nom  de  Chartres 
(lUe-et-Vilaine)  ;  et  il  est  probable  rpie  Chartrettes  (Seine-et- 
Marne),  dont  le  nom  est  tiaduit  aux  .\ii''  et  xm''  siècles  par 
Carnotule,  s'appelait  aussi  C/iarircs,  la  terminaison  dimina- 
tive  ayant  été  ajoutée  [lour  piévenir  toute  confusion. 

403.  Le  nom  des  Tricasses,  (|ui  a  fait  oublier  le  nom  de 
ville  Augus tobona,  et  dans  lequel,  comme  dans  Bajocasses 
et  Viduca  sses,  la  finale  -casses  était  atone,  a  donné  Troyes 
(.\ube)  ;  le  dcrivé  'rricassinu  m,  qui  désignait,  à  l'époque 
franque,,  le  territoire  de  Troyes,  est  ilevenu  en  finançais  du  moyen 
âge   Traicsin. 

404.  Substitué  ti  Lutetia.  le  nom  des  Parisii  est  l'origine  de 
celui  de  Paris,  et  son  dérivé  Parisiacum  a  {)roduit  le  vocable 
de  région  Parisis. 

405.  Le  nom  des  Meldi,  substitué  à  celui  de  .lalinum  ou  de 
Fixtinum,  est  l'origine  du  nom  (!e  Msaux  !  Seine-et-Marnej  ;  le 
vocable  l)as-latin  Meleianum,  par  Icipifl  on  désignait  le  pays 
de  Meaux,  est  d.'vciiu  en  n  inv;iis  Mi'iissicii  cl  Multieil. 


Il 


•lUUilNT'^    HOMAIM'.S    :    <fUVKNIKS    PKS    .\N.:ii:\>  P.S    !'.  IITLAIK 'N^         11):! 

l),uis  la  l'romii'ro  15eli;i([iie,  trt)is  fiiij^  siw  ([u.iLi-c  L'hiicnt  iK'si- 
^r.ros  |)ar  îles  nt)nis  Av  peuples  :  J'icrrri,  Mcilinni:ilri'-i  et 
/'■/;.•,. 

406.  Le  nom  tles  TreN  eii,  qui  reinplacj'a  celui  d  Auj^usta,  est 
il'-vi'iui  Trêves  (Prusse  rlu'nane),  eu  allemand  Trier. 

407.  Substitué  à  Divodurum,  le  nom  des  ^I  edinnia  l  r  ie  i  a 
hn-mème  hienlot  cédé  la  place  à  im  autre  vocable,  Meltis,  (jui 
s;ms  doute  ne  désii^nail  à  l'origine  qu'un  quartier  de  la  ville  de 
MiUz.  Mediomatrici  n"a  donc  laissé  aucune  trace  dans  la  topo- 
iM)niaslique  française. 

408.  Il  en  est  de  même  du  noni  des  Leuci.  sidistilué  inomen- 
l  inénuuit  au  nom  [)rinutit'  de  la  ville  de  TnuL  Tullum,  (pii  iinit 
pur  prévaloir. 

Neuf  noms  de  a  illes  sur  douze,  daiis  la  Seconde  Ijêlgicjue.  sont 
empruntés  aux  peuples  '^'■aulois  :  Ih-ini,  Suessiuncs,  Cdlalmini  ou 
(lalticllaiini,  Verornainliii ,  Alrcljnlr^^  Silrnin'clcs,  Belloodci, 
Ambiant  et  Morini. 

409.  llemi,  substitué  k  Duroco  rlurum,  est  rori>.;ine  du  nom 
de  Reims  (Marne);    de  là  aussi  le  nom  de  réj^ion    Uem  tia  nus, 

Bj  en  français  du  nio\  en  at^e  Itanaen. 

%■  410.   Suessiones.  qui   a  pris  la   place  du   iiom   Augusla.   a 

jiroduit  le  nom  moderne  Soissons  (Aisne). 

411.  Clatalauni,  substitué  à  Duro  ca  l  alau  ni,  est  tiovmiu 
aiuialons,  aujoui'ddiui  Ghàlons-sr//'-.'l/;ir/ic. 

412.  Le  nom  des  Veromandui,  qui  avait  été  substitué  à  celui 
d'Aug-usta,  lit  à  son  tour  place,  vers  le  ix''  siècle,  au  nom  du 
nmrlvr  dont  ce  lieu  posséilait  le  tombeau.  Le  vocable  de  la  ville 
.le  Sainf-Qiientin  (AisnCi  n"a  pas  eU'acé  complelement  le  souve- 
nir de  l'appellation  antérieure,  dont  dérive  le  nom  do  ré;;ion 
Verniandois,  en  latin  médiéval  Vermandt-use.  et  qui.  [)oui  ties 
raisons  archéolof^iques,  l'ut  transportée,  dans  le  cours  du  n'-.oyen 
âge,  aux  ruines  d'un  ancien  vicus  romain,  près  desquc-ries  s'éleva 
le  bourg-  actuel  de  "Vermand  (Aisne). 

413.  Atrebatos.  qui  avait  supplanté  NemeLaeum,  ses*  de 
lionne  heure  contracté  en  Atrades  ou  Atradis.  don  i\rras 
(Pas-de-Calais)  ;  le  [)agus  Atradensis,  puis  Artensis.  est 
devenu  l'Artois. 

414.  Siivaneetes,  substitué  à  Augustomag-us,  s'est  réduit. 


;i 


ï 


? 


104 


I.r;S    iMi.MS     (lE    MKU 


1 


(les  l'époque  mérovingienne,  k  Selnectis.  dont  une  mélalliéM' 
fit  Senlectis  :  do  là  le  nom  moderne  Senlis  (Oise).  An  movei: 
ât^e  le  territoire  de  Senlis  ehiit  apj>olé  le  Sellcntoi^. 

415.  Le  nom  dos  Hollovaci,  (fui  avait  fait  oublier  (laiîsani- 
mag'us,  est  devenu  celui  de  la  ville  do  Beauvais    Oise). 

416.  Le  nom  des  Ambiani,  ijui  ,i  remplacé  celui  de^Sania- 
rabriva.  est  la  forme  primitive  du  nom  d'AniieilS  .SommeV 

417.  Il  ne  reste  pas  trace  du  nom  des  Morini  :  leur  chef-lieu 
était  Thérouanne  (Pas-de-Calais\  en  latin  Taruenna,  dont  le 
pays,  Taruanense,  fut  appelé  Trrnois.  Il  convient  de  noli-r 
(pi 'au  moyen  âge  révê([ue  de  Thérouanne  se  disait  episco])Us 
Morine  nsis. 

418.  Le  nom  des  Mcnapii,  qui  avaient  pour  ville  principale 
Toui'nai  (Belgique),  subsista,  à  l'époque  franque  et  jus(pi'au 
xii''  siècle,  dans  celui  de  Mempiscum,  fornu'  à  l'aide  du  r-uflixe 
<;ern)ani(j.ue  isc  ou  isch,  e(  qui  désignait  une  partie  au  moins  de 
leur  territoire. 

419.  Des  quatre  cités  de  la  Première  Germanie,  deux  portaient 
des  noms  di;  peuples,  Xenictes  et  Vangiones  ;  mais  ces  deux 
vocables,  qui  avaient  remj)lacé,  le  premier  Noviomagus,  le 
second  Borbeto  magus,  furent  à  leur  tour  abandonnés  respec- 
tivemenl  pour  Spira,  d"où  Spire  (Bavière  rhénanel,  en  allemand 
Speirr,  et  War.inatia,  d'où   Wor/zis  (Hesse  rhénane). 

420.  Une  des  deux  cités  qui  composaient  la  Seconde  Germanie 
parlait  un  nom  de  peuple;  c'est  Tungri,  primiti^c-ment  iVdua- 
tuca,  aujourd'hui  Tongres  (B(dgi(pie,   Limbourg). 

421.  Sur  les  (juatre  cilés  (ju'indi(jue  la  Nolitia  pour  la  Provin- 
cia  maxima  Serfuanoruin,  une  sevde  porte  un  nom  de  peuple,  la 
civitas  Elveliortim  ;  mais  c'est  le  nom  du  chef-lieu,  Aventica, 
Avenches  (Suisse,  canton  de  Vaud),  qui  a -prévalu.  C'est  par  une 
évocation  des  souvenirs  de  l'antiquité  qu'a  été  créée,  à  la  fin  du 
xvin°  siècle,  l'expression  a  république  helvétique  ».  Le  nom  du 
casfrum  Rauracensc,  que  la  Natif ia  meniionnc  également  à  pro- 
pos de  la  Séquanie,  et  qui  rappelait  le  souvenir  des  anciens  liau- 
raci.  n  a  pas  davantage  survécu,  ce  castrum  ayant  repris  son  nom 
d'Augusta,  avijourd'hui  Auijt^t  (Suisse,  canton  de  Bàle). 


'■•  iiKir,iM:s  iKiMAi.MOs  :  siii'Vi'.Nius 'iii:s  an(":iI':nni;s  imhti. aimons      lOii 

t 

'  •122.    I.i's  lieux  cités  lie    1;>  provinee  des   Alpes  (iiaics  et   l'eii- 

h;  i.iiiis  ('■laii'iil  désignéos   [)ar  des  noms  dt;  peuples  :  Centrant's  et 

k  Will/'ftscs  :  CCS  deux  noms  ont  dû  reudre  la  place  aux.  noms  pri- 

^  niilii's      Darantasia     —     aujoui'd'liui       J/'>(</'(''/'5-('n-Tarenlaise 

P  Savoie),   et   Uctodurum;    mais    le    nom    des    Valleuses    est 

il-'veiui  eidui  de  la  réi^àon,  le  Valais,  qui  est  l'un  des  cantons  de 
I  I  (]onledcT.alion  suisse  ;    il  est  à  noter,  d'autre  ijart,  que  le  nom 
if  ._  ... 

*>:?  .1  ine'  dos  ipiati'e  Lriuus  qui  composaient  la  cité  des  Vullenscs.  le.S 

•';»:■  Srduiii,  (.'st  roi'iL;iLie  du  nom  de  Sio)l,  capitale  du  \';dais. 

I.'  423.    Dans    la   \'iennoise,    formi''C    d'un    démend^reuient   de    la 

■^  l'riivince  romaine,   une  seule  cilé'siu'   treize   j)ortait  vm    noru  de 

IJ  peuple.    Tricastini,    substitué   ii   Aug'usta  :   ce   nom    sulisiste, 

¥  :<\vc  une.  déiàvalion  ([ui  résulte  d'mie  étymoloicie  ])opulaire,  dans 

'?i  Ir  surnom  do  la  ville  de  Sni/if-Paul'Troia-Qvdieanx  (Drôme). 

f^  La   Première   Aquitaine  comptait  huit  cités,    dont    sept   dési- 

M  ;^nées  [Tar   des   noms  de   peuples  |j;-aulois    :•  Bituriges.    .irvcnii, 

U  Kiilcni.  ^Jnitiirci.  Lrrunriccs,  CuLnles  et    Vi'llavi. 

%...  424.   Le  nom  des  Bituriges,    accentué   sur  l'antépénultième, 

f;  et  (ju'on  substitua  au  nom  de  ville  Avaricum,  a  produit  le  nom 

luoderne  Bourges  (Cber;,    anciennement   Beorges  ou  Beourrj'^s  ; 

e'est  d'un  adjectif  Bituricum,  accentué  sur  la  pénultième,  .qu'est 

déiivé  le  nom  de  province  Berrj/. 

425.  Le  nom   des    Ar verni,   qui  a  remplacé   le  nom  de  ville 
.V  ugus  toueme  tum,  a  lui-même  été  abandonné  à  l'époque  caro- 

f|  luigienne  pour  le  nom  CJlarus  Mon  s,  qui  désignait  la  citadelle 

iL  lie  la   cité  arverne,   aujourd'hui   Cl(^rmont  (Puy-de-Dôme).  Mais 

e'est  d'Arverni  que  dérive  le  nom  de  région  Arvernia  ou 
.Vlvernia.  en  iVaneais  AuvcrgilG.  L.a  forme  basse  .\1  v  e  rni.s  ([ui. 
dans  des  le\les  carolingiens,  (iésigne  [)lusieurs  villagc?s  de  la 
l'"rance  septenirionale,  rappelle  vraisend>lablement  île  petites 
erdonies  auvergnates  :  elle  est  l'origine  des  noms  d'Auvers-s»/"- 
'lisf  et  d'Auvers-.Sa/7!/-^'eor^es  (Seine-et-Oise),  dont  le  second  a 
\ui  (Jiniinutif,  Auvernaux  (Seine-et-Oise;,  dans  lequel  Vit  s'est 
eonservé.  Arverni  ou  Alverni  semltle  être  aussi  la  racine 
il'Alvernicum,  dénomination  primitive  de  Vernègues  (Bouclies- 
ilu-Rhône). 

426.  Butenis,  cjui  s'est  substitué 'à  Segodunum,   a  produit 


lor. 


i,i':s   N(Mis    |)|-   i.n  !■ 


M 


Rodez  (Avevroii),  nioyeanmiL  l;i  chute  <l.:  Vn  '■■lia  plari'  onliv 
deux  voyelles;  son  dérivé  liu  te  iiicuin,  uccf-ntuL-  sur  raiitc|,('- 
nultième,  est  l'ori'^'-iiie  du  nom  du  Rouergue. 

427.  Le  nom  des  Cadurci,  qui  remplaça  le  nom  do  ville 
Divnna.  osl  rorij^ine  du  nom  de  Cahors  (I.oti  ;  son  dérivé  || 
Cadurci  num  a  produit,  par  la  double  chute  de  la  dentale  ci  de  l^^| 
Vn  intervocaux,   le  nom  territorial  de  Quercy.  ij 

428.  Lemovices,  substitué  à  Auynslori  tum,  et  son  dérivé  M 
Leniovicinum  ont  donné  respectivement  Limoges  pliante-  ^' l 
\'ieiine)  et  Limousin.  Le  villa--e  de  Limoges  (Seine-ct-Mume),  ^ 
qu'une  charte  du  roi  Robert  appedle  Lemovices,  représente  -,"* 
évidemment  une  ancienne  colonie  de  Limousins.  f;  j 

429.  Cabales,  qui  a  pris  la  place  d'Anderitum.  est  le  '  1 
thème  étymologique  du  nom  de  Javols  (Lozère),  et  son  dérivé  .  > 
GabaLitanum.  celui  du  mot  Gévaudan.  Les  éditeurs  des  i1/o;n;-  ^' ^ 
menta  Ccrtnaninc  liistorica  ont  Iraduil  j);i-us  Gabaldanus,  |... 
qu'ils  ont  imprimé  Galvadanus,  par  Calvados,  erreur  d'autant  ^  ' 
plus  étran<2:e  que  la  notoriété  du  Calvados  ne  date  que  de  la  créa-  ; 
tion  du  département  de  ce  nom.  '■    i 

430.  Le  nom  de  Vellavi,  substitué  au  nom  de  lieu  Revessio.  ■    ' 
a  été   lui-même  remplacé  au  cours  du  nioven  àg-e  par  le  nom  de  %  'i 
Snin/'Paiilien  (Haute-Loire^  enqii-unle  à  un  sanctuaire  chrétien, 
mais,    grâce   à   son   dérivé    \'el!avicum,    puis    Vellaicum,    le  } 
souvenir  en  est  conservé  dans  le  nom   <lu  Velay,  que  porte  leur  ■ 
ancien  pays.  v;; 


I>ins  la  Seconde   .Vquitaiire,   trois   noms  de  cités  sur  six  sont  t* 

des  noms  de  [)euples  :  San/oni's,   Pirtavi  et  Pefrocorii.  « 

43L    Le  vncaMe   Santon.'s,    (pii   a    pris    la    place  du  n(im  de  f  - 

vdlc  .Mediolanium,  étant  accentué'  sur  rantépén\iltième,  a  pro-  •: 

tliiil  le  nom  de  Saintes  I  Charente-Inférieure),  et  son  déri\-.:' San-  • 
lonicum  a  prcduit  le  nom  de  la  Saintonge. 

4o2.    1"' it' la  \-i,  vai'Miife   du   nom    dr-s    anciens   l^'ictones,    ou  i    ■ 

pluIoL  son  cas  nMiriue  Lictavis —  p:ired  fait  a  été  rdgnalé  jjoui'  ï    I 

.\ndegavis     —   es!    \o  tln'me  étymolugicpie  du  nont  de  Poitiers  1  i 

'  \  i-Mine).  ville  originairenieut  connue  sous  K;  nom  de  Lem(iniiin.  }  ) 

Le    nom  du  Poitou  vient  de  Pictavùiu.  V    ; 

433.     l'elrocnrii,     sul.slilu^^    ;i     ^■.^uIl!)a,    vl     soii     dci'ivé  %\ 

Pelrocoricum,  accentué  sur  l'antepénullième,  ont  donné  res-  t    ^ 

pei'livement  Périgueux  -'Doivogne,  et  Périgord.  i  ; 


iiIll(;lM';S   UOMALMCS    :   SOCVEMIIS  ^MS    ANC.IIlNNKS    l'DPL'LATlONS        107 

Sur  (Ion/,0  noms  ilc  cilos,  la  Novoinpopul.'uùe  n'en  coni[)lriit 
■  ;i:i'  ijuatre  qui  l'usseiil  des  noms  de  peuples  :  Convenae,  Co/iso- 
ranni,  ]'asii/es  ot  Auscii. 

434.  Les  deux  premiers  de  ces  noms,  qui  avaient  été  substitués, 
it;  |)iernier  à  Lupfdunum,  le  second  peut-être  à  Austria.  ne 
|ianiisseiit  pas  avoir  survécu  au  monde  romain  ;  toutefois,  ils 
•ul)sistent  dans  les  noms  de  pays  Gominges  —  Convenicum  — 
•l  Couserans  —  Gonsoranum  —  qui  désii^nent  aujourd'hui 
encore  le  territoire  de  ces  deux  cités. 

435.  Vasates,  qui  a  pris  la  place  de  Cossium,  se  retrouve 
.lîijourd'hui  dans  le  nom  de  Bazas  (Gironde). 

436.  Le  nom  des  Auscii,  qui  a  détrôné  les  noms  successifs 
li'l'Mim  l)"erris  et  d'Augusta,   a  pi'oduit  le  nom  d'Aucll  ((".ers). 

437.  La  Noti/la  place  encore  clans  la  Novempopulanie  la 
civitus  Boiatium,  dont  on  ignore  l'emplacement  exact,  mais 
(loiil  le  territoii-e,  pagus  Boieus,  devint  l'une  des  divisions  du 
diocèse  de  Bordeaux,  Larchiprêtré  de  Buch  ;  dans'Boiates  et 
(huis  Boieus  on  reconnaît  le  nom  des  Boii,  duquel  dérivent 
(l'ux  delà  Bohême.  Boiohemum   et  de  la    Bavière,  Boioaria. 

.\ucune  des  cités  de  la  Première  Narbonnaise  n'était  désignée 
par  un  nom  de  peuple. 

438.  La  Seconde  Narlionnaise,  sur  sept  cités,  n'en  offre  qu'une 
M'iile,  la  civitas  Heioruni,  qui  soit  désignée  par  un  nom  de 
|K'uple  :  c'est  lie  ce  nom  que  proviciil  ctdui  de  Riez  (Basse.s- 
.Mpcs). 


439.  Dans  la  province  des  Alpes-Maritim'^s.  la  Xntitio  ne 
ili'sii^nc  aucmie  des  huit  cités  par  un  nom  «le  peuple  ;  mais  la 
autropole  de  celte  cité,  r.mbrun,  était  comprise  dans  la  cité  des 
llnturiges,  dont  le  nom  se  retrouve  dans  celui  de  Ghorges 
llautes-Alpi'sl.  Que  les  ('nUirufes  aieiit,  comme  les  Arverni  et 
li's  Lemovices,  colonisé  hors  de  leur  pays,  le  fait  paraît  résulter 
(i''"  ce  que  leur  nom  est  attribué  parla  Table  de  Peutinger,  à  l'une 
lii's  stations  de  la  voie  de  IHeims  à  'l'oul,  station  dont  l'emplace- 
ment est  marqué  parla  \ille  actuelle  de  Har-le-l>uc  (Meusoi. 


XXIV 

LIMITES     DES     CITÉS 


440.  Les  textes  itinéraires  de  l'époque  romaine  mentionneiU 
des  stations  désignées  seulement  par  le  mot  Fines;  on  n'en 
compte  pas  moins  de  dix-sept  en  Gaule.  Grâce  aux  ressources 
qu'offrent,  pour  la  connaissance  du  territoire  des  anciennes  cités. 
les  documents  relatifs  à  la  géographie  ecclésiastique  du  moyen 
âge,  on  arrive,  pour  la  plupart  de  ces  stations,  à  une  certitude 
absolue  touchant  leur  situation  aux  confins  de  deux  cités  ;  les  cas 
exceptionnels  où  pareille  preuve  n'a  pu  être  faite,  sont  impu- 
tables évidemment  à  l'insufiisance  des  movens  d'inf'ormalion  donl 
on  dispose  actuellomeul. 

441.  Les  localités  du  nom  de  Fines  qu'on  rencontre  dans  les 
documents  itinéraires,  étaient  le  plus  souvent  de  simples  relais 
de  poste  qui  n'auront  pas  survécu  à  la  chute  de  l'empire  romain  : 
deux  seulement  d'entre  elles,  Pfyn  et  Fisnies.  ont  conserve,  plus 
ou  moins  altérée,  leur  appellation  primitive.  En  revanche,  la 
nomenclature  topographique  de  noire  pays  fournit  plusieurs 
autres  localités  qui,  bien  qu'elles  ne  soient  pas  nommées  dans 
les  textes  antiques,  représentent,  sans  nul  doute,  des  Fines  pri- 
mitifs. 

442.  Fains-la-FoUe  (Eure-et-Loir),  au  diocèse  de  Chartres,  était 
éloigné  de  cinq  kilomètres  seulement  du  diocèse  d'Orléans.  La 
graphie  Foins  est  condamnable,  car  elle  fait  d'un  Fines  antique 
ré(piivalenl  des  noms  qui  paraissent  repré.senter  le  latin  Fanum. 

443  C'est  également  à  l'ancienne  limite  des  mêmes  diocèses 
qu'est  situé  Feings  (Loir-et-Cher),  dont  un  homonyme,  compri.s 
dans  le  département  de  l'Orne,  appartenart  au  diocèse  de  Sées, 
et  confinait  à  celui  de  Chartres. 

444.  Le  nom  de  Feins  (lUe-et-Vilaine,  Loiret),  désigne  deux 
localités  sises  aux  contins,  la  première  des  diocèses  de  Rennes  et 
de  Saint-Malo,  la  seconde  de  ceux  de  Sens  et  d'Auxerre  ;  la 
paroisse  de  Saint-Michel-de-FeiïiS,  (Mayenne),  au  diocèse  d'An- 
gers, était  contiguë  au  diocèse  du  Mans. 


ORIGINES    nOMAINF? 


LIMITES    lJi:S    CITES 


109 


445.  Fins  (Somme)  était  du  diocèse  de  Noyon.  aux  conlins  de 
<•     i  rliii  do  Cambrai. 

446.  Yix-Sa'tn/-(!cnrtjs  eiTix-VUlcnc'Uve,  qu'on  appelle  aujour- 
•1  liiii  Sai/ite-Ei!fjcnie-i!c-  ]'illencure  (Ilaute-Loir.e),  appartenaient, 
iiviiiit  l'U",  au  diocè.se  de  Clermont,  près  des  limites  de  celui 
lia  l'ny.  La  forme  Fi.r  procède  de  la  chute  de  Vn  latin  intervocal, 
|ilu'niinièiu"  ob'^ci-ve  déjà  it  [)rupos  du  nom  de  Uodcz. 

447.  Fisilies  (ivlarue),  à  la  limite  des  iliocèses  de  Ptoims  et  de 
."^nis.suus,  est  l'un  des  Fines  de  l'Itinéraire  d'Antonin  :  la  fornie 

!j,  iiisiiHle  de  son  nom  s'explique  par  le  datif  Finibus.  Vni  résul- 
l.iiit  du  contact  de  1"/;  et  du  b,  après  la  chute  de  1'/  atone  de  la 
l      di'sinence. 

448.  Hinx  (Landes)  est  le  nom  d'une  paroisse  de  l'ancien  dio- 
(•■sc  de  Dax.  contlnant  à  celui  d'Aire  ;  la  transformation  de  1'/' 
I.itiii  en  h  est  un  fait  phonétiqiu^  commun  à  l'espaunol  et  au  dia- 
1  -cti'  ^"-ascon. 

449.  Hix.  hameau  de  I>om'i;-MadaMie  Pyrénées-Orientales)  est 
Mtu''  près  de  la  frontière  es[):i--nnK'  ([ui.  s.ms  duutc.  a  loujours  été 
une  bi;iu'  <lc  démaroalion. 

j;  450.   Pfyu  iSuisse,    Thui^oviej  est  le  l-'ines  j)laei'.  par  l'Itiné- 

i!;i        r.iiic  d'.Vntonin,  sur  la  rc>ule  d'Ainju-i/a    \'indclicuruin  ii  Trêves. 

La  situation  de  lM\n  ci>i  resnMudait  à  la  luuite  mènu"  de  la  (lauiii, 

(■;ir.  à  partir   de    ce  point,  la  mesure    itinéraire   des  l^omams,    le 

h        mille,  fait  place  à  la  lieue  i;auioise. 

451.    Le  iitiiu    l'ouimun    fines    n  '.'sl    jias   le   seul   (jui    ait   été 

■  iiiployé  à  1  é[)o(|ue  rciinaiiif  pour  (lesu;iRr,  en  (iaule,  d'.'s  loeali- 
li-s  situées  sur  les  conlins  do  cités.  (.)u  parait  s'élre  ser^'i,  dans  le 
Hii'iiii' ordre  d  idées,  du  nom  commun  limes,  au  g-é^ndif  1  i  ini  li  s, 
i|iM  est  l'orii^ine  de  notre  mot  liinilc.  En  elfet,  une  charte  de  81.'î 
jir.mvi'  (pic  Limites  était  le   nom  primitif  du  villaue  de  Linthes 

■  .M.iriu-i,  SIS  a  I  ancienne  limite  des  diocèses  di'  Troyes  et  de 
Lli  (Ions.  l'eiil-étre  faut-il  reconnaitre  h-  même  luun  cninmuii 
iluis  la  dernière  partie  du  nom  de  Chailiplitte  (Haute-Saône),  ([u  ù 
1  ipiupie  mérovingienne  on  appidait  Can  to  lime  t  (>. 


XXV 

s.vNCTrAii;i':s 


Parmi  les  noms  de  lii'u  ([ui  atlestenl  riiillucnoe  de  la  civili- 
sation romaine  en  Gaule,  ceux  ([ui  iMpjiellenl  le  soTivenir  des 
divinilés  du  jtaganisnie,  ou.  [)our  iiiieux  diie,  des  .sanctuaires 
({ui  leur  étaient  consacrés,    ne   sont  ua.s  les    moins  intéressants. 

("-es  noms  de  lieu  sont  de  deux  sortes  :  les  uns  représentent 
un  nom  commun  —  fanurn,  pai'  ext  inple  —  régissant  un  nom 
de  divinité;  les  autres  sont  iK'rivés  d  un  noiïi  di\ui,  au  moyen 
d'un  si-illixe,  ou  bin'n  présentent  le  nom  di\in  acc<unpai;né  de  la 
pré[iosition  ad. 

452.  Les  noms  composés  à  l'aide  du  mot  l'anuni  ne  sont  pas 
les  plus  nombreux,  et  les  textes  de  li'^poque  romaine  n'en  l'ont 
connaître  que  trois  pour  la  Gaule  :  deux  P'anum  I\Iarf  is  et  un 
P'anum  Miner  va  0. 

453.  De  m^^'Uie  cpie  les  nonts  d  .Vix  (r>ouohe.s-(Iu-Hlinne),  de 
Colog'ne  (Prusse  rhénane],  de  Fos  ^  iiouehes-du-lîhoiie)  et  de 
Luc-en-Diois  (Drome),  représentent  les  antiques  .\quae  Sexliae, 
Colonia  Agrippina,  Fossac  Marianae  et  Lucus  Augusti, 
de  même  il  est  permis  d'admettre  ([ue,  dans  un  cei'tain  nombre 
de  noms  de  lieu  comprenant  le  mot  fanui,Ti  et  un  délerminatif,  ce 
dernier  est  tombé  en  désuélmle  :  de  là.  les  noms  de  Fain-/ès- 
Monthard,  de  Yam-h'-s-Moii/ii-rs  iCùte-d'Ôri  et  de  Fains  (Cal- 
vados, Kure,  Meuse),  hans  les  [layscie  langue  d'oc,  t'anum  a 
produit /'<?N,  ou  fa,  parla  rhute  <le  1'//   :  /,/  /loqnr-dr-pa  i  .\ude). 

454.  Le  nom  de  Jupitff.  (pu  se  présente,  h  l'époque  romaine, 
dans  les  noms  géographiipies  Ad  Jovetn  et  Fanum  Jovis,  se 
retrouve  aujourd'liui  dans  les  noms  de  lieu  Jou  (Indr'.^l.  Jeux 
i^Gote-d'iJr).  Joux  (^lihùni.  ,  si  touiet'.'i^  l'^s  noms  ne  repre.--.eulent 
pas  un  mi)l  gaulcis  iatinisi'  jui^-iini,  lu  sens  de  "  montagne  n, 
eoinme  cela  se  constate  à  propos  dv  l'Ciu jfii .  s\  iioii\'me  d'.',  Bcaii- 
inoiit  ;  dans  le  ncun  de  Mouljoux,  (pp  vi  désigné  le  (irand-Saint- 
Bernard,  où  s'élevait  un  lem[de  dé'iii-  :;  Jupiter  ;  dans  la  dernière 
partie  du  nom   de    S;uii/-J'iUil-(!;ij}''!j  ioux  (Tarn"),  lieu  riciie  en 


f.HUiilM.h     noMAlNES     :     SANCIl  AIÎIES  III 

i.ilu[uiU'.s  ronuuiu's,  (u"i  l'on  cU''Ooii\  ril ,  ilit-i);i,  une  tèlc  de  Jupi- 
t'r.  Les  noms  de  Faiijeaux  (Aude  et  de  Fanjoux  I^Haute- 
(i.uuiuie)  ont  pour  llierne  étymoloaique  Fanum  Jovis. 

455.    Mercure  est  peul-ètre  la  divinité  dont  la  toponoinastique 
fr;ia(,'aibie  évoque  le  plus  fréquemment  le  souvenir,  en  raison  sans 

■  ii>ute  de  l'importance  et  de  l'universalité  du  culte  d'une  divinité 
L.'. lilloise  qui  lui,  après  la  conquête  romaine,  assi.nuée  au  fils  de 
Mii  i  IV'  là  les  aoius  de  heu  nmdernes  Mercœur  iC.orréze, 
ll.iute-Loire),  Mercoire  'Lozère;,    râercuer  (Artlediej,  Mercuès 

i.ol:,    Mercueil   (Cote-d"()r^,  qui  se   prononce  Meirjucii.r  :   Irurs 

■  iiMiinutifs  Mcrcoireti'Oard),  Mercuriol  (Gard),  Mercurol  lAllier, 
l'rùnic  et  Pu_v-de-lJôinej,  l>e,  là  aussi  l'expressioii  Mimis  Mer- 
.•uni,  qui  ifune  part  a  désigne  MnntmalcluiS  ou  S.iinl'Xlichcl- 
Mont-MerCUre  ;\endee':,  et  qui,  d';iiitre  j^arl,  lig-ure  dans  la 
iluiini{[uc  ilite  de  Frédégaire,  sous  la  l'orme  Mcrcori  Mons 
pour  désigner  la  hauteur  de  Montmartre,  aujourd'hui  comprise 
liaus  l'enceinte  de  Paris;  à  vrai  dire,  Md/i/ninr/re  procède,  non 
p:is  (le  Mou>^  Mercurii,  ce  dernier  mot  étant  accentué  sur  l'an- 
t(  pénultième,  mais  hien  de  rappellation  ÎMon  s  Martyrum,  que 
I  iis.i^e  iiopulaire  Ht  prévaloir,  soucieux  d'aholir  le  souvenir  d'un 
>  ulle  païen  dans  un   lieu  qui    passe  pour  avoir  vu  le  martyre  de 

'\:'fÊÊL''  N.iiiii  Denis  et  tie  ses  compagnons. 

(  «^  456'.   Le  nom  de  Mai-s  se  retrouve  dans  Famars  (Nord)  —  le 

I  m  Kanum  Martis   de   la   Nolilin.  dlfjnilatnm  iniperii   —   et  dans 

Talmas  (Somme),  qui  traduit  Tem])lu  m  Martis.  Il  est  possiljle 
ipie  Mars,  nom  porté  [mw  des  localités  de  diverses  régions  de  la 
l''rau(;e.  [irovienue  part!."c  de  quehpu'  sanctuaire  du  dieu  guerrier  ; 
.11.1!^  rel.i  n  est  pas  vrai  pour  Inuîes.  car  .^f.'irs  (.\rdennes) 
f-t  appelé  Medarcum  dans  le  latin  du  uu:)yt'a  Age.  Ch.U".7ars 
iùue-et-Loir)  est  désigrié  au  i\''  siècle  par  Campus  iViartis. 

457.  Le  nom  de  Vénus  subsiste  dans  plusieurs  noms  de  Heu  : 
Vendres    (  Hérault  i,    dérivé     d'un    cas    ol)li([uc.    Veneren'.     jjar 

■  \iMuph',  du  nom  de  la  déesse  ;  Port-Vendres  (Pyrénées-t)rien- 
t.di's  ,    le  l^ortus  \'cneris    de    Pomponius    Mida  ;  Moiltveudre 

Prôme),  Mons  Veneris. 

458.  Le  nom  rie  Minerve  se  relrouxe  aujourd'luii  dans  Minerve 
lii'rauU'i,  ilans  Meiierhos  (Vaucluseï,  et  dans  Menesbles  iCôte- 

•  i'OrV 

469.    Le  U(un  de  Hiane  est  l'origiiic  de  ceux   de  Dienne  ((^an- 


1  \-2 


N(i\is    l)i;    Ml.i: 


tiil'i  eL  de  Dieiines  (Nièvre j.  Le  suriiuin  de  \7//(c/'S-t'/i-DésœuvTe 
(Eure)  représente  Dianae  Silva,  silva  ayant  sulù  la  inènn; 
alléralion  que  dans  le  nom  Ijlzarrement  écrit  de  P!rines-01ùivr\'i 
(Calvadiis)  i|u"a  produit  Plan;i  Silva. 

460.  Le  nom  ile  Lalon(\  mère  de  l)i.inc  el  d'Apollon,  est  le 
thème  etymolo^''i({ue  du  nom  de  Losîie  iCôle-d"(_)r)  —  que  lu 
chronique  de  Frédcgaire  ap[)eUe  .efTecllvement  Latona  —  et 
peut-être  aussi  celui  de  Lannes  (Haute-Marne). 

461.  Le  nom  de  Cupidon  paraît  être  l'origine  de  Cupeduniu, 
pour  Cupidonia,  qui,  au  vin'' siècle,  désigne  Gouvonges  (Meuse). 
La  formation  de  Cupidonia  serait  aussi  régulière  que  celle  du 
nom  de  lieu  Apollonia,  fréquent  dans  l'antiquité. 

462.  Enfin,  et  l'on  jjourrait  sans  dcaite  en  citer  bien  d'auti'es, 
certains  nom:;  de  lieu  de  la  Fraiice  méridionale  et  de  l'Espygne 
rappellent  le  souvenir  d'une  diviidlé  l'oniaine  que  l'on  nommait 
Tutela.  el  dont  le  culte  reposait  essentiellement  sur  une  méto- 
nymie, c;iril  e<)nsisl;nl  à  adorei'.  .sous  «.'e  vocable,  hj  dieu  inconnu 
protiicteur  d'une  ville.  Le  nom  de'l'utela,  considéi'é  comme  celui 
d'une  divinité,  n'apparail  guei-e  ipie  dans  les  inscriptions  du  sud- 
ouest  de  la  Giiule,  de  rh".sj>;igne  ■■l  des  bords  du  llhin  ;  il  est 
l'origine  des  noms  de  Tulle  (Corrè/.i'l  et  de  Tudela  (Espagne).  On 
sait  ([u'li  Borileaux.  les  ruines  du  giand  sanctuaire  de  Tutela  sont 
di'nomnu'es   >'   piliers  dv  Tutelb'  x. 

463.  Le  snuveidr  d' AiJoUon  paraît  n  avoir  éti'  r.ippelé,  dans  la 
toponomastique  de  notre  pays,  <[ue  par  l'ancien  nom  de  la  ville 
de  Biez  (Basses-Alpes),  Il  e  i  i  A..pol  li  na  res  ;  mais  ee  détermina- 
tif  A  ])ollinares  n'a  pas  survécu,  semble-t-il,  à  la  civilisation 
ronuune.  (Juant  aux  noms  PnViijnnc.  l'nliijni/ ,  (ju'tm  a  souvent 
apparentés  ;i  celui  d'Apollcn,  oi]  sait  maintenant  ([ue  la  forme 
latnie  en  est  Podempniacus  ou  l'u  1  e  m  n  iaeus.  Mais  à  (b'faul 
de  dérivés  du  nom  divin  Ajiolio.  on  i!omj)le  en  !''ranee  plus  d'un 
vocable  rappelant  le  .nom  d'ime  des  divinités  gauloises  assimilées 
par  les  lîomains  à  Apollon. 

464.  Parmi  ces  dieux  indigctes  de  Gaule,  il  faut  citer  on  pre- 
mier lieu  Belenus,  que  mentionnent  des  inscriptions  votives  do 
l'époque  romaine  retrouvées  à  Langres,  à  Vienne  et  à  Clermont- 
Ferrand,  et  dont  parle  aussi  le  poète  Aasone.  Ces'  daiis  le  nom 
de  Belenus,  aecei:ilué  sur  l'anlépénultiiaTje,  (ju'il  finit  chercher 
l'origine  des  noms  de  Beaime  (A^llier,  Corrèze.  Cote-d'Or,  Haute- 


;■'  oiii(;iN!:s   ikimainks   :   sA.Nr.ri'AïUKs  !13 

|-;  I.oiir,      Loiret,      Puy-dc-Dônic,      Savoie,      Ilaiiie-Vieniie'),      de 

r  Peaulne   (Aisne),   Baulne  (Aisne,  Seine-et-Oise)  ;    celle  origine, 

fe  ii!i()in''ti(jiu'nient  régulière,  est   d'ailleurs  attestée  par  la  légende 

t  lîh'.LKNO  (^iAS[TRO]   d'un  triens   mérovingien,  qui   est  la   plus 

{■-:  .iiicicnne  mention  de  Beaune  (Côle-d'Or).   A    Helenus  on   doit 

^;  r.ipporler  Beaunotte   (Cote-d'Or),   earactérisé  par  une   désinence 

t.  diiniiiulivc    moderne,    el    sans   doute    aussi    Belcnas  et    Mon  s 

g  i'it'Iona tensis,  noms    sous   lesquels  on  désignait,   au  vi''  s'iècle, 

;  SAint-I)<innri'-prcs-IUoni  (Puy-de-Dôme).   Belenasest   vraiscm- 

hlablement  une  forme  adjective,  de  même  que  Belenacus  qui 
p;iraît  être  le  thème  étymologique  do  Beaunay  (Marne.  Seine- 
IiitV'rieure). 

465.  Borvo  ou  Bormo  —  les  inscriptions  <le  l'époque  romaine 
jirésentent  l'une  et  l'autre  de  ces  formes  —  fut  aussi  considéré 
coinnie  le  même  dieu  que  l'Apollon  des  Grecs  et  des  Romains  : 
une  inscription  votive  de  Bourbonne-le.s-Bains  porte  en  effet 
DEO  APULLINI  BORVONl.  En  réalité,  Borvo  ou  Bormo  était 
mie  divinité  indigète  à  laquelle  nos  plus  anciens  ancêtres  consa- 
crèrent plusieurs  des  eaux  Uierinales  qu'ils  avaienl  su  apprécier 
i-t  utiliser.  Les  monuments  épigraphiques  mentionnent,  en  etVet, 
lu  dieu  Bormo  aux  stations  de  Bourbonne-les-Bains  et  d'x\ix  en 
Savoie,  et  le  dieu,  Borvo  à  Bourbon-Lancy,  à  Bourbon-l'Archam- 
hault,  et  encore  à  Bourbonne-les-Bains.  Il  est  probable  que 
toutes  ces  stations  étaient  désignées,  au  temps  des  Romains  sous 
le  nom  d'Aquae  Bormonis  —  la  Table  de  Peulinger  .atteste  le 
fait  pour  Bourbon-Lancy  —  ou  d'Aquae  Borvonis  ;  mais 
chacune  n'aurait,  ilans  ce  cas,  gardé  qu'une  partie  de  son  appel- 
lation antique,  car  les  noms  de  BoMThon- La  ne  tj  (Sa6ne-et-Loire), 
de  BQXivhon-l' ArchamhauU  (Allier),  et  de  Bourbonne-/es-j5ams 
Haute-Marne)  représentent  le  cas  oblique  du  nom  divin  Borvo, 
tandi'j  que  le  vocable  de  la  ville  d'.-li.r-les-Bains  ^Savoie)  est  la 
trnascriplion  romane  du  latin  Aquis,  qui  a  également  fourni  les 
noms  d',lj.r-en-Provence,  d'/l/,i'-la-Chapelle,  de  Da.v  (Landes), 
anciennement  Acqs,  et  d'.lx  (Ariège). 

466.  Le  dieu  gaulois  Grannus,  connu  par  des  inscriptions 
rhénanes,  était  également  assimilé  à  Apollon,  témoin  la  dédi- 
cace APOLLINT  GRANNO,  qu'on  voit,  gravée  sur  la  pierre,  à, 
b'rp  (régence  deCologneV  à  Neuenstadt  (Wurtemberg)  et  à  Hor- 
boLU'g  (Alsace).  On  lui  consacrait,  comme  à  Borvo,  les  sources 
Les  noms  iIp  lieu.  S 


1  1  'i  ij-.s  \(iMs  ru;  i.ir.r 

Ihorinalos  :  ik'  là  le  nom  d'Acjuae  Grauni,  qui  désiyna  Aix-la- 
Cliupcllc  jusqu'au  Iciups  de  Cliaiieniagne.  C'est  sans  doulo  aussi 
ce  nom  divin  que  reproduit  la  dénomination  de  Grand  (Vosj^es), 
jadis  Or\in,  localité  bien  connue  des  archéoloj^ues  en  raison  des 
vestiges  romains  qu'on  y  a  découverts. 

4aT.  La  dédicace  APOLLINl  VIROTVTI  d'un  autel  romain 
dont  on  a  retrt)uvé  les  vestif,^es  en  18i-4,  près  d'Annecy,  fait  con- 
naître une  autre  des  divinités  indigètes  qui  furent,  après  la  con- 
quête romaine,  assimilées  à  Apollon.  Virotus  ou  Virotutes 
parait  oll'rir  l'explication  du  nom  cle  Vertus  (Marne),  et  de  celui 
il'une  autre  localité  de  la  même  région,  Vertuelle,  dont  le  nom 
n'a  pris  la  terminaison  diminutive  qu'à  une  date  relativement 
récente. 

468.  Vellaunus  est  une  des  divinités  gauloises  qui  ont  été  rap- 
prochées du  Mercure  romain  ;  oh  lit,  en  effet,  sur  un  ^utel  décou- 
vert en  1857,  dans  le  mur  du  cimetière  d'Hiéres  (Isère)  :  DEC  ^ 
MEr.CVlilO  VlCTOni  MAGNIACO  VEILAUNO.  Sans  doute  «l 
peut-on  tirer  de  là  l'explication  du  nom  de  Velia  unodunum,  ' ■] 
que  portait,  au  temps  de  Jules  César,  l'un  des  oppida  des  cJ 
Se  no  nés.  -A 

469.  Le  nom  d'un  autre  Mercure  gaulois,  Artaius,  figurait  y  | 
sur  un  autel  votif  découvert  au  xviu"  siècle,  près  de  Beaucrois-  ,  ' 
saut  (Isère)  :  MKUCVi{10  AVGVSTO  ARTAIO  ;  le  lieu  même  || 
de  cette  découverte  était  appelé  Artay.  C'est  peut-être  à  la  '  ~ 
même  divinité  (]ue  le  village  d'Artaix  (Saône-et- Loire)  doit  son  ^ 

I 


nom. 


410.    Le  dieu  Vin  tins,  adoré  surtout   dans  la   région  alpestre 
ou  rhodanienne,  était  peut-être,  en  raison  de  cette  circonstance,  ;'  j 

une  divinité  ligure  plutôt  (jue  gauloise.  Certains  traits  caracté-         .f.j 
ristiques  le  firent  considérer  comme  une  sorte  de  Mars,   d'où  la  -.  ] 

dédicace  MARTI   VINTIO  trouvée  à  Vence  (Alpes-Maritimes)  ;  ^  -i 

ailleurs,    ou  du   moins  à  Seyssel    (Ain),    c'est   à    Pollux    qu'on         ^l  \ 
l'assimilait,  comme  en   fait  foi  la  dédicace    DEO    VINTIO  PÛL-  ^ 

LVCI,  gravée  sur  un  autel  découvert  en  ce  lieu.  Il  est  intéressant 
de  constater  que  le  souvenir  de  l'un  et  l'autre  des  sanctuaires 
auxquels  on  doit  ces  deux  inscriptions  s'est  conservé  dans  le  nom 
de  la  ville  de  Vencej  et  dans  celui  de  Vence  ou  Yens,  que  porte 
une  coljine  voisine  de  Seyssel. 


i.  ï 


'JllK.INKS     ItOMAINKS     :     SAiMill'AI  lUCS  1  |  f) 

471.  L;i  déesse  gauloise  Belisama,  assimilée  à  la  Minerve 
'"1»;'''^'  il"ii'^  une  inscription  de  Saint-Lizier  i^Arièg-e),  a  é"ale- 
nu'nl  donné  son  nom  ;^  plusieurs  localités  de  notre  [)ays.  Du 
moins,  Helisama,  accentué  sur  ranfépénultièine,  paraît  être  le 
tli.'uie  étymologique  des  noms  de  Bellême  lOine)  et  de  Blesines 
lAisni»,  Marnej. 

472.  Il  convient  de  citer  encore  la  déesse  Andarta,  dont  le 
iulle  fut  apparemment  très  populaire  chez  les  Vocuntii,  puis(ju"on 
lie  cite  pa.s  moins  de  huit  inscriptions  votives  en  son  honneur  : 
ni'lAK    ANDARTAE    ou   DEAE    AVGVSTAE    ANDARTAE 

r^  lians  l'ancienne  ville  romaine   de  Die  (Drome)  ou  aux  environs. 

^  Toutes  ces  inscriptions  l'ont  précéder  le  nom  d'Andarta  du  litre 

\i  ''^'  "  ('l't^Jise  -.,  dea,   sous  lequel   il  est  vraisemblable  qu'on  dési- 

:.f  :-'"i"t  vulgairement  Andarta,  puisque  c'est  de  ce  mot  que  vient  le 

fJ.  nom  même  de  I)ic. 

Hf  473.   En  se  bornant  à  n'envisager  ici  que  des  divinités  ilout  le 

;|  culte  et  le  caractère  ne  peuvent  être  discutés,  on  a  voulu  ne  pas 

lî  risquer  de  considérer  comme   formés  de  noms   divins,  des  noms 

•le  localités  qui  ont,  tout  au  contraire,  servi  ;\  désigner  les  "-énies 
protecteurs  de  celles-ci.  C'est  pourquoi  on  a  passé  sous  silence 
It  déesse  Bibracte,  honorée  au  mont  Beuvray,  et  les  dieux 
Ararno,  Letinno,  Nemausus  et  Vasio,  honorés  respective- 
ini-nt  à  Arninon  (Gard),  à  Lédenon  (Gard),  à  Ximes  (Gard)  et  à 
1  :iis<iu  (Vauclusel. 


'%■ 


I 


XXVI 

VOIKS     lîOMAINES 


474.  Parmi  les  noms  de  lieu  empruntés  à  diverses  circonstances 
du  parcours  des  voir.  ..^  l'Empire  romain,  il  n'en  est  point  dont 
le  sens  soit  moins  douteux  que  celui  des  stations  mentionnées 
par  les  Itinéraires,  sous  les  noms  Ad  Quintum,  Ad  Sextum. 
i\  d  Sej)timum,  etc.  L'examen  des  textes  (jui  les  concernent 
piouve  que  ces  localités  devaient  leurs  vocables  à  leur  situation 
sur  une  route,  aux  cin([uième,  sixième,  septième...  milliaire,  par 
rapport  au  chef-lieu  de  la  cité  dont  elles  dépendaient,  car  ces 
adjeclils  numériques  étaient  marqués  sur  le  milliaire  même,  et 
la  numérotation  commeni,'ait  ordinairement  au  chef-lieu  de  la 
cilé,  poui-  se  leiniineraux  confins  de  son  territoire.  Les  noms  Ad 
Quintum,  Ad  Sextum,  étaient  des  locutions  vulgaires  pour 
Ad  qui  ntuni  lapidem,  Ad  sextum  lapidein, 

475.  Beaucoup  d'autres  localités,  que  n'indiquent  pas  les  iti- 
néraii-es  romains,  poi-taienl  des  noms  arudogues.  En  Gaule,  du 
moins,  on  jieul  signah'r  (juelques  noms  de  lieu  empruntés  aux 
milliaires  îles  voies  romaines  qui,  en  deliors  île  la  Province 
romaine,  étaient  distants  l'un  de  l'autre  d'une  lieue  gauloise,  soit 
de  2.222  mèties,  tandis  que  le  mille  romain,  employé  dans  l;i 
Province  comme  dans  la  |)lupart  des  parties  de  l'Empire,  ne 
mesurait  (pu-  i.'iSl  mètres.  \'oici  ces  noms  de  lieu,  selon  l'oidre 
nunu'ri(]ue  : 

476.  Quartes,  luuneau  de  Pont-sur  Samhre  (Nord),  le  locus 
Quartensis  de  la  Nolilia  di<jiiilatuin  iinperii  romani,  doit  évi- 
demment son  nom  au  quatrième  milliaire  de  la  voie  romaine  de 
Bavai  à  Heims. 

477.  Sixte,  hameau  de  Michery  (Yonne),  mentionné,  dès  8G3, 
sous  le  nom  de  Sexta,  était  au  sixième  milliaire  de  la  voie  qui. 
de  Sens,  se  dirigeait  sur  Paris. 

478.  Septême  (Isère)  et  Oytier  (Isère),  sur  la  voie  antique  de 
Vienne  à  Genève,  sont  situés  à  sept  et  huit  milles  romains  de 
la  première  de  ces  villes,  au  territoire  de  laquelle  ils  apparte- 
naient. 


OUIGINES    noMAIMCS     :     VdIRS    lidMAINKS  l!7 

479.  Uchaud  (Gard),  situé  à  huit  milles  de  Nîmes,  sur  la  voie 
Domiiienne  qui  reliait  cette  ville  ;i  Narbonne,  doit  son  nom  à 
ndavum.  Cette  dernière  appellation  désigne  aussi,  dans  des 
textes  de  l'époque  franque,  le  liourg  actuel  de  Sni/if-Syinjiho- 
ricn-d'Ozon  (Isère),  au  huitième  milliaire  de  la  voie  de  Lyon  à 
N'ionne. 

480.  Ces  exemples  sont  indéniables,  car  ils  intéressent  tous  des 
voies  décrites  par  les  textes  itinéraires  de  lépotiue  romaine.  Il  y 
.1  (loue  lieu  de  tenir  compte  des  dénominations  analogues,  lors 
même  quelles  s'appliquent  à  des  localités  placées  sur  des  routes 
(jui  ne  flg-urent  ni  dans  l'Itinéraire  d'Antonin,  ni  dans  la  T.able 
tic  Peutinger  ;  c'est  pourquoi  le  nom  de  Septêmes  (Bouclie-;-du- 
Klione),  village  situé  sur  le  territoire  de  la  rli'ifas  M;}ssilirnsiu/)i , 
l't  à  onze  kilomètres,  soit  à  sept  milles  romains  de  Marseille,  sur 
la  i'oule  qui  conduit  de  cette  ville  à  .\ix,  parait  être  un  indice 
sul'lisant  île  l'origine  romaine  de  cette  vme  de  communicalion. 

481.  Il  laut  citer  encore,  ctmime  se  rapportant  à  des  milliaires 
romains,  les  noms  de  Tiercelieux  (^Seine-et-Marne)  et  de  Carle- 
lègue  (Gironde),  les  localités  qui  sont  appelées,  dans  les  textes 
ilu  \m''  siècle.  Tertia  leuca  et  (Uiarta  leuga. 

482.  Le  niot  mutatio,  par  lequel  les  llomams  désignaient  les 
relais  de  poste,  a  aussi  fourni  a  la  topononiastic[ue  française 
ipielques  noms  :  celui  de  Muizon  (Marne),  village  situé  sur  l'an- 
fienne  voie  de  Reims  à  Soissons  :  et  peut-être  —  car  il  s'agit  d'une 
localité  située  à  trois  kilomètres  et  demi  au  sud-est  de  la  voie 
Honii tienne  —  celui  de  Mudaison  (Hérault). 

483.  Le  mot  niansio,  (jui  s'appli(|nait  aux  éta[)es,  aux  lieux 
de  gîte  des  voies  romaines,  peut  avoir  contribué  à  former 
((Uelc(ues-uns  des  nombreux  voca1)les  topographiques  où  ligure 
le  mol  nuiison;  m;iis  le  sens  plus  vague  tle  u  demeure  n  qu'a 
pris  ce  mot  au  cours  du  moyen  âge  commande  à  cet  égard  une 
ré.serve  absolue. 

484.  Par  contre,  on  peut  faire  fond,  dans  les  pays  de  langue 
d'oïl  du  moms,  sur  les  noms  de  lieu  l'eprésentant  le  latin  strata, 
l'.ar  lequel  on  désignait  les  grandes  voies  pavées  de  l'époque 
romaine  ;  ce  mot,   participe    passé  du  verbe   sterno,   figurait  à 


118 


LES    MniS     DE     lAFX 


rorigine  dans  la  locution  via  slrata  lapide  il  fut  ensuite 
employé  seul,  et  c'est  ainsi  c[u'en  use  iMitrope,  dès  le  début  du 
IV*  siècle.  Répandu  dans  toutes  les  régions  où  dominèrent  les 
Romains,  il  se  retrouve  dans  l'ancien  fran(,'ais  eslrée,  dans  le  pro- 
ven(,-ales/r;?(/e,  dans  l'espagnol  es/ra*/,?,  dans  l'italien  sirar/a,  dans 
l'allemand  s/rasse  et  dans  l'anglais  strpc/.  Il  importe  d'observer 
que  le  provençal  est  rude  est  encore  usité  communément  de  nos 
jours,  tandis  que  dans  les  pays  de  langue  d'oïl,  le  mot  estrée  est 
tombé  en  désuétude  vers  le  xu'"  et  le  xui"-  siècle;  c'est  pourquoi 
cette  région  est  la  seule  où  l'on  puisse  avec  sûreté  attribuer  une 
origine  ancienne  aux  noms  de  lieu  représentant  le  latin  strata. 
N'oici  ces  noms,  en  ne  tenant  compte  que  des  communes  : 

485.  Estrée,  Esirée-Cnuchy  (Pas-de-Calais). 

486.  Estrées  (Aisne,  Nord,  Somme),  Lstrées-Dciiiccourl, 
E&irées~e ri-C haussée,  Entrées- lès-Crccij  (Somme),  Estrées-/a- 
Ciimpagin'  (Calvados),  Ezlrées-Sainl-Dciiis  (Oise),  Nulrc-Dainc- 
J'Estrées  (Calvados). 

487.  Etrez  (Ain). 

488.  Strée  (lîelgique,  Ihiinaut  et  province  de  Liège). 

489.  .S'c7//i/-il/ar//n-Lestra  (Loire),  présentant  une  forme  parti- 
culière à  la  région  méridionale  du  pays  de  langue  d'oïl,  qu'on 
trouve  aussi  dans  Étrat  (Loire)  et  dans  Étraz  (Savoie,  Haute- 
Savoie'). 

490.  Estréelles  (Pas-de-Calais),  Étrelles  (Aube,  lUc-et- Vilaine, 
llaule-Saone),  formes  diminutives. 

491.  Ces  noms  sont  l'indice  certain  du  passage  de  voies 
antiques,  on  peut  s'en  rendre  compte  par  l'examen  des  cartes  à 
grande  échelle.  C'est  grâce  à  un  Entrées,  aujourd'hui  disparu, 
mentionné  par  des  actes  des  xiv'' et  xvi''  siècles,  et  dont  l'empla- 
cement appartient  au  linage  de  Alontmirail  (Marne),  ((u'a  pu  être 
retrouvé  un  tronçon  de  la  voie  romaine,  tracée  sur  la  Table  de 
Peutinger,  qui  reliait  Meaux  à  Bibe. 

492.  Le  vieux  mot  français  estrée  a  aussi  servi  à  former 
quelques  noms  de  lieu  composés  :  tels  que,  par  exemple,  Estrée- 
Blanche  (Pas-de-Calais)  et  Froidestrées  (Aisne).  Le  premier  de 
ces  noms  oIVre  un  sens  que  l'on  trouve  dans  un  autre  vocable 
communal,  Aubevoye  (Eure),  du  latin  Alba  Via,  le  «  blanc  che- 
min ».  Le  second,  Fracta  Strata,  dans  le  latin  du  xn^  siècle,  et 
alors  en    langue  vulgaire  Frète  Estrée  ou  Fraitc  Estrée,  signifie 


t  t^ 


;4 


lA 


oui(;iNi:s   iioMAiNKS   :    voiks   iuimaim:.s 


119 


littéralement  c  route  brisée  »,  et  indique  la  situation  du  village 
([ui  le  porte  a  une  lég-ère  déviation  du  tracé  de  la  voie  romaine, 
de  Havai  à  Reims,  si  généralement  remar([ua])le  par  sa  reeliluile; 
c'est  donc,  en  quelque  sorte,  un  synonyme 'du  nom  (knii'hevoie- 
(Seine),  Curva  Via. 


493.  Le  mot  s  Ira  ta  avait  pour  synonyme  le  bas-latin  cal- 
ceota,  originairement  pris  adjectivement,  témoin  l'expression 
viacalciata,  relevée  par  du  Caiige  dans  une  cliarte  tle  1015. 
De  là  viennent  les  noms  Chaussée  dans  la  plupart  des  pays  de 
langue  d'oïl,  Cauchie,  dans  ceux  do  dialecte  picard,  ou  Wédloh, 
Chaussade,  dans  la  France  centrale,  Caussacle  dans  les  pays 
de  langue  d'oc,  qui  sont,  au  point  de  vue  du  tracé  des  voies 
aiiti((ues,  des  indices  de  même  ordre  que  les  noms  de  lieux  septen- 
trionaux dérivés  du  latin  slrala.  Toutefois,  comme  les  expres- 
sions chaussée,  cuuc/nc,  c/tiwxxjde  t^l  cnus.tnde  ont  été  emjdoyées 
durant  tout  le  moyen  âge,  et  le  sont  encore  aujourd'hui,  elles  ne 
constituent  point  —  à  moins  de  désigner  des  localités  d  une 
ancienneté  avérée  —  une  présomj-ition  certaine  d'antiquité  pour 
les  voies  auxquelles  elles  s'appliquent. 


XXVII 
NOMS     COMMUNS     IJK     LIEUX     HABITES 

494.  Parmi  les  noms  communs  du  vocabulaire  latin  b"api)li- 
quant  à  des  lieux  habités^  le  premier  rang-  hiérarchique  appar- 
tient au  mot  civitas.  Ce  mot  désignait,  à  l'origine,  une  réunion 
de  citoyens,  un  corps  de  nation  gouverné  par  ses  propres  lois  ; 
une  évolution  fort  naturelle  de  langage,  confondant  de  bonne 
hr-ure  la  nation  avec  la   ville  qiti,  en  sa  qualité  de  chef-lieu,  en  j 

était  l'expression  la  jilus  autorisée,  donne  a  civitas  le  sens  de 
«  ville  »,  du  moins  pour  désigner  ce  chef  lieu  :  cette  évolution 
est  parallèle  à  celle  qui  substitua  aux  noms  primitifs  de  la  plu- 
part des  chefs-lieux  de  cités  romaines  en  Gaule  les  vocables  de 
ces  cités,  tel  i\  Lutelia  —  ])our  ne  citer  qxi'un  exemple  — 
Paiisii.  Le  mot  civitas  n'a  jamais  été  employé  à  l'époque 
romaine  comme  nom  piopre  <le  ville,  mais  dès  lors  on  désigna 
sous  ce  non\  commun  les  chefs-lieux  des  anciennes  ciiUatra,  et. 
lorsque  ces  villes  eurent  pris,  plus  tard,  quehjue  extension, 
civitas  ou  ses  équivalents  vulgaires,  cilé  en  langue  d'oïl,  ciculat 
en  langue  d'oc,  devint  le  nom  pnrticnlier  du  (juartier  répondant  à 
l'emplacement  de  la  cité  romaine  :  on  constate  le  fait  à  Paris,  à 
Trouves,  à  Carcassonne.  .Après  la  chute  du  monde  romain,  le  norn 
Civitas  est  resté  attaché  aux  ruines  ou  h  l'emplacement  des 
anciennes  villes  romaines  détruites  par  les  invasions  :  de  là  le 
nom  de  Cieutat  (Gers,  Hautes-Pyrénées  i,  qui  s'applif[ue  d'une  part 
à  1  euqilaeement  d  Eliisn.  aujourd'hui  Iviu/e,  ancienne  métronole 
de  1.1  Xovemp'ipidanie,  d'autre  pari  au  chef-lieu  primitif  de  la 
cité  de  Bigorre.  La  ville  de  la  Giotat  (  Bouches-du-Rhône)  n'oc- 
cupe pas,  à  la  vérité,  l'emplacement  d'un  chef-lieu  de  civitas; 
mais  son  site  est  celui  d'une  localité  antique,  le  port  de  Cilha- 
ris/a,  qui  fut,  croit-on,  une  colonie  des  Grecs  de  Marseille,  et  le 
nom  qu'elle  porte  lui  fut  donné,  au  xiii*^  siècle,  en  raison  des  nom- 
breux vestiges  de  l'antiquité  qu'on  y  voyait  alors.  C'est  ainsi 
qu'aux  environs  d?  Tréguier  (Côtes-du-Nord),  une  autre  localité 
antique,   bien  connue  des   archéologues   de    la  région,  reçut,   au 


ï 

I 


OniGINES     IIOMAINKS     :      NOMS    CUMMIINS  !21 

.  !i    ;"ij;»',    le    nom   de  Coz-Giiéodel,    c"csl-ù-(iire    "    la    vuiille 
.  ijuôndcl  étant  l'équivalent  breton  du  latin  civilas. 

195.   Le  nom  de  Colon  la,  donné    par  les  Romains  à  la  plu- 

.    'I  ilt's  villes  où  ils  établissaient  des  colons,  était  plutôt,  à  pro- 

ii'iil  parler,  un  nom  commun  qu'un    nom  pi'opre,   et  l'on  y 

_'iKiit  ordinairement  un  ou  plusieurs  déterminatifs  ;  ces  noms 
!,  ..lit  pas,  le  plus  souvent,  laissé  de  traces  dans  la  toponynùe 
vlU'Ue,  parce  qu'ordinairement  ils  n'ont  piu  faire  oublier  le  !U)m 
...iinilif  de  la  ville,  qui  bientôt  a  repris  le  dessus  :  c'est  ce  qui 
• -I  arrivé,  par  exemple,  pour  Narbonnc,  Carcassonne,  Nîmes, 
ioiilouse,  Vienne,  Lyon.  Toutefois  une  ancienne  colonie  de 
(iiuli-  porte  aujourd'hui  un  nom  qui  rappelle  son  ancienne  qua- 
lité :  c'est  la  ville  de  Cologne,  appelée  en  allemand  Kœln,  dont 
1-  nom  latin,  (^^olonia  AL^rippina,  lui  avait  été  donnée  eu 
l'Ii'MHieur  d'Agrippine,  femme  de  Temperour  (llaude.  Rn  Anglo- 
tirc,  Lindum  Colonia  est  devciiu  Liiicoln. 

496.  Le  mot  latin  castrum,  par  lequel  on  désignait  une  for- 
tiTPsse  ou  une  ville  fermée,  a  fourni  à  la  France  plus  d'un  nom 
ili-  lieu,  car  il  est  le  thème  élymoloyique  de  Castres  (Aisne, 
'iininde,  Tarn),  forme  commune  au  dialecte  picard  et  à  la  lauf^uc 
d'di  ,  de  Chastres  (Cantal),  et  de  sa  noîation  moderne,  conforMie 
.lU  dialecte  français,  Châtres  '  (Allier.  Aube,  Corrèze,  Creuse, 
î'iordognc,  Loir-et-Cher,  Alayenne,  Niè^re,  Seine-et-Marne, 
Haute- Vienne),  enlîn  de  Chestres  (Ardennes),  variante  emprun- 
tée il  la  région  lorraine. 

497.  Si  les  noms  de  lieu  représentant  castrum  peuvent,  en 
raison  de  la  désuétude  précoce  de  ce  mot,  qui  n'a  rien  dorme  à 
l;i  langue  française,  être  considérés  comme  remontant  à  l'époque 
loniaine  ou  aux  premiers  siècles  du  moyen  âge,  il  n'en  est  pas  de 
même  de  ceux  qui  répondent  au  latin  castellum,  ce  nom  com- 
ninn  étant  passé  clans  le  langage  vvilgaire.  sous  les  formes  casli'I, 
c.itcJ,  rhiUcl,  chàté  et  cJtàlcau.  Cependant,  on  pourrait  citer  plus 
d'une  localité  dont  le  nom  moderne  remonterait  véritablement  à 
lépoque  romaine  :  tel  est,  du  moins,  le  cas  de  Cassel  (Nord),  It 
Castellum  M^napiorum  de  la  Table  de  Peutinger,  et  de  Kas- 


Ce  nom  l'ut,  jusqu'en  17:2U,  (M.'lui  i!u  huLiiy  ir.\r[)ajo!i  'Sfiiic-et-Oisi 


122 


i.Ks   NOMS   nr,  i,ii;r 


sel    (Pays-Bas,  Limbourg),    qu'Ammien   Marcollin  appelle  C; 
tellum. 


T'I 


498.  Oppidulum,  diminulil  doppi'dum,  est  le  thème  l'ty- 
mologiqué  du  nom  d'Oppède  (Vauclusc),  qui  ne  saurait  venir 
d'oppidum,  accentué  sur  l'o. 

499.  La  locution  latine  muro  cinctus,  désif^nant  une  localité 
entourée  d'une  muraille,  est  devenue  un  nom  de  lieu  assez  fré- 
quent en  Gaule,  et  qu'on  trouve  employé  au  iv*^  siècle  par 
Ammien  Marcellin  sous  une  forme  féminine,  Murocincta, 
comme  le  nom  propre  d'iuie  ville  de  la  Basse-Pannonie.  Muro 
cinctus  est  en  France  le  thème  étymologique  des  noms  de 
Mursens  (Lot),  localité  célèbre  par  les  vestiges  d'un  oppidum 
gaulois,  de  Murcin  (Allier),  de  Morsan  (Eure),  de  Morsang-s»/-- 
Or^e  et  Morsang-sî7r-.SV/;)e  (Seine-et-Oise),  de  Morsans  (Eure-et- 
Loir),  de  Morsant  (Loire),  de  Morsent  (Flure),  de  Mulceilt  (Seino- 
et-Oise),  de  Meursûnts  (Indre),  de  Mercin  (Aisne),  de  Meurchin 
(Pas-de-Calais)  et  de  Morchaill  (Sommo). 

500.  De  même  que  Mursens  doit  son  nom  à  une  ancieniR' 
muraille  gauloise,  Murviel  (Hérault). doit  le  sien  à  de  curieux 
murs  d'enceinte  en  pierres  sèches,  de  trois  mètres  d'épaisseur, 
certainement  antérieurs  à  la  conquête  romaine  :  ce  nom,  repré- 
sentanl  un  IIu'muo  étyn\(dogique.  Murus  vetulus,  a  pour  syno- 
nymes Viclmur  (('antal,  MaiiK'-et-Loiie,  Tarn)  et  l'espagnol 
Mlirviedro,  (jui  procède  de  Murum  voterem. 

50L  Semiir  (Côt(>-d'()r,  Saône-et-Loire,  Sarthej,  peut  êtro 
rapporté  à  un  pi'irnilif  son  ex  murus  — on  a  la  forme  carolin- 
g-ienne  Sen  murus  —  plus  vraisemblablement  qu'à  sine  muro, 
.imaginé  par  des  clercs  du  moyen  âge. 

502.  Des  noms  qui  précèdent  il  est  peut-être  intéressant  de 
rapprocher  celui  de  Frémur  (Maine-et-Loire'',  qui  répond  ;i 
Fractus  murus. 

503.  C'est  encore  à  d'anciennes  murailles,  murs  d'enceinli' 
probablement,  qu'est  dû  le  bas-latin  murittum,  «  petit  mur  i, 
(ju'on  trouve  dans  des  chartes  du  ix'=  siècle,  el  qui  est  la  forn:i 
originelle  des  noms  de  lieu  Muret  (Aisne,  Aveyron)  et  Moret 
(Seine-et-Marne). 

504.  Le   mot    latin    forum,    qui   désignait    [irimitivement  uih' 


(IIUC.IM:S     lïOMAINKS 


rai.MS    COMMUNS 


123 


i 


^ 


î' 


H  (■  ]nibli([ue,  un  marclié  et  tout  entrepôt  de  niarcliandise.s,  a 
!r  Iroquemment  combiné  avec  des  noms  propres  d'homme,  par- 
f.iis  ;ivec  des  adjectifs,  pour  former  des  noms  de  lieu  ;  mais  un 
jH'til  nombre  soulemenl  de  ces  noms  ont  '.uil'.sislé  à  travers  les 
Mrcies  :  tels  sont  eepeudanl,  en  Ilrdie  l■^^rnm  Livii,  Forum 
l'djiilii,  b'orum  Sempronii,  l''(.>rum  no-.iini,  aujoin'd'liul 
l'oiTi,  Forlimpopoli,  Fossornbrone  el  Foniovo,  que  nous  appelons 
f'ornoue.  En  Gaule,  où  les  documents  de  l'époque  romaine  nous 
t'^nl  connaître  au  moins  sept  noms  «^géographiques  ayant  Foruin 
p.jur  premier  terme,  on  ne  jieut  signaler  comme  renfermant  ce 
nuit  (]ue  les  trois  seuls  vocables  de  Fein-s  (Loire),  de  Four- 
vK'res  (Rhône)  et  de  Fréjus  (Var).  La  première  de  ces  localités 
ri'présente  le  chef-lieu  de  la  nation  des  Scfjusiovi^  mentionné  dans 
!•  ^  itinéraires,  sous  le  nom  de  Forum  Segusiavorum,  dont  le 
l'icniier  terme  est  le  thème  étymologique  du  vocable  moderne 
Fours  el  la  racine  du  dérivé  Forez,  l'oi'en.se.  Fouî'vières,  quar- 
tier lie  Lyon,  doit  son  nom  à  un  cas  oblique,  tel  que  Foro 
vcleri,  de  Forum  vêtus.  Quant  à  FréjllS,  qui  a  pour  origine  un 
riilrepôt  étal)li  par  Jules  César  pour  les  besoins  de  son  armée  des 
("i.iuleSj  son  nom  représente  le  latin  Forum  Julii,  qui  a  dû  pas- 
siT  par  lui  intermédiaire  Feurjus,  avant  de  revêtir  la  forme 
iicluelle  résultant  d'.une  métathèse  de  Vr. 


505.  Le  nom  commun  viens,  qui  désigne  en  latin  un  centre 
•  [:'  population  nofl  fortilié.  c'est-à-dire  UTie  bourgade  ou  un  gros 
village,  a  formé  le  nom  d'un  bon  nombre  de  localiU^s  de  France 
(jtii  remontent,  sinon  à  l'époque  romaine,  tout  au  moins  à 
l'./po([ue  l'rau([ue  :  Vy  !  liaule-Saône  ),  Vic  (Aisne.  Ariège,  Can- 
l;il.  Cô(e-d'l)r.  Gard,  Gers,  IKh-ault,  Lot,  l'uy-de-Dôme',  Hautes- 
l'vrénées),  Vicq  (Allier,  Dordogne,  Indre,  Landes,  Haute-Marne, 
Nord,  Seine-et-Oise,  Vienne,  Haute- Vienne),  et  les  diminutifs 
Viel  (Ardennes),  Vieu  (Ain)  et  Vieux  (Ardennes).  Parfois  vicus 
,1  remplacé  un  vocable  plus  ancien,  ce  qui  est  arrivé  pour  Vieu, 
•iiiciennement  Veneton i magus. 

506.  Combiné  avec  l'adjectif  novus,  vicus  a  produit  Neufvy 
■Oise),  Neuvy  (Allier,  Cher,  l'Eure-et-Loir,  Indn'.  Indre-et-Loire, 
Loir-et-Chei-,  Loiret,  Maine-et-Loir^;,  Marne,  Nièvre,  Orne, 
Saône-et-Loirc,  Sarthe,  Deux-Sèvre.;,  Yonne),  Neuvic  (Corrèze, 
Dordogne,  Haute-Vienne),  Neuvicq  i^Charente-Inférieure),  et,  les 


12i. 


*f 


r.TvS     .NOMS     DK    LIEr 


deux  termes  étant  disposés  dans  l'ordre  inverse,  Vigneux  (Seine- 
ct-Oise)  et  Vinneuf  (Yonne).  Vêtus  viens,  désignation  qui  paraît 
avoir  été  appliquée,  pendant  la  période  franque,  à  d'anciens  vici 
romains  abandonnés  par  leurs  habitants,  a  donné  Viévy  (Côtc- 
d'Or,  Loir-et-Cher,  Loiret),  Vivy  (Maine-et-Loire),  Vieuvy 
(Mayenne),  Vieuxvy  et  son  diminutif  Vieuxviel  (lile-et- Vilaine), 
Vieuvicq  (Eure-et-Loir). 

507.  En  combinaison  avec  long-us,  viens  est  le  thème  éty- 
mologique de  Longvic  (Côte-d'Or)  et  de  Longwy  (Jura,  Meurtlie- 
et-Moselle). 

508.  Il  existe  encore  en  France  un  certain  nombie  d'autres 
noms  géographiques  comprenant,  avec  vicus  comme  élément, 
soit  initial,  soit  final,  un  nom  de  rivière  : 

509.  Vicus'  Axonae,  au  passage,  sur  l'Aisne,  de  la  voie 
romaine  de  Reims  à  Verdun,  est  aujourd'hui  Vienne-/.';- V7/,V 
(Meuse),  que  jusqu'au  xvi"  siècle  on  a  appelé  Viaisnr. 

510.  Vicus  Rrigiae  répond  à  Vlbraye  (Sarthe),  situé  à  l'en- 
droit où  un  chemin  antique,  conduisant  du  Mans  h  Chàleaudun, 
traversait  la  Broyé. 

511.  Vicus  Sipiae,  aujourd'hui  Visseiclie  (Ille-ot- Vilaine), 
est  construit  au  lieu  oii  la  voie  romaine  d'Angers  à  Rennes,  pas- 
sait la  Seiclies,  soit  à  remplacement  de  la  station  itinéraire  que 
la  Table  de  Peutinger  désigne  simplement  sous  le  -lom  de  la 
rivière,  Si  pi  a. 

512.  Vicus  Vedonae,  à  présent  Vivonne  (Vienne),  se  trouve 
sur  la  voie  de  Poitiers  à  Saintes,  au  passage  de  l'allluent  du  Clain 
qu'on  appelle   la  Vonne. 

513.  Blesae  vicus,  actuellement  Bîévy  (Eure-et-Loir),  est 
situé  au  point  où  un  chemin  antique,  allant  de  Chorlr.vs  à  Lisieux, 
franchit  la  Biaise,  aftluent  de  l'Eure. 

514.  Ouiiiae  vicus,  aujourcriiui  Deunevy  (Saùne-et-Loire), 
est  sur  la  voie  romaine  d'.-Vutuu  à  Chaion-sur-Saône,  au  lieu  où 
elle   passe  la  Diieuiic,  aftluent  de  la  Saône. 

515.  Mosae  vicus,  l'actuel  Meuvy  (Haute-Marne),  s'élève  au 
pa.ssage,  sur  la  Meuse,  d'un  chemin  antique  dans  lequel  certains 
auteurs  ont.  voulu  reconnaître  la  voie  romaine  de  Laugres  à  Toul. 

516.  •  De  l'ensemble  des  sept  noms  qui  précèdent,  il  parait 
ré.sulter  qu'ils  ont  été  donnés  aux  localités  qui  les  portent,  de  pre- 
iérence  à  toutes  autres  situées  sur  les  mêmes  cours  d'eau    en  rai- 


()nir,iM:s  no\iAiM;s   :    .noms  communs 


I->0 


>>Mi  lie  l'importance  qu'elles  avaient  pour  les  vovageurs  :  on  a 
vu,  en  cffel,  qu'elles  sont  toutes  situées  sur  le  parcours  de  voieî. 
.iiitiques.  D'ailleurs,  les  itinéraires  de  l'Empire  romain  indiquent 
j.lus  (l'un  rolai  de  poste  désigné  uniquement  par  le  nom  de  la 
rivière  sur  laquelle  il  était  situé,  et  que  la  voie  traversait  en  cet 
fiulroit  :  à  l'exemple,  cite  plus  haut,  de  Sipia,  s'ajoutent,  en 
r.,iule,  ceux  de  Larg-a.  Mosa,  Vanesia  et  Vidubia,  noms 
.qiplicjués  à  des  stations  situées  au  passag't  de  la  Largue,  en 
\ls  ice.  de  la  Meuse,  de  la  Baise  et  de  la  ^'oug•e. 


I 


5n.  Le  nom  commun  villa,  par  lequel  on  désignai!  un 
lii  maille  rural,  et  ([ui  est  entré,  à  l'époque  franque,  dans  la  com- 
position d'un  grand  nombre  de  noms  de  lieu,  ne  paraît  uuère 
.ivoir  été  employé  au  même  usage  à  l'époque  romaine,  ce  qui  se 
cninprend  aisément,  puisque  la  plupart  des  noms  de  domaines 
ruraux  étaient  alors  formés  sur  les  noms  des  possesseurs,  et  par- 
ticidicrement  sur  leurs  gentilices.  Cependant,  il  est  possible  que 
les  noms  de  Villeurbanne  (Rhône)  et  de  Villorbaine  (Saône-et- 
I.uire)  remontent  à  l'époque  romaine,  puisque  villa  uj'bana, 
.tu  témoignage  de  Columelle,  désignait  alors,  dans  luie  maison 
tU-  canqjagne  ayant  une  exploitation,  l'habitation  du  propriétaire. 
(Irs  noms  seraient  ilonc  les  synonymes  romains  des  noms  \'illc- 
dc/nu/iclif,  \'Hlcdnr)i;in(/c,  Dcrnarujcuillc  et  Di/Danchcrille,  villa 
(Joniinica  ou  dominica  villa,  «  la  tleineure  dvi  maître  »,  qui 
(hilent  de  l'époque  franque. 

Mais  si  le  mot  villa  n'entre  pas,  ou  n'entre  que  rarement,  dans 
l;i  composition  des  noms  de  lieu  romains,  il  en  va  tout  autrement 
lies  noms  conununs  qui  désignaient  des  habitations  rurales  d'un 
caractère  plus  humble  :  colonica.  attegia.  stabulun»  et 
t  a  b  e  r  n  a . 

518.  Dérivé  de  colonus,  colonica  désignait  une  maison  de 
cultivateur  ou  de  paysan  ;  dès  l'époque  mérovingienne,  ce  mot 
iHail  altéré  en  colonia,  comme  le  prouve  notamment  un  passage 
lies  Minirulii  Sit/ic/i  Jnliani  de  Grégoire  de  Tours.  De  là,  les 
noms  de  lieu  :  la  Goulonche  (Ornej,  CoUorgues  (Gard),  Col- 
longues  (Alpes-Maritimes,  Hautes-Pyrénées),  Coilonge  (Saône- 
ot-Loire),  la  Gollonge  (Haut-Rhin),  Collonges  (Ain,  Conéze, 
(^ùte-d'Or,    Rhône,    Saône-et-Loire,    Haute-Savoie),    Coulonges 


126 


I,i:S    MOMS     DB    Ll'M 


(Aisne,  Charente,  Ghnreiilu-irilerieure,  Eure,  Orne,  Deux-Sèvits.  /      j 

Vienne),  el,  cariictérisés  y/dv  l'ulU-rallon  tlu  son  nasal,  Collangcs 
(Puy-de-D(ime),  la  CoUange  el  les  CoUanges,  noms  décatis  fort 
répan(ius  en  Auvergne  el  dans  les  pays  voisins,  et  Coulanges 
(Loir-et-Clier,  Nièvre,  Yonpe).  C'est  aussi  de  Colonica,  altrn- 
en  Colonia,  que  proviennent  les  noms  de  Cologne  (Aisne,  Chcri 
—  dont  l'origine  ditrère  conséqueniment  de  celle  du  nom  de  la  i     j 

célèbre  ville  rhénane  —  de  Coulogne  (Pas-de-Calais)  et  de  Cou-  ''"     ' 

•laines  (Sarlhe). 

519.    Le  mol  allegia  désignait,  au  dire  de  Papias,  les  liuttes  ■    ^ 


des  Maures  ;  mais  il  s'appliquait  aussi  à  des  conslructions  moins 
primitives,  témoin  linscription  :  DEO  MERCVRIO  ATTEGIAM 

TEGVLITIAM    COMPOSITAM    Sl-VEîllNVS    SATVLLIXVS  | 

EX    VOTO    POSVIT;  il  parait  être  devenu  un  nom  de  lieu  assez.  I. 

fréquent  en  Gaule  :  Athée  (Cote-d 'Or,  Indre-et-Loire,  Mayei.nc),  1 

Athie      (Côte-d'Or,      Yonne),      Athios      (Aisne,     Pas-de-Calais,  f 

Somme),    Alhis    (Marne,    Orne,     Seiiie-et-Oise),     sans    compter  ^ 

Etiolles  (Seine-et-Oise),   (lui   su))pi)se  un  diminutif  .\  ttegio  lae.  ^; 

520.  Le  mol  stabulum  avait  en  latni,  entre  autres  sens,  ceux 

d'  ■'    élable    »  —  ce    mot  frani,'ais  en    est   dérivé  —    tle    «  chau-  '. 

mière  »,  d'  «  auberge  »  :  cedei-nier  sons  parait  l'ésultcr  de  ce  que  '■> 
les  textes  itinéraires  indiquent  des  stations  appelées  Stabulum, 
Stabulum    novum,    Stabula.    Ce   mot  est  le   thème  étymolo- 

gique  des  nonis  suivants  Estahles  (I.o/.ère),  les  Estables  (Haute-  ^ 

Loire),  Étable  (Sav(Me),   Étiible:?   i  .\.ii!,  Aidècbc,   Côfes-du-Nord,  l 

Seine-Inférieure  I,      Élaules     ((Charente- Inférieure,      Côte-d'Or,  ? 
Yonne),   Etaves  (  Aisne  1,  anciennement  Esfaolt'Sj    el  le  diminutif 

Establet  (Drôme!.  fc 

1: 

521.  Dérivé  du  latin    archaïque    taba,   «    planche    .. ,    le  mol 
taberna,  qui  désignait  une  cabane,  une  chaumière,  une  auberge,         ^' 
avait  sans  doute  ce  dernier  sens  dans  les  noms  Tîibernae,  Très        *'. 
Tabernae  qu'on   rencontre  à  plusievirs  exemplaires  dans  lltiné-        ^ 
raire    d'Antonin.     Tabernae    est    le    thème     étymologique     de 
Tavernes  (Vari,  de  Saverne  (.\lsace),  de  Rlieinzabern  (Bavière 
rliéiuine)  et  de  Tavers  (Loiret). 


fi 
ï      I 


XXVIIl 
COLONIES     HAIÎBARES     KT     1-TllAXGKRES 


522.  Les  Goths  ayant  été  détails,  en  270,  jîai-  Tempercur 
(!l;iude,  surnommé  depuis  le  Gotliique,  ceux  d'entre  eux  qui  sur- 
vcoiirent  entrèrent  dans  la  milice  romaine  ou  cultivèrent  les 
Icircs  de  l'Empire.  En  277.  Probus  ayant  vaincu  les  (Germains, 
lit  (.ulliver  les  champ.s  dos  Gaules  par  les  prisonniers  de  cette 
lulion.  En  201,  les  Francs,  re^us  dans  l'I^mpiie.  lurent  établis 
|..ir  l'empereur  Maximien  dans  les  terres  en  iViclic  des  Nervien.s 
il  du  pays  de  Trêves;  et,  cliu[  ans  plus  lard,  les  victoires  do 
(Constance  Chlore  forcèrent  les  Chamaves,  les  Fiisiuis  et  d'autres 
pi'uples  barbares  à  porter  les  armes  et  à  trav.tiller  pour  les 
U'.Muains.  Ce  f\n'eut,  en  [larticulier,  ces  peuples  tjui  cultivèrent 
l.-s  terres  déscrlos  tlans  les  cités  d'.Vmiens,  île  lîeauvais,  de 
Irovcs  et  de  Lanières.  Les  Eduens  re^m'ent  aussi,  de  la  Hretagne 
Mdijuf^-uée,  des  artisans  qu'ils  employèrent  à  reslaurei-  k-urs  é.li- 
licos.  En  3r)S,  Julien  incorpora  dans  l'armée  romaine  des  Francs 
Saliens,  des  IKiades  et  des  Chamaves,  ainsi  que,  d'autres  Ger- 
mains établis  dans  l'île  des  Bataves,  au  milieu  du  Lhin.  ^'ers  la 
lin  du  iv'^  siècle,  les  riverains  de  ce  lleuve,  ayant  été  contraints. 
par  les  succès  de  Stillcon,  de  renoncer  à  leur  vie  sauva^ijo,  les 
Francs  Salions  qui  se  trouvaient  parmi  eux  s'adonnèrent  à  l'a^n- 
culture;  et  les  Sicambres,  dont  les  épées,  suivant  l'expression 
.hi  poète  Claudien,  se  recourbèrent  en  faux,  lendirenl  leur  pays 
M  fertile,  i\\w.  le  voyayeur,  on  oonlenqdaut  les  deux  riNC-  du 
lleuve,  demandait  quelle  était  celle  des  Romains. 

Divers  historiens,  et  parmi  les  plus  modernes  Aniédée 
Tinerry,  dans  son  Tableau  de  VEmpire  romain,  ont  étudié  la 
condition  du  Barbare  admis  en  Gaule  à  l'état  de  «  lète  ».  U 
Jcvait  d'abord  obtenir  une  concession  de  l'empereur  ;  et,  tondant 
à  créer  des  centres  de  population,  le  fjouvernemenl  favorisait, 
M'I.m  toute  apparence,  les  immigrations  par  familles.  Une  lois 
admises,  les  familles  étaient  groupées  en  villages,  dont  l'ensemble 
formait  une  préfecture  administrée  par  un  mairistrat  —  pracfcc- 


28 


i.Ks  NdMs  ni':  ij;,r 


lus  —  moilié  mililairc,  iriuiùé  civil,  prcsidanL  à  la  fois  à  l'exploi- 
ta lion  agricole  de  la  cimlrée  d  à  l'organisation  militaire  dt's 
colons.  Le  lèle,  à  son  installation,  trouvait  dans  la  colonie  Ir 
bétail  et  les  instruments  de  cnllure  nécessaires.  Chaque  préfec- 
ture ou  chaque  quartier  d'une  grande  préfecture  était  muni  d'un 
champ  de  manœuvres  pour  les  exercices  militaires,  et  aussi  d'écoles 
où  s'enseignaient  la  langue  et  les  lettres  latines  ;  c'était  une 
pépinière  de  futurs  citoyens  romains,  car,  à  la  différence  du 
«  déditice  »,  qui  était  ongin;urement  un  prisonnier  de  guerre,  lo 
lète  pouvait  devenir  romain  de  plein  droit;  on  le  voit,  au 
'v''  .siècle,  changer  souvent  son  nom  germanique  pour  un  autre 
entièrement  latin,  ce  qui  contribuait  à  ell'acer  son  origine  ;  ainsi 
firent  Magnentius  et  Decentius,  qui,  de  3ol  à  333,  revêtirent  l;i 
pourpre  impériale  en  Gaule,  et  Sylvanus  qui,  à  son  tour,  fut  pro- 
clamé auguste  en  3;Jo.  Mais,  en  revanche,  les  lètes  mirent  en 
circulation,  dans  le  monde  romain,  un  certain  nombre  do 
noms  propres  d'origine  girniauique  :  c'est  ainsi  qu'à  Nanterre 
deux  époux,  vraisend)lablenient  d'origine  lélique,  Gerontius  et 
Severa,  donnèrent  le  nom  de  Genovefa  à  leur  fille,  que  l'Eglise 
honore  sous  le  nom  de  sainte  Geneviève. 

La  Nolilin  duinilatuin  imperii  romani  '  mentionne,  en  Gaule, 
divers  cantonnements  de  Lètes  et  de  Sarmates  ;  malheureusement 
le  paragraphe  qui  les  concerne,  dans  le  chapitre  xui  de  la-partie 
consacrée  à  l'Occident,  est  incomplet.  Elle  indique  le  préfet  des 
lètes  francs  à  Rennes,  dos  préfets  de  lètes  suèves  à  Coulances, 
au  Mans  et  à  Ciermont  en  Auvergne,  des  préfets  de  lètes  bataves 
à  Bayeux,  à  Arras  et  à  Noyon,  le  préfel  des  lèles  teutoniciens  ii 
Chartres,  le  préfet  des  lètes  AcJi  à  Ivoy,  aujourd'hui  Carignnu 
(Ardennes),  et  celui  des  laeli  Lagenses  auprès  de  Tongres. 
D'autres  lètes  sont  désignés  par  le  nom.  de  la  cité  gauloise  dans 
laquelle  ils  avaient  été  reçus  :  laetl  Llngonenses,  alors  dispersés 
dans  la  Première  Belgique,-  et  qui  avaient  eu  pour  première 
demeure  le  territoire  de  Langres  ;  lacli  Nervii,  dont  le  préfet 
résidait  encoie  en  pays  nervien,  à  Famars,  près  de  Valenciennes. 
Eniîn,  d'autres  lètes,  dont  le   préfet  était  à  Reims  ou  à  Senlis, 


1.  Du  Chesne.  Hislori.v  Frmtcoruin  scriplori's  co;rtanei.  I.  l-l;  voir  l'in- 
dication des  mitres  éillMons  de  \a  Nofitia  di(j!iii.;tiiiu  dniis  Poitliast,  iJi7j//o- 
Iheca  historica  inedii  a-vi^  2'  éd.,  II,  868. 


(MUillNI'.S    IK.ni.MM:- 


rm  ().M!.;s     IJ'KA.Ni.l'Kl.S 


■2\) 


i!;^- 


sont  (Ilsliii-IK'S  .siin[>hMu,>iil  j.;,i-  la  ([iKililiration  (jcnlilcs,  sans 
douU'  —  on  revioiidfa  Inouiùt  sur  ce  point  —  paix^qu^ils  liraient 
leur  origine  de  diverses  populations  j^eiinaniques. 

523.  Les  étai)lissements  des  Sarnuites  —  cette  appellation 
.iésiynait  les  colons  d'ori-ine  scyllii.jue  —  n'étaient  pas'  comme 
lus  établissonienls  létiques,  particuliers  à  la  Gaule,  la  XoUtiH 
linjnituluin  nvw  mentionnant  pas  moins  do  (juinze  pour  l'Italie 
l.a  Gaule  avait  les  siens  sur  les  territoires  de  Poitiers,  de  Lany res, 
et  peut-être  d'Autun,  dans  la  région  conipri'-.e  entre  Reim.^  et 
Amiens,  dans  celle  qui  sépare  Paris  de  Vézelay,  et  dans  plusieurs 
autres  contrées  encore.  Ceux  de  Poitiers  étaient  mélangés  h  îles 
Tdifdi,  tribu  d'origine  gothique.  Les  Sarmates  étaient,  comme 
les  létes,  sous    la   direction  supérieure  du  maître  de  l'infanterie. 

524.  Ces  indications  de  la  Nofitia  dùjni/utiun  sont  fort  pré- 
cieuses, mais  malheureusement  trop  va-ues  et  fragmentaires;  du 
moins,  elles  peuvent  être  utilement  complétées  par  des  témoi- 
gnages remontant  aux  premiers  siècles  du  moyen  âge,  et  surtout 
p:ir  la  toponomastique. 

525.  Les  Taifali,  ces  hommes  de  race  gothique,  qui,  au  d.djut 
liu  V  siècle,  étaient  soumis  ou  même  préfet  que  les  Sarmates  du 
Poitou,  conservaient  encore  leur  individualité  dans  la  .seconde 
r.ioitié  du  siècle  suivant,  et  h;;bitaient  alors  la  partie  de  lan- 
•  len  territoire  de  Poitiers  qui,  détachée  plus  tard  du  Poitou, 
.voisinait  la  Loire  entre  .\ng-ers  et  Nantes  :  les  Taifaii,  au  rap- 
port de  Grégoire  de  Tours,  vinrent,  peu  après  361,  attac^uer 
Chnntoceaux,  sur  la  rive  gauche  de  la  Loire.  Or,  la  partie  du 
l'oilou.oùils  constituaient  une  part  importante  de  la  population, 
fat  appelée  de  leur  nom  pagus  Taifalicus,  vocable  qu'on  ie:i- 
i-ontre  au  x-"  siècle  sous  la  forme  altérée  pagus  Theofalgicus, 
et  qui  .subsiste  aujourd'hui  dans  le  nom  de  Tiffauges  (\'e"ndéc)i 
Hai.semhlablement  l'ancien  chef-lieii  de  cette  population  barbare! 

526.  C'est  là  un  exemple  avéré  d'un  nom  de  région  formé  sur 
le  vocable  d'une  population  barbare  établie  en  Gaule  au  cours  de 
l.  période  impériale.  Peut-être  faut-il  attribuer  une  origine  ana- 
!-^'ae  aux  noms  de  plusieurs  circonscriptions  administratives 
formées  à  l'époque  franque  du  démembrement  de  la  cité  de 
Liiigres  et  de  celle  de  Besançon  :  U  pagus  Attonrlorum  et  ses 
soi.Miis  orientaux,  le  pagus  .4/;i,??/i'  ou  ronnuujrum,  le  pu'jua 
y.irascus  ou    Wnrascoriim  et   le  p.igm;  Srodingu,  <ni  Scnluuju- 

.'-••<  HDiiis  lie  liitii. 


NOMS   1)1';   i.iior 


;•/;;;(.  Le  pii;/us  A/loarloriiin,  donl  le  nom  ne  s'est  pas  conservé 
jusqu'à  nous,  —  dans  la  toponoiuastique  s'entend,  car  on  peut 
'en  rapproehor  le  nom  do  famille  Atu;/cr  —  rappelle  le  souvenir 
d'une  pnpulati(u\,  sans  doule  apparentée  aux  Ilessois  —  les 
Clinlli  de  'raeite  —  el  dans  Lujuelle  on  est  tenté  de  reconnaître 
les  barbares  ({ue  Constance  Chlore,  au  ilire  de  son  panéL',ynsle 
Kumèue,  établit  sur  le  sol  des  Liivjones.  Le  nom  du  pagus 
Amaus  —  pagus  Comavorum  pour  Camavorum,  dans  un 
texte  du  vu^  siècle  —  évidemn\ent  formé  sur  celui  des  Chamnves,  | 

se  reconnaît   dans   le   surnom  de  Sidnf-V'u'finl-cn-kmOMS  (Jura),  | 

de  même  que   l'on  trouve,  dans  celui  de  Sceij-cn-VaTRy  (Doubs),  i 

trace  du   pa-us  Varascus,  (jui  devait  son  nom    aux    Wara.u-i,  J. 

population     nientinnnée     dans     un      texte      hagiographi(lue     du  ^ 

Vii-^  siècle.  Enlin  le  nom  du  pagus  Scodinyus,  foimé  sur  celui  i 

d'une   population  tpi'un  cbronlcpieur  du   viT  siècle  appelle  Sco-  i 

linyi,  a    revêtu  au  xui"  la    foiine  I':sciicns.  Mais  faute  de  témm-  1 

g-nages  aussi  sit:;nilicalifs  ([ue   celai  de  la    Nntilia  (lii/nlialinn  au  |. 

sujet  des    Tuifuli.   on   ne  peut  aflirmer  avec  certitude  cpie    l'éta-  | 

blissenicnt  en    Caule  des  JI;i/ luurli,    des  Cliamavl.  des    tr;/;v(A;r/  ^ 

et  des  Scnliin/i  remonte  à  l'équique  romaine. 

527.  Parmi  les  articles  de  la  Xulilii  <lujni/afunt,  dont  on  a  lu 
plus  baut  le  résumé,  celui  qui  se  rappoilc  aux  lacti  <jcnliles  dont  ^ 
le  préfet  résidait,  soit  à  Ueims,  soit  à  Senlis,  est  aussi  celui  pour  V 
lequel  les  noms  de  lieu  fournissent   le  commentaire  le  |)liis   élo-  ' 

quent.  ' 

528.  Dans  la  banlieue  occidentale  de  Reims,  où  elles  sont  dis-  fe^ 
posées  en  denii-circonférence,  on  renianjue  les  localités  dénom-  f- 
niées  Bourfjogne,  Auménancourt,  Villers-Franqueux,  Gueux  et  | 
Sermiers,  ainsi  qu'une  voie  antique,  le  chemin  de  Barbarie.  | 
Bourgogne,  en  latin  Burgundia  ou  i^urgondia,  indique  la  C 
résidence  d'individus  appartenant  à  la  race  des  Burgondes.  Le  p 
nom  d'Auménancourt,  qui.  dans  plusieurs  textes  carolingiens,  se  | 
pré.sente  sous  les  formes  Curtis  Alamannorum  ou  Al  aman-  |: 
norum  Curtis,  désigne  un  domaine  rural  ou  un  village  habite  « 
par  des  individus  de  race  alamannique.  Le  sens  de  Villers-Frail- 
queux,  Villare  Francorum,  n'est  pas  moins  transparent. 
Gueux,  dans  le  Polyptique  de  Saint-Reiny  de  Reims,  dressé  au 
milieu  du  ix"   siècle,   est   appelé   Gothi.  Quant   au   vocable    de 


oiiiniMS   i;o.M  mm; 


i:i)\  i]Mi:s    !;riiAN<;i:i;i:'^ 


k 


î 


h 


St;rniiers,  Sarmt'dus  d.iu^  l.,.-  mènu^  (JocuineiiL.  il  paraii  l'i-pri'- 
iiliT  lu  noii)  (les  Sarnialcs.  Eniiii  le  nom  du  eliomii)  de  Bailni- 
iif.  voie  antique  tivicée  a.u  pied  de  la  Monlagne  de  Reims  et 
lojniijuaut  la  voie  de  Soissous,  esl  des  [)lus  iutéi-essanls.  Ce  che- 
min est,  en  eUV-l,  mentionné  deux  l'ois  dans  les  éciits  de  l'ai'elu'- 
M"i[ue  llincma;-;  daus  une  lettre  que  ce  prélat  écrivit,  entre  (S-llI 
l'I  S.')/ .  a  Tardule,  éYê(|u-  de  I.aon,  ii  est  ijuestion  de  la  via  j  axta 
moules  Kemorum  ([ue  voea  tur  Harba  ria  ;  et  dans  la  ^'ie 
de  >.aiid  Reniy, 'parlant  de  telte  vuie  comme  existant  au  v^'  sièele, 
Ilineinar  ajoute  :  Hnae  usque  hodie.  propter  Harbarorum 
juTeani  iior.  Baibai'ie.  ramcii  [)a  tur.  L'explication  con'ciiU'^ 
dans  ces  deinieis  mois  paiait  eiionée  :  ce  n'est  cei-tainoment  [las 
.1  une  eirciuistance  aussi  fugitive  que  le  passaj^c  de  l'armée  de 
( 'devis  (pie  le  chemin,  de  Ilarbarle  doit  un  nom  aussi  tenace,  et 
r-dui-ci  ne  peut  s  expliijuer  que  par  im  séjour  permanent  de  Ikir- 
bares,à  lOuesl  de  Henns.  Lorsqu'on  rapjiroche,  de  l'existence  d'un 
etal)lissen)ent  de  letes  sur  le  territ(dre  rémois,  les  noms  de  lieutpn 
viennent  d'être  passés  en  revue,  et  que  l'iui  eu;islale  qiie  le  ehe- 
nnn  do  Barbarie  desser\'ail  Sernuers  id  L'uieux,  on  \'oit  liien  ([v:  il 
n'y  a  [las  lii  une  ctuneidenee  sinqilement  l'ortuiti'.  Les  Incd  (jrn- 
lilcs  de  cette  région  appartenaient  vraisemblablenuml  aux 
nations  les  jdus  diverses,  d'où  l'inqjossibilité  de  les  désigner  par 
un  ethnique  quekon(|ue  :  sans  doute,  il  faut,  da.ns  les  Burgondes 
lie  Bourgogne,  les  Alamans  d'Aumériancourt,  les  Francs  de 
Villers-Lranqueux,  les  Cudhs  de  Gueux  et  les  Sarnudes  de  Ser- 
iniers,  reconnaître  ii  la  fois  les  lueli  (jcnlilcs  de  la  Notitia  d'ujni- 
la/tim,  et  !>'s  Ba.rbares  dont  le  chemin  de  Barbarie  conserve  un 
vague  souvenir. 

529.  De  ce  {[UC  le  préfet  des  Lictt  f/enillcs  résidait  tantôt  à 
Bcinis  et  tanlôl  ii  Senlis.  d  seudde  résulter  c[u'une  partie  de  ces 
e<d()ns  barb.tres  étaient  e'.ablis  vers  la  seconde  tle  ces  villes. 
l''tl'eelivement,  un  diplôme  royal,  (>n  date  de  1)20,  mentionne 
dans  le  Sellentuis  une  ^llla  Almannoi'um,  qui  rappelle 
Aiiini'iuincoiirl  ;  et  d'autre  part,  à  une  huitaine  dd  ligues  à  l'est- 
snd-esl  de  Senlis,  une  j/etite  localité  porte  le  nom  de  GuGUX, 
vocable  dont  le  Polyptique  de  Saint-Hemy  permet  de  pénétrer 
l'oiigine  en  tant  qu'il  s'a|>[)lique  à  un  village  des  environs  de 
Ueinis. 

530.  l''aut-il    '.-uii-    dan:     le    nom    d'Allemagne     Calvados;,     j.m 


\:i-2 


M. s   NOMS   hi:   t.ii'.L' 


Ititiu  Alamanni;»,  et  (hins  celui  d'Alnienêches  (Ornoi,  du  bas- 
Ic'itiii  AlaiiKitmisca,  (juehjucs  souvenirs  des  lûtes  de  uali.in 
suevujue,  ddiiL  li's  prc-l'ois  rosidaicnl  à  Hayeux  el,  a.u  M;ins'.'  On 
peut  allé'^'uei-  eu  iaveur  de  celle  iiypni.hèso  lu  cord'tisioii  ([u'on 
faisait  A  olontioi's,  au  dél)ut  du  moyeu  ài^e,  entie  les  Suèvcs  el  Ks 
ALuuauK.  Toujours  esl-il  ([ui  ces  noms  indi(|ueiit  incontestahle- 
nuMil  l'origine  gei'mani(iue  des  localilés  ([u'ils  dcsif^'uent. 


m 


531.  Des  constatations  qui  précèdent,  il  résulte  clairenu-ul 
qu'à  répocpie  romaine,  outout  au  moins  au  début  du  moyen  aye, 
les  <lénomiuations  ethniques  pouvaient  fournir  cinq  variétés  de 
noms  lie  lieu  : 

1"  Le  nom  même  de  là  nation  ou  de  la  tribu  :  Gollii,  Gucii.r  \ 
Sarmatae,  Sermiers  ; 

2"  Le  nom  de  nation  ou  de  tribu  combiné  avec  le  suffixe  -ia, 
servant  d'ordinaire  à  former  des  noms  de  régions  :  Burgundia, 
Bourynf/nc  ;  Alamannia,  Allcniagnc  ; 

3°  Le  nom  de  nation  ou  de  tribu  combiné  avec  le  suffixe  latin 
-icus,  -icum,  -ica,  à  l'aide  duquel  on  forme  ordinairement  des 
adjectifs  :  Taifaiicus  ou  Taifalica,   Tiffiiuges\ 

i"  Le  nom  de  nation  o,u  de  tribu  combiné  avec  le  suflixe  ger- 
ma iu({ue  qui  est  usité  encore  aujourd'hui  sous  la  forme  -isch, 
notamment  pour  former  des  adjectifs  ethniques  :  AUimannisca, 
Almencchcs  ; 

5°  Le  nom  de  nation  ou  de  tribu  employé  au  génitif,  et  com- 
biné conséqueinment  avec  un  nom  commun  :  Alamanuoruni 
corlis,  Atiménancourl  ;  Yillare  Francorum,  Villcrs-Frun- 
(jiietix. 


1'^ 


r 


Cette  théorie  établie,  il  convient  de  passer  à  l'examen  des 
noms  de  lieu  d'origine  semi-barbare,  et  remontant  très  probable- 
ment à  l'époque  romaine,  qu'offre  la  nomenclature  géographique 
de  notre  pays. 

532.  Aux  Sarmates,  indépendamment  du  nom  de  Sermiers 
on  (h)it  ceux  de  Samiazes  (Orne),  de  Sermaise  (Maine-et-Loire, 
Oise,  Saônc-et-Loire,  Seine-et-Marne,  Seine-et-Oi.sc),  de  Ser- 
maises  (Loiret),  de  Sermaize  (Marne),  de  Serraoise  (Aisne, 
Aube,  Nièvre,  Yonne),  de  Salmaise  (Côte-d'Or),  de  Saumaise 
(Côte-d'Or),  de  Charmasse  (Saône-et-Loire)  —  que,   vers  1300, 


(ir.iriiM:s  iii»maini:s 


IMr.AM.I-.llKS 


I  Xi 


l'ii  .ippcUiil  S.irni'ici'  ou  Snhnacc  —  i'fori'sfi'i'uini    U'  tlu'iiit.-  Sar- 
m.iti.i,    et    .uiX([Ui.'ls    mu    pinil    joimln'    le    diniiiaitii'    Serilîizelles 
Viuiiie).  De  même  (luc  Taifalica  a  ilomu'   Ti/f.iiK/fs,  lU-  mèfiic 
"";!  rnia  l  icum  aura  (Iuii?ié  Serillâges  (Niî'vre). 

533.  Le  nom  il^'s  Alamans  paraît  avoir  pioduit  un  plus  gi'and 
iii/inhrc  de  iiouîs  de  lieu  primitifs,  mais  pour  dési}i;ner  de  moins 
;i(ind)reuses  localités  ;  Alamannl,  Allemand  DordogTio,  Lot- 
.■(-(iaronnc  ,  AllemaiU  (Aisne,  Marne  •  ;  A  ia /ua  n  u  ia,  A]]enir>gpe 

lî.isscs-Alpes,  (lalvados),  Aileoiogne  l^Ain)  ;  A  la  nian  !i  i  e  iim 
eu  Alauiannica,  AUemanchft  (Marne  -,  Alamannisca,  Allîie- 
nêches  (Orne);  Alamaunorum  curti.--,  Auni6nanC0urt-/(-'- 
fh-.-tnd  ai  Anménancouvt-lr- Pet  if  Odai'ne'.  :  WWa  Alanianno- 
ruui.  dont  remplacement,  en    Selleniuis,   n'a  i-.a-  r[{-  deleiinmc. 

534.  Li>  .sou\enir  des  ^Vlains  qui  t'ondereni  en  Gaule,  au 
\'  siècle,  ([uelques  élablissemonts  de  jieu  d'importanee.  nulani- 
ment  dans  le  \'alentinois  et  l'Orléanais,  se  retrouve  dans  le  .nuu 
d'Allaiîl-<'(/.'-yicr(//s  (Meurthe-et-Moselle),  repré'seritanl  ,V  I  an  i, 
il  dans  ceux.,  avant  pour  thème  étymolog-icjue  .\lania,  d  AiaÇjTie 
'.\ude'|  et  d'AUaines  (lùu-e-ei-Loir.  Somrne)  :  on  remartjueia 
nu'une  de  ces  (.lernières  hjcalités  apj.Kirfen.ail  au  diocèse  d  Or- 
liMUs,  territoire  que  les  Alains  occujjaient  lors  de  l'invasion 
d'Attila. 

535.  Formé  sur  le  nc/Ui  des  TUirg^ojides,  lUu'i^-uudia  est,  on  le 
répète,  Bourgogne  (Marne),  tandis  (pu:  l'ellinicjue  Bur^-un- 
diones  est  repiesenté  [uir  Bourguignon  (Ai.^ne.  Douhs;  et  Bour- 
guignons (Aube). 

536.  Le  souvenir  de;;  colons  l'i-aïu's  de  la  (laule  l'omaine  sub- 
siste dans  les  noms  de  lieu  modernes  tpaiont  pour  Ihènies  étyn-o- 
lo;,M(|ues  Kranci,  ad  Franoos,  Francs  (Gironde),  Fraus  (Ain;; 
l'rancia,  France;  l'"rancoruni  ca m [lus,  Francorchamps  (Bol- 
LTupie,   province   de   Lii'g'e)  ;    FranciM-um    villa,    Fraucourville 

l'Iure-el-Loir,,  Francouvillc  >  Seme-el-Oise;,  anciennement 
Frnncorvillc  \  Villa  Fra'ncorn  n.i,  Viilehancœur  (Loir-et- 
dlicr)  ;   Villare   ['rancorum,  Viller.S-Franqueux  (Marne). 

537.  La  mémoire  des  Gotlis  est  conservée  dans  un  assez  yrand 
nombre  de  noms  de  lieu,  dont  les  plus  méridionaux  rappellent 
vraisemblablemen!  le  s.an  enir  des  V,'i.si;^'-olhs,  qu'^  dominen  ut  nn 
moment  sur  toute  la  Gaule  d'outre-Loire,  tandis  que  les  plus 
septentrionaux  sont  bien  plutôt  d'origine  romaine,  ou  pour  niieux 


l:',',  LES    NdMS     ni:    l.ilT 

dire,  léliqiie  ;  mais  i!    ne   p.uMÎt  ^'uèiv  possible  li-  !:>s  dislingucr 
ici.  La   forme  primitive   de  ces  divers    nom. s  de   lieu  e.sl  Cnthi. 
Vallis  Godesca,  Mon  s  Gol  hoj'U  ni    îîo  (  liorinu    v-Hla.    'villa 
Golhoruin,    ^lors  G-UIummiiu.   (m;   a    .a  que   G  ■>  I  !.i  a  pi-.nluil 
Gueux  (Marne,  Oise)  ;  le  nuin  de  Vallis  G  odesCa,  qui  dési^^nait, 
il  TépDcpie  caroling-ienne,  nw  localiir  do   la  Senlimanie,  doil  être 
si"-nalé   parce  (ju'il  préseale   un  adjectif   fi.rmé    sni    le  m. m  des 
Gnlhs  au  moyen   du  suflixr  :.re"'mauiqie' ;   M  o  n  s  G.;  l  ho  ru  m  est 
le  thème  étymologique   du  nom  de    MoiilguSUX  (.'•.  u!>e)  ;  Gotho- 
rum  villa,  nom  de  lieu  assez  fréquent  dans  les  cn.ilrces  d  outre 
Loire,  ({ui  ont  été  soumises  pendant  un  temps  plus  ou  moins  luiig 
aux  Wisigolhs,  a  parfois  été  remplacé  au  moyen  âge  par  d'autres 
noms   de  lieu    :    dans   le   'roulousain    par    Escatuions    (Tarn-et- 
Garonne),  dans  le  Roussillon  par  Mailinh-s  iPyrenécy-Orienlales)  ; 
là  où  il  s'est  maintenu,  il  se  présentesous  des  loiuies  variées,  loutes 
coniormes,  d'ailleurs,  aux  lois  plMUcliqu  'S  dosiégii-ns  auxcjuelles 
elles   apparticmuMit  :  Goudoarvillo  i^iVun-cf-Garonn.'  ,  Goudour- 
Vielic  'Gers),  Gourville    (^Gharente,   Loi.ct?  Seine->  l-Oice^  et  son 
diminutif  Gourvillette  (Gharenle-lnférieure)  ;  Villa  Gothorum 
est  rorigine  du  nom  de  Viîlegoudou  ^Tarii;  :  enlin  Mors  Gotho- 
rum. nom  cité  par  TAstri-iiiMne,  Uisloi-ieu  tle  Louis  le  Pieux,  et 
qui  rapiselle  sans  dont.}  uii  désaslre  sul;i  par  les   Wisigoth.s,  est 
le  tlîèine  étymologique  du  nom  de  Mori|Oudou  (Tarm. 

538.  Aucun 'document  de  i'(q)0([ue  romaine  po  \enu  jusqu  à 
nous  ne  parle  de  M arcomans  eanii.nnés  eu  'uaule.  Le  nom  de 
Citle  tril>u  suévi([ue,  chassi'-e  de  Bohèinc  par  les  C«-ltes  Boïens, 
n'a  laissé  aucune  trace  dans  les  contrées  gernianiiu!  s  ;  mais  il  a 
fiu'iué  en  Gaule  le  nom  d<-  liexi  Ma  rc'omaiinia,  ([ui,  tiguranl 
dans  des  ti'xtes  de  l'epfique  luéro'.  Uiuionne.  i  si  aujourd  luii 
j-epré^enté  par  Marmague  ;^.\Hier,  Cher.  Gole  d  Or,  Saone-et- 
Loire)  et  MariTiaigiie  (Mayenne). 

539.  Le  nom  rie  la  grand"  naliou  de.?  StiXoiis  est  la  racine  du 
nom  de  lieu  S'xonia,  ([ui  ii  produH  eer'iaineu'.ent  le>  noms 
nindernes  Sassogne  (Nord)  et  SifiSonne  (Aisne).  (hi  n'ose  aiïii'- 
nier  (\\\e  ces  vocables  reimnlenL  à  l'époipie  romaine,  car  les 
Saxi^ns  ay.ant  conservé  h'ur  dénominaiion  eiijrdque  penda'.it  tout 
le  moyen  âge,  i!  est  juissiMe  que  les  lieu.'v  ap;.eh's  baxonia, 
appartiennent  seulement  à  la  période  franquc.  îln  tout  cis,  il. 
devait  v  avoir  à  Sissonne  un  tonds  de  population  luen  \ivac'*,  et 


i 


% 


fiiîic.iNivs   ui>M.\i.NEs   :   i:o(,()Mi':s    l'vri',  vNT.i.ni's  l.'î;') 

'\n\  Uaucha,  pendant  plusieurs  siècles,  sur  la  p()[)ula(,i()ii  l'ornane 
lUs  enviions,  témoin  l'apiiellation  tlieotunica  villa  de  Sisso- 
iiia  ([u'on  trouve  dans  une  charte  de  1222;  il  est  juste  d'ajouter 
(|iie,  dès  lors,  ou  peu  après,  la  population  de  Sissonnc  perdit  son 
e.iractère  étranger,  et  qu  à  une  appellation  considérée  sans  doute 
connue  injurieuse,  l'ut  substituée  celle  de  "  Sissonue  la  Fran- 
çoise I)  qui  [tarait  pour  la  première  lois  en  1271!. 

540.  On  ne  peut  citer  avec  certitude  aucun  nom  de  lieu  rap- 
pelant le  souvenir  des  Suèves,  puissante  nation  gei-manique  sou- 
vent confondue  avec  les  Alamans,  el  qui  en  (.iaule  —  la  Xu'.ilin 
ilii/nitaiurn  iwporii  l'alleste  —  avait  des  établissements,  tout  au 
moins,  au.K  environs  de  Bayeux,  de  Coutances,  du  Mans  et  de 
(^ilermont  en  Auverg-ne  ;  mais  il  n'est  pas  téméraire  de  considérer 
!r  nom  de  Wissous  ^Seine-et-Oise)  comme  représentant  Viens 
Suevorum  :  c'est  du  moins  là  l'hypothèse  la  plus  plausible  ([ue 
|iérnicLlent  les  premières  formes  connues  de  son  voeal)le,  Vizeo- 
riuni  en  latin  du  xu''  siècle,  F/zoor  et  Viccor  en  lanj^ue  vuljjfaire 
(le  la  même  époque. 

541.  li'a|ipellalion  eihnic[ue  des  \'andaU-s  se  reti'ouve,  au 
\''  siècle,  dans  le  nom  C-astrunt  Vandalornm  ou  C^aslellum 
Wundclons,  aujourd'hui  Gandalotl  (Tarn-et-Garonne'). 

Tous  ces  noms  de  lieu  ne  sont  pas  les  seuls  de  leur  espèce 
(pion  puisse  attribuer  au  déclin  de  la  période  romaine  :  d'autres 
ell'ectivement  semblent  se  rapporter  à  des  cantonnements  de  bar- 
bares étrangers  aux  races  germanique  et  slave. 

542.  l.es  Maures,  nation  africaine  dont  le  paj's,  la  Mauritanie, 
correspondant  au  Maroc  actuel,  fut  incorporé  à  l'iînqjire  romain 
en  l'an  i2  de  notre  ère,  foiu-nissaient  aux  armées  romaines  tles 
cohortes  auxiliaires,  dont  la  No(i!iH  dUjnilrdnia  inijierii  indi(|ne 
les  canlonnemcnls,  non  seulement  dans  la  Maui'ilanie  Tingitane. 
leur  pays  d'origine,  mais  aussi  dans  l'île  de  Bretagne,  dans  lIHy- 
rie,  dans  Iltalie,  en  Pannonie,  dans  la  Gaule  et  dans  diverses 
parties  de  1  empire  d'Orient.  C'est  évidemment  à  un  ancien  can- 
tonnement de  cavaliers  maures,  les  mêmes  peut-être  qui  rési- 
daient, bus  de  la  rédaction  de  la  Nolilia  dignitaliim,  à  Qu-nlrn- 
fuiii,  dans  la  Première  Pannonie,  qu'une  localité  du  Norique 
devait  le  nom  Ad  Mauros  sous  lequel  cet  écrit  la  désigne.  Au 
commencement  du  v'=  siècle,  des  soldats  de  cette  nation  tenaient 


I.sii 


i.Ks  .NOMS  m:  1,1  la' 


j^arnison  en  Grmlo,  ùaiis  la  jM-ninsulc  ai-moricaine,  et  la  .\,)/i/i;t 
ili;//iif:ifiiin  les  apjujUe.  <lt|  nom  (his  cilos  dans  lesquelles  ils 
L'iait'iil  élal)lis,  Mauri  Yen  e  (  i  cl,  r\[  auri  Osisiniaci  La  ceiii- 
lu.lo  (In  séjour  des  Maures  en  (iaule.  sous  la  doniinalion  i-omnine, 
et  li's  conslatatious  laites  [ueocdcnimeiit  pormettcnl  de  fixer  le 
sens  du  nom  de  lien  Mauri  ta  nia,  (|iu'  l'on  trou\..-  dans  de  nom- 
breux textes  latins  pour  désigner  les  lieux  ,[ui  portent  aujour- 
d'hui lï  nom  de  Mortagne  (Charente-Inférieure,  Nord,  Ornu, 
Vench'e)  :  Mauritania  serai!  une  forme  basse  du  nom  latin 
Mauretania,  el  en  France  le  nom  Morla'jite  désignerait  des 
localités  fondées  ou  occupées,  à  l'époque  romaine,  par  les  soldats  ? 

maures  (jui,  licenciés  sans  doute  après  la  chute  de  l'empire,  ont 
dû  chercher  un  asile  dons  des  lieux  divers. 

543.  (Certaines  localités  de    notie   pays   paraissent  rappeler  la 
mémoire    de   petits    établissements    bretons,    contempoi-ains    des 
derniers  temps  de  l'Empire  ou  de  l'époque  immédiatement  posté-  k 
rieure.    On  a  vu  que  les  Eduens  reçurent,    de   l'île   de    Bretagne 
subjuguée   par    les    nomains,  des   artisans   qu'ils  employèrent   à 
restaurer   leurs  édifices;   on   sait,    d'autre   part,  (ju'aux   derniers 
jours    de  la  domination   ronudiie,    l 'empereur  Anthemius   confia            / 
la  garde  du  Berry   à  un   corps  breton  de    1.200  hommes,  auquel            t 
les  Wisigoths,  sous  la  coudvdte  de  leur   roi  luiric,  infliuèrent  un 
échec  sanglant  prés  de  Chàteauroux.  On  a  rapproché  de  cette  der- 
nière  et  intéressante  notion    !iistori(pu'    deu.K    noms   de    localités 
berrichonnes  voisines  du  lieu  de  la  défaite  des  Bretons,  Bretagne            [ 
et  la  Berthenoux  (Indre)  :  le  premier  de  ces  noms  repré.sente  le            | 
latin   Brilannia  ;  le  second,  dans  le(]uel  i!  est  permis  de  voir  ur)            ^ 
primitif  Britannorum,  en  sotis-enlendant  villa,  est  comp.arable           | 
à  ^'.7/(, /.;/.'(/,  cité  plus  haut,  il  existe  en  France  d'autres  localités            À 
ayant  les  nièmes  origuies  :  Bretagne  iGers,  Landes,  Ilaut-IUiiu;            ^ 
et  Bretenoux  (Lot),  qu'un  acte  de  ^{jh  appelle  Villa   Bretono-           l 
ru  m.    Il   est  intéressant    de    rapprocher   de   ces   noms    celui    de 
Santu   Maria  de  Bretona,    en    Onlice,    crui   rappelle    le   souvenir 
d'une    colonie     bretonne,     assez,    iirip.u'lanle    pcuir    avoir  eu,     au 

VI'' siècle,  un  évècpie  d'origine  britannicpu',  nommé  Madoc. 

544.  Peut-être  les  localités  dont  les  noms  représentent  des  | 
primitifs  Hispania,  Lusilania,  Vasconia,  correspondent-elles  | 
à    d'anciennes     colonies    d'étrangers,     espagnols,     lusitaniens,  ,-;, 

f 


OHU.IISKS    l!(jMAIMiS    :     COUJMliS    i:  IHAM.lIlIvS 


^Mscons;  mais  ou  ne  pout,  à  cet  égaitl,  <jue  former  des  conjec- 
luros,  e;ir  il  est  tout  aussi  possible  que  ces  primitifs  représentent 
lies  yentilices  pris  adjectivement  - —  l'existence  d'un  gentilice 
Ilispauius  étant  attestée  par  des  noms  de  lieu  tels  qu'Epa<jny 
et  Espagnac  —  ce  qui  rangerait  les  noms  dont  il  s'agit  dans  une 
catégorie  précédemment  étudiée  (cf.  ci-dessus,  n°  289).  Quoi 
(jii'il  en  soit,  on  croit  devoir  énumérer  ici  ces  noms. 

545.  H  ispaniaest  représenté  par  Espagne  (Corrèze.  Gironde), 
par  Épagne  (Aube,  Indre,  Somme,  Vendée)  et  par  Epaignes 
(Kure).  Il  faut  voir  dans  /foZ;c/-/f-Espagne  (Meuse)  un  homonyme 
de  ces  localités,  différencié  au  moyen  d'un  nom  de  propriétaire  ; 
au  .MU*  siècle,  on  eût  dit  Espagne-la-Bohert ,  et  la  construction 
Hobcrl-Espagne  suppose  une  ancienneté  relative  ;  d'ailleurs  une 
charte  de  1019  appelle  ce  lieu  Membodi  Spania,  moyennant  le 
nom  d'un  autre  tenancier. 

546.  Lusitania  est  l'origine  de  Luisetaines  (Seine-et-Marne). 

547.  A  Vasconia  répondent  les  noms  modernes  Vacognes 
(Calvados),  Vacongne  (Somme),  Vaucogne  (Aube),  Gaccgne 
(Nièvre)  et  le  diminutif  Gacougnolle  (Deux-Sèvres). 


XXIX 
SOUVENIRS     DE     PERSONNAGES     HISTORIQUES 


Les  vocables  t,>-éographiqu€s  évoquant  le  souvenir  de  person- 
nages historiques  sont  beaucoup  plus  rares  qu'on  n'inclinerait  à 
le  croire.  Les  dix  siècles  du  moyen  âge  n'en  olîrent,  du  moins 
dans  l'Europe  occidentale,  qu'un  très  petit  nombre  :  en  France, 
particulièrement,  il  faut  attendre  jusqu'au  xvi^  siècle  pour  en  voir 
paraître  (juelqucs  exemples,  tels  que  Vitry-le-Franrois  et  Villp- 
Frnnçoise-(lc-Oràce.  A  vrai  dire,  le  fait  ne  se  produit,  semble-t-il, 
que  dans  .des  milieux  fort  civilisés  ou  civilisateur-^  ;  aussi  est-il 
possible  de  citer  povu'  notre  pays  cjnelques  noiii'^  dr  cetli'  espèce 
remontant  à  ré[ioque  romaine  ;  mais,  dans  plus  d  \\\\  cas,  le  nom 
de  personnagf  historique  compris  ilans  un  nom  de  lieu  mniain, 
n'a  pas  réussi  à  traverser  les  siècles,  car,  employé  à  1  état  de 
surnom,  il  demeurait  à  peu  près  igncjré  du  vulgaire  ;  [)arfoi.s 
même  tout,  dans  le  vocable  antique,  a  disparu  à  la  fois,  déter- 
minatif  et  détermine,  pour  faire  place  à  une  dénomination  nou- 
velle, à  supposer  que  la  localité  ello-mèiue  ait  iiurvécu  aux  inva- 
sions. 

548.  Le  plus  ancien  nom  de  lieu  reid'ermant  un  nfiin  de  per- 
sonnage historique  qui  ail  a[)paru  en  Gaule  est  Aqua.e  Se.xtiac, 
dû  au  consul  C.  Sextius  Calvlnus,  cpil  acheva,  en  l'an  '12i  avant 
notre  ère.  la  soumission  des  SuUurii ,  peu[ile  ligure  établi  ;>  l'est 
du  Rh('ine,  vers  li.'s  l)ouclu:s  de  ce  llevive  :  ce  consul  détruisit  leur 
métnqiole  et  fonda,  dans  le  ^•oisiuJg■e,  un  cnsn'lliini .  qui,  v:\.  rai- 
son des  eaux  thermales  qui  s'y  trûu\;dent,  fut  appelé  .Vi|uae 
Sextiae;  la  première  partie  de  celte  appellation  a  serde  sid<sislé, 
et  se  l'ctrouve  dans  le  nom  modei'ue  .1/'' (  Houches-du-Rhdne). 

549.  L'un  des  consuls  de  l'an  122  avant  J.-C,  Cn.  Domitius 
-Veuobarl.nis,  l'un  tles  ancêtres  de  l'empereui'  Némn.  et  qm  resta 
plusieurs  années  dans  la  Province  l'omaiiie -en  qualité  de  procon- 
sul, a  laissé  son  souvenir  dans  j)lusieurs  vocables  géographicjues  : 
celui  de  la  v  i  .i  Domitia,  cette  grande  soie  par  bupielle  il  relia 
Nîmes  et  Narbonne  à    l'Espagne,  et  celui  de  Forum    Domitii, 


ohii.i.m:.s  HnMAi,M:s  :   ri:iiSONN  \i;ks  iiisrniuoL'Ks 


131 


1  une  dos  slntions  âe  la  inènic  voie;  mais  ni  l'un  ni  l'autre  de  ces 
vncahlos  uo  s'ost  c(insorvé. 

550.  On  appelait  Fossao  Marianae  le  canal  ipie  Marius, 
ildis  consul  pour  la  (juatrièr.i.c  fuis,  fil  creuser,  en  l'an  102  avant 
.l.-C,  pendant  la  eauipague  (>ntre  les  Cinibres  et  les  Teutons, 
alin  de  recevoir  plus  aisément  les  vivres  qui  lui  étaient  amenés 
par  vaisseaux,  les  embouchures  du  Rliène  élanl  ensablées  et 
l'Nposées  .lux  cou[is  de  la  nu'r.  L'appellation  Fossae  Marianae 
fut  appli(pi'''e  par  la  suite,  non  si.'ulenienl  au  canal  de  Marins, 
mais  aussi  au  port  qui  en  gardait  l'entrée,  et  que  représente  la 
ii'iurgade  actuelle  de  Fos  (Houelies-du-Rhône ).  Dans  cet  exemple 
iiiinme  dans  celui  d'.-iix,  le  déterniinatil  n'a  |)as  laissé  de 
traces. 

551.  C'est  incontestablement  à  Jules  César  (pie  Fréjus  (Var), 
l'anlique  Forum  .lui  ii,  doit  son  nom  ;  mais  il  serait  téméraire 
lie  rapportei-  au  coiupiéran!  des  Gaules,  l'origine  ou  la  dénomina- 
ii'Mi  d'un  t^ran;!  nombre  dr  villes,  dans  le  vocable  desquels  est 
lidré,  soit  le  yentiliee  JuHus,  soit  le  surnom  Caesar,  car  ces 
MMivis  se  l'appoilrnl  éi;-alen;ent  à  la  personne  d'.Vu^uste  ((ui,  con- 
farnu'UUMit  il  la  loi  r<inianu',  a\ait  pris  les  noms  de  son  père 
adnptil.  Les  noms  de  ces  villes  vont  donc  être  iudi(piés  sans  ({u'on 
p'.'i'ju^^e  la  question  de  savoir  s'ils  datent  de  l'éjioque  de  César 
■''i  de  celle  d'.\ui;'uste. 

;)52.  Le  L;entilice  Julius  ligure  tlan.s  les  noms  de  lieu  dem.i- 
:  e.lni^  ,1  ul  i  obona  et  ,1  ni  iomagus.  Appliqué  au  chef-lieu  des 
'•  /,■•;(•/.  le  second  de  ces  i\oms  a  clé  su[vplanté.  au  ui''  siècle,  par 

lui   de   colti>    nation,   d'.jù   Angers.  Juliobona,    ehef-lieu    des 

'.(■tes.  est  auj  lurd'hui  LiUebonne  iSeine-lnférieun.'^    :    ce   nom 

■ -'    l'ciVel  d  uiu-    mlerprctation  cpii  remonte  au  xir'  siccle.  cl  que 

'    .l'risa  penl-ètrt'    une   altération   anabjgue    à    celle  qu'atteste  le 

ni  it.dien  du  i',;ois  do  juillet .   uiglio.  Le  nom  de  Viens  Julius 

.;  \  ieus  Julii.  qiu^  [lorii-ronl  à  l.a  lois  .[ire-siir-lu-Li/A  ^^Pas-cie- 

I   il  ii-,j  et  Gcrnwrshi.'irn  'Wiwiévi:   rhénane),  a  été  abandonné   dès 

lébut    du   moyen    âge.    .1/)/   (Vaucluse)   n'a   conservé    que  la 

|. Minière  [varLie  du  nom   .Xota   Julia,  sous  lequel  Pline,  l'Itiné- 

ae  d'.Vntonin  et  la  Tabb-  de  Peuliuger  le  désigaient,  abrégeant 
I  ipjiella  ion  olîiciidle,  a!  Lestée  par  les  iïiscriptions,  Colonia 
.Lilia  .\pta.  11  n'est  pas  inutile  d'ajouter  que  les  noms  Juliaeus 

'.  .lulianus,  si   fréquents  en  Gaule,  n'ont  ordinairement  rien  à 


!  '<() 


l.l.'s    .^(IM^ 


voir  avoc  César  ni  avec  Au^nistc  :  ils  s"applii]uaiciil  à  dos 
tloniaiiics  ruraux  appartenant  à  des  propriétaires  qui  portaient  le 
gentilice  Julius,  adopté,  après  la  e()n(pièt('  romaine,  parun  i;rand 
nombre  de  familles  gauloises  ;  il  est  proUaMe  (pie,  de  même,  les 
noms  de  lieu  Tiheriacus  et  Claudiaeus  ne  rappellent  en  rien 
le  souvenir  des  empereurs  Tibère  et  Claude. 

553.  La  g-éog-raphie  de  la  Gaule  romaine  oll'ie  trois  noms  for- 
més sur  celui  de  César,  se  rapportant  sans  doute,  <lans  res[)èee, 
il  .\uguste  :  Caesarodunum,  aujourd'liui  Toiiis,  Caesaioma- 
gus,  aujourd'liui  Benuvaifi,  et  (^aesarea,  ile  de  l'areliiitel  nor- 
mand ;  aucun  ne  s'est  maintenu. 

554.  Dans  les  noms  Caesaris  burgus,  Cuitis  Caesaris, 
Militia  Caesaris  et  Sacrum  Caesaris,  [)ar  les(piels  des 
chartes  des  \n'^  et  xiii'^  siècles  ont  désigné  C.Jicrhonnj  (Mancliei, 
(lonrcc.ricrs  'Mayenne),  Millnnriitj  (Loir-et-Cher)  et  Sninrrrc 
((]her),  il  ne  faut  voir  que  des  fanlaisifs  de  clercs  cpi'on  ne  sau- 
rait acceptei'.  ()uant  aux  noms  de  dhnuin  de  C/'s:ir,  de  Cai/ijxlc 
Cc'sar  et  de  Tour  de  Cisar,  appliqués;!  tant  de  chemins  aiiticpies, 
de  vieilles  enceintes  et  de  donjons  féodaux,  ce  sont  des  dénomi- 
nations relativement  modernes,  et  parfois  ridicules,  dont  l'ar- 
chéologue ne  doit  tenir  aucun  compte. 

555.  Le  titre  d'Auguste,  décerné  en  27  avant  .I.-C.  à  Octave, 
l'héritier  de  César,  et  que  l'histoii'e  a  traité  conmie  un  nom 
propre,  est  entré  en  composition  dans  bien  des  noms  de  lieu  de 
Gaule  :  .\ugustobona,  Troycs  \  Augus  lodun  um,  Autun; 
Augustodurum,  Ba/jeiix;  Augus tomagus,  Scnlis;  Augus- 
tonemetum,  Clcrmonf-Fcrntrul,  et  Augustori  tum,  Lirnurjes. 
Si  de  ces  six  noms  semi-gaulois  un  seul  a  subsisté,  le  nom  d'Au- 
guste n'a  laissé  jiucune  trace  dans  les  formes  vulgaires  où  il  ligu- 
rail  comme  (iéterminatif  :  Alba  Augusta,  chof-lieu  des  Hcîvii, 
Aquae  Auguslae,  chef-lieu  des  Tarbe.lli,  Lucus  Augusti,  l'un 
des  municipesdes  Voconces,  et  Tropaea  Augusti,  qui  doit  son 
existence  au  monument  de  la  victoire  des  Romains  sur  les  peu- 
plade.-- alpines,  se  nomment  aujourd'hui  .■>im|)lomenl  .^/.(«(Ardèclic), 
Dax  (Landes),  —  naguère  .Icvy.v,  —  Lm-en-Duns  (Drôme)  et  la 
Tiirbie  (Alpes-Maritimes).  En  ce  (|ui  concerne  les  villes  et  les 
vici  qui,  en  l'honneur  d'Auguste,  avaient  pris  le  nom  d'Augusta, 
plusieurs  l'ont  ai)andonné,  on  le  voit  par  l'exemple  iVAuch,  de 
Suissons,  de.   Trêves,  de   Saint-Qtien/in.  Où  il  a  subsisté,   il  est 


nitiiii.NKS  ii<)-\imm:s   :    1'i;us()Nnai;i;s  iiisioiuoui'.s  I  i  1 

il. •venu  Aoste  (Isùre,  Italie),  Aousie  (ArdeniU's,  Drôme)  et  Oust 
Soiiiim').  11  convient  tie  sii^naler,  en  pays  de  lan^-ue  allemande, 
Augst,  (Suisse,  canton  de  I5àle)  et  Augsbourg  (Havière),  qui  s'ap- 
[irlaienl  resjjectivenienl,  au  temps  des  Romains,  Aiigusta  Rau- 
nunrum  et  Augusta  A'^indelicorum. 

556.  On  mentionnera  pour  mémoire  le  nom  de  Forum  Nero- 
II  is,  porté  momentanément  par  Lotlcre,  et  peut-être  aussi  par 
f!.ir/icn/nis,  en  l'honneur  de  Tiberius  Claudius  Nero,  qui  gou- 
verna la  Gaule,  en  qualité  de  (juesteur,  de  47  à  ii  avant  notre 
l'Pe  ;  celui  de  Forum  Tiberii,  qu'une  ville  des  Helvètes  devait 
;m  successeur  d'Auguste;  celui  de  Forum  Claudii,  qui  fui 
donné  à  la  ville  de  Daranlasia,  aujourd'hui  Moiitiers  (Savoie)  ; 
l'tlui  do  G  ermanicamagus  que  portait,  en  l'honneur  de  (ter- 
nianicus,  neveu  de  'l'ibère,  une  ville  de  Sainlongo  ;  celui  de  (^.olo- 
nia  Agrippina,  aujourd'iiui  Coloçfne,  sur  le  Hhin,  (pii  portait 
le  nom  d  Agrippine,  (ille  de  Germanicus  et  femme  de  Glande; 
celui  de  Golonia  Trajana,  aujourd'lmi  Xaii/cn  (Prusse  rhénane, 
régence  de  Dûsseldorf),  (jui  date  évidemment  du  règne  de  l'rajan, 
celui  de  Forum  Iladriani,  fondé  sans  doute  par  oi'dre  de  l'em- 
reur  Hadrien,  dans  le  pays  des  Bataves  ;  enfin  celui  de  Flavia 
Aeduorum,  sous  lequel  Autun  fui  momentanément  désigné,  au 
cours  du  iv*^  siècle,  en  l'honneur  de  l'empereur  Gnnslance  Chlore, 
(|ui  avait  relevé  cette  ville  de  ses  ruines,  et  dont  le  gentilice  était 
Flauius. 

Mais  il  convient  d'insister  sur  les  noms  Claudio magus; 
(^onstantia,  Ilelena  et  Grati  anopolis,  qui  tous  quatre  sont 
parvenus  jusqu'il  nous  sous  une  forme  vulgaire. 

557.  Le  nom  de  C  lau  die  magus,  remontant  probablon-.ent  à 
l'onfpereur  Ghuule,  figure  dans  la  \'ic  de  suinl  J/,7/7V>i,  écrite  au 
IV'"  siècle  par  Sulpice  Sévère,  et,  sous  la  forme  Glaudiomachus. 
dans  des  bulles  du  xa''  siècle,  conceriuuît  l'abbaye  de  Déols,  pour 
désigner  Clion  (Indre). 

558.  C'est  à  Constance  Chlore  qui,  de  292  à  305,  gouverna 
en  qualité  de  césar,  la  Bretagne,  la  Gaule  et  l'Espagne,  avec 
Trêves  pour  résidence,  que  Goutauccs  (Manche)  et  Constance 
(Grand-duché  de  Rade)  doivent  leur  nom,  Constantia.  qui  leur 
était  comumn  avec  un  piut  situe  vers  l'cmbomlmic  do  la  S^ine. 
peut-être  sur  l'emplacement  occupé  aujourd'hui  par  Honlleur. 

559.  Les  successeurs   de   Constance  Chlore,  vonlajit   ]i'>i',orer 


1i2 


i.ics  ^(_)Ms  Di:  i.ii':r 


t    1 


1,1  mémoire  de  sainte  [léL-i'o^  mùri;  de  rempeieur  Constantin, 
donnèrent  son  nom  à  plnsieurs  villes  de  l'Empire.  Du  nidin^; 
Constantin  donna  le  nom  d'Ilelena  ovi  Ilelenopolis  au  luu 
natal  do  sa  mère;  et  c'est  lui.  sans  doute,  ([ui  substitua  le  n^ih 
d'Ilelena  à  celui  d'IlHIjcris  (jue  l'.ni'tail  une  houryade  de  la  eiîc 
de  Narlnnine.  l'n  ricus  du  pavs  des  Atieliale.s,  ou  les  Francs  de 
Ciodion  furent  défaits  par  xMajorien,  po]-(aiL  aussi  au  V^^  siècle  !.■ 
nom  d'Ilelena,  qui,  en  ce  pays  soumis  cpiolque  Leniji.-.  ii 
l'inlluence  germanique,  est  d(-veim  Hélesmes  (Nord),  par  dépL,- 
cement  de  l'accent  tonique,  tandis  que  l'Helena  de  la  Première 
Narhonnaise  est  devenu  re-ulierement  Elne  (i\yrénées-Orien- 
tales),  que  les  Kran(,-ais  du  Nord  appelaient  aux  xiii"  et  xiV  siècles 
Eau  ne  ou  lu  une. 

560.  Le  nom  de  Gra  tianopolis  paraît  pour  la  première  luis 
en  381,  sous  l'empereur  Gratien,  en  l'honneur  de  qui  la  cité  de 
(Uil.irti,  peu  aiqiaravant  démeinlu-ée  de  celle  de  \'icnne,  prit  eeltr 
nouvelle  appellation  formée,  on  ne  sait  trop  pourquoi,  à  la  favou 
yrectpie.  Accentué  sur  rautépénullième,  G  ra  tianopolis  est 
devenu  Grenoble  .Isère). 

561.  On  rappelle    en    passant   le   nom   de   Carlopolis   ipi'iiu 
ix''  siècle  Charles  le  Chauve  essaya  de  donner  à  Cornpiègne. 


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«Si- 


XXX 

MONUMENTS     MEGALlTlIlOlil-^S 


riusieurs  des  noms  île  lieu  ru]ip(>l,int  le  som'enir  des  nioim- 
im  iils  im''y';ili!liu|ue.s  de  la  Gaule  peuveiil  reinonler  à  l'c^pocjuc 
l'Uii.iino,  ou  tout  au  iiuiiiis  aux   })i-eijiit'rs  siècles   d.u  niuyeu  ài^e. 

562.  Le  nom  Pelni  l'iela,  dont  les  nionuiuenls  de  la  période 
iV.iiHiiie  parvenus  juscpf à  nous  ollVenl,  |)lus  vl  un  cYeniple,  signilie 
littéralenienl  <(  pierre  fichée  n,  car  fie  Ut  doit  èlrc  là  non  pas 
11-  piirlieipe  jiassé  iV'nùnin  de  fini;o,  mais  une  forme  basse  de 
celui  de  figo  :  selon  toute  apparence  il  fait  allusion  ;i  la  présence 
il'unede  ces  énormes  ]-)ierres  brutes  de  forme nllongée,  implantées 
vtMlicalement  dans  la  terre  comme  des  bornes,  et  qui,  mainte- 
nant, sont  désignées  en  ;:rcliéoloyie  parles  mois  bretons  mcn]iir 
l'I  pfulr.in.  Ce  nom  Petra  ficta  revêt  aujourd'hui  tliverses 
liirmes  :  la  plus  répandue  dans  nos  contrées  de  lanj^ue  doïl  est 
Pierrefitte  (.Vllier,  Calvados,  Corrèze,  Creuse,  Lolr-el-Cber, 
Loiret,  Meuse,  Oise,  Seine,  Deux-Sèvres,  Vosyes),  qui  a  pour 
variante  Pierrefixte  (Eure-et-Loir).  Les  autres  formes  modernes 
sont  Pierrefaite  (llaute-Marncj,  Peyrefite  (Aude),  Pkrreficlie 
iAveyron,  Cantal,  Corrèze,  Dordo^ne,  Lozère,  llaute-Viennel  et 
Peyrefiche  (Hérault).  Pierreficques  i  Seine-Inférieure)  et 
Peyrefic  (Lot)  paraissent  provenir  plutôt  de  Petra  fixa,  altéré 
en  Petra  fisca. 

563.  Le  nom  Petra  lonj^^a,  dont  le  sens  correspond  exactement 
il  celui  du  breton  nifnltlr,  peut  être  considéré  comme  un  synonyme 
lie  Petra  ficta.  bien  qu'à  la  riyueur  il  puisse  avoir  été  pris  par- 
lois  avec  l'acception  <lc  «  lon^^  rocher  »  ;  il  est  le  thème  étymolo- 
^dipie  des  noms  modernes  Pierrelongue  (Drôme,  Hhône,  Seine- 
et-Marne)  et  Peyrelongue  (Gers,  Landes,  Basses-Pyrénées). 

564.  Le  nom  Petra  le  va  ta,  c'esl-;i-dire  c  {)ierre  soulevée  », 
désignait  un  lieu  voisin  de  quelque  dulincn,  c'est-à-dire  d'un  de 
ces  monuments  préhistoriques  formés  d'iuie  ^T;>'.)de  pierre  ulate 
posée  sur  deux  pierres  placées  vcrticulenu-nt,  monuments  !uné- 
raires  recouverts  primitivement  par  une  éminence  arlih'cielle,  un 


X 


>  I  I  i.i",s   Nd.Ms   ni':   i,ii:i 

/ti/nuliis  que  dos  cultures  rcihirées.  les  pluies  et  les  gelées 
ont  peu  à  peu  nivelé  et  abaissé  à  la  surface  du  sol  environnant. 
De  là  les  noms  de  Pierre-Levée  (Charente,  Seine-et-Manu-, 
Vendée)  et  de  Peyrelevade  (Avoyron,  Cantal,  Corrcze.  Dordo-nc. 
Gironde,  Lot,  Lot-et-Garonne'). 

565.  Le  nom  I-*etra  la  ta  s'appliquait  sans  doute  également 
au  dolmen,  faisant  allusion  à  la  pierre. principale  posée  horizon- 
talement ;  il  se  présente  aujourd'hui  sous  les  formes  Pierrelée 
(Eure),  Pierrelea  (Seine-et-Marne),  Pierrelays-  (Seine-et-Oise), 
PejTelade  (Avevron,  Cantal.  Corrèze,  Dordogne,  Tarn-et- 
(îaronne.   Haute- Vienne). 

566.  Ce  dernier  nom  ne  doit  pas  être  confondu  avec  celui  do 
Pierrelatte  (Drôme),  qui  représente  Petra  lapta,  pour  Petra 
1  a  p  s  a . 


XXXI 

ÉTABLISSEMENTS     HALNÉAIHES 

C'iéiKTaleinent  les  stations  balnéaires  étaient  désignées  pai'  le 
nom  propre  Aquae,  et  ITtinéi-aire  d'Antoniu  ne  mentionne  pas 
moins  d'une  trentaine  de  localités  ainsi  nommées  dans  l'étendue 
(le  l'Empire  ;  mais  pour  remédier  à  ce  que  ce  nom  avait  de  trop 
\i\y;ue,  ou  y  ajoutait  un  surnom  indiquant,  soit  la  divinité  à 
knpielle  les  eaux  étaient  cousacri'-es  —  Aquae  Apoll  inares, 
Uorvonis.  Granni,  Sej^^estae  ou  Seyetae,  Solis,  —  et  dans 
ce  cas  le  surnom,  véritablement  topiijue,  était  presque  insépa- 
rable du  nom,  —  soit  la  population  chez  laquelle  était  située  la 
station  —  Aquae  Bilbi  tanorum,  Couvenarum,  Dacicae, 
Neapolitanae,  Tarbellicae,  —  soit  enfin  le  fondateur  du 
lieu,  comme  il  est  arrivé  pour  Aix  en  Provence,  Aquae  Se\- 
tiae. 

567.  On  a  vu  par  les  exemples  de  Bourhun  et  de  Bnurhonne 
(pie  parfois  le  surnom  fut  assez  populaire  pour  se  maintenir  à 
l'exclusion  du  mot  Aquae  ;  mais  le  fait  contraire  s'est  produit 
(ilus  souvent,  et  c'est  le  déterminatif  qui  a  disparu,  laissant  la 
place  il  la  dénomination  trop  vague  Aquae,  si  toutefois,  après 
la  chute  du  monde  romain,  la  localité  n'a  pas  changé  de  nom.  Le 
nom  il'Aix,  dérivé  du  latin  Aquae,  est  aujourd'hui  porté  en 
France  par  deux  villes  pourvues  d'eaux  thermales  appréciées  dès 
l'épocjue  romaine,  Aix  en  Provence  et  Aix-/c.s-Z)'a//)s,  et  par  une 
bourgade  du  département  de  l'Aube,  Mx-en-()(/ic,  où  existait 
vraisemblablement  un  établissement  balnéaire  alimenté  par  les 
eaux  que  les  Romains  y  avaient  anienées  de  la  colline  voisine. 
Ce  nom  a  pour  variantes  méridionales  Ax  (Ariège)  et  Dax 
^Landes),  cette  dernière  appellation  s'appliquant  à  l'anticjue 
Aquae  Tarbellicae.  Aquae  est  aussi  l'origine  du  nom  d'Aix- 
la-Chapelle  (Prusse  rhénane),  en  allemand  Aachen. 

568.  On  désignait,  à  l'époque  rouu^ine,  sous  le  nomd'Aquae 
..•alidae,  commun  sans  doute  à  plusieurs  établissements  ther- 
maux,   la    station    balnéaire   qui    porte    aujourd'hui    le   nom  de 

La  noms  île  lien.  to 


1^ 


1  ir»  Li;s     NOMS    DlC    LHa'  t 

Mi'/iif  ^Allier)  ;  mais  si  en  cet  endroit  le  nom  antique  n'a  rien 
donni',  son  é({uivalent  Galidae  Aquae  a  produit  ailleurs  le 
nom  moderne  Chaudesaigues  (CanUil). 

569.  l  ^.iclques-unes  des  localités  de  la  Gaule  romaine  possé- 
dant des  élahlissenients  balnéaires  de  cpiolque  importance  leur 
doi\'ent  é\idemment  les  noms  qu'elles  pcutent  aujourd'hui.  Le 
cas  n'est  pas  douteux  pour  Bains  (Vosj^^es),  dont  les  eaux  ther- 
males étaient  déjà  fréfjuentées  au  premier  siècle  de  noire  ère,  et 
dont  le  nom  représente  le  latin  BalneUm;  il  ne  l'est  pas 
davantage  poui-  Bagnèvea-Jc-Bigorre  (Hautes-Pyrénées)  et  pour 
Bagnères-(/('-Aiir/V>/;  (Haute-Garonne),  dont  le  nom  représente 
le  latm  i^alneai'ia,  adjectif  formé  sur  balneum,  et  qui,  dès  le 
temps  de  Cicéron,  était  employé  substantivement  ;  d'ailleurs  le 
surnom  de  la  seconde  de  ces  localités  rappelle  le  souvenir  d'une 
divinité  [)_vrénéenne,  Ili.co,  à  hujuelle  étaient  détliées  les  sources 
liierinules  de  l't'ndroit. 

570.  11  laut  joindre  à  ces  noms  ceux  (pii  dérivent  du  diminutif 
bal  n  eolum  ou  de  son  pluriel  hétéroclite  balneolae,  à  l'accusatif 
balneolas  :  Bagneux  (Aisne,  Allier,  Aube,  Cher,  Indre,  Isère, 
Maine-et-Loire,  Meurthe-et-Moselle,  Seine,  Deux-Sèvres, 
Somme,  Vienne),  Baigneux  (Côte-d'Or,  Indre-et-Loire,  Sarthej, 
Bagneaux  (Seine-et-Marne,  Yonne),  Baigneaux  (Eure-et-Loir, 
GjH'onde,  Loir-et-(]lier),  Bagnot  (Côte-d"()r)  —  et  leurs  diminutifs 
Bagnolet (Seine)  et  Baignolet  (Eure-et-Loir)  — Bagnol  (Vaucluse, 
Haute-Vienne),  Bagnoles  (Aude,  Orne),  Bagnols  (Gard,  Hérault, 
Lozère,  Puy-de-Dôme,  Jîhône,  Var),  et  la  variante  catalane 
Banyuls  (Pyréuées-Orienlales).  15a|.înoles  (Orne)  et  Bagnols  f 
(Lo/.ère'j  ont  des  eaux  minérales  réj)ulées,  et  à  Bagneux  (Maine-  ]' 
tît-Loire)  on  a  li'ouvé  des  vestiges  de  bains  romains.                                 ' 

571.  Le    mol    ealdarium,    enqiloyé   notamment   par   Vilruve         .^" 
au  sens  d'  «  éluve  »,  est  l'cn-igine  du  nom  de  Caudiès  (Pyrénées- 
Orientales). 


S? 


I 


l 


i 


XXXII 

A(JUKDUGS 

I.i's  Uoiiiains  ont  construit  de  ndinbn  iix  aqueducs  pour  con- 
iluin*   l'eau,   de    très    loin    parfois,    dans    leurs    centres  d'habila- 

ll.Ml. 

572.  Parmi  les  noms  de  lieu  rappelant  le  souvenir  de  ces 
travaux,  celui  dont  le  sens  est  le  moins  douteux,  et  qu'on  peut 
.-ittribuer  d'une  manière  à  peu  près  certaine  à  l'époque  romaine, 
•■•<t  Aquaeductus,  qui  n'est  autre  que  la  l'orme  latine  du  mot 
'I  aqueduc  •>.  Ce  nom  figure  dans  des  textes  carolingiens  pour 
(i'.'siguer  deux  localités  qui  appartenaient,  l'une  à  la  Bourgogne, 
r.iiitiv  il  la  Narhonnaise  ;  on  ignore  le  nom  aeluel  de  celle-ci  ; 
iii.ti-'  l'Aiiuacduc  l  us  l.iourguignon  est  aujourd'hui  Ahuy  j^tlôte- 
.i'Or).  Pareille  est  l'origine  du  nom  d'Adich  (lAixembourg)  et 
^.iiis  doute  de  ceux  d'Audun-/e-/?om;u!  (Meurthe-et-Moselle)  et 
'Vkudun.- le -Tiche  (Moselle)  dont  les  surnoms  rappellent  les 
^it^^lllllns  respectives  en  pays  de  langue  romane  et  m  i)ays  de 
l.iiigue  tudesque. 

573.  t^/est  aussi  à  un  aqueduc  antique  qiu'  le  bourg  d'.lrc;;e;7 
.Soiiie)  doit  son  noni,  dont  la  forme  originelle,  Arcoialum, 
jiri'sente  le  mol  latin  arcus  «  arcade  »,  cond>iné  avec  le  suilixe 
ci'lli(pie  -oialum,  et  constitue  um^  allusion  directe  aux  arcs  de 
r.uiueduc  que  les  Romains  y  consti'uisirent  pour  l'alimentation 
Je  Paris  et  du  palais  des  Thermes. 

574.  Le  nom  d'Avcueil,  formé  i'i  l'aide  d'un  .suffixe  celtique, 
fil  oertatnement  antérieur  au  moyen  âge  ;  mais  on  doit  se  gar- 
ili-r  d'attribuer  la  même  anti((uité  à  tous  les  noms  topographiques 
fermés  ;i  l'aide  du  mot  latin  ai'cus  ou  de  ses  synonymes,  et  se 
rainuirlant  également  à  de.s  aqueducs  antiques.  Plusieurs  de  ces 
r.diiis  ne  remontent  même  qu'à  une  période  assez  tardive  du 
;iuiyeu  âge  ;  mais  ils  n'en  sont  pas  moins  intéressants  au  point 
Je  vue  archéologiciue,  et  subsisteront  sans  doute  longtemps 
encore  après  qu'auront  disparu  les  derniers  vestiges  des  monu- 
ments romains  qu'ils  rappellent.   Diverses  portions  des  anciens 


I  iS  i.i;s   NOMS  II:  i.iKU 

aqueducs  sonl  ordinairement  désignées  au  moyen  âge  sous  K: 
nom  d'  "  arcs  »  :  ainsi  les  arcades  qui  supportent  l'ocjucduc  do 
Fréjus  (Var),  aqueduc  dont  le  développement  est  d'une  trentaine 
de  kilomèires,  se  nomment  successivement  Ir^  Arcs-Sorcllirr. 
les  Arcs-Beringue(,  les  A/'cs  de  Cinjulon,  /e,s  Ares  de  lu  Bonleil- 
lièrc,  les  Arcs-Escof/ler.  les  Arcs-Senesquier,  etc.  Sur  le  terri- 
toire de  Fontcouverte  (Charente-Inférieure),  l'aqueduc  de  Saintes 
franchissait  un  vallon  sur  des  arcades  dont  les  ruines  lui  ont 
fait  donner  le  nom  (le  vallée  des  Arcs,  encore  usité  dans  le 
pays;  et  plus  près  de  la  ville,  dans  lu  vallée  a.ircoul.  vocable 
éyalenient  significatif,  il  passait  encore  sur  des  arcs,  dont  il  ne 
reste  que  cpielques  piles  très  rainées.  Près  de  Poitiers,  on 
appelle  Arcs  de  Pariginj  les  vestiges  d'un  aqueduc  romain. 
Enfin,  l'aqueduc  qui  conduisait  à  Metz  les  eaux  de  la  fonUnnc 
des  Bouillons,  près  Gorze,  traversait  la  Moselle,  vers  le  village 
de  ]o\i\-iiU.r- Ardiez,  sur  une  lon^^ue  suite  de  jurandes  arcades 
formant  un  magnifique  pont  d'un  kilomètre  de  longueur,  qu'on 
appelait  au  xV  siècle  les  arcs  de  Joy,  et  qui  ont  valu  à  ce  villai^c 
le  surnom  qu'il  porte  aujourd'hui. 


XXXI II 
THÉÂTRES 

l'armi  les  noms  cU>.  lieu  intéressants  au  point  de  vue  de  l'ar- 
chr-ologie  romaine,  il  faut  citer  ceux  qui  rappellent  les  édilices 
cniisacrés  aux  jeux  publics,  c'esl-;''-dire  les  théâtres  et  les 
ainphilliéàtres  dont  notre  pays  offre  un  assez  «jrand  nombre 
iri-\oii!['lrs.  Les  noms  de  cette  espèce  ne  sont  peut-être  pas 
toujours,  à  pi-oprement  parler,  des  noms  de  l'époque  romaine, 
mais  ils  dateiil  vraisemblablement  au  moins  de  l'époque  franque, 
l't  doivent  être  mentionnés,  à  l'occasion  des  vocables  géoyra- 
[ihiques  dus  à  la  civilisation  romaine. 

575.  Le  mot  latin  arena,  dont  le  sens  primitif  est  «  sable  m, 
(K-si^;nait  la  partie  sablée  de  l'anq^hithéàtre,  réservée  aux  com- 
liatlants,  et.  par  une  sorte  de  métonymie,  l'amphithéâtre  lui- 
niénu'.  .\u  moyen  àye,  dans  ce  dernier  sens,  on  semble  l'avoir 
cmplové  de  préférence  au  pluriel,  et  c'est  ainsi  que  nous  disons 
aujourd'hui  ;<  les  Arènes   ». 

L'attentiiu'  ne  saurait  être  trop  appelée  sur  l'utilité  de  relever 
le  nom  Ar:iinc  "u  Ai/';iine,  r(q)résentant  le  latin  arena,  au  sens 
d'  -  ampbithéàtie  )>.  surtout  lorsqu'il  ligure  dans  dus  textes  du 
moyen  àye  ;  sans  doute,  il  peut  n'olVrir  que  le  sens  de  «  sable  ><, 
fl  l'on  peut  être  fixé  à  cet  cj^ard  en  considérant  la  nature  du 
snl  ;  mais  le  plus  souvent  il  indiquera  au  chercheur  la  trace  d'un 
monument  antif[ue,  ou  l'aidera  à  déterminer  la  nature  de  vestiges 
romains  tpii  n'ont  pas  été  suirisamn'ient  mis  au  jour. 

Ainsi,  pour  citer  un  exemple  bien  connu,  emprunté  à  la  topo- 
graphie parisienne,  le  cirque  romain  de  Paris,  ipie  le  roi  méro- 
vmgien  Chilpéric  lit  restaurer  en  ;')S3,etdonl  l'emplacement  pré- 
cis a  été  révélé  par  les  travaux  exécutés  en  1870  pour  le  perce- 
ment de  la  rue  Monge,  conservait  au  xiu'^  siècle  le  nom  d'Arènes, 
comme  le  prouve  la  dénomination  de  clos  cr Arènes  donné  par  de 
nombreux  actes  à  un  lieu  voisin  de  l'abbaye  de  Saint-^  ictor. 
L'emplacement  de  l'amphithéâtre  de  Reims,  situé  à  peu  de  dis 
tanci;  au  nord  de  la  ville,  se  nomme  encore  le  nionl  (FArniiif,  et 


!  .-iO 


LES   MOIS   vv:   i.ii:r 


le  peuple,  ignorant  le  sens  do  ce  vocable,  a  dit  parfois,  paraîl-il, 
«  le  mont  de  la  Reine  ».  A  Senlis  enlin.  on  a  retrouvé,  vers  ISIiil, 
les  restes  d'un  amphithéâtre  dans  un  lieu  appelé  FoiiLiinc  ilcs 
Hcinrs.  ce  ([u'ou  serait  tenté  d'inli'rprétcr  dans  le  sens  de  c  ion- 
laine  des  grenouilles  ».  alurs  qu'il  oonviemlrail  iTéorire  u  fonLaiiic 
tl  Auame  ",  conformément  a  la  dénomination  fons  arenaruni 
employée  dans  les  chartes  latines  du  moyen  âge  :  c'est  xuiiipic- 
meat  sur  les  indices  fournis  par  ce  vocable  (juo  le  (Comité  arcluMi- 
logique  de  Senlis  avait  entrepris  la  i-eclierche  de  cet  ampliithéi\trt' 
jusqu'alors  inconnu  des  archéologues. 

Tout  nom  de  lieu  dont  la  forme  est  arena  ne  suppose  pus 
nécessairement  un  amphitéàtre  ;  le  nom  d'Areines  !  Loir-et-Cher, 
prouve  en  elîet  que  par  u  arène  »,  on  a  parfois  entendu  un  simplf 
théâtre  :  du  moins  ce  village  paraît  devoir  son  nom  à  un  théâtre- 
romain  situé  à  six  cents  mètres  à  l'ouest  de  l'église  du  li"u, 
Hiéàlre  i[ue  la  Société  arelu'-ologique  de  ^'endôn\e  a  lait  exiiKner. 

Le  mot  latin  arena,  soit  en  son  sens  primitif  de  <i  sable  », 
soil  en  son  sens  secondaire  ù'  c  amphithéàlre  »  ou  de  «  théâtre  » 
est  encore  l'origine  des  noms  de  lieu  modernes  Arrènes  (Creuse), 
Airaines  (Somme i,  Éraine    Oise;.  Éraines    Culvados).  Su!-  un 

plateau  voisin  de  cette  dernière  localité,  on  a  signalé  des  sub- 
structions  romaines  fort  importantes  :  il  serait  intéressant  de 
savoir  si  ce  ne  sont  pas  là  les  restes  d'un  amphithéâtre. 

576.  Un  autre  mot  latin,  cavea,  désignant  primitivement  la 
p.irtie  du  théâtre  ou  de  l'amphithéâtre  où  étaient  assis  les  spec- 
tateurs, a  pris  ensuite  l'acception  de  théâtre  ou  damphithéàlre. 
Plus  tard,  à  répo(|ue  franque,  il  est  devenu  le  nom  propre  du  lieu 
uii  s'élevait  antérieurement  l'éditice  consacré  aux  jeux  publics. 
L'abbaye  de  Sain(-Crépui-en-Ç.hdiye,  dans  la  banlieue  de  Soissons, 
tirait  son  nom. —  Sanctus  Crispinus  in  Cavea  — de  l'ani- 
phithéàtre  sur  l'emplacement  ducjuel  elle  avait  été  fondée.  L'ab- 
baye de  Ghage,  fondée  en  II3o  au  faubourg  de  Meaux,  doit  son 
nom,  également  formé  sur  cavea,  à  une  circonstance  analoi-'ue. 


XXXIV 

INDUSTRIES     DIVERS1-:S 


La  série  des  noms  do,  lieu  d'orig'iiie  romaine  empriintéi^  aux 
iliverses  industries  est  encore  peu  étendue  ;  mais  nul  doute 
iiu'une  connaissance  plus  approfondie  de  la  toponomaslique  n'y' 
ajoute  plus  tard  d'importants  éléments. 

577.  De  ces  industries,  c'est  la  cérami([ue  (jui  fournit  les  noms 
I('s  plus  intéressants. 

I.e  nom  conmivm  fig'lina,  au  sons  d"  "  atelier  de  potii-r  », 
Icrivé  du  latin  fig-ulus,  n  potier  »,  est  devenu  sous  cette  forme 
l'i^lina,  ou  sous  la  forme  plurielle  Figlinae,  \m  nom  [)i'opre 
(il'  lieu  dès  l'époque  romaine,  témoin  le  nom  de  Fi<;linae  donné 
lians  la  l'aide  de  PeiUini^'er,  à  un  relais  de  juisle  situé  entre 
\'ienne  et  \'alenee,  sui-  la  rive  i:;auche  du  llhône,  ;i  2.."J0n  mètres 
environ  au  sud  de  Sainl-Rambert-d'Albon  (Drôme),  Les  ateliers 
il.'  potier  ayant  été,  semble-t-il,  nombreux  en  Ciaule,  eomme 
dans  les  autres  parties  de  l'Empire  romain,  on  ne  s'étonnera  pas 
(]ue  Fij^lina  et  Fijjlinae  soient  le  thème  étymolog-ique  d'un 
eiitain  nomlu'e  de  noms  de  lieu  dans  notri'  pays. 

Félines  (Ardèche,  Aude,  Drôme,  Hérault,  Loue,  llautc-Loire, 
Lot,  Puy-de-Dôme,  Tarn,  Tarn-et-r<aronne^,  la  Féline  (Allier), 
Flines  iNnrd)  paraissent  représenter,  malgré  Vs  linai  de  la  [)lu- 
[lart  de  ces  noms,  lequel  n'est  pas  toujours  étymologique,  le  sin- 
gulier Figlina.  (^n  en  peut  dire  autant  de  Fieulaine  (.'\.isnt\\  de 
Filaine  l^Cher,  Loir-et-Cdier)  et  tle  Fulaine  (Maine.  Oise;,  La 
diphtongue  eu  de  Fieulaine  paraît  résulter  d'une  vocalisation  du 
<j  de  Figlina,  vocalisation  dont  fournissent  d'autres  exemples  l^ 
nom  de  Vémeraude,  en  latin  smaragdus,  et  l'appellation  Paii- 
<Lis  par  laquelle  le  français  du  moyen  âge  désignait  Bagdad. 

Dans  Flins  (Seine-et-Oise)  et  dans  Filain  ^.\isne,  llaute- 
Saône!  l'absence  de  terminaison  muette  aidorise  a  supposi-i-  le 
prinnlif  b'ig  i  i  nae, 

578.  Il  y  a  peut-être  intérêt  à  nuuitionner  ici,  en  [)assant,  le 
nom  de  MontpotJiicr  (Aube),  écrit   Monl-U'-Polirr  du  xni''  sii'clè 


I."i2  LES    NOMS    l)'.:    I.IKf  WA 

au  xviii'^,   ce  qui  réj^ond  au  Mons  Potarius  ou   Mons   Figuli  ;.,'^ 

du  xu'^  :   on    retrouve   on  ce   lieu  un  grand   noinln'o  de  poteries  °'  j 

antiques.  •    ] 

579.  L'Itinéraire  dAntonin  mentionne  deux  l'elais  du  nom  de  ,-;  \ 
Calcaria  situés,  l'un  dans  Tîle  de  Bretagne,  l'autre  en  l'ro-  j; 
vence,  non  loin  de  Marseille.  Ce  noni,  désignant  un  foui- à  chaux,  *  ; 
n"a  aucun  équivalent  dans  la  nomenclature  moderne  ;  mais  s;i  'f;  i 
varianle  Fur  nus  ealcarius  est  le  thème  étymologique  du  nom  f^-i 
de  Forcalquier  (I>as3es-Alpes'i  et  de  son  diminutif  Forcalqueiret  i.A 
(Var).  f\ 

580.  Les  vocables  Caufuur,  Chnufoiir,  qui  sont  de  véritable.s  s-,; 
svnonyniesde  Forcalquier,  formés  (ju'ils  sont  surcalcis  furnus.  |  i 
n'appartiennent  pas  k  l'époque  romaine,  ni  môme,  semVjle-t-il,  ;i  'y': 
l'époijue    francjue  ':  il   n'y   a   donc  pas   lieu  de  les  examiner  ici.  f.  i 

f  ■; 

La  recherche  et  l'exploitation  des    métaux  a  fourni   quelques  ^\ 

vocables    géographiques,    dont   plusieurs   remontent  à   répo(pie  W.' 

romaine.  |  i 

581.  Argentai'ia,  désignant  une  mine  d'argent,  est  repré-  ^' 
sente  par  Argentières  (Seine-et-Marne),  l'Argentière  Jlautes-  |,i 
Alpes),  Largentière  (x\rdcche),  Argenteyres  (Gironde),  cjui  sont,  î  ■ 
on  le  rappelle,  les  équivalents  du  nom  d'origine  celticpie  Argcn-  ê^j 
(cuil.  p-] 

582.  Le  mot  latin  ferraria,  désignant  un  gisement  de  fer,  est  ": 
l'origine  des  noms    de    lieu  Ferrière,    Ferrières   —  dont  Va  est  I   . 
parasite  —  et  la  Ferrière;  à  côté  de  ces  noms,  dont  il  existe  un  j;' 
si    grand    nombre    d'exenqjlaires,     on    citera    ceux    de    Ferrère  f 
(Hautes-Pyrénées),  de  Fraire  (Belgique,  province  de  Xamur),  de  L    ' 
Herrère  (Basses-Pyrén»^es)et  de  la  Herrère  (Haute-Garonne),  ces  jf- 
deux  derniers  caractérisés  par  la  transformation  gasconne  de  Vf  ] 
latin  en  h  aspiré.  « 

583.  D'antiques  ex[)loitations  de  minerai  de    fer  sont  révélées  y 
parfois  à  l'archéologue  par  des  dépôts  de  mâchefer,  que  désignent  | 
le  plus  souvent  des  noms  signilicatifs  :  le  nom  de  Rosco/f  (F'ims-  {    ' 
tère)  signifie  en  breton  «  le  tertre  du  forgeron  ». 

584.  A    la   métallurgie   se   rapporte  également   le    mot    latin  ^  ■ 
fabrica,  dérivé  de  faber,  a  forgeron  »,  et  qui  a  donné  en  fran-  '■ 
çais  «   forge  ».  C  est  de  ce  mot  que  viennent  les  noms  de   lieu  / 
Fargues  (Gironde,  Landes,   Lot,   Lot-et-Garonne),  Farges  'Ain,  ; 


OUir.lMOS     HOMAIMS     :     I.NDISIIIUS     [11 V  KRSKS 


1  :V.\ 


!i' 


C.luT,  Saône-el-Loirei,  Forgues  (Ilaute-Ciironne).  Forges  (Cha- 
ronte-Iuférieure,    lUe-eL-Vilaine,   Maine-et-Loire,   Meuse,    Orne, 
S.'iiie-el-Marne,     Seine-el-Oise,     Seine-Inférieure),     Horgues 
Ihiules-Pyrénées). 

585.  Il  est  arrivé  parfois  que  l'accent  tonique  de  f  abrica,  dont 
la  place  ré-uliere  esL  sur  la  première  syllabe,  s'est  reporté  sur  la 
seconde  :  de  là  les  noms  suivants  :  Fabrèges  (Lozère),  Fabrègues 
(Avejron,  Cantal,  Hérault,  Var),  la  Fabrègue  (Tarn),  Favergë 
■  Savoie),  la  Faverge  (Loire),  Faverges  (Isère,  Jura,  Ilaule- 
Savoie). 

586.  Ces  dilTérents  noms  de  communes  —  on  a  négligé  leurs 
honumymes  appliques  i)  de  simples  écarts  —  remontent  vrai- 
semblablement à  la  période  romaine.  Il  en  pst  peut-être  de  même 
d'un  certain  nombre  de  villages  appelés  Fours,  et  qui  peuvent 
devoir  ce  nom  à  d'anciens  fours  à  poterie  ou  à  chaux  ;  mais  le 
mot  four,  du  latin  furnus,  ayant  persisté  dans  la  langue 
moderne,  il  est  possible  que  plusieurs  de  ces  localités  ne  .soient 
pas  d'une  origine  aussi  ancienne  :  on  n'en  dira  donc  rien  de  plus 
ici. 


XXXV 

-AlUA 


Le  siiilixo  lalin  -aria  a  iHt'  coml)iné.  non  seulement  avec  des 
noms  de  métaux,  mais  encore  avec  des  noms  de  [liantes  [inui' 
former  des  noms  de  lieu  :  ceux-ci  se  jn'ésentent  jiour  la  plupaii 
dans  les  textes  de  la  période  rran([ue  ;  mais  on  en  rencontrerait 
sans  doute  <le  plus  anciens  exemples  si  les  textes  topoyraphiqvus 
de  la  période  romaine  étaient  plus  abondants. 

587.  Cannabaria,  formé  sur  cannabis,  «  chanvre  »,  est  la 
forme  primitive  des  noms  de  Chenevières  (^Meurlhe-el-Mosfllr -, 
Chennevières  (Mi'use,,  Seine-et-Olse),  el  de  Canabières  (Aveyroui. 

588.  l'"abaria,  rlérivé  de  faba.  .<  fève  »,  a  produit  Favièrcs 
(Eure-et-Loir,  Meurthe-et-Moselle,  Seine-et-Marne,  Somme  .  la 
Favière  (Jura;,  et,  moyennant  l'addition  d'une  désinence  diminii- 
tive,  Faverolles  (Aisne,  Canlal,  (^ote-d'Or,  Eure,  Eure-et-L<Mr, 
Indre.  Loir-et-Cher.  Haute-Marne,  Orne,  Somme) 

589.  ]'"rume  n  tari  a,  de  frunienlum,  «  blé  »,  est  le  Ihènui 
étymolog-ique  de  Fronientières  (Marne,    Mayenne). 

590.  De  Humularia,  formé  sur  le  bas-latin  humulus, 
«  houblon  ».  provient  le  nom  d'HoiIlblières  (Aisne',  pour  ieiiuel 
on  a  la  forme  caroling'ienne  Ilumolariae. 

591.  Linaria,  dérivé  de  liniim,  i<  Mn  ■*,  a  donne  naissance 
ans;  noms  de  Lillières  iMaine-et-Loire),  de  Lignières  (Aube, 
Charente,  Indre-et-Loire,  Loir-et-Cher.  Mayenne,  Meuse, 
Sarthe,  Somme]  et  de  Lignères  (Somme),  auxquels  il  faut 
joindre  le  diminutif  Lignerolles  (Allier.  Cote-d'Or,  Eure,  Indre, 
Orne). 

.\  côté  des  noms  ([ui  viennent  d'être  éuumérés,  etqui  dési,L;'nent 
des  localités  (;ù  l'un  eultiva  le  clian\Te,  les  fèves,  1  blé,  le  iiou- 
blon  et  le  lin,  la  toponymie  latine  présente  des  noms  de  même 
formation,  ayant  pour  r;icine  des  noms  de  ])!antes  ci'uissant  sans 
cultui'c. 

592.  Pervincaria,  tlésii^nant  un  lieu  où  croit  la  pervenche, 
est  hi  forme  priniitive  des  noms  modei'iies  Pervenchères  ;Il!e-td- 


(in;r,iNi-:s  p.omainiv 


ir)5 


Vilaine,  Oriio),  Pervinquières  (ïaT-n-et-Garonne),  Prévencllère 
(Ardôclu',  Cher),  Prévenchères  (Creuse,  Lo/.èrei,  Préviiiquières 
(Aveyron).  Proveiichère  (Douhs,  Puy-de-Dôino,  TIaute-Saùne), 
la  Provenchère  (Eure-et-Loir,  Loiret.  Savoie;,  Provenchères 
iHaute-ALarne,  Vosges),  les  Provenchères  fSavoie),  la  Proven- 
quière  et  Provenquières  (Tarn). 

593.  Sinaparia,  c'est-à-dire  c  lieu  où  croît  le  sénevé  »,  se  ren- 
contre au  vi^"  siècle  dans  Grégoire  de  Tours,  sous  la  forme  Sena- 
naria,  pour  désigner  le  monastère  de  Sennevières  (Indre-et- 
Loire\  Sennevières  (Oise.  Yonne:  et  Cenevières  {Ua^  ont  la 
même  origine. 

594.  Juniperaria,  formé  sur  le  nom  du  ge\)évrier,  j  un  :pe- 
rus,  adonné  Genevrières  (Haute-Mame  ,  la  Geiiévrière  (Cor- 
rè/.e),  les  Genevrières  (Côte-d'Or). 

595.  Au  moyen  âge  on  a  formé  helon  le  même  procédé  des 
noms  de  lieu  sur  des  noms  de  plantes  dont  quelques-uns  n'étaient 
pas  d'origine  latine,  et  c'est  ainsi  qu'à  côté  des  noms  Jonchères, 
la  Jonchère,  Jonquière,  Jonquières,  représentant  un  bas-latin 
Juncaria,  des  noius  Boissières,  îa  Boissière,  Bussière,  Bus- 
sières,  Buxière,  Buxières,  représentant  un  has-latin  Bu\arui, 
on  trouve  des  noms  tels  que  Leschères,  en  i.MS-latin  Liscaria, 
indiquant  la  présence  de  cette  plante  de  la  famille  des  cypéracées 
qu'on  appelle  la  laiche,  et  que  Rozières,  en  bas-latin  Pvosaria, 
dérivé  de  la  forme  primitive  du  nom  de  la  plante  qu'aujourd'hui 
nous  iqipelons  diminutivement  le  roseau.  Liscaria  est  l'origine 
de  Leschères  (Jm-a,  Haute-Marne,  Savoie)  —  qui  a  pour  dimi- 
nutif Lescherolles  (Cher,  Seine-et-Marne)  —  et  de  l'Échelle 
(Marne,  Seine-et-Marne)  :  on  voit  que  dans  ce  dernier  nom.  une 
substitution  de  liquide  a  eu  poiu-  conséquence  une  fausse  mter- 
prélalion.  .\  signaler  les  v;irianti's  bourguignonnes  et  lorraines 
la  Lochère  (Côte-d'Or),  les  Lochères  Saône-et-Loire).  Lochéres 
(Meuse). 

596.  Le  suffi.Ke  -aria  a  été  combiné,  non  seulement  comme  on 
vient  de  le  voir,  avec  ues  noms  de  végétaux,  mais  encore  avec 
des  noms  d'animaux  :  les  noms  de  lieu  de  cette  dernière  forma- 
tion ont   trait  à  l'élevage  du  bétail. 

597.  Armentaria,  formé  sur  le  nom  gc-nérique  du  gros  bétail, 
armentum,    est  l'origine  du    nom  de  lieu  Armentières    (Aisne. 


iaft  i.i:s    NOMS   [)i:   lifu  ^" 

Arièg-e,    Aube,      Eure.    Indre-ct-Loirç,     Nord,    Oise,      Seine-ot-  : 
Mnrno). 

598.  Asinaria.  c'e.st-à-dirc  i  lieu  où  l'on  élève  des  ânes  »  csl  ^ 
représenté  par  Asnières  (Ain,  Calvados,  Charente,  Charente-  f 
Inférieure,  Côtc-d'Or,  Eure,  Sarthe,  Seine,  Seine-el-Oise.  % 
Vienne,  Yonne),  Ànières  (Deux-Sèvres),  Agilières  (Hautes-  f 
Alpes,  Pas-de-Calais,  Somme),  Anères  (Hautes-Pyrénées). 

599.  lîerbiearia,    formé    sur    le    latin    herbex,    n   brebis   >\  J; 
variante,  employée  par  Pétrone,  du  ebissiqne  vervex,  a  loiu'ni  le^^  V  ^ 
noms    de    lieu    modernes    Berbiguiôres    (1 '.ndoyne),     Bl'ebières  m    \ 
(Pas-de-Calais),    Berchères     :  lùire-et-I,oir),    Bergères    (Aube,  f'  î 
Marne),  la  Bregère  (Haute-Vienne),  la  Bregière  f.-Vllier).  •'  j 

600.  Bovaria  est  l'origine  du  nom  de  Bovière   (Mayenne).  f    i 

601.  Capraria,  qui  indi([ue  un  lieu  où  l'on  élève  des  chèvres,  ^   j 

et   qui  est  d'ailleurs  un   ]ioni  ^/ographique  connu  de   l'antiquité  ï    I 

latine,  a  donné  en    France  Cabrières  (Gard,  Hérault,   Vauciusc)  |^  ! 

—  d'où  le  diminutif  CabreroUes  (Hérault)  —  et  Chevrières  ,   ' 

(Ardennes,  Isère,  Loire,  Oise'/.  Les  noms  de  Cabriès  (Bouches- 

'  .    .  ""    i 

du-Rhnne)  et  de    Chevrier    (Haute-Savoie)    tirent  leur   ong-uu; 

d'une   l'orme  nuisculine  ou  neutre  de  Capraria.  ,.    i 

602.  Porcaria,  u  porcherie  >>,  a  produit  Porchères  (Girondei,  ^  ' 
Pourchères  (.Ardèche),  et,  par  l'adjonction  d'une  terminaison  i  ' 
diminutive,  Porqucrolles  (Varî.  ■■   ■■ 

603.  Vaccaria,  «  vacherie  »,  a  fourni  les  noms  de  lieu  ; 
modernes  "Vachères  (Basses- Alpes,'  Drôme),  la  Vachère  (Piiy  ^'  ' 
de-Dôme),  Vacquières  (Bouehes-du-Rhône,  Hérault),  desquels  •  ,' 
il  faut  nipprocher  le  diminutif  Vaqueirolle  l(iard)  el  "Vacquicrs  i.\i 
(Haute-Garonne),  qui  a  évidem.menl  pour  origine  un  neuti-e  Vac-  ;,":J 
carium,  .synonyme  de  Vaccaria.  ^ :^ 

604.  C'est  aussi,   selon  toute  apparence,   à   répo([ue   romaine  l  ;. 

qu'il  faut  rapporter  l'origine  du  nom  de  lieu  Apiaria,  mentionné  *;,  ^ 

dans  plusieurs  textes   de   la  période    franque,  et  cpii  désignait  à  l    '^ 

l'oriiT-ine  un   lieu   où   l'on   élevait  des  abeilles,    apes.  Ce  nom  a  '    ! 

o  ■  .  i 

produit  le  nom  Achères  (Cher,    Eure-et-Loir,  Loiret,    Seine-et-  ?,  t 

Marne,  Seine-et-Oise),  et  sa  variante  fautive  Aschèrss  (Loiret).  O 

605.  Le  curieux  capitulaire  De  Villis,  édicté  par  Charlemagne^ 
antérieurement  à  l'an  800,  révèle  l'emploi  au  viir'  siècle,  comme, 
synonymes  de'  plusieurs  des  mots  qui  viennent  d'être  passés  en 


(i1;1C,|M;s    Ko.MAlMùH    :     -.w.'/.i  t;)7 

ri'\uiî,  tir  Iciincs  ([ui  s'un  disliiii^uciit  par  la  ik'sinoncc  -arilia, 
i-inploN  ('t'  au  lieu  di!  -aiia.  Ou  )il  a  1  ariùlo  XXIll  de  celte 
ordonnance  :  lu  uuaqua;[ue  villa  uusira  lialua  u  l  judices 
vacearitias,  porca  ri  lia.s,  her  b  ica  ri  li  a  s,  ca  pra  ri  l  ia  s,  liir- 
earilias,  ([uauLuiu  iiius  poLueriuL.  Chacun  de  ces  niols,  à 
l'exception  peut-être  du  dernier,  qui  semMe  n'être  (paun  synonyme 
lie  ea[)ra  ri  lia,  a  fourni  des  noms  de  ]\en  qui  remontent  vraiseni- 
hlablement  pour  la  plupart  à  répo([ue  franque. 

606.  Vaccaritia  est  le  thème  étymologique  des  noms  Vache- 
resse  (Charente,  Doubs,  Loire,  llauto-Loire,  Puy-de-Dôme, 
Haute-Saône,  Ilaule-Savoiei,  la  Vacheresse  (Seine-et-()ise, 
\"osyes),  Vacheresses  yFAU'e-el-L,cur;,  Vacqueresse  (Somme)  el 
Lavaqueresse  (Aisne i. 

607.  Porcaritia    est   la    forme    primitive    des    noms    de    lieu 
Porcheresse       (Charente- Inférieure.      LoireL  1 .       PourcharesS8  . 
(Ardèchc),     Pourcharesses     (Lozère  ,     Pourcheresse     (Puy-de- 
Dôme  i. 

608.  Berbicarilia  a  produit  tout  au  moins  le  nom  la  Berge- 
n'usc  qui,  dans  un  acte  de  1  i23,  désigne  une  localité  de   la  Hrie. 

609.  (daprarilia  est  vraisemblabltmienl  1  origine  du  nom  de 
Chevresse  (Cher),  dans  lequel  on  verrait  LeHel  d"unc  contraction. 
Gabrerets  (Lot)  paraît  représenter  un  synonyme  masculin  ou 
neutre  de  Capi'aritia. 

610.  Uovaritia.  dont  le  capitulaire  /)(■  \'illis  permet  de  sup- 
poser l'existence,  est  sans  doute  le  thème  étymologique  du  nom 
de  Bouresse  (Vienne). 

611.  Si  le  mot  hircaritia,  désignant  une  étable  à  boucs,  n'a 
rien  donné,  cela  tient  à  ce  que  ce  mol  n'est  qu'une  traduction 
d'une  expression  vidgaire  (}ui  subsiste  évidemment  dans  le  nom 
de  lieu  Boucheresse  (Creuse),  formé  sur  le  nom  roman  du  bouc, 
et  non  pus  sur  son  nom  latin.  Le  sens  que  permettent  de  donner 
au  nom  Bouchercssc  le.s  constatations  qui  précèdent,  autorise  aussi 
a  traduire  les  noms  de  lieu  Bouchère  (Charente,  Hautes-Pyré- 
nées), la  Bouchère  (Nord)  et  Bouchères  (Lot-et-Garonne)  par-la 
périphrase  «  étable  à  boucs  ". 


XXXVI 
AP.BRHS 


Un  grand  nombre  de  noms  de  lieu  représentent  des  collectifs 
latins  i'orniés  siir  des  noni.s  d'ai'bres  ;i  Tîiide  dn  suilixe  -etum, 
qui,  à  l'rpocjue  carolin^'-leniic,  a  éli-  altéré  eu  -idum  ;  -cla, 
lornie  féminine  de  -etuui,  a  été  aussi  eni[)l()yé  à  lu  même  lin. 
Pour  énumérer  ces  noms  de  lieu  on  suivra  l'ordre  alphabétique 
des  formes  originelles. 

612.  Alnetum,  de  alnus,  .i  aune  ■>  :  Aulnay  ^.\ube,  Eure, 
etc.),  Aulnois  i^Ai'jne,  Meuse,  >'[c.).  Alllnoy  i  Haute-Marne,  Nord, 
ele.),  Aunay  (Eure-et-Loir,  Nièvre,  etc.),  Lauiiay  (Aisne,  Cal- 
vados, etc.),  Launoy  (Aisne.  Antennes),  Launat  '  (Marne), 
variante  champenoise,  LaniiOy  (Xurd,  (Jise,  Pas-de-Calais), 
variante  [)icarde. 

613.  Betuletuni,  île  belula,  n  bouleau  o  :  Belloy  (Oise, 
Seine-et-Oise,  Sommej,  le  Belloy  (Seine-el-(Jise),  Bellay  (Marne, 
Oise),  le  Bellay  (Seine-ct-Oise)  ;  d'une  nuuiière  générale,  la  pré- 
sence de  l'arlicle  peut  être  l'indice  d'une  origine  moins  ancienne. 

614.  J3etulletum,  doublet  du  précédent,  qu"autoris(Mit  à  sup- 
poser les  vocables  Bouloy  (Côte-d'Or,  Seine-et-Marne),  le  Boulois 
(I^oubs),  Boulay  (Loiret,  Mayi'une,  Seine-et-Oise),  le  Boulay 
(Eure,  Eure-eL-Loir,  Indre-el-Loire,  \'osges).  La  Boulaye 
(Saône-el-Loire)  viendrait  de  l'etullela. 

615.  Buxetum,  de  buxus,  «  buis  »  :  Bucy  (Aisne,  Loiret), 
Bussy  (Ardennes,  Calvados,  etc.),  Buxy  (Saùne-et-Loire),  Bou- 
chy  (Marne),  —  quelques-uns  de  ces  nombreux  noms  peuvent  à 
la  vérité  représenter  un  primitif  Bueiacus  ou  Bucciacus, 
formé  sur  un  gentilice  Bucius  ou  Buccins  —  Boissy  (Eure, 
Eure-et-Loir,  etc.),  Boissay  (^liure-et-Loir,  Loir-et-Cher,  Maine- 
et-Loire,  Seine-Inférieure),  Boisset  (Cantal,  Eure,  Gard,  Hérault, 
Loire,  Haute-Loire),  Boissets  (Seine-et-Oise),  Busset  (Allier). 
Le  changement,  qu'on  observe  en  plusieurs  cas,  de  IV  de  -etum 
en  (■  est  l'elfel  du  son  sifllant  qui  précède  ;  il  en  est  ainsi  dans 
le  mot  c/rr,  venant  du  latin  cera. 


i 


'^ 


OIUC.INKS     UOMAINKS 


.*)',! 


f^fk 


I 

u 


616.  Carpinoluni,     de    carpiaus,     «    charme    »    :    Garnoy 
Sdinine),    Charnois    (Ardeiiae.s\    Charnoy    (Marne,    Nièvre),    le 

Charnoy  (Seine-et-Marne),  Gharmoy  (.\ube,  naute-Afarne,  Saone- 
fl-Loire,  Yonne,  etc.). 

617.  Casneliun,  qu'on  rencontre  dans  des  textes  de  l'éponue 
iVancpie,  et  (pii  est  lornie  sur  le  nom  du  chêne  tlans  une  langue 
iuiléromaine  de  Gaule  :  Chanoy  (Loiret,  Haute-Marne,  Haute- 
Saône,  Vosges),  le  Chanoy  (Seine-et-Marne),  Chesnois  et  le 
Chesnois  (Ardonnes),  le  Chesnoy  (Nièvre  ,  le  Chesnay  (Seiue- 
cl-Oise),  le  Chenoy  (Loiret.  Meurlhe-et-Moselle,  Seine-et-Marne, 
Yonne),  Chenay  et  le  Chenay  (Calvados,  Eure,  etc.),  Quesnay  et 
le  Quesnay  (Calvados.    luu-e,   ete.'i,    Quesnoy  ou   le   Quesnoy 

Manche,    Noi-d,  etc.). 

618.  Castanelum,  de  castanea,  «  châtaignier  )i  :  Gastenet 
(Haute-Garonne,  Hérault,  Tarn,  Tarn-et-Garonne),  Gatenoy 
(Oise),  Catenay  (Seine-lnlerieure),  Châtenois  (Jura,  Haut-Rhin, 
Ilaute-Saôue,  Vosges),  Ghàtenoy  ;l,')!ret.  Saône-et-Loire,  Seine- 
ri-Marnei,  Chàtenay  mi  le  Chatenay  jAlu,  Diruue,  etc.  ,  Chàte- 

nct  <iu  le  Ghàtenet  (Charente,  t]urrè/.e,   ilaale-\'ienne). 

619.  Ce  rase  t  uni,  en  has-latin  Cersetuniuu  Ce  r  si  tu  m,  de 
cerasus,  ..  cerisier  .>  :  Cerçay  (Côte-d'Or.  Loir-et-(^Jier,  Seine- 
et-()ise),  Gersay  i^ Deux-Sèvres). 

620.  Coryletum,  à  l'époque  i"ranf[ue  Colritum  ou  Colri- 
duin,  de  cor  y  lus,  »  coudrier  ><  :  Golroy  'Nosges;,  Gorry 
(Loiret,   Marne),  Gauroy  (Ardennes,  Marne),   Cauroir  (Nordi. 

621.  Fagetuin,  de  fagus,  ><  hêtre  »  :  Faget  ou  le  Faget 
(l)ordogne,  Gers,  Haute-Garonne,.  Lot,  Lot-et-(iaronne,  Basses- 
Pvrénées,  Savoie),  Haget  (Gers,  Landes,  Lot-et-Garonne, 
lîasst's-Lvrenees.  Hautes-Pyrénées,,  Fayct  '  .\isne,  Aveyion. 
Puy-de-Dome,  etc.). 

622.  Fi-a\  inet  uni,  de  l'raxinus,  «  frêne  »  :  Fraysshiet  (Lot), 
Freycenet  (Haute-Loire),  Freychenet  (Ariege;,  Freyssenet 
(.Vrdèche),  et  en  pays  de  langue. d'oïl,  les  noms  si  fréquents  de 
Fresnoy,  Fresnois,  Fresnay,  Fresnai,  Fresnais,  Frenoy,  Freney 
et  Frenay. 

623.  Nucetum,  de  nux  «  noyer  »  :  Noisy  iSeine,  Seine-et- 
Marne,  Seine-et-Oise),  (jui  a  pour  diminutifs  Noisiel  et  Noiseau 
(Seine-et-Marne). 

624.  Fine  tu  m,  de  pin  us,  «  pin  »  :  Pinay  (Loire),,  Pinet 
(Nièvre). 


iO 


LES     NOMS     DK    I.ll'r 


625.  Prunetuin,  a  l'époque   inéroviri'^'-iLMinc   Pruniduni,    de  i 
prunus,  «  prunier  »  :  Prunoy  (Yonne),  Prunay  (Aube,  Euro-d-             • 
Loir,     Loir-et-Cher,     Marne,     SL'ine-et-Oise),     Prunet     (Allier,                i 
Arclècho,     Cantal,     Haute-Loire,     Lozère.    Pyrénées-Orientales),            Ira 
Pournoy  (Moselle).                                                                                        ^ 

626.  Roboretum,  derohur,  «  rouvre  »  :  Rouvroy,  Rouvrois,  ^ 
Rouvray,  et,  en  pays  de  langue  d'oc,  Rouret  (Gard),  le  Rouret  "i 
(Alpes-Maritimes).                                                                                               * '; 

627.  Salicetum,  de  salix,  >.  saute  >■  :  Saulcy  i^Aube, 
N'os-es),  le  Saulcy  (Vos-es),  Sauchy  (Pas-de-Calais),  le  Saus^oy  î 
(Seine-et-Marne,  Yonne),  Saussay  et  le  Saussay  (Kure,  Eure-et-  ^ 
Loir,  etc.),  Saulchoy  (Oise,  Pas-de-Calais,  Somme),  Sauîcet  ^  j 
(.VUier),  Sauzet  (.Vveyron),  Saulzais  (Cher),  Saulzet  (Allier,  '"  < 
Puy-de-Dôme). 

628.  Sabucetum,  pour  Sambucetum,  de  sambucus,  >\ 
«  sureau  >>,  est  probablem  Mit  l'origine  de  quel(|u'un  des  vocables  £  ; 
Sucy  (Seine-et-Marne,  Seine-et-Oi.se),  Suzy  (Aisne),  Souchez  ^. 
(Pas-de-Calais).                                                                                                   ijà, 

629.  Spineturn,  de  spina,  «  épine  »  :  Épinoy  (Xord,  Oise,  |-j 
Pas-de-Calais),  l'Épinoy  (Loiret,  Pas-de-Calais),  Lespinoy  (Pas-  ^'^ 
de-Calais)  ;    enlin  Épinay   ou    l'Épinay,    vocable    très    répandu, 

mais  qui  cependant,  en  ce  qui  concerne  Epinay-sar-Scine  (Seine), 
ei  Epinay-sar-Orge  (Seine-et-Oise),  représente  une  forme  assour-  * 

die  d'Ëpineil,  qui  vient  du'synonyme  gallo-romain  de  spineturn, 
spinoialum.  ■.', 

630.  Tilietum,  de  tilia,  «  tilleul»  :  Tilloy,  Thiilois,  Tillay,  M 
Theillay,  Teillay,  Teillet  et  Teilhet,  vocables  très  fréquents.  v; 

63L   Tremuletum,     du    qualilicatif     de    populus    tremula,  *  •^• 

((  tremble  »  :  le  Tranloy  (Oise),  le  Transioy  (Nord,  Pas-de- 
Calais),  Tratllay  (Somme),  et  les  noms  de  lieu  si  comn\uns, 
Treniblois,  le  Tremblois,  Tremblay,  le  Tremblay. 

632.  Ulmetum,  de  ulmus,  .<  orme  »  :  Ulmoy  (Maine), 
Ormoy  (Eure-et-Loir,  Haute-Marne,  Oise,  Ilaute-Saone,  Seine- 
et-Oise,  •  Yonne),    Osmoy   (Cher,    Eure,    Eure-et-Loir,  Seine-el- 

Oise,  Seine-Inférieure),  Ommoi  (Orne).  .  j 

633.  Vernetum,  du  nom  gaulois  de  l'aune,  qui  a  persisté  :  ïpf 
Vernoy  (Yonne),  Vernois  (Côte-d'Or,  Doubs,  Haute-Saône),  le  ^l 
Vernois  (Côte-d'Or,  Doubs,  Jura),  le  Vernet  (Basses-Alpes,  i>i 
Ariège,  Haute-Garonne,  Haute-Loire,  Puv-de-Dôme.  Pyrénées-  ^ 
Orientales).                                                                                                         ^ 


ORIGINES    ROMAINES    :    AHKHES 


\(\\ 


l. 


La  long-ne  tHuuuéralion  qui  précèdu  lU"  comprend  qu'une  partie 
(li!S  noms  Je  lieu  de  France,  pouvant  remonter  à  l'époque 
romaine,  qui  sont  empruntés  au  règne  végétal.  D'autres  con- 
sistent dans  les  noms  mêmes  des  arbres,  emj)lovés  sans  aucun 
sullixe  : 

634.  Alnus  désigne,  dans  un  diplôme  de  Charles  le  Chauve 
une  localité  voisine  de  Nogent-sur-Seine  qu'on  ne  peut  plus 
uleiitilier  ;  ce  mot  est  l'origine  du  nom  de  Laulne  (Manche). 

635.  Carpinus  :  Charmes  (Aisne,  Allier,  Ardèche,  Cotc- 
il'Or,  Drôme,  Haute-Marne,  Haute-Saône,  Vosges),  la  Charme 
(Jura),   le  Charme  (Loiret). 

636.  Casnus  :  Chanes  (Saône-et-Loire),  le  Chêne  (Auhe),  le 
Chesne  (Ardennos,  Eure),  le  Quesne  (Somme),  Casse  (Lot-et- 
Garonne)  ;  cette  dernière  forme,  plus  rare,  est  l'origine  des  noms 
de  famille  Ducausc  et  Delcassé. 

637.  Corylus  :  la  Caure  (Marne),  Gaulre,  la  Caulre  (Meurthe- 
et-Moselle),  ot  peut-être  Corre  (Haute-Saône). 

638.  Fagus  :  Fay  (Aube,  Drôme,  Loire-Inférieure,  Loiret, 
Oise,  Sarthe,  Somme);  Fai  (Orne),  le  Fay  (Saône-et-Loire),  Faux 
îArdcnues,  Aube,  Creuse,  Dordogne,  Marne),  Faulx  (Meurthe- 
el-Mosellei.  le  Faux    Pas-de-Calais). 

639.  Fraxinus  :  ■  Fraysse  (Dordogne),  Fraisse  (Hérault, 
l.oii-e.,  Fraisnes  ^Meurthe-et-Moselle),  Fresiie  iCôte-d'Or,  Eure, 
.^eiiu-interieure),  le  FrcSlie  (Calvados,  Eure,  Manche,  Maine), 
fresnes  (.Visne,  Loir-et-Cher,  Marne,  Haute-Marne,  Meuse, 
Nord,  Oise,  Pas-de-Calais,  Seine,  Seine-et-Marne,  Somme), 
Frênes    Orne),  Frasne  >i;)oubs,  Jura,  Haute-Saône). 

640.  Pinus   :   Pin  i  llaule-Saône),    le   Pin   (.Vllier,    Calvados, 
Charente-Inlérieuie,   Gard,    Haute-Caronne,    Indre,    Isère,    Jura 
Loire -Inférieure,      Seine-et-Marne,      Deux-Sèvres,       Tarn-et- 
(laronnej. 

641.  llobur  :  Reuves  (Marne),  Rouvre  (Deux-Sèvres), 
Rouvres  (.Vube.  C;dvados,  Côte-d'Or,  Eure-et-Loir,  Indre,  Loi- 
ret, Haute-Marne,  Meuse,  Oise,  Seine-et-Marne;  Vosges),  Roure 

Al|)es-M;iritinu's). 

642.  Salix  :  Saulx  (Côte-d'Or,  Meuse,  Hante-Saône,  Seine-et- 
Oiseï  ;  parfois  employé;  comme  nom  d'écart,  Saulx  est  précédé  do 
1  ai'ticie  /,(,  conservant  le  genre  qu'avait  salix  en  latin;  il 
résvdte  île  là  tpie  le  nom  de  lieu  dit    Fontaine  de  la  Saulx,  tra- 

/.('.<;   noms   dt:   lifii.  jj 


Ifi2 


LES     NOMS     IJE    LIKII 


duisaiil  le  latin    Fons   salicis,  est  souvent  écrit  «    Fontaine  ilr 
l'Assault   ». 

643.  Spina  :  l'Épine  (Hautes-Alpes,  Marne,  Pas-de-Calais  . 

644.  Tilia  :  Thil  (Ain,  Aube,  Cùle-d'Or,  Haute-Garonn.', 
Marne,  Meurthe-et-Moselle,  Saône-et-Loire,  Seine-Inférieuici, 
le  Thil  (luire,  Seine-Inférieure),  Theil  ;Cliarente,  Yonne),  le 
Theil  (Allier,  Calvados,  Eure,  lUe-et-Vilaine,  Manche.  Orne),  le 
Teil^Ardéche). 

645.  Ulmus  :  Olmes  (Aveyronl,  les  Olmes  (Rhône),  Ouliiies 
(Vendée),  Ormes  (Aube,  Eure,  Loiret,  Marne,  Meurthe-el- 
Mûselle,  Saône-et-Loire),  l'Homme  (Sarllie),  l'Houme  'Charente  , 
Oms  (Pyrénées-Orientales),  Omps  Cantal),  Homps  (Aude),  sont 
à  rapprocher  du  nom  de  famille  Dchnns,  forme  auvergnate  do 
Desormes. 

646.  La  plutiart  des  arbres  étaient  désiarnés  dans  la  lan"uc 
vul_L;aire  du  moyen  âge  sous  deux  formes  dilTérentes,  l'uno 
simple,  comme  boule.,  charme,  chêne,  corre,  pu/,  frcstie.  pin. 
rouvre,  thil,  orme,  l'autre  dérivée  à  l'aide  d'une  terminaisnn 
diminutive  —  bouleau,  charmel,  chcsncau,  cuurcl,  fui/el,  //■■  snvl. 
piiirl,  rouvrel.  filleul,  oruwl  —  (jui  d'ailleurs  n'impliijuail 
aucune  idée  de  petitesse  ou  de  jeunesse,  mais  dans  laquelle  il  ne 
faut  voir  qu'une  manifestation  de  la  tendance  à  allonger  les  mots 
monosyllabi([ues.  Toutes  ces  formes  dérivées  ont  donné  nais- 
sance à  des  noms  de  lieu  qu'on  s'abstiendra  d'énuniérer  ici,  car 
il  est  peu  probable  (ju'ils  soient  antérieurs  au  moven  âge. 

647.  Il  est  plus  légitime  de  classer  parmi  les  noms  de  lieu 
d'origine  romaine  ceux  qui  présentent  lui  nom  d'arbre  combiné 
avec  un  adjectiP,  soit  numéral,  soit  qualitîcatif  :  certains  perpé- 
tuent le  souvenir  d'un  ou  de  plusieurs  arbres  remarqués  par  no^ 
lointains  ancêtres  qui  les  avaient  parfois  divinisés,  témoin  le  nom 
du  dieu  Sex  arbores,  que  mentionne  une  inscription  votive.  Un 
relais  de  poste  voisin  de  Hazas  portait  le  nom  de  Très  Ai-bores. 
Le  nom  de  Sep/nuhres,  qui  désignait  une  localité  du  Limousin,  a 
pour  équivalent  les  Sept-Arbres  (Tarn-et-Garonnei,  et  on  en 
rapprochera  Cinq-Albres  (Lot-el-Garcmne  . 

\  oici    quelques    vocables    géograj)Iu([ues    ayant    pour    second  , 

terme  un  nom  d'arbre.  ] 

..S 


ouii;i.m:s   ko.maim-:, 


Ili:i 


6i8.  Beauclîène  (Loir-el-Cher,  Orne),  de  Bellus  C;isnus;  le 
Torquesne  iCalvados),  de  Tortas  casuus  ;  ïortequenne  (Pas- 
ilo-(]alaisj,  équivalent  du  précédent,  mais  particulièrcaient  inté- 
ressant parce  qu'où  y  voit  cas  nus  pris  au  féminin  comme  la 
|ilii|>art  des  noms  darbres,   dont  le  latin  quercus. 

649.  Gros-Ghastang  (Corrèze),  du  bas-latin  Grossus  Casta- 
Mt'us  :  le  latin  classique  eût  réclamé  G  rossa  Gastanea. 

650.  Beaufai  (Orne),  Beaufay  (Sarthe;,  Beaufou  (Vendée),  de 
Bellus  Fagus;  Torfou  (Maine-et-Loire,  Seine-et-Oisei.  de  Tur- 
lus  Fagus;  Trefols  (Marne),  de  Très  Fagi. 

651.  Grosrouvres (Meurthe-et-Moselle),  de  Grossum  Uobur  ; 
Tourouvre  (Orne),  de  Tortum  Roi)ur  ;  Silvarouvre  (Haute- 
Marne),  jadis  SouvHinroiivre,  appelé  en  877  Sopinum  Robur 
jiour  Supinum  Robur.  Dans  Sècherouvre  (Orne),  c'est-à-dire 
.1  le  rouvre  desséché  »,  on  voit  le  gejire  léminin  attiàbué  à  un 
Hiim  d'arbre,  qui,  par  exception,  est  neutre  en  latin. 

652.  Septsaulx  (Marne;,  de  Septem  Saliees;  Séchaull 
(Ai'dennes),  deSiccus  Salix. 

653.  Le  Gros-Theil  (Fure),  c'est-à-dii-e  V    le  gros  liUeul  ». 

654.  Lancônie  (Loir-et-Cher),  de  Longus  Ulmus. 

655.  C'est  de  la  même  manière  qu'a  été  formé,  vraisemblable- 
ment dans  la  première  moitié  du  moyen  âge,  le  nom  d6  Long- 
perrier  (Seine-et-Marne),  sur  Longus  l'irarius.  k  le  grand 
puirier  ». 


\ 


t 


11  faut  encore  sans  doute  reporter  à  l'époque  romaine  les 
noms  de  lieu  cjui  représentent  des  adjectifs  latins  formés  sur  des 
noms  d'arbres  et  qui,  suivant  toute  ap[)arenco,  ont  été  d'almnl 
l'inployés  sid)slanlivenient  dans  le  langage  {)iq)uhure  à  Utre  de 
collectifs  pour  lesquels  la  forme  féminine  a  généralement  pré- 
valu. 

Une  des  catégories  de  ces  collectifs  présentait  la  terminaison 
-ca. 

656.  Buxea  :  Boisse  (Uordogne),  la  Boisse  (Ain),  Boë.sse 
(Deux-Sèvres).  Boesses  (Loiret),  Bouesse  (Indre),  la  Bouesse 
(.\llier,  Vienne). 

657.  Fagea  :  la  Fage,(Aude,  Corrè/.e,  Lozère),  Fage  (Allier), 
Fages  (Aude,  Cantal,  Dordogne,  Lot,  Pyrénées-Orientales),  Faye 
(Indre-et-Loire,  Jura,  Loir-et-Cher,  Maine-et-Loire,  Deux- 
Sevres;,  la  Fûye  (Allier,   ilautes-Alpes,  etc.). 


1  ()  I  i.i:s  M).Ms  uii  Liia 

658.  Fraxiiiea  :  Fraissigne  (Creuse),  Frayssinhes  (Loi\ 
Fraissines  (Tarn),  Fressigne  ((îroiise\  Fressines  (Doux-Sévivs>. 

659.  Salioea  ou  plutôt  Salcea  :  Saulce  (Drônie'l,  la  Saulce 
(llautcs-Alpcs),    Saulces    (Ai-dennes),    Sausses   (Ba-sse-s-Alpi-'S!. 

—  Dimiuutir  :  la  Saulsotte  (Aube). 

660.  Treniuloa  :  Tréniouille  (Cantal,  l'uy-de-Donie),  la  Trô- 
mouille  (  Dordounc.  llaule-Vienao),  TrélUOuilles  (.Avevi'ou),  la 
Triniouille  i,\'icMim'!. 

La  dé.sinenco  laline  -ca  a  été  conibincc  aussi  avec  des  m.nis 
d'arbres  appartt'iuuit  à  des  lan^■ues  pai'lées  en  Gaule  antérieure- 
ment à  la  con([uète  romaine. 

661.  Cassanea,  l'ornié  sur  un  nom  anléionudu  du  chêne,  qui 
s'est  conservé  dans  les  provinces  du  cenlie  sous  les  formes  cus.sun 
ou  chnasnn  :  Cassaigne  ((iersi,  la  Gassaigne  et  Cassaignes 
(Aude),  Cassague  (llaute-(iaronue),  Gassagues  'Aveyron,  [.ol, 
l'yrénécs-Orientalosj,  etle  diniiiuilit'Gassagnoles  (Gard,  Hérault)  ; 
Chassagne  (Côte-d'(.)r,  Doubs,  Ilaute-L.oire,  Puy-de-Donie), 
Ghassagnes  ^.Vi-deche^  la  Ghassagne  (.lura,  Rhône),  Ghas- 
saignes  (Doi'doj^ue),  Ghasseigne  (Clier,  Xièvre,  Vienne). 

662.  ^'e^nea,  i'ornu'^  sur  le  nom  ^^aidois  de  1  aune  :  la  Vergiie 
(Charente-Inlerieure,  etc.'i. 

Sur  les  noms  d'arbres  éi;alenu'ut  ont  été  l'ormés  des  fréquen- 
tatifs en  -osus,  -osa,  qui  soni  ileveims  noms  de  lieu. 

663.  Ijctullosa  :  Bouleuse  (Marne"!,  la  Boulouze  (^Manche). 

664.  Cassa niosa  :  Cassailiouze  (Caulal). 

665.  b'raxinosa  :  Freneuse  (Mure,  Seiue-et-Oisc,  Seine-Inlc- 
rieuie). —  Fra  xinosus  :  FrayssillOUS  (.Vvevrou,    Tarn). 

666.  Saliceosus  :  Sausseux  (Eure-et-Loir,.  —  Sausseuze- 
mare  (Seine-Inférieure)  représente  un  bas-la tiuSaliceosa  Mara. 

667.  Spinosa  :  Épineuse  (Oise),  Épinouze  (Drôme).  —  Spino- 
SU.S  :  Épineux  (Mayenne). 

668.  Tiliosa  :  Thilouze  (Indre-et-Loire).  —  Tiliosus  :  Thil- 
loUX  (Indre),  Teilloux  (Creuse),  les  TeiUoux  (Puy-de-Dôme). 

669.  Veruosa  :  Vernouze  (.Vin),  Lavernose  (Haute-Garonne). 

—  Vernosus  :  VeruOUX  (Ain). 


XXXVII 
AITRES    USAGES    DES    SUFFIXES    -ini'M    1<T    -nsUS 

Les  suffixes  -etum,  -osus  et  -osa  ont  été  conil)iiu''s  lum  seu- 
lement, comme  on  vient  de  le  voir,  avec  des  noms  d'arbres,  rn.ns 
encore  avec  des  noms  de  plantes,  et  même  avec  des  niol<  éli:ui- 
j,'i.Ts  à  la  nomenelalure  vé^-élale. 

670.  Sinapetum,  véritable  synonyme  de  Sina[)aria  :  Sen- 
nevoy  (Yonne). 

671.  Ginestetum  :  Ginestet  (Dordoyne),  et  ses  éijuiN -.dents 
l>lus  modernes  Genetay,  le  Genetay. 

672.  Juniperetum  :  Genevrey  i  llaute-Saùnei.  (pii  a  pour 
i'<Hii valent  féminin  la  Geiievroye  (llauto-Marnoi. 

673.  Eontanelum,  formé  sur  l'.idjeclif  fontana,  aufiros 
iluc|uel  on  sous-entendait  aqua,  et  ([ui  a  été  ensuiti',  et  des 
rép0(pie  romaine,  pris  substantivement  :  Fontenoy  (.Visne, 
Mrurthe-et-Moselle,  ^^osçes,  Yonne),  Fontenay  (Aube,  Calva- 
ilos,  ete.i.  Fontanet  (Lot.  Lot-et-Gai-onn.>,   l'uy-de-l>.'.me  1. 

674.  Ginestosa  :  la  GenetOUZe  (Charente-lnféTieuri',  \'eud.'e  , 

la  Geneytouze  ^llauteA'ieime).  —  Ginestosus  :  Ginestous 
Hérault,  Tarn,  Tarn-et-Garonne),  GinestOUX  (.Vveyron  . 

675.  Lutosa,  c'est-à-dire  c  la  boueuse  »  :  Louze  (llaule- 
.Miuiie),  Louzes  (Sarthe),  Leuze  (.Aisne  et,  en  Helgi(pie,  llainaut  ut 
province  de  Namur). 

676.  Braiosa,  synonyme  de  Lutosa,  formé  sur  un  mol  anle- 
niinain  ([ui  s'est  conservé  dans  le  français  du  moyen  à^e  sous  la 
fiume  hral  :  Briouze  ((hau';. 

G77.    .\ri';illosa,     dc'siguant^  \m     lieu     ar<^-ileu.>:    ;     Argelouse 
L.iiales).    —  Arj.;illosus   :  Argelos    Landes,  l)asses-Pyi\-né.-s.. 
I  678.    Tel  l'osa,      e'est-à-ilire     «     lieu     pierreux,     rocheux     •'    : 

Peyrouse  dlaules-Pyrénées),  la  Peyrouse  (Gironde,  Pu\-de- 
Hnme,  etc.),  la  Péreuse  (Ardeunes,  Charente).  —  Fetrosus; 
PeyrOUX,  fréquent  en  Auveryne,  en  Limousin  cl  dans  le  vui.^i- 
ii.iLTe. 


IGG 


LES    NOiMS    DE    I.llOl'X 


Parfois  les  îuljeclifs  en  -osus  ont  tonné  des  noms  de  lieu  par 
combinaison  avec  des  noms  communs. 

679.  Fons  petrosa  :  Fontpédrouse  (Pyrénées-Orientales,. 

680.  Petrosa  Villa   :  Preuseville   (Seine-Inférieure). 

681.  Va  du  m  petrosuni  :  Voipreux  (Àlarne),  Guipereux 
(Seine-et-Oise),  le  Guéperoux  (Manche). 

682.  Fons  j  une  os  a,  c'est-à-dire  «  source  environnée  de 
joncs  »  :  Fontjoncouse  (Aude\  à  l'approcher,  au  point  de  vue  de 
la  formation,  de  lu  Lcxjc-Fomjcreuse  (Vendée). 


XXXVIII 
FORÊTS 

683.  Le  mot  latin  silva,  «  forêt,  bois  »,  a  produit  les  noms  de 
liiu  suivants  :  la  Selve. (Aisne,  Aveyron),  Selves  (Aveyron,  Can- 
l.il  ,  la  Serve  (Ain,  Jura,  Loire,  Puy-de-DAme,  Rhône),  la  Sauve 
'Nièvre)  ;  mais  en  raison  de  ce  que  les  mots  aelve.  serve,  sauue 
(ml  été  employés  comme  noms  communs  avec  le  sens  du  latin 
silva  dans  le  langage  de  plusieursde  nos  provinces  au  moyen  âge, 
et  plus  tard  encore,  il  se  peut  que  tel  de  ces  noms  de  lieu  ne 
remonte  pas  nécessairement  à  l'époque  romaine. 

Silva  a  été  employé  en  composition,  témoin  les  exemples  sui- 
vants  : 

684.  Plana  Silva  :  Pleine-Selve  (Aisne,  Gironde',,  Pleilio- 
Sève  (Seine-lnférieui'e),  Pleilie.S-Œuvres  (Calvados),  pour 
IHeineseuve,  Pleinesserve  (Haute-Savoie).  La  disposition  inverse 
(les  deux  éléments  de  ce  noiu  a  produit  Sauveplane  (Aveyron, 
Lozère). 

685.  Dianae  Silva  est,  on  le  rappelle  (cf.  n°  459),  l'origine 
(lu  nom  de  la  région  forestière  à  la([uel!e  r////Vrs-e^-Désœuvre 
(Eure)  doit  son  surnom. 

086.  Grossa  Silva  :  Grossœuvre  (Eure). 

687.  Les  trois  ncJms  composés  Plana  Silva,  Dianae  Silva 
et  Grossa  Silva  remontent  très  probablement  à  l'époque 
romaine;  on  ne  peut  être  aussi  aftirmatlf  au  sujet  de  Silva  piau- 
la 1. 1  cl  de  Ma n sus  Sil\ao.  tlun.U's  ét\  nuilogiipuvs  de  Sauve- 
pianlade  (.\rdèelie),  et  de  Masseube  (^(.'crs). 

[/,  688.    Le  mol   latin    lucus,   qui  élait    à  peu  près  synonyaur  de 

silva,  mais  désignait,  sembie-t-il,  un  bois  ou  une  forêt  de 
moindre  dimension,  élait  peut-être  plus  fréquemment  employé 
(pie  le  mot  silva  comme  siom  do  lieu  à  !'épo(|uu  romaine  :  du 
moins  l'Itinéraire  d'Antonin,  qui  n.'indique  aucuns  station  appe- 

|:.  lée  Silva,  en  fait  connaître  trois  du  nom  de  Lucus,  situées  res- 

pectivement   en  Gaule,    en  Italie  et  en   Espagne.  Le   Lucus  de 


I. 


Mis 


i,i:s  .NOMS    r>i-:  Lir.r 


Gaule  est  aujourd'liui  lMC-ci)-])i/)i.<i  (Drùme),  et  celui    d'Espai^in' 
se  nomme  actuellement  Lugo. 

689.  On  pont  induire  de  là  que  lucus  est  l'origine  des  noms 
de' lieu  Luc  (Aude,  Avevron,  Calvadi-s,  Drôme,  Basscs-Pvi\-- 
nées).  Lucq  î  Hasses-Pyrénées)  et  le  Luc  (Vor). 

690.  lui  admettant  —  ce  (ju'aulorise  an  moins  une  des 
l'oiiiies  anciennes  du  nom  de  Liic-sur-Mcr  (Calvados)  —  l'as- 
soiu'dissement  du  r  étymologique,  on  peut  attribuer  la  mènu' 
oriL:-ino  au  nom  de  Lu  (Seine-et-Oiso)  et  ;i  celui  du  bois  de  Lhu 
(AisneV 

Dans  les  noms  composés  dont  le  Ihème  étymologique  pre- 
ssente lucus  comme  second  terme,  le  c  s'est  également  assourdi  : 

691.  Grandlup  '.\isne).  appelé  au -xu"  siècle  Grnnlu  et  GrmUlii, 
représentant  Grandis  Lucus. 

692.  Grolu  i  Savoie  ,  de  Grossus  Lucus,  u  bois  épais  ». 

693.  Nélu  ;Eure-et-Loiri,  vraisemblablement  de  Niger 
Lucus. 

694.  Orluf.Vriège.  lùne-et-Loir),  Orluc  (Corrèze),  Orlut  (Cha- 
rente), du  latin  Aureus  Lucus. 

695.  Vélu  (Pas-de-Calnis'i,  Veslud  (Ai.sne),  qui  pourraient 
liien  vcnii'  de  ^'etatu^  Lucus,  expression  svnonvme  de 
I'   garenne  ». 

696.  Il  est  permis  d>'  ranger  dans  la  même  catégorie,  sans  qu'on 
puisse  en  défeiauiner  sûrement  le  premier  terme,  les  noms  sui- 
vants :  Andelu  iSeine-et-Oise),  Banthelu  (Seine-et-Oise),  Dolus 
((Charente -Inférieure'!,  Gandelu  (Aisne)  —  Wandeluz  au 
XII"  siècle,  Gandelueus  au  xiii'^  —  Ramoulu  (Loiret)  et  Retolu 
I  .Seine-et-Oise '.. 

697.  Lucus  apparaît  comme  [)remier  terme  de  l'appellation 
Lucus  plantatus,  sous  la(piel!e  une  ciiarte  de  120G  désigne 
Luplanté  (Luie-et-Loir),  synonyme  de  Saiiveplantadc. , 


i 

ii 

:■■      1 


XXXIX 

COURS     WKW 

698.  De  tout  temps,  dans  notre,  pays,  dos  noms  de  lieu  ont  (Hé 
formés  sur  des  noms  de  cours  d'eau.  Les  villes  i;;auloises 
d'.-Vvaricum,  aujourd'hui  Bourf/es,  et  d'.Vu  Iricum,  aujourd'hui 
Clhartres,  devaient  leurs  noms  aux  rivières  qui  les  arrosent, 
l'Yèvre,  Avara,  et  l'Kure,  Autura.  Lo.  n(m-i  de  Thouars  (l)eux- 
Si'vresV  ville  située  sur  U^  Thouet,  Toaris.  était  sans  doute  à 
l'orig-ine,  par  luio  construction  analogue,  'l'oaricum,  témoin 
l'appelhition  latine  du  territoire  de  Thonar.s,  pai;us  'l'oa  rcensis. 
Par  un  procédé  différent,  le  nom  de  Nevers,  Xivcrnis,  a  été 
fiirmé  sin-  celui  de  hi  Nièvre. 

699. Ce  .sont  là  des  noms  anteromains  ou  celtiques  ;  et  l'on  a 
rencontré  [trécétlenunent  des  nonis  de  lieu  résuUant  de  la  comhi- 
naison  de  noms  de  riAiéres  a%'ec  les  mots,  celtiques  aussi,  hriva 
(n"  98),  niarfns  (n"  92),  duros  (n"  13).  On  peut  attribuer  une  ori- 
i(ine  non  nioins  ancienne  au  nom  de  Chacrise  (.Aisne),  au  \''  siècle 
Carcarisia,  villai;-e  situé  sur  la  (^rise,  sans  pouvoir  toutefois 
expliquer  d  une  manuTc  certaine  la  pri'iniere  [)artie  de  ce  nom. 

Par  contre,  c'est  à  répoi[ue  romanie  ipi  il  faut  r.ijiporter  les 
nonis,  eux  aussi  éluiliés  déjà,  qui  résultent  de  la  ccunhinaison  de 
nonis  de  rivières  avec  le  mot  latin  viens,  «  boury  »  :  'Vibraye, 
Visseiche,  Vivonne,  Blévy,  Dennevy,  Meuvy. 

Le  mot  pons  a  été  parfois  associé  —  tel,  à  l'épocpje  {.gauloise, 
on  l'a  vu,  le  mot  briva  —  ii  un  nom  de  rivière. 

700.  Pons  Isarae  est  le  thème  étymologique  du  nom  de 
PontOJse  iOise,  Seine-et-Oise)  appliqué  à  deux  localités  situées 
sur  l'Oise,  l'une  au  passage  de  la  voie  de  Soissons  à  Amiens, 
l'autre  au  passaye  de  celle  de  Paris  à  Rouen;  toutes  deux  sont 
mentionnées  dans  les  documents  itinéraires  de  l'époque  romaine, 
la  première  sous  la  simple  appellation  delà  rivière,  Isara,  la  se- 
conde sous  le  vocable  Ihiva  Lsara,  équivalent  gaulois  de  Pons 
Isarae. 


!7(t 


i.Rs   NrvMS    ]<K  f.ircr 


701.  Pons  Dubis,  Tune  des  stations,  d'aj)rès  la  Tuble  de 
Peulinger,  de  la  voie  de  Besançon  à  Chalon-sur-Saône,  est 
aujouvd'lmi  Poilloux  iSaono-cl-I,oirc'),  village  sitvu>  au  point  où 
celte  voie  traversait  le  Doubs,  Dul)is. 

702.  Le  Pons  Scaldis  que  ritinéraire  d'Antonin  et  la  Table 
de  Peutinger  placent  sur  la  voie  de  Bavai  à  Tournai,  (;st  actuel- 
lement, moyennant  le  renversement  des  ternies,  Escauponl 
(Nord)  :  c'est  là  que  cette  voie  franchissait  l'Escaut,  Scaldis. 

703.  Pons  Mucrae  n'appaivaît  qu'au  moyen  âge  pour  désigner 
une  localité  située  sur  le  Givand-Morin,  en  latin  Muera  ou 
Mogr;i,  sans  doute  au  passage  d'une  voie  romaine  se  diri"'eant 
de  Meaux  vers  Troyes  :  le  nom  de  cette  localité  est  jjevenu  Pom- 
jnciirc,  puis,  par  le  changement  dV  en  .s,  souvent  constaté  au 
XVI''  siècle,  Pommeuse  (Seine-et-Marne). 

704.  Les  noms  do  Pontrieux  (Cotes-du-Nord),  sur  le  Trieux, 
et  de  Rennepont  iIJaute-Mame),  sur  la  Renne,  sont  de  même 
formation  que  ceux  de  Pantoise,  de  Ponloiu;  à'Escauponl  et  de 
Pommeuse  :  ou  n'ose  toutefois  leur  attril)uer  une  origine  aussi 
ancienne. 


705.  11  va  sans  dire  que  les  noms  de  lie'U  dont  le  mot  pnnf  est 
un  des  él(-ments  ne  renferment  pas  tous  un  nom  de  rivière. 
Ainsi,  au  moyen  âge  on  a  parfois,  pour  former  des  noms  de  lieu, 
combiné  ce  mot  avec  des  noms  de  personne  :  PnniheurarJ  [Seme- 
et-Oise),  Pons  Eborhardi  ;  Ponl.-licm;.j  (Somme),  Pons 
Bemigii;  Porrcntruy  (Suisse,  canton  de  Bàle),  Pons  Uagne- 
Irudis.  Il  apparaît  aussi  en  composition  avec  un  adjeelif.  et  les 
iiMins  ainsi  formés  peuvent  remontera  l'époque  romaine  ;  où  les 
trouve  du  moins  mentionnés  dans  des  textes  appartenant  au  début 
du  moyen  âge  :  tel  par  exemple  Pons  pelreus,  qui  dans  Grégoire 
de  Tours,  désigne  Pompierre  (Vo.sges),  et  qui  est  également  le 
thème  étymologique  des  noms  de  Pompicrre  iDoubs,  Seine-et- 
Marne),  de  Pontpierre  (Ardéclie,  Indre-et-Loire,  Loiret)  et  de 
Pompières  (Aisne,.  Pierrepont  (Aisne,  Ardennes,  Calvados, 
Maueiie,  Meurthe-et-Moselle,  Oise,  Somme,  Vosges)  oifre  la 
disposition  inverse  des  deux  termes.  Ces  divers  noms  de  lieu  ont 
un  .synonyme  latin  de  forme  plus  classique  dans  Pons  lapideus, 
aujourd'hui  Pontlevoy  (Loir-et-Cher). 


â 


fi 


ORir,INP;S    RO-^fAliNES    :    COURS    U  EAi: 


17i 


Plusieurs  localités  portent  un  nom  roppoUint  leur  situation  à 
i.i  source  d'un  cours  d'eau. 

706.  Tantôt  le  nom  de  celui-ci  est  combiné  avec  le  niot  latin 
fous,    K    source  »,   par   exemple    dans  l.e  nom    de  Fonsommes 

Aisne),  Fons  Sommae  ;  dans  celui  de  Fontvannes  (Aube), 
l'iins  Vannae;  dans  celui  de  Fouvent-/<'-/j<TS  et  de  Fouveilt-/e- 
Jl^iiif  (Iloute-Saône)  situés  vers  la  source  d'un  affluent  de  la 
S;iône  appelé  le  Vannon.  Fons  Lagnis  désigne,  dans  un  texte 
"ie  iu\2,  une  localité  cpii  ne  porte  plus  maintenant  que  le  nom  de 
l'alRuent  de  la  Seine  qui  y  prend  naissance  :  Laignes  (Côte-d'Or). 

707.  Tantôt  fons  est  remplacé  par  caput  :  de  Caput  Vul- 
tuinnae  vient  le  nom  de  Chef-Boulonne  (Deux-Sèvres).  Caput 
a  d'ailleurs  le  sens  d'  «  extrémité  »  plutôt  que  celui  d"  «  origine  »  : 
l'ii  effet  Caput  Droti  est  le  thème  étymologique,  non  seulement 
du  nom  de  Capdrot  (Dordogne),  à  lu  source  du  Drot,  mais  encore 
de  celui  de  Caudrot  (Gironde),  au  confluent  de  celte  rivière  et  de 
la  Garonne. 

708.  Mais  dans  la  majeure  partie  des  cas  le  nom  de  la  rivière 
est  combiné  avec  l'adjectif  latin  summus,  qui  désigne  ainsi  le 
]ioint  le  plus  élevé  du  cours  de  cette  rivière.  Les  noms  de  lieu  de 
cette  formation  sont  pour  la  pKqjart  groupés  vers  les  confins 
de  la  Champagne  et  de  la  Lorraine,  et  telle  en  est  la  fréquence 
relative  en  cette  région,  qu'un  érudit  champenois  du  XYiii*^  siècle, 
Grosley,  a  cru  voir  dans  som  ou  somme  un  mot  du  langage 
troyen  qui  aurait  eu  le  sens  de  u  source  »  :  c'était  rnécannaître  la 
véritable  origine  de  ce  membre  initial  du  nom  de  nombreux  vil- 
lages, sur  laquelle  aucun  doute  n'est  maintenant  possible.  Les 
vocables  dont  il  s'agit  vont  être  énumérés  selon  leur  ordre  alpha- 
bétique, plutôt  que  sebui  celui  de  leurs  formes  originelles,  qu'on 
est  loin  de  coiniaître  lonlt's. 

709.  Somloire  (Maine-et-Loire),  vers  la  source  du  Louère  — 
écrit  souvent  l'Otiùrc  —  affluent  de  l'Argenton.  La  première 
syllabe  de  ce  nom,  Som,  représente  le  latin  summus,  qui  s'ac- 
corde avec  le  nom,  t\iasculin,  do  la  rivière. 

710.  Sommaisne  (Meuse),  Su  m  ni  a  Axonu,  ù  la  source  de 
l'Aisne. 

711.  Sommauthe  (Ardenncs),  Su  mm  a  Aller..,  a  la  source  de 
r.-Vuthe,  afiluent  de  la  Bar. 

712.  Somme-Bionne  (Marne),  Su  m  ma  P.iunna,  à  la  som-ce  de 
la  Rionne,  affluent  de  l'Aisne. 


LES      N'IAIS      HK     1  IKi; 


ï  ; 


713.    Sommedieue   (^Meuse),    Sumina    i)eva,    à   la    «oiirc(>    c!^'  f^    j 

la  Dicue,  .'d'iluont  de  la  IMevise.  ] 

744.   Sommelans  (Aisne),    à  lu  source   (lu  ru  dWlInn,  aflUicul  J    j 

de  l'Ourcq. 

715.  Sonimelonne  (Meuse),  à  la  source  de  rOrnelle,  afthunl  4;  '. 
de  la  Marne  dont  le  nom  actuel  est  un  diniinutil'du  nom  primitif  \ 
Olomna,  par  lequel  fut  di^signée,  à  son  orii;ine,  la  ville  d<' 
Suinf-Dizier  (Haute-Marne). 

716.  Somraepy  (Marne  1,  à  la  source  du  Py,  aflluenl  de  1\  4  ;  J 
Suippp  ;  le  nom  correct  serait  Sompj/  ;  ou  a  dit  Soninirpj/  jur  7' | 
analogie  avec  les   nomlu-eux   noms  qui  commencent  par  somntr.  'à:  \ 

717.  Somsois  (Marne),  i:t  la"  source  du  Sois,  affluent  du  ?"'  i 
Meldançon.  ,,;    ; 

718.  Sommesarthe  (Orne),  Summa  Sarta,  à  la  source  de  la  -f  \ 
Sarthe.                                                                                                                   ^J 

719.  Sommescaut  (Aisne),  à  la  source  de  l'Escaut  'Ipl 

720.  Soinmesous  (Marne).  Summa  Sait  us,  à  la  source  de  la  ''-^'l 
SommesoTulc,  affluent  de  la  Marne,  dont  l'ancien  nom  était  Sons.            <|  j 

721.  Somme-Suippe  (Marne),  Summa  Soppia,  à  la  source  '*-  , 
de  la  Suippe,  affluent  de  l'Aisne.  ■  .) 

722.  Somme-Tourbe  (Marne\  Su  m  m;'  'fur  ha.  à  la  source  do-  ;  j 
la  'l'ourhe.  affluent  de  l'Aisne.                                                                            ,  .   ,; 

723.  Sommevesie  (Marnel,    Summa    Vidula,  à   la  source  de 
la  Vesle. 

724.  Sommevoire     (Ilaute-Maine),     Summa    Vigera,     h    la 
source  de  la  Voire,  affluent  de  l'Auhe. 

725.  Somme-Yèvre  (Marne'),   Summa    Evera,   à  la  source  do 
l'Yèvre,  affluent  de  l'Aisne. 

726.  Sompuis  (Marne),    Summus    Puteus,   à   la    source    du 
Puis,  affluent  de  l'Aube. 

A  ces  noms,  dans  lesquels  l'adjectif  latin  est  aisément  recoii- 
naissable,  il  faut  joindre  les  deux  suivants  : 

727.  Semide     .Ardennes),  à  la  source  de   l'Aidain.  priraitive- 
menl  A'uh\  aflluenl  de  l'Aisne. 

728.  Souain  (Marne),  h  la  source  de  l'Ain,  affluent  de  la  ^| 
Suippe.  S'o;/-  est  évidcmmenL  j)Our  Snni-.  Si  l'on  n"a  pas  dit  ;;.^ 
S(jmn/n,  c'est  sans  doute  parce  que  le  nom  de  la  rivière  eomnien-  ^J 
Vait  jadis  par  une  aspiration. 


■    I 


'i  t 


op.ir.iNKs  noMAiNDs':  c.otins  d'eau  !"•' 

729.  Kn  plus  d'un  cas,  toi  iKini  do  rivlôro  a  désigné  une  dos 
Idcalilés  riveraines,  la  plus  ancionno  peut-èti'O.  Dès  l'éjioquc 
romaine,  les  documents  ilinéraircs  niontiounont  plus  d\in  relais 
de  poste  qui,  situé  au  passage  d'un  cours  d'eau,  empruntait  à 
oi'Kii-ci  le  nom  sous  lequel  on  le  désignait  :  Axuenna.  du  nom 
de  l'Aisne;  Banesia,  du  nom  de  la  Baise;  Isara,  du  nom  de 
l'Oise  ;  Mosa,  du  nom  de  la  Meuse  ;  Odoana,  aujourd'hui  Ouaiine 

Yonno^  du  nom  de  l'Ouanne  ;  Sipia,  du  nom  de  la  Seiches; 
\'idiii)ia,  du  nom  de  la  \ouge. 

730.  Au  point  de  vue  de  l'origine  on  peut  assimiler  h  ces  relais 
antiques  un  certain  nombre  de  localités  désignées  chacune  par 
le  nom  du  cours  d'eau  qui  l'arrose,  par  exemple  :  Alrance  (  Avey- 
ron).  Allier  iLo/oro),  Amance  (lIaute-Saùno\  Ancre,  aujour.l'hui 
yUbert  (Somme),  Anille.  aujourd'hui  Sainl-Calais  (Sarthe).  Alite 
(Marne),  Authe  (Ardonnes),  Authies  (Somme),  Auve  (Marne), 
Barbuize  (.\uhe),   Beuvron  (Nièvre).  Bèze  l'Cùte-d'Or),  Bièvres 

Seine-et-Oise.,  B\diis,e->:'"is-[Iautccil!c  ;Marne'i,  Dives  (Calvados, 
Oise).  Doubs  iDouhs),  Essomies  (Seiiie-et-(j!sci,  Gartempe 
(Creuse),  Mœurs  (Marne),  sur  le  Crand-Morin,  jadis  Mcuri?.  du 
latin  Muera.  Moivre  (Marne),  Morailis  (Marne),  sur  le  Petit- 
Morin,  Reyssouze  (Ain),  Sommette  (Aisne),  sur  la  Somme, 
Suippes  (Marne),  Touques  (Calvadosi,  Vire  (Calvados),  'Vismes 
(Somm.e). 

De  ces  vocables  divers  la  transition  est  toute  naturelle  à  ceux 
qui  expriment  la  situation  des  localités  il  tel  ou  tel  point  du 
cours  des  rivières.' 

731.  On  a  vu  qu'à  l'époque  celtique  cortaines  localités  i'taient 
dé.'^ignées  par  ]■'  mot  hrini.  éciuivalcnl  du  latin  pons.  Les  locali- 
tés d.nit  le  nom  iranoais  Pont  dorive  de  ce  mot  latin  sont  bien 
plus  non-ibreuses,  de  sorte  qu'il  a  tallu  de  toute  nécessité  les  dis- 
tinguer entre  elles  par  des  surnoms  ;  on  se  dispensera  d  en  don- 
ner ici  l'énumération. 

732.  Le  mot  N^iduni  employé  seul  comme  nom  de  lieu  est, 
sans  parler  des  noms  modernes  le  Gué,  l'origine  des  noms  de 
Wé  (Ardennes),  de  "Wez  (Marne),  de  Wetz  (Nord)  et  de  'V'ez 
lOise).  Cette  dernière  localité  l'ut  h- chef-lieu  d'une  circonscription 
administrative,  le  pagus  Vadensis,  dont  le  nom,  devenu  Fameux 
à  l'époque   féodale,  s'est  conservé   sous    la  forme  'Valoi.^. 


175 


r.i;s    NOMS     [>E    lAKV 


733.  C^es  formes  viilpiiiros  légèrement  dissemblables  Ju  mot 
latin  vadum,  et  qui,  pour  la  prononciation,  se  réduisent  à  ih'  ou 
ICC,  sont  spéciales  aux  pays  wallons,  à  la  Picardie  et  à  la  Cham- 
pagne, où  on  les  voit  aussi  entrer  en  comjiosilion  :  RegnioWGZ, 
Renwez,  T.Taranwez  (Ardennes).  Parfois  elles  ont  suln  des  défur- 
mations  qui  Us  rendent  quelque  peu  méconnaissables.  Un 
Vadum  gallo-romain  ou  gallo-franc  est  devenuVoillecoiïlte  (Haute- 
Marne),  par  suite  de  l'agglutination  au  nom  vulgaire  de  celle 
localité  d'un  surnom  du  xn*^  siècle,  exprimant  qu'elle  appartenait 
au  domaine  d'un  comte,  le  comie  de  Cliampagne.  L'allératiou 
est  plus  grande  encore  dans  le  nom  moderne  du  lieu  que  des 
chartes  du  xu''  siècle  ajipellent  Vajum  Passonis_  nom  latin 
qui,  de  Woepasson  est  devenu  Vaupoisson  (Aube).  Un  autre 
composé  de  vadum  est  Vadum  petrosum,  dont  les  formes 
vulgaires  ont  été  énumérées  ci-dessus  (n'^  681). 

734.  Uo  mol  gaulois  cond;i.<  ou  coruhUi'  a  pom-  équivalent  latin 
le  mot  pluriel  ronfluentes  cpii,  dès  1  époque  romaine,  dési- 
gnait un  castnnn  siîué  au  oonHuent  de  la  Moselle  et  du  Rhin,  el 
qui  n'est  autre  ipie  la  villa  actuelle  de  Cobîenz  (Prusse  rliénane). 
Selon  les  régions  ce  nom  latin  Confluentes  a  subi  dans  la 
langue  vulgaire  des  altérations  diverses  :  Conflans  (.Ain,  Drôrne, 
Loiret,  Marne,  Meurlhe-el-Moselle,  Ilaute-Saone,  Sarthe,  Seine, 
Seine-et-Oise),  Gonfolens  (Charente,  Haute-Vienne),  Confolent 
(Cantal,  Corvti/.e,  Ilaute-Loire,  Puy-de-Dôme),  Gonflent  (Corrè/e), 
Goufîoulens  (Aude),  Couffouleux  (Aveyron),  GoufouleilX  (Tarn), 
Comblain  (Belgique,  province  de  Liège),  Goublanc  i  Ibiule-ALaruL-, 
Saône-et-Loire). 

735.  A  côlé  de  Confluentos,  il  eonviont  de  signaler  les  noms 
exprimant  une  situation,  sinon  au  continent,  du  moins  dans  le 
voisinage  de  deux  cours  d't'au.  In  1er  A  m  nés  est  représente  par 
Entranimes  (Mayenne)  et  par  Antran  (Vienne).  Inter-xVquas 
est  l'origine  des  noms  modernes  Entraigues  (Indre.  Isère.  Puy- 
de-Dôme,  Savoie.  Var,  Vaucluse),  Entraygues  (Aveyron,  Cor- 
rèze).  Entre-Aigiie  (Savoie),  Antraigues  (.\rdèche,  Canlal,  Cor- 
rèzei.  Inler  ambas  a(juas  est  devenu  Tramesaigues  (Hante- 
Garonne,  Ilaules-Pyrénées). 


XL 
ORIGINES   GERMANIQUES  :  -IXG 

Dans  le  conliiiyent  qu'ont  ap[)orLé  à  lu  lopononiastiqiie  fran- 
(,'aise  les  populations  établies  en  Gaule  du  y'"  au  x'-  siècle 
—  Saxons,  Burgondes,  Goths,  Francs,  Scandinaves,  Bretons  et 
Basques  —  1^  noms  d'origine  germanique  tiennent  une  place  pré- 
pondérante. Avant  d'en  aborder  le  détail,  il  convient  de  bien 
préciser  le  sens  du  sutlixe  -iruj,  au  pluriel  -ingen,  dont  le  rôle, 
dans  la  formation  de  ces  noms  en  Germanie,  en  Gaule,  en  Grande- 
Bretagne,  en  Italie,  n'a  pas  eu  moins  d'importance  que  celui  du 
suffixe  -acus  dans  les  noms  de  lieu  d'origine  gallo-romaine. 

736.  Ce  suffixe  a  de  bonne  heure  attiré  l'attention  des  histo- 
riens. Il  doit  celte  faveur  h  ce  qu'un  le  voit  paraître  dans  les 
noms  des  deux  premières  dynasties  franques  et  dans  celui  de  la 
Lorraine.  Augustin  Thierry  et  Henri  Martin  ont  cru  retrouver  dans 
les  noms  Mérovingiens ,  Carolingiens,  Lotharingiens,  des  noms  pa- 
tronymiques désignant  les  descendants  de  Mérovée,  de  Charles, 
de  Lothaire,  de  même  qu'Agi  lui  fi  ngi  désignerait  les  descendants 
d'Agilulf,  qui  gouvernèrent  la  Bavière  du  vi''  au  x"  siècle.  C'est 
ainsi  que  Withgils,  père  des  princes  anglo-saxons  Hengist  et 
Ilorsa,  était  dit  Witting,  c'est-à-dire  iils  de  Witta,  celui-ci 
Wcçting,  Iils  de  Wecta,  et  ce  dernier  Wi>ilenin([  ou  fils  de 
Woden". 

Dans  tous  ces  noms  le  suffixe  -ing  reparaît,  et  aux  historiens 
mal  informés  il  est  apparu  comme  l'équivalent  de  notre  mot 
«  fils  »  et  de  l'allemand  Jung.  Celte  opinion  est  complètement 
erronée.  Ing  au  sens  de  «  fils  »,  n'existe  dans  aucune  langue  ger- 
manique ;  mais  supposé  qu'il  existât,  on  ne  saurait  expliquer  à 
quel  titre  il  est  entré  dans  la  composition  de  nombreux  noms  de 
lieu  formés  sur  des  noms  d'homme  ;  ni  comment  le  roi  Lothaire 
ayant  eu  trois  enfants,  le  nom  de  Lotharingcn,  au  sens  de  «pays 
des  Iils  de  Lothaire  »  aurait  été  donné  îi  une  seule  contrée  de 
l'empire    franc,    alors    que    ces  princes   régnaient   sur    des   pays 


7(; 


■a.iV.s    l)i:    lAEV 


portant  des  noms  Lout  dillercnls,  e[  faisanl  cependant  partie  de 
l'fmpire  franc.  Il  faut  noter  aussi  que  dans  le  haut  nioyen  âi,''e  le 
mot  Mcroviniji  désigna,  non  seulement  les  roi.s,  mais  leurs 
sun'ts  ;  et  «pie  Kcrlingen,  aux.  xi*^  et  .xii'-'  siècles,  fut  appliqué  aux 
habitants  des  provinces  septentrionales  du  royaume  capétien  ijui 
avaient  été  antérieurement  sous  la  domination  caroling'ienne.  On 
conclura  de  Ik  que  le  suflixe  -intj  exprime  non  la  filiation,  mais 
la  sujiHion.  Par  <c  Lorrains  •;  — ■  Lotharingi,  Lohcrains  —  il 
faut  entendre  «  les  sujets  île  Lothaire  ». 

Le  suflixe  -^-ennanique  -inr/  est  donc  l'équivalent  du  yallo- 
romain  -acus  et  du  romain  -anus:  cesL  là  un  l'ait  dont  lu  no- 
tion était  encore  vivace  au  ix'^'  siècle,  alors  qiCon  substitua 
Salmoringus  et  Scudinyus  aux  vocables  Salmoriacus  et 
Scutiacus  qui  désignaient,  le  premier  un  comté  de  la  région 
de  risère,  le  second  un  pays  de  la  Franche-Coi'nté. 

T37.  On  sait  du  reste  que  ce  sui'ilxe  s'ajoutait  à  des  noms 
tlliommes  pour  former  des  adjectifs  nominaux.  C'est  ainsi  que 
dans  le  capitulaire  De  villis,  par  lequel  Charleniag-ne  réglementa 
l'administration  des  domaines  royaux,  sont  mentionnées  deux 
sortes  de  pommes  nommées  Gozmaringa  et  Geroldinga  ; 
d'autre  part,  dans  un  manuscrit  deWolfenbuttel  remontant  au  x'' 
siècle,  certains  modes  nnisicaux  sont  appelés  modus  t^arle- 
manic,  modus  Florinc,  modus  Liebinc  et  modus  Ottinc, 
et  l'auteur  a  spécilié  que  cette  dernière  expression  était  due  à 
l'empereur  Othon  l",  d'où  l'on  peut  rapporter  les  trois  autres 
mots  à  des  personnages  nommés  Carloman,  Florus  et  Liel)o  ou 
Liubo. 

738.  Dans  certains  cas  -iinj  est  joint,  non  plus  au  nom  de  la 
pei'sonnc,  mais  à  SdU  titre  :  diverses  localités,  aux  xi'=  et  Xll'^• 
siècles  sont  appelées  xA-bbatinga,  Ahbalissinijen,  Biskopfinfjen, 
Griwingcn  —  on  eût  dit  en  latin  Abbatialia,  Abbatissalia, 
Episcopalia,  Comitialia  —  (lé'signant  des  domaines  apparte- 
nant à  un  abbé,  à  une  abbes^e,  à  un  evè(pie.  à  un  comte.  l'iu- 
sieurs  de  lu's  noms  subsistent    : 

firafing,  Grafing  (Havière,  Autriche)  ;  Graffmgen  (grand- 
duché  de  Jiade).  11  cunvieut  d'eu  rapprocher  les  conqiosés  Gra- 
finiiaus.  <■  maison  tlu  comte  ■>,  Grafinglinlz  (\V-^stphalie).  .<  le 
hoi.':  du  comte  «,  Gràîîngloh  (  NN'esLphaiiei.  «  le  pré  (Ki  comte  », 
Bischofing  (Bavière  1,    BischoîTmgen  (grand-duché  de  Bade). 


I 


ou  IGl  ^  ES    CEUM  AN  lUl'KS 


177 


739.  (JuauL  aux  noms  de  lieu  l'orinés  sur  clos  noms  d'iiommi^s 
.m  moyen  du  sullixe  -iinj,  ils  sonl  l'oit  nomlu'eux. 

Ainsi  l'on  doit  au  nom  Olto,  -onis,  les  noms  de  lieu  Otting, 
Ofltiiig,  Oeltingen  lAuiriehe,  lîavièi-e),  Ottingen  illanovre), 
Ottinghausen  (Lippe-Delmohl,  Oettinghausen  i Westphalie), 
Oltingmùhle  (Autriche),  .'  le  moulm  d'Olhon  ;.,  Ottikon  (Suisse. 
cuit,  (le  Zurich),  alténilion  (VOllinglto/fcn,  n  la  ferme  d'Uthon  ». 

De  même  sur  le  nom  propre  Waddo,  -onis,  <[ui,  d'après 
(>rc;4oire  ile  Tours,  était  porté  par  un  contemporain  de  ('liilpéric, 
un  a  iormé  radjeclil'  nominal  irmlili/ii;,  d'où  les  noms  de  lieu 
Ter-'Wadding  (Pays-Bas,  Hollande  méridionale),  VadailS  (Jura, 
llaule-Saone),  Waddingham  (Lincoln),  Waddington  (Lincoln, 
Vorki,  Waddingworth    Lincoln'.  Wadenthun    Pas-de-Calais  . 

(".est  éq-alemenl  le  sullixe  -in;/  (pi'ou  reconnaît  dans  la  termi- 
naison, pi'ononcée  -.7/;.  de  certains  mots,  tels  cpic  /l;iiii:iii(l .  de 
fia  niinyus,  et  lesnoius  depoisscm,  tl'ori  j;i  ne  yer  nui  nique,  hun'inf, 
infrlan,  (•pcrinn. 


Les  iinins  tic  lieu. 


XL 


OllIGIXKS     SAXOXXKS     :     Ol-XKUALrri' S 

740.  Tous  les  peuples  ii\eiains  orientaux  tie  ia  Mer  du  Xm,! 
—  Frisons,  Saxons,  Danois,  Jules,  Angles  —  ont  plus  ou  nioiio 
mené  la  vie  de  [)irales.  La  misère  à  laquelle  ils  étaient  en  proir. 
les  mis  en  raison  de  la  rigueur  du  elimat.  K-s  autres  parée  (pie  li> 
proii'pès  de  la  mer  les  l'orvaieiil  de  eliercher  une  autre  patrie,  di'M- 
loppa  ciiez  eux  le  j^oûl  îles  courses  maritimes,  (l'oii  ils  ra[)p(uiaienl 
le  plus  sou\enl  un  rieiie  hutin.  Au  ni''  siècle,  les  pirates  saxons  — 
et  l'on  confondait  évidemment  sous  ce  nom  de  hardis  naviL;atein> 
apiiartenant  aux  régions  \(Msines  de  la  Saxe  proprement  dilr  — 
inri'staieiil  déjà  les  côtes  di'  la  (iaule,  rt  tenaient  d:iiis  ce  p.i\s  Ir 
ride  ou  \  ioucronl,  six  sii'i'lcs  [ilus  lard,  les  pu'ates  Scandinaves 
ou  inu'mands.  Dès  l'an  '2^i\,  ils  ih'Nastcnt  le  litinral  t;aulois,  ipu' 
(varausius  était  alors  cliarL;c  de  jU'oti''i;-er  contre  leurs  incursions, 
et  ils  ravagent  également  le  littoral  de  l'ile  de  lîretagne.  Lcur.s 
incursions  prenant  un  car;ictcre  chronique,  les  régions  les  plus 
parliculièrcnient  exposées  sont  désignées,  à  la  lin  du  iv''  siècle,  cl 
d'une  manière  oriicielle,  ])ar  le  Ncu-aMe  de  littus  saxonicuin  : 
ri']nipire  rt)niain  en  conlie  la  dél'ense  à  un  conimandaiil  militaire. 
([ualilié  de  «■  comte  du  rivage  saxon  en  iJretagne  »,  conies  lit- 
loris  Saxonici  per  lîritanniam.  Si  l'on  en  juge  pnv  les  deux 
mentions  (pi'en  l'ait  la  Noii/in  iH;/!ti/:iltnn  Iinperii,  le  «  rivagr 
saxon  '•  ilc\ait  s'eUnulre,  en  (umle.  des  liouctu's  de  l'I^scaul  ,'i 
r<'ml>ouchure  di'  la  Lnire.  peut-èti-e  nicnie  à  celle  il'.'  la  (.iironilc. 
Le  [)avs  ainsi  ili'signc,  cl  ipii  l'cpiuuliit  à  peu  près  à  rAriuori([iif 
de  (Jésar,  était  constamment  exposé'  ;l  leurs  ravages.  Sidoine  Apel- 
linaire  dit  en  iimprcs  termes  :  c  1/ Arnioiique  est  li)U)ours  nieii.i- 
cée  de  l'invasion  du  pirate  saxon,  ([ui  se  l'ait  un  jeu  de  silloinici-, 
sur  une  peau,  les  eaux  de  l'ile  l)ritannique,  et  île  courir  la  nui 
verte  sur  des  cuirs  cousus  '   •>. 

Mais  les  Sax(Uis  ne  s'en  tinrent  |)as  à  ces  courses  presque  coii- 


Cariniiiuni   Vil,  v.  :u;'.l-:i71  [Mon.  C„'nn.,  Aticl.  !inliqiiis>i.  VIII,  212). 


ORIGINES    SAXONNES     :     (lÉN  ÉliAI-ITÉS 


170 


.  Il  11, 'S.  Les  Hoinalns  ayant  dû  aliandonner  la  (îrande- Bretagne 
j  .  llr-uu'ine  pour  coiiceiitror  la  délense  de  Tlùiipire,  ces  liardis 
,  .i.iti's  s'clablireuL  il  une  façon  presque  pernianenlo  dans 
.II'-  lie,  et,  la  Inrlune  secondant  leur  audace,  les  Saxons, 
isxiciés  aux  Anq-les,  leurs  voisins  de  la  péninsule  cimbrique  et 
i.  lus  congénères,  y  fondèrent,  dans  l'espace  de  moins  d'un  siècle 
■  ;  deiui,  de  4'iî)  à  o8i,  sept  royaumes,  refi)ulanl  successivement 
'i  i.ici'  lireldime  dans  la  partie  occidenlale  de  l'ile.  où  elle  s'est 
■aiiiilenue,  surtout  dans  les  pays  de  Galles  et  de  Cornouailles. 
iVois  de  ces  royaumes,  —  celui  de  Nasser  ou  Saxe  liu  sud.  fondé 
.11  ilM  ;  celui  de  llessc.r,  ou  Saxe  de  l'ouest,  qui  date  de  .")  1  9  ;  et 
irliii  d']:sse.i\  ou  Saxe  de  l'est,  dont  on  fixe  le  conimencenient  à 
'.Vlù  —  portaient  même  dans  leur  appellation  l'indication  de  leur 
uriL;ine  saxonne,  qiron  retrouve  ég-alement  dans  le  nom  du  comté 
.lins  lequel  est  située  la  ville  de  Ijuulres,  car  ce  nom,  Miihlle- 
M  .;■,  sii;iu(ie  la  «  Saxe  du  milieu  ■>.  l'n  autre  des  sept  rovaumes 
.iiii;!o-saxons  portait  le  nom  d' Esfaiir/lic,  indiipuint  la  résidence 
<K's  .Vngles  de  l'est. 

Dans  la  Gaule,  objet  de  la  convoitise  d'un  plus  yraïul  nombre 
.If  nations  i^'-ermaniipies  que  nerétail.  par  le  l'ail  de  sa  siluation. 
l'ih'  de  i')relai;-ne,  l'établissement  des  Saxons  ne  pouvait  s'ellec- 
lueravec  la  même  facilité.  Aussi  ne  semble-t-elle  pas  avoir  oll'erl, 
.iiinine  l'ile  de  Bretagne,  une  suite  de  Saxes  contii;ués,  mais  seu- 
Kiiiriit  de  petites  Saxes  isolées,  ne  s'écarlant  g'uère.  en  aucun 
jininl,  du  littoral  maritime.  Les  textes  historiques  concernant 
notre  pays,  au  cours  de  la  période  frampie,  sij;-nalenl  deux 
lie  ces  (.mIoiiics  saxonnes;  l'une  au  \  ciisiiiai;t'  de  lJa\eiix,  renré- 
-entée  au  \i'  siècle  par  les  Saxon  es  Bajooassini  de  GreL^cire 
•  le  Tours,  et  au  ix''  siècle  par  la  circonscripiion  adininisliMlive 
,|u'on  appelait  Ollinga  Saxonia;  l'autre,  établie  dès  les  dei-- 
iiii'res  aimées  de  l'iunpire  d'(Jccideut  dans  les  ib-s  que  formait  la 
Loire  il  son  iMnboueliure,  avait  alors  pour  elietun  certain  Odoacre 
i|iii.  un  moment  maître  d'.Angers,  l'ut  ensuite  dompté  par  le  roi 
li'aiic  Gliildéric,  dont  il  dut  accepter  la  domination. 

L'étude  des  noms  de  lieu  permet  de  croire  a  l'existence  d'autres 
loloiiies  saxonnes  sur  le  littoral  gaulois  de  la  Manche  ou  de  la 
Mer  du  Nord,  colonies  sur  los([uelles  les  moiumu-nts  l'-crits 
sont  entièrement  muets  :  dans  le  Cotentin  (NLinche);  dans  le 
pays   de    Caux    ;  Seine-Inférieure)  ;    dans    le    ISoulenois    ipas-de- 


ISO 


i.ios  NOMS   i)i:   i.ir.i: 


Cahiis'i.  Très  prol)ablen\eiit  les  cùles  de  la  r)olL;'i([uo  aeluclle 
reçurent  aussi  des  colons  de  race  saxonne.  Mais  sur  lous  b's 
points  où  ils  s'établirent  en  Gaule,  des  luiuclies  de  1  Escaut  a 
renihoucluu'e  de  la  Loire  ',  les  colons  saxons  avaient  dû.  dés  le 
conimencenient  du  vi''  siècle  au  [dus  tard,  reconnaître  lautoiile 
des  rois  mérovingiens. 

Ce  c|ui  s'était  passé  dans  l'île  de  ]5retaL;-ne  et  en  Gaule  aux  \''el 
vi*-'  siècles,  du  fait  des  Saxons,  se  icMuuivela  en  jiartle  après  l;i 
mort  de  Gdiarlemag-p.e.  Cette  fois  les  pirates,  ordinairement 
désignés  par  les  chroniqueurs  sous  le  nom  de  Xort  lima  nui 
ci  lie  Daui,  appartenaient  à  la  famille  Scandinave.  Apres  avoir 
dévasté,  [)ar  des  incursions  so\ivenl  repétées,  les  cùles  de  hi 
Gaule  et  des  îles  liritanniipu-s.  ils  \-  fondèrent  à  leur  tour 
d'importants  étalilissemenls  tpu  souvent  se  super[iosèrent  aux 
anciennes  colonies  d'Angles  et  de  Saxmis.  de  sorte  (pie  hi  lopo- 
nvniie  actuelle  de  plusieurs  des  régions  oîi  ils  se  fixi'rent  ollre 
\in  grand  nombie  de  vocables  scantlinaves  ou  demi-seaiidinaves, 
iiui,  en  plus  d'un  c;is  sans  doute,  se  sulisliluèreiit  à  tles  iioius 
saxons  (pie  les  ravages  des  nouveaux  venus  a\aient  fait  (_iublier. 
La  langue  de  ces  derniers  était  d'ailleurs  étroitement  ai)parentée 
à  celle  des  Saxons;  aussi  n'est-il  pas  toujours  facile  de  détermi- 
ner ce  qui  doit  être  attribué  en  propre  aux  uns  et  aux  autres. 


-i.  : 


m 


1.  r<uichanl  celle  dcrnièiv  réyien,  \()lei,  U'\  liiellenienl,  en  quel>  loi  nu'> 
A.  l.oii"iiiiii  s'ex|niiiKiil  dans  sa  leeuu  iln  II  ili'CL'iiiljre  IS'JO,  an  Hollr^c  di' 
l'raiice  :  «  A  iléfaiit  de  noms  d'orii^ine  i'oneièremeiil  saxcnuu»,  cni  pcul 
signaler,  vers  reuilioucinii-e  de  la  Ivoire.  (iiieli|nes  noms  de  lien  (iiiL'inal- 
remenl  lerminés  en  -aens,  et  dan>  leM|nel^  re  snlIiNe.  sous  liiilluiMut' 
saiKS  doute  d'un  eléiiieid  as-,ez  inviierlanl  de  populalimi  saxonne,  se  |ui'- 
seiile  anjoui-d'hui  snus  la  loi  me  -le,  cesl-à-dii-e  -^ous  une  l'orme  tic-,  voi- 
sine de  cidle  i|u'il  revèl  dans  les  i-L-ions  voisine-,  dn  llliiii,  on  réh'-meiil 
i4-ei'manii|ue  n'a  jamais  cessé  d'êlcc  |)r('dominanl  :  j'i'iilends  parlei'  i<'i  du 
nom  du  Croisic,  liouryade  de  la  |u-es,|u'ile  de  liai/.  (Loire-lnlërieuic  ;,  on 
lalin  Ci'uciaciis,  et  du  vocable  de  Pornic,  autre  bourgade  du  inêuic 
dé|iartemeiit,  mais  située,  elle,  au  sml  de  la  l.oire,  à  douze  lieucs  au 
su.Uesl  du  Croisic,  cl  dcuil  le  nom  latin  semble  avoir  élé  ([ueliiue  chose 
comme  l'runiacns.  l.a  t'oiiu<>  moilcrnc  des  noms  du  C.idisii;  cl  de  Poi- 
uic,  bour-adcs  maiilimes  (pium'  dl-^tauce  de  six  lieucs  sei^are  l'une  et 
l'aulre  de  rcmboucliure  de  la  l.oiie,  a  élé  très  iirobablemenl  inilucnccc 
liai-  la  colonie  saxonne  ijui  se  li\a  dans  ces  i)ara;;es  au  cours  du  V  siècle  >■. 


XLIl 
ORIGINES     SAXONNES     EN     NORMANDIE 


l'our  U'ouvcr  dans  la  toponymie  du  liessiii,  du  Cotcnliu  et  du 
|i;iys  de  ('.aux  îles  vestiges  de  la  doniinalion  saxtume.  d  y  a  lieu 
d  V  l'i'ciiei'ehei'  les  N'oealdes  l'oriiu'S  à  1  aide  de  divers  uduis  coni- 
muiis  t|ui  aj)[)arlienneul  à  la  laiiyue  des  envahisseurs,  cl  (|ui 
vont  être  suceessivemenl  passés  en  revue. 


ri'X 


741.  (<e  nudesL  eonumui  à  rani;li)-saxon,  au  vieux  norois  el  au 
vii'ux  iVison  :  il  est  devenu  dans  l'ancien  luuit-ulleniand  zi'in, 
eiirrespondanl  à  l'alleinand  modei'ne  zaïin,  «  haie  »,  el  dans  l'an- 
lieii  alii;lais  fnii,  auinurd'liui  tini-n,  i.  cité  ".  l)u  sens  primitif  de 
rliMiu'e  —  la  même  racine  se  rencontre  dans  le  vieil  ani^lo- 
saxon  li/n;iii,  i.  enclore'  -  —  il  est  piis^-é'  à  un(- .icceplinn  analogue 
il   celle  du  latin  villa. 

Si  ce  mot  tut  commun  à  plusieiu's  nations  L;ermani(|ues,  les 
Saxons  seuls  paraissent  1  avoir  employé  coninu^  second  terme  de 
noms  de  lieu  composés.  Les  noms  en  -Ion  sont  très  fréquents  en 
.\nL;'lelei're,  el  rexistence,    sur    hupudle    on    reviendra    plus    loin 

11""  760  à  790\  diuie  lientaine  de  iinms  en  -//nui  dans  le  IJiui- 
leiiois,  est  k;  [U'iiicipal  argument  sur  le(piel  on  se  fonde  jmjui' 
ii'uire  ([Lie  cette  régi(m  reçut,  aux  V  et  ni''  siècles,  une  colonie 
saxonne. 

En  Normandie,  on  ne  peut  aujourdhui  citer,  comme  apjtarte- 
nanl  à  cette  catégorie,  que  le  nom  de  CottUll.  [lorli',  dans  le 
(ii''|iai'lemt'nt  du  (lalvados,  par  une  cominuiii'  du  canton  de 
r.aycux    et   par  deux  écarts   situés   respecti\ement    à    lîarheNilh' 

même  canton)  et  à  Tournières  (cant.  de  Halleroy).  (Test  dune 
de  ces  localités  c[u'il  s'agit  dans  une  charte  île  !())!lj  ;  terra 
Oslvctelli  de  (]ollun:  cette  mention  est  parlicidiéremenl 
inlt'ressante,  le  nom  du  personnage  é-tant  purement  saxon  : 
fijuivahuit    du    moderne    Aixiuelil,    il    présente    comme    prennc'r 


\H-2 


I.KS    i^OMS    UIO     LIKi; 


tcriiK'  \c  nom  de  ces  tli vinili's  i;t'rin;iui([uos  qui  l'iueiil  appcl-o 
Ans  [lar  les  l'"r;uu's,  .l,v  par  les  ScaiulinaNes,  el  fis  [lar  les  Saxon--. 
L7  de  Culltin  s'est  ^'ocalisée  de  bonne  heure  :  (.1rs  I  1(10  en\iriin, 
on  a  la  l'orme  Coutuin.  —  On  j)ent  voir  dans  (lolluii  un  hniiio- 
uvnie  des  loealilés  ani;laises  ilenonnuées  ColtOll  Laiicisl' i-, 
Xorl'ollv,  SlalToitl.  ^^'oreester.  York),  dont  l'une  esl  a^fiuléc  C.i'l- 
liiii,   en    'JTO,  dans  une   eliarle  du  rt)i  l'^d^ar. 


Il  A  M 

742.  Le  mol  anglo-saxon  Jimn  est  analogue  au  gollu(Hir 
hrinis,  (|u  on  Iri.uive,  avee  le  sens  de  <■  >  illagi.'  >■  dans  la  Iradue- 
lion  de  la  lîilde  éci-ile  au  n''  siéele  par  rililas,  au  vieux  noi'ois 
hci/nin,  au  vieux  IVison  hem,  au  danois  djcin,  el  à  ralleniaiiil 
lieini  eneore  usilé,  à  l'état  d'adverbe,  au  sens  de  «  à  la  maison, 
chez  soi  »  ;  employé  par  les  Kiancs,  le  mol  luim  s'est  conservé 
dans  le  diminulil' /^■(/;(t7,    aujourd  hiii  h:inic;iu. 

Cr  mol  élail,  on  le  N'oit,  eoinmun  aux  diverses  langau'S  gcrina- 
niipies  ;  mais  ecunme  il  ;t  laissé  <.K>  noml)rt'irses  traces  dans  la 
toponomaslique  derAnglelerre  el  du  lîoulenois,  on  jieul  allribuer 
aux  Saxons  les  cpielques  noms  de  lieu  du  Ucssin  dans  lesquels 
il  est  possible  de  le  reconnaître. 

Ouistreham  (cant.  île  Douvres)  est  ap[Hdc  en  lOSG  ' )isfrcli;iiit  \ 
la  même  l'oiane  ancienne  dé'sigiic,  vers  la  même  date,  (lans  le 
J hiiiics(l;ii/-Jkiu/,\  lui  vdlage  ilii  comté  de  Kenl.  tlont  le  nom 
actuel  esl  'Westerham.  11  faut  N-raisemblablemeid  eiilendrepar  lii 
((  village  occideiitul  »,  acception  que  justifie  la  siluation  d'Ouis- 
treluim  sur  la  rive  gauche  de  l'Orne. 

Etrolinill  i^eanl .  de  'l'réx  leres  .  qu'on  preiulr.iil  à  première  \-ue 
pi>ur  un  "  \illage  oriental  ",  rsl  imi  l'é'alile  uiir  \arianle  t]'<)iiis- 
lrch;uii.  l'ar  ce  \  dlage  esl  dé-nominé'  ( IcsIitIihiii  dans  im  pouillc 
du  diocèse  de  15ayeux,  élabli  en  13"J0, 

Surrain  (canl.  de  Trévières),  ap[)elé  Surrelutin ,  ou  plulM 
Siifrchiim,  au  xi''  siècle,  Sun-cliciin  en  l:^!2."),  cl  Surrcluiii  en  ]'2'->~. 
parait  élre  un  synonyme  de  Southerhaill  (Wiltsi:  c'esl  \v 
I'    N'illagi.'  du  sud   i>. 

743.  Sur  d'autres  points  de  la  Normandie,  le  Haiîl  (Manche, 
cant.  de  Montebourg;  Calvados,  cant.  de  Cambremer),  ainsi  que 
Canehan  (Seine-Inférieure,  cant.  d'Eu),  appelé  Kcnelnui  en   HD^O 


I 
i 


(lliUWMOS    SWONMCS     i:.N     Ndlt.MAMil  lO  IN'Î 

(./{'■in-u/i  im  < Ihanuluui  en    KKi'i,    smil  iissi'/.    \w\\   ilishiiils  des 
:-  ^    [)(nu'     ([iiil    soit     permis    t\  y     \nvv     traiiciennos     roli^nies 

M'illirs. 

7-i'l.  l'ius  II  rinlérieiii-.  c'est  aux  l''rjiics  ([u'il  hiiil  atlriluiei' 
|.^  iKUiis  (le  lieu  dans  les(|uels  lnun  est  plus  ou  moins  l'ecoimais- 
^.l.le. 

COT 

T-'if).  1  .e  t'i-me  col,  i|iii  iK'^sii^nail  mu'  pelili'  lialu  l;i  linu ,  esl  la 
I  II  me  ilu  mol  ni/rrii'  —  pai'  le(|ui'l.  en  ÎS'ornuuiilie,  ou  euleudail, 
.iii  uiineu  âne,  un  groupe  de  pavsaus  eouslilué  pLiui'  leuir  les 
(■  ii-es  d'un  sei^-neur  —  vl  celle  aussi  du  mol  C(i//;«/c,  ([ue  nous 
.i\cins  eni[U-iuiLé  aux  Anglais  pour  rapphqucr  à  lui  dom^une  rus- 
licpu'.  mais  clci;ant. 

[,es  noms  de  lieu  Caudecotte  (Calviulos,  Eure.  Seine-Inré- 
li.'ure),  BroCOtteS  (Calvados)  el  VaUCOtte  (Seiue-lid'ei-ieure) 
seul,  de  toute  évidence,  l'orniés  à  l'aide  de  ce  terme  :  nuds 
jiinoutent-ilsaiix  Saxons,  ou  datent-ils  seulement  de  l'établisse- 
iiii'nl  des  Noruiiuuls?  (Jn  a  d'autant  plus  sujet  d  liésiler  ([ue  cul 
ajip:u'lenail  aussi  à  la  lam^aie  noroise.  l)u  nunns  la  |H-einiére 
li_\  piillièse  est  vi'aisend)lalile  quand  tel  de  ces  \oeal)les  correspond 
a  une  loealilé  \-oisine  du  littoral  ;  l'un  des  ('.uiidccnl la  de  la 
Seine-lnl'érieui'c  est  ;i  l)ieppe,  el  l'iiidre  à  ANCsnes  'caul.  d'I-ài- 
vernu'u)  ;    Viiucntlc  est  à  \'attelot-sur-Mei'. 

(.'uudccollc  a  d'aillein's  plusieurs  écjuivalenls  en  An<^'le- 
terre  :  Caldecot  l'Nori'olk),  Caldecote  (Cambridue,  W'arwiek), 
CaldeCOtt  (!>edf(U'd),  Caklicot  iMonmoullil  ;  ces  diverses  localités 
sont  désij^net's  dans  le  Diiinesdaji-llooh'  sous  les  lornies  Culdc- 
rnt,    Cidilernh-.   C .1  l<lrr,,lrs . 

746.  Le  niun  de  (  laudecolte  a  l'té  traduit  aux  xni"el  \iv'' siècles 
par(jalida  lunica  :  c'est  un  jeu  de  uujts  dont  il  conN'ient  dv  ue 
l'aire  aucunement  état .  Le  [iremier  éli'nient  (K' i.'e  nom  n'est  autre 
chose  cpu^  1  adp'Clil  corrosp<uulant  à  l'alK'inand  /..;//,  àl'anL;lais 
culd,  au  sens  de  u  l'i-oid  ■>,  el  il  l'aul  N'oir  dans  <  'uiidccolU',  luie 
Cl  habitation  froide  ».  c'est-à-dire  exposée  [)ar  soji  is(dement  à 
tous  les   vents. 

IIO 

747.  Les  noms  de  lieu  (.'ridcshu,  f^nci/csho  — qu'on  rencontre, 


184 


l.i:S     NOMS     DK    LIKU 


le  premier  en  780,  le  second  t^n  7!>.'î,  dans  des  diplômes  du  nu 
OlVa  —  el  Clofcshoas  —  l'orme  ialiniséf,  ;i  l'accusalil'  pluriel.  i|ui 
ligure  dans  des  textes  de  7!)i  et  de  8:21  —  présentent  une  tmin- 
naison  ([ui,  dans  la  toponomasticpie  actuelle  du  l!n\  aumc-rni. 
alTeete  toujours  la  forme  Aoo  :  NortllOO  i^Sull'olk),  Poddinghon 
(Worcester),  Millhoo  (Essex),  ce  dernier  appelé  Mclalio  dans  (l>s 
textes  de  l'époque  anylo-saxonne.  Dans  cette  terminaison  \v. 
érudits  anglais  reconnaissent  un  mol  saxon  dési^-nnnt  un  pro- 
montoire en  l'orme  de  talon  dominant,  soit  la  [)laine.  soit  les  lli.l> 
de  la  mer.  Ce  mot  est  entré'  dans  la  formation  de  l>on  nomhre  dr 
noms  de  lieu  du  Colenlin  et  des  ileN  aii^lo-normandes. 

748.  \'A\  Cotentin  il  y  a  lieu  de  signaler  :  NellOU  (cant.  de 
Sainl-Sauveur-le-Vicomte^,  Pirou  (cant.  de  Lessayi,  QuettellOll, 
/"/.s7t'-Tatih0U,  à  Saint-Vaast-de-la-lIoug-ue  (caid.  tic  ( juetlelioui. 
Dans  tel  de  ces  noms,  la  terminaison  a  ete,  aux  \ii'  et  \\\V  siècles. 
latinisée  en  hulnium,  el  l'cui  a  voulu  ridiiitilii'r  avec  le  nuit 
norois  liohn.  siyniliant  ile  :  il  faut  tenir  pcnir  eriwuu'c  cetti' 
cjunion,  fondent  unicpiemenl  sur  une  fantaisie  de  clercs.  //iil:,i 
est  représenté  dans  la  toponomaslique  [lar -/iô//(//ie  :  liuliflmimw 
(Calvados). 

749.  Autour  des  îles  an^lo-normandes  on  obsei-ve  des  ilôts  et 
des  rochers  a])pelés  le  Hou  et  BrecquellOU,  près  de  Gueinesev. 
Brehoti,  Bernchou,  Burhoii.  Coquelihou  et  Ciethou,  près  d'.Vurl- 

i;ny,  EcrellOU,  pi'ès  tle  .lersey. 

/G 

750.  A  considérer  ce  dei~niei-  groupe,  on  est  ament'  à  penser 
c|ue  les  Saxons  des  v'  et  vi''  siècles  ont  occr.pé.  non  seulement  le 
t'oteulin,  mais  aussi  k's  iles  voisines.  A  l'appui  de  celle  hv[)ii- 
Ihèse  on  pi'ul  invo(pier  é'galement   la   |)résenee  de  la  lerminaiseii 

-rij  dans  le  nom  de  ces  îles,  Guernesey,  Jersey.  Chausey. 
ainsi  qu'Alderney,  nom  anglais  de  lile  d'Aurigny  ;  terminaison 
qu'on  observe  de  même  dans  le  nom  anglais  —  Orkney  —  des 
Orcades. 

l-.jl  n  est  anire  chose  (jue  le  saxou  /y,  au  plmàel  'ujc,  signilianl 
"  ile  11,  (pii  conslilui'  la  lernunaisou  Ac  lnui  nond)re  de  noms  de 
lieu  mentionnés  dans  les  chroui([ues  et  les  diplômes  du  haut 
nn)vcn  âge  intéressant  r.\.m:hderre  : 


OKKWMCS    SAXONNKS     KN     NOUMANUIK 


is: 


/fi'iii/cstifj  —  Ibriné  sur  le  nom  que  porta  le  prenûer  roi  de 
Isciit  —  aujourtriuii  Hincksey  (liants)  ; 

./•.'(/(7/(/  —  aiu'ienne  fonfie  du  nom  d'Alhelliey  (Sonierseli 
—  parfois  traduit  par  Insula  Cl  i  tonum  (-/.XjTiç  =  cilcl,  noble); 

Ci/nwsif/c,  aujourd'hui  Kenipsey  (Wfircester)  ; 

Tliornifj.  t'ornié  sur  (horn,  épine,  aujourd'hui  Thorney 
Middiesex); 

liiinini;icsi;/,  aujourd'hui  Ramsey  (liants). 

Pour  en  revenir  au  nom  (lc\s  iies  ani;'lo-normandes,  il  est  à 
ieniar(pier  ipu:"  ilans  le  lh)innn  ilc  Itou,  écrit  au  \n''  sièchi,  .Icrsi-y 
rst  app(dée  (icrsiii,  et  < 'luernesey  (liirrncsiii  ou  (riicr/tcsi  :  la  (im- 
iniiiaison  de  ces  forme  ancieiuies  apparaît  comme  luic  variante 
<le  -i<j. 

XAKS 

751.  1a'  sidistanlif  sa\on  n;ifs.  doul  l'éipiis  aient  uoi'nis  est 
iicis,  au  sens  de  «  cap  ».   et  <pii  se   retrouvi'    dans  l'anylais  -iicss 

-  Inverness  — ■  a  domié  le  nuit  nrz,  emjdoyé  dans  le  ]ani;a^e 
loiu'aut  du  (^.otenlin  el  tles  iles  anj^ln-noi-mandfs  :  le  Ngz  <le  (^,ar- 
teret,  de  .lobouri;-,  le  Gros-Nez  «le  l'Iaiuanvilh',  tle  .K-rsey. 

752.  Soit  dit  en  passant,  ce  mot  fui  employc  aussi  dans  h- 
Boulenois,  où  l'on  renuii'(|ue  le  cap  Blanc-Nez,  ancienncmcnl 
liln/nu'z,  c'est-à-dire  »  cap  noir  m.  et  le  ca[)  Gris-Nez,  ap[)elé  en 
l.'il:^  le  .Ye.s.s. 


753.  Le  tlernier  tiuine  tles  noms  Barfleur  (Manche,  canl.  de 
(hu'tlehou],  Fiquefleur  (lùu-e,  cant.  de  IVni/.evilIc;,  Harfleur 
Seine-luférieure,  cant.  de  Monlivilliers),  Honfleur  (^(^alvados)  ci 
Viltefleur  iSeine-lnlérieure,  caul.  de  Cany  i  lait,  ;i  pi'ciniere 
vue,  penseï'  au  norois  /hjdli,  <<  L^'olle  >>  ;  ces  lujuis  auraient  ;dors 
été'  impnrLés  sur  noire  srd  par  h'S  Xornuinds,  soil  au  iV  sucle 
seulement.  Mais  à  cmisidérer  (ju  ils  lU'  tonslituent  (|u'un  h)rl 
petit  groupe,  et  s'ap]diquent  à  des  localités  nuiritimes  ou  [)cu 
éloig'uées  de  la  côte,  ou  [)eut,  sans  tro[)  s'aventurer,  les  attribuer 
aux  Saxons,  dont  la  langue  tlésignait  par  /h'<i(l  une  eau  com-antt'. 
une  petite  rivière,  mi  canal,  par  /lud  un  amas  d'eau,  la  luarée. 
1  .e  nom  de  l  itif fleur,  \illage  situe  sur  hi  ri\'e  droite  de  la  l)ui'- 
denl,  il  six  kilomètres  emirou  tle  son  embouchure,  a  vraisem- 
hlahlemenl  le  sens  iV  '■  eau  lilanche  ». 


i8(; 


I.i;S    NOMS    !)K    i.nu' 


754.  Mil  l'avour  iK"  rori^iiif  saxoiuie  ilu  nom  doul  il  s':ii;il,  on 
pi'iil  nivo([iier  par  surei'oll  rexistence  en  lîonL'nois  du  nom 
d'Ambleteuse,  localilé  (jue  -\]^•dv  ie  Vénéralde,  au  viii*^  sii'cK'. 
apjielait  Ani/lcuf .  La  l'orme  acluelle  de  ce  nom  ne  remonte  ([u'.ui 
\V1''  sièele.  el  le>  l'ormes  antérieures  —  y  eompris  Ani lilclnirr 
([ucui  trouve  enecue  en  l.'i'lU  —  procèdent  manit'esiemenl  d  un 
primitil  tel  que  Am/Icn/   liore. 

755.  IKuilleuresl  appelé  en  1  i'JS  Iloinir/h),  el,  dans  les  Ibrini's 
médiévales  des  noms  qu'on  vient  de  lire,  la  tiM'minaison  est  d'nr- 
dinaire  -fïiic  ou  -/Icii  ;  parfois  elle  est  rendue  par  le  latni 
riuetus,  dont  le  ^ens  ne  dill'ère  i;nère  do  celui  de  /Icnl.  Lr 
linale  n'est  apparue  tpi'à  une  é[)i^)([ue  relati\"emenl  récente,  et.  dr 
nos  jours  eneon',  la  prononciation  locale  ne  la  lait  ordinairenieid 
pas  sentir. 

756.  On  se  i;-ai'dera  d'apparenter  à  ces  noms  celui  de  Cuui/lciir 
fluu'e,  canl.  de  lîernay)  :  la  localité  est  trop  éloi^'uée  des  ciMes 
pour  i|u'on  puisse  sup|ioser  ([Ue  les  Saxtuis  s  y  soient  etaljlis  ;  1  /• 
linale  se  rencontre  elès  le  iUd>ul  du  M''  siècle  :  dinip/h)/-  :  et 
1  ap]Kdlation  (^impus  l'ioridus,  ipii  se  trouve  tlans  \ui  ancien 
pouilié  de  Lisieux,  est  sans  doute  le  thème  étymoloi;ique.  tlori- 
dus  étant   accentué  sur  ranlénénultième. 


, 


fi 


I 


C.ATE 


757.  Le  mot  unie  avait,  chez  les  Saxons,  le  sens  de  <>  Inm, 
[iassaL;e,  on\'ertm'e  »  ;  ilans  l'anglais  nnxlerne  il  a  celui  de 
1'  [)oiie  ■>,  de  "  barrière  )>.  On  en  trouve  des  traces  en  lioidenois 
(cl.  ci-après,  n"  802'.  Mais  connne  ce  mol  paraît  avoir  a[)[)artenu 
aussi  à  la  lani^'ue  noroise,  |>uis(pi'en  suédois  unlii  sl^■nll!e  i.  rue  », 
ou  peut  lu'siler  sur  la  (pieslion  de  sa\dir  ^i  le  nom  de  HoulgatC. 
porté'  dans  le  dé'parl emeii t  An  (laKados  par  une  station  hal- 
néaire  lùen  coniuu'  '^cant.  de  Do/ulé)  et  i)ar  des  hameaux  tle  liie- 
vilh'  (cant.  de?\[c'/,idon)  el  tle  1  >eux-Jumeaux  (canl.  d'Isij;ny!. 
remonte  aux  Saxons  ou  aux  Xt)rmands.  La  première  hypothèse  est 
légitime  à  l'égard  de  la  première  et  de  h\  dernière  de  ces  localités, 
dont  l'une  est  à  l'embouchure  île  la  Di\'es.  el  l'autre  à  peu  de 
distance  du  littoral  ;  elles  ont  d  ailleurs  un  homonyme  d'nri^ine 
saxonne  bien  avért-e  dans  Holgate  (York). 

<  )n  peut  attribuer  ég-alement  aux  Saxons  le  nom  de  Hiégathe. 


u 


<  , 


ORIGINES    SAXONNES    EN    NUliMANDIE 


-187 


■  •ili'   |i;ir  un    ccarl  de    la   foniimuic  de   Monlniarhn-en-Graii^nes 
M. niche,  canl.  de  Sainl-Jean-ile-Daye). 

Dlh'l-: 

758.  Dans  une  anse  voisine  dllerqueville  (Manche,  c;\nl.  de 
lîiMLimonl)  existe  pres({ue  en  son  entier  un  retianclieinent 
.Miinu  sous  le  UdUi  de  Haguedike,  h'(|uel  dut  être  élevé  [)ar 
lis  |ui'alcs  du  Nord,  pour  in-i)léi;er  c(>nlre  Ic^  eiilre[iiises  des 
i»i|)ulaliiuis  ronuuu's  un  de  leius  postes,  étal)li  à  lexli'eniilé  de  la 
|ioinle  de  la  IIaj;'ue.  Ce  rclranclieinenl  esl-il  dOriL^ine  normande 
ou  d'origine  saxonne?  I)Uit\  en  ell'et,  ap[jarenté  à  notri;  mot 
diL;ue  ').  appartient  à  lna(e>  les  laiii;ues  yermanicpies,  aussi 
hicn  au  norois  qu'au  saxon.  On  peut,  dans  l\'spece.  l  altrdjuer 
,iii\  Saxons,  car  il  existe  en  Ani^leterre  un  Danesdike  (Yorki, 
il.iiis  U'(pud  il  laid  N'oir  mi  retranchement  élevé,  connue  son  lunu 
rni(li(pie,  par  les  Danois,  mais  (pii  did  son  a[»pcIlalion  aux 
Saxons;  d'autre  part,  les  noms  de  lieu  en  (//Ac,  assez,  rares  dans 
la  Scandinavie,  sont  plus  noinlu'eux  en  Angletei-re  :  Kinsdike 
iviid),  Dogdike  ([.inc(dn  ,  Wanesdike  (\\'iltsi. 


759.  l'our  lerminer  celti'  rc\iu'  des  noms  de  lieu  de  N(U'man- 
die  (pu  paraissi'ut  d  orii;ine  saxonne,  il  l'esle  à  exandner  si  les 
Minus  en  -mare  doixent  être  rajiprochés  îles  nonrs  en  -inct\  si 
connuiuis  eu  An;j;'leterre.  .V  \y,\\  dire,  ils  sont  [ilulol  norois  :  la 
i  liDse  est  incontestabli'  ([uand  on  \u'\l  le  terme  dont  il  s  ai;it 
[ii-('i.éilc''  d'un  adjeclil'  ■ —  /.(nnjiicm.ire  il'AU-e).  S.-inssciizcnnirc 
.^^euu'-lniérieiu'Cy  —  ou  d'iui  nom  tl  homnu-  normand.  (  .e  lernu.' 
a  dans  ces  noms  le  sens  de  uolre  mol   <-   mare   ■  . 

(Juant  aux  noms  en  -mer,  dont  la  Normandie  pré'senle  plusieni's 
exemples,  leiu's  tormes  ancii'iines  al  testent  en  plus  d'un  cas  une 
orii;ine  tout  autre.  Cuiithretiwr  (Cah'ados  i.  connu  tlepuis  le 
\ii''  siècle,  elail  alors  appelé  Cam  hrimaru  m.  r'on/7o/;;c/' ((  >rne) 
est  un  nom  de  lieu  de  t\[)e  bien  connu,  j)résentant,  à  la  suite  tlu 
nom  conuuiui  cor  lis,  \\n  nom  tl'homme  gallo-fi'anc  :  (!lortis 
.Vudomari.  Et  le  thème  élynu)loi;ique  de  Moi-d'invr  (Seine- 
Inl'érieure)  peut  bien  être  exclusivement  latin. 


XLIII 
OlUGINES     SAXONNES     ]<N      lioULEXOlS 

L'oxislence  Jiuu'  colonie  saxonne  en  JloLilenois  esl  aLteslée, 
sinon  par  les  monuments  écrits,  du  moins  par  la  toponomasticjue 
de  la  région. 

760.  On  a  vu  (cF.  ci-dessus,  n"  741)  ce  (pi'il  faut  enlendie  par 
le  mot  /;;/).  S'il  a  laissé  peu  dv  traces  vu  Xormandie,  ou  le  ren- 
coniie  dans  une  ti'entaine  île  noms  de  lieu  du  Boulenois,  et  cette 
constatation  est  ii  rap[)rocli('i-  île  celle  ipie  faisait  jadis  le  philo- 
logue allemand  Léo,  lorsqu'il  établissait,  à  l'aide  des  cin([  cent 
ving'l-sept  chartes,  comprises  entre  les  années  GO'i  à  '.HW),  qur 
renferment  les  if'ux  j)remiers  tomes  du  (Voiler  di/jluniulicus 
acri  .s.i.i'iinici,  ipu'  l'i^nsenihle  des  noms  terminés  en  /;//;,  consti- 
tue, lie  l'auli'e  ci'iti'  ilu  détroit,  h'  huitième  des  \-ocaldr>s  !.;-éor'ra- 
jihiipii's. 

761.  Alenthun,  écart  iK'  l'ilu-n  (cant.  de  Guînesi,  appelé  en 
lOSi  lilliiKjaluDt  t'L  Allin;/;L/ii/i,  esl  formé  de  /un,  précédé  de 
radjeclif  nominal  iilliiii/ ]  il  a  pour  équivalents  Alincthun  (caiit. 
d(^  Desxres'^  —  .[liinj hrl un  vn  1  !!•'.)  —  et,  en  Ani;leterre, 
AlliligtOU  iDorset,  liants,  Kent,  W'ilts,  etc.)  et  Ellington 
(  Noi'tlmmherland,   Kent,   I  luntinj^lon,   ^'ork'j. 

762.  Audincthun  ^^cant.  de  FamiuendnTj^ues),  en  H)ll)  Oiliii- 
(jntiin  ;  le  nom  d'homme  sur  lequel  est  formé,  à  l'aide  du  suIUm' 
-///'/,  le  |)remier  terme,  est.  Itdda,  origine  du  nom  Kudes.  — 
Cf.  Audincthun,  nart  d'.Vudin^hcn  icant.  de  Marquise),  Audin- 
thuJl.  écart  de  /uihiusipu-s  (canl.  de  Kumlires'i,  et,  en  Angleterre, 
Oddington   -  C.loueester,   Oxford  I. 

763.  Baincthun  cant.  de  lioulognc-Sudl,  en  811  J!;ii/ini/a/un. 
—  Cf.  Baginton  ^Warwick),  Bainton  (Xorlhamplon,  Oxford. 
Sulfolk;. 

764.  Bandrethun,  hameau  de  Manjuise. 

765.  Colincthun,  écart  de  lîa/.inghen  (cant.  de  Maripiise).  — 
CA'.,  en  Ecosse,  Collington  (  Edimbourt;). 

766.  Dirlinctun,    village     disparu     au     leriitoire     de     liâmes- 


IJ 


OlUGINKS    SAXONNl'.S     KN     liOlI.KNOlS  1  8Î) 

l;..ucri's  (caiil.  d^'  Giuiies);   eu    1107  Dirlinijatan.  —   Cf.,   sons 
r.■^L•^vL■s,  Darlington  (Durham). 

767.  Florinctun.  hameau  de  Coudetle  (eaut.  Je  Sau\er'.  en 
I_"jT  /•Id/'iiK/lictuii  ;  le  premier  terme  de  ee  uom  est  1  adjoelil 
;,..iinnal  /Jnrin/j,  l'ormé  sur   l'Morus. 

768.  Fréthun  l'eaul.  de  Calais-X(ud-Ouost).  Frailiiin,  Fruil- 
'iiiii,  Fruilun  eu  lOSi,  FrctUin  en   t  KiO. 

769.  Godincthun,  écart  de  Peruesicant.  de  !5ouloiiue-Sutr . 

770.  Guiptim,    i-earl   de   Tardinnheu    l'caut.   île    Marquise),    eu 

1  i:;(i  (;iljliiii;/!i/iin. 

771.  Hardenthun.  hameau  de  Mar<iuise.  —  Ci.  Hardington 
.^^liiuerset). 

772.  Landrethun-/e-.Vr;/-(/  fcant.  de  INIarquise)  et  Landrethun- 
Irz-Ardres  (caut.  d'Artlri-si,  ai)[)elés.  le  pi'cmier  LaiidriiK/liclini 
,■11  Mil»,  K'  sce.Mul  I.:inilrini/f/un,  /.;iiiilr<'ii:i I un  c\\  lOSi.  1,'ad- 
]rclil  nmniual  eonslituaul  le  preiuicr  lernu"  est  bien  appaiful 
dans  ces  formes  aucienues  ;  il  n'en  reste  plus  trace  à  présent. 

773.  Offrethun  (cant.  de  Mar<iuise).  Ce  nom  résulte  d'une 
rV(dution  plus  grande  ([ue  celles  pi-écédemmeut  constatées.  La 
firme  W'nl fcriun ,  qu'on  rencontre  en  12Sl).  iierniel  de  le  ralta- 
cliei-  au  uom  d'homme  germani(jue  ([u'au  temps  des  MéroviuLiiens 
<■!  des  Carolinj.;iens  ou  latinisait  en  \ulfarius.  et  tl'où  proc'i'de 
!,■  nom  de  famille  Cnuf/tcr.  —  Cf.  Wolverton  (lUicks,  liants, 
.\(,rfolk.  WarwicLl. 

774.  Olincthun,  écart  de  \Vimille  (eaut.  de  r><uiloi,'-ne-Nord  i, 
111   I  :!G7  Olinijurliin. 

775.  Paincthuu,  hameau  d'I'.cliiuuhem  iMul,  de  r.nulM-iH-- 
.siid;.  eu    MIS  Pannni'jiiluni.  —  Ci.  Paington     It.'vou  . 

776.  PélinCthun,  hanican  de  Verliiuthuu  leaut.  de  Sauu'i  ,  eu 
1112  Paiinif/cltin,  en  17i8  Pcninrt Iniii .  —  Ci.  Penningîon 
liants,   Lancaster). 

777.  Raventhun.  hameau  d'.Vmhletense  icaut.  de  Marqiuse'i. 
lU  lOSi   llirrii/iiin. 

778.  Rocthun.  ancii-n  lief  à  Lou-uevillc  (c-aiil.   de  DesYiesi. 

779.  Samblethun,  ancien  lief  à  Coveeques  (eaut.  de  h'au- 
i|ueml)erg'Ues). 

780.  Tardincthun,  ancien  lief  à  Tardiu-heu  (caut.  de  Mar- 
quise). On  remarquera  (pie,  dans  le  nom  de  la  comn\une  actuelle 
cl  dans  celui  du  lief.  le  premier  terme  est  le  même. 


190  LES    NOMS    Dt;    lAEV 

781.  Terlincthun,  écart  cb-  Wimille  (cant.  de  Jîuulo^niK'-NOrd^. 
Les  aiiciuiincs  rorines  du  ce  nom,  à  coiniueiicer  [)ar  le  Teli/i//e/iiii 
lie  1208,  ne  présenlonl  pas,  dans  la  syllalje  initiale,  ïr  qu'on 
observe  tians  la  forme  actuelle.  Celle  lettre  n'apparait  (;u':iu 
xvi"  sii'cle,  correspondanl  à  un  premier  /  que  le  lliènie  (jrii;inel 
présentail  à  coup  sûr.  —  (]ï.  TellingtOll  (Lincoln'  vi  Tillington 
(llereford,   SlalVord,  Susse.xi. 

782.  Todincthun,  hameau  d'Audinclhun  (cant.  de  Fauipieni- 
beryues).  Ce  muii  se  IrouN'i'  mi  8()7,  sous  la  forme  Toti/Kje/an. 
dans  une  charte  de  Saint-Berlin  ;  tle  tous  ceux  présenli-mciil 
étudiés,  c  est  celui    donl  on    [lossède    la   plus  ancienne  mcnli(jii. 

—  Cf.   Toddington  (lîedfoid,  Clouccster). 

783.  Tourlincthun,  hameau  de  \Vir\vij.^nes  (caul.  de  D(>svri's). 

—  Cf.,   sous  réserves,  TorletOll  (Gloucesler). 

784.  Verlincthun  icanl.  de  Samer',  en  I17.'l    Verliiig/tiri . 

785.  Wadeilthim,  hameau  de  Saint-In^■leverl  (cant.  de  Mar- 
quise], en  lON'i  \\\nli/i;/:iUiii.  —  CI'.  Waddington  (Lincoln, 
York). 

786.  Waincthun,  ancien  lief  à  Saint-Léonard  iCanl.  de  Samer'l. 

787.  Wingthun,  ancien  lief  à  'rardini;iien  (caul.  de  Marcpiise;. 
Ce  nom  est  sans  doute  une  variante  du  préeéilent. 

788.  Warincthun,  hameau   d'Audini^hen  (cant.   de   Marquise). 

—  CL  Warrington  (Lancaster  . 

789.  Witrethun,  écart  de  Leubrln-hen  (cant.  de  ]\Iarcpiisei. 

790.  Zeltun.  ancien  lief  ii  l'olincove  'cant.  irAudruicc]  ,  eu 
lOS'i  Scel/im. 

l']troitement  apparentés  —  vn  Va  vu  par  maint  exemple  —  à 
des  noms  de  lieu  d'Angleterre,  les  vocables  qu'on  vient  de  j)as- 
scr  en  revue  sont  dus  é\idi'mment  an\  Saxons.  Acluellemenl 
gi'oupé's,  il  ciiHj  exceptions  près  —  les  raillons  d'Ai'tlres.  d'Au- 
di'iiicc[  (■!  de  i''au([ucniliei'i^ncs  apparru'iincul  ;i  rarrondissc-nienl  de 
Sainl-(  )mer  —  d.uis  rarrondissmienl  de  liouloniie,  ils  se  troiiNciil 
méU's  sur  le  terrain  à  d  aul  res  noms  d'origine  germanique,  ipi  il 
est  légitime  d'ail  ribuer  aussi  aux  Saxons,  mais  que,  faute  de  con- 
sidérer (ju'ils  sont  ainsi  encadrés,  l'on  hésiterait  à  rapporter  a  tel 
ou  lel   dialecle. 

791.  IMusieurs    de    ces     noms     représentent     simplement    des 


OUKIl.MOS    SAXONNKS     KN     liOfl.KNOIS  |  U  1 

.ilji'olir.s  nnininaux  en  -///.'/,  -iinjun.  l.oi'siiu'ils  s"iippli(|iienl  ;i  des 
iiK-:{lilés  qui,  en  raiscni  de  leur  ini|)c)i-lance,  sont  (le^•enll(•^  des 
'.iinuuuies,    la  linale,  remaniée,   oi'dinairenienl  des  le   \ii'=  siècde. 

Il  -eih/lics.  alVeele  aujourd'hui  la  l'urine  -im/ufs.  eonuiu'  dans 
Ailringues  leanl.  de  Lundires),  Autingues  'eant.  d'Ardi'csi,  ,'le. 

792.  l)ans  les  noms  de  simples  éearls  ou  lieux  dils,  moius  hien 
pnilri;('S  conlie  les  altéralions  populaires,  -ez/yAcN  s'est   déformé 

Il  -riuic  ou  -cniH\-i  :  Foucardennes,  Heu  dil  d'()uU-eau  l'eaiil.  de 
"^.unrrV  Rabodennes.  aneien  liei' à  M:inini;-lien  eanl,  d'Ilucipie- 
liiTsi,  'Wicardenne,  hameau  de  Sainl-Marlin-r.Dulo^ne  (eanl.  de 
Miiulo^HMie-Suti). 

Les  aulres  noms  de  lu'U  d  origine  L;ermani(jiie  qu'on  reinai'(iue 
'l.uis  la  ri-''L;ion  sont  île  l'orme  compt)sée.  On  peut  les  grouper 
■~(Mis  les  divers  termes  (pii  en  eonsliluent  les  désinences,  et  e'est 
M'Iiui  1  ordre  de  eeux-ei  qu  ils  \oiil  être  indiqués,  assez  rapide- 
nic'iil  d'ailleurs,  car  tel  de  ces  lernus,  à  la  dillV-rence  de  /un,  a 
I. lissé'  des  traces  dans  d'autres  parties  de  la  Caule,  colonisées  par 
i'S  Francs  ou  les  Houri^'uig'nons. 

793.  -IcAcr.  c  champ  ..  :  Dampnacre.  Heu  ditd'Outreau  cant. 
de  Sameri,  le  Denacre.  hameau  de  Saiiil-.Martiii-lîouloLiue  icanl. 
d«'  r.oulou'iic-Sud]  el  de  Wimille  n'aiil.  de  lîouloi^ne-Xortl  ■. 
Disacre,  hameau  de  Leuhrini^licn  t'aiil.  de  Marquise).  Gouve- 
Iiacre,  Heu  dit  de  Ficiines  icanl.  de  (luines),  Hoiinacre,  ancien 
li.'f  il  Wissant  (cant.  de  Marquise),  Laildacre,  hameau  d'Halin- 
^lieii  et  d  llesdin-lWbhé  (cant.  de  Samei). 

794.  lli'hc.  K  ruisseau  »  :  Belbet,  anciennement  lie/ hffij, 
li.iiiieau  d'ileimeveux  (cant.  de  Desvresi,  l'Estebecque,  ruis-^e.iu 
(onhiiil  à  .Vuilemherl  >c:iiil.  de  Marcpiisc',  Estieillbecque,  anciens 
liefs  à  Ch-npies  et  à  Louches  (eanl.  d'.Vrdresi,  la  Marbccque, 
li;iineau  de  Samer,  Rebecques  l(caiil.  d'.Vire-sur-la-L>vs  1.  Cv  der- 
nier nom  est  ré([nivaleiit  d'un  nom  de  Heu  Iranciipie  ([Ue  l'on 
li'nuN'e  au  \'ii''  siècle  sous  la  l'orme  lieshaeis  (et.  ci-iiprés 
11"  866)  :  el  l\sru'iiilii_'ctjuc  doit  éli-e  rap[)roc'lu'  de  l'allein.-iiiil 
Slriii/iucli .  H  le  ruisseau  [uerreux  ".  —  Un  certain  muiilii'e  de 
ruisseaux  de  la  n''i;ion  portent  le  nom  de  Becque.  prc'i-é'dé'  dr 
larlicle  l'éminin,  ([ui  alleste  (pie  le  mot  était  passé-  dans  le  laii- 
g.iH'c  courant. 

795.  />^''.'/,  "   nionlan'nc    »,    dcNcnii,   p;ir  assonrdissemeiil  de  la 


192  r.ES    ISOMS    DK    lAKV  i 

coiisoiino  (inalo.  -hrrl  :  Audembert  (canl.  de  Marciuise).  Bru- 
nembert  (tant,  de  Desvres),  Golembert  (niême  cantDn),  Humberl 
(caiiL.  d'IIucqueliers),  Milembert,  litHi  dit  d'Oulrcau  (canl.  Ar 
Saniei'),  Palembert,  lieu  dit  de  ^^'inlilU'  (cant.  de  Bouloi^nie-Xonl  , 
Pouplembert,  ancien  lief  à  Golenibcrl.  Riquembert.  Iiois  à 
Montcavrel  (cant.  d'I'^taples),  Rotembert,   lianieaii  de  Sainl-Mar-  t 

tin-Buul()<.,Mie    (cant.    de    linuloi;-ne-Sud),    Rupembert,   hanieau  (!.■  .; 

\\'inulle.   I-e  mol  Iirnj  ayant  appartenu  à   tous  les  dialectes  ^ei-  >j 

niaidques,    il  convient    d'insister   sur   ce    cpu^    les  locahtés   dunt  '• 

l'énuniération  ]:)récède  appartiennent  à  larrondissement  de  lînu-  ,; 

]()i;;'ne  ou   à    des  cantons  qui  en   sont    voisins.   —   La    nasale  cpii  "'    ' 

pr(''(.'ède  dans  tous  ces  noms,  la  désiiUMiee  -lier/  reprt'-senle  I  /( 
d'un  L;t'nilil'  i^ernianique. 

796.  l'riiiii.  Il  [lont  •>  :  le  Cobrique,  liaïueau  de  15elle])rnMe  \ 
(cant.  de  Desvresl  —  en  IliSCi  (JiiO(ll>ri(/i/i'  —  l'Etiembrique  on  t 
Estienibrique,  liameau  île  Windlle,  nom  dont  la  première  pari  le  M 
répond  ;i  l'allemand  ,s7c//(,  <i  [)ierre  w.  :■■ 

797.  Jirui/;,  «  marécage  ■.  :  les   Crambreucqs.  nom   ilésii^iianl 

un    ruisseau  ipii  prend  sa  source  à  Fiennes.  DeiinebrœUCq  (Oynl.  A 

de  l""au(piemheri;uesi,  Godeliinbreucq.  lieu  dit  de  ^^'imille.  le 
Hambreucq,  écai-t  de  'l'ardini^hen  (canl.  de  iVIarquîse),  Reque- 
breucq,  hameau  d'Ouve-AVirquin  (cant.  de  Lumiu'es).  — Amen-  s 

tioimer  quelques  écarts,  lieux  dits  et  cours  d'eau  appelés  le  Breu,  ,i 

le  Breucq  et  les  Breucqs.  ;.; 

798.  Ih'ini.  u  l'onlaine  i>,  est  l'orii^àne  de  trois  ilésinences  :  ? 
!"  -hrninic  :  Acqucmbronne,  nom  de  cini]  écarts  ou  lieux  dits,  - 
Caudebrone,  lieu  dit  d'Arqui's  icant.  tle  Saint-Dnier-Sud  ),  Gau-  v 
debronne,  lieu  dit  d'Outreau,  Cottebronne,  lieii  dit  de  Saint-Mar-  "^ 
lin-I!ouloi;ne  et  écart  de  ^^'ierre-l^lVro\•  (canl.  île  Mar(p.iise.,  Cou- 
bronne,  nom  de  cin([  écarts  ou  lieux  dits.  Follembroune,  ancien 

liel'à  Saint-l-ltienne  (cant.  de  Samer).  Hassebronne,  ancien  lief  ii  ; 

Maninnhcn  (cant.  d'Iluc([ueliers'l,  Hellebroiiue,  ancien  licl',!  Réty  §••  ; 

icant.    de   Marquise),    Houllebroniie,    lieu    dit    de    \\"acipuni;lien  lî  •  ' 

(cant.  de  Marcpiiseï,   Liembronne,   hameau   de   Tini^rv   (cant.    iK-  v    , 

Samer),  Thiembronne  (cant.  de  Fauquemhergues)  ;  —  2"  -hriiiic  :  .■ 

Bellebrune  (canl.   «le  Desvres),  Rosquebrune,  écart  de  l.migl'ossé  ;'. 

l^nuMue  canton)  ;  — ','<•'  -Imiirne  :  Gourtebounie,  luuneau  de  Lieipios  ■ 

(canl.    de   (niines.    —   11    faut    entendre    vraisemblaldement   par  .V    ! 

(liiiidchronnc    el    (Jnf/clironne    n     Froide    l'onlaine    )',    iiar    Ilr.ltc-  ' 


iiIiii,im:s    swd.wks    i;>    mu  i.i:\(iis  |',);! 

'•   «    liiiil.iiiie    siici'oi'    »,    cl    par     I Imillclirniinr    „     ronl.iluc 


IW      n.i/r.    ,.    valK'o    ..     :     Belle-Dalle,    coai-l    .lo    'l'.iiclin-hon. 

;  iiiri|iiedalle.  Ikhiumu  iriiosdiu-rAl.hi.'.  Dippendale,  liamcau  fie 
■.  •::  lurhaiill    LMiU.  ile(iuîiK'.s),  le  Willieildalle,  licudll  d'diilivan. 

l'ii    i\MK'(uili\'  en    Xui'inaiulie  des    iioiiis  aiialo-ues    :    llrmiur- 

>'"-  el  hirjijicdullc  i  Sianf-lnférieui'e  :  ;  ils  n,  .sauraient  idre 
•l.iliiu's  en   Uuile   sûreté    aux    Saxons,   ear   ils   mil   pu    Iciut   aussi 

Il  rire  iiuporlés  par  les  Normands.  1  ,e  premier  de  ces  noms 
I  Miil  s!L;-niliei'  -  vallée  niaré'ea-euse  -,  et  le  seemid  u  vaille  pro- 
:  idr  '.  ;  ce  dernier  (pialiliealir  étail  exprinu'  par  le  savon  -/rny,. 
i...!n-ue  à   1  anylais  dreji,  et  par  le  norois  diiip. 

HOU.  /'VA/,  .'  ehanip  ...  Parmi  les  noms  de  lien  du  r.oulciiois 
■i.iiit   la  l'orme  ori^'inellc  [)résenlait  ee  mut  eomme  seeond  lerme, 

a\  qui  s,'  sont  rcnuanises  les  premiers  sont  aelurllement  lermi- 
i:  s  en  -/',;(//  :  Iris  sont  Helt'aut  leanl.  de  Saint-(  )mer-Sud  i,  Mil- 
failt.  liameau  de  1  )ennelMieue(j.  el  aiieien  liel'  à  ]''rii \-Sai nl- 
Jiili.Mi  eanl.  de  l''an([uembei'gues i  el  Pittefaux  feanl.  de  l'.ou- 
.'■uiii'-Xord  ,  le  pi-emier  romanisi'  dès  le  mi''  siècle.  I/adoui'isse- 
111. ail  de  l'/'en  r  <[u'on  ol)serve  dans  le  nom  de  Glémevaut.  lieu 
iil  d  ()utre;ai.  pai'ail  l'indice  d'une  l'omanisation  moin.';  aneieime. 
i.iilin,  dans  les  eonti'èes  où  l'inlhicnee  di/s  po[iulalions  de  langue 
,'.'iiiiam(pie  a  persisté  le  pins  lon-'lcmps,  la  romanisalion.  eoii- 
-.•ipienmienl  plus  tardive,  est  earat'ti'risée  non  s.'ulement  par  le 
.  liaii-emeni  de  l'/'en  /'.  mais  de  plus  [lar  celui  de  1'/  en  r  : 
Gazevert.  ancienne  maladrerie  à  W'issanl,  Pichevcrt,  en  l.'iU'i 
/'e^sr/'c//.  h.imi'au  de  W'imille.  el  Saiut-IlKjlovert  eanl.  d,>  M.n- 
■|Uise'.  (".elle  dcrnieii'  loc.dite  est  ;i[ipeli'c  au  \ni  sicelc.  .lans  la 
ilironiipif  de  I.anihert  il'Ardi-i's,  Simlium  campus  vul-o 
^'in/iiii//ifrrf/  :  cL  de  celle  lorme  vul-airc  (m  rencontre,  depuis  le 
\ii''  siècle  jusipi'au  X[V^  de  léi;-ères  variantes  attestant  (pi'mi  se 
Imuve  en  pri'sciic.i  d'un  imm  dont  le  lypc  primi  ti  !' consiste  .lans 
!■■  nom  comimm  fclil  pnxa'dé  d'un  adiecllf  nominal  en  -//;(/, 
i'ien   loin  ipi  il    /■vocpie    le   soUNCiiir    d'un    persomiaue    hoiinré'  par 

I    l'-ll.SC. 

801.  J-'nrd.  H  ^ué  ,'  :  Audenfort.  liameau  de  (;iel([Ues  <caid. 
il  .Vrdres!,  Etienfort,  nom  de  (piatre  hameaux  cl  s\non\nie  du 
tlainand    S/c-iiroordr     ^X(n'd)    et    de    (hn/ic/-('ii.r    (voir    n"    681;, 

/.(•N-   iiiiiiis  i/,'   tien.  I.i 


Ill'i  i.i:s   .\(i\is   m;   1.11:1 

Houllefort.   c'csl-à-ilirf    "    K'  -ur   iinifonil   ".   .scrlidn  (!■■   \)i'\\.    ,1  i 

I  li'ullcroi'l  ir;iiil.ili'   Dosvri'Si.  | 

802.  <•;!/(■  (cl',  ri-ilessus  11"  757  1  :  Enguinegatte  'cjni.  dr  1  .m-  | 
(iuumhfr?.;u('s!,  Sangatte  'caiii.  ilo  ('.al.iis-Xord-Oiu'st  I,  Tégatlc.  i 

li.iii>e;iu   ilu  l*oiU;l  (e;iiil.   de  Saincij.  i 

803.  //.(///  vï.  ei-tle.-^sus  a"  742  .  ('a'  mot  a  (luiiiii'  le;  .^^ullix  • 
(]u'(Mi  i-fii('(iiili-f  \c  plus  rri.''<|Vioiimii.'iit  il.ui.s  la  parlii'  iK'ciiK'ul.il 
(lu  ilrnarli'incnl  du  l'a.s-(K'-(  la  lais.  (..uni'i'aU'iiU'ut  v-.jinl>i  lU'  avir 
di's  adjoclifs  iioniiuaux  eu  -m;/,  v[  pnuiniu'ç  -,//(  ou  -;//,  la  Imiiu 
(]U  il  nnùl  c'sL  'Iwiii,  el,  tlaiis  le  sud  du  l!(nil(Muiis,  -lien.  IMu- 
sii'Ui's  dos  noms  ainsi  l'ornus  nul,  connuL'  la-iix  lUi  -l/tun,  Icuis 
LM|uivalL'nts  cil  Aii^leli-rre  :  Barbiligheni.  hameau  de  Moriii-lieiii 
(^e.iiilon  de  Saiul -(  )inei'-Nord '.  appelé  au  i\''  sieele  llir/nni'jh.ic/i: , 
esl  synonyme  d''  Birmingham  (W'arwiek.,  el  le  nom  de  BOU- 
guinglicn.  hane^au  de  Marcpiisi',  doil  l'd  re  ra|>pi'oi'lii'  di'  eeiiii  de 
Buckiugham,  ipi  a  la  cour  de  Louis  XIII  on  pi'ononeail  llnth/ nin^ 
'J'in.  —  D'aul'i'e  [uirl,  il  existe  ipndtpir,^  lunns  dans  la  Inriiir  ori 
L;iiicdli-  des(iueK  on  Aovail  //.;//;  pri'eédi'  <liui  Li'émld  eara(li'i-is('' 
pai-  la  liiiale  .s-  :  HardillXtnit .  ei-.irl  de  ll.'ly  leanl.  de  M,n\]ulsc  . 
Anluii/cs/irin  au  \ir  siècle  —  Hiuxeut  iiiieme  eanlon).  en  M  111 
Jliiuiilii/s/ic//i  el  Tulierseut  (eanl.  d  l''.laples,.  au  1  \'  sioeir 
Thnrhn.lr.slwn:. 

804.  //"/',  ■-  eour,  l'ernie  ■•  :  Fouqucliove,  ham.' au  de  l'enus 
leanl.  de  lîoulo^-ne-Nord  1,  MouiieCOVe.  iiameau  de  Uayeuuhriii- 
le/-l''perlee(]Ui's  eani.  d'Ardres  ,  Rorichove,  lieu  dil  d'Audns 
(eanl.  de  (iuiiiesl,  WalricOVC.  lieu  dit  de  Feri]ues  leaid.  de 
Maiapiise),  voeahles  manireslenunl  lormés  sur  des  noue, 
dliomnie:  —  Osthove,  hameau  tie  l!ain<_;heii  leauL.  de  Desxiesi, 
Ostrohove.  hameau  tle  Sainl-Marlin-lîouIoL; ne.  We.StllOVC.  hanieaii 
lie  r>l.indeeipie->  eanl.  di'  Sainl-t  huei -Sud  '  el  aneieu  niaiioii-  ,1 
( juelnies  1  eanl.  de  Lmulires;,  WestrehoVU.  hameau  d"l-'.perh'eiph's 
et  aïK-iiMi  liid' l'iil  l'e  IudierL;ui's  eanl.  d.\rdresl  el  Sui'([ues  '  eau!. 
de  l.uinhri's),  inlin  ZutllOVti,  lieu  dil  i\r  (jiu/lnits  eanl.  Ar 
l.umlii'esi,  noms  rappidanl  par  leurs  premiers  lei'iin's  la  -.ilualioii 
(U-ii'iilah',  orcid'-nlale  (Ui  nn'i-idionale,  |ku-  lappoiL  a  (h's  nail  l■e•^ 
plus  im[)orlanls.  des  loealilt's  auxciueUes  ils  s'a[)pli(pienl . 

805.  l/ol/.  .  hois  >■  :  Bouqiichault  eanl.  de  ('.mues  ,  Écauil, 
hameaux  (!"(  lll'rel  liun  eanl.  de  Mai'(piise)  el  de  Sainl-Llicnin' 
(eanl.    de  Sanier,,    bois   a   (^nesl  reeijues    1  inènie   caulon^.    Hodrc- 


ï 


ii1;|(;l\i.s    SA\iinm:,s    i.n     i;(iri.r.\(  HS  \.I) 

li.iult,  aiii'ii'ii  liiM  ;'i  lu'l\-  canl.  Av  .M;ir(|uisf  l  :  -  l't,  iiNi'C  iiiH' 
•    .iniiialstiu     (liiri'i'cnle,     CambrellOUl.     liois    ;i     ( 'JcM'iiut's     iL'unl. 

,  Aulrcs),   Cupréhout,  I>ois  ;i  'rminiflKMii  (lur'iiir  (miiIom),  Écout. 

..il  a  Tilinu's    LMul.  (K-   Sainl-(  hncr-.Xord'.  NortllOUt.  icmiI  ilo 

I;  i\  i'iiL;licni-li'/-l'.|)iM'l"ri|i.ies    ^(■alll.    d  AnliL's  .  ids    (!.•    n-s 

■■   hm1)1i's    siiiil     l'oi-iiH'S    -^ur    ilos    lunus   darlire's    :  ■/■.i-:i::lt    sur  icliii 

.  I  rlh'MiL',   en  allcinaïul  riche,  ol   Hn/Kj nrlt.uil I  Mii-^'elui  du  li'.Hic, 

Il  alKinaiid  Jiuchr  :  ce  sont  aussi  des  luHraios  (|u  d  laul  locon- 
;    i.tiv    dans    BéCOUrt     'calll.    d'I  IlUaiUclicrs  i.    l'ii     117(1     lirml/,    et 

1.11^  HoilCOUrt.  011  II.'iT  l'xicnll.  Iiailli'au  d.'  l'Iv^liin  .aiil.  de 
l',iui|m'lillH'ii;ucs ,  ;  à  la  désiiioiin'  |)i-illill  l\  i'  de  ci's  i\i.'\\\  iitiins 
!'u-<aLCi'  ''Il  a  suhslilué  une  autre,  e\ln''tiieiiiiMil  IVciiucide  cii 
diverses  i-é_i;inns  do  la  I'"riinee  seplonlrinnale,  mais  dont  1  (in^ine 
'•^t  tdiilo  dilVéronte. 

806.    -V.vcs  :  voir  ei-dessus  ii""  751   l't  752. 

Sl)7.  S:iiul.  u  sahlo  0  :  U-  s, -us  du  imiu  de  WissaiU  k'.int.  de 
M.iri|uisc  ,  dont  les  luoiilioiis  ahondeiit  di'|iuis  !<■  \i''  sièil.-.  est 
:illcsli'  [lai- et'  [)assane  de  LaiulierL  dWrdres  :  Il  l'i  l  a  ii  nieu  s  |iei-- 
lus,    (jui   al)    alhediiie    areiio    vuli^aii    iicMuiiie   aupdlatur 

U '/7,s;i;(/.  —  S;ui(l  semble  liieii  être  le  [iremu'i'  leiaue  du  nnm  de 
San[}atte.  monllonuo  ei-dessus  l'n"  802  . 

808.  N/,;/;.  M  piiTi'o,  i-oelie  ",  m-  p.irait  [i,is  avuii'  ele  LUiiplovr' 
I  njuiiio  d  siiieMiee  dans  la  tii|inni)inasli(|ue  ilu  llduloiiois  ;  mais  nu 
la    ri  nenntré    eoiume     premier    loi-iiu;    des    noms     /''slicjit  hi'nj  iic 

M"  794;.  f-:iinnl>n<[iic  (u"  796)  et  Élimfnrt  i  n"  801). 

809.  \r,;A/,  ..  foi-ét  ')  :  Pelenfjaud  i. 

810.  7.rlh\  ■'   chapelle  "  >'  :  Floringuezelle.  Harinçjuezollu  el 

Wai'ilUjUeZClle,  hameaux  d".\ui!iiii;"hen  (eaiiL.  do  .Manpusi-' , 
Watl'LîZelU!,  hami'au  de  ^\■imille. 

I.  \.i-  IliclKiiin.iif'  h>i:'};/i:il'lin/iir  ,ln  ,li'j>:i rL'iii-iil  In  I ':is-Jr-l l.i Lus  <\< 
\1.  .!i'  i.iiisiir,  |iaiii  eu  i'.iuT,  rcnrriiiif  un  arlicK'  .iiii>i  mniMi  :  ITi  i\.aii  >. 
I'.,  .■oin.  de  Saiiil-Miu-tiii-l'.oLilo-uo.  --  l'rliui/lu'n,  ITida  (Icrr.  <\i-  Si.iiil- 
Wiilmcr,  i^.  \i\).  —  I>rllin:/I,ui'ii.  1  :i:;()  .  iiril  I .  ',\r  X.-H.  ,1,-  li.iul..  (i.  SS] . 
/'  /■■i/f/  Ud/  ,  l''.l:il  iiiaj.^  -.  Il  l'sl  r'\iiU-iil  ipie  l.'i  «Ifiiliri'i-  tic  ces  'oilUi's 
ji;.  ii'iMU'--  ■',  i'niii|i:iri.H'  Jil\  ileiix  aiilii^s,  ilnii  clic  liu  !  'rir/i  i/.unl  \.Mis  ne 
i,|'i  .>.liilsniis  li.iiir  (|in'  siMis  Iniilo  it-m-iv  c--  ui\r  1  m  liralioii  ijii  .\'rj,.  I.uii- 
.iMMi.  ^'il  s'rlail  arrrlé  aiiv  irxles  iln  \\i''  -,irrlc  siL;nali''~.  |i.u-  M.  t\>  l.ni-ii,' 
:iiiiail  sans  nul  iIduU'  sarrilii'c,  cl  <luill  on  ii'licndia  --rnlcnuaU  ipic  le  mol 
u\il,l.  ciiniiniin  an\  «livcis  idiomes  L;crnKinii|nes,  |i(miI  Mcn  aNuii-  1  ii-.m;'  ilc-- 
ii.iri'--  (Il  ['.cil  Ici  mis  cumnie  «laiis  d'au  Ire  s  [•éL;iiins  Av  lol  le  pax  s. 

•J.    ^iw   le  ■.cils   .le  ,-c    mul.  .\.    l.oiu^i s'i'x  i.niiiai  l  .11  iTeiviii  nieii  I  'lans   -a 

|.-.;,,n  .hi  IS  .lei'einiiic  IS'K).  ;,n  Ccill^'-c  .le  rr.ince  :  ..  I.e  mol  :-■//,.,  .m  >eus 
,|r  .•.■liul,'  im  lie  |.clile  in  usoii,  cm  |  n-nnU'  an  laliii  c  c  II .  i  |,ai-  le-,  |m.|.uI,,^ 
Ueiii  L;crniaiii<|ncs...  d  . 


XLIV 
ORIOINKS   HriK^.oxnKS 

811.  11  est  queslioii  des  Hurj^ondes  pour  lu  première  fois  dans 
Y  Histoire  naturelle  de  Pline,  où  leur  nom  est  associé  à  celui  des 
Vandales  :  Vindili  quorum  pars  Huri^undiones  '  ;  ils  habi- 
taient alors  non  loin  de  la  mer  Balti({ue.  On  tnjuve  dans  Ptolé- 
mée  une  mention  des  BcDpyiJv-s;,  dont  il  n'y  a  pas  un  parti  apj)ré- 
ciable  à  tirer.  Les  Burf,''ondes  furent  chassés  de  leur  territoire 
vers  le  milieu  du  iii*^  siècle  par  les  Gépides,  le  fait  est  attesté  par 
l'historien  national  des  Gofhs,  Jordanès,  évêque  de  Ravenno  ; 
ils  vinrent  alors  se  fixer  vers  la  forêt  Hercynienne,  dans  le  voi- 
sinage des  Francs,  des  Thuringicns,  des  Suèves  et  des  Alamans; 
alliés  par  des  mariat,^es  aux  garnisons  romaines  de  la  région,  ils 
pi'irent  des  habitudes  sédentaires,  et  construisirent  des»  bourg>  » 
à  maisons  contiguës  :  c'est  dans  cette  dcrnièi'e  eiiconstancc 
qu'Orose  et  Isidore   ont  pensé  trouver  rétymologic  de  leur  nom. 

Leur  premier  établissement  en  Gaule  date  vraisendjlablemenl  • 
de  la  grande  invasion  barbare  àa  iO(J-407.  Ils  se  fixèrent  dans  la 
Première  Germanie,  près  de  \Vorms,  (jui  devint  la  l'ésidcnce  de 
leiu's  rois.  Le  souvenir  tle  ceux-ci  est  consigné  dans  la  Loi  (îoni- 
hcltr  et  dans  le  poème  épique  des  Xibelungen,  où  ces  princes 
portent  les  noms  de  Gibich,  Gisleher  et  Gunther  :  ce  dernier,  que 
les  textes  des  v"  et  vi*^  siècles  appellent  Gundn/uiriiis  ou  Gundi- 
cariiis,  se  consitlérait  comme  un  auxiliaire  de  la  puissance 
romaine,  et  en  411,  à  Mayence,  il  lit  proclamer  empereur  un 
obscur  soldat,  Jovin,  qui  fut  tué  l'année  suivante.  A'ers  i'15, 
Gunther  fut  ])altu  ]iar  Aétius  qui,  selon  l'exjiression  de  Prospcr 
d'Aquitaine,  acconla  la  jjaix  à  ses  siqjplications  ;  mais  peu  a[M'ès, 
les  Huns  d'Attila  taillèrent  en  pièces  les  Burgondes,  près  du 
Rhin,  en  une  bataille  où  périt  toute  la  famille  royale  :  le  récit 
de  ce  désastre  termine  le  poème  des  NihclujKjcii,  où  Attila  est 
a[)pelé  Etzel. 


1.  Jlixl.  nat.,  IV,  -iS  (chI.  i.enuiire,  II,  ;<!;o). 


iuih;im"s    Kri;i;iiMii:s 


On  lioiil  (lu  chrdiiiquour  l^rospci'  Tiro  que,  (jui'l(]ucs  années 
plus  l;u-(l,  les  lioniains  recueilliront  les  débris  du  peuple  Inu-- 
^Minile  dans  le  pays  i[ui,  scnis  le  nom  de  S;ij)uinli:i .  s'étiMidail  dans 
l;i  partie  de  la  Suisse  (|ui  conline  au  lac  Léman,  id  comprenait  en 
outre,  semble-l-il,   une  pai-Lie  du  dépai'Lemenl  de  lAin. 

Va\  io6,  les  Bur^^ondes  paraissent  avoir  accru  leur  territoire  ; 
la  Séquauaise  reconnut  leur  autorité.  Lyon  et  la  Première  Lvou- 
iiaise  devinrent  leur  proie  vers  iC.)  ;  et  l'on  sait  la  douleur  causée 
a  Sidoine  Apollinaire  [lar  le  mariag-e,  célébré  dans  sa  -ville 
natale,  de  la  fille  d'un  roi  burgoutle  avec  le  i'ranc  Sigismer.  Les 
ISurgondes  povissèrent  bientôt  leiu-s  conquêtes  jus(ju"à  la  Dui'ance. 
Indépendants  jusqu'en  lui'i,  ils  i'ui'ent  alors  soumis  par  les  Francs. 

Dans  cette  vaste  «  Jiourgogne  »,  comprenant,  avec  la  région 
(pii  a  conservé  ce  nom,  le  pays  de  Langres,  la  l''i'anche-('omté, 
\nu'  partie  de  la  Suisse,  la  Savoie,  le  Lyonnais,  K'  l'orez,  le  Dau- 
])lniié  et  la  Provence  septentrionale,  les  colons  burgondes  étaient 
inéj^alement  répartis.  Il  convient  de  distinguer  entre  les  pavs  que 
ces  étrangers  colonisèrent  eiredixement,  et  ceux  cjui  ne  tirent 
(pie  reconnaître  leur  domination  :  c'est  surtout  a  létude  des  noms 
de  lieu  qu  il  faut  demander  les  moyens  d'établir  cette  distinction. 
On  se  g'ardera  donc  d'attribuer  aux  J'urgondes,  comme  l'a  fait 
M.  Perrenot  dans  une  étud(!  jiuMiée  en  lltdî  par  la  Société 
d'énudation  de  Montbéliard,  l'ensendjlc  des  noms  de  lieu  d'oi'i- 
gine  germanique  sig-nalés  dans  l'étendue  de  l'ancien  royaume  de 
Hourgogne. 

Les  pays  où  donnnèrent  les  P.urgondes  à  la  lin  du  v"^  siècle  et 
dans  le  premu-r  tiers  du  \\'\  sont  aujourd  hui,  à  peu  près  exclu- 
sivement, de  langue  romane.  A  première  vue,  on  n'v  découvre 
[)as  de  noms  de  lieu  aeeus.int  nettement  une  origine  ge!-mani(pie  ; 
mais  l'étude  des  cliarti'S  antérieui'es  au  \n''  siècle  —  malheiu'cu- 
semeiit  1res  rares  [)o\n-  cette  conti'ée  —  ré^ele  l'existence  en 
Li-anche-("omté  et  dans  la  Suisse  romande,  de  vocaljles  géogra- 
phi(pu's  dont  les  tei'minaisons  dén(deid  l'oriijine  gernumitpie,  et, 
dans  respèce,  burgonde. 

812.  Un  cartulaire  de" l'église  cathédrale  de  Lausanne,  publié 
en  LSol  par  la  Société  de  l'Histoire  de  la  Suisse  romande,  l'ait 
passer  sous  nos  yeux,  dans  dos  chartes  des  ix*"  et  x"  siècles, 
([uchpies  noms  de  lieu  présentant  la  terminaison  ~in(/,  -in(/en, 
latinisée  en  -intifus,  -iui^i.   On  renc(Hiti'e  ainsi  :  en  S."»(i  Marsin- 


1 98 


î,i:s   M  IMS    r)K  i.iKU 


i;iis,  l{scarlini;-us,  Vui ped iiij^us,  Marsens,  Écharlens  l'I 
Vuippens,  on  allemand  Wippingen,  localités  appartenanl  Imites 
Irois  au  canton  de  Friboiir^-  ;  —  vers  !J'i8,  Sclepcilini;ii.s  et 
lluning-i,  Eclepens  et  Renens,  au  canton  tle  Vaud  ;  —  en  \)i\'.], 
Seuliiling-us  et  Losing'us.  ÉcubleilS  et  Lucens,  au  même  can- 
ton ;  —  vers  97^5  Sotving-i,  soit  Sorens  cm  Soring,  au  canton 
de  Friliourg- ;  —  au  x''  siècle  enlin,  Dallingi  et  I^  esol  din.^'i, 
Daillans  et  Ressudans,  au  canton  de  ^■aud. 

813.  Les  chartes  de  l'alil^aye  de  Clunv  intéressant  la  rjoiu-- 
gogne  fournissent  peu  de  noms  de  cette  espèce  :  on  peut  citer 
Ol'fa  neni;os,  vers  908,  Ofieningo,  vers  9o2,  OfFanans  (Ain). 

814.  (,)n  constate  ([ue  la  terminaison  romane  qui  procède  de 
-///'/  est  -c/;s  dans  la  Suisse  romande,  -<'7/(.s'  entre  li'  Jura  el  la 
Sac'me.  Au  point  de  vue  de  la  prononciation  li'  l'ésultat  est  le 
même,  et  c'est  celui  qui  a  été  signalé  plus  haut  [n"  739)  à  propos 
des  mots  /laninnJ,  harenff,  nifrhin,  cjierla/i  ;  dans  certaines  par- 
ties du  tlcpai'tement  on  oliservera  la  N'ariante  -clns  (ci.  ci-dessous, 
n"  850 >.  -uns  est  une  grapiiie  [)lus  moderne  que  -ens,  car  tlans  les 
noms  Abbnns,  l'^ouclirrans,  Gonsans,  1-tnulans,  les  formes  anté- 
rieures au  xiii*^  siècle  se  terminent  par  -eus. 

De  toutes  les  régions  de  la  France  qui  ont  été  soumises  aux 
Burgondes,  c'est  la  l'ranche-Comté  ijui  comprend  le  ])lus  grand 
nombre  de  noms  de  comnuine  en  -ans,  c'est-à-ilire  issus  d'adjec- 
til's  germaniques  terminés  en  -inç/.  On  en  compte  S7  dans  le 
di'partenu'nt  du  Doubs,  soit  prescjue  vm  septième  de  l'idlectif 
total  (les  commîmes,"  ([ui  est  de  030  ;  Tit)  sur  l')^'A  dans  l;i 
Ilaute-Saône,  soit  un  peu  plus  du  douzième  ;  !{8  sur  'iSo  d;ins  le 
Jura,  soit  un  peu  moins  du  quinzième.  Un  certain  nomlire  de  ces 
vocables  vont  être  passés  en  revue  ;  on  consiiléi-era  daboi'd  les 
trois  di'parlements  franc-comtois  en  jjrocé'dant,  jionr  le  I)oli1is, 
par  ai-rondissements  1  ;    ensuite  les  départements   voisins. 

.  l  fron  disse  ni  en  l  de  liesn  n  çon . 

815.  Abbans,  de  Abhinrf^  adjectif  noininal  formé  sur  ré(|uiva- 
lenl  burgonde  du  nom  franc  Abbo,  (|u"on  voit,  au  ix'"  siècle,  [lorlé 


1.    1.  ;uToii(lissom('iil  de  l'oiitiirlici'  ne  (■(iiii]ir('iul  :niciiu  iiciiii  de  comniiinn 
en  -anti. 


i 


iMiii.iNKs   iini;(;(iMii;s  I  .i;i 

p.ir  un  moiiiL'  'li'  Sniiil-Gei-in;iiii-(K's-Pri''.s,  aulfur  (riiii  po^inc.  sur 
le  s\c<^e  de  l'aiis. 

816.  Amondans,  de  .[i/ni'jndiii;/,  fornié  sur  un  n(>n\  d'iioninie 
l.diiiisécn  Aj.;-im  undus  ;  erlui-ui  preseulo  une  liiuile  ici.  ei-apres, 
11"  1134  à  1136)  (|ui  lui  esl  cuiniuuue  avec  les  iionis  tloal  nous 
avens  l'ail   l'hni-iunoiid,  Ilii/niniid-,   h'i-unnind,  l'Lc. 

817.  Bartherans,  \w\\v  JJci-l/icrcus,  a  pour  racine,  le  nom 
d"lionime  i;-erniani([ue  latinisé  tui  lîer  Lha  rius.  Le  nom  Jicrl hirr, 
iHi'iin  ne  reneonlre  |)lus  que  connue  nom  de  Famille,  élail,  au 
lUdins  iiis(prau  xiV  siéeh",  employé  connue  nt)ni  ilc  l)a[dènie  en 
!■  ianclie-(.".omlé. 

818.  Foucherans,  en  il  02  l-'alchcfcns,  est  ap[iarenlé  au  nom 
lùiihlicr^  tlonl  le  Ihèiue  i;-ernKUU>-lalin  esl  Kolcarius  uu  l''ulea- 
rius. 

819.  Germondans    a     poui'    origine     prohaMe     (Uii-iiiiiiiKlimi 
\         furnie  sur  (  i.iri/iin nd ,  lecpiel  a  donné'  I  iiTinmid . 


Arrondissement  de  l>:ninv-les-]);in}cs. 

820.  Bremondans,  de  lircimund. 

821.  Glaniondans,  jle  Cdmimimd. 

822.  Hyémondans,  prohahlenuMil  de   LcudmiuuL 

823.  Guians- rr/(/M'.s\  du  nom,  latinisé»  en  W'iilo.  (|ui  a  ilonné 
Guji. 

824.  Orsans,  du  nom  latin  Uisus. 

Arrnndissenienf  de  Mnn fhi'di^ird . 

825.  Bavans,   du  uom  latinisé  en   lîabo,  ])uis  l'avo. 

826.  Frambouhans,   de   I-'mncoJjod.   nom  yermani([ue   doul  le 
secontl  lerine  se  retromc  dans  le  nom  ipn  suit. 

827.  Mambohans,  de  Mr;/in/ji)d.   ([ui  a  donné  Mimnhrul'. 

828.  Rémondans,   de  Ilc</inui!id  ou  /l.i/inund. 

829.  Semondans.    de  Sn/ismuiul,  (pii  lut   au  VI''  siècle  le  nom 
(lun  roi  huri^onde,  cl  dont  la  l'orme  \ulL;'aire  est  S/nidiid. 

830.  Thiéboubans,  de  Tmibud. 

831.  Vermondans,  du  nom  latinisé  eu  A\a  rimu  nd  us. 


200 


LES    MiMs    m:   i.iKi: 


II;ui/r-S;i<Ui('. 

832.  Amblans,  du  nom.  Inlinisc  fil  iViualo  ou  Ainuld,  i|iii, 
sous  celte  dernière  l'orme,  a  désigné  un  arcIievèt|U('  de  I.von  ;iu 
w'  siècle  ;  ce  nom  se  retrouve  dans  Alihincourl  ^^Mai-ne).  appelé 
en  850  Anihlonis   curtis. 

833.  Aubertans,  de  Ailallini  ou  de  AiUhrrt. 

834.  Bouhans  —  nom  jKuté  par  trois  communes  —  du  nom 
d  homme,  latinisé  en  Bodo,  ([ui  représente  la  première  partie  du 
nom  de  Boncourt  (cf.  ci-a|)rès,  n"  1011). 

835.  Lieffrans,  de    IJcffrUI  m\   lAulfi-'ul,  en  IVant^'ais    Lciifnii. 

836.  Malbouhans,  de  M.id.i/lmd. 

837.  Thieffrans,  de  'fcn/frid  \  ce  nom  l'st  à  Tliii-llruin  (Aubel 
ce  que  Lolwrun  est  à  Lorntin,  déri\'é  comme  lui  de  Lulha- 
r  i  n  i;-  u  s . 

838.  Vadans,  du  nom  d'homme  latinisé  en  A\'addo,  ([ui  con- 
stitue l'un  des  élémeids  du  nom  de  Wadcnihun,  menlionni' 
ci-(l(>ssus  (n"  785).  —  es.  "Vuadens  (Suisse,    eant.    de  Frihouri^-). 

.lu  m . 

839.  Augerans,  du  nom  latinisé  en  Adelg'arius,  primitif  du 
nom  de  famille  Aiiificr  ou  Aii(/cr,    ^\m    a   pour  iliminnlif  .h/7^- 

840.  Foucherans,  homonynu;  d'une  commune  du  Doubs 
(n"  818),  et  Vadans,  homonvme  d'une  commune  de  la  Ilaute- 
SaAne  fn"  838). 


Cn/e-cFOr. 

841.  Chamblanc    (eant.     de    Seurre',    au    mu"    s.    CItainJihiiis. 

S;iùiw-et-lj)irc. 

842.  Bouhans  (eant.  de  Saint-Germain-du-lJois),  homon\iiie 
de  trois  communes  de  la  Haute-Saône  (n"  834). 

843.  Gommerans,  écart  du  Tartre  (même  canton),  th'  ' ifxh^nmr. 
nom  que  portèrent,  aux  \''  et  vi''  siècles,  plusieurs  princes  hui'- 
g-ondes,  et  notamment  un  frère  et  un  lils  du  roi  CiondeI)aud.  ' 

844.  Louhans,  appelé   en   ST.'i  et  llir;    Lovin^'us   :  cette    ville 


iiiiiciNKS   iu'iu;(iMii:s 


1201 


,  .1    K-    chor-licu    (le    rarroiulissoineiit    :iU([iU'l    appailicmicMil    les 
.|,(i\  ii.imimiu's  ([ni  pi'éctHk'uL  ol  ccUo  ([ui  suil. 

8'i5.  MervailS  (oanl.  ilo  Sainl-(îennain-ilu-H(iis),  en  I  1  lO 
MfiTriis,  (lu  nom,  lalinisé  en  Merovecus,  (jui  fut  celui  du  Inn- 
il.ilrur  (11'  la  pi-(MUu';re  race  de  nos  rois. 


^1  in . 


846.  Garnerans  (eanl.  de  ThoisseyV  auxu"  siècle  (hi:irnrrcns. 
.lu  nom  (ju'on  voil,  au  vr'  siècle,  latinisé  en  ^\'ar nacarius.  et 
([ui  a  donné  en  IVanc^-ais  Ciirnicr. 

847.  Graveins,  hameau  de  Villeneuve  (cant.  de  Sainl-lVivier- 
sur-Moi--nans),  synonyme  des  Grnfuvj,  Gr.ï/iiuj,  ( h';if/in(jen, 
cités  plus  haut  in"  738),  au  sens  de  «  donu\ine  du  comte  ». 

848.  Offanans  :  voir  ci-dessus,  n"  813. 

849.  Romaneins,  écart  de  Suint-l)idier-sur-C:iialaronne  (canl. 
do  Thoissev),  fournit  un  exenqile  d'adaptation  du  sullixe  -in;/  à 
un  nom  dlunnme  latin. 

850.  On  vient  de  rencontrer  deux  exem])les  de  la  variante -(V«.s  : 
celle-ci  est  fréquente  dans  le  canton  de  Saint-Trivier-sur-Moi- 
^nans,  (|ui  appartient,  comme  celui  de  Thoissev,  à  l'arrondisse- 
nu'ul  d(>  rrév(uix  :  Amareiiis,  Baneins,  Cesseins,  Chaleins,  Cha- 
ueins.  Fareins,  Francheleins.  Si  l'on  iiossédait  de  ces  noms 
des  foi-mes  sullisannnent  anciennes,  on  délernnnerait  aisénu'ut 
les  noms  d'hommes  auxc[uels  ils  se  rattachent  '.  Du  moins,  il  est 
pernns  de  rt«counailre  dans  la  racine  de  I-'un'iiis  le  imm  tle  Faro, 
porli'    au  vir    siècle    par  un   évê.pu'    de   Meaux,    (jui  iHait    précisé- 


1.  M.  Ivl.  i'liilip(in,  (donl  !<'  l)ir/!oiiii:iirr  loi,n,/ i-iplin/iir  du  <li'pnrlrniri,l 
dr  l'Ain  i\  iKini  eu  l'.)ll,  r'osi --i-diro  i'nnuéc  même  >\c  la  uHui  (rAu-iisIc 
l.i-mt^-aoïi,  in-élend  ilniroil,,  [^.  \)  que  <i  riiilliicMicc  exeiTce  \ku-  rorriipalioii 
liurgoiidc.  .  .  sur  l'ononiasti(|ii("  do  l'Ain  a  été  ii  peu  prrs  nidlo  ■■  ;  d  csliun^ 
;////(/.,  p.  XII  M  urdaiso  do  rcoonuailro,  sdus  lours  formes  roiiiaiios,  le  wulTixo 
-onnani([iio  -//),i/-  du  sid'lixe  li-ure  -(/ko-  •■  ;  ol  il  opiue  visil)louiei\l  iiour 
eo  dornier.  Ses  ari;uinoiils  no  nous  paraissenl  pas  prcibants:  on  no  saurait, 
par  excmplo,  souscrire  il  rai'llrmulion  (|u'«  on  germanique,  le  sullixo -(«,7- no 
s'ajoute  jamais  qu'à  des  noms  simples  »  (of.  7{e!-(;<'  liis/oriijiie,  CX,  t'iî;. 
D'autre  part,  le  groupemeiU,  sur  le  terrain,  des  noms  cités  par  A.  Lonj^iion 
est  partionlioromeiit  caraclérislique  :  l'iiypotlièse  d'une  colonie  burgondo  à 

une  assez,  l'aiblo  dislanco  i\('  Ly.in  (>sl  on  no  poul  plus  \  raisondilalilo  ;  laiidis 
qu'on  n'a  aucune  raisiui  posilivo  do  supposer  qu'il  y  ail  eu   lii   un  el.ililisse- 

lUi'Hl    liLliiri'  aussi   él  roi  hMiu'ii  I    délimilé. 


202 


i.ios   NOMS    pi;    1,11:11 


Dicnt  crorii;iiie  ])iii'j;-()U(li'.  (Juaiul  ;i  /■'nuic/ii'li'ins,  il  iH'|irrsrii|,- 
l'vidoiuinent  rancien  adjeclif  h'ranhaUiuj ,  laliiiisé  on  l''raiuM- 
hngus  :  cet  adjectif  est  aussi  la  soui'ce  du  mot  frnnldin^  ([ui  d.'.si- 
,i;-nait  une  certaine  classe  (riinnnnes  lilnesdans  l'Ani^lctcrre  nu'ilii'-- 
vale,  et  est  devenu  mmi  de  famille. 

851.  Le  çf  du  .suflixe  -inrj  n'a  pas  laissé  de  traces  dans  les 
noms  de  lieu  en  -eus,  -nns  vl -cins.  11  devait,  au  contraire,  [ht- 
sister  lorsque  ce  suffixe  était  latinisé  sous  la  forme  IV-mininc 
Une  quinzaine  de  noms  de  lieu,  ([u"on  rencontre  entre  le  Uoulis 
et  rOi^-non,  paraissent  corres])ondre  à  des  primitifs  en  -iui^a.  (le 
sont  :  dans  le  département  du  Douhs  Berthelange,  Jalleraiigo 
(canl.  d'Audeux)  ;  dans  le  .lura  Auxange,  Louvataiige.  Malango. 
Rouffange,  Sermange  (cant.  de  Cendrey),  Offlanges  (cant. 'd. 
Mt)ntmirey-le-Cliàteau),  Amaiige ,  Archelange.  Audelange, 
Romange,  Vriange  (canl.  de  Itochefort-sur-Menon^  ;  dans  !;, 
Côte-d'Or  Bousselange  cl  Jallanges  (cant.  de  S.urrei.  Ces  noms 
est-il  liesdin  de  le  dire  ?  —  n'ont  de  commun  (|u'une  ressciii- 
hlance  de  terminaison  tmite  fortuite  avec  les  noms  en  -.nc/c, 
procédant  de  primitifs  pui'emcnt  latins  en  -anicus,  dont  on  ;i 
constaté  (cf.  ci-dessus,  n""  372  et  373)  la  présence  aux  conlins 
de  l'Auvergne  et  du  Limousin. 

852.  Voici  un  autre  exemple  de  la  survivance  du  q  de  -(/)(/, 
due  cet  II'  fois  ii  ce  (|ue  ce  suflixe  s'est  trouvi'  suivi  d'une  dési- 
nence diminulive  :  11  est  impossible,  en  etVet,  de  voir  dans  Blus- 
sangeaux  (Douhs,  cant.  de  risle-sur-le-Doul>s)  autre  chose  qu'un 
diminutif  du  nom  de  BlussailS,  porté  par  une  connnunc»  voisine, 
et  représentant,  send)le-t-il,  un  primitif  7)7c'.v.s//( y. 

853.  h'aut-il,  dans  la  eatén'orie  [»résontement  étudiée,  faire 
rentrer  les  luinis  de  lieu  sui\';ints,  qui  appai'tiennent  au  déjuii'te- 
ment    de   l,i   Haute-Savoie    :    Samoëns   et    "VulbeilS,    d'une    inut, 

Allinges,  Fillinges,  Larringes  et  Lucinges,  d'autre  jiart  .'  11  est 

|)i'udent  de  s'en  tenir,  sur  ce  |>oint,    à  une  siini)le  hvpotlu'^se,  cm- 
nllu^  man([uons  de  docunu'nts  anciens  sur  la  i'éi;ion. 

854.  (  )n  a  découvert,  dans  la  Suisse  ronuuule  et  (hins  la  iM-anclie- 
Comté,  bon  nombre  de  cimetières  i.;'ermani(pu!s  :  les  données  di' 
l'archéologie  conlirment  donc  celles  de  l'histoire,  (pii  placent,  011 
l'a  vu  (n"  811)  dans  la  Supnudia  primitive  le   premier  étahlisse- 


4 


è 


1-1  ■< 


OUir.INKS    KIIU'.UNDICS 


2()r! 


r 


h 


nuMil  (les  IJui-ondcs  en  C.aule.  Une  HuLie  aUeslalion  de  la  colo- 
nisation germanique  de  ces  contrées  est  fournie  par  le  nom  de 
Komanèche.  (juVin  rencontre  dans  le  canton  de  Vaud  et  dans  nos 
.Iqiartements  de  TAin  —  où  il  est  porté  par  une  commune  et 
au  moins  quatre  écarts  —  et  de  Saùne-et-Loire.  Il  laut  voir  dans 
^.^.  nom—  llomanisca  —  l'appellation  imposée  parles  barbares 
■j  de  petits  centres  où  la  population  romaine  s'était  maintenue. 
!..■  même  l'ait  s'est  produit  dans  une  autre  répon.  qui  a  fait  aussi 
partie  de  l'einiMre  ronuùn.  l'n  villa-e  des  environs  de  Sal/.burg-. 
vn  lîaviérc.  esl  appelé,  dans  des  textes  de  l'épocpu-  earolin-ienne, 
tantôt  viens  romaniscus.  tantôt  viens  W'ahchdnrf.  L'adjec- 
tif »v?/sc/h',  auquel,  sous  la  forme  ii'clsch,  les  Allemands  donnent 
le  sens  d'  "  étrang-ers  ",  surtout  ii  propos  des  Français  et  des 
Italiens,  procède  du  mot  irala,  par  letpu-l  les  barbares  désignaient 
les  Romains;  on  connaît  l'emidoi  cpu-  Voltaire  faisait  du  mol 
,.  welche  »  ;  la  hvnoue  anglaise  a])p(dle  W'rlsh  les  Gallois  ;  et  le 
(pialilicatif  -  wallon  »  a  désigné  dans  la  France  se[)tentrionale, 
ol  désigne  encore  en  Belgique,  les  populations  de  langue  romane. 

855.  Peut-être  convient-il  d'apporter  ([uebpie  ré.serve  dans 
l'allrilmlion  exclusive  aux  lîurgondes  de  la  totalité  des  noms 
(Ir  lieu  d'origiiu>  germaniciue  (pii  viennent  d'être  passés  t>n 
revne.  Fne  part  n'en  serait-elle  pas  due  aux  Alamans  qui,  vers  la 
lin  du  VI''  siècle  ou  le  commencement  du  v^^  pénétrèrent  dans 
le  pavs  avoisinant  le  Jura?  D'outre  part,  les  Varasci  et  les  Sen- 
ti lu/i  s  éUihWvenl  à  Test  de  la  Franche-Comté,  où  deux  juv/i  ont 
conservé  leurs  noms  :  le  Varai/  et  17<:.vr//c/;.s  (cf.  ci-des.sus.  n"  526)- 

Les  r,(/-a.sc/  furent  convertis  par  saint  Eustase,  abbé  de 
Luxeuil,  (pii  mourut  en  (i2:'>.  L'établissenumt  de  ces  barbares 
raviva  cerlaiiuunent  l'éli'-ment  germanique  sur  le  versant  occiden- 
tal du.lura,  mais  il  est  impossible  de  dire  dans  quelle  proporlu)n. 
La  distinction  esl  d'autant  plus  diflieile  à  faire  que,  diins  d'autivs 
parties  de  la  Uourgogne  où  ces  Germains  n'ont  jamais  pénétré, 
les  noms  de  lieu  ne  dilTèrent  pas  de  ceux  du  Valais  et  du  [jays 
de  Vaud.  Si  l'on  était  tenté  d'attribuer  aux  Viir;isci  les  noms  en 
-niujp  énuniérés  plus  haut,  il  faudrait  pii'ndre  garde  ;t  ce  ([\\v  le 
pays  dans  lequel  ils  sont  groupés  —  1'.  l/;(';//.s,  pagus  Amavus 
—  rappelle  le  souvenir  des  Francs  Chamaves,  qui  s'y  s'étabbrent 
on  lu^  sait  il  quelle  épo((ue,  peut-être  connue  auxiliaires  de  1  lan- 
pire. 


{ 


Xl.V 
ORIGINES     GOTHIQUES 

856.  Les  Gollis  oui  dominé  pendant  plus  do  doux  siocles  et 
demi  dons  le  midi  de  la  Erance,  en  Septimanie. 

Originaires  de  la  Scandinavie,  ils  quittèrent  leur  première 
patrie,  les  Gôpides  formant  leur  arrière-garde  ;  des  bords  do  l;i 
naUi([uo,  ils  s'avanc'M-enl  ii  travers  l'Europe  orientale  jusqu'à 
l'emhouchurt'  du  Dniepr;  tandis  que  les  Gépides  poussaient  plus 
au  sud,  ils  s'établiront  des  deux  côtés  du  lleuve,  et  formèrent,  dès 
la  lin  du  u'^  siècle  de  noire  ère,  doux  nations  distinctes,  les 
Ostrogoths  ou  «  Gotlis  de  l'est  >',  sur  la  rive  i^auche,  ot  les 
^Visigollls. 

Au  iv"  siècle,  Ilernuinaric,  roi  des  Ostrogotlis,  élendit  sa 
domination  sur  les  Slaves,  les  Gépides  et  les  Ostro^ollis  ;  il 
vivait  encore  en  ,'171,  (juand  les  Huns,  (|ui  couvraient  les  deux 
versants  des  monts  Ourals,  passèrent  lo  ^'oIga,  et  se  ruèrent  sur 
son  empire  :  le  vieux  roi,  deux  fois  vaincu  par  eux,  se  donna  la 
mort. 

Los  ^^  isigolhs  se  ro])lièronl  vers  lo  Truth  ot  lo  Dauubo  :  c'est 
alors  (pie  l'évoque  llllilas  leur  conseilla  do  solliciter  do  l'onqjo- 
reui'  la  permission  de  se  réfugier  sur  son  territoire  :  en  .'}7(),  ils 
passèrent  le  I)anid)e  au  nombre  d'environ  deux  cent  mille.  Ils  ne 
se  montrèrent  pas  reconnaissants  d'une  hospitaliti'  qui  n'était  ni 
très  humaine,  ni  Ires  honorable  :  ils  se  révoltèrent  et  mirent  le 
siège  devant  t^onstantinople.  L'empereur  Valons,  a|)rès  avoir 
réussi  à  les  refouler,  fut  battu  et  périt  près  d'.\ndrinople. 

Théodore  lit  bientôt  rentrer  les  Wisigoths  sous  sa  domination. 
Mais  après  sa  mort,  leur  chef  Alaric  dévasta  les  provinces  de 
l'Empire  situées  au  sud  du  Danube,  et  s'empara  trois  fois  de 
Rome.  Alaulf,  beau-frère  et  successeur  d'Alaric,  mourut  assas- 
siné on  41;),  après  avoir  parcouru  le  midi  de  la  Gaule  et  une  pai-- 
lie  de  1  l']spagno. 

Les  Wisigoths  avaient  ainsi  pris  pied  une  première  fois  dans 
notre  pays.   On   les  y  retrouve!   dès  4  I  *.)  avec  Wallia   :  l'enqu'reur 


oiiHiiMis  i;()'i'iiii)iii-:s 


211; 


Ildiioiius  lL;ur  céchi  le  tcrriloiie  compris  cuire  la  (ïarniuic,  les 
l'vréuces  et  l'Océan,  avec  plusieurs  cités  avoisinanles  :  Toulouse 
.icviiit  leur  capitale.  Ils  lultèrent  avec  succès  en  Kspayne  contre 
l.'s  Suèves  ;  el,  en  Ciaule,  leur  domaine  s'elendil,  d'une  part, 
juscpi'à  Narlionne  el  Xinies,  d'autre  pari,  jusqu'à  la  Loire.  Sous 
.Marie  11,  le  royaume  wisiyoth,  borné  par  l'Océan  et  la  Loire, 
s'étendait,  au  delà  du  lUione.  sur  la  partie  de  la  Provence  située 
au  .sud  de  la  Ourance. 

La  victoire  de  \'onillé.  remportée  en  ."iOT  par  Odovis,  restrei- 
-int  considérablement  en  Gaule  la  puissance  des  ^Vislli,•olhs.  ([ui 
n'y  conservèrent  c[ue  la  Septimanie,  c'est-à-dire  le  pays  compris 
iMitre  les  Cévennes  et  la  Méditerranée,  le  Rhône  inférieur  et  les 
Pyrénées  :  ce  pays,  appelé  aussi  Gotliie,  ne  devait  être  soumis 
par  les  Francs  qu'au  lenq)s  de  Pépin  le  BreL  Après  la  nuirt  de 
C.lovis,  le  PiOuert,aie  parail  être  tcnnbé  au  pouvoir  des  \\'isii;otlis 
pour  nue  vinii'taine  d'années. 


^■^  Les  établissements   wisiyolhs  ne    turent  pas  é^'alement  répar- 

tis entre  toutes  les  contrées  de  la  Gaule  cpii  leur  étaient  sou- 
mises. C'est  dans  le  Rouergue,  le  bas  Languedoc  et  les  pays 
adjacents  qu'on  a  trouvé  le  plus  de  cimetières  barbares,  et  qu  on 
rencontre  le  plus  de  noms  de  lieu  rappelant  le  souvenir  d'hommes 
de  race  g'ermanique. 

857.  Les  textes  antérieurs  au  ik''  siècle  qui  concernent  ces 
régions  sont,  à  la  vérité,  peu  nombreux  :  pourtant,  on  y  relève 
(pielques  vocables  topoi^raphiques  terminés  par  le  sul'Iixe  -in;/. 

Une  charte  de  l'abbaye  de  INIoissac,  datée  de  (\S2.  menlioniu-, 
dans  le  Toulousain  Raroling'us,  Resingus,  Or  l'oU  i  ngus  et 
Speuting-us,  et,  dans  le  pag-us  Elusanns  ou  pays  d'Eau/e 
(Gers),  Ginningus. 

A  l'époque  carolingienne,  on  voit  le  nom  Scatalingi  applifiue 
à  une  localité  qui,  vers  SnO,  était  désignée  par  l'appellation 
vague,  mais  très  intéressante,  de  ^' illa  Go  tho  rum. 

Dans  une  charte  de  \KV\ .  une  localité  du  Carcasses  i-sl  ai>[K'lée 
Moschel  i  ngus. 

On  ne  peut,  à  l'heure  actuelle,  identilier  tous  ces  noms  de 
lieu;  du  moins  on  reconnaît  Besingus  dans  Bessens  (Tarn-et- 
Garonne),  Scatalingi  dans  Escatalens  (Tarn-ct-Garonne), 
Moschelingus  dans  Moussoulens  (Aude^;. 


20(; 


I.KS    NOMS     HIC    LIEU 


858.  (hi  le  volt,  (Imus  ces  pavs  du  Midi,  le  .sullixi'.  -///</  a  pro- 
duit des  noms  de  Heu  tloiit  la  terininaison  est  aujouid'luii,  cDinmu 
dans  la  Suisse  romande,  -ens.  Dans  les  textes  des  x''  et  xi"  siècles 
cette  terminaison  alFecte  <fénéi'alcment  la  l'orme  -eues,  dont  lo  r 
représente  le  fj  du  sufdxe  germanique. 

859.  On  se  gardera  bien  de  rapporter  à  ce  suflixe  tous  les 
vocables  en  -eus  qui  ligurenl  dans  la  nomenclature  topograpliiquc 
de  la  France  méridionale,  hlourens  (Ilaule-Garonne)  et  /.cutrrns 
(Hérault)  correspondent  aux  noms  latins  Florentins  et  Lau- 
rcntius,  et  rentrent  dans  la  catégorie  (n"  288)  des  noms  de  lieu 
consistant  en  un  gentilice  pris  adjectivement,  le  nom  coninuui 
fundus  étant  sous-entendu  :  il  s'agit  ici  de  gentilices  terminés 
on  -entius.  Moins  anciens,  Piiilaurcns  (Aude)  et  Pin/lnurciif 
(larn)  ont  pour  thème  ét3Miiologi(iue  Podium  Laurenlii. 
Villai'zcn.H  (Aude)  est  ap])elé  en  (S!I8  Villa  Ranesindi  :  la  dési- 
nence représente  celle  d'un  non\  d'Iimume  —  d'ailleurs  peul-ùlre 
gotliicpu'  —  (pie  précède,  dans  l'espèce,  un  nom  commun. 

860.  ('es  réserves  faites,  on  peut  tenir  pour  considérable  le 
uiunbre  des  noms  de  lieu  dont  la  l'orme  primitive  aurait  clé  un 
adjeclii'  nominal  en  -iiuj  atlribuable  aux  W'isigoths.  Nondireux 
dans  les  départements  de  l'Aude,  de  la  Haute-Garonne,  du  Gers, 
du  Tarn  et  de/Farn-et-Garonne,  ils  le  sont  moins  dans  la  Dor- 
dogne,  la  Gironde,  les  Landes,  les  Basses-Pyrénées,  les  llaules- 
Pvrénées,  ainsi  que  dans  l'Ariège  et  Lot-et-Garonne.  La  dési- 
nence -cas  a  pour  variantes  -en.r  (cf.  -cncs,  n"  858l  et  -cnr/  dans 
les  Landes  et  les  JVasses-Pyrénées. 

861.  Parmi  ces  vocables,  il  en  est  dans  la  racine  desquels  on 
reconnaît  siu-ement  un  nom  d'homme  germaniipie  :  GuitaleilS 
(Tarn),  de  Wi  talus  —  Ratayrens  (Tarn),  do  Uatarius  —  Arta- 
lens  (llautes-Pvrénées),  de  Artahius. 

862.  Parfois  l'adjectif  nominal  a  été  fornu>  sur  un  non» 
d'homme  rom.iin  :  c'est,  en  ell'cl,  la  coinldnaison  deMaurus 
avec  le  suflixe  -uuj  ([u'il  est  permis  de  voir  dans  Maurens  I  Dur- 
dogne^,  appelé  Maurencu  m  cii  \'MV.\  cl  Maure  n.v  ou  Mnureiir.r 
en  lliS2.  Gette  localité  a  des  homonymes  dans  la  Ilaute-(jaronne, 
le  Gers  et  le  Tarn  :  il  serait  imprudent  de  leur  attribuer  la  menu- 
oi'igine  sans  s'èlre  re[iorlé  aux  formes  anciennes. 

863.  (>n  a  vu  (n"  537)  cpi'un  certain  nondjre  de  noms  de  lieu 
(h;  France  rappellent  le  souvenir  des   Goths  :   il   est   inutile  do 


(UiiGiM:s  r.iiriihjn-;s 


207 


n'|ir(i(luire  ici  l'ôiniinéralion  des  localités  qu'ils  (lésii;ncnl ,  painii 
lcs(iucllcs  il  lU"  l'aiulrail  prcscnleincul  onvisai;ci-  (|uc  celles  (|ui 
Miiil  siLuées  au  siul  de  la  Loire.  On  ohsei'vera  seiileineul  (lue 
(iiiiirrillc  (('hai-eiite'i  et  Cniirrillrf fc  (('diai'ente-liiiV'rieui'e^  sonl  à 
|H'U  de  dislance  du  iiaïueau  d'ller|)es,  a\i  leri'iloire  do  ("ourhiilac 
Cliareule),  où  l'on  a  e\|)loré  une  iniporlauLe  nécropole  liarhare 
([ui  peut,  à  tons  points  de  vue,  élre  considérée  comme  qotlii([ue. 


1^ 


XL  VI 
ORIGINES     FHAN(iUES     :     GENKRALIT]<:S 

864.  L.e  nom  des  Francs  a[)jiai'ail  pour  la  jireniicj'o  fois  dans 
riiisloirc  vers  l'an  2iU  de  noire  ère.  ils  liahilaient  sur  la  rive 
droite  du  Kliiu,  dans  la  basse  Germanie.  Le  l'uLur  empereur 
Aurélien,  alors  tribun  de  la  VP  lég'ion,  eut  à  repousser  leurs 
incursions  en  Gaule  :  il  les  délit  complètement,  leur  tua 
sept  cents  hommes,  en  vendit  trois  cents  à  l'encan,  et  cet  exjiloil 
donna  lieu  à  une  chanson  nulitairi;  tlont  l'historien  T'IaN'ius 
Vopiscus  nous  a  conserve  le  ilébut  :  Mille  Franc  os,  millo 
Sarmatas  semel  occidiiuus...  *.  Le  nom  de  Franci  désignait 
collectivement  diverses  nations  germaniques  unies  par  un  lien 
fédéral,  mais  dont  chacune  avait  sou  nom  particulier  :  les  Saliens 
—  (|ui  peut-être  ne  diiîéraient  pas  des  Sicambres  —  les  Clia- 
nuiNcs,  les  Ghaltes  ;  le  nom  de  ces  derniei'sse  retrouve  dans  celui 
delà  liesse,  l'aspiration  initiale  ayant  persisté,  et  la  double  den- 
tale s'étant  altérée  en  un  son  sifflant. 

Cette  dernière  peuplade  s'est  Inentot  fait  connaître  sous  le  nom 
llattuarii,  [)résenlant,  à  la  suite  de  l'appeUalion  (H-iginelle,  \n\ 
sullixe  ([ue  les  Ixomams  ont  rendu  ])ar  -uarii  ou  -oarii.  i'.v 
suflixe  a  servi  à  fcu'mer  des  adjectifs  ethniques  ;  lîaioarii, 
ancien  nom  des  Bavarois  —  formé  siu'  le  nom  de  peiijîle  eel- 
ti(iue  l'oii  —  Cantuarii,  Vectuarii,  noms  que  les  Saxons 
établis  dans  la  Grande-Bretagne  donnèrent  aux  habitants  du  pavs 
de  Kent  et  de  l'ile  de  Wight  ;  et  l'on  renuirque,  dans  l'allemand 
moderne,  des  atljectifs,  tels  que  Ijcrlincr  et  ivieiv^r,  formés  à 
l'aide  du  suflixe  -('/•  sur  des  noms  de  ville. 

Les  Francs,  vers  2G0,  assiégèrent  Toid,  et  une  de  leurs  bandes, 
après  avoir  traversé  toute  la  Gaule  et  la  péninsule  ibérique, 
franchit  le  détroit  de  Gibraltar,  et  alla  périr  dans  les  sables  de 
la  Mauritanie. 


I.    \'il:i   Aiii-rliani,  ihins  lievueil  des  llls/uriens  îles  (iaiilcs,  I,  iJ'iO. 


nr,ii,i.M;s    n!.\.\ui:i;.s    :    i.i;.\Ki(Ai,i'ri:s  2<)'J 

\  iii:;l  ans  plus  Lard,  l'enipiTeui'  l*i-(jl)us  hailil  les  l"'raiifs,  l'L 
l'Ialilit  plusieurs  milliers  d'entre  eux  en  Gaule  comme  colons. 

l'Ai  2NG,  les  Francs  ravagèrent  les  côtes  de  la  Helglque  et  de 
rArinori([ue.  De  nouveaux  colons  lurent  introduits  par  Maxi- 
iiiicii  lleicule  et  Constance  Chlore  dans  le  territoire,  alois  incidlc, 
(les  Nervicns  et  dans  les  cités  de  Trêves,  d'Amiens,  de  Troyes 
it  de  Langres  :  ils  n'ont  guère  laissé  de  traces  dans  ces  régions, 
saut"  peut-être  dans  le  sud-est  de  la  cité  de  Langres,  oii  1  exis- 
tence, attestée  par  des  textes  du  haut  moyen  âge,  tlun  pagus 
A  t  toariorum,  donne  lieu  de  penser  que  des  Chattes  furent 
t'tahlis  (  cf.  ci-dessus,  n"  526). 

\'ers  290,  les  Suliens  occupèrent  lile  des  Bataves,  soumise 
(le[)uis  trois  siècles  à  la  domination  de  lu)me  ;  lui  demi-siècle  plus 
tard,  ils  envahirent  la  Toxandrie,  représentée  par  le  Brabant  et 
les  contrées  avoisinantes  ;  en  ooS.  ils  furent  dtd'ails  par  Julien. 

Celui-ci  battit  les  (^,lKuna\es  en  '.\M .  ()n  voit  alors  des  h'ranes 
Saliens  sei'xir  dans  les  armées  ini[H'riales,  oîi  certains  par\  iment 
à  des  charges  importantes.  11  est  proliahh'  ([u'au  défmt  du 
\"'  siècle,  ces  h'rancs  colonisèrent  les  pa\s  arrosés  par  le  cours 
inférieur  de  l'Escaut. 

Sous  leur  chef  Clodion,  vers  iiO,  ils  se  rendirent  maîtres  de 
tiiule  la  région  située  au  nord  de  la  Somme,  et  continuèrent  la 
inai-clu'  en  avant. 

Les  l''rancs  Ripuaires,  riverains  du  l«hln  —  d'où  leur  nom, 
formé  à  l'aide  du  sulHxe  -uarii  sur  le  latin  ripa  —  occupaient, 
au  début  du  Y''  siècle,  après  des  fortunes  diverses,  Cologne, 
'['rè\es  et  une  partie  tie  la  Basse  Germanie.  Au  temps  de  Clovis, 
ils  avaient  pour  roi  Sigebert  le  Boiteux,  (pii  eoinbattit  les  Ala- 
mans  a   Tidl)iac. 

Les  liipuaires  et  les  Chattes  —  ceux-ci  sé'tendaient  à  l'ouest 
jusqu'il  la  Sarre  —  reconnurent,  dans  les  premières  années  du 
vT'  siècle,  la  domination  de  Clovis.  Ce  prince  soumit  le  roi  de 
Tournai,  s'empara  des  cités  de  Soissons  et  de  lîeims,  et  devint 
maître,  |)ai'  la  ^'ictoire  de  Voiùllé,  de  pres([ue  tout  le  teiriloire 
l'ompi'is  entre  la  Loire  et  les  Pyrénées  ;  peu  à  pi'u,  il  absorba  les 
i']tats  des  petits  rois  saheiis  cjui  i-égnaient  à  (Cambrai  et  au  Mans. 
Ses  lils  révinirent  à  l'Ltat  franc,  en  olVi-,  le  royaume  des  Bur- 
gondcs,  et,  en  '139,  la  partie  de  la  Provence  placée  sous  le  sceptre 
(les  rois  ostrogoths. 

y.i's   noms   (Ir  lirii.  I  1 


210 


T.i:s  NOMS    iiio  r,u;u 


I,;i  ('nulle  [uiuvail,  dus  lois,  s'njipclei'  la  l'VaiU'o,  puis(|ui'  lu 
(Idininalum  iVamiuc  s'iHeiulail  sur  la  pi-es(|ue  totalité  de  iiulrr 
|)a\  s  actiud  ;  elle  on  débordait  (railleurs  eonsiilérablemeul  Ic^ 
limites  au  nord  cl  à  l'est. 

Au  milieu  du  vi*-'  siècle,  on  distinguait  dans  la  France  deux 
parties  :  à  l'ouest,  la  N'eustrie,  soumise  depuis  .'Jfil  à  ChilpiMie  : 
à  l'i'sl,  r.V\istrasii',  où  ré;;nall  à  l.i  même  époijue  SiL;el)eil.  l.i' 
nom  de  la  Neuslrie  pai'ait  l'oi'mé  sur  niiis/,  superlatif  de  1  n'I 
jeetlt'  niii  ou  ncii,  cette  région  étant,  en  ell'et,  celle  que  Ks 
Francs  avaient  ■(  le  plus  nouvellement  »  occupée. 

Dans  l'Auslrasie  ou  France  de  l'est,  les  Francs  a\aient  sur  lt■^ 
poi)ulalions  ^allo-roniaines  l'avantaye  de  la  force  et  du  nondii-''  : 
ils  V  im[iosérent  leur  lanL;ue  et  donnèrent  aux  localités  des  noms 
j,'ermani([ues,  i|ui  sulisistent  enc(u-e  tlans  la  Prusse  et  la  Bavière 
rhénanes,  les  yrands-duchés  de  liesse  et  de  LuxembourJJ^  \v 
Limbonrj,^,  l'Alsace  et  la  partie  orientale  de  la  Lorraine  ;  c'e^l 
ainsi  rpie  S/rnslmuri/,  Sitirc  et  W^or/iis  ont  rem})lacé  Argento- 
ratum.    Nemetes  et  Van,qinnes. 

Mil  Neuslrie,  la  p()[valallou  j^allo-i'omaine  était  assez  dense, 
tandis  ipie  la  populaliiui  IVaiuiue  était  éparse  :  celle-ci  adopta 
bientôt  la  lan,^■ue  latine,  et  les  noms  de  lieu  purement  fi^ernia- 
niques  qu'on  peut  rencontrer  dans  cette  région  sont  en  minorité. 

On  peut  tracer  les  limites  de  la  colonisation  l'ranque  eu  (]aule 
en  distinguant,  parmi  les  noms  île  lieu  dus  aux  Francs,  eeu\ 
don!  Ions  les  éléments  sont  gei'inani([ues,  et  ceux,  pouvant  étn' 
([ualilies  de  n  l'tunano-lrancs  m,  ipn  comprennent  des  élt'menl.s 
empiuntés  ii  la  langue  des  (rallo-Iùunains.  Ces  deux  catégories 
vont  être  étudiik-s  l'une  après  l'autre. 


ira 


XLVII 
X(1MS     Gl-lliMAXK^T'KS 

l':ir  ;inaloL;'ie  avec  ce  ({ui  a  élé  l'ail,  pour  réliule  îles  ikhhs  de 
lien  irori^ine  saxonne  (Mi  Normandie,  on  ])assera  en  revue,  suc- 
cessivenienl .  les  divers  éléments,  noms  communs  pour  la  plu- 
])acl.  ipii,  lii'és  de  la  hiuijue  des  Fi-anes,  onl  laissé  des  traces 
dans  la  toponoinaslupte  di'   notre  pa\s. 

llAf: 

l''([uivalent  de  Tallemand  moderne  hnchvi  du  néeilandais  hcri;, 
((  ruisseau  ",  ce  mot  se  retrouN'e  dans  un  ^'rand  nondtre  de  noms 
de  lieu. 

865.  Orliaeus  désiL^iiai  t.  au  i\''  siècle,  im  monastère  du  dio- 
cèse de  Soissons,  Talihaye  il'Orbais  (Marne),  située  sur  un  ruis- 
seau aucpud  piimitivement  rappellation  s'appliquait  en  [)ro])re. 
On  l^iuire  le  sens  du  liMine  ([ui  [irécède  l>:ic  :  il  se  retrouve  dans 
les  synonvnu's  d  (h-huis  existant  aux  pays  dv  lani;ue  ^ei-nia- 
ni(|ue  ;  Orbach  i  re-enee  de  Coloi^nc  et  ses  dérivés  Orbachsliof 
( Wurtemberg)  vl  Orbachsmdhle  (réj^ence  de  Cidjlenz]  —  c'est- 
à-dire  '(  la  terme  (rOrbacli  »  el  '■  le  moulin  d'Orljacli  )>  —  v[ 
Oirbeek  (Relirai  pie .  lîi'alianl).  O/'Acc  ;  (  ;;dvados  ;  est  é'videmmeiit 
une  variante  scandinaNC  d  f)rh;iis. 

866.  SainI  Onen  fonda,  en  liiVi.  an  dineèse  de  Mcaux,  une 
aM)a\e  .appeU-e  daltord  Ji.'rii.'<;i  !cin ,  el  ([ni  prd  en^nile.  du  nom  du 
eo\irs  d  eau  ipii  1  arrosait,  1 1  u  \' i  o  1  u  s  I  le  sba  ce  n  u  s,  celui  de 
Rebais  'Seine-et-Mann'i,  (pie  la  localité  a  conservé.  Le  innn  de 
lichais  est  porté  .aussi  par  un  écart  du  département  de  I  l'Aire, 
l'ans  un  dipl(')iue  doniu'"  en  iST'.l  [lour  lahliaye  de  Saint-F^enis, 
llesliacis  super  lluvium  lîeshacis  m  pai;-o  Lauduin^nsi 
(lésii;au^  Roubais  f.Visiie).  On  |ienl  atliilmer  la  même  oi'i^ine  ;i 
Rcbcts  (Seiue-lnlerieure'l.  RcbolZ  Oise!  cl  Rebccq  (  l'as-dc- 
Calaisl. 

867.  Uosliacius   i3sl    appli([Ui''    p.ir    un   dlpléune    di'   7."îl    a  ime 


^ 


-I-  i.i:s    MiMs    1)1,   i.ii.i; 

localiU'  (lu  i^ji^us  Mmlriiiei'!)  sis  —  |);ivs  de  ^[^M■^■•.  siLiu-  ciiIim? 
l'^vreiix  cl  l'oissv  —  dont  on  iynore  le  iiniii  aeluol.  C.elU-  localitr 
a  pour  synonymes  Roubaix  (Nord),  au  xi"  siùeU;  Hn.sh.tcc,  Robecq 
(Tas-chî-dalais^  A,  en  AlK'ina^-ne,  Rossbach,  ou  le  piinco  ile  Sou- 
hisf  fut  battu  par  ie  roi  tlo  l'iaissu  l''r('(U''ric  II,  en  1757.  Il  est 
piTOiis  de  vou'.  dans  le  jii'eniier  terme  de  ees  noms,  le  nvit  alle- 
mand /-uss,  H  eheval  «  ;  cette  hypothèse  est  autorisée  par  l'exis- 
tenee,  dans  la  banlieue  parisienne,  au  territoire  de  Fontenax- 
sous-liois,  d'un  lieu  dit  dlfruiu-u,  diml  le  nom,  entièrement 
ronuui,  représente  le  thème  étymoloL;i(jue  caballi  ri  vus.  De 
telles  appellations  évoquent  sans  doute  quelque  légende  germa- 
nique. 

868.  Les  Ml/';iciila  s.tncfi  liicurii^  écrits  au  xr'  siècle,  men- 
tionnent, sous  le  nom  Scalbacis.  \\\\  ruisseau  et  un  \illaL;'e  voi- 
sins de  Saiid-\  alei-y-sur-Sonuue.  Ce  nom,  latinisé  aussi  en 
Scalliacius,  ne  |H)Uvait  domier  ipie  I^scuuhais  ou  lù-;nilioi\  et  <iii 
ne  saurait  se  l'alIier  à  l'opinion  qui  l'identifie  avec  Estr''lj<riif 
(Somme,.  Schallbacll  ^.i;rand -duché  de  Bade)  est  certainement 
un  synonyme  tie  Scalhacis. 

869.  Wambach,  nom  porté  en  AIlemai;ne  pai- une  dnu/ainc  de 
localités,  a  pour  é([uivalents  romanisés 'Wambaix  (  Xnrd  ,  Waïubcz 
(Oise)  et  Ganibais  (Seine-et-()iseK  dont  le  diminutif  Ganibaiseul 
désiyne  une  localité  voisine.  On  rencontLC  en  BelL;i(pie  Wambcck 
(iîrabant). 

870.  On  peut  rapprocher  de  ces  ncuns  ceux  de  Gorbais,  Gér- 
bais  et  Lambay,  ipii  appartiennent  à  la  noiuenclature  du  dépar- 
tement de  l'Aisne,  le  second  comnu'  nom  de  ruisseau. 

871.  [:n  certain  nombre  de  vocables  analoi;ues  ont  été  étudié.s 
par  (lodeiroid  Kiuih,  dans  son  ouvraj^e  intitulé  :  /.a  /fon/iùrc 
lin;/iiis(iqiie  en  Hchjiijiic  cl,  tinns  le  nord  de  l;i  J'^rann-  i  :  Bercen- 
bais,  Bierbais,  Brombais,  Chébais,  Chisebais  (Bral.anti,  Gorbais 

iHrabant,  NamurI,  Fleurbais  (  l'as-de-C.alais),  Glabais  (Braljanl:, 
Harbais    (Luxeiubouri^-),  Herbais  (lirahanl),  Hollebais  (Ilainaut., 

Lembais,  Marbais,  Metchebais,  Nodebais,  Opprebais,  Orbais. 
Pietrebais,  Pourbais,  Thorembais  (IJrabant)  ;  —  et  avec  îles  ter- 
minaisons (jui   ne   dillerent  yuère   de  -Jmis   que  pai'  la  graphie  : 


I.    )frniiiîri's  Cdiirniiiiés  fl  .iiiIrrH   nuhiniire^   piihlii'^   p:ir  tWindi'iiin'  rnij-ii' 
'/'•  llr/,/i,/ii'\   celleelii.ii   iil-N",    leine  \l,\lll,   I., -lires    i  I  ll'll  xel  les.    IS'.i:;". 


tilU(.l,M;.S     l-ltAMill, 


Marbaix  ^NcihI,  llmiiaui ).  Molembaix,  Moulbaix,  Obaix,  Pipaix, 
Robaix  (Ilaiiutul)  ;  —  Marbay,  Rabay  (Luxnnboui- ),  Rebay 
fXaiiiiir),  Steinbay  irryonce  d'Aix-la-Chapi'llc  i,  15i-abanl,,  Wem- 
bay  il,u\iMnl)our-i  :  — Bombaye,  Hallembaye  'Lii'ye;.  —  Lutre- 
l)Ois  I  Luxc'mhour^i.  csl  appelé,  en  WiV.),  Lui rdjuji ^  ce  (iiii 
I  appareille  a  l'alleiiuind  Lnulcrlinrh ,  e(piivalei>l  île  C.hiirrfon- 
l.iuic.  — Lobbes  (Ilaiiumlj  se  ratlaclie  au  nièine  i;roupe,  témoin 
la  forme  Lauljacum,  i|u'on  rencontre  en  707. 

872.  Dans  (piebjues  v(ieal)les  le  sulllxe  formé  sur  -!j;ic  a  revélu 
la  forme  -hnr.iii,  qui  a  donné  eu  roman  -baise  ou  -Lise  :  Barbaize 
iArdennes;,   en   8t'>8.   Herbacis,   Jurbise,    Lombise,    Straubise 

;  Ilainaul),  Tubise  ilîrabant),  en  S77  Tobacis,  en  1051)  Tubeeeu. 

873.  Le  mol  lranei(|ue  Luc,  emitloye  isolément,  est  vraisem- 
blablement le  primitif  du  noiu  de  Betz  (Oi.se).  localité  située  sur 
la  Grivelle,  aflluent  de  l'Ourcq.  Jlc/z  (Indre-et-Loire)  se  réclame 
sans  duule  d'une  orij^-iui-  dill'érente,  car  il  apparlii-nt  à  une  ré^'ion 
où  il  n  V  eul  -Itère  de  eolous  ncrmani(iues.  Lt  //,7/.v  (Ma\enne), 
111  WTo  lîodiseum,  est  sans-  rapport  élynudoi^ique  avec  les 
lumis  en  -Luis  dont  on  vient  de  lire  l'énumération. 

SI  li()()}f 

874.  Li>  mot  s//-ii()iit,  au  sens  de  "  cours  d'eau  >i  est  repré- 
senté par  (piebpu's  noms  de  lieu  de  la   l''rance  septentrionale. 

Etrun  (Nord)  est  appelé,  sous  la  date  de  881,  dans  les  Annales 
de  Saint-Hertin,  Stromus  —  qui  représente,  à  bien  peu  de 
chose  près,  le  terme  ori-inel  —  et  en  I^Di  Esfruem.  Cette  der- 
nière lorine  d.>sit;-ne  aussi,  en  1227,  Étrun  !  l'as-de-Galais),  Idéa- 
lité' [loin-  laipicllc  (.11  !-,Micoiili-e,  .lès  11).");!,  mu'  autre  forme 
vuinairi',  t'ualiMiient  caraeté'ris.'c  par  l.i  prosllicse  d'un  <■  :  i'sti-iim. 
On  consl.ate  ipie  1'///  linale  s'est  ultérieurement  modiiiée  en  //. 

Le  nom  d'Etrœungt  (Nord)  a  laïuèmeorigine  (jue  les  précédents, 
(lonl  il  ne  dilVere  cjuc  par  une  i;-rapliie  toute  fantaisiste. 

I.  Sli-iiili:ii/  i",!  1111  orail  ilr  la  coinniuiic  ilc  Woisuic^,  et  colle-ci  l':ii-,ail 
parlic  <lii  r>Tclc  ,lr  Mal  iiu-.  I  y,  aïKinel  IWlIcma-n.',  aux  tniucs  ilo  l'ar- 
lii-lr  .KX\1\'  ,lii  Irall.'  ilr  \oi  ^ai  Iles,  a  la-ii.nirc  on  laveur  de  la  IJelyiquc.  — 
(i.  Kui-lh  oliservi-  i[uv  Slri/ih:u/  est  la  |.r.(iM>iicia tioii  iiiiliyène  du  nom  di' 
Sl,-iiil,,icli  —  (loiiL  rorLIio-raphe  ofllcii'lli-  esl  proijal.lciiiuiil  iiiodcriH-  — 
liiirlé  |)ar  un  écarl  de  1  .iiiicrli'  'l.uxcniluiiirL;  l. 


21 


i.Ks   MiM.s   iir.   i.n.i' 


Dans  les  noms  d'EstrCUX  (Xordj,  t-ii  1  I(l7  Iis/ninn.  d  d'Étreux 
(Aisne),  en  I  1 'i  i  Iisfrnn,  le  son  nasal.  allesLé  par  ces  l'orin«-s 
anciennes^  a  disparu. 

Knlin.  dans  le  nom  de  Lestrun  (Pas-de-C-alais),  Shunuun  en 
1  l'id,  on  oljserve  l'adjonclion  de  rarli(de  roman,  d'oii  l'on  est  m 
droit  de  eonelure  que  le  mot  cstruiii  ou  esli-cin  a  été  usilé  dans  \r 
lanL;aL;e   courant. 


/•■-l/M 


875.  Le  mot  fara  fut  em[)loyé  par  les  Lombards  avec  le  sens 
de  u  l'amillc  »,  attesté  par  les  éciits  ilc  l'aul  Diacre,  et  [lai'  ce 
pas.sag-e  de  l'édit  donné  en  OiO,  par  le  roi  lîotliaric  :  Si  (|uis 
liber  liomo  poteslatem  lia])eat  intra  dominium  rei^'is 
cum  l'ara  sua  mei;rare  ubi  voluerit'.  Le  n(MU  d'homme 
latinisé  l'aramannus  s"ap|)li(pie  au  "  cliel  de  la  lannlle  ",  et 
celte  expression  donne  au  mol  ■<  famille  »  le  .sens  de  k  ménai^e  >■■, 
de  «  séquelle  »  qu'aura,  dans  le  français  du  moyen  àf;e,  le  mol 
Dirsnif.  (-crlains  textes  •  enqM'untés  à  la  ( '.hronicpie  (hi  Mont-Cas- 
siu  et  .1  celle  de  Larfa  établissent  nelttincul  que.  dans  le-,  par- 
lies  de  l'Italie  ([ui  furent  habili'cs  par  les  Lombards,  on  a  consi- 
déré le  mot  f;ira  comme  un  équivalent  de  cortis,  i<  domaine  ». 

Lara,  qui  désigne,  dans  Llodoard,  la  ville  de  la  Fère  (Aisne), 
est  aussi  le  primitif  des  noms  de  Yère-cii-Titnlcnnif<  ^ Aisne), 
Fèrebrianges  et  Tère-Chamj)en()isc  (Marne)  :  ces  deux  dernières 
localités  ne  sont  guère  éloiguées  Lune  de  l'autre,  et  de  bonne 
iieure  on  a  pris  soin  de  les  diU'érencier  en  adjoignant  à  1  ap|)el- 
lation  i[ui  leur  était  commune  lUi  autre  nom. 


■i 


IIAM 

876.  Le  sens  de  ce  mol.  cpii  appartenait  aussi  aux  Saxons,  a 
été  déjà  cxplii[ué  m"  742;.  11  a  li'ouvé  elle/,  les  Lrnncs  im  emploi 
conq)araMe  à  celui  qu'avaient  fait  les  Gallo-Iîome.ins  de  sou 
équivalent  viens  :  isolé  ou  eu  couqîosition,  il  a  seivi  ii  deu<Mn- 
mer  des  localités.  Ihtin,  au  moyen  âge,  se  prononçait  7/./,v.  et  lel 
est  le   motif  pour  lequel  Ham   lArdennes,    l'as-dc-Calais,  Scine- 


I.    )fon  .  r/crm.  Iii^l.,  Loç/iiin  W ,  Wji.  I7T. 

■2.   Cités  il:iiis  rédilion  DidoL  du  C/n^^s.iriuin  de  Du  Caii-c,  y"  F.'tra. 


()r>ii;i.M:s   fiianqi  es 


215 


cKJisc,  SoinniL'),  a  pour  variante  Han  (Meiirtlie-el-i\Ii)sell(', 
Meuse).  L'article  qu'on  remarque  dans  le  Han,  nom  d'un  écart 
(le  Hdurijf-Bruehe  ',  ainsi  que  dans  le  Ham,  nom  porté  par  des 
coniiniuies  du  Calvados,  de  la  Manche  el  de  la  Mavenne, 
attestent  c[ue  le  mot  qui  procède  du  j^ernianicpie  li;i;>i  a  trouvé 
place  dans  le  lang-aj^-e  courant. 

877.  Bohain  (Aisne)  est  appelé  au  xi''  siècle  Ijucham  nuim,  ce 
([Lii  autorise  à  reconnaître,  ilans  le  premier  ti'rnie  île  ce  nom, 
l'appellation  allemande  du  hêtre  fcf.  n"  805).  BoJiuin  est  donc 
ré([uivalenl  des  vocables,  mentionnés  plus  haut  fn""  621,  638  et 
657  ,  i[ui  représentent  le  latin  t'agus  ou  ses  ilérivés. 

878.  Etinehem  (Somme),  qui  se  piDuonce  Jùiiiuii,  est  a[)pelé 
As/c/ilicni  en  ll-'iS,  .\.sfiii/iani  en  IITIJ.  Malgré  la  ressL'nd)lanco 
(le  ce  nom  avec  certains  vocables  du  lioulenois  (sui'  les(juels  voir 
n"  803),  on  doit  le  rapporter  aux  Francs  [ilulnl  ipi  aux  Saxons, 
car  la  localité  qu'il  désigne,  appartenant  au  canton  tle  liray-siu'- 
Sonune,  est  fort  éloignée  de  la  mer.  L'hypoth('se  inverse  serait 
mieux  iniliipiée  à  propos  des  localités  (pu  se  nomment  Ilclicn 
(cant.  de  Mo\'enneville),  liogvnl,  ('■cari  de  'l'iculles  ('même  can- 
ton) et  7'VoAc/(-le-Gran(l  et  /''/'o//('//-le-l*eli[  (cant.  de  l<erna- 
ville). 

l.Ml,   I.MU 

879.  (^n  ignore  le  sens  précis  du  mot  germani(|ue  /,;/•  ou  /;(/■/  : 
pcid-èlre  i-n  l'aut-il  voii-  im  déi'ivé  dans  le  vieux  mot  i'ran(^'ais 
l:ir/'is.  (jui  a\'ait  h.'  S(.'ns  de  "  lande  ■•  ou  de  c  i'riciie  >>  ;  el,  d'autre 
part,  on  l'a  ra])[)roché  d'ini  mot  celtupu^  désignant  un  fonds 
(le  lei're,  (pu  est  représenté  par  l'n'laiidais  hir  et  le  breton  /;/;//■ 
ou   ILiiinr. 

(juoi  (piil  en  soit,  /,//•  ou  /.(/•/  est  eut  ri',  eomnie  dernier  tei'me, 
dans  la  com[)osition  d'im  grand  noinbie  de  noms  de  heu  ddia- 
gine  g-ermanique  :  F(irstemann  en  a  relevé  jusiju'à  cin(puinte- 
(piatre  dans  les  textes  antérieurs  à  l'an  mil;  et  l'on  [)eut  citer, 
dans  la  loponomasli(pie  de  l'-Mlemagne  modeine,  les  noms 
Fritzlar,  Goslar,  'Wetzlar.  Ce  terme  a  (dt-  romanlsé  de  ditleieiites 
la(^'ons. 


1.   Celle  aiirienne  comimiiie  des  Vosg'cs  rcsic  cemiiriM-,  ili'pviis  le  roleiir 
(le  l'AlsMce  m  la  l'raucc,  daiis.le  déparlenierit  du  lins-lUnn. 


2\<] 


I.IÎS     .\')M.S      HK     I.lKl' 


C'sl    appel 


880.  Roulers  (Belgique,  Flandre  (»cci<lent( 
ix'"  an  \n'"  siècle,  Hnslnr. 

De  même  (jne  le  nom  dorigine  l'oniane  Mlli'f.-i  a  pour 
variante  \'illicrs  (voir  ci-après  a"  955),  de  même  la  terminaison 
qu'on  vient  d'observer  dans  Houlers  a  pour  variante  -lia-,  (pii 
s'explique  par  hiri  plutôt  (|ue  par  /,(/■  :  Longlier  (  Helulipie, 
I^uxemhourg-),  est  appelé  au  viii''  siècle  Long-olare. 

881.  A  la  catégorie  des  noms  de  lieu  c(ue  représentent  avec 
cerlitutle  lioulcrs  et  Lon;/lier,  il  est  2:)ermis  de  rattacher  les 
vocables  suivants,  appartenant  aux  régions  depuis  longlemjjs 
r<Mnanisées  de  l'Artois  et  de  la  Picardie  :  Amplier  (Pas-de- 
Calais),  Bouflers  (Somme).  Ganlers,  Huclier,  Hucqueliers  (Pas- 
de-Calais),  Marlers  (Somme),  Maulersi Oise),  Mouflers  (Somme). 
—  Maffliers  iSeine-et-()ise)  est  appelé  au  moven  âge  Masl'lare. 

882.  Hne  graphie  fantaisiste  a  parfois  défiguré  la  finale  -/('/•  ou 
-lier  :  Mouflières  (Somme'i  s'est  substitué  aux  formes  anciennes 
Mdu/Iicrs  ou  J/o/7(V.s  ;  —  le  nom  de  Maignelay  (Oise;  s'écrivait, 
anléricui'cmenl  au  xvi"  siècle,  Mai(jnclors. 

883.  Mérélessart(Sonnne)  résulte  de  la  coudiinaisun  de  .l/crs/('/- 
ou  McsU-r  —  dont  Vr  a  été  déplacée  —  avec  le  nom  commun 
fssar/,  i'  défrichement  ». 


LOIl 


884.  Le  substantif  germani(|ue  lo/i  a  plusieurs  sens,  dont  le 
plus  répandu,  dans  le  nord  île  la  Gaule,  est  celui  de  <<  I)ois  •■,  (jui 
l'apparente  au  latin  lucus  (n""  688-697)  :  on  le  reconnaît,  sous 
la  lormc  -loo,  comme  terminaison  d'un  grand  nombre  de  noms 
de  lieu  en  lîelgiipie  :  Tessenderloo  (Limbourg),  Waterloo  ilîia- 
banl),  etc. 

885.  L';iire  géographicpie  des  vocables  tlont  le  dernier  terme 
répond  à  loh  paraît  s'être  étendue  au  moins  jusqu'en  Picardie  :  elle 
comprendrait  not;miment  Barleux  i^Somme)  —  Burinas  en  8S2. 
lUirlos  en  11  OS  —  Hucleu  (Seine-lnferieure),  Huleux  (Oise, 
Seine- Inférieure,  Somme). 

886.  11  est  possible  que  le  mot  bili  n'ait  pas  toujoui's  été  pris 
dans  le  sens  de  «  bois  »,  et  (ju'il  ait  eu  parfois  celui  de  «  lieu  ■•, 
locns  :  telle  est,  en  ell'el,  l'acception  de  loch  en  vieux  frison  et 
en  anglo-sa\'on.    Wadreloeus,  <pii  dési^i^iie,  à  l'épocpu^  méroviii- 


ouh;im;s  ruANoiics 


217 


i;u'mu',    iiiu'  lucalilé    tlu    j)at;'us    \'elc'a.ssiniis,    c'i's(-;i-(liro    ilu 
N'cxiii,  ollVo,  une  analot;ii'  IVappante  avec    \]'nf('rl<io  cl  Wattrelos 

i.Xonl). 


-ING 


I- 


887.  Le  suffixe  -ing,  on  l'a  vu,  était  commun  aux  diverses 
nations  g'ermaniques.  Dans  la  partie  de  la  Franciu  où  l'élément 
romain  dominait  sous  les  Mérovingiens,  les  noms  île  lien  Formés 
à  l'aide  de  ce  suflixe  sont  en  petit  nombre. 

Dourdan  (Seine-et-Oise)  est  mentionné  en  '.(.'iG  sous  la  l'orme 
l)ordincum,  comme  le  lieu  du  décès  tlu  père  de  llugiies  (",a[K'l, 
le  duc  de  France  Hugues  le  Grand. 

Houdan  (Seine-et-Oise),  llosdingus  dans  les  textes  latins,  a 
plusieurs  homonymes  :  Hodant,  Hodent  (Seine-et-Oise),  Hodenc 
(Oise),  Hodeng  (Seine-Inférieure),  peut-être  aussi  Houdain  (Pas- 
do-Calais)  et  Houdeng  (P)elgi(pie,  Ilainaut).  Le  7  du  suflixe  ori- 
ginel a  disparu  dans  ([uel([ues-uns  de  ces  noms,  mais  il  s'est 
uiainlenu  tlans  les  dérivés  :  Hodenger  (Seine-lnférievu'e)  repré- 
sente un  plus  ancien   Iludcnt/cl,   signifiant  ».  Ilodeng-le-Petit  ». 

Gazeran  (Seine-et-Oise)  est  mentionné  en  SS."),  dans  une 
charte  du  comte  Eudes,  (ils  de  llohert  le  Fort,  sous  la  l'orme 
^^'asiringus. 

Doullens  (Sotume)  est  appelé  I )<>iirlrii)/  en  lli".  et  Dorengt 
I  Aisne),  DnrviK:  qii   11.'),"». 

888.  L'exemple  de  Houdain  permet  d'avancer  que  la  termi- 
naison*-,i/n,  -al ni/,  si  fréquente  en  Artois  et  dans  les  |ta\  s  wal- 
lons, procède  parfois  du  suilixe  germanicjue  -imj  ;  mais  on  iloit 
se  gai'derdc  gc'iiéialiser  celte  m tei'prélal ion,  la  UMininaison  dont 
il  s'agit  représentant,  en  d'autres  cas,  im  suflixe  latin  -inium 
(n"  353).  Du  moins,  on  ne  saurait  mettre  en  demie  l'origine  L;er- 
niani(pu'  du  nom  de  Bemierain  (Nord),  en  lllilTi  Ilci'nicruu/  ;  car 
le  premier  terme  en  présente  le  nom  d'homme,  latinisé  en  l>ert- 
niarus,  <pn  entre  aussi  dans  lu  composition  tles  noms  BcriniTit'fi 
(Nord),  Bert  ma  riacas,  et  Uerniériconrl  (^Marnei,  Hertmariaca 
cur  tis. 

889.  lin  autre  exenqde  de  la  terminaison  -ain,  dans  une 
région  dilîérente,  est  fourni  par  Thieffrain  (Aube),  qui  repré- 
sente un  adjectif  en  -ing  formé  sur  le  nom  d'homme  Teudefrid  us, 


218 


l.KS    NOMS    liK    1.11:1: 


et   dont   rm  ;i    leiicontré   plus  liaul  (a"  835)  un   LV|ul\';ileiil    iLiiis 
T/iie/frans  (Ilaiite-Saôiio). 

890..  Diui.s  1(>  |)ays  niossiii,  ou,  ptuir  mieux,  dire.  cImus  la  rôuicni 
(]ui  cciuline,  vu  ces  |)arai^i.'s,  à  la  limite  Jos  lauguis,  k-.s  noms 
dr  lieu  inruii's  à  l'aule  du  sullixt;  -'/','/  —  ('iii|)loyé  au  pluriel,  le 
l'ail  doit  vlvv  luilé  —  .sonl  plus  n(unl)i'eu\  (pie  partout  ailk'Ui'.s. 
El  dans  la  partie  occidentale  de  celle  im^^iou,  moyennant  ini 
pro^'i'è.s  de  la  romanisalion  rpii  n"a  fail  cpie  s'accentuer  à  partir 
du  \ii''  sii'cle.  mainte  localité  a  éK'  depuis  lors  désignée  cmcur- 
remnient  par  deux  appellatinns,  l'une  allcmaiule  en  -imji-)t,  plu- 
riel de  -inif,  l'autre  rouiant;  en  -cinjc.'^,  puis  -lUKjo. 

891.  Par  contre,  dans  les  parties  de  la  I>orraine  où  riniluenoo 
i;'ermani(jue  persista  plus  loui^-temps,  les  formes  adoptées  depuis 
le  xvni''  siècle,  et  conservées  jusrpi'en  1 S7 1  par  l'usage  ol'liciel, 
ne  se  distinj^aicnt  des  formes  allenuindes  en  -inijcn  (|ue  pai'  Fa 
chute  de  la  syllal)e  atone  i[ui  termine  celles-ci.  l'.n  il  autres 
termes,  dans  la  partie  orientale  îles  anciens  départements  de  lit 
]\Ioselle  et  de  la  Meurllic,  la  ternunaison  -//(//  —  prononcée  -//( 
—  caractérise,  d'une  manière  générale,  les  noms  de  Heu.  formés 
à  l'aide  du  sufiixe  pluriel  -iit'cn,  dont  il  n'a\ait  pas  été  ciéé,  au 
moyen  ag'c,  de  .synonymes  romans  en  -rn/fcs. 

Parmi  les  noms  de  lieu  de  la  Lorraine  dont  la  forme  primitive 
présente  le  sullixe  -iiKjen.  on  n'étudiera  ici  (pie  les  plus  iiitéi'es- 
sants.  A  l'exception  de  FénrtntiKjc,  de  (tiiinlrc.rniKff  cl  de 
Pcrnnije,  connnunes  ([ui  appartenaient,  avant  1871,  au  dépai-te- 
ment  de  la  Meurthe,  ils  sont  tous  empruntés  à  la  nomenclature 
de  l'ancien  département  de  la  Moselle  '.  * 

892.  Adelange  (Edelingen)  dérive  du  nom  propre  d'homme  lati- 
nisé sous  la  forme  imparisyllabi({ue  Adalo,  au  yénitif  A  dolo- 
nis  :  forme  familière,  hypocoristique,  de  l'un  des  numbreux 
noms  —  Adalbaldus,  Ada  Iber  tus,  Adalmundus,  Adalri- 
cus  —  dont  le  premier  terme  est  le  nmt  ,((/;(/,  a  noble  d.  — 
.l(/(7.(/(.s'  (IIaule->'a("uu' ;  a  la  ménu'  orii^iue. 


^ 


^ 


1.  l'our  cliacim  (le  ces  noms.  Il'  cas  écliénnl,  anus  indiquoiis,  oiilic  [Kircii- 
llié.scs,  ;i  la  iiiilc  <lt'  la  l'ornii'  ornciollemeiil  usitée  en  is;!,  celle  (|iii  lui 
ousuile  imposée  |jai'  l'ailininislraliou  allcinanile.  —  Les  nnins  de  lieu  iiieii- 
lioiiiiés,  |)oiu'  rapproclicmonl,  clans  le  cor|)s  des  alinéas  ipii  Nni\enl,  s'ap- 
pli([nenl  aussi,  siiuf  avis  contraire,  à  des  loealilés  de  l'aticien  d('[iai'leiiiciit 
de  la  Moselle. 


OIUKIMîS    FUANurES    :    -/.Vfl/'.'A'  2]<) 

893.  Algrange  (Algringen),  (K's  I2(H;  Ah/ci-.uu/e  :  du  lumi 
illiuiimu'  lalinisr  Achilt^arius.  —  CA'.  Aui/fntns  (ii"839). 

894.  Bertrange  (Bertringeni,  on  1222,  cl  pcut-êhv  dus  11.30 
l!rr/run<jcs.  a  pour  homonymes  Bertring  ci  Bettring,  en  l.";94 
Herlr'uujcn  :  de  liertarius,  origine  do  Ber/ic;\  nom  de  liaplêmo 
usité  en  Bourgogne  jusqu'au  xv"=  siècle,  mais  qu'aujourd'hui  l'on 
ne  rencontre  cpie  comme  nom  de  famille. 

895.  Bettange  olBetting  (Bettingen)  :  de  r.oiio,  -onis,  l'orme 
Iiypocoristi(jue  et  alli'iée  de  l'un  des  noms  -  Herlmundus, 
Hertoaldus,  etc.  —  ([ui,  comme  lierlarius.  ont  pour  premier 
(orme  1  adjectif  Lcrcf.  u  l)iiUant  ».  —  15eLto  entre  dans  la  com- 
position d'un  grand  noinhre  de  noms  de  lieu  l'oniontant  à  r(''po(pu' 
h'anque  (cf.  ci-aprcs,  n"  1010). 

896.  Boulange  (Bollingen),  du  nom  im|)arisyllal)i(pie  noté 
liolo  au  MM''  siècle  et    lîollo  en  8l)2. 

897.  Boussange,  en  II2.S  /inlscnijes  :  de  lîolzo,  forme  hypo- 
corisliquo  de  l'un  des  noms  d'homme  ayant  pnui'  terme  initial 
hnld  ou  liiild  :   Baldricus,   Balduinus. 

898.  Éblange  lEblingen)  :  du  nom  l^balo,  -onis,  dont  les 
lormes  ronumos  sont  Ehlc  au  cas  sujet  et  JiJjhin  au  cas  régime. 

899.  Elvange  (Elwingen),  en  1121  Ilbinga  ;  celte  l'(jrnie 
ancienne  permet  tle  reconnaître  pour  racine  du  vocaldo  le  nom 
d'homme  îlilbo.  qu'on  trouve  dans  des  textes  du  \ni"'  siècle, 
et  (\u\   peut   cire  une    forme   hy poctu'islicpic  du   nom  royal  Chil- 

pr  l'icus. 

900.  Elzange  (Elsingen)  et  EIzing  :  de  l\lso  ou  llso. 

901.  Évrange  (Ewringen),  E/jirin;/cn  en  λ(i3  :  du  nom  Khero, 

((ue   [)orlail  im   personnage   mentionné  par  Grégoire   de    Tiiurs. 
Mhero  drrivi'  du  mot  ehiT,  u  sanglii.'f  >■. 

902.  Féiictrange  iFinstingeni,  dès  1070  /■'iHs/cin/cs  cl  on  1222 
/'lii/lfsi;uii/('.s  :  du  nom  do  femme  Filista  qu'on  rencontre 
uotamnuMil  dans  les  Miraciila  sancfi  Ajiri,  rorits  à  la  lin  du 
i\"  siècli-. 

903.  Florange  (Florchingen),  à  la  lin  du  \\<  siècle  Floringas, 
représonle  visiblement  un  adjectif  l'oi'mé  sur  le  noni  romain 
h'ini-us  :  il  y  a  lieu  d'en  ra|)proclior  FloriiirlJinn  (n"  767)  ol 
l'loi'in(/iii>Z('lU'  (n"  810). 

904.  Gondrexange,  dont  ï.r  est  la  notation  du  son  v/i  —  l'ait 
assez  commun  on    Lorraine  —    a    pour  racine   Te    nom    d'homme 


2:20 


Mos   .N'd.Ms   III':   1.1  la; 


Giiiulericus,  (|u"()n  ri'connaîL  tlans  la  [n-einiùrG  parlii'  des  iiunis 
de  lieu  (iondrecDurl ,  (  Inmircritic  (a"  1139),  C'iiitn'j-crillr 
(\'osL;'es)  :;  Ciuiulericiaca  villa,  cl  luindrcmn  (Meuiihe-cl- 
MoselU"). 

905.  Guéblange  (Geblingenl  :  les  fonnes  médiévales  (hiohol- 
(hiiii/c.';,  ( lii('/)lt'd;i!L<j('H,  (iurljcl(hin(/rs.  [)eiTneLte]it  de  reconnaître 
dans  le  premier  terme  de  ce  vocahle  le  nom  de  femme  G  ihohil- 
dis  ([ui  ligure  dans  le  r*otvpti([ue  d'irniinon;  ef.  Guéblaiige  ' 
(anc.  Meurthe),  en  122."!  Gcljeldiin/cn . 

906.  Guirlange  (Girlingen),  dès  1 148  Hcrildauijes,  dérive  d'un 
autre  nom  de  l'i-mme,  également  connu  jiai' le  INilyptiqiie  d'irmi- 
iion  :  Gerhildis.  La  contraction  remarquable  d(jnl  résulte  le 
nom  moderne  de  cette  localité  s'expli(jue  peut-être  par 'une  l'orme 
intermédiaire  telle  que  (hiirlcihinf/c,  dont  la  dentale  sera  très 
normalement  tombée. 

907.  Inglange  (Inglingen),  de  Ingelo,  -onis,  l'oime  liv[io- 
coiisticpu-  de  l'un   des   noms  1  ugel  hei'lus,   1  ngel  ram  nus,  etc. 

908.  Knutange  (Kneuttingen),  île  Knuto,  nom  qui  lut  porié  en 
Danemark  par  six  rois. 

909.  Lommerange  (Lommeringeni,  dans  le  patois  local  f.m- 
moraii'/e,  du  nom  I  eudomirus,  (|ui  fut  celui  d'un  [)ersomiage 
honoiH'  par  l'I^glise  dans  deux  villagi's  du  département  de  la 
Mai'iie  appidés  Suiiit-Liiniicr. 

910.  Ottange  Oettingen),  du  nom  si  répandu  Otto,  vaiiante 
d'Odo,  que  représentent,  dans  ronomasiiipu'  romaiu'.  lùnlfs  v[ 
Odon. 

911.  Pévange  Pewingen'i  procède  vraisemblablcnient  du  nom 
Pibo,  (pii  fut  porté  au  M''  siècle  par  un  évèque  de  Tuul. 

912.  Piblange  ;Pieblingen)  dériverait  d'un  diminutif  de  Pilx), 

Pil.llo. 

913.  Puttelange  (Piittlingeni,  nom  de  deux  communes  dont 
l'une  est  appelée,  en  lOCi!)  Pulilinga,  [)araît  foiMué  sur  l'utile, 
variante  alamane  du  n(nn  francique  Budilo,  qu'on  trouve  dans 
l''ri''d(';j;aire  :  peut-être  atlesle-t-il  ([uelqiu^  inliltratiim  alamane  — 
explicable  pai'  le  voisinage  de  l'Alsace  —  dans  le  territoire  de  la 
cité  de  Trêves. 

914.  Racrange  'Rakringen),  de  lîatgarius. 


I.   Nom  (liTir'u'l  sons  le  rétîinu'  allcmimil  :  Gebliug. 


()iiii;LM:s   i-uANori, 


•>-l\ 


915.  Rédange  (Redingen\  vu  !J2(;  llailin-a,  àv  l'.ado,  IVuihc 

Inpoiorisliiim'  (le  liallKnlus,    Halhi-rlus,   lladulfus,  r[c. 

916.  Rurange  (Rorchingen),  liii(lrr/.an<jcfn  1:227,  liiirelcnnijcs 
,•11   12!)'.t,  de  lîc.aei-icus. 

917.  Talange  iTalingen),  Tatolin^a  en  Util),  TaU-lin-a  on 
",177,  'l'ahliui^-a  en  993,  de  l\uliU)  oiiTaLilo,  nom  dont  (ui 
.(iiuiaîl   une  l'unne  féminine    :    Tatila. 

918.  Volmerange  ;Volmeringen),  dè.s  le  xn"  siècle  \Vi>lniC' 
rciii/ffi,  de  Volcniarn.s,  nom  fréquent  dan.s  la  ré^j'ion  messine,  a 
ro]io(jue  féodale,  sous  la  forme  Folmurus. 

-oah 

919.  Telle  etail.  peut-on  supposer,  la  forme  ori-inelle  d'un 
sul'lixe  i;i'i'mani([ne  laLinisé  au  nominatif  pluriel  en  -uarii. 
-oarii,  dont,  il  a  été  parlt'  déjà  (n"  864).  1/usa-e  (ju'en  ont  l'ail 
les  Franes  est  attesté,  non  seuleiui'nt  par  le  nom  des  Ilaltuarii, 
mais  eneorc'  [lar  un  eerlain  nombre  d'adjoetifs  i'lhni(|ues  (|ul  ont 
eu  eoui's  ,i\i   n\o\en  ài;'e,   et   ([u'il    iiarail   inlei'essant  il  étudier  iei. 

920.  l.i'  ncun  du  Ila'utniil.  pagus  Ilainans,  a[iparait  bien 
eomme  un  nom  formé  à  la  mode  j^'ormanique  siu-  eelui  d'un  eours 
d'eau,  dans  l'esjjéce  la  Ilaisne.  (.)r,  les  liahitanls  de  ee  pavs  ont 
été  ujipelés  au  moyeu  âge  les  Ilnimnrvs  — •  d'oii  le  nom  de  lamille 
Hennuyer  —  de  même  qu'on  a  des  e\enq)les  du  mot  lUiiners 
[tour  di'siniierles  lîavarois,  Baioarii.  Le  sullixe  ([ui  nous  occupe 
a  done  re\éln,  en  français,  la  lorme  -icr. 

921.  Aux  XI''.  xn*"  et  xui"^  siècles,  les  habitants  de  la  Picardie 
étaient  appelés  Pofiii'rs  ou  Pouhicrs  :  Pouyer  sul)siste  comme 
nom  de  lamille. 

922.  Le  terme  Hraierus  désit;ne,  dans  Orderic  ^'ital  au 
\H''  siècle,  et  dans  Guillaunie  le  lîri'ton  au  \in'\  un  habitant  ilu 
pavs  de  Itray,  aajcnu'd'hui  parlai;-é  entre  les  départements  de 
l'Oise  et  de  la  Seine-Inférieure. 

923.  Le  nom  Gohier  s'applicpiait  oriL;inellement  ;i  un  habitant 
(lu  pays  de  (  umy-en-Gohelle  (l'as-de-Calais)  ;  Gohelle  est  l'alté- 
ration du  nom  Goliicrc,  qui  désii;-nait  ce  pays  au  moyen-ài;;e. 

924.  Les  habitants  d'Anglure  (Marne)  sont  appelés  Anglu- 
riers  :  ce  fait  autorise  à  supposer  qu'à  un  moment  donné  le  lond 
de  la  [)opulation  de  l'endroit  était  entièrement  francique.  A  l'ère- 


222 


LKS     NOMS     m:    I.IIUT 


ChainponoisL'  i^Marne),  les  liabilanls  du  ([uarliur  haut  el  du  ([uai'- 
[\er  bas  de  la  ville  sont  appelés  respeclivein(.'nL  lahoyèrs  el 
labayers  :  on  peut  voir  dans  ces  bizarres  dénominations  l'emploi 
mconscienl  d'un  suflixe  originairement  ^ernumique  inipinii'  l;i 
par  la  famille  Irampie —  la /'<■(/•.(  —  à  bupielle  l'ère-C^ihampenoise 
doit  son  nom  (vdir  n''  875). 


1 


^ 


XLVIII 
NOMS    IIOMANU-FRAXCS    :    EXPOSÉ    PRELIMINAIRE  ' 


'i 


925.  Les  noms  île  liou  l'oinano-tVaiics  Fonnoiil  iiiu'  caléi^'orie  ù 
l.uiLK'IK'  il  c'onvieul  de  s'arrèlor  plus  longucnient  qu'à  celle  ([ui 
précùdo.  Sans  euinpter  iiu'ils  soiil  en  bien  [ilus  yi'and  nunibre, 
tel  d'entre  eux  est  susceptiljle  d'êlre  considéré  de  points  de  vue 
(lillerents,  suivant  que  l'on  s'attache  k  l'un  ou  l'auti'e  des  élé- 
ments qui  le  eonq)osent.  L'étude  qu'ils  a[)[)ellenl  est  passahle- 
lueut  C(.)niplexe  :  avant  de  l'abonler,  on  croit  utile  de  s'ex[)liquer 
sur  la  luétliode  (jid  sera  sui\ie. 

I.  l'oLir  ijualiCior  les  luniis  di'  lieu  fini  ronU'il)uenl  :i  (léuiniilrer  rJLilluL'iiec 
siu- le  nioiiile  j^allo-roinniu  de  l:i  péuélraliiin  IVaniine,  AuL;Uble  L(.inL;iiciii  a 
employé  parfois  l'expression  <•  L;allo-frniies  "  :  olle  lu- Cduvienl,  à  vrai  dire, 
(pi'aux  noms  (]o  lieu  déjà  elles  incideiiiiueid  di"-  248  il  274i  cl  aux  adjeclil's 
iioiniiuuix  ipii  l'ésulleul  1rs  uns  cl  les  autiT-^  de  lu  ccnnliinaisou  du  suflixc 
ci'Uiiiuo  -acus  avi!C  des  noms  mTmani(|ues  de  personne;  il  serait  excessif 
de  l'étendre  à  tous  les  voeabli's  cpii  oui  élé  étudiés  dans  les  chapitres  xi.ix, 
il  i.ir  ;  ces  vocables,  dans  leur  ensemble,  apparliennent  à  un  langage  où 
l'élcment  g-aulois  n'avait  laissé  que  de  faibles  traces,  et  «pTau  ix'^  siècle  on 
ai)pellera  lin<;na  rouiana  :  voilii  pouiquoi  nous  pi'él'érfuis  K's  qualilier  de 
((  l'oniaïui-rranes  >>. 

Nnus  ne  ponviiins,  en  ee  (pu  concerne  ces  noms  de  lieu,  résumer  l'ensei- 
j;iienu'nl  du  niaitri;  en  le  suivant,  eoninu'  ailleurs-,  pas  ;i  pas.  Il  (Hait  indis- 
pensable de  reeonslituer  dans  ce  livre,  en  \  ue  il'une  con-.ulta  tion  cOiihiuhIc, 
telles  énumci'alious  dont  A.  Luu^Mion,  |)0ur  en  épargner  la  monotonie  ;i  ses 
auditeurs,  dispersait  (pielipie  peu  les  élémenls,  anticipant  ici.  et  lii  revenant 
en  ari'ière.  tl'est  ainsi  c|u'au  (!ollè-e  de  iM'ance  (eoui-s  [Udl'essé  eu  18'J0-'.il 
connue  ix  l'iOcole  des  Hautes  Ktudes,  il  s'y  re[irenail  it  deux  l'ois  —  ii  pro[ios 
des  noms  formés  sur  eortis,  et  puis  a\anl  d'en  liniravec  les  noms  de  lieu 
de  l'époque  franque  —  pour  l'iujncer  les  notions  d'ouoiuaslicpie  gerjiui- 
niquc  qu'il  nous  a  paru  convenable  de  grouper  dans  un  chapitre  spécial  — 
le  clia[)itre  i.ii  —  eonlro-partie  des  trois  précédenis,  ciMix-ei  comme  cclui-lii 
traitant  de  la  même  calég-orie  de  vocables.  Imi  un  mol,  nous  avons  voulu 
réaliser  une  division  du  sujet  qui  n'était  (pie  virtuelle  ;  et  c'est  pour  I  indi- 
cpier  que  nous  inlercahuis  ici  le  présent  <■  exposé  préliminaiie  >■,  qu'on 
clierelierail  en  vain  dans  le  m.innscrit  du  cours  du  Colle-e  de  l'rauee,  et 
dans  les  notes,  prises  ,'i  l'iicidedcs  Hautes  Ktudes  par  de.->  auditeurs  d'Au- 
gusle  l,oni;non,  ipii  nous  mil   élé  e(UnmuiiiqiH'i'S. 


i.i:s   No.Ms    iji.    i,ii;i' 


Ces  viifiililcs  n-poiulcMit  au  \-\[)i^  ({ii'nii  pcul  ainsi  caracItM-isiT  : 
lin  nom  c'oimnun,  latin  ou  has-lalia,  élcnu'iil  principal,  à  r>\\r 
cUiipu'l  un  nom  propre  de  personne,  trorigine  germanique,  jour 
le  nMe  de  déterminatif.  Voilà  la  rè^de  g-énerale,  mais  elle  suullVr 
des  e\ce[iticins,  car  il  est  des  noms  de  lieu  dans  lcs(piels  l'elr- 
meiil  noi'manique  n'apparaîL  pas  aussi  nettement,  et  (pio  pourl.uil 
on  aurait  tort  d'exclure  de  la  catégorie  des  noms  de  lieu  romano- 
Irancs.  Tantôt  le  nom  d'homme  n'est  pas  germanique.  Tantôt  le 
dcterminatif  est  autre  chose  (pi'un  nom  de  pei'sonne,  autre  chose 
même  qu'un  substantif.  Tantôt  enlin,  rarement  d'ailleurs,  lo 
détei-minalif  l'ail  totalement  défaut,  et  l'on  est  en  présence  d'un 
mot  isolé.  Ce  mot  —  comme  souvent  celui  qui  l'accoiupagne 
dans  les  deux  autres  éventualités  —  appartient  à  la  langue  des 
GaUo-riomains  ;  mais  l'acception  dans  latpielle  il  est  [)i-is,  l'usage 
auquel  il  est  employé,  étaient  propres  aux  Francs,  et  c'est  bien 
là  ce  (pi'il  faut  retenir. 

ParuH  les  mots  qui,  dans  la  composition  des  noms  de  lieu 
l'omauo-friuics.  constituent  l'élément  principal,  cortis  est  celui 
([u'd  convient  d'étudiei'  le  premier  et  avec  le  plus  de  détail 
^n""  926  à  948)  :  il  fut  de  tous,  sans  conteste,  le  plus  usité  ;  et, 
il  clélaut  de  la  liste,  trop  longue,  des  vocables  dans  lesquels  on 
le  reconmy't,  un  choix  raisonné  de  ceux-ci  sera  l'occasion  de 
remanjues  cpii  seront  formulées  une  fois  pour  toutes,  et  qu'on  se 
contentera  de  rappelei-  brièvement,  lorsqu'à  propos  de  noms  de 
lieu  forniés  sur  d'autres  mots  (pie  cortis,  on  aurait  sujet  de  les 
répéter. 

De  ces  derniers,  deux  parts  seront  faites  :  d'un  côté  (n'"'  949  à 
971)  les  mois  (pii  s'api)liciuent,  comme  cortis,  à  des  lieux  habi- 
tés; de  l'autre  ,  n-  972  à  983)  ceux  dont  l'emphii  osl  l'eiret 
d  une  nu'tonvnue,  car  chacun  d'eux  ilésigne,  propiinuMit.  non 
pas   un  lieu  habité,  mais  le  site  (pu  l'avoisine. 

Après  l'élément  principal,  le  déterminatif.  Encore  un  coup,  il 
s'agit  en  principe,  et  de  l'ait  la  plupart  du  temps,  d'un  nom  de 
personne.  Or,  l'onomastique  germanique  olTre  un  certain  nondire 
de  désiiu-nces  dont  il  est  intéressant  de  considérer  l'évolutinn  au 
point  de  vue  de  la  formation  des  noms  de  lieu  :  c'est  là  unr 
étude  particulière  (n""  984  à  1150)  (pi'on  n'aura  garde  de  négli- 
ger. 


XLIX 

conris 


926.  Le  mol  coi'tis  est  ancien  dans  la  lanyue  latinu  :  il  est 
iMnployé,  au  cours  du  siccle  qui  prcccda  l'ère  chrcUicnne.  [iar  le 
i^Tainiuairien  \'ai'ron,  sous  la  l'oi-iuc  coli  ors,  au  ,i;\'Miilil'  en  Iki  l'I  I  s, 
cl  il  désii;-nail  la  cour  inicricure  dun  ('■lahlisscnienl  rural,  la  cour 
cnLource  [lar  les  ctables  cl  les  aulres  bàlinicnls.  C'csl  lii  le  sons 
priniitii',  originel,  de  ce  mol.  celui  qu'on  retrouve  au  premier  siècle 
de  notre  ère,  chez  l'agronome  Columelle  ;  le  sens  de  «  troupe 
entourée,  palissadée  »  —  d'où  le  terme  militaire  «  coliorlc  o  — 
est  leirel  d'une  métonymie. 

Le  sens  primitif  a  s'absislc,  et  il  a  donné  en  fraue^'ais,  par 
exemple,  le  mol  raar  ;  tenitelois,  dans  le  lanyage  îles  campagnes 
le  mot  cohors,  réduit  à  cors,  et  employé,  même  au  nominalil', 
sous  la  forme  coi'tis,  originairement  g('nitive,  ne  désignail  plus 
simplement  la  cour  de  la  ferme,  siègt'  du  donu\ine  rural,  ('/est 
grâce  à  ce  (jue  la  partie  a  été  prise  pour  le  tout  tpie  le  mot  cor- 
lis  est  devenu,  non  seulement  un  synonyme  de  villa,  c'est-à- 
dire  d'  «  exploitation  rurale  »,  mais  aussi  un  véritable  écpiivalent 
de  notre  nu)t  n  domaine  »,  et  Ion  N'oit,  ilans  la  M /a  sniicti  Pln- 
cidi,  qui,  en  son  premier  étal,  date  du  vi'"  siècle,  im  personnagiî 
possédant  en  Sicile  «  plusiem-s  corles  très  riches  et  de  bon  pro- 
duit, contenant  bois,  eaux_  et  coiu's  il'eau,  moulins,  péclieri(>s, 
chacune  cultivée  \n\v  cpiehpics  centaines  ilesclaves  >.  A  celle 
époque,  fundus,  praedium,  ager,  villa,  cortis,  étaient  des 
termes  conqilètement  synonymes,  et  c'est  au  sens  de  «  domaine 
rural  >•  que  cortis  ligure  en  de  nombreux  noms  de  lieu  composés 
de  l'époque  niérovingienue. 

Là  ne  s'arrêtent  pas  les  éNolutit)ns  de  cortis  ou  de  couii, 
forme  romane  de  ce  mol.  Comme  il  désignait  tout  domaine  riu'al, 
et  par  consc(jnc'nt  la  résidence  riu'ale  du  roi  et  des  seigneiu's,  on 
Les   nnins   ,/<■   lien.  1  .> 


■2-2^\ 


a])|)ol;i  (lu  nom  dr  ro;//7  \c.  sièi^-c  île  la  justice  du  mi  (lu  des  sri- 
giieuis,  le  lieu  où  le  roi  ou  lus  seigneurs  reiulaicnl  la  jusliee,  puis, 
enliii,  (ouLe  assemblée  char^-i'e  tle  rendre  la  justice,  (yesl  lur^iiue 
K  cour  1)  commença  à  devenir  synonvnie  de  «  siè^:;-!'  dv  justice  .> 
([u'une  conl'usiou  l'acilement  exidicalde  se  proiluisil  dans  rcspril 
des  i^-ens  inslruils.  U)uehant  la  l'orme  latine  de  ce  nmt  :  c'est  |i;ir 
suiLc  de  celte  eoidusion  i(u'(mi  écri\it  plus  d'une  l'ois  curia  au 
lieu  (le  curlis  ou  eortis  dans  d(>s  nunrs  de  lieu  composes  (lui 
datent  de  répo(|ue  mérovingienne.  Mais  le  mol  curia  qui,  vi\ 
latin,  désigna  d'abord  le  Heu  où  le  Sc'nat  s'assemblait,  et  par  sinte 
le  lieu  de  réunion,  la  salle  de  sé'ance,  il  luie  assend)lee  quelconinie, 
n'a  rien  à  voir  ilaiis  rétvnioloj.;ie  du  mot  français  u  cour  .),  (piellc 
que  soit  son  acception  —  mot  ([lù  devrait  s'écrire  réi^ulièrcmcnt 
court,  la  perte  du  /  linal  étant  due  à  riniluence  du  latin  curia 
—  ni  dans  celle  des  noms  de  lieu  qui  présentent  ce  mot. 

Le  mot  coiirl,  au  sens  de  .■  domaine  rural  »,  paraît  avoir  été 
j^énéralement  préféré  au  mot  villa  par  la  [)lupai-l  des  nalioirs 
_i^-erinani([ues  qui  envahirent  les  provinces  occidentales  de  l'iùn- 
pire  romain.  On  le  ti-ouve,  sous  les  formes  eortis  et  curtis,  dans 
les  lois  de  plusieurs  des  nations  bai'b;ires  :  \\'isi^(iths,  IJour- 
g-uignons,  Francs  Saliens,  Lombards  et  P.avarois;  mais  aucune 
nation  ne  ralïectionna  au  ménu'  ile^ré  que   les   Francs. 

927.  On  l'enconti'c  des  muns  de  lieu  formés  à  l'aide  de  eortis 
dans  la  l>ouri^-U!;-ne,  la  Franclie-Clomté,  et  les  parties  de  la  .^uisse 
ipii  avoisinent  le  .lura,  mais  suitout  dans  les  pays  où  s'établirent 
les  hommes  de  i-ace  franipu'  :  Lorraine,  Champagne,  Artois, 
Picardie,  lle-de-l''rance  ;  ils  sont  |)lus  clairsemés  dans  l'Orléa- 
nais, le  (.hartrain,  le  Vendômois,  le  Maine,  la  Ncuanandie,  l'.Vn- 
j(Ui,  la  'l'ouraine  ;  an  delà  de  la  Loire  on  n'en  voit  qu'entre  ce 
lleuve  et  la  Saiddie  ;  encore  cette  bande  de  terre  dépendait-elle 
de  1  <  )i'léanais.  Parmi  ces  derniers  [)a\-s,  c  est  le  Maine  qui  on 
oll're  le  plus  grand  nombre  :  le  fait  ne  semblera  pas  surpre- 
nant, si  l'on  se  rap[)elle  ipi'au  temps  de  Clovis,  le  Mans  était  le 
chef-lieu  d'un  petit  l\tat  franc  où  ré'gnail  lUgnomir.  D'ailleurs, 
on  a  pu,  pai'  des  fouilles,  constater  l'existence  dans  le  Maine 
d  un  dot  de  popul.ition  gei'uianiipie  ;  ci  d'une  manière  gén('Tale, 
la  hmite  de  la  cidonisalion  germani(pie  en  (îaide.  telle  inie 
1  élude  (les  noms  de  lieu  [)ernnd  de  la  tracer,  ilill'ére  peu  de  celle 
(pu  r(''sulle  de  la  carte  des  cimetn''res  mé'roA'ingieus  dressée  \ei's 


'i 


iiiiii;im;s    i'ka.mji  r:s    :    ronris  -J.  i 

IS77,    iioiu'    la    (loininission   de    t()|ii)>;-i'aplnc   des    (laiiles.    |iar    le 
|)'   Ilaiiiv  '  :  clic  est  sculi'UK'nl  un  [U'u  plus  pi-i'cisc  . 

928.  1m)  deçà  de  celle  limilc  le  mol  eorlis  leiiail  Irop  de  place 
dans  le  lani;'a,^'e  eoui'anl  pour  ap|)araili'e  dans  la  l(ipen(imasli([ue 
aulrenienl  (pi'en  e(ini[)osil,i()n.  Il  faul  s'éloiy-ner,  [Kirlois  heauenup, 
de  la  n'i;ion  soumise  à  riulluenee  IVanque  pour  découviar,  1res 
rares  cl  très  disst'nuiU'S,  dos  luims  de  lieu  représentant  e(>  mot 
«■niplov.-.  seul  :  Cours  (Lot.  Nii'vre,  lllu'uie,  Deux-Sévrcsi, 
CourS-'/e-/'/7e  (Dordo-ue!,  CourS-/e.v-/;,7/^î.v  (Cnn.ndc).  CourS-/e.s- 
llirrrs  îCJier),  ainsi  (|ue  Cour-.s;;/'-/.n//-c  (^Loir-el-Chen.  (diacuni' 
de  ces  localités  doit  vraisi'udjlaldenient  son  ori-ine  à  nu  domaine 
rui'al  dont  le  propriétaire,  do  race  rran(|iie,  avail  importé  le  mot 
eorlis.  rem[irunlaul  à  la  lauL^ue  adoptée  dans  la  contrée  d  ou 
il   venail. 

929.  Le  domaine  rural  désii;né  à  répo([ue  mérovin-iennc  par 
ce  mol  constituait  le  plus  souvi-nl,  en  raisim  tics  liabitalimis  des 
tenanciers  et  île  leurs  fanHllos,  un  vc-ritable  villa^'o.  Vodii  [lour- 
(uioi,  (Unis  les  parties  de  la  Suisse  (lul  s(uit  situées  à  la  limile  des 
langues,  et  oîi  corlaines  localités  ont  à  la  fois  un  nom  français  et 
un  nom  allemand,  on  voit  le  mot  rmir.  terme  initial  du  premier, 
traduit  dans  le  seeoiul  par  tbirf  :  Gourcelon  -  Solleildorf  ;  — 
Courchapoix  -=  Gebstorf  ;  —  Courgenay  =  Jennsdorî  ;  —  Cour- 
rendlin  ^^^  Rennendorf  ;  —  Courroux,  de  Coriis  lîodoldi  --^ 
Lliltelsdorf.  i)our  Jtulolsilurf  ;  —  Corban,  pour  Courh.mn.  de 
Cortis  r.attonis  -^  Battendorf  ;  ces  localités  appartiennent  au 
cant(ui  de   r.orne. 

930.  On  remar((uera  parées  l'xemples  ([ue  d.ins  \v  nom  alle- 
mand, il  la  dilVéïHMice  de  ce  ipii  se  pi-oduit  dans  le  nom  IVaiieais, 
le  lerme  piancipal  esl  ivjidé  à  la  lin.  la  première  place  étant 
tenue  par  le  déterminalil'  :  c'esl  la  ra[i|dlcatinii  d'une  rei;-le([Ui. 
dans  la  toponymie  gcrnuinique,  ne  souIVre  jias  (re\ce[)lions.  .Vu 
contraire,  dans  les  u'uus  romans,  ainsi  ipron  va  rol)ser\-er,  le 
déterminalil' occuiie  tantôt  la  première   place,  tanlAt  la  deriuere. 


1.  .Viusi  qael'n  si-nalé  M.  Snlomou  Wcuv.xch  illrvur  ;,rrl,ri,ln,;i</w,  l',ll">. 
II,  -H'-K  cl  (:al:iln</ui'  illuslrr  du  Muser  i!rs  ^iiil i'juilrs  ii.ilionaUs  :ui  cli:ile:iu 
,lr  S:,inl~(;rnn:un-rn-La;/r,  1,  IS'.).  les  cm  Les  .Iressérs  pour  la  Coniniissina 
,U'  loiui-iai.léie  (les  (lanle^.  el  nulanimeiil  crlU'  iK'  la  ■■  C.aiiK'  iiiérMxiii- 
UUMiur  .,  sniil  acIuellenuM'l  .léposos  dans  un  cahiiiel  dn  nuisri.'  de  Sainl- 
(iiMin  ain . 


228 


i,i:s   .NOMS    m;   i.ii:r 


Ik'Ui-i  (VAi-bois  de  .lubainvillo  éiiu'LlaiL  à  fc  propos  ropiiiion  (pie 
la  disposilioii  qui  donne  la  seconde  place  au  déteianinatil  est  plus 
moderne  que  celle  où  le  détemiinatif  iii;uro  en  lète  :  (pie,  p;ir 
exemple,  le  nom  BoiujipuL  Uaudei^-isi  li  vallis,  apparlicni  ;i 
répotuie  mérovini^'ienne,  tandis  ([ue  }'aut/irnnl,  ^  a  Uis  (  "li  ran.l  i. 
date  seulement  du  xiu''  sièle  ;  que  Nova  Villa,  Xcantlle.  est 
plus  ancien  que  Villa  nova,  Mllcnciin'.  ([ui  serait  une  loiine 
contemporaine  du  nom  de  \'aui;iiard.  On  peut  étayer  ei'Ite  théo- 
rie de  faits  qui  sendjlent  pioi)ants;  mais  [lour  peu  qu  on  aille  au 
fond  des  choses,  on  s'aper^H'if  combien  elle  est  décevante,  et 
l'on  est  forcé  de  reconnaître  ((ue  les  deux  constructions,  les  deux 
dispositions,  existent  dès  l'époepie  frantjue.  l'^t  l'on  est  amené  à 
constater,  dans  les  noms  romans  de  la  pt'rioile  nuMovin^ienne. 
deux  courants  dill'erents  :  le  courant  L;-ernuini([ui\  oii  l'ordre  des 
mots,  rég'lé  sans  appel,  dcuine  toujonrs  la  [)remn''re  place  au 
déterminatif  ;  elle  courant  romain,  cpii  laisse  d  abord  une  cer- 
taine liberté  d'acli(m,  mais  qui.  a[M-ès  plusieurs  siècle--,  arriva  à 
rejeter  le  déterniinalif  à  la  lin  du  mol.  ^'onformément  ii  I  usai,a' 
(pii  a  prévalu  dans  la  lani^ue  française.  Mans  les  noms  (h^  lieu 
formés  k  l'aide  du  bas-latin  cor  lis.  et  qui  sendjlent  caractéris- 
tiques de  la  colonisation  franque,  le  courant  germanicjue  l  em- 
porte de  l)eaucou[). 


931.  Said'  lie  rai'cs  exee[)lions  (pii  seront  signalées  plus  loin 
(n""  943  à  948),  le  mot  cortis  est  combiné  avec  un  nom  propre 
d'origine  germanique  qui  rappelle  l'un  des  premiers  possesseurs 
de  lacortis.  Parfois  ce  nom  paraît  aussi  dans  l'appellation  de  telle 
ou  telle  dépendance  de  la  cortis.  C'est  ce  ([u'on  observe  à  Cour- 
hetaux  (^Marnei  ;  le  nom  pi-iinilif  de  ce  \illage.  Cortis  lîer- 
toahll,  a  ])our  secoiul  élenu^nt  un  non\  d  homme  i[u  au  vn''  siècle 
la  cbronî(pie  de  Frédégaire  applitpiait  a  \u\  nudre  du  palais  au 
royaume  de  Bourgogne,  et  (pii,  après  avoir  été  usité-  au  moyen 
âge  comme  nom  de  baptême,  subsiste  aujourd'iuii  comme  nom  de 
famille  sous  les  h)rmes  Jk'iiuinl,  Jlef/;ui.r\ti[,  vers  le  Jura,  I'htIIioiI 
et  Bcrlkninl.  Or,  ce  nom  ligure  à  Courbetaux  —  on  devrait  d:rc 
Courberlanr,  mais  par  un  phénomène  de  dîssimilation  assez, 
commun,  la  seconde  /■  a  disparu  —  non  seulenumt  dans  1  appel- 
lation de  la  commune,  mais  dans  celles  d'un  ruisseau  et  d  un 
bois  de   son  terrîloire,  le  nn-H.ir/aud  et  le  Bois-ljcr/und. 


uitw;i.M:s   KinMiriis 


•2-l\) 


932.  Ia'  mot  l);is-lalin  cortis  se  piH'senle  aujovircriiui  sous  une 
l'orine  uuiciue,  l'L  cori'ccto,  ranrt.  \ovs^\\\\\  esl  iMuployé  —  c  «'sl 
!('  cas  de  beaucoup  le  plus  frcqueuL  —  couiuie  élénuuiL  liiial  : 
Cmulrerourl,  Ihiucourl,  Vinidoiivaiirl  :  à  cette  place  rien  ne  le 
cniuprinie,  et  il  reste  toujours  lui-même.  En  revanche,  s'il  ligure 
en  lète  d'un  nom  de  lieu  de  deux  ou  trois  syllabes,  sa  lorme 
rcunane  est  susceptible  d'altérations  plus  ou  nu>ins    imiiortantes. 

933.  l'.llc  n'échappe  a  t'cs  altérations  qu'il  la  conditit>u  d'être 
suivie  d'un  son  voyelle  :  Courtabœuf  (Seine-el-Oise)  -;:  C. 
Acbodi;  —  Courtabon  .Indre-et-Loire):^--:  C.  Abbonis;  — 
Courtagnon  (Marne)  -=  C.  lIai.;anonis  ;  —  Courtangis  (SarLhe) 

-r:  C.  Anse-isi  :  —  Courtenot  (Aubei  — -  C.  .Vmult'i;  — 
Gourtoin  (Yonne)  =  C.  Audoeni:  —  Courtomer  (Seine-et- 
Marne)  ^  (-.  .\udoniari,  vraiscinblablenienl . 

934.  Le  /  linal  subsiste  aussi  ilans  les  noms  de  lieu  du  dép.ir- 
lement  île  l'.Vin,  les  plus  méridionaux  de  ceux  l'ormés  sur  cortis, 
dans  lescpiels  ce  mot  est  devenu  curi  :  Curtablanc,  Curtafond, 
Curtafray  =  C.  Acfredi,  Curtalin. 

935.  Devant  une  consonne,  cortis  <levieut  le  plus  ordinai- 
remeid  cnur  :  Courbouvill  (.\isne)  (1.  Kovane;  —  Cour- 
bouzon  (  Loir-ct-Clu-r)  (",.  Hosonis;  —  Courcerault  (()rnei  = 
c:.  Ceroldi  ;  —  Cotirgivaux  (Marne)  :=  (1.  ('.ibt)aldi  ;  —  Cour- 
tOUlin  (Sarthe)i-:  C.  Dodoleni. 

936.  Parfois  cepemlant  ïn  latin  s'est  maintenu  en  français 
sans  prentlre  le  son  0(/  :  Corcundray  (l)oubs)  ---  C  Gundi-adi; 

—  Corîélix  (Mariu')  -  C.  Felicis  ;  —  Corgebin  (Haute-Marne) 
=  C.  Gibuini;  —  Corgengoux  (Côte-d'Or)   =:    C   Gan-ulfi; 

—  Corgoloin  (Gôle-d'Or)  =:  C.  Godoleni  ;  —  Cormolain  Cal- 
vados) r=  G.  Modoleni;  —  Gomantier  (Marne)  =  (].  Nan- 
tharii;  —  Gorquelin  (Aube)  ^-::  G.  r.occoleni;  —  Gorribert 
(Marne)  r-  C.  P.  ii;ober ti  ;  —  Gorricard  iLuie)  -- -  C 
llichardi  ;  —  Corrobert  (Marne)  --:^  G.  Potbcrti  ;  —  Gortam- 
bert  (Saône-et-Loire)  =  C.  Ansberti,  etc. 

937.  Gn  [)eut  citer  quehjues  exemples  de  cor  pour  cortis  ini- 
tial, ayant  perdu  Yr  par  suite  de  circonstances  diverses,  mais  non 
toujours  appi'éciables  ;  dans  ce  cas,  la  fornu^  vulij;aire  du  nom  de 
lieu  est  assez  altérée  pour  c[u'en  l'absence  de  textes  anciens  on 
hésite  à  se  prononcer  sur  son  orii;int'  :  Gocloix  (.\ube)  et  Goclois 
(Saône-et-Loire)    -^  G.    Glaudia;   —    Corabœuf  '  G,(Me-d'(  )r')    =:= 


230 


Ll'lS     .NOMS     IIIC     [AVX 


(].  lialliiidi;  —  Cosdoil  Aulic),  proiionti'  Cùilnn.  v\\  I  l.t^S 
Cuitinliin  :r=^  C.  Oddonis;  —  Coizard  M.iiiic'),  t'U  lliii  Cnhci- 
rarl  et  en  ViTo  C'nirurl  =  C  II  a  i  rlianl  i  ;  —  Golléard  (Marne. 
=  C.  Lielharili  ;  —  Golligis  (AistU')  —  C.  Lict^isi  ;  —  Colo- 
nard  (Orne)  =^^  C.  Leun-iudi;  —  Commarin  ((^ntc-d'Or,  .^s- 
(].  Mariani. 

938.  Cette  eliule  de  Yr  s\'s(  produite  aussi  alors  que  l'o  de 
eorlis  était  devenu  nu  :  Coubert  (Seine-et-Mai-ne),  au  xin''  sit'cl.' 
Cor/jc-ird  \  —  Coubertin  (Seine-et-Marne,  Seine-i't-(  )isc  i  ^ 
(].  Herlane;  —  Goulandon  (Allier 'i  :^  C.  Landonis;  —  Cou- 
levon  (Ilaule-Sanne)  =  C.  Levonis;  —  Goulimer  et  Coulmer 
(Orne',  —  (].  I.ietniari;  —  Goupvray  St'ine-et-Mani.'  — 
(].  Protasii;  —  GoutamOUX  I  Yonne)  ==  C.  Arnulli;  —  Gou- 
tevroull  (Seine-et-Marne)  =  (].    MheiuU'i. 

939.  La  syllahe  initiale  proeédant  de  eorlis,  et  altérée  par  la 
eliule  lie  !'/•,  s'est  parfois  nasalisée,  la  nasale  étant  uni-  //  ou, 
diM-ant  une  l.ihiale,  une  //;  :  Goillbertault  .(létu-d'Or  :^  C.  lîer- 
loaldi  ;  ef.  Cniirhelnux  m"  931 1  ;  —  Goniblaiichien  Côte-d'Ori 
--  C.  lUaneane;  —  Gompertrix  (Marne)  =  C.  lîeririei;  — 
Goncevreux  (Aisne)  =  C.  sujierior;  —  Gonfavreux  lAisiu-;  = 
c.   l'ahroruni  ;    —  Confrançoil  (Ain)  r=-  C.  Francionis. 


940.  Si  le  mot  eorlis,  employé  seul,  n'a  pu  constituer  un 
nom  lie  lieu  dans  les  rén'ions  sitiu'os  cii  dci;ii  de  la  Loire,  il  n'en 
est  pas  de  même  de  son  dérive  eortiet'lla,  lormé  à  l'aide  d'un 
suflixe  diminulif  fort  usité  en  latin  vulgaire,  et  qu'on  tr(Ui\e  en 
fraïK^'ais,  par  exemple  dans  les  mois  maseulins  lioitrciii,  ni<in- 
cc;iu,  jionccau,  et  dans  le  mot  réminin  nuccllr. 

(lortieella,  e'esl-à-dire  <(  le  pelit  domaine  »,  est  l'cn^i^ine  des 
noms  de  lieu  suivants  :  Corcelle  (Ain,  Doubs,  Saoiie-et-Loiie\ 
Gorcelles  (Ain,  Cote-d'Or,  Jura.  Nièvre,  lîliône.  Ilaute-Saone, 
S;iône-et-Loire),  Gourcelle  (l>oul)s,  Loiret,  Nièvre,  l'as-de- 
Culais,  Ilaute-Saone,  \'ienne|.  la  Gourcelle  (CliarenLe,  Cher, 
Creuse,  IIauLe-\'u'nne,   Vcuine),  Gourcelles  (Aisne,  Aul)e,   Clia- 


I.  Ce  cli'iuirlemenl  se  Inun.nil  e(>iii|.IM(Mii<Mil  eu  (leiims  de  l;i  ré^inn 
iléeille  plus  IkiuI  ir  927',  ii(,iis  |,n,|,.,s,,n.s  .rèlcii.lre  a  Cnul.-UJ'/uii  V\,\\h,- 
llii'-se  r<iniuilée  lu"  928  au  Mijel  .le  loi  i-iiie  .les  |. .,;,  lil.-s  iI.miI  le  leMii  iv|.iV- 
srnle    eorlis  ein|]l(i\  i'  seul. 


((UICINKS     KHAN  1,1  mOS 


2:n 


r.  nti-Infôricurc,  (Jôlf-d't  >i',  (-rL'iisc,  iJuubs,  luu'c,  liHlrc-ul- 
!..ilii<,  Ldii'-et-ClKT,  Loiret,  Mai'iie,  1  UiuU'-i\Iaiiir,  Mayuiuic, 
M>'iirlho-i'l-M(isello,  ÎNIcvise,  Nièvre',  Oise,  l';is-(le-('-;il;iis,  Sarllio, 
>.'iiie,  Seiiu-Iiilerieui'e,  Seine-cL-Marne,  Seiiu'-el-(  )ise.  Somme, 
\Hst;-es,  '^oiine).  —  (Mi  n'a  pas  lieu,  seiiihle-l-il,  de  (listi)i;^uer, 
|i;irini  ees  noms,  eeu\  (|ui  se  lerminenl  |iar  une  s  ;  ainsi  sont  éeriLs 
inijourd'liui  lieaueoup  de  noms  de  lieu  donl  la  l'orme  primitive 
préseulait  une  finale  nuu'lle,  sans  apparenee  de  pluriel. 

941.  Il  est  il  remaripiei-  (jne,  dans  l'rnuméi-alio]!  (pii  préeède, 
les  noms  d(ml  l.i  premiii-ie  svllaKe  alïï'ele  lu  l'orim-  cnr  appar- 
tiennent  à  la    i'éi;-ion  l)oui-^uii;iuume. 

942.  Corccllr,  Courcclle  et  leur  variante  picarde  Courvlu-llr, 
—  ipi'ûn  rencontre  parfois  dans  les  textes  —  i)ien  (jue  résultant 
(le  la  comljinaison  de  cortis  avec  une  désinence  diminutive, 
n'ont  pas  laissé  de  foiMiier  à  leur  tour  des  diminulifs,  d'adleurs 
plus  modernes  :  Corcelelte  ^Ain).  Corcelolte  Douhs,,  Cource- 
lette  (Somme!,  Courcelotte  (Cùte-d'On,  Gourchelettes  (Noidj; 
autrement  dit  «  le  jietit  Cloreelles  »  ou  «  le  petit  (lourcelles  ». 


Dans  les  ncmis  de  lieu  formés  sur  eortis,  le  déternùualit  est 
d'ordinaire  \\n  nom  de  personne  i^ermanique  .  mais  il  n  en  est 
pas  toujours  ainsi,  ([uelipies-uns  des  exemples  (|ui  vieniu'nl 
d'être  cités  l'attestent.  La  rè-le  -énerale  a  des  exceptions,  (jui 
vont  être  t'xaminées. 

943.    Tantôt  cortis  est  combiné  avec  un  adjectif. 

Cortis  dominica,  «  le  domaine  sci-neurial  »  :  Courdemanche 
ll'.ure,  OriK-,  Sarthei.  Courdemange  (Marne),  Courdimaiiche 
Scine-(  l-Di-e),  Courtenianche.  ^  Sounne'i.  —  Avec  villa,  (luiest, 
on   le  veri'a   plusl<un,u"  950  U  un  svnouvme  de  eortis,   le    même 

adjectif  a  produit 'Villcdomaiige  iMarnej,  "Villedemanclie  Puy- 
de-Dôme),  Demangevelle  (Haute-Saône)  et  Dimancheville  'l'.ure- 
et-Loir,   Loiret). 

Coi-tis  su])erior,  <>  le  domaine  d'en  haut  "  ".  Coiicevreux, 
(cf.  n"  939',  en  12'i'(-  Conu-vrciis.  —  L'adjectif  se  comporte  sen- 
siblement de  nu'-me  dans  Moiltseveroux  (Isère),  (|ui  l'cpond  à 
Alons  superior,  tandis  (jue  MoilSteroux,  nom  A'wm-  loe;dité 
toute  voisine,   représente  Mons  subtericjr. 

Cortis  jusana,  "  le  domaine  d'en  bas  »  :  Courgeremies 
(Aube),    au    \n''    siécU'    Ciir/jusninr.    dont    ré(|uivaleid   Juzenne- 


:^:!2 


i.Ks   .NOMS    ni;   i,ii:i- 


court  (llauLe-Marne),  cillre  la  tlispusilion  inverse  des  termes.  -- 
La  racine  de  l'adjectif  bas-latin  qui  est  ici  mis  en  cause  est  oelli' 
que  reproduit  notre  vieil  adverbe  Jus,  «  en  bas  »  ;  peut-être  crt 
adjectif  entre-t-il  dans  la  composition  du  nom  de  Ju/.anvii^iiv 
(Aube),  en  11  ïfî  Jusenolsncir. 

Ilomana  cortis,  «  le  domaine  romain  o  :  Romaiuecourl 
(Aube). 

944.  Tantôt  le  délerniinatif  de  cortis  est  un  nom  comimiii 
désipi'nant  le  possesseur  du  domaine. 

Abbalis  cortis  :  Abbecourt  (Aisne,  Oise).  La  dignité  ajibu- 
tiale  tient  lieu  de  la  personnalité  du  possesseur  (cf.  ci-dessus, 
n"  738  :  Abbating-a);  le  nom  semi-germanique  Abbatis  //,(//( 
était  |>orté  au  ix'^  siècle  par  une  possession  de  Fabbave  de  Sainl- 
liupiier,  qui  paraît  avon-  ilomié  naissance  au  vilhiL;-e  d'Aulhic 
(Somme).  —  Cf.  Abbeville  îSeine-el-Oise,  Somme,  AbbéviUe 
(Meurthe-et-Moselle);   —    Ab].>atis    villare    a   donné    Abbevil- 

lers  (Doubs). 

Cortis  monas  terioli.  a  le  domaine  du  petit  monastère  ■!, 
aujounriiui  Connontreull  (^Marne),  appartenait,  au  ix"  siètle,  à 
la  lameuse  abbaye  de  Saint-llemy  de  iteims;  celle-ci,  sans 
doute,  l;i  tenait  d'un  monastère  moins  inqxirtant  cpii  lui  avait  été 
soumis. 

945.  Ailleurs  cortis  est  combiné  avec  un  nom  propre  collec- 
tif, ou  pour  mieux  dire  avec  un  nom  de  population. 

Auménancourt-/c-6'/v(/((/  et  Auménancourt-/.'-y'c///  (^Llr^e)  = 
Alamannorum  eortis,«  le  domaine  des  .Vlamans  »  (cf.  n**  528). 

Conf recourt  (Aisne)  =  Cortis  Lrancorum  ;  il  va  sans  dire 
que  cortis  n'est  aucunement  représenté  par  la  dernière  svllaljedu 
nom,  comme  poui'rait  le  faire  croire  le  /  qui  la  termine  à  tort.  — 
On  peut  i-approclier  de  ce  nom  la  plupai't  de  ceux,  éiiunn  rés 
plus  haut  in"  536).  cpd  ra[q)ellent  le  somcjiir  des  colons  francs  de 
la  (îaule  romaine. 

946.  Le  nom  de  Gonfavreux  (Aisne),  déjà  cité  (n"  939),  olîre 
un  exenqjle  de  composition  un  peu  dillerente,  et  siMuble  indiqui'i- 
(pie  le  village  était  occupé  par  une  population  iutlusti'ielle. 

947.  Voici  maintenant  une  série  de  vocables  qui  rentrent,  'i  la 
vérité,  parmi  ceux  dans  lescjuels  cortis  est  accomj)agné  d'un 
nom  de  personne  ;  ils  n'en  constituent  pas  luoins  une  exception 
à  la  règle  généi'ale,  car  ic'i  les  noms  de  personne  arpartienn.Mil 
à  l'onomastique  l'omaiue. 


! 


(IHK.I.M-.S     l-'HANnl'i: 


:iii<  m 


■i:v.\ 


(!.  (llaudin  :  voir  ri-dessus  n"  937. 

(  ;.   l-'clicis  :  voir  n"  936. 

C.  GeiU'sii  :  Gourgenay  (Calvados.  Yoiuu',  et  eanloi)  de 
rxM-ne),  Courjeonnet  (Marne). 

c.   Palladii  :  Courpalay  (Seine-et-Marne). 

C.   Prul  asii  :  voii-  n"  938. 

Cvrici  c.  :  Circourt  (Meurthe-et-Moselle,  Vosi;-e.s). 

.lovini  c.  :  Juvaincourt  (Vos-es),  Juvincourt  (Aisne). 

Martini  e.  :  MartillCOUrt  lArdennes,  Meurtlie-el-Moselle, 
Meuse,  Oisei. 

Mauri  c.  :  MauCOUrt  (Meuse,  Oise,  Somme),  Maurcourt 
iSeine-et-Oise'.  Morcourt  (Aisne,  Oise,  Somme).  —  Minimiirl 
était  le  nom  du  villai^^e  sur  remplacement  du([uel  tut  édiliée  la 
ville  de  Vitry-le-Franoois. 

Pétri  c.  :  Pierrecourt  (Ilaute-Saùue,  Saône-et-Loire',. 

Uemig-ii  e.  :  Remicourt  (Aisne'.  —  I\emuourt  Alarnei  était 
à  l'origine  llimncufl . 

lU)mani  c.   :  Romaincourt  (Seine). 

Sulpitii  c.,  ou  mieux  Suplitii  c.   :  Souplicourt  (Somme). 

948.  Une  dernière  série  d'exceptions  à  la  règle  générale,  beau- 
coup plus  importante  cpu-  celles  cpii  précèdent,  se  compose  d- 
vocables  dont  le  délerminalir  est,  non  pas  un  ninn  propre  de  per- 
sonne, mais  un  adjectif  formé  à  l'aide  du  sullixe  -acus  ou  -lacus 
sur  un  nom  [iropre  de  |)ersonne,  soit  germanu[ue,  soit  romain  ; 
la  persistajice  en  Gaule,  k  répo([ue  franque,  de  l'usage  île  ce  sul- 
lixe a  été  précédemment  signalée  ii"~  247-274)  '. 
Aln-iniaca  c.  :  Évergnicourt  (Aisne). 
Aculiaca  c.  :    Aguilcourt  !  Aisne  i. 

I.  Les  cli.irles  de  l'iibliave  .!(>  Cor/.e  ronniisseiit  de  curieux  e\ein|iles  de 
l'usaye  lie  ces  adjeelH's  iioininaux.  i'uiir  iiV-n  eitei-  ([u'uii,  (Hi  peul,  ^^^  ci' 
passage  :  in  Dodene-a  fine,  vol  in  ipsa  villa  que  vucatur 
Dodona  curlem,  iuleier  que,  le  villa-e  acluel  ivilla  de  Duncourl-aux- 
Templiers  , Meuse  elaut  appelé  Do.luuis  coilis,  ,ni  apidiquail  à  son  lor- 
ritoire  i^l'inisi  un  adjceli!  en  -i  a  e  n  s  Ipar  allération  -eyus'i  Un-mv  sur  le 
nom  d'iioinme  Y)oAo.  L'un  de  nous  ayanl  elierché  iMnimsin,  111,  la  et  Sri 
à  liror  parti  de  ce  l'ail,  croit  devoir  alle^ler  iei  ([u'il  a\ail  eiiUuulu  An-usle 
Lous'uoii  renoncer  dans  s.ui  cnsei-nenienl.  —  Les  .■uunu'TaUon.s  cpi  on 
trouve  aux  payes  x  el  xi  du  Dirlimin.urf  loin„jr:iphi'iilr  dr  la  Mann- 
comprennent  un  certain  nombre  de  vocables  dans  les(|uels  on  voiLun  adjec- 
tif nominal  en  -acus  suivi,   non  plus, le  , M. ri  is,  mais  de  v  i  1  I  a  (BétlieniviUc 


'23', 


LKS    NOMS    liK    LlKt: 


A  1  l)orici;ii:i  c.  :  Auberchicoiut  i  Nord  ) . 

AKliiuuca  c.  :  Audigiiicourt  (Aisne). 

Anynliacii  c.  :  Aiiguilcourt  (Aisne).  v» 

An  laça  c.   :   AgnicOlirt  (Aisne.  Oise,  Somme  i. 

IJaldiniaca  e.  :  Baudigiiécourt  iMeuse). 

Jk'i-liniaca  c.  :  Berthenicourt  (Aisne). 

lîettiniaca  c.  :  Bétiguicourt  lAnlie).  —  CI'.  Béthoiiiville 
(Marne). 

Uerhnariaca  c.   :  Berméricourt  (Marne). 

Gerniaea  e.   :  Gernicourt  (Aisne). 

(indiniaea  c.   :  Guignicourt  I  Aisne,  Ardennes). 

Liniosiaca  e.  :  Melzicourt  (Marne  .  oriL;inidlen\Mnl  l.i'iiirsi- 
cuiirl . 

Mnliaea  e.  :  Muscourt  (.\isne). 

Poneiniaea  e.  :  Poiltséricourt  (Aisne). 

l'di-cai'iaea  e.  :  Pixerécourt  (Menrllie-el-Moselh'). 

lîalheiliaea  e.   :   RapséCOUrt   (Marne). 

l^ans  la  plnparl  des  noms  de  lien  qu'on  vienl  de  reneonli'er,  m 
dehors  du  iK'i'nier  i^roupe,  le  nom  eommun  eorlis  esl  sui%i  de 
son  délei-minal  il'.  La  disposilion  inverse  esl,  il  ne  l'aal  pas  le 
perdre  de  vue,  de  beaucoup  [tins  l'récpienle  (cl',  n"  930)  ;  mais  ee 
mot  étant  alors  aisément  reeonnaissable  (cl',  n"  932),  l'intérèl. 
(pfoIVrenl  les  vocables  réside  dans  l'élude  des  aUéraln)ns  sid>ies 
pai-  les  noms  de  personni"  (pi'ils  présentent  comnu>  termes  ini- 
tiaux, tlomme  il  n'importe  -nére  pour  celle  éUnlc  (pu^  le  Icrnu' 
linal  soit  cor  lis  ou  un  aulrt'  nom  coiuniuu,  elle  feia  Tobjel  d'un 
cha|)ili'e  spécial  (n"^  984  à  1150),  renreiinanl  le  c(>in|>l('nieii  I 
indispiMisalile  des  niilidus  énmici'es  dans  cidui-t'i  sur  les  noms  de 
lien   rornu's  à  1  aide  du  mot   eorlis. 


ou  (le  iniins  (Haussignémoilt)  ;  v[  des  noms  ilr  lien  unald-^ncs  se  lidiixcn 
ilaiis  1,-s  (K'iMiiciiuMils  vdisiiis  :  Butgnéville  !  Mi'iisc;  :  cr.  \l,'i/rii^i.;_  m, 
iS-iO;  —  Butheguémont  ,-Meiiiliif-ot-M<iscllc  ;  —  Contrexéville  (\"(isl;os)  : 
cl'.  ci-(li'ssiis,  11"  904. 


w 


NOMS    COMMUNS    DE    LIEUX    IIAIUTKS 


l 


l)';iiilii's  noms  coinmuiis  (|i\c  eorlis  onl  rU;  iilVoclés  au  mémo 
iisiij4'e  dans  ]a  lopDnomasliijuc;  de  noire  pays.  Mais  en  exaniinanl 
ilans  ce  elia[nlre  el  le  suivant  —  les  noms  lie  lieu  (|ui 
irsulli'ul  lie  là,  on  ne  perdra  pas  de  vue  (|ue  tels  denli-e  eux 
priivenl  n  avoir  élé  l'oianés  (jue  pendanl  la  jiériodc  féodale  :  les 
nunis  lie  personne  qui,  dans  ces  vocal)les,  jouent  le  r(Me  de 
ili'lerminatil's,  ont  conlinué  d'être  usités  bien  aj)res  IVpoipie 
li-anijue,  parfois  même  ius(prà  nos  jinu-s  ;  el  de  même  les  noms 
'.Munnvms  eu  ipieslion  ont  n'é'néralemi'nl  subsisté  dans  le  laui^ai;!' 
C'UM'ant. 

949.  Le  mol  villa,  ipii  désii^iiait,  dans  \o  latui  classicjue,  une 
maison  de  campai;'ne,  prit,  à  la  liasse  époipie,  ce  sens  de 
..  domaine  rural  »  ipie  les  populations  d'origine  framiue  allaient 
exprimer  [dus  \adonliers  par  le  mol  cortis.  Lt  par  une  é\'olution 
loute  [lareille  à  celle  inilii|uée  plus  haut  in"  929)  à  propos  de  ce 
liernier,  on  xoit  au  moyen  àt^'e,  el  jusipi'au  W'  siéele.  le  mot 
l'il/c  employi'  dans  le  sens  de  n  village  ».  On  peut  donc  ai  limier 
la  .synonymie  de  cortis  el  de  villa.  Mais  le  premier  de  ces 
mots,  pris  dans  racce[)lioii  dont  il  s'a^il.  lomba  en  désueludr  de 
bonne  beure,  peul-iMre  au  x''  siècle,  (andis  cpie  le  second  a\ant 
Sidislslc',  certaines  loealilcs  dont  le  nom  n'iifernu'  icj  mot  rlllf 
sont  dédale  relalivement  moderne.  l)"au(re  part,  le  mol  ^' 1 1 1  a 
a\aid  iormé  des  noms  de  lieu,  dés  le  liant  nios-eii-àj;e,  dans  les 
diN'crses  réj^'ions  de  la  l'rance,  on  ne  saurait  tirer  de  ci's  noms 
les  rensei;4'ncmenls  précieux  que  Inuiaiissenl ,  touchant  la  distri- 
Inition  des  races  sur  notre  sot,  les  noms  de  lieu  <lans  la  loi-iue 
primitive  d('S(puds  enti'c  le  mot  cortis. 

Li'  mot  N'ilia  n^\'ét,  dans  les  noms  de  lieu  Irancais,  les  formes 
villi'^   i'('lli\  rinllc  et  nielle. 

950.  La  forme  ville,  qui  est  la  plus  fréquente,  est  ([uelquelois 
notée  à  tort  r/7,  lorsqu\dle  est  em|)loyée  comme  membre  initial. 
Vilbert   i^Seine-et-Marne)    .'sl   synonyme    de  Coiihe/i  (n"  93'^).    et 


■2-M\ 


i.i;s    NOMS   m:   \ae\- 


î    • 


Viltain  (Oise),  dv  V.  AJlaiu-,  csL  une  varianlc  df  ViUelaill 
(^Sriue-oL-Oise).  —  Vildé  (  Côlcs-du-Nord,  Illu-i-l- Nilaiii,', 
Mayenne,  Vendée),  représentent  le  thème  étymolog-i(iue  Y.  l)ei  : 
les  localités  appelées  Villedieii  sont  souvent  d'anciens  domaines 
ayant  appartenu  à  l'ordre  de  Malte. 

951.  La  forme  relie  semljle  particulière  aux  pavs  romans  ipii, 
à  1  épor[ue  lraiu[ue,  ont  svd)i,  durant  un  temps  plus  ou  nuiuis 
pr(donL;è,  rinllueuee  du  lani^ag'e  i^-ermanicjue  :  les  noms  en  -vellr 
apparaissent  par  ^-roupes  \'ers  la  limite  com'mune  des  anciennes 
provinces  de  Lorraine,  de  Cdiampayne  el  de  Franche-C.onitè. 
vers  la  source  de  la  Saône  :  Demangevelle  (llaute-Saone  = 
Dominica  v.  ;  —  Franchevelle  (llaute-.Sunne)  ::=  Lranca  v.  ; 
— ■  Jonvelle  dlaute-SaAne  ;  —  Longevelle  'Doubs.  llaute- 
SaAne)  --=  Lonya  v.  ;  —  Martinvelle  (\'i)si;es)  =  ^Ltrtini  v.  ; 
—  Neuvelle  (Côti'-d"()r,  Haute-Marne,  llaute-Saùne)  --  Nova 
V.  ;  cl',  la  Neuvelle  (Haute-Marne,  Haute-Saône);  —  "Velle 
((>ôte-d'Or,  Meurthe-et-Moselle ).  —  Les  mtms  de  lii'U  dont  vrllt' 
est  le  [iremier  teiMue  sont  fréquents  dans  la  l''ram'lu>-(',omlé  sep- 
lenlriouale.  —  Il  convient  d  ajouter  (|ue  le  terme  initial  ou  linal 
ville  des  noms  de  lieu  de  Lorraine  est  pi'ononcé  relie  par  les 
[)opidations  locales  d'entre  Met/  et  \'er(lun. 

952.  Malle,  résultant  de  la  diphtony-aison  de  1';'  toni<pie  de 
villa,  se  rencontre  dans  le  l"\>re/.,  l'Auvergne,  le  Limousin,  le 
Lériyord,  le  Rouergue  et  dans  (pielcpies  parties  du  Languedoc  ; 
Vialle  ou  la  Vialle  (Creuse,  Gard,  Loire,  Haute-Loire.  Puy-de- 
Dôme),  les  Vialles  (Puy-de-Dôme);  —  Nauvialle  ou  Nauviale 
(Allier,  Aveyi'on,  Cantal,  Corrè/e,  Tarn-et-Garonnel  =  Nov;i 
villa. 

953.  Vielle,  autre  exemple  de  ili[ihtongaiscin,  ap[iartienl  aux 
départements  du  sud-ouest,  c'est-à-dire  aux  contrées  g-asconnes  : 
Vielle  (Landes,  Ilaules-Pyréiuk's  '  i  ;  —  "Viellenave  (liasses- 
Pyrénées)  =    \'.    nova;    —    Viellcségure    «  lïasses-Pyrénéesi      - 

^'.  seeui';i  ;  —  Catonvielle  (Gers)  ;  —  Franquevielle  (Gers;  :  . 
Kra  uca  v.;  —  Goudourvielle  fGers)  =  Go!  Iiorum  v.  -  (  f.  n"537(. 


Ï-; 


954.    Le  mot  \' il  la  ris  ou  \' il  lare,   fornu' siu'   vill; 


I  au  nio\ea 


I.    I-'t  sa   vnrKiiile   Bielle  '  liasses-l'yrr'jiées  ,  riuiroiTiio   à  \:\  |ui)nouei;\(ii)ii 


iiiiii.i.m:s    i-i:a.mii  i;.s    :    vu. i. mus  m    vn.iMih: 


■1-y. 


;:  ^tillixc  -.iris,  viiri.inlc  de  -alis,  ;i  dû  servir  iliilHn-d  cnmnic' 
■■■■(■lif  j  ([Ualilicr  les  (K'[ien(l;inees  d  un  di)in;iiiie  lui'iil  :  terrae 
•■  .II.ii-cs.  Iil-dii  dans  une  cliarLe  tlu  \\\''  siècle  ;  mais  on  le  \t)\\ 
..is  sulislantiN'enient  dans  divers  textes  de  ré[)of|ne  i'rancjiie. 
l'UMii  lesipiels  il  faut  citer  ce  passaL;e  d  Un  dipli'une  de  Louis  le 
i'iiMix  doniu''  en  (S3'i-  en  faveur  de  l'éi^lise  île  (lirone  :  \illa 
i|iiae  est  in  ])a^d  lî  isiil  tlun  en  se  et  \ocatur  Hascara,  en  m 
suis  villarihus  et  suo  termino,  neciion  et  /Vrcas,  i-L 
vil  lare  \'ocanteni  Spadiilias,  et  alimn  viUai'e  ([iiod  est 
iiilia  m  em  Cl  l'a  t  a  run\  n' 1 1 1  a  r  u  ni  lerniinos;on  loNnit.  tandis 
(|ue  villa  L'Di-ri'spond  à  ci,:  ([lie  nous  appelons  an|ourd'liui  la 
l'ctnunnne  ou  la  pai'oisse.  vil  la  ris  ou  N'illai-e  d(''sii;iiait  léipii- 
v.ilent  de  nos  hameaux,  de  nos   écarts  modernes. 

955.  Dans  le  nord  de  la  France,  le  mot  dont  il  s'agit  a  revi'tu 
les  deux  formes  vulg-aires  villers  et  villiers.  La  prenilère  a  pour 
variantes  viller  '  —  [lar  l'alisence  Ac  l'.s  linale,  d  ailleurs  al)usi\e 
—  et  plus  rarement  ViUez  '  Seine-el-Oise  i  -'.  La  secmule  scxpliijue 
par  1";  de  villaris  ;  c'est  ainsi  qu'on  a  vu  (n"  880)  le  mot  g'er- 
iiiaiiirpie  lar  prendre  la  forme  1er  dans  le  nom  de  iloitlers,  tandis 
ipie  la  dernière  syllabe  du  nom  de  Loiuflicr  procéderait  de  la 
variante  l.iri. 

956.  Dans  la  partie  méridionale  de  la  l-'rance.  ^  illare  devait 
(iomier  villar,  cl  celle  l'orme  s'y  trouve,  en  ell'el,  ainsi  cpui  ses 
variantes  purement  t;ra[)lii(|ues  villard,  villards.  villars.  H  serait 
trop  long' d'i'numérer  les  dé'j)artemenls  dans  Lesquels  elle  parait; 
on  observera  seulement  ((uelle  sélend  jusque  dans  certains 
pays  di'  langue  d'oïl,  la  l'ranclie-Comté,  par  exemple,  et  nn'me 
dans  les  départements  de  la  Cûle-d'Or  et  de  la  Haute-Marne. 

957.  l'ai    Auveri;'ne  et   dans    les    régions    aoisuics,   où    le   lalin 


I.  l/('iii|)loi  (le  rillcrti  prélV'r^ililemenl  :i  rillcr  c^l  ikuIuIn  —  nous  ci'oyniis 
(iL'voii-  le  l'Mire  oliserver  —  iin|5iiL;il)le  U  des  circdiislaiircs  louU's  !noderiH'S_ 
l.n  iuiiiiencl:iliire  coininiiiKile  du  dcpMilcnuiil  de  MeurI  he-cl-Mosello  ollVe 
ili'-^  r\iMn[)les  des  deux  fdi'incs  :  nr,  les  1i.h';i  lllés  tUud  le  iidin  seterinincen 
-nllci-s  --  \y.\v  e\(Mii|de  BonvillefS  —  aiv|inrlriiiiienl,  :i\aiil  1S71.  au  dé|iar- 
Iciiienl  de  la  Moselle,  Laudi--  i|ue  les  ctHimuiiics  au  uiuu  iMi  -rilliT  —  [lar 
i'\eiii|de  Gerbéviller  —  faisaienl  partii'  de  cidui  i\v  la  Meuiliie. 

"2.  Peul-èlre  c-onvienl-il  d'aiuulei-i|u"(>ii  liouxe  la  forme  (■///(•  ilans  l'apiud- 
laliiiii  fraiieaise  de  certaines  localili's  silui'es  eu  pays  de  langue  alleiiiainle, 
coiuiuo  Ribeauvillé  1  liaul-liliin  ,  en  allemand    /l'.i/i/io/^s-icivV'V. 


2:!S 


\A-:s  N'j.MS   t)\:  1.1  la 


villa  est  devenvi  viallc,  on  tiouvu  les  iiuiiis  ili;  Hou  Vialard  <'ii  Ir 
Vialard  (Clanlal,  (^orrèze,  Dordo^'iu',  l*in--(U'-I)onu',  llaiilr- 
Viomie),  au  lieu  de  Villar  Q)U  le  Vilhii-.  —  La  Inriue  Viala  nu  \(\ 
Viala,  caractérisée  par  l'assourdissenuMit  de  Y r  liual.  apparliinl 
aux  départements  de  l'Avovron,  du  Cantal,  du  (laid,  de  rilcr.aill. 
de  la  Lozère  et  du  Tarn.  En  Gascdyne  nn  a  la  vai-ianLc  Vifdla 
(Crers,    Hautes-Pyrénées). 

958.  On  voit,  par  le  diplôme  de  NIiî,  (pi'au  i\'  siècle,  en 
(  lalaloi^-ne,  villare  ap])artenait  au  lan,i;-ai;e  courant.  11  en  fut  df 
incnie.  k)nntenips  encore  après,  de  ses  lornies  vulgaires  dans  nos 
provinces  méridionales,  témoin  l'article,  singulier  ou  [duricl. 
dont  les  noms  Villar,  Villard,  Villars.  Vialard  et  Viala  sont 
souvent  précédés.  Par  contre,  aucune  des  nond)reuscs  localités 
ipii  s'appellent  Villers  ou  Villiers  n'a  son  nom  ainsi  précciK' 
de  l'article  :  on  a  lieu  de  conclure  de  là  (|ue  1  emj)l(ji  de  villare 
connue  nom  commun  toml)a  en  tlé.HuéUulé  de  très  bonne  licm'e 
—  peut-être  antérieuremeid  à  l'époque  carolingienne  —  dans  le 
nord  de  la  France,  et  de  faire  l'emonter  assez  haut  l'origine,  laiit 
de  ces  localités  c|ue  de  celles  dont  le  nom  présente  rillcfs  ou  vil- 
liers comme  terme  initial  ou  final. 

959.  Le  mot  villare  a  été  adopté  j)ar  les  Alamans,  lune  des 
ludions  gernumiques  qui,  par  raison  tle  voisinage,  ont  été  le  plus 
directement  en  contact  iivec  les  populations  romaines  :  aussi  le 
trouve-l-on  connue  second  terme  linal  d'un  grand  nombre  do 
noms  de  lieu  dans  les  pays  occupés  à  l'époque  francjue  par  la 
naticm  alamanne.  Ses  formes  vulgaires  les  plus  l'ré([uentes  sont 
aujourd'hui  -willer,  -weiler,  -weier,  -wihr  en  Alsace,  et  mèiiir 
-wil  ou  -weil,  dans  la  Suisse  alleniandi'. 

960.  La  combinaison  de  villare  avec  un  sullixe  .signalé  plus 
haut  (n"  940)  a  produit  le  diminutif  villan^cel  lu  m,  qu'un 
trouve  employé  comme  nom  commun  dans  vme  charte  de  cSTN,  v\ 
([ul  est  l'origine  des  noms  ViUarceaux  ,  Lure-eL- I.oii',  Loir-cl- 
Cher,  Seine-et-iMarne,  Seine-et-(  )ise;  et  Villacerf  (Aube;,  au 
XMi'   siècle  Villarcel. 


961.    A    répo([ue   fran(pie,    le   mot  ma  n  sus,    qu'on    ne    triuivr 
dans  auc\in    docunuMit    anté'neiu',   ilésignait   une  sorte    de   petite 
ferme   ou  d'habitation  rurale  à   laquelle   était  attachée,    à  per|)i: 
tuite,  une  quantité  de  terre  déterminée  et,  en  principe,  invariable. 


(Jui>i(|iu'  rr 

rninilH!     (ill 

rolyfilique 
riiahilalioii 
t.iins    CHS, 


oniiiiM:s   M<AN(jri''.s 
S('  rappoi'lc 


:i'J 


nom    S('   rapporu-    il  oi'diiiairc   à   la    srulc    lialiilalimi, 

\c    voil    lii's    iielteniLMit    dans  plusieurs   passades    du 

(l'Irniinon,     il    désii^^naiL    aussi    quehiuefois,     cuire 

,  k'S  lerres  (jui   eu  dépoudaieut  ;  et  niènic,   dans  cer- 

c'esl    aux  terres  qu'un   paraît   ra[)pli(]uer  principale- 


iiiciit.  Ce  nidl,  dun  emploi  encore  Li'ès  tréquent  à  l'époque  carn- 
liiii;'ionue,  a  [)ris,  dans  les  parlers  vulgaires  de  noire  [lays, 
deux.  Cormes  Inen  diU'érentes,  qui  participent  du  caractère  de 
cliacune  des  deux:  lan^•ues  romanes  entre  lesquelles  la  France  se 
parla-c. 

962.  Dans  la  langue  d'oïl,  mansus,  réduit  à  niasus,  par  celle 
cluile  de  ïn  suivie  d'iuie  .s  dont  on  connaît  tant  d'exemples  — 
/7e  ^=insula;  métier  =:  mi  iii.steriuin  ;  nutisoii  =  mansioneni  ; 
mesure  ^=  niensura  ;  Diois.  =  mensis;  époii.r  ^=:  sponsus  — 
est  devenu  inéa,  écrit  ]dus  tard,  et  notaninient  au  xiv''  siècle, 
inri.r  dans  les  contrées  du  nord-est. 

963.  Vtans  la  langue  d'oc,  réduit  de  nièine,  il  est  devenu  mus, 
mot  encore,  employé  à  Arles,  dans  le  Languedoc,  en  Daupliiné, 
en  Fore/  et  en  Cerdai;-ne,  au  sens  île  u  maison  île  campai;iic  >), 
de  «  tènement  »,  de  «  ferme  ».  de  u  métairie  »,  et  dans  une 
acception  quelque  peu  diil'erente  dans  plusieurs  réj^ions  du  ]\Iidi. 
Les  noms  de  lieu  l'ormés  en  tout  ou  en  partie  du  mot  méridional 
mas  ]ieuventdonc  ne  remonter  parfois  qu  à  une  date  peu  éloii;née. 

964.  Il  n'en  est  pas  de  même  de  son  équivalent  septentrional 
mes  qui,  dès  l'époque  féodale,  ne  semble  plus  guère  avoir  été  en 
u.sag-e  que  dans  les  provinces  françaises  du  nord-est  ;  de  sorte 
qu'il  est  lég-itime  d'attribuer  à  une  date  antérieure  à  Fan  mil  la 
plupart  des  noms  de  lieu  ipii  présentent  ce  nom,  soit  isolément, 
l'onune  Mée  iMa_veune\  le  Mée  ^lùire-et-Loir,  lUe-etA'ilaine, 
Loiret,  Manche,  Seine-el-I\Iarne,  Yoiuie),  les  Mées  (Indi'e-et- 
Loire,  Loir-el-Clier,  Sartlie,  Scine-el-Oise,  Vienne),  soit  condiiné 
avec  un  nom  propre  de  personne,  sous  les  formes  me.  mci.r,  me/z, 
mi,  cette  dernière  résultant  d'une  altération  favorisée  par  l'éloi- 
f^nement  de  la  syllabe  représentant  le  lias-latin  mansus,  par  rap- 
j>ort  à  l'accent  tonic[ue.  On  se  contentera  de  citer  de  ces  diverses 
formes  quelipies  exemples  [iris  au  hasard  : 

Médavi  (Orne')  =  ÎNL  David;  —  Méguillaume  (Orne)  -- 
M.  Willelnii;  —  Melanfroy  (Seine-et-^L'a■ne)  ^  M.  Lande- 
fridi  ;  —  Mémillon  (Eure-et-Loir)  =  M.  Milonis; 


■2'ii) 


i.i:s    .M)M.s    1)10    Lii:i' 


Le  Meix-Saint-Époing 'M;iniei  ^  M.  Sinuii  Ili.s|)inii;  -  le 
Meix-Thiercelin  (Marne)  =  M.  Tetselini  ; 

Metz-Robert  ;Aubo)  ^^  M.  Holberti  ; 

Mifoucher  (Kure-et-Loir)  =  M.  l''o Icharii  ;  —  Migaudry 
Eure-et-Loir)  =..  M.  Wahlerici;  —  Mihardouin  (Euie-i'l-Loir, 
=  M.  Ilarduini  ;  —  Mirougrain  (Rure-et-Loir),  en  13l)0  Mcso- 
;/rnin. 

965.  Mansus  rcpréscnlc  le  loriuc  linal  des  noms  de  lien  sui- 
vanls,  dans  lesiiuels  la  prononeialion  //n' est  li-'ui-ee  de  façon  |)Ius 
ou  moins  l'antaisisle  :  Englebelmer  ^Somine)  -=  In-elberti  ni.; 

—  Yzengremer    (Somme)   :--    Ysengarii  m.  ;  —   Bertrameix 
(Meurlhe-et-Moselie),  Bertrametz  (Nk'usc)   =   Herii'amni   m.; 

—  Brunehamel   (Aisne),    lUunchaul   incis  en    I2i;:i.   J!runrli:ni(- 
mcz  en  1290,  Brunchaunwz  vn  13il)  :^  Hrunehildis  m. 

966.  Le  mol  mausio,  emplové  ilès  r(!po(jue,  im[)ériale  au  sens 
spéeial  d'  «  habitalion.»  (pi  a  eon.servé  le  mot  maison,  a  donné 
naissance  au  mot  bas-latin  mansionile  qui,  à  rorii;ine,  ne 
devait  être  qu'un  adjectif  dOsi--nant  un  terrain  à  bâtir,  et  (pii, 
dès  le  i\"^  siècle,  sinon  plus  tôt,  a  pris  le  sens  de  "  maison  ... 
Mansionile  est  ordinairement  en  français  ménil,  souvent  encore 
écrit  mesniL 

967.  Parfois,  en  Cham|)ag'ne,  en  Bourgogne  et  en  Franche- 
Comté,  mansionile  se  présente  sous  la  forme  magny,  qu'il  faut 
savoir  distinguer  du  nom  de  lieu  gallo-romain  formé  à  l'aide  du 
suffixe  -acus  sur  le  gentilice  Magnius.  Hien  entendu,  la  (pics- 
lion  ne  se  pose  pas  (juand  nuujni/  est  accompagné  d'un  nom  ^ 
d'homme,  comme  dans  Magny-Lambert  (Cote-d'Or). 

968.  La  formi'  plurielle  de  mansionile  est  représentée  par 
Magneux  (Marne,  Haute-Marne),  les  Mesiieux  (Marne). 

(Jueli|ues  autres  noms  comnums  de  lieux  habltc's,  employés 
dans  la  toponomasti([ue  dès  l'èpocpu^  frampie,  ne  seront  ici 
(printli([ués. 

969.  Le  mot  latin  castellum  o  lieu  forlilié  ..,  diminutif  de 
casLrum  (cL    n"-   496    et  497),  apparaît    dans  les   noms   de   lieu 

sous  les  formes  château,  châtel,  casteau,  castel  ;  ces  deux  An- 

nières  sont  conununes,  d'une  part,  aux  pays  de  langue  d'oc,  et. 
d'autre  [)art,  :i  la  Picardie  et  aux  pays  wallons,  où  idles  ont  Uni 
levenir,   au  moins  dans  la  ])rononcial  ion.  cateau  >'\  catel. 


nai 


OKIC.IMCS     KlîAXQLES    :     Ma.XASTh.'HirM 


2  il 


970.  MniKisterium,    ..    .sanctuaire    ..  est    rcpivsL-iilc  dans   ]fs 
I       |..-.vs  (le  laii-ue  d'oc  par  Monastier,  Moneslier.  Monêtier;  plus 

au  nord  par  Moustier,  Moustiers,  Moutier,  Moutiers,  Mouthier, 
Mouthiers.  Motier,  ([ui  ont  pour  variantes  Moustoir  en  l!rela-ne 
•-'l  les  Moitiers  dans  le  département  de  la  Manche.  —  Dans  les 
[M vs  de  langue  allemande  nionasterium  est  ilevenu  Mlinster. 

971.  Le  mot  capella.  dési^mant  un  .sanctuaire  chrétien  d'iin- 
porlance  secondaire,  ne  fii,nire  parmi  les  noms  de  lieu  (|ue  sous 
.'-■s  formes  Chapelle  et  Capelle  —  cette  dernière  ai)parlenant  k 
!a  Normandie,  à  la  Picardie  et  aux  pavs  wallons,  aussi  hi.'u 
(juaux  pays  de  lan-ue  (Toc  —  aux(|uelles  il  laui  joindre  hi 
variante  g-aseonne  Gapère.  dont  Taire  -eog-raphi(pie  n"cst  pas  fort 
l'teadue. 


Les  nonis  ./p  lieu. 


LI 


NOMS    COMMUNS     Dl-     SITKS 

Les  nu)ls  lalius  ou  hjts-laliiis  étudiés  ihuis  U'  [irécédi'iil  clia- 
[litro,  el  qui,  tous,  tlési^'ucnl  des  lieux  li;d)ilés,  ne  sont  [vis  les 
seuls  donl  la  uoiuenclaLure  i;éo^i'a|)hique  de  iioLre  [Kiys  pn'seide 
la  eoiiddnais(ui  avec  des  délerminaLil's,  la  phiparl,  du  lemps 
noms  propres  de  personne  de  l'époque  francpu'  ou  de  1  époque 
féodale.  Il  convient  de  mentionner  au  même  lilre  un  ecrlaiii 
uiMîdu'e  de  noni'^  eonununs  uulicpianl  une  (.■iietuistanee  lop(.)j^ra- 
plii(pu',  l'assicde  du  lieu  déncuunu''. 

972.  Mous,  au  sens  d"  «  elévaliiui  »,  de   >>  eoUine  ■>.  de  «  moii- 
lai.;ne  »,   est  très  fré([uent  dans  les  luuns  de  lieu  eonqiosés.   (lù  sa 
l'oiMne    vu'u-aire    est    ordinaii-einenl    mont  ;    souvcnl    noté     innit, 
sans  /,    dans   les  iK'partemi'nts  fonné's  de  l'aneicnne  [irovinee  de 
Guvcnne,    vWv    se   l'éduit  (pud(pud'ois   à    mo  ou    iiinu.    l(U'S(pie    le 
second  terme  du  nom  eoin[iose  eonunenee  par  une  li([uitle  :  Moli- 
tard    (Kuri'-et-Loir)    r^  M.    Idelardi;    —   Moulicent  (Orne)  :^ 
M.    Lelsendis;   —   Momorant   (Orne)    ^^  M.   .Modc-ramni  ;  — 
Monampleuil  (Aisne)   =    M.    N  an  toi  al  i    :    ici   le  délerininatif  est 
exeoptionnellement  un  nom  de   lieu  (cl.   n"  169j  ;   —  Morambert 
(Aid)e)    ------   M.   l!a-ne])erti  ;    —  Morintru  I  Seine-et-Marne;  = 

M.    I>  a  i;  ne  t  ruil  is. 

973.  ^'r\llis,  «  \-allée  »  revèl  dans  les  noms  de  lieu  romans  de 
l"'i'anee  les  l'ornu's  rai  —  assourdie  év(Miluellement  en  r,i  -^  et 
n:iu.  I/ime  (!t  l'autre  sont  parfois  précédées  dans  les  noms  locaux 
du  nu)ven  âi^'C  de  l'article  féminin  —  d'où  Laval  et  Lavau  — 
parce  ipie  le  français  vu/  ou  r;iti  (dait  (U'ii^'inairement  l'éiiunin, 
comnu;  le  latin  \'a  11  is. 


974.  llivus,  'i  ruisseau  »,  se  présente  sous  les  formes  rien, 
rio.  m,  r-eii ,  ri,  di\i-rsemenl  notées. 

Rieu  (.\rièL;-e,  (lard,  llaute-(  lariunu',  Tarn,  ^'aucluse).  — 
Rieumajou     (lIaule-(iaronue.      Hérault;    --    1!.     majoi'cm;    — 


Milli.l.M.S     l'HA.Ndl   I. 


lin  i 


2i:i 


Rieupeyroux  (Avevroii,  C.ci-s),  Riupeyrous  Jiasscs-Pvn'urfsi 
li.   pL'trosus  ;  — Rieussec  (Hi-i'iUilL)  ~    II.  siccus;   —  Rieutort 
'[.(>/èift),     Riotord    ( llauLf- Loire) ,    le    Riotord     (\'auclu.se)     =--= 
l'i.  Uni  us;  —  Grandrieu  (Lozère)  r^  Graiulis  r. 

Rieux  (  Ai'ii't;..'.  llaule-Ciaroiine,  AJanu',  Moi-liilian.  Sciiie-InlV'- 
rii.'ure)  ;  —  Rieux-Martiu  i^ChaicnU';  11.  ^Lll•lilli  :  —  Beau- 
rieux  (Aisiu',  Nord)  ^^  lîeUus  r.  ;  —  Grandrieux  (^ Aisiu')  =._ 
(î Tandis  r. 

Rioux  (CliareiiU'-Inl'iM-ii'ure). 

Rupt  i!sL  1  oi'dinairt'  et  ahusivc  graphie  de  la  l'ornu'  /•(;,  1res 
r('[)andiu'  tlans  le  luii'd-esl  de  la  l'^raiiei'.  —  Le  Boiirupt  ^  oiuie,  -=-- 
lîoiuis  r.  ;  —  Maurupt  (Marne,  Uaute-Mariie  I  —  ^LlIus  r.  ;  — 
Grandru  lAisne),  Grandrupt  (Vosi;es)  =_-  Grandis  rivus;  — 
Parfondru  (Aisne),  Parfondrupt  (Meuse,  Haute-Saône),  Parfouru 
idalvados)  =  Profunilus  r.  ;  —  Rupereux  (Si'ine-et-Mai-nei  =^ 
1!.    [lelrosus. 

Buffignereux  (Aisnel  esL  a|)[udé  au  ix'-'  siècle  Wnlfiniaci 
rivus  dans  V llislitriu  Cfclosiiic  Jiciiicnsis  de  Fiodoard. 

Ris  (  l'uy-de-Dônie,  llautes-Pyréuées)  ;  —  Grandrif  l'uy-de- 
Dt'inieK  Grand-Ris  (Loire)  =  Grandis  r.  ;  —  Vignory  .llaule- 
Marne),  au  ix''  siècle  Wanhionis  rivus; —  Rix  (Xièvre). 

975.  Fous,  «  fonlaiiu'  ■),  donl  (|neli[ues  eoniimsès  ont  ('le  vus 
déjà  in"  706),  lii^'ure  aujoui'd'liui  dans  les  noms  de  lieu  l'raneais 
sous  la  forme  /on/  ou  fnml  :  Froidefond  (Allier,  Gher)  ;  —  Sept- 
fonds  (  Tarn-el-Garonney,  Sept-Foilds  (  Yonne  i  ;  —  Ccffonds 
(llauLe-Marne!.  en  111 '(  Si^'ii'ons;  -  Foildouce  tGliaienle- 
lidV-i'ieiu'e,  iléi'aull'l  ;  —  Foufrède  (lîasses-Al[ies.  Lol-el- 
(iai'onneî.  (.elle  i-aeine  e^l  nioiiis  t'ré(HU'nte  (jue  ses  anale-iu's 
l'oulaine  en  lam^ue  d"oïl,  foiltaue  eu  langue  d'oe.  rè]unulanl  à 
l'adjeelii' pris  sulistanliwmenl  (ef.  n"  673'i   l'on  la  n  a. 

976.  Le  mol  latin  ]ions.  d'où  le  français  pont,  se  présiuiLe 
sous  eetle  forme  vuli;'aire  dans  les  noms  de  lieu  de  la  France.  ()n 
a  lui'ulionné  plus  liant  plusieurs  des  vocables,  formés  au  cours 
du  nu)yen  àL;'e,  dans  les(puds  il  entre  en  conipositi(ui.  L'exemple 
de  Pommeuse  in"  703)  el  de  Porrentruy  [W  705'i  —  cette  der- 
nière localité  s"ap])elle  en  allenuuul  Pruutrut  —  atleste  (pie, 
[)ar  une  allération  analogue  à  celle  que  sidiit  vu  [)areille  [)osilion 


2  I  ï  i.i>    NOMS    \i\:    1,11.1 

la    roiiiic   viili^airi;  de    nions  (n"  972),  /)ii/t/  pciiL  se  réiluirc  [\  jki 
devant  une  liquide. 

977.  Le  mol  campus,  c  plaine  i>,  est  ordinairement  l'nil 
reconnaissable  dans  les  noms  de  lieu  modernes,  soit  (ju'il  lit;tiri' 
sous  la  forme  champ,  qui  a  prévalu  dans  notre  lanniie,  soit  (pi'il 
conserve  la  forme  cailip,  usitée  dans  les  dialeeles  nuiin:iiul, 
])icard  et  wallon  et  dans  ceux  de  la  langue  d'oc.  Cependaul  \\ 
perd  le  son  nasal,  lors(jue  le  second  terme  des  noms  dnns 
lesipu'ls  il  lig'ure  connue  élément  imlial,  commence  par  uih' 
liqui<ie  :  Ghamartin  (Isère  =  C.  Martini;  —  Ghamorin 
^Indre!  =  C.  Maurini  ;  —  Charaintru  (Seine-et-Oise.  — 
c.  Ilagne trudis. 

978.  Un  ajierçu  des  noms  de  lieu  dans  lesquels  entrent  les 
formes  vulg-aiies  du  latin  vadum,  <(  gué  »,  a  été  donné  déjà 
(n"  732j  ;  on  peut  y  ajouter  ici  Gajoubert  (llaule-Viennei  =- 
V.  Gauzberti;  —  Guéhébert  (Manche);  —  le  Guédéniau 
(Maine-et-Loire)  -^=  Y .  Danielis. 


979.  Pratiim,  «  pré  »,  n'a  dans  la  topononiaslique  i'rançaise 
que  deux  fornu^s  vidgaires  possibles  :  pré  en  langue  d'oïl  ;  prat 
—  parfois  pra  en  construction  —  en  langue  d'oc. 

980.  Le  mol  latin  podium,  ([ui  avait,  à  l'épocpu^  romaine, 
entre  autres  acceptions,  celles  de  «  petite  butte  >>.  de  ^  pelilc 
éminenee  »,  de  <'  tertre  n,  est  bientôt  devenu  un  véritable  syni)- 
nvme  de  mous.  Ses  formes  vidgaires  sont  assez  variées  :  la  [ilus 
répandue  est  puy,  écrit  parfois  puits.  par  confusion  avec  l'équi- 
valent de  puteus,  t[ui  entre  aussi  dans  qucdtpies  noms  de  lieu; 
viennent  ensuite  poux  en  Ptiitou  et  en  Berry,  les  formes  méri- 
dionales puech,  puch,  pech.  pé,  pey,  enlin  pié,  ([u'on  trouve 
entre  Loire  et  Ciaronne,  notannnent  en  Poitou,  et  i[u'une  autre 
confusion  fait  parfois  écrire  pied. 

981.  Exsartum,  «  défrichement  »  n'appartient  ])as  au  latin 
classique,  mais  dès  le  début  du  moyen  âge,  il  parait  dans  les 
lois  barbares.  La  forme  française  de  ce  mot  est  essart,  que  les 
dialectes  picard  et  wallon  n-iluisent  à  sart  :  il  est  employé 
connue  nom  de  lieu,  tanl(M  seid,  tantôt  en  conqiosition  ;  el,  dans 


DiiMiiMis    rii  \.\ijn  S   :    /•;.v.s\-\/;/7-.w  2%-) 

Cl'  ik'i'nici'  cas.  il  esL  parlnls  iiu''coiinais.sal)U'  ;  Moi'tcerf  (Sciiu'-cl- 
Mai'iie)  ('lait  au  xii*"  sirclu  Mnrcss/ui  ;  —  Corbeil-Cerf  (Oise)  élaiL 
jadis  (lorlii'U  cst^nrf  ;  et  CressOUSacq  lOise)  esl,  on  le  sail 
iel.  n"  285  ,  pour  ('rrsfioncssiirf. 

982.  Le  mol  trorig'ine  genuanitjue  latinisé  hoscus  a  sup- 
[)lanté  dans  les  lan<^ues  romanes  le  classifjue  nomus.  Le  nom 
eonimun  bois  et  ses  variantes  bos  et  bosc  lit^urent,  soit  comme 
terme  initial,  soit  comme  terme  linal,  dans  lui  foi't  ^'•rand  noni])re 
de  noms  de  lieu. 

983.  Hroilum,  pour  broialum,  mot  d'orii^ine  ceUi([ue, 
d('sii;ne,  d;ins  les  textes  méroving'iens,  un  bois  clos,  mie  soile  de 
[)arc.  Il  esl  devenu  en  français  BreuiL  foiine  très  répandue, 
Breil  dans  les  régions  occidentales,  et  parfois  Bréau  ou  le  Bréau 

Loiret,  Xiévi'e,  Seine-et-Marne,  Seine-et-(_)ise,  Yonne).  — 
Belgeard  (Mayenne  l  était  anciennement  Ilrcil-/Jrijc;tnl  = 
IL    Leutgardis. 

Dans  la  b'rance  méritlionale  hroilum  est  représenté  à  de  très 
nombreux  exemplaires  par  BrueL 

l'iusieiu's  autres  non\s  commims,  la  plupart  d't)i-ig'ine  latine, 
pourraient  être  encore  cités,  comme  ayant,  à  l\''po(pu'  fraïupie  et 
il  l'i'poipu'  lVH)dale,  par  combinaison  avec  des  noms  [)ropres  de 
personne,  contribué  ii  formel'  des  luniis  de  lieu  ' .  On  croit  pt>u- 
\'oir  les  nég'lig'er,  dans  la  ccn'tiludi;  où  l'on  est  de  n'avoir  omis 
aucun  de  ceux  tlont  rem[)loi  est  le  plus  IVinpienl,  et  d'avoir  ainsi 
sullisamment  pn'^paré  le  terrain  pour  étudier  le  rôle,  dans  la  for- 
inalion  des  noms  de  lieu,  des  noms  de  [)ersonne  em|)i'unlt'S  aux 
nalions  g-orinaiiii|ues. 

I.  Ou  rencoiiIreiM  ci-.'iiirés,  |i,ir  exeiii|ile  les  nuils  ensa  (u"  1058\  i-cclc- 
sÎM  fil"  993\  ;^r;inic:i  n"  1126;  —  qui  [JOii v.'iieiil  li-oin'Cr  |)laci'  clans  le 
lu'écr'ilcnl  cliapilre  —  cislerna  (n"  1074),  cullura  (u"  994),  l'dssa 
in"  1026  ,    iusula     u"  1108\  sallus  (II"  1107K 


LU 
NOMS    DE     PElîSOXNE 

984.  Le  meilleur  répertoire  d'onomasliiiue  L;ennani(]ue  esl  le 
^■|ll^lIne  iii-'i",  pulilié  en  I  S.'iC)  par  F^rslemann,  sous  le  lilri' 
Altdcu/schcs  Xiinirnlnich  '. 

985.  Parmi  les  noms  yermnniipu'S  de  personne  ipii  enlniil 
clans  la  composition  des  noms  de  lieu,  les  noms  do  reniiiir 
tiennent  une  place  à  la  vérité  resti'oinle,  mais  cpii  vaut  qu'en 
s  y   arrête. 

Les  ])lus  apparents  sont  à  coup  sûr  ceux  ([ui  appartiennent  ii 
ime  déclinaison  impai'isyllalji(pie  projire  a  l'epocpn'  lran([ue  :  Ir 
nominatil'  est  en  -a,  le  i^'énitif  vn  -ane  :  Bei'ta,  lîerlane; 
ilexion  dans  lacpielle  il  l'aut  Noii-  une  iniluence  île  la  di'elmaisoii 
i'ailjle  des  lanj^ues  ycrmauiipu's  pl'éscntant  aux  cas  obliques  une  ;) 
(pii  n'existe  pas  au  nominatif,  dette  Ilexion  a  passi'  dans  lu 
lanL;ue  \'uli;'aire,  un  même  nom  de  i'emnie  ayant  son  cas  sujet  el 
son  cas  régime,  lîfftc  et  licrtiiin  ;  elle  a  même  été  appliquée  à 
des  noms  propres  et  à  des  noms  conununs  empruntés  au  latin  : 
/!(,'<?,  Evain  ;  — Marie,  Mariain  :  — ante  (;=  amitai,  an/iiiii  ;  — 
nonne,  nonnnin.  .\insi  s'expli([uent,  soit  dit  en  passant,  les  mots 
t'Cfivnin  et  sucrisl.iiii,  formés  sur  des  nuds  latins  de  la  |)remi(Mv 
déclinaiscui.  Les  eU'ets  de  cette  déclinaison  sont  particulièreinenl 
sensibles  dans  les  noms  de  lieu,  dans  la  composition  (les(piels 
les  noms  de  personne  ne  peuvent  entrer  ([u'au  i^énitil. 

Ariane  cor  lis  :  Aincourt  (Oise,  Seine-et-Oise),  Ayeucourt 
(Si)mme). —  A.  vallis  :  Ainval  (Somme).  —  A.  villa  :  Ain- 
velle  (IIaute-Saê)ne,  \'osges). 

Amblane  cortis  :  Amblaincourt  (>b'use). 

A /.a  ne  c.   :   AzillCOUrt  (Xoril,  Pas-de-Calais). 

lîabane  c.   :  BavillCOUrt  (Pas-de-tdiilais). 

I.  Une  nouvelle  rililiou  a  éU''  domiée  ;i  Hoiiii  eu  r.KKl.  —  Il  ronvicnl  ilr 
siLiiiali'i'  ici  l'un  lies  .1  |iin'inik'('s  (Kniués  |i:ir  Aul;.  1.ou;^iiimi  dans  son  l'ili- 
lion  .lu  l'oh/ii/i'/iir  irifniin<Mi  ;ll.  2.'li-.H8-2\  sous  ce  tihc  :  Lfs  ii"iii^  ilr  jut-  ,|: 

siiiiiii- ;iii  /fiiips  lie  I !/rii-h-ni:i;/lli\ 


i  •• 


OltllilNKS     KltANHlIOS     :     M'MS     I.K     PKllSi  .N  N  E  1  1  ' 

l!;,iaiM-c.    :  Bayencourt  'Oise,  Snimno;   Biencourt  (Meuse. 

"  '  lie  t  la  ne    e.  :  Betlaincourt  (Ilaule-Marne)  ;Betaincourt  (Eure- 

(•i-I,<)ir\ 

Hnsane  e.    :  Bouziiicourt  !  Somme). 

lîovaue  e.    :    Bouvaincourt   (SoinnieV.   Bouvincourt   (Xoi-a, 

Semnie). 

Farane  c.  :  Farincourt  (Haute -Ma me). 

("raudiane  c.  :  GoyenCOUrt  (Somme). 

Godanec.  :  Goincourt  (( )ise). 

r.on/.ane  e.  :  Goussaincourt  (Meuse  .  —G.  v.  :  Goussain- 
Ville  iluue-el-Loir,  Seiiie-et-Oise). 

Si- rail  a  ne  c.  :  SerainCOUrt  (Ardonnes). 

iJa^'ns  les  exemples  suivants  le  nom  de  femme  lienl  la  seconde 

place  : 

Villa  A  (Il  a  ne  :  Viltain  'cf.  n°  950.. 

Cor  lis  i;  lança  ne  :  GomblauchiL'u    cf.  n"  939 

G    r.ovane   :  Coui'bouvill  (ef.  n"  935  . 

G.   lîerlane  :  Coubertin  (cf.  n"  938Ù  —  V.   H.  :  Villebertin 

I  Aubel. 

V.  Lupane  :   Villeloin  {Indre-el-l.oire). 

G.   Waldradane,    dans   le   Polvplicpie  d'irminon    :   Courgau- 

dray  |(>rne  . 

986.  Dans  ce  dernier  nom  la  nasale  <pii  lermine  le  cas  rc-ime 
du  nom  féminin  a  tlisparu  ;  on  coi>state  le  nuM^e  phénomène  dans 
Bubertré  (Orne),  dont  le  second  terme  répond  auj;emlif  liiMlra- 
dane,  et  dans  les  noms  —  portés  par  trois  localités  peu  éloi-nées 

,•„„,,  ',1e  p;mire  —  Villacoiiblay,  Ville-d'Avray  et  Viro/hiij  (Seine- 

rl-Oise  .    .pii    s'ecrnaienl    au    XIU"  siècle     V/V/c     /A, •',/,/,■/,/ ,     Villr 
l)jri\iin   el    Villnjlchi. 
K  987.    A  viai  dire,  le    second  terme    du    nom  de   Virollay    n  est 

[  pas  un  nom  de  lemme,  la  forme  Offleni  villa,  (pi'on  trouve  en 

I  !G2,  attestant  qu'il  s'a-it  d'un  nom  masculin  en  -lenus.  1)  une 
manière  générale,  il  i'aul  se  garder  de  considérer  comme  autant 
de  noms  T'unnins  tous  les  détermini.tifs  en  -nin  compris  dans  les 
noms  de  lieu  en  -vlUa  ou  en  -court  :  on  s'exposerait  a  plus  d'une 
méprise  si  l'on  concluait  en  ce  sens  sans  avoir  exannué  les  formes 
anciennes.  Gelles-ci  peuvent  révéler  qu'on  est  en  présence  de 
noms  en  -lenus  —  comme  celui  qui  entre   dans  la   composition 


:i'i.S 


r.i;s    isciMs   di 


(lu  nom  tle  ^'i^()(la^'  —  ou  tlo  noms,  é^aleiiu'ut  ^■eriii;uH(|ues,  en 
-LMiiis  ou  -iuus  ;  Gitinrillr  (luire-ot-Loir),  au  i\''  sii'clc  (îau- 
(li'iii  villa;  Vilh'hadin  ((Irne^i  =t^  \'.  liadilcni,  l)'aulre,  pai1, 
Mniidruinvilh'  (Calvados),  Tou/fruinoille  (Seine-liilerieure)  et 
Trancruinville  (Eure-el-Loir)  étaient  appelés  au  moyen-àj^e 
Mniidrcvillc,  Toiifreuille  et  Tancrevillc,  ce  qui  suppose  les 
formes  primitives  Muudradi  v.,  'riiorfredi  v.  et  Tancradi 
V.  :  la  nasalisation  n'est  intervenue  t[u'au  \vr'  sieele  ou  au  wu''. 

Va\  dehors  de  ceux  ([ue  le  latin  de  répocpio  fran((ue  déclinait  en 
-n,  -ane,  l'onornasliipie  germanique  latinisée  comprenait  divers 
noms  de  femme  caractérisés  par  des  terminaisons  telles  (juo 
-burgis,  -gardis,  -g-undis,  -hag-dis,  -liildis,  -lindis,  -sin- 
dis,  -trudis  :  les  formes  vulgaires  de  ces  terminaisons,  dans  la 
langue  du  moyen-Age,  n'avaient  aucunement  l'e  muet  tinal  que 
de  nos  jours  les  noms  de  femme  présentent  presc|ue  tous. 

988.  -burgis  est  devenu  en  français  -huître,  [)lus  tard  écrit 
-hourrj.  (Test  le  nom  Kramburgis  ([ui  ligure  dans  l'appellation 
aneit'nne  d'ime  voie  parisienne,  la  rue  Ennuhmvij  de  Jlric, 
aujoiu'd'luii  »  rue  lîoutebrie  ».  —  \\'ithurgis  est  l'origine  du 
nom  (luiljourfi,  (|ui  (igure  en  plus  d'une  chanson  de  geste  du  cvcl 
de  (liiarlemagne.  —  La  forme  vulgaire  de  II  i  Ideburgis  appa- 
laît  tians  Fontaine-Heudebourg  (l^ure). 

989.  -ga  r  d  i  s  a  donné  -ijurd ,  -/'"'d,  -'jcard,  ou  sinq)lemcnt  -nrd 
quand  le  7  se  trouvait  pré'cédé  d'une  voyelle  : 

^'illa  Adalgardis  :  'Villaugeard  (luire-et-Loir). 

Mo  n  s  B  e  1  i  g  a  r  d  i  s  :  Montbéliard  (  Doubs  ) ,  Montbliard  (  Bel  giquc, 
Ilainaut).  —  Podium  Beligardis    :  Puybelliard  (\'endée). 

N'allis  Engelgardis  :  Vallangoujard  (Seine-et-Oise). 

F.  Ermengardis  :  Fontaine-Émangard  (Calvados'). 

r.r.  Leutgardis  :  Belgeard  (cf.  n"  983).  —  Cf.  le  Clos- 
Ligeard  (Mayenne),  et   Lijardière  (Charente-Inférieure). 

Dans  l'étude  mentionnée  plus  haut  (n"  811),  M.  Berrenot  a 
donné  du  nom  de  Montbéliard  une  étymologie  qu'on  ne  saurait 
admettre  :  Mons  belivardae,  «  mont  du  clocher  .1;  l'agglomé- 
ration à  la([uelle  Montbéliard  doit  son  origine  a>ait  reçu  son 
nom  bien  avant  qu'un  clocher  ne  s'y  élevât.  Cette  ville  est 
appelée!  en  allennuul  Mbnpelgard. 


onidiNKS  l'iiANijiiKs   :   NdMs  ni.  l'intsoNM-;  -!■' 

990.  -L;unclis  esl  devenu  -i/nni  :  les  nmus  AUlfi/ondi',  Frédc- 
i/nmle  soûl  de  lormatidii  savante  :  Sainte-Aldegonde  (Noi^l)  s"esl 
a[)[ieK'',  tlurant  lout  le  inoveu-àye  Suinte-. [iiile(/(iii/ . 

Bois-Ragon  (Deux-Sèvres)  présente  la  loinie  vulgaire  du  nom 
I  { a  d  e  i,'- u  II  d  i  s . 

991.  -hai;dis  ou  -haidis  a  produit  -;iis,  r('duil  plus  tai'd 
à  -ift. 

Adalhag-dis  ou  Adalhaidis,  eu  langue  vulgaire  Alais  ou 
.Mis,  se  retrouve  dans  les  noms  de  la  Ferté-Alais  (Seine-et- 
OiseV  du  Bosc-Alix  (l'AU'e'i,  d'Écalles-Alix  'Seine-lnlerieure;. 
de  la  Fontaine-Alix  (.Visne),  sans  e(>mi)ter  ceux  de  Pontalis, 
Portalès,  Portails  et  Pourtalès,  (pu  sont  devenus  noms  de 
famille. 

992.  La  linale  -hildis  est  moins  reeonnaissalile  f[u'aueune 
autre  dans  les  noms  de  lieu  français,  car,  par  suite  de  la  vocalisa- 
tion de  17  et  la  chute  de  la  désinence  atone  -is,  elle  a  produit 
un  monosyllabe  noté  de  diverses  façons  :  -hnul  dans  llni- 
ncli.iiiL,  de  Hrunehildis,  et  .Mnhniil,  de  Mathildis  ;  -heiil 
dans  liiclieuf,  de  Richildis;  -Iwiil,  dans  Sainle-MenchouUI, 
de  Sancta  Alan  eliildis  ;  et  ce  monosyllabe  est  plus  d'une  fois 
altéré  par  des  accidents  de  graphie  cl  de  négligences  de  pronon- 
ciali<m. 

Mous  .Mnhildis,  dans  le  Polypti([ue  d'irminon,  désigne 
Monhinot  (Orne). 

Uert  hildis  cortis  :  Brétencourt  (Seinc-el-Oise),  ancien- 
nement llcrtlipurnurl ,  [mis  Jlreflicucnnr/ . 

('astrum  lirii  neh  il  d  is  :  Bruniquel  (Tarn-et-Ciaronne:.  le 
ternu>  princi|Kd  elani  Icuubi'  en  désmdude.  --  15  ru  neli  il  di  s 
mansus  :  Brunehamel  (cf.  n"  965 1. 

Gisehildis  cortis  :   Gizaucourt  (Marne). 

Gundiiildis  c.  :  Conclécourt  (cf.  n"  130). 

liichildis  m.   :  Richaumont  (xMsne). 

V.  Seniliildis  :  Villeseneux  (Marne). 


993.   -linilis  a  donné  -Icnf,  -Uinl   connue  lingua  Uiiu/ur. 

Berelindis  c.  :  Berlancourt  (Aisne,  Oise),  Berlencourt  (Pas- 
de-Calais),  Bellancourt  ("Somme).  —  1',.  ecclesia  :  Bellenglise 
(Aisne).  —  lioscus   W.   :  Boisbellent    .Manche). 


2"i(l  i,i.:s   M  IMS   iji-;    i.iu;!; 

GuikI  clin  dis  cortis  :  Goudelancourt  (Aisne). 
I  n^-oiiiulis  e.  :  Aingoulaincourt    11;uiU'-M;iiik'). 

994.  -sindis  est  drveuu  -sc/il. 
Fredesindis  cort  is   :  Fresseucourt  ^Visne). 

Main  sindis  cul  lu  la  :  Metz-en- Couture  ^Pas-de-Calais,  jadis 
Mrsspncoudire. 

lUirg'us  Ilerisiutlis  :  le  Bourg-Hersent  (Mayenne). 

995.  -Irudisa  pour  forme  vul^aii'e  -//v/. 

(laniijus  r.aij;net  rudi  s  :  Gharaintru  (cl',  n"  977.  —  Mous 
H.  :  Morintru  (el.  n"  972 1.  —  Pons  Pi.  :  Porrentruy  (cf.  n-  705 
et  976). 

()uanl  au>:  noms  ^ermaniciues  tlliomme,  ils  peuveni  être 
répartis  en  deux  i^randes  séries,  dont  la  principale  compr(nd  ceux 
de  forme  qu'on  pourrait  a[)p(dt'r  solennelle,  composés  de  deux 
éléments,  comme  on  le  \o\[  dans  la  plupart  des  noms  ro\aux  de 
la  (.lynastie  méroviny'ienne.  .V  ces  noms  correspondent,  en 
moindre  nombre,  des  formes  familières,  dont  l'ensemble  consti- 
tue l'autre  série.  C'est  celle-ci  c]u'on  envisagera  tout  d'abord,  'a 
théorie  tic  la  formation  des  noms  (jui  la  composent  inésenlanl 
quelque  complication. 

996.  Les  Allemands  emploient  Fri/z  concurremment  avec 
Fricdririt  ;  Les  .Vnglais  disent  linf)  pour  Ro/x'r/,  I)irl:  pour 
/{ic/i.ird.  Bill  pour  \\'illi,un.  Trd  pour  liil/ranl,  Xoll  pour  Oli- 
ric;-.  L  usa_i;'e  des  noms  lamilu'rs,  très  \i\ace  enc(jrt?.  on  le  \'oit, 
che/,  les  nations  i^ermaniqiu's,  est  constaté  dès  l'éjwique  frainpie. 
Le  nom  de  Clilotlio,  réduit  ipudcjnefois  à  (^loio,  n'est  auli'e 
chose  que  la  forme  familière,  c  liypoe(H'istique  »,  d'un  nom  tel  que 
Chlodovicus,  Ghlo  dom  ii'us,  (^Jil  odericus.  Le  troisième  (ils 
lU'  (^diarles  Martel  et  de  Soan  a  cli  i  1  d  is,  il'ordinaire  ap[U'l('' 
(îrifo,  doit  èli'r  reconnu  dans  le  comte  de  Paris  (la  i  refredus, 
([LU'  nu'nlioinu'  un  acte  de  P(''pin  le  l'ref  '.  l)ans  une  charte  ilu 
IX''  siècle,  on  voit  une  femme  nommée  lîichoara  sij^ner  l)eca-' 
(cf.  Dick  =  Hichard  ). 

I.    1\.  (le  I,.isli"yrio,  C^ti-liilairc  iji'iicr.tl  tle  l'.ifia.  I,  27. 

:.•.   A.  r.rii.'l,  /,',•,■;;,•//  '1rs  rli  .irir-:  ,!,■  r.il,l,.i;/"  'IrClun,/,  I II,  :;SG-r,S7,  ji^^.'ilO. 


ORIC.INKS     KHANOUKS     :     NOMS    DK     IM:itS(  INNK 


2ni 


Lu  loinuiLiun  diui  nom  familier  comjiorlail  la  siippi'ossioii 
(lu  second  élément  de  la  forme  solennelle,  le  premier 
étant,  par  compensation,  allublé  de  lu  désinence  -o.  A  l'nn  des 
M'inis  iM-idericus,  Fredholdns,  Fredmnndus,  etc.,  était  ainsi 
substitué  l"'rido  en  Fredo,  cpie  le  lalm  de  1  épocpie  déelinait 
iniparisyllabiquemcnt  en  -o,  -onis. 

Fur  la  suite,  les  noms  ainsi  formés  ont  reçu  un  suffixe  ilimi- 
nutif  correspondant  à  l'allemand  moderne  -h-iii,  et  latinisé  en 
-lenus  ou  -linus  ;  Frido  est  devenu  l''ridolinus. 

997.  Avant  d'aborder  Fexamen  de  ces  deux  catégories  suc- 
cessives de  noms  bypocoristiques,  il  |iaraît  à  propos  de  eonden- 
sei',  dans  un  t'x.omple  lypi(|ue,  l'exposé  c[ui  précède.  On  s'est 
étt)nné  '  devoir  un  éxècpu-de  Faris,  contemporain  du  roi  liobei'l, 
appi'lé  indilléremment  Adalberlus  et  Ascelinus.  Or,  il  est 
avéré  qu'aux  xi"  et  xri''  siècles,  en  Lombardie  à  tout  le  moins, 
le  niiin  Adalbei'tus,  [lar  la  suppression  du  dernier  terme,  la 
ri'duelliin  du  premier,  el  l'in tnnhu'tion  du  son  sifllanl,  est  tli'senu 
.Vil/.ii  :  .Vseelinus  s'L'N:pli(pie  [lai'  la  combinaison  d  Ad/.o  a\'ec 
le  suffixe  -1  inus. 

998.  11  est  aisé  de  reconnaître  les  nonis  bypocoristiques  en 
-o,  -onis,  dans  les  noms  de  lieu  où  ils  oeeu|ienl  la  «lerniére 
pince  :  Goncourson  (Maine-et-Loire)  ^^-  Ct)rlis  Oontionis;  — 
Courtabon  cf.  n"  933)  ~=  C.  .Vbbonis  ;  —  Gourbouzon  (cf. 
n"  935)  =  C.  Bosonis  ;  —  Gourvaudon  (Calvados)  ^--  C.  Wal- 
donis.  Le  maintien  tlu  son  -on  est  favoilsé  par  ce  fait  (pie  l'ac- 
cent toni([ue  est  sur  l'o  du  i^énitif -onis. 

l'ai'  contre,  eel  n  n'a  [dus,  [iour  ainsi  Awc.  i|u'uii  (U'ini-aeeenl 
(piaïul  le  nom  d  lunnine  en  -o,  -onis  est  le  [iremicr  Icrnu'  du  nom 
de  lieu.  Dix'erses  altérations  peinent  alors  si"  produire,  ainsi 
qu'on  en  jugera  par  plusieurs  des  exemples  cjui  vont  être  éiiu- 
mérés  en  rei;ard  d'un  clioix  de  ces  noms  d'bomme. 

999.  Abbo  (cf.  n"  815)  :  Aboncourt  (Meurlbe-et-Moselle, 
Haute-Saône),  Abancourt  (Nord,  (^ise,  Seine-lnférieuii')  ;  -  Gour- 
tabon  (cf.  n^'  933). 

1000.  A-lo  :  Ailloncourt  (llaute-Saône). 


t.    I!.  (lo  I.Msloyrie,  o/(.  ,'(7.,  I,  11^2,   n<Ao  (i 


2')2  I.KS     NdMS     \)\-.     I.IIOI' 

1001.  Ainhlo  pour  Anuili)  ou  Annilo  (cf.  n"  832;  :  Ablan- 
court  (Marne). 

1002.  Ainho:  Ambonville  (Loirol,   Il;nlle-^[a^^el 

1003.  Aasf),  formé  sur  l'un  tles  nom.s  iK'.  la  famille  à 
laquelle  appartiennent  AnsberLus  el  Ansegisus  :  Ansoil- 
COUrt  (Meurthe-et-Moselle),  Ansonville  (Eure-et-Loir,  Loiret  l, 
Ensonville  (Eure-et-Loir).  —  Le  mèmie  nom  se  retrouve  daii.s 
la  Lande-en-Son  ((^ise\  ([ui  ilevrail  s'éerire  l;i  Lundr-Aitsmi. 

1004.  .Vrno  :  Arnoncourt  (  Ilaute-Mame),  Arnancourt 
(Ilaute-Marne). 

1005.  .Vtto  :  Attancourt  (  Ilaute-Manu^j,  Attencourt  (Aisne. 
Eure-et-Loir),  Hattencourt    Somnu"). 

1006.  Austio  :  Outrancourt  ( Vosj^-es). 

1007.  IJaddo,  nom  qui  (b'sit^-ne  dans  (}réi,'-oire  tle  Tours  un 
émissaire  de  Frédégonde  :  Badonville  Eure-et-Loir i,  Badonvil- 
1er  lAIeurthe-el-Moselle),  Badonvilliers  (Meuse);  —  Vaubadon 
((  lalvados). 

1008.  lialdo   :  Baudoncourt  (Haute-Saône). 

1009.  Bego,  nom  porté  au  début  du  \\''  siècle  par  un  comte 
de  Paris   :  Causse-Bégon  ((f.arcL,  Champbegon  (Saône-et-Loire\. 

1010.  Helto    :    Bethoncourt    (Doulis),    Betoncourt    (Haute. 

Saône),  BettOIlCOUrt  (Haute-Marne,  VoSL;-es)  .  BéthanCOUrt 
(Aisne,  Oise),  BétheilCOUrt  (Nord,  Pas-do-Calais.  Seine-Infé- 
rieure, Somme),  Béthouvilliers    terr.  de  Relforti.  Bethonval  et 

Béthonsart  (Pas-de-Calais). 

1011.  Hodo  ief.  n<'834)  :  Boncourt  (Aisne,  Côte-d'Or,  Eure, 
l!]ure-et-Lt)ir,  Meurthe-et-Moselle,  Meuse,  Oise),  BailCOUft 
(Pas-de-Calais). 

1012.  lîoso  :  .S,a'/(7-/»cv/(//-r/;-Bouzemont  (Marne),  Bouzoïi- 
ville  (Loii-et),  Bossancourt  (Auliei,  Bouzancourt  (Haule-Marne, 
Somme).  —  Montbozon  ( Haute-Saône i,  Courbouzon  (cf.  n"  935). 

1013.  P)ovo  :  Bouvancourt  (Marne  . 

1014.  Oai;'o.  ([ui  peut  ètix-  la  l'oiane  livp(K'orisli(p.ie  du  nom  de 
Dai^obert    :   Dagonville  (Meuse). 

1015.  Dodo  :  Doncourt  (Haute-Marne,  Meurthe-et-Moselle, 
^^•nse),  Dancourt  (Ardennes^,  Dampcourt  (.\isne  .  —  Llsle-eii- 
Dodon  (Cers)  se  traduit  par  Insula  domini  Dodonis. 

1016.  j'iudo.  (|ui  fui  le  nom  dun  due  (r.\(piitaine  contenqio- 
raiu  (le  Chaides  Muriel  —  e(  (pi'ou  a  confondu  à  tort  avec  Oddn. 


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uiiic.i.MOs  i-i;.\Nni  i;.s    :    .\(iMS    ijK    i'i:usu>\i 


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d'uii  /ùuli's  —  a  doniu'  ou  IVant^-ais,  an  t'as  siijol  )'.v,  cl  an  cas 
i(''L;iinc  )'(Jii  —  S;iin/-)'()ii  (Seiiir-et-Oise) —  ou  /ùi/i  :  Bosc-Hyon 
iSi'iuo- Inférieure),  le  Boshioil  ( Enve) ,  Monthyon  i?eine-el- 
Marne). 

ion.  Faro,  au  iléhut  du  vii'^' siècle  nom  d'nn  saint  évè(iuc  de 
Meaux  :  Faronville  (Loirol),  Féronval  (Aisne i. 

1018.  l'ranco  :  Franconville  (Loiret,  Meui'tlie-et-Moselle), 
Franquemont  (IIle-el-\'ilaine').  —  Mais  Friuicniicillc  (Seiue-el- 
Oise)  =  Francoi'um  villa  (cf.    n"  536i. 

1019.  Ciisd  :  Gisancourt  (luu-e  ,  Gizancourt  i^Oise,.  — Mont- 
(jeroil  ;Si'nu'-el-(  )ise  1,  aïK'ienneinent  Maiih/csun. 

1020.  (lodo,  [lour  un  nom  eumineneanL  [)ai'  (Itnl,  eonune 
Ciodherlus  :  GonCOUrt  (Marne,  1  laule-Marue j,  Gancourt  i  Seine- 
Inférieure). 

1021.  (ionlio  ;  Goussancourl  ;Aisne  ,  Concourson  cf. 
n"998i. 

1022.  <'irimo,  forme  familière  dun  noni  tel  ([ue  Grimoal- 
dus  ;  Grénioménil  A'os-i's),  Grémontmesnil  Seine-Inférieure;, 
Grimomez  (Nord),  Grimonpont  (Nord,,  Grémonville  (Seine-Infé- 
rieure), Grimonville  (('lier),  Grimonviller  iMeurthe-et-^klosellel, 
le  Grémonpré  (Seine-Inférieure). 

1023.  llatto  :  Hattonchâtel  (Meuse),  Hattenconrt  (Somme), 
AtlailCOUrt  pliante-Marne),  Altencourt  '.\isne,  luu'e-et-I.oir), 
Hattonville  (Meuse),  Hathonville  ;Seine-el-<.)ise),  Hattenville 
(Seine-Inférieure).  —  Ménil-Haton  (Orne). 

1024.  Iluymo  :  Heymonrupt  (Meurtlie-el-Moselle),  Henne- 
mont  (Meuse).  —  La  ville  du  (Juesnoy  iNord)  était  jadis  appelée 
lliijininn<[uefin<jii . 

1025.  llu-o  :  La  Cliapelle-Huon  (Sarthe  ,  Valhuon  l'as- 
de-Calais)  :  Magiiy-Danigon  (liante-Saône)  -  ?ilansionile 
d o m  n i    IL 

1026.  Milo,  l'un  des  plus  anciennemenl  connus  parmi  les 
noms  germanifpies  :  Millencourt  (Somme)  ;  MiUonfosse  (Nord)  = 
M.  fossa  ;  Millemont  (Seine-el-Oise).  —  Le  Bois  Miloil  ^Aisne, 
lùu'e,  Oise),  Champmillon  ;  Charente),  Fontaiue-Milon  (Maine- 
et-Loire),  la  Ferté-Milon  (.\isne). 

1027.  Modo  :  Monville  (Seine-Inférieure),  Montville  i^Clia- 
1-eule,  Loii'et',   Moiivilliers  (Kure-el-Loin. 

1028.  l'iopkionis  curtis  est  le  nom  donné  par  un  texte  de 


\ 


k 


2.j4 


LKs   .Noms    di.;    i.nai 


tH»i    à  Plichancourt  (Marne i   :   ou  i-iu.rc  ;i  ([uoUc    Imnu'    solcii- 
ncUo  (1(>  nom  d'honuiie  [)eul  répondre  riiypocorislKjiK'     l'iojikio, 

1029.  Kiido  :  Rancourt  (Meuse,  Somme,  Vosges i. 

1030.  Hocco  :  Rocquancourl  C.alvados),  Rocquencourt 
(Seine-el-(_)ise). 

1031.  Waddo  (cf.  n-  785  el  838)  Vadencourt  (.\i.sm.. 
Somme),  Gadaiicourt  (Seine-o(  Oi.se),  Gadencourt  (Kure).  Vadon- 
ville,  Wadonville  (Meuse). 

1032.  \Valdo  :  Vaudoncourt  (Meuse,  Vos^-es),  Godoncoiirt 
(Vosi^es),  Vaudancourt  (Marne,  Oise). 

1033.  Walo  :  Ghampvallon  (Yonne).  Chapelle- Vallon  (Aube). 

1034.  Warno  ;  VernailCOUrt  (Marne). 

1035.  Wido  :  Guyancourt  .Seine-et-Oise) ,  Guyencourt 
(.Visne,  Soiunie),  WieilCOUrt  (Somme),  Guyoïivelle  illaule- 
Marnej,  Yonval /Somme).  -  Bois-Guyon  (lîlure-el-Loir),  Ghamp- 
guyon  (Marne),  le  MesnilGuyon  Seine-et-Oise',  Monlguyon 
tCharer)le-Inférieure).  La  Roche-Guyon  (  Seine-eU(  )ise),  Lavau- 
guyon  (naulo-\'ienne).  —  Au  moyen  %e  la  ville  de  Laval 
(Mayenne)  était  appelée  /,/  Vnl  (Jui/on  ou  lu  Vnii  Ciit/un,  piu-ce 
(pie  ses  seigneurs  oui  porté,  pendant  de  nomlircuses  générations, 
le  nom  de  (hiy. 

1036.  ()n  voit  (jue  la  finale  -nn,  (pie  présenlenl  réguliéremeat 
les  noms  d'homme  corrcspondanl  à  des  hypocorisliciues  en  -o, 
-onis,  s'altère  souvent  en  -,(//  ou  -en,  dans  les  vocables  topo- 
gTaplii(pies  oii  ces  noms  (riiommes  tiennent  la  prenuére  |)lace  : 
Béthancourt,  Béthencourt  [W  1010-,  etc.  —D'autre  pari.  Bouze- 
mont  (n"  1012),  Franquemont  (n"  1018-  i-t  Millemont  (n"  1026) 
\)ourJ)nuzim-ninnl,FrHiirun-ii>iirtl  cl  .l///y/i-mo///,ollr<Mit  l'exemple 
d  une  altération  plus  mar(piée,  pour  raison  d'euphonie,  de  même 
tjue  Hennemont  (n"  1024)  pour  Ilctnon-moiit,  oii  1//;  du  nuni 
d'homme,   trop  voisine  de  celle   de  mnnt,  est  de\eiuie  n. 

1037.  Dans  les  noms  Bocasse  i  Seine-lnférieui-e),  le  Mesnil- 
Eudes  (Calvados),  le  Mesnil-Hue  (Manche)  et  le  Mesnil-Rogues 
(Manche),  qu'on  pourrait  traduire  par  Hoscus  Adsonis,  Man- 
sionile  Oddonis,  M.  llugouis  et  M.  lioiicouis,  le  nom 
d'homme  se  présente,  non  plus  au  cas  régime  en  -on,  mais  au 
cas  sujet  :  évidemment  il  n'a  été  aj(Uité  ipi'à  une  épo(pie  tardive, 
alors  cpii'  1  usage  de  la  déclinaison  était  al)andonne,  c'esl-ii-diie 
à  partir  de  la  première  moitié  du  .kiv''  .siècle. 


(iiii(;i.\i;s    i'itAMji'i;s    :    noms    m-;   ri:itS(i.\Nr,  L'.i;) 

I.rs    iKMMs    livj)()Coi'isli([iu'.s    en    -IcMiusou    -liiuis,    (liiniiuilir.s 
lies  prôccik'iiLs,  ont  conli'ibué,  eux  aussi,  à    foi'nicr  dos  noms  de 

iil'U. 

I  1038.   Ahbolenus  ou  Abolenus,  de  Ahbo  (n"  999)  :    Mon- 

h         taboulin  (Indre),  Montaulin  i^Aubo!. 

I  1039.   Ambolonus,  de  Ambo  (n"  1002)  :  Amblainville  (Uisej, 

Amblainvilliers  ; Seine-ei-( )ise). 

1040.  Ascelinus  (cf.  n"  997)  :  le  Bosc-Asselin   (Eure,    Seine- 
hiferieure),  Mesnil-Asselin  iC'alvadiis  . 

1041.  Babolenus,  cU'  IJabo  iii"825i  :  Bavelincourt  (Somme). 

1042.  Bobolenus,  de  lîobo  ou    Hovo  (n"  1013;   :    Bouvelle- 
mont  î^Ai'deiinesl. 

1043.  Dodolenus,  de  Dodo  (n"1015i  :  DolaillCOUrt  ^\'osi:,es), 
Doulaincourt  (Ilaule-Marne).  —  Courtouliii  (cT.  n"  935). 

1044.  Gislenus,  de  Giso  (n"  1019)  :  Villers-Guislain  (Nord). 

1045.  IIu}>-olinus  (cf.  l'ilalien  n;folinn),  de  llui^o  (n"  1025): 
le    Bois-Hulin    (lune,     Seine-Inférieure .,     la     Chapelle-Heuliii 

(Loire-Inférieuro),  la  Ghapelle-HuUiu  (Maine-el-Loire),  le  Mont- 
Hulin  (Oise,  Pas-de-Culais). 

1046.  Modolenus,  de  Modo  (n"  1027)  MoulainvJlle  (Meuse)  ; 
—  Cormolain  (cf.  a"  936). 

1047.  Offolenus  :  Viroflay  (cf.  n"  987). 

1048.  Roccolenus,  de  llocco  (n"  1030)  :  Reclainville  (lùu-e- 
et-Loir)  ;  —  Corquelin  (cf.  n"  936). 

1049.  Roseelinus  :   la   Ghapelle-Rousselill    (Maiue-el-Loire), 

le  Mesnil-Rousselin  (Manche). 

1050.  Sigolenus  :  SelilîCOUrt  fSomme),  Selaincourt  (Meurthe- 
et-Moselle). 

1051.  Waddolenus,  (K>   \\addo  ^n^'  1031)  ;  Vadelaiucourt 

(Meuse),  WadelinCOUrt  (Ardennesi. 

1052.  Waadelinus  :  Vandelaiiiville  et  Vandeléville (Meurtlie- 
et-Moselle). 

1053.  Wazelinus  :  Valaiiicourt  (N'os^-es),  Valainville  (luu'e- 
et-Loir). 


i 


^ 


Les  noms  d"liomme  i;ermani(|ues  de,  forme  solennelle  sont 
exlrèmenient  nombreux,  et  lénuméralioii  com[)lèle  n'en  saui'ait 
trouver  place  ici;  on  se  contentera  de  faire  connaître  les  princi- 
pales  modiiications  que   leurs  terminaisons  ont   subies  dans   les 


^•M)  l.i:S     .M  IMS     iJl.     IJI'U 

iioins  (le  lieu,  el  :i  ci'Iti'  lia  Ion  suivra  l'ordrL'  alplial)(,''li(|iu:  iK' 
ces  U'rniinaisdns  lalinisées. 

1054.  La  linale  -aldus  t)U  -oldiis  de  1  épo(|iie  laiolini^ieiine 
représente  la  terminaison  niérovinyienne -oaldus,  (|ii"on  oljserve 
dans  Clilodoaldiis  et  Tlieobaldus.  Elle  devient  ordinaii'e- 
ment  en  français  -<•((/(/,  noté  -aulil  ou  -aiiU  dans  qnelcjues  [iro- 
vini.<.'S,  telles  ([ue  la  Tiau'aine  t't  U;  Poitou  :  dans  eerlains  pavs  de 
lani;iie  d'oc  -aldus  devient  -.//  lef.  ci-dessus  n"48);  dans  les 
réglons  qui  avoisinent  le  cours  nio\en  et  inférieui-  de  la  Seine, 
et  en  Normandie,  -oaldus  a,  par  l'intermédiaire  de  -oldus. 
donné  -ouil  ou  -oull,  comme  dans  le  nom  de  saint  ('Aoud 
(==  CIiU)doa  Idus j.  Cette  l'orme  vulyaire -o;///,  -o//*/,  aujoiu-d'iiui 
conlinée  presc[ue  exclusivement  en  Normandie,  alors  cpiau 
moven-âge  on  la  rencontrait  aussi  dans  le  Parisis  et  avix  environs 
de  Melun,  peut  être  facilement  confondue  avec  la  Forme  vidgaire 
en  -ou  des  noms  orijji^inairement  terminés  en  -ulfus  (cf.  ci-après, 
n'"'  1143  à  1150),  de  sorte  qu'en  cas  de  doute,  il  est  prudent  de  se 
reporter  aux  formes  latines  des  noms  de  lieu  ([ui  les  |)rési'ntent. 
Dans  tous  les  pays  de  langue  d'oïl  les  formes  vulgaires  des  noms 
diiomme  en  -oaldus  se  terminent  par  inic  dentale,  </  ou  /  ;  mais 
ceIK'-ci  disparait  toujours  dans  la  forme  moderne  des  noms  de 
lieu  dont  ces  nonis  d'homme  constituent  le  premier  éliMuent, 
tandis  qu'elle  persiste  dans  ceux  où  ils  tiennent  la  ilernièrL' 
place. 

1055.  Ansoaldus  :  Ansauville  ( Meurthe-et-Moselle!,  Ansau- 
villers  (()ise).  —  La  seigneurie  du  Plessis-feu-AussOUX  (Seine- 
et-Marne')  appartenait,  en  1170,  ii  un  chevalier  nonmié  Ansould 
du  IMessis  :  le  qualilicatif  «  l'eu  »  indique  que  le  surnom  tpi'a 
conservé  le  Plessis  est  postérieur  à  la  mmt  de  ce  personnage. 

1056.  Beroaldus  :  Braucourt  (llaute-Marnei,  BrauviUiers 
(Meuse). 

1057.  Fulcoaldus  :  La  Rochefoucauld  iChaiente)  ;  —  Fou- 
caucourt  (Meuse,  Somme  1. 

1058.  Gairoaldus,    plus     tard    Geraldusou    ("liraldus    :1a 

Ghaize-Giraud  (N'emlée)  =  Casa  (ieraldi;  le  Bois-Giroull 
(Eure)  ;  —  Gérauniont  (.Vrdennesi,  Giraumont  i  .\rdemies, 
ÎSleurthe-et-Moselle,   Oise),   Gérauvilliers   (Meusei. 

1059.  Grimoaldus     :     le     Boulay-Grilliault     flùue-et-Loir', 


i_iKi(iiM':s    b'ii ANijri;s    :    .noms    ui;   I'Imiso.nm:  2.)  i 

Cliainp-Grimaud  ^l'uv-Jc-Diuiu'),'    le    Plessis-Grimoult     ('.al\a- 
(Insi;  —  Grimaucourt  Meusi',  Oise  .  Grimouville  Maiiclic'. 

1060.  liaL^noaUlus  :  Chaiiiprenault  (^l'iie-ilOri,  Chàteau- 
Regnault  lAnlonnes  ,  Château-Renaud  (Sariur-ci-Lnii»,'  ,  Châ- 
teau-Renault (Iiidre-el-Loiri')  ;  —  Rignaucourt  Meuse;,  Renau- 

Val  (MariU'). 

1061.  Thooduldus  :  Thiaucourt'Mi-urilu'-cL-MosflIe!,Thiau- 
inont  ^Mi'use). 

1062.  La  linale  -liaidus  —  au  .soii.s  de  m  hardi  »  —  jdu.s  lard 
-lidldvi.s.   a  .sulii  di's  NariatidU.s  paralU'dos  à    celles  de   -aldus. 

'Idieodcbahlus,    i|u":iu   trouve  h   r('iio([ue   carolinj^-ieiiiie    sous 
la  foinie  'routi)oldus  :  le  Bois-Thibault  (Onu-),  Thiébauménil 
Meuillie-et-Moselle),    la     Chapelle-Thiboust    (Seine-et-Marne  i, 
Thibouville  (Eure). 

1063.  Parlois,  à  rinlérieur  des  noms  de  lieu,  -hau-  est  abu.si- 
venienl  noté  -beau-  :  Ribeaucourt  l'Meuse.  Nord,  Soniinoi. 
Ribeauville    Aisne,  Ardemies,  ()ise,  Somme). 

1064.  -berlus,  plus  anciennement  -berclitus,  '<  In'illant  », 
devient   -IjcrI ,  dont  le  /   disparaît,   (juaiul  le   nom  d'homme  dont 

■  il    l'ait    partie   est    le    prenuer    terme    d'un    nont    de    lieu  ;    [larlois 
nièn\e.  dans  ce  cas,  Y r  s'assourdit,  et  -hrr-  se  réduit  ;i  -hc-. 

1065.  C'di  a  rilier  t  us,  à  répo([ne  nu''rovini;ienne  nom  roval, 
au  i\''  siècle  noté  1 1  e  ri  lie  r  lus,  est  sujet  à  des  altérations 
diverses,  en  raison  <les  deux  /•  ([u'il  renl'erme,  et  de  celle  cpd 
peut  st-  trouver  dans  le  terme  dont  il  est  suivi  :  la  dissinnhitinu 
intervient  nécessairt'nient  :  Herbécourt  i Somme).  Hébécourt 
llùire,  l'as-de-Clahus),  Hébécrevon  (Manche)  =  II.  caprio,  "  le 
ciievron,  le  pont  de  bois  d'IIerljert  »  ;  Héberville  (Seine-Inl'é- 
rieuinO.  Hébertot  (Calvados"!  —  dont  le  dernier  ternu'  est  d'oià- 
^■ine  Scandinave  —  Herbeville  >  Seine-et-(  )isc  )  ,  Herbéviller 
l^Meurlhe-et-Moselle),  Herbémont  (Meurthe-et-Moselle),  Her- 
beval  (Pas-de-Calais  I. 

1066.  (^huniherchtus,  puis  llum])ertus  :  HunibéCOUrt 
(Haute-Marne),  Humbépaire  I  Meurthe-et-Moselle  )  ^-^-^  II. 
petra'.  —   On   se  gardera  'le   rattacher    ii    ce    i4r(nii)e    Uiimber- 

I.   (l'esl  smiN  loules  ré--er\es  (|iu' nous  rr|ii'oiluisiiiis  celle  iiiler[)rél.ilion. 
I.i:.'i   (loms   dr    tien.  I  ' 


2:;8 


1,1'js  NiiMs  lU';    1,1  icu 


camps  (r'as-de-C'.;il;ùs),  appolé.  cii  1200.  llciulchi-rr^intp  (-    -llil- 
ilol>iM-Li  c;\in[)us)  ol  lluinhcrviUc  ivoir  ci-apros  n"  1073». 

1067.  Leutberlus  :  Libercourt  (l'as-iK:-Galai.si,  Libermont 
(Oise),  Libessart  (Pas-do-Calaisi. 

1068.  lî i)  t b e r  t us,  à  ri'po([ue  méi-o vin-iunne  C li r o d  o b f  r l ii s  : 
Robermesnil  (Calvados).  Robermetz  (Nord),  Robersart  iN<>i\l  . 
Roberval  (Oise)  ;  —  Robécourt  ( Vos->;esl 

1069.  Si"-il)i>fLus,  nom  di>  |)lusieiii-s  rois  de  la  dyiiasliu 
mérovini^ienne  :  SebécOUrtMurei,  Sebéville  (Maialu'i. 

1070.  On  sri-ail  U-ulé  de  reeoiiaailie  tlaiis  Aiiljcnncxnil  (Seiiie- 
luIV-rieure)  el  Auhcru'dle  (Calvados,  Seiue-liderieiire)  le  nom 
(rhommo  .Vdalber  tu.s  ;  oi\  au  moyen  âye,  ces  localités  sonl 
appelées  ( Jshcrincsn'd  et  Oshcrritlc  ;  d'où  Ton  doit  conclure  (pie 
le  premier  terme  de  leurs  noms  est  Osbernus,  noiu  d'honuue 
d'ori-'iiie  non  point  fraucpu',  nuus  l)ien  an-bi-saxcmne,  et  lornié 
sur  le  nujL  Os,  équivalent  tlu  latin  Deus. 

1071.  -bodus  a  donné  -bue,  puis  -/veu.  .V  la  lin  di's  noms  de 
lieu,  cette  l'orme  vulgaire  est  souvent  nolé-e  -Lriif  ou  -hifiif  :  à 
l'intérieur,  elle  s'altère  parfois  eu  -/k'-,  td,  dans  ce  cas,  l'examen 
des  formes  anciennes  est  de  l'igueur  pour  .[u'ou  sache  s'il  s'a-il 
d'un  nom  en  -bertus  ou  en  -bodus. 

1072.  Acbodus  :  Courtabœuf  (cf.  n"  933). 

1073.  Ha<^-inbodns  :  Humberville  (Haute-Marne),  semblerail 
ù  première  vue,  répondre  à  Humberti  villa  ;  dans  un  pouillé 
du  diocèse  de  Toul  ré.li-é  en  I  i-02,  celte  paroisse  est  appelée 
llaimliuevilla  ;  V r  n'est  pas  étymolo-^ique. 

1074.  llerilMulus    :    Herbeuval     (Ardennes),    Herbeuville 

(Meuse);    Hébuterne      Pas-de-Calais),    ^-    llerbodi    cisterna. 

1075.  llildebodus  :  Heubécourt  (Eure). 

1076.  liaLbodus  :  Corabœuf  ^ef.  n°937). 

1077.  llicbodus  :  Ribécourt  (Oise),  Ribemont  (.Visne, 
^j„„,^U'.^.   —  lUh'coiirt  (Nord)  ^rUicberli    corlis. 

1078.  Si-ibodus  :  Gourcebœufs  (Sarthe). 

1079.  Warbodus  :  Vaubecourt  (Meuse). 

1080.  -fredus,  apparenté  à  l'allemand  moderne  frir.ilc, 
u  paix  »,  a  donne  -froi/,  -fnni  ou  -/'n'/y,  ([ui,  à  l'intérieur  des 
noms  de  lieu,  peut  s'allérer  en  -fni-  ou  -/'/-e-,  parfois  s'assourdir 
•en  -fie-. 


(_)1U(;im:s    i  iiamu  i;s    :    mi\is    lu:   n  usonm  "J.i;i 

1081.  Aiisl'iH'dus  :  Anfroipret  iNurdi,  Amfreville  '^(/..-ilviKltis, 
lùii'i',  Manche,  SiMiu'-Inrérieure). 

1082.  AutTredus  :  Affracourt  iMeui-llio-el-Mn-cllci,  jadis 
nifn/ivmirl . 

1083.  lU-rfredus  :  Beffecourt  ( -\isnel.  en  12711  Hr/Jrrcdurl  : 
Beaufreniont  (^"os-l■^^   jadis  /ic/froimon/. 

1084.  (UiiuK'rri'diis  :  Confrecourt  (Aisuci.  en  I2ii:'i  dunfrr- 
i-niirl  ;  CoilfraCOUrt  (Ilaute-Saùne),  que  (juicherat  supposai!  a 
tort  ré[>(iiulre  à  Curtis  Franeoruni  ;  Gonîreville  Miiiielu-. 
Seiiie-Inlérieure) 

1085.  LandefiiMlus  :  Lanfroicourt  (Meurlhe-et-Mosellei  : 
Mélanfroy  (Seine-el -Marne  )  et  sa  ^ariallle  le  Mélanfray 
(Mavenru>)   =~-^  Mansus  Laiulefredi. 

1086.  Matl'redus  :  Maffrécourt  ^ Marne). 

1087.  Ilot  Ire  du  s  :  Vaurefroy  i  Marne). 

1088.  -i;arius  devient  eu  iVaneais  -y/V/'  ou  -ijcr;  ;i  l'inlv-rieur 
des  noms  de  lieu  V r  peut  disparaître,  et  IV'  de\enlr  luuel. 

1089.  Adaii^arius  :  Champauger  (Seine-et-Marne'i,  Auger- 
ville  (Loiret). 

1090.  .\ns^arius  :  Mésanger  (Loire-Inférieure),  Angerville 
(  (^ialvados,  luire,  Seine-lnierieure,  Seine-et-Oise),  Angervilliers 
i^Seine-eL-()isol. 

1091.  Aui-arlus  :  Bois-Oger    Mainc-el-Loire),  le  Mesnil- 

Oger  V.alvados),  Ogéviller  (N[i'ur(lie-el-MoS(dle). 

1092.  IJering-arius  :  Béreiigeville  M'Aue),  Bellengreville 
(dalvados,  Seine-Inl'i'rieure). 

1093.  liotiiarius    :     Bois  -  Roger      Calvados),    Boisroger 

(Mauehe\  le  Bois-Roger  (Aisne),  Champroger  (Srine-el-Marne;, 
Méroger  (  l-'ure-et-Loir,  Seine-el-Marnc'),  Rogécourt  i.Aisne), 
Rogéville  (Meuilhe-el-Moselle). 

1094.  Teut^-arius  :  Tichevllle  (Oi-ne-,  [H-éseidant,  ouli-e  l'c 
nuiet,  une   altération  du  y. 

1095.  W'arengarius  :  VareiigeviUe  ^Sciiie-lnrérietire   . 

1096.  Dans  le  iKun  Bellengreville,  nieutioi.né  plus  iuuii 
in"  1092).  sans  parler  du  chany-enuMit  de  li(piide  ((ui  se  produit 
entre  la  première  svUahe  et  la  seeonde,  on  ohserve  dune  par.t,  la 
persistance  du  cj  dur  —  ce  qui  est  le  t'ait  des  dialectes  utuinand, 
picard  et  wallon  —  et  d'autre  [)arl  l'interversion  de  Vr  el  du  son 


^l'd  i.i:s   MiMs   m;    i.iLi 

voyelle  qui  la  précède  :  ilouhle  phénomène  donl  mi  ;iuIit 
exemple  esl  roiiini  par  Yzeiigremer  i^cf.  Il"  964),  aii\  \iir  ri 
xiV  siècles  Ysonifuieriner. 

1097.  -i^isus,  plus  anciennement  -^-aisiis  —  l(''moin  le  nom 
lîadayaisus  poiti'  par  un  roi  franc  contemj)orain  de  IV'inpi'reur 
Constantin  —  adonné  en  français  -;/is.  A  l'intérieur  des  noms 
de  lieu  Ts  disparaît  ;  de  plus  1/  pouvant  faire  place  à  un  c  nuict, 
et  le  (/  subissant  [)arfois  une  altération  semblable  à  celle  qu'on 
a  vin;  dans  Tif/ifriUc  in"  1094  i,  la  l'orme  vid^aire  de  -i^isus  se 
confond  éventuellement  avec  celle  de  -yarius. 

1098.  Adalyisus  :  Augicourt  (Haute-Saône). 

1099.  Ansegisus  :  Courtangis  (cf.  n"933);  Angicouri  ;Oise  . 
Angivillers  (Oise'i. 

1100.  A'rti^isus  :  Montargis  (Loiret). 

1101.  Autgisus  :  Auchecourt  !^^arne;,  ()y/(,-o/7  vers  122(1. 

1102.  Guiidei^isus  :  "Villegongis  (Indre). 

1103.  Ratgisus  ;  Rachecourt  (Haute-Marne),  Richecourt 
(Aisne),  en  1278  llef/icuu/-/ ,  en  I.'i.'H  li'ujirourl. 

1104.  Uot^isus  :  Mérogis  (Seine-et-Oise),  Rogiville  l'.Vr- 
dennes). 

1105.  Teuti^isus  :  Tigecourt  (Marne),  au  xu'^  siècle  Tc/icort . 

1106.  Warcn-isus  :  'Varangéville  (Meurllie-et-Mo.seile). 


1107.  -liardus,  représentant  un  vi(Uix  mot  i;ermani({ue  cpii 
subsiste  dans  l'allemand  moderne  //<-;/•/,  x  dur,  ferme,  solide, 
fort  »,  devient  en  français  -ard,  comme  on  le  voit  par  des  noms 
d'homme  bien  connus,  Hcz-nurd,  liominl^  etc.  ;  le  </  linal  de  cette 
ftu'ine  vuli^aire  disparaît  généralement  dans  l'intérieur  des  noms 
de  lieu  :  Bénarville  (Seine-Inférieure)  ^^  liernehardi  villa; 
Gérarcourt  (Meurthe-et-Moselle;,  Ménarmont  (Vosges),  Garsault 
(Marne),  anciennement  (r'oar.va///--  (iunliardi   saltus. 

1108.  Touli'fois  ce  (/  jieut  laisser  (|uel(jue  trace,  quand  le  lernie 
<jui  suit  le  nom  d'homme  commence  [lar  ime  voyelle  :  Cohartille 
(Aisne)    =   Gunhardi  insula. 

1109.  D'autre  [)art  Y r  de  -hardus  est  sujet  à  disparaître;,  jiar 
dissimilation,  ([uand  l'une  des  syllal^es  voisines  renierme  une 
autre  /•  :  Bénaniénil  (Meurthe-el-MoselIe)  .—  Berneliai'di  maii- 
sionile;  —  Bemapré  (Sonune)    -  H.  pratum:  —  Bernaville 


hiic.im:s   i'ii  \Nnri': 


^(l'  s   m;   imikso.nM':  2(11 


Sdiniiu'l  -—  1).  villa  ;■ —  Grammout  (r)elt;i(|uo,  Flandre  Drirn- 
lalci  :  (jtM'olia  i-di  nions;  —  Grasville  (StMne-lnlV'i'ieure)  — 
Ci.   \illa  ;  —  Gravai  iSoine-Inléi-iourei  ~--  Cl.  vallis. 

1110.  -liarius  est  devenu  en  IVan^ais  -hier  ou  -ier,  toujoiu's 
i'('ci)nnais.sal)le  dans  les  noms  de  lieu  ayant  pour  dernier  élément 
un  n(ini  d'hiunine  ainsi  terminé  :  Coriiantier  (Mai'ne)  :-  Cor  Lis 
.N  anl  ha  ri  i  ;  Boisgarnier  (l'Iure-el-Loir)      -lui  sens  Warnliarii. 

1111.  L'/'  de  -ier  se  mainlienl  parfois  à  linlérieui'  dt's  noms 
de  lieu  :  Vernierfoiitaine  (Doul>s)  -^  W .  fontana  ;  —  Vauthier- 
mont  (lerriL.  de  Uellort)  =  \\'aUh  a  lii  nions;  —  Vattierville 
^Seine-Inlerieure)  \\'.  villa.  La  j;ra[)liie  de  Regilière-Écluse 
iSoninie')  lîainharii  exclusa,  est  inipiitai)le  à  la  liaison. 

1112.  Mais  souvent  aussi  relte  /•  dis|)arait,  ainsi  ([ue,  sous 
diverses  iniluences,  1'/',  de  sorte  que  -ier-  se  réduit  à  -é-  :  Bréval 
(Seine-et-Oise),  Rerharii  vallis  dans  le  lV)lypti([ue  d'Irniinon  ; 
—  Regnévelle  (Vos5,'es)  =  llainharii  villa. 

1113.  hans  d'autres  cas  -ici--  (le\ient.  non  plus -e'-,  mais  -/-  : 
Vatiinesnil  (lùue)  et  Vathiméllil  i  Meurlhe-et-Musellei  WaL- 
I  11  a  ri  i   ma  n  sio  n  i  !  e. 

1114.  La  l'orme  vulgaire  de  la  linale -ma  n  nus,  (|ui  reproduit 
]";dlenian(l  in;i/in.  «'  homme  »,  est  d'ordinaire  notée  -iiiniid  \  on  le 
voit  altérée  en  -incnl ,  [lar  exemple  dans  Moudement  (Marne), 
jadis  Molli  Ilcudcmnnl ,  de  Mous   II  ildenuinni . 

1115.  A  l'intérieur  des  noms  de  lieu,  la  dentale,  (pii  n'a  rien 
(rétymoloi;i([ue,  disparait  :  Armancourt  (Oise,  Somme)  lleri- 
manni  ou  llarlmanni  corlis. 

1116.  La  linale -marus,  -meris  ou  -mii'us,  ré|ionil  à  un  \ieil 
adjectil"  <4'ermani(|ue  (|ui  sii;-nilie  «  illustri'.  uohle  »  ;  elle  a  [lour 
formes  vu]j.;'aires -//hv  et  -/y//r/' ;  tle  cette  deiniere,  mieux  expli- 
caiile  par  -meris  (|ue  par  -marus,  on  a  vu  un  exemple  dans 
Saint-Luniier  (n"  909i;  elle  est  d'ailleurs  peu  fréquente  dans  la 
(npiuiomaslique.  L  /•  linale  (lis[)arait  assez  souvent,  tant  à  la  lin 
que  dans  l'inlérieur  ties  noms  île  lieu. 

lin.  Adamarusi?):  Amécourt  (lùirej,  Amerniont  iMeurthe- 
el-Moselle'!,  Amerval  (Nord). 


^(il:  i.i:s  MOIS   m,   i.iKr 

1118.  AihiMiiarus  :  Moutieramey  'Aiihu"!,  en  IIS2  M<isiifr 
.  \rr:nnr . 

1119.  Al(U'inai-u.s  :  Pont-Audemer    lùu'O'. 

1120.  Auiliiniarus  :  Courtomer  lOnie). 

1121.  Autniarus  :  Oiiiécourt  ((Msei. 

1122.  (lau/.iiinrus  :  Goniiécourt  (Somme). 

1123.  IltM-imarus  :  Monthermé  (  Ardeniu's) ,  la  Chapelle- 
Hermier  ^  Vendée  ;. 

1124.  Nortmarus  :  Noniécourt  (Haule-Mame). 

1125.  Wulomaïus  :  Mout-Aimé  iMarnei,  en  S77  Mous 
117//;/,7/\  an  \ni''  siècle  Mnliiincr. 

1126.  La  linale  -mn^idns  a  pour  foi-mc  vulgaire  -inoinl,  qu'on 
a  pail'ois  nolée  -inniit.  Le  thème  étymologique  de  Grangermont 
(Lou'eli.  ([ui  semblerait  à  incimere  \ne  avoir  pour  si'cond  ternir 
le  suhslanld' latin  mous,  et  en  ri-ahlé'  (  i  im  n  i  e  a    lli'rimundi. 

1127.  A  l'inlériour  des  noms  de  lieu -^/h^/h/- se  réduit  à -//c//)- : 
Bermonville  (Loirel)  =  liuM'imundl  \illa;  —  Fromonville 
(Seine-et-Marne),  FrémonviUe  (^Meurthe-et-Moselle  —  Lrol- 
mumli  villa  ;  —  Gemionville  I  l']ure-et-Loir,  Loiret,  Meurt he- 
el-Moselle,  Meuse);  —  Hérimoncourt  (Doubs)  =^  Ilerimundi 
cor  lis  ;  —  Hermonville  (Marne)  =  Ilerimundi  villa. 

1128.  Dans  Autremencourt  (Aisne),  -mun-  est  devenu  -iitcn-  ; 
si  Ion  ne  disposait  de  textes  anciens,  le  thème  él\  nu)loL;ique 
Ans  t  l'emuntli  et)rtis  ne  saurait  être  déternnné  sùrenuMit. 

1129.  La  hnale-oenus,  ou  -oinus,  représentant  un  nmt  L;'cr- 
nianifpie  ayant  K'  sens  d  "  .-uni  ■.  de\ient  eu  français -o?///(  ou 
-"in  :  Villiers-au-Bouin  I  Indre-cl-Loire  pour  Mlliers-Auhnnin  - 
X'illaris  Alboini;  —  Montbertoin  (Aisne)  --  Mons  lier- 
toini  :  —  le  Mesnil-Foucoin  i  luire)  =^  Man.sionile  biilcoini  ; 
—  Ménil-Gondouin  (Orne)  =  Mausiouile  Gundoini  ;  —  Ville- 
hardouin  (.Vubei  -    Villa   Ilardoini. 

1130.  .\  1  intérieur  des  noms  de  lieu,  cette  ternunaison  ]ieul 
.sid)irdi's  altération.s  plus  ou  moins  graves  :  jîaldoini  mons  est 
devenu  Baudimont  (Pas-de-Calais);  —  llartloini  cella  est 
aujourd'hui  Hardoncelle  ;Ardennes).  —  (_)n  observe  une  aller.t- 
tion  comparable  à  celle  que  présente  ce  derniei'  nom  dans  ceux 
decpudqnes  loealid's  du  bassin  do  la  Loire  —  l' Aiilion iiir/'c  ,  \'i-n- 


■v; 


OH1(;IM:s     l'UANOlJKS 


Di-;   l'KK  siiNM': 


iltH'l.  l<'i  Ifurdonnirre  (Loir-et-Ciher.  Loire-IiilV-rioure,  M;i\eniu', 
S:iillu!),  /,'(  J.iiidonniri'c  (\'eiukH')  —  foriiu''.s  sur  des  noms 
iriioinino  dont  les  formes  latines  sont  All)oiiius,  Ilanloinus, 
(  in  1  (loi  nus. 

1131.  La  finale  -radus  dont  cui  a  un  exemjiii'  hien  i.'onnu  dans 
l'.iiiinul,  a  donné  en  fi'an(,'ais  -rt'\  el  Fi)iirfc  est.  dans  la  laiiLj'ue 
il'od  du  n)oyen  à^e,  la  l'orme  \'ulgaiie  de  Fulradus.  Les  noms 
il'homme  en  -radus  ne  pai'aissent  pas  avoir  ('lé  très  fréquents 
dans  la  Franee  romane,  car  bien  peu  ont  contribué  à  y  former 
(les  noms  de  lieu.  Mundradi  villa  et  Tancradi  villa  sont 
devenus  au  moyen  àj^e  Mnndrrvlllc  el  Tnnrrci'ille  ;  mais  on  a 
vu  (n"  987;  (|u"au  \vi''  siècle  la  syllabe  cjui  i-e[irésenle  -radus  a 
été  nasalisée,  d'(ni   les   formes  aehudies  MoildrainviUe  ((Calvados) 

et  Trancrainville  (luu-e-el-Loir). 

1132.  Dans  la  I''ranclie-Comté  seplenlrionale,  où  riniluence 
i;ermanique  s'est  fait  sentir  fortement  au  début  du  moven  àg-e, 
(ui  voit  -radus  d(^venir  -m-  :  Corravillers  Ilante-Sa('me)  ^- 
(lonradi   v  illare. 

1133.  La  linale  -ramnus,  à  rapprocher  du  mot  chramnus 
ou  hranulus,  (jui  paraît  avoir  eu  le  sens  de  ■■  corLeau  »,  est 
devenue  d'ordinaire  en  fi'ançais  -/•.//(,  cpraujourd'liui,  sans  é^aid 
à  l'étymoloi'-ie,  on  éci'it  avec  un  d  linal,  cunuiie  dans  Ucrli-and  : 
Villers-Allerand  (Mai-ne;  -  ^'illare  Aledi'amni.  Les  noms  de 
lieu  dont  Hertramnus  constitue  le  premier  terme  présentent 
aussi  le  son  /•;(//  :  Bertrambols  (Meui'tiie-et-Moselle),  Bertran- 
COUrt  (Sonune),  Bertrandfosse  (Oise)  ;  toutefois  la  nasale  dis])a- 
laît    devant  une    //;   :  Bertramelx  (cf.    n"   965),   Bertraménil 

^\'os;.,''es"!. 


1134.  -riens,  (pii  se  l'elrouve  dans  l'allemand  rcicJi,  «  puis- 
sanl  11,  est  une  des  (Inales  les  plus  fr('<pu'nunenl  usih'es  dans 
I  oninnasti(pie  rran(pie  ;  elle  apparail  à  l'époque  mérovin<^-ienne, 
dans  les  noms  royaux  (".iiildericus,  Tli  eod  ericiis,  Chilpe- 
ricns.  Sa  bu'ine  française,  -/■/',  (praujourd'hui  l'on  note  ^-énéi'a- 
lement-/'//,  subsiste  loujoui's  dans  les  noms  Av  lieu  dont  le  second 
élément  est  un    nom    d'homme    en  -ideus  :    mais  (luand   au  con- 


LIS    .NOMS    m:    i.ii:i: 


tralri'   \v  nom    cl'liuniiiu'  licnl   la  pix'iniiTO  phicc,    -/■/-   se  rinluit   le 
plus  souvent  à  -/■(•-,-/■(■'-. 

1135.  Albei-icus  [cï.  n"  251  l  :  le  Bois-Aubry  (Indro-d-Lonr  . 

la    Chapelle-Aubry    (Maine-c-L-Loiic-,    la    Ville- Aubry    (lllc-ri- 
Vilaine  . 

1136.  lîalderic'u.s  :  Baudrecourt  i  Ilauie-Marnc),  Baudré- 
raont  (Meuse),  Baudreville  (Manche),  Beaudreville  (lùue-ei-Loii'. 
Loiret,  Seine-ot-()ise). 

1137.  J'jertrieus  :  Bertrichamp  (Meurthe-el-Mosellei,  Ber- 
tricourt  (Aisne",,  Bétricourt  (Pas-de-Calais:,  Bertriniouliu 
(\'os-es),  Bertrimoutier  i^Vo.s-es),  Bertrimont  (Seine-Inférieure). 
Bertreville  -  Seine- Inl'éi-ieuie)  ;  Conipertrix  (voir  ci-dessus, 
n"  939). 

1138.  Fredericus,  dont  les  formes  vulgaires  étaient  F/'cri  ou 
Fciri  :  Villeferry  (Côte-d'Or).  —  Le  sui-nom  d.'  I',u\ii/-lc-Iù-<'sil 
(Allier)  est  une  variante  de  lù-cri. 

1139.  Gundericus  :  Gondrecourt  (^  Meurthe-et-Moselle, 
Meuse).  Gondreville  (Loiret,  Oise}.  —  Contrexéville  (N'os-esi  -^ 
(lunderieiaea   \'  i  1  la. 

1140.  L.'indericus  (cf.  n"  262),  Landrichamp  Ardeniies), 
Landricourt  (Aisne,  Marne),  Landrecourt  i Meuse),  Landré- 
mont   (Oise),   Landremont   (Meurllu-ei-Moselle  .    Landreville 

(Ardennes,  .\ul)e,    Loiret,  Seine-et-Marne). 

1141.  l'heodcricus  (ef.  n"  269)  :  Villethierry  (Yonne),  Thi- 
riville  (^^^sg•es).  —  [,e  smnom  de  Château-Thierry  Aisneirap- 
pelle  le  souvenir,  non  pas  tlu  loi  Thierry  \\\  comme  on  l'a 
souvent  l'épélé,  m.iis  d'un  personnai^e  (pu  vivait  ;iu  début  du 
X"  siècle. 

1142.  ^^' alderieus  ^r,  Montgaudri 'Ornei,  Vaudricourt  ^  l'as- 
de-t]alais,  Sonune,  Yonne),  Vaudrecourtdlaute-Marne,  Meurthe- 
et-Moselle),  "Vaudrimesnil  i Manche,,  "Vaudremont  (Haute- 
Marne),  "Vaudrivillers  (Marne).  1 

1143.  -ulfus,  ([ui  l'épimd  ;i  rallemand  nuulerne  ?rn//',  i.  loup  » 
esl  devi'uu  en  ir.inviiis  -mil  :  Uailulfus  a  donné  Ihioiil.  L'/  est 
sujette  à  disparaître,  sui'loul  à  l'intérieur  des  noms  delieu  ;  luais 
il  arrive  aussi  que  le  t^roupe  on  est  aecompag-né  de  consonnes 
parasites.  D'autre  part  certaines  altérations,  comme  celle  du  son 
on  en  o,    ou  même  en  un  scui  nasal,  peuvent  donner  le  change  à 


MI!1C,1.M;S     l'IiAMjl'KS     :     NOMS     tt\-.    l'i;iiS(I.N  .\  !■:  2U.) 

«l'.ii,  |)iiui'  e'iiorclu'r  1  cl  N'inolog'ic  d'un  VDcahlo,  non  consicUM'criiil 
{|Ui'  l;i  loi'inr  (K'Iui'llo. 

1144.  Arnuirus    :    AmanCOUrt    (  Ilaulc-Mai'iiO;,  au    IX''    siècle 

AiiiuH'i  c'oriis  ;  —  Arnuuville  (lunt^-ei-Loii-),  Chêne-Arnoult 
A'onne).  Château- Amoux  !  l)asses-Al[ies),  Coutarnoux  Uf. 
n"  938).  Courtenot  ;cl'.  n-  933j,  Gouternon  (Côte-irOi).  Celle 
dernière  localiU';  est  appelée  au  xi'^  siècle  Cort  ar  nuli'us  ;  raltéra- 
liiiu  en  on.  dimt  on  trouvera  plus  loin  d'autres  exemples, 
s'observe  aussi  dans  les  noms  Sainf-f^Kiinlmi  (Loiret  i,  S;iifil-Mi/(jn 
(  l'u_v-de-I)ôme  1,  Saint-Pardon  (Gironde),  SaiiitSanilon  Marnej, 
([iii  i't''pon<li'nL  respectivement  à  S.  Gundulfus,  S.  Afedulfus, 
S.  l'arduH'us,  S.  Sindull'us.  —  ArnouviUe-lè.s-doncsse  [Sc'iuv- 
et-()ise)  est  appelé  en  l'iOo  ]<]rmeno villa,  ce  ([ui  suppose  un 
thème  étyniolo^i(|ue  l']rmenulli  villa. 

1145.  lîei'ul  lus  :  Montbron  (^Charente). 
l             1146.    Hurnulfus   :    Bournonville    (  l'as-de-Calalsi,    eu     lOSi 

I?ur  n  ul  villa. 

1147.  Ililduli'us  :  Monthodon  (Indre-et-Loire). 

1148.  llacullus  :  Montracol  (Ain). 

1149.  liadulfus  ;  Raucourt  ( Ardennes,  AL'urI he-et-Moselle, 
Nord,  Ilaule-Saone),  Raumesilil  (Calvados),  Rouxmesnil  (Seiiie- 
Ini'érieure),  Rauville  (Manche),  Rouville  (lîure,  Loiret,  Manche. 
Haute-Marne,  Oise,  Pas-de-Calais,  Seine-lnl'érii'ure)  ',Rouvillers 
(Oise),  le  Bois-Rault  iSomnie),  Croix-Rault  (Somme),  Château- 
roux  (Il.iutes-Alpes.  Indri',  Oine,  Sarthe,  Vendée,.  Châtel- 
Raould    (Marne). 

1150.  Tlieodull'us  ;  Thionville-vf//- Oy^/o/i  (Seine-el-dise) 
appelé  dans  le  l*o!ypli(|ue  d'Irniinon  ret)duli'i  villa.  —  Le 
n(»m  (U'  la  ville  di'  Thionrillc  iMoselh'j  a  une  aulri'  orii^ine  • 
'l  h  eod  o  n  i  s  villa. 


I.    Il  cxislc  ilaiis  la   comnuiiir  ilc  Mai'siif  ;  l'n\-(le-l)ùmc  ,    un  éi-ail  éi^'aU 
nu'iit  luiimné   IIduviIU'. 


LUI 


NOMS    DK    HIVII'UK 


1151.  Bien  (|uo  l'iUiule  îles  no. us  (|ne  porlenl  les  conrs  il'eau 
de  la  l''rance  n'entre  pas  clans  le  plan  île  eel  uuvray'e',  il  parail 
utile  lie  soulig-ner  ici  les  renseiifnenients  qu'on  en  peut  tirei-.  au 
sujet  des  diverses  races  ([ui  ont  successivement  dominé  sur  Ifllcs 
ou  telles  de  nos  pro^■incl's. 

1152.  «  Les  noms  de  cours  d'eau  et  de  montagnes,  (|ui 
remontent  à  lantiijuité,  appartiennent  pour  la  plupart  à  une 
ou'plusieurs  lanL;ues  antériciues  à  la  con(]uête  celtK[ue.  id  sont 
inexplii'ahles  pour  nous  )i.  ,\insi  s'expiàme  Henri  d'.\rl)ois  ilo 
,Iul)ain\ille,  dans  la  prélaci'  de  ses  liccJicrchcs  sur  rnr'Kjinc  de  lu 
})rnjiri(''li''  foncirrc  cl  des  iionis  de  lieii.r  linhi/rs  on  J'^rniice  ;  cl 
cette  fayon  denvisayer  la  question  est  très  préférable  à  celle  ipii 
avait  cours  chez  nous  depuis  un  demi-siècle,  et  ijui  consistait  à 
considérer  tous  les  noms  de  rivière  comme  celtiques,  et  à  le.*? 
expli({uer  par  des  mois  celliipies  ou  prétendus  tels.  Ainsi,  l'on 
rattachait  à  <loiir,  mot  qui,  dans  le  hi'eton  moderne,  signifie 
'<  eau  »,  les  noms  de  rivière  présentant  aujourd'hui  (pielc|UL'  son 
analogue  :  Adoiu\   Dordoijnp^  Diiranct'.  Or,  attribuer  au  langage 


i 


I.  Df  l'ail,  iKiiis  n':iv()us  pas  li-ouvé,  duiis  li's  iicilcs  d'aailiU'nrs  (|iu<  lunis 
avons  l'iU'S  sous  les  \cnx,  l'éi|ulval('iiL  iln  présciil  rliapil  ro.  Colui-i'i  l'^L  li' 
résumé  d'une  leçon  l'aile  au  ('.ollène  de  l'ianee,  le  19  mars  ISOl,  e'esl-i'i- 
dire  le  jeudi  (|ui,  eel  le  année-là,  |iiéeédail  la  Semaine  sainte.  A.  l.on.tînoil 
s'i'xpj'imail  ainsi  ;  "  .le  |)ensais,  immédialemenl  a|irès  l'élude  des  n(_nus  de 
lieu  d'oriM'ine  francique  [lerniinée  le  jeudi  préeédrnli,  aborder  devant  \(.ius 
l'examen  des  vocaliles  n-édj^raiihiiiues  ipii  rappelleuL  la  colonisation  Scan- 
dinave ou  normande,  au  x''  siècle,  dans  la  t'iance  du  noi'd-ouesl.  Mais  j'ai 
dû  \'  renoncer  pour  ne  pas  couper,  [lar  les  \acances  de  Pâijnes,  l'eliide  de 
cette  inlc''r<'ssante  pai'tie  de  la  loponyniie  riançaiso.  (i'est  pourquoi  j'ai 
décidi''  de  consacrer  cette  leçon  ii  cpnd(|ues  indications  siu-  les  noms  de 
rivières  de  l'ranco,  considéiécs  ii  peu  près  ex(  lusivemi'nt  au  point  de  vue 
de.s  renseig-nomcnis  cpie  ces  vocaliles  peu\ent  renfernu-r  au  sujet  dc-> 
diverses  races  f[ui  ont  suci'essivenieul  diuniué  sur  noire  pays  ou  sur  cpu'l- 
ipi'mu^  de  nos  provinces  ». 


f  f 

J 
J 


onrGiNios  MtA.MjiKs   :    n(»ms   iik   nivii;i;h;  LMiT 

<|i's  Gaulois  1(>  mol  don/-,  c'esl  conunetlre  iino  iM-rour  aussi  i^i-os- 
siiTe  (juo  celle  ([ui  consislerait  i»  voir  un  mol  latin  clans  notre 
nom  commun  eau  :  ilour  est  un  mot  nëo-cellique  représentant  le 
^'aiilois  (hihron  (voir  ci-dessus  n"  105),  ct)mme  enu  est  un  mot 
iii'o-latin  ropréseniont  le  latin  aqua  ;  et  les  noms  les  plus 
.ineiciHienienl  connus  de  ces  trois  cours  d'eau,  'ÀTîJpiç,  Doro- 
iitinia  et  Druentia  n'ont  rien  de  commun  avec  le  prétendu 
urauiois  (Iniir-,  encore  moins  avec  le  yaulois  liien  autlienli([ue 
■  liihriiit . 

1153.  S'il  est  vrai  que  beaucoup  des  noms  de  cours  d'eau 
français  sont  antérieurs  aux  Celtes,  il  serait  exagéré  de  n'ad- 
mettre la  celticité  d'aucun  d'eux.  On  a  vu  (n"  107)  ({ue  les  noms 
(lune  demi-douzaine  de  cours  d'eau  de  l'ancienne  Seplinuinie 
présentent  connue  dernier  terme  de  leur  l'orme  orig-inelle  le  mot 
dubroii  :  dans  \'ernodubrum,  le  terme  initial  est  également 
un  mot  celtique,  le  nom  gaulois  do  l'aune  (cl",  n"  175)  ;  et  par 
Argentdouble,  il  faut  vraisemblaldement  enleiuli'e  «  la  rivière 
lilaiiche   ••. 

1154.  D'ailleurs,  les  noms  primitifs  des  l'iviéres  n'étaient  jias 
inunu;;bles.  Sans  tloute,  les  peuples  nouveaux  venus  dans  un 
pays  n'en  «  débaptisaient  »  pas  systémalicpiement  les  cours 
il'eau,  mais  il  s'en  faut  (pi'ils  aient  toujours  adopté  les  noms  (jui 
étaient  en  usage  avant  leur  arrivée.  On  a  vu  dans  ranti(piit('  un 
inèmi'  cours  d'eau  porter  plusieurs  n(jms.  dont  l'nn  seulemeni  a 
fini  par  prévaloir.  I,e  Po.  Patins,  avait  été  désigné  par  le  nom 
ligure  de  lîodincus  (cf.  n"  25).  On  connaît  :'(  la  .Saune  trois 
noms  dill'éi'ents  :  le  plus  ancien  est  indicpié  par  le  pseudo-Plu- 
lar([uesous  la  forme  15p(-':j/,:;  ;  il  fut  remplacé  par  Arar  <,  qu'on 
trouve  dans  (À'sar  et  dans  plusieurs  écrivains  de  l'tqxxpie 
romaine;  enlin  le  iu>m  Sauconna  parait  \\o\\v  la  première  fois 
au  IV"  si('cle  dans  .Vnunien  Marcelliii.  qui  le  présente  connue  un 
surnom  de  l'Ariir'-';  n'est-il  pas  viaisendilablc  (|ue  eliacnn  de 
ces  noms  fut  imposé  par  un  g^roupe  ethnique  particulier,  et  que  le 
nom  Sauconna,  le  nn)ins  connu  d'abord,  nuiis  (pii  a  fait  oublier 
les  deux   autres,    puis{pril    subsiste    encore   luijourd'hui    sous    la 


1.    "Apap  nora;j,iJ;   ÈaT'.  Tr,;    IwAT'./r,; .  .  .  .   e/.a/.siTo  oi   rvj-.scov    HGi'youÀf/:.  l'Iii- 
tarrlii  <Jjirr;i,  ('•■!.   tX'ilirii'r  i  |s:'..';  ,  \',  St. 

i.    \r;irim,  (|ni'iu  S.t  ne  dii  ii  ;i  m  :i  |i  pi' I  I  ;i  ii  I.   lire.   ,lrs  his/.  ilfs   r  ;,n;/i's. 


-<iS  i.i:s   .NOMS    m:    i.ii:i; 

li)riiu'  Saône,  esL  irni-ii;iiie  plus  n'-ccnli',  cL  ciui',  par  cuiisi'ciuciil. 
(111  Jdil  V  vdir  un  vncal)lt*  gaulois  dont  U's  colLisles  aclurls,  en 
raison  de  1  (Mal  du  la  science,  ne  [)eu\cnL  enct)re  pi'élendre  ddii- 
ner  luu'  ex[)Ucalion  rali()naelle  ?  Le  nom  Sauiara,  ([ni  (l(■•si^■llail, 
au  temps  de  (lésar,  la  Soilime  —  témoin  l'ancien  nom  tl  Amiens. 
Samaraliriva  (cl',  ci-dessus  n"  99)  —  a  depuis  céd('  la  place  ;i 
Suniina  ou  Somena,  oriyinc  de  l'appellation  moderne,  lamlis 
<|ue  plus  au  nord  il  est  demeure  le  nom  d'un  aniuent  de  la 
Meuse,  la  Sambre. 

1155.  On  le  voit,  les  noms  de  riYi(;'re  sont  moins  immuaMes 
([U  on  ne  la  [)r(.'t(.'ndu.  Il  est  d'aillem-s  moins  ais('  de  parler  de 
CCS  noms  ((ue  des  ntnns  de  lieuv  habiles,  rien  n'idanl  plus  raie 
([ue  ceux-là  dans  les  te.vtes.  Les  auteurs  de  l'anliquitc^  ne  nous 
donnent  les  noms  cjne  d'un  tr(:'S  petit  nombre  des  cours  d'eau  de 
la  Ciaulc  ;  el  la  plupart  îles  mentions  ([u"(jn  leiu'  doit  Sont  |;'r(  u- 
pées  dans  doux  textes  <[u'on  [)cut  ([ualilier  de  spéciaux  :  d'une 
part  le  petit  poème  ([uAusone  a  consacre  à  la  Moselle,  el  dans 
le(piel  sont  nommés  plusieiu's  des  aflluenls  de  celle  rivii're  ; 
d  autre  pari,  deux  n  ers  du  j>anéyyri(]ue  de  lempereur  Maj(jrien,  j 
par  Sidoine  Apollinaire  ',  qui  renferinenl  une  énuméralion  de  p 
douze  rivières  de  Gaule,  destinée  à  prouverque  le  nouvel  Aui.;usl(^  ) 
était  connu  dans  toute  cette  im[iorlante  réi;'ion  de  llunpire  ' 
romain.  (Juanl  aux  chartes  du  moven  âge,  ([ui  l'enfei'ment  tant  ^ 
de  noms  propres  île  lieux  habités  et  même  de  lieux  dits,  c'est  i 
jiar  luu^  sorte  d'exception  ([u'on  v  trouve  des  noms  de  couis  j 
d'eau.  -i 

1156.  D'ailleurs  la  nomenclature  des  coui's  d'eau  de  notre  pavs 
ne  se  compose  pas  (pie  de  noms  anlé-i'cltiques  et  i^-aulois  ;  on  v 
rtMK'ontre  un  certain  nondire  de  \ocaliles  latins  ou  romans,  sans 
conqjtcr  les  noms  bretons  de  l'ancienne  Armoriqiu'.  les  noms 
j^ermaniques  de  bien  des  cours  d'eau  ap|)artenant  au  bassin  du 
lîhin,  les  noms  basiiues  du  département  îles  lîasses-I'yrénées, 
les  noms  Scandinaves  de  la  Normandie,  l'armi  les  noms  atlri- 
buables  à  1  t'poipu'  romame,  on  peut  i-iter  à  eoiq)  sur  Alba,  qui 
dési<;-nait,  non  seulemenl  lAube,  allluenl  bien  connu  de  la  .Seine, 
mais  aussi  les  diverses  rivières  appidées  l'Aubette  i  (^('ile-d'l  h-, 
()ise,    Seine-lnferieure)    el    l'Aubetin.    aflluent   du    (  irand-Morin  ; 

1.    C.irnilniiin  V,  v.  •JlX--2ti.l  i  }f,,n  .   Crnii.,  Aiirl.  .ui/li/iii^f!.,  \'III,  -li-l). 


iiiii(ii.M;s    i'i(A.M,ii  i:.s    :    .ncims    m:    iii\ii:iii.  Ji).i 

te  iKim  .\,ll)ii,  L'\'st-ii-(lin'  u  la  Iilanchc  »  csl  dû,  sinNanl  les 
«"-in'fc's,  soil  il  la  ccjulciir  de  ICaii  même,  so\[  à  ('elle  du  fond 
(|ii\dli'  reeonvi'e.  (^rosa,  u  la  profonde  j)  ,  ([iialiliralioii  bien  jus- 
lilice  [xnir  eerlauies  rnières,  dësii:,'ne  an  temps  de  Cliarlemag'ne, 
tians  l'Anonyme  de  Uavenne,  la  Creuse,  aflliienl  de  la  \ienne, 
diinl  le  nom  a  été  donné  à  l'un  de  nos  déparlements. 

(In  pi'id  eiler  parmi  les  eoiirs  d'eau  dont  rap[iellalion  est 
d'erin'ine  latine  ou  simplement  romane  le  Noireau  —  XiL;ra 
.■i([ua  dans  les  textes  du  moyeu  àt^'e  —  ai'lluent  de  r()i'ne,  eL  la 
Clairette,  anciennenuMiL  Clerc,  Clara  —  sous-aflluent  de  la 
Seine,  dans  l'arrondisscMiienl  de  Houen,  et  ceux  qui.  eu  vertu 
d'un  usai;-e  (pie  l'on  etmstate  ehez  U's  populations  tant  i;ernui- 
aiques  ipu'  nt'O-eel ti([ues  et  chez  lui  j^'raud  nondu'e  de  nations 
plus  ou  moins  eivilisées.  sont  désii^nés  par  iK's  noms  d'aninuiux 
(cf.  ci-a|)res,   n"  1164  :   Lupa). 


Les  faits  sur  lescpuds  on  eulend  insister  iei  ap|)artiennent  à  la 
piriode  envisagée  dans  les  précédents  chapitres.  Il  s  a^it,  d'une 
[lart.  de  l'emploi  (pu-  les  hommes  de  race  g'ermanique  firent  des 
noms  de  rivière  pour  cré'er  les  vocahles  ap[)li(pu's  à  un  cert;iin 
lUJinhre  de  eireonsei'iptions  administratives,  et,  d'autre  part,  tles 
modillcations  que  ce  nouvel  élément  ethnique  vint  appoi'ter  à  la 
forme  de  di\'ors  noms  de  cours   d'eau. 

1157.  Tel  peu|ile  affectionne  plus  partieidièrt'nu'ul  tel  mode  de 
diMiominalion.  Les  Ivomains  et  les  (îaulois,  jiar  exemple,  s'ils  ont 
en  hien  des  cas,  emplo\(''  un  nom  de  rixière  poiu'  former  le  nom 
d'un  liiîu  hahilé,  lu^  paraissent  pas  a^■<)n•  son^é  à  dénonuni'r  une 
contrée  ii  l'aide  du  nom  de  son  principal  cours  d'eau.  Or,  un  cer- 
tain nombre  île  divisions  de  la  (iaiile  fi'an([ue  st)nt  désignées  jiar 
(U'S  vocahles  foi'nu''s  sur  des  noms  de  rivière,  et  ce  sont  là  des 
dénominations  qui,  lors  même  qu'elles  revêtent  extéiàeurement 
une  foiane  romane,  j)ortenl  la  niar([ue  earai'teristiipu>  d  une  ori- 
gine j;ermanique,  car,  dans  l'I'lurope  occidentale,  c'est  presque 
exclusivement  en  Geinuuiie  et  en  Gaule,  dans  le  bassin  du  Hhin, 
qu'on  les  rencontre.  (  )n  peut  donc,  a  priori^  considérer  conune 
ayant  été  colonisée  [lar  des  hommes  de  race  t;ermauic[ue,  toute 
contrée  dont  le  nom  olliv'iel.  à  l'i-poque  nu'rovin^ienne  ou  caro- 
lingienne, était  dérivé'  d'un  nom  de  ri\iere.  Les  noms  de  reL;ions, 
de  /l'if/i,  ainsi  formés  sont  de  plusievu's  espèces. 


270 


Mes     .NOMS     1)1.     1,1  Kf 


1158.    L'un    (le   ces  modes  de  l'ofinatioii    —   cl  c'esl    pcul  rire 
celui  pour   lequel   on    possède  le.s   exemples   les   plus  luicieiis  — 
cousi.ste  à  joindre  au  nom  de  rivière  un  suffi.Ke  -;nis,  (|ui  en  i'iul 
une  sorte  d'adjectif.  C'est  seulement    dans  les    relions   qui  avoi- 
sinent    plus  ou  moins  directement  la  Mer  du   Nord,  entre  l'em- 
lunieluire  de  la  Seine  et  le  cours  de  la  Meuse,  que  se  renconlrml 
les  noms  de  régions  ainsi  formés.  Une  portion  du  pays  de  Caux. 
démembré  delà  cité  de   Rouen,   fut   appelé  pag-us  Tellaus,  en 
lanj^'-ue  vulyaire  le  Talou,  du  nom  du  fluvius  Tellas,  que  por- 
tait alors  la  Bélhune.   Au  nord  de  ce  pays,  dont  le  point  le  plus 
septentrional  était  la  ville  d'Ku  (Seine-Inférieure),  se  trouvait  le 
pai,-us    Viminaus  ou   'Vimeu,   démembré   de  la   cité  d'Amiens. 
et   dont    le   vocable    était    enq)runté    à    un    petit    affluent    de    la 
Bresle,  la   Vismes,    Vimina.     Plus  au   nord   encore,    l'une    dos 
subdivisions    de    l'ancienne    cité    de  Cambrai    était    le    pa-us 
Ilainaus  ou  Hainaut.   (|ui   devait  son  nom  à  la  llaisne,  en  latin 
Ilaina,    afiluent  de  droite  de  l'ivscaut.   Ces  li'ois  noms  de  inên'ie 
formation  remontent  sans  iloute  aux  premiers  temps  de  l'occupa- 
tion,   par   des  tribus  germaines,   des   pays  situés  au   nord  de  la 
Seine  ;  et  deux  d'entre  eux  ligurent,  sous  les  formes  TELL.Vt)  et 
\IMINAO  sur  des  triens  de  l'époque  mérovingienne.  Onpeulévi- 
demment  assigner  la   mémo  date  à  un  ([ualrième  nom  de  région 
franque,  le  pagus  Masaus.  démembré  de  la  cité  de  Tongres,  et 
qui  devait  ce  vocable  à  la  Meuse,  M  osa  en  latin,  Mias  ou  Mites 
dans  les  divers  dialectes  germaniques. 

1159.  Un  autre  mode  de  formati  )n,  aboutissant  à  des  vocables 
germaniques,  consistait  à  combiner  le  nom  de  rivière  avec 
1  écpiivaleut  du  latin  pagus,  le  mot  <j;iii,  qu'on  notait  dans  le 
haut  moyen  àg-e,  assez  diversement.  70/re  et  chowe,  par  exemple. 
Si  1  on  voulait  donner  à  ces  vocables  une  apparence  latine,  on 
remplaçait  le  nom  commun  yo/rc  fiu  vlnnre  par  le  sullixe  -en sis. 
Celui-ci,  dans  les  textes  des  .\ii"  et  xin''  siècles,  a  revêtu,  selon 
les  rc'gions,  les  formes  romanes  -o/,s,  -,(/,s-  ou  -('-.s.  Qaekpiefois 
aussi  (jaii  a  ét('  substitué  à  la  terminaison  -aus,  et  c'est  ainsi  cpie 
le  pagus  Masaus  est  appelé  Miis.ujnu/ri  et  MDsiujnn  dans  cer- 
tains documents  au  i\"  siècle,  (pie  reproduisent  XitluM-d  ot 
l'évêque  Prudence  de  Troyes,  C'est  i)ar  une  substitution  ana- 
logue que  l'allemand  moderne  appelle  le  Hainaut  I/cnnerjau. 
1160.   .\  gaucbe  du   Rliin.  c'est  dans  le  bassin  de  la  Moselle, 


()iii('.iM';,s   i-ii.\.N(ji;i;s   ;    .noms  di:   itixir: iti:; 


271 


.111  dans  son  voisinage,  (lue  l'on  reiiconti'e  des  noms  de  [)a\  s  l'or- 
iiu's  par  la  combinaison  de  noms  de  rivière  avec  le  suflixe  lalin 
-eiisis  ou  avec  le  mol  germanicfue  (jau.  Le  plus  oriental  de  ces 
j)iivs  est  le  pagus  Nafinsis,  Navinsis  ou  Nainsis,  en  alle- 
inand  Ynluif/otce  qui  doit  son  nom  à  la  Nalie.  affluent  de  yauclic 
(lu  Hliin.  Entre  Trêves  et  Metz,  et  h  l'est  de  cette  dernière  ville. 
(111  rencontie  à  l'i-poque  carolingienne  just[u'à  six  noms  de /j<7(/t 
ou  (jointes  formés  de  même  que  celui  ilu  |).  Nainsis  ou  Nuha- 
ijuioe  :  le  p.  Saroensis  ou  Surnchoire,  ((  pa\'s  de  la  Sarre  », 
aflUient  de  droite  de  la  Moselle,  ([ui  (Hïiit  appeU-  Sara\'us  à 
répo((ue  romaine,  et  les  pagi  Moslensis  ou  }[usal(/iiifc  — 
Nitensis  ou  Nilaf/awit  —  llosalensis  ou  linslo/u/uirc  — 
ISleseusis  ou  lllcsi/rhoii'e  —  Albensis  ou  Alhcclioii'i-,  qui 
(levaient  leurs  noms  à  la  Moselle  et  à  ([uatre  afllucnls  de  la 
Sarre  :  la  Nietl,  la  llosselle,  la  Bliese  et  l'Albe. 

4161.  A  la  dilTérence  de  ces  sept  pnf/i,  où  l'élément  gei'ina- 
iii([ue  n';!  pas  cessé  d'être  prépondérant,  les  suivants  appar- 
tii'iuicnt  à  des  contrées  où  la  langue  ronume  paraît  avoir  été  tou- 
jours dominante  :  le  p.  iVloriiensis,  au  diocèse  de  'lOul.  en 
langue  vulgaire  l'Ornois,  qui  d()it  son  nom  à  la  rivière  de  lîar- 
le-l)uc,  rOrnain,  en  latin  Odorna  '  ;  • —  le  p.  Dlesensis  ou 
Blaisois,  entre  les  diocèses  de  Chàlons,  de  Troves,  de  Langres  et 
(le  l'oul,  arrosé  par  la  rivière  de  Wassy,  la  lîlaise  ;  le  p.  Osca- 
rensis  ou  Oscheret,  situé  au  sud-est  de  Dijon,  et  dont  le  nom 
procède  de  celui  de  l'Uuche,  affluent  de  droite  de  la  Saijne  ;  — 
enfin  le  p.  Orcensis  ou  Urcensis,  l'Orxois,  c  jjays  de 
l'Ourccj  )),  au  sud  de  Soissons.  Ces  deux  derniers y;,if//'  sont  plus 
éloignés  ([ue  l'Ornois  et  le  Blaisois  des  pays  où  les  hommes  de 
race  teutoniipie  ont  dominé  jiai'  le    nombre  à   lépotpie   inérovin- 


I.  A.  L(jnt;iiiHi  iueiiliiiiiu:iil  au[Kir;iviinl  le  .  paL;us  O  r  lU' n  s  i  s  vu  llor- 
iMMisis,  dans  la  |iai'lic  hoimI-csL  du  W'id  himÙ^,  doiil  le  iiniu,  iiiciilidii  mj  |iai' 
(les  acU'sdc  72li  cl  de  '.i.'i:),  est  (Miipiinilr  à  l'Orne,  allhiiMil  de  gauche  de  la 
M(iS(_dl(.'  >' ;  nous  luins  croNons  autorisés  ;i  snppriinor  ('(.'Ue  indii'ali(jn,  l'oi- 
inul(''('  en  I1S'.)I  sur  la  foi  du  Dii-tiuiiniiiri-  li)p()(jr;ij)liii/iir  ili-  la  Meuse,  car, 
ainsi  (|u'on  l'a  l'ail  oliservec  une  di/aiue  d'années  pins  tard  [Mrlli-nsia,  III, 
Sl-8;i  el  Mrni.  ilr  ht  Soi- .  <lrx  Lollrr^  ,!,•  ll-ii-lf-Dlir,  IV«  série,  I,  p.  uv 
el  ivi  roxislence  de  l'acU;  de  OiîM  est  ii  d(''nioiitrer,  et  la  localité  .(Uni  t  il  est 
(pieslion  dans  l'acle  de  720  peut  éti'e  idenliliée  avec  un  village  ([ui  n'est 
^uoi'o  éloij^né  de  TOrnain.  île  telle  sorte  que  l'Ornensis  ou  Ilornensis 
se  confondrait   avec  l'Od  o  ni  e  n  s  i  s. 


i.i:s   MiAis   i)i';   i.ii.i 


^ifiine  ;  mais  le  caraclèri'  L;L'i'iiiaiii([uc  du  ikuii  de  !'(  t^rliciTl 
s  e.\])li([ue'  par  le  fail  ([ue  ceLt(>  circonsci-lplinn  lui  lonni'c  ciilie 
Sl^li  i>l  S'il,  d'un  déinenibremenl  du  p.  A  l  toa  lio  ru  m.  ddiil 
roi'ii;im.',  on  le  sait  fvoii-  ei-des.sus  u"  526!.  est  due  ;i  des  lioniiuo^ 
de  rare  l'ra.ii(|ue,  appartenant  à  lu  tiibu  des  Chattes. 

1162.  Les  noms  de /j;iy/ tlouL  on  vient  de  lire  rénuniéiatioii 
sont  inconlestablenient  d'oriyine  [.germanique,  alors  même  cpie 
leur  mode  de  formation  est  roman  ;  mais  il  est  possible  qu'on  ait 
formé  sur  le  même  ty[)e  d'autres  noms  de  région.  L'amer 
Jaronsis,  en  Lyonnais,  dont  le  souvenir  subsiste,  sous  la 
foiine  Jarez  on  Jarest,  dans  les  surnoms  d'une  demi-douzaine 
de  comnuuies  du  département  du  llhone,  paraît  devoir  son  nom 
au  Gier,  afiluent  de  i^auche  du  Pdiône  ;  et  il  faut,  semble-t-'il, 
reconnaître  la  trace  du  ministerium  Garonense,  en  Toulou- 
sain, dans  le  nom  du  Mas-Grenier  (Tarn-et-Garonne),  jadis  Mua 
(htrnrs. 

1163.  Un.  auti'C  ell'et  de  la  colonisation  d'une  partie  de  la 
Gaule  par  des  populations  IVancpies  ou  bouryuiynonnes  est  révélé 
par  1  application  à  des  noms  de  cours  d'eau,  présentant  une  ter- 
minaison féminine,  de  la  déclinaison  imparisyllal)U[ue  en  -a, 
-a ne,  dont  il  a  été  (jueslion  [)lns  haut  (n"-  985  et  986^  '.  En  ce 
qui  concerne  plusieurs  de  ces  vocables  —  mais  non  ceux  des 
rivières  les  plus  importantes  —  la  terminaison  muette,  corres- 
ptpndant   à  Va  du    nominatif   latin,    lit   place  à  une   terminaison 

accentuée nin  ou  -an  selon  les  régions  —qui,  orii,''inairement, 

caractérisait  le  cas  rég-ime  ;  et  l'adoption  définitive  de  celte  ter- 
minaison eut  pour  conséquence,  à  l'éi^'-ard  de  ces  noms,  la  substi- 
tution du  j^'enre  mase-idin  au  féminin.  ()n  en  peut  jui;'er  itar 
1  exemple  c[ue  voici.  L'allliU'ut  de  !"(  )ise  ([ui  passe  a  BeauNais  est 
appelé,  dans  les  Annales  Berlinia/ii,  sous  la  date  de  S"/l), 
Thara  :  le  nominatif  a  donné  Thcre,  ([u'on  retrouve.  dilVéreni- 
ment  noté,  dans  le  nom  de  Montataire  (Oise"!,  Mon  s  ad  Tha- 
l'am;  et  c  est  ])ar  un  cas  ol)li(|ue  de  la    déclinaison    t-n    a.  -a  ne, 

I.  (;r.  AiiLoine  'l'IiouKis,  Les  iiuins  de  ririrrrs  ,■!  ht  iléclin:i:si)ii  frniinuie 
<r')ri(jiiii;  ;jcrniani'[ii>;,  d;ms  lioninni.i,  XXII  (IS'.VV,  480-"ll).'!  :  niiicle  rriiu- 
[jrimé  par  l'autour  en  18'.>7,  sous  le  lilre  :  /.c.-i  nuiiis  île  ru'ière  en  -ain,  ihins 
ses  A'ss,-((.s  de  jihll'il<i;/ic  frnnraise,   p.   30-0(1. 


iiitiiiiNKs   |.-iiA.\nri:s   :   n(ims   |)i:   inviuii:  2~'\ 

ijuc  s  rxi)li(nu'  K'  nom  Tllérain.  t[ui  ;i  [iroviiUi  ;  ce  nom,  n'avaul 
[iliis  l'appurence  féminine,  est  ilevenu  nuisculin. 

1164.  Parmi  les  cours  d'eau  donl  les  noms  ont  été  Irailés  do 
nii'ine.  on  [leut  mentionner  avec  certitude  les  suivants  '  : 

i.'Anglin,  allluent  de  la  Garlempe,  à  rori^ine  Ijliu/Ic.  nom 
(|in  reproduit  celui  de  la  comnuine  d'Aligles-SUr-Langlin 
i'N'ieiine). 

I/Aubetin.  aflluent  du  (Jrand-Morin.  ipù  eoule  dans  les  dépar- 
tements de  la  Marne  et  de  Seine-et-Marne  :  Alha  au  vn''  siècle, 
All.eta  en    I:2i;i. 

Le  Breuchin,  allluent  de  la  Lanterne,  qui  passe  à  Breuches 
'  Haute-Saône  \. 

Le  Cousin.  aClluenl  île  la  Cure  (Yonne)  :  Cosa  en  1  I  iT. 

Le  Cusancin,  allluent  ilu  i)oid>s.  (jui  passe  à  Cusaiice  (  Douhs). 

L"Hozain,  ai'lluent  de  la  Seine  :  Ausa  en  7."li.  La  l'ornu' 
nonnnative  s'est  conservée  dans  le  nom  de  /,•(  Chupi'lle-d'Oze 
(AuLe). 

L'Ingressin,  allluent  de  la  Mostdie  :  Ani^M-uxia  en  !)S2. 

Le  Jarnossin.  allluent  de  la  Loue,  (pu  passe  à  Jarnosse 
(Loire;.    . 

Le  Lalain  ou  l'Alain,  allluent  de  la  \'anne  (^Aube,  ^'onnei,  (|ui 
semble  s'être  ajipelée  d'abord  l;i  Lcir,  puisqu'tui  a  au  xii''  siècle 
la  l'orme  I^cje. 

Le  Loing,  alUuent  delà  Seine  l'Yonne,  Loiret,  Seine-et-NLirne), 
au  vu''  siècle  Lu  pa. 

Le  Mesvrin.  ^L^i;■avera,  allluent  de  l'Arroux,  passant  à 
Mesvres  (Saône-el- Loire). 

Le  Grand-Morin,  allluent  de  la  Marne  ;  le  nominatif  cK'  son 
nom  latin,  Muera,  a  dtuuu''  Mœurs  (Mai-iu'  ;  \(iir  ci-dessus 
n"  730)  et  Pn/nincarc.  aujourd'luii  Ponimeuse  (Seiue-et-Maine  : 
voir  ci-dessus  n"  703). 

Le  Petit-Morin.  autre  aflluent  de  la  NLirne.  li(muin_vme  du 
précéilent. 

L'Ornain,  Odoma,  alllueut  de  la  Saulx. 

I.  L'éniiniéi-ation  (|u'oil  \  ;i  lii'c,  et  iiui  se  poursiiil  sons  le  n"  H64.  esl 
|ilu>  IdiiLjue  (]iie  relie  que  ciuiiiii-eii.iil  la  leçiMi  ilii  l'.l  mai-.,  IS'.lj.  Wm-  l'éta- 
lijissdiis  (l'ainès  une  mile  (|iie  liens  avons  IroiiNec  jdinU'  an  le\le  de  cette 
leçon,  et  i|n'Aiii;nsle  I,on;^niMi  a  écrite  an  pins  lot  en   IX'.li. 

I.cs  noms  ilr  lien  .  Is 


I 


274 


Lies    NOMS    liK    i.ii;r 


I/Orvin.  allUu-nL  de    l;i  Si-ine  (AuIk',    Si'iiu'-ct-Marnc,  ,    Alva 

ou  ll7;j. 

L'Othain,  allkienlde  la  (lliiers  (Meuse)  ;  Otha  dans  un  lexlc 
de    I2S;{. 

Ia'  Sagonin,  allluenl  de  l'Aulxiis,  ([ui  passe  ;i  Sagonne    (Cllieri. 

Le  Serein,  allluenl  de  T^'onne,  ancieniienienl  Si'deiia,  Sciic 
eL  Sonnin. 

Le  Sornain,  allluenl  de  la  Loire  MUiôno,  Saône-et-Loire,  Loire'. 
en  870  S<.na. 

Le  Ternin,  allluenl  de  l'Airoux,  dénonuiié  Taréne  ou  Tarenne 
dans  son  coiu's  supérieur. 

Le  Thérain,  nientionné  ei-dessus  (  n"  1163ï. 

Le  Valouzin  ou  la  Valouze,  allluenl  de  la  Grosnc  (Saùne-el- 
Loire),  au  x"  siècde  A  val  osa. 

On  voit  par  plusieurs  de  ces  exemples  que  la  l'oi'me  régulière 
-o'ui  a  parfois  été  altérée  en  -//;.  par  eonl'usion  avee  une  linale 
bien  connue  ;  cl  Loi/nj  a  tMé  substitué  à  Ijniain  sous  riniluenee 
de  l'adverbe  représentant  le  lalin  lon^e. 

1165.  Les  noms  de  cours  d'eau  donl  l'énuméralion  précède 
appartiennent,  dans  leur  ensemble,  à  la  [larlie  septenlriouale  île 
la  France  ;  plus  au  sud.  d'une  manière  i,^énérale,  la  terminaison 
des  cas  obliques  est  devenue  -an. 

lui  I2().'{,  on  d(''si;;nail,  aux  cas  obliques,  l'Isère  sovis  la  l'ornu' 
Isrnin,  et  celle-ci  subsiste  dans  l'expression,  bien  connue  îles 
géoi^-raplies  —  >.  le  Col  d'Iseran  »  —  ipii  désigne  le  passai^e 
réunissant  les  vallées  de  Maurienne  et  de  Tarenlaise,  en  Savoie. 

Le  Conan,  al'Iluent  de  la  IJrévenne  'nhôae),  était,  k  l'origine 
Colna.  en  français  Cosne  :  ce  dernier  nom  désigne  un  autre 
afiluent  Ao  la  même  rivière. 

Le  Drouvenant  ou  la  Drouvenne,  afiluent  de  l'Ain  ^.lura). 

Le  Formans,  afiluent  de  la  Saône,  l'ohiioda  vers  llSll,  au 
moyen  âge  Fornioan. 

Le  Séran,  afiluent  du  Mhône  (Ain)  :  un  de  ses  aflluenls  est 
dénommé  la  Serre. 

Le    Soanan    ou    Souanan,   afiluent  de   l'Azergues,   en    cS:;s 

Soanna  ;  la  forme  nominative  subsiste  dans  le  nom  d'une   leea- 
lité  riveraine,  Valsonne. 

Le  Trambouzan,  afiluent  de  la  Loire  (Loire),  voisin  d'un  autre 
cours  d'eau  appelé  la  Trambouze. 


(llUC.IM'iS     l'KAMU'I'S 


ni'".   i(i\ii:ni: 


1166.    I)i'iiuc<)ii[)  <r;iulic'S  cours  d'eau  ont  leurs  mmis  leruiiues 
le  luèiuo,  el  saus  doute  la  plupart  d'entre  eux  devraient  [)rendre 
ilaee  à   eôlé    de   ceux-là  ;   mais  on   ne   possède    ])as   toujours   les 
.iiines  latines  ou  les   vieilles  formes  vulgaires  ([ui  attesteraient 
'emploi,   en   ce  i[ui  les  concerne,    de    la  déclinais(m   imparisvlla- 
liipie  féminine.  Néanmoins,  pour  arriver  ii  déterminer,  plusexac- 
einenl  ([u'on  ne  l'a  pu  faire  iuscpi'iei,  les  limites  de   la  colonisa- 
ion  •germanique  en  Gaule,  il  serait  peut-être  intéressant  d'indi- 
ipier  sur  une  cai-te  de   France    tous  les  noms  de  cours  d'eau  en 
-.///(,  -;/(  ou  -itn  ;    et    l'on   peut  espérer  (jue  cela  se  fera  (|uel(]ue 
jour. 


LIV 


(»UIGJi\l<S    SCANDINAVKS  '    :    GENKlIALlTJvS 

1167.  Les  contrées  inarilirnes  de  l;i  (jaule  semblent  avoir  joui 
d  nue  (|niétude  relative  durant  la  période  niérovin^-ienne  <4  soiis 
le  réi;-ne  des  deux  premiers  princes  car(dini;icns  ;  nuiis  à  partir  ilii 
rèyne  de  Louis  le  Lieux,  et  surtout  après  sa  nu)rt,  elles  lurent 
exposées  aux  déprédations  des  pirates  scandiiutves,  des  Nor- 
m;uids  ou  c  hommes  du  Nord  )i,  venus  des  mêmes  réj^'ions,  ou  à 
peu  près,  (pie  jadis  les  pirates  saxons,  et  ([ui,  renu)ntant  le  l'oui.s 
des  lleuves  dans  leuis  banpu^s  légères,  ravagèrent  même  les  pre- 
vinces  centi-ales  de  la  Fi'ance.  Dès  le  ix'^^  siècle,  plusieurs  des 
c<  rois  de  nu-r  »  cpii  commandaient  leui's  escadres  se  lixèrent  en 
Angleterre  et  en  Irlande,  se  taillant  dans  Lune  ou  l'autre  de  ces 
îles  de  petits  loyaumes.  Ils  ne  réussirent  pas  aussi  vite  à  s'im- 
planter dans  quelqu'une  des  riches  contrées  de  la  Gaule.  Cepen- 
dant, avant  l'année  8;i(>,  i)n  trouve  un  chef  nornumd,  llarald, 
conveiii  à  la  toi  chrétienne,  et  occupant,  eu  Frise,  dans  les  pavs 
qui  avoisinent  les  bouches  du  llhin,  ainsi  que  son  frère  lluric,  des 
liel's  (ju'il  doit  à  la  libéralité  de  l'empereur  Lothaire  1"'  ;  cet  éta- 
blissement normand  subsistait  encore  après  vingt-cinq  années,  cl 
il  est  possible  (pie  certains  des  dynastcs  féodaux  cpii  dominèrent 
plus  tard  en  Lrise  aient  appartenu  au  sang  de  Ilarakl  et  <le 
Ruric. 

Mais  le  plus  fameux  des  établissements  Scandinaves  que  revut 
l'empire  carolingien  est  sans  contredit  le  duché  de  Normandie. 
L'origine  en  est  ilue  au  traité  de  Saint-Clair-sur-Lpte,  (pii,  en 
!M  1,  régularisa  un  état  de  choses  existant  depuis  plusieurs  années 
déjà  :  Lmslallation  du  roi  de  mer  Ilolloii  et  de  ses  compagnons 
dans  les  ciuitré'cs  arrosées  par  la  basse  Seine,  lui  outre  du  Talon, 


! 


} 


1 


i.  (-".onsuller  siii'  colle  (iiu'sli(ui  le  méinnirc  de  Cli.  Jorel.  pulilié  (lo|uiis 
lii  luorld'A.  I,(in-iu)n,  sous  ce  lilro:  l.cs  iKuna  de  lieu  iVor'Kjinc  mm  min^inf 
ei  l:t  rolunisulion  i/erinaniijin'  cl  si-;in(lin:irc  en  NuriiiH/nlie.  l'iuis,  r,l|:i, 
>'>X  |i.  in-4". 


lilOMiltAIJ  I  l.S 


177 


(lu  |i;ivs  (le  r,au\,  du  Houmois  cl  de  la  partie  du  Vexin  située  à 
(iiuilf  de  ri'"[)te,  liollon  ne  re^ut  dahoid,  au  sud  de  la  Seine,  (|ue 
If  i.ieuviii  v[  1  I',\  recin,  c"est-à-diie  les  comtés  dont  Lisieux  et 
!'!vreux  étaicnl  les  chefs-lieux.  Le  diocèse  de  Baveux  et  celui  du 
Mans,  et  conséquemment  celui  de  Sées,  situé  entre  deux,  l'ufenl 
n'di's  au  nouvel  état,  en  92'(,  par  le  roi  Haoul,  (]ui  y  joignit 
encore,  en  !I3;{,  «  la  terre  des  IJretons  située  sur  le  littoral  », 
c'est-à-dire  les  dioi'èses  de  C.outances  et  d'Avranehes.  alors 
r.it lâchés  depuis  soixanle-six  ans  à  la  15ret;i^ne.  A  1  exception  du 
Maine,  dont  l'occupation  par  les  Norniands  ne  l'ut  probahlenient 
pas  consommée,  les  pa\s  cédés  à  liollon  et  à  son  lils  et  succes- 
-eur,  Guillaume  Loii;.;iie-l''pi''e,  constituèrent  le  Ljloi-ieux  duché 
léodal  de  Normandie. 

.\  l'épocjue  nuMue  oii  Ilollon  pienait  pied  ihins  la  Norniamlie 
acluelle,  d'autres  pirates  scandina\es,  dont  le  cliel  a  été 
ap|)elé  lia^e  n  oldus,  s'étahlissaienl  tlans  les  conti'ées  Noisines  de 
l'enilKincliure  de  la  Loire  ;  de  là  ils  dotuinèrent  un  moment, 
parait-il,  sur  la  Hretaj^-ne  entière,  mais,  en  9.l(i,  ils  en  furent 
chassés  par  les  princes  bretons  revenus  d'Augdetorre. 

Les  Xormands,  ou  du  moins  les  compa^-nons  de  lîollon. 
t'taient-ils  ori;^inaires  du  DancMiuirk,  coninu'  rindi(|ue  Diulon  de 
Sainl-(^)uentin,  (|ui  recueillit,  vers  l'an  1000.  la  tradition  nt)r- 
inande?  Venaient-ils  de  la  Norvège,  ainsi  (jue  le  prétendent  les 
s.iifHs  islandaises,  ilont  la  rédaction  n'est  pas  antérieure  au  com- 
uienccMuenl  du  xu""  siècle?  La  première  o|)inu)n  a  été  délendiu'  de 
nos  jours  par  .Sleensli'u[),  l'érudit  le  [dus  au  courant  de  l'histoire 
(les  |)reniiers  siècles  de  la  race  scanihna\'e. 

Si  la  question  est  cependant  encore  douteuse,  il  est  du  moins 
cerlaiu  cpu'  l<>s  hommes  de  race  scaiulinave  s'établirent  en  grand 
U(unbre  dans  les  pays  cédés  à  Hollon  par  les  rois  ("Jiarles  le 
Simple  et  lîaoul.  La  Normandie,  depuis  lonylenq^s  ex[)osée  aux 
rasages  des  pirates,  élail  alors  presijue  entièrement  (h'sei-te,  ''l  au 
dire  de  Oudon,  liollon  aurait  divist»  les  lerres  au  cordeau  poiu' les 
dislribiu'r  à  ses  litlèles  ccunpagnons.  Le  grand  nond)re  de  noms 
do  lieu  Scandinaves  qu  cm  peut  rcdevei'  en  Norm;indie  [)rouve  que 
la  c(donisalion  fut  réalisée  sur  une  grande  échelle,  sans  atteindre 
Icuilefois  le  départenuMil  actuel  de  l'I^riu^  ;  il  parait  attester  aussi 
(pie  la  langue  d(>s  C(unpai;-nons  de  liollon  —  la  langue  noroise  — 
ne    s'iUeignil     comph'Ienient   (pi'apiH'S    plusieurs    g('n(''ral  ions,    et 


27S 


i.r;.s   MiMs   r>F,  i,ii:r 


([ue  certains  df  sos  mois  passi-i'ciil  mêinc  pour  un  temps  dans  le 
langag-e  roman  de  la  contrée,  ainsi  que  l'indique  l'enq^loi,  comniL- 
noms  de  lieu,  de  certaines  expressions  précédées  de  l'articlu  li\ 
In.  De  plus,  la  limite  atteinte  par  la  colonisation  scandinaM'  en 
Normandie,  ain.si  du  moins  qu'on  en  peut  jui^er  par  l'élude  dos 
noms  de  lieu,  ne  diU'ère  pas  de  celle  en  deçà  de  laquelle  se  nuuii- 
festenl  les  principaux  caractères  du  dialecte  normand. 

Les  noms  de  lieu  qui,  en  Normandie,  portent  témoignage  de 
la  colonisation  Scandinave  sont  de  deux  espèces  :  les  uns  son! 
caractérisés  par  des  terminaisons  noroises  ;  les  autres  présentant 
la  C(unbinaison  il'un  nom  jn-opre  d'honune  —  d'oriyine  Scandi- 
nave —  avec  le  mot  roman  ville,  rappellent  les  noms  de  lieu  en 
-court  des  pavs  colonisés  à  l'époque  mérovingienne  par  des 
hommes  de  race  franque. 


LV 

NOMS    A    TFJÎMINAISOX    NOP.OISR  ' 

('.('S  noms  seronl  ôliulios  selon  l'oi'ilio  ;il|)li;il)(''[i(|iu'  des  niuls 
nortiis  (ini  cnnsliliicnL  ];i  (Irsiticnco. 

1168.  Svnonvnie  de  l'alleniaml  nioderno  Ijinli ,  dn  danois  lj:rh 
cl  du  suédois  biivi;,  ce  mot  a  le  sens  de  «  ruisseau  ■>.  Il  a  trouvé 
|)laci',  [)our  un  temps  du  moins,  dans  le  langag'e  roman  de  la 
Xormandle,  comme  l'attestent  le  nom  de  cours  doau  le  Bec  et 
son  diminutif  le  Becquet.  (ahs  vocables  sont  [)ai  l'ois  passés  des 
coiws  d  eau  à  certaines  des  localités  riveraines.  Deux  d'entre 
elles,  ap[)artenanl  au  d(''|iartemeul  de  rp.ure,  sont  dislinijiu'M's, 
tlepuis  au  moins  huit  sièeles,  au  moyen  des  surntuuN  rap[ielaiil 
des  pari  ieularili's  de  leur  histoires  :  le  BeC-fft'll'iiiln,  où  le  bien- 
heureux llellouin  l'oiula  une  abbaye  en  lOHi,  et  le  Bec-Th()m;is, 
dont  le  château  fut  construit,  d'après  Le  Prévost,  par  Thomas  de 
'r()urnc])U,  (|ui  vivait  en   I  181). 


I.  N'nus  nvoiis  iililisé  |i(iiir  ce  (■li;i])ilie  :  I"  le  le\le  des  lec-uiis  l':iiles  |);\i' 
A.  1,1)11-11(111  au  ("ollé-e  (le  France  li'S  0  el  10  avril  IS'.M  ;  ^  !'■  les  miles 
a-^sc/  (l('\  elopiiécs,  lanl('il  coiii|ilélaiil  ce  texte,  et  tant("il  le  i(''siimaiit,  (iii  y 
rciudyanl ,  ipii  leiiril'^entent  le  jilan  des  eoiil'oi'eiices  l'ait(_^s  à  D'icole  (-li'S 
Hautes  l'.tiule-.  les  samedis  17  et  :.' i  décembre  l<S'J2,  7,  11,  L'I  et  -J8  jau\i<T 
IS'.m  ;  cai,  eu  laiiuée  scolaire  IS'.I:^-)  8'J:!,  à  l'Iu-ole  îles  Hautes  Études,  au 
lieu  de  ne  s'iiccu|)er.  C(nunie  au|iaravaut  el  comme  de|iiiis,  de  l(i|i()ur)iiias- 
tii|uc  L;('Mu''ralc  i|n'uue  feis  par  semaine,  .\.  l.(Uii;n(in  mena  (le  IV(mt,  le  jeudi 
TiHude  des  noms  liL;nres,  pauldis.  remains,  el  le  samedi  celle  des  ■■  udins  de 
lieu  d'orii^iiu-  miroise  en  N(M'iiia  ndic,  comparés  ii  ceux  de  la  Scaiidiiuoie  et 
des  lies  I5fitaniii(pies  .-  ;  —  3"  et  Î-"  des  uoti's  daudi  leurs,  dv  dr^ix  auditeurs 
dillerents,  i|ui  snixirent  les  conféreuces  de  1.oiil;uoii,  l'un  eu  l'.lOI-l'.HeJ, 
l'autre  en  r.Hlii- I  OdCj.  —  11  nous  a  étéainsi  donné  d'ciliservcr  les  retouches 
(pie  le  maitre  lit  snliir  à  son  enseii;iieuieul  ;  el  l'on  tromcra  là-dessus 
ipiehpii's  iiulications  au  bas  des  prochaines  pa;;cs  ;  ajoutons  ici  (|u"en  IS'Jl 
el  eu  |S'.)2- 1  S'.i:i,  il  eoniprenail  parmi  les  mois  noixiis  étudiés,  les  l'xpres- 
sioiis  rij,  /!iU)(l  et  ;n/cn.  (jue  depuis  il  prit  li>  parti  de  ra  pporliu- aux  Saxons 
(voir  ci-dessus  ii"*  750-753). 


2S0  i.i'.s   NOMS    hK  i.M:r 

1169.  l'aniii  li^s  noms  di;  cours  d  e;iii  iIoiiL  -hec  l'sl  \c  Irriiic 
(iiial,  il  coavieul  de  citer  :  dans  la  Scinc-Inleritmic  \v  Bolbec,  'c 
Robec  —  ce  nom  esl  à  rapprocher  du  nom  de  lieu  d;inois  Rode- 
bœk  —  el  le  Saffimbec  ;  ilans  le  Calvados  l'Orbec  ;  dans  l:i 
Manche  le  Bricquebec  et  le  Trottebec,  dont  le  nom  rappelle,  par 
son  premier  terme,  les  noms  de  lieu  suédois  Trottaberg,  Trotta- 
torp  et  Trottorp  '. 

1170.  Quant  aux  noms  de  lieu  en  -bec,  ils  sont  assez  nombreux 
en  Normandie  :  Annebecq  iC)  —  Beaubec  (S.-I.)  :  cf.  Bjalle- 
bâck  (S.)  —Bolbec  (S.-l.i  :  d'.  Bolbaek  iD.  )  — Bricquebec  M.i 
—  Carbec  (Iv)  —  Caudebec  (^S.-I.)  —  Clarbec  (C.)  —  Crabec 
(M.);  cf.  Kragbœk  iD.)  —  Drubec  (M.)  —  Foulbec  (K.)  — 
Houlbec  l'K.);  cl'.  Holbœk  (D.)  —  Mobecq  (M.)  —  Orbec  (G.); 
et".  0rb8ek  (D.)  et  Orbâck  (S.)  —  Varenguebec  (M.). 

1171.  l)ans  plusieurs  de  ces  noms,  le  premier  terme  esl  un 
adjectir. 

lldiilbcc,  l'orme  siu-  railieclif  seamlinave  hol,  i<  creux  "  est 
ré(juivalent  de  l'nrfundrii  < \n\v  ci-dessus  n"  974)  el  de  ses 
variantes. 

Dans  le  nom  du  liobec  l'élément  initial  peut  être  1  adjectif  /■(»/, 
«  rouj^e  »  :  on  voit  parfois  attribuer  à  un  cours  d'eau  la  couleur 
du  S(d  sur  le([uel  il  coide  (cf.  ci-dessus  n"  1156  :   Aiihc). 

Si  le  premier  lei-me  du  nom  Fnul hcc  esl  à  rapjjrocher  tlu 
suédois  fui,  "  vdain  »,  ce  nom  est  synonvme  <le  Mnarupl 
(Marne). 

Clarl)PC  signifie  évidemment  »  le  ruisseau  limpide  «,  tout 
comme  liieuclnr  (Ardèehej.  Mais  doil-on  apparenter  la  première 
partie  du  nom  (Uarl)pc  au  suédois  l,inj\  ou  faul-il  v  voir  un 
adji^etif  roman?  Si  cette  dernière  hypolhèse  est  plausiliK',  nu 
aurait  un  autre  exemple  de  (.•omhiiiaison  simihiire  dans  Drnhfc, 
((  fort  ruisseau  ». 

1172.  Plus  fréquemment  -Ijcr  est  combiné  avei'  un  luuu 
d'homme  :  on  a  lieu  de  eonsiilérer  comme  tel  le  tcinie  initial 
(piaïul  on  le  reli'iune,  dans  d'autres  noms  de  lieu  de  Ntuniaiidit', 
eomlnné  a\'ec  le  mot  roman  riJIc  :  ;i    cet  éyard   Bolhcc  est  à  l'ap- 

I.  Aliri  (le  110  p;is  snrclinri^ci-  li"  lexle  de  ce  c'l\n|iilri'  cl  du  sniv:in(.  ^^ll^, 
;iVLiiis  cru  tlcvoir  y  désigner  siuipleinoiil  |):ir  les  inilialcs  ilo  Umiis  ihuiis  les 
dé[)arleineiils  l'oniiés  par  I;i  NoiniMiidio,  :iinsi  que  les  pays  scaiidiiinv  (■■;■ 
Suède,  Norvège  el  Danemiiri;. 


iii!ir.iNi:s   sr.ANiJi.NAN  i':s    :    iii:i<i<ii 


2S! 


|iri)clu'r  de  lldllrrlllr  .M.,  S.-l.)  —  Briajui'lii'c  de  /iric(ju('iullc 
C,  AI.)  —  Cnrhcc  du  Cnrvillc  (C,  S.-I.)  —  Cnihcr  de  Crusoille 
!•'.,  M..  S.-l.l  —  \;ir('ii'/ucl)('c  de  \',in-iti/eiùlli'  ('S.-l.),  jadis 
Wircii'iiicrilli'  '. 

1173.  Le  mol  lunlh,  «  cabaiu;,  ehaumièro  »,  qu'on  retrouve 
ihiiis  le  danois  bud,  «  iiîtraque,  loj^e,  liuulique  >!,  a  coiiti'lhué  à 
former  un  nombre  relativement  élevé  de  noms  du  lieu  en  Xor- 
niaiulie.  Il  devient  en  français  du  xi'^'  siècle  -hucil  ou  -hucf ,  ([u'on 
lironoiiV'iil  heii,  id,  celle  foi'me  fi-ancis(''e  du  mot  norois  subsiste 
ciu'ore  aujoiu'd  hui,  mais  dénalui\''e  jiar  la  imlalion  fantaisiste 
-In'iif  et  miMue  -Ixriif,  dont  on  LimuI  maintenant  à  prononcer  1'/' 
liiial  et  parasite.  On  a  vu  (n"''  1071,  1072,  1076,  1078)  pareille 
transformation  sid)ie  pai-  la  finale,  latinisée  -bodus,  d  un  grand 
iiend)re  de  noms  d  homme  des  é|)0(jues  mért>vingienne  et  caro- 
linL;ienne. 

1174.  Le  mol  1)11(1  h  est  l'origine  du  nom  de  BoOS  (S.-l.'i, 
itothus  au  XI''  siècle,   puis  y)oc,>i. 

1175.  Parmi  les  noms  de  lieu  ([ui,  en  Normandie,  présentent 
la   terminaison    -hciif  ou  -bcruf.   il  y  a  lieu   de   citer-  :   Belbeuf 


I.  Uiiiis  hi  le(,-on  du  '.I  iivril  IS',11,  ;i[)r('s  a\iiir  donné,  snr  les  noins  de  lieu 
en  -/m'i-  de>  induMlions  aiiMloj^nes  à  celles  (|ue  nous  xeiiens  (.le  l'ésiiuier, 
A.  l.diii^iKiii  s'(>\|irini;u(  ainsi  :  ■.  Le  imil  nnniis  /»•;■//,  .ui  sens  de  >  niiin- 
la^nie  n  on  de  u  roc  »  n'a  i;ni''re  éli'"  rrli-xi-  i|ni'  dans  des  noms  de  lieu  dil,  et 
je  citerai  Wimbergue  Manclu-i;  enc(n'c,  le  pins  sonxcrd,  In-r;/  esl-il 
■isscHudi  en  /)!';•,  luilé  /)C/7.  comme  dans  Cannebert  .Cahados),  le  Mont- 
Cabert  et  Godeberl  iScinc-lid'éilenre  .  Il  est  [lossilile  ([ue  ce  >eil  Un  anssi 
«(u'iai  relrouM'  dans  l.i  linalc  du  innn  Camembert  ((Irnc  ,  \'illai;e  constrnit 
-.iirnnc  coUiiu'  ipii  domine  nii  at'lliu'nl  de  la  ^'ie  ;  mais  ce  n'est  la  (|u'nne 
l\\  |iiillièse,  une  siniple  li  v|i()thèsc,  car  la  li'rndnaison  /»■/■/  d'nn  nom  de 
lien  français  représenti'  le  pins  souvt'hl  la  liiiale,  oi'i;;  inairemeni  Ac/'c/// dans 
le  laiifjaye  des  l'i'ancs,  d  un  nom  pi-opre  d'Iionunc  j^ermain  ».  D.ins  son 
cns('ii;neinent  do  Fl'^cole  dc's  Hautes  tltndes,  Il  a  reproduil  ces  énonciatioiis 
iMi  I IIOI-I ',.IO:J,  mais  non  |)lns  en  lOO.'i-l'Iori  ;  d'ailleurs  les  réserves  ipi'il  avait 
fornuilées  an  sujet  iln  nom  de  Lanicinhfrl  étaient  des  plus  l'(nnlces  ;  en 
ciTct,  dans  son  l\:ijij>iii-l  ^nr  roi-thiujrniiln'  ilfn  iin/iis  dr  rnnuiunirs  ilii  ih-p:ir- 
Iriiiriil  i/c  l'Oriir,  pulilii-  en  t  l'Oii,  Louis  l)n\  al  signale  i  |i.  IX'  (pi'au  \ii''  siée  le 
Cftti^  localité  es!  ajipcir'e  (  '  a  m  p  ii  s  Maimbei-ti. 

i.    Nous    reproduisons    ici,   à    toutes  lins    utiles,    C(d   autre    passai^c   de   la 


2S2 


i.ros   .NOMS   Dio   i.ibr 


fS.-I.i;  cf.  Bjalbo  (S.)  —  Brébeuf  (M.)  —  Coulibœuf  ^G.l; 
cf.  Kolebo  (S.),  Kolbu  (N.)  —  Cricquebœuf  (G.)  <■[  Crique- 
beuf  (!•:.,  S.-I.):  cf.  Kirkebo  D..  X.i—  Daubeuf  (G..  ]':..S.-I.i: 
cl.  Dalby  iD.i,  ^\n\  a  des  lioinonvnu"^  en  .\n-loU'iTe  Linculn  — 
Elbeuf  (S.-I.),  aii.i^'iui.'m.Mii  ]]'i'/lr/icii/':  d.  Vejlby  1).).  Velebo 
(S.),  Welby  (Lincoln)  —  Limbeuf  !•'..,  Lindebeuf  S.-l.;; 
cf.  Lindby  iS.)  —  Marbeuf  (l-:.,  S.-I.)  ;  cf.  Marebo  S.i  —  Mar- 
quebeuf  (  1'..)  ;  cf.  Markebo  (S.  i,  Markby  S.  d  Lincoln  —  Pibeuf 
S.-Lj  —  Quillebeuf  (K.):  cf.  Kilbo  (S.)  —  Ribeuf  (S.-I.,; 
cf.  Ribby  (S.),  qui  a  un  lK>ninnvnu'  dans  le  Lancasliiic  —  Vibeuf 
(S.-L,  —  Yquebeuf  (S.-I.  :  cL  Egebo.  Egeby  il).),  Ekebo. 
Ekeby  (S.).  —  (  )n  ri;nian|ui'ra  (|u'à  l'exceplion  de  Uréht'uf,  de 
C.ouUIxeuf  et  de  ('.riccfiirhicuf,  tous  ces  noms  appartiennent  a  la 
Ilaute-Xormandie. 

1176.  Le  terme  initial  est,  dans  un  ceitain  nomhie  de  cas.  un 
nom  commun  il  ordre  lo]iOi;raplii{pu'.  t  hi  jieut  rapprocher  :  de 
Dini/triif  le  daimi.s  (/,■;/,  ■<  vallée  •■  ;  —  de  Linilrhcu f,  et  sans 
doute  aussi  de  l/nnhruf,  le  sui'dois  liml,  <•  tilleul  n  :  —  de  Mur- 
bouf  le  mot  iiuir,  u  étan^-  »  i>k  <<  marais  »,  étudié  ci-a[irés 
{\V'^  1202  à  1204)  :  —  de  (JuUlchcuf.  le  danois  l.ihlr  ou  le  sué- 
dois kiUla,  "  source  »  ;  —  A'  )'quf/)('iif.  le  danois  e^  ou  le  sui'tlols 
f/,',  »   chêne  •). 

im.  Il  se  peut  que  ('/•ic<ju('Jj(rii/'  et  driquc/jciif  soient  for- 
més de   façon  analoj^-ue  sur  le  mol  norois  ijui  sii;nilie  »  éi^lise  )>, 


leroii  du  'J  iivril  IS'JI  :  a  .\v;ml  cje  vous  énuniéi'er  les  noms  île  lieu  uni- 
niauils  ilonl  le  seeoiid  terme  esl  le  nml  norois  Au'//(,...  je  ernis  luléi-essnnl 
lie  NOUS  sii;nalor,  hors  de  Nerinitudie,  deu\  nems  de  lieu  minleiiies  dent  K' 
seennd  terme  représente  1res  ceilainenieni  ce  mol  :  e'esl  d  idioi-d  l:i  ville 
de  Paimbœuf,  ii  remlinnelun-e  de  hi  l.nire,  :iu  dé|uu'lemenl  de  \:\  l..iire- 
Inlerieure  ;  e'esl  ensuite  le  \ill:i,i;e  il'Estrébœuf,  près  de  l'emljoiirliure  de 
la  Siuniue,  à  une  I  ieia/  au  sud  de  Sa  inl-\'aler\  ,  au  d  ('par  tente  n  I  de  la  Siunn.e- 
Le  priunier  de  ces  n(uns,  P.ilinLuii/',  est  eerlainenient  un  veshj;i'  de  l'iu-- 
eupalion  par  les  -Xormands  du  pays  nanlais,  dont  ils  reslèi-ent  niailies  di' 
nos  à  '.riT  en\iriiu  ;  el  II  est  <'\l  rèinenu'nl  pridjaMe  ipu'  le  iidm  d' A's//-,''/.ic/i/ 
es!  di'i  ;i  uiu'  oeeupalion  ((nuporaiie  pai-  les  luuiiuies  du  Nord  du  pays  siluf 
à  l'eiuliourliure  de  la  Somme  >i.  \.  I.iin^non  lappruehait  iV l-'.sli-i'lin'uf  les 
noms  de  lii-u  Scandinaves  jDsterby  i  l)anemark}  et  Osterbo  Suède;;  el  en 
cet  endroit  d(?  son  nianuserit  nue  note  marginale,  peut-èlif  ajinilée  après 
eoup,  nu-nlionnc  Thubœuf  Mayi'uaei.  Il  ;i  i-é|)élé  ces  indications  en  KS'.l.i  el 
I'i0l-r.l02,  mais  non.  parad-il,    en  l'.io:,- lUOli. 


Miiir,i.M:s   sr.AMiiNAVi:s   :    nriiii  2^3 

!.irl;r  en  il.iiiois  cl  ki/rlui.  en  siuvlois  ;  loiilcfols  on  est  .lulnrisi' 
Imil  :iussi  l>icn,  p;ii' l'cxisli-ncc  du  iKini  drlcifiirri/lc  ((]/i  ii  fi'c(ju- 
!i;iilic  ilaiis  la  jiremièrc  pai'tie  île  ces  V()Ciil)le.s  un  nom  piopif 
illiomine,  (le  même  que  dans  les  noms  Bulhcuf  ol  lircbciif,  ([ui 
^ont  à  rapprocher,  le  premier  de  Bo/Ji(>cr[  de  Bol/rrillr  (cl.  ei-di's- 
sus  n"  1172),  le  second  de  BrévUle  (C,  M.;. 

BU 

1178.  Ce  mot,  qui  se  i'a[)proclie  de  binJli  à  la  fois  par  la  iornu' 
et  par  le  sens,  avait  l'acception  de  i<  maison  »,  de  «  domaine  »  : 
il  revêt  aujourd'hui  la  l'orme  ht/,  (jui  désigne  en  suédois  un  vil- 
liij;x',  en  danois  une  ville.  Il  se  présente  dans  les  noms  de  lieu  tle 
Nornuindie  sous  les  deux  formes  -hu  el  -J)ie  qui  répoiulent  hieu 
il  révolulicui  du  nu)L  Scandinave. 

1179.  La  forme  -hii  a  [jrévalu  dans  les  noms  Bourguébus  ((-  ) 
vers  107S  Bor;/esljii,  Carquebut  (M.),  Tournebu  ';C.,  K.  .  (.le 
dernier  nom  et  sa  variante  Tournebut  (M.)  sii;nilient  c  maison 
de  l'épine  »,  —  u  épine  »  s<'  disant  en  danois  /(//•//  —  et  a  pour 
synonvnu\s  Tornby  (D.)  et  Thornby  (Xorthampton). 

1180.  Par  contre,  c'est  la  forme -/>/<■  (jue  présente  Hambye  ^M.  i. 

1181.  L'é(|uivalence  des  deux  terruinaismis  -/)ii  el  -Lie  résulte 
<!e  ce  c[iU'  Carijuohut  est  a[)pelé  tlans  un  lexte  du  \in"  siéch' 
Kir/,e/>i  :  cette  forme,  ;i  peine  dill'érente  îles  li'ès  nombreux 
Kirkeby  «le  Danemaik  et  de  Norvège,   Kyrkby  et  Kyrkeby  de 

Suèile,  attestent  (pu-  par  C;ir<fiirliii/  il  l'aut  eiiiendre  «  la  maison 
de  l'église  ". 

DAL 

1182.  C-e  mot,  commun  aux  dialectes  Scandinaves  el  bas-alle- 
mands, a\('c  le  sens  tle  ■■  \alK''e  ».  termine  qm^hpies  noms  de  heu 
en  Nornuuulie  :  Becdalle  [E.),  Bruquedalle  iS.-l.  ,  Croixdalle 
(S.-l.),  Dieppedalle  ^S.-!.),  Oudalle  (S.-I.). 

1183.  Par  le  premier  de  ces  noms  et  par  son  é([uivaleiit  danois 
Baekdal  il  faut  entendre  ^  la  vallée  du  ruisseau  >>. 

1184.  r^e  premier  terme  de  Ih-iit/uedidlc  est  [leut-étre  appa- 
renté à  l'allemand  hnich ,  h   marécage  ». 

1185.  />/'7//*'''/,(//(>,  comparable  ii   Djupdal,  Djupedal  (S.,  X.i, 


•2  S', 


i.i:s   Mi.Ms   ni':   i,ii:i- 


Dybdal  (1).,  N.),  a  le  sens  de  »  vallée  profonde  »  :  c"est  donc  un 
svnonvnie  de  Parfondrritl  w\isne,  (^ise,  Oi'ne,  S.-I.). 


CAUD 


1186.  dard  avait,  dans  la  laiii^-ue  nornise  le  sens  d"  <(  enclos  » 
([u'on  l'elrouve  dans  noire  mol  jiirdin  ;  il  a  pris  dejuiis  celui  de 
((  domaine  »,  voisin  de  celui  de  "  maison  )^,  que  })résenlait  le 
i,''othique  i/nrda,  et  que  conservenl  le  danois  gnard  et  le  suédois 
(jiird. 

1187.  Auppegard  (S.-I.),  appelé  pai-fois  au  moyen  ■À'j;^  Ap/dr- 
(/;u-(l  —  cf.  ^blegaard  (1).  ,  Apelgârden  (S.i,  et  en  l'".cossc 
Applegarden  (l)uml'ries)  —  a  [lour  |M-emier  terme  le  nom  du 
|ioinmier,  n  pomme  »  se  tlisanl  en  danois  n'hlc  et  en  suédois 
■ïplc.  —  Il  a  pour  variante  Epégard  iM.).  tpii  est  appelé  en  I  181 
Aii/ij)ri/;trd  et  en  1  I  !•!)  Al/ici/;ird . 


'^ 


1188.  Bigards  (K.)  —  cf.  Bygârden  et  Bygarde  iS.)  —  peut- 
être  un  é([uivalenL  d'Aclières  (v.  ci-dessus  n"  604),  car  dans  son 
premier  terme  on  reconnaît  le  nom  de  labeille,   en  suédois  /;/  '. 


I.  Onlro  Aiipiwfj.-ird,  Hpi'';/;ir(l  cl  l)i(/;ir(h,  A.  I.oiig-non  induiiiail,  <!:uis  s.i 
lci;on  du  '.t;i\ill  I  S'.)  I ,  :ui  r.oliéi;!'  de  l''r:iiK'c,  c\  diins  sii  conférence  ilii  7  |:iii- 
\iei-  I.S'.l.'ià  l'Iù'oic  des  Iliuiles  Kludcs,  les  noms  J-'Isii/.iril  cl  Vinij:ii-I,  i|n"il 
iilli'iljne,  le  |)i'(Mnicr  à  la  Seinr-Inrérienrt-,  le  sccnntl  an  (!al\ad(is,  mais  dont 
jious  no  pouvons  dr^nucr  l'idenliricati(m  [H'érisc,  cl  sur  la  sij;iiillfalioii  dcs- 
(piels  il  ne  s"ex])rimi'  i|n'avft-  licancoii|)  i\K-  résci've.  \'iiif/:irl .  désii^nanl  uw 
lieu  dililn  I?essin,  ponrr-ul  rire  ia|)i)ioclié  dn  dam)is  ritii/!t;ii-il,  «  viL;Hulili'  ■<  : 
[..  tUdislc.  dans  sc>  Hliidrs  sur  h,  ,;niil!li<>n  ilr  l;i  rhis^r  ;i,jrlr,>lc  rt  l'rl.i!  ,!,■ 
r.-K/ririil/nrr  m  .\<inii:i/i(llc  :ii:  iinii/rn  :li/i\  ^'e.sl  rlcndn  assr/  loni^ni'nu'nl 
|i.  UN  à  iTOsnrla  cnUiirc  de  la  vii^nc,  it  le  dc|ia  il  imiumi  I  dn  Calvados 
i-omprcnd  nn  ccriain  m)ndirc  de  liiralilés  dénommées  /./  \'ii/ni\  /es  l'/i/zics, 
/;;  \'ii/iii'llf,  les  \'ii/Ni'l  les .  —  (jnani  .à  Fi^iij.-ird ,  après  l'avoii-  comiiaré,  en 
l'.IOH,  Il  ]-'is/,ri:t/;i:ifil  '  1),1  noma l'k  1  t't  il  I-'islii/iinnl  J'emhrokc  ,  l.oni;non  Ir 
passail  sons  silriK'ccn  I '.llll  -  I '.1112,  el  l'aniail  iilacé  dans  rtlnrc  rn  I '.H):>- 1 '.Hlli  ; 
il  .1 1  Inluiail  à  ce  nom  —  sons  ré'MTM'S,  nous  U'  ré|)étons  -  le  si'iis  île 
M  pridicric  il  :  lums  croyons  dcxciir  signaler,  ii  ra|ipni  <\i'  celle  opinion, 
ipi  une  cliaric  de  la  l'rinili''  i\u  MonI,  daU'c  de  Kl.'il),  mentionne  ii  n  ii  m  i'isi- 
i;  a  rd  u  m    in   I)  i  e  p  p  a. 


si:a.M(1.\  w  i-.s 


ain;.\\\  I 


2s:i 


1189.  I.c  mot  norois  f/runn,  »  luiul,  l'oiul,  rcueil  »,  csl  pi'o- 
hahlciiuMil    r()ri;;-iiic    du    mot    u    grune    ",    ijui    (K'si';ne    oorlains 

I  rocliers  des  côtes  nord-ouest  du  Cotentin  :   le   Jl:iii<-  des  Grunes, 

'  (levant  Carteret  ;    —   la  Grune,   à   Joljourg  ;    —   la   Grunette,    i< 

I''lamanville;  les  Grunes,  de  Bretteville,  etc. 

1190.  (>ti  pourrait  èlre  tenté  de  reconnaître  ce  mol  dans  le 
second  élénuMil  du  nom  tle  Laiigrune  i  ("..),  villnyï-  de  la  cote  en 
l'ace  duquel  s'étend  une  lit;ne  de  rochers  plats;  mais  la  forme  M  n- 

1  ^-lonia,  (}u'oii  rencontie  en   I  1G2,  interdit  à  cet  éi,^ard  une  allir- 

I  nialion    absolue  ;    et   il    faut  cheri'lier  une  autre  oi-igine    au  nom 

Lviii/riiniK-,  i|ue  porte  une  conununc   du  canton  de  tlavrav     M.-, 

située  il  1  i!  kilomètres  «les  côtes. 

f  IIOI.M 

1191.  Le  mot  hohn,  qui  termine  tant  de  noms  de  lieu  dans 
les  pavs  Scandinaves,  et  notamnu-nt  celui  de  la  capitale  du 
rovaume  île  Suéde,  désignait  une  ile.  nmi  pas  seulenuuit  une  ilc 
nuuitinu',  connue  le  mot  sa.Kon  /'/  [\u\v  ci-dessus  n"   750,   mais 

!  encore  une   ile  située  dans   l'intérieur   des  terres,    et   même,    s  il 

est  permis  de  s'exprimer  ainsi,  une  ile  tle  terre,  c  est-;i-dire,  par 
exemple,  un  mamelon  isolé  qui,  en  raison  de  la  dépression  des 
(erres  enviroiinanles,  se  trouve  de  temps  à  autre  envu'ouné  par 
les  eau\.  Ou  le  rencontre,  sous  la  ïonnc  -liunuiu-,  dans  les  noms 
Engehomme  [E.)  et  Robéhonime  [C.\,  (jui  s"a[)pliquent,  le  [)rc.- 
niier  a  une  île  de  la  Seine  située  en  l'ace  de  Martol,  le  second  — 
l(;iitiihrrl/i'nn!iic  au  xm''  siècle  -  à  un  village  construit  sur  un 
mamelon  doiuinant  un  vaste  nuirécage.  —  Dans  une  charte  de 
|0;{(),  le  lexte  ([ue  voici  :  insulam  super  alveum  Sequane 
([uam  dicunt  nomine  Torliulmum,  alio  ([uidem  vocahulo 
Oscellum,  désigne  sans  doute  l'ile  d'Oissel  (S.-I.j,  mentionnée 
au  IX''  siècle  comme  une  station  très  fréc|uenLée  des  pirates. 

1192.  il   semble  que   le    mot    norois    lioln)    soit  entré   dans  le 

l.  I.a  \crv\\  (In  '.I  avril  1S'I|  ne  l'ail  aucune  allnsi(ni  à  <■(•  nnil  ;  .V  .  I  .(Mi-ikui 
r(-'hnlia  dans  la  .■(.nl'ércnce  (in  7  jaiivic.'  IS'.>:!  :  il  lil  de  ni(-inc  en  I '.iH.'.- IIKU',, 
alor^   inril  l'avall  di-  n(iu  \  can  passé  S(mi>.  siliMicc  en    I '.H)  I  -  I '.IOl>. 


^cSC) 


,l-:s     ,M)MS    lUO     (.IKC 


langaj^u  roman  des  populations  do  la  NorniandiL',  car  la  nomen- 
clature topoi^-rapliique  de  celle  j)rovince  présente  les  l'ormos  \\[\- 
gaires  Houlinc  et  Ilonnne  précédées  de  l'arliele.  Le  Houlllie 
(^S.-I.)  est  voisin  d'une  île  du  ru  de  Caillv.  (Uiant  au  nom  le 
Homme.  11  désigne  plusieurs  écarts  dans  les  départements  du 
('ahados  et  de  lluire  ;  et  1  ou  eu  l'eucontre  des  diminutifs  :  le 
Hommel  et  le  Hommet  (M.). 

1193.  Ou  se  i;'ai-dera  d"a[)pli(juei-  la  même  élvmoloL;ie  aux 
noms  de  lieu  lllninmc  et  F Iloninieau,  rilou/iie  et  V Iluuineiiu, 
(|ui  existent  en  assez  grand  nombre  dans  plusieurs  autres  pro- 
vinces de  l'Ouest  :  Anjou,  Maine,  Touraine,  Pt)itou,  Sainton^'e, 
Angoumois,  et  dans  les({uels  il  faut  voir  une  variante  dialectale 
des  mots  ortne  et  ormeau  (cf.  ci-dessus  u"  645). 

inrs  I 

1194.  Le  mot  norois  luis,  »  nuiiscui,  demeure  ■•,  (|ni 
n  l'st  <pi'une  ^•ariantc  de  l'allenuind  moderne  /mus,  lermiiie, 
dans  les  pays  du  Nord,  un  certain  nomjjre  de  noms  de  lieu,  par 
exemple  celui  de  la  ville  dWar/tus  (IX);  c'est  incontestablement 
ce  mot  cpii  constitue  le  dernier  terme  du  nom  Étainhus  (S.-L), 
jadis  Efilaiiihus,  cpii  a  pour  écpiivalents  Stenhus  (1).  i  et  Stenhuse 
(S.)  ;  ces  noms  ont  le  sens  de  k  maison  de  pierre  ».  Peut-être 
<loit-(ni  reconnailre  la  même  désinence  dans  Cropus  (S.-L)  et 
Gavrus  (C.)  :  le  premier  de  ces  noms  serait  apparenté  par  so!i 
terme  initial  —  un  nom  d'honuiie  sans  doute  —  à  Kmpps/.id, 
Kroppelorp,   Krojipfjlill,  Kr(i/ipl,;!rr  (S.). 

A'/.//.' 

1195.  A7//",  au  sens  de  ■<  rocher  »  cl',  le  danois  /.lippe  et  le 
siu''dois  /dippa  —  est  aussi  entré  dans  la  loponomastique  Jior- 
mande.  Vn  texte  de  1221,  (;|ue  le  Dic/ionnuire  luji(j/fr;ijilii'/ue  ilc 
1  l'Aire  rapporte  à  la  (>ote-lUanche,  près  d'I'^vreux.  mentionne 
une  rochaqui  vocatur  wi/e  élire  :  on  ri'conuaît  dans  le  pre- 
mier terme  l'équivalent  de  notre  adjectif  u  blanc  j,  /irid  en 
danois,  /ii'i//  en  suédois,  w/iiie  en  ant^lais,  n^eiss  en  allemand. 
Verclives  (K.)  est  à  rapprocher,  pour  son  pi-emier  terme,  de 
Vars/en  [S.).  i 

1.    I>  iiinl  n'a  pas  élé   éliulié  dans  les  coiilV-n'iiees  di'   I '.lO!'.- 1  VIOCi. 


(lltir.INKS    SC.AMJlNAVKS    :    i.uxuh  2S7 

LUNDIS 

1196.  Le  mol  /»/)(//•,  «  bois,  Imcni^o  »,  a  laissé  de  liés  iiom- 
liiciises  traces  tlans  la  topoiiomaslicjvie  seandiiune  :  on  l'y  voit 
t-mplcjVL'  tantôt  seul,  comme  dans  le  nom  de  la  ville  luiiversilaire 
lie  Ltiiid,  tantôt  en  comi>osilion. 

1197.  On  a  [H-nsi'-  le  reeniinailre  dans  K'  nom  de  lien  /;/  Limile, 
::sse/.  iriHiiient  en  Normandie,  où  nne  forêl,  silnée  an  snd  de 
lumen,  est  appelée  forêt  ilr  In  l-mnlf.  Mais  ct'tle  Inrèl  tire  sun 
niini  d'nne  localité  voisine  et  l'on  duit,  à  riivpolhèse  dont  il 
'.  ;ij;il.  objecter  il  une  part  le  genre  féminin  attril)ué  au  mot  londc, 
■A  d  antre  part  la  persistance  du  </,  alors  fjue  dans  les  noms  énii- 
inérés  ci-après,  et  dont  l'origine  uoroise  est  incontestable,  ce  d 
s'est  assourdi.  Loinlc  apparaît  comme  luie  variante  dialectale  de' 
iundc,  tlont  les  Anglo-normands  ont  tait  launde. 

1198.  Lundi-  est  évidemment  le  terme  linal  des  noms  sui- 
vants :  Beslon  [SI.),  Boslon  (K.i,  Boulon  (C^.;,  Bouquelon  (I';.), 
le  Catelon  (K.),  CroUon  (M.),  Écaquelon  (E.),  Ellon  (('..), 
Scellon  lE.'i, 'Yébleron  (S.-l.),  jadis  YLlclun  iS.-l.i,  Yquelon 
iM.,  S.-l.). 

1199.  Un  bois  voisin  île  lioslon,  lianieau  de  (juittebeut  [M.), 
était  appelée  en  I  1S9  nemus  de  Jiooltjn. 

1200.  Yi/iielon  —  cf.  Egelund  (D.i  et  Eklund  ;S.)  —  a  pour 
Uiine  initial  le  nom  du  ciiène  (voir  ci-dessus,  n"  1176). 

1201.  I!nin/iic/n,t  —  cf.  B0gelund  (D.)  et  Bokelimd  (S.)  - 
signdie  «  La  hètraie  ». 

MAI! 

1202.  La  tei-minaison  -mare,  à  la(|uelle  on  peut  attrilnier  le 
'■cns  d'  i<  étang  »,  de  n  mai'ais  »,  comparable  à  celui  de  notre 
mot  H  mare  ",  est  1res  h'é'([uente  dans  la  loponoiiia^tujue  de  la 
Xiirinandie  :  Alvimare  (S.-l.).  Aumareil".  ,Bellemare  !  F..,  S.-I), 
Bocquemare   (K.).  Briquemare  (S.-l.i,  Brumare  ^1-'.),  Colmare 

Iv),  Croixmare  (S.-L).  Drumare  (C.  !,  Étenneniare  (S.-L), 
Fine-Mare  lE.),  Fongueusemare  (S.-L),  Germare  iV..),  Hecto- 
mare  (E.),  Homare  (E.i,  Honguemare  d'I.),  Inglemare  [K.,  M."), 
ingremare  (Iv),  Inlremare  i\i.\  Landemare  [C],  Lignemare 
^S.-L),  Limare  (Ivi,  Longuemare    E.,  S.-L),  Melamare  (S.-L), 


:2S.S 


.NOMS  m-:   i.ii:r 


Normare  (1*].),  Rondemare  \K.),  Roumare  (S.-I.),  Sausseuzemarc 
(S.-I.j,  Vandrimare  (E.),  Ymare  (S.-I.). 

1203.  Les  noms  J'cllcniurc,  Fnni/iieu.scnui/'i',  Lijii>iucm:tn\ 
Jidndcinarc,  Saussciizc/iiii/'t',  dans  lesquels  on  voit  -marc  nrécH'ch' 
d'un  iuljeelir  rcnnan,  alteslcnl  que  le  mot  norois  /;),//•  avoil  prwr- 
tié,  sous  la  lornu'  d'ini  substantif  l'émiuin,  dans  le  lançai;'!'  l'oniaii 
de  la  réj^ion. 

1204.  Le  premier  lernu'  des  noms  lh-i(/iieniure.  Colnutrc, 
lilfiiiwmare,  Xomuirc,  liouinarc  et  )'in!irc,  (|u"on  retrouve  dans 
Briajucvillp{CK  Cullcrillc  yC,  S.-I.),  lùrnncrill,'  ^l.],  Xurvill,- 
(S.-l.),  Rotivillc  [E.,  S.-l.),  )'oille  (S.-l.),  est  sans  doute  un  nom 
dliomme.  •  j 

TIIOHI' 

1205.  Le  mol  norois  //tnrj),  c  villaL;-e  »,  variante  de  lallemainl 
(l>ir'f,  s'est  ronianisé,  témoin  l'article  c[u'on  oliserve  dans  les  noms 
le  Torp  i>l..  S.-L),  le  Torpt  (l^:.),  le  Tourp  (M.;;  mais  il  est 
tombé  de  bonne  heui'e  en  désuétude,  car  on  ne  le  rencontre, 
eniplové  comme  nom  conunim,  ilans  aucun  texte  en  langue  vul- 
gaire de  Normandie.  —  Torps  (C.),  sans  article,  doit  être  rap- 
proché des  nombreux  Torp  de  Danemark  et  de  Suède. 

1206.  On  ne  peut  citer  (jue  de  rares  exemples  de  /horp 
employé  connue  ilernier  terme  d'un  nom  de  lieu. 

Gametours  (M.)  est  peut-être  à  rapprocher  de  Kampetorp  (S.)  ; 
le  terme  initial  serait  kiinip,  «  combat  i>. 

Clitourps  (M.)  —  cf.  Klippestorp  (S.)  —  est  certainement  roriui' 
sur  le  mot  kli/,  «  rocher  >.,  étudié  plus  haut  (n"  1195).  4 

Au  territoire  de  (Uitoiir/is,  l'écart  dénommé  le  Prieuré,  re[)ré- 
sentaut  une  ancienne  tlépendance  de  l'alibayc  de  Saint-Sauveur- 
le-N  icomte,  fut  désigné  pendant  tout  h'  moyen  ài;e  par  un  nom 
dont  la  plus  ancienne  forme  connue  est  Tonihlnrp  ',  à  pcinu 
dill'érente  du  nom  de  Torgestorp  (S.).  Ici  le  premier  élémeid  est 
le  n(uu  d'homme  Thoi-(fHs,  (pii  subsiste  en  Normandie,  comme 
nom  lie  lamillc,  sous  la  forme    Ttiri/is. 

1207.  Sonnue  toute,    le  luoi   Ihoi-p  est   rare  d;u)s    K'S   noms  do 

I.  \'olr,  (iniis  le  aprciiiicn  joint  ;ui\  iaslriictiinis  ilc  l.i'>()|Miltl  l)ellsl(',  siii' 
le  l>ifti()iin:iira  (/l'ui/i  aplii'/in'  île  la  l''raiici',  l'ai'liclc  l'iiiiaiu':  il.i-), 
(X.  (^Ikiiiik's,  l.r  l](iinilr  ilfs  lr:iriiii.r  hislorùjiu'n   cl  scii'iili/i</ucs,  111,   l'.MI;. 


OUK.l.MiS    SCAMHNAVKS 


2  S'.) 


liiMi  (lo  la  Normandie,  mais  celte  rareté  s'expliiiue  lorsciu'on  cons- 
tate que  les  noms  donnés  [lar  les  compagnons  de  luillon  aux 
domaines  c[uc  ce  prince  leur  concéda  sont  ordinairement  termi- 
nés parle  nom  commun  ville  qui,  dans  la  langue  de  leur  nouvelle 
patrie,  était  le  synonyme  de  ihorp  :  il  y  a  en  Normandie  — sans 
parler  des  écarts,  également  tort  nombreux  —  plus  de  cinq  cents 
cdnununes  dont  les  noms,  terminés  l'u  -cille,  paraissent  remon- 
Icr,  sdii  au  X''  siècle,  soit  an  commencc'menl  du  xi"".  La  parité  de 
renq)loi  des  deux  termes  //lorp  et  ville  dans  les  noms  de  lieu 
normands  apparaît  clairement,  si  de  Ton/isforp  on  rap[)roche  le 
nom  T<)r(jisvillc  ([ui,  au  xiii''  siècle,  désignait  le  village  actuel  de 
Tourgéville  (M.  h 

Tnvi:iT 


? 


i: 


1208.  Le  mot  norois  /lireit  désignait  une  pièce  de  terre,  mais, 
s(Mnble-t-il,  une  pièce  de  terre  provenant  d'un  défrichement, 
connue  rindi([uent  les  mots  /reil,  Ived,  lecf,  (jui,  dans  les  dia- 
lectes norvégiens  etsuéiUiis,  désignent  un  ahatis  d'arhres.  Thveil . 
qui  avait,  par  consé(|uent,  le  sens  du  mot  français  essart  — -  s;irt 
dans  les  pavs  wallons  —  si  fréquent  lui-même  dans  la  toponymie 
(voir  ci-dessus  n"  981),  a  été  fort  employé  soit  seul,  soit  comme 
second  élément  de  composés,  pour  former  des  noms  de  lieu  dans 
les  pays  Scandinaves. 

1209.  l'-n  Normandie,  où  il  a  revêtu  la  l'orme  thuit  ou  /iiil,  il 
se  rencontre  presque  exclusivement  dans  la  région  de  la  basse 
Seine,  c'cst-ii-dire  dans  les  départements  de  l'Eure  et  de  la  Seine- 
Inférieure  :  le  Thuit,  Thuit-Agron,  Thiiit-Anger,  Thnit-Hébert, 
Thuit-Signol,  Thuit-Simer  [K.];  assez,  loin  de  ces  localités,  à 
Houlon  (C),  il  y  a  un  écart  également  dénommé  le  Thuit.  La 
présence  de  l'article  atteste  ciue,  dans  une  partie  au  moins  de  la 
Normandie,  le  mot  est  passé  pour  un  temps  dans  le  langage 
usuel. 

1210.  On  voit  -fuit  ou  -ihiiil  constituer  le  terme  final  d'un 
certain  nombre  de  noms  de  lieu  —  Bliquetuit,  Brennetuit  (S.-L), 
Écriquetuit  (K.)-  Long-Thuit.  le  Milthuit,  Vauthuit  (S.-L)  —  le 
premier  terme  étant  le  plus  souvent,  send,)lc-t-il,  un  nom 
d'honnue.  parfois  lui  adjectif  roman. 

/.c.s'   uiuii.s  lie  lieu  .  ''-* 


!'J0 


Lios  .\(jMs  uK  uu: 


TOFT 


1211.  Lo  mot  loft  esl  un  de  ceux  (|ui  se  présentent  le  plus 
fféciueninient  dans  la  topononuislirjue  de  la  Nornumdie.  lîicn  ipic 
ce  nu)L  ait,  dans  le  danois  moderne,  le  sens  d(î  u  champ  ■.  s,i 
signilication  noroise  paraît  avoir  été  celle  de  notre  vieux  nml 
«  masure  »,  désignant  un  emplacement  jadis  occupé  par  uni> 
maison,  ou,  jilus  exactement,  u  ce  cpii  leste  de  bâtiments  tom- 
bés en  ruine  »  :  c'est  du  moins  ce  qu'on  peut  conclure  de  l'expli- 
cation donnée  par  Bioru  Ilaldorsen,  dans  son  Lexicon  islandiro- 
lnlin(j-(Linicuni  :  k  7'o/V,  area  domus  vacua,  parietina,  en 
loiiil   »  ;  et  loinf,  en  danois,  signifie  «  emplacement  à  bâtir  ><. 

1212.  Top,  qui  en  Normandie  se  réduit  à  lot,  fut  employé 
par  les  compagnons  de  Hollon  pour  désigner,  soit  seul,  soit  com- 
biné ,ivec  un  autre  éK'Mnent.  eerl.-iines  des  habitations  (pi'ils  si' 
construisirent  lii  où  l'on  voyait  encore  sur  le  sol  des  traces  des 
villages  et  des  hameaux  qu'avaient  ruinés  les  incursions  des 
pirates.  On  comprend  dès  lors  qu'il  soit  relativement  plus  fré([uoiit 
dans  la  toponymie  nôroise  de  la  Normandie  que  dans  celle  de» 
pays  Scandinaves. 

1213.  Les  noms  de  lieu  de  Normandie  dans  lesquels  entre  lo 
mot  lo/'l,  aujourd'hui  tôt,  olVrent  donc  un  sens  analogue  aux 
noms  de  lieu  français  dont  le  vocable  représente  le  latin  maceria, 
«  muraille  »  :  Mczières,  Maizières,  Mazùres,  leurs  dérivés  Mezonii/, 
Mnizcraij,  Mazcret  —  qui,  le  plus  souvent,  s'appliquent  .\  des  loca- 
lités édiliées  au  nioyen  âge  auprès  de  ruines  antiques  —  et  à  leurs 
équivalents  bretons  inogucr  (cf.  ci-après  n"  1342)  et  mogucriou. 

1214.  De  même  que  les  formes  vulgaires  de  plusieurs  des 
mots  norois  précédemment  passés  en  revue  (n"""  1167,  1193, 
1206,  1210),  toi  est  momentanément  entré  dans  le  langage  cou- 
rant de  la  Normandie,  témoin  l'article  qu'on  observe  dans  le  Tôt 
(M.,  S.-I.).  On  le  trouve  en  composition  dans  une  soixantaine 
de  noms  de  lien  désignant  plus  de  (piatre-vingts  localités,  et  dont 
quebpies-uns  seidement  seront  indicpiés  ici. 

1215.  Par  Martot  (E.),  Marelol  vers  M  C.O  et  en  H!)7  — 
cf.  Maretoft  (D.)  —  il  faut  entendre  "  la  masure  de  l'étang  » 
ou  «  du  marais  ». 

1216.  Lilletot  '  K.)  fournit  un  exemple  de  condjinaison  du  nom 


olillilNL'lS    SCAMilNAVKS    :     TOI'T  291 

coiiiimiu  lofl  avec  un  adjectif  :  il  existe  en  Dnnemark  sous  la 
forme  Lilletoft,  et  sif^nilie  ((  petile  masure  ».  Dans  Fultot  (S.-I.) 

—  cf.  FuUetofta  (S.)  — le  joremier  terme  peul  Incn  être  l'adjec- 
[\i  fui,  «  laid,  vilain  »,  mentionné  plus  haut  (n"  1171). 

1217.  On  voit  loft  combiné  avec  un  nom  d'arbre  dans  : 
Appetot  (E.),  en  12o8  Aplclol,  »  la  masure  du  pommier  ji  (cf. 
Il"  1187.  :  —  Bouquetot  (K.),  <<  la  masure  du  hèlre  »  (cf.  n°  1201); 

—  Ecquetot  (E.)  —  cf.  Egetofl  (1).),  Ektomta  (S.)  —  «  la 
masure  du  chêne  »  (cf.  n"»  1177  et  1200)  ;  —  Lintot  (S.-I.),  c.  la 
masure  du  tilleul  »  (cf.  n°  1176);  —  Tournetot  (E.),  «  la  masure 
.1.'  rci)ine  ,.  (cf.  n°  1179). 

1218.  b]nlin  il  est  fréquent  que  le  terme  initial  soit  un  nom 
propre  d'homme  :  nom  d'origine  Scandinave  dans  Colletot  (E.), 
Routot  [Vj.],  SassetOt  (S.-I.),  formés  sur  Kolli,  Ifrolf  et  Sn.vi; 
nom  d'origine  germanique  dans  Hébertot  l(^.),  Raimbertot 
iS.-I.),  Robertot  (S.-I.),  où  l'on  reconnaît  lleriberctus, 
Haginberctus,  llotberctus. 

VI K  ' 

1219.  C-e  mot,  qui  subsiste  en  suédois  et  auquel  le  danois 
donne  la  forme  vi;/,  désignait  une  anse,  une  baie,  sinus  brevior 
et  laxior,  dit  Hiôrn  Ilaldorsen  :  il  est,  on  le  sait,  la  racine  du 
nom  commun  vi/dng,  désignant  ces  hardis  navigateurs  qui.  non 
contents  de  courir  les  mers  pour  chercher  fortune  aux  dépens 
des  nations  chrétiennes,  allaient  s'établir  dans  des  terres  loin- 
laines,  comme  llslande  et  même  certaines  parties  du  continent 
américain. 

1220.  r/A-  se  retrouve,  par  exemple,  dans  le  nom  Sanvic  (S.-I.), 
porté  pai-  une  comnume  située  au  fond  d'une  crique  voisine  du 
Havre,  et  (pii  a  pour  écfuivalents  Sandvik,  très  frétpient  en  Suède 
et  en  Norvège,  Sandvig  en  Danemark,  Sandwich  en  i\.ngleterre  : 
le  premiei-  terme  de  ces   noms  est  sanci,  «  sable  ». 

1221.  On  reconnaît  également  le  mot  u//r  dans  le  nom  de  plu- 
sieurs petites  anses  du  Gotentin,  et  notamment  dans  celui  de 
Cap-Levy  (M.),  au  xu''  siècle  Kupclvic 

1222.  Ou  ne  saurait  considérer  comme  épuisée,  dans  les  pages 

1.  A.  I.onynon  ne  s'esL  pns  occupé  tic  ce  mol  (Unis  ses  conférences  ilc 
1901-1002  cL  (le  iOOH-lOOO. 


2Î)2  i-i:s   M(Ms   1)1-:   i.ii'a; 

(jui  précèdent,  la  liste  des  mots  Scandinaves  que  présente  l;i 
nomenclature  ^'■éographiquc  de  la  Normandie  :  il  en  est  certai- 
nement cpii,  pour  l'instant,  sont  ii'-norés,  et  ([u'on  signalera 
quelque  jour  ;  il  en  est  d'autres  qui  ont  été  omis  à  dessein,  suit 
qu'ils  n'existent  (juc  dans  des  noms  simples,  soit  que,  comnunis 
aux  anciennes  langues  germaniques  et  à  la  langue  Scandinave, 
ils  n'attestent  pas  avec  assez  de  certitude  l'origine  normande  des 
noms  de  lieu  ([u'ils  terminent.  Par  exemple,  les  noms  de  Cher- 
bvuni,  de  Jnhounj  et  de  Mnnlcbourij  (M.),  celui  de  Cnhoiin; 
(C),  sont-ils  l)ien  certainement  Scandinaves,  ou  existaient-ils 
avant  la  domination  normande?  Leur  linale  ne  permet  pas  de  se 
prononcer,  car  elle  peut  provenir  aussi  bien  du  hiir;/  de  la  plu- 
part des  langues  germaniques,  au  sens  de  u  forteresse  ;>,  ([ue  du 
norois  horç/  —  «  rempart  de  pierre  »  et,  par  extension,  u  forte- 
resse »  —  terme  final  de  noms  de  lieu,  tant  anciens  que 
modernes,  dans  les  royaumes  du  Noi-il.  Il  convient  toutefois  de 
noter  l'analogie  de  Cnhnurij  — en  1077  Cn(Jbur'/us  et  Callihur- 
ijus  —  avec  (hilhorg  (D.)  :  le  premier  terme  pourrait  être  l'ad- 
jectif norois  Av;//',  «  riant,  gai  ». 

Deux  autres  mots,  du  nombre  de  ceux  volontairement  omis 
pour  la  raison  qui  vient  d'être  indiquée,  ont  pourtant  droit, 
semide-t-il,  d'être  mentionnés  ici  ',  en  raison  de  la  place  qu'ils 
ont  prise  dans  le  langage  courant  de  la  Normandie. 

1223.  llaïuj,  ^<  élévation,  hauteur  »,  se  retrouve  dans  les 
noms  la  Hogue  (C,  M.j,  la  Hougue  (M.),  les  Hogues  (G.,  E., 
M.,  S.-I.),  les  Hougues  (M.).  —  La  Hoguette  (G.),  les 
Hogueltes  (G.,  K.),  sont  des  formes  diminutives  qui  n'ont  pu 
appartenir  ([u'au  langage  roman  parlé  par  les  descendants  des 
compagnons  de  PioUon. 

1224.  Ilafn,  <•  port  »,  subsiste  encore  dans  le  mot  Jiuvrc,  (jui  \ 
fut  attribué  connue  nom  propre,  au  xvi'^  siècle,  à  une  ville  mari- 
time fondée  pai'  Franvois  I"',  le  Havre  de  Grâce.  Un  certain 
nondn-e  de  lieux,  tle  lieux  tlits  presque  exclusivement,  portent  le 
nom  de  Havre,  nuus  le  vocable  qu'on  rencontre  le  plus  souvent 
est  Ilahle,  ainsi  que  son  diminutif  llablcl  :  le  Hable  de  Dieppe, 
de  Veulettes  (S.-I.),  de  Gricqueville  (G.),  le  Hablet  d'EciiUe- 
ville  (M.). 

1.    Il  Wvu  a  |ias  (Me  i|u.'sli(m  .lims  K'>  eiiniVMriicfs  de   l'.IO:;- I  DOl',. 


LVI 


NOMS    KN    -VILLE 

1225.  Les  noms  de  Heu  en  -oillc  sont  fort  nombreux  en  Nor-' 
in.uulie,  où  ils  paraissent  remonter,  à  queltjues  exceptions  près, 
rtu  x'"  siècle.  Le  mot  villa  avait,  on  le  sait,  le  sens  de  «  villag-e  >■, 
ivoir  ci-dessus  n"  950),  et  ces  noms  s'appliquent  aussi  bien  à 
(li>s  ('carls  ([u"à  des  cliefs-lieux  île  communes.  La  [)ro|)ortion  dans 
l.upielU'  les  présente  la  nomenclature  topoi;r,iplii(jue  des  (l('par- 
h'inenls  f[u"a  l'ormés  la  Normandie  procui-e  d'utiles  indications 
sur  l'étemlue  de  la  colonisation  Scandinave.  Si  l'on  ne  tient 
compte  (jue  des  noms  de  commmio,  on  voit  que  cette  proportion 
atteint  presque  le  tiers,  avec  'l'.V.]  vocables,  dans  le  déparlement 
<le  la  Seine-Inférieure,  qui  comprend  T.'i'.t  communes  '  ;  elle 
dépasse  le  sixième  —  121  sur  700  —  dans  l'Eure  ;  elle  est  de 
près  d'un  septième  —  111  sui'  7(i7  —  dans  le  Calvados,  et  de 
près  d'un  ([uart  —  L')7  sur  GG4  —  dans  la  Manche;  fjuant  au 
département  de  l'Orne,  correspondant  à  une  contrée  qui  ne  ]iaraît 
f^uère  avoir  re^n  de  colons  scandina\H's,  on  n'\-  compte  que  10 
noms  de  commvine  terminés  en  -ville  sur  "Il  \.  c'est-à-dire  moins 
d'un  cinquantième  ;  encore  deux  de  ces  noms,  P^rancherille  et 
Neuville,  ne  peuvent-ils  rentrer  dans  la  série  actuellement  étu- 
diée, ce  f[ui  réduit  encore,  dans  ce  département,  le  nombre  et  la 
proportion  des  vocables  communaux  aux([uels  on  jiourrait  être 
tenté  d'attribuer  une  orij,;'ine  normande. 

L'exemple  du  département  de  l'Orne  prouve  i)ien  (jue  la  fré- 
((uence  et  la  terminaison  -ville  dans  la  toponomastique  des  (pialre 
autres  départements  normands  résulte  de  l'établissement  des 
«  hommes  du  Nord  >'.    Bien  (ju'on  rencontre  des  noms  en  -ville 


1.  Ces  c'iiill'res  ol  C(.'u\  inii  suivent  snut  ceux  ([u'énoni;;iit  A.  I.dULiiion 
il;\ns  S.1  le^on  du  :23  .ivrii  IS'.lj,  au  (lollè^o  de  France.  I-es  créations  et  sup- 
[iressions  de  coniniunes  (|ui  se  smU  produites  depuis  lors  les  ont  plus  ou 
moins  modifiés  ;  mais  la  statistiipu'  éliaucliée  ici  demeure  exacte  dans  son 
enseniijie. 


2!)i 


i.i:s   NOMS   iiii   Mi:c 


dans  les  dill'érenles  régions  do  la  l''rance,  ils  ircxisteiil  pas  dans 
la  inônic  proportion.  Ainsi,  le  ilé{)arlcnicnL  de  la  Somine.  (pii 
couline  à  celui  de  la  Seine-Inférieure,  ne  comprend  que  'M  iioins 
de  commune  en  -ville  sur  832,  c'est-à-dire  à  peine  plus  d'un 
vingt-cinquième  :  contraste  bien  apparent  avec  le  départenienl 
voisin,  où  la  proportion  des  noms  en  -ville  est,  on  l'a  vu,  de 
près  d'un  tiers. 

1226.  On  peut  aillrmer  d'une  façon  générale,  que  ces  noms  de 
lieu,  en  Normandie,  sont  dus  aux  compagnons  de  Piollon.  nu  à 
leurs  descendants  immédiats,  et  les  attribuer,  d'une  favou  plus 
générale  encore,  peut-être,  au  x^'  siècle  ou  à  une  date  fort  voi- 
sine. Il  va  sans  dire  que  la  linale  -ville  étant  romane,  quebjues- 
uns  de  ces  noms  peuvent  avoir  été  donnés  aux  localités  qui  les 
portent  en  dehors  des  Normands,  mais  c'est  l'exception. 

1227.  Une  exception  plus  rare  encore,  sans  doute,  consiste 
dans  l'emploi,  comme  membre  initial,  d'un  adjectif  au  lieu  d'un 
nom  propre  d'homme  ;  aussi  n'est-il  pas  inutile  d'insister  ici  sur 
les  exemples  qu'en  oil're  la  toponymie  normande.  Les  adjectifs 
ainsi  employés  sont  de  deux  sortes  :  adjectifs  qualificatifs  pro- 
prement dits  et  adjectifs  etlmifjues. 

1228.  A  ne  considérer  que  la  nomenclature  communale,  on 
reconnaît  les  premiers  dans  Belleville  (S.-I.),  la  Bnnnevillc  (C), 
Longueville  (G.,  M.,  S.-L),  Neuville  (G.,  E.,  S.-I.).  —  Camp- 
neuseville  représente  le  bas-latin  Gampanosa  villa,  désignant 
un  village  situé  dans  un  pays  plat.  —  Grenieuscuillc  (E.)  semble 
indiquer  que  les  habitants  étaient  désagréables,  rjrigneux, 
comme  on  disait  au  nu)yen  âge  ;  on  dirait  aujourd'hui  u  grin- 
cheux  ...   —  Prcuscville  (S.-l.)  répond   au  latin  Pc  t  rosa  v  il  la. 

1229.  (JuanI  aux  adjectifs  ethniques,  on  en  conq)te  (juatre.  Le 
vieux  mot  saisnc,  du  latin  Saxonem,  accentué  sur  l';;,  ligure 
dans  les  noms  Sninneville  (S.-Lj,  Scnneville  (E.,  S.-L)  ;  ce  der- 
nier nom  existe  aussi,  en  dehors  de  la  Normaiulie,  dans  Seine-et- 
Oise  et  dans  Eure-et-Loir.  —  L'adjectif  féminin  c/itfli'sr/iw  se 
présente  dans  En</lcsf/iieville  (G.,  M.,  S.-I.)  et  dans  An(;lesijiic- 
oille  (S.-l.)  :  ces  noms  s'ajjpiiquent  à  des  villages  qui  ont  été 
fondés  peut-être,  au  commencement  du  xi'"  siècle,  [lar  les  parti- 
sans exilés  des  rois  anglais,  dépouillés,  en  1014,  du  trône  d'An- 
gleterre par  la  conquête  danoise,  et  (pii,  aiiparentés  aux  ducs 
norniaiuls.   viuroid  chercher  asile  auprès  de  ces  princes.  —  L'ad- 


liniGIM^S    SrAMiINAVRS 


2!)-; 


jfclil  réininiii  lircllc,  au  sons  i\Q  «  bretonne  »,  (jii'il  a  cdnsui'vé 
(I.iiis  le  lani^aj^c  de  certaines  provinces  de  France,  existe  dans  le 
notii  lircllevillo  (C,  M.,  S.-I.),  porté  par  une  quinzaine  de  loca- 
lités :  cette  fréquence  s'explique  en  partie  par  le  fait  que,  durant 
plus  de  soixante  ans,  de  (SG7  à  933,  les  Bretons  dominèrent  sur 
l'Avranehin  et  le  Cotentin,  et  poussèrent  leurs  incursions  sur  les 
i'onlrées  voisines.  —  Kniin  l'adjeclif  cossessc,  ><  cauchoise  »  — 
le  pays  de  Caux  forme  l'extrémité  nord-est  de  la  Normandie  — 
acontrilmé  à  former  le  nom  Cosscsscoillc  (G.),  comme  son  mascu- 
lin le  nt)ni  du  Mesnil-Cuussois  (C). 

1230.  Encore  une  fois  les  noms  de  lieu  en  -cille  dans  les(|uels 
\c  terme  initial  est  un  adjectif  ne  sont  qu'une  excejîtion,  et  dans 
l'inunense  majorité  des  cas,  ce  terme  initial  est  un  nom 
iHionniu". 

l'arnii  les  noms  d'homme  que  présentent,  employés  de  la 
sorte,  les  noms  de  lieu  en  -pille  de  Normandie,  il  en  est  un 
i,M'and  nombre  dans  lesquels  on  reconnaît  tout  d'abord  de  ces 
uiuns  français,  fort  à  la  mi»de  à  l'épocjue  féodale,  qui  étaient 
(l'(iri_i;-ine  iVanci(pie  '  ;  cependant,  dans  la,plupait  des  cas  où  ils  se 
présentent,  ces  noms  désig-naient,  soit  des  com[)agnons  de  lîol- 
lon,  soit  tels  ou  tels  de  leurs  iils  ou  pctit-fds.  On  sait,  en  (dl'et, 
(pie  les  Normands  établis  en  terre  iranc^'aise  pouvaient  porter  des 
noms  français,  puisque  RoUon  lui-même  reçut  au  baptême,  en 
!I12,  le  nom  de  Roljert,  que  portait  son  [)arrain,  le  duc  de 
iMance  ;  et  ce  nom  passa  depuis  à  plusieurs  de  ses  descendants. 
On  sait  aussi  que  les  enfants  issus  de  l'imion  des  corsaires  Scan- 
dinaves établis  en  France  avec  des  femmes  de  ce  pays,  portaient 
plus  d'une  fois  des  noms  français,  tel,  par  exemple,  le  Iils  de 
UolUui,  le  duc  Guillaume  Longue-Epée,  né,  antérieurement  à  la 
conversion  de  son  j)ère,  de  la  fille  d'un  comte  franc  de  Rayexix. 
Cil  doit  encore  tenir  compte  des  rapports  existant  entre  l'ono- 
niasti([ue  franque  et  lonomastique  Scandinave,  moyennant  les- 
(puds  le  nom  d'un  iinmig-rant  Scandinave  pouvait  être  assez  sou- 
veid  tiaduil  jiar  un  écpiivalent  français.  Ainsi  nos  chronicpieurs 
du  \"  siècle  appellent  en  latin  liat^enol  dus  le  chef  des  Nor- 
mands  établis    à   l'embouchure  de   la   Loire,   alors    que  le    nom 


I.  Crest  .linsi  qu'à  ]iropos  do  plusieurs  de  ces  uoms,  on  a  vu  inculionnées 
ci-dessus  (n-  1022,  1023,  1027,  1062,  1065,  1084,  1089,  1092,  1095,  1109, 
1111,  1131  "i  un  Ci'i'tnin  noniliri'  île  liie:ililcs  ilc  Noi'nuinilie. 


•2'M\ 


l.l'.S     NOMS     l)i:     I.IICl' 


noi'ois  (le  ce  pcrsomuige  était  sans  doute  Jinc/nonlld.  Le  nom  de 
Ilollon  lui-même  —  Hollo  chez  ces  chroniqueurs,  Ilrnlf  en 
norois  —  qui  était  peut-être  une  variante  Scandinave  de  lîodul- 
fus,  est  tlevenu  en  lant;'ue  romane  /w);;,  (|ui  l'ut  aussi  l'une  des 
formtîs  vulj^aires  du  nom  Haoul. 

Il  serait  trop  long  dénumérer  ici  tous  les  noms  d'homme 
d'origine  Scandinave  qu'on  trouve,  dans  la  toponomastique  nor- 
mande, combinés  avec  le  mot  ville.  Ces  noms  sont  de  deux  sortes  : 
il  y  on  a  de  simples,  il  y  en  a  île  composés. 


1231.  Les  noms  simples  f[ui  voni  être  j^assés  en  revue  sont 
empruntés  presque  tous  à  deux  textes  particulièrement  intéres- 
sants dans  cet  ordre  d'idées  :  Vlslancla  LnudnamaJjok  —  récit  de 
l'établissement  des  Norvégiens  en  Islande  —  édité  à  Copenhague 
en  '\1~\-  par  Ilannes  Finnsson,  et  un  nécrologe  de  l'église  de 
Lund  —  IAI)cr  dnticiis  J.undcnsis  — ■  ([ui  occupe  les  pages  471  à 
',\~\)  dans  le  troisième  vohune  des  Scri/)(nres  rernin  dunicnruin 
de  J.  Langebek.  Tels  de  ces  noms  —  Aid,  liard,  liera,  llloh-, 
Bolle,  Kolell,  par  exemple  —  étaient  encore  visités  en  Suède  au 
xiv'^  siècle. 

^Vssez  fréi[vuMiuuent,  ces  noms  simples  avaient,  à  vrai  dire,  le 
caractère  de  surnoms  :  hjiirn  est  le  nom  suédois  de  l'ours  ;  blahk 
pouvait  avoir  le  sens  de  «  noir  »  qui  est  celui  de  l'anglais  blacl;  ; 
(jaasi  désignait  l'oie  ;  l'adjectif  danois  hnap  ou  suédois  Inxapp 
exprime  l'idée  de  petitesse,  d'exigu'ité  qu'on  retrouve  dans  le 
substantif  allemand  kn,i/>c,  «  garçon  n  ;  stnl/  est  l'équivalent 
danois  et  suédois  de  l'allemand  s/olz,  '<  lier  »  ;  Sa.ri  signilîail 
évidemment  u  le  Saxon  »  ;  et  sni.ill  peut  bien  correspondre  à 
l'allemand  scIlucII,  «  rapide,  vif,  leste  ». 

1232.  Ahi,  latinisé  Aco  :  Acqueville  (C,  M.). 

1233.  Jiardr  :  Barville  (E.,  M.,  ().). 

1234.  lîero,  forme  latinisée  qu'on  trouve  dans  le  Lihcr  dofi- 
(•(ys  :  Berville  (C.,  L.,  S.-l.i. 

1235.  Iljl'irn,  ([ui  fut  le  nom  de  plusieurs  rois  de  Suède,  et  qui 
revêt  la  forme  Hier  dans  le  Uoman  de  liou,  est  devenu,  au 
xii'"  siècle  liern  dans  les  noms  de  lieu  de  Normandie  dont  il 
conslitue  le  preniier  terme  :  Besneville  '(^^■),  Jadis  /iernrrille, 
Bennetot  (S.-L).  originellement  BJ'irnlnft,  et   Berneval  iS.-I.j. 

1236.  Blal.k  :  Blacqueville  (S.-L). 


(>iii(;iNi:s  sr.AMiiNAVKS  :   -vii.i.h:  2i)7 

1237.  illnl;,  (lonl  l'usai^'O  en  Norniandio,  au  dohuL  du  xT'  siècle, 
osl  alleslé  par  le  carlulairo  tle  la  Trinité  du  ^^lonl  :  BlosviUe 
(C.  M.). 

1238.  Blund  :  Blonville  (C.^:. 

4239.  Bolli,  linlU-  :  Bolleville  (M.,  S.-l.,,  Boulleville  (K.),  en 
tOiO  l'.oUivilla;  cf.  Bolbec  (S.-L). 

1240.  Rondo, -forme  lalinl.sée  :  Bondeville  (^L). 

1241.  PJt/stcini)  :  Étienville  CM.). 

1242.  ^laasi,  ([ui  parait  dan.s  les  snf/na  islandaises,  et  qu'on 
retrouve  sous  les  formes  Gaas  et  (iase,  était  l'équivalent  de  l'alle- 
mand r/ans  :  sous  l'influence  francique  il  est  devenu  Ganse  : 
Ganzeville  i^S.-I.). 

1243.  r.riri,  Gcrri  :  Gerville  iM.,  S.-I.  i.  Guerville  iS.-I.). 

1244.  Ila/.-i  :  Hacqueville  (E.,  M.). 

1245.  Kalj>:  Cauville  (C,  S.-I.,. 

1246.  Rare  :  Carville  [C,  S.-I.);  cf.  Garbec  (E.). 

1247.  Karl  :  Galleville  (E.l,  au  \uf  siècle  Carlerillc. 

1248.  Kctcll  :  Quetteville  (C,  M.).  Quettreville  iM.);  cf. 
Quettehou,  Quettetot  (M.). 

1249.  Knappr  :  Canappeville  (E.),  Canapville  i^C,  0.). 

1250.  Kollr  :  Golleville  (C,  S.-I.)  ;  cf.  Colmare  (S.-I.). 

1251.  Krakr  :  Grasville  (E.,  M.,  S.-l.);  cf.  Grabec  (M.). 

1252.  Krokr,  Groco  dans  le  cartulaire  de  la  Trinité  du  Mont  : 
Crosville  (E..  M.,  S.-I.)  :  celui  de  l'Eure  est  appelé  Crocvilla 
ver.s  10:27. 

1253.  Sa.vi,  Saxa:  Sasseville  fS.-l.j;  cf.  Sassetot  (S.-I.^. 

1254.  Sniall,  en  français  /.s7H'/  :  Isneauville  (S.-I.).  —  Le 
Duisson-llocpin,  dépendance  d'I^vreux,  est  désig:né  dans  une 
charte  de  II!)."),  par  l'appellation  Lsnelmaisnille. 

1255.  .S7o//,  en  français  J^sintif  :  EstouteviUe,  ÉtoutteviUe 
(S.-L).  Le  nom  d'homme  7?s/o«/  était  encore  usité  au  xiv''  siècle, 
dans  la  famille  d'ivstouteville. 

1256.  S/are,  nom  d'une  famille  qui  fournit  à  la  Suède  trois 
administrateurs  entre  1471  et  1.')20  :  Étréville  (E.),  vers  II  iS 
Estervilla.  et  peut-être  aussi  Éterville  (C). 

1257.  Tolà.  latinisé  Toko  et  Tocco,  et  dont  le  nom  d(> 
haptême  suédois  et  danois  l\i/chn  n'est,  paraît-il.  qu'une 
variaTile  :  Tocqueville  (1^^.,  M.,  S.-L);  cf.  Tocquemont  (C.j. 

1258.  Tnrf  :   Tourville  (Iv,  S.-L).  —  (}uillaume  de  Jumièi,'-es, 


:2!»S 


I.IvS     MOIS     liIO     I.IICI 


qui  ôcrivail  au  début  du  xu"'  siècle,  ineiitionno  Turull'us  de 
Pon-te  Audemari  qui  fuerat  fiiius  oujusdain  nuininc 
T<)r/\  a  ([uo  otiam  us(|m'  iiunc  quaoda  m  vi  llae  coynoiui- 
nalae  sunt  TorTvillae  '. 

Parmi  les  noms  propres  de  personne,  composés  de  deux  élé- 
ments, qui  ont  contribué  à  former,  en  Normandie,  des  noms  de 
lieu  en  -ville,  on  se  contentera  d'examiner  ici  deux  séries  de 
noms  c<  tliéophores  »,  c'est-k-dire  ayant  pour  élément  initial  un 
nom  de  divinité,  cehii  des  Ases  ou  celui  de  Thor. 

1259.  Les  Ases,  au  nombre  de  trente-deux,  dont  quatorze  dieux 
et  dix-huit  déesses,  constituaient  le  panthéon  Scandinave,  et, 
peut-on  dire,  le  panthéon  des  autres  nations  g-ermaniques  anté- 
rieurement à  leur  conversion  au  christianisme  ;  mais  chez  les 
Francs,  les  Lombards  et  les  Goths,  le  nom  divin  As  se  disait  -In.s 
—  latinisé  au  pluriel  sous  la  l'orme  Anses  dans  Jordanès  —  et 
chez  les  Saxons  on  l'écrivait  Os  :  de  là,  chez  les  Francs,  les  noms 
Ansoatd,  An.therl,  Anshchn^  Ansgar;  — chez  les  Saxons  0,s/r,i/(/, 
Osberl.  Osborn,  Ojer,  Osicin  ;  —  chez  les  Scandinaves  Ashuini, 
Ashrund,  Asdis,  Asgaui,  As(jeir,  Asgrim,  AsI.illd,  Askcll,  ^iske- 
lell,  Asliik,  Asleik,  Aamund,  Astolf,  AsDalld,  Asv'ir.  Lorsque  ces 
derniers  noms  pénétrèrent  en  Gaule,  leur  élément  initial  devint 
Ans  — sous  l'iniluence  francique,  de  sorte  que  les  noms  Asi/uul, 
Asffcir  et  j[sketell,  qu'on  peut  considérer  comme  étant  au  nombre 
des  plus  répandus,  se  sont  perpétués  en  Normandie,  d'abord 
comme  nom  de  baptême,  ensuite  comme  noms  de  famille,  sous 
les  formes  vuli,Mires  Antju/,  Anç/icr  ou  Angcr  el  Aiujuclil; 
d  autre  part,  sous  rinlluencc  saxonne  (pii  pouvait  l)ien  s  exiTcer 
eiuore  sur  cci'Iains  points.  As-  lit  place  à  Os-  :  Asliii'n-n  devint 
Osborn  ou  Oslxiriic  —  Asol/\  (Jsulfus,  d'où  ^\tisoiif —  Asiinmil, 
Osmunilus,  d'où  Osniond  oi  Onionf. 

1260.  Aslji("irn  a  produit,  sous  l'iniluence  francif[ue,  Amber- 
ville  (IC),  et  sous  l'iniluence  saxonne  Auberville  (C,  S.-L); 
l'Auberville    du    Calvados   est  appelé    en     IISI^    Osbernivilla 

•  su  pra  ma  re. 

1261.  As(jL'ir,  confondu  avec  le  nom  francique  latinisé  Ans^a- 
rius  :  Angerville  (G.,  Iv,  S.-L),  Angreville  (K.),  au  xn"  siècle 
A  n  s  ^-  e  r  %•  i  1 1  a . 

I.    Hn   (llicsiii',   llis/(tri:\c  A'<>i'ni:iiiniiniiii  seriiilarcs  :iiifii/iii,  ]>.  .'il'2. 


(iui(;iNi:s   si:,\M)iNAvi':s   :   -vii.li-:  2',)!) 

1262.  Asfinut  :  Angoville  (C,  E.,  M.).  —  Cf.  Le  .\fesnil- 
.Wk/o/(M.). 

1263.  Aakeicll  :  Ancretiéville,  Ancrelte ville,  Anquetierville. 
Ancourteville  (S.-l.),  Ancteville  (M.),  Ancto ville  (C,  M.). 

1264.  Aslcik,  latinisé  .sous  l'influence  francique  Anshticus  : 
Anneville  iM.,  S.-l.),  au  xiii"  .siècle  Anslevilla.  —  Cf.  Anne- 
becq  (voir  ci-dessus  n"  1170). 

1265.  Asrninul,  devenu  fhrniind  sous  l'inlluence  saxonne  : 
Osmonville  (S.-I.),  Omonville  '^K./M.,  S.-L). 

1266.  Asol]\  soumis  à  la  même  influence  et  latinisé  Osulfus  : 
Auzouville  (S.-L).  —  Cf.  Champosoult  (0.),  le  MeRnil-Ausouf 
C). 

1267.  D'autres  noms  dhomme,  rappelant  le  souvenir  des 
,i/i.sf.s-  fi^crmaniques  ou  des  aaes  Scandinaves  ont  éi,'-alement,  en 
Normandie,  contribué  à  former  des  noms  de  lieu  en  -riUe  : 
Anselmus,  Ansfredus,  Anseredus,  reconnaissaljles  dans 
Ancoaiinirinlle  (S.-L),  dans  Amfrcvillc  (C,  E.,  M.,  S.-L)  et 
Ainfcrrillc  (C),  ainsi  que  dans  Anscrérillc,  ancien  nom,  à  ce 
(pi'on  prétend,  de  Saint-Mards-de-Blacarville  (E.j;  mais  ces 
vocables  paraissent  avoir  été  empruntés  par  les  Normands  au 
x*^  siècle  à  l'onomastique  franque,  et  n'avoir  point  d'équivalents 
dans  l'onomastique  Scandinave. 

1268.  Le  dieu  Thor,  l'un  des  Ases,  présidait  à  l'air,  aux  sai- 
sons, aux  orages,  et  pour  ce  motif,  on  l'a  parfois  assimilé  à  Jupi- 
ter, témoin  l'appellation  .Scandinave  dujeiidi,  Inrsdag.  Son  nom, 
([ui  n'est  peut-être  point  entré  dans  la  composition  de  noms  de 
personne  chez  les  nations  germaniqvies  propi'cment  dites,  forme 
au  contraire  le  premier  terme  de  nombreux  luuns  d'homnu'  scan- 
dmaves. 

1269.  Thornlhl,  latinisé  TuroKlus  sous  l'inlluence  franciijue 
locale  i^cf.  ci-dessus  n"  1054)  :  Thérouldeville  (S.-l.)  ;  cf.  Bourg- 
théroulde  (E.). 

1270.  TlKjrliiorn  :  ThouberviUe  (E.);  —  cf.  Thibermesnil 
(S.-L),  jadis   Touhermesjiil. 

1271.  riiorfrc'I  :  Touffrainville  (S.-L),  jadis  Toufn-rill»  (voir 
ci-dessus  m' 987).  Toufîreville  yC,  E..  S.-L  ,  Toufresville  M.)  : 
—  le  Mcsml  Toufrny  [O. 

1272.  T/iorqils,  d'où  le  nom  de  famille  Tnrt/is  :  Tourgéville 
(C). 


'MO 


I.KS     .NOMS     D1-:     [.IKC 


1273.  Tlinrhell  :  Turqueville  (M.),  jadi.s  Torch'viih-. 

1274.  Thorhricll,  (l'oii  le  nom  de  famille  Turqiirfti  :  Teurthé- 
ville  (M.). 

1275.  Thorlah  :  Tourlaville  (M.). 

1276.  Thonnoil  :  Trémauville  l^S.-I.),  jadis   TnnnovUln. 

1277.  Thnrolf  :  Trouville  (C,  M.,  K..  S.-I.). 

1278.  Thors/cinn,  d'oii  les  noms  de  famille  Tousiain  —  ])ris 
à  tort  pour  une  altération  di'  Toiiss.iinl  —  et  Tniilain  •  Toutain- 
ville  (E.). 


I 


LYII 

OlUGINES     URETOXNES     :     GEXEKALITKS 

1279.  Les  noms  de  lieu  l'onnés  à  laick'  d'éléments  bretons 
(liiniinent  pur  le  nombre  dans  la  péninsule  armoricaijie,  exception 
laite  cependant  des  anciens  diocèses  de  Rennes  et  de  Nantes  ; 
mais  il  faut  bien  se  garder  de  croire,  selon  une  opinion  populaire 
([ui  n'est  pas  encore  entièrement  déracinée,  que  la  langue  bre- 
tonne soit  dans  cette  contrée  un  vestige  de  l'ancienne  langue 
gauloise  ijui  y  aurait  été  conservée,  parce  que  la  ci^■ili.sation  et 
la  langue  des  Romains  n'auraient  pu  s'inqilanter  juscpi'en  ce  coin 
reculé  de  la  Gaule.  La  péninsule  armoricaine  a  subi,  comnu'  les 
a'utres  parties  de  notre  pays,  l'inlluence  de  la  civilisation 
romaine  ;  ses  babitanls  ont  parlé  —  plus  ou  moins  bien  —  le 
latin  ;  ils  ont  pris  des  noms  romains,  et  vécu  de  la  vie  romaine  ; 
ce  dernier  point  est  sulFisamment  établi  par  les  voies  cjui  sil- 
lonnent le  pays,  par  les  vestiges  des  édifices  et  des  demeures 
antiques'  (ju'on  trouve  sur  tant  de  points,  même  dans'les  parties 
les  plus  extrêmes  de  la  péninsule,  et  par  les  ustensiles  et  menus 
objets  qu'on  y  recueille. 

Mais  l'Armorique  ne  jouit  pas,  durant  tout  le  temps  de  la 
domination  romaine,  de  la  quiétude  et  de  la  sécurité  qui,  pendant 
les  premiers  siècles,  y  favorisèrent  l'expansion  de  la  civilisation. 
Comme  toutes  les  contrées  du  littoral  septentrional  de  l'Empire, 
elle  fut  en  butte,  du  m''  au  v*^  siècle,  aux  incursions  des  pirates 
saxons,  contre  lesquelles  la  défendaient  à  grand'  peine  quelques 
postes  fortifiés  dont  on  trouve  l'énumération  dans  la  NolUia 
(lui  II  il  util  m.  Plusieurs  de  ses  villes  périrent,  et  le  sol  armoricain 
se  dépeupla  rapidement.  Cest  à  la  lin  de  ces  rudes  épreuves,  et 
vers  le  milieu  du  v"  siècle,  qu'apparaît  alors  sur  le  sol  l'élément 
breton  :  il  venait  de  l'île  de  Bretagne,  habitée  par  une  nation  de 
race  celtique  —  les  Britanni  —  soumise  dès  le  i''''  siècle  à  la 
domination  romaine,  et  que  le  peuple-roi  ne  s'était  pas  encore 
complètement  assimilée. 

L'immigration  des  Bretons  en  Armoricjue  fut  la  conséquence 


'M)2 


I,i:s     AOM.S     liK     Lli;i 


tle  renvaliissoinoul  eL  de  la  conqiuUe  de  l'île  de  Hrelai^-ne  par 
les  Saxons  el  par  les  Angles,  venus  des  conlrées  qui  avoisinenl 
la  péninsule  cinihrique,  c'est-à-dire  par  ces  mêmes  populations 
de  pirates  cpii  avaient  été,  durant  deux  siècles,  la  terreur  du  litto- 
ral de  la  Gaule.  La  chose  paraît  établie  par  les  découvertes  de 
1  érudition  modei'ne,  et  en  particulier  par  les  travaux  d'Arthur 
de  I,a  Horderie  ;  le  souvenir  en  était  encore  vivace  au  tenqis  de 
Gharlemagne,  puisque  les  Annales  d'Eginhard,  parlant,  sous  la 
date  de  78(^  de  la  réduction  de  la  Bretagne  cismarine,  rappellent 
que,  lors  de  l'invasion  de  l'île  de  Bretagne  par  les  Angles  et  les 
Savons,  ime  grande  partie  de  ses  habitants,  passant  la  mer,  vint 
s'établir  dans  le  pays  des  Venetes  et  dans  celui  des  Curioso- 
litiie,  c'est-à-dire  dans  les  territoires  dont  les  villes  romaines  de 
Vannes  et  de  Corseul  étaient  les  chefs-lieux. 

L'école  de  La  lîorderie  ne  reconnaît  l'existence  d'aucune  l)ande 
d'immigrants  bretons  en  (iaule  avant  l'an  400  environ.  Le  pre- 
mier élablisscnuMit  dnrai)le  de  (pudtpie  importance  aurait  été  le 
petit  royaume  tle  (^ornouaille,  ayant  pour  capitale  (^uinu)er, 
et  l'onde,  vers  iSO,  par  un  chef  connu,  dans  les  traditions  de 
la  Bretagne,  sous  le  vocable  de  Grallon  Meur,  c'est-à-dire  Gral- 
lon  le  Grand.  La  fondation  du  petit  Etat  de  Léon,  l'établissement 
d'une  colonie  bretonne  dans  la  partie  septentrionale  diT  diocèse 
de  Vannes,  et  la  création  du  royaume  de  Domnonée,  (pii  corres- 
pondait au  tiépartement  des  Côtes-du-Nord  et  à  la  partie  occi- 
«Icntale  de  celui  d'IUe-et-Vilaine,  n'appartiendraient  ipi'au  com- 
mencement du  VI''  siècle.  Les  noms  de  deux  des  États  bretons  de 
la  péninsule  rappellent  ceux  des  tribus  insulaires  qui  les  for- 
mèrent. Celui  de  la  Cornouaille,  Cornubia  en  latin  du  nu)ven 
Age,  hcrnnio  en  breton,  est  du  aux  Gornuvii,  qui  liolntaient 
outre  nu^r  le  comté  de  Ghesler  et  (pud([ues-unes  des  conlrées 
voisines  de  l'extrémité  sud-ouest  du  pays  de  Galles,  et  cpii. 
chassés  de  ces  régions  par  les  Angles,  portèrent  aussi  leur  nom 
à  la  pointe  sud-ouest  de  l'île  de  Bretagne,  tenant  à  la  Domnonée. 
c'était  une  colonie  des  Duinnonei  dont  le  nom  subsiste,  trans- 
fornu''  dans  celui  du  comté  de  Devon. 

Durant  plus  de  trois  siècles  les  Bretons  ne  s'élentlirenl  guère 
en  dehors  du  pays  qui,  jusqu'à  la  veille  de  la  Révolution  fian- 
çaise,  comprit  les  diocèses  de  Léon,  de  Tréguier,  de  Saint-Brieuc, 
de  Dol,  de   Saint-Malo,  de   Quimper  et  de  Vannes.  Ils  n'en  sor- 


oiiiciM'.s  iiui':r()NM:s  :   (uoNÉiiAi.iriis  •    .'{();! 

liriMil,  réiilk'iiiciil  que  vers  l'iui  Ni;!,  alors  que  Noménoé,  devenu 
le  roi  national  de  tous  les  lîretons  de  la  péninsxile,  enleva  aux 
JM-aues  les  terriloires  de  Nanles  et  de  luMines.  (|ui  furent,  en 
S."»|,  cédés  olUeiellenient  à  son  fils  et  succc;sseur  Krispoé,  ]ku- 
Cluirles  le  Chauve. 

1280.  Par  suite  des  progrès  incessants  ([ue  fit,  depuis  le 
X''  siècle,  l'élénient  roman  dans  le  pays  armoricain  colonisé  aux 
\''  et  VI''  siècles  par  les  lîrelcms,  la  lan;^-ue  bretonne  n'est  en 
usa^e,  de[)uis  longtemps,  (jue  dans  les  déparliMuents  du  Finis- 
tère et  du  Alorhilian  et  dans  le  tiers  occidental  de  celui  des 
Côtes-du-Nord,  autrement  dit  dans  les  anciens  diocèses  de  Léon, 
de  Tréguier,  de  Cornouaille  et  de  Vannes,  dont  les  noms  servent 
à  désigner  ses  quatre  dialectes.  On  ne  la  parle  plus  dans  les 
anciens  diocèses  de  Saint-Brieuc,  de  Saint-Aialo  et  de  Dol  ;  et 
pourtant  cette  région,  qui  correspond  à  la  plus  grande  partie  de 
ce  que  fut  le  royaume  de  Domnonée,  présente  un  grand  nombre 
(le  noms  de  lieu  d'origine  bretonne.  De  {)lus,  l'étude  attentive 
(le  la  toponymie  révèle  des  traces  d'iniluence  bretonne  k  gauche 
de  la  Vilaine,  depuis  la  pointe  où  elle  reçoit  le  Samnon  jusqu'à 
la  mer,  et  sur  une  largeur  d'environ  vingt  kilomètres,  alors  (|ue 
la  Vilaine  passe  pour  avoir  été,  vers  le  sud  et  le  sud-est,  la 
limite  du  pays  breton  antérieurement  au  ix*"  siècle.  Ces  traces 
d'intluence  bretonne,  on  ne  doit  pas  les  chercher  seulement  dans 
(les  vocables  formés  à  l'aide  de  racines  bretonnes.  Kntre  le  pays 
breton  de  l'époque  mérovingienne  et  le  pays  roman,  on  peut 
tracer  une  ligne  de  démarcati(3n  en  considérant  comment  se  sont 
conq)ortés  les  noms  de  lieu,  d'origine  gallo-romaine,  dont  la 
forme  primitive  présentait  la  linale  -iacus  :  dans  le  [)aA  s  roman 
([ui  avoisine  la  Hrelagne,  e'est-à-dire  vers  Hennés  et  vers 
iXantes,  aussi  bien  (pie  dans  le  Maine,  l'Anjou,  la  Touraine,  le 
Poitou,  -iacus  s'est  réduit  ù  -r  (cf.  ei-dessus  n""  279  et  209, 
228.  231 1  ;  dans  la  région  oîi  la  race  bretonne  dominait  au  didnil 
dti  moyen  âge,  il  est  devenu  -ac  (cf.  ci-dessus  n"  284).  De  sorte 
([ue  les  noms  de  Xivillac  et  de  Trédillac  (Morbihan),  ainsi  (pie 
ceux  d  Js.sv''/',7f,  iX Avcssnc,  de  ('rossac,  de  Drc/Jcac^  de  Fégrcnc, 
d' JfL'rhi</nHL\  de  Mnrsac,  de  Mnssérac,  de  Mis.silluc.  de  Piriac  et 
de  S('r('i-!ic  (Loire-Inférieure),  appartenant  tous  à  des  paroisses 
de  l'ancien  diocèse  de  Nantes,  et  celui  de  Mrssac  (llle-et-Vilainel 
l)orlé  par  ime  pai'oisse  de  l'ancien  diocèse  de  Hennés,  (jui  semble 


;{0i. 


LES    NOMS    uE   Liia; 


avoir  d'abord  a[ipartenu  au  pays  nantais,  sont  ilus  indices  non 
i''C[uivoques  des  progrès  de  la  colonisation  bretonne  siu"  la  rive 
gauche  de  la  Vilaine. 

1281.  Les  noms  de  lieu  d'origine  bretonne,  (|ui  sont  spéciale- 
ment envisagés  ici,  bien  que  tirant  leurs  éléments  du  langage 
parlé  par  inie  population  étroitement  apparentée  aux  Gaulois, 
sont  fort  diiTérents  des  noms  de  lieu  d'origine  gauloise  qui 
forment  l'une  des  parties  les  plus  anciennes  de  la  topononias- 
tique  de  notre  pays.  Dune  manière  générale,  on  n"v  reconnaît 
aucun  de  ces  mots  celtiques  qui  ont  été  étudiés  plus  haut  :  (/(;/io.v, 
duros,  hricja,  niagos,  Iirir,-),  rifos,  dul)ron,  nantos,  onna.  coni, 
ncnietis.  Kn  revanche,  ils  renferment  un  certain  nombre  de  mots 
d  origine  latine  dont  les  Bretons  avaient  enrichi  leur  langue. 
D'ailleurs,  le  mode  de  formation  de  ces  noms  de  lieu  est  tout 
autre  :  tandis  ([ue  dans  les  vieux  nonis  de  lieu  gaulois  le  mot 
principal  est  employé  comme  élément  final,  ce  mot  occupe  la 
première  place  dans  les  noms  donnés  depuis  le  V  siècle  aux 
localités  (le  l'Armorique.  Aussi,  poiu'  grouper  ces  derniers  en 
vue  de  l'étude  qu'on  se  propose  ici,  doit-on  considérer  tout 
d'abord  leur  terme  initial.  Celui-ci  est  un  nom  commun  dési- 
gnant soit  une  circonscription  territoriale,  soit  un  lieu  habité, 
soit  un  site. 


LYIU 

NOMS     COMMUNS     DE     CIRCONSCRIPTIONS 

Ces  noms  seront  L'tiuliés  selon  rorJre  d  iniporUince  des  cii- 
iMinscTiptions  ([Il  ils  ilésiL;'nent. 

Il  110 

1282.  Ce  mol  breton,  signilianl  «  pays  »,  est  évideinnient 
;t])parenté  à  la  désinence  du  nom  de  peuple  g-aulois  Allobrog-es. 
V.n  BretaL;-ne.  il  est  le  terme  initial  du  nom  que  les  nouveaux 
veiuis  ilonnérent  au  teri'itoire  de  \  aunes,  à  la  civitas  Vene- 
lum,  où  leur  premier  prince  connu  fut  un  certain  Waroch,  et 
(piils  appelèrent  pour  cette  raison  llro-]]';>r(>ch .  c"est-à-dii'e 
■  •  pavs  lie  ^^'arocll  "  :  vocable  traduit  parfois  par  le  latin  ^\  ar- 
rocliia  ou  patria  Gueroci,  et  (]ui,  all'aibli  depuis  en  Broërec, 
a  dési^■né,  jusqu'au  xv''  siècle,  une  des  sénéchaussées  ducales  de 
lîieta^ne.  et  jusquà  la  Révolution  l'unique  archidiaconé  du  dlo- 
t'èse  de   \  amies. 


■      POU 

1283.  Le  nom  du  liraërec  parait  être  le  seul  exemple  cpi'on 
puisse  citer  de  rem[iloi,  dans  la  [léninsule  armoricaine,  pour 
désin'ner  une  circonscription  territoriale,  du  luot  d'orii^ine  celti(pie 
l)r().  Les  Bretons  étalilis  sur  le  continent  send>lent  avoir  tle  très 
lionne  heure  préféré  à  ce  mot  son  équivalent  latin  pagus.  dont 
ils  firent  yjo;;,  vX  qu'on  retrouve  dans  les  noms  de  quatre  anciens 
comtés  :  Poher,  Poi'/iDr/,  l'ouduuvre  et  Poulet. 

1284.  Le  Poher,  en  tant  cpie  comté  indépendant  ilu  comté  de 
Cornouaille,  remonterait  au  vi'  siècle,  si  l'on  en  croit  les  tradi- 
tions relatives  au  prince  Comorre  ;  il  devait  son  nom,  originai- 
rement Pouaicr,  <c  le  pavs  de  Caer  »,  à  sa  capitale,  la  ville  de 
Carhaix  (Finistèrej,  cpi  on  ajipelait  en  breton  Jdior-AIirs  '. 


l.    l.e    iKun    (lu    l'olicr    > C-^l 


cUiiii    lo  siunoiu   d'une  tle: 


luuucs  (lu    cniilon  de  r,;irliai\,  ' Ui'ilrn-I'oln'r. 
I  es   nnn,s  Je    lieu. 


.kk; 


l.KS     ^<(jMS     LU-: 


1285.  Le  nom  de  PorllOët,  cloiil  le  iHiin  fui  ;i|)|)li(|iu''  ;i  un  rnm\v 
el  à  rarchidiacoUL'  niériilional  du  diocèse  de  Sainl-Mal(t,  apparaît 
au  xr  siècle  sous  la  forme  payus  Trocoet,  traduite  parfois  par 
les  mots  pa,i;-us  trans  sjlvam,  tro  ayant  le  sens  de  la  prépo- 
sition latine  trans.  et  L-ii;i/  sii;nilianl  >.  forêt  ■>  (cf.  ci-après 
n"  1335):  dès  Soi» j  on  l'cneonlre  la  forme  cnlièrcmcnl  hrctoniie 
l'nulrecoël.  On  voit  «juc  le  l'orlioi't  èlait  à  l\)rigine  uiu^  contrée 
naturelle. 

1286.  On  en  peut  dire  autant  du  Poudouvre,  Y'^^^ws  DnmJuvr, 
n  le  pays  des  deux  rivières  »  ou  «  entre  deux  livières  ..  :  dans 
le  breton  moderne  dnnu  désigne  le  nombre  «  deux  »  et  dour  so 
traduit  par  «  rivière  ».  La  forme  francisée  Poiulouvro  a  servi  à 
dénommer  une  vicomte  féodale  et  un  archidiaconé  du  diocèse  de 
Saint-^Lalo. 

1287.  C'est  au  même  diocèse  qu'appartenait  le  Poulet,  en 
latin  paj^us  Aleti,  et  en  lanj^-ue  vulgaire  Potialef,  \mi\s  Pour  Ici  ] 
il  faut  entendre  parla  le  pays  (pu  di'pcndait  immédiatement  de 
la  ville  épiscopale  d'Alet;  celle-ci  fut  remplacée,  au  xn''  siècle, 
par  la  ville  nouvellement  construite  de  Saint-Malo. 

Des  quatre  noms  qui  précèdent,  le  premier  seul  s'applique  à 
une  contrée  où  l'on  parle  encore  le  breton  ;  les  trois  autres, 
appartenant  à  la  Breta-ne  k  yallo  »,  c'est-à-dire  à  la  Bretagne 
aujourd'hui  de  lanj^ue  française,  se  sont  plus  ou  moins  altérés 
sous  l'iulluencc  romane. 


PLOrr 


1288.  .Vu-dessous  du  diocèse,  les  l'retous  de  la  péninsule 
armoricaine  reconnaissaient  le  /i/du.  Ce  mol,  cpii  cori'cspond  au 
gallois  jilici/)  n'est  aidrc  chose  cpie  le  latin  [)lehs,  au  sens  de 
<■  jjeuplade  »  :  chez  les  Gallois  aussi  bien  que  chez  nos  lîretons, 
SCS  ditférenles  formes  désignaient  tout  à  la  fois  une  peuplade 
organisée,  une  paroisse  et  le  territoii'c  de  cette  paroisse.  On 
com|)rend  des  lors  pourquoi  le  nu)t  plan,  ou  l'une  de  ses  variantes, 
lorme  le  pivniier  terme  de  tant  de  noms  de  paroisses  en  lîro- 
tagne.  Au  reste,  un  bagiographe  du  i\'^  siècle,  l'aijbé  de  Lamlé- 
vennec,  Gurdestin,  rapporte  ainsi  l'origine  de  l'une  d'entre  elles, 
Ploufragan  (Côtes-du-Nord)    :   c(  ÎTn  homme  illustre,  de   la  race 


i)Iui,im:s   i;iii;r(i>.M:s 


;i()7 


dos  rois  de  1  île  de  BrfLaij;'ne,  Fracaii,  ayant  ouï  dire  qu'il  y  avait 
encore,  en  Armorique,  des  forêts  où  l'on  pouvait  vivre  en  paix, 
monta  sur  un  vaisseau  avec  un  petit  nombre  des  siens,  et,  favorisé 
par  un  I)nn  vent  du  nord-ouest,  il  vint  prendi'e  terre  dans  la  haie 
(le  Bréhec.  De  là,  lont^eant  le  rivage,  il  découvrit  un  terrain  d'une 
certaine  étendue,  et  comme  d'un  seul  tenant  (quasi  unius  pie- 
bis)  ;  des  bois  toulTus  l'entouraient  de  tous  côtés,  et,  non  loin 
do  là  coulait  un  lleuve  nommé  Sanyuis.  Fracan  s'établit  avec 
sa  petite  tribu  sur  ce  territoire,  ([ue  fertilisaient  les  eaux  de  la 
rivière  et  dont  le  climat  lui  olTrait  toute  sécurité  '  ». 

L'emploi  du  mol  plebs  pour  désig-ner  une  circonscription 
ecclésiastique  n'est  pas  exclusivement  breton.  Dans  les  textes  de 
certains  conciles  du  iV  siècle,  ce  mot  est  pris  au  sens  de  «  dio- 
cèse )i,  et  c  est  ainsi  que  l'évêrpie  de  Potenza  se  ([ualilie  episco- 
pus  plebis  Potentinae  au  vi"  concile  de  Cartluii^'e;  mais  cette 
acception,  qu'on  trouve  même  dans  un  diplcmie  de  Charles  le 
Chauve,  pour  l'église  de  Paris,  ne  s'est  niaiutenue  dans  aucun 
pays  roman.  Tout  au  contraire,  le  mot  [ilebs,  au  sens  de 
0  paroisse  »,  n'est  pas  resté  seulement  dans  le  breton  plou  :  il  a 
aussi  produit  litalien  picvc,  ipion  retrouve  dans  la  toponymie  de 
l'Italie  et  de  la  (^orse  ;  et  son  dérivé  plebanus  est  représenté 
par  l'italien  pievaiio  ou  jiiovaiio,   «  curé  ». 

1289.  Le  mot  breton  qui  représente  le  latin  plebs  parait 
aujourd'hui  sous  une  demi-douzaine  de  foi'mes  diflerentes  dans 
la  toponymie  de  la  Bretagne  :  la  plus  pure,  plou,  appartient 
exclusivement  aux  départements  du  Finistère,  du  Morbihan,  et  k 
la  partie  bretonnanle  des  Côtes-du-Nord  ;  elle  cède  parfois  la 
[ilace  à  jilii  dans  le  Morbihan  et  les  Côtes-du-Nord.  à  plo  ou  plue 
dans  le  Morl)Uian  ;  jilcii,  (ju'on  rencontre  dans  les  départements 
du  Morbihan,  des  Côtes-du-Nord  et  d"llle-et-Vilaine,  est  fort  rare 
en  pavs  bretonnant;  on  trouve  plej/  dans  le  Fini.stère  ;  enlin  pic 
est  une  forme  rrancisée  depuis  plusieurs  siècles  qu'on  observe 
seulement  en  paysgallo. 

1290.  Les  noms  de  lieu  bretons  présentant  comme  premiers 
ternu's  l'une  de  ces  formes  sont  relativement  nond^reux  et  [)ortés 
exclusivement  par  des  chefs-lieux  de  communes,  représentant 
d'anciennes  paroisses.  On   en  conq)te    dans  le   Finistère  57    sur 


1.    Vila  S.    H'invulori,  chuis  Anah'clu  llolhindiana,  VII  (IHS8),   1' 


30S 


i.Ks   .NOMS    Di;   Lii:i: 


i 


2S  i  '  ctmumuu'S,  suit  le  t'iiuiLiiiMiK'  ilc  rell'eclir  L(il;il  ;  dans  Ici 
Cùles-du-Nord  70  sur  382,  soi!  un  peu  plus  des  deux  on/iènies  ; 
dans  le  Morbihan  21  sur  237,  soil  pres([ue  le  onzième  ;  dans  illo- 
et-Vilaiiie  8  seulement,  appartenant  ;i  lextrémité  oecidentale  du 
département,  sur  35(J  ;  enlin  la  Loire-Inférieure  n'en  offre  (ju'un, 
Plcssi',  (|ui  conlirmele  fait,  entrevu  déjà  (n°  1280),  de  la  dillusion 
de  lélément  breton  dans  la  partie  ilu  pays  naïUais  (|ui  avoisiiie  l;i 
Vilaine.  On  le  voit,  il  y  a  de  ees  noms  dans  toides  les  parties 
de  la  péninsule  armoricaine  cjui  ont  rec^'u,  aux  v"  et  vi"  siècles, 
des  colons  bretons  ;  par  contre  —  et  1  on  peut  juger  par  là  du 
caractère  régional  des  modes  de  dénomination  — plii'if,  équiva- 
lent gallois  lie  plou,  n'est  entré  dans  la  composition  d'aucun  des 
noms  de  lieu  de  la  Grande-i>relagne. 

L'exemple  de  J'ioufrai/an,  cdé  plus  haut  (n"  1288;,  provive  (pie 
ploii  se  combine  avec  un  nom  d'homme,  et  c'est  là  incontesta- 
blement le  cas  le  plus  fréquent  ;  mais  il  peut  aussi  se  condjiner 
avec  un  nom  —  propre  ou  commun  —  de  heu ,  ou  avec  un 
adjectif. 

1291.  Il  se  condjine  avec  un  nom  propre  de  lieu  dans  le  nom 
de  Plessé  (L.-l.),  qu'un  acte  de  8.")4  mentionne  ainsi  :  plehs 
que  vocatur.S'e/  ;  le  nom  propre  Sei,  latinisé,  se  retrouve  dans 
un  texte  de  l'an  1)00  :  castrum  Seium. 

1292.  Comme  exemples  de  la  combinaison  de  plebs  avec  un 
nom  commun  de  lieu,  l'on  peut  citer  Plcchàtcl,  Plojasfel,  PIdii- 
f/iicr,  Pli'lun,  Ploiilccli,  Plouin;i;/nar  et  Plùii/udi/uci-. 

Pléchâtel  (l.-et-V.)  et  Plogastel  (F.j  sont  deux  formes, 
celle-ci  plus  bretonne,  celle-là  presque  française,  d'un  nom  dont 
le  thème  étymologi(jue  est  Plebs  castelli,  «  la  paroisse  du 
château  »  ou  «  du  lieu  fortilié  ». 

Plouguer  (F.)  était,  avant  la  Révolution,  le  nom  de  la  circoii- 
scrinlion    paroissiale  de    la    ville   de    Carhaix,    et   son    nom,    (pii 


1.  Ces  cliillros  et  ceu.\  qui  suivent  sont  ceu.x  qu'énouçail  A.  l.Duynoii, 
dans  sa  leçon  du  30  avril  1S91  au  Collège  de  France.  Depuis  lors,  le  nonihro 
des  couuunut's,  dans  les  divers  déparlemcnls  bretons,  a  lét,'èrenieiit  auj;- 
nn'ulé;  el  l'on  a  lieu  de  rappeler  à  cette  occasion  l'oliscrvalion  l'ormulée 
plus  liant,  p.  i'.lH,  note  I.  —  Paranalog-ie  avec  ce  que  nous  avons  lait  [leur 
les  dé|>arlenienls  de  la  Normandie  (cf.  ci-dessus  p.  280,  noie  I  >,  uon^ 
<lésij,'nerons,  dans  cecliapitre  et  lesdeiix  suivants,  ceux  de  la  nielayiie  par 
les  initiales  de  leurs  noms. 


(lUlliINKS     I111ICI'(I.NM:S 


HO!) 


si^nilit;  i<  la  paroisse  de  la  ville  »,  a  pour  second  Lernie  le  mot 
liri'lon  /,(■/•  (voir  ci-après  a""  1304  à  1309t,  ([u'oii  rencontre  dans 
le  vocable  Poiicucr,  aujourd'hui  l'olwi-,  dvi  payus,  du  conilé 
ilonl  Carhaix  était  le  chei'-lieu  icf.  ci-dessus  iV  1284j.  —  La 
transformation  de  hacr  ou  ker  en  guer  est  bien  conforme  à  rusaii;e 
breton  qui,  en  composition,  c'est-à-dire  à  l'intérieur  des  mots, 
adoucit  les  consonnes  initiales  ;  faislcll  s'est  transformé  de 
même  dans  Plocjaslcl  (voir  en  outre  ci-après  n"  1296). 

Par  Plélan  (C.-du-N.,  I.-et-\'.l.  il  faut  entendre  «  la  paroisse 
(lu  monastère  »  ou  c  du  lieu  consacré  »  (cf.  ci-après  n""  1312  à 
1316). 

Ploulec'h  (C.-du-N.),  se  traduit  en  latin  par  plebs  lapidum, 
H  la  paroisse  des  pierres  »,  llech  en  ;,^allois,  lench  en  breton 
armoricain,   sig'niliant  eifectivement  «  pierre  ». 

Ploumagoar  (C.-du-N.)  et  Ploumoguer  (Finistèrei  re|irésentent 
un  même  vocable  primitif  formé  de  deux  mois  empruntés  au 
latin,  et  dont  le  thème  étymologique  serait  plebs  maceriarum, 
«  la  paroisse  des  murailles  »,  allusion  probable  aux  vestiges  des 
constmclions  anli([ues  que  les  Bretons  des  V  et  \'i^'  siècles  trou- 
\èrcnl  dans  l'une  et  l'autre  de  ces  boiu'gades  (cf.  ci-dessus 
n"  1213  et  ci-après  n"  1342)  :  le  mot  latin  inaceria  est  l'origine 
ilu  gallois  ni.'KjU'ijr  et  du  breton  armoricain  /nni/oei'  mi  innijucf. 

1293.  La  combinaison  de  plebs  avec  un  adjectif  ap|)araîl  dans 
Pli'tihian,  J'h'iinieiir,  Ploerneiir,  J^lonncvez,  l'ionrvez. 

Pleubian  (C.-du-N.)  se  traduisait  en  latin  par  plebs 
p.irva  :  il  a  pour  second  terme  l'adjectif  breton  hilnut.  tpi'on 
trouv(>  aussi  dans  le  nom  du  golfe  du  MnrJiihan,  u  la  petite 
mer  ■>. 

Dans  Pleumeur  (C.-du-N.)  et  Plœmeur  'M. s  l'élément  llnal 
est  l'adjectif  ntcur,  «  grand  »,  dont  ranti(pie  forme  gauloise, 
innrns.  termine  tant  de  noms  d'homme  d'origine  celtique. 

Par  Plounévez  l C.-du-N.)  et  Plonévez  fL.),  il  faut  entendre 
"   la  nouvelle  paroisse   )>,   l'adjectif  nrvcz   signiliant  <(  nouveau  ». 

1294.  On  voit  plebs  combiné  avec  un  nom  commun  de  per- 
sonne dans  Plogo/I' et  Plcscop. 

C'est  bien  à  tort  que  Plogoff  (F.)  a  sollicité  l'attention  de 
([uelques  slavisles  ;  le  second  terme  de  ce  nom  se  rencontre  aussi 
dans  h'  nom,  incidemmenl  cité  plus  haut  (n"  583)  de  Roacdj'j'. 
V,\\  bi-i'tdii  ij<>l]';\  le  sens  de  ■•  foi'^eron  »  et  Ploi/a/J',   «  \-a  paroisse 


.ilO  I.KS     NOMS     IiK     l.li:U 

du  foryeron  »,  est  apparenté  par  le  sens  à  (Jonfavrrii.r  (cf.  oi-dos- 
sus,  n""  939  et  946),   Curtis  fabroriun. 

Plescop   (Morbihan),  bourg  où  les  évoques  de  Vannes  avaicnl 
une  maison,  est  appelé  en  13(i.'j  Ploescoh  :  le  thème  étymoloi^iquc 
est  Plebs  episcopi. 
^  1295.   Dans  les  noms  de  lieu  dont  le  premier  terme  répond  à 

plebs,  et  qui  ont  pour  second  terme  un  nom  d'homme,  celui-ci 
est  très  souvent  le  nom  même  du  saint  patron  de  l'église  parois- 
siale du  lieu,  et  plus  d'une  fois  aussi  ce  patron  n'est  autre  que 
le  fondateur  du  ploii,  car,  ainsi  tpie  l'a  étaljli  Arthur  de  Lu  Bor- 
derie,  les  moines  et  les  évèques  de  l'ile  de  Bretagne  étaient  les 
véritables  chefs,  les  véritables  conducteurs  des  immigrants  lire- 
Ions  du  V  et  (Ui  VI''  siècles,  et  <>  il  n'est  pas  téméraire  d'aflirnier 
([u'ii  chaque  saint  qui  débarque  en  Armorique,  venant  de  la 
Grande-Bretagne,  c'est  une  nouvelle  bande  d'émigrés  qui 
débarque  avec  lui  i>. 

1296.  Le  [Kilrnn  de  l'église  de  PlébouUe  (C.-du-X.)  est  saint 
Paul,  et  IHi'hinille  é'ipiivaut  à  l'irbs  Lauli;  de  même  Ploubezre 
(C.-du-X.)  a  pour  thème  étvmologi([ue  Plebs  Pétri.  L'église 
de  Ploujean  (F.)  est  dédiée  à  saint  Jean-Baptiste  ;  celle  de  Plou- 
gras  (C.-du-N.)  est  placée  sous  l'invocation  de  la  Sainte  Croix, 
«  croix  ))  se  disant  en  breton  Lroaz. 

1297.  A  la  diil'érence  de  ces  noms,  correspondant  à  des 
vocables  que  l'on  rencontre  dans  toute  la  chrétienté,  les  suivant.-; 
sont  d'origine  plus  particulièrement  bretonne. 

Plouégat  (F.)  rappelle  le  souvenir  de  saint  Agapat,  vulgaire- 
ment saint  b'gat  ;  Plouagat  (C.-du-N.)  a  sans  doute  la  même 
origine. 

Pleucadeuc  (^L),  Plebs  duloc,  en  S20,  présente  ccunnie 
second  terme  un  nom  breton  bien  connu. 

Ploudaniel  (F.)  a  pour  patron  saint  Daniel,  évêcpie  breton  au 
pays  de  Galles;  il  en  fut  sans  doute  jadis  de  même  de  Pleudailiel 
(c'.-du-N.). 

Ploërmel  (M.),  en  S:i';  Plebs  ArlhnuiL'l,  a  pour  patron  saint 
Armel. 

Plougoulm  ';^F.)  a  pour  patron  le  saint  abbé  irlandais  (^oloni- 
ban,  dont  le  nom  bas-breton  Cou  lui  a  été  modifié  en  conqiosi- 
tion  par  l'adoucissement  de  sa  consonne  initiale  (cf.  ci-dessus 
n-  1292  et  12961 


(jiiKiiNics    i!iii:r(i.NM:s 


:M 


Plonédern  (F.)  doit  son  nom  ù  saint  lùlern. 

L'c'f,^lise  de  Pluvigner  (M.)  —  P/cut/uinner  en  \2l't\),  l'inivin- 
(jner  en  \'V21  —  est  dédiée  à  saint  Ei;iii^ner  on  Guéyner,  qui 
vivait  au  vi''  siècle. 

Plonéour  (K.)  est  appelé,  vers  le  x"  siècle,  Ple])s  sancti 
Hneyuorii  ;  les  deux  Plounéour  (F.)  ont  le  même  patron,  saint 
l'inéour,  abbé. 

l/éf;lise  de  Plestin  (C.-du-N.)  a  pour  patron  saint  Gestin,  ana- 
oliorèle  du  vi''  siècle. 

Celle  de  Plougonven  (l'\)  est  aujourd'hui  dédiée  ù  saint  Yves  ; 
mais  on  sait  que  le  culte  de  ce  saint,  qui  vivait  au  xiii''  siècle, 
est  relativement  moderne  ;  et  c'est  presque  de  nos  jours  cjuà 
Plougonven,  il  a  été  substitué  à  celui  de  l'anachorète  saint  Gon- 
ven. 

Le  patron  de  Plouigneau  (F.)  est  saint  Igneau. 

Pluherlin  (M.\  en  S33  Plebs  Iluiernini  a  pour  second  terme 
im  niini  breton  c|ui  revêt,  au  ix''  siècle,  les  formes  HoiunKjen  et 
Ihnarnicn,  et  qui  répondrait  à  un  nom  gaulois  Isarruxje/ioîi,  «  le 
lils  du  fer  ». 

Plumaudan  (C.-du-N.)  a  pour  patron  saint  Maudan,  abl)é. 

Ploumillian  (C.-du-N.)  et  Plumélian  (M.)  ont  leurs  églises 
déiliées  à  saint  Mélian. 

Plomelin  (F.)  a  aujourd'hui  pour  patron  saint  Mellon,  évêcpie 
de  Rouen  ;  mais  il  est  probable  que  le  culte  de  ce  bienheureux 
a  été  substitué  à  celui  d'un  saint  local  dont  on  ne  savait  plus 
rien,  et  avec  lequel  il  aura  été  confondu. 

Plumieux  (C-.-du-N. )  a  pour  patron  saint  Mioch,  abbé,  vulgai- 
rement saint  Mieux. 

Plounérin  a  son  église   dédiée  k  saint  Nérui,  évêque. 

Plouzané  (F.)  doit  la  seconde  partie  de  son  nom  ii  saint  Sané, 
Sanaus^   évêque  irlandais  mort  vers  4SÎ>. 


TBEF 


1298.  Le  mot  Ircf  ou  treu,  francisé  «  trêve  »,  représente  le 
latin  tril>us.  \  travers  les  modilications  successives  de  sens  du 
mol  j)l<m,  il  ne  cessa  pas  de  désigner  une  fraction  du  pluu  bre- 
ton ;  par  rap[)oit  au  /jIuii  considéré  comme  le  bourg  chef-lieu  de 
la  paroisse,    la  //<■/' élait  un  village;  par  l'apport  îiw  pi  ou  consi- 


312 


ij:s   noms    iik  Mi:ii 


dévr  coiunie  1  l'^lise  paroissiale,  la  fref  était  uiiu  église  succur- 
sale, (ï'osl  naturellement  au  sens  de  a  villa^'-e  subalterne  cFuii 
flou  »  ((ue  le  mot  (ref  ligure  clans  les  chartes  des  premiers 
siècles  de  la  domination  bretonne  en  Arniorique,  et  l'un  des 
exemples  les  pluo  intéressants  qu'on  puisse  citer  à  cet  égard  se 
trouve  dans  le  carlulaire  de  Landévehnec.  On  j  voit  qu'un  breloii 
du  nom  d'Ilarthoc,  venu  d"outre-nier  au  temps  où  le  roi  Grallon 
régnait  sur  la  Gornouaille,  acheta  une  «  trêve  ))  de  trente-deux 
villas,  dépendant  du  <(  plou  »  de  Bi-iec,  et  qui,  Ilartlioc  étant 
mort  sans  postérité,  passa,  désignée  sous  le  nom  de  Tref-IInr- 
tkoc,  au  roi  Grallon,  lequel  la  donna  à  saint  Guénolé,  c'est-à-dire 
au  monastère  de  Landévennec;  le  nom  cpie  la  u  trêve  »  avait  ainsi 
pris  de  son  propriétaire  lui  demeura  ;  et,  sous  la  l'orme  Trr- 
r;irzi'(\  eu  construction  —  par  adoucissement  de  la  consonne 
initiale  —  -drccnrzcc,  il  forme  aujourd'hui  la  seconde  partie  du 
nom  Liindrcrarzcc  —  c'est-à-dire  c  l'église  de  Ti'ef-llarthoc  •■ 
—  porté  par  une  commune  voisine  dtî  Briec  (F.). 

1299.  Le  mot  trcf  (igure  aujourd'hui  le  plus  souvent  sous  la 
l'orme  Ti-i'~  dans  les  noms  de  plus  de  soixante  communes  ; 
celles-ci  appartiennent  à  toutes  les  parties  du  territoire  breton 
d'avant  le  i\''  siècle,  et  re[)résentent  autant  de  a  trêves  »  qui, 
au  cours  du  moyen  âge,  ont  été  élevées  au  rang  de  paroisse. 
Mais  il  est  bien  plus  fréquent  dans  les  noms  des  localités  d'ordre 
inférieur  :  par  exemple  le  département  du  Morbihan,  à  coté  de 
trois  ou  ([uatre  communes  chuil  le  nom  commence  par  T/-ô~  ou 
Trcf-,  comprend  environ  deux  cent  (juaranlc  écarts  ollVant  la 
même  particularité. 

1300.  Le  mot  tref  est  assez  fréquemment,  dans  la  toponvmie 
bretonne,  ciunbiné  avec  un  nom  propre  d'homme  ;  mais,  même 
parmi  ceux  des  noms  de  lieu  ainsi  constitués,  cpii  désigneul 
aujourd'hui  des  communes,  c'est-à-dire  d'anciennes  paroisses,  il 
en  est  peu  dans  lesquels  le  second  terme  reproduise  le  nom  du 
saint  patron  do  l'église  ;  on  peut  citer  toutefois,  comme  remplis- 
sant cette  condition,  Treffiagat  (F.),  Treffléan  (M.),  Tréflaouénan 
(F.),  Tréméven  (G.-du-\.)  et  Tréouergat  :F.),  noms  portés  par 
des  bourgs  ayant  |)our  patrons  respectifs  saint  Riagat,  anacho- 
rète breton  du  v''  siècle  ;  saint  Léon  ;  saint  Laouénan,  disciple 
de  saint  Tugdual  ;  saint  Méen,  Mevennus,  abbé,  cpii  vivait  au 
\f  siècle  ;  et  saint  b'rgat,  abbé. 


ORIC.INES     ItltKTO.N.NKS     :     THKl--  3|3 

1301.  Tréflez  (F.),  qu'une  fort  ancienne  vie  de  saint  appelle 
Tril.us  Lisiae,  et  Tréblavet  (AL),  présentant  comme  second 
l.Mine  le  nom  du  Blavet,  lleuve  cùtiei-  qui  se  jette  dans  TOcJan  à 
l'orl-l.ouis,  monhvnl  //v/ en  combinaison  avec  un  nom  propre 
;'-énj^Taplii(pie. 

1302.  Dans  Trébras  (M.)  —  pour  Tref-hruz.  «  le  grand  vil- 
lage .  —  Tréguen  iM.j  —  pour  Tref-rjirenn,  .  le  village  blanc  >, 

-elTrémeur  (C.-du-X.,   F.J  —  peur  Trcf-nu-nr.  «  le  -rand  vil- 
lage M  —  le  second  terme  est  un  atljectif. 

1303.  Fnlin  Ircf  peut  être  suivi  d'un  nom  commun  d'ordre 
lopo-raphique,  témoins  les  noms  Trébont  (M.),  .,  le  village  du 
l-nil  >.,  Trécouet  (M.),  le  Trécouet  (I.-et-V.),  Trégouet  (M.)  et 
Tréhouet(C.-du-\.),  variantes  de  Trcf-njël,  „  j^.  villa-edu  bois  ». 


LIX 
NOMS     COMMUNS     DE     LIEUX     UAlilTÉS 

A'AV? 

1304.  Un  des  siibstantirs  bretons  qui  paraissent  le  plus  fré- 
quemment dans  les  noms  de  lieu  est  incontestablement  le  nml 
ker.  Il  a,  dans  le  breton  moderne,  le  sens  de  «  maison  »,  et  l'on 
s'explique  parla  pourquoi,  dans  toute  la  Bretagne,  il  est  le  terme 
initial  du  nom  de  plusieurs  milliers  d'écarts  et  d'une  quinzaine 
seulement  de  conununes  ;  dans  le  seul  département  du  Morbihan 
la  proportion  est  de  4  à  2.000  environ. 

1305.  L'histoire  du  mot  ker  est  particulièrement  remar([uable. 
Il  avait  à  l'origine  le  sens  de  k  ville  »,  de  «lieu  retranché  »,  et  ou 
le  consicK'rail  comme  un  véritable  synonyme  du  latin  civilas. 
Ainsi  un  breton  insulaire,  Nennius,  qui  vivait  au  milieu  du 
IX''  siècle,  l'écrit  cair  dans  la  liste  qu'il  donne,  au  chapilre  i„\\ii 
de  son  Ealoçjiiini  Britannhie  seu  Ilisturia  lirilunufii,  des  cités  de 
l'île  de  Bretagne  :  il  y  nomme  York,  l'Eboracum  de  Romains, 
Cair  Ehroauc  ;  Londres,  Cair  Lunclcn;  Gloucester,  Cair  Glori  ; 
Cirenccster,  Cair  Ceri  ;  Dorchestor,  Cair  Daiiri,  etc.  Le  mol 
cair  ne  paraît  pas  s'être  avili  dans  la  Bretagne  insulaire  ;  et  à  la 
fin  ilu  xn''  siècle  encore  Giraud  le  Gand)rien  le  Iraduisait  par 
urbs;  aussi  les  noms  de  lieu  dont  il  constitue  le  terme  inilial 
sont-ils  peu  nombreux  en  Angleterre  ;  tels  sont  :  Caermarthen, 
réunissant  au  substantif  breton  kacr  le  nom  anticpu'  iNIaridu- 
num;  —  Carlisle  (Gumberland  ,  dont  le  second  terme  procède 
de  Lugiivallum,  nom  que  cette  ville  j)orlait  sous  la  domination 
romaine  ;  —  Caerleon  (Moiuuouth),  qui  doit  sans  doute  à  quelque 
poste  militaire  roiuain  ce  non.i  de  «  ville  des  légions  »  pour  lecpicl 
elle  a  abandonné  celui  d'isca  Silurum. 

1306.  Dans  les  premiers  siècles  de  la  domination  bretonne  en 
Armoi-icpu',  le  mot  ker,  cpii  j)arail  dans  K's  textes  sous  la  fornir 
chaor  ou  cacr,  a  aussi  le  sens  de  «  ville  »,  et  c'est  ainsi  qu'il  a 
désigné  dès  cette  époque  deux  localités  qui  ont  conservé  d'im- 
portants vestiges  de  l'âge  romain  :  Carhai.r  et  I.ocniariaijuer. 


■% 


(JRKil.NKS     HHKiriNMiS 


Carhaix  (K.),  le  Vorji^ium  des  anciens,  se  dit  en  breton  Ker~ 
Mti'.i  ponr  Kaer-AIic^  ;  on  a  cru  reconnaître  dans  la  seconde  par- 
tic  (le  ce  nom  celui  d'une  princesse  bretonne,  (jui  joue  dans  les 
Iriiditions  du  pays  un  rôle  comparable  à  celui  de  la  reine  Bru- 
iicli.iul  dons  celles  de  nos  provinces  septentrionales  ;  mais  la  cri- 
ti(|ue  inotlerne  voit  plutôt  dans  Alws  le  nom  des  Osismii  (cf. 
ci-dessus  n"  398).  Carhaix,  au  début  de  la  domination  bretonne, 
t'iiiit  simplement  appelé  Kaer,  ((  la  ville  »,  d'où  les  noms  signa- 
lés [)lus  liant,  Plougiicr  (n"  1292)  et  Poiicaer,  aujourd'hui  l'ulicr 
m"  1284)  (jui  ont  désiq-né  respeelivement  hi  circonscription 
paroissiale  de  (Carhaix  et  le  comté  dont  cette  ville  lut  le  eliel- 
lieu. 

Locmariaquer  (M-),  ancienne  ville  romaine  de  la  cité  de 
Vannes,  ne  fut  aussi  connue  tout  d':d)ord  des  lîretons  que  sous 
le  nom  de  Kaer,  et  la  mention  de  la  plebs  (juae  vocatur 
dhiicr,  (jii'on  lit  dans  une  charte  de  STil)  environ,  prouve  (jue 
cette  localité  a  risqué  de  s'appeler  J-'luuguer,  comme  la  circon- 
scription paroissiale  de  Carhaix  ;  son  éylise,  dédiée  à  la  Yierg-e, 
lui  a  valu  le  nom  qu'elle  porte,  et  ([ui  signilie  i<  Sainte-Marie  »  ou 
<i  Notre-Dame  de  Kër  ». 

1307.  Mais  si,  dans  les  premiers  siècles  du  moyen  âge,  le 
breton  /::irr  ou  kcr  a  conservé  le  sens  du  latin  urjjs  ou  castrum, 
il  lu  bientôt  perdu  pour  celui  de  »  village  »,  voire  de  «  logis  », 
de  ((  maison  ».  Il  a  suivi,  dans  cet  avilissement  de  sens,  une 
marche  tout  opposée  à  celle  du  mot  latin  villa,  le  français 
u  ville  »,  qui,  désignant  à  l'origine  une  ferme,  un  domaine 
rural,  a  pris  plus  tard  la  signilication  de  «  village  »,  qu'il  con- 
serva durant  [)res(pie  loul  le  moyen  âge,  pour  devenir  enfin 
l'écpuNaliMil  ilu  lalin  urbs  ou  civitas. 

1308.  C'est  le  sens  avili  de  u  village  »  on  de  «  maison  >■  cjue 
présente  le  mot  l;er  dans  les  milliers  de  noms  de  lieu  des  dépar- 
tements du  Finistère,  du  Morbihan  et  des  Côtes-du-Nord  dont 
il  est  le  terme  initial,  car  ces  noms  sont,  en  général,  postérieurs 
aux  premiers  siècles  de  la  domination  l)retonue.  Dans  la  partie 
orit'ulale  ilu  département  des  (^ôtes-du-Nord ,  oîi  l'usage  du 
bnlou  est  abandonné  tlepuis  longtemps,  et  dans  la  |)artie 
du  département  d'IUe-et-Vilaine,  cpii  avait  rec^u  au  vi'"  siècle, 
des  colons  de  race  britannique,  il  existe  un  assez  grand 
nou^bie  de  noms  de  lieu  commençant   par   la  syllabe  cai'-  :    c'est 


316 


LES    MJMS    m-;    LIEU 


UlU 


i'  lorim'  francisée  de  /,(V,  celle  qu"on  a  observée  dans  le  nom 
ofliciel  deC:arliaix.  Quelquel\)is  aussi,  dans  la  Bretagne  de  lan-iie 
française,  l.cr-  est  noté  qiicr-,  mais  le  fait  est  peu  fréquent.  A  la  i 

cour  des  rois  de  France,  aux  xvi^'  et  xvii'^'  siècles,  on  en  usait  de 
même  à  l'égard  des  noms  des  seigneurs  bretons  de  ces  localités.  i 

François  de  Kernevenoy,    gouverneur  du  duc  d'Anjou,  le    futur  ' 

Henri  III,  n'était  connu  à  la  Cour  que  sous  le  nom  de  Carn;ir;i-  i 

let,  et  ce  nom,  grâce  à  une  acquisition   faite  par  sa  veuve,    dans  1 

le  quartier  du  Marais,  à  Paris,  désigne  le  charmant  hôtel,  con- 
struit par  Du  Cerceau  et  orné  des  sculptures  de  Jean  Goujon,  | 
où  est  actuellement  installé  le  musée  historique  de  la  ville  de  J 
Paris.  Un  des  memlires  de  la  famille  de  Kerhoent,  ayant  acquis.  i 
au  xviii-'  siècle,  du  duc  de  Tallard,  la  seigneurie  de  Montoire  en  1 
Vendomois,  obtint  l'attribution  de  son  nom  patronvmitpie  au  j 
chef-lieu  de  cette  seigneurie  :  Qucrlioenl  demeura,  jusqu'à  la 
lîévolution,  le  nom  officiel  de  Montoire.                                                            1 

1309.  Il  serait  sans  intérêt  ici  de  disséquer  un  certain  nombre 
de  noms  de  lieu  bretons  commençant  par  Kcr-  ou  par  Car-,  pour 
prouver  que  dans  ces  vocables  le  second  terme  est  le  plus  sou- 
vent un  nom  propre  de  personne,  paifois  un  nom  commun 
d'ordre  topographique  ou  un  adjectif  :  on  n'en  tirerait  rien  au 
sujet  de  1  histoire  de  la  colonisation  bretonne,  car  beaucoup  de 
ces  noms  sont  relativement  modernes,  tels,  par  exemple,  ceux 
([ui    pré.sentent   comme   élément    linal    un    nom    de   ])aptépie   de 

1  é|iO(pie    léodale,    un   nom   île  ivqttème  d'origine  gerniauicpie  

Kerguillerme,  Kerroland,  Kerrobin,  Kerrichard  —  ou  nneux 
encore  un  nom  de  famille  fraïuais.  comme  Kerrousseau,  Ker- 
roussel,  Kerchevalier.  H  convient  seulement  d'ol)server  t[ue  dans 
la  IJretagne  gaUo,  ou  du  moins  dans  la  partie  de  cette  contrée  où 
le  h-ançais  s'est  substitué  au  breton,  une  grande  quantité  lU'  noms 
de  maisons  isolées  ou  de  hameaux  commencent  par  les  mots  /,( 
ViUc,  accompagnés  du  nom  de  baptême  ou  du  nom  de  famille  de 
(piebpie  ancien  possesseur  :  la  Ville-André  (I.-et-\'.,  M.),  la 
Ville-Artus  (l.-et-V.),  la  Ville-Aubert  iM.),  la  Ville-Baudoin 
(C.-du-N.j,  la  Ville-au-Boucher  ^I.-et-V.),  la  Ville-au-Marchand 
(I.-et-V.)  ;  dans  tous  ces  noms,  /.■(  VUlo  est  l'éipi  valent  français 
du  bi-eton  A'er. 


OlilC,  I.NKS     llKi:i(,lNM-,S 


G  WIK 


1310.  Ce  mol,  au  sens  de  «  bourg-  »,  représenle  le  latin 
vifus,  entré  tlans  la  langue  bretonne  à  rexeni[)le  des  nîols 
i)agiis,  plehs  vl  tribus.  (în-il;  s'est  rédnit  à  ^i(//-  dans  les 
noms  lie  lieu  dont  il  constitue  le  membre  initial  :  Guichen 
il.-el-V.).  Guiclan  \\'.).  Guimiliau  K.),  Guipavas  iF. :,  Guissény 
(K.i,  el  i)eul-ètre  aussi  Guiprouvel  (F).  Guipry  (I.-et-\'.).  Guis- 
crifF  iM.)  ;  ces  noms  désignent  tous  d'anciennes  paroisses  bre- 
tonnes, parmi  les([uelles  deux  au  moins  avaient,  au  moyen  âge, 
\\\\  second  noiu,  synonyme  en  ([uel([ue  sorte  an  premier,  et  c[ui 
n'en  dillerait  que  par  la  substitution  de  plou  à  (/iciL-  :  Guiclan  se 
nommait  aussi  Ploclan,  ei  Guipavas  l'iocavaz.  l'ar  contre,  Plou- 
gourvest  (F.)  s'est  appelé  duicoti/iH'.st  ;  et  dans  l'ancien  diocèse 
de  Saint-Pol-de-I>éon,  aiu[uel  appartenaient  Guiclan,  Guipavas 
et  riougourvest,  on  a  souvent  désigné  sous  les  iu)ms  de  (hiitul- 
iiiezaiti  et  (/tiii/tcrncuii  les  chel's-lienx  des  paroisses  de  Ploudal- 
mé/.ean  et  de  Plouguerneau  (F.).  11  est  à  remarquer  que  les 
églises  de  Guimiliau  et  île  Guissény  ont  pour  })atrons  respectifs 
saint  Méliau.  prince  breton,  el  saint  Seny,  évèque  dOrigine 
irlandaise,  et  Ton  a  là  une  preuve  de  plus  de  l'analogie  qu  il  y  a 
dans  la  toponymie  au  moins  de  l'ancien  diocèse  de  Léon,  entre 
l'usage  de '//r//r  et  celui  de  pion,  le  premier  de  ces  mots  désignant 
proprement  le  bourg  paroissial,  et  le  second  la  circonscription 
tout  entière. 

1311.  Un  exemple  de  combinaison  de  gwick  avec  un  adjectif 
—  dans  l'espèce  en,  qui  sig-nifie  «  vieux  »  —  est  fourni  par 
Guichen,  "   le  vieux  bourg  ». 


LAN 


1312.  Les  noms  de  lieu  ijyant  lan  pour  premier  terme  ne  sont 
pas  spéciaux  à  la  Bretagne  armoricaine.  Dans  les  contrées  de  la 
Bretagne  insulaire  qui  ont  conservé  une  toponymie  bretonne  — 
pays  de  Galles,  Coinonailles,  Ile  d'Anglesi-y  —  on  ne  conqUe 
pas  luoins  de  i  'lO  noms  commenijUnl  [lar  le  mot  gallois  ou  coi'- 
nique  U;m.  Celui-ci  avait  le  sens  d'  -<  église  »,  attesté  au  x"  siècle, 
dans  les  lois  du  prince  de  Galles,  Iloël  le  Bon  —  egltvys,  alias 
llun  —    et  au   xii"^  par  Giraud  de  Barrv.   auteur  de  V Ilini'rnrhini 


3il 


I.liS   .NOMS    [JE     i,ii;ii 


.1 

i 


Cainlii-inc  el  de  la  l)cscri/>/iii  (Uiinhri:ii\  (jui  iiUcsle  (|ut'  laii 
locus  occlesiasLiciis  soiuil,  eL  Iraduil  les  noms  de  lieu 
Laviinon,  Landcri,  Landu.  I.aïuncir  vi  Lanpadcrn  Mnur  p.ir 
Ecclcsia  S.  Avani,  Ecclesia  David,  Kcclesia  Dei,  licclo- 
sia  Marine,  Ecclesia  Paterni  Magui,  el  celui  de  LandnjiJi 
par  Ecclesia  sita  super  Taph  fluvium.  Il  ne  peut  doue  v 
avoir  doute  svir  la  sig-niflcation  du  terme  initial  Lan-  des  noms  de 
lieu  de  la  Bretag'ne  armoricaine,  et  à  les  examiner,  un  voit  bien 
({u  ils  sont  étroitement  apparentés  aux  noms  de  lieu  ^-allois  eilés 
par  Giraud  le  (.".an\brien,  lescjuels  font  partie  d'un  gioupe  très 
nombreux. 

On  ne  compte  pas  moins  dune  soixantaine  de  communes  de 
la  péninsule  armoricaine  dont  le  nom  conuuence  par  Lan-. 

1343.  L'une  d'elles,  à  l'exemple  de  la  ville  archiépiscopale  de 
Landair,  au  pays  de  Galles  (cf.  ci-dessus  n"  1312),  renfei-me 
dans  son  nom  celui  de  la  rivière  qui  l'arrose  :  c'est  Lanleff  ;C.- 
du-N.),  sur  lé  Leir,  aniuent  du  'l'rieux. 

1314.  Lan-  est  suivi   d'un   adjectif  dans  Lanmeur   (F.,    M.), 

«  la  i^-rande  église  »  et  Lannevez  (G.-du-N.,   F.),    n  la   nouvelle  \ 

église..  '  * 

1315.  0\\  a    vu  dans  Landrévarzec    ^cf.  ei-ilessus   n"  1298)  la  ! 
combinaison  de  lan  avec  le  nom  ])rimitif  du  lieu.                                               j 

1316.  Mais  dans  la  majeure  partie  des  cas,  lan  a  pour  déter-  3 
minatif  le  nom  du  saint  aucpiel  est  dédié  le  sanctuaire  du  lieu  ; 
la  consonne  initiale  de  ce  délerminatif  s'adoueit  le  plus  souvent, 
quand  il  commence  par  une  labiale  (cf.  n"  1296,  Pléhczrc  et  l'ic- 
houlle),  une  gutturale  (cf.  n"  1292,  Phjuijucr)  ou  une  dentale 
(cf.  n"1298,   LandréiKirzcr). 

Lamballe  (C.-du-N.)  et  Lampaul  (G.-du-N.,  F.),  doivent  se 

traduire  par  «  église  dé  saint  Paul  >'. 

Landeleau  (F.'l  a  son  église  dédiée  ;i  saint  Tlieliau,  Thelia- 
vus. 

Gelle  de  Landerneau  (F.)  est  sous  l'invocation  de  saint  'l'ernoe, 
évêcjue,  lils  du  roi  breton  Judicaèd,  contemporain  de  Uago- 
bert  !'•'■. 

Landivisiau  (F.),  Lanloup  (G.-du-N.,,  Lanildut  (F.i,  Lanmo- 
dez  (G.-du-N.),  Lannédern  (F.),  Lanriec  (F.),  Lanrivoaré  (F.). 
Lanvollon  (G.-du-N.)  ont  ou  ont  eu  pour  patrf)ns  resp^^ctifs  saiid 
Thivisiau,    saint  Loup,    saint    lldul,    ablté,    saint    Mandez,   ablié, 


UHll.lNES     linKTd.NNr:» 


3 1  '.) 


s.ùnl  lùlerii,  solit:iirp,  sainl  Riec,  disciple  do  saint  Guénnlé, 
sailli  lîivoarô,  prêtre  hrelon,  oncle  de  saint  Henri,  ol  saint  Vol- 
li)M,  al)l)é. 


LOK 

1347.  On  peut  être  de  prime  abord  porté  à  rattacher  au  mot 
lucli,  (pii  appartient  au  breton  armoricain  et  au  gallois,  avec  le 
sens  de  «  cabane  n  ou  de  «  lo^-e  '■  le  membre  initial  —  lok  ou  lo 

—  d'assez   nombreu5(   noms   de  lieu  de  la  Bretagne  armoricaine 

—  le  pars  de  (udies  ne  possède  pas  de  noms  analogues  —  et, 
comiiii'  ce  mot  lok  y  précède  généralement  un  nom  de  saint  lire- 
ton,  on  a  pu  croire  (juil  servait  à  désigner  les  retraites  que  de 
pieux  ermites  ou  autres  saints  personnages  s'étaient  choisies 
dans  des  localités  éloignées  des  centres  habités.  Mais  le  nom 
assez  répandu  de  Locmaria  (C-du-N.,  F.,  M.),  désignant  des 
localités  possédant  un  sanctuaire  dédiée  à  la  Vierge  Marie,  ne 
se  prête  pas  à  cette  explication  :  on  songe  alors  à  reconnaître 
dans  luk  le  mot  latin  locus,  passé  dans  la  langue  bretonne  avec 
le  sens  restreint  de  i<  lieu  saint  »,  de  «  lieu  consacré  »  ;  conjec- 
ture à  laquelle  est  loin  de  s'opposer  le  nom  Locminé  (M.),  dont 
la  forme  primitive,  Loc/i-Menerk  en  l'IOS,  présente  comme 
déterminatif  le  breton  ntencch,  forme  plurielle  de  m;inac/i, 
«  moine  »  ;  en  clfet,  ce  vocable,  qu'on  rend  assez  exactement 
dans  les  chartes  du  moyen  âge  par  Loeus  monachorum,  est 
dû  H  un  monastère  qui  remonte,  paraît-il,  au  vin"  siècle. 

1318.  La  consonne  linale  de  lok  [lersiste  (Uins  Loc-Brévalaire 
(F.),  Loc-Éguiner  (F.),  Locmalo  (M.),  Locronan  (F.),  Loctudy 
(F.),  noms  désignant  des  paroisses  (jui  ont  ou  fpil  avaient 
;^  l'origiiu^  pour  patrons  sainl  Hrand walader,  al)bé,  saint  l'',gui- 
ner,  inai'Ivi-,  saint  Malo,  évê([ne,  saint  l{enan,  ermite,  et  saint 
Tudy,  abbé. 

1319.  Cette  linale  se  confond  presque  complètement  parfois 
avec  l'initiale  du  nom  du  saint  patron,  (piand  cette  initiale  est 
un  1/  :  Locoal  (M.),  Focus  (înduali;  —  Locqueltas  (M.),  dont 
l'i-gî^r  est  dédiée  au  fameux  saint  Gildas,  <!iiel/ii!^  en  breton 
armoricain  ;  —  Locquirec  (F.  ),  qui  a  pour  patron  saint  Guerec, 
Warochus;  —  Locquénolé  (F.)  et  Locunolé  (F.),  dont  l'épo- 
nyme  est  saint  Guénolé,  Winwaloeus,  premier  abbé  de  l^an- 
dé\'eiiiH'e. 


320 


ij:s  noms   ue  i.iku 


1320.  L'assourdisseineiit  total  du  k  de  lok  se  constate  dans  ks 

noms  Loperhet  (F.,  M.),  Lohuec  (C.-du-N.),  Loperec  (F.)  ot 

Lothey  (F.),  dus  au  culte  de  sainte  Bi'iyitte,  eu  breton  Berlicl^ 
de  saint  Josse,  Judocus,  de  saint  Perec,  Petrocus,  de  saint 
Thei,  Taicus. 

1321.  Enlin  lok,  assourdi  en  /o,  s'écrit  lau  dans  Laurenan 
(C.-du-N.),  nom  d'une  paroisse  de  lang'ue  t'ranc^-aise  dont  le  patron 
primitif  était  saint  Renan,  remplacé  aujourd'hui  par  l'évêipie 
d'.Vn^ers,  saint   lîcné. 


ILIZ 


1322.  Le  mot  breton  iliz,  écpiivalenl  du  t;'allois  C'y/'r;/.s-,  repré- 
sente visiblemenl  le  latin  ecclesia  icf.  ci-dessus,  n"  13121. 
Beaucoup  moins  employé  (]ue  lan,  il  apparaît  surtout  dans  le 
nom  de  lieu  dit  Coz-Ilis  ou  Goh-Ilis.  «  la  vieille  égalise  ->,  nom 
relativement  moderne  appliqué,  parait-il,  à  des  endi'oits  possé- 
dant des  sub.structions  romaines,  (jue  les  paysans  ont  pris  pour 
des  restes  d'édifices  religieux. 

Bodilis  (F.)  signifie  <(  le  buisson  de  l'église  »  ;  Brennilis  (F.), 
«  la  butte  de  l'église  »  ;  Kerillis  (C.-du-N. ),  «  la  maison  do. 
1  église  »  ;  une  variante  de  ce  dernier  nom  est  iormée  par  Ker- 
nilis  (F.)  - —  oii  Vn  joue  le  i-ôle  de  la  préposition  '<  de  »  — 
vocable  assez  ancien  pour  qu'on  ait  lieu.d'en  interpréter  le  ternie 
initial  par  «  village  »  plutôt  que  par   «  maison  ». 

h' AS  TELL 

1323.  Le  mot  \)relon  kaslell  n'est  autre  que  le  latin  castellum. 
avec  les  diverses  acceptions  qu'a  reçues  le  mot  fraii^^ais  chàfenu 
dans  la  langue  du  moyen  âge.  Il  désigne  parfois  quelque  retran- 
chement, voire  même  quelque  ancienne  ville  fermée,  comme 
dans  le  nom  Coz-Castell-Ach,  porté  en  Plouguerneau  (F.)  par  des 
ruines  qui  passent  pour  être  celles  de  l'ancienne  capitale  des 
Osismii  (cf.  ci-dessus,  n"  398),  et  dans  les  noms  Plogastel  et 
Plougastel  (F.),  qu'on  a  traduits  par  Plebs  castelli. 

1324.  Ainsi  qu'on  l'a  vu  (n"  1292),  ces  derniers  noms  ont 
pour    variante,    en    Bretagne     de    langue     française,    Pléchâtel 


i)Hm;im-:s   niuiTO.NM:;s   :    kastull 


321 


'I.-el-V.).  lin  aulri-  (K'i-ive'"  ilo  l;:isl('ll^  ([ui  .-i  (•[(•  CDiiiplètcnicnt 
IVaiicisL',  est  Châteaulill  (1'.),  jadis  (uaalelnin  :  on  iyiioro  ce  que 
sii,niiiiaiL  le  (léleniiinritif  -nin. 

1325.  Pans  Chàtelaudren  iC.-du-N.),  le  secoiul  terme  est  un 
neui  (l'InMimie  hi-elon,  assez  l'épiindu  encore  comme  nom  de 
t'auiilie. 

1326.  Gastennec   (M.^i  est  appelé  en    lOGG  Castellum  Noce. 


LIS 


1327.  Le  noni  lis.  (pii  subsiste  en  yallois  sous  la  forme  Uys, 
en  breton  armoricain  sous  la  forme  lez,  est  un  synonyme  du 
latin  aula  et  du  bas-lalin  cortis,  et  comme  ces  deux  mots,  il  a 
eu,  à  la  fois,  les  deux  sens  de  notre  mot  <(  cour  »,  celui  de  cour 
dun  prince  ou  d'un  seigneur  —  qui  en  fait  comme  un  synonyme 
de  «  cbàleau  ;)  —  et  celui  de  cour  d'une  maison.  C'est  en  son- 
i^'eanl  à  ce  dernier  sens  (ju'un  glossateiu-  du  \''  ou  i.lu  \i''  siècle  le 
dt)nne  comme  équi\alent  de  siica  lorium,  "  sécboir  )i.  Mais 
avant  cette  cpociue,  et  dès  le  i\''  siècle,  notamment  dans  les 
chartes  de  ral)l)aye  de  Redon,  lis  est  le  terme  initial  de  noms 
pi'opres  désignant  un  certain  nombre  de  demeures  seigneuriales, 
connue  Lishcdu  ou  Liscedii,  l.iscoel,  Lisfaii,  Lisfavin,  J/isnou- 
rid.  /.isjiraf.,  Lisriuinuc,  Lisrus,  Lisircrn,  qui  doivent  se  traïkiire 
par  «  la  cour  du  bouleau.»,  «  la  cour  du  bois  »,  «  la  cour  du 
hélre  »,  v  la  cour  des  hêtres  »,  '<  la  cour  neuve  »,  «  la  cour  du 
pré  '),  ((  l;i  cf)ur  de  llenac  »  —  Ilenac  est  un  bourg  voisin  de 
Kedon —  Cl  la  cour  du  tertre  »  et  «  la  cour  de  l'aune  »,  et  dont 
certains  ont  des  homonymes  dans  la  nomenclalure  topographi([ue 
du  Morbihan  :  l.iscoct  est  à  rapprocher  de  Lescoët  et  de  Les- 
COUet,  l.isniiuriil  de  Lesnevé.  l.e  nom  de  LeSCOUet  "sl  aussi 
porté  par  deux  communes  des  Coles-tlu-Nortl.  Lesiieven  \V .)  et 
Lescastel  (M.)  peuvent  être  cités  comme  appartenant  à  la  mémo 
famille. 

K KM  EX ET 


1328.  Le  vieux  mot  breton  I;cincnr(,  apparenté  au  nom  com- 
mun breton  kcincnn,  n  mandement  »  ou  «  ord(jnna)ice  »,  et  au 
verbe    kemennn.  «    commander   »,    est  traduit  dans  les   chartes 

les   imius   lie   lieu.  21 


•'--  I-KS    .NOMS     DE     1.1  i;U 

laliiu'S  (lu  niovcii  à-e  par  le  mol  roiii  meiula  t  i...  exprimant 
l«i(Mi  le  sens  de  «  fiel'  »  ou  (le  «  héiuMico  >.,  ciu'il  païaîl  avoir  eu. 
Le  nom  KcrnenrI -Ulij ^  ,lonl  le  second  terme  est  un  nom  propre 
de  heu,  désignait  un  des  arehidiaconcîs  du  diocèse  de  L.'-on  : 
l'auteur  de  la  Vie  de  sainl  Jadiaiël  le  traduit  par  Commen.la- 
tio  m.  Aujourd'hui  Kemenel  se  retrouve,  dans  Guémené  (L.-l., 
M.),  et,  en  composition  dans  Quéménéven  (]•'.). 


1 


LX 


NOMS     COMMUNS     DE     SITES 

ABKR 

1329.  Le  mol  aher,  que  les  lexicographes  Ijretons  traduisenl 
par  u  liavrc  '>.  ne  s'euLeiulaiL  à  roi'ii^ine  t[iie  de  remliouehure 
d'une  i"i\iére,  el  non  pas  seulonieul  il  une  L'uiboucliure  nuiri- 
tiiue,  nuiis  aussi  du  conlluent  du  tleux  rivières.  Ce  sons  pri- 
niilif  est  allesté,  à  la  lin  du  xii^'  siècle,  en  ce  (jui  concerne  le 
gallois,  par  Girauil  de  Barry,  qui  nous  ajiprend  ({uM/)cr//o///c//(, 
aK)rs  clicl-lieu  d'une  province  tlu  pays  de  Galles,  l'tail  situé  uln 
ri  vus  Ildthcui  in  aquani  Oschee  ilevolvilur,  car  ajoule- 
t-il.  iilicr  lingua  hrilannica  diciLur  locus  oninis  uhi 
fluvius  in  l'iuviuni  cadil.  lîien  ne  prouve  toulcfois  que,  sur 
le  conLiucnL  n/jcr  n'û  désigné  le  conlluent  de  deux  rivières;  il  esl 
possible  qu'on  l'ait  réduit  de  bonne  heure  à  n  in(li([uer  (jue  le 
point  où  un  cours  d'eau  tombe  dans  la  mer.  Le  breton  armoricain 
emploie  en  oU'et  un  autre  mot  ici",  ci-aprcs,  n"  1333)  pourexprimer 
l'idée  de  u  cimlluenl  »,  et  en  Urelague  le  mol  nher  ne  paraît  pas 
se  rencontrer  ailleurs  t[ue  vers  le  littoral.  Les  réperîoires  géo- 
graphiques les  plus  complets  concernant  la  France  ne  pn'sentenl 
(pie  ([ualre  vocables  le  reni'ernumt  :  Aber,  Aber-Beiioit,  Aber- 
Iltud  et  Aber-Vrac'h.  Ces  noms  sont  portés  par  quatre  lleuves 
cùliers  du  Finistère  ;  mais  à  Foi-igini'  chacun  d'eux  désignait 
pro[)rt'nienl  la  localité  située  ;i  l'embouchure  du  cours  d'eau, 
comme  on  le  i-econnait  à  l'existence  des  petits  ports  d'Aber- 
Benoil  et  (V Ahcr-Vrac  h. 


Bor 


1330.  Le  luol  Jii)/,  aujourd'hui  /)0(/,  au  sens  de  <•  buisson  », 
de  u  toull'e  d'arbres  ou  de  plantes  »,  a  contribué,  dès  le  ix*^  siècle 
—  on  le  voit  par  le  cartulaire  de  Redon  —  à  former  des  noms  de 
lieu  eu  Bretagne.  Il  existe  à  l'heure  actuelle,  commençant  par 
Bnd-,  un  nom  de  commune  —  Bodilis  (cf.  ci-dessus,  n"  1322)  et 


321 


l,i:s     NOMS     Jip;     iJEi; 


beaucoup  de  noms  d'écart,  .surtout  dans  le  Morbihan  :  Bodaval. 
«  le  buisson  de  poniiniers  >.  ;  Bodelven,  hameau  sis  en  l^lven, 
Bod-er-Guen,  m  le  Imisson  du  nonuné  Le  Blanc  >>,  Boderbihan. 
c  le  buisson  du  nommé  Le  Pet  il  >.,  Bodermoël.  >•  le  buisson  du 
nomnu^  Le  (Chauve  ■>,  etc. 

1331.  Bod  a  pour  synonyme  /xvlcn  :  le  Bodail  (AL);  parle 
Bodanic  (M.),  il  faut  cntemire  «  le  petit  buisson  ». 

niU':x 

1332.  c:e  mot,  au  sens  de  c  colline  »  ou  «  butte  ...  se  reconnaît 
dans  Brennilis  (cf.  ci-des.sus,  n"  1322]  et  dans  Brénédan  (M.): 
le  nom  de  cette  dernière  localité  s'écrit  en  1447  Braniuulmt. 
d  oii  l'on  peut  cmiclure  (jue  hrru  avait  à  l'orin-ine  deux  //. 

KKMISF.Ji 

1333.  Le  mol  hemhrr  est  l'écpuvalent  du  latin  confluentes 
[hrn  ^  eu  m  et  Aer,7  =  f  lucre).  11  se  présente  dans  la  topony- 
mie brelonne  s,his  la  forme  hnniwr,  au  /,■  initial  duquel  on  suh- 
stilue  dnrdinaiiv  aujnmd'hui  le  -mupe  yu.  Quimper-F.)  est  au 
cmllnent  de  !'(  )det  et  du  .Slcyr  ;  nn  le  dislin-ne  de  s.'s  hmno- 
nymes  en  Lappidant  (Jiiiin/,rr-( :nrrn/ln ,  da  nom  de  son  patron 
saint  Corentin.  le  premier  évètpie  de  Conmiiaille.  Le  surnom  de 
Quemper-(;»e;rvi;ific  (L.-du-X.),  au  confluent  du  Trieux  et  du 
Lell,  est  é-alement  un  nom  d'homme,  (iuethenocus  en  latin  du 
nu)yen  aye.  Quilliperlé  (h'.i,  primitiveyient  Kon,j>cr-Ellé,  est  au 
conIluenLde  l'Is..lle  et  de  L]<:ilé;  et  Quemperven  iC.-du-N.)  à 
celui  de  deux  ruisseaux  dont  les  eaux  vont  ensuite  -rossir  le 
C.uindy.    Il   existe    dans    le    Morbihan    deux   villa-es    dénommés 

Camper  et  le  Camper. 

KENKCII 

1334.  Le  vieux  mot  kc/iech,  au  sens  de  «  tertre  »,  de  «  sommet 
d'uiu^  colline  »  est  en  breton  moderne  krec'/i,  hrrnc'h,  et  même 
«er'A,  selon  les  dialectes.  Il  subsiste,  sous  une  forme  conservant 
Vn  primitive,  dans  Quinipily  (AL),  en  liil  (Jucncrhhil,,  Quéné- 
colet  (AL),  en  1130  Qucncc/n/olnc/,  Quénépozan  (AL;,  en  lli>2 
Qiicncc/i/icu.san . 


OIUC.INES    IIKICIO.NNF.S     :     IC(l.\T  .'i'i." 

h'OAT 

1335.  Le  mol  l)reton  l.ouf,  au  sens  de  «  bois  »,  qui  repré- 
sente un  vieux  mol  gaulois,  kelos,  existanl  dans  le  nom  Leloce- 
tuin  d'une  localité  anticiuede  l'île  de  Bretagne,  est  extrêmement 
l'récjuent  dans  la  loponymie  bretonne  sous  les  i'oimes  coût,  coct, 
cmirt.  Il  ligure  dans  les  noms  d'une  quantité  innombrable  de 
menues  localités,  d'écarts,  et  aussi  dans  quelques  noms  de  com- 
mune   :    Coatascorn   (C.-du-N.),   Coat-Méal   (V .\    Coatreven, 

Coëtlogon,  Coëtmieux  (C.-du-N.)  ;  celle  dernière  localité  doit  la 
seconde  partie  de  son  nom  au  patron  de  son  église  paroissiale  — 
saint  Mieux,  Miocus  —  qui  est  éi-'alcment  celui  de  l'i^glise  de 
['luniirux  (C.-du-N.),  Plebs  Mioci. 

1336.  A'o<7/  joue  aussi  le  rôle  de  déterminatil'  dans  bon  nondjre 
de  noms  de  lieu  dont  il  constitue,  en  conséquence,  le  second 
terme  ;  alors  il  est  assez  frécpienurient  adouci  en  (joël  et  même  en 
hovi  :  Hiielgoat  (F.).  >'  le  haut  bois,  le  bnis  élevé  -  ;  Kergoat, 
Kergouet,  Kerhoat,  Kerhouat  (M.),  «<  la  maison  du  bois  >-  ; 
Lescouet  (C.-du-N.,  M.),  ((  la  cour  du  bois  »  ;  Porhoët,  nom  de 
contrée  dont  le  sens  a  été  expli(iué  déjà  (n"  1285)  ;  —  Penhoat, 
Penhoët,  Penhouet  (M.)  ;  —  Talhoët,Talhouet (M.);  —  Toul-an- 
Goat  (F.),  Toulgoët,  Toulgouet,  Toulhoât.  Toulhoët,  Toulhouet 

(M.),  «  la  cavité  du  bois  ».  Le  château  de  Penhoat,  en  Llcemeur 
\\\.).  était  le  sièye  d'une  seigneurie  dite  vulgairenuMit  Clief-du- 
Jiois]  cette  appellation,  (jui  ne  l'ait  que  traduire  Penhoat,  indique 
la  situation  du  lieu  à  la  «  tête  )),  à  la  lisière  du  bois  ;  Tnlhoët 
et    Talhoiict  ont  à  peu  près  le  même  sens. 

1337.  On  se  gardera  d'apparenter  aux  noms  qui  précèdent  le 
surnom  de  Saint-llilaire-du-A/./rco/n-/  ^Manclie\  ilans  lecpud  ow 
serait  tenté  de  voir  un  témoignage  de  l'occupation  bretonne  au 
delà  du  Couesncm  ;  en  réalité,  Ilarcnucf  est  une  altération  de 
Hascou,  II  a  seul  fus,  nom  du  personnage  ([ui  possédait  la  terre 
de  Saint-llilaire  an  xi'"  siècle. 

KONK 

1338.  Le  mot  konk,  «  angle,  coin  »,  constituait  le  nom  de 
deux  localités  maritimes  du  département  du  Finistère,  situées 
l'une  et  l'autre  à  des  pointes  de  terre,  à  des  sortes  de  caps.  Le 
nom  de   la  moins  importante,  le   Conquet,  se  distingue  par  une 


1 

.H2G  LKs  MOMs  ijK  iJi:i: 

teriniiiaisou    dimimilive.    L'autre,     siluûe    en    Cornuuaille,     csl, 
pour   ce  motif,   appelée    en  breton   Kuiih  Kernmr,  duù  Concar- 

neau. 

no  un 

1339.  Le  mot  breton  dour,  ((  eau  »,  qui  reproduit  le  "aulois 
du  brun  (cf.  ci-dessus,  n°  105),  paraît  dans  le  nom  Dourdu  ou 
Dordu,  porté  par  une  rivière  du  Morbihan,  et  dont  le  second  élé- 
ment signilie  «  noir  »,  ce  ([ui  fait  tle  ce  nom  1  équivalent  de  Xnl- 
rcau  [n°  1156).  Dourduff  (F.)  a  sans  duulc  le  même  sens,  tandis 
que  par  Dourguen  ('\L),  il  faut  entendre  i'  eau  blanche  ». 

1340.  Le  nom  du  Poudouvre  qui  résulte,  on  la  vu  n"  1286), 
d'une  forte  altération  de  l'expression  payus  Dmidovr,  c  pays  des 
deux  rivières  >>,  consei've  du  moins  trace  de  la  forme  durr,  inter- 
médiaire entre  diibron  et  dour. 

/•:.\7.s  •< 

1341.  Le  mot  enis,   <<  île   »   fjui  revêt  dans  le  brdon  moderne  ; 
la  forme  cnez.  s'est  mieux  conservé  dans  le  nom  de   Gavrinnis, 
((    l'île    aux  chèvres    »,   île    du   ;^olfe   du   Morlùhan   qu'a    rendue 
fanu'use  un  monument  mé^alitliique  avec  sculptures. 

MACOEIi,  MAGOI^li 

1342.  Macoer  ou  nia(/oer,  en  bas-i^rettui  indijucr^  rei^résenle  le 
latin  maceria,  et  s'applique  g-énéralement  à  des  vestij^es  de 
répoi|ue  romaine.  On  le  reconnaît  dans  Magoar  iC.-du-N.), 
Magouer  (M.i.  Ploumagoar  et  Ploumoguer  'cf.  ci-iKssus, 
n"  1292,,  Coët-Magouer  ^^1.;.  Magoro,  Magouero,  Maguero, 
Mangoro,  Manguéro,  le  Manguéro  (M.),  ainsi  (pie  dans  le 
Magouérec  (^L),  qui  représente  une  forme  adjective. 

M  A  EN 

1343.  Le  mot  ntaen,  aujourd'hui  men,  «  pierre  »  est  le  terme 
initial  d'un  grand  nombre  de  noms  de  lieu  bretons,  notamment 
dans  le  Morbihan  :  Men-Bihan,  '<  la  petite  pierre  o,  Mendu,  «  la 
pierre  noire  »,  Mengouet,  "  la  pierre  du  bois  »,  Menguen,  "  la 
pierre  blanche  »,  Menhir,  »  la  pierre  lonij^ue  »  ;  on  sait  (|ue  le 
nom  commun  menhir  désif^^ne  une  pieiie  lichée  en  terre. 


uuii'.iM';s  iihkionm;s 


327 


I 


M  EN  H,  ME  NI-:/. 

1344.  Ce  mot,  ;iu  sens  Je  <^  monlague  »,  est  très  fréquent  dans 
la  nomenclature  géographique  de  la  Bretagne.  Par  une  sorte  de 
tautologie,  la  carte  de  Cassini  appelle  «  montagnes  du  Mené  » 
une  chaîne  importante  de  ce  pays  :  les  ingénieurs  employés  par 
(lasslni  ont  pris  pour  un  nom  pi'<)[)re  le  mot  tlu  langage  courant 
que  les  populations  applic[uaient  k  cette  chaîne.  Ce  mot  se 
reconnaît  dans  le  Mené  iC.-du-N.,  M.),  Ménéguen  (M.),  "  la 
numlagne  hlanclie  »,  Ménémeur  (M.),  «  la  grande  montagne  », 
Ménégoff,  "  la  monlague  du  forgeron  '   ». 

1345.  Le  mot  peu  «  tète  »,  qu'on  a  rencontré  en  combinaison 
avec  Ltial  (n"  1336),  ligure  également  dans  Penmarch  (F.),  "  la 
lèlc  de  rlii\al  »  —  ajjpcllation  due  vraisend>lablemenl  à  la  forme 

d'un  rocher  —  ei  dans  Pencran  (F.),  Péiiestin  (M.),  Penguily 
^C.-du-X.)  ilPeiihars  (F.). 

poyr 

1346.  Au  sujet  de  ce  mot,  d'origine  latine  et  par  conséc[uent 
anah)gue  au  nmt  français,  le  seul  fait  i|ui  soit  à  signaler  est 
radoncissi'iniiit  de  sa  (.nnsonne  initiale  (piand  d  est  ennjloyé 
l'oniinc  second  Icrnu:  d'un  ncnu  C(inq)osé',  par  cxcnqile  dans 
lleiihoiil,  "  le  vieux  pont  »,  (pu  s'écrit  avijourd'hui  Hennebont 
[U.],  et  dans  Trébont  îcf.  ci-dessus,  n"  1303). 

1347.  Le  mot  breton  pnnl,  au  sens  d'  «  excavation  »,  de 
<(  trou  »,  de  «  fosse  »,  de  «  mai'C  »  et  ]iar  suite  d'  «  étang  »,  est 
le  premier  terme  des  noius   de  commune  Pouldergat  (F.),  Poul- 


I.  Ici  le  li'\(t'  rédigé  |i;\r  A.  I,oiil;-iuiii  ]'Oui'sa  leçon  «lu  "il  iiini  lt<'.)l,  :iii 
Cellè-c  (le  Fr:ii\ce,  inlercile  le  couit  alinéa  suivant  :  ..  ],e  mol  breton 
inriirc'ln,  ininir' Iti,  sij;niliuiil  »  asile,  franchise  »,  est  l'origine  dos  noms 
le  Ménéhi  el  Minihy  (-M.},  analo^nes,  jiai'  eonséquenl,  aux  noms  méridio- 
naux de  t'ianee,  hi  SalreUil,  lu  Saiin-hil  ».  Nous  ne  trouvons  rien  de  tel 
dans  les  miles  prises  à  l'iv-ole  des  llautes-Ktudcs  en  190-2  el  on   1906. 


328 


i.Ks   NOMS   i)i':   iji:i: 


douran  (C.-du-N.),  Pouldreuzic  [F.y  Uni  à  un  nom  d'homme 
dans  Poulbrient  (M-^i  et  Pouldavid  (F.l,  il  est  coml)iné  avec  un 
nom  commun  de  liou  dans  Poulderf  et  Pouldero  (M.)>  "  l''  f'^'^se 
du  chêne  »,  et  dans  Poulprat  (M.),  "  ht  fosse  du  pré  »  ;  a\ec  un 
adjectif  (huis  Pouldu  fC.-du-N..  F.,   M.),  »   la  fosse  noire  ». 

nos 

1348.  Le  mot  r-ox,  u  tertre,  butte  ■>,  est  d'un  emploi  assez  fré- 
quent dans  la  toponymie  bretonne.  Hoz-Landrieu.r  et  B-OZ-siir- 
Coiicsiio/i  (I.-et-V.)  appai'tiennent  à  l'ancien  diocèse  de  Dol, 
c  est-à-dire  à  la  partie  la  plus  orientale  du  pays  cohmisé  par  les 
Bretons  du  vi''  siècle.  Ros  est  le  terme  initial  des  noms  de  com- 
mune Roscanvel,  Roscoff,  Rosnoën,  Rosporden  F.),  Rospez, 
Rostrenen  (tl.-du-X.j,  et  île  bien  des  noms  d'écart  :  Roscoat, 
Roscoët.  Roscouet,  Roscouedo,  Rosguillerme.  Roslagadec  i  M.). 
—  Le  nom  de  liosco/f  c  la  butte  du  forgeron  »,  est  porté,  non 
seulement  par  une  ville  du  Finistère,  mais  par  plusieurs  lieux 
dits  de  Bretagne  où  existent  des  amas  de  scories  témoii,'^uant 
d'une  ancienne  exploitation  de  minerai  de  fer  (cf.  ci-dessus, 
n"  583  . 

nrx 

1349.  Le  mot  /-un,  «  colline  »,  se  rencontre  notamment  dans 
Runespern  (C.-du-N.),  «    la  colline  de  l'épine  ». 

rori.L 

1350.  Ainsi  cpi'on  l'a  signalé  à  ]u-opos  de  Toul-an-Coat. 
Toulgoët,  Toulgouet,  Toulhoat,  Toulhoët,  Toulhouet  (n^'  1336), 

toull  a  le  sens  de  «  creux  »,  de  «  cavité  »,  de  <>  trou  »,  on  le 
rencontre  aussi  dans  les  noms  de  lieu  suivants,  empruntés  à  la 
nomenclature  du  Finistère  :  Toul-an-Groas,  «  la  cavité  de  la 
croix  »,  Toul-an-Marc'h,  "  le  trou  du  cheval  »,  Toul-an-Ster, 
«  le  ti-ou  du  Steyr  »,  etc. 

1351.  Le  mot  lireton  qui,  en  gallois,  à  la  forme  /i/no.  et  qu'on 
trouve,  au  xi'  siècle,  dans  le  cartulaire  de  Landévennec  sous  la 
i'oiine  Innu.    siirniiie  c  l)as-l'nnd,  vallée  »  :   il  est  devenu  traov  et 


(HiU'.iNKS   iii!K'i'nNNi:.s    :    rxor  D'jll 

iiu'iiie  iruDii.  De  là  les  noms  do  lieu  le  Traoïi  ^l-'.),  Traou-Jacob 
(('.-du-N.),  et  beauqoup  d'autres  dont  Ininu  ou  Iraoti  constitue 
K-  premier  terme. 

1352.  Trnon  s'est  réduit  à  /ro;;  dons  les  noms  Tronjoly  (M.\ 
((  la  belle  vallée  »  et  Tronscorf  (M-)-  ^e  dernier  porté  par  un 
écart  situé  sur  le  ScorlT. 

1353.  Ailleurs  le  vieux  breton  Inoii  esl  représenté  par  Iro  : 
Tronielin  i^M.I,  ^  la  \allée  jaune  o  ou  «  ilorée  »  (cf.  Orval), 
Tromeur  iM.),  «  la  g-rande  vallée  «  (cf.  Grfindvnl). 

Aux  noms  de  lieu  formés  sui-  des  noms  communs  de  sites  se 
ratlaclienl  tout  naturellement  ceux  (jui  dérivent  de  noms 
d'arbres  ou  de  plantes.  1  ,a  loponvmii'  bretonne  en  présente  un 
grand  nombie. 

1354.  Les  uns  ne  font  que  reproduire  un  nom  d'arbre  :  le 
,^  Faou  (F.'i,  c'est-à-dire  <(  le  hêtre  »,  Guern  'M.),  c'est-à-dire 
I"                «  l'aune   ».  Ce  dernier  nom  a  pour  é(juivalent  Guer   (M.),  forme 

I  dans   la(]uelle,  sous    l'intluence  fram^'aise  (cf.  Jmir  =-    diurnus, 

II  l/irer  =  hibernusy  V n  linale  s'est  assourdie,  (nicrn  a  pour 
£  diminutif  Guernic  (M.),  «  le  petit  aune  »,  pour  pluriel  Guerno, 
1"  «  les  aunes  ». 

1355.  Ailleurs  on  se  trouve  en  présence  de  collectifs  formés  au 
'^  nu\yen  du  suflixe  -hué  ou  -oët,  cpii  -n'est  autre  cpie  le  latin 
|.  -etum  :  Guernehué.  Guernué  (M.)  =--  \'ernetuni  (n"  633 j  — 
f.  le  Faouet  (C.-du-X.,  M.)  =  Fag-etum  (n"  621)—  Casténoët 
I''  ['Si.)  =  Castanetum  (u°  618).  —  Le  Spernoët  et  le  Bézouet 
?t  (^ï  ■  )  formés  sur  les  noms  bretons  de  l'épine  et  du  bouleau,  sont 

les  équivalents  à'Epinay  (n°  629)  et  de  Bouloy  (n"  614). 

1356.  Mais  le  suflixe  cpii  sert  à  fornu^r  le  plus  grand  nombre 
de  collectifs  de  cette  nature  —  il  se  joint  il'ailleurs  à  des  noms 
il'arbi'isseaux  plus  souN'ent  rpi'à  des  noms  d'arbres  —  esl  le  suf- 
lixe-fc,  analogue  au  gaulois  -acos  (cf.  ci-tlessus,  n"  203)  Avallec 
(M.),  <t  la  pommeraie  •>,  Balanec  (F.),  «  la  g-enêtaie  ».  Beuzec 
iF.),  ((  la  buissière  »,  le  Drennec  F.),  le  Dreneuc  (L.-L),  «  l'épi- 
naie  ».  Quélenec  (C.-du-N.),  Quélennec  (F.),  «  la  houssaie  », 
Radenec  (AL),  <>  la  foug-ei'aie  »,  le  Spernec  (Moibihan).  «  l'épi- 

naie  ■). 


LXI 


ORIGINES     BASQUES 


1357.  C'est  une  erreur  ([ue  de  voir  ilans  les  Basques  de  l'cx- 
Iréniili'  sud-ouesL  de  la  l'^rance.  un  dei'uier  vestige  des  po[)ula- 
tions  qui,  au  temps  de  César,  hal)itaient  entre  la  Garonne  et  les 
Pyrénées,  et  que  le  conquérant  désigne  sous  le  nom  d'A([nilains. 
Il  est  possiljle  ({ue.  parmi  les  Aquitains,  il  y  ait  eu  une  dose 
plus  ou  moins  foile  de  population  apparentée  aux  Bascjucs; 
mais  la  présence  de  cet  élément  ne  se  révèle,  d'une  façon  cer- 
taine, ni  par  les  textes,  ni  par  la  toponvuiie  antique  de  I;i 
région;  le  nom  I-llim  l)e  rris,  sous  lc([uel  Poniponius  Mcda 
désigne  la  ^■ille  irAucli,  est  le  .sinil  argument  un  peu  sérieux,  au 
point  de  vue  liiiguislique,  [U.'sc'iiir'  par  les  partisans  d'une 
origine  etimicpu'  eummuiie  d(  .  Aciuiliiiiis  l't  iKs  Bas([ues;  argu- 
ment résultant  de  l;i  ecunji;ir;ii>.ui  de  ce  xoealile  avi'c  un  ikmu 
lie  lieu  Iiasque  moderne.  Ir.lirrii,  (|ui.  iMi-iné  du  sul)st:inlir  iri 
<(  denu'ure,  ville  ",  et  de  l';!  l|i'i.lii'  Itrii!,  ■>  ncul'  y.  a  un  sens 
analogue  ;t  celui  ilc  notre  n.im  de  lic-u  \"tll,'ncurc  cl',  ci-apiès 
n''  1358)  ;  niai.s  les  objections  ([u'd  y  a  limi  de  l'aiie  à  ctlt'  ()[)i- 
nion  ont  été  indiquées  déjà  (  n"  27).  Lors  même  qu'on  admctliail 
la  présence  d'un  élément  bastjue  chez  les  A(|uilaiii  deC.r'sar. 
cet  élénuuil,  par  suite  delà  nunanisalion  si  compli'lc  ilc  la('i;iulr, 
ne  devait  plus  se  trahir,  au  point  de  \  ue  linguistique,  lois  des 
grandes  invasions  du  v''  siècle  i.[\n  jjlacèrent  notre  pavs  sous  la 
domination  barbare  de  nations  d'origine  ^;ermani(iue. 

Les  ancêtres  des  populations  basques  de  notre  départi-ment 
des  Basses-Pyrénées  habilaii'ut  aloi-s.  comme  au  cour-^  dr  hi 
période  ronuiine,  la  région,  conqirise  entre  les  Pvrénées  it  1  l'bie, 
qui  correspond  d'une  manière  générale  à  la  Navarre  espagnole. 
Ils  réussirent  tout  d'abord  à  se  nuiintenir  dans  ime  stjrle  d'indé- 
pendance à  l'égard  des  A\'isigotlis  qui,  maîtres  de  la  plus  grande 
partie  de  l'Espagne,  les  assaillirent  vigoureusement  pendant  la 
seconde  moitié  du  vi''  siècle.  Ils  furent  délinitivement  vaincus 
vers  ."78  par  le  roi  goth   Leovigilde,   et  ime   partie  de   la  nation 


()Iiii;im;s   kasiiuivs 


:VM 


I 


% 


li.tsiiiu',  |u)ur  ('oliappcr  à  la  iiouvclK'  doininalioii,  se  ixjila  au 
iiiiiil  lies  Pvrt'ni'os,  entre  celle  cliaîiio  et  la  Garonne,  dans  le  pays 
•jui,  de  leur  nom  lalin.  Vasconos,  a  conservé  le  nom  de  Gas- 
cogne, Vasconia;  leur  présence  sur  le  versant  français  des  Pyré- 
nées  est  attestée  pour  la  première  fois  en  387.  Grégoire  de  Tours 
S'jxpriiue  ainsi  :  «  Les  Vascons,  se  précipitant  tles  montagnes, 
ih'>ecndonl  ilans  les  ]5laines,  ravagent  les  vignes  et  les  champs, 
iivi-enl  les  maisons  au  feu  et  emmènent  (|uel(iues-uns  des  liahitants 
captifs  avec  leurs  troupeaux.  Le  duc  Austrovald  nuuclia  sou- 
vent contre  eux,  mais  il  n'en  lira  qu'une  faible  vengeance   )>. 

Les  Vascons  se  lixèrent  d'ahord,  eu  des  proportions  fort 
liilTérentes,  selon  les  régions,  dans  l'ancienne  province  de 
Ncnenipopuhmie,  com[n-ise  entre  la  Garonui^  cl  U's  Lyrenees. 
i'Ius  lai-d,  cl  dès  le  commencement  du  vin'"  sii'cle,  leur  duc  ^  on 
—  Eudo  —  élentlil  sa  domination  tlans  les  provinces  voisines  : 
il  dominait  non  seulement  à  Toulouse,  mais  dans  toute  la  partie 
lie  la  Gaule  comi)rise  entre  la  Loire  et  les  Pyrénées,  entre 
rOeéan  et  le  Pvliône.  Aiissi  le  mol  Gascogne,  ^'asconia,  dési- 
gnant chez  Itvs  auteurs  du  viu"-"  siècle  el  nu'me  du  ix'',  le  pays  ([ue 
!;ouvernèrenl  successivement  Yon,  Ilunaud  et  Gailier  —  a})[Hdé 
à  tort  WaïlVe  pai'  nos  historiens  modernes  —  est-il  un  véritable 
svnonvme  d' Aquitania,  témoin  le  capitulaire,  édicté  en  80G  par 
(  Iharlemagne,  relativement  au  partage  de  l'empire  franc,  où. 
r.Vquilaine   est  appelée  Acjuilania  vel  Wasconia. 

C'est  là  le  sens  le  plus  large  dans  lec|uel  ait  été  pris  le  nom 
\'asconia.  Dans  une  acception  pins  reslreinle,  il  fut  appliqué  à 
la  partie  du  donuiine  d'Yon,  situé  entre  la  Garonne  et  les  Pyré- 
nées, qui  fornui  au  i\''  siècle,  le  duché  carolingien  de  Gascogne, 
région  dans  hujuelk',  sans  doute,  s'éhnenl  établis,  pour  se  fondre 
bientôt  dans  la  population  gallo-romaine,  une  partie  des  envahis- 
seurs vascons  de  la  lin  du  vi''  siècle.  Mais  il  aurait  pu,  ndeux 
rncore,  désigner  le  pays  bas([ue,  ([ui  répond  à  peu  près  à  la  par- 
tie occidentale  —  arrondissements  de  Bayoruie  et  de  Mauléou  — 
du  tlépartement  des  Basses-Pyrénées,  autrement  dit  au  Labour- 
dan  ou  [)avs  de  lîîiyonne,  à  la  Basse-Navarre  et  au  pays  de 
Soûle  ;  la  popvdation  vasct)nne,  beaucoup  plus  dense,  y  domi- 
nait parle  nombre,  et  elle  a  pu  y  maintenir,  Juscpi'à  nos  jours, 
l'usage  presrpie  exclusif  de  sa  langue  nationale,  parlée  aussi,  au 
delà  des  Pyrénées,  par  les    i'astpies  esjiagnols   (|ui    peuplent  les 


:\:V2 


l.KS     NOMS     lir,     I.IIU' 


provinces  lie  l'Alavii,  de  la  liiscaye  el  du  Guipuzeoa.  Islle  s'y 
iti.-iiiUiiil  inèaie  avec  une  telle  force  ([ue,  durant  le  cours  du 
\ix''  siècle,  le  seul  où  Ton  se  soit  préoccupé  de  l'étudier,  on  n'a 
pu,  paraît-il,  constater  un  recul  quelconque  de  cette  langue, 
appelée  cushni-n  par  ceux  (pii  la  parlent. 

Les  documents  qui  permetlraient  de  juger  la  question  pour  les 
temps  plus  anciens  manquent  d'une  façon  à  peu  près  absolue.  11 
semble  cependant  incontestable  (jue  l'euskara  a  reculé  quoique 
[)eu  devant  le  dialecte  roman  que  l'on  ([ualille  de  i,'-ascon  :  celait 
est  attesté  ])ar  l'existence  de  toute  une  série  de  villes  ou  de  vil- 
la;^es  où  l'on  [larle  aujourd'hui  gascon,  mais  dont  les  noms  sont 
de  physionomie  basque  :  Biarritz,  Bnyonnc,  Bidac/w,  Arancou, 
Os.serain,  C/iarre,  Bidos,  Aramils,  Asasp,  hsor,  etc. 

Di's  noms  de  lieu  d'orig-ine  basque  existent  sans  doute  aussi. 
à  plus  de  dislance  encore  de  la  limite  des  langues,  dans  les  dill'é- 
lenles  parties  de  la  Gascogne,  où  ils  apparaîtront,  aux  veux  des 
érudils  (pii  en  constateront  l'existence,  comme  des  témoignages 
irrécusables  de  la  colonisation  basque  du  vu''  sièele.  Malheureu- 
sement, ces  noms  doivent  avoir  subi  de  sérieuses  transformations 
sous  l'inlluence  du  dialecte  gascon,  ([ui,  depuis  plus  de  dix 
siècles,  tend  à  se  les  assimiler  ;  et  les  actes  du  haut  moven-àge 
sont  tellement  rares  pour  la  Gascogne,  que  le  philologue  ne  peut 
galère  en  attendre  d'utiles  indications  sur  leurs  formes  primitives. 
Néanmoins,  quelques-uns  de  ces  noms  ont  conservé,  sous  le 
costume  français,  ou  plutôt  gascon,  une  physionomie  qui  atteste 
sullisamment  leur  origine  bas(|ue.  Mendosse  ''L<.t-et-Garonne  'jet 
Mendousse  i^Basses-Tyrénées)  —  ce  dernier  nom  est  celui  d'une 
localité  située  à  quatorze  lieues  du  pays  de  langiu"  basque  — 
siMit  des  formes  fi'anciséi^s  d'un  nom  de  lieu  bas([ue  (pi'on  trouve 
en  Isspagne  sous  les  foianes  Mendoz  l  Guii)ù/.coa  i  et  Mendoza 
(.\lava,  Biscaye).  Or,  Mendousse  est  appelée  au  xi''  siècle  Mcn- 
iIiDZu,  et  l'on  reconnaît  dans  le  premier  terme  de  cette  fornu' 
le  niotl)asque  nicinli,  c  nmnlagiie  »  (cf.  ci-ajtrès,  n"  1364). 

Cet  exemple  met  suiïlsamment  en  lumière  l'intérêt  que  pré- 
senterait, pour  déterminer  l'extension  primitive  de  l'élément 
vascon    en    France,   l'étude   de    la    toponymie    gasconne.    i\Iais, 


■| 


1.   Lieu   dil    de    la  commune  d'Estilhip,  .irr.  d'Af,-cn,   rant.  de  Laphimc 
1  renseignement   dû  à   Tobligeance  de  M.   IkMié  Bonnat,   archiviste  de  Lot- 

el-Cironiip'. 


OIUGI.NKS     UASyrES 


:î33 


faute  de  documcnls  anciens,  celte  élude  se  lieurlerail  à  de 
sérieuses  difficultés,  et  on  ne  l'entreprendra  pas  ici.  On  se  bor- 
nera à  l'indication  des  principales  racines  et  des  principaux  suf- 
li\es  ([ue  présentent  les  noms  de  lieu  du  pays  basque. 

1358.  Le  mut  //•/,  au  sens  de  u  vlUag-e  »  ou  de  u  localité  »,  a 
produit  les  noms -éog-raphicpu'S  :  Iriart  (lîasses-Pvréuées  ''<.  ([ui. 
sous  une  l'orme  un  jieu  dill'éienle,  )'riar/r,  esl  devenu  nom  de 
famille  ;  —  Iribarne,  "  lieu  jjrolond  M,  nom  porté  p;ir  deux 
écarts  et  deux  cours  d'eau,  et  sa  variante  Iribarnia  ;  —  IribeiTy, 
(pu  désii^ne  deux  villa-^es  ou  hameaux  appelés  dans  dts  textes 
lies  \vr,  xvu''  et  xviu''  siècles  VilUuiuva,  \'illitniiev;i  ou  ]'illc- 
nciic(\  licri-i  si^niliauL  «  nouveau  »  en  basque  ;  —  Irigaray, 
u  villa-e  élevé  ■■  ;  —  Mgoyen,  .<  village  du  bois  .,  ;  —  Irissarry  ; 
Irissura.  Le  même  mol  est  le  second  terme  des  noms  Baratchéry, 
Carriquiri  et  Queheliri,  qui  ont  respectivement  pour  premier 
ii-vmt'  biu-alch,  u  jardin  »,  cnrriqiii,  '<  rue»,  qachel,  n  muraille  ». 

1359.  Li'  mot  ciin-icn,  qui  désigne  une  rue  ou  un  chemin 
1.1. rdc  de  murailles,  [uu-ail  dans  les  noms  :  Carricaburu.  ^'  le 
bout  "  ou  '•  la  lète  île  la  rue  •«,  éipiivalaul  au  nom  Chcdcvillc, 
caput  villae,  (jui  désigne  la  partie  extrême  de  certains  Aillat;es 
j^-énéralement  formés  d'une  longue  rue  unique;  Garricaçarra, 
Carricamussa,  Carricart  —  dont  le  second  terme  est  le  même 
(pie  dans  friiirl  —  Carriquiri   '^^ef.   ci-ilessus  n"  1358;,  etc. 

1360.  Le  uo!U  commun  /;uir('ijui,  formé  à  l'aide  du  sullixe 
-y;//' sur  un  substantif  //a/;/i,  au  sens  de  '<  seigneur  »  désigne  une 
maison    noble.    De   la  les   noms  de  lieu    Jauréguy,    Jauréguia  — 

cf.  Jauréguia  (Biscaye)  —  Jauréguiberry,  »  le  nouveau  manoir  .., 
Jauréguissahar,  <'   le  vieux  manoir  ». 

1361.  Le  mot  ,s,i/,(,  d'origine  française,  a  en  basque  le  sens 
qu'au  inoven-àge  notre  langue  donnait  au  mot  .s;(//t',  celui  de 
(.  demeuiH"  seigneuriale  ».  Sallaberry  signilie  donc  "  salle 
neuve  ><  ou  n  nouveau  manoir  >>  ;  et  lune  des  localités  de 
ce  nom  est  en   ell'et  aj)pelée  Salanuoa  dans  un  texte  de  IG21. 

1362.  Etfhc,  qui  a  le  sens  de  "  maison   »,  a  produit  beaucoup 

1.  11  \unis  ii;ir;ril  huUlle  île  répéter  colle  iiuHealin]!  ;>  propos  'les  iv.m- 
breuses  localités  apparlonaiU  au  mèine  .lép^rUiiieut.  iiui  son!  ii'Mniuee- 
dans  le  présent  chapitre:  plusieurs  denlre  elles  —  nous  avons  const^aé  le 
fait,  et  croyons  devoir  le  si^jnaler  ici  —  ne  fijrurenl  pas  dans  le  Dirtmnnair,' 
topngrapliii/ue  de  Paul  Raymond. 


:}3i 


I.HJS     .\(JN]S     1)1-:     l.II^U 


de  noms  de  lieu  L'un  des  plus  répandus  est  Etcheberry,  Etche- 
Verry,  Écheberry,  <<  la  maison  neuve  »,  dont  les  é(|uivalenls 
sont,  en  Espagne.  Javerri  (ui  Xaberri  et  Javier  ou  Xavier:  eo 
dernier  nom  est  celui  du  lieu  de  naissanee  de  saint  iManrois  de 
Xavier,  l'apôtre  des  Indes.  Il  convient  de  citer  aussi:  Etcharry  : 

—  Etchéandy,  «  la  grande  maison  ..  ;  —  Etchébar  et  Etché- 
barne,  u  la  maison  d'en  bas  -  ;  —  Etcheçahar  <i  la  vieille  mai- 
son .'  :  -  Etchechurry,  »  la  maiscm  Manche  »  ;  —  Etchecjaray. 
«    la  hauli'    maisiMi   n;    —   Etchegoyeil,    <■    la    maison    ilu  hois": 

—  Elchepare,  «  les  ileux  maisons  ».  —  La  l'oi  nie  liche/jrm/ 
autoiise  à  reconnaître  la  même  racine  dans  :  Échagoyti,  «  la 
maison  d'en  haut  >>  ;  —  Échart,  dont  on  a  rencontré  le  second 
terme  dans  Iriurl  [n"  1358;  et  dans  Carricarl  (n"  1359)  ;  —  Échat. 

1363.  Le  mot  basque  élira,  qui,  comme  le  Ijreton  ilis.  repré- 
sente le  latin  ecclesia,  (ig-ure  dans  les  noms  :  Éliçabélar,  lille- 
ralement  <<  front  de  l'église  »,  c'est-à-dire  <'  lieu  faisant  face  à 
l'église  »  ;  —  Éliçaberria  ou   Éliçaberry,  «  la  nouvelle   église  .>  ; 

—  Élicerry,  «  le  village  de  l'église  »  ;  —  Élicetche  ou  Élissetche, 
(<   la  nuiison  de  l'église  ).  ;    —  Élissagaray,  «    la  haute  église   u  ■ 

—  Élissalt,  pour  Eliçaull,  >■  près  de  l'église  »,  etc. 

1364.  Mciull,  »  montagne  )i,  se  [)résente  seul  dans  Meildy,  et 
constitue  l'élément  initial  des  noms  :  Mendioilde,  '<  près  de  la 
montagne  ..  ;  —  Mendilte  ;  —  Mendive  ;  —  Mendiburu,  ■•  !e 
bout  de  la  montagne  »  ;  —  Mendigorry,  «  la  mont;igne  rouge  >> 

—  et  Mendousse,    mentionné  déjà  (  n"  1357). 

1365.  Le  mot  ar.m,  «  vallée  »,  est  aussi  enqdojé  connue 
nom  de  lieu,  et  ligure  comme  premier  lern\e  dans  Araiice,  Arail-  -à 
cou;  —  Arangaixa,  -  la  mauvaise  vallée»  (cf.  Miilli'L\'il):  —  ^ 
Arangorine,  Arangorry,  «  la  vallée  rouge  »  ;  —  Aranpuru,  "  le 
bout  »  ou  ((  la  tête  de  la  vallée  »,  etc. 

1366.  //),(/•,  synon_yme  d'aran,  paraît  dans  les  noms  :  Ibar- 
be'ity,  «  en  bas  de  la  vallée  »;  —  Ibarbidea,  Ibarburia,  Ibarla, 
Ibarle  ;  —  IbarroUe,  <'  la  forge  de  la  vallée  »  ;  —  Ibarron,  <•  la 
bonne  vallée  »  (cf.  Boniieral);  Ibarrondoa,  etc. 

1367.  Itiirri,  ((  source,  fontaine  »,  est  le  premier  membre  du 
nom  Iturbide,  «  le  chemin  de  la  source  »,  qui  était  au  cnnuncii- 
cemenl  du  xix'  siècle  le  nom  jiatronymique  de  l'empeicur  du 
Mexi(jue,  Augustin  L''.  On  le  rencontre  aussi  dans  le  nom 
de    commune   Ithorots,   et    dans    divers    noms   géograj)lii(jues   : 


(I111(.1M:;S    llAsnUKS 


X\", 


Itliorrondo.  c<  |u\'s  de  lu  fonluiiic  »  ;  -—  Ilhorchilo  ;  —  Ithurralde, 
«  contio  la  fontaine  »  ;  — Ithurramburu,  "  la  tèlc  des  l'uiilaines  <•, 
nom  (le  niuntag-ne  ;  —  IthurrétO,  elc. 

1368.  Les  mots  bas(|ues  ihni,  «  rivière  »  et  errcka,  «  ruisseau» 
ou  «  ravin  i>,  ont  contribué  éi^alement  à  former  un  certain 
nombre  d'appellations  u;'éogTaplii(iues  ;  parmi  celles  qui  procèdent 
du  second  de  ces  mois,  on  peut  citer  Errécagorry,  c  le  ruisseau 
roui^-^e  »,  et  Errequidor,  qui  —  idor  ayant  le  même  sens  que 
l'adjectif  français  «  sec  »  —  est  un  équivalent  du  nom  liieusscc, 
très  fréquent  dans  la  toponymie  de  la  France  méridionale. 

1369.  Harri,  «  pierre  »,  ou  «  roche  »  —  arri  dans  les  dia- 
lectes basques  d'Espagne  —  parait  dans  ;  Haïriague  ;  —  Har- 
riondo,  "  près  de  la  roche  ». 

1370.  Oihan,  oi/an,  «  fjois,  forêt  »,  est  l'élément  initial  des 
noms  :  Oyanhart  ;  —  Oyanbelché,  »  le  bois  noir  »  ou  mieux 
I'  sombre  »  ;  —  Oyhançarré  ;  —  Oyhanhandy,  «  le  i^rand  l>ois  », 
etc.  —  C'est  le  même  mot  ([ui,  à  la  lin  des  vocables  géogra- 
phiques, affecte,  peut-être  par  euphonie,  la  forme  -ijoj/en  : 
Irigoyen,  Etchegoyen  (cf.  ci-dessus,  n"-  1358  et  1362). 


Les  noms  communs  d'arbres  ligurent  naturellement  dans  un 
grand  nombre  de  noms  de  lieu. 

1371.  Ainsi  hari/z  ou  arifz,  ><  chêne  »,  est  h',  racine  des  noms 
Aris,  »  le  chêne  »  ;  —  Ariste,  i<  la  chênaie  »  ;  —  Harispe,  «  sous 
les  chêiu's  »  ;  —  Harismendy,  »  la  montagne  des  chênes  »  ;  — 
Harispuru,  «  la  tête  des  chênes  ».  Il  se  voit  également  dans 
Biarritz,  «  les  tleux  chênes  ». 

1372.  Arneiz,  nom  bascpie  du  chêne  tauzin,  paraît  dans  Ames- 
petzu,  Amestoy,  Amexague. 

1373.  L'appellation  du  frêne,  lizar,  se  présente  dans  les  noms 
Lissaragay,   «  la  frênaie  »  et  Licerasse,  en  1  iO:2   Liçaraça . 

1374.  Inchanipe,  formé  sui'  le  nom  du  noyer,  inchain,  signifie 
«  sous  les  noyers  »  et  est  devenu  nom  de  famille. 

1375.  Le  nom  du  pommier,  sarjur,  a  produit  Sagarspe,  »  sous 
les  pomnuers  ».  —  Le  nom  dt;  famille  espagnol  Sagasta  doit  se 
traduire  pur  u  la  pommeraie  ». 

1376.  Le  mot  suras,  «  saule  »  est  la  racine  de  Sarastey,  "  la 
saussaie  »  et  de  Sarrasguette. 

1377.  Gueres,  «  cerise  »,  mot  d'origine  évidemment  latine,  se 
reconnaît  dans  Guerestey,  "  la   cerisaie   ». 


3;jo 


Lies     .N(J.M.S     Ul,     l.ll'.l 


1378.  Eniin  le  nom  de  réiiiiu',  cUior/i,  est  jjoilé  juir  le  Ikiiikniu 
d'Elhorry.  — Elhoriet,  Elhoriéla,  sont  des  éciuivalcnls  d'ii/iinai/. 

1379.  Ou  })OurraiL  citer  une  nuiUilude  d'aulres  nuins  de  lieu 
formés  sur  des  noms  communs  d'arl)res  ou  tle  plantes.  (3u  se 
coatenlera  de  mentionner  ici,  parmi  ces  derniers,  le  mot  if.izr, 
«  fougère  »,  d'où  dérivent  les  noms  de  lieu  Iracelhay  et  Iraçabal, 
et  qu'on  a  peut-être  lieu  de  reconnaître,  condnné  avec  quehpie 
suffixe  locatif,  dans  le  nom  d'Irazein  (Ariège).  Mais,  encore  une 
fois,  en  ce  qui  concerne  la  possibilité  d'une  orig-ine  has(juc  pour 
les  noms  appartenant  à  la  Gascogne  proprement  dite,  il  serait 
ipprudent  de  conclure  sans  avoir  préalablement  étudié  leurs 
formes  anciennes'. 

Ici,  d'ailleurs,  on  n'entendait  a|)pnrter  que  quelques  notions  de 
toponymie  basque.  La  trruluclinn,  donnée  en  passant,  de  plu- 
sieurs d(!S  vocables  énumérés,  a  mis  en  vedette,  concurremment 
avec  les  sul)stantil"s  particuliri-emcnl  étudiés,  lui  certain  n(jnd)re 
d'adjectifs  et  de  locutions  ad\erlilales,  et  de  plus  un  certain 
nombre  des  suffixes  les  plus  communément  usités. 

Mais  parmi  ces  derniers  il  convient  de  signaler  encore  ceux 
qu'on  voit  combinés  avec  des  noms  de  [U'rsonne  pnui'  former  des 
noms  de  lieu  ;  car  ce  mode  de  formation  n'a  [")as  ('lé  moins  l'amilliM' 
aux  Basques  qu'aux  g-roupes  ethniques  dont  il  a  été  question  dans 
les  chapitres  qui  précèdent  celui-ci. 

1380.  Le  suffixe  -haïlluui  ou  -J)a)'thn  a  le  sens  de  notre  prépo- 
sition «  chez  ».  Par  Goyetchebaïta  et  Laffittebaïta,  il  faut 
entendre  »  chez  Goyetche  »  et  u  chez  Laflitte  ». 

1381.  Analogue  aux  suffixes  IVam^'ais -/é/v  et  -crie  (cf.  ci-des- 
sus, n''"*  201  et  376),  le  basque  -cnca  ou  -enia  se  joint  très  fré- 
quemment aux  noms  propres  de  personne  ;  Errolenea  et  Catale- 
nea  pourraient  se  traduire  par  lu  liolandière  et  la  CatJicrinièrc. 
Mais  par  surcroît  d'analogie  avec  -aria,  primitif  de  -ière,  il  se 
combine  aussi  avec  des  noms  communs  de  végétaux  :  Mahatrenia, 
((  la  raisinière  »,  Iratzenea,  «  la  f(nigeraie  ». 

1382.  Le  suflixe  -ia,  paraît  ne  se  combiner,  comme  -baïtha, 
qu'avec  des  noms  de  personne  :  Bidegainia,    «  chez  Bidegain  ». 


LXll 


OUICIXKS    KCCLKSIASTIOl'ES    :   (li: NFJîALn'l'S 

1383.  Les  luiiiis  (le  lieu  (lus  aux  populalions  (jtablies  sur  le 
sol  gaulois  du  \'^'  au  x''  siècle,  et  (|ui  ont  él(.'  passT'S  en  revue 
(liins  les  [)récé(.lenls  chapitres,  ne  sont  pas,  dans  la  lopononias- 
li(pie  française,  les  seuls  qui  renionlenl  k  lu  première  nu)ilié  ilu 
inoycn-à^'e.  A  C(~)té  de  ces  noms,  (jui  dans  l(!ur  ensemble  inté- 
ressent l'ordre  ci\il,  les  n(nns  d^n'ii^ine  ecclesiasti(pie  tieunenl 
une  place  considéralile.  Origine  ecclésiastiipie,  doil-on  dire.  j)lu- 
lôt  qu'origine  reliyicvise  :  cette  dernière  expression  serait  ici  trop 
géiu'rale.  L'étude  des  noms  se  rapportant  à  des  sancluaii'es 
puïens  a  l'ait  l'objet  (n""  452-473)  d  un  des  cdiapitres  consacr(''S 
aux  Nocables  (pii  ont  [)ris  naissanc(;  sous  la  domination  romaine; 
à  ré[)oqiie  médiévale  les  seids  noms  de  lieu  tlOrigine  religi(aise 
dont  il  puisse  être  cjuestion  ont  été  inspirés  par  l'éylise  chré- 
tienne. 

On  peut  de  ces  noms  faire  trois  catégories  : 

(À'ux  de  la  première,  empruntés  aux  établissements  religieux, 
sont  formés,  en  tout  ou  en  partie,  de  noms  c-omnums  désignant 
ces  établissenients. 

Moins  anciens,  ceux  de  la  seconde  lappellenl  le  souxenir  des 
ordres  religieux  établis  en  France. 

La  troisième,  de  beaucoup  la  [)lus  considérable,  comprend  les 
non\s  (pii  ■;(■  rattachent  aux  dix'erses  notions  du  cidte  chrétien  : 
souvenirs  de  la  Torre-Sainle,  événements  de  l'histoire  ndigieuse. 
culte  de  la  Divinité,  appellations  nivsti([ues,  et  surtout  culte 
des  saints. 


/.es   ixiiiix  (/(•   tien. 


LXIII 
l-rrAl^LISSEMENTS     P.KLIGIKUX 


I.L'  (.'hoix  (les  ncMiis  coininuns  (Miiploxés  à  désit^ncr  les  élalilis- 
senuMils  i-elii;ieu\  a  varié  selon  les  lemps  ;  les  plus  ancieiineinenl 
iisiLés  soiiL  ceux  (|ii"iei  l'on  éliuliera  les  |H'eniicrs. 

1384.  Le  nu)l  Ijasilica  était  un  adjectif  l'éniinin  (.l'orii^iiie 
grecque,  au  sens  de  «  royale  ->.  Pris  substantivement,  il  désigna, 
dans  la  lionie  païenne,  un  étlilice  somptueux  où  les  mai^istrats 
rendaient  la  justice.  Cette  acception  primitive  s'est  conservée 
dans  le  mot  "  basoelie  »,  nom  de  la  juritlietion  à  hujuelle  les 
clercs  du  Parlement  soumettaient  les  dill'é'rends  cpii  pouvaient 
sur^àr  enti'e  eux.  Par  ime  én'olutinn  de  sens  ipi'ou  ne  tentera  ])as 
d'expliquer  ici,  basilica  en  est  arrivé  dès  le  v''  siècle  —  les 
écrits  de  saint  Jérôme  et  de  Sulpice  Sévère  en  font  loi  —  à  dési- 
gner un  édilice  chrétien  consacré  au  culte,  ime  é:.;lise,  parfois 
même,  sous  la  [)lume  du  premier  de  ces  (uiteurs,  une  simple  cha- 
pelle. Dans  les  œu\res  dt;  (ïrégoii'e  de  'l'oiu'S  et  dans  plusieurs 
diplômes  mérovingiens,  oii  il  revêt  souvent  les  formes  basileca 
et  l>aseleca,  il  a  toujours  ce  sens  d"  <'  éL;lise  >>,  moyennant 
lecpiel  il  a  trouvé  place  dans  la  toponomastique  de  notre  pays. 
Les  noms  de  lieu  qui  le  i-eprésentent  diil'èrent  assez  sensiblement 
du  type  primitif,  en  raison  de  [)lusieurs  faits  de  phonétic[ue  aux- 
quels il  convient  de  s'arrêtei'. 

1385.  A  l'exenqjle  îles  autres  adjectifs  latins  en  -icus,  -ica, 
-icum,  basilica  était  accentué  sur  l'antépénultième  ;  il  résulte 
de  la  (pie  d'ordinaire,  17  post-tonique  étant  tombé,  le  v  i;uttural 
<pii  le  suivait  a  laissé  ([uel(|ue  trace  ;  en  revanche  ce  c  disparait 
parlois,  en  raison  de  ce  (pie  de  bonne  heure  on  a  dit  basilia  pour 
basilica,  de  même  cpie  colonica  s'est  altéré  en  colonia  (cf. 
ci-dessus,  n"  918). 

1386.  Soit  dit  en  passant,  Basilia.  déformation  de  l'asilea. 
nom  latin  de  la  ville  de  Jîùte,  n'a  rien  de  commun  a\cc  les  noms 
présentement  étudiés. 

1387.  Le  c  latin,    placé  devant   un   ,(,  devient  c/t  en  fran.tals  ; 


OUICIMOS     KCCMCSIASI-KilIlO 


;;;!!.) 


Miiiis  il  coiisiTve  le  son  .qutluriil  dans  la  lani;-uo  d'oc  d'une  pari, 
dans  les  dialectes  noj-inand,  picard  et  wallon  d'autre  part.  Con- 
séqueinnient  on  voit  hasilica  représenté  en  Normandie  par 
la  Bazoque  (Calvados,  Orne)  et  Bazoques  (Eure)  ;  dans  ce  der- 
mei-  nom.  comme  dans  une  foule  d'autres  noms  de  lieu  iVançais 
a  terminaison  l'éminine  (cf.  ci-des.sus,  n»'*  373,  577,  581,  582, 
940),  r.s  finale  est  parasite.  L'i  atone  de  hasilica  étant  tombé 
<le  lionne  heure,  ce  mol  s'est  réduit  à  hasilca  ou  haselca  ;  1'/, 
se  trouvant  en  contact  avec  le  c,  s'est  vocalisée,  ce  qui  pouvait 
produire  une  forme  telle  que  haseiu/iie  ou  basenc/ic,  .suivant  les 
^é^•lons  :  à  vrai  dire,  les  textes  ne  font  connaître  que  IjHswjue  el 
hiisoche. 

1388.  Cette  dernière  forme,  propre  au.\  pays  de  langue  d'oïl 
situés  enolecà  de  la  Normandie  et  de  la  Picardie,  paraît  dans  les 
noms  :  la  Bazoche-Oo(/(V  (Eure-et-Loir)  —  dont  le  surnom  est 
celui  d'un  de  ses  anciens  seigneurs,  Guillaume  Gouet,  (|ui  vivait 
iMi  I0:;0  —  Bazoche  (Oise),  Bazoches  ^  Aisne.  Eure-et-Loir.  Loi- 
ret, Nièvre,  Orne,  Seine-et-Marne.  Seiue-el-Oise  i),  llclon- 
Bazoches  (Seine-et-Marne)  —  dont  le  thème  étymolo-ique  fait 
préc(''der  hasilica  d'un  nom  d'homme  bien  connu,  d'origine  ger- 
manique, Betto  (cf.  ci-dessus,  n"  1010). 

1389.  .\u\  W'et  XVI'' siècles  on  a  iVéquemment  confondu,  dans 
la  jM-ononeialion,  Vr  et  r.s  intervooale.  Clément  Marot,  dans  sa 
eélèl.re  Jipis/rc  du  hinii  fi/s  de  P^izi/.  a  raillé  cette  façon  de  parler, 
(pu  de  son  temps  était  en  vogue  d.ins  eert:^ines  contrées  arrosées 
parle  cours  nKjyen  de  la  Loire,  et  dans  l'Ile-de-France,  et  ([u'on 
observe  encore  de  nos  jours  en  lîerry,  et  peut-être  en  Touraine. 
La  substituliondel'rà  V.s,  autrement  dite  le  rhotacisme,  a  parfois 
transformé  basoche  en  haruclw,  témoin  les  noms  de  la  Baroche- 
.w(/.s'-/,Hce  (Orne)  et  de  la  Baroche-':;';;i^/oj///;  (Mayenne),  le  pre- 
mier latinisé  en  Ll'iO  Hozocha,  le  second  revêtant  en  11  M)  la 
forme  Basilgia  Gunduini;  mais  on  verra  bientôt  (n"  1398K 
qu'ailleurs  harodie  se  réclame  d'une  origine  diiférente. 

1390.  Le  ch  répondant  au  c  de  hasilica  prend  le  son  du  / 
dans     Bazoges    i  Vendée  ,     Bazouges    (llle-et-Vilaine,     Mayenne. 


1.  Trois  de  ces  déparlemoiiLs  possèdenL  deux  Bazoches;  aassi  ce  nom 
osl-il  d'ordinaire  suivi  d'un  déterminalif,  qu'il  .serait  d'ailleurs  sans  iiilérèl 
li'indiciuer  ici. 


;ii() 


Li;s  Nci.MS   i)i:   i.ii:r 


Sai-llu'l,  Bazauges  (CharL-nle-Iuieianuc  ,  la  Bazoge  'Maïuhr, 
.M;iyonm>,  Sarlhe),  la  Bazouge  ^Maycniu'),  ainsi  ciiu"  dims 
la  Bazeuge  (llaule-Vicune):  ce  (.Icniier  iioni  se  rapproche.  p;ii-  sa 
(liphlon^-ue  loniqvie,  de  la  forme  luiscuche,  (prou  suppose 
(cf.  ci-dessiis,  n"  1387)  avoir  précédé  /lasacltr. 

1391.  Dans  la  France  méridionale,  le  c  de  hasilica,  avanl 
conservé  le  son  gullural,  ne  peut  s'adoucir  qu'en  7  dur.  Il  esl 
permis  de  supposer  que  ce  mot  est  le  primitif  de  Bazugiies  (1ers) 
et  de  Bazialgiies  (Haute-Garonne),  l'ai  ce  (|ui  concerne  le  pre- 
mier de  ces  noms,  il  faut  adnietti'e  qu>;/  s'est  altéré  en  11. 

1392.  On  pourrait  être  tenté  de  croire  (|ue  JJnzuiK/erx 
(Ma^-enne)  a  pour  primitif  un  adjectif  formé  sur  Ijasilica.  tel 
([ue  hasilica  rius  ;  mais  la  plus  aneit'nne  forme  connue  Je  ce 
nom,  fournie  par  un  texte  de  !)<S*.I  Lranscril  au  cartulaire 
d  F,vron,  est  Hasilyeacum  ;  d'où  l'on  doit  conclure  cpi'il  a 
pour  origine  un    nom  en  -acus  formé  sur  le  gentilice  Uasilius. 

1393.  Par  contre,  il  semhle  bien  (|ue  hasilica  entre  dans  la 
com|)(-)sition  du  nom  de  Bazancourt  (Marne).  Flodom^l,  (pii  écri- 
vait au  milieu  du  x''  siècle,  ap[)elle  cette  localité  lîasilicae 
cortis,  c  est-à-dire  u  le  donuiine  de  la  hasilicpie  »,  ce  dernier 
ternie  s'appli(juant,  soit  à  la  cathédrale,  soit  à  l'un  des  mona- 
stères de  Reims.  Basil  icae  cortis  a  dû  donner  d'abord  jJ;tze- 
coiirl  \  la  nasalisation  de  la  s\llabe  antétonique  est  explicahKi 
par  un  phénomène  particulier  à  la  région,  A  la  niannoruin 
cortis  n'ayant  pu  devenir  Atinn-iiniifiiiir/  Ivï.  ci-dessus,  n""  528 
et  945)  ([ue  par  l'interinediaire  il'une  forme  telle  cpi'.  !////('•//(';;- 
coiir/ . 

1394.  La  lorme  Ixisse  basilia  est  représentée  par  BazeiUes 
'.Vrdi'nnes,  Meuse'i,  dont  BazoiUeS  (X'osges)  est  [leut-étre  mie 
variante  lorraine  ;  mais  il  n'y  faut  pas  rattacher  i^a:-o//('s  iXie\rc^, 
dont  la  terminaison  est  sans  mouillure. 

1395.  'rranscri[)lion  du  grec  T.y.zz'.y.'.-j,  "  voisinag-e  »,  le  mol 
paroecia  se  rencontre  au  délnit  du  V  siècle  dans  les  é'crils  de 
saint  Augustin  :  il  désignait  alors  la  circonscription  teri'iloriale 
dépendant  d'un  prêtre  ou  d'un  é\é(jue.  11  a  bien  conserve  ce 
doul)le  sens  de  <i  paroisse  »  et  de  «.  diocèse  »  dans  les  documents 
du  haut  moyeii-àge  ;  mais  en  Gaule,  et  des  ré])o<iue  carolin- 
gienne, il  a  lini  par  ne  désigner  (jue  le  ressort  d'une  église  urbaiiu' 


<(Ii1(;im:s    i;i:(:i,i;siAsni.iri:s 


IWnni  III A 


;ri  ! 


DU  luiali'.  Celle  acfe|>liiui  restreiiile,  celle  de  sa  torine  vuli;Tiiie 
liuraissf,  l'st  la  seule  avec  la(|uelle  il  se  soiL  inli-(nluiL  clans  la 
loiioiiomasticiue.  De  bonne  heure  paroecia  s'est  alléré  en  paro- 
eliia.  niovennant  un  apparentement  mal  l'ondé  avec  K-  suhslaii- 
lif  panu'lius,   (pii    répniul  au  grec  -y.pzyz;,  "  pourvoyeui-  >'. 

1396.  Les  noms  de  lieu  représentanl  le  laliii  paroecia  ou 
parocliia  sonl  d'ailleurs  en  petit  ncnubre.  Peut-être  1  étude  des 
textes  locaux  révélera-t-elle  pourcpioi  la  Paroisse  (AUiei',  Loire. 
Isère)  et  Paroisse  (Isère)  sont  de  simples  écarts;  Uuant  a  la 
l'orme  plurielle  les  Paroisses  (Puy-de-Dôme),  l'explication  en  est 
aisét'  :  ce  iu)m  s'a[)pli([ue  à  un  j^roupe  actuellement  réduit  à  trois 
maisons,  dont  deux  appartiennent  au  territoire  communrd  d(f 
Saint-Diei'  et  l'autre  à  celui  de  Saint-Jean-des-Ollières.  Lappella- 
lion  la  Paroisse-(/f/- l'/'/.i/i  (Gard),  qui  désijj^nait  luie  commune 
réunie  en  ISliO  à  celle  du  Vij^an,  remonte  ;i  1 'l'io  ;  on  entendait 
alors  par  là  la  partie  rurale,  imposi'c  à  [)art,  de  la  circonsci-i|3tion 
paroissiale  du  \'ii;'an  '. 

1397.  Le  nom  de  la  Grande-Paroisse  (Seine-et-Marne i  est 
applicpu'  depuis  le  xv"'  siocle  -'  à  une  localité  dont  l'existence  est 
attestée  dès  l'épocjue  mérovini^ienne,  et  que  les  plus  anciennes 
chartes  de  l'é^dise  de  Paris  appellent  Cellas  ;  il  a  sa  raison 
d'être  ilans  l'étendue  considérable  —  2.907  heclares  —  du  ti*rri- 
loire  communal,  jadis  paroissial,  de  cette  localité.  .l/,(/3/ê/'c.s-Ia- 
Grande-Paroisse  (Aube),  commune  tle  2.0 5 ti  heclares,  doit  évi- 
demment son  surnom  à  une  particularité  analogue. 


I.  Dans  ecL  exeinplo,  i|ui  ruiipclle  celui  de  Pl(Hii;iK'r  (Fiiii.stèro!,  "  la 
]iar(iissc  (le  la  ville  n  de  Carliaix  Ici',  ci- dessus  il"  1292),  re\[)ressiiiii  ..  la 
parois-,!'  :.  osl  |M'ise  «latis  luie  aereplien.  neii  [iliis  eecli'-'i:islii|n(\  mais  eivili-; 
olli-  a  le  niriiie  sens,  exai'lenuMil ,  'HU'  >■  1rs  villaLies  -  eu  lierrv,  -  le  plal 
pays  "  eu  lionr^'d^aie,  "  les  ^l'an^cs  <■  en  I  .oi-raine.  ()u  voit,  dès  1701,  l:i 
l'ulure  connnune  d'Anbiyuy-N'illa^cs  i'ornier  une  (jollecle  disliiicLe  de  celle 
dAuliiijiiy-N'ille  :  (;L  c'est  de  nos  joiirs  seidemeul,  en  1 '.lUCi,  (|ue  les  deux 
coMunuMCS  ont  été  réunies  eu  une  seule,  sous  le  nom  d'Aubij^ny-sur-Nei-e 
(Cher).  La  séparalion  de  Vierzon-Villages  (Cher]  d'avec  Vier/.oii- Ville 
remonte  au  moins  à  l'ISO.  Le  Plat-Pays-dc-Saulicu,  mentionné  dès  147C., 
a  formé,  jusqu'en  ISaVl,  une  connnune  distincle  de  celle  de  Saulieu  Cut(^- 
d'Orl   iiu'elh.'   enlourail.    Les  Granp,es-de-Ploml)ières   iN'osges), 


comnmne 


dont  le  territoire  atteint  presque  le  bourg  de  Plombières,  conslitnaieLd  tlès 
lliiiî  une  communauLé  distincte. 

■J.   r)onc  il  ne  remonte  pas  à  la  première  moitié  du  nioyen-.à^;e,  et  c'csl  .à 
pi'ine  si  on  peut  le  considérer  coinine  un  nom  d'ori^;iup  ecfdi''siasliqni'. 


■<'l2  r,ES    NOMS     \)E    I.IRII 

1398.  I^e  mot  jturnis^in  soiiiljle  :ivoii'  en  pour  viiriaiiU's,  dans 
K'  noP(l-c\st  (le  iiolro  pays,  ])nrochc  et  harorhc,  employés  cou- 
curreninient. 

La  commune  appelée  les  Paroches,  près  de  SaiaL-Mihiel 
(Meuse)  —  aux  xvii''  el  xviii''  siècles  on  disait  les  lim-ochcs  — 
comprend  deux  hameaux,  la  Grande-Paroclie  el  la  Pelite- 
Pai'oche,  dont  l'un  se  nommait  jadis  (![ii(jiiiiHlle  ou  Gnérille,  el 
l'autre  Ilnniclcl  \  et  sur  son  len-itoire  une  chapelle  isolée  a 
cHMiservé  le  ncun  de  UelVoicourt,  viilag-e  disparu  où  se  trouvait 
l'église  mère  '. 

()n  voit  désigné,  en  'I7rj3,  sous  le  nom  les  Paroisses,  un  f^-rou- 
pement  formé,  dans  le  voisinaij;-e  de  liriey  i  Mevn'lhe-et-Moselle), 
par  la  communauté  de  Génaville,  celle  de  Pénil  et  Méraumonl, 
et  celle  de  Lanlél'ontaine,  et  que  le  DiclionnHife  lopor/raplui/uc 
de  la  Moselle  appelle  «  la  nuiirie  des  Paroches  »  ;  la  plus  ancienne 
mention  ([u'en  rapporte  cet  (unrage  n'est  que  de  I  (iiS9  ;  mais  on 
peut   citer  ég-alement    un   contrai    de     KilMI-,    dans   lequel  il   est  | 

question  de   /.■;  ninirie  de   ta  Parochc'.    le   contexte   ne    laissant  i 

! 

1.  h'iiprèN  l.iéiianl  'J)icliiiiin^iii-r  /o/ioi/r.i/./ii'./i;!' ./c /,/  l/tw/s.-  ,  lo>  Parodies  ; 
soraiciU  appelée-^  en    I13;i    Parocliia.   Il  osl  de  l'ail  i|iie,  dans  lelexlc  (|u'il 

cilc,  cl  iiui  a  élé  |iiililié  par  Doiii  .loM'pli  de  I.'lslc,  parmi  les  pi\'n\(\s  de  son 
lllsl(iii-r  (/(■  S:iiii/-Miliii-I  ,[i.  fOll-lTT;,  le  passade  I' a  r  lo  i;  Il  i  a  (iupuevilla, 
lliuiiolollo  coiicoi'iie  iiicoiUeslalileineul.  les  Parodies,  sans  f[iril  iiii|iovtt' 
lioaueoup  de  savoir  si  parrochia  —  oinployi',  reiiKinpioiis-lo,  au  siiij^u- 
lier  —  est  dans  l'espèce  nom  propre  ou  nom  L-ommnn.  Mais  ce  lexle  lalin, 
dans  lequel  ou  voit  inlercalées  des  expressions  \ul;L;'aires  i  ce  r  l  u  ni  j  u  s 
V  11  I  l;  a  ri  t  er  ii  ii  ii  c  u  p  a  I  ii  m  If  l.inl,  (|uod  est  ri'pinc  dj-  pm;-,  .•<;/■■,•;, 
:tnil.}iiille.i  rt  hutidins  —  rereiiliiin  voeatuin  la  iiui-rf  —  de  dominio 
direclo,  v  u  1  ,L;a  r  i  t  e  i'  niineupalo  lu  >iri(//iciirii'  foiicirrc,  L'ic.  '  est  liion 
moins  ancien  (pic  ne  le  pensaieul  bmii  de  I/KIe  et  i.iénard,  cl  pourrait  bien 
ue  dater  (pie  du  w  '   siècle. 

2.  Bil.l.  .\al.,  coll.  de  Lorraine,  vol.  i-7,  r<jl.  '.iC. 
H.    11  n-oiis   parail  intéressant  ilc  constaler,  ici  cncoia»,   l'emploi   du  sin;.iu- 

lier  :  si  le  lerme  dont  il  s'ai^it  avait  ('té  pi'is  dans  son  acccpliou  eC(d(''sias- 
li(|iic,  le  pluriel  se  lût  impose,  car  ci>  texte  de  l.'f'.r.i  allesl(<  (pie,  parmi  les 
honiiues  tle  celle  mairie,  il  y  en  avait  de  (iéiiaville,  paroisse  du  diocèso  do 
Metz,  il  yen  avait  d'I  mon  ville,  |i.iroisse  du  (lioc(''se  de  \'erdun.  On  peut 
conclure  de  là,  seinhie-l-il,  fpi'en  liarrois,  \ers  la  fin  du  moyen-âf^e,  le  mol 
paroisse,  ou  loul  au  moins  sa  v.arianle  locale  ii:iri>clic,  pouvait  s'entendre 
d'une  circonscri|>tion  civile,  l'àisuile,  à  partir  du  xvii''  siècle,  t('>ujonrs  en 
liarrois,  p:iri)chc  on  iiarnvlic,  on  même  p:iroissi\  en  sérail  \'ciiu  ,'i  dcsif;-ner 
un  sinijile  liamean.  lémoiii  l'emploi  du  pluriel,  uniijuemeni  jnstitlé,  près  de 


OUKIIINKS    ICCCI.lOSIASriOUKS     :     I-ICC.LESIA 


•.\\:\ 


■.wwwn  demie  sur  ce  ([ii'on  Joit  enlciulre  par  l;i.  Le  souvenir  de 
celle  mairie  a  persisté  au  cours  du  xix.'-'  siècle  ;  l'appellalion  les 
Baroches,  ({u'ou  rencontre  dans  le  Dic/ionnairr  des  /*i)s/cs.  à 
parlir  de  l'édition  de  IS'iil,  a  été  ai)[)li(piée  en  [jropre,  el  i(ln])a- 
leinent,  aux  hameaux  contigus  de  l"*enil  et  de  ATéraumont:  ci 
elle  a  été  ollieiellement  consacrée  par  x\n  décret  du  2  février  I!)(l7, 
(pii,  transférant  au  x  hameau  des  Baroches  »,  le  chef-lieu  de  la 
cnnnnune  de  Génaville,  a  fait  disparaître  ce  dernier  nom  de  la 
nomenclature  communale. 

La  BarOChe  (Haut-Rhin),  appelée  Zell  par  les  Allemards, 
répond  au  hilch^iicl  zii  ZcHc  —  c'esl-à-dire  ;i  la  [paroisse  [kircli- 
:^pu'l\  de  Zell  —  de   1411. 

La  H  fei'me  dite  la  BarOche  »  mar(juait,  en  IT.'i.'!,  au  liiiagc  île 
'lizaucourt  (^Marne),  remplacement  d'ini  village  détruit,  appelé 
en  !0'J2  Sancti  Pétri  l'arrochia,  et  en  l)io2  lit  /'i>rrniclie  ^ . 

1399.  Laparrouquial  (Tarn),  qu'on  ilevrail  éciire  hi  Piirrou- 
([iiial,  représente  l'adjectif  parochialis,  (jualiliant  quehpie  suh- 
slantif  féminin  sous-entendu. 

1400.  Le  mot  latin  ecclesiu  représente  le  grec  b/.yj.T,a<.a, 
((  assemblée  »  ;  les  chrétiens  l'appliquèrent  projirenicnt  à  leurs 
assemblées  ;  puis  il  désigna   tout  local  où  l'une  de  leurs  con\nui- 


SaiuL-Miliiol,  ]ku-  l'i'xibloiu'i'  iruiie  Ciraiulo-l'aroclu'  el  il'uin'  l'elili'-Pai .  n'he, 
Idcalilt's  Joui  Muciiiu'  n'a\  ail  lanj^- ilo  paroisse  —  vers  I GOO,  les  l'ai'oclios 
u'élaioiil  eui'oie  nu'uiie  annexe  de  lietroicourt  [l'oiiillÀs  dr  lu  iiniviiicc  de 
'/'/•/'('l'.s-,  p.  ^S2l  —  aux  l'iix'iroiis  île  lirii'V,  ])ai'  le  fail  i|u'au  niilion  iln 
wiie'  sièele,  la  <•  mairie  îles  Paroisses  »  un  ■•  tics  l'aroclirs  -étail  cuiisl  ilnéc 
par  un  ^ronpr  de  pi'IlU'S  rouununailtés,  cl  ipic  le  ■•  lianican  lics  l'.i  l'orlics  .- 
il'avanl  l'll)7  n'clait  anirc  rhnse  (pio  la  réunion  de  ceux  i\v  i'cuil  cl  de 
Mci-anniiml. 

I.  (a'I  exemple  esl  K'  seul  qui  monlrc  einplnyï'  cuninio  nom  de  lien,  eu 
jjlein  moyeii-âye,  le  mol  paroi- liia,  pris  dans  son  ac<-e])lion  orii^imdk'.  A 
la  suile  des  recluTclics  anxipiclles  l'un  de  mms  s'csl  livré  ]ioni'  mellrc  au 
point  les  notes  donl  nous  disposions,  nous  avons  cru  dc\oir  insister,  dans 
ce  parag'raphe  ettluns  les  {\i.'\\\  [irécédenls,  ainsi  que  dans  les  notes  qui  les 
accouqiaj^Dcnl,  sur  ce  que,  ii  i\ol  l'e  avis,  K^s  an  Ires  vocables  qui  y  sont  men- 
tionnés — :  pai'ce  que  l.ouL;non  les  éUuliait  ;i  l'Ctte  place  —  siuil  relali\e 
inciil  modernes,  cl  ne  doivent  pas  être  consitlérés,  à  [u'oprinuenl  pailer, 
comme  des  noms  de  lieu  d'orij^ine  ecclésiasiique  :  de  lii  certains  déxelop- 
pemcnls  de  nninre  à  surprendi'e  ceux  de  nos  lecteui's  qui  auraient  gardé  de 
l'cnseifïncment  du  maiire  un  lidèle  son\erur. 


'M't 


i.Ms   .NOMS    m:   i,ii;ii 


iiMiiU'S  s(!  i'(Miiiissail  poui'  les  C('n'' moi  lies  l'iill^icuscs,  c^l  ce  snis 
(1  u  r--lisi'  .)  csl  ;itte.s(r,  vers  la  lin  du  vi"  siècle,  [lar  les  éerils  de 
(ii-e-oire  de  Tours  el  tie  l''orlunaL  De  niênie  (jue  sou  svnoinine 
hasillca,  il  devait  fournir  des  nouis  de  litui  aux  dixcrs  navs 
chréLieus,  entre  autres  ii  la  Gaule. 

1401.  L'Eglise  est  le  nom  d'au  moins  une  Li'eutaine  d'éearis 
appartenant  aux  ré--ions  les  plus  variées.  On  le  voi(  accompagné 
d'un  déterminalif  dans  les  noms  de  communes  :  rÉglise-,/;;.'- 
Bois  iCorré/.ei,  Église-Neuve-(/7,s.svu-  et  Église-Neuve-'A'-lV/v// 
(Dordo-ne),  Égliseneuve-d' Enfrnif/nes,  tgli&enenve-'Ie^-Li.inls, 
et  Égliseneuve-/'/r.s-/////o»i  (Puv-de-DAme).  Neuvéglise  (Canlali 
était,  en   1)28,   le  chef-lieu  de  la  vicaria  de  Xova   Kcclesia. 

1402.  Les  Gleizes  (Drome)  et  Gleysenove  (Av.-yrom  pn- 
sentent.  dans  la  France  méridionale,  une  forme  vul-aire  du  mot 
ecele.sia,  caractérisé  par  une  aphérèse,  la  même  à  lacpielle  est 
dû  ritalien  c/iics;!. 

1403.  Le  nom,  si-nalé  .lejà  (n"  993)  de  Bellenglise  Aisne),  en 
ll!MI  Jielninc'jlisc  —  ce  (|ui  suppose  un  thème  'étymolo-iquo 
lîerelmdis  ecclesia,  dans  lequel  ecclesia  est  précédé  d'un 
nom  de  femme  —  doit  être  rapproché  des  noms  de  lieu  -erma- 
uupies  en  -/,//vA,  ayant  pour  terme  mitial  un  nom  de  personiu", 
celui  du  fondateur  ou  du  patnm  de  l'église  qui  a  donné  naissance 
à  la  local it(L 

^  1404.  Dans  Roiglise  (Somme)  on  ohseive  la  comhinaison 
d'ecclesia  avec  le  nom  primitif  de  la  localité,  située  entre 
Soiss(ms  et  Amiens  sur  la  voie  romaine  de  \'evey  à  Boulog-ne- 
sur-Mi'r,  el  appelée  llodiiim  parla  Table  de  Peutinger;  com- 
binaison imaginée  pour  (hlVéreiieier  ce  lieu  du  nis/rinn  voisin. 
])ortant  le  même  nom,  auquel  la  petite  ville  de  lloye  doit  son 
origine. 

Ecclesia  est  également  reconnaissable  dans  "WitainéglisB 
(Somme),  nom  d'un  hameau  connu  dès  le  xi«  siècle  ;  mais  on 
ne  saurait  dire  en  toute  sùrete  ce  qu'il  faut  entendre  par  le 
j)remier  terme  de  ce  nom. 

1405.  On  sait  que  le  mot  ecclesia,  importé  en  Gaule  sous 
l'inlluence  romaine,  s'est  maintenu  dans  des  régions  ou  la 
langue  romane  a  cédé  du  terrain  :  en  Hretagne,  sous  la  forme  ///: 
[CÏ.  ci-dessus,  u«  1322);  au  pays  basque,  sous  la  fornu-  rlira 
(cf.  ci-dessus,  n"  1363;. 


f'  (iiU(;iM-;s   l'.cci.KsiAsrii.niKs   :    khiuiis  3'i-) 

f  1406.    Il  rxisle   t'U    l'"r,-iiici'  des    noms  de  lien  repi'ése.nliint  des 

foinies  (liiniiiutives  d'ecelesia,  ot  piincipidenieiiL  des  deiivés 
romans  d'ecclesiohi  :  Eglisolles  ( Puy-de-Dôme i,  et,  moyennanL 
une   nphéièse,  GlisoUes    (Eure),    en    1131)    [(/li.sulrs.    la    Gleizole 

I  .  ('.(U-rè/e,    Indre.    I.o/ère),  leS   GleizoUes   (  lîasse-.- Alp^'.s,    ll.iule'^- 

f  Alpes,  Drônu"),  Gleygeolle  (  C'orrè/.e  !. 

'  Dans    Grisolles     'Aisne,    'Tarn-el-C  laronne),    Grisols    !  (Maniai  i. 

Grisollettes  l  Loire',  on  noLe  une  nuxlilication  de  la  li([uide 
d'eeclesia  ;  eetle  liquide  disparaîl,  ainsi  cpie  Vs  de  la  sylUdie 
suivante,   dans  Laguiole    Aveyron)  el  Laguiolle  ((iard). 

La    lerniinaison     s'est    altérée,     tardivement    d'adleiu's,    dans 

i  Ëgriselles,    nom  de   trois  loealités  du    département    de    1  Ymine, 

f  dont  rinu\    /■J;//-i^clles-/'--/lor;nfi\    cs[    ap[)elée    A  ecel  l'S  i  ol  a    par 

un  petil  pouillé  sénonais  datant  du  \i''  sièele,  et  dans  Griselles, 
noui  porté  par  deux  communes,  Winv  de  la  (^Me-d'Or,  l'autre  du 
Loiret;  lui  certain  llu_^ues,  (pii  tirail  son  surnom  de  la  |)renuéi'e, 
est  a|ipeli''  en  lOlICi,  dans  une  eliarte  de  ral)lia\e  de  Midesnu'. 
1 1  u  :;•  o    1^  e  c  1  e  s  u)  1  e  n  s  i  s . 

Dans  la  plupait  îles  uiuns  terminés  pai'  um.-  .v  ([ui  N'ienni'ut 
d'être  énumérés,  l'.s  est  parasite,  el  n'autorise  aueunennuit  à  pri'- 
sumer  un  primitif  à  l'orme  plurielle  :  \\  n'en  est  pas  de  même 
dans  les  Églisottes  iCdronde). 

1407.  Le  mot  eeclesia  avait  pour  (■(|ui\'alenl  le  haut  alle- 
mand hificli:i,  aujourd'hui  re[)résenté  par  l'allemand  Lirrhc  id  le 
liamand   hi^rhc. 

Dans  la  nom  d'Altkirch  (  Ilaut-Iihin  |,  le  premier  lernu-  est 
l'adjechl  .•///,  «  vieux  »  ;  ce  nom  est  tlcjnc  à  ra[ipi'ocher,  au  [)0int 
de  N'ue  du  st'us,  de  ceux  île  \"n'il/f-lù/lisi'  ('Si-ine-td-nise  el  de  lu 
\'i,-il/r-l-:,/llsr   pliante-Savoie). 

La  [)elile  ville  de  Dauiu-marie  (Ilaut-Hliim  est  appelée  en 
allemanil  Daiiiiner/iirch ,  c'est-à-dire  «  l'église  de  sainte 
Marie    ». 

Quant  à  la  forme  llamande,  on  la  reconnaît  dans  (jueLjues  noms 
de  lieu  de  la  France  septentrionale  : 

Brouckerque  l'Xord:,  •<  Léylise  du  marais  »  ■  lifock  =  marais)  ; 

Coudekerque  (Nord  ,   ^  ré<:;lise  froitle  »  [l;r)ud  =  froid); 

Dunkerque  (Nord),  v   l'éylise  des  dunes  »  ; 

Houtkerque  (Nord^,   •<    l'église  du  bois  n  [Innil  —   bois). 


3^6  r,r;s  noms  uic  ukv  ^ 

Dans  le  nom  Haverskerque  (Nord),  en  1 3(;2  Jlaiws/.rrhc,  le 
premier  terme  t'ait  penser  à  /tHvih-,  nom  du  gerfaut  en  tlaniand 
moderne  ;  mais  dans  l'espèce,  il  s'a-it  vraisemhlahlement  d'un 
nom  ^rhomme,  comme  dans  la  plufiarl  des  noms  de  lieu  g-erma- 
ni(pies  de  torme  composée  antérieurs  au  \iV  siècle. 

Offekerque  (Pas-de-Calais)  est  appelée  Ilouoe  en  1100,  //one- 
kirke   en   l.orilj  ;  on  voit  par  là  que  le  mot  signifiant  «    église  » 
est  combiné  avec   le   nom    primitif  de  la   localité  (cf     ci-dessus 
n"  1404!. 

1408.  Le  mot  lalin  altare,  u  aulel  »,  a  pris  de  bonne  lieure 
en  (laule  le  sens  d"  ..  église  d'ordre  secondaiie  >.,  témoin  ce  pas- 
sage, cité  par  Du  Cange,  d'un  ca])ilulaire  de  Charles  le  Chauve, 
donné  à  Toulouse  en  juin  Nli  :  Si  nécessitas  populi  exe- 
g-erit,  ul  plures  fiant  ecclesiae,  aut  statuantur  altaria, 
cum  l'alione  et  auctoritate  hoc  facianti.  Dans  l'ancien 
Iram^'ars  «  altare  a  donné  régulièrement  aller,  ou  allier,  ou 
iiulier-  la  forme  ,•(///(•/  s'est  g-lissée  à  côté,  par  l'ainnilé  enli'e  1'/ 
et  1'/',  et  aussi  par  le  grand  u.sage  de  l'adjectif  aiileJ,  sem])la]de, 
mot  très  usité  dans  ces  lemiis  -  ». 

Dans  la  toponvmie  fran^ai-se  actuelle,  le  mot  ..  autel  ..  est  tou- 
jours emplové  au  pluriel  :  Les  Autels  (Aisne,  Calvados,  lùue-et- 
Loir).  Un  écart  tlu  département  de  Saôue-et-Loire  est  égale- 
ment appelé  /es  Auleh  ;  mais  il  semble  que  ce  soit  là  une  graphie 
fautive  \)ouv  les  Hôtels,  c'est-à-dire  >.  les  maisons  ... 

La  l'orme  les  Authieux  (Calvados,  Eure,  Eure-et-Loir,  (Irne, 
Seine-Inférieure)  est  à  l'approcher  de  lieux,  qui  fut  une  des 
formes  du  pluriid  de  l'adjectif  indélini  tel. 

Le  nom  d'Autheux  (Sommej  se  distingue  des  précédents  par 
l'absence  d'article.  Par  contre,  c'est  une  tiace  d'article  cpi'on 
observe  en  tête  du  nom  Zoteux  (Pas-de-Calais),  résultant  de 
1  altération  de  /es  Auteii.r  dans  une  région  où  l'on  prononçait 
/';  .l/;/-7/.,'.  et  où  Zaleu.r  ;Somme)se  dit  pour  les  Alleu.r.  Soit 
dit  en  passant,  t^'est  à  cette  prononciation,  propre  aux  dialectes 
picard  et  wallon,  (ju'est  duc  la  forme  actu(dle,  J/iilsniini;iii.r 
(Bclgicpie,  prov.  de  Namur),  du  nom  d'un  village  cpii  s'apiielait 
primitivement    Ifuij,    et    qu'on   voulut   distinguer   de 


la  ville  (le 


Moniini.  Corin.,   /.ff/mii  srrfi,,  rf,(:niii/uI:ifi.;n';/uiitfr:inronnn.\\,-i:; 
I-:.    I.iltri',   Dirlioini.ilrr  <l.-  ht  l;in(/iii'  fr;in<:;iis<\  .n-i .  Aiih'l . 


IIHHilMvS     I^CC.I.rCSIASrinri'.S     :     (iHArdllllM 


:\  'i  7 


iiuMue  nom,  au  moyen  d Un  surnom  Lire  clos  aiuii's  (|ui  ahmi- 
(laicnl  sui'  son  lorritoire,  autrement  ilil  en  ra[)[)elanL  I!ui/-lrs- 
Aiininu.)-. 


1409.  Le  substantif  latin  oi'aLorium,  formé  sur  le  verl)e 
orare,  ([ui,  ilu  sens  de  «  parler  »  est  passé  à  cehu  île  »  prier  >', 
a  ili''sli;né,  aux  bas  leni[)s  de  l'I'lmpire  romain,  un  ■>  lieu  consa- 
cré à  la  prière  »,  et  c'est  ainsi  (jue  l'emploie  saint  AuL;usUn.  11 
est  représenté,  sur  le  sol  français  par  un  <;rand  nombre  de  noms 
de  lieu  de  formes  très  variées. 

1410.  Oans  les  pays  de  lani;ue  doc,  la  dentale  intervoeale  / 
s'est  adoucie  eu  d.  d'où  Oradour  (Chantai,  Charente,  Ilaute- 
N'ienne)  et  l'Oradour  (Dordognci,  dont  l'article  atteste  ([u'o/v;- 
ilotir  était  im  mot  ilu  kin<.;aye  coiu'ant. 

1411.  L'article  })arait  éualemenl,  mais  faisant  corps  avec  le 
mot  —  caprice  de  f^-raphio  dont  il  y  a  bien  d'autres  exemples  — 
dans  Lourdoueix,  nom  dont  la  l'orme  est  caractérisée  [)ar  des 
particularités  imputables  à  la  sitiuition  vers  la  limite  des  langues 
doc  et  d'oïl  des  localités,  continues  d'ailleurs,  ([u'il  dési^-ne, 
Lounlouei.r-Sainl-Mic/icl  (Indre),  et  LunrdoueirSitint-Picrrc 
(Creuse)  :  disparition  de  Vu  antétoni([ue,  qui  était  sans  doute 
deveim  un  c  muet;  pei'sistance  de  la  dentale;  enlin  complica- 
tion du  son  vovidle  île  la  syllabe  timiipu;,  [)ar  l'elVet  du  passa^^e 
a  eett(î  syllabe  de   1'/  de  la  desuienee  (^ct.   ci-après,  n"  1413;. 

1412.  b^n  pays  tle  langue  d'oïl,  le  /  mtervocal  tombe,  et  la 
voyelle  antétoni([ue,  se  trmn'ant  l'u  contact  avci'  Vu  tonique,  ne 
t;n'de  pas  à  disparaître. 

Tantôt  1/  de  la  désinence  ne  laisse  aucune  trace  :  Oroux 
(Deux-Sèvresi,  OuroUX  lAin,  Nièvre,  lihône,  Saône-et-Loire), 
et,  moyennant  la  prostlièsede  l'artlele,  LourOUX  i.VUier),  Loreux 
(Loir-et-Clu'r)  :  ce  sont  là  il'anclens  Orotir,  Ourour,  Orciu:^  dont 
1'/'  linale  s'est  assourdie  ;  V .r  est  pai'asite. 

1413.  Tantôt  cet  /  passe  à  la  .syllaiie  tonique,  dont  il  modifie 
le  son  voyelle  :  Ourouër  (Nièvre),  OnvoueT-lcs-l-loiirdelin.i 
(Cher),  Oroër  (Oise),  Orrouer  (luue-(  t-LoIr),  Oroir,  ancien  nom 
(le  \'ille^audé  (Seine-et-Marnej,  Orrouy  (Oise),  ancienntnnent 
Oniiicr,  Aurouër  (Allier),  Auroir  (Aisne),  Yrouerre  (Yonne). 
Le  iu)m  Lourouer  désignait  deux  communes  du  département  de 
rindre,  Lourourr-lc-linis  e\  LourouerSaint-Lauronl\  la  première 


3iS  LES    M1MS    T)K    LIF.IJ 

s'appelle  auJDUi'iriiui  le  l'oiiironnct  ',  son  chel-licni  ayant  i''lé 
IranslV'i-é  au  vlUaye  qui  doit  ce  nom  à  une  l'aniille  de  lalxturcurs 
nu'nlionnée  au  xvii''  siècle. 

1414.  On  a  vu  (n"  1389)  le  rliolacisme  modilier  J);is(i<-hr  on 
Jinroclie.  Le  phénomène  inverse  (cf.  n""  68,  703,  1138)  a  eliani;é 
en  3  V r  d'oralorium  dans  Ozouer  et  Ozoir  (Seine-et-Marne), 
Ouzouer  (Loir-et-Cher,  Loiret),  Auzouer  (Indre-et-Loire), 
Louzouer  (Loiret). 

1415.  .\  ])ropos  de  la  proslhèse  de  Larliele,  ([u'on  uhserve  dans 
ce  dernier  nom  et  dans  plusiciu's  tle  ceux  [)récédemnient  (Miunu'- 
l'és,  il  convient  de  rappeler  les  exemples  (pi'en  ollVe  le  vocabu- 
laire français  :  aureolus  et  hedera  son"  devenus  loriol  el 
lierre,  el  l'on  a  si  complètement  oublié  que  linitiaU^  de  ees  mots 
élail  à  lorii^ine  im  arlicle,  ([u'(Ui  dit  «  le  loriot  «  et  ■<  le  herre  », 
(K'  même  ([ue  «  le  lendemain  »  se  dit  pour  l'endfiiinut  ;  la  eélèbre 
foii'e  du  Lendit,  à  Saint-Denis,  était  a[)pelée  en  latin  indiclum. 
()r.  pareil  redoublement  d'article  s'est  produit  à  l'é^'ard  de 
quebpies  iirimitil's  oratorium  ;  le  Loroux  f llle-et-^'ilaine, 
^L^ine-et-Loire),  6'a;/i/-y'/V77r-du-Lorouër  (Sarthe  ,  le  Loreur 
(Manche)  ;  et  tandis  que,  dans  les  expressions  (pu  ^  ienuenl 
d'être  citées,  il  ne  i-emonle  pas  au  delà  du  xV  siècle,  on  ^■olt  dès 
ll.'L'i-,  le  nom  du  Louroux-/'('Vo/( /;,•//*■  (Maine-et-Loire  j,  latiiusé 
Loratorium;  plus  ancienmmient  encore,  en  IDiJC»,  certain 
scribe  traduisait  par  Labora torium  le  nom  de  Saint-l*ieire- 
du-Lorouër,  ne  soupçonnant  pas  mênu'  ce  (pi'il  devait  enlendre 
par  ce  nom. 

1416.  Le  mot  capella,  (jui  ré|4-ulièremenl  devrait  s'écrire 
cappella,  est  im  diminutif  <lu  bas-lalin  cappa,  "  elnqie  ".  Il  a 
eu  plusieurs  sens  successifs. 

Primitivement,  il  s'entendit  d'une  petite  chape,  d'un  petit 
manteau,  la  chape  de  saint  Martin,  reli(pie  insii^ne  conservée 
dans  le  palais  des  rois,  et  sur  la([uelle  se  prêtaient  les  serments. 
Ce  sons  est  attesté  par  plusieurs  textes  méroviiii^iens.  On  lit, 
dans  un  diplôme  de  Thierry  III  (67o-G!)l)  :  De  novo  denonie- 
natus  aput  sex,  sua  ma  no  sep  lima,  dies  dirns  anle 
c.'ilendas     julias,     in     oralurio     nosti-o,      super      eapella 

I,    t'.ii  V(*i-lii  (l'un  clôcrfl  (lu  it  m:u's  tS7;i. 


fm- 


(lIlKil.MOS     I.CCIJ'iSIASI  IIJTKS     :     C. W'/.7./..l  ."' '|  !» 

(loiuni  Marlini,  uhi  rcliqiia  sacrameiita  perçu  ri  i  l)a  ii  t, 
iiof  dihirel  conjurarc'.  Les  mêmes  Icrnu's,  ou  à  peu  près, 
se  retrouvent  dans  un  diplôme  de  (  Ihildebei'l  III  i  liOM-Tl  1)^,  a  pio- 
[iiis  d'un  jun'ement  rendu  par  le  maire  du  palais  (IriiiKiald  :  Sic 
ad  i[)S()  viro  (  "■  r  i  mo  a  1  d  o  l'uil  judeealum.  ul  sex  liumenis 
de  \'ern().  el  sex  de  Laliniaco,  htma  l'ideus  in(jraluriu 
suo,  seu  cappella  SancLi  Alarelhyni,  memurate  liome- 
uis  hoc  dehirent  c  o  n  j  ur  a  r  e  -'.  (Vest  encore  d'expressions 
scnd)lables  (pie  se  sert  Marcull'e,  dans  la  formule  XXXYIII  du 
livre  premier  de  son  recueil  :  Sed  il  uni  in  ter  se  in  te  ndere  ii  t, 
sic  eideiu  a  procerilnis  uoslris,  in  quantum  in  lus  tris  vir 
ille,  comes  pala  tii  nost  ri,  t  es  ti  moni  a  vi  l,  lui  l  j  u  ilica  t  uni, 
et  de  (juin(]ue  denomiiiatus  idem  ille  ajnul  très  el  alios 
1res  sua  manu  septinia  tune  in  [talatio  nostro  super 
capellain  (loin  ni  Marlini,  ubi  rclifjua  sacramenla  per- 
çu r  ru  n  t.  debea  L  conj  urare  ■'. 

liienlùt  capella  ilésit;na  le  lieu  même  où,  dans  le  palais,  était 
conservcH-  la  clia[K'  de  saint  Martin  ;  et  c'est  dans  ce  sens  qu'il 
faut  entendre  le  surnom  de  la  ville  d'Aix-la-Chapelle,  où  l'on 
sait  ((ue  les  rois  de  la  seconde  race  avaient  un  palais  :  Cni-lcs 
scrat  ad  .1/s,  .•(  ,sa  capclc,  lit-on  dans  la  Chanson  de  Roland  '■. 

Plus  tard,  l'appellation  capella  l'ut  appliijuée  à  tout  édilice 
relii;'icux  où  étaient  conservées  des  reliipies. 

iMilin,  le  sens  de  ce  mot  se  reslreii;iiit,  et  aujourd  luii  «  chu- 
pelle  »  ne  se  prend  plus  que  dans  trois  sens  :  le  local  all'ecté  à 
l'exercice  du  culte  dans  un  palais,  un  château,  un  établissement 
hospitalier  ou  d'enseignement:  —  une  petite  é-^dise  non  parois- 
siale ;  —  toute  partie  d'une  é;;dise,  autre  <[ue  le  clueur,  avant  un 
aut(d. 

Le  mot  capella,  desij^nant  un  cdilice  consacré  au  culte, 
devait  nécessairement  devenir  nom  de  lieu. 

1417.  Il  revêt  la  rorme  capcllc  dans  la  lan^■ue  d'oc,  d'une  p;irt, 
dans  les  dialectes  normand,  picard  et  wallon,  d'autre  part;  de  là 
les    noms    de     lieu    suivants    :    Capelle    (Aude,     Nortl,     La.s-de- 


I.  Pardessus,  Di pluniaUi ,  11,  ISii. 

"2.  l-'ardessns,  lJlj)loin;il;i,  II,  '2S0. 

.'i.  Moiiuincuhi   Gi'rinniiiuc,  I.LUjiiin   xrcliu  \',  h'iinnuhit',  p.  67-(ilS. 

4.  VA.  Looii  (Jaulier,  vers  '.'i. 


"•"0  i.i:s    MiAis    1)1-;    i.iivi: 

Calais)  ;  —  Gappelle  (Nord)  ;  —  La  Capelle  (Aude,  Avevmii, 
Gard,  Lozère,  luire,  Pas-de-Calais);  — Lacapelle  (Cantal,  Lot, 
Lol-t'l-Ciaroniu',  Tarn,  Tarn-et-Garonne)  ;  —  Capelles  I  lùiro'l  ; 
—  les  Capelles  (Calvados). 

1418.  (hipcl/c  a  pour  variante,  dans  le  dialecte  gascon,  cnj/crc  \ 
Lacapère  (Hautes-Pvrénées). 

1419.  Dans  hi  France  de  lanj^nie  d'oïl,  (>n  deçà,  Ijien  entendu, 
des  limites  des  dialectes  normand,  picard  et  wallon,  le  c,  lors- 
(|u'il  était,  en  latin,  suivi  d'un  ,7,  prend  le  son  cluiintanl.  11  serait 
trop  long  et  sans  intérêt  d'énumérer  ici  les   localités  dénommées 

Chapelle,  la  Chapelle,  Lachapelle,  les   Chapelles,  souvent  avec 

un  déterminatif,  surtout  lors(iu'il  s'agit  de  comnmnes,  (ju'on  ren- 
conti'e  en  si  grand  nombi'e  — ■  la  liste  en  occupe  six  pages  dans 
le  Dictionnaire  des  Postes  —  sur  le  sol  de  notre  pays.  On  obser- 
vera seulement  t[ue  l'inlluence  de  la  langue  française  a,  dans 
(iuel([ues  cas  isolés,  fait  prévaloir  la  i'ovnw.  c/iajjelle  en  des  régions 
où  le  parler  local  a  maintenu  cipelle  :  il  existe  des  écarts  appe- 
lés lu  ('/iHpelle  dans  des  départements  (jui  comptent  parmi  les 
plus  méridionaux  :  Haute-Garonne,  Landes,  Basses-Pvrénées. 
llautes-Pvrénées,  Var.  Le  nom  f.ac/nijn'llc  voisine,  dans  la 
nomenclalure  communale  olllcielie  de  Lot-et-Garonne,  avec 
LacapcIlc-JJiron,  et,  dans  celle  de  Tarn-et- Garonne,  avec  /.aca- 
pelle-Lioron  ;  on  voit,  dans  le  département  du  Lcd,  Lacnpellc- 
Cabunac  et  LacapeUe-Muriral,  et  aussi  f.ncJiapelle-Auzac.  Lii 
autre  Lnrliapolle  se  trouve  dans  la  Sonnne.  Kt  le  département  du 
Nord,  où  l'on  a  remar([ué  Cupelle  et  (.'appelle,  comprend  l'im- 
portante commune  de  Chapelle-d' Arineitlières. 

1420.  Capelette  (Lot-et-Garonne),  la  Capelette  (Houches-du- 
PdiAiie,  Lot,  Pas-ile-Calais,  'Lirn-et-Garonne),  Chapelette  (Puv- 
dt:-L>ome),  la  Chapelette  (.Mlier,  Haute-Loire,  Loire-Inférieure, 
Sonnne)  et  la  Chapelotte  (Cher,  Haute-Marne,  Haute-Saône, 
Yonne)  sont  des  diminutifs  de  capelle  et  de  chajielle. 

1421.  Dans  les  arromlissements  de  l)unkert|ue  et  d'IIa/e- 
hronck,  ipiehpuvs  noms  de  lieu  d'aspect  ilamingant  ont  été  faits 
à  l'aide  du  mot  capella,  (pii  revêt  la  forme  cajijiel.  '\\'\  est  le 
nom  Armbouts-Cappel  (Nord),  dont  le  premier  terme  est  un 
nom  d  honnne  employé  au  génitif,  ce  cas  étant  caractérisé  par  la 
finale  s. 


oiudiNKs   i:i:(;i.i:siAsrinn;s   :    M(i.\.\.-> n:j:nM  x.\\ 

1422.  'l'iMiiscrlplinii  du  ^mx-c  v.:v«Tr,pi;v,  le  iiiut  mo  !■  a  s  Ici'i  u  m 
apparaît  au  déclin  de  la  période  ixiiiiaiiie,  pour  désio-ner  ee  ([uc 
nous  appelons  un  monastère.  Cerlains  indices  permettent  d'allir- 
Mier  ([ue.  dans  quel(|ues  parties  de  la  Gaule,  il  est  devenu,  par 
la  chute  de  l'a  antétonique,  monsterium  ;  1"/;  se  ti-ouvant  ainsi 
en  contact  avec  l's.  est  tombée  à  son  tour,  par  un  phénomène 
.loni  plusieurs  exemples  ont  été  cités  déjà  (n"  962]  ;  de  même  que 
nunisterium  est  devenu  nirticr,  de  mèm,-  monas  t ei'ium, 
réduit  successivement  à  monsterium  et  à  mosterium.  a 
(loniu-  mualicr,  inoiislier,  moulier.  A  la  fin  tlu  moven-à-e,  le 
mol  /);o(/.v//(>r  avait  le  sens  à  [)eu  [irès  exclusif  d'  «  é-lise  ..,  et  de 
nos  jours  encore,  on  voit,  dans  plus  d'une  localité,  la  rue  qui 
mène  à  l'e-lise,  dénommée  »  rue  du  Moutier  »  ;  mais  dans  la 
toponomasti(iue  proprement  dite,  lorscju'on  rencontre  l'une  ou 
l'autre  des  l'ormes  vul-^-aires  de  mo  nas  t  e  r  i  u  m,  on  doit  l'en- 
teiulre  au  sens  originel  de  ce  mol,  car,  la  plupart  du  temps,  la 
localité  dont  il  s'agit  possédait  un  monastère  de  fondation  anté- 
rieure au  XI"  siècle,  et  remontant  [larfois  même  à  l'épocpu'  méro- 
Aiiif^ienne. 

1423.  Les  noms  de  lieu  suivants  sont  tles  variantes  de  mun- 
lin-  :  Moustier  (Corrèze,  l)ordo-ne,  Lot-et-Garonne,  Nord). 
Moustiers  inas.se.s-Alpes),  le  Moutier  (Allier,  Calvados'  Greuse, 
Manche,  l'uv-de- 1  >ôme,  Seine-et-Oise),  Moutiers  (Gote-d'Uri 
l':ure-el-Loir,  lUe-et-Vilaine,  Meurthe-et-Moselle,  Orne,  Savoie, 
Seine-el-Oise,  Deux-Sèvres,  ^-onne),  les  Moutiers  (Galvados, 
Loire-Inférieure,  Drôme,  Manche,  Orne,  Vendée,  Vienne),  Mou- 
thier  (Doubs,  Saùne-et-Loire),  Mouthiers  (Charente),  et,  en 
Suisse,  Môtier  icant.  -le  Fribour-i,  et  Môtiers  (cant.  de  Neuchà- 
tel).  Deux  communes  de  la  Manche  s'appellent  les  Moitiers,  et 
pour  l'une  d'elles,  on  voit  ce  nom  latinisé  en  Monasteria; 
peut-être  rappellent-elles  le  souvenir  de  monastères  doubles 
de   rép(jquc  l'raïujue. 

1424.  Far  delà  les  limites  du  lan-ai,^e  roman,  mona.sterium 
est  devenu,  en  Bretaj^nie  Mouster  (Cùte.s-du-Xord,  Finistère), 
Moustoir  (Morbihan^  le  Moustoir  iCôtes-du-Nord,  Morbihani 
—  en  Alsace  Munster. 

1425.  Le  nom  de  Mouterre,  porté  par  deux  communes  du 
département  de  la  ^'ienne,  et  dans  la  gi-aphie  duquel  la  finale  re 
n'a  été   ajoutée  qu'à  une  époque   récente,  diffère  des  précédents 


:\:\2 


I.KS     .NOMS    liK     I.IKi: 


|)iii'  vv   lait     (|nc    \'i   i)().slL()iii(|ue   n'a   vu  aucuiu-  inlliR'iico   sur  la 
\ityelk'  acceiitm'i". 

1426.  Vers  la  lin  du  moyen  à-e  el  au  \vi''  siùclf,  une  ivactioii 
l)rovo(iiK-e  par  les  clercs  a  subslilm^  une  // U  1"//  de  inmisli,>r\  de 
là  les  noms  Montier  (Auhei.  Moiitiers  (Meuse,  Oise),  Moiilhiers 
(Aisne),  Montiéramey  (Aubei,  Montierchaume  (Indiej,  Montier- 
en-Der  (Ilaule-Mai-ne). 

1427.  A  ces  (livei'ses  ionues,  f[ui  procèdent  toutes  de  l'aUéra- 
(inn  populaire  de  niona  sleriuni  en  nios  t  e  l'iuiu,  il  \-  a  lieu 
d  opposer  (|uel(|ues  l'ornies,  plus  ou  moins  savantes,  (jui  se  ren- 
conlrenl,  en  nombre  restreint  d'ailleurs,  dans  la  partie  méridio- 
nale de  la  France  :1e  Monastère  (Avevron),  le  Monastier  l'IIaule- 
L(<ire,  Lozère;,  Monestier  i  Allier,  Ardèche,  Corrèze,  Dordo^ne, 
Drônu',  Isère',  le  Monestier  •  hrùme.  ruv-de-Dônie).  le  Monêtier 
(llaules-Alpes),  Moiiestiès  (Aude,  Tarn),  et  leur  variante  cata- 
lane le  Monestir  (Pyrénées-Orientales). 

1428.  Dans  un  i^rand  noniljrede  noms  de  lieu  où  Ton  reconnaît 
le    mot  latiji  monasterium,  ce  nu)t  est  en  composition. 

L  élément  (jui  l'accompayne  peut  être  d'ordre  topo-^'-rapliique  : 
nom  de  ré<;-ion.  de  site,  de  cours  d'eau,  ancienne  appellation  de 
la  localité. 

Montier-en-Der  (Haute-Marne),  Monasterium  in  Dervo, 
rappelle  le  souvenir  d'une  abbaye  l'ondée  vers  07.'^  dans  la  réo-ion 
forestière  dite  le  Der  —  dervns  était  le  nom  gaulois  du  chêne 
(cf.  ci-dessus,  n"  148)  — au  lieu  dit  Putiolus  ou  Pociolus. 

L  abbaye  de  Montiei's,  près  Possesse  (Marne!,  a  élé  ajipelée 
Montiers-en-Argonne.  du  nom  d'niu'  autre  région  forestière  bien 
connue. 

Le  vocal.)le  Vimoutiers  Ornel  a  pour  pn^miei'  terme  le  nom  de 
la  Vie,  allkient  de  droite  de  la  Dive. 

Montier-en-l'IsIe  (Aube)  doit  sou  ori-ine  à  un  monastèi-e  fonde 
assez  anciennenuMit  dans  mic  ile  de  l'Auln'. 

Forest-Montiers  (Sonune)  est  dési<^né,  au  ix''  siècle,  par  l'ex- 
pi-ession  Forestis   cellaou  Forestensis  cella 

Fresmontiers  (Somme)  est  appelé  dans  les  textes  du  moveu 
âge  FrcsucuKJiisticr  :  le  premier  ternu^  de  ce  nom  répond  donc  au 
latin  fraxinus. 

Celui  du  n(un  de  Marestmontiers  (Sonuue)  représente  le  lia.s- 
latin  mariscus.  >•    marécaiie  )i. 


■;; 


iki(;i.m:s    i:i:(:i.r:si,vsi  iocI'IS    :    Mi>.\.\^rHiiii'M 


:\:v.\ 


MoiUipouret  (Imlro)  osl  ;i|)pelé  au  moyeu  ;i^e  Mus/ier  l'orrrr, 
ci:  i|ui  ;iul(uise  ii  penser  ([ue,  diiiis  le  tlièine  él\ni()loni([ue  de  ce 
111)111,  monaslerium  est  suivi  d'uii  uoni  de  lieu  yallo-ronniiii  en 
-a  eus. 

l.e  nom  de  Noirmoutier  /^'endée)  ollVe  la  eoniltinaison  de  l'an- 
l'ieii  nom  —  llei'us  —  de  lile  où  s'élève  ce  houi'L;',  et  du  mol 
monaslerium,  s'appli(|uant  à  l'ahhave  (|u'y  fonda  saint  IMiili- 
hei't  au  vil''  siècle.  Ileri  mona  slin'ium  de\'ait  donnei' en  lanL;'ue 
vulgaire  Oinnoutitioi^  et  la  prosthèse  de  Vu  qui  s'est  produite 
résulte  vraisemblablement  de  la  fréi(uence  de  locuti(uis  telles 
cpie  :   ((  je  vais  en  Oirmoustier  ». 

Montier-la-Gelle,  abbaye  bénédictine  l'ondée  vers  (iliO,  auprès 
(le  Troyes,  (.'st  appelé  au  i\''"sièele  (<ella  domiii  IJobini,  en 
121"i  eeclesia  (lellensis  ;  le  nom  moderne  résulte  ^Xn  rappro- 
chement de  monaslerium  et  de  Ce  11  a,  (jui  était  devenu  le  uom 
[)ro[)i'e  du  lieu. 

\\\  l'approelienuMit  analoi^'ue  a  produit  le  nom  Montivilliers 
.^Seine-liilérieure),  en  latin   Monaslerium  \'illare. 

1429.  On  peut  citer  (juel(|ues  noius  de  lieu  résultant -de  la 
combinaison  de  monaslerium  avec  un  adjectil  '. 

Puellemontier  (Maute-]\Iarne)  doit  son  orii^ine  à  un  mona- 
stère dont  l'existence  remonte  presque  aussi  loin  cpu^  celle  de 
Montier-en-l)er,  située  tout  auprès  :  c'était  un  moiiastert-  de 
lemiues,  l'ue  1  la  re  m  o  n  a  s  t  erium.  Le  uoiu  ae'tuel  a  sans  doute 
succédé'   à  ime    lorme  plus  ancienne  Pucl/cnnons/icr. 

Le  nom  île  Marmoutiers  (Indre-el-Loire)  s'applicpi.iil  ;i  une 
abbaye  li-ès  laineuse,  l'ondée  au  iv''  siècle  par  saint  Martin  ;  l'im- 
portance considé-rable  de  ce  monaslèi'e  le  lit  appeler  ma  jus 
monaslerium  ;  la  lorme  de  ce  nom  qui  a  pré\'alu  supptise  l'em- 
ploi de  major  au  lieu  de  majus. 

l'mir  e\[iliquer  le  nom  Brémontier.  ([ue  poileiit  deux  localités 
lie  la  Seine-Inl'érieure.  on  n'ose  l'aire  étal  de  la  l'orme  lîreve 
monaslerium,  donné  par  un  pouillé  de  \XM  :  il  faudrait,  pour 
londer  une  hypothèse  plausible,  pouvoir  recourir  à  des  textes 
plus  anciens. 

1430.  Somme  toute,  il  n'y  a  j)as  beaucoup  de  noms  de  lieu 
formés    de    monaslerium    et    d'un   adjectif,    et    l'on    conçoit    ;i 


1.    ('.(.    I.'Ahbayc  lie  Montierneuf,  ;i  Poilici's. 
I.fx    iioiiis   lie    lien. 


(|uelle  cri-our  ou  s'exijusi'rail  si  l'on  voulait  raiipoi-ler  au  laliii 
ni'--runi  k-  lerme  initial  du  uom  de  NoiruiouLier.  De  luênie  lély- 
uuiloi^io  donnée  pour  Mannouliers  ne  saurait  être  répétée  à  pro- 
pos de  la  petite  ville  des  environs  de  Saverne  i[ui  porte  presque 
le  même  nom  ;  eelle-ci  s'est  formée  autour  d'une  ahbave  dont  le 
fondateur  est  un  saint  personna'^.e  du  nom  de  Maurus,  et  Mar- 
moutier  (Bas-Khin),  en  allemand  Muursinunster,  représentant 
le  latin  Mauri  monasterium,  appartient  k  la  caté^n'orie  des 
noms  de  lieu  dans  lescpuds  monasterium  a  pour  délerminald 
im  nom  tle  [)ersonne. 

Le  nom  de  Montiéramey  lAuhej  est  une  contraetion  de  la 
l'orme  Moslier  Arr.inic,  ([u'on  rencontre  dès  I  182,  et  cpii  réptuul 
au  thème  él}Miiolo-i(iue  Monasterium  Adremari,  ei-  dernier 
nom  étant  cidui  d'un  prêtre  de  Troves,  ((ui.  en  8.'iT,  y  londa  une 
al)bave  hénédietine.  l'.elle-ei,  assez  vcusine  de  la  lisière  oeciden- 
tale  du  Der,  a  été  ap[)elée.  notaunnent  en  I  1  l.'i.  Dervense 
monasterium,  et  aurait  pu  être  l'iionuuiyme  de  celle  de  i\Ion- 
tier-en-l)er,  située  à  l'autre  extréndté  de  la    même  réi^'ion. 

Monthierault  (Aube)  est  appelé,  en  Mol,  Monasterium 
Ai  raidi  :  on  ne  sait  rien  de  cei'tain  sur  l'origine  tle  eette  loea- 
ilc  ;  le  nom  d'homme  combiné  avee  monasterium  est  vrai- 
send)lablenu'nt  le  nom  yermanii[ue  Adroaldus,  tle\  enu  ensuite 
Ail  rai  dus  ;  peut-être  s'aj^'it-il  d'un  saint  ijersonna^e  nommé 
Adraldus,  dont  l'éi^-lise  de  'l'royes  conserve  le  souvenu'. 

Dans  le  nom  de  Faremoutiers  (Seine-et-Marne),  le  terme  mi- 
tial  est  le  nom  de  sainte  l-'are,  S(eur  de  révê(pu'  de  Meaux  samt 
Farou.  ipii,  dans  la  [)remière  moitié  du  vu''  siècle,  londa  l;i  une 
abliave  de  l'eunnes.  Un  doeumenl  bien  emmu  du  ix''  siècle,  le 
[estament  du  ciuule  Aieard  ou  Achard  d'Autun,  appelle  ce 
monastère  Farane  ou  Feraiie  monasterium.  La  l'orme  vul- 
i^aire  primitive  a  dû  être  Furninnioiisticr  :  le  son  nasal  nin  se  sera 
réd\iil   à  (■  sous  riulluence  de  ïin  ([ui  le  suivait. 

Giremoutiers  iSeine-el-Maïaici  est  ai)ptdé  Ciirotli  monaste- 
rium dans  des  textes  latins  ipii  ne  s(uit.  ii  vrai  tlire,  pas  très 
anciens  ;  aussi  est-il  permis  triiésiler  sur  la  ([uestiou  de  savoir 
si  le  nom  île  personne  ([ui  constitue  la  première  partie  (h'  ce 
vocable  est  un  nom  d'hoiume,  tel  que  (icroldus  ou  C.iraldus, 
ou  bien  le  nom  de  i'emme  Cierhildis. 

Dans    RomainmÔtier    (Suisse,    canl.    de    ^'au(L,    il    faut    recon- 


à 


(lUici.NKs   i:(:(;i.i:siAsrioL"i:s 


M()XASTi:iii(ii.rM 


n.iilri'    lo    nom    de    saint    lunnam,   dont     la    vie    est    un    des    plus 
.mcii'iis  monuments  ha^ionrapliiqiu's  ijiie  l'on  connaisse. 

Monasf  erioliim,  (|ui  désignait,  comme  il  convient  à  un 
diminutif  de  monast  erium,  mi  monastère  de  peu  dimpoitanee, 
est  devenu  le  nom  d'un  grand  nondire  de  localités. 

1431.  Dans  le  midi  de  la  l'rance,  il  ne  s'e.sL  guère  altéré  : 
Monestrol  (.Vude,  llaute-r.aronne),  Monistrol  (Ilaute-Loire). 

1432.  Les  tonnes  suivantes,  répandues  sur  une  assez  vaste 
étendue  de  territoires,  sont  caractérisées  par  l'alTaiblissement  de 
Vo  de  la  première  svllalie  :  Méliestérol  (Dordogne),  Méllétréol 
(('luTi.  Ménétréols  (Indre),  Ménétrol  i  Puy-de-l)ome),  Meiiestruel 
iAin>,  Ménélreuil  Sa.')ne-et-Loire),  Menestreau  (Loiret,  Xièvrej, 
Menétreau  i('her,  Xièvre),  Ménétreux  ((lôte-d'Ori,  Ménétru 
(Jura). 

1433.  Par  une  transformation  semhlahle  à  celle  signalée  plus 
haut  i'n"1422i  à  propos  de  ni  onasi  er  ium.  monasteriolum  est 
<leveiui  mosteriolum.  De  là  le  vocable  si  répandu  Montreilil 
f.Visne,  .Vrdeiines,  Aube,  Calvados,  luu-e.  Kure-et-Loir,  llle-et- 
\'ilaine,  Indre-et-Loire,  Loii'e -Inb'i'ieure,  Maine-et-Loire, 
Manche,  Haute-Marne,  .Mayenne.  Oise,  Urne,  Pas-de-Calais, 
Sarthe.  Seine,  Seine-lnl'érieure,  Seine-et-()ise,  Vendée,  ^'iennel, 
(|ui  se  présentait,  au  xm"  siècle,  s(nis  les  foi'mes  Mos/eriicl, 
Motis/n-iifl ,  dont  la  diphtongue  ne  se  prononçait  eu  ;  Vu  a  é-té 
rétablie,  ^■ers  la  lin  du  moyen  âge.  comme  dans  Mon/icr  (cl. 
ci-dessus,  n"  1427),  par  l'ell'et  d'une  réaction  savante,  c  cléri- 
cale »,  et  c'est  au  xv!*"  siècle  que  r,s  étymologicjue  a  disparu. 
M(jslcriiL'l  ri  Monstei-iiel  sont  d'ailleurs  les  l'ormes  médiévales, 
non  seulement  de  Moiitiriiil,  mais  des  variantes  de  ce  nom  cpii 
vont  être  iiulupiées. 

1434.  Dans  b'S  unes,  la  linale -tw// est  devenue,  non  [tas  -/■iiil, 
mais  -CHU  :  Montereau  (Cher,  Loiret,  Seine,  Seine-c-t-ALirne, 
Seine-et-()isel,  appartiennent  à  la  région  oîi  Maroialum(n"  167), 
Xanloialum  (n"  169),  Spinoialum  (n"  174),  sont  devenus, 
non  |ias  Miircnil,  Xnntciiil,  I\/)inruil,  mais  Murcau  (Loiret), 
.\;inlf!ui  (Seine-et-^[arne),  J^jjtncui  [\uunv],  et  où  le  nom  de 
.lanjcan  (Loiret)  [)arait  re)3résenter  au  primilil'  (la  r  rigoj  a  I  u  m 
m"  164). 

1435.  Ailleurs,     cette    linale    s'assourdit   en    -eu    :    Montreux 


;i;;(i 


Mos    .NOMS    hh'.    i.ii:i: 


(Aisiu-,  Meuplhe-et-Moselle,  Nord,  ll;ml-l!liiii).  Montureux 
(IlauU'-Sanno^,  Monthureux  Vos-vs:  ;  cc{[c  dcvn\i-i\'  -Taiihir, 
sur  l.KiiirlU'  ;i  rit-  l'omK'C  la  Iraduclinii  Mous  folix,  a  clé  adoj)- 
loc  à  iiiu'  é[)0<[iu'  i-elativt'iiu'nL  réoi'iile. 

1436.  Les  noms  le  Moutherot  (Doul^s)  cL  Montrol  (IlanU- 
Vienue)  doivent  être  considérés  comme  des  diniiiuitirs  de  ntmis- 
licr  el  de  ?nonlie>\  plulôL  (|ne  comptés  parmi  les  l'oiMues  romance 
de  monas  teriolnm. 

1437.  Par  MontroUet  Charente)  et  Montrelet  iSomme)  — 
d'ciii  lirait  son  nom  le  célèbre  chronicpienr  lùiyueri-and  de  Mons- 
trcdel  —  il  Tant  entendre  «  le  petit  Montreuil  ... 

1438.  Ponr  expliquer  les  noms  Monéteau  (YoiinL-i  —  (lu'aii 
\iii=  siècle  on  voit  rendu  par  Mo  nastal  1  u  m  el  Moues  l  a  1 1  uni 
—  MennetOU  (Lcnr-et-Cherl  et  MeiietOU  (Cherl,  il  faut  recouru'  a 
riivpothèse  d'un  autre  diminutif  de  monasterium,  ipii  serait 
monastellum,  et  dont  la  formation  serait  comparahle  à  ecllr 
de  capella  et  de  castellum,  tlinunutifs  de  capra  et  de 
ca  s  tru  m. 

1439.  Un  adjectif  formé  sur  monasterium  iii^ure,  au  polyp- 
tv(pie  de  Sainl-Hemi  de  Ueims,  composé  vers  (ioO,  dans  la  plus 
ancienne  mention  connue  —  Curtis  mona  s  ter  ia  1  is  —  <\v 
Gormontreuil  (Marne).  Le  nom  de  cette  localité  sii;nilierait  donc 
«  le  domaine  du  monastère  »  connue  (lonrdcinniichc  (cl.  ci-tle.s- 
sus,  \\"  943}  Il   le  domaine  seigneurial  '   ». 

1440.  ('/est  comme  un  synonyme  de  monasterium  (pi  il 
faut    reconnaître   clans  Lamontgie   ^l'uv-de-Dôme)     et    Lailionzie 

1.  l);iiis  rinlri.iluelioii,  (|u'il  :i  rédi-ée  :iv;iiil  IS'.U,  de  son  l)ir/ii>ii!tuirr 
lopui/rapliii/iii'  de  l:i  Miirne,  .\u;;usle  Loiii^non  alTinne  (|i.  xj  <|ue  Coriiion- 
Iri'ull  |iréseiilo  ■•  la  coinljinaison  du  noiii  coiiunuii  corlis  .•i\cc  lui 
adjeclif  latin  ..  ;  el  au  cours  de  ses  eoiilereuces  de  l'JOlJ-l'JUT  à  l'Meijk'  des 
Hautes  Klndes,  si-nalant  les  deux  iiilerprélations  —  corlis  in(.iia!-le- 
rialis  el  cortis  lu  ii  a  a  s  t  e  r  i  o  1  i  —  dont  ce  nom  de  lien  esl  SLisee|)lilile, 
il  anrail  [lenelié  pour  la  preiuièrt',  eontredisanl  ainsi  l'expliealion  donnée 
plus  hanl  [iV  944;,  el  dont  nous  avou.s  emprunté  les  termes,  lextuelleinenl . 
à  la  leçon  ((u'il  avait  l'aile,  le  11  lévrier  1891,  an  Collège  de  l'i-anee.  la-lU' 
explicalion,  il  l'avail  réi.élée,  neuf  ans  pins  tard,  à  ri';cole  des  llaules 
Étndes  ;  el,  mieux  encore,  eu  I '.lO.'i- l'JOO,  il  aurait  exprimé  l'avis  ipie  le 
t'.urtis  mouaslerialis  dn  l'ol  \  |il  vipie  n'est  (pi'uue  «>  |)araplirase  i-  du 
vérilalile    lliiiue  èl vmoloy iipie .   Nous  avons  voulu,  moyennanl  eel  e\po>é', 


i 


1 


I 


s 


oiuciM-.s   Krci.KsiASTKU  i:s    :    <:i:ii.\ 


X\l 


I  )()r(l()i;iiej  ;  K's  drux  ciiiiiniuiu's  ([iii  poi  LlmiI  cv  (.Irrnii'i-  noin  sont 
;i|i|irl('cs  la  Mongie  «Ums  le  Dictionnnirc  /o/inijrn/iltii/iif  du 
vicomte  de  Gour^iies.  Le  mot  latin  monachus,  qui  reproduit  le 
:,'rec  ■j.:-/y./izy  et  ([ui  a  donné  le  i'raneais  ntoiiie,  est  de^■elul  /ikhh/c^ 
vers  la  limite  des  langues  d"oïl  et  due  ;  et  le  substantif  DintKjif, 
t'irmé  sur  /nnin/r,  est  conipai'ahli'  à  notre  expression  t'amiliÎM'e 
iiKiinci'ii'. 

1441.  Dans  le  domaine  proprement  dit  de  la  langue  d'oc,  oii 
l'on  a  vu,  par  exemple,  Do  mi  t  i a  n  icus  devenir  Doincss;iri/ucs 
(il"  372)  et  liulenicum,  lioncri/iic  in'"  373  et  426),  et  ou  l'on 
sait  (pie  le  nom  de  Mnur(/ties  tlési^na,  jusfju'au  xsii''  siècle,  la 
\ille  de  M(Uiaeo,  en  latin  Monoecus  in"  3  .  monaclius  a 
ic\ètu  cetLi'  nuane  l'orme  iiKUirj/iic  :  rancienne  éi;lise  pai'oissi.de 
.Yo//-(i'-/A(//(e-(/c'-LamOUrguier  —  lîeala  Maria  de  Monachia 
en  1302  —  à  Narbonne,  faisait  partie  d'un  prieuré  dépendant  de 
ra!)baye  de  Saint- Victor  de  Marseille. 

1442.  De  monacluis  déiàve  l'adjectif  monaehalis.  qui 
parai!  dans  le  surnom  de  plusieurs  localités,  pai'  e\enq)le  hi  l'^ii/r- 
Monjault  (Deux-Sèvres  ;,  l'"aia  monaclialis  en  122)!.  p!U\ii/-/e- 
Monial  (Saône-et-Loire)  doit  le  sien  ii  un  prieuré  clunisien.  Le 
cln'f-lieii  de  la  commune  de  Pavay-Douaville  i'Seine-et-(Hsej  a 
pour  appellation  proj)re  /'urai/-l(  -Moineau,  variante  populaire 
lie  Pai-ay-li'-Monial,  l'appelant  b'  soUNcnii'  d'un  pru-uré  dc'pcn- 
danl  lie    l'abbaye  de  C'.lalrel'onlaine.  au  dioeèsi'  de  (>bartres. 

1443.  Le  mot  cella.  ([ui  devint,  à  certaines  épocjiies  du 
nioyen-àf^e,  un  véritable  synonyme  de  monas  teriuni,  s'enten- 
dait primitivement,  dans  le  la  lin  classi([ue,  de  l'endroit  oii  l'on 
met  en  ri'ser\e  tics  pioxisions,  celles-ci  é'ianl  di''siL;'iU'es  à  1  ;iiile 
d'un  adjei'lif:  cella  iarinai-ia,  li^'uaria,  pomai'ia,  oleari;i; 
ce  sens,  (pu  s'est  conservé  dans  notri'  mol  n'ilicr.  ne  jiarait 
[las  avoir  laissé  de  traces  en  toponymie  ailleurs  (|ue  dans  Vin- 
celles  (Aisne,  Jura.  Marne,  Sa("ine-et-Loire.  .Seine-et-Marne, 
\  onne),  si  du  moins  il  ('st  permis  de  rapporter  ce  nom   au  thème 


iiislifier  la  forme  coiidil  ioniiclle  sous  la(|iiflle  se  iiréseiite  lo  pai'a£,Taplie 
qu'on  vient  de  lii'c;  sans  coniiiler  inéaii  point  de  \ue  |iliil()lof;iqiie  inuii- 
Ireiiil  répond  mieux  à  ni  o  n  a  s  le  ri(j  1  i    i|n"à    nio  nas  t  ei-i  a  I  i  s. 

I.   Dans  le  nom  /.('cx/jr-Ies-Monges  (Creuse)  le  déterminalif  se  iMji[iorle  à 
nnc  fommiuianti'",  non  île  moines,  mais  de  relig'ienses. 


;i:;s 


I.KS     NOMS     III,     MIOr 


étymologique  vinicella,  on  c<in.si(U'T;inl  (jiu'  les  lot:;ililrs  ;iu\- 
quelles  il  s'appliciue  appartiennent  ii  des  l'éi^ions  vilicoles;  ecllc 
de  la  Marne  est  voisine  de  Oonnans.  el  celle  de  l'^'uiuie  l'ail 
partie  tlu  canton  dont  le  cliel'-lien  porte  le  nom  si^-nilicalif  de 
Coulanges-/rt-r//H'(/sc.  Vincelottes  (Yonne),  au  même  eaiilon,  est 
un  diminutif  de   Vincellcs  ^ . 

4444.  Toujours  à  l'épofjue  classique,  cella  a  signilié  aussi 
Il  petite  eliamhre  ^  :  cest  le  sens  cpie  nous  donnons  encore  au 
mot  cellule.  Il  désig-ne  dans  Pélroni'.  a\ee  le  (puililicatil'  oslia- 
ria,  lu  logo  du  [)ortier,  dans  Pline  un  cahiiu-t  de  hains,  dans 
M;u-tial  une  maisonnette.  De  bonne  heure,  il  prit  un  sens  plus 
nol)le  :  celui  de  m  sanctuau'c  d,  qu'on  lui  voit  clans  Vitrnve,  celui 
de  «   temple  »,  dans  lecpiel  (lieéron  ra\'ait  déjà  pris. 

1445.  Certains  érudits  ont  voulu  rattacher,  les  uns  au  sens  dit 
«  cellier  >■,  les  autres  à  celui  de  u  sanctuaire  »,  le  nom  tle  lieu 
/.a  (lcll(\  (pi'on  rencontre  assez  fréqueinnuMit.  Henjaniin  Guérard 
veut  que  cella,  dans  la  première  nu)itié  du  moyen  àg'e,  ait  dési- 
gné une  g-ranye,  un  cellier  de  monastèi'e  ;  el  suivant  lui,  la  plu- 
part de  ces  g-rang-es  étant  devenues  des  prieurés,  cella  se  serait 
entendu  d'un  pineure,  c'est-à-dire  d'un  monastère  il'onlre  infé- 
rieur, soumis  à  une  ahhaye.  Sans  (huite,  il  en  est  ainsi  dans  ce 
passiig'e  de  la  \'ie  de  saint  Bemu't  d'Aniane.  rédigée  [)ar  le  moine 
Ardon,  au  déltut  du  ix''  siècle  :  Kt  quia  caetera  loca  eos 
capere  wuw  ([uibant,  constituit  locis  congruis  cellas, 
quibus  praefectis  magistris  posuit  fratres  ;  et  une 
charte  donnée,  en  1120,  par  Arnaud,  aiehevê(|ue  tle  Bordeaux, 
dit,  il  propos  de  Sainl-Macaire  (Clironde)  :  (juia  SanctusMaca- 
rius  non  cella  Sanclae  Criicis,  sed  per  se  monasleriuni 
eral.  l'ar  contre,  dans  le  Livre  des  conIraterniié'S  de  l'abbaye 
de  Saint-dall,  écrit  vers  S.'ÎO,  la  liste  annoncée  en  ces  ternu\s  : 
11  aec  sun  t  nomi  na  m  onach  o  rum  ex  cel  la  Sa  ncli  Dyonisii, 
et  dans  laipielle  ligure  l'abbé  llilduin  —  l'auleur  des  Aj-enjuti/ilic:!, 
où  le  premier  évé([ue  de  Pai-is  est  idenlilii'  avec  saint  Denis 
1  Aréopagite  — -  ne  concerne  rien  moins  cpie  l'illustre  ahijaye  do 
Saint-Denis.  On  conclura  tle  ce  dernier  exemple  qu'un  monastère 
([ualilié  de  cella    n'est  pas   nécessairement   de  rang   subalterne. 


4 


■.Ji 


1 


1.   Les  crus  ih-  Vincelles   el  di'  \'ineclolles  soûl   connus  piirrni 
l'Anxci'iMis. 


oin(;iM';s    i-icci.i'.si  \srirui;s    :    ri'ii.A  .l.r.l 

(Ml  il;ui(rrs  toriiu's  (jui'  rDpiiiion  ('inisc  |):ii'  (  lUi'fitrd  ne  neul  rli'e 
pDst'O  on  rèj^le  ^'énéi'ale.  Mais  ccUi'  opinion  se  ^■l'^ilil•  dans  nn 
^'lanil  nombre  de  cas,  par  exemple  en  ce  ([iii  cmieeiiie  la  Celle- 
Sai/if-Chunl  (  Seine-eL-Oise|. 

La  seii,^neui-ie  de  ce  lieu,  que  Louis  XIV  acheta,  en  ICiNii,  ])onr 
l'incorporer  au  domaine  de  A'ersailles,  appartenait  au|)aravant  à 
l'abbaye  de  Sainl-Cicrmain-des-PréSj  en  vertu  d'ime  donation  de 
l'abbé  Wandreniar,  remontant  à  l'an  700  envircjn.  Le  nom  pri- 
niitil'de  la  localité,  \'illaris,  s'est  perdu  en  raison  de  la  maison 
nionastifiue  —  ce  lia  fratrum  —  cjui  s'y  fonda,  e(  dont  il  est 
l'ait  mention  au  clia[iitre  ^'1I  du  Pid\'pl\  ipic  d  Irminon  ;  on  le 
voit  encore  dans  une  charte  de  iS2!)  :  colla  (|uao  dii'itur  \'illa- 
ris  ;  nuiis  imo  tronlaine  tl'annéos  plus  lai'd.  Ainuiin,  moine  de 
Saint-Germain-cles-1'rés.  le  rem|>Iacera  par  une  péri[ibiase  : 
celhi  nostra  t[uae  contra  vel  secus  locum  Karoli  \'enna 
posita  est,  le  nom  Karoli  \'enna  désii^nant  le  hameau, 
dé-[)endant  de  l'oui^ival,   fjuOn   nomme  aujourd  hui    /<■(   (  '/i;ius.'i(-i'. 

1446.  Pris  ainsi  dans  le  sons  de  monastère,  la  plupart  du 
temps  (le  second  ordre,  colla  est  Iréfjuemment  devi'uu  nom  de 
lieu. 

La  forme  (Jclle  est  lare  ;  encore  le  seul  nom  tle  commune  — 
CeVe-V ICvi'-caull  (Vienne)  —  dans  lecpiol  elle  lii^aire,  roprésonte- 
t-il.  ncm  pas  colla,  mais  son  diminutif  ce  1 1  nia  —  t^>:ï.  ci-api\'s, 
n"  1455).  lui  re\anclio,  beaucoup  île  loealiLi's  jiorleni  le  nom  de 
Celles  (Aisne,  Ardcclie,  (]orrè/.e.  Aube,  Cantal,  ( Ihavonlo-lnfé- 
rieure,  Dordo^ne,  Hérault,  Ilauto-Marne,  l'uy-de-l)onie,  \'osi;'esi. 
dont  1  .V  terminale  est  le  [ilus  soa\'enl  païasile  ((.!'.  ci-dessus, 
n"  1387)  ;  il  est  toutefois  [)rudent  (.le.  n'allirmer  cette  dorni(''re 
particularité  c[u'aprcs  avoir  interroj^é  les  textes  :  en  ell'ol,  le  nom 
de  (belles,  qui  désinna  loni;tein|)s  la  Grande-Laroisse  'Seine-et- 
Marne),  se  pi'ésonte  dés  rép()(|ue  méroviiii^ionne  sous  la  foi'iiu' 
Collas  (cf.  ci-dessus,  n"  1397);  il  est  du  reste  vraisomblal.)li'. 
qu'employé  ainsi  au  pluriel,  le  mot  cella  avait  le  sens  de 
((  o^ranye  »  ou  de  «   lii-enier  »  |)lul(')t  que  celui  de  «  monastère  ». 

1447.  Selles-.s(;/--.V,//io/!  (Indre),  Selles-N.7 ////-/-'(•/( /.s  et  Selles- 
sii/--(^lic/'  I  Loir-el-(  dior),  représentant  d'anciens  cella;  mais  il 
faut  se  g-arder  d'attribuer  la  mémo  étymolo;^i(>  à  tous  leurs  Intmo- 
nvmes,  et  notamment  à  Selles  (Marne). 

1448.  S'il  n'existe  aucune  commune  du  nom  de  Celle  répon- 


;](i() 


i,i:s  .No.Ms   uio   i,ii;i; 


(laiil  à  cella  (cf.  ci-dessus,  n"  1446),  ou  vu  vomplo  uno  viun 
laine  ([ui  s'appellent  la  Celle  (^Aisiu^,  Allier,  Cher,  Cieuse.  liulre- 
e(-L()ire,  Marne,  Xiè\re,  l'uv-de-l)ôme,  Seine-et-Marne,  Seine- 
et-!)ise,  Vai',  Yonne),  ou  Lacelle  ((]un'é/,e),  vocable  dont  la  Selle 
(Ille-et-\'ilaine,  Loiret,  Mayenne,  Saone-et-Loire)  —  Tune  el 
l'autre  fornie  désignant  en  outre  un  certain  nombre  d'écarts  — 
peut  être  une  variante  :  le  nom  de  la  Celle-Sainl-(]loud  s'est  éi^i'il, 
jusqu'au  \ix''  siècle,  avec  une  s-  initiale  ;  et  c'est  peut-être  ^-raee 
à  1  autorité  de  Henjamiii  Guérard  ([ue  cette  incorrection  ne  s'est 
pas  maintenue . 

1449.  On  a  proposé  de  leconnaili'c  l'abbaye  de  Saramon  (Gers), 
dans  la  Cella  Medulfi,  ([ue  mentionne  un  capitulaire  de  SI7. 
Cette  opinion,  sui-  le  bien  fonde"  di>  laquelle  il  n'y  a  pas  lii^u  de 
st'  i)rononcer  ici.  lire  du  moins  (piel(|  le  vraisemblance  du  lail 
(pie,  dans  le  dialecte  ,i;ascon,  //  devient  /■  icf.  ci-dessus,  n"  1418). 
l'eut-êlre  le  nom  de  la  Serre  ou  Lasserre,  quand  on  le  rencontre 
dans  le  domaine  de  ce  dialecte,  échappe-t-il  ii  rinlei'pn-iUalion 
précédcmnuMit  donnée  m"  36 1  du  mot  Serre,  et  se  reclame-t-il 
du  primilif  cel  la. 

1450.  Lalacelle  i'Ornei,  (jui  esl  aussi  un  ancien  cella,  pré- 
sente un  reiioublement  d'arlicle  analo;.;ue  à  celui  qu'on  a  observé 
(n"  1415),  pai-  l'xemple,  dans  le  Lorou.r.  L'ayo-lutination  (|ui  a 
prépare  ce  redoublement,  peut  s'èlre  j)roduile  de  fort  bonne 
iieure,  si  l'on  en  ju-;-e  par  la  l'ornu;  latine  i.acella,  sous  laquelle 
un  lexte  des  environs  de  l'an  !2()l)  désii;iu'  ///  Scllc-la-l^onic 
i'Orne). 

1451.  Les  loealilés  appeK''('s  ///  f'.rUr  sont  assez  nondireuses 
pour  (pie,  mainics  l'ois,  ce  nom  ait(''l('  conqjb'dé  au  moven  d'un 
(lé  te  rmi  natif. 

'l'anlAt  celui-ci  est  d'ordre  lopograpliiepie  ;  il  a  été  adopté  sur- 
t(uit  — car  les  habitants  de  l'eiulroit  ne  l'emploient  yu(M'e  dans 
leur  lani,^aL;-e  courant  —  pour  la  cmiunodlté  des  pers(.innes  pilus 
ou  moins  étranyèi-es  à  la  ré-ion.  Ln  nom  tel  que  la  Celle-SOUS- 
Ghantemerle  (Marne)  se  passe  de  toute  explication.  Ceux  de  la 
Celle-Barmontoise  et  de  la  Celle-Dunoise  (Creuse,,  rappellent 
que  ces  localités  appartenaient  à  des  circonscriptions  dont  les 
clief.s-lieux  respectifs  étaient  Barmontet  Dun-le-Palleteau. 

'LmU'il  le  délerminatif  est  un  nom  d'homme,  \raisembla])le- 
nienl    le  nom  du  pieux  fondateur  de   la  cella  :    la  Celle-Guenand 


ouiciNKs   i:ri;i.F.siAsi  iijii'. 


:!(; 


|ii.|ic-rl-Lniit'),  (;('ll;i  \\';iinii-'i  ;  —  Cellofrouiu  (<'liai-cnlo'i. 
(iilla  l''i-ulni  ou  l''ri'y()ii  i  i.  (_>(•  inixliî  (K'  |u\  laposiLimi  ;i  r[c 
|ir;:ti(|ué  tle  l'oii  bonne  Ium.uh'.  on  lu  vu  [lar  ri'xejnpk'  de  (^ella 
Nîciluli'i  (n"  1449',  et  parl'ois  le  nom  d  luninne  a  Li'il  ou  lard 
lih'  par  ilisparaitro.  La  ('. e  11  i  tlo  m  n  i  lînhi  n  i  du  ix.''  siècle  a  [iris 
le  iKini  de  Mnnli^T-ln-CeUc  :v{.  ei  dessus,  n"  1428).  I/ahUave  de 
Selles  en  lierre  —  on  dd  aujourd  liui  SelIcs-xnr-Chcr  (  l.oir-et- 
(■lierl —  était  ap[)elée  jadis  Cella  saneti  lùisicii,  en  souveiur 
de  son  l'omlateur,  conliMn|>(U-ain  des  lils  ile(dt»vis.  La  Ti-:inshi Im 
saneti  Vi/i,  écrite  vers  S'il),  inentlmine,  enlre  autres  poinls  de 
l'itinéraire  suivi  par  le  pieux  cortej^e,  (lella  (lisleliddi  '  : 
située  entre  jlebais  ;Seini.'-el-.Marne ;  et  ()\  es  (Marne),  celte  loca- 
lllé  se  noniiue  aujourd'hui  la  Un/le  f Aisne)  tout  court.  A./  ('r/le 
(.Vlliei')  a  loni^'teinps  [)oité  le  nom  de  la  (UjUc-Saiiil-I'nl nn-lc 
D'autre  part,  le  nom  de  Mannoiilk'r,  en  Alsace  (cf.  ci-dessus, 
11"  1430)  a  renii)lacé  celui  de  Cella  Leobardi. 

1452.  La  combinaison  de  cella  avec  u\\  nom  dhonune  a  élc' 
assez  IVéquente  dans  le.s  pays  de  langue  gerniani(jue.  Fterslennum 
en  cite  une  trentaine  d'exemples,  dont  douze  sont  tirés  de  textes 
latins  antérieurs  au  xn''  siècle,  et  ([ui  répondent  à  des  noms  pri'- 
sentant    aujourd'hui    la    terminaison    -:•(>//.    L'église    d'AppeiîZell 

Suisse)  a  tUé  fondc-e,  dil-on,  en  lldl,  par  Norbert,  al.)i)e  de 
Saint-Gall,  et  l'on  a  pensé  ([ue  ce  nom  représente  le  lalin  Abl)a- 
lis  cella  ;  il  est  |dus  probable  ([ue  st)n  pren\ier  lei'ine  est  le  nom 
d'homnu'  Abbo  '^volr  ci-des.sus,  n"999). 

1453.  Si  ;('//  est  l'éipuNalenl  germanique  du  roman  celle,  il 
ue  faut  pas  classer  paiini  les  noms  de  lieu  formés  à  l'aide  de 
cella  Aiidrruselles,  Frnniezelle  (  Las-de-Calaisi,  Lederzeele, 
\\'inne:.eelr.  Zerniez-eele  iNord  ,  Mnnrseele,  S,,sseele.  l'nn,- 
iiiez-eele  (  lielgiijue,  h'iandi'e  occidenlalel.  Dans  ces  vocables,  qui 
appai'liennent  au  pays  tle  langue  llamanile,  zeele,  selon  l''tersle- 
mann,  représenterait  un  nom  d'origine  gernianique,  au  sens  du 
latin  domus,  atrium,  du  français  «  maison,  demeure  n,  qui 
paraît  dans  l'ancien  haut-allemand  sous  la  forme  s;il,  dans  l'an- 
cu'u  saxon  sous  la  lonne  seh. 

1454.  Dans  Ilanloneelle  lArdennes'i,  dont  le  terme  initial  est 
le  nom  d'homnu'  llardoinus  (cf.  ci-dessus,  n"  1130).  le  second 


1.   Mon.  Crrni.  hl^rl,,  Sn-i/il.,  11,  :'.82. 


'MV2 


I.KS    NOMS     l)i:     1,1  KU 


lei'ine  esl  .  non  pas  oella,  mais  silva;  les  J^'codii,  C';ini/i;ini:i<' 
raltestent.  On  noiera  lii  une  forme  vult^'aire  de  silva,  qvii,  avec 
celles  ([ue  présentent  W'u.rlinu/cs  (Cùle-d'l^r ),.  en  I  llM  ,  N'aeiui 
silva,  et  If.in/f-Scillc  '^Meurthe-et-Moselle),  dans  les  textes 
latins  .Alla  silva,  pouvait  compléter  une  énuméi'ation  donué'O 
ailleurs   (n"-   683-687). 


1455.  I.a  t('p(>nomasti(pie  olVi'e  quel([ues  diminutits   de  eclla. 

I.e  latin  cellula,  dont  la  terminaison  est  almu'.  peut  don- 
ner une  l'orme  romane  semblable  à  celle  qu'a  revêtue  cella, 
et  de  l'ail  la  localité  poitevine  ([uun  texte  de  121  (S  appelle 
Kpisco|ialis  cellula  est  maintenant  Celle-Lévescault  (Viennt'). 
De  même  CelleS-SUr-Belle  (Deux-Sévres)  est,  dans  une  charte  di" 
HliVl,  désig-né  par  les  mots  villa  qnae  vocalur  Cellula,  c 
(pii  interdit  de  rapporter  ii  cette  localité  la  lég'ende  CELLA  <pi'oii 
voit  sur  des  triens  mérovingiens.  Cela  considéré,  on  ne  doit  que 
sous  réser\'es  r-apporter  à  un  primitif  cella  le  nom  d(^s  localit(''s 
appidées  Celles,  Selles,  la  Celle,  la  Selle,  qui  ont  été  mention- 
nées plus  haut  :  l'étude  des  textes  peut  révéler  que  tidle  d'entre 
elles  se  nommait  à  l'ori^'ine  cellula  '. 

1456.  Le  dinunutif  roman  ccllellc  appelle  inie  observation.  11 
est  à  présumer  (pie  les  localités  aujourd'hui  dénomiiu'es  Celettes 
((Jlharenle),  Cellettes  (Loir-et-Cher)  ',  la  Gelette  (Cher,  Corrè/e;, 
la  Cellette  (Creuse,  Pu\--de-l)ônu^)  s'appelaient  primitivement 
C('//('  ou  /;/  ('.elle,  et  le  diminutif  a  été  eniploy(>  pour  les  dill'éren- 
cier  de  localités  homonymes  plus  import.antes  ■'  situées  dans  le 
voisinage;  ccUellc  si^iaiilie  donc,  non  pas  comme  cellula,  <>  la 
petite  cella  ".   mais  bien  c<  C(dle-la-Petite  ". 


I.  (^>sl  te  ciis  (lo  l.'i  Celle-sous-Morel  (Seiiu'-('l-M;irno\  il;\iis  un  ]i(iiiill('' 
rédim"  vers  [X\{) , 

t.   delta    saucli    Mumlricii  dans    nn    ponillé  rédigé  vei's    1272. 

W.  (!eilofrouin  ;  (  ^liarenle),  au  canlon  de  Manslo,  connue  Celelles  ;  —  i,a 
Celle  (T'IuM-),  dans  l'an-ondissenienL  de  Sainl-Ainand,  coninif  la  Cfh'llf; 
—  I.acelle  f(!orré/,(''|,  dans  l'arrondissenienl  de  'l'ullo,  auiiuet  confine  le  Icr- 
rit(_)irc  de  Monestioi'-Merlines,  comprenanl  l'écart  dit  la  CelcUe;  —  la 
Celle-sons-(iou/,on  .Tyreuse),  dans  l'arronilissenicnL  d(>  Boussac,  coinnu'  l.i 
Cellelte;  —  la  (^(dlo  ,  Puy-flc-l)onie),  dans  l'arrondissenuMil  de  lîioni, 
comme  la  Ccllcl  le. 


(•KUiiM'is   i';(;(;ij';si.\sii(.M'i'',s   :    .\iui  \ri  \ 


•M\\\ 


1457.  lu  inonasliTi'  ayant  à  sa  tèle  un  u  alihi'  »,  en  lalin 
;tl)l)as,  du  syriafjuo  aha,  <i  pt'i'e  ».  était  apicole  c  al)l)a\e  »,  en 
l.itin  abha  t  ia. 

l.a  foniniune  de  rAbbaye-.vof;,s'-/-'/;i ;?(■//  (Auhe^  doit  son  origine, 
non  [K1S  à  vnie  al^liaye,  mais  ;i  un  prieuré  de  ral)liave  de 
M(desnie,  t'nndc''  vers  108(1,  et  a[)pelé  aloi's  monasteriuni  ad 
l'inios.  On  voit  qu'en  l'es|)èce  le  mot  n  al)l)ave  »  n'est  pas  pris 
dairs  son  sens  propre,  mais  i>ien  dans  celui  de  m  dépendance 
d'une  ahhaye  ».  La  même  oliservation  s'appiiipie  ;i  lieauemip  des 
niimbreux  écarts  —  il  y  en  a  jilus  cle  (|uatre-vinnts  —  (|ui 
poitent  le  nom  de  l'Abbaye.  Il  s'en  faut,  en  ellet,  ((ui'  tous 
représentent,  comme  l'Abbaye  d'Emont  Somme;,  l'Abbaye- 
d'Igny  (Marne),  l'Abbaye-de-Jouy  Seiue-et-Marnej,  rem[)laee- 
nient  d'abbayes  supprimées  par  la  liévolulion  :  plus  d'ime 
lois  on  n'est  en  présence  (jue  d'un  ancien  domaine  abbatial. 

1458.  Dans  la  toponomasti(pie  du  ncu-d  de  la  France,  le  mol 
(pu  ré[)(uul  au  latin  abbatia  se  pré-sente  sous  une  l'orme  plus 
réduite. 

Abbie  i  Pas-tle-l/lalais^i  est  une  ancienne  l'ernu^  de  l'abbaye  du 
Monl-Sainl-!\loi. 

Les  Termes  dénoiuniées  l'Abby,  aux  (eri'itoires  de  15onniéi-es, 
(lllaisnes,  de  Neuville-Sainl-\"aast  et  de  Tbélus  (Pas-de-Calais), 
appartenaient,  la  prciuièi'c  ii  l'abbaye  de  (lercamp,  la  secoiule  à 
l'ablniye  de  MarclueniU's^  les  deux  aulri's  à  l'abbaye  de  Saint- 
N'aast   (l'A r ras. 

Le  nom  ile  l'Abie,  ancien  ('cail  (bi  (]rolo\'  Somnu'  ,  a  sans 
douti'  la   uu''me  éLymldo^■ie  (pu-   les  pi'('cédenls. 

1459.  La  l'orme  méridionale  d'abbalia  t'st  représentée  parles 
noms  de  lieu  Abadie  (lîasses-l'yreuées,  1  lautes-1'y rénéesj,  Laba- 
die  (.\lpes-Marilimes),  les  Abadies  i  l'yiénées-Ôrientales;  ;  Alm- 
ilic  est  devenu  un  nom  de  l'anulle  assi-z  l'épandu.  lui  (jascoi;ne 
et  vers  les  l'yréné.es,  ce  mot  s'entendait  d'im  alleu,  très  vraisem- 
blablement domaine  abbatial  à  l'orij^ine,  mais  de  bonne  lieure 
usurpé  par  quelque  la'ique  :  le  (ilnssnirc  de  Du  Cant^e  fournit 
des  exenq)les  de  cette  acception  lemonlant  à  9151,   1002  etlOiji. 

1460.  Alili:ii/c  et  .ililtic  ont  poui'  diminutifs  Ablette  (Somme\ 
l'Abbayette  ^^Pas-de-(^•llais),  l'Abbiette  i  Aisne,  Pas-de-Calais), 
l'Ablette,  Labiette  (Pas-de-Calais),  la  Blette 'Nord)  ;  si  l'on  se 
lejiorte    au  Dicliannnire    fnpof/r,iphif/ue  de  l'Aisne  et  à  celui  du 


3() 


I.KS     NOMS     I)K     |.l|-|; 


Pas-dc-Calais.    on    constalcra   (|uc   bon    n,>nil)iv    des   ôcaris  ainsi 
(Iriioiuiiu's  soiil  d'anciens  Incns  d'al)l)a\  es. 

1461.  Un  nionaslèi'e  de  seccMid  ordiv.  sul.ordunné  à  inir 
al)l)a_ve,  el  diri-ô  par  un  prieur  —  ,m  une  prieure  —  est  appelé 
j.ncnn-.  priera  tus.  Le  mot  prior,  coniparatiF  de  l'adjectif  dont 
le  sui)erlatit'  e.st  prinius,  est  employé  sul)slantivement,  en  plu- 
sieurs endroits  de  la  rè-Ic  de  saint  "ik-noil,  pour  desi-ner  celui 
qui  est  à  la  tète  d'une  ahhave,  autrement  dit  V-.Mn'-.  Le  sens 
qui  a  prévalu  paraît  vers  le  xi^  siècle.  Alnisivement  on  appela 
"  l'iieur  »,  l)i(ii  ,pi'il  ,„.  diri-eàt  aucune  communauté,  le  reli- 
i^-u-ux  desservant  une  é-lise  paroissiale  soumise  à  une  al.j.ave,  et 
«prieuré  »  sa  cure.  Kt,  non  moins  abuslvenu'ul ,  vers  la  lin  ,!.■ 
l'ancien  rég-ime,  on  dénonnna  <-  prieuré  .  la  .lenu-ure  du  prieur, 
même  .[Uiind  elle  n'était  pas  située  dans  le  lieu  du  prieuré  pnnu- 
lil.  C'est  à  cette  ciironstance.  relativement  modern(>,  (pi<.  le  mol 
<■  prieui'é  ).  doit  la  place  assez  importante  qu'il  Lient  dans  la 
top,momasti(|ue  ;  plus  importante,  soit  dit  en  passant,  .[ue  le 
l)ir/innn,;lrr  ,/rs  l'nsfes  ne  le  laissei-ait  suppose:'.  Sur  p,vs  ,1,. 
trente  écarts  appelés  le  Prieuré  (|ue  ce  ré.pertoire  indique,  un 
seul  appartient  au  département  des  Hautes-, Mpes  ;  or.  on  en 
rencontre  cint]  dans  le  Dirlionnairr  l„po<irfii>hi>iue  de  ce  dépar- 
tement. Va  l'on  doit  observer  ([n'en  cette  ré-i.m,  où  un  |uiniitif 
priera  tus  aurait  d.mné  prinrul  —  plus  au  sud,  on  remanpie 
etlectivcment  le  Priora  (Alpes-Maritimesl  —  le  vocal.le  l'rieun- 
ne  peut  remonter  aune  date  bien  lointaine.  Pourtant,  l'un  <le 
ees  einqécai-ts  des  1  lautes-.Vlpes,  celui  conquis  dans  le  lerriloire 
eomn.nnal  de  (  Ihor^-es,  correspond  bien  a  un  ancien  prieuré,  qui, 
aj.res  .avoir  dépendu  de  Saint-Victor  de  Marseille,  fut  vers  I  I  10,' 
uni   à   l'abbaye  de  lîoscochm. 

l^n  rè-le  ji^énérale,  un  prieuré  proprement  dit  n'avait  d'autre 
nom  que  celui  <le  la  localité  où  il  s'élevait  :  p.arlois,  on  voit  ce 
nom   servir    de    délerminalif   au    mol    prirnrr.    comme    dans    le 

Prieuré-de-Bainon(Seine-et-t:>i.se)  et  le  Prieuré-d'Er,  en  Don-es 

i  Loii-(^-lnrérieurei. 


1462.  A  partir  du  V  siècle,  il  arrive  assez  souvent  que  le 
l.itin  ecclésiasti(pie  dési-ne  un  monastère  par  le  mol  coeno- 
bium.  ea.bpu'.  sur  le  -rec  y.;r.v:£.:v.  <iui  s'appli,|u.-  à  un  endroit  ou 


tt 


(mi(;i.M:s   I'Jci.i.i^.siasiiih  |.; 


LIIAI'I  I  lil.S 


;!(;;; 


I  un  mriu"  ('  hi  \ie  t'ii  comiiuin  ».  Oii  [iijunait  dire  ([u'il  nu  rr.sle 
|);is  (race  ik'  ce  nuit  dans  la  toponx  iniu  IVançaisc,  si  le  hoiir;^'  de 
NdlelVaiiche  (Alliei'j  n'était  appelé,  dans  un  dneunienl  n-di^'é 
.•nlre  KliSet  1137,  V  il  1  a  fra  aca  M  o  n  t  is  Ce  n  uh  i  i.  Dans  cette 
f\|)ressi(in,  Montis  (lenobimn  —  à  nuiins  ([iie  ce  ne  soit 
M(ins  Cenoliii  —  tlesiL;'ne  un  écart  de  la  cuniniune  actuelle  de 
\'illerranclu'.  ([ui  a  nom  MontcenOUX. 

1463.  La  transition  e-^t  toute  naturelle  des  éylises  niona- 
sticpies  au\  t'i;-lises  collég-iales,  desserN-ies  par  des  chapitres  tic 
chanoines. 

LenioL  latin  canunicus  —  d'où  le  IVanyais  clianuine  — ■  dérive; 
(lu  i;'rcc  y.zvfov,  dési^'uant  la  u  rè^-it'  ■■  à  hupielle  étaient  assujellis 
les  chanoines.  De  même  (pi'on  a  vu  monaclius  di'\enir.  sui\ant 
tes  réj.^ions,  moiiie,  iiioiuje  (  n"  1440)  ou  ntnuri/iic  (n"  1441),  de 
même  canonicus,  accentué  aussi  sur  To  de  rantépénultième,  est 
devenu,  dans  la  partie  méridionale  de  la  France,  CiïiKjinjt'  et 
rnnitrijiiv  ou  cnuDunjiu'.  (^uand  un  de  ces  mots,  précétlé  de  l'ar- 
ticle ré'ndnin,  parait  comme  nom  de  lien,  il  représente  Tadjeclir 
ca  no  n  i  ca,   (pialilianl  (.'ccl  esia  sous-entendu. 

La  Canourgue  (Lo/.cre)  doit  Men  son  nom,  l't  sans  doute  aussi 
son  origine,  à  une  collégiale  qui  y  subsista  juscju'à  la  llévolution, 
tandis  que  la  Canonge  il.o/èrc),  la  Canorgue  iVauclusej,  la 
Canourgue  (Hérault;,  ainsi  ((uc  Ganourgue  (Ijouches-du-llhoue, 
Lot),  ne  ré[Mindent  \  raisendjlahlement  ipi'à  il'anciens  biens  de 
cha[)ilres  '. 

1464.  (  )n  peut  ra[)proclier  de  ces  vtioables,  au  point  de  vue  de 
la  signilication,  les  déterminatit's  des  noms  de  lieux  suivants, 
ipii  ont  trait,  tantôt  à  un  cha|)itre  de  chanoines,  tantôt  à  l'im  de 
ses  dignitaires. 

OV .s (vcs-le- Chapitre  (Seine-et-Marne,,  ancienne  [)ossession  du 
chapitre  de  Meaux,  se  distingue,  par  son  surnom,  du  lief  appelé 
en  dernier  lieu  (lesvres-le-Duc,  (pii  est  aujourd'hui  représenté 
par  un  écart  des  communes  de  ( -rou y-sur-(  )urc(|  et  de  May-en- 
Mullien  ''Seine-et-Marne). 


I.  l.c  l)iclitinn:iii-f  tujiu,/r:ii>/ii(/iir  dr  l'Aude,  |kiiu  depuis  la  morl  d'Aii- 
y;usU'  Lou^nun,  indi(|ue  un  llcf  du  eli;.|iili'e  de  'Jaie.issoniie  dénommé 
Canorgues,  an   leri-iitiire  de  l';dMJ,'i. 


:iG6 


i,i;.s   MiMs    hic  i,ii:i: 


1465.  Le  nom  de  la  /'e/v/rre-au-Doyen,  (jui  lii^ure  dans  la 
noniencliiture  coinniunale  du  Calvados  et  dans  celle  de  1  Orni', 
s"ap|)li([ue  à  des  localiLés  dont  les  seigneurs  respecUrs  étaient  le 
doven  du  chapitre  calhédral  de  liayeiix  et  cehii  du  chapitre 
catliétlral  de  Sées. 

La  terre  de  la  (î/'a/i'/^'-au-Doyen,  dans  la  |jaroisse  de  W'mom 
(^'onne),  appartenait  au  doyen  du  chapitre  métropolitain  de 
Sens. 

Le  surnom  tl<'  .V(';;/7///-le-Dien  i^Sonimei,  qu'on  \  uit  paraître 
depuis  le  \i\"'  siècle,  n'est  autre  chose  —  K's  textes  de  celte 
é[)0f[ne  en   l'ont   loi  —  (pi'une  altération   tlu  nmt  (hii/rii. 

1466.  La  cure  de  Brif/iieilAe-Chdinire  (Vienne)  était,  juscpi'à 
la  lin  de  l'ancien  réyinu',  à  la  cidlation  du  chanti'e  de  l'église  col- 
légiale du  Dorât. 

1467.  La  cure  de  Villeneuve-Minervois  (Aiule),  ((u'on  appela 
longtemps  r/Z/c/zci/rc-les-Chanoilies  ',  était  unie  au  chapitre  de 
l'église  cathédrale  Saint-Nazaire  de  Carcassonne  •'.  /.'Aiiffli'-a.]XX- 
Chanoines,  écart  de  Chantonnay  (Vendée),  était  sans  doute  aussi 
la  j")r()|)riété  de  (pudque  chapitre. 

1468.  Avant  d'ex|)li([uer  par  une  circonstance  similaire  le 
vocalde  les  Chanoines  (^  l5ouches-du-Rhône,  Loiretj,  il  convieu; 
drail  de  s'assurer  (pu;  les  localités  dont  il  s'agit  ne  sont  pas  au 
nombre  de  celles  tlont  le  nom,  commençant  par  l'article  pluriel, 
est  celui  de  la  famille  d'un   ancien  propriétaire  ■'. 


'\ 


À 


'% 


1.  1a'  rlKiiiyiMuenl   de  nom   :\  cté  prCMa'iL    |iai' dérrel    du  2'!   oelobro  IS'J'i. 

2.  ltri.r('i/-;iii.i--('.li.iiioiii''s  'Meuse  él;iil  le  siè^e  d'un  elia|)ilre  l'ondé  en 
l'iiil  ;  ^oa  sunioiii  lU'  |ient  doue  l'i'iiuiuler  i|u  à  une  é|iin|ue  tardive  du 
uu)\  on-fi^e,  el  e'esl  |u'ul-élri'  pour  ce  uioLd' ipi' AunnsU'  Li)ni;iiou  ne  l':i  pas 
luonlicHiné  ici. 

.'i.  A.  [.(ju^iion  luiinulail  la  uièuie  réscix'e  ii  pro|i(i!-,  du  nom  les  CanonÇfes 
]iorlc  [jai'  deux  écarts  île  l'Aude;  mais,  l'un  d'eux,  situé  au  lerriloirede 
Laui'ahiie,  est  appelé,  l'a    ^OC),   leueiilia    (^a  pe  1 1  a  no  imi  m. 


1 


LXIV 
SOrVKNir.S     des     OliDIlES     lîELKUKUX 

Mciins  anciens  ([ue  ceux  préci'deuinienl  passés  en  i'cviuî,  les 
iiiiins  de  lieu  donl  réluilc;  esl  alxirdce  ici  sont  enii)runlés  surloul 
,iux  ordres  lujspilalieis  (|ui  jouèrent  lui  rôle  important  pendant 
1.;  seconde  moitit'  du  moyen-àg-e. 

1469.  I.'tu'di-e  militaire  cl  reliL;icux  du  Temple  l'ut  l'onde  en 
11  IS,  à  Jciusalcm,  |)ar  un  clie\alier  champenois,  Hugues  de 
l'ains.  el  huit  aulres  croisés  IVauc^'ais.  Son  but  était  de  protéger 
K's  pèlerins  qui  allaient  visiter  les  lieux  saints.  Baudouin  II  attri- 
liiia  aux  nouveaux  chevaliers  luie  maison  voisine  île  remplace- 
ment du  rem|)le  de  Salomon,  d'oii  les  jioms  de  Teuiple  et  ilc 
i'eiupliers  donnés  a  l'ordre  et  ii  ses  membres,  l'ar  suite  des 
(1, mations  considérables  dont  ils  l)énéficièrent,  les  Templiers  se 
r'i'Dandirent  dans  toute  1  lùu'ope  chrétienne,  et  non  contents  de 
leur  réputation  niéi'itée  de  bravoure,  ils  se  livrèrent  à  des  opéra- 
linns  (inancières  ({ui  accrurent  leur  richesse  et  leur  puissance. 
I.i'urs  maisons  étaient  nombreuses,  surtout  imi  l''rancc,  où, 
même  après  la  sup|ircssion  de  l'ordre  en  \'.\\'2,  et  1  attribution  de 
.sr>  biens  aux  llos[)italiers  de  Saint-. lean  de  Jérusalem,  ces  mai- 
s'Mis  couservért'nt  le  nom  de  'l'emple. 

1470.  I.i'  Dicliuiinairr  des  Posfrs  indicpie  ]dus  de  soixante 
Idéalités  dénommées  le  Temple  ".  ou  pourrait,  à  l'aide  des  Dirlinn- 
ii.iirfs  l()[i<iijr;ii)hiij lies  di'partemenlaux  et  des  discrscs  nomencla- 
tures régiiuudi's,  grossir  notablement  ih'  nombre;  sans  coni[)ter 
'lue  le  nom  dont  il  s'agit  est  resté  à  certaines  maisons  de  Tem- 
pliers, situées  il  l'intérieur  des  villes,  telle,  par  exeujplc,  leur 
maison  parisienne,  (jui  devint,  entre  les  nudns  des  Hospitaliers 
fie  Saint-.Iean,  le  siège  du  (/rand-Prieuré  de  France.  Le  souvenir 
du  Temple  subsiste  encore,  son  nom  ayant  été  attribué  succes- 
.sivemeut  à  l'un  des  (piartiers  du  sixième  arrondissement,  et, 
(ii-puis  liS6<)  ',  au   troisième    arrondissement  de  Paris.  Parfois  ce 

1.    Déci-el  (hi  .SI    ocloljre  ISii',». 


;i(is 


LES    MiMS    nh:    i.iii: 


uDiii  l'sL  aLX'oinpa-iK'  d'un  déiciiniiiatir  :  le  Temple-de-Brelagiic 
(Loire-Inleneuir),  le  Temple-de-Médoc  (Gii-oiule),  le  Temple- 
sur-Lot  (I.c)l-t.'i-('.ar(iiino\  le  Temple-la-Cmyoïi  (Oortldgiic  .  de. 

1471.  Dans  (|iu'l(|uos  luinis  tic  lieu,  \c  uiol  /cm/ilc  c^i  cuiplnNc. 
non  l'ouiuio  liTUU'  [)i-inci[)al,  mais  (.•oninu-  diderniinaliF:  ces  noms 
s  appliquent  iFailleurs,  comme  Kvs  précétients,  à  d'aiic'ieuiu  s 
etimmaiuleries  ou  dépendances  de  commanderies  ;  C;i/illn/t-d\l- 
Temple  fx\isne).  ^.7/oV.s7/-le-Temple  (Seine-et-Maruej,  Irrij-lc- 
Temple  (Oise).  Dn/upierrc-a.u-'Tem])\e  et  .S'r/////-//i7;///T-au-Templo 

iMai-ne)  appartenaient  h  la  eoiumanderie  de  la  Xcucillv-dw- 
Temple,  dont  remplacement  est  situé  au  finage  de  Danipierre. 

1472.  Le  souvenif  des  chevaliers  de  Tordre  du  Temple  est 
éf-alement  rappelé  par  le  nom  d'eeait  la  Templerie  (Cliarenle, 
llle-et-Vilaine.  Loire-Intérieure,  Mayenne,  Vendée)  et  par  le 
surnom  des  comnuuies  de  />'»/r-les-Templiers  et  de  Vouhiincs- 
les-Templiers  (C'ôte-d'Or  . 

1473.  Le  sens  du  sui'nom  de  Dampierre-au-Teniple  et  de 
Saint-lIilaire-au-Temple  est  nettement  établi  par  les  chartes  de 
la  commanderie  de  la  Xeuville.  (l'est  donc  bien  à  tort  (|u'oli  a 
pensé  reconnaitre  dans  l'une  de  ces  localités  le  Fanum  Miner- 
vae  des  textes  itinéraires.  Jamais  dans  la  toponomastique,  où 
quekjues  exemplaires  s'en  rencontrent  ici',  ci-dessus,  n""  452-454 
et  456),  le  nuit  latin  fanum  n'a  étt'  traduit  par  lewplc.  Les  seuls 
vocables  (ju'ou  [)uisse  i-apportt'r  au  primitif  templum.  désl^nant 
un  sanctuaii'c  païen,  sont  Tcinpleniarn  [y,ovà)  ai  7  a//j«as  (Somme) 
—  le  nom  de  famille  du  célèbre  trag-édien  Talnin  est  une 
\ai'iante  de  ce  dernier  n(un  -~  synonvmes  l'un  et  1  autre  de 
J''iiiii;i/-s  (Xoi\Ls    Fanum   Martis  icf.  ci-dessus,  n"  345]. 


1474.  L'ordre  des  llospitalieis  de  SainL-.Iean-de-Jérusalein  a 
été  créé  dès  lOlJi),  au  lendemain  de  la  pi'ise  de  Jérusalem  par  les 
croisés.  Il  avait  pour  mission  de  prati(pier  l'hospitalité  envers 
les  pèlerins,  el  son  premii  r  chefdieu  fut.  dans  la  ville  sainte, 
réj.;-lise  Sainl-Jean  :  de  lit  les  appellations  d'  u  ordre  de  l'Hôpi- 
tal »  et  de  u  cliexaliers  de  Saint-Jean-de-Jérusalem  ».  Ce  clief- 
lieu  fut  lransfér(>  successivement  à  Acre,  après  la  prise  de  Jéru- 
salem par  Saladin  en  1IN7,  à  lîhodes  après  la  perte  d'Acre  eu 
1320.  Chassés  de  Rhodes  par  le  sultan  Soliman,  après  un  siè^e 
nuMiioi-able,    les   (JuM-aliers    s'c'lablirenl .    en    L'i:]!),    dans    l'île   de 


OllKlINES    EflCIJCSIASTlOLIvS     :     (HUjHKS    UKLir.IKUX 


;i(i!) 


M;ill(',  (loiil  Cliarles-(Juiul  leur  avail  fait  don.  Malte  U-ui-  fui  euk;- 
vi'c,  m  I7!KS,  [)ar  l')(ina[)arli',  el,  tle  nos  jours,  !"oi'(1i'l'  ne  subsiste 
^'Ufi'e  ([lU'  lie  nom. 

1475.  C'est  le  souvenir  de  cet  ordre  que  rappellent  la  plupart 
<los  localités  appelées  Hôpital  ou  l'Hôpital.  Ce  nom  est  souvent 
l'inployé  seul,  et  parl'ois.  surtout  quand  il  s'ai^it  d'une  eoninuuie, 
aeconiiia-^ué  d'un  ([ualilicatif  —  l'Hôpital-le-Graild  (Loire)  —  ou 
d'un  déterniinalif  ([ui  rappelle,  selon  les  cas,  le  nom  primitif.de 
l'endroit  —  Hôpital-Gamfront  (Finistère).  l'Hôpital-du-Gros-Bois 
i  Douhs),  l'Hôpital-d'Orion  (Basses-Pvrénées),  l'Hôpital-le-Mercier 
(Saùne-et-Loire),  Mercier  répondant  ici  au  latin  ?*[a  rciacus  — , 
le  vocable  de  l'église  paroissiale  —  IHÔpital-Saint-Blaise  liassos- 
Pyrénées),  THÔpital-Saint-Lieffroy  i  Doubs) — ,  la  siluation  topo- 
},M'apliique  du  lieu  —  IHôpital-sur-Dortlie  (Ain),  l'Hôpital-sous- 
Rochefort  (Loire],  —  L'IIôpilul  a  pour  variante  l'Hopitau  (Aube, 
(Charente,  Charente-Inférieure,  Côtes-du-Nord,  lùu-e-et- Loir, 
Loire-Inférieure,  Loiret,  Nièvre,  Sarlhe,  Deux-Sèvres).  —  Les 
noms  ^7(,Tm/3/f//i/y-rHopitaux  (Seine-el-Marne)  et  Clinmpujnollcs- 
les-Hospitaliers  (Côle-d'Or')  doivent  èlre  rapiuoehés  des  précé- 
dents, en  raison  île  leui's  déterniinalifs. 

1476.  1mi  revanche,  les  noms  caractérisés  pai'  la  l'oruu^  plu- 
rielle, les  Hopitaux-Neufs,  les  Hôpitaux- Vieux  (Doubsi,  lu- 
rappellent  certainement  en  rien  l'ordre  de  Lllopital.  Il  va  sans 
(lire,  (1  ailleurs,  cpu;  dans  un  petit  nond)re  de  cas  l'euqjloi  du 
mot  hnpitiil^  en  toponymie,  peut  s'applicpier  à  d'autres  ordres 
iiospilaliers.  nullement  militaires,  et  désii^ner  d'anciens  établis- 
sements destinés  à  recueillir  les  v(>yat;enrs,  les  pèlerins,  les 
enlanis  ti-ouvés.  Tel  paraît  bien  être  le  sens  au(|uel  se  rapportent 
la  plupart  des  noms  de  lieu  désiL;iiés  par  la  forme  diminutive 
l'Hospitalet  (liasses-. Vlpes,  Ariège,  Aveyron,  Loire,  Loi. 
Lozère)  :  les  localité's  ainsi  nommées  se  trou\aieut,  en  i;énéral, 
sur  d  aucicMines  grandes  routes  fré(puMité>es  par  les  vovageurs. 
L'Espitalet  (.Vude)  esl  une  variante  de  rif(>sj)itiilc/. 

I)  luie  manière  générale,  il  convient,  pour  expliquer  le  nom, 
apparenté  au  mot  hàpilal^  d'une  localité,  de  s'informer  to\it 
d'abord  du  passé  de  cidle-ci.  On  trouve  d'abondants  renseigne- 
ments sui'  les  anciennes  possessions  de  l'onlre  de  Malte,  dans  le 
CartuUiirc  de  l'ordre  des  llospitidicrs  de  Sainl-Jenn-de-.lériiunlrin 
.IIOO-LIIO],  publié  de  IcSili  à  l!IOG,  en  quali-e  volumes  in-f..lio, 
/.es-  nom}!  (/('  lien  .  ■>  ■, 


LKS   No.MS   [)]■:   rjL;i' 


par  Joseph  Delaville  I.e  Pioulx,  et  dans  les  publiealions  d'un 
objet  plus  spécial,  comme  celles  de  Manuici'  sur  les  Cdiiunandc- 
ries  du  ynuul-prieuré  de  France,  de  Du  Ijourg  sur  le  ^rand- 
prieuré  de  Toulouse,  de  Niepce  sur  le  >;rand-prieuré  d'Auveririie. 
11  faut  aussi  tenir  compte  de  ce  cpi'un  établissement  de  l'ordre 
de  l'Hôpital  comportait  d'oiilinaire  luu^  chapelle  sous  le  vocable 
de  son  patron,  saint  Jean. 

1477.  Les  noms  de  lieu  cilés  dans  les  [la^es  C|ui  précèdent  se 
rapportent  eu  propre,  les  uns  aux  Templiers,  les  autres  aux 
chevaliers  de  Malle.  Les  suivants  [)euvent  concerner  soit  l'un,  soit 
l'autre  de  ces  ordres,  et  seule  l'étude  des  ilocumenis  permettrait 
de  tixer  la  part  de  chacun. 

Les  maisons  du  Temple  et  de  l'Hôpital  étaient  appelées 
(i  commanderies  »,  chacime  ayant  à  sa  tête  un  praeceptor 
ou  commandeur.  L'ordre  de  Saint-Lazare,  dont  il  sera  ques- 
tiiin  plus  loin,  avait  aussi  ses  commamleurs,  comme  ses  che- 
valiers. Le  nom  d'écart  la  Commanderie  se  rencontre  dans 
les  léi^ions  les  [)lus  diverses  ;  on  le  voit  accompa^^né  du  nom 
orii^inel  de  la  localité  dans  la  Conimanderie-de-Beaugy  ((Cal- 
vados). 

1478.  Les  écarts  dénommés  la  Chevalerie  correspondent  à 
d'ancHumcs  commanderies,  l'onsiilérées  connue  i<  maisons  de  che- 
\-aliers  »,  (piaiid  ils  ne  repré'SLMitent  [las  h's  biens  de  propriétaires 
dont  le  nom  patronymicpu-  était  Cheonlicr.  L'é([uivalent  de  la 
Chevalerie  est,  en  pays  de  lan'ijue  d'oc,  la  Cavalerie  (Arièi,'-e, 
Aveyron,  Dordogne,  Tarn,  Vaiicluse)  ;  et  Idii  sait  positivenu'ul 
([ue  la  Cavalerie,  écart  situé  au  territoiie  de  Pamiers,  doit  son 
orig'ine  à  une  maison  du  Temple,  i'ondéi^  en  IL'50,  et  ([u'on 
ap|)ela  longtemps  /;/  Cavalerie  de  ii  Xoiii/arède. 

1479.  Le  nom  Villedieu  ou  la  Villedieu,  porté',  dans  les 
diverses  parties  de  la  Franci-,  par  dix-neut  communes  et  bon 
nombre  d'écarts,  ne  remonte  jias  :>\\  (Udà  du  xii»^  siècle,  et  l'on 
|)eul  allirmer  (pie  toutes  ces  hn'alités  sont  d'ancu'unes  posses- 
sions des  Templiers  ou  des  Hospitaliers.  (>e  nom  est  souvent 
accompagné  d'un  surnom  :  celui  de  Mlledieu-les-Poèles  (^^lunchii,, 
qui  a  cesst'  il'être  olTiciid,  fait  allusion  à  l'industrie  des  jioéU-s  ii 
frire,  assez  ancienne  dans  le  pa\s,  puisque  liabelais  en  lait  men- 
tion. 


MlUCilMvS     ICCCLKSlASTinUIvS    :     OllDUKS     HICI.ICI  KUX 


371 


1480.  Vildé  (Cùtcs-(lu-Nord,  Ille-oL-Vilaiiie,  Mayenne,  Ven- 
dée i,  Villedé  (l)eiix-S(-vres),  la  Villedée  (Côles-dii-Nord),  peut- 
être  la  Villedée  (Morl)ihan),  sont  lies  altérations  de  VUlcdic.n  ou 
/.(    yUlcdicu. 

1481.  L'interprétation  qui  vient  d'être  donnée  de  ce  nom,  et 
<iu'il  serait  facile  de  justiiier  liistoi'i(|uenient,  ne  peut  être  éten- 
due à  Uuis  les  noms  de  lieu  dont  le  tliènie  étymolo^icpie  est 
\'allis  hei.    A    la  virile,    l'ancienne   commune'    tle  la  Vaudieu 

hulre  était  le  sièj^<'  d'une  commanderie  ;  mais  on  n'a  pas  la 
preuve  tpi'il  en  ait  ete  île  même  île  Vaudieu  (Vaucluse).  Valdicu 
.Marne)  (Hait,  au  diocèse  de  Troves,  un  prieuré  de  l'ordre  du 
\'al-des-Choux,  fondé  en  121!).  (hianL  au  villai;e  <le  Laouudieu 
.  llauti'-i  .oii'e  ,  il  n'est  ainsi  appelé  qu'en  vertu  d  un  ehani^ement 
de  nom  autorisé  par  acte  royal,  postériem ement  au  nioyen- 
à^e  ;  en  ce  lieu,  jadis  dénoninu'  Comps,  s'élevait  un  monastère 
de  femmes  subordonné  à  l'ahhaye  de  la  Chaise-Dieu  ;  l'abbé 
Renaud  de  lîlot,  voulant  que  ce  monastère  reçût  un  nom  ■■  con- 
sonnant  au  nom  de  sa  dite  abbaye  ..  obtint  du  roi  C.liarlcs  \  III. 
par  Irtlres  données  à  Laval  le  '.I  octoluc  1  ÎS7.  ijui'  !>■  [ui'iin'  ^y■ 
(".omps  s"a])pelàl  désormais  >■  le  [iricun-  <lf  \  ;i\iilii  u  .  ■■!  non 
.lulicmchl    'i. 

1482.  L'oi'dre  des  chevaliers  de  Saint-Lazare  fut  établi, 
eroil-on,  en  11  19,  à  Jérusalem,  par  le  roi  Haudouin  11,  et  confirmé 
par  le  pape  .\lexandre  IV,  en  ISoT).  L'importance  qu'il  tirait  de 
sa  mission  spéciale,  celle  de  soii;ner  les  malades  atteints  de  la 
lèpre,  diminua  en  raison  de  ce  ipie  le  lléau  pei'diL  de  son  inten- 
sité. I''n  France,  où  il  avait  llxé'son  chef-lieu  dans  le  domaine  de 
r>oii;nv,  concédé  [>ar  le  roi  Louis  \'I1,  cet  ordre  fut  réuni  en  16'J:5 
à  celui  de  Saint-Michel  ;  tandis  ipie  l'union,  en  Savoie,  de  l'ordre 
de  Saint-Lazare  à  celui  de  Saint-Maurice  est  l'origine  de  l'ordre 
houoriliipu'  "  des  saints  Maurice  et  La/are  »  au  royaume  actuel 
d'Italie. 

On  peut  rattacher  au  souvenir  de  l'ordre  de  Saint-Lazare  la 
plupart  des  noms  de  lieu  désii;nant  d'anciennes  léproseries;  la 
l)lupart  seulement,  car  quel([ues-uns  de  ces  établissements 
claient  anlcrieurs  ;i  l;i  création  de  l'ordre  :  telle,  par  e\ein[)le,  la 
maison  de  Saint-Lazare,  à  Paris. 


I.   liémiio  :i  ci'lledo  Siiiiil-Itil.iiie  [jar  ordonna iici'  du  l"'' se|ileinlni'  181',» 


372 


LFS    .NiiMS    m:    lAEV 


1483.  Les  lépreux  avaient  été  placés  sous  la  pioteotion  de  î 
saint  Lazare,  par  relîet  d'une  confusion  entre  Lazare,  le  nuii- 
cliant  couvert  d'ulcères  —  le  n\oyen-àt;e  en  avait  fait  un  léprcuK 
—  dcMil  parle,  dans  l'I^vanyilc  selon  saint  Luc,  la  parahole  du  'Si 
Mauvais  Hiclie,  et  saint  Lazare,  le  frère  de  Marthe  et  de  Marie, 
(|ui,  ressuscité,  partag'ca  le  repas  de  Jésus,  six  jours  avant  la 
Pàque,  chez  Simon  le  lépreux,  à  Béthanie.  La  forme  vulifaire  tle 
Lazarus,  accentué  sur  l'antépénultième,  étant  Lmlre,  la  lepn' 
était  dite  mai  Ladre,  d'où  le  mot  inalndrcries  désignant  les  niai- 
sons  oii  les  lépreux  étaient  conlinés.  Le  nu)t  léproserie,  de  forma- 
tion moderne,  n'a  pas  trouvé  placi'  dans  la  loponomaslique  : 
mais  bon  nombre  d'écarts  '  sont  appelés  la  Maladrerie,  la  Mala- 
drie,  et  —  car  mal  Ladre  a  ('té  parfois  abusivement  assinnle  ;i 
l'adjectif  malade  ^  —  la  Maladière,  les  Maladières. 

1484.  Plus  fréquemment,  les  localités  correspondant  à  d'an- 
ciennes léproseri(\s  portent  le  nom  de  Saillt-Lazare  ;  nuiis  l'em- 
ploi de  la  forme  savante  Lazare  ne  remonte  guère  ([u'à  l'époque 
de  la  lîenaissance  ;  aupara^■ant  la  forme  vulgaire  était  seule  usi- 
tée ;  ([uelques  Saint-Ladre  (Cher,  Eure-et-Loir,  Nord,  Uise,  Pas- 
de-Calais'i,  se  sont  d'ailleurs  maintenus.  _'■ 

1485.  La  ville  de  Po/i /-Saint-Esprit  (Gard),  qui  s'est  fornu'e 
autoiu-  il'un  prieuré  clunisien,  ecclesia  sancti  Saturnini,  dunl 
on  constate  l'existence  dès  9'(;'j.  doit  son  nom  actuel  à  un  poid, 
jeté  sur  le  Uhône,  dont  les  travaux  durèrent  de  1209  à  1309,  el 
à  un  hôpital  de  l'ordre  du  Saint-Esprit  de  Montpellier  qui  fui 
fondé  vers  la  même  époque. 

C'est  vraisemblablement  à  ce-  même  ordre  hospitalier,  créé  au 
xn''   siècle   et    coniirmé  en   119S   par   le  pape   Innocent   III,    que 

1.  \î.l,  pijuri-ail-oii  ajoiiler,  lui  iKiinliic  bien  [)lns  coiisidérahle  encore  ili- 
lieux  ilits.  On  eu  peut  juyer  en  eonsullanl  les  tlictiiiiuiaiies  topog-raphiqur^ 
(le  la  llauU'-Marne  cl  de  la  Cùtc-iri  )]■,  cl  l'un  ilc  nous  a  l'ail  pareille  conslii- 
Lalion  en  ili''pouillan  L  les  claLs  de  sci/liojis  des  eouuuiuics  du  départenunil 
des  \'()S;4e^.  Il  \'a  s^ms  dir-e  (|ue  dans  la  |ilnpai-l  des  cas  un  lieu  dit  a|i|H|i'' 
la  M.il.,ilii'rc  ou  la  M.i/udrcin'  rcprcscnle  une  aiu'ieruic  pnsscssi(Ui  de 
léproserie,  ri  non  reni|ilaceiuenl.  d'iuic  lc|)i(iscric. 

2.  Monl-;iu.c-M;ihi(h:<,  aticicruie  conmuinc  à  ia([Uelle  une  ordonnance  (]\\ 
■20  jaiw'iri-  ISl',1  a  réuni  celle  (le  S.iin l-Ai;;nau  ponr  l'ormer  la  coninuiiic 
acluelle  de  .Monl-S.iint-Aij;[uui  i.Seiile-Inféiieure),  est  a|ipelé,  dans  le- 
textes  lalii\s   du    luoyen-à^c,    Mons    I  ,c  p  lO  so  r  u  m. 


e 


(»iiir,i.M:s   i:i;(,i,KsiAsi  i(ji:i';s   :   f)iii>r,i;s   iii:i.ic.ii:i-x  'M'.\ 

<li>i\eiil  leur  nom  les  localités  a[)|)elées  Saillt-Esprit  (Allier, 
(lôles-(lu-\oi'(l.  l'^inislère,  (kts,  Lot-el-Ciaronue,  Basses- l*\r(.'- 
iiées,  Vaucluse)  et  le  Saint-Esprit  i()nie).  Anlérieuremenl  au 
xii''  siècle,  on  n'aurait  [)as  eu  l'idée  de  placer  un  sanctuaire  sous 
l'invocation  exclusive  de  la  troisième  personne  de  la  Trinité  fcC. 
ei-après,  n"  1515). 

1486.  L'in-dre  de  la  Sainte-Trinilé  fut  l'onde  en  1  1!)9  par  saint 
,iean  de  Matlia  et  saint  Félix  de  Valois,  pour  racheter  les  captifs 
(les  mains  des  infidèles.  En  France,  les  Trinitaires  étaient  appe- 
lés Mathurins  k  cause  de  leur  maison  de  Paris,  voisine  de 
l'i'glise  Saint-Matliurin,  qui  leur  avait  élé  donnée  en  1228  ;  on 
les  désig'uait  aussi  sous  le  nom  d"  «  àuiers  »  ou  de  «  frères  aux 
ânes  »  parce  qu'à  l'origine  l'àne  était  la  seule  monture  qui  leur 
fût  permise,  témoin  ce  passage  du  Mar/niini  chronicon  Belgicum, 
cité  par  Du  Cange  :  Anno  Domini  lllKS,  pontificatus  Inno- 
eentii  pape  III  anno  I,  coepit  et  institut  us  est  ordo 
S  a  n  c  t  a  e  T  r  i  n  i  t  a  t  i  s ,  q  u  e  m  s  o  1  e  b  a  n  t  a  p  p  e  1 1  a  r  e  o  r  il  i  n  c  m 
iisi  noru  m,  eo  ([uod  asmos  e([ui  lalia  u  t,  non  e([uos  ;  c'est 
sculcmenl  en  I2(i7  que  le  pape  (^llémiMit  l\  leiu-  permit  de  mon- 
ter dt's  chcNaux,  à  l'occasion.  Mais  leiu'  nom  vulgaire  subsista, 
on  le  voit  dans  un  compte  de  lliôtel  du  roi  pour  1o30,  que 
Du  Gange  rapporte  également  :  Les  fi-ercs  des  amies  de  Fnidaine- 
hliaii/,  ou  Madame  fut  esj)ousée. 

1487.  Kn  raison  de  cette  circonstance,  cha(|ue  maison  de 
l'ordre,  chaque  n  ministrei'ie  ■>  —  le  supérieur  portant  le  titre  de 
■  •  ministre  "  —  entretenait  lui  certain  nombre  d'ànes.  De  là  le 
surnom  <(  aux  ânes  »  accolé,  quand  elle  avait  beaucoup  d'homo- 
nymes, au  nom  d'une  localité  oîi  se  trouvait  une  ministrerie  : 
/v(,V-aux-Anes  (Oise).  Un  voit  ce  surnom  déformé  dans  la  T/Z/r- 
/(('(/cr-aux-Aunes  et  /,•(    r///c//(^-aux-Alllnes  (Seine-et-MarneV 

1488.  S'agit-il,  dans  ces  deu\  derniers  noms,  d'une  déforma- 
tion inlenliouiu'lle,  b's  habitants  voulant  échapjier  aux  plaisan- 
teries que  le  mot  "  ânes  »  pouvait  leiu'  attirer?  Ou  bien  se 
Irouve-t-on  en  présence  d'iuu'  altération  de  prononciation,  étran- 
gère à  toute  arrière-pensée  ?  Cette  dernière  supposition  n'est  pas 
sans  vraisemblance.  La  localité  que  le  Polyptyque  de  Saint-Remi 
de  Ueims  appelle  V  illare  asinorum,  et  une  charte  de  I24G 
\^dei's  Allons^  est  aujourd'hui  ViUers-aux-ywiids  (Marne),  par  le 


'Mi 


LES     NOMS     1)10     I.IIOU 


double  ellel  de  la  même  altéi'jilioii,  et  d'un  jeu  de  mois  (lui 
remonte  au  moins  au  détnit  du  .\i\"  siècle.  Il  va  sans  dii'c  ([Uc  le 
surnom  »  aux- Nœuds  »,  qui  devrail  s'écrire  a.s7)t'(/.r,  n'évo(|ue  en 
rien  le  souvenir  de  l'ordre  des  Trinitaires,  à  la  création  duquel  \\ 
est  antérieur;  il  a  trait  à  l'élevag-e  des  ânes,  et  Villrrs-uu.r- 
.\œa(ls  répond  à  la  même  notion  d'économie  rurale  que  les 
vocables  représentant  le  latin  asinaria  :  ceux-ci  ont  été  indiqués 
ailleurs  (n»  598),  et  on  y  peut  joindre  les  noms  plus  modernes 
l'Anirrc  (Loiret)  et  l'Anerie  (Ardennes,  Loire-Inférieure.  Sarihe. 
Loire-Ini'érieure),  du  moins  dans  les  cas  oii  ce  dernier  ne  s'a])- 
plique  pas  à  (Quelque  propriété  d'une  famille   Laitier  ou  Lusnicr. 


LXV 

SOUVKNIP.S     DE     LA     'rKHRE-SAIXTK 

1489.  On  voit,  à  l'heure  actuelle,  dans  noire  pays,  un  petit 
nombre  de  localités  porter  les  noms  de  Bethléem  (Nièvre,  Nord, 
Ilaule-Saône,  Somme)  et  de  Jérusalem  (Nord,  ^'aucluse,  Vienne)  ; 
il  une  exception  près  fcf.  ci-api'ès,  n"  1493j,  elles  sont  de  peu 
diniportanee,  et  l'on  n'a  pas  la  preuve  qu'elles  S(nent  très 
anciennes.  Mais  il  est  certain  que.  dès  l'époque  franque,  ces 
noms  ont  été  en  usai;e  siu'  le  sol  i^'aulois. 

1490.  Le  l'ail  a  été  sii;nalé  iiicitleniment  (n"  866j  à  propos  du 
nionastèi:e  de  Mchiiis,  qui,  lors  de  sa  i'ondation,  l'ut  appelé  Jéru- 
salem. Va  Flodoard-,  dans  son  Hiataire  ih'  réç/lisc  de  JlciinSj 
écrite  vers  940,  mentionne  un  autre  Jérusalem,  situé  en  N\)yon- 
nais,  sur  la  rive  gauche  de  l'Oise,  et  dont  il  fut  question,  en  un 
coi\cile  tenu  à  Noyon  en  S  l 'i ,  ;i  ])ro[)os  de  contestations  entre  les 
évèipies  de  Noyon  et  de  Soissons  louchant  les  limites  de  leurs 
(liocèsi's. 

1491.  L'abbaye  de  Spermalie,  au  territoire  de  Sysseele,  près 
de  Hrup^es,  dans  l'ancien  diocèse  de  Tournai,  est  dite  Nova 
.lerusalem  dans  des  textes  latins  du  xiu''  siècle. 

1492.  La  célèbre  abbaye  de  l'^crrirrcs  (Loiret),  au  diocèse  de 
Sens,  recul,  lors  de  sa  fondation,  au  xiii''  siècle,  le  nom  de 
Bethléem,  ([ui,  tout  connue  celui  de  Jérusalem,  appliqué'  à  la 
même  épof[ue  à  Rebais,  est   tombé  on  désuétude. 

1493.  l'ar  contre,  un  l'aubouri;- ilc  l,i  ville  de  (Hainecy  (Nièvre) 
a  conservé'  le  nom  île  la  pi'lite  \ille  de  Judée  où  naquit  Jésus. 
Au  d(''l)ut  du  xiu''  siècle,  l'évècpie  de  Bethléem,  chassé  de  i\des- 
line  par  les  inlidèles,  vint  se  lixer  à  Panthenor,  près  de  Cla- 
mecy,  où  s'élevaient  un  hôpital  et  une  chapelle  légués  à  l'un  de 
ses  prédécesseurs,  en  I  l(j8,  par  le  comte  de  Nevers  Guil- 
laume IV  ;  Panthenor  prit  alors  le  nom  et  le  titre  épiscopal  — 
sans  juridiction  —  de  Bethléem  '. 

1.  l'.iiis  sa  l'onfércnce  du  2."j  j;\n\'ier  l'.IOH,  m  ri'lcele  îles  ilaulcs  l-.liiiK's, 
.\.  Lon^^noii  a  l'ail  rciiiarijuor  ([lie  Ketliléeui  a  pour  l'ui'iuo  romani'  lirtlili':in 
ou  Jiclc:ui.  L'liô|jilal  de  HcLliléeni,  à  Chunecy,  est  etl'ectivenii'nl  ;ii)[ielé 
l'i-lh'iim  cl   liflJilcan  on   liON,  et  la  forme   l'clhan,  iiiii  .se  dit    liè-i;in  dans  li- 


:!7(i 


Li;S     .\(IMS     UIO     I.IKd 


1494.  Le  villaoe  de  Bithaine  (Haute-Saône),  doit  son  oii-iiu' 
à  une  abbaye  cistercienne  l'ondée  en  1133;  son  nom  est  une 
l'orme  vult^aire  du  latin  Uethania.  On  n'est  pas  surpris  de  voir 
évoqué  de  la  sorle  le  souvenir  d'une  localité,  située  à  deux  kilo- 
mètres de  Jérusalem,  dont  les  Evang-iles  font  douze  fois  mention: 
c'est  à  Réthanie  que  saint  Laïc  place  la  dernière  apparition  du 
(liu'ist  à  ses  Apôtres  :  Eduxit  autem  eos  foras  in  Bellia- 
niam,  et,  elevatis  manibus  suis,  benedixi t  eis;  et  factuin 
est,  dum  benediceret  illis,  récessif  ab  eis,  et  ferebatur 
in  c a e I u m  ^ 

1495.  Ces  derniers  mots  ont  trait  à  l'Ascension,  qui,  selon  la 
tradition,  se  produisit  sur  la  Montaj^ne  des  Oliviers  —  le  Mous 
olivarum  ou  Mons  oliveti  des  Ecritures  —  d'ailleurs  toulo 
voisine  de  Bétlianie.  La  vénération  des  lidèles  pour  ce  lieu 
s'est-elle  manifestée  dans  la  toponomastique  ?  Il  se  peut  ;  mais 
<ui  doit  ciuitrôler  soigneusement  les  exenqjles  qui  paraissent 
justifier  ce  sentiment.  MoiiLolivet  (Seine-et-Marne),  paroisse  de 
l'ancien  diocèse  de  Troyes,  est  appelé,  dans  un  pouillé  de  I  107. 
MontaiUcvert  :  il  faut  conclure  de  là  que  le  second  terme  de  et- 
nom  de  lieu,  loin  d'être  le  calque  du  latin  olivetum  qu'on  sup- 
poserait sans  déliance,  résulte  de  l'altération  d'un  nom  d'homme 
en  usai^-'e  à  répo([ue  franque,  celui  qu'on  rencontre  dans  le 
Polyptyque  d'Irminon  sous  la  forme  Aglovertus,  et  qui  repré- 
sente un  ancien  A^lebertus. 

Le  nom  de  Moiiloliou  (Aude)  et  celui  de  Mnnfoiilieii  (Hérault), 
dont  le  terme  linal  n'est  jamais  traduit,  ilans  les  textes  latins, 
par  un  pluriel  ou  par  un  collectif,  raiipelleut  vraisemhlaldmuMil 
l'existence,  eu  eliaeun  de  ces  lieux,  d'un  olivier  isole,  plutôt  (juc 
le  s(juvenir  des  oliviers  de  lîétlianie  ^. 

parler  local,  esL  toujours  ea  usan-r.  —  Daiilre  pMit,  c'esl  aussi  un  primiUr 
Bethléem  que  représente  Béliam  ou  Bélion,  écait  de  la  coniuuinc  de  Mesvii. 
(Belgique,  Ilaimuit),  prés  Mous,  où  lui  lumléc,  vu  12iV,  une  aLiljavL'  dt- 
femmes  de  l'ordre  de  saint  Auyuslin  ;  et  peul-étie  en  osl-il  de  uiémr  de 
Balham  (Ardcuues),  (pi'uu  poudié  du  diocèse  de  lloiui-,,  auléricur  à  i:.i|-,'. 
appelle   li:ilcli:in. 

I  .    /.(/(',   XXIV,   :iO-."il. 

-'.  Sui-  II'  (crriloirc  de  Sainl-\'ci'aiu  ;\iévi-(")  ou  reuianiuu  uu  laiisseau  ut 
des  éciiris  dénommés  le  Jourdain,  Betphagé,  Jéricho,  Jérusalem,  sans  par- 
ler du  liameau  des  B(>rtli(vs,  (jui  lut,  jusqu'au  xvii''  siéck',  appcdé  Bethléem  : 
CCS  iiouis  oui  été  imp(uiés  do  Torre-Saiute,  à  rép()(|ue  des  croisades,  pai 
les  seiu'ueurs  tle  Saiul-X'erain. 


1 


LXVI 
]':\H\KMENTS     DE     L'HISTOlIiK     RKLIGIl-rSK 

1496.  Le  plus  ancien  texte  où  soit  consij^née  la  tradition  qui 
place  à  Montmartre  le  lieu  du  martyre  des  saints  Denis,  Rustique 
r[  Kleuthère  est-ce  passage  de  la  Vita  sancfi  Dionysii,  écritf 
anlérieureinent  ii  84-0  par  l'abhé  Ililduin  :  (^luorum  niemo- 
randa  et  yl  oriosissima  pas  sic  e  regione  urbis  Parisio- 
rum  in  colle  qui  antea  Mons  Mercurii,  quoniani  inihi 
idoluin  i[»sius  p  rin  ci  pa  li  ter  coiebatur  a  (^lallis,  nunc 
veroMnns  Martyrum  vocatur,...  celebrata  est  vu  idus 
oclo  bris. 

Julien  Ilavet,  dans  son  mémoire  sur  les  Oi-ii/ines  de  Sainl- 
Dcnis.  public  en  ISÎHH,  prclendanl  ([u'IIilduin  expli(|ue  ainsi 
<■  le  nuMue  nom  de  deux  l'ac^'ons  dillerentes  »,  et  concluant  de  là 
(pie  i>  l'une  ou  laulrc  de  ces  étymologies  est  nécessairenienl 
fausse  ».  estinuiit  que  u  la  vraie  est  Mons  Mercurii,  car  un 
texte  relativement  ancien,  la  chronique  dite  de  Frédégaire,  nous 
apprend  que  Montmartre  s'appelait  au  vii'^'  siècle  Mons  Mer- 
core-  ».  A  vrai  dire  Ililduin,  en  s'exprimant  dans  les  termes 
([u'on  vient  de  lire,  h  ne  |)résentt;  aucnnenu^nl  Mons  Mercurii 
et  Moi\s  Martyrum  connue  étant  l'un  et  lautre  la  lorme  pri- 
mitive du  nom  de  Monlnuartre  ;  il  les  indicpie  simplement  comnu- 
deux  vocables  successil's  d'un  mènu'  lieu,  deux  vocables  dont  le 
plus  ancien,    emprunté  au  paganisme,  a  été,  postérieurement  au 

1.  /?//./.  '/»>  l'KcoIe  lies  cliiiiies,  1,1,  W-irl.  l^éiniprinié  pu  ls9li  (Lies  les 
(J/;/;c/-f.s  Jr  Julien  ll.ivrt,  1,    I  Dl -i'ill. 

2.  ,lulicn  llavel  s'avaiiç;iil  [ilus  que  de  Liiisoii.  Le  lexU-  de  l'ré(lé^air(.'  ne 
t'iiil  iiiie  jiixl;iposor  les  iikMs  iii  ni  o  ii  l  c  Mercoio  ri  la  inciitioii  d'un 
SL'jinir  (lu  rci  Clolaire  ii  C'.licliy  :  tout  ce  (|u'il  csl  iicrinis  (.le  lircc  (,!(.•  la  — 
vraisemlilauec  el  non  cerlilude  —  c'est  (juo  la  hauteur  ainsi  (lési,t!-n(''e 
:i|i|iart<^iiait  l\  la  rcyt^ion  paiMsieune  ;  et,  pour  ridenlilier  avec  M(uiluiarlre, 
on  ne  saurait,  en  Ixinnc  crili(|uc,  se  c(uit('nler  de  l'alïn  uuilion  dllildiiin  - 
llavet  tenait  son  Icmoigiiaye  pour  >  ahscdunicnt  nul  ><  —  portant  i|ue  la 
"  lUille  "  s'ap|H'lail  jadis  M  o  n  s   MorcuL-ii. 


•!  '<>  IJvS    NOMS    IMC    l.lliU 

nuirlvre  de  sainl  Denis,  remplacé  par  une  appellalion  rappelant 
le  souvenir  du  pieux  évèque  el  de  ses  eonipagnons  '.  Vnv  telle 
allirnialion  u'oIVre  absolument  rien  (pii,  à  premii're  vue,  per- 
mette de  la  eondan\ner  •'. 

u  Mous  Mereurii  est  le  nom  primitif  de  Montmartre.  Inspiré 
par  le  culte  île  Mercure,  il  était  certainement,  àrépocjue  l'umaine, 
le  nom  de  plusieurs  autres  lieux  de  la  Gaule  ",  et  notamment  de 
Saint-Micliel-Mont-Merciirc  ou  MontmalcJnis  ivï.  ci-dessus, 
n"  455")  ;  <>  Mous  Mercui'ii,  accentué  sur  ;;  lirel',  n"a  pu  donner 
en  roman  que  Montmen/uriir  ou  Montiner<jucu  »  —  par  une 
évolution  exactement  seudjlahle  à  celle  qui  de  Mercui'ium  a  l'ail 
Merarur  ou  Mcrciwil,  prouoncé  Merrjucv.c  —  c  pour  aboutir 
finalement  ;t  MorUriialchus.  en  passant  par  les  intermédiaires 
Mnnfnicrcii,  Monfinnrcii,  Montinalcu,  et,  en  l'absence  d'une 
preuve  quelconi|ue,  il  est  iiuprudent  d'ailirmer  qu'il  ait  produit 
Moniniertrc  ou  Monlinarl rc  ■•.  En  vain  allé^aiera-t-on  (pu-  hi 
svllabe  loniipie  de  Mereurii  a  pi'rdu  sou  accent  dans  le  mot 
rnercn-di,  Mereurii  dies  :  elle  ne  pouvait  le  conserver,  se 
trouvant  suivie  immédiatement  de  la  syllabe  (//,  sur  la([uelle  est 
accentué  ce  mot  '■'. 


.-:« 


1.  Nous  croyons  ilevoir  l'airu  oliserver  que  eelLe  interprétation  de  Mons 
M;irlyi'iini  n'osl  [las  la  seule  [lossililc.  Hieu  n'inili(|iie  posiliveiiieiit  <nic 
les  niarlyrs  dont  il  s'ai^il  soient  sainl  Denis  et  ses  compagnons  ;  bien  plus, 
si  la  tradition  avait  été  très  nette  à  cet  éi^ai'd,  il  serait  surprenant  ([uc,  pour 
honorer  la  ménioii'e  du  pi'eniier  évêciue  ^\v.  l'aii^s,  on  se  fût  contenté  d'une 
ap|iellaliou  collective,  ancniyme.  Et  cette  appellation  ol)li,i;e-l-elle  luînie  à 
croire  que  îles  chrétiens  aient,  à  .Montmailre,  sulji  la  mort  pour  leur  foi? 
N"y  peut-on  voir,  tout  simplement,  une  manifestation  d\i  culte  des  martyrs, 
peut-être  même  des  sainl  s  en  -énéral  —  la  fêle  de  la  'l'oussaint  a  élé 
app(di'>e  /,(  M.tr/rtir  —  suhstilué  fort  nalurellemeut  par  le  populaire  à 
cehii  des  faux  (.lieux  ? 

2.  D'ailleurs,  le  rapprocluuueul  du  texie  d'illlduin  et  de  certain  pas- 
sade —  Mons  Marti  s,  nu  ne  felici  niutalioue  Mous  Mailxriini 
—  des  Miraciil.t  :i:uic/i  Dinnisii,  fpuvre  d'un  de  ses  conlem|j(u-ains,  étahlit 
l'exlsteuee,  dès  le  i\-  siècle,  d'une  li'aditiou  d'après  hupielle  rappellatieu 
ehrélii'une  Mons  M  a  r  t  y  r  u  ni  aurait  pris  la  place  d'une  appellaliou 
païenne. 

:i.  A  celte  obseivalion,  formulée  par  l.ouf;uon  dans  ses  conférences  de 
1902-l9O:i  et  de  l'.MI(l-l'J07,  il  convient  d'objecter  ipie,  concuri'cmmeiil  avec 
Mercurius,  Mereurii,  une  déclinaison  Mercur,  Mercojis,  avec 
l'accent  sur  l'c,  parait  avoir  été  en  usage  ;  elle  expliquerait,  avec  l'ancien 
Français  iiiercrcadi,  le  iirovcnçal  merci-cs  el  l'espagnol  iiiiercolf^. 


iHtKlIM'-.S    KCCI.KSIASrinllKS    :     IIISIiUllls    Hi;i,lfiIi:iI.SK  .'i71t 

I'  Le  nom  latin  de  Mons  Marlvrum,  (|ii  IliUluiu  dit  a\oii- 
('U'  substitué  au  nom  primitif  do  la  nionla<4MU\  portait  raccent 
t(>iii(|uo  sui'  rantépéniiltiènie,  c'est-à-dire  sur  Va  :  c'est,  par 
(•unsé([uent,  la  seule  élvmoloL;ie  cju'on  puisse  accepter  (.lu  nom 
de  Montmartre.  Si  l'on  admettait,  avec  Julien  Ilavet,  (jue  le 
vocable  de  Mons  Martyrvini  est  de  l'invention  d'Ililduin,  il 
faudrait  supposer  cjue  ce  prélat  ct>nnaissail  les  lois  cjui  (,>nt  pré- 
sidé au  passai^e  du  latin  en  l'i'anc^'ais,  et  d(jnt  1  existence  n  a  été 
lévélée  qu'au  xix''  siècle  seulement,  par  Die/,  et  par  Gaston 
l'a  ris  '  ». 

I.  En  dehors  (le  l'ohsc^rval  irm  relative  :ui  mot  nirrcrcili,  toiil  ce  (hMint  de 
(■lia|)ilie  fsl  rahréi^c  d'un  |>elil  in(''iiuiir(''  —  L'i'li/ninhuilr  du  nom  ilc  Mmil- 
iii.irlrc  —  [iiddié  par  .\(i^(isle  !,onL;U()ii,  dans  le  l'.ccin'tl  (]ue  la  ^ocu'lé 
iialioaaio  des  ,\idi(|iiaires  de  l'rance,  .'i  l'occasion  de  sou  eeiiLenaire,  a  l'aiL 
|iai'aîlre  en  HlOi-.  —  Dans  un  travail  l'écenl  —  Ktiulvs  sur  Vuljbnijc  de  Suinl- 
Denis  .(  rrp„<fue  nuh-oviiujicnni'  [Bibl.  de  V Écule  <lrs  rhurles.  l.XXXII, 
12-K!i  —  M.  I.evillain  esl  revenu  sui'  le  même  siijel.  S(don  lui,  Moiilmarlre 
devrait  .se  dire  Moidniurle,  cl  rappellerail  le  eulLc  de  Mars  '^^oir  ei-d''ssiis, 
|i.  :i7S,  11.  i)  ;  Mons  M  a  r  l  y  r  u  m  serait.,  soit  une  invention  des  moines  de 
S.iiiil-llenis,  soit  la  Iraduelion  en  laliii  de  Munlniniirc,  altération  ilc  Mnid- 
ninrle  i\\\l  '^e  serai!  produite  dès  ce  temps-là.  ( '.onsla  laiit  ipic  Campus 
\larlis  est  devenu  (^hani.irs,  !''aiium  .M  a  r  t  i  s  I'':tni;irs,  ri  'i'(.'mpliim 
Marlis  Talinas  (cf.  ei-dessus,  n"  456),  M.  Le\illaiii  i-econnait  (pu'  .Mous 
\tartis  aiu'ail  dû  donnei-  eu  IVam^'ais  Mon/mars  ou  Munlmas,  cl,  de  lait,  il 
cite  les  vocables  M<i/ilni:irl  (Aubej  et  Munl-M.jrl  ;  mais  l'existence  de  lieu.x 
dits  Miinluvirlf,  aux  envirmis  d'.\vall(.>n  et  sur  le  lerrituire  de  Niiucs,  l'en- 
.,a^('  il  dire  ipi'  ..  il  l'iuit  liien  a(.lmettri'  une  autre  did'ormatioii  populaire  " 
de  Mous  Marlis.  Nous  ne  pensons  pas  ijue  celle  eoiiji'cl  ure  s'impose, 
ijiiaud  bien  même  les  dèetuiverles  arclu'vdo^iipies  l'aites  au  Moniniarle  de 
I  Yonne  justllieraient  l'explication  du  nom  de  ce  lieu  dit  pro|iosi'c  par 
M.  I.evillain,  il  serait  téméraire  d'étendre  cette  ex  plication  au  Monlmartre 
uimois,  sur  le  passi''  dinpiel  on  ne  connait  i|ii'iine  Iradilion  toule  (diré- 
lieniie,  celle  d'après  laipudle  saint  lîaudile  aurait  ét(''  martyrise  en  cet 
endroit.  VA  si  l'iju  envisage  la  (pieslion  au  poini  de  \i:e  puremeni  plioné- 
lii|uc,  il  parait  certain  ipi'au  ix''  siècle,  en  (laiile,  la  l'orme  vulgaire  de 
-Marlis  ne  eom])ortait  aucune  voyelle  d'ap|)ui  à  la  suite  du  ;4roii|)e  ri  : 
en  elfet,  l'un  des  cas  oljliques  tle  pars,  (pii  s(?  décline  comme  Mars, 
est  représenté,  dans  le  serment  des  soldats  de  C.liarles  le  Cliau\e,  par  le 
mot  pari  (Mon.  Gcrm.,  Script.  II,  600,  1.  '.é  . 

C'csl  éxidcmment  pour  ne  s'être  pas  avis(''S  de  disjoindre  la  ipiestion 
lilstoricpii'  (lu  lieu  du  marl\re  de  snini  llenis  et  la  (pn'slloii  philidoi;iipie  (!>' 
rélymol();^ie  du  nom  de  Moiilmarl  re,  ipie  .liilien  llavtd  et  M.  I.evillain  ont 
allaclié  tani  d'impin'lanec  à  tenir  pour  inventé  de  toutes  pièces  le  x'ocalile 
-Mons    Martyr  uni    :    s'ils  s'étaient   bornés   à   critiipier    le   rapproeliemeul 


•SSII 


i,i:s   .Nd.Ms    Ki;   1,11:1 


1497.  Kmployé  au  iii*'  siùcle  par  TeiLuUien,  au  \ ''  [)ar  saini 
.lérùme  —  el  depuis  lors  les  exemples  en  aljoinleul  —  le  mut 
latin  inartyriuin  ilési^'iiail  le  lieu  du  supplice  ou  de  la  sépul- 
Ivue  des  niarlyrs.  l*eul-ètre  eertains  exemplaires  du  vocable 
Martres  ou  les  Martres  (Charente,  Dordogne,  Gers,  IlauLe-Loire. 
Puy-de-Dôme)  sonl-ils  apparentés  à  ce   mot. 

1498.  On  peut  en  toute  sûreté  rapporter  au  latin  inartyriuin 


lait  [lar  llilduiii  de  ce  vocriblc  el  du  souvenir  de  saint  Denis,  leurs  ari^u- 
ineiils.  eu  ce  ([ui  coiicei'ue  la  preniièrc  queslion,  n'cusseul  rien  perdu  de 
leur  valeur. 

Le  nain  de  Muiilin:uire  est  éUulic  aussi  dans  une  brochure  ùv  i'J  payes, 
(|U('  M.  l'abbc  .l.-M.  Meunier  a  fait  imprimer  à  Nevers  en  lOl'i;  lauLcui' a 
judicieusement  cru  pouvoir  aborder  cette  étude  «  sans  essayer  d'ap])rofou- 
dir  la  question  difficile  du  lieu  où  saint  Denis  l'ut  mis  à  mort  ».  Son  avis  es' 
((uc  Monini.trtri'  »  ne  dérive  |>as  do  Monte  Martyruin,  mais  de  Monte 
Mercure,  l'ornu-  du  lalin  vulgaire  pour  le  cdassi(|ue  Mereurio  »  ;  l'o 
postlouique  de  Mercore  serait  loinhé  dès  le  viii''  siècle,  et  u  au  lemps 
d'IIilduin,  ...il  a  lallu  (|ue  Monlnicrcfc  lût,  comme  prouoncialion  dans  lii 
l)Ouche  du  peuple,  bien  près  de  Moiif/iiarlrc,  [lour  tpie  cel  historien  put 
déjà  rapprocher  ce  mot  de  Mons  .M  a  r  ly  r  u  m  .  .  .  La  gutturale  soui'de  de 
Mercri'  s'avançait  \-ers  la  dentale  so\uile  /,  et  elle  de\ait  en  être  bien  près 
déjà  ;  de  même  l'c  entravé  devant  /•  devait  v[\v  très  ouvert,  el  sonner 
[U-esque  comme  ;i,  pour  que  .l/r'/'c;c  soit  tk'veun ,  vers  h- milieu  du  ix'' siècle, 
prescpie  Mariro,  et  put  être  rapproché  de  Martyrum  ».  Li's  laits  de  pho- 
hétiipu'  ai)|K)rtés  à  [)rorusion  à  l'apiiui  de  ces  iiypothèses,  à  suiqioser  qu'ils 
soient  applicables  à  la  langue  ])arlée  en  Gaule  au  temps  d'IIilduin,  ii'iii- 
lirment  en  rien  l'opinion  que  détendait  Longnon. 

A  cette  opinion  M.  Meunier  objecte  seulement  que  le  mot  ma  rlyr  "  n'a 
pas  passé  dans  la  couche  [lopulaire  des  mots  des  langues  rcimanes  >■,  et  n'a 
pénétré  dans  le  franc;ais  qu'à  titre  de  mol  >avant,  caractérisé  par  le  dépla- 
cement de  l'aeceut  louiipie.  l,'ar;,''unient,  à  notre  avis,  loin  di'  servir  la 
tlièse  fie  .M.  Meunier,  établit  l'ancienneté  du  \-ocal)le  M  o  n  s  Martyrum; 
ancienneté  comparable  à  celle  des  noms  de  lieu  dans  lesquels  se  recon- 
naissent des  termes  de  bonne  latinité  disparus  du  langage  courant,  comme 
les  suljstantil's  v  i  c  u  s  Vf.  ci-dessus,  n""  506-515,  f a  n  u  m  n"^  453,  456. 
Ukmis  {n"^  688-697;,  l'adjectif  lapide  us  m"  705;. 

M.  Meunier  signale  tmlin  ([ne,  parmi  les  "  aulnes  lieux  en  l<'rauce  appelés 
Mdiilnuiflre  »,  celui  îles  en\  irons  d'Avallou  --  nous  avons  dit  <pie  M.  Levd- 
lain  l'appelle  )Inii/ iii:u-lc  —  possédait  vin  teuqile  dédié  à  Mercure.  On  con- 
çoit que  ce  fait,  à  coup  sur  ri'mar(pia ble,  l'ait  |ia l'iieulièi'ement  séduit.  .Mais 
on  peut  légitimement  considérer  ipi'en  raison  de  la  réputalinn  cpi'ont  pro- 
curée à  la  butte  aujourd'hui  [lai-isienne  les  Arcoptu/ilica  d'IIilduin,  le  nuiii 
de  Montmartre  peu!  bien  avoir  été  donné,  par  analogie,  ii  d'autres  mon- 
tagnes vouées  à  Mercure  par  le  paganisme  romain. 


4 


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i 


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OmciMvS     ECCI.KSIASTIQL'RS     :     H IS  l'ÙIIth;    UKI.TC.IKUSI-; 


:!SI 


II'  11(1111  (U'  lieu  hretoii  le  Merzer  ((lôlcs-du-Nord,  Morliili.ui). 
iMerzer-SalaÛn  (Finistère;  est  reiulroil  où  l'uL  assiissiné,  en  iS  I 'i , 
II'  lui  (les  ])retnns  Salonion  —  Siiliiiin  est  récjuivalenL  breton  de 
Salonioii  —  deuxième  successeur  île  NoniéuDi'  ;  la  mort  vio- 
lente de  ce  prince  Fut  assimilée  au  sup[)lice  du  clirélien  mourant 
|i(Uir  sa  foi.  Limerzel  (Morbihan)  est  appelé,  dans  un  texte  latin 
(le  l.1<S7,  lù'clesia  ni.artyrum,  ce  (|ui  est  bien  le  thème  élv- 
iniilo!;'i([ue  de  son  nom  :  en  ell'et,  on  sait  ([uen  breton  ecclesia 
est  devenu  i/iz  (cf.  ci-dessus,  n°  1322),  et  un  document  de  liS'i 
donne  la  l'orme  îllintcrzel  ;  la  l'orme  moderne  résullt^  de  rajilié- 
rése  (le  la  première  s\'llalie. 


LXVII 
CULTE     Dl-:     LA 


DIMNri'K 


1499.  On  apiX'lait,  au  moyen  àj;e  liùlel-Dicu  ou  luaisun-Dicii. 
\\n  étiihlissement  hospitalier  destiné,  soit  à  héberger  les  vova- 
g-.'Uis,  soit  à  reeueillii'  les  malades.  De  ces  deux  expressions 
synonymes,  uniformément  traduites  j)ar  le  latin  domiis  Dei,  la 
première,  un  peu  archaïque,  ne  s'est  guère  maintenue  que  dans 
les  villes,  oîi  elle  désigne  souvent  le  principal  hôpital,  ou  le  plus 
aueien,  comme  c'est  le  cas  à  Paris.  Les  localités  appelées  Mal- 
son-Dieu  (Haute-Marne,  Deux-Sèvres i  et  la  Maison-Dieu  (Cnle- 
d'Oi'.  Creuse,  liulre,  Marne,  Nièvi-e.  Seine-et-Marne,  Yonne 
coi'respondent,  soil  à  tl  anciens  hôpitaux  ruraux,  soit  à  des  iiro- 
priétés  d'hô[)itaux  urbains.  Une  seule  de  ces  localités  a  rang  de 
commune  —  c'est  celle  du  département  de  la  Nièvre  —  et  son 
nom  actuel  a  été  substitué  à  celui  de  '/V/.s/,  cpi'on  Ht  dans  un 
])(uullé  du  diocèse  ilWulun  antérieur  à   \'A\2. 

1500.  L'appellation  Locus  Dei,  attribuée  il'ordinaire  à  des 
monastères  renu)ntant  au  xn''  siècle,  est  représentée  par  le  Lieu- 
Dieu  (l^ôte-d'Or),  abbaye  de  l)ernardines  l'ondée  vei-s  I  L'ill,  le 
Lieu-Dieu  (Sonuue),  abbaye  de  l'ordre  de  Cîteaux  fondée  en 
1I*.M,  Lieu-Dieu-tv)-.//!/-*/  (Vendée),  abbaye  de  l'ordre  de  Pré- 
montré fondée  en  ll4.^i,  Lieu-Dieu  (Dordogne,  Isère},  et  par  Loc- 
Dieu  (.Vveyron),  abbaye  cistercienne  fondée  en  1121).  —  Dillo 
(Yonne),  où  une  autre  abbaye  de  l'ordre  tic  Prénmnti'é  fut  fontléc 
en  1  Li"),  répontl  ;t  Dei  locus. 

1501.  L'abbaye  bénédictine  du  Joug-Dieu  (Rhône),  dont  l;i 
fondation  se  place  vers  I  I  LS,  était  appelée  en  latin  ,lugum    Dei. 

1502.  Le  Mont-Dieu  i.Vnieniu's,  Mous  Dei,  doit  son  origine 
à  luu'  ehai'treuse. 

1503.  L'abbaye  de  Mo/idni/e  (Calvados),  fondée  en  121:^  par 
Jonrdain  du  Ilommet,  évècjue  de  Lisieux,  passerait  p"ur  avou-élé 
l'homonyme  de  cette  chartreuse,  si  l'on  s'en  tenait  aux  termes 
cpie  voici  d'un  document  de  1217  :  conventus  sancti  Marlini 
de   Monte    Dei:    mais   c'est    là    une   traduction    l'autiAc    de    L 


. 


(>iuc.i.m:s   io(;f:i.KsiAsTinui;s   :   clm.tI';   uk  r.A   ihvi.mi'i 


:!8:i 


luriiK'  \ul^'aii"e,  on  peut  son  conv;iincre  par  rexanioii  cU-s  lexles 
plus  ancitMis  :  Mons  d'Ae,  en  1202;  Sanctus  MarLiuusde 
Ae  cL  Sa  ne  tus  Martinns  de  Aeio  en  121");  occlesia  de 
Ae  en  1210;  Mundôe  eu  1212.  Ces  diverses  formes  pernieltent 
(le  reconnaître  dans  Mainluj/c  le  mot  mont  siii\i,  avec  intei'cala- 
lion  de  la  [iréposition  de,  du  nom  primitif  du  lii'u,  nom  d'drit^ine 
^'allo-romaine,  et  vraisemblablement  analoyue  à  celui  il.i// 
(Marne)  (pi'on  rapporte   i;énéralenu'nt  au  latin  Af^'iacus. 

1504.  Ciloi'ia  Dei,  rpii  dési<.;nait  jadis  une  ministrerie  de 
l'ordre  des  'l'rinitaires,  est  aujourd'hui  Gloire-Dieu  (Aube). 

1505.  La  Grâce-Dieu  (Charente-Inférieure,  Doubs,  Ilaute- 
Ciaronne),  Gratia  Dei,  c'est-à-dire  «  la  faveur  di\ine  «,  répond 
à  uiu>  idée  cpu  paraît  avoir  été  en  honneur  dans  la  première  moi- 
lie  du  \n''  siècle.  Deux  des  localih's  ainsi  nemimées  oci'upant 
l'emplacement  de  nu)nastères  ft)ndés,  l'un  en  I  l.'i'i,  au  diocèse  de 
Poitiers,  l'autre  en  11  H!),  au  diocèse  de  Besancon.  —  Darjs  le 
nom  de  la  Grâce,  écart  de  Courbetaux  (Marne),  ce  n'est  pas  le 
nom  divin  qui  est  sous-entendu  ;  en  ce  lieu,  voisin  de  Montmi- 
rail,  s'élevait,  antérieurement  aux  guerres  de  religion,  une 
al)l)aye  loiulée  en  122'^,  qu'on  voit,  en  12()."^,  ilésignée  [>ar  les 
mois  ecclesia  de  Cratia  béate  Marie  subtus  Montem 
M  i  rabi  lem. 

1506.  La  Bénissons-Dieu  (Loire)  était  appelée  en  latin  IJene- 
dictio  Dei  :  l'accusatif  benetlic  tio  ne  m  a  donné  très  régulière- 
ment benis!iiin  et  l'.v  a  été  ajoutée  à  ce  mot  sous  l'inlluence  d'im 
impératif  l'récpienunent  employé. 


D'autres  noms  tle  lieu  j:)résentent  le  nom  divin  compris  d;ins 
une    fiirmule  préi'alive  t)U  votive. 

1507.  (Àduî  de  Dieulouard  (Meurthe-et-Moselle)  reproduit 
l'expression  lorraine /);Vv/ /o(i  ivarl,  c'est-à-dire  c  Dieu  le  garde  »; 
(Ml  la  rendu  en  latin  par  Dei  ciistodia,  i'aute  d'en  pouvoir 
ais(''ment  donner  une  traduction  exacte.  Ce  nom  est  cerlainemeiit 
antérieur  à  l'an  mil,  témoin  la  mention  (ju'on  en  ti'ouve  sous  la 
foiMue   DcilHuvurt ,    dans  V HislurLi    episcoporain    Virdunensium. 

1508.  Dieu-s'en-SOUVienne  (Meuse)  est  un  ancien  prieuré  de 
l'ordi'e  tlu  \'al-des-l'\'oliers  l'(nulé  en   1227. 

1509.  Le  nom  de  Divajeu  (Driune)  se  présente  sous  les  formes 
dialectales  l)rr;ijna  en  1  I  i-5,  J)cvujnda  en  1201  ;  on  la  traduit  en 


;is  i 


l,i;S     .NOMS    IjK     IJKII 


laliu    par  Dei    a  d  j  u  toiium.  A   vrai  dire  !.■  Lhùme  élyin()Io--i(|iH' 
est  De  us   adjuva  t. 

1510.  Dieuleflt  (l)rùme)  ei)ni])i-end  dans  son  territoire  uiu- 
inonlagne  ap[)eK'e  Dieugràce  :  ces  noms  s"e\-pli(jueut  d'eux- 
iuèiiu\s. 

1511.  Le  nom  Dieulivol  ((liroade)  comporte  connue  un  acte 
de  l'oi  en  la  protection  divine. 

1512.  lîeaucou|)  d'églises  sont  ou  étaient  dédiées  k  la  Sainte- 
Trinité  :  il  existe,  outre  la  Trinitat  (Cantal),  une  trentaine  de 
localités  appelées  la  Trinité  ( Basses-. Vlpes,  Alpes-Maritimes, 
.\ul)e,  Calvados,  Cotes-du-Xord,  Kure,  Finistère,  Loire-Infé- 
rieure, Manciie,  Mayenne,  Meurthe-et-Moselle,  Morbihan,  Oise, 
Orne,  Basses- Pvri'-nées,  Savoie,  Seine-Inférieure,  Seine-et-Oise, 
Var,  Vosges  '). 

1513.  On  ne  peut  citer  aucun  voca])le  honorant  en  particulier 
la  première  personne  de  la  Trinilé.  Mais  le  culte  de  Dieu  le  ImIs 
a  donne  naissance  aux  noms  de  lieu  dont  la  forme  latini'  rst 
Sanctus  Salvator.  Le  nom  Saint-SauVGUr,  porté  par  plus  de 
(juaranle  communes  et  par  (|uel([ues  écarts,  a  pour  variantes, 
ilans  la  France  méridionale,  Saint-Salvadour  (Corrèze)  et,  par 
assourdissement  de  Vr  linale,  Saillt-Salvadou  (Aude,  Ave\ron)  : 
ces  formes  répondent  à  l'accusatif  Sanctum  Salvatorem,  tan- 
dis (jue  le  nominatif  est  représenté  par  Saint-Salvaire  (Alpes- 
Maritimes,  Aude). 

1514.  11  n'est  [las  sans  intérêt  d'observer  qu'au  début  du 
règne  de  Philippe-Auguste,  (lui  avait  expulsé  les  .luil's  du 
royaume  dès  !IN:2,  le  vocable  du  Saint-Sauveur  fut  attribué  à 
une  ancienne  synagogue  convertie  en  église  à  Orléans  :  le  même 
fait  peut  s'èti'c  produit  ailleurs. 

1515.  L'idée  première  de  placer  un  édilice  religieux  sous  l'in- 
vocation spéciale  de  la  troisième  personne  de  la  Trinité  sem])le 
avoir  appartenu  à  Lierre  Abélard,  le  céb-bre  philosophe  (pii,  en 
11:22,  ionda  au  diocèse  de  Troyes  le  n)onastère  du  Paraclet, 
dédié,  comme  son  nom  rindi(nie,  au  Saint-i^lsprit  conscdaleui-, 
-otpa/.A-^Tiç.  Cette  appellation  causa  un  certain  scandale,  parce 
([u'ellc  était  alors  sans  exemple.   Abélard,  dans  sa  célèbre  Lr'tln- 


l.   CoLtc   (lerriièro    localité,    ée;irl   de  la    ooiiimuiio  rie   Lamyrche,    esl  im 
Miicicii   cduvciiL  (le  'rriiiil.ih-es. 


UlUGINES    fCCI.ltSIASTIolJES 


I.i;    SAI.NT-ESPIUI' 


:m 


I 


^ 


.i  (///  ami,  s'en  explique  en  ces  termes  :  <(  Fondé  d'abord  au  nom 
de  la  Sainte-Trinité,  placé  ensuite  sous  son  invocation,  le  sanc- 
liiaire  fut  appelé  Paraclet,  en  mémoire  de  ce  que  j'y  étais  venu 
en  liigilif,  et  de  ce  qu'au  milieu  de  mon  désespoir,  j'y  avais 
trouvé  cpielque  repos  dans  les  consolations  tle  la  yràce  divine, 
dette  dénomination  fut  accueillie  par  plusieurs  avec  un  ^rand 
clonnemenl  ;  tiuelques-uns  l'attaquèrent  avec  violence,  sous  pré- 
texte (pi'd  n'était  pas  permis  de  consacrer  spécialement  une 
éi;lise  au  Saint-Esprit,  pas  plus  qu'à  Dieu  le  Père,  mais  qu'il 
fallait,  suivant  l'usaye  ancien,  la  dédier,  soit  au  Fils  seul,  soit  à 
la  Trinité.  Leur  erreur  provenait  de  ce  qu'ils  ne  voyaient  pas  la 
distinction  qui  existe  entre  l'Esprit  du  Paraclet  et  le  Paraclet. 
Imi  l'il'et,  la  Trinité  elle-même,  et  toutes  les  personnes  de  la  Tri- 
nité, de  même  qu'elle  est  appelée  Dieu  et  Protecteur,  peut  être 
parfaitement  invoquée  sous  le  nom  de  Paraclet  ;  c'est-à-dire  de 
consolateur,  selon  la  parole  de  l'AjJÔtre  :  «  Dieu  béni  et  le  Père 
c(  de  Notre-Seiyneur  Jésus-Christ,  le  Père  de  toutes  les  miséri- 
'<  cordes,  le  Dieu  de  toutes  les  consolations,  la  consolation  de 
»  toutes  les  tribulations  m;  et  aussi,  selon  ce  que  dit  la  vérité  : 
M  11  vous  donnera  un  autre  consolateur  » .  Puis(pie  toute  éj^lise 
est  également  consacrée  au  nom  du  Père,  du  Fils  et  du  Saint- 
Esprit,  et  qu  elle  est  la  possession  indivise;  des  trois  personnes, 
(|u  est-ce  (jui  enq)êche  de  dédier  la  maison  du  Seii;neur  au  Père 
ou  au  Saint-Esprit,  aussi  bien  qu'au  Fils?  » 

Abélard  olitiut  gain  de  cause,  puistjue  le  nom  de  Paraclet  fut 
également  donné  à  une  abbaye  fondée  en  1219  au  diocèse 
d'Amiens.  Et  l'on  a  vu  \iV'  1485)  ([u'entre  tenqjs  avait  été  fondé 
tordre  du  Saint-Esprit,  auquel  un  certain  nombre  de  localités 
doivent  leur  nom. 


'.es  iionif:  de  lien . 


lAVlIl 
APPELLATIONS     MYSTIQUES  •= 

1516.  Oa  a  vu  (n"  1503)  le  mot  g-ratia,  en  conil)inaison  avec 
le  nom  divin,  représenté  par  les  noms  la  liràce-D'ieu.  —  La 
Grâce  (^Lu•no)  est  pour  /,■(  linicc-Xotre-DaDW,  Gratia  l)ealae 
^Lu■iae. 

1517.  Gaudium,  désij^nant  la  joie  s[)irituelle,  caractère  dis- 
tinclif  du  vrai  chrétien,  est  le  nom  de  la  Joie,  porté  par  des 
abbayes  cisterciennes  de  femmes,  fondées,  l'une  en  1:21}  L  au 
diocèse  de  Sens,  près  de  Nemours  (Seine-et-Marne),  l'autre  en 
1250,  au  diocèse  de  Vannes,  près  d'ilennebont  (Morbihanj.  La 
première  l'ut  réunie  en  17Gi  k  celle  de  Villiers-aux-Nonains 
(Seine-et-Oise)  cpi'à  cette  occasion  on  appela  Vill icrs-lSi-J oie  K 
On  n'a  pas  de  renseignements  précis  sur  l'origine  du  nom  de 
la.  Juie  porté  par  des  écarts  des  Ardennes,  de  la  Lnifc-lni'érieui'e 
et  de  la  Haute-Savoie. 

1518.  Pietas  Dei  est  le  nom  sous  le([uel  fut  fondée,  en  12:2!!, 
au  diocèse  de  Troyes,  une  abl)aye  cistercienne,  aujourd  hui  la 
Piété  i;Aube]. 

1519.  Il  serait  hasardeux  de  rapporter  le  nom  la  Foi  (^Charente, 
Charente-Inférieure,  Vendée)  au  latin  fides,  car  il  est  possible 
qu'on  soit  en  présence  d'une  variante,  d'une  altération  de  ta  iunjc 
(Deux-Sèvres),  nom  qui  appartient  à  la  nu^me  région,  et  qui 
aiuail  pu  être  c-ompris  [)armi  ceux  représentant  fag-ea,  <>  hêtraie  » 
^n"  G57j.  1mi  re\'anehe,  il  u  y  a  pas  de  doutt'  possible  sur  la 
signilication  du  nom  de  Bonne-Espéraiice  (Nord),  ancienne 
abbaye  du  diocèse  de  (_^ambrai  fondée  avant  122G.  Mais  des  trois 
vertus  théologales,  c'est  la  charité  qui  se  trouve  la  plus  honorée 
dans  la  toponomasliipie  française.  La  ville  de  la  Charité  (Nièvrej 
doit  son  origine  ii  un  prieuré  de  l'oi-tlre  de  C^luny  l'(nulé  au 
xii''  siècle.  Sur  le  territoire  de  Chàteau-Tliierry  (Aisne),  un  lios- 

I.  C.(.  p.  Quesxers  el  11.  SIcin,  Puuillc  di:  Vaiicirn  iliuci'^sc  iln  Sens, 
\).  'Jl-it2. 


OUKUINES    Kr.CI.RSlASTIOljl'.S     :     I.A    CHAUITK 


3S1 


liicc  iM)k'  rsl  îippelé  la  Charité  ;  et  l'im  \'()il  le  niènie  nom  tlési 
;^ruM'  iK'S  lii")|iiUuix  uri)ains,  à  .Vuxoniie,  Hesaii(,on,  ('hambéry, 
l.an^'ies,  Paris,  Toulouse,  par  exemple.  Quant  aux  écai'ts  appelés 
/.(  Clinrité  lArdennes,  Ilaute-Saùne,  Savoie,  Seine-el-Marne),  il 
_v  aurait  lieu  de  rechereher,  pour  chacun  d'eux,  à  ijuelle  circon- 
sfaiice  il  doit  son  nom. 

1520.  L'écart  appelé  Reconîort  (Nièvre)  est  une  ancienne 
al>l)aye  de  cisterciennes  l'ondée  vers  I2i}r>.  monasleriuni  ([uod 
<licilur  Consolatio  lu'ate  \'^irg-inis.  Le  nom  latin  de  Con- 
sola tio  heate  Marie  a  été  appliqué  à  un  autre  établissement 
du  même  ordre,  l'abbaye  des  Mazures  (Ardennes),  au  diocèse  de 
lu'inis,  mentionnée  en  1:271  et  réunie  eii  I^^Dl)  à  l'abbaye  d'I'llan. 
La  chapelle  de  rermila:;-e  de  ChèNreroclie,  près  Thuillières 
'  \'iiSL;-esi.  au  dim'èse  de  Toid,  étail  sous  h'  Nocabli'  de  \otrc- 
l)ame-de-(jOnsolation  '.  Les  écarts  dénommés  donsoliition 
(l)oubs,  Pyrénées-Orientales)  sont  peut-être  aussi  d'nrit,àne  reli- 
t^ieusc. 

1521.  F-ntre  le  xii*'  siècle  et  le  xn*".  le  nom  de  Corona  béate 
NLii'ie  l'ut  attribué  à  plusieurs  inonasières,  dont  l'un.  Fondé  en 
1121,  a  donné  naissance  au  boury  de  la  Couronne,  près  d'An- 
^'oulèuK!.  —  Grnnd-Coiironne  et  Pc/il-Courunne  (Seine-Infé- 
rieure; sont  d'une  origine  toute  dilVérente  ;  dans  l'espèce,  (Jou- 
roiine,  qui  est  masculin,  résulte  d'une  altération  de  Couro-nme, 
latinisé  (jurbolmum,  nom  (h'  lieu  dans  lequel  on  reconnaît 
le  ternie  Scandinave  holni,  [)récédemment  étudié  fn"  1191). 

1.    M('in()ii-fs  lie  1.1  SoviiHi^  <rarch('olo(jir  [orraine,  1910,  [j.   llfS. 


W^' 


LXIX 
CULTE    DES    SAINTS    :    PAllTICULAlUTÉS    DIVERSES 


1522.  Les  noms  de  lieu  se  rapportant  au  culte  des  saints  sont 
fort  nombreux. 

Quelques-uns  de  ces  noms,  l'eprésentant  le  pluriel  de  radjcc- 
tif  sanctus,  évoquent  le  souvenir  de  plusieurs  saints  réunis  en 
un  culte  commun.  Tel  est  Xanten  (régence  de  Dûsseldorl').  oii 
sont  vénérées  les  reliques  de  plusieurs  des  martyrs  de  la  Léf^non 
théhaine.  Il  existe,  en  Erance,  plusieurs  localités  dénommées 
Sains  (.Visne,  llle-et-^'ilaine,  Nord,  l'as-de-Calais,  Somme)  et 
Saints  (Seine-et-Marne,  "^'onne)  :  Sains-cn-Ainicnois  (Somme) 
est  désii,'-né  dans  un  texte  de  101)0  par  les  mots  fundus  ex 
nomiuL^  Sanclorum  ;  et  Saint^-cn-I'uisaye  (Yonne),  Cottia- 
cus  ad  Sanclos  au  vi''  siècle,  est  le  lieu  où  furent  martyrisés 
les  saints  Cotlus  et  Priscus. 

Maintes  fois  le  vocable  d'un  sanctuaire  est  devenu  le  nom  de 
la  localité  oii  il  s'élève,  et  la  plu|>art  du  temps  ce  nom.  bien 
reconnaissable,  consiste  dans  un  nom  de  personne  précédé  du  qua- 
lificatif s;h'/?/.  Mais  cette  règle  générale  soull're  tiiverses  exceptions 
à  l'examen  des([uelles  va  se  borner  l'objet  du  présent  cbapitre  : 
c'est  dans  le  suivant,  beaucoup  plus  développé,  tpie  seront  pas- 
sés en  revue  Irs  noms  de  perst)nnages  lionorés  par  1  l'église,  qui 
ont  trouvé  place  dans  la  toponomastique  franc^-aise. 

Sanctus  n'est  pas  le  seul  qnalilicatif  c[ue  le  latin  nu'diéval 
ait  applicpié  à  ces  personnages. 

1523.  lîeatus  a  été  d'un  usage  tout  aussi  fréquent;  nuns  le 
seul  nom  de  lieu  dans  le(|uel  on  soil  fondé  à  le  reconnaître  est 
Belhomert  (Eure-et-Loir).  Cette  localiti'  doit  son  origine  i\  un 
oratoiie  fondé  au  vi"  siècle  par  un  pieux  abbé  cliartrain  nonuné 
Launoniarus,  et  qui  devint,  par  la  suite,  prieuré  de  l'abbaye  de 
Eontevrault.  Launomarus  fut  donné  pour  patron  à  l'abbaye  de 
Sniiil-f.oinrr    de    Blois,  et    il    est   lionoré    au   Pns-S;iiiit-I.' Ilcnicr 


]■ 


i 


OKIGIMCS     lOaXKSIASIUjUES     :      /lEATrS  389 

(Orne)  :  nul  cloute  ([ue  son  nom  tloive  èlre  reconnu  dans 
lii'lhninerl  ;  ct'la  dit,  on  ne  saurait  souscrire  ;i  la  ti-atluction 
Bellus  Launomarus  que  les  auteurs  du  GalUa  clirhlinnu  ont 
iinat;-inée  ;  au  qualilicatit'  bellus,  qui  jamais  n'a  été  ap[)liqué  k 
un   bienheureux,  il  faut,  sans  hésitation,  suljstituer  bea  lus. 

1524.  Domnus,  l'orme  réduite  de  doniinus,  a  été,  aux 
épo([ues  mérovingienne  et  carolingienne,  un  véritable  synonyme 
de  sanctus.  Les  ileux  expressions  sont  employées  concurrem- 
ment dans  le  testament,  écrit  vers  l'an  700,  d'une  dame  pari- 
sienne du  nom  d'Krmintrude,  contenant  de  nombreuses  libérali- 
tés en  faveur  des  égdises  de  Paris  ou  des  environs  :  baselica 
sancti  Diontsi,  baselica  domni  Sinfuriaui.  Beaucoup  de 
noms  de  lieu  corres[)ondent  à  des  vocables  tréglises,  dans  les- 
quels le  nom  tlu  saint  patron  était  ainsi  précédé,  non  de  sanc- 
tus, mais  de  domnus  :  Domnus  Germanus  et  Domnus 
Pet  rus  ont  donné  Domgermain  et  Dampierre. 

1525.  Domnus,  on  le  voit,  devient  doni.  altéré  parfois  en 
ilaïu.  Le  son  nasal  (pii  caractérise  ces  formes  peut  disparaître 
devant  une  voyelle  ou  devant  une  licpude,  comme  dans  Donialain 
illle-et-Vilaine),  Domnus  Alanus  —  Bonnement  (Aube), 
Domnus  Amandus  —  DannevOUX  (Meuse),  Domnus  Hipo- 
litus,  d'une  part;  —  Dommartin,  Dammartin,  Domnus  Mar- 
tinus  —  Doulevant  (Haute-Marne),  Domnus  Lupentius  — 
Dommarien  (Haute-Marne),    Domnus    Marianus    —   Douriez 

Pas-de-Calais),   Domuus  Piicarius,  d'autre  part. 

1526.  Dans  Demuin  (Somme),  Domnus  Audoenus,  l'o  de 
(loin   ou  l'a  de  dam  s'est  assourtli  en  o  muet. 

1527.  Le  féminin  de  domnus,  domna,  revêt  des  formes 
assez  variées,  témoin  les  noms  Domniarie  (Meurthe-et-Moselle), 
Dame-Marie  (luire,  Indre-et-Loire,  Orne),  Dammarie  (Eure-et- 
Loir.  Loiret,  Meuse,  Seine-et-Marne),  Donnemarie  (Haute-Marne, 
Seine-et-Marne),  Dannemarie  '  Doubs,  Haut-Hhin,  Seine-et-Oise), 
([ui  tous  procèdent  de  Domna  Maria. 

1528.  Passé  l'an  mil,  on  n'a  [dus  d'exemples  avérés  de  l'em- 
ploi de  domnus  au  sens  de  «  saint  »,  mais  la  forme  vulg-au-e  de 
ce  nu)t  s'est  maintenue  dans  la  langue  franvaise.  On  sait  que, 
postérieurenunit  à  la  Renaissance,  le  titre  dom  a  été  donné 
aux    membres    de  certains  ordres    religieux,  de   l'ordre  de  saint 


;!!i( 


I.i:S     NOMS     liK     I.lllll 


IjcnoîL  nutaininent.  Dautif  part,  peiiclaiiL  les  (iLM'iiicrs  siéclos 
du  moviiii-ii^e,  duin  ou  dam,  appellation  de  couitoisie  analoniu' 
à  respagiiol  don  et  au  portugais  d(jin,  avait  été  attribué  ;i 
des  seigneurs  ou  à  des  j^ens  d  l\L;'lise.  Kt  parfois  le  nom  do  lel 
personna;^"e,  précédé  de  cette  appellation,  est  devenu  celui  d  un 
étaMissenieut  l'ondé  par  lui,  d  une  maison  qu  il  avait  possédée. 
De  lit  certains  noms  de  lieu,  très  analogues  d'aspect  à  ceux  qu'on 
vient  de  rencontrer,  mais  dans  lesquels  il  faut  bien  se  garder  de 
voir  des  vocaliles  hagiographicjues.  Si  le  thème  étymologique  du 
nom  de  Dainparis  (Jura)  est  bien  Domnus  Patricius,  du  nioius 
doit-on  entendit'  parla,  non  pas  saint  Patrice,  mais  un  religieux 
du  nom  de  Paris,  t(ui,  vers  1  loO,  fonda  en  ce  lieu  un  monastère. 
—  Damrcniont  (Haute-Marne)  n'a  que  tardivement  pris  rang  de 
paroisse  ;  c'était  à  l'origine  une  simple  maison  rurale  fondée  par 
un  nommé  Réniond,  sans  doute  prieur  de  Varennes.  Des  noms 
de  femme,  précédés  du  mot  dame,  ont  eu  le  nu''me  sort  :  la 
Dame-Alix  (Haute-Marne),  la  Dame-lhKjiieiwte  (Haute-Marne  I, 
Dame-Jeanne  (Côte-d'Or). 

Il  convient  d'observer  (]ue  dam,  signifiant  non  pas  "  saint  », 
mrds  <(  seigneur  d,  fait  partie  du  déterminatif,  smgulièrement 
déllguré  par  la  graphie  oIRcielle,  de  certains  noms  de  lieu. 
Ma;/ni/-Dani(/on  i^Ilaute-Saone),  les  Aix-d'Angilion  (Cher)  et  la 
Cliapelle  d'Angillon  (Cher),  devraient  s'écrire  Magny  dan  Igon. 
les  Haies  dam  Gillon  et  la  Chapelle  dam  (lillon,  répondant  res- 
pectivement à  Mansionile  domni  Hugonis  (cf.  ci-dessus, 
u"  1025),  Haiae  domni  Gilonis,  Cappella  domni  Gilonis. 
Ces  deux  derniers  noms  raj)pellent  le  souvenir  d'un  seigneur 
berrichon,   Gilles  de  SuUv. 


I 


1529.  Les  noms  de  lieu,  se  rapportant  au  culte  des  saints, 
dont  la  forme  originelle  présente  comme  premier  terme  domnus 
ou  domna,   seront   indiqués  dans  le  prochain  chapitre  ',    à    pro- 


i.  En  cola  nous  nioiliiloiis  le  plan  conslaniiiient  suivi  par  Loui^noa. 
En  l'.lOS,  il  a  consacré  à  l'examen  de  ces  noms  la  majcurf  [jartie  île  la 
conférence  du  2'J  JLuivier  —  dont  le  début  coïncidait  avec  celui  du  |iri'>- 
sent  chapitre  —  et  toute  la  conférence  du  o  février;  c'est  seulenuiil  le 
20  février  qu'il  devait  aborder,  pour  la  poursuivre  jusf[u'à  la  fin  de  l'aiHiée 
scolaire,  l'étude  des  noms  de  lieu  ayant  pour  premier  terme  le  mut 
II  saint   ".  De  là,  dans    les  notes  orises  oar   ses   auditeurs     deux  séries  de 


ouKiiN'Ks  K(".CLi':siA.srioi)i;s   :    DOMyijs  3'Jl 

pos  (les  divers  noms  île  personiu'  sur  lesquels  ils  ont  été  formés. 
L'un  lieux  cependant  doit  être  mentionné  à  part,  à  raison  de  sa 
composition  exceptionnelle  et  des  altérations  remarqua ])le.s  dont 
'1  est  le  résultat  :  c'est  celui  de  Dandesigny  (Viennei.  Les  [)lus 
anciennes  mentions  ([u'on  connaisse  de  ce  village,  jadis  paroisse 
de  larchiprétré  de  Mii'ebeau,  appartiennent  aux  toutes  dernières 
années  du  i\''  siècle;  l'une  est  ainsi  con(,'ue  :  ecclesia  Aiulon 
et  Sennes  in  castellanla  M  i  rebel  len  se  ;  l'autre  oll're  la 
l'orme  \ulyaire  J^oni  i/c  S('i(//ic,  où,  par  l'eU'et  d'une  crase  assez 
l'orte,  (le  représente  Ahdnii  ;  en  L107,  on  rencontre  DnittleseiyrK', 
(]ui  semble,  à  première  vue,  répondre  à  quelque  primitif  en 
-acus  ;  la  forme  actuelle  s'est  produite  sous  l'inlluence  qui,  dans 
la  même  réyion,  a  substitué  le  IVançais  Chumpigitij  au  poile\in 
(!li:uii/icii/ni\  usité  encore  en  I'(.'I7.  Si  compli([uée  cpie  piusse 
paraître  cette  étyinolog'ie,  elle  est  pourtant  indiscutable,  car,  à  la 
veille  de  la  Révolution,  l'église  de  Dandesigny  avait  encore  pour 
patrons  les  saints  martyrs  Al)don  et  Sennen,  victimes  de  la  per- 
sécution de  Decius. 

1530.  De  ce  qu'un  nom  de  lieu  a  pour  premier  élément  le  mot 
"  saint  »,  il  ne  faut  pas  toujours  conclure  que  le  terme  qui  suit 
soit  un  nom  de  bienheureux. 

La  démonstration  n'a  pas  besoin  d'être  faite  à  propos  des  noms 
précédemment  étudiés,  (|ui  se  rapportent  au  culte  des  seconde  et 
li'oisième  personnes  de  la  Sainte-Trinité  —  Saint-Sauveur  et  ses 
variantes  [n°  1512),  Snini-Espril  [n"  1484l  — •  non  plus  (pie  des 
vocables  Saintc-('r<)i.r,  ligurant  à  plus  de  cinquante  exemplaires 
au  Dictionnaire  des  Postes,  et  Saint-Sépulcre  (Côtes-du-Nord, 
Nord)  — ■  cf.  la  Chaj)elle-Saint-Sépulcre  (Loiret),  Xeuuy-Saint- 
Sépulcre  (Indre)  et  }'^illers-Saint-Sépnlcre  (Oise)  — dont  on  pré- 
tend ([ue  Saint-Polgues  (Loire),  prononcé  dans  le  pays  Saint- 
Ponjuc,  est  une  altéiation.  Dans  le  surnom  tlu  village  de  Braux- 
Sainte-Cohièrc  (Marne),  (pii  a  pour  objet  île  le  dill'érencier  de 
son  voisin  lîraux-Saint-Hemy,  si  le  mot  saint  procède  bien  d'une 

vocables  li;\giop;î-apliiqiics,  dont  la  seconde  préseulait  bien  des  éléments 
rencontrés  déjfi  dans  la  première,  et  donnani  lieu  inévitablement,  qu'on 
nous  passe  le  mol,  à  des  redites;  il  n'y  avait  qu'avantage,  avons-nous 
pensé,  à  faire  (iisparaiire  celles  ei  par  la  fusion  îles  deux  séi'ies  en  une 
seule. 


3;)2 


I.ES    iNO.MS    1)1':    [JEU 


idée  ro.liyiense,  coliicrc  paraît  être  mie  expression  locale  dési- 
gnant l'action  de  mettre  un  prisonnier  aux  fers,  et  l'on  doit,  dans 
l'espèce,  y  voir  une  allusion  à  la  Saint-Pierre-ès-Liens,  fêle 
patronale  du  lieu. 

1531.  Dans  chacun  des  noius  qui  suivent.  Sain/  est  une  alté- 
ration de  la  j)renuère  syllalje,  indûment  séparée  du  resle  du 
nom. 

Les  formes  anciennes  du  nom  de  Saint-Boiiirjt  (Meurthe-et- 
Moselle)  sont,  en  1179  Ccnihench,  en  l'i'^l  Sanihoin,  en  lo'iS 
Sam/jcinf/. 

S;unf-Ct/  (Nièvre)  est  dit  en  1  .')57  Suinci/,  et  en  I  ()!)9  Sinci/  : 
ce  nom  est  d'origine  gallo-romaine,  s'il  faut  faire  état  de  la 
forme  Suenciacum,  (ju'on  trouve  en  12iS7. 

Sainf-Drérnoni  (Vienne)  est  appelé  vers  1090  Sidreniuni. 

Saint-Eny  (Manche)  a  pour  forme  primitive  Centeniacus. 

Le  nom  de  Snint- fiu/lorcrl  (Pas-de-C'alais'i  a  été  expliqué 
ailleurs  [n"  800). 

Celui  de  SainZ-Sau/Ueti  ;Somme)  était  écrit  au  moven-âgv 
Sossnulieii,  ce  c[ui  suppose  un  primitif  Saxoaldi  ou  Saxoldi 
1 G  c  u  s . 

La  substitution  de  la  graphie  Huinl-Tronc  à  Ccntroii,  pour 
désigner  un  écart  du  territoire  de  Marseille,  a  peut-être  poui' 
cause  la  grande  notoriété  de  la  ville  belge  de  Saint-Trond 
(Limbonrg)  —  sanctus  Trudo  —  flont  les  maichands  fréquen- 
taient les  foires  de  Champagne  et  celle  du  Lendit. 

1532.  Dans  certains  cas,  saint  correspondant  bien  au  latin 
sanctus,  le  terme  qui  suit  combine  le  nom  du  bienheureux 
dont  il  s'agit  avec  un  autre  élément,  par  exemple  avec  un  de  ces 
noms  conununs  qui  ont  été  d'un  usage  si  fréquent  jjour  la  forma- 
tion des  noms  de  lieu  :  mous,  dans  Sainl-liasleinonl  (Vosges), 
Sainl-Cicrmainiiinnl.  (Ardennes),  Saint- Ililairemoiil  (Marne). 
Saint- Pierrcnionl  (Aisne,  Ardennes,  Meurthe-et-Moselle. 
Vosges),  Snint-Ih'niimonl  (Meurthe-et-Moselle,  Vosges)  ;  — 
cortis  (h\ns  Sainf-Denisrourf  (Oise);  —  villa  dans  Saint-Pier- 
rcLullc  (Ardèche)  ;  —  villaie  dans  Saini-Pierrcoillci-.'i  [\lense)  ; 
noms  construits  de  mênu'  ([ue  celui  de  Saint-Eloi-Fontainc 
(Aisne),  que  portait  une  abbaye  augusline  du  diocèse  de  Novon. 
fondée  en  1 139. 

1533.  Les  anciennes  mentions  de   Sainl-Pcraville  (Nièvre)  — 


[  ^r 


(»hii;im:s  i':(:cMi;siASTin[i:s   :   sa.xctis  'M):\ 

parrocliia  Saiicli  IV'lri  de  Villa  en  12)12,  Sain/  Porc  en  r/Z/e 
011  Ki'i.'J,  Saine/.  Père  ti  Ville  eu  !  iO.'i  —  donnent  lieu  de  croire 
i|ue  \^illu  était  devenu  le  nom  de  la  localité;  Saint-Péraville 
résulterait  donc  d'une  combinaison  analogue  k  celle  qui  a  donné 
Sainl-Ci) bardeaux  (Charente),  nom  dont  la  forme  correcte  serait 
Suin/'Ci/hard-d'Eanx,  Sanctus  Eparcliius  (cf.  ci-après,, 
n"  1551)  de  llice  ou  cl  e  llcio. 

1534.  Le  nom  de  Sainl-Péravy-la-Colottibe  (Loiret)  répond  au 
latin  Sanctus  Petrus  ad  vicum  Columnam.  Columna  est 
le  nom  sous  lequel  Grégoire  de  Tours  désigne  le  bourg  (viens) 
de  la  cité  d'Orléans  où  le  roi  Clodomir,  en  52:î,  lit  tuer  son  pri- 
sonnier Sigismond,  roi  des  liurgondes.  Celui-ci  fut  réputé  mar- 
tyr, et  le  [)uits  où  son  corps  avait  été  jeté  —  puteus  sancti 
Sigismundi,  Paits-S;nn/-Siniond  —  devint  un  lieu  de  pèlerinage 
qui  donna  naissance  au  village  acluel  de  Saint-Sigismond  Colum- 
na doit  être  identilié,  non  pas,  comme  on  l'a  cru,  avec  Coulmiers, 
dont  le  nom  représente  columbarium,  mais  avec  Saint-Péravy- 
la-Colombe,  dont  le  territoire  communal  conlineà  celui  de  Saint- 
Sigismond  ;  colombe  esl  d'ailleurs  une  des  formes  vulgaires  que 
revêtit  au  mo\en-âgt'  le  latin  columna,  à  tcdles  enseignes  qu  il 
est  s(juvent  c[uestion,  dans  les  inventaires  de  librairies  des  xiv'' 
et  XV*'  siècles,   de  livres  écrits  >'  à  deux  colombes  »  '. 

Sain/-Péravij-Epreiix  (Loiret)  est  évidemment  un  autre  Sanc- 
tus  Petrus    ad  vicum. 

1535.  Les  noms  Snin/-  An^ancel  (Tarn),  Snin/ -Camidcl 
Bouclies-du-Rhùne),    Sain/-Ci/hrane/   (Dordogne),    Sainl-Flore/ 

(Puy-de-Dôme),  SaiiiZ-Gallet  (Indre),  SainZ-Jeanne/  (Ikisses- 
Alpes,  Alpes-Maritimes),  Saint-Jouanne/  (Landes),  Saint-Louei 
(Calvados,  Manche),  SainZ-Paulct  (Ariège,  .Vudc,  Gard).  Sain/- 
Sevrc/  (Landes),  s'appli([uenl  à  des  localités  primitivement  ap[ie- 
lées  Sain/-Anuins^  Sain/-Canna/,  Siiin/-(^i/bran,  Sainl-Floiir, 
Sain/-,Iallc,  Suinl-Jean,  SainZ-Joiian,  Sain/-Lô,  Sain/-Paal, 
SainZ-Screr  ;  la  terminaison  diminutive  (pi'ils  présentent  a  pour 
objet —  le  déterminatif  II  le-Petit  »  eût  pu  être  employé  à  pari-ilU; 

1.  Voir  \)tn\v  plus  de  dctails,  A.  Loii^non,  (iéof/rnphic  de  hi  Cnulp  au 
Vl"  si''rl,_\  p.  :t'i  î-3  ili,  cl  ,1.  Soyer,  Le  "  doliininne  cicuf.  •<  d  V  m  sxjit  t'.oliun- 
nrn^h  :,  dans  los  llull.  dp  l:t  So,:.  .-ircli/'ol .  rt  lii^l.  de  l'Orlé.in;ils,  I.  XVIII  ; 
lire  à  pari  ^Oi'léaiis,   IDIS,  1.'!  p.  in-S"). 


:;;)! 


i.i';s    NOMS    m-;   i,ii:i; 


lin    —  de  diUei-eacier  ces  localités  de  localités  hoiuoiiviues   plus 
iinpoi'laiiles. 

Diverses  circonstances  ont  eu  parfois  pour  résultat  de  changer 
le  genre  du  nom  de  tel  saint  ou  de  telle  sainte. 

1536.  Sancta  Ag-atha  est  devenu  S;un{-Ch;ij)tc.s  (Gard). 

1537.  Sancta  Agnes  a  produit  Saini-Agncf  (Landes  et 
Snint-ÂLinès  (Hérault),  u  saint  »  ne  se  distinguant  pas,  pour 
l'oi-eille,  de  «  sainte  »  quand  le  nom  qui  suit  commence  par  une 
voyelle;  c'est  ainsi  que  Sancta  Alvera  est  aujourd'lud  S.iin/- 
Alrrrc  (Dordogne;. 

1538.  Sainte  Barl>e  est  la  patronne  tle  Saint-Barhnnl  (Haute- 
Vienne).  Le  nom  latin  Barl)ara,  qui  était  accentué  sur  l'antépé- 
nultième, s'est  réduit  à  Barha,  et  cette  forme  basse  s'est  vu 
appliquer  la  déclinaison  inqiarisyllabique  en  -a,  -a ne  (voir 
ci-dessus,  n"  985)  ;  le  cas  régime  B;irhan  —  tout  comme  les 
noms  de  rivière  Cousin,  Marin.  Serein,  Tliérain  [w"  1164), 
Cnnnn  et  Forninns  (n"  1165),  par  exemple  —  a  été.  en  raison 
de  son  aspect,  attribué  au  genre  masculin;  il  va  sans  tlire  que  le 
/  final  de  Saint-Barbant  est  parasite. 

1539.  Sanctus  Candidus  est  devenu  successivement  Sa//;/- 
daiulc.  S;tint-(!anne,  enlin,  en  raison  tle  l'apparence  féminine 
qui  lui  donnait  sa  terminaison  nuiette,   Sninlc-Canne  (Gers). 

1540.  Sancta  Eulalia  est  le  nom  primitif  de  Saint-Aiilaire 
(Corrèze,  Dordog:ne),  de  Saini-Anlais  (Charente),  de  Saint- 
Aulai/c  (Dordogne),  de  Sainl-Aiilazie  (Tarn-et-Garonne)  et  de 
Saint-Araillcs  fGers^  ;  le  changement  de  gem-e  s'explique  — 
comme  à  propos  des  noms,  nu'utionnés  précédemment  (n"  1537), 
qui  lépontlent  ii  Sancta  .\giies  —  par  le  fait  que  le  nom  de  la 
sainte  commence  pur  une  voyelle. 

1541.  Sainte-(}erffoi;iL\  ferme  détruite  au  iinage  de  Dommar- 
tin-la-Planchette  (Marne)  est  appelée  Saint  Jargoinne  en  14(J0, 
Suint  Gerffoinnr  en  1  iiG,  Saint  Jar/joinc  en  151  G,  Sainct  Ger- 
(jnnnc  en  l.'iO'.);  la  féminisation,  inq)utable  sans  doute  à  la 
terminaison  nuictte,  paiait  n'être  pas  antérieure  au  xix"  siècle  '. 

I .  Les  ri-li<|aes  de  saint  Gorgoii  i  Gorgoii  iii  s)  étaient  vénéiéos  à  l'ahjjaye 
(le  (ior/.e,  cl  ce  monastère  possédait  des  t)iens  dans  la  réj^-ion  ii  laquelle 
appartient  Domniartin-la-Planchellc.  —  On  trouve  constamment,  dans  hi 
région    jorr.iine,   la    forme  Gi-rf/oiite,  et  d'autre-,  ipii    n'en    ditTèrenl   g-nère, 


Ollll.lM'iS     KCC.LKSIASIIMLIKS     '.     SA.Mri'l'S 


:vx] 


1542.  Sauolus    lllidius    s\'sl    allL-rc  l'ii  S/iinfc-Olirc  \  .\\i\i  '. 

1543.  Abbalia  saiicti  PeLrnsii  i  n  M  o  r  vt' no  (K'-si^iK^,  dans 
un  Icxlp  de  i>^l ,  Siiin/e-J^ci'cusc  iXu-ntc).  Lu  tcnninaiscm  nuicUe 
de  la  l'orme  vulgaire  de  Petrusius  n'a  rien  d'anornial  dans  une 
région  où  sanctus  Palricius  a  donné  Suint-Parize  (Xiéviei. 

1544.  Sain/c-Raniéc  (Charente-Inférieure)  représente  ï^anetus 
Ueniigius. 

1545.  Sanelus  S  y  niplin  ria  n  us  est  devenu  ■S'.7////c-/w'///ï' 
(Creuse),  par  l'internukliaire  d'une  l'orme  telle  (pie  Sainl-Sinfcini  ; 
eelle-ci  présentait  à  loreille  une  l'edontlance  (pion  aura  évitée 
en  disant  Sainl-Feira  ;  puis,  par  un  phénomène  analogue  à  celui 
([ui  a  [)roduit  Sinnl-A Ifr'uiiie  (.V  i'ricanus,  Afriri\).  Va  final  de 
Fi'riii,  transt'ornu'  en  «'  muet  sous  l'inlluenee  du  fram^-ais.  a  perdu 
l'aeeent,  et   Feire  a  passé  poui'  un  nom   riMninin'-'. 

L'adjectif  sanctus  a  suhi  diverses  altérations,  les  unes  acci- 
dentelles et  isolées,  les  autres  j)résentant  un  caractère  régional, 
qu'il  uiiporte  de  noter  ici. 

1546.  On  lui  soup(^'onnerait  pas  ci4  éh-menl,  dans  le  nom  de 
Sniucr  (Pas-do-(]alais),  si  l'on  ignorait  (pie  le  nionaslèi'e  (jui 
s'i'levait  en  cet  endroit  est  appelé,  en  1107,  monasleriuin 
saneti  Vulmari;  la  forme  Suun}c'r,  qu'on  rencontre  en  120S, 
reproduit  évidemment  une  jjrononciation  populaire  Sn-ti-nicr, 
pour  Sninf-f'mer. 

1547.  C'est  par  une  prononciation  similaire,  ne  fais.uit  pas 
sentir  h>  /  de  sain/,  cpi'on  peut  explicpier  l'alléralion  de  Sain/- 
Aubin  —  Sanctus  Albinus  —  en  Saminn  (  Loir-et-Cher  ■. 


dans  les  Mucieniics  ilépii^natioiis  tant  ilii  villa^^e  tle  Saiiil-liuiynn  N'osni.'^ 
i|iii'  iK'  la  |iaroisse.  iiiossiTic  dénoiiiiacr  ilo  mriiii'  :  rers  S.ilnc/  <îrr(/(iiiic  ;iil 
mil]  viricr  >  L:i  Ciu'rre  ilr  Metz  en  l^i'J'i,  pnëiiie,  .  .  jiiililié  p;//'  /:'.  île  Hon/eil- 
ler.   sir.    I.">,   vers  Ci). 

I.  Le  l)iclinnn:iire  lopii;/r;ii>hii/iie  (]e  l'Ain  porir  S;iinl-( )lire  ;  mais  ecKe 
ret-lilicalion,  si  jnslidèc  i|n'elle  soil,  n'(>st  pas  ciiccmc  (iflii'ielli'iiiciil  consa- 
crée. —  (Ju'il  nous  soit  pciinis  de  cilcr  un  autre  exemple  de  changement  de 
!,fenre,  résultani  îi  la  fois  de  ce  (|ue  le  nom  de  la  sainte  commence  [)ar  nnc 
voyelle  et  a  été  décliné  en  -a,  -a  ne  ;  S.iinl-i )iipn-lès-l';trei/  (\^osi;es'i  a  pour 
patrmnie  sainte  Ode,  Oda,  donl  le  nom.  an  cas  réi^imi',  prenait  la  l'orme 
()uni!i . 

i.  l.a  l'orme  ori^'inelle  du  nom  di!  S;iirile-Trie  (Dordog-iie)  est  Sa  ne  tus 
T  roja  11  u  s. 


;{i)(; 


LKS    ^O.AIS    IIK    IJIÎU 


1548.  La  disparition  du  sou  nasal  caractérisLi(}ue  du  uu)l 
sniiil  sous  riulluencc  de  la  liquiile  iuiliale  du  nom  (jui  le  suit,  a 
donné  au  nom  de  Saint-Neclaire  (l'uv-ile-Dinne)  la  forme  vul- 
^■aii-e  Scii/u'/rrrc,  (lésij^^nant  la  l'aniille,  orii^inaire  de  ce  lieu, 
à  laiiuelle  appaileuiiil  le  n\ai'éelial  de  La  Ferlé.  La  petite  ville  île 
La  Kerté-Saint-Aulnn  (Loiret),  ancien  chef-lieu  d'un  duché-pairie 
érig-é,  en  IGlio,  en  faveur  de  ce  personnage,  a  été  appelée  L;t 
Fcrlé-Sennelcrrc. 

1549.  Sniarve  (Vienne),  ap])elé  par  des  textes  du  xiv'"  siècle 
Saint-Miiroe  et  Sane  t  a  Mar  v  ia,  paraît  fournir  l'exemple  d'une 
contraction  remarquable  qu'on  ne  pourrait  cpie  constater,  sans 
avoir  le  moyen  de  l'expliquer. 

1550.  Le  passage  du  groupe  latin  et  au  son  chuintant,  ([u'on 
observe  dans  la  langue  espagnole  {nochc  =-  nocteni  ;  —  ocho  =r 
oeto;  —  icchi)  =  teclum)  s'est  aussi  [irotluit  dans  les  parlers 
<le  la  France  méridionale,  témoin  le  nom  d'i-fhainl,  dont  le  pri- 
mitif est  Octavum  (cf.  ci-dessus,  n"  479l.  Sanctus  et  sancta 
sont  ainsi  devenus,  au  moyen-âge,  sancli  ci  sancha;  puis,  sous 
rinlluence  du  français,  saiicli  ou  sancha  est  devenu  sninchc,  et 
parlois,  le  nom  qui  suivait  commençant  par  un  son  voyelle,  le 
son  chuintant  de  sanch  s'est  détaché  de  l'adjectif  pour  faire 
corps  avec  le  nom.  Telle  est  l'origine  des  vocables  Sainl-(Jliiiiian 
(lléi-ault),  Saiiil-(!/ia/nans  (Vaucluse),  Saint-CJininant  (Cantal, 
Corrèze,  Puy-de-Dôme)  et  Sainl-Chamaa  (Bouches-du-Rhône). 
Saint-Chamond  (Loire),  Saint -CliapLes  (Gard),  Sainl-Chély 
(Aveyron,  Lozère),  cjui  répondent  respectivement  à  Sanctus 
.Vnianus,  Sanctus  Amantius,  Sanctus  Annenumdus, 
Sancta  Agalha  (cf.  ci-dessus,  n^' 1536)  —  par  l'intermédiaire  dt- 
formes  telles  que'SV(/icAe  Ate  eiSainc/tc  Ate  —  et  Sanctus  Ilila- 
rius.  Le  nom  de  la  ville  de  Saint-Chamond  a  trouvé  place  dans 
la   topogra[diie  parisienne  sous  la   ft>i'mL-  Saiiit-Cliaiuiidnt  '. 

I.  l.'hôli'l  (le  Saiiil-dlKiuinoiil,  consliiiiL  poiu-  le  mar(iuis  de  S:iial-<  ilia- 
nioml,  (|iii  mourut  en  llil'.l,  l'ul  nctiuis,  ru  1('83,  par  les  roliyieuscs  de 
l'I.'uiiiM  cliri'Licuiu',  i|ui.  depuis  loi's,  l'urenl  diles  >'  !''dles  île  Sainl-Cliau- 
uioul  '.  cl  s'avisèreul,  a[>i'ès  coup,  de  preudre  pour  second  |)alri)U  'i  sainl 
(^haumoud,  évéque  de  I.von  el  iiiarlvi-  ^^  fêlé  le  28  septeudjie  voir  Cddi- 
mhaion  municipale  ilii  Vieux-Paris,  année  I  i>()G,  procùs-verhaiix,  \) .  (i-IS  : 
Hnpiiorl  [irésenté  p:iv  M.  Cliarlex  Sellier.  .  .  »ur  l'ancien  couvent  ilex  ////l's 
lie  S:iinl-(:ii:innu>ni,   .'i  jinipiis  de    l;i  (iéniolil ion  du   n"  '22 'i    de   la  rue   S.iiiil- 


"Mi 


ORIGINKS     KCCLESlASTIurUS 


307 


1551.  l'arfols,  et,  (rviiie  niiinièi-e  i^c'uérale,  dans  luio  ri'f^ion 
moins  nji'ridioiiale  que  celle  à  la({uelle  appartiennent  les  noms 
([ui  viennent  d'être  énumérés,  au  lieu  du  son  chuintant,  on 
observe  un  son  siillant  qui  s'est  comporté  tle  même.  Sanctus 
.Vredius,  Sanctus  Avitvis,  Sanctus  Eparchius,  Sanctus 
Ilospitius  ont  donné  Sain/Si'riès  (Hérault),  Satn/-Savu 
^l)ordoj.^no  I,  Sain/-Ci/h;tr(l  iCAvdvcnle,   I)ordoi,nie,  Gironde)    — et 


Dk'ius].    —    Nous    ne   croyons    pas   devoir    ajouter,    comme  le    faisait    Lon- 
^■non,   que     les   Biitles-Cliaumonl    devraient    s'ap|ieler   du     nom     de     celte 
coinnumaulé,    Dutles    !>;unl~(!li;iuiiwiit.      Il     existait    bien,    voilà      (|uelf|ui' 
soixante-dix  ans,  >uie    "    Soeiélé  des  Hnltes-Saiiit-Chanmont  »,  témoin  c(!r- 
taine   deman<le  de    reclierclies    adressée    de    sa  part,    li'  "Jlt   juillel     IS.'i'i,   an 
secrétariat  de  la    t)irec(ioii  ;,;-énérak'   des    Ai-eliives   de  i'Iùnpire,  où  (die  lut 
enregistrée  sous  le  n"  Iliil27;   la  <■  cité  SainL-Cliaumont    •, relie  le  IjOLdevaid 
delà  Villotte  à  la  rue  tiolivai',  qui  contourne  les  Buttes;  et  au  n"  il.'i  de  la 
rue  du  l'^aubourg'-Sauil-Martin,   prcs([ue  au  coin  de  la    rue   l.ouis-HIanc  — 
dénommée  ivisqu'en  ISSIi  <.  r<ie  delà  Hulle-Clianmont   "  —  on  lit  l'eiiseinne 
Cl   liains  Sain! -f  ihanmonl  ".   Tout  cela  suppose,  à  cou|j  si'ii',  cpu'  l'appellation 
dont   il  s'ai:il  l'ut  elVectiv  ement  usitée,  niais  ni'  [ji-oiixe  aucunement   qu'elle 
soil     fort     ancienne.    K\\     lii'iT,     on   ('■ciÙNait    ceci    :    in     terrilorio   de    /,-( 
i'.iiurliUi-,    in     loco    dicto   ('.hoiiiinHli' ,    projje    m  o  n  t  e  m     de    (^hnumoni 
(Aicli.  liai.    S'  .'iO(t,  l'ol.   Il    ;    ce   deiaiier    nom    n'a  rien    d'énif;inali(pie   poui' 
(piiconqne  sait  (pu'  la  '<  b.irriére  de  la  t^oui'lille  »  était  située  à   re.xtrémité 
de  la  rue  du    l'anbonrt;-dn-'renqdo,  prolonL;ée  par  la  rue  de  Hellexille,  et  la 
«  barrière  de   la  (".liopinelte  "   à  l'endroit    oii  Unit  la  rne    du   Buisson-Sainl- 
l.onis,  et  où  commence  la  rue  Héljeval.  Loni;tem|js  avant  ipie  le  \\o\\\  Sainl- 
l'.lciniHDnl  ne    inil    racine  ,'i    Paris,  un   i-ensier   de  lielle\ille,    daté  de  l."i't(i, 
mentionnait    le    »    lieu    de    (llianmont    i.    '.\rcli.    nat,,    S    M8i).     VA,     mieux 
encore,  dans   une  cliarle   <le   l-7('>,  11   l'st  question   de  Ijiens  sis    vers   la  ^'il- 
lette,     in     lerritorio     dicto    de     (Jalvo     monte     prope     p  a  '  1  b  n  1  u  [u 
(Arcli.    nat.,   S    '.)|0,    n"   Il  :    par    patibnlnm,    il    faut    iMit<'ndre  le  j^ibet   de 
Montl'aueon,     dont    l'emplacenu'ii  I ,    autant    (pi'on     peut     k'    détei'minei-    eu 
reportant  sur   nu    plan  moderne  les  données  du  jibin  de  N'erniqnel,  '-orres- 
|)ond    a    la    bifurcation  <les    rues  Boli\ar   et  Sccrelan,    au    pied   di's    Ikittes- 
(>iiaumont.  Nous  a\dns    i-enconlré'  c^'-^  textes  paiani  ceux  (pi'a  jadis  recueil- 
lis, en  vue  do  l'établissement  d'un  l)i</ itiiiiiairr  li)i>iii/i-;ijyltii/iic   ilii  (léjh-irtc- 
iivnt  lie  hi  Si-iiif,   M.  Haymond  Teulet,  alors  ai'cliivisle  aux  Ai'clii\es   natio- 
n.iles  ;  ils    permetti'ut    d'allirmer  i|ne  les  Huttes,  dont  l'asiiect,   antérieure- 
ment aux   emi)ellissemenls  qui    les    ont    transformées   comme  cliaenn   sait 
justifiait    rappellation    île   calvus    nions,    n'ont  été   placées  (pie    tartli\e- 
ment  sous  le  p.'ilronai;e  de  u  sain!   Cbanmond   ■■,  mo\ennant  nue  adaptation 
comparable   —   sans   qn'q^ii    puisse    l'expliquei-  avec    la    même    sni'eté    —    .'i 
celle  ipi'a\aienf  mise  en  (cuvre  les  l'illcs  de  l't'nion   chrétienne. 


;i})s 


MCS    .\'()>IS     ino    l.UOL' 


Sninl-Cfilinrdeanx  (cl',  ci-dossus,  u"   1533)  —  eiilln   S;uji/-Sns/)i.s, 
;iiicieiine  l'oiine  du   nom  de  Saiiil-llospice  (Alpes-Maritinu's,. 

1552.  Dans  le  centre  de  la  France  on  .  voit  l'adjectif  sanclus 
conserver  la  forme  méridionale  san  et  faire  corps  avec  le  nom 
qui  suit.  Des  clercs  des  xi''  et  xii''  siècles  ont  appelé  S;inccrre 
(Cher)  Sacrum  Gaesaris,  aloi-s  ([n'en  réalité  rappelliilion 
antique  de  ce  lieu  est  Gortona,  d'où  celle  de  Chàtcnu-Gordon 
usitée  au  debul  tle  l'époque  féodale,  et  que  Sancerre  n'est  autre 
cliose  que  le  vocahle  —  Sanclus  Satvrus  —  d'iuie  ahhiive 
tuule  voisine  de  celle  ville.  Le  nom.  d'orij^-ine  i^-recque  ^l!âTJ;;r), 
du  hienheureux  aucpiel  cette  abbaye  était  dédiée,  accentué  sur 
1  antépénultième,  et  rétluit  l\  Salrus,  a  donné  .se/ve  aussi  l'cni- 
lièrement  que  [)atrem  pm-.  Dans  la  même  région  Sanclus 
Cyricus  est  devenu  Su/iccrc/iics  (Cher). 

1553.  Scnhiniille    (Ariè-e)    et   Xni/tf railles    (Lol-ei-Garoime), 

réi)ondenl   —  comme  SaiiU-Araillcs,  citt'  plus  haut  mi"  1540)  

à   S  a  n  c  l  a  E  u  1  a  1  i  a . 

1554.  Le  nom  d'homme  Medardus  a  revélu,  au  moven-i"i"'e 
les  formes  vulgaires  McnnI  et  Mard,  et  bon  nombre  de  localités 
dont  l'égli.se  est  sous  le  vocable  du  premier  évêcjue  de  Xovon  sont 
appelées  Saint-Murd  ou  Sainl-Mars.  Le  nom  de  l'une  d'elles, 
incom[)ris  dès  le  xu'"  siècle,  a  été  traduit  par  Ouin(]ue  Martes, 
et  ce  jeu  de  nuits  a  été  consacré  par  la  graphie  Cinq-Mars 
(Indre-et-Loire),  ol'licielle  dv  nos  jours  encore. 

1555.  Cinteiiuhellc  (Haute-Garonne)  est  appelé  aux  x"  et 
xi^'  siècles  Sancta  Gavella  ou  Gabella;  le  n(un  de  cette 
comnume  est  donc  d'origine  religieuse,  en  dépit  des  apparences. 

1556.  On  sait  (ju'à  l'épofpu'  de  la  Hevolution,  un  ceitaiii 
nond)re  de  noms  de  lieu  commentant  par  Saint-  ou  [)ar  Sain/e- 
oul  été  privés  de  ce  pi'cmier  ternu"  ;  mais  cette  disposition  n'a  ('té 
(pif  lort  peu  de  temps  en  viguem-,  et  l'usage  courant  ne  l'avait 
jamais  complètement  adoptée.  Il  est  assez  curieux  d'observer 
(\m\  dans  un  cas  au  nu)ins,  pareilh^  anq)utalion  s'est  produite 
bien  plus  ant'iennement.  La  plus  ancienne  nu'nlion  comme  de 
Martjcric  (Marne)  est  Sancta  Margariia,  qu'on  lit  dans  un 
texte  de  1119;  et  dès  1222,  mi  voit  concurremment  emphnces 
les  appellations  Mergerie  et  Sain/e  Margeric.  Jules  (Juicherat  a 
prétendu  que  Mamers  (Sarthe)  s'est  appelé  Sanctus  Mamer- 
tus,  nuus  aucun  texte  ne  vient  à  l'appui  de  cette  opinion  ;   peut- 


ornniMcs  kccucsiastuicks   :  saacj'cs 


;i!ii) 


«■•trc  a-l-il  tHi'"  iniovix  inspiré  eu  cilnnt,  ilnus  la  inêiUL'  région, 
T(-/-rr/i,iiiU  (Sartlie),  localité  dénommée,  dans  les  textes  ialins 
(lu  inoven-âye,  Sanetiis  Errehaldus  :  sui/i/  n'aurait  laissé 
d'autre  trace  que  son  /  linal,  soudé  au  nom,  oublié  de  bonne 
lieure,  du  bienheureux.  L'ég'lise  de  Bologne  (Haute-AIarne)  a 
pour  patronne  sainte  Bologne,  martyrisée  au  iv"  siècle  ;  mais  ce 
lieu  était,  dès  83i,  le  centre  d'un  des  p^Kji  de  la  cité  de  Lan-g-res, 
le  pag'us  1)0  Ion  iensis,  et  il  nest  pas  impossible  que  le  culte  de 
la  sainte  y  ait  été  introduit  en  r;dson  de  l'homonvmie.  —  Le  rap- 
port (pie  certains  érudlts  locaux  ont  voulu  établir  entre  le  culte 
de  saint  Eloi  et  le  nom  (.VJilayes  (Vosges)  ne  repose  que  sur  la 
L-raphie  toute  moderne  de  ce  dernier  '. 


I.  l'iic  churtc  (11.'  I:i.'f7  (Arch.  des  \'os(;e.s,  G  |-2i)lj  mcnlioniie  le  .■/;/•(•/  i/cs 
/.((//■■s;  \i\  |):iroisso  est  dési^-née  dans  un  pouillé  d(»  1402  par  les  mois  de 
l.obiis.  L'église  d'I^loycs  est  sous  le  vocuble  de  1  Assoinplioii. 


LXX 
VOCABLES     HAGIOGHAPIIIOURS 

Lu  1res  loiiyue  '  énuinération  qui  suit  se  compose  exclusive- 
inent  (le  vocables  dont  chacun,  sous  sa  forme  primitive,  consiste 
en  un  nom  de  personne  i)récédé  de  l'un  des  mots  domnus  ou 
domna,  sanctus  ou  sancta.  Les  transforniations  (ju'ont  pu 
subir  ceux-ci  ont  été  sullisamment  indiquées  plus  haut,  et 
il  n'y  a  plus  lieu  de  les  souligner  au  passage.  On  s'attachera 
désormais  à  considérer  les  aspects  variés  qu'ont  revêtus,  sur  le 
sol  français,  les  noms  des  saints  et  des  saintes,  et  c'est  à  cette 
l'evue  c[u'on  va  procéder  dans  le  présent  chapitre,  en  suivant 
l'ordre  ulpludx'ticjue  des  formes  originelles  de  ces  noms. 

1557.  .Vbundius  :  Saint-Haon  (Loire,  Ilaute-Loire)  et  peut- 
être  Saint-Ahon  (rironde). 

1558.  Acai'dus  ou  Achardus,  abbé  de  Jumièges  au 
VII''  siècle  :  Saint-Accard  (Somme). 


I.  m,  iijouti'roiis-iious,  1res  srclu-,  cardans  ces  |_iaj;fs,  que  xiaisiMiihla- 
hli'ini'iil  on  ccinsnllrra  pat'  cinlruils  |>lnl('il  i|n('(l\'n  t'aii'e  rcjhjcl  d'nnc  Icc- 
tnre  suivie,  on  n'amait  i[ue  l'aire  îles  ilé veloppemciils  de  style  donl  il  i'al- 
lail  bien,  dans  nn  enseig neuieiil  oral,  accompagner  cette  énuinération  ponr 
la  l'endie  snppuiialile.  D'ailleurs,  il  nous  a  paru  convenable  de  eondeiiser, 
antani  ijue  faire  se  peut,  le  texte  du  présent  chapitre,  dont  l'étendue  res- 
tera néanuKjins  eveeplionnellenieiit  considéra  hle,  puisipi'il  contient  la 
nialière  d'une  ipiin/aine  de  ecMil'erenci's  :  c'est  à  celte  lin  cpie  nous  muis  ahs- 
t  i  end  m  n  s,  s  ai;  i  s  sa  ni  d'un  \  ocahh'  très  [■épan<ln,  iréiuunércr  les  dc|iai'lcnienls 
où  on  le  rencontre,  à  moins  ([ue  cette  énuméralion  n'en  fasse  ressoiiir  le 
caractère  réyional,  comme  cela  se  produit,  par  exemple,  pour  Sninl- 
Bonncl . 

On  sait  que,  dans  le  Dicliun/uiire  r/cs  Punies,  les  noms  de  lieu  commen- 
(^•anl  par  S;ilnl  foi'ment  un  t;'roupe  à  pari,  à  la  suite  de  la  lettre  N.  Tons  ces 
noms  n(^  se  i'elron\enl  [)as  ici  ;  nous  nous  en  sommes  tenus  à  ceux  que 
I.onyiion  a  étudiés,  sans  nous  attarder  à  rechercher  les  motifs  du  choix  qui 
lui  a  l'ait  accueillir  S.nnl-dlinjnolc  cl  laisseï'  de  côté  Sainl-Aj/alhon,  men- 
tionncL'  Sainl-IU'fitnrd  et  Sninh'-ilnlld'ruic,  et  pas-ser  sous  silence  Sainlc- 
Aniii'  et  S:niit-C/irinluj)lie,  ainsi  ipie  ses  variantes  Sulitl-Clifistul ,  S:\inl- 
CJirixlnuil  el  S:iinl-t Hirinloli/ . 


4 


1. 

i 


ï  ^ 


OUKiliNKS     KC.CLlÔSIASriulES     :     ACh'.OIJS  401 

1559.  AcodIus,  niiirtyi'isr'  ;\  Amiens  avec  son  frère  Aceus  : 
Saint- Acheul  (Somme). 

1560.  AchariiLs,  évècjuc  de  Noyon  au  vu''  siècle  :  Saint- 
Accaire  (Nonl),  Saint-Acquaire  (Aisne);  -nire  est  une  l'orme 
demi-savante  de  -arius,  comme  dans  ClnLaïre,  reiiréseiitant 
(Ihlolacliarius. 

1561.  .\  da  1  lierlus,  de  bonne  heure  réduit,  |iar  chute  de  la 
dentale,  à  Alberlus  ;  Saillt-Albert  (Ardennes,  Cii-oude),  Saint- 
Aubert  i  llaules-Alpes,  Alj)es-i\[aritimcs)  ;  cette  dernière  forme 
peut  aussi  Itien  représenter  Saue  lus  Autb  er  tus  (cf.  ci-après, 
u"  1617). 

1562.  Adal-isus  icf.  ci-dessus,  n"  1098)  :  Saint-Algis  (Aisne), 
l'ornu:  demi-savante. 

1563.  Adalveus  :  Saint-Auvieux  (Omei:  c'est  ainsi  cpie 
|[eri\eus  a  (k)nné  llcrvieu. 

1564.  .Vdjutorius  :  Saint-Adjutory (Charente),  forme  savante  ; 
1'//,  re|)résentant  1"/  de  la  terminaison  latine,  était  jadis  aloue  ; 
il  est  sans  doute  devenu  accentué,  sous  rinlluence  des  pro^-rès 
de  l'inslruction  primaire  ;  —  Sailît-Ustre  (\'iennei,  foriue  vul- 
i^aire  (pu  se  prononce  Sainf-l'lrc,  et  cjui  est  vraisenddablement 
la  contraction  d'un  plus  ancien  Suinl-Ai/ulre. 

1565.  Adora  tor  :  Saint-Oradoux  (Creuse),  représentant 
l'accusatif  Adoratorem,  accentue  sur  Vo  de  la  jiénultième. 

1566.  Aei^idius  :  Saint-Gilles,  moyennant  l'aphérèse  de  la 
première  syllabe  et  le  chan<^emenl  de  (/  en  /  qu'on  observe  dans 
le  nom  du  Valois  (cf.  ci-dessus,  n"  732)  et  dans  celui  du  pays 
de  Blois,  ancien  p;u/iis  de  la  cité  de  Toul,  en  latin  Vadensis  et 
Bede  nsi  s  ;  —  Sain-t-Gil  (Savoie)  ;  —  Saint-Gély  (Gard,  Hérault), 
dont  1'//  est  ou  devrait  être  atone.  Saint-Gély-du-Fesc  (Hérault) 
a  été  appelé  parfois,  au  xvn''  siècle,  Sain/-(ieri/  :  et  l'é^dise 
paroissiale  de  Saint-Géry  (l)ordoi;ne'l  a  bien  pimr  patron  saint 
Cilles:  mais  on  verra  plus  loin  (n"- 1692  et  1774)  tpie  Snuil-dérji 
n'a  pas  partout  la  même  orii^ine. 

1567.  Aemilianus  :  Saint-Émilien  (Loire-Inférieure),  Saint- 
Émiland  (Saône-et-Loire),  Saint-Émilion  (Gironde).  Les  deux 
premières  de  ces  localités  ra[)pelleraient  le  souvenir  d'un  saint 
évè([ue  de  Nantes,  qui  mourut  en  iîoury-og-ne  en  cond)attanl  les 
Sarrasins,  au  vni''  siècde. 

1568.  Africanus  :  Saint-Affrique  (Aveyron,  Tarn)  ;  la  forme 

Les  noms  de   lien.  26 


402 


LKS    NOMS    DE    LIi:U 


vulgaire  d'Al'ricanus,  on  cettu  région,  était  Africa,  (huit  1',/ 
(inal,  sous  l'induence  du  français,  a  pordu  l'accont  et  s'est  trans- 
formé en  e  muet  (cf.  ci-dessus,  n"  1545).    . 

1569.  Agatlia  :  Sainte-Agathe,  forme  s»»vante.  Le  nom  lallu 
étant  accentué  sur  rantépénullième,  la  forme  vvdgaire  se  rap- 
proclierait  du  nom  de  la  ville  d\[(jdc  (cf.  ci-dessus,  n»  S)  ;  et  c'est 
de  cette  forme  vidgaire  que  procède  le  nom,  précétlemment  indi- 
qué (n"^  1536  et  1551),  de  Saint-Ghaptes  (Gard). 

1570.  Agericus,  évê([ue  de  ^'erdun  au  vi'=  siècle  :  Saint-Airy, 
nom  il'une  abbaye  située  en  cette  ville.  Domnus  Ag-ericus  a 
revêtu,  dès  lOlii,  la  forme  vulgaire  Dorncrcis  ',  à  peine  dillerente 
de  Domerij,  qui,  au  xviii''  siècle  encore,  désignait  le  village  de 
Domprix  (Meurthe-et-Moselle)  ;  dans  la  forme  actuelle  le  p, 
introduit  très  tardivement,  résulte  du  contact  de  1'//;  et  de  /';•  dans 
la  prononciation  populaire  Dorn'ri. 

1571.  Agilus  :  Saiht-Agil  ([.oir-et-Cher),  Saint-Ay  (Lnireti, 
Saint-Isle  (Mayenne).  Le  [iremier  de  ces  noms  est  une  forme 
savante;  le  secoml  se  prononce  dans  le  pays  S<ii/it-I\  dans  le 
troisième,  où  aç/i  est  également  représenté  par  le  son  /,  \'l  étvmo- 
logique  s'est  maintenue,  et  Vs  parasite  est  l'effet  d'une  assimila- 
tion avec  le  nom  commun  qui   répond  au  latin  insula. 

1572.  Agiulfus  ou  Aigulfus  :  Saint-Aigout  (Var)  et 
Saint-Ayoul,  nom  d'une  église  à  Provins.  Le  /  parasite  de  Saiiit- 
Aiijonl  se  remarque  aussi  dans  sa  variante  Samt-Août  (Indre); 
le  second  terme  de  ce  ncjm,  (ju'à  première  vue  on  rapporterait  à 
Augustus,  parut,  au  tenq)s  de  la  liévolution,  enq)runté,  comme 
le  premier,  à  un  vocabulaire  proscrit,  ce  qui  valut  à  la  localid' 
d'être,  pour  un  temps,  appelée   Tliermulor. 

1573.  .\gnes    :    Sainte-Agnès    l.\.lpes-^L•lri^imos,     Douhs, 

Isère,  .lura',  Inrme  savante.  La  dé'elinaisou  de  ce  nom  élanl 
imparisyllaijicjue,  c'est  île  ses  eas  obli(jues  tpie  procèdent  les 
formes  populaires,  mentionnées  précédemment  (n"  1537),  Saint- 
Agnet  (Landes)  et  Saint-Aunès  (Hérault)  ;  dans  celle-ci  le  //  s'est 
vocalisé  comme  dans  le  mot  cmcrnudc,  en  latin  Smaragdus. 
vi  ilans  le  nom  l>.ni<l,is,  sous  lequel  on  désii^-nait,  au  xiu''  siècle, 
la  ville  de    Hagxlad. 

1574.  Agrippanus,  dérivé  du  nom  romain  Agrippa  :  Saint- 

1.   Cf.  Mellcnsi:,,  11,  2:j'J,  el  III,   î)4-3u. 


4 


OUKUNES    ECCMÎSlASTIOt'KS     :     AHItl  l'I'A  \rs  'jOii 

Ayrève  (Ardùclie),  Saint-Égrève  (Isèi-o)  ;  dans  ces  noms,  où  le  p 
iTiliiuljlc  (lu  lutin  s'esL  comporté,  entre  deux,  voyelles,  comme 
un  j)  simple,  le  déplacement  d'accent  s'est  produit  de  la  même 
manière  que  dans  Sainl-A/frique  (cf.  n"'^  1545  et  1568). 

1575.  Alanus,  précédé  de  domnus  :  Domalain  (cf.  ci-des- 
sus, n"  1525). 

1576.  Albanus  :  Saint-Albain  (Saône-et-Loire),  Saint-Alban 
(Ain,  Hautes-. Vlpes,  Ardèche,  Drùme,  Gard,  Haute-Garonne, 
(iéraull,  lsèn\  Loire,  Lo/ère,  lîhône,  Savoie),  Saillt-Auban 
(Basses-. Vlpes,  llautcs-.Vlpes,  Alpes-Maritimes,  Drômc).  Appli- 
qué à  une  commune,  des  Côtes-du-Nord,  Saint-Auban  est  une 
forme  savante. 

1577.  /Vlhinus  :  Saint-Albin  (Isère,  Loire,  Pas-de-Calais, 
Haute-Saône)  ;  — •  Saint- Alby  (Tarn),  caractérisé  par  la  chute  de 
1'/;  intervocale,  connue  le  nom  du  (hiercy  (cf.  ci-dessus,  n"  427)  ; 

—  Saint- Aubin  ;  —  Sambin  (voir  ci-ilessus,  n"  1547). 

1578.  Aida,  peut-être  déformation  du  j.;ermanique  llilda  : 
Sainte-Aulde  (Seine-et-Marne)  où  1'/  est  abusive,  comme  dans  la 
graphie  aiillre,  adoptée  à  la  Renaissance  ;  l'existence  du  nom  de 
fennne  Aude,  aujiaravant  Aide,  est  attestée  par  un  épisode  bien 
connu  de  la  ahiinnon  de  Itoland. 

1579.  Alpinianus,  prêtre  du  Limousin  honoré  par  l'Eylise 
le  même  jour  cpie  saint  Martial  :  Saint-Alpinien  (Creuse),  forme 
refaite',  et  Saint-Anprien  (Indre;,  forme  vulii;aire  où  l'on  observe 
la  même  sul)stitution  tie  licpiide  cpxe  dans  les  noms  communs 
puinpre  et  rnffre,  en  latin  pampinus  et  cophinus. 

1580.  Alvera   :  Saint-Alvère  !voii' ci-dessus,  n"  1537j. 

1581.  Aniandinus  :  Saint-Amandin  (Cantal). 

1582.  Amandus  :  Saint-Amand.  —  Saint- Amant  (Charente). 

—  Domnus  .Vmandus  ;  Bonnement  (voir  ci-dessus,  n"  1525). 

1583.  -Vmantius  :  Saint-Amans  (Ariège,  Aude,  Aveyron, 
Haute-Garonne,  Hérault,  Lot-et-Garonne,  Lozère,  Tarn,  Tarn- 
et-Garonne)  ;  Saint-Ghamans  et  Saint-Chamant  (voir  ci-dessus, 
n"  1550)  ;  Saint-Chamas  (Bouchcs-du-Rhône),  ([u'en  1035  une 
charte  de  Saint- N'ictor  de  Marseille  appelait  castrum  sancti 
A  ma  util.  —  A  vrai  dire,  le  départ  entre  les  noms  de  lieu 
Ciirrespondant     respectivenuMit     à     Sanctus     .Vuiandus    et     à 

I.    .Vu  iiKiN  iMi-.'ii;('  (111  (lisait  S.unl-.\uj>crirn  . 


40  i. 


i.Ks  NOMS   DE   i.ir.r 


Sanctiis  Aniaiilius  estime  quesLion  d'espèce;  il  importe  clc 
considérer  que  le  martyroloye  comprend  cinq  personnages  du 
nom  d'Amand,  et  ([ue  le  culte  de  saml  Amans,  premier  évêque 
>le  lîndc/.  a  mi  caractcre  régional.  —  <)n  a  vu  (n"  1535'  que 
]iar  Saint-Amancet  ('ratii'l,  il  l'aut  entendri'  «  Saint-Amans-le- 
Petit  ... 

1584.  Amator  :  Saint-Amator  (Calvados),  forme  savante.  Le 
vocaMe  Saint-Amàtre.  en  usage  à  Auxerre  et  à  Langres,  est  une 
rornie  demi-savanle.  car  la  forme  populaire  du  nominatif  A  ma- 
ter serait  ^{nièrf  ^ .  Le  cas  oMic[ue  Amatorem  est  représenté 
par  Saint-Amadour  (^hlven^el  et,  Ir  linale  s'étant  assourdie, 
Saint-Amadou  (Ariège)  ;  on  s'étonne  de  rencontrer  le  premier  de 
ces  noms  fort  loin  du  donudne  de  la  langue  d'oc  :  peut-être  le 
fait  s'expli([ue-l-il  par  la  grande  céléhi'ité  de  liocHiniidour  (Lot). 
,Soit  dit  en  passant,  l'Amator  au  souvenir  duquel  ce  lieu  de 
pclci-inage  doit  son  niun  serait,  d'a[M-ès  certains  liagiograplics.  le 
pulilicMin  Zacliéc,  dont  il  est  question  au  chapitre  .\1X  de  ri'A'an- 
gile   selon  saint  I  .uc. 

1585.  Amatus  :  Saint-Amé  (Vosges). 

1586.  .Vmhrosius  :  Saint-Alllbroise  (Finistère,  Gard,  P.asses- 
Pvrénées).  Saint-Ambroix  (('her,  Gard),  Saint-Ambreuil  (Saône- 
et-Loire)  et  le  /'////-Saint-Ambreuil  (Alliei)-'.  La  forme  très 
régulière  Ainhrui.r  —  .Vmhroise  de  Loré,  prévôt  de  Paris  sous 
Charles  Vil,  est  a[)pelé  dans  les  textes  contemporains  AniJjrois, 
et  à  cette  époque  Anibroisc  ne  représentait  (|ue  le  féminin 
Amhrosia  —  s'explique  par  rinihience  de  1'/  de  la  terminaison 
-ius  sur  la  vovelle  tonicpu-.  Anihmiil  i^iull  auparavant  Ai)ibrcn  \ 
dont  la  lin, de  a  été  ahu^^iveinent  assimilée  ii  celle  des  n(uns  en 
-ciiil:  c'est  ainsi  (pie  Lu  xo  v  i  u  m  est  aujouririuii  Luxruil  (Haute- 
Saône),  après  avi>ii-  éti'',  jus(pr;i  la  lin  du  nioven-àge,  prononcé 
Liisseu. 

1587.  Anior,  martyr  à  lîesançon  :  Saint-AlllOUr  (,Iur;i, 
Haute-Marne,  Saône-et-Loire). 

1588.  Anastasia  :  Sainte-Anastasie  (Cantal,  Gard,  Van 
foime    savante  ;    Saint-Anastaise    (Puy-de-Dôme),    l'onne    popu- 


'i 


s'^ 


1.   Cr.    Irourèrf. 

1.    \.    IJruel,    l'ollillrx  '(/es    (linri-: 


de  CAcnnonl  el  <li'  Sainl-Fluiir,  p.   '.M, 


oiiiGiNEs  i".c(;iJ:siAsrini'i;s  :   aa'astasia 


W) 


lairc    conii)li(|uée    d'un     clians^-eincnl     de    grnre     (cf.    ci-dessus, 
n"^  1537  et  suiviuils). 

1589.  Analolius,  nuiiiyi-  d'Asie-Miueui-e,  dont  les  rLdiques 
('■laienl  vénérées  eu  l'église  Saint-Anatoile  de  Salins  (Jura)  : 
Saint-Anatole  (Tai-n)  ;  Saint-Anatholy  (Haute-Garonne),  dont  la 
(inale  était  jadis  atone  (cf.  ci-dessus,  n"  1564). 

1590.  .Vndocliius.  nuirtyrisé  au  n'  siècle  à  Saulieu  'dole- 
il'Ori  '  :  Saint-Andoche  lUaute-Saôiu'l,  forme  savante. 

1591.  -Vndreas  :  Saint-André;  —  Saint-Andrieu  (Basses- 
Pyrénées,  Seine-Inférieure),  Saint-Andrieux  (Dordoyne).  —  I.a 
forme  Saint-Andréau  a  été  employée,  concurremment  avec  Suinl- 
Amlré,  |)our  dési^i^ner  une  commune  tlu  canton  dWuri^'nac 
(llaute-(îar(uine). 

1592.  .Vn,i;eliis  :  Saint-Ange  (Drdme,  Hùire-et-Loir,  Sidne- 
et-Marne).  —  Saint-Angel  (Allier.  Corrèze,  Dordogne  ',  Puy-de- 
Dome,  Tarn)  est  une  forme  savante  qui  s'est  altérée  en  Saint- 
Angeau  (Cantal.  Charente). 

1593.  Anianus  :  Saint-Agnan  ;  — Saint-Agnant  (Charente- 
Inférieure.  C>reuse,  Miuse)  ;  -  Saint-Aignan  :  —  Saint-Agnin 
(^Isèrej,  dont  la  terminaison  est  à  rapprocher  de  celle  de  Tullins 
(voir  ci-dessus,  n"  343);  —  Saint-Ignan  (Maute-Garonnc;  ;  — 
Saint-Ghinian  (voir  ci-dessus,  n"  1550).  —  La  linale  d'Anianus 
a\'ant  passé  par  les  mêmes  vicissitudes  ([ue  celle  de  Symjiho- 
rianus  (^n"  1545)  et  d'.Vfricunus  (n"  1568),  Sanctus  Anianus 
est  aussi  représenté  par  Saint-Agne  (Dordoj^ne  ^\  Haute-Garonne, 
Lot-et-Garonne),  Saint-Igne  (  Tarn-et-Garonne)  et  Saint-Chignes 
(Loti,  pour  vin  ancien  Siincli-/r/ii;t. 

1594.  Annemundus,  évêque  de  l>yon  au  vu''  siècle  :  Saint- 
Ennemond  (Allier,  lihôue),  Saint-Ghamond  (voir  ci-dessus, 
n"  1550). 


i.  Los  l'oi-iiios  :iiu'ieuncs  —  ."i  c(jiniiu'iiccr  par  S  a  n  c  l  u  >  Aiiileolus 
(l27-2'i  —  (lu  nom  de  S.tint-Anili'tix  i  Cùle-il'Orl  ne  |iornieLUMil  pas  ify 
reconnaître  une  l'orme  vnlj^aire  d'A  n  il  oe  h  i  u  s  ;  on  serait  d'anlaiU  |jlus 
enclin  à  commettre  cette  erreur,  ([ne  Sainl-Andeux  appartient  au  canton 
de  Saulieu . 

2.  Celte  paroisse  a  [kuu'  patron  saint  Micliel  :  le  thème  étymologique  de 
son  nom  compri-nd  donc  le  mol  an^eliis,  et  non  |ias  le  nom  iln  niarlyi' 
saint  ,\ni;e,  télé  le  ;i  mai. 

15.  1, 'autour  du  Dictinitnniff  lojtoiji\ip/ti(jur  de  ce  déparlenient  a  adopté  la 
l'orme  Saint-Aigne . 


'i(H)  i.i;s    Nd.Ms    1)10    i.iTîr 

4595.  AiiLhemius  :  Saint-Anthême  (Puy-de-Dnine),  l'nvmv 
savante. 

1596.  Antidius  :  Saint-Anthet  (Loi).,  Saint-Anthot  (Côk'- 
<rOi-).  Ce  dernier  est  ap[)elé  en  1  197  S:iitt  Anlcil,  en  I  22  i  S.iint 
^■in/oil;  17,  repré.SL'ntanl  le  (/  du  priniilif  :  cl',  ci-dessus,  n'M566). 
s'est  assourdie. 

1597.  Antoninus  :  Saint-Antonin  (Alpes-Maritimes,  Bou- 
ches-du-Khône,  Gers,  Tarn,  Tarn-et-Garonne,  Var). 

1598.  Antonius  :  Saint-Antoine  ;  il  est  surprenant  que  cette 
lornie  savante  soit  la  seule  qu'on  rencontre,  alors  qu'An  ton  ius 
employé  seul  a  ilonné  Aiilouuf  et  Aitloin///  (cï.  ci-dessus, 
n"  288). 

1599.  Aper,  évèque  de  Toul  au  début  du  vi"'  siècle  :  Saint- 
Epvre  (Haute-Marne,  Meurthe-et-Moselle),  dont  le  p  lait  doul)le 
emploi  avec  le  r  ;  Doninus  Aper  adonné  Domêvre  (Meurthe- 
et-Moselle)  el  Domèvre  ("Vosges).  —  C'est  au  culte  d'un  autre 
sanetus  Aper,  prêtre  genevois  fêté  le  'i  décembre,  que  se 
rapportent  les  noms  Saint-Avre  (Savoie)  et  Saint-Aupre  (Isère)  i. 

1600.  Apollinaris  :  Saint- Apollinaire  (Hautes-Alpes, 
Ardèche,  Côte-d'Or),  Saint- Appolinaire  (llhûne)  ;  ces  formes 
savantes  ont  été  substituées  à  <,les  formes  populaires  usitées  au 
moyen-âge'-.  —  Saint- Appolinard  (Isère,  Loire). 

1601.  ApoUonia  :  Sainte- Apollonie  (Haute -Garonne), 
Sainte-Appoline  (Meurthe-et-Moselle). 

1602.  A  qui  lin  us  :  Saint-Aquilin  (Dordogne,  Eure,  Oine), 
forme  savante;  Saint-Agouliil  (  Puv-de-Donie),  Saint-Aigulin 
(Charente-Inférieui-e),  fornu's  méridionales  ;  dans  le  nord  de  la 
France,  oîi  l'on  chercherait  ([nel(]ue  chose  de  comparable  ;i  l'cc- 
///((',  en  latin  h^iuilina,  ancien  nom  de  la  forêt  de  liambouillct, 
on  ne  trouve  (jue  Saint-Eulien  (Marne),  dont  la  linale  a  été 
assimilée  de  bonne  heure  à  celle  que  produit  le  latin  -ianus. 

1603.  Archontius,  nom  d'origine  grecque  porté  au  temps 
de  Charlemagne  par  un  saint  évêque  de  Viviers  :  Saint-Arcons 
(Haute-Loire). 


1.  Le  nom  (le  Saint-Apre-c/- '/'oc/j/il- (  Donloi^iic)  aiu-uiL  une  nuire  oi'i^iuo, 
puisciu'on  le  voit  ti'aduil  en  l.'^ll'i,  par  Sancliis  Asprus,  el  m  K^SO  par 
Sanetus  Asperus. 

2.  On  on  trouvera  une  gfi'ande  variélé  dans  le  Dictionnaire  loiiographiijU'' 
de  la  Côtc-d'Or. 


I 


oiur.i.N'Ks   i;f;(:i.i';siASTiui'i;s  :    Mii-.mrs  407 

1604.  Ai'ctlius,  ;il)l)i.''  en  Limousin  à  lu  (in  du  vi''  siècle  : 
Saint-Yrieix  (ChurenU".  Gonè/.o,  (Creuse,  ILiule-Vienne),  pro- 
noncé SHini-lrié  \  la  A/o/z^-Saint-Héraye  (Deux-Sùvres),  Saint- 
Hérie  (Charente-Ini'éi-icuie),  Saint-Izaire  (Aveyron),  pour  Sui/tl- 
Iraire  (cï.  n"  1566  :  (rrri/  =  Aei^-idiusi  ;  Saint-Sériès  (voir 
ci-dessus,  n"  1551  ). 

1605.  Arni;igilus  ;  Saint-Armel  (Ille-et- Vilaine,  Morbihan). 
Le  même  nom  enlre  dans  la  comptisilion  du  nom  de  Plncfincl 
icf.  ci-dessus,  n"  1297). 

1606.  Arnoaldus  :  Sanct-Amuald,  près  Sarrebruck  ;  Saint- 
Arnaud  (Lot-et-Garonne,  Savoie);  —  Saint-Arnac  (l'vrénées- 
(  hientales)    présente  un  c  para.site. 

1607.  .Vruulfus  :  Saint-Arnoult  (Calvadus,  Eui'e-et-Loir, 
Loir-et-Ciier,  Oise,  Seine,  Seine-Inférieure,  Seine-et-Oise  ). 

1608.  Arteniius  :  Saint-Arthémie  (Tam-et-Garonue),  dont 
1'/.   aujourd'hui  suivi  indûment  dun  c   muet,   était  jadis    atone. 

1609.  Aslerlus  :   Saint-Astier   (Dordogne,    Lot-et-Garonne). 

1610.  .Vudoenus  :  Saint-Ouen  '  ;  —  Saint-Auvent  (Haute- 
Vienne).  —  Domnus  A.  :  Demuin  (cf.  ci-dessus,  n°1526). 

1611.  Audomarus  :  Saint-Omer  (Calvados,  Oise,  Pas-de- 
Galais). 

1612.  .\ugustiuus  :  Saint-Augustin  :  —  Saint-Utin  (Marne). 

1613.  Aurelius  :  Saint-Aureil  (Lot). 

1614.  -Vureolus  :  Saint-Auriol  (Aude). 

1615.  .Vuslreberta  :  Sainte-Austreberthe  (F.ure,  Pas-de- 
(lalais,  Seine-Inférieure). 

1616.  Ausl  rej^-is  i  1  us,  évècpie  de  Boiu-^i^s  au  connnencement 
du  vil"  siècle  :  Saint-Outrille  (Cher).  Saint-Aoustrille  (Indre), 
/.i-7'o»/--Saint-Austrille  (Creuse)  ;  le  iu)m  laliu  était  accentué 
sur  l'antépénultième. 

1617.  .Vulbertus,  noni  porté  notamment  par  un  évèijue  de 
('amiM'ai  au  \ii''  siècle  et  par  un  évècpie  d".V\ranches  au  viiT'  ; 
Saint-Aubert  (Nord,  Orne)  ;  la  forme  populaire  serait  Ohi'rl . 

1618.  Autbodus  :  Saint-Aubeuf  (Marne),  en  132i  Suint 
Obiief  i^aiiv  Vf  parasite  de  la  linale,  cf.  ci-dessus,  n"  1071). 

1619.  .Vutf^arius  :  Saint-Oger  (Vo.sgesj. 

1.  Mnis  non  |i;is  S;iinl-( liien-lrs-P.iri'i/  (\'os^es)  ;  cf.  ci-dessus,  p.  H'.l.'i, 
iioLo  I. 


'i.OS 


i,i:s  Mi\'s  iiK  i.ii:ii 


'].  -1620.  Avilus  :  Sainl-Avit  ;  —  Saiiit-Abit  (liasscs-l'virmVs'i; 
cl,  HKJvennaiil  les  olléralioiis  imlicjiiLH's  i)ivcé(loiiinu'nL  |  ii'"  1550 
cl  1551),  Saint-Ghavis,  Saint-Ghabit  et  Saint-Savy  l'Dui.lnui,,-  . 

1621.  .\yl.orLus  :  Saint-Aybert  (Xnnli. 

1622.  J^TbvIas:  Saint-Babel  i  Puv-,lc-l)ùmo). 

1623.  Ualdefhihli.s,     femme     ilii     vo\    Clovi.s    11     sainle 

Balhilde  —  est  connue  siulout  pdur  avoir  fondé  rahl)a\e  île 
CJielles  (Selne-ol-Marne).  ([ui,  au  moven-à^e,  était  appelée 
^;/(W/c.s-Sainte-Baudour  ou  Sainte-Baudeur.  Dans  ces  foiaue.s 
vulgaires  Vr  linale  e.st  parasite,  la  finale  -hildis  s'étanl  d'ailleurs 
comportée  ainsi  (|u'il  a  été  dit  ailleurs  (n"992). 

1624.  Bal  (lui  fus,  al)l)é  d'Ainay.  à  Lyon  :  jSaint-Badolph 
(Savoie),  Saillt-Bardoux  iDrùmel. 

1625.  Haldus  :  Saint-Bauld  (Indre-et-Loire).  Saint-Bond 
(Yonne). 

1626.  lîalsemius,  patron  de  l'église  paroissiale  Saint-Baus- 
sange.  aujourd'hnl  détruite,  .jui  avait  pour  succursale  celle  du 
Chêne  (Aube)  ;  Saint-Baussant  (Meurthe-et-Moselle). 

1627.  lîandarides,  évèipie  de  Soissons  ou  iv*-' siècle  :  Saint- 
Bandry  (Aisnel. 

1628.  Haomadus,  diacre  dans  le  Perche  au  iv^  siècle,  honoré 
le  3  novembre  :  Saint-Bomer  (Mayenne.  Orne),  Saint-Bomert 
(Eure-et-Loirl.  La  foi'nu'  correcte  serait  Borné  :  Vr  n'avait  a 
l'ori-^-nie  d'autre  raison  d'être  c[ue  d'empêcher  Vc  d'être  pris  pour 
un  ('  muet  ;  puis  elle  s'est  prononcée,  ce  ([ui  a  favorisé  l'addition 
d'un  /  parasite. 

1629.  Barba  l'a,  accentué  sur  l'antépénultième  :  Sainte- 
Barbe.  —  Le  nom  Saint-Barbant  (  Ilaul.'-Viennei  .1  é-té  précé- 
ilemmenl  explicpi,'  :  n"  1538 '. 

1630.  Hartholomaeus  :  Saint-Barthélémy;  —  cette  forme 
demi-savante  s'est  substituée  à  une  épo(jue  plus  ou  moins  récente 
à  des  formes  vulgaires  présentant  Bcrlhonncu  et  Berthomr. 

1631.  Basilius  :  Saint-Basile  (Ardèche,  Calvados,  Côte- 
d'Or),  Saint-Bazile  (Corrè/.e,  Haute-Vienne)  '. 

1632.  Basilia  :  Sainte-Bazeille  (Lot-et-Garonne). 

1.  Il  est  possiijjo  ([ue,  dans  lu  France  niéritiionale,  ce  nom  rcprésenlc, 
non  |.,ns  S.  Ba.silins,  mais  S.  IJaudilius.  Lonynon  par.TÎt  avoir  admis  I,-, 
cliose,  (lu  moins  en  ce  qui  concerne  Saint-Bazilc-dc-la-Iioclio  (Corrrzc  , 
appelé  aussi  S^,lnl-i::tucire  (voir  ci-après,  n"  1634;. 


(ihic,im:s  K(;i;i.r:si.v.siio[i:s  :  baS'ii.cs  'i  O'J 

1633.  iiasolus,  .iccenliu'  sur  ranli'pc'imUK'iui'  :  Saiut-Basle 
(MiiiiK'i.  Saint-Baie  (Ardemios)  :  d'.  Saint-Baslemont  (n"  1532). 
—  Doiiinus  I).  :  Dombasle  (Meurllu'-ol-Mosclle,  Mi'use, 
N'o.s^ti'esj. 

1634.  Diiiulilius,  niaitvrisé  à  Xinies  :  Saint-Baudel  iClier), 
Saint-Baudelle  (Mayenne),  Saint-Baudille  (Isère,  'l'ann,  et  [kh- 
snlistilulion  de  lii|ui(K',  Saint-Baudière  (Nièvre),  l.e  (/  inlervoeal, 
qui  s'esL  niaiiileiui  dans  ces  loi-iues  plus  ou  moins  savantes,  esl 
devenu  z  dans  les  formes  méridionales  Saint-Bauzeil  lArie^i-l, 
Saint-Beauzély  (Gard)  —  dont  1"//,  comme  celui  de  Saint-Bauzély 
(.Vveyion  I,  était  originellement  atone  —  Saint-Bauzile  Ln/éiei, 
Saint -Bauzille  (Hérault  i,  Saint-Beauzeil  irani-et-Ciaronne), 
Saint-Beauzile  (Aidèche,  Tain),  Saint-Beauzire  (Ilaute-Ldiio, 
Pa\'-de-l)ome)  :  et.  par  la  substitution  réi;ulièi'e  de  r  n<l  a[)iès 
la  diphtongue  au  dans  le  dialecte  limousin,  Saint-Bauvire,  nom 
([nia  parfois  désigné  Saint-Bazile-tlc-la-P»oehe  (Corré/e).  Dans 
les  pays  de  langue  d'oïl  le  (/  inlervoeal  est  tomljé,  et  les  .syllabes 
(|u'il  sé[)aiait  se  sont  contractées  :  Saint-Boil  (Saône-et-Loire), 
jadis  Suint-lldi'l.  Saint-Bois  i.Vin!.  Saint-Bueil  (Isère)  ;  et.  gra- 
[)liie  bizarre,  Saint-Bel  (Ixliône.. 

1635.  lîeatus  :  Saint-Béat  (Haute- (laronnei,  Saint-Biez 
(Sarthe). 

|,  1636.  B  enedic  tus  :  Saint-Benoît  ;  — Saint-Benezet  (Gard. 

p  —  Domnns   15.    :    Danibenois   iDouhs),    Dambenoit  (llaute- 

I  Saône  I. 

1  1637.    IJenignus  :    Saint-Bénigne    (Ain),  i'ornu>  savante  dont 

i  l'usage   ne  pai'ait   pas  aiitéTleiU'  a    la    lîen.aissance  '  ;    Saint-Benin 

(Allier,  (Calvados,  Nièvre,  Nord),  altéré  en  Saint-Bonnin 
(Saône-et-Loire)  ;  et,  par  dissiinilation  (.les  deux  /(,  Saint-Blin 
(Haute-Marne),  Saint-Berain  ^  llaute-Loire,  Saôni'-el-I.ou-e  i, 
Saint-Baraing  (Jura.  Saint-Broing  (Gôte-d'Ori,  Saint-Broingt 
(Haute-Marne,  Haute-Saône),  —  le  nom  Ac  l'amille  ll/-ii/ti/iii:i/-/ 
est  un  dérivé  de  liroiiKj  —  Saint-Beron  (Savoie),  Saint-Branchs 
(Indre-et-Loire).  Cette  dernière  localité  doit  son  nom  à  un  saint 
local    mentionné   par  Grégoire   de  Tours,    mais  dont  le   souN'enir 

1.  M.  lui.  I-'lnli|H)n  ;i  iclcvé,  clans  un  jjouillé  tlu  niilien  du  xiir  siècle,  la 
forme  Saiiz  lii-i'cini/s,  (|ai  ressenil)lo  à  ))lusieurs  îles  noms  donl  ri'iinmc'ia- 
tioii  suit. 


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l.KS     iN'OMS      hK     I.lKi; 


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s'esl  si  bien  perdu,  qu'à  son  culte  on  a  substiLue  celui  de  son 
lioiuonytne  honoré  ù  Dijon.  —  Doninus  B.  :  Damblain  (Vos-es), 
Dambelain(])oub.s),  Domblain  (Ilaute-Mnrne).  "     '  H 

1638.  r>erchariu.s,  fondateur  de  l'abbaye  de  Montier-en- 
Oer  :  Saint-Bercaire  ^Haute-Marne),  l'orme  savante;  la  forme 
populaire  serait  Sainl-Bc>-ier. 

1639.  Hem  ardus  :  Saint-Bernard. 

1640.  Hertramnus  :  Saint-Bertrand  ainule-Garonne),  ville 
fondée  au  \W  siècle  .sur  les  ruines  de  l'antique  Lugdunum 
Conveuarum,  elief-lieu  du  pays  de  Coniinyes,  détruit  au 
VI''  siècle. 

1641.  Betharius,  évêque  de  Chartres  au  vu''  siècle  :  Saint- 
Bohaire   (Loir-et-Cher). 

1642.  Bibianus,  évêque  de  Saintes  au  m"  siècle  :  Saint- 
Vivien  (Charente,  Charente-Inférieure,  Dordogne,  Cironde,  Lot- 
et-Garonne,  Basses-Pyrénées). 

1643.  lîlasius  :  Saint-Biais  (Vienne;,  Saint-Biaise:  —  Saint- 
Blaize  (Haute-Savoie). 

1644.  Blitnnindus,  second  abbé  de  Saint-Valerv-sur-Somme  : 
Saint-Blimont  (Somme). 

1645.  Bonifacius  .•   Saint-Bonifet  (Vienne). 

1646.  lîonittus  ;  Saint-Bonnet  (Ailier,  Hautes-Alpes,  Can- 
tal, Charente,  Charente-Inférieure,  Corrè/.e ,  Drôme,  dard, 
Cironde,  Isère.  Loire,  Haute-Loire,  Lot,  Lozère,  Puy-de-Dôme,  | 
P>hône,  Saône-et-Loire,  Savoie,  Vienne,  Ilaule-Vienne)  et  .sa 
variante  bouro'ui-nonne  Saint-Bonnot  (Nièvre).  Les  textes  du 
moyen-â<;e  portent  S.  Boni  lus,  mais  ce  n'est  pas  \h  certaine- 
ment la  fornu-  oi-i^'-in(d[e,  c.ar  un  /  unique  entre  deux  vov<dles 
serait  tombé  ;  cette  appellation  parait  avoir  été  aussi  celle  de 
Saint-Bon  (Marne,  Haute-Marne,  Savoie)  ',  dont  le  nom  résul- 
terait d'une  altération  philoloyi(juenient  inexplicable. 

1647.  Botericus  :  Saint-Beury  (Côte-d'Or)  ;  c'est  à  tort 
qu'on  a  parfois  traduit  ce  nom  par  S.  Baldericus,  qui  eut  donné 
S;>inl-/i;iinlri. 

1648.  Bova   :    Sainte-Beuve  (Seine- Inférieurcl 


I.  .\iiisi  que  du  sancUmire  parisien  —  ecelesia  s  a  ii  c  l  i  l'.o  n  i  l  i  nllr;i 
.Maoïuuu  l'onlem,  oa  113(1  (Lasleyi-ie,  Cnrlulain-  iji-iu-nil  ,1e  J'.ins,  I, 
2.";S)  —  ilont  la  nie  Saint-Bon  rappelle  le  souvenir. 


iiiufiiM-:s   icccLÉsiASTiniKs  :    nnicrics  i\\ 

1649.  lirictius,  successeur  de  saint  Martin  svu'  le  siège 
inélr()[)()litain  de  Tours  :  Saillt-Brice  (Chan-nte,  lùire-el-Loir, 
IIiiule-(iai-onne  ,  Gironde,  lUe-et- Vilaine  ,  Lot-et-Garonnu  , 
Manclie,  Marne,  Oise,  Orne,  Seine-et-Marne,  Seinc-et-Oise, 
llaute-Vienne),  forme  savante  ;  Saint-Bris  '  ('.harente-InlV'rieure), 
Saint-Brix  (Charente-Inférieure),  Saint-Brès  (Gard,  Haute- 
Garonne,  Gers,  Hérault).  —  Saint-Bresson  (Gard,  Haute- 
Saône),  Saint-Bressou  (I^ot)  et  Saint-Brisson  (Loiret,  Nièvre) 
donnent  lieu  de  sui^poser  une  iléclinaison  imparisyllabique 
llrictio,  Brictionis.  —  Domnus  V>.  :  Dombras  (Meuse), 
Dombrot-/e-.S(?c  (Vosges  '),  jadis  appelés  l'un  et  l'autre  Dninhrez; 
—  Dombresson  (Suisse,  cant.  de  Neiichâtel). 

1650.  Hrigitta,  Hrig-ida,  Britta  :  celte  sainte,  dont  le 
culli'  en  Brctayne  a  été  signalé  précédemment  (u"  1320),  est 
ap[)elée  Bride  dans  les  anciens  calendriers  français,  mais  la  forme 
savante  Sainte-Brigitte  (Basses-Alpes,  Côtes-du-Nord,  Hérault, 
Morbihan,  ^^^r)  est  la  seule  usitée  dans  la  toponomasticpie. 

1651.  Cadocus,  saint  breton  'cf.  ci-dessus,  n"  1297)  :  Saint- 
Cado  fFinislère.  Morbihan),  Saint-Cadou  (Côtes-du-Nord.  Fini- 
stère). 

1652.  Cat'cilia  :  Sainte-Cécile. 

1653.  Caesarius  :  Saint-Césaire  (Bouches-du-Bhône,  Cha- 
rente-Inférieure, Gard,  Meurthe-et-Moselle),  Saint-Cézaire 
(Alpes-Maritimes). 

1654.  C-alixtus  :  Saint-Calix  (llautes-Pyrenées^. 

1655.  Camélia  :  Sainte-Camelle  (Autle'i. 

1656.  Candidus  :  Saint-Cande,  nom  jadis  porté  à  Rouen  par 
deux  paroisses  ;  —  Sainte-Canne  (voir  ci-dessus,  n"  1539), 
Saint-Xandre   (Charfnte-lnfi'rieurc). 

1657.  Canna  tus  :  Saint-Cannat  (Bouches-du-Hhône)  et  son 
(lin\inutif  Saint-Canadet  (voir  ci-dessus,  n"  1535). 

1658.  Caprasius  :  Saint-Caprais  (AUiei',  Cher,  Haute- 
Garonne,  Gers,  Gironde,  Lot,  Lot-et-Garonne,  Seine-et-Oise, 
Tarn,Tarn-et-Garonne),  Saint-Chabrais  (Creuse),  Saint-Gapraise 
(Dordogne),    Saint-Caprazy  (Aveyron). 

I.  l)on\l)i'ol-sui'-\';>ir,  ww  même  (léiKu-lomciU,  a  [uni"  piilroii  sainl  Denis; 
mais  celte  leealilé  ne  s'appelle  Donibro/  ((ue  depuis  17i:>  ;  elle  portait  aiipa- 
ravaul  le  nom  de  llouzcij,  ([ue  l'usage  local  a  conservé  juscju'à  nos  jours. 


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