Skip to main content

Full text of "Memoires pour servir a l'histoire du XVIII siecle : contenant les negociations, traitez, resolutions, et autres documens authentiques concernant les affaires d'etat; liez par une narration historique des principaux evenemens dont ils ont été précédez ou suivis, & particuliérement de ce qui s'est passé à la Haïe, qui a toûjours été comme le centre de toutes ces négociations"

See other formats


mm 


3* 


& 


w 


J>Êr 


WfT  7  Y* 


MEMOIRES 

P  OUR    SERVIR    A 

L'H  I  S  T  O  I  R  E 

XVIII    SIECLE, 


. 


CONTENANT 

LES  NEGOCIATIONS,  TRAITEZ,  RESOLUTIONS, 
ET  AUTRES  DOCUMENS  AUTHENTIQUES 


CONCERNANT 


LES     AFFAIRES    D'ETAT- 

9 

Liez  par  une  Narration  Hiftorique  des  principaux  Evenemens  dont  ils  ont  été 
précédez  ou  fuivis ,  &  particulièrement  de  ce  qui  s'eft  paflTé  à  la  Haïe,  quia 
toujours  été  comme  le  centre  de  toutes  ces  Négociations. 

Par   Mr.    de    LAM.BERTY. 


&*$.- 


jw 


A      LA      II   A    Y    E9 

Chez     H  E  N  R  I      S   C    H  E   U  R  L  E  E  R, 


M  D  C  C  X  X  I  V. 


vf  'aoams;oo.i 


AUX  TRES-ILLUSTRES 

TRES-EXCELLENS  ET  HAVTS  SOVVERAINS, 

MESSEIGNEURS 

LES    AVOYERS, 

PETIT  ET  GRAND  CONSEIL 

DE   LA  REPUBLIQUE    ET  CANTON  DE  BERNE, 


MM  ESSEIGNEURS, 


Hi>-. 


Mon  âge  avancé  m'a  fait  refondre  à  fbuhaiter  du  re- 
pos. Pour  pouvoir  en  jouir  ,  il  a  falu  ie  déterminer  à 
renoncer  à  mes  longues  Occupations  politiques.  Elles  é- 
toient  fi  fréquentes  &  continuelles  dans  lePaïs  où  j'étois, 
que  pour  m'en  débararfer,  il  n'y  avoit  qu'une  Retraite 
éloignée.  J'ai  chofi  pour  cela  les  Terres  de  Vos  Ex- 
cellences, par  deux  raifons.  L'une  eft  la  bonté  fa- 
lutaire  de  l'air.    L'autre,  qui  eft  la  plus  atraiante,  eft  le 

*  z  doux 


DEDICACE. 

doux  &  incomparable  Gouvernement  de  Vos  Excel- 
lences. J'ai  été  8c  féjourné  en  divers  Roïaumes  & 
Etats  de  l'Europe.  J'y  ai  remarqué  avec  foin  diverfes  for- 
mes de  Gouvernement.  Celle  de  Vôtre  République  m'a 
paru  la  plus  conforme  à  la  douceur  de  la  Vie  Civi- 
le. C'eft  d'autant  qu'elle  eft  fondée  fur  la  juftice  &  la 
debonnaireté.  Ce  font  les  deux  pivots  ,  fur  lefquels  je 
vois  rouler  le  Gouvernement  de  Vos  Excellences. 
Leur  Sageffe  en  l'adminiitrant  fait  l'admiration  des  gens. 
Elle  a  brillé  en  toutes  les  occafions  les  plus  délicates  8c 
les  plus  difficiles.  Elle  a  fû  conferver  en  leur  entier  les 
intérêts  de  leur  Etat.  C'eft  dans  les  Négociations ,  qui 
pouvoient  y  influer  quelque  dérangement.  Entre  tant 
d'autres  j'en  raporte  dans  mon  Ouvrage  quelques-unes 
de  celles  de  1704.  qui  font  de  plus  fraiche  date.  Car 
ce  feroit  s'expofèr  dans  une  vafte  Mer  ,  fi  l'on  vouloit 
entreprendre  d'en  toucher  d'autres  portions. 

Si  la  Sageffe  de  Vos  Excellences  fait  un  de  leurs 
plus  éclatans  ornemens ,  leur  Valeur  en  fait  un  autre  qui 
ne  l'eft  pas  moins.  C'eft  la  bravoure  ,  &  l'intrépidité 
de  Vôtre  Nation,  que  diverfes  Puiffances  ont  envifagé, 
lors  qu'Elles  Vous  ont  demandé  des  Troupes.  Toutes 
les  occafions  tant  anciennes  que  modernes ,  où  celles-ci 
fè  font  trouvées ,  leur  ont  été  autant  d'Epoques  de  Gloi- 
re. C'eft  celle-ci  principalement,  joint  à  la  vue  de  fe 
former  de  bons  Officiers  pour  la  defenfe  de  leur  Patrie  , 
qui  leur  a  été  un  aiguillon  à  fe  diftinguer  dans  le  Service 
étranger.  C'eft  aulfi  la  même,  que  Vos  Troupes,  fous 
le  fage  Commandement  de  Vos  Chefs  ,  ont  remporté 
de  fi  éclatantes  8c  decifives  Victoires  en  171  2.  Celles- 
ci,  Messeigneurs,  vous  ont  confervé  la  belle  répu- 
tation , 


DEDICACE. 

tation  ,  infeparable  de  vôtre  admirable  conduite  ,  de 
garder  faintement  la  bonne  foi ,  &  d'avoir  en  horreur  fa 
violation.  Ce  qui  a  porté  vôtre  République  au  plus 
haut  de  l'Admiration  ,  eft  vôtre  modération.  L'on  a 
vu  que  l'Ambition  &  le  defïr  d'étendre  vôtre  Puiifance 
n'étoient  pas  vôtre  palîion  dominante.  Après  avoir  châ- 
tié l'infidélité  de  vos  Ennemis  ,  qui  meritoient  de  leur 
aveu  les  plus  extrêmes  coups  d'une  férule  vangereffe  , 
vous  avez  fuivi  une  belle  maxime.  Elle  confifte  en  ce 
qu'il  y  a  plus  de  grandeur  d'ame  ,  &  que  la  gloire  eft  plus 
relevée,  en  pardonnant  &  confervant  un  Ennemi  vaincu 
&  abattu.  Par-là  vôtre  renommée  panera  avec  le  plus 
diftingué  éclat  à  la  pofterité  la  plus  éloignée.  Vous  a- 
vez  aufli  par-là  établi  une  folide  tranquilité  dans  vos  E- 
tats.  Ceft  à  l'abri  d'e  ce  charmant  calme  que  j'ai  eu  le 
loifir  de  m'apliquer  à  cet  Ouvrage.  Ceft  à  l'inftance  de 
plufieurs  des  principales  Cours  ,  &  Miniftres  d'Etat  de 
l'Europe,  dont  j'ai  l'honneur  d'être  connu.  J'en  ai  mê- 
me reçu  plufieurs  Lettres.  L'on  a  la  bonté  de  m'y  mar- 
quer de  l'impatience  de  le  voir.  Quelque  bonne  opinion 
qu'ils  en  aient ,  je  prétends  d'y  donner  du  relief.  Ceft 
en  prenant  la  très-humble  liberté  d'y  mettre  à  la  tête  le 
nom  de  Vos  Excellences.  Celui-ci  feul  fèrvira  , 
non  feulement  pour  ce  premier  Volume,  mais  aufli  pour 
tous  les  autres  de  fuite  ,  quelque  nombreux  ,  plus  cu- 
rieux ,  &  plus  intereifans  qu'ils  puiftent  être.  Je  pro- 
tefte  que  ce  n'eft  pas  dans  la  bafte  vue  que  je  détefte, 
&  que  quelques-uns  pourraient  avoir,  en  faifant  de  pa- 
reiles  démarches  au  commencement  de  leurs  Ouvrages. 
Mon  feul  &  unique  but  eft  de  témoigner  avec  une  fince- 
rité  de  cœur,   à  Vos   Excellences,    l'admiration 

*  3  que 


D    E    D   I   C    A   C    E. 

que  j'ai  pour  leur  fage  &  excellent  Gouvernement.  Le 
comble  de  fatisfaction  fur  mes  vieux  jours  dépend  de  leur 
gracieux  agréement  fur  ce  pied-là.  D'ailleurs,  que  fui- 
vant  leur  grande  générofité  Elles  veuillent  ne  pas  dé- 
daigner de  m'accorder  la  très-précieufe  permiflion  de 
pouvoir  me  qualifier  avec  le  plus  fournis  reipecl:  de 


MESSEIGNEURS, 

DE  VOS  EXCELLENCES, 


Très -humble,  très-obéiflant ,  &  très- 
dévoué  Serviteur, 


G.    de   LAMBERT  Y. 

A  Nion  le  20.  O&ob.  1723. 


A  U 


AU     LECTEUR. 


j 


l'Ai  eu  pendant  une  longue  fuite  d'années  Voccafwn  d'être  occupé  aux  Af- 
\  faires  Politiques.  J'en  ai  confervé  quelques  Mémoires  ,  depuis  le 
S  commencement  de  ce  dixhuitieme.  Siècle  ,  qui  a  été  fi  fertile  en  Evene- 
W&QMïM  mens  extraordinaires.  J'ai  même  eu  le  foin  d'avoir  les  Documens  Au- 
thentiques qui  y  avaient  du  raport.  Ce  font  les  uns  &  les  autres  que  fai  rcfolu 
de  donner  au  public.  Il  y  aura  quantité  d'Anecdotes.  En  les  lifant ,  Von  fera 
convaincu  qu'ils  ne  peuvent  avoir  été  puifez  que  de  Jource.  Ils  pourront  fer- 
vir  à  éclaircir  fcf  à  remplir  certains  vuides  de  tout  ce  qu'on  en  a  déjà  écrit. 
D'ailleurs ,  ils  pourront  faciliter  la  compofition  à  ceux  qui  entreprendront  de  faire 
une  Hijloire  en  forme. 

Mon  premier  but  étoit  d'y  inférer  toutes  les  Pièces  ,  tant  publiques  que  fecre- 
tes.  La  grande  quantité  que  j'en  ai ,  auroit  rendu  l'Ouvrage  trop  étendu.  *  T 
diant  fait  reflexion,  je  me  fuis  borné  à  n'y  mettre  que  les  plus  intereffantes  & 
les  fecretes.  Il  y  aura  quelques  fois  de  celles  qu'on  apelle  volantes  ou  fugiti' 
ves.  On  les  a  mifes ,  tant  à  caufe  de  leur  rareté ,  que  par  leur  contenu  affez 
important.  Les  Pièces  en  Latin  £5?  en  Italien  ont  été  mifes  en  quelque  petit 
nombre  fans  Tradublion ,  parce  que  ces  deux  Langues  font  ajfez  connues  6?  fami- 
lières. On  a  cependant  traduit  celles  qui  et  oient  en  Allemand ,  en  Anglais ,  13 
en  Flamand.  Il  y  a  des  Pièces,  comme  par  exemple  des  Mémoires  de  quelques 
Miniftres ,  qui  par  leur  ftile  aur oient  eu  befoin ,  fi  non  d'une  refonte  entière  , 
du  moins  d'être  retouchées.  L'on  a  trouvé  à  propos  de  ne  pas  s'émanciper  à  les  al- 
térer de  kurs  Originaux. 

Pour  abréger  autant  qu'il  a  été  poffible  ,  on  raporte  les  Sièges,  les  Batailles, 
13  les  Evenemens  publics  en  peu  de  mots.  Il  n'en  efl  pas  de  même  des  Négocia- 
tions ,  auxquelles  l'on  s' efl  fur  tout  apliqué.  Elles  veulent  un  peu  plus  d'étendue. 
C'efl  pour  en  tracer  les  vues  &f  les  r  effort  s. 

On  a  eu  le  foin  de  raporter  en  beaucoup  d'endroits  des  cir confiance  s.  La  raifon 
en  eft,  parce  qu'elles  fervent  de  guide  à  acheminer  à  droiture  à  lajufle  intelligence 
des  Affaires.  Sans  elles  on  pourvoit  fouvent  s'égarer  du  véritable  but.  On  trou- 
vera en  peu  de  lieux,  certains  termes  nouveaux,  (3  par  confequent  inufltez.  Com- 
me les  Arts  en  ont,  qui  leur  font  propres , les  Pui fiance  s,  les  Mini flr  es ,  &  les  Né- 
gociateurs ont  apliqué  à  quelques  Affaires  d'Etat  certains  mots,  qu'ils  ont  jugé  ex- 
prefftfs  pour  leurs  vîtes  éf  dont  on  s'efl  fervi. 

Quoique  le  travail  f oit  grand,  je  ne  l'ai  point  entrepris  comme  Mercenaire.  Je 
n'en  tire  point  de  profit.  Je  n'en  ai  que  le  plaifir  de  faire  quelque  chofe  j;i£tan- 
tiâ.ad  Poiteros,  fuivant  que  dit  'Tacite.  J' aur  ois  pu  apliquer  ,  à  plufieurs  en- 
droits, des  pajfages  de  ce  grand  Maître  de  la  Politique.    Je  m'en  fuis  abflenu, 

de 


AU       LECTEUR. 

de  crainte  d'encourir  le  blâme  d'Oftentation.  D'ailleurs  la  matière  même  peut  af- 
fez  fournir  des  réflexions  à  ceux  qui  aiment  en  faire ,  £5?  fervir  d'exemple. 

Un  Ecrivain  contemporain  peut  mieux  raporter  les  chofes ,  que  celui  qui  en  écrit 
dans  des  tems  éloignez  ou  fur  des  Mémoires  furannez.  En  ce  dernier  cas  F  on  ne 
fait  pas  bien  démêler  la  vérité  d'avec  la  faufjèté ,  la  flatterie  &?  la  paffion.  Cet- 
te vérité  efl  pourtant  effencielle  pour  l'éclair  ci (fement  des  Affaires.  Aufji  pour  la 
fuivre  de  près  me  fuis- je  mis  dans  l indépendance.  C'cfl  en  renonçant  à  des  pen- 
fons,même  confiderables ,  que  j'avois  de  plufieurs  de  principales  Cours  de  l'Europe. 
Par-là  le  foupçon  de  flatterie ,  ou  d'animofité ,  ne  pourra  pas  avoir  lieu ,  parce  que 
les  caufes  m'en  font  éloignées. 

Pour  rendre  la  letlure  de  l'Ouvrage  plus  aifée  ,  je  raporte  dans  chaque  année 
les  Evenemens  &?  les  Affaires  de  chaque  Pais  à  part  &?  de  fuite. 

Ce  premier  Volume  ne  fert ,  pour  ainft  dire,  que  pour  faire  voir  fur  quel  pied 
étoient  les  Affaires  de  l'Europe  au  commencement  du  Siècle.  Ainji  on  peut  le  com- 
parer à  un  Vcflibule  d'un  Palais ,  dont  les  differens  apartemens  font  remplis  de 
curioftez.  Ils  font ,  à  mefure  qu'on  y  entre,  &  qu'on  y  avance,  toujours  plus  ra- 
res (3  dignes  d'attention.     La  fuite  paraîtra  fans  difeontinuation. 

Je  proiefîc  que  je  n'ai  le  moindre  deffein  d'offenfer  ni  desPuiffances,  ni  des  Par - 
tiAdicrs.  Si  je  raporte  des  Pièces  ,  des  Conférences  ,  ou  des  Jugemens  des  gens 
éclairez,  ou  il  y  ait  des  termes  indiferets,  ou  même  mordans,  le  blâme  ne  doit  pas 
rejaillir  fur  moi.  Ce/1  d'autant  qu'on  a  été  forcé  de  les  raporter  par  la  necefjîté 
de  l'intelligence  des  différentes  vues  de  leurs  Auteurs ,  qui  peuvent  les  avoir  Jupo- 
fees  à  leur  honte. 

Comme  l'imprefflon  s'en  fait  dans  une  grande  diftance  du  lieu  de  mon  prefent  fé- 
jov.r ,  je  n'ai  pu  y  avoir  l'œil.  Ainfi  s'il  s'y  efl  gliffê  quelques  fautes  groffes  ou  lé- 
gères, foit  d'impreffion,  foit  pour  n 'avoir  pas  pu  déchifrer  mon  écriture  ou  autre- 
ment ,  elles  ne  doivent  pas  m' être  imputées.  Comme  l'on  n'efl  pas  infaillible ,  s'il 
y  avoit  quelque  défaut ,  par  inadvertence  ou  autrement ,  dans  le  raport  des  Affai- 
res ,  l'on  trouvera  la  plus  foâmife  docilité  pour  y  fupléer  ou  le  redrejfer. 

Je  fuplie  très- humblement  le  Lecleur  ,  d'avoir  une  généreufe  indulgence  pour 
mon  ftile.  Comme  la  Langue  Françoife  n'efl  pas  mon  Idiome  naturel,  je  fuis  bien 
éloigné  de  me  piquer  d'en  J'avoir  l'élégance,  &  les  beautez.  De  forte  qu'on  peut 
regarder  la  matière  de  mon  Ouvrage  comme  un  beau  Diamant ,  qui  ne  perd  point 
de  fa  valeur,  quoi  qu'il  ne  foit  pas  mis  en  œuvre  avec  tout  l'art ,  &?  toutes  les  de- 
licateffes  néceffaires  pour  en  rehauffer  l'éclat. 


M  E  M  O  I- 


MEMOIRES, 

NEGOTIATIONS, 

TRAITEZ, 


E    T 


RESOLUTIONS    D'ETAT; 

Depuis  le  commencement  du  XVIII.  Siècle. 


M 


L 


jA  Guerre  commencée  en  1688.  n'eut  pas  les  favorables  fuc- 
;  ces  que  les  Alliez  auroient  fouhaitez.  C'étoit  par  raport  au 
deflein  d'amoindrir  l'exhorbitant  pouvoir  de  la  France.  Auf- 
fi  par  fa  longue  durée  aplanit-elle  le  chemin  à  la  Paix.  La 
France  la  preffoit  par  toute  forte  d'artifices  6c  d'induftrie; 
félon  quelques-uns.,  par  épuifement ,  félon  d'autres ,  par  raport 
à  fes  vafr.es  veuës  fur  la  Monarchie  d'Efpagne.  Toujours  convient-on  que 
c'étoit  par  des  veuës  de  Politique ,  fupérieures  fans  contredit  à  toutes  celles  du 
refte  de  l'Europe,  qu'elle  faifoit  prôner  le  fpécieux  &  éblouiffant  nom  de  Paix. 
Le  Roi  d'Angleterre  Guillaume  III.  craignoit  qu'on  ne  lui  fournit 
plus  des  Subfides  affez  abondans  pour  pourfuivre  la  Guerre.  La  raifon  en 
etoit ,  qu'une  partie  de  la  Nation  Angloife  prenoit  à  tache  de  le  chagriner. 
Le  prétexte  en  étoit  que  les  lbmmes  que  le  Parlement  fourniflbit ,  étoient  di- 
verties par  des  Etrangers. 

Déjà  le  Duc  de  Savoie  avoit  fait  fa  Paix  particulière  avec  la  France.  L'on 
crût  que  c'étoit  de  la  part  de  celle-ci  qu'il  fut  répandu  dans  le  public,  que  le 
preçexte  en  avoit  été  quelque  déclaration  faite  par  le  Roi  Guillaume  au 
Comte  de  la  Tour ,  fon  Envoie  Extraordinaire ,  qu'on  ne  s'aheurteroit  pas  à 
faire  avoir  au  Duc  l'importante  Fortereflè  de  Pigncrol.  Cette  infinuation 
dans  le  public  étoit  pour  pallier  le  véritable  i-eflbrt  de  cette  Paix  particulière, 
qui  ne  fut  négociée  que  par  furprife.  La  grande  confpiration  faite  contre  la 
vie  du  Roi  Guillaume  en  1606.  étoit  tenue  d'un  fuccès  fi  infaillible  ,  que 
pour  le  tems  qu'elle  devoit  être  exécutée ,  la  Cour  de  France  dépêcha  une 
pedonne  de  confidération  vers  le  Duc  de  Savoie.  Elle  fit  repreiënter  à  ce 
«fe.  /'.  A  Prin- 


t        MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

Prince  que  le  Roi  Guillaume  venoit  d'être  tué.  Qu'il  favoit  que  ce  Roi 
étoit  l'arc-boutant  ou  l'apuis  de  la  Grande  -  Alliance  ,  laquelle  alloit  être  par 
là  entièrement  renverfée,  8c  qu'ainfi  le  Duc  devoit  fonger  à  foi.  Que  la  Fran- 
ce avoit  de  la  confidération  pour  le  Duc,  8c  qu'elle  vouloit  bien  lui  accorder 
des  conditions  de  Paix  avantageufcs.  Le  Duc  fut  fùrpris  de  cette  nouvelle. 
L'Emifîàire  s'en  aperçvk.  C'eft  pourquoi  il  déclara  d'un  air  mâle  &  allu- 
re, qu'il  faloit  qu'il  eut  là-defius  une  reponfe  promte  8c  precife.  Le  Duc  de- 
manda une  demi  heure  de  tems  pour  repondre.  Sa  demande  lui  fut  accordée. 
Il  le  promena  là-deifus  dans  fon  Cabinet,  8c  le  tems  s'étant  écoulé,  il  accepta 
les  offres  de  la  France.  Dès  que  le  Roi  Guillaume  aprit  cette  nouvelle,  il 
fit  arrêter  des  Lettres  de  Change,  tirées  fur  Livoume  &  fur  Gènes  à  l'ordre 
du  Duc.  Elles  montoient  à  trente  mille  livres  fterlings.  C'étoit  à  compte  de 
cent  mille,  que  l'Angleterre  devoit  au  Duc  pour  des  arrérages  du  fubfide. 
Peu  de  tems  après  le  Comte  de  la  Tour,  Envoie  du  Duc,  fit  raport  de  cette  fur- 
prife,pai'  laquelle  on  avoit  attiré  fon  Maître  dans  le  piège.  Le  Roi  Guillau- 
me modéra  a  ce  récit  fit  colère  contre  le  Duc  ,  8c  lui  fit  toucher  une  bonne 
paitie  des  Lettres  de  Change.  Pour  prouver  la  furprife,  le  Comte  de  la  Tour 
allégua  que  fi  le  Duc  fon  Maître  avoit  donné  les  mains  à  la  Paix,  par  quelque 
connivence  de  mauvaile  foi,  il  auroit  attendu  de  le  faire,  qu'il  eut  reçu  la 
valeur  des  Lettres  de  Change.  Ce  Comte  qui  paroiflbit  au  defefpoir  de  ce  que 
le  Duc  fon  Maître  venoit  de  faire,  eut  même  la  mortification  de  le  voir  char- 
gé par  ordre  de  fon  Maître,  d'aller  faire  des  complimens  à  la  Cour  de  Fran- 
ce. Celle-ci  avoit  exigé  du  Duc  de  Savoie  cette  foumiflîon  par  la  perfonne 
du  Comte.  On  en  attribua  la  raifon  à  la  belle  Harangue  que  ce  Comte  fit  à 
fa  première  Audience  lorfque  le  Duc  fon  Maître  reconnut  le  Roi  Guillaume 
en*  qualité  de  Roi  de  la  Grande  Bretagne.  Elle  tendoit  trop  à  infliger  de  la 
flêtrifiiire  à  la  France,  pour  que  celle-ci  n'en  confervat  du  refientiment.  On 
peut  en  juger  par  la  Harangue  même,  que  ce  Comte  prononça  le  iz.  No- 
vembre i6po.  Comme  elle  peut  avoir  été  oubliée,  on  la  met  ici  pour  la  cu- 
riofité  des  Lecteurs. 

SIRE, 

Haran-  J5  Son  Altefle  Roïale  félicite  Vôtre  Majefté  fur  fon  glorieux  avènement  à 
Syedl1  „  la  Couronne  dûë  à  fa  Naiflance  ,  méritée  par  fi  vertu,  8c  foûtenuë  par 
de"late  .  fa  valeur.  La  Providence  l'avoit  deftinée  à  vôtre  Tête  facrée,  pour  l'ac- 
Tour  au  „  compliflèment  de  fes  deffeins  éternels,  qui  après  une  longue  patience,  ten- 
Roi  _  dent  toujours  à  fulciter  des  âmes  choiiîes  ,    pour  reprimer  la  violence  &c 

Guillau-  protéger  la  juftice.  Les  merveilleux  commencemens  de  vôtre  Règne  font 
des  picfiges  affurez  des  bénédictions  que  le  Ciel  prépare  à  la  droiture  de 
vos  intentions,  qui  n'ont  point  d'autre  but  que  de  rendre  la  première  gran- 
deur à  ce  floriflàntRoïaume,.  8c  de  rompre  les  chaînes,  dont  l'Europe  eft 
prefque  accablée.  Ce  magnanime  delfein,  digne  du  Héros  de  nôtre  Siè- 
cle, remplit  d'abord  S.  A.  R.  d'une  ioïe  indicibk;  mais  elle  fut  contrain- 
te de  la  tenir  refervée  dans  le  fecret  de  fon  cœur  >  &  s'il  a  pu  la  faire  écla- 
ter dans  la  fuite,  il  en  a  l'obligation  au  nom  même  Je  Vôtre  Majefté,  qui 


55 
59 
55 
55 
55 
55 
25 


ET    RESOLUTIONS    D'ETAT.  ? 

^,  a  fait  concevoir  des  efperances  de  liberté  ,  après  tant  d'années  de  fervi- 
„  tude. 

„  Mes  paroles  &  le  Traité  que  j'ai  figné  à  la  Haïe  avec  leMiniftre  de  Vô- 
„  tre  Majefté ,  n'expriment  que  foiblement  la  pafïïon  qu'a  mon  Maître  de  s'u- 
„  nir  à  Vôtre  Majefté,  par  fon  attachement  inviolable  à  fon  fervice.  L'hon- 
„  neur,  Sire,  qu'il  a  de  vous  apartenir,  a  formé  les  premiers  nœuds  de  cet- 
„  te  Union;  le  refpect  infini  qu'il  a  pour  vôtre  perfonne  facrée,  les  a  ferrez 
„  plus  étroitement  ,&  la  protection ,  que  vous  lui  accordez  avec  tant  de  gene- 
„  rofité ,  achèvera  de  les  rendre  indiffolubles. 

„  Ce  font  les  fentimens  finceres  de  S.  A.  R.  en  me  donnant  cette  Lettre  de 
„  créance  ;  auxquels  je  n'oferois  rien  mêler  du  mien  ;  car  quelque  ardent  que 
„  foit  le  zèle ,  &  quelque  profonde  que  foit  la  vénération  que  j'ai  pour  la 
„  gloire  de  Vôtre  Majefté,  je  ne  faurois  mieux  m'en  expliquer,  que  par  un 
„  nlence  de  rerpeér.  &  d'admiration.  , 

Ce  détachement  du  Duc  de  Savoie  fit  quelque  peine  aux  Puiffances  ,  qui 
étoient  dans  la  Grande- Alliance  contre  laFrance.  D'ailleurs  ilyavoit  de  la  dif- 
pofition  dans  la  Republique  de  Hollande  pour  la  tranquillité.  C'étoit  en  vûë  ' 
de  faire  par  là  fleurir  fon  commerce.  Il  n'y  avoit  que  ceux  qui  tiroient  des 
fûbfides  &  de  greffes  fommes  pour  leur  troupes  ,  qui  auroient  voulu  rendre 
éternelle  la  difeorde.  La  France  avoit  fait  infinuer,  pour  ainfi  dire,  les  Pré- 
liminaires de  la  Paix.  C'étoit  par  un  Mémoire  que  le  Comte  tiAvaux  (on 
Ambaffadeur  en  Suède ,  prefenta  à  cette  Cour-là  pour  en  être  la  Médiatrice. 
Ce  Mémoire  aplaniiToit  bien  des  difficultez.  La  plus  icabreufe  étoit  la  recon- 
noiffance  du  Roi  Guillaume  pour  Monarque  de  la  Grande  Bretagne.  C'eft 
ce  qu'on  peut  voir  par  ce  Mémoire,  qu'on  raporte  ici. 

QUoique  le  Roi  T.  C.  foit  en  droit  de  prétendre  que  VEfpagne  l'aïant  at-  Memoi- 
taquée,  nonobftant  les  offres  qu'il  lui  faifoit  du  maintien  d'une  bonne  TS 
Correfpondance  avec  Elle,  toutes  les  Conquêtes  dont  il  a  plû  à  Dieu  favori-  d'Avaui 
fer  fes  Armes,  tant  en  Flandres  qu'en  Catalogne  ,  lui  doivent  demeurer  pour  préfenté 
le  dédommagement  des  dépenfes  qu' Elle  lui  a  caufé  :  néanmoins  pour  facili-  alaCouï 
ter  le  rétabliffement  de  la  Paix  dans  toute  la  Chrétienté ,  il  veut  bien  rendre  T.  Sue' 
pour  cet  effet  au  Roi  Catholique  l'importante  place  de  Rofes ,  celle  de  Belver , 
"  en  un  mot  tout  ce  qu'il  a  conquis  pendant  cette  Guerre  en  Catalogne ,  fans  en 
rien  referver. 

On  peut  dire  auffi  que  les  Etats  Généraux  des  Provinces-Unies  fe  devroient 
contenter  du  rétabliffement  du  Commerce,  que  S.  M. T. C.  confent  de  régler 
fur  le  même  pied  q&'il  a  été  par  le  Traité  de  Nimegue  ;  Néanmoins  le  Roi  T. 
C.  veut  bien  pour  former  une  Barrière  ,qui  leur  puiffe  ôter  toutfujet  d'inquié- 
tude, faire  remettre  encore  au  pouvoir  du  Roi  Catholique  les  Places  àtmons^ 
Charleroi  &  Namur ,  en  l'état  qu'elles  font,  &  rétablir  par  ce  moyen  h. Bar- 
rière, dont  on  ert  convenu  par  les  Traitez  de  Nimegue. 

S.  M.  T.  C.  confent  même  dès  à  cette  heure  qu'en  cas  de  mort  du  Roi 
d'E/pagne  fans  Enfans,  YElecleur  de  Bavière  ait  les  Pais- Bas  Efpagnols,  quoi- 
que plus  à  la  bienlèance  de  la  France  qu'aucune  autre  partie  de  cette  Monar- 

A  2.  chie, 


4         MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

chie,  Se  veut  bien  confirmer  la  Renonciation  à  cet  égard,  tant  pour  lui  que 
pour  Mr.  le  Dauphin  ^avec  toutes  les  formalitez  qui  feront  eftimées  neceflaires  j 
a  condition  néanmoins  que  ce  fera  feulement  au  profit  de  YEletleur  de  Baviè- 
re Se  de  fes  Héritiers  Se  non  d'autres  ,  Se  que  Y  Empereur  fera  une  femblable 
Dcchratton. 

S.  M.  T.  C.  ne  doute  pas  que  toute  V Europe  Se  les  Etats  Généraux  en  par- 
ticulier ne  regardent  cette  Renonciation  des  Pais- Bas  Efpagnols  en  faveur  de 
Y  Electeur  de  Bavière  comme  la  plus  forte  Barrière  qu'ils  puiiTent  defirer,pour 
rendre  la  Paix  inviolable. 

Bien  que  YEvêaue  Se  le  Pais  de  Liège  aient  joint  leurs  Armes  à  celles  des 
Ennemis  de  S.  M.  T.  C,  Elle  veut  bien  néanmoins  rendre  la  Fille  Se  le  Châ- 
teau de  Huy  à  l'Evêquc,  Se  même  le  dédommager  de  Dînant  Se  Bouillon  en 
réunifiant  au  Pais  de  Liège  telle  portion  du  plat  Pais  de  Luxembourg  qui  fe 
trouvera  être  le  plus  à  la  bienféance  dudit  Si".  Evêque ,  Se  qui  fera  eilimee  con- 
venable par  des  Arbitres. 

Quant  aux  affaires  d' ylngleterre ,  la  Majefté  Roi'alc  étant  blejfée  en  la  perfôn- 
ne  du  Roi  de  la  Grande  Bretagne ,  S.  M.  T.  C.  ne  doute  pas  que  le  Roi  de 
Suède  Se  Y  Empereur  même  ne  fe  portent  à  propofer  quelque  expédient  polir 
terminer  ce  différent.  Et  au  furplus  le  Roi  T.  C.  n'a  aucune  prêt  en/ion  direcle 
ni  indirecle  contre  1' 'Angleterre ,  à  la  referve  de  ce  qu'on  a  pris  fur  lui  pendant 
cette  Guerre  dans  les  ljles&  l'erré  ferme  d' Amérique ,  dont  il  demande  la  refti- 
tution ,  Se  il  elt  prêt  à  renouveller  avec  cette  Couronne  les  derniers  Traitez 
de  Commerce  qui  avoient  lieu  quand  la  Guerre  a  commencé, 

Déduction.  Tour  faire  voir  que  fitr  les  conditions  Offertes  par 
la  France ,  le  repos  peut  être  rétabli  dans  la  Chrétienté  fur  un 
pied  jufîe ,  raifomuihle  &  de  durée. 

LEs  Etats  Généraux ,  qui  ont  donné  occafion  à  toute  cette  Guerre,  parle 
fecours  qu'ils  ont  prêté  au  Prince  à' Orange  pour  envahir  Y  Angleterre  y 
peuvent-ils  fouhaiter  autre  chofe  que  de  renouveller  les  Traitez  de  Paix  Se  de 
Commerce  avec  la  France,  fur  le  pied  qu'ils  etoient  lors  que  cette  Guerre  a 
commencé,  Se  n'ont-ils  pas  a, (fez gaigné  ,  lors  qu'ils  ont  obtenu  le  but  qu'ils 
foubaitoient  en  donnant  leur  fecours  pour  YétabliJJ'ement  du  Prince  d'Orange 
en  Angleterre  ? 

,  Le  Prince  d'Orange  veut-il  être  quelque  choje  de  plus  que  Roi  d' Angleterre} 
S:  que  peut-il  defirer,  lors  que  le  Roi  T.  C.  demande  feulement  la  reltitution 
de  ce  que  Y  Angleterre  lui  a  pris  dans  les  IJles'  &  'terre  ferme  de  l'Amérique, 
5c  offre  de  rétablir  les  Traitez  qui  ont  été  rompus  par  cette  Guerre. 

Que  ii  les  Etats  Généraux  demandent  qu'on  remette  la  Barrière  dans  les 
Pâ*ïs-Bas  Efpagnols  au  même  état  qu'elle  a  été  réglée  par  le  Traité  de  Nim- 
wegue,  on  verra  que  le  Roi  T.  C.  l'a  offert  dans  les  Conditions  qui  touchent 
X'Efpagiie: 

A  l'égard  de  YEfpagne  ,on  peut  dire  qu'elle  ne  devoit  pas  efperer  de  fi  bon- 
nes conditions.  Elle  a  déclaré  la  Guerre  à  la  France  Se  a  perdu  cinq  de  fes  meil- 
leures 


ET    RESOLUTIONS     D'ETAT.  f 

leures  Places , trois  dans  le  Païs-Bas  &  deux  en  Catalogne,  6c  une  grande  éten- 
due de  Pais.  La  France  rend  tout  6c  fe  contente  que  l'on  convertifîè  en  Paix  le 
Traité  dcTreve  qui  a  été  fait  en  1684.,  ainfi  on  rétablit  la  Barrière,  qui  a  et» 
ftipulée  &  marquée  dans  le  Traité  de  Nimegue ,  de  iiUuprt  à  Namur  ,  de  la 
Mer  à  la  Meufe. 

On  lailîè  à  la  France  Luxembourg,  que  les  Etats  Généraux 'jugèrent  à  propos 
de  lui  céder  par  la  Trêve  de  1684.,  pareeque  c'eft  une  Place  fïtuée  2f .  lieues 
au  delà  de  la  Barrière  &  que  c'étoit  le  plus  raisonnable  équivalent  que  les  Ef- 
pagnols  pouvoient  donner  au  Roi  de  France,  pour  les  preten '.fions  qu'il  avoit 
fur  divers  lieux  fituez  dans  la  Barrière  6c  dans  le  Cœur  des  Païs-Bas  Efpa- 


gncls 


Le  Roi  T.  C.  a  plus  fait,  car  pour  ôter  tout  fujet  d'inquiétude  à  l'avenir 
aux  Etats  Généraux,  il  a  confenti  que  les  Païs-Bas  Efpagnols,  qui  font  plus 
à  la  bienfeance  de  la  France  que  tout  le  reite  des  Etats  du  Roi  Catholique , 
demeureront  en  toute  Souveraineté  &  propriété  à  VEletleur  de  Bavière ,  en  cas 
de  mort  du  Roi  d'Efpagne  fans  Enfans ,  pourvu  que  X Empereur  donnât  le  mê- 
me contentement^ de  fou  côté.  Et  S.  M.  T.  C.  aïant  fû  qu'on  donnoit  à  un 
offre  fî  confidérable  une  interprétation  fort  maligne  ,  Elle  confentira  volon- 
tiers qu'il  n'en  foit  point  parle,  fi  les  Ennemis  ne  croient  pas  cette  offre  avanr 
tageufe  pour  Eux. 

L'Empereur  aïant  pris  prétexte  de  dire  qu'il  étoit  inutile  de  faire 'la  Paix, 
puis  que  le  Roi  T.  C.  pouvoit  la  rompre  dans  peu  d'années,  fi  le  Roi  d'Ef- 
pagne venoit  à  mourir  fans  Enfans ,  il  a  démandé  pour  cet  effet  que  le. 
Roi  T.  C  renonçât  tout  de  nouveau  à  cette  fuccefîîon.  Quoique  S.  M.  T. 
C.  pût  alléguer  qu'il  étoit  hors  de  raifon  de  laiffer  périr  tant  de  milliers  de 
perlbnnes  fous  ce  prétexte ,  6c  que  s'il  avoit  lieu ,  il  faudrait  encore  continuer 
la  Guerre  pendant  40.  ans,  fi  le  Roi  d'Efpagne  vivoit  auffi  long-tems  ;  que 
cette  affaire  -  là  n'avoit  rien  de  commun  avec  la  Guerre  prefente  5  que  la  re- 
nonciation faite  par  la  Reine  de  France  étoit  nulle,  comme  il  lé  peut  voir  clai- 
rement par  tous  les  Ecrits  qui  ont  été  faits  fur  ce  fujet  ;  6c  que  quand  elle 
aurait  été  valable,  elle  ferait  devenue  caduque ,  pareeque  les  Efpagnols  n' 'ont pas 
fourni  les  fommes  qu'ils  étoientobligez  de  donner  dans  un  certain  tems.  Néan- 
moins le  Roi  T.  C.  pour  faire  voir  qu'il  eft  bien  éloigné  de  chercher  des  oc- 
cafions  de  faire  la  Guerre ,  veut  en  ôter  tout  prétexte. 

Quoiqu'après  le  refus  que  le  dernier  Duc  de  Lorraine  a  fait  de  ce  qui  a  été 
ftipulé  en  fa  faveur  par  le  Traité  de  Nimegue,  l'Empire  n'ait  plus  droit  de  fè 
mêler  de  ce  qui  regarde  la  Lorraine,  néanmoins  S.  M.  T.  C.  avoit  accordé 
au  Prince  fon  Fils  aine  les  mêmes  avantages  que  l'Empereur  6c  l'Empire  ont 
fut  inférer  dans  le  Traité  de  Nimegue,  à  la  referve  de  Sarre -Louis  ,  Bitfche , 
6c  Hambourg,  pour  lefquels  cependant  S.M.T.C.vouloit  bien  convenir  d'un 
équivalent  de  pareil  revenu  ;  mais  comme  on  a  fait  réprefenter  au  Roi  T.  C. 
que  les  4.  Chemins  d'une  demi  lieue  de  largeur  chacun ,  qu'il  fe  refervoit  dans 
les  Etats  du  Duc  de  Lorraine,  les  feparoient  entièrement,  S.  M.  T.  C.  y  a 
eu  égard ,  6c  quoiqu'elle  dût  poffeder  ces  4.  Chemins  en  t»ute  propriété  6c 
Souveraineté  tant  par  le  Traité  de  Nimegue  que  par  l'accommodement  de 
\66i.  Elle  veut  bien  fe  contenter  du  feul pajfage  pour  fes Troupes,  enpayant 

A  2,  4t 


6         MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

de  gré  à  gré  ce  qui  leur  fera  fourni ,  à  la  charge  que  cette  reftitution  des  4. 
Chemins  tiendra  lieu  du  dédommagement  de  Sarre-Louis  ,  autrement  Faudre- 
•  vange,  Bitfche  &c  Hombourg .  &  deLongwy,  auquel  S. M. T.  C.  s'étoit  obligée 
par  le  Traité  de  Nimegue.  Et  comme  cette  offre  cil  infiniment  plus  avanta- 
geufe  pour  un  Duc  de  Lorraine  qu'aucun  autre  équivalent ,  que  fes  Etats  de-  " 
meurent  réunis  par-là,  8c  qu'on  lui  rend  dix  fois  plus  que  ces  4.  Places  ne  va- 
lent >  il  eft  fans  doute  qu'il  ne  peut  que  remercier  le  Roi  T.  C.  de  la  manière 
genereufe  dont  il  ufe  envers  lui  en  cette  occafion. 

Pour  ce  qui  regarde  Y  Empire ,  on  trouvera  que  le  Roi  de  France  ne  pou- 
voit  offrir  des  conditions  plus  avantageufes,  fi  on  veut  regarder  l'état  prefent 
des  affaires ,  ni  qui  fuffent  plus  propres  à  conferver  le  repos  entre  la  France  6c 
l'Empire,  fi  on  veut  confidérer  la  fituation  des  Lieux  que  la  France  cède,  & 
de  ceux  qu'elle  fe  referve  :  èc  il  faut  avouer  qu'il  n'y  a  pas  d'aparence  que 
l'Empereur  puiffe  reprendre  par  la  force  des  Armes  aucune  des  trois  Places 
que  le  Roi  de  France  offre  de  rendre  on  de  rafer  ;  &  qu'il  fe  ferait  contenté  de 
beaucoup  moins, fi  on  avoit  difputé  pied  à  pied,  dans  uneAffemblée,les  con- 
ditions de  la  Paix. 

S.  M.  T.  C.  met  pour  fondement  par  cette  Paix  que  les  Traitez  de  ÎVefi- 
phalie  8c  de  Nimegne  demeureront  dans  leur  force  8c  vigueur . 

Qi_'e  celui  qui  a  été  conclu  à  Ratisbonne  au  mois  d'Août  1684.,  fous  le 
nom  de  Trêve  pour  20.  années  foit  converti  en  un  Traité  de  Paix  définitif,  avec 
les  changemens  ci-après  expliquez ,  &  qui  doivent  fervir  de  preuves  convain- 
cantes à  tout  l'Empire  que  le  Roi  T.  C.  n'a  aucune  penfée  d'y  faire  des  con- 
quêtes j  mais  qu'il  veut  feulement  rétablir  &  affermir  tant  pour  lui  que  pour 
les  Succeffeurs  une  bonne  8c  parfaite  correipondance  avec  l'Empereur  8c  les 
Etats  8c  Princes  d'Allemagne. 

Que,  pour  compenfation  de  la  Ville  de  Strasbourg  8c  des  Forts,  dont  le  Roi 
T.  C.  eft  en  polîelfion  8c  que  S.  M.  T.  C.  retiendra  incommutablemtnt  ,  tant 
pour  Elle  que  pour  fes  Succeffeurs ,  premièrement  Mont-Roïal  8c  Trarbach 
îbient  rafez  8c  reftituez  au  Prince  à  qui  ils  apartiennent,  fans  qu'on  puiffe  ja- 
mais Fortifier  ni  l'un  ni  l'autre  de  ces  deux  poftes. 

En  fecond  lieu  que  tout  les  Ouvrages  du  Fort-Louis  8c  de  Hunninguen  qui 
font  au  delà  du  Rhin  à  l'égard  de  la  France,  foient  pareillement  démolis. 

En  troifieme  lieu  de  rendre  Philisbourg ,  fortifié  avec  lbn  fort ,  8c  Fribourg 
au  même  état  où  il  eft  :  S.  M.  T.  C.  eft  perfuadée  que  tout  les  Princes  8c 
Etats  de  l'Empire  qui  défirent  la  Paix  feront  convaincus  que  des  offres  fi  avan- 
tageufes à  toute  l'Allemagne ,  font  non  feulement  fufhïantes  pour  la  compen- 
fation des  Ville  8c  Fort  de  Strasbourg ,  mais  auflî  pour  leur  fervir  de  garand  & 
d'affurancedelayîrfW//?'  avec  laquelle  Elle  veut  bien  entretenir  une  parfaite  cor- 
îcfpondance  avec  Eux  8c  leur  ôter  à  l'avenir  tout  fujet  d'inquiétude  8c  de  dé- 
fiance. Ils  n'en  peuvent  en  effet  délirer  une  plus  grande  preuve  que  l'aban- 
donnement  de  l'importante  place  de  Mont-Roïal  que  le  Roi  T.  C.  a  rendu 
préfque  imprenable  par  les  Fortifications  qu'il  y  a  faites,  facrifiant  au  bien  de 
la  Paix  les  excetiûves  depenfes  qu'elle  lui  a  coûté  8c  délivrant  par-là  tous  les 
Etats  voifins  de  l'inquiétude  que  cette  Place  leur  pourrait  donner. 

Celle  de  Philisbourg  que  le  Roi  T.  C.  a  poffedé  près  de  30.  années,  en  ver- 
tu 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.  7 

m  du  Traité  de  Munjler,  n'eft  pas  d'une  moindre  confequence,  &  comme  il 
y  a  fait  ajouter  de  très  belles  Fortifications,  depuis  la  dernière  conquête  qu'il 
en  a  faite,,  à  prefent  qu'Elle  lui  eft  revenue  par  le  droit  de  la  Guerre,  il  en 
pourroit  retirer  de  grands  avantages ,  s'il  n'étoit  bien  perfuadé  que  la  Paix 
qu'il  offre  de  faire,  ne  fera  jamais  altérée  de  part  ni  d'autre. 

C'eit  par  cette  raifon  auffi  qu'il  veut  bien  faire  rafer  ,  ainfi  qu'il  a  été  dit , 
les  Ouvrages  qui  font  au  delà  du  Rhin,  tant  au  Fort- Louis  qu'à  Hunninguen 
8c  remettre  à  Y  Empereur  la  Place  de  Fribsurg,  dont  les  Fortifications  ne  laif- 
fent  rien  à  defirer,  pour  la  rendre  prefque  imprenable. 

S.  M.  T.  C.  veut  bien  encore  remettre  YElecleur  Palatin  en  pofleffion  de 
Heidelberg  8c  de  toutes  les  dépendances  du  Palatinat;  déclarant  même  qu'en- 
core qu'on  ait  fait  voir  que  les  droits  de  Madame  la  Ducheffe  d'Orléans  fa 
belle  Sœur,  à  caufe  de  la  Succeffion  des  deux  derniers  Electeurs  fes  Père  ÔC 
Frère,  foient  bien  établis  fur  plufïeurs  Terres  &  Fiefs  dudit  Païatinat,  néan- 
moins Elle  veut  bien  fe  charger  entièrement  de  la  dédommager,  en  forte  que 
le  dit  Electeur  demeure  paifibie  Poffeffeur  de  tout  le  dit  Pais. 

Le  Roi  T.  C.  confent  auffi  qu'en  cas  qu'il  y  ait  quelqu'une  des  Réunions 
ci-devant  faites,  qui  ne  foit  conforme  aux  Traitez,,  il  foit  nommé  des  Com- 
miffaires  de  part  &  d'autre,  pour  examiner  de  nouveau  les  raifons  de  ceux  qui 
en  porteront  leurs  plaintes ,  &  en  cas  que  lefdits  Commiflaires  n'en  puif- 
fent  convenir,  S.  M.  T.  C.  s'en  raportera  à  l'arbitrage  de  la  République 
de  Venife. 

Et  à  l'égard  du  Duché  de  Deux- Ponts,  le  Roi  de  France  offre  de  le  re- 
mettre au  pouvoir  du  Roi  de  Suède ,  dans  l'Etat  où  il  ell  à  prefent ,  &  fans  y 
rien  prétendre  à  Y  avenir,  quoiqu'il  paroiffe  par  les  titres,  que  ce  Duché  dé- 
pend de  l'Evêché  de  Metz. 

L'Empereur  aïant  fait  connoître.  qu'il  ne  verroit  pas  volontiers  que  le  Roi 
de  France  demeurât  en  pofleffion  de  Cafal,  Sa  M.  T.  C.  confent  de  remettre 
cette  Place  au  Duc  de  Mantouè  ,  pourvu  qu'Elle  ait  par  la  Paix  les  furetez 
neceflaires  pour  empêcher  que  la Maifon à" Autriche  ne  s'en  puiffe  emparer,  ce 
q\ii  convient  également  au  repos  de  Y  Italie. 

Tout  ceci  faifant  voir,  que  les  propofitions  de  la  France  font  auffi  avanta- 
geufes  aux  Ennemis  de  S.  M.  T.  C. ,  qu'ils  en  pouvoient  defirer  ,  ils  n'ofent 
auffi  s'en  plaindre  ôc  ne  font  difficulté  que  fur  la  Ville  de  Strasbourg;  car  il 
faut  bien  qu'ils  allèguent  quelque  chofe  pour  prétexter  le  refus  qu'ils  font  de 
faire  la  Paix.  Comme  tout  ce  qu'ils  dilènt  fe  réduit  à  deux  points;  l'un  que 
la  Cejfion  de  Strasbourg  à  la  France  ferait  contre  les  Traitez  de  Weftphalie ,  l'au- 
tre que  cette  Ville  eft  trop  confiderable  pour  pouvoir  être  abandonné  par  V Em- 
pire, il  faut  détruire  ces  deux  raifons,  ce  qui  eit  très-aifé  à  faire. 

On  dirait  à  entendre  alléguer  aux  Impériaux  les  Traitez  de  Weftphalie ,  qu'ils 
les  ont  toujours  tenus  pour  une  Loi  facrée ,  qu'ils  n'ont  jamais  violée  ;  cepen- 
dant on  ferait  un  Livre  entier  des  Contraventions  qu'ils  y  ont  faites.  Je  me 
contenterai  de  dire 

Que  Y  Empereur  y  a  contrevenu  à  l'égard  de  la  Suède  dans  la  Guerre  de 
Pologne  5c  de  Dannemark,  ayant  affilié  ces  deux-Couronnes  contre  le  feu  Roi,. 
Charles  Gustave  j  8c  à  l'égard  de  la  France  en  1673.,  aïant  déclaré  la 

Guère- 


8         MEMOIRES,  NEGOT1 ATIONS,  TRAITEZ, 

Guerre  à  la  France  en  faveur  des  Hollandais,  quoiqu'il  eut  promis  deux  mois 
auparavant  par  un  Traité  folemnel  de  n'en  rien  faire. 

On  convient  toutesfois  que  les  'traitez  de  IVeftphalie  doivent  être  régardez 
comme  une  Loi  fondamentale  de  l'Empire.  C'eft  de  cette  forte  que  la  France 
les  confidére,  &  ellepofe  pour  fondement  de  la  Paix  qu'ils  demeureront  dans 
leur  force  &  vigueur  j  mais  quoique  tous  les  établifTemens  nouveaux  que  ces 
Traitez  ont  fait  dans  l'Empire,  doivent  demeurer  à  perpétuité .  il  eft  certain 
néanmoins  que  quand  on  trouve  qu'il  eft  neceflaire  pour  le  bien  de  la  Paix  ou 
pour  d'autres  grandes  raifons,  de  changer  quelque  chofe  à  ce  qui  a  été  réglé 
par  les  Traitez  de  IVeftphalie.,  on  le  peut  faire  fans  les  enfreindre  ,  &  on  l'a 
fait  plus  d'une  fois  depuis  leur  Conclufion,  {ans  qu'on  ait  prétendu  pour  cela 


qu'ils  aient  été  violez  >  fans  parler  du  Neuvième  Eletlorat  que  V  Empereur  vient 
de  créer  contre  la  teneur  des  Traitez  de  IVeftphalie  ,  n'eft  -  il  pas  vrai  que  les 
Ducs  de  IVolfenbuttel  ont  revendiqué  la  Ville  de  Brunswick  Capitale  de  leur 


Duché  depuis  laPaix  de  Munfter,  <8c  que  l'Empire  n'y  a  rien  trouvé  à  redire, 
quoiqu'Elle  fut  Ville  Impériale  ? 

L'Evêque  de  Munfter  a  fait  la  même  chofe  de  fa  Capitale:  l'Evêque  de 
Mayeme  ai!  Er fort. 

On  ne  peut  pas  obje'éber  que  l'on  n'a  pas  démembré  Brunsivick,  Munfter  & 
Erfort  de  l'Empire  &  qu'ainh*  ils  ne  peuvent  être  comparez  à  Strasbourg 
qu'on  veut  aliéner;  car  je  ne  prétend  pas  encore  parler  du  démembrement; 
je  foû  tiens  feulement  dans  cette  première  propofition  qif  0»  a  fait  des  change- 
mens  aux  Traitez  de  IVeftphalie  fans  qu'on  ait  dit  pour  cela  qu'ils  étoient  rom- 
pus; or  que  ce  changement  iè  fuTe  au  dehors  ou  au  dedans  de  l'Empire,  c'eft 
toujours  une  innovation  aux  Traitez  de  IVeftphalie:  Et  fi  l'Empereur  dépouil- 
loit  un  Prince  des  Etats  que  les  Traitez  lui  ont  ajugez,  pour  les  donner  à  un 
autre,  il  n'y  a  perfonne  qui  ne  foûtienne  qu'il  contreviendroit  aux  Traitez  de 
H'eftphalie,  quoiqu'il  ne  démembrât  point  l'Empire, 

Je  dis  plus ,  qtfun  démembrement  de  P  Empire  eft  moins  contraire  aux  Traitez 
de  IVeftphalie  qu'un  des  changemens  ci- de ff us  fpecifiez-,  car  fi  on  veut  confidérer 
les  caufes  de  la  Guerre  que  le  Roi  Gustave  Adolphe  a  porté  dans  l'Em- 
pire, on  trouvera  que  ce  n'a  été  que  pour  empêcher  les  changemens  que  Ferdi- 
nand 1 1.  vouloit  faire  au  dedans  de  l'Empire  au  préjudice  des  Droits  &  Li- 
bertez  des  Etats  &  pour  réparer  ceux  qui  avoient  déjà  été  faits.  Aufîi  fait- 
on  que  tout  le  Traité  de  il  l 'un fier  ne  roule  que  fur  la  reftitution  de  ce  que  l'Em- 
pereur avoit  ufurpé  ou  que  des  Princes  avoient  pris  les  uns  fur  les  autres.  Ain- 
fi  le  véritable  efprit  de  ces  Traitez,  eft  d'empêcher  à  l'avenir  des  changemens 
de  cette  Nature,  &  de  pourvoir  à  ce  que  chaque  Prince  8c  chaque  Ville  de- 
meurât dans  l'Etat  où  il  a  été  mis  par  les  Traitez  de  IVeftphalie. 

Au  refte  bien  loin  que  les  démembremens  de  l'Empire  foient  défendus  par 
ces  Traitez,  quand  ils  fe  font  pour  le  bien  de  la  Paix,  ils  y  font  même  auto- 
rifez,  puifque,  par  ces  Traitez.,  on  a  démembré  Metz,  Thoul,  Verdun,  les 
deux  Alfaces ,  Philisùourg. 

hors  qu'on  a  fait  la  Paix  à  Nimegue  ,  quoique  l'Empereur  eût  attaqué  h 
France,  contre  la  teneur  des  Traitez  de  IVeftphalie ,  néanmoins  on  a  juge  pour 
le  bicii  de  la  Paix  de  lui  laitier  Philisbourg,  qui  apartient  u  la  France  par  les 

irai- 


ET    RESOLUTIONS    D'ETAT.  y 

Traitez  de  Munfler ,  &  de  laitier  en  échange  Fribourg  à  la  France  quoique  ce 
fut  une  Ville  héréditaire  de  l'Empereur.  On  a  donc  aliéné  Fribourg  de  l'Em- 
pire. Si  on  répond  qu'on  Ta  échangé  contre  Philisbourg  qui  eft  rentré  dans 
l'Empire,  je  conclurrai  toujours  que  ma  proportion  eft  vraie  qu'on  peut  fai- 
re pour  de  bonnes  rat  fins  des  changemens  aux  traitez  defFeftphalie,  6c  que  iï  on 
a  changé  Philisbourg  contre  Fribourg  à  la  Paix  de  Nimegue,  on  peut  a  prefent 
changer  Strasbourg  contre  Philisbourg,  Fribourg  6c  tous  les  Etats  mentionnez 
ci-deiïus.  On  ne  peut  pas  dire  que  le  Roi  T.  C.  n'a  Philisbourg  que  par  droit 
de  Conquête,  il  l'a  eu  par  le  Traité  de  Munfler,  èc  l'aïant  repris  depuis  cette 
dernière  Guerre,  il  eft  rentré  dans  fon  ancien  Droit,  comme  l'Empereur  pré- 
tendroit  avec  raifon  devoir  conferver  Fribourg  comme  une  Ville  héréditaire  ,-• 
s'il  la  pouvoit  reprendre,  fans  qu'on  pût  lui  objetter  qu'elle  ne  lui  apartient 
que  par  droit  de  Conquête. 

Ainfi  on  peut  dire  qu'il  eft  permis  de  changer  quelque  chofe  à  ces  Traitez  quand 
on  le  trouve  necejfaire  pour  le  bien  de  la  Paix.  Il  n'eft  donc  plus  queftion  que 
de  faire  voir  que  la  Celfion  de  Strasbourg  à  la  France  n'eft  pas  une  choie  fi 
confiderable  que  les  Autrichiens  le  publient,  &  que  c'efi  le  moïen  le  plus  court 
&  le  plus  facile  d' 'avoir  une  Paix  jufte  &?  de  durée. 

Je  remarquerai  en  parlant  cette  circonftance  dans  l'affaire  de  Strasbourg ,  qui 
rend  le  Droit  de  la  France  plus  fort  que  celui  des  Ducs  de  Wolfenbuttcl  6c  des 
autres  qui  ont  réduit  leur  Capitale.  C'eft  que  le  changement  qui  eft  arrivé  à 
l'égard  de  la  Ville  de  Strasbourg,  s'eft  fait  du  confentement  de  la  plus  faine 
partie  des  Habitans  6c  que  tous  y  ont  enfin  donné  les  mains  ;  Se  on  peut  dire 
que  c'a  été  pour  leur  avantage,  parce  que  cette  Ville  étant  Impériale  ,  Elle 
ne  pouvoit  fe  difpenfer,  quand  les  Guerres  arrivoient,  d'être  dans  les  intérêts  de 
l'Empire  -,  6c  d'un  autre  côté  fa  fituation  l'expofant  aux  Armes  de  la  Fran- 
ce, 6c  l'éloignant  des  fecours  de  l'Empire,  elle  fe  trouvoit  dans  un  état  fâ- 
cheux. 

Lors  que  cette  Ville  y  a  cherché  des  remèdes ,  en  faifant  des  Traitez  de 
Neutralité  avec  la  France,  l'Empereur  l'a  auffi-tôt  obligée  de  les  rompre ,  6c 
l'a  réjettée  dans  de  nouveaux  malheurs ,  en  l'expofant  au  reflentiment  que  la 
France  avoit  de  fon  infidélité. 

Si  l'on  compare  fon  état ,  depuis  qu'elle  eft  à  la  France  ,  pendant  la  prefèn- 
lênte  Guerre, on  y  trouvera  une  grande  différence  de  celui  où  elle  a  été  pen- 
dant celle  de  167Z.,  puifqu'elle  n'a  pas  reflènti  la  moindre  incommodité  pen- 
dant celle-ci. 

Mais  fans  entrer  dans  tous  ces  raifonnemens ,  6c  iupofant  même  que  la  Fran- 
ce n'eut  aucun  droit  fur  Strasbourg,  voïons  fi  le  Roi  T.  C.  donne  un  équiva- 
lent raifonnable.  Il  faut  confiderer  pour  cela  la  grande  étendue  de  Pais  6c  la 
quantité  de  Places  fortes  dont  le  Roi  T.  C.  eft  en  poffefîîon,  6c  qu'il  offre  de 
rendre  ou  de  rafer  pour  équivalent  de  Strasbourg  ,  favoir  Fribourg  6c  Philis- 
bourg en  leur  entier;  Mont-Roïal,  Trarbach ,  avec  les  Ouvrages  de Humtinguen 
6c  du  Fort- Louis,  qui  font  au  de  là  du  Rhin  à  l'égard  de  la  France  ,  raiëz, 
VEleclorat  Palatin  6c  tous  les  autres  Etats  de  l'Empire  dont  il  eft  en  polïêf- 
fion,  6c  plus  de  deux  tiers  du  Palatinat  qui  apartiennent  inconteftâblement  à 
Madame  la  Duchejfe  d'Orléans  ,  par  la  fucceflîon  de  fes  Père  6ç  Frère,  der- 

Tom.  I.  B  nias 


io       MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

niers  Elc&eurs,dont  il  s'eft  obligé  de  dédommager  Madame  laDuchefle  d'Or- 
léans. Si  on  compare  tout  cela  avec  la  feule  Ville  de  Strasbourg,  on  trouve- 
ra que  le  Roi  de  France  rend  beaucoup  plus  à  l'Empire  que  Strasbourg  ne 
peut  valoir.  Aufiï  eft-ce  par  un  efprit  d'équité  6c  par  un  defir  fincére  d'éta- 
blir une  Paix  qui  maintienne  pour  toujours  la  France  &  l'Empire  en  repos, 
que  le  Roi  T.  C.  aime  mieux  conferver  une  Ville  qui  eft  du  côté  de  la  Fran- 
ce 6c  en  céder  deux  du  côté  d'Allemagne,  rafer  tant  de  Places  6c  de  Forts, 
6c  rendre  une  fi  grande  étendue  de  Pais. 

On  doit  confiderer  que  la  Ville  de  Strasbourg  fe  trouve  feule  6c  (ans  aucun 
Pais,  qui  en  dépende,  au  milieu  des  Etats  du  Roi  de  France,  6c  on  doit 
conclurre  de  là  qu'elle  ne  peut  jamais  être  en  d'autres  mains  d'aucune  utilité , 
mais  feulement  pour  nuire  à  la  France  ;  que  Fribourg  6c  Philisbourg  fe  trou- 
vent pareillement  entourez  de  tous  cotez  de  terres  de  l'Empire  ,  6c  que  ces 
deux  places  par  confequent  ne  peuvent  être  d'aucune  utilité  qu'en  cas  de 
Guerre  contre  l'Empire,  ce  qui  fait  voir  que  le  Roi  T.  C.  a  réfolu  de  con- 
ferver inviolablement  la  Paix ,  efperant  que  l'Empereur  en  ufera  de  même. 

Ceux  qui  voudroient  alléguer  que  Strasbourg  donne  un  pafTage  au  Roi  de 
France  dans  l'Empire,  n'ont  aucune  connoifTance  de  la  Carte,  ou  ne  veulent 
pas  faire  reflexion  que  Philisbourg  donne  la  même  entrée  6c  bien  plus  avanta- 
geufe  en  ce  que  c'eft  beaucoup  plus  bas,  6c  par  confequent  dans  le  Cœur  de 
PEmpire>  que  dePbilisbourgon  entre,  fans  aucun  obftacle,  dans  les  Plaines  de 
la  Franconie ,  6c  qu'aïant  ce  pofte  au  de-là  du  Rhin,  pour  y  faire  des  Maga- 
fins,  6c  y  entretenir  les  Armées ,  il  eft  infiniment  plus  avantageux,  pour  une 
Guerre  OfFenfive  à  l'Empire ,  que  celui  de  Strasbourg. 

L'Empereur  a  fi  bien  connu  cette  vérité  8c  l'importance  de  cette  Place, 
qu'il  a  mieux  aimé  céder  par  le  Traitez  deNimegue  une  Ville  héréditaire  con- 
fiderable  par  elle-même,  comme  eft  Fribourg,  que  de  laifîèr  la  France  en  pof- 
feffion  de  Philisbourg. 

Je  ne  crois  pas  non  plus  qu'on  objecte  que  le  R  S\  de  France  a  attaqué  l'Em- 
pire èc  qu'il  doit  rendre  Strasbourg,  qu'on  lui  avoit  cédée  pour  10.  ans  par  la 
Trêve  faite  4.  ans  auparavant.  L'Empereur  déclara  la  Guerre  à  la  France  en 
1673.  6c  a  néanmoins  confervé  par  la  Paix  Philisbourg,  qu'il  avoit  pris  fur  la 
France  dans  cette  Guerre-là,  6c  quoique  l'Efpagne  ait  déclaré  la  Guerre  à  la 
France,  le  Roi  T.  C.  offre  néanmoins  de  rendre  toutes  les  Places  qu'il  a  con- 
quifes  fur  cette  Couronne. 

Enfin  on  peut  dire  que  fi  on  vouloit  entrer  dans  la  difcuffion  des  Traitez-de  Mun- 
fler  ,  de  Nimegue  &?  de  Ratisbonne ,  on  feroit  revivre  des  conteftations  infinies, 
qui  ont  été  terminées  par  le  dernier  de  ces  Traitez ,  6c  qui  fourniroient  plutôt 
de  nouvelles  matières  de  Guerre,  que  des  moïens  de  la  faire  cefier:  On  en- 
tameroit  une  Negotiation  qui  dureroit  autant  que  celle  de  Munfter  ,  au  lieu 
que  par  les  rafemens  6c  reftitutions  propofées ,  on  concilie  ce  que  contiennent 
ces  trois  Traitez  6c  on  pourvoit  pour  toujours  à  la  fureté  de  l'Empire ,  aufiî 
bien  qu'à  celle  de  la  France ,  êc  par  confequent  à  une  perpétuelle  durée  d'u- 
ne bonne  6c  parfaite  correfpondance. 

C'eft  là-ddKis  que  la  France  envoïa  une  perfbnne  à  la  Haïe ,  qui  fut  fore 

fe» 


ET    RESOLUTIONS    D'ETAT.  n 

fecretement  introduite  auprès  de  quelques  Membres  des  Etats  Généraux  par 
un  nommé  Mollo,  Marchand  d'Amfterdam ,  homme  d'intrigue  &  de  capaci- 
té. On  convint  qu'on  admettrait  à  Maeftricht,  Caillercs^  pour  convenir  au- 
tentiquement  des  Préliminaires  avec  Mr.  de  Dyckvelt.  Après  quelque  tems , 
pour  ne  pas  entrer  dans  un  détail  qui  ne  ferait  pas  de  mon  fujet,  l'on  convint 
de  Rysivick  pour  y  traiter. 

Après  plufieurs  conférences  la  Paix  y  fut  conclue,  premièrement  avec  l'An- 
gleterre &  la  Hollande.  Quelques  jours  après  on  fît  celle  avec  l'Efpagne. 
Celle  de  l'Empereur  &  de  l'Empire  traîna  quelque  tems.  C'étoit  par  la  mul- 
tiplicité des  intérêts  6c  par  l'indolence  des  Membres  du  Corps  Germanique. 
Il  falut  pourtant  dans  la  fuite  la  conclurre  à  la  hâte.  C'étoit  p.irceque  la  Fran- 
ce, étant  venue  à  bout  de  faire  brèche  à  l'Alliance,  la  preffoit,  la  foudre  des 
menaces  à  la  main  ,  en  y  preferivant  le  tems.  Elle  ne  héfita  point  de  rendre 
plufieurs  Places ,  ainfi  qu'EUe  n'avoit  pas  fait  difficulté  de  reitituer  plufieurs 
Villes  desPaïs-Bas  Efpagnols  qui  formaient  la  fameufe  Barrière ,  pour  la  fureté 
des  Provinces-Unies.  Elle  ne  s'étoit  pas  même  refervé  l'importante  Forteref- 
fe  de  Luxembourg.  Le  Miniftre  Efpagnol  avoit  infifté  fur  fà  reddition  ,  mê- 
me contre  les  ordres  de  fa  Cour,  qui  alarmée  de  la  perte  de  Barcelonne,  n'af- 
piroit  qu'à  la  Paix.  L'on  jugea  que  la  France,  étant  informée  de  l'état  in- 
firme de  Charles  II. ,  fes  vues  tournoient  fur  cette  Monarchie  énervée. 
Ainfi  elle  ne  defefperoit  pas  que  ce  qu'elle  rendoit,  ne  revint  bien-tôt  avec 
ufure  à  fa  Maifon. 

Pour  en  éloigner  les  obftacles  elle  prit  dès  ce  tems -là  des  mefures.  Elle 
commença  par  profiter  du  zèle  hors  de  faifon  d'un  Prince  Catholique  de 
l'Empire  qui  avoit  fuccedé  à  un  Etat  Proteftant.  Par  des  Négociations  fè- 
cretes  avec  ce  Prince,  ménagées  par  des  Miniftres  dans  un  Village  ,  fous  le 
prétexte  des  contributions,  elle  fit  inférer  dans  le  Traité  de  Paix  avec  l'Em- 

f)ire  le  quatrième  Article.  C'étoit  pour  être  une  fource  de  défunion  entre 
es  Princes  d'Allemagne.  La  vûë  en  étoit  d'empêcher  une  autre  fois  leur  Li- 
gue, qui  venoit  de  le  rompre.  Pour  y  parvenir  elle  faifoit  fous  main  aigrir 
les  Princes  Proteftants ,  pendant  qu'elle  faifoit  roidir  les  Princes  Catholiques 
au  fujet  de  cet  Article.  Pour  animer  les  premiers  on  fiiifoit  prôner  le  Traité  de 
TVeftphalie  qui  étoit  le  Bouclier  de  leurs  Libertez ,  &  contre  lequel  cet  Article 
tendoit.  On  faifoit  en  même  tems  infpirer  aux  Catholiques  que  le  même 
Traité  avoit  été  trop  avantageux  aux  Proteftans.  Ainfi  qu'il  faloit  foûtenir 
l'Article  IV.  de  celui  de  Ryswick.  On  tira  même  de  l'avantage  de  ce  que 
tous  ces  Traitez  qu'on  venoit  de  faire,  n'avoient  pas  été  faits  conjointement 
entre  tous  les  Alliez. 

Véritablement  tous  ces  Traitez,  faits  les  uns  après  les  autres ,  aigrirent  les 
Membres  du  Corps  Germanique  ,  qui  furent  biffez  les  derniers .  Aufïï  fes 
Plénipotentiaires  fe  prefïèrent-ils  de  s'en  retourner.  Le  Comte  de  Caunitz, 
impatient  de  prendre  poffeffion  de  fa  nouvelle  charge  de  Chancelier  à  la  Cour 
Impériale,  fut  des  premiers  à  vouloir  partir.  Par- là  l'on  n'eût  pas  le  tems  de 
négocier  une  nouvelle  Ligue.  Elle  devoit  être  pour  aflurer  la  fucceflïon  d'Ef- 
pagne  à  la  Maifon  $  Autriche.  Le  Roi  d'Angleterre  &  les  Etats  Généraux 
y  ctoient  fortement  portez.     Don  Bernardo  de  Quiros,  Miniftre  d'Elbagne, 

B  2,  avoit 


ii       MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

avoit  même  ordre  d'y  concourir.  Les  inftances  des  Miniftres  de  ces  Puilîàn- 
ces  ne  purent  arrêter  le  départ  de  ceux  de  l'Empire.  Ainli  ce  prevoiant  def- 
fein  échoua. 

La  Cour  Impériale  fe  flattoit  d'autres  moïens  pour  s'alîurer  de  la  Monar- 
chie d' Efpagne.  On  lui  infinuoit  qu'il  faloit  attirer  à  lbn  parti  des  princi- 
paux Efpagnols.  On  négligea  ces  figes  répréfentations.  C'étoit  pirceque 
l'on  fc  fioit  fur  la  Reine  d'Efpagne,  6c  beaucoup  fur  la  Comtelïè  de  Berlips  , 
qui  n'étoit  que  Femme  Se  étrangère.  Il  eft  vrai  qu'elles  avoient  beaucoup 
d'attendant  fur  l'efprit  de  ce  Roi.  Elles  ménagèrent  avec  lui  de  faire  aller  en 
Efpagne  l'Archiduc  Charles.  Le  Roi  fe  plaifoit  même  à  s'entretenir  avec 
Elles  de  la  manière  que  ce  Prince  y  vivroit.  Le  Miniftre  de  l'Eleéteur  de 
Trêves,  qui  avoit  de  l'habileté  propofa  d'envoier  quelques  Troupes  Alleman- 
des en  Efpagne  &  en  Amérique.  Elles  dévoient  être  à  la  iblde  du  Roi  Char- 
les. L'obftacle  de  la  dépenfe  du  tranfport  en  retarda  la  refolution.  La  Fran- 
ce qui  craignoit  de  telles  précautions,  les  empêcha  par  des  menaces,  aufîî- 
bien  que  le  voïage  de  l'Archiduc  Charles  pour  l'Efpagne.  Ce  dernier  lui 
étoit  tant  à  Cœur, le  regardant  comme  le  coup  qui  traverfoit  le  plus  fes  vues, 
qu'elle  exigea  dans  la  fuite  par  l'Article  VIII.  du  fécond  Traité  de  Partage , 
ainfi  qu'on  verra  en  fon  lieu,  que  l'Archiduc  ne  pourrôit  pas  palier  en  Efpa- 
gne. Les  menaces  de  la  France  avoient  beaucoup  d'influence.  Elle  étoit 
reftée  Armée,  au  lieu  que  les  Alliez  réformèrent  leurs  Troupes  d'abord  après 
la  Paix.  Le  Parlement  d'Angleterre  ne  voulut  lailTer  fur  pied  que  fept  mille 
Hommes  pour  la  garde  des  Places  Fortes  du  Roïaume. 

On  ne  laiffà  cependant  pas  de  fonger  à  prévenir  les  inconveniens  qui  nai- 
troient  de  la  mort  du  Roi  Charles.  On  propofa  pour  fon  SuccefTeur  le 
Prince  Electoral  de  Bavière  fon  Neveu.  La  France  qui  en  avoit  fait  faire  la 
propofition  l'agréa.  On  infinua  que  la  raifon  de  cet  agrément  étoit,  parce- 
que  par -là  cette  Monarchie  fortoit  de  la  Maifon  d'Autriche.  L'on  a  tenu 
que  le  Comte  de  Portland ,  qui  avoit  eu  des  entrevues  avec  Bouficrs,  lors 
qu'en  fortant  de  Namrtr,  il  fut  arrêté  par  Mr.  Dyckvelt>  avoit  jette  les  fon- 
demens  du  premier  Traité  de  Partage ,  qui  fut  enfuite  fait  en  faveur  du  mê- 
me Prince  Electoral  Se  qu'on  trouve  à  propos  d'inférer  ici. 

Conclu  ÇOit  notoire  à  tous  qui  ces  prefentes  verront ,  que  le  Sereniffime  6c  très- 
entre  le  ^  puiflànt  Prince  Guillaume  III.  par  la  grâce  de  Dieu  ,  Roi  de  la 
Roi  de     Grande  Bretagne,  6c  le  Serenilîîme,  ?c  très-puiflànt  Prince  Louis  XIV. 


la  Gr.  auifi  par  la  grâce  de  Dieu  Roi  Très -Chrétien  de  France  6c  de  Navarre,  6c 
Bret.,  le  ies  Seigneurs  Etats  Généraux  des  Provinces-Unies  des  Pais-Bas ,  n'aïant  rien 
Très-  de  plus  à  cœur,  que  de  fortifier  par  de  nouvelles  liaifons  la  bonne  intelligence 
Ch. ,  &  rétablie  entre  fa  Majefté  de  la  Grande  Bretagne ,  fa  Majefté  Très  -  Chrê- 
J«  E-  tienne,  6c  lefdits  Seigneurs  Etats-Généraux,  parle  dernier  Traité  conclu  à 
r'u  Ryswik  ,  6c  de  prévenir,  par  des  mefures  prifes  à  tems,  les  évenemens,  qui 
touchant  pourroient  exciter  de  nouvelles  guerres  dans  l'Europe  ,  ont  donné  pour  cet 
le  [.Par-  effet  leurs  plein-pouvoirs  ,  pour  convenir,  d'un  nouveau  Traité  ,  fçavoir  fa- 
jagede  <j]te  Majefté  Britannique,  aux  Sieurs  Guillaume  de  Bentink,  Comte  de  Port- 
narchiê   Iand  >  Chevalier  de  l'ordre  de  la  jaretiere,  Confeiller  au  privé  Conleil  du 

Roi 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.  15 

Roi  de  la  Grande-Bretagne  ,  fon  premier  Gentilhomme  de  la  Chambre,  &  d'Efpa- 
Généïal  de  fa  Cavalerie  ;  6c  à  Jofeph  Williamfon,  Chevalier,  aufïi  Confeiller  gne.  A 
au  privé  Confeil  dudit  Roi ,  Se  Garde  de  Tes  Archives  d'Etat  :  Sadite  Majef-  ja  Haic 
té  Très-Chrêtienne  au  Sieur  Comte  deTallard,  Lieutenant-Général  de  lés  oftobet 
Armées,  6c  de  fa  Province  deDauphiné,  fon  Ambaffadeur  Extraordinaire  en  1698.. 
Angleterre  ;   &  lefdits  Seigneurs  Etats  Généraux  aux  Sieurs  François  Ver- 
bol  t,  Sénateur  &  Bourguemaitre  de  la  Ville  de  Nimegue  ,  Maître  Géné- 
ral des  poftes  dans  le  Duché  de  Gueldre  ,  Comté  de  Zutphen ,   6c  autres 
lieux;  Friderik  Baron  de  Rhecde  ,  Seigneur  de  Lier,  St.  Antoine  6c  Ber- 
lée,  Sec.  Commandeur  de  Buren,  de  l'ordre  de  la  Province  de  Hollande  6c 
Weft-Frife  j    Antoine  Heinfîus ,   Confeiller  Penfionaire  ,   Garde  du  Grand 
Sceau, 6c Sur- Intendant  des  Fiefs  de  la  même  Province  de  Hollande  8c  Weft- 
Frife  }  Jean  Becker,  ancien  Sénateur,   &  Bourguemaitre  de  Ville  de  Mid- 
delbourg;  Jean  vander  Does,  Seigneur  de  Bergeftein,  de  l'ordre  de  la  Pro- 
vince d'Utrecht;   Guillaume  van  Haren,  ci-devant  Grietman  du  Bilt ,  Dé- 
puté de  la  part  de  la  NoblefTe  aux  Etats  de  Frife,  6c  Curateur  de  ï'Uni- 
verfité  de  Franeker  ;  Arnold  Lencker ,  Bourguemaitre  de  la  Ville  de  Deven- 
ter  ;  6c  Jean  de  Drews  >  tous  députez  en  l' Aflemblée  defdits  Seigneurs  Etats 
Généraux ,  de  la  part  de  la  Province  de  Gueldre ,  de  Hollande  6c  Weft-Fri- 
fe, de  Zelande,  d'Urecht,  de  Frife ,  d'Overyffel  6c  de  Groningue  6c  Om- 
melandes  ,   lefquels  en  vertu  defdits  pouvoirs  font  convenus  des  articles  fui- 
vans. 

I.  La  Paix  rétablie  par  le  Traité  de  Ryswik  entre  le  Sereniflîme  6c  très- 
puifîànt  Prince  Guillaume  III.  Roi  de  la  Grande  Bretagne,  le  Serenif- 
lîme 6c  très-puifîànt  Prince  Louis  XIV.  Roi  Très-Chrétien  ,  de  France 
6c  de  Navarre,  6c  les  Seigneurs  Etats  Généraux  des  Provinces  -  Unies  des 
Pais-Bas,  leurs  héritiers  6c  Succeffêurs ,  leurs  Roïaumes ,  Etats  6c  Sujets 
fera  ferme  6c  conftante ,  6c  leurs  Majeftez,  6c  lefdits  Seigneurs  Etats  Géné- 
raux feront  réciproquement  tout  ce  qui  pourra  contribuer  à  l'avantage,  6c  à 
l'utilité  de  l'un  6c  de  l'autre. 

II.  Comme  le  principal  objet,  que  fadite  Majefté  de  la  Grande  Bretagne, 
6c  fadite  Majefté  Très-Chrêtienne  ,  6c  lefdits  Seigneurs  Etats  Généraux ,  fê 
propofent ,  eft  celui  de  maintenir  la  tranquilité  générale  de  l'Europe  ,  ils 
n'ont  pu  voir  fans  douleur,  que  l'état  de  la  fanté  du  Roi  d'Efpagne  foit  de- 
puis quelque  tems  devenu  fî  languifîant ,  qu'il  y  a  tout  lieu  de  craindre,  que 
ce  Prince  n'ait  plus  long- tems  à  vivre:  quoi  qu'ils  ne  puiffènt  tourner  leurs 
penfées  du  côté  de  cet  événement,  fans  affliéHon,  par  l'amitié  fincere  6c  vé- 
ritable, qu'ils  ont  pour  lui,  ils  ont  cependant  eftimé,  qu'il  étoit  d'autant 
plus  néceflaire  de  le  prévoir ,  que  Sa  Majefté  Catholique  n'aïant  point  d'en- 
fans,  l'ouverture  de  fa  fuccelîîon  exciteroit  infailliblement  une  nouvelle  guer- 
re, fî  le  Roi  Très-Chrétien  foutenoit  les  pretenfîons,  ou  celles  de  Monfei- 
gneur  le  Dauphin,  fur  toute  la  fucceflîon  d'Efpagne,  que  l'Empereur  fît  auf- 
ïi valoir  fes  pretenfîons,  celles  du  Roi  des  Romains,  de  l'Archiduc  fon  fé- 
cond Fils,  ou  de  fes  autres  Enfans;  6c  PEleéteur  de  Bavière,  celles  du  Prince. 
Electoral  fon  Fils  aîné  fur  ladite  Succeffion. 

III.  Et  comme  les  deux  Seigneurs  Rois,  6c  les  Seigneurs  Etats  Géné- 

B  3  raux 


14       MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

raux  défirent  fur  toutes  chofes,  la  confervation  du  repos  public  ,  6c  d'éviter 
une  nouvelle  guerre  dans  l'Europe,  par  un  accommodement  des  difputes  6c 
des  difterens ,  qui  pourraient  refulter  au  fujet  de  ladite  Succeffion ,  ou  par 
l'ombrage  de  trop  d'Etats ,  reunis  fous  un  même  Prince  ;  ils  ont  trouvé 
bon  de  prendre  par  avance  des  mefures  neceflaires ,  pour  prévenir  les  mal- 
heurs ,  que  le  trille  événement  de  la  mort  du  Roi  Catholique  fans  Enfans , 
pourrait  produire. 

IV.  Ainfi  il  a  été  accordé  6c  convenu,  que  fi  ledit  cas  arrivoit ,  le  Roi 
Très  -  Chrétien  tant  en  fon  propre  nom  ,  qu'en  celui  de  Monfeigneur  le 
Dauphin,  fes  Enfans,  Mâles,  ou  Femelles,  Héritiers  6c  SuccefTeurs  nés  6c 
à  naître,  comme  aufii  mondit  Seigneur  le  Dauphin  pour  (bi-méme,  fes  En- 
fans,  Mâles  6c  Femelles,  Héritiers  6c  SuccefTeurs,  nés  6c  à  naître,  fe  tien- 
dront fatisfaits ,  comme  ils  fe  tiennent  fatisfaits  par  la  prefente  ,  que  mondit 
Seigneur  le  Dauphin  ait  pour  fon  partage  ,  en  toute  propriété  ,  pofïèifion 
pleniere  6c  extinction  de  toutes  fes  prétentions  fur  la  fucceffion  d'Eipagne, 
pour  en  jouir  lui  fes  Héritiers  6c  SuccefTeurs  ,  nés  6c  à  naître,  à  perpétui- 
té,  (  fans  pouvoir  jamais  être  troublé  ,  par  quelque  prétexte  que  ce  foit ,  de 
droit  ,  ou  de  prétentions ,  directement  ou  indirectement ,  même  par  cef- 
fion,  appel,  révolte,  ou  autre  voie ,  de  la  part  de  l'Empereur,  du  Roi  des 
Romains,  de  l'Archiduc  Charles,  fon  fécond  Fils,  de  fes  autres  Enfans , 
Mâles  ou  Femelles  ,  6c  defeendans  ,  fes  Héritiers  6c  SuccefTeurs ,  nés  6c  à 
naître  ,  ni  aufîi  de  la  part  de  PEleéteur  de  Bavière,  au  nom  du  Prince  E- 
leétoral  de  Bavière,  fon  Fils  aîné,  ni  dudit  Prince  Electoral,  leurs  Enfans  def- 
eendans, Héritiers  6c  SuccefTeurs,  nés  6c  à  naître)  les  Roïaumes  de  Naples, 
6c  de  Sicile ,  les  places  dépendantes  prefentement  de  la  Monarchie  d'Efpa- 
gne ,  fitués  fur  la  côte  de  Tofcane ,  ou  Iles  adjacentes ,;  comprifes  fous  le 
nom  de  St.  Stephano,  Porto  Hercole,  Orbitello  ,  Jelamone  ,  Porto  Lon- 
gone,  Piombino  ,  en  la  manière  ,  que  les  Eipagnols  les  tiennent  prefente- 
ment, la  Ville  6c  Marquifat  de  Final,  en  la  manière  pareillement  que  les  Ei- 
pagnols les  tiennent,  la  Province  de  Guipufcoa ,  nommément  les  Villes  de 
Fontarabie,  6c  St.  Sebaftien,  fituées  dans  cette  Province,  6c  fpecialement  le 
port  du  paflage ,  qui  y  eft  compris  ;  avec  cette  reftriétion  feulement ,  que 
s'il  y  a  quelques  lieux  dependans  de  ladite  Province,  qui  fe  .trouvent  fitués 
au  delà  des  Pirenées  ou  autres  Montagnes  de  Navarre,  d'Alava,  ou  de  Bif- 
caye du  côté  de  l'Efpagne,  ils  refteront  à  l'Efpagne}  6c  s'il  y  a  quelques  lieux 
pareillement  dependans  des  Provinces  foumifes  à  l'Efpagne,  qui  ioient  en 
deçà  des  Pirenées  ou  autres  Montagnes  dis  Navarre,  d'Alava,  ou  de  Bifcaye 
du  côté  de  la  Province  de  Guipufcoa,  ils  refteront  à  la  France  ;  6c  les  tra- 

i'ets  defdites  Montagnes,  6c  lefdites  Montagnes,  qui  fe  trouvent  entre  ladite 
3rovince  de  Guipufcoa ,  Navarre,  Alava,  6c  Bifcaye,  à  qui  elles  appartien- 
nent ,  feront  partagées  entre  la  France  6c  l'Efpagne,  en  forte  qu'il  réitéra  au- 
tant defdites  Montagnes,  èc  trajets  à  la  France  de  fon  côté,  qu'il  en  reliera  à 
l'Etpagne,  du  fien,  le  tout  avec  les  fortifications,  Munitions  de  guerre,  Pou- 
dres, Canons,  Galères,  Chiourmes,  qui  fe  trouveront  appartenir  au  Roi  d'Ef- 
pagne  ,  lors  de  fon  décès  fans  Enfans,  6c  être  attachées  aux  Roïaumes,  Pla- 
ces, Iles  ôc  Provinces,  qui  doivent  compofer  le  partage  de  Monfeigneur  le 

Dau- 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.  if 

Dauphin  ;  bien  entendu  ,  que  les  Galères,  Se  Chiourmes  &  autres  effets  ap- 
partenant au  Roi  d'Efpagne  &  autres  Etats ,  qui  tombent  dans  le  partage  du 
Prince  Electoral  de  Bavière  lui  relieront;  celles  qui  appartiennent  aux  Royau- 
mes de  Naples,  Se  de  Sicile,  devant  revenir  à  Monfeigneur  le  Dauphin,  ain- 
lî  qu'il  a  été  dit  ci-defllis  :  moyennant  lefquels  Royaumes  ,  Iles  ,  Provinces 
Se  Places,  ledit  Roi  Très- Chrétien  tant  en  fon  propre  nom,  qu'en  celui 
de  Monfeigneur  le  Dauphin  ,  fes  Enfans,  Mâles  ou  Femelles,  Héritiers  & 
SuccefTeurs,  nés  Se  à  naître,  comme  auffi  mon  Seigneurie  Dauphin  pour 
foi-même,  fes  Enfans,  Mâles  ou  Femelles ,  Héritiers  &  Succeflèurs  nés  & 
à  naître  (lequel  a  auflî  donné  fon  plein-pouvoir  pour  cet  effet  au  Sieur  Com- 
te de  Tallard  )  promettent  Se  s'engagent  de  renoncer  lors  de  ladite  Succcf- 
fîon  d'Efpagne,  comme  en  ce  cas-là  ils  renoncent  dès  à  prefent  par  celle-ci 
à  tous  leurs  droits  Se  pretenfions  fur  ladite  Couronne  d'Efpagne ,  Se  fur  les 
autres  Roïaumes ,  Iles ,  Etats  ,  Païs  &  Places ,  qui  en  dépendent  prefente- 
ment,  Se  que  de  tout  cela  ils  feront  dépêcher  des  actes  folemnels  dans  la  plus 
forte,  &  la  meilleure  forme,  qu'il  le  pourra ,  qui  feront  délivrés  au  tems  de 
la  Ratification  de  ce  Traité. 

V.  Ladite  Couronne  d'Efpagne  ,  Se  les  autres  Roïaumes  ,  Iles ,  Etats  , 
Païs  Se  Places ,  qui  en  dépendent  prefentement ,  feront  donnés  Se affignés  (à 
l'exception  de  ce  qui  a  été  dénoncé  dans  l'Article  précèdent,  qui  doit  com- 
pofer  le  partage  de  Monfeigneur  le  Dauphin  )  au  Prince  Fils  aîné  de  l'Elec- 
teur de  Bavière  en  toute  propriété  Se  poffeffion  pleniere  en  partage  Se  extinc- 
tion de  toutes  fes  pretenfions  fur  ladite  Succeffion  d'Efpagne,  pour  en  jouir 
lui ,  fes  Héritiers  Se  Succeflèurs ,  nés  Se  à  naître ,  à  perpétuité  ,  fans  pou- 
voir être  jamais  troublé  ,  fous  quelque  prétexte  que  ce  foit ,  de  droits  ou 
de  pretenfions,  directement  ou  indirectement, même  par  ceffion  ,  appel,  ré- 
volte, ou  autre  voie,  de  la  part  du  Roi  Très  -  Chrétien ,  de  Monfeigneur  le 
Dauphin,  ou  de  fes  Enfans,  Mâles  ou  Femelles ,  fes  defeendans  Héritiers  Se 
Succeflèurs,  nés  Se  à  naître,  ni  de  la  part  de  l'Empereur,  du  Roi  des  Ro- 
mains ,  de  l'Archiduc  Charles  fon  fécond  Fils,  de  fes  autres  Enfans  ,  Mâ- 
les Se  Femelles ,  Se  defeendans ,  fes  Héritiers  Se  Succeflèurs ,  nés  Se  à  naî- 
tre: moïennant  laquelle  Couronne  d'Efpagne,  Se  les  autres  Roïaumes,  Iles,. 
Etats  ,  Païs  Se  Places  ,  qui  en  dépendent ,  l'Electeur  de  Bavière  tant  en  qua- 
lité de  Père  ',  Se  de  légitime  tuteur  Se  adminiftrateur  du  Prince  Electoral  fon 
Fils  aîné,  qu'au  nom  dudit  Prince  Electoral,  Se  qu'en  celui  de  leurs  enfans ,. 
Héritiers  Se  SuccefTeurs ,  nés  Se  à  naître,  comme  auflî  ledit  Prince  Electo- 
ral, dès  qu'il  fera  majeur,  pour  foi-même,  fes  Enfans,  Héritiers  Se  Succef- 
feurs ,  nés  Se  à  naitre  ,  fe  tiendront  fatisfaits ,  que  ledit  Prince  Electoral  ait 
pour  fon  partage  la  ceflïon ,  faite  ci-deflus  dans  ce  même  Article  j  Se  ledit 
Electeur  de  Bavière,  tant  en  qualité  de  Père,  Se  de  légitime  tuteur  Se  admi- 
niftrateur du  Prince  Electoral  fon  Fils  aîné ,  qu'au  nom  dudit  Prince  ,  & 
qu'en  celui  de  fes  Enfans  ,  Héritiers  Se  SuccefTeurs,  nez  Se  à  naitre,  renon- 
cera lors  du  décès  de  Sa  Majefté  Catholique  ,  Se  ledit  Prince  Electoral  dès 
qu'il  fera  majeur  ,  à  tous  droits  Se  pretenfions  fur  la  portion  afîîgnée  à  Mon- 
feigneur le  Dauphin ,  Se  fur  celle  qui  doit  être  afîîgnée  à  l'Archiduc  Charles 
dans  l'Article  fuivant,  Se  que  de  tout  cela  ils  feront  dépêcher  des  Actes  fo- 
lemnels 


16       MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

lemnels  dans  la  plus  forte  ,  &  la  meilleure  forme,  qu'il  fe  pourra,  à  fçavoir 
l' Electeur  de  Bavière  dans  la  qualité  ci-deffus  dite,  lors  du  décès  de  Sa  Ma- 
jefté  Catholique  fans  Enfans ,  6c  ledit  Prince  Electoral,  dès  qu'il  fera  ma- 
jeur. 

VI.  On  exceptera  toutefois  encore  defdites  ceiîîons  Se  affignations  le  Du- 
ché de  Milan ,  que  les  deux  Seigneurs  Rois ,  Se  les  Seigneurs  Etats  Géné- 
raux font  convenus  devoir  être  donné  à  l'Archiduc  Charles  d'Autriche, 
fécond  Fils  du  Sereniffime  6c  Très-puiffânt  Prince  L  e  o  p  o  l  d  ,  élu  Empereur 
des  Romains,  en  partage  6c  extinction  de  toutes  les  pretenfions  6c  droits, 
que  ledit  Empereur ,  le  Roi  des  Romains ,  l'Archiduc  Charles  fon  fécond 
Fils,  tous  fès  autres  Enfans  mâles  ou  femelles  6c  defeendans,  fes  Succeflêurs 
6c  Héritiers ,  nés  6c  à  naitre,  pourraient  avoir  fur  ladite  fucceflion  d'Efpa- 
gne, lequel  Archiduc  aura  en  toute  propriété  6c  poflèflion  pleniere  ledit 
Duché  de  Milan,  pour  lui,  fès  Héritiers  6c  Succeflêurs,  nés  6c  a  naitre  pour 
auffi  en  jouir  à  perpétuité,  fans  pouvoir  être  jamais  troublé  fous  quelque  pré- 
texte que  ce  foit ,  de  droits  6c  de  pretenfions ,  directement  ou  indirectement , 
de  la  part  du  Roi  Très-Chrêtien  6c  de  mondit  Seigneur  le  Dauphin  ,  ou 
des  Princes  fes  Enfans  6c  defeendans,  fes  Héritiers  6c  -Succeflêurs ,  nés  6c  à 
naitre,  ni  aufli  de  la  part  de  l'Electeur  de  Bavière  ,  au  nom  du  Prince  E- 
lectoral,  fon  Fils  aine  ,  ni  dudit  Prince  Electoral,  leurs  Enfans  ,  Defeen- 
dans, Héritiers  6c  Succeflêurs ,  nez  &  à  naitre. 

VII.  Moyennant  lequel  Duché  de  Milan ,  l'Empereur  auflî  tant  en  fon 
propre  nom ,  qu'en  celui  du  Roi  des  Romains ,  de  l'Archiduc  Charles 
fon  fécond  Fils,  fes  Enfans,  mâles  ou  femelles ,  leurs  Enfans,  Héritiers  6c 
Succeflêurs,  nez  6c  à  naitre;  comme  aufli  le  Roi  des  Romains,  6c  l'Ar- 
chiduc Charles  ,  dès  qu'il  fera  majeur,  pour  lui-même,  leurs  Enfans, 
Héritiers  6c  Succeflêurs,  nez  6c  à  naitre,  fè  tiendront  fatifaits  ,  que  l'Ar- 
chiduc Charles  ait  en  extinction  de  toutes  leurs  pretenfions  fur  la  fuccef- 
fion  d'Efpagne  ,  la  ceflion  faite  ci  deflus  dudit  Duché  de  Milan  ;  Se  le- 
dit Empereur  tant  en  fon  propre  nom ,  qu'en  celui  du  Roi  des  Romains , 
de  l'Archiduc  Charles  fon  fécond  Fils,  fes  Enfans,  mâles  ou  femel- 
les ,  6c  les  leurs ,  leurs  Héritiers  6c  Succeflêurs  ;  comme  aufli  ledit  Roi 
des  Romains ,  en  fon  propre  nom  ,  renonceront  lors  du  décès  de  Sa  Maje- 
fté  Catholique  ;  6c  F  Archiduc  Charles,  dès  qu'il  fera  majeur ,  à  tous 
autres  droits  6c  pretenfions  fur  ladite  Couronne  d'Efpagne  ,  6c  fur  les  au- 
tres Roïaumes,  Iles,  Etats,  Pais  6c  Places  qui  en  dépendent,  qui  compo- 
fent  les  Partages,  6c  les  portions,  afligneés  ci-deffus  à  Monfeigneur  le  Dau- 
phin ,  6c  au  Prince  Electoral  de  Bavière  ;  6c  que  de  tout  cela  ils  feront  dé- 
pêcher des  actes  folemnels  dans  la  plus  forte,  Se  la  meilleure  forme,  qu'il  fè 
pourra,  fçavoir  l'Empereur,  Se  le  Roi  des  Romains,  lors  du  décès  de  ta  Ma- 
jefté  Catholique  fans  Enfans,  Se  l'Archiduc  Charles,  des  qu'ils  fera  Ma- 
jeur. 

VIII.  Le  prefènt  Traité  fera  communiqué  à  l'Empereur,  Se  à  l'Electeur  de 
Bavière,  par  le  Roi  de  la  Grande  Bretagne,  Se  les  Seigneurs  Etats  Généraux 
auffi-tôt  après  la  fignature  ,  Se  l'échange  des  ratifications;  Se  Sa  Majelté 
impériale,  le  Roi  des  Romains,  Se  ledit  Electeur  feront  invités  de  l'aprouver 

lors 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.  \y 

lors  du  décès  de  faMajefté  Catholique  fans  Enfans;  8c  l'Archiduc  Charles, 
ainfi  que  le  Prince  Electoral  de  Bavière  dès  qu'ils  feront  Majeurs. 

IX.  Que  fi  l'Empereur,  Je  Roi  des  Romains,  ou  l'Electeur  de  Bavière 
refufent  d'y  entrer,  les  deux  Seigneurs  Rois,  8c  les  Seigneurs  Etats  Géné- 
raux empêcheront  le  Prince,  Fils  ou  Frère  de  celui,  qui  réfutera,  d'entrer  en 
poflèffion  de  ce  qui  lui  fera  affigné-,  Se  fa  portion  demeurera  comme  en  fe- 
queftre  entre  les  mains  des  Vice-Rois,  Gouverneurs  8c  autres  Regens,  qui 

i  y  gouvernent  de  la  part  du  Roi  d'Efpagne ,  lefquels  ne  pourront  s'en  defaifir, 
que  du  conièntement  des  deux  Seigneurs  Rois,  8c  des  Seigneurs  Etats  Gé- 
néraux, jufques  à  ce  qu'il  aura  agrée  ledit  partage,  8c  cette  Convention  ;  8c 
en  cas  que  nonohftant  cela  il  voulut  prendre  poflèffion  de  fa  portion,  ou  de 
de  celle ,  qui  fera  affignée  aux  autres ,  lefdits  Seigneurs  Rois ,  &c  lefdits  Sei- 
gneurs Etats  Généraux,  comme  au  ffi  ceux  qui  fe  contenteront  de  leur  partage, 
en  vertu  de  cette  convention ,  l'empêcheront  de  toute  leur  force. 

X.  Le  Roi  d'Efpagne  venant  à  mourir  fans  Enfans  8c  ainfi  le  fufdit  cas  ar- 
rivant, les  deux  Seigneurs  Rois ,  8c  les  Seigneurs  Etats  Généraux  s'obligent 
de  laifler  toute  la  fucceffiondans  l'état,  comme  alors  elle  fe  trouvera,  fans  s'en 
faifir  en  tout,  ou  en  partie,  directement  ou  indirectement;  mais  chaque  Prin- 
ce pourra  d'abord  fe  mettre  en  poflèffion  de  ce  qui  lui  eu:  affigné  pour  fon  par- 
tage, dès  qu'il  aura  fatisfaitde  fa  part  aux  Articles  cinq,fix,îept  8c neuvième, 

Îjrecedans  celui-ci  ;  8c  s'il  y  trouve  de  la  difficulté ,  les  deux  Seigneurs  Rois,  8c 
es  Seigneurs  Etats  Généraux  feront  tous  leurs  devoirs  poffibles ,  afin  que 
chacun  foit  mis  en  poflèffion  de  fa  portion  félon  cette  convention ,  8c  qu'elle 
puiflè  avoir  fon  entier  effet,  s'engageant  à  donner  parterre,  8c  par  mer, 
les  fècours  8c  affiftances  d'hommes  8c  de  Vaiflèaux  neceffiùres ,  pour  con- 
traindre par  la  force  ceux  qui  s'oppoferont  à  ladite  convention. 

XI.  Si  lefdits  deux  Seigneurs  Rois,  8c  les  Seigneurs  Etats  Généraux,  ou 
quelqu'un  d'eux ,  font  attaquez ,  de  qui  que  ce  foit ,  à  caufe  de  cette  conven- 
tion ,  ou  de  l'exécution  qu'on  en  fera  ;  on  s'affiliera  mutuellement  l'un  l'au- 
tre ,  avec  toutes  fes  forces  8c  on  fe  rendra  garant  de  la  ponctuelle  exécution 
de  ladite  convention ,  8c  des  renonciations  faites  en  conféquence. 

XII.  Seront  admis  dans  le  prefent  Traité  tous  Rois ,  Princes  8c  Etats, 
qui  voudront  y  entrer,  8c  il  fera  permis  auxdits  deux  Seigneurs  Rois,  8c  aux 
Seigneurs  Etats  Généraux,  8c  à  chacun  d'eux  en  particulier,  de  requérir  8c 
inviter  tous  ceux  qu'ils  trouveront  bon  de  requérir  8c  inviter,  lefquels  feront 
femblablement  garants  de  l'exécution  de  ce  Traité  ,  8c  de  la  validité  des  re- 
nonciations ,  qui  y  font  contenues 

XIII.  Et  pour  aflurer  encore  davantage  le  repos  de  l'Europe ,  lefdits 
Rois ,  Princes  8c  Etats  ,  feront  non  feulement  garans  de  ladite  exécution  du 
prefent  Traité,  8c  delà  validité  defdites  renonciations,  comme  ci-deffiiSi 
mais  fi  quelqu'un  des  Princes ,  en  faveur  defquels  les  partages  font  faits ,  vou- 
loit  dans  la  fuite  troubler  l'ordre  établi  par  ce  Traité ,  faire  de  nouvelles  en- 
treprifes  y  contraires,  8c  ainfi  s'agrandir  aux  dépens  des  autres,  fous  quelque 
prétexte  que  ce  foit ,  la  même  garantie  du  Traité  fera  fenfée  devoir  s'éten- 
dre auffi  en  ce  cas,  en  forte  que  les  Rois,  Princes  8c  Etats,  qui  la  pro- 
mettent ,  feront  tenus  d'employer  leur  forces ,  pour  s'oppofer  auxdites  en- 

Tom.  I.  C  tre- 


iS       MEMOIRES,  NEGOCIATIONS,  TRAITEZ, 

treprilcs ,  &  pour  maintenir  toutes  choies  dans  l'état  convenu  par  lefdits  Ar- 
ticles. 

XIV.  Que  fi  quelque  Prince  que  ce  foit,  s'oppofe  à  la  prife  de  poflèffion 
des  partages  convenus,  lefdits  deux  Seigneurs  Rois,  6c  les  Seigneurs  Etats 
Généraux  feront  obligez  de  s'entraider  l'un  l'autre  contre  cette  oppofition, 
&  de  l'empêcher  avec  toutes  leurs  forces,  6c  l'on  conviendra  ,  d'abord  après  la 
fignature  du  prefent  Traité ,  de  la  proportion ,  que  chacun  doit  contribuer , 
.tant  par  Mer ,  que  par  Terre. 

XV.  Le  prefent  Traité  fera  ratifié  6c  approuvé  par  lefdits  deux  Seigneurs 
Rois,  6c  les  Seigneurs  Etats  Généraux,  6c  les  Lettres  de  Ratification  feront 
échangées  dans  le  terme  de  trois  femaines,  ou  plutôt  fi  Elire  fc  peut,  à  comp- 
ter dii  jour  de  la  fignature.  En  foi  de  quoi  nous  avons  figné  la  prefente,  6c 
mis  le  cachet  de  nos  Armes.     Fait  à  la  Haïe  le  1 1.  Oétober  i6p8. 

Etoit  figné, 

(L.S.)  Portïand.         (L.  S.)  ïallard.  (L.  S.)  F.  Verholt. 

(  L.  S.)  IVilliamfQn.  (L.S.)  F.B.de  Rbcede. 

(L.S.)  A.Heinfius. 

(L.  S.  )  Johan  Becker. 

(L.  S.)  J.  vander  Dees. 

(L.  S.)  W.  van  Haren. 

(L.  S.)  Ar.  Lencker. 

(L.S.)  J.  de  Drews. 

Articles   T  E  Roi  Très-Chrétien,  le  Roi  de  la  Grande  Bretagne  8c  les  Etats  Gêné- 

fficrets.     !__/  raux  aïant  agréé  le  Traité  de  Partage  qui  a  été  fait  de  la  Succeffion  à  la 

Couronne  d'Efpagne,  pour  prévenir  par  ce  moîen  les  malheurs ,   qui  pour- 

roient  arriver  dans  l'Europe  par  la  mort  du  Roi  d'Efpagne  fins  Enfans,  6c  la 

Élus  grande  6c  meilleure  partie  de  ladite  Succeffion  aïant  été  donnée  au  Prince 
électoral  de  Bavière,  fans  avoir  pris  aucune  meiure  pour  refoudre  6c  convenir 
à  qui  elle  tombera  après  lui ,  s'il  arrive  qu'il  meure  auffi  frais  Enfans  j  lefdits 
deux  Rois  6c  les  Etats  Généraux  pour  prévenir  les  difputes  6c  les  guerres  que 
cela  pourrait  produire,  ont  agrée  par  ces  z^rticles  iécrets,  qui  auront  autant 
de  force  6c  de  vertu  que  le  Traité  ci  -  defllis ,  auquel  auffi  ils  ont  rela- 
tion, que 

I.  S'il  arrive  que  le  Roi  d'Efpagne  vienne  à  mourir  fins  Enfans,  6c  que 
par  confequent  les  Roïaumes  d'Efpagne  ,  les  Indes  6c  autres  Païs  6c  Etats  qui 
ont  été  donnez  en  partage  au  Prince  Electoral  de  Bavière,  viennent  à  lui  é- 
cheoir;  l'Electeur  de  Bavière  d'à-prefent  fera  Tuteur  6c  Curateur  du  Prince 
fbn  Fils,  durant  fa  Minorité  pendant  tout  lequel  tems  il  aura  le  Gouverne- 
ment defdits  Roïaumes,  Ifles  ,  Places  6ç  Etats,  qui  ont  été  donnez  audit 
Prince  Electoral  fon  Fils  par  ledit  Traité. 

II.  S'il  arrive  que  ledit  Prince  vienne  à  mourir  fins  Enfans ,  S.  A.  El.  lui 

fuc- 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.  \9 

foccedera  dans  la  poflêflîon  5c  jou'iflance  defdits  Roïaumes  &c. ,  qui  lui  ont 
été  donnez  pour  fa  part ,  &  les  aura  en  pleine  propriété  pour  lui  ÔC  les  Enfans 
Mâles  &  Femelles,  Defcendans  ,  Succeflèurs  &  Héritiers,  nez  ou  à  naitrej 
de  manière  que  fi  l'Empereur,  le  Dauphin,  leurs  Enfans  Mâles  ou  Femelles, 
Defcendans,  Succeflèurs  &  Héritiers,  ou  aucun  autre  prétend  avoir  la  moin- 
dre pretenfion  à  ladite  Succeflîon,  le  Roi  Très-Chrétien ,  le  Roi  de  la  Gran- 
de Bretagne  &  les  Etats  Généraux  s'engagent  eux-mêmes  de  nouveau  d'em- 
ploïcr  toutes  leurs  forces  par  Mer  -&  par  Terre',  pour  maintenir  l'ordre  éta- 
bli dans  cet  Article,  touchant  la  Monarchie  d'Efpagne,  dont  ils  font  unani- 
mement demeurez  d'accord  j  efperant  par  cette  précaution  entretenir  la  tran- 
quillité de  toute  l'Europe ,  qui  eft  depuis  peu  fi  bien  établie. 

Tous  les  Rois,  Princes  6c  Etats,  qui  voudront  bien  entrer  dans  ce  Traité, 
y  feront  admis,  fi-tôt  qu'il  fera  rendu  public  ,  au  tems  de  la  mort  du  Prince  E- 
leétoral ,  au  cas  qu'il  vienne  à  mourir  îàns  Enfans.  Et  lefdits  deux  Rois' &  Etats 
Généraux,  ou  chacun  d'eux  en  particulier,  feront  prier  6c  inviter  ceux  qu'ils 
trouveront  à  propos,  d'y  entrer,  qui,  de  même  que  les  autres  feront  Garands 
de  ce  qui  eft  contenu  dans  ledit  Article  fecret.  En  témoin  dequoi  Nous  qui 
avons  figné  le  Traité  qui  a  relation  au  prefent  Article ,  avons  aufli  figné  ce- 
lui-ci &  y  avons  apofé  nos  Cachets.    A  la  Haïe  le  1 1 .  Octobre  i6p8. 

Signé, 
Tallard.        Portland.         f-Filliamfon. 

LEfdits  deux  Rois  &  Etats  Généraux  font  demeurez  d'accord  qu'en  cas  ^utrs 
que  le  Duché  de  Milan  vint  à  être  en  fequeftre ,  en  vertu  de  laClaufemen-  fe„ete 
donnée  au  IX.  Article  du  Traité  conclu  aujourd'hui, entre  les  mains  du  Prin-  concer- 
ce  de  Vaudemont,  qui  en  eft  à  prefent  Gouverneur,  la  chofe  fequeftrée,  ôc  nant  le 
par  confequent  le  Duché  de  Milan ,  fera  adminiftrée,  8c  gouvernée  par  le  Prin-  fcquefac 
ce  Charles  de  Vaudemont  fon  Fils.  Le  prefent  Article  fecret  aura  la  même  c^é  ^~ 
force  que  s'il  étoit  inféré  dans  le  Traité  ,  auquel,  il  a  raport.  A  la  Haïe  le  Milan. 
ii.  Oétobre  1698. 

Signé, 

Tallard.         Porthnd.  WïIUantfcn . 


E 


N  explication  des  Articles  cinq  ,  fept  &  dix  du  Traité,  pafle  à  la  Ha'ie  Autre 


ce  jourd'hui  on  eft  convenu,  que  quoique  l'Archiduc  Charles  ne  doi- 
ve donner  fon  acte  de  renonciation,  que  quand  il  fera  Majeur  ,  pourvu  que 
l'Empereur ,  &  le  Roi  des  Romains  aient  donné  les  leurs  ,  ledit  Archiduc 
pourra  entrer  en  poflêflîon  de  fon  partage  lors  du  décès  de  fa  Majefté  Catho- 
lique, fans  Enfans,  quoi  que  Mineur:  bien  entendu,,  que  ledit  Archiduc  fe- 
ra toujours  obligé  de  donner  fon  A  été  de  Renonciation  ,  quand  il  fera  Ma- 
jeur j  &  pareillement  on  eft  convenu ,  que  quoi  aue  le  Prince  Electoral  de 

C  z  Ba- 


Article 
fecret. 


I 


io       MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

Bavière  {bit  mineur,  pourvu  que  l'Electeur  de  Bavière  Ton  Père  en  qualité  de 
Père,  &C  de  légitime  Tuteur  &  Adminiiirateur  dudit  Prince  ait  donné  le  lien 
ledit  Prince  Electoral  de  Bavière  pourra  entrer  en  polTelfion  de  Ton  partage, 
lors  du  décès  de  fa  Majeitc  Catholique  fans  Enfans ,  quoique  mineur  :  bien 
entendu,  que  ledit  Prince  Electoral  de  Bavière  fera  toujours  obligé  de  don- 
ner fon  Âéfce  de  Renonciation ,  dès  qu'il  fera  Majeur  :  en  foi  dequoi  Nous, 

[ui  avons  /igné  le  Traité  avons  auffi  ligné  le  prefent  Article,  &  mis  le  cachet 

e  nos  Armes.     Fait  à  la  Haïe  le- il.  Octobre  16,8p. 

Etoit  ligné  r 

(L.  S.)  Portlvid.         (L,  S.)  Tallard.  (L.  S.)  F.  rerbolt. 

(L.  S.)  miUamfon.  (L.  S.)  F.  B.  de  Rbede^ 

(L.  S.)  A.  Heinfius. 

(L.  S.)  Johan  Becker. 

(L.  S.)  J.  vander  Does. 

(L.  S.)  W.i)an  Haren. 

(L.  S.)  Ar.  Lencker. 

CL.  S.)  J.deDrews. 

Il  eft  à  remarquer  que  le  Dauphin  de  France  donna,  de  même  que  le  Roi 
Très-Chrêtien  fon  Père,  pouvoir,  avec  renonciation  exprefle  à  la  Couronne 
d'Efpagne ,  de  ligner  tant  ce  premier  Traité  de  partage  ,  que  les  Articles  le- 
erets.  D'ailleurs  que  le  Roi  Très-Chrêtien  autorifa  le  Dauphin  à  donner 
tous  les  Actes  nécefiaires  pour  la  même  fin.  Tous  lefdits  Actes  étant  datez 
du  ip.  d'Août  1608.  Les  Ratifications  furent  auffi  données  en  date  du  24. 
Octobre  1698.  On  ne  les  met  pas  ici,,  parce  qu'on  les  juge  fuperflues  ,  non 
plus  que  les  precedens  Actes. 

Ce  Traité  ne  fubfilîa  pas  fort  long-terns.  Ce  fut  par  la  mort  inopinément 
arrivée  à  ce  jeune  Prince,  non  fans  foupçon  qu'elle  avoit  eu  quelque  violente 
fource  étrangère.  Pour  détacher  l'Electeur  de  Bavière  des  intérêts  de  la  Mai- 
fon  d'Autriche,  on  tâcha  de  lui  perfuader,  qu'offenfée  par  ce  Traité  de  Par- 
tage, elle  avoit  eu  part  clandellinement  i  cette  mort  prématurée.  L'Elec- 
teur en  a  paru  fi  perfuadé,  qu'il  n'a  pas  héfîtë  de  le  donner  à  connoître  dans 
un  Manifelte  qu'il  publia  quelque  tems  après ,  favoir  en  1704.  Ainfi  qu'on 
le  importera  en  fon  lieu.  Cependant  bien  des  gens  pénétrans,  qui  ne  trou- 
voient  pas  la  Maifon  d'Autriche  de  la  Branche  d'Allemagne,  capable  d'un  fi 
noir  attentat,  attribuèrent  plutôt  ce  coup  d'Etat  à  une  Cour  plus  voifine  de 
Bruxelles ,  que  celle  de  Vienne.  La  mort  du  Prince  Electoral  difpenfa  la 
Cour  Impériale,  &  celles  des  autres  Puilïances ,  qu'on  avoit  invitées  à  ac- 
cepter &C  à  garantir  ce  Traité ,  de  fe  déclarer  là-defTus. 

On  prit  cependant  d'autres  mefurcsj  Se  le  Comte  de  Portland  jetta  ,  pen- 
dant 


ET    RESOLUTIONS    D'E  TAT.   '        il 

dant  fa  fomptueufe  Ambatîade  en  France,,  les  premiers  fondemens  du  fécond 
Traité  de  Partage.  La  Négociation  de  ce  Traité  ne  relia  pas  fecretfl:  On 
la  fût  à  la  Courte  Madrid  par  les  infinuations,  à  ce  qu'on  crût  de  la  France, 
qui  travailloit  à  aigrir  les  Espagnols  par  un  tel  Partage.  Aulïï  cette  Cour-la 
envoïa-t-elle  des  ordres  à  l'es  Ambaffiideurs  en  Angleterre  &  en  Hollande  de  s'en 
plaindre  dans  les  termes  les  plus  forts.  Le  Marquis  de  Canaks  prefenta  pour  ce- 
la un  Mémoire  à  la  Régence,  en  l'abfcnce  du  Roi  Guillaume,  qui  avoit  paf- 
fe  la  Mer  &  fe  trouvoit  à  Loo,.  pour  prendre  le  divei  tiiïement  de  la  chaffe. 
La  Régence  lui  dépêcha  d'abord  un  Exprès  pour  lui  porter  ce  Mémoire,  qui 
fut  trouvé  excéder  tout  devoir.     En  voici  la  copie. 


jRemierement  que  le  Roi  fon  Maître  aïant  apris  avec  des  évidences  certai-  Mém 


fances 

raffee)  forgent  aujourd'hui  aétuellement  de  nouveaux  Traitez  iur  la  Suc-  faç^ni- 
ceffion  de  la  Couronne  d'Efpagne,  &  (cequieit  le  plus  déteftable)  machi-  les  aux 
nent  fa  divifion  &  répartition;  il  ordonne  à  fon  Ambalfadeur  Extraordinaire,  Lords 
Refident  en  ce  Roïaume  de  faire  connoître  aux  premiers  Lords^  &  Miniftres  <^'YC. 
le  reflèntiment  que  caufent  à  Sa  Majefté  ces  opérations  8c  procédez  qui  n'ont  terre;  ' 
jamais  été  vus  ni  entrepris  par  aucune  Nation  fur  les  intérêts  ou  Succeffioft 
d'une  autre;  &  moins  encore  durant  la  vie  d'un  Monarque,  qui  eft  dans  un 
âge  fi  proportionné  à  pouvoir  efpérer  (pour  plufieurs  années)  une  Succeffion 
tellement  defirée  de  toutes  les  Nations ,  que  fins  une  avarice  déteftable  on  ne 
fe  laifferoit  pas  emporter  à  l'ambition  d'ufurper  6c  de  bouleverfer  le  Raïs 

d'autrui.  -  ■ 

Que  fi  cela  fe  permettoit  &  n'étoit  pas  contraire  a  la  Loi  naturelle,  il  n'y 
auroit  aucune  Nation  ni  domination  en  fureté  contre  les  machinations  6c 
tromperies  de  la  plus  forte  ou  de  la  plus  malicieufe ,  au  lieu  que  la  raifon  6c 
non  la  force  limite  les  Nations.  ' 

Que  s'il  étoit  permis  aux  étrangers  de  prendre  connoifTance  &c  de  met- 
tre la  main  dans  les  lignes  de  la  Succeffion  ■  des  Rois  6c  des  Souverains,  il 
n'y  auroit  ni  Statuts ,   ni  Loix  Municipales  à  obferver  chez  les  uns  ;,    ni 
chez  les  autres,  ni  qui  fuflent  libres  des  attentats  d'autrui ,.  bien  moins  encore- 
celles  de  la  Couronne  d'Angleterre. 

Que  fi  on  mettait  des  aguets  aux  indiipofitions  des  Souverains ,  il  n'y  au- 
roit aucune  fanté  confiante,  aucune  vie  en  fureté,  pendant  que  l'un  6c  l'au- 
tre dépend  de  la  main  de  Dieu  Tout-Puiffant ,  qui  règle  la  vie  ,.  la  mort  6c 
les  Empires. 

Que  les  impreflîons  qui  fe  font  de  Roïaumes  à  autres  ,.  pour  tenter  la  foi' 
des  fujets ,  8c  exciter  leurs  Efprits  à  des  foûlevemens ,  font  une  offenfe  8c  un 
degré  moins  qu'infidélité  à  la  bonne  foi ,  qui  fe  doit  obferver  entre  des  .Chré- 
tiens ,  8c  à  plus  forte  raifon  entre  les  Alliez  &C  Amis. 

Que  l'on  ne  doit  pas  préfumer  d'aucun  Prince ,  ni  Nation ,  6c  encore  moins 
du  Roi  de  la  Nation  Efpagnole ,  qu'ils  foient  fi  négligens  que  l'on  ne  prenne 
pas  les  mefuresjuftes  furies  accidens  à  venir  8c  inopinez  (s'ils  arrivoient)  pour 

C  $  alTûi- 


ii       MEMOIRES,  NEGOCIATIONS,  TRAITEZ, 

aflûrer  la  tranquillité  de  la  Paix  publique,  8c  le  repos  de  l'Europe,  quia 
été,  &  eft  l'objet  du  Roi  8c  de  la  Nation  durant  tant  de  Siècles,  comme  il 
fe  fait  8c  fc  fera  toujours. 

Que  fi  ces  démarches ,  ces  projets  Se  machinations  ne  s'arrêtent  prompte- 
ment ,  on  en  viendra  fans  doute  à  une  Guerre  funefte  8c  univerlélle  dans  toute 
l'Europe,  difficile  à  arrêter  quand  on  le  voudra,  &  d'autant  plus  fenfible  & 
préjudiciable  à  la  Nation  Angloife  qu'elle  vient  tout  récemment  d'éprouver 
&  de  fentir  ce  que  lui  ont  caufé  les  nouveautez  &  la  Guerre  paflee.  Cette 
matière  eft  fi  digne  de  réflexion  &  de  confidération,  que  l'on  ne  doute  pas 
qu'elle  fera  reconnue  telle  par  le  Parlement,  la  Noblefle  &  toute  la  Nation 
Angloife ,  qui  a  toujours  été  fi  prévoïante  dans  tous  les  tems  préfens  8c  à 
venir. 

La  même  Nation  doit  confidérer  fes  intérêts  particuliers  ,  les  Commerces 
Se  les  Traitez  qu'elle  a  principalement  avec  le  Roi  8c  la  Nation  Efpagnole , 
dont  l'altération ,  la  divifion  ou  féparation  lui  entraîneroit  de  nécefîité  des 
préjudices,  8c  dommages  coniîdérables ,  8c  tout  cela  fe  prévient  en  coupant 
les  projets  commencez  8c  ne  donnant  pas  les  mains  à  des  nouveautez  domma- 
geables en  tous  les  tems  aux  Empires  8c  Souverainetez. 

Que  rAmbafîàdeur  Extraordinaire  d'Efpagne  rendra  Manifefte  au  Parle- 
ment i  quand  il  fera  afiemblé,  ce  jufte  refientiment  qu'il  exprime  aujourd'hui, 
ainfi  que  le  Roi  fon  Maître  l'a  fait  entendre  à  tous  les  Miniftres  publics  des 
Rois ,  Princes  8c  Républiques  qui  refident  à  la  Cour  de  Madrid 

Le  Roi  Guillaume  n'étoit  déjà  pas  fort  content  de  ce  Marquis  j  en 
premier  lieu  pareequ'il  avoit  quelques  mois  auparavant  prefenté  un  Mémoire 
fur  l'invafion  de  Darten  par  les  Ecofiois.  Voici  le  Mémoire  qu'on  avoit 
trouvé  menaçant. 

Mémoi-  /'"""'Omme  l'Ambafîadeur  Extraordinaire  d'Efpagne  fe  trouve  obligé  par  or- 
re  du  v_/  dre  exprès  de  reprefenter  à  fa  Majefté  Britannique  ce  qui  fuit ,  il  prie 
Marquis  Monfieur  de  Vernon  de  reprefenter  à  fa  dite  Majefté  que  le  Roi  fon  Maître 
de  Cana-  çe  trouvant  informé  de  difterens  endroits  8c  dernièrement  par  le  Gouverneur 
nriva-  de  la  Havana,  de  l'infulte  8c  attentat  de  quelques  Navires  Ecoffois  équipez ,  qui 
lion  de  avec  gens  8c  train  requis  tâchent  de  prendre  pofte  dans  les  Souverains  Do- 
Darien.  maines  de  Sa  Majefté  dans  l'Amérique  8c  en  particulier  dans  la  Province  de 
Darien. 

Sa  Majefté  a  reçu  ces  notices  avec  beaucoup  de  defagrement  comme  une 
marque  de  peu  d'amitié  8c  rupture  de  l'Alliance  qui  a  été  toujours  entre  les 
deux  Couronnes  (  laquelle  Sa  Majefté  a  obfervée  piques  ici  ,  8c  obferve  tou- 
jours fort  religicufement,  de  laquelle  ont  reiulté  tant  d'avantages  &c  tant  d'u- 
tilitez  tant  à  S.  M.  qu'à  les  fujets)  en  fuite  de  laquelle  bonne  correfpondan- 
ce  S.  M.  ne  s'attendoit  pas  à  ue  pareilles  foudainjs  infultes  &z  attentats  de* 
fujets  de  S.  M. ,  &C  cela  en  tems  de  Paix,  fins  prétexte  ni  aucune  caufe  dans  le 
plus  interrieur  de  fes  Domaines. 

Tout  ce  que  le  Roi  veut  qu'il  foit  prefenté  à  Sa  Majefté  8c  que  Sa  Mjjcf- 


ET    RESOLUTIONS     D'ETAT.  25 

té  te  trouve  fort  fenfible  à  de  pareilles  hoftilitez  &  injuries  procédures,  con- 
tre lefquelles  Sa  Majeité  prendra  les  mefures  qui  conviendront.  Londres 
le  y  de  Mai  16pp. 

En  fécond  lieu  p.irceque  cet  Ambafladeur  avoit  voulu  fe  donner  l'éilbr  pen- 
dant que  le  Roi  étoit  à  table  de  fe  promener  dans  la  Chambre  à  tête  couver- 
te, ce  qui  étoit  abfolument  contre  l'ufage  de  la  Cour  Britannique.  Aurfi  lui 
fit-on  dire,  ou  de  s'abftenir  de  fe  couvrir,  ou  de  ne  pas  paraître  à  la  Cour. 
Cet  Ambafladeur  aima  mieux  s'abfenter  de  la  Cour,  où  il  n'avoit  déjà  point 
paru  depuis  quelque  tems.  Le  réfutât  de  fon  Mémoire  touchant  le  Traité 
de  Partage  qu'on  négocioit ,  fut  que  le  Roi  Guillaume  envoïa  ordre  en 
Angleterre  de  faire  fortir  du  Roïaume  le  Minillre  Efpagnol.  Cela  fut  exécu- 
té de  la  manière  que  le  même  Marquis  de  Canales  l'écrivit  à  Don  Bernard» 
de  Quiros  fon  Collègue  en  Hollande.  Il  lui  manda  que  le  1  o.  le  Secrétaire 
d'Etat  Vernon  s'étoit  transporté  chez  lui,  &  lui  avoit  dit  ;  „  que  Sa  Majeité 
„  Britannique  avoit  reçu  le  Mémoire  qu'il  avoit  prefenté  aux  Lords  Regens, 
s,  &  que  l'aïant  examiné ,  il  l'avoit  trouvé  infolent  Se  féditieux.  C'eft  pour- 
„  quoi  aïant  raifon  d'en  témoigner  fa  jufte  indignation,  il  avoit  ordre  de  lui 
„  lignifier  qu'il  eût  à  fortir  du  Roïaume  dans  18.  jours,  à  comter  de  celui  de 
„  cette  notification.  Que  pendant  ces  18.  jours  ou  moins,  qu'il  relierait  à 
„  Londres, il  eût  à  fe  tenir  dans  la  Maifon  fuis  en  fortir.  Le  Marquis  de  Ca- 
vales repondit  là-deflùs  Te  Deum  Laudamus.  Après  cela  il  demanda  d'avoir 
cette  notification  par  écrit.  Mais  le  Secrétaire  d'Etat  Prernon  lui  dit  qu'il  ne 
.l'avoit  pas  ;  mais  qu'il  la  lui  dieferoit.  Le  Marquis  l'écrivit  à  mefure  qu'on 
la  di6toït,&  ajouta  enfuite  qu'il  étoit  prêt  d'obéir,  en  toutes  fes  circonilances  r 
aux  ordres  qu'il  lui  donnoit  de  la  part  de  Sa  Majeité. 

Après  cela  le  Marquis  demanda  au  Secrétaire  d'Etat  Vernon  ,.  fi  aïant  befoin 
de  quelques  gardes  pour  fortir  en  fureté  du  Roïaume,  on  les  lui  accorderait. 
Vernon  repondit  qu'il  le  croïoit,  &  qu'il  en  parlerait  aux  Lords  Regens.  Le 
Marquis  ajouta  s'il  pouvoit  s'adreflèr  à  lui  pour  cela,  &  fi  on  ne  lui  accorde- 
rait pas  le  necejfaïre  ,  s'il  en  avoit  à  faire  pour  fortir  du  Roïaume.  Le  Se- 
crétaire d'Etat  lui  repondit  qu'il  en  parlerait  comme  du  reite  aux  Lords  Ré- 
feenSi  &  qu'il  pouroit  s'adrelfer  à  lui  pour  tout  cela.  Le  Marquis  fit  aporter 
enfuite  du  chocolat  &  plulîeurs  autres  rafraichiffemens.  Il  marqua  dans  fa  re- 
lation à  Don  Bernardo  de  Quiros  ,  qu'il  témoigna  toujours  de  la  gaieté  au 
lieu  qu'il  lui  fembla  que  le  Secrétaire  d'Etat  Femon  étoit  penfif.  La  de- 
mande, pour  avoir  le  necc/faire  pour  fortir  du  Roïaume,  venoit  furce  qu'il  le 
trouvoit  dénué  d'argent,  &  d'ailleurs  accablé  de  dêtes.  Aulîi  lui  fournit-on 
à  fon  départ  ce  qu'il  demanda. 

En  attendant  Don  Bernardo  de  ^uiros  avoit  reçu  ordre  de  prefenter  un 
Mémoire  for  le  même  fujet,  &  de  s'en  plaindre  le  plus  fortement  poffible, 
fans  fpecifier  autre  chofe  que  d'y  nommer  l'Angleterre,  la  France  &  la  Hol- 
lande. Cela  fit  juger  que  le  Marquis  de  Canales  n'avoit  reçu  que  des  ordres  pa- 
reils, &  par  confequent  de  ne  pas  s'exprimer  de  la  manière  outrée  qu'il  avoit 

ir,  pareeque  c'étoit  faire  brèche  à  l'autorité  Roïale.  Don  Bernardo  de  §hd- 
modera  fon  Mémoire  ',   fur  l'avis  des  ordres  que  le  Roi  Guillaume 

avoit 


fait, 
ros 


tatsGé- 
nciaux 


24       MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

avoit  envoïcz  de  Loo  en  Angleterre  touchant  le  Marquis  de  Cattales,  &  fur 
quelque  reprefentatiqn ,  que  quelqu'un  lui  fît.  C'étoit  qu'un  habile  Mini- 
ltre  ne  devoit  pas  s'expofer  à  de  fâcheux  incidens  en  donnant  trop  d'éfTor  à  la 
paffion,  5c  qu'il  valoit  toujours  mieux  dans  de  pareilles  occafions,  jetter,  par 
une  modeite  retenue,  dans  le  tort  les  Puiftances,  avec  lefquelles  on  avoit  à  tai- 
re. Auffi  drefla-t-il  un  Mémoire  delà  forte.  Il  fut  le  prefenter  au  Prefident 
de  fcmaine  tel  qui  le  voici. 

MESSIEURS, 

Mémoi-  /~"\Uoi  que  Sa  Majefté  eut  reçu  dès  Tan  pafTé  divers  advis  réitérez  par  Ces 
de^Don  \^  Ambaflâdeurs  6c  Miniftres  qui  font  aux  Pais  du  Nort,  de  certaines  Ne- 
do  de  gociations  qui  s'y  traitoient ,  entre  l'Angleterre,  la  Hollande,  &  la  France, 
Quiros  touchant  la  Succefîîon  d'Efpagne8c  le  Partage  d'icelle  ;  Et  que  même  ces  advis 
aux  E«  fuffent  accompagnez  de  circonftances  fi  particulières,  8c  d'Indices  fi  forts  que 
l'on  ne  pouvoit  prefquepas  les  révoquer  en  doute.  Néanmoins  la  parfaite  con- 
fiance que  fadite  Majefté  a  toujours  eue  en  fesamis  6c  Alliez,  ne  lui  permetant 
pas  d'ad  jouter  aifement  foi  à  des  chofës  fi  peu  convenables  à  l'amitié ,  qui 
eft.'entr'eux,  elle  avoit  auffi  jugé  à  propos  de  fufpendre  fon  jugement,  6c  de 
diferer  fes  plaintes  jufques  à  ce  que  le  tems  lui  eut  donné  de  plus  grands  éclair- 
ciflèmens  ou  que  lefdites  Négociations  venant  à  ceffer ,  Elle  eut  par  même 
moïen  occafion  de  les  oublier  tout-à-fait. 

Sa  Majefté  avoit  donc  pris  le  parti  du  filence;  mais  comme  Elle  a  été  de- 
puis informée,  que  l'on  travaille  encore  actuellement  à  de  nouveaux  Traitez, 
iur  le  fondement  de  ceux  que  l'on  dit  avoir  été  faits  ou  fort  avancez,  il  y  a 
environ  un  an  ;  8c  que  les  avis  que  fes  Miniftres  lui  en  ont  donnez  fans  diiéonti- 
nuation,  fe  font  trouvez  confirmez  par  ceux  que  Sa  Majefté  a  reçus  d'ailleurs, 
d'une  manière  même  fi  publique  que  toute  i'Europe  en  a  eu  connoiflance  ; 
Elle  a  crû  qu'EUe  ne  pouvoit  plus  diffimuler,  ni  le  faire  fans  manquer  à  ce 
qu'Elle  doit  à  Elle-même  8c  à  les  Peuples. 

La  furprife  que  lui  ont  caufée  des  nouveautezfi  étranges,  &  fi  préjudiciables 
à  fes  Etats,  a  été  d'autant  plus  grande  ,  auffi  bien  que  le  deplaifir  qu'Elle 
en  a  reflènti ,  que  jamais  telles  choies  n'avoient  été  par  ci  -  devant  pratiquées 
ni  entreprifes  pendant  la  vie  d'aucun  Roi ,  6c  qu'elles  font  entièrement  hors 
de  fâifon  pendant  la  fienne,  Sa  Majefté  aïant  à  peine  atteint  fa  trente  huitiè- 
me année. 

Il  elt  vrai  qu'il  n'a  point  encore  plû  à  Dieu  de  lui  accorder  de  Succefïèurs; 
m»ùs  ni  cette  raifon  ,  ni  celle  de  fes  indifpofitions  patlées  ne  font  point  fufi- 
làntes  pour  déléfpérer  d'avance,  comme  il  femble  qu'on  faiîé,  de  la  poffibili- 
té  d'une  choie  fi  naturelle,  6c  pour  alarmer  fes  bons  fujets  par  des  craintes  &c 
par  des  augures  fâcheux ,  qui  étant  répandus  dans  le  monde,  ne  peuvent  l'er- 
vir  qu'à  troubler  le  repos  6c  la  douceur  dont  l'Europe  jouît  à  prefent. 

Sa  Majefté,  qui  par  la  bonté  divine  vient  de  recouvrer  la  Santé, peut  rai- 
fonnablement  lé  flater  que  Dieu  continuant  de  lui  départir  fes  grâces,  6c exau- 
çant les  vœux  ardens  de  fes  Sujets,  lui  donnera  des  Enfans,  6c  lors  que  cela 
arrivera,  il  n'y  aura  rien  qui  ne  foit  dans  l'ordre  naturel  des  choies.     Com- 
bien 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.  if 

tien  de  Rois  6c  de  Princes,  moins  jeunes  que  Sa  Majefté,  ont  obtenu  lignée 
après  en  avoir  été  privez  encore  plus  long-tems  qu'Elle?  Les  exemples  en 
font  frequens  dans  l'Hiftoire ,  &  nous  en  avons  un  devant  les  yeux  en  la  Per- 
fonne  dû  Roi  Très-Chrêtien,qui  fufit  pour  tous  ceux  qu'on  pourrait  alléguer. 
Mais  fupofé  même  (ce  que  Dieu  ne  veuille  permettre)  que  la  Providence 
Eternelle , dont  les  voies  font  impénétrables,  eut  réfolu  d'afligerles  Etats  d'Ef- 
pa<me  jufqu'au  point  de  retirer  Sa  Majeué  fans  lui  donner  poftérité}  les  Puif- 
fances  Etrangères  en  feroient-elles  plus  en  droit  de  faire  des  Traitez  touchant 
fa  Succeffion  ? 

Sa  Majefté,  qui  eft  extrêmement  jufte  en  toutes  choies,  ne  fouhaite  des 
autres  Rois  8c  Princes  que  ce  qu'Elle  obferveroit  Elle-même  en  pareil  cas  à 
leur  égard.  Et  comme  Elle  eft  perfuadée  qu'ils  auraient  très -grande  raifon 
de  trouver  mauvais  que  l'on  entreprit  de  faire  des  Traitez  touchant  la  Succef- 
fion  de-leurs  Etats,  Elle  ne  confentira  jamais  auffi  que  l'on  en  fafle  touchant 
celle  d'Efpagne. 

Le  droit  d'en  régler  l'ordre  &  d'en  prefcrire  la  manière  n'apartient  qu'à 
Elle  5c  à  fes  Roïaumes.  Elle  ne  le  tient  que  de  Dieu  non  plus  que  fa  Cou- 
ronne, 8c  il  ne  faut  pas  penfer  qu'Elle  permette  jamais  que  l'on  y  donne  au- 
cune atteinte  fans  fe  défendre  de  toutes  fes  forces,  8c  jufques  à  la  dernière 
extrémité.  De  forte  que  fi  les  Puifiances  qui  recherchent ,  ou  qui  font  recher- 
chées de  femblables  Traitez,  n'ont  envûë  que  de  rendre  la  Paix  durable,  com- 
me cela  eft  à  fuppofer,  elles  doivent  s'afiurer  que  ce  feroit  au  contraire  l'in- 
faillible moïen  d'alumer  en  Europe  le  feu  d'une  fanglante  Guerre  ,  8c  qu'en 
tel  cas,  non  feulement  on  verrait  prendre  les  armes  d'un  commun  accord  à 
tout -ce  qu'il  y  a  d'Efpagnols  8c  d'autres  fujets  de  la  Couronne,  depuis  les  En- 
fans  de  quinze  ans  juiques  aux  viellards  de  feptante,  mais  que  plutôt  que  de 
foufrir  le  moindre  partage  des  Etats  qui  compofent  la  Monarchie  ,  8c  qu'on 
difpofât  ainfi  de  leur  fort ,  ils  auraient  recours  à  tous  les  moïens  légitimes 
.qu'ils  jugeraient  pouvoir  leur  fervir,  quels  qu'ils  pûflènt  être,  fuivant  en  ce- 
la la  maxime  qui  veut  que  dans  les  maux  extrêmes  ,  on  emploie  d'extrêmes 
remèdes, 8c  fe  confiant  que  Dieu,  protecteur  du  bon  droit, bénirait  leurs  juftes 
efforts  8c  fe  déclarerait  en  leur  faveur. 

Au  refte  on  doit  être  perfuadé  que  de  quelque  manière  qu'il  plaifè  à  Dieu 
d'ordonner  de  Sa  Majefté ,  Elle  a  trop  à  cœur  la  fureté  de  fês  Peuples  8c  le 
bien  public  de  l'Europe  pour  ne  pas  difpofer  en  tout  cas  les  chofes  par  raport 
à  la  Succeffion  avec  toute  la  prudence  requife,  8c  félon  ce  qui  fera  le  plus  jufte 
8c  le  plus  à  propos  pour  l'un  &  pour  l'autre. 

Tous  les  Traitez  8c  Concordats  que  les  Etrangers  pouroient  faire  entr'eux 
fur  ce  point,  feraient  donc  également  fuperflus,  contraires  à  l'honneur  de  la 
Couronne  d'Efpagne  8c  de  dangereufe  conféquence,  &t  l'on  doit  convenir  que 
Sa  Majefté  en  étant  bien  avertie,  ne  peut  .ni  ne  doit  fe  difpenfèrde  s'y-oppo- 
fer.  C'eft  auffi  la  ferme  refolution  qu'Elle  a  prife,  8c  qu'Elle  a  ordonné  à  fes 
Miniltres  qui  font  en  France ,  en  Italie  ,  8c  dans  les  Pais  du  Nord  ,  de  faire 
connoître  aux  Princes  8c  Etats  auprès  defquels  ils  réfident,  dans  la  manière  la 
.plus  exprefTe  et  la  plus  notoire  ,  avec  commandement  d'aporter  d'autre  part 
toute  la  diligence,  8c  tous  les  feins  poffiblcs  pour  arrêter  le  cours  des  fufclites 
ftom.  I.  D  Né- 


2.6       MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

Négociations  ou  Traitez  ,  répréfentant ,  6c  remontrant  pour  cette  fin,  les 
mauvais  éfets  qu'EUes  ont  déjà  produits ,  6c  ceux  qui  en  pouroient  refulter  à 
l'avenir. 

Et  parce  que  Sa  Majefté  n'a  rien  plus  à  cœur  que  de  prévenir  lefdits  mau- 
vais éfets  avec  leurs  fuites,  Elle  a  de  plus  ordonne  que  iémblables  offices  fuf- 
fent  paffez  envers  les  Mi  ni  lires  des  fùfjits  Princes,  étant  à  Madrid,  à  ce  qu'ils 
concourent  par  leurs  prudentes  répréfeotations  au  maintien  de  la  tranquilitc 
publique ,.qui  eft  ,avec  la  confervation  des  Droits  6c  de  l'honneur  de  la  Couron- 
ne, le  légitime  but  que  Sa  Majefté  fe  propofe  en  cette  affaire  ,  s'éforçant  de 
couper  pied  de  bonne  heure  à  des  Négociations ,  defquelles  il  eft  à  craindre ,  fi 
elles  étoient  continuées,  qu'il  ne  vint  a  naitre  l'occalion  d'une  nouvelle  guer- 
re auffi  facheufè  6c  auiîî  diiîcile  à  terminer  ,  que  celle  dont  on  vient  de 
ibrtir. 

Or  comme  il  eft  de  l'Intérêt  général  de  toute  l'Europe,  6c  en  particulier 
de  l'Angleterre  6c  de  la  Hollande  d'éviter  autant  que  faire  fe  peut  les  fufdits 
inconveniens , .  Sa  Majefté  fe  promet  qu'en  cette  vue  on  lui  donnera  des  affii- 
rances  pofitives  que  non  feulement  de  iémblables  Traitez  ne  fubfifteront  pas  , 
en  cas  qu'ils  foient  déjà  faits}  mais  aufïï  qu'ils  ne  fe  feront  point  à  l'avenir, 
6c  que  plutôt,  fi  befoin  eft,  on  affiliera  Sa  Majefté  de  tous  les  fecours  qui  lui 
pouroient  être  néceuaires  pour  le  maintien  d'une  caufè  fi  jufte ,  6c  dans  laquel- 
le, l'honneur,  les  droits,  la  Liberté,  6c  la  fureté  de  tous  les  autres  Princes  de 
l'Europe  fe  trouvent  engagez. 

Le  Préfident  refufà  de  l'accepter  à  caufè  des  procédures  afîêz  violentes  te- 
nues quelques  années  auparavant  à  la  Cour  de  Madrid  contre  Belmtmte  ou 
Schonenberg  Miniftre  des  Etats  Généraux  à  cette  Cour-là.  Don  Bernardo  de 
ghiircs  pria  fur  ce  refus  le  Préfident  de  lèmaine  de  vouloir  bien  prendre ,  6c 
porter  a  Paffemblée  une  Lettre  du  Roi  Catholique  fon  Maître,  qu'il  accepta. 
Mais  y  aïant  été  lûë,  on  la  trouva  datée  de  Madrid  du  2,1 .  Juillet  iôpf .  por- 
tant créance  fur  Don  Bernardo  de  ghtiros,  comme  Ambaffadeur  de  Sa  Ma- 
jefté. 

Les  Etats  Généraux  prirent  là-deffus  une  Refolution  ,  qu'on  fit  remettre 
par  l'Agent  de  l'Etat  à  cet  Ambaflàdeur-là.  On  peut  voir  de  quoi  il  s'agif- 
fbit  par  la  Refolution  même  que  voici. 

Extrait  du  Regiftre  des  Réfolutions  des  Hauts 
&  PuifTànts  Seigneurs  les  Etats  Généraux 
des  Provinces  Unies  des  Païs-Bas. 

£>u  Lundi  \z.  Oïïohre  1699. 

Rcfolu-  }J  1"  E  Sieur  Verbolt  Préfident  de  l'Afîèmblce  a  répréfenté  6c  fait  connoître  à 
!!?ntsdes  m  ■1—'  Leurs  Hautes  Puiffances  que  ce  matin  le  Sieur  de  Quiros  étoit  allé  chez 
Gêné-  »3  w'j  &  avoit  prefenté  un  Mémoire  pour  être  par  lui  remis  entre  les  mains 
raux       „  de  Leurs  dites  H. H.  P.P.  Et  que  ledit  Sr.  Verbolt,  à  caufe  du  diférent 

„  qu'il 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.  z7 

„  qu'il  y  a,  entre  Sa  Majefté  Catholique  &  Leurs  H.  H.  P.  P.  au  fujet  des  fur  une 

„  Procédures  tenues  ci  -  devant  à  Madrid  contre  le  Sr.  Schonenberg  &  des  &.&  e 

„  refolutions  prifes  à  cet  égard  par  Leurs  H.  H.  P.  P.,  avoit  fait  dificulté  de  £â?l 

„  recevoir  ledit  Mémoire  ;  que  là-deflus  ledit  Sr.  de  Quiros  l'avoit  prié  de 

„  vouloir  bien  prendre  8c  porter  dans  l'Aflèmblée  une  Lettre  de  Sa  Majefté 

„  Catholique,  au'en  même  tems  il  lui,  avoit  prefentée ,  &  qu'il  avoit  reçue, 

„  laquelle  Lettrc'il  a  livrée  à  l'Aflèmblée,  laquelle  y  aïantété  lue,  il  s'eft  trou- 

„  vé  qu'elle  étoit  écrite  &  datée  de  Madrid  le  zi.  Juillet  iôpf.  8c  qu'elle 

„  contenoit  créance  fur  le  Sieur  François  Bernardo  de  Quiros  comme  Am- 

„  bafiadeur  de  Sa  Majefté. 

„  Surquoi  Délibération  aïant  été  faite  ,  Leurs  H.  H.  P.  P.  ont  témoigné 

„  leur  aprobation  à  toute  la  conduite  qui  a  été  tenue  en  cette  rencontre  par 

,,  ledit  Sr.  Verbolt  Préfident  ;  &  il  a  été  de  plus  trouvé  bon  8c  arête  que  com- 

„  meilparoît  par  la  date  delà  fufdite  Lettre,  qu'elle  a  été  écrite  avant  que  fut 

„  commencé  le  démêlé  qui  fe  trouve  préfentement  entre  Sa  Majefté  Catho- 

„  lique  &  Leurs  H.  H.   P.  P.  au  fujèt  des  procédures  tenues  à  Madrid  con- 

„  tre  le  Sr.  de  Schonenberg  ,  muni  de  Lettres  de  créance  de  Leurs  H.  H. 

,,  P.P.  Se  admis  en  vertu  d'icelles  comme  Miniftre  de  Leurs  Hautes  Puiflàn- 

„  ces  à  la  Cour  de  Sa  Majefté  Catholique.    Que  fur  les  juftes  plaintes  de 

„  Leurs  dites  H. H.  P.  P.  fur  lefdites  Procédures,  par  lefquelles  elles  ont  El- 

„  les-mêmes  été  fortement  lezées  en  la  perfonne  de  leur  Miniftre ,  il  ne  leur 

„  a  encore  été  fait  ni  donné  aucune  fufifànte  fatisfaétion ,  &  que  nonobftant 

„  tous  les  bons  offices  de  Sa  Majefté  Impériale  8c  de  fa  médiation  très  agréa- 

„  ble  à  Leurs  H. H.  P.P. ,  le  diférent  fufmentionné  n'eft  point  encore  aflbu- 

„  pi,  faute  de  ladite  fatisfaétion ,  ce  qui  aufïï  eft  aparemment  la  raifbn  pour- 

„  quoi  la  fufdite  Lettre,  quoique  déjà  vieille  de  plus  de  quatre  ans,n'avoit  point 

„  encore  été  délivrée  jufques  ici.    Que  par  confequent  l'affaire  fe  trouvant 

„  encore  dans  le  même  état  qu'elle  étoit  lors  qu'au  z.  Décembre  i6pf.  Leurs 

„  Hautes  Puiflances  furent  neceflîtées  de  refoudre  que  par  provifion  on  ne  re- 

„  cevroit  point  de  Mémoires  d'aucuns  Miniftres  de  Sa  Majefté  Catholique , 

„  qu'on  ne  prendrait  point  de  refolution  là-deflus,  ni  n'entreroit-on  en  con- 

„  férence  avec  eux,  laquelle  refolution  fut  dès  lors  fignifïée  8c  notifiée  audit 

,,  Sieur  de  Quiros  -,  il  fera  déclaré  comme  Leurs  Hautes  Puiflances  déclarent 

„  par  la  prefente  refolution,  que  tant  que  PofFenfe  faite  à  Leurs  Hautes  Puif- 

„  Tances  en  la  perfonne  du  Sieur  Schonenberg,  leur  Miniftre,  ne  fera  point 

„  reparée  comme  elle  ne  l'eft  point  encore  jufqu'ici ,   ni  le  démêlé  furvenu 

„  là-deffus  aplani ,  ledit  Sieur  de  Quiros  ne  peut  pas  être  admis  en  la  qualité 

„  d'Ambaffadeur  de  Sa  Majefté  Catholique,  ni  aucuns  de  les  Mémoires  ac- 

„  ceptez  ni  réfolus  là  -  defîus  ,   ni  qu'on  ne  pourra  entrer  en  conférence  a- 

„  vec  lui,  mais  que  fi -tôt  que  le  tort  fait  à  Leurs  H.  H.  P.  P.  aura  été 

„  reparé,  que  le  démêlé  furvenu  en  cette  occafion  aura  été  aplani,  Leurs 

„  Hautes  Puiflances  de  leur  côté  montreront  la  confidération  qu'Elles  ont 

„  pour  les  Miniftres  de  ladite  Majefté,  puis  qu'Elles  verront  toujours  fort 

„  volontiers  le  retabliflement  de  la  bonne  correfpondance  réciproque  8c  de 

„  la  communication  par  les  Miniftres  de  part  8c  d'autre,  laquelle  n'a  été  in- 

„  terrompuë  qu'à  l'occafion  des  iufdjtes  procédures  cemmifes  contre  le  Sieur 

D  z  „  de 


z8       MEMOIRES,  NEGOTI ATIONS,  TRAITEZ, 

„.  de  Schoncnberg.  Et  fera  l'Extrait  de  cette  refolution  de  Leurs  Hautes 
„  Puiflànces  remis  par  l'Agent  Rofcnboom  entre  les  mains  dudit  Sieur  de 
„  Quiros  pour  lui  fcrvir  d'avis. 

Il  y  a  pourtant  à  remarquer  que  lés  Etats  Généraux  aïant  été  avertis  du. 
deflein  de  Don  Bernardo  de  Quiros  de  prélenter  fon  Mémoire  ,  avoient  inf- 
truit  le  Prélldent  de  femaine  de  le  refufer  fur  le  prétexte  inféré  dans  la  Re- 
folution. 

Dès  que  Don  Bernardo  de  Quiros  eut  reçu  ,   par  les  mains  de  l'Agent  de. 
l'Etat,  ladite  Refolution,  il  travailla  à  y  taire  une.  réponiê  telle  qui  fuit. 

Rcponfe  y   'Ambafladeur  d'Efpagne  Réfident  en  Hollande  aïant  vu  par  la  Réfolu- 
bafla-"1"  tlon  deMeflieurs  les  Etats,  du  Lundi  douzième  Octobre  préfent  mois ,  que- 

deur  Leurs  Seigneuries  ont  aprouvé  le  refus  que  le  Sr.  Verbolt  Prélldent  de  femaine 
d'Efpa-  avoit  tait  d'accepter  le  Mémoire  qu'il  avoit  fouhaité  de  lui  remette  entre  les. 
gne  Re-  mains,  au  nom  Ju  Roi  fon  Maître,  pour  être:lû  dans  l'.AiTemblée  Se  que  même  Et 
enHol-  ^es  avoient  pris  laRéfolution  de  ne  plus  recevoir  à  l'avenir  fes Mémoires,  6c  de 
lande,fur  ne  lui  accorder  aucune  conférence,  ne  peut  fe  difpenfer  de  marquer  Pétonne- 
lai  Réio-  ment  &  le  déplaifir  qu'il  a  reçu  en  aprenant  une  nouvelle  fi  furprénante  en. 
ktion  de  £fet  &  de  fi  dangereufe  conféquence. 

ficurs  les  ^  comrae  il  femble  par  l'Enoncé  de  la  Refolution  qui  lui  a  été  délivrée,. 
Etats  qui  que  Leurs  Seigneuries  confidèrent  ledit  Ambafladeur,  comme  n'aïant  point 
lui  fut  encore  été  admis  ni  reconnu  en  qualité  de  Miniftre  du  Roi ,  8c  que  ce  foit. 
délivrée  fur  ce  fondement  qu'elles  croient  ne  devoir  pas  recevoir  fes  Mémoires. 
Oclobre  n*  communiquer  avec  lui,  il  a  jugé  à  propos  de  faire  les  repréfentations.  fui- 
:<>99.      vantes. 

Il  dit  donc ,  que  fins  avoir  recours  à  la  Notoriété  publique  ni  aux  té- 
moignages de  tous  les  Rois  ôc  Princes  de  l'Europe  qui  l'ont  unanimement  re- 
connu pour  Ambafladeur  d'Efpagne  ,  fans  même  en  excepter  le  Roi  de  la  Gran- 
de-Bretagne, il  lui  fufit  de  rapeller  ce  qui  fe  pafla  à  fon  ég.u'd  lors  de  fon  ar- 
rivée en  ce  Pais,  il  y  a  environ  fept  ans.  Ledit  Ambafladeur  vit  alors  le  Sr... 
Pcnfionnaire,  lui  déclara  fa  Commiflïon  ,.&.lui  communiqua  fes  Lettres  de. 
Créance  ,  avec  intention  de.  les  lui  laifler  comme  au  Miniitre  ordinaire  de. 
Leurs  Seigneuries,  afin  de  les  leurs  faire;  voir,  s'il  le-jugeoit  à  propos >  mais  il 
en  iut  empêché  par  ledit  Sr.  Penfionnaire  ,  qui  lui  dit  avec  honnêteté  que 
fon  caractère  étoit  aflez  connu  aux  Etats  par  les  Lettres  qu'ils  avoient  reçues, 
de  leurs  Miniftres  d'Efpagne,  5c  qu'ainfi  il  n'étoit  pas  nécefiaire  qu'ils  vident 
pour  lors  fa  Lettre  de  Créance. 

Ledit  Ambafladeur  fe  referva  donc  à  la  prefenter,  félon  la  coutume,  le  joui 
qu'il  prendroit  fon  Audience  publique ,  &  il  n'auroit  pas  aufli  manqué  de  le. 
faire,  fi  l'intérêt  commun  des  Alliez,  qui  l'obligea  à  partir  pour  leBrabant, 
afin  d'y  travailler  avec  la  concurrence  des  Etats  à  une  prohibition  générale 
du  commerce  avec  la  France ,  ne  l'eut  aufli  contraint  à  diférer  ladite  Au- 
dience pendant  un  fort  long-tems,  &  fi  l'Interdiction  qui  furvint  enluite  ne 
l'en  avoit  privé  depuis  tout  à  fait. 
Telles  ce  non  autres  furent  les  véritables  raifons:  qui  empêchèrent  l'Ambaf- 

fadeur 


qui 

ehofes.  L'une  queVïl  a' fait  preiènter  en  dernier  lieu  fadite  Créance  à  Leurs 
Seigneuries,  ce  n'a  point  été  dans  la  vue  de  fe  faire  légitimer  Miniftre  du 
Roi,,  puis  qu'il  fe  tenoit  déjà: pour  tout  légitimé  ;  mais  feulement  pour  appa- 
roir par  écrit  de  fadite  légitimation ,  laquelle  il  fembloit  que  le  Sr.  Penfionnai- 
re  vouloit  lui  difputer.  L'autre  que. nul  obftacie  provenu  de  fa  part  ne  l'a  ja- 
mais empêché  de  prendre  fon  'Audience  :  ledit  AmbafTadeur  s'étant  tenu  en 
tout  tems  en  état  de  recevoir  cet  honneur ,  &  aïant  toujours  entretenu  les 
Equipages  néceflàires  à  cet  effet.  En  forte  que  les  feuls  voïages  ci-defTus  men- 
tionnez &  l'Interdiction,  de  laquelle  ils  ont  été  fuivis,  font  les  feules  &  uni- 
ques caufes  de  cette  omiÔion. 

S'il  y  a  eu  de  la  faute  en  cela,  elle  ne  doit  donc  pas  être  imputée  au  ci-def- 
fus  mentionné  AmbafTadeur,  puis  qu'il  n'a  jamais  tenu  à  lui  qu'il  ne  fe  foit 
acquité  publiquement  des  devoirs  accoutumez.  Mais  comme  après  tout ,  ces 
devoirs  ne  font  que  fuperficiels  &  nullement  néceflàires  en  eux-mêmes,  l' Am- 
bafTadeur ne  fçauroit  comprendre  auffi  que  l'on  puifTe  fe  fervir  valablement 
de  leur  omiflîon  pour  ignorer  aujourd'hui  fon  Miniftere ,  &  fou  admiffion 

paffée.  -•'"..';> 

Tous  les  Politiques  conviennent  que  les  Lettres  de  Créance  fervent  moins  à 
authorifer  le  Miniitre  en  fes  Négociations  qu'à  déclarer  fon  Caractère.  Ils 
conviennent  de  plus  que  ni  l'Entrée  ,  ni  l'Audience  publique,  ni  les  autres 
formalitez  de  cette  nature  ne  font  point  abfolument  néceflàires  pour  fa  légiti- 
mation ,  &  ils  demeurent  d'accord  enfin  que  ladite  légitimation  eft  cenfée  fii- 
fifamment  faite  dès  que  le  Souverain,  auquel  le  Miniitre  eft  envoie  a  bien  vou- 
lu entrer  avec  lui  en  Négociation. 

S'il  étoit  belbin  d'exemples  là-defllis,  on  en  pouroit  raporter  une  infinité, 
mais  la  chofe  eft  fi  claire  qu'ils  feraient  entièrement  fuperflus.  Il  n'y  a  que 
l' AmbafTadeur  delà  Majelté  Catholique,  à  qui  l'on  faflè  ces  fortes  de  difieul- 
tez,  &  il  y  a  lieu  de  les  trouver  d'autant  plus  étranges  &  inopinées  que  Mef- 
ficurs  les  Etats  Généraux  les  avoient  eux-mêmes  levées  dès  le  commence- 
ment, en  communiquant  avec  lui  par  le  moïen  de  leurs  Miniitrcs ,  recevant 
fes  Mémoires  &  y  répondant. 

Ledit  AmbafTadeur  ne  croit  pas  que  Ton  puifîe  lui  objecter  là-defTus  que 
L.  L.  S.  S.  n'en  avoient  ufé  ainfi  en  fon  endroit  qu'en  qualité  de  Plénipo- 
tentiaire au  Congrès  des  Alliez  qui  fe  tenoit  à  la  Haïe  ,  &  non  en  qualité 
de  Miniitre  réfidant  auprès  d'Elles.  Mais  comme  il  eft  bien  aifé  de  prévenir 
abfolument  en  cet  écrit  toutes  les  objections  qu'on  lui  pourrait  faire ,  mê- 
me les  moins  aparentes,  il  ne  laifTera  pas  de.  refoudre  celle-ci  ;  pour  lequel 
effet  il  dit , 

Que  fans  parler  des  diferentes  Lettres  écrites  par  le  Roi  à  Mefîicurs  les  Etats , 
dans  lefquelles  Sa  Majefté  le  nommoit  &  déclarait  toûiours  fon  AmbafTadeur 
vers  Leurs  Seigneuries ,  ce  lui  eft  affez  d'alléguer  deux  ehofes.  La  première  eft 
l'intimation  qui  lui  fut  faite  au  mois  de  Décembre  i6pf.  de  l'Interdiction 

D  3  por- 


30        MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

portée  contre  lui  comme  Miniftre  d'Efpagne  à  l'Etat.  Et  la  féconde  que  quoi- 
que L.L.  S.  S.  continuaffent  depuis  à  recevoir  les  Mémoires  des  Minières  or- 
dinaires du  Congrès,  Elles  ceffèrent  de  recevoir  les  fiens,  fçavoir  ceux  qui  é- 
toient  foûffignez  ôc  formels.  Preuve  certaine ,  comme  on  voit ,  de  la  récogni- 
tion de  fon  Miniftere  vers  L.  L.  S.  S  ;  &  procédure  qui  feule  aurait  furrf  de 
Droit  pour  la  légitimation ,  quand  même  il  n'en  auroit  pas  confié  d'ailleurs 
comme  il  faifoit  par  la  précédente  communication  &  formelle  récognition  ' 
dont  l'AmbafTadeur  a  les  preuves  en  main. 

Cette  vérité  eit  fenfible  d'elle-même,  mais  pour  la  rendre  encore  plus  pal- 
pable, l'AmbafTadeur  pofe  6c  avance  pour  définition  inconteftable  de  l'admif- 
fion  d'un  Miniftre , 

I.  Que  tout  homme  authorifé  pour  cet  éfet  par  un  Souverain,  eft  Miniftre 
vers  ceux  6c  à  l'égard  de  ceux  avec  lefquels  il  eft  authorifé  de  traiter ,  ôc  avec 
lefquels  il  traite  éfeétivcment.  De  forte  que  s'il  eft  authorifé  pour  traiter  a- 
vec  plufieurs  Puiffances,  6c  qu'il  traite  éfeétivement  avec  Elles,  il  eft  Minif- 
tre vers  toutes  lefditcs  Puiffances  de  la  part  du  Souverain  qui  l'emploie,  de 
la  même  manière  ôc  en  la  même  façon  qu'un  homme  qui  eft  authoriic  de  plu- 
fieurs Puiffances  pour  traiter  avec  une  feule  6c  qui  en  efet  traite  avec  elle,  eft 
Miniftre  de  toutes  6c  chacune  defdites  Puiffances  vers  celle-là,  foit  qu'il  faffe 
fa  Réfidence  ordinaire  auprès  d'Elles  ou  non. 

II.  Que  ce  n'eft  ni  la  Lettre  de  Créance  ,  ni  l'Entrée,  ni  l'Audience  publi- 
que qui  conftituent  la  légitimation  du  Miniftre,  mais  bien  fon  admiffion  aux 
Négotiations  éfecKvcs  6c  la  communication  réelle  qu'on  lui  accorde. 

Or  eft -il  que  PAmbaffadeur  fufmentionné  à  été  authorifé  par  le  Roi  fon 
Maître  dès  le  tems  de  fon  arrivée  en  ce  Païs-ci ,  pour  négocier  6c  traiter  avec 
L.L.  S. S.  6c  qu'il  a  éfeétivement  négocié  6c  traité  avec  Elles  en  diverfes 
manières. 

Donc  il  eft  Miniftre  vers  Elles.  Donc  il  a  été  reconnu  pour  tél. 
A  tout  ce  que  deffus  onpeut  joindre  les  Paffeports  fouventefois  accordez  par 
L.L.  S. S.  pour  le  paffage  des  meubles  6c  autres  éfets  dudit  Ambaffadeur , 
comme  apartenans  au  Miniftre  du  Roi  refidant  en  Hollande.  Les  autres 
Franchifes  toujours  concédées  j  une  Réfidence  aéhielle  à  la  Haïe  6c  rendue 
fixe,  nonobftant  les  fréquentes  allées  6c  venues  de  l' Ambaffadeur ,  parcelle 
d'une  partie  de  fes  Gentilshommes  6c  Domeftiques  6c  particulièrement  d'un 
Secrétaire  ;  des  Conférences  très  -  fréquentes  avec  le  Penfionnaire  6c  avec  les 
autres  Miniftres  de  L.L.  S. S.,  fur  toutes  les  affaires  qui  fe  font  offertes^  6c 
enfin  des  Mémoires  fournis  6c  repondus  fur  diverfes  matières,  quoique  non  foû- 
fignez,  lefquelles  chofes  concourent  toutes  6c  font  voir  clair  comme  le  jour, 
qu'il  ne  doit  plus  être  queftion  ici  d'admetre  l'AmbafTadeur  6c  de  le  reconnoi- 
tre  puifque  dès  long-tems  il  eft  tout  admis  6c  reconnu;  mais  feulement  de 
fçavoir  fi  L.L.  S. S.  ont  pour  agréable  de  continuer  à  communiquer  avec 
lui  comme  Elles  ont  fait  auparavant ,  ou  fi  Elles  ne  trouvent  plus  à  propos 
de  le  faire. 

L'AmbafTadeur  fait  trop  quel  eft  fon  devoir  pour  prétendre  s'oppofer  en 
rien  là-deffus  aux  refolutions  de  L.L.  S.  S.;  mais  comme  il  paraît  par  celle 

dont 


ET    RESOLUTIONS    D'ETAT.  31 

dont  l'a&e  lui  fut  délivré  en  dernier  lieu,  qu' Elles  ne  font  pas  bien  informées 
de  ce  qui  a  été  pratiqué  à  fon  égard  par  le  parte  r  il  a  crû  être  obligé  à  en 
donner,  comme  il  fait  en  cet  écrit,  une  briève  expofition. 

Il  ad  joute,  par  forme  de  réfumption  Se  pour  un  plus  parfait  éclaircuTement 
de  la  cliofe ,  que  le  Miniftère  des  Ambaflades  admet  deux  voies  de  commu- 
nication; l'une  publique  &  qui  entraine  avec  elle  les  cérémonies  &  les  for- 
malitez,  l'autre  privée  8c  particulière ,  &  dès  lors  fans  conféquence  Se  fans  em- 
barras. 

La  première  voie  de  Communication  exige  les  Entrées,  ics  Audiences  pu- 
bliques, les  Conférences  de  bouche  avec  le  Souverain,  en  un  mot  l'aparat  8c 
les  formalitez  qui  font  inféparables  du  Caractère,  quand  il  eft  expofé  en  pu- 
blic. Mais  l'autre  fe  trouvant  dépouillée  de  tout  cet  embarras  confîfte  uni- 
quement dans  l'eflentiel  de  la  Négociation ,  admetant  pour  cet  éfet  non  feu- 
lement les  Conférences  particulières,  mais  aufli  les  proportions  &  les  repon- 
fes  jufques  aux  Traitez  inclufivement. 

L'Ambafladeur  demeure  d'accord  que  depuis l'Interdiétion  qui  lui  fut  figni- 
fiée  le  2..  Décembre  i6pjr.  il  n'a  point  mis  en  ufage  la  première  voie  de  com- 
munication  auprès  de  L.L.  S.  S.  mais  pour  ce  qui  eft  de  l'autre  il  eft  clair  par 
tout  ce  qu'on  vient  de  dire  qu'elle  lui  avoit  été  entièrement  ouverte  ci- 
devant. 

Les  formalitez  retranchées,  Leurs  Seigneuries  avoient  bien  voulu  recevoir 
fes  mémoires,  y  repondre,  &  ordonner  à  leurs  Miniftres  de  conférer  avec  lui. 
L' AmbaMadeur  de  ion  côté  s'étoit  contenté  de  cette  manière  de  communica- 
tion. Le  Roi  fon  Maître,  dont  les  intentions  ont  toujours  tendu  à  entrete- 
nir la  Paix  &  l'amitié  avec  ces  Provinces ,  aux  termes  du  Traité  de  quarante- 
huit  &  des  autres  dont  il  a  été  fuivi,  avoit  aprouvé  fa  conduite  &  avoit  bien 
voulu  accorder  une  pareille  communication  à  Monfieur  Citters  Ambaftadeur 
de  L.L.  S. S.  auprès  de  fa  Maj efté.  Il  avoit  reçu  fes  Mémoires,  il  y  avoit 
repondu  8c  il  avoit  même  nommé  un  CommiiTaire  qui  fut  le  Marquis  de  los 
Balbafes  pour  traiter  avec  lui. 

Un  tempérament  fi  louable  8c  fi  neceflaire  au  bien  général  de  l'Europe  8c 
à  l'intereft  particulier  des  deux  Nations  aïant  eu  lieu  de  part  &  d'autre  depuis 
l'Ioterdiélion ,  on  avoit  reparé,  du  moins  à  quelques  égards  les  inconveniens , 
&  avoit  donné  moïen  aux  deux  PuifTances  de  prendre  enfemble  les  mefures  qui 
leur  étoient  réciproquement  convenables ,  fans  que  lesdifterens  furvenus  au  fu- 
jet  du  Sr.  Schonenberg  y  aportât  aucun  empêchement.  Il  y  avoit  même 
lieu  d'efperer,  les  chofes  étant  en  cette  difpofition,  que  moïennant  la  très  Ca- 
ge &  très  prudente  Médiation  de  fa  Majefté  Impériale  &  conformément  au 
fincère  defir  du  Roi ,  on  auroit  pu  en  peu  de  tems  parvenir  à  un  entier  ac- 
commodement. L'Ambafladeur  en  particulier  s'en  étoit  toujours  flatté  -2c 
comme  il  n'a  jamais  épargné  fes  foins  ni  fes  peines, quand  il  a  falu  procurer  le 
bien  public ,  8c  que  d'ailleurs  il  a  toujours  été  meu  d'une  véritable  inclina- 
tion pour  le  bien  de  ces  Provinces ,  il  fe  propofoit  avec  plaifir  de  fe  fervir  de 
ladite  Communication  particulière  pour  contribuer  de  fa  part  autant  que  fai- 
re fe  pouroit ,  au  retabliflement  de  cette  même  union  8c  bonne  intelli- 
gence 


3i       MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

gcnce  qui  avoit  rcgné  depuis  tant  d'années  entre  Sa  Mnjefté  &  Leurs  Sei- 
gneuries. 

Ce  n'a  donc  pu  être  fans  un  regret  très  fenfible  que  l' Ambaffàdeur  fufmen- 
tionné,  s'eft  vu  privé  par  la  notification  qui  fut  faite  le  if.  Oétobre  pre- 
fèntmois,  dès  moïens  de  pouvoir  travailler  a  l'avancement  d'une  œuvre  fi  de- 
•firable ,  &  i\  necefTaire  au  repos  général  de  l'Europe.  Et  (on  déplaifir  a  été 
d'autant  plus  grand,  qu'il  craint  que  lors  que  Sa  Majefté  aura  été  informée  du 
refus  queL.L.  S.  S.  ont  fait  de  vouloir  entendie  Iesjultes  plaintes  contenues  au 
Mémoire  qui  a  été  inutilement  préfenté  6c  lu  par  fon  Ambaffàdeur  au-Penfion- 
naire  &  au  Prefident  de  fëmaine,  Elle  n'en  conçoive  un  mécontentement  plus 
•grand  qu'il  n'eft  à  fouhaiter,  6c  que  rapellant  fon  Ambaffàdeur,  elle  ne  pren- 
ne au  refte  des  mefures  moins  conformes  à  l'Intérêt  de  L.L.  S.  S.  qu'Elle  n'a 
fait  par  le  paffé. 

Le  fufmentionné  AmbafTadeur  du  Roi  fouhaite  de  tout  fon  cœur  que  Mef- 
fieurs  les  Etats  faffent  une  ferieufe  attention  fur  ces  chofes,  pendant  qu'il  en 
eft  encore  tems,  c'eft-à-dire  avant  que  S.  M.  ait  pris  des  réfolutions  finales 
fur  une  affaire  de  cette  importance. 

Et  .comme  il  eft  perfuadé  que  tout  ce  qui  a  été  fait  à  cet  égard,  n'eft  ar- 
rivé que  parce  que  L.L.  S. S.  n'ont  pas  été  pleinement  informées  des  cir- 


qu  après  ; 

cienne  correfpodance  eft  réciproquement  nécefîâire  aujourd'hui ,  Elle  ne  fe- 
ront plus  dificulté  de  donner  à  Sa  Majefté  les  fatisfaftions  qu'Elle  defire 
&  qu'Elle  eft  en  droit  d'attendre  de  leur  profonde  fageffe  &  de  leur  équité. 

On  trouva  à  propos  de  ne  rien  répliquer  à  ce  Mémoire,  afin  de  ne  pas  en- 
trer en  négociation  avec  cet  Ambaffàdeur,  6c  de  pouffer  la  réfolution  qu'on 
tétoit  difpofé  à  prendre  pour  la  conclufion  du  fécond  Traité  de  Partage.    .  . 

Pendant  cette  négociation  on  eut  des  avis  feercts  qu'on  formoit  des  pro- 
jets, qui  menaçoient  le  Nord  d'un  furieux  orage.  Le  Czar  en  retournant  de 
•fon  voïage  qu'il  avoit  projette  de  taire  en  Italie  ,  .pour  apaifer  dans  fon 
Pais,  le  remuement  des  StreJitz.^  s'aboucha  en  Pologne  avec  le  Roi  Auguste. 
Les  fuites  ont  fait  voir  qu'il  avoit  concerté  avec  ce  Prince  d'attaquer  la 
Suède.  Mr.  de  Lilienrooth  Ambaffàdeur  de  cette  Couronne  follicita  là-deffus 
l'Angleterre  6c  la  Hollande  à  taire  avec  fon  Maître  un  nouveau  Traité  d'Al- 
liance. Ces  Puiffances  avoient  déjà  fait  le  14.  Mai  i6p8.  une  Convention 
Préliminaire  de  la  manière  qui  fuit. 

,-Conven-  f~iUm  Sacra  Regia  Majcjîas  Suecia  &?  Ccl/t  ac  Prœpoîcntes  Domim  ordines 
tion  en-  ^_^  Qenerajes  fœderati  Belgii ,  vigore  articuli  feparati  rénovât ionis  fœderum 
Suède  Hoïïandia  die  12.  Februarïi  nuper  conclu  fa ,  con-vencrint  de  adhibendis  utriufque 
l'Angle-  efficacioribus  officiis ,  ut  facra  Regia  Majeftas  Mflgnœ  Britannia  cum  alie  me- 
terre  &  moratss  Partïbus  contrabentibas  talem  interioris  amkitia  &?  borue  corrcfpondentia 
landc°!*    necejjitudimm  ,  mutua  defenfionis  confœderationem  inire  velit  ,  quaUm  non  tan- 

tum 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T. 

iam  ipforum  fecuritati  convenirc,  fcd  &?  confervanda  Orbis  Cbriftiani  tranquil- 
litati  necejfarium  exifiimaverit  ,<*tf  quant  fœderationem  &*reciprocam  obligationem 
ineimdam  altè  memoratus  Britannia  Rex  poft  modumfe  accéder e  declaravil.  Mi- 
niflri  itaque  altè  memoratorum  Regum  £5?  Dominorum  Ordinum  Gencralium  Foe- 
derati  Belgii  plcnà  potefiate  muniti  ,nimirum  à  parte  Sacra  Regia  Majejlatïs  Bri- 
tannia ,  ltiu[iiïjjimus&  Excellent  iflimus  Dominas  Jofephus  Williamfon  Eques  Au- 
ratus  ,pradicla  Sacra  Regia  Majeflatis  à  Confiliis  intimas ,  ejufdemque  Legatus 
Extraor dinar im  &  Plenipotentiarius;  à  parte  Sacra  Règne  Majeflatis  Suecia^ 
Illuftrijjimus  £s?  Excellent  if/imus  Dominas  Nicolaus  Liber  Baro  de  Lillienrooth , 
ejufdemque  Régime  Majeflatis  Secretarius  Status ,  atque  ad  Celfos  £5?  Prapot  entes 
Dominos  Ordines  Générales  Foedcrati  Belgii  Legatus  Extraor  dinar  lus  &  Pleni- 
potentiarius ;  &  à  parte  Dominorum  Ordinum  Gêner alium  fœderati  Belgii ,  Domi- 
nus  Baro  deHeckeren,  Dominas  de  Niblechorft ,  Comitatus  Zutphanienfis  Prator, 
ut  £s?  Urbis  &  Agri  Silva  Ducis  Prator  fummus;  Jobannes  van  dcr  Does,  Ci' 
vitatis  Gaudina  Senator  £5?  Confularis  -,  Antonius  Heinfius ,  Dominorum  Ordinum 
Hollandite  £ï?  fVeftfriJJïa  Confiliarius  Syndicus ,  corundem  magni  Sigilli  Cuflos  £«? 
Feudorum  Prafes  ;  Petrus  van  Heecke ,  Dominas  de  Koukcrck  ,  Senator  Urbis 
Flijjinga-,  Jobannes  van  der  Does ,  Dominas  de  Bergenflein  ex  Ordine  Equeflri 
Provincia  Ultrajeclina  ;  Hejfel  de  Siminia ,  ad  Con/eJ/um  Dominorum  Ordinum 
Frifta  Deputatus\  Amoldus  Lemker^  Civitatis  Daventricnfis  Con/ul;  Ludolpbus 
Ludolpbi,  Civitatis  Groningenfls  Senator  ;  omnes  in  ConfeJJus  Dominorum  eorun- 
demDeputati  :  c'um  hîc  Haga-Comitum  inflitutis  Colloquiis ,  atque  poft  accuratam 
delibcrationem  animadverterint  banc  confœderationem  ita  comparatam  ejfe  ut  non 
facile ,  ex  omni  parte ,  tam  brevi  tempore  quodfibi  baie  opère  perficiendo  propofue- 
rant ,  abfolvi  pofjit ,  confultum  deinde  duxerant ,  vi  acceptorum  mandatorum ,  for- 
muli/que  eorundem  rite  commutatis  ,  ad  ineboandum  opus  tam  fàlutare ,  atque  pro 
fundamento  ejufdem  inprafens  de  tali  fœderis  atlu  gêner  ah  convenir  e  ,  prout  arti- 
culis  fequentibus  confiât. 

I.  Sit  amicitia  fida, ,  fincera  £<?  conflans  inter  Sacram  Regiam  Majeftatem 
Magna  Britannia ,  Sacram  Regiam  Majeftatem  Suecia ,  nec  non  Celfos  &  Prœ- 
patentes  Dominos  Ordines  Générales  fœderati  Belgii ,  qui  in  hujus  fœderis  defenfivi 
Leges ,  in  mutuam  fecuritatis  aftèrtionem ,  confentiunt ,  ad  utÙitatem ,  bonorem  £s? 
commoda  invicem  promovenda  Jefe  adflringunt ,  deque  adverfis  aliorum  conflliis  £5? 
rnachinationibus  tempeflive  pramonere  &  eis  avertendis  communi  auxilio  tueri 
promittunt. 

II.  Scopns  bujus  triplicis  fœderis  erit  non  tan! km  pro  altè  memoratorum  defett- 
fione  6?  fecuritate  amicitia  ;  fed  &  Pacis  tranquilitatifque  contra  quameunque 
aggrejfl'jnem  in  Europâ  ajfertio  atque  confervatio. 

III.  Ut  autem  altè  memorati  Fœderati  taniô  melius  convenire  pofjlnt  de  modo 
£5?  mediis  ad  obtinendam  l&nc  fcoptim  fpeclantibus ,  ftatutum  fimttl  efl  ,  ut  quant 
primant  demminentur  certi  Plenipotentiarii^  qui  nomine  altè  memoratorum  Regum 
emendationem  £s?  renovationem  fœderum ,  qua  antea  inter  Magna  Britannia  & 
Suecia  Coronas,  tùm  pro  flabilienda  arclioris  amicitia  neceffltudine  ,  tum  circà 
commercia  utrorumque  fubditorum  divin&a  funt ,  (ufeipiant ,  qua  tamen  rénovât io- 
nés  non  impedient ,  qub  minus  Miniflri  triinn  Fœderatorum  ,  quant ociùs  &  Jim 
alla  interpofttâ  morâ ,  adfumant  13  promoveant  negotiationem  de  componendis  omni' 

l'ont.  I,  E  bus 


^4       MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

bus  &  fwgulis  requifitis ,  quœ  triplicihuic  fœdcri  intègre  perficiendo  infcrvire  exi- 
fiimabuntur .  • 

IV.  Prxfens  autcm  convertit)  generalis  feu  bafis  folida  atque  incorrupta  prœfa- 
ti  fœdcris  defenjïve  trip/icisy  nufic  ftatim  initium  caplet ,  ità  ut  Ji  evenerit  borum 
Fœderatorum  aliquem  in  Regnis ,  Statibus  vel  Provinclis  fuis,  in  Europà  fitis, 
boftiliter  invadl,  eidem  reliqui  abfque  ullâ  excufatlone,  moràvel  prœtextu,  prœ~ 
fenti  auxilio  fuccurrant  ,  neque  ab  ijîo  auxilio  defiftant  antequam  parti  lœfis  ple- 
narle  fatisfatlum  fit. 

V.  T'eneantur  partes  contrahentes  confilia  fua  communie  are  atque  illas  potifiï- 
mum  rationes  invicem  inire ,  quibus  Pax  gêner  ails  confolidari  £5?  corroborari  queat , 
adebque  promittunt  re  ipfà  atque  efficaciter  mutuis  auxiliis  fibi  profpicere  contra, 
quameumque  aggrefilonem ,  quœ  tranquilitaten  in  Europà  turbare  pojfit. 

VI.  Nihil  derogabitur ,  hâc  conventione ,  IraSiatibus  vel  Fœderibus  inter  partes 
contrahentes  quovis  tempore  antehâc  conclufis,  fed  eadem  potius  in  integro  vigore 
fuo  permaneant. 

Vil.  Ratihabebitur  bac  Conventie  £ff  fiât  commutatio  formularum  Hagœ- 
Comitum  intra  tempus  [ex  feptimanarum ,  à  die  fignaturœ  computendarum  ,  vel 
citius  fi  fieri  poterit . 

In  quorum  omnium  fidem  £f?  robur ,  altè  memoratorum  Regum ,  uti  £s?  Celforum 
6?  Preepotentium  D.  D .  Ordinum  Gêner alium  fupra  ditli  Plenipotentiarii  hune 
atlum  Fœderis ,  cujusfex  inftrumenta  confecla  funt ,  fubfcripferunt  £5?  figillis  fiuis 
muniverunt.     Abtiini  Hag<e-Comitum  die  ~  Maji  1698.  ftgnatum  erat. 

(L.  S.)J.  Williamfon.   (L.  S.)  N.  Lillienrooth. 


(L.  S.)  Baro  de  Heckeren 

(L.S.)  J. 

vander  Does. 

(L.S.)  N 

Heinfius. 

(L.S.)  P. 

van  Heeckc. 

(L.s.yj. 

vander  Does. 

(L.S.)  H. 

Siminia. 

(L  S.)  A. 

Leraker. 

(L.S.)  L. 

Ludolphi. 

Les  Provinces  -  Unies  des  Pais -Bas  étoient  fort  portées  à  cultiver  l'amitié 
avec  la  Couronne  de  Suède.  C'étoit  fur  tout  par  raport  au  Commerce  de 
leurs  fujets  dans  la  Mer  Baltique.  Aufïï  dès  que  la  Paix  de  Ryswick  fut  fiite, 
remercïèrent-Elles  le  Roi  de  Suède  de  fes  foins  dans  cette  Négociation  ,  par 
une  Lettre  qui  fut  remife  au  Baron  àVIeeckcren,  qu'on  lui  dépêcha  à  Stockholm, 
en  qualité  de  Miniftrc  Plénipotentiaire.  Voici  en  quels  termes  cette  Lettre 
étoit  conçue. 

SERENISSIME  &c. 

^Ure  f~~\^od  pofitis  armis  ,  quibus  inter  fe  mi  fer  e  âccertabant  Cbriftïani  Principes, 
def  tats  V_^  pacem  habemus ,  quam  bodie  ratam  efji  jufferunt ,  qui  poflremi  earn  amplexi 
au  Roi  f uerant ,  ici  Régime  Majcfiatis  Fejlrœ  piis  cutis ,  £f?  faluberrimis  confdiis  Europà 
de  Sue-  débet  ;  &  nos ,  qui  pars  magna  fulmus  eorum ,  ad  quos  belli  calamitates  pertlnue- 
dc-         rinty  £5?  pacis  commoda  fpeclant ,  Regia  Majefiati  Feflns  acceptum  ferlmus ,  £s? 

gratias, 


ET    RESOLUTIONS    D'ETAT.  ?; 

grattas,  quant  as  pojfamus  maximas,  agimus:  opus  erat  arditum,  &?  ntultum  dif- 
ficile ,  conciliare  averfos,  &  longo  bello  exafperatos  Principum  animas ,  hoc  fa- 
mé» à  divo  Parente  fufceptum ,  Regia  Majefias  Vefira  citius  ,  quant  pr opter  rei 
magnitudincm  fperari  poterat ,  ad  optatum  finem  perduxit  ;  gloriofum  hoc  rêver â 
efi  Majeftati  Vefira ,  (3  feelicem  conjiliorum  fuorum  exitum  gratulamur ,  multum- 
que  gaudemus ,  quod ,  ita  dirigente  Divinâ  Provident iâ ,  J'alus  noftra ,  &?  tran- 
quillitas,  cum  immort ali  Regia  Majeftatis  Veftra  gloriâ  conjuncla  fit  ;  nonenim 
alius  qtufquam  efi ,  cujus  officus  Nos  magis  devintlos  ejfe  cupiamus.  Laudanda 
eiiam  Nobis  efi  Prudent  ia ,  Labor  ,  i3  Fides  Legatorum ,  qui  juffa  Majeftatis 
Veftra  in  hoc  Negotio  executi  funt ,  13  qui  Spart am  banc  tam  pulchrè  ornarunt , 
ut  nihil  àfe  defiderari  pafjï  fint,  quod  à  quoquam  fperare  fas  fit  ;  verum  ne  nimis 
longi  fimus ,  pluribus  gratitudinem  Noftram  ore  tenus  teliandam  dedimus  Plenï- 
potentiario  Noftro  Baroni  de  Heeùkeren,  13  Refidenti  Rumphio  ,  quos  ut  Regia, 
Vefira  Majefias  bénigne  audiat ,  amicè  rogamus.     Caterum  &c. 

Die  13.  Decembris  i6p 7. 

Pour  témoigner  à  ce  Roi  la  bonne  opinion  que  les  Etats  Généraux  avoient 
de  fa  généreufe  6c  Chrétienne  libéralité ,  ils  lui  écrivirent  aufli ,  une  année  a- 
près ,  une  Lettre  en  faveur  des  Réfugiez  François.  Par  laquelle  ils  rendoient  un 
authentique  témoignage  à  l'ardente  charité  des  Cantons  Evangeliques  de  la 
République  Helvétique  ,ainfi  qu'on  peut  le  voir  par  la  Lettre  même,  qui  fuit. 

SERENISSIME  &c. 

QUam  gravis  atque  crudelis  oppreffio  innumeram  hom'mum  Reformatant  Fidem  Lettre 
profitentium  multitudinem  aliquot  rétro  annis  ex  Galliâ  &?  Pedemontio  exe-  des  Etats 
grrit,  nec  Regia  Majeftati  Vefira,  nec  cuiquam  ignotum  ejfe  putamus  :  neminem  Gé^r: 
etiam ,  fi  auclores  tant  or  um  malorum  excipias,  qui  non  indigna  tôt  Fidelium  for-  ^  s°^ 
tis  mifereatur  ;  non  latet  etiam ,  quomodo  pracifâ  poft  pacem  non  ita  pridem  con-  de. 
clufant  ,  omni  de  redit u  in  patriam  fpe ,  quamvis  aliàs  exiguâ ,  ab  eo  tempore , 
tôt  exulantium,  qui  poft  habitis  pro  vero  Dei  cultu .,  patrià  ,  proximis  ,  opibust 
fort  unis ,  fc?  quidquid  in  terris  earum  haberi  folet ,  ubiqae  ferè  locorum  circum- 
aguntur  ,  multum  autla  fit  calamitas.     Inter  hos  autem  qui  maxime  laborant9 
Q  prafentiffimo  auxilio  indigent  ;  fefe  offert  ingens  illa  fratrum  multitudo  ,  quoi 
vicina  atque  conter  mina  G  allia  (3  Pedemontii  Helvetia  excepit,  &  haclenus  lau- 
danda &  imitanda  charitate  fovet  ;  horum  numerus,  uti  ad  Nos  relatum  efi  ,  ad 
oclo  ferè  millia  afcendit  ;    ad  quos  nuperrimi  acceffere  ,  paulà  minus  quam  tria 
milliaeorum,  qui  ex  Galliâ  oriundi  in  Vallibus  Alpinisjedes  fixeront ,  inde  rur- 
fss  emigrare  juffi  :   hune  tantum  populum  cum  arcla  nimis  Helvetia  fines ,  (3 
gentis  ind'tgena  abundantia  non  captant,  aut  diutiîts  ibidem  commorari  patian- 
tur,  digna  je  prabet  materia ,  in  qaa  Prote fiant ium  tam  Principum  quam  prtva- 
torum  pietas  (3  charitas  exerceatur;  nudi  enim  (3  egentes,  incertique  quas  novas 
fedes  ipfis  deftinarit  Divina  Providentia ,  folllcite  (3  anxiè  exquirunt.  Num  qu;s 
Prinepum  Evangelicorum ,  eos  in  aliquâ  terra  parte  loaue,  in  quâ  Deum  libère 
(3  rite  colère  ,   (3   manuum  labore  atque  induflrià  fibi  &  fuis  viclum  pantre 
queant ,  &  nùm  qui  eos  pecttniâ  &  attxiliis  ad  deducendas  colon  as ,  &  fiabihenda 

E  2,  no- 


3<î       MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

nova  domicilia,  neceffariis  adjuvare  velint,  quo  adjumento,  famé,  &?  inopiâ  ipjh 
pereundum  foret  :  nullum  dubitandi  locum  relinquit  eximia  RcLe  Majeftatis 
Peftra  pietas ,  quin  arumnis  atque  calamitatibus ,  tant a  multitudinis  commota, 
cum  aîiis  Principibus  fratribufque  Chriftidnâ  charitate  incenfts,  b'ifce  miferis  fuc- 
currere  cupiat  &  Nobifcum  cenfeat,  caufam  eorum,  qui  oh  rejctlos  errores  &  fa- 
parftitiones  Pontificias,  tam  dira  patiuntur ,  aque  fpetlare  ad  Mines  Prote fiantes , 
atque  communibus  facultatibus  corum  ind'gentiœ  &  neceffïtati  occurrendumjjfe , 
fie  enim  ex  conjunclis  contributionibus  majiis  ipfi  folatium  Contient ,  &?  plmibus 
Jlipem  confèrent ibus,  minus  gravis  erit  erogatio.  Nojlra  quidam  terra  tam  an- 
gttjlis  circumfcribitnr  limitibus  tôt  que  replet  a  eft  ex  Gai  lia  Relig'anis  caufà  profu- 
gis,  ut plures  alere  nequeatytàm  difficilis pr<etercàï3 fingularis ob  foli  iniquitatem 
eft  agri  cultura,ut  operam  in  eâ  perdant,  quotquot  uberiorem  glebam  vertere  af- 
fuetifunt ,  qudpr opter  fifub  imperio  Regia  Majeftatis  Vefira%prapertim  in  pro- 
vinciis  ejus  Germanicis ,  major  daretur  opportunitas ,  Regiam  Majeftatem  Veflram 
enixe  rogamus,  velit  huic  genti  afflicla  vel  parti  corum  terras ,  ubi  domicilium 
ftatuant,  largiri;fm  minus, cam  apud  Principes,  in  quorum  ditione  extat  talis  op' 
portunitas,  intercefiione  &  favore  juvare,  ut  ab  iis  jlationem  aquar.i  impetrent ; 
quod  autem  pracipuum  eft ,  ut  pro  Regiâ  Majeftatis  Veftra  pietate,  munificen- 
tiâ  6?  liberalitate  eganis  £f?  miferis  bifee  fidelibus  ,  pecuniâ  £s?  opibus  longâ  pace 
florentifjîmis fubvemat  yne  tôt  tempeftatibus  jaclati  in  extremis,  ut  nunc  Junt ,an~ 
guftiis  diftituantur ,  nobis  quoque  in  animo  eft  ubi  certum  quid  cognoverimus  de  lo- 
co ,  ubi  errorum  finem  bac  pia  gentis  examina  invenient ,  iis  opem  Noflram 
pro  facultatibus ,  graviffimo  bcllo  multhm  atiritïs,  conferre  &?  Regiam  Maje- 
ftatem Veflram  aqui  bonique  confulturitiu  confidimus  ,  quod  nullà  re  moti  njfi 
pio  ergà  fratres  cum  inopiâ  6?  mtjeriis  colluclanies  affeïlu  ,  eos  Regia  Ma'e- 
ftatis  Veftra  favori  (J  benefidentia_comœenda;nus.     £htod  r  eft  a  t.. 

Sereniiîime  &c. 

Ilig.c-Comit.  die  6.  Nuvembris  169S. 

Le  Baron  a'Pckawt  8c  le  Refidèat  Rumpf  aplanirent  à  la  Cour  de  Suède 
îe  contenu  du  Traire  (uivant,  qui  tut  cnliiite  ligné  à  la  Haïe  le  23.  Janvier 
170.0.  avecfîx  Articles  fecrct's. 

Traité     /~\Uandoquidem  Sacra  Regia  Majcftas  Suecia,  Sacra  Regia  Majeftas  Magna 
entre  la    V^  Brittannia ,  &  Celfi  ac  Prapotentcs  Domini  Ordincs  Générâtes  Fœderati 
Suède,     Belgii,  eo  îratlatu  ,   qui  f;  Maji  i6p3.   Haga-Comitum  conclu  fus  &  fignatus 
terre  &  fult  '  mittt,<e  defenftonis  Confœderationem  iniei  int ,  tàm  ad  prajlandam  Rrgns  , 
kb  Etats  Statibus  ,  £5?  Ditionibus  Partium  contrabentium  fecuritatem  ,  quant  ad  confier* 
Gàaéti     vandam  in  Orbe  Cbriftiano  pacem  &  tranqui  Hit  aient  ;    cumque  vigere  Articule 
tertii  ejufdem  Traclaius  nominandi  fuerint  ab  unâquàque  parte  Minflri  (J  Ple- 
nipotentiarii ,  ad  promovenda    13   componenda    omnia    &  fingula  ,  qua  intégré 
perficiendo  eidem  Fœderi  infervire  poff'e  exiftimarentur.    Proptcrcà  atque  eum  in 
iinem  Sereniff.  ijj  Patent.  Princeps  £jf  Dominus  Carolus  XII. ,  Dei  Grztiâ  S:ie- 
■•orum,  Gotbcmm,  Fandalorumque  Rex  &c.  &V.  &c.ScreniJf.  &  Patent.  Prin- 
ceps 


ET    RESOLUTIONS    D'ETAT.  37 

ccpi  (3  Dominus  Guliehms  III.  eâdem  Dei  Gratta,  Magna  Britannia  Francis, 
(3  Hiberuia  Rex  (3c.  (3c.  (3c.  Àtque  Cclfi  (3  Prapotentes  Domïni  Ordines  Ge-  ■ 

ncralesUmti  Belgii,  wmtnavcnint  (3  conflit tter uni  Plempotenîiarios  fuos  ;  Ici- 
licet  Ren  Sueciœ  IlluftriJJimum  (3  Excellentiflimum  Dominum  Nicolaum ■  Liber  im 
Baionem  de  Lillienroth  (3c.  Rex  Magna Britannia Illuftrijfimum  (3  Excellentif- 
f.mum  Domlutmjofephum  PVilliamjon ,  Equitem  Auratum  ,  (3  c.  Et  Domini 
Ordines  Générales ,  Dominos  Jehamiem  ab  EfJ'en  ,-(3c.  Francifcum  de  Breeden- 
hof  ■■  (3c.  Âstonlum  Heinfiinii ,  (Je.  GûlieTîkum  de  Najfau ,  (3c.  Evcrbardum 
de  JVeede,  (3c  Gulielmum  de  Haaren,  (3c.  Ariiokh:m,'Lem!ar,  (3c.  (3  Ludol- 
phum  Gôckinga  ,  omîtes  -in  Confefju  eontndem  Députât  as  ,  --qui,  vr  Pote  liât  is 
ipfis  concefile  ,   (3   mandatât \um  fiuorum ,  in  fequentes  Faderis  Legcs  convene- 

runt.  ,, 

I.  Primb  mancat  in  vigore  fuo  TraSatus  Confœderationis  die  ~  Maji  169S. 
Conclu/us,  (3  vi  prafentium  confirmetur  ,  eodem  modo  ac fi  de>verbo  adverbum 
hic  infertus  effet.  _ ,       •     _ 

II.  Itidem  intégra  (3  in  vigore  fuo  maneakt-cun&a  Fœdera  ,  tam  inter  ait'tjji- 
mè  mumoratos  Reges  invicem ,  quant  inter  fingulcs  corundem  cnm  altiffimè  mémo- 
ratis  Dominis  Ordinibus  Gcneralibtts  Uniti  Belgii  'mit a,  unum  quoique  fecundum 
tempus  durationis  eidem  prafixum. 

III.  Htec  autem  Fœdera  locum  habcant ,  non  folummodb  in  cafibus  inibi  com- 
prehenfis  (3  determinatis  ,  verùm  etiam  fpeciàtim  fi  contingeret  unum  vel  pl'u- 
res  jam  nominatorum  Fœderatorum  (3  Contrahentium  invadi  ,  occafione  hujus 
f céder is ,  fub  -quoeumque  colore  velprœtexttt  id  fieri  pojjit. 

IV.  Ideàque  fuprà  memorati  Contrahentes  fponftonem  ,  (3  garantiam  recipro- 
cam  in  fe  fiufcipiunt  Regnorum ,  Statuum,  Provinciarum ,  Ditiomm  (3  Terra- 
rum  fuarum  in  Europâ,  feque  invicem  omni  meliori  modo  contra  aggrejfïones,  in- 
fejïationes ,  vel  oppreffiones  hodiles  quafeunque  tueri  promittunt  ;  quamprimiim 
itaque  unus  Confœdcratorum  lacejjitus  fuerit ,  ambo  reliqui  concunant  ad  eum 
defendendmn ,  fecundum  Leges  Tiaclatuum  cum  eodem  initorum  ,  Ut  &  ex  Lege  hu- 
jus Fœderis  commuais -,  quod  fi  auxilia  per  ho/ce  'Fraclatus  promi/fa  ,  non  fiuffi- 
cerint,  omnes  vires  pojjtbiles  &  Ncceffariœ  adhibeantur  ad  defendendmn  eum, 
qui  provocatus  fuerit ,  (3  ad  et  procurandum  juftam  fatifatlionem. 

V .  Q uoniam  autem  altiffimè  memorati  Fœderat i  exifthuaverint  fecuritatem  Regno- 
rum, Statuum,  Provinciariu-m,  Ditionum,  (3  Terra rum  fuarum  magnam  par- 
tem  conftitutam  efje  in  confervatione  pacis  generalis  inter  Principes  Chrifiiams  , 
Illorum  magnoperè  inter  fit ,  ne  per  opprejfiones  (3  aggreffiones  etiam  alibi  f  atlas, 
eorum  Régna  ,  Status  atque  Provincia  traclu  temporis  turbentur  ,  (3  cum  aliis 
bello  involvantur ,  proptereà  fibi  invicem  promiferunt  (3  hifice  promittunt ,  fe 
tuituros  (3  vindicaturos  fpeciàtim  Tratlatûs  fiequentes. 

VI.  Scilicet  Pacem  Qfnabrugcnfem,  Monafterienfem ,  Ao.  1648.  (3  Pacem 
Neomagetifem ,  Ao.  1678.  cjr  1679.  ut  (3  Traclatum  Pacis  inter  Imperatorem 
&  Imperium  atque  Regnum  G  allia ,  Ryswici  die  20.  Oclobris  Ao.  169J.  cmi- 
clufum ,  quatenhs  hic  non  dificrepat  à  T'raclatibus  Pacis  Ofnabrugenfis  ,  Mena- 
fifrienfis  (3  Neomagenfis . 

VII.  Sicuti  (3  Traclatus  Pacis  Rysïvki  conchtfos  ao.  Septembris  1697.  ut- 

E  3  tet> 


1700- 


38       MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

1700.     ter  Regem  Magna  Britannia  &  Regem  G  allia,  &?  Dominos  Ordines  Générales 
■  Uniti  Belgii. 

VIII.  Ut  autem  hac  fponjîo  five  Garantia  efficacicm  fc?  effeclum  fuum  fortia- 
tur,  altiffimè  memorata  partes  contrabentes  omnem  opérant  impendent ,  ut  pacla 
fuperkribus  Articulis  recenfita  abfque  ttllâ  violatione  farta ,  tecla  maneanî ,  fin  au- 
tem quocunque  modo  infringi  vel  violari  contigerit ,  feparathn  atque  conjunclim, 
via  &?  mediis  amicabilibus  annitentur  ad  obtinendam  reparationem  facile  vio- 
lationis  &  infraclionis  eorundem  Traclatuum  Pacis;  Fer  km  fi  hi  conatus  & 
Officia  inutiles  caderent ,  vel  fi  bellum  excitaretur  ,  antequam  partes  conci- 
liari  pojffent  ,  fingu/i  Fœdcratorum  ad  prajlandam  modo  diclam  fponfionem  fi' 
i/e  Garantiam ,  &  ad  obtinendam  reparationem  violationis  &?  infraclionis  me' 
moratorum  Traclatuum  Pacis ,  dabunt  fex  Mille  Milites ,  quantociks  unus 
Fœderatorum  eos  pojlulavcrit ,  vel  id  neceffarium  duclum  fuerit ,  idque  do- 
uée violationes  &  infracliones  facla ,  fuerint  reparata ,  &*  Pax  refiituta 
fuerit. 

IX.  Ita  tamen  ut  hi  fex  Mille  Milites ',  non  nift  femel  à  quovis  Confœderato- 
fum  in  auxilium  exigi  poterunt ,  adeb  ut  fi  uni  Fœderatorum  mifi  fuerint  vir- 
tute  bujus  Fœderis  communis ,  praterea  alii  mittendi  non  fint ,  fed  Confœde- 
rati  inter  fe  convenient  de  loco  ubi  Us  maxime  neceffarium  erit. 

X.  ^uod  fi  quis  Fœderatorum  ,  cafu  exigente  ,  alteri  prafiiterit  auxilia  , 
Paclis  peculiaribus  flipulata  ,  five  in  totum,  five  ex  parte,  tune  non  tenebifur 
eidem  Fœderato  prafiare  auxilia  ex  capite  hujus  Fœderis  communis ,  nifi  refi- 
duum  ejus  ,  quod  fupererit  numéro  auxtliorum  ex  Fœdere  cemmuni ,  numerum  in 
Fœdere  peculiari  déterminât um  excédât. 

XI.  Sed  fi  contigerit  hac  auxilia  non  fufficere  ad  ftabïliendam  Pacem,  vel  fi 
pranominati  Fœderati  ,  vel  eorum  aliquis  bello  etiam  involvatur ,  e ô  cafu  agent 
Fœderati  inter  fe  de  augendis  auxiliis ,  fecundum  ea  qua  contenta  funt  in  Articulo 
quarto  hujus  Fœderis. 

XII.  Obftringuni  etiam  fe  Fœderati  ,  fe  non  daturos  auxilia,  vel  opem  latu- 
ros  hofiibus  eorum ,  vel  illius ,  qui  bello  implicitus  fuerit  ,  fed  e  contrario  fe  in- 
cubituros  in  boc  ut  ejus  vires  diminuant ur  ,  eumque  in  finem  Fœderati  confilia 
confèrent',  an  non  Commercia  cum  hoflibus  Fœderatorum,  vel  hœderati  ,  prebi- 
beri,  vel  alio  modo  taies  ho  fies  debilitari,  &  omnis  acccffio  virium  eorum  impe- 
diri  pofjit. 

XIII.  Cafu  eveniente  ,  quo  antediSa  auxilia  certum  in  locum  miltenda  fint , 
Fœderati  fimul  opérant  navabunt  ad  facilem  &  fecurum  reddendum  militum  tran- 
fitum  ,  ad  quem  obtinendum  officia  adhibebunt  apud  Principes ,  quorum  terra 
tranfeunda  erunt. 

XIV.  Mentor at a  Copia  militares  in  auxilium  :niffa,  quemadmodum  jam  die- 
tum  eft  ,  fint  fub  Imperio  Ducis  vel  Generalis  Fœderati  réquifili  ,  manebunt 
quoque  in  uno  eodemque  exercitu  juncla  ,  quafenus  ratio  bclli  tulerit ,  Dux 
autem  jam  dicliis  Prafeclo  vel  Gênerait  Requirent is  parère  tenebitur. 

XV.  Hi  Confœderati ,  qui  Bello  implicabuntur ,  finecrè  &  fideiiter  omnia  qua 
geruntur  invicem  communicabtint ,  nec  ullam  Négociai ioitem  fufctpient  ,  nec  indu- 
das  aut  Pacem  facient ,  ab/que  mutuo  confenfu. 

XVI. 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.  $o 

XVÏ.  Confèrent  itidem  de  omnibus  cum  eo  Fœderatorum  qui  bello  involutus  1700. 
non  fuerit ,   eumque  etiam  comprehendent  m  Traclatu  Pacis  futur œ  ,  CS?  inte-       - 
reà   cum  eo  communicabunt  de  modo ,   quo  auxilia   miffa   maxime  utilia  effici 

queant.  ««■.■,         j         r      r 

XVII.  Licitum  fit  aliis  Regibus  ,  Principibus  &  Statibus  ad  prœfens  Fœ- 
dus  accedere  ,  quatenus  ïllorum  accefio  ad  promovendam  &?  ajferendam  tran- 
quillitatem  publicam  conducere ,  communi  Confœderatorum  conjenfu ,  utilis  judi- 

cabitur.  -  '". 

XVIII.  D tiret  hoc  Fœdus  in  annos  otlodecim  :  fcr  permutabuntur  Tabula 
Ratificationum  Hagœ-Comitum  mira  fpatium  dttorum  vel  trïum  menftum  ,  vel 
citiùs ,  fi  fieri  poterit. 

In  quorum  fidem  Nos  fupramemorati  Plenipotentiarii  prœfens  Fœdus ,  cujus  /ex 
inflrumenta  confekla  Jiin't ,  fubfcnptionibus  Ù  figillis  Nojiris  munivimus  ,  fcilicet 
Ego  Nicolaus  Liber  Baro  de  Lillienroth  pro  Rege  Sueciœ ,  Hagœ-Comitum. 
die  r,  Januarii  Ao.  1700.  Ego  Jofephus  IFilliamfon  pro  Rege  Magna  Britan- 
niœ] '  Londini  die  ~  Januarii  Ao.  1700.  £j?  Nos  Députât i  Dominorum  Ordinum 
Generalium  pro  iifdem,  Hagœ-Comitum  die  -  Januarii  Ao.  1700. 

(L.  S.)  N. Lillienroth.    (L.  S.)  J.  WiUiamfon.    (L. S.)  J.  v.  EfTen. 

(L.  S.)  Fr.  v.  Breedenhof 

van  Oofthuyfen. 
(L.S.)  A.  Heinfius. 
(L.S.)  W.de  Naflàu. 
(L.S.)  E.  de  Weede. 
(L.S.)  W.  van  Haaren. 
(L.  S.)  Ar.  Lemker. 
[L.  S.)  S.  L.  Gockinga. 

Articuli  Separati  Secretî. 

QUaudoquidem  hodiè  Fœdus  defenfivum  condufum  fit  inter  Sacram  Regiam  Ma- 
jefiatem  Sueciœ ,  Sacram  Regiam  Majeftatem  Magnœ  Britanniœ ,  &  Cclfos 
acPrœpot entes  Dominos  Ordines  Générales  Uniti  Belgii ,  ai  que  in  re  communi  vifum 
fuerit,  eidem  quofdam  addere  Articulos  ,  qui  ejufdem  fint  valoris,  ac  fi  in  ipfo 
Traciatu  exprefii  forent ,  itaque  conventum  eft  tenore  fequenti. 

I.  Tueantur  é?  vindicent  altifiïmè  memorati  Faderati  non  folum  Pacem  £5? 
Tratlatus,  quorum  mentio  facla  in  Articulis  6.  &?  7.  Fœderis  Piincipalis,  fed 
ctiam  prœtereà  Traclatum  Pacis  inter  Reges  Galliœ  &  Hifpamarum  die  xo.  Sep- 
tembris  1 697.  Rysivici  condufum. 

II.  Si  Rex  Magnœ  Britanniœ  &  Domini  Ordines  Générales  adacli  fue- 
rint  bellum  fufcipere  pro  vindicatione  five  Garantie  Pacis  Ryswicenfis  ,  eo 
cafu  ,  Rex  Sueciœ  obligatus  erit  ,  loco  fex  mille  miliium  ,  in  Articulo  otla- 
vo  TracJatûs  Principalis  memoratorum  ,  Us  auxilium  prœbere  decem  milita 
railitum  ,  veflitorum  ,  £5?  benè  armât  or  um  ,  cum  adjunclis  tormentis  cam- 
fefiribus  neceffariis  ,  nec  quicquam  Rex  Magnœ  Britanniœ  aut  Domini  Or- 
dines Générales  folvent  pro  honm    deleclu  &   tranfmiffione  ,  fed  is  ,    qui 

lias 


4o       MEMOIRES,  NEGOTI ATIONS,  TRAITEZ, 

1700.     bas  Copias  a -.s M <.'.■■  es  rcqufh-crit ,  ab  eo  tempore^  quo  ex  Stationibus  Pomerania 

• &  Bvehmœ  c -devint,  ad  itcr  wgrediendum^  eofdem  fuftentabit  ,  &  ftipendia  iif- 

<lem  prabebi! ,  fecundum  normam& modum  in  folutione  militia  Dominorum  Or di- 
num  Generaliam  ufitatum  ;  &  iiberum  erit  bis  Copiis  omni  temporc  fupplementa 
légère  in  Regnis  G?  'terris  Sacra  Regia  Majeftati  Suecia  fubjetlis. 

III.  Nuilus  Fœderatorum  obligatus  fit  promijja  auxiliu  mittere  in  Italiam, 
Hifpaniam,  vel  in  alla  loca  .equè  ant  longius  remota,  fed fi  requirens  ibidem  fup- 
petiis  opus  babtierit ,  aliundreafdem  accerfet ,  intérim  autcm  uti  poterit  prafatis 
auxiltaribns  copiis  in  'Terris  inagis  vicinis  vel  propriis ,  tàm  ad  hoftem  divcrten- 
dum ,  quàm  ad  fui  &?  Fœderatorum  fuorum  defenfionem. 

IV.  ghicmadmodum  etiam  alïiffimè  mcmoratis  quàm  maxime  cordi  ejl  tran- 
quillitas  in  Septcutrione ,  cumque  ei'.m  in  finem  finguli  feparatim  jam  antehàc  Je  Fi- 
dejujfores  &  ^indicés  conflit uerint  Tratlatûs  Altcnoenfs  intcr  Regem  Dama  & 
Ducem  Holfatia-Gottorpienfis  ccnclujï  ,  atque  exifliment  ab  objervatione  bujus 
Tratlatûs  magnâ  ex  parte  pendere  modo  indigitatam  tranquillitatem  in  Septentrio- 
fie ,  itaque  conftdtum  efi'e  duxerunt ,  hoc  ip/o  de  novo  fefe  invicem  objlringere  ad 
Vindicationem  five  Garantiam  ditli  Traclatus  Altenoenfis^  &  bac  Vindicatio  five 
Garantia  pro  flaîu  prefenti  locum  babebit  contra  quamcunque  aggrejjionem  &  viam 
fatli,  remit  tatur  autem  Controierfia  inter  Regem  Dania  &  Duce  m  Holfatia- 
Gottorpienfis  ad  Negotiationem  Pinnenbergcnfem  ,   ut  ibi  terminetur  quantociùs 

fieri  pofjit. 

V.  Huic  Fcederi  accedere  poterunt ,  fi  ita  Ipfis  vi/um ifuerit ,  Imper ator  &  Rex 
Hifpania ,  tanquam  ii  ad  quos  Vindicatio  five  Garantia  Pacis  Rysivicenfis  non 
minimâ  ex  parte  pertinet ,  &  cum  iis  de  conditionibus  convenietur. 

VI.  Rex  Magna  Britannia  {§  Domini  Ordines  Générales  [pondent ,  fe  omnem 
diligent  iam  £5?  operam  adhibituros^  ut  Rex  Hifpania  Régi  Suecia  folvat  ^  quan- 
tum debebitur  pr  opter  Naves  Suecia^  bellis  pracedentibus ,  àfubditis  Régis  Hif- 
pania injufle  captas. 

In  quorum  fidem  Nos  Infrafcripti  Lcgati  Extraordinarii  &  Plenipotentiarii 
Regum  Suecia  &  Magna  Britannia ,  £5?  Députât i  Dominorum  Ordinum  Gene- 
ralium  Uniti  Belgii ,  nominati  in  Traclatu  Principali ,  articulas  hos  feparatos^ 
quorum  fex  inflriimenta  confetla  funt ,  fubfcriptionibus  &  Sigillis  Nofiris  munivi- 
tnuS)  Scil.  Ego  Nicolaus  Liber  Baro  de  Lil/ienrotb,  pro  Rege  Suecia ,  Haga- 
Comïtum  die  -  Junuarii  Ao.  1700.  Ego  Jofeph.  Williamfon  pro  Rege  Magna 
Britannia  ^Londini  die  -  Januarii  Ao.  1700.  £5?  Nos  Deputati  Dominorum  Or- 
dinum Generalium  pro  ïifdem ,  etiam  Haga-Comit.  die  j-j  Januarii  1700. 

(L.  S.)  N.  Lûlienroth.    (L.  S.)  J.  Williamfon.    (L.  S.)  ].  v.  EfTen. 

(L.S.)  Fr.  v.  Breedenhof 

van  Ooithuyfen. 
(L.S.)  A.  Heinfius. 
(L.S.)  W.de  NaJTau. 
(L.S.)  E.  de  Weede. 
(L.  S.)  W.  van  Haaren. 
(L.S.)  Ar.  Lemker. 
(L.S.)  S.  L.  Gockinga. 

La 


ET    RESOLUTIONS    D'ETAT.  41 

La  Ratification  de  ce  Traité  ne  fut  échangée  par  i'Ambàiïàdeur  de  Sue-    1700. 
de  que  vers  la  fin  du  mois  de  Mars  fuivant.     En  ce  tems-là  on  reçût  un  dé-  '. 

tail  de  ce  qui  étoit  arrivé  à  l'Ambafradeur  de  France  à  la  Porte  ,  en  allant  à 
l'Audience  du  Sultan.  Quoique  cette  affaire  rie  foit  pas  fort  interefTante  pour 
le  public,  elle  Tell:  néanmoins  allez  pour  les  Cours  &  leurs  Miniftres  ,  relati- 
vement au  Cérémonial,  qui  eft  un  point  fort  délicat,  &  qui  fouvent  eft  une 
feabreufe  pierre  d'achopement.  C'eft  pourquoi  on  en  raportera  ici  la  re- 
lation. 

LE  f.  Janvier  1700.  Mr.  de  Ferioles  AmbafTadcur  de  France  à  la  Porte  Ce  Relation 
rendit  de  grand  matin  à  la  Marine,  accompagné  des  Gentilshommes   de  dececlui 
fa  Mailbn  &  de  la  Nation.    Il  avoit  donné  de  fi  bons  ordres  que  tout  ion  cor-  j^c  pg. 
tege  fut  afiemblé  dès  le  point  du  jour  qui  fut  très-beau.  riol'es 

Loriqu'il  fut  paffé  à  Conftantinople  avec  toute  fa  fuite  ,    il  y  trouva  le  Ambaf-. 
Chiaoux  Baffi,  40.  Chevaux,  80.  Janiflàires  6c  fo.  Cavaliers,  que  la  Porte  y  j\dpUr 
avoit  envoïez,  fans  comter  60.  Chevaux  que  l'AmbaiTadeur  y  fit  trouver  par  ceàfon" 
fes  ordres.  Audien- 

Ces  JaniiTaires  marchèrent  deux  à  deux  :  en  tête  il  y  en  avoit  fix  de  l' Am-  ce  *  la- 
bàfiàdeur  ;  ion  Maître  d'Hôtel  à  Cheval}  fix  Valets  de  Chambre  à  pied,  6c  Portc'' 
une  partie  de  fa  Maifon.  Vingt  &  cinq  Valets  de  pied  vêtus  d'une  magnifi- 
que livrée  précédoient  à  pied  les  Dragomans  ou  Interprêtes ,  à  Cheval.  Les 
Gentilshommes  plus  richement  vêtus  les  uns  que  les  autres  marchoient  avec 
tant  d'éclat  6c  en  fi  bon  ordre,  que  les  Turcs ,  dont  les  places  6c  les  rués  é- 
toient  toutes  remplies  étoient  charmez  de  cette  Cavalcade. 

Le  Chancelier  marchoit  devant  les  Chiaoux ,  dont  le  Chef  voulut  avoir  la 
droite  fur  l'AmbaiTadeur  ;  mais  voïant  qu'il  ne  pouvoit  en  venir  à  bout,  il 
aima  mieux  paflêr  devant  à  la  fuite  de  fes  Chiaoux.  L'AmbaiTadeur  avoit  fix 
Eftafiers  autour  de  fon  Cheval  proprement  vêtus  à  la  Turque.  Quatre  Ca- 
pitaines marchoient  deux  à  deux  avec  les  Officiers  6c  les  Gardes  Marines ,  dont 
le  nombre  avoit  été  fixé  à  trente.  Toute  la  Nation  les  fuivoit  à  Cheval. 
De  forte  qu'il  y  eût  plus  de  500.  Hommes  très  bien  montez  ,  car  la  Nation 
avoit  fes  Chevaux,  6c  100.  Hommes  à  pied,  dont  la  marche  fut  très  bien  ré- 
glée vers  les  murs  de  la  Porte  du  Serrail ,  qui  eft  allez  aparente.  Il  y  a- 
voit  un  concours  de  Peuple  extraordinaire  ;  St  comme  il  faloit  y  monter  par 
une  hauteur ,  les  Turcs  eurent  un  plaifir  extrême  de  voir  venir  de  loin  ce 
Cortège. 

Quand  on  eût  gagné  la  première  porte  du  Serrail ,  l'on  traverfa  à  Cheval 
une  longue  Cour  où  l'on  mit  pied  à  terre.  On  en  paffa  une  féconde  à  pied 
pour  aller  au  Divan,  qui  eft  à  gauche  des  apartemens  du  Grand  Seigneur. 
Plufieurs  Officiers  de  la  Porte  dans  leurs  Habits  de  pompe,  un  long  bâton 
d'argent  à  La  main  vinrent  recevoir  I'Ambàiïàdeur  à  la  féconde  Porte.  A 
peine  eut  on  pafTé  cette  féconde  Cour,  qui  eft  environnée  de  Galeries,  6c 
dont  le  chemin  eft  bordé  de  barrières ,  que  4000.  JaniiTaires  qu'on  y  avoir, 
fait  trouver  pour  cette  Audience, coururent  à  perte  d'haleine  vers  le  chemin, 
•où  on  avoit  jette  quantité  de  pain,  6c  d'ecuclles  pleines  de  ris.  On  fut  agrea- 
T'm.  I.  F  y^ 


4i       MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

1700.  blement  furpris  de  cette  imiption  imprévue  ,  qui  fe  fit  d'abord  qu'on  eût 
"  pafle. 

On  avança  à  la  Salle  du  Divan,  qui  eft  le  lieu  où  les  Miniftres  s'aflêmblent 
pour  y  juger  des  différais  des  parties.  Ce  lieu  eft  de  plein  pied,  joignant  une 
gallerie,  qui  environne  les  Bâtimcns  du  Grand  Seigneur.  Sa  voûte  eft  toute 
dorée,  Se  remplie  de  Caractères  Turcs.  Il  y  en  a  une  autre  ,  qui  n'en  eft 
feparée  que  par  des  barraux  de  bois  ;  c'eft  où  les  Officiers  fubalternes  s'af- 
foient  fur  des  tapis  contre  terre.  Le  bas  de  la  Salle  du  Divan  eft  couverte 
d'un  Tapis.  11  y  a  trois  bancs  couverts  d'étoffe  de  foie.  Celui  du  milieu 
fur  lequel  le  Grand  Vifir  eft  aflîs,  eft  couvert  d'un  tapis  de  velours  cramoifi 
bordé  d'or.  Au  milieu  fur  la  tête  du  Grand  Vifir,  il  y  a  une  petite  fenêtre 
quarrée  en  forme  de  jaloufie,  d'où  le  Grand  Seigneur  entend  &  voit  tout  ce 
qui  fe  paffe  dans  le  Confeil.  A  la  droite  du  Grand  Vifir,  il  y  avoit  trois  Vi- 
firs  à  trois  queues  dont  le  premier  &  le  troifiéme  étoient  Beaufrères  du  Sul- 
tan. A  la  gauche  étoient  les  deux  juges  d'Europe  &  d'Afie.  Le  premier  de 
ces  juges  avoit  un  Turban  vert ,  tout  différent  des  autres  par  fon  exceffive 
grandeur.  Ce  juge  defeend  de  Mahomet.  Le  fécond  avoit  aufiî  un  Turban 
de  la  même  façon,  excepté  qu'il  étoit  blanc.  Sur  les  bancs  des  deux  cotez 
étoient  les  Tréforiers  d'une  part  &  fon  Lieutenant  tenoit  la  place  de  celui 
qui  paraphe  ,  6c  qui  étoit  abfent  à  caufe  d'une  indifpofition.  Le  Grand  Vifir 
avoit  un  Turban  de  cérémonie  ,  comme  les  autres  Spahis  &  Officiers  vêtu 
d'une  Vefte  blanche  doublée  de  Martre  Zibelline,  qui  étoit  bordée  d'un  fa- 
tin  vert,  &  il  avoit  une  groffe  Emeraude  au  doigt.  Les  3.  Spahis  qui  font  Vi- 
firs,  avoient  une  Vefte  verte  doublée  de  Zibelline  par  deffus  une  Vefte  de 
Satin  blanc.  Les  autres  en  avoient  de  couleur  de  gris  de  lin  &  rouge.  Les 
Turcs  ont  une  gravité  dans  leurs  vêtemens ,  qui  joint  à  un  grand  filence 
qu'on  garde  dans  les  cérémonies ,  impofe  un  refpeér.  tout  particulier.  Auffi- 
tôt  que  l'Ambafladeur  fut  entré  par  la  porte  de  la  Cour,  le  Grand  Vifir  en- 
tra dans  le  même  tems.  L'Ambafladeur  étoit  fur  le  Tabouret  qui  étoit  à  la 
droite  du  Vifir.  Mauro  Cordato,  qui  avoit  été  deux  fois  Plénipotentiaire, 
ôcdont  l'office  eft  de  premier  Drogueman  de  la  Porte  par  furvivance ,  étoit  de 
bout  à  côté  de  l'Ambafladeur,  qu'il  entretenoit,  pendant  que  le  Grand  Vi- 
fir donnoit  Audience  à  quelques  Turcs,  qui  plaidoient  eux-mêmes  leurs 
caufes. 

Onrenvoïales  affaires  aux  Cadifleskers,  qui,  quoique  fubalternes,  jugent 
Se  décident  tous  les  différons,  fuivant  la  coutume  du  Pais. 

Apres  quelques  jugemens  rendus,  il  falut  dîner.  On  ne  fit  pas' grande  fa- 
çon. On  aporta  4.  Tables  devant  les  Vifirs,  &  les  Officiers  qui  traitoient. 
L'Ambafladeur  mangea  ici.il  avec  le  Grand  Vifir ,  &C  s'aflît  direclrement  de- 
vant lui  au  deflbus  de  la  jaloufie, d'où  le  Grand  Seigneur  eût  le  loifir  de  con- 
fidérer  cette  cérémonie.  Mauro  Cordato  lui  fervoit  de  Drogueman  pendant 
le  dîner.  L'Ambafladeur  lava  dans  un  Baflîn  d'argent,  ôc  le  Grand  Vifir  lava  en 
même  tems  dans  un  Baflîn  de  cuivre,  car  les  Turcs  ne  fe  fervent  point  de 
Vaiflelle  d'argent.  La  Table  étoit  en  forme  de  Baflîn  d'argent  creux,  ibû- 
tenu  par  un  pied  de  bois.     On  fervit  plufieurs  plats  de  porcelaine  d'un  grand 

pré- 


ET    RESOLUTIONS    D'ETAT.  43 

préparatif  de  ragoûts,  accommodez  à  la  Turque,  &  on  en  changea  Couvent,  tjoo. 

Quoiqu'ils  ne  fuifent  pas  fort  apetiiïàns ,  l' Ambaffadeur  fit  honneur  à  la  ta-  

ble  du  Vifir,  6c  goûta  de  tout  par  complaifance.  On  fervit  enfuite  quanti- 
té de  Confitures  dans  des  porcelaines ,  dont  le  jus  étoit  fort  ambré  Se  abon- 
dant. Les  Turcs  l'aiment  plus  que  le  fruit  Se  le  boivent  à  la  place  de  vin. 
On  fervit  cependant  dir  ibrbet ,  qui  fut  trouvé  très-bon  ,  8c  dont  on  fut 
obligé  de  faire  ,   comme  les  Turcs ,   qui  en  font  leur  boilfon  ordinaire. 

Quinze  Officiers  Se  gens  diftinguez  de  la  fuite  de  l'Ambaffadeur  mangè- 
rent aux  autres  tables  avec  les  Vifirs  Se  Officiers,  qui  en  faifoient  les  hon- 
neurs. 

D'abord  après  le  dîner  on  fit  entrer  dans  la  Salle  du  Divan  un  Miroir  qui 
faifoit  partie  des  préfens  magnifiques  que  PAmbaffiideur  vouloit  faire  au  Grand 
Seigneur.  Le  Vifir  demanda  fi  ce  préfent  venoit  de  la  part  du  Roi.  En 
éfet  ce  Miroir  étoit  d'une  beauté  8c  d'une  grandeur  extraordinaire,  8c  toute 
l'affemblée  le  régarda  avec  admiration.  L'Ambaffadeur  repondit  que  ce  pré- 
fent venoit  de  fa  part.  Après  qu'on  l'eût  fait  voir  en  face  de  la  jaloufie,  où. 
le  Sultan  pût  le  confiderer  à  loifir  ,  on  le  fit  porter  vers  la  Salle  du  Grand 
Vifir,  où  étoient  les  autres  préfens. 

Le  Chiaoux  Baffi  avec  un  grand  Maître  de  Cérémonie,  avec  leurs  bâtons  â 
la  main ,  vinrent  recevoir  la  lettre  que  le  Grand  Vifir  écrivoit  au  Sultan ,  pour 
demander  Audience  pour  l'Ambafîadeur.  C'eft  ainfi  que  l'on  fait  les  affaires 
de  la  Porte,  où  l'on  écrit  8c  l'on  fait  reponfè  par  lettre.  Les  deux  Officiers 
raportèrent  la  réponfe  du  Sultan,  Se  la  remirent  au  Grand  Vifir  en  lui  tou- 
chant le  bas  de  fa  robe  avec  la  main.  Le  Vifir  baifa  la  Lettre  8c  la  porta  à 
fon  front  j  8c  après  l'avoir  lûë,  il  fit  avertir  l'Ambaffadeur  de  paffer  dans  la 
Cour,  pour  y  recevoir  les  40.  Caftans  qu'on  lui  diftribua  Se  à  fa  fuite.  Il  y 
avoit  un  banc  couvert  d'écarlatte  proche  de  la  porte  de  la  Salle  d'Audience. 
Il  s'y  affit  en  attendant  que  le  Grand  Vifir  eût  paffé  aux  apartemens  du  Sul- 
tan. Quoiqu'il  fit  un  très -grand  froid,  il  fut  obligé  d'y  refter  plus  d'une 
heure,  à  caufe  des  conventions  qui  furvinrent.  Jufques  alors  la  Cérémonie 
s'étoit  paffée  avec  tous  les  agrémens  ,  Se  tous  les  honneurs  qu'un  AmbafTà- 
deur  put  jamais  en  efpérer  }  mais  le  Baffi  ,  piqué  de  n'avoir  pas  eu  la  droite  en 
venant  du  Port ,  dit  à  Mauro  Cordato  que  l'Ambaffadeur  ne  pouvoit  point 
voir  le  Sultan  avec  des  armes.  Que  c'étoit  contre  la  coutume  ,  8e  qu'il  fa- 
loit  lui  dire  de  les  ôter.  Mauro  Cordato  ,  Grec  de  Nation,  qui  avoit  des 
mefures  à  garder  avec  les  Turcs,  dont  il  eft  le  premier  Interprète  ,  voulut  s'en 
plaindre  au  Vifir  ;  mais  il  fut  obligé  de  dire  à  l'Ambafîadeur  qu'il  ne  pouvoit 
voir  le  Sultan  avec  fon  épée.  L'Ambaffadeur  lui  répondit  qu'il  étoit  furpris 
de  la  difficulté  qu'on  lui  faifoit,  8e  que  c'étoit  l'iifage."  Que  Mr.  Trumballe 
Ambaffadeur  d'Angleterre  avoit  eu  fon  Audier.co  du  Sultan  l'épée  au  côté, 
auffi  bien  que  Mr.  Collier  le  Père.  Que  l'exemple  de  Caflagnieres ,  [connu 
en  fuite  fous  le  nom  de  Marquis  de  Chàtcauneuf ,  Ambaffadeur  de  Fiance  en 
Hollande,  après  la  Paix  d'Utrecht]  étoit  trop  récent  pour  l'avoir  fi-tôt  ou- 
blié} 8e  qu'ainfi  il  ne  pouroit  voir  le  Sultan  (ans  épée  ,  qui  étoit  fon  princi- 
pal ornement.  Mauro  Cordato  fe  trouva  tort  intrigué  dans  cette  Conféren- 
ce, qui  dura  plus  d'une  grolfe  heure  ,  8e  qu'il  affeéta  de  faire  à  l'oreille  de 

F  i  l'Ara- 


44       MEMOIRES,  NEGOTI  ATIONS,  TRAITEZ, 

1700.  l' Ambafladeur  qui  parla  toujours  Latin,  avec  uo  fi  haut  ton  de  voix  ,  que  la 
* — ~ —  Nation  6c  les  Officiers,  qui  étoient  à  fes  cotez  l'entendirent  diftinctement. 
Mauro  Cordato  protelta  en  affinant  que  Mr.  Catlagnieres  avoit  déguifé  la  vé- 
rité. L'Ambafladeur  lui  répondit  qu'un  Mini  lire  de  l'Empereur  de  France 
n'étoit  pas  capable  de  lui  impofer  }  qu'il  l'avoit  écrit  au  Roi ,  &  qu'étant 
Homme  d'honneur,  il  étoit  plus  croïable  qu'Eux  qui  difoient  le  contraire, 
£c  qui  n'avoient  pu  affilier  à  l'on  Audience.  Mauro  Cordato  commença  de 
fe  troubler,  6c  fut  parler  au  Grand  Vifir,  pour  lui  expofer  les  raifons,  6c  la 
vigueur  avec  laquelle  l' Ambafladeur  foûtenoit  fa  prétention.  Mais  il  revint, 
la  larme  à  l'œil ,  accompagné  des  anciens  Maîtres  de  Cérémonie ,  des  Capigis 
Baffis  pour  l'aflurer  de  la  part  du  Grand  Vifir  que  fi  cela  s'étoit  fait ,  l'on  ne 
s'en  étoit  pas  aperçu.  L'Ambafladeur  répondit  qu'ils  n'avoient  qu'à  fermer 
les  yeux  6c  ne  pas  regarder  fon  Epée.  Il  l'aflura  de  la  part  du  Grand  Vifir 
qu'il  pouvoit  entrer  fans  Epée  ,  que  le  Sultan  en  écrirait  au  Roi  pour  le  dif- 
culper.  L'Ambafladeur  lui  répondit  qu'il  n'étoit  pas  befoin  de  demander  ex- 
eufe  d'une  faute  qu'il  ne  vouloit  pas  commettre.  Mauro  Cordato  lui  dit  que 
le  Grand  Vifir  offrait  de  lui  donner  un  Certificat ,  figné  de  fa  main  6c  des 
Grands  de  l'Empire,  pour  l'aflurer  qu'aucun  Ambafladeur  ne  verrait  jamais 
le  Sultan  l'Epée  au  côté,  non  plus  que  celui  de  l'Empereur.  Mais  l'Ambaf- 
fadeur  ne  voulant -point  préjudiciel-  aux  droits-  des  Ambafladeurs  ,  répondit  à 
Mauro  Cordato  qu'il  pouvoit  dire  de  fa  part  au  Vifir  qu'étant  le  premier 
Ambafladeur  à  la  Porte,  il  tâcherait  toujours  de  faire  des  loix  avantageufes 
V>our  les  autres,  6;  de  ne  pas  en  foire,  qui  puilîént  détruire  leurs  honneurs  6c. 
ïeurs  prérogatives.  Le  Grand  Vifir  envoïa  dire  pour  réponfe  à  l' Ambafladeur 
qu'il  ne  verrait  pas  le  Sultan-}  mais  il  répondit  avec  un  air  doux  Se  accom- 
pagné de  grandeur  ,  qu'il  étoit  fâché  de  ne  pas  avoir  cet  avantage,  6c  qu'il 
ne  pouvoit  acheter  l'honneur  de.  voir  Sa  Hautefiè  parla  proftitution.de  la 
gloire  de  fon  Prince  6c  de  la  dignité  du  Caractère,  dont. il  l'avoit  honoré. 
Enfin  après  avoir  mis  la  juftice  de  fon  côté  ,  6c  après  avoir  aporté  les  meil- 
leures raifons  du  monde  pour  convaincre  leur  entêtement,  il  protelta  publi- 
quement qu'on  pouvoit  lui  ôter  la  vie  ,  mais  non  pas  fon  Epée,  à  laquelle 
ton  honneur  étoit  attaché.  Il  répréfenta  même  qu'ils  dévoient  lui  laitier  la 
liberté  de  fon  habillement  puis  qu'on  ne  trouvoit  pas  à  redire  au  leur  5  qu'il 
ne  croïoit  pas  qu'ils  puflent  foupçonner  un  homme  qui  répréfente  la  person- 
ne d'un  fi  grand  Prince,  incapable  d'aucun  mauvais  deflèin  j  qu'ils  ne  pou- 
voient  lui  faire  l'affront  de  le  defarmer.  Il  fupola  même  que  II  le  Roi  de 
France  dévoit  voir  le  Grand  Seigneur  ,  l'on  ne  l'obligerait  pas  à  fuivre  les 
Maximes  Turques,  non  plufque  le  Grand  Seigneur  les  Françoilès,  s'il  voïoit 
l'Empereur  de  France,  6c  que  taillant  vifiter  le  Grand  Seigneur  par  fon  Am- 
bafladeur qui  répréfente  fi  perfonne  ,.  on  avoit  tort  de1  le  traiter  avec  cette 
fevérité.  Jamais  on  n'a  parlé  avec  plus  de  jufteflè,  que  parla  alors  l'Ambaf- 
fadeur,  où  tout  autre  aurait  réfléchi  plus  d'une -fois  fur  Ces  réponfes  pour 
combattre  la  fierté  indomtable  des  ces  opiniâtres.  Il  parla  modérément,  mais 
avec  tant  de  pretènee  d'clprit  6c  de  courage,  que  Mauro  Cordato  ne  pouvant 
le  faire  refondre  à  quitter  fon  Epée,  en  pleura  d?  douleur.  Comme  il  eft  né 
durcies  Terres  de  la  Porte,  6c  qu'il  en  connoît  mieux  le  génie  que  tout  autre, 

il 


ET    RESOLUTIONS    D'ETAT.  4f 

il  prévoïoit  que  les  fuites  de  ce  différent  pouvoient  lui  être  defavantageufès ,   I700* 

&  qu'il  pouroit  en  être  la  victime  ,    auffi  bien  que  le  Chiaoux  Bafli  qui  y *~ 

avoit  donné  lien  >  il  conjura  l'Ambafladeur  par  fon  ancienne  amitié  de  paf- 
fer  par-defllis  cette  formalité.  L'AmbafTadeur  lui  répondit  qu'il  l'eftimoit 
fort  ;  mais  qu'il  ne  pouvoit  ternir  la  gloire  de  fon  Prince  ,  ni  fon  pro- 
pre honneur  pour  l'amitié  d'un  particulier.  Mauro  Cordato  le  pria  de  con- 
férer avec  les  Capitaines  Se  Officiers  des  Vaifléaux  du  Roi  pour  favoir  leurs 
fentimens.  L'AmbafTadeur  lui  répondit  que  les  ordres  du  Roi  étoient  fî 
clairs  ,  qu'ils  n'avoient  beibin  d'autre  interprête  que  celui ,  auquel  ils  avoient 
été  confiez.  Enfin  il  poufTa  la  chofe  fi  loin  qu'il  dit  à  l'Ambafladeur  que  ce 
jour  ferait  terrible,  &  qu'il  allumoit  un  feu  difficile"  à  éteindre.  L'AmbafTa-  » 
"deur  lui  dit  que  ces  menaces  ne  l'épouvantoient  pas,  aïant  la  juftice  de  fon 
côté;  &  que  fi  ce  feu  s'allumoit  une  fois,  ce  ferait  tant  pis  pour  le  plus  foi- 
ble  &  qu'il  favoit  bien  de  quoi  il  voûtait  parler.  A  la  fin  l'Ambafladeur 
craignant  qu'on  ne  raportàt  pas  ces  raifons  au  jufte  ,  il  demanda  à  les  expli- 
quer au  Vifir ,  qui  refufa  de  l'entendre.  Il  lui  envoïi  cependant  les  Capigis 
Baflîs  &  tous  les  Officiers  de  la  Porte  pour  l'afilirer  que  ce  n'étoit  point  l'ufa- 
ge ,  d'entrer  avec  des  Armes.  L'Aga  des  Janiflâires ,  qui  eft  un  des  pre- 
miers emploïez  de  la  Porte,  &  qui  commande  la  milice  de  l'Empire  vint  lui- 
même  répréfenter  à  l'Ambafladeur  qu'il  ne  pouvoit  voir  le  Sultan  avec  des 
armes-,  que  le  Grand  Vifir  même  ne  le  pouvoit,  Se  qu'ainfi  il  ne  devoir  pas 
faire  cette  difficulté.  Il  fut  furpris  d'entendre  les  bonnes  raifons  que  l'Am- 
bafladeur lui  apoita,  &  de  voir  la  fermeté,  avec  laquelle  il  foûtenoit  fes  in- 
térêts. L'Ambafladeur  lui  dit  qu'il  y  avoit  de  la  différence  d'un  fujet  à  un 
AmbafladeuK.  Tous  les  premiers  de  la  Porte  étoient  préfens  à  cette  conver- 
fation ,  qui  fe  pafla  toujours  fur  le  banc  au  milieu  de  la  Cour.  Toute  la  Na- 
tion &  les  Officiers  de  Marine  étoient  aux  cotez  de  l'Ambafladeur  fans  Armes 
au  milieu  de  400.  Janniflaires  &  beaucoup  d'Officiers  du  Serrail ,  tous  gens 
fans  aucune  éducation  ni  politeflé.  Tous  les  Officiers  de  la  Perte  voulurent 
l'éprouver;  mais  leur  aïant  répréfenté  qu'il  démandoit  une  chofe  d'ufage 
&  de  juftice  ,  fur  laquelle  il  ne  pouvoir  fe  rélâcher' fans  s'attirer  la  dilgra- 
ce  de  fon  Maître  &  l'indignation  de  tout  le  monde,  le  Vifir  voulut  obtenir 
par  fupercherie  &  par  violence  ce  qu'il  n'avoit  pu  gagner  par  des  raifons 
fans  fondement.  Il  pafla  du  Divan  aux  apartemens  du  Sultan  ;  traverfa  la 
Cour,  falua  l'Ambafladeur,  qui  étoit  fur  le  banc,  en  attendant  leur  reponfe, 
&  lé  fit  avenir  de  venir  à  l'Audience.  L'Ambafladeur  ne  l'accepta  que  fin- 
ie pied  qu'il  avoit  démandé ,  &  s'informa  avant  que  de  fe, lever  du  banc,  û 
le  tout  étoit  réglé,  &  on  l'àflura  qu'oui.  Il  y  fut  avec  15*.  hommes  qui  é- 
toient  deftinez  pour  l'accompagner.  A  peine  eût-il  pafle  la  première  porte 
qu'il  entra  en  défiance.'  Il  fe  mit  fur  fes  gardes,  car  il  s.'aperçût  que  de  if. 
perfonnes  qui  dévoient  le  fuivre,  les  Capigis  Baflis  n'en  avoient  laiffé  paficr 
que  fix.  11  mit  la  main  gauche  fur  la  garde  de  fon  Epée,  qu'il  avoit  couver- 
te de  fon  juftaucorps,  £c  quand  il  vid  deux  Capigis,  qui  venoient  le  prendre 
fous  les  bras,  fuiyant  la  coutume,  il  leur  fît  dire  par  Fonton  fon  Interprête,, 
qu'ils  ne  le  pieflaflént  pas  trop  quand  il  ferait  la  révérence  au  Grand  Seigneur. 

F  3  A 


46       MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

1700.    A  peine  cet  Interprête  eût-il  achevé  de  parler  qu'un  autre  Capigi  vingt  à  lui 

par  devant  Se  lui  porta  fes  deux  mains  fur  les  cotez  pour  lui  arracher  lbn  E- 

pée.  Il  ne  put  en  venir  à  bout  6c  reçût  un  grand  coup  de  poing  dans  le  vi- 
fage,  &  un  coup  de  genou  dans  l'eitomac  ,  qui  le  fit  reculer  quatre  pas. 
L'Ambafladeur  dit  d'un  ton  de  voix  fort  élevé  qu'on  ne  dévoit  pas  ainfî  vio-' 
1er  le  Droit  des  Gens,  Se  s'adreflant  à  Mauro  Cordato,  qui  étoit  plus  mort 
que  vif,  il  lui  démanda  s'ils  étoient  Ennemis. 

Les  Capigis  qui  avoient  voulu  ledefarmer,  revinrent  à  la  charge  j  mais 
l'Ambafladeur  s'étant  débarafle  des  deux  qui  le  tenoient  fous  les  bras  ,  fe  mit 
à  la  tête  des  Officiers  qui  étoient  dernière  lui,  8c  aïant  porc ï  la  main  fur 
la  garde  de  fon  Epée,  réfolut  de  percer  celui  qui  voudrait  i'aprocher.  Auflî- 
tôt  le  Chef  des  Eunuques  blancs  vint  de  la  part  du  Grand  Seigneur,  qui  en* 
tendoit  ce  tumulte,  Si:  cria  de  la  porte  de  la  Chambre  d'Audience  qu'on  ne 
fit  point  de  violence  à  l'Ambafladeur.  On  prefla  fort  les  Officiers  qui  é- 
toient  à  fa  fuite ,  6c  on  voulut  les  tâter  pour  voir  s'ils  étoient  defarmez.  Le 
Chef  des  Eunuques  blancs  dit  à  l'Ambafladeur  que  s'il  vouloit  entrer  fans  E- 
pée  ,  il  leroit  le  bien  venu  9  à  quoi  l'Ambafladeur  aïant  répondu  qu'il  ne  le 
pouvoit,  ni  ne  le  vouloit,  l'autre  lui  dit  qu'il  pouvoit  donc  s'en  rétourner. 
Volontiers,  lui  répliqua  l'Ambafladeur ,  Se  fortit  fur  le  champ.  Tous  ceux 

3ui  étoient  dans  la  Cour  crurent  que  l'Âucience  étoit  finie  >  mais  on  en  fut 
étrompé  lorfqu'on  vit  l'Ambafladeur  remettre  très-foigneufement  les  Caftans 
qu'on  lui  avoit  donné.  Tous  les  gens  de  fa  fuite  en  firent  de  même.  On 
envoïa  apeller  l'Interprète  de  l'Ambafladeur  pour  lui  dire  de  remporter  le 
préfent ,  qu'il  fit  raporter  d'abord  au  Palais  de  France.  Dépuis  que  l'Empi- 
re Ottoman  fubfifte  on  n'a  jamais  ouï  dire  qu'on  ait  fait  laiflèr  les  préfens  du 
Sultan,  ainfi  que  l'on  a  fait  les  Caftans. 

On  crut  d'abord  que  l'Ambafladeur  6c  fa  fuite  feraient  obligez  de  s'en  re- 
tourner à  pied }  mais  on  trouva  les  chevaux  de  la  Porte ,  6c  les  autres  amenez 
par  l'ordre  de  l'Ambafladeur.  Il  falut  pourtant  attendre  quelque  tems,  pour 
laifler  paflër  les  Janiflaires ,  qui  coururent  recevoir  leur  folde  vers  leur  Aga, 
qui  pafla  en  fuite  avec  des  habits  de  la  dernière  magnificence.  On  gagna  la 
Marine  avec  le -même  ordre,  avec  lequel  on  étoit  venu.  Les  Vaifleaux  du 
Roi  faluèrent  l'Ambafladeur  à  fon  retour.  Ils  étoient  prêts  de  faluër  le  Graud 
Seigneur  d'une  falve  Roïale,  mais  il  y  eût  ordre  de  n'en  rien  faire.  On  Ain 
obligé  de  pafler  terre  à  terre  ,  pour  gagner  le  port ,  où  l'Ambafladeur 
monta  à  cheval  pour  aller  à  la  Maifon  de  Campagne. 

Il  elt  à  remarquer, qu'environ  cinq  ou  fix  femaines  après,leBaileou  Ambaf- 
fadeur  de  Venife  à  la  Porte,  eût  Audience  du  Sultan  fans  épée.  Il  en  fut 
de  même  quelque  tems  après  touchant  le  Comte  d'Ottinguen  Ambaflâ- 
deur  de  l'Empereur  ,  qui  alla  auffi  à  l'Audience  du  Grand  Seigneur  fans 
cpée. 

Pendant  qu'on  en  ufbit  fi  mal  à  la  Porte  ,  le  Roi  de  Maroc  témoi- 
gna bien  plus  de  vénération  pour  le  Roi  de  France.  Il  envoïa  à  ce  der- 
nier un  Ambafladeur  ,  qui  lui  fit  le  difcours  lûivant. 

„  Très 


11 

11 

11 


ET    RESOLUTIONS    D'ETAT.  47 

1700" 
„  npRès-Haut ,  Très-Puifiant ,   Très-Excellent ,  Très- Magnanime  ,  6c  — — 
„     A     toujours  Invincible  Empereur  de  France  Lo u  1  s  X I V.  Dieu  Bé-  ^3°^ 
,,  niffe  à  jamais  le  Règne  de  V.  M.  I.  après  avoir  rendu  à  Dieu  les  grandes  ^ycha 
„  louanges  qui  lui  font  dues,  je  dirai  Sire  que. l'Empereur  Moulay  Ismael  Ambaf- 
„  mon  Maître,  Fils  du  Cherif,  qui  defeend  des  Princes  de  la  très  haute  Mai-  fedeur 
„  fon  de  Hachem,  qui  cil  Empereur  des  deux  Mauritanies  ,   Roi  des  deux  rJc  ™~ 
„  vaftes  campagnes  de  l'impénétrable  Afrique,   Prince  du  Biledulgerid  &  au  Roi" 
„  Souverain  d'une  grande  partie  du  Païs  des  Nègres,  aïant  par  une  grâce  à  j»  pre- 
„  fpeciale  de  Dieu  rétabli  la  Religion  Mufùlmanne  dans  les  onze  Roïaumes  ™ier.e 
„  qu'il  a  conquis,  6c  étendu  fon  pouvoir  Souverain  fur  tous  les  Peuples  qui  cel  Mar*s 
réfident  dans  ce  grand  continent,  il  a  fait  confifter  le  comble  de  fa  gloire  I7Co. 
à  aquérir  l'amitié  du  plus  grand  6c  du  plus  puiffant  Empereur  de  l'Europe. 
Il  m'a  établi  dans  le  Port  de  Salé  pour  y  avoir  la  conduite  de  fa  Marine  6c 
de  fes  Vaifieaux,  &  j'ai  été  auez  heureux  pour  profiter  de  Poccafion  qui 
m'a  été  fournie  par  l'arrivée  de  vos  Navires  de  Guerre  ,  de  donner  à  V. 
M.  I.  des  preuves  du  profond  refpeéï  que  j'ai  toujours  eu  pour  elle.  Je  me 
fuis  transporté  dans  leur  bord  6c  de  concert  avec  vos  Officiers  j'ai  négotié 
un  Traité  dans  l'intention  de  contracter  enfuite  avec  V.  M.  une  Paix  &  u- 
ne  amitié  indiflbluble  6c  d'éteindre  les  feux  de  la  Guerre.     Sur  l'avis  que 
j'en  donnai  à  l'Empereur  mon  Maître  ,  il-me  permit  de  le  ligner  ,   6c  il 
m'a  donné  depuis  les  Pouvoirs  nécelTaires  pour  y  mettre  la  dernière  main. 
Cette  amitié  fera  toute  pure  6c  définterefTée.les  conquêtes  de  V.  M.  I.  ne 
fçauroient  donner  de  jaloufie  à  Moulay  Ismael  puifqu'il  fût  des  vœux 
pour  la  profperité  de  fes  armes  j  mais  il  fait  en  même  tems  fes  éforts  pour 
imiter  fes  vertus  héroïques  ;  car  lorfque  V.  M.  I.  châtioit  fes  Ennemis  par 
Mer  6c  par  Terre,  mon  Maître  fiifoit  la  Guerre  aux  Turcs  6c  aux  Nè- 
gres ,  6c  il  leur  a  accordé  la  Paix  auSïï<ôt  que  V.  M.  I.  l'a  donnée  à 
l'Europe. 

„  C'cft  dans  l'intention  de  mériter  cette  amitié  que  ce  grand  Prince  m'en- 
„  voie  aujourd'hui  au  pied  de  vôtre  Trône  Impérial ,  en  qualité  de  fon  Am- 
„  bafiadeur,  pour  préfenter  à  V.  M.  toujours  Augufte  une  Lettre  de  fa  part, 
„  qui  contient  des  exprefiïons  pleines  de  vénération  pour  le  premier  6c  le 
„  plus  grand  Empereur  de  la  Chrétienté,  lequel  à  l'exemple  de  fes  illuftres 
„  Ancêtres  ,  dont  il  tient  fon  Sceptre ,  a  étendu  bien  loin  par  fa  valeur  les 
„  Frontières  de  fon  vafte  Empire.  Quoique  je  fois  chargé  de  paroles  très 
„  Sécrètes  6c  très  importantes  pour  V.  M.  I.  je  ne  l'entretiendrai  jamais  que 
„  de  ce  qui  fera  également  utils  6ç  agréable  aux  Maîtres  6c  aux  Sujets  de 
,,  l'une  6c  de  l'autre  Nation.  Je  finis,  Sire,  en  félicitant  V.  M.  de  ia  part 
„  de  mon  Maître  de  l'heureux  fuccès  d'une  Guerre  fi  fanglante  6c  fi  longue, 
„  dans  laquelle  après  avoir  vaincu  un  nombre  innombrable  d'Ennemis;  elle  a 
„  fait  paraître  une  modération  jufqu'alors  inouïe,  en  faciïfiant  les  avantages 
„  que  lui  promettoit  le  continuation  de  la  Guerre,  à  la  gloire  de  donner  la 
„  Paix  à  tant  de  Nations  vaincues.  Moulay  Ismael  ne  celle  de  méditer  fur- 
„  une  grandeur  d'ame  fi  digne  du  Héros  de  l'Europe,  6c  dans  l'idt'e  augufte 
„  qu'il  s'en  forme  ,  il  dit  fouvent  que  l'on  connok  bien  que  V.  M.  fouuent- 

,i  h 


-.1 


4§       MEMOIRES,  NEGOTIATÏONS,  TRAITEZ, 

I7!:'°-    „  la  bonne  caufc  ,  puifque  Dieu  couronne  toujours  fes  projets  de  la  vi£toi- 
""  5»  re  Se  du  fuccès  qu'Elle  en  attend  ;  Il  ne  doute  point  que  puitque  V.  M.  I, 

„  a  établi  la  tranquillité  &  le  repos  parmi  tant  de  Peuples  ,  elle  ne  donne  les 
mains  à  ce  que  les  pauvres  Captifs  des  deux  Partis ,  qui  font  les  feuls  qui 
n'en  jouïflent  point ,  rclTentent  aiiflï  Péret  de  la  clémence.  Ce  fera  le  fon- 
dement d'une  éternelle  Paix  &  de  l'amitié  parfaite  que  mon  Maître  délire 
&  comme  il  efl  le  Prince  de  toute  l'Afrique  le  plus  puiiïant ,  le  plus  grand 
&  le  plus  redoutable,  il  ne  peut  faire  une  plus  digne  offrande  que  de  don- 
ner la  ilennc  au  plus  puiflant,  au  plus  grand  Se  au  plus  redoutable  Empe- 
reur de  l'Europe. 


55 

55 


5» 


55 


Traduit  d'Arabe  en  François  par  M.  F.  Petis 
de  la  Croix  ,  Secrétaire  Interprète  du  Roi. 

Puis  qjj'o  n  efl  fur  le  chapitre  de  ce  Roi  Afriquain  ,  on  raportera  une 
Lettre  que  le  Bey  de  Tunis  écrivit  prefqu'en  même  tems  aux  Etats  Généraux 
de  Provinces-Unies.  Elle  n'eut  cependant  quelqu'éfet ,  que  quelques  années 
après.     Voici  l'extrait  de  cette  Lettre. 


Extrait 
d'une 
Lettre , 
que 
Murât 
Bey  de 
Tunis, 
Bafla& 
Dulati, 
a  écrite 
à  Mef 
iieurs  les 
Etats 
Géné- 
raux & 
qu'il  leur 
fit  pré- 
fenter 
par  ion 
Député 
à  la  Haïe 
Je  3.  Fé- 
vrier 
1700. 


5> 
)5 
59 

55 
55 
51 
5? 
ÏJ 
5> 
55 
55 
5? 
» 

55 

55 

35 

55 

55 

5» 

55 

Î5 


MUrat  Bey  de  Tunis,  BaiTa  Se  Dulati  demande  par  fon  AmbaiTadeur 
la  Paix  aux  Etats  Généraux  8c  leur  offre  le  Commerce  libre  pour 
leurs  fujets,  en  faifant  avec  Eux  un  Traité  ,  qui   conûiteroit  en  ces  trois 
points.     Le  Premier  eft  de  maintenir  la  parole.     Le  Seconde  de  n'être  pas 
trop  ferme  fur  les  demandes  pour  moyenner  raccommodement.    Le  Troi- 
fîème  d'avoir  pour  lui  bon  Cœur,  comme  il  l'avoit  pour  eux,  Se  mainte- 
nir tous  les  Articles,  dont  ils  feroient  d'accord  enlcmble  ,  oubliant  le  paf- 
fé,  fans  retenir  aucune  rancune.    Tout  ceci  étant  pris  de  commun  accord 
entre  les  deux  Parties.     Il  demande,  pour  leur  fervice  commun  ,   12.  piè- 
ces de  canon  de  bronze  Se  12.  Acupams,  16.  de  24.  livres  Se  les  autres  ô'.decT. 
livres j  1000.  boulets  de  canon;  foo.  fufils  de  fix  acupams;  ifoo.  quintaux 
de  poudre;  4.  mortiers  à  bombes,   Se  1000.  bombes,    8.  cables,  Se  24. 
mâts  pour  des  vaiiTcaux.     Avec  cela  la  Paix  feroit  faite  pour  toujours,  Se 
les  Marchands  Se  vaifïeaux  de  l'Etat  pourroient  venir  fans  le  moindre  empê- 
chement, dehors  Se  dedans  fes  Ports,  par  Mer  Se  par  Terre,   lans  qu'ils 
paient  aucun  droit  des  Marehandifes  qui  fortiroient ,  mais  de  celles  qu'ils 
feroient  entrer,  3.  pour  cent.     Ce  Traité  étant  conclu  Se  fïgné  par  fon 
AmbaiTadeur.   il  feroit  bien  aifequeL.L.  H. H.  P.P.  vouluiiîènt  nom- 
Conful  pour  réfider  auprès  de  lui ,  comme  un  moïen  d'entrete- 
Donné  de  la  Cour,  le  jour  qui  correlpond 


mer  un 

nir  une  bonne 

au  27.  Août  16pp. 


pour 
intelligence. 


Pendant  ces  afFaircs-là ,  l'orage  qui  menaçoit  le  Nord  commença  à 
éclater  dans  le  Duché  de  Holilein.  On  en  dira  le  plus  fuccinctement  poiîible 
les  fondemens  Se  les  prétextes. 

Les  Duchez  de  Holilein  Se  de  Slcswick ,  quoique  réellement  partagez  entre 

le 


.ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.  49 

le  Roi  de  Dannemarck  &  le  Duc  de  Holftein,  la  Souveraineté  8c  la  Régen-   1700- 

ce  eft  entièrement  commune  entr'eux.     C'eft  en  vertu  des  anciennes  Unions  

Se  Pactes  de  Familles ,  confirmées  par  plufieurs  Traitez,  8c  corroborées  par 
celui  d1 '  Altena  en  1689.  Par  ce  dernier,  le  Roi  de  Dannemarck  devoit  rendre 
certaine  terre,  à  quoi  il  n'avoit  pas  fitisfait.     Sur  les  plaintes  du  Duc,  les 
Médiateurs  8c  Garands  du  Traité  d' Altena  firent  établir  des  Conférences  à 
Pinnenberg.    A  leur  ouverture,  le  Dannemarck  fit  préfenter  un  Acte  de  Pro- 
teftation  de  vouloir  faciliter  la  Négociation  ;    mais  que  fi  le  Duc  faifoit  la 
moindre  innovation ,  pendant  la  durée  des  Conférences ,   il  la  prendrait  pour 
une  rupture.   Les  Miniftres  Médiateurs  après  l'acceptation  de  cette  protefta- 
tion,  promirent  par  un  Acte,  qu'ils  s'interpoferoient  pour  empêcher  que  le 
Duc  ne  fit  aucune  entreprife   contraire  aux  Unions ,    8c   particulièrement 
aucune  nouvelle  levée  ni  introduction  de  troupes  étrangères  dans  le  Païsj  "ni 
même  aucune  conftruction  de  nouvelles  fortifications.     Cependant  le  Duc  ne 
fe  conformant  pas  à  cet  Acte ,  attira  des  Troupes  dans  fes  terres  ,   8c  conti- 
nua des  fortifications  nouvellement  commencées.    Le  Dannemarck ,  après 
des  plaintes  inutiles,  fit  rafer  ces  dernières  en  1697.  Là-deflus  le  Duc  époufa 
la  Sœur  du  Roi  de  Suède,  qui  le  déclara  Généralifïïme  de  fes  forces  ,   &  fur 
cet  apui  il  fit  élever  de  nouvelles  fortifications,  alléguant  que  le  fécond  Ar- 
ticle du  Traité  d' 'Altena  lui  donnoit  le  droit  de  les  bâtir  8c  de  les  pofïêder. 
Le  Dannemarck  y  contredit  par  des  prétextes  bien  ou  mal  fondez  ,  qui 
ne  manquent  jamais  aux  Cours.,    La  véritable  raifon  en  étoit  que  le  Danne- 
marck etoit  entré  dans  la  liaifon  fecrete  entre  le  Czar ,  8c  le  Roi  Auguste 
contre  la  Suède.    Il  y  avoit  même  quelques  Cours  d'Allemagne,  qui  fomen- 
toient  ces  troubles ,  ne  pouvant  fouffrir  l'érection  du  neuvième  Electorat  en 
faveur  de  la  Maifon  de  Lanebourg-Hannover.    Parmi  ceux-là  il  y  avoit  le  Duc 
de  Brumiuick-Wolfembuttel ,   qui  croïoit  qu'on  donnoit  par  la  atteinte  à  fa 
Maifon  ,  vu  fon  droit  d'ainefTe.     Les  Médiateurs  firent  ce  qu'ils  purent  pour 
empêcher  l'incendie.     Ils  propofèrent  divers  expédiens.     Ceux-ci  furent  ré- 
jettez,  par  fois  par  le  Dannemarck,  8c  d'autres  fois  par  la  Suède  ,  ou  par  le 
Duc  de  Holftein.     C'eft  fuivant  que  ces  expédiens  pouvoient  avancer  ou  re- 
tarder les  préparatifs  militaires.     Il  eft  vrai  que  l'on  a  toujours  aperçu  de  la 
bonne  foi  de  la  part  de  la  Suède  dans  les  Négociations  des  Médiateurs.   Mais 
Enfin  le  Dannemarck,  qui  avoit  fes  Troupes  plus  à  portée  que  la  Suède,  en- 
tra avec  elles  dans  le  Holftein  8c  dans  les  terres  de  la  dépendance  du  Duc  de 
ce  nom.     Les  Forts  furent  pris ,  ou  abandonnez  ,  8c  enfuite  démolis.    Les 
Danois  allèrent  même  affiéger  l'importante  forterefle  de  ïonningen.  Le  Géné- 
ral Suédois  Bannier,  qui  y  étoit  entré,  la  défendit  avec  toute  la  vigueur  8c  la 
fàgefle  poffible.'    Cela  donna  le  tems  aux  Troupes  des  Garans  d'y  marcher  au 
fecours.     Les  Etats  Généraux  y  envoièrent  de  leur  part  trois  mille  hommes 
fous  le  Général  Dopft.     Ainfi  les  Danois,  qui  avoient  pouffé  ce  fiége-là  bien 
-avant ,   furent  obligez  de  le  lever  8c  de  fe  retirer.     On  fit  là-defius  un  Di- 
ftique  fur  l'Anagramme  de  Tonningen^  tel  que  voici.     Tonninga  ,  Anagram- 
me, non  tangi, 

Tom.  I.  Xj  i.  ■  :„  Ton- 


ro       MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

I7O0.  r*ï'''.  T> 

-  „  Tonningam  tangens  Rex  Danus*  tangitur  ipfe , 

„  Sic  fx  nontangi,  tangerc ,  Dane ,  cave 

Quoique  la  levée  de  ce  fiége  fut  un  coup  fort  important,  l'on  ne  s'arrêta 
pas  là.  Il  s'agiiïbit  d'éteindre  un  feu  ,  qui  men  içoit  d'une  longue  durée. 
Nonobftant  les  emprefîemens  des  Miniftres  de  France ,  le  Comte  de  Guifcard 
en  Suède,  Se  la  Comte  de  Chamilli  en  Dannemarck ,  pour  calmer  l'orage  , 
quelqu'un  prétendoit  qu'ils  fomentoient  la  difeorde.  C'étoit  afin*  que ,  la 
mort  de  Charles  II.  Roi  d'Efpagne  arrivant ,  une  guerre  dans  le  Nord 
fervit  de  diverfion  aux  Puiflances  engagées  dans  le  fécond  Traité  de  Partage 
de  la  Monarchie  d'Efpagne. 

L'Angleterre  &  la  Hollande  armèrent  une  Flotte.  Celle-ci  fut  envo'iée 
vers  la  Mer  Baltique.  Les  Danois  en  armèrent  une  de  leur  côté  pour  s'opo- 
fer  à  la  jonction  de  la  Flotte  combinée  avec  celle  de  Suède.  La  iituation  du 
Sund  étoit  pour  cela  favorable  aux  Danois.  Mais  ils  quittèrent  cependant  ce 
deflein  à  l'aproche  de  celle-là.  Ainfi  la  jonction  fut  faite.  Cependant  an 
ne  voulut  pas  fe  déclarer  ouvertement  contre  le  Dannemarck.  C'efr.  pour- 
quoi l'Amiral  Anglois  Roock  fut  chargé  de  fiiivre  les  ordres  du  Duc  de  Hol- 
ftein.     Celui-ci  lui  donna  la  CommHfion  fuivante. 

'wXôn  ^JT^  Fridericus,  Dei  Gratta,-  Hœres  Noriuegiœ,  Dux  Slefwici,  Holfa- 
du  Duc  -*-^  ***■>  Stormaria  6?  Ditmarfiœ ,  Coma  in  Oldenburg  &  Delmenhorft ,  Re- 
de  Hol-  giœ  Majeflatis  Suecïœ  Copiarum  Militarium  in  Provinciis  Germania  GoneraliJJi" 
ftein  à     mus,  notum  teftatumque  facimus. 

JAmiral  Pofiquam  Rex  Daniœ ,  rejeclis  omnibus  tant  à  Mediatione  Cafareâ  -  Brande- 
burgicâ ,  quant  à  Dominis  Sponforibus ,  ac  FideijuJJbribus  Pacis  Altonavienfis 
interpofiiis  officiis ,  'Terras  ac  Provincias  nojlras  miliîibus  fuis  invadere ,  fubditos 
variis  exatlionum  gêner ib us  vexare;  fortalitia  ac  munimenta  bojlili  modo  aggre- 
di,  occupare ,  occupai a  folo  œquare  ,  eoque  ipfo  bello  indiclo  hoftem  fe  profiter i  , 
difiamque  pacem  Altonavienfem  violare,  imb  plané  evertere  non  cfi  veritus,  Sa- 
cra Régla  Majeftas  Magna  Brïtann'ue  hifee  commota  ,  fuaque  nominatœ  Paci 
Altonavienfi  promifi'œ  Guarantite  fatisfacere  cupiens,  ex  fingulari  in  Nos  affetlu, 
Clafjem  fuam  in  auxilium  Nobïs  miitere ,  &  fie  ab  oppreffione  Nos  liber  are  vo- 
ïuit.  Bine  Autoritate  ab  Altè  memoratà  Sacra  Regiâ  Majejiate  nobis  conceffà , 
pradicla  Anglican*  ClaJJïs  Architala£'um,Illuftri£imumDominum  de  Roock,  bifee 
rogamus,  velit ,  clafi  fibi  commiffà  ,  noflrum  interefje  adverfus  Regem  Dania 
cmmbusviribus,  omnique  modo  ut  ipfi  ex  Commijfione  hâc  noflrâ,  juxtà  belli  ra- 
tionem  vifum  fuerit  optimum ,  tueri ,  defendere ,  atque  agere.  Nos  quidquid  ab 
ipfo  hoc  in  negotio  it a  fuerit  aclum,  ratum  femper  babebimus.  Quod  hifee  fgni- 
f.care  ac  ftmul  nojlrâ  fubfcriptione ,  ac  figiÏÏi  appofitione  corroborare  violuimus. 
Dabantur  in  Caftris  Pinnembcrgicis  die  22.  Junii  Anno  1700. 

Il  faut  remarquer  qu'au  commencement  de  ces  brouille  ries,  un  homme  de 
Marine  de  la  Rochelle  alla  fe  préienter  à  l'Ambalîadeur  de  Suède  Lillienrooth, 


1 


ET    RESOLUTIONS    D'ETAT.  5-1 

&  lui  donna  un  plan  pour  détruire  par  un  bombardement  la  Flotte  de  Dan-   I7°g- 
nemarck.    Voici  la  copie  de  ce  plan. 

L'Entrée  par  Mer  dans  Copenhague  a  à  la  droite  une  Citadelle  ôc  tout  joi-  Projet 
gnant  une  Batterie ,  &  à  la  gauche  un  Baflïn  qui  aboutit  par  un  grand  ^^' 
Canal  à  la  Ville  &  la  traverfe.     C'eft  dans  ce  Baflïn  que  (ont  tous  les  Vaif-  pour 
féaux  du  Roi  de  Dannemarck  araaiez  les  uns  aux  autres,  6c  ce  Baflïn  n'eft  bombar- 
féparé  de  la  Mer  que  par  des  palliflades  ,  Se  enfuite  par  une  chaufle  qui  les  der  une 
met  à  l'abri  d'être -abordez}  mais  ils  ne  font  pas  à  l'abri  des  Bombes.     C'eft  nolK' 
pourquoi, en  cas  de  rupture,  il  eft  très-facile  de  les  aller  bombarder.  Et  pour 
cela  l'on  pourrait  faire  équiper  une  petite  Efcadrc,  dans  laquelle  il  y  aurait 
2.  à  4.  Fregattes  de  24.  à  30.  Canons  ou  plus  grandes  &  les  aprêter  avec 
des  Rouleaux  de  Cables  pour  foûtenir  le  Pont ,  ainfi  qu'il  à  été  pratiqué  par 
les  Anglois  au  bombardement  de  Saint  Martin  de  Ré  y  fur  chacune  defquel- 
les  l'on  mettrait  deux  Mortiers  &  des  Bombes,  6c  on  irait  droit  devant  Co- 
penhague, 6c  étant  encore  à  la  Voile  aufli  bien  que  l'Efcadre,  fi  on  veut, 
elles  pourront  très  facilement  bombarder  6c  brûler  tous  lesVaifTeaux  de  Guer- 
re qui  font  dans  le   Baflïn.     Il   faudrait  fe  fervir  de  Fregattes ,   pareeque 
fi  l'on  préparait  des  Galliottes  à  Bombes  le  Roi  de  Dannemarck  en  étant 
averti  pourrait  foupçonner  le  deflein.     La  chofe  eft  d'autant  plus  facile  que 
les  Fregattes  peuvent  mouiller  à  portée  pour  bombarder  fans  être  à  portée 
ni  du  Canon  de  la  Citadelle  ni  de  la  Batterie  qui  y  eft  joignant. 

L'on  n'entrera  point  dans  le  détail  de  tous  les  avantages  qu'il  en  peuvent  ré- 
fulter  à  la  Nation  Suèdoife,  ni  de  la  gloire  que  Sa  Majefté  y  aquerra,en  cas  de 
de  rupture,  dans  un  commencement ,  ni  qu'elle  fera  Maître  de  la  Mer  Baltique, 
puifque  le  Dannemarck  ne  pourrait  fe  remettre  de  dix  ans  de  cette  perte ,  ni 
enfin  d'une  infinité  d'avantages  qui  en  réfulteront  6c  qu'on  laiflè  à  la  confide- 
ration  de  Sa  Majefté  &  de  fes  habilles  &  éclairez  Miniftres  ,  fe  remettant  à 
la  générofité  Rôialle  de  Sa  Majefté  pour  la  gratification  que  l'avis  mérite. 

Cet  Ambafladeur  aïant  amufé ,  pendant  plufieurs  femaines  le  Rochelois, 
s'en  défit  affez  brutquement ,  après  s'en  être  fait  un  mérite  auprès  de  fa  Cour. 
Cela  irrita  cet  homme -là,  qui  en  avertit  le  Miniftre  de  Dannemarck}  lui 
donna  la  copie  du  plan,  6c  il  n'en  fut  pas  pour  cela  mieux  récompenfé.  Ce- 
pendant le  Dannemarck  profita  de  cet  avis.  Il  fit  faire  plufieurs  Barques 
plattes  6c  fortes,  nommées  Pramen^  avec  des  batteries  de  plufieurs  pièces  de 
Canon,  à  fleur  d'eau  ,  outre  quantité  d'eftacades  6c  de  chaînes.  L'Amiral  . 
Roock  ne  laifla  pas  que  de  jetter  quelques  Bombes  dans  la  partie  de  la  Ville 
apellée  Chrifiianftad ,  qui  eft  comme  un  Fauxbourg  feparé  de  Copenhague 
par  un  large  canal.  On  jugea  que  cet  Amiral  fit  cette  petite  expédition, 
non  pas  pour  faire  du  dommage  au  Dannemarck  ,  mais  feulement  pour  lui 
faire  voir  qu'on  pouvoit  lui  en  faire. 

Sur  cela  le  Roi  de  Suède  entreprit  de  faire  une  defeente  dans  l'Ifle  de 
Zéeland)  où  Copenhague ,  Capitale  du  Dannemarck,  eft  fituée.  Aufli  exé- 
■cuta-t-il  cet  héroïque  deflein  d'une  manière  fort  heureufe  ,  quoique  fort 
hardie.    Les  Danois  y  aportèrent  quelque  opofition}  mais  iis  furent  bien- 

Q  2,  tôt 


fi       MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ," 

1700.    tôt  difpcrfez  par  la  Valeur  des  Suédois,  quoiqu'ils  euflènt  été  obligez  de  dé- 
"""  barquer  dans  l'eau,  qu'ils  avoient  jufques  aux  aifelles ,   pour  pouvoir  aborder 

la  terre.  Le  Roi  de  Suède  en  fît  autant  à  la  tête  de  fes  Troupes,  6c  ne  pro- 
fita nullement ,  par  un  principe  de  généralité ,  du  defordre  des  Danois.  Au 
contraire  il  fit  obfcrvcr  une  exacte  diieipline  à  fes  Troupes ,  6c  empêcha  tout 
defordre  Se  tout  dégât. 

La  nouvelle  de  cette  defeente  aïant  été  portée  au  Roi  de  Dannemarck  qui 
étoit  dans  fon  Camp  en  Holffein  ,  le  fit  palier  en  hâte  dans  la  Zéeland,  6c 
Iaifia  des  Plénipotentiaires  pour  traiter  de  la  Paix.  Elle  fut  conclue  à  ïraven- 
dal  par  le  Traité  qui  fuit. 


uiu  nom  de  la  Sainte  Trinité. 

S  Oit  notoire  à  un  chacun  que  de  grands  differens  étant  furvenus  depuis 
l'an  iô"7f.  entre  Sa  Majefté  le  Roi  de  Dannemarck,  6c  fon  AltefTe  le 


Traité 
de  Paix 
Conclu 

entre  Sa  Duc  de  Slefwick-Holfrein-Gottorp  ,  qui  ont  été  terminez  par  les  Traitez  de 
Majefté  Fontainebleau  en  1679,  6c  par  ceux  d'Altena  de  1689.  il  en  efr.  néanmoins 
le  Roi  fm-venu  de  nouveaux  à  caulê  d'un  fentiment  contraire  fur  l'interpréta- 
nemarck  t^on  ^e  quelques  Articles  contenus  dans  ces  derniers  Traitez,  qui  ont  été  fui- 
ti  Son  vis  d'hofîilitez  6c  d'une  Guerre  publique  entre  le  Roi  de  Dannemarck  6c  de 
Alt.  le  Norwegue,  6c  le  Duc  de  Slefwik-Holitein-Gottorp  ,  à  préfent  régnant  6c 
^u[de  fes  Hauts  Alliez,  nonobftant  les  foins  6c  les  bons-' offices  de  S.  M.  ï.  6c  de  L. 
fteyû_  A.  E.  de  Saxe  6c  de  Brandebourg,  s'entremettant  dans  l'affaire  de  la  Haute 
Gottorp,  Médiation,  de  même  que  ceux  des  Hauts  Garans  du  Tnùt-é  d'Altena:  Et 
parla  comme  on  n'a  pas  manqué  de  continuer  6c  d'employer  tous  les  foins  6c 
tiotfdés  les  devoirs  poulbles  jufques  à  la  fin,  de  la  part  de  S.  M.  I.  6c  de  S.  A.  E.  de 
Puifun-  Brandebourg,  pour  prévenir  6c  arrêter  à  tems  les  fuites  d'une  telle  Guer-' 
ces  Al-  re ,  6c  pour  rétablir  le  repos  Se  la  tranquillité  dans  le  Cercle  de  la  Baffe- 
liees  Ga-  Saxe  Se  les  Pais  voifîns  du  Quartier  du  Nord  ;  de  même  que  les  bons  .off- 
rantes &  £ces  g^  jes  çQms  extraordinaires  des  Miniflres  6c  des  Garans  refpeétifs,  pour 
Mini-  Ie  rétabliffement  d'une  Paix  fiable  6c  folide  avec  une  bonne  6c  parfaite  intel- 
fircs.        ligence  entre  S.  M.  D.  6c  le  Duc  d'Holfteinj  lefdits  differens  ont  été  enfin 

accommodez  ,  6c  les  Parties  oppoiantes  font  convenues ,  fuivant  ce  Traité 

conclu  ,  des  Articles  fuivans. 

I.  Tout  ce  qui  s'effc  paffé  à  l'égard  defdits  differens  6c  commis  de  part  6c 
d'autre  tant  par  Mer  que  par  Terre,  fera  entièrement  oublié  par  cette  Paix 

'  &  Amniltie,  d'une  manière  qu'on  rfy  fongera  plus,  bien  loin  d'en  faig;  quel- 
que prétenfion  contre  qui  que  ce  foit.  Les  Villes  de  Lubec  6c  de  Ham- 
bourg jouiront  auffi  de  cette  Amnifiie ,  de  même  que  leurs  Sujets  6c  ceux 
qui  en  dépendent ,  auxquels  il  ne  fera  jamais  imputé  aucune  chofe  ni  £iit  le 
moindre  tort  à  l'égard  de  ce  qui  s'efr.  paffé  pendant  ces  troubles. 

II.  On  confirme  encore  par  ce  Traité  entre  le  Roi  de  Dannemarck  6c  de 
Norwegue  6c  tous  fes  fujets  d'un  côté,  6c  le  Duc  de  Slefwyk-Hôlftein  6c 
Pais  incorporez  de  l'autre,  les  unions  faites  en  15-53.  6c  161$.  ('à  la  referve 
de  ce  qui  a. été  fîipulé  aux  Traitez  du  Nord  en  16 f S.  6c  1660.  à  L'égard  de 
la  Caffation  du  vaffelage  6c  la  Souveraineté  obtenue)  dé  même' que  toutes  les- 

Con- 


ET    RESOLUTIONS    D'ETAT.  n 

Conventions  &  les  Traitez  jufqu'à  l'An  lôjf.     Les  Paix  de  Wefttalie,  du  I7°Q- 

Nord,  de  Fontainebleau,  d'Altena  &  le  Recès  de  Glukitad,  ont  été  renou-  

vellés  £c  confirmés  par  ce  Traité  ;  a  condition  néanmoins  que  lefdites  li- 
mons, comme  des  Alliances  perpétuelles,  ne  feront  expliquées  que  félon  les 
paroles  Se  que  les  differens  qui  pourront  à  l'avenir  furvenir  entre  les  deux 
Ducs  Régens,  feront  terminez  entr'eux  à  l'amiable,  ou  par  la  Médiation  des 
Puitfànces  que  l'on  choifira  pour  cet  effet. 

III.  La  Commune  Régence  ou  Communion  fur  les  Prélats ,  lui*  la  IN o- 
bleflè'&  fur  quelques  Villes,  qui  a  fubfiffée  jufqu'à  préfent,  fera  continuée 
furie  même  pied,  &  cela  fans  préjudice  néanmoins  des  difpofitions  ilipulées 
dans  la  Paix  du  Nord,  &  enfuite  dans  le  Recès  de  Glukftad  touchant  la  Ré- 
partition defdits  Prélats  ôc  de  ladite  NoblefTe  -,  à  condition  expreffè  néan- 
moins qu'aucun  des  deux  Partis  ne  pourra  difpofer  de  la  moindre  chofe  tant 
en  tems  de  Guerre  qu'en  teins  de  Paix,  à  l'égard  de  ceux  qui  dépendent  de 
la  Régence  Commune,  Places  ou  Biens  ,  fans  le  çonfentement  de  l'autre 
tant  pour  l'Adminiftration  de  la  Juftice,  Ordres,  Patentes,  Exécutions,  que 
pour  les  Quartiers,  Contributions  ou  autres  Charges  de  quelque  nature  qu'el- 


dans  le  Civil  que  dans  le  Spirituel,  auffi  à  l'égard  des  Colleftes  fous  la  Juril- 
d'iétion  &  Régence  Commune,  fans  aucune  exception  ni  exemption  ,  6c 
qu'ils  maintiendront  auffi  leurs  Droits  Se  Privilèges  ;  Chaque  Partie  exercera 
feule  la  Souveraineté  Ducale  &  les  Droits  qui  en  dépendent  dans  les  Pais, 
Villes  6c  Bailliages  qui  ont  déjà  été  répartis}  fans  qu'aucun  y  puiffè  apporter 
de  l'empêchement,  fous  prétexte  de  Communion,  ou  de  quelque  autre  na- 
ture que  ce  puiffè  être. 

IV.  Et  afin  de  prévenir  avec  d'autant  plus  de  facilité  toutes  }es  difputes  8c 
prétextes,  qui  en  pourront  furvenir  à  l'avenir,  il  a  été  conclu  en  général, que 
les  deux  Parties  en  vertu  des  anciens  Traitez  Se  Obfervations ,  demeureront 
dans  une  même  égalité,  Se  les  deux  Duchez  jouiront  de  femblables  Droits. 
Que  Sa  Majefté  Danoife  &  lès  Succeffèurs ,  comme  Ducs  Régens^  de  Slef- 
wyk-Holftein  ,  ne  fe  pourront  appropier  aucune  préférence  ou  prérogative 
dans  aucun  Droit  (à la  referve  de  celle  de  ratione  Ordinis,  mentionéc  ci-de- 
vant ydeflus  le  Duc  d'Holftein-Gottorp  &  fes  Succeffèurs  auffi  comme  Ducs 
Régens  de  Slefwyk-Holftcin  ,  mais  qu'on  le  laiflèra  dans  l'entière  égalité 
Se  même  Droit  entre  les  deux  Parties. 

V.  A  l'égard  de  la  défenfe  des  Pais  de  Slefwyk-Holftein  ,  lors  que  les 
deux  Parties  pourraient  être  attaquées  par  quelques  Puiffances  Etrangères  % 
alors,  avec  nylon,  elles  tâcheront  de  l'empêcher  avec  leurs  Forces  de  part 
&  d'autre,  BC  parleurs'  Confeils  réciproques,  &  de  procurer  les  Subfides 
néceffaires  dans  les  Diètes  Communes,  comme  de  coutume.   Cependant  au- 


pourr 

même  dans  un  tel  cas,  une  des  Parties  ne  pourra  pas  s'attribuer  la  moindre 

G  3  »  cho- 


|4       MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

1700.  chofe  des  Collectes  des  P;ùs  l'un  de  l'autre,  pour  ce  qui  régarde  l'une  des 
■n  Parties  en  particulier.  Puisque  tous  les  Difrerens  d'api  éfent ,  font  princi- 
palement furvenus  fur  le  Droit  de  porter  des  Armes ,  8c  particulièrement  au 
fujet  des  Fortereffes  8c  de  ce  qui  en  dépend,  de  même  que  des  explications 
contraires  des  Traitez  d'Altena,  on  a  affermi  8c  déclaré  par  ce  Traité  ,  Que  Son 
Alteffe  8c  fes  Succeffeurs  auront  le  pouvoir  &  le  plein  8c  franc  Droit  des 
Armes,  Armemens,  Alliances  8c  Fortereffes  avec  tout  ce  qui  en  dépend, 
de  même  que  l'exercice.  A  quoi  les  Parties  ont  cependant  accordé,  i. 
Qu'aucune  des  deux  Parties  ne  pourra  contraire  des  Fortereffes  qu'à  z.  lieues 
de  celle  de  l'autre.  2.  Et  fur  tout,  elles  ne  pourront  rien  fortifier  qu'à  une 
lieue  du  Territoire  de  l'un  de  l'autre  ,  dont  les  Places  Communes  n'y  font 
point  comprifes.  3.  Aucune  des  deux  Parties  ne  pourra  auifi  conftruire  des 
Forterefies  qu'à  une  lieuë  du  chemin  8c  du  paffage  ordinaire  de  Flensbourg  à 
Rensbourg,  8c  de  là  à  Itfchoe,  à  Glukftad  8c  à  Hambourg.  4.  Et  afin  que 
l'une  des  Parties  ne  caufe  point  d'ombrage  ni  de  jaloufie  à  l'autre  par  l'entre- 
tien d'un  trop  grand  nombre  de  TroUpes  dans  les  Duchez,  ou  par  de  trop 
groffës  Armées,  il  a  été  arrêté  que  l'une  des  deux  Parties  ne  pourra  avoir  plus 
de  ôboo.  hommes ,  tant  Cavalerie  qu'infanterie  dans  les  Duchez  de  Slefwik- 
Holftein  (qui  ne  pourront  jamais  être  employez  pour  opprimer  l'un  ou  l'au- 
tre) à  moins  d'une  neceffité  évidente  ;  principalement  lors  qu'il  y  auroit  ap- 
parence d'une  Invafion  étrangère  ,  ou  d'un  danger  évident,  ou  que  Sa  Ma- 
jefté'  Danoife  doive  donner  quelque  affiftance  à  fes  Alliez }  alors  le  pafîagc 
dans  les  Jurifdictions  des  Duchez  doit  être  libre  par  droit  8c  raifon ;  Mais  com- 
me il  pourroit  arriver  que  Son  Alteffe  le  Duc  d'Holftein-Gottorp  ne  ferait 
point  toujours  pourvue  d'un  tel  nombre  de  Troupes ,  8c  que  l'occafion  ne 
permet  pas  qu'Elle  les  tienne  toujours  liir  pied.  Elle  aura  toujours  la  liber- 
té, fi  elle  le  juge  à  propos,  d'en  prendre  de  fes  Alliez  8c  Amis  de  l'Empire 
Romain  8c  du  Cercle  de  la  Baffe-Saxe  ,  jufqu'au  nombre  de  3000.  hommes, 
de  les  faire  entrer  dans  les  Duchez  8c  d'y  loger.  Si  elle  veut  auffi  avoir  quel- 
que Troupes  des  puiffances  étrangères  ,  qui  quittent  leur  ancien  fèrvice ,  8c 
3ui  entrent  dans  le  fien  fous  ferment ,  elle  pourra  le  faire  }  Ces  Troupes  ne 
evant  être  confiderées  que  comme  des  Troupes  de  Gottorp  j  II  fera  à  la  li- 
fte difpofition  de  Son  Alteffe  de  prendre  plus  de  3000.  hommes  ,  elle  en 
pourra  même  prendre  jufqu'audit  nombre  de  6000.  à  condition  néanmoins 
qu'elle  n'en  prendra  pas  plus  de  3000.  hommes  d'un  Potentat  feul. 

Enfin  il  a  auffi  été  arrêté ,  que  dans  le  paffage  des  Troupes  l'une  des  par- 
ties ne  chargera  pas  les  fujets  de  l'autre  par  des  quartiers,  fi  non  en  tems  de 
neceffité  ,  moyenant  une  préalable  requifition,  que  pour  lors  on  accorderait 
Une  nuit  de  logement  ;  à  la  charge  néanmoins  de  payer  tout  ce  qui  leur  fera 
fourni  ;  8c  de  tenir  une  exacte  dilcipline  j  mais  le  fimple  paffage  ne  fera  pas 
refufé,  pourvu  qu'on  le  demande  auparavant. - 

VI.  Le  Traité  d'Altena  8c  la  rettitution  des  biens  de  Gottes-Gabe  feront 
pleinement  mis  en  exécution  au  Duc  de  Holffein-  Gottorp,  fix  femaines  après 
réchange  de  la  Ratification  -,  mais  en  tout  cas  le  regrès  demeurera  infaivo  à 
la  maifon  Ducale  de  Holitein-Pleun. 

VIL  Son  Alteffe  de  Holftein-Gottorp  ayant  auffi  fait  reprefenter  que  la 

Vil- 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.  ff 

Ville  de  Chriftian  Prys  ou  Freedericksort  a  caufé  beaucoup  de  dommage,  Se  1706. 
plusieurs  furcharges  à  fes  Pais  8c  dépendances,  principalement  à  la  Ville  de  "  " ■  ■' 
Kiel,  contre  la  teneur  du  Recès  de  Glukftad,  6c  ayant  requis  que  cette  For- 
tereflè  puifTe  être  démolie  ,  il  a  été  promis  de  la  part  de  Sa  Majefté  Danoife 
qu'il  fera  encore  efficacement ,  £c  entièrement  remédié  fur  ce  point  aux  plain- 
tes de  la  Maifon  de  Holftein-Gottorp ,  &  que  le  Recès  de  Glukftad  fera  auffi 
pleinement  obfervé  en  toute  fon  étendue  tant  en  tems  de  Paix  qu'en  tems  de 
Guerre;  que  les  dépendances  de  Gottorp,  6c  nommément  la  Ville  de  Kiel  ne 
fouffriront  plus  rien  à  l'avenir  de  ladite  Eorterefîè.  Puilque  aufli ,  M  contre 
toute  attente  en  cas  de  contravention,  8c  après  en  avoir  requis  la  fatisfaction  , 
on  n'en  fît  point  de  réparation  dans  les  fîx  fèmaines  après  la  requifition  fai- 
te, Son  AltefTe  en  vertu  du  confentement  accordé  ,  fous  des  conditions, 
dans  le  Recès  de  Glukftad,  touchant  cette  ForterefTe,fe  referve  tous  fes  droits 
iàins  8c  entiers. 

VIII.  A  l'égard  de  la  convention  qui  a  été  faite  en  1647.  avec  le  Chapi- 
tre de  Lubec  de  la  part  de  Holftein-Gottorp  ,  pour  l'Election  Epifcopale  , 
pour  fîx  générations,  S.  M.  Danoife  accorde  que  tout  reftera  félon  le  Recès 
de  Glukftad  de  l'An  1667.  8c  les  promeflès  qui  y  ont  été  faites,  8c  qu'elle  ne 
permettra  pas  que  l'on  faflè  directement  ni  indirectement  aucune  chofe  con- 
traire à  ce  Recès. 

IX.  Comme  il  a  été  reprefenté  de  la  part  de  Son  AltefTe  de  Sleswyk  Hol- 
ftein-Gottorp ,  tant  à  la  Haute  Médiation ,  qu'à  Sa  Majefté  Danoife  &c  de 
Norwegue  quelle  perte  confiderable,  8c  quelle  ruine  fa  maifon  8c  fes  Pais  ont 
fbuftert  par  les  differens  paflez,  Sa  Majefté  par  amitié ,  8c  par  une  affection 
de  confanguinité,  confent  de  faire  payera  Son  AltefTe  de  Holften-Gottorp  la 
fbmme  de  2,60000.  Richdales  en  bonnes  8c  valables  Crones  Danoifès,  8c  cela 
fans  faute  à  Hambourg  entre  ci  8c  la  foire  prochaine  de  Kiel ,  dans  l'Octave 
des  2.  Rois  de  l'année  prochaine  mille  fept  cens  un,  laquelle  fomme  doit  être 
affignée  dans  12.  jours  après  la  fignature  du  Traité,  fur  la  Banque  de  Ham- 
bourg ,  ou  fui'  de  bons  8c  feurs  Marchands  j  Et  il  en  fera  donne  une  entière 
afïurance  aux  Commiflaires  de  fon  AltefTe,  qui  en  recompenfe  fe  defîfte  de 
toute  forte  de  prétenfions,  tant  formées  qu'à  former,  touchant  le  dédoma- 
gement  de  cette  Guerre. 

Son  AltefTe  renonce  de  fon  côté;  1.  Aux  dépens  caufez  en  i66j.  par  les 
Troupes  du  Roi.  2.  Aux  prétenfions  qu'a  la  Maifon  Ducale  de  Gottorp  en 
vertu  de  l'égalité,  defquelles  prétenfîons  il  a  été  fait  mention  aux  Traites  de 
l'An  1661.  8c  dans  le  recès  de  Glukftad.  Et  3.  à  ce  qui  a  été  levé  dans  la 
partie  Ducale  du  Duché  de  la  part  de  S.  M.  D. .après  le  23.  de  Juin  1680.  en 
confîderation  dequoi  S.  M.  D.  renoncera  auflî  à  toutes  les  prétenfions  qu'elle 
pouiToit  former  pour  les  dédommagemens  des  frais  faits  au  fujet  de  cette 
'  Guerre. 

De  plus ,  il  a  été  accordé  que  tout  ce  qui  pourroit  avoir  été  exigé  8c  levé 
des  Domaines  8c  Rentes  des  Duchez  de  Sleswyk  Holftein  dans  les  Pais  de 
Tun  ou  de  l'autre  jufqu'au  14.  Août  inclufivement ,  reftera  à  celui  qui  a  pro- 
fité; mais  ce  qui  pourroit  avoir  été  exigé  8c  payé  depuis  le  if.  Août  inclufi- 
vement ,  fera  reftitué  de  bonne  foi  dans  4.  femaines. 

De 


f6       MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

1700.   -  •   De  même  que  les  Contributions  exigées  desPaïs,  Bailliages  &  Villes  de 

' ~*    part  &  d'autre  ,    &  lefquellcs  ne  fe  trouveront;  pas  avoir  été  effectivement 

payées  le  14.  de  ce  mois,  ou  plutôt ,  cefTeront,'  5c  ne  feront  point  exigées* 
Pareillement  les  Obligations  ou  Cautions  données  pur  les  V  illes ,  pour  les  Con- 
tributions extraordinaires , qu'on  a  impolees, céderont,  6c  feront  annullées  par 
le  prefent  •-,  mais  les  Contributions  déjà  impoiées  Se  lignifiées  aux  Prélats  6c 
Nobles,  feront  payées  6c  exécutées  juiques  à  la  fin  de  ce  mois. 

X.  Comme  l'on  a  trouvé ,  1 .  Que  les  deux  Advoyeiies  Royales,  com- 
munnément  nommées  Voigteyen,  Breukel  6c  Ulfenis  lïtuées  dans  le  Baillia- 
ge de  Gottorp  près  de  Sleswyk  ,  Se  en  fécond  lieu  le  Village  Feddring  fitué 
dans  le  Nord  Ditmarlèn  ,  ont  donné  bien  fouvent  occafion  à  plufieurs  diffi- 
ficultés ,  S.  M.  après  en  avoir  été  requife,  a  confenti  6c  promis  d'échanger 
ces  Biens  contre  un  équivalent  des  terres  du  Chapitre  de  Sleswyk ,  ou  contre 
d'autres,  qui  pourront  être  à  la  commodité  6c  bienfeance ,  de  faire  trouver 
"la  proportion  de  ces  biens  qui  s'échangeront  ou  feront  échangés  fuivant  les 
Regitres  de  fix  ans ,  &  de  vouloir  faire  régler  cette  affaire  dans  l'efpace  de 
quatre  mois.  En  cas  auffi  qu'il  y  eut  dans  les  portions  Royales  quelques  fujets 
Ducals ,  ou  des  biens  communément  appelles  *  Manck-guter ,  qui  pour- 
voient accommoder  fa  Majefté  ;  Son  Altefiè  pour  lui  complaire,  admettra 
volontiers  un  pareil  échange  de  ces  biens. 

XI.  A  l'égard  du  Bureau  de  la  Douane ,  qui  a  été  établi  de  la  part  du 
Roi  anciennement  à  Lyft  dans  le  Bailliage  de  Tunderen,  il  a  été  convenu 
qu'on  n'y  exigera  en  aucune  manière  aucun  droit  des  Sujets  de  fon  Alteflê  le 
Duc  de  Slefwyk-Holftein-Gottorp  ,  ni  auffi  des  marchandifes  6c  denrées  qui 
viennent  directement  de  la  Mer  à  la  Ville  6c  Bailliage  dd  Tunderen  ,  ni  de 
celles  qui  vont  de  là  en  Mer  j  mais  qu'elles  feront  entièrement  déchargées  6c 
libres  de  ces  impôts ,  fins  être  obligées  à  païer  aucuns  droits  ,  de  quelque 
nom  6c  de  quelque  nature  qu'il  puiflè  être. 

,  Tous  les  autres  differens  6c  griefs  qui  pourroient  refter  à  vuider ,  feront 

entièrement  levés  &  terminés  à  Hambourg,  par  les  Confeillers  des  deux  par- 
ties, qui  pour  cet  effet  feront  députés  de  part  6c  d'autre  j  6c  cela  de  bonne 
foi,  6c  dans  l'efpace  de  fix  femaines,  à  comper  du  jour  que  ce  préfent  Trai- 
té fera  ratifié. 

XII.  Comme  fon  Alteflê  de Brunfwyk-Lunenbourg-Zcll  a  fait  bâtir,  pen- 
dant ces  Troubles,  une  Redoute  dans  l'Ifle  de  Grevenhof  fituée  devant  le 
Port  de  Hambourg ,  Elle  a  auffi  confenti  que  ledit  Fort  fera  évacué  6c  démo- 
li immédiatement  après  la  Ratification  de  ce  Traité}  fur  quoi  S.  M.  de  Dan- 
nemarck  6c  de  Norwegue  a  pareillement  promis  que  la  conftruétion  du  fuf- 
dit  Fort,  ne  fera  jamais  allégué  au  préjudice  de  qui  que  ce  foit,  6c  que  celui 
de  l'Ifle  de  Grevenhof,  non  plus  que  des  accroiflëmens  qui  pourroient  s'y  fai- 
re ci-après,  il  ne  fera  jamais  fait  aucun  trouble  ni  empêchement  à  la  Navi- 
gation en  manière  quelconque. 

XIII.  Sont  compris  dans  cette  Paix  6c  Amniftie  les  Hauts  Garants  du  Trai- 
té d'Altena,  leurs  Succefîeurs ,  Roïaumes,  Etats  6c  dépendans  ;  Et  tout  ce 

qui 
*  Communaux. 


ET    RESOLUTIONS    D'ETAT.  59 

qui  a  été  fait  6c  commis  de  leur  part  contre  l'une  ou  l'autre  des  deux  parties,   1709. 
fera  oublié  à  perpétuité,  fans  jamais  y  fonger  ou  toucher  en  mal.  ' 

Sa  Majefté  de  Dannemarck  confent  6c  promet  particulièrement  par  la  pré- 
fente, pour  Elle  &  fes  Succe/Teurs,  qu'à  l'égard  de  ce  qui  s'eft  paflë  jufqu'à 
prêtent,  ni  fous  quelque  autre  prétexte  que  ce  puiflê  être,  Elle  ne  veut  Elle- 
même,  ni  par  voie  de  fait,  rien  entreprendre  contre  Sa  Majefté  de  Suéde, 
ou  la  Sérénifîîme  Maifon  de  Brunfwyk-Lunebourg,  de  Cell,  de  Hanover,  ni 
donner  aucun  Confêil  ou  affiftance  directement  ni  indirectement  à  leurs  En- 
nemis adverfaires  >  6c  à  ceux  qui  déjà  ont  entrepris ,  ou  entreprendront  quel- 
que chofe  dans  la  fuite,  contre  fadite  Majefté  de  Suéde,  &  contre  ces  Séré- 
niffimes  Maifons  :  mais  au  contraire,  Elle  promet  nonobftant  tout  ce  qui 
s'eft  palTé  jufqu'à  préfent,  de  vivre  avec  Elles,  6c  particulièrement  à  l'égard 
de  Sa  Majefté  Suédoife  6c  la  Couronne  de  Suéde,  félon  la  teneur  des  Con- 
ventions 6c  Traitez  conclus  entre  les  deux  Rois  6c  Roïaumes  du  Nord,  dans 
une  parfaite  harmonie  6c  bonne  intelligence,  6c  entretenir  une  bonne  corret- 
pondance,  amitié  6c  voifinage:  fur  quoi  Sa  Majefté  Suédoife  6c  la  fufmen-  . 
tionnée  Sérénifîîme  Maifon  déclarent  le  vouloir  comporter  de  même  envers 
la  Couronne  de  Dannemarck ,  6c  de  tenir  en  toute  manière  une  parfaite  ami- 
tié 6c  correfpondance  voifïne  avec  Sa  Majefté  Danoifè. 

XIV.  Sa  Majefté  Impériale  6c  les  autres  Hautes  PuifTances,  qui  jufqu'à 
préfent,  fe  font  aquitées  de  la  garantie  du  Traité  d'Altena,  de  même  que  S. 
M.  le  Roi  de  France  6c  les  Electeurs  &c  Princes  de  l'Empire,  aufquels  l'une 
ou  l'autre  partie  pourrait  avoir  confiance,  6c  qui  feront  nommez  dans  deux 
mois,  feront  invitez  à  garantir  ce  Traité  6c  les  Articles  féparez  envers  les 
deux  parties. 

XV.  L'Echange  des  Ratifications  de  ce  Traité  fe  fera  à  Segeberg  dans 
fept  jours  après  la  fîgnature ,  6c  plutôt  s'il  eft  pofîîble. 

En  foi  6c  confirmation  dequoi  il  a  été  fait  deux  Copies  de  cet  Acte  qui 
ont  été  fignées  par  les  Miniftres  autorifez  des  deux  Parties,  6c  fceUées  de  leur 
Cachet.    Fait  à  Travendal  le  18.  Août  1700. 

Signé, 

(L.  S.)  Jean  Hugo  de  Lente.  (L.  S.)  Magnus  de  JTedderkop. 

(L.  S.)  Chriftof.  Élome.  (L.. S.)  Pincier  van  Konigfieya. 

Outre  ce  Traité  il  y  eut  fix  Articles  féparez  6c  fécrèts,  qui  furent  fî- 
gnez  en  même  terns,  6c  que  voici. 

I.  COn  AltefTe  Monfieur  le  Duc  de  Holftein-Ploën ,  fes  Héritiers  6c  Def-  Articles 
<-3  cendans  ne  feront  point  troublez  ni  grevez  contre  les  Accords  6c  Re-  j,eC!trs . 
ces, qui  ont  été  paflèz  entre  Sa  Majefté  Roïale  de  Dannemarck  6c  S.  A.  de  xé]*' 
Slefwick-Holftein-Gottorp ;  mais  ils  jouiront  paifiblement  de  tous  les  Droits  Tm-cn- 
qui  leur  ont  été  aquis  par  lefdits  Rècès,  6c  de  tous  ceux  qui  leur  apartien-  dal, 
Tom.  I.  H  nent 


I700. 


f8       MEMOIRES,  NEGOCIATIONS,  TRAITEZ, 

nent  d'ailleurs,  leurs  Seigneuries,  Baillagcs  6c  Biens  y  annexez,  fans  y  être 
inquiétez  ni  moleftez  par  perfonne  quelle  qu'elle  puiffe  être.  Le  tout  néan- 
moins fauf  &  fans  préjudice  du  Traité  d'Altena.  Cet  Article  léparé  aura  la 
même  force,  &  fera  du  même  effet,  que  s'il  étoit  inféré  mot  à  mot  au  Trai- 
té principal  6c  l'on  en  a  fait  trois  Actes,  lefquels  ont  été  fignez  par  les  Mi- 
niftres Plénipotentiaires  des  deux  partis  6c  féellez  de  leurs  Cachets.  Fait  à 
Travendal  le  1-8.  d'Août  1700. 

II.  S.-  A.  de  Slefwick-Holftein-Gottorp  promet  d'emploïer  lés  offices  les 
plus  efficaces  auprès  de  Sa  Majefté  Roïale  de  Suéde ,  &  s'engage  d'obtenir 
d'Elle.  Primo  que  toutes  hoftilitez,  Contributions  6c  exactions  ceffent  dans 
Tille  de  Zéeland ,  6c  dans  toutes  les  autres  Mes  de  Dannemarck  dès  le  jour 
que  le  Courier,  que  S.  A.  expédiera  ce  foir  pour  notifier  à  Sa  Majefté  la 
conclufion  du  préfent  Traité,  arrivera  auprès  d'Elle  j  6c  que  tout  ce  qui  n'au- 
ra pas  été  reçu  jufques  audit  jour  inclufi-ve  de  l'arrivée  du  Courier  ne  foit 
point  exigé  dans  la  fuite.  Et  fecundb  que  les  Troupes  Suédoifes  foient  reti- 
rées fins  aucun  retardement  du  Roïaume  de  Dannemarck ,  immédiatement 
après  que  l'échange  des  Ratifications  du  préfent  Traité ,  aura  été  notifié  à  Sa 
Majefté  Roïale  de  Suéde,  ou  à  fes  Généraux  en  Zéeland,  à  moins  que  le 
vent  ou  l'orage  n'y  aportaffent  empêchement.  Laquelle  Déclaration  6c  pro- 
meiiè  a  été  lignée  par  S.  A.  de  Slefwick-Holftein ,  6c  munie  de  fon  Cachet 
à  Segcberg  le  18.  d'Août  1700. 

III.  En  cas  que  le  paiement  des  z6o.  mille  Ecus  promis  dans  le  IX.  Arti- 
cle du  Traité  ne  fe  fafle  pas  en  quinze  jours,  à  compter  d'aujourd'hui,  on 
cft  convenu  que  le  Hardebredtftedt,  ou  Norgesharde  fera  remis  à  S.  A.  de 
Gottorp,  pour  hipoteque,  avec  tous  fes  Droits ,  apartenances ,  6c  fupériori- 
tcz,  &  qu'Elle  en  jouira  paisiblement }  fadite  Altefle  promettant  auili  de  fe 
contenter  de  fix  pour  cent  pour  l'intérêt  de  fon  Capital,  6c  de  ne  rien  exiger 
au  de-là  fur  les  Contributions  &  Revenus  de  ce  Baillage.  En  foi  de  quoi  les 
Miniftres  Plénipotentiaire^  des  deux  Partis  ont  figné  le  préfent  Article  féparé 
de  leurs  mains ,  &  y  ont  apoie  leurs  Cachets,  voulant  qu'il  ait  la  même  va- 
leur 6c  le  même  effet  que  s'il  étoit  inféré  au  Traité  principal.  Fait  à  Tra- 
v€ndal  le  18.  Août  1700. 

IV.  Les  Miniftres  Plénipotentiaires  de. Sa  Majefté  Suédoife,  de  S.  A. 
Electorale  de  Brandebourg,  &  de  la  Sereniffime  Maifon  de  Brunfwick-Lu- 
nebourg  ont  defiré  6c  inftamment  recommandé  que  Sa  Majefté  Danoife  ne 
contefte  plus  les  droits  de  fupériorité  de  la  Ville  de  Lubeck  fur  Mciflingen, 
Niendorf ,  Reecke  ,  Stockehdorf  ,  Morie  ,  Eckjjorft,  Danckehdorf  §CÏrent- 
■horft;  fur  quoi  les  Sieurs  Miniftres  Plénipotentiaires  du  Roi  de  Dannemarck 
ont  déclaré  qu'ils  efpérent  d'obtenir  que  Sa  Majefté  pour  montrer  fes  bonnes 
intentions  à  l'égard  de  les  Voifins  6c  Etats  du  Cercle ,  &  la  confidération 
qu'Elle  a  pour  leur  interceffion,  donnera  les  mains  aune  Sentence  Impéria- 
le, 6c  que  fans  atend:-e  qu'elle  foit  prononcée,  Sa  Majefté  fera  rendre  à  la 
Ville  de  Lubeck  le  Bien  6c  Village  de  Meiflingen  avec  fes  apartenances,  6c 
le  droit  de  fupériorité  fur  icelui,  dès  que  ladite  Ville  l'aura  demandé  par  une 
Dépuration.    En  loi  doquoi  le  préfent  Article  féparé  a  été  figné  6c  féellé  par 

les 


ET    RESOLUTIONS    D'ETAT,  f9 

Je?  Miniftres  Plénipotentiaires  du  Roi  de  Dannemarck,  à  Travendal  le  18.    1700- 
d'Août  1700.  ' 

V.  Sur  l'inftance  faite  au  nom  des  Hauts  Directeurs  du  Cercle  de  la  Baffe 
Saxe,  par  les  Sieurs  Minières  Plénipotentiaires  de  Suéde,  Brandebourg,  & 
Brunfwick-Lunebourg  à  ce  que  Sa  Majefté  Danoife  veuille  remettre  à  l'Evê- 
ché  de  Lubeck  la  fomme  de  120.  mille  Ecus,  demandée  par  Elle  pour  cer- 
taines Affignations  Impériales}  on  s'eft  déclaré  de  la  part  de  Sa  Majefté  Da- 
noife, qu'Elle  ne  prétendra  plus  dudit  Evêché  que  ce  qui  eft  ordonné  par  la 
Matricule  de  l'Empire  6c  du  Cercle,  6c  ce  qui  en  relie  dû,  en  rabatant  là-- 
defTus  tout  ce  que  Sa  Majefté  a  déjà  reçu.  Que  dans  iîx  femaines  Elle  apoin- 
tera  cette  affaire  pour  la  liquidation ,  6c  qu'en  toutes  choies  Elle  en  ufera  en 
toute  équité  avec  ledit  Evêché  6c  Chapitre  de  Lubeck,  &  lui  accordera  ce 
qui  a  été  accordé  à  quelques  auties  Etats.  En  foi  dequoi  ce  préfent  Article 
féparé  a  été  figné  par  les  Miniftres  Plénipotentiaires  des  deux  Partis ,  vou- 
lant qu'il  foit  du  même  effet,  force  6c  valeur  que  le  Traité  principal.  A 
Travendal  le  18.  d'Août  1700. 

VI.  Sur  l'inftance  faite  en  ces  préfens  Traitez  à  ce  que  pour  le  bien  du 
Commerce  de  l'Elbe  Sa  Majefté  de  Dannemarck  Se  de  Norvvegue  voulut 
faire  démolir  6c  rafer  le  Fort  de  l'Elbe,  dit  Hillerfchantz ,  Sa  Majefté  Roïa- 
le  s'eft  déclarée  qu'elle  vouloit  biffer  ce  point-là  à  l'arbitrage  de  Sa  Majefté 
de  la  Grande-Bretagne  6c  de  Meilleurs  les  Etats  Généraux  des  Provinces- 
Unies  des  Pais-Bas  comme  Garands,  6c  de  Sa  Majefté  de  France,  6c  que 
deux  mois  après  que  leur  Sentence  feroit  donnée,  elle  y  fatisferoit.  Pour  af- 
furance  de  quoi  le  préfent  Article  féparé  a  été  figné  par  les  Miniftres  Pléni- 
potentiaires des  deux  Partis,  6c  il  aura  la  même  force  6c  valeur  que  le  Trai- 
té principal.    Fait  à  Travendal  le  18.  d'Août  1700. 

Signé, 

(L.  S.)  Jean  Hugue  de  Lente.  (L.  S.)  Chriflophle  Blome. 

L  "E  s  Miniftres  d' Angleterre  6c  de  Hollande  donnèrent  d'ailleurs  un  Acte 
de  Garantie  du  XIII.  Article  du  Traité  principal,  6c  cela  à  la  requifîtion  de 
la  Couronne  de  Suéde.     L'Acte  étoit  conçu  en  ces  termes. 

COmme  par  le  XIII.  Article  du  Traité  de  Paix,  conclu  ce  jourd'hui  Garantie 
entre  Sa  Majefté  de  Dannemarck  6c  S.  A.  Monfieur  le  Duc  de  Slef-  dcl'Ar- 
wick-Holftein-Gottorp ,  il  a  été  promis  de  la  part  de  fa  très-haute  mention-,  11e.  5y 
née  Majefté,  qu'Elle  ne  donnerait  aucun  fecours  aux  Ennemis  de  Sa  Majef- 
té Suédoife,  ni  de  fait  ni  de  confeil,  ni  directement  ni  indirectement,  6c  que 
les  Miniftres  Plénipotentiaires  de  Sa  Majefté  de  Suéde  pour  ce  Traité,  ont 
déclaré  que  cela  devoit  fpécialement  s'entendre  de  Sa  Majefté  de  Pologne, 
Electeur  de  Saxe ,  qui  a  attaqué  la  Couronne  de  Suéde  en  Livonie  hoftile- 
Tncnt  6c  publiquement.    Sur  quoi  les  Sieurs  Miniftres  Roïaux  de  Dannemarck 
iè  font  aufîî  déclarez  à  Nous  fouffignez  que  félon  le  contenu  6c  la  bonne  foi 

H  à  dudit 


6o       MEMOIRES,  NEGOCIATIONS,  TRAITEZ, 

1700.    dudit  Article  XIII,  Sa  Majefté  de  Dannemarck  &  de  Norwege  ne  donne-- 
'  roit  aucun  fecours  ni  aide,  foécialement  à  Sa  Majefté  Roïale  de  Pologne  & 

Electeur  de  Saxe,  dans  là  prefente  Guerre  contre  Sa  Majefté  de  Suède,  ni 
par  Terre,  ni  par  Mer,  ni  directement  ni  indirectement;  ce  qui  a  été  aufïï 
accepté  de  la  part  de  Sa  Majefté  Roïale  de  Suède.  C'eft  pourquoi  Nous 
"auifi  defiïant  d'avancer  &  d'afïurër  la  conclufion  de  la  Paix,  certifions  &;  té- 
moignons par  le  préfent  Acte  que  cela  a  été  accordé  ainfi  ;  offrant  &  promet- 
tant en  outre,  de  procurer  la  Garantie  de  nos  très-Hauts  Seigneurs  Princi- 
paux, fpécialement  fur  ce  point  dans  le  terme  de  fix  femaines,  &  la  Ratifi- 
cation de  cet  Acte  en  quatre  femaines.     Fait  à  Segeberg  le  18.  d'Août  1700. 

Signé, 

(L.  S.)  Jaques  Crejfet.  (L.  S.)  If  Hacrsholte. 

Les  Miniftres  de  Brunfwick-Lunebourg  donnèrent  à  part  un  A&e  de  la 
même  teneur. 

Ledit  Miniftre  d'Angleterre  Crejfet  aïant  fort  porté  les  intérêts  du  Duc  de 
Holflein,  et  étant  peu  après  fur  le  point  de  retourner  à  fa  Cour,  le  Duc  lui 
donna  des  Lettres  Recredentiales  de  la  manière  qui  fuit. 

Sereniflime  ac  Potentifïime  Rex , 


-     f^Um  avita  îlla,  quam  Regiam  Majeflatem  JÛania  me  que  hit  er  fat  a  temporam 
les  ^^  ititerruperant ,   amicitia,  fingulari  Divini  Numinis  bénéficia  variorumque 


Recre- 

dentials 

gem  An-  Principum  &  Potcntiarnm  indefïfjli  operâ  tandem  Traïer.tbaliœ  ex  veto  reflau- 
glise  pro  rata,  Paxque  parla  &?  ejus  Ratificatio  utrïnquc  folemnitcr  fubfccuta  fit ,  non 
Domi-    poffum  qitin  Regue  Majeftati  Veftrœ  me  multis  nominibus  bâc  in  re  obftriclum 
mim  de    ^enuo  agnofeam,  &  pro  infigni  Ulâ  cura  {s?  ope  quam  ad  compefeendos  Septentrïo- 
tiis  motus  ,   Pacemque  redïntegrandam  ,  per  Abkgatum  fuum  Extraordinarium 
Dominum  de  Crejfet  per  quadriennium  integrum  adhibere  non  gravât  a  eft ,  débitas 
fummo  jure  réitérera  gra-tes ,  praprimis  etiam  quod  toto  Negotii  tempore  virum  - 
rafts  probitatis  &  prudent  ue  cjr  quo  magis  idoneus  eligi  non  potuit ,  hic  adejfey 
Regia  Veflra  Majeftati  placuerit.  Cœlemm  cum  peraclojam  negotio  difeeffum  pa- 
rafe conflit uerit  prxdiftus  Dominas  Ablegattis ,  eum  ob  infignia  mérita  mihi  ac- 
ceptijfimum ,    condigno   apud  Regiam   Majeflatem   Veftram   teftimonio  profequi 
meum  efje  exiftima-vi;  certb  confidens ,  Illum  pro  cà,  quâ  praftat  fide  &  integri- 
tatc ,  idoneum  porrb  te/iem  cjf  fponfurem  futnrum  ejfe  me  te  vbfervantia  £5?  nun- 
quam  iniermoritura  gratitudinis  erga  Majeflatem  Vcftram ,  cui  Deus  Optimus 
Maximus  ad  promoveudum  porrà  commune  bonum  vitam  longam ,  felicefque  rerum 
fuccefj'us  largiri  velit.     Dabantur  Hamburgi  die  zj.  Septembris  Anno  ijoo.      ■ 

Friuericus  Dei  Gratiâ  Hxres  Norvegia?,  Dux  Slefwici, 
Holfatùv,  Stormariae  &  Ditmarûa;,  Cornes  in  Oldenburg 
&  Dclraenhorftj  £vc, 

Le 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.  61 

Le  même  jour  ledit  Duc  dépêcha  des  Lettres  Requifitoriales  au  Roi  de  la  1700. 

Grande  Bretagne ,  pour  implorer  (à  Garantie  du  Traite  qu'on  venoit  de  con-  

dure  à  Travendal.     Elles  étoient  de  la  teneur  fuivante. 

Serenifîîme  Se  Potentifîîme  Rex. 

QUod  noviffiniis  hifee  moîibus ,  qui  Regiam  Majefiatem  Daniœ  meque  inter  RequiTi- 
fuborti,  Septentrionis  qttietem  per  intégrant  quadriennium  dubiam  reddide-  q"*,.^. 
rant  ,  publiceeque  non  ita  pridem  -reftauratœ  tranquillitati  exitium  minari  vide-  ti£e  a'^ 
bântur  Regia  Feftra  Majeftas  pro  affecta  erga  me  fuo  Conciliât  or  £ïf  vindex  ac-  Regem 
eedere ,  ' fuamque  operam,  autoritatem,  &  cum  res  in  fiammam  erupifjet ,  fuUm  AngU-e. 
auxilium  etiam  efficaciter  imper tiri  non  dedignata  fit ,  ufque  donec  nupero  18.  die 
Auguftt  Pax  Traventhaliœ  conclu/a ,  &,  quo  ipfa  fanguinis  propinquitas  invita- 
bat,  fœlix  animorum  conjunclio  fubfecuta  finem  negotio  impoftierit  ;  hoc  utpote  m- 
figne  Régis  Majeftatis  Feflra  bénéficiant  benevo'.entiœque  quod  pofleritas  etiam 
■mirabitur,  argument um  grato  animo  veneror,  perpetuâque  commémorât ione  cele- 
brabo.  Cum  igitur  Pace  reflitutâ  omnia  mea  vota  eo  jam  confpircnt  ;  ne  novis 
turbarum  tempeftatibus  coneuflfa  tranquillitas  amplius  cornière,  fedpotius  renovata. 
amicitia  fecurior  coalefcere,  &  ab  omni  parte  inviolata  dur  are  poftit.'  Proinde  eâ 
quâ  par  eft  obfervantiâ  &  quod  negotii  gravitas  requirit ,  quant  impenfijjimè  Re- 
viam  Veflram  Majefiatem  rogatam  volo ,  ut ,  qu<£  conciliando  Recejjui  Altona- 
•vienfi  operam  &  autoritatem  fuam  olim  commodare  non  gravata  eft ,  ita  etiam 
Pacem  banc  ïraventhaliœ  aufpiciis  fuis  initam  &f  quœ  controverfus  de  fenfu  prio- 
ns fraclatus  enatis  finem  tandem  imponit ,  Guarantiâ  cjf  autoritate  fuâ  porrà 
munir e ,  mihique  defuper ,  confuetam  formulam  impertiri  velit ,  quo  folido  œqui- 
tatis  &  juftitite  fundamento  nixus  ilîe  Traventhalienfis  Tr a  cl  a  tus  fubjeclo  ad  hue 
tara  potenti  fulcro ,  ad  pofteros  interner ata  tranfmittatur.  Faciet  eo  ipfo  Regia 
Veflra  Majeftas  non  tantum  quod  juftitiœ  ipfius ,  gloriœque  Nationis  Britannica 
&?  amori  pro  bono  publico  conveniens  eft  ;  fed  etiam  Me  13  Domum  meara  hoc 
nunquam  intermorituro  affeclus  fui  document 0  in  œternum  fibi  devinciet ,  qui  c<e- 
terum  Regiam  Veflram  Majefiatem  in  longam  annorum  fericm ,  gUriœqae  incre- 
mentum  Omnipoter.tis  curœ  6?  tutelle  comme ndo.  Dabantur  Hamburgi  ij.  die 
Septembris  Anno  ijoo- 

Fridericus  Dei  Gratià  Hœres  Not vegvx  ,  Dux  Slefwiei , 
Holfatix* ,  Stormarise,  6c  Ditmarilse,  Cornes  in  Oldenburg 
&  Delmenhorft. 

Regiae  Veftrte  Majeftatis 
ad  quœvis  officia  paratiiîmius 
Fridericus  Dux  Slefw.  3c  Holf. 
SereniiTïmo  ac  Potcntiffimo  Principi, 
Domino   Guilie l.m o  Tertio  , 
Magna;    Britannia; ,   Francise    6c 
Hibernia:  Régi,  Fidei  Defenlbri, 
•    Domino  Conlanguineo,  nobis  plu- 

rimum  colendo.  * 

H  5  Le 


6z       MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

1700.        Le  même  Duc  en  écrivit  une  pareille  auRoi  Très-Chrétien,  dont  la  Co- 

■  pie  fuit. 

Sereniffime  ac  Potentiffime  Rex. 

Kequifi-  (~\Uod  novijflinth  in  his  oris  motibus  qui  Regiam  Majefiàtem  Dania,  rneque 
toriales    V^J  inîer  fato  temporum  Juborti  Septeutrionis  quittent  per  integrum  ferè  qua- 
Guaran-  driennium  dubiam  reddiderant,  publics  que  non  ita  pridem  reftitutœ  tranquillitati 
tiae  ad     interitum  minari  videbantur  ,   Regia  Feflra  Majefias  pro  affeclu  fuo  erga  me^ 
Gali:re.    Domumque  Gottorpienfem  Conciliatcr  accéder  e,  fuamquc  opérant  &  autoritatem 
fer  varies  Miniftros  eo  imper tiri  non  dedignata  fit ,  donec  18.  Augufli  die  Pax 
Iraventha'ics  fœliciter  conclufa,  £5?,  quo  invitabat propinqua  fanguinis  necefiitu- 
do,  folida   animorum  conjanclio  fubfecuta  fit,  hoc  utpote  eximium,  quâ  Regia, 
Ftfira  Majefias  me  ampleclitur  benevoïentiâ  argumentum  grato  animo  veneror^ 
perpetuâque  commémorât  ione  celebrabo.     Cum  ïgitur  Pace  tandem  re Habilita ,  om~ 
nia  vota  mea  eo  jam  confpirent,  ne  novis  turbarum  tempeflatibus  concujfa  tran~ 
quillitas  ampUus  corruere ,  fed  potius  refiaurata  amicitia  inviolata  per  pofieros 
propagari  pofiît.     Idcirco  Regiam  Vefiram  Majefiàtem  eâ  quâ  par  efl ,  &  quam 
Negotii  gravitas   requirit,  obfervantiâ   &  operâ  enixijfime  rogatam  volo,  ut9 
'  quemadmodum  ejus  Autoritate  Tratlatus  Fonte-bellaquenjis  quondam  initus  efl,  ita 
eontroverfiis  tam  exinde  quam  ex  Altonavienfi  Receflu  enatis ,  finent  tandem  im- 
ponentem,  ope  que  Regia  Majeflatis  Vefirœ  conciliât  am  &  in  commune Or  bis  émo- 
lument uni  ,  vergentem  Pacem  Traventhalenfem  Guarantiâ  £5?  autoritate  fuâ  mu- 
vire,  mihique  defuper  confuetam  formulant  imper  tiri  non  dedignetur,  quo  folido 
aquitatis  ($  juflitlœ  fundamento  fubnixa  illa  Traventhahnfis  Pax,fubjeclo  adhuc 
tant  potenti  fulcro  ad  pofieros  interner at a  tranfmitti  queat.     Faciet  eo  ipfa  Regia 
Veftra  Majefias  non  tantum  quod  jufiitiœ ,  ghrixque  ipfius  &  amori  pro  falute 
publicâ  conveniens  efl ,  fed  etiam  hoc  nunquam  intermorituro  benevalentia  fu<e  ar- 
gumento  me  Domumque  meam  in  sternum  fibi  devinciet,  qui  cœterum  Regiam 
Vefiram  Majefiàtem  in  longam  annorum  feriem ,  gloriœque  incrementum  Divini 
Numinis  cura  &  tutela  commendo.    Dabantur  Hamburgi  die  zj.  Septembris 
jinno  1700. 

Fridericus  Dei  Gratià  Hxres  Norvège,  Dux  Slefwici,  Hol- 
fàtiaè ,  Stormarias  6c  Ditmarfue  ,  Cornes  in  Oldenburg  6c 
Delmenhoril. 

Regia;  Veftrae  Majeflatis 
ad  qurevis  officia  paratiflimus 
Fridericus  Dux  Sleiw.  6c  Holfat. 
Serenifhmo  ac  Potentiffimo  Principi, 
Domino  Ludovico  Decimo  Quar- 
to ,    Galliarum    ôc  Navarrx  Régi 
ChriftianirHmo,  Domino  Conlangui- 
iieo  noltro  chariffimo. 

La  raifon  pour  laquelle  le  Duc  écrivit  ces  Lettres  Requifîtoriales  au  Roi 

Très- 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.  <?; 

Très-Chrêtien,  étroit  qu'à  la  follicitation  du  Dannemarck,  le  Comte  àeCha-  1700. 
milli  avoit  offert  la  Médiation  de  fon  Maître  pour  apaifer  ces  troubles-là ,  fails  ■  ■  ■ 
réjetter  celle  de  l'Empereur,  ni  des  autres  Puiflances  Médiatrices  ou  Garan- 
tes. Cependant  que  fi  ces  dernières  venoient  à  être  reeufées ,  la  France  fe- 
roit  feule  la  Médiatrice.  Le  Duc  de  Holitein  regimba  à  cette  propofition. 
Il  falut  pourtant  qu'il  y  aquiefçât,  fur  de  fortes  paroles  &  menaces  du  Com- 
te de  Cbamilli,  en  vûë  à  ce  qu'on  fupofa,  de  troubler  ou  tirer  en  longueur 
la  Négociation.  C'auroit  été  en  faveur  du  Dannemarck ,  qui  le  flatoit  tou- 
jours du  fecours  du  Roi  Auguste,  &  d'une  Déclaration  de  Guerre  du  Czar 
contre  la  Suéde.  Le  Dannemarck  s'y  attendoit  fi  fûrement  que  fon  Envoie 
qui  étoit  à  la  Haïe  n'en  raifort  aucun  miitère,  &  le  déclaroit  dans  la  conver- 
fation  à  tous  les  autres  Miniures.  Ce  qui  fortifia  le  foupçon  qu'on  avoit  des 
vues  du  Comte  de  Chamilli  pour  rendre  infruclueufes  les  Négociations ,  fut 
un  Difcours  que  le  Comte  de  Briord  fit  au  Confeiller  Pensionnaire  de  Hollan-  ' 
de.  Comme  l'Ambafiadeur  de  Suéde  demandoit  aux  Etats  Généraux  les  fix 
mille  hommes  de  fecours  portez  dans  l'Article  VIII.  du  Traité  qu'on  venoit 
de  faire,  le  Comte  de  Briord  dit  au  Penfionnaire  que  le  Roi  Très-Chrêtien 
ne  vouloit  nullement  fe  mêler  de  cette  Guerre-là,  Se  que  de  fon  chef  il  lui 
difoit,  qu'il  vaudrait  mieux  qu'on  ne  donnât  aucun  fecours  à  la  Suéde,  afin 
de  venir  tant  plutôt  à  bout  de  la  Paix  du  Nord.  Le  Confeiller  Penfionnai- 
re, qui  regardoit  plus  loin,  lui  répondit,  qu'il  lui  étoit  auffi  permis  de  dire 
fon  fentiment  particulier,  qui  étoit,  qu'il  croirait  trahir  les  Etats,  en  leur 
donnant  un  tel  Confeil. 

Comme  les  Envoïez  d'Angleterre  &  de  Hollande  nllant  voir  le  Roi  dà 
Dannemarck,  menèrent  avec  eux  celui  de  Suéde,  Ton  propofa  dans  le  Con- 
feil de  ce  Roi,  fur  une  clandeftine  infinuation  du  Comte  de  Cbamilli ,  fi  l'on 
arrêterait  ledit  Envoie  de  Suède.  L'on  conclut  cependant  à  la  négative. 
Ce  fut  le  Secrétaire  d'Etat  du  même  Roi,  nommé  JeJ~en?  qui  le  dit  à  l'En- 
voie d'Angleterre.  Sur  quoi  celui-ci  lui  dit  qu'on  aurait  pu  le  faire  ;  mais 
que  le  Roi  de  Suède  s'en  ferait  reffènti  d'une  manière,  à  en  faire  repentir 
ceux  qui  l'auraient  fait.  Jejfen  parla  là-deffus  en  termes  méprifans  des  For- 
ces tant  maritimes  que  terreirres  du  Roi  de  Suède.  Cela  augmenta  le  foup- 
çon que  nonobitant  une  Lettre  du  Czar,  que  fon  Ambaffadeur  à  la  Haïe  avoit 
communiqué  aux  Etats,  à  l'AmbafTadeur  de  Suède  Lillienrootb  &  à  d'autres 
Minillres,  le  Dannemarck  comptoit  fur  la  Ligue  avec  le  Czar,  &  le  Roi  de 
Pologne,  &  même  avec  le  Brandebourg.  Ce  dernier  avoit  fait  avancer  à 
Lentzen,  fur  fes  Frontières,  un  Corps  de  huit  mille  hommes,  fous  prétexte 
d'afîurer  fon  Pais ,  mais  l'on  croient  que  c'étoit  par  une  demangeaifon  de  re- 
muer. Cependant  il  n'exécuta  rien ,  parce  que  le  Traité  de  Traversai  mit 
fin  aux  troubles  de  ce  côté-là. 

La  Copie  de  ce  Traité  fut  aportée  au  Roi  Guillaume  ,  qui  fe  trouvoit  à 
Loo.  Il  en  eut  bien  de  la  joie.  C'étoit  entre  autres  raifons,  parce  que  par-là 
le  Roi  de  Dannemarck  n'en  fortoit  pas  avec  avantage.  La  raifon  en  étoit,  que 
Sa  Majeité  Britannique  avoit  quelque  fujet  de  mécontentement  de  ce  Roi-là. 
Un  jour  étant  à  table  il  avoit  dit  que  le  Roi  Guillaume  -ne  pouvoit  pas 
•  beaucoup  dans  l'Europe,  étant  peu  d'accord  avec  fon  Parlement.     Ce  qui 

aï*  ne 


H       MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,'  TRAITEZ, 

1.700.  aïant  été  raporté  en  Angleterre,  Sa  Majefté  Britannique  avoit  dit  au  Mar- 
""  '  ■*  quis  de  la  Forêt,  attaché  au  Dannemarck,  6c  qui  avoit  paffé  au  fêrvice  du 
Roi  Auguste,  qu'il  feroit  voir  au  Dannemarck,  qu'il  pouvait  encore  quelque 
chofe  dans  V  Europe. 

Quoique  le  calme  fut  rétabli,  par  le  Traité  de  Travendal,  dans  le  Danne- 
marck 6c  dans  le  Holftein,  il  ne  le  fut  pas  entre  la  Suède  &  le  Roi  Augus- 
te. -Ce  dernier  Clivant  les  fecrèts  engagemens  avec  le  Czar,  après  avoir 
amufé  la  Suède  par  de  vaines  Négociations  pour  un  renouvellement  d'Allian- 
ce, leva  le  mafque.  Il  ne  le  fit  pourtant  pas  que  pied  à  pied.  Il  prétendit 
même  de  vouloir  faire  palier  pour  premier  Agrefieur  le  Roi  de  Suède  ;  afin 
de  donner  quelque  couleur  à  l'invafion  que  les  Troupes  Saxonnes  firent  en 
Livonie.  On  oublia  pourtant  ce  prétexte  dans  le  Maniferte  que  ce  Roi  fit 
publier  dans  la  fuite,  ainfi  qu'on  le  verra  ci-après.  C'eft  en  alléguant  qu'il 
attaquoit  la  Suède  en  vertu  des  Paila  Conventa  avec  la  République  de  Polo- 
gne, par  lefquels  il  s'étoit  engagé  de  récupérer  à  la  République  ce  qu'on  lui 
avoit  auparavant  arraché. 

La  première  nouvelle  qu'on  eut  à  la  Haïe  de  la  marche  des  Saxons,  fut 
par  un. Mémoire  en  Flamand  du  Miniftre  du  Roi  Auguste  en  date  du  ip. 
Mars  1700.  Il  y  faifoit  part  aux  Etats  Généraux  que  le  Roi  fon  Maître 
avoit  apris  par  un  Ecrit  qu'il  avoit  reçu,  6c  dont  il  ajouta  la  Copie,  du 
Lieutenant  Général  Flemming  ,  qui  commandoit  fes  Troupes  en  Lituanie, 
qu'il  avoit  été  obligé  d'entrer  en  Livonie,  par  les  railbns  déduites  dans  cet 
Ecrit.  Que  Sa  Majefté  Polonoife  avoit  toujours  eu  intention  de  vivre  en 
tranquillité  avec  la  Couronne  de  Suède.  Ainfi  que  non  feulement  les  Etats 
Généraux  aprouveroient  la  conduite  du  Lieutenant  Général  Flemming  j  mais 
auflî  qu'ils  î'affifteroient ,  plutôt  que  le  Roi  de  Suède,  qui  avoit  donné  le 
premier  l'occafion  à  ce  trouble.   Voici  l'Ecrit  qu'il  ajouta  à  fon  Mémoire. 

Tv5a?lfef"  TAques  Henri  de  Flemming,  Confeiller  Privé,  Général  de  la  Cavalerie, 
comte  ^  &  Colonel  d'un  Régiment  de  Dragons  de  Sa  Roïale  Majellé  de  Pologne, 
de  Flem-  6c  AltefTe  Electorale  de  Saxe. 

ming  en       Fait  favoir  que  les  diverfes  menaces,  frites  de  la  part  de  la  Suède,  jointes 
c"  Uvo-  *  *a  con^u'tc  9ue  ceilx  l1"  commandent  pour  Sa  Majefté  Suèdoife  dans  la 
,,;e,  .       Livonie,  «voient   tenue  depuis  quelque  tems,  ne  lui  donnant  plus  lieu  de 
douter,  qu'ils  n'attendoient  plus  que  les  fecours  qu'on  devoit  leur  envoïer  de 
Finlande,  d'Ehrften,  &  de  la  Carelie,  pour  venir  attaquer  les  Troupes  du 
Roi  fon  Seigneur  6c  Maître  dans  les  quartiers  qu'elles  occupoient  en  Litua- 
nie ;  6c  que  voulant  prévenir  l'exécution  d'un  fi  dangereux  deflein,  il  s'étoit 
crû  obligé  de  s'avancer  dans  la  Livonie,  6c  de  s'y  afiiirer  d'un  Pofte,  d'où  il 
pourrait  plus  aiiément  s'opofer  à  toutes  leurs  entreprifes.     Mais  qu'étant  bien 
.    perfuadé  que  l'intention  de  Sa  Majefté  Polonoife  cft,  que  tous  les  Sujets  de 
ce  Duché,  tant  Nobles  que  Bourgeois,  6c  autres  Habitans  de  la  Campagne, 
ne  foufïient  aucun  dommage  de  la  part  de  fes  Troupes,  foit  en  leurs  perîbn- 
nes,  foit   dans  leurs  Biens,  il  déclare  que  Sadite  Majefté  voulant  bien  les 
prendre  tous  fous  fa  protection  générale,  il  eft  prêt  de  faire  délivrer  à  un 
chacun  toutes  les  Sauvegardes,  dont  ils  auront  befoin.   Qu'il  a  pour  cet  effet  ■ 

défen- 


ET    RESOLUTIONS    D'ETAT,  6y 

défendu  très-exprcfTément  à  tous  les  Officiers ,  Cavaliers,  Soldars,  &  autres    Ï700. 

gens  qui  fervent  dans  les  Troupes  qu'il  commande,  de  piller  ou  brûler  leurs *— 

Maifons,  de  rien  exiger  d'eux,  Se  en  un  mot  de  ne  les  inquiéter  en  aucune 
manière.  Qu'il  a  ordonné  en  même  tems  que  tous  ceux  qui  contreviendronj: 
à  la  préfente  Déclaration  feront  confidérez  comme  Rébelles  aux  Ordres  du 
Roi  fon  Maître  &  punis  de  mort.  Qu'il  donne  pouvoir  à  tous  les  Habitans 
de  ce  Duché,  auxquels  ils  auront  caufé  le  moindre  dommage,  de  les  arrê- 
ter, de  les  mettre  aux  fers,  8c  de  les  amener  dans  le  Quartier  général,  s'ils 
font  Commandans  pour  y  être  exécutez  >  &  s'ils  font  bas  Officiers  ou  Soldats, 
de  jes  faire  pendre  fur  l'heure,  &  dans  le  lieu  même  où  le  délit  aura  été  com- 
mis. Que  tous  les  Habitans  de  ce  Duché,  qui  relieront  tranquilles,  &  ne 
commettront  aucunes  hoftilitez  contre  les  Troupes  de  Sa  Majerté,  jouiront 
de  fa  protection  &  du  bénéfice  de  fes  Sauvegardes.  Qu'au  contraire  ceux  qui 
fe  comporteront  autrement,  ne  verront  pas  feulement  leurs  Biens ,  mais  en- 
core leurs  perfonnes  expofées  à  la  fureur  du  Soldat,  &  détruites  par  le  fer 
ou  par  le  feu.  Qu'au  furplus  l'intention  de  Sa  Majefté  étant  de  ne  donner 
aucun  ombrage  aux  Habitans  du  Duché  de  Courlande  ,  la  préfente  y  fera 
envoïée,  publiée  &  même  diftribuée  aux  Chefs  de  famille ,  tant  pour  leur 
fervir  de  Sauvegarde,  qu'afin  que  chacun  d'eux  s'y  puiffe  conformer. 

En  foi  de  quoi  j'ai  figné  les  préfentes,  &  confirme  de  mon  Seau.  Donné 
dans  le  Haut  Quartier  à  Janitfchan  le  zo.  Février  1700. 

Signée 

Flemming. 

Apre's  cette  démarche  non  attendue,  ce  Général  attaqua  le  Fort  de  Koker 
fur  la  Rivière  Duna ,  à  l'opofite  de  la  Ville  de  Riga.  Il  prit  auffi  quelques 
autres  portes  avec  d'autant  plus  de  facilité,  que  les  Suédois  ne  fe  doutant 
point  de  cette  fupercherie,  n'avoient  point  pris  de  précaution  pour  leur  dé- 
fenfe.  Flemming  invertit  même  la  Ville  de  Riga  ;  mais  comme  il  n'avoit 
point  affez  de  Troupes  pour  en  faire  le  Siège,  ÏÏ  la  menaça  d'un  bombarde- 
ment. Le  Comte  de  Halberg,  Gouverneur  de  la  Livonie,  'fit  brûler  le  beau 
Fauxbourg  de  cette  Ville-là,  afin  que  les  Saxons  n'y  prhTent  point  porte. 
Flemming  n'exécuta  cependant  pas  fon  defiçin  de  bombarder  cette  Capitale  de 
la  Livonie.  C'étoit  pour  ne  pas  aigrir  les  Hollandois,  qui  y  avoient  pour 
plus  de  deux  millions  d'effets.  Le  Dannemarck  fit  prôner  parmi  les  Mar- 
chands d'Àmfterdam  que  c'étoit  à  là  confidération  que  le  Roi  Auguste 
avoit  épargné  Riga.  L'Envoie  Danois  alla  même  à  Amfterdam  pour  s'aqui- 
ter  de  cette  Commiffion.  La  vue  en  étoit  de  faciliter  parmi  ces  opulens  Né- 
gocians-là  un  emprunt  que  fon  Maître  vouloit  faire ,  pour  pouvoir  païér  les 
260.  mille  Ecus,  qu'il  avoit  promis  au  Duc  de  Holrteinpar  le  IX.  Article 
du  Traité  de  travendal.  Flemming  fe  voïant  traverfé  dans  fes  defleins  contre 
Riga,  par  l'incendie  du  Fauxbourg,  &  d'ailleurs  pour  tâcher  de  fe  captiver 
les  Peuples,  par  un  témoignage  de  tendrelfe  pour  eux,  en  écrivit  au  Comte 
de  Halberg  la  Lettre  fuivante. 

Tom.  L  ï  MON- 


66      MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ,.. 
if  60. 
MONSIEUR, 


Lettre 
dut. 

Flem- 


„  ^Omme  les  Officiers,  qui  font  priibnniers  ont  fouhaité  d'écrire  à  Ri- 

^c  „  V_v  ga,  je  ne  puis  laiflê*r  échaper  cette  occafion  de  vous  marquer  l'éton- 

„  nement  que  m'a  caufé  l'horrible  incendie  du  Fauxbourg.    Ce  n'efc  pas  que 

au  C.      »  je  veuille  contrôler  vôtre  conduite  ;  mais  je  ne  vois  pas  que  vous  aïez  eu 

deHal-    „  aucune  bonne  raifon  pour  en  venir  à  ces  extrêmitez  &  à  des  moïens  fi  vio- 

^crS>      „  lens.     Si  c'étoit  en  Eté,  on  aurait  eu  lieu  de  craindre  que  le  Fauxbourg 

jieurde"  "  auro^  Pu  donner  quelque  avantage  aux  affaillans,  pour"  faire  leurs  tran- 

la  Livo-  55  chées,  quoique  dans  le  fond  cela  ne  gagnerait  pas  deux  jours,  Se  par  con- 

uie. .       „  féquent  ne  peut  pas  à  beaucoup  près  balancer  la  perte  de  ce  beau  Faux- 

„  bourg,  qui  a  coûté  des  millions.     Mais  nous  fommes  préfentement  en  Hi- 

„  ver,  qui  eff  un  tems  où  l'on  ne  craint  point  de  Siège  dans  les  formes;  de 

„  forte  que  la  proximité  du  Fauxbourg  ne  pouvoit  en  aucune  façon  nuire  à 

„  la  Ville.    D'ailleurs  on  auroit  pu  y  placer  le  renfort  de  Finlande  Se  fon 

„  Canon,  ce  qui  ne  pourrait  pas  fi  bien  fe  faire  dans  le  Port  de  Livonie. 

„  Enfin  j'affure  fur  mon  honneur  Se  fur  mon  ame,  que  je  n'ai  jamais  eu  def- 

„  fein  de  me  fervir  du  Fauxboutg ,  pour  en  tirer  aucun  avantage  contre  la 

„  Ville  ;  car  l'on  n'aurait  pas  attendu  fi  long- tems,  Se  la  chofe  auroit  déjà 

„  été  faite,    je  prie  donc  qu'on  ait  pitié  des  pauvres  gens,  Se  qu'on  n'ache- 

„  ve  pas  de  ruiner  ce  que  les  flammes  ont  épargné.    Je  me  promets  de  vôtre 

„  générofité,  Monfieur,  que  vous  ne  prendrez  pas  ceci  en  mauvaife  part ,  Se 

„  que  vous  croirez  que  je  fuis  prêt  de  vous  rendre  fervice  en  d'autres  occa- 

fîonsj  étant,  Monfieur,  Sec. 


» 


Le  Comte  de  Halberg  fut  étonné  de  recevoir  une  Lettre  qu'il  trouva  gro- 
tefque,  fur  tout  pareeque  celui,  qui  lui  écrivoit,  manquoit  de  cette  expé- 
rience que  lui-même  avoit  aquis  par  de  longs  fervices.  D'ailleurs  fur  les  aflli- 
rances  qu'il  dormoit  fur  fon  honneur  Se  fur  fon  ame  de  n'avoir  eu  aucun  def- 
fein  fur  le  Fauxbourg.  Cependant  il  trouva  à  propos  de  fe  fervir  de  cette 
difiîmulation,  qui  eft  une  des  plus  fignalées  vertus  des  Politiques.  C'eft 
pourquoi  il  fe  contenta  de  faire  la  courte  réponfe  qui  fuit. . 

MONSIEUR, 

Réponfe  „  T'Ai  vu  par  vôtre  Lettre  du  16.  Février,  laquelle  m'a  été  aportée  par  un 
^  £",  „  Tambour,  que  vous  témoignez  entre  autres  chofes  une  grande  com- 
ber"  "  »  *  Pa^î°n  touchant  le  Fauxbourg  qui  a  été  brûlé.  Mais  comme  il  ne  s'efr. 
„  rien  pratiqué  en  cette  occafion,  qui  ne  foit  autorifé  par  le  Droit  de  la 
„  Guerre,  Se  qu'on  fait  de  même  par  tout  le  Monde  Se  dans  toutes  les  Pla- 
„  ces  en  pareil  cas,  je  (aurai  bien  m'en  juftifier  en  tems  &  heu.  Cependant, 
„  Monfieur,  je  ne  laiflerai  pas  de  réfléchir  autant  qu'il  me  fera  poifihle  fur 
„  les  raifons  que  vous  m'avez  alléguées,  &  je  tâcherai  de  répondre  aux  hon- 
,,  nêtetez  que  vous  me  témoignées.    Je  fuis,  Sec.  Sec. 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.  67 

L  e  Roi  de  Suéde ,  qui  avoit  agi  de  bonne  foi  envers  le  Roi  A  u  g  u  s  te  ,  1700  ■ 
dans  le  deflêin  de  renouveller  les  Traitez  avec  lui ,  aïant  apns  l'mvafion  des 
Saxons  dans  la  Livonie,  s'en  plaignit  au  Roi  de  France,  comme  Garant  du 
Traité  d'OIiva,  que  le  Roi  A  u  gu  s  t  e  venoit  d'enfraindre.   Il  le  fit  par  une 
Lettre  en  termes  fort  plaintifs,  dont  la  Copie  fuit. 

Ad  Regem  Galliar. 


I 


NOS  CAROLUS,  8cc.  &c. 

Ntra  prœclara  operum  monument  a,  qu£  Majeftatis  Feftrœ  gloriam  miriftcb  il-  Lettre 
_  luftrant,  non  poflremo  loco  babenda  eft  Paciftcatio  Olivenfis,  non  modo  Ma-  ^f0}, 
jeftalis   Fefîrœ  mediatoriâ  interpo/itione  condita  ac  conciliata ,  fed  13  luculentâ  ^  ^  e 
ejufdem  fponftone  ac  Guarantià  munit  a  ac  fpeciali  infuper   diplomate  confolida-  de  Fran» 
ta     eoque  graviits  Majeftas  Feftra  baud  dubie  latura  eft ,  tam  folemnibus  paclis ,  ce. 
-hacleniis  religiosè  ac  rêver  enter  habitis,  nunc  quant  maxime  fœdam  labem  inferri. 
Nuntiis  quippè  prorfùs  mexpeclatis  certiores  redditi  fumus ,  Copias  ac  Cohortes  il- 
lasmlitares  Saxonum ,  hacJenus  appellations  notas ,  qu<e  aliquandiu  in  Litbuaniâ 
circa  Polangiœ  oram  fubfiiterant ,  atque  in  Curlandiam  progreffte  fuerant ,  fubita 
(3  improvifâ  irruptione ,  nullis  omnino  à  parte  noftrâ  lacefjentibus  caufts ,  nuïlâ 
pr£vià    denuniiatione ,  adebque  per  fummum  nef  as  ,    ac  more  inter  Chriftianos 
Principes  ac  Status  plané  inufttato ,  in  Provinciam  noflram  Livoniam  hoftilem 
impetum  ac  invajionem  feciffe,  milites  noftros  circa  Provinciœ  limites  in  excubiis 
fiantes,  armatâ  manu  oppreftiffe,  munimenta  ac  caftella  quœdam  per  vim  oppu- 
gnaffe,  ad  ipfam  denique  dicta  Provinciœ  Metropolim  Rigam  infefta  ftgna  ad* 
moviffe,  compulfâ  in  eam  necejjitatem  urbe ,  ut  incenfis  pajjîm  fuburbiis  elegantif- 
fimis,  (3  maximis  cïvium  impenfis  adufum  13  amœnitatem  inflructis  &  adorna- 
tis,  ad  defendenda  adverfus  hoftiles  infultus  ipfa  mœnia,  curam  prœcipuè  intende-* 
ret,  editis  prœterea  aliis  facinoribus ,  é  quibus  palàm   eft  apertam  13  hoftilem 
aggreftîonem  in  Nos  exercer i  cœptam\  §hio  quidem  in  rerum  articula  primum  fum- 
mum  teftamur  Numen,  nibil  à  nobis  vel  admiffum  vel  cogitatum ,  quod  inimici- 
tiis  ejufmodi  ac  violent  lis  anfam  prabere  turbandœque  Pacis  prœt'.xtum  fuppedita- 
re  pofjit.  Cum  Rege  ac  Republicâ  Polonne  ftnceram  cohiimus  amicitiam  fidamque 
ac  conçordem  viciniam;  per  Miniftros  &  Ablegalos  utrinque  Noftros,  mutua  be- 
?ievo!entiis  affetlum  mvkem  teftatiorem  fecirnus ,  adfunt  etiamnum  iifdem  in  locis 
■  M'mifiri  No/tri,  nec  unquam  innow.it,  quicquam  querdarum  aut  gravaminum  à 
parte  Polonia  motum  efj'e ,  quod  dijfenfionum  qualemcunque  materiam  ac  ne  fufpi- 
cionem  quidem  fuggerere  potuiff'et,  fed  nec  cum  aliis  Poteftatibus  bello  impliciti  fu- 
mus, ut  ha  copia,  faltem  pro  auxiliaribus ,  alteri  cuidam  militât  mis  reput  ari 
fofjint,  ac  ne  quidem  baclenus  innotuit,  cujus  velnomine,  vel  aufpiciis  bac  in- 
vafto  patràta  fit  ;  nift  quod  intelleximus  quendam  Régis  Polonia  Gêner  alem  Lo- 
cum  tenentem  Flemingium  effe,  fub  cujus  duïiu  atque  Imperio  Copia  illae  graffari 
cœperunt  :  Cum  igitur  illa  aggrefjïo prorfus pro  nefariâ  ac  fœdâ  babenda  eft-,  Di- 
vinant  utique  in  authores  ejufdem  pervocatura  vindiclam ,  ac  in  bonorum  omnium 
fenfuque  bonefti  praditorum  reprehenfîonem  atque  averfwmm  meritb  incurfura% 
nonpotuimus  non  ad  Majeftatem  Ftftram  ejus  rei  déferre  notitiam,  nulli  dubitan- 

I  i  Us^ 


68       MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ'* 

1700.  tes,  quin  Majefias  Vefira  pro  fummâ  fuâ  fapientiâ  ac  perfpicacijftmo  judicïo  in- 
— — —  vafioneni  tàm  enormèm  ac  inbumanam  pro  eâ  fit  exiflimatura,  qua  communï 
Chriflianoram  Principum  ac  Statuant  ope  fit  comprimenda  ;  ne  par  ta  nuper  Eu* 
ropeo  orbi  tranquillitas ,  novis  rursiis  beUorum  tempefiatibus  concuffa,  in  priftinas 
perturbationes  recidat  ;  videt  igitur  Majeftas  Veftra  hifce  diclarum  copiarum  im- 
piis  aufs  violata  ac  conculcata  Pacla  Olivenfta,  quorum  pr a  cateris  Majeftas 
Veftra  utpoîe  eorundem  conciliât  or  £5?  Sequejler  ,  Fideijufforem ,  Cufiodem ,  ac 
Vindicem  fe  fore  profeffa  eft\  hàc  quidem  verborum  formula  Art.  36.  Majefta- 
tcm  Veflram,  executionem  horum  Patlorum,  eorumque  obfervationem  ac  perpe- 
tuitatem  inter  pacifcentes  omni  meliori ,  quo  fieri  potefi  modo ,  etiam  armis ,  ubi 
amicabilia  média  non  proce  (forint ,  afferturam ,  &  fe  quis  eorum  fub  hàc  fideijuf- 
fione  comprebenforum ,  illa  violarit ,  arma  vire/que  fuas  parti  la  fa  ad  ejus  re- 
quifitionem  juniluram.  Cum  igitur  Majefiatis  Vefira  Gloria  ipfiufque  juftitia  & 
aquitatis  inter  fit ,  ob  promiffam  tam  folenniter  Guarantiam  Patlorum  Qlivenfium- 
integritati  ac  Sanblimonia  confulere  ac  contraventions  tam  énormes  adversùs  en 
commijfas  ac  perpetratas  ,  ferià  atque  fevera  indignatione  ac  vindicte  profequi, 
Fœderis  qubque  non  ità  pridem  nos  inter  ac  Majefiatem  Veflram  pro  tuendâ  iran* 
quillitate  publicâ  initi  ratio  idem  exigat,  non  dubitamus  Majefiatem  Veflram  de 
idoneis  con/lituturam  mediis,  ad  rem  tantam  tamque  neceffariam  pro  dignitatis 
fua  magnitudine  quantocius  exequendam.  §>uâ  de  re  Minifiro  No/lro  ad  Majef- 
iatis Vejlra  Aulam  commoranti  apud  Majefiatem  Veflram  fufiùs  ut  agat  in  man- 
dats dedimus.  Tandem  peramicè  requirentes,  dignetur  Majeftas  Veftra  illum 
bénigne  audire,  ac  defederiis  nofiris  bemvolâ ,  ut  confidimus gratificatione  annuere. 
Quod  ut  Majefiati  Veftra  gloriofum  atque  magnificum  futur  uni  eft ,  ità  nos  ad 
repende nda  paria  amicitia  &  offtciontm  fludia,  ubi  ufus  tulerit  validiffimis  ad' 
Jlringet  vinculis  \  Qui  de  catero  Majefiatem  Veflram  Deo  ter  Optimo  Maxi- 
mo  ad  fumma  quavis  profperitatis  omnigena  incrementa  ex  animo  commendaîam 
cupimus. 

Dabantur  &c.  &c.  Die  14.  Mart'ù  Anno  1700. 

C  A   R   O   L   U   S. 

Peu  de  tems  après  le  Roi  Auguste  fit  imprimer  à  la  Haïe,  pat  le  moïen 
de  fon  Miniftre,  un  Manifefte  Latin,  fous  le  titre  de  Jufta  Vindicia  &c.  Ce 
Miniftre  en  prélènta  même  un  exemplaire  aux  Etats  Généraux.  L'Ambafla- 
deur  de  Suéde  Lillienrootb  en  étant  averti ,  préfenta  aufîi  aux  Etats  un  aflêz 
long  Mémoire,  auffi  en  Latin,  fuivant  l'ufage  que  les  Miniilres  de  Suède  ont 
confervé  de  préfenter  les  Mémoires  en  cette  Langue-là.  Dans  ce  Mémoire 
il  répondoit  par  quelques  articles  au  Manifefte  du  Roi  Auguste,  &  deman- 
doit  du  fecours  des  Etats  contre  ce  Roi  -là.  Sur  ce  Mémoire  les  Etats  fi- 
rent enlever  de  chez  le  Libraire,  enpaïant,  tous  les  Exemplaires  du  Mani- 
fefte. On  ne  pût  cependant  pas  avoir  ceux  que  le  Miniftre  du  Roi  Augus- 
te s'étoit  fait  donner.  C'eft  pourquoi  on  eut  de  la  peine  à  en  avoir.  Voici 
ledit  Manifefte,  qui  fera  fuivi  du  Mémoire  de  PAmbafladeur  de  Suède. 

JUS- 


1700. 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T,  69 

JUSTiE  VINDICI^EÔC  fumma  Armorurri  Juftitia,  ex  parte  Sacrœ  Re- 
gix  Majeftatis  Poloniarùm ,  juxta  obligationem  Pactorum  Conventorum , 
prxftitumque  Reipubkca;  juramentum,  contra  Serenifîîmum  Regem  6c 
Coronam  Swecias ,  rationé  ruptse  toties  Pacis  perpétuas  y  violatoium  Pacto- 

■  mm  Olivenfium,  necnon  noviffima:  exagitationis  6c  orïenfîonis  Sereniffimi 
Régis  Danias  6c  Norvegix ,  Perpetui  Fcederati  Regni  Polonia; ,.  ac  Co- 
piarum  Regiarum  aggremonis,  manifeftantur.  Anno  vindicata  Salutis  ALter- 
na  M.  DCC.   Hagre-Comitis,  apud  Henricum  van  Bulderen,  Bibliop. 

APrimis  Regni  Polonia  liberis  inclyta  Gentis  fuffragiis  fibi  dcîati ,  aufpiciis,  Manifef- 
Sacra  Regia  Majsftas ,  cum  internant  tranquillitatem ,  tant  ab  extra  illi-  te  du 
bâtant  cum  Vicinis  bona  Amicitia ,  mutua  fecuritatis  ,    &  Paclorum  Faderum  Ro,j  ^u" 
cbfervantianty  inter  fancliores   repofuit  curas ,  nihilque  magis  in  votis  babuit ,  foUCw]ê 
quant  inter  virentes  &  fioridas  Aima  Pacis  oleas  perennent  Reipublica  fpeclare  fon  ir- 
felicitatem,  &  pulcherrimunt  in  dies  efflorefcenùs  Polona  Liber tatis  fovere  vigo-  ruption 
rem  fplenderemque ,  ac  fines  Regni  hujus  non  tant  gladio ,  quàm  juftitiàterminare.  enLivo 
Hune  in  finem  ,  compofitis  turbidi  inter  regni  dijfidiis ,  reduclâ  publicà  Status  con- 
fident iâ,  Ottomanicà  Porthâ  ,  folâ  armorum  oflentatione,  &  validi  Exer citas 
robore^  ad  deponendum  bellum  compulfâ^  PaceDomi  Forifque  partâ9  ac  gloriosè 
frôla tis  Regni  terminis,  recenter  obortù  Ncgotiô  Elbmgenfi  per  Amicos  Traclatus 
mm  Seremjfimo  Eleclore  Brandeburgico  fopitè ,  nihil  aliud  Sacra  Regia  Majejlas 
intendebat,  quàm  altâfrui  quiète ,  £s?  tôt  à  Cbriftianitate  in  gremio  Pacis  recum- 
lente ,  eâdem  dulcedine  otii  Gentes  fibi  à  DEO  commijfas,  pofi  -tôt  trifiia  ci?  in- 
commoda folari. 

Sed  longé  aliter  evenit ,  ahrupti  fuccefifus  y  elujafpes,  vota  ad  irritum  redaclay 
àum  Paci  femper  adverfus  infejlufque  Suecorum  animns ,  rupto  fapius  Fœdcre  Oli- 
ven/î,  f racla  F 'ace  perpétua ,  luculentifque  aperta  hoflilitatis  contra  Rempublicam 
judiciis  toties  teflatis ,  novijîmè,  per  temere  erecla  mummenta  in  Ducatu  Holfa- 
tia^  &  fuperimmiffas  copias  Sueticas  ,  SereniJJtmo  Rege  Dania  &  Norvegia 
Perpetuo  Fœdcrato  Regni  Polonia  enormiter  offenfo ,  £s?  per  hoc  mutuo  Fœdere 
Anni  i6yy,  tant  ci?  anteaclis  Confœderationibus  Anni  15*63,  Anni  If6"4,  & 
Anni  iftff,  lœfis ,  ac  innocenté  copiarum  Sacra  Regia  Majefiatis ,  circa  inftau- 
rationem  P  or  tus  in  Polonga  defudantium  ,  infra  exprefia  impetitione,  vel  invitant 
Sacrant  Regiam  Majefiatem  Polonia  firinxit  &  provocavit ,  adfubitb  capienda 
arma  ci?  antevertenda  ea  mala^  quibus  Corona  Suecla  retroaclis  Annis^  violatâ 
facrâ  Paclorum  ci?  Induciarum  Religione^  po/lpofilis  Divinis  humanifque  Juri- 
bus,  ex  improvifo  praventam  ,  £5?  nihil  flmile  metuentem  ,  afflixit  Poloniam, 
Regnumque  ijlud,  antiquum  totius  Chrijlianitatis  antemurale  graviter  concujfit. 

Nondum  memorïam  deterfit  oblivio ,  olim  Ericum  Suecorum  Regem ,  non  atten- 
dis vinculis  Paclorum  y  necejfitudinis ,  primum  Livoniam  invafijje ,  Ci?  per  pro- 
ditionem  ac  fraudem_  Ducis  Mekelburgici  Coadjutoris  Archi-Epifcopi  Rigenfis , 
Revaliam  cumEfthoniâ  violenter  inter cepijfe.  Nota  publicarum  cladium,  &  ir- 
ruptionum  in  ulteriorem  Livoniam  nomina  in  Anno  1601.  per  Carolum  Ducem 
Sudermania ,  quandb,non  tantùm  pulfus  è  folo  13  folio  légitimas  Regni  Suecia 
Rtx  c>  Hares.  Sjgismundus  III,  Diva  memoria  Rex  Polonia ,  fed  &  Re- 

I  5.  giones 


7o      "MEMOIRES,  NEGOCIATIONS,  TRAITEZ^ 

^1700.  gioncs  Reipublicœ  infeftatœ,  infeffœ  Urbes  &  occupât  a;  fciunt  fecula  innocentes 
"'  '  -  Polonais  &  nibil  minus  quant  Suecorum  arma  méditantes,  fidentefque  ftantibus 
adhuc  Inducih  pro  Livonia  Jiabilitis  in  Anna  1617,  &?  i6zi.  nultius  culpœ 
confcios,  infuper  molem  bclli  Suetici  apud  memoratum  Divœ  mentor ia  Sigifmun- 
durn  III.  Régent  Poloniœ  deprecantes ,  inopinatâ  hoftili  invafione  à  Guftavo  Adol- 
fho  prias  in  Livoniâ ,  demiim  in  PruJJiâ ,  turbatos ,  e 0  ipfo  tempore  ,  quô  Poloni 
contra  immanifiimiim  fui  &  Chrijîiani  Nommis  bofiem  ad  Cbocimum  cr tient 0  prœ- 
lio  dccertabant. 

Manet ,  manfuraque  efl  in  animis  £5?  memoria  hominum  attentata  per  Car  ohm 
Gaflavum  Rcgent  Sueciœ ,  abrupt is  viginti-fexcnnahbus  Induais,  non  attenta Pa- 
ce  Ifreftpbalicà  Poloniam  contprebendente ,  .invajio  tanto  atrocior,  quanta  fœpilis 
gcntinatâ  perfidiâ ,  jufto  Orbis  jtidicio ,  uti  [me  ullâ  jujià  &  légitima  caufa  pofi 
remotos  à  Sceptro  Suctico ,  &  jant  extorres  fatlos  legitintos  Principes  aliéna  in 
Orbe  vivent  es  1  improbata  fuit.  Hoc  demùm  fupererat,  ut  non  contentus  erepttt 
Regno  Sueciœ,  exhauflis  latè  Provinciis  Polonis,  fpoliatis  per  licentiam  &  rapi- 
?tam  militunt  Ditionibus  £5?  Terris  Regni  hujus,  fufo  prodige  innocenti  fanguine , 
tumidâ  fpe  univtrfam  devoraret  Poloniam:  mandatant  protunc  belli  calamitati- 
bus ,  &  velut  univerfali  diluvio  fuperfufis  armis  Mofchorum  ,  Kofacorum ,  per- 
fidi  Tranfylvani ,  6?  quod  ufpiam  ex  vicino  circumfitarum  Gentium  conjurato  odiot 
in  perniciem  Poloniœ  confpir avérât.  Et  certè  in  ultimum  prœcipitajfet  interituntt 
•nifi  Divina  adftitiffet  proteclio ,  £5?  propinquo  mentis  Poloniœ  commota  periculo 
*vicina  Auftria  (quœ  Cœlunt  pietate,  orbem  Germanicum  Imperio  pojjidet  )  collap- 
fas  res  Polonas,  fubmijjb  judo  numéro  Exercitâs,  refeciffet^  £5?  illum  torrent em 
effufœ  potentiœ  Sueticœ  opportuna  rébus  Poloniœ  Danica  diverfio  per  Magnant- 
mum  Principem  Fridericum  III.  Darnœ  &  Norvegiœ  Regem ,  ex  vt  ïnitœ  Colli- 
gationis  avertifjet ,  virefque  Suecorum  didraxiffet .  Res  fané  miferanda  £ï?  ipfis 
Barbaris  videbatur ,  movitque  déplorât  a  illa  Regni  Poloniœ  conditio  Machometum 
Geremn  Hanunt  TartarorumCrimenfium,  ut  non  fine  gémit u  quifpiam  fuper  ad- 
■vocata  ab  ipfo^  in  il  là  fupremâ  ne  ce  (fit  ate,  per  Polonos  auxiliai  protulerit:  Quqs 
malt  Chriftiani  oppugnabant ,  bos  boni  infidèles  defenderent . 

Sed  bœc  omnia  jam  prœterlapfa ,  illorum  temporum  loquuntur  Annales ,  nova 
ac  prœfens  calamitas  trudit  antiquœ  tnemoriam ,  £5?  e 0  grandior  injuriarum  atroci- 
tas  ex  fequentibus  refait at  amùs;  qnandb  pofi  fiabilïtam  operofà  Chrifiianiffimi 
Régis  Galliarum  Médiat  ione ,  Pacem  Olivenfète,  &?  tanto  Reipublicœ  cum  dif- 
fendio  in  favorem  ftabilis  Amicitiœ  conclufam^  fœdifraga  femper  £5?  fufpecla  Sue- 
corum amicitia,  fréquent  ati  bolides  atlas  conatus ,  rapt  a  quies  populis^  perlent  a- 
3a  infidiofa  molimina ,  £5?  graves  macbinationes  ven'mnt  in  lacent ,  ac  res  tranfac- 
tas  velut  in  fpeculo  eventus  reprœfentat  :  ut  in  aperto  fit  Sacrant  Regiam  Majef- 
tatem  Poloniœ  ^  que  m  jufiits  in  bofiem  fat  dolor,  quent  Ultorem  &  AJfcrtorem 
fublica  expofeit  vindicîa,  fummœ  innltï jufiitiœ,  atque  ttupero  armorum  fuorum 
in  Livonia  tepentino  progreffn,  contra  Aggre (fores  Suecos,  Ruptores  Pacis  per- 
petuœ,  jufiè  &  .légitimé  procefjîfje.  Non  jam  ringatur  ittvidid,  a  ut  tetricà  Ma- 
•*  Senfi-  kvdoram  impreffione  aliorum  *  inducat  fiuporent;  & ,  fi  quœ  adverfa  fn.guutur , 
-bus.  Jp.irgat  in  vulgus:  Nemo  enim  potefi*  nifi  cognitâ  caufâ,  Jus  &?  injuriant  difeer- 
nerc,  quod  fi  quifpiam  jufi as  necefj'arii  belli  rattones  maturô  judicio  expendat ,  fa- 
/jlè  cognofcet)  nullam  partem  jufiitiœ  ab  hoc  infiituto  Siicrœ  Ragiœ  Majefiatis 

alie- 


ET    RESOLUTIONS    D'ETAT.  71 

aliénant  ep,  me  tantum  fpei  in~  armis  Sacrant  Regiam  Majeftatem  repyfuiffe,   1700. 

ut  mente  exciderit  œquitas  caufœ  ;  quinïmh,  cum  ex  Paclis  Olivenfibus  flepius  g.  

Su  fris  violât «,  &  illa  hoftili  in  Marchiam  Braudeburgenfem ,  contra  eadem 
Patla  Olivcnfia  {quœ  Sereniffimum  Eletlorem  pariter  complectuntur  )  in  Anno 
1  ç-jr.  facla  irruptione ,  penitus  labefaftatis ,  nullttm  Reipubliu  prœfidium  vide- 
rit:  plane  confidere  Sacrant  Regiam  Majeftatem  Divinae  Clémentine ,  quodjuf- 
tam  de  bofte  repetet  ultionem  &  bis,  qui  oderunt  Pacem,  retrtbuet  :  à  quo  Jlat 
Jus,  abeoDEUS. 

Porrà ,  ut  omnia  Suetica  attentat  a  contra  memorata  Patla  Olivenfia,  toti 
Mundo,  &  praeprimis  ,  Gêneraient  Guarrantiam  fuftinentibus  Pri,:cipibus,  &* 
ipfi  Reipublicae  Polonae,  pro  pleniori  rcrum  notitiâ,  tantoque  major i  in  proxime 
futur is  Comitïts  belli  profequendi,  cura  &  zelo,  pateant;  placet  feriem  horuni 
omnium  exprimere:  &  inprimis  juxta  Tabulas  Perpetuae  Paris,  Articulofque  in 
Inftrumento-  Olivenfi  poftos ,  annotare. 

Pax  Olivenfts,  prout  illo  tempore  coaluit  (qui  undique preffi  Poloni,  &  longâ 
à  diverfis  Hoflibus  armorum  tempe flate  jatlati  &  quaffati,  ab  ulteriori  belli  fe- 
nndi  onere  abborrebant,  recolligendifque  viribus  fuis  aliquod  vovebant  refpirium) 
im  hôc  ur.ô  furrexit  fundamento,  ut  •vera  finceraque  effet  amicitia,  prifeâ  Polo- 
nâ  fide  ci?  candore,  poft  tôt  damna  &  caedes,  funditufque  devajlatum  Reguunr 
fuum  ,  nibil  amplius  exigent e ,  uti  edocet. 

I.  Çlt  Pas  Univerfalis  6c  perpétua ,  6c  vera  fîneeraque  Amicitia  inter  Se- 
^  reniflîmum  6c  Potentiffimum  Principem  ac  Dominum,  Dominum 
Joannem  Casimirum  Regem  Pôlonia.-,  Magnum  Ducem  Lithuaniae  6cc. 
Sec.  ejufque  Regix  Majeftatis  Succeflores,  ac  Pofteros  Reges  Polonia?,  Ma- 
gnos  'Duces  Lithuanix,  atque  fubje&as  illis  ditiones  6c  Provincias,  atque  ejuf- 
dem  Majeftatis  6c  Regni  Polonix  Confœderatos.  Imprimis  Sereniffimum  6c 
Potentiflîmum  Principem  ac  Dominum,  Dominum  Leopoldum  Eleclum 
Romanorum  Imper at or em  femper  Auguftum,  Germanix,  Hungarix,  Bohe- 
miàs,  Dalmatix,  Croatie,  Schlavonix  Regem,  Archiducem  Auftrix  6cc. 
6Cc.  6cc,  ejufque  Majeftatis  Hxredes  ac  Succeflores,  Provincias  ac  Ditio- 
nes, intra,  vel  extra  Imperium  Romanum  fitas;  6c  Sereniffimum  Principem 
ac  Dominum,  Dominum  Friderictjm  Wiliielmum  Marchionem  Bran- 
deburgenfem,  S.  R.  I.  Principem  Eleclorem  6c  Archi-Camerarium,  Magde- 
burgi,.  Pruffix  6cc.  6cc.  6cc. Ducem,  ejufque  Serenitatis  Hxredes  ac  Succef- 
fores,  Provincias  ac  Ditiones,  intra,  vel  extra  Imperium  Romanum  fitas, 
abuna:  Atque  Sereniffimum  6c  Potentiffimum  Principem,  ac  Dominum, 
Dominum  Carolum  Suecorum,  Gottorum  6c  Vandalorum  Regem ,  Ma- 
gnum Principem  Finlandix  6cc.  6cc.  6cc.  ejufque  Majeftatis  Succeflores  ac 
Pofteros  Reges  Suecorum ,  Regnumque  Suecix ,  atque  fub jeclas  illi ,  intra, 
vel  extra  Imperium  Ditiones  ac  Provincias  ab  altéra  Parte  ;  ita,  ut  altéra 
Pars  alteri  pofthac  nihil  hoftilitatis  inimicitix,.clàm  autpalàm,  directe  vel 
indirecte  inférât,,  vel  per  fuos,  aut  per  alios  infenï  faciat,  nec  alterius  hofti- 
bus  auxilia  quoeunque  nomine  prxftet,  nec  cum  alterius  hoftibus  Fcedera 
huic  Paci  contraria  ineat,  nec  quidquam  in , alterius  Status  6c  fecuritatis  di- 
minutionem  per  le  vel  per  alios  moliatur,  aut  tentet,  vel  tentare  faciat,  fed 

titra- 


7*       MEMOIRES,  NEGOTUTIONS,  TRAITEZ, 

i"30-  utraque  Pars  akerius  utilitatem,  honorem  ,  ac  commodum  promoveat,  & 
*"  ■  ■  -  fidatn  invicem  vicinitatem,  Paccm  &  amicitiam  ferjo  colat  ac  lervet.  Pacti 
vero  &  Fœdcra  omnia,  quae  Partes  pacifcentes  inter  fe,  vel  cum  aliis  Princi- 
pibus  ac  Statibus  utrinque  fancita  habent,  quô  ad  omnia  fua  Punéba,  Claulù- 
las .,  &  Articulos  intégra ,  &  in  pleno  robore  fuo  permaneant ,  ita  tamen , 
ut  per  ea  prxfens  traniactio  Pacis  nullum  pnejudicium  patiat.ur. 

NOndum  vulnera  obduxit  cicatrix  necdum  unius  Anni  elapfum  fpstium  ab  a  cl  a 
conclu/a  Pacis ,  £s?  dum  recens  reverentia  PacJorum  &  fanftitas  Fœderum 
obverfabatur,  jam  immemor  pramifforum  Suecia  ,  quavis  confervanda  Pacis  an- 
tidota  in  toxicum  convertit;  quando  infeflum  libéra  Polonorum  Regum  Eleclioni, 
in  everfwnem  Status  &  Legum  Cardinalium ,  per  Légation  fuum  Comitem  Todt , 
certum  compilavit  Fœdus,  &  de  faclv  in  Aimo  1661.  fidem  obftrinxit,  authora- 
turos  Suecos  duodecim  Millium  Exercitum ,  ad  afferendam ,  &  opprimendam  ar- 
mis  libérant  in  Polonia  Eleclionem.  Quis  crederet  unquam  Suecos ,  projeclâ  re- 
centium  Fœderum  religione,  talia  prafumpfiffe  j  ut  contra  Prarogativam  libéra 
Gentis  Palona ,  in  hoc  Libertatis  fajligio  conflit  ut  a ,  impio  &  fœdifrago  au  fit 
con/piraverint ,  atque  in  debellatis  animis  Abfoluti  Sceptri  potentiam  fundare  vo- 
luerint  ?  Hune  primum  fincera  ac  ficla  amicitia  produxit  Suecia  fruclum ,  quent 
fur  or,  odium  ($  invidia  procudit,  aefi  parum  fuiffet  vibrato  ferra,  vifeera  Po- 
lonia fer  ut  at  a ,  cadibus  omnia  profanât  a ,  Domus  Nobilium ,  &?  vitâ  cariores 
PEI  Immorialis  £5?  SanSlorum  Aras  exfpoliatas  fuifje  ;  nifi  Ma  quoque  principa- 
lis  £5?  maxima  ab  omni  avo  coava  Polonorum  Libertas ,  vere  Pupilla ,  DEUM 
ipfum  Tutorem  habens ,  à  Suecis  fubrueretur ,  &  proculcato  Nobilitatis  Jure  ac 
décore ,  liberis  cervicibus  grave  fervitutis  jugum  imponeretur  :  Accipe  Pofteri- 
tas",  quod  poft  tua  fiecula  narres!  Hac  erant  molimïna  Suecorum,  bac  rota 
magnarum  cogitât ionum ,  quô  fuô  facinore  fatis  oftenderant ,  quomodb  erga  libtr- 
rimum  ab  omni  avo  Polonia  Regnum  propenderent.  Erupit  rurfus  celât um  virus 
feclore ,  &  depofitâ  Jimulata  Amicitia  larvâ  ,  extrema  praefumpfit  Suecorum 
rnalignitas ,  dum  poft  intentât  a  pluries  Illuftrimo  Duci  Curlandiae  &  Semigalliae 
Vafallo  Sacrae  Regiae  Majeflatis  £5?  Reipublicae  pericula ,  Mata  damna  intole- 
rabilia ,  graves  angarizationes  £s?  oppreffoncs  (  rcfpeclu  quarum  repetit ae  fupplices 
auerimoniae  ad  Thronum  Antccefforum  Sacrae  Regiae  Majeflatis  deferebaatur  ) 
eb  demunt  proceffit ,  ut  fublato  omni  Patlorum  Olivenfitum  refpecîu,  hoftili  mo- 
do ,  armât  â  clafje,  milite  £5?  tor  mentis  bellicis  inflruclâ ,  Portum  &  Lit  tara  Du- 
cat us  Curlandiae  {qui  efi  haer évitas  Reipublicae  )  violenter  invaferit ,  £5?  nullo  fa- 
cinorum  fuorum  taïïa  rubore ,  Naves  Curlandicas  cum  enormi  damno  Illuftriffimi 
Ducis,  (^  longé  gràviori  praejudicio  Reipublicae  inter ceperit ,  &  difracld  pro- 
tanc  Polonia  bello  T'urcicoi  ex  vi  Sacri  Fœderis,  impuni  Curlandiam  infefiave- 
rit ,  liberum  ufum  Maris  Balthici,  ad  fupremum  Reipublicae  Domwiuw,  & 
jf  us  Majeflatis,  pari  cum  aliis  Vicinis  Jure  fpe  étante  m  negaverit,  eâdemque  vio- 
kntiâ\  Naves  Nobilium,  latrocinium  maris  pro  gloria  habendo,  plurimis  vicibus 
rapuerit ,  £5?  tanquàm  praedam  ac  fpolium  abflulerit.  £>hio  fuo  tiefario  progrelfu, 
palàm  £s?  directe  hoftilitatem  contra  Rcmpublicam  attentavit,  Pacemque  Perpé- 
tuant OUvenfem  violavit.  Indigna,  Dii  boni/  &  quae  Cœlo  tefte  fièrent ;  & 
^•.'.as  Poflerorum  memoriac  reïtnauerentur  '  Super  gravem  Mum  cafum  fenfibili 

motus 


ET    RESOLUTIONS    D'ETAT.  75 

motus  alteratione  Sereniffimur Joannes  III.  Rex  Polonite,  compellavit  eo  nomi-    1700. 
ne  SereniJJimum  Rcgem  Sucette ,  &  indignitatem  rei  ,   manifeftamque  rwturam  • 

Paclorum  exprobravit;  fed  rndla  tune  à  Rege  Suecite  data  fatisfaclia,  viultomi- 
yùis  naves  reftitûta  ,  £î?  Polonis  bello  Ottomanico  implicatis,  queri  tummagis  in-~ 
juriant,  quàm  ulcifei,  6?  w»  »*  réprimera,  illa  tempora  permit tebant \  g)uis 
autan  non  concedet  illam  aggrcffivnem  apertam  fuijfe  hoflilitatem  !  IJoftcs  enim 
non  folhm  œjlimàntar ,  qui  jam  navali  aut  terreftri  prœlio  pugnam  incifiuftt^  fed 
pro  talibus  habendi ,  §■»*'  machinas  admovent  Portubus  aut  mteniis.  6)uis  non  ;vi- 
det  hoc  unum  Sueciam  fentpeï  intentiffe,  quod  Majores  ejus  tôt  jam  vnhentibus 
an, ùs  pêrtentabant ,  ut  Balthicum  Mare  fui  Juris  faccret  ?  Folvebat  hœc  omni» 
Guftavus  Adolphus ,  agit abant  pof  cri  ejus,  &  jam  fingu.is  annis  armât am  claf- 
fini  ad  littora  Curîandia  tranjrntttebant,  non  fine  h  or  r  or  e  &  évident  i  diferimine 
totius  Curlandits  13  SemigaWte ,  prafertim  à  tam  periculofo  vicino ,  qui  liberta- 
tem  dominandi,  &  late  regnandi  cupiditatem  omni  Juri  femper  antepofuit  :  Nec 
facile  elt  pacatam  degere  vitam,  qui  violât  fadis  communia  Fcedera  Paris, 
Sequitur  nunc 

IL  ÇIt  utrinque  perpétua  oblivio  &  Amneftia  eorum  omnium,  quœ  quo- 
i3  cunque  modo  locoque,  ac  quacunque  Pacifcentium  Parte  haétenus 
hoftiliter  fa£ta  funt,  ita  ut  nec  eorum,  nec  ullius  alterius  rei  caufà  vel  prre- 
textu,  ulla  pars  alteri  pofthac  quidquam  hoftilitatis  aut  inimicitia;,  (pecie 
Juris  aut  via  facti,  inférât,  aut  per  fuos,  aliofve  inferri  faciat.  Hâc  Gene- 
rali  Amneftiâ  gaudeant  omnes  &  finguli,  cujufcunquc  Status,  Conditionis 
ôc  Religionis  ruerint,  ut  &  omnes  Communitates,  quse  ab  utrinque  Partes 
hoftiles  iecutte  funt,  aut  in  hoflilem  porTeffioncm  devencrunt,  nec  ullis  hoc 
bellum  prajudicio  &  noxas  fit ,  iuis  junbus  Privilegiis  ac  Confuetudinibus 
Generalibus ,  tam  in  Ecclefiafticis,  quàm  in  Civilibus  Proranifvè,  quibus  an- 
te  hoc  bellum  gavifi  funt,  fed  iis  in  totum  fruantur  fecundùm  Leges  Re- 
gni  &c. 

Q  Vanta  damna  fub  tempus  Sueticte  Invaftonis  perpeffa  fuerit  Polonia ,  nullo 
unquam  pretio  œftimanda;  toti  palàm  confiât  Orbi:  ë)uœ  enim  Provincite? 
quts  Regiones  crant?  nijï  cruentte ,  expilatte,  (3  devaftatte  :  cum  Gladiatores  to- 
to  Orbe  collecli,  cadibus  13  incendiis  ubique  grajjando ,  cuncla  ad  fumrnam  foli- 
îudinem  redegijjent,  ut  tàm  ingentes  ruina  &  détriment  a  fatius  defleri,  quàm 
compenfari  pot  uiJJ'ent -,  in  pignus  nihilominus  duraturte  Aniichu?  data  funt  perpé- 
tua oblïvioni,  13  œi'itern*  irfepulta  Amneftiâ,  hue  fila  exprejjis  ver  ht  s  pr<ecau~ 
ta  indemnitate ,  ut  omms  Jurium  ,  Libertatum  &?  Privileglorum  pnerogativa, 
etiam  iis  inviolata  fnvaretur ,  qui  in  boHilem  pnjjejfionem ,  cogente  dura  illa  lem- 
porum  &  Fatorum  neccjfitate,  devenerunt  :  Non  poterant  enim  Livones  Indigents  r 
Regni,  in  abfolutam  tradi  (crvitutem,  qui  cum  anteaclis  fœculis  pulchrà  Lilerta- 
te  vigerent ,  tum  circa  [pontaneum  ad  Kempublicam  Polonam  recejjum  in  Anno 
15*61,  Dipomate  Sigifmundi  Augufti  Régis,  omnes  Immunit at es ,  {3  Privilé- 
gia, ac  infeparabilem  unionem  &  confolidationem  cum  Corpute  Rcgni  &  Magns 
jDucatus  Litbuauiee  frmatam  13  ajfecuratam  acccpcrunt ,  (3  injuper  Sacramchto 
l'ont.  I.  K  Jura- 


74       MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ , 

1700.  Juramenti  per  pracfatum  Divum  Sigifmundum  Auguftum  praejîiti ,  praerogatU 
■  vam  Jurium  fuorum  inviolabilitcr  flabilitam  habuerunt  :  prout  juramentum  ejuf- 
dem Régis  Sigifntundi  Augufli,  Ordini  Equefiri  Ducat ûs  Livoniae  p-ot une  fo- 
ie unit  cr  fa  du  m ,  edifferit  de  ténor  e  tali  :  Ego  Sigismundus  Augustus 
DEI  Gratta  Rex  Polonise  ,  Magnus  Dux  Lithuâniae ,  Rufllte,  Pruflîse, 
Mafbvise ,  Samogkias ,  Livonia:que,  Dominus  &  Hxres,  juro,  fpondeo, 
ôc  promitto,  ad  hsec  Sariéta  DEI  Evangclia;  quod  omnia  Jura,  Liberta- 
tes,  Privilégia,  Immunitates  Provincial  Livoniae,  Ecclefîafticas  &  Secula- 
res ,  Eccleiiis  quoque  6c  Spirituali  Statui  ,  Archi-Epifcopo ,  Epifcopis, 
Principibus ,  Magiftris,  Capitulis,  Commcndatoribus  ,  Advocatis,  Nobi- 
libus,  Vafallis,  Civibus,  Incolis,  &  quibuflibet  Perlbnis,  cujufcunque  Sta- 
tus ac  Conditionis  exiltcntibus ,  per  Imperatores  Romanos,  alios  quofeun- 
que  Reges,  Duces,  Principes,  Ordinis  Teutonici  Magiftros,  6c  alios  legi- 
timos  Magillratus  illi  Provincix  &  Statibus  conceflas,  manutenebo,  ferva- 
bo,  cuitodiam,  &  attendam  in  omnibus  Conditionibus  atque  Pundtis.  Om- 
nia illicite  ab  eâdem  Provinciâ  alienata,  aut  per  hos  belli  tumultus  Mofcho- 
rum  avulfa,  pro  pofle  meo  6c  conjun&arum  Provinciarum  mearum,  ad  pro-- 
prietatem  ejufdem  Provinciâ;  armis  five  Paftionibus  recuperabo,  aggregabo. 
Terminos  ejufdem  Provincix  non  minuam,  fêd  pro  pofle  meo,  diminuta  6c 
in  poteltatem  hoftium  redadta  recuperabo  ,  defendam  ,  dilatabo  :  fie  me 
DEUS  adjuvet,  6c  bxc  Sanclra  DEI  Evangelia. 

In  hoc  fundamento  non  folum  Originaîis  Diplomatis  &  Jurisjurandi  Sacra- 
tnenti,  fed  &  fibfecutaram  Conflit 'utionunt  in  Comitiis  Regni  Gêner  alibus ,  prae- 
fertim  1 569,  firmatis  fuis  Juribas,  Liber tatibus  ci?  Privilegiis  ,  fat  abunde 
Provinciâ  Livonica  provifa  fuit ,  ci?  eut  avulfa  ex  vi  Juramenti  praetacli ,  ci? 
facrofantlae  fponfonis  reftitui  ci?  aggregari  debebant ,  nequaquam  ipfa  alienari , 
aut  avelli  à  Cor  pore  Reipubhcae  licite  pot  ait  :  cum  Par  in  Parem  in  libéra  Re- 
publica  ci?  aquali  Statu ,  nullam  babcat  poteftatem ,  ne c  tantum  v.llis  CommiJJïo- 
nibus  à  Republica  concefjtm  fuiffet  àlienanài  Provincial ,  quœ  Juris  Publia  ef- 
feni  :  imo  fondamentales  Rfgni  id  fieri  vêtent  prohibe ant que  Leges^  prœcipuè  ve- 
rb  Conflitutio  1 646  ,  pofi  redditum  T'rubecenje  Territorium  Magno  Mofchurum 
Duci ,  Lcge  perpétua  cavit ,  ne  in  poflerum  taies  alienationes  fièrent ,  quae  ci? 
paritati  Status  Libcrrimae  Genîis ,  ci?  Capitulationi  Paclorum  Conventorum ,  tôt 
Regum  Poloniae ,  de  recuperandis  non  alienandis  Provinciis  è  diametro  repugna- 
rent,  tant  praeprimis  Pars  ipfa.,  de  qua  alienanda  agitur^  confenfim  fuum  prae- 
bere  teneretur.  Plis  omnibus  non  obflantibus,  Livonia,  quae  neque  dari ,  neque 
aecipi,  faîvà  Republica ,  poterat ,  in  plénum  Dominium  Sueciae  tradita  ci?  refi- 
gnata:  cum  ea  tamen  jurium  6?  Privilcgiorum  refrvatione ,  ut  fupra  in  prae- 
fato  Articula  exprêffum  cfl.  Hinc  quhn  injurium  in  Rempublicam  !  quant  Paclis 
eonirarium ,  indutlum  in  illam  Provinciam  Defpoticum  Regimen!  dum  triflem 
fervitutem  fub  gravi  jago  gementes  ,  ci?  querimoniis  fidera  pulfantes  déplorant 
Livones  :  alii  Bonis ,  Fort unis ,  ci?  Honoribus  mulblati,  alii  tnoti  fuis  fèdibust 
dura  tolérant  exilia,  alii  rigidiffimis  carceribus  confiricTi,  aut  exqttifit.i  carnifici- 
rià  lacerati  extrema  fubiêre  fupplieia.  Patiuntur  perindè  vint  PaËla  Olivenjta , 
«xcitaiur  ïnter  ancres  jurât  a  fides  Praedecejfmim  Sacrae  Regiae  Majeflatis ,  nec 

Manei 


ET    RESOLUÏIONS    D'ETAT.  yj- 

'  Mânes  eorum  conqv.iefcere  pojfunt,  inviolabilia  Regum  Diplomata,  13  ipfa  Le-  1700. 
ges  Regni  pejfumdata  (3  violât  a ,  ncqtte  aliud  Livonibus  retiquum ,  quant  tenere  — — 
Libertatem ,  aut  mori  ante  fei-vitium.. 

Non  ea  Serenijfmi  Joannis  Cafimiri  Régis  Polonia  inckmentia  :  qui  &?  hofli- 
les  Partes  fe cutis,  pcetias  Rebellionis  non  tantum  indulfit,  fed  13  Jura  intacla, 
juxta  prafcriptum  Paclorum ',  fervavit ,  &  ,  quod  omnem  Juperat  bonitatem,  il- 
luflre  ad  omnem  venturam  Pofteritatem  dédit  exemplum  memoranda  aquanimita- 
tis  ;  ciim  juxta  Articulum  III  infra  txpt\Jiim ,  fiblo  amore  Pacis ,  tam  Regno 
Hareditario  Statue ,  quàm  (3  Avitis  Bonis  cejfit  (3  rcnuntiavit  :  qub  firmius 
Sueciam  connecter  et  Polonia ,  perpet  uamque  inviolabuiter  radicaret  Pacem.  Uti- 
nam  Suecis  fimilis  moderatio  13  abfiinentia  alieni  fuijfet ,  profetlo  non  tantum 
bellorum  ïerris  omnibus  geftum  fui/et,  neque  plus  hominum  ferrum  fc?  arma, 
guèm  naturalis  Fatorum  conditio  abfumfijfet, 

III.  ÇEreniffimus  Se  Potentifllmus  Princeps  ac  Dominus ,  Dominus  Joan- 
iJ  nés  Casimirus  Rex  Polonias,  pro  fe  ac  Hœredibus,  Pofteriique 
fuis,  amore  Pacis,  vigore  hujus  Inftrumenti  Pacis,  folenniter  ex  nunc  Se  in 
perpetuum  renuntiat  omnibus  pnetenfionibus  in  Regnum  Sueciae,  ac  Ma- 
gnum Principatum  Finlandias,  &  alias  ipfis  fubjeétas  Provincias,  Regiones, 
X)itiones,  Civitates,  Caftra  &  munimenta,  five  haec  omnianuper,  five  ab 
antiquo  acquifita  fint,  neenon  in  Bona  Avita  in  Regno  Suecia:  di&ifque  Pro- 
vinciis  fita,  in  Regnum  Succiœ  diétafque  Provincias  &  Bona,  prsefentibûs  & 
futuris  temporibus  nihil  quidquam  prastenfurus. 

ASt  non  intra  hos  terminos  fubftitit  aliéna  appetens  Suecorum  aviditas;  & 
qu<e  Régna  ac  Imperia  ereptum  ibat.    Jam  ipfam  Regni  Provinciam  Livo- 
nicam  trans  Dunam,  Ù  Partes  cis  Dunam  fine  feitu  &?  confenfiu  Ordinum  Livo- 
nia ,  ut  fupra  indigitatum  ejî ,  ita  volentibus  Fatis  -,  protunc  eripuit  Reipublica 
&  ferme  extafit ,  licetfi  nullum  unquam  legitimum  folidumque  Jus  ad  Livoniam 
habuerit,  in  quo  prima  veftigia  Antece  (fores  cjus,  per  hofiiles  irruptioucs  impreff'e- 
runt,  (3  demum  intervenientibus  hduciis,  pojjeffioni  per  Jolarn  ufurpaticnem  infti- 
terunt.     Sed  eh  infelicitatii  deventum  erat ,  ut  Ordines  &?  Subdili  in  Livonia 
per  Pabla  Olivcnfia,  obedientia  vinculo,  {$  fi  délit  atis  Sacramento  exfioiverentur  : 
attamen  Ordines  Livonia.,  à  Jurarnentis  Regum,  Paclis  Conventis  (3  obligatio- 
ns totius  Reipublica,  fiipuhta  defer.fionis  (3  infieparahlitatis,  Rcgem  13  Rem- 
publicam  Polonam  non  exfiolverunt,  hno  adhuefir miter  bar  et  Sacra  Regia  Ma- 
jeftas  13  Refpullica  nexu  pr  a  fat  arum  obligationum  ;  &  chm,  magmtudtnt  inju- 
riarum,   oppreffïonum  ,    &  gravaminum,  prefibs  &  affliclos ,  fraclis  Juribus, 
'  Privilégiai  atque  Immunitatibus  fub  illa  dura  tyrannide  interire  videaî  ;  quid 
juftius ?  quàm  opprcjfos  fu'olevare ,  (3  propriis  Cnïbus  viam  pondère ,  Legibuf- 
que  Divinis  £3 '-humants  inharendo,  qua  injuftis  Dominis  ac  Tyramiis  fcelm  (3 
nef  as  agentibus  ,   nequaquam  pàrendum  décernant  ,  grave  jugtim  Concivium  (3 
quondam  Ccnfratrum  fiuorum  armis  excutere ,  £5?  l'hrono  Regni  hujus  (à  quo  il- 
licità  aliénations  exciderant)  Jure  Pofiliminii  refit  ucre,  reintegrare ,  &  confoli- 
darc?  Beatas  fore  Refpublicas,  in  quibus  âliorurri  injurias  fuas  quifque  exiiti- 
mat.    Obligatur  ad  bac  Sacra  Regia  Majcflas  ex  cimfcientia  (3  vïnculo  Jura- 

K  1  menti) 


75       MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

1700.  menti,  circa  feliccm  fuam  inaugurât  ionem  folmniter  praftiti ,  tenetur  ad  vindicias 
— —  violât  or  um  Paclnrum,  ub  non  fcrvatas  Leges  &  Libertates  Livonibust  ne  de/pe- 
ratis  auxiliis  Liber ationis  fua  (  qtiod  DEUS  avertit  )  alium  quarante  &  inve- 
ntant Protetlorem  &  Dvmi.Mtn^  cum  infigni  £5?  irreparabili  darn.io  Reipublica^ 
&  mctuendà  Fatali  confeqnentiâ  :  ne  ex  eodem  ajfumpto  Proteclore  major  quando- 
que  boftilitas  confurgcre  pojfit. 

Elici  ex  eodem  Articulo  non  minus  potefl  alia  enormis  lafio  Pacis  ptrpetua  & 
gravis  Reipublica  offenfio ,  pofl  quant  Suecia,  non  tant  h  m  CommiJJtonem  Dijlimi- 
tationis .  Livonia  cum  G&mmiffariis  Reipublica ,  in  (patio  quatuor  feptimanarum 
in  Paclis  praferiptam  protelavit ,  dijlulit ,  fJj  tandem  eïufit  ;  fed  ultra  prafatam 
enormem  avulftonem  Livonia  Septentrionalis ,  £5?  terminas  ufurpata  fnb  Induciis 
pojjeffionis,  nec  deoccupatas  certas  Prœfe duras  in  Semigallia ,  Illuftrijjîmo  Dtici 
Curlandia, adhuc  tria  milliaria  fundi  Reipublica  temerè&  injuflijjïme  ademit^atque 
imminutis  Regni  terminis ,  pro  fuo  arbitrio  ,  in  fummum  Reipublica  contemptum , 
non  requifitis  neque-  exfpeclatis  CommiJJ'ariis  Regni  Polonia ,  limites  determinavit , 
figna  met  alia  pofuit ,  nuper  ipfum  Fovtalitium  Duneniiinda  t  ex  alia  parte  Duna 
fluvii  in  folum  Curlandicum  tranftulit ,  &  repofuil  ;  cuncla  in  opprobrium  Notai- 
nis  Poloni ,  £5*  couvul/ionem  Paclorum  dirigendo  prout  edocet  /îrticulus 

IV.  ÇEreniflîmus  Rex,  &  Status  Ordinefque  Re^ni  Polonix  Magnique 
v3  Ducatus  Lithuanix ,  à  modo  &  in  perpetuum  cedunt  vi  hujus  Pa- 
cificationis  Sereniflîmo  Régi  Suecix  ejufque  Succdlbribus  Regibus  Rcgno- 
que  Suecix  omnem  illam  Livoniam  trans-Dunanam ,  quam  Suecia  haétenus 
per  tempus  Induciarum  tenuit  &  pofledit,  ut  &  Partes  cis-Dunanas  omnes, 
&  Infulam  Runen  in  Mari  fitam ,  quas  per  idem  tempus  Induciarum  Suecia 
tenuit  &  pofledit,  neenon  quodquid  Juris  Rcgibus  &  Reipubiicx  Polonx  in 
Efthoniam  &  Ofoliarn  haétenus  ullo  modo  competere  poterat.  Atque  hxc 
quidem  omnia  &  fingulâ  cum  omnibus  fuis  pertinentiis,  Terreitribus  &  Ma- 
îitimis,  Urbibus,  Arcibus,  Propugnaculis,  Bonis,  &  Proventibus,  neenon 
Juribus,  Jurifdic"tionibus  Regalibus  &  Superioritatibus  tam  in  Ecclefiailicis, 
quàm  in  Politicis ,  nullis  penitus  exceptis ,  in  plénum  Dominium  &  proprie- 
tatem  Regum  Regrtique  Suecia;  transférant,  Ordinefque  &  Subditos  in  illa 
Livonia,  ejufque  recenfitis  partibus,  omni  erga  Regem  &  Rempublicam  Po- 
lonam  obedientix  vinculo  &  fidelitatis  Sacramento  exfolvunt,  nihil  unquam 
in  eos  diélam  Livoniam  ejufque  pertinentias  poflhàc  prxtenfuri;  cis  Dunam 
autem  Sereniflîmi  RegesRegnumque  Suecix,  nonulteriùs,  quàm  hactjnus, 
fines  lux-  pofleflîonis  in  Curlandia  aut  Semigallia  promoveant,  aut  fervitutes 
à  fubditis  Illuflriflîmi  in  Curlandia  Ducis  exigant  ,  aut  ullum  jus  ligandi, 
aliudvè  quodvis  in  Curlandia- aut  Semigallia  prétendant.  Commiflàrii  verô 
ad  declarandos  '  &  determinandos  ab  utrâque  Parte  fines  abutrinque  deputa- 
buntur,.  &  Commiflîo  hsèc  intra  quatuor  ieptimanas,  à  fubfcripto  Tractatu 
inchoetur,  &C  intra  duas  expediatur  &c. 

ECce  quàm  evidenter  Suctici  contra  Pacla  progrejfûs  enormitas  ehcefcit  !  nec 
unquam  illi  voluntatem  Regni  Poloni  a  laccjjendi^  difccrpendi  &  lacer  audi^ 
fed  occafiomm  defuij/è,  in  confejo  cji.    Majus  verà  vu' nus  Reipublica ,  dedecus 

buic 


ET    RESOLUTIONS    D'ETAT.  77 

huic  Regno  inflitlum,  quandb  pafi  fanât am  in  Conitiis  Generalibus  1690  erec-    1700, 
tio;iem    Portas  £5?  Civitatis  Polo,  ga  in  Ducœtit  Samogitite  ,   ad  littora  Maris  ' 

Balthia ,  idque  opcrà  cert/e  fiocutatis jingïihtnâ  pérfiiiendam ,  quo  minus  ad  ef- 
feclum  perduceretur  ,  variis  modis  &  comminatiombus  impcdivit,  (3  in  aliéna 
Regio-  ac  Dominïis  partent  fibi  Imper  u  arrogivit,  immifjtfqut  Speculatoribus  £5? 
Architeclis  militaribus,  clandefiinè  fit  uni  loci  illius  delineari fuit ,  non  fine  mani-- 
fefio  ha fiilis  animi  indicio,  &  prœconceptà  infidiarum  contra  Rempublicam  medi-- 
tatione.  Denique  Naves  Polongam  covunea-ntes  areftari  &  fiequejirari  fecit,  ne- 
que  priùs,  dimifit ,  nifi  fe  fe  ingeuti  lytro  redemijhit ,  qui  bu  s  poflhac  liber  am  na- 
•vigat'w^em  interclufit,  pnefatamque  focietatem  Anglicanam,  contimiis  preffuris , 
molefiiis,  mercimoniorum  direptionibus ,  (3  ïmpcndmtibus  periculis  ac  minis  dif- 
perjit ,  ad  incitas  redegit ,  &  ad  dejerendum  opus  illud  tàm  utile ,  &  projicuum 
toti  Regno ,  \3  Mag:.o  Ducatui  Lithuaniœ  compulit ,  &  coègit ,  ac  cum  fummo 
13  inœjïimabili  damno  abominabilem  defolationem ,  loci  illius  tàm  pulchre  funda- 
ti,  caufavit. 

lïœccitiè  Paclorum ,  qua  fantle  coii  13  euflodiri  debehant ,  obfervantia  ?  hcec- 
c'we  fida  13  fincera  AmiàtiiS  documenta ?  talefnè  frutlus  perpetuae  Pacis  Oli~ 
venfist  Procul  haec  à  Polonis  invidia  £3  malignitas ,  qui  pro  fiabilienda  inter 
utrumque  Regnutn  optima  confident ia ,  plura  induljêre  quam  debuerunt ,  ficut  ex- 
plicat  §  F.  in  Artic. 

V.  §  v.  /^\Uo  lavorem  Commerciis  Se  Navigationi  Sacra  Regia  Majeftas 
V*£  Polonise  conteltetur,  ligna  nautica  in  Domeines  &  Luferochrfc 
exftructa  confiitere  permittit.  De  racione  verô  confervationis  &  manutentio- 
nis  eorundem  convenietur  à  Suecis ,  cum  lundi  Dominis  ;  nullo  inde  Jure 
aut  pnetenfione  Regni  Suecia;  in  iundos  diâx>s }  aut  Territorlum  Pikinenfe 
enafeente  aur.  encifcituro; 

PRofeclo  tôt  hofiuia ,  tàm  multas  &  magnae  injuriae  à-Suecia  patratae,  nifi- 
dolorem  Sacrae  Regiae  Majcftatis  exacuifj'ent,  (3  patient iam  tôt  annorum 
[patio  laffatam  devici fient,  non  accéder  et  ad  Decretorium  Jlylttm,  &  vindicanda 
haec  damna  ac  praejudicia ,  &  contemptum  inclytae  Geutis  Polonae ,  cujus  fib'u 
tradita  tutela ,  non  ferait  us.  Quodfi  qu'ici  unquam  adverfus  Rcligionem  Paclo- 
rum emerftrit ,  non  ficus,  quàm  fito  proprio  commovetur  pcriculo;  13  omnem  fe- 
licitatem  publicam ,  fiuam  effe  reputat.  Tanto  autem  majori  zeh  (3  ardore  fertur 
Sacra  Regia  Afajeflas,  quanto  propihs  intelligit  omnia  eoufque  temporis  per  Sue- 
cos  impunè  gefta  (3  pertentata.  Obtendit  olim  Carolus  Gufiavus  Rex  Suecorum 
faedifragae  irruptioni  in  vificera  Regni  Poloniae  certos  prœtextus,  in  illo  Com- 
mento  brevis  13  prœliminaris  enumerationis  CaufiiruM,Both\um  Colontllum 
cum  militaribus  Copiis  Provincias  &  Ducatus  Regni  Polonix,  ad  infcilan- 
dam  armis  Livoniam,  connivente  aut  inftigante  Rege  Poloniic  Vladillao  IV. 
pervafîfle;  quod  tamen  ipfio  fatente  tantum  abfuit  ,  ut  credi  poffet.  Allegavit 
ftwilitcr,  Krokovium  Gciariani  Exercitûs  Duccm  per  Poloniam  in  Pomera- 
niam  traniiilTe,  &  rursùs  improviso  6c  irremediabiii  tranlîru  per  Poloniam 
rediiiTe,  fe  ieque  diferimini  fubouxiflë,  quod  à  parle  Polona  in  illo  infperatù 
eventu,  minime  arceri,  aut  averti  potuity  cum  loca  omnia  (3  confinia  pracjuiiii 

K  3  auda- 


78       MEMOIRES,  NEGOTI  ATIONS,  TRAITEZ, 

17OQ.    nudata  fuifent,  neque  Regem  &?  Rempublicam  bac  impojlura,  acfi  ultra  concejjl 
'■  tranfitùs  &f   reditûs,  quem   cafus  dederat ,   ?nent  aliter   objecla  gr avare  potuit. 

Quant  longe  praejlaî  violentas  £5?  temerarius  in  Anno  1678  iranfitùs  Gêner alis 
Horn  cum  Exercitu  Sueticoper  Curlandias  &?  Samogiiiae  Ducatus,  contra  Sere- 
iiifjhnum  Eleclorem  Brandeburgictm ,  perpctuum  Fœderaîum  Regni  Polon'ia,  ab- 
ruptis  Partis  Oliven/iùus,  infcio  &  infalutato  protunc  Rege  Poloniae,  prœfump- 
tiis  &?  effetluatusi  quàm  vertus  ab  omni  œquitatis  ratione  abborret,  tôt  ingentia 
damna ,  mtllis  ordinatis  rationibus  itincrum ,  pcr  militarem  licentiam  &  extor- 
fioncm  intuliffe ,  cuntla  rapinis  ac  vioïentiis  pervia  feciffe ,  ne c  allant  injuriatis 
&  quer  niant  ibus  fatisfaclionem  prafiitiffe^  prorsus  bofiîliter  cumfumma  dépopu- 
lation Regionunt  perrupijfe,  £s?  gravem  incujjtjje  metum  Provincialibus ,   undç 
fuper  agrorum  vaftitatem ,  Colonorum  ruinant ,  attritas  opes  Nobilitatis,  &  cau- 
fatam  folitudinem  affliclorum  lachryma  perfonuêre. 

Pudet  re ferre  tôt  infultibus  t§  prœjudkïis,  &  his  indecoris ,  continua  tenore 
fluentibus  aff éclatant  Rempublicam.  Sed  quid  hœc  altum  tuwens  Suecia,  &  feliçi- 
tatis  fuœ  modum  ferre  nefcia  conjideraret  ?  qu£  nec  Paclis  Olivenfibus  Aruculis 
XL  dijponentibus,  grandia  débita  per  Duces  &f  Officiarios  Bcllicos  lorunii  & 
Elbingae  contracla ,  praefatis  Civitatibus  non  tantum  bonâ  fide ,  prout  conventum 
erat,  exfolvit,  fed  realem  &  effeclivam  fatisfaclionem ,  per  exquifita  diverticu- 
la  &  artificiofas  adinventiones  fuas  elufit,  Patlifque  ipfis  in  Praefato  Articula 
infra  exprejfo  contravenit. 

XI.  T"\Ebita  inter  utriufque  Partis  Subditos  Se  Incolas,  tùm  etiam  à  Du- 
l^J  cibus  &  Officiariis  belli  ubicunque  contracta,  utrinque  bonâ  fldc 
fokentur  Sec. 

JUfto  défunt  verba  dolori  fuper  conflriiïam  &?  coarclatam  Contmerciorum  libcrta- 
tem:  ingentifcunt  Incolae  fub  intolerabili  novorum  vecligalium  onere,  verèfan- 
guifugis  prejfuris,  fpretà  authoritate  Paëlorum,  quae  Articula  XV.  diferte  oblo- 
quuntur. 

XV.  /"^Ommercia  priftina  fint  libcra  &  non  impedita,  inter  utrumque  Re- 
V^v  gnum  Polonias  Magnumque  Ducatum  Lithuania;,  êc  Suecire,  lub- 
}e£tas  illis  Provincias ,  Subditos  &  Incolas ,  tam  terra  quam  mari ,  &  in  ve- 
teri  ufu  atque  exercitio,  quo  fueiunt  tempore  Induciarum  ,  conferventur. 
Imprimis  fit  liberum  Commerciorum  exercitium ,  liberaque  defluitatio  îner- 
cium  per  fluvium  Dunam  Sv  Bulderaviam  Subditis  &  Incolis  Regni  Polonne, 
Magnique  Ducatûs  Lithuania:,  &  Polonicae  Curlandiicque  ac  Semigallnv  j 
cum  Subditis  Incolifvè  Livoniœ  Suetiav:  &  vice  veifà  Subditis  Incolifque 
Regni  Suecice  &  Livonix  Sueticte,  fit  liber  commerciorum  ufus  per  eadem 
flumina,  cum  Subditis  Incoiiiquc  Polonix ,  Lithuamx  Polonicx  &  Curlan- 
dix  Semigalliceque  :  Teloniorum  vero  5c  veftigalium  influmine  Duna  &  Bul- 
deraa,  ut  maritimorum  in  Livonia,  eadem  ratio,  £c  in  iiidem  tantùm  locis 
ab  utraquc  Parte  in  poittrùm  fit,  uti,  &:  ubi  t  m  pore  Induciarum,  &  ante 
hoc  ultimum  bcilum  fuit.  Majoris  quoque  Polonix  Incolx  ,  cujufcunque 
conditionis  fint,  five  terra,  five  aquâ  commercia  i'ua  cxerccntes,  nullis  no- 
vis 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.  7P 

vis  Teloniis  &  gabellis  Stetini  onerabuntur.     Civitas  quoque  Gedanenfis ,  5c    1700. 
alise  Prulïïae  Civitatesj  inRegno  Suecke  ôc  fubje&is  Provinciis  illi,  gaudeant  "'  ,"  ■  ' 
eà  libertate  Commerciorum  &  vecïigalium  ,  quâ  gaviise  funt  ante  noviffi- 
mum  bellum. 

Nlbilominus  non  Fœdus  fanclum ,  non  metus  infringendorum  Pacîorum  coniï. 
nuit  Suecos  in  Officio,  quin  t  urgent  es  fitas  cupiditates  pcr  difpendia  rei  Po~ 
lona  expièrent ,  &  gravijjïma  tam  fuper  Curlandicas  Mittavienfes,  per  f ]  avilira 
Bulderaa Rigam  devetlas,  quant  £5?  Mofchoviticas  mer  ce  s,  telonia  flatucrint, 
&  ultra  omnem  juftitia  rationem,  crudekm  impofuerint  exatlionem ,  fummo  Po- 
lonii ■  oneri ,  qui  tanquam  ultimi  confttmentcs,  auclà  pretià  bac  omnia  fuftinerey 
13  prcprià  are  eluere  debent,  (3  quod  minime  ferendum  eft ,  mer  ces  fc?  friment» 
Palatinatuum  Alba  Ruffia ,  Magni  Ducat  us  Lituanie  Dunâ  flumine  Rigam. ve- 
nientia ,  quotannis ,  miferandum  in  modum ,  pro  libitu  taxât  a ,  novo  génère  De- 
cimarum  aggravât  a ,  aliifque  injuriis  &  extorfionibus ,  non  Chrifiiano  modo  one- 
rata ,  expert  a  quotannis  illorum  Palatinatuum  Nobilil 'as ,  fenjit  non  fine  amari- 
tudine  doloris  ex  lucro  ceffanîe  13  damno  émergente ,  pigebatque  Nobilem  Populum 
dare  tali  modo  tributa  externo  Principi ,  qua  nunquam  confueverat  13  tam  contra 
Pacis  Leges  opprimi ,  quàm  ad  extrema  per  illam  tributariam  impofitionem  ener- 
liari  ac  ad  medullas  evifcerari ,  dolendum  prorsus  13  indignum  quis  dubitet  ? 

Accefjit  ad  cumulum  malorum  13  prajudiciorum  Reipublica  folidaria  monetu 
Scbillingorum  Riga  in  Anno  1667,  in  fummaquantitate  cufa  (3  confiât 'a ,  fal- 
foque  Polonia  ftemmate  fabricata,  verè  arugo  Reipublica,  qua  totam  infecit  Li- 
thuaniam,  negotiationes ,  quibus  Régna  flore fcunt ,  afflixit,  commercia  cum  vici- 
nis  difiraxit,  i3  opes  Regni ,  aurum  &  argentum  vili  pretià  exbaufit  :  non  alio 
fine,  quàm  ut  Rempublicam  penitus  exinaniret,  utque  aliquando  fortiori  s  efca  % 
fieret  infirmior. 

Neque  omittenda  efi  Pofla  Suetica,  non  Patlis  Olivenfibus  conceffa,  non  ulli 
authoritate  Legnm  fundata ,  temere  (3  indebitè  pcr  Ducatus  Curlandia  &  Sa- 
mogitia  difpofita,  &  in  grave  prajudicium  Jurium  Regalium  £5?  Reipublica  : 
nil  taie  Majores  Nojlri  vider unt ,  nil  fimile  in  Exteris  Gentibus  praclicari  con- 
fiât ,  cum  nullus  Regum  ac  Principum  in  propriis  Dominiis  talia  unquam  permi- 
ferit ,  in  maximum  fummi  Imperii  detrimentum. 

His  omnibus  £j?  fingulis  expofitis ,  Cbriftiani  Or  bis  efto  judicium ,  quàm  gravi- 
ter £3?  enbrmiter  Corona  Succia,  tôt  repetitis  vicibus  aternum  Fœdtts  Obvenfe 
ruperit,  fregerit,  £5?  de  fatlb  violaverit.  Et  jam  pridem  tanquam  Aggrcfflr  \3 
InfracJor  Pacis ,  beneficio  eorundem  Pacîorum  exciderit ,  (3  tant  gêner alem  Guar- 
rantiam  Sacra  Cafarea  Majeftatis  (3  Serenifiimi  Ekcloris  Brandeburgici  in  Ar- 
tic.  XXXV ' ,  quàm  13  perpétuant  eviclionem  in  Artic.  XXXVL  ChriftianiJJîma 
Galliarum  Majeftatis,  cujus  ope  ac  fiudio  Pax  Olivenfis  promût  a,  13  ad  optât  uni 
finetn  per  dut!  a  fuit,  per  fuprafcripta  attentatafua  laferit,  13  jufiam  vïndiblani 
incurrerit  :  prsut  bac  omnia  u  ter  que  Articulas  plenius  élucidât. 

XXXV. /^\U6  firmior ,    flabilicr,  &  fecurior  Pax  hxc  coalefcat,  Se  ab 

V^  omni   parte   intemerata  duret ,   promittunt  fupra  mcmoraric 

Partes  Pacilcentes  omnes,  tam  Principales,  quàm  Fœderatce  :  le  hanc  tranf- 

actio- 


So       MEMOIRES,  NEGOCIATIONS,  TRAITEZ, 

j->oo.    actionem  &  Pacem,  omncfque  ejus  Articulos,  Gapita,  £c  Claufulas,  fanclrè 

6c  invioïabiliter  fervare  velle  6c  debcrc:  &  ne  in  pofterùm  violari  queat,  le 

invicem  ad  Gencralem  Guarrantiam ,  6c  eviclionem  mutuam,  ac  defenfio- 
ncm  reciprocam ,  omni  ex  parte  obitringunti  Kifce  quafri  fieri  potert,  fie? 
miffimè  fpendentes,  ut  fi  cqntingat  uham  Partem  ab  altéra,  vel  pluies  à  plii- 
ribus,  Terra  vel  Mari,  bello  contra  hanc  Pacificationem  impeti ,  Aggrellbr 
ipib  facto,  pro  Infraftorc  hujus  Pacis  ab  omnibus  habeatur,  ejuldemque  be- 
neficio  excidat,  6c  tum  altéra,  reliquieque  Pacifcentium  Partes,  Parti ..lsejGej 
ad  fummum  intra  duos  Menfes  à  requifitione  Partis  kelje.,  eidemque  commu- 
nibus  armis  affi  itère,  6c  bellum  tamdiu  contra  AggrerTorcm  profequi,  douce 
Pax  communi  omnium  Partium  conljenfu  reftituta  r'uerit ,  inyieem  tencantur. 

XXXVI.  /TU m  autem  pro  rrmjori  fecuritate  hujus  Pacificationis ,  tam  Se- 
K^j  reniffimus  ac  Potentiffimus  Rex  6c  Refpublica  Polonia:,  quàm 
Sereniffimus  ac  Potentiffimus  Rex  SuëcifÇ,  ut  6c  Sereniffimus  Eiector  Brari- 
deburgicus,  poftulârint,  ut  Sercnifïïmus  &  Potentiffimus  Princcps  ac  Do- 
minus,  Dominus  Ludovicus  XIV.  Galliamm  6c  Navarrx  Rex  Chriltianif- 
fimus,  cujus  ope  ac  ftudio  inter  pr^ememoratos  Sereniffimos  Reges ,  6c  Se- 
reniffimum  Electorem  Brandeburgicum  Pax  promota,  5c  mediatione  ad  op- 
tatum  finem  perducta  eit ,  executionis  6c  oblervationis  illius  inter  eofiem  Fi' 
.dejunor  exifteret  ;  Sacra  Regia  Majeftas  Chriftianiffima  poftulationibus  ac 
"Votis  illorum  annuens.,  eodemque  animo  Pacis  hujus  perpetuitatem  exop- 
tans ,  quo  eam  procuravit  :  pro  le  ac  Succeflbribus  fuis  Regibus  Gallia;  fpon- 
det  ac  promittit,  idque  per  Illultriffimum  6c  Excellentiflimum  Dominum, 
Dominum  Antonium  de  Lumbres  Legatum  fuum  plenariis  mandatis  ad  hanc 
Guarrantiam  cavendam,  inltruétum:  iè  Executionem  horum  Paétorum ,  ec- 
rtimque  obfervationem ,  ac  perpetuitatem  inter  eofdem  lupra  nominatos  Prin- 
cipes, omni  meliori,  quo  fien  poteit,  modo,  etiam  armis,  ubi  amicabilia 
média  non  procefferint ,  afferturam.  Et  fi  quis  eorum  fub  hac  Fidejulfione 
comprehenforum  illa  violàrit,  arma  virefque  luas  Parti  ladas  ad  ejus  requifi- 
tionem  juncturam.  Quod  ut  firmiùs  omnibus  conllet,  promittit  diétus  Do- 
minus Legatus  Gallicus,  fe  Ratificationem  Régis  fui  luper  hanc  Guarran- 
tiam, eodem  tempore,  quo  ratihabitiones  Pacis  commutabuntur,  extraditu- 
rum.  Integrum  quoque  erit  Pacifcentibus  omnibus,  eandem  Chriitianiffimi 
Régis  Guarrantiam  6c  FidejuffionL'm  fufeipere,  6c  alios  quoque  in  tempore 
Ratihabitionis  ad  idem  Offich  genus  invitarc,  6c  denominare  Principes  ac 
Poteitatcs. 

DlJJÏmuhre  equidem  hanc  manifeflam  Paftorum  rupturam ,  £5?  totics  intenta' 
tam  hoflilitatcm  prateritis  temporibus  debuit  Refpublica ,  pariim  Dumcfli- 
cis  malts  ci?  turbis  fejff'a  (à1  involqta,  part im  flagrante  bellu  Turcico  5iftentas  do- 
uée exoptata  affulgeret  occaflp  ruptorum  Patlorum  débitas  repetere  pœnas  ,  &? 
hanc  iniquitatem ,  ac  tnflolentem  riirhiœ  potentice  ferociam  coër'cere,  auxiliumque 
Generalis  Guarrantiœ  ad  reprimeudum ,  £5?  intra  termina^  modeftitc  redigendum 
Aggrefl'orem  invocare.  Metuendtm  enim  erat ,  ne  hoftis  fragili  &  flux -a  fuie , 
fuerimonias  Noflras  &  uîtionem  anteverteret ,  aut  occaflonem  irruendi  tu  vifeera 

Regni , 


ET    RESOLUTIONS    D'ETAT.  81 

Regni,  perinde  fument  :  quo  magis  compertum  eft  ex  allegatis  fuperius  exemplis ,    1700. 
eundem  boftem  tanto  l'erratum  Pélagique  /patio  disjunclum  ,   contra  Pacla  £s*  ■ 

Inducias  in  Poloniam  tôt  les  irrupifj'e,  cjf  circa  mcmoratas  prœftigias  ac  inania 
Caufarum  ultimi  fui  belli  Sue t ici,  ipfam  pracufloditionem  Juris  Reipublica  ad 
Infulam  OEfeliam,  Suecis  à  Dama,  vigore  Patlorum  Bromfebroenfium  ceffat, 
ex  juftis  rat  ion:  bus  per  Camerarium  Bergk  Régis  Vladiflai  faclam,  pro  futih  pra- 
textu  obtendijfe.  Recondere  itaque  dolorem,  fc?  injurias  fuas  tantifper  fubticere 
fecurius  duxit  Refpublica ,  quàm  manifeftari  vulnera ,  qua  pro  tune  neque  palpa- 
ri ,  neque  curari ,  aut  medelam  recipere  à  feroei  hofle  poterant  :  multominus  Evic- 
tores  fuos  &  Fidejujfores ,  vigore  Generalis  Guarrantia,  contra  Aggreffbrem  & 
T'urbatorem  Pacis  implorare,  aut  arma  &  vires  eorum  follicitare  fibi  iicuit ,  cum 
contra  Orientis  Tyrannum  non  fine  magno  rerum  fuarum  periciilo  res  gereretur , 
0?  bella  bellis  accumulare  minus  confultum  effet. 

At  nondim  à  gravi  &  diffuili  bello  Turcico,  non  ita  pridem  féliciter  détermi- 
nai'0,  rejpiravit  Refpublica,  nondïim  dulces  Pacis  delicias  primis  labris  degufta- 
vit ,  &  jam  rerum  novarum  cupidine  &  odio  prafentium,  novum  turbidi  Confil- 
U  facinus  £5?  atrox  intentatum  auja  Suecia  ;  dum  in  ait  a  Pace  quiefeente  Orbe 
Chrifliano  (  cum  fe  omni  periculo  defunclos  Fœderati  ci?  Viciai  crederent)  gravi f- 
fimas  in  Ducat u  Holfatia ,  per  promotam  fuo  motu  &  indue! ione  ereclionem  mu- 
nimentorum,  non  tuendi ,  fed  nocendi  causa,  ingentes  excitavit  turbas ,  &  contra 
Sereniflflmum  Regem  Dama  £î?  Norvegia ,  Pcrpetuum  Colligatum  Sacra  Regiœ 
Mujeftatis  &  Reipublica  Polona ,  in  deteftandam ,  nec  jam  amplius  tolerandam 
erupit  audaciam.  Exhorruit  vicinum  fatum  Sacra  Regia  Majeftas ,  pravidens , 
&  altius  fufpiaens ,  h<ec  Suecorum  meditamenta ,  tum  ultro  citroque  irritât am 
Pacem,  convulfa  Pacla  DanoSuetica,  Pace  Olivenft  fanclè  comprehenfa  &  fta- 
bilita ,  tanto  fenfbiliîis  commota  fuit ,  quantb  propius  ex  illa  altïffima  Orbis 
Chriftiani  fpecula ,  cui  Polonorum  Regum  ïhronus  fuperimpofitus ,  obortam  ab 
Aquilone  tempe flatem  conftderat,  &  quorfum  res  if  a  vergeret ,  fublimi  expendit 
cognât  ione  :  Pofquam  enim  bellico  apparat  u  perflrepit  Septentrio ,  onerantur  claf- 
fibus  maria ,  &  fi  quid  ufpiam  eft  virium ,  in  extremum  Confœderati  Régis  & 
Rcgni  Dania  armari  ccepit  excidium.  Sjhùs  hac  Suecorum  deftinata,  periculi 
pleua  non  adverteret  ?  qui  ab  omni  hominum  {5?  ge forum  memoria ,  nihil  aliud 
egerunt,  quàm  ut  everfôRcgno  Dania  &  Norvegia,  opprefsà  Poloniâ ,  abfolu- 
tum  maris  Balthicï&  Monarchie  Stptentrionaiis  Domimum,  &  integram  Com- 
merciorum  poieflalem  fbi  firmarent  ,  quo  magis  Orbi  Chrifliano  pradominari 
pof'ent.  Hinc  Manififta  Fœdcratorum  à  multis  Saculis  ab  invicem  Regmrum  , 
ad  belium  gerendum  pr  avocat  io,  &  ad  mutuam  defenftonem  fuprema  impofita  ne- 
ce  fit  as,  ex  vi  Perpétua  Colligationis  Pattorum  1564,  &  1  f<î  J" ,  podireclè  ad- 
verihs  Sueciam  inter  Coronas  Polonia  &  Dama  in  per  pet  uum  bùtorum,  tum  & 
poserions  Confuederationis  ck  Aclu  &  data  Haffnia  die  1 S  Meufts  JulU  Anna 
Domini  16  fj  inita,  cujus  ténor  fequitur  talis. 

SErcniffimi  &  Potentiffimi  Principis  ac  Domini,  Domini  Joannis  Ca- 
simir! Régis  Polonia; ,   jyiagni  Ducis  Lithuanix,  Ruffiir,  Pruflia-, 
Mafovia:,  Samogitix,  Livoni^,  Smoleniciae,  Czcrnicchiovixquei  neenon 
Suecorum,    Gottorum,  Vandaîorumque  Régis  Hirrcditarii  ,   Domini  nui 
Tom.  I.  L  (  lemen- 


1700. 


8i       MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

Clementiffimi,  Rcgnique  Polonix  Intcrnuntius  Extraordinarius  Ego  infra- 
fcriptus  Subdapifer  GracôviéhnV,  Intimufque  Rcgix  Camerx  Familiaris  Tb- 
bias  MorfztintHS  notum  tellatumque  facio.  Quod  iîcuti  à  mukis  retib  annis, 
Regibus  Regnoque  Danix,  pervetuita  &  intimior  interceffit  amicitia,  atquc 
eidcm  non  folùm  corroborandx ,  fed  &  arctiori  Focdcmm  ncxu  adaugendx 
commodum  acciderit,  quod  M.mdato  &  Nominc  Sacras  Regix  Majcitatis 
Polonix,  in  Auîa  Screnilfimi  &  Potentiffimi  Principis  ac  Domini,  Domini 
Fridertci  III.  Danix,  Norvcgix,  Vandalorum  Gortorumque  Régis, 
Ducis  Slefvici,  Holfatix,  Stormarix,  Dithmaiiîxque,  Comitis  in  Oldem- 
burg  6c  Delmenhorft,  fufficicnti  poteftate  initruclrus  exifiens,  promptulquc 
tranfîgendis ,  qux  fequuntur  negotiis  me  obtulerim  :  Ita  quoque  di£ta  Sacra 
Regia  Majeftas  Dania;  ,  infrafcriptis  Deputatis  Commiifuiis  Generofis  D. 
D.  Regni  Danix  Senatoribus ,  dicri  Regni  Aulxque  Magiftro  6c  Supremo 
Thefaurario  Kallundbergi  ac  Movx  Prxfîdibus,  Joachimo  Gerfiorff  in  Tund- 
bykolm  Equiti,  &  Pctro  Reedtz  in  Pygeihaip,  pari  &  fufficienti  poteftate 
numitis,  clcmentiiTimè  injunxit,  ut  perpenfis  6c  confideratis,  unàiis,  qux 
pro  roboranda  amiciria  mutua,  &  pro  utriuique  Status  falute  &  incolumitate 
prxfentis  temporis ,  ac  remm  circumftantiis  convenientiffima  judicarentur,, 
certi  quid  de  iis  firatueremus ,  atquc  lub  Articulis  quibufdam  mutui  Fcederis 
comprehenderemus.  Qyamobrem  de  infrafcriptis  negotiis  poil  fedulam  eo- 
riim  deliberationem,  fequenti  ratione  convenimus.  I.  Eric  inter  Regem  Re- 
gnumque  Polonix  ab  una,  &  Regem  Rcgnumque  Danix  6c  Norvegix  ab 
altéra  parte,  vera  6c  fincera  Pax  6c  Amicitia,  ita  ut  neutra  Pais  alteri  in- 
commodum  ullum ,  aut  detrimentum ,  neeperfe,  nec  per  alios  inferat,  aut 
inferri  faciat,  fed  femet  invicem  bonâ  fide  6c  candide  affcâu  complectantur,. 
&  alter  alterius  commoda  promoveât,  damna  verb  &  detrimenta ,  quantum 
in  ipia  erit,  impediat,  &  avertat.  II.  Utriuique  partis  Subditi  6c  Vaiàlli 
eandem  Pacera  &  Amicitiam  inter  fe  colent,  6c  ubique  locorum ,  ubi  fibi 
obviam  ficti  erunt,  tàm  per  terrain,  quàm  per  marc,  non  modo  ab  omni 
Ixfionc  6t  injuria  invicem  abitinebunt ,  fed  Se  omnem  bcnevolentiam ,  6c 
arnica  officia,,  alter  alteri  mutuo  exhibebunt.  I1I-.  Utriufque  Régis  Subdi- 
tis  liberum  erit,  alterius  Provincias,  Emporia,  Portus  flumina  cum  merci- 
bus  fuis  tàm  terra  quàm  mari  adiré- fine  ullo  impedimento,.  ubique  verfaii  6c 
negotiari,  dummodo  confucta  vectigalia  fotvant:  ita  tamen,  ne  Leges  6c 
Statuta  Provinciarum ,  quibus  alise  Nationcs  omnes  fubjacent,  ullo  modo 
violentur  6c  infringantur,  prxfertim  quod  attinct  Influas  6c  Portus  quoldam 
ad  Regnum  Norvegix  fpectantes,  in  quibus  ne  ipfis  Subditis  Regiis  negotia- 
ri licet  abique  fpeciali  Régis  indulto  6c  privilegio.  Qr.andoquidem  Univerli > 
Tcrrarum  Orbi  perfpcctum  fit,  Suecorum  molimina  6c  conatus  omnes  cb  di- 
rigi,  ut  fines  Imperii  in  Vicinorum  detrimentum  ac  opprciîîonem  dilatent, 
Dominiumque  Maris  Balthici  fibi  folis  vindicent,  qux  ex  recenti  in  Regnum 
Polonia:,  6c  prxfenti  in  Regnum  Danix  facto  hoitili  impetu  fitti.s  liquct  > 
capropter  SerenifSmus  Rex  Polonix,  6c  Sereniffimus  Rex  Danix  ac  Norvc- 
giiv, magnoperë  dclîderantes  incommodis  jnalifquè,  qux  indè  exoriri  pof- 
funt,  occurrere,  convenit,  ut  inter  fumiiè  memoratos  Reges  iincerum  èc 
inviolabile  ianciretur  Fcedus  hec  modo.     IV.  Eric  inter  Regem  Regnumquc 

Polo- 


ET    RESOLUTIONS    D'ETAT.  85 

Polonis  Sec,  &  Regem  Rcgnumque  Daniae  &c.  arnica  Se  ftabilis  confœde-     1700- 

ratio  adversùs  Sueçîïe  Regem,  per  Provincias  Regni  fui  finitimas  terra  mari- 

que  bello  perfequendum.  V.  Ad  Confœderationem  hanc  Reges,  Principes, 
Refpublicœ  ac  Civitates,  quorum  omnium  quidquam  interenV,  quique  honef- 
tis  conditionibus  patent,  non  folùm  admittentur,  fed  8:  invitabuntur,  nomi- 
natim  Sacra  Reg;a  Majeftas  Hungariaî ,  Magnus  Dux  Mofchovias ,  Ordincs 
Générales  Fœdèrati  Belgii ,  &  Sereniiïimus  Eleâror  Brandeburgicas.  VI. 
Neutri  Parti  lit  liberum,  trium  annorum,  poft  Fcederis  hujus  confirma tio- 
nem,  Spatio,  Pacern,  Inducias,  five  armiftitium  aliquod  tra&are,  &  multo 
minus  cerrludere  cum  Suecis,  infeio  vel  non  inclufo  altero,  i\  iifclddi  ac 
comprehendi  velit  ac  defideret.  VII.  Fida  &  fincera  Amicitia,  mutuaque 
focietas  inter  fummè  memoratos  Reges  futura  eft.  Infuperque,  proviribus, 
&  quantum  fieiï  poterit,  altéra  alterius  partis  commodo,  incolumitati,  & 
fecuritati  inferviet,  confuletque:  quemadmodùm  etiam  in  contrarium,  Re- 
gem Suecise  utriufque  hoftem ,  damnoque  ac  detrimento  quoeunque  afhcient, 
8c  omnibus  Copiis  viribufque  aggredientur.  VIII.  In  poiteram  quicunque 
invadetur  à  Suecis,  ab  alio  fuccurratur,  ita,  ut  fi  Pax  vel  Inducia;  femel 
concludantur,  &  Rex  Regnumque  Suecias,  ex  quoeunque  prastextu,  direc- 
te vel  indirecte  aggredietur  Reges  &  Régna  Polonise,  6c  Daniaz,  in  Provin- 
ces, Terris,  6c  lbcis  eorundem,  ut  Rex  6c  Regnum  injuria  affeclrum  in  bel- 
lum  defeendat  :  obligabitur  etiam  Rex  6c  Regnum  Confcederatum  ad  aper- 
tum  bellum  defeendere  contra  Suecos,  neque  Pacem  poftea  traclrare,  vel 
concludere,  nifi  ex  communi  confenfu.  IX.  Qyodfi  contingat,  ut  alter- 
utrum  Regnorum  Poloniaz  6c  Danise  cum  fuis  Provinciis  liberetur  ab  Exerci- 
tu  Suetico ,  totaaque  vires  eiufdem  hoftis  transferantur  contra  unum  ex  prse- 
di£tis  Regnis ,  obligabitur  alterum  Regnum  Confcederatum  ad  ferendas  fup- 
petias,  qua2  ex  parte  Poloniîe,  per  Exercitum  terreftrem,  ex  parte  verb  Da- 
niœ ,  per  Claflèm  Maritimam  armatam ,  prreftabuntur.  X.  Cum  vei ô  Rex 
Suecias  violatà  inter  Coronas  Septentrionales,  nuper  fa&â,  £<:  utrinque  fo- 
lenniter  confirmatâ  Pace  Exercitu  fuo,  praeter  omnem  exfpeftationem ,  in 
Provinciam  Seelandise  irruperit,  ejufdemque  Metropolim  ex  omni  aditu  clau- 
lèrit,  Rex  Poloniae  competentibus  6c  fatis  idoneis  Copiis,  Régi  Danias,  fi- 
ne mora  auxilio  venire  obligabitur  ,  cujus  refpe&u ,  fimiliter  Sereniffimus 
Daniae  Rex  Portui  Gedanenfi  contra  infeftam  Suecorum  aggreffionem ,  fi 
qnando  hase  evenerit,  clafie  armata  fuccurrere.  XI.  Tractatus  hic,  intra 
duorum  Menfium  ,  ab  hoc  die  numerandorum  ,  fpatium,  à  Sacra  Regia 
Majeftate  6c  Senatoribus  Refidentibus  Regni  Poloniie  ab  una ,  6c  Sacra  Re- 
gia' Majeftate  8c  Sénat oribus  Regni  Danias  ab  altéra  parte  approbabitur  8c 
confirmabitur,  eodemque  tempore  tradeturj  8c  permutabitur  utrinque  prre- 
diftus  Traftatus.  Et  Sacra  Regia  Majeftas  Senatufque  Polonia:  obligabun- 
tur  fpecificatas  claufulas  ejufdem,  in  proximis  Comitiis  Generalibus  Regni  à. 
diâa  Sacra  Regia  Majeftate  Poloniie  8c  omnibus  Ordinibus  Regni  inlliper 
confirmatum  6c  approbatum  fore.  Dictus  tamen  Traétatus  interea  temporis , 
-ab  utraque  parte  fideliter  &c  ex  omni  parte  obfervabitur.  In  quorum  omnium 
evidentiam  8c  robur  ,  conferipta  funt  bina  hujus  Traétatûs  8c  Fcederis 
ejufdem  tenoris   exemplaria ,    qtue  invicem  tradita ,    Nos    fupranominati 

L  z  pro- 


84       MEMOIRES,  NEGOTI  ATIONS,  TRAITEZ, 

1700.    propriis  manibus  fubfcripfimus,  6c  Sigillorum  Noftromm  impreffione  6c  ap- 
**        -  penfione  munivimus.     Halfnix  die  ut  fupra.     Tobias  Morjztyn  (L.  S.)  jfoa- 
chimusGerJiorffCL.S.)  P.  Reecltz  (L.  S.) 

Quant  qnidem  CoUigationen  Univerfa  Rcjpublica  in  Comitiis  Regni  Generalibus, 
Atmo  1658  confirmavit  (3  roboravit  îitiUo  : 

Approbatio  Pattorum  cum  Serenillïmo  Rege  Danix. 

SImiliter  cum  fua  Majeftate  Danix  Pa£ta  per  Generofum  Tobiam  Morfz- 
tyn Subdapiferum  Cracovienfem ,  Aulicum  Noilrum,  Noitro  &  Rei- 
publicx  Nomine  de  Actu  &  data  Haftnix  die  18.  Julii  Anno  i6fj  inita  6c 
conitituta,  in  omnibus  eorundem  ligamentis  Se  conditionibus ,  authoritate 
prxfentium  Comitiorum  approbamus. 

Dcderunt  infiiper  perenne  robur  eidem  ColUgatloni  Patla  fraclatûs  Olivenfis  in 
Articulo  I.  fupra  infèrto.  de  fervandis  Paclis  0?  Confœderationibus  inter  Partes. 
Pacifcentes ,  13  prafertim  in  Artic.  XXXI. 

CUm  verb  ad  ftabilitatem  hujus  Pacis  plurimùm  interfît,  ut  univerfaliter- 
componatur,  Se  inter  omnes  belli  hujus  focios,  fbeuritati  Commercio- 
ns m  plenè  profpiciatur,  ideb  licet  controvérfix,  qux  Serenilfimo  Rcgi  Re- 
gnoque  Suecix,  cum  Serenifiîmo  Rege  Danix  intercedunt,.  hic  commode 
decidi  non  potuerint,  Se  in  ipia  Dania  cum  fpe  fucceffûs  tracîentur  :  nihilo- 
minùs  conventum  ett,  ut  Sercnifiimus  Danix  Se  Norvegix  Rex,  ejuique 
Régna  6c  Ditiones  in  hoc  Tractatu,  conclufa  in  Dania  Pace  comprehendan- 
tur,  ita  ut  ea- omnia,  qux  inter  altë  memoratos  Suecix  6c  Danix  Reges 
conclufa  6c  coniHtuta  fueiint,  ad  hanc  Pacem,  pariter,  ac  il  in  hoc  ihftru- 
mcnio  fpecificè  inferta  forent,  pertincre  cenieantur,  lalvo  per  omnia  ipfo 
Tractatu  in  Dania  inter  utrofque  Rcgcs  ce  Régna  conclufo ,  vel  concludendo. 

yUravit  ad  hœx  Sacra  Regia  Majeftas  Polonix ,  &-folenniffime  in  Paclis  Con- 
sentis Ordinibus  Regni  Je  fe  obligavit,  Pacla  &  Fœdera  cum  Fici;.is  inviola- 
bïlitrr  manutenere ,  objervarc,  (3  reruvare  vile. 

Quapr  opter  exaclo  judicio  res  pondérant  ibus  facile  affcfni ,  ntrum  Sacra  Régi  a. 
Majeftas  Poloni.e  ex  vinculo  prafatœ  Colligationis  ftbi  13  toti  Rcipubiiae  incum- 
bentis,  13  ex  obîigaiione  Anliquijlimorum  Païlorum  13  Confœderationum ,  ob  in- 
jlgnem  Poloritœ  à  Dania  novijjime  navatam  opérant  ,  totamque  molem  belli  Sue- 
tici  in  fe  dérivât  arn^  13  JlorentiJ/mas  ereptas  Provincias,  videlicet  Scaniam, 
Blekingiam,  Ilallandiam,  &  Prxfetluram  Bahufienfem ,  aliafque  ampliffimas 
Regiones  inter  ancipitia  (fia  ,  13  in  dies  à  Sueco  infejiïora  ,  non  teneatur  J'ub- 
lienire  apsrto  bcllo  Serenijjimo  Régi  Daniœ ,  (3  omnibus  modis  vim  vi  pvopuljare  , 
diverfîonetà  faccre  ,  nec  prxfentia  durit  axât ,  fed  13  futur  a  in  tue  ri:  ftquidem 
etiam  Pact.i  ipfji  O/iven/ia,  commumm  Regnorum  Polonia  (3  Danix  Pacem  (3 
caufam  ejje  voluerunt. 

Stibeant  adhuc  cdamnm  injurue  Sacra  Régies  Majejlali  Poloniœ  ,  à  Sueciay 

contra 


ET    RESOLUTIONS    D'ETAT.  Bf 

contra  Jura  boneflarum  Gcntium,  &?  ipfam  propinqui  fanguinis  neceftïtudinem,  1700. 
grandi  cum  ignominia  illata.  ghiamprimum  enim  Sacra  Regia  Majeftas  poft  fe-  ■ 
lie em  fui  in  Campo  Eleclorali  Inaugurât ionem  in  primo  Regni  hujus  aditu,  fidam 
&  frdceram  Régis  Suecia  amicitiam  ftbi  conciliare  voluit ,  coque  motivo  Ablega- 
tum  fuum  inditatè  Sztokholmiam  expedivit;  non  tantum  votis  ci?  cxpeclalioni 
Sacra  Regia  Majeftatis  non  refpondit  Suecia ,  fed  cum  fumma  indignitate ,  Sa- 
cra Regia  Majeftatis  Ablegato  repulfam  dédit ,  eundemque  injalutato  Rege  Sue- 
cia retrovertere  fecit  :  certifpmum  radicata  in  peclore  hoflilitatis  prodente  docu- 
mentum ,  &?  indubitatam  in  quovis  advetfo  cafit ,  contra  Sacram  Regiam  Majef- 
tatem  &  Rempublicam  infenja  infeftaque  vicinia  fua  makvokntiam.  Verhn 
potuit  juflâ  lance  rependere  Sacra  Regia  Majeftas  Polonia ,  &  pari  contemptu 
Ablegatum  JSueticum  Gêneraient  Felling,  vertus  fpeculatorem  ad  exploranda  Re- 
gni negotia  immijjum,-  traclare-y  fed  cum  probe  noverit  Sacra  Regia  Majeftas , 
Jus  Legatorum  Divino  bumanoque  velatum  prafidio ,  cujus  tant  fancJum  &  ve- 
mrabile  nomen  eftjc  débet ,  ut  non  folum  inter  Ficinorum  fur  a ,  fed  ci?  hoftium 
tela  incolume  verfetur  ;  ideirco  pr  a  fatum  Sueticum  Ablegatum  Veiiing  non  folum 
convenienti  dignatione  excepit ,  fed  &  Aulam  fuam  comitantem ,  omni  benevolen- 
tia  génère  cumulavit  y  ac  plus  quam  Civilia  agitantem;  fumma  cum  patientia  to- 
leravit.  Non  latebant  Sacram  Regiam  Majeftatem  clandeflina  ejus  macbinatio- 
nés,  pernitiofa  wolimina ,  £s?  turbida  ad  concitandam  inter  Status  diffidentiam 
facliones ,  tum  fwiftra  fparfa  infufurrationes ,  qua  in  publicum  Reipublica  ma- 
lum  facile  redundare  poterant.  Dijpmulavit  bac  omni-a  Sacra  Regia  Alajeftas 
pro  congenita  fibi  aquanimitate ,  neque  collidenda  inter  utrumque  Regnurn  amici- 
tia  ullam  ex  Perfona  fua  occaftoncm  dare  -voluit ',  ûftenditque  altiorem  omnibus  in- 
juriis  ,  ci?  verè  Regium  animum ,  atque  bis  occultis  cuniculis  Ablegati  Suetici  in  ' 
exitium  Reipublica  vergentibus ,  ta-aturo  fuo  judicio  &  prudentiâ  viam  obftruxif- 
fe,  fat: s  babebat. 

Ad  extremùm  praterire  nef  as  eft,  quomodo  Copiis  Miiitaribus  Sacra  Regia 
Majeftatis  Polonia  ad  erigendum  Portum  in  Polonga  vigore  Çuprafcripta  Confti- 
tutionis,  ci?  Poft-Comitialis  Senatûs-Conftlii  in  oras  illas  deftinatis,  byemaliqus 
tempore  in  Stativis  fuis  pacificè  degentibus ,  non  folum  Gubcrnator  Rigenfts,  citra. 
ullam  datam  caufam ,  au  fus  via  s  publicas  inter  à  père ,  dive;f;s  infidias  tenderc , 
fed  &  fpcculaîores  clanculum  dimitterc,  Defertores  Caftj/>rum  fupprimere ,  & 
circa  requifttam  profugorum  extraditionem  mi  fis  Ofjicialibus  illudere  ,  neenon  con- 
tinuis  h  rit  amen',  i  s  laceffere ,  primoque  Finnorum  adventu  excidium  interminare ,. 
ut  tandem  ad  novifllma  in  Livonia  attentat  a  mutuamque  ho/lilitatem ,  occa/ione 
&?  crlpà  prafati  Gubernatoris  Rigenfts,  deventum  fucrit  :  Incendium  nimirùm 
jullè  ei  imputatur,  qui  fteem  intulit,  cum  prohibere  pofiet,  ac  fcintillas 
reftinguere ,  omnino  noluit. 

A ff un  dit  olcuni  igni ,  &  exortinn  ad  prafens  co  m  agis  ex  agit  at  incendium  in- 
domita  Suecorum  infolentia,  dura  naves  Bellicas  ad  Gcdancnfa  Promontorium 
Hcla.  diclum,  twcifjime  fuperimwiftt ,  i  bique  fubfiftere ,  &  tam  naves  Ho  II  and  i- 
cas,  quant  6?  alias  detincri  (jf  revideri  fecit ,  Accolas  fc?  Provinciales  grandi 
reboantium  tormentorum  fragore  exterruit,  liberam  navigationem,  &  commercio- 
riim  fecuritatem  inter! urbavit  :  ut  verè  dicipojftt;  Tnmquilkç  priùs  explorant 
adverfâ  rates,  arque  ip(ii  pericula  diieunt. 

L  5  Nunc 


\ 


85       MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

1700.         Nunc  itaqtte  probatà  Sacra  Regia  Majejlatis  innocent  iâ;  &  Suecorum  culpâ, 
—  per  tôt  deduclioncs  violationis  Juris  Gentium  &?  Paclorum  Qtipenjittm,  rupta 

Pacis  perpétua,  repetit  os  fafiïts  vi  armorum  hojiilcs  atlas  &  conatus,  (3  con/pi- 
rationcm  in  jugulum  Libertatis  Polona ,  (3  everfionem  Status ,  opprejfam  gravi 
tyrannide  Nobilitatem  Livonia ,  attentatam  invafio-ant  littorum  Mans  Balthici 
Juri  Reipublica  fubjeclorum  ,  rapt  as  naves  tam  Illufti  ifftmï  Ducis  Curlandia , 
quàm  &  Nobilitatis,  armatâ  claJJ'e  mterturbatam  quotannis  quittent ,  fcqueftra- 
tas  naves  .y  6?  fubhaftatas  mer  ce  s  Polongam  de/linatas,  di/per/am  Anglicanam  fo- 
cietatem,  vioknto  tranfita  peragratas  CurlanJia  &  Samogitia  ferras,  grafi'an- 
tibus  (3  populabtmdis  Copiis  Militaribm  fub  Gêner ali  Suetico  rîorn ,  tribut ariam 
exaclioncm  à  Nobilitate  Alba  Ruffia  Magrit  Ducat  us  Lithuania,  tôt  tantaque 
public»  enormia  damna ,  (3  prajudiciz  caufata ,  tam  novifiimam  infeftationem 
SereniJJïmi  Régis  Dania  £î?  Norvegia  Fœderati  Regni  Polonia ,  necnon  gravent 
Sacra  Regia  Majeflatis  inptrfona  Ablegati  fui  lafionera,  ultimarie  lacejfitas  Co' 
fias  Regias,  (3  interturbatam  fecuritatem  Portas  Gedanenfis,  quifquis  probe  co- 
gnoverit ,  non  amplius  dubitabit ,  jurenè  an  injuria  Sacra  Regia  Majeftas  pro- 
cefjerit:  dîim  fie  coaila ,  irritata,  &  provocata  juftè  induit  arma,  inharendo- 
que  Patlis  Couvent is  ,  &  à  nexu  folennis  Jurisjurandi  confeientiam  fuam  clibe- 
rando ,  necejjarïb  in  Arenam  défendit ,  13  ex  juftis ,  legitimis  ac  relevant ibus 
caufts,  pacé  fufpetlà  tutius  bellum  fibi  eligit.  Juilum  feilicet  eft  bellum,  qui- 
bus necefTarium  j  &  pia  arma,  quibus  nulla,  nifi  in  armis ,  falus  reliâa. 

Naturali  quoque  Jure,  ubi  aut  vis  Mata  anetur,  aut  ab  eo,  qui  deliquit9 
peena  depofeitur,  nulla  requiritur  denuntiatio.  Affert  juftitia  fecuritatem  con- 
fient! a  ,  tranquillatque  animum ,  cum  ad  propulfandam  vim ,  natura  ipfa  bel- 
lum indicere  videatur ,  13  fi  pars  una  Fœdus  violaverit,  pot  eft  altéra  à  Fcedere, 
13  ex  vi  Paclorum  Olivenfium  fubitb  ad  arma  recurrere.  Adhac  publias  potef- 
tatibus,  quibus  defendendi  &  ulcifeendi  Jus  competit ,  licet  pr avenir e  vim  non 
prafentem ,  fed  qua  h  longe  imminere  videtur ,  incendiumque  potius  in  aliéna  Do- 
nt 6  extinguere,  quàm  in  propria  opperiri,  prafertim  in  t  ali  bus  circumflantiis , 
ubi  neque  mius  diei  fpatio ,  fecurum  Pacis  Regnum  efje  pot  eft ,  (3  impendent  em 
cervicibus  hoflem  pra  foribus  ftantem  13  minitantem ,  in  fingulas  horas  &  mo- 
ment d  expavefeere ,  £3  fub  ipfo  Fort  una  minant  i  s  itïu  ,  hoftilcm  impetum  fttfttne- 
re  cogitttr:  Pcjor  vkldicet  cit  belloPax,  qua  arcano  ubere  b? lia  laéhit ,  tum 
quid  inter  apertum  hoftem ,  13  inter  cum ,  qui  hofiilia  toties ,  immemor  Divini 
humanique  Juris,  agitaverit ,  inter  fit?  nemo  non  videt.  Neque  ab  co  quiet  am 
unquarn  fore  Re-npublicam ,  (3  aliquando  détériore  conditionc  bella  fubituram. 

Adhucne  exfpeclaret  Sacra  Regia  Majeftas,  Regni  Provinciis  hoftium  arbitrio 
expofitis,  ut  rurfus  inundatis  in  ipfa  vi/cera  Exer  cit  ibus  innocuam  Rempublicam 
credentem  Religion!  Paclorum  Olivenfium,  ex  inopinato  obrueret ,  &  per  Polonos 
campos  ferox  hoftis  exfpatiaretur,  fedemque  belli  in  Polonia  fibi  figeret,  aut,  ut 
j>riùs  Fœderatum  Regnum  Dania ,  à  fundamentis  conçut eret  ac  everteret ,  cum 
quo ,  coftlem  Amicos ,  eofdem  hoftes ,  ex  ncxu  prafata  Confœderationis  Sacra  Re- 
gia Majeftati  Rcgnoquc  Polonia,  habere  neceffe  eft;  (3  qui  non  repcllit  inju- 
riam  àSocio,  fi  potelt,  tàm  eit  in  vitio,  quàm  ille,  qui  lacit.  Hinc  fidem 
cbligatam  Colligato  Régi  13  Regno  Dania  ex  Pailis  Convenus,  folenni  juramen- 
U  fuper  aianut emnda  Fœdera  firmatii  exfolvere  incmv.bit  Sticra  Regia  Majeftati, 

(3 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.  g7 

(3  viticulatam  eliberando  confeicntiam  contra  ïurbatorem  Pacis  Suecum  ferrum 
expedire,  arma  cape f ère,  &  eoufque  propriis  viribus  Diverfionem  fuftinere,  dô- 
me Refpublica  in proximis  Comitiis  Generalibus  belli profequendi  ratioms  non  ini- 
bit.  Effi agitât  id  cura  publica  confervationis ,  pr  avenir  e  prias  Hoftem ,  quàm 
ad  Nos  perveniat,  bellumque  in  eos  fumere ,  qui  prions  Pacem  ruperint;  exigit 
feras  (3  ferias  vindicias  toties  concujfa  £s?  exagitata  Refpublica  j  evincunt  hune 
zelum  13  ardorem  Sacra  Rcgia  Majeftatis  oppre •forum,  &  Jub gravi  Tyrannide 
gementium  Eivonum  lachryma,  quorum  miferam  fervitutem  falsb  Pacem  vota- 
mus  ;  obligant  Santla  Patlorum  Leges ,  ut  Provincia  Livonica ,  cujus  bénéficia 
Suecia,  propter  rupturam  Pacis  (3  Fœderis  excidit,  ad  primavum  Corpus  Rei- 
publica  redeat;  expofeit  ipfa  juftitia,  ut  qui  liber i  fuerunt  fuam  recipiant  liber- 
tatem ,  13  hoftili  eximantur  Imperio  :  neque  cunclationi  locus  eft  in  hoc  Confilio , 
quod  non  poteft  laudari  nifi  per  atlum. 

In  fundamento  itaque  prami (forum,  folennijfimam  Sacra  Regia  Majeftas  Po- 
hnia  Mamfeftationem  coram  Domino  Exercituum  DEO ,  Externis  Regnis  (3 
Rebufpublicis ,  univerfa  Chrijiianitate ,  ac  pracipue  affumptam  Generakm  Guar- 
rantiam  13  evitlionem  Patlorum  Olivenfium  tuentibus  Sereniffimis  Principibus 
ingeminat  :  fe  ad  fortiora  média  (3  bellum  gerendum  ob  fuperiùs  expreffas  rationes 
débita  ultionis ,  (3  coatla  defcnjionis,  fubitaneique  ad  arma  recurfus  Jlringi  & 
compelii ,  13  horum  omnium ,  qua  ex  prafenti  bello  evenire  poffunt ,  innocuum  fo- 
re, fir  miter  que  fperat  Sacra  Regia  Majeftas  jufti  (3  legitimi  progrefius  fui  àjuf- 
tis  Arbitris  approbationem  :  Pro  caufa  pugnantibus  arqua ,.  Se  veniam  lperare 
licet. 

Invocat  p-oinde  Sacra  Regia  Majeftas  jujlum  ultorem  D  E  XJM,  fraHorum 
Patlorum  Vinàicem,  cujus  in  manibus  fit  a,  cujus  è  digitis  pendilla  omnis  morta- 
lium  13  Rcgnorum  fialus,  ut  fiua  aquitati  Divinâ  ope  afftftat,  13  hune  gladium 
pro  de/en fione  Juflitia  firitlum  ad  gloriam  Nominis  fini  profpcrct  &  benedieat , 
neenon  Provinciam  Livonicam  Corpori  Reipublica,  uti  à  Cardinibus  Regni  illi- 
cite avulfam  reflituat ,  tnultafquc  Myriades  opprefibrum ,  &  quotidie  pro  c/ibera- 
tione  fui  ad  cœlum  clamantium,  po'ft  tôt  exantlatas  arumhas  Divinâ  confoletar 
gratui,  (3  tandem  fecuram,  horieftam,  perpétuant,  &  ïriviolabilem  ad  nunquam 
defiturmn  avum  Pacem  (3  concordiam  largiatur. 

Recurrit  queque  Sacra  Regia  Majeftas  Polonia  ,  infifîendo  fiape  memoratis 
Patlis  Olivenfibus  tàm  ad  Jniecedancos  Fœderatos  &  belli  Socius,  Sacram  Ca- 
fiarcam  Majefialrm  (3  Sereniftïmum  Eletlorem  Brandebttrgicum,  quàm  ad  perpe- 
tumn  Evicî'orem  (3  T'utorcm  ejufdem  Fœderis  (3  Pacis  Olivenfis  Cbriftianijjimam 
Galliarum  Majeftatem,  per  que  omnia  Sacra  Patlorum,  flipulata  def enfouis  13 
fdejuffîonis  ohteftatur;  ut  cum  res  prafens  mafculis  confins  agenda ,  (3ferro.de- 
cîdenda  evenerit,  examinatà  caufà  13  expenfis juftifiimis  Sacra  Regia  Majeftatis 
rationibus,  mira  deftinatuni  tempus  conjunclis  viribus  cor.tr  a-  Turbatorem  Pacis 
Perpetuae  Suecum  adeffè,  eundemque  pro  communi  hofte  reput  are,  injuria fque 
Sacrae  Rcgiae  Majeftatis  13  Regni  Poloniae  tanquam  fuas  proprias  vindicare  ve- 
lint.  Convenit  id  ubligationi  patlorum,  convenu  juftitiae ,  convenit  excel/o  ani- 
ma aile  mêmoraiorum  Fœderatorum  ac  Evifïorum  Pacis  Olivenfis,  ne  différant 
'jUion:  s  fcntcntlam  ,  quafi  jam,  apud  DEUM,  omnis  vinditlae  ratio  conquis - 
verit;  nec  pojfe  faniïius  (3  digniùs  Nomini  fuo  rcfpondcre,  quàm  fi  hoftem  Sue- 


cum 


88        MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

1700.     cum-  ttndiquaque  aggrediantur ,  £5?  ita  Poloniae  &  Daniae ,  arclè  invicem  à  re- 
—•  troatlis  temporibus  connexas  rat ioi.es  ae filment,  ut  una  fine  altéra  fubjijîere  ne- 

queat ,  ac  botta  malaque  ad  utrattique  partent  pertineant. 

Celli  ac  Prsepotentes  Domini. 

Mémoi-    jNnotuit  mihi  exhibitum  nuper  effe  Cdfis  ac  Praepotentibus  D.  D.  V.  V.  fcrip- 
redu  tum  quoddam  Vindiciurum  titu  uni  prae  fe  ferens ,  caufafque  enumcrans ,  quas 

Mfriiftre   author  bello  quo  Sacram  Regiam  Majeflateni  Rcgem  me  ton  Clément  ijjîmurn  Rex 
toi  chant  ^>0^0"^e  adortus  ejl ,  obtendere  conatur.     Scatel  hoc  fcriptum  infcetis,  ditleriis , 
le  Mani-  calumniis ,  injuriis^  atque  commentés i  &  tum  diclwnis  proterviâ,  tum  argument i 
telle  du    vanitate  libellum  potins  famofum  redolet  quàm  pûblicum  aliquod  Ma,àfeftum,  cum 
Roi  Au-  nimirum  hoc  ita  concept um  efie  debeat ,  ut  moderationem  &  rationes ,  fi  non  ex 
affe  ver as ,  fait  cm  verifimiles  in  eo  agnofcere  queat.     Cum  igitur  audiverim  fcrip- 
tum hoc  praelo  hic  iterum  fubjici,  confido  C.  ac  Praep.  D.  D.  V.  V.  id  non  ptr- 
ir.ijfuras,  fed  potius  fevere  vet attiras  effe^  non  tantum  artlae  amiatiae  ,   quae 
Sacrae  Regiae  Majeftati  £5?  Celf.  ac  P.  P.  D.  D.  F.  F.  intercéda,  fed  &  pro- 
priae  aequanimitatis  intttitu,  quae  non  finet  ut  graves  &  fœdae  contumeliae  in 
Regium  twmen,  totamque  Suecorum  gentem  injuriae  in  vttlgus  fpargantur.     Eo 
majoribus  caufis  adducor  ut  id  à  Celfis  ac  P.  P.  D.  D.  V.  F.  requiram,  quod 
hîc  complures  fe  fe  offerunt  rationes  ambigendi  an  Régi  Poloniae  de  tenore  hujus 
firipti  exacte  iconftet.     Magis  enim  credibile  eft ,  turbulent  um  quemdam  belli  in- 
cenforem,  five  odio  &  malevolentià ,  vel  intempe flivi  zelifervore  abreptùm ,  five 
privât is  commodis  velificaturum,  haec  in  cerebro  fuo  nata  figmenta  calamo  confi- 
gure voluiffe ,  ut  invifam  redderet  Sacram  Regiam  Majeftatem  Regnumque  Sue- 
ciae    Ordinibus  Polonicis^  Eofque  irritât  os  ad  ultionem  coucitaret,  atque  fimul 
qualemcumque  fucum  obduceret  facinori ,  or  bis  detejlationem  commeriti;  Neceffum 
enim  vifum  eft  injuftiffimo  Bello  aliquem  colorem  ut  ut  dilutum  illini ,  imminuendo 
ut  cum  que  horrori,  à  bonis  omnibus  ex  in  concept  0.   Rationes  autcm  quas  habeo 
ihibitandi,  hic  ferèfunt. 

I.  Extra  fidem  efh ,  Regem  Poloniae ,  fi  plcnam  rei  haberet  notitiam ,  concef- 
furuni  efie  ut  publkae  lucï  exponeretur  itijuriofus  libellas ,  fiquidem  à  décor 0  aequè 
ac  ab  iifu  inier  moratiores  recepto,  valdè  remotum  eft ,  indignis  ejufmodi  modis 
Rcges,  fummafque  Pote  fiâtes  fibi  invicem  occurrere.  Quantumvis  enim  Rex 
Poloniae  fablû  ipfo ,  juflitiae  pietatifque  Chriftiame  limites  tranfilire  fufiitiuit , 
praefumendus  tamen  eft  à  verborum  intempérie  abflincre,  me  acerbis  vocibus  in 
eum  graffari  velle  quem  iniquïs  arrnis  obruere  aggreffus  eft. 

II.  Proprinc  Confcientiae  teftimonio  cunviclus  eft  Rex  Poloniae,  fe  caufis  invi- 
ta veritate  in  libcllo  memoratis ,  ad  bellum  tient  iquam  efj'e  induclum  ;  probe  gna- 
rus ,  non  omnino  omnibus  occultas  me  genuiuas  illasquas  in  dnimo  habet,  ita  ut 
uieritb  vereri  pojjit  ne  tali  occafione  fponte  data  confilia  iftbacc  ctiam  pubhcè  in- 
r.otefcant,  quae  Régi  tant  opère  ipfius  intereft  ne  deftinatis  excidat. 

III.  Si  verae  efj'ent  eau  fie  in  feripto  recenfitae,  illafque  ab  exordio  mottium 
cognitas  habuifjet  Rex  Poloniae,  dnbium  non  eft  qui n  primo  ftatim  initio  eas  ad- 
bibuifj  '  t ,  confeftim  profeffus  ideo  à  Duce  Exercitus  fui  infefta  Livoniae  arma  il- 
Uta%  Rigamqiie  obfidïone  ànïïam  efj'e .    His  certe  caufis  protinus  ufus  fuijet ,  non 

aliis 


ET    RESOLUTIONS    D'ETAT.  Sp 

aliis  longeque  dtverfis  quas  tune  temporis  Dux  ifie ,  nefario  conatu  pratendebat ,    1700. 

fateutejofimodum  Rege,  fie  de  irruptione  ifla  nihil  in  mandatis  dediJJ'e,  etiamfi  quod   

Gênera  lis  or  fus  fit ,  Rex  profequi  velit.  Hac  itaque  fibi  nuïïo  modo  confiant  &  aï- 
terutrum  ut  connut  necefie  efi;  mit  enim  f al  fa  erant  ifia  qua  Flemmingius  tune 
jaclabat,  aat  commentitia  funt  hac  quœ  feripti  Author  crepat ,  Régi Jaltem  co 
t empare] itérant  incognita.  Unde  evidenti]Jtmum~efi ,  hac  pofiea  denuim  confitla, 
Bello  nequaquam  ortum  dedif/e. 

IV.  Vix  veri  fpeciem  habet,  uti  voluifie  jejunâ  iftâ  fallaciâ,  quâ  incaui'o 
Leclori  fucum  facere  fe  poffe  fperavit  Ubelli  Script  or.  Hic  enim  inter  alios  Paclo- 
rum  Olivenfium  articulas,  etiam  trigefiimum  quint um  productif  fied  truncatum, 
atque  refeclis  lis  qua  rem  omnem  conficiunt .  Cum  videlicet  is  ipfie  §  apertijjimè 
defiiiiat  a^uœ'  via  foret  inetinda,  fi  ab  ait er titra  parte  Patent  violari  contingeret , 
caufia  fiuœ  timens  feriptor  facile '  fenfit  non  è  re  fua  effe  ut  ïntegrunt  receuferet  arti- 
culum ,  qui  folus  abundè  refellit  &?-  unico  velut  iblu  funditïis  evertit  quidquid 
demum  five  jure ,  fivê  injuria,  exeufandis  Régis  Poloniœ  armis  prœtèxti poffît. 
Miré  igitur  mutilât  um  eum  in  médium  protulit,  quâ  tamen  frigidà  cavillatione 
tantum  abefi  ut  paulo  fagaciori  illudat  ut  potius  deteclâ  fraude,  Leclori  s  dolosife- 
cum  agi  perfpkientis  indignationem  commoveat  >  atque juxtà  déplorât am  fe  defen- 
dere  caufam  manifefliffime  prodat.  Ità  igitur  inane  artificitm  à  Regc  ipfio  pro- 
fetlum  ejfe  mihi  agrè  probatur. 

V.  §>u,omodo  Rex  ajfcrcret  fe  Reipublica  caufam  tucri,  cum  hujus  nunquam 
audita  fuerint  querela?  Nihil  certè  Reipublica  in  Confilium  fané  non  adhibitœ  de 
violât â  Pace,  nihil  de  bello  nifi  jam  inchoato  compertum,  cujusfanè  nuntitm  non 
minus  attonita  excepit  quant  r cliqua-  Euro pa  omnis-  Àpparet  itidem  ex  nupero 
Senatus  Polonici  Confilio,  auam  tailla  prorfus  Reipublicœ  in  Negotio 'partes  fue* 
rint  :  13  nemini  non  confiât  qtianto  molimine  poftmodum  Rex  allaboraverit  ut 
Rempublicam  in  fient  entiam  fuira  pellicerct ,  quamvis  irrita  hucufque  fuccejjh. 

VI.  Fortaffis  etiam  haud  expediret  Régi ,  caufie  huic  Reipublicœ  nomc.i  immif- 
cere  ;  dtim  enim  eâ  inficia  atque  inconfiultd ,  bellum  or  fus  efi ,  arrogavit  fibi  omnint 
unum  è  ntaximis ,  longèque  folemmjfimis  jutibus,  qua  i;t  regimine ,  ubi  cuncla  ex 
folius  Principis  arbitrio  pendent,  exerceri  queant ,  idque  egit  quod  non  nifi  in  Im- 
perio  omnibus  nnmeris  abfoluto,  fieri  confuevit.  Rem  perkulofijfimi  profeclb  in 
libéra  Republicà  exempli,  £•?  lethale  aliquando  vulnus  infligere  aptam  liber tati 
Ordimun,  cujus  hi  follicitam  adeb  curam  mérita  gerunt. 

VII.  ■  Poierat  etiam  vider i  minus  congrmim  rationibus  Régis,  eb  quod  hoc patio 
Sacra  Rcgiœ  Majefiati  Domino  meo  démenti ffimo  occafio  nafeerctur ,  renovandi 
erga  Rempublicam  fpecimina  in  ipfam  affeclus  defideriique ,  quod  Sacra  Regiœ 
Majefiati  fiemper  fuit  £5?  erit ,  tuendi  fidam ,  vicinam ,  confiantemque  cum  eâ 
amicitiam,  haSlenits  cum  tanto  utrinque  commodo,  mutuâque  utilitate  excuit  am. 

VHP  Multb  notiorem  habet  Rex  Poloniœ  veram  rerum  indolent  quant  ut  ami- 
citiœ  cum  Rege  Daniœ  initœ  pratextu  uti,  eique  ut  pahnario  ferè  argument 0  in- 
niti  voluifie  t ,  caufatus  fibi  per  eam  non  licere  Daniœ  ckejfe  in  bello  contra  Sue- 
'  data.  Sacra  etenim  Regiœ  Majefiati  Régi  Meo  Clementiffimo  neque  bellum  efi 
cum  Rege  Dama,  neque  animus  bellum  habencli.  Nihil  potius  magis  in  votis  ha- 
bet quant  verœ  £5?  perennis  amicitiœ  confiervationem  ;  fperans  eamdem  etiam  Ré- 
gis Daniœ  mentent  ejfe.  Nam  Holjaticam  controverfiam  quod  attinct ,.  Sacra 
fsm.  /.-  M  Regid 


o>      MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

i_oo.    Regi.i  Majefias  pari  cutn  rcllquls  Potefiatibus,  quels  Duels  Guarantia  incum- 

• bit ,  pafili  proc?fiît ,  nec  alias  quant  ifia  in  hoc  negotiofibi  partes  vel'fiumpfiitvel 

fumet;  là  qnod  Sacra  Régla  Majefias ,  protit  notorlum  eft 9  fiepius,  itérât ifque 
vieibus  decluravit.  Omnium  autem  qiue  cuncll  fponfores  bac  in  refive  hacJeuus 
egerunt  five  in  pofterum  agents  uni  eus  feopus  Fax,  0  quam  refiaurarl  Internera- 
tamque  fervarl  tant  opère  unlvcrfi  exoptant.  Neu  tique  enlm  ab  illis  quarltur  Da- 
ma opprcjjîo ,  vel  cujufcumquc  Injuria ,  mulio  minus  ut  Dania  quicquam  adima- 
tur ,  et  fi  difpari  exemplo  praeat  Rex  Polonia ,  qui  apertè  profiter  i  non  veretur , 
fibi  conflltutum  efiè  Livonlam  Sacra  Régla  Majeftati  Succla  eripere. 

Has  igltur  ob  ratlones  plurimafique  alias ,  quas  hic  recenfiere  non  attinet ,  per- 
fiuadere  mihi  nequeo  Rcgcm  Polonla  notltiam  habere  eorum ,  ex  quibus  coutume- 
liofum  hoc  ficriptum  confiât um  cft.  Fas  potius  eft  credere  eum ,  fi  cognita  ipfi  efi- 
fent  ficripti  contenta ,  id  publiée  non  emljfurum  quln  &?  lu  autborem  ut  Improbuni 
dlffamatorem  feverè  efi'e  anlmadverfurum ,  cum  id  exigere  videatur  dignliatis  ra- 
tio atque  il  la  bonefias,  quâ  id  fafiigii  Principes ,  etiam  inter  Arma,  mutuum 
de  eu  s ,  fianclum  Majefiatls  charatlerem ,  alter  in  altero  colunt.  Cum  autem  in  hoc 
fcripîo  effrœni  licentiâ,  calumnia  in  Sacram  Regiam  Majefiatem  &  intégrant 
Suecicam  Nationcm  audaëler  eruElentur,  non  poterit  non  condigno  re/ponjb  Id  re- 
fundi,  attamen  tali  quod  flyli  mode  fila  raîlonumque  pou  1ère,  or  bis  (enju  bonefli 
praditi  judicium  fiubire  non  reformldet.  Quam  primum  autem  hoc  confie il uni  fiue- 
rit ,  quod  primo  quovis  tempore  futurum  conjicere  licet ,  haud  gravatim  fer  et  Rex 
Meus  ClementiJJïmus  une  eodemque  tempore  ficriptum  {$  refponfum  in  publicam  lu- 
cem  prodire,  ut  liber  o  neutrique  parti  obnoxlo  Leclorls  judiclo ,  eofacillus  ver  a  à 
falfis,  frivola  à  fiolidls  dificernantur ,  atque  inflituta  comparatlone  omnes  cordati 
&  à  ftudio  partlum  immuncs,  luculenter  agnoficant  quanta  injuria  Sacra  Regiœ 
Majefias  non  tantum  armis  lacefifatur ,  fied  etiam.  immerens  conviais  preficinda- 
tur. 

Inter  ea  temporis  certam  fipem  fiovet  Sacra  Régla  Majefias  fi  bl  contra  infenfum 
adeb  hofiem,  qui  cltrà  ullam  caufiam  &  quafi  pruritu  quodam  in  tranfiverfium  aclus 
in  bellum  projllïit ,  Celfiarum  acP.  P.  D.  D.  F.  V.ejficax  auxllium  non  defeclu- 
rum,  quod  cmnlnb  fiperare  jubent  Fœdera  tam  prijlina ,  quàm  novifiime  Inter  Sa- 
cram Regiam  Majefiatem  ac  P.  P.  D.  D.V.  V.fanclta.  Die  p.  Julii  1700. 

L  e  s  gens  trouvèrent  le  titre  du  Manifefte  afTez  fingulier,  en  ce  qu'on 
y  parloit  du  Roi  de  Dannemarck,  comme  du  perpétuel  Confédéré  de  la  Po- 
logne. Il  eft  vrai  que  le  Roi  Auguste  propoia  au  Confeil  du  Sénat  de  Po- 
logne, de  donner  affiftance  au  Roi  de  Dannemarck  ;  mais ,  ce  Confeil  s'y  opofa 
par  le  Décret  fuivant. 

Décret  /~\Uandoquidcm  prafens  Senatus  Confilium  nequit  abfique  tôt  a  Republlcâ  declara- 
-ït  '  frs  "^  re  tifiifientiam  Serenlfiîmo  Régi  Dania ,  ex  vi  Fœderis  cum  Republicâ  Inlti 
Polonoîs  contra  Suecum,  promlttlt  fiua  Régla  Majefias  defignare  Comitia  Gêner  alla  Deo 
qui  re 'fa-  dante,  in  menfe  Decembri,  £s?  modo  arnicififimis  literls  refpondcndum  Régi  Da- 
fèn;  tout  n-l£_  Intérim  II  ter  as  expedlet  Unlverfales  ad  Palatlnatos  &  terras  cum  infiorma- 
*tt°Dan-  Î!0)K  &  exprcjfione  caufiarum  inchoati  belli.,  eum  Sueco,  in  quibus  literls  univer- 
.  fulibus  exprimet  purlfiimam  intentionem  fiuam  ,   quod  fi  Deo  adjuvante  rceiplet 

Daca- 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.  9i 

Ducatttm  Livoniœ  ,  Reipublicœ  aggregabit ,  juxta  juramentum  de  recuperandis  1700. 
avulfis,  quod  ipfum  fpcciali  diplomate  cavere  parafas  eft.  Intérim  quia  Refpu-  ■ 
blica,  abfque  comitiis  in  hoc  hélium  non  defcendet,  nolens  effe  gravis  alio  modo 
ReipublictS)  fua  Regia  Majejlas  propriis  Jlipendiis  &  armis  militabit  &  non  defe- 
ret  Rcgcm  Daniœ.  ghiod  fi  necejjitas  urgebit ,  parafa  erit  Jua  Regia  Majeftas^ 
Comitia  extraor  dinar  ia  duarum  feptimanarum,  abfque  folemnit.itibus  indicare.  In- 
terea  commendat  fupremis  Exercituum  Ducibus  Regni ,  &?  Magni  Ducatus  Li- 
tuanie Gêner alibus  omnem  vigilant  iam^  circa  cujlodiendos  limites  Patrie  ,  & 
quatenus  citm  fuà  Regid  Majeftate  in  omnibus  occafwnibus  corrcfpondeant ,  quorum 
arbitrio  &  prudentie  etiam  Cajlrorum  metatio  rclinquiltir. 

Le  Roi  Auguste  voulut  là-defllis  envoïer  de  Saxe  quelques  mille  hommes- 
à  l'aflîftance  du  Dannemarck  lors  des  troubles  de  Holftein  :  mais  il  n'en  vint 
pas  à  l'exécution  ;  tant  parce  que  ces   troubles  venoient  de   finir    par    la 
Paix  de  Travendal,  que  parce  que  l'Electeur  de  Brandebourg  ne  voulut  pas 
en  accorder  le  paflage.     11  en  fit  favoir  les  raifons  au  Roi  Auguste  par  le 
Baron  de  Schmettau.     Elles    confiftoient  „  en  ce  que  la  Guerre  n'étoit  pas  Rai/bns 
„  déclarée  au  Dannemarck  pour  avoir  befoin  d'un  fecours  étranger.     Que  la  pour  lcf- 
„  Médiation   étant  occupée   à  Hambourg  à  procurer  la  fatisfaction  audit  S"^'ls 
„  Dannemarck  par  un  accommodement  jufte  Se  équitable,  il  étoit  du  de-  de  gr*'n. 
„  voir  de  l'Electeur  comme  Médiateur,  Garant,  Se  Condirecleur  du  Cer-  debourg 
„  cle,  d'empêcher  la  rupture,  plutôt  que  d'y  contribuer  en  favorifant  ce  refiïfe  le 
„  paflage.  D'ailleurs,  qu'il  ne  pouvoit  rien  faire  fur  de  femblables  points,  fins  Pafla|e 
„  la  participation  des  autres  Condirecleurs ;  Se  cela,  d'autant  plus  que  le  Du-  ™*s  a" 
„  ché  de  Mecklembourg  étant  mis  en  fequeftre  entre  leurs  mains,  leur  con- 
„  fentement  étoit  néceflàire  pour  un  tel  paflage.     Car,  s'ils  venoient  à  le  re- 
„  fufer>  les  Etats  de  Brandebourg  (broient  ruinez  par  le  féjour  de  ces  Trou- 
„  pes  d'aflîftance.     De  plus ,  que  ce  feroit  donner  lieu  au  Duc  de.Holftein  de 
„  iè  plaindre  d'avoir  un  Médiateur  partial.     Que  l'Electeur  étant  Garant  du 
„■  Traité  d'Altena  ne  pouvoit  rien  faire  fans  la  participation  des  autres  Ga- 
„  rans  qui  étoient  l'Empereur,  le  Roi  d'Angleterre,  les  Etats  Généraux, 
„  Se  l'Electeur  Se  Maifon  de  Lunebourg.     Que  le  Roi  de  Suéde  avoit  fait 
„  expreirément  déclarer  par  fes  Minillres,  que  ni  lui ,  ni  le  Duc  de  Holftein, 
„  n'entendoient  aucunement  d'entrer  en  Guerre,  mais  de  continuer  la  Mé- 
„  diation  :  ajoutant ,  que  fi  l'on  accordoit  un  tel  paflage ,  l'on  ne  devoit  pas 
„  trouver  mauvais  que  Sa  Majefté  Suedoife'fit  occuper  les  poftes  néceflaires 
„  pour  s'y  opofer.     Par-là  le  Duché  de  Mecklembourg  Se  le  Païs  de  Bran- 
„  debourg  deviendroient  le  Théâtre  de  la  Guerre.     Que  néanmoins  l'Elec- 
„  teur  paflèroit  fur  toutes  ces  confidérations ,   s'il  s'agidbit  de  défendre  le 
„  Dannemarck  contre  une  injufte  agreftion,  auquel  cas  non  feulement  il  ac- 
„  corderoit  ce  paflage,  mais  fe  déclareroit  même  pour  lui  procurer  une  jufte 
„  fàHsfacrion  Sec. 

Cet  Electeur  en  agit  de  la  forte,  Se  en  eut  une  aprobation  générale.     Il 
eft  à  remarquer  qu'en  1690.  il  avoit  furpris  la  Ville  à'Elbing,  Place  confidé-    ■ 
rable,  du  reifort  de  la  République  de  Pologne.    C'étôit  parce  que  cette  Vil- 
le lui  avoit  été  hipotequee  en  i6f  3.  pour  la  fomme  de  400.  mille  écus.     On 

M  2,  con-*~ 


9Z        MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

1700.     convint  le  ii.  Dccembre  de  certc  année-là  de  la  refHtution  de  cette  Ville,, 
*  par  un  Traité ,  qui  fut  conclu  à  Varibvic.     Le  précis  de  ce  Traité  était  en 

plufieurs  Articles  qui  portoient. 

'Traité      *  /~V-*E  ^  **-°*  ^a'  République  de  Pologne  d'une  part,  6c  le  Sereniffime 
pour  la .        V^_  Electeur  de  l'autre,  le  failbient  une  réciproque  promefTe  de  ne  jamais 
Reltitu-    garder   aucun  reiïêntiment ,  tant   pour  la  prife  à  Elbing,  que  pour  ce  qui 
d'EIbi       avoit  été  dit,  écrit,  ôc  publié  de  part  8c  d'autre  fur  ce  Sujet }  6c  de  rétablir, 
conferver,  8c  affermir  entr'eux  une  confiante  ôefîneere  amitié,  une  union  in- 
violable, 8c  une  Alliance  perpétuelle. 

II.  L'Electeur  promettoit  de  retirer  fes  Troupes  d'Elbing  le  premier  Fé- 
vrier fuivant,  Se  de  renoncer  à  perpétuité  à  toutes  les  prétentions,  qu'il 
avoit  fur  cette  Place,  8c  de  la  rétrocéder  à  la  Pologne  en  préfence  des  Com- 
mifTaires, qui  feroient  nommez  à  cet  effet,  fans  en  altérer  en  aucune  maniè- 
re les  anciennes  Fortifications. 

III.  Cet  Electeur  s'obligeoit  auffi  de  laifTer  dans  cette  Ville-là  tout  ce  que 
les  Troupes  y  avoient  trouvé  en  y  entrant,  8c  de  n'emporter  que  ce  qu'il  y 
avoit  fait  transporter  depuis  l'occupation  de  ladite  Place. 

IV.  Le  Roi  8c  la  République  de  Pologne  s'engageoient  de  leur  côté  à 
païer  dans  Varfovie  à  l'Electeur,  trois  mois  après  la  tenue  de  la  Diète  géné- 
rale du  Roïaume,  la  fournie  de  300.  mille  Rixdallers,  à  laquelle  l'Electeur 
avoit  bien  voulu  réduire  celle  de  400.  mille,  pour  laquelle  la  Ville  lui  avoit 
été  hipotequée.  D'ailleurs,  pour  plus  grande  fureté  de  ce  paiement,  de  re- 
mettre à  l'Electeur,  ou  à  ceux  qui  feroient  nommez  de  fa  part,  la  veille  de 
l'évacuation  d'Elbing,  les  Joyaux  de  la  Couronne  fous  un  double  Inventaire  li- 
gné 8c  féellé,  pour  être  rendus  dans  le  même  état  lors  du  paiement. 

V.  Au  défaut  d'icelui ,  le  Roi  8c  la  République  confentoient  que  l'Elec- 
teur retint  non  feulement  les  Joyaux ,  mais  qu'il  pût  auffi  fe  remettre  en  poi- 
feffion  de  ladite  Ville  d'Elbing,  pour  en  jouir  oc  de  tous  fes  revenus  jufqucs 
à  un  entier  aquit. 

VI.  Qu'on  nommeroit  des  CommifTaires  réciproquement,  pour  terminer  à 
l'amiable  le  différent  pour  le  trajet  fur  la  Viffule ,  8c  pour  le  Droit  apellé  le 
Strcimgelt ,  levé  par  les  Officiers  de  l'Electeur. 

Il  y  avoit  trois  autres  Articles  de  peu  de  réflexion. 

Ce  Traité  fut  exécuté  en  fon  tems,  tant  par  raport  à  la  rernife  des  Joyaux, 
qu'à  l'évacuation  de  la  Ville.  Les  CommifTaires  Polonois  y  firent  chanter  le 
Te  Deum-,  8c  le  jour  fuivant,  qui  étoit  le  3.  de  Février,  le  premier  de  ces 
CommifTaires ,  qui  étoit  TEvêque  de  Warmie,  y  fit  un  Difcours  aux  Magis- 
trats 8c  Bourgeois.  Comme  on  le  trouva  fort  bien  tourné,  on  croit  faire 
plaifir  au  Public  de  le  donner  ici. 


iDifkpurs  „  "V  TOiis  fommes  venus  ici  avec  un  plein  &C  entier  pouvoir,  en  qualité  de 
aej  ^vc~  „  I  M  CommifTaires  Députez  de  notre  Sereniffime  Roi  8c  de  la  Répu'bli- 
^Vajjnie  "  l110'  Pour  r'uvoir  ce  qu'un  revers  de  fortune  nous  a  dernièrement  ravi,  &c 
xux  H«-  k  P^  Clltrc  les  mains  d'un  Voifin.  Nous  reconnoiifons  avant  toute  chofe, 
.-  .  „  „  comme 


r 


33 

5» 
»J 
3» 
35 
33 
3) 
33 
33 
53 
33 
33 
33 
33 
53 
33 
33 
53 
33 
3' 
33 
33 
53 
33 
33 
33 
33 
33 


53 

35 
"33 


53 
35 
ï» 

»3 

3) 
35 
53 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.  p? 

comme  une  grâce  toute  particulière  du  Grand  Dieu,  que  l'incendie,  dont  1700- 
cette  étincelle  nous  a  tant  menacez,  n'eft  plus  à  craindre,  3c  qu'après  le  bj-~ 
trille  nuag»  de  ce  mauvais  fuccès,  l'agréable  jour  vient  de  paraître.  La  d.£lbing- 
Paix  tant  defîrée  eft  préfentement  rétablie  fous  les  aufpices  du  Ciel,  &  . 
procurée  fans  eftufionde  fing,  par  la  bonne  fortune,  qui  puifle  être  per- 
pétuelle, de  nôtre  Sereniffime  A  u  g  u  s  t  e;  par  les  moïens ,  dont  l'Emi- 
nentiffime  Cardinal  Primat  a  heureufement  afluré  les  affaires  préfentes  & 
futures}  &  enfin  par  la  Négociation  des  Commiflaires  Députez  tout  ex- 
près pour  cela,  par  Sa  Majefté  nôtre  Maître,  par  la  République,  &  par  le 
Sereniffime  Electeur  de  Brandebourg.  Tout  ce  qui  a  altéré  les  Confédé- 
rations facrées,  eft  préfentement  enièveli  dans  une  Amniftie,  &  il  ne  refte 
plus  de  droit  pour  les  chofes  pafTées  que  celui  de  les  oublier.  Dieu  veuille 
que  cette  amitié  entre  de  fi  grands  Princes,  &  entre  les  deux  Etats  voiiins, 
puifle  durer  toujours  pour  le  bien  des  deux  Parties.  C'eft  ce  que  tous  les 
bien  intentionnez  fouhaitent ,  malgré  ce  que  les  gens  préoccupez  en  difent 
ou  penfent  autrement.  Vous,  ô  Citoïens,qui  êtes  préfentement  ramenez 
fur  le  bon  chemin,  confidérez  combien  vous  êtes  obligez  au  Sereniffime 
Roi  &  à  la-république  de  ces  peines  &  dépenfes ,  qui  ont  fervi  à  vous  re- 
tirer des  mains  étrangères.  Confidérez  l'Armée  qu'on  a  tenue  fur  pied 
pour  cette  feule  néceffité  à  fi  grande  charge  de  la  République,  &  qui  n'a 
pu  être  congédiée  que  par  une  Diète.  Confidérez  tous  ces  Confeils  qu'on 
a  eus  jour  6c  nuit,  &  réitérez  au  préjudice  de'nos  aifes  8c  de  nos  fantez. 
Confidérez  les  envois  aux  Médiateurs , 6c  les  dépenfes  qu'on  y  a  faîtes,  ou- 
tre les  incommoditez  de  tant  d'allées  &  venues.  Confidérez  les  bijoux, 
qui  font  prefque  le  feul  ornement  du  Roïaume,  8c  qu'on  a  donnez  en  gage , 
afin  que  vous  foïez  délivrez.  Confidérez  finalement  ce  que  vous  avez 
fait  à  Nous,  &  à  Vous-mêmes  ;  le  danger  &  la  ruine,  dont  toute  la  Chré- 
tienté et  oit  menacée  à  cet  fgard,  &  que  vous  avez  failli  de  nous  caufer. 
Cette  belle  Forterefie,  qui  auroit  été  digne  d'une  plus  grande  défenfe, 
s'eft  rendue,  non  pas  fur  des  attaques,  mais  fans  coup  férir,  &  fur  les  feu- 
les aparences  d'être  attaquée;  comme  fi  elle  n'étoit  munie  de  tant  de  fof- 
fez  &  de  murailles ,  que  pour  fa  pompe ,  &  nullement  pour  fa  défenfe.  Il 
fcmble  que  vous  &  vôtre  Peuple  n'aviez  pas  aflez  de  force  pour  pouvoir 
réfifter,  ni  aflez  de  courage  pour  l'ofer  faire.  Quelle  tache  perpétuelle 
n'en  reftera-t-il  pas  à  vôtre  honneur  !  8c  quelle  perte  de  fidélité  &  de  vô- 
tre bonne  foi ,  dont  le  dernier  hommage  &  ferment  ne  fait  prefque  que 
fortir  de  vôtre  bouche!  Car  encore  que  cette  plaie  fe  guérifle,  la  cicatri- 
ce en  paroîtra  toujours.  Je  ne  voudrais  pas  ici,  &  par  un  fâcheux  récit 
de  cette  malheureufe  aélion ,  vous  rendre  plus  confus ,  ni  troubler  vos 
cœurs,  qui  en  font  peut-être  déjà  entièrement  revenus,  &  difpofez  pré- 
fentement à  de  meilleurs  fentimens,  fi  nous  n'étions  pas  obligez  à  parler 
8c  à  reprocher,  afin  'qu'on  ne  nous  le  reproche.  Je  fouhaiterois  que  nous 
puiffions  auffi  bien  oublier  que  taire  les  chofes  paflees  8c  les  injures  de 
ce  tcms-là-,  car  je  dis  le  moins  de  ce  qu'on  devroit  dire,  8c  je  ne  dirais 
que  de  pures  véritez,  fi  je  voulois  reprefenter  ce  que  vous  avez  commis 
par  vôtre  faute,  par  vôtre  précipitation,  8c  plutôt  en  efpérance  des  émo- 

M  3  „  lumens 


p4       MEMOIRES,  NEGOTI  ATIONS,  TRAITEZ, 

1700.    „  lumens  particuliers  ,  que  de  crainte  de  dommages  publics.    N'avez-vous" 

■* „  pas  couru  riique,  félon  les  Loix  publiques  de  tous  les  Roïaumes,  de  per- 

„  dre  vos  privilèges,  vos  biens,  6c  vos  têtes?  6c  fi  le  tcmsîe  ibufFroit,  je 
„  vous  montrerais  que  cet  Ecrit,  qui  a  para  pour  vôtre  juftification,  étoit 
„  plutôt  à  vôtre  préjudice.  Ainfi  le  châtiment  devrait  fe  faire  à  proportion 
„  du  Crime.  Mais,  c'eft  la  clémence  de  nôtre  Serenifîîme  Roi  6c  la  confi- 
„  dération  de  toute  la  République,  qui  aime  mieux  de  vous  corriger,  pour 
„  en  donner  l'exemple  à  la  Pofterité  ,  que  de  vous  perdre  ;  6c  ils  Ce  conten- 
„  tentent  de  guérir  les  bleflures  fans  les  couper,  à  l'imitation  d'un  bon  Mé- 
„  decin ,  qui  ôte  les  maladies  fans  toucher  les  malades,  car  un  bon  Juge  con- 
damne les  fautes ,  fins  haïr  les  coupables.  La  bonté  de  nôtre  Auguste 
comme  d'un  Père,  6c  l'affection  de  la  République  comme  d'une  bonne 
Mère ,  vous  reprendront  entre  leurs  bras ,  après  que  vous  aurez  été  affez 
châtiez  6c  mortifiez;  mais,  comme  l'on  ne  prévoit  pas  bien  les  choies  futu- 
res fans  examiner  les  pafiëes,  6c  que  par  les  cas  préfens  l'on  fe  précaution- 
ne fagement  de  l'avenir,  Nous,  étant  portez  d'un  véritable  amour  envers 
vous,  avons  jugé  à  propos,  avant  que  de  toucher  à  ceux-ci  qui  ont  fait  le 
mal ,  de  nous  fervir  de  cette  modération ,  à  lavoir  de  parler  préalablement 
„  à  vous  qui  avez  eu,  6c  qui  avez  encore  la  direction,  6c  de  vous  demander 
„  immédiatement,  6c  fans  intervention  d'Arbitres,  les  perfonnes,  qui  étoient 


coupables  d'une  fi  vilaine  trahifon,-  Que  nous  puiffions  favoir  première- 
ment par  vôtre  propre  jugement ,  pourvu  qu'il  foit  convenable,  comment 
on  pourrait  effacer  devant  le  monde  un  fi  grand  Crime  ;  comment  réparer 
de  fi  grands  dommages  de  la  République  ;  quelle  forte  de  châtiment ,  6c 
ce  qu'on  devrait  ordonner  d'ailleurs  dans  une  affaire  fi  délicate  6c  fi  impor- 
tante ?  Et  quand  vous  aurez  bien  reconnu  la  faute ,  redreflez  les  choies  qui 
fe  font  fi  vilainement  paiîees,  6c  propofez  par  vous-mêmes  les  moïens  les 
„  plus  propres  à  en  guérir  la  plaïc.  Vous  vous  attirerez  l'affection  paternel- 
le du  Sereninîme  Roi  6c  la  maternelle  de  la  République;  à  faute  de  cela, 
Nous  ferons  obligez  de  procéder  félon  la  rigueur  de  la  Juftice ,  6c  par  le 
chemin  qui  nous  eft  marqué  dans  nôtre  Inftruétion,  pour  corriger  6c  pu- 
nir ce  qui  eft  arrivé,  6c  pour  empêcher  par  de  bonnes  Ordonnances,  qu'il 
n'en  arrive  plus  de  même  à  l'avenir. 


Les  Magiftrats  alléguèrent  plufieurs  raifons  pour  fe  juftîfier.    Mais  elles  ne 
produifirent  aucun  effet.     La  vûë  du  Difcours  qu'on. vient  de  raporter  étoit 
uniquement  d'obliger  la  Ville  à  contribuer  quelque  bonne  fomme ,  6c  non  pas 
de  lui  ôterfes  privilèges,  ni  de  noter  fes  Magiftrats  d'infamie.     Auflî  convint- 
on  deux  jours  après,  qu'elle  conferveroit  fes  privilèges,  6c  ferait  difpcnfée  com- 
me auparavant  de  recevoir  garnifon  de  la  République.     C'étoit  cependant 
Conven-  fous   cinq  claufes.     1.  Que  lors  que  l'on  voudrait  retirer  les  Joyaux  de  la 
;:onsfai-  Couronne  d'entre  les  mains  de  l'Electeur  de  Brandebourg,  la  Ville  fournirait 
lesayec    ^Q    n,j]}e  £cus  p0ur  fon  Contingent  dans  les  300.  mille,  pour  leiquels  les 
crhlbinc.  joyaux   avoient   été  engagez.     2..  Qu'au  lieu  de  deux  cent  Soldats  qu'elle 
avoit  coutume  d'entretenir,  clic  aurait  fur  pied  500.  Fantaflins  &  30.  Cava- 
liers, 6c  en  cas  de  danger  elle  augmenterait  ces  Troupes  jufqucs  à  deux  mille 

hom- 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.  9ft 

hommes  effectifs.     3.  Qu'elle  prendrait  un  Commandant  expérimenté,  qui     1700. 

prêterait  un  Serment  fort  ample,-  félon  la  Formule  que  les  Commiflîiires  en    ~~ 

donneraient.  4.  Qu'outre  l'ancien  Serment  le  Préfident  du  Confeil  ferait 
tenu  dé  jurer  de  ne  jamais  rendre  la  Ville  à  qui  que  ce  foit,  à  moins. qu'elle 
ne  fût  réduite  à  la  dernière  extrémité.  Et  enfin  f .  que  l'on  accorderait  aux 
Catholiques  Romains  &  à  leur  Eglilé  dans  h  Ville,  certains  privilèges,  dont 
ils  n'avoient  pas  auparavant  jouï. 

Outre  la  vûë  de  ces  Commiflaires  on  attribua  la  furprife  d'Elbing  à  quel- 
que connivence  entre  le  Roi  Auguste  &  l'Electeur  de  Brandebourg.  Le 
premier  avoit  en  vûë  de  fe  conferver  dans  la  Pologne  fes  Troupes  Saxonnes. 
Les  Polonois  s'aheurtoient  à  vouloir  faire  fortir  du  Roïaume  ces  Troupes  Al- 
lemandes. Cet  orage  étant  paffé ,  ce  Roi-là  fufeita  enfuite  dans  la  même  vûë 
Oginski  contre  la  Maifon  de  Sapieha  en  Lituanie.  Cela  fut  par  le  cours  du 
tems  la  fource  de  bien  des  troubles,  ainfi  qu'on  verra  dans  la  fuite.  D'ail- 
leurs, l'Electeur  de  Brandebourg  s'étoit  formé  l'idée  de  prendre  le  Titre  de 
Roi  en  Pruffe.  Par  le  moïen  de  la  furprife  dCElbing,  Se  par  le  Traité  de  fa 
reftitution  ,  il  eut  lieu  d'entrer  en  fecréte  Négociation  pour  faire  aprouver 
par  la  République  de  Pologne  cette  nouvelle  Roïauté.  C'étoit  le  point  le 
plus  feabreux  ,  parce  que  cela  intéreiîbit  de  plus  près  cette  République. 
Cet  Electeur  en  obtint  fon  confentement ,  qui  fut  enfuite  contefté.  Ce  fut 
en  lui  donnant  des  Lettres  Reverfales,  que  cette  Roïale  érection  ne  tirerait 
point  à  conféquence  contre  la  République.     Voici  ces  Lettres  Reverfales. 

FREDERICUS  TERTIUS,  DeiGratia,  &c. 

f\Mnibus  quorum  interejl  notum  facimus ,  cum  'titulum  ci?  Dignitatem  Regalem,  Rèverfa- 
quibus  ante  plura  fœcula  fulgebat  Ducaiis  noflra  PruJJia,  reajfumendum  me- ,es  Rei- 
ritb  cenfeamus ,  nihil  ex  hac  Majeflatica  prœrogativa  PruJJiœ  Nojlrœ  quœ  nunc  poionke 
Ducaiis  appellatur,  prajudicii  inferendum  nec  inferri  pojfe  juri  ac  pojfejjioni  Re-  datae  ab 
gain  PruJJiœ,  quâ  SereniJJimus  Rex  &  Rejpublica  Poloniœ gaudent ,  neque  ni-  Ele&ore 
lam  in  eamdem  PruJJiam  Regalem  prœtentionem  à  nobis  ac  Succejforibus  Noftris  Bra^.de- 
inde    vindicandam  ;    Paila  quoque  Bydgojlienfia  perpetui  Fœderis  SereniJJïmam      ù 
Regiam  Majeftatem ,  inclitamque  Rempublicam  ci?  nos  inter ,  prœcipue  vero  Art. 
VI.  quo  cautum  eft  ut  deficientibus  mafcuUs  ex  lineâ  légitima  Divi  quondam  Pa- 
rent i  s  Nojlri  Defcendentibus  Serenijjimis  Regibus  ci?  Reipublic*e  Poloniœ  jus  fuum 
integrum  in  alte  memoratam  PruJJiam  Ducalcm  refervetur  ,  plenè  ac  facroj'anclè 
fervanda ,_  neque  ullatenits  vel  in  toto  vel  in  parte  g,  Nobis  ac  Succejforibus  NoJIris 
infringenda  ac  violanda,  in  quorum  fidem  Dat.  Coloniœ  ad  Spream  die  8.  Junii 
1700. 

Pekdant  ces  Troubles  6c  ces  Négociations,  on  poufîbit  celles  pour  le 
fécond  Traité  de  Partage  de  la  Monarchie  d'Efpagne.  Nonobstant  les  tre- 
moufTemens  des  Efpagnols,  les  vues  de  ce  Traité  fubfiftoient  toujours.  Il  y 
eut  cependant  des  traverfes.  Elles  venoient  entre  autres  de  la  part  de  l'habile 
Mr.  Dyckvelt,  Préfident  des  Etats  de  la  Province  d'Utrecht.  Ce  grand 
homme  fe  méfioit  de  cette  manœuvre  de  la  France.    Il  lbûtenoit  que  les 

vues 


96       MEMOIRES,  NEGOCIATIONS,  TRAITEZ, 

tjop.  vues  de  cette  Couronne-là  ne  tendoient  qu'à  fiiire  tomber  l'Angleterre  &  les 
' — : —  Etats  Généraux  dans  des  pièges  fort  dangereux.  Il  en  alléguoit  un  exemple 
récent  fur  la  même  matière.  C'elt  qu'au  tems  que  cette  Couronne  avait 
pouffé  à  la  perfection  le  premier  Traité  dudit  Partage,  elle  avoit  fait  des  dé- 
marches contraires  j  en  railant  remetre  entre  les  mains  de  Charles 
II.  Roi  d'Efpagne  par  ton  Ambafladeur  un  Mémoire ,  dont  il  recommanda 
à  ce  Roi-là  le  lecret.  Mr.  Dyckvelt,  qui  avoit  trouvé  le  moïen  d'avoir  !a 
Copie  de  ce  Mémoire,  le  produifit  tel  que  voici  en  Italien. 

SIRE, 

Mémoi-  JL  Rà  mio  Signore  m'hà  commandato  di  dire  à  Vofira  Maefià,  che  doppo  ch" 'El- 
it fecret  la  Vhà  ajjicufato pofiitivamente,  ts 'à  taie  effetto  incarïcatone  me  fiefijb ,  di  non 
écrit  par  innovaré  già  mai  cofia  alcunâ  contraria  alla  Pace ,  ed  allafuapontuale  effervan- 
la  Fran-  Za ,  fiè/nbrarebbe  or  a  bien  difficile  al  Rè  mio  S ignore ,  di  dar  fede  alla  mova 
Roi  d'un  Tefiamento  fatto  dalla  Mae/là  Vofira  in  f avère  dcl  Prencipe  Elett orale  di 
Charles  Baviera ,  fe  cib  non  gli  venijjè  confirmât o  in .  modo  ,  cbe  non  <vi  refila  piu  luogo 
U-  alcuno  di  dubitame. 

Per  taie  incidente ,  Sire ,  cbe  mai  potera  afipettarfi  dal  Rè  mio  Padrone ,  at- 
tefa  Pintiera  confiidenza  cbe  aveva  nella  Regia  parola  di  Vcfilra  Maefià ,  fiarebbe 
mancare  aW  amieizia  medefiima ,  délia  quale  bà  ricevuto  Vofira  Maefià ,  doppo 
la  conclufione  délia  Pace  tanti  contraÇegni  perla  fiua  parte ,  ed  ancora  à  cib  che 
dève  per  confiervare  il  ripofo  aW  Europa;  e  finalmente  a/l'  obbligo  cbe  gli  corre 
di  mar.tenere  le  ragioni,  che  le  leggi  ed  i  cofimui  inviolabili  délia  Monarchi.i  fia- 
bilificono  in  fiavore  dcl  Delfino  umeo  Figlio  difiua  Maefià,  s1  Ella  non  diebirrafife 
fin  cl1  or  a,  corne  m'bœ  commendato  di  dire  alla  Maefià  Vofira,  cbe prenderà  le 
mifiure  necefiarie  per  impedire  ml.  medefimo  tempo  la  rinovazione  délia  Guerra , 
ed  il  pregiuàicio  cbe  pretendi  aver  ricevuto.  Cib  cbe  devo  aggiungere  à  quefio, 
Sire,  è  cbe  il  Rè  mio  S  ignore  ri  mira  corne  oggetto  piu  dejiderabde  quello  di  veder 
godere  per  lungo  tempo  à  Voflra  Maefià  gli  Stati ,  che  bà  ricevuto  da  Dio ,  -  e 
Vofira  Maefià- fia  bene  cbe  non  bb  mai  per  parte  del  mio  Rè,  portât  o  alcune  ifilan- 
ze  ,  che  riguardi  quanto  appartienne  alla  Succefiione. 

Finalmente,  Sire,  confideri  Voflra  Maefià  fe  quefta  attenzione  cofi  difinteref- 
fata  dcl  Rè  mio  S  ignore ,  ed  il  defiderio  cfrcgli  bà  mofirato  di  mantenere  una  per- 
fietta  ii'Jclligeuza-  cou  que  fi  a  Curona,  meritava  che  fi  prendcjjè  una  fomigliante 
rifoluzione,  e  quanto  F  Europa  tuita  potrà  rimproverarle  un  giorno,  fie  per  difia- 
ventv.ra  la  defirezza  del  Rè  mio  Signore  non  venifife,  ad  impedire  il.  torbido,  cbe 
puo  temerji  alla  tranquillita  générale  per  quefio  accidente.  '. 

.  Mr.  Dyckvelt  ajouta  encore,  que  l'on  fàvoit  que  le  Comte  de  Tallard 
avoit  dit  en  confidence  à  quelqu'un,  qui  lui  propofoit  à  Londres  d'avoir 
quelque  clandeiline  intelligence  avec  lui,  qu'il  avoit  précifément  dans  fes  Inf- 
tructions  de  ne  faire  la  moindre  choie,  qui  pût  donner  lieu  au  moindre  loup  - 
çon.     Ce  que  l'on  devoit  regarder  comme  un  ibporifique. 

Ceux,  quiétoient  pour  figner  le  Traité,  diioibnt  qu'il  falloit  attribuer  ces 
précautions  de  la  France ,  à  la  crainte  qu'elle  avoit  du  Roi  Guillaume 

comme 


ET    RESOLUTIONS    D'ETAT.  &j 

comme  étant  le  principal  Auteur  de  toutes  les  Alliances  contre  elle.    Que    170$. 

c'étoit  à  cette  crainte-là  qu'on  devoit  attribuer  les  grandes  carefles  qu'on    — 

avoit  faites  au  Comte  de  Portland  pendant  fon  AmbaiTade,  Se  la  promptitu- 
de, avec  laquelle  le  Roi  Très-Chrêtien  avoit,  à  la  requifition  de  Sa  Majefté 
Britannique,  fait  rendre  au  Marquis  de  la  Forêt,  6c  à  Maimnl,  qui  avoit 
été  Miniftre  à  Charenton,  les  biens  que  l'un  6c  l'autre  avoient  laiffèz  en 
France,  lors  qu'ils  s'en  retirèrent  pour  leur  Religion. 

Mr.  Dychvelt  s'écria  là-deflus,  qu'une  pareille  crainte  étoit  mal  fondée. 
Qu'il  connoiflbit  l'humeur  fiére  8c  hautaine  de  la  France,  6c  que  les  mauvais 
fùccès  que  les  Armées  confédérées  avoient  eus  à  l'attaque  de  Steinkerke,  6c  à 
la  funefte  déroute  de  Lande»  6c  en  d'autres  occasions  n'étoient  pas  capables 
d'infpirer  de  la  crainte.  Que  par  raport  à  la  reftitution  des  biens  des  deux 
peifonnes  nommées,  il  ne  falloit  en  inférer  autre  chofe,  fi  non  que  la  France 
ne  l'avoit  permire,  que  parce  qu'il  ne  s'agiflbit  que  de  quelques  chaumières, 
6c  regardant  la  demande  qu'on  en  avoit  faite  en  faveur  d'un  Avanturier  6c 
d'un  lîmple  Predicant ,  comme  une  efpéce  de  bafiefle. 

Ges  raifons,  bien  loin  d'être  aprouvées,  furent  caufe  que  celui  qui  les  allé- 
guoit,  en  fouffrit  une  efpéce  de  difgrace  de  la  part  du  Roi  d'Angleterre  ;  6c, 
pour  ne  pas  s'attirer  pis,  il  figna  enfuite  avec  les  autres  Députez  de  la  Répu- 
blique ce  fatal  Traité  de  Partage,  tel  que  le  voici. 

SOit  notoire  à  tous  qui  ces  préfentes  verront,  que  le  Séréniflîme  6c  très-  Traitc: 
puifîant  Prince  Louis  XIV.,  par  la  grâce  de  Dieu,  Roi  Très-Chrê-  r^t. 
tien,  6cc.  6c  le  Séréniftime  6c  très- puiffant  Prince  Guillaume  III.,  auffic,  le 
par  la  grâce  de  Dieu,  Roi  de  la  Grande-Bretagne  6cc.  6c  les  Seigneurs  États  Roi  dc 
Généraux  des  Provinces- Unies  des  Païs-Bas,  n'aïant  rien  de  plus  à  cœur  que  5^'  & 
de  fortifier  par  de  nouvelles  liaifons  la  bonne  Intelligence  rétablie  entre  S.  ies  États 
M.  T.  C.,  S.  M.  de  la  Grande-Bretagne,  6c  lefdits  Seigneurs  Etats  Gêné-  Géné- 
raux, par  le  dernier  Traité,  conclu  à  Ryfwick,  6c  de  prévenir  par  des  me-  ""*  des 
fures  prifès  à  tems  les  événemens,  qui  pourroient  exciter  de  nouvelles  Guer-  t0'ucj,ânt 
res  dans  l'Europe,  ont  donné  pour  cet  effet  leurs  Pleins-Pouvoirs  pour  con-  le  il. 
venir  d'un  nouveau  Traité  :  fçavoir,  Sadite  Majefté  Très-Chrétienne,  au  Sr.  Partage 
Camille   d'Hoftun,  Comte  de  Tallard,  Lieutenant  Général  des  Armées  du  ^|  la 
Roi  6c  de  la  Province  de  Dauphiné,  Ambaffàdeur  Extraordinaire  dc  France  cji°enar" 
en  Angleterre}  6c  au  Sr.  Gabriel  Comte  de  Briord,  Marquis  de  Senofan,  d'Efpa- 
Confeiller  du  Roi  en  tous  fes  Confeils ,  6c  fon  AmbaiTadeur  Extraordinaire  gne ,  le 
auprès  defdits  Seigneurs  Etats  Généraux  des  Provinces-Unies  des  Païs-Bas:  1S  Mïrs 
Sadite  Majefté  Britannique,  au  Sieur  Guillaume  Comte  de  Portland,  Vicomte  I7001" 
de  Cirencefter,  Baron  de  Woodftock,  Chevalier  de  l'Ordre  de  la  Jarretière 
6c  Confeiller  du  Roi  en  fon  Confeil  Privé  ;  6c  au  Sr.  Edward  Comte  de  Jer- 
fey,  Vicomte  Villiers,  Baron  de  Hon,  Chevalier  Maréchal  d'Angleterre, 
premier  Secrétaire  d'Etat  6c  Confeiller  du  Roi  en  fon  Privé  Confeil  :  Lefdits 
Seigneurs  Etats  Généraux,  aux  Sieurs  Jean  van  EJfen,  Bourgmaître  6c  Séna- 
teur de  la  Ville  de  Zutphen,  Curateur  de  l'Univerfité  àHarderwick  ;  Frédé- 
ric Baron  de  Rheedc,  Seigneur  de  Lier,  St.  Antoine,  Terlée,  de  l'Ordre  de 
la  NoblefTe  dc  Hollande"  6c  Weft-Frifej  Antoine  Hcinfius,  Confeiller  Pen- 
Tom.  I.  N  fionnaire, 


PS      MEMOIRES,  NEGOCIATIONS,  TRAITEZ, 

1700.    fionmire,  Garde  du  Grand  Sce.m,  &  Sur-Intendant  des  Fiefs  de  la  même 

Province;  Guillaume  de  Naflau,  Seigneur  d'CWjra,  Cortyne,  &ç.  premier 

Noble,  6c  reprefentant  la  Nobleflè  dans  l'Affemblée  des  Etats,  &  Député 
Confciller  de  Zélandej  Evcrhard  de  Weede,  Seigneur  de  Wcede,  Dvckvelt, 
Rattcles,  Sec.  Seigneur  Foncier  de  la  Ville  d'Oadewater,  Doyen  &  Efeolatre 
du  Chapitre  Impérial  de  Ste.  Marie  à  Utrecht,  Dyckgrave  de  la  Rivière  du 
Rhin  dans  la  Province  d'Utrecht,  Préfiderjt  des  Etats  de  la  même  Province > 
Guillaume  van  Haren,  Grietman  du  Bildt,  Député  de  la  Nobleflè  aux  Etats 
de  Frife,  Se  Curateur  de  l'Univerfité  de  Franequer;  Arnold  Lemker ,  Bourg- 
maître  de  la  Ville  de  Deventer  ;  Se  Jean  van  Heeck,  Sénateur  de  la  Ville  de 
Groningue;  tous  Députez  dans  l'Affemblée  defdits  Seigneurs  Etats  Géné- 
raux, de  la  part  des  Etats  de  Gueldre,  de  Hollande  Se  Weft-Frife,  de  Ze-> 
lande,  d'Utrecht,  de  Frife,  d'Over-Yffel ,  de  Groningue  &  Ommelandes: 
lefquels,  en  vertu  defdits  Pouvoirs,  font  convenus  des  Articles  fuivans. 

I.  La  Paix  rétablie  par  le  Traité  de  Ryfwiek  entre  S.  M.  T.  Chrétienne, - 
Se  Sa  Majefté  Britannique,  Se  les  Seigneurs  Etats  Généraux  des  Provinces- 
Unies  des  Païs-Bas ,  leurs  Héritiers  8c  SuccefTcurs ,  leurs  Roïaumes,  Etats,  8c 
Sujets ,  fera  ferme  Se  confiante  ;  6c  leurs  Majeftez ,  6c  lefdits  Seigneurs  Etats 
Généraux ,  feront  réciproquement  tout  ce  qui  pourra  contribuer  à  l'avantage 
Se  à  l'utilité  de  l'un  6c  de  l'autre. 

II.  Comme  le  principal  objet  que  Sadite  Majefté  T.  C,  6c  Sadite  Majefté 
de  la  Grande-Bretagne,  Se  lefdits  Seigneurs  Etats  Généraux  lé  propofent ,  eft 
celui  de  maintenir  la  tranquillité  générale  de  l'Europe  ;  ils  n'ont  pu  voir  fans 
douleur  que  l'état  de  la  fanté  du  Roi  d'Efpagne  foit  devenu  depuis  quelque 
tems  fi  languiflant,  qu'il  y  a  tout  à  craindre  pour  la  vie  de  ce  Prince,  quoi 
qu'ils  ne  puiiTent  tourner  leurs  penfées  du  côté  de  cet  événement  fans  afflic- 
tion, par  l'amitié  fincére  Hi  véritable  qu'ils  ont  pour  lui.  Ils  ont  cependant 
eftimé,  qu'il  étoit  d'autant  plus  néceffaire  de  le  prévoir,  que  S.  M.  Catholi- 
que n'aïant  point  d' Enfans,  l'ouverture  de  fa  Succeflîon  exciteroit  infaillible- 
ment une  nouvelle  Guerre,  fi  le  Roi  Très-Chrêtien  foûtenoit  fes  préten- 
tions ,  celles  de  Monfeigneur  le  Dauphin  ou'  de  fes  Defcendans,  fur  toute  la 
Succeffion  d'Efpagne >  &  que  l'Empereur  voulût  auffi  faire  valoir  fes  préten- 
tions, celles  du  Roi  des  Romains,  de  l'Archiduc  fon  fécond  Fils,  ou  de  fes 
autics  Enfans  mâles  ou  femelles,  fur- ladite  Succeffion. 

III.  Et  comme  les  deux  Seigneurs  Rois  6c  les  Seigneurs  Etats  Généraux 
défirent  fur  toutes  chofes  la  confervation  du  repos  public,  Se  d'éviter  une 
nouvelle  Guerre  dans  l'Europe  par  un  accommodement  des  difputes  8c  des 
différens  qui  pourroient  réfulter  au  fujet  de  ladite  Succeffion,  ou  par  l'om- 
brage de  trop  d'Etats  réunis  fous  un  même  Prince;  ils  ont  trouvé  bon  de 
prendre  par  avance  des  mefures  nécefTaires  pour  prévenir  les  malheurs,  que  le 
trifte  événement  de  la  mort  du  Roi  Catholique  fans  Enfans  poarroit  pro- 
duire. 

;  V.  Ainfi,  a  été  accordé  èc  convenu,  que  fi  le  fufdit  cas  arrivoit,  le  Roi 
Très-Chrêtien,  tant  en  fon  propre  nom,  qu'en  celui  de  Monfeignear  le  Dau- 
phin, fes  Enfans  mâles  ou  femelles,  Héritiers  Se  SuccefTcurs,  nez  Se  à  naître, 
comme  auflî  mon  dit  Seigneur  le  Dauphin,  pour  foi-même,  (es  Enfans  mâ- 
les 


s"   ET    R.ESOL  U.T  IONS    D'E  T  A  T.  99 

les  ou  femelles,  Héritiers  8c  SuccefTeurs,  nez  &  à  naître,  fe  tiendront  Taris-  l700- 
faits,  comme  ils  fe  tiennent  fatisfaits  par  la  prclente,  que  mon  dit  Seigneur  ' 

le  Dauphin  ait  pour  fon  Partage,  en  toute  propriété,  pofTeflion  plcniére,  & 
extinction  de  toutes  les  prétentions  fur  la  Succeflîon  d'Efpagne ,  pour  en 
jouir,  lui,  fes  Héritiers,  SuccefTeurs ,  Defcendans,  mâles  ou  femelles,  nez  Se 
a  naître,  à  perpétuité, fans  pouvoir  être  jamais  troublé  fous  quelque  prétexte 
que  ce  foit  de  droits  ou  de  prétentions ,  directement  ou  indirectement ,  mê- 
me par  Ceffion,  Appel, Révolte,  ou  autre  voie,  de  la  part  de  l'Empereur,  du 
Roi  des  Romains,  du  Serenifîîme  Archiduc  Charles  fon  fécond  Fils,  des 
Archiduchefles,  de  fes  autres  Enfans  mâles  ou  femelles  8c  Defcendans,  (es 
Héritiers,  SuccefTeurs,  nez  &  à  naître,  les  Roïaumes  de  Naples  &  de  Sici- 
le en  la  manière  que  les  Efpagnols  les  polTédent  préTentement }  les  Places  dé- 
pendantes de  la  Monarchie  d'Efpagne,  fituées  Tur  la  Côte  de  ToTcane  ou 
Mes  adjacentes,  compriTes  fous  le  nom  de  Santo  Stephano,  Porto  Hercole, 
Orbitello,  Talamone,  Porto-Longone ,  Piombino,  en  la  manière  aufii  que 
les  ETpagnols  les  tiennent  préfentement  ;  la  Ville  &  le  Marquifat  de  Final , 
en  la  manière  pareillement  que  les  Efpagnols  les  tiennent  ;  là  Province  de 
Guipufcoa,  nommément  les  Villes  de  Fontarabie  8c  de  St.  Sebaftien,  fituées 
dans  cette  Province,  &  Tpécialement  le  Port  du  Paflàge,  qui  y  eft  compris, 
avec  cette  reftriérion  feulement  que  s'il  y  a  quelques  Lieux  dépendans  de  la- 
dite Province,  qui  Te  trouvent  fituées  au  delà  des  Pyrennécs  ou  autres  Mon- 
tagnes de  Navarre,  d'Alava,  ou  de  BiTcayc  du  côté  de  l'ETpagne,  ils  refte- 
ront  à  l'ETpagne;  &  s'il  y  a  quelques  Lieux  pareillement  dépendans  des  Pro- 
vinces foûmifes  à  l'ETpagne,  qui  Toient  en  deçà  des  Pyrénées  ou  autres  Mon- 
tagnes, de  Navarre,  d'Alava,  ou  deBiTcaye,  du  côté  de  la  Province  de  Gui- 
puTcoa,  ils  refteront  à  la  France;  &  les  trajets  deTdites  Montagnes,  Sk  lefdi- 
tes  Montagnes  qui  Te  trouveront  entre  ladite  Province  de  GuipuTcoa,  Navar- 
re, Alava,  ou  de  BiTcaye  à  qui  qu'elles  apartiennent,  Teront  partagées  entre  la 
France  &  l'ETpagne,  en  forte  qu'il  reftera  autant  defdites  Montagnes  &  tra- 
jets à  la  France  de  Ton  côté,  qu'il  en  refiera  à  l'Efpagne  du  fien;  le  tout 
avec  les  Fortifications,  Munitions  de  guerre,  Poudres,  Boulets,  Canons, 
Galères,  Chiourmes,  qui  fè  trouveront  apartenir  au  Roi  d'Efpagne,  lors  de 
Ton  décès  fans  Enfans,  &  être  attachez  aux  Roïaumes,  Places,  Mes,  &  Pro- 
vinces, qui  doivent  compofer  le  Partage  de  Monfeigneur  le  Dauphin:  bien 
entendu  que  les  Galères,  Chiourmes,  8c  autres  effets  appartenais  au  Roi 
d'Efpagne,  par  le  Roïaume  d'Efpagne,  8c  autres  Etats  qui  tombent  dans  le 
Partage  du  Sereniffîme  Archiduc ,  lui  refteront.  Celles  qui  apartiennent  aux 
Roïaumes  de  Naples  8c  de  Sicile  devant  revenir  à  Monfeigneur  le  Dauphin, 
ainfi  qu'il  a  été  dit  ci-defTus. 

De  plus,  les  Etats  de  Mr.  le  Duc  de  Lorraine,  à  favoir  les  Duchez  de  Lor- 
raine 8c  de  Bar,  ainfi  que  le  Duc  Charles  IV.  de  ce  nom,  les  pofTédoit, 
êc  tels  qu'ils  ont  été  rendus  par  le  Traité  de  RyTwick,  feront  cédez  8c  tranf- 
portez  à  Monfeigneur  le  Dauphin,  Tes  Enfans,  Héritiers  8c  Succefîèurs,  mâ- 
les ou  Temelles,  nez  Se  à  naître,  en  toute  propriété  &c  poflèffion  pleniére,  en 
la  place  du  Duché  de  Milan,  qui  Tera  cédé  8c  tran.'porté  en  échange  audit 
Duc  de  Lorraine j  Tes  Enfans,  mâles  ou  femelles,   Héritiers,  Defcendans, 

N  i  Suc- 


ioo      MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

1700.    Succefleurs,  nez  Se  à  naître,  en  toute  propriété  Se  poffdîion  pleniére,  le- 
•  quel  ne  réfutera  pas  un  Parti  fi  avantageux.     Bien  entendu  que  le  Comté  de 

Bitfche  apartiendra  à  Monfr.  le  Prince  de  Vaudemont ,  lequel  rentrera  dans 
la  poflefllon  des  Terres  dont  il  a  joui  ci-devant,  qui  lui  ont  été  ou  dû  être 
tendues  en  exécution  du  Traité  de  Ryfwick.  Moïennant  lefquels  Roïaumes, 
Mes,  Provinces,  Se  Places,  ledit  Roi  Très-Chrétien,  tant  en  foir  propre 
nom,  qu'en  celui  de  Moniéigneur  le  Dauphin ,  les  Enràns  mâles  ou  femel- 
les, Héritiers  &  Succefleurs,  nez  Se  à  naître,  comme  auflî  mon  dit  Seigneur 
le  Dauphin  pour  foi-même,  fes  Enfans,. mâles  ou  femelles,  Héritiers  Se  Suc- 
cefleurs ,  nez  Se  à  naître ,  (  lequel  a  auiîï  donné  fon  Plein- Pouvoir  pour  cet 
effet ,  au  Sieur  Comte  de  Tallard ,  Se  au  Sr.  Comte  de  Briord  )  promettent 
Se  s'engagent  de  renoncer  lors  de  l'ouverture  de  ladite  Succcflion  d'Efpagne,. 
comme  en  ce  cas-là  ils  renoncent  dès. à  préfent  par  celle-ci,  à  tous  les  Droits 
&  Prétentions  fur  ladite  Couronne  d'Efpagne  &  fur  tous  les  autres  Roïau- 
mes, Mes,  Etats,  Païs,  Se  Places  qui  en  dépendent  préfentement,  à  l'excep- 
tion de  ce  qui  eft  énoncé  ci-deflus  pour  fon  partage.  Et  de  tout  cela  ils  fe- 
ront expédier  des  Aétes  folemnels  dans  la  plus  forte  Se  la  meilleure  forme 
qu'il  fe  pourra,  qui  feront  délivrez, au  tems  de  l'échange  des  Ratifications  de- 
ce  préfent  Traité,. au  Roi  de  la  Grande-Bretagne,  8c  aux.  Seigneurs  Etats  Gé- 
néraux. 

V.  Toutes  les  Villes,  Places,  Se  Forts  fituez  dans  les  Roïaumes  Se  Provin- 
ces qui  doivent  compofer  le  Partage  dudit  Seigneur  Dauphin  feront  confer- 
vez  fans  pouvoir  être  démolis-. 

VI.  Ladite  Couronne  d'Eipagne,  Se  les  autres  Roïaumes,  Mes,  Etats ,- 
Païs,  Se  Places,  que  le  Roi  Catholique  poflède  préfentement,  tant  dehors 
que  dedans  l'Europe,  feront  donnez  ce  aflignez  au  Sereniilimc  Archiduc 
Charles,. fécond  Fils  de  l'Empereur  (à  l'exception  de  ce  qui  a  été  énoncé 
dans  l'Article  quatre,  qui  doit  compofer  le  Partage  de  Moniéigneur  le  Dau- 
phin, Se  du  Duché  de  Milan  en  conformité  dudit  Article  quatre  )  en  toute 
propriété  Se  pofieflion  pleniére,.  en  Partage  Se  extinction  de  toutes  fes  préten- 
tions fur  ladite  Succcflion  d'Efpagne  ,  pour  en  jouir  lui  Se  fes  Héritiers  Se 
fe s  Succefleurs ,  nez  Se  à  naître,  à  perpétuité,  fins  pouvoir  être  jamais  trou- 
blé fous  quelque  prétexte  que  ce  foit  de  Droits  ou  de  Prétentions,  directe- 
ment ou  indirectement,  même  par  ceflîon,.  appel,  révolte,  ou  autre  voie,  de 
la  part  du  Roi  Très-Chrétien,  de  mon  dit  Seigneurie  Dauphin,  ou  de  fes 
Enfans  mâles  ou  femelles,  fes  Héritiers  Se  Succefleurs,  nez  Se  à  naître  :  moïen- 
nant laquelle  Couronne  d'Efpagne  Se  autres  Roïaumes,  Mes,  Etats,  Païs,  Se 
Places  qui  en  dépendent,  l'Empereur,  tant  en  fon  propi-e  nom,  qu'en  celui 
du  Roi  des  Romains,  du  Sereniflîme  Archiduc  Charles,  fon  fécond  Fils , 
des  Archiducheflls  fes  filles,  fes  Enfans,  leurs  Enfuis,  mâles  ou  femelles, 
Héritiers,  Defcendans,  ou  Suoceflèurs -,  nez  Se  à  naître  >  comme  aufli  le  Roi 
des  Romains  pour  lui,  Se  le  Sercniflime  Archiduc  Charles,  dès  qu'il  tera 
Majeur,  pour  lui-même,  leurs  Enfans,  Héritiers  Se  Succefleurs,  mâles  ou 
femelles,  nez  Se  à  naître  -,  fe  tiendront  fatisfaits  que  ledit  Sercniflime  Archi- 
duc Charles  ait  en  extinélion  de  touus  leurs  prétentions  fur  la  Succcflion 
d'Efpagne  ladite  ceflion  faite  ci-deflus.  Et  ledit  Empereur,  tant  en  fon  pro- 
pre 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.  101 

pre  nom,  qu'en  celui  du  Roi  des  Romains,  du  Sereniffime  Archiduc  Char-  1700. 
les,  fon  fécond  fils,  des  ArchiduchefTes  fes  filles ,  fes  Enfans  mâles  ou  fe-  — — 
melles,  Scieurs  Héritiers,-  &  Succeffeurs,  comme  aulfi  ledit  Roi  des  Ro- 
mains en  fon  propre  nom,  renonceront,  lors  qu'ils  entreront  en  ce  préfènt 
Traité,  Se  qu'ils  le  ratifieront,  &  le  Sereniifime  Archiduc  Charles  dès 
qu'il  fera  Majeur,  à  tous  autres  Droits  Se  Prétentions  fur  les  Roïaumes,  Ifies, 
Etats,  Pais,  &  Places, qui  compofent  les  Partages  Se  les  Portions  affignées  ci- 
deffus  à  Monfeigneur  le  Dauphin,  Se  à  celui  qui  aura  le  Duché  de  Milan  par 
échange  de  ce  qui  fera  donné  à  mon  dit  Seigneur  le  Dauphin.  Et  que  de 
tout  cela  ils  feront  expédier  des  Actes  folemnels  dans  la  plus  forte  Se  la  meil- 
leure forme  qu'il  fe  pourra  ;  fçavoir  l'Empereur  Se  le  Roi  des  Romains  quand 
ils  ratifieront  ce  préfent  Traité,  Se  le  Sereniffime  Archiduc  dès  qu'il  fera 
Majeur,,  lefquels  feront  délivrez  à  S.  M.  Britannique  Se  aux  Seigneurs  Etats 
Généraux. 

VII.  Immédiatement  après  l'échange  des  Ratifications  de  ce  préfènt  Trai- 
té, il  fera  communiqué  à  l'Empereur,  lequel  fera  invité  d'y  entrer}  mais,  fl 
trois  mois  après,  à  compter  du  jour  de  ladite  invitation,  ou  le  jour  que  S. 
M.  Catholique  viendra  à  mourir,  fi  c'étoit  avant  le  terme  de  trois  mois,  S: 
M.  Impériale,  ou- le  Roi  des  Romains,  refufoient  d'y  entrer,  Se  de  convenir 
du  Partage  affigné  au  Sereniffime  Archiduc,  les  deux  Seigneurs  Rois  ou  leurs- 
SuccefTeurs,  Se  les  Seigneurs  Etats  Généraux  conviendront  d'un  Prince,  au- 
quel ledit  Partage  fera  donné  :  Se  en  cas  que  nonobftant  la  préfente  Conven- 
tion ledit  Sereniffime  Archiduc  voulut  prendre  poftèffion,ou  de  la  Portion  qui- 
lui  fera  échûë  avant  qu'il  eut  accepté  le  préfent  Traité ,  ou  de  celle  qui  fe- 
roit  affignée  à  Monfeigneur  le  Dauphin,  ou  à  celui  qui  aura  le  Duché  de 
Milan  par  échange,  comme  il  eft  dit  ci-defiùs,  lefdits  deux  Seigneurs  Rois 
Se  les  Seigneurs  Etats  Généraux,. en  vertu  de  cette  Convention,  l'empêche- 
ront de  toutes  leurs  forces. 

VIII.  Le  Sereniffime  Archiduc  ne  pourra  parler  en  Efpagne,  ni  dans  le 
Duché  de  Milan,  du  vivant  de  Sa  Majefté  Catholique,  que  d'un  commun 
confentement,  Se  point  autrement. 

IX.  Si  le  Sereniffime  Archiduc  vient  à  mourir  fans  Enfans,  foit  avant  ou  après 
la  mort  du  Roi  Catholique,  le  Partage  qui  lui  eft  affigné  ci-defius- par  l'Ar- 
ticle fix  de  ce  Traité  paflêra  à  tel  Enfant  mâle  ou  femelle  hors  le  Roi  des' 
Romains,  que  S.  M.  Impériale  trouvera  bon  de  défigner :  Se  en  cas  que  Sa- 
dite  Majefté  Impériale  vint  à  décéder  fans  avoir  fait  ladite  défignation ,  Elle 
pourra  être  faite  par  le  Roi  des  Romains  ;  mais  le  tout  à  condition  que  ledit 
Partage  ne  pourra  jamais  être  réuni ,  ni  demeurer  en  la  perfonne  de  celui  qui 
fera  Empereur  ou  Roi  des  Romains,  ou  qui  fera  devenu  l'un  ou  l'autre,  foit 
par  Succeffion  ,  Teftament ,  Contract  de  Mariage ,  Donation ,  Echange , 
Ceffion,  Appel,  Révolte,  ou  autre  voie:  Se  de  même  ledit  Partage  du  Sere- 
niffime Archiduc  ne  pourra  jamais  revenir  ni  demeurer  en  la  perfonne  d'un. 
Prince,  qui  fera  Roi  de  France,  ou  Dauphin,  ou  qui  fera  devenu  l'un  ou 
l'autre,  foit  par  Ceffion ,  Teftament,  Contract  de  Mariage,  Donation, 
Echange,  Ceffion,  Appel,  Révolte ,  ou  autre  voie. 

X.  Le  Roi  d' Efpagne  venant  à  mourir  fans  enfans,  Se  ainfi  le  lufdit  cas 

N  3  arri- 


ioi     MEMOIRES,  NEGOTiATIONS,  TRAITEZ, 

;-:o.    amvant,  les  deux  Seigneurs  Rois  6c  les  Seigneurs  Etats  Généraux,  s'obli- 

1 gent  de  laiifcr  toute  la  Succeffion  dans  l'état  comme  alors  elle  le  trouvera 

fans  s'en  laifir  en  tout  ou  en  partie,  directement  ni  indirectement;  mais  cha- 
que Prince  pourra  d'abord  le  mettre  en  poMeffion  de  ce  qui  lui  elt  affirmé 
pour  fon  Partage,  dès  qu'il  aura  fàtisfait  de  fa  part  aux  Articles  quatre  6c  fix 
précédens  celui-ci:  6c,  s'il  y  trouve  de  la  difficulté,  les  deux  Seigneurs  Rois- 
6c  les  Seigneurs  Etats  Généraux  feront  tous  leurs  devoirs  poffibles,  afin  que 
chacun  foit  mis  en  pofTeffion  de  fa  Portion ,  félon  cette  Convention ,  6c  qu'el- 
le puifle  avoir  fon  entier  effet,  s'engageant  à  donner  par  terre  6c  par  mer,  les 
fecours  6c  aflîltances  d'hommes  6c  de  vaiflèaux  pour  contraindre  par  la  force 
ceux  qui  s'opnoferont  à  ladite  exécution. 

XI.  Si  letdits  Seigneurs  Rois,  ou  les  Seigneurs  Etats  Généraux,  ou  quel- 
qu'un d'eux,  font  attaquez  de  qui  que  ce  foit ,  à  caufe  de  cette  Convention 
ou  de  l'exécution  qu'on  en  fera,  on  s'affiliera  mutuellement  l'un  l'autre  avec 
toutes  lès  forces ,  6c  on  fe  rendra  Garand  de  la  ponctuelle  exécution  de  ladite 
Convention  6c  des  Renonciations  faites  en  confequence. 

XII.  Seront  admis  dans  le  préfent  Traité  tous  Rois ,  Princes,  6c  Etats  qui 
voudront  y  entrer,  6c  il  fera  permis  auxdits  deux  Seigneurs  Rois  6c  aux  Sei- 
gneurs Etats  Généraux  6c  à  chacun  d'eux  en  particulier,  de  requérir  6c  invi- 
ter tous  ceux  qu'ils  trouveront  bon  de  requérir  6c  inviter  d'entrer  dans  ce 
préfent  Traité,  6c  d'être  femblablement  Garands  de  l'exécution  de  ce  Traité 
6c  de  la  validité  des  Renonciations  qui  y  font  contenues. 

XIII.  Et  pour  aflirrer  encore  davantage  le  repos  de  l'Europe,  lefdits  Rois, 
Princes,  6c  Etats  feront  non  feulement  invitez  d'être  Garands  de  ladite  exécu- 
tion du  préfent  Traité  6c  de  la  validité  defditcs  Renonciations  comme  ci-def- 
fus:  mais  fi  quelqu'un  des  Princes,  en  faveur  defquels  les  Partages  font  faits, 
vouloit  dans  la  fuite  troubler  l'ordre  établi  par  ce  Traité,  faire  de  nouvelles 
entreprifes  y  contraires,  6c  ainfi  s'agrandir  aux  dépens  les  uns  des  autres,  fous 
quelque  prétexte  que  ce  foit,  la  même  Garantie  fera  cenfée  devoir  s'étendre 
auffi  en  ce  cas;  en  forte  que  les  Rois,  Princes, 6c  Etats  qui  la  promettent  fe- 
ront tenus  d'emploïer  leurs  forces  pour  s'oppofer  auxdites  entreprifes  6c  pour 
maintenir  toutes  chofes  dans  l'état  convenu  par  lefdits  Articles. 

XIV.  Que  fi  quelque  Prince  que  ce  foit  s'oppofe  à  la  prife  de  pofleffion 
des  Partages  convenus ,  lefdits  deux  Seigneurs  Rois  6c  les  Seigneurs  Etats 
Généraux,  feront  obligez  de  s'entr'aidei  l'un  l'autre  contre  cette  oppofition 
&  de  l'empêcher  avec  toutes  leurs  forces  ;  6c  l'on  conviendra,  d'abord  après 
la  Signature  du  préfent  Traité,  de  la  proportion  que  chacun  doit  contribuer 
tant  par  Mer  que  par  Terre. 

XV.  Le  préfent  Traité,  6c  tous  lesAct.es  faits  en.  confequence  ou  qui  y  ont 
raport,  6c  nommément  les  Actes  folemnels  que  S.  M.  T. Chrétienne  6c  Mon- 
feigneur  le  Dauphin  font  obligez  de  donner,  en  vertu  de  l'Article  quatre  ci- 
delfiis,  feront  enregistrez  au  Parlement  de  Paris,  Suivant  leur  forme  6c  l'ula- 
ge  ordinaire,  pour  avoir  lieu  aux  conditions  qui  y  font  portées,  dès  que  l'Em- 
pereur fera  entré  dans  le  préfent  Traité,  ou  au  bout  des  trois  mois  qui  lui  l'ont 
donnez  pour  cet  effet ,  s'il  n'y  entre  pas  plutôt  -,  6c  pareillement  Sa  Majeité 
Impériale  fera  tenue,  quand  Elle  entrera  dans  le  préfent  Traité,  de  le  faire 

aprrou- 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.  10? 

approuver  8c  enreglftrcr  avec  tous  les  Aftes  faits  en  conféquence,  ou  qui  y   1700. 
ont  rapport,  nommément  les  Actes  folemnels  que  S.  M.  Impériale,  le  Roi  " 

des  Romains,  &  le  Sereniffime  Archiduc  Charles  feront  obligez  de  donner 
en  vertu  de  l'Article  fix  ci-deffus,  en  fon  Confeil  d'Etat,  ou  ailleurs,  fui- 
vant  les  formes  les  plus  authentiques  du  Pais. 

XVI.  Les  Ratifications  des  deux  Seigneurs  Rois  8c  des  Seigneurs  Etats' 
Généraux  feront  toutes  trois  échangées  en  même  tems  à  Londres,  dans  l'ef- 
pace  de  trois  femaines,  à  compter  du  jour  que  lefdits  Seigneurs  Etats  Géné- 
raux auront  figné,  &  plutôt  li  faire  fe  peut.  Fait  &  figné  à  Londres  le  3. 
Mars  Nouveau  Stile  1700.  &  le  21.  de  Février  Vieux  Stile  1699,  par  Nous 
Plénipotentiaires  de  France  &  d'Angleterre,  &  à  la  Haïe  le  if.  dudit  mois 
de  Mars  1700,  par  Nous  Plénipotentiaires  de  France,  d'Angleterre,  &  des 
Seigneurs  Etats  Généraux  >  les  deux  Seigneurs  Rois  ,  tk  lefdits  Seigneurs 
Etats  Généraux ,  étant  convenus  que  la  fignature  de  ce  prêtent  Traité  fe  fera 
de  la  forte:  en  foi  dequoi  Nous  avons  figné  le  prêtent  Traité  de  nôtre  main,, 
Se  tait  appofer  le  Cachet  de  nos  Armes. 

(L.S.)  ïallard.         (L.S.)  Portland:  (L.S.)  J.vanEfen. 

(L.S.)  Briord.  (L.S.)  Jerfey,  (L.S.)  F.  B.  de  Rheede. 

(L.S.)  J.Heinfms. 

(L.S.)  PF.deNaffau. 

(L.S.)  E.deWeede. 

(L.S.)  W.v.  Haren. 

(L.S.)  Ar.  Lemker. 

(L.S.)  VanHeeck. 

SA  Majefté  Très-Chrêtienne ,  Sa  Majefté  Britannique,  6c  les  Seigneurs  Article 
Etats"  Généraux,  font  convenus,  premièrement,  que  fi  le  Roi  d'Eipa-  léparé, 
gne  ne  veut  point  entrer  dans  ce  Traité,.  &  que  nonobstant  il  voulût  foire 
démolir  les  Villes,  Places,  &  Ports  fituez  dans  les  Roïaumes  6c  Provinces  qui 
doivent  compofer  le  Partage  de  Monfeigneur  le  Dauphin,  ou  du  Duché  de 
Milan,  8c  dépendances  detdits  Roïaumes  8c  Provinces,  les  deux  Seigneurs 
Rois  8c  les  Seigneurs  Etats  Généraux  s'y  opoferont  par  toutes  fortes  de 
moïens. 

Secondement,  que  lefdits  Seigneurs  Rois,  8c  lefdits  Seigneurs  Etats  Géné- 
raux, emploieront  leurs  offices  auprès  de  Sadite  Majefte  Catholique,  pour 
empêcher  que  les  Gouvernemens  des  Provinces  qui  doivent  compofer  le  Par- 
tage de  Monfeigneur  le  Dauphin,  ne  fortent  des  mains  entre  lefquelles  ils 
font ;  8c,  s'il  fe  fait  quelque  changement ,  ils  emploieront  auiTi  leurs  bons  offi- 
ces ,  pour  que  lefdits  Gouvernemens  foient  donnez  à-  des  Efpagnols  naturels. 

Et  troifiémement,  Sa  Maiefté  Britannique  8c  les  Seigneurs  Etats  Géné- 
raux s'engagent  de  garder  comme  en  dépôt  les  Aftes  folemnels  du  Roi  Très-.- 
Chrétien  8c  de  Monfeigneur  le  Dauphin,  qui  leur  doivent  être  remis  entre- 
les  mains,  en  conformité  de  l'Article  IV.  du  préfent  Traité  figné  à  Londres 
le  2.  Mars  N.  S.  1700.  8c  le  21.  Fév.  V.  S.  1699.  8c  à  la  Haïe  le  2f.  dudit 
mois  de  Mars  1700,  8c  d'en  donner  une  Déclaration,  en  même  tems  que  lef- 
dits 


io4      MEMOIRES,  NEGOTI ATIONS,  TRAITEZ, 

1700.    dits  A&es  feront  remis  entre  leurs  mains:  8c  que  l'Empereur  ni  le  Roi  des 
"  Romains  ne  feront  point  reçus  dans  le  fufdit  Traité,  qu'ils  n'aient  pareille- 

ment remis  les  A6f.es  folemnels,  qu'ils  font  tenus  de  remettre  en  conformité 
de  l'Article  VI.  du  fufdit  Traité,  qui  feront  dans  les  mêmes  termes  ou  équi- 
valents, à  la  fatisfa&ion  &  à  la  fureté  des  Parties  intéreffées,  femblables  au 
modèle  fuivant ,  ci-deflbus  inféré. 

Acte  de  Renonciation  qui  doit  être  faite  par  V Empereur  en  cas  du  décès 
de  Sa  Majefté  Catholique  fans  Enf 'ans ,  pour  être  ternis  aux  Parties  intérefj'ées  , 
fuivant  le  Traité  paffé  à  Londres  le  3.  Mars  N.  S.  1  700.  à?  le  Xi.  Fév.  V. 
S.  1699.  &  à  la  Haïe  le  if.  dudit  mois  de  Mars  1700,  dans  les  propres  ter- 
mes énoncez  ci-deffous  ou  équivalents ,  ou  les  Parties  intéreffées  avec  Sa  Ma- 
jefté Impériale  trouvent  leur  fureté,  après  lequel  Acte  délivré :,  V Archiduc  ou 
fes  Tuteurs  enfon  nom  pourront  entrer  en  poffejfion  defon  Partage. 

„  T  Eopold,  par  la  grâce  de  Dieu ,  élu  Empereur  des  Romains  Sec.  à 
„  1~j  tous  ceux  qui  ces  préfentes  verront ,  favoir  faifons ,  qu'uïant  reçu  Se 
„  examiné  le  Traité  fait  entre  le  Roi  Très-Chrétien,  le  Roi  de  la  Grande- 
„  Bretagne,  Se  les  Seigneurs  Etats  Généraux  des  Provinces-Unies  des  Païs- 
„  Bas,  à  Londres  le  3.  Mars  N.  S.  1700.  Se  le  xi.  Fév.  V.  S.  1699.  8c  à  h 
„  Haïe  le  Xf.  dudit  mois  de  Mars  1700.  pour  régler  la  Succeffion  de  la  Cou-. 
„  ronne  ^d'Efpagne,  en  cas  que  Sa  Majefté  Catholique  vint  à  mourir  fans 
„  Enfans,  8c  prévenir  les  fuites  fâcheufes  qu'un  tel  cas  pourrait  faire  naître, 
„  s'il  n'y  étoit  pourvu  à  tems,  dont  la  teneur  s'enfuit. 
Ici  doit  être  inféré  le  Traité. 
„  Et  ledit  cas,  à  favoir  le  décès  du  Roi  d'Efpagne  fans  Enfans  venant  à 
„  -arriver,  nous  déclarons  tant  en  notre  nom,  qu'en  celui  du  Roi  des  Ro- 
„  mains  notre  Fils  aîné  ,  de  l'Archiduc  Charles  notre  fécond  Fils,  des 
5,  Archiduchefîês  nos  Filles,  8c  nos  autres  Enfans  8c  Defcendans  mâles  ou 
5,  femelles,  les  'Héritiers  8c  SuccefTeurs  nez  8c  à  naître,  d'avoir  agréé,  aprou- 
„  vé, 8c  ratifié,  comme  nous  agréons ,  aprouvons,  Se  ratifions  par  la  prelénte 
„  ledit  Traité  félon  fa  forme  8c  teneur,  Se  de  nous  obliger  8c  engager,  com- 
„  me  nous  nous  obligeons  8c  engageons  par  le  préfent  Aéte,  à  obferver  Se  à 
„  faire  obfèrver  ledit  Traité  aux  mêmes  conditions,  obligations,  ou  Garan- 
„  ties,  qui  font  portées,  8c  qui  auront  les  mêmes  forces  que  fi  elles  étoient 
„  de  nouveau  ici  répétées,  8c  fpécialement  les  Articles  IV.  VI.  VIII. 8c  IX. 
„  dudit  Traité,  par.lefquelles  a  été  fait  un  Partage  de  ladite  Succeffion  de  la 
y,  Couronne  d'Efpagne  en  faveur  du  Dauphin  de  France,  8c  de  l' Archiduc 
„  Charles  notre  lecond  Fils,  à  condition  que  par  nous  en  ferait  expédié 
„  des  A6tes  folemnels  d'Acquit  Se  de  Renonciation  dans  la  plus  forte  Se  la 
„  meilleure  forme  qui  fè  pourroit,  Se  délivrer  au  tems  que  nous  entrerons 
„  dans  le  Traité  fufdit  :  -Se,  n'aïant  rien  de  plus  à  coeur  que  de  fàtisfaire  audit 
„  Traité.,  8c  prévenir  toutes  fortes  de  difputes  qui  pourraient  furvenir  au  fu- 
„  jet  de  ladite  Succeffion  de  la  Couronne  d'Efpagne,  nous  avons  déclaré , 
„  comme  nous  déclarons  par  la  préfente,  tant  en  notre  propre  nom.,  qu'au 
-,  nom  du  Roi  des  Romains  notre  Fils  aîné.  Se  de  l'Archiduc  Charles 

„  notre 


y> 


ET    RESOLUTIONS    D'ETAT.         iof 

„  nôtre  fécond  fils,  des  Archiduchëflès  nos  filles,  ôc  de  nos  autres  Enfans  &  17°°- 
„  Defcendans  mâles  ou  femelles,  Héritiers  ôc  Succeflèurs  nez  &  à  naître i 
„  que  nous  nous  tenons  fatisfaits  du  Partage  affigné  audit  Archiduc  Char- 
„  les  nôtre  fécond  fils ,  par  le  VI.  Article  ,  en  extinction  de  tous  nos 
„  Droits,  actions  6c  prétentions  fur  le  Partage  affigné  au  Dauphin  de  Fran- 
„  ce  par  l'Article  IV.  dudit  Traité,  fans  aucune  exception ,  ni  réferve,  ôc 
„  fans  que  nous ,  ledit  Roi  des  Romains ,  ledit  Archiduc ,  ôc  nos  autres  En- 
fans  ,  y  puiffions  prétendre  davantage ,  &  qu'enïùite  moiennant  les  Roiau- 
mes ,  Etats ,  Mes ,  ôc  Provinces ,  affignez  audit  Archiduc  nôtre  fécond 
fils,  par  l'Article  VI.  dudit  Traité,  nous  déclarons  de  céder  ôc  tranfpor- 
ter,  comme  nous  cédons  6c  tranfportons  par  la  préfente,  tant  en  nôtre 
„  propre  nom ,  qu'en  celui  du  Roi  des  Romains ,  l'Archiduc  Charles, 
„  les  Archiduchëflès  nos  filles,  6c  nos  autres  Enfans,  mâles  ou  femelles, 
„  Héritiers  6c  SuccefTeurs  nez  6c  à  naître,  audit  Dauphin  de  France,  les 
„  Enfans  6c  -Defcendans ,  mâles  ou  femelles ,  fes  Héritiers  6c  SuccefTeurs  nez 
„  6c  à  naître, conformément  audit  Traité,  tous  nos  autres  Droits,  actions  ôc 
„  prétentions ,  que  nous  ou  nos  Enfans ,  mâles  ou  femelles ,  Héritiers  6c 
„  Succeflèurs  nez  6c  à  naître,  avons,  ou  prétendons  avoir  fur  ladite  Succef- 
„  fion  de  la  Couronne  d'Efpagne ,  fans  aucune  exception,  ni  réferve,  6c  con- 
„  fentons  6c  accordons  en  conféquence,  que  ledit  Dauphin  jouïfiè  de  fon 
„  Partage,  en  toute  propriété  6c  poflèffion  pleniére,  pour  lui,  fes  Enfans 
„  6c  Defcendans,  mâles  ou  femelles,  Héritiers  6c  SuccefTeurs  nez  6c  à  naî- 
„  tre,  à  perpétuité,  fans- pouvoir  être  jamais  troublé  par  nous,  ou  nos  En- 
„  fans  6c  Defcendans,  mâles  ou  femelles,  nos  Héritiers  6c  SuccefTeurs  nez 
„  6c  à  naître,  fous  quelque  prétexte  que  ce  foit,  de  Droits  ou  de  Préten- 
„  tions,  même  par  Cefhon,  Appel,  Révolte  ou  .autre  voie:  6c  en  outre 
„  nous  déclarons,  tant  en  nôtre  propre  nom,  qu'en  celui  du  Roi  des  Ro- 
„  mains,  de  l'Archiduc  Charles,  des  ArchiduchefTes  nos  filles,  6c  de  nos 
„  autres  Enfuis  6c  Defcendans,  mâles  ou  femelles,  Héritiers  6c  Succeflèurs 
„  nez  ôc  à  naître,  de  renoncer,  moiennant  ledit  Partage  contenu  dans  l'Ar- 
„  ticle  VI.  dudit  Traité,  comme  nous  renonçons  par  la  préfente,  à  tous  les 
„  Droits,  actions  6c  prétentions  qui  nous  apartiennent ,  ou  que  nous  préten- 
„  dons  fur  ladite  Succeffion  de  la  Couronne  d'Efpagne,  6c  fur  les  autres 
„  Roïaumes,  Ifles,  Etats,  Pais,  6c  Places,  qui  en  dépendent,  6c  qui  par 
„  ledit  Traité ,  font  cédez  6c  affignez  au  Dauphin  de  France. 

„  Enfin,  nous  promettons,  tant  en  nôtre  propre  nom,  qu'en  celui  du  Roi 
„  des  Romains,  de  l'Archiduc  Charles,  des  ArchiduchefTes  nos  filles,  6c 
de  nos  autres  Enfans  6c  Defcendans,  mâles  ou  femelles,  -Héritiers  6c  Suc- 
ceflèurs, nez  6c  à  naître ,  que  nous  bifferons  avoir,  fans  aucun  empêche- 
ment, audit  Dauphin,  fes  Enfans  ôc  Defcendans,  mâles  ou  femelles,  leurs 
Héritiers  6c  Succeflèurs  nez  6c  à  naître,  tout  l'effet  6c  la  jouïflance  dudit 
Traité.     En  foi  de  quoi ,  6cc. 

„  Cet  Article  aura  la  même  force,"  que  s'il  étoit  inféré  mot  à  mot  dans  le 
„  Traité  auquel  il  a  raport,6c  fera  enregiftré  au  Parlement  de  Paris,  immédia- 
„  tement  après  la  mort  de  Sa  Majefté  Catholique,  fans  Enfans. 

„  Fait  6c  figné  à  Londres,  par  nous  Plénipotentiaires  de  France  6c  d'Angle- 
,    îTm».  I.  O  „  terre, 


10(5      MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

i7°°-    »  terre,le  }.  Mars  1700.  Nouv.  Stile,  6c  le  11 .  de  Février  i6y<?.  Vieux  Sti- 

"  »  Ifii  &  à  la  Haïe,  par  nous  Plénipotentiaires  de  France,  6c  des  Seigneur* 

„  Etats  Généraux,  le  Zf.  dudit  mois  de  Mars  1700. 

(  L.  S. )  Tallard.         (  L.  S. )  Porihvnd.  (  L.  S.  )  ?.  ™»  £^«. 

( L. S. )  jBria*A  (  L. S.  )  Jerfcy.  (  L. S. )  F.  5.  <fe  Rheede. 

(L.S.)  A.  Hein  fins. 
(L.S.)  IV.deNaffau. 
(L.SJ  E.de  TVecde. 
(L.S.)  W.v.Haren. 
(L.S.)  y/r.  Lemker. 
(L.S.)  VanHseck. 


Article 
fccrer. 


SA  Majefté  Très-Chrêtienné,  Sa  Majefté  Britannique,  &  les  Seigneurs 
Etats  Généraux,  aïant  defîré  prévenir  la  Guerre  que  pourroit  produire 
la  mort  de  Sa  Majefté  Catholique  fans  Enfans ,  font  convenus  du  Traité  au 
fujet  de  fa  Succefîîon ,  qui  a  été  figné  à  Londres  le  3.  Mars  Nouv.  Stile  1700. 
Scie  21.  Février  Vieux  Stile  1 6pp.  6c  à  la  Haïe  le  2f.  du  dit  mois  de  Mars  1700. 
Et  comme  il  eft  dit  dans  l'Article  IV.  dudit  Traité,  que  les  Duchez  de  Lor- 
raine 6c  de  Bar  feront  cédez  à  Monfeigneur  le  Dauphin  par  échange  du  Du- 
ché de  Milan,  qui  feroit  remis  à  Mr.  le  Duc  de  Lorraine,  &  que  les  deux 
Seigneurs  Rois,  &  les  Seigneurs  Etats  Généraux  eftiment  que  rien  n'eft  plus 
convenable  pour  le  but  qu'on  fe  propofe,  que  d'emploïer  tous  leurs  offices, 
foit  conjointement,  foit  ieparément,  pour  engager  ledit  Duc  de  Lorraine  à  y 
confentiiT- 

Mais  comme  il  eft  néceflaire  de  terminer  qui  feroit  le  Prince,  à  qui  le 
Duché  de  Milan  feroit  remis,  &  ce  qui  feroit  donné  à  Monfeigneur  le  Dau- 
phin pour  fon  dédommagement,  à  la  place  des  Duchez  de  Lorraine  &  de 
Bar  ,  fi  contre  toute  apparence  Mr.  le  Duc  de  Lorraine  ne  vouloir  pas  don- 
ner fon  confentement  à  cet  échange,  nonobftant  lefdits  offices  6c  devoirs 
continuels  6c  réitérez  durant  la  vie  du  Roi  d'Efpagne,  ou  jufques  au  tems 
convenu  ci-deflous  après  fa  mort  ;  les  deux  Seigneurs  Rois ,  &  les  Seigneurs 
Etats  Généraux  ci-defilis  nommez,  font  convenus  qu'en  ce  cas  Sa  Majefté 
Britannique  6c  les  Seigneurs  Etats  Généraux  choifiront  une  des  deux  alterna- 
tives fuivantes,  au  bout  dudit  tems  après  la  mort  de  Sa  Majefté  Catholique. 

Savoir,  de  remettre  ledit  Duché  de  Milan  entre  les  mains  de  Monfr.  l'E- 
lecteur de  Bavière,  pour  en  jouir  lui,  fis  Enfans  mâles  ou  femelles,  Héri- 
tiers, Succefieurs  6c  Dcfcendans,  mâles^ou  femelles,  nez  6c  à  naître,  à- perpé- 
tuité, en  toute  propriété  6c  pofieffion  pleniére,  en  joignant  en  échange  la 
Navarre  au  partage  de  Monfeigneur  le  Dauphin,  pour  en  jouir  lui,  fes  En- 
fans màlcs  ou  femelles,  Héritiers,  Succefieurs  Se  Dcfcendans  mâles  ou  fe- 
melles,ncz  6c  à  naître,  en  toute  propriété  6c  pofieffion  pleniére  j  ou  au  lieu  de 
la  Navarre,  la  Ville  6c  le  Duché  de  Luxembourg,  6c  le  Comté  de  Chiny. 
Ou  bien  remettre  ledit  Duché  de  Milan  à  Monir.  le  Duc  de  Savoie,  pour 
en  jouir  lui  ,  fes  Enfuis,  mâles  ou  femelles,  Héritiers,  Succelfeurs  6c  Dcf- 
cendans, mâles  ou  femelles,  nez  6c  à  naître,  à  perpétuité  6c  pofieffion  plenié- 
re, en  joignant  en  échange  au  partage  de  Monfr.  le  Dauphin,  la  Ville  6c  le 

Comté 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.  107 

Comté  de. Nice,  la  Vallée  de  Barcelonette ,  &  le  Duché  de  Savoie,  pour  IJ00- 
en  jouir  à  perpétuité,  en  toute  propriété  8c  pofléfïïon  pleniére,  lui  ,  fes  En-  — — - 
fans,  Héritiers,  Succeffeurs  8c  Defcendans,  mâles  ou  femelles,  nez  &  à  naître. 

De  plus,  les  deux  Seigneurs  Rois,  &  les  Seigneurs  Etats  Généraux,  font 
convenus  par  cet  Article  fccret,  que,  quoi  qu'il  foit  dit  par  l'Article  VIL 
dudit  Traité  figné  à  Londres  le  3.  Mars  Nouv.  Stile  1700.  8c  le  il.  Février 
Vieux  Stile  1699.  &  à  la  Haïe  le  if.  dudit  mois  de  Mars  1700.  que  l'on 
conviendra  d'un  Prince  auquel  ledit  partage  du  Sereniffime  Archiduc  fera 
donné,  en  cas  que  l'Empereur  &  le  Roi  des  Romains  ne  veuillent  pas  fouf- 
crire  audit  Traité,  après  le  terme  de  trois  mois  expiré,  à  compter  du  jour 
que  la  notification  lui  en  fera  faite,  néanmoins  l'Empereur  fera  reçu  à  fouf- 
crire  audit  Traité  deux  mois  durant,  à  compter  du  jour  que  la  mort  de  Sa 
Majefté  Catholique  aura  été  lignifiée  de  la  part  de  Sa  Majefté  Très-Chrê- 
tienne,  à  Sa  Majefté  Britannique,.  8c  aux  Seigneurs  Etats  Généraux}  mai? 
en  cas  que  Sa  Majefté  Impériale  refufe  d'y  entrer  dans  le  tems  ci-deffus  mar- 
qué, les  deux  Seigneurs  Rois  ou  leurs  Succeffeurs,  &  les  Seigneurs  Etats 
Généraux,  conviendront  au  bout  du  tems  ci-deffus  marqué  d'un  Prince  au- 
quel ledit  Partage  fera  donné  :  8c  le  furplus  de  ce  qui  eft  dans  ledit  Artfele 
VII.  à  quoi  il  n'eft  point  dérogé  par  ce  qui  eft  dit  ci-deffus,  fera  exécuté 
ponctuellement. 

On  eft  convenu  de  plus,  que  fi  le  Serenifïîme  Archiduc  pafToit  en  Efpa- 
gne,  ou  dans  le  Duché  de  Milan,  quoi  qu'il  foit  dit  dans  l'Article  VIII.  du 
Traité  auquel  ce  préfent  Article  fecret  a  raport ,  qu'il  n'y  peut  paffer  avant 
la  mort  de  Sa  Majefté  Catholique  que  du  commun  confentement  des  deux 
Seigneurs  Rois,  8c  des  Seigneurs  Etats  Généraux,  Sa  Majefté  Britannique 
8c  les  Seigneurs  Etats  Généraux  s'engagent  de  faire  tous  les  devoirs  8c  tous 
les  efforts  poffibles,  même  d'en  venir  jufques  aux  voies  de  fait,  s'il  eft  nécef- 
faire,  enfin  de  prendre  toutes  les  mefures  convenables  de  concert  avec  Sa 
Majefté  Très-Chrêtienne,  pour  obliger  Sa  Majefté  Catholique  8c  les  Efpa- 
gnols,  à  le  renvoier  hors  de  l'Efpagne,  ou  du  Duché  de  Milan,  fans  aucun 
retardement. 

Cet  Article  aura  la  même  force  que  s'il  étoit  inféré  mot  à  mot  dans  le 
Traité  auquel  il  a  raport,  8c  fera  enregiftré  au  Parlement  de  Paris  immédia- 
tement après  la  mort  de  fa  Majefté  Catholique  fans  Enfans.  Fait  8c  figné  à 
Londres,  par  nous  Plénipotentiaires  de  France  Jk.  d'Angleterre ,  le  3.  de 
Mars  1700.  Nouveau  Stile,  8c  le  il.  de  Février  1699.  Vieux  Stile}  8c  à  la 
Haïe,  par  nous  Plénipotentiaires  de  France  8c  des  Seigneurs  Etats  Géné- 
raux, le  if.  dudit  mois  de  Mars  1700. 

(L.  S.)  ïallard.         (L.  S.)  Portland.         (L.  S.)  J.  van  Effen. 
(L.  SJ  Briard.  (L.  S.)  Jerfey.  (L.  S.)  F.  B.  de Reede 

-     (L. S.)  A.  Heinftus. 
(L.S.)  fF.de  Najfau. 
(L.  S.)  E.deJVeede. 
(L.  S.)  W.  van  Haren. 
(L.S.)  Ar. Lemker. 
(L.SJ  FanHeecL 
O  i  II 


1700. 


Difcours 
deMr.de  " 
Bonre-      » 


108     MEMOIRES,  NEGOCIATIONS,  TRAITEZ, 

Il  y  eut  des  gens  qui  fe  piquoient  d'être  clair-voïans,  qui  crûrent  que  ce 
qui  avoit  le  plus  porté  le  Roi  d'Angleterre  à  faire  figner  ce  Traité,  étoit 
qu'il  avoit  quelque  entêtement,  que  la  France  n'auroit  pas  oie  y  contrevenir. 
Cet  entêtement,  difoicnt-ils,  procedoit' de  quelque  idée  d'Héroïfme,  que  les 
heureux  fuccès  de  la  Révolution  d'Angleterre,  6c  la  récente  6c  gloricuic  pri- 
fè  de  Namur,  apuiez  de  la  flaterie  de  quelques-uns  de  fes  intimes  Courtifans, 
lui  avoient  imprimée.  Quoi  qu'il  en  (bit,  ce  Traité  fut  ratifié  peu  de  tems 
après. 

Il  eft.  à  remarquer,  qu'outre  le  Comte  de  T'allard,  ce  fut  le  Comte  de 
Briord,  qui  le  fîgna  de  la  part  de  la  France.  Celle-ci ,  qui  avoit  Bonrepaux- 
pour  fon  Ambaflàdeur  à  la  Haïe,  le  rapella,  à  caufc  qu'il  fut  trouvé  trop 
complaifant  pour  la  République.  Il  prit  fon  Audience  publique  des  Etatj 
Généraux,  auxquels  il  fit  le  Difcours  qui  luit. 

MESSIEURS,, 

SI  ma  fanté  eut  pu  fuporter  plus  long- tems  l'air  d'un  Climat  qui  m'eff! 
étranger,  l'Audience  que  je  prends  aujourd'hui  n'auroit  pas  fuivi  de  fi 
pau'jTaux  55  près  celle  que  Vos  Seigneuries  m'accordèrent  l'année  dernière.  J'eipére  que 
E.  G.  en  „  fi  EHes  fe  fouviennent  encore  de  la  joie  que  je  leur  témoignai  pour  lors, 
prenant    w  je  l'honneur  que  le  Roi  mon  Maître  m'avoit  fait,  en  me  choififfant  pour 
congé.     ^  çQn  Arabaflàdeflr  Extr.  auprès  de  Vos  Seigneuries,  Elles  feront  bien  per- 
„  fuadées  que  ce  n'efl  qu'avec  beaucoup  de  regret  que  je  viens  aujourd'hui 
„  prendre  congé  d'Elles.    Je  leur  avouerai  cependant  que  ce  regret  eft  mo- 
„  aéré  par  la  vue  de  la  fituation  où  je  laiffe  les  chofes.     La  Paix  6c  la  bon- 
„  ne  correfpondance  n'ont  jamais  été  plus  lblidement  établies  entre  la  Fran- 
„  ce  6c  cet  Etat,  qu'elles  le  font  préfentement.    Toutes  les  affaires  qui  reftent 
„  à  régler  en  exécution  du  Traité  de  Ryfwick  font  heureufement  terminées. 
„  Il  n'efl  queftion  que  de  s'abandonner  de  part  6c  d'autre  aux  fentimens  de 
,     „  confiance  6c  d'amitié,  fi  naturels  à  la  France  pour  cette  République,  6c 
„  à  cette  République  envers  la  France.     Aufîî,  Mefîïeurs,  voïez-vous  par 
„  la  Lettre  de  Sa  Majeftc  que  j'ai  eu  l'honneur  de  préfenter  à  Vos  Seigneu- 
„  ries,  qu'Elle  m'a  très-expieffément  chargé  de  les  afïurer  du  defir  qu'EUe  a 
„  de  voir  la  Paix  fe  perpétuer  dans  l'Europe,  6c  de  pouvoir  en  particulier 
„  donner  à  cette  République  des  marques  de  la  continuation  de  ion  amitié 
„  de  fon  eftime. 

„  Je  me  flate,  Mefîïeurs,  6c  la  manière,  dont  Vos  Seigneuries  ont  toû- 
M  jours  agi  avec  moi ,  me  perfuade  que  Vous  n'aurez  pas  pour  defagréable 
,,  que  j'ajoute  à  ces  aflurances,  celles  de  la-  vénération  6c  de  l'eftime  très 
„  particulière  que  le  fé jour  que  j'ai  fait  ici ,  m'a.  infpiré  pour  ce  Gouveme- 
„  ment  6c  pour  les  Membres  qui  le  compofent.  Ces  fentimens  ne  font  pas 
„  moins  fincéres  en  moi,  que  la  parfaite  reconnoiffance  que  j'ai  des  bontez, 
„  dont  Vos  Seigneuries  m'ont  honoré.  J'en  garderai  toujours  précieufement 
„  le  fouvenir  ,  6c  je  m'eftimerois  heureux,  il  je  pouvois,  Meffieurs,  vous 
„  faire  connoître  pai-  mes  très- humbles  fervices,  à  quel  point  j'y  ai  été  fen- 
„  fible, 

Voicr 


ET    RESOLUTIONS    D'ETAT. 
Voiei  la  Lettre  de  Rapel  du  Roi  Très- Chrétien. 

Très-Chers,  Grands  Amis,  Alliez,  &  Confédérez. 

„  T  A  fatisfaction  particulière  que  Nous  avons  des  fervices  du  Sr.  de  Bonre-  Lettre 
„  JL/  paux,  Nôtre  AmbafTadeur  Extr.  auprès  de  Vous,  Nous  auroit  porté  de  Rapcl 


„  à  le  laifler  plus  long-tcms  dans  cet  emploi ,  fi  fa  fanté  avoit  pu  lui  permet-  du  Roi 
tre  d'en  continuer  encore  les  fonctions.  Mais  Nous  avons  accordé  aux  *  '  ^* 
inftances  qu'il  Nous  a  faites  par  cette  raifon,  la  permiffion  qu'il  Nous  a 
demandée  de  revenir  auprès  de  Nous.  Il  ne  pourra  rien  faire  avant  fon 
départ ,  qui  Nous  foit  plus  agréable  qu'en  vous  témoignant ,  comme 
Nous  lui  avons  ordonné,,  que  Nous  confêrvons  toujours  les  mêmes  fenti- 
mens  pour  le  maintien  de  la  tranquillité  générale ,  6c  pour  vos  avantages 
particuliers}  &  qu'en  toutes  occaûons  Vous  recevrez  des  marques  de  l'efti- 
me  6c  de  l'affection  que  Nous  avons  pour  Vous.  Priant  Dieu,  qu'il  vous 
ait,  Très-Chers,  Grands  Amis,  Alliez,  6c  Gonfédérez,  en  la  fainte  Se 
digne  garde.    Ecrit  à  Marli,  le  13.  Novembre  iôpp. 

Vôtre  bon  Ami,  Allié,  6c  Confédéré, 

Signé,  LOUIS.  r 

Et  plus  bas  ,  CoLBERT. 

Le  Comte  de  Briorcl  arriva  à  la  Haïe  quelques  femaines  après,  où  il  fîgna 
ledit  Traité  de  Partage  avant  d'avoir  fait  ion  Entrée  publique. 

Dè3  que  ce  Traité  fut  réciproquement  aprouvé  oc  ratifié,  les  trois Puif- 
fanecs  Contractantes  en  firent  faire,  chacune  à  part,  la  communication  à  di- 
vers Rois,  Princes,  6c  Etats,  pour  les  inviter  à  y  accéder  6c  à  le  garantir. 
Les  repréfentations  que  les  Etats  Généraux  firent  faire  pour  cela  à  diverfes 
Cours,  étoient  de  la  même  teneur  qu'ils  les  firent  faire  à  la  Cour  de  Danne- 
marck ,  par  le  Mémoire  fuivant: 

TRES-HAUT  ET  TRES-PUISSANT  ROL 

„  T  Es  fouiîîgnez  Envoie  Extraordinaire,  6c  Réfîdent  des  Etats  des  Pro-  t    ... 
„    L/  vinces-Unies ,   font  chargez   par  un  ordre  fpécial  de  Leurs  Hautes  tion  dés 
„  Puiflances  de  reprefenter  à  Vôtre  Majefté,  qu'on  a  fait,  pour  la  confer-  E.  G.  au 
„  vation,  repos  6c  Paix  de  la  Chrétienté,  un  Traité  entre  le  Roi  de  Fran-  Roi  de 
„  ce,  Sa  Majefté  Britannique,  6c  L.  L.H.H.  P.  P.,.  en  cas  que  Sa  Majef-  ^"cnke" 
„  té  d'Efpagne  vint  à  décéder  fans  Enfans^  6c  que  dans  le  XII.  Article  du  touchant 
„  fufdit  Traité  on  eft  convenu  qu'on  y  admettroit  tous  Rois ,.  Princes ,*.  6c 'le  Traité 
„  Etats  qui  voudront  y  entrer,  6c  qu'il  eft  permis  aux  fuldites  Hautes  Ma-  de  Pâr' 
.,  jeftez,  le  Roi  de  France,  6c  de  la  Grande-Bretagne,  6c  àL.  L.  H.  H. ta§e' 
„  P.  P.  &c  à  un  chacun  d'eux  en  particulier,  d'inviter  tous  ceux  qu'on  trou- 
an  veroit  à  propos  d'accéder  audit  Traité,  6c  de  le  gai-antiri  6c  que  leurs 

O5  „  fut- 


r-co. 


MO     MEMOIRES,  NEGOCIATIONS,  TRAITEZ, 

futilités  Majcftez  6c  Hautes  Puiflances,  ont  trouvé  bon  qu'il  étoit  à  pïc- 
fent  le  tems  d'en  faire  part  aux  autres  Rois,  Princes,  6c  Etats,  6c  à  cette 
fin  d'envoier  leurs  Miniftrcs  vers  des  Cours  étrangères,  Elles  ont  donné 
ordre  aux  fouflîgnez  de  communiquer  ledit  Traité  à  Vôtre  Majefté,  pour 
la  fuplier  de  vouloir  y  entrer,  6c  d'aider  à  le  garantir.  Et  pour  cet  effet, 
de  repréfenter  à  Vôtre  Majefté  que  L.  L.  H.  H.  P.  P.  ont  toujours  eu  à 
cceur,  6c  fpécialement  depuis  la  dernière  Paix  de  Ryfzvick,  la  coiîfervation 
d'une  Paix  tranquille,  6c  du  repos  de  la  Chrétienté,  n'aïant  point  eu  d'au- 
tre but  en  faifant  ledit  Traité,  que  celui  de  la  continuation  univerfelle  de  la 
Paix  6c  du  repos  ;  6c  qu'étant  confidéré  que  fi  d'avantuie  le  Roi  d'Efpa- 
gne,  qui  eft  à  préfent  dans  une  grande  indifpofition,  ainfi  que  l'on  fait , 
vint  à  mourir  fans  Enfans,  un  tel  décès  nous  cauferoit  de  nouveaux  trou- 
bles 6c  Guerres,  fi  l'on  n'y  prévenoit  à  tems,  ce  qui  a  été  la  caufe  qu'on 
a  fait  ce  Traité.  L.  L.  H.  H.  P.  P.  efpérent  6c  s'aflurent  que  ces  mêmes 
confidérations  fléchiront  tous  les  autres  Rois,  Princes,  6c  Etats,  qui  ai- 
ment le  repos  8c  la  Paix ,  fpécialement  Vôtre  Majefté  à  accéder  au  dit 
Traité,  6c  d'en  accepter  la  Garantie.  Les  fouflîgnez  efpérent  que  lors 
que  Vôtre  Majefté  aura  confidéré  l'importance  de  cette  affaire,  voudra 
bien  concourir  à  maintenir  les  mêmes  intentions ,  6c  le  même  but  falutaire 
des  fufdits  Hauts  Rois,  6c  de  L.  L-  H.  H.  P.  P.  pour  le  bien  commun  dç 
la  Chrétienté.     A  Rcnsbourg,  le  f.  Juillet  1700. 


Signé, 


Haersolte  ,  6c  Robert  Goez. 


Le  Roi  d'Angleterre  fit  faire  de  fon  côté  de  pareilles  repréfentations, 
nuffi  bien  que  le  Roi  de  France.  Celui-ci  fit  même  préfenter  au  Roi  d'Ef- 
pagne,  par  fon  Envoie  Extraordinaire  BUcour,  le  Mémoire  fuivant. 

SIRE. 


53 


Notifi- 
cation „ 
du  Trai- 
tédePar-  • 
tage  fai-  >_' 
te  au  Roi  33 
d'Efpa- 
gnc. 


•>■> 


33 

33 
33 

33 
33 
33 
33 
33 

h 


QUoique  le  Roi  mon  Maître  ait  déjà  fait  aflùrer  diverfes  fois  Vôtre 
Majefté  Catholique,  qu'il  étoit  refolu  de  contribuer  tout  ce  qui  eft 
en  fon  Pouvoir,  pour  la  confervation  de  la  Paix  qu'il  a  plû  à  Dieu  de  re- 
donner à  l'Europe,  6c  que  fa  Majefté  s'en  foit  Elle-même  expliquée  der- 
nièrement au  Marquis  de  Cajiel  dos  Rios,  Ambafiàdeur  d'Efpagne  ;  cepen- 
dant, comme  la  fincéritéde  fes  intentions  ne  fauroit  trop  éclater,  fa  Ma- 
jefté m'a  ordonné  de  renouveller  ces  aflurances  qu'Elle  avoit  déjà  données, 
6c  de  notifier  en  même  tems  que  le  Traité  conclu  depuis  peu  entre  fa  Ma- 
jefté, le  Roi' d'Angleterre,  6c  les  Etats  Généraux  des  Provinces-Unies , 
n'a  pour  but  que  de  conferver  pour  long-tems  le  repos  de  la  Chrétienté. 
Sa  Majefté  6c  fes  Alliez  avoient  lieu  de  croire,  qu'aïant  communiqué  à 
Vôtre  Majefté  les  mefurcs  prifes  pour  le  maintien  de  la  tranquillité  publi- 
que, Vôtre  Majefté  fe  feroit  jointe  à  eux,  pour  les  faire  réuflîr,  d'autant 
plus  volontiers' qu'Elle  ne  pouvoit  en  recevoir,  aucun  préjudice  }  m  lis 
qu'au  contraire  ces  mefures  pouvoient  mieux  affermir  le  repos  de  lès 

„  Roiau- 


-<v 


55 

55 
J5 
55 
55 

55 
55 
55 
55 
55 
55 
55 
55 
55 
55 


ET    RESOLUTIONS    D'ETAT.         nï 

Roïaumes,  Se  que  c'étoit-làle  véritable  moïen  de  prévenir,  par  un  Partage  l700- 
jufte  Se  équitable,  les  difFérens  qui  pourraient  furvenir  entre  les  Préten- 
dans  à  la  Monarchie  d'Efpagne,  en  cas  que  par  un  tnrte  événement,  qu'on 
ne  peut  empêcher  m  obvier,  cette  .grande  Succeffion  devint  un  jour  va- 
cante. Mais  comme  diverfes  confidérations,  qu'il  n'eft  pas  nécefiaire  de 
réfuter  ici,  ont  détourné  le  Roi  Catholique  d'entrer  dans  le  Traité  de 
queftion,  j'ai  ordre  du  Roi  mon  Maître  de  déclarer,  comme  je  fais  par  ce 
préfent  Mémoire,  qu'étant  peifuadé  que  ce  Prince  fe  fouviendra  des  pro- 
m<°fles  qu'il  a  faites,  Se  fouvent  réitérées  depuis  la  Paix,  qu'il  ne  prendrait 
aucune  réfolution  capable  de  troubler  le  repos  public ,  Sa  Majefté  efpére 
qu'il  les  effectuera  ponctuellement.  Elle  a  même  tant  de  confiance  en  fa 
parole,  qu'Elle  a  de  la  peine  à  ajouter  foi  au  bruit  qui  fe  répand  de  tous 
cotez,  qu'il  y  a  des  ordres  donnez  pour  recevoir  des  Troupes  de  l'Empe- 
reur, ou  autres  étrangères,  dans  les  Roïaumes  de  Naples  Se  de  Sicile,  le 
Duché  de  Milan,  Se  autres  Etats ,  dépendans  de  la  Couronne  d'Efpagne. 


,  Que  néanmoins,  fi  ce  bruit  vient  à  fe  confirmer  malheureufement ,  fa  Ma- 
„  jefté  prévoïant  dès  à  préfent  les  fâcheufes  fuites,  qui  pourraient  réfultev 
'd'une  telle -entreprife,  fe  trouve  obligée  pour  le  bien  dé  l'Europe,  d'aver 


conformément   audit  Traité ,   agiront  de  concert  avec  Elle  pour  faire 

Et  que  Sa  Ma- 
jeur envoie  de  fes 


échouer  les  entreprifes,  qui  pourraient  y  être  contraires, 
jefté  ni  fes  Confédérez  ne  fouffriront  jamais  que  l'Empere 
Troupes  ou  autres  étrangères,  fous  quelque  prétexte  que  ce  foit,  dans  au- 
cun Etat  de  la  dépendance  de  la  Monarchie  d'Efpagne.  Le  Roi  mon 
Maître  m'a  encore  ordonné  d'ajouter  à  ceci ,  que  comme  il  veut  bien 
croire  que  l'intention  du  Roi  Catholique  eft  de  maintenir  la  Paix,  Se  que 
par  conféquent  il  ne  prendra  aucune  résolution  capable  de  rallumer  h 
Guerre,  Sa  Majefté  renouvelle  aura"  fes  affurahees,  de  ne  donner  aucune 
^  atteinte  à  fon  repos,  Se  de  le  laiffèr  paifiblemcnt  jouir  du  Gouvernement 
„  de  fes  Etats  ;  ou' Elle  fouhaite  qu'il  les  puhTe  poiïeder  long-tems.  Qu'en- 
„  fin  Sa  Majefté  s'engage  en  fou  particulier,  de  ne  rien  entreprendre  fur 
„  quelque  partie  que  ce  foit  des  Etats  de  la  Couronne  d'Efpagne,  pendant  le 
„  cours  du  Régne  de  Sa  Majefté  Catholique,  en  cas  que  l'Empereur  veuirK 
„  promettre  de  ne  foire  marcher  aucunes  Troupes  en  Italie,  foit  fiennes 
„  propres,  foit  étrangères,  Se  s'obliger  auffi  à  ne  point  prendre  poffëiîion 
„  fous  Quelque  prétexte  que  ce  puiffé  être  d'aucune  partie  de  la  Succcffion 
►„  du  Roi  d'Efpagne  pendant  fa  vie.     A  Madrid  le  p.  Septembre  1700. 

I  Comme  les  difFérens  que  les  Etats  Généraux  avoient  avec  la  Cour  de  Ma- 
drid, au  fùjet  de  leur  Envoie  Schcr.enbcrg^  avoient  été  terminez,  &  que  cet 
Envoie  y  avoit  eu  Audience ,  ils  le  chargèrent  de  faire  au  Roi  Catholique 
des  repréièntations  pareilles  à  celles  de  la  France  :  Se  comme  l'on  étpit  con- 
venu d'une  réciproque  readmiffion  de  Miniftres,  Don  Bcrnardo  de  Çhinos  ie 
rendità  la  H.ù'e  de  la  part  du  Roi  Catholique.    La  France  infiihnt  toujours 

fur 


iiî    MEMOIRES,  NEGOCIATIONS,  TRAITEZ, 

1700.  fur  le  but  de  ces  repréfentations,  les  Etats  Généraux  prirent  une  Réfolution, 
— -—   dont  ils  firent  livrer  la  Traduction  audit  Don  Bernarclo  de  £%uiros ,  dans  les 
termes  fuivans. 

Extrait  du  Regiflre  des  Réfolutions  de  Leurs  Hautes  Puijfances  les  Seigneurs 
Etats  Généraux  des  Provinces-Unies  des  Pais-Bas. 

Du  Lundi  2,6.  Septembre  1700. 

.Repre-    „  "in  Tant  confidéré,  que  par  des  avis  nouveaux  fe  confirment  de  plus  en 

,enta",     „   d  plus  les  premiers,  que  L.  H.  P.  avoient  reçus,  comme  fi  le  Roi  d'Ef- 

É°G.  CS  »  Pa8ne  avoit  confenti,  &  donné  permiflîon,  à  laifler  entrer,  6c  recevoir 

pourém-  »  des  Troupes  de  Sa  Majefté  Impériale,  6c  d'autres  Troupes  étrangères,  en 

pêcher     „  Italie  ;   après  une  préalable  délibération,  il  a  été  trouvé  bon  6c  réfolu, 

YielcS     »  puifque  le  Sr.  de  ghiiros,  Ambafladeur  du  Roi  d'Efpagne  eft  arrivé  ici , 

ImpUP"  »  qu'on  lui  repréfentera,  que  Leurs  Hautes  Puiffances  ont  envoie  leurs  01- 

n'er.trcnt  „  dres  quelques  jours  parlez,  au  Sr.  de  Schenenberg  à  Madrid  ,   pour  faire 

en  Italie.  5>  connoître  à  S.  M.  l'apréhenfion ,  que  L.  H.  P.  ont  de  nouveaux  troubles, 

„  en  cas  qu'une  telle  permiflîon  fût  donnée  6c  exécutée.     Que  L.  H.  P. 

„  n'ont  rien  plus  à  cœur,  que  la  confervation  de  la  Paix,  6c  du  repos  pré- 

„  fent  de  la  Chrétienté,  qu' Elles  prévoient  qu'aiïiirément ,  en  cas  qu'on  fie 

„  pafler  des  Troupes  Impériales  ou  d'autres  Troupes  étrangères  en  Italie, 

„  une  telle  démarche  cauferoit  de  nouveaux  troubles.}  parce  que  S.  M.  T. 

„  C.  s'y  opofant,  L.  H.  P.  avec  le  Roi  de  la  Grande-Bretagne  feraient  re> 

„  quis  d'en  faire  autant,  en  vertu  du  dernier  Traité.     Qu'ainfi  L.  H.  P., 

„  fuivant  l'amitié,  dans  laquelle  Elles  ont  l'honneur  de  vivre  avec  S.  M.  C, 

„  &  laquelle  Elles  tâcheront  de  leur  côté  d'entretenir  toujours  religieufe- 

„  ment,  6c  de  cultiver  de  plus  en  plus,  le  fentent  obligées,  de  donner  aufii 

„  part  de  cette  leur  appréhenfion,  audit  Sr.  de   Ghiros,  6c  de  le  requérir, 

„  d'en  vouloir  avertir  fadite  Majefté  au  plutôt,  6c  même  par  exprès,  s'il 

„  eft  poflîble,  6c  d'y  joindre  fes  bons  offices,  à  ce  qu'on  ne  fafle  palier  au- 

„  cunes  Troupes  étrangères  en  Italie,  fous  quelque  prétexte  que  ce  puifie 

„  être,  6c  que  fa  Majefté  Catholique  ne  donne,  ni  ne  fafle  donner  de  fa 

„  part ,  aucuns  ordres ,  à  fes  Gouverneurs  ou  autrement ,  pour  les  y  rece- 

„  voir,  6c  en  cas  que  les  ordres  fuflent  déjà  donnez,   qu'inceflamment  ils 

„  foient  révoquez,  afin  qu'il  n'en  arrive  de  nouveaux  troubles,  ce  que  L. 

„  H.  P.  fe  promettent  afllirément  de  la  haute  fagefle  de  Sa  Majefté  Catholi- 

„  que,  6c  de  fon  inclination  pour  la  Paix,  ni  qu'Elle  ne  voudra  point  don- 

„  ner  occafion  à  de  nouveaux  mouvemens.     Que  cependant  L.  H.  P.  aflu- 

M  rent  réciproquement,  que  fi  fa  Majefté  Impériale  6c  fa  Majefté  Catholi- 

„  que  veulent  promettre,  de  ne  point  fiiire  entrer  des  Troupes  Impériales, 

„  ni  autres  Troupes  étrangères  en  Italie,  6c  que  durant  la  vie  de  S.  M.  Ca- 

„  tholique,  S.  M.  Impériale  ne  fe  mettra  en  poflcflïon  d'aucune  partie  de  la 

„  Succeifion,  fous  quelque  prétexte  que  ce  foit,  L.  H.  P.  s'engageront  à 

„  ne  rien  entreprendre  avec  leurs  Hauts  Confédérez  pendant  la  vie  de  fa  M. 

„  C. ,  fur  quelque  partie  que  ce  foit  des  Etats  de  la  Couronne  d'Efpagne. 

„  Ec 


ET    RESOLUTIONS    D'ETAT,  113 

„  Et  fera  l'Extrait  de  la  préfente  Réfolution  de  L.  H.  P.  donné,  par  l'A-    1700. 

„  gent  Rofenboom  audit  Sr.  de  guiros,  pour  la  fin  flifmentionnée,  à  quoi  le    ■ 

„  dit  Agent  ajoutera,  que  le  Roi  de  la  Grande-Bretagne  a  fait  favoir  à  L. 
„  H.  P.,  que  le  fentiment  de  Sa  Majefté  fui-  ce  fujet  eft  conforme  au  conte- 
„  nu  de  la  prélente  Réfolution. 

Depuis  que  ledit  Traité  de  Partage  fut  fait,  les  trois  PuifTances  Confédé- 
rées en  firent  donner  la  communication  à  l'Empereur.  Ce  Prince  prévoiant 
que  ce  fèroit  aigrir  les  Efpagnols  que  d'y  donner  les  mains,  laifîà  écouler  les 
trois  mois  qui  lui  avoient  été  preferits,  pour  l'accepter.  Comme  on  le  pref- 
fà  de  répondre  aux  repréfentations  qu'on  lui  avoit  faites,  il  le  fit  enfin  faire, 
mais  feulement  de  bouche,  aux  Miniftres  refpeétifs  de  ces  PuifTances  Confédé- 
rées, de  la  manière  qu'on  le  voit  par  la  Relation  fui  vante,  qui  fut  par  eux 
envoiée  à  leurs  Cours  refpeclives. 

De  la  Cour  Impériale  à  Neuftat ,  ce  18.  d'Joût  1700. 

1 

APre's  avoir  long-tems  attendu  la  Réponfe  de  l'Empereur  fur  le  Trai-  Réponfe 
té  du  Partage  de  la  Monarchie  d'Efpagne,  fait  entre  les  Rois  de  ^e  l'Eni- 
France  6c  d'Angleterre,  &  les  Etats  Généraux  des  Provinces-Unies ,  Sa  p^cr"r 
Majefté  Impériale  la  fit  donner  le  17.  par  le  Comte  de  Harrach^  aux  Mi-  port  au 
niftres  de  France  &  de  Hollande,  verbalement,  &  à  chacun  en  particu-  Traite  de 
lier.    Ce  Comte  leur  dit,  que  l'Empereur  confidérant  la  bonne  fanté  du  Partage. 
Roi  d'Efpagne  6c  l'on  âge,  qui  devoit  raifonnablement  faire  efpérer  des 
Héritiers  de  fon  Corps,  ne  trouvoit  pas  bien  féant,  à  Lui  fur  tout  qui 
étoit  Oncle  6c  plus  proche  parent  de  Sa  Majefté  Catholique ,  d'entrer  de 
fon  vivant  dans  des  Engagemens  pour  le  Partage  de  fa  Succefîîon.     Que 
s'il  arrivoit  que  Sa  Majefté  Catholique  vint  à  mourir  fans  Enfans,  ce  que 
l'Empereur  ne  fouhaitoit  pas  en  aucune  manière,  Sa  Majefté  croïoit  avoir 
feule  droit  à  fon  entière  Succefîîon,  6c  au  défaut  de  la  Ligne  d'Autriche, 
le  Duc  de  Savoie,  conformément  à  la  Difpofition  6c  -au  Teftament  de  Phi- 
lippe IV.  Roi  d'Efpagne. 

„  Le  Comte  de  Harrach  ajouta,  parlant  au  Marquis  de  Fillars,  Envoie 
de  France,  que  Sa  Majefté  Impériale  efpéroit  que  cette  Réponfe  n'inter- 
romproit  pas  la  bonne  intelligence,  qui  étoit  entr'elle  6c  le  Roi  fon  Maî- 
tre, 6c  que  Sa  Majefté  Très-Chrétienne  fe  garderait  de  procéder  à  la  no- 
mination d'un  Héritier;  mais,  que  s'il  arrivoit,  qu'Elle  s'emparât  d'au- 
cune Partie  de  ladite  Succefîîon  avant  la  mort  du  Roi  d'Efpagne,  l'Em- 
pereur s'y  opoferoit. 

„  Le  Comte  de  Harrach  dit  aufîï  à  Monfr.  Hop,  Envoie  des  Etats  Géné- 
raux, que  l'Empereur  prioit  le  Roi  d'Angleterre  6c  les  Etats  Généraux, 
de  fe  difpenfer  de  nommer  un  Héritier,  6c  qu'il  ne  doutoit  pas  de  leur 
bonne  amitié  6c  correfpondance. 

„  Le  Comte  de  Harrach  fit  venir  chez  lui  le  Secrétaire  d'Angleterre,  qui 
eft  à  Vienne,  6c  lui  fit  la  même  Déclaration, 

Tom.  L  P  I  r. 


■>■> 
33 
33 
■>■> 
33 
53 
33 

33 
33 
33 
33 
33 
33 
33 
33 

33 


33 


33 


33 


1*4      MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

fToo.        1 1,  n'y  eut  prefquc  point  de  Princes  qui  vouluffent  garantir  ce  Traité.    Le 

■  Roi  de  Dannemarck  déclara  feulement  aux  Miniftres  des  trois  Puiffances, 

qu'il  y  aurait  donné  les  mains ,  fi  on  l'avoit  traité  plus  doucement  dans  fes 
difrcrens  avec  le  Holftein,  ôc  fi,  on  avoit  eu  plus  d'égard  à  Ton  honneur,  & 
à  fes  Droits. 

Parmi  les  Efpagnols  il  fe  forma  des  Partis.    L'on  prit  à  tache  de  faire  cou- 
rir le  bruit,  que  la  Reine  d'Efpagne  étoit  greffe.    Le  Comte  de  Briord  en 
débita  même  la  nouvelle.    En  ce  tems-là  un  certain  Avanturier,  qui  fe  faiibit 
apeller  le  Chevalier  des  STWw/Zcj,  faifoit  les  Gazettes  Françoifes  à  la  Haïe.    II. 
inféra  un  jour  dans  fon  Suplement  des  expreffions  injurieules  à  cette  Reine, 
la  faifant  foupçonner  de  mêler  un  fang  impur  au  Sang  d'Autriche.     L'En- 
voie de  l'Empereur  préfenta  un  Mémoire  là-deffus  aux  Etats  Généraux,  de- 
mandant la  punition  de  ce  Gazettier.    Don  Bernardo  de  ghiiros,  qui  étoit  ab- 
fent,  en  écrivit  de  greffes  plaintes  au  Confeiller  Penfionnaire.     Le  Gazettier 
fe  tranfporta'  ailleurs.-    Il  voulut  dire  pour  fa  juftification  qu'il  avoit  reçu  ces 
expreffions  d'un  Garde-Marine  de  fa  connoilfance.     On  voulut  aprofondir 
l'affaire,  qui  fe  trouva  véritablement  fuggerée  par  un  tel  homme.     L'on  fût 
cependant  que  c'étoit  un  Commis  du  Bureau  du  Marquis  de  T'ont,  qui  l'a- 
voit donné  par  écrit  à  ce  Garde-Marine.    Après  quelques  bruits,  tout  s'éva- 
nouît.    Cependant,  bien  loin  que  la  Reine  fût  greffe,  un  parti  d'Efpagnols 
forma  le  defîèin  de  porter  leur  Roi  à  répudier  la  Reine,  Se  à  paffer  à  de 
troifiémes  Noces.     On  n'eut  pas  le  tems  de  pouffer  ce  deffein  à  bout,  qui 
étoit  pourtant  regardé  comme  pouvant  être  un  remède  contre  le  Partage  de 
la  Succeffion.     Il  y  avoit  un  autre  parti,  qui  n'aimoit  pas  le  Gouvernement 
des  Païs-Bas  Efpagnols  entre  les  mains  de  l'Eleéteur  de  Bavière.    Ce  parti  fit 
un  Projet  de  faire  tranfporter  ce  Gouvernement  à  l'Electeur  Palatin,  &  cela, 
ou  à  vie,,  ou  à  perpétuité..    C'efl;  d'autant  plus  que  n'aïant  point  d'enfans, 
Ton  ne  devoit  pas  avoir  de  Tapréhenfion  pour  la  dernière.     D'ailleurs,, la  vûë 
en  étoit  de  chagriner  les  Etats  Généraux  par  l'établiffemcnt  du  Commerce 
en  ce  Païs-là,  Se  les  obliger,  pour  fe  défifier  d'un  tel  établiffement ,  à  fe  dé- 
tacher du  Traité  de  Partage.     Don  Bernardo  de  ghiiros  étoit  prefquc  le  prin- 
cipal Promoteur  de  ce  Projet.     Il  aimoit  les  Païs-Bas  Efpagnols,  Se  avoit  de 
l'averfion  pour  l'Electeur  de  Bavière,  parce  que,  félon  lui,,  ce. Prince  ufoit  de 
-    violence  envers  les  Peuples.     Il  n'ofoit  cependant  pas  témoigner  ouvertement 
fes  fentimens.    Il  fit  fous  main  porter  les  Communes  de  Bruxelles,  qu'on 
apelle  les  Nations,  qui  font  les  Corps  de  Métiers  d'Orfèvres,.  Drapiers,  Po- 
tiers d'étain,  Charpentiers  ou  Mcnuifiers,  Bouchers,  Serruriers,  Braffeurs, 
Cordonniers  Se  Savetiers,  à  dreffer  quelques  plaintes ,  pour  être  redreffées  à 
la  Cour  d'Efpagne.     Ces  Communes  adrefférent  ces  plaintes  à  Don  Bernardo 
de  Quiros,  qui,  pour  détourner  le  foupçon  qu'il  y  eut  part,   les  refufa,  ôc. 
confeilla  en  public  aux  Communes  de  les  adrclfcr  à  l'Electeur  de  Bavière.     Il 
fit  même  plus, car  il  écrivit  une  Lettre  à  l'Eleébeur,  dans  laquelle  il  lui  difoit 
ics  fentimens  fur  la-  manière  que-cçs  plaintes  dévoient  être  redreffées  >  mais 
l'Electeur  lui  renvoia  fa  Lettre  toute  cachet ée,-.fans  vouloir  la  lire.    Ces  plain- 
tes furent  cependant  envoices  à  la  Cour-  d'Efpagne,  où  le  Comte  de  Monter  ci,, 
îftéfident  déjà  Chambre  de  Flandres,  Ami  de  Don  Bernardo,  Si  Protecteur 

des 


ET    RESOLUTIONS    D'ETAT.  nf 

des  Communes,  les  fit  valoir.  On  ajouta  à  ces  plaintes  d'autres  fecretes  con-  ï?00- 

tre  l'Electeur,  le  dépeignant  indirectement  comme  un  Prince,  qui  ne  don- 

noit  les  Charges  6c  Emplois  qu'à  ceux ,  auxquels  il  débauchoit  les  filles  ou 
les  femmes.  Il  fut  là-deffus  propofé  au  Confeil  d'Efpagne  de  donner  le  Gou- 
vernement des  Païs-Bas  à  un  Efpagnolj  mais  le  crédit  de  la  Reine  prévalut, 
6c  l'on  réiblut  de  laifler  le  Gouvernement  à  l'Electeur  tout  autant  qu'il  vou- 
droit  y  refter.  Cette  rélblution  étonna,  il  eft  vrai,  ceux  qui  avoient  pris  à 
tâche  de  faire  changer  le  Gouvernement  >  mais,  ne  les  rebuta  pas.  Us  cru- 
rent que  pour  y  reiiifir,  on  devoir  entièrement  brouiller  lès,  Peuples  avec 
l'Electeur.  On  fit  courir  pour  cet  effet  fous  main  un  Traité ,  qu'on  fupo- 
lbit  avoir  été  précédemment  fait  entre  l'Electeur,  6c  Mr.  Dyckveît  de  la  part 
des  Etats  Généraux,  pour  affiirer  la  Souveraineté  des  Païs-Bas  Efpagnols  au 
Prince  Electoral  de  Bavière,  6c  cela  avant  le  premier  Traité  de  Partage,  Se 
la  mort  prématurée  de  ce  Prince.  Il  y  avoit  dans  ce  Traité  des  articles  pré- 
judiciables aux  intérêts  des  Peuples,  capables  d'infpirer  de  l'averfion  pour  les 
Contractans.    Voici  ce  Traité. 

Traité  d'Alliance  entre  L.  H.  P.  les  Etats  Généraux  des  Provinces-Unies  d'une  Préten . 
part ,  ci?  Son  Altejfe  Electorale  de  Bavière  d'autre  part ,  touchant  la  Con  fer-  dii  Trat- 
vation  des  Païs-Bas  Efpagnols,  après  le  décès  de  Sa  Majefté  Catholique.   Fait  itcej"u'c 
à  Bruxelles,  le  z8.  du  mois  d'Août  1698.     Traduit  du  Latin.  Gêné-* 

raux  6c 

LEs  affaires  d'Efpagne  étant  par  la  ftérilité,  tant  de  la  Reine  défunte  d'Ef-  l'Heô. 
pagne,  que  de  la  préfente  aujourd'hui  régnante,  Epoufe  de  S.  M.  C.  le  ^e,Ba" 
Roi  Charles  II.,  par  la  grâce  de  Dieu,  Roi  d'Efpagne  6c  des  Indes,  dans 
une  telle  fituation  qu'après  le  décès  de  fadite  Majefté  Catholique,  l'on  a  rai- 
fon  de  craindre  de  très-grandes  Se  dangereufes  révolutions  fur  la  Succeffion 
dans  fêsRoïaumesj  (ce  qu'il  plaife  pourtant  au  Tout-Puiffant  de  prévenir, 
en  accordant  à  Sa  Majefté  une  Poftérité  féconde:)  Lés  Etats  Généraux  des 
Provinces-Unies  d'une  part,  6c  le  Sercniffime  Prince  &  Electeur  Maxirh- 
lien  Emanuel  d'autre  part,  confidérant  les  troubles  Se  les  malheurs,  qui 
pourroient  naître  au  fujet  de  la  Succeffion  Efpagnole,  laquelle  toute  réglée 
6c  décidée  qu'elle  paraît  être  par  la  Paix  des  Pyrénées,  fera  peut-être  révo- 
quée en  doute  par  quelques  Puiflances,  ont  jugé  à  propos  6c  même  très  né- 
ceffaire,  6c  cela  par  un  pur  mouvement  d'équité  6c  pour  l'amour  du  Bien 
public,  d'entrer  dans  une  Alliance  6c  Confédération  particulière,  qui  n'a 
uniquement  pour  but  que  la  confervation  des  Païs-Bas  Efpagnols ,  6c  de  con- 
clure pour  cet  effet  entr'eux  les  Articles  fi îivans. 

I.  L.  H.  P.  les  Seigneurs  Etats  Généraux  des  Provinces-Unies  s'obligent 
Se  promettent  en  vertu  d'icelle,  au  cas  que  Sa  Majefté  G.  à  préfent  régnante 
doive  décéder  fins  Poftérité  légitime,  nommément  fans  enfans,  de  prendre 
alors  toutes  les  Provinces  du  Païs-Bas  Efpagnol,  dins  l'état  qu'elles  le  trou- 
vent à  préfent,  6c  conformément  au  Traité  de  Paix  deRyfwick,  en  leur 
Garantie  &c  Protection,  en  faveur  de  Son  Altefle  Sereniflîme  le  Prince  Elec- 
toral de  Bavière,  promettant  de  défendre  lefdites  Provinces  pour  le  Serenifii* 
me  Prince  Electoral  de  Bavière  contre  tous  ceux  qui  y  pourroient  prétendre* 

P  2,  «C 


ix6      MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

1700.    2c  qui  s'en  voudraient  emparer,  foit  par  force  ouverte,  ou  par  d'autres  moïens, 
*~  de  quel  prétexte,  couleur,  ou  nature  qu'ils  foient.     Et  comme  la  conferva- 

tion  des  dits  Etats  Se  Provinces  que  les  Seigneurs  Etats  Généraux  confîdé- 
rent  comme  la  Barrière  &  l' Avant-mur  de  leur  République,  leur  importe 
beaucoup  à  eux-mêmes,  ils  ne  prétendent  point  d'autre  fatisfaétion  pour  cet- 
te protection  promife,  ni  pour  le  préfent,  ni  pour  l'avenir,  que  l'obferva- 
fion  inviolable  de  tous  les  points,  dont  on  eft  convenu  en  ce  Traité  de  part 
&  d'autre.  Cette  protection,  dont  les  Seigneurs  Etats  Généraux  fe  char- 
gent en  faveur  du  Sercniiïîme  Prince  Electoral  de  Bavière,  durera  8c  conti- 
nuera juiques  au  tems  que  tous  les  différens,qui  naîtront  au  fujet  de  la  Succef- 
fion  Efpagnole,  foient  réglez  8c  terminez  au  contentement  univerfel  de  tou- 
te l'Europe,  6c  du  Bien  public. 

II.  Quand  le  Sereniffime  Prince  de  Bavière,  à  qui  la  Succeflion  Efpagno- 
le apartient  par  droit  de  Naiffance,  préférablement  à  tous  les  autres  qui  y 
pourraient  prétendre,  fe  fondant  en  ceci  fur  la  Paix  des  Pyrénées,  qui  lui  a 
procuré  cet  avantage,  devrait  fe  trouver  un  jour  dans  la  paifible  jouïfïance 
&  pofTefîîon  des  Roïaumes  &  Provinces,  apartenant  au  Roi  &  à  la  Couron- 
ne d'Efpagne,  8c  que  par  conféquent  alors  la  protection  des  Seigneurs  Etats 
Généraux  ne  lui  devrait  être  plus  néceflàire,  lefdits  Etats  Généraux  feront 
obligez  de  retirer  toutes  leurs  Troupes  8c  Garniions  des  Villes,  Forts,  Châ- 
teaux, Châtellenies,  8c  Villages  des  Païs-Bas  Efpagnols,  fans  aucun  retarde- 
ment, 8c  de  bonne  foi. 

III.  Cette  fortie  de  Troupes  Hollandoifcs  fe  fera  précifément  trois  mois 
après,-  que  l'intimation  de  la  part  de  Sa  Sérénité  le  Prince  Electoral  de  Ba- 
\icre  en  aura  été  faite  auxdits  Seigneurs  Etats  Généraux. 

IV.  Après  que  les  trois  mois  feront  expirez,  les  Troupes  des  Seigneurs 
Etats  Généraux  fortiront  du  Païs-Bas  Efpagnol  en  bon  ordre,  fans  faire  au- 
cun dégât,  ni  dans  les  Places  ou  Lieux,  qu'ils  feront  obligez  de  quitter,  ni 
dans  le  plat  Païs ,  où  elles  parferont. 

V.  Nulles  prétentions  quelles  qu'elles  puiffent  être,  foit  hypoteques  vieil- 
les ou  nouvelles  qui  pourraient  fe  trouver,  ou  qu'on  pourrait  former,  n'a- 
porteront  du  retardement  à  l'évacuation  entière  dudit  Païs-Bas  Efpagnol. 

Vf.  L.  H.  P.  les  Seigneurs  Etats  Généraux  ne  cherchant  rien  avec  plus 
d'cmprefïêment  que  de  jouir  d'une  Paix  perpétuelle,  8c  d'entretenir  une  très 
bonne  correfpondance  avec  toutes  les  Puiflances  voifines ;  8c  n'aïant  rien  aullî 
plus  fortement  à  cœur  que  la  confervation  de  leur  Etat  fouverainement  aquis 
de  bon  droit ,  dont  ils  regardent  le  Païs-Bas  Efpagnol  comme  la  Barrière 
qui  leur  fert  de  défenfe,  déclarent  par  cet  Article  expreflèment  que  leur  in- 
tention n'eit  point  de  fe  mêler  fi  avant  dans  les  affaires  de  la  Succelïion  Efpa- 
gnole que  d'en  vouloir  décider,  ni  en  général,  ni  en  particulier,  remettant 
tout  cela  plutôt  à  la  Difpofition  Divine,  dont  ils  cfpércnt  un  tel  expédient, 
qui  préviendra  toute  effulîon  de  fang  Chrétien. 

VII.  Le  Sercniiïîme  Electeur  de  Bavière  en  reconnoifïance  de  cette  géné- 
reufe  protection ,  dont  les  Seigneurs  Etats  Généraux  veulent  bien  fe  charger 
en  faveur  du  Sereniflîme  Prince  de  Bavière  Ion  Fils,  promet  tant  pour  lui 
que  pour  ledit  Scienilfime  Prince,  de  céder,  d'abord  après  le  décès  de  Sa 

Majeité 


ET    RESOLUTIONS    D'ETAT.  n7 

Majefté  Catholique  aux  Seigneurs  Etats  Généraux  à  perpétuité  le  Fort  Ma-   i"0"1. 
rie  fur  l'Efcaut  avec  toutes  les  Annexes,  fpécialement  le  Droit  de  Péage  6c 
Gabellej  en  forte  pourtant  que  ce  Droit  n'en  doive  point  être  altéré  ni  aug- 
menté, &  que  les  Denrées  6c  Vivres  deftinez  pour  la  Cour  de  Bruxelles , 
foient  exempts  de  païer  aucun  Droit. 

VIII.  'Il  ne  fera  point  permis  de  tranfporter  aucune  Marchandife  d'étran- 
gère Fabrique  par  Oftende,  Neuport^  Bruges,  ni  par  aucune  autre  Place 
Maritime  à  Anvers,  &  encore  moins  d'aprofondir  l'Efcaut  entre  Gand,  Den- 
dermonde,  6c  Anvers  pour  l'ufage  de  plus  gros  Vaifièaux  que  ceux  qu'on  y 
voit  à  prêtent ;  6c,  pour  empêcher  d'autant  mieux  toutes  les  contentions  du 
commencement  de  cet  Article,  à  {avoir  le  tranfport  des  Marchandifes  d'é- 
trangère Fabrique,  il  fera  permis  aux  Etats  Généraux  d'établir,  6c  de  faire 
bâtir  un  Comptoir  de  Vifitation  fur  le  bord  de  l'Efcaut  entre  Gand  6c  Den- 
dermonde,  qui  fervira  à  vifiter  tous  les  Vaiffeaux,  tant  grands  que  petits,  qui 
parferont  dudit  Gand  à  Dendermonde,  &  même  d'avoir  un  Contrôlleur  à 
Gand ,  duquel  les  Conducteurs  des  Vaifièaux ,  qui  veulent  paner  de  Gand  à 
Dendermonde,  feront  obligez  de  prendre  un  Certificat  ou  Lettre  d'Afluran- 
ce  fur  les  charges  de  leurs  Navires,  pour  le  faire  reconnoître  après  des  Dépu- 
tez Hollandois  à  ladite  Vifitation. 

IX.  Cette  Vifitation  des  Navires  allant  de  Gand  à  Dendermonde,  fe  fera  • 
toujours  en  préfence  de  deux  Commifiaires  Députez  de  la  Cour  de  Bruxelles, 
tout  exprès  pour  cela,  &  quand  ils  le  trouveront  quelques  Contrebandes  dans 
les  Navires,  le  Comptoir  arrêtera  le  Bâtiment  avec  ion  Conducteur,  6c  en 
donnera  notice  à  la  Cour  de  Bruxelles,  qui  déclarera  dans  le  tems  de  huit 
jours,  les  Marchandifes  de  Contrebande  déchues  au  profit  du  Comptoir  Hol- 
landois, 6c  chargera  le  Conducteur  d'une  peine^Arbitraire  pour  avoir  voulu 
violer  le  droit  des  Vifitations  que  les  Seigneurs  Etats  fe  font  aquis  par  ce  pré- 
fent  Traité. 

X.  Son  Altefle  Electorale  fera  affigner  aux  Députez  Hollandois  pour  la 
Vifitation  fufmentionnée  un  Endroit  ou  Place  commode  entre  Gand  6c  Den- 
dermonde fur  l'Efcaut,  pour  la  commodité  d'une  Maifon,  ôc  d'un  Jardin 
Potager  que  les  Seigneurs  Etats  Généraux  feront  bâtir  à  leurs  propres  fraix, 
à  condition  pourtant  qu'on  ne  fera  point  l'exercice  de  la  Religion  Proteftan- 
te  dans  ladite  Maifon  &  la  Place  en  dépendance,  ce  qui  eft  expreflement  dé- 
fendu. Pareillement  eft  défendu  aux  Etats  Généraux  des  Provinces- Unies  6c 
à  tous  leurs  Sujets  de  s'y  établir,  ou  d'y  acheter  des  Terres,  Matériaux,  ou 
femblables  ni  là,  ni  dans  le  voiiînage.  En  récompenfe  Son  Altefle  Electo- 
rale veut  bien ,  6c  promet  pour  Elle  6c  pour  Ion  Fils  de  donner  une  Garde  de 
quinze  Moufquetaires  avec  un  Sergeant  de  lès  propres  Troupes  aux  Députez 
de  L.  H.  P.  pour  ladite  Vifitation,  qui  les  affilieront  dans  la  fonction  de 
leurs  Charges,  6c  les  ferviront  fidèlement  jour  6c  nuit  en  tous  les  belbins, 
tant  pour  empêcher  que  les  Conducteurs  des  Vaiflèaax  ne  puiflènt  contreve- 
nir à  ce  qui  par  ce  Traité,  a  été  ftipulé  èc  arrêté,  qu'aulfi  pour  les  défendre 
contre  les  infultes  des  fripons ,  médians,  6c  vagabonds. 

XI.  Il  eft  permis  aux  Députez  des  Etats  Généraux  pour  la  Vifitation  des 
Vaiffeaux ,  allant  de  Gand  à  Dendermonde,  d'entourer  leur  Maifon  6c  demeu- 

P  3  re» 


i-co. 


iiS      MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

re,  d'un  Foflc  de  la  largeur  de  deux  toifes,  Se  .non  pas  plus  large;  mais,  tout 
autre  Ouvrage  de  femblable  nature  leur  eft  expreflement  défendu. 

XII.  Comme  on  eft  convenu  ci-deflus  par  l'Article  IX.  que  la  Vifitation 
des  Vaiflèaux,  allant  de  Gand  à  Dendermonde,  ne  fe  fade  jamais  fans  la  par- 
ticipation de  deux  Commiflaircs  Députez  de  la  Cour  de  Bruxelles ,  qui  feront 
obligez  de  fe  tenir  prêts  jour  Se  nuit  pour  cela,  pareillement  il  n'eft  pas  per- 
mis aux  Députez  des  Seigneurs  Etats  Généraux  d'arrêter,  ni  conduire,  ni 
Vaiflèaux,  ni  Marchandifes ,  fans  la  participation  defdits  Commiflàires  Dé- 
putez de  la  Cour  de  Bruxelles  ;  d'où  il  ne  s'enfuit  point  que  ces  Commiflâires 
puiflbnt  refufer  leur  accès,  en  cas  qu'effectivement  on  ait  trouvé  des  Contre- 
bandes dans  un  tel  Vaiflèau,  ou  favorifer  en  cela  les  Conducteurs. 

XIII.  Tout  au  contraire  lefdits  Commiflaircs  Députez  de  la  Cour  de  Bru- 
xelles ,  feront  obligez  de  s'engager  folemnellement,  Se  par  Serment,  à  l'obfer- 
vation  inviolable  de  leurs  Inftruétions ,  dont  il  fera  donné  Copie  aux  Sei- 
gneurs Etats  Généraux  des  Provinces-Unies. 

XIV.  Son  Alteflè  Electorale  de  Bavière  promet,  tant  pour  lui  que  pour 
le  Sereniflïme  Prince  Electoral  fon  Fils ,  de  retracter  l'Octroi  nouvellement 
accordé  par  Sa  Majefté  Catholique  à  fes  Sujets  du  Païs-Bas  peur  la  forma- 
tion d'une  nouvelle  Compagnie  des  Indes  Orientales  dans  ledit  Païs-Bas  Es- 
pagnol ,  Se  s'oblige  qu'un  tel  Octroi  ne  leur  fera  jamais  plus  accordé. 

XV.  La  Ratification  de  ce  Traité  fera  échangée  en  feize  jours  à  compter 
à  celui  de  la  date,  Se  fera  fecret  autant  qu'il  fe  peut  de  part  Se  d'autre.  Fait 
Se  conclu  à  Bruxelles  le  2.8.  d'Août  i6pb. 

Signé, 
(  L . S .)  Eïerard de Weede de Dyckveït .  ( L . S .)  Pryel Meyer. 

Il  étoit  cependant  aifé  de  voir  la  fauflèté  de  ce  Traité,  parce  qu'on  fupo- 
foit  qu'il  avoit  été  figné  par  Mr.  Dyckveït ,  fous  ce  nom.  Il  eft  cependant 
confiant ,  que  ce  grand  Miniftre  a  toujours  ligné  tous  les  Traitez  fous  fon 
nom  Sefurnom  de  famille,  qui  étoit  Everard  de  Weede.  On  fit  même  plus, 
car   Ton   en  fit  courir  un  autre  en  Allemand,  qui  étoit  encore  plus  fort. 

L'Electeur  fit  brûler  l'un  Se  l'autre,  par  le  Bourreau.  Il  fit  même  pro- 
mettre dans  les  Nouvelles  publiques  trois  mille  piftolles  à  qui  découvrirait 
l'Auteur  de  ces  pernicieux  Ecrits.  L'Envoie  de  cet  Electeur  préfenta  aufli 
aux  Etats  Généraux  un  Mémoire,  pour  les  inviter  de  la  part  de  fon  Maî- 
tre à  concourir  avec  lui  à  cette  découverte  par  les  moïens  les  plus  effica- 
ces, puis  qu'ils  y  étoient  mêlez ,  afin  d'en  faire  une  punition  aufli  exem- 
plaire que  le  meritoient  des  Ecrits  fi  déteftables.  On  afficha  aufli  des  Paf- 
quinades  contre  Priel  Meyer ,  Miniftre  Allemand  de  l'Electeur ,  le  nom- 
mant par  dérifion,  Bachelier  de  Y  une  cj?  Vautre  Loi.  On  en  afficha  aufli  con- 
tre le  Comte  de  Bergeick  ,  le  traitant  d'abominable.  On  fit  des  difeours 
odieux  contre  celui-ci,  le  faifant  defeendre  de  la  femme  d'un  Peintre,  qui 
aïant  peint  une  nudité  fur  l'original  de  fa  femme  qui  étoit  fort  belle,  l'apor- 
ta  en  Efpagnc  à  Philippe  IV.,  qui  par  là  devint  amoureux  de  l'original , 
Se  la  voulut  avoir.  Le  Peintre  étant  mort,  Philippe  la  maria  à  un  petit 
Gentilhomme  des  Païs-Bas,  nommé  Bergeick,  homme  de  peu  de  renommée, 

defti- 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.  uP 

deftitué  des  dons  de  la  fortune,  &  qui  fe  la  procuva  par  cette  voie,  eftimée    1700. 
honteufe  parmi  les  Efpagnols.     Après  ces  fades  démarches,  on  propofa  de  ' 

faire  un  Canal  pour  faciliter  le  Commerce.  On  fit  interdire  les  Marchandifes 
de  Fabrique  étrangère  6cc. ,  afin  que  tout  cela  fut  une  pierre  d'achopement 
à  l'Electeur.  Comme  Mr.  Dyckvelt  étoit  allé  à  Bruxelles  deux  ou  trois  mois 
auparavant,  l'on  fit  infinuer  aux  Habitans  de  cette  Ville-là,  qu'il  y  étoit  al- 
lé pour  donner  de  l'argent  à  l'Electeur  afin  de  rompre  le  deifein  qui  regar- 
doit  le  Commerce;  6c  cela  les  aigrit  tellement,  que  Mr.  Dyckvelt  même  n'o- 
foit  prefque  pas  paroître  en  public.  Il  eft  vrai  qu'on  donna  à  l'Electeur  cinq 
cent  mille  écus;  mais  ce  ne  fut  que  par  un  emprunt  qu'il  fit  de  quelques  par- 
ticuliers fous  la  garantie  des  Etats  Généraux,  6c  fur  de  précieufes  pierreries, 
qu'il  donna  en  gage,  6c  qui  y  étoient  encore  l'an  171  <5.,  ainfi  que  l'on  verra 
en  fon  tems.  C'étoient  cependant  ceux  de  Gand  6c  de  Bruges  qui  s'opofoient 
au  defTein  du  Canal.  Mais  on  divulgua,  pour  rendre  odieux  les  Hollandois, 
que  l'opofition  fe  faifoit  par  leur  refTort.  Les  Peuples  avoient  été  fi  aigris  fur 
tout  cela,  que  l'Electeur  aïant  demandé  aux  Communes  le  renouvellement 
des  Accifes,  qui  alloient  expirer,  elles  les  accordèrent ,  mais  fous  de  certai- 
nes conditions.  Elles  fe  fervirent  pour  les  drefler  d'un  Avocat,  nommé  van 
der  Meukfi,  homme  foupçonné  de  corruption  de  la  part  des  ennemis  de  TE- 
lefteur,  d'un  efprit  mutin  6c  trop  attache  aux  privilèges  des  Communes.  II. 
ne  voulut  cependant  pas  s'y  emploïer,  fans  en  demander  la  permifîïon.  Ce- 
lui-ci la  lui  accorda.  C'étoit  dans  la  croïance,  que  ces  conditions  n'excéde- 
roient  pas  les  bornes  de  la  foûmiffion  d'un  Peuple  envers  fon  Souverain.  Ce- 
pendant l'on  fut  furpris  qu'elles  étoient  en  3 }.  Articles,  dont  une  partie  ten- 
doit  à  vouloir  donner  la  Loi.  C'étoit  en  demandant,  „  que  les  Miniftres,,  j)emnn- 
„  fur  tout  étrangers,  fuflènt  éloignez  -,  qu'il  n'y  eut  perlonne  exemte  de  des  des 
„'  païer;  que  les  Troupes  fufient  pa'iées}  qu'on  rendit  compte  des  fommes  ^atH°nS 
„  reçues,  qui  n'avoient  pas  été  apliquées  aux  ufages,  auxquels  elles  avoient  ^j££* 
„  été  deftinées,  comme  de  païer  les  Soldats,  qui  n'avoient  point  reçu  leur 
„  paie,  6c  qui  n'avoient  pas  été  habillez,  étant  délabrez,  nuds,.6c  en  un  état 
„  pitoïable;  qu'on  châtiât  ceux  qui  avoient  détourné  à  leur  profit  les  fom- 
„  mes  axeordéesj  6c  fur  tout  qu'on  confentit  au  Canal,  à  TétablifTement  dit 
„  Commerce,  6c  à  l'exacte  défenfe  des  Manufactures  étrangères. 

L'Ele&eur  trouvant  la  Majefté  du  Roi  Catholique  ofFenfée  par  ces  Arti- 
cles, fit  fourdement  venir  de  fes  Troupes,  qui  entrèrent  dans  Bruxelles,  6c 
s'y  faifirent  d'une  porte.    Le  jour  de  l'entrée  de  ces  Troupes,,  il  y  arriva  une 
affaire,  qui  fit  beaucoup  de  bruit:    Le  Quartier  Maître  Général  s'en  retour- 
nant un  foir  chez  lui  dans  fon  Carotte,  avec  un  Laquais,  portant  le  flam- 
beau, rencontra  quatre  perfonnes  en  manteau,  qui  tinrent  la  rue,.  6c  firent, 
détourner  le  CarofTe  pour  parler  auprès  d'un.Cimetiére ,  d'où,  on  lui  déchar- 
gea un  coup  de  fufil  à  quatre  balles  :  deux  relièrent  dans  le  CarofTe ,_  6c  deux 
y  parlèrent  à  travers.     Par  bonheur  pour  lui ,  il  étoit  panché  à  côté  dans  le- 
CarofTe,  6c  il  ne  fut  blefTé  que  d'un  éclat  de  la  glace  du  CarofTe.     L'Aifaiîîn 
fe  fauva,.  6c  laifia  un  Manteau  rouge  doublé  de  bleu,  comme  d'un  Cavalier,, 
&  la  Carabine  qui  avoit  été  récemment  fciée  pour  raccourcir,  6c  dont  le. 
canon  étoit  couvât. d'un  drap  blanc  y  pour  en  cacher  l'éclat  du  métaL    Cet- 
te 


no     MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

i?00-  te  affaire  étant  divulguée,  des  gens  remarquèrent,  par  habileté  ou  par  mali- 
ce,  que  ce  Quartier  Maître  Général  n'étoit  pas  haï >  que  s'étant  marié  de- 
puis une  année,  il  n'étoit  point  homme  d'intrigue  avec  le  Sexe;  qu'il  n'avoit 
aucune  mauvaiiè  affaire,  6c  n'étoit  pas  même  malfaifantj  ainfi  ils  infinuérent 
au  Peuple  qu'il  avoit  été  pris  pour  un  Bourgmaître ,  qui  avoit  une  pareille  li- 
vrée, oc  qui  étoit  un  de  ceux  qui  ibûtenoient  avec  le  plus  de  chaleur  les 
Droits  que  les  Communes  s'attribuoient.  Cela  fit  d'autant  plus  d'impreffion", 
que  le  Manteau  &  la  Carabine  de  l'Aflàffin  ne  furent  expofées  que  pendant 
une  journée  à  la  porte  de  la  Maifon  de  Ville,  pour  favoir  fi  quelqu'un  les 
connoîtroit,  &  qu'on  n'en  pouffa  pas  plus  loin  la  recherche.  Deux  ou  trois 
jours  après,  l'Avocat  van  der  Meule»  fut  faiii  par  deux  Officiers  militaires, 
même  dans  un  lieu  privilégié,  8c  mis  dans  une  baffe  Foffe.  Le  jour  fuivant, 
les  Communes  s'attendoient  d'être  apellées  par  le  fon  de  la  Cloche,  fuivant 
la  coutume,  mais  ce  fut  en  vain.  Cela  produifit  une  efpéce  de  fermentation 
parmi  la  canaille,  qu'on  voïoit  attroupée  en  plufieurs  pelotons.  Cet  attrou- 
pement fut  caufe  qu'on  fit  fermer  l'entrée  du  Parc ,  derrière  la  Cour.  C'efl; 
parce  qu'au  tems  du  Marquis  de  Grana  ,  la  populace  voulant  envahir  la 
Cour,  &  ne  pouvant  le  faire,  parce  qu'on  y  avoit  mis  des  Canons,  s'y  four- 
ra par  ce  Parc.  Deux  jours  après,  au  point  du  jour,  quelques  Soldats  allèrent 
chez  un  Orfèvre  pour  le  faifir,  mais  s'étant  évadé,  ils  s'y  logèrent.  Il  en 
arriva  autant  chez  deux  autres  de  cette  profeffion-là,  puis  chez  deux  Braf- 
ièurs,  chez  un  Drapier,  8c  chez  quelques  autres ,  tous  gens  qui  avoient  fait 
paraître  le  plus  de  zèle  dans  ces  affaires.  Ceux  qui  s'étoient  fauvez  furent 
contumacez.  C'efl  par  la  fage  prévoïance  de  l'Electeur,  que  ces  troubles  fu- 
rent enfuite  calmez,  6c  que  les  Communes  furent  obligées  de  rentrer  dans 
leur  devoir.  On  a  trouvé  a  propos  d'mférer  ici  ce  peu  de  circonftances ,  pour 
faire  voir  julqucs  où  l'animofité  de  quelques  gens  peut  mettre -en  péril  un 
Païs. 

Pendant  que  le  Roi  d'Angleterre  étoit  à  Loo,  il  y  arriva  deux  choies  affez 
finguliéres.  L'une  étoit,  que  le  Comte  de  la  four,  Envoie  du  Duc  de  Sa- 
voie, s'y  rendit  avec  une  Commiifion  fecréte  de  la  part  de  fon  Maître.  Don 
Bcrnardo  de  ghuros  crût  que  c'étoit  pour  tâcher  de  faire  nommer  le  Duc  à  la 
place  de  l'Archiduc  Charles.  Mais,  l'on  fut  informé  de  fource,  que  le 
Duc  aïant  apris  par  le  Traité  de  Partage  qu'il  n'y  avoit  aucune  part,  crut 
pouvoir  en  tirer,  comme  on  dit,  pied  ou  aîle.  C'efl  pourquoi  il  avoit  dépê- 
ché le  Comte  de  la  Tour  à  la  Cour  de  France  :  c'étoit  pour  s'y  plaindre  com- 
me il  fit,  de  ce  que  nonobftant  la  proximité  du  làng,  le  Roi  Très-Chrêtien 
n'avoit  rien  fait  pour  lui.  Cependant  il  y  fit  une  propofition,  avec  offre,  fi 
elle  étoit  acceptée,  que  le  Duc  ferait  entré  dans  la  Garantie  du  Traité.  La 
propofition  confiiloit,  en  ce  que  le  Duc  céderait  à  la  France  le  Duché  de 
Savoie  qui  étoit  à  fa  bienléance,  avec  toutes  les  prétentions  qui  y  font  anne- 
xées, &  qu'en  échange  on  lui  donnerait  le  Roïaume  de  Naples.  On  lui  ré- 
pondit à  la  Cour  de  France,  que  fa  propofition  pourrait  être  confidéiéej 
mais  qu'il  falloir  qu'il  la  propolât  auflî  aux  aunes  Alliez,  l'Angleterre  8c  les 
Etats  Généraux.  C'clt  ce  que  le  Comte  de  la  Tour  Ht,  mais  fans  aucun  iuc- 
cès.    Une  des  raifons  la  plus  forte  que  le  Roi  Guillaume  8c  la  Hollande 

eurent 


ET    RESOLUTIONS    D'ETAT.  tli 

eurent  de  rejetter  la  propofition,  eft.  que  le  Roi  de  France  aïant  la  Savoye  1700. 

avec  les  prétentions  annexées,  quoi  que  non  fondées  &  furannées ,  il  auroit    ' 

été  en  état  de  les  faire  valoir  mieux  que  le  Duc.  Par-là  la  Ville  de  Genève, 
Se  le  Pais  de  Vaux,  où  tout  cil  de  la  Religion  Réformée,  auraient  pu  cou- 
rir quelque  danger.  D'ailleurs,  l'on  n'étoit  pas  fâché  de  donner  quelque 
mortification  à  ce  Duc-,  fur  ce  qu'après  la  Paix  avec  la  France,  il  avoit  fait 
faire  une  Harangue  au  Roi  Jaques,  qui  paroiflbit  entièrement  contraire  à 
celle  que  le  Comte  de  la  Tour  avoit  faite  à  Londres,  lors  qu'il  félicita  le  Roi 
Guillaume  fur  fon  avènement  à  la  Couronne ,  &  qui  a  été  raportée  ci- 
deflùs. 

L'autre  Affaire  fînguliére  eft,  que  le  Duc  de  Glocejîer,  qui  étoit  l'elpéran- 
ce  des  Anglois,  étant  malheureulement  venu  à  mourir,  la  Princeflè  Anne 
de  Dannemarck  f  1  Mère ,  envoïa  fort  clandeftinement  un  Exprès  à  la  Cour 
de  St.  Germain,  pour  y  faire  lavoir  cette  moi  t.  Le  Comte  de Mancbefte  r , 
qui  étoit  Ambaffadeur  d'Angleterre  à  Paris,  &  qui  veilloit  fur  cette  Cour-la, 
en  fut  averti.  Il  dépêcha  fon  Secrétaire  Cbetwind 'fous  d'autres  prétextes  a 
Loo  pour  en  informer  le  Roi.  C'étoit  parce  qu'une  pareille  démarche ,  fi. 
contraire  à  ce  que  la  Princeflè  Anne  avoit  toujours  témoigné,  fit  apercevoir 
qu'Elle  avoit  de  pernicieulès  vues.  On  les  verra  dans  un  Ecrit  fecret,  qu'on 
a  eu  lors  du  tems  de  fa  mort. 

Cela  fit  former  le  deiïèin  au  Roi  Guillaume  de  fe  tranfporter  en  Angle- 
terre, pour  porter  le  Parlement  à  régler  la  Succeffion  dans  la  Sereniiîïmc 
Maifon  de-  Hanoi w. 

En  ce  tems-là ,  la  difficulté  qu'il  y  avoit  avec  la  Cour  de  Madrid  relative- 
ment à  Schonenberg,  aïant  été,  ainfi  qu'on  l'a  dit,  terminée  par  la  Médiation 
de  l'Empereur,  on  fit  favoir  à  Don  Bernardo  de  j^airoj,  que  les  Etats  Gé- 
néraux l'admettraient  en  qualité  de  Miniftre  d'Efpagne.  Auflî  fe  rendit-il 
fur  cela  à  la  Haïe.  Il  eut  occafion.  en  ce  tcms-là  de  faire  voir  fon  humeur 
portée  à  la  Magnificence.  L'Eleétrice  Douairière  de  Hanover,  Se  celle  de 
Brandebourg  fa  fille  ,  s'y  trouvèrent.  Il  les  régala  fplendidement  ;  &  lors 
qu'elles  partirent,  il  leur  fit  trouver  dans  le  Yacht,  que  les  Etats  Généraux 
leur  avoient  donné  pour  les  tranfporter  à  Amfterdam ,  toutes  fortes  de  confi- 
tures &  de  rafraichiflcmens,.  Le  Prince  Electoral  d'alors,  qui  eft  à  prêtent  *  *  1711. 
Roi  de  Pruflè,  fe  trouvant  à  la  Haïe  en  même  tems  que  l'Electrice  fa  Mère, 
Don  Bernardo  de  Qiùros  lui  fit  préferît  d'une  chaife  roulante,  venue  de  Ro- 
me. Il  la  lui  envoïa- chez  le  Miniftre  de  Brandebourg,  après  que  le  Prince 
fut  parti.  Cet  Envoie  voulut  faire  un  prêtent  de  douze  piftolles  au  Gentil- 
homme qui  la  préfentoit;  mais  celui-ci  les  refufant,  &  un  Officier  fubalter- 
ne  de  la  Maifon  les  aïant  acceptées,  Don. Bernardo  de  Quiros  le  chaflà  de  la 
Maifon.  Pendant  que  le  Prince  Electoral  étoit  encore  à  la  Haïe,  il  perdit 
un  Epanieul  ,  dont  le  Roi  de  la  Grande-Bretagne  lui  avoit  fait  préfent  à 
Loo.  Comme  il  aimoit  ce  chien,  Se  qu'il  ne  vouloit  point  partir  fans  le  trou- 
ver, on  le  fi:  inutilement  crier  par  la  Ville.  Le  Comte  de  Dhona  fon  Gou- 
verneur, aïant  reçu  ordre  de  Berlin  de  s'en  retourner  incefîàmment,  fit  par- 
tir le  Prince.  Don' Bernardo  de  Quiros  dépêcha  un  Exprès  à  Amfterdam, 
pour  reporter  au  Prince  le  chien,  qu'il  avoit  eu  loin  de  faire  trouver.  On 
Tom.  I.  ■  Q^  fut 


lit     MEMOIRES,  NEGOTIATIQ  NS,  TRAITEZ, 

ï-co.    fut  un  peu  furpris  de  l'cmpreiTèment  de  ce  Miniftre  Efongnol  à  fe  diftingucr 

' en  certe  occafion  par  ces  magnificences.     Mais  l'on  fût  que  c'ctoit  en  vue 

de  Eure  diminuer  le  fouvenir,  que  les  Electrices  8c  ce  Prince  avoient  du  bon 
traitement  que  l'Electeur  de  Bavière  leur  avoit  fait  à  Bruxelles.  Quatre  ou 
cinq  jours  après  Don  Bcvncirdo  de  ghiirus  alla  à  l'Audience  publique  des  Etats 
Généraux.     Il  leur  fit  le  Difcours  qui  fuit  y  avec  la  Réponlc, 

Haran_       „  M  E  S  S  I  E  U  R  S, 

gue  farte 

par  Don  n  /^'Est  avec  une  joie  bien  grande  que  je  puis  enfin  me  trouver  dans  vô- 
coBer-"  »  ^^  tre  IMuftre  AlTemblée,  &  témoigner  de  bouche  à  V.  S.  en  quels 
nardode  m  fentimens  d'eftime  &  d'amitié  Sa  Majeité  continué  d'être  à  leur  égard. 
Quiros,  „  Je  me  ferois  même  aquité  plutôt  de  ce  devoir,  fi  je  n'avois  été  retenu 
Ambaf-  ?j  par  ies  différentes  &  fâcheufes  nouvelles  qui  nous  font  venues  d'Efpagne 
d'Ffpa-  »  depuis  quelque  tems:  mais,  comme  par  la  grâce  de  Dieu,  la  Convalefcen- 
gneaux  n  cc  du  Roi  mon  Maître  a  diffipé  nos  allarmes,  je  n'ai  pas  voulu  différer 
iitats  n  davantage  une  fonction  qui  me  fait  autant  de  plaifîr  que  d'honneur. 
Gène-  ^  Les  orc|res  Jont;  \\  a  p\u  au  r0j  mon  Maître  de  me  charger,  font,  Mef* 

dans  fa  55  licurs,  d'affurer  Vos  Seigneuries  qu'il  fouhaite  de  refferrer  de  plus  en  plus 
première  „  les  nœuds  de  l'ancienne  corrcfpondance  qui  a  régné  ci-devant  entre  Sa: 
Audien-  n  Majcfté  &  Vos  Seigneuries.  Sa  Majeité  ne  doute  pas  que  ce  qu'Elle  vient 
"'le8,  „  de  taire  tout  récemment  en  confideration  du  Roi  de  la  Grande-Bretagne, 
brci7oo.  »  8c  de  Vos  Seigneuries,  ne  foit  un  puiflânt  moïen  pour  cela*  8c  Elle  elpé- 

„  re  que  la  généreufe  facilité  qu'Elle  a  marquée  en  cette  occafion,  Vous 
portera  à  reprendre  vos  anciennes  maximes,  8c  à  concourir  comme  autre 
fois  avec  Elle  à  ce  qui  eit  de  l'intérêt  commun,  Se  à  ce  qui  peut  veriu- 

„  blement  affiner  le  repos  de  l'Europe. 

„  En  mon  particulier,  Meilleurs,  je  l'efpérc  autant  que  je  le   fouhaitc. 

„  Heureux,  fi  mon  refpect  pour  Vos  Seigneuries,  8c  mon  exactitude  à  fecoi> 

„  der  en  toutes  choies  les  faintes  intentions  du  Roi  mon  Maître,  peuvent 

„  contribuer  à  un  fi  grand  bien. 

„  C'eft  au  moins,  à  quoi  je  continuerai  de  donner  tous  nies  foins,  afin 

„  qu'à  mon  retour  en  Eipagne  je  puiffe  remporter  la  (àtisfaction  d'avoir  été 

„  jufques  au  dernier  jour  en  ces  Provinces,  un  Miniftre  de  Paix,  d'Amitié, 
8c  de  Corrcfpondance:  . 


55 
55 


55 


Réponse  que  le  Préfident  de  Semaine  lui  fit. 


ffP°n-  «MONSIEUR, 

kau  "  * 

jiccé-  n  T  Eurs  Hautes  Puiffances  font  d'autant  plt*s  fcnfibles  à  lajo'iedcvoir 
«kiit.  „  1— /  en  leur  Aifemblce  un  Miniitre  de  Sa  Majeité  Catholique,  qu' Elles 
„  avoient  été  privées  depuis  long-tems  de  cet  honneur,  par  une  fatalité,  qui 
„  leur  avoit  caufé  beaucoup  de  regret.  Elles  ont,  Monficur,  tant  de  ref- 
„  pect  8c  de  vénération  pour  fa  Pcrfonnc  ficrée,  8c  Elles  font  une  eitime  fi 
M  particulière  dç  fon  amitié,  qu'Ellcs  feront  toujours  portées  à  emploïer 

„  tous- 


55 


55 


ET    RESOLUTIONS    D'ETAT.  uj 

„  tous  les  moïens  poffibles  pour  la  mériter,  la  cultiver,  &  la  confcrver.     Et  ^7°^ 
„  comme  il  e£t  confiant  que  de  la  confervatian  de  fa  chère  vie  dépend  entié- 
,,  rement  le  repos  Se  La  tranquillité  de  l'Europe,  Elles  prient  Dieu  de  tout 
„  leur  cœur  de  vouloir  prolonger  Tes  jours,  le  rétablir  en  fa  première  fanté, 
„  Se  de  lui  donner  à  la  fin  un  SuccefTeur  qui  foit  digne  de  gouverner  une  fî 

vafle  Monarchie. 

„  Quant  au  fujet ,  Monfieur  ,  de  vôtre  retour,  Se  du  nouvel  emploi, 
j  dont  il  a  plu  à  Sa  Majeflé  de  vous  honorer,  L.  H.  P.  ne  vous  en  feront 
,.,  aucun  compliment,  étant  perfuadées  que  vous  ne  doutez  pas  de  l'eflime  & 
„  de  la  cbnfidération  qu' Elles  ont  toujours  eu  pour  vous,  6c  pour  vôtre  mé- 
„  rite.  Ainfi,  Elles  fe  contentent  de  Vous  afïïirer,  qu' Elles  continueront  toû- 
„  jours  en  ces  fentimens  à  vôtre  égard,  Se  que  vous  leur  êtes  le  tres-bien 
„  venu. 

Ce  que  cette  Audience  publique  eut  de  plus  fingulier ,  efl  qu'il  fît  retou- 
cher par  l'Auteur  des  Lettres  Hifloriques  plus  de  quatre  fois  la  Harangue, 
afin  de  paflèr  légèrement,  Se  comme  en  gliflan't,  fur  la  maladie  Se  la  conva- 
lescence du  Roi  fon  Maître.  C'ell  que  fuivant  les  avis  qu'il  avoit  reçu  d'Ef- 
pagne,  l'on  n'y  efpéroit,  rien  de  la  vie  de  ce  Roi.  Véritablement,  ce  Mi- 
niftre  y  parloit  au  nom  d'un  Maître  qui  n'étoit  plus.  Se  cette  fonction  pu- 
blique de  fon  caractère  fe  faifoit  après  le  décès  d'un  Prince  qui  en  faifoit  tou- 
te l'autorité.  On  ne  tarda  même  que  quelques  jours  à  recevoir  la  nouvelle 
de  cette  mort.  Comme  elle  entraîna  après  foi  de  la  furprifè,  de  la  crainte, 
&  des  Négociations  de  quelque  durée,  l'on  attendra  à  en  parler,  pour  re- 
prendre à  préfent  les  Affaires  de  la  Guerre  qu'on  faifoit  en  Livonie  contre  la 
Suéde.  v  ' 

Le  Roi  Guillaume  qui  fouhaitoiu  d'éteindre  ce  feu-là ,  dépêcha  fecréte- 
ment  un  nommé  Picard ',  Penfionnaire  des  Ommelandes,  homme  d'efprit, 
capable  de  Négociation  Se  d'Intrigue ,  pour  aller  vers  le  Roi  de  Pologne. 
Pour  rendre  fon  habileté  plus  efficace,  on  le  munit  de  quelques  Lettres  de 
Change.  C'étoit  pour  négocier  avec  ce  Roi-là,  Se  le  porter,  moïennant  une 
bonne  fomme,  à  la  Paix.  C'étoit  cependant  à  condition  que  ce  fût  fur  des 
fondemens  folides,  pour  ne  pas  craindre  qu'au  Printems  fuivant  il  ne  vint  a 
rompre  fous  d'autres  prétextes  aufîï  frivoles,  que  ceux  qu'il  avoit  pris,  pour 
entrer  en  Livonie.  Picard  avoit  aufli  de  bonnes  Lettres  de  Change  pour  ga- 
gner quelques  Sénateurs,  Se  autres  Perfonnes  diilinguées  en  Pologne,  fort 
Vcnfibles  à  ces  fortes  de  Perfuafions  pécuniaires  j  afin  de  porter  la  Diète,  qui 
alloit  s'afTembler,  à  obliger  le  Roi  de  Pologne  à  faire  cette  Paix.  On  la 
fouhaitoit  d'autant  plus,  qu'on  ne  doutoit  prefque  plus  que  le  Czar  n'entrât 
auffi  en  danfc  contre  la  Suéde.  L'Ambafîadeur  de  ce  Monarque  de  la  Ruf- 
fie,  depuis  fon  arrivée  à  la  Haïe,  avoit  vécu 'civilement  avec  celui  de  Sué- 
de. Celui-ci  lui  étoit  allé  rendre  la  première  vifite  comme  au  dernier  venu 
avec  une  grofTe  fuite,  dans  fbn  Girofle  de  parade  à  fîx  chevaux.  L'Ambal- 
fadeur  Mofcovite  en  la  lui  rendant,  auffi  bien  que  dans  la  fuite,  l'afTura  de  la 
fincére  Se  ferme  intention  du  Czar  de  vivre  en  bonne  amitié  avec  le  Roi  de 
Suéde,  Se  de  maintenir  les  Traitez  qu'il  avoit  ratifiez  le  S,  Se  20.  de  No- 

Q^l  vembre 


124    MEMOIRES,  NEGOCIATIONS,  TRAITEZ, 

_  r7-)J-  vembre  de  l'année  précédente  1699.,  &  fuivant  la  Lettre  du  Czar  au  Roi  de 
"  Suéde  du  14.  Avril  de  l'année  courante  1700.  Même,  comme  l'Ambafladeur 
de  Suéde  lui  parla  de  la  Paix  qu'on  négocioit  entre  le  Roi  fon  Maître  Se  ce- 
lui de  Pologne,  le  Rumen  ajouta  qu'il  feroit  fort  avantageux  au  Roi  Au- 
guste de  faire  incefîamment  la  Paix  avec  Sa  Majefté  Suédoife,  puis  qu'il  ne 
devoit  aucunement  fe  fîater  de  pouvoir  obtenir  le  moindre  fecours  du  Czar 
fon  Maître,  qui  ne  vouloit  aucunement  fe  mêler  dans  la  Guerre  de  la  Livo- 
niç.  C'étoit  d'autant  plus  que  le  Czar  vouloit  être  connu  pour  religieux  Ob- 
iervatcur  de  la  foi  donnée.  Que  ce  Monarque  fe  fouvenoit  qu'il  étoit  fur  un 
Trône  aufll  haut  qu'il  y  en  eut  dans  tout  le  monde,  8c  que  s'y  trouvant  il  ne 
vouloit  jamais  rien  commettre  qui  en  fût  indigne.  Ainil  ,  il  avoit  de  l'aver- 
iion.pour  tout  ce  que  l'âge  prêtent  8c  futur  pourroit  lui  reprocher:  ce 
qu'on  pourroit  faire,  s'il  attaquoit  un  Roi  ami ,  fans  en  avoir  quelque  fujet. 

Cependant ,  cet  Ambaiïàdeur  Ruffien  préfenta  aux  Etats  Généraux  un 
Mémoire  Latin  en  date  du  z.  de  Septembre.  Il  y  ajouta  un  Ecrit  portant 
des  plaintes  que  le  Czar  avoit  déjà  faites  au  Minjftre  de  Suéde  qui  rélïdoit  à 
Mofcou,  8e  demandoit  fur  ces  griefs  une  dûë  fatisfaction.  Voici  le  Mémoi- 
re Se  l'Ecrit. 

Mémo;-  CELSI  AC  PR.EPOÏENTES  DOMINE, 

l'Ambaf- 

fadeurde  ÇUvi  mïffi  Utera  dis  \6.  Juniï  Afofcovia  exarata  pofteriori  demum  nnncio  Au- 

Moico-         gUjfi  fa  j§_  j:jc  tra^itafunt ,  qua  ouoddam  Afanddnim  fiia  Qzarera  Mijef- 

Griefs  du  *at*s  confine  dm ,  quod  Vcflris  Ccljjs  ac  Prapoîentibus  Domiuaiionibus  abfque  ull'i 

Czar        thorâ  inftmicindum  fit:  ideo  mearUrii partium  ejfe  duxiîllud^cutn Mis commu-iici- 

contre  la  re ,  demonftrans   teaorem   ilïïus  fèquenti  -modo:  quoi  cum  de  refponfione-' certior 

Suéde,     fatla  fit  fua  Czarea  Atiijeftas  à  Cclp  a;  Prap.  Domims  Stanbus  {quod  fia 

Czare.i  Majefiâs  bcllo  Livoniehfi  cum  Coronâ  Succicâ  immefiere  nolif)  hue  ad~ 

modum,  contenta  cfî ,  hanc  eam  aemonfirationem  fv.am  mine  illasc  obfervare ,  ac 

Pa'cem  abfijue  Offenfioné  eam  Corohâ  Succicâ,  ob  petitionem  Gel  for  nui  ac  Prapo- 

tentpn  S'tatuùm  confia  va;  c  •nelit  ;  tantum  aefiderat  apud  illos  Celfos  ac  Prapo- 

tëtites  Dominos  Status  ut  finalitcr  fignïficent  Aiimfiro  Suecico  ac  fua  Regia  Ma- 

jejîati  feribant  quod  in  commorationc  Alaghorum  ac  Pkmpotentiariprium  Legalo- 

ru'tn  Mofeovhe  locfffus  fit  Mis,  Tfttïmus  Bajariniïs  ac  Broyez  Siberia,  Theodorus 

Alex; des  Goloivinius  cun:  Coilcfis,  de  communibils  Injnrïis  in  parlera  Sué  Czave.e 

M.yefiatis,  maxime  autan  inter  alias  bac ,  qjïa  in  dedecus  ipfuts  Czarea  Ma- 

jefiatis  Mata  efi  Riga.     Cum  toii  fierè  Mitrido  confia ,  quod  f'ua  Czarea  Aîajef- 

tas  pratéritis  annis  Riga  'fuent,  indeqite  tamBstaviam  ^roficifci  volwrit  ;  quod 

je  qtfpqué  faillir  os  a;  relaturo's  ejfe  abfque  uïla  mer),  ad  S.  Reg.  Alajejlatcm  in  re- 

d'au  Jfko  prcmi/cru:;t;  quâ  de  re  etiam  Mis  feriptum  tradiiuni  efi,  cura  fubfirip- 

tic  tim fupradichrum  Conf-diariorum  Aioficcvia'.     Scd  hoc  uf pie  ad  tempus 

m::      :        fonfum  ficutiim,   lec  ".dhuc  ulla  fatisfuelio  prafiita  efi;  quamok     . 

C    :  ac  Pràpotentès  Domini  hisbcnPa: prudenter  perpènft) .de  injuria  ipfius  fiïœ, 

Perfona  Czarca  Majefiatis  fatisfacJione,  •&ihdiblâ  dignà  JcriùanS$  qua  aiitèm  (y 

quelles  Ma  û'nt  injuria ,  ï'c/tris  Ce/fis 'acPrap.  DorHfa'at tombai  dur 

.  a  '; '-.  .,:  Ci:ar;J,  q:t     .    ,  yrpctu.i  pr'fpiroru-n  fuccejj'num  iucrcwe,,:.i 


ET    RESOLUTIONS    D'ETAT.  iïj 

apprecor-,  manfiurus  ad  quavis  ami  rit  ia  Officia  par atifijlmus.     Haga  C  omit  a  m  die   l"00. 

2.  Sepfembris,  Anno  1700.     Signaturn  erat.  

Sacra  Sacratiffima  Czare<e  Majeftatis  Magni  Potentififimi  Imperatoris  Mcf- 
covia  Mimas  Okolniczy  Locum  tenens  Jarofilavids  Legatus, 

Andr.  Artemonides  Mathueof. 

Piweterito  169p.  Anno,  fccundum  mandatum  Magni  Domini  Czari  &  Ma- 
gni Ducis  Pétri  Alexidis  totius  Magna:,  Parvce,  Alba;que  Ruflia;  Au- 
tocratori,  exiftentes  in  Conferentiis ,  Intimus  Bajarinus  &  Prorex  Sibi- 
ritè  Theodorus  Alexides  Golowinius  cum  Collegis,  Succico  Magno 
ac  Plenipotentiario  Lcgato  Johanni  Bergenhelmo  cum  Collegis,  pro- 
poiuerunt ,  ôc  in  feriptis ,  manuum  fuarum  Subfcriptione  dederunt  ut  fe- 
quitur. 

pOJIeaquam  prateritis  diebus  exifientes  in  Conferentiis  fiua  Czarea  Majefiatis 
Intimus  Bajarinus  Ocolnitzius,  &  intimus  Confiliarius ,  (3  cateri  Collega 
Magnis  ac  Plenipotentiariis  Legatis  fiua  Regia  Majefiatis  in  ifiis  Colloquiis  mal- 
toties  demonfirarunt ,  13  in  feriptis  dore  promiferunt  injuriant  qua  pra  cateris  ita 
apellari  potefl  :  quod  cum  Anno  1697.  fua  Czarea  Majeftatis  ,  Magni  ac  Ple-_ 
nipotentiarii  Legati  ex  Mandato  Iter  fiaficepififient  Mufcovia  cum  quibufdam  pra- 
daris  Foluntariis  {Voluntaires  vulgo  fie  diclis)  in  Régna  Europaa per  ditionem 
Sua  Régi  a  Majeftatis  per  Urbem  Rigam,  tune  in  prafiatd  Urbe,  non  tar.tum 
in  receptione f  juxta  Obfcr-vantiam  traclatûs  Paris,  fed  etiam  in  commoralione 
maxime  av.tm  in  dificefifu  illi  non  tam  fiatisfiaili,  quin  potius  injuria  ,  ac  oppro* 
brio  afifietti  13  inimice  traclati  funt ,  cujus  hic  ex  parte  rnentio  fit.  Certior  enim 
faclus  Dominai,  Gêner  alis  ac  Gubernator  urbis  Rigenfis  per  litsras  ip for  uni  de 
adventu  Magnorum  ac  Plenipotentiariorum  Legatorum  in  Confinia  neficivit  illos 
juxtà  dignitatem  recipere,  ac  idoneos  Prafieclos  receptionis  (Prifiavos)  nec  equos 
illis  mittere  aut  pabula  dare  ;  non  modo  ob  Amicitiam  Firinam  aut  alias  ob  cau- 
fias ,  fed  illud  quoque  ntquaquam  pecuniâ  expeti  potuit ,  quà  ratione  ufque  ad  Ri- 
ga'm  iter  fuum  maximâ  egefiate  in  finis  (cquis)  profiequi  coaïïï  fiant.  Riga  au- 
tem  non  modo  ab  honeflis  Firis  &  Nobiiitate,  in  receptione  honorati  ac  recepti 
fu>it\fièd  à  parvo  numéro  mercatorum  ipfis  oc  car  fin  s  faclus  eft.  Afifignata  fiant  ipfis 
'Domicilia  haucï  bona  {3  qv.idem  mercatwia,  p'ro  quibus  autem  illi  coacli  funt  fi'ol- 
vere  pecuniam  pro  tahbus  Mgneis  hypocauftis pro  qua  libet  domo  tantum ,  quantum 
pro  magnis  Lapidés  Palatiis.  Ad  bac  à'nemine,  re  alla  honoris  gratià  donali 
fiant  (  quod  etiam  non  defukrarant)  fied  ignominiosè  tempore  diei  Sancli  rcfiurreclio- 
tiis  Chrifii,  caterifque  omnibus  diebus,  nihil  me  pabul.i  pro  equis  vendiderunt , 
quid  autem  illi  vendiderunt  pro  hoc  (  quamvis  Legati  ifti  magni  pecunia  non  pe- 
pferecrint  )  plurii  deriesfibi  folvi  curarunt. 

Apad  âurigàs  (Mcficovitieos)  etiam  equos  bonos pro  pretio  minime  ob  invendil'.- 
le  pabulum,  deccmfii-zveris,  (folidis)  13 pauïo  plurHs,  qnafii  fiub  vendit ione  fiump- 
fer  mit ,  perfonas,  ac  Sa -vos  ad  Légat  ionem  pertinentes  abfique  Vigilibus  nullibi 
ire  aut  tranfire  non  fiverunt ,  ac  quemeunque ,  quaficunque  etiam  ob  eau  fias  ire  vo- 
hierinî,  fiecuti  funt  Milites  duo,  aut  plans,  tamquam  malcfiicum ,  (3  plures  ficx 
hominam  numéro  non  irtromfirunt  in  Urbcm ,  ne c  Itiarn  in  arcem  ad  Gabernato- 


ii5      MEMOIRES,  NEGÔTIATIONS,  TRAITEZ, 

1700.  rem,  fed  prœterea  in  eos  graviter  inveeli  funt ,  ac  coutume  lia  eos  affecerunt ,  & 
••  iftos  loco  capïtalium  hoflium ,  ac  explorât orum  habuerunt  :  ad  hœc  itlos  percuter e 

ac  detinere  gloriati  funt  t  quod  autem  manifefium  Dei  patrocinium  non  pcrmifit , 
de  cœteris  autem  Fer  bis  meliks  tacêre  quam  fcribere  convenit  :  quod  autem  omne  oh 
malam  adminifirationem  à  Domino  Gênerait  ac  Gubernatore  Confulibufque  prove- 
vit -y  quamvis  autem  fua  Czarea  Majeftatis  magni  Légat  i,  de  hoc  &  alto  multo- 
îies  pneclaros  fuos  Nobiles  ad  eum  miferint,  conquête nt es  de  J'uo  infortunio,  atta* 
tnen  ille  non  tantum  ipfis  in  hâc  re  auxilium  ferre  reeufavit ,  fed  ctiam  eos  magnos 
Légat  os  confolari,  aut  deleclare  noluit,  monfirans  fenfibile  ad  amicitiam  fajli- 
dium,  fimulatè  dixit ,  fe  jacere  <egrotutn  ob  obitum  filia  fua,  quam  ob  caufam  fie 
Dominos  Pienipotentiarios  Légat  os  invifere  nonpoffe,  cum  tamen  hoc  nihilfuerit. 

In  difeeffu  Magnorum  Illorum  Domînorum  ac  P  lenipotentiariorum  Legatorum 
ix  Riga ,  trans  fiuvium  Duinam  eos  non  modo  quibujdam  Navibus  bonejlioribus 
(Jachti  &?  Boot)  non  honoravit ,  fed  etiam  pro  parvis  acferè  deformibus  Scapbis 
.cum  quibus  eos  milites  ac  alii  mer  cède  conducli  auriga  tranfvexerunt  pretium  fiump- 
ttim  efl  tantum ,  quantum  pro  Navibus ,  &  ad  Confinia  ufique  Ducis  Curlandiœ 
deducli  funt  illi,  abfque  ullo  honore  atque  comitatu. 

Curfior  magnorum  ac  Plenipotentiariorium  Legatorum  Jacobus  Sunvvvetz  mifi- 
fus  è  Curlandiâ  in  Rigam  à  Domino  Generali  Gubernatore  très  dies  detentus  & 
txamini  fubjeclus  efi  ,  ut  diccret  ubi  fua  Czarea  Majeftas  nunc  degat ,  &  alia 
huic  contraria  verba,  prœterea  luftrationi  ac  vifitationi  expofitus ,  atque  fummo 
opprobrio  affeclus  efl,  ac  ignominiosè,  tanquam  inimicus  6?  captivus  in  arreflo 
detentus,  &  non  modo  feripta  aut  Literœ ,  fed  etiam  respœnè  omnes  ei  ablatœ 
13  accuratè  perlujlrata  fuerunt ,  quem  demum  cum  nihil  contrarii  in  ipfo  invenifi- 
fent  cum  omni  exaclione  ac  dedecore  miferunt. 

Adhuc  etiam  erubefeunt  illi  grati  Domini,  illis  magnis  ac  Plenipotentiariis 
Légat is  fua  Regue  Majeflatis  prater  alia  cujufdam  Barbarici,  ac  invifs  Sufipi- 
cionis  Domini  Generalis  ac  Gubcrnatoris  Rigenfis  reminifei  ;  quod  multifariam  ad 
magnos  ac  Pienipotentiarios  Légat  os  mittens ,  afperè  vociferatus  fit,  quafi  qui- 
dam ex  Miniflris  ac  perfonis  ad  Légat ionem  pertinentibus ,  circumeundo  urbem , 
fortalitia  ac  munimenta  lujlrent  ac  dimetiantur ,  vociférât ioties ,  turbines  ad  quem- 
eunque  tumultum  excitent,  quod  verofub  ver  a  promijfwne  non  faclum,  &?  omnibus 
cum  vigilibus  ire  cogebantur  :  ad  quid  fua  Czarea  Majeflatis  Magni  ac  Plenipo- 
tentiarii  Legati  refpondcrunt  ut  illud  facientes,fi  modo  quidotn  ex  Miniflris  Lega- 
torum cujufcumque  conditionis  ifta  perfona  fint  tanquam  malefci,  juribus  quibufi- 
cunque  illi  velint,  capti  fuerint  dijudicarentur  pr opter ea  quod  nobis  certb  certius 
eonfiet,  hoc  ab  ullo  ex  illis  fieri. 

Cum  autem  tempore  vernah  ingruenti  Magni  ac  Plempoientiariï  Legati  Navis 
f.bi  procurari  deftderarent  ad  conficiendam  fibi  propofitam  via>>; ,  mittendo  quofi- 
dam  Miniflros  in  Portum  ad  mare  fit um,  ut  Naves  iflas  p>  œfeitu  Geaeratu  #c 
Gubernatoris  lufl tarent,  tune  non  tantum  if  os  per  urbem,  vel  prope  urbem  tranfi- 
miferunt  via  or  dinar  iâ,  fed  eos  circa  omnta  Suburbia  in  agro  circumduxcrunt , 
militibus  circa  plat eas  cmnfidopctis  fiant ibus. 

Sed  de  aliis  fcribere  non  necefje  efl,  quia  jam  toti  mundo  notum  ac  compertum 
efl,  quod  fua  Czarea  Majefias  ipfii  in  perfona  ilio  tempore  cum  magnis  ac  Pleni- 
jpotentinriis  prafiens  fuerit }  (à  hafiupra  memorata  omt.es  contumelia  ipfam  perfib- 

nam 


ET    RESOLUTIONS    D'ETAT.         u7 

nam  Hiius  tetigerant,  quâ  pr  opter  fua  Czarea  Majeflatis  intimus  Bojàrinus  cum   1700. 

Collegis  fais  exi/lens  in  Colloquio,  fua  Regia  Majeflatis  magnos  ac  Plenipoten*  h 

tiarios  Legatos  rogat  ut  de  his  omnibus  ad  Sacrant  Réglant  Majeflatem  yerè  de* 
fsratur  &  fine  Czarea  Majeflatis  fummo  honori  &  poft  ipfum  magnis  -ac  Pleni- 
potcntiariis  Legatis,  in  omnibus  fatisfatlio  ac  defenfio  ab  illâ  injuria  fiât ,  Jiqui- 
dem  hac  injuria  ac  dedecus,  non  tantum  traclatibus  Paris  &  vicinitati  admo- 
dunt  contraria  ac  infenfa  ,  fed  etiam  juri  communi  gentium  v.ildè  incongru  en  s 
aïque  inutilis  audit ,  de  quo  non  dubitat  Clemcntifftmus  Nofter  Czar  ac  Domi* 
nus,  quin  fua  Regia  -Majeflas  tanquam  Dominus  valdè  prude ns  perpenfoboc, 
quod  ad  majorent  amiciti'am  pertinet,  dederit  Defenfionem  adverfus  banc  conta* 
meliam  perpétrantes  ,  13  f«*  Czarea  Majeflati  per  dilcclas  Literas  fgnificave* 
rit.  In  damnis  autem  fuis ,  illi  magni  ac  Plenipotentiarii  Legati  contenti  funt 
gratiâ  ac  clementiâ  Clemcntifflmi  Czaris  ac  Domini  fua  Czarea  Majeflatis. 
Ad  hac  offert  quoque  quarelam  fuœ  Czarea  Majeflatis  Légat  us  intimius  Confi* 
liarius  rêver tens  ex  T'urcicà  commifjïone,  Procopius  Bogdanowitz  Wofnitzin , 
dicens,  quod  f tires  ruftici  Livonenfes ,  auriga,  ipfum  innocenter  expoliaverint , 
avehendo  totim  carrant,  in  quo  pecuniâ ,  argenti,  13  alius  varii  fupelleclilis  plus 
quam  mille  rublonibus ,  pofltum  fuit ,  de  quo  Domino  Gênerait  Gubernatori  cum 
Literis  ejus  fpecificatio  miflâ,  fed  nunc  bis  accuratè  perluflratis  rébus  prater  iflam 
fpecificationem  refert,  quod  iflic  etiam  inifla  fuerit  annulus  cum  adamantibus  ob- 
duclus  pretio  300.  thalerorum,  13  2..  tapetes  Gallici  admodum  pulchri . 

Sequentes  injuria  quarum  infra  in  hoc  fcripto  fit  mentio  defiderat  fu<s  Czar e a 
Majeflatis  intimas  Bojarinus  cum  Collegis  ut  etiam  è  parte  Regia  fua  Majeflatis 
jaxta  vcritatem  ipfam  fatisfaclione  refarciantur ,  in  quo  necdubitant,  quin  fua 
Regia  Majeflas  poft  relationem  illorum  magnorum  ac  Plenipotentiariorium  Légat  0- 
rum,  ipfam  juflitiam  ad  implendam  ami cabilem  Paris  confervationem,  inperpe* 
tuant  adminiflrari  ac  illam  dignis  folutionibus  recompenfari  jubeat. 

Sed  ha  infra  nominata  injuria  tradita  funt,  juxta  Libcllum  Prafetli  fumnti 
Curforum  Matthœi  Winnii  de  multis  injuriis  in  Prafeclum  ac  Direilorem  Pof- 
ta  Rigenfis,  quia  malt  as  Literas  detinuerit  ac  refignaverit ,  nec  non  multas  Lite* 
ras  non  acceperit ,  ut  direclione  Pofla  privetur  &  ipfi  alius  praficiatur. 

Libellas  fupplcx  Gerafini  Befcoviiw  Vico  Hortulano  de  pecuniâ  pro  mercibus 
'in  Rigcnfem  Civem  Henricum  Cliverum  fummâ  mille  rublonum,  thalerorum 
fiimma  o-pcnfarum  300.  rubl.  ut  bac  pecunia  adjudicetur. 

Libellas  Oftacovienfls  Antonii  Tockini  in  Narvenfes  Cives  in  Andream  Func- 
kenum  13  Simeonem  Numengenum  de  pecuniâ  pro  mercibus  fummâ  600.  ru* 
blon.  ut  mandatant  executioni  mandetur. 

Supplicatio  13  extrailum  negotii  Thomse  Killermani  in  bonis  Martini  Buel- 
lingii  fummâ  16.  mille  rublon. 

Supplicatio  Boldwini  Andrex  filii  in  Aulicum  Suecicum  Cafpamm  Klingen- 
fternum  in  defeclu  traditionis  velarium,  tinteaminum,  ac  tormentorum  fummâ 
3000.  rublon. 

-  Le  jour  que  ce  Mémoire  fut  préfenté,  les  Etats  Généraux  prirent  la  réfo- 
lution  de  communiquer  au  Roi  de  Suéde  ces  deux  Ecrits  par  une  Lettre, 

pour 


iiS     MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

•1700.     pour  offrir  leur  Médiation  &c,  tùnfi  qu'on  peut  voir  par  la  Réfolution  même 
'  qui  luit. 

Excerptum  ex  Libro  Decretorum  Cclfomm  &  Prxpotcntium  Domi- 
norum Ordinum  Generalium  Uniti  Belgii. 

Die  Vénerie  3.  Septembris  1700. 

Rifblu-     T)Omini  Ham  &  cœteri  Celforum  £s?  Prœpotentium  Dominorum  Ordinum  Gène- 
tion  des  ralium   ad  res  exteras  Députât i  qui  virtute  Décret i  torum  &  commijfonis 

EG-       hefiernee  colloquuti  funt  cum  Domino  Andr.  Artemonides  Mathucof  Légat  i  ordi- 
coramu-  mr"  Czarea  Majejlatis  MoQtoviœ  in  conventu  Dominorum  Ordinum.  Genera- 
niquer     Hum  retukruntjam  nominatum  Dominum  Lcgaîum  ore  tenus  expfuijje  &  in.fcrip- 
au  Roi     to  ipfis  reprefentaffe  contenta  in  Mcmoriali  hic  fcquente. 
de  Suéde 

les  Griefs    '  .    .     . 

du  Czar.  Fiat  inlertio. 

Super  quibus  inflituta  délibérât  zone  conclufum  &?  decretum  efi  fuprà  fcriplttm 
Memoriale  communicandum  ejje  Régla  fuœ  Majejlati  Sueciœ,  iliamque  rogandam 
curare  velit  ut  ad  querelas  in  eo  commémorât  as  refpondeatur  £5?  Czareae  fua  Ma- 
jejlati de  ils  fatisfiat  quemadmodum  cum  aequitate  &  confervatione  Pacis  & 
amicitiae  inter  fuam  Regiam  Majeftatem  &  fuamCzarcam  Majeftatem  convenir e 
arbitrabitur;  bis  etiam  addendum,  fi  forte  bac  in  causa  dfficultates  aut  controver- 
fiae  exoriri  poffent ,  Dominorum  Ordinum  officia  ad  eas  tollendas  &  componeudas 
parafa  fore ,  eaque  offerre  pro  neceffitudine  quae  Mis  cum  Regia  fua  Majefiate  in- 
ter cedit  & '  pro  amicitia  quam  cum  Czar  e  a  fua  Majefiate  colunt  Lit  ter  as  autem  in 
hoc  negotio  ad  Régent  Siieciae  feribendas  cum  earum  exemplari  per  Agentem 
Rofenboom  tradendas  Domino  Baroni  de  Lilienrodt  Regiae  fuae  Majeftatis 
Sueciae  Legato  Extraor dinar io  &  ab  eo  petendum  ut  Mis  tranjmittere  Ç$  officia 
fua  iis  jungere  velit,  que  omnis  jujla  querendi  materia  Czareae  fuae  Majejlati 
praecidatur. 

En  vertu  de  cette  Réfolution  s  on  écrivit  d'abord  au  Roi  de  Suéde  la  Let- 
tre fuivante. 

SERENISSIME. 

Lettre  ÇUm  pofi  Mata  nuper  in  Livoniam.,  Regiae  Majeftatis  veftrae  Provinciam  in- 
des  Etats  fejja  poloniae  figna  rumor  longé  latèque  fpargeretur  ,  Magnam  Mofchorum 
c,cae"  Czarum  Ce  haie  bello  fociiim  datuntm,  vel  auxilia  Régi  Poloniae  mijjurum,  fu- 
Uoide  per  his  animum  Czareae  fuae  Majeftatis  pertentare  &  cognofecre ,  &  fi  quid  taie 
Suéde,  meditaretur ,  de  tali  cenfilio  dimovere  conati  fiiimus.  Refponfum  nobis  efi Jatis 
du  ?.  ex  voto,  nihil  Czareae  fuae  Majejlati  inimicitiarum  cum  Rcgiâ  Majefiate  vcftrâ 
170^  intercéderez  quiu  potius  Pacern  &  amicitiam  non  ita  pridem  uovo  Fœdere  firma- 
tam,  à  parte  Czareae  fuae  Majeftatis  fartant  &?  te  clam  futuram.  Officia  au- 
tan 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.  149 

'cm  qua  -hàc  in  causa  adbibuimus ,  occaftonem  prabuifife  videntur ,  cur  Czareâ  I 700- 
Jua  Majeftas  cum  fibi  de  injuriis  quibufdam  fatisfaclum  non  ejfe  gravitttr ,  née  ■  ' 
refpon/um  ad  querelas,  Légat  i  s  Régi  te  Majeftatis  Veftra  Mofcua  de  iis  f atlas , 
earum  notitiam  per  Legatum  fuum  hic  loci  degentem  ad  nos  detulerit,  ut  Regiam 
Majeftatem  veftram  illarum  commonefaceremus ,  quemadmodum  hoc  plenius  Regia 
Majeftati  veftra  conftabit  ex  memoriali  à  Legato  Czareâ  fua  Majeftatis  nabis 
exhibito,  cujus  exemplar  his  litteris  noftris  junximus.  Ntilli  quidem  dubitamus, 
ou  in  pax  £5?  amicitia  cum  Czareâ  fua  Majeftate,  Regia  Majeftati  Veftra  curie 
&  cor  ai  fit,  atque  Regiam  Majeftatem  Veftram  ultrb  curaturam,  quicquid  ad, 
earum  confervationem  conducere  qucat ,  tamen  rogati  pratermittere  nonpotuimus, 
quin  Regiam  Majeftatem  Veftram  certiorem  faceremus  eorum ,  qua  nobis  à  Le- 
gato Czareâ  fua  Majeftatis  expofita  fuere.  Regia  autem  Majeftas  Veftra  ipfa 
per  fe  fatis  intelliget.,  quam  necejjariam  &  c  re  fua  fit ,  querelas  bas  aquâ  &?  ad 
eonfervandam  amicitiam  &  pacem,  tempérât â  rcfponfione,  quantocius  amoveri  (S 
dilui,  ne  mat  cria  vel  a>ifa  controverfiarum  ac  content  ionum  relinquatur.  Quodfi 
opcram  noftram  hoc  in  negotio  Regia  Majeftas  Veftra  fibi  utikm  £5?  alicujus  mo- 
ments fore  exiftimaverit ,  officia  noftra  ad  fedandas  &"  tollendas  controverfias ,  fi 
quas  hinc  enafci  contigerit,  pro  neceffitudine  qua  nobis  eft  cum  Regiâ  Majeftate 
Veftra,  &?  Pr0  amicitia  quam  cum  Czareâ  fuâ  Majeftate  colimus ,  Mentes  ojfe- 
rimus,  in  hoc  femper  &  conftanter  laboraturi,  ut  Pax  &  Concordia  ubicumque, 
pracipue  autem  inter  principes  nobis  Fœdere  &  Amicitia  conjuntlos,falva  &  in- 
violata  tueatur,  Caterum  13 c. 

L'Ambassadeur  de  Suéde  préfenta  aux  Etats  Généraux  le  Mémoire  Cli- 
vant, pour  leur  faire  lavoir  qu'il  avoit  dépêché  leur  Lettre,  Sec. 

CELSI  AC  P  P.  D  D. 

Ç\Uandoquidem  Sacra  Regia  Majeftatis  Domini  mei  Clementiff.  mandata  ad  Mémoi- 
*£^me  pervenerint  quœ  Celfis  ac  P  P.  D  D.  Veftris  à  me  exponenda  funt .  Ita-  pAmLf- 
que  quâ  par  eft  obfervantiâ  rogo  ut  cum  earundem  Députât is  colloqui  poffe ,  pro  fadeur  de 
folitâ   benevokntiâ   tnihi  concedatur.     Injuxit  mihi  Sacra  Regia  Majeftas  Rex  Suéde 
meus  Clementiffimus  ut  fuo  nomine  débita  gratiarum  aclione  apud  Celfas  ac  P  P.  Lilicn- 
Z>  D.  Veftra  s  defungerer,  pro  eximio  prorfus  &  enixo  ftudio,  quo  viribus  non  [o°Sep? 
minus  quam  confins  cum  Sacra  Regia  Majeftate  fociatis,  reftauranda  Paci  Sep-  ï7ôo. 
Untrionali  indefejfam  opcram  impendere  '  voluerunt  ;   miffà  eum  in  finem  ver  fus 
Mare  Balthicum  Clajfe  Navium  Bellicarum  atque  fimul  Hamburgum  Ablegato 
Miniftro ,  congruis  mandatis  inftruclo.     Quant umvis  enim  mififa  fuerit  ifta  Claf- 
fis,,ad  Guarantiam  à  Celfis  ac  PP.  D  D.  Veftris  fufeeptam,  Sereniffimo  Du- 
ci  Holfatia  praftandam  ;  hâc  eâdem  tamen  occafione ,  pluribus ,  iifque  infignibus 
Documentis  experta  eft  Sacra  Regia  Majeftas  amicitiam ,  £5?  pronum  erga  fe  af- 
fetlum  Cclfarum  ac  P  P.  D  D.  Veftrarum.  Et  quandequidem  ifthac  Pax,  etiam 
in -Sacra  Regia  Majeftatis  commodum  redundat ,  fummoperè  eo  nomine  fe  devinc- 
tam  profit etur  Sacra  Regia  Majeftas  nullam  pratermiftura  occaftonem,  teftanda 
grata  mentis  idoneam.     Cumque  ftrenua  £5?  infignis  à  D.  Allemonde  navata  ope-  "•  . 

ra  praclarè  enituerit ,  atque  pari  ter  fa  lut 'are  Pacis  opus,  fummà  D.  de  Cranen- 
Tom.  I.  R,  burg 


ip      MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

1700.  burg  dexteritate,  officiifque,  laude  omnino  dignis,  promet um  fit ,  Sacra  Regia 

—  Majeftas  ut r unique  ob  rem  egregiè  geftam ,  Régis  fui  teftimonio  condecorandum 

cetij- 

Qjiod  attinet  ad  Negotium  mihi  à  Celfis  ac  PP.  D  D.  Veftris  mcïiorem  in 
tpodum ,  commendatum ,  gravamina  nonnulla  à  Magni  Mofcorum  Czaris  Légat 0 , 
Ccl/ a-,  nm  &  P  P.  D  D.  Veflrarum  Députât  i  s  in  Colloqtiio  nuper  expoftta,  con- 
cerneh  s ,  Sacrant  Regiam  Majeftatem  abfque  mora  de  eo  certiorem  reddidi ,  atque 
Literas  Celfarum  ac  P  P.  D  D.  Veflrarum  banc  ob  caufam  Sacra  Regia  Majef- 
tati  perferiptas^  unâ  cum  exemplari  Memorialis  eique  adjuntli  feripti,  à  prafaio 
Domino  Légat 0  exbibiti ,  tranfmifi.  Humillimè  praterea  retuli  quant operè  curay 
cordique  fit  Celfis  ac  P  P.  D  D.  Veftris  ut  amicitia  inter  altifjïmè  memoratas 
Regiam  ,  Czareamque  Majeftates  perpétua  vigeat.  Hac  igitur  Celfarum  ac  P  P. 
D  D.  Veflrarum  benevola  officia  non  poffunt  non  gratifjïma  effe  Régi  meo  Clemen- 
tifflmo ,  cum  conflans  ipfi  deftderium  fit  fuâ  ex  parte  fedulb  colendi  quin  &  in  dies 
augendi  veram  £5?  non  fucatam  amicitiam ,  quâ  Czarea  fua  Majeflati  jungitur . 
Certus  propterea  omnino  fum ,  moleflè  admodum  intelletluram  Sacram  Regiam 
Majeflatem  quidquid  Riga  ante  triennium  acciderit  Czarea  fua  Majeflati ,  vcl 
minimum  conquarendi  anfam  prabuerit.  Cum  cnimfua  Regia  Majeftas  maximi 
mérita  faciat  SereniJJimi  Czaris  perfonam  ,  fummafque  ejus  dotes ,  dubium  non  eft 
quin  talem  ejus  quicquid  fuerit ,  rationem  fit  habitur a,  fuamque  fmeeram  amici- 
tiam luculentis  adeb  indiciis  comprobatura  fit  ut  Czarea  fua  Majeftas  re  ipfâ  fen- 
tiat  quantifiât.  Mihi  quidem  non  confiât ,  quid  bâc  de  re  Magnis  Sacra  Regia 
Majeftatis  Légat  i  s  Mofcovia  fuerit  propofitum.  Sic  inter  ea  arbitror ,  Eosy  id 
fibi  unice  demandatum ,  fientes,  ut  aternum  Pacis  Fœdus  quod  Regiam ,  Cza- 
reamque Majeftates ,  Earumque  Régna  &  Subditos  haud  vulgaris  amicitia  nexu 
corjungit)  denuo  rénovât um  folemniter  firmarent  t  Hoc  negotio  ex  voto  peraclo 
domum  reverfos  effe  ;  différentes  proculdubio  cuncla  alla  ufque  dum  Magna  Cza- 
rea  Majeftatis  Legatio  Holmiam  adpelleret ,  ubi  tiim ,  fi  quid  unâ  alterâve  ex 
parte  complanandum  reftaret,  facili  negotio  de  eo  amice  convenir ipoffet.  Hac 
exigua  mora  nihil  certè  immutabit  folidam  illam  amicitiam ,  ad  quam  invicem  con- 
fervandam,ambo  fummi  Principes, pari  folertiâ,  paribufque  ftudiis,  arnica  amula- 
tione  concurrunt.  Memoratus  enim  Czarea  Majeftatis  Légat us ,  plus  unâ  vice 
banc  Domini  fui  ClementiJJïmi  mentem  teftatiorem  reddidit ,  idque  validiffimis 
declarationibus  conftitutum  ei  effe ,  non  tantum  bello ,  quo  Livonia  flagrat  fe  non 
immifeere,  fed  &  amicitiam  cum  Sacra  Regiâ  Majeftate  omni  exquiftto  Officio- 
rum  génère  excolere  ,  calumniam  appellans  quicquid  huic  adverfum ,  maligni  ho- 
mmes divulgare  conati  funt.  Vfus  eft  bâc  occafione  ver  bis  memoratu  profeclè  di- 
gnis ,  utpotè  immortale  decus  Czarea  fua  Majeflati  conciliaturis  &  qua  pracla- 
rum  exemplum  prabent ,  ab  aliis ,  ni  fi  queis  fm'iftra  viliorque  mens  effet ,  imitan- 
dum.  Hac  feilicet  verba  fuerunt  :  Sereniffimum  Czarem  ita  in  animum  induxiffe 
fuum  ut  ante  omnia ,  fidei  data  religiofiftimus  cuit  or  videri  velit.  Memorem  ni- 
mirum  effe,  infidere  fe  folio,  nulli  totius  Or  bis  potentiâ  fecundo ,  feque  adeb  tam 
excelfo  Joco  pofitum ,  nihil  unquam  committere  velle  quo  tanto  faftigio  minus  dignus 
enipiam  videatur.  Averfari  igitur  fe  £5?  afpemari  quodeumque  indecorum  facinus , 
quod  prafens  vel  futura  atas  ipfi  exprobare  pojfet;  id  quod fier  et  fi  amicum  Re- 
gem,  nulla  injuria  laceffitus,  bello  adoriretur  ;  Generofa  profetlo ,  tantoque  Mo- 

nankâ 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T. 


ifi 


narchâ  verè  digna  /entent  ta,  fempiterna  ejus  gloriœ  futur  a  teftis.  Tantis  itaque 
ajfeverationibus  innixa  Sacra  Regia  Majeflas  fatis  fuperque  fecura  efjc  potejl, 
amicitiam  Ma  ex  parte  illibatam  intcgerrimamqiie  pràftituram  -,  fc?  quamvis  in 
prœfentiarum ,  Nomme  Czareœ  fuœ  Majeftatis  gravaminum  quorundam  mentio 
injetlafit,  ejus  tamen  indolis  ea  neutiquam  funt  ut  amiciliam  ullo  modo  convellere 
pofiînt;  prafertim  cum  ad  id  accédât,  quod  ad  Celfas  P  P.  D  D.  Fefiras  fint 
delata-,  Quibus  bine  cum  Sacra  Regia  Majeftate  arcliflimœ  neceffitudinis ,  &?  il- 
Une  pariter  cum  Serenijftmo  Czare  is  amicitioe  ufus  intercedit ,  ut  arduum  ipfis 
futurum  non  fit,  tôlier e  &?  amovere  quicquid  ulla  fimultatis  vel  offenfa  fpecie , 
tam  amicos  Principes  collidere  poffit.  Nihil  igitur  fuperefi ,  nifi  ut  ratione  Régis 
Polonia  id  dumtaxat  addam,  quod  fi  contingat  eum  maie  confultum  bello  profe- 
qui,  armaque  ejus  prêter  fpem  profpera  ipfi  evenire  aut  etiam  eum  Belli  focios, 
vel  quacumque  ratione  adjutores  babere  pojfe ,  Sacrant  Regiam  Majcftatcm  plenà 
cum  fiduciâ  id  omninb  fperare  fibi  Celfas  ac  P  P.  D  D.  Fefiras  non  minus  ac 
Regiam  Majeftatem  Magna  Britanniœ ,  vigore  fanât  or  um  hinc  Me  Fœderum, 
quam  efficacifjïma  ope  £5?  auxilio  effe  adfuturas. 

L  e  Roi  d'Angleterre  trouva  aufll  à  propos  d'offrir  de  fon  côté  fa  Média- 
tion au  Czar.  C'eft  pourquoi  il  lui  écrivit  quelques  femaines  après  une  Let- 
tre en  Anglois.  Comme  l'Ambafladeur  Ruffien  ne  l'entendoit  pas,  il  falut 
la  faire  traduire  en  Latin,  telle  que  la  voici,  6c  il  falut  la  renvoier  en  An- 
gleterre, pour  y  faire  apofer  le  Grand  Seau. 


17c©. 


GULLIELMUS  ÏERÏIUS  , 
Dei  Gratia,  Rex  Anglia,  Scotia, 
Franciœ,  &  HibernitS,  FideiDefen- 
for  &c.  Altiffimo ,  PotentiJJîmo,  £5? 
Illufirijfîmo  noftro  Fratri  DilecliJJimo 
Magno  Domino  P  EÏRO  A  LE- 
XEIEfFirSO,  Czaro  fc?  Ma- 
gno Duci,  &V. 


Guillaume  Troisième  ,  par  la  Lettre 
grâce  de  Dieu,  Roi  d'Angleterre,  du  Roi 
d'Ecofle,  de  France,  Se  d'Irlande,  £Angle 
Défenfeur    de  la  Foi ,    6cc 


Très-Haut,  très-Puifîànt ,  6c  très- 
Illuftre  Nôtre  très -cher  Frère 
Pierre  Alexeiewits,  Grand 
Seigneur,  Czar ,  6c  Grand  Duc  de 
toute  la  Haute,  Baflè,  6c  Blanche 
Ruffie  ,  le  Soutien  de  Mofcovie  , 
Kiovie,  Vlodomirie,  Novogardie, 
Czar  de  Cazan,  Czar  d'Aftracan, 
Czar  de  Sibérie,  Seigneur  de  Ple- 
xoe,  6c  Grand  Duc  de  Smolcns- 
ko  ,  Iverie  ,  Legorie  ,  Permie , 
Viatkye,  Bulgarie,  ôc  autres,  Sei- 
gneur 6c  Grand  Duc  de  Novogo- 
rod ,  6c  des  Pais  bas  de  Czernegor- 
ky,  Refansky,  Roftovesky ,  Jero- 
ftave,  Boelozerky,  Udorsky,  Ob- 
dorsky  ,  Condinsky,  6c  Comman- 
dant de  toutes  les  Côtes  Septen- 
trionales ,  Seigneur  des  Pais  de 
R  1  Po- 


a      terre  au 
Au  Cur. 


ïfi      MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

I7°°-  Joersky,  Cartilinsky,  ScGruzens- 

"  ky,  Czar  des  Pais  de  Gaberdins- 

ky,  Czereasky,  6c  des  Ducs  des 
Montagnes  ,  6c  de  divers  autres 
Etats  6c  Pais  del'Elr,  du  Weit, 
6c  du  Nord  ,.  depuis  le  Père  & 
Grand  Père,  Héritier,  Seigneur,  5c 
Conquérant,  envoie  falut  &  fou- 
haitc  tout  bonheur  6c  profpérité. 


Potentifiime ,  GbariJ/îm,  &  Dilcc 
tijjime  Frater. 

Ç'Ingularis  obfervantia  ,  perfonalifque 
noflra  erga  Veftram  Czaricam  Ma- 
jeflatem  amicitia ,  Nos  ad  omnes  Vef- 
tra  Czarea  Majcfiatis  res  £5?  militâtes 
curandi  &  promovendi  occafiones  cap- 
tandas  tmpulit ,  omneque  quod  Veflrœ 
ficundum  Nos  quieti  ci?  fiatisfaclioni 
f avère  pote [i ,  faciendi ,  ardenfque  Nof- 
trum  pro  Generali  Europœ  tranquïllita- 
te  fludium  uti  de  optabilïjjïma  poffibili 
re,  non  finit  nos  obvias  ullas  rejicere 
eccafionesj  noftra  efficaciora  impendendi 
officia  in  occurrendo  publiue  Pacis  tur- 
bationi  aat  ad  illam,  fi  concujjam  aut 
fraclaniy  tempe flive  reftatirandam.  l'a- 
lia  Nos  ad  Czareœ  Majelîatis  trefirœ , 
res.  ut  proprias  ajfimendi  ïn  Tractât  u 
Carlowitfenfi  induxerunt ,  femperque  in 
tali  manentes  propofito  bique  eâdem  pro- 
fenfione  ,  Feftram-  Czaream  Majejla- 
te>My  ejufque  Subditos  Pace,  ficuti  fj? 
filios  tune  Chrifliani  Orbh  Principes , 
frui  videndi,  ad  primant  defiderii  F'ef- 
tri  pgnificationem  Vefiras  cum  Turcico 
Jmperàtvre  inducias  protrahendi ,  ci? 
quod  Legatus  nojler  Extraordmarius  ad 
jiulam  Qttomanicarn  Veflrœ  Czareœ 
Majeftatis  Miniflris  confdiis  &  bonis 
oficiis  ad  Mas  obtinendas  prefto  efient , 
fine  morâ  conjentienies ,  immédiat  os  mi- 
fimus  Legato  Noftro  Coritlantirwpoli  or- 
dines  utfécundum  FeUrœ  Czar c a'  Ma- 
jelîatis defideria  ageret ,  quâ  négociât  io- 


Très-Puifîant  6c  nôtre  très-cher 
Se  très-aimé  Frère. 

L'Estime  finguliére  6c  l'amitié 
perfonnelle  que  Nous  avons  pour 
Vôtre  Majefté  Czarienne,  Nous  fait 
embrafïèr  toutes  les  occafions  de  pro- 
curer 6c  avancer  les  intérêts  &  les 
avantages  de  V.  M.  Czarienne,  6c  de 
faire  tout  ce  qui,  félon  nôtre  penfée, 
peut  contribuer  à  vôtre  repos  6c  à 
vôtre  fatisfaétion  j  &  le  zélé  que 
Nous  avons  pour  la  tranquillité  gé- 
nérale de  l'Europe ,  que  Nous  regar- 
dons comme  la  chofe  la  plus  defira- 
ble  qui  foit  pofîîble ,  ne  nous  permet 
pas  de  négliger  aucune  occafion  qui 
iè  préfente  d  emploïer  nos  meilleurs 
offices  pour  prévenir  ce  qui  peut 
troubler  la  Paix  publique,  ou  de  la 
rétablir  à  tems ,  s'il  arrive  qu'elle  foit 
ébranlée  ou  rompue.  Ces  motifs 
Nous  portèrent  à  prendre  un  foin 
particulier  des  intérêts  de  V.  M.  Cza- 
rienne au  Traité  de  Carlowits  ,  6c 
pcriiuant  toujours  dans  la  même  pen- 
fée 6c  la  même  inclination  de  voir  V. 
M.  Czarienne  6c  fes  Etats  jouir  des 
fruits  de  la  Paix  ,  ainfl  que  firent 
alors  l'e  reite  des  Princes  de  la  Chré-. 
tienté,  à  la  première  lignification  de 
vôtre defir  de  prolonger  vôtre  Trêve 
avec  l'Empereur  de  Turquie,  6c  que 
nôtre  Ambafiadeur  Extraordinaire  à 
la  Porte  Ottomanne  pût  affilier  les 
Miniihes  de  V,  M.  Czarienne  par  fes 

ne 


ET    RESOLUTIONS    DrE  T  A  T. 


*f? 


ne  longis  conclu] à  induciis ,  ex  toto  corde 
Vcftrœ  Czarca  Majelîati  de  hoc  felid 
gratulamur  fucccjju ,  ut  de  re ,  qu<e  ul- 
to  abfque  dubio ,  Veftra  Czarea  Ma- 
jeftati  ,  ejufque  fubjeilis  &  regionibus 
omnem  emittet  profperitatem.  Et  ob- 
viant habentes  ,  haud  ita  pridem  occa- 
fionem ,  Nojhorum  Bellicarum  Navium 
Clajfem  in  Balticum  Mare  mittendi, 
firicla  Architalofjo ,  aliïjque  ducloribus 
nofiris ,  mandata  dedimus  ,  ut  omîtes 
Veftra  Czareœ  Majeftatis  naves  quas 
obvias  habercnt  diftingucrent ,  ergaqua 
illas  omni  cum  urbanitate  ,  intimoque 
amorti  fenfu  fe  gérèrent.  Et  in  tdterius 
Noftra  erga  Veftram  Czaream  Majef- 
tatem  objervantiis  ,  affeclufque  argu- 
mentum,  à  Légat o  Veftrœ  Czarea  Ma- 
jeftatis apud  Confœdcratarum  Provin- 
ciarum  Générales  Status ,  Audientes 
Veftram' 'Czaream  Majefiatem  valdè  à 
Coronâ  Suecicâ  alienatam  ejfe  injuria- 
runiy  ab  aliquibus  illius  Corona  fubjec- 
tis,  Veftrae  Czareae  Majeftatis  Lega- 
tis  ac  Plempotentiarns  in  tranfitu  per 
Livoniam ,  illatarum  caufa ,  &  refpon- 
fionis  quaerimoniis  Suecicae  Légat ioni 
ad  Aulam  Veftram  fatlis  procraftina- 
t/one,  Veftrae  Czareae  Majeftati  nof- 
tram  offerimus  mediationem  ,  meliora- 
que  officia  ad  omnes  amicabiliter  com- 
ponendas  contentiones  qttae  inter  Vef- 
tram Czaream  Majefiatem  infurgcre 
potucrunt  &  Regem  Sueciae,  erga  quem 
Tracîatuum ,  13  Confœderalionum  an- 
tiquarum  &  récent ium  irttcr  Nofiram 
13  Suecicam  Coronas  caufà  magnam 
babemus  obfrvantiam.  Nihilque  peni- 
tus  dabilamus  quin  noftri gratta,  nof- 
tris  velit  perfuaftonibus  &  admonitio- 
nïbus  aures  prœbere ,  (3  Veftne  Czarea 
Majeftati  rationabilem  dare  fatisfaclio- 
nem.  ^uapr  opter  Vejtram  Czaream 
Majefiatem  enixè  rogamtis  ut  velit  ex 
fit  a  parte  compo  fit  ioni  indulgere  dignarï, 
&  ut  tait  intentione  de  loco  ad  omnes 


avis  6c  Tes  bons  coniêils  pour  en  venir   1700. 

à  bout ,    Nous  y  concourûmes  d'à-    ' 

bord  ,  6c  donnâmes  immédiatement 
les  ordres  à  nôtre  Ambaffadeur  à 
Conitantinople  d'agir  fuivant  le  deïïr 
de  V.  M.  Czarienne,  laquelle  Négo- 
ciation étant  finie  par  une  longue 
Trêve  ,  Nous  congratulons  de  tout 
nôtre  cœur  V.  M.  Czar  erne  de  cet 
heureux  Succès ,  comme  d'une  chofe 
qui  produira  très  -  afïûrément  toute 
forte  de  profpérité  à  V.  M.  Czarien- 
ne 6c  à  Tes  Etats  6c  Païs.  Et  aïant  en 
dernier  lieu  occafion  d'envoïer  une 
Eicadre  de  nos  VaiiTeaux  de  Guerre 
dans  la  Mer  Baltique,  Nous  donnâ- 
mes des  ordres  précis  à  nôtre  Amiral 
6c  autres  nos  Commandans  de  distin- 
guer les  Navires  de  V".  M.  Czarienne 
qu'ils  rencontreroient  6c  de  les  traiter 
avec  toute  forte  de  civilité  6c  d'ami- 
tié j  6c  par  un  dernier  témoignage  de  , 
la  considération  6c  de  l'affection  que 
Nous  avons  pour  V.  M.  Czarienne, 
aïant  apris  par  l'Ambafradeûr  de  V. 
M.  Czarienne  auprès  des  Etats  Gé- 
néraux des  Provinces-Unies,  que  V. 
M.  Czarienne  eft  fort  mal  Satisfaite 
de  la  Couronne  de  Suéde  ,  à  caufe 
de  quelques  injures  qui  doivent  avoir 
été  faites  par  quelques-uns  des  Sujets 
de  cette  Couronne  aux  Ambaffadeurs 
6c  Plénipotentiaires  de  V.  M.  Cza- 
rienne à  leur  paflage  dans  la  Livonie, 
6c  par  le  délai  de  donner  une  réponfe 
aux  plaintes  flûtes  à  leur  AmbaiTade  à 
vôtre  Cour,  Nous  offrons  à  V.  M. 
Czarienne  nôtre  Médiation  6c  nos 
meilleurs  offices  pour  accommoder 
amiablement  tous  les  différais  qui 
peuvent  être  Survenus  entre  V.  M. 
Czarienne  6c  le  Roi  de  Suéde ,  pour 
lequel  Nous  avons  beaucoup  de  con- 
dération ,  à  çaiifè  des  Traitez  6c  Al- 
liances anciennes  6c  préfentes  entre 
nôtre  Couronne  Se  celle  de  ^uédej 
R  3  termi- 


if4     MEMOIRES,  NEGOTI 

1 700.     tcrminandas  modo  amicabili  difcordias , 

abfque  apertâ  Paris  difruptiow  conve- 

niatur,  ut  que  Vcftra  Czarea  Majeftas 

eodeni  velit  tempore  omnes  hojlilesfuf- 

pendere  aclus.     Spe  ducimus  difcordias 

in  illarum  examine  fore  taies,  ut  média 

ad  illas  componendas  invenire  arduum 

«on  ait.     Et  tam  magnum  de  Veftrce 

Czarea  Majeftatis  juftitià ,  aequitate, 

&   honore  judicium   habemus   ut  cum 

caufà   credimus  ,  fe  noftris  ftudiis  & 

amicabilibus  conatibus  obviam  ire,   & 

fore  paratam  debitam  excipere  à  Corona 

Suecica  fatisfatlionem  potius  quam  bel- 

Itim  fufeipere ,  quod  quando  aliae  viae 

nullo  cum  fuccejfu  fe  habent ,  extremum 

eft  remedium,&  ut  Feftra Czarea  Ma' 

jeftas  fuà  -velit  humanitate ,  fuis  taliter 

profpicere  fubjeclis  ut  poffint  fruclus  col- 

ligere  Paris,  quam  illis  Veftra  Czarea 

Majeftas  poftremo  curavit,  &  beneficio 

frui  Commercii  tam  féliciter  ftabiliti  & 

po/tremo  inter  ipfos  &  Noftros,  alio- 

rumque   vicinorum  Populorum  fubditos 

aubli  ;  &?  quod  Paris  continuatione  ex- 

cultum,  florefeens  reddet  Veftrae  Cza- 

reae  Majeftatis  Imperium  ,   £5?  nomen 

Vejtrum  magna  fua  moderationc  fama 

celeberrimuip ,  publicam  tranquillitatem 

omnibus    aliis  praeponendo  refpeclibus. 

Sic  longum  &f  falix  Majeftati  Feftrae 

Czareae  regnum  augurantes,  Omnipo- 

tentis  Proteclioni  commendamus.    Da- 

tum  Hagae   Comitis  die  zj.  Oclobris 

uinno  Domini   1700.  Regnique  Noftri 

iuodecimo. 

jlffeclionatijfimus  Frater,  &c. 


ATIONS,  TRAITEZ, 

&  Nous  ne  doutons  nullement  qu'il 
n'ait  pour  nous  l'égard  d'écouter  nos 
perfuafions  8c  nos  avis  ,  6c  qu'il  ne 
veuille  donner  à   V.  M.  Czarienne 
toute  la  fatisfacrion  qui  fera  raifonna- 
ble.     C'eft  pourquoi  Nous  prions  in- 
ftamment  V.  M.  Czarienne  qu'il  lui 
plaife  d'incliner  de  fon  côté  aux  ter- 
mes d'accommodement,  8c  qu'à  cet- 
te fin   on  puiffe  convenir  d'un  lieu 
pour  terminer  toute  mefintelligence, 
d'une  manière  amiable ,  fans  en  venir 
à  une  rupture  ouverte,  8c  que  V.  M. 
Czarienne  veuille  en  même  tems  fuf- 
pendre  tous,  attes  d'hoftilité.     Nous 
efpérons  que  les  différens  paraîtront 
dans  leur  examen  ,   être  d'une  telle 
nature  qu'il  ne   fera  pas  difficile  de 
trouver  des  moïens  de  les  ajufter  :  Et 
nous  avons  une  fi  grande  opinion  de 
la  juftice,  de  l'équité,  8c  de  l'honneur 
de  V.  M.  Czarienne  que  Nous  avons 
raifon  de  croire  qu'Elle  viendra  à  la 
rencontre  de  nos  offres  6c  de  nos  ef- 
forts amiables,  6c  fera  prête  d'accep- 
ter toute  fatisfaérion  raifonnable  de  la 
Couronne  de  Suéde  plutôt  que  d'en- 
trer dans  une  Guerre  qui  elt  le  der- 
nier remède  ,   lors  que   toute  autre 
tentative  eft  fans  fuccês,  6c  qu'Elle 
voudra  par  fâ  bonté  avoir  tel  égard 
pour  fes  Sujets ,    que  de  leur  laifîer 
cueillir  les  fruits  de  la  Paix  que  Vô- 
tre Majefté  Czarienne  leur  a  procuré 
en  dernier  lieu ,  6c  jouir  du  bénéfice 
de  ce  Commerce  qui  a  été  fi  heureu- 
fement  établi ,  6c  dernièrement  aug- 
menté entre  Eux,  nos  Sujets,  6c  quel- 
ques-unes de   nos  Nations  voifines, 
6c  qui  étant  cultivé  par  la  continua- 
tion de  la  Paix  rendra  floriflans  les 
Etats  de  V.  M.  Czarienne,  6c  vôtre 
nom  recommandable  pour  fa  grande 
modération ,   en  prçférant  le  repos 
public  à  toutes  autres  confidérations. 
Ainfi  fouhaitant  un  long  6c  heureux 

Règne 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.  iff 

Régne  à  V.  M.  Czarienne,  Nous  la  1700. 
recommandons    à   la  protection  du  ■ 

,  Seigneur  Tout-Puiffant.     Donné    à 

nôtre  Cour  à  la  Haïe,  le  Z3.  d'O&o- 
bre  l'An  de  Nôtre  Seigneur  1700.  & 
de  nôtre  Régne  le  12. 

Vôtre  très-affectionné  Frère. 

Guillaume  Roi. 

C  o  M  me  les  Etats  Généraux  firent  dépêcher  par  un  Exprès  de  l'Arnbafîâ- 
deur  de  Suéde  leur  Lettre,  l'on  ne  tarda  pas  à  en  recevoir  une  Réponfè  Gitis- 
fàifante,  telle  que  voici. 

NOS  CAROLUS  DEI  gratia  ,   Suecorum,  Gothorumque,  Vandaîorum-  Réponfc 
que  Rex  &V.  Cel/is  ac  Praepotentibus  Noftris  bonis  Amicis  ac  Fœcleratis  Do-  du  Roi 
minis  Ordinibus  Gêner alibus  Fœderati  Belgii.  Salutem  &  profperos  rerum  Suc-  ^^^, 
ceffus.  tre  des 


Celfi  (3  Praepotentes  Domini,  Amici,  (3  Fœderati. 

EX  literis  Veftris  Hagae  Comitum  die  3 .  menfis  hujus  Septembres  ad  Nos da- 
tis,  iifque  adjunfto  Memoriali  à  magni  Mofcorum  Czaris  Légat 0  apud  Vos 
degente,  Vobis  exhibito,  intelle ximus  quemadmodum  officia  Veftra  ad  alendam 
Nos  inter  (3  Czaream  fuam  Majeftatem  Pacem  &  amicitiam  adhibita ,  occafio- 
nem  praebuerint ,  cur  Czarea  fua  Majeftas  cumfibi  de  injuriis  quibufdam  fatis- 
faSfum  non  fit ,  nec  refponfum  ad  querelas  Legatis  noftris  Mofcoviae  de  Us  f atlas 
-obtinuerit,  earum  notitiam  ad  vos  deferri  voluerit;  unde  vifum  vobis  eft,  cer- 
tiores  Nos  facere  eorum,  quae  vobis  à  Legato  Czareae  fuae  Majeftatis  expojîta 
fuere,  fimulque  officia  veftra  ad  fedandas  (3  tollendas  controverfias ,  fi  quas  bine 
enafei  contigerit ,  pro  ea  qua  vobis  jungimur  amicitia  &  neceffitudine  offerre. 
Haec  Veftra  concertât™,  uti  fincerum  Veftrum  erga  nos  affeclum  abundè  décla- 
rât, ita  non  poteft  non  ejfe  nobis  magnoperè  grata  13  accepta,  nec  dubitare  veli- 
iis  quin  ad  ampletlanda  quavis  idonea  accongrm  média,  quibttsNos  inter  ac  Cza- 
ream fuam  Majeftatem  firma  amicitia  fidaque  vicinia  fabiliri  ac  corroborari  pof- 
fit  prono  propenfoque  feramur  animo,  nec  enim  in  mentem  nobis  unquam  venitjuf- 
titiœ  ac  aquitati  deeffe  nec  in  medendis  Gravaminibus  ac  querelis  inter  utriufque 
Subditos  ac  Miniftros  forte  exortis ,  multo  vero  minus  in  negotiis  ad  exiftimatio- 
nem  (3  honorem  ipfius  Czare<e  fu<e  Majeftatis,  vel  Lcgatorum  ejus  pertinentibus. 
Cueterum  cum  ratio  (3  prudent ia  fuadeant  fengula  rerum  momenta  probe  13  exaclè 
cognofci  13  expendi,  antequam  quicquam  decernatur  &  ftatuatur  neceffarium  exif- 
timavimus  Legato  noftro  Extraordinario  apud  Vos  commoranti  iUuftri  Nobis  fin- 
Cere  fideli  Libero  Baroni  de  Lilieroot  m  mandatis  dare  ,  ut  cum  Deputatis  à  vo- 
bis couftituendis  quant ociùs  congrediatur ,  cumque  Us  qualitatem  gravaminum  à 
Legato  Czareo  prolatorum  rite  examinet  13  difeutiat:  Nec  ingratum  nobis  fut u- 

rttm 


E.  G. 


if<S    MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

T700.  rum  cfi,  fi  pofi  cognitam  exailc  caufam  vcfmet  ipfi  totius  hujus  negoiii  arbilrutm 
"  fufapere  non  detrccletis^  qub  omnibus  palam  fiât ,  nihil  nos  dej 'ugerc ,  quod  ami- 

ci  tiam,  nos  inîer  £5?  Czaream  fuam  Majeftatem  interner  aïe  confervandam  fpe  tia- 
re pojjit ,  qui  de  catero  pro  oblatis  Vefirïs  benevolis  officiis  ,  Vobis  gratias  agimus 
maximas ,  vofque  D  EO  ter  oplimo  maximo  ad  faufta  quavis  &  profpera  ex 
animo  commendatps  cttpimits. 


Vefier  bonus  Amiens  ac  Fœdcratus . 

Dabantur  in  Oppido  noftro  Chrifiianfiadt ,  die  5. 
Septembres ,  Stilo  veteri,  Anno  1700. 


CAROLUS. 


L'Ambassadeur  de  Suéde  leur  préfenta  auffi  le  Mémoire  fuivant. 

CELSI  ET  PÂjEPOTENÏES  DOM1NI. 

Mémoï-     ATtulit  mihi  befternus  Tabellarius  Sacra  Regia  Majcftatis  Domini  mei  Clémen- 
ce de    '    '      tiffimi  mandata ,  ut  ejufdem  refponfarias  ad  Celfijfimarum  ac  Prapotentium 
l.'Ambaf-  Dominationum  Veftrarum  lifteras ,  occafione  Mcmorialis  à  Screnifiîmi  Mofcormi 
de  Suéde  Czaris  Domino  Legato  hic  degente  nuper  exhibiti  fibi  perferiptas ,  Celfis  ac  Prap. 
aux  E.      Dom.Veftris  offerrem^atque  fimul Mentem  Sacra  Regia  Majcftatis  circa  varia  mo- 
G.  du      ment  a  hâc  pertinent  ia  uberiùs  exponerem;Clementiffimis  hifee  Mandat  is,  prima  occa- 
pt*  fione  quant  Celfa  ac  Prapotentes  Dominationes  Veftra  mihi  indicere  dignabuntur , 
humillimè  morcm  gefturus  fum ,  aft  fateor  incertum  me  ejfe  an  amplius,  &  quo- 
ufque  ea  ipfa  prafenti  rcrumfaciei  congruant.     Accidit  enim  prater  omnem  fpem 
quam  SantJa  adeb  promijfa,  totiefque  repetit  a  déclarât  iones  merito  dabant,  Cza- 
ream fuam  Majeftatem  per  literas  quarum  apographum  mihi  Berolino  tranfmijfum 
eft ,  Régi  Polonia  pollicitam  effe  non  tantum  fe  bellum  indicluram ,  fed  etiam 
cura  Auxiliaribus   copiis  fe  ipfam  propediem  ei  adfuturam.     Adaclum  itaque  me 
video ,  ut  de  auxiliis  vi  patlorum  tam  pridem  quam  nuper  admodum  initorum 
Sacra  Regia  Majeftatï  promiffis,  &  qua  litteris praterlapfo  menfe  Marti i  exa- 
ratis  Sacra  Regia  Majeftas  ipfa  requifivit ,  Celfas  ac  Prap.  Dom.  Veftras  ite~ 
rum  compellem ,  idque  eb  enixiùs  quo  gravior  urget  neceffitas ,  tantorumque  hoftium 
impetus.    Celfa  ac  Prap.  Dom.  Veftra  finceram  fuam  erga  Sacrant  Regiam  Ma- 
jeftatem amicitiam  reapsè  atque  tôt  document  is  comprobaverunt ,  ut  nullo  modo 
dubitare  poffit  Sacra  Regia  Majeftas  quin  &  hâc  occafione  parem  affetlum  exper- 
tura  fit.   Reliquis  etiam  benevola  hujus  in  fe  "jolnntatis  indiciis  accenfebit  fuci 
Regia  Majeftas,  quod  teftari  voluerint  Celfa  ac  Prap.  Dom.  Veftra  fe  ad  conci- 
liandam  cum  hoftibus  Pacem ,  operam  fuam  conferre  velle  :   Eo  gratiora  erunt 
haec  Celfarum  ac  Praep.  Dom.  Veftrarum  ftudia  qub  fincerius  fua  Sacra  Regia 
Majeftas  &  ipfa  in  Pacem,  dummodo  aequa  ea  fit  atque  tttta ,  propendet.  Interect 
yerp  dum  huic  reducenàae  Celfas  ac  Praep.  Dom.  Veftras,  laudabili  ftudio  in- 
cumbere  perlubens  S.  R.  Majeflas  animadvertit  ,   certo  fibi  nihilominîis  pollicetur 
nullam  propterea  in  ope  à  Celfis  ac  Praep.  Domin.  Veftris  praeflandâ  moram  fu- 
turam.     §>uin  potius  Celfas  ac  P.  D.  Veftras  Auxilia  tum  patlis,  tum  neceffi- 
tati  imminent ique  periculo  adaequata  fine  ulld  temporis  jac~lurà,  tantoque  promp- 

tiies 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.  ir7 

Hits  efte  xxpedituras ,  quo  magis  apparet  reftauranda  Paci  haud  aliud efficacius   1700. 

dari  remedium.   Gratâ  de  catero  mente  agnofcet  Sacra  Regia  Majeftas  amicam    • 

opem,  &  fimal  ac  ejus  bénéficie-  ex  hifee  difficultatibus  elutlari  dabitur  ad  vicem 
Celfts  ac  Prap.  Dont.  Veftris  rependendam  omni  tempore  erit  paratiffima.   Ego  in-  ' 
terea  ut  f avens  Cclfarum  ac  Prap.  Dont.  Veftrarum  refponfum  mihi  ocius  obtin- 
gat  quà  decet  Obfervantiâ  rogo.     Haga  Comit,  ~.  Sept.  1700. 

N.   LlLLIEROOT. 

Pour  le  Czar  il  ne  répondit  au  Roi  d'Angleterre,  qu'après  avoir  com- 
mencé la  Guerre  contre  la  Suéde,  ainfî  que  l'on  dira  en  fon  tems.  Voici  en 
attendant  la  Traduction  de  cette  Réponfe  du  Czar. 

Poji  Nomina  ac  Titulos  utriufque  Majeftatis. 

EX Literis  Veftra  Regia  Majeftatis ,  datis  Hagœ  Comitis  die  zj.  menfis  Oclo-  Réponfe 
bris  intelleximus ,  Nos  Magnus  Dominus,  noftra  Czarea  Majeftas,  Veftra  d«-C*« 
Regia  Majeftatis  fingularem  amicitiam,  erga  noftram  Czaream  Majeftatem ,  ac  ^Ane? 
pro  gêner  ali  Europe  tranquilitate  ftudium,  fi  quando  pradicla  generalis  à  quodam  terre  f  *" , 
frangatur  tranquilitas  ;  quod  etiam  in  rébus  noflri  magni  Domni,  noftra  Cza- 
rea Majeftatis  Carlowizii  procurandis  ut  propriis  fuis ,  atque  in  traclatibus  iftis 
Effe&um  oftendit;  ad  bac,  quod  Veftra  Regia  Majeftas  optet,  ut  noftra  Czarea 
Majeftas  eodem  modo  quo  etiam  reliqui  Chriftiani  Principes  illîc  tranfaclionem 
Paci  s  adipifeamur,  poftett  vero  pro  de fiderio  noftra  Czarea  Majeftatis,  Légat  0 
fuo  Veftra  Regia  Majeftas ,   Conftantinopoli,  mandata  dederit,  quo  Me  ibidem 
noftris  Miniftris  ad  obtinendas  atque  protrahendas  inducias ,  confiliis  boni/que  offi- 
ces prafto  effet  fine  morâ,  qui  bus  etiam  longis  indu  dis  tandem  conclufis  de  felici 
earum  fucceffu  Veftra  Regia  Majeftas,  noftra  Czarea  Majeftati perdikelè  gra- 
tuletur.    Praterea  quod  Veftra  Regia  Majeftas  haud  ita  pridem  in  mijfione  Claf- 
fis  Bellicarum  Navium  in  mare  Balticum  Architalajfo  fuo ,  aUifquc  ejus  duclori- 
bus  in  mandat is  dederit ,  ut  erga  ornnes  noftras,quas  obvias  haberent,  Naves  cum 
omni  urbanitate  ac  amore  fe  gérèrent,  £5?  in  ulterius  Veftra  erga  noftram  Cza- 
ream Majeftatem  aftimationis  argumentum  certior  facla  Veftra  Regia  Majeftas  de 
reïatis  injuriis  à  Legato  noftro  apud  Générales  Ordines  Fœderatarum  Provincia- 
rum,  atque  de  gravaminibus  nobis  illatis  à  Coronà  Suecia,  in  tranfitâ  Pknipo- 
tentiariorum  Légat  or  um  noftrorum  per  Livoniam  ,  de  quibus  Légat  ioni  Suecia, 
qua  apud  Aulam  Noftra  Czarea  Majeftatis  fuit  ad  componendas  eas,  rcmonftra- 
tum  eft,  Veftra  Regia  Majeftas,  ad  complanandas  iftas  contentionés ,  ub  fingu- 
larem amicitiam  ac  Fœdus  cum  Rege  Suecia  fuam  mediationem,  ac  meiiora  officia 
nobis  offerre  velit;  non  dubitans  quin  Rex  Me,  Veftra  Regia  Majeftatis  gratiâ, 
confiliis  veftris  aurem  prabere  velit,  &f  nobis  in  omni  re  juftâ  fatufaciat ,  eâque 
propter  roget ,  ut  Noftra  Czarea  Majeftas  in  bifee  dignetur  amicitia  redintegran- 
da  facilem  fe  prabere ,  ac  hune  adfinem,  ut  locus  defignaretur ,  in  quo  difeordia 
modo  amicabili  componantur,  abfque  ullâ  apertà  Paris  ïllœfifne,  £5?  ut  Noftra 
Czarea  Majeftas  iuterea  velit  omnes  hoftiles  fufpendere  impetus  ;  etenim  Veftra. 
Regia  Majeftas  'confiait  fore-  ut  ha  diffenfioncs  avfyue  mole  (lia  fopiri  qwant ,  & 
Tom.  I.  S  mbà 


if8      MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

1700.    «obis  aqiia  fatisfaclio  à  Corona  Suecja  prœflctur,  abjquc  fufceptïone  belli,  quod' 

- cxtremv.m,  pofi  alia  fruftrà  tentât  a,  eft  rcmedium,  &  ut  Nos  Magqus  Dorai. 

nus,  Noftra  Czarea  Majgfiast  vclit fuis  profpkere  Subditis,  illifque  Pace  nuper- 
rimè  récupérât  A  frai  concédât ,  atque  fmul  Commercio  haud  ità  pridem  féliciter 
ftabilito,  &  non  ità  auclo  in  ter  Confœderatas  aliafque  Nationes,  &  quod  bac 
■pacificatio  nos  ac  Imperium  noftrum  magis  c  x  cuit  mn  flore  [cens  redditura  fît,  gêne- 
raient tranquillitatem  prapomre  velimus,  qud  pr opter  Nos,  Magnus  Dominas, 
Noftra  Czarea  Majeftas,  auxilium,  quod  Légat 0  noftra  Czarea  Majeftatis  cum 
Turcis  in  Commifftone  exïftcnii  Carloivitzn  latum  eft,  gratè  accipimus,  de  Lega- 
tis  Veflris ,  atque  aliorum  erga  Nos  Magnum  Dominum  ,  Noftram  Czaream 
Majeftatem,  negoticrum  propenfione ,  atque  prœfenti ,  de  Pace  nobifcum  ,  Feflra 
Régi  a  Majeftatis  propojitiom  cum  Coronâ  Suecicà  infujcepto  bello,  ob  multas  m- 
bis  illatas  ab  ipfis  injurias  y  non  recufamus;  atque  de  loco  huic  rei  dejignando, 
ac  tratlatione  Pacis  habita  ,  juxta  obligationem  Fœderis  inter  nos  pacli,  cum 
Regiâ  Majeftatc  Polouia  communicatione ,  Veftra  Régi*  Majeftati  confeft  m  no- 
tifie abimus.  Inter  ta  optaynus  Nos,  Magnus  Dominas,  Noftra  Czarea  Majeftas, 
Vobis  à  Deo  Fratri  noftro,  Magno  Domino  ,  Veftra  Régi*  Majeftati  longa- 
"oam  incolumitatem ,  ac  pro/perum  in  Regnis  veftris  Imperium.  Datum  Imperii 
Noftri  in  Aulâ  Imperiali  Metropoli-Mofcoviœ  Anno  à  Nativitate  DEI  Redemp- 
toris  Noftri  Jefu  Chrifîi  1700.  menfts  Decembris.  die  7.  Regmiinis  autem  Nof- 
tri ip.  Anno. 

L  a  France  fe  mêloit  aufîi  de  vouloir  rétablir  la  Paix  du  Nord.  Elle  avoir, 
pour  cela  des  Miniftres,  tant  auprès  du  Roi  de  Pologne,  que  de  celui  de  Sué- 
de. L'un  &  l'autre  s'emploïérent  pour  finir  les  troubles.  On  peut  le  voir 
par  les  deux  Mémoires ,  que  le  Comte  de  Guifcard  préfenta  à  la  Chancellerie 
de  Suéde ,  de  la  teneur  6c  date  fuivante. 

Mémoi-  »  "\iC  Onsieur  du  Hcron,  Envoie  Extraordinaire  du  Roi  mon  Maître  au» 
re  du  »  iVJL  près  du  Roi  de  Pologne ,  m'écrit  par  un  Courier  qu'il  m'a  dépê- 
Comte  „  ché  le  troifiéme  de  ce  mois  du  Camp  devant  Riga,  que  n'aïant  pas  dif- 
**e9ui'"'  »  continué  d'emploïer  tout  ce  qui  lui  a  été  poffible  pour  porter  Sa  Majefté 
fente  a"6"  »  Polonoife  à  prendre  le  parti  de  terminer  à  l'amiable  les  différens  qu'Elle  a 
la  Chan-  jj  avec  la  Suéde,  ce  Prince  lui  a  déclaré  en  dernier  lieu  qu'il  croïoit  avoir 
eelleric  J5  déjà  témoigné  qu'il  n'étoit  pas  éloigné  de  ces  fentimens-là ,  par  l'accepta- 
î|e  SJlé"  »  tlon  9U^  arP*j  ïaite  delà  médiation  du  Roi  mon  Maître  y  mais,  que  pour 
,  f  '  §  „  en  donner  encore  de  nouvelles,  preuves  y  il  confentoit  d'envoïer  des  Pléni- 
tembre  „  potentiaires  à  Dantzig  ou  à  Olive,  lefquels  pourroient  convenir  en  peu  de 
1700.  n  tems  avec  ceux  du  Roi  de  Suéde  des  prétentions  réciproques,  &  qu'il  of- 
froit  même  de  faire  traiter  avec  Meilleurs  Dahlberg  Se  ÎVelling,  enfemble, 
ou  féparément,  félon  que  Sa  Majefté  Suédoife  trouveroit  bon  de  leur  en- 
voïer  les  Pleins-Pouvoirs.  Il  content  enfin  de  remettre  à  la  décifion  du 
Roi  mon  Maître  la  reftrtution  des  Forts  qu'il  occupe  en  Livonie ,  ne  pou- 
vant avec  honneur  commencer  à  traiter  par  cette  Reftitution  préliminaire" 
&  muiïtêe  que  la  Suéde  demande. 

„  En  cas  que  1a  Négociation  qu'on  propofe  fe  terminât  (  comme  il  y  au- 

„  roit 


55 
» 

Î5 
55 


! 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.     .       ifo 

„  roit  fujet  de  l'efpérer)  par  le  rétabliflement  d'une  bonne  intelligence  entre   1700. 

„  les  deux  Rois,  celui  de  Pologne  contribuerait  autant  qu'il  lui  leroit  poiïi-   

„  ble  à  la  continuation  de  la  Paix  entre  la  Suéde  6c  la  Mofcovie  ;  Se  fi  le^ 
„  Czar  l'avoit  déjà  rompue ,  il  s'obligeroit  à  ne  lui  donner  aucune  afliftance* 
j,  directement  ni  indirectement.  Mon  dit  Sr.  du  Héron  ajoute,  qu'il  travaille 
„  à  faire  différer  le  Bombardement  de  Riga,  &  qu'il  efpére  y  réùflîr,  julqu'à 
„  ce  qu'il  reçoive  ma  réponfe  par  le  retour  de  fou  Courier  qu'il  me  prie  de 
„  lui  renvoïer  diligemment. 

,,  Les  difpofitions  qui  font  l'effet  des  foins  continuels  que  prend  le  Roi 
„  mon  Maître  du  rétabliflement  de  la  tranquillité  dans  le  Nord ,  paroiffent 
„  d'autant  plus  juftes  6c  convenables  à  ce  que  la  Suéde  peut  defirer  dans  la 
„  conjoncture  préfente,  qu'elles  remettent  les  différens  en  queftion  à  la  Mé- 
,,  diation  Se  à  la  décifion  du  Roi  mon  Maître,  qui  en  la  même  qualité  a 
„  donné  à  cette  Couronne  de  fi  grandes  marques  de  fon  eftime  6c  de  fon 
„  amitié  dans  la  Négociation  du  Traité  d'Olive,  &  a  continué  depuis  ce 
„  tems-là ,  à  lui  témoigner  les  mêmes  fentimens  en  toutes  fortes  d'occa- 

fions. 


55 


Copie  d'un  Mémoire  donné  à  la  Chancellerie ,  le  6.  Oclohre  1700. 

„  T  E  Roi  mon  Maître  aïant  tout  fujet  de  croire  que  fes  offices  auprès  du 
„  1— t  Roi  de  Pologne  auront  le  bon  fuccès  qu'il  en  a  dû  attendre,  m'or- 
„  donne  d'avoir  l'honneur  de  témoigner  au  Roi  de  Suéde  que  s'il  veut  Ce 
„  contenter  comme  le  Sieur  de  Palmquift ,  fon  Réfident  en  France ,  a  té- 
„  moigné  le  croire,  que  le  Traité  d'Olive  foit  rétabli ,  &  qu'on  prenne  les 
„  furetez  néceflaires  pour  empêcher  qu'il  ne  foit  troublé  à  l'avenir,  Sa  Ma- 
„  jefté  fe  promet  que  le  Roi  de  Pologne  ne  refufera  pas  de  s'accommoder  à 
„  des  conditions  auffi  jufles. 

„  Je  dois  repréfenter  en  même  tems  à  Sa  Majefté  Suédoife  qu'il  ne  fera 
„  pas  poflible  de  porter  ce  Prince  à  rendre  les  Forts  qu'il  occupe  en  Livonie 
„  avant  que  de  traiter,  6c  même  que  fi  on  veut  faire  entrer  dans  la  préfente 
„  Négociation  la  difcuflîon  des  Griefs  6c  des  Dédommagemens  prétendus 
„  réciproquement,  il  ne  fera  pas  poifible  qu'elle  n'éloigne  beaucoup  le  réta- 
„  bliflement  de  la  Paix. 

„  Enfin,  le  Roi  mon  Maître  me  charge  de  demander  à  la  Chancellerie  de 
„  Suéde  après  la  repréfentation  ci-deffus ,  un  Projet  de  Traité  tel  qu'on  croit 
„  le  devoir  propofer  ,  afin  que  l'aïant  fait  examiner,  6c  communiquer  au 
„  Roi  de  Pologne,  il  l'appuie  aufli  fortement  qu'il  fera  néceflàire  pour  rem- 
„  plir  tout  ce  qu'on  peut  attendre  d'un  bon  Garant  6c  Allié  fur  des  préten- 
„  tions  juftes  6c  conformes  à  la  Paix. 

„  Et  comme  je  me  trouve  avoir  prévenu  les  ordres  du  Roi  mon  Maître 
„  par  le  dernier  Mémoire  que  j'ai  remis  à  la  Chancellerie,  j'ai  lieu  d'en  at- 
„  tendre  une  réponfe  prompte ,  6c  qui  convienne  aux  bonnes  intentions  de 
„  Sa  Majeiié  pour  l'entier  réubliffement  de  la  tranquillité  du  Nord,  6c 
„  pour  continuer  de  donner  au  Roi  de  Suéde  toutes  les  marques  poflibles  de 
„  fon  eftime  6c  fincére  affection. 

S  2,  Les 


itfo     MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

1700.        Les  Etats  Généraux,  qui  avoicnt  toujours  en  vue  la  tranquillité  publi- 

■  que,  &  fur  tout  celle  du  Nord,  à  caufe  du  Commerce  de  leurs  Sujets,  fou- 

haitoient  fort  aufïï  d'offrir  leurs  bons  offices  au  Roi  de  Pologne  à  ce  fujet. 

Le  Miniftre  de  ce  Roi  leur  en  ouvrit  le  chemin  par  un  Mémoire,  qu'il  leur 

préfenta,  en  date  du  2.8.  de  Septembre,  dans  les  termes  fui  vans. 

Me'm°|-      „  H  A  U  T  S  ET  PU  I S  S  A  N  S  S  E IG  N  E  U  R  S , 

re  de  Mr.  ' 

de  Gers-  ,.-'■', 

dorf.Mi- „  C'A  Majefté  le  Roi  mon  Maître  croit  encore  Vos  Hautes  Puiflances  fes 
niftre^  de  „  Cj  bons  Amis,  êc  m'a  ordonné  de  les  afliirer  qu'il  eil  inébranlable  dans 
sux'e'g  "  ^'"lt:en^on  d'augmenter  plutôt  que  de  diminuer  la  bonne  amitié  6c  intelli- 
'  „  gence,  qui  a  été  jufqu'ici  entre  Sa  Majefté,  fes  Prédéceflèurs ,  6c  Leurs 
„  Hautes  Puiflances  les  Seigneurs  Etats  Généraux  des  Provinces-Unies,  & 
„  fè  promet  à  l'avenir  autant  de  Vos  Hautes  Puiflances.  Je  dois  aufli  com-. 
„  muniquer  à  Vos  Hautes  Puiflances  la  Copie  ci-jointe  d'une  Lettre  écrite 
„  de  Sa  Majefté  le  Czar  de  Mofcoviej  6c  bien  que  l'on  puifle  voir  par-là  r 
„  que  le  Roi  mon  Maître  efl  en  état  de  pourfuivre  fes  jultes  defleins,  après 
„  toutes  les  peines  que  l'on  s'eft  donné  de  vouloir  détourner  Sa  Majefté  le 
„  Roi  de  Dannemarck  6c  Norvvegue  de  fon  Alliance,  Sa  Majefté  déclare 
„  néanmoins,  de  ne  pas  refulèr  un  accommodement  honnête  avec  la  Suéde, 
„  6c  de  vouloir  emploïer  les  bons  offices,  à  lui  en  procurer  autant  de  Sa  Ma- 
„  jefté  Czarienne,  pourvu  que  cela  fe  fafle  à  des  conditions  convenables 
„  avec  la  Juilice  6c  avec  les  Intérêts  de  Sa  Majefté  6c  de  fes  Alliez,  comme 
„  Vos  Hautes  Puiflances  le  peuvent  voir  plus  amplement  dans  la  Lettre  de 
„  Moniteur  le  Baron  de  Patkal,  Confeiller  Privé  de  Sa  Majefté  le  Roi  mon 
„  Maître.  Comme  Vos  Hautes  Puiflances  témoignent  tant  d'empreflement 
„  pour  la  Paix  de  l'Europe  en  général,  cette  dilpofîtion  du  Roi  mon  Maî- 
„  tre  ne  peut  que  s'accorder  avec  leurs  fouhaits.  C'eft  à  cette  heure  au  Roi 
„  de  Suéde  d'en  profiter  ;  6c  moi  Je  fuis  avec  beaucoup  de  refpcct,  Sec. 
„  Ce  2.8.  Septembre  1700, 

Lesdits  Etats  Généraux  prirent  d'abord  la  réfolution  d'écrire  à  ce  Roi-là. 
la  Lettre  drivante. 

SSfeui  SwemJJÏme  fc?  Potentifiime  Rex , 

Géné- 
raux au  ÇUm  Rcgne  Mzjeftatis Vcflra Refidens  Dont. Baro  de  Gersdorff  nobis  firiptl  tcf- 
j*°!  de  t  dus  fit,  prepenfum  Regià  Majeftàfis  Feftrœ  erga  nos  affecJum,  pronamque 
ne*  volant  a!  cm  coiendi  13  inagis  etiam  corroborandi  amicitiam,  qius  nobis  cum  Regià 
MajcJIaie  Vejlra  intercedit  ,  prœtermittere  non  potuimus  quin  Regia  Majejlati 
Ve'jlrœ  gratias  ager  crans,  nobifque  gratularcmur  de  tàm  bsnevolo  6?  amico  ejus 
erga,  nos  anhno ,  vicijjim  teflantes ,  nihil  nos  unquam  à  nobis  defiderari  pajfuros^ 
coranique  ad  fovendam  augendamque  mutuam  amicitiamij}  veram  concordiam  in- 
ter  Rcgïam  Majejlatem  Feftram  a/que  Ranpublicam  Nofiram,  condticere  pote- 
r.unt,  qnippe  qui  Regiam  Majeftatem  Vejlram  ejufque  Fit  tûtes  heroicas  femper 
quàm  maxime  ventral  i  ftiKUSy  &  ejas  amicitiam  magnifecerimus  (3  fummoperè. 

deft- 


■'u- 


ET    RESOLUTIONS    D'ETAT.  i<5i 

defideraverimus.     Cœterum  cum  modo  nominatus  Dont,  de  Gersdorff ' fimttl nobis  1700. 

communicaverit  Htteras  à  Magno  Mofcorum  Czare  ad  Regiam  Majefiatem  Fef~   

tram  fcriptas ,  £5?  addiderit  pr opter eà  tamen  Regiam  Majefiatem  Veftram,aquam 
Pacem  cum  Coronâ  Suecia  minime  averfaturam ,  imo  &  Reg'ne  Majeftatis  Fef- 
tra  officia  parafa  fore ,  ad  procurandam  eodem  modo  cum  Czared  fuà  Majefîato 
concordiam ,  bac  mentis  Regiœ  Majeftatis  Feftrx  ad  Pacem  proclivis  déclarât lo 
nobis  gratijjïma  fuit  ;  quemadmodum  enim  exortee  in  Livonià  ante  aîiquot  tempus 
turbae  fummo  nos  mœrore  affecerunt ,  fie  femper  veritifumus ,  ne  nifi  quantociùs 
fedarentnr  cum  tempore  ait  lus  exfur gèrent  Ifj  latius  diffunderentur  £5?  ne  collapfae 
quietis  reftauratlo  tantb  dlfficillor  foret ,  quo  longiiis  differretur  ;  nabis  autan  qui- 
tus Pax  &  tranquillltas  publica  femper  in  votis  ci?  cor  cil  eft ,  jucundum  £5?  accep- 
tum  futur um  eft,  fi  abfque  morâ  belli  fiamma  in  Llvon'tâ  extingui,  &  quies  ils 
oris  priftlna  reddi-  contlgerit ,  pr  opter  ea  Regiam  Majefiatem  Veftram  enixe  £5? 
amant er  rogamus,  ut  rationes  &  vlas  £5?  quam  breviffime  ducentes  inlre ,  £5?  in 
ils  fe  facilem  praebere  velit,  nec  quicquam  intereà  aggredi,  quod  praefentem  rerum 
Statum  in  deterius  mut are ,  vel  Pacis  amicam  conciliationem  magis  difficilem  effi- 
ccre  poffet  ;  fed  multo  magis  illico  de  Armifiitio  £5?  loco  congrejfus  convenire.  Quod 
Ji  ad  reducendam  tranquillitatem  &  concordiam  officia  £s?  opéra  nofira  Regns  Ma- 
jefiati  Veflrx  grata  &  utilis  videbitur,  eamfedulb  &?  lubentes  adhibebimus  ,  ubi- 
cumque  (jj  quando  Regia  Majefias  Feflra  illâ  uti  •uoluerit ,.  &  qudcunque  data 
occaftone  animi  nofiri  pro  confervandd  Pace  &  qulete  publicâ  &  pro  refiaurandA 
eâdem  quatenus  luxât  a  vel  collapfa  eft ,  Studiofiffimi,  documenta  dare  annitemur 
fœlicefque  nos  exiftimabimus ,  fi  collât  a  nofira  eum  m  finem  confilia  &  officia,  ali- 
cujus  moment i  fuiffie  comperiemur.     Caeterum  y 

Sereniffime  &  Potentiffime  Rex. 

Datae  Hagae  Co?nitum,  die  19.  Septembris  1700. 

.Ils  ne  purent  s'empêcher  d'y  parler  de  la  Lettre,  qui  y  étoit  jointe,  & 
que  le  Czar  avoit  écrite  à  ce  Prince.  Le  Comte  de  Briord  avoit  reçu  de 
l'Envolé  de  France  du  Héron,  la  Copie  de  cette  Lettre,  qui  déchifroitTaflez 
les  defleins  du  Czar,  formez  de  longue  main.  Cependant,  bien  des  gens 
l'attribuoient  à  une  diflîmulation  du  Roi  Auguste,  qui  auroit  pu  en  impo- 
fer  à  1'Envoïé  de  France,  afin  d'obliger  le  Roi  de  Suéde  à  une  Paix  avanta- 
geufe  à  la  Pologne.  Mais,  puisque  l'Envoie  de  ce  Roi  l'avoit  communiquée 
aux  Etats.  Généraux,  elle  parût  fort  autentique.  Elle  étoit  conçue  en  ces 
termes. 

„  Très-Cher  Frère  et  Seigneur  Voisin,  Lettre 

Ou  s  ne  devez  croire  en  aucune  manière  que  je  néglige  l'entrepiïfë  au  Roi) 
dont  il  eft  queftion,  &  qui  n'a  été  différée  que  par  des  obftacles  rà-  de  Pol°* 
„  cheux.     Mais  comme  par  l'alliftance  Divine  Nous  venons  de  faire  une  gne' 
„  Pa;x  pour  trente  années  avec  le  Turc,  &  même  avec  affèz  d'avantage  Se 
„  de  profit,  Nous  commençons  à  travailler  à  l'exécution  de  nôtre  deflein , 

S  3  „  aïant 


11 
11 
11 


\6i     MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

170a.     „  aïant  à  cette  fin  envoie  ordre  au  Gouverneur  de  Novogrod  de  publier  au 
•  „  plutôt  la  Déclaration  de  Guerre,  d'entrer  en  Livonie,  &  d'y  affiéger  les 

meilleures  Places.    J'ordonnerai  aurfi  fans  rien  négliger  de  taire  marcher 
les  autres  Troupes,  6c  je  prétens  me  trouver  là  en  perfonne  avant  la  fin 
de  ce  mois }  n'aïant  point  d'autre  but  que  de  prendre  en  main  avec  l'aide 
„  de  Dieu  les  intérêts  de  Vôtre  Majefté. 

.L'on  ne  parut  guéres  content  en  Hollande  du  procédé  du  Czar.    C'efr, 
parce  qu'il  paroifioit  avoir  joiié  l'Etat  par  des  proteftations  fimulées,  qu'il 
avoit  fait  faire  par  fon  Ambafladeur,  8c  qu'on  ne  demandoit  pas.  Aufli  l'Ambaf- 
fadeurde  Suéde  ne  perdit-il  point  de  tems,  8c  follicita  puiflamment  le  (êcours 
ftipulé  dans  le  Traité  conclu  entre  fon  Maître ,  l'Angleterre,  6c  les  Etats  Gé- 
néraux.    Cet  Ambafladeur  Suédois  repréfenîa  fort  le  dommage  que  la  Hol- 
lande pourroit  dans  la  fuite  reevoir,  fi  les  Mofcovites,  s'emparant  de  Nerva, 
avoient  un  Port  dans  la  Mer  Baltique.     Car,  quoi  qu'il  femblât  que  cela  pût 
faciliter  le  Commerce  avec  la  Mofcovie,  il  y  avoit  à  craindre  que  le  Czar, 
qui  aimoit  la  Marine,  ne  voulût  attirer  le  Commerce  à  lui ,  8c  le  faire  faire 
par  fes  propres  Sujets  6c  par  (es  propres  Navires,  qu'il  feroit  confiruirej  ce 
qui  ôteroit  l'emploi  aux  Navires  8c  aux  Matelots  Hollandois  qui  alloient  en 
ce  Païs-là.     Ce  fut  là-defliis  que  le  Cohfeiller  Penfionnaire  Heinfius  fit  le 
voïage  de  Loo,  pour  en  conférer  avec  le  Roi  de  la  Grande-Bretagne,  6c  en 
lavoir  fes  fentimens  >  car  il  paroiflbit  que  le  Nord  étoit  menacé  d'un  grand 
incendie.     On  craignoit  même  que  la  Cour  de  Berlin,  qui  paroifioit  avoir 
été  jufques  alors  aux  aguets,  ne  voulut  profiter  de  ces  mouvemens.     Cette 
Cour  n' étoit  pas  en  bonne  intelligence  avec  le  Roi  d'Angleterre.    C'étoit  à 
'  Poccafion  du  Miniftre  d'Etat  Dankelman,  qui  avoit  été  envoie  prifonnier  à 
Spandau ,  6c  pour  lequel  Sa  Majefté  Britannique  s'intérefioit  pour  lui  procu- 
rer la  liberté,  le  fâchant  doué  de  la  plus  exaéte  probité.   L'Eleéteur  de  Bran- 
debourg avoit  difgracié  ce  Miniftre,  parce  qu'il  avoit  tâché  d'amoindrir  la 
considération  que  ce  Prince  avoit  pour  la  femme  du  Grand  Chambellan  Colb, 
connu  depuis  fous  le  nom  de  Comte  de  JVartemberg.     Cette  femme  altiére , 
d'une  extraction  baffe  6c  obfcure,  6c  qui,  en  premières  Noces,  avoit  été 
unie  à  un  Valet  de  Chambre  de  l'Eleéteur,  en  fut  fi  irritée,  qu'elle  s'étoit 
prévalue  de  Pafcendant  qu'elle  avoit  fur  l'efprit  de  ce  Prince,  pour  perdre 
Davkclman^  6c  pour  élever  fon  Mari  au  degré  de  faveur  où  on  l'a  vu  depuis 
fur  le  débris  de  cet  intègre  Miniftre.     Aufli  la  nouvelle  Dignité  Roïale  de 
l'Elefteur  n'auroit-clle  pas  été  aprouvée  par  le  Roi  d'Angleterre,  ni  les  Etats 
Généraux,  fi  les  difficultez  fur  la  Succefiîon  d'Efpagne  n'euflent  pas  été  tel- 
les, qu'on  ne  pouvoit  fe  pafler  de  vivre  en  bonne  intelligence  avec  l'Electeur. 
Celui-ci  avoit  cependant  renouvelle  le  premier  d'Août  les  anciens  Traitez 
d'Alliance  avec  les  Etats  Généraux ,  par  le  moïen  de  leur  Miniftre  le  Géné- 
ral SQpâam. 

Outre  la  crainte  qu'on  avoit  de  la  part  de  la  Cour  de  Berlin,  on  avoit  cel- 
le de  la  Confédération  de  plufieurs  Princes  d'Allemagne  contre  l'éreétion  du 
neuvième  Eleétorat.  Ces  Princes,  qui  faifoient  pour  cela  tenir  des  Confé- 
icnccs  à  Nuremberg,  eurent  recours  a.u  Roi  de  France ,  comme  Garant  du 

Traité 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.         i<r$ 

Traité   de  Weftphalie.     Celui-ci,  qui,  fuivant  quelques  Politiques,  faifoit  *700- 
fomenter  cette  difeorde,  fit  prefenter  à  la  Diète  de  Ratisbonne,  le  Mémoire  "  '  '  " 
fuivant. 

„  T  E  Plénipotentiaire  de  France  a  reçu  ordre  du  Roi  fon  Maître,  de  fai-  Repré- 

?,  JL>  re  connoître  aux  Electeurs,  Princes,  6c  Etats  de  l'Empire,  affèmblez  fenU- 

„  par  leurs  Députez  à  la  Diète  générale  à  Ratisbonne ,  que  quoique  Sa  Ma-  m™^ 

„  jette  ait  toujours  regardé  comme  une  nouveauté  également  contraire  aux  deFran- 

„  'Conftitutions  générales  de  l'Empire,  fie  au  Traité  de  Weftphalie,  l'érec-  ce  à  la 

„  tion  du  neuvième  Electorat  fait  au  commencement  de  la  dernière  Guerre  Diéfe  dc 

„  en  "faveur  du  Duc  de  Hanover,  Elle  a  cependant  gardé  le  filence,  6c  fur  bonne 

„  le  fond  de  l'affaire ,  8c  fur  Pobmiffion  des  formalitez  qu'on  devoit  au  moins  ]e  14.  ' 

„  obferver,  pour  conferver  en  quelque  manière  les  Droits  des  Princes  de  Sept. 

„  l'Empire  ;  perfuadée  que  leur  recours  à  l'Empereur  auroit  tout  l'effet,  I700« 

„  qu'ils  fe  promettoient ,  &  qu'obtenant  de  leur  Chef  la  juftice  qu'ils  en  de* 

„  voient  attendre,  les  juftes  plaintes  caufées  par  cette  nouvelle  érection  fe- 

„  roient  bien-tôt  apaifées:  mais,  comme'  les  Proteftations  des  Princes  ofFen- 

„  fez  pour  cette  innovation  font  depuis  plufieurs  années  entièrement  inuti- 

„  les,  qu'ils  connoiffent  par  la  réponfe  que  l'Empereur  leur  a  fait  en  dernier 

„  lieu,  qu'ils  ne  doivent  rien  efpérer  de  leurs  remontrances,  que  les  raifons 

„  folides   tant  de  fois  emploïées  demeurent  fans  effet  ,   qu'enfin  ,    Ils  ont 

3,  compris  que  leur  unique  reffource  confiftoit  à  s'adreffer  aux  Garants  du 

„  Traité  de  Weftphalie,  engagez  à  maintenir  l'exécution  de  ce  Traité,  6c 

„  que  dans  cette  vûë ,  Ils  ont  effectivement  eu  recours  à  Sa  Majefté  pour  le 

„  maintien  des  Loix  de  l'Empire,  6c  des  Conditions  des  Traitez  également 

„  bleffèz  par  les  nouveautez  introduites  en  faveur  du  Duc  de  Hanover  j    le 

„  Roi  voulant  marquer  en  toutes  occafions,  6c  principalement  dans  la  con- 

„  joncture  prefente,  fon  affection  pour  les  Princes  de  l'Empire,  l'attention 

„  qu'il  donne  à  leurs  Intérêts ,  le  defir  qu'il  a  de  faire  exécuter  pondtuelle- 

„  ment  les  Traitez  dont  il  eft  Garant,  Sa  Majefté  portée  par  ces  confidé- 

„  clarer 
,,  nom  des 

„  comme  Garant  du  Traité  de  Weftphalie,  de  protéger  ces  Princes  fuivant 
„  leur  demande,  dans  les  Droits  qui  leur  font  aquis  par  ce  même  Traité,  6c 
„  de  foutenir  les  réfolutions  qu'ils  ont  prifes,  ÔC  les  liaifons  formées  pour 
„  maintenir  leurs  prérogatives.  Que  fon  intention  non  feulement  eft  d'in- 
„  terpofèr,  pour  cet  effet,  les  offices  les  plus  preffans,  mais  aufti  d'emploïer, 
„  s'il  eft  neceffâire,  les  autres  remèdes  convenables  pour  empêcher  que  les 
„  Loix  de  l'Empire  &  les  Conditions  des  Traitez  ne  foient  violées  par  l'éta- 
„  bliffëment  de  la  nouvelle  Dignité  Electorale,  qu'on  prétend  ériger,  non 
„  feulement  fans  néceffité,  mais  encore  au  préjudice  de  la  Bulle  d'Ôr ,  de  la 
„  Déclaration  faite  par  l'Empereur  le  16.  Mars  1647, 6c  du  Traité  de  Weft- 
„  phalie  :  qu'enfin  Sa  Majefté  ne  doutant  pas  que  les  inftances  faites  de  fa 
„  part  en  faveur  des  Princes  correfpondans  ne  foient  examinées  avec  toute 
„  l'attention  nécefiaire,  Elle  l'affure  aujfi,  qu'il  ne  fera  pris  déformais  dans 

„  cette 


154      MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

1700.  „  cette  affaire  que  le?  Réfolutions  les  plus  conformes  au  maintien  de  la  tran- 
—  „  quillité  générale  de  l'Empire.     Le  14.  Septembre  1730. 

La  Guerre  furvenuë  quelques  mois  après,  enfui  te  de  la  mort  de  Char- 
les II.  Roi  d'Efpagne,  fit  fufpcndre  les  plaintes,  Se  elles  ont  enfuite  été 
entièrement  éteintes  par  la  Paix  d'Utrecht. 

Pour  continuer  ce  qui  regarde  la  Guerre  du  Nord.  Le  Miniftre  du  Roi 
de  Pologne  préfenta  un  nouveau  Mémoire  aux  Etats  Généraux.  C'étoit 
pour  leur  prôner  que  c'étoit  à  leur  confédération  que  le  Roi  fon  Maître  avoit 
pris  le  parti  de  ne  point  bombarder  Riga,  &  d'en  lever  le  Siège.  On  favoit 
pourtant  que  c'étoit  pour  toute  autre  raifon.  En  premier  lieu,  c'étoit  la  dif- 
ficulté de  l'entreprile  ;  la  defertion  des  Troupes,  qui  aimoient  mieux  aller  lêr- 
vir  un  Roi  Luthérien,  que  le  leur  qui  avoit  changé  de  Religion}  &  le  man- 
que d'argent.  D'ailleurs,  le  maître  motif  étoit  l'apréhenflon  que  les  Trou- 
pes ,  qu'on  avoit  embarquées  en  Suéde  pour  la  Livonie ,  n'allaffënt  débarquer 
en  Courlande,  ne  coupaffënt  par-là  le  chemin  aux  Troupes  du  Roi  de  Polo- 
gne ,  Se  n'allaffënt  enfuite  faire  une  invafion  dans  la  Saxe.  Cette  dernière 
crainte  paroiffbit  avoir  quelque  fondement.  Auffi  le  Roi  d'Angleterre  en 
parla-t-il  à  l'Ambaffadeur  de  Suéde,  qui  fe  chargea  d'en  écrire  au  Roi  fon 
Maître.  Il  ne  tarda  même  pas  beaucoup  à  en  recevoir  la  réponfe.  Il  fut  la 
notifier  à  Sa  Majefte  Britannique  &  aux  Etats  Généraux.  Elle  portoit,  que 
le  Roi  de  Suéde  fe  défiftoit  entièrement  du  defiein  d'envahir  la  Saxe.  Pen- 
dant cette  notification,  le  Comte  de  Dbom,  qui  fe  trouvoit  à  la  Haïe  avec  le 
Prince  Electoral  de  Brandebourg,  notifia  auffi,  de  la  part  de  l'Electeur  fon 
<  Maître,  au  Roi  d'Angleterre,  que  fon  Maître  s'opoferoit  de  toutes  les  For- 

ces au  deffëin  de  l'entrée  en  Saxe.  Il  s'aquitta  même  de  cette  Commiffion 
d'une  manière  hautaine,  qui  déplût;  ce  qu'il  auroit  pu  faire  autrement ,  s'il 
avoit  fçû  que  ce  deffëin  ne  fubfiftoit  plus.  Voici  le  Mémoire  du  Miniftre 
.  de  Pologne. 

Mémoi-       „  HAUTS  ET  PUISSANS  SEIGNEURS. 

re  du 

de  l'olo-  3)  A  Pre's  la  proteftation  d'amitié  que  j'ai  eu  l'honneur  de  faire  à  V.  H. 
gne  à  „  -ZjL  P.  de  la  part  du  Roi  mon  Maître  il  y  a  quelques  jours,  j'ai  à  l'heure 
L.H.P.  n  qU'il  eft  la  joie  d'en  mettre  devant  leurs  yeux  un  exemple  éclatant,  s'il  y 
„  en  a  jamais  eu  au  Monde.  Tout  étoit  prêt  pour  le  Bombardement  de  la 
„  Ville  de  Riga,  comme  tout  le  monde  en  eft  déjà  informé,  Se  on  fe  pou- 
„  voit  promettre  avec  fondement  de  la  contraindre  à  fe  rendre  plutôt  de  cet- 
„  te  manière  que  par  des  attaques  formelles.  Mais,  dans  le  tems  que  les  Ha- 
w  bitans  de  ce  lieu  craignoient  que  leur  Ville  ne  fût  entièrement  confirmée 
„  par  le  feu,  le  Roi  mon  Maître  changea  l'on  deffëin,  &  Sa  Majefté  m'a 
„  ordonné  de  déclarer  à  V.  H.  P.  que  cela  s'eft  fait  dans  la  feule  confidé- 
„  ration  des  Comptoirs,  Biens,  6c  Effets,  que  les  Négocians  &  Sujets  des 
„  Provinces-Unies  y  poffedent;  fe  perfuadant  que  V.  H.  P.  feront  d'autant 
„  plus  convaincues  par-là  que  Sa  Majefté  embraffë  avec  plaifir  toutes  les  oc- 
j,  calions,  par  lefquellcs  Elle  peut  témoigner  à  V,  H.  P.  le  defir  fincére 

„  qu'Elle 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.  r6f 

qu'Elle  a  d'entretenir  avec  Elles  une  intelligence  parfaite  8c  une  amitié  fo-    I7°°- 

lide,  8c  qu'Elle  favorife  avec  empreflement  l'agrandiflement  d'un  Com-    " ' 

merce  libre  entre  fes  Sujets  8c  ceux  de  V.  H.  P.  Sa  Majefté  fe  trouve  au 
relie  encore  dans  la  difpofition  que  V.  H.  P.  auront  déjà  remarquée  dans 
celle  que  je  leur  reprefentai  le  z8.  du  paiTé,  8c  je  fuis  8c  ferai  toujours  avec 
beaucoup  de  refpect , 

A  la  Haïe,  ce  4.  d'Octobre  1700.  W.  H.  de  Gersdorff. 

Il  arriva  en  ce  tems-là  un  autre  Miniftre  du  Roi  Auguste  auprès  de  Sa 
Majefté  Britannique.  Sa  Commiiîïon  étoit  de  fblliciter  la  Paix  avec  la  Sué- 
de. Il  en  parla  a  Sadite  Majefté  Britannique.  Ce  Miniftre,  qui  s'apelloit 
Kirkncr,  Saxon  de  Nation,  avoit  été  Secrétaire  du  Plénipotentiaire  de  Saxe 
à  la  Paix  de  Ryfwyck.  Il  tâcha  d'infinuer  adroitement,  8c  fous  main,  que 
fi  le  Roi  fon  Maître  étoit  abfolu,'  ce  Roïaume-là  ferait  en  peu  de  tems  l'a 
plupart  Proteftant.  C'eft  qu'il  prétendoit  qu'il  y  avoit  quantité  de  Grands 
8c  de  Noblefle  qui  l'étoient  dans  l'intérieur,  8c  qu'ils  ne  déguifoient  leurs 
fcntimens  que  de  la  manière  que  les  Juifs  font  en  Portugal ,  8c  parce  qu'ils 
furent  perfécutez  l'an  167 f.  par  le  feu  Roi  Jean  Sobieski  ,  fous  le  prétexte 
qu'ils  étoient  Ariens.  Ces  clandeftines  infînuations  donnèrent  lieu  aux  Minif- 
tres  les  plus  éclairez  de  foupçonner  que  le  Roi  de  Pologne  avoit  le  defîein 
d'attenter  à  la  Liberté  de  la  République ,  Se  qu'il  n'offroit  de  faire  la  Paix 
avec  la  Suéde,  que  pour  ne  l'avoir  pas  à  dos  dans  fon  Expédition,  8c  ne  fe 
joignit  à  ceux  des  Polonois,  qui,  aimant  leur  Liberté,  fe  réveilleraient. 

En  ce  tems-là  l'Ambafladeur  de  Mofcovie,  fut  enfin  obligé,  par  les  or- 
dres du  Czar ,  d'avouer,  contre  fes  précédentes  aflurances  contraires,  que 
fon  Maître  avoit  déclaré  la  Guerre  à  la  Suéde ,  8c  étoit  actuellemeat  en  mar- 
che contre  elle.    Il  le  fit  par  le  Mémoire  fuivant. 

CELSI  JC  PRjEPOTENTES  DOM1NI.  Mémoi- 

re déli- 

pRoIixa  ac  plus  vice  fimplici,  à  Celjîs  ac  Prapotentibus  Feftris  Dominationi-  pAmbaf- 
bus  y  ad  Sacrant  Czaream  Majeftatem  Clementiffimum  meum  Dominum,  nu-  fadeur  de 
perrimè  prateritis  temporibus ,  per  delegationem  veftri  Jlgentis  Domini  Rofenbo-  Mofco- 
mii,  fuit  petitio,  ne  ob  obligationem,  antiqua  erga  Sacrant  Czaream  Majefla-  XJ5  aux 
temamicitits  Vejlrarum  Celfarum  ac  Prapotentum  D ominationum ,  atque  ob  con-  de  L  H. 
firmationem  illius  in  pofterum y,Regiœ  Majeftati  Danic<e  adverfum  Coronant  Sue-  P. dans  la 
cicam,  fua  Czarea  Majeftas  jwifjîone  exercituum  fuorum  adverfus  Livonïam  fuc-  c°nfe- 
currere  velit,  quâ  de  re  per  litteras  meas^fuœ  Sacra  Czarea  Majeftati  mihi  J?oftdu 
référendum  effet.     Ad  quant  Veflrarum  Celfarum  Dominationum  petitionem  pro*  1700." 
penfa  fua  Sacra  Czarea  Majeftas  Clementifjimus  meus  Dominas  per  me  Celfis 
Dominationibus  Veftris  -per clément er  refpondere  dignatus  eft^fe  pro  Feftrarum  Cel- 
farum, ac  Prapotentum  Dominationum  petitione,  ob  antiquam  ac  intimam  ami- 
citiam  in  hofliles  conatus  cum  Coronâ  Suecicà  inire  nolle ,  nifi  quatenus  ex  parte 
Suecicâ ,  quœdam  injuria  fiant,     'fantum  ne  Veflra  etiam  Cclfa  ac  Prapot  entes 
Dominationes  ob  talent  exhibitiomm  ac  confervationem  ver  je  Feftrarum  JDomina- 
Tom.  I.  T  tionitm 


166     MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

1700.    tionum  amicitia  erga  fuam  Sacram  Czaream  Majeflatem  ipfa  bis  Negotiis  im- 

- mifcerc  vclint,  agendo  boftiliter  adverfus  Confœderatum  fia  Czarea  Majeflatis 

contra  Rcgiam  Majeflatem  Danicam-,  ex  quo  major  ac  percon  flans  amicitia  in- 
tra  fuam  Sacram  Czaream  Majeftatem  ClemeniïJJîmum  nieum  Dominum  al  que  in- 
ter  Celfas  ac  Prapotentes  Veflras  Dominationes  augi  poffit.     Ad  quam  relaiionem 
meam  Veflris  Celfis  ac  Prapotentibus  Dominationibus  faclam ,  nomine  Veftrarum 
Celfarum  ac  Prapotentum  Dcminationum  mlhi  Dominas  Confiliarius  Penftonna- 
ritts  peramicè  refpondit ,  qitod  Veflra  Celfa  ac  Prapotentes  Dominationes  tàm 
cum  Suecicâ  quam  cum  Danicâ  Coronis  Fœdus  ineant  defenftvttm,  fed  quoniam 
Regia  Majeftas  Danica,  invafione  inUrbem  Tonninguenfem  Duci  Holjatia  fub- 
jeclam ,  médium  ad  componendum  Boréales  Hojlilitates ,  violavit  ;  banc  ob  cau- 
fam  Celfa  ac  Prapotentes  Veftra  Dominationes ,  évidentes  Majeftatem  Rcgiam 
Danicam  à  Médiat oribus  in  fuis  Negotiis  propofitionibus  faclis  fuam  inclinationem 
non  demonftraffe ,  conjunclas  fimul  cum  Clajfe  Regia  Majeflatis  Magna  Bvitan- 
nia  mi  fer  tint  fuas  bellicas  Naves  in  Fretum  Danicum  vulgb  Sondt  diclum,  quo 
Pax  facilius  reconciliari  poffet ,  fed  malam  Veftra  Celfa  ac  Prapotentes  Domi-  ~ 
nationcs  intentionem  adverfis  Coronam  Danicam ,  ac  ininucitiam  non  babuiffent , 
ne c  aliud  Veftrarum  Celfarum  ac  Prapotentum  Dominationum  deftderium  fuiffet , 
fed  tantum  quo  Pax  commimis  confervaretur  :  quemadmodum  etiam  fecundum  de- 
fukrium  fua  Sacra  Czarea  Majeflatis  Clementifftmi  met  Domini,  Celfis  Veflris 
ac  Prapoientibus  Dominationibus  à  me  propofttam  impenderc  velitis.     ffjua  autem 
Veftrarum  Celfarum  ac  Prapotentum  Dominationum  bona  inclinatio  Jua  Sacra- 
Czareae  Majcftati  promifla ,  poftea  alio  modo  circumfcripta  fuit,  &  loco  amicae 
Veftrarum  Celfarum  ac  Praepotcntum Dominationum  propenjionis,  ac  remet ionis 
illius  bofiilitatis,  mer  à  invafione  inopinatâ,  bcllicarum  Veftrarum  ac  Confœdera-  , 
tarum  Navium,  tum  Regiae  Majeflatis  Danicae  Claffis,  tum  ipfa  illius  Mctro- 
polis  multiplia  infeflaticne  à  jaclis  Olliis  igniariis,  vulgo  Bombes  diclisjaefa  eft, 
damnum  cœpit  >   Cum  tamen  nulla  in  boc  boftilitas  ex  parte  Danica  incepta  fue- 
rit,  quo  talis  omnino  inimicitia  juxta  demonfiralionan  neutralitatis  fuae  Sacrae 
Czareae  Majcflati  promiffae  boc  in  bellum  mutata  fit,  illudque  adverfus  jura  gen- 
tilitîa  valde  progrcffum.     6>uà  de  re  Ablegatus  Danicus  ad  Aulam  fuae  Sacrae 
Czareae  Majeflatis  dcgens ,   infrmavit  Memoriale,  nomine  Régis  fui  Domini, 
magnopcre  petens  ut  taie  intolcrabile  damnum  fuae  Sacrae  Regiae  Mijeftati  illa- 
tum,  fua  Sacra  Czarea  Majeflasjubcre  dignetur ,  quo  ex  Clafj'e  Veftrarum  Cel- 
farum ac  Praepotcntum  Dominationum,  Naves  Mcrcatoriae  Batavienfcs  in  Por- 
ta Divi  Arcbangeli  arrefto  detinerentur.     §toâ  in  re  autem  ob  perconftantem  ac 
vetacm  amicitiam,  qua  inter  fuam  Sacram  Cza?e+m  Majeftatem  ac  Veftr  as  Cel- 
fas ac  Prapotentes  Dominationes  intercedit,  ipft  AUcgato  reeufatum  eft.     Deiude 
accepto  fua  Sacra  Czarea  Majeflatis  Clementiflfwii  mei  Domini  perbenigno  Man- 
dato,  in  Colloquio  Veflrarum  Celfarum  ac  Prapotcnt/m  Dominationum  Domi- 
nis  tum  temr-oris  exiftehtibus  Députât lis,  Domino  Hamo  cum  relirais,  demonftravi 
quoi  fua  Sacra  Czarea  Majejlas  fuperiorem  fuam  Dcclaratiouem,  Veftris  Ce/fts 
ac  Prapotentibus  Dominationibus  faclam  atque  Pacan  juxta  petilionem  Veftr  a- 
mm  Celfarum  ac  Prapotentum  Dominationum,  cum  Corona  Suecica  abfjue  lafio- 
ne  confirvare  velit,  ft'l  rJ  Ce! fa  ac  Prapotentes  Veftra  Dominationes  finaliter 
vcUnt  demoriftrare  Miniflro  Suecico  ac  Regia  fua  Majcftati  Suecia  fer  ibère  de 

fequen- 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.  i6y 

fequenti  Negotic:  ghwniam  in  commoratione  Magnorum  ac  Plenipotcntiariorum   ijoo. 

Legatorum  Suecicorum  Mofcovia,  ipfis  diclum  fuit  fufficienter  mm  requifttione  de    

communibus  injuriis ,  in  partem  fua  Sacra  Czarea  Majcfiatis ,  maxime  autem  de 
ca ,  ad  dedecus  ipfius  perfona  fua  Sacra  Czarea  Majcfiatis ,  Ckmentifjimi  mei 
Domini  pertinent! ,  Riga  illata ,  cum  toti  fcrè  mundo  conftiterit  fuam  Sacrant 
Czaream  Majcftatem  Riga:  fuiffe  prateritis  Annis ,  ac  iter  fttum  ver  fus  liollan- 
diarn  intendiffè ,  quod  illi  Suecici  Légat i  etiam  fi  facluros  ac  relaturos  efife  ad  Ré- 
gi am  fuam  Majcftatem  poji  redit  uni  fuum  ah  [que  morâ  fir  miter  poiliciti  funt  :  quâ 
de  re  etiam  ipfis  datant  efi  Memoriale  fubfcriptirm  exiftentium  tum  temporis  in 
iflis  ColloquiiS)  intimi  Bojarini  ac  Prccgis  Siberia ,  Tlxodori  Alexides  Gahivi- 
tii  ,  caterorumque  Collegarum  Mofcovia ,  fed  hoc  ufque  ad  tempus  fua  Sacra 
Czarea  Majeftati  ex  parte  Suecica  nulla  in  fuis  injuriis  exhibita  efi  fatisfiiclio, 
tnulto  minus  ne  iillum  qttidcm  refponfum  jv.clum,  ex  quo  va/de  iafus  efi  Bonor  fua 
Sacra  Czarea  Majcfiatis  Clemeutijfimi  mei  Domini ,  quarum  injuriarum  copia , 
tneliorem  ob  notitiam  communicata  efi  per  me  ifiis  Dominis  Deputatis  Vcfirarum 
Celfarum  ac  Prapotentum  Dominationum  &f  ut  Veftra  Celfa  ac  Prapotentes 
Dominationes  prudcnti  hoc  animo  conjiderante  de  fatisfablione  i-indiclà  digna  inju- 
riae  ipfius  fuae  Sacrae  Czareae  Mjefiatis  perfonae ,  littcris  fuis  apud  Regiam 
fuam  Majcftatem,  fccundum  firmam  difpofitionem  antïquae  ac  confiantis  amicitiac 
quae  inter  fuam  Sacram  Czaream  Majcftatem  ac  Veflras  Ceîfas  ac  Praepotentes 
Dominationes  inter cedit,  in  cunnibus  perfcclam  fatisfaclionem  procurare  dignentur. 
Nunc  iiero  à  die  vigcfima  tertia  praeteriti  Menfis  Augufli  juxta  flilum  veterem 
ufque  ad  praefens  tempus  pofl  meam  Declarationem  à  Veftris  Celfis  ac  Praepoten- 
tibus Dominationibus  (quale  refponfum  fua  Regia  Majefias  Suecica  ad  Veflras 
Cel/as  ac  Praepotentes  Dominationes  miferit  refpetlu  literarum  Vefirarum,  &? 
hic  degens  illius  Légat  us  qui  bus  fcriptis  fuis  pro  Declaratione  Veftrà  Veftris  Celfis 
ac  Praepotentibus  Dominationibus  refponderit  )  ex  congregatione  Vcfirarum  Celfa- 
rum ac  Pracpoîentum  Dominationum  inter  Danicam  &  Suecicam  Coronas  incep- 
tis  rébus  immifcere  nolit  modo  ut  fatisfatlio  fiât  ex  parte  Suecica  in  ifiis  injuriis 
nous  in  partem  fuae  Sacrae  Czareae  Majefiatis ,  maxime  autem  Rigae  illatis  ipfi 
fuae  Sacrae  Czareae  Majefiatis  perfonae ,  de  quibus  ex  propofitione  meâ  fuperio- 
ri^  Veftris  Celfis  ac  Praepotentibus  Dominationibus  omnimode  confiât.  Ad  quas 
injurias  Légat  i  Suecici  qui  Mofcoviaefuerunt,  refponderunt ,  fe  certh  certius  banc 
illatam  injuriant  noioriam  ipfimet  perfonae  fuae  Sacrae  Czareae  Majeftati  Rigae 
injeclam  ad  Regem  fuum  Dominum  illorum  relaturi  fait  ac  pètent  ut  illi  omnim 
fatisfai,  quâ  de  re  non  fcrnel  &  ipfa  fua  Sacra  Czarea  Majefias  ifiis  Légat is 
ioqui  dignatus  eft.  Cujus  poft  affecurationem  fua  Sacra  Czarea  Majeftas  Clemen- 
tifjimus  meus  Dominus,  ad  Aulam  Suecicam  mittere  voluerit  Refidentem  ad  de- 
clarandam  expletionem  à  fe  antecedentium  Traclatuum  Magnorumque  ac  Plenipo- 
tenliariorum  Legatorum  confirmationem.  A  difeeffu  autem  horum  Legatorum  f'tif- 
ficienti  nunc  tempore  praeterlapfo,  non  tantum  ipfi  ex  parte  Suecica  ulla  fiitisfac- 
tiu  data  eft,  fed  infuper  in  contrarietatem  falfificam  Rigcnfis  Gubernatoris  jufiifî- 
cationem  tradidit  in  Cancellaria  Legatoria ,  Refidens  Suecicus  Memoriale  es?  Li- 
t.rarum  Regiarum  ad  fe  firiptarnm  copiam,  in  quà  ne  minima  qu'idem  fatisfaclio 
facla,  cum  tamen  facili  fibi  medio  faclis  mandat  is-  fuper  Gubernatore  Rigenfi  illud 
fuae  Sacrae  Czareae  Majefiatis  defiderium  implere  potuiffent,  de  quibus  omnibus 

T  i  fia 


I-C'O 


1(58      MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

fia  Sacra  Czareci  Majeftas  certior  facla  banc  exiftimans  fummam  contrariété 
-  tem  in  ipfuis  fuae  Sacras  Maj'cftatis  Perfonam,  gravi  injuria  Rigae  ajfcclam, 
ac  dcinde  propofitam  querelam  adverfus  Gubernatorem  atque  alias  a  Legatis  Sui- 
cicis  fleccipénditam ,  atque  videns  quod  fccundum  obligationem  Fœderis  ac  vicinae 
erga  fitam  Sacrant  Czaream  Majeftatcm  fincerioris  amicitiae ,  per  taie  fufficieus 
tempus  ac  fccundum  promifftoncm  Legatorum  mtlla  fatisfablio  ex  parte  Suecicâ  fe- 
cutaftt ,  ac  in  pofterum  fpes  fibi  adempta  eft  ;  idco  ob  notas  fuae  Sacrae  Czareae 
Majeftati  ipfimet  ejus  Al.ijeftati  illatas  injurias  &  non  exhibitam  fatisfacJionem , 
promiffiam  à  Legatis  Suecicis  juxta  démon ftrationem  ipfius  fuae  Sacrae  Czareae 
Afajejtatis  Perfonae  ipjis  faclam  ,  Sacra  Czarea  Majeftas  voluit  dcclarare  bel- 
ïum  Corona  Suecta  ac  verfus  Confinia  illius  exer citas  fuos  mit  tere  ,  ac  Czareae 
Majeftaiis  litcras  de  bac  declaratione  ad  Reftdentcm  ad  Aulam  Suecicam  degen- 
tem  tranfmntti  jufjît.  In  Vejlrarum  Celfarum  ac  Praepotentum  Dominationum 
Neutralitate  (  quod  nunquam  juxtà  antiquam  ac  firmam  Veftram  Amicitiam  ex- 
peclandum  )  fua  Sacra  Czarea  Majeftas  Clemcntijfimus  meus  Dominas  inter  Sue- 
cicam ac  Danicam  Coronas  omninb^  abjque  afjeveratione  relinquit:  quemadmo- 
dum  ab  initio  Veflrae  Celfae  ac  Praepotentes  Dominationes  per  me  fuae  Sacrae 
Czareae  Majeftati  dcmonftrarunt ,  fe  inter  utramque  Coronam  Pacem  reconcilia- 
taras  effe ,  mox  vero  poftea  abfque  ullâ  Caufà  mala  hoftiliter  parti  Danicae  intu- 
liffe ,  quali  modo  nunc  etiamfua  Sacra  Czarea  Majeftas  à  Veftris  Celfis  ac  Pra- 
potentibus  Dominationibus  incertus  in  fatisfatlione  compenfanda  juftitia  fui  ex 
parte  Suecica,  banc  ob  caufam  Celfis  ac  Prapotentibus  Dominationibus  Veftris 
hac  me  A  declaratione  notitiam  rnibi  proponere  jaftfit ,  indigens  à  Feftris  Celfis  ac 
Prapotentibus  Dominationibus  de  hoc  fupra  memorato  refponfionis ,  qui  de  catero 
Feftris  Celfis  ac-  Prapotentibus  Dominationibus ,  omnes  profperos  rerum  fucceffus 
apprecor. 

Haga  Comiîis  die  6.  Otlohis  Anno  1700. 

Andr.  Artemonides  Mathueof.    • 

Comme  l'ufàge  des  Princes  eft  de  donner  une  couleur  de  juflice  à  leurs 
entreprifes  militaires,  le  Czar  n'oublia  pas  la  formalité  du  Manifefte.  On  en 
reçût  un  qui  avoit  été  publié  à  Mofcou,  en  date  du  18.  de  Septembre  170a 
Il  ctoit  en  Latin,  tel  que  voici. 

jNtcr  omnes  ca'ufas  ,  anibus  Czarica  Majeftas  ad  rumpendam  cum  Suecis  Pa- 
cem permota  fuerat  ,  ha c  vel  praapua  'cft ,  quod  Rex  Suecia  extemà  quidem 

fpecie  omnia  officia  arnica  tranquillaque  vicinitatis  ci  exhibuerit ,  atque  ut  de  fi- 
de  fui  magis  perfuaderet ,  &?  Czarum  quaji  in  foporem  daret ,  légat ionem  quoque 

folcmnem  miferit ,  qua  repetitam  Paclorum  conftrmatiomm  in  fpeciem  urgeret. 
Clanculum  au  tem  varias  infidias  ti  machinât  us  fit  ^  atque  inter  alla  Regem  Polo- 
nia  in  focietatem  invitaient  ut  conjunclis  viribus  Czarum  aggrederentur.  Clan- 
(■eftina  quoque  Suecorum  machimtiunes  effecerant  ut  Conflantinopoli  Pax  Turcam 
inter  £5?  Mofcum  multis  modis  retardata  fuerit.  /ta  Succi  ultimam  Mofcis  moli- 
ti  fv.nt  pernicicm.     Cum  igitur  Rex  Sueciae  nulle  juft.i  de  Caufà  Czarum  laceftlf- 

jet,  &  fimulatà  amicïiià  ipfuw,  totumque  ejus  Jmperium ,  potsntijjîmis  boftibus 

adver* 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.  169 

adverfus  eum  concitatis,  evcrtere  atque  pejfundare  fraudulenter  cogita  [Jet;  non    1700, 
pqiuer.it  non  Czarus  coram  Univerfb  Orbe  &  Chriflianis  maxime  Principibus        "  "  * 
perfidiam  banc  atque  fraudent  detegere,  fperans  divinis  bumanifque  Legibus  jufm 
tum  ac  conveniens  judicatunt  tri ,  ut  Czarica  Majeftas  Imperiijui  curam  gcrat , 
atque  à  Deo  concefja  fibi  potejiate  utatur ,  il/a  toque  bello,  glifcentem  nimis  Sueco- 
tum  patent iam  ita  confringat ,  inque  eo  llatu  collocet ,  ne  perniciofas ,  perfidafque 
Machinationes  in  poftcrum  exequi  valeant.     Atque  confidit  fore  ut  hoc  propofi~ 
tum  fttum  ab  honeftis  omnibus,  &  fludio  part  iam  vacuis ,  eo  juftius  habeatur,  quo 
magis  notum  efl  ,   Provïncias  Careliam  &?   Ingriam  antiquités  Magno  Ducatui 
Mojcoviae  extra  omnem  contrôler  [iam  fubjeclas  fuijfe ,  à  Succis  verb ,  quijuxtà 
evrum  fymbolum ,  ex  rapto  vivunt ,  &  omnes  vicines  fpoliaverant ,  fub  initium 
bujus  Seculi,  cum  Mofcovia  internis  diffidiis  laboraret ,  occupât  as  atque  avulfas. 
'ghto  faclo  cum  viam  primum  invenijfent  occupandi  Livoniam ,  &  bellum  poft co- 
in Prufjïam,  inde  in  Germaniam  transferendi ,  maximam  ex  rébus  gejiis  gloriam  , 
fummamque  famam  confecuti  funt. 

z.  Cum  Regno  Daniae  Czarus,  ejufque  Anteceffores  antiquo  Fœdcris  vinculo 
juncli  funt ,  quo  ad  auxilia  ei  ferenda,  &  injurias  quaflibet,  tanquam  ipfi  fibi 
fatlas  vindicandas  obligantur.  Itaque  quoniam  Rex  Sueciae  Zeelandiam  valida 
manu  invaferat ,  Metropolique  abfentis  Régis  infejlatâ ,  &  toto  Regno  Daniae  in 
difcrimen  ultimum  conjeclo ,  Regem  non  modo  ad  iniquam  Pacem  cum  Duce  Hol- 
fatiae  ineundam ,  fed  etiam  ad  Regem  Poloniae  amicum  £5?  Socium  ab  câdem  ex- 
cludendum  adegerat ,  quo  diftratlum  à  Socio  opprimendi  major  occafio  effet  i  Sa- 
cra Czarica  Majeftas  coram  Deo  £5?  hominibus  fe  adftri&am  fatetur ,  ut  injurias 
hafce  fidifjïmis  amicis^  fociifque  illatas  ulcifcatur,  £5?  inita  contra  illos  conjîlia 
infringat-,  quo  fuam  &?  Fœderatùrumfecuritatemarmisr.ece£driisaliquandofta- 
biliat,  confidens  juftifjïmae  Caufae  Deum  adfore. 

Deux  jours  après  que  l'AmbaiFadcur  de  Mofcovic  eût  préfenté  fon  Mé- 
moire, celui  de  Suéde  en  préfenta  un  autre,  pour  demander  une  Conféren- 
ce, dans  les  termes  fuivans. 

CELSI  AC  PP.  DD.  Mcmoi- 

<Ê  rede 

ÇUm  nupero  Memoriali  die  \\  Septembris  exhibito  certiores  reddidcrim  Celfas  ac  \^^ 
PP.  DD.  Veftras  queadm«dum  à  Sacra  Regia  Majeflate  Domino  meo  Cle-  de  Sué- 
mentiffmo  injuntlum  mihi  fuerit  ut  ad  Celfas  ac  PP.  DD.  Veflras pleniorem  de. 
atque  exaelam  notitiam  deferrcrem  fingulontm  moment  or  um  qua  fpeblant  ad  gra- 
vamina  £5?  quarelas  à  parte  Serenijfimi  Mofcorum  Czaris  mot  as  ;  fuper  qttibus 
mentem  Sacra  Regia  Majefiatis  ,   ipfiufmet   refponforiis   Celfe  ac  PP.  DD. 
Veftra  abunde  perfpexerunt .    Itaque  met  efl  officii  ut  quo  par  eft  cultu  ,  porrb 
rogem,  dignentur  Celfa  ac  PP.  DD.  Feftra  denominare  Députât  os,  cum  qui- 
tus colloquendi  facilitas  quàmprimum  fieri  pof/ît ,   mihi  obtingat ,  quâ  occafione 
juftam  S.  R.  Majefiatis  caufam  manifefliftîmè  ob  oculos  expofiturus  fum ,  ita  ut 
palam  fat  Univerfis ,  Sacram  Regiam  Majedatcm  in  hoc  negotio  nihil  quodfua- 
rum  fuerit  partium  intcrmiffifje  quin  £5?  plura  quàm  Pacla  exigunt  prœfiitifie  ;  fi- 
cuîi  &  etiamnum  S.  R.  Majeftas  nihil  in  fe  de/iderari  patietur,  adeè  ut  auicquid 

T  3  à 


170     MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

1700.     à  CeJfis  ac  PP.  D  D.  Veflris  rationi  £5?  œquitati  confentaneum  effe  judicabitur , 
'  'prompte  fe  amplexurum  profit  eatur.    Haga  Comitis  die  "— jjj^  1 700. 

Comme  cette  Conférence  lui  fut  accordée,  outre  ce  qui  pouvoitjufti  fier 
le  Roi  de  Suéde,  cet  Ambafladeur  infifta  fortement  fur  le  fecours  ftipulé  par 
le  Traité  récemment  fait,  &  pour  avoir  en  emprunt  une  fomme  d'argent 
fous  la  Garantie  des  Etats  Généraux.  Le  Miniitrc  du  Roi  de  Pologne,  qui 
par  fa  longue  habitude  s'étoit  fait  des  amis  fur-tout  à  Leide,  fut  d'abord  aver- 
ti de  ce  que  l' Ambafladeur  de  Suéde  avoit  dit  dans  la  Conférence.  Il  alla  en 
faire  le  raport  à  l' Ambafladeur  de  Mofcovie,  qui  trouva  à  propos  de  s'y  opo- 
fer  par  le  Mémoire  qui  fuit. 

Mémoi-       CELSI  AC  PRjEPOÏENÏES  DOMINI, 

re  de 

fadeur3*"  JNnotuit  mihi  pcnitus  ,  non  tantum  Memoriali  nuper  iradito  Celfis  ac  Prap. 
de  Mof-     Domin.  Veflris,  fed  etiam  Colloquio  non  ita  pridem  cum  Dominis  Députât  is  ex 
covie.      Veftra  Illufiri  Congregatione  infiituto ,  quod  Regia  Majeflatis  Suecica  hîc  degens 
Dominas  Legatus  diligent er  petierit  à  Celfis  ac  Prapot.  Domin.  Veflris  in  veteri- 
bi'.s  ac  nuper  admodum  confirmatis  cum  Veflris  Celfis  ac  Prapot.  Domin.  Paclo- 
rum  Fœdcrum  conventionibus ,  auxïlia ,  tam  copiis  quam  mutuatione  pecunia  ne- 
ceffaria  ad  alendam  Regias  Domini  fui  Militares  copias  contra  Modernos  S.  S. 
Czarea  Majejlatis  Domini  mei  Clément ijfimi  Exercilus  in  Livoniam  expeditos , 
fludiosè  exponens  obligations  Veflrarum  Celf.  ac  Prap.  Domin.  Régi  ipfius  pro- 
mijfias.     Interea  ht  S.  Czar.  Majeflatis  prafati  Exercitus  mijfi  funt  ad  debellan- 
dum  contra  Coronam  Suecicam ,  non  beneplacito  fua  Czar.  Majeflatis  ad  violan- 
dam  Pacem  cum  Coronà  Suecicâ ,  quoddam  ob  defiderium  fuum ,  fed  ipfà  invita 
coatlione ,  cb  quod  pofl  crebra  fua  defideria ,  variis  modis  expenfa ,  ex  parte  Sue- 
cicâ ad  Fœdus^  ac  mole  fias  demonflrationes,  Magnis  illius  Légat  i s  qui  Mofcovia 
degerint   commttnicalas,  tam  à  Minifiris  S.  Czar.  Majeflatis  ad  hac  negotia  Dé- 
putai'is,  quam  etiam  maxime  à  fuà  Sacra  Czareâ  Perfona,  plus  vice  fimplici , 
de  prateritis  gravaminibus ,  prafertim  de  iltatione  injuria  ipfimet  ejus  Magni  Do- 
mini perfona,  Riga  facla,  £5?  pofl  h.inc  falfifico  Gubematoris  Rigenfis  refponfo , 
S.  S    Czar.  Majeftas  Dom.  meus.Clem.  apertè  viderit  nullà  in  re  fibi  fatisfablio- 
nem  ex  parte  ilhrum  Suecicâ  preflitam  ejjc  ;  qualibus  reliquis  gravaminibus  non 
folum  Regnum  ipfius  offenfum,  fed  etiam  ftiam  fummam  Czaream  perfonam,  Ri- 
ga faclâ  injuria ,  admodum  lafam  efj'e ,  quod  nunquam  fecunduni  characlerem  fa- 
crum  illius  Sacri  Magni  ïhroni  tolerari  potefl ,  ob  apertam  inconfiderationcm  & 
non  praflitam  fatisfaclionem  ex  parte  Suecica  ipforum  manifeflorum  ac  multifario- 
rttm  gravaminum,  de  qui  bus  fecundum  propofitmiem  meam  Veflris  Celfis  acPrap. 
Domin.  faclam,  dilucidè propofitum  efl.     Nunc  vcro  S.  Rcg.  Majeflatis  Suecica, 
Veflris  Celfis  ac  Prap.  Domin. ,  fecundum  Veflras  Litteras  ad  omnia  hac  à  me 
propojita  Veflris  Celf.  ac  Prap.  Domin.  grava  mina,  Refponforia  Lit  ter  a  indi- 
ca.nt,  abfque  ullo  hoflili  molimine  cum  S.  Czar.  M-jcflite,  in  omnibus preftare 
fua  Czar  '  Dom.  n:eo  Clementifllmo  fatisfaclionem  fe  velle ,  inquc  iifdem 

S.  fisg.  Majefias  Suecica  rogat  cum  inflantfk  ne  Vcjira  Celf.  ac  Prap.  Domina- 

tioncs 


ET    RESOLUTIONS    D'ETAT.  171 

tiones  Mediationem  detraclent.     Quâ  de  caufà  Veflr  g  Celf.  ac  Prap.  Dominât io-    1700. 
neS  ftudiosè  ac  diligent  er,  qualitate  confueta  Veflr  te  prudent  iœ  ac  defiderii  pacifi-  ' 

ci ,  in  promotionem  fuam  maturantis ,  ad  illa  bclla  incœpta  inter  Amicum  veterem 
Confoederatum  Veflr  um  Czaream  fuam  Majejiatem  Dont.  Clément ifflmum  £s?  Co- 
ronam  Suecicam  removenda,  dignata  fint ,  menfis  Oiïobris  die  Jêxta,  Députât  io- 
ne  Agentis  veflr  i  Dom.  Rofenbomii ,  tradere  mihi  perdileclas  Littcras  fuas ,  ut 
eas  ad  ipfam  S.  Czar.  majejiatis  Clementiffimi  mei  Dom.  Perfonam,  celeriori 
tabellario  mittercm ,  quod  etiam  abfque  mord  fcci ,  in  qttibus  autem  Veflr  a  Ceîfa 
ac  Pnep.  Dominations  peramice  rogantes  S.  S.  Czar.  Majejiatem ,  apertè  ré- 
novantes augentefque  futim  Fœdus  in  conftanti  amicabili  neceffitudine  ad  totalem 
fatisfatlionem  ex  parte  Suecicâ  notorum  gravaminum,  Jiabilem  ac  firmam  fuam 
dignatœ  funt  0  ferre  S.  S.  Czar.  Majejiati  Mediationem  :  Et  fccundum  promiJJ'am 
S.  S.  Czar.  Majejiati  Dom.  meo  Clementiflfwio  à  Veflris  Celf.  ac  Praip.  Domina- 
tionibus  Mediationem ,  bis  Veflris  per  me  mijjîs  Litterïs  perdileciis,  non  dubito 
quin  ulla  minima  aliàs  commutât  io  erit  ad  petit  a  bujus  Domini  fupramemorati  Le- 
gatiy  abfque  incerto  S.  Czar.  Majejiatis  ad  Veftr.  Celfas  ac  Prœp.  Dominationes 
rejponfo,  celerioris  propenfionis ,  ac  inneceffaria  completionis.  ^uamobrem  coac- 
tus  fum ,  fuper  bis  pertinent ibus,  atque  officio  mei  debiti  ex  mea  parte  requirere 
Veflras  Celfas  ai  Prtepot.  Dominationes  ut  fecundum  Conflit utionem  jam  pridem 
faclœ  conflantis  illius  cum  S.  S.  Czar.  Majejiate  neccfjitudinis  Veflrœ  eb  amplius 
dùgendiC  £5?  magis  magifque  abundanter  promovendœ  erga  S.  S.  Czar.  Majefla- 
tem9  fecundum  veflras  mijfai  bas  littcras  £5?  exbibitam  in  bis  rébus  Mediationem , 
•velint  banc  veflram  promijfam  Déclarai ionem  intègre  fervarc  abfque  ullâ  violatio- 
ne  illius  amicitia  cum  S.  S.  Czar.  Majeftate  ClementiJJimo  meo  Dom.,  qu<e  peren- 
nibus  temporibus  cum  Feflr.  Celf.  ac  Prœp.  Dominationibus  excuit  a,  ac  femper 
confiant  er  fanfleque  confervata  efly  ac  Petit  a  apud  Veflr.  Celf.  a;  Prap.  Domi- 
nationes Reg.  Majejiatis  Sueciue  Domini  Lcgaii  de  auxiliis  reeufare ,  donec  fedu- 
îâ  £5?  indufiri  petitione  Feflra  ad  S.  S.  Czar.  Majejiatem,  fecundum  veflras  per- 
diktlas Litleras  de  mediatione  horutn  fupradiclorum  Negotiorum  Veflris  Celf.  ac 
P)\ep.  Dominationibus  certum  refponfum  fuo  tempore  mifj'umfit;  inde  manifeflifji- 
mis  modis  intogritas  confervatœ ,  fldelis,  ac  incorruptœ  erga  S.  S.  Czar.  M.yejîa- 
tem  Dom.  me  uni  Clementifjimum  amicitia  à  Veflris  Celf.  ac  Prœp.  Dominationi- 
bus cognofeetur  :  pro  quo  vicifflm  in  opportunis  occafwnibus  amicabili  recompenfa- 
tione  remùnerari  curabit  banc  adeptum  honorcm  talis  ftbi  apport  urne  occafionis.  Me 
oppcrtùit  bac  omnia  referre  Veflr.  Celf.  ac  Pnep.  Dominationibus  quo  melius  ac 
confeflim  à  Veflr.  Celf.  ac  Praep.  Dominationibus  refponfum  de  bis  praefatis  ré- 
bus acciperem.    Ilagae  Comitis,  die  13.  menfis  Oclobris  Anno  1700. 

Legatus  An dr.  Artemonides  Mathueof. 

Li 

date 

le  Me 

lui  firent  remettre  en  Flamand,  en  date  du  15".  du  même  mois  d'Oétobre. 

Elle  portoit  : 

„  QS'îùânt  examiné  fon  Mémoire ,   ils  trouvoient  qu'il  contenoit  deux 

„  points. 


17*      MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

'700-  „  points.   -L'un  touchant  L.  H.  P.,  6t  la  conduite  tenue  par  Elles  envers 
——  „  le  Roi  de  Dannemarck}  Se  l'autre  concernant  les  railbns,  qui  avoient  por- 
té, le  Czar  à  déclarer  la  Guerre  à  la  Suéde. 

„  Touchant  le  premier  point,  que  L.  H.  P.  avoient  vu  avec  regret  par  le 
Mémoire ,  qu'il  y  avoit  quelque  réflexion ,  comme  fi  leur  conduite  en  ce- 
la  n'avoit   pas   été   telle   qu'on  fe  feroit  attendu.     Cependant,  qu'Elles 


M 


v> 


„  croïoient,  que  dans  les  différens  entre  le  Roi  de  Dannemarck,  6c  le  Duc 
„  de  Holitein,  Elles  n'avaient  rien  fait,  que  ce  qu'on  devoit  attendre  d'un 
„  Etat  pacifique,  &  à  quoi  Elles  étoient  obligées ,  ainfi  qu'Elles  avoient 
„  précédemment  donné  à  connoître.  Que  pour  le  montrer ,  L.  H.  P.  de- 
„  voient  d'ailleurs  dire,  qu'Elles  avoient  remarqué  que  dans  la  fuite  il  pa- 
y,  roiffoit  qu'on  fupofoit  dans  ledit  Mémoire  une  Guerre  entre  les  deux  Rois 
„  de  Suéde  6c  de  Dannemarck ;  mais  que  fi  l' Ambaffadeur  s'informoit  mieux, 
,v  il  trouveroit  qu'il  n'y  avoit  eu  aucune  rupture  ni  Guerre  entre  ces  deux 
„  Rois-là,  mais  bien  entre  le  Roi  de  Dannemarck,  6c  le  Duc  de  Holitein, 
„  au  dernier  deiquclsJe  Roi  de  Suéde,  aufiî  bien  que  la  Grande-Bretagne  & 
„  leur  République,  avoient  donné  de  l'afîîitance ,  fuivant  la  Garantie,  à  la- 
„  quelle  ils  s'étoient  engagez  pour  délivrer  ce  Duc  de  l'oprefîion ,  qu'on  lui 
„  faifbiL  Pour  ce  qui  concernoif  les  troubles  de  la  Livonie ,  ils  ne  regar- 
„  doient  point  le  Roi  de  Dannemarck ,  mais  le  Roi  de  Pologne ,  entre  le- 
„  quel  6c  le  Roi  de  Suéde  il  s'étoit  allumé  une  Guerre.  Que  pour  ce  qui 
„  regardoit  les  Affaires  mêmes,  L.  H.  P.  n'ont  en  tout  tems  eu  a  cœur  que 
„  la  confervation  du  repos  6c  de  la  Paix  dans  la  Chrétienté,  6c  particuliére- 
„  ment  entre  les  Princes  &  Etats  voifins,  avec  lefquels  Elles  étoient  en  ami- 
„  tié  Se  en  Alliance.  Par  conféquent ,  leur  jufte  intention  6c  leur  ardeur 
„  pour  le  maintien  de  la  Paix  publique,  dès  qu'Elles  aprirent  que  les  diffé- 
,,  rens  entre  le  Roi  de  Dannemarck,  6e  le  Duc  de  Holitein,  paroifîbient  de- 
voir avoir  de  plus  grofTes  fuites ,  ont  emploie  tous  leurs  devoirs ,  pour  ar- 
rêter les  voies  de  fait,  afin  de  pouvoir  terminer  à  l'amiable  les  diiputes,  & 
n'ont  pas  clandeftinement ,  mais  ouvertement,  donné  à  connoître  qu'en 
1680, Elles  avoient  accordé  leur  Garantie  du  Traité  d'Altena,  duquel  lef- 
5,  dits  différens  prenoient  leur  fburce  j  ainfi  Elles  ne  pouvoient  pas  s'en  dé- 
„  partir,  ni  éviter,  en  vertu  de  cette  Garantie,  d'aller  au  iécours  de  celle 
„  des  deux  Parties ,  qui  auroit  été  attaquée  par  la  force  &  par  des  hoftilitez. 
„  Nonobstant  cela,  le  Duc  étant  attaqué  dans  fon  Païs  par  les  Troupes  du 
„  Roi  de  Dannemarck,  Elles  avoient  prié  ce  Roi-là  de  s'abftenir  de  fembla- 
„  blés  procédures  de  fait,  car  autrement  Elles  auroient  été  obligées  de  prê- 
a,  ter  réellement  leur  Garantie.  Elles  avoient  eu  le  malheur  de  voir  qu'on  ne 
„  prêtait  point  l'oreille  à  leur  fige  confeil.  C'eft  pourquoi  Elles  furent  for- 
„  cées  d'envoïer,  conjointement  avec  la  Grande-Bretagne,  une  Efcadre  dans  le 
5,  Sondt ,  pour  l'exécution  de  leur  Garantie,  non  comme  Ennemis,  mais 
„  comme  Garands  du  Traité  d'Altena,  pour  faire  cefler  les  hoitilitez  du  Roi 
„  de  Dannemarck ,  6c  porter  les  chofes  à  une  amiable  Négociation  pour  ter- 
„  miner  les  différens.  La  Paix  Sç  l'amitié  fubfiltoient  cependant  avec  le 
„  Dannemarck  &  L.  H.  P.,  auffi  bien  que  le  Commerce  entre  leurs  Sujets 
î7 ,6c  Habitans  refpeétifs,  qui  continua  à  être  ouvert.     Que  L,  H.  P.  firent 

,,  donner 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.         17; 

„  donner  par  écrit  au  Roi  de  Dannemarck  de  l'envoi  de  leur  Efcadre  dans  le   1 700.' 

„  Sondt,  8c  des  vues  qu'on  avoit  par-là.     Que  la  Grande-Bretagne  en  avoit    

„  en  même  tems  ufé  de  fon  côté  de  la  forte,  avec  ordre  de  faire  céder  l'exe- 
„  cution  de  la  Garantie,  dès  que  le  Dannemarck  auroit  réfolu  de  rapeller  fes 
„  Troupes  hors  du  Pais  du  Duc  de  Holftein ,  Se  de  faire  terminer ,  fans  la 
5,  voie  de  fait,  mais  par  une  Négociation  amiable ,  les  difterens.  En  con- 
„  féquence  de  cela,  la  Paix  &  Amitié  entre  le  Roi  de  Dannemarck  8c  Elles, 
„  &  le  Commerce  &  la  Navigation  entre  les  Sujets  6c  Habitans  refpe&ifs, 
„  ont  continué  fans  interruption  -y  de  forte  que  les  Navires  de  la  République, 
„  en  parlant  au  Sondt  à  l'accoutumée ,  ont  déclaré  leurs  Cargaifons  6c  paie 
„  les  Péages  au  Roi  de  Dannemarck.  Pareillement  l' Efcadre  de  leur  Etat 
„  n'avoit  fait  la  moindre  difficulté  aux  Navires  Marchands  de  Dannemarck , 
„  6c  les  ont  laiiîe  librement  pafler.  Et  lors  que  du  côté  du  Dannemarck  il 
„  y  eut  quelque  apréhenfion,  L.  H.  P.  déclarèrent  d'abord  leurs  intentions. 
,,  Aufïï  des  qu'il  fut  fait  un  accommodement  entre  le  Roi  de  Dannemarck 
„  &  le  Duc  de  Holftein,  8c  le  tout  étant  pacifié,  rapellerent- elles  leur  Ef- 
„  cadre,  &  la  Paix  6c  l'Amitié  entre  le  Dannemarck  6c  leur  Etat  refta  en 
„  fon  entier,  fans  faire  un  nouveau  6c  fpécial  Traité,  comme  n'étant  pas 
„  nécefTaire,  puifque  l'Amitié  n'avoit  jamais  été  rompue,  ni  interrompue. 
„  Il  en  eft  arrivé  de  même  de  la  part  des  Rois  de  la  Grande-Bretagne  6c  de 
„  Suéde.  Le  tout  s'étant  parle  de  la  forte,  L.  H.  P.  ne  pouvoient  com- 
„  prendre  comment,  6c  fur  quel  fondement,  on  peut  inférer  fur  ce  qui  s'eft 
„  pafie  touchant  la  Flote  8c  près  de  Copenhague,  que  de  leur  part  il  s'eft 
„  fait  des  chofes,  qui  n'étoient  pas  conformes  à  leurs  promefîês,  puis  que  le 
„  contraire  paroît  par  ce  que  deflus.  Car  L.  H.  P.,  auffi  bien  que  les  Rois 
„  de  la  Grande-Bretagne  6c  de  Suéde ,  ont  bien  envoie  leurs  Efcadres  au 
„  fecours  du  Duc  de  Holftein,  comme  à  celui,  qui  étoit  attaqué,  6c  au- 
„  quel  conféquemment  ils  étoient.  obligez  par  leur  accordée  Garantie  d'en- 
„  voïer  du  fecours.  Mais  tout  ce  qui  a  été  fait  par  les  fecours  envoïez,  ne 
w  l'a  été  que  de  la  part  du  Duc  de  "Holftein,  fans  que  lefdits  Rois  de  la 
„  Grande-Bretagne  8c  de  Suéde,  ni  L.  H.  P.,  ainfi  qu'on  l'a  dit,  en  foient 
„  venus  à  une  rupture  ;  mais  leurs  fecours  n'ont  été  confidérez  que  comme 
„  Auxiliaires.  D'ailleurs,  L.  H.  P.  ont  même  là-defllis  laiiîe  agir  avec  mo- 
„  dération,  non  pas  fuivant  qu'il  fe  pratique  dans  la  Guerre,  mais  feulement 
„  autant  qu'il  étoit  nécefTaire  pour  le  rétablifTement  de  la  Paix  entre  le  Roi 
„  de  Dannemarck  6c  le  Duc  de  Holftein.  Qu'il  étoit  notoire  que  de  fem- 
„  blables  Alliances  défenfives  étoient  fouvent  contractées  entre  des  Rois, 
„  Princes  6c  Etats  avec  promené  de  réciproques  fecours,  Se  qu'en  cas  de  dé- 
„  fenfe,  en  vertu  de  telles  Alliances,  on  envoïoit  les  fecours  ftipulez,  fans 
„  entrer  aucunement  en  une  commune  Guerre ,  ni  en  venir  à  une  rupture  > 
„  6c  cela  eft  conforme  au  Droit  des  Gens:  Qu'en  pareil  cas  L.  H.  P.  au- 
„  roient  été  obligées  d'envoïer  du  fecours  au  Roi  de  Dannemarck ,  s'il  avoit 
„  été  attaqué. 

„  Que  la  Réponfe  donnée  de  la  part  de  L.  H.  P.  à  l'Ambafîadeur  par  le 
„  Confeiller-Penlionnaire,  6c  dont  le  Mémoire  parle,  porte  la  même  chofe, 
„  6c  rien  n'a  été  fait  contre  fon  contenu. 

ïom.  I.  V  ,,  Que. 


174    MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

I7°°*  „  Que  L.  H.  P.  auroient  lieu  de  fe  plaindre,  que  pendant  que  l'Amitié  en- 
T  '■  ™  „  tre  Sa  Majefté  Danoife  &  leur  Etat  étoit  en  fon  entier,  6c  que  le  refpeéUf 
„  Commerce  n'étoit  point  interrompu,  puifque  les  Sujets  de  l'Etat  fréquen- 
„  toient  tons  les  jours  les  Havres  du  Dannemarck,  Sa  Majefté  avoit  en  mê- 
„  me  tems  fait  propofer  à  Sa  Majefté  Czarienne  d'arrêter  dans  fon  reflbrt  les 
„  Navires  des  Sujets  de  l'Etat.  Mais  puis  que  la  Paix  6c  le  repos  eft  rétabli, 
„  L.  H.  P.  le  parleront  fous  filence.  Cependant,  Elles  ne  peuvent  s'empê- 
„  cher  de  remercier  Sa  Majefté  Czarienne  de  ce  qu'Elle  n'a  pas  voulu  prêter 
,j  l'oreille  à  de  telles  propofitions.  Qu'elles  le  prennent  6c  le  reconnoiflènt 
„  comme  une  marque,  tant  de  l'ancienne  Amitié  qui  fubfifte  toujours  de  Sa 
„  Majefté  Czarienne  envers  Elles,  que  de  fon  équité  6c  juftice,  qui  ne  lui  a 
„  pas  permis  d'en  agir  de  la  forte,  6c  d'arrêter  fans  aucune  jufte  raifon  les 
„  Navires  des  Sujets  de  l'Etat.  Qu'Elles  y  correfpondront  en  toute  occa- 
„  fïon,  avec  toutes  les  réciproques  marques  d'Amitié,  puis  qu'Elles  ont  pour 
„  celle  de  Sa  Majefté  Czarienne  une  haute  eftime. 

„  Pour  ce  qui  regarde  le  fécond  point,  nommément  les  raifons  qui  ont 
„  porté  Sa  Majefté  Czarienne  de  faire  la  Guerre  à  la  Suéde,  L.  H.  P.  ne 
„  fauroient  le  déclarer  fur  la  fubftance  6c  la  matière  de  cette  Guerre,  puis 
„  que  c'eft  une  chofe  qui  ne  les  regarde  pas  directement,  6c  n'en  ont  pas  une 
3,  fuffifante  connoiflànce.  Cependant,  pour  ce  qui  regarde  la  manière,  dont 
„  on  leur  fait  la  notification,  il  eft  vrai ,  que  lors  des  troubles  arrivez  en  Li- 
„  vonie  par  les  entreprifes  du  Roi  de  Pologne,  Elles  ont  fait  prier  Sa  Ma- 
„  jefté  Czarienne  de  ne  pas  s'en  mêler,  ni  d'envoier  des  Troupes  contre  le 
„  Roi  de  Suéde.  Sur  quoi  Sa  Majefté  Czarienne  eut  la  bonté  de  leur  faire 
„  favoir  par  fon  Ambaflàdeur  l'intention  qu'Elle  avoit  de  maintenir  religieu- 
„  fement  la  Paix  6c  l'Amitié  avec  le  Roi  de  Suéde,  fans  faire  la  moindre 
„  chofe  au  contraire.  Que  cet  Ambaflàdeur  s'en  reflbuvenant,  pourra  peut- 
,5  être  fe  rapeller,  que  par  cette  déclaration  il  n'étoit  fait  mention  de  la 
„  moindre  condition  ou  injure.  Que  la  première  fois  qu'on  donna  connoif- 
„  fance  à  L.  H.  P.  que  Sa  Majefté  Czarienne  croïoit  d'avoir  quelques  raifons 
„  de  plainte  contre  le  Roi  de  Suéde  fut  en  date  du'  Z3.  d'Août  vieux  ftile, 
„  du  1.  Septembre  nouveau  ftile,  par  le  Mémoire  que  fon  AmbarTadeur  pre- 
„  fenta  dans  une  Conférence  à  leurs  Députez.  Que  fuivant  la  demande  faite 
„  dans  ce  Mémoire  L.  H.  P.  en  donnèrent  d'abord  connoiflànce  au  Roi  de 
„  Suéde,  6c  à  fon  Ambaflàdeur  auprès  d'Elles.  Que  le  z8.  fuivant  Elles  en 
„  avoient  reçu  la  réponfe  de  ce  Roi-là ,  favoir  avec  autant  de  promptitude 
„  qu'on  pouvoit  le  faire,  fi  l'on  confidére  le  tems  qu'il  faut  pour  recevoir  les 
„  Lettres  de  Suéde.  Que  L.  H.  P.  fans  perdre  du  tems  avoient  réfolu  deux 
„  jours  après  de  communiquer  par  Lettre  à  Sa  Majefté  Czarienne  la  réponfe 
„  du  Roi  de  Suéde.  Mais  s'etant  écoulé  quelques  jours  pour  l'écrire,  6c 
„  faire  copier  les  Lettres,  on  n'a  pu  fi-tôt  les  remettre  à  l' Ambaflàdeur,  6c 
„  aux  quelles  on  fe  raportoit.    Que  cependant  L.  H.  P.  ont  apris  avec  dé- 


plaifir  par  le  Mémoire  de  PAmbaflàdeur  du  6.  Oèlobre,  prefenté  dans  une 
„  Conférence,  qu'avant  que  Sa  Majefté  Czarienne  ait  pu  recevoir  par  L.  H. 
„  P.  la  réponfe  fur  les  plaintes,  Elle  avoit  trouvé  à  propos  de  déclarer  6c  fai-. 
„  re  la  Guerre  à  la  Suéde.    Que  L.  H.  P.  auroient  fort  foi 


fouhaité  que  Sa  Ma-* 
«  jefté 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.  tjf 

„  jefté  Czarienne  n'en  fut  pas  venue"  à  une  fi  extrême  réfolution,  &  priant  1700. 
„  encore  que  Sa  Majefté  Czarienne  veuille  la  rendre  fans  effet ,  ou  du  moins  " 
„  la  fufpendre  par  provifion ,  6c  de  laiffer  terminer  à  l'amiable  les  différens 
„  que  Sa  Majefté  Czarienne  a  avec  le  Roi  de  Suéde  ;  8c  que  l'Ambafladeur 
„  veuille  empîoïer  fes  bons  offices  pour  cela  auprès  de  Sa  Majefté  Czarienne , 
„  avec  aflurance,  que  L.  H.  P.  étoient  encore  portées  d'emploïer  pour  un 
„  amiable  accommodement  leurs  devoirs ,  en  forte  qu'ils  foient  agréables 
„  tant  à  Sa  Majefté  Czarienne  qu'au  Roi  de  Suéde. 

Les  Etats  Généraux  firent  remettre  par  leur  Agent  cette  Réfolution  à 
l'Ambafladeur  de  Mofcovie.  On  peut  voir  par  le  contenu ,  combien  ils 
étoient  piquez  d'avoir  été  jouez  par  la  Cour  Ruflïenne. 

La  Réponfe  de  la  Suéde  fur  les  Griefs  du  Czar  qui  lui  fut  envoïée,  étoit 
une  Lettre  du  Gouverneur  Général  de  la  Livonie.  Elle  avoit  été  écrite  plus 
de  fix  mois  auparavant  au  Roi  de  Suéde  par  ce  Gouverneur- là,  fur  les  mêmes 
Plaintes,  qui  avoient  été  faites  à  Mofcou  aux  Miniftres  de  Suéde.  Elle  cft 
telle  qu'on  va  la  voir. 

SIRE,  Lettre 

duCom- 

J'Ai  reçu  avec  très-humble  vénération  la  Lettre  que  V.  M.  m'a  fait  la  gra-  Hafbe're 
ce  de  m'écrire  du  2.8.  Novembre  dernier,  avec  l'Extrait  de  la  très-humble  Gouver- 
Relation  des  Ambaflàdeurs  de  V.  M.  à  Mofcou  du  n.  Octobre,  touchant  ncur  de 
les  plaintes  faites  par  les  Commiflaires  du  Czar,  qui  prétendent  que  l'Ambaf-  '*  Livo- 
fade  de  leur  Maître  qui  pafla  l'année  1697.  par  cette  Ville,  n'y  avoit  pas  été  Roi  de 
reçue  avec  des  honneurs  convenables,  mais  qu'on  les  avoit  au  contraire  trai-  Suéde, 
tez  d'une  manière  indue,  comme  des  Barbares  6c  des  Tartares.     Les  Ambaf-  pour  fe 
fadeurs  de  V.  M.  m'ont  bien  écrit  pendant  leur  féjour  à  Mofcou,  6c  m'ont  |uftlfîer 
communiqué  une  traduction  des  mêmes  plaintes,  produites  parles  Miniftres  piajntes 
du  Czar  dans  une  Conférence;  mais  comme  leurs  Lettres  ne  m'ont  pas  été  des  Mof- 
renduës,  aïant  été  interceptées  en  Mofcovie  avec  plufieurs  autres  avant  que  covites. 
d'arriver  ici ,  cela  a  fait  que  je  n'ai  eu  aucune  connoiflance  ni  information  de 
ces  plaintes  qu'au  retour  des  Ambaflàdeurs  de  V.  M.  à  Mofcou,  6c  à  leur  ar- 
rivée à  Nerva,  d'où  ils  m'ont  écrit,  m'envoïant  des  Copies  de  toutes  les  Let- 
tres perdues.    J'ai  d'autant  plus  deraifon,  Sire,  de  remercier  très-humble- 
ment V .  M .  6c  de  reconnoître  la  grâce  qu'EUe  me  fait ,  en  «l'ordonnant  de 
lui  faire  un  fidèle  raport  de  la  vérité  de  ce  fait ,   6c  avec  toutes  les  circonf- 
tances,  puifque  cela  me  donne  lieu  de  mettre  au  jour  moi-f innocence ,  6c  de 
pouvoir  mieux  me  juftifier  de  leurs  injuftes  accufations.    Elles  feroient ,  Sire,  , 
trop  fènfibles  à  un  homme,  qui  a  tâché  toute  fa  vie  d'aquerir  de  l'honnête- 
té, aïant  fréquenté  les  Païs  6c  les  endroits  dans  le  monde,  où  la  civilité  6c  la 
complaifance  font  le  plus  en  ufage,  6c  l'on  ne  feroit  pas  peu  affligé,  de  fe 
voir  après  cela,    fi  miièrablement  chargé  de  pareils  reproches,  6c  de  voir 
qu'on  veut  faire  accroire  qu'on  fe  foit  conduit  d'une  manière  fi  peu  convena- 
ble comme  l'on  prétend,  6c  que  l'on  n'auroit  ni  de  l'honneur,  ni  de  l'hon- 
nêteté, ni  aflez  de  jugement  pour  recevoir  l'Ambaflade  d'un  fi  grand  Prince. 
Mais,  Sire,  quand  je  confidere  à  cette  occafion  le  génie  6c  la  coutume  de 

V  2.  .la 


i7<*      MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

1700.    la  Nation  Mofcovite,  je  puis  facilement  me  confolerj  car  plus  les  tr.iite-t-on 
•— — 1 —  civilement  Se  plus  leur  fait-on  des  honneurs,  moins  peut-on  atteindre  le  but 
qu'on  fe  propofe  en  voulant  les  contenter  ;  mais  l'on  fe  trouve  au  contraire 
plutôt  incommodé  par  leurs  prétentions  fans  bornes ,   pour  de  plus  grands 
honneurs  6c  avantages.     L'on  elr.  même  infailliblement  paie  par  Eux  d'ingra- 
titude pour  tout  le  bien  qu'on  leur  fait ,  à  moins  qu'on  ne  leur  accorde  tout 
ce  qu'ils  prétendent.     Ce  m'eft,  Sire,  la  meilleure  fatisfaétion  que  je  puifîe 
fouhaiter  de  pouvoir  témoigner  à  V.  M.  combien  je  fuis  aceufé  en  cette  oc- 
cafion  fans  fondement  par  les  Commiffàires  Mofcovites.    J'ai  d'autant  moins 
manqué  d'emploïer  tous  mes  foins,  8c  de  donner  les  ordres  néceflaires  pour 
faire  en  forte  que  cette  Ambaflade  fut  bien  reçue  6c  traitée  avec  toutes  les 
marques  d'honneur  poffibles,  &  même  avec  plus  de  diftinéHon  qu'aucune  des 
précédentes  qui  avoient  autrefois  pafle  par  ici.     Comme  j'ai  bien  pu  com- 
prendre combien  il  étoit  néceffaire  dans  les  conjonctures  préfentes  pour  l'en- 
tretien &  la  conservation  d'une  bonne  intelligence,  j'ai  aufîî  pour  cette  mê- 
me fin  fait  distinguer  leur  réception  des  précédentes  en  tout  ce  que  j'ai  pu, 
ou  que  j'ai  crû  néceffaire  Se  faifable.    J'aurois  bien  fouhaité  pour  ma  plus 
grande  fureté  d'avoir  pu  être  pourvu  fur  de  certains  points  des  ordres  précis 
Se  de  la  réfolution  de  V.  M.  afin  d'avoir  pu  me  conduire  plus  fûrement  ;  mais 
comme  le  peu  de  tems  que  j'avois,  ne  me  permettoit  pas  d'attendre  les  or- 
dres que  j'avois  très-humblement  demandez  à  V.  M.,  je  fus  obligé  de  cher- 
cher fur  les  lieux  les  InftruéHons  néceffaires,  ëc  d'écrire  pour  cette  fin  tant  à 
Revel  qu'à  Nerva,  afin  d'être  de  là  inftruit  de  ce  qui  s'y  étoit  pratiqué  au- 
paravant en  de  pareilles  occafions,  fur  tout  pour  fivoir  fi  quelque  Ambaflade 
de  Mofcovie,  de  celles  qui  ont  auparavant  paffé  par  l'un  ou  l'autre  de  ces 
deux  endroits,  y  avoit  été  traitée:  la  réponlé  fut  la  même  par  tout,  à  lavoir 
qu'on  ne  les  avoit  nullement  traitées,  ni  défraïées.    J'en  envoie  une  lifte  qui 
contient  le  nombre  des  AmbaiTades  de  Mofcovie  qui  depuis  l'année  1660.  ont 
paffé  par  l'Eftonie,  la  Livonie,  &  l'Ingrie,  allant  partie  en  Suéde,  partie 
vers  d'autres  Princes;  6c  de  toutes  celles,  il  ne  s'en  trouve  pas  une  qui  en 
aucun  des  fufdits  lieux  ait  été  reçue  6c  traitée  autrement  qu'à  l'ordinaire. 
Cependant ,  je  donnai  ordre  pour  leur  réception ,  prenant  en  cela  pour  but 
principal  ce  que  les  Traitez  mutuels  ordonnent  en  de  pareils  casj  6c  je  tâchai 
de  plus,  autant  qu'il  paroiflbit  être  convenable, de  faire  augmenter  d.ins  la  re- 
,       ception  de  cette  Ambaflade  l'honneur  6c  le  traitement  accoutumé,  afin  de 
leur  donner  par  là  des  marques  d'une  plus  grande  amitié.    Je  donnai  à  Mr.  le 
Major  Glaflènop,  qui  eft  un  fort  honnête  Se  poli  Gentilhomme,  la  Com- 
miflion  d'être  leur  Preftaf  ou  Maréchal,  auquel  je  joignis  le  Capitaine  Dorn- 
-feld,  6c  un  Gentilhomme  verfé  dans  la  Langue  Mofcovite,  les  faiiànt  partir 
pour  Nyenhuifen,  qui  cft  fur  la  Frontière,  inçeflàmment  après  que  j'eus  la 
nouvelle  que  l' Ambaflade  étoit  partie  de  Mofcou  y  afin  qu'ils  fuilent  prêts 
pour  l'y  recevoir  a  fon  arrivée  fur  nos  Frontières,  comme  il  paroit  par  mes 
Lettres,  ordonnant  en  même  tems  aux  Prévôts  des  Cercles  de  mettre  ordre 
de  bonne  heure  pour  que  les  Voitures,  comme  auifi  les  Vivres  fulîènt  tenus 
prêts.     Pour  cette  û\\  chacun  d'eux  reçût  avec  lui  des  Lettres  Patentes  Cv 
des  Paflèpqrtoi  6c  outre  cela  ils  eurent  ordre  de  ehoifir  par  tout  le  Puis  de 

bonnes 


ET    RESOLUTIONS    D'ETAT.         177 

bonnes  Auberge?,  6c  Hôtelleries,  tant  pour  les  Soirs  que  pour  les  Midis.   Au    17013. 
refte ,  il  étoit  févérement  défendu  à  Mofcou  pendant  un  certain  tems  de  faire    — — 
aller  les  Portes  de  là  ici,  6c  même  de  lailîer  partir  perfonne,  de  forte  qu'entre       » 
autres  nôtre  Interprète  Soldan,  y  fut  détenu  aflëz  long-tems,  ce  qui  fe  fai- 
foit  fans  doute ,  afin  que  la  nouvelle  que  le  Czar  en  perfonne  accompagnoit 
fon  Ambafiàde,  ne  fut  point  rendue  publique  ;  lors  qu'enfin  la  Pofte  recom- 
mença d'aller,  on  ouvrit  les  Lettres,  6c  on  les  vifita:  ainfi,ilnous  étoit  fort 
difficile  d'avoir  ici  quelque  nouvelle  de  leur  arrivée.     Outre  cela,  on  faiibit 
courir  le  bruit  de  leur  part ,  comme  fi  PAmbaflade  avoit  changé  le  deflèin  de 
venir  6c  parler  par  ici ,  6c  qu'elle  étoit  réfoluë  de  prendre  fa  route  par  la  Li- 
vonie  Polonoife;  mais  peu  de  tems(  après  il  arriva  un  Major,  'nommé  Jean 
Smith ,  avec  une  partie  du  bagage.     Il  fut  fiùvi  d'un  Courier  avec  la  Lettre 
de  notification  du  Vayvode  de  Plefcow  du  14.  Mars,  dans  laquelle  pourtant 
il  n'avoit  marqué  aucun  terme  précis  pour  l'arrivée  de  PAmbaflade  fur  nos 
Frontières,  6c  encore  moins  le  nombre  de  fa  fuite}  ce  qui  m'obligea  durant 
fix  femaines  de  faire  tenir  prêts  fur  nos  Frontières  les  chevaux  deftinez  pour 
leur  voiture,  ce  qui  ne  pouvoit  pas  fe  faire  fins  caufer  de  grands  dommages 
&  des  pertes  confidérables  aux  Païfans}  car  après  les  avoir  renvoïez,  il  falloit 
les  rapeller,  après  les  avoir  encore  fait  attendre  long-tems  en  vain ,  il  falloit 
de  nouveau  les  faire  retourner  chez  eux  de  même  qu'auparavant}  à  caufe  dur 
retardement  de  l'arrivée  de  PAmbaflade.     Il  y  eut  même  de  très-grandes  dif- 
ficultez  chaque  fois  à  faire  venir  des  chevaux ,  6c  quand  à  la  fin  les  Ambafla- 
deurs  m'çerivirent  du  21.  de  Mars  de  Plefcow  pour  me  notifier  leur  arrivée 
en  cette  Ville,  fans  marquer  pourtant  pofitivement  le  tems  quand  ils  croïoient 
pouvoir  arriver  fur  nos  Frontières,  je  leur  répondis  le  16.  du  même  mois, 
que  bien  que  je  n'eufl'e  reçu  aucune  réponfe  du  Wayvode  à  la  Lettre  que  je 
lui  avois  écrite  le  25  de  Mars,  ni  aucune  ouverture  ou  information  particu- 
lière, tant  du  tems  que  PAmbaflade  arriveroit,  que  du  nombre  de  là  fuite,  ce 
que  j'avois  pourtant  fouhaité  d'aprendre  par  la  Lettre  fufdite  du  Wayvode,  je 
n'avois  pas  laifle  néanmoins  d'ordonner  tous  les  préparatifs  néceflaires  &  pofli- 
bles  pour  les  bien  recevoir ,  &  pour  les  faire  traiter  &  conduire  par  ce  Du- 
ché avec  des  honneurs  convenables,  efpérant  qu'ils  recevroient  en  bonne  part 
ce  qui  fe  pouvoit  faire  pour  leur  accommodement ,  puis  qu'on  emploïoit  tous 
les  moïens  que  l'état  prêtent  du  Pais  (  qui  pour  lors  ië  trouvoit  accablé  d'une 
très-grande  famine  6c  cherté)  pouvoit  permettre,  pour  leur  témoigner  par  là 
une  véritable  amitié,  6c  pour  fatisfaire  au  Traité  de  Paix  de  Kardis.     Enfin,, 
après  de  longs  délais ,  PAmbaflade  arriva  brufquement  le  2f .  de  Mars  fur  la 
Frontière.     Elle  fut  reçue,  logée  6c  traitée  à  Nyenhuiiën  de  la  manière  ra- 
contée dans  les  Relations  du  Lieutenant  Thifons,  6c  du  Notaire  du  Cercle. 
On  peut  auffi  voir  par  la  Relation  du  Notaire  de  ce  Cercle,  nommé  Crely, 
de  quelle  manière  elle  a  été  conduite  par  le  Cercle  de  Riga ,  6c  jufques  à  la 
Ville.     A  fon  aproche,  j'envoïai  à  fa  rencontre  le  Lieutenant- Colonel  Palm- 
itrank,  6c  le  Major  Rank,  avec  mon  Carofle  à  fix  chevaux,  accompagné 
de  douze  Trabands,  portant  la  livrée  de  V.  M.  6c  de  dix  de  mes  Pages  tk 
Laquais  bien  habillez,  avec  une  fuite  confidérable  de  fo.  Carofles  apartenant 
tant  à  des  Officiers  qu'à  d'autres  particuliers,  comme  autli  le  Girofle  du  Ma- 

V  3  giflm 


178      MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

1700.  giftrat  de  la  Ville,  attelé  de  fix  chevaux,  de  plus  une  troupe  de  36.  hom- 
-— -—  mes,  avec  des  habits  galonnez,  &  des  plumes  blanches  aux  chapeaux ,  qu'on 
apelle  communément  Swartendaupter,  qui  fut  fuivie  d'une  autre  troupe  de 
Bourgeois  à  cheval  au  nombre  de  140.  tous  bien  mis,  parez,  6c  équipez  avec 
leurs  Etendards,  Timballes,  &  Trompettes,  qui,  tous  l'épée  à  la  main,  fini- 
rent la  marche.  Tout  cela  fe  fit  afin  de  rendre  l'entrée  d'autant  plus  diftin- 
guée;  perfonne  ne  pouvant  nier  que  l'aparat,  qui  s'eft  fait  en  cette  occafion, 
n'ait  furpafle  de  beaucoup  les  honneurs  qui  ont  été  faits  auparavant,  tant  ici 
qu'ailleurs,  aux  autres  Ambaflàdes.  En  cet  ordre  ils  entrèrent  par  la  Porte  de 
la  Ville,  nommée  Sandport,  où  étoit  porté  un  Bataillon  fous  les  armes  j  ils 
travcrférent  ainfi  la  Ville  parlant  par  le  Marché  où  étoit  pareillement  rangé 
un  autre  Bataillon ,  6c  fortant  par  la  Porte  dite  Carhport ,  où  fe  trouvoit  un 
troifiéme  Bataillon,  tous  trois  aïant  des  Hautbois  6c  des  Tambours,  qu'ils 
rirent  fonner  continuellement,  ils  furent  conduits  dans  leur  Quartier  fur  le 
Quai  dans  le  Fauxbourg,  communément  apellé  le  Stadien,  où  toutes  les  Am- 
baflàdes précédentes  ont  toujours  logé.  Durant  tout  le  tems  de  leur  féjour 
ici,  un  Lieutenant,  avec  70.  Soldats,  montoit  tous  les  jours  la  garde  devant  la 
porte  de  leur  Hôtel ,  6c  ils  furent  faluez  à  l'entrée  6c  à  la  fortie  de  la  Ville  de 
16.  coups  de  gros  Canons  à  chacune  des  Portes.  D'abord  qu'ils  furent  en- 
trez dans  l'Hôtel  préparé  pour  leur  demeure,  j'envoïai  le  Major  Wrangel 
avec  le  Capitaine  Lilienftierna  les  féliciter  de  ma  part  fur  leur  heureuiê  arri- 
vée, 6c  ils  m'envoïérent  un  Lieutenant-Colonel  avec  le  Coufin  de  Mr.  le 
Fort  pour  m'en  remercier.  Comme  j'avois  ordonné  au  Capitaine  Lilienftier- 
na de  refter  toujours  auprès  d'eux,  pour  recevoir  leurs  ordres,  fur-tout  ceux 
de  Mr.  le  Fort  comme  le  premier  ;  aufli  a-t-il  formé  un  Journal  de  tout  ce 
qui  s'eft  pafle  tant  à  la  réception  qu'en  la  lùite ,  6c  pendant  tout  le  féjour  de 
PAmbaflàde  en  ces  quartiers;  c'eft  aufïï  de  fon  Journal  qu'eft  extraite  la  Re- 
lation. Le  même  Capitaine  affiire  que  les  Ambafladeurs  ont  témoigné  d'ê- 
tre très-fatisfaits  du  bon  accueil  6c  traitement  qu'ils  reconnoiflbient  avoir  re- 
çu. Ce  qui  fe  confirme  encore  par  la  Lettre  du  Commiflàire  Kniper,  écri- 
te de  Mofcou  le  16.  Juillet,  où  il/lit  avoir  apris  la  même  chofe,  lavoir  que 
le  Chef  de  PAmbaflàde  Mr.  le  Fort  avoit  écrit  à  Mofcou  fur  ce  fujet  en  des 
termes  qui  en  marquoient  beaucoup  de  fatisfaéKon  6c  de  reconnoiflànce.  Je 
commandai  pareillement  à  tous  les  Colonels,  Lieutenans-Colonels,  Majors, 
£c  autres  Officiers  d'aller  tous  les  jours  tour  à  tour  rendre  des  Vifites ,  6c  fai- 
re leur  Cour  aux  Ambafladeurs,  ce  qu'ils  ont  aufli  continué  de  faire  pendant 
tout  le  féjour  de  PAmbaflàde  ici.  Outre  cela,  je  me  fis  moi-même  informer 
prefque  tous  les  jours  par  des  Gentilshommes  de  l'état  de  leur  fanté ,  leur  of- 
'  frant  en  même  tems  mes  fervicesj  mais-,  fi  je  ne  fuis  pas  allé  en  perfonne  leur 
rendre  Vifite,  6c  ne  les  ait  pas  traitez  au  Château,  c'eft  que  cela  ne  s'eft 
jamais  pratiqué,  6c  feulement  parce  que  je  l'ai  crû  fuperflu,  tant  à  l'égard  de 
ce  que  cette  Ambafladc  n'étoit  pas  envoïée  vers  V.  M.,  mais  à  d'autres  Puif- 
fances,  qu'à  caufe  qu'aucune  Ambaflade  de  toutes  celles  qui  ont  paflè  autre 
fois  par  ces  Provinces  n'a  été  traitée  par  aucun  des  Gouverneurs  qui  m'ont 
précédé.  J'aurois  même  d'autant  moins  pu  le  faire,  que  j'étois  obligé  à  caufe 
de  mon  indifpoiition  de  tenir  le  lit  Pefpace  de  cinq  («naines  3  mais  cela  ne 

s'eft 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.  i7P 

s'eft.  nullement  fait  en  confédération  de  la  mort  de  feu  ma  Fille,  comme  ils  le  I700- 

prétendent  fauffement ,  puis  qu'elle  ne  mourut  que  le  i<5.  d'O&obre  l'an  

1698,  &  par  conféquent  une  année  &  fept  mois  depuis  leur  départ  d'ici. 
Comme  durant  leur  féjour,  plufieurs  de  leur  fuite  commencèrent  d'aller  à 
cheval  autour  de  la  Ville,  &  fur  toutes  les  hauteurs,  ne  fe  contentant  pas  de 
reconnoître  la  Place  avec  des  Lunettes  d'aproche,  mais  qu'ils  entreprirent 
même  de  defigner  8c  dreffer  le  Plan  6c  la  fituation  de  la  Ville ,  jufques  à  vou- 
loir fonder  la  profondeur  des  FofTcz  en  fe  promenant  fur  les  Remparts,  Se  fur 
la  Contrefcarpe,  tout  cela  m'obligea  de  faire  prier  Mr.  le  Fort  de  vouloir 
bien  défendre  à  fes  gens  ces  fortes  de  libertez,  puis  qu'étant  lui-même  un 
Général  expérimente ,  il  favoit  bien  que  de  telles  chofes  ne  fe  fouffroient  pas 
en  aucune  Fortereffe  de  l'Europe.     Il  reçût  cet  avertiflement  fort  bien,  ex- 
cufant  ce  qui  s'étoit  paffé,  8c  promettant1  de  le  défendre  à  l'avenir  à  fes  Mof- 
covites  mal  apris.     C'eft  ainfî  que  s'eft  paffé  ce  qu'ils  raportent  être  arrivé  à 
cette  occafion,  8c  dont  ils  fe  plaignent  avec  fi  peu  de  fondement,  préten- 
dant qu'on  les  ait  tenus  fi  ferrez  qu'ils  n'avoient  pu  fortir  de  leurs  Logemens} 
ce  qui  ne  s'eft  nullement  fait ,  puis  qu'ils  ont  tout  au  contraire  marché  avec 
une  liberté  entière,  8c  en  troupes,  par  toute  la  Ville,  entrant  dans  toutes  les 
Boutiques,  chez  les  Ouvriers,  aux  Cabarets,  &  par  tout  ailleurs  où  bon  leur 
fembloit,  de  quoi   tous  les  Habitans  de  Riga  peuvent  rendre  témoignage. 
Au  refte,  il  eft  étrange  que  les  Commiffaires  du  Czar  aient  avancé  qu'en 
confidération  de  la  prefence  de  la  haute  Perfonne  de  S.  M.  Czarienne  on  au- 
rait dû  faire  quelque  chofe  de  plus  que  ce  qu'ils  débitent  avoir  été  fut,  car 
il  étoit  défendu  à  ceux  de  l'Ambaffade,  fous  peine  de  la  vie,  de  divulguer 
que  ce  grand  Prince  fe  trouvoit  parmi  eux  en  Perfonne,  à  caulb  de  quoi  on 
avoit  auffi  raifort  de  croire  de  nôtre  côté  qu'il  auroit  été  mal  reçu  par  S.  M. 
Czarienne,  fi  nous  euffions  fait  femblant  d'avoir  quelque  connoiffance  de  fà 
haute  prefence  chez  nous.    Jufques  ici  toute  l'Ambaffade  s'étoit  auffi  montré 
fort  contente,  comme  auffi  en  effet  elle  ne  peut  pas  raifonnablement  fe  plain- 
dre d'aucune  chofe  j  mais,  quand  à  la  fin  le  tems  vint  de  païer  ce  qu'ils  ayoient 
dépenfé  ici,  l'on  commença  à  s'apercevoir  de  quelque  chagrin,  ce  qui  m'o- 
bligea de  faire  revoir  8c  modérer  les  Comptes  un  peu  trop  forts  de  leurs  Hô- 
tes, faifant  mettre  tout  à  un  fi  jufte  8c  raifonnable  prix  qu'il  étoit  poffible. 
Et,  afin  que  V.  M.  puiffe  voir  combien  c'eft  fans  fondement  qu'ils  fe  plai- 
gnent, comme  fi  l'on  avoit  hauffé  pour  eux  le  prix  plus  qu'au  double  au  de- 
là de  la  jufte  valeur,  8c  que  pour  le  tranfport  de  la  Rivière  de  Dhuna,  on 
leur  avoit  efcroqué  80.  Ducats,  j'en  ai  fût  faire  la  fpécification  à  ma  requifi- 
tion  par  le  Magiftrat  de  cette  Ville,  8c  il  y  a  une  lifte  de  la  fuite  de  rAm- 
baflade qui  n'étoit  pas  peu  nombreufe ,  8c  enfuite  une  fpécification  de  ce  qui 
a  été  païé  à  chacun  des  Hôtes  pour  leur  logement,  pour  du  bois,  des  chan- 
delles 8c  autres  chofes  de  cette  nature ,  ce  qui  leur  a  été  païé ,  non  pas  com- 
me une  chofe  exigée  par  eux,  mais  fuivant  le  bon-plaifir  des  Ambaffadeurs, 
8c  par  manière  de  diferetion.    Je  puis  d'ailleurs  protefter  fur  ma  confeience  8c 
fur  mon  ame ,  que  j'ai  cherché  8c  emploie  tous  les  moïens  poflîbles  pour  les 
contenter,  8c  que  j'ai  tâché  en  toute  manière  de  leur  témoigner  toute  forte 
de  civilité,  quoique  maintenant  ils  expliquent  tout  avec  malignité.     Du  ref- 
te. 


i8o      MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

i^oo.  te,  ce  n'étoit  pas  ma  faute  qu'il  y  eut  alors  une  grande  cherté  6c  difette  de 

— toutes  choies,  laquelle  fut  générale  dans  ces  quartiers,  &  dont  j'ai  reflenti 

les  effets  auffi  bien  que  tous  les  autres}  &  comme  ils  le  plaignent  encore  beau- 
coup, comme  fi  on  ne  les  auroit  pas  voulu  honorer  à  leur  départ  avec  des 
Yachts  &  de. jolis  Bateaux  au  trajet  de  la  Rivière  de  Dhuna,  je  puis  pour- 
tant dire  que  nonobftant  qu'il  ne  fe  trouve  point  de  lemblables  Bâtimens  ici, 
i'avois  néanmoins  mis  tel  ordre,  que  les  principaux  furent .transportez  dans 
un  joli  Yacht,  tendu  de  Drap  rouge,  Se  orné  d'un  Pavillon  Roial,  &  le 
refte  dans  deux  autres  Yachts,  &  dans  plus  de  ;o.  grands  Bateaux,  tels  qu  ils 
font   ici  en  ufage  ,     qui  tous  furent  ordonnez   pour    leur   fervice ,     outre 
qu'en  traveriànt  la  Rivière  on  les  honora  de  51.  coups  de  Canon  ;  de  lorte 
qu'en  tout  ceci  leurs  aceufations  font  contraires  à  la  vente,  puis  qu'outre  ce- 
la ils  forent  encore  d'autre  côté  conduits  jufques  à  la  Frontière  de  la  Cour- 
lande  dans  deux  CarolTes  du  Magiffrat  de  la  Ville,  étant  alors  impoffible,  tant 
à  caufe  du  violent  cours  de  la  glace  qui  fe  trouvoit  dans  la  Rivière,  que  pour 
la  tics-grande  quantité  de  leur  Bagage,  de  pouvoir  trouver  autant  de  Bau- 
mens  6c  de  Barques  qu'il  auroit  falu  pour  pafîer  un  plus  grand  nombre  de  Ca- 
rolTes, 6c  quelque  Cavalerie.     L'on  ne  me  doit  pas  non  plus  imputer  le  trafic 
que  ceux  de  la  fuite  de  l'Ambaffade  ont  fait  de  leurs  Chevaux  revenus  de  la 
Courlande,  fur  ce  qu'ils  n'ont  pu  les  vendre  qu'à  dix  Copek  par  pièce  i  c'elt 
une  chofe  qui  ne  me  touche  point,  6c  dont  je  n'ai  eu  non  plus  aucune  con- 
noifTance}  encore  moins  fuis-je  informé  de  leur  Courier  renvoie  de  Courlan- 
de, nommé  Jacob  Scaronzofs,  que  je  n'ai  jamais  vu ,  & :  dont  je  n  ai  jamais 
entendu  parler,  6c  les  attestions  données  par  l'Hôte  de  l'Auberge  ordinaire 
des  Mofcovites,  apellé  Mehrman,  6c  par  les  deux  Marchands  Hmtz  6c  O//- 
kin,  auxquels  toutes  les  Lettres  des  Mofcovites  font  ordinairement  adreffees 
par  l'Intendant  Jarmerfted,  6c  par  le  Préfeft  du  Portant  Gerdsgroens,  peu- 
vent fervir  de  preuve  fuffifante  qu'un  tel  Courier  n'a  jamais  ete  ici}  aufli 
n'eft-ce  qu'une  pure  fiétion.     Ce  qui  eft  enfin  mentionne  du  foupçon  que 
j'aurois  conçu  dfun  certain  Surowoy,  qui  doit  avoir  ete  fi  fouvent  envoie  aux 
AmbalTadeurs  Mofcovites,  ce  m'eft  une  affaire  entièrement  inconnue  6c  fans 
fondement}  je  n'en  ai  jamais  ouï  parler,  encore  moins  1  ai-je  vu  ou  connu  ; 
de  forte  que  "fur  ce  point  je  ne  puis  donner  aucune  explication.  .    . 

Il  plaira  à  V.  M.  de  voir  par  tout  ce  qui  a  été  dit,  combien  je  fuis  inno- 
cent de  toutes  ces  imputations,  dont  on  me  veut  charger }  c  cit  auffi  pour- 
quoi je  iiiplie  très- humblement  V.  M.  de  vouloir  bien  me  hure  la  grâce  que 
de  me  prendre  fous  fa  grande  protedion ,  puifque  je  puis  d'ailleurs  affiner  que 
je  n'aurais  jamais  laiffe  rien  manquer  au  refpeft  du  a  un  auffi  grand  Pj^cc 
que  l'eft  S.  M.  Czarienne,  fi  là  prefence  en  ce  lieu  eut  ete  connue^  11  eit 
vrai,  que  j'ai  été  jaloux  6c  vigilant  pour  une  Foitercfie  frontière  du  Roi  mon 
Maître;  mais  à  cet  égard  je  me  ferais  attendu  plutôt  a  des  louanges  qu  a  du 
blâme  de  la  part  de  S.  M.  Czarienne  comme  étant  un  grandConquerant.  L,  eit 
donc,  Sire,  ce  que  j'ai  pu  à  la  hâte  raporter  pour  ma  defenle  qui  paraît  al- 


avois 


fez  clairement  par  les  «teftations  alléguées  en  original.     Mais  ii  jamais  j  av. 
rû  m'imaginer  ou  prévoir  qu'on  me  chargerait  de  lemblables  choies,  J  aurais 
bien  pris  d'autres  précautions  pour  ma  deîenfei  mais,  ma  conicicnce  ne  me 


ET    RESOLUTIONS    D'E  TAt         i8r 

reproche  rien,  aïant  ufé  de  plus  de  civilité  à  leur  égard  que  l'on  n'étoit  obli-    1700. 

ge  de  faire,  comme  auffi  effectivement  on  leur  en  a  rendu  beaucoup  plus   ' 

qu'à  tous  ceux  qui  ont  pafle  auparavant  par  ici.  J'efpére  que  V.  M.  daigne- 
ra recevoir  avec  fa  clémence  ordinaire  la  juftification  de  celui  qui  elt ,  6c  fera 
toute  la  vie , 

SIRE, 

De  Vôtre  Majefté, 
A  Riga,  le  8.  Le  très-humble,  très-obéïffant , 

Mars  1700.  &  très-fidéle  Serviteur,  6c 

Sujet, 

E.    DE    HALBERG. 

La  Réfolution  des  Etats  Généraux  -fur  le  Mémoire  de  l'Ambafladeur  de 
Mofcovie  du  6.  Octobre  raporté  ci-defîus ,  6c  qu'on  ne  prit  qu'un  mois 
après,  étoit  conçue  de  la  forte. 

„  Qu'on  donnerait  en  Réponfe  audit  Mémoire  :  Que  depuis  longues  an- 
„  nées  ils  avoient  contracté,  6c  de  tems  en  tems  renouvelle  des  Traitez  d'Al- 
„  liance  défenfive  avec  le  Roi  de  Suéde,  qui  ne  tendoient  à  l'offenfe  ni  au 
„  defavantage  de  perfonne  ;  mais  feulement  à  s'entre-aider  6c  fe  défendre  con- 
„  tre  les  Forces  étrangères  6c  l'oprefîîon ;  6c  réglant  le  fecours  qu'on  devoit 
„  réciproquement  envoïer  en  cas  de  befoin  6c  d'attaque.  Que  le  Baron  de 
„  Lillienrooth ,  Ambaffadeur  Extraordinaire  de  Suéde ,  dans  le  préfent  cas 
„  d'attaque  de  la  Livonie  par  les  Troupes  du  Roi  de  Pologne,  6c  même  dans 
„  la  fuite  par  les  Armes  Ruffiennes ,  avoit  demandé  d' Elles  des  fecours  ftipu- 
„  lez  par  les  Traitez;  qu' Elles  ne  veulent  rien  dire  touchant  les  raifons,  qui, 
„  fuivant  le  contenu  du  Mémoire,  ont  porté  Sa  Majefté  Czarienne  à  faire 
„  la  Guerre  à  la  Suéde.  Qu'Elles  avoient  fouhaité  que  les  chofes  n'eufïènt 
„  pas  été  portées  à  de  telles  extrêmitez ,  6c  encore  ne  verroient-Elles  rien 
„  plus  volontiers,  finon  que  le  feu  de  la  Guerre  qui  s'eft  allumé,  vint  à  être 
„  éteint  dans  fes  commencemens ,  5c  que  les  différens  puflènt  être'afîbupis 
„  par  un  accommodement  amiable.  Que  L.  H.  P.,  pour  y  contribuer  en 
„  ce  qui  dépend  d'Elles,  par-  un  jufte  amour  6c  inclination  pour  le  repos  8c 
„  la  Paix,  6c  en  confédération  de  l'amitié,  dans  laquelle  Elles  vivent,  tant 
„  avec  Sa  Majefté  Czarienne  qu'avec  les  Rois  de  Suéde  6c  de  Pologne, 
„  avoient  offert  tous  leurs  bons  offices  pour  avancer  un  fi  bon  ouvrage. 
„  Qu'Elles  en  attendent  encore  avec  ardeur  l'effet.  Cependant,  qu' Elles 
„  n'ont  encore  rien  réfolu  fur  les  inftances  de  l'Ambafladeur  de  Suéde.  C'é- 
,,  toit  pour  cette  raifon  qu'on  n'avoit  pas  encore  répondu  à  fon  Mémoire. 
.,,  Mais  comme  Elles  étoient  informées,  qu'il  preffoit  une  Réponfe,  Elles 
„  n'ont  pas  voulu  différer  davantage  de  lui  donner  connoiffance ,  6c  de  dé- 
„  clarer  qu'il  leur  feroit  au  plus  haut  point  agréable,  fi. par  une  prompte  fuf- 
„  penfion  des  hoftilitez  commencées,  6c  par  un  accommodement  des  diffe- 
„  rens  qui  étoient  fur  le  tapis,  Elles  puffent  être  mis  hors  de  la  riéceffité  de 
„  devoir  encore  délibérer  fur  lefdits  fecours;  6c  de  pouvoir  avoir  par-là  plus 
„  d'occafion  de  témoigner  en  toute  manière  la  ferme  inclination,  qu'Elles 

Tom.  I.  X  „  ont, 


181     MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

1700.  „  ont,  autant  qu'il  dépend  d'Elles,  de  cultiver  l'ancieniie  amitié  qu'Elles 

— „  avoient  l'honneur  d'entretenir  avec  Sa  Majetlé  Çzarienne,  dont  Elles  ont 

„  toujours  eu  une  haute  eltime,  &  qu'Elles  conferveront. 

L'Àmbassadecr  de  Suéde,  en  préfentanten  ce  tcms-là  le  Mémoire  fuivant, 
y  parla  dans  une  Conférence  de  la  Réponfe  de  la  Suéde  au  Manirelle  du 
Czar.  Cette  Réponfe  aïant  paru  belle  aux  Politiques,  on  en  ajoute  auiîi  le 
précis  en  peu  de  mots. 

Mémoi-      CELSI  AC  PR.EPOTENÏES  DOMINE 

re  de 

L'ITe  A^tiUt  mïï°l  befiernus  Tabellarius,  Sacra  Regia  Majeftatis  Domini  mei  Cle- 
rooth.  k  mentijjïmi  mandata  ut  ejufdem  refponforias  ad  Cdfiarum  ac  PP.  DD.  VV. 
H  terris,  occafione  Memorialis  à  SereniJJimi  Mofcorum  Czaris  hic  degente  Domino 
Légat 0  nuper  exbibiti,  fibi  perferiptas,  Celfis  ac  P P.  DD.  VV.  offerrem,  at- 
que  fimul  mentent  Sacra  Regia  Majeftatis  cire  a  varia  moment  a  hûc  pertinent  ia 
uberius  exponerem.  ClementiJJimis  bifee  Mandatis,  prima  occafione ,  quam  Celfa 
ac  P  P.  Dominât iones  Vefira  mihi  indicare  dignabuntur ,  humtllimè  morem  geftu- 
rus  fum  ;  afl  fateor  incertunt  me  efje  an  amplitts  &  quo  ufque  ea  ipfa ,  prafenti 
rerum  faciei  congruant.  Accidit  enim  prater  omnem  fpem  ,  quam  fancla  adee 
promiffa,  toticfque  repetita  Declarationes  merito  dabant ,  Czaream  fuam  Majef- 
tatem  per  h ter as  ,  quarum  apographum  mihi  è  Berolino  tranfmiffum  efit  Régi 
Polonia  pollicitam  ef/e  ,  non  tantum  bcllum  fe  indiclurum,  fed  ($  non  tantum 
aim  auxiliaribus  copiis  fe  ipfam  propè  client  ei  adfuturam.  Adaclum  itaqtte  me  video 
ut  de  auxiliis,  vi  Paclorum  tant  pridem  quam  nuper  admodum  initorum,  Sacra 
Rcgia  Msjcflati  pronïtfifis  &  qua  literis  praterlapfo  Menfe  Martio  exaratis  Sacra 
Regia  Majeftas.  ipfa  requfivit ,  Celfa  ac  PP.  Domïnationes  Vefira  finceram 
fuam  erga  Sacrant  Regiam  Majeftatem  amicitiam  re  ipfà  atque  toi  Documentis 
.comprobaverunt ,  ut  nullo  modo  dubitari  pofjlt  quin  13  hàc  occafione  parent  affec- 
tum  fit  expertura.  Reliquis  etiam  benevola  hujus  in  fe  voluntatis  indiens  recenfe- 
lit  Sacra  Regia  Majeftas  quod  tefiari  voluerint  Celfa  ac  P  P.  DD.  Vefira  fe  ad 
cunciliandam  cum  boftibus  Pacent  opérant  fuam  conferre  velie.  Eb  gratiora  erunt 
bac  Cclfarum  ac  PP.  DD.  Vefiram  ftudia  ,  quo  fincerius  Sacra  Regia  Majef- 
tas &  ipfa  in  Pacem ,  dummodo  aqua  ea  fit  atque  tuia,  propendet. 

Intcreà.  verà  dum  huic  reducenda  Celfas  ac  P  P.  Domiuatioues  Veftras  lauda- 
bili  fliidio  incumbere ,  perlubenter  fua  Regia  Majejlas  anhnadvcrîit ,  certo  fibi 
nïhihminus  pollicetur  nullam  pr  opter  ea  in  ope  à  Ce  fis  ac  PP.  DD.  Vcfiris  prœ- 
fiandâ  moram  futur am,  quin  pvtius  Celfas  ac  PP.  DD.  Vefira  s  auxilia  tum 
Paclis,  tum  neceffitati  imminentique  periculo  adaquata,  fine  ullà  tentporis  jaclu- 
râ  ,  tantbque  promptius  cfje  expedituras  quo  magis  apparet ,  refiauranda  Paci 
haud  aliud  cjjicacius  dari  remedium.  Gratâ  de  catero  mente  agnofcet  Sacr.i  Re- 
gia Majeftas  amicam  opem,  ac  fimul  ac  ejus  bénéficia  ex  hifee  difiicultatibus  cluc- 
tari  dabitur,  ad  vieem  Ce/fis  ac  PP.  D  D.  Vefiris  rependeudam  omni  hmpore 
crit  prompt  iftîma.  Ego  inlerea  ut  f-.vcns  Celfarum  ac  PP.  D  D.  Veflrarunt  ref- 
ponfum  mihi  oc'ùs  obtntgat,  quâ  decet  obfervanUa  rogo.  Ilagœ  Comitis,  die  '.[. 
Oâobris  1700. 

Le 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.  18} 

Le  Titre  de  la  Réponfe  de  la  Suéde  étoit ,  DifcuJJio  criminationum ,  qui.   1700. 
bus  ufus  eft  Mofcorum  Czarus,  cum  bello  Suecis,  contra  jusjurandum  &  nuperri- 
me  datant  fidem ,  illato  prœtextum  quœrcret. 

Il  y  avoit  au  revers  du  feuillet  du  Titre  un  Partage  de  Ciceron:  Il  portait, 
Pœna  divin  a  perjurii,  exitium:  humam,  dedecuseft. 
En  fuite ,  „  Bellizarius  apud  Procopium.  „ 

Turpe  eft  cum  aliis  omnibus ,  quibus  vol  minime  virtm  eft  cordi  tum  Principi 
<virO)  menîiri  ac  fidem  f altère ,  jusjurandum  autem ,  &  PaSla  etiam  feripto  fim- 
cita  violare ,  ne  abjeUijJimo  quidem  homini  décorum  ejje  arbitror. 

Le  contenu  de  ce  Livre  roule  fur  les  Sermens  du  Czar  faits  fur  les  Saints 
Evangiles,  à  l'occafion  de  divers  Traitez,  qui  y  font  alléguez.  On  y  ré- 
pond d'ailleurs  aux  points  contenus  dans  le  Manifefte  du  Czar,  qui  a  été  ra- 
porté  plus  haut.  Il  y  a  auflî  diverfes  Lettres,  tant  du  Czar  au  Roi  de  Sué- 
de ,  que  de  fon  Ambafladeur  le  Fort  au  Chancellier  Comte  à'Oxenftern.  On 
trouve  à  propos  de  ne  pas  raporter  le  contenu  entier  du  Livre,  à  caufè  de  fa 
longueur  ;  quoi  qu'il  foit  curieux,  Se  tombé  entre  les  mains  de  peu  de  per- 
fonnes. 

Pendant  que  le  Czar  5c  le  Roi  de  Suéde  fe  faifoient  la  Guerre,  les  deux 
Ambafladeurs  de  ces  deux  Puiflances  fe  la  faifoient  auffi.  Ce  qu'il  y  avoit 
de  fingulier  eft ,  que  les  deux  Ambaflàdrices  difputoient  entr'elles  de  la  Beau- 
té. Il  y  avoit  entr'elles  cette  différence,  que  celui  de  Suéde  avoit  pour  la 
fienne  toute  la  complaifance  poflîble ,  &  le  Ruffien  la  tenoit  de  court ,  pouf- 
fé par  la  déréglée  paffion  qui  régne  en  Mofcovie,  d'une  exceflïve  jaloufie. 
On  en  dira  une  petite  particularité,  pour  divertir  le  Lecteur.  Cet  Ambafla- 
deur Ruflîen  avoit  fait  apeller  un  Cordonnier  pour  faire  des  fouliers  à  fa  Fem- 
me. Cet  Ouvrier,  après  avoir  pris  la  mefure  de  la  longueur  du  foulier,  vou- 
lut la  prendre  de  la  largeur.  Il  falut  pour  cela  qu'il  élevât  tant  foit  peu  la 
jambe  de  PAmbaflàdrice.  Son  Epoux  en  prit  un  accès  de  jaloufie ,  qui  le 
porta  à  décharger  plufieurs  coups  de  canne  fur  le  pauvre  Ouvrier,  Se  le  fit 
chafler  fort  mal-traité.  Il  ne  perfifta  cependant  pas  fort  long-tems  dans  cet- 
te paffion  j  car, pour  faire  accroire  qu'il  en  étoit  revenu,  Se  croïant  par-là  s'ê- 
tre fort  civilifé,  il  lui  lâcha  dans  la  fuite,  peut-être  à  fon  dommage,  un  peu 
trop  la  bride.  Il  avoit  l'entêtement  d'aller  plus  haut  que  l' Ambafladeur  de 
Suéde  i  8c  il  fut  feandalifé  de  ce  que  le  Gazettier  Flamand  d'Amfterdam , 
dans  l'article  où  il  difoit  que  les  deux  Ambafladeurs  avoient  été  complimen- 
ter Sa  Majefté  Britannique,  avoit  mis  celui  de  Suéde  avant  lui.  Il  envoïa 
tout  en  colère  fon  Interprète  chez  un  Flamand ,  qui  correfpondoit  avec  le 
Gazettier ,  pour  le  menacer  de  lui  faire  donner  un  coup  d'épée  au  travers  du 
corps.  L'Ambafladeur  de  Suéde  avoit  cependant  de  fon  côté  quelque  foi- 
blefle  pour  fon  Epoufe.  Du  moins  la  poufloit-il  fi  loin  que  pour  quelque  pi- 
que entre  femme  8c  femme,  il  prefenta  aux  Etats  Généraux  un  long  Mémoi- 
re Latin.  Quoi  que  ce  foit  une  affaire  particulière,  on  ne  laiflera  pas  de  le 
donner,  puis  que  fon  contenu  roule  fur  la  dignité  des  Femmes  des  Ambafla- 
deurs, ôc  qu'elle  y  eft  foûtenuë  d'une  manière  vive  8c  folide.  Voici  le  Mé- 
moire. 

X  z  CELSI 


1700. 


i«4     MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 
CELSI  AC  PRALPOTENtES  DOMINI, 


Mémoi- 

iw  ttCH  jNtegro  fere  biennio ,  quo  Régis  mei  Clément  ifflmi  negotia  hoc  in  loco  geffi ,  ope 
Liilien-  ac  beneficib  Celfarum  ac  Prœpotentium  Dominationum  Vejirarum  &  honore  iif- 
rooth.  -  que  juribtts  £j?  pnerogativis ,  qtias  caracleri  mihi  commiffo  omnium  gentium  jura 
-  tribuunt ,  integerrimè  mihi  frui  licuit;  toto  enim  ejus  temporis  decurfu  CC.  ac 
PP.  D  D.  Veflris  non  univerfis  iantum  fed  &?  fingulis  maximas  eo  nomine  lau- 
des ,  grates ,  £5?  reverenîiam  me  omnino  debere  agnofcam.  Incitavit  me  certe  fit* 
mulumque  mihi  addidit  infignis  hœc  CC.  ac  PP.  DD.  Vejirarum  bencvolentia , 
ut  fwcero  atque  fnmmo  fludio  quicquid  mcarum  fuit  virium  intenderim  ad  promo- 
venda  hujus  Reipublic<e  commoda  &  incrementa.  Succefpt  etiam  hic  conatus  eo 
ufque  ex  voto  ut  CC.  ac  PP.  D  D.  Veftrœ,  plenijjimâ  fiduciâ  de  Rege  meo  Clé- 
ment ijfimo  conceptd  ,  fua  poùjjîmîim  Regiœ  Majefiati  detulerint  Mediatorium  mu- 
nus  atque  conciliationem  Pacis ,  qua  etiam  ejus  aufpiciis  Rifwici  ante  quadrien- 
nium  féliciter  coaluit.  Hanc  poftmodum  intimiorem  inter  fuam  Regiam  Majejia- 
tem  &  CC.  ac  PP.  D  D.  Vefiras  amicitiam  adhuc  magis  magifquc  augeri ,  & 
novorum  ad  priftina  Fœderum  accejjione  corroborari  eontigit,  non  fine  utriufque 
partis  uti  &  Regnorum ,  Ditionum ,  &?  Subditorum  maximo  emolumento ,  mutuâ- 
que  fecuritate.  Horum  ideb  comprimis  mentionem  facere  vifum,  quod  anfam  mihi 
prabeant  commemorandi  quemadmodum  in  cunclis  hifee  negotiis ,  quibus  peragen- 
tiis  mea  opéra  adhihita  eft,  quin  &  triginta  quinque  annorum  /patio ,  quibus  fi- 
milia  minifteria  mihi  fuerunt  concr édita ,  fape  numéro  tum  propria  experientia , 
tum  aliorum  exemplis  fuerim  edoclus ,  quanta  fit  utilitatis,  quinimb  neceffitatis,  ut 
illis  quibus  negotia  publica  ejus  gencris  traclanda  demandantur,  tanquàm  peculiaris 
fanclimonia  priefidio  munit is,  peculiaris  etiam  honos  ac  révèrent i a  exhibe  ai  ur,  at- 
que nonfolum  ip/i ,  fed  etiam  perfona  ac  res  ad  ipfos  pertinentes  eo  fruantur  patro- 
cinio,  iifque  immunit atibus  &  privilegiis,  qua  cunclarum  gentium  jus  lis  addixit. 
Quantopcre  fane  id fieri  expédiât  CC.  ac  PP.  DD.  Vejlrœ  fummà  cum pru- 
dentià  optime  perpenderunt ,  dum  &  intuitu  fuis  in  ditionibus  Edifia  promulga- 
runt ,  pi'.blico  applaufu  excepta ,  quibus  prœterea  executioni.  mandandis  C  C.  ac 
PP.  DD.  Veftrœ  fedulb  incubuerunt ,  fevere  in  eos,  qui  contra  delinquere  aufi 
funt ,  animadvertendo.  Ad  eundemmodum  fuis  Minifiris  apud  exteros  conftitutis 
contra  quameumque  violentiam  feu  violât  ionem  ejufmodi  jurium  &  prarogativa- 
rum  fua  tutela  efficacité)'  projpexerunt.  Atque  fie  agenda  unâ  ex  parte  teftatum 
reddiderunt  eequltatem  fuam  tfj  laudabilem  curant ,  quâ  exterorum  Miniftrorum 
pênes  fe  commorantium  junbus  confultum  efje  voluerunt ,  ex  altéra  verh  pariter 
fuis  Minifiris,  quacumque  competerent  redit  curaverimt,  neutiquam  concedentes 
iis  quicquam  decerpi ,  £s?  minimum  prœjudicium  ajferri.  Et  certè  ni  fi  firiclè  id 
obfcrvaretur ,  vacillant  apud  alias  gentes  fummarum  Pote  fiât  uni  dignitas ,  tan- 
tum  non  in  contemptum  mox  prolap/ura  quin  &?  omni  oppertunitate  privarentur 
cum  aliis  agendi Juper  negotiis,  undè  Regnorum,  Ditionun^  y  Subditorum  tamen 
falus  de  pend  et. 

Cum  itaque  hœc  omnino  ita  fefe  habeant ,  peniths  fum  perfuafus  oppidb  quoque 
jntellecluras  effe  CC.ac  P  P.  D  D.  Veflras  quod  cum  ipf<e  femper  propenfo  affec- 
ta, omnique  honore  me  profequi  clignât  a  fiât ,  mihi  tamen  catifa  fit  fummopere 

con- 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.  i8f 

conquerendi ,  tum  de  contemptu,  quo  munus  &  car  acier  qttem  fujlineo ,  affetlus  17°°- 
eftt  tum  de  injuriis  mihi ,  nihïl  taie  merenti ,  nuper  illatis.  Cujufmodi  illa  fuit 
&  quomodo  res  contigerit ,  CC.  «f  PP.  DD.  Veftra ,  haud  gravatim  perfpi- 
cient  ex  verà  facli  narratitàtdoic  adjunftâ.  Teftimoniis  opus  non  erit ,  cum  auclor 
injuria  quafi  re  egregiâ  gej?Ê  fibi  ipft  placeat  fcf  pluries  de  eà  poftmodum  glorian 
puhbrum  duxerit.  Accidit  praterea  res  hac  in  prafentià  tôt  illuftrium  perfona- 
rum  utriujque  Sexûs,  tàm  percgr  inarum  quàm  indigenarum ,  ut  fons  inficias  ire 
nequeat,  &  fi  facere  fuftineat ,  veritas  tamen  facillimè  explorari  poffit.  P rater- 
quant  quod  è  fmplici  duplex  tum  fier  et  injuria ,  dum  priori  fuperadderetur  invere- 
cunda  infimulatio ,  quafi  taie  aliquid  confingere  mens  effet.  Praontarem  fane  rem 
aliter  fe  babere,  ut  integrum  mihi  effet  inhibere  querelas  ,  à  quibus  quàm  labcn- 
ter  abflïnerem  facile  judicabit  quifquis  modo  cogitaverit ,  me  non  commodum  indè 
nec  voluptatem  ex  re  adeb  ingrat  à  capere  poffe;  fed  munus  quod  gero  atque  came-' 
ter  mihi  concreditus  non  fmunt  ut  offenfàm  banc  fupprimere  vel  reticere  pofftm ,  fi-  , 
quidem  obftriclus  fum  ad  rationem  eo  nomine  Régi  meo  ClementiJJimo  rcddendam. 
Difiuli  tamen  quantum  pot  ut ,  molefliam  creare  CC.  ac  P  P.  DD.  Feftris,  que- 
rclis  meis,  ne  videlicef  fonti  tempus  deeffct  ad  faniorem  rnentem  redeundi ,  cum 
non  omninb  defperarem  demum  culpam  agnitam  &  média  mihi  fatisfaciendi  quafi- 
tum  tri.  Sed  cum  id  nullo  modo  faclum  fit ,  ulteriores  mora  mihi  vitïo  verteren- 
tur  ;  ità  ut  tandem,  licet  maxime  invitas, querelas  ad  CC.  ac  PP.  DD.Veflras 

déferre  cogar. 

Frufirà  affcritur,uti  quidem  à  quibufdam  fieri  audio,quod Legatî  conjux  non  pof- 
fit  vindicari  fibi  jura  atque  dignitatem  marito  competentem:  quibus  enim  hi  taies 
rationibus  innitantur  ego  certè  non  perfpicio.  Nam  uxor  fequitur  conditionem  ma- 
riti.  Hac  régula  eft  univerfalis  atque  exceptionis  cxpers ,  nifi  quandoque  ici  eve~ 
niât  uxoris  cvmmodo,  ut  quidem  alicubi  certis  cafi bus  fieri  confucvit.  Ad  hac 
quam  abfonum  foret,  marito  munus  habente,  uxorem  tamen  alio  loco  &?  diverfo 
cenferi ,  infinita  fane  profilant  exempla  quod  Legatorum  Conjuges  pro  officio  & 
car  acier  e  maritorum  honorant ur,  iifdemque  ac  ipfi  juribus  ac  prééminent  iis  gau- 
deant;  ita  ut  tanquam  maritis  ipfis  accidiffe  reput etur  quicquid  Conjugibus  exhi- 
iitum  fuerit.  Atque  hic  moris  hujus  exempla  tam  fréquent  la  funt ,  tamque  nota, 
ut  ullum  eorum  proferre  fupervacaneum  fuerit. 

Catcrum,  quod  injurias  altinet ,  adeo  fuerunt  énormes,  ut  nemo  fine  fafiidio  &f 
natif cà  andiverit,  ita  nimirum  comparâtes ,  ut  tamen  fi  non  la  fus  fuerit  car  acier  e 
q;te;n  vacant  reprefentante  munit  us ,  qu'eue  graviorcm  idcirco  pœnam  exiger  e  po- 
teft,  tnfolentiam  tamen  non  impunè  ferre  debcret  auclor  contra  quemctimque  aliunt, 
patratam.  At  quod  contemplum,  quo  in  perfonà  uxoris  ego  lafus  fum  concernit  % 
aquè  defuper  mihi  conquerendi  jus  eft  ac  de  ipfià  injuria,  prafertim  cum  appareat 
iiiquam  illam  &  illepidam  pratenjionem  injuria  fuiffe  caufam  atque  argumentum 
ad  quod  fous  apertè  provocaverit  &  quo  lingua  intemperantiam  tanquam  licitam 
defendere  voluerit.  Notorium  eft  ut  deduxi  quo  loco  &?  honore  Regum  Principum- 
que  habcantur  Legdtorum  Conjuges,  il  à  ut  ab fur  dum  fit  aquè  ac  inaudit  um  veni- 
re 'poffe  in  mcntem  privât  is  perfonis  honorem  illis  debitum  velle  in  privât  is  adibus 
denegare.  Occurrunt  quidem  in  commercio  vît  a  varia  occafiones,  quibus  abfque 
prajudicio  juris  &  honoris  amicà  familiaritate  vivitur,  ità  ut  proédria  jus  adeo 
rigide  non  cxigatur  :  attamen  mmo  lenetur  dejurefuo  difccdere,  nequt  fi  unâ  al-. 

X  5   '  twâvt 


inè      MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ,' 

1700.  terâve  occafione  fponte  quid  renùffum  fuerit ,  id  in  confuetudinem  abirc  débet ,  alias 
-■  enimjus  dubio  car  acier  defpeclui  m  ox  foret  obiïoxïùs,  ft  pauci  quidam  de  jure  hoc 

in  controverfiam  vocando ,  adeof.ie  more  novo  introducendo  inter  fe  convenir e  pr<e- 
J rumant ,  quelles  feilicet  hic  dari  perhibetur;  id  vers  non  morts  nifipravi,  non  ufus . 
nifi  corruptiyiomen  meretur,  atque  autloribas  fuis  exiguam  certè  in  exteris  Regioni- 
lus  laudem  comparabit.  Neque  verà  hec  in  cafu  valet  ici  quod  aliàs  dicitury  non 
aliundè  fecum  invehendam  ejfe  legem  fed  confuetudinem ,  quœ  in  loco  ttbi  degeris , 
cbtineat  fequendam  ejfe.  Hic  enim  nihil  novi  exigitur ,  fed  id  dumtaxat  quod  Çem- 
per  ufui  fuit  receptum ,  6?  adhuedunt  ubique  locorum  viget.  Alter  vero  ifte  mos 
quem  hi  in  fraudem  honoris  Miniflro  carablere  infignilo  debiti,  inducere  fatagunt , 
priori  confuetudini '*  mo  Ferbo  Divino,  juri  hofpitalitatis  &  gentiim,  humants 
denique  ac  civilibus  legibus  ac  confiitutionibus  adverfatur.  Sacri  Codicis  Ferba 
funt  :  ne  primo  in  loco  confideas ,  ne  digniore  fuperveniente  indc  tibi  fit  facifeen- 
dum.  Deus  ordinis  efi  Deus,  voluitque  adeb  ejfe  gradus^  alter um  altero  fubli~ 
mïorem ,  ut  décent er  omnia  in  ordine  agantur.  Apud  omnes  moratiores  gentes  offi- 
ciofs  œmulaiionis  materiam  prœbet  honorare  ëxteros  atque  hoc  ipfum  juris  quod 
hofpit'alitatïs  appcllatur,  partem  conjlituit.  Prifcis  temporïbus  in  eos  qui  lœfi  hii- 
jus  juris  rei  peragerentur,  feveris  pœnis  animadvertebatur.  Noftrâ  verà  œtatc 
qttamvis  pœna  fit  fublata ,  judicium  tàmen  parum  illis  décorum  &  quœdam  veluti 
facli  nota  remanet.  Nemini  purrb  non  confiât  quid  omnium  gentium  jura  tribuant 
Minijlris  publias ,  prafertim  Us ,  quibus  caracler  Principem  reprefentans  inharet^ 
qui  à  longifjïmo  rétro  t empare  in  omnibus  Aulis  primores  habit 1  (3  honore  ac  pra~ 
fogativis  excepti  funt ,  quibus  eximii  aliquid  13  pretiofi  ineffet.  Denique  ex  Confti- 
tutionibus  civilibus  aptius  fane  exemplum  adducere  nequeo  ,  quam  Ëditlum  hîc  lo- 
ci  Anno  1651.  publicatum,  quod  deferiptum  hic  fubjicioy  quandoque  clarijftme  fen~ 
tentiam  pronuntiat  illius ,  cujus  animus  fuit  contumeliâ  me  qfficiendi. 

Inter ea ,  prtetermittere  non  pojfum  quin  verbo  occurram  illis  quijaclant  liber  ta- 
tem  in  Republicâ  libéra ,  qu<e  fummam  incolarum  felicitatem  confiituit,  conantes 
videlicet  hîc  inferre  ideo  agere  vel  omittere  illis  licere  quicquid  libuerit.  Afi  verà 
quis  ajferet  in  licentiâ ,  in  vaga  ac  prœpofiera  confufione  &  abufu  ,  denique  bonis 
moribus  adverfo  confiflcre  libertatem?  In  omni  benè  conflitutd  civitate  qualis  pro- 
fetlb  eft  inclyta  hœc  Refpublica ,  concinnus  ordo  atque  gradibus  diftintla  cujufvis 
munera  13  dignitates  reperiuntur:  neque  aliter  enim  ttllum  fubfiflere  pojfet  Impe- 
rium,  ubicumque  virtuti  fuum  prœmium,  'vit Us  Jiia  pwia  confiât ,  boni  mores  œfii- 
mantur  ,  defpiciuntur  mali,  nul/a  libertas  in  dprai-nà  confietudine  confifiit, 
bac  rurfus  immodeftiam  (3  proterviam  exeufare  ncquit ,  protervia  vero  nunquam 
vim  legis  inducere ,  nunquam  exempli  inftar  haberi  poteft. 

Cmn  igitur  illatce  mihi  injuries  atque  offenfe  indignitas  merito  me  valdè  officiât, 
itaque  injufiitià  &  œquanimitate  CC.  ac  PP.  D  D.  Fefirarum  colloco  fiduciam^ 
Eas  Caufa  hujtts  condignam  ipfiufqtte  rei  mturœ  nec  non  àmhiiia  inter  fuam  Re- 
giam  Majefiatem  (3  Cclfas  ac  PP.  DD.  Fcflras  intercedenti  (3  demum  fimula- 
ri  benevolentics  ac  favori ,  quem  confiant  er  hucufque  expert  us  furn ,  conjentaneam 
habituras  efie  rationem.     Ilagœ  Comilis  die  30.  Novembris  1 700. 


Sign. 

N.    LlLLIENROOTH. 


Ma- 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.  iS7 

1700. 

?[A Adame  V  Ambaffadrice  de  Suéde  allant  le  24.  d'Oclobre  dernier  1 700.  en  ii-  « 

1    fite  chez  Madame  la  Comtejfe  de  Hoorr.e,  y  trouva  grande  Compagnie,  ci?  Species 
parmi  des  autres  Madame  de  la  Lecke  la  Douairière ,  avec  fa  Nièce.     &uand  fatfi 
l' Ambaffadrice  y  entra,  toute  la  Compagnie  fe  leva,  tjj  demeura  quelque  tems  de-  jjjj™^ 
bout  auprès  de  la  Cheminée,  continuant  la  converfation.    Madame  la  Comteffe  de  ce^u  ' 
Hoorne  les  aïant  prié  de  s'ajjcoir ,  Madame  de  ia  Lecke,  &  une  autre  Dame,  adjunc- 
prirent  leurs  places  de  fùn  côté;  {$  V  Ambajfadrice  fe  trouvant  de  Vautre  côté  de  «. 
la  Cheminée  prit  une  chaife  qui  état  auprès  a" Elle  pour  s'y  mettre  ;  mais,  remar- 
quant que  la  Nièce  de  Madame  de  la  Lecke,  qui  eft  une  jeune  Demoifelle,  s'a- 
vança pour  s'enfaifir,  Elle  lui  fit  une  révérence,  .ci?  lui  dit  :  Vous  voulez  bien, 
Mademoifelle,  que  je  prenne  ma  place  icij  à  quoi  la  Demoifelle  ne  répondit  rien. 
Deux  heures  après  ou  environ,  P  Ambaffadrice  s'en  alla  chez  Madame  Suaflb,  bu 
VAffemblée  et  oit  ce  jour-là,  &  Elle  y  rencontra  en  entrant  Monfieur  le  Comte  de 
Dhona,  Gouverneur  du  Prince  Electoral  de  Brandebourg ,  qui  P arrêta  un  -mo- 
ment, pour  l'entretenir;  mais ,  elle  n'y  fut  pas  plutôt  entrée,  que  Madame  de  la, 
Lecke,  qui  y  et  oit  déjà,  partit  brufquement  de  fa  place,  &  prit  en  pajfant  par  la 
main  une  Demoifelle  Françoife ,  nommée  Mademoifelle  de  Nemours,  qi? elle  en- 
traîna avec  foi,  pour  être  témoin  de  la  belle  expédition  qu'elle  alloit  faire.    Elle 
fendit  la  prejjè ,  aprocha  de  V  Ambaffadrice ,  ci?  avançant  la  tête  lui  dit  tout  haut 
dVm  ton  aigre  ci?  plein  dïanimofité  ci?  de  colère,  Madame,  je  viens  vous  dire  que 
vous  êtes  une  impertinente,  pour  avoir  pris  tantôt  la  place  de  ma  Nièce.  L' Am- 
bajfadrice, fort  étonnée  d'un  Compliment  fi  inopiné,  fe  tourna  tout  d'un  coup  fans  y 
répliquer  nnfeul  mot.     Car ,  outre  qu'elle  ne  trouva  pas  à  propos  de  fe  commettre 


fa  _ 

que  de  l'iujujlc  prétention  (le  .  ladite  Dame,  gui  pafferoit  pour  ridicule  parmi  le 
honnêtes-gens,  tant  ici  qu'en  tout  autre  pais  du  monde,  oïi  la  polit effe  ci?  les  bon- 
nes -mœurs  fut  en  pratique.  Elle  n'ignoroit  pas  non  plus  le  rang  que  les  Ambaffa- 
drices  ont  en  toutes  .les  Cours,  ni  la  considération  qu'on  y  a  pour  elles;  de  forte 
qu'il  lui  paroijjbit  extraordinaire  qu'on  voulût  la  lui  difputer  dans  une  maifon  par- 
ticulière ,  ci?  qu'on  lui  en  fit  un  f  net  de  querelle  ?  L' Ambajfadrice  croïoit  an 
■commencement ,  que  Maâam  de  la  Lecke  venait  lui  faire  exeufe  de  l'Incivilité  de  fa 
Nièce  $  mais,  elle  en  fut  bien-tôt  détrompée.  Il  n'y  a  guéres  d'exemple  qu'une  fem- 
me de  qualité  fe  fait  oubliée  juffies  à  un  tel  point  que  Madame  de  la  Lecke  a 
fut  en  cette  oCcafion.  Aujf ,  en  fut-elle  blâmée  par  la  plupart  de  V '  AJfemblée ,  qui 
et  oit  fort  nombreufe. 

Quelques  perfonnes  crûrent  qu'il  avoit  auflî.eu  deiTein,  en  préfentant  ce 
Mémoire,  d'éluder  qu'on  ne  lui  parlât  pas  d'une  Rciblution  que  les  Etais 
.Généraux  venoient  de  prendre  le  jour  précédent.  C'étoit  pour  fe  plaindre  de- 
ce  que  le  Gouverneur  de  Revel,  pour  la  conrervation  de  l'Armée  de  l'on  Roi, 
nvoit  arrêté  des  bleds  que  les  Négociais  d'Amrterdam  avoient  acherez,  en 
cette  Ville-là.  Il-eil  vrai,  que  le  prétexte  en  fut  pour  y  mettre  defliis  un 
nouvel  Impôt  >  contre  lequel  la  Ville  d'Amiterdam  ierécrioit,  à  l'milauce 

des 


188      MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

des  Intéreffcz.  Aufïi,  ne  lui  en  parla-t-on  pas,  6c  on  fe  contenta  d'en  faire 
faire  des  Plaintes  à  la  Cour  de  Suéde  par  le  Réfident  de  l'Etat,  Rumpf. 

On  fît  faire  en  ce  tems-là  d'autres  Plaintes  à  la  Cour  de  Dannemarck. 
C'efl  fur  ce  qu'Elle  ne  faifoit  pas,  félon  les  Accords ,  entretenir  les  Fanaux 
fur  quelque  Ifle  vojfine,  &  que  cela  avoit  été  la  caufedu  naufrage  de  quel- 
ques Navires  Marchands  d'Amfterdam. 

LeCzar  avoit  cependant  aflîégé  la  Ville  de  Ncrva.  Le  Roi  de  Suéde,  vou- 
lant fecourir  cette  Place,  qu'il  croïoit  en  danger,  la  lâchant  mal  fortifiée, 
&  avec  une  mince  Garnifon,  au  lieu  de  tourner  fes  armes  contre  le  Roi  Au- 
guste, débarqua  du  côté  de  Revel.  On  différera  à  en  dire  le  fuccès,  qui 
fut  accompagné  de  curieulcs  circonftanccs ,  après  qu'on  aura  raporté  la  mort 
de  Charles  Second,  Roi  d'Elpagne,  8c  les  Négociations,  qui  en  réfulté- 
rent. 

Peu  de  jours  après  que  Don  Bernardo  de  §)uiros  eut  fon  Audience  publi- 
que, l'on  reçût  les  fatales  nouvelles  que  Charles  II.  Roi  d'Elpagne,  au 
nom  duquel  il  avoit  pris  fon  Audience,  ëtoit  décédé  le  premier  du  mois  de 
Novembre  1700.  Ledit  Ambaffadeur  prefenta  même  à  Mrs.  les  Etats  un 
Mémoire  pour  leur  en  donner  part,  avec  le  précis  du  Teftament  du  feu  Roi 
Charles  II.,  en  faveur-  du  Duc  d'ANjou.  Il  y  a  dans  ce  Mémoire  les 
raifons  pour  juitifier  les  difpofitions,  qui  y  étoient  contenues,  de  la  teneur 
fuivante. 


LA  conjoncture  prefente  du  tems  &  des  affaires,  &  les  ordres  précis  que  le 
foufligné  Ambaffadeur  Extraordinaire  d'Efpagne  a  reçu  de  la  Haute  Ré- 


Mt  moi- 
re de 
Don 

Bernar-  gence,  en  date  du  6.  de  ce  mois,  8c  defquels  il  a  bien  voulu  donner  leébure 
«!°  de  en  original  à  Monfieur  le  Préfident,  6c  à  Monfieur  le  Confeiller-Penfionnaire, 
Ambaf-  ne  M  permettant  pas  de  différer  plus  long  -  tems  la  notification  6c  communi- 
fadeur  cation  des  chofes  importantes  qu'il  doit  notifier  6c  communiquer  à  V.  S.  il  Ce 
d'Efpa-     trouve  obligé  de  le  faire  par  le  prefent  Mémoire. 

gne.pre-  £e  f0uffigné  Ambaffadeur  fait  donc  fçavoir  en  premier  lieu  à  V.  S.  le  trille 
Meflrs.  accident  dont  il  a  plû  à  Dieu  d'affliger  l'Eipagne,  en  retirant  à  lui  le  Sere- 
les  Etats  niflîme  6c  très-Puiffant  Roi  Charles  IL,  qui  vive  en  gloirej  6c  en  fécond 
Gêné-  ]jeu,  rinflitution  6c  étabhffement  d'une  très  fige  6c  haute  Régence  en  la 
"UNo-  ^er^onne  ^e  Sa  Majefté  la  Reine,  conjointement  avec  les  fix  Excellentifli- 
vembre  mes  Gouverneurs  nommez  8c  choifis  par  le  feu  Roi  d'heureufe  mémoire  en- 
j"oc.       tre  les  principaux  Seigneurs  de  la  Monarchie. 

Ladite  Haute  Régence,  au  nom  de  laquelle  le  foufligné  Ambaffadeur  fe 
donne  aujourd'hui  l'honneur  de  vous  parler,  fâchant  que  l'Efprit  équitable  8c 
paifible  .de  vôtre  Gouvernement  vous  fait  toujours  prendre  un  intérêt  parti- 
culier dans  les  chofes  qui  concernent  le  repos  public ,  lui  a  ordonné  de  vous 
faire  part  au  plutôt  pollîble  des  difpofitions  teflar,->entaires  du  feu  Roi  fon 
Maître ,  6c  de  là  fagefîe  avec  laquelle  il  a  décidé  l'importante  difficulté  de  la 
Succcflion  de  fès  Roïaumcs. 

V.  S.  fçavent  mieux  que  perfonne,  ce  qu'il  y  avoit  à  confldérer  en  cette 
affiire.  D'un  côté,  le  Mariage  delà  Sereniflimc  Infante  Marie  Thérèse 
avec  le  Rot  T.  C.  Louis  XIV.  avoit  donné  lieu  au  Sereniflimc  Dauphin  de 

former 


ET    RESOLUTIONS    D'ETAT.  189 

former  des  prétentions  fur  la  Succeffion,  &  d'autre  part,  la  Renonciation  fo-    i"*oo. 

lemnelle  de  la  même  Sereniffime  Infante  Marie  Thérèse,  s'y  opofoit.    "" 

Tout  cela  a  été  fi  fouvent  debatu ,  expliqué,  Se  prouvé,  qu'il  feroit  fuper- 
flu  de  s'y  arrêter  davantage  ;  mais  ce  qui,  dans  la  fituation  prefênte  des  Affai- 
rés, mérite  particulièrement  vôtre  attention  Se  vos  réflexions,  c'éft  l'intérêt 
général  de  l'Europe,  qui  s'opofe  également  à  l'union  de  deux  Monarchies,  8c 
à  la  divifion  de  celle  d'Efpagnc. 

Le  fouffigné  Ambalfadeur  lçait  bien  que  V.  S.  ne  l'ont  pas  toûiours  conçu 
ainfi,  puifque  même  Elles  n'ont  point  fait  difficulté  d'entrer  en  des  Traitez 
formels  pour  le  Partage  de  la  Succeffion;  mais  V.  S.  n'ignorent  pas  non  plus 
les  juftes  Remontrances  qu'il  leur  a  faites  à  ce  fujet  au  nom  du  Roi  fon  Maî- 
tre, Se  que  l'événement  ajuftifiées.  Tous  les  Princes  de  l'Europe  parurent 
furpris  de  ces  Traitez,  dès  qu'ils  en  furent  informez.  Ceux  d'Italie,  les  re- 
gardèrent comme  les  Décrets  de  leur  perte,  Se  commencèrent  à  travailler  à 
des  Ligues  pour  s'y  opofer.  Une  partie  de  ceux  d'Allemagne,  en  fit  de  mê- 
me, quoi  que  plus  iburdement;  &  les  autres  refuferent  de  les  ligner,  à  l'exem- 
ple des  Rois  du  Nord ,  Se  des  Cantons  Suiffes  :  Se  enfin  l'Empereur,  qui  dc- 
voit  en  recevoir  le  principal  avantage,  les  rejetta  entièrement  après  un  long 
délai.  Que  V.  S.  jugent  des  fuites  qu'auroient  pu  avoir  ces  Traitez ,  5c  il 
l'Eipagne  auroit  manqué  d'Amis  Se  d' Alliez,  dans  la  réiblution  qu'elle  avoit 
prife,  de  périr  plutôt  en  Corps  &?  avec  honneur,  que  de  fe  laijfer  démembrer  avec 
honte.  Mais  heureufement  les  choies  ont  tourné  d'une  autre  manière  j  &,  dans 
la  grande  perte  que  PEfpagne  vient  de  frire,  elle  a  fujet  defe  confoler,  en 
confidérant  le  bon  ordre  que  le  feu  Roi  a  pris  foin  de  mettre  à  la  Succeffion. 

Ce  Prince,  qui  ne  pouvoit  êtrefurpaffé  en  debonnaireté,  en  piété,  Se  en 
toutes  fortes  de  Vertus  Chrétiennes  6c  morales ,  aïant  reconnu  dans  les  fré- 
quens  Confeils  qu'il  tenoit  avec  fes  principaux  Miniftres  d'Etat  ôc  de  Juftice , 
que  la  Renonciation  des  Sereniffimes  Infantes  Anne,  6c  Marie  Thérèse, 
étoit  uniquement  fondée  fur  l'inconvénient  qui  réfulteroit  de  l'union  des  deux 
Couronnes  ;  &  aïant  reconnu  auffi,  que  ce  motif  fondamental  venant  à  ceflèr, 
l'ordre  ordinaire  de  la  Succeffion  ne  pouvoit  être  troublé,  ni  changé,  & 
qu'enfin ,  ce  cas  exiftoit  réellement  Se  de  fait  en  la  Perfonne  du  Sereniffime 
Duc  d'ANjou,  fécond  Fils  du  Dauphin,  Sa  Majefté  l'a  déclaré  pour  fon 
Succeffeur  Univerfel,  en  tous  fes  Etats,  Roïaumes,  Se  Seigneuries,  fans  au- 
cune exception. 

Mais,  comme  il  pourroit  arriver,  (ce  que  Dieu  ne  veuille  permettre)  que 
le  Sereniffime  Duc  d'ANjou,  maintenant  mon  Roi  Se  Maître,  après  être 
parvenu  à  la  Couronne ,  viendrait  à  mourir  fins  Enfansj  ou  que  cet  accident 
funefle  arrivant  au  Sereniffime  Duc  de  Bourgogne,  il  fe  verrait  apellé  au 
Trône  de  France,  Se  le  voudrait  préférer  à  celui  d'Efpagne,  ce  qui  pourroit 
donner  lieu  à  de  nouvelles  difficultez  ;  Sa  Majefté  y  a  pourvu ,  en  nommant 
Se  défignant  en  tel  cas,  le  Sereniffime  Duc  de  Berri  pour  SucceiTeur  à  la 
Couronne,  aux  mêmes  conditions  que  le  Duc  d'ANjou,  Lui  fubiiituant, pour 
cet  effet,  le  Sereniffime  Archiduc  d'Aur-RicHE,  Fils  puîné  de  Sa  Majefté 
Impériale,  Se  à  celui-ci  le  Sereniffime  Duc  de  Savo\e,  à  ï'excluûon  totale 
de  Sa  Majefté  le  Roi  des  Romains,  afin  que  la  Monarchie  ne  puiife  jamais  fe      - 

fom.  I.  Y  trou- 


ipo      MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

1700.  trouver   unie   à  l'Empire  ,    non   plus   qu'à   la   Couronne   de   France. 
"  Sa  Majcfté  la  Reine,  &  les  Excelleiuiiïïmes  Seigneurs  Gouverneurs, fe  pro- 

mettent, que  Y.  S. ,  reconnoiffant  combien  cette  diipofition  eft  julle  &  con- 
venable au  Bien  public,  en  aprendront  la  nouvelle  avec  joie,  &  fe  feront  un 
plaint  de  contribuer,  fi  beibin  eft,  à  en  procurer  la  paifible  exécution. 

Il  eft  vrai  que  pour  parvenir  à  un  (1  grand  bien,  ce  ne  feroit  pas  a'fcz,  que  le 
feu  Roi  eut  eu  la  fage  prévoïance  dérégler  l'ordre  de  laSuccerlîonpar  uaTefta- 
ment  plein  d'équité, M ni  même  que  plufieurs  grands  Princes,  6c  Etats,  le  dé- 
clarafTent  pour  le  maintenir,  il  Sa  Majcfté  Très- Chrétienne  ne  vouloit  bien 
de  fon  côté  y  donner  les  mains.  Mais,  V.  S.  aprendront  par  Mr.  l'Ambafla- 
deur  de  France  (fi  déjà  il  n'a  pris  foin  de  les  en  informer)  que  le  Roi  fon 
Maître,  content  du  puiffant  &  floriflànt  état  que  Dieu  a  fournis  à  fes  Loix ,  6c 
ne  voulant  point  s'opofer  aux  juftes  diipofîtions ,  qui  ont  apellé  le  Sereniflîme 
Duc  d'Anjou  fon  petit-Fils,  6c  prefentement  mon  Roi  6c  Maître,  à  la  Cou- 
ronne, ni  entrer  en  Guerre  contre  fon  propre  Sang,  a  mieux  aimé  renoncer 
à  tous  les  avantages  qu'il  pouvoit  efpérer  du  Traité  de  Partage. 

Le  defintéreflement  de  S.  M.  T.  C.  en  cette  rencontre  eft  d'autant  plus 
digne  de  louange,  qu'il  afllire  la  tranquillité  publique,  6c  garantit  l'Europe 
d'une  Guerre  autant  à  craindre  par  le  Traité  de  Partage,  que  par  la  Réunion 
des  deux  Couronnes;  étant  certain,  que  la  Maxime  fondamentale  de  l'Efpagne, 
doit  être  6c  fera  toujours  de  fe  maintenir  entière,  comme  elle  a  été  ci-devant, 
fans  fe  départir  de  fes  anciennes  Alliances,  du  moins  autant  qu'elle  pourra  les 
conferver. 

Pour  ce  qui  eft  du  Sereniflîme  Archiduc,  6c  des  efpérances  qu'il  auroit  pu 
concevoir, je  puis  aifurer  V.  S.  que  rien  n' auroit  été  plus  agréable  au  feu  Roi, 
que  d'apeller  ce  jeune  Prince  au  rang  des  Monarques,  ii  lajuftice  qui  dirigeoit 
toutes  iés  actions  6c  toutes  fes  penfees,  ne  lui  avoit  fait  connoitre  que  l'avan- 
tage de  la  Succelîîon  regardoit  uniquement  le  Sereniiîîme  Duc  d'Anjou.  C'eft 
ce  qui  l'a  obligé  auflî  à  le  déclarer,  6c  à  le  ftatuer  a.infi. 

Tout  ce  qu'il  a  pu  faire  d'ailleurs  en  laveur  de  la  Famille  Impériale,  il  l'a 
fait  avec  joî'e:  il  y  en  a  des  preuves  bien  fenfiblcs  dans  fon  Teftamcnt,  puis 
qu'il  y  dciîgne  le  Sereniiîîme  Archiduc  pour  Succeîfeur  à  la  Couronne  au  dé- 
faut des  Ducs  d'Anjou,  6c  de  Benj.  Mais,  il  ne  s'en  eft  pas  tenu  là;  car, 
pour  engager  de  plus  en  plus  les  deux  Auguftcs  Maiforis  à  conferver  la  Paix 
entr'EUes,  il  les  prie,  6c  les  exhorte,  par  fon  Teitament,  à  affermir  cette 
Paix  6c  cette  Union  par  les  liens  d'un  Mariage  entre  le  Duc  d'Anjou ,  6c  une 
ArchiduchcfTe. 

Le  foufllgné  Ambafiadeur  cfp.'rc  que  V.  S.,faifant  attention  au  contenu  du 
preiènt  Mémoire,  demeureront  plcineme:  t  convaincues  du  dciîr  ardent  6c  (în- 
ccre  dans  lequel  Sa  Majcfté  la  Reine,  6c  les  Exceilentillimes  Seigneurs  Gou- 
. icurs,  fe  trouvent  de  contribuer  tout  ce  qui  leur  fera  poflîbTe  pour  entrete- 
nir avec  tous  ksPrinces  6c  Potentats  de  l'Europe  une  véritable  Paix,  Amitié, 
&  Correfpondance,  6c  particulier' nient  avec  Sa  Majcfté  Britannique,  6c  V. 
S.,  qui  font  les  anciens  Amis,  Alliez,  6c  Conicdérez  de  la  Couromu  à'EC- 
pagne. 

Au  refte,  le  ibuiTgné  AmbuTdcur  prie  trcs-init-amir.cn:  V.  S.  d'être  per- 
•  iuadées , 


ET    RESOLUTIONS    D'ETAT.  tjpi 

fuadées,  que  comme  il  n'a  eu  jufqu'ici  pour  but  en  toutes  les  Négociations  ijc0- 
que  la  Paix  publique,  8c  le  bien  réciproque  des  deux  Etats,  conformément  — — 
aux  ordres  continuels  qu'il  en  recevoit  du  feu  Roi ,  de  même  à  l'avenir  il 
emploiera  fes  foins  les  plus  affidus,  &  fon  aplication  la  plus  grande,  pour  par- 
venir à  la  même  fini  latisfaifant  ainil  tout  à  la  fois  à  fon  devoir,  8c  aux  fenti- 
mens  d'eftime,  de  refpecï,  8c  d'afreélion,  qui  lui  ont  été  infpirez  par  la  fa- 
geflê  de  vôtre  Gouvernement)  Fait  à  la  Haïe,  le  24.  Novembre  1700. 
Etoit  figné, 

Don  Francisco  Bernardo  de  Quiros. 

AU  Nom  de  la  trés-fainte  Trinité  Père,  Fils,  8c  Saint  Efprit,  trois  Per-  Le  Tcf- 
fonnes  dillin&es,  &  un  fcul  vrai  Dieu,  &  de  la  très-glorieufc  Vierge  tamçnt 
Marie  Mère  du  Fils,  &  Verbe  Eternel,  Nôtre-Dame,  8c  de  tous  les  Saints  ^^°e\ 
Bienheureux.  '  II.  du 

Nais  Charles,  par  la  grâce  de  Dieu,  Roi  de  Cajlille,  de  Léon,  d '  Arragon,  1.  Oft. 
de  Sicile,,  de  Hierufalem ,  de  Navarre ,  de  Grenade,  de  Tolède ,  de  Valence ,  de  Il°°- 
Galice,  de  Majorque,  de  S  ar  daigne,  de  Scville ,  de  Cor  doue,  de  Corfe,  deMur- 
cie,  de  Jaen,  des  Algarves,  d" Algecire,  de  Gibraltar,  des  Iles  Canaries,  des 
Indes  Orientales  13  Occidentales,  Iles  &  Terres  fermes  de  la  Mer  Oceane,  Ar- 
chiduc d'' Autriche ,  Duc  de  Bourgogne ,  de  Brabant ,  de  Milan,  d'' Athènes ,  13  de 
Ncv.patrie,  Comte  d'Aufpurg,  de  Flandres ,  de  Tyrol,ï3  Barcelone,  Seigneur  de 
Bifcaje  (3  de  Mali  nés,  8cc.  8cc. 

Reconnoiflant  comme  mortel, que  nous  ne  pouvons  éviter  la  mort,  peine  à 
laquelle  nous  fommes  tous  affujettis  par  le  péché  de  nôtre  premier  Père,  & 
nous  trouvant  arrêté  au  lit,  de  la  maladie  dont  il  plaît  à  Dieu  de  nous  vifiter, 
Nous  faifons  nôtre  Teftament,  aïant  le  jugement  fain  &  libre ,  félon  qu'il  a 
plû  au  Seigneur  de  nous  l'accorder,  Ordonnons  8c  déclarons  par  cet  Ecrit 
nôtre  dernière  volonté. 

Premièrement,  nous  fuplions  Jesus-Christ  nôtre  vrai  Dieu  8c  Seigneur, 
Dieu  ôc  Homme,  que  par  les  mérites  de  fa  Paffion  8c  de  fon  Sang,  il  n'entre 
point  en  compte  avec  nous  le  plus  grand  des  pécheurs,  que  pour  nous  faire 
miféricorde,  &  ufer  de  fa  clémence 5  Et  quoi  que  nous  aïons  été  ingrat,  que 
nous  ne  l'aïons  pas  fervi  comme  nous  y  étions  obligé ,  ni  reconnu  fes  faveurs 
particulières,  8c  les  grâces  fpirituelles  8c  temporelles  qu'il  a  répandues  fur 
nous,  en  obéïfïànt  8c  accomplifTànt  parfaitement  fa  fainte  Loi,  8c  en  l'aimant 
comme  nous  devons  pour  tant  de  bienfaits  extraordinaires,  il  lui  plaife  néan- 
moins nous  accorder  fa  grâce,  afin  que  nous  mourions  en  fa  fainte  Foi ,  8c 
dans  l'obéïiTance  de  l'Eglile  Catholique-Romaine,  comme  nous  y  avons  vécu. 
C'eft  ce  que  Nous  proteftons ,  promettons,  8c  voulons  faire,  étant  fon  loïal  8c 
fidèle  Fils. 

1 1.  Et  afin  que  je  me  repente  vivement  de  mes  péchez ,  8c  que  j'en  aie 
une  véritable  douleur  qui  en  ibit  le  remède  avec  la  vertu  8c  la  grâce  des  Sa- 
cremens  que  la  miféricorde  de  Dieu  a  établis  dans  fon  Eglife,  Nous  fuplions 
la  très-fainte  Vierge  Marie  fit  Mère,  Avocate  des  pécheurs  8c  la  nôtre,  qu'el- 
le nous  favorife  tout  le  tems  que  nous  relierons  en  vie,  particulièrement  au 
départ  de  nôtre  anae ,  de  fon  iêcours  8c  de  lbn  interceffion ,  afin  que  fon  Di- 

Y  z  vin 


192     MEMOIP.ES,  negotiattons,  traitez, 

1700.  vin  Fils  nous  accorde  fa  faveur  3c  fa  grâce.  Et  comme  nous  l'avons  toujours 
-  ■  ■  eue  pour  Dame  Se  pour  Avocate  avec  toute  la  dévotion  dont  nous  avons  été 
capable  dans  nos  extrêmes  foibleffcs,  Nous  eipérons  qu'elle  Nous  regardera 
miféricordieufement  en  tout  tems,  6c  fur. tout  dans  l'état  preffant  de  la  mort, 
feion  la  dévotion,  l'affection,  6c  l'attachement  que  nous  avons  toujours  eu  au 
fouverain  6c  fingulier  bénéfice  qu'elle  a  reçu  de  la  puiffante  main  de  Dieu, 
lors  qu'il  l'a  préfervée  de  toute  coulpe  en  fa  conception:  Et  en  vûë  de  ce 
pieux  miftére,  Nous  avons  fait  toutes  les  diligences  poiTibles  auprès  du  Siège 
Apoitolique  pour  l'établiffement  de  ce  dogme-,  Se, fouhaitant  en  augmenter  la 
dévotion  dans  nos  Roïaumes  conformément  à  ce  qu'en  a  ordonné  le  Roi  nô- 
tre Père  6c  Seigneur,  Nous  avons  commandé  qu'il  fût  empreint  fur  nos  éten- 
darts.  Et  en  cas  que  pendant  nôtre  vie  Nous  ne  puiflîons  en  obtenir  la  déci- 
sion ,  Nous  prions  très  affeclueufement  les  Rois  nos  Succeffeurs  qu'ils  en  con- 
tinuent les  inftances  faites  en  nôtre  nom  avec  beaucoup  d'empreffement  juf- 
ques  à  ce  qu'ils  l'aient,  obtenue.  Pareillement,  Nous  fuplions  les  bienheureux 
St.  Michel  Archange,  l'Ange  &  les  faints  Anges  de  nôtre  garde,  6c  les  faints 
Apôtres  St.  Pierre  6c  St.  Pauî,  St.  Jaques  Patron  d'Efpagnc,  St.  Charles  6c 
St.  Philippe,  St.  Dominique,  St.  Benoit,  St.  François,  Ste.  Terefe,  (de 
laquelle  nous  fommes  dévot  d'une  façon  particulière)  qui  font  tous  mes  Avo- 
cats, avec  tous  les  autres  de  la  Cour  eclefte,  afin  qu'il  leur  plaife  intercéder 
pour  Nous  envers  nôtre  Dieu  &  Seigneur  pour  la  même  fin  ,  ôç  afin  qu'il 
nous  accorde  la  grâce  efficace  pour  nous  repentir  de  tout  nôtre  cœur  de  tous 
nos  péchez,  6c  que  nous  le  puiilions  aimer  fincérement  comme  il  le  mérite. 

III.  Nous  ordonnons  qu'après  nôtre  décès,  nôtre  corps  foit  porté  avec  le 
moins  de  pompe  que  nôtre  Dignité  Roïale  le  pourra  permettre  au  Momitére 
de  St.  Laurent  le  Roïal,  afin  qu'il  y  ibit  enféveli  dans  le  Panthéon  deftinc 
aux  corps  des  Seigneurs  Rois  nos  Prcdéceffeurs  &  à  ceux  de  nos  Succeffeurs, 
<Bc  que  le  nôtre  y  ibit  placé  dans  fou  rang  fuivant  l'ordre  que  le  Roi  nôtre 
Seigneur  6c  Père  a  donné  pour  la  fepulture  des  corps  de  la  Famille  Roïale 
quand  il  acheva  cet  ouvrage. 

IV.  Et  pour  ce  qui  regarde  les  fondations  qui  ont  été  faites  par  nos  ordres 
dans  ce  Monaftére,  6c  les  rentes  que  nous  y  avons  deflinées,  Nous  voulons  6c 
entendons  que  le  tout  foit  exécuté  6c  réglé  de  la  manière  6c  dans  la  forme 
que  nous  l'avons  ordonné  dans  lefdites  fondations  6c  dotations. 

V.  Nous  déclarons  6c  ordonnons  aux*Rois  nos  Succeffeurs  qu'ils  aient  un 
foin  tout  particulier  de  la  confervation  de  ce  Monaftére  Roïal,  6c  qu'ils  l'en- 
tretiennent avec  autant  de  magnificence  6c  de  grandeur  que  le  Seigneur  Roi 
Philippe  II.  nôtre  Biiaïeul  le  fonda  6c  dota. 

VI.  Nous  ordonnons,  que  le  jour  de  nôtre  mort,  tous  Jcs  Prêtres  5c  Reli- 
gieux du  lieu  dans  lequel  nous  mourrons,  difent  la  Meffe  pour  nôtre  Ame; 
6c  que  fur  les  Autels  Privilégiez  on  dife  toutes  celles  qui  fc  pourront  célébrer 
durant  trois  jours  ;  6c  Nous  voulons  de  plus  qu'on  en  dife  pour  nôtre  ame 
jufqucs  au  nombre  de  cent  mille  autres:  Et  Nôtre  intention  eit  que  celles  qui 
par  la  Miféricorde  de  Dieu  ne  nous  feront  pas  néceffaires  foient  apliquées  au 
fouhgcment  de  nos  Aïeuls,  6c  autres  nos  Prédéceffeurs j  &c,  en  cas  qu'ils  n'en 
aient  pas  befoin,  on  les  apliquera  aux  âmes  du  Purgatoire  qui  en  auront  le  plus 

de 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.  ipj 

de  néceflîté;  car  c'eft  Nôtre  intention,  6c  que  les  Exécuteurs  de  Nôtre  pré-    I7C0- 

Cent  Tcftament  en  chargent  ceux  qui  des  devront  dire,  afin  qu'ils  le  confor-    

ment  entièrement  à  Nos  ordres:  ils  marqueront  aufiî  la  charité  qu'on  en  doit 
donner. 

VII.  Et  à  l'égard  de  ce  que  le  Roi  nôtre  Seigneur  6c  Père  ordonna  de 
colloquer  trois  mille  ducats  de  rente  (  qui  effectivement  ont  été  colloquez  ) 
fur  la  lolde  des  huit  mille  foldats  que  le  Roïaume  accorda  comme  mineur,  en 
cette  Ville  de  Madrid,  &  fa  Province,  avec  fon  confentement,  pour  rache- 
ter des  captifs,  marier  des  orphelines,  6c  tirer  des  pauvres  de  la  prifon;  6c 
enfuite  augmenta  cette  fomme  jufques  à  fix  mille  ducats  de  rente  par  an,  col- 
loquez fur  ladite  folde  de  ces  huit  mille  foldats  j  6c  que  fi  on  ne  les  y  trouvoit 
pas ,  on  les  colloquât  fur  les  rentes  les  plus  certaines  &  affurées  qu'on  trouve- 
roit  débaraffées,  vacantes,  ou  qui  vinifent  à  vaquer  après  fa  mort;  &:  que 
ces  fix  mille  ducats  de  rente  fufîènt  emploïez ,  fçavoir  deux  mille  pour  rache- 
ter des  captifs,  préférablement  ceux  qui  auraient  fervi  en  (es  Armées  6c  fur 
fes  Fiâtes  j  Se  enfuite  fes  autres  fiijets,  en  préférant  les  enfans,  6c  les  femmes, 
&  autres  qui  feraient  en  plus  grand  danger  fpiritucl.  Deux  autres  mille  du- 
cats de  rente  feraient  emploïez  pour  marier  des  orphelines  filles  des  ferviteurs 
des  nïaifons  Roïales;  6c  les  autres  deux  mille  ducats  reflans  s'emploieraient  X 
tirer  des  pauvres  des  priions,  lâiflant  l'élection  des  perlbnnes  en  tous  lefdits 
cas  (  en  ce  qui  ne  fe  trouverait  pas  contraire  à  ce  qui  eft  ordonné  à  l'égard 
des  captifs)  à  la  difpofition  &C  volonté  des  Rois  fes  Succefféurs,  de  ion  Con- 
fefièur,  &  de  fon  grand  Aumônier,  lefquels  dévoient  propofer  les  perfonnes 
qui  en  auraient  le  plus  de  néceflité,  &  en  qui  l'on  trouverait  de  plus  légiti- 
mes motifs  pour  jouir  de  cette  aumône ,  à  condition  de  préférer  toujours  les 
ferviteurs  des  Rois  6c  Reines  régnant ,  &  qu'avant  toutes  chofes  on  païât  les 
dettes  de  fa  Majefté.  Je  déclare,  6c  c'efl  ma  volonté,  que  ceci  s'obferve, 
s'accompliffé ,  &  s'exécute  de  point  en  point  &  à  la  lettre  ainfi  qu'il  fe  trouve 
écrit. 

VIII.  Comme  je  reconnois  que  je  fuis  infiniment  redevable  à  Dieu  nôtre 
Seigneur,  6c  que  je  defire  le  bien  fpirituelde  celui  qui  me  fuccédera  légiti- 
mement en  ces  miens  Roïaumes  &  Seigneuries,  je  le  prie  &  l'en  charge  af- 
feétueufement, que  comme  Prince  Catholique,  aïant  égard  à  fes  propres  inté- 
rêts &  au  bien  de  fes  Roïaumes,  il  foit  fort  ibigneux  de  la  Foi,  &  obéïffant 
au  Siège  Apoftolique  Romain,  qu'il  vive  &  agiflè  dans  la  crainte  de  Dieu, 
obfervant  religieufèment  la  fainte  Loi,  &  fes  Commandemens,  procurant  fa 
gloire  Divine,  l'exaltation  de  fon  nom,  la  propagation  de  la  Foi,  &  l'aug- 
mentation de  fon  fervice ;' qu'il  honore  l'Inquiiition,  l'aide  6c  la  favorife, 
pour  les  foins  qu'elle  a  de  garder  la  Foi ,  chofe  fi  néceflaire  principalement 
en  ce  tems  où  tant  d'Herefies  ont  la  vogue  :  qu'il  honore  &  protège  l'Etat 
teciéfiaftique,  lui  conferve  &  lui  faffe  conferver  fes  Exemptions,  &  Immu- 
nitez  -,  qu'il  honore  &  favorife  les  Communautez  Religieufes,  6c  qu'il  en 
procure  avec  un  foin  particulier  la  réformation  autant  qu'il  fera  befoin  :  qu'il 
adminiftre  en  fes  Roïaumes  la  juitice  avec  équité  :  qu'il  aime  fes  Vaflaux  6c 
Su'ets,  6c  leur  procure  toute  forte  de  biens  6c  de  profpéritez,  les  aimant  d'un 
amour  Paternel  -,  ce  qui  lui  attirera  leur  cordiale  affection,     Ce  que  faifant, 

Y  5  nôtre 


194      MEMOIRES,  NEGOTï ATIONS,  TRAITEZ, 

1700.  nôtre  Seigneur  l'aflî  fiera  d'une  façon  particulière,  6c  l'aidera  11  proportion  de 

■   la  charité  dont  il  niera  :  far- tout,  je  le  charge  de  veiller  avec  un  grand  foin 

fur  les  Mini  lires,  ne  diflimulant  point  leurs  défauts  lors  qu'ils  manqueront  de 
*   fincérité,  même  dans  les  plus  petites  choies,  parce  que  c'elt  le  pi  us  grand 
mal  qui  peut  arriver  dans  un  Gouvernement,  &  auflî  parce  que  j'ai  été  ex- 
trêmement ennemi  de  tels  abus. 

IX.  Comme  la  Religion  Catholique-Romaine  s'eft  obfervéc,  6c  s'obferve, 
en  tous  mes  Roïaumes,  Seigneuries,  6c  Etats,  6c  que  mes  Prédécefleurs  de 
glorieufe  mémoire  l'ont  profefTée,  Se  maintenue,  6c  ont  dépenfé  6c  engagé 
le  Patrimoine  Roïal  pour  la  défenfe,  préférant  l'honneur  6c  la  gloire  de  Dieu, 
6c  de  fa  fainte  Loi,  a  tous  les  intérêts  6c  conlîdéiations  temporelles;  6c  com- 
me c'elt  le  premier  devoir  des  Rois,  Nous  prions  èc  chargeons  nos  Succef- 
feurs  que  pour  s'en  bien  aquiter  ils  en  ufènt  de  la  même  manière  :  Se  s'il  arri- 
voit  (ce  qu'à  Dieu  ne  plaife)  que  quelqu'un  de  mes  Succefleurs  vint  à  pro- 
felTcr  quelque  Hercfie  de  celles  qui  ont  été  condamnées  6c  rejettées  par  nôtre 
fainte  Merc  l'Eglife  Catholique- Romaine,  6c  qu'il  s'éloignât  6c  fe  féparât  de 
cette  unique  6c  vénérable  Sacrée  Religion ,  Nous  le  tenons  6c  déclarons  in- 
capable 6c  inhabile  au  Gouvernement  6c  Régne  de  tous  lefdits  Roïaumes  6c 
Etats,  ou  d'aucun  d'eux,  6c  indigne  de  ce  haut  rang;  Nous  le  privons  de  la 
Succelîîon,  de  laPoffeflîon,  6c  du  Droit  qu'il  y  peut  avoir,  abrogeant  6c  dé- 
rogeant; Nous  déclarons  nulles  toutes  les  Loix,  Proclamations,  6c  Ordon- 
nances qui  pourraient  y  contrevenir,  6c  Nous  Nous  conformons  aux  Loix 
Canoniques  6c  aux  faints  Conciles  6c  Réglemens  Pontificaux,  qui  privent  les 
Hérétiques  6c  Apoflats  des  Seigneuries  temporelles,  emploïant  (comme  de 

'  fait  nous  emploïons  en  cette  occafion)  toute  nôtre  pleine  puiffance,  certaine 
feience  6c  autorité,  avec  les  claufes  6c  expreflîons  necelïàires,  afin  que  ce  qui 
efl:  ici  contenu  s'accomplifle,  fe  garde,  s'exécute, 6c  ait  force  de  loi,  comme 
fi  elle  étoit  faite  6c  publiée  en  l'Aflèmblée  des  Etats,  avec  les  folemnitez  né- 
ceffaires  ,  en  chacun  de  nos  Roïaumes  6c  Etats. 

X.  Je  prie  auflî  6c  charge  mes  Succefleurs  que  durant  le  tems  de  leur  Ré- 
gne ils  gouvernent  les  choies  plutôt  par  la  confidération  de  la  Religion,  que 
par  des  intérêts  Politiques.  Parce  qu'ainfi  fiifant,  ils  attireront  fur  eux  le  Ce- 
cours  6c  l'aflîftance  de  Dieu  nôtre  Seigneur,  lors  qu'ils  préféreront  l'exalta- 
tion de  la  Foi  à  leurs  commoditez  propres.  Car  nous  avons  mieux  aimé  6c 
trouvé  plus  convenable  dans  les  grandes  affaires  qui  me  font  arrivées  de  man- 
quer aux  raifons  d'Etat ,  que  de  diflîmuler  le  moins  du  monde  fur  les  matières 
qui  regardent  la  Religion. 

XI.  Nous  enjoignons  à  tous  les  Succefleurs  de  cette  Couronne,  qu'en  re- 
connoiflànce  6c  révérence  de  la  vénération  fuprême  que  tout  fidèle  Chrétien 
doit  avoir  pour  le  fouverain  Miltére  du  très-làint  Sacrement,  6c  principale» 
ment  Nous  pour  la  plus  étroite  6c  finguliére  vénération  que  nous  y  avons,  6c 
toute  la  très-Auguflc  Maifon  d'Autriche,  Nous  avons  ordonné  que  pour  en 
mériter  une  plus  grande  faveur  6c  pour  nôtre  confolation,  on  le  plaçât  en  la 
Chapelle  Roïale  de  nôtre  Palais,  6c  qu'on  continué  de  l'y  conferver  toujours, 
ce  que  nous  efpérons  de  la  piété  de  nos  Succefleurs;  6c  auflî  les  chargeons,  Se 
leur  ordonnons,  qu'on  continue  la  folcmhité  des  quarante  heures,  laquelle  fe 

celé- 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.  tsf 

célèbre  au  commencement  de  chaque  mois,  la  faifant  avec  le  plus  de  dévo-  1700. 
tion  &  de  zélé  qu'on  y  puifie  aporter  ;  6c  qu'on  y  continue  les  Offices  divins 
en  ladite  Chapelle,  avec  les  mêmes  foins  que  jufques  à  préfent  nous  l'avons  Q 
fait  pratiquer,  fie  même  avec  plus  d'exactitude,  s'il  le  peut.  Ainfi  nous  vou- 
lons que  tous  les  Miniftres  Se  Officiers  de  madite  Chapelle  Roïale,  de  la  M11- 
fique,  d'Inftrumens,  fie  de  Voix,  fie  tous  les  autres,  qui  préfentement  s'y 
trouvent ,  fie  ceux  qui  leur  fuccéderont,  foient  confervez  j  aïant  affigné  pour 
leur  entretien  plufieuis  rentes. 

XII.  Si  Dieu  par  fa  Miféricorde  infinie  vouloit  nous  donner  des  Enfans  lé- 
gitimes, nças  déclarons  pour  nôtre  Héritier  Univerfel  de  tous  nos  Roïaumes, 
États  fié  Seigneuries  le  fils  aîné,  &  tous  les  autres  qui,  par  leur  ordre,  doi- 
vent fuccéder >  Se,  au  défaut  des  mâles,  les  filles  en  feront  héritières,  confor- 
mément aux  Loix  de  nos  Roïaumes.  Mais,  comme  Dieu  ne  nous  a  pas  encore 
accordé  cette  grâce  dans  le  tems  que  nous  faifons  ce  Teftament,  fie  comme 
nôtre  premier  &  principal  devoir  eft  de  procurer  le  bien  8c  l'avantage  de  nos 
Sujets ,  faifant  en  forte  que  tous  nos  Roïaumes  fe  confervent  dans  cette  union 
qui  leur  convient,  en  obiérvant  la  fidélité  qu'ils  doivent  à  leur  Roi,  fie  Sei- 
gneur naturel,  étant  perfuadé  que  l'aïant  toujours  pratiquée  ils  fe  conforme- 
ront à  ce  qui  eft  le  plus  jufte,  s'affermiffant  fur  la  fouveraine  autorité  de  nô- 
tre préfente  difpofition. 

XIII.  Et  reconnoiffant  conformément  aux  réfultats  de  plufieurs  Confulta- 
tions  de  nos  Miniftres  d'Etat  fie  de  la  Juftice,  que  la  raifon  fur  quoi  on  a  fon- 
dé la  Renonciation  des  Dames  Donna  Anna  8c  Donna  Maria  Teresa, 
Reines  de  France,  ma  Tante,  fie  ma  Sœur,  à  la  fucceiîion  de  ces  Roïaumes, 
a  été  d'éviter  le  danger  de  les  unir  à  la  Couronne  de  France  ;  mais,  reconnoif- 
fànt aufii  que  ce  motif  fondamental  venant  à  ceffër,  le  droit  de  la  fucceffion 
fubfifte  dans  le  parent  le  plus  proche,  conformément  aux  Loix  de  nos  Roïau- 
mes, fie  qu'aujourd'hui  ce  cas  fe  vérifie  dans  le  fécond  Fils  du  Dauphin  de 
France)  pour  cette  raifon,  Nous  conformant  aux  fufdites  Loix,  nous  décla- 
rons être  nôtre  Succeffeur  (en  cas  que  Dieu  nous  apelle  à  lui  fuis  lailîer  des 
Enfans)  le  Duc  d'Anjou,  fécond  Fils  du  Dauphin  ;  &  en  cette  qualité,  nous 
l'apcllons  à  la  fucceifion  de  tous  nos  Roïaumes  Se  Seigneuries,  fans  en  excep- 
ter aucune  partie  -,  Se  Nous  déclarons  fie  ordonnons  à  tous  nos  Sujets  8c  Vaf- 
faux  de  tous  nos  Roïaumes  fie  Seigneuries,  que  dans  le  cas  fufdit,  fi  Dieu  nous 
retire  fans  Succeffeur  légitime,  ils  aient  à  le  recevoir,  &c  le  reconnoître  pour 
leur  Roi  8c  Seigneur  naturel ,  Se  qu'on  lui  en  donne  aufiî-tôt  la  poffeifion  ac- 
tuelle, fans  aucun  délai,  après  le  ferment  qu'il  doit  faire  d'obferver  les  Loix, 
Immunitez,  fie  Coutumes  de  nofdits  Roïaumes  Se  Seigneuries  ;  Se,  parce  que 
nôtre  intention  eft ,  8c  qu'il  eft  ainfi  convenable  pour  la  Paix  de  la  Chrétien- 
té, 8c  de  toute  l'Europe,  8c  pour  la  tranquillité  de  nos  Roïaumes,  que  cette 
Monarchie  fubfiftè  toujours  féparée  de  la  Couronne  de  France,  Nous  décla- 
rons en  conféquence  de  ce  qui  a  été  dit,  qu'au  cas  que  le  Duc  d'Anjou  vien- 
ne à  mourir,  ou  au  cas  qu'il  vienne  à  hériter  la  Couronne  de  France,  &c  qu'il 
en  préfère  la  jouïffance  à  celle  de  cette  Monarchie,  en  tel  cas, que  ladite  Suc- 
cefiion  doit  pafler  au  Duc  de  Berry  fon  Frerc,  troifiéme  Fils  dudit  Dauphin, 
en  la  même  forme  Se  manière  j  8c  en  cas  que  ledit  Duc  de  Berry  vienne  à 

mourir 


ioô*     MEMOIRES,  NEGOTI ATIONS,  TRAITEZ, 

I7°0-    mourir  auifi,  ou  qu'il  vienne  à  fucceder  à  la  Couronne  de  France,  en  ce  cas 

" Nous  déclarons,  &  apellons  à  ladite  Succefiïon  l'Archiduc  fécond  Fils  de 

0  l'Empereur  nôtre  Oncle  ;  excluant,  pour  la  même  raifon  ôc  inconvéniens, 
contraires  au  bien  public  de  nos  Sujets  &  Vaffaux,  le  Fils  premier  né  dudit 
Empereur  nôtre  Oncle  ;  6c  venant  à  manquer  ledit  Archiduc,  en  tel  cas  nous 
déclarons  &  apellons  à  ladite  Succeifionîe  Duc  de  Savoye  &  fes  Enfans,  & 
nôtre  volonté  eft  que  tous  nos  Sujets  6c  VafTaux  l'exécutent  6c  s'y  foûmettent 
comme  nous  l'ordonnons,  6c  qu'il  convient  à  leur  tranquillité,  fans  qu'ils  per- 
mettent le  moindre  démembrement ,  6c  diminution  de  la  Monarchie  fondée 
avec/tant  de  gloire  par  nosPrédécefleurs:  Et,  parce  que  nous  defirons  ardem- 
ment que  la  Paix  6c  l'Union  fi  importante  à  la  Chrétienté  lé  conferve  entre 
l'Empereur  notre  Oncle  6c  le  Roi  Très-Chrétien,  nous  leur  demandons  6c 
les  exhortons  d' affermir  ladite  Union  par  le  lien  de  Mariage  d'entre  le  Duc 
d'Anjou  6c  l'ArchiduchefTe,  afin  que  par  ce  moïen  l'Europe  jouïflè  du  repos 
dont  elle  a  befoin. 

XIV.  Et  au  cas  que  nous  venions  à  manquer  de  Succefleur,  ledit  Duc 
d'Anjou  doit  fucceder  en  tous  nos  Roïaumes  6c  Seigneuries,  non  feulement  à 
ceux  qui  apartiennent  à  la  Couronne  de  Caftille,  mais  aurfi  à  ceux  de  la  Cou- 
ronne d'Arragon  6c  Navarre,  6c  à  tous  ceux  que  nous  avons  dedans  6c  dehors 

.  l'Efpagne,  notamment  à  l'égard  de  la  Couronne  de  Caftille,  Léon,  Tolède, 
Galice,  Seville ,  Grenade,  Cordoué,  Murcie,  Jaen,  Algarves,  Alguires, 
Gibraltar,    Iles  Canaries,    Indes,  Iles  6c  Terre  ferme  de  la  Mer  Oceane, 

•  du  Nord,  6cduSud,  des  Philippines  6c  autres  Iles,  Terres  découvertes,  6c 
qu'on  découvrira  à  l'avenir,  6c  tout  le  refte  de  quelque  manière  qu'il  apar- 
tienne  à  la  Couronne  de  Caftille.  Et  pour  ce  qui  regarde  la  Couronne  d'Ar- 
ragon, en  nos  Roïaumes  6c  Etats  d'Arragon ,  Valence,  Catalogne,  Naples, 
Sicile,  Majorque,  Minorque,  Sardaigne,  6c  toutes  les  autres  Seigneuries  6c 
Droits,  de  quelque  manière  qu'ils  apartiennent  à  cette  Roïale  Couronne}  6c 
dans  nôtre  Etat  de  Milan,  Duchez  de  Brabant,  Limbourg,  Luxembourg, 
Gueldres,  Flandres,  6c  toutes  les  autres  Provinces,  Etats,  Dominations,  & 
Seigneuries  qui  nous  apartiennent  6c  peuvent  nous  apartenir  dans  le  Païs-Bas, 
Droits  6c  autres  Actions  qui  nous  font  échues  en  vertu  de  la  Succeflîon  def- 
dits  Etats.  Nous  voulons,  qu'auffi-tôt  que  Dieu  nous  aura  retiré  de  cette  vie, 
ledit  Duc  d'Anjou  foit  apellé,  6c  foitRoi,  comme,  ipfofaEîo,  il  le  fera  de 
tous  ;  r.onobflant  toutes  fortes  de  Renonciations  6c  Aébes  qu'on  ait  faits  au 
contraire,  parce  qu'ils  manquent  de  juftes  raifons  6c  fondemens.  Nous  or- 
donnons aux  Prélats ,  Grands,  Ducs,  Marquis,  Comtes,  6c  hommes  riches; 
aux  Prieurs,  6c  Commande  ars ,  Gouverneurs  des  Maifons  fortes  6c  autres, 
aux  Chevaliers,  Avancez,  6c  à  tous  les  Conièils,  Administrateurs  de  Juftïce, 
Prévôts,  Echevins,  Officiers,  6c  gens  de  bien  de  toutes  les  Citez,  Villes, 
Paroiflcs,  6c  Terres  de  nos  Roïaumes,  6c  Seigneuries,  6c  à  tous  les  Vice- 
Rois  6c  Gouverneurs  ,  Châtelains,  Commandans,  Gardes  des  Frontières  de 
deçà  6c  delà  la  Mer,  6c  tous  autres  Miniftres  Se  Officiers  tant  du  Couverne- 
ment  de  la  Paix,  que  des  Armées  6c  Flotes  fur  Terre  6c  fur  Mer,  6c  aufïi  en 
tous  nos  Roïaumes  6c  Etats  de  la  Couronne  d'Arragon,  de  Caftille,  de  Na- 
varre ,    Naples  6c  Sicile,  6c  Etats  de  Milan,  Païs-Bas,  6c  en  tout  autre  lieu 

nous 


ET    PvESOLUTIONS    D'E  T  A  T.         tP7 

nous  apartenant  &  à  tous  nos  antres  Vaflaux,  Sujets  naturels,  de  quelque   1700. 

qualité,  &  prééminence  qu'ils  puiflcnt  être,  en  quelque  lieu  qu'ils  habitent   

&  fe  trouvent,  pour  la  fidélité,  loïauté,  fujettion,  oc  vafiellage  qu'ils  nous 
doiyent  8c  font  obligez,  comme  à  leur  Roi  ce  Seigneur  naturel,  en  vertu  du 
ferment  de  fidélité  &  hommage  qu'ils  nous  ont  fait  6c  nous  ont  dû  faire,  que 
lors  qu'il  plaira  à  Dieu  de  nous  retirer  de  cette  vie,  ceux  qui  fe  trouveront 
prefens  fi-tôt  qu'il  viendra  à  leur  connoifiance ,  conformément  à  ce  que  les 
Loix  de  nos  fudits  Roïaumes',  Etats ,  &  Seigneuries  ordonnent  en  tel  cas ,  & 
lé  trouve  établi  en  ce  Teftament,  qu'ils  aient  à  recevoir  le  fufdit  Duc  d'An- 
jou (en  cas  que  je  vienne  à  mourir  fins  Succeflîon  légitime)  pour  leur  Roi  & 
Seigneur  naturel,  propriétaire  de  nofdits  Roïaumes,  Etats,  8c  Seigneuries, 
en  la  forme  déjà  réglée.  Qu'on  arbore  les  Etendards  pour  fon  fervice ,  en 
faifant  les  actes  des  folemnitez  qu'on  a  coutume  de  faire  en  pareilles  occafions, 
conformément  à  la  coutume  de  chaque  Roïaume  Se  Province;  qu'ils  prêtent, 
fanent  prêter,  Se  montrent  la  fidélité  Se  obéïfiance  à  quoi,  comme  Sujets  Se 
Vaiïaux,  ils  font  obligez  envers  leur  Roi  &  Seigneur  naturel  ;  Et  nous  or- 
donnons à  tous  les  Commandans  des  Forterefies,  Châteaux,  Se  Maifons  de 
plaifance  ,  &  à  leurs  Lieutenans,  de  quelques  Villes,  Villages,  Se  lieux  de 
Peuples  que  ce  foit,  qu'ils  rendent  hommage,  félon  les  coutumes  d'Efpagne, 
de  Caftille,  d'Arragon,  Se  de  Navarre,  Se  tous  ceux  qui  leur  apartiennent , 
ôc  dans  l'Etat  de  Milan  8c  autres  Etats  Se  Seigneuries,  on  le  rendra  félon  la 
coutume  de  la  Province  8c  lieu  où  ils  fe  trouveront ,  ils  le  garderont  pour  le 
fervice  dudit  Duc  d'Anjou  tout  le  tems  qu'il  leur  fera  ordonné  pour  le  remet- 
tre par  fon  ordre  à  celui  qui  leur  fera  envoie ,  leur  ordonnant  de  faire  accom- 
plir exactement  tout  ce  qui  a  été  dit ,  pour  ne  pas  s'attirer  les  peines  que  mé- 
ritent les  Rebelles  8c  defobéïflans  à  leur  Roi  par  leur  violement  de  la  foi  8c 
de  la  loïauté  qui  lui  eft  dûë. 

XV.  Si.au  tems  de  nôtre  décès,  nôtre  Succefîèur  ne  fe  trouve  pas  dans 
ces  Roïaumes,  la  plus  grande  8c  la  plus  exacte  prudence  étant  néceflaire  pour 
leur  Gouvernement  univerfel ,  conformément  à  leurs  Loix,  Conftitutions, 
Privilèges,  Se  Coutumes,  ainfi  que  le  Roi  nôtre  Seigneur  Se  Père  a  remar- 
qué ,  jufques  à  ce  que  ledit  Succefieur  puiliè  pourvoir  au  Gouvernement  ; 
Nous  ordonnons  qu'incontinent  après  nôtre  décès  il  fe  faffe  une  AfTemblée, 
-compofée  du  Préfident  du  Confeil  de  Caftille ,  du  Vice-Chancelier  ou  Pré- 
sident du  Confeil  d'Arragon,  de  l'Archevêque  de  Tolède,  de  l'Inquifiteur 
Général,  d'un  Grand,  8c  d'un  Confeiller  d'Etat ,  que  nous  nommerons  dans 
ce  Teftament,  ou  dans  le  Codicille  que  nous  y  joindrons,  ou  dans  un  Mé- 
moire figné  de  nôtre  main  ;  Se  pendant  le  tems  que  la  Reine ,  nôtre  très-che- 
re  Se  bien  aimée  Epoufe,  voudra  demeurer  en  ces  Roïaumes  8c  Cours,  nous 
prions  Se  chargeons  Sa  Majefté  d'affifter  &c  autorifer  la  fufdite  AfTemblée  qui 
le  tiendra  en  lit  prefence  Roïale,  dans  l'apartement  Se  lieu  que  Sa  Majefté  lui 
plaira  de  marquer,  fe  donnant  la  peine  d'intervenir  dans  les  affaires,  aïanc 
voix  délibérative  de  qualité,  en  forte  que  les  fentimens  étant  égaux,  la  partie 
de  ceux  à  qui  elle  s'ajoindra  fera  préférée ,  mais  dans  les  autres  occafions  elle 
fe  joindra  au  plus  grand  nombre.  Se  nous  voulons  que  ce  Gouvernement  dure 

Tom.  Z  Z  Se 


ipS     MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

1700.   &  fubfîfte  jufques  à  ce  que  nôtre  Succefleur  aïant  fçû  nôtre  décès,  y  piiifîe 
" pourvoir  auflï-tôt  qu'il  aura  atteint  fa  majorité. 

XVI.  Et  comme  nous  fommes  obligé  en  qualité  de  Père  Univerfcl  de  tous 
nos  Sujets  6c  Vaflaux,  au  cas  que  nôtre  Succefleur  foit  mineur,  de  donner  la 
meilleure  Régie  qui  foit  poflîble  à  nos  Roïaumes,  6c  la  plus  conforme  à  leurs 
Loix,  Privilèges,  Conltitutions  6c  Coutumes,  Nous  nommerons  des  Gou- 
verneurs naturels  d'iceux ,  afin  que  félon  nôtre  haute  &  Roïale  difpofition ,  6c 
au  nom  de  nôtre  Succefleur,  ils  gouvernent  nofdits  Roïaumes,  en  toute  paix 
ôc  jufticei  6c  qu'ils  pourvoient  aufïi  à  leurs  défenfes,  en  forte  que  nofdits  Su- 
jets fë  confervent, dans  la  tranquillité,  repos,  6c  immunitez,  dont  ils  doivent 
jouir  fuivant  les  Loix ,  Privilèges ,  Conltitutions,  6c  Coutumes  de  chacun ,  6c 
auflî  qu'ils  demeurent  dans  la  fidélité  qu'ils  doivent  à  leur  Roi  6c  Seigneur  na- 
turel, dont  ils  fe  font  toujours  fait  un  devoir  indifpenfable.  Nous  nommons 
pour  Tuteurs  de  nôtre  dit  Succefleur  pendant  fa  minorité  jufques  à  l'âge  de 
quatorze  ans  les-  mêmes  que  nous  avons  nommez  pour  ladite  Aflêmblée,  afin 
qu'ils  gouvernent  au  tems  de  nôtre  décès ,  6c  julques  à  ce  que  nôtre  Succef- 
leur vienne  dans  nos  Roïaumes  ^  lefquels  Seigneurs  nous  nommons  pour  Tu- 
teurs 6c  Curateurs  durant  la  minorité  de  notre  dit  Succefleur  pouvant  ulèr 
pour  cela  de  tout  le  pouvoir  à  leur  gré,  afin  qu'en  fon  nom  ils  gouvernent 
nofdits  Roïaumes,  en  la  même  forme  6c  manière  que  nous  pourrions  faire 
étant  en  vie,  ou  nôtre  Succefleur  étant  en  fi  majorité,  obfervant  la  forme 
6c  manière  de  Gouvernement  ainfi  que  nous  dirons  ci-après.  Pour  cet  effet, 
nous  •  relevons  les  fufdits  Tuteurs  de  l'obligation  de  donner  caution ,  voulant 
qu'en  vertu  de  cette  nomination  feule,  6c  du  ferment  qu'ils  1 doivent  faire  6c 
prêter,  ils  puiflent  gouverner  fans  aucune  autre  aprobation,  confirmation,  ni 
diligence  ;  en  forte  que  pour  cette  nomination  nous  nous  fervons  de  toute  nô- 
tre puiflance  Roïale  dans  toute  fon  étendue,  annullant,  comme  en  effet  nous 
annulions,  (en  cas  qu'il  foit  néceflaire,)  toutes  fortes  de  Loix,  Chartres,  Pri- 
vilèges, 6c  Coutumes,  6c  qu'il  elt  néceflaire  6c  requis,  pour  le  plus  grand 
bien  de  nos  Seigneuries ,  6c  de  nos  Vaflaux ,  dans  les  cas  extraordinaires ,  ce 
qui  ne  fe  Eut  qu'en  cette  occafîon  ,  aïant  égard  à  tous  les  motifs  6c  circon- 
f tances  qui  y  concourent,  6c  obligent  à  y  pourvoir  ainfi  pour  éviter  les  maux, 
qui  pourraient  arriver  en  faifant  autrement. 

XVII.  Le  Vice-Chancelier  que  j'ai  nommé  pour  Tuteur  en  l'Aflemblée 
doit  être  auflî,  (ainfi  que  je  le  nomme)  Tuteur  fpécial  6c  particulier  pour  ce 
qui  regarde  le  Roïaume  d'Arragon,  dans  les  cas  eC  affaires,  où  befoin  fera, 
éc  conformément  à  fes  Privilèges,' afin  qu'il  adminiftre  la  Tutelle  de  nôtre 
Succefleur  en  ce  Roïaume-là;  èc  fi  celui  qui  viendrait  à  préfider  dans  le 
Conliïl  d'Arragon,  ne  le  peut  être  conformément  à  fes  Coutumes  ;  6c  fou- 
haitant,  ainfi  que  nous  fouhaitons,  de  proportionner  nôtre  difpofition  feule- 
ment à  nôtre  pouvoir  comme  Seigneur  naturel  de  ces  Roïau'mes-là,  fins  dé- 
roger, ni  altérer,  ce  dont  nous  ne  pouvons  difpcnfer ;  6c  difpenlant  en  tout 
ce  que  nous  pouvons,  6c  convient  à  nôtre  fupréme  puiflance,  Nous  nom- 
mons pour  Tuteurs  de  nôtre  Succefleur  le  plus  ancien  Régent' gradué  des 
deux  qui  font  naturels  d<i  ce  Roïaume-là ,  6c  qui  fera  en  charge  dans  le  Con- 

fcil 


ET    RESOLUTIONS    D'ETAT.  ipp 

fcil  d'Arragon,  lors  que  je  viendrai  à  mourir,  ou  après,  afin  que  comme   17°°- 
Tuteur  nomme  il  ait  l'adminifiration  &  l'autorité  que  nous  lui  pouvons  don-  ' 

ner,  &  que  nous  lui  donnons  à  l'égard  des  chofcs  &  des  cas  qui  conformé- 
ment à  leurs  Immunitez  6c  Privilèges  pourront  être  néceflaires;  bien  entendu 
<jue  dans  les  matières  6c  affaires  d'Etat,  Guerre,  Gouvernement,  Grâces,  & 
Provisions  d'Offices,  on  ne  doit  y  faire  aucune  nouveauté,  6c  elles  doivent 
paffer  par  les  Confeils  d'Etat  8c  de  Guerre,  6c  celui  d'Arragon,  ainfi  qu'il 
s'eft  pratiqué,  8c  qu'il  fe  pratique  ;  8c  les  confultations  qui  le  feront  dans  les 
fufdits  Confeils,  fe  porteront  à  l'Aflèmblée  des  Tuteurs,  afin  qu'on  y  prenne 
la  réfolution  en  la  forme  Se  manière  que  nous  ordonnons  dans  les  autres  affai- 
res ;  &  au  cas  que  le  plus  ancien  Régent  dudit  Roïaume  vienne  à  mourir,  ou 
qu'il  vienne  à  manquer  à  l'Aflèmblée,  nous  nommons  pour  Tuteur  en  la  pla- 
ce, celui  qui  le  fuit}  8c  ainfi  on  entrera  fucceflivement  en  la  Tutelle  dudit 
Roïaume  d'Arragon  jufques  à  ce  que  nôtre  Succefleur  gouverne.  Pour  cet 
effet,  Nous  déchargeons  ledit  Tuteur  de  l'obligation  de  donner  caution ,  & 
de  tout  ce  dont  nous  le  pouvons  difpenfer,  en  vertu  de  nôtre  Souveraineté  Se 
pleine  puiffance,  afin  que  par  cette  nomination  8c  ce  ferment,  le  Régent  à 
qui  écherra  l'adminiftration  de  cette  Tutelle  la  puiiïè  exercer. 

XVIII.  Ledit  Régent  qui  fera  Tuteur  réfidera  en  cette  Cour,  remplira  fa 
place  dans  le  Confeil,  8c  afliftera  dans  l'Aflèmblée  des  autres  Tuteurs ,  parce 
qu'il  faut  qu'il  foit  informé  des  Mémoires  8c  Apointemens  univerfels,  6c  que 
dans  la  même  AfTemblée  il  y  fourniflè  les  particuliers  fur  les  Affaires  du  Roïau- 
me d'Arragon}  6c  afin  qu'il  fçache  les  fentimens  des  autres  Tuteurs,  8e  fc 
conforme  au  plus  grand  nombre  desRégens  pour  difpofer  6c  régler  les  Affaires 
de  ce  Roïaume-là ,  félon  qu'il  fera  le  plus  à  propos  pour  le  fervice  de  Dieu  Se 
de  nôtre  Succefleur ,  6c  pour  l'adminiftration  de  la  Juftice ,  l'avantage ,  la 
paix ,  6c  le  repos  de  ce  Roïaume-là. 

XIX.  Nous  donnons  à  tous  les  Miniftres  8c  perfonnes  que  nous  nommons 
&  nommerons,  le  pouvoir,  l'autorité,  6c  la  puiffance  que  nous  leur  pouvons 
donner  comme  Père,  Roi,  Se  Seigneur  de  nos  Sujets  6c  Vaffaux,  6c  même 
tous  les  avantages  que  les  Loix ,  Proclamations ,  Conftitutions ,  6c  Coutumes 
de  nos  Roïaumes  leur  donnent  fans  aucune  exception,  afin  qu'ils  gouvernent 
durant  la  minorité  de  nôtre  Succefleur,  en  Paix,  6c  en  Guerre,  faflènt  des 
Loix ,  pourvoient  aux  Dignitez  6c  aux  Charges ,  tant  grandes  que  petites , 
dans  la  Police,  6c  dans  la  Guerre,  préfentent  les  Prélatures,  Evêchez,  Ab-  ■ 
baïes,  Se  toutes  les  autres  Dignitez  Ecclefiaftiques ,  de  la  même  manière  que 
nous  le  fàifons  6c  pouvons  faire,  6c  cela  en  qualité  de  Tuteurs,  en  difpofant 
de  tout  comme  lui-même  étant  majeur  en  pourra  difpofer}  6c  pour  cet  effet 
nous  les  établiflbns  Tuteurs,  6c  tenons  pour  établie  6c  réglée  ladite  Tutelle, 

à  condition  qu'avant  que  de  l'exercer  ils  falfent  tous ,  6c  un  chacun  d'eux ,  le 
ferment  de  fidélité  à  nôtre  Succefleur,  ppur  fa  confervation ,  Se  pour  lui  pro- 
curer tous  Ces  avantages  6c  le  bien  de  nos  Roïaumes,  6c  de  nos  Sujets  6c  Vaf- 
faux, 6c  de  les  garantir  de  toutes  fortes  de  dangers,  6c  de  faire  tout  ce  que 
de  fidèles  Tuteurs  font  obligez,  6c  diront  toujours  leurs  fentimens  aïant  égard 
au  fervice  de  Dieu,  Se  à  l'exaltation  de  la  fainte  Foi,  à  l'adminiftration  de  la 
Tultice,  6c  à  l'obéïflance  dûë  à  nôtre  Succefleur-,  ils  garderont  aufll  le  fecret 

Z  i  de 


zoo    MExMOIP.ES,  negotïations,  traiter, 

ï-oo.   de  tout  ce  qui  fe  traitera  en  l' AfTemblée.     Le  Préfident  ou  Gouverneur  du 
~  Confeil,  prêtera  fon  ferment  entre  les  mains  de  tous  ceux  de  ladite  Aflèrn- 

bléc,  après  qu'un  chacun  d'eux  l'aura  fait  Se  prêté  entre  les  fiennes. 

XX.  Lcfdits  Tuteurs  que  nous  nommons,  Se  laiderons  nommez,  doivent 
-  admiiiïftrér  tous  enfemble,  8c  non  pas  les  uns  fans  les  autres  ;  Se  pour  cet  ef- 
fet, ils  fe  doivent  alTemblcr  dans  un  apartement  delà  Maifon  Roïale ,  tous 
les  jours  Se  toutes  les  heures  qu'il  fera  néceffaire  de  conférer  fur  les  Confulta- 
tions  8c  Affaires,  tant  générales  que  particulières,  donnant  leurs  foins  à  cel- 
les-là préférablement  aux  autres,  inltruifant,  8c  failant  le  raport  de  tout  au 
Secrétaire  qui  nous  lert  dans  les  Dépèches  universelles  ,  -lequel  nous  nom- 
mons afin  qu'il  continue  dans  le  même  emploi  ;  8c  pendant  que  la  Reine  nô- 
tre très-chere  8c  bien-aimée  Epoufe  demeurera  dans  ce  Roïaumc,  Se  qu'elle 
fe  trouvera  en  ladite  AfTemblée*  (comme  dit  eft)  elle  fe  convoquera  en  l'apar- 
tement  de  la  Maifon  Roïale  que  Sadite  Majefté  y  marquera,  Se.  l'on  y  opine- 
ra fur  chaque  Affaire,  8c  on  exécutera  les  réfolutions  prifes  à  la  pluralité  des 
voix  ;  Se  dans  les  grandes  8c  difficiles  Affaires  on  prendra  les  avis  de  ceux  qui 
feront  malades ,  8c  de  ceux  qui  feront  abfcns ,  fi  le  plus  grand  nombre  le  trou- 
ve à  propos. 

XXI.  Toutes  les  Confultations  des  Confeils  fe  porteront  à  la  Secretairerie 
des  Dépêches  univerfelles ,  8c  on  les  mettra  entre  les  mains  de  celui  qui  en  fe- 
ra le  Secrétaire  :  elles  feront  ouvertes  en  PAfTemblée  où  chacun  en  dira  fon 
fentiment,  en  la  manière  qui  a  été  dite,  ledit  Secrétaire  y  apointera  la  réso- 
lution prife  à  la  pluralité  des  voix ,  Se  le  jour  fuivant  la  raportera  après  l'en- 
regitrement,  à  moins  que  la  néceffité  8c' brièveté  ne  requière  de  la  raporter 
incontinentj  Se  cette  réfolution  fera  vifée  par  Sa  Majefté  dans  l'endroit  que 
j'ai  accoutumé  de  le  faire,  lors  que  la  Reine  nôtre  très-chere  8c  bien-aimée 
Epoùié  affiftera  en  PAfTemblée,  8c  plus  bas  elle  fera  aulfi  vifée  par  deux  de  la- 
dite AfTemblée;  8c  lorfque  Sa  Majefté  n'y  affiliera  pas  elle  fera  vifée  de  tous 
ceux  qui  compofent  ladite  AfTemblée,  félon  lçur  rang,  ou  pour  le  moins  de 
quatre:  8c  qu'à  l'égard  des  Confultations  du  Confeil  d'Arragon,  elles  doivent 
être  vifées  du  Vice-Chancelier  ou  Régent  plus  ancien  qui  aiîiftera  en  TAiTem- 
blée,  8c  en  la  conclufion  des  Affaire?  tant  générales  que  particulières,  on  les 
exécutera  dans  les  Confeils  par  Décrets,  vifées  en  la  même  manière  que  le 
font  les  Réfolutions  des  Confultations,  ou  par  des  Mémoires  lignez  du  Secré- 
taire des  Dépêches  univerfelles,  le  tout  félon  la  réfolution  de  l'Affemblée. 

XXII.  Et  à  l'égard  des  Dépêches  que  nous  lignons,  tant  de  nôtre  main 
Roïale  que  par  l'impreffion  de  nôtre  Seing,  Elles  ièront  lignées  par  la  Reine 
nôtre  tres-chere  8c  bien-aimée  Epoufe,  dans  le  même  endroit  que  nous  li- 
gnons; mais  pour  tous  les  autres  de  l'Affemblée  ils  ligneront  plus  bas:  8c  fi 
quelques-uns  en  étoient  empêchez,  il  faudra  du  moins  qu'il  y  en  ait  quatre 
qui  lignent:  mais  pour  ce  qui  regarde  l'Arragon ,  elles  doivent  être  toujours 
fignées  du  Vice-Chancelier,  ou  Régent  le  plus  ancien  du  Confeil  d'Arragon 
qui  affiftera  dans  ladite ,  AfTemblée,  8c  les  Secrétaires  d'Etat  les  contrerole- 
ront  dans  l'endroit  ou  l'on  a  accoutumé,  Se  les  autres  emploieront  ces  mots, 
par  cornmandenient  de  Sa  Majeflé.  Toutes  les  Dépêches  doivent  commencer 
par  le  nom  de  nôtre  Suceèflèur  Régnant,  ou  bien  par  celui  de  lit  Dignité 

Roïale  ^ 


ET    RESOLUTIONS    DTE  T  A  T.  201 

Roïale,  &  nous  voulons  avec  toute  nôtre  Puiflancc  Roïale,  que  tous  ces    i?0^- 

Actes,  Papiers,  &  Ordonnances  pour  le  bien  de  nos  Sujets  foient  comme  fi    

elles  étoient  des  Lettres,  &  Billets,  du  Roi  Se  Seigneur  naturel  de  ces  Roïau- 
mes ,  Se  que  ceux  qui  n'y  obéiront  foient  châtiez  comme  le  méritent  tous 
ceux  qui  n'obéïflent  aux  Lettres ,  Billets ,  6c  Dépêches  de  leur  Roi  Se  Sei- 
gneur naturel. 

XXIII.  Et^rrce  que  l'Aflemblée,  non  feulement  doit  expédier  ce  que  les 
Confeils  propFnc'nt ,  mais  qu'elle  doit  auffi  pourvoir  à  tout  ce  qu'elle  trouvera 
être  le  plus  utile  Se  le  plus  avantageux  à  nôtre  Succeflcur,  &  au  bien  univer- 
fel  de  nos  Roïaumes,  Sujets,  &  Vaflaux,  &  s'il  arrive  que  quelqu'un  de  l'Af- 
femblée donne  quelque  avis,  ou  qu'il  le  propofè,  on  opinera  auffi  en  l'Aflèm- 
blëe,  &  on  y  refondra  ce  que  le  plus  grand  nombre  trouvera  à  propos. 

XXIV.  Et  y  aïant  égalité  d'opinions,  en  cas  que  la  Reine  nôtre  tres-che- 
re  &  bien-aimée  Epoufë  n'y  fut  pas,  on  doit  apeller  le  Prérident  du  Conléil 
auquel  apartient  l' Affaire  qu'on  traite,  ou  le  Doïen  du  même  Confeil,  fi  le 
Prefident  n'y  eff  pas.  Et  fi  le  Doïen  n'étoit  pas  en  l'Aflemblée,  on  doit  apel- 
ler celui  qui  le  fuit  en  Dignité. 

XXV.  L'heure  la  plus  convenable  pour  l'Aflemblée,  fera  tous  les  matins 
quand  on  fort  des  Confeils;  Scelle  Te  continuera  les  jours  de  Fête,  en  com- 
mençant une  heure  plutôt  que  ies  autres  jours:  que  fi  cela  ne  fuffifoit  pas 
pour  la  Dépêche,on  marquera  quelqu'après  dinéc  de  la  femaine  la  moins  occu- 
pée j  Se  s'il  arrive  une  Affaire. importante  à  quelque  heure  que  ce  fbit,  on  en 
donnera  avis  inceflamment  au  Secrétaire  de  la  Dépêche  univerfelle,  ou  par  les 
Miniffres  de  l'Aflemblée, aux  Préfidens  des  Confeils;  le  Secrétaire  ira  en  aver- 
tir la  Reine  nôtre  très-chere  Se  bien-aimée  Epoufe ,  qui  l'aiant  communiquée 
au  Prefident  du  Confeil  réfoudra  s'il  faut  convoquer  incontinent  l'Aflemblée, 
pour  y  pourvoir  ;  Se  en  cas  que  Sa  Majefté  fût  abfente  le  Secrétaire  des  Dé- 
pêches en  avertira  le  Prefident  du  Confeil,  Se  le  Vice-Chancelier,  ou  Prefi- 
dent d'Arragon,  lefquels  trouvant  à  propos  de  convoquer  l'Aflemblée,  on  le 
fera;  Se  lors  que  l'Affaire  demandera  qu'il  y  foit  promptement  pourvu  dans  la 
Cour,  le  Prefident  ou  Gouverneur  du  Confeil  y  pourvoira  en  informant  l'Af- 
femblée aufli-tôt,  fi  l'importance  de  l'Affaire  le  requiert. 

XXVI.  Nous  ordonnons  à  tous  ceux  de  ladite  Aflemblée  qu'ils  foient  dans 
une  parfaite  union ,  étant  très-important  pour  le  bon  Gouvernement  Se  pour 
le  bien  de  ces  Roïaumes;  Se  quoique  nous  foions  perfuadé  que  la  Reine  notre 
très-chere  Se  bien-aimée  Epoufe,  les  entretiendra  dans  ces  bons  fentimens 
par  fon  exemple,  néanmoins  pour  nous  aquiter  de  notre  devoir,  nous  prions 
Se  exhortons  Sa  Majeffé  qu'elle  y  emploïe  tous  fes  foins. 

-  XXVII.  Ce  qui  importe  le  plus  pour  le  bien  Se  avantage  de  ces  Roïau- 
mes, .  c'eit  d'y  avoir  notre  -Succcfleur:  s'il  fc  trouve  en  fa  Majorité,  nous  le 
prions  Se  exhortons  d'y  venir  en  diligence;  Se  en  cas  qu'il  foit  en  fa  Minori- 
té, Nous  ordonnons  Se  chargeons  l'Aflemblée  de  l'y  follicitcr,  étant  très- 
important  qu'il  arrive  en  ce  Roïaume  avec  le  plus  de  fureté  Se  de  diligence 
qu'il  ièra  poifiblc. 

XXVIII.  En  cas  que  notre  Succefleur  foit  en  fa  Majorité,  auffi-tôt  qu'il 
arrivera  en  cette  Cour,  l'AlIembice  lui  rendra  compte  de  l'état  de  toutes  les 

Z  3  affaires,. 


zoz      MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

1700.  Affaires,  6c  même  des  Affaires  qui  auront  été  exécutées  en  fon  abfence,  fi  el- 
— —   k-s  font  d'une  affez  grande  importance  pour  l'en  inifruire. 

XXIX.  Et  fi  notre  Succeffeur  cil  encore  en  fa.  Minorité, nous  voulons,  6c 
c'efr.  notre  volonté,  que  félon  fon  âge  on  lui  rende  compte  des  Affaires  qu'on 
traite  en  l'Affemblée,  afin  qu'on  fâche  que  la  fuprême  Puiflànce  réfide  en  fa 
perfonne,  comme  aufii  afin  qu'il  s'inftruife,  biffant  au  jugement  de  l'Affem- 
blée la  forme  6c  manière  qu'on  y  doit  obferver;  6c  par  lc|jnêmes  Raifons 
aïant  atteint  un  âge  affez  avancé  pour  entendre  la  Confultawn  ordinaire  du 
Confeil  deCaftille,  conformément  aux  fentimens  de  l'Afiemblée,  ledit  Con- 
feil la  lui  fera  en  la  même  forme  6c  manière  qu'à  nous,  parce  que  c'eit  un 
aéte  de  l'autorité  fuprême  que  nos  Su'ets  6c  Vaffuix,  doivent  reconnoître  ré- 
fider  en  fa  Roïale  perfonne,  quoi  qu'à  caufe  de  fa  Minorité  les  Tuteurs  6c 
Curateurs  que  Nous  avons  nommez  en  aient  l'adminifiration  ;  6c  lors  que  ce 
qui  vient  d'être  dit  ne  fe  pourra  pas  exécuter,  le  Confeil  de  Callille  obfervera 
la  manière  ordinaire  dont  on  conlulte  lors  que  nous  fommes  abfens. 

XXX.  Nous  déclarons  qu'en  l'Affemblée  que  nous  avons  nommée,  foit 
pour  l'abfence  de  notre  Succeffeur,  étant  déjà  Majeur,  foit  pour  être  Tu- 
teurs 6c  Gouverneurs  de  ces  Roïaumes  tandis  qu'il  n'aura  pas  atteint  fa  Majo- 
rité :  On  pourvoira  aux  quatre  Places  6c  Charges  du  Préfident  ou  Gouver- 
neurs du  Confeil,  du  Vice-Chancelier  ou  Préfident  d'Arragon,  de  l'Arche- 
vêque de  Tolède,  6c  de  l'Inquifiteur  Général,  pour  entrer  en  ladite  Affem- 
bléej  en  cas  qu'il  en  vienne  à  manquer  quelqu'un  d'eux  par  mort  ou  quel- 
qu'autre  caufe  valable  ;  fi  cela  arrive  après  mon  décès,  lefdites  Charges  feront 
remplies  dans  le  tems  de  la  minorité  de  notre  Succeffeur  à  la  pluralité  des 
voix  par  ladite  Affemblée  :  6c  à  l'égard  du  Grand ,  6c  du  Confeiller  d'Etat,  fi 
nous  ne  laiffons  aucun  Mémoire  écrit  de  notre  main  pour  déclarer  ceux  qui 
doivent  fuccéder  ,  au  défaut  des  premiers  que  nous  avons  nommez  , 
(que  fi  nous  laiffons  cela  fait,  nous  voulons  qu'on  l'obferve  inviolablement 
aufii)  l'Affemblée  en  élira  en  cas  qu'il  en  vienne  à  manquer,  en  la  manière 
fufdite,  aïant  beaucoup  d'égards  à  la  nomination  du  Grand,  en  confidéra- 
■tion  de  ce  qu'il  reprefente  la  Nobleflè  de  nos  Roïaumes ,  que  Nous  6c  nos 
Prédéceffeurs  avons  toujours  beaucoup  eftimée  :  pour  ces  raifons ,  nous  avons 
voulu  6c  ordonné  que  cette  partie  de  nos  Sujets  il  confidérable  par  fes  vertus 
&  par  fon  rang  participe  avantageufement  au  Gouvernement  de  nos  Roïau- 
mes :  6c  pour  ce  qui  eft  du  Confeiller  d'Etat ,  on  fera  en  forte  que  ce  foit  une 
perfonne  fort  intelligente  6c  fort  exercée  dans  les  Affaires  d'Etat,  comme  il 
cft  abfolument  néceffaire,.  parce  qu'elle  doit  en  cette  Ailèmblée  reprefenter 
ce  Confeil  que  nos  Prédéceffeurs  6c  nous  avons  tant  eftimé. 

XXXI.  A  l'égard  du  rang  qu'on  doit  occuper  en  l'Afiemblée ,  on  le  con- 
formera aux  ordres  établis  fur  cela,  6c  qui  furent  obfervez  pendant  notre  mi- 
norité, 6c  nous  déclarons  qu'on  lé  doit  placer  de  la  manière  que  nous  les 
-nommons,  6c  après  eux  le  Grand,  6c  le  Confeiller  d'Etat  fe  placeront  ainfi 
qu'ils  arriveront  l'un  après  l'autre;  6c  en  cas  qu'il  y  ait  un  Cardinal  de  la  fain- 
te  Eglife,  il  précédera  feulement  à  l'égard  des  places,  le  Préfident  du  Con- 
feil ,  6c  le  Vice-Chancelier  d'Avragon.;  6c  fi  la  Reine  notre  très-chere  &c 
bien-airuée  Epoulc  s'y  trouve,  on  lui  donaera  .un  fauteuil  $  6c  à  l'égard  de 

l'ordre 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.  20$ 

dre  à  donner  fa  voix,  il  s'obfervera  félon  la  coutume  des  Aflèmblées,  6c  non    r700« 
pas  du  Confeil  d'Etat.  ' 

XXXII.  Les  Tribunaux,  que  nous  laiflbns  en  nos  Roïaumes,  feront  con- 
fervez  dans  l'état  où  ils  font  prefentement  :  pour  cet  effet ,  nous  leur  commu- 
niquons de  nouveau  toute  l'autorité  qu'ils  ont  prefentement,  nous  fervant 
pour  cela  de  tout  notre  pouvoir  Roïal.  Les  Ministres,  tous  les  Vice-Rois 
ce  Gouverneurs ,  6c  autres  perfonnes  qui  fe  trouveront  revêtues  de  Dignitez- 
dans  le  tems  de  notre  décès ,  feront  maintenus  jufques-  à  ce  que  notre  Succef- 
feur,  ou  l'Aflemblée,  que  nous  avons  nommée,  y  aporte  quelque  change- 
ment en  vertu' de  la  puiflance  que  nous  leur  laiflbns,  félon  les  motifs  qu'ils  en 
pourront  avoir  ;  6c  afin  qu'ils  exercent  lcfditcs  Charges,  nous  leur  donnons 
tout  le  pouvoir  que  nous  leur  pouvons  donner,  6c  nous  ordonnons  à  nos 
Roïaumes  6c  à  nos  Sujets  qu'ils  leur  obéïffent  en  la  même  manière  qu'ils  nous 
ont  obéi. 

XXXIII.  Comme  tout  ce  qui  efl  dit  ci-defllis,  efl:  fort  avantageux  pour  la 
défenfe  de  nos  Sujets  afin  qu'ils  vivent  en  paix ,  ce ,  dont  l'Aflemblée  à  qui 
apartient  particulièrement  le  gouvernement  de  nos  Roïaumes  doit  avoir  un 
grand  foin,  eft  que  les  Tribunaux  foient  exaéts  à  s'aquiter  de  leur  devoir >  6c 
ainfi  nous  les  chargeons  de  nouveau  fort  particulièrement  qu'ils  aient  un  grand 
foin,  de  faire  obferver  toutes  les  Loix,  Difpofitions,  6c  Réglemens  que  nous 
aurons  donnez  pour  la  bonne  administration  de  la  JuStice,  6c  pour  l'équitable 
gouvernement  de  nos  Sujets.  Et  parce  que  la  forme  qui  fe  pratique  pour  l'é- 
tabliflèment  des  Tribunaux  fe  trouve  fort  utile,  depuis  fort  long- tems,  au  gou- 
vernement de  cette  Monarchie,  à  caufe  des  grands  Roïaumes  dont  elle  efl 
compofée,  6c  que  le  Gouvernement  fe  règle,  6c  les  Affaires  s'expédient  plus 
facilement  par  cette  voie  en  la  Suivant  exactement  j  Nous  chargeons  nos  Suc- 
ceflèurs  de  la  maintenir  6c  continuer,  6c  fur-tout  qu'on  obferve  ponctuelle- 
ment les  Loix  6c  Immunitez  de  nos  Roïaumes,  6c  que  tout  leur  gouverne- 
ment foit  administré  par  des  perfonnes  naturelles  d'iceux,  fans  qu'on  s'en  puif- 
fe  difpenfer  pour  aucune  caufe  que  ce  foit  :  car,  outre  le  droit  que  nos  Roïau- 
mes ont  pour  cela,  il  s'eSt  trouvé  de  très-grands  inconvéniens,  lors  qu'on  a  vou- 
lu faire  le  contraire. 

XXXIV.  Nous  ordonnons  qu'on  reltituë  à  la  Reine  Donna  Marianne 
notre  très-chere  6c  bien-aimée  Epoufe  tout  ce  qu'elle  aura  reçu  de  la  Dot, 
6c  que  notre  Succefléur,  èc  lès  Exécuteurs  de  notre  prefent  Teftament ,  lui 
paient  tout  le  furplus  de  ce  à  quoi  Nous  Nous  fommes  obligé  ;  6c  outre  cela 
on  lui  donnera  durant  fa  vie,  6c  Veuvage,  quatre  cent  mille  Ducats  par  an 
pour  fon  entretien,  à  compter  du  jour  de  mon  décès. 

XXXV.  Et  par  la- bonne  volonté  6c  amitié  que  nous  avons  eue  6c  avons 
pour  la  Reine  notre  très-chere  6c  bien-aimée  Epoufe,  nous  lui  laiflbns  & 
donnons  tous  les  Joïaux,  Biens,  6c  Meubles,  qui  ne  font  pas  affeétez  à  la 
Couronne,  6c  tous  autres  Droits  que  nous  avons,  6c  qui  nous  peuvent  apar- 
tenir  j  6c  nous  ordonnons  à  tous  nos  Sujets  qu'ils  la  refpeétent,  la  vénèrent, 
6c  la  fervent,  afin  qu'elle  trouve  dans  l'amour  6c  la  révérence  de  tous  nos  Su- 
jets la  confolation  que  je  voudrois  bien  lui  procurer:  6c  nous  prions  affVétueu- 
fement  notre  SucceCeur,  6c  nous  l'exhortons  aufii  instamment  qu'il  noir,  eft   • 

poflible , 


Z04     MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TPvAITEZ, 

I7<30.  pofiïble,  que  s'il  plaît  à  la  Reine  nôtre  très-chere  &  bien-aimée  Epoufe  de  fe 

'. retirer  en  quelqu'un  de  nos  Roïaumes  d'Italie  ;  6c  qu'elle  voulût  pour  le  bien 

&  l'avantage  du  Roïaume  s'emploïer  à  fon  Gouvernement ,  qu'il  lui  plaife  de 
difpofer  dudit  Gouvernement  en  la  faveur,  6c  de  lui  donner  des  Miniilres,  les 
plus  honorables  6c  de  la  plus  grande  expérience  qu'il  s'en  pourra  trouver;  Et 
Ci  elle  a  deflein  de  vivre  en  quelques  Villes  de  ces  Roïaumes  d'Efpagne,  il 
plaife  à  nôtre  Succefleur  lui  donner  le  gouvernement  de  ladite  Ville  qu'elle 
aura  choifie  pour  fa  retraite,  6c  de  toutes  fes  dépendances  avec  la  Jurifdic- 
t.ion. 

XXXVI.  Si  au  tems  de  nôtre  décès  nôtre  Succefleur  fe  trouvait  être  mi- 
neur, nous  ordonnons  que  nôtre  Roïale  Maifon  lé  conferve  en  la  forme  Se 
état  qu'elle  fe  trouve,  afin  qu'elle  lui  ferve  dans  les  mêmes  Offices,  6c  Char- 
ges qu'elle  a  prefentement,  ou  qu'elle  aura  au  tems  de  nôtre  décès,  en  conii- 
dération  du  rang  &  des  bons  fervices  de  ceux  de  la  première  Hiérarchie,  & 
aïant  aufli  égard  aux  bons  &  agréables  fervices  que  les  autres  qui  la  compoiènt 
ont  rendus  :  &  fi  nôtre  Succefleur  étoit  en  fa  Majorité ,  nous  fouhaitons  qu'il 
lui  plaife  de  faire  une  forte  attention  à  ces  importantes  raifons  pour  conferver 
dans  leurs  Offices  ceux  du  premier  rang,  afin  de  conferver  à  la  Maifon  Roïale 
fon  luftre  &  fa  magnificence,  6c  à  cette  même  fin,  fe  fervira  des  autres  félon 
qu'ils  le  trouvent  dans  leurs  Emplois  6c  Charges,  parce  qu'ils  s'en  font  bien 
aquitez  jufques  à  prefent. 

.  XXXVII.  Nous  voulons  que  les  Serviteurs  de  la  Maifon  Roïale  6c  ceux 
de  la  Reine  nôtre  très-chere  6c  bien-aimée  Epoufe,  6c  ceux  de  la  Sereniffime 
Reine  nôtre  Mère  6c  Dame  (de  glorieufe  mémoire)  foient  maintenus  dans  la 
jouiflance  de  leurs  portions,  6c  autres  émolumens  annexez  aux  Emplois  de 
chacun  pour  tous  les  jours  de  leur  vie  ;  Et  en  cas  qu'il  arrive  que  quelqu'un 
d'eux  foit  hors  d'état  de  continuer  le  fervice  lors  de  nôtre  décès,  le  Roi  nô- 
tre Succefleur  ne  laiflera  pas  de  lui  continuer  fa  fubfiftance  6c  autres  émolu- 
mens. 

XXXVIII.  A  l'égard  de  nôtre  Noble  Garde  du  Corps,  comme  elle  n'a 
été  établie  que  pour  être  emploiée  à  la  garde  du  Roi  actuellement  régnant , 
Nous  voulons  que  fi  nous  venons  à  décéder  fins  laifler  de  Succefleur ,  ladite 
garde  foit  levée,  6c  fon  Corps  de  garde  ôté  de  nôtre  Palais,  6c  néanmoins 
qu'elle  foit  maintenue  au  même  nombre  de  Soldats  avec  fon  Capitaine  ou 
Gouverneur,  6c  les  autres  Officiers  qui  y  font,  jufques  à  ce  qu'elle  puifle  fervir 
notre  Succefleur;  6c  fon  gouvernement  6c  provifion  de  fes  places,  6c  Char- 
ges, fubfiiteront  en  la  même  manière  6c  forme,  qu'elles  ont  fait  jufques  à 
prefent . 

XXXIX.  La  garde  Efpagnole,  6c  Allemande,  continueront  d'affilier  au 
Palais  Roïal  comme  elles  ont  fait  jufques  à  prefent  pour  la  bienféance  6c  pour 
fprvir  la  Reine  nôtre  très-chere  6c  bien-aimée  Epoufe,  6c  porter  les  paquets 
qui  feront  adreflez  à  l'Aflemblée,  6c  à  la  Secretairerie  des  Dépèches,  ainli 
qu'il  s'elt  obfervé  pendant  notre  Régne. 

XL.  Pour  ce  qui  regarde  la  fleur  de  lys  d'or,  6c  beaucoup  d'autres  Reli- 
ques qui  apartenoient  au  Seigneur  Empereur  Charles-Quint  nôtre  Tris- 
ïu'eul ,  6c  le  lignum  Crucis  6c  plufieurs  autres  Reliques  qui  font  dans  le  Reli- 
quaire 


î 


ET    RESOLUT  TONS    D'E  T  A  T.  zo| 

quaire  de  la  Chapelle  Roïale,  8c  dans  leTrefor  que  le  Roi  nôtre  Seigneur  Se  x700- 
Père,  a  1  aidez  afrcéries,  Se  annexées  à  la  Couronne ,  Se  fuivant  la  dilpofition   ~ 
que  le  Roi  nôtre  Seigneur  Se  Perc  en  a  fait,  nous  ordonnons  qu'elle  s'obferve 
en  la  même  manière,  Se  conformément  à  ce  que  Sa  Majefté  en  a  ordonné. 

XLI.  Et  comme  le  Roi  nôtre  Seigneur  Se  Pcre  a  laifle  annexez  à  ladite 
Couronne  d'autres  Meubles  Se  Joïaux  qui  font  dans  ledit  Treior  de  ce  Palais 
de  Madrid ,  Se  plusieurs-  autres  Ornemens ,  Peintures,  8c  Tables  précieufes  qui 
font  audit  Palais ,  nous  ordonnons-que  les  Créanciers  à  qui  ils  font  hipotequez 
en  foient  païez  Se  fatisfaits  par  la  Couronne  jufques  à  leur  valeur,  la  chofe  de- 
vant être  faite  ainfi  pour  l'honneur  de  la  Couronne}  Se,  conformément  à  ce 
Règlement,  nous  ordonnons  qu'il  s'oblèrve  Se  s'exécute  dans  la  même  manière 
que  Sadite  Majefté  l'ordonna. 

XLII.  Et  à  l'égard  du  Palais,  Se  autres  Maifons  Roïales,  que  nous  avons 
en  cette  Cour,  Se  aux  environs,  Se  dans  d'autres  Citez ,  Villes,  Bourgs,  Se 
Villages,  nous  ordonnons  que  tous  les  Tableaux,  Tapifièries,  Miroirs,  Se  tous 
autres  Meubles  qui  les  ornent,  reftent  annexez  comme  nous  les  annexons  dès 
à  préfênt  avec  toute  la  force  du  pouvoir -que  le  droit  nous  donne  dont  nous 
nous  " 


ronne : 
ni  ali 

des  c'hefes  qui  y  font}  Se  pour  Paccomplifièment  de  cette  nôtre  volonté  nous 
ordonnons  que  lefdits  Meubles  Se  Ornemens  foient  reconnus,  par  des  Inven- 
taires qui  fe  trouveront  dans  lefiites  Maifons,  Se  qu'on  en  rafle  de  nouveaux, 
y  ajoutant  ce  qui  ne  fe  trouvera  pas  dans  les  vieux,  Se  dans  les  Contrerôles , 
Se  Bureaux  ;  Se  en  ceux  de  nôtre  Màifon  Roïale  on  y  en  gardera  des  Copies 
autentiques  aïant  inféré  cette  çlaufe,  afin  qu'en  tout  tems  il  fôit  notoire  que 
lefdits  Meubles  font  annexez,  Se  qu'ils  ne  doivent  point  être  donnez,  ni  alié- 
nez, en  aucune  manière  par  nôtre  Succefleur  Se  Succefleurs}  fi  ce  n'eft  en 
cas  oue  pour  la  défenfe  de  nôtre  Sacrée  Religion,  Se  de  nos  Rcïaumes,  on 
foit  contraint  d'ufer  des  (ècours  que  lcfcîites  choies  peuvent  produire  dans  des 
occafions  fi  légitimes}  pour  lefquels  cas  nous  laiflbns  libres  tous  ces  Meubles, 
dont  il  fera  néceflaire  de  fe  prévaloir  Se  fervir,  Se  non  pour  aucun  autre,  quel- 
que preflant  Se  important  qu'il  puifle  être;  Se  comme  nous  avons  dépenfé 
quelques  fommes  confidérables  en  pluficurs  Bàtimcns  Se  Ornemens,  Se  que 
nos  Roïaumes  Se  nos  Sujets  nous  en  ont  auflî  fourni  beaucoup  pour  nous  faire 
plaifir,  nous  ordonnons  qu'on  eftime  Se  qu'on  paie  leur  prix  à  nos  Créanciers 
par  les  foins  de  l' Aflèmblee  des  décharges ,  attendu  que  ces  Meubles  que  nous 
y  avons  ajoutez  peuvent  être  affectez  à  nos  Créanciers* 

XLIIt.  Le  Roi  nôtre  Seigneur  Se  Père  nous  a  laifle  S:  donné,  Se  à  nos 
Succefleurs  aux  Roïaumes,  un  Crucifix  auquel  font  attachées  des  Indulgen- 
ces, Se  qui  eit  pofé  en  notre  Garderobe,  avec  lequel  notre  Seigneur  l'Empe- 
reur notre  Triiaïeul  mourut,  Se  les  autres  Rois  jufques  à  Sa  Majefté,  Se  nous 
efpérons  faire  la  même  chofe:  Nous  conformant  à  cette  difpoiîtion  Se  prati- 
que, nous  le  laiflbns  à  notre  Succefleur,  Se  Succefleurs  à  la  Couronne,  com- 
me étant  une  très  pieufe  dévotion  Se  funt  Mémorial. 

XLIV.  Nous  déclarons  que  nous  avons  toujours  fouhaité  de  faire  juftice  à 
fora.  I.  A  a  nos 


206      MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

ï703-  nos  Sujets  &  Vaffaux,  Se  que  jamais  nous  n'avons  eu  intention,  ni  volonté, 
— ; — -  d'offenfer  perfonne-,  mais  au  cas  que  quelques-uns  aient  eu  fujet  de  plainte  ou 
qu'ils  aient  pu  prétendre  quelque  choie,  en  vertu  de  nos  réfolutions  &  difpo- 
fitions,  nous  ordonnons  qu'on  leur  donne  fatisfaétion  en  tout,  Se  qu'on  paie 
tout  ce  que  je  dois  à  mes  Serviteurs  &  Domcftiques  Se  à  toute  autre  perfon- 
ne >  Se  nous  prions  Se  chargeons  notre  Succeffeur  Se  tous  les  autres  qui  gou- 
verneront en  fa  minorité  ,  qu'ils  fupléent  ce  qui  manquera  de  notre  fonds 
Roïal  jufqucs  à  la  véritable  Se. parfaite  fatisfaâion  de  nos  dettes  Se  des  torts  Se 
outrages  que  nous  pourrions  avoir  faits. 

XLV.  Nous  prions.  Se  chargeons  nos  Succeffeurs,  que  durant  le  tems  de 
leur.  Gouvernement  en  ce  Roïaume,  ils  évitent  avec  foin  les  dépenfes  fuper- 
fluës,  Se  qu'ils  foulagent  leurs  Sujets,  Se  diminuent  les  Tributs,  Se  Impor- 
tions; car,  quoi  qu'ils  les  accordent  volontairement,  ils  ne  laiffent  pas  de  s'en 
trouver  furchargez,  parce  que  la  prière  Se  la  volonté  des  Rois  en  cela  leur  fait 
faire  de  trop  grands  efforts  :  Se  fi  les  Rois  avoient  le  moïen  de  remédier  à 
leurs  néceflîtez  quoi  qu'elles  fuffent  bien  preffantes , .  ils  ne  devroient  jamais 
demander  aucuns  fecours  à  leurs  Sujets  Se  Vaffaux  j  ainfi  l'on  doit  abolir  les 
Tributs  toutes  les  fois  que  les  néceffitez  ceffènt. 

XLVI.  Pareillement  je  charge  nos  légitimes  SuccefTeurs  à.  nos  Couronnes 
&  Seigneuries,  que  pendant  qu'ils  en  feront  les  Poffeffeurs  ils  honorent  leurs 
Roiaumes  Se  veillent  pour  leur  confervation  Se  pour  leur  avantage ,  qu'ils 
confîdérent,  favorifent  Se  protègent  leurs  Sujets  fuivant  leurs  mérites  ;  Se  quoi 
que  ceci  foit  général  pour  tous  nos  Roiaumes,  nous  leur  recommandons  par- 
ticulièrement, d'avoir  beaucoup  d'amour  Se  de  foin  de  nos  Roiaumes  d'Efpa- 
gne,  Se  plus  expreffément  encore  pour  la  Couronne  de  Caftille,  parce  qu'il 
cft  notoire  que  les  forces  de  monde ,  Se  d'argent ,  qu'elle  a  fourni ,  dans  le 
tems  de  nos  Seigneurs  les  Rois  nos  Aiculs,  en  celui  du  Roi  notre  Seigneur  Se 
Père,  Se  au  nôtre, pour  les  Guerres  de  Flandres,  Allemagne,  France,  Italie, 
Se  autres  endroits  -,  Se  les  fervices  Se  effuiîon  de  fang  qu'elle  a  rendus  Se  fouf- 
ferts,  Se  qu'elle  rend  Se  fouffre  au  continu,  pour  la  défenfe  de  la  Religion  Ca- 
tholique ,  ne  fe  peuvent  affez  reconnoître. 

XL VII.  Item  qu'on  adminiftre,  Se  qu'on  faffe  adminiftrer  la  Juftice  à  tous 
nos  Roiaumes  Se  Seigneuries,  à  nos  Sujets  Se  autres  perfonnes,  équitable- 
ment  Se  fans  aucune  acception  de  perfonne.  Se  qu'en  ceci  ils  foient  les  Pères 
Se  les  apuis  des  Orphelins,  Veuves,  Se  perfonnes  néceffiteufes  Se  miférables, 
afin  qu'elles  ne  foient  pas  oprimées  par  les  Riches  Se  Fuiffans:  car  c'eft  le  de- 
voir efTentiel  des  Rois,  afin  qu'à  chacun  foit  confervé  fon  Droit,  Se  que  tous 
vivent  en  paix  Se  tranquillité,  amour  Se  obéïffance  envers  leur  Roi. 

XLVIII.  Nous  recommandons  très-particulièrement  à  notre  Succeffcur  Se 
Succeflèurs  de  favorifer  Se  protéger  tous  les  Sujets  Se  Vaffaux  étrangers ,  Se 
de  fe  fier  en  eux  comme  l'on  fait  de  ceux  de  CafHlle,  parce  que  c'eit  le 
moien  le  plus  efficace  pour  les  conferver  en  amour  dans  les  endroits  ou  notre 
préfence  Roïale  ne  fe  trouve  pas. 

XLIX.  Et  parce  que  j'ai  trouvé  ces  Roiaumes  fort  chargez  de  Tributs , 
nous  les  avons  foulugrz  dc'quelqucs-uns,  n'aiailt  pas  fait  en  cela  ce  que  nous 
aurions  voulu  3  les  Guerres  Se  les  ncccflïtcz  de  notre  tems  nous  en  aiant  em- 
pêché) 


ET    RESOLUTIONS    D*E  T  A  T.  107 

péché.  Cependant,  comme  il  eft  très-avantageux  à  notre  Couronne  de  foula-    i?00- 
ger  nos  Sujets  le  plus  qu'il  fera  poffible,  Nous  recommandons  à  nos  Succef-  ' 

leurs  d'Ôter  de  ces  Tributs  le  plus  qu'il  leur  fera  poffible,  6c  que  les  ncceffitez 
publiques  le  permettront;  6e  que  le  provenu  de  ces  fubfides ,  &  d'autres  ren- 
tes, Se  du  Patrimoine  ne  foit  emploie,  ni  confumé  en  gratifications,  ni  au- 
tres bienfaits  volontaires:  car  cela  ne  fe  peut,  ni  ne  fe  doit,  parce  que  c'eft 
le  fang  des  Sujets,  6c  qu'il  n'y  a  que  la  defenfe  de  la  Religion,  qui  puiffe  juf- 
tifier  l'incommodité  qu'on  leur  fait  en  cela;  6e  pour  mieux  y  reufîir  on  doit 
procurer  par  tous  les  moiens  poffibles  de  dégager  lefdites  rentes. 

L.  Nous  conformant  aux  Loix  de  nos  Roiaumes  qui  défendent  l'aliénation 
des  Biens  de  la  Couronne  8c  de  fes  Seigneuries,  nous  ordonnons  Se  chargeons 
notre  Succeïïcur  6e  SuccefTeurs  que  durant  le  tems  de  leur  gouvernement  ils 
n'aliènent  aucune  chofe  defdits  Roiaumes,  Etats,  6e  Seigneuries,  ni  qu'ils 
les  divifent  ni  partagent ,  mêmes  entre  leurs  propres  Enfàns.,  ni  en  faveur 
d'aucune  autre  perfonne;  &  nous  voulons  que  tous  lefdits  Roiaumes  6e  tout 
ce  qui  leur  apartient,  ou  pourrait  apartenir  enfemble,  ou  à  chacun  en  parti- 
culier, 6c  tous  autres  Etats  qui  pourraient  apartenir  par  fucceffion  à  nos  Hé- 
ritiers  après  nous,  fe  confervent  enfemble,  ÔC  foient  toujours !  joints  comme 
des  Biens  indivifibles  6c  impartiables  de  cette  Couronne,  6c  autres  nos  Roiau- 
mes, Etats,  6c  Seigneuries,  ainfi  qu'ils  font  préfentement ;  6c  fi  par  grandes 
&  prenantes  néceffitez  ils  vouloient  aliéner  quelques  Sujets,  ils  le  feront  avec 
le  Confeil  Se  au  gré  des  perfonnes  intéreffées,  6c  contenues  en  la  Loi  que  fit  le 
Seigneur  Roi  Jean  Second,  parce  qu'elle  fut  établie  du  mutuel  confentement 
dans  les  Etats  qui  fe  tinrent  à  Valladolid  l'an  mil  quatre  cens  quarante-deux., 
6c  enfuite  confirmée  par  les  Seigneurs  Rois  6c  Reine  Catholiques  Ferdinand 
Se  Isabelle  nos  Prédécefleurs,  le  Seigneur  Empereur  notre  Trifaïeul  en 
TAfiemblée  qu'il  tint  à  Valladolid  L'an  mil  cinq  cent  vingt  6c  trois,  6c  depuis 
par  notre  BifaïeUl,  notre  Aïeul,  6c  le  Roi  notre  Seigneur  6c  Père,  par  leurs 
Teftamens,  6c  de  nouveau  nous  la  confirmons,  voulons,  6c  ordonnons,  qu'on 
la  garde,  6c  qu'on  l'accompliffe. 

LI.  Et  comme  la  Reine  Isabelle,  6c  après  elle  le  Seigneur  Empereur 
notre  Trifaïeul,  6c  les  autres  Seigneurs  Rois  fes  SuccefTeurs  jufques  au  Roi 
notre  Seigneur  6c  Père,  ont  laifîe  6c  ordonné  en  leurs  Teftamens ,  que  tous 
les  Droits,  Impofitions  6c  Tributs  apartenant  à  la  Couronne  Roïale  6c  aux 
Patrimoines  de  nos  Roiaumes  6c  Seigneuries,  foient  perçus  par  tous  les 
Grands  Se  Chevaliers  de  ces  Roiaumes,  nous  le  voulons  6c  réglons  auffi  en  la 
même  manière. 

LU.  Or  comme  les  grandes  occupations  qui  nous  font  fûrvenuës  en  tems 
de  Paix,  6c  de  Guerre,  6c  quelques  autres  Affaires  importantes,  durant  le 
cours  de  notre  Régne  nous  ont  empêché  de  remédier  a  plufieurs  abus,  6c 
principalement  à  celui  des  impofitions  des  Droits  que  les  Grands  ont  coutu- 
me de  lever  :  pour  obvier  à  ce  que  les  Grands  6c  autres  perfonnes  ne  veuillent 
les  continuer  comme  en  aiant  un  Droit  irrévocable,  par  notre  tolérance  6c 
diffimulation  ;  nous  voulons  leur  déclarer  que  nous  ou  nos  SuccefTeurs  fommes 
en  droit  6c  pleine  PuifTance  d'en  changer  l'uiage,  comme  effectivement  nous  le 
changerons  quand  il  nous  plaira.    Pour  cet  effet,  de  notre  propre  mouve» 

Aa  2,  ment, 


2o8     MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

itco.  crient,  certaine  feience  Se  pouvoir  Roïal  abfolu,  duquel  nous  voulons  nous 
~~  fervir  Se  nous  fervons  en  cette  occafion  comme  Roi  Se  fouverain 
Seigneur,  ne  reconnoiflant  dans  le  temporel  aucun  Supérieur  en  la  Terre  j 
nous  révoquons,  caflbns,  annulions,  &  déclarons  pour  néiuit,  &  d'aucune 
valeur,  ladite  tolérance,-  diflïmulation,  &  licence,  que  nous  aurons  fait  paroî- 
tre  ou  foufferte  &  accordée  &  que  nous  pourrons  accorder  de  Paroles ,  &  par 
écrit,  pofleflîon  &  jouïfîance  d'un  long  Se  très  long  tems,  quand  il  ferait  de 
cent  ans,  &  tel  que  pourrait  être  de  mémoire  d'homme,  afin  qu'il  ne  leur 
puiflê  pas  être  d'aucune  utilité,  &  que  le  droit  de  la  Couronne  relie  toujours 
en  ion  entier;  &  que  nous  Se  les  Rois  nos  Succeflëurs  auxdits  Roïaumes  puif- 
fîons  r'incorporer  à  la  Couronne,  &  à  notre  Patrimoine  Roïal,  leldites  Im- 
portions, Tributs,  &  Droits,  de  quelque  manière  qu'i}s  leur  apartiennent, 
comme  étant  chofes  annexées  à  ladite  Couronne,  dont  jamais  elles  n'ont  pu, 
ne  peuvent,  ni  ne  pourront  être  féparées ,  en  vertu. d'aucune  tolérance,  per- 
miflion,  diflïmulation,  ou  jouïffànce  immémoriale,  ni  par  une  licence  expref- 
fe  ou  Coftceflïon ,  qu'on  pourrait  avoir  de  nous  Se  des  Rois  nos  Prédécef- 
feurs,  en  vertu  de  ce  que  la  Reine  Isabelle,  le  Seigneur  Empereur  mon 
Trifaïeul,  Se  les  autres  Seigneurs  Rois  leurs  Succeflëurs  jufques  au  Roi  notre 
Seigneur  Se  Père,  ont  laiflé  réglé. 

LUI.  Nous  déclarons  que  nous  avons  toujours  eu  foin  d'empêcher  que  les 
Gaiennes  5c  Forêts  que  nous  avons  en  plulïeurs  endroits  de  nos  Roiaumes , 
ne  caufaflènt  aucun  dommage  à  nos  Sujets  Se  Vaflaux  en  leurs  biens  Se  héri- 
tages. Cependant,  lï  au  tems  de  notre  décès  on  n'a  point  donné  de  latisfac- 
tion  aux  Villages  qui  en  ont  reçu  dommage  par  notre  chafle,  nous  ordon- 
nons que  notre  Grand  Veneur  examine  les  pertes  de  nos  Sujets,  Se  que  félon 
Je  raport  qu'il  en  fera  on  les  fatisfafle  incontinent  fans  aucune  autre  vérifica- 

i  tion  ni  diligence. 

CD 

LIV.  Pareillement  nous  déclarons  que  pour  les  augmentations  des  Bâti- 
mens  que  nous  avons  ordonné  de  faire  au  Buen-Retiro ,  Palacio^  Se  autres 
Maifons  de  Campagne,  qui  ne  font  fous  la  Direction  de  l'Aflèmblée  >  defdits 
Bâtimens,  Se  Forêts,  nous  en  avons  aflïgné  le  coût  fur  les  deniers  provenant 
de  nos  Roïales  dépenfes  fecrétes,  l'aïant  fait  diitribucr  par  les  mains  dejoleph 
del  Olmo ,  Intendant  des  Bâtimens  Roïaux  ;  Se  parce  que  peut-être  ces  Bâ- 
timens feront  continuez  par  la  même  main,  ou  par  celle  de  l'Intendant  qui 
lui  fuccédera,  nous  ordonnons,  Se  c'ell  notre  volonté,  qu'on  le  fitisfafle,  fé- 
lon qu'il  aparoîtra  lui  être  dû  pour  les  Bâtimens  fui'dits,  conformément  au 
raport  qu'il  en  produira,  fait  avec  ferment,  aïant  été  fait  pour  un  plus  grand 
Ornement  Se  commoditez  defdites  Maifons  Roïales  :  Se  comme  il  fe  peut  que 
Don  Philippe  de  Torres  notre  Secrétaire  de  la  Chambre  en  charge ,  Se  l'on 
SuccefTeur,  auront  fourni  quelques  fommes  fur  l'argent  qu'ils  reçoivent  del 
Bollïllo  Se  autres  revenus,  nous  ordonnons,  qu'on  s'en  raporte  a  ce  qu'ils 
en  diront,  à  caufe  de  la  confiance  Se  expérience  que  nous  avons  de  ces  Do- 
mefliques. 

LV.  Nous  ordonnons  que  toutes  nos  dettes  ibient  païées  au  plutôt  par  les 
foins  de  tous  les  Exécuteurs  de  notre  Teflament  nommez  en  l'Aflèmblée 
qu'on  doit  tenir  pour  cela  avec  le  Secrétaire  des  décharges ,  en  pourvoïant 

cou- 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.  109 

convenablement  à  ce  qui  preffera  le  plus ,  6c  fur-tout  pour  ce  qui  regarde  la    1700. 
décharge  de  notre  confcience.  -' 

LVL  Et  parce  que  dans  les  Teftamens  des  Seigneurs  Rois  nos  Prédécef- 
feurs,  il  y  a  plufieurs  claufes  qu'on  a  répétées  jufques  au  Roi  nôtre  Seigneur 
Se  Père,  pour  ce  qui  regarde  la  décharge  de  leurs  confeiences,  qui  par  le 
malheur  des  tems  n'ont  pu  être  exécutées  ;  6e  que  pour  cet  effet  des  le  tems 
dudit  Seigneur  Empereur,  on  a  afligné  plufieurs  Rentes  de  la  Couronne  qui 
font  en  la  difpofition  de  l'Aflemblée  des  décharges ,  nous  ordonnons  qu'elles 
s'adminiftrent  en  la  même  forme  6c  manière,  y  ajoutant  .celles  que  le  Roi 
nôtre  Seigneur  &  Père  y  deftina,  afin  que  de  leur  produit  on  fatisfafle  aux 
dettes,  fans  diminution  du  capital,  affigné  à  l'exécution  du  Teftament,  Se  fans 
qu'il  s'en  faffe  aucun  décompte ,' mais  qu'elles  demeurent  toujours  entières 
étant  païées  fort  ponctuellement  y  allant  de  l'intérêt  de  nos  Succeflcurs,  afin 
qu'on  obferve  la  même  chofe  à  leur  égard. 

LVII.  Et  en  ce  qui  refte  de  tous  nos  Biens,  Droits,  Se  Actions  "de  quelque 
manière  qu'ils  nous  apartiennent  de  nôtre  Teftament,  étant  païez  entière- 
ment, félon  fa  forme  Se  teneur  ;  nous  laiflbns  Se  nommons  pour  nôtre  Héritier 
ledit  Succeffeur  de  nos  Roïaumes,  afin  qu'il  en.  jou'iïïè  avec  la  Bénédiction  de 
Dieu ,  Se  en  vertu  de  cette  déclaration  de  nôtre  volonté. 

LVIII.  Pour  la  prompte  exécution  de  ce  préfent  nôtre  Teftament,  Se 
dernière  Volonté,  nous  nommons  pour  Exécuteurs,  univerfellement  en  tous 
nos  Roïaumes,  Etats,  Se  Seigneuries,  dedans  Se  dehors  l'Efpagne,  la  Reine 
nôtre  très-chere  Se  bien-aimée  Epoufe  ;  nôtre  Echanfon ,  Se  à  lbn  défaut  le 
plus  ancien  Gentilhomme  de  chambre  jufques  à  ce  qu'il  y  en  ait}  nôtre  pre- 
mier Majordome,  Se  à  fon  défaut  le  plus  ancien  Majordome  jufques  à  ce 
qu'il  y  en  ait;  nôtre  premier  Ecuier,  ou  celui  qui  exercera  fa  Charge^  notre 
premier  Aumônier;  nôtre  Confeffeur,  Se  celui  qui  lui  fuccédera  en  Cet  Em- 
ploi ;  celui  qui  fera  Préfident  ou  Gouverneur  du  Confeil  de  Caftille ,  Se  n'y 
en  aïant  pas,  celui  qui  fera  le  plus  ancien, jufques  à  ce  qu'il  y  en  ait;  celui. qui 
fera  Vice-Chancelier  d'Arragon ,  Se  n'y  en  aïant  pas,  celui  qui  fera  le  plus  an- 
cien, jufques  à  ce  qu'il  y  en  ait;  celui  qui  fera  Inquifiteur  Général,  Se  n'y 
en  aïant  pas,  celui  qui  fera  le  plus  ancien  du  Confeil  de  rinquifition,jufqu'a  ce 
qu'il  y  en  ait;  le  Préfident  des  Indes,  Se  à  (on  défaut  le  plus  ancien,  iuf- 
ques  à  ce  qu'il  y  en  ait;  celui  qui  fera  Prieur  de  St.  Laurent  le  Roïal:  Se 
nous  voulons ,  Se  ordonnons,  que  nofdits  Exécuteurs  de  ce  Teftament ,  fè  faf- 
fent  inftruhe,  &  qu'ils  puifîènt  euvoïer  ceux  du  Gouvernement  dans  tous  les 
endroits  de  nos  Roïaumes  Se  Seigneuries,  dedans  6e  dehors  l'Efpagne y  Se  au- 
tres Miniftres  6e  perfonhes  qui  y  réfident,  félon  qu'ils  le  jugeront  à  propos, 
pour  l'exécution  6e  entier  accompliffement  de  ce  nôtre  Teftament. 

LIX.  C'eft  nôtre  volonté,  6e  nous  ordonnons,  que  cette  nôtre  écriture ,.. 
Se  tout  ce  qui  y  eft  contenu,  foit  tenu  pour  nôtre  Teitament,  6e  dernière 
Volonté,  en  la  meilleure  forme  Se  manière  qu'il  puifiè  valoir,  Se  être  plus 
utile  6c  plus  favorable:  6c  fi  ce  préfent  nôtre  Teftament  avoit  quelque  dé- 
faut, ou  omillïon,  ou  qu'il  manquât  de  formalité ,  ou  folemnité  requilè  tant 
grande  qu'elle  puiffe  être,  ou  qu'il  y  eut  quelques  autres  défauts,  Nous,  de 
nôtre  propre  mouvement ,  certaine  feience ,  6e  pouvoir  Roïal  abfolu ,  duquel 

Aa  j  nous, 


no      MEMOIRES,  NEGOTÏATIONS,  TRAITEZ, 

■I7ÇQ-  nous  voulons  ufer  en  cette  occafîon,  6c  duquel  nous  ufons,  nous  y  fupléons 
*~  &  voulons,  Se  c'eft  nôtre  volonté,  qu'il  y  foit  fupléé,  8c  ôtons  6c  levons  tout 

obftacle  &  empêchement  à  l'exécution  de  nôtre  fufdit  Teftament ,  ainfi  de 
fait,  comme  de  droit j  6c  voulons,  déclarons,  èc  ordonnons,  que  tout  ce 
qui  y  eft  contenu  ,  s'obferve,  s'exécute  6c  accompliiïe,  fans  avoir  égard  à 
aucune  Loi  quelle  qu'elle  foit ,  Conftitutions ,  Proclamations,  6c  Décrets 
communs,  6c  particuliers,  defdits  Roiaumes,  Etats,  èc  Seigneuries,  qui  y 
foient  contraires  ou  qui  le  puifTent  êtrej  6c  nous  voulons  6c  ordonnons  que 
chaque  article  ou  partie  de  ce  qui  eft  contenu  6c  déclaré  en  ce  nôtre  Tefta- 
ment ,  foit  regardé  6c  tenu  pour  Loi  6c  qu'il  ait  force  6c  vigueur  de  Loi ,  fai- 
te 6c  proclamée  aux  Aflemblées  générales  avec  meure  délibération ,  6c  qu'au- 
cun Privilège,  ni  Droit,  ni  aucune  autre  Difpofition,  lui  préjudiciej  parce 
que  nôtre  volonté  eft  que  cette  Loi  que  nous  faifons  ici  déroge,  6c  abroge, 
comme  étant  dernière,  toutes  fortes  de  Privilèges,  Loix,  6c  Décrets,  Cou- 
tumes, Manières,  6c  autres  Difpofitions ,  de  quelque  nature  que  ce  foit,  qui 
pourroient  y  contredire  :  6c  par  ce  nôtre  Teftament  nous  révoquons,  6c  dé- 
clarons pour  non  avenu,  6c  d'aucune  valeur,  ni  effet,  tout  autre  Teftament, 
Codicile,  ou  Codiciles,  ou  quelqu' autre  dernière  Volonté  qu'avant  ce  Tefta- 
ment nous  aïons  foit,  6c  oétroïé,  avec  quelques  fortes  de  claufes  dérogatoires, 
en  quelque  forme  6c  manière  que  ce  foit ,  lefquels  6c  chacun  d'eux  qu'on  pro- 
duife,  voulons  6c  déclarons  qu'on  n'y  ajoute  point  de  foi  en  Jufticè,  ni  autre 
part  :  fauf  celui-ci  que  nous  faifons  à  cette  heure ,  6c  déclarons  que  c'eft  nô- 
tre dernière  Volonté,  en  laquelle  nous  voulons  mourir,  6c  eft  écrit  en  cin- 
quante 6c  deux  feuilles,  toutes  en  papier  de  lettres  ou  paquets  entiers  de  cette 
écriture,  6c  des  papiers  communs,  6c  trois  6c  demi  en  blanc.  En  foi  de- 
quoi ,  Nous  le  Roi  Don  Charles  le  reconnoifïbns  6c  le  fignons  en  la  Ville 
de  Madrid ,  ce  deuxième  Octobre  1 700. 

Ainfi  figné., 

YO  EL  REY. 

Copie     T^TOus  Charles.,  par  la  Grâce  de  Dieu,  Roi  de  Caftille ,  de  Léon, 
du  Co-    .L\  d'Arragon,  Comte  de  Flandres.,  6cc.     Difons,  que  nous  trouvant  en  la 
diCnCA  U  maladie  qu'il  a  plû  à  nôtre  Seigneur  de  nous  envoïer  :  mais  pourtant  avec  no- 
nce      tre  entendement  ordinaire  avons  o&roïé,  6c  fait  un  Teftament  fcellé ,  daté 
du  z.  d'Oérobre  de  l'an  1700,  par  devant  Don  Antoine  de  Ubilla  6c  Médina, 
Chevalier  de  l'Ordre  de  St.  Jaques,  de  nôtre  Confeil  d'Etat,  de  la  Négocia- 
tion  d'Italie   6c  des  Dépêches  univerfelles ,    Notaire  Public  ,   en  tous  nos 
Roïaumes,  6c  Seigneuries,  &C  les  témoins  qui  y  font  nommez. 

I.  Et  parce  qu'en  une  des  claufes  qui  y  font  contenues,  nous  déclarons  6c 


quelqu 

Roïaume,  elle  voulut  s'apliquer  à  le  gouverner,  nôtre  SuccefTeur  en  pourra 
difpofer  en  fa  faveur,  lui  donnant  des  Miniftres  expérimentez  6c  pourvus  de 
toutes  les  qualitez  néceflairesj  6c  fi  elle  vouloit  vivre  en  quelqu'une  des  Vil- 


les 


ET    RESOLUTIONS    D'ETAT.  iti 

lès  de  ces  Roïaumes,  on  lui  en  donnera  le  Gouvernement,  6c  de  tout  fon    1700. 

territoire  avec  la  lurifdiftion  :  8c  à  préfent  pour  une  plus  grande  extention  de  

ladite  chute,  6c "pour  la  ïàtisfaétion  de  la  Reine,  nous  voulons  que  fi  elle 
trouvoit  lui  convenir  plus,  à  caufe  de  fon  rang,  de  fe  retirer  dans  les  Etats 
que  nous  avons  en  Flandres,  pour  y  vivre,  8c  qu'elle  voulut  fe  dédier  à  les 
gouverner,  il  lui  en  fera  donné  le  Commandement  8c  le  Gouvernement  par 
notre  SuccefTeur,  en  la  même  forme  &  manière  qu'on  auroit  fait  pour  quel- 
qu'un des  Roïaumes  d'Italie  qu'elle  auroit  élu,  en  vertu  de  la  claufe  du  Tcf- 
tament,  lui  donnant  des  Miniftres  qui  feroient  les  plus  propres  pour  cela. 

II.  Nous  ordonnons,  que  l'édifice  que  nous  avons  commence  (en  vûë  d'u- 
ne plus  grande  vénération  au  Saint  Sacrement)  en  la  Chapelle  du  Palais 
Roïal ,  que  nous  avons  en  cette  Ville  de  Madrid ,  &  dont  on  paie  fur  mon  - 

^  compte  la  dépenfe  &  celle  de  fes  ornemens ,  s'achève  par  notre  SuccefTeur  juf- 
ques  à  le  mettre  en  bonne  forme,  fuivant  en  tout  les  Plans  8c  Accords  qu'on 
a  faits,  6c  qu'on  l'avance  le  plus  promptement  qu'il  fera  poflîble,  en  forte 
qu'on  y  puiflè  pofer  au  plutôt  le  Saint  Sacrement  avec  la  folemnité  requife.^ 

III.  Nous  ordonnons  6c  donnons  aux  Convents  Roïaux  des  déchauffées 
Francifcanes  ;  à  celui  de  l'Incarnation  ;  aux  Auguftines  Recolettes  ;  à  celui 
de  Sainte  Terefe,  6c  à  celui  de  Sainte  Anne  j  aux  Carmélites  Déchauflees, 
une  pièce  de  meuble  à  chacun  pour  fon  ornement,  ainfi  que  la  Reine  notre 
très-chere  6c  bien-aimée  Epoufe,  le  choifira,  6c  nous  la  prions  6c  exhortons 
dé  l'accomplir  ainfi. 

IV.  Item  nous  voulons,  6c  c'eft  notre  volonté,  que  le  Convent  des  Reli- 
gieufes  Carmélites  Déchauflees ,  du  titre  Saint  Jofeph,  de  la  Ville  d'Avila, 
s'incorpore  £c  s'agrège  au  Patronat  Roïal,  aiant  ordonné  pour  cela  la  fomme 
ou  fommes  qui  feront  néceflaires  :  devant  être  réglé  le  tout  par  la  Chambre 
de  Cailille  félon  la  forme  accoutumée. 

V.  Nous  ordonnons  6c  commandons,  que  quand  on  paiera  les  dettes  que 
nous  laiflerons ,  on  paie  aufli  tout  ce  qui  fera  du  jufques  au  :,our  de  notre  dé- 
cès, dont  on  prefentera  un  état  fuivant  l'ordre  de  la  Reine  notre  très-chere 
6c  bien-aimée  Epoufe. 

VI.  Aiant  fouhaité  toute  ma  vie  que  la  glorieufc  Sainte  Terefe  de  Jefus , 
ait  le  Compatronat  de  nos  Roïaumes  d'Efpagnc  pour  la  fpéciale  dévotion  que 
nous  lui  portons,  .nous  recommandons  à  notre  SuccefTeur  8c  à  nos  Roïaumes 
qu'ils  difpofent  la  chofe  comme  en  devant  attendre  de  très-importans  bénéfi- 
ces par  l'interceffion  de  cette  Sainte. 

VII.  Et  afin  que  ces  précautions  ne  foient  pas  inutiles,  nous  faifons  ce  Co- 
dicile,  que  nous  voulons,  qu'il  vaille  comme  fi  tout  fon  contenu  étoit  inféré 
dans  notre  dit  Teftament  fcellé,  que  Nous  laiflbns  en  toute  fa  force  8c  vi- 
gueur, en  ce  qui  ne  fera  contraire  à  ce  que  nous  ordonnons  ici,  8c  nous  or- 
donnons 8c  voulons  qu'il  aille,  8c  que  quand  on  l'ouvrira,  avec  la  folemnité 
du  Droit,  on  hiTe  le  même  de  ce  Codicile,  8c  qu'on  le  joigne  avec  lui,  afin 
qu'il  en  ait  la  même  valeur  8c  force  ;  Se  il  eft  écrit  en  quatre  feuilles  avec 
celle-ci.  Et  pour  Pautorifer  8c  reconnoître  fcellé,  nous  l'avons  figné  en  la 
Ville  de  Madrid  le  cinquième  jour  d'Octobre  de  mil  8c  fept  cens. 

Ainfi  ligné'.  Y.O  EL  R.EY. 

CQ- 


1700. 


zii      MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

'  CO  P IE  du  Mémoire  mentionné  dam  le  Teftament. 

NO  us  nommons  Don  Rodrigue  Manuel  Man triques  de  Lara,  Comte  de 
Frigiliane,  Gentilhomme  de  notre  Chambre,  de  notre  Confèil  d'Etat, 
afin  que  comme  en  étant  Minirtre,  il  entre  en  l'Affemblée  que  nous  avons 
affignée  par  notre  Teftament,  pour  le  gouvernement  de  nos  Roïaumes,  dans 
l'intérim  jufques  à  ce  que  notre  Succeffeur  en  piaffe  prendre  pofieflîon  ;  &  fe 
devant  trouver  en  l'Afiemblée  un  Grand  aulli  pour  reprefenter  la  NobleiFe, 
nous  nommons  Don  Francifco  Cafimiro  Pimentel,  Comte  de  Benavent,  no- 
tre Echanfon  :  8c ,  afin  qu'il  foit  exécuté  ainfi ,  nous  l'avons  figné  à  Madrid 
le  z.  Octobre  1700.    Ainfi  figné, 

YO  EL  REY. 

L'on  fut  furpris  de  ce  Teftament.  Cependant,  Ton  s'attendoit  toujours 
que  le  Roi  Très-Chrêtien  obferveroit  religieufement  le  Traité  de  Partage. 
C'eft  d'autant  plus  que  le  Comte  de  Briord  l'avoit  plusieurs  fois  affiiré.  Il 
avoit  même  ,  par  ordre,  demandé  un  fecours  de  Troupes  &  de  VaifTeaux 
pour  aider  à  la  France  à  fe  mettre  en  pofTeffion  de  ce  que  le  Traité  de  Parta- 
ge lui  dellinoit.  On  lui  avoit  répondu  que  pour  les  Troupes  elles  étoient 
prêtes ,  &  qu'on  accordoit  douze  Vaifîèaux ,  qu'on  ordonnoit  aux  Collèges 
de  l'Amirauté  de  préparer.  On  en  avoit  promis  quinze  de  la  part  de  l'Angle- 
terre i  mais  comme  au  commencement  d'Octobre  le  Roi  Catholique  avoit 
paru  fe  rétablir,  on  avoit  ordonné  de  travailler  lentement  à  l'armement  de  ces 
Navires.  Les  nouvelles  de  ce  rétabliffement  furent  caufe  que  le  Comte  de 
Sinzendorf)  Envoie  Extraordinaire  de  l'Empereur  à  la  Cour  de  France,  qui 
avoit  fait  demander  une  Audience  au  Roi  de  France,  en  vûë  de  déclarer  l'ac- 
ceptation du  Partage ,  fut  trouver  le  Marquis  de  Torci.  C'étoit  pour  le  prier 
de  dire  au  Roi,  qu'il  ne  vouloir  pas  lui  donner  le  trouble  de  la  lui  donner, 
puifque  fa  Commifiion  n'avoit  point  de  lieu.  Ce  répit  ne  dura  cependant  pas 
long-tems.  C'eft  que  dès  le  1 1 .  de  Novembre  l'on  fe  prépara  à  aprendre  la 
mort  du  Roi  Catholique.  C'étoit  par  un  Exprès  que  le  Comte  de  Briord  re- 
çût ce  jour-là  -à  midi  avec  la  nouvelle  de  la  rechute  de  ce  Monarque.  Ce 
Comte  alla  d'abord  faire  part  de  ce  trifte  avis  à  Don  Bemardo  de  Quiros.  Ce- 
lui-ci, quoi  que  pénétré  de  douleur,  n'oublia  pas  fes  intérêts.  Il  fit  quelques 
ouvertures  indirectes  au  Comte  pour  être  indemnité  de  tout  ce  qui  lui  étoit 
dû  par  la  Cour  de  Madrid,  alléguant  que  fans  cela  il  étoit  ruine.  Le  Comte 
lui  fit  efpérer,  qu'il  pourrait  bien  le  faire  récompenfêr  par  Ton  Maître,  fi  le 
cas  écheoit.  Ledit  Comte  alla  enfui  te  vers  le  Confeiller-Penfionnaire,  pour 
lui  faire  la  même  communication.  Sa  vifite  dura  bien  une  heure,  Se  ne  rou- 
la que  fur  des  proteftations  de  lincérité  du  Roi  Ion  Maître  pour  l'exacte  ob- 
fervation  du  Traité  de  Partage.  Il  infifta  même  de  nouveau  fur  l'Armement 
Naval,  afin  qu'on  le  prcfîat.  On  ne  tarda  cependant  pas  à  s'aperce»  oir,  que 
toutes  ces  pompeufes  ck:  réitérées  afïiirances  n'étqient  qu'un  fbporifique  palia- 
tif.    Car  le  Jeudi  iS.  Novembre  arrivèrent  deux  Exprès,    L/uiv étoit  de  h 

Cour 


ET    RESOLUTIONS    D'ETAT.         213 

Cour  Impériale  au  Comte  de  Go'és,  &  l'autre  de  celle  de  France  au  Comte  I7°5- 
de  Briord,  qui  arriva  à  onze  heures.  Le  premier  alla  à  quatre  heures  après 
midi  chez  le  Confeiller-Penfionnaire ,  pour  lui  déclarer  que  Sa  Majefté  Impé- 
riale ne  donnerait  jamais  les  mains  à  aucun  Traité  pour  partager  la  Monarchie 
d'Elpagne.  Cette  démarche  parut  d'abord  fort  réfoluë,  d'autant  plus  que 
l'on  ne  croïoit  pas  la  Cour  Impériale  en  état  de  pouvoir  pouffer  avec  fuccès 
•ies  prétentions.  Le  Comte  de  Briord ,  qui  en  avoit  été  averti,  fè  rendit  auiTi 
chez  ledit  Confeiller-Penfionnaire  après  fix  heures  du  loir.  En  vertu  des  or- 
dres qu'il  avoit  reçu  par  fon  Exprès ,  il  lui  déclara ,  que  le  Roi  ion  Maître , 
aïant  pris  en  coniîdération  les  Affaires  préfentes,  voïant  que  l'Empereur  n'a- 
voit  point  accepté  le  Traité  de  Partage,  &c  que  peu  de  Princes,  fur- tout  les 
Couronnes  du  Nord  n'y  étoient  point  entrées,  &  voïant  d'ailleurs  la  peine 
que  faifoit  au  Roi  d'Angleterre  la  Sicile  entre  les  mains  des  François,  que 
pour  d'autres  importantes  raifbns,  &  attendu  la  difpolîtion  univerfèlle  des  Ef- 
-pagnols,  &  même  leur  empreflement  pour  avoir  le  Duc  d'Anjou  pour  Roi, 
il  avoit,  après  une -mûre  coniîdération  de  deux  jours,  réfolu  d'aquiefcer  à  la- 
demande  des  Efpagnols ,  &  de  leur  accorder  le  Duc  d'Anjou.  Il  ajouta ,  que 
Sa  Majefté  Très-Chrétienne  favoit  bien  que  par-là  Elle  perdoit  beaucoup;  mais, 
qu'elle  aimoit  mieux  renoncer  aux  avantages,  que  le  Traité  de  Partage  pro- 
curait à  fa  Couronne,  que  de  donner  lieu  a  une  Guerre  qui  troublerait  le  re- 
pos de  toute  l'Europe}  qu'il  efpéroit  que  la  réfolution  du  Roi  fon  Maître  fe- 
rait aprouvée,  lî  l'on  vouloit  mûrement  confidérer  l'avantage  qui  peut  en 
réfulter  pour  la  tranquillité  publique.  Le  Confeiller-Penfionnaire,  quoi  qu'é- 
tourdi du  coup ,  fit  au  Comte  de  Briord  de  fortes,  mais  inutiles  repréfenta» 
tions.  Ce  qui  donna  lieu  au  Comte  de  Briord  de  parler  de  la  peine,  que  fai- 
foit au  Roi  d'Angleterre,  la  Sicile  entre  les  mains  des  François,  fut  que  ce 
Roi,  avant  que  d'aller  s'embarquer  pour  repaffer  en  Angleterre,  avoit  fait  à 
ce  Comte  une  Propofition.  Elle  confiftoit  à  donner  la  Sicile  à  l'Electeur  de 
■Bavière.  C'étoit,  ajouta- t-il-,  afin  que  le  Parlement  Britannique  ne  prit  trop 
d'ombrage,  fi  la  France  avoit  ce  Roïaume-là,  à  caufe  du  Commerce  du  Le- 
vant, qui  pouvoit  par-là  recevoir  quelque  interruption. 

Le  lendemain  de  cette  notification,  les  Etats  Généraux  s'étant  afïêmb lez 
plus  matin  qu'à  l'ordinaire,  délibérèrent  là-deffus.  Ce  fut  cependant  fans  en 
venir  à  aucune  réfolution ,  parce  qu'ij/fàlloit  attendre  de  favoir  là-deffus  les  in- 
tentions du  Roi  de  la  Grande-Bretagne.  Sur  le  loir  les  principaux  de  l'Etat 
tinrent  une  efpéce  de  Confeil  Secret.  On  y  examina  quelle  utilité  ou  quel 
dommage  pouvoit  réfulter  à  l'Etat,  le  Duc  d'Anjou  étant  mis  fur  le  Trône 
de  la  Monarchie  Univerfèlle  d'Elpagne.  Quelques-uns  furent  d'abord  d'avis 
que  cela  n'étoit  aucunement  préjudiciable  à  la  République.  C'étoit  parce 
que  par-là  la  Monarchie  Efpagnole  venoit  à  relier  fur  le  même  pied  qu'elle 
avoit  précédemment  été,  aïant  un  Roi  particulier  qui  la  faifoit  continuer, 
fans  qu'il  y  eût  rien  qui  fut  annexé  à  la  Couronne  de  France.  D'autres ,  pe- 
lant plus  avant  la  matière-,  repréfentérent  les  mauvaifes  fuites,  que  ce  chan- 
gement pouvoit  entraîner.  On  y  dit,  que  peut-être  la  première  chofè  que, le 
nouveau  Roi  ferait,  ferait  d'exiger  que  les  Etats  Généraux  retiraffent  leurs  . 
Troupes  des  Pais-Bas  Efpagnols,  où  peut-être  la  France  y  fubftitucroit  d(?s 

Ism,  I.  Bb  fiennes. 


*ftf      MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

1700.  fiennes.  Par-là,  la  fameufe  Se  facréc  Barrière,  qui  fubfiftoit,  pour  ainfi  direy 
"  depuis  le  Roi  Henri  IV,  &  qui  faifoit  la  fureté  de  la  République,  vien- 
drait à  être  renverfée.  Qu'il  y  avoit  à  craindre  qu'en  vûë  d'affbiblir  l'Etat,, 
on  rétablirait  le  Commerce  à  Anvers,  (bit  par  le  Canal  qui  avoit  été  récem- 
ment propofé-,  foit  par  le  paflage  de  la  Zélande,  &  par  l'Efcaut,  qui  n'étoit 
bouché  que  par  les  Traitez.  Qu'on  étoit  informé  que  ce  jour-là  même  le 
Comte  de  Briord  aïant  été  faire  une  vifite  à  Don  Bernardo  de  Quirosr  ces 
Miniftres  s'étoient  embraflèz  à  fix  reprifes  pour  fe  féliciter  fur  l'acceptation 
du  Teftament,  Se  le  dernier  avoit  dit,  qu'on  pouvoit  rétablir  le  Commerce 
d'Anvers  par  les  anciennes  voies  de  Mer ,  fans  faire  brèche  aux  Traitez ,  qui 
y  paroifToient  opolêz.  Qu'il  pourrait  arriver y  que  ni  l'Angleterre,  ni  la  Ré- 
publique, ne  pourraient  rien  tirer  de  l'argent  qui  venoit  des  Indes  Occidentales 
Efpagnoles,  car  la  France  ferait  en  forte  d'en  attirer  la  plus  grande  partie 
dans  ion  Pais.  Que  ce  n'étoit  pas  dès  lors  qu'on  favoit  la  mauvaife  volonté 
de  la  France  contre  l'Etat,  qu'elle  regardoit  comme  celui  qui  avoit  le  plus 
traverfé  fon  agrandiflément  ;  &  qu'il  pourrait  arriver  que  le  Roi  de  France 
porterait  fon  Petit-Fils  à  faire  revivre  fes  prétentions  fur  l'Etat ,  qu'il  apuïe- 
roit  de  fes  Forces.  Que  quoi  que  la  France  en  agit  en  cette  conjoncture  ci- 
vilement, nourrillant  toujours  fon  indignation  contre  l'Etat,  elle  en  coniér- 
voit  toujours  la  mémoire,  quoi  qu'elle  fuprimât  l'eflbr  de  prétendues  offenfes. 
Que  le  nouveau  Roi  d'Efpagnc,  étant  une  Branche  des  Bourbons,  ferait  tou- 
jours attaché  aux  intérêts  de  celle  de  France,  ainfi  que  les  deux  Branches 
&  Autriche  avoient  toujours  fait.  Qu'il  étoit  vrai  qu'il  y  avoit  des  Traitez, 
mais  qu'ils  n'étoient  inviolables  qu'autant  que  la  Force  les  rendoit  tels.  Que 
dans  la  fuite  on  pourrait  même  attenter  de  traveifer  le  Commerce  des  Indes 
Orientales,  qui  étoit  un  des  principaux  foûtiens  de  la  Nation,  fans  compter 
celui  du  Levant,  qui  n'en  étoit  pas  un  des  moins  confidérablcs.  Que  les  Ma- 
nufactures de  laine  de  la  République  pourraient  tomber  par  l'empêchement 
qu'on  pourrait  aporter  de  tirer  les  laines  d'Efpagne,  la  France  les  faifant  peut- 
être  enlever  toutes  pour  faire  valoir  les  fiennes.  Cela  ferait  deferter  du  Païs 
un  nombre  très-confidérable  d'Ouvriers  &  autres  Gens,  qui  étant  réduits  à 
la  mendicité,,  fe  tranfporteroicnt  ailleurs  pour  trouver  de  quoi  vivre.  Ces 
raifons  avec  d'autres  déduites  par  des  gens  fages  &  clair- voians  firent  tomber 
d'accord,  qu'il  y  avoit  du  danger  à  concourir  à  l'exécution  du Teftament  en 
faveur  du  Duc  d'Anjou.  On 'mit  après  fur  le  tapis,  ce  qu'on  pouvoit  faire 
pour  l'empêcher,  puis  que  la  chofe  étoit  apuiée  par  un  Teftament,  6c  par 
l'inclination  univerlèlle  des  Efpagnols,  &  que  d'ailleurs  la  France  fe  trouvoit 
armée  &  puifiante.  A  l'égard  d'il  Teftament,  on  allégua  que  le  Traité  de 
Partage,  qu'on  avoit  fait,  le  rendoit  de  nulle  valeur  ;  d'autant  que  le  Trai- 
té étoit  fait  en  cette  vûë:  puifque  fupofant  que  le  Roi  Catholique  pouvoit 
laiflèr  pour  Héritier  un  des  Fils  de  France,  l'Archiduc,  ou  à  tout  compter 
quelque  autre  Prince,  on  y  étoit  convenu,  que  pour  l'empêcher,  on  ferait 
un  tel  Partage,  Ti  Sa  Ma]efté  Catholique  mourait  fins  Entans.  Que  pour 
l'inclination  des  Efpagnols  pour  le  Duc  d'Anjou,  elle  n'étoit  pas  fi  univerfel- 
h-,  qu'il  n'y  en  eût  beaucoup  parmi  les  Grands  Se  le  Peuple,  qui  fufi'ent  pour 
la  Mailbn  d'Autriche.     Qu'il  étoit  à  préfumer  que  ce  n'étoit  qu'un  Parti 

formé- 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.         iif 

formé  de  longue  main,  oui  avoit  profité  de  la  délicateffe  d'une  confcience  I700- 
-farcie  d'ignorance  6c  de  dévotion  du  Roi  défiant,  pour  le  porter  à  faire  un  tel 
Teftament.  Qu'il  y  avoit  beaucoup  de  Grands  exilez  ,  &  que  la  Maifon 
&  Autriche  avoit  en  Efpagne  fes  Partifans,  auffi-bien  que  celle  de  Bourbon, 
quoique  celle-ci  eût  prévalu  par  une  intrigue,  qui  feroit  peut- être  déteftée 
par  le  refle  de  la  Nation.  Qu'à  l'égard  de  la  Puiffance  de  la  France,  elle  ne 
paroiflbit  plus  fi  redoutable  ,  parce  que  la  Guerre  pafiee  l'avoit  affoiblie 
d'hommes,  d'argent,  6c  de  Commerce,  6c  que  fes  Troupes  n'étoient  plus  fi 
nombreufes.  Que  l'Empereur  n'avoit  plus  de  Guerre  avec  les  Turcs,  &  que 
fi  le  Duc  d'Anjou  étoit  envoie  en  Efpagne,  &  qu'on  en  vint  à  une  rupture 
pour  s'y  opofer,  les  Efpagnols  n'aïant  ni  Troupes,  ni  d'hommes  aflez  pour 
en  faire,  6c  l'Efpagne  étant  prefque  toute  environnée  de  Côtes  Maritimes,  il 
falloit  que  la  France  y  envoïât  des  Troupes  pour  les  garder.  Cela  diviferoit 
extrêmement  fes  Forces,  6c  ce  ferait  juftement  le  moïen  de  l'affoiblir,  pour 
l'obliger  enfin  à  entendre  raifon.  Que  le  même  danger ,  qui  menaçoit  la  Ré- 
publique, regardoit  auffi  par  d'autres  raifons  l'Angleterre,  l'Allemagne, &  l'I- 
talie. Par-là,  il  y  avoit  à  efpérer,  que  tout  le  refte  de  l'Europe  aïant  prefqu'un 
même  intérêt ,  concourreroit  à  un  même  defîêin.  On  propofa  eniuite  quel 
moïen  pouvoit  être  le  plus  efficace  6c  le  plus  prompt,  pour  remédier  à  ce 
danger  imminent?  Un  de  la  Compagnie  dit  hautement,  que  c'étoit  de  faire 
la  Guerre.  Que  l'établiiTement  du  Duc  d'Anjou  en  Efpagne  feroit  la  caufê- 
de  la  perte  de  la  République,  6c  peut-être  même  du  refte  de  l'Europe,  & 
que  périr  pour  périr,  il  valoit  mieux  le  faire  en  braves  gens,  à  l'exemple  des 
Ancêtres,  ôc  tenter  fi  par  le  fort  des  Armes  l'on  ne  pouvoit  pas  fe  fauver  du 
Naufrage.  Qu'il  étoit  même  néceflàire  de  l'entreprendre  d'abord,  fur- tout 
pendant  que  la  plaïe  étoit  récente,  6c  faignante,  que  d'attendre  que  les  efprits 
fufient  refroidis,  6c'que  la  France  eût  du  relâche. /TD'autres  y  opoférent, que 
la  République  fe  fentoit  encore  des  malheurs  des  deux  précédentes  Guerres. 
-Que  fes  Finances  étoient  prefque  à  fèc ,  6c  qu'on  étoit  encore  dans  quelque 
accablement  de  dettes.  On  repondit  à  cela,  que  les  Sujets  feraient  fi  indi- 
gnez de  la  brèche  que  la  France  faifoit  au  Traité  de  Partage ,  qu'ils  témoi- 
gneraient une  ardente  difpofition  à  fe  faigner  pour  en  tirer  raifon.  On  y  opo- 
ià  auffi,  que  les  Anglois,  d'un  efprit  inconftant  6c  remuant,  ne  voudraient  ja- 
mais entrer  dans  une  nouvelle  Guerre.  Que  leurs  dettes  de  la  Guerre  précé- 
dente n'étoient  pas  encore  éteintes,  6c  qu'ils  regarderaient  celle  qu'on  propo- 
foit  comme  non  néceflàire  pour  eux.  C'étoit  dans  l'entêtement  où  ils  étoient 
qu'avec  une  Flote  6c  leurs  Milices,  ils  pouvoient  fe  défendre  feuls,  s'ils  ve- 
noient  à  être  attaquez.  On  répondit  à  cela,  que  parmi  les  remuans  il  ne 
laiffoit  pas  que  d'y  avoir  de  braves  gens  6c  de  bonnes  têtes,  qui  compren- 
draient que  le  danger  les  regardoit  auffi-bien  que  les  autres  Nations.  Que 
s'ils  fe  tenoient  les  bras  croifez,  regardant  tranquillement  les  événemens,  ils 
pourraient  à  la  fin  fe  trouver  eux-mêmes  hors  de  reflburce,  6c  en  danger  d'ê- 
tre furpris  par  une  invafîon,  qui  pourrait  entraîner  la  perte  de  leurs  Biens, 
*de  leurs  Vies,  de  leur  Religion,  6c  de  leurs  Libertez  6c  Privilèges,  qui  leur 
étoient  fi  chei  s ,  6c  pour  la  conservation  deiquelles  la  Nation  avoit  fait  tant 
d'efforts.     Qu'il  étoit  vrai  qu'il  y  avoit  de  la  jalouûe  entre  les  deux  Nations, 

Bb  i  fur- 


ziô     MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

ï'"700,  fur-tout  à  caufe  du  Commerce;  mais,  qu'on  pouvoit  trouver  quelque  tempé- 
rament pour  la  diltîper,  &c  que  le  plus  expédient  étoit  de  faire  une  Ligue  or- 
fenlîve  Se  défenfive  avec  l'Angleterre.     C'étoit  en  laiflant  une  porte  ouverte, 
pour  y  laifTcr  entrer  toute  autre  Puiffance.     Qu'il  ne  falloit  point  douter  que 
l'Empereur  n'y  entrât  d'abord,  auffî-bien  que  les  Electeurs  de  Brandebourg 
&  de  Hanover,  Se  la  plupart  des  autres  Princes  d'Allemagne.     Qu'il  hdloit 
faire  tous  les  efforts  polfibles  pour  éteindre  le,  feu  allumé  dans  le  Nord,  £c 
engager  ces  Couronnes-là  à  participer  à  la  gloire  de  fe  fauver  elles-mêmes , 
en  fauvant  le  relie  de  l'Europe  du  Naufrage.    Tel  fut  à  peu  près  la  fubltanee 
de  cette  Conférence,  qu'on  fût  par  un  des  Membres,  qui  en  étoit.     On  ne 
refolut  cependant  rien  jufques  à  ce  que  l'on  eût  reçu  le  lendemain  Samedi  des 
Lettres  d'Angleterre.     Elles  portoient,  que  le  Lundi  précédent  le  Roi  de  la 
Grande-Bretagne  avoit  reçu  un  Exprès  de  France  à  deux  heures  après  midi. 
Ce  Monarque  manda  d'abord  le  Comte  de  Portland,  comme  celui  qui  avoit 
■v   eu  le  plus  de  part  dans  le  Traité  de  Partage.     Ils  furent  enfermez  fort  long- 
tems  avec  le  Courier.     C'étoit  fur  le  même  fujet  du  Teftament  accepté  par 
la  France.     Perfonne  autre  ne  fût  ce  jour  -  là  le  fujet  de  la  venue  de  l'Ex- 
près, ni  la  Réfolution  qu'on  avoit  priiè  là-deflûs  ;  car  le  Roi  parut  le  foir  au 
Bal  qu'on  faifoit,  à  caufe  du  jour  de  fa  Naiifance ,  d'une  grande  tranquillité 
apparente,  foûtenuè'  par  fâ  froideur,  &  taciturnité  naturelle.     Dès  que  les 
Etats  Généraux  eurent  reçu  ces  Lettres,  ils  s'affemblérent  à  huit  heures  du 
matin,  &  relièrent  enfemble  jufques  à  huit  heures  du  foir.     Après  pluficurs 
délibérations  fur  les  chofes  mêmes  dites  ci-deiTùs ,  ils  réiblurent  de  dépêcher 
un   Courier  à  leur  Atnba'îàdcur  à  la  Cour  de  France,  Mr.  de  Hecmskerck. 
C'étoit  avec  ordre  de  reprclenter  à  la  Cour,  ainfi  que  le  Roi  d'Angleterre  fai- 
foit fûre  de  ion  côté,  que  les  Etats  avoient  fait  le  Traité  de  Partage,,  avec 
intention,  qu'il  fût  religieusement  obfervé  de  part  ôc  d'autre.     Qu'ils  apre- 
noient  avec  furprife ,  que  Sa  Majefté  Très-Chrêtiennc  prenoit  des  réfolutions 
qui  y  étoient  directement  opofées;  &  comme  ils  étoient  dans  la  réfolution  de 
s'en  tenir  au  Traité,  ils  clpéroient  de  Ton  équité  qu'Elle  s'y  «endroit  auiïï, 
&  qu'Elle  fongeroit  mûrement  à  ce  qu'ils  lui  fàifoient  repréfenter.     Il  fut 
d'ailleurs  réfolu  d'envoier  le  même  foir  huit  Députez  vers  le  Comte  de Briord^ 
pour  lui  notifier  cette  Réfolution.     Pendant  cet  envoi,,  les  Etats  relièrent  af- 
iemhlez  pour  recevoir  le  raportdc  leurCommiifton.  Lors  que  les  Députez  s'en 
aquitérent,  le  Comte  s'étendit  fur  la  modération  du  Roi  fon  Maître  d'abandon- 
ner les  avantages  qu'il  avoit  par  le  Traité  de  Partage.Que  fon  dit  Maître  aimoit 
la  République,  éc  que  le  Duc  d'Anjou  étant  fur  le  Trône  d'Efpagne  auroit 
les  mêmes  intérêts  que  les  autres  Rois  les  Prédécelfcurs  avoient  eu  de  la  main- 
tenir d'ans  l'état  où  elle  étoir.     Que  c'étoit  l'intérêt  de  la  France  de  la  voir 
de  même,  ce  qu'on  ne  devoit  prendre  aucun  ombrage  de  la  réfolution  de  l'ac- 
ceptation  du  Teftament  ;    puilque.  Il  elle  étoit  mûrement  conlldérée,  l'on 
trouveroit  qu'elle  étoit  même  plus  avantagculè  à  la  République  que  le  Pajfta» 
gc,  puis  que  celui-ci  agrandiffoit  la  Couronne  de  France  par  deux  Roïaumes 
&  par  deux  Provinces ,  6c  que  la  Barrière  reltoit  toujours  &zc.     Les  Dépu- 
tez ne  voulurent  point  entier  en  aucune  difcullion,  fe  bornant  à. leur  limple 
CommflHon. 

E:> 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.  117 

En  ce  tems-là,  Don  Bernarào  de  Quiros  alla  chez  tous  les  Miniftres  étran-  17°°- 
sers  difant  d'avoir  ordre  de  la  Régence  d'Efpagne  de  leur  notifier  à  tous  la  " 
mort  du  Roi  Catholique,  &  le  contenu  du  Teftament.  Il  ajouta,  que  toute 
la  Nation  étoit  fâchée  de  ce  que  la  Monarchie  fortoit  de  la  Ligne  Mafcuhne; 
mais,  que  le  fcul  moien  d'en  empêcher  le  démembrement  étoit  de  faire  juftice 
aux  Princes  de  France  ;  que  pour  lui  il  auroit  fouhaité  que  l'Archiduc  eut  pu 
être  Roi.  11  les  pria  tous  en  particulier  d'en  écrire  à  leurs  Maîtres-,  difant 
que  la  Nation  Efpagnole  eipéroit  qu'on  trouveroit  bon  ce  qu'elle  avoit  fait  en 
cette  occafion. 

Cependant,  les  Etats  Généraux  firent  venir  le  Comte  àt'Jthlonc,  qui  d'a- 
bord ordonna  à  tous  les  Officiers ,  fur-tout  ceux  des  Troupes  qui  étoienc 
dans  les  Païs-Bas  Efpagnols,  de  le  rendre  inceflamment  à  leurs  Garnifons. 
On  réitéra  même  ces  ordres  quelques  jours  après.  Le  Général  d'Opdam,  qui 
avoit  été  à  la  Cour  de  Berlin  pour  renouveller  les  Traitez,  8c  qui  en  étoit. 
fraîchement  revenu ,  eut  ordre  d'y  retourner.  11  avoit  auflï  celui  de  tâter  en 
parlant  la  Cour  de  Wolfembuttel,  dont  on  avoit  quelque  foupçon.  On  dé- 
pêcha d'ailleurs  ordre  à  tous  les  Miniftres  de  la  République  dans  les  Cours  du 
Nord  &  d'Allemagne,  de  mettre  fur  le  tapis  de  nouvelles  Alliances.  Par  ra- 
port  à  celle  de  Berlin,  on  en  concevoit  de  bonnes  opinions.  Elle  fit  infinuer 
par  fon  Miniftre  à  la  Haie,  qu'elle  étoit  prête  d'entrer  dans  tous  les  engage- 
mens  de  la  République,  8c  du  Roi  de  la  Grande-Bretagne.  Tout  cela  étoit 
en  vûë  de  faire  aprouver  la  Roïauté,  dont  il  avoit  entrepris  de  fe  parer,  dans 
la  Prufle  Ducale.  L'Eleéteur  s'étoit  afiuréque  le  Czar,  les  Rois  de  Danne- 
marck  &  de  Pologne,  auflî-bien  que  quelques  Princes  d'Allemagne,  le  re- 
connoîtroient  en  cette  qualité.  L'Angleterre  8c  la  Hollande  y  avoient  quel- 
que répugnance  -,  c'eft  fur  ce  que  cette  nouvelle  Dignité  pouvoit  rendre  l'E- 
leéleur  une  efpéce  d'Amphibie,  qui  pouvoit  dans  la  fuite  fufeiter  des  embar- 
ras par  la  diftinétion  de  Roi ,  &  d'Eleéteur.  Cependant,  celui-ci  s'étoit  af- 
finé auffi  de  Paprobation  de  l'Empereur  par  un  Traité.  Par  icelui  il  cédoit  à 
Sa  Majefté  Impériale  divers  arrérages,  &  avoit  promis  de  lui  envoier  à  l'oc- 
cafion  un  nombre  de  Troupes.  On  avoit  pris  en  Hollande  quelque  ombrage 
de  ce  Traité  ;  mais  le  futur  Roi  fit  afjurer  les  Etats  Généraux  que  ce  n'étoit 
qu'un  renouvellement  de  celui  de  1686,  qu'il  fit  à  leur  follickation,  &  mê- 
me qu'il  n'avoit  ordonné  à  fon  Miniftre  à  Vienne  de  le  figner,  qu'après  avoir 
apris  l'acceptation  du  Teftament  de  feu  le  Roi  d'Efpagne.  Il  y  avoit  eu  quel- 
que accroche  à  cette  Roïauté.  C'étoit  parce  que  la  Cour  Impériale  preten- 
doit  de  devoir  donner  pour  cela  un  Diplôme,  moiennant  une  grofle  fomme,. 
&  d'obtenir  une  Chapelle  publique  pour  les  Catholiques  Romains  à  Berlin. 
Cependant,  elle  s'en  relâcha,  fur  ce  que  cette  Roïauté  s'établifioit  dans  un 
Païs,  qui  n'étoit  pas  du  reflbrt  de  l'Empire,  8c  que  la  Chapelle  ne  pouvoit- 
avoir  lieu  dans  une  Capitale  toute  Réformée.  Pour  n'avoir  pas  d'autres  opo- 
litions,  le  plan  fut  que  cet  Electeur  fe  feroit  proclamer  par  iès  propres  Sujets 
à  Coningsberg.  Il  prit  même  d'avance  ce  titre,  le  24.  de  Novembre,  en  le 
prochmant  lui-même  Roi  en  Prufie,  en  buvant  à  la  profpérité  de  Frédéric. 
Premier,  qu'il  porta  au  Grand  Chambellan,  tk.  qui  pafta  à  la  ronde  ;  ce  qui 
pnioiflbit  une  Scène  de  Théâtre.     Après  cela3  on  fit  ;ous  les  préparatifs  pour 

jBb  5   '  a]kr 


n8     MEMOIRES,  NEGOTI ATIONS,  TRAITEZ, 

\Jc-o.  aller  fc  faire  couronner  à  Coningsberg.  Les  conjonctures  de  ce  tems-là,  qui 
r  "  -  étoient  fort  fcabreufes ,  influèrent  fur  l'Angleterre  &  fur  la  Hollande  pour  lç 
reconnoître  en  cette  qualité.  D'autant  que  ce  Prince  fit  aflurer  en  termes 
exprès,  qu'il  entrerait  de  tout  fou  cœur  &  de  tout  fon  pouvoir  dans  tous 
leurs  dcflèins.  Il  fit  en  même  tems  infinuer,  qu'il  étoit  fort  prefle  par  l'Em- 
pereur Se  par  la  France,  d'entrer  dans  des  engagemens.  Pour  mieux  en  con- 
vaincre, touchant  cette  dernière,  il  fit  communiquer  par  fon  Miniftre  au 
Conlèiller-Penfionnaire  la  Copie  de  la  Lettre  que  Sa  Majeilé  Très-Chrêtien- 
ne  lui  avoit  écrite  à  ce  fujet,  Se  que  voici. 

Lettre.  «  "\/f^N  Frere»  l'intérêt  que  Vous  prenez  à  ce  qui  me  regarde,  ne  me 
<|u  £oi  „  1V-L  laide  pas  lieu  de  douter,  qu'en  même  tems  que  vous  avez  apris  avec 
ceàl'E-"  m  douleur  la  mort  du  Roi  d'Efpagne,  Vous  ne  foïez  bien  aife  aufli  de  fça- 
lefteur  „  voir,  que  j'ai  accepté  la  Difpofîtion  que  ce  Prince  a  faite  de  fes  Roïau- 
de  Bran-  n  mes,  en  faveur  de  mon  Petit-Fils  le  Duc  d'Anjou.  Ainfi,  joignant  ce 
debourg.  ^  nouveau  droit  à  ceux  de  fa  naiflance",  Se  étant  apellé  par  les  vœux  unani- 
mes de  tous  les  Peuples,  je  vous  afliire  que  fon  avènement  à  la  Couronne 
d'Efpagne  fera  le  gage  afluré  du  maintien  de  la  tranquillité  générale.  Je 
puis  vous  dire  aufli,  que  connoiflànt  comme  il  fait  mes  ientimens  pour  vous, 
les  fiens  y  feront  conformes,  Se  vous  devez  croire  que  je  ferai  bien  aife  de 
marquer  dans  les  occafions  l'eftime  fie  l'affection  que  j'ai  pour  vous.  A 
Verfailles,  Je  zi.  Novembre  1700. 


55 
5) 
55 


55 
55 


Ledit  Roi  de  France  écrivit  à  prefque  tous  les  Princes  de  l'Europe  lûr  le 
même  plan  de  la  Lettre  qu'on  vient  de  raporter ,  Se  dont  on  n'en  fera  pas 
d'autre  raport,  puis  qu'il  y  aurait  de  la  fuperfluité. 

Les  François  publièrent  en  ce  tems-là ,  que  le  Roi  de  Dannemarck  avoit 
reconnu  le  Duc  d'Anjou.  On  regarda  cela  comme  une  foupleflê  pour  en  im- 
pofer  à  d'autres  Princes;  puis  que  l'Envoie  dudit  Dannemarck  aflura,  que  le 
Miniilre  de  France  aïant  fait  part  au  Roi  fon  Maître  de  ce  changement ,  ce 
Monarque  lui  avoit  répondu  qu'il  prenoit  intérêt  à  tout  ce  qui  regardoit  la 
Famille  du  Roi  de  France;  mais,  que  cette  expreifion  étoit  trop  vague,  pour 
vouloir  la  particularifer  à  une  reconnoiflanec  de  la  Roïauté  du  Duc  d'Anjou, 

Les  Etats  Généraux  paflbient  en  attendant  en  bonne  correfpondince  avec 
le  Comte  de  Goës,  Envoie  de  l'Empereur.  Ils  firent  taire  par  fon  canal  à  Sa 
Majefté  Impériale  de  fortes  exhortations  pour  confentir  à  quelque  Négocia- 
tion d'Accommodement  avec  la  France.  On  elpéroit  d'autant  plus  d'en  ve- 
nir à  bout,  que  le  Comte  de  Sinzendorf^  qui  étoit  comme  Miniltre  à  la  Cour 
de  France,  &  qui  s'en  étoit  abfenté  pendant  la  reconnoiflanec  qu'on  y  avoit 
faite  du  Duc  d'Anjou  pour  Roi  d'Efpagne ,  avoit  reçu  ordre  d'y  retourner. 
C'étoit  cependant  fans  y  demander  la  moindre  Audience.  Le  Comte  de  Go'cs 
■recevoit  fouvent  des  Couriers  de  Vienne  ,  dont  on  cachoit  la  venue  autant 
qu'on  pouvoit.  Le  dernier,  qui  arriva  le  1 1.  de  Décembre,  porta  à  ce  Com- 
te des  Lettres,  qu'il  alla  d'abord  communiquer  au  Conlèiller-Penfionnaire, 
qui  étoit  l'ame  des  Affaires.  Elles  portoient  le  delfein  qu'on  avoit  formé  à  la 
•Cbur  Impénale  d  envoicr  des  Troupes  eu  Italie.    Il  y  avoit  aufli  la  Copie  de 

k 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.         zip 

la  Lettre  que  l'Empereur  écrivoit  aux  Milanois ,  pour  les  retenir  dans  fon  1700. 
ôbeùTance,  ainfî  qu'on  va  la  raporter.  • 


LEQPOLDVS,  fcfc. 

Lettre 

UNiverfs  &?  fmgulis  nojlris  6?  Sacri 'Imperii  fidelibus  dileclis ;  Gubernato-  de  l'Em- 
ri,  Prxfidi,  Sénat uï ,  Magijlratibus ,  Populo,  Officiariis,  Subditis,  at-  Ï^Mi- 
que  Incolis  nofiri  Sacrique  Imperii  Ducat 'us  Medioianenfis,Comitatuum  Papiœ,  £s?  lanois. 
Angleria,  nec  non  Marchionatus ,  £•?  P  or  tus  Zinarienfis, ,  uti  &  Caflri  Franchi , 
"  Cajlri,  &  Caftellaniœ  Vallis  Rhetiœ,  Cajlri,  Burgi ,  &  Villarum  Car  cher  arum 
&?  Buglii,  medietatis  Caflri,  &?  Villarum  loci  Cameiran<e,.Caftri ,  loci,  &  Vil- 
larum Par  oldi,  Cajlri  &?  Villarum  Meroaldi;  Cajlri  &?  Burgi  Maximini,  partis 
Pocha  Linghii,  Cajlri  &  Villarum  River  nalis,  Cœnercii  &  Amafchii,  Cajlri 
&?  Villarum  Stellanelli ,  Cajlri  &  Burgi  Salliceti,  Calizani,  Exilia,  Burmi- 
dee,  oElavœ  partis  locorum,.&  Caftrorum  novelli  Sinei ,  Montisforti ,  Montisve- 
ri9  &  Cajlilleti  Vallis  Turroria,  ac  fingulorum  locorum,  Cajlrorum,  Villarum 
&  Terrarum  eb  pertinentium,  ha/ce  litteras  vel  earum  exemplaria  authentica  leclu- 
ris,  aut  legi  audit mis,  gratiam  nojlram  Cœfaream,  &  omne  bonum.  Adfollici- 
tudimm  nojlram  Imper ialem  cum  primis  pertinere  agnofcimus ,  fedulo  curare ,  ut 
Sacri  Romani  Imperii  jura  intégra  ferventur,  atque  illibata  :  Cum  igitur  famd 
publicâ  intellexerimus ,  faclum  ejfe  ex  infcrutabili  Divinœ  Providentiœ  Decreto  , 
ut  Serenïffimus  quondam  13  Potentijjïmus  Dominus  C ARO LUS  H.Hifpa- 
niarum  S  Indiarum,  Rex  Catholicus,  Frater,  Confobririus,&  A  finis  nojler  Cha- 
rijjimus  glorioje  memoriœ  Dicm  fupremum  impralis  clauferit;  ac  proinde  fupra- 
dicla  Feuda ,  f  ua  à  Sacro  Romauo  Imperio  pojfedit  atque  eo  nomine  homagium 
nobis ,  (3  Sacramentum  fidelitatis  dixit ,  ad  nos  velut  direclum  Dominum ,  Sa- 
cmmque  Romanum  Imperium  redire  fas  fit ,  hinc  efi  quod  pro  Cœjarei  nojlri  offi- 
ciï  mumri  poffejfionem  dicli  Ducatus ,  cxterorumque  Feudorum  cum  omnibus  eo 
appcrtimntibus  locis  nobis ,  (3  Sacro  Romano  Imperio  cenfuerimus  vindicandam j 
Vobis  itaquc  omnibus  &.  Jïngulis- fer ib,  &  fab  rebellionis  pœnà  cdicimus,  injungi- 
mus,  13  mandamus ,  ut  clone  c  nos  de  prœfato  Ducat  u,  aliifque  Fendis,  aliter  dif. 
pofuerimus,  neminem  alium  prater  nos  Dominum  agnofcatis,  ncque  ullins  alterius, 
qnam  nnflris  jujjionibus  obediatis ,  fi  quœ  verb  aliundè  vobis  eo  nomine  vis  intente-  • 
tur ,  eam  cnnni  conatu ,  pro  viribus  reppcllatis ,  atque  in  omnibus  vos  prout  fidèles 
nojlros  (3  Sacri  Imperii  Subditos,  &?  Vafallos  decet,  nobis,  ut,  direclo,  natu- 
rali ,  vcro ,  (3  légitima  Domino  Vejlro ,  diclifque  nojlris ,  obfcquentes  exhibeatis , 
quatenas  nojlram  &?  Sàcri  Imperii  indignationem  graviffimam  &  fupra  commina- 
tam  rebellionis  notam,  &  pœnam  evitare  voïueritis.  Atque  hac  ejl  feria  mens, 
ac  voluntas  r.ojlra ,  qui  contra  injujlam  vim  efficacem  proteclionem  nojlram  vobis 
promittimus. 

Harum  tejlimonio  litterarum  ,  quas  manu  nojlrà  fubfcriptas,  Sigilli  noftri 
Cafarii  imprefjîone  communi  jujfimus.  Dabantur  in  Urbe  nojlrà  Viennci  zz.  No-- 
"Jembris  Anno  Domini  1700. 

L'on  n'étoit  pas  au  fond  fâché,  que  dans  la  penfée  de  l'Empereur  de  ne 

prêter  l'oreille  à  aucun  Accommodement }  il  prît  quelque  vigoureufe  réfolu- 

•  '  tion. 


zzo      MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

1700.  tion.  Car  il  paroiiîbit  qu?on  pouvoit  fe  flater,  que  lors  qu'il  le  feroit  embar- 
~~- — •  que  dans  une  Guerre,  il  trouveroit  des  amis.  On  recommanda  fort  au  Com- 
te de  Goès  de  faire  que  l'Empereur  travaillât  à  s'affurer  pour  lui  le  Danne- 
marck.  C'étoit  dans  î'afTurance  dont  on  fe  fiatoit  que  la  Suéde  feroit  tout  ce 
que  la  République  trouveroit  à  propos.  On  prit  auffi  le  defTein  de  s'alTurer 
fur- tout  des  Princes  Proteftans.  Le  Landgrave  de  Heffe-CafTel,  dont  la  Mai- 
fon  a  toujours  été  attachée  aux  intérêts  de  la  République,  envoia  aux  Etats 
Généraux  le  Lieutenant-Colonel  de  les  Gardes  pour  négocier  avec  eux.  Cet 
Officier  alîura ,  que  fon  Maître  n'auroit  pas  de  peine  de  fe  défiiter  de  l'opofi- 
tion  au  neuvième  Elcétorat.  C'étoit  d'autant  plus  que  la  Cour  de  Berlin  lui 
avoit  dépêché  un  Exprès  fur  le  même  fujet  avec  aparence  d'une  bonne  in- 
fluence. 

Les  ordres,  que  les  Etats  Généraux  avoient  envoiez  à  leur  Ambafladeur  en 
France,  furent  exécutez  le  if .  de  Novembre.  Ce  fut  par  le  Mémoire  qu'il 
y  prélènta  de  la  teneur  fuivante. 


Mémoi- 
re de 
Mr.  de 
Heems- 
kerk  au 
Roi  de 
France, 
par  ra- 
port  au 
Traité 
de  Par- 
tage & 
au  Tef- 
tament 
de  Char- 
les II. 


LE  fouffigné  Ambaffadeur  Extraordinaire  des  Etats  Généraux  des  Provin- 
ces-Unies des  Pais-Bas ,  vient  de  recevoir  des  ordres  des  Seigneurs  fes  Maî- 
tres, de  reprefenter  très*  humblement  à  Sa  Majerlé  Très-Chrêtienne,  que  L. 
H.  P.  ne  le  font  pas  attendues  à  la  réfolution  qu'il  a  plû  à  Sa  Majefté  de  leur 
faire  notifier  par  fon  Ambaffadeur  Mr.  le  Comte  de  Briord,  au  fujet  du  Tef- 
tament  du  feu  Roi  d'Efpagne  en  faveur  de  Monfeigneur  le  Duc  d'Anjou, 
puis  qu'elle  eft  contraire  au  Traité  fait  par  Sadite  Majefté  Très-Chrêtienne 
avec  Sa  Majefté  Britannique,  6c  Leurs  H.  P.  touchant  la  Succeffion  de  Sa 
Majerlé  Catholique,  lequel  Elles  croient  devoir  être  obfervé,  en  tout,  6c 
dont  on  ne  devroit  fe  départir,  que  de  concert,  &  d'un  contentement  unani- 
me de  tous  les  Contractons  ;  outre  que  le  tems  dans  lequel ,  félon  l'Article  fe- 
cret,  l'Empereur  peut  entrer  dans  ledit  Traité,  n'efl  j?oint  encore  expiré,  8c 
que  conformément  à  icelui  L.  H.  P. ,  après  avoir  reçu  la  nouvelle  de  la  mort 
dudit  Roi  d'Efpagne,  y  ont  encore  invité  Sa  Majefté  Impériale  de  nouveau 
&  de  la  manière  la  plus  perfuafive. 

Que  par  ces  raifons,  L.H.P.  efpérent  que  Sadite  Majefté,  confidérant  cette 
Affaire  de  nouveau,  aura  auflî  la  bonté  d'y  faire  de  nouvelles  réflexions,  avec 
ordre  à  leur  dit  Ambafiadeur  de  prier  Sadite  Majefté  de  perfîiter  à  fe  tenir  au 
Traité  fufdit,  Se  de  l'obferver  en  tout  ce  qui  la  regarde. 

Tait  à  Marli,  ce  zf.  Novembre  1700. 


Etoit  figné. 


V-  Heemskerck. 


On  donna  u  cet  Ambaiïadeur  une  fort  longue  Réponfe  à  ce  Mémoire. 
Elle  fut  même  envoiée  au  Comte  de  Briord,  qui  la  prefenta  le  4.  Décembre 
avec  un  Mémoire,  &  une  Lettre  du  Roi  Très-Chrêtien,  ainfi  qu'on  va  les 
«raporter. 


LE 


-     ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.  zn 

ryoo. 


E  fôuflîgné  Ambaflîideur  Extraordinaire  de  France,  aïant  reçu  par  un  Ex 


de  Fran* 
ce  aux 
Etats  G  é- 
néraux. 


Sa 

LIPPE 

muniquer  en  même  tems  les  juftes  motifs  qui  l'ont  obligée  d'accepter  le  Tel-  awxEtats 
tament  du  feu  Roi  d'Efpagne,  lefquels  font  contenus  dans  le  Mémoire  joint  Géné- 
à  la  Lettre  du  Roi,  ledit  Ambafîideur  a  fait  remettre  la  Lettre  &  le  Mémoi-  nux- 
re  à  Monfieur  de  Haren,  Préfident  de  la  Semaine.     Il  fouhaite  que  .V.  S. 
fàflênt  toutes  les  réflexions  convenables  à  l'état  préfent  des  Affaires,  8c  au 
•Bien  8c  à  l'Avantage  de  cette  République,  laquelle  peut  ÔC  doit  compter  fur  les 
aflurances  qu'il  a  ordre  du  Roi  fon  Maître  de  donner  à  V.  S.  de  la  continua- 
tion d'une  amitié  8c  du  defir  fincére,  que  fon  Maître  a  de  maintenir  l'Allian- 
ce &  la  bonne  Correfpondance  qu'Élle  a  avec  cet  Etat.     Ledit  Ambaflàdeur 
eft  perfuadé  que  V.  S.  correfpondront  aux  favorables  fentimens  du  Roi  fon 
Maître.     A  la  Haïe,  le  4.  Décembre  1700.    Etoit  figné, 

Brior-d. 

TreVChers  , Grands  Amis,  Alliez,  et  Confederez.  Lettre 

du  Roi 
„  T  A  tranquillité  de  l'Europe  eft  fi  folidement  établie  par  la  jufte  difpofi- 
„  JL*tion  que  le  feu  Roi  d'Efpagne  nôtre  très-cher  &  tres-aifné  Frère  a  fait 
„  de  les  Roïaumes  &  Etats  en  faveur  de  nôtre  très-cher  &  très-aimé  Petit- 
„  Fils  Philippe  V,  prefentement  Roi  d'Efpagne,  que  Nous  ne  doutons 
„  pas  de  la  part  que  Vous  prendrez  à  fon  Avènement  à  la  Couronne.  Nous 
„  lui  avons  déjà  fait  connoître  l'afreftion  véritable  que  Nous  avons  pour 
„  VouSi  &  comme  Nous  fommes  perfuadez  que  lès  fentimens  feront  confor- 
^,  mes  aux  nôtres,  l'étroite  intelligence  qui  fera  déformais  entre. nôtre  Cou- 
„  ronne  &  celle  d'Efpagne  ,  Nous  donnera  de  nouveaux  moïens  de  Vous 
„  marquer  l'intérêt  que  Nous  prenons  à  ce  qui  Vous  regarde,  8c  l'amitié  fin- 
„  cére  que  Nous  avor.s  pour  Vous.  Le  Comte  de  Briord  nôtre  Ambaflàdeur 
„  Extraordinaire  Vous  en  donnera  de  nouvelles  aflurances  j  8c  cependant 
„  Nous  prions  Dieu,  qu'il  Vous  ait,  très-Chers,  grands  Amis,  Alliez,  & 
„  Confédérez,  en  une  bonre  8c  digne  garde.  Ecrit  à  Verfailles,  le  19.  No- 
„  vembre  1700.     Etoit  ligné,  Votre  bon  Ami,  Allié,  8c  Confédéré. 

Louis, 

SI  Meffieurs  les  Etats  Généraux  des  Provinces-Unies  paroiflent  prefente-  Répoiife 
ment  furpris^  que  le  Roi  ait  accepté  le  Teftament  du  feu  Roi  d'Efpagne,  dela 
ils  remercieront  bien-tôt  Sa  Majefté  de  préférer  en  cette  occafion  le  repos  pr0L)Lde 
public  aux  avantages- de  fa  Couronne.    Il  fufHra  qu'ils  aï'ent  le  tems  d'exami-  au  pre- 
ner  avec  leur  prudence  ordinaire  les  troubles  infinis,  que  l'exécution  du  Trai-  cèdent 
té  de  Partage  produiroit;  8c  cette  même  prudence  les  fera  defifter  de  la  de-  Mémoi- 
mande  contenue  dans  le  Mémoire  qu'ils  ont  remis  à  l' Ambaflàdeur  de  Sa  Ma-  «f eMr* 
r«m.  I.  Ce  fefté,  " 


des£.G. 


ztt      MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

1700.  jefté.     Ils  avoueront  que  le  malheur  de  l'obtenir  feroit  commun  à  toute  l'Eu- 
—  rope,  6c  certainement  ils  jugeront  que  rien  n'eft  plus  opofé  au  Traité  que 

kerk ,  d'en  abandonner  l'efprit  pour  s'attacher  uniquement  aux  termes. 
AmbaiT.  Car  enfin, il  a  fallu  dans  cette  conjoncture  distinguer  l'un  6c  l'autre.  L'ef- 
prit  &  les  termes  du  Traité  étoient  unis  pendant  que  le  Roi  d'Efpagne  a  vé- 
cu. Les  dernières  difpofitions  de  ce  Prince,  6c  fa  mort,  y  mettent  une  telle 
différence,  que  l'un  eft  abfolument  détruit,  fi  les  autres  fubfiftent;  le  premier 
maintient  la  Paix  générale,  les  termes  caufent  une  Guerre  univerfelle.  Cette 
feule  Obfervation  vraie  décide  du  choix  à  faire  pour  fe  conformer  à  l'objet 
principal  du  Traité,  tel  qu'il  eft  expliqué  par  les  premiers  Articles,  maintenir 
la-  tranquillité  générale  de  /' Europe ,  conferver  le  repos  public  y  éviter  une  nouvelle 
Guerre  par  un  Accommodement  des  difputes  £ï?  des  diférens  qui  pour  oient  réfulter 
au  fujet  de  la  Succeffion  d'Efpagne ,  ou  pour  V ombrage  de  trop  d'Etats  réunis  fous 
un  même  Prince.  C'eft  par  de  tels  motifs  que  le  Roi  a  prie  avec  fes  Alliez  les 
mefures  néceflaires  pour  prévenir  la  Guerre,  que  l'ouverture  de  la  Succeffion 
d'Efpagne  fembloit  devoir  exciter. 

La  vûë  de  Sa  Majefté  n'a  pas  été  d'aquerir  par  un  Traité  les  Roïaumes  de 
Naples  6c  de  Sicile,  la  Province  de  Guipufcoa,  6c  le  Duché  de  Lorraine:  fes 
Alliez  n'avoient  aucun  Droit  fur  ces  Etats.  Peut-être  auroit-Elle  obtenu  des 
avantages  plus  confidérables  par  fes  Armes,  fi  Elle  avoit.  eu  deffein  de  les  em- 
ploïer  à  l'occafion  de  la  mort  du  Roi  d'Efpagne  j  mais,  fon  principal  objet 
étant  de  maintenir  la  Paix,  Elle  a  traité  fur  cet  unique  fondement.  Elle  a 
permis  à  Monfeigneur  le  Dauphin  de  fe  contenter  du  Partage  deftiné  à  lui 
tenir  lieu  de  tous  fes  Droits  fur  la  Succeffion  entière  des  Roïaumes  d'Efpagne. 
S'il  arrive  donc  que  les  mefures  prifes  dans  la  vue  de  maintenir  la  tranquillité 
publique  produifent  un  effet  contraire,  qu'elles  engagent  l'Europe  dans  une 
nouvelle  Guerre  ;  s'il  devient  nécefîaire  pour  conter-ver  la  Paix  d'uier  de 
moiens  difFérens  de  ceux  qu'on  s'étoit  propofé}  fi  cette  route  nouvelle  ne 
caufe  aucun  préjudice  aux  Puifîànces  Alliées  de  Sa  Majefté}  fi  le  feul  delàvan- 
tage  retombe  fur  Elle,  6c  qu'Elle  veuille  bien  facrifier  fes  propres  intérêts  au 
bonheur  général  de  la  Chrétienté  :  non  -feulement,  il  dépend  de  Sa  Majefté  de 
le  faire ,  mais  encore  Elle  a  lieu  de  croire  que  fes  Alliez  loueront  fa  modéra.- 
tion,  6c  fon  amour  pour  la  Paix,  plutôt  que  de  fe  plaindre  d'un  changement 
que  le  Bien  public  demande,  6c  qu'ils  le  remercieront  d'une  Réfolution  qu'il 
etoit  impoffible  de  différer  fans  s'expofer  en  même  tems  aux  longues  6c  ian- 
glantes  Guerres,  que  Sa  Majefté  de  concert  avec  Eux  a  voulu  prévenir. 

On  en  voïoit  déjà  les  premières  apra'ences.  Les  Efpagnols,  jaloux  de  con- 
ferver  leur  Monarchie  en  fon  entier,  fe  préparaient  de  tous  cotez  à  la  défen- 
i'e.  -Le  Milancz,*lcs  Roïaumes  de  Naples  6c  de  Sicile,  les  Provinces,  les 
Places  comprifes  dans  le  Partage,  tout  fe  mettait  en  état  de  fe  maintenir  uni 
au  Corps  de  la  Monarchie  d'Efpagne.  La  Nation  der.iandoit  feulement,  pour 
s'opofer  à  la  divifion,  un  Roi  qu'Elle  pût  légitimement  reconnoître }  6c,  quoi 
que  l'inclination  de  tous  les  Etats  des  Roïaumes  d'Efpagne  fût  univerfcllement 
portée  pour  un  Prince  de  France,  les  Sujets  de  cette  Monarchie  auraient  été 
fidèles  a  ceux  que  la  diipofition  du  feu  Roi  Catholique  leur  indiquoit  au  refus 
d'un  Fils  de  Monfeigneur  le  Dauphin.     Ils  n'étaient  plus  incertains  que  fur 

l'ac- 


ET    RESOLUTIONS    D'ETAT.  225 

l'acceptation >  car  enfin,  le  feu  Roi  aïant  rendu  juftice  aux  véritables  Héri-   1700." 
tiers,  leur  refus  auroit  autorifé  l'Efpagne  à  fe  foûmettre  à  l'Archiduc.     Per-  "' 

fonne  ne  doutera  aparemment  que  l'Empereur  eût  accepté  le  Teftament.  La 
Succeffion  d'Efpagne  pour  fon  fécond  Fils  avoit  été  le  but  de  fes  longues  Né- 
gociations à  Madrid,  fes  Traitez  dans  l'Empire  étoient  pour  la  même  fin.  Il 
n'avoit  refufé  de  foufcrire  à  celui  de  Partage,  que  dans  cette  unique  efpérance. 
Il  feroit  bien  difficile  de  perfuader  que  prêt  de  recueillir  le  fruit  de  tant  de 
peines,  il  eut  voulu  le  perdre  6c  fe  contenter  des  mêmes  offres  qu'il  avoit 
conftamment  rejettées. 

Ainfi,  l'Archiduc  devenant  Roi  d'Efpagne  du  confentement  de  toute  la  Na- 
tion, il  falloit  pour  exécuter  le  Traité  conquérir  les  Roiaumes  6c  les  Etats 
réfervez  pour  le  Partage  de  Monfeigneur  le  Dauphin.  Il  n'y  avoit  plus  lieu 
d'alléguer  le  tort  fait  aux  légitimes  Héritiers ,  leurs  Droits  avoient  été  recon» 
nus,  il  falloit  attaquer  un  Prince  déclaré  Succeffeur  de  tous  les  Etats  dépen- 
dais de  la  Monarchie. 

Ses  nouveaux  Sujets  accoutumez  à  la  fidélité  envers  leur  Maître ,  inftruits 
du  refus  des  véritables  Héritiers,  auroient  été  auffi  zélez  pour  lui  que  toujours 
ils  l'ont  été  pour  les  Rois  précédens. 

Meffieurs  les  Etats  Généraux,  informez  par  le  Roi  de  toutes  fes  démarches 
pour  l'exécution  du  Traité ,  favent  que  Sa  Majefté  follicitant  ouvertement  les  . 
Princes  de  l'Europe  d'entrer  dans  les  mêmes  engagemens  n'a  jamais  tenté  par 
des  voies  fecretes  la  fidélité  des  Sujets  du  feu  Roi  Catholique.  Elle  n'avoit 
donc  nulle  intelligence,  ni  dans  le  Roiaume  de  Naples ,  ni  dans  celui  de  Sici- 
le, ni  dans  aucun  des  Etats  compris  dans  le  Partage  de  Monfeigneur  le  Dau- 
phin }  la  force  ouverte  étoit  l'unique  moien  de  les  attaquer.  Mais,  la  Guerre 
une  fois  commencée,  après  avoir  refufé  la  juftice  que  le  feu  Roi  Catholique 
vouloit  faire  aux  Princes  de  France,  étoit  difficile  a  terminer.  Un  Roi  pof- 
fefïèur  de  toute  la  Monarchie  d'Efpagne  fuis  aucune  condition  auroit  été  ré- 
duit à  de  grandes  extrémitez ,  avant  que  de  céder  les  Roiaumes  de  Naples  &c 
de  Sicile,  la  Province  de  Guipufcoa,  le  Duché  de  Milan,  6c  les  autres  Pais 
6c  Places,  dont  le  Partage  de  Monfeigneur  le  Dauphin  devoit  être  compofé. 

Il  eft  inutile  d'examiner  quelles  auroient  été  les  fuites  de  cette  Guerre.  El- 
le étoit:  inévitable,  6c  cette  certitude  fuffit  pour  faire  voir  que  les  fages  pré- 
cautions, prifes  pour  maintenir  une  Paix  inviolable  dans  l'Europe,  étoient  ab- 
folument  renverfées  par  les  mêmes  moiens  qu'on  avoit  feuls  jugez  propres  à 
l'entretenir.  On  dira  peut-être  que  l'Empereur  connoifiant  les  inconvéniens 
de  la  Guerre,  fes  incertitudes,  les  malheurs  qu'elle  entraîne  avec  elle ,  auroit 
accepté  le  Traité}  que  renonçant  au  Teftament ,  il  auroit  obligé  l'Archiduc 
à  fe  défifter  de  fes  Droits,  &  à  fe  contenter  du  Partage  ftipulé  pour  lui. 
L'Empereur  étoit  certainement  maître  de  le  faire  j  mais .  fes  refus  précédens, 
portez  julqu'à  l'extrémité,  permettoient-ils  de  croire  qu'il  prît  cette  réfolu- 
tion?  Quand  même  il  l'auroit  prife,  le  repos  public  en  étoit-il  plus  affuré? 
Le  Duc  de  Savoie  efl:  fins  aucun  engagement ,  il  efl:  apellé  par  le  Teftament 
au  défaut  des  Princes  de  France  6c  de  l'Archiduc,  quelle  offre  pouvoit-on  lui 
faire  afîèz  coiifidérable  pour  l'empêcher  de  faire  valoir  fes  nouveaux  Droits  , 
&  pour  balancer  les  avantages  qu'il  pouvoit  en  efpérer? 

Ce  2  On 


ni      MEMOIRES,  NEGOCIATIONS,  TRAITEZ, 

1700.       On  ne  dira  pas  que  les  Puifiânces  Alliées  l'auroient  fubftitué  à  l'Archiduc." 
■        Ce  n'elt  pas  le  cas ,  puis  qu'on  fupofc  que  l'Empereur  auroit  accepté  le  Trai- 
té, Se  que  l'échange  à  lui  propofer  ne  (bit  infiniment  inférieur  à  ce  que  l'ave- 
nir lui  prefentej  &c  Ton  intérêt  particulier  ne  Pobligsoit  pas  à  faire  valoir  Je 
Telhimcht  en  faveur  du  Prince  qui  auroit  voulu  s'y  conformer. 

Enfin,  la  difpofition  faite  par  le  feu  Roi  Catholique  produifoit  encore  de 
nouveaux  embarras  pour  le  choix  du  Prince  àiubftituer  à  l'Archiduc.  Puif- 
que  Meilleurs  les  Etats  Généraux  rapellent  cet  Article  fecret  du  Traité,  Ils 
auront  aparemment  examiné  quel  Prince,  en  état  de  ibûmettre  les  Efpagnols  à 
fon  obéïfiance,  auroit  voulu  malgré  la  Nation  monter  fur  le  Trône  d'Eipa- 
gne,  6c  foûtenir  les  reftes  de  la  Monarchie  démembrée  contre  les  entrepniès 
de  l'Archidue,  autorifé  par  le  Teftament  du  feu  Roi,  &  contre  celies  du 
Duc  de  Savoie,  intérefie  à  maintenir  ces  dernières  difpofitions.  Il  ne  paroît 
pas  qu'on  eut  aifément  accommodé  tant  de  différens,  fans  aporter  le  moindre 
trouble  à  la  tranquillité  publique }  on  ne  pouvoit  prévoir,  au  contraire,  qu'une 
Guerre  universelle:  il  falloit  donc  emploier,  pour  conferver  la  Paix,  des  moiens 
différens  de  ceux  qu'on  s'étoit  propole  en  lignant  le  Traité. 

Le  plus  naturel,  le  plus  conforme  au  maintien  de  la  tranquillité  générale r 
le  fcul  jufte,  confiitoit  dans  la  réfolution  que  le  Roi  a  prife  d'accepter  le  Tef- 
tament" du  feu  Roi  Catholique.  Si  quelque  Prince  a  droit  de  s'opofer  à  fes 
dernières  difpofitions,  il  fuffit  de  les  lire,  pour  juger  que  ce  Droit  apartient 
feulement  àMonfeigneur  le  Dauphin.  Lors  qu'il  veut  bien, s'en  défifter  en  fa- 
veur de  fon  Fils,  le  Teftament  s'exécute  fins  trouble,  fins  efrufion  de  fang} 
&  les  Peuples  d'Efpagne  reçoivent  avec  la  Paix  un  Prince  que  la  Naiflance,. 
la  difpofition  du  feu  Roi ,  les  Vœux  unanimes  de  tous  les  Etats  de  la  Monar- 
chie apellent  à  la  Couronne. 

Si  quelque  Puiflànce  entreprenoit  d'attaquer  tant  de  Droits  réunis  ,  elle 
Ce  chargeroit  inutilement  du  nom  odieux  de  Perturbateur  du  Repos  public  y 
elle  commencerait  une  Guerre  injufie,  fans  aparence  de  fuccès.  Mais,  fi  cette 
Guerre  paroiftbit  injufte  lors  qu'elle  feroit  entreprife  par  des  Puifiànces  qui  le 
croiroient  intéreffées  à  traverfer  les  avantages  d'un  Prince  de  Fr&nce ,  feroit- 
il  de  l'équité  du  Roi,  de  fa  tendrefle  pour  le  Roi  d'Efpagne,  de  tourner  fes 
Armes  contre  une  Nation,  dont  le  feul  démérite  feroit  d'aporter  à  fon  nou- 
veau Roi,  Petit-Fils  de  Sa  Majefté,  la  Couronne  d'une  des  plus  puifiantes  Mo- 
narchies de  l'Europe,  ce  de  lui  demander  pour  toute  grâce  de  vouloir  bien- 
l'accepter  ? 

L'élévation  des  Rois  ne  peut  les  difpenfer  de  faire  connoître  l'équité  des 
Guerres  qu'ils  entreprennent.  Quelles  raiforts  Sa  Majefté,  jufte  comme  elle 
eft,  pourroit-clle  donner  de  reprendre  les  armes  pour  féparer  une  Monarchie 
déférée  toute  entière  au  légitime  Héritier? 

On  avoit  voulu  le  priver  de  fes  Droits  :  l'Empereur,  fe  croiant  affuré  des 
intentions  du  fcuRoi  d'Efpagne, fe  promettait  d'en  recueillir  toute  la  Succef- 
fioiv,  lajuftiee,  l'honneur,  l'intérêc  de  la  Couronne,  la  tendrellè  paternelle, 
obligeoient  également  le  Roi  à  foûtenir  de  toutes  fes  Forces  les  Droits  de 
Monfeigneur  le  Dauphin.  Les  fuccès  précédens  inltruifoient  de  ce  qu'on 
devoit  craindre  de  l'effort  de  fes  armes.    Le  Roi  d'Angleterre  &  les  Etats 

Gçné- 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.  zzj 

Généraux  délirèrent  également  de  prévenir  la  Guerre:  le  Roi  y  confentit,  I700< 
Monfeigneur  le  Dauphin  vouloit  bien  abandonner  la  plus  grande  partie  de  fes  — -— 
Droits;  à  condition  que  les  Etats,  qu'il  s'étoit  réfervez,  lui  feraient  affurez. 
Ce  defir  égal  de. maintenir  la  Paix,  produifit  le  Traité;  &  c'eft  ainfi  que  par 
des  fages  précautions,  prifes  pendant  la  vie  d'un  Prince,  dont  les  fréquentes  Se 
dangereufes  maladies  annpnçoient  une  mort  prochaine,  on  crut  en  partie  ren- 
"dre°juftice  aux  véritables  Héritiers,  &  établir  en  même  tems  le  fondement 
d'une  Paix  folide  dans  l'Europe. 

Les  difputes  excitées  fur  la  validité  de  la  Renonciation  de  la  feue  Reine  fer- 
virent  de  motif  à  cet  Accommodement:  en  effet,  il  eut  été  inutile,  fi  la  nul- 
lité de  cette  Renonciation  eut  'été  auffi  bien  reconnue  pendant  la  vie  du  feu 
Roi  Catholique,  qu'elle  l'a  été  déclarée  par  foh  Teftament.  Enfin,  il  étoit 
nécefîaire  que  le  Roi  voulût  bien  expliquer  pofitivement,s'il  acceptoit  le  Tef- 
tament  tel  qu'il  eft  en  faveur  du  Roi  fon  Petit-Fils  ;  ou  bien,  fi  Sa  Majefté 
le  refufoit  abfolument.il  n'y  avoit  point  de  milieu,point  de  changement,à  pro- 
pofer.  Sa  Majefté  acceptant  le  Teftament,  les -Droits  fur  toute  la  Succeffion 
en  entier  paflént  incontestablement  à  ce  nouveau  Roi  d'Efpagne.  Il  ne  lui 
eft  point  permis  de  les  féparer,  d'accepter  une  partie  de  la  Succeffion,  St  de 
refulèr  l'autre. 

Le  refus  du  Teftament  tranfportoit  tous  les  Droits  à  l'Archiduc;  il  ne  ref- 
toit  pas  même  aux  véritables  Héritiers  de  raifon  légitime  de  fe  plaindre  qu'on 
leur  eût  fait  aucune  injuftice:  par  conféqucnt,  en  quelque  cas  que  ce  foit,  Sa 
Majefté  voulant  maintenir  les  conditions  du  Traité  étoit  obligée  d'attaquer 
un  Prince  vivant,  légitime  pofleffeur  de  la  Couronne  d'Efpagne;  &  toutes 
les  mefures  qu'Elle  avoit  prifes  avec  fes  Alliez  regardoient  feulement  le  Parta- 
ge de  la  Succeffion  d'un  Prince,  dont  la  mort  paroiffoit  prochaine.  Puifque 
la  Guerre  étoit  inévitable,  qu'elle  étoit  injufte,  fi  le  Roi  eut  pris  la  réfolu- 
tion  de  s'en  tenir  précifément  aux  termes  du  Traité  de  Partage,  Meffieurs  les 
Etats  Généraux  n'ont  aucun  fujet  de  fe  plaindre  que  Sa  Majefté  l'ait  préve- 
nue, en  acceptant  le  Teftament,  à  moins  que  cette  réfolution  ne  leur  caufe 
quelque  préjudice. .  Jufques  k  prejTent,  on  ne  le  découvre  point.  La  feule  vûë 
qu'ils  ont  eue  en  traitant,  leur  unique  intérêt ,  a  été  d'affurer  la  tranquillité 
générale:  on  leur  doit  la  juftice  de  déclarer  qu'ils  n'ont  ftipulé  pour  Eux- 
mêmes,  aucun  Avantage  particulier,  nulle  Province,  nulle  Place,,  nul  Port 
de  Mer,  dépendant  de  L" Monarchie  d'Efpagne,.  foit  dans  l'ancien,  foit  dans 
le  nouveau  Monde,  nul  Article  feciet  pour  faciliter  leur  Commerce.  Ils  ont 
proprement  fait  l'office  de  Médiateurs  defintéreffez  entre  le  Roi  &  l'Empe- 
reur; ils  ont  voulu  pacifier  par  avance  les  troubles,  que  les  différens  récipro*- 
ques-  fur  la  Succeffion  fembloient  devoir  bien-tqf  produire.  Si  l'Empereur, 
marquant  le  même  defir  de  maintenir  la  Paix ,  eut  fouferit  au  Traité ,  les  en- 
gagemens  pris  alors  entre  les  feules  Parties  véritablement  intéreffées  à  la  Suc- 
ceffion auraient  été  difïeïens;  mais,  il  n'y  a  dé  Traité  qu'avec  les  Média- 
teurs :  &  Meilleurs  les  Etats,  informez  de  toutes  les  démarches  du  Roi  par 
raport  au  Traité ,  favent  l'inutilité  des  inftahees  faites  à  Vienne  au  nom  de  Sa 
Majefté.     Ils  favent  que  l'Empereur,  perfuadé  que  l'Archiduc  ferait  apellé  à 

Ce  5  là 


lit     MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

*700«   la  Succeffion  entière  des  Roïanmes  d'Efpagne,  ne  vouloit  s'engager  à  la  fé- 
"'  paration  des  Etats  de  la  Monarchie,  qu'autant  qu'elle  lui  auroit  ete  utile  pour 

étendre  fon  autorité  en  Italie.  Qu'ils  fe  plaignent  donc  de  l'Empereur,  Se  de 
fes  refus  continuels,  s'ils  voient  avec  peine  que  Sa  Majefté  ait  accepté  le 
Teftament.  Quoi  que  le  Mémoire  remis  à  fon  Ambafïàdeur  puifle  donner  lieu 
de  le  croire,  elle  veut  cependant  fufpendre  encore  fon  jugement,  jufqu'à  ce 
qu'ils  aient  fait  de  plus  ferieufes  réflexions  fur  ce  grand  événement.  Elle 
connoît  la  fageffe  des  Confeils  de  la  République.  Toutes  chofes  bien  exami- 
nées ,    Meilleurs  les  Etats  Généraux  trouveront  peut-être  que  tant  d'Etats 


aparences  lont  qu  us  pr 
fes  tenues,  l'état  prefent  de  la  Monarchie  d'Efpagne,  gouvernée  par  un 
Prince  de  France ,  fans  diviflon  de  fes  Etats.  Les  Peuples,  en  Angleterre  Se 
en  Hollande,  prévenoient  déjà  ce  que  le  Gouvernement  déciderait  en  cette 
occafionj  Scieurs  plaintes,  fur  l'union  des  Roïaumes  de  Naples  Se  de  Sicile  à 
la  Couronne  de  France,  marquoient  ouvertement  leur  inquiétude  pour  leur 
Commerce  de  la  Méditeranée.  _ 

Si  le  Roi  d'Efpagne  eft  Prince  de  France,  fa  haute  naiflance,  fon  éduca- 
tion, Se  .l'exemple  du  Roi,  lui  font  connoître  ce  qu'il  doit  à  fa  gloire,  au 
bien  de  fes  Peuples ,  Se  aux  intérêts  de  fa  Couronne.  Ces  confidérations  fe- 
ront toujours  les  premières  dans  fon  efprit,  elles  le  porteront  à  relever  la 
fplendeur  de  fa  Monarchie}  Se  d'ailleurs  la  tendrefTe  du  Roi  pour  Sa  Majefté 
Catholique  feroit  certainement  la  plus  forte  Barrière,  l'affurance  la  plus  foli- 
de,que  l'Europe  pourroit  deflrer:  Se  fi  l'attention  du  Roi  à  maintenir  la  Paix 
permettent  encore  la  moindre  crainte  des  deffeins  de  Sa  Majefté,  on  prendrait 
bien  plus  d'ombrage  de  trop  d'Etats  réunis  fous  un  même  Prince,  fi  le  Trai- 
té pouvoit  avoir  fon  exécution. 

Ces  réflexions  perfuaderont  aparemment  Meffieurs  les  Etats  Généraux,  que 
la  Juftice,  le  bien  de  la  Paix,  Pefprit  même  du  Traité,  ne  permettoient  pas 
que  le  Roi  prît  d'autre  réfolution  que  celle  d'accepter  le  Teftament  du  feu 
Roi  d'Efpagne  ;  qu'elle  convient  aux  intérêts  particuliers  de  la  République 
de  Hollande}  qu'elle  eft  conforme  à  ceux  de  toute  l'Europe.  Le  malheur 
feroit  donc  général,  s'il  étoit  poffible  que  Sa  Majefté  eût  égard,  après  la 
déclaration  qu'Elle  a  faite,  aux  inftances  contenues  dans  leur  dernier  Mémoi- 
re} Se  véritablement  Elle  eft  perfuadée  que  jamais  ils  n'ont  eu  intention  d'en 
obtenir  l'effet.  Ils  font  trop  éclairez,  pour  avoir  formé  des  vœux  auflî  contrai- 
res à  leurs  lumières,  Se  aux  véritables  intérêts  de  leur  République.  S'ils 
étoient  capables  de  les  oublier  allez,  pour  fouhaiter  effectivement  que  Sa  Ma- 
jefté voulût  exécuter  les  conditions  du  Traité,  ils  auraient  fait  voir  les  moiens 
afibrez  d'accomplir  le  Partage  fans  Guerre,  Se  du  contentement  général  de 
toute  l'Europe }  ils  auraient  au  moins  nommé  les  Princes  prêts  à  joindre  leurs 
Forces  pour  en  garantir  tous  les  Articles }  ils  auraient  dénoncé  celles  que  la 
République  de  Hollande  auroit  données,  ioit  par  Terre,  fort  par  Mer.  Le 
Mémoire,  cependant,  ne  contient  rien  de  lémblable  :  MefHeurs  les  Etats  pro- 

pofent 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.         n7 

pofênt  feulement  d'accorder  encore  à  l'Empereur  le  terme  de  deux  mois,  1700. 
porté  par  l'Article  fecret  du  Traité.     Ont-ils  déjà  perdu  le  fbuvenir,  qu'il  y  a  ■ 

îept  mois  que  ce  Prince,  délibère  i  que  fes  réponfes,  aux  différentes  inftances 
qu'on  lui  a  faites ,  contenoient  feulement  un  rems  abfblu  de  foufcrire  au  Par- 
tage? Qu'ils  examinent  quel  aurait  été  le  fruit  de  cette  nouvelle  Propofition. 
L'Empereur  refufoit  le  Partage,  fur  la  fimple  efpérance,  que  le  Roi  d'Efpa- 
gne  apelleroit  l'Archiduc  à  la  Succeffion  i  cette  efpérance  étoit  vaine  alors, 
êc  l'effet  l'a  vérifié:  cependant,  fî  elle  étoit  capable  de  fufpendre  les  réfolu- 
tions  de  l'Empereur,  que  ne  ferait  point  la  certitude  qu'il  auroit  prefentement 
de  procurer  à  l'Archiduc  toute  la  Succeffion  d'Efpagne  ?  Car  enfin,  le  délai 
de  deux  mois  propofé  en  cette  occafion  par  les  Etats  Généraux  auroit  été  re- 
gardé avec  raifon  par  les  Efpagnols  comme  un  refus,  que  le  Roi  auroit  fait 
du  Teftament  du  feu  Roi  Catholique.  Il  n'y  avoit  pas  d'aparence  d'exiger 
d'eux  d'attendre  une  réponfe  pendant  un  auffi  long  efpace  de  tems  ;  encore 
cette  réponfe,  fuivant  les  termes  du  Traité,  ne  pouvoit  être  qu'un  refus.  Ainfi, 
la  Régence  d'Efpagne  étoit  obligée ,  pour  fe  conformer  aux  intentions  du  feu 
Roi  Catholique ,  de  déférer  la  Couronne  à  l'Archiduc }  &  l'Empereur  obte- 
noit,  pour  le  fimple  délai  que  Meffieurs  les  Etats  propofent,  ce  qu'il  a  recher- 
ché avec  tant  de  peines  :  ainfi,  fous  le  prétexte  fpécieux  de  l'exécution  du 
Traité ,  ils  afîlirent  à  jamais  la  grandeur  6c  la  puiflance  de  la  Maifon  d'Autri- 
che. Sa  Majefté  veut  bien  croire  qu'ils  n'ont  pas  eu  ce  deffein  :  ils  connoif- 
fent  trop  l'intérêt  qu'ils  ont  de  mériter  par  leur  bonne  conduite  l'honneur  de 
fon  affection,  6c  la  continuation  des  marques  de  fa  bienveillance.  Elle  s'affu- 
re  donc,  que  faifant  plus  de  réflexion  qu'ils  n'ont  fait  aux  témoignages  qu'Elle 
donne  de  fon  attention  au  maintien  du  repos  public,  au  facrifice  qu'Elle  veut 
bien' faire  dans  cette  vue"  des  Etats  confidérables  qu'Elle  regardent  comme 
devant  être  unis  à  fa  Couronne,  ils  changeront  leurs  plaintes  en  remercie- 
niens  ;  £c,  félicitant  au  plutôt  le  Roi  d'Efpagne  fur  fon  avènement  à  la  Cou- 
ronne, ils  tâcheront  de  mériter  du  Roi  les  mêmes  marques  de  bonté  6c  de 
protection,  qu'Eux  6c  leurs  Ancêtres  ont  reçues  de  Sa  Majefté  6c  des  Rois 
fes  Prédéceffeurs. 

O  n  reçût  prefqu'en  même  tems  une  Lettre  par  les  mains  dé  Don  Bernar- 
do  de  Quitus,  que  la  Reine  Douairière  d'Efpagne ,  6c  la  Régence,  écrivoient 
aux  Etats  Généraux ,  de  la  teneur  fuivante. 

„  'T^Res  -  Chers  et  Grands  Amis.     Nous  vous  fîmes  part  par  nôtre  Lettre- 
„     A   Lettre  de  l'onzième  de  ce  mois,  du  décès,  6c  de  la  difpofition  tefla-  de  la 
„  mentaire  du  feu  Roi  Charles  II.  nôtre  Sire,  (  que  Dieu  ait  en  gloire)  Reine 
„  à  quoi  nous  ajoutons  prefentement  la  nouvelle  de  l'accomplifïèment  de  fa  ]??"a£ 
„  dernière  Roïaîe  volonté  touchant  ce  point  ;  le  Roi  Philippe  V.  nôtre  qS  & 
„  Sire,  étant  déjà  actuellement  acclamé,  6c  les  Etendards  arborez  en  fon  Régence 
„  Roïal  nom.     Comme  Nous  nous  promettons,  que  vous  prendrez  bonne  d'Efpa- 
„  part  à  nôtre  joie,  Nous  vous  affûtons  auffi,   qu'en  toutes  occafions  de  §£jt*     : 
„  vous  pouvoir  complaire,  Nous  tâcherons  de  vous  témoigner  nôtre  parti-  Gené- 
„  culiére  eftime  6c  affection.    Sur  quoi  Nous  prions  Dieu,  qu'il  vous  ait,  raux. 

„  très- 


2z8      MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

1700.  „  trcs-chers  &  grands  Amis.,  en  fa  fainte  garde.    A  Madrid,  le  zz.  de  No- 
•'  „  vembre  1700. 

•  Vôtre  bien  bonne  Amie, 

MOI    LA    REINE. 

*  r 

Le  Card.  de  Porto-Carero. 
Don  Manuel  Arias. 
M.  Ferdinando  d'Arragon. 
»  El  Inquisit.  General. 

El  Conde  de  Benavente.  *   • 

Don  Rodrigo  Emanuel. 
Mantriques  de  Lara. 
D.  Joseph  de  la  Fuente. 

Les  Etats  Généraux  ne  répondirent  pas  d'abord,  ni  à  cette  Lettre,  ni  an 
Mémoire  du  Comte  de  Briord.  Cependant,  après  en  avoir  fait  l'examen 
pendant  quelques  jours, on  prit  le  Mercredi  8.  de  Décembre  deux  Réfolutions. 
La  première  regardoit  la  Lettre  de  la  Régence  d'Efpagne.  Elle  portoit, 
„  qu'il  falloit  y  répondre,  ainfi  que  l'on  fit,  en  termes  pleins'de  civilité  &  de 
.„  condoléance  fur  la  mort  du  Roi  d'Efpagne  de  gtorieufe  Mémoire.  On 
„  ajouta,  que  touchant  la  claufe  du  Teftament  de  ce  Roi  touchant  les  Héri- 
.„  tiers  Univerfels,  L.  H.  P.  ne  pouvoient  pas,  à  caufe  de  la  Constitution  de 
„  leur  Gouvernement,  fe  déclarer  là-defTus.  C'eft  puis  qu'elles  étoient  obli- 
?,  gées  d'attendre  le  fentiment  des  Provinces  refpe&ives ,  auxquelles  on  en 
„  avoit  donné  connoifiance.  Cependant,  le  feu  Roi  aïant  fagement  étabh  la 
.„  Reine  &  la  Junte  pour  le  Gouvernement  de  fes  Roïaumes  &  Provinces, 
.3,  on  leur  fouhaitoit  toute  forte  de  bonheur.  Que  de  leur  côté  Elles  pren- 
„  dront  toujours  fort  à  cœur  la  confervation  6c  le  maintien  de  l'amitié  & 
„  bonne  correfpondance  entre  la  Couronne  d'Efpagne  6c  la  République,  ain- 
„  fi  qu'elle  avoit  été  cultivée  pendant  plufieurs  années. 

La  Lettre,  qui  fut  dreflee  en  conformité,  fut  envoïée  à  l'Envoie  de  l'Etat, 
autorifé  pour  vaquer  aux  Affaires  de  la  République  à  la  Cour  de  Madrid , 
pour  l'y  préfenter.  On  fit  même  remettre  par  l'Agent  de  l'Etat  la  Copie  de 
cette  Rélolution  à  Don  Bernardo  de  Çhàros. 

Le  même  jour,  on  prit  *.ine  autre  Réfolution  pour  écrire  au  Roi  Très- 
Chrêtien  en  réponfe  de  fa  Lettre,  qui  étoit  jointe  au  Mémoire  du  Comte 
de  Briord.  Le  contenu  de  la  Réfolution  portoit,  „  qu'on  répondrait  à  cet- 
„  te  Lettre  en  termes  civils,  &  qu'on  témoignerait  à  Sa  Majelté  que  L.  H. 
„  P.  avoient  reçu  avec  plaifir  la  notification  Se  l'affurance  qu'il  avoit  plû  à 
„  Sa  Majefté  de  leur  donner  par  fa  Lettre  par  le  canal  du  Comte  de  Briord , 
„  de  la  continuation  de  fon  amitié  &  de  fon  inclination  pour  l'Etat.  Qy'El- 
„  les  avoient  toujours  pris,  &  prendraient  toujours,  beaucoup  de  paît  à  ce 
„  qui  concerne  le  bien  &  la  grandeur  de  Sa  Majefté  6c  de  fa  Maifon  Roïale. 
„  Cependant,  qu' Elles  efpéroient  que  dans  cette  occafion  Sa  Majefté  fau.ni 
„  aifcmait  confidérer,  félon  fa  grande  fageffe,  qu'Elles  n' étoient  pas  en  état 

•      „  de 


ET    RESOLUTIONS    D'ETAT.  119 

de  pouvoir  d'abord  s'expliquer  fur  le  changement.     C'eft  parce  qu'étant   1700. 
une  Affaire  d'une  fi  grande  importance,  Elles  étoient  obligées,  fuivant  la   


„  Conftitution  de  leur  Gouvernement ,  d'attendre  le  fentiment  des  Etats  des 
„  Provinces  refpectives ,  auxquels  on  en  avoit  donné  connoiffance.  D'ail- 
„  leurs,  que  c'étoit  une  chofe  qui  regàrdoit  en  commun  &  Elles  &  Sa  Ma- 
„  jefté  Britannique,  à  caufe  du  Traite  conclu  fur  la  Succeflïon  d'Efpagne  >  & 
„  par  conféquent  Elles  croïoient  dé  devoir  en  agir  avec  participation  de  ladi- 
„  te  Majefté  Britannique.  Cependant,  elles  n'ont  pas  voulu  aporter  le  moin- 
„  dre  délai  à  remercier  S'a  Majefté  pour  la  nouvelle  aiïurance,  qu'il  a  plû  à 
„  Sa  Majefté  de  leur  d/nner  par  cette  occafion ,  de  fon  amitié,  8c  de  fonaf- 
„  feér. ion  pour  leur  Etat.  Audi  l'avoient- elles  reçu  avec  beaucoup  de  refpe&j 
„  8c  en  connoiffant  le  prix ,  Elles  tâcheroient  par  tous  les  foins  poflîbles  de  la 
„  cultiver  de  plus  en  plus,  comme  n'eftimant  rien  de  plus  que  h.  bonne  in- 
„  clination  de  Sa  Majefté  pour  la  confervation  de  la  Paix,  8c  de  la  tranquilli- 
5,  té  publique. 

On  drefia  en  conformité  de  cette  Réfolution  la  Lettre  pour  le  Roi  de  Fran- 
ce, qu'on  envoïa  à  l'Ambaffadeur  de  la  République  pour  la  lui  remettre.  On 
envoïa  pareillement  l'Extrait  de  cette  Réfolution  au  Comte  de  Briord  par  leur 
Agent,  pour  lui  lërvir  de  Réponfe  à  fon  Mémoire. 

Comme  ce  qui  s'étoit  pane  à  la  Cour  de  France  lors  de  l'acceptation  du 
Teftament  de  Charles  II.  Roi  d'Efpagne  n'étoit  pas  encore  bien  connu , 
l'on  en  fut  enfuite  éclairci.  On  eut  la  Copie  de  quatre  Lettres  que  la  Junte 
ou  Régence  d'Efpagne  avoit  écrites  au  Roi  Très-Chrétien ,  en  date  du  pre- 
mier, du  3,  du  7,  &  du  16.  du  mois  de  Novembre,  avec  une  réponfe  du- 
dit  Roi  Très-Chrêtieixdu  12.  du  même  mois.  Ces  Lettres  8c  cette  Réponfe 
font  telles  qu'elles  fuivent. 

SIRE,  Lettre 

de  la 

Aujourd'hui,  fur  les  trois  heures  du  foir,  Dieu  a  retiré  de  ce  monde  le  ^uenteen°u 
Roi  Charles  Second,  nôtre  Seigneur  8c  Maître,  pour  le  faire  jouir,  ce(j'Ef- 
( comme  nous  devons  le  croire)  de  fa  gloire  éternelle.     Son  Teftament  a  été  pagne  au 
ouvert  immédiatement  après  fa  mort  avec  les  folemnitez  de  droit  :  6c  s'y  trou-  Roi  de 
vant  dans  la  claufe  qui  concerne  l'Héritier  ôc  Succefieur  de  tous  fes  Ro'nu-  France« 
mes,  Etats,  8c Seigneuries,  qu'il  apelle,  fans  nulle  exception,  le  Serenifîïme 
Duc  d'Anjou,  Fils  du  Serenifîïme  Daufîn,  avec  ordre  de  lui  en  donner  fans 
aucun  délai  la  pofléfllon  actuelle ,  après  qu'il  aura  prêté  le  Serment  qu'il  doit 
faire  d'obferver  les  Loix,  Privilèges,  8c  Coutumes  de  chaque  Roïaume  8c 
Seigneuries,  ainfi  qu'il  eft  plus  amplement  exprimé  dans  les  deux  Copies  ci- 
jointes  -,  8c  que  Sa  Majefté,  que  Dieu  abfolve  ,   établit  une  Junte  pour  le 
Gouvernement   général  de  la  Monarchie,  jufques  à  ce  que  fon  Succefieur 
puifie  la  gouverner  lui-même:  la  Reine,  qu'il  a  nommée  pour  en  être,  fi 
c'eft  fa  volonté  d'y  afiïfter,  8c  les  Miniftres  foufiîgnez ,  s'aquitent  de  l'obli- 
gation qu'ils  ont  d'en  donner  la  première  nouvelle  à  Vôtre  Majefté,  laquelle 
fera  fuivie  de  toutes  les  autres  diligences  8c  informations,  qui  feront  néceflai- 
res  en  cette  occurrence.     C'eft  a  quoi  fe  réduit  tout  ce  dont  nous  avons  à 
^totn.  I.  .  Dd  donner 


tp      MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

1700.   donner  avis  à  V.  M.  Dieu  la  conferve,  comme  il  en  eft  befoin.    A  Madrid,. 
— —    le  1.  de  Novembre  de  Tan  1700. 

MOI  LA  REINE. 

Le  Card.  Portocarrero. 

Don  Manuel  Arias. 

L'Eveque  Inquisiteur  General. 

Don  Rodrigue  Manuel  Manriques  de  Lara. 

Le  Comte  de  Benavent. 


Lettre 
du  Se- 
crétaire 
d'Etat 
Don 
Antoine 
de  Ubil- 


LE  Roi  Charles,  mon  fouverain  Seigneur  Se  Maître,  étant  décédé  le 
premier-  de  ce  mois  à  trois  heures  après  midi ,  Ton  Teftament  a  été  ouvert, 
immédiatement  après,  avec  les  folemnitez  de  droit.  Il  s'y  eft  trouvé  une  clau- 
fe  dont  la  Copie  eft  ci-jointe,  dans  laquelle  il  nomme  pour  fon  Succeflèur  en 
tous  fes  Roïaumes,  Etats,  Se  Seigneuries,  le  Sereniflime  Duc  d'Anjou,  Fils 
du  Sereniflime  Daufin,  avec  les  charges  6c  conditions,  qui  y  font  exprimées* 
Se  une  autre  claufe  dont  la  Copie  eft  pareillement  ici,  contenant  la  forme 
qu'il  donne  au  gouvernement  de  la  Monarchie,  jufques  à  ce  que  fon  Succef- 
teur  puifle  la  gouverner  lui-même.  Et  la  nuit  du  même  jour  il  s'en  eft  donné 
avis  au  Roi  Très-Chrêtien ,  en  lui  envoïant  auflî  les  Copies  citées  dans  la 
Lettré  (  de  la  Reine  )  adreflee  nu  Marquis  de  Caftel-dos  Rios,  pour  la  re- 
mettre entre  les  mains  de  Sa  Majefté ,  ainfi  qu'il  lui  eft  ordonné  par  une  Let- 
tre dont  la  Copie  eft  avec  celle-ci  :  6c  l'un  6c  l'autre  s'envoïe  double  par  un 
Courier  extraordinaire,  que  je  dépêcherai  cette  nuit  avec  une  nouvelle  Lettre 
qui  marque  l'empreflement  que  nous  avons  de  voir  nôtre  Roi.  Et  par  le 
commandement  de  la  Reine,  ma  Maîtrefle,  6c  des  Régens,  je  communique 
tout  ce  que  deflus  à  Mr.  l'Envoie.  A  Madrid,  le  3.  de  Novembre  1700. 
UBILLA. 


Seconde 
Lettre 
des  Ré- 
eens  au 
Roi  de 
France. 


SIRE, 

DAns  une  Lettre  du  premier  de  ce  mois  envoïée  par  un  Exprès,  nous 
donnâmes  avis  à  Vôtre  Majefté,  que  Dieu  avoit  apellé  à  foi  le  Roi 
Charles,  nôtre  Seigneur  ôc  Maître  >  6c  nous  joignîmes  à  cette  Lettre  la 
Copie  d'une  claufe  qui  s'eft  trouvée  dans  fon  Teftament,  par  laquelle  il  nom- 
me pour  Succeflèur  en  tous  fes  Roïaumes  le  Sereniflime  Duc  d'Anjou ,  Fils 
du  Sereniflime  Daufin,  avec  les  circonftances  qui  y  font  contenues j  comme 
auflî  la  Copie  d'une  autre  où  Sa  Majefté,  que  Dieu  abfolve,  établit  une  Jun- 
te deMiniitres  (qui  eft  déjà  formée)  pour  le  Gouvernement  général  de  la  Mo- 
narchie, jufques  à  ce  que  fon  Succeflèur  puifle  la  gouverner  lui-même.  Mais 
comme  dans  le  rude  aflaut  de  ce  jour-là,  il  nous  fut  impoflîble  d'exprimer 
plus  vivement  les  fentimens  de  nôtre  cœur  à  Vôtre  Majefté,  nous  le  faifons 
aujourd'hui,  en  lui  témoignant,  que  bien  que  nous  réglerions  avec  une  juite 
douleur  le  Maître  que  nous  venons  de  perdre,  celui  qu'il  nous  a  donné  par 
fon  Teftament  nous  fait  revivre,  Se  relevé  nos  efpérances  à  tel  point,  que 

nous 


ET    RESOLUTIONS    D'ETAT.         ip 

nous  &  tous  fes  Peuples  nous  attendons  avec  impatience  le  bonheur  de  vivre  1700, 
fous  fa  domination.  Car,  outre  que  l'on  pourrait  affurer  avec  vérité,  que  tel  ■ 
étoit  auparavant  le  defir  unanime  de  cette  Nation,  voïant  que  le  Roi  Char- 
les n'avoit  point  d'Enfans  légitimes ;  le  Prince  qu'il  a  choifi  fe  trouve  au- 
jourd'hui apuié  Se  fortifié  du  fang,  du  droit,  Se  de  l'inclination  générale. 
C'efl  pourquoi  nous  demandons  à  V.  M.  que  le  digne  SuccefTèur  de  cette 
-Monarchie  commence  fans  différer  à  difpofer  de  fes  Etats ,  afin  que  nous 
aïons  bien-tôt  la  confolatiôn  de  jouir  de  la  douceur  de  fon  Gouvernement. 
Et,  pour  cela,  nous  lui  offrons  dés  maintenant,  comme  chofe  qui  lui  apar- 
tient  en  propre,  nos  foins  Se  nos  fervices  en  tout  ce  qui  pourra  lui  faciliter 
les  moïens  de  poffeder  ces  Roïaumes  avec  la  tranquillité  Se  la  félicité  que 
nous  lui  annonçons.  Cependant ,  nous  refions  Se  refterons  avec  une  obeïf- 
fance,  une  promptitude,  Se  un  attachement  fîneere  Se  confiant,  qu'il  éprou- 
vera dans  tous  les  événemens  grands  Se  petits  :  Se  tout  cela  nous  paraîtra  peu 
de  chofe,  en  comparaifon  du  defir  ardent  que  nous  avons  de  le  bien  perfuader 
en  tout  de  nôtre  fidélité  Se  de  nôtre  amour.  Dieu  garde  la  perfonne  de  Vô- 
tre Majeflé  Très-Chrêtienne ,  comme  il  en  efl  befoin.  A  Madrid,  le  3.  de 
Novembre  1700. 

MOI    LA    REINE. 

Le  Comte  Don  Manuel  Arias. 
L'Eveque  Inquisiteur  General. 
Don  Rodrigue  Manuel. 
Le  Comte  de  Benavent. 

SIRE,  Troifié- 

me  Lct- 

EN  conféquence  de  ce  que  nous  écrivîmes  à  Vôtre  Majeflé  par  un  Cou-  ^  ^ 
rier  extraordinaire,  dépêché  le  3.  de  ce  mois,  au  fujet  de  la  mort  du  Roi  aUR0i 
nôtre  Maître,  que  Dieu  abfolve,  offrant  de  lui  remettre  le  Teflament  Se  le  de  Fraa- 
Codicile  qu'il  a  laiflez,  lefquels  étoient  prêts  dès  lors;  nous  lui  envoïons  l'un  ce- 
Se  l'autre  par  cet  Exprès ,  afin  qu'elle  ait  une  connoiffance  entière  de  toutes 
les  circonflances  qu'ils  contiennent  >  nous  fervant  de  cette  occafion ,  (  com- 
me nous  ferons  de  toutes  les  autres,  )  pour  dire  à  V.  M.  que  la  Noblefîe  8c 
les  Peuples  demandent  leur  nouveau  Roi  avec  des  inquiétudes  fie  des  détrefles 
inconcevables:  de  forte  que,  bien  loin  de  vouloir  prêter  l'oreille  ni  confentir 
à  aucune  nouveauté  ou  variation  dans  cette  grande  Affaire,  ils  font  tous  dans 
la  même  réfolution  de  la  foûtenir  Se  maintenir,  étant  aufîi  perfuadez  qu'ils  le 
font  de  la  juftice  Se  de  la  raifon  de  cette  Caufè.     Ce  que  nous  reprefentons  à 
V.  M.  pour  la  réfoudre  à  donner  promptement  à  nos  prières ,  Se  à  nos  inflan- 
ces  réitérés,  un  Prince  qui  efl  fi  defiré,  Se  attendu  avec  des  acclamations 
qui  s'augmentent  de  jour  en  jour:  outre,  les  avis  que  nous  recevons  a  tous 
momens,  des  aplaudiffemens  faits  au  Teflament  du  feu  Roi,  accompagnez 
N-    des  louanges  de  celui  que  Dieu  nous  a  donné,  Se  des  vœux  avec  lefquels  on 

Dd  2  afpirc 


z]z      MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

1700.  afpire  à  le  voir  en  poffeffion  du  Commandement.  A  ces  vives  &  tendres  ex- 
■  préfixons  nous  ajoutons  la  ratification  de  toutes  les  offres  fincéres,  que  ces 
Roïaumes  font  en  général  8c  en  particulier ,  de  tout  ce  qu'ils  pourront  faire 
pour  le  fervice  du  Roi  qu'ils  attendent  ;  Se  la  congratulation  que  nous  devons 
à  V.  M.  de  voir  le  fécond  de  les  Petits-Fils  nommé  8c  proclamé  Roi  d'Efpa- 
gne,  avec  des  circonftances  aufîî  finguliércs  que  le  font  celles  qui  fê  rencon- 
trent en  cette  conjoncture.  Dieu  garde  la  peribnne  de  Vôtre  Majefté  Très- 
Chrêtienne,  comme  il  en  eft  befoin.     A  Madrid,  le  7.  Novembre  1700. 

MOI    LA    REINE. 

Le  Comte  Manuel  Arias. 

Don  Rodrigue  Manuel. 

Le  Comte  de  Benavent. 

Don  Antonio  de  Ubilla  et  Médina. 

Réponfe  'HpRès- Haute,  Très-Puiffante ,  8c  Très- Excellente  PrincerTe  ,   nôtre  tres- 
duRoi       X   chère,  &  très-amée  bonne  Sœur  8c  Coufine>  très-chers  8c  bien-amez 
ce  à  là  ~  Coufins  )  &   autres  du   Confeil  établi  pour  le  Gouvernement  univeriel  des 
Junte       Roïaumes  èc  Etats  dépcndans  de  la  Couronne  d'Efpagne.     Nous  avons  reçu 
d'Efpa-    la  Lettre  fignée  de  Vôtre  Majefté,  8c  de  Vous,  écrite  le  premier  de  ce  mois. 
£ne>        Elle  nous  a  été  rendue  par  le  Marquis  de  Caftel-dos-Rios,  Ambaffadeur  de 
Très-Haut,   Très- Puifiant  ,    8c  Très- Excellent  Prince,   notre  très-cher  8c 
très-amé  bon  Frère  8c  Coufin,  Charles  Second,  Roi  des  Efpagnes,  de 
glorieufe  mémoire.     Le  même  Ambaffadeur  nous  a  remis  les  clautès  du  Tef- 
tament fait  par  le  feu  Roi  fon  Maître,  contenant  l'ordre  8c  le  rang  des  Hé- 
ritiers qu'il  apelle  à  la  Succeffion  de  tous  fes  Roïaumes  8c  Etats  ;  èc  la  fage 
Difpofition  qu'il  fait  pour  le  Gouvernement  de  ces  mêmes  Roïaumes,  jufqu'à 
l'arrivée  8c  jufqu'à  la  majorité  de  fon  Succefîèur.     La  fenfible  douleur  que 
nous  avons  de  la  perte  d'un  Prince,  dont  les  qualitez  8c  les  étroites  liaifons 
du  fang  nous  rendoient  l'amitié  très-chere,  eft  infiniment  augmentée  par  les 
marques  touchantes  qu'il  nous  donne,  à  fa  mort,  de  fi  juftice,  de  fon  amour 
pour  des  Sujets  fidèles,  8c  de  l'attention  qu'il  aporte  à  maintenir,  au  de-là  du 
tems  de  fa  vie,  le  repos  général  de  toute  l'Europe,  8c  le  bonheur  de  fes  Peu- 
ples.    Nous  voulons  de  nôtre  part  contribuer  également  à  l'un  8c  à  l'autre, 
8c  répondre  à  la  parfaite  confiance  qu'il  nous  a  témoignée.    Ainfi ,  nous  con- 
formant entièrement  à  fes  intentions  marquées  par  les  articles  du  Teftament 
que  Vôtre  Majdlé,  &c  Vous,  nous  avez  envoïez,  tous  nos  foins  feront  defor- 
-   mais  de  rétablir  par  une  Paix  inviolable,  par  l'intelligence  la  plus  parfaite,  la 
Monarchie  d'Efpagne  au  plus  haut  point  de  gloire  où  jamais  elle  ait  été. 
Nous  acceptons ,  pour  nôtre  Petit-Fiis  le  Duc  d'Anjou ,  le  Teftament  du  feu 
Roi  Catholique.    Nôtre  Fils  unique  le  Dauphin  l'accepte  auffi:  il  abandonne 
fins  peine  les  juites  droits  de  la  feu  Reine  fil  mère  8c  nôtre  très-chere  Epaule, 
reconnus  incontcftables,  auili  bien  que  ceux  de  la  feu  Reine  nôtre  très-hono- 
réc  D^me  8c  Mère,  par  les  avis  des  diiferens  Miniitrcs  d'Etat  8c  de  Juftice 

con- 


ET    RESOLUTIONS    D'ETAT.         22; 

confultez  par  le  feu  Roi  d'Efpagne.     Loin  de  fe  réierver  aucQne  partie  de  la   I703- 

Monarchie,  il  facrifie  fes  propres  intérêts  au  defir  de  rétablir  l'ancien  luftre  * 

d'une  Couronne  que  la  volonté  du  feu  Roi  Catholique  &  la  voix  de  fes  Peu- 

}>les  déférent  unanimement  à  nôtre  Petit-Fils.  Ainfi,  nous  ferons  partir  incef- 
àmment  le  Duc  d'Anjou,  pour  donner  au  plutôt  à  des  Sujets  fidèles  la  con- 
folation  de  recevoir  un  Roi  bien  perfuadé ,  Que  Dieu  l'apellant  au  Trône , 
fon  premier  Devoir  efl  de  faire  régner  avec  lui  la  Juftice  &  la  Religion  ; 
Qu'il  doit  donner  fa  principale  aplication  à  rendre  fes  Peuples  heureux,  à  re- 
lever &  à  maintenir  l'éclat  d'une  aulli  puiflante  Monarchie;  Qu'il  eft  obligé 
de  connoître  parfaitement  &  de  récompenfer  le  mérite  de  ceux  qu'il  trouvera 
(  dans  une  Nation  également  brave  Se  éclairée  )  propres  à  le  fervir  dans  fes 
Confeils ,  dans  fes  Armées,  &  dans  les  differens  Emplois  de  l'Eglife  8c  de  l'E- 
tat. Nous  l'inftruirons  encore  de  ce  qu'il  doit  à  des  Sujets  inviolablement 
attachez  à  leurs  Rois,  de  ce  qu'il  doit  à  la  propre  Gloire.  Nous  l'exhorterons, 
à  le  fouvenjr  de  fa  Naifiance,  à  conferver  l'amour  de  fon  Paï's;  mais,  unique- 
ment pour  maintenir  à  jamais  la  Paix  Se  la  parfaite  intelligence,  fi  néceflaires 
au  commun  bonheur  de  nos  Sujets  Se  des  fïens.  Elle  a  toujours  été  le  prin- 
cipal objet  de  nos  fouhaits:  Se,  fi  les  malheurs  des  conjonctures  paffées  ne 
nous  ont  pas  permis  de  le  faire  connoître,  nous  fommes  perfuadez  que  ce 
grand  événement  va  changer  l'état  des  choies  ;  de  forte  que  chaque  jour  nous 
produira  déformais  de  nouvelles  occafions  de  marquer  nôtre  eltime  8c  nôtre 
bienveillance  particulière  pour  toute  la  Nation  Elpagnole.  Cependant,  nous 
prions  Dieu,  Auteur  de  toutes  confolations ,  qu'il  donne  à  Vôtre  Majefté  cel- 
les dont  elle  a  befoin  dans  fa  jufte  arrliétion;  Se  .nous  vous  aiTurons,  Très- 
Haute ,  Très-Excellente,  8c  Très-PuifTante  Princefle,  nôtre  très-chere  8c 
très-amée  bonne  Sœur  8c  Coufine,  Très-chers  8c  bien  amez  Confins,  Se  au- 
tres du  Confeil  établi  pour  le  Gouvernement  d'Efpagne,  de  l'eftime  particu- 
lière Se  de  l'afteérion  que  nous  avons  pour  vous.  Ecrit  à  Fontainebleau  le  12. 
Novembre  1700.  Au  defious  eft  écrit:  De  Vôtre  Majefté,  bon  Frère  Se 
Coufin.  Signé  LOUIS.  Et  plus  bas,  Colbert.  Et  au  defllis  de  cet- 
te Lettre  eft  écrit:  A  Très- Haute,  Très  -  Excellente ,  Se  Très-PuifTante 
Princeiïè,  nôtre  très-chere  Se  très-amée  bonne  Sœur  8c  Coufine,  la  Reine 
d'Efpagne;  Se  à  nos  très-chers  Se  bien  amez  Confins,  Se  autres  du  Confêil 
établi  pour  le  Gouvernement  univerfel  des  Roïaumcs  8c  Etats  dépendans  de 
h.  Couronne  d'Efpagne;  avec  un  Cachet  du  grand  Sceau  fecret. 

SIRE,  Quatriè- 

me Let- 
SUr  l'avis  que  nous  avons  donné  à  Vôtre  Majefté  de  l'affli&ion  où  nous  J*  ^s 
étions  à  caufe  de  la  mort  de  nôtre  très-aimé  Roi  8c  Maître  Don  Carlos  au  Roi* 
de  glorieufe  mémoire,  Se  de  la  prudente  Se  inconteftable  Difpofition  qu'il  a  de  Fr.\a- 
faite  dans^  fon  Teftament,  en  apellant  à  l'entière  8c  univerfelle  Succeiïïon  de  cc- 
tous  fes  Etats  le  nouveau  Roi  Don  Philippe  V.  nôtre  Seigneur  Se  Maître, 
auparavant  Duc  d'Anjou  toujours  heureux  Petit-Fils  de  V.  M.,  8c  en  donnant 
par  intérim  une  forme  pour  les  gouverner  ;  Elle  a  bien  daigné  (  Se  nous  en 
avons  une  grande  reconaoiiîance )  nous  témoigner,  par  fa  Lettre  du  xz.  du 

Dd  3  courant y 


*Î4      MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

1700.  courant,  la  fenfible  douleur  que  lui  a  caufée  la  perte  d'un  fi  grand  Prince, 
"»  &  déclarer  qu'elle  acceptoit  &  aprouvoit  le  contenu  du  Teftament  du  feu 

Roi,  le  confirmant  8c  autorifant  avec  toutes  les  formes  6c  précautions  qui 
peuvent  aflurer  pour  jamais  la  pofieflîon  d'un  fi  grand  Héritage.     C'eit  pour- 
quoi, après  avoir  rendu  à  V.  M.  les  actions  de  grâces  les  plus  tendres  &  les 
plus  reipeebueufes  que  nous  lui  devons  pour  cette  acceptation,  8c  pour  les  té- 
moignages finguliers  d'eftime  8c  de  bonté  dont  il  lui  a  plu  de  nous  honorer, 
fie  nous  en  particulier,  8c  toute  la  Nation  Efpagnole  en  général}  (manières 
propres  8c  caractériftiques  du  cœur  magnanime  d'un  Monarque  fi  fameux }) 
nous  la  pouvons  affurer,  que  par  fa  haute  prévoiance  elle  a  fçû  récompenfer 
par  anticipation  les  démonfirations  d'allegrefiè ,  qui,  au  milieu  de  la  confier- 
nation  que  nous'eaufoit  la  perte  que  nous  venions  de  faire,  nous  ont  fait  ban- 
nir la  douleur  pour  célébrer  en  cette  Cour  avec  un  aplaudiflement  général  la 
Lettre  obligeante  de  V.  M.     Nous  croïons  bien.  Sire,  que  le  nouveau  Roi 
viendra  inftruit,  ainfi  que  V.  M.  nous  le  promet,  en  toutes  ces  hautes,  pru- 
dentes, 8c  Chrétiennes  Maximes,  qu'il  aura  fans  doute  bien  aprifes  fous  la  difei- 
pline  d'un  fi  glorieux,  fi  heureux,  8c  fi  habile  Aïeul  j  8c  que,  fous  les  aufpices 
de  l'un  8c  de  l'autre ,  nous  verrons  reverdir  les  Lauriers  fur  fon  auguite  front. 
Cette  nouvelle  obligation  nous  fera  confervev  à  jamais  dans  nos  cœurs,  8c  dans 
nôtre  mémoire ,  des  régies  fi  fages  8c  fi  fûres  j  8c  ces  Régies  feront  pour  nous 
de  vifs  8c  puifians  égui  lions  pour  procurer  en  tout  fon  exaltation  èc  celle  de 
cette  Monarchie,  8c  pour  cultiver  toujours  de  plus  en  plus  une  étroite  ami- 
tié ,  union ,  8c  correfpondance  entre  les  Sujets  des  deux  Couronnes.     Nous 
nous  félicitons  d'avoir  enfin  rencontré  l'heureux  fiécle  dans  lequel  la  Provi- 
dence Divine  avoit  ordonné,  que  fût  indiflblublement  étraint  ce  Nœud  Roïal, 
que  le  malheur  des  tems  8c  la  jaloufie  que  la  Valeur  8c  la  Puiflânce  nourrif- 
foient  entre  les  deux  Nations ,  avoient  toujours  dénoué.     Nous  tous  fès  fi- 
dèles Vafiaux,  Nous  foûpirons  avec  impatience  Se  avec  inquiétude  dans  l'at- 
tente de  nôtre  très-aimable  Roi ,  8c  fur  la  promeflè  que  Votre  Majefié  nous 
fait  que  Nous  le  verrons  bien-tôt}  faveur,  dont  Nous  lui  fàiibns  de  nouveaux 
Remercimens.  Nous  comptons  toutes  les  heures  :  8c,  pour  les  avancer  en  tout 
ce  qui  peut  dépendre  de  nos  foins,  Nous  avons  donne  les  ordres  pour  le  faire 
proclamer  avec  les  cérémonies  accoutumées  dans  les  Roïaumes  d'Efpagne,  8c 
dans  les  autres  Etats  qui  en  dépendent }  8c  cela  s'eft  déjà  exécuté  en  cette 
Cour,  à  l'exemple  de  laquelle  on  ne  peut  douter,  félon  les  avis  que  nous 

avons 

Protefta-  *  Aujourd'hui  1.  Décembre  1700.  avant  midi,  au  Mandement  de  Très-Haut,  Très- 
tions  du  Puiffant,  &  Très-Excellent  Prince,  Monfeigneur  Philippe  fils  de  France,  Frère  unique  du  Roi, 
Duc  Duc  d'Orléans,  de  Valois,  de  Chartres,  c  de  Nemours:   Les  Confeillers  du  Roi,  Notaires  au 

d'Or-  Chàtelet  de  Paris  fouffignez ,  fe  font  tranf'portez  au  Palais  Roial ,  rue  S.  Honoré  ,  ParoilTe 
Ieans  &  S.  Euftache,  demeure  ordinaire  de  mondit  Seigneur;  où  étant  Son:  Altejfe  Roiale  a  dit  & 
duDuc  déclaré,  que  le  feu  Roi  d'Efpagne  Charles  11.  aiant  regardé  pendant  fa  vie,  comme  une. 
de  Char-  obligation  indifpenfable  de  laiffer  la  Succeffion  de  fa  Couronne  aux  Princes  qui  y  font  apel- 
trescon-  lez  par  l'ordre  du  Sang,  &  par  le  droit  commun  inviolablement  gardé  dans  l'étendue  de 
tre  le  fes  Etats,  il  s'en  eft  clairement  expliqué  par  l'Article  XIII.  de  fon  Teftament  fait  à  Madrid 
Telia-  le  i.  Octobre  1700:  Où,  après  avoir  reconnu  que  !e  motif  des  Renonciations  faites  par  les 
nient  de  Contracls  de  Mariage  des  Serenifiîmes  Infantes  Anne  &  Marie-Therefe ,  fuccefïivement  Rei- 
Chailes  nés  de  France,  à  la  Succeffion  desRoiaumes  d'Efpagne,  n'a  été  que  pour  éviter  leur  Union 
11.  "■  à 


ET    RESOLUTIONS    D'ETAT.  ztf 

avons  reçus ±  que  ne  fe  conforment  toutes  les  Provinces,  qui  compofent  le  1700. 
Cercle  de  cette  Couronne,  attendu  l'union  qu'elles  ont  toujours  confçrvé  en-  — — — 
tr'elles:  d'où  il  arrivera,  que  par  une  noble  émulation  ,  elles  fe  feront  un 
point  d'honneur  de  célébrer  à  l'envi  cet  heureux  Evénement,  6c  de  redoubler 
leurs  prières  6c  leurs  vœux  pour  la  fente ,  profpérité ,  <k  longue  vie  de  Votre 
Majefté}  comme  Nous  le  délirons,  &  comme  la  Chrétienté  en  a  befoin. 
A  Madrid,  le  2.6.  de  Novembre  de  l'an  1700. 

MOI    LA    REINE. 

Le  Card.  Porto-Carrero. 

Don  Manuel  Arias. 

Don  Ferdinando  de  Arragon. 

L'Inquisiteur  General. 

Don  Rodrigo  Manuel  Manri<tue$  DE  Lara. 

Le  Comte  de  Benavent. 

La  première  Lettre  fut  rendue  par  le  Marquis  dos  Rios  le  10.  On  afiem- 
bla  d'abord  le  Confeil,  dans  lequel  après  quelque  délibération  il  fut  réfolu  de 
reconnoître  le  Duc  d'Anjou  pour  Monarque  univerfel  de  toute  l'Efpagne. 
Cette  reconnoiftance  fut  exécutée  le  16.  Sa  Majefté  Très-Chrétienne,  en  la 
prefence  du  Marquis  dos  Rios,  fit  apeller  le  Duc  d'Anjou  dans  fon  Cabinet, 
&  lui  dit  :  „  Monfïeur ,  le  Roi  d'Efpagne  vous  a  fait  Roi.  Les  Grands 
„  vous  demandent,  les  Peuples  vous  fouhaitent,  Se  moi  j'y  confens.  Son- 
„  gez  feulement  que  vous  êtes  Prince  de  France.  Mais,  je  vous  recommande 
„  d'aimer  vos  Peuples,  de  vous  attirer  leur  amour  par  la  douceur  de  votre 
„  Gouvernement,  &  de  vous  rendre  digne  de  régner  dans  la  Monarchie,  fur 
„  le  Trône  de  laquelle  vous  montez.,,  Enfuite,  le  Roi  Très-Chrêtien  s'éten- 
dit fur  la  Grandeur  de  la  Monarchie  ,  &  fur  les  hautes  qualitez  de  la  Na- 
tion. Tous  les  Princes  furent  féliciter  ce  nouveau  Roi.  L'Académie  Fran- 
çoiie  s'aquita  de  ce  devoir  ,  par  une  Harangue  qu'on  peut  voir  dans  les 
Journaux  publics,  n'étant  pas  une  Pièce  qui  lbit  intéreflante  pour  les  Né- 
gociations. 

Cette  reconnoiflance  eût  cependant  une  modification  extérieure.  C'eft 
parce  que  Moniteur,  Frère  unique  du  Roi,  y  protefta  d'abord  contre*.   C'é- 

toit 

à  la  Couronne  de  France ,  &  que  ce  motif  venant  à  ceffer,  le  Droit  légitime  de  cette  Suc- 
ceffion  réfîde  en  la  Perfonne  du  plus  proche  Parent,  iuivant  les  Loix  de  ces  Etats:  Que; 
^ans cette  vue,  ledit  Seigneur  Roi  Charles  II.  trouvant  que  l'inconvénient  ceffe  en  la  Per- 
fonne de  Monfeigneur  le  Duc  d'Anjou,  fécond  Fils  de  Monfeigneur  le  Dauphin,  il  le  déclare 
pour  fon  Succdîeur,  8c  comme  tel  il  l'apellc  à  la  !nicceffion  de  fes  Roiaumes;  Se,  en  cas 
qu'il  décède  fans  enfans,  ou  qu'il  parvienne  à  la  Couronne  de  France,  il  apelle  après  lui 
Monfeigneur  le  Duc  de  Berri,  fon  Frère  puis-né:  Qu'on  ne  peut  douter  que  le  même  efprit 
de  juftice  &  d'affeétion  ,  qui  a  porté  ce  Prince  à  fe  déclarer  fi  ouverte -ment  en  faveur  des 
plus  proches  Héritiers  de  fon  Sang,  n'ait  été  de  conferver  à  S.  &.  R. ,  &à  fes  Defcenda.ns, 
les  Droits  qui  leur  apartiennent  légitimement  par  leur  Naiffance  félon  l'ordre  de  leur  degré 
après  Mejfeigneurs  lesDius  à' Anjou  es  de  Berri:  Que  cependant,  foit  par  obmiffion,  ou  d'au- 
tres motifs  contraires  à  fon  intention,  &  à  la  Loi  inviolable  fi  ausentiquement  reconnue 

par, 


2}S     MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

1700.  toit  à  l'égard  de  la  Subftitution  de  l'Archiduc,  au  cas  que  le  Duc  de  Berri 
"~ — "  parvint  à  la  Couronne  de  France,  ou  vint  à  mourir  tans  enfans.  Monfieur 
prétendoit  qu'alors  ce  feroit  à  lui  &  à  fes  enfans ,  que  la  'Succefîion  devroit 
apartenir,  comme  au  Fils  puis-né  à? Anne  d' Autriche ,  dont  la  Renonciation 
ne  pouvoit  avoir  plus  de  force  que  celle  de  Marie-Thérëfe.  Monfieur  le  Duc 
de  Chartres  proteita  auiîî  au  même  effet,  en  qualité  de  Fils  &  préfomtif  Hé- 
ritier de  Monfieur  le  Duc  d'Orléans. 

Cela  n'empêcha  point  le  nouveau  Roi  de  partir  le  4.  Décembre  pour  l'Ef- 
pagne.  La  route  qu'il  tint,  avec  les  circonftances  de  fon  Voiage,  font  allez  ra- 
portecs  dans  les  Journaux  publics.  Ce  Roi  envoia  à  Bruxellles  une  Lettre 
d'Amnillie  fignée  de  fa  propre  main  pour  les  Bourgeois  prilcnniers,  fugitifs, 
&  proferitsj  ce  qui  rendit  le  calme  en  cette  Ville -là:  6c  il  le  captiva  par-là 
l'amour  des  Bruxellois.  On  crut  communément  que  ce  coup  partoit  de  Fin- 
fïnuation  de  Don  Bernardo  de  ghùros. 

Cet  Ambaffadeur  Efpagnol  donna  le  Dimanche  19.  un  magnifique  régal 
pour  célébrer  l'anniverfaire  de  la  naiflance  de  fon  nouveau  Maître.     Il  avoit 
le  jour  auparavant  fait  inviter  dans  les  formes  lesMiniftres  étrangers,  dont  il  y  . 
avoit  à  la  Haïe  grand  nombre  ;  mais,  il  n'y  eut  que  le  Comte  de  Briord ,  le 
Baron  de  Lillienrooth  ,    &  le  Baron  de  Lancier  Miniftre  de  Baviéie.     Il  s'y 
trouva  cependant  auiïï  le  Comte  d*  Auvergne ,  le  Prince  d'Epinois,  &  deux  au- 
tres Particuliers.    Les  autres  Mini  lires  furent  dîner  chez  le  Comte  de  Goësy 
Envoie  de  l'Empereur,  qui  les  avoit  invitez  trois  jours  auparavant.     Ce  fut 
à  Poccafion ,  que  s'étant  trouvez  tous  à  dîner  chez  l'Envoie  de  Dannemarck , 
ils  convinrent  de  fê  traiter  tour  à, tour;  &,  quoique  pas  un  ne  s'expliquât,  ils 
avoient  tous  pour  but  d'éviter  de  fe  trouver  chez  Don  Bernardo  de  J^a/rw,  afin 
de  ne  pas  s'émanciper  fans  ordre  de  boire  à  la  fanté  du  nouveau  Roi.     Il  n'y 
eut  que  l'Envoie  de  Brandebourg,  qui  ne  s'y  trouva  pas ,  aïant  dîné  dans  là 

pro- 

par  le  Teftament,  &  fi  exactement  obfervéedans  la  Succeffion  de  la  Monarchie  d'Efpagne, 
le  Sereniflîme  Archiduc  Charles  d'Autriche  fécond  Fils  de  l'Empereur ,  plus  éloigné  en  degré, 
8c  iiîu  de  Marie-Anne  d'Autriche  Sœur  puis-née  de  la  Reine  Anne  d 'Autriche  Mère  de  Son 
Altefje  Roiale,  fe  trouve  apellé  à  la  Succeffion;  &  qu'après  lui,  &  fes  enfans,  S.  A.  R.  Mon- 
feigneur  le  Duc  de  Savoie  8c  fes  defeendans,  qui  font  d'une  fouche  encore  plus  éloignée, 
le  trouvent  auffi  apellcz:  Qu'encore  que  cette  Difpofition  ne  puiife  donner  aucune  atteinte 
aux  Droits  de  S.  A.  R.,  ni  déroger  aux  Loix  des  Roiaumes  d'Efpagne,  qui  apellent  les 
Héritiers  légitimes  félon  leurs  degrez  à  la  Succeffion  de  la  Monarchie,  &  qu'elle  foit  con- 
traire à  la  Déclaration  qu'a  fait  le  Roi  par  fon  Teftament,  qu'il  veut  laiffer  fa  Succeffion  - 
dans  le  Droit  commun  ,  mondit  Seigneur  a  crû  qu'il  manqueroit  à  ce  qu'il  fe  doit  à  lui-mê- 
me, à  fes  Defeendans,  &  au  SangRoial  de  France,  s'il  gardoit  le  filence  dans  une  occafion 
li  importante.  Il  fouhaite  que  le  Droit,  que  fa  Naiffince  lui  donne,  demeure  pour  toujours  • 
en  fufpens,  8c  que  la  Lignée  des  Princes  que  l'Ordre  du  Sang  apelle  avant  lui  s'étende  li 
loin  dans  les  Siècles  futurs,  que  fa  pofterité  la  plus  reculée  n'ait  jamais  occafion  d'en  jouir; 
niais ,  il  ne  doit  pas  fouffrir  qu'une  prérogative  d'honneur  fi  éminente,  un  droit  fi  inviola- 
ble que  le  fien,  &  celui  de  fes  defeendans,  foit  obmis;  que  fans  parler  de  lui,  on  apelle  des 
Princes  qui  ne  peuvent  légitimement  recueillir  cette  Succeffion  qu'après  lui  8c  les  defeen- 
dans. C'eir  pourquoi,  S.  A.  R.  a  protéflé  8c  protefie  par  ces  prefentes,  que  l'obmiffion  de  fa 
Terfonne  fc  de  fes  Defeendans  dans  le  Teftarnent  du  Roi  Catholique  daté  à  Madrid  le  z. 
Octobre  -1700.  ne  pourra  donner  aucune  atteinte  ni  préjudicier  à  les  Droits ,  &c  à  ceux  de  ' 
fes  Defeendans,  fur  les  Roiaumes,  Etats,  Terres,  8c  Dominations  d'Efpagne  8cc. 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.  237 

propre  m.iifon.     La  raifon  en  étoit  qu'il  ne  pouvoir  aller  chez  le  Comte  de   17°°' 
Cois.     Ces  deux  Miniltres  ne  s'éroient  point  vus  qu'en  lieu  tiers.     C'éroit  à  — — 
caufe  des  difficultez  du  Cérémonial ,  qui  étoient  furvenuës  quelque  tems  au- 
paravant à  caufe  du  Baron  de  Lancier ,  &  des  prétentions  du  Comte  c'e  Goës, 
de  vouloir  recevoir  la  première  Vifite  des  Mi  ni  (très,  &  même  des"Envoïez 
des  Electeurs.     C'eft  ce  dont  on  aura  lieu  dans  la  fuite  de  parler. 

Le  même  jour  19.  le  Comte  de  Briord  aiant  reçu  un  Courier  de  fa  Cour, 
alla  prefTcr  les  Etats  Généraux  à  fe  déclarer  fur  les*Affaires.  Il  dit  qu'il  avoit 
ordre  du  Roi  fon  Maître  d'afiurcr  les  Etats  qu'il  n'avoit  aucun  deiïein  de  met- 
tre de  fes  Troupes  dans  les  Places  des  Païs-Bas  Efpagnols,  à  moins  qu'il  n'y 
fût  forcé,  8c  qu'il  avoit  toujours  celui  de  continuer  l'amitié  8c  la  bonne  cor- 
refpondance  avec  la  République.  Cet  Ambafladeur,qui  avoit  fixé  fon  Entrée 
publique  au  2.7.  de  Décembre,  la  différa  par  une  nouvelle  prétention,  qui  n'a- 
voit cependant  point  de  fondement.  Il  alleguoit  qu'il  avoit  trouvé  dans  le 
Journal  de  Bonrepaus  fon  Prédéceflcur,  qu'on  lui  avoit  donné  une  Garde  de 
Halebardiers  Suiflès,  8c  il  vouloit  en  avoir  auffi.  On  lui  répréfenta  que  cela 
n'avoit  jamais  été  pratiqué,  puis  que  ces  Halebardiers  étoient  des  Gardes, 
qui  fervoient  le  Roi  d'Angleterre  comme  Stadthouder ,  qu'il  païoit  de  fon 
propre  argent,  8c  qui  par  confequent  n'avoient  jamais  été  emploiez  pour  au- 
cun fervice  ou  fonction  des  Etats.  Il  dépêcha  ïà-deflus  un  Exprès  en  France 
pour  favoir  comment  il  devoit  fe  conduire.  On  crût  que  Bonrepaus  pouvoit 
s'être  trompé,  en  allant  à  l'Audience,  8c  qu'aïant  vu  quelques  Sergeants  ou 
Corporaux  des  Gardes  à  pied  ,  qui  avec  leur  Halebarde  faifoient  faire  place , 
il  avoit  crû  que  c'étoient  des  SuifTes,  8c  qu'il  f  avoit  mis  de  la  forte  dans  fon 
Journal.  Pendant  que  ledit  Comte  de  Bricrd  attendoit  le  retour  de  fon  Ex- 
près, H  en  recrût  un.  Il  notifia  là-defTus  à  l'Etat  que  fon  Maître  étoit  prêt 
d'entrer  en  Négociation  8c  de  donner  des  furetez  raiibnnables  à  la  Républi- 
que dans  les  Païs-Bas  Efpagnols ,  8c  qu'on  pouvoit  négocier  avec  ledit  Comte 
ce  avec  Don  Bernardo  de  ghiiros.  La  même  chofè  fut  confirmée  par  l'Am- 
bafTadeur  de  l'Etat  Heemskerke.  Celui-ci  mandoit ,  qu'aïant  préfenté  au  Roi 
Très-Chrêtien  la  Lettre  des  Etats  Généraux ,  touchant  les  fix  femaines  qu'il 
faloit  félon  la  Conftitution  du  Gouvernement  pour  la  Réfolution  de  Provin- 
ces Refpectives,  Sadite  Majefté  lui  avoit  dit,  qu'il  trouvoit  que  les  Etats 
faifoient  bien,  8c  qu'il  efperoit  que  leur  Réfolution  feroit  conforme  à  fes  fou- 
haits.  Cependant ,  qu'Elle  étoit  prête  à  concourir  à  tout  ce  que  les  Etats 
fouhaitecoient  pour  leur  fureté  du  côté  des  Païs-Bas  Efpjg.'iols. 

L'on  tfétoit  cependant  pas  fort  content  de  toutes  ces  expreffions  endor- 
mantes. C'eft  fur  tout  lors  qu'on  réflechiiîbit  fur  celles  contenues  dans  le 
Mémoire  8c  les  Motifs  ,  que  le  Comte  de  Briord  avoit  préL-ntez  en  date  du 
19.  de  Novembre.  On  trouvoit  ces  expreffions  trop  hautaines  envers  un 
Etat  Souverain.  On  fut  d'ailleurs  fort  feandalifé  d'une  Eftampe  ,  qui  avoit 
été  faite  à  Bruxelles.  Il  y  avoit  le  Portrait  du  nouveau  Roi  8c  un  Lion  à  fes 
pieds  avec  un  Tapis  où  il  y  avoit  les  dix-fept  Provinces,  dont  fept  étoient 
déchirées,  auffi-bien  que  fept  fleurons  de  la  Couronne.  D'ailleurs,  il  y  avoit 
la  demande  au  nouveau  Roi,  afin  qu'il  rétablît  fa  Couronne  entière.     Quoi- 

Tom.  I.  Ee  que 


238       MÉMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

1700.  que  cette  Eftampe  ne  fût  que  l'Idée  de  quelque  particulier,  on  prit  les  cho- 
1  ■  fès  fur  un  pied  ferieux,  6c  allez  ufuel  dans  une  République,  fulceptible  de 
tout,  lors  qu'Elle  prévoit  d'être  expofée  à  des  dangers. 

Le  Comté  de  Eriord  reçût  de  retour  fon  Courier  ,  qu'il  avoit  dépêché  à 
fa  Cour  à  caufe  de  fes  préreniions  pour  l'Audience.  Ses  ordres  furent  de  s'en 
dêfifter,  De  forte  qu'il  fît  fon  Entrée  le  Mercredi  2.9.  Décembre.  Il  fe  ren- 
dit le  matin  à  Delft,  où  félon  l'ufage  le  Maître  d'Hôtel  des  Etats  le  régala. 
Etant  enfuite  entré  dans  un  Yacht  des  Etats  il  débarqua  à  moitié  chemin,  où 
il  trouva  le  grand  Caroflé  à  6.  Chevaux  des  Etats,  avec  deux  de  leurs  Dé- 
putez. Ceux-ci  le  reçurent ,  6c  le  firent  entrer  pour  occuper  feul  le  fond 
du  derrière,  ÔC  occupèrent  le  devant.  La  marche  étoit  précédée  par  un  Ca- 
roflé à  4.  Chevaux  du  Maître  de  Hôtel  de  l'Etat.  En  lùite  mai  choient  dix- 
huit  Valets  de  pied,  avec  une  livrée  qui  ne  fut  pas  admirée.  L'Ecuier  6c 
les  Pages  precedoient  à  Cheval  le  grand  Caroflé  de  l'Etat.  Celui-ci  étoit  fuivi 
par  3.  Carofles  de  l'Ambafladeur,  où  il  y  avoit  fon  Secrétaire  6c  fes  autres 
Officiers.  Un  long  Cortège  d'environ  foixante  Carofles  à  fix  Chevaux,  à 
quatre,  Se  à  deux,  fermoit  la  Marche.  Dans  quelques-uns  de  ces  Carofles,  il  y 
avoit  quelque  Perfonne  de  la  part  des  Maîtres,  6c  d'autres  étoient  vuides.  Par- 
mi ces  Carofles  il  n'y  en  avoit  point  de  la  part  dés  Miftres  étrangers  5  car,  l'u- 
fage en  avoit  été  aboli ,  pour  éviter  les  inconveniens  de  la  précédence.  Ce 
font  les  Etats  Généraux,  qui  envoient  dire  à  ceux  qui  ont  des  Carofles  de  les 
envoier  au  Cortège.  Ils  donnent  pour  le  Cocher  6c  le  Portillon,  à  ceux  de  6". 
Chevaux  quatre  écus,  deux  pour  ceux  à  4.  Chevaux,  6c  un  à  ceux  de  deux. 
Mais  cette  gratification  fert  auffi  pour  le  Cortège,  qui  accompagne  l'Ambaf- 
fadeur  à  l'Audience  publique  le  troifiéme  jour.  Dès  que  ce  Cortège  fut  arri- 
vé à  laMaifon  deitinée  pour  y  traiter  l'Ambafladeur ,les  Députez  des  Etats  for- 
tirent  les  premiers  du  Caroflé,  6c  lui  donnèrent  la  main  juiques  à  l'Apaitement 
qui  lui  étoit  deftiné.  Mais,  dès  qu'ils  l'y  eurent  inftallé,  comme  fi  c'étoit  fa 
propre  maifon ,  le  Comte  leur  donna  la  main  pour  les  conduire  au  Caroflé, 
dans  lequel  ils  montèrent,  6c  les  vit  partir.  Peu  de  tems  après,  fept  Dépu- 
tez des  Etats  avec  le  Greffier  furent  pour  complimenter  l'Ambafladeur  ,  qui 
les  vint  recevoir  à  la  deicente  de  leurs  Carofles.  Il  leur  donna  la  main,  6c 
les  reconduifit  de  même ,  &:  les  vit  partir.  Le  Vendredi ,  qui  étoit  le  troifié- 
me jour,  deux  Députez  l'allérent  prendre  avec  le  même  Cortège,  pour  le  con- 
duire à  l'Audience.  Les  Gardes  qui  étoient  à  la  porte  de"  la  Cour  prefenté- 
rent  les  armes.  La  grande  Garde  dans  l'intérieur  de  la  Cour  fe  mit  fous  les 
armes,  6c  les  Tambours  battirent  aux  champs  ,  les  Officiers  étant  à  la  tête, 
6c  faiiant  face  à  l'AmbaiTâdeur.  Ccluici-ci  defeendît  au  pied  de  la  montée  de 
la  grande  Salle  du  Palais,  par  laquelle  il  pafia  au  milieu  des  deux  Députez, 
pour  aller  à  la  Chambre  de  l'Afièmblée  des  Etats.  Là,  il  prit  place  dans  un 
Fauteuil  de  velours  cramofi.  Celui-ci  eil  deftiné  pour  les  Amball'adeurs  ;  au 
lieu  qu'on  n'en  donne  qu'un  de  Drcp  aux  Envoiez.  Ce  Fauteuil  eit  en  en- 
trant dans  la  porte  de  la  Chambre  vis  à  vis  de  celui  du  Préfident  de  femaine. 
Les  deux  Députez  prirent  place  aux  deux  cotez  de  l'Ambafladeur,  6c  les  au- 
tres Députez  occupoient  le  relie  de  la  Table.     Le  Greffier  étoit  derrière  le 

Pré- 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.  i^ 

Prélldent ,   debout,  6c  chapeau  bas,  pendant  toute  l'Audience.     Dès  que  le  1700. 
Comte  eut  commencé  fon  Dilcours  il  le  couvrit,  6c  toute  l'Aflèmblée  desE-  ■ 
tats  en  fit  autant.    Le  Dilcours,  que  ce  Miniftre  fit,  eft  tel  qu'il  fuie. 

„  MESSIEURS,  Difcours 

du  Com- 

„    TE  viens  donner,  à  Vos  Seigneuries,  de  nouvelles  alîurances  de  la  conftan-  5|r- rii 
„  J  te  amitié  du  Roi  mon  Maître ,  6c  du  défir  fincére ,  qu'il  a  d'oblèrver  f0'n  &n* 
„  inviolablement  la  dernière  Paix.  Toutes  les  démarches,  queSaMajefté  a  faj-  dience 
„  tes  depuis  qu'Elle  a  été  conclue  ,    ont  dû  convaincre  le  monde   entier  ,  publique 
„  qu'Elle  n'a  eu  d'autres  vues  que  de  maintenir  par  tout  la  tranquillité  publi-  Decem- 
„  que.   S.  M.  a  crû  en  dernier  lieu  en  donner  une  preuve  convaincante  en  ac-  brei7oc« 
„  ceptant  leTeftament  du  feu  Roi  d'Efpagne.  En  éfet, Elle  établit  cet  équi- 
„  libre  fi  fouhaité  dans  toute  l'Europe  j  6c  fon  union  avec  la  Couronne  d'Ef- 
„  pagne  ne  fervira  à  l'avenir  qu'à  maintenir  la  Paix  dans  toute  la  Chrétienté. 
„  C'eft  le  feul  but  qu'Elle  s'ell  propofé  en  renonçant  à  de  fi  grands  avantages 
„  poiir  fa  Couronne. 

„  S.  M,  efpére,  Meilleurs,  que  V.  S.  convaincues  de  cette  vérité,  cor- 
refpondront  à  de  fi  favorables  fentimens  pour  le  bien  public,  6c  qu'Elîes 
contribueront  à  la  confervation  d'un  auflî  grand  bien  que  celui  de  la  Paix. 
Perfonne  ne  met  en  doute ,  qu'elle  ne  foit  la  fource  de  tous  les  biens ;  6c  vô- 
„  tre  République  eft  la  Puiffance  de  toute  l'Europe  qui  a  le  plus  d'intérêt  de 
„  la  maintenir.  Vous  avez  allez  répandu  de  fang,  pour  établir  vôtre  Liberté; 
„  6c  elle  eft  préfentement  fi  affermie,  que  vous  n'avez  plus  qu'a  jouir  tranquille- 
„  ment  de  vos  longs  travaux  6c  de  vos  dépenfes  infinies.  C'eft  par  le  moyen 
„  de  la  Paix  que  vous  maintiendrez  cet  Etat  fi  floriflant,  6c  que  vous  aug- 
„  menterez  ce  Commerce  que  vous  avez  étendu  jufques  aux  extrémitez  de  la 
„  Terre.  Vôtre  union  fincére  avec  S.  M.  fera  le  fondement  le  plus  folide  de 
la  durée  de  cette  Paix  :  fa  Puiffance  eft  fi  connue  de  tout  le  monde  ,  qu'on 
ne  doit  pas  foupçonner  que  d'autres  motifs  que  le  bien  public  l'engagent  à 
defirer  la  Paix. 

„  La  fituation  de  Vôtre  République  eft  telle,  que  non  feulement  Elle  peut 
conlèrver  cette  Paix  chez  Elle,  mais  encore  beaucoup  contribuer  à  la  main- 
„  tenir  dans  la  plus  grande  partie  des  Etats  de  l'Europe.  Pour  parvenir  à  un 
„  bien  fi  fouhaité,  vous  n'avez,  Melîîeurs,  qu'à  bannir  des  foupçons  mal  fon- 
„  dez,  des  craintes  anticipées,  6c  à  fermer  les  oreilles  aux  follicitations  des 
„  ennemis  6c  des  envieux  de  la  gloire  du  Roi.  Rappeliez,  Meilleurs,  dans 
„  vôtre  mémoire  cet  heureux  tems  où  par  vôtre  union  avec  la  France ,  6c 
„  par  une  parfaite  correfpondance ,  on  travailloit  à  fe  procurer  mutuellement 
„  toute  forte  d'avantages.  Il  dépend  de  V.  S.  de  remettre  toutes  chofes 
„  dans  le  même  état.  Par  une  telle  conduite,  vous  obligerez  le  Roi  de  vous 
„  continuer  cette  bien- veillance  que  vous  avouez  vous  -  mêmes  vous  être  II 
„  précieufe.  S.  M.  ne  vous  demande  pour  tout  prix/de  fon  amitié,  que  de 
,,  concourir  avec  Elle  à  maintenir  cette  tranquillité  11  utile ,  6c  11  fouhaitéc 
„  par  toutes  vos  Provinces. 

„  Ce  feroit  très -inutilement,  Meilleurs,  que  je  m'expliquerais  plus  ample- 

Ee'  2.  „  ment 


Î5 
5? 
?» 

5? 


M°     MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

l7co-   „  ment  fur  tous  les  avantages  de  la  Paix.  -Cette  Afîêmblée,  qui  eft  compoféc 

„  de  gens  (i  fages,  fi  confommez  dans  les  Affaires,  Se  fi  zélez  pour  le  bien 

„  public,  n'a  fans  doute  d'autres  intentions  que  de  procurer  un  fi  grand  bien. 

„  D'ailleurs,  un  homme  de  ma  profeffion  n'elt  pas  accoutumé  à  de  longs  dif- 

„  cours.  Je  finis  donc,  en  protelhnt  à  V-.S.  que  je  tâcherai  toujours  de  prou- 

„  ver,  plus  par  des  effets  que  par  des  paroles,  que  jamais  Miniibe  ne  viendra- 

„  dans  ces  Provinces  avec  de  meilleures  intentions  -,  que  j'ai,  pour  cette  Illu- 

„  ftre  AfTemblée  ,  toute  la  vénération  qu'Elle  mérite  ;  6c  que  j'honorerai 

„  toujours  très- parfaitement  tous  les  Particuliers  qui  la  compolént. 

L  e  Préfident  de  Semaine  répondit  à  ce  Difcours  de  la  forte: 

,,  Monfieur,  les  fréquentes  marques ,  que  nous  recevons  tous  les  jours  de 
,,  la  bonté  de  Sa  Majefté,  nous.font  efperer  de  poflêder  entièrement  l'hori- 
„  neur  de  fa  bienveillance  fie  de  fon  amitié. 

„  Celles,  que  Nous  venons  de  recevoir  aujourd'hui,  tant  par  la  Lettre  de  Sa 
„  Majetté ,  que  par  la  bouche  de  fon  Miniftre ,  Nous  y  confirment.  Soiez  per- 
„  fuadé,  Monfieur,  que  L.H.  P. y  feront  toujours  fort  fenfibles,  5c  qu'Elles 
„  feront  tous  leurs  efforts,  pour  travailler  avec  beaucoup  de  foin  fie  d'aplica- 
„  tion  à  les  conferver.  Quant  à  leur  eftime,  refpect,  &  vénération  pour  le 
„  Roi  Très-Chrétien ,  ils  ne  prétendent  pas  d'en  faire  aucune  proteftation , 
„  puis  qu'Elles  efperent,  Monfieur,  que  vous  en  êtes  affez  perfuadé,Sc  qu'El- 
„  les  font  refoluës  de  faire  voir  par  leur  conduite  jufques  à  quel  point  Elles 
l'honorent. 

„  Cependant,  Monfieur,  nous  fommes  très- ravis  d'aprendre  que  Sa  Maje- 
ité  a  la  bonté  de  continuer  à  garder  des  fentimens  fi  avantageux  pour  cet 
Etat,  &  pour  toute  l'Europe. 

,,  Le  foin,  dont  il  lui  plaira  de  s'apliquer  à  la  confervation  de  la  Paix  gé- 
nérale,fera  toujours  fécondé  par  celui  deL.  H. P., qui  n'ont  aucun  autre  but 
au  monde ,  que  de  voir  bien  établi  le  repos  ,  la  Paix  ,  2c  la  tranquillité  dans 
tous  les  endroits  de  l'Univers. 

„  Quant  à  vous,  Monfieur,  Nous  vous  fommes  très  obligez  de  la  peine 
„  que  vous  prenez  de  venir  ici  ;  mais  bien  plus  particulièrement  pour  l'efli- 
me  que  vous  témoignez  avoir  pour  cet  Etat  ,  fie  dont  nous  avons  déjà  goû- 
té les  effets.  Nous  vous  prions,  Monfieur,  de  garder  ces  mêmes  fentimens, 
fie  d'être  abfolument  perfuadé  que  L.  H.  P.  y  feront  très-fenfibles  ,  fie 
qu'Elles  auront  toujours  des  confédérations  toutes  particulières  à  vôtre 
égard,  fie  pour  vos  mérites. 


55 


55 
>5 


55 


55 


Apres  cela,  ce  Comte  fut  reconduit  à  l'Hôtel  des  Ambaffadeurs  avec  le 
même  Cortège,  fie  avec  les  mêmes  Cérémonies. 

On  fe  divertit  quelques  jours  auparavant  d'une  Avanture  de  ce  Comte.  Ce- 
lui de [Fratijlaw ,  Envoie  de  l'Empereur,  étoit  arrivé  de  Vienne,  pour  palier  en 
Angleterre.  Pendant  qu'il  attendoit  un  bon  vent  pour  faire  le  trajet ,  il  alla  à 
la  Société  chez  une  Dame.  Le  Comte  de  Briord,  qui  y  joiioit  à  l'Hom- 
bre  ,  parut  décontenancé  de  f.i  préfence  ,  Se  renonça  ,   ce  qui  lui  fit  faire  la 

bête. 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.  241 

bête.  On  plaifanta  là-deffus  en  regardant  aux  Affaires  d'alors,  comme  fi  1700. 
cette  bévûë  eut  été  un  préfage  de  celles  à  venir.  Il  avoit  peu  de  tems  aupa-  ■ 
ravant  effuié  une  petite  elpece  de  mortification.  C'eft  que  comme  le  Danne- 
marck  tâchoit  de  flatter  la  France,  à  caufe  de  ce  qu'il  avoit  fouffert,  par  la 
Paix  de  Travcndâl,  l'Envoie  Danois  Stocken,  par  la  là-deffus  avec  le  Comte 
de  Briord.  Celui-ci  fe  laifla  échaper  qu'il  faloit  laiflèr  faire  aux  deux  Puiffan- 
ces  Maritimes,  qui  étoient  les  Précepteurs  des  Princes  du  Nord.  L'Envoie 
Stbcken  en  écrivit  à  fa  Cour.  Celle  -ci  en  fit  faire  des  plaintes  à  celle  de 
France,  qui  ordonna  au  Comte  de  Briord  d'en  faire  Excule  à  l'Envoie  St'oc- 
ken ,  dont  il  s'aquitta. 

Dans  le  tems  des  Cérémonies  envers  le  Comte  de  Briord ,    Don  Bernard» - 
de  ghtiros  reçut  une  Lettre  du  nouveau  Roi ,  pour  les  Etats  Généraux.     El- 
le étoit  datée  du  18.  Décembre  ,  &  avoit  été  écrite  de  Poitiers.     Cet  Am- 
baffâdeur d'Efpagne  en  la  préfentant  y  ajouta  un  Mémoire.     On  verra  la  te- 
neur de  la  Lettre  6c  du  Mémoire,  comme  fuit. 


la 


■>•> 


TRès-chers  &  grands  Amis  6cc.     Quoi  que  le  Sr.  Don  Fi  ancifeo  Ber-  Lettre 
nardo  de  Quiros  vous  ait  donné  part  de  la  mort  feu  Roi  Carles  du  nou" 
II.  d'heureufe  Mémoire  ,  nôtre  Sire  &  Oncle  ,   6c  de  nôtre  avènement  à  Xf|" Roi 
,  la  Couronne  d'Efpagne,  en  vertu  du  Teftament  par  lequel  il  nous  a  appelle  gneaux 
„  à  la  Succeffion  Univerfelle  ,  comme  fon  plus  proche  6c  légitime  Héritier,  Etats 
Nous  fommes  cependant  fi  perfuadez  du  defir  que  Vous  avez  d'entretenir  Gêné- 
avec  Nous  la  même  correfpondance  ,   que  vous  avez  toujours  maintenu      R 
avec  le  feu  Roi  nôtre  Predeceffeur,  que  Nous  voulons  vous  donner  les  pre- 
mières marques  de  nôtre  Amitié  en  vous  communiquant  Nous  mêmes  cet 
avènement.    Ainfi,  Nous  ordonnons  au  Sr.  de  Quiros,  Confeil  1er  de  nôtre 
Confeil  6c  Chambre  des  Indes ,   prefentement  nôtre  Ambaffâdeur  Extraor- 
dinaire auprès  de  Vous,  de  Vous  rendre  cette  Lettre  de  nôtre  part,  &c  de 
„  Vous  affurer  en  même  tems ,   que  nous  ne  fommes  pas  moins  portez  pour 
„  vos  avantages  ,   que  le  Roi  nôtre  Sire  ,  6c  Oncle,  de  glorieule  mémoire. 
„  Comme  nous  ne  doutons  pas,  que  vous  n'ajoutiez  une  entière  créance  à  ce 
„  que  nôtre  Ambaffâdeur  Extraordinaire  vous  dira   de  nôtre  part,  il  ne  nous 
„  refte  qu'à  prier  Dieu ,  qu'il  vous  ait  très-chers  6c  grands  Amis  en  fà  lâin- 
„  te  garde.     Ecrit  à  Poitiers  le  18.  Décembre  1700. 

Vôtre  bien  bon  Ami , 

Philippe. 

LOrs  que  le  Souffigné  Ambafladeur  Extraordinaire  d'Efp.igne  fe  donna  l'hon-  Memoi- 
neur,  de  notifier  à  V.  S.  la  mort  du  feu  Roi  Charles  II.  ,  les  difpofi-  [,edc,  f 
tions  de  fbn  Teftament ,   6c  l'avènement  de  Sa  Majefié  Philippe  V.   fon  facj^ur 
Maître  à  la  Couronne,  il  ne  manqua  pas  de  vous  affurer  en  même  tems   de  d'Efpa- 
la  ferme  Réiolution ,  dans  la  quelle  fe  trouvent  la  haute  Régence,  6c  toute  la  gne  àL. 
Monarchie,  de  maintenir  avec  V.  S.  l'ancienne  Amitié,  Alliance,  6c  Con-  H.  P. 
fédération.    Ces  affurances,  qui  vous  ont  été  depuis  confirmées  par  des  Let- 

Ee  3  très 


141      MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

1700.    tics  de  la  Régence,  adreflees  directement  à  V.  S.  font  d'une  manière  encore 
"  plus  exprefle  6c  plas  particulière  dans  celle  de  Sa  Majefté  même  ,   que  le 

Souflîgné  AmbafTadeur  Extraordinaire  vous  prefente  ici.  V.  S.  y  trouveront  non- 
feulement  des  exprefîîons  très-fincéres,  d'eftime  ,  8c  d'amitié  ;  mais  auflî  une 
entière  perfuafïon  ,  que  de  la  part  de  V.  S.  on  contribuera  tout  ce  qui  fera 
néceflàire  pour  l'entretenir.  Ses  ordres,  6c  les  inftructions  du  Souflîgné  Am- 
bafladeur Extraodinaire ,  font  auflî  précifément  conformes  à  celajSccommeSa 
Majefté  ne  doute  point  que  V.  S.  ne  reçoivent  avec  joie,  Se  félicitation ,  les 
nouvelles  de  fon  heureufe  exaltation  au  Trône  d'Efpagne,  Elle  lui  a  fingulie- 
rement  enjoint ,  d'emploier  la  créance  ,  dont  Elle  le  munit  par  les  Roïales 
Lettres  ci-jointes,  pour  affûter  de  plus  en  plus  V.  S.  qu'en  fuccédant  au  feu 
Roi  dans  fes  Roïaumes  6c  Etats,  Elle  lui  a  pareillement  fuccédé  dans  les  fen- 
timens  d'affection  6c  bienveillance,  qu'il  avoit  pour  V.  S.  Fait  à  la  Haïe  le 
zp.  Décembre  1700. 

Don  Francisco  Bernardo  de  Quiros. 

Il  eft  à  remarquer,  que  lors  qu'il  préfenta  cette  Lettre  6c  ce  Mémoire,  le 
Préfident  de  Semaine  fit  quelque  difficulté  de  les  recevoir,  6c  pria  même  l'Am- 
baflâdeur  d'attendre  quelques  jours  pour  les  remettre.  Mais  aiant  dit,  que 
fes  ordres  étoient  précis  de  la  rendre,  le  Préfident  les  accepta,  en  ajoutant 
qu'il  ne  devoit  donc  pas  trouver  étrange  fi  les  Etats  ne  lui  donnoient  pas  une 
Réponfe  auflî  prompte  qu'il  le  fouhaiteroit. 

En  même  tems  ledit  Don  Bernardo  de  Quiros  fît  fècretement  imprimer  feu- 
lement une  centaine  d'Exemplaires  d'une  Lettre  qu'on  fupofoit  écrite  d'An- 
vers. Son  deffein  étroit  de  la  diftribuer  aux  Miniftres  ,  6c  dans  les  Villes  de  la 
Province  de  Hollande.  Il  fe  flatoit  que  les  raifons  de  cette  Lettre  influe- 
roient  beaucoup  pour  fubir  les  Loix  de  la  France.  On  peut  voir  cette  Lettre 
par  fa  teneur. 

Lettre  MONSIEUR, 

écrite 

d'Anvers  •«■  Ors  que  j'eus  l'honneur  de  vous  informer  de  la  mort  du  feu  Roi,  Se  du 

Decem-  Teftament  plein  de  fageffe  6c  d'équité,  par  lequel  il  avoit  apellé  le  Duc 

breiyoo.  d'Anjou  à  la  Couronne,  je  crûs  vous  donner  tout  à  la  fois  deux  nouvelles, 
par  Mr.  dont  l'une  feroit  capable  de  calmer  entièrement  les  foucis ,  que  l'autre  auroit 
N.  à  Mr.  pU  vous  caufei-.  Cependant,  je  vois  par  les  Lettres,  dont  il  vous  a  plû  m'ho- 
Hollan-  norei"j  que  mes  conjectures  ne  fe  font  pas  rencontrées  juftes.  Vous  me  pa- 
de.  roiffez  furpris  6c  confterné.     A  vous  entendre,  le  Teftament  du  Roi  eft  un 

coup  inopiné,  6c  terrible,  6c  va  devenir  la  Source  d'une  infinité  de  maux  6c 
de  miféres.  Je  ne  fai,  Monfieur,  quia  pu  vous  fuggérer  ces  notions  étran- 
ges ;  mais, je  confefTe  ne  pouvoir  comprendre  comment  un  homme  auflî  éclai- 
ré que  vous  a  été  capable  de  les  recevoir  j  ni  comment  vous  pouvez  accor- 
der des  idées  auflî  contradictoires  que  celles,  dont  il  femble  que  vous  foiez 
Î)révenu.  Si  vous  craignez  la  grandeur  de  la  France,  pourquoi  voulez-vous 
'augmenter  en  détachant  deux  Roïaumes,  6c  deux  Provinces  de  l'Efpagne , 

pour 


% 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.  24? 

pour  les  lui  donner?  Et  fi  au  contraire  cette  Couronne  vous  paroît  peu  re-  I700« 
doutable,  pourquoi  vous  allarmez-vous  de  la  penfée  qu'elle  pourra  un  jour  — —■ 
vous  faire  la  Guerre,  6c  que  vous  n'auriez  pas  l'Efpagnc  pour  vous  foûtenir? 
La  contradiction  eft  fenfible.  Mais,  comme  ceux  qui  embraffent  une  mé- 
chante Caufe,  ont  accoutumé  de  la  foûtenir  par  de  méchantes  raifons,  & 
que  j'entrevois  à  peu  près  celles  que  l'on  vous  aura  alléguées  pour  vous  infpi- 
rer  les  fentimens  où  vous  êtes,  je  veux  bien  entrer  avec  vous  en  quelque  di£ 
cuflîon. 

L'Affaire  confifte  en  deux  Points  généraux,  qui  renferment  en  eux  tout  ce 
qui  peut  être  dit  fur  cette  matière  ;  l'un  de  Droit,  8c  l'autre  de  Convenance. 
Dans  le  premier,  il  s'agit  de  favoir  fi  le  Teftament  du  feu  Roi  Charles  efl 
jufte  &  conforme  à  l'équité  j  8c  dans  le  fécond,  fi  le  Traité  de  Partage  efl 
plus  convenable  à  l'intérêt  commun  de  l'Europe, que  ce  même  Teftament? 

T'ai  mis  le  Droit  en  premier  chef,  parce  que  toute  Caufe  qui  en  eft  dénuée 
tft  infoûtenable,  8c  parce  aufîî  que  c'eft  le  point  le  plus  clair,  8c  le  moins 
embarrafle. 

Effectivement ,  pour  démontrer  la  juftice  du  Teftament  du  feu  Roi  dans  le 
Règlement  de  la  Succeflîon,  il  fuffit  de  la  fimple  Expofition  du  Fait. 

Philippe  IV.,  Roi  d'Efpagne,  eut  quatre  Enfans  de  fes  deux  Mariages, 
avec  Elizabeth  de  France,  8c  Marie-Anne  d'Autriche}  favoir,  Marie- 
Therese,  Marguerite-Therese,  Balthazar,  8c  Charles. 

Marie-Therese  fut  mariée  en  io"6o.  au  Roi  Très-Chrétien  Louis  XIV. 
8c  a  eu  Pofterité.  Marguerite-Therese  époufa  en  1666.  l'Empereur 
Leopold-Ignace  aujourd'hui  régnant,  8c  eut  une  Fille,  qui  depuis  a  été 
Femme  de  l'Electeur  de  Bavière,  mais  dont  il  ne  refte  point  d'Enfans.  Bal- 
thazar mourut  au  berceau;  cF Charles,  après  avoir  régné  }f.  ans,  vient 
de  mourir  fans  Pofterité.  De  forte  que  la  Couronne  a  dû  tomber  en  Ligne 
Collatérale.  Que  toute  perfonne,  qui  a  jamais  ouï  parler  de  Succefllon,  juge 
maintenant  où  il  faut  chercher  cette  Ligne,  8c  fi  ce  n'eft  pas  en  celle ,  qui 
tire  fon  Droit  de  Marie-Therese,  préferablement  à  toute  autre. 

Vous  me  direz,  fans  doute,  que  cette  Princefie,  en  fè  mariant,  renonça  à  fon 
Droit  de  Succefîion ,  8c  qu'ainfi  on  n'eft  à  plus  à  lieu  d'y  revenir ,  pour  le 
faire  valoir  de  nouveau.  Mais,  à  cela,  je  vous  repondrai  par  une  diftinétion. 
La  Renonciation  eft  valable,  8c  doit  fubfîfter,  eu  égard  au  motif,  8c  dans 
le  cas  qui  l'a  caufée:  j'en  conviens.  Mais,  qu'elle  doive  avoir  auffi  lieu  dans  le 
cas  où  ce  motif  n'exifte  point,  c'eft  ce  que  je  nie,  8c  ce  que  l'on  ne  fimroit 
foûtenir,  fins  renverfer  toutes  les  Conft initions  8c  Conventions  du  Monde. 
Or  le  motif,  qui  avoit  caufé  la  Renonciation  de  la  Reine  Marie-Therese,. 
n'etoit  autre  que  la  crainte  de  voir  les  deux  Monarchies  réunies  par  Suc- 
ceflîon dans  une  feule  8c  même  Perfonne.  Le  Fait  eft  notoire,  8c  le  Con- 
tract  de  Mariage  de  ladite  Reine  Marie-Therese  le  porte  formellement 
Article  IV.,  où  il  eft  dit,  que  la  Renonciation  fe  fait,  afin  que  les  deux 
Couronnes,  étant  fi  grandes  8c  fi  puiffantes,  ne  puiffent  être' unies  en  une 
feule,  &  que  dès  à  grêlent  l'on  prévienne  les  occafions  d'une  pareille  jonction, 
Le  Teftament  du  feu  Roi  Philippe,  qui  lùivit  peu  après,  s'explique  en  ter- 
mes 


244      MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

1700.  mes  peu  differens,  Article  XVTT.,6c  remarque  expreflement  que  le  motif  de  la 

• ■  Renonciation  eft  pour  prévenir  les  grands  dommages  qui  pouvoient  réfulter 

de  la  jonction  des  deux  Couronnes,  6c  des  Etats  en  dépendant. 

Or^  je  demande,  où  cft  aujourd'hui  l'exiltencc  de  ce  cas?  Eft-ce  donc  le 
Dauphin,  ou  le  Duc  de  Bourgogne,  que  le  feu  Roi  vient  d'apcller  à  la  Suc- 
ceflion?  Ni  l'un,  ni  l'autre.  C'tlfc  le  Duc  d'Anjou,  fécond  Fils  de  France, 
&  fort  éloigné,  félon  Tordre  de  la  Nature,  de.  parvenir  à  la  Couronne  de 
France,  puifque  fon  Aïeul,  fon  Père,  6c  l'on  Aîné,  font,  grâces  à  Dieu, 
pleins  de  vie,  6c  de  fanté. 

De  plus  ,  fupofons,  ce  que  Dieu  ne  veuille  permettre,  que  ces  trois  Auguf- 
tes  Têtes  venant  à  manquer  ,  le  Roi  Catholique  d'aujourd'hui  le  trouvât 
apellé  à  la  Couronne  de  France, il  ne  s'en  fuivroit  pas  de-là  que  les  deux  Etars 
vinflent  à  fe  réunir.  Le  Teftament  du  feu  Roi  y  a  pourvu,  en  ordonnant 
qu'alors  fon  Succefleur  feroit  obligé  d'opter  ;  & ,  au  cas  qu'il  voulût  préférer 
la  Couronne  de  France,  le  Duc  de  Berri  fon  puifné  deviendrait  Roi  d'Efpa- 
gne  aux  mêmes  conditions. 

j  Je  ne  fai  fi  je  me  trompe  ,  mais  il  me  femble  que  des  difpofitions  de  cette 
nature  font  entièrement  irréprochables.  J'oferois  même  avancer  ,  que  fi  un  Par- 
ticulier fe  trouvant  dans  le  même  cas  avoit  tefté  d'une  autre  façon,6c  avoit  vou- 
lu régler  autrement  l'ordre  de  la  Succefiïon,  il  n'y  aurait  point  de  Tribunal  qui 
ne  déclarât  fon  Teftament  nul. 

Or,  fi  le  Teitament  du  feu  Roi  eft  jufte  ,ce  que  l'on  ne  fauroit  contefter, 
comment  pourroit-on  s'y  opofer  juftement  ?  La  juftice  6c  l'équité  font  uni- 
ques. Elles  ne  peuvent  pas  changer  de  nature,  en  changeant  de  Pais,  ni  pro- 
téger en  même  tems  deux  Partis  contraires.  C'eft  auffi  ce  que  le  Roi  Très- 
Chrêtien  a  très- bien  reconnu.  S'il  iT  avoit  ipulu  confulter  que  fes  intérêts, 
il  s'en  feroit  tenu  au  Traité  de  Partage  ;  & ,  au  hazard  d'une  Guerre ,  il  aurait 
cflaié  de  fe  rendre  maître  des  Provinces,  qui  lui  étoient  defignées:  mais,  l'é- 
quité qu'il  a  remarquée  dans  le  Teftament  du  feu  Roi  Charles,  lui  a  fait 
quitter  toutes  ces  penfées.  Il  a  vu  que  fon  honneur,  fa  confeience,  6c  la  bon- 
ne politique,  ne  lui  permettoient  pas  d'entreprendre  ,  par  complaifance  pour 
des  Etrangers,  une  Guerre,  dont  l'unique  but  feroit  de  ravir  à  l'on  Petit- Fils 
une  Couronne,  qui  lui  eft  légitimement  échue}  mais  qu'au  contraire  il  trou- 
verait dans  le  parti  qu'il  a  pris  toute  forte  de  fureté  ,   d'honneur,  6c   d'a- 


vantage 


Le  fentiment  d'un  fi  grand  Roi  contre  fes  propres  convenances  ,  efi 
fans  doute  d'un  poids  confiderable  ;  mais,  ce  qui  décide  entièrement  la  que- 
ftïon,  c'eft  le  contentement  univerfel  Se  unanime  de  tous  les  Etats  6c  Ordres 
de  la  Monarchie.  Jus  ejî  in  regnis.  On  ne  fiuroit  nous  coutelier  le  droit  de 
reconnoitre  celui  à  qui  nous  devons  obéir,  6c  de  juger  s'il  a  les  qualitez  pour 
cet  effet.  Cela  eft  fi  vrai,  que  le  feu  Roi,  avant  que  de  difpoier  de  la  Suc- 
cefiïon, trouva  neceflaire  de  confulter  fes  Confeils  d'Etat  6c  de  Juftice,  6c  que 
ce  fut  fur  leurs  Confultes  qu'il  régla  Ion  Teftament  de  la  manière  qu'il  fit. 
Nous  adhérons  tous  à  ce  Teftament ,  6c  reconnoiffbns  le  Duc  d'Anjou  pour 
nôtre  Roi  Si  Seigneur.     En  faut-il  davantage  ?    Peut-il  vous  relier  encore 

quel- 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.         14; 

quelque  difficulté  fur  la  queftion  de  droit.  Je  me  perfuade  que  non;  Sc,danscet-  I703- 

te  fupofition,  je  paffe  à  la  feconde,fàvoir  celle  de  la  convenance  au  bien  public.  * 

Cette  queftion  paroit  d'abord  un  peu  plus  embarraffée  que  l'autre,Sc  elle  l'eft 
en  effet;  par  ce  que  la  plus  part  des  hommes,  portez  à  ne  reconnoitre  bienfeant 
&  convenable  que  ce  qui  favorife  leurs  intérêts  particuliers  ,  ne  manquent  ja- 
mais de  raifonnemens  bons  ou  mauvais  pour  maintenir  leur  Thefe  ;  &  que 
dans  l'Affaire  dont  il  s'agit,  ces  mêmes  intérêts  particuliers,  étant  fort  dife- 
rens  les  uns  des  autres ,  il  ne  faut  pas  douter  auffi  que  chacun  ne  fe  faflè  une 
convenance  publique  à  fa  manière.  Mais ,  pourvu  qu'on  veuille  aporter  ici  de 
la  bonne  foi,  il  ne  fera  pas  mal-aifé  de  reconnoitre  que  leTeframent  du  feu  Roi, 
bien  loin  d'être  d'une  nature  à  devoir  troubler  la  tranquillité  publique  ,  com- 
me on  le  publie  dans  vos  Provinces, il  en  a  pofé  les  fondemens  folides,Sc  peut 
fervir  utilement  à  l'établir  &  à  la  rendre  durable,  pourvu  feulement  que  de  vô- 
tre part  Se  de  la  part  de  l'Angleterre,  on  ne  fe  laiffe  point  engager  mal  à  pro- 
pos dans  une  Guerre, qui  palîèroit  pour  la  plus  injufte  du  monde. 

Je  fai  que  vôtre  Traité  de  Partage  porte  au  frontifpice  le  Motif  du  Bien 
public  Se  de  l'affermiffement  de  la  Paix  "générale ,  Se  je  veux  croire  qu'en  le 
fàifant  vous  aviez  réellement  ce  but  en  vûë.  Mais,  la  première  chofé  que 
je  vous  repondrai  là-deflûs  ,  fera  la  même  que  j'ai  déjà  eu  l'honneur  de 
vous  reprefenter  touchant  la  Renonciation,  c'eft-à-dire,  que  là  où  le  Mo- 
tif ceffe ,  la  Conftitution  Se  la  Convention  cefîènt  aufîï.  Vous  vous  êtes 
portez  au  Traité  de  Partage  pour  empêcher  la  Guerre  ,  &  il  fe  trouve 
que  bien  loin  de  l'empêcher,  il  l'allumeroit  dans  le  Monde  ;  donc,  il  doit 
refter  nul  Se  fans  valeur.  Que  fi  vous  me  dentandez  comment  ce  Traité, 
aiant  été  fait  dans  une  fi  louable  intention  ,  pourrait  produire  un  effet  fi 
contraire  à  fa  fin  ,  je  vous  répondrai  avec  Mr.  de  Quiros ,  Ambaffadeur 
Extraordinaire  du  Roi  dans  fon  Mémoire  aux  Etats  du  12.  Octobre  i5pp. , 
favoir  ;  „  Si  les  Puiffances  qui  recherchent  ou  qui  font  recherchées  pour 
„  de  femblables  Traitez  n'ont  en  vûë  que  de  rendre  la  Paix  durable, 
„  comme  cela  eft  à  croire ,  Elles  doivent  s'affûrer  que  ce  ferait  au  con- 
„  traire  le  moien  d'allumer  en  Europe  le  feu  d'une  fanglante  Guerre}  Se 
„  qu'en  tel  cas,  non  feulement  on  verrait  prendre  les  armes  d'un  commun 
„  accord  à  tout  ce  qu'il  y  a  d'Efpagnols  8c  d'autres  Sujets  de  la  Couron- 
„  ne-,  depuis  les  enfans  de  quinze  ans  jufques.  aux  vieillards  de  60.  -,  mais 
„  que  plutôt  que  de  fouffir  le  moindre  Partage  des  Etats  qui  compolënt 
„  la  Monarchie,  Se  qu'on  difpofât  ainfi  de  leur  fort,  ils  auraient  recours  à 
„  tous  les  moïens  légitimes,  qu'ils  jugeraient  leur  pouvoir  fervir, quels  qu'ils 
„  puflènt  être:  fuivant  en  cela  la  Maxime, qui  veut  que  dans  les  maux  ex- 
„  tremes ,  on  emploie  d'extrêmes  remèdes  ;  Se  fe  confiant  que  Dieu,  Pro- 
5,  teéteur  du  bon  droit,  favoriferoit  leurs  juftes  efforts,  Se  le  déclarerait 
„  pour  eux. 

Voilà , Monfieur , ce  qui  rendrait  vôtre  Traité  l'inftrument  delà  Guerre, 
Se  non  pas  celui  de  la  Paix.  Mr.de  Quiros  vous  parloit  en  homme  fincere,lors 
qu'il  vous  faifoit  ces  Remontrances  ;  Se  l'événement  les  a  juftifiées ,  puis  qu'à 
peine  a-t-on  eu  connoifTance  de  ce  Teftament  du  Roi,  en  Efpagne,  que  tous 
les  differens  Etats,  qui  compofent  La  Monarchie  ,   ont  déclaré  qu'ils  facrifie- 

Tom.  I.  Ff  raient 


i4<5      MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

1700.  roient  biens, Se  vies,  pour  le  maintenir  ,  8c  pour  s'opofer  à  toute  forte  de  dé- 
memhremcnt.  J'efpére  que  vous  ferez  là-deims  une  ferieufe  reflexion  ,  Se  que 
vous  ne  rejetterez  pas  les  offres  amiables  de  Paix,  Se  d'Union, que  l'on  vous 
fait  tous  les  jours  de  la  part  du  Roi  &  de  la  Nation.  Il  ne  faut  pas  que  vous 
cédiez  de  nous  confiderer  comme  vos  amis ,  ni  que  la  bonne  correfpondance 
qui  va  s'établir  entre  les  deux  Couronnes  vous  donne  la  moindre  inquiétude. 
Quoi  que  nous  aïons  reçu  pour  Roi  un  Prince  de  France,  il  ne  s'enfuit  pas 
que  nous  devenions  François  pour  cela  ,  ni  même  qu'après  avoir  été  animez 
d'un  zélé  fi  ardent,  Se  fi  unanime, pour  le  maintien  de  l'honneur,  6c  des  pré- 
rogatives de  la  Couronne, 8c  pour  la  confervation  delà  totalité  de  la  Monarchie, 
nous  nous  defiitions  de  ce  but  honnête  8c  jufte,  maintenant  que  nous  l'avons 
obtenu.  Vous  devez,  Monfieur,  avoir  meilleure  opinion  de  la  Nation  Efpa- 
gnole.  On  ne  lui  a  jamais  reproché  d'avoir  le  cœur  bas,  ni  d'aimer  l'efclava- 
ge,  8c  Elle  ne  donnera  pas  fujet  de  le  faire  à  l'avenir.  L'amitié  du  Roi  Très- 
Chrêtien  nous  eft  chère  Se  precieufe  ,  Se  nous  ferons  toutes  ebofes  poffibles  8c 
juftes  pour  la  cultiver  Se  conferver.  Mais,  quelqu'cftime  que  nous  en  fafîions, 
Elle  ne  nous  obligera  pas  à  renoncer  fans  fujet  a  nos  anciennes  Alliances ,  Se 
Confédérations.  La  conduite ,  que  nous  avons  tenue  par  le  pafie  avec  la  Bran- 
che d'Autriche  en  Allemagne,  pourra  vous  faire  juger  de  celie  que  nous  tien- 
drons à  l'avenir  avec  celle  de  Bourbon  en  France.  L'Union  etoit  étroite* 
elle  avoit  été  laiffée  pour  Maxime  aux  deux  Branches  par  les  anciens  Fonda- 
teurs :  6c  de  part  Se  d'autre  on  s'efrorçoit  chaque  jour  de  l'entretenir  par  tou- 
rtes fortes  d'égards ,  &  de  bienfeances.  Mais  cela  n'empechoit  pas  que  l'une 
Se  l'autre  Branche  ne  tendît  à  les  propres  intérêts ,  Se  avantages ,  dans  toutes  les 
c'nofes  où  la  Raifon  d'Etat  fe  trouvoit  engagée.  Je  n'en  veux  point  d'autres 
Exemples  que  ceux  des  Traitez  de  Munfter, de  Nimcguc,Sc  de  Ris\vick,qui 
tous  trois  ont  été  conclus  feparcment,  malgré  les  vives  initanecs  des  Miniftres 
rdpectifs  de  PAugufte  Maifun  ;  ou  bien  la  dernière  Guerre  ,  dans  la  quelle  le 
Roi  Catholique  ne  s'engagea  à  la  folliciration  des  trois  Puiilances ,  que  long- 
terns  après  que  l'Empereur  s'y  fût  interefle. 

Le  peu  d'Exemples  que  je  vous  cite  entre  plufieurs  autres  comme  les  plus 
recens,  6c  les  plus  remarquables ,  doivent  iùffire  pour  vous  faire  connoître  , 
qu'il  n'y  a  parentage  ni  union  qui  puifTe  engager  un  Prince  fige  à  fe  départir 
de  fes  vrais  intérêts  pour  faire  plaifir  à  fon  parent  6c  à  fon  ami.  D'où  vous 
devez  conclurre  deux  chofes }  l'une,  que  Sa  Majefté  ne  le  feroit  pas,  quand 
même  Elle  en  feroit  fortement  follicitée  ;  l'autre,  que  le  Roi  Très-Chrêtien 
ne  lui  demandera  jamais  rien  qu'Elle  ne  puifle  faire  avec  julïice. 

D'ailleurs ,  on  fait  avec  certitude  que  Sa  Majefté  Tiès-Chrêtienne  ne  veut 
point  la  Guerre  6c  que  toutes  fes  intentions  font  tournées  du  côté  de  la  Paix. 
Vous  ne  pouvez  l'ignorer,  Monfieur,  après  la  preuve  éclatante  de  Modération, 
de  Juftice,  Se  de  DefinterefTement,  que  ce  Monarque  donna  auflî-tôt  après  la 
mort  du  Roi  Charles  II.  en  acceptant  purement  8c  fimplement  les  difpo- 
fitions  de  fon  Teftament  dans  le  point  de  la  S.icceifion.  Mais  bien  moins  en- 
core à  cette  heure,  puifque  par  un  effet  fingulier  de  fon  affl-clion  envers  vous , 
8c  de  la  propenfion  à  la  tranquillité  de  l'Europe  ,  il  vous  a  fait  faire  des  ou- 
vertures les  plus  avantageufes  du   monde  touchant  la  Barrière  du  Pais-Bas  j 

vous. 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.  247 

vous  offrant  de  concourir  en  ce  point  avec  Sa  MijcRé  Catholique  pour  vous 
procurer  une  raifbnrjahie  fureté.  Vous  êtes  bien  pcrfuadé  auffi,  que  dans  la  con-  * 
joncfcure  prdente , l'Efpagne  11c  fonge  point  à  vous  attaquer.  Ainfi,  voilà  toutes 
vos  craintes, 6c  vos  fraïeurs,  réduites  à  un  avenir  incertain,  Se  à  des  foupçons , 
Se  des  Ipeculations  anticipées  de  ce  qui  pourrait  arriver  un  jour.  -  Avoiiez- 
moi ,  Monfieur ,  gu'il  faut  aimer  bien  peu  fon  repos ,  pour  fe  tourmenter  réelle- 
ment Se  de  fait  fur  des  Idées  d'une  poiîibilité  future  ,  dont  Dieu  feul  par  fa 
toute-feience  peut  pénétrer  l'événement.  Mais,  fi  en  cela  il  y  a  peu  de  rai  - 
fon,  il  y  en  aurait  encore  moins  à  i'e  porter  fins  caufe  à  une  Guerre  effective 
fur  des  api  eheniions  vaines  ;  puifque  ce  ferait  choifir  dès  à  préfent ,  pour  remè- 
de, le  mal  le  plus  grand,  que  l'on  pourrait  craindre  à  l'avenir. 

Quant  aux  bruits  qui  courent  parmi  vous  comme  fî  l'on  avoit  deffein  de 
donner  les  Païs-Bas  au  Roi  Très- Chrétien,  en  échange  de  quelque  autre  Pro- 
vince, je  puis  vous  affurer  qu'ils  font  faux  ,  artificieux ,  Se  controuvez.  Auffi, 
vous  n'y  devez  pas  faire  plus  d'attention  qu'à  tant  d'autres  fupofitions  auffi 
groffieres  que  malignes  ,  dont  certains  mechans  Efprits  remplifTent  le  public 
par  le  moien  des  Libelles  fatiriques  qui  paroiffent  journellement  fur  ces  matiè- 
res, &  qui  certainement  ne  devoirent  être  fouferts  ni  de  part  ni  d'autre.  Non 
feulement  le  Teftament  du  feu  Roi  défend  expreffement ,  Article  1$.  6c  fo.  de 
faire  dans  la  Monarchie  aucune  forte  d'aliénation  ,  ou  de  feparation  ,  même 
en  faveur  des  Enfans  du  SuccefTeur  j  mais, ce  qui  eft  encore  plus  fort,  8c  fait 
voir  clairement  le  peu  de  fondement  de  ces  bruits,  c'eft  que  l'intérêt  de  la 
Couronne  ne  peut  pas  compatir  avec  un  femblable  Démembrement  ;  fur-tout 
dans  une  Partie  de  la  Monarchie  auffi  confiderable  que  le  Païs-Bas ,  de  la  pof- 
feffion  duquel  dépendent  nos  principales  relations  avec  les  Puifîànces  du 
Nord ,  6c  diverfes  autres  convenances  6c  confiderations  d'Etat  non  moins 
grandes  que  celle-là. 

D'ailleurs, quelle  aparence  y  a-t-il  que  nous  puiffions  abandonner  ces  Pro- 
vinces ,  pour  la  confervation  defquelles  nous  avons  combattu  tant  d'années  Se 
depenfé  tant  de  millions ,  maintenant  que  par  le  moien  de  la  bonne  intelligen- 
ce, dans  laquelle  nous  allons  vivre  avec  la  Couronne  de  France  ,  nous  avons 
lieu  d'éfperer  de  les  poffeder  en  repos,  Se  de  les  voir  fe  rétablir  par  une  longue 
Paix  de  leurs  dommages  paffez.  Non,  Monfieur,  vous  ne  devez  pas  le  croire. 
Les  Flamands  ont  marqué  trop  de  fidélité  ,  trop  de  confiance ,  Se  trop  de  zélé 
dans  leur  Union  à  la  Monarchie  :  l'amour  que  les  Efpagnols  leur  portent ,  en 
confideration  de  ce  qu'ils  ont  foufrert  pour  le  maintien  de  cette  Union ,  cil 
trop  grand}  Se  enfin  il  y  a  entre  les  deux  Nations  une  eftïme  trop  mutuelle, 
pour  permettre  jamais  ni  aux  uns  ni  aux  autres  de  confentir  à  une  feparation. 
Auffi,  a-t-on  peu  fongé  à  faire  fortir  de  ce  Pais  les  Troupes  Hollandoifes ,  pour 
y  faire  entrer  celles  de  France.  Tout  ce  qu'on  vous  débite  là-deffus  ne  tend 
qu'à  vous  jetter  mal  à  propos  en  des  foupçons ,  capables  de  produire  de  très- 
mechans  effets.  Ne  vous  y  biffez  donc  point  furprendrej  Se  fur  tout  prenez 
garde  que  les  vaines  alarmes  que  vous  avez  déjà  témoignées ,  en  faifant  mar- 
cher vos  Officiers  avec  tant  de  précipitation  dans  les  Garniibns  de  Flandre,  Se 
de  Luxembourg  ,  ne  vous  engagent  encore  en  quelque  autre  démarche  con- 
traire à  yos  intérêts.    Je  vous  l'ai  déjà  dit  ,  Se  on  l'a  fait  entendre  à  Meifieurs 

Ff  1  les 


1700. 


z+$     MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

les  Etats  d'une  manière,  qui  ne  fouffre  point  d'équivoque.  Il  ne  tiendra  qu'à 
vous  que  le  Pars-Bas  Éfpagnol  ne  vous  ferve  de  Barrière  à  l'avenir  comme 
par  le  parle.  Mais ,  vous  jugez  bien  que  le  moïen  de  vous  conferver  cette  Bar- 
rière ne  feroit  pas  de  faire  la  Guerre  à  l'Efpagne.  Ce  ieroit  au  contraire  celui 
de  la  perdre, &  d'ouvrir  la  porte  aux  Armées  ennemies, de  les-introduire  juf- 
ques  au  cœur  de  vôtre  Pais ,  Se  en  un  mot  d'attirer  fur  vous  tous  les  maux 
que  vous  craignez. 

Quelques  Avis  d'AmfterJam  portent  que  l'on  arme  pluficurs  Vaifleaux  dans 
ce  Port  ,  Se  qu'il  y  a  fur  le  tapis  un  deflein  pour  les  envoier  aux  Indes  d'Ef- 
pagne,  afin  d'y  faire  reconnoître  l'Archiduc  de  gré  ou  de  force.  Je  veux, 
croire  qu'il  n'en  eft  rien,  Se  que  ces  Avis  font  mal  fondez.  Mais,fupofé  qu'ils 
fe  trouvaient  bons,  je  ne  pourrois  m'empêcher  de  vous  dire  que  jamais  Con- 
feil  plus  pernicieux  que  celui-là  n'auroit  été  donné  à  Mrs.  les  Etats.  La 
chofe  cil;  fenfible;  car  enfin,  ou  cet  Armement  feroit  peu  confiderable,  ou  il 
le  feroit  beaucoup.  S'il  étoit  peu  confiderable,  vous  jugez  bien  qu'il  devien- 
droit  dès  lors  inutile.  Ce  n'eit  pas  avec  dix  ou  douze  Fregattes  qu'il  faut  en- 
treprendre de  fi  grandes  Expéditions.  Et  s'il  étoit  grand  Se  fort,  tout  l'avan- 
rage  que  vous  en  retireriez,  c'en:  que  vous  laiiîeriez  ici  vos  côtes  expofées  6c 
vos  Marchands  à  l'abandon,  tandis  qu'avec  beaucoup  d'oftentation  Se  de  dé- 
penfe  vous  iriez  chercher  les  Avantures  à  l'autre  bout  du  monde,  Se  tenter  une 
Révolution  d'un  fuccès  d'autant  plus  douteux  Se  difficile,  que  les  François  ne 
manqueroient  pas  fans  doute  de  s'y  trouver  aufii-tôt  que  vous,  pour  nous  prê- 
ter la  main,  Se  nous  aider  à  vous  y  bien  recevoir. 

Voulez-vous  donc  m'en  croire?  Mettez  fin  à  vos  méfiances;  ne  différez 
plus  a  rendre  à  Sa  Majefté  l'honneur  qui  lui  eft  dû  à  fon  Avènement  à  la  Cou- 
ronne. Montrez-vous  amis  des  Efpagnols,  &  ne  vous  portez  à  aucune  nou- 
veauté. Par  ce  moïen, vous  obtiendrez  ce  que  vous  avez  eu  en  vûë:  le  Païs- 
Bas  icra  toujours  vôtre  luretéj  la  liberté  de  vôtre  Commerce  ne  recevra  au- 
cune atteinte  >  &  vous  trouverez  dans  la  Nation  Efpagnole  une  corrcfpon- 
dance  &  une  amitié  réciproque.  Vous  voiez ,  Monfieur,  que  je  ne  vous  donne 
pas  des  Confeils  intereflez;  du  moins  devez-vous  le  voir.  Car  enfin  envoïez 
des  Ambafîadeurs  pour  féliciter  Sa  Majefté, ou  n'en  envoïez  pas;opofèz-vous 
à  fon  exaltation,  ou  marquez-en  de  la  joïe;  il  n'en  fera  ni  plus  ni  moins  Roi 
Se  Monarque  Univerfel  de  toute  l'Efpagne  au  grand  contentement  de  fes  Peu- 
ples. Le  plus  grand  malheur  qui  pût  nous  arriver,  fi  vous  veniez  à  nous  fai- 
re la  Guerre  ,  feroit  de  nous  défendre,  Se  je  vous  donne  à  considérer,  fi 
dans  une  telle  occafion  les  fecours  du  dedans  Se  du  dehors  nous  manque- 
roient. 

Si  toute  l'Europe  a  para  furprife ,  émerveillée,  Se  ind ignée,  quand  vous  avez 
entrepris  de  partager  les  Etats  d'un  Roi  vivant ,  à  combien  plus  forte  raifon 
entrera-t-elle  dans  tous  ces  fentimens ,  fi  elle  venoit  à  reconnoitre  qu'aulfi-tôc 
apiès  fon  trépas  vous  voulutfiez  prendre  les  armes  contre  fon  légitime  Succef- 
feur,  Se  empêcher  l'exécution  d'un  Tcftament ,  qui  n'a  pour  objet  que  la 
confervation  des  anciens  Domaines  de  la  Monarchie, Se  la  tranquilité  publique? 
Encore  un  coup,  vous  devez  y  réfléchir  mûrement,  a  vaut  que  de  palier  outre 
en  une  chofe  de  cette  importance.     Une  Guerre  auffi  injufte  que  ce  feroit 

cel- 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.         249 

celle-là  ne  pouroit  pas  être  favorifée  de  Dieu.  A  la  vérité, il  vous  feroit  aifé    1700. 
d'y  entrer,  mais  fort  difficile  d'en  fortir  avec  avantage.     Songez  aux  maux  ■ 

fans  nombre  qu'elle  en  traineroit  après  elle ,  &  fur  tout  au  préjudice  qu'elle 
cauferoit  à  vôtre  Commerce ,  à  celui  de  l'Angleterre  ,  &  enfin  à  tous  vos 
Marchands,  qui  négocient  fi  avantageufement  dans  les  Ports  d'Efpagne,  de 
France,  &  d'Italie.  Il  n'y  aurait  plus  rien  à  faire  pour  eux  en  tous  ces  Ports. 
Une  fimple  Efcadre  aifée  à  entretenir  leur  fermerait  pour  toujours  le  Détroit 
de  Gibraltar,  &  par  conféquent  la  Méditerranée,  d'où  dépend  le  riche  Com- 
merce du  Levant.  Cadix ,  qui  leur  fert  de  Cief  Se  de  Canal  pour  faire  cou- 
ler dans  leurs  Coffres  la  meilleure  partie  des  Trefors  du  Nouveau  Monde, 
leur  feroit  auffi  fermé  ;&z  qui  fait  fi  la  Fortune  inconftante ,  venant  à  changer 
de  Parti  dans  le  Nord ,  ne  vous  ôteroit  point  encore  la  Mer  Baltique ,  Se  ne 
vous  réduirait  point  par  ce  moïen  à  la  déplorable  extrémité  de  manquer  de 
pain,  Se  de  ne  pouvoir  pas  en  obtenir  pour  de  l'argent. 

Ne  m'allegue7.  point  vos  Forces  Maritimes.  Je  lai  qu'elles  font  grandes  } 
mais , je  fai  en  même  tems  qu'elle  coûtent  beaucoup  , auffi  bien  que  les  Trou- 
pes étrangères  que  vous  pourriez  obtenir  des  Princes  d'Allemagne  ;  &  qu'ain- 
lî, il  vous  fera  très  difficile  de  les  entretenir.  D'ailleurs, l'expérience  ne  vous 
a-t^elle  pas  fait  voir  pendant  toute  la  demierre  Guerre,  que  malgré  les  nom- 
breufes  Flores  que  vous  équipiez  tous  les  ans  avec  l'Angleterre,  les  François 
vous  ont  enlevé  un  nombre  infini  de  Vaiffeaux  à  l'embouchure  même  de  vos 
Ports?  Que  fera-ce  donc , s'ils  viennent  à  unir  leurs  Forces  Navales  à  celles  des 
Efpagnols,  après  avoir  mis  ces  derniers  en  bon  état,  comme  il  leur  fera  très- 
facile,  pour  peu  qu'ils  veuillent  ouvrir  leurs  Magazins  &  donner  une  partie  de 
leur  fuperflu?  N'eft-il  pas  à  craindre  que  la  même  chofe  n'arrive  encore  une 
fois?  Je  ne  dis  rien  de  la  difficulté  que  vos  Flotes  trouveraient  à  tenir  la  Mer 
dans  les  tems  orageux  ,  fans  pouvoir  fe  réfugier  en  aucun  Port  d'Efpagne 
ou  de  France.  Peut-être  efperez-vous,  qu'à  leur  défaut,  ceux  de  Portu»- 
gal  vous  feront  ouverts j  mais,  outre  que  la  chofe  eft  encore  douteufe,  puif- 
que  vraifemblablement  Sa  Majefté  Portugaife  gardera  de  grandes  mefures 
avec  les  deux  Couronnes ,  cette  feule  relfource  ne  fuffiroit  pas  pour  vous 
mettre  à  couvert  de  tout  danger.  Mais,  c'eft  à  vous  d'y  penfer}  l'Affaire 
vous  regarde.  Pour  moi ,  qui  n'ai  pris  la  plume ,  que  pour  vous  donner  un 
Confeil  falutaire  ,  8c  vous  détourner  de  prendre  des  engagemens  qui  pour- 
raient vous  devenir  préjudiciables,  j'attendrai  avec  patience  l'ifluë  de  tout 
ceci  j  Se  je  vai  finir  ma  Lettre ,  après  vous  avoir  conjuré  de  pefer  mûrement 
les  chofes  que  j'ai  eu  l'honneur  de  vous  dire.  Sur- tout,  Monfieur,  je  vous 
prie  de  bien  confiderer ,  que  s'il  eft  vrai  qu'il  foit  nécefiaire  au  bien  commun  , 
qu'il  y  ait  en  Europe  une  Puiffance  capable  de  contrebalancer  celle  de  la 
France,  il  n'eft  pas  à  propos  de  chercher  à  aftoiblir  celle  d'Efpagne;  Se  qu'en- 
fin,s'il  n'y  a  que  la  fureté  de  la  Barrière  qui  vous  fafië  de  la  peine,  vous  avez 
lieu  de  vous  mettre  l'elprit  en  repos,  puifque  l'on  eft  diipofé  à  entrer  là- 
deflus  en  tout  équitable  Accommodement  ;  &  qu'il  ne  dépend  abfolument 
que  de  vous  d'obtenir  ,dès  à  préfent  ,  par  les  voies  de  la  douceur,  le  plus 
grand  avantage  que  pourriez  eipérer  par  celle  d'une  longue  Guerre  ,  quand 
même  vous  la  feriez  avec  fuccès,  ce  qui  néanmoins  eft  fort  douteux.     En 

Ff  5  un 


ifo      MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

xyCfO.  un  mot,  Monfieur,  £c  pour  conclufion,  il  Haut  que  vous  conveniez  qu'il  n'y 
— — ■  a  Intérêt  quelconque,  ni  Raifon  divine  ou  humaine,  qui  puille  vous  confeillcr 
de  prendre  les  armes  contre  les  Efpagnols  vos  anciens  AmisSc  Alliez ,  unique- 
ment parce  qu'ils  ne  veulent  pas  fouler  aux  pieds  les  laintes  &  dernières  Dif- 
pofitions  de  leur  Roi,  donner  les  mains  à  leur  propre  dellruétion  5c  démem- 
brement, &  fe  rendre  coupables  de  rébellion  envers  celui  que  Dieu  leur  a  don- 
né pour  légitime  Roi  ôc  Seigneur  :  mais ,  que  plutôt ,  vous  devez  rendre  à 
Dieu  des  attions  de  grâces  infinies,  de  vous  avoir  heureufement  tirez  du  ter- 
rible embarras ,  dans  lequel  vous  feriez  infailliblement  tombez  par  les  fuites 
d'un  Traité  aulfi  généralement  delaprouvé ,  même  en  Angleterre  &  en  Hol- 
lande, que  l'étoit  celui  de  Partage.    Je  fuis, 

Monfieur,  &c.  &c. 

L'Ambassadeur  de  Suéde  fe  donnoit  cependant  beaucoup  de  mouvement, 
tant  envers  les  AmbafTadeurs  de  France  6c  d'Efpagne,  qu'envers  les  Etats  Gé- 
néraux. Cela  attira  des  ordres  au  Comte  de  Briord  de  lui  témoigner  de  la 
part  de  SaMajefté  Très-Chrêtienne,qu'Elle  aprenoit  avec  plaifir  les  foins  que 
ce  Miniftre  Suédois  prenoit  pour  exhorter  les  Etats  Généraux  à  la  conferva- 
tion  de  la  Paix.  On  remarqua  que  par  fa  conduite  il  ambitionnoit  une  nou- 
velle Médiation. 

On  ne  tarda  pas  de  voir  un  Livret,  fous  le  titre  de  Réflexions  fur  la  Lettre 
d'envers,  qu'on  vient  de  raporter.  On  jugea  que  les  Réflexions  valoient  de 
beaucoup  plus  que  la  Lettre.  Mais ,  comme  ce  Livret  n'étoit  que  la  produc- 
tion d'un  Particulier,,  quoi  qu'on  en  débitât  plufieurs  milliers ,  on  fe  parfera 
de  le  raporter  ici. 

Voilà  en  quel  état  ctoient,à  la  fin  de  l'An  1700,  les  Affaires  dont  on  a  fait 
raport ,  &  qui  fervent  comme  d'Introduction  pour  celles  d'Importance  qui 
s'en  font  enfuivies. 


Fin  de  l'Année  M  D  CC. 


MEMOI- 


MEMOIRES, 

NEGOTIATIONS. 
TRAITEZ, 

E    T 

RESOLUTIONS     D'ETAT. 

ANNEE     M.     D   C   G      I. 

è^^éèPI^^  commencement  de  l'Année  i70i.,il  parut  un  petit  Traité  en   1701. 
<-rrj«  ,^îh  Latin.     Il  portoit  pour  titre,  Synopfts  quorundam  Jurium  Au-        ' 

gpfc  A  5S  fîriacorum,  ôcc.  Il  tendoit  à  établir  des  Droits  delà  Maifon 
ï$t  Hf?  ^'Autriche  à  la  Succeffion  de  la  Monarchie  d'Efpagne.     On 

^7y^<,^MiS\  'e  fàauifit  même  en  François,  &  fut  imprimé  en  cette  Lan- 
i%fâbs>ic'*'ïSn*  gue.  Comme  il  n'étoit  que  la  production  de  quelque  Particu- 
lier, on  trouve  à  propos  de  ne  pas  l'inférer  ici.  C'eft  d'autant  que  l'on  veut 
ne  reporter  que  des  Pièces  autentiques,  6c  autorifées. 

Dans  les  feabreufes  circonftances  où  l'on  étoit,  la  fageflè  des  Etats  Géné- 
raux leur  infpira  de  prendre  des  précautions  pour  la  fureté  de  la  République. 
C'étoit  en  cette  vue  que  leurs  Députez  avoient  tenu  une  Conférence  avec 
ceux  du  Confeil  d'Etat.  Le  fujet  en  étoit  quelque  information  qu'on  avoit 
prii'e,  que  les  Magafins  de  l'Etat,  &  fur  tout  des  Frontières,  n'étoient  pas 
bien  pourvus.  Auffi  fut-il  rélblu  le  20.  de  Décembre  précédent,  de  prier  le 
Confeil  d'Etat  de  dreflèr  &  prefenter  une  Pétition  ou  Demande  de  deux  mil- 
lions. Cette  fomme  devoit  fervir  à  acheter  des  Munitions  &  autres  néceffitez 
requifes  à  ces  Magafins. 

Tout  le  monde  étoit  généralement  la  bouche  béante  dans  l'attente  de  ce 
qui  le  pafferoit  en  Angleterre.  Le  Roi  Guillaume,  depuis  fon  retour  en 
ce  Roïaume-là,  prorogea  le  Parlement  jufques  au  17.  de  Janvier  170 1.  Bien 
des  gens  furent  furpris  d'une  prorogation  fi  éloignée  du  tems  que  le  Parle- 
ment avoit  accoutumé  de  s'afîémbler  fous  fon  Régne.  Cependant,  après  de 
plus  mûres  réflexions ,  on  s'aperçût  que  le  Roi  l'avoit  fait  pour  deux  fins. 
L'une  étoit,  pour  attendre  le  parti  que  les  autres  Puifiances  prendroient  fur  les 
nouvelles  &  fort  feabreufes  Affaires  d'Efpagne.  Ce  Roi  prevoïoit  que  les  dé- 
marches des  autres  Puiflances  pourraient  beaucoup  influer  fur  l'elprit  de  la 
Nation  Anglôife.  L'autre  étoit,  pour  faire  que  les  Réfolutions  du  Parle- 
ment 


tft     MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

170 1.  ment  d'Ecoffe  puflcnt  fervir  d'exemple  à  celui  d'Angleterre.     Cet  exemple 

— devoit  aparemment  être  de  grande  efficace ,  puis  que  les  Réfolutions  avoient 

tourne  d'une  manière  fort  favorable  à  la  Cour  Britannique.  Non  feulement 
on  y  avoit  accordé  au  Roi  de  gros  Subfides,  mais  on  lui  avoit  même  permis 
de  conferver  les  Troupes  qui  étoient  fur  pied  en  ce  Roïaume-là.  Ce  qui  eut 
le  plus  d'influence  pour  faire  prendre  ces  Réfolutions,  fut  l'inclination  que  le 
Roi  témoigna  à  donner  les  mains  à  toutes  les  Affaires  de  la  Religion  Presbite- 
rienne,  dont  les  Ecoffois  étoient  opiniâtrement  entêtez.  Cela  fit  même  que 
l'intèreffant  obftacle  de  l'Affaire  de  Darien,  qui  fut  mife  fur  le  tapis,  avoit 
été  ajournée,  &  vemtizftne  die,  par  où  l'on  n'en  parla  prefque  plus. 

Cependant,  Sa  Majefté  Britannique  commença  à  flotter,  fi  Elle  devoit 
faire  tenir  le  Parlement  dans  le  tems  auquel  il  avoit  été  prorogé,  ou  fi  Elle 
devoit  le  caflèr,  &  en  convoquer  un  nouveau  ?  Suivant  l'Aète  du  Parlement 
triennal,  celui  qui  fubfiftoit  pouvoit  encore  tenir  une  Séance.  L'efprit  Whig 
y  dominoit,  6c.  les  principaux  de  ce  Parti  fe  donnoient  beaucoup  de  mouve- 
ment pour  la  tenue  de  la  Séance.  Les  aparences  pouvoient  même  les  flater 
de  quelque  bon  fuccès.  C'étoit  d'autant  plus  que  les  Chevaliers  Jean  How, 
Seymour,  Musgrave,  6c  Harcourt,  qui  avoient  été  les  plus  opofez,  &  même 
ouvertement,  aux  intentions  du  Roi  dans  la  Chambre  des  Communes  pendant 
les  précédentes  Seflîons,  furent  trouver  Mylord  Portland.  Ils  lui  dirent  que 
les  conjonctures  courantes  les  obligeoient  à  vouloir  fervir  le  Roi.  C'étoit 
pourquoi  ils  le  prioient  de  ne  pas  caflèr  encore  le  Parlement.  La  raifon  en 
étoit,  parce  qu'il  fe  fourreroit  peut-être  quelques  Membres  d'un  tempéra- 
ment affez  turbulent,  pour  traverfer  les  plus  falutaires  Réfolutions.  Ces  qua- 
tre étoient  à  la  tête  d'un  Efcadron  volant,  qui  à  l'aide  de  quelques  Amis,  qui 
par  ignorance,  ou  par  déférence,  opinoient  du  Bonnet,  taifoient  pancher  la 
balance  du  côté  qu'ils  vouloient.  Le  Roi  tint  plufieurs  Confeils  pour  délibé- 
rer fur  la  caflàtion  du  Parlement.  Les  Whigs,  qui  étoient  du  Parti  domi- 
nant, tâchoient  de  complaire  au  Roi,  pour  fe  maintenir.  Les  Thons  en  fai- 
foient de  même ,  pour  tâcher  de  reprendre  le  deflus.  Cette  ambitieufe  émula- 
tion étoit  une  reflburce  au  Roi  pour  venir  à  bout  de  fes  deffeins.  Les  Whigs 
avoient  le  plus  contribué  à  l'élever  fur  le  Trône.  Il  eft  vrai  que  bien-tôt 
après  il  favorifa  le  Parti  Thori.  Il  fut  pourtant  obligé,  après  la  déroute  de  la 
Flotc  de  Smirne,  de  s'abandonner  de  nouveau  au  Parti  Whig.  De  forte, 
que  voulant  faire  reprendre  le  defllis  aux  Thoris,  cela  ne  pouvoit  bonnement 
fe  fiiire  fans  la  Convocation  d'un  nouveau  Parlement.  Quoique  l'Acte  Trien- 
xial  fixât  la  tenue  des  Parlemens,  il  étoit  au  pouvoir  du  Roi  de  le  caffer  à  fa 
volonté.  Comme  cet  Aéte  a  Elit  beaucoup  de  bruit ,  quoi  qu'il  ait  enfuite 
été  changé  6c  révoqué  depuis  l'Avènement  du  Roi  George  à  la  Couronne 
par  un  autre  qui  l'a  tait  Septcnnaire,  on  croit  de  faire  plaifir  au  Leèteur  d'eu 
inférer  ici  la  Traduction,  ainfi  qu'elle  fuit. 

„  L'Année  fixiéme  du  Régne  de  G  u  1  l  l  a  u  m  e  &  de  Marie  ,  Roi  & 
„  Reine  d'Angleterre,  d'Ecoffe,  de  France,  Se  d'Irlande. 

„  Dans  le  Parlement  commencé  à  Weltminitcr  le  2.9.  de  Mars  de  l'Année' 
„  du  Seigneur  1689,  de  la  féconde  Année  du  Régne  de  nos  Souverains  Sei- 
,',  gneur  6c  Dame,  Guillaume   6c   Marie,  pur  la  Grâce  de  Dieu,  Roi 

„  6c 


ET    RESOLUTIONS    D'ETAT.         zfj 

„  Reine  d'Angleterre,  d'Ecoffé,  de  France,  6c  d'Irlande,  Défenfeurs  de  la  1701. 
„  Foi,  8cc.  =— 

„  Et  de  là  continué  par  diverfes  Prorogations  8c  Ajournemens  jufques  au 
„   12.  de  Novembre  1694,  étant  la  fixiéme  Séance  du  prefent  Parlement. 

„  Acte  pour  de  fréquentes  Afièmblées,  8c  Convocations  des  Parlemens. 

„  D'autant  que  par  les  anciennes .  Loix  êc  Statuts  de  ce  Roïaume  ,  on 
„  doit  tenir  de  frequens  Parlemens,  8c  d'autant  que  de  frequens  8c  nouveaux 
„  Parlemens  tendent  beaucoup  à  l'heureufe  Union  8c  bonne  Intelligence  du 
„  Roi  8c  du  Peuple,  Nous  les  très-fidéles  8c  très-obéïiïans  Sujets  de  Vos 
„  Majeftez  les  Seigneurs  Spirituels  8c  Temporels.,  8c  les  Communes,  affém- 
„  blez  dans  le  prêtent  Parlement,  liiplions  très-humblement  Vos  Majeftez 
„  qu'il  puiffe  être  déclaré  8c  paiïe  en  Acte  dans  le  prefent  Parlement  ;  èc  il 
„  ell  par-là  déclaré  .8c  paiïe  en  Acte  par  Leurs  Majeftez  le  Roi  &c  la  Reine, 
„  par  8c  avec  l'avis,  èc  le  confeiitement,  des  Seigneurs  Spirituels  8c  Tempo- 
„  rels,  8c  des  Communes,  affëmblez  dans  le  prefent  Parlement ,  8c  par  leur 
„  Autorité,  que  par  l'avenir  il  fera  tenu  un  Parlement  du  moins  une  fois  en 
„  trois  ans. 

„  Il  eft  d'ailleurs  paiïe  en  Acte  par  Ladite  Autorité,  que  dans  trois  ans  au 
„  plus,  depuis  8c  après  la  diffblution  du  prefent  Parlement,  8c  ainfi  de  tems 
„  en  tems  à  jamais  ci-après,  depuis,  8c  après  la  fin  de  chaque  autre  Parle- 
„  ment ,  on  dépêchera  des  ordres  légitimes  fous  le  Grand  Seau ,  par  la  di- 
„  rection  de  Vos  Majeftez,  vos  Héritiers ,  8c  Succeffèurs,  pour  la  Convoca- 
„  tion,  PAflèmblée,  8c  la  Tenue  d'un  autre  nouveau  Parlement. 

„  Il  eft  de  plus  paiïe  en  Acte  par  ladite  Autorité ,  qu'à  l'avenir  aucun  Par- 
„  lement,  quel  quecefoit,  qui  fera  en  aucun  tems  ci-après  convoqué,  af- 
„  femblé,  8c  tenu,  ne  pourra  être  continué  plus  long-tems  que  feulement 
„  pour  trois  ans  au  plus,  à  compter  du  jour,  auquel  par  les  ordres  le  Parle- 
„  ment  fera  fixé  de  s'affëmbler. 

„  tl  eft  de  plus  paiïe  en  Acte  par  ladite  Autorité,  que  le  prefent  Parlement 
„  ceffèra  8c  finira  au  premier  jour  de  Novembre,  qui  fera  dans  l'Année  de 
„  Nôtre  Seigneur  mille  fix  cent  quatre-vingt  àc  feize ,  à  moins  que  Leurs 
„  Majeftez  ne  trouvent  à  propos  de  le  diiïoudre  plutôt. 

L'on  croit  qu'il  ne  déplaira  pas  au  Lecteur  d'ajouter  ici,  le  plus  fuccincte- 
mentpoiïible,  quelques  Èclairciiïèmens.  En  premier  lieu,  l'on  pourroit  trou- 
ver étrange  de  voir  dans  le  Titre,  que  c'eft  la  féconde  Année  du  Régne  de 
Leurs  Majeftez,  que  le  Parlement  avoit  commencé  le  20.  Mars  1689.     C'cft 
puis  que  Leurs  Majeftez  n'avoient  été  déclarées  Roi  8c  Reine,  que  le  1 2.  Fé- 
vrier de  1689.     Sur  quoi  il  clt  à  remarquer,  que  fuivant  Village  d'Angleterre 
cette  Déclaration  n'auroit  dû  être  comptée  que  pour  l'Année  1688.     C'eft 
parce  que  l'on  n'y  commence  à  compter  l'Année  qu'au  ij.  de  Mars.    De  for- 
te, qu'il  le  trouvoit  que  le  20.  de  Mars  de  l'Année  1600.,  n'étoit  en  Angle- 
terre que  le  20.  dudit  mois  de  Mars  de  1689,  8c  que  la  féconde  Année  de  leur 
Régne  avoit  commencé  dès  le  1 3.  de  Février.     En  fécond  lieu,  l'on  doit  re- 
marquer que  les  Bills,  qui  font  les  Projets  des  Actes,  ne  s'apellent  pas  de  ce 
dernier  nom,  que  lors  qu'ils  ont  le  confentement  du  Roi,  car  alors  ils  partent 
en  Acte,  qui  eft  une  Loi.     Pour  avoir  force  de  Loi,  il  faut  le  confentement 
7  îom,  L  G  g  des 


if 4     MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

1701.  des  trois  Parties  ConfHtuantes,  favoir ,  de  la  Chambre  des  Seigneurs ,  de  celle 

' des  Communes,  6c  du  Roi.     Aulîî  ce  Bill  triennal,  quoi  qu'aprouvé  par  les 

deux  Chambres,  ne  pâfîa-t-il  pas  en  Aâe  pendant  deux  fois,  parce  que  le 
Roi  refuia  d'y  donner  fon  confentement.  Enfin,  en  troifiéme  lieu,  il  eft  à 
remarquer  que  le  Roi  a  le  droit  de  proroger  le  Parlement,  &  de  le  diiîbudrej  ' 
mais,  il  ne  peut  pas  l'ajourner.  La  raifon  en  eft,  que  c'eft  un  Privilège  des 
Chambres  de  s'ajourner  Elles-mêmes.  Il  eft  vrai,  que  le  Roi  peut  leur  com- 
mander de  s'ajourner  dans  leur  Affèmblce  jufques  à  tel  :.our  qu'il  trouve  à  pro- 
pos de  leur  preferire.  Il  eft  auffi  bon  de  lavoir  la  différence  qu'il  y  a  entre 
Prorogation  Se  Ajournement.  Lors  que  le  Roi  proroge  le  Parlement,  quand 
•  ce  neferoit  que  pour  un  jour,  toutes  les  Affaires,  qui  font  fur  le  tapis,  quoi 
qu'avancées,  Se  même  les  Bills  prêts  à  palier  en  Acte,  tombent,  comme  fi  l'on 
n'en  avoit  jamais  parlé:  au  lieu  que  par  l'Ajournement,  toutes  les  Affaires  en- 
tamées fubfiftent,  8c  on  les  avance  lors  que  le  Parlement  s'affemble  au  jour  de 
l'Ajournement,  ou  des  Ajournemens;  car  une  Séance  peut  durer  long-tems , 
en  s'ajournant  à  plufieurs  reprîtes. 

Le  Roi  trouva  enfin  à  propos  de  Caffer  le  Parlement,  Se  d'en  convoquer 
un  nouveau.  L'avant  -  coureur  de  cette  Réfolution  fut  quelque  changement 
dans  le  Miniftére.  On  révoqua  la  Commiffion  d'un  des  Secrétaires  d'Etat, 
favoir,  de  Vernon,  qui  de  premier  Commis,  devint  Secrétaire  d'Etat  lui- 
même,  &  qui  étoit  un  fort  laborieux  Whig.  Le  Chevalier  Hedges,  qui 
étoit  Thori,  fut  mis  à  fa  place.  On  donna,  à  Mylord  Godolphin,  la  Char- 
ge de  Premier  Commifiàire  de  la  Treforerie.  Il  étoit  Thori ,  quoi  que  dans 
la  fuite  les  Conjonctures  l'aient  fait  habilement  changer  de  Parti.  Il  fut  fub- 
ftitué  à  un  nommé  Smith,  grand  Partifan  des  Whigs.  Cette  Caffation  du 
Parlement,  qui  influa  fur  l'efprit  de  la  Nation,  pour  détefter  le  manque  de 
foi  de  la  France,  par  raport, au  Traité  de  Partage,  fut  publiée  par  une  Pro- 
clamation de  la  teneur  fuivante. 

«Guillaume    R. 

„  TPV  Autant  que  Nous  avons  trouvé  à  propos  pour  diverfes  importantes  Se 
„  jLJ grandes  Considérations ,  Se  de  l'Avis  de  nôtre  Confeil  Privé,  de  caffer 
„  ce  preiént  Parlement ,  qui  eft  à  cette  heure  prorogé  au  Jeudi  6 ,  (  Vieux 
„  Stile)  de  Janvier  prochain  >  Nous  publions  à  cet  effet  notre  prefente-  Pro- 
„  clamation  Roïale,  Se  caffons  par  icelle  ledit  Parlement.  De  forte,  que  les 
„  Seigneurs  Spirituels  Se  Temporels,  Se  les  Chevaliers,  Citoïens,  Se  Bour- 
„  geois,  Députez  au  Parlement  preiènt,  font  exeufez  Se  exemptez  de  s'af- 
„  fembler  ledit  jour  du  6.  du  mois  de  Janvier  prochain.  Et,  afin  que  Nos 
.,  Amez  Sujets  voient  la  confiance  que  Nous  avons  en  leur  affeélion,  Se  com- 
„  bien  Nous  fouhaitons  de  Nous  trouver  avec  eux,  Se  avoir  leur  Avis,  étant 
„  aflemblez  en  Parleraient,  Nous  faifons  favoir  par  la  prefente  Proclamation 
„  à  Nofdits  Sujets,  qu'à  caufè  de  quelques  Affaires  de  la  plus  haute  confé- 
„  quence  pour  ce  Roïaumc,  Nous  avons  defièin  de  donner  Nos  ordres  au 
„  Garde  de  Nôtir  Grand  Sceau,  d'expédier  des  Lettres  Circulaires,  félon  les 
„  véritables  formes  des  Loix,  pour  convoquer  un  Nouveau  Parlement,  qui 

s,  com,- 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.  ifr 

„  commencera  fes  Séances  àWeftminfter  le  Jeudi  fixiéme  du  mois  de  Février  170 1. 
„  prochain.    Donné  à  nôtre  Cour  de  Kenfington  le  ip.  de  Décembre  1700,      ■ 
„  6c  de  nôtre  Régne  le  douzième. 

I  l  falut  au  Roi  tout  ce  tems ,  pour  l'Afîemblée  du  nouveau  Parle- 
ment, parce  que,  fuivant  les  Loix,  il  faut  l'efpace  de  fix  fem aines  pour  l'é- 
leciion  des  differens  Membres  des  Communes.  Ces  Membres  prennent  diffé- 
rens  noms,  Ceux,  qui  font  élus  par  les  Provinces,  s'apellent  Chevaliers  >  ceux, 
qui  font  élus  par  les  Villes,  qui  ont  droit  d'envoïer  des  Députez  au  Parle- 
ment, s'apellent  Citoïensj  6c  ceux ,  que  les  Bourgs  élifent,  s'apellent  Bour- 
geois. 

Pendant  cet  intervalle  en  Angleterre,  il  y  en  eût  auffi  un  en  Hollande, 
qui  fufpendit  pour  quelque  tems  les  Négociations  avec  la  France.  La  raifon 
en  vint  par  une  fàcheme  incommodité  du  Comte  de  Briord.  Cet  Ambafîâ- 
deur  voulut,  félon  l'ufage,  régaler,  après  fon  Audience  publique,  quelques 
Membres  des  Etats  Généraux.  Le  repas  dura  long- tems.  Il  fe  fentit  preffé 
de  faire  de  l'eau,  6c  il  crût  être  de  la  civilité  de  ne  pas  fortir  de  table  pour 
fatisfaire  à  cette  néceffité.  Cela  lui  caufa  une  rétention  d'urine ,  qui  le  mit 
aux  abois.  Il  fallut  pour  le  foulager  faire  venir  des  Chirurgiens  d'Amfterdam. 
Ceux-ci  fe  fervirent  de  la  ponction,  qui,  n'aïant  pas  beaucoup  d'effet,  fut  fui- 
vie  de  la  taille.  L'indifpofîtion  de  ce  Comte  continuant,  fon  Secrétaire  dé- 
pêcha la  nuit  du  6.  au  fèpt  de  Janvier  un  Exprès  à  Verfailles ,  pour  y  porter 
ce  contre-tems.  La  Cour  réfolut  d'envoïer  à  la  Haïe  le  Comte  àïAvaux^ 
afin  de  ne  pas  interrompre  les  Négociations.  Il  n'y  arriva  cependant  qu'au 
commencement  du  mois  de  Février  fuivant,  ainfi  qu'on  le  dira  en  fon  tems. 

En  attendant  qu'on  ait  lieu  de  parler  de  ce  que  ce  nouveau  Miniftre  fit  à  la  Affaires 
Haïe,  on  reprendra  ce  qui  regarde  la  Guerre  dans  la  Livonie.     On  a  déjà  dit  dÇ  évo- 
que le  Czar  avoit  affiegé  Narva,  6c  que  le  Roi  de  Suéde  alla  avec  une  poignée  nie' 
de  monde  pour  fecourir  cette  Ville-la,  qui  étoit  la  plus  preflee.    Il  avoit  def- 
fein  d'aller,  après  ce  fecours  ,   mettre  en  bon  état  les  Villes  de  Revel  6c  de 
Riga,  qui  étoient  contées  pour  les  deux  Mamelles  de  la  Livonie.    Le  fècours 
de  Narva  fut  donné  d'une  manière  fort  glorieufè  pour  le  Roi  de  Suéde. 
L'AmbafTadeur  de  ce  Roi,  Lillienrooth,  en  reçût  la  Relation  de  la  Chancellerie 
de  Stockholme.     Elle  avoit  tardé  à  arriver  à  cette  Capitale-là,  parce  que  l'Ex- 
près du  Roi  qui  la  portoit  ne  pût  y  aller  par  Mer  ,  à  caufe  des  vents  contrai- 
res.    Ainfi ,  il  lui  avoit  falu  faire  par  terre  le  tour  du  Golphe  Bothnique.     On 
met  le  précis  de  cette  Relation,  à  caufe  de  quelques  acceflbires  qui  y  font  rela- 
tives, ainfi  qu'on  pourra  voir  dans  la  fuite. 

RELATION. 

<n  T  E  2,3.  Novembre  nouveau  ftile  le  Roi  de  Suéde  marcha  de  Wefemberg 
„  L»  qui  étoit  à  la  diftance  de  quinze  lieues  de  Narva._  Il  n'avoit  avec  lui 
„  que  huit  mille  hommes.  Sa  marche  fut  fort  difficile.  Il  lui  falut  franchir 
3)  des  chemins  impraticables,  des  défilez  très-rudes,  Se  traverfer  un  Païs  brûlé , 

G  g  x  „  brouté 


zf6      MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

I701'    „  brouté,  &  defolé  par  les  Mofcovites.     Il  n'y  trouva  la  moindre  chofe  polir. 

"  „  la  fubfiftance  des  Soldats,  6c  pour  la  pâture  des  chevaux.  Le  Roi  arriva  le 

„  ip.  à  Lagent  fitué  à  une  lieue  6c  demi  de  Narva.  Pour  y  arriver,  il  lui 
„  avoit  falu  s'ouvrir  divers  paflàges  de  difficile  accès  ,  6c  gardez  par  fix  mille 
„  Mofcovites  fous  les  ordres  de  Scheremetof.  Celui-ci  avoit  fait  pafler  la 
„  Rivière  de  Puhajoggi  à  fes  Fourageurs.  Ceux-ci,  furpris  par  l'Avantgarde 
„  des  Suédois,  la  rep.iflerent  en  defordre  6c  avec  perte  ,  fins  pouvoir  empor- 
„  ter  leurs  trouffes ,  6c  avec  leur  Général  s'enfuirent  de  nuit  vers  Narva.  A 
„  caufe  de  l'obfcurité  de  la  nuit  qui  étoit  furvenuë  ,  le  Roi  ne  put  traverfer 
„  que  le  lendemain  la  Rivière  ,  d'où  il  arriva  à  Lagent.  Le  jour  fuivant  30. 
„  l'Armée  Suedoife  fe  mit  en  mouvement  de  grand  matin ,  6c  arriva  vers  le 
„  midi  à  la  vûë  des  Mofcovites.  Leur  Camp  s'étendoit  depuis  les  bords  de 
,,  la  Rivière  de  Narva  6c  le  Moulin  de  Porreus,  jufques  à  Joala.  Il  étoit  for- 
,,  tifié  du  côté  de  la  Ville  par  de  bonnes  Lignes ,  6c  du  côté  de  la  Campagne 
„  par  un  Retranchement,  compofé  d'un  rempart  épais  6c  haut,  de  foffez  lar- 
„  ges 6c  profonds ,  de  parapets,  de  chevaux  de  frife,  6c  dePaliflades.  Il  y  avoit 
„  d'ailleurs  plufieurs  ouvrages  extérieurs  détachez ,  6c  des  Batteries  placées  fur 
„  des  hauteurs  avantageufes.  Non-obftant  un  grand  feu  de  l'Artillerie  Mofco- 
„  vite,  le  Roi  de  Suéde  s'avança  pour  reconnoître  ces  Retranchemens.  Aïant 
„  (bigneufement  confideré  toutes  chofes ,  il  forma  deux  Attaques,  l'une  à  la 
„  droite,  6c  l'autre  à  la  gauche,  6c  en  fit  une  difpofition  ,  (qui  dans  la  rela- 
„  tion  eit  détaillée )j  6c  régla  le  lignai, 6c  donna  le  mot,  qui  etoh^ivec  l'aide 
„  de  Dieu.  A  deux  heures  après  midi,  le  fignal,  qui  étoit  de  deux  fufées,  fut 
„  donné.  L'Infanterie  des  deux  Ailes  s'avança  en  même  tems,  à  la  faveur 
„  d'une  épaifle  neige  qui  lui  donnoit  à  dos.  On  attaqua  avec  tant  de  vigueur, 
„  6c  fi  heureufemcnt,que  dans  l'éfpace  d'un  quart  d'heure  on  força  lesRetran- 
„  chemensdes  Mofcovites,  tant  à  la  droite  qu'à  la  gauche,  malgré  la  forte  re- 
„  fiftance  qu'ils  firent  pour  les  défendre.  Ils  furent  enfuite  pouffez  des  deux 
„  cotez  avec  une  grande  perte  des  leurs.  Ceux  de  leur  Aile  droite ,  étant 
„  pourfuivis  jufques  à  la  Rivière  de  Narva,  fe  jetterent  fur  le  Pont,  pour  fe 
,,  fauverj  mais  fe  trouvant  furchargé  par  le  trop  grand  nombre  des  fuiards , 
„  il  le  rompit ,  6c  fut  caufe  qu'une  bonne  partie  d'entre  eux  furent  noïez.  Les 
„  autres ,  réduits  à  la  néceflîté  d'une  defenfe  defefperée ,  formèrent  un  Retran- 
„  chement  de  chariots ,  entre  leurs  maifons  de  bois ,  6c  leurs  cabanes  de  terre. 
„  L'on  fut  par-là  obligé  de  les  attaquer  de  nouveau  dans  les  formes.  Il  fe  fit 
„  grand  feu  de  part  6c  d'autre  en  ce  lieu-là  jufques  à  la  nuit.  Les  avantages 
„  que  l'Aile  droite  des  Suédois  remporta  ne  furent  pas  moindres  que  ceux  de  la 
„  gauche.  Elle  défit  entièrement  les  Mofcovites  5  6c,  les  aiant  mis  en  derou- 
„  te ,  les  Suédois  fe  trouvèrent  en  état  de  pouvoir  fe  partager.  Par-là ,  les 
„  Bataillons  des  Gardes  allèrent  joindre  l'Aile  gauche  où  etoit  le  Roi.  La 
„  Cavallerie  ne  demeura  pas  non  plus  oifive.  Quoi  qu'il  lui  fût  fort  mal  ailé 
„  d'agir,  par  ce  que  le  Camp  étoit  tout  plein  de  baraques  6c  de  maifons,  6c 
„  qu'elle  avoit  ordre  de  foûtenir  l'Infanterie ,  elle  répara  par  une  conduite 
„  pleine  de  courage  le  defavantage  que  lui  donnoit  le  mauvais  terrain.  L'ob- 
„  feurité  de  la  nuit  fit  a  (1er  le  Combat.  Le  Roi  poita  les  Troupes  qu'il  avoit 
„  avec  lui  entre  la  Ville  6c  les  derniers  Retranchemens  des  Mofcovites,  6c  les 

»  au- 


55 
55 
55 

55 
55 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.  zf7 

autres,  fclon  la  fituation  du  lieu,  vers  tous  les  endroits,  d'où  l'on  pouvoit    i7or- 

attendre  quelque  furprife.     Il  envoia  auflî ,  s'aflurer  de  la  principale  Batte-  

rie  ,  qui  étoit  placée  fur  une  hauteur,  Se  du  refte  de  l'Artillerie.  Par-là, 
toute  communication  entre  les  deux  Ailes  Mofcovites  fut  coupée.  La 
droite,  qui  avoit  été  pouffée  jufques  à  la  Rivière  de  Narva,  l'aiant  remar- 
„  que ,  jugea  qu'elle  étoit  enfermée  d'une  manière  à  ne  pouvoir  plus  fè  re- 
„  tirer.  Le  foir  même,  les  Officiers  députèrent  vers  le  Roi  ,  pour  fe  (bû-  . 
„  mettre  à  fa  grâce  ;  ce  qui  leur  fut  accordé.  Là-deflus ,  les  principaux  Gene- 
„  raux  Mofcovites  allèrent  pofer  leurs  armes  aux  pieds  du  Roi ,  Se  fe  rendi- 
„  rent  avec  le  refte  de  leurs  Troupes  à  diferétion.  Ils  le  mirent  en  poflèflîon 
„  de  leurs  portes.  Il  envoia  deux  Battaillons  de  fes  Gardes,  pour  les  occuper. 
„  Enfuite,  il  permit  aux  Soldats  &  aux  Officiers  de  pafler  la  Rivière  ,  Se  de 
s'en  retourner  chez  eux  ;  ne  jugeant  pas  de  devoir  les  retenir  prifbnniers ,  à 
caufe  du  grand  nombre,  8c  de  la  quantité  qu'il  eut  fàlu  de  provifions  pour 
les  nourrir.  Il  ne  retint  que  les  Généraux,  Se  quelques  uns  des  principaux 
Officiers.  Il  les  obligea,  cependant,  de  lui  remettre  tous  leurs  Etendards  Se 
Drapeaux. 

„  L'Aile  gauche  des  Mofcovites  étoit  pareillement  affiegée  par  les  Suédois. 
Celui,  qui  commandoit  le  refte  de  cette  Aile ,  aiant  apris  ce  qui  s'étoit  pafle 
à  la  droite  ,  envoia  auffi  demander  la  même  grâce.  Le  Roi  de  Suéde  la 
lui  accorda.  Ce  fut  à  condition  qu'il  laifleroit  toutes  les  armes  de  fon  Aile. 
Là-deflus,  tous  les  Regimens  Mofcovites  allèrent  mettre  leur  Armes,  leurs 
Enfeignes,  &  leurs  Etendards,  aux  pieds  du  Roi.  Ils  marchèrent  enfuite  , 
tant  Officiers  que  Soldats ,  la  tête  nuë,  devant  les  Suédois ,  pour  pafler  la 
Rivière  Se  fe  retirer. 

„  Après  leur  retraite,  les  Suédois  prirent  l'entière  pofleffion  du  Camp  Mof- 
covite,  où  il  fe  trouva  un  butin  confîderable.  L'Artillerie  étoit  compofée 
de  cent  Se  quarante  cinq  pièces  de  Canon  toutes  neuves,  dont  quelques- 
unes  portoient  quarante-cinq  livres  de  baie  ;  vingt  huit  Mortiers  auflî  tous 
„  neufs,  de  différente  invention;  Se  quatre  Haubitz.  Il  y  avoit  auflî  une  quan- 
„  tité  extraordinaire  d'Amunitions  de  Guerre  Se  de  Bouche;  fix  paires  de 
„  Timbales ,  cent  cinquante-trois  Drapeaux ,  Se  vingt  Etendarts.  Il  y  en 
„  avoit  eu  d'ailleurs  plufieurs  autres  déchirez  dans  l'Aétion,  d'autres  perdus  dans 
„  robfcurité ,  ou  tombez  dans  la  Rivière  ,  dont  on  en  retira  quelque-uns, 
„  comme  auffi  d'entre  les  corps  morts.  Ce  qu'il  y  eût  de  plus  particulier  eft 
„  qu'on  eût  la  Caifle  de  Guerre  ,  que  le  Czar  avoir,  laiflee  avec  une  grande 
„  quantité  d'Armes  ,  de  Tentes ,  Se  Outils  de  Guerre ,  avec  une  exceflïve 
„  provifion  de  Vivres  Se  de  Fourage.  Il  y  avoit  dans  la  Caiflè  162..  mille 
„  Ecus. 

„  Tous  les  Officiers ,  tant  Généraux  qu'autres ,  Ce  fignalerent ,  chacun  dans 
„  fon  Pofte,  aufli  bien  que  les  Soldats. 

„  Pendant  le  Combat ,  le  Duc  de  Croi ,  à  qui  le  Czar  avoit  Iaiffé  le  com- 
„  mandement  de  fon  Armée  le  jour  précédent ,  en  fe  retirant  à  Paproche 
„  Suédois,  foit  par  aprehenfion  ou  autrement;  ce  Duc,  dis-je  ,  voiant  que 
„  tout  étoit  perdu ,  s'alla  rendre ,  avec  d'autres  Généraux  Se  Officiers,  pri- 
„  fonnier  aux  Suédois.     Ce  Duc ,  fe  trouvant  enfuite  dans  Narva  avec  les  au- 

Gg  3  „  très 


55 
55 

55 
55 
55 

55 
55 

55 
55 
55 
55 
55 

55 
55 

55 


2.r8      MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

1701.    „  très  Généraux  Mofcovites  ,    aux  quels  le  Roi  de  Suéde  fit  rendre  leurs 
-'  épées,  6c  manquant  d'argent  &  de  crédit,  ce  Prince  lui  envoia  une  bourie 

„  de  mille  Ducats. 

Cette  Victoire  fut  d'autant  plus  glorieufe  pour  le  Roi  de  Suéde,  qu'il 
n'avoit  qu'une  poignée  de  Monde,  ÔC  que  l'Armée  Mofcovite  montoit  à  qua- 
tre-vingt mille  hommes.  D'ailleurs,  cette  dernière  avoit  le  tout  en  abondan- 
ce, au  lieu  que  les  Suédois  étoient  affoiblis  par  de  grandes  fatigues,  par  une 
marche  très- pénible ,  6c  par  le  manquement  de  Vivres  &  de  Fourages,  dont 
les  hommes  aufli  bien  que  les  chevaux  avoient  été  privez  pendant  plufieurs 
jours.  La  perte  des  Mofcovites,  tant  tuez  que  noïez ,  étoit  fuputée  à  dix-huit 
mille  hommes.     Celle  des  Seudois  pouvoit  monter  à  deux  mille  hommes-, 
tant  tuez  que  bleflez  ,  dont  plufieurs  des  derniers  furent  guéris.     Cette  Vic- 
toire fût  remportée  le  même  jour  dans  lequel,  une  année  auparavant ,  le  Czar 
avoit  juré  la  Paix.     Si  le  courage  des  Suédois  fut  incroïable ,  c'eft  que^  le  Roi 
le  leur  influa,  par  fon  intrépidité,  par  fa  préfence  dans  les  endroits  où  le  feu 
étoit  le  plus  chaud  ,   6c  par  les  ordres  qu'il  donna  avec  toutes  les  marques  du 
plus  expérimenté  Général. 

Le  Roi  de  Suéde  fit  trois  jours  après  publier  à  Narva  une  Déclaration. 
Elle  portoit  en  fubftance  : 


„  Que  le  Czar  de  Mofcovie  étant  venu  ravager  fes  Terres  Se  Pais,  aflîé- 
„  ger  fes  Places,  6c  defoler  fes  Sujets,  fans  y  avoir  été  porté  par  aucune  cau- 
„  te  légitime,  Sa  Majefté  Suedoife  étoit  réfoluë  à  pourfuivre  fa  Victoire,  Se 
„  à  renvoïer  chez  lui  le  dommage  qu'il  avoit  réfolu  de  lui  faire.  Que  tou- 
„  te  fois  comme  Prince  Chrétien  il  vouloit  ufer  de  Clémence  envers  les  Su- 
„  jets  du  Czar.  Qu'ainfi,  il  offrait  fa  Protection  Roïale  à  toute  la  No- 
„  bleffe,  aux  Ecclefiaftiques ,  aux  Bourgeois,  aux  Marchands,  6c  aux 
„  Païfans  de  la  Ruffie,  fans  aucune  exception.  C'étoit  aufïï  en  faveur  de 
„  leurs  Femmes  6c  Enfans.  Sa  Majefté  leur  promettoit  de  les  maintenir 
„  dans  leur  Religion,  Libertez,  6c  Privilèges  ;  même  de  fuprimer  une  partie 
„  des  Taxes, dont  ils  étoient  accablez.  C'étoit  à  condition  qu'ils  demurraffent 
dans  leurs  Habitations  6c  Héritages,  fans  fe  retirer  ailleurs,  ni  fins  rien  dé- 
tourner de  leurs  effets.  D'ailleurs ,  qu'ils  euffent  à  fournir  volontairement 
ce  qui  leur  feroit  demandé  pour  l'entretien  de  l'Armée,  avec  nromeffe  que 
lesprovifions,qu'ilspourroient  donner  au  de-là  leur  contingent,  leur  feroient 
fidèlement  païées  par  fes  Commiffaires.  Que  dans  l'efperance  qu'ils  feroient 
ce  qu'on  leur  demandoit,  Sa  Majefté  avoit  refolu  de  leur  donner  des  Sauve- 
Gardes,  6c  de  défendre  fous  peine  de  la  vie  à  fes  Officiers  6c  Soldats  de  leur 
faire  le  moindre  tort.  Mais,  que  s'ils  viennent  à  abandonner  les  Lieux  de 
leur  demeure,  8c  à  fe  fauver  plus  avant  dans  le  Pais  avec  leurs  effets ,  ils 
dévoient  s'attendre  à  être  traitez  comme  Ennemis,  &L  à  avoir  leurs  Maifons 
„  6c  leurs  Biens  ruinez  par  le  fer  6c  par  le  feu. 

L'Ambassadeur  de  Suéde,  Lillienrooth,  en  préfentant  aux  Etats  Géné- 
raux la  Relation  de  la  Viâoire  de  Narva,  y  ajouta  le  Mémoire  luivant. 

CEL- 


55 

y* 

55 
55 
55 
55 


:  ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.         zf9 

CELSI  AC  PRjEPQÏENTES  DOMINI.  *— L-. 

Memoi- 
VEJïernâ  die  Tabellarius  attulit  mihi  lifteras  Sacra  RM.  Régis  mei  Clementijjlmi ,  re  de 

dietl.Novemb.  Feteris Styli  anni  prœteriti  prœfcriptas,nunciantes  felicem prœlii  \  jmb*f~ 
bidub  ante  propè  Urbem  Narvam  commiffi  eventum;illuflrem  nempe FiSloriam  quâ  s^ede 
divini  Numinis  bénéficie  potita  efi  S.  R.  M.  Cff  quidem  adhuc  majori  Mofcorum 
clade  quatn  commun!  ha&enus  famâ  fuerat  compertum  :   ità  ut  prorfus  elucefcat^ 
ubi  Deus  juftae  eau  fie  propitius  adeji  quantumvis  immanent  multitudinem ,  vel  ab 
exiguâ  manu  facile  profligari.    Injunxit  mihi  fimul  S.  R.  M.  ut  lœti  hujus  nuntii 
participes  confeflint  redderem  C.  ac  PP.  DD.  FF.  ut  potè  tant  artlo  &?  amici- 
ti<e  6?  fœderum  nexu  fibi  conjuntJiJfîmas ,  adeèque  uti  confiliorum   6?  rationum 
utrïnque  communium,ita  fc?  gaudii partent  procul  dubio  fibi  vindicaturas.  Hoc  igi- 
tur  Clementiffimo  mandato  hifee  defungor  ,   idque  eo  lubentius  cum  ipfâ  gratijjimè 
ceriâ  experientià  jam  didicerim  quantus  favor  à  CC.  ac  PP.  DD.  FF.  manave- 
rit  adfingulos  earum  fubditos  hujufque  regionis  incolas ,  publico  certatim  applaufu 
vitlricium  armorum  Sacra  R.  M.  fuccejjkm  profequentes.    Hag<e  Comitis  die  ~ 
Januarii  1701. 

„  HAUTS  ET  PUISSANS  SEIGNEURS, 

„  de  JNarya,  à  (avoir  une  Victoire  infigne  remportée  par  Sa  Majefté  fous  la  dent.' 
„  Protection  de  Dieu,  &  par  une  perte  des  Mofcovites  beaucoup  plus. grande 
„  que  celle  qu'on  avoit  fû  par  les  Nouvelles  ordinaires.  De  forte  qu'on  peut 
„  voir  clairement, qukjn  petit  nombre  peut  en  défaire  un  très-grand,  lors  que 
„  Dieu  eft  favorable. à  "une  jufte  Caufe.  Sa  Majefté  m'a  chargé  en  même 
„  tems  de  faire  part  de  cette 'bonne  Nouvelle  à  Vos  Hautes  Puiflances,  com- 
t,  „  me  à  celles  avec  lefquelles  Elle  a  une  liaifon  û*  étroite  d'Amitié  Se  d'Allian- 
„  ce  ;  dans  l'affurance  qu' Elles  prendront  la  même  part  dans  fa  Joïe,  qu'Elks 
„  prennent  dans  les  Confeils  &  les  Raifons  qui  leur  font  communes  avec 
„  Elle.  ,! 

„  Je  m'aquite  par  celle-ci  de  l'ordre  que  j'ai  reçu,  &  d'autant  plus  volon- 
„  tiers,  que  j'ai  déjà  apris  avec  plaifîr  par  certaine  expérience  les  marques  de 
„  fatisfaélion  que  V.  H.  P.  ont  donné  à  tous  les  Sujets  &  Habitans  de  ce 
„  Pais,  qui  ont  reçu  apurement  avec  une  Joïe  univerlélle  le  fuccès  des  Armes 
„  vi&orieufes  de  Sa  Majefté. 

„  A  la  Haïe,  le  12,.  janvier  1701. 

Signé,  de  Lillienïiooth. 

Il  parut  en  même  temps  quelques  Vers  Latins  faifant  allufîon  à  la  Rivière 
de  Varna  en  Hongrie  ,  dont  l'Anagramme  de  Narva  fburniflbit  la  penfée. 
Voici  ces  Vers. 

NAR- 


3.60     MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

1701. 
NARVA,  ANAGRAMMA,  VARNA. 

NOmina  fedifragis  fatalia  bina  notantur; 
Varna  quidem  antiquo,  tempore  Narva  novo, 
Hungare,  ut  ad  Varnam  perjuria  feda  luifti  ; 

Ad  Narvam  prorfus  fie  tua,  Mofche,  luis. 

Aliter. 

Varna  Jagellonidi ,  Mofcho  fed  Narva  Tyranno 

Nomine  fatali  Cladis  origo  fuit. 
Par  in  utroque  feelus:  Divos  contempfit  uterque, 

Et  modo  juratam  rupit  uterquem  fidem. 
Exitus  haud  difpar  :  ferro  cadit  ille  cruento  i 

Evadit  céleri  turpius  ifte  fuga. 
At  qui  funeribus  potuit  fuperefle  fuorum 

Innumeras  patitur  veriùs  ipfe  neces. 

Jageîlon,  Roi  de  Hongrie,  non  obftant  la  Paix  conclue  avec  le  Turc ,  voulut 
P  attaquer.  Sur  quoi  F  Empereur  Ottoman  prit  ,  dit-on ,  le  Traité  de  Paix 
en  main,  dijant,  Jéfus-Chrift ,  qui  es  le  Dieu  des  Chrétiens ,  venge  toi-mê- 
me cette  Perfidie,  paiement  le  Hongrois  fut  défait.  On  trouvoit  le  Portait  de 
Jagellon  dans  la  Perfonne  du  Czar. 

L  e  lendemain  ,  le  même  Ambafiadeur  de  Suéde  préfenta  aux  Etats  Gé- 
néraux le  Mémoire  fuivant ,  pour  démander  du  fecours  ,  apu'iant  fa  démande 
par  plufieurs  fol  ides  raifons. 

Mémoi-  CELSI  AC  PRMPOTENTES  DOM1NI. 

re  de 

fadeur*1""  A^u^a  fuit  S.  R.  M.  Rex  meus  Clément iffimus  ut  literis  fuis  die  14.  prœter- 
deSue-  fapfi  Menfis  Martii  exaratis  CeJfas  ac  PP.  DD.  VV.  de  auxilio  contra  Re- 

de.  gem  Poloniœ  ,  vi  fœderum  ipfa  compellaret.  Cumque  poftmodum  etiam  Czarus 
Mofcoviœ ,  abfque  minimâ  caufâ  idoneâ ,  Pacem  abrupifjet ,  quant  tamen  aternam 
ejj'e  oportebat ,  quamque  jure  jurando  per  Chrifti  Evangclium  iaterpojîto ,  ipfe  cor- 
roboravit,  atque  nuper  folemni  modo  confirmavit  ;  Ego  nomine  S.  R.  A/.,  ejuf- 
que  Clément ijfimo  juffu ,  pariter  contra  cum,  C.  ac  PP.  DD.  VV.  opem  tum  ore 
tenus  tum  feripto  requifivi.  Uti  etiam  réfponfunt  cenfidere  jubens  Celfas  ac  PP. 
DD.  VV.  neutiquam  S.  R.  M.  defuturas  ,  fed  fœderum  leges  bonâ  fide  aiimple- 
turas;  Afi  velle  adhuc  prius  periculum  facere  an  S.  R.  AI.  hoftes  ad  reflau- 
randam  pacem  induci  poffent,  litteras  hune  in  finem  jam  dudum  ad  eos  dede- 
runt  Celte  ac  PP.  DD.  VV.  ad  quas  tamen  in  hune  ufque  diem  nibil  re- 
fponft  fecutum  ejl.  Manifcjliffimo  certe  indicio  hoflibus  mentem  effe  à  Pace 
prorfus  aliénant,  £s?  Vrbium,  Portuum,  ac  Pruvhic'.anim  S.  R.  M.  cupidine 
flagrantem.    Nulla   igitur  alla  via  fuperefl   nifi  ut  omnibus  viribus  obviant 

eatur 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.  z6i 

eïtur  infefjis  aque  ac  perfidis  hofiibus  ,  quo  perniciofa  eorum  confilia  diflurben-     iyoî. 

tu;:   S.  R.  AI.  va/idum  huic  fini  atque  prafens   C.  ac  PP.  DD.  FF.  a/ixi-    ' — 

lïum,  omnino  fibi  pollicetur ,  coque  minus  de  eo  dubitat  quodjajn  experts,  fit  fincera 
C.  ac  PP.  DD.  FF.  amicitia  fpecimina  ,  quodqm  omnibus  confiet  quant  intégra. 
Jemper  fide  ipfa  fœdera  fua  prafient.    Non  opus  efi  C.  ac  PP.  DD.  FF.  remjam 
abundè  eis  perfpecl.im  hic  exponam,  quant  opère  fcilicet  de  propria  ipfarum  iitilita- 
le  bic  agatur.     Id  dumtaxat  commcmorare  juvat  ,    quam  evidentiffimè  viderint 
quanta  perfidiâ  ufi  fint  bofies  ,   &?  quam  fubdole  Pacis  fanclimoniam  conculcave- 
rint.    Ipfa  etiam  C.  ac  PP.  DD.  FF.  tejies  fuerunt ,  quam  prompt am  vicijfftm 
Je  exhibuerit  S.  R.  M.  ut  quo  unquam  fieri  poffet  modo  occurreret  ,   anfamque 
omnem  praciderit  quibufcumque  vel  maxime  frivolispratextibus  ac  undèundè  conqui- 
fitis  beili  caufis,  ut  pot  è  hoc  ma  xi  ma  cura  &  follkitudine  evitare  ennixa.  Praterea 
certus  fum  C.  ac  PP.  DD.  FF.  non  pojfe  fine  horrore  cinimum  advertere  ad  im- 
munit atem  fine  exemplo  (y  plufquam  Barbaram ,  quâ  grafatus  efi  Czar  Mufco  • 
via  in  S.  R.  AI.  dïtiones  &  fubditos,  quos  calamitofA  infelkitate  in  ejus  manus  ac 
potefiatem  pervenire-  contïgit.     Commovebunt  bac  omnia  procul  dubio  C.  ac  PP. 
DD.  FF.  ut  tantam  truculentiam ,  tantafque  injurias,  quo  par  efi  animo  intuen- 
tes,  con fur  gant  protinus  in  efficax  S.  R.  M.  auxilium  ,   idque  eo  maturihs  promp- 
tiufque  expédiant ,  quo  magis  apparet  jam  verè  opportunum  adefi  tempus  hofteni 
premcndi  &  quovis  modo  urgendi ,  pofteaquam  S.  R.  M.  divina  jufiicia  adminiculo 
atque  jux ta  luculcnttjfimo  exemplo,  adeo  infignem  Fitloriam  de  numerofijfimo  Muf- 
cwum  exercitu  ad  Narva  Mania  confecucla  efi.     Si  enim  nunc  S.  R.  AI.  itafu- 
blevetur  ut  Fitloriam  plene  perfequi  valeat ,  fpes  efi  pojfe  quantocius  hofii  extorque- 
ra defiderium  aqua  ac  tuta pacis,  qua  precipuus  fit  S.  R.  M.  fcopus.     Afi  vero 
fi  tempefiivum  adeo  momenttm  negligeretur  ita  ut  fpatium  daretur  hofii  vires  re- 
colligendiatque  Macbinationas  qua  s  cum  fociis  Amicis  fuis  firuxit  perfide  ndi,  va- 
num  profeSio  fuerit  expeclare  Pacem.     <f$uin  bellum  indies  gravius  S.  R.  AI.  in- 
cumbet,  quo  ipfo  Provincia  ejus  fummo  periculo  &?  exponerentur  atque  fimuï  Corn- 
mercia  fubditorum  bujus  Reipublica  damno  afficerentur  irreparabili. 

Nul/us  igitur  dubito  quin  C.  ac  PP.  DD.  FF. pro  rei pondère,  fuâque  fummâ 
prudentiâ  eas  ineant  rationes  eamque  capefcant  refolutionem  qua  ipfamm  utilitati 
pariter  ac  bonori  cedat,  refpondentem  plena  fiducia  quam  meritb  fovet  Rex  meus 
Clementififimus ,  qui  praftita  fibi  amicitia  memor  gratam  ei  vicem  rependere  nun-    ' 
guam  intermittet.    Haga  Comitis  die  ~  Januarii  1701. 

„  HAUTS  ET  PUISSANS  SEIGNEURS,  Traduc- 

tion  du 

Mémoi- 


„   C  A  Majefté  le  Roi  mon  Maître  fe  trouva  obligé  par  des  Lettres  du  14.  ™l 

„  kJ  du  mois  de  Mars  pane  de  demander  en  vertu  des  Alliances  du  fecours  à  derLi 

„  Vos  Hautes  Puiflances  contre  le  Roi  de  Pologne.  Et  comme  après  le  Czar  Wr-de 

„  de  Mofcovie  rompit  auffi  fans  la  moindre  caufe  légitime  la  Paix  ,  qui  de-  L,lll^n- 

„  voit  cependant^  être  éternelle,  puifqu'il  l'avoit  jurée  fur  les  Evangiles,  &  p°Seatê 

„  l'avoit  confirmée  folemnellement  dans  la  fuite  ;  je  demandai  au  nom  de  Sa  aux  E- 

„  Majefté,  &  par  fon  commandement,  tant  de  bouche  que  par  écrit,  pareil-  tacsle 

„  lement  du  fecours  contre  lui.     Auift,  la  réponfe  de  V.  H.  P.  iaifoit  -  elle  1,3'd^ 

Ton.  I.  H  h  efoerer  Ja"Vieï 

14  "  m  tipv.rei  I70î„ 


t6z      MEMOIRES,  NEGOCIATIONS,  TRAITEZ, 

1701.  „  efperer  qu'Elles  n'auroient  pas  manqué  à  S.  M.;  mais  qu'Elles  auroient  fa- 
» — —  ,,  tisfait  «le  bonne  foi  aux  Articles  des  Traitez  ;  &  que  feulement  Elles  vou- 
„  loient  tenter  de  porter  les  Ennemis  de  Sa  Majefté  au  retabliilément  de  la 
,,  Paix.  Pour  cet  effet,  Elles  leur  envoïerent  il  y  a  long -tems  des  Lettres  ; 
„  mais  jufques  à  préfent  on  n'a  reçu  aucune  réponfe  :  ce  qui  eft  un  Indice 
„  très  certain  que  la  penfée  des  Ennemis  eft  abfolument  éloignée  de  la  Paix 
„  8c  ne  tend  qu'à  s'emparer  des  Villes,  des  Ports,  &  des  Provinces  de  Sa 
„  Majefté.  Il  ne  refte  donc  aucun  moïen  que  de  s'opofer  puiflamment  à  des 
j,  Ennemis  également  dangereux  8c  perfides ,  afin  derenverler  leurs  pernicieux 
„  Confèils.  Sa  Majefté  s'attend  à  cet  effet  à  un  prompt  8c  puiflant  fecours 
,,  de  V.  H.  P.  avec  d'autant  plus  d'affurance,qu'EUe  a  déjà  reçu  des  marques 
,,  de  leur  fincere  Amitié ,  &  que  toute  la  Terre  fçait  avec  combien  de  bon- 
,,  ne  foi  Elles  gardent  toujours  leurs  Alliances.  Il  n'eft  pas  neceflaire  que 
„  je  leur  mette  devant  les  yeux  une  chofe  qui  leur  eft  fi  connue,  favoir  com- 
„  bien  il  s'agit  en  cette  occafion  de  leur  propre  utilité.  Mais  il  n'eft  pas 
„  hors  de  propos  de  leur  repréfenter  avec  combien  de  perfidie  les  Ennemis  fe 
„  font  conduits,  8c  avec  quels  fubterfuges  ils  ont  foulé  aux  pieds  la  fainteté 
„  de  la  Paix  ,  ainfi  qu'Elles  ont  évidemment  vu.  V.  H.  P.  font  auffi  te- 
„  moins  de  la  promptitude  de  Sa  Majefté  à  concourir  de  fon  côté  en  toute 
„  manière  pour  ôter  les  prétextes  frivoles  8c  les  caufes  mandiées  de  la  Guerre, 
„  &  avec  combien  de  foins  ôc  de  démarches  Elle  s' eft  efforcée  de  l'éviter. 
„  C'eft  pourquoi  je  m'aflure  que  V.  H.  P.  ne  fauroient  regarder  fans  horreur 
,,  la  cruauté  fans  exemple  6c  plus  que  Barbare,  avec  laquelle  le  Czar  de  Mof- 
„  covie  a  ravagé  le  Pais  de  Sa  Majefté  8c  a  traité  les  Sujets  qui  ont  eu  le 
„  malheur  de  tomber  entre  fes  mains.  Toutes  ces  chofes  porteront  fuis  dou- 
„  te  V.  H.  P. ,  fur  la  reflexion  de  telles  cruautez  èc  de  telles  oftenfes,  à  don- 
„  ner  un  puifîànt  fecours  à-  Sa  Majefté ,  &c  ce  d'autant  plus  promptement 
„  qu'il  femble  que  le  tems  eft  propre  de  prefîêr  l'Ennemi ,  8c  de  le  contrain- 
„  dre  en  quelque  façon,  après  que  par  le  fecours  de  la  Juftice  divine,  auffi 
„  bien  que  par  un  exemple  éclatant ,  Sa  Majefté  a  remporté  une  Viétoire  fi 
„  fignalée  fur  une  Armée  très-nombreufe  de  Mofcovites  près  des  remparts 
„  de  Nerva.  Car  fi  Sa  Majefté  vient  à  préfent  à  être  fecouruë  en  forte 
„  qu'Elle  puifie  fuivre  amplement  fa  Viétoire,  il  y  a  efperance  qu'on  pour- 
„  ra  faire  naître  aux  Ennemis  le  defir  d'une  Paix  fûre  ôc  équitable,  ce  qui. 
»,  eft  le  principal  but  de  Sa  Majefté.  'Mais  fi  l'on  néglige  un  moment  fi 
,,  précieux ,  8c  que  l'on  donne  le  tems  aux  Ennemis  de  fe  rallier  8c  d'exe- 
„  cuîer  de  nouveau  les  complots  concertez  avec  leurs  Amis  8c  Alliez, 
„  ce  fera  en  vain  d 'efperer  la  Paix.  Au  contraire,  Sa  Majefté  aura  fur  les 
„  bras  une  Guerre  plus  onereufe,  qui  mettra  en  grand  danger  Ces  Provin- 
,,.  ces ,  8c  à  même  tems  le  Commerce  des  Sujets  de  cette  Republique  fouf- 
„  frira  un  dommage  irréparable. 

„  Je  ne  doute  point  que  V.  H.  P.  félon  leur  prudence  accoutumée, 
„  &  iclon  l'importance  de  la  chofe  ,  ne  goûtent  ces  raifons  8c  ne  pren- 
„  nent  une  résolution  également  convenable  à  leur  intereft  8c  à  leur  hon- 
„  neur  8ç  qui  corrcfponde  à  l'attente  que  Sa  Majefté  a  conçue  avec  rai- 

„  fon 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.         i<5$ 

„  Ton.     Sa   Majefté  d'ailleurs  ne    manquera   jamais   de    témoigner  fa  re- 
„  connoiflànce  de  l'Amitié  qu'on   lui  a  montrée.     A  la  Haïe  le  13.  Jan- 


„  vier  1701. 


Signé, 


LlLLIENROOTH. 


Sur  le  premier  Mémoire,  les  Etats  Généraux  félon  Pufage  ordinaire  firent 
féliciter  l'Ambafladeur  fur  la  Victoire  de  Narva.  La  Relation  qu'il  en  avoit 
donnée  pénétra  fi  vivement  l'Ambafladeur  Mofcovite,  qu'il  préfenta'  aux  E- 
tats  Généraux  le-Mémoire  fuivant ,  en  vûë  de  diminuer  ,  ou  de  rendre  in- 
certaine ,  la  Victoire  des  Suédois. 

CELSI AC  PRjEPOrENTES  DOM1NL  -J.     . 

Mémoi- 
re de 
TJEjlernâ  die  Tabellarius  mihi  attuïit  hue  Mofcoviâ  ,   die  i6.menfis  Decembris  l'Ambaf- 

Veteris  Styii  prateriti  anni ,  fer  fpatium  2.7.  dierum  ,  fua  Sacrœ  Czarea  ?  ^"V 
Majeftatis,  Clément ijjimi  mei  Domini  Mandat um ,  quod  in  fua  inclufione  mihi  covje,  " 
communicavit ,  ad  fuperiores ,  à  Celjis  ac  Prapotentibus  Dominationibus  Veflris 
eblatas,  à  me  ad  fuam  Sacram  Czaream  Majejlatem  antea  tranfmijfas  literas  , 
«une  ad  hafee ,  cum  perfpicua  Dcelaratione ,  ad  Veftras  Celfas  ac  Prapotentes 
Dominationes  fua  Sacra  Czarea  Majefiatis  refponforias  literas  ,  quas  decenti 
mea  reverentiâ^ac  eâ,  quâpar  eft^  Veneratione  Vobis  meis  Dominis^  cum  hoc  meo 
adjuntlo  Memoriali  ojfero ,  quo  etiam  Clementifjimo  Mandat 0  communicato  ,  fua 
Sacra  Czarea  Majeflati  Clementijjimo  meo  Domino  placet  femper  ac  conftanter 
fuam  amicitiam  vobifeum  meis  Dominis  confervare ,  ac  nunquam  ficuti  antiquitus 
amicabiliorem  Veftrarum  Celfarum  ac  Praepotentum  Dominationum  petitionem 
defpicere ,  fi  modo ,  ut  antea ,  ita  nunc  quoque  in  illà  antiquâ  difpofitione ,  Veftra- 
rum Celfarum  ac  Prapotentum  Dominationum  amicitiâ  nullam  fui  demonftrat 
commutationem^  quam  pro  tejlificatis  magnifeftis  fignis  fedula  prudent ia  ,  atque 
experientia  Veftra  ex  quâ  vefira  ergafuam  Sacram  Czaream  Majejlatem  amicitiâ 
femper  accrefeit  ,  nullatenus  immutandam  fore  exifiimo.  Praierea  adjungo  , 
quod  hifee  temporibus ,  tam  publias  harum  Provinicarum  hovellis ,  à  Novitatum 
feriptoribus  inaniter  compilatis ,  quam  etiam  Memoriali ,  Régis  Suecia  hic  refidens 
Minifier ,  num  Régis  fui  mandat 0  an  ficlufiio  dijfeminarit ,  difpargens  (  quafi  ex 
quûdam  perniciofo  pruritu  lingua  fua  malè  ac  injucundc  duel  us)  Régis  fui  PTiclo- 
riam  admodum  numéro fam ,  ex  Confliclu  ad  Isfarvam  exorto ,  divulgando  majorent , 
quàm  communi  haclenùs famâ  fuerat  compertum , Mofcovienfis exercitus  Cladem,ac 
quafi  ipfâmet  magnâ  fortunà  hâc  ex  occaftone  cum  lucro  recuperatum  fit  quoddam 
commodum  ex  parte  Suecicâ  :  quod  vero  nullatenus  verum  eft  ,  atque  omne  tantum  di- 
vulgatum ,  non  ob  certam  impletionem  hujus  rei  tanquam  certa  atque  verifica  , 
fed  etiam  quemadmodum  confuetum  hofti ,  indurare  ac  molefiare  hâc  di-verfwne  in- 
certâ  animos  amicabiles ,  certo  amore  adbarentes,  fua  Sacra  Czarea  Majcftati, 

Hh  1  '  q:-od 


i64      MEMOIRES,  NEG  OTIATIONS,  TRAITEZ, 

170 1.    quod  etiam  ipfum  invent um  non  tantum,  fed  quoque  de  fe  excogitatum  ex  parte. 
' Suecia  Victoria ,  certà  propofitione  coarguit  fupra  memoratum ,  ac  nunc  mihi  tra- 
dition fua  Sacra  Czarea  Majefiatis  Clément  ij/îmi  met  Domini  Mandat  um  ;  quoi 
Conflit! us  cum  Suecis  accident  hoc  modo,    Quoniam  magna  coilecata  fuerunt  Caftra 
circaurbem  Narvenfcm  in  circuitu  amplius  fpatium  habentia  militari  germanici  ex 
unà  pa>  te  in  quà  walefici  ac  proditores  fua  Sacra  Czarea  Majefiatis  officiaks 
ac  prafctli  legionum  Chiliarchus  de  Blumberg  neenon  Capitancus  Homor  quidam  fie- 
terunt;  fecundum  fitam  jurisjurandi  violât  ioncm  ipfomet  malo  prétexta  (quorum 
nornina  hic  in  novellis  conlincantur  intereos  ,  qui  in   Captivitatem  quafl  addutli 
funt  à  Suecis)  tune  HUcconfefiim  Sueci  invaferunt,  ac  in  mediam  aciem  perrum- 
pentes,  quibufdam  pedeflfibus  fua  Sacra  Czarea  Majefiatis  legionibus  difpendium 
ac  detrimentum  intulerunt  :  cum  verb  ingrejji  fini  in  major em  Confliclum ,  tune  quo~ 
que  ex  hoftibus  non  minus  deflderati  funt  quam  ex  Mofcovitico  exercitu.    Deinde 
fumpferunt  verbum  (paroi  vu/go  fie  diclum)  ex  parle  hoflil '',  eddem  die  hora  jam 
fecunda  notlurna  :  it à  fecundum  etiam  computationem  ipfam  nunqua.în  calandam 
fua  Sacra  Czarea  Majefiatis,  tum  officialium  ,  cum  feriptorum  ac  inferiptorum 
militarium  perfonarum  jatlura  ultra  5000.  in  hoc  Conflitlu  non  fuit,  atque  excr- 
citus  omnes  fua  Sacra  Czarea  Majefiatis  abierunt  nunc  ab  Urbibus  ho/lilibus , 
non  vero  ob  pratenfam ,  atque  à  Suecis  ubique  terrarum  diffeminatam  contrariant 
caufam  ,  fed  ob  véhément  cm  hyemis  injuriam ,  ac  degunt  nunc  i/ii  omnes  exercitus 
fua  Sacra  Czarea  Majefiatis  Ma  se  in  vicinis  urbibus,  ver  fus  Suecorum  confinia 
Jitis  ,  nempe  Novogardia  ac  Plefcovia ,  quod  non  pot  ni  non  ipfà  hâc  veritate  rei 
illius  indutlus  in  manifeftam  pracijlonem  harum  falfo  teflatarum  divulgationum  ex 
parte  Suecica,  &  ab  cjufmodi  m  aie  conquifitis  j amis ,  pr  avenir  e,  hâc  Jcriptâ  meâ 
^Demouflratione  ,  ad  vefiras  Celfas  ac  Prapotentes  Dominationes  delatâ  ,  benè 
feiens,  quod  vos  met  Domini  pro  Vefiro  prudent i  amore  feiulb  ,  haud  inquirentes 
ac  invefiigantes  hifee  allât is  ad  Vefiras  Celfas  ac  Prapotentes  Dominationes ,  ina- 
nibus  rumoribus  non  contentieritis-,  quemadmodum  Ego  ab  [que  dubio  confido  forey 
ut  pro  antiquâ ,  £5?  nunc  animitus  extendendd,  erga  fuamSacram  Czaream  Maje- 
ftatem  neceffitudine  veflrà,   amer  atque  cenjunclio  vcflra,  in  dies  fmgulos  firmi-- 
ter  ac  conftanter  in  majorem  vint,   acfœdus  fua  Sacra  Czarea  Majefiatis  augea~- 
j  îi'.r.   Haga  Comitis  die  ij.-mcnfis  Januarii  Anno  1701, 

Avec  ce  Mémoire  il  y  avoir,  la  Lettre  du  Czar  en  Réponfeà  celle  des 
Etats  Généraux,  en  date  du  19.  de  Septembre  1700.,  qui  a  été  ci -devant 
raportée. 

Tranfh-    rpx  lit 'cris  Celfarum  ac  Prapotentum  DominationumVefirarum,  Haga  Comi- 
\\o  Lue-         tum  die  2.9.  Septembris  Anno  1700.  datis  intclleximus.  Nos  Magnus  Domi- 
<u&         »*î)  Nvfira  Czarea  Alajefias,  quod  vobis  Celfis  ac  Prapotentibus  Dominis  nof-- 
1.  ï.jk  jb    tram  âttplicem.  confirmai  iouemper  Legatum  noflrum  ,  Haga  Comitum  refldentem,. 
Sacire      fîcuti. etiam  per  Refidentem  Vcfirum  Dominum  vander  Hulfl  ,    ad  aulam  nofiram, 
;  ."j 1        Czareajtâajefiatïs  degentem,  de  Confervatione  Pacis  &  fœderis  cum  CoronaSue- 
Cei'fjs      t  kâ  audit»  valde  'acception  fuerit ,    ob  commune  fœdus  ,  quod  Fefiris  Ceifis  ac 
Vtxpo-    Prapotentibus  Dominai ionibus  tant  cum  nofirâ  Czarea  Majefiate  quam  cum  fuâ, 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.         i6f 

Regiâ  Majeftate  Stiecicâ  inter  cedit  ;  &?  quomodo  poftea  no  fier  Légat  us  in  Conférai-    1701. 
tià  cum  quibufdam  Dominis  Statibus  ex  congregationc  Vcftra  ore  tenus  ,  fed  poftea 


etiam  in  fcripto  declaraverit  noftra  Ozareà  Majcftatis  bonam  intentionem  in  fupe-  tentes 
riori  prapofitione  ac  in  violatiom  Paris  cum  prafatâ  Coronâ  Suecicâ ,  fed  modo  Domi- 
quemadmodum  ipfie'  adhtic  reminifei  velitis  cum  hàc  Conditioner  ut  Noftra  Cza-  p^ôones' 
rea  Majeftuti  in  faclis  injuriis,  prafertim  Anno  1699.  praterita  noftra  foknnis  m{naac 
Legationis,  in  Livoniâ,  per  Veflram  mediationem ,  à  Rege  Sueria  fatisfatlio  pra-  Titulos 
fietur ,  quod  Veftra  Celfa  ac  lJr<£potentes  Dominationes  bénigne  aeceperitis,  atque  Su» 
de  his,  fecundum  feriptum  Lcgati  nojlri  vobis  traditum  Regia  Majeftati  Sueciae  M^cfa- 
notifteaveritis ,  nunc  quoque  rcfponfum  Regiae  Majeftati  Sueciae  ad  id  adepii  cum  tjsac 
hifee  ad  Noftram  Czaream  Majeftatem  mittatis  ,  in  quibus  praefata  Regia  Maje--  Celfa- 
flas  déclarât ',  fe  inclinât ionem  habere  ad  confervationem  bonté  ac  fidae  simicitiae  ™m  ac 
atque  Vicinitatis,  cum  Noftra  Czareâ  Majeftate ,  nec  ipfi  in  mentem  unquam  ve-  ter*jj°^: 
nijfe  contra  Juftitiam  in  querelis  inter  utriufque  Miniftros  noftros  exoitis,  multo  Domi. 
verà  minus  in-  iis  ad  honorent  Noftrae  Czareae  Majeftatis  pertinent ibus  quicquam  natio- 
committere,  &  quod  praefatae  fuae  Regiae Majeftatis  in  mandatum  datum  fit  apud  nun1, 
vos  commoranti  Legato  Lillienrooth  ut  ille  cum  Dominis  Deputatis  veftris  de  hoc  con- 
ferret ,  6?  fecundum  pofjibilitatem  omnia  reconciliarc  inniteretur  ,  £5?  quod  Veftra 
Celfa  ac  P  tapotent  es  Dominationes  non  dubitetis  ,  quin  Nos  Magnus  Dominus, 
Noftra  Czarea  Majeftas   veftrum  Arbitrium  in  hoc  negotïo  accipiamus  ,  de  quo 
Nos  Vobis  anteà  inferiptis  demonftravimus  ,  £5?  quod  Veftris  Cclfarum  ac  Pra- 
potentum  Dominât  ionum  ojfciis  in  hoc  Noftra  Czarea  Majeftati  acceptum  fue- 
rit  :  ideoque  rogatis ,  ut ,  ficut  fua  Regia   Majeftas  Suecia  dédit  plenariam  po- 
te ftatem  fuo  Legato  apud  vos  commoranti  ,  ita  quoque  twftro  Legato  detur  plena- 
ria  poteftas  apud  vos  degenti,  de  lois  gravamirûbus  cum  Dominis  Veftris  Députa-- 
tis  conjerre ,  quo  vos  illam  Inconvenicrjtiam  pacificare  poffitïh,  cum  affirmât ione , 
quod  omnia  qua  fieri  poffint  huic  contribuere  velitis  ;  nec  dubitetis  ,  quin  Noftra 
Czarea  Maje  H  as  non  a  que,  ac  fua  Regia  Majeftas  Suecia,  ad  bac  prono  ferà- 
tur  animo.     Praterea  Ve(lra  Celfa  M  Praepotentes  Dominationes  indicetis  quod 
Rcgiae  Majeftatis  Poloniae  Minijîcr  Vobis  copiam  Litcrarum  noftrarum  ad  Re- 
gem  ipfius  "feripiarum  tradiderit ,  de  Déclarât  ione  Belli  à  nobis ,  atque  de  miffio- 
ne  exercitus  adverfus  Coronam  Suecicam ,  quod  Vobis  fummopere  mirabile  vifum 
fit  -,  £5?  rogetis  nos  iterum ,  ut  banc  rem  perpendamus  quod  gravium  cventmtm  £5? 
devaftationum  terrarum  atque  hominum  ex  bello  exifterent  ,  £<f  quàm  moleftè  in- 
eeptum  bellum  iterum  terminctur,  &  ut  Noftra  Czarea  Majeftarnoftrà  equita- 
te  ac  amore  Paris  ,  in  Ccncluftone  Paris  cum  Porta  jam  pridem  •  demonftratis  ni- 
hU,  quod  Traclatus  Paris  contr avenir i  ac  infringi  poffit  conaremur  ;  fed  fi  quae- 
dam  gravamina  inter  nos  &  Regem  Sueciae  exortae  effent  ,  haec  potius  medio 
amicabilis  compofitionis ,  quant  arnus  fedare  velimus  ;  ad -quod  Vos  Celfi  ac  Prae- 
potentes Do  mini,  Vcftra  officia  ac  mimera  conferre  promittatis  ,  £5?  ad  quod  nihil 
aJiud  nïfi  amor  Paris,  &  communis  nuietis  Vos  induxerït ,  nec  libentiitsvideretis, 
ut  inter  Noftram    Czaream  Majeftatem   &    inter  fuam   Regiam   Majeftatem 
Sueciae  controverfia ,  multo  minus  bellum  exoriretur ,  ideo ,  quod  vobis  cum  utro 
vcftra  bona  amicitia   iuterced.it  atque   in  hâc  re   à  nobis  bonam   Inclinationcm 
expeclaturi.fitis.     Et    quoniam  Vefirae   Celfaeac    Praepotentes  Daninationes 

Hh  ?  in 


z66     MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ,1 

1701.  in  literis  veftris  Nobis  Magno  Domino,  Nojïrae  Czareac  Majeftati  indicetis  du- 
•  •*  ■■  bium  Veflrum  ex  his  duabus  rébus,  primum,  quod duabus  vicibus  à  Nobis  fecuri 
redditi ,  in  amicitiâ  cum  Coronâ  Suecicâ ,  nunc  autem  Déclarât ionem  belli  cura 
ifta  Corona,  de  quo  Nos  Magnus  Dominas,  Noftra  Czarea  Majeftas  notificamus 
Veftris  Celfis  ac  Prapotentibus  Dominât  ionibus,  quod  bac  Noftra  Czarea  Maje- 
ftatis  confirmatio  non  injufta  fuit.  Legati  etenim  Regia  Majefiatis  Suecia  Nos 
in  hoc  fir miter  fe euros  reddiderunt  ut  in  noftris  injuriis  multoque  magis  in  eo  quod 
Rigae  nobis  contigit ,  plenariam  Sua  Regia  Majeftas  praeftaret  fatisfaSlionem 
confeftim,  quod  Nos  Magnus  Dominas,  Noftra  Czarea  Majeftas  fecuri  redditi, 
fcf  expeclavimus  illamper  quofdam  menfes;fed  cum  poft  longiorem  expetlationem 
loco  accepti  ac  amicabilis  fatisfaclionis  Nos  Magnus  Dominas  Noftra  Czarea  Ma- 
jeftas accepimus  refponfum  Rcgia  manu  fubfcriptum  (per  CommtfJ'arium  Suecicum 
Kniperum)/  in  quo  non  tantum  quaedam /atisfaclio  exhibita  ,  fed  etiam  Juftifica- 
tio  Autorïlms  illa  gravamina  transmutata  funt  in  veritatem  ;  quamobrem  Nos 
Magnus  Dominas ,  Noftra  Czarea  Majeftas ,  in  hoc  aliter  procedere  atque  inju- 
riam  cum  injuria  vindicare  coacli  fummus  ;  attamen  Chriflianè  non  detreclamur 
Pacem  fufficientem,  &?  Veflrum  conftans  Arbitrium ,  abfque  tali  Conditione  ,  & 
violentia ,  quae  exhibita  fuit  parti  Danicae  in  Holfatico  negotio  ;  ad  haec  (  Veftrae 
Celfae  ac  Praepotentes  Dominât iones  )  recordamini  Nos  de  véhément ibus  Even- 
tibus  belli  ac  infperatis  finibus ,  fed  haec  adverfus  acquit atem  nihilfunt,  fiquidem 
etiam  eventus  non  pridem  fatlus  oftendere poteft  in  Pace  cum  Porta,  quomodo  Nos 
Magnus  Dominas,  Noftra  Czarea  Majeftas  relicli  fu:mus  ab  omnibus.  Attamen 
auxilio  fummae  ac  Chriftianae  intentionis  non  inutiliiis  quam  caeteri  adepti  fu- 
mus.  Maxime  autem  Vefiram  Celforum  ac  Praepotentum  Dominorum  Statuant 
fetitionem ,  ut  potè  antïquitus  amicabilius  Nos  Magnus  Dominas  ,  Noftra  Cza- 
rea Majeftas  contemnere  non  poffumus ,  ac  optamus,  ut  per  Veflrum  Arbitrium  , 
felix  Pax  cum  Corona  Suecicâ  recuperetur,  quamobrem  Nos  inftanter  Legatos 
Veftros  expetlabimus. 

L'on  voïoit  par  la  conclufion  de  cette  Lettre,  que  la  perte  de  la  Bataille  de 
Narva  avoit  infpiré  au  Czar  quelque  docilité  pour  la  Paix.  Elle  ne  fut  ce- 
pendant d'aucun  effet  ;  parce  que  le  Roi  de  Suéde  aïant  quelques  mois  après 
dirigé  fa  marche  vers  Riga,  pour  s'opofer  aux  Troupes  Saxonnes,  ainfi  qu'on 
le  dira  en  fon  tems,  le  Czar  fe  rafïura,  &  prit  enfuite  des  mefures,  tant  avec 
le  Roi  de  Pologne,  qu'avec  celui  de  Dannemarck,  pour  continuer  la  Guer- 
re: 6c  d'ailleurs,  d'autres,  pour  fe  pourvoir  du  neceflaire  pour  la  faire,  par  l'a- 
chat de  Navires  ôt  Munitions  dans  Amfterdam.  Sur  l'Avis  que  l'Ambaiïàdeur 
de  Suéde  en  eût,  il  prélénta  aux  Etats  Généraux  un  Mémoire  pour  l'empê- 
cher, dans  les  termes  qui  fuivent. 

Mé;noi_  CE  LSI  AC  PRMPOÏENTES  DOMINE 

re  de  ..... 

l'Ambar-  fUm  omni  ex  parte  nuntiis  atque  indiciis  minime  vanis  certior  reddar  Sacra  Re- 
ftdeurdc  v>  nj^  Majeftatis,  Régis  mei  Clément ifftmi  hoftes  porta  inter  fe ,  &  cum  aliis 
auxE-     fuis  am'uis,  infefià  de  bello  profequendo  conftha  ,  fervidè  agitare  ,  &?  nihil  non 

moli- 


.     ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.         i6j 

moïiri,  quod  in  Sacra  Règne  Majejlatis  noxam  redundare  queat ,  hofce  turbidos   fjox. 

eortim  conatus  indicandos  cenfui  Ctlfis  ac  Prœpot.     Dominationibus  Veflris  ,  «/- -• 

tro  procul  dubio  agnituris  t  quant  opère  necefjum  fit  ,  ut  abfque  morâ  malis  bide  tats,' 
eminentibus  occurratur.  Spero  igitur,  cum  bonâ  Celf.  ac  Prœpot.  Dom.  Feflra-  ™^ 
rum  w/id,  fore,  quod  bac  occafwne  ftmul ,  qua  par  efi  obfervantia ,  eafdemfub- 
monefaciam  ,  de  refolutione  ad  Memoriale  die  ,\  Januarit  exhibitum ,  quant 
primum  impertiendà ,  quant  asteroquinjuflx  expeéJationi  parem  futur am ,  e o  minus 
ambigere  fas  efi,  quod  quant  egregie  fini  animât  a  Celfae  ac  Praepot.  Dom.  Feflrae 
jam  cogncviffe  mihi  licuerit ,  praetereaque  abunde  nota  fit ,  eartmdem  in  fanStè 
adimplendis  fœderibus  fuis  ,  fidcs  &  alacritas.  Id  igitur  unicum  verbo  tetigiffe 
fuffecerit ,  ad  tempus  ante  omnia  ejfe  refpiciendum  utendumque  occafwne  jam 
verè  idonea  ,  ne  videlicet  ullum  vires  reftaurandi  fpatium  concédât ur  hofii ,  alio- 
quin  haud  dubio  uti  infenfo  magis  animo,  ita  &  majori  mole  refurreSluro. 

Quando  quidem  etiam  intellexerim  ,  effe  ,  qui  pro  Mofcorum  Czare  id  agant , 
ut  puîvis  pyrius ,  arma ,  aliaque  bello  neceffaria  bine  in  Mofcoviam  tranfvehenda 
(onquirantur,  quin  &f  dari  in  hifee  Provinciis , praefertimverb  Amftelodami  mer- 
catores,  qui  lucri  cupidine  inefeati ,  fua  [ponte  apparatum  ejufinodi  bellicum ,  tum 
Mofcoviam  ver  fus  ,  tum  in  ufum  Régis  Poloniae  tranfmittere  in  animo  habeant. 
Itaque  praeterire  non  debui ,  qub  minus  nomine  Sacrae  Regiae  Majejlatis  Celfas 
ac  Praepot.  Dom.  Vefiras  decenter  requirerem  ut  fubditis  fuis  talium  mercium  il- 
Ikit a  exportations  feveri  interdicant,  ut  pote  mutuae  amicitiae  fœderibufque  con- 
trariae  &  praefertim  patlis,  ratione  commerciorum  Anno  1678  initis  Art.  14. 
&?  if.  difertè  prohibita. 

ghtibus  denique  &  hoc  accedit  quod  fperare  liceat ,  hofie m  demum  Pacis  confilia 
amplexurum,  fi  média  bellurn  alendi  ($  protrahendi  tempefiivè  et  praefeindantur, 
Hagae  Comitis  die  27.  Januarii  1701. 

Signatum  erat, 

H.    DE    LlLLIENROOTH. 

Ce  Mémoire  fut  fuivi  peu  de  jours  après  par  un  de  l'Ambaflàdeur  du  Czar, 
qui  pafla  pour  une  Pièce  comique.     La  voici. 

Si        CELS1  AC  PRMPOTENTES  DOMINI.  Mémoi- 

re de 
'KfOn  ita  pridem  vebis  meis  Dominis,  accepto  fibi  Czareae  Sacrae  Aîajcfiatis  ,  l'Ambaf- 
Clementiffimi  met  Domini  Mandato  e  Mofcov'm ,  pênes  oblationem  S.  Cz.  M.  jje ^Iç. 
refponforiarum  literarum  ad  F.  C.  ac  P.  D.  ,   illufiris  Congrcgationis  Fejlrae  covie,  ' 
Praefidi  Domino  Saleco ,  notumfeci  vobis  meis  Dominis  de  Confliclu  S.  Cz.  M. 
exercituum  cum  Rege  Sueciae  ad  Urbem  Narvenfem  habito  ,  fuperiori  meo  Me- 
moriali  manifefle.     Nunc  autem  manifefiiori  ac  prolixiori  accepta  cum  Mandato 
S.  Cz.  M.  miffo  ad  me  è  Mofcovia  13.  die  praeteriti  Decembris fecundum  fiylum 
veterem  fuperiori  Anno  1700.  illius  pugnae  Relatione,eam  ficut  ob  Mo  s  eventusy 
ita  nunc  quoque  ob  ifias  ex  hoflilibut  Suecicis  Urbibus  difljemjnatas  per  tôt  ni»  mun- 

dum 


z68     MEMOLR-ES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

i~oi.  dum  diffamation! s  de  exercitibits  S.  Cz.  M.  ,  ex  quo fibi  fortunam  ac  Vicier  iam 
'  '  adfcnbunt  ,  in  parte  S.  Cz.  M.  quafi  militas  jatluras  ac  ipfum  dedecus  divulga- 
runt ,  tion  pctui  iutermittere  quia  Vobis  meis  Dominis  ianquam  antiqttis  artiicis  S, 
Cz.  M.  iterum  amiunciarcm  Relatumem  iftius  Confliclus  Jequentem }  quomodo  obji- 
dium  ta  bis  Narvae  finiverit  ;  quod  cum  in  Caftris  S.  Cz.  M.  de  exercitibits  hojli- 
libus  cer tiares  fafli  efj'ent ,  tune  Dominas  dax  Excr citas  Gêner alis  Borijlius  Petro- 
ixitz  Schcrmetus  cum  quodam  agmine  equitatus  ex  quïbufdam  Centuriis  Mofco- 
i-ienfium,  Smolcnfcienfium,  ac  Novogardienfium  Nobilium  conftftentis^circa  quae- 
dam  milaaria  à  Cajiris  ad  excubias  agita,ulum  ,  ac  hoftiles  'motus  explorandum 
mij/'us  ejl ,  qui  vero  paulb  poft  Suecicam  cohortem  600.  Equitum  aggreffus  ,  eam- 
que  profiligavit  ,  praefeclis  illius  Majori  Patkulio  cum  Magiftro  Equitum  ,  ac 
cjus  vicario  in  captivitatem  fecum  abdutlis,  qui  dixer tint  quod  ad  Urbem  Wefen- 
burgi  quaedam  pars  exercitus  f  000.  fub  duclu  Generalis  ÏVellingii  commoreretur. 
Rcx  quoque  Pernaviam  accefterit,  fed  militia  admodum  pauca  cum  eo  tranfvecla 
fit,  attamenfi  tranfportatis  omnibus  legionibus  exercitus  excrefeet  ad  40000.,  quod 
tam  cité  quidem  fieri  non  poterit ,  qaibus  coUigcndis  adhuc  quœdam  hebdomada 
confwmerentur  ;  quâ  excepta  notitià  munimentam  Caftrorum  ac  obfidionem  Urbis 
frotrahere  cœperunt ,  expédiantes  plures  amplius  inftruclas  bellicos  ,  qui  vero  ob 
malas  i-ias  tranfvehi  non  potaerunt,  Jicut  &  17000.  peditatus  ,  16000.  equita- 
tus, quod  etiamjam  pridem  adefje  defideraverunt ,  quorum  adventu  impetus  in  Ur- 
bem fieri  debuit.  Sed  eo  die  menfis  Novembres  Centurio  quidam  ex  S.  Cz.  M.  fa- 
te/lit  io  y  ex  primaria  Ccnturia  baliftariorum  Johanncs  Gumert,  qui  fèmper  proxi- 
tnè  S.  Cz.  M,  fuit,  periit ,  nefeio  quo\  quem  nonnulli  fuffocatum  in  aquâ  vel  ca- 
ptum  fui  (Je  putaverant  ;  fed  ille  malefico  animo  ad  hoflem  tranfiit ,  ac  de  omni-fta- 
tu  Exercitus  S.  Cz.  M. ,  ac  de  intentionibus  hofli  manifeftavit,  &?  confilium  de- 
dit  ,  ut  Mofcovienfes  aggrederentur  antequam  exercitus  illorum  augeretur.  Inter- 
na S.  Cz.  M.  meus  Clem.  Dominus  die  18.  hujus  ex  Cajiris  exire  voluit,  &  fe- 
xum  CampidacJorem  illujlrem  Dominum  ïhoedorum  Alexidem  Galloivinum  ad  ad- 
ducendam  r  cliquas  S.  Cz.  M.  legiones,  qub  militares  copia  ac  apparat  us  bellici  hoc 
Celfo  S.  Cz.  M.  mandato  confejlim  in  fupramemorata  Caftra  feflinarent  ;  quo 
etiam  tempore  imperium  reliquis  ducibus  belli  traditum  fuit ,  qui  cum  adventum 
Exercitus  Suecici  tam  citb  non  fore  exiftimaverint ,  ideo  ab  illorum  apropinquatione 
nullatenus  fibi  -veritifunt  :  attamen  poft  alteram  diem  ,  ac  quod  plus  excurr.it  die 
19.  hujus  contrarium  intellexerunt  ,  quod  Rex  Sue  ci  te  cum  omnibus  viribus,  quo 
ufeumque  colligere  potucrit  (qu<s  ufque  ad  3000.  excrefeife  perhibebantur)  abfol- 
vens  tridub  e.xpeditionem  fuam  ,  abfque  ufu  cibi  ac  quiet is  ,  inopir.ato  ad  S.  Cz. 
M-  Caftra  apropinquavït ,  ac  tempeftate  ,  -vento  ,  ac  nivibus  denfis,  nebulâque 
franfmixtis  eifavente,  induxit  hoc  médium  in  comniodum  fuam  impendendi ,  im- 
petum  faciens  in  locum  ubi  mun'mentum  non  erat  admodum  firmiter  obvallatum , 
.de  quo  illi  di lucide  à  fupradiclo  proâitore  ac  transfuga  Gunter to  indicatum  fuit\ 
4ibi  etiam  ipfee  tantum  -médiocres  legiones  crant  colloc.n '<e,  fiquidem  Mis  Caftra  S. 
Cz.  M.  ob  "debilem  defenftonem  ex  ifta  parte  in  quâ  inimicos  "non  cxpetlarunt  ado- 
riendi  admodum  moleftum  non  fuit  ,  quapropter  hoftis  quandam  poft  defe.ifionem 
in  munimentam  prorupit,  &  utrinque  cum  exercitibus  S.  Cz.  M.  conflixit ,  quem- 
admodum  tune  munimentam  mirum  in  modum  extenfam ,  ac  militibus  non  fans  in- 

ftruclum. 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.  169 

ftrucJum,  banc  ob  caufàm  illi  juxta  limas  pofttos ,  ac  non  bono  ordine  difpofitos   1701, 
milites  in  confuftonem  redegerunt  ;  donec  illi  in  una  parte  fnb  ducJu  Domini  Gène-  — — — 
ralis  Adami  Weideni ,  in  altéra  autem  regione  pênes  Briobranienfem ,  atque  Semé' 
novienferti  Legiones  ad  perfeverandum  coatlifint,  ubi  utrinque  confliclus  fuit  vehe- 
mens  &  ufque  ad  feram  noclcm  duravit  ;fcd  Generalis  IVeide  poft  fortem  propugna- 
tionem  illos  maxima  cum  confit fione  ex  Caftris  fuis  difcedere  coegit ,  in  quâ  atliona 
ille  bis  véhément  er  la  fus  fuit ,  ita  ut  ipfe  quoque  hofles  amplius  perfequi  non  potue- 
rit  ;  ficuti  etiarn  in  altéra  parte  ifta  dua  prafata  legiones  infuper  cum  aliis  forti- 
ter  ufque  ad  tertiam  horarn  noclurnam  congre ffi  (unt  ,  ita  ut  Suesi  vident  es  Je  in 
Caftris  omninb-exercitibus  circumdatos ,  atque  nefcii  quot  illorum  adhuc  in  munimen' 
tis  retrorfum  effent  ,  prœler  opinionem  ter  tibicincs  fuos  miferunt  ac  inducias  po- 
pofcerunt  ,   ad  quas  deinde  Générales  Sua;  Cz.  M.  confenferimt ,  mutatis  obfedibus 
utrinque ,  congrejfi  inter  fc  coliocuti  funt ,  quâ  etiam  data  fide  conventum  ac  accor- 
datum  eft,  ut  Mofcovienfes  copia  obftdionem  folverent  ,    ac  cum  omnibus  machinis 
bellicis  ac  apparat  ibus  abfque  impedimentis  in  bono  ordine  ,  fed  non  omnibus  ftmul , 
legio  poft  legionem  difcederent.   Generalis  autem  Weiâc  cum  fuâ  militiâ  de  bàc  con- 
vention, ob  diftantiam  Caftrorumy  nihil  fcire  potuit ,  quoniam  exercitus  Sue  ci  cas 
in  medio  ftetit  ac  omnis  communicatio  cum  aliis  ,  illi  Generali  abfciffa  erat ,  cui 
maximam  miferiam  hoc  infort unium  eau  fatum  ejl  ;  cum  vero  infaclis  induciis  ac 
Regia  M.  ex  ore  ipfius  data  fide  aut  Parole,  ubi  tune  aliqui  Générales,  ac  fummï 
Ordinis  Officiales  ad  manum  Régis  Suecici  exofculandam  admiffi  erant ,  plenariè 
confiderent  ac  inciperent  fe  praparare  ut  Exercitibus  juxta  fupradiclum  difcedere 
jubeatur ,  quemadmodum  jam  primum  Briobranienfs  ac  Semenowlên'/is  ,   ac  alla 
Legiones  per  pontem  in  bono  ordine  cum  armis  omnibus  tranfierunt ,  &  bac  Cou- 
ventio  pacla  per  Dominum  Generalem  Majorem  Buterlinum  Generali  TVeide  indi- 
cata  fuit,  atque  ille  poft  iftam  notificationem  abfque  ullâ  mora  militiam  fuam  ad 
difeeffum  praparabat ,   ac  jam  deducebat  :  tune  Sueci  poft  feparationem  exercitus 
intelligentes  quod  illi  cum  reliquis  fe  recolligere  poffent ,    conventionem  fuam  contra 
omnium  gentilitia,  atque  bellica  jura  violer  unt  ,  ac  poftea  expopefeerunt  ut  Legio- 
nes arma  deponerent  ;  &  quanquam  illi  contradixerint  ipfts  quod  hoc  Régime  fi' 
dei  data ,  ac  omni  honeftae  promiffioni   contrarium  effet  ,  fed  conftderando.jam 
faclam  eft?  feparationem,  nec  fruftram  effufionem  furguinis  permiitendam  efje  ob 
majores  vires  Suecorum  ,  in  id  confentire  coaeli  funt,  ubi  poftea  Sueci  uticuw 
que  graffati  funt  in  multos  Germanos- Officiales,  Chirurgos  ac  Apotecarios ,  /'/- 
ludentes  ipfis,  nominanclo  eos  Canes  Saxonicos,  atquet  iftos  abfque  ullâ  defenfto- 
ne  faevïter  trucidarunt ,  ac  Caflra  defpoliarunt  ,  violât ione  Régi ae  fide i  ,  atque 
multos  bellicos  apparatus  loco  praedae  fibi  vindicarunî  ;  £5?  quanquam  Gênera- 
les,  ac  fummi  Ordiius  Prafecîos  certos  ac  feutres  reddiderunt  ,  &  poft  difeeffum 
. exei'cituum  omnium  ,  illos  quoque  dimijj'uros  effe  ,    attamen  illi  poftea  contrarium 
èxperiri  coaeli  funt  ,    ac   in   Narvam    tauquam   caplivi  deduhi  funt.     ghtanta 
autem  fitcrit  jaclura  S.  Cz.  M.  exercituum  ,  poft  terminât ionem  confticlus ,  de 
hoc  vobis  meis  Dominis  abfohttc  eompertum  eft  ex  mea  fuperiori  Relatione  :  Exer- 
citus autem  noftri  nuuc  fub  h?iperio  Generalis  Principis  Repnini  ad  Confinia  S. 
Cz.  M.  cum  Suecis  terminant ia  illafi  in  procinclu  fiant.     Juxta  hanc  Relatio- 
nem  mcam  iftius  eventus  tanquam  a^tlquis  in   confiant  i  amicitiâ  fine  ullâ-  mu- 
■    'Tout.  I.  I  i  tatione 


27o     MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

1701.  tctione  vobis  Ce l fis  ac  P.  Aleis  Dominis  S.  Cz.  M.  Ckm.  Met  Domini  ami- 
—  cis  coati  us  fium  officia  meo  à  vobis  Mets  Dominis  pi'openfiè  peîere  quoniam  mi- 
hi  confiât  quad  Suecicus  Minifler  hic  degetis  ,  pro  ftio  non  ita  pridem  traàito 
Memorïali  orgeat  fiecundum  Traclatus  y  ac  rcmvatum  Pœdens  cum  vobis  Aleis 
Dominis  pactum  ,  non  tantum  de  mit  end is  Régi  ipfius  auxiliis  mllitarium  Co- 
piarum  ac  Navium  à  V.  C.  ac  P.  D.  contra  Exercitus  S.  Cz.  AI.  v&fitri 
antiqui  Amici  ,  fed  etiam  prêter  tranfiaclionem ,  intermiftem  qunfi.  volontariam 
di ffirnulationem  fiuam  à  Je  inbibendi  vobis  Aleis  Dominis  ut  quo  ex  mandat 0 
vejîro  vetetur  harum  Provinciarum  Mercatoribus  vcndendi  varios  beîlicos  ap- 
parat us  ac  infinie!  us  ,  fi  quando  ifli  S.  Cz.  M.  opus  fuerint ,  &  illos  Alofico- 
viam  non  tranfmittendi  j  quod  autem  juxta  paclum  cum  Rege  ipfius  ufque  ad 
mmc  à  vobis  Meis  Dominis  bau  'quaquam  accordât um  fuit ,  fecundum  quas  dc- 
nuo  adhibitas  propofitiones  manifefiam  libero  commercio  violentiam  ,  £5?  ex  hâc 
impofterum  futuram  anguftiam  auget.  Quapropter  rogo  buniliter  vos  Aleos  Do- 
minos ne  in  bis  ab  ifio  indigentibus  ifii  confient iant  ,  donec  fecundum  veftras 
LiteraS)  inacceptione  Mediationis  F.  C.  ac  P.  D.  ex  utràquc  parte  ,  fient  à- 
Cz.  M.  ita  à  Regia  Aï.  Sue  cite ,  non  pridem  refponforïœ  S .  Cz.  AI.  Clem.  met 
Domini  vobis  Meis  Dominis  tradita  à  me  Literie ,  plenarium  ilîms  effeblus  com- 
pletionem  acceperint ,  ex  quo  manifecla  iftarum  rerum  fidelibus  fignis  amicitia 
inter  S.  Cz.  M.  £5?  V-  C.  ac  P.  D.  dilatari  non  neglgitur  ,  jed  in  defide- 
rio  ultra  fœdus,  illius  Miniftri  pet  ita  ipfius  omnimode  abfcindcwî  ,  ac  in  t  em- 
pare accident alis  ufiurpationis  in  emptione  ac  in  tranfimifijîone  ex  bis  Oris  yfi 
quidam  beïlici  apparatus  necefiarii  erunt  ,  confientient  ,  qttemadmodum  &  hoc 
antea  à  vobis  meis  Dominis  perdileMe  fiatlum  eft ,  quod  vicififm  fc?  mercatori- 
bus Veftris  Meorum  Dominorum  commorantibus  in  Czarea  Urbe  Aîoficoviœ  &? 
in  aliis  S.  Cz.  M.  Jmperii  Urbibus^  ClementiJJimo  fuo  Czareo  Refpeclu  ,  in 
petit ionibus  fiuis  tali  modo  compenfabitur  ;  ex  quo  non  dubito  quin  pro  dilucidis 
teftimoniis  minitna  Vejlrorum  Aleorum  Dominorum  cum  Cz.  Sacra  M.  in 
antique  vefira  amicitia  ,  permutatio  ac  negletlio  futura  fit.  In  indigentibus 
à  me  ,  etiam  humiliter  peto  ut  de  omni  fupradiclo  ,  mibi  Fcflrœ  Dominorum 
meorum  finalis  intentionis  refiolutionem  indicare  digtientur^  quo  de  boc  incunclan- 
ter  F.  C.  ac  P.  D.  refponfium  ad  S.  Sac.  Cz.  AI.  Clem.  meum  Dominum 
déferre  queam.     Hag^e  Comitis  die  p.  Februarit  Anno  1701. 

Trnduc-      »  HAUTS  ET  PUISSANS  SEIGNEURS, 
tien  da 

précé-  M  T£  communiquai  en  dernier  lieu  à  VV.SS.  par  un  Mémoire  que  je  pré- 
Mémoi-  "  tentai  à  Mr.  Salée  Préfident  de  vôtre  Ulultre  Aflemblée  pour  accom- 
re  de  >j  pagner  la  Réponfe  de  S.  M.  Cz.  à  VV.  SS.-  de  h  manière  que  s'étoit 
J'Ambaf-  „  pane  le  Combat  près  deNarva  entre  les  Armées  de  S.  M.Cz. ,  6c  du  Roi  de 
!?dMrr  »■  Suéde.  Mais,  aïunt  recû  depuis  avec  les  Lettres  de  S.  M.  Cz.  datées  de 
„  Mofcow  le  2$.  de  Décembre  vieux  ftile  de  l'année  paflee  1700.  une  Rc- 
„  lation  plus  exacte  de  ce  Combat ,  j'ai  crû  que  je  ne  devois  point  perdre  de 
„  teins  de  la  communiquer  à  VV.  SS.  comme  étant  les  anciens  Amis  de  S. 
„  M.  Cz.  tant  pour  les  éclaircir  du  luccès ,  que  pour  dirîîper  les  bruits  dif- 

„  fiima^ 


vovie.      5» 


"5 


31 


33 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.  i7i 

famatoires  publiez  par  toute  la  Terre  ,    par  les  Villes  ennemies  de  Suéde  1701. 
contre  les  Armées  de  S.  M.Cz.;  les  Ennemis  s'attrîbuant  le  bonheur  &  la   — — 
Victoire,  6c  publiant  une  grande  perte  &  deshonneur  du  côté  de  S.  M. 
Cz.     Voici  comment  le  Siège  de  Narva  a  été  levé      Comme  on.avoit  eu 
„  des  Avis  certains  dans  le  Camp  de  S.  M.  Cz.  de  l'Armée  Ennemie ,   le 
„  Général  de  l'Armée  Mr.  Petrowits  Shermet ,  fût  détaché  avec  un  Corps 
„  de  Cavalerie  de  quelques  Compagnies  de   Nobles  de  Mofcovie  de  Smo- 
,,  lenfco  &  deNovogorod,  qui  s'avança  à  quelques  milles  du  Camp  pour  bat- 
„  tre  I'eftrade  &  pour  prendre  langue  des  Ennemis.     11  rencontra  bien-tôt  un 
„  Corps  Suédois  de   600.  Chevaux    qu'il  attaqua   &  défit ,    &  prit  prifon- 
„  niers  le  Major  Patkul  avec  le  Commandant  delà  Cavalerie,  &  fon  Lieute- 
„  nant.     Ces  prilbnniers  importèrent,  qu'une  partie  de  l'Armée  de  cinq  mil-   • 
„  le  hommes  étoit  à  Wefenbourg  fous  la  conduite  du  Général  Wellingj  que 
„  le  Roi  étoit  arrivé  à  Pernau,  mais  avec  fort  peu  de  Troupes  ;  que  cepen- 
dant, après  leTranfport  de  toutes  les  Troupes,  l'Armée  monterait  à  40000. 
hommes ,  &  que  l'on  ne  pouvoit  ramafîèr  ces  Troupes  que  dans  quelques 
„  femaines.    Ces  Avis  firent  étendre  le  Camp  6c  les  Attaques ,  dans  l'attente 
„  d'un  plus  grand  Apareil  de  Guerre,  que  les  mauvais  chemins  avoient  empêché 
,,  de  tranfporter  ,   auffi  bien  que  de  17000.  hommes  d'Infanterie  ,  6c  16000. 
„  de  Cavallerie,  dont  on  fouhaittoit  l'arrivée  ,  afin  de  donner  un  AfTaut  à  ht 
„  Ville.     Mais  le  10.  de  Novembre,  un  Capitaine  de  la  Garde  de  S.  M.  Cz. 
„  nommé  Jean  Gumeit ,   qui  étoit  toujours  près  delà  Perfonne  de  S.  M.  (e 
„  trouva  manquer  ,   fans  favoir  comment  5  les  uns  aïant  crû  qu'il  étoit  noïé, 
„  6c  d'autres  qu'il  avoit  été  fait  prifonnier.     Mais ,   il  avoit  pafle  du  côté  de 
„  l'Ennemi  à  un  méchant  deffein,  6c  l'informa  de  l'état  de  l'Armée  de  S.  M. 
„  Cz.  6c  de  fes  intentions  ;  6c  il  confeilla  d'attaquer  les  Mofcovites  avant  que 
.,,  leur  Armée  fut  renforcée.     Cependant ,  S.  M.  Cz.  le  18.  voulut  foi  tir  du 
Camp  ,  accompagné  du  Général  Théodore  Alexide  Golowin,  pour  hâter 
la  Marche  des  Troupes  6c  des  Apareils  de  Guerre,  6c  les  conduire  au  Camp, 
dont  il  laiffà  le  foin  aux  autres  Généraux.     Ceux-ci,  qui  n'attendoient  pas 
fi-tôt  la  venue  de  l'Armée  Suedoife ,    ne  fe  méfioient  nullement  de  leur 
aproche  j  mais  le  lendemain  ils  aprirent  le  contraire  ,  6c  le  Roi  de  Suéde 
avec  toutes  les  Forces  qu'il  avoit  pu  ramatfer ,  6c  qu'en  difoit  monter  à 
„  ?oboo.  hommes  après  une  Marche  de  trois  jours ,  fans  s'arrêter ,  6c  fe  ra- 
„  fraichir ,  s'aprocha  du  Camp  de  S.  M.  Cz.    6c  fécondé  par  le  méchant 
„  Tems,  par  le  Vent,  par  les  Neiges  épaifies,  mêlées  de  Brouillard,  il  atta- 
„  qua  un  Pofte,  où  les  Retranchemens  n'étoient  pas  forts,  £c  qui  lui  avoit 
„  été  indiqué  par  ledit  Traître  6c  Deferteur  Gumert,  6c  où  auffi  il  n'y  avoit 
„  pas  beaucoup  de  Troupes  :ainfi  il  ne  lui  fut  pas  difficile  d'attaquer  le  Camp 
„  de  S.  M.  Cz.  du  côté  où  il  y  avoit  une  foible  défenfe ,  6c  ou  on  ne  s'at- 
„  tendoit  pas  à  l'Ennemi.    C'elr.  pourquoi,  après  quelque  defenfe,  il  força 
„  les  Retranchemens,  6c  combattit  avec  l'Armée  de  S.  M.  Cz.     Et  comme 
„  les  Retranchemens  étoient  fort  étendus,  6c  qu'ils  n'étoient  pas  bien  garnis 
„  de  Troupes ,    celles  qui  étoient  près  des  Lignes ,  6c  mal  rangées  ,  fuient 
„  mifes  en  defordre ,  jufques  à  ce  que  les  Ennemis  furent  arrêtez,  d'un  côté 
3,  par  le  Général  Adam  Wéede,  6c  par  l'autre  par  les  Regimens  dès  Bùobra- 

Ii  z  „  fens, 


n 

s* 


1" 


M 


» 


M 

-51 

n 

■>■> 


171      MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

l701'  „  fens,  &  de  Semenowitz,  où  le  Combat  fût  chaud,  6c  dura  bien  avant  dans 
la  nuit.     Mais  le  Général  Wéede  ,   après  un  rude  Combat  les  repoufTa  en 
très-grand  defordre,  Se  comme  il  avoit  reçu  deux  blefîures,il  fut  hors  d'état 
„  de  les  pourfuivre  plus  loin.  De  l'autre  côté,  lefdits  deux  Régimens,  joints  à 
„  quelques  autres,  fe  battirent  vaillamment  jufques  à  trois  heures  de  nuitj  de. 
„  forte  que  les  Suédois  fc  voïant  dans  le  Camp  environnez  de  tous  cotez,  8c 
„  ne  fichant  combien  des  leurs  s'étoient  retirez  des  Retranchemens ,  ils  envoïe- 
„  rent,  contre  toute  attente,  par  trois  fois  des  Trompettes  pour  demander 
,-,  une  Sufpenfion  d'Armes  ,   à  laquelle  les  Généraux  de  S.  M.  Cz.  confenti- 
„  rent}  Se  après  l'échange  des  Otages,  s'étant- abouchez ,  on  convint  que  les 
„  Mofcovites  lèveraient  le  Siège,  &  qu'ils  fe  retireraient  avec  toutes  les  Ma- 
„  chines  6c  Apareils  de  Guerre,  fans  aucun  empêchement,  6c  en  bon  ordre, 
mais  non  pas  tous  enfemble  ,   mais  Régiment  après  Régiment.     Mais  le 
Général  Wéede  avec  fes  Troupes  ne  pût  point  favoir  cet  Accord  ,   à  caufe 
de  la  diftance  ;  car  l'Armée  Suedoife  étoit  entre  deux ,  qui  coupoit  toute 
communication  avec  ce  Général ,  ce  qui  fut  caufe  de  fon  malheur.     Après 
cette  Trêve,   6c  après  la  parole  donnée  par  Sa  Majefté  même,  quelques 
Généraux,  6c  principaux  Officiers,  furent  admis  à  baifer  la  main  du  Roi  de 
Suéde  }    6c  fe  confiant  fur  la  bonne  foi  ,  commencèrent  à  fe  préparer  pour 
faire  partir  l'Armée  ,   ainlî  que  firent  les  Régimens  de  Briobrafens  6c  de  Se- 
menowits ,  6c  quelques  autres,  parlant  par  le  Pont  en  bon  ordre,  6c  avec 
toutes  leurs  Armes.     Cet  Accord  fut  communiqué  par  le  Général  -  Major 
Buterlin  au  Général  Wéede  ,   qui  fans  délai  fe  prépara  à  partir  avec  les 
Troupes,  6c  il  étoit  déjà  en  Marche,  lors  que  les  Suédois,  après  la  fépara- 
tion  des  Troupes,  voïant  qu' Elles  pouvoient  fe  rallier  ,  violèrent  l'Accord 
contre  le  Droit  des  Gens,  6c  de  la  Guerre,  6c  demandèrent  que  les  Régi- 
mens miffent  les  Armes  bas  ;  6c  quoi  que  ceux-ci  s'y  opofaiïènt,  comme  à 
une  chofe  contraire  à  la  Parole  du  Roi,  6c  à  l'honnêteté  promife ,  réfiechif- 
„  fant  cependant  que  les  Troupes  étoient  divifées ,   6c  pour  éviter  l'efrufion 
„  de  fang  par  les  Forces  fupérieures  des  Suédois,  furent  obligez  d'y  aquiefeer  : 
„  après  quoi  les  Suédois  fe  jetterent  fur  plufieurs  Officiers  Allemands  ,  6c  fur 
„  des  Chirurgiens  6c  Apotiquaires ,  les  apellant  par  dérifion,  Chiens  Saxons,  6c 
„  mirent  ces  Gens,,  qui  étoient  fans  défenfe,  crullement  au  fil  de  l'épéej  pil- 
„•  lerent  le  Camp,  contre  la  foi  Roïale,  6c  fe  faifirent  de  toute  l'Artillerie ,  6c 
„  autres  Apareils  de  Guerre.     Et  quoi  qu'ils  enflent  affùré  les  Généraux,  & 
„  autres  Officiers,  qu'après  le  départ  de  l'Armée  ,  ils  les  relâcheraient  y  ce- 
„  pendant  ils  furent  obligés  à  éprouver  le  contraire  ,  car  ils  furent  conduits  à 
„  Narva  comme  prifonniers.    A  l'égard  de  la  perte  du  côté  de  l'Armée  de  S. 
„  M.  Cz.  après  le  Combat ,    VV.  SS.  en  ont  été  pleinement  informées  par 
„  mon  précédent  Mémoire.    Et  Nôtre  Armée  eft  à  prefent  fous  le  Comman- 
„  du  Général  le  Prince  Repnin  aux  confins  des  Etats  de  S.  M.  Cz.  qui  font 
„  Frontières  des  Suédois ,  Se  en  bon  état. 

„  Cette  Relation  que  je  prefenteà  VV.  HH.  PP.  comme  aux  anciens  Se  con- 
„  ftans  Amis  de  S.  M.  Cz.  peut  les  éclaircir  du  fuccès  du  Combat,  6c  je  me 
„  trouve  obligé  d'avoir  recours  à  Elles;  car,  comme  je  fuis  certainement  infor- 
ÎS  me  a  que  le  Mini  lire  de  Suéde,  qui  refide  ici  ,preffc  VV.  SS.  par  le  Mémoi- 


15 

15 


»  i-e 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.  zjfj 

re  qu'il  vient  de  donner  tout  récemment,  en  accompliflèment  des  Traitez  Se     1701. 

des  Alliances  renouvelées  avec  VV.  SS.  non  feulement   d'envoïer  à  fon   ' 

Maître  des-Troupes  Auxiliaires,  Se  une  Flote  contre  l'Armée  de  S.  M.  Cz. 
vôtre  ancien  Ami  ;  mais  aum*  que  VV.  SS.  défendent  aux  Marchands  de 
ces  Provinces  de  vendre  divers  Inftrumens  Se  Apareils  de  Guerre,  au  cas 
que  S.  M.  Cz.  en  eût  à  faire  ,  8c  de  ne  les  envoïer  point  en  Mofcovie,  ce 
qui  jufques  à  prefent  n'a  point  été  accorde  dans  les  Traitez  avec  fon  Roi, 
ce  qui  tendroit  à  troubler  manifeftement  le  Commerce,  Se  à  en  augmen- 
ter à  l'avenir  la  difficulté.  C'eft  pourquoi  je  fuplie  humblement  VV".  SS. 
de  ne  confentir  point  à  fes  Demandes,  iulques  à  ce  que  la  Médiation  de  VV. 
HH.  PP.  entre  S.  M.  Suedoife, félon  la  Réponlé  de  S.  M.  Cz.  que  j'ai  der- 
nièrement prefent ée  à  VV.  SS. ,  ait  un  entier  effet  j  ce  qui  fera  une  mar- 
que évidente  qu'on  ne  néglige  point  d'augmenter  la  bonne  Correfpondence 
entre  S.  M.  Cz.  Se  VV.  SS.  $  Se  ainfi  qu'Elles  réjetteront  entièrement  les- 
Démandes  de  ce  Miniftre,  qui  font  au  delà  de  ce  qui  a  été  Ifipulé  dans  les 
Traitez  ,  Se  qu'Elles  confentiront  à  l'Achat  Se  Tranfport  de  ce  Païs,  des 
Apareils  de/Gurre,  au  cas  qu'on  en  eût  à  faire,  ainfi  que  VV.  SS.  ont  fait 
amiablement  par  ci-devant.  Ce  qui  fera  réciproquement  fait  aux  Marchands  1 
Sujets  de  VV.  PP.  qui  font  à  Mofcou  ,  ou  dans  les  autres  Villes  de  l'Em- 
^  pire  de  S.JV1.  Cz. }  Se  par  les  marques  évidentes  d'Amitié  queVV.  SS.  ont 
donné  envers  S.  M^  Cz.  j'éfpére  qu'Elle  ne  recevra  aucune  atteinte  ou  alté- 
ration. Je  fuplie  auffi  humblement  VV.  SS.  de  daigner  me  donner,  fur 
tout  ce  que  defTus ,  une  Réfolution  de  leur  finale  intention  ,  afin  que  je 
puifTe  fans  délai  envoïer  la  Réponfe  de  VV.  HH.  PP.  à  S.  M.  Cz.  mon- 
trés-clément  Maître.     A  la  Haïe  le  0.  Février  1701. 


11 

» 

5) 
11 
11 
11 
11 
11 
11 
11 
11 
11 
11 
11 
11 
11 
11 
11 
11 


L'Ambassadeur  de  Suéde  ,  à  qui  la  Copie  de  ce  Memorie  étoit  par- 
venue, en  fit  des  rifées  avec  les  autres  Miniftres  étrangers.     Même,  pour  en 
divertir  le  Public  ,  il  fit  faire  par  le  turlupinant  Auteur  *  de  i'Efprit  ou  *  Gueu- 
Nouvelles  des  Cours,  quelques  Remarques  fur  le  Mémoire ,  qu'il  fit  imprimer  deville» 
fort  clandeftinement ,  Se  en  petit  nombre,  de  la  manière  qui  fuit. 

MONSIEUR,  Remar_ 

ques  fur 

LE  mouvement  des  Troupes  Francoifes  fur  nos  Frontières  m'ayant  donné  le  ¥^ 
quelques  occupations,  j'ai  été  privé  de  ce  loilir  qui  m'eft  fi  cher,  quand  ?u°eir 
il  me   permet  de  m'entretenir  librement  avec  vous.    Je  ne  fuis  à  moi  que  l'Ambaf- 
d'hier  au  foir,  Se  mon  premier  foin  eft  de  répondre  à  vos  deux  dernières  Let-  fadeur  de 
très  qui  m'ont  donné  beaucoup  de  plaifir,  Se  j'en  ai  toute  la  reconnoiffiince  Molco," 
qu'elles  méritent.  fe'nta  e" 

Le  prétendu  Mémoire  de  l' Ambadadeur  de  Mofcovie  datte  du  p.  de  Fé-  aux  Etats 
vrier,  dont  vous  avez  bien  voulu  me  faire  part,  a  été  pour  moi  une  véritable  Gêné- 
Scène.    Je  n'en  fais  peint  le  fin,  je  donnai  dedans  d'abord}  &c  jamais  on  n'a  Qaipe'v 
commencé  délire  une  Pièce  de  meilleure  foi.  Mais,  en  continuant,  j'ouvris  1701. 
les  yeux,  Se  j'aperçus  de  la  tricherie.  Néanmoins,  l'Auteur  a  beau  fe  cacher, 
fon  voile  ne  m'empêche  point  de  le  reconnoître.     Vous  fouvenez-vous  de  cet 

Ii  3  IL- 


z-4      MEMOIRES,  NEGOCIATION  S,  TRAITEZ, 

tlTOi .  Illuirre  que  nous  voyions  autrefois  enfemble  à  Paris?  Vous  écoutiez  Tes  Rcciti 
■  -avec  une  attention  admirable,  l'on  peut  dire  que  vous  le  dévoriez.     La  Re- 

lation Mofcovite  a  bien  l'air  des  fiennes,  Se  vous  pourriez^avec  quelque  ap- 
parence de  vérité  être  foupçonné  d'être  l'Auteur  du  Mémoire:  Mais  lans  en- 
trer en  examen,  je  veux  prendre  h  chofe  pour  féricufc,8c  vous  régaler  de  mes 
Remarques,  fous  la  condition  d'un  fecret  inviolable-,  car,  la  matière  eft  déli- 
cate, Se  je  vous  croi  trop  de  mes  amis,  pour  vouloir  me  commettre  avec  une 
Patfiànce  fi  formidable.  Elle  eft  la  terreur  des  No^velliites  :  fon  feul  nom 
fait  trembler  les  Gazctiersj  Se,  fi  ces  pauvres  gens  n'avoient  pas  la  prudence 
de  s'obferver,  l'Hôpital  feroit  leur  unique  relîburce. 

L'on  m'a  affiné  que  ce  fier  Miniftre  avoit  mis  en  campagne  je  ne  fiii  com- 
bien d'Efpions  pour  détener  la  Pieflè  d'où  font  fortis  Les  Sentimens  d'un  Offi- 
cier Flamand  fur  fon  Mémoire  du  if  .Janvier:  c'étoit  aparemment  dans  le  def- 
fein  de  porter  fes  Plaintes  à  l'Etat,  Se  de  demander  qu'on  fît  un  exemple  du 
téméraire  Auteur.  Mais,  y  penfe-t-il?  Connoît-il  bien  les  loix  du  réciproque 
Se  de  l'égalité?  Quoi!  il  lui  fera  permis  de  tout  dire  fans  qu'on  ofe  lui  répon- 
dre? Quel  droit  a-t-il  de  brider  le  Public,  &  d'enchaîner  la  Raifon?  Fait-il  fa 
rélîdence  où  il  eft,  pour  oprimer  la  Liberté  Se  lui  fermer  la  bouche?  Qu'il  au- 
roit  eu  bonne  grâce  à  crier  auprès  de  Meilleurs  les  Etats  Généraux ,  Se  à  leur 
demander  juftice,  lui  qui  n'a  point  rougi  de  Ggner  Se  de  prefenter  ce  Mémoi- 
re, que  l'on  peut  dire  être  fort  injurieux  ;  Se,  après  qu'ils  ont  eu  la  complai- 
fance  de  le  recevoir,  il  ofera  leur  demander  réparation  d'avoir  été  contredit? 

L'Ambaffàdeur  de  Suéde  ne  fe  feroit  pas  tû,  fins  doute,  s'il  n'avoit  pris 
fagement  le  parti  de  méprifer  uneFauffeté  manifefte,  Se  de  ne  fe  vanger  qu'en 
laiffant  boire  à  l'Auteur  tout  l'Affront  qu'il  en  doit  recevoir  s'il  aime  la  réputa- 
tion.   Mais,  la  conduite  du  Miniftre  de  Suéde  n'eft  pas  une  loi  pour  tout  le 
monde,  Se  ion  filence  ne  défend  pas  au  Public  de  produire  fes  fentimens.     Il 
y  a  des  confeiences  tendres  fur  ce  qui  touche  la  juftice  :  une  Fauffeté  débitée 
avec  affùrance  caufe  un  vrai  chagrin  aux  honnêtes  gens  ;  ils  volent  au  fecours 
de  la  Vérité ,  quand  ils  voyent  qu'on  l'outrage  -y  Se  la  feule  Probité  eft  un  titre 
fuffifant ,  pour  fe  foûlever  contre  PImpofture.  C'eft  donc  au  Miniftre  du  Czar 
à  n'avancer  que  des  faits  ou  des  chofes  inconteftables,  s'il  veut  qu'on  le  croye, 
Se  s'il  prétend  ne  ti'ouver  perfonne  dans  fon  chemin:  fes  cris  feront  inutiles, 
tant  que  fes  Mémoires  ne  feront  pas  plus  réguliers.    Meilleurs  les  Etats  Géné- 
raux pouront  avoir  la  patience  de  recevoir  encore  ces  Ecrits  tortus;  mais,  fi  on 
les  redrefîè  par  des  Remarques  modeftes  Se  judicieufts,  ces  Juges  Républicains 
ne  le  trouveront  point  mauvais.     Il  eftvrai.que  ce  Miniftre  Mofcovite  n'eft 
pas  homme  à  fe  rebuter  pour  ces  obftacles}  fon  grand  pouvoir  contre  la  Liber- 
té du  Nouvellifte  lui  enfle  le  cœur;  il  s'aplaudit  d'être  craint ,  Se  il  fe  ju- 
geroit  invincible,  fi  deux  ou  trois  Miniftres  étoient   autant  Mofcovites  que 
lui.     Mais,  fa  Politique  eft  encore  jeune  ;  il  faut  avoir  de" l'indulgence  pour 
elle  :  peut-être  que  le  tems  Se  l'expérience  lui  aporteront   la  maturité  nécef- 
faire;  Se,  pourvu  que  cet  Ambaffadeur  veuille  étudier  ceux  qui  excellent  dans 
fon  Caractère,  il  ne  faut  point  dclêfpérer  qu'il  n'imite  à  la  fin  ces  bons  Se  ha- 
biles Orignaux. 
J'avois  ce  petit  eflbr  à  prendre,  avant  que  de  me  mettre  en  courfe:  venons 

au 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.  z7f 

au  Mémoire.  Pour  examiner  cette  Pièce  avec  plus  de  méthode,  j'en  digérerai  1701'. 
la  fubltance,  5c  je  vous  en  remetrai  le  précis  devant  les  yeux.  On  tâche  — — *— 
d'abord  de  gagner  la  prévention  du  Lecteur,  6c  de  le  le  rendre  favorable,  en 
affairant  que  toutes  les  Relations  du  Combat  devant  Narva  étant  veuuës  des 
Villes  Suédoifes,  la  fource  n'eft  pas  pure;  6c  que  l'on  doit  le  tenir  en  garde 
contre  une  Nation ,  qui  conte  les  chofes  comme  elle  fouhaiteroit  qu'elles  fuf- 
fent  arrivées:  mais  voici,  félon  la  bonne  foi  Mofcovite,à  quoi  il  faut  s'en  tenir. 
Le  Général  Schermethof,  à  la  tête  de  quelques  Régimens,  avoit  mis  en  dé- 
route 600.  Suédois  ;6c  pris  un  nommé  Patkul,qui  les  commandoit.  On  quef- 
tionna  les  prifonniers,  6c  fur  leur  raport  on  preifa  moins  le  Siège,  6c  il  fut 
réfolu  qu'on  attendrait  un  renfort  coniîdérable.  Cependant,  le  Colonel  Gum- 
mert  eut  la  perfidie  de  deferter  ;  6c  s'étant  rendu  lâchement  à  l'Armée  de 
Suéde,  il  y  découvrit  les  intentions,  6c  Fétat  des  forces,  du  Czar  fon  Maître. 
Huit  jours  après,  favoir  le  18.  Novembre  vieux  ftile,  il  plût  au  Czar  de  ne 
plus  honorer  lès  Troupes  de  fa  prefence:  ce  Prince  quitta  le  Camp,  efeorté 
tic  l'on  premier  Général  Théodore  Alexis  Gallewin,  6c  le  repofa  de  la  con- 
duite de  fon  Armée  fur  les  autres  Généraux.  Ceux-ci,  qui  ne  fe  défioient  point 
de  la  diligence  prefque  -ailée  du  Roi  de  Suéde,  apprirent  avec  le  dernier  eton- 
nement  que  ce  jeune  Mars  s'aprochoit  d'eux  avec  trente  mille  hommes  ;  6c 
en  effet  il  parut  devant  le  Mofcovites  le  ip.  Novembre  v.  ft.  Pour  mettre  ce 
Prince  dans  le  tort ,  on  l'accule  d'une  Témérité  inouïe,  6c  l'on  veut  qu'il  ait 
facrifié  l'Humanité  à  la  Valeur,  en  faifant  courir  fon  Armée  trois  jours  6c  trois 
nuits  fans  manger  ni  boire.  Après  cette  Marche  de  jeûne,  6c  pire  que  la  Re- 
traite de  Jouas,  le  Roi  de  Suéde  eût  la  malignité  de  profiter  d'un  Brouillard 
épais,  pour  s'aprocher  des  Retranchemens  ;  6c,  fuivant  les  avis  duDeferteur  le 
Colonel  Gummert,  le  Roi  prit  le  Camp  par  fon  foible,  6c  s'adrefla  au  Quar- 
tier qui  étoit  gardé  par  les  Soldats  les  moins  aguerris.  Comme  le  Camp  avoit 
plus  d'étendue  que  de  force,  les  Suédois  n'eurent  pas  beaucoup  de  peine  à 
franchir  la  barrière,  6c  à  mettre  quelques  Régimens  en  defordre:  les  Mofco- 
covites  fe  défendirent  en  braves,  6c  le  Combat  ne  finit  qu'avec  le  jour  ;  mais' 
enfin,  le  Général  V/eide,  bien  fécondé  par  fes  vaillantes  Troupes,  força  la 
Victoire  de  fe  déclarer  pour  lui  ;  6c  le  Roi  de  Suéde,  fe  trouvant  envelopé 
de  tous  cotez,  mandia  humblement  une  Trêve  par  trois-  Trompettes  confé- 
cutifs:  6c,  grâces- aux  deux  bleflures  du  Général  Mofcovite,  Sa  Majcfté  eût 
le  bonheur  d'obtenir  miiëricorde.  La  Capitulation  portoit  que  les  Mofcovi- 
tes lèveraient  le  Siège  ,  6c  fe  retireraient  en  gens  qui  ne  cèdent  point  à 
l'Ennemi.  Les  Généraux  s'étant  endormis  fur  l'Accord,  6c  ne  penfant  plus 
à  rien  qu'à  faire  une  Retraite  honorable,  les  Suédois  par  une  injuftice  criante 
rompirent  la  Capitulation,  6c  fe  jettérent  en  furieux  fur  des  gens  dont  ils  ve- 
ndent d'éprouver  la  générofité.  11  ne  tenoit  qu'aux  Mofcovites  de  punir 
une  fi  noire  infraction:  quoi  qu'ils  fuflènt  coupez,  ils  auraient  pu  fe  battre}, 
mais,  moins  fenfibles  à  la  vangeance  qu'à  la  confervation  du  genre  humain , 
ils  eurent  la  bonté  d'épargner  le  fang  ,  ôc  ils  confentirent  à  tout  ce  que  le 
Roi  de  Suéde  voulut.  Tant  de  douceur  devoit  bien  toucher  les  Suédois;  mais, 
a  quoi  lèrt  d'être  bon  parmi  le;  méchans?  La  patience  Mol co vite  ne  fit 
qu'çnfiammer  la  fureur  Suédoife;  celle-ci  recommence  de  plus  belle  à  trem- 
per 


t76     MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

i~oi.  pcr  fon  cpcc,  l'on  fait  du  carnage,  l'on  pille  tout  ce  qui  fe  prefente  fous  h 
"  '  main ,  ph  s'aproprie  fans  façon  ce  qui  n'eft  point  a  loi ,  6c  les  Généraux 

font  conduits  prifonniers  à  Nerva  fans  aucun   refpecfc  pour  la  foi  publique. 
Ici  finit  la  Relation  de  ce  fameux  Combat. 

Après  cela,  l'Auteur  du  Mémoire  fe  fonde  en  raifon  pour  pevfuader*  à 
Meffieurs  les  Etats  Généraux  de  ne  point  fecourir  la  Suéde  en  vertu  de 
leurs  Traitez,  ôc  de  ne  point  défendre  le  Tranfport  des  Marchandées  de 
contrebande.  Il  conclut  par  la  Médiation  que  les  Etats  Généraux  ont  offerte 
au  Czar,  6c  il  voudroit  voir  à  quoi  Elles  fe  détermineront  là-defilis.  Oeil  le 
Tableau  en  petit  de  la  Pièce  que  j'ai  deflèin  d'examiner.  Souffrez  à  pré- 
fent  mes  Remarques. 

Mon  premier  embaras  eft  de  concilier  l'Ambafladeur  de  Mofcovie  avec 
lui-même  dans  fes  deux  Mémoires,  dont  l'un  eft.  du  tf.  Janvier,  6c  l'autre 
du  p.  Février.  Ce  Miniftre  parle  également  dans  tous  les  deux  fuivant  les  In- 
ftruélions  6c  les  Ordres  qu'il  dit  avoir  reçus  du  Czar  fon  Maître  j  mais,  fon  lan- 
gage n'eft  rien  moins  qu'uniforme  :  vous  le  verrez  en  fon  lieu.  Laiflèz-moi , 
s'il  vous  plaît,  fuivre  le  fil  de  l'Ecrit. 

Pour  infirmer  les  Relations  du  Combat  de  Nerva,  6c  répandre  fur  elles  un 
doute  public  qui  ferait  bien  de  l'honneur  à  la  Mofcovie,  l'Auteur  du  Mé- 
moire les  fait  voler  vers  nous  d'un  Pais  intérefle ,  foûtenant  qu'elles  font  tou- 
tes venues  des  Villes  de  Suéde.  L'aétion  de  Nerva  s'eft  paffee  dans  un  lieu 
d'où  il  n'étoit  pas  aifé  d'en  aprendre  autrement  les  particularirez  :  on  ne  dif- 
pofe  pas  de  la  fituation  des  endroits  comme  de  la  vitelfe  des  Couricrs  j  6c  ceux- 
ci  prennent  leur  chemin,  6c  ne  le  font  pas.  Mais,  fi  toutes  les  Relations  ont 
patfé  par  les  Villes  de  Suéde ,  il  ne  s'enfuit  pas  qu'elles  foient  toutes  Suédoi- 
fes:  il  y  en  a  pluficurs  écrites  par  des  mains  neutres  >  il  y  en  a  même  de  la 
part  des  Généraux  du  Czar:  celles-là  font- elles  flateuiès ,  6c  peut- on  s'en  ra- 
porter  à  des  témoins  plus  irréprochables?  Cependant,  aucune  des  Relations  ne 
varie  dans  fon  Narré,  &  l'on  n'a  point  vu  que  la  voix  commune  leur  ait  donné 
de  démenti.  Le  Miniftre  Mofcovite  n'en  peut  pas  dire  autant  :  pas  une  Let- 
tre ne  fait  pour  lui,  fon  Récit  n'a  que  fa  parole  pour  garant,  6c  cela  ne  don- 
ne pas  des  idées  fortavantageufes  de  fa  fincérité. 

Pour  donner  quelque  luftre  aux  Arme»  du  Czar ,  l'Auteur  du  Mémoire  com- 
mence (à  Description  de  guerre  par  la  mémorable  Défaite  de  600.  chevaux  Sué- 
dois, 6c  fait  un  prifonnier  de  leur  Commandant.  Avant  que  d'éclaircir  -le 
fait,  remarquez,  je  vous  prie,  Monfieur,  &  donnez  moi  fur  cela  tout  l'a- 
quiefeement  de  vôtre  efprit  :  car  la  choie  eft  incontestable  ,  que  les  Partis 
Mofcovites  ont  toujours  eu  l'honneur  d'être  bien  battus  par  les  Partis  Suédois 
dans  toutes  les  rencontres  de  cette  Campagne  ;  8c  c'eft  ce  dont  les  derniers  ont 
rendu  grâces  au  Ciel,  qui  les  a  protégez  contre  le  nombre  beaucoup  fupérieur, 
6c  qui  s'eft  déclaré  pour  leur  bonne  Caufe.  A  l'égard  de  cette  grande  VicTroire 
Mofcovite,  en  voici  le  dcnoûmcnt.  Ces  600.  Cavaliers  aïant  rencontré  un 
détachement  de  2000.  hommes  les  attaquèrent  d'un  courage  intrépide  6c  les 
défirent  à  platte  couture.  Comme  ils  retournoienr.  à  Wefenbourg  chargez 
de  gloire  6c  chargez  de  butin,  ils  trouvèrent  le  Général  Scherementof  a  la 
tête  d'un  gros  de  Cavalerie,  6c  maître  d'un  partage  dont  il  s'étoit  faifi.    Ces 

vail- 


ET    RESOLUTIONS    D'ETAT.  ,277 

vaillans  hommes,  bien  loin  de  reculer,  rompirent  cette  barrière,  6c  s'ouvri-  1701. 

rent  un  chemin,  ir.ns  perdre  que  fort  peu  des  leurs,  &  fans  trouver  rien  à  re-  — 

dire  à  la  Capture  qu'ils  traînoient  avec  eux.  Il  eft  vrai  que  le  Commandant , 
&  un  autre  Officier,  v  demeurèrent  prifonniers;  mais, quelle  honte  peut-on  en 
faire  aux  Suédois.  C'efl  une  preuve  que  ces  deux  Combattans  ne  s'étonnè- 
rent point  de  l'inégalité  des  forces,  &  qu'ils  ne  le  rendirent  qu'à  l'extrémi- 
té. Jenefçai  li  600.  Mofcovites  auroient  eu  autant  de  fierté,  &  s'ils  n'au- 
roient  pis  refpeclé  d'abord  le  nombre  de  deux  mille  Suédois  en  rendant  les 
Armes  à  la  première  fommation. 

Sur  le  rapport  de  ces  prifonniers,  le  Czar,  dit  l'Auteur  du  Mémoire,  mo- 
déra le  premier  feu  de  fon  courage,  6c  réfolut  de  faire  traîner  le  Siège  de 
Nerva  jufqu'à  l'arrivée  d'un  gros  Renfort.  Je  vous  avoue  que  cela  me  pafle. 
Vous,  Monfieur,  qui  êtes  fi  fécond ,  6c  fouvent  fi  heureux  en  conjectures, 
y  decouvrez-vous  quelque  apparence  ?  Il  eft  du  devoir  d'un  bon  Général  de 
ne  point  laifTer  ralentir  l'ardeur  de  fes  Troupes,  6c  en  Maxime  de  Guerre  le 
plus  vite  eft  toujours  le  mieux  quand  on  eft  le  plus  fort  >  la  lenteur  n'eft  loua- 
ble, que  lors  qu'il  y  a  trop  de  rifque,ou  que  l'on  efpére  en  reculant  confumer 
l'Ennemi  peu  à  peu.  Or,  les  Mofcovites  ont  publié  avec  orientation  que  le 
Czar  afiîégeoit  la  Place  avec  un  Monde  d'Armée}  l'on  ne  parloit  pas  moins 
que  de  150.  ifo.  180.  mille  hommes.  Les  Miniftres  étrangers  à  Mofcou,  per- 
fonnes  d'autant  plus  dignes  de  foi  qu'ils  font  fur  les  lieux,"  l'ont  confirmé;  Se 
cela  eft  conforme  à  ce  que  l'Ambafladeur  de  Mofcovie  en  a  publié-  à  la  Haïe. 
Mais,  je  veux  qu'on  ait  groin"  les  objets  de  la  moitié,  car  une  Armée  Mofco- 
vite  paroît  toujours  de  loin  beaucoup  plus  épaifie  qu'elle  n'eft,  cela  devoit-il 
arrêter  le  Czar,  6c  n'avoit-il  pas  encore  des  forces  de  refte  pour  réduire  une 
Place  mal  gardée  6c  dépourvue  de  bien  des  chofes? 

Je  vous  ai  promis  de  vous  indiquer  les  Contradictions  qui  fe  trouvent  dans 
les  deux  Mémoires,  6c  il  y  en  a  une  ici  qui  ne  doit  pas  nous  échaper.  Dans 
l'Ecrit  du  zy.  Janvier,  ce  font  le  Colonel  Biomberg  6c  le  Capitaine  Hamor, 
qui  ont  donné  occafion  à  cette  légère  difgrace  dont  la  Grandeur  Mofcovite  a. 
été  entamée,  6c  au  petit  defordre  qui  arriva  dans  le  Camp.  Mais ,  dans  le  Mé- 
moire du  p.  Février,  c'elt  la  trahifbn  du  Colonel  Gummert  qui  a  fait  tout  le 
mal.  Il  eft  vrai  que  l'Ambafladeur  de  Mofcovie  avance  dans  Ion  fécond  Ecrit 
qu'il  avoit  reçu  des  Informations  plus  exactes,  6c  mieux  circonftanciées  du 
Combat;  mais ,  cela  ne  prefupofe  pas  qu'il  ait  énoncé  le  faux  la  première  fois, 
puis  qu'il  fçavoit  les  chofes  de  fource,  6c  que  le  Czar  fon  Maître  l'en  avoit 
informé.  Il  lui  étoit  permis  dans  le  premier  Mémoire  de  iuprimer  la  defertion' 
duColonelGummert;mais,il  ne  pouvoit  pas  dans  le  fécond  parler  fous  filence 
la  prétendue  perfidie  du  Colonel  Biomberg  6c  du  Capitaine  Hamor:  là  il  les 
noircit  ,  ici  il  les  lave  indirectement ,  en  raportant  à  une  autre  caufe  le  dé- 
rangement du  Camp  Mofcovite,  6c  alléguant  de  nouvelles  raifons  pour  mieux 
plâtrer  une  déroute  qui  lui  fait  grand  mal  au  cœur.  Mais,  que  penfez-vous 
de  ces  prétendus  Traîtres  ?  Sans  mentir ,  c'étoit  de  pauvres  gens.  Renon- 
cer à  un  Parti  armé  de  cent  mille  hommes,  pour  fe  ranger  auprès  d'une 
Poignée  de  monde,  qui  a  la  témérité  d'attaquer  en  plein  jour,  Se  dans  toutes 
les  formes,  n'eil-ce  pas  fortir  de  fon  devoir  pour  courir  à  fa  perte,  6c  com- 

fom.  1.  Kk  met- 


1701. 


278     MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

mettre  tout  exprès  une  infidélité  pour  aller  chercher  la.  mort.  Il  n'eft  pas 
vrai,  dira-t-on,  que  l'Armée  Mofcovite  fût  fi  nombreufe:  cependant,  géné- 
ralement toutes  les  Relations  6c  de  Mofcou,  6c  des  endroits  voifins,  l'ont  pu- 
blié de  même.  Que  faut  il  croire,  fi  tant  de  témoins  oculaires  nous  trompent? 
Où  eft  la  toi  morale ,  fi  la  faufTeté  trouve  même  fur  les  lieux  tant  de  gens  qui 
parlent  pour  elle?  Mais,  je  veux  que  le  Czar  n'ait  fait  que  du  bruit,  6c  qu'il 
n'ait  été  fort  qu'en  idée,  que  fait  cela  à  la  chofe?Il  eft  confiant  que  le  Roi  de 
Suéde  avant  fon  départ  de  Pernau,  c'eft  à  dire  long  tems  avant  les  defertions 
prétendues,  avoit  refolu  de  tenter  le  fecours  de  Ncrva  ,  6c  d'attaquer  cette 
Armée  formidable.  Ce  Monarque  eft  donc  redevable  de  fon  avantage  à  fon 
grand  cœur,  6c  non  point  à  la  bafletre  d'ame  de  quelques  Sujets  de  fon  Enne- 
mi. Quand  il  aurait  profité  d'une  trahifon,  ce  n'eft  pas  un  crime  en  morale 
de  guerre  ;  mais,  croyez-moi,  Monfieur,  le  fait  eft  une  invention  grofliére , 
forgée  pour  furprendre  la  crédulité  des  fimples,  je  vous  affure;  6c  je  ne  pui» 
le  tenir  de  meilleure  part,  qu'il  n'y  a  eu  ni  traître,  ni  trahifon. 

J'en  fuis  à  la  Retraite  furprenante  du  Czar.  L'Auteur  du  Mémoire  nous 
aprend  que  ce  Prince  difparut  de  fon  Camp  avec  fon  premier  Général  le  18. 
Nov.  6cque  tel  étoit  fon  bon  plaifir.  Si  cet  Ecrit  n'avoit  été  compofé  que  pour 
la  Mofcovie,  l'on  n'auroit  rien  à  opofer  à  cette  raifon,  elle  ferait  de  poids. 
Une  Puifiance  abfoluë'  &  defpotique  n'eft  point  obligée  de  s'expliquer  autre- 
ment avec  fes  Sujets:  c'eft  à  eux  d'adorer  la  volonté  du  Souverain,  6c  de  ref- 
pecler  aveuglément  les  raifons  qui  le  font  agir}  fon  vouloir  eft  la  loi  eflentiel- 
le,  6c  fon  bon  plaifir  juftifie  tout  ce  qu'il  fait.  Mais,  le  Public  ne  porte  pas 
cette  pelante  chaîne,  il  jouît  d'un  droit  que  la  fociété  humaine  lui  donne,  6c 
que  les  Puifiances  les  plus  imperieufes  ne  (auraient  lui  ôter.  C'eft  de  décider 
fur  les  actions  éclatantes ,  6c  de  ne  donner  fon  aprobation  qu'au  vrai  mérite. 
Les  Princes  pafiént  par  fes  mains,  comme  les  autres  hommes:  le  Public  eft  un 
Tribunal  fuprême ,  dont  les  Maîtres  du  Monde  ne  peuvent  décliner  l'autorité. 
Dilons  plus,  c'eft  fur  eux  que  ce  Juge  incorruptible  exerce  une  juftice  plus  fe- 
vere  6c  plus  rigoureufe:  plus  il  trouve  d'élévation,  plus  fes  arrêts  font  équi- 
tables >  6c ,  fi  cela  lé  peut  dire ,  il  lé  vange  de  fon  infériorité  par  la  juftice  même. 
C'eft  en  fa  confideration,  que  les  plus  grands  Princes  font  ceux  qui  s'obfervent 
le  plus  exactement  :  ils  craignent  d'être  condamnez  par  ce  Public  également 
éclairé  6c  impitoyable;  6c  ils  tâcheraient  plutôt  de  s'attirer  fa  faveur  par  de 
mauvaifes  raiibns,  que  de  ne  lui  rien  dire.  L'Auteur  du  Mémoire  a  donc 
prisa  côté,  quand  il  a  crû  que  laRetraite  prudente  de  fon  Maître  ferait  piaille- 
ment juftifiee  dans  le  Monde  par  la  Raifon  afîbmmante  du  bon  plaifir?  Il  doit 
fçr.voir  que  les  Héros  ne  travaillent  qu'à  fc  bien  peindre  pour  jamais  dans  l'ima- 
gination des  hommes;  6c,  s'il  veut  que  fon  Prince  en  l'oit  un,  il  devoit  afili- 
rer  fa  réputation  de  valeur  contre  le  foupçon  du  Public  qui  ne  fera  point 
mal  fondé,  tant  qu'on  dira  que  le  Czar  a  abondonné  fon  Armée  parce  qu'il  a 
trouvé  du  plaifir  à  le  faire.  Remarquez,  Monfieur,  que  l'Ambaflàdeur  de 
Mofcovie  fe  gendarma  avec  un  zélé  tout  Minifterial  contre  les  Journaliltes  qui 
débitèrent  la  Nouvelle  de  fa  Retraite,  il  la  traita  de  Colomnie  injurieufe  à  la 
bravoure  de  fon  Maître,  6c  il  fouilla  par  tout  ou  il  pût,  pour  démêler  celui 
qui  l'avok  inventée ,  6c  pour  en  avoir  làtisfaction».  Lu  venté ,  n'eit-ce  pas  un 

pl.û- 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.  Z70 

plaifant  retour  après  tout  ce  fracas,  de  nous  venir  dire^ froidement,  que  le     I7°i 

Czar  s'eft  retiré  pour  ion  plaifir?  Si  cet  AmbafTadeur  eue  été  moins  vif,  &    

qu'il  fe  fût  aflèz  polfedé  pour  attendre  l'éclairciffèment  du  fait,  il  aurait  un 
peu  meilleure  grâce  à  nous  aprendre  que  le  Czar  ne  jugea  pas  à  propos  de 
refter  au  Camp  :  mais,  cela  ne  le  tirerait  pas  du  défilé  j  car  il  cft  aife  de  prou- 
ver que  le  Czar  étoit  bien  inftruit  que  le  Roi  de  Suéde  marchoit  6c  venoit 
droit  à  lui.  Le  Général  SchermethofF,  qui  venoit  d'éprouver  au  pàââge  de 
Pohaioggi  que  les  Suédois  ne  fe  mefurent  pas  par  le  nombre,  annonç  i  l'apror 
che  de  l'Armée  Suédoife  :  6c  cette  Nouvelle  jetta  dans  tout  le  Camp  Mofco- 
vite  une  certaine  frayeur ,  que  d'autres  nommeraient  confternation  ;  ce  qui  ne 
préfageoit  aflûrément  pas  la  Victoire.  L'Ambaflaieur-  de  Mofcovie  n'ignore 
pas  cette  circonftance;  d'où  je  préfume, que  le  fécond  Mémoire  n'eft  point  de 
l'a  façon:  car,  quelle  aparence  que  ce  bon  Miniftre  eût  voulu  en  impofer  fi 
hardiment,  en  avançant  que  les  Généraux  qui  commandoient  après  le  départ 
du  Czar  ne  s'imaginoient  pas  que  les  Suédois  leur  tomberaient  fi-tôt  fur  les 
bras  ?  Il  n'eft  pas  moins  abiùrde  de  dire  que  les  deux  Officiers  transfuges  a- 
veient  révélé  le  fecret  du  Czar,  &  découvert  fes  defTeins.  Un  Colonel,  6c  un 
fimple  Capitaine ,  font-ils  du  Confeil  Privé  ?  Quand  ils  en  feraient ,  il  faudrait 
qu'un  Prince  eût  le  goût  bien  mauvais,  6c  qu'il  fût  peu  entendu  à  difeerner 
fon  monde,  pour  confier  les  Affaires  d'État  à  des  Sujets  capables  de  fe  donner  a 
lbn  Ennemi.  Je  fuis  fur  que  le  Miniftre  de  Mofcovie  ferait  fâché  qu'on  eût 
une  opinion  fi  bafîè  de  fon  Prince,  6c  de  fon  Gouvernement.  Mais,  aii  fond, 
qu'elle  lumière  pouvoit  recevoir  le  Roi  de  Suéde  fur  les  projets  du  Mof- 
covite?  Ce  Prince  ne  fçavoit-il  pas  que  le  Czar  vouloit  prendre  Narva,  tail- 
ler en  pièces  les  Troupes  Suédoifes ,  6c  fubjuguer  toutes  les  Provinces  au 
de  là  du  Golfe  Botnique ,  comme  il  s'en  eft  vanté  lui  -  même  ,  à  l'excep- 
tion de  la  paatoe  qui  devoit  fervir  de  place  d'Armes  aux  Saxons  du  Roi  de 
Pologne,  6c  lui  faciliter  avec  le  fecours  de  fon  Allié  la  conquête  de  là  Repu- 
blique ? 

Le  Roi  de  Suéde,  prétend  nôtre  Auteur ,  étoit  fort  de  joooo.  hommes. 
Apparemment  que  ceux  qui  les  ont  comtez  ne  l'ont  pas  fait  de  fens  froid,  la 
crainte  leur  avoit  brouillé  le  regard,  6c  leur  avoit  rendu  les  yeux  multiplians  : 
un  homme  qui  a  peur  n'eft  jamais  dans  le  point  de  vûë ,  il  eft  fujet  à  prendre 
l'ombre  pour  le  corps,  6c  ibuvent  il  compte  trais  pour  un.  On  ne  fait  point 
une  injultice  au  Roi  de  Suéde,  de  le  pofter  à  la  tête  de  jo.  mille  hommes  :  l'é- 
tendue de  fes  Etats  lui  en  fournirait  davantage;  mais,  comme  l'on  ne  groffit  ici 
fon  Armée,  que  pour  diminuer  la  beauté  de  fon  Action,  je  ne  crains  pas  de  dire 
que  les  30.  mille  hommes  n'ont  point  d'autre  être  que  dans  le  Mémoire,  Se 
chez  ceux  qui  font  aïTez  bons  pour  y  ajouter  foi.  Le  Roi  de  Suéde  n'aurait 
pas,  fans  doute,  mené  moins  de  troupes  au  fecours  de  Narva  ,  s'il  n'eut  pas 
crû  cette  Ville  aux  abois  :  mais ,  refolu  de  tout  rifquer  pour  la  délivrance  d'une 
Place  dont  la  confervation  lui  étoit  d'un  intérêt  important,  il  s'abandonna  à 
.  la  protection  de  Dieu  ;  6c ,  fe  repofant  fur  fa  bonne  caufe ,  il  encouragea  fes 
Soldats  à  le  fuivre.  Le  nombre  n'approchoit  pas  de  la  fupucation  Mofcovite  : 
l'en  peut  même  confeflèr  que  ce  Monarque  avoit  trop  peu  de  forces  pour  une 

Kk  2.  telle 


i8o      MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

1701  •  telle  Entreprife  ;  mais, avec  (à  confiance  au  Ciel,  il  n'en  crût  que  la  propre  in- 

*  trepidité,  8c  heureufement  il  n'a  pas  eu  fujet  de  s'en  repentir. 

Me  voici  à  un  Endroit  du  Mémoire  où  je  ne  puis  tenir  mon  ferieux  ;  & 
quand  vous  devriez  me  gronde;-,  il  faut  que  je  l'égayé.     Depuis  que  le  Sy- 
fteme  de  la  Guerre  fubiiftc^  £c  que  les  hommes  fe  l'ont  donné  la  permiffion  de 
•     s'entr'égorger  de  bonne  amitié  Se  de  bonne  foi ,  je  ne  croi  pas  qu'on  ait  rai- 
fonné  plus  agréablement.    Meffieurs  les  Mofcovites ,  religieux  obfervateurs  du 
Droit  commun,  font  fort  feandalifez  du  procédé  des  Suédois.  Quoi!  venir  fi 
vite  à  l'Ennemi?  Le  prendre  au  dépourvu,  &  fans  qu'il  s'y  attende?  Avoir  la 
milice  d'aborder  les  Retranchemens  par  un  Brouillard  8c  un  tems  obfcur?Etre 
aflèz  lâche  pour  attaquer  par  l'endroit  le  plus  foible,  8c  gardé  par  les  Troupes 
le  moins  aguerries?  Tout  de  bon,  cela  n'en  eft  pas.     11  faut  de  la  fincerité 
dans  la  Guerre,  ou  ne  s'en  pas  mêler.  Si  les  Suédois  avoient  été  des  gens  tout 
unis,  ils  auroient  voulu  voir  les  Mofcovites  dans  leur  naturel,  &  n'auroient  point 
ufé  de  fupercherie.     Que  n'envoyoient-ils  dire  au  Czar  par  un  Courier,  Nous 
arriverons  un  tel  jour ,  ci?  à  telle  heure,  tenez- vous  prêts.     Etant  arrivez,  il 
leur  étoit  d'un  devoir  indifpenfable  de  laiffer  dillîper  le  Brouillard,  de  voir  fi 
le  vent  ne  leur   ferait  point  trop  fivorable' ,  6c  fi  le  Soleil  ne   donnerait 
pas  dans  les  yeux  à  l'Ennemi:  ils  dévoient  examiner  les  Retranchemens,  obfêr- 
ver  la  contenance  des  Soldats  qui  les  défendoient,  leur  prefènter  le  fleuret  & 
eftocader  contr'eux  pour  leur  tâter  le  courage  j  &,  ne  les  trouvant  pas  d'une 
allez. bonne  refiftance,  il  filloit  avertir  qu'on  y  eût  égard.  Alors  le  Suédois 
aurait  remporté  une  Victoire  fans  tache,  8c  le  Mofcovite  aurait  combattu 
avec  plus  de  fuccès;  car,  enfin,  il  n'eft  pas  honnête  de  dérober  traîtreufê- 
ment  à  une  Nation  les  moïens  de  fe  montrer  telle  qu'elle  vaut.     A  propos  de 
ces  endroits  foibles ,   n'avoit-on  pas  raifon  d'y  placer  les  Troupes  les  moins 
aguerries?  C'étoit  probablement  pour  les  aguerrir  tout  à  fait;  car  je  ne  penfe 
pas  qu'on  ait  fait  cette  union  par  convenance,  8c  pour  joindre  uneroibleffe  à  une 
autre:  la  Science  militaire  défend  cela;  6c  les  Mofcovites  la  poffedent  trop 
bien ,  pour  y  faire  de  fi  lourdes  fautes.     Que  vous  dirai-je  de  ce  Camp  trop 
vafte  pour  les  Troupes  qui  le  gardoient  ?  Il  me  femble  qu'il  vaudrait  autant 
camper  en  raie  Campagne.     Vous  verrez  que  la- Perfidie  aura  fait  tout  cela: 
elle  aura  tracé  le  plan  des  Retranchemens,  pratiqué  les  endroits  foibles,  con-, 
feillé  d"y  mettre  les  Soldats  timides,  perfuadé  d'étendre  le  circuit  du  Camp. 
Car  c'eft  une  étrange  chofe,que  le  Deitin:  quand  une  Armée  doit  être  défai- 
te, le   malheur  eft  de  tout,  &  la  trahifon  eft  toujours  la  caufe  dominante. 
Mais,  fi  les  Mofcovites  avoient  été  au  devant  de  l'Ennemi,  ils  auroient  évité 
la  furprile  &  les  traîtres  auroint  échoué. 

Comme  l'Auteur  du  Mémoire,  quel  qu'il  foit,  eft  fans  difficulté  Mofcovite 
de  naiffanec,  ou  du  moins  de  Parti,  permettez -moi  de  clogmatifer  un  peu 
fur  ce  que  je  viens  de  vous  dire,  quand  ce  ne  ferait  que  pour  vous  divertir  de 
la  diverfité  des  fentimens  des  hommes.  Comment  le  Suédois  parle-t-il  de  fon 
Roi  touchant  le  Combat  de  Narva?  C'eft  un  Prince,  dit-il,  qui  n'a  point 
agi  par  paffion  ni  emportement,  qui  a  examiné  la  Caufe  félon  toutes  les  règles 
de  la  juftice,  Ôc  qui  a  trouvé  qu'elle  y  étoit  parfaitement  conforme.    Pe;- 

fuadé 


ET    RESOLUTIONS    D'ETAT.         281 

fùadé  qu'il  y  a  un  Dieu,  fcrutateur  des  âmes,  rémunérateur  du  bien,  Se  ijor. 
.  puniflèur  de  l'iniquité,  il  s'eft  tourné  vers  lui,  &  l'a  prié  de  favorifer  fon  — "" — ' 
droit.  La  pureté  du  Culte,  dont  il  fait  profefiîon ,  lui  donne  de  l'horreur  pour 
la  perfidie-,  St,  jugeant  des  autres  par  fa  pieufê  droiture,  il  ne  peut  concevoir 
■qu'un  Prince  jure  fur  l'Evangile  de  violer  làfoi,'&  d'exercer  des  cruautez 
abominables  fur  des  innocens.  Bàtifîant  fur  ces  Principes  folides,  il  s'anime 
d'une  noble  ardeur,  fâ  prudence  èc  fon  courage  le  fécondent,  fes  Troupes 
comptent  fûrement  fur  la  Viclore  en  le  iuivant  :  en  effet ,  les  difficultez 
s'aplanifTent  devant  lui,  fon  fier  &  perfide  Ennemi  n'a  point  l'affurance  de 
l'attendre,  il  diiîîpe  une  Armée- nombreuse  qui  lui  a  refifté  autant  qu'il  fal- 
loit  pour  le  montrer  invincible,  tout  lui  cède,  &  il  en  bénit  Dieu:  voilà  la 
Defcription  Suédoife,  qui  n'eft  pas  fort  exagérée,  comme  vous  fçavez.  E- 
coutons  l'x\pologic  îVîofcovite,  deux  mots  en  font  toute  l'énergie.  Le  Roi 
de  Suéde  a  eu  un  petit  avantage  fins  aucune  gloire ,  parce  qu'il  n'a  fait  que 
profiter  d'une  trahifon:  fi  bien  que  d'un  côté  le  Ciel  a  protège  la  juftice,  & 
de  l'autre  un  crime  a  produit  le  bon  fuccès  ;  d'un  côté ,  ce  grand  ouvrage  eft 
le  doigt  de  Dieu,&  de  l'autre,  la  Majefté  Divine  eft  offenfée.  A  vôtre  avis, 
Monfieur,  lequel  des  deux  trouvera  plus  de  foi  chez  la  pofterité?  L'Ambafîa- 
deur  de  Mofcovie  fait  un  grand  fonds  fur  la  validité  de  fon  témoignage,  il  a 
de  l'impatience  que  la  Terre  ne  foit  repeuplée  de  nouveau,  &  il  voudrait,  ce 
femble,  que  nous  fufîîons  déjà  la  pofterité.  Mais,  je  doute  qu'il  foit  plus  crû 
de  l'avenir  que  du  prefent.  Il  aceufe  les  Suédois  de  foibleffe  &  de  lâcheté  , 
'd'avoy-  mis  la  perfidie  en  œuvre;  &  il  prétend  par  là  amoindrir  la  gloire  de 
leur  Monarque.  C'eft  peut-être  que  ce  grand  perfonnage  ne  veut  rien  donner 
à  la  prudence,  &  qu'il  a. pour  théze  que  les  feuls  obftacles  mettent  le  prix  à 
la  valeur.  Mais,  il  ne  peut  pas  s'y  prendre  plus  mal,  pour  faire  ià  Cour  à  fon 
Maître;  car,  ce  Prince,  dans  la  décifion  de  l'Affaire  de  Narva,  a  été  fort  pru- 
dent, &  a  coupé  pié  à  toutes  les  difficultez. 

Vous  ne  devez  pas  exiger  de  moi  une  exactitude  géométrique  dans  mes  Para- 
phrafes  fur  le  Mémoire;  non,  Monfieur  :  il  y  a  trop  de  choie?,  qui  ne  valent  pas 
la  peine  d'être  refutées,  &  il  feroit  moins  aile  de  finir  que  de  commencer  fur 
toutes  les  pauvretez  qu'il  contient.  Je  ne  m'attacherai  qu'aux  endroits  qui 
choquent  plus  i'enfiblement  la  vrai-femblance.  Prenons  l'Article  de  l'Emba- 
ras  des  Suédois  ;  ce  n'eft  pas  le  pire. 

La  première  furie  de  l'Armée  de  Suéde  aïant  un  peu  étourdi  Meffieurs  les 
Mofcovites,  &  ces  bonnes  perfonnes  commençant  déjà  à  perdre  la  Trammon- 
tane,  le  Général  Waeide  revint  comme  un  lion  fur  les  rangs,  &  rejioua  la 
partie  fi  fanglamment,  que  le  Camp  démonté  fe  remit  en  belle  humeur.  Ce 
fut  alors  que  les  chofes  changèrent  bien  de  face,  &  que  l'on  éprouva  l'incon- 
ftance  du  Sort.  Les  Suédois,  qui  fe  croyoient  maîtres  du  terrain ,  &  qui  chan- 
toient  déjà  le  triomphe, furent  repouffez  vigoureufement;  mais,  leur  mauvaife 
fortune  n'en  demeura  pas  là.  Comme  ils  le  difpofoient  à  chercher  leur  falut 
dans  la  fuite,  les  autres  Généraux,  animez  par  le  bon  exemple  de  leur  Collè- 
gue, fe  prelëntent  à  eux,  &  leur  ferment  le  paffage:  en  moins  de  rien,  ces 
malheureufes  Troupes  fe  virent  envelopées ,  &  tous  les  efforts  qu'elles  firent 

Kk  3  peux 


zSz      MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ," 

1701.     pour  fe  dégager furent  inutiles  ;  PoSfcOrité  àé  la  nuit  rendoit  leur  état  plus 

• ■    trille  &  plus  affreux.     Que  faire?  De  jetter  les  Armes  Se   demander  miféri- 

corde  à  genoux,  c'eût  été  une  flctrilfure  honteufe  au  Roi  6c  à  la  Nation ; 
&  il  étoit  du  bon  fens  de  garder  cette  reflburec  pour  la  dernière.  L'on  prit 
donc  un  parti  bien  plus  honorable:  ce  fut  d'envoyer  un  Trompette  pour  pro- 
pofer  une  Trêve  ;  mais  l'Ennemi ,  enflé  de  fon  avantage ,  s'en  moqua,  Se  il  a- 
voit  raifon.  Les  dcfolez  Suédois  ne  fe  rebutent  point,  ils  donnent  un  fécond 
Affaut  à  la  généralité  Mofcovitc;  Se  fè  voyant  encore  rejettez,  un  troifiéme 
Trompette  va  faire  de  leur  part  la  dernière  tentative.  Pour  le  coup,  les  Gé- 
néraux viétorieux  fe  laiflérent  fléchir,  &  ils  eurent  la  bonté  de  confentir  à 
un  Accommodement.  Mais,  à  quelle  condition?  Si  je  n'avois  pas  lu  la  Rela- 
tion, j'aurais  gagé  cent  contre  un  que  les  Mofcovites  auroient  demandé  aux 
Suédois  de  fe  laillêr  déformer,  Se  de  îé  foumettre  à  la  diferétion  du  Vainqueur  ; 
Se  je  pofe  en  fait,  que  tout  homme  bien  fente  l'aurait  jugé  de  même.  Mais, 
on  ne  fçait  pas  ce  que  c'eft  que  le  Mofcovite  :  quand  iî  veut  faire  du  bien ,  ce 
n'eft  pas  à  demi ,  Se  fo  charitable  compaffion  lui  ferme  les  yeux  fur  fon  propre 
intérêt.  On  capitule  donc ,  Se  toute  la  Convention  fut  que  les  Généraux  lè- 
veraient le  piquet,  Se  fe  retireraient  honnorablement  ;  fi  bien  que  les  Affiégeans 
confentent  en  Vainqueurs  à  traiter ,  Se  les  Affiégez  traitent  en  Maîtres  :  les 
Généraux  font  grâce  au  Roi  de  Suéde,  Se  le  Roi  de  Suéde  leur  donne  la 
Loi.  L'Auteur  du  Mémoire  a  bien  prévu  le  ridicule  de  cette  Contradiction , 
Se  il  s'éforce  de  la  refoudre  par  une  raifon  divertiffante  :  il  juftifie  la  Retraite 
des  Généraux  fur  ce  que  ces  Commandans,  étant  coupez,  ils  ne  poiy'oient 
pas  avoir  de  communication.  Qui  les  empêchoit  de  fe  joindre?  Ils  tiennent 
les  Suédois  dans  le  filet,  ils  les  battent  à  toute  outrance,  ce  font  ceux-ci  qui 
demandent  Trêve,  Se  l'Armée  du  Czar  eft  coupée,  il  n'eft  pas  permis  aux 
.Généraux  de  réunir,  leurs  forces,  Se  d'agir  de  concert.  A-t-on  jamais  vu  un 
pareil  galimatias?  Comment  ces  Généraux  capitulerent-ils ,  s'ils  n'avoient  pas 
la  liberté  de  s'affembler?  Les  Suédois,  dira-t-on  ,  occupoient  le  milieu  du 
Camp  :  foit;  mais,  c'étoit  en  gens  qui  auroient  voulu  en  être  bien  loin,  Se  ce 
polie  ne  leur  étoit  pas  plus  avantageux  que  la  cour  d'une  prifon  à  des  crimi- 
nels. De  deux  choies  l'une,  ou  le  Mofcovites  traitèrent  avec  fuperiorité  ,  Se 
c'étoit  aux  Suédois  à  fubir  le  joug j  ou  les  Suédois  dominoient  fur  leur  Ennemi, 
Se  c'étoit  à  eux  à  lui  donner  la  Loi.  LaClauiê  de  la  Capitulation,  je  veux  dire, 
la  Retraite  des  Mofcovites,  ne  laiffe  aucun  doute  à  l'elprit  pdnr  té  déterminer 
fur  l'un  de  ces  deux  points:  mais,  que  deviendrait  nôtre  Auteur?  Le  taxerions- 
nous  d'Impofture  ?  Il  y  auroir  de  la  dureté.  Il  fera  plus  humain  de  trouver  un 
biais  pour  concilier  fon  opolîtion  formelle.  Oui ,  il  faut  rendre  juftice  ,  à 
tout  le  monde:  les  Mofcovites  font  d'une  rare  valeur,  Se  les  Suédois  font 
d'une  habileté  toute  neuve;  ceux  là  fe  battent  en  gens  de  cœur,  ceux-ci  né- 
gocient avec  une  adrcilé  mervcilleufe  ;  les  Mofcovites  reduifent  l'Ennemi  à 
demander  grâce,  Se  les  Suédois  terraffez  perfiîadcnt  à  leur  Ennemi  de  s'enfuir. 
C'eft  ainfi  que  le  mérite  eil  partagé,  Se  qu'une  feule  Nation  n'a  pas  toutes 
les  belles  qualitez.  Dans  le  ferieux  ,  l'Evénement  eft  bizare ,  Se  l'Hiftoire 
n'aura  jamais  d'Epoque  plus  curieufej  les  Affiégez  battent  la  Chamade ,  Se 

les 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.  283 

les  Afïïégeans  fe  rendent  à  difcretion.    Nôtre  homme  eft  verfé  dans  l'Intrigue:    1701. 

le  tour,   l'épifode,  &  l'incident  ne  lui  manquent  pas;  mais,  le  denoûment  * 

n'eft  pas  fon  fait,  il  n'y  eft  pas  heureux. 

Plus  j'avance  dans  ma  matière,  moins  je  croi  que  l'Ambalfadeur  de  Mofcovie 
eft  Auteur  de  la  Pièce  dont  je  vous  fais  la  difcuflîon.  Je  me  fouviens  que  ce 
Miniftre  aprit  au  Public  dans  fon  Mémoire  du  27.  Janvier  que  la  rigueur  de  la 
faifon  avoit  contraint  les  Mofcovites  à  lever  le  Siège  de  Narva.  Aujourd'hui, 
ces  Troupes  fe  font  retirées  par  Capitulation.  Je  conclus  de  là ,  que  ce  n'eft 
pas  la  même  plume  qui  écrit  j  6c  il  me  femble  qu'un  Ambafîadeur  doit  être 
aufiî  uniforme  dans  fa  parole,  que  fon  Caractère  eft  facré.  L'on  ne  pardonne 
point  le  dédit  à  ces  Tètes  illuftresj  6c  fi  on  leur  faifoit  grâce  de  la  mauvailè 
foi,  l'on  fe  riroit  au  moins  de  leur  légèreté.  Autre  preuve  trés-juftificative 
pour  le  Miniftre  de  Mofcovie  :  c'eft  la  Rupture  de  la  Capitulation  par  les  Sué- 
dois. Ce  point  eft  ineftimablej  6c,  avec  toute  vôtre  pénétration,  montrez-y 
moi ,  fi  vous  pouvez ,  un  grain  de  bon  fens.  Les  Suédois  étoient  à  l'extré- 
mité -,  encore  un  refus  au  troifiéme Trompette,  6c  cette  pauvre  Armée  n'étoit 
plus  qu'un  tas  de  morts  èc  de  prifonniers  :  on  a  pitié  de  leur  trifte  fituation,  6c 
pour  leur  faire  réparation  d'honneur  de  les  avoir  fi  maltraitez,  on  leur  fait  pre- 
îênt  de  la  Victoire,  6c  l'on  s'engage  d'abandonner  la  partie.  Lors  qu'on  ne 
jenfe  à  rien  qu'à  fe  retirer  paifiblement ,  -6c  en  Guerriers  qui  fçavent  meprifer 
a  fauffe  gloire  de  vaincre;  les  Suédois,  ces  Monftres  d'ingratitude,  rompent 
;  eur  parole  par  une  perfidie  exécrable ,  ils  fe  jettent  comme  des  Loups  fur 
leurs  Bien-faiteurs ,  arrachent  les  Armes,  fe  faififlènt  des  Généraux,  6c  pil- 
lent tout  ce  qui  étoit  au  Camp.  Ce  font,  Monfieur,  de  terribles  gens,  que 
ces  Suédois.  S'ils  ne  font  pas  de  bonne  foi,  ils  font  d'une  étrange  fatigue: 
pour  moi,  j'admire  comment  ils  peuvent  y  fournir.  Souvenez -vous  qu'ils  ont 
fait  une  violente  marche,  6c  que  depuis  le  tems  qu'ils  jeûnent,  leurs  entrailles 
doivent  crier  fiimine:  n'oubliez  pas  non  plus,  qu'ils  ont  été  dans  le  lac,  enfer- 
mez à  ne  pouvoir  échaper,  6c  confequemment  que  leurs  Ennemis  étoient 
beaucoup  plus  forts  qu'eux  ;  enfin,  l'on  vient  faigner  cette  Armée,  6c  la  fai- 
gnée  a  été  fi  copieufe  qu'elle  a  dit,  laijfez-moi,  je  n'en  pais  plus.  A-t-elle  un 
moment  de  relâche?  la  voilà  plus  furieufe  6c  plus  indomtable  que  jamais y  elle 
tue,  elle  mairàcre,  elle  s'aproprie  tout  ce  qu'elle  rencontre,  6c  vous  diriez 
que  ces  Troupes  fortent  tout  fraîchement  d'un  bon  quartier  d'hyver.  Je  n'en- 
treprendrai point  de  réfuter  cette  calomnie,  j'aurais  honte  de  le  faire,  6c  il 
me  fc-rnble  que  ce  feroit  prodiguer  la  raifon.  Vous  avez  lu  toutes  les  Relations 
du  Combat,  vous  en  avez  vu  de  perfonnes  defmtereffées,  y  avez- vous  trouvé 
la  moindre  trace  d'une  infidélité  fi  barbare?  Mais  l'Auteur  du  Mémoire  croit 
fon  crédit  bien  établi  dans  le  monde,  il  ne  tient  qu'à  diffamer  un  Grand  Roi 
6c  toute  une  Nation  fans  fournir  les  preuves  neceffaires  pour  perfuader.  La 
chofe  méritoit  bien  qu'on  fe  precautionnât  de  quelques  Lettres  inconteftables, 
ou  qu'on  produisît  une  Copie  bien  fignée  de  cette  prétendue  Capitulation. 
11  eft  rejouïfTant  de  voir  un  Moicovite  en  Pais  étranger  propolèr  gravement 
les  productions  de  fa  cervelle,  6c  vouloir  que  l'on  compte  defius  comme  fur 
l'Evangile.  Cet  inconnu  ne  pouvoit  nier  que  le  Roi  de  Suéde  s'étoit  rendu 
Maître  du  Camp  des  Mofcovites  6c  de  tcut  leur  Butin;  le  Public  en  étoit  in- 

ftruit 


C70I 


2S4      MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

ftruit  à  n'en  pouvoir  jamais  être  deperfuadé.  Que  fait  il  ?  Il  noircit  la  réputa- 
"  tion  d'un  jeune  Se  admirable"  Conquérant,  Se  il  foûtient  inconfiderement,  que 
ce  Prince  n'eft  victorieux  qu'à  caufe  qu'il  avoit  manqué  de  parole.  Si  l'on  a- 
voit  attibué  aux  Mofcovites  ce  que  le  Mmiitre  attribue  aux  Suédois,  peut- 
être  le  Public  n'en  feroit-il  point  diiconvenu.  Il  peut  bien  être  que  les  Mof- 
covites, en  fuïant,Se  defarmez, auront  efliivé  le  reiiéntiment  des  habitarrs  de  la 
Campagne  :  je  ne  doute  point  que  les  Païtans  n'en  aient  égorgé  tout  autant 
qu'ils  ont  pu  -,  mais,  ils  ne  doivent  s'en  prendre  qu'à  eux-mêmes.  Pourquoi  ont- 
ils  fatisfait  les  premiers  leur  rage  Se  leur  fureur  fur  ces  miferables  innocens  ? 
Tous  les  hommes  ne  font  pas  fi  généreux  qu'ils  le  font,  tous  ne  fuyent  pas 
devant  un  ennemi  qui  demande  grâce  ;  mais,  ces  meurtres  ne  fe  font  pas  faits 
par  ordre  du  Roi  de  Suéde.  Ce  Prince  eft  encore  plus  humain  qu'il  n'eft  vail- 
lant, 8c  il  n'aime  à  verfer  le  fang,  que  dans  une  occafion  légitime. 

Mais,  pendant  que  j'en  fuis  à  la  fuite  des  Mofcovites,  prenez  garde,,  Mon- 
iteur, que  l'Auteur  du  fécond  Mémoire  ne  Fait  point  mention  de  ce  Pont  qui 
fut  rompu  par  la  pefanteur  des  fuïards ,  &  qui  fît  périr  dans  les  eaux  un  fi 
grand  nombre  de  ces  Soldats  pourfuivis.  L'omiiîîon  eft  prudente}  car,  com- 
ment raporter  cet  accident ,  fans  inculquer  en  même  tems  que  les  Mofco- 
vites étoient  dans  la  dernière  confternation ,  6c  que  leur  Retraite  étoit  une  dé- 
route'dans  toutes  les  formes.  L'Auteur  renvoyé  donc  Meilleurs  les  Etats  Géné- 
raux au  Mémoire  du  Zf.  Janvier,  qui  porte  que  le  Czar  n'avoit  perdu  que 
3000.  hommes.  La  brèche  étoit  bien  étroite  à  une  Armée  fi  nombreufe,  pour 
quitter  le  Combat  fie  la  Place:  qu'eft-ce  que  c'eft  que  trois  mille  têtes  de  moins 
dans  une  Armée  Mofcovite?  Comme  trois  mouches  dans  un  efiàin.  Eft-il  pof- 
fible  qu'on  lève  un  Siège,  qu'on  rende  les  Armes, qu'on  abandonne  l'Artilerie 
fie  le  Bagage,  pour  fi  peu  de  chofe?  Cela  fent  bien  la  Contradiction.  Mais,  ne 
m'aviez-vous  pas  dit,  Monfieur,  que  les  Miniftres  étrangers  à  Mofcou  a- 
voient  mandé  que  le  Czar  confefîbit  avoir  perdu  environ  6000.  hommes ,  Se 
qu'il  avoit  ordonné  à  fon  AmbafTadeur  à  la  Haïe  d'en  convenir?  Ce  Miniftre 
ne  l'a  pourtant  point  fait,  Se  il  a  mieux  aimé  defobéïr,  que  d'affoiblir  les  for- 
ces de  fon  Maître. 

La  Relation  finilîant  là,  il  ne  me  refte  plus  que  d'examiner  les  Propofitions 
faites  à  Meflîeurs  les  Etats  Généraux.  L'Auteur  trouve  mauvais  que  l'Ambaf- 
fadeur  de  Suéde  demande  du  fecours  pour  le  Roi  fon  Maître,  en  vertu  des  Al- 
liances contractées  ;  mais,  il  ne  lui  plaît  pas  d'en  alléguer  la  raifon.  C'eft  à  ces 
Souverains  à  la  pénétrer,  ou  à  recevoir  aveuglement  fon  Avis:  peut-être  eft-il 
du  fentiment , que  l'obfervation  des  Traitez  eft  arbitraire,  fie  que  fi  l'intérêt  les 
forme,  le  caprice  a  droit  de  les  détruire.  C'eft  la  Politique  de  fon  Pais,  fie  il 
ne  fcioit  pas  étonnant  qu'il,  la  fuivit.  Il  eft  vrai  que  nôtre  homme  recule  Se 
fe  met  en  état  de  parer  la  botte,  en  fe  raportant  aux  anciennes  Liaifons  que 
Meflîeurs  les  Etats  Généraux  ont  avec  la  Molcovie  :  mais,  le  coup  n'en  porte- 
ra pas  moins  >  car ,  j'ai  déjà  eu  l'honneur  de  vous  dire ,  que  cette  Republique , 
n'aïant  jamais  traité  avec  le  Czar  pour  une  defenfe  mutuelle,  ne  peut  fe  dif- 
penfer  de  fatisfaire  aux  obligations  qu'Elle  a  contractées  avec  un  Prince  qui  fe- 
rait lui-même  dans  le  devoir  de  la  fecourir  fi  elle  étoit  attaquée.  L'Auteur  du 
Mémoire  ne  peniè  pas  qu'en  matière  de  fidélité  conventionnelle,  le  plus  em- 
porte 


ET    RESOLUTIONS    D'ETAT.         i8f 

porte  le  moins,  6c  le  fort  prévaut  fur  le  foible.  Nous  nous  fommes  promis  170  *• 
de  veiller  réciproquement  à  la  confervation  de  nos  biens  ;  je  dois  le  faire  :  mais,  — — 
vous  attaquez  un  Ami  avec  qui  j'ai  traité  pour  affurer  ma  liberté,  ma  perfon- 
ne,  ma  vie  ;  je  dois  rompre  avec  vous,  pour  courir  à  fa  défenfe.  Eft-il  jufte, 
comme  le  Mémoire  femble  vouloir  l'infinuer,  que  Meffieurs  les  Etats  Géné- 
raux manquent  à  la  fci  qu'ils  ont  donnée  à  la  Suéde,  &  fe  privent  par  là  du 
fecours  de  cette  Couronne  fins  aucun  autre  motif  que  celui  d'une  complaifan- 
ce  pour  le  Czar,  &  pour  conferver  l'honneur  de  fes  bonnes  grâces? 

Touchant  la  liberté  du  Commerce  &  le  tranfportdes  Marchandifes  de  Con- 
trebande, l'Auteur  eft  un  fort  honnête  homme  fur  cet  Article-là:  car,  il  s'en 
raporte  au  Droit  des  Gens,  le  fondement  de  la  Société,  &  le  lien  de  l'Equité  pu- 
blique j  mais,  il  a  le  malheur  de  n'être  pas  profond  dans  la  matière.  Qu'il  pren- 
ne là-deffus  de  bonnes  Leçons,  qu'il  fe  faffe  inftruire  de  l'ufage  des  Contreban- 
des en  tems  de  Guerre}  mais,  qu'il  life  fur-tout  le  Traité  de  Commerce  paffé 
en  167p.  entre  la  Suéde  &  les  Etats  Généraux  :  il  aura  des  lumières  plus  pu- 
res, j'en  fuis  fur i  &  il  fera  forcé  de  confeffer  l'injuftice  de  fa  Demande,  &  les 
très-juftes  fondemens  de  celle  du  Roi  de  Suéde. 

Pour  rendre  cette  dernière  Négociation  efficace ,  le  Miniftre  mafqué  a  pris 
un  détour:  il  s'eft  avifé, 'finement  de  demander  à  Meffieurs  les  Etats  Généraux 
que  la  chofe  demeurât  fufpenduë  jufqu'à  ce  que  ces  Souverains  aient  pris  leur 
parti  touchant  la  Médiation  qu'ils  ont  offerte  au  Czar ,  &  que  ce  Prince  a 
acceptée.  Mais ,  qu'entend  le  Mofcovite  par  cette  Médiation  ?  Vous  ne  m'en 
avez  jamais  parlé,  Monfieur:  m'en  auriez  vous  fait  un  miftere?  J'ai  bien  fû 
que  Meffieurs  les  Etats  Généraux  s'étoient  offerts  pour  prévenir  la  Rupture  en- 
tre le  Roi  de  Suéde  &  le  Czar,  lors  que  l'Ambaffadeur  de  Mofcovie  a  la  Haïe 
produifit  un  Mémoire  de  Griefs  ridicules,  contre  le  Gouverneur  deLivonie, 
dont  il  demanda  fatisfaétion  au  Roi  de  Suéde.  Il  ne  m'eft  pas  nouveau  non 
plus,  que  le  Czar  prévint  le  bon  Office  de  Meffieurs  les  Etats  en  rompant  la 
Paix  avant  que  d'avoir  reçu  Reponfe.  Vous-même,  à  qui  j'ai  l'honneur  d'écrire, 
il  ne  vous  feroit  pas  échapé  de  la  mémoire ,  que  le  Roi  de  Suéde  étoit  prêt  de 
Elire  pefer  ces  Plaintes  à  la  balance  de  la  juftiçe',  s' offrant  à  toutes  les  fatisfac- 
tions  raifonnablcs ,  &c  ordonnant  à  fon  Ambaffadeurà  la  Haïe  d'affurer  Mef- 
fieurs les  Etats  qu'il  s'en  raportoit  à  leur  Arbitrage  ou  à  leur  Médiation.  Mais , 
cette  offre  des  Etats  Généraux  n'eft  plus  de  mifej  c'eft  un  fruit  hors  de  faifon. 
Il  étoit  queftion  alors  de  conjurer  l'orage  ;  il  s'agit  à  prefent  de  le  calmer:  on 
vouloit  empêcher  que  la  Guerre  ne  s'allumât  ;  St  il  faut  penfer  à  l'éteindre.  Je 
ne  veux  point  fouiller  dans  le  cœur  du  Roi  de  Suéde  ;  c'eft  un  endroit  fàcfé 
pour  moi,  ôc  dont  l'entrée  m'eft  défendue.  Je  ne  fuis  point  de  fon  fècret}inais, 
à  juger  de  fes  intentions  par  fon  intérêt  &  par  fes  fentimens,  qui  font  toujours 
Chrétiens,  ce  Prince  ne  s'éloignera  jamais  d'une  Paix  jufte  &  raifonnable.  Il 
eft  auffi  bon  que  vaillant  5  6c  il  n'aime  pas  moins  les  hommes ,  qu'il  eft  digne 
de  les  gouverner.  Je  croi  bien  auffi  qu'il  aura  toujours  beaucoup  d'égard  pour 
Meffieurs  les  Etats  ;  mais,  je  ne  puis  m'imaginer  qu'il  veuille  changer  en  Mé- 
diation le  Secours  qu'il  attend  d'eux  par  le  Droit  d'Alliance:  du  moins,  cela 
ne  me  paroît-il  pas  de  fon  véritable  intérêt. 

Voilà,  Monfieur,  tout  ce  que  vous  aurez  de  moi  fur  le  Mémoire)  ne  vous 

ÏÏom.  I.     ~  Ll  plaignez 


i8<$     MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

170 1.    pbignez  point  que  je  l'»i  épargne  en  pluficurs  endroits:  je  vous  ai  donné  tout 

mon  loifirj  &  quel  tems  ne  în'auroit-il  point  fallu,  pour  vous  dire  tout  ce  que 

j'en  penfe.  Je  ne  fçai  s'il  en:  vrai  ou  faux  ,  c'eit  de  quoi  je  me  mets  pas  en  pei- 
ne; mais,  j'ai  voulu  fatisfaire  à  vôtre  volonté  par  cet  ordinaire,  puis  que  je 
parts  demain  fans  fçavoir  quand  je  ferai  de  retour.    Je  fuis. 

Monsieur, 

Vôtre  6cc. 

A  Bruxelles  le  2$. 
Février  170 1. 

Ce  qui  augmenta  la  rifée,  fut  que  l'Ambafîadeur  de  Mofcovie  avoit  offert 
au  Comte  de  Biiord  d'établir  le  Commerce  en  France  après  la  prife  de  Narva, 
&  cela  par  ordre  du  Czar.  Le  même  Ambafladeur  Lillienrooth  fit  aufïï  im- 
primer deux  Pièces ,  pour  distribuer  tant  aux  Etats  Généraux  qu'aux  Mini- 
lires  Etrangers ,  8c  à  (es  autres  Amis.  L'une  de  ces  Pièces  fervoit  deReponfe  à 
la  publication  d'un  Ecrit  du  Général  Flemming,  lors  qu'il  envahit  laLivonie 
avec  les  Troupes  Saxonnes.  L'autre  étoit  en  Reponfe  au  Manifefte  du  Roi 
de  Pologne  même.  Comme  ces  deux  Pièces  font  fort  bien  écrites ,  &  (qu'el- 
les font  intereîîantcs ,  on  a  jugé  à  propos  de  ne  pas  en  frultrer  le  Public.  C'eit 
pourquoi  on  les  donne  ici. 

Examen  Ç\Uam  confiliorum  viam  baïïenus  inflitifj'ent  Suionum  reges,  quiqus  eorum  fui ffet 
Caufa-  «^^  animas  in  co^ifervanda  orbis  Chrifliani  tranquillitate ,  non  Mis ,  qui  publica 
Copia-"  êettt'!im  acla  examinart '.penitius  folent ,  obfcurum  ejfe  confido;  neque  eorum  quem- 
mm  quant  tam  injuflum  fore  rerurn  œfîimatorem  ,  ut,  fecum  reput  ans  infignem  iftorum 
Saxoni-  opérant  in  reftinguendà  atrocijfimo  illo,  quo  Europa  nuper  flagrab'at  ,bello  %tum  con- 
caruin  ,  fianter  cultant  cum  vicinis pàpulis  pacem  ac  amicitiamteos  libidine  vexandi  aliosar- 
canrar  fiffe  dixerit^  aut  infolentioris  facli ,  novas  belli  jl animas  excitât  uri,  arguent.  Qui 
Dux  im>  imper  defuntlus  efi,  rex  longiori  vità  utique  diguïffimiu ,  cum  fuperiori  beilo  tôt 
prôviias  wuftiata  virtutis  documenta  dediffet3  ut  rei  militaris  gloriâ  facile  omnes  fiue  œta- 
j  |1'  •  fis  a.iteceUere  judïcaretur  :  adeo  tamen  à  profundendo  hr.mano  fauguine  abhorruit , 
Livo-  ut  iaceffitus  quortwdam  injùriis,  invitante  epportuniïate  fummâ\  quee  vicloriam 
niamlr-  ac  fucceffus  polliceri  videbatur  uberrivios ■-,  pacem  tantum  non  injujlam  juftifimo 
pni  p;\ifeïret  bello  ;  rj?  magna  animi  modérât  10m  contr/>verfias ,  qus  forte  fubnajc e- 
piae  exe-  fral,tur  ^  rationum  pondère,  quant  gladiortwi  acte  difeeptare  mollet.  Haufit  hoc 
rifque  quoque  ex  indole  divi  parent 'is  ,  qui  hodie  rerurn  potitur  ,  filius  augufliffn.us , 
i-  ut  pacem  illacejjïtus  nutrire  frnniter  'fibi  in  animinû  induxerit  :  G?  ficut  au- 
re  fpeia  habitit  Iceiifima,  conciliât  a  inter  principes  Chrifiianos  pace  ac  concordiâ, 
adeoque  tant  mcmorabilï  faclo  regni  fui  primordia  nobilitavit  -,  ita  nihil  habitit 
antiquius,  quant  illorum,  quibufeum  vêtus  regno  fuo  conjttntfio  eràt  ac  necefi;tu~ 
do,  amicitiam fibi pignerari ,  &?  ,  quantum  v.ileret ,  fumma  ope  an.dfi  ,  ut  a- 
lendis  funultatibus  ornais  materia  prtecideretur.  In  regem  aui'em  ,  regnttmque 
Polonr.e,  eo  propenfiori Jtudio  ferebatur ,  qnod  magna  cum  topailorum  obligatio 
tfi'-t,  C5?,  exfijritïa  Jtirpe  r..fœorum,  fimul  omnis  ;:::v'!;vrim  caufa ,  qua  utra- 
qùe  gens  aïiquando  çollidibalur  ,  fublata  at'jue  funditus  exftirpatit    videretnr. 

Proin- 


1  1  iiur. 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.  z% 

Proinde  nullum  officiorum  gcnus  omiffum  efi,  quod  ad  benevolentiam  tcflandam,  ijoi. 
fidenique  fincerà  vicinitatis  corroborandam  conducere  exiflimaretur  :  neque  rttr-  ■■■ 
fus  pat  rat  um  quidquam ,  quod  régis  reipublicœque  Polonorum  offenfioncm  provoca- 
re,  in:ilto  minus  paccm  Olivenfem,  tant  folennttèt  fancitam,  tam  luculentis  legi- 
bus  comprehenfam ,  tanta  deniqne  fponforum  aucloritate  muuitam  j  labcfaccre  pau- 
lim  ,  6?  omnmo  convellere  idoneum  effet.  Non  potuit  igitur  non  magno  animo- 
.r uni  mot u  accipi,  ab  ifto  latcre,  unie  pacata -omnia  13  arnica  fpjrabantur ,  ptb- 
dok  ac  improvifo  in  Livoniam  irrupiffe  exercitum ,  &? ,  oppreffts  armât  a  manu  li- 
mitant cuftodiis,  munimenta  ac  caftella  vi  aut  ajltt  occupa  fe,  Rigamjtie ,  totius 
fegknis  caput ,  eo  neceffitatis çompulijfe ,  ut  ad  arcendani  ab  rp/is  vi.enibm  "vim  ac 
impetum,  fuburbana  eiegantiffima ,  qu£  ingenti  fumtu  ad  tîfitm  aï  que  amœnita- 
tem  exjlruéla  erant,  fubjeclo  igné,  deureret  :  fpe  vero  capiendœ  per  infidias  urbis 
depulfum,  àgrvs  faro  fiammaque  Life  pervafiajfe\  foiicitatis  ad  rebèïïioriem  ne 
perfidiam  incolis  ,  £j?  cœfis  ,  aut  abduclis  ,  quos  m  fide  permànfuros  appnrc'j.u. 
Etcnirn  eu  m  de  bac  incurfwhe  rumor  aliquis  Holmia  émanant,  initia  plerifqne  ab 
iis  ficlus  credebatur ,  qui  confilia  Suionum  libenter  voluiff'ent  difturbata  :  fed  cum 
certi  nuncii  adferrent  ab  ifiis  copiis,  quœ  Saxonum  adpellatione  in  Lithuahia  ali- 
quandiu  oberraverant ,  provinciam  hofiiliter  diripi,  y  nihil  non  exerceri,  quod 
immaniffimi  belli  fpeciem  referret  ;  adhuc  tamen  ignombatur ,  ctijus  aufpicio  tam 
atrox  fâcinus  fufeeptum  effet.  Neque  enim  à  parte  régis ,  aut  fier eni film œ  reipubli- 
cœ  Polonorum ,  ulla  expoflulatio ,  aut  querela ,  excepta  efi ,  quœ  lèvent  frigoris , 
nèdum  belli  prœberet  fufipicionem.  ghios ,  fi  cunbla  illius ,  quod  à  pacificatione 
Olivenfi  ad  noftram  ufque  memoriam  pat  et ,  temporis  acla  recognofeat ,  fi  fiolici- 
îe  etiam  excutiant  omnes  latebras,  unde  in  bellum  prurientibus  prœtextus  fiole  nt 
depromi ,  nullam  apud  Suiones  infrablœ  ifiius  pacis  culpam  exjlare ,  haud  œgre  , 
qua  funt  animi  magnitudine  ac  œquitate,  confie  (Juros  effe  crediderim.  Ccrte  ob- 
fuiffe  reipublicœ  Polonorum  incréments  Suiones,  aut  temporibus  infidiatos  effe, 
ut  dubia  eorum  fortùnâ  ad  quœ  du  s  &?  compendium  uterentur ,  nunquam  reperient  : 
quin  potins  affliclis  eorundem  rébus  bond  fide  indoluiffe ,  atque  amicœ  gentis  incolu- 
mitatem ,  haud  aliter  ac  fuam ,  cordi  habuijfe ,  ex  multis  £s?  non  obfcuris  docu- 
ment is  intelligent.  Ita  enim  fiemper  judicarunt  ,  bocque  per fuafiffimum  fibi  ha- 
buerunt  Suiones  ,  expedire  utrifque  quant  conjuntliffïme  "oi-vere  ,  omnïâque  confi- 
lia fiua  ad  muiuam  defienfionem  utilitatemque  confiociare ,  quod  ea  utriufque  regni 
c'ortditîo  fit ,  ut,  propter  vicinorum  potentiam,  unius  fecuritati  minus  bene  lit  pro- 
fpeclum,  cum  alterius  falus  in  di/crimen  vocetur.  Et  quanquam  exiffimare  potu- 
crant  Succi,  non  parum  fua  intereffe ,  quis  tam  va/idœ  ac  vicinœ  nationis  gubema- 
culum  capefferet;  nunquam  tamen  fas  putarunt  alienis  fefe  curis  immifeere ,  lit  in' 
regibus  ehgendis  Polonorum  animas  ad  eam  partem  ,  quant  fibi  credidiffent  fore 
proficuam,  fitafu  ac  chortatioue  impellerent  j  neque  ut  id  facerent ,  ambientium 
precibus ,  (3  lautis  quant umvis  conditionibus  adduci  poterant.  Idque  cum  aliàs , . 
tum  nt'pcr  incorrupta  fide  prœflitum  effe  non  gravât e  ipfi  meminerint ,  cum,  feiffîs 
in  contraria  ordinum  ftudiis  ,  neutri  [e  faclioni  affociaff'ent ,  fed,  ut  tllibata  atque 
intégra  fiaret  fuffragiorum  libertas,  ornni  ope  .atque  voto  contendiffent.  Quod  fi 
hune  animum  in  rempublicam  gejfiffent  Sueciœ  reges ,  fi  ipfi  quoque  Poloni  non 
pauca  mutuœ  benevolenîiœ p'rgmra  exbibuiffent ,  quis  eorum  régna  non  flabili  ami- 

Ll  z  citid 


z88      MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

1701.  citiâ  congluîinata  cjfe  fperaret   aut  infeflam  ab  ea  parte  viciniam  me  tuer  et?  Sed, 
■         titi  par  ejl ,  crcdimus  perfijlere  in  antiqua  fide  ac  benevolentiâ  Sercniffimam  Polo- 
norum  rempublicam  t  atque  ignaram  ,  expertemque  fuijfe  omnium ,  qua  nequiter 
ac  perfidiofe  in  Livonià  fatlafunt  :  at  vero  ipfum  rcgem  qua  res  tant  opère  à  Suio- 
num  amicitiâ  alienavit ,  quaque  injuriarum  fpecies  ad  tantam  violentiam  incitavit  ? 
Niji  forte  ex  fereniffïma  domo ,  unde  oriundus ,  concept um  in  Suiones  ocliv.m  in 
regnum  remque  publicam  Polonorum  introduxerat.  '  Atqui  vêtus  cum  illa  domo 
Sueciœ  nccejfitudo  intercejferat ,  cum  multas  ob  rationes ,  tum  fœdcris  Vejîpbalici 
catifâ  ,  quam  non  interruptis  officiis  invicem  excuit am  cjfe  atque  fiabilitam,  neque 
tanti  temporis  trailu  unquam  rcfrixijfe,  confiât.     Scd  cum  Polonorum  diadema 
ambiret ,  indignationem  ejus  in  Je  converterant.     Si  ad  eleclioncm  régis  parum  0- 
pera  contuliJJ'ent  Suiones,  an  pr  opter  ea  obfiitiffe  dicendi  fùtitî  quod  ab  ejufinoSi 
confiliis,  qua  comitiorum  libertatem  tollcrmt ,  vel  labefaclareut ,  quam  longiffi- 
me  fe  removcre  ftatuifjent  :  turbis  vero,  qu<s  eletlionem  infecutae  funt,  fefe  im- 
merger e  ad  pervicaciam  alterutrius  fcilae  alcndam,  cumjam  fumma  rcrum  effet 
confufio,  non  fus,  aut  utile ,  judicaffent.     Regnum  aut  cm  adeptû  tant um  abc fi , 
ut  ullum  honorern^  qui  régi  atque  amico  haben ifolet ,  ipfi  denegaverir.t ,  ut,  miff'o 
legato  ,   tantos  fortune  auclus  gratuïati  fint ,  benevolentiamquè  omnem  prolixius 
detulerint.     Qua  gratiffima  fibi  fuifje  non  ipfe  diffimulav.t ,  cum  fupcriori  aflate 
Galetfcium,  è  fcnatorio  ordine,  in  Sueciam  abkgaff'et.     Qnin  tum  per  eunden: , 
£s?  poflea  cum  legato  régis  Sueciœ ,  Vellingio ,  qui  ad  aulam  ejus  commorabatur , 
de  artliori  cum  Suecis  fœdere  ineundo  quod  ad  utriufque  partis  fecuritatem  &  or- 
namentum  fpeclaret,   ageré    non  dubiîavit,    ejufque  conditions  fcripto  compre- 
henfas  in  Sueciam  tranfmifit  :  ut  hoc  velut  certijjimo  argumento  illorum  inmcen- 
îia  illuflraretur  ;  alterius  vero  partis  perfidia ,  quam  jam  tum  altijjlme  animis  defi- 
xam  habebat ,  deteflabilior  omnibus  redderetur.     £)uamvis  autem  ipfam  Polono- 
rum rempublicam  hoc  f céder  e,  quo  excludebatur,  complet! i  ftmul  Rex  Suecia  pra- 
optajfet  j  non  tamen  cum  rege ,  tanquam  Eleclorc  Saxonne ,  fi.  in  fententiâ  perfli- 
tiffet  ,  propiori  focietatis  vinculo  jungi  recufavit.     Verum ,   ut  mgx  compertum 
ejl ,  non  id  tum  agebatur.    Hacfcilicct  plus  quam  Punica  verfutià'  Suionum  ani- 
mas ab  immanitate  confilii ,    quod  jam  fecreto  coqucbatur y  averteré   vifum  ejl , 
v.t  incautos,  £5?  valut  Sirenum  cantufopitos,  mox  elideret ,  &  ubcriorem  fraudis 
mercedem  nancifceretur.    Interea  non  hoc  fe  fine  injuria  continet:  adhibentur  alite 
artes ,  nefcio  an  magis  décora.     Quo  enim  Suecicum  nomen  mag'ts  foret  invifum , 
énque  gravius  apud  alios  principes  odium  venir  et,  in  aulâ  Cafarca,  per  Miniflros 
vecordes  ac  impudentes,  tradebatur,  cum  regibus  Gallia  &?  Polonia  fadus  adver- 
'  fus  domum  Auflriacam  Suiones  quarere  :  apud  Chrijlianiffïmum  regcm  ,  ecfdcm 
cum  Cafare  £s?  rege  fuo  contra  ipfum  confilia  infefta  communicaffe .,    Quamquam 
hac  calumnia  falfiffima  deprchenfa  efl ,  6?  ipfa  vcritate  duduni  difcuffa  :  varium 
tamen  aula  iftius  genium,  &  ad  fraudes  acutum,  fatis  manifcftabit.  Seâ  remiffi- 
us  paulo  loquamur  :  reverentius  etiam  fentiamus  de  eo,  qui  fantliffimum  in  taris 
nomen  gcrit ,  &  fummo  rerum  humanarum  apici  impofitus  efl  :  quaramus ,  fi  fié- 
ri  poffit ,   qualemcunque  colorent  tant  a  turpitudini  obtcgenda.     Neque  enim  cre- 
dibile  efl ,  tam  dégénères  dolos  in  iftam  animi  celfitudinem  cadere  potuiffe ,  ut, 
ruptQ  humana  focietatis  vinculo  ,  atque  amicis  &  innoxiis  per  fummum  nefas  & 

cxecran- 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.  i8p 

execrandam  cultioribus  populis  perfdiam,  deceptis,  maculant ,  nul! a  œtate  eJuen~  I70ï' 
dam,  famés  fu£  inurere  voluer  it.  Sujpicemur  non  juftam  rcgi  Poloniœ  defuiffe  — — — 
caufam  invadendi  Suîonum  provinciam ,  ut ,  _yî  nonfuas,  fociorum  tamen  injurias 
ulcifceretur.  Hic  vero  primum /cire  velim ,  j«cw  ejus  fœderatorum  Suiones  vio- 
laver ant,  ut  contra  hos  tam  fanclam  ilii  operam  ferret?  Cura  nullo  vicihorum  iftis 
inimicitite,  nedum  bellum  eft  :  controvcrfia,  qua  cum  aliquo  forte  orta  efi  ,  ut 
arnica  ratione  cornponatur ,  nondum  fpcs  omnis  decollavit.  Infolens  autem  &? 
inaudit um  ejl,  fœderatos  bclïum  inchoare:  quiefcere  ipfum ,  qui  ab  illis  auxilium 
Jiipulatus  eft.  Ut  caufam  fociam  promovcas  ,  ut pertinaciam  advcrfarii  frangas , 
aquafque  conditiones  refpuentem  vi  adigas  ,  liceat  in  promtu  habere ,  liceat  often- 
tare  arma:  inferre  ea,  cumfocium  nondum  alter  lacejf.it ,  &?  quamdiu  conciliatio- 
vi  locus  eft ,  prapofterum  habetur  &  rationi  adverfum.  Qnamquam  cur  eo  labi- 
mur,  ut  tégument  um  huicflagitio  quceramus  ?  Cum  neque  banc,  ne  que  ullam  om- 
nino  caufam  inceptis  fuis  prœtexere  eatenus  voluit ,  ut ,  quod  nefarie  ab  eo  fufcep- 
tum  erat,  bellum  faltem  ,  non  latrocinium  dici  pofj'et.  Securus  famœ  ,  fecurus 
odii ,  quod  ob  inauditam  perfidiam  apud  Deum  homincfque  incurreret ,  pergit , 
quo  effrenata  eum  rapiebat  cupiditas ,  & ,  ne  denunciato  quidem  bello ,  cujus  fufci- 
piendi  caufam  non  habuit,  cohortes  domi  omni  flagitio  imbutas,  adque  cœdcs  ac 
rapinas  jam  longo  ufu  exercitatas ,  in  provinciam  jujlis  prœfidiis  nudam,  & ,  ut  in 
fumma pace ,  nullius  malt  timentem,  fubito  effudit,  ut,  quant  va/lit atem  fuis  in 
regionibus  fecerat ,  alienœ  pravinciœ  clade  &  exitio  reftingueret.  Et  ne  quid  ad 
' funnnam  indignitatis  deefjet ,  infâmes  aliquot ,  &?  propudiofi  homines,  in  focieta~ 
tem  tam  pr/eclara  expeditionis  adfumti  j  quorum  Anteftgnanus ,  Patkullus  quidam , 
proditore  pâtre  genitus ,  ut  gentilitium  dcclecus  novo  fcelere  propagaret ,  populares- 
fuos,  quod  &  antca  tent avérât ,  ad  rebellionem  concïtare  inferecepit.  Quis  ta- 
men credcret  in  hoc  latronum  grege  hune  folum  inventum  fuijfe,  cui  major  pauloy 
quam  reliquis,  fanas  cura  effet  "î  Sacerrimum  hoc  caput ,  quod  camificum  ma- 
tiibus,  &  debitis  ne.quiti.-e  fu£  pœnis,  fuga  qùondam  eripmt ,  ut  huic  mititia  non 
modicum  aliquando  de  eus  accéder  et ,  adeo  omnis  pudoris  fenfus  non  deftituit ,  ut , 
nef ar ils  Jicet  conatibus  titulum  al  quem  prœtexendum  efj'e  ,  infaniffima  etiam  men- 
te non  perfpiceret.  Hic  igitur  nebulo,  cujus  confilio  totum  hoc  negocium  ageba- 
turj  ïnvcnijfe  fe  rat  us,  ubi  illam  fuam  prœclaram  fapientiam  o fient  ar  et,  Paike- 
L'.m  fine  nationis  homincm ,  £5?  defertorem ,  qui  tune  copiis  hifee  prœerat  ,  impu- 
lit ,  ut,  miffïs  ad  illuflrifjïmum  fenatorem  {5?  comitem  Dahlbergium ,  qui  regioni 
ac  urbi  prxfidet ,  literis ,  primus  cmfam ,  ft  Diis  placet ,  aperiret.  Nimirum  ne 
du  bit  are  qui  s  poffet  de  juflitiâ  illius  belli,  quod  perduellis  promu  Igajfet j  tum  ut  hoc 
indicio  conflaret  ,  quos  viros  facramento  adailos  haberet  Rvt  Polonia ,  quorum 
duces  flagitiis  ignominiifque  confetli  &  cooperti  effent.  jfi  proditori  ac  rebelli  , 
qui  boneflatem  dudum  omnem  confumferat ,  tam  fur  lofa  in  mentem  veniffe  multis 
fortajfe  miruni  non  videbitur  :  comminifei  enim  tantifper  quœdam  nccejfum  ha- 
buit,  cum  ver  a  non  fuppeterent  :  Flemmingium  vero,  extrancum,  inconfulte  ac 
temere  iftius  démentis  accejfifje  intolerandum  nimis  eft,  &  fempiterno  probro  di- 
gniffimum.  Nam  in  caftra,  qua  in  Samogithiœ  oram  Lithuania  evomuerat ,  rê- 
ver fus,  cum  matura  jam  confiliis  fuis  cuncla  invenifjet ,  nugas  hafee,  infulfasU- 
cet  &f  ridiciilas  ,tanti  fecit ,  ut  non  modo  in  argument  um  nefarii  belli  (irriper  et  ,ve- 

Ll  3  rum: 

-      / 


ipo     MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

1 70 1 .     rum  £5?  typis  divulgari  permit  ter  et.     Invidijfe  adparet  alteri  invention';  s  gloriam  : 

fj?,  ut  palmam  prœfaltatori  fuo  dubiam  facerct ,  quœ  impuriffimo  cerebro  hic  pro- 

cuderat ,  non  mi  non  vecordiâ  projcminavil  ipfc  dux  fj?  caput.     Tant  us  flupor ,  an 
infania,  hune  hominem  ïjtvafit ,  ut  auderet  jperarc ,  quenquam  fore  tant  jlolidum , 
ai  crederet,  aut  tam  improbum,  ut  f admis  tetemmum,  &  cuntlis  feculis  defpucn- 
dim  ,  non  abominaretur  ;  neque  vident  ,  eo  latins  fœditatem  ejus  fp.irgi ,  quo 
Solicita  magis  dcfenfione  agit  et  ur.     ISon  contemtim  adeo  de  nofira  atate  judicari 
oportuit,  quee^  cum  ad  abfrufifîma  queeque  detegenda  fatis  ingeniofa  fit ,  ad  tam 
clara ,  &?  in  aperto  pofita ,  cœcv.trret  :  neque  tam  fterilis  cji  virtutum ,  ut  in  bac  îho- 
rurn  corruptelà,  non  plurima  pulcerrimaque  honeftatis  ci?  probitatis  nomina  profé- 
rât.    Itaque  if  lins  fatli  tnrpitudincm  fine  cliibio  perfpicicm t,  qui  jamftmï,  homi- 
nes,&  exfecrabuntur : pofteritas  etiam  inter  eminentiffîma  funimîe  perfidie  aever- 
fuh£  exempla,  .qua  nojlrum  feculum  infamarunt ,  allegabit  &  reponet.   Nec  ma-  ■ 
gis  affiner  et  vomicamjfaiu  jodere ,  cîijus  purjilentia  &  fpur  ci  ffima  finies  contem- 
plant htm  oculh f  fatis  pcllucet ,  ni  fi  effrom  adverfariorum  ma  lit  ta  eo  ufqu:  proceffe- 
rat,  ut  in  pravè  cœptis  honeftiorew  pertinaciam  judicaref,  quam  pœnitentiam  , 
fcelufque   rnanifcjliffimum   mentito  colore  inducere  fatageret  :  prorfus  quafi  non 
fuffecerit  viola  ffe  gentium  jura  ,    conculcaffc  (ancJifJînia  pacla  ,  adcoque  nefando 
fe  fiagitio  bbflrinxiffc ,  nifi ,  qiue  perfide  Jhut  patrata  ,  impudcnler  etiam  defen  'an- 
fur.    Atque  haclenm  opéra? pretium  fucrit ,  fœditatem  hujusrei,  fublato  vélo,  in 
adfpetlutn  hominum  lucemque  paulifper  exponere  ,    ne  fimpliciores  ,  quibus  ferles 
rerum  minus  ejl  perfpecla,  prafijgiis  horum  delttfi ,  Jequius  judicent :  tum  ut  intel- 
ligant  cuncli ,  quantum  fidei  iftis  hominibus  in  poflerum  fit  tri'ouendum,  qui,  con- 
.    temta  honefli  cura,  jus  fafque  omne  fia; poftponunt  hbiûini. 

Itaque ,  adttltà  jam  perfidiâ  ,   cum  f  admis,  qnod  cum  animo  fuo  flatutum 
atque  deliberatum  diu  babucrat ,  exfequi  plmuiffet  ,    caflra  ad  Janifcam  ,  non 
procul  limite  Curland'nc  fitam  ,   admota  funt.     Inde  ad  III.  Nonas  Febr.  miffa 
ad  prafeclnm  Livoniœ  Epiftolà  ,   arregantice  £f?  ftomachi  pkniffima  ,    indicat  : 
Difplicere  fibi,  &  fufpeclas  valde  Suionura  aétiones  effè,  quôd  tanquam  metu 
alicujus  inuptionis  tantos  faciant  apparatus.     Haud  enim  aliter  ac  fi  hoilis  ad 
portas  effet,  ex  propugnaculis  &  vallis  urbis  haftas , falces , ferrataique  protendi 
clavas  :  plura  veiTus  partem ,  qux  Curlandiam  f  pcétat ,  per  muros  tormenta  di- 
fponi:  majores  folito  vigilias  agi  ,  oppidanis  etiam  ad  arma  vocatis  :  ftationes 
cquitum  limiti  praetendi  :  &  Rigam  commeantes,  prœfertim  duces  mihtares, 
qui  è  caftris  Saxonum  veuille  compeiïuntur ,  uiligentius  excuti  obfervarique: 
quin  &  emiffbs,  qui  hiberna  corum  fpecularentur  :  quodque  indigniffimum  ef- 
fet, ab  excubitoribus  limitancis  prohibitos  elfe  ,   qui  deiertores  per  iblum  Li- 
vonicum  perfequerentur.     Simili  a  {§  prorfus  gemina  literis,  quas  ad  regem  Polo- 
vice  fingere  plaçait ,  Flemmingius  ,  '  otliduo  intcrjetlo ,  perfcripfit  :  &  quoniam  hœc 
fortafjïs  jejuna  nimis  {3  frivola  ipfi  videbantur ,  putidiffimo  mendacio ,  quod  ei  pup- 
pis  ac prora  effet ,  eadem  fulcire  voluit  :  Minitabundos  jaéhirTe  Suecos,  le,  acci- 
tis  quamprimum  è  Fjnlandia  ,  Carclia  ,  Se  Eltonia  majoribus  copiis ,  hiberna 
Saxonum  in  Lithuania  adorturos:  ideoque  prudentis  elle,  antequam  hsec  ma- 
nus  coiret,  tam  infella  molientes  pecupare,  locaque  pntfidiis  idonea  infidere, 
undebellum,  quam  longiffime  poflet,  à  iînibus  regni  arceret ,  fedemque  ejus 

potius 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.  i9i 

potius  in  eorum ,  qui  pi'ius  lacdîîverant  3  provinciâ  locaret.     Qjiapropter  hxc   1701. 

pofirema  f.fiicere  juclkavit ,  qua  diplomalibus  ,  per  Livouiam  mox  dijjeminandis ,  

inférèrent  ur.  Ha  eau  fa  fiait ,  quasjufto  buic  ac  necefiario  ,  fi  Diis  placet ,  beïïo 
-frtgtenâere  non  duùitavit ,  digniores  profeclo ,  f «<?  cra  £5?  perpetuis  obruerentur  te- 
ncbiis,  quant  ut ,  cum  feeuli  nofiri  infarnia'y  in  lncem  ce  or  a  hominum  protruderen- 
tur,  Sane  boni  omnes  dolebunt  ac  indignabuntur  in  tant  a  lace  elegautiorum  morum 
prodi  exempta,  qua prifea  Barbaries  ignoravit,  Ckriftique  nomen  &  fiacra  profiten- 
tibus  fia:ictifiima  jura  tam  proterve  haberi,  quœ  fumma  religione  colunt  &  obfier- 
vant  gentes  immanifftmœ.  Sed  adeo  in  hifee  hominum  portent is  ratio  obbrutuit ,  ut 
aufi  fint  fperare  tam  inficetas  fie  calumnias  orbi  adprobaturos  efje  ,quas  non  fine  con- 
temtu,  &Jr;ïfu  generis  humani  propalajje  eos  certum  eft.  Quiu  &  aliorttm  Prin- 
eipum  auxilia  expofeere  non  verentur  ,  quorum  tamen  omnium  non  minus ,  quant 
iilorum ,  qui  la  fi  funt ,  fummopere  interefi  ,  faciuus  hoc  quant  feverijfime  vindiea- 
ri,  ne  contagionem  ipfafpes  impunit  ai  is  latins  agat.  Narn  cum  omne  fœdum  exem~ 
plitiîi  focietati  hominum  nocet ,  tum  illnd  longe  eft  nocentifiimum  ,  quod  ipfum  fiocie- 
tatis  humame  vincuïum  tôlier e  docet.  'Tant  verifiime  à  veteribus  traditum  eft ,  to- 
tins  injuflitix-  nullam  effe  capitaliorem ,  quœm  eorum ,  qui  tum  ,  cum  maxime  f al- 
liait ,  id  agunt ,  ut  viri  boni  videantur.  Verum  ne  partium  eau  fis  velifieari  vi- 
de ar ,  âge,  excutiamus  ipfias  viri  -rat loues  ,  an  quid fiant  contineant ,  quo  tam  im~ 
mane  fatlum  exeufiarï  pofjït. 

Initia  offenfium  fc  Suionum  metu  non  dijfimulat  Ficmmingius.  Qui  enint  fie  ad 
euftodiam  urbis  advigilant ,  diffidentiapt  quandam  &  infejlum  in  copias  Saxonicas 
animum  fiatis  manifefiare.  Per  Deum  immort aient  !  Quid  unquam  infiulfius  dici 
potuit  ?  Qu<e  injuria  unquam  coutumeliofius  illata  cuiquam  eft?  Qitid  ad  perver- 
tendam  generis  humani  focietatem  ,  £5?  bellum  quoddam  omnium  in  omnes  profe- 
minandum  aptiust  jln  vero  unquam  fando  audit 'uni  eft,  jufiam  inde  alterum  inva- 
deudi  caufam  nafici ,  fi  Je  ref-jue  fiuas  arcliori  fepferii  euftodià  ?  Quid  tut  os  pofthac 
ab  improborum  dufu  nos  prœftabit  ,  fi  crimen  erit  invafioribus  non  prœbuifi'e  jugu- 
lum,  nos  noflrafque fortunas  non  eorum  permififje  libidinit  Nam fiecuros ,  6?  iu- 
cautos,  cum  libuerit ,  oppriment',  in  fit;  defeufionem  intentas  ctiam  jure  poterunt. 
Gratuletur  fibi  f unira  ac  latrouum  natio  tam  firenuum  patronum  ,  tam  rnitem  a- 
quumque  judicem ,  qui  caufam  eorum  non  proleîaiiis  argument  is  defendendam  fin- 
ficepit  :  cujus  fententiâ  impune  licebit  domos  effriugere  &  dicipere ,  fi  diligent wr 
p.iulo pater familias januam  olferaverit  ;  fi,  appropinquante  grafiatorum  'manu, 
vigilias  iutenderit;  fi  ante  veftihulum  non  prœftolatus,  patentibus  portis  tam  gratos 
hojpites  ir.tromifierit.  Nempe  injuriofum  videbitur  ,  fidern  viris  non  haberi ,  quod 
fperari  pofiet  ,  pofquam  viciui  adés  compilaveratit ,  tam  paras  ïnnocuafique  ma- 
nus  a  mets  abftinere  velle  fortunis  :  injuriofitu  longe  erit ,  fit  arma  adverfas fiubita  ttt- 
multus  comparât  a  habeam.  Itaque  fit  manipnlum  ifium  pradonwm  interrogavero , 
quare  me  infeftatum  vmiant ,  retlijjïmè  refpondebunt ,  quod  eorum  probitati  fub- 
dijfidere  -jifus  fini  ,  fores  occludendo  ,  Qf  arma  comparando  ,  queis  licentiam 
grafiatorum ,  Ji  qnando  irruer'mt  ,  retundere  queam  atque  compefeere.  Si  ulterius 
infiem  ,  quare  à  meo  fe  non  lo.igius  amoveaut  dotnicilio  ,  ut  mihi  timere  non  fit 
necefiîtm  ?  Credo ,  recîijjïme  ctiam  repofituri  funt ,  fibi  prœdà  vivere  adfuetis  iil.tc 
quoque  lient fj'e  ac.edere.     Appojita  refiponfio  ,   m c hercule  ,   13  latror.um  -acumine 

dignif- 


191     MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

170 1.  digniffma  !  Non  ovum  ovo  tam  fimile  ,  quam  horum  moribus  dticis  nofiri  ratio-  . 

"  cinatio.     Stomachatur  vir  Suiones  in  fua  urbe  excubias  paulo  intentius  agere,  ar-. 

iliaque  adverfus  hojlilem  impetum  expedita  habere  :  cum  nemini ,  nifi  vint  inten~ 
tanti ,  pericuîum  inde  impenderet.  Ubi  inflrumenta  quoque  ,  quœ  hojli  mœnia 
fubainti  opponi  [oient ,  ridicula  exaggeratione  recenferi  vides  :  tanquam  &?  hoc  ar- 
merum  genus  adhibttiffe  ,  non  impetrata  Saxonis  venta  9  pkiculum  effet.  Cavil- 
latur  etiam  tormenta  Curlandiœ  obverfa  effe  :  quafi  ad  fua  cafira ,  qtue,  totius  Pro- 
vincia  interjetlu ,  ab  tirbe  Rigenfi  dirimebantur  ,  telorum  jattus  pertingerent. 
Satis  loci  intereapedine  tutus  effe  pot  ait  siugator,nifi  immani  qmdam  feritate  nimi- 
.  um  vilis  cruor  humanus  effet ,  ut  pecudum  injlar  matlandos  ira  propugnatorum 
?nilites  objiceret.  §hiod  fi  intentior  munit orum  îoeorum  cujiodia  anfam  belli  datt 
cuis  ea  non  damnabit  ?  Aut  fi  retineat ,  ecquando  formidinis  expers  erit ,  cum  tôt 
fontes  bellorum  recludi  poffunt ,  quot  loca  qui/que  populus  prœfidiis  t entier it  ?  Sed 
vereor,  ne  fur  dis  eorum  aurJbus,  qui  arces  prœjertim  limitaneas  ab  inopino  hojli- 
um  incurfu  falvas  cupiunt ,  bac  prœcepta  novus  doclor  canat ,  cum  omnia  belli  ju- 
ra ,  quee  inter  gentes  ufus  &?  ratio  conftituerant ,  pervolventi  nondtim  occurrit  ul- 
lum9  quo  munitiones  quifque  fuas  armis  excubiijqtte  firmare  vetatur ,  nijuflam  al- 
terius  iram  infe  convertere  velit.  Equidem  ob  leviffmas  fiepe  caufas  atrocia  bella 
exarfiffe  Mémorise  proditum  efi  ;  ridiculas  rnagis  obtentui  fumtas ,  nondum  legi- 
mtts:  Prorfus  veterem  lupi  fabulam  injtaurari  videmus,  ovieuhe  turbati  fltminis 
calumniam  i  ni  entant  is,  quamvis  è  fuperiori  ripa  ipfe  bi béret.  Vertim  hojli  lis  in- 
dicium  animi  erat  injujlus  timor.  Neque  enim  odiffe  non  poteft ,  qui  timet.  Ghûe- 
viffent  à  bello  Saxones,  nifi  intempe fliva  Suionum  diffidentiâ  fuiffent  irritât i.  Ni- 
rnirum  nulla  omnino  caufa  Suecis  erat ,  non  plurimum  fiducie  in  continent ia  eo- 
rum collocandi ,  qui  totam  Lithtianiam  ,  quam  à  vajlatiohe  defenderent ,  mifere 
perpGpulati  funt  :  quibus  vicias  nullus ,  nifi  exrapinâ:  qui  ob  prœdationes  &  vio- 
lentiam,  cocunte  tandem  incolarum  manu  ,  in  ultimam  Polangiœ  oram  ejecli  funt 
atque  exturbati.  Vita  feilicet  genus  nmtaverant ,  &?  fantlius  agere  decreverant , 
poftquam  pudenda  omnium  rerum  penurià  ac  nuditate  conjli&ari  cœperunt ,  cum 
que  iis  confilia  mifeere,  qui  rem  Suecicam  vexare  ,fe?  perturbare  cupiebant  :  prafer-  - 
tim  cum  opima  in  propinquo  prada  oftent arêtier  ,  fauces  eneclas,  &  diuîina  famé 
arancantes ,  nova  libidine  facile  profitât  uni.  Nihil  igitur  de  eorum  fuie  fufpicari 
oportebat,  qui  non  jam  muffitabant ,  ut  antea,  fed  aperte  &  jatlanter  vocifera- 
bantur ,  je  régi  Danorum  fuppetias  latum  ituros.  Gh.amquam  autem  cum  iflo  rege 
nulla  Suecis  inimicitia  erat  :  eo  tamen  res  fpetlare  cœpit,  ut  non  diu  tempe;  attiras 
ab  injuriis  vider  et  tir,  fi  aliorum  auxilia  concire  potuiffet.  Quid  fi  eos  confidera- 
7iius ,  qui  in  commilitium  adfciti ,  jam  tum  non  modo  iifdem  cafiris  contineban- 
tur,  fed  &  fumma  rerum  pr ce crantï  Cum  in  bac  ,  inqtiam  ,  cafira  fentina  qttae- 
dam  perdit  orum  civium  confluxiffet  -y  cum  parricides  ,  fiagitiofi  ,  perduelles  iifdem , 
tanquam  fancliffima  ara,  reciperentur ;  cum  rotâ  &  eculeo  frangendi  ,  ad  honora-, 
ta  Minifîeria  prodticerentur  j  cum  praecipuum  in  Confiliis  locum  tenerent ,  quos 
confeientia  feelcrum  implacabiles  patriae  reddidiffet  :  Suionum  fecuritati  optime 
tune  profpeclum  quis  non  intelligat  ?  Non  ignotum  erat  ,  qttid  cum  horum  latro- 
ntim  principe  in  aulâ  régis  Polaniœ  agitabatur ,  qui  cum  furiis  fuis  £5?  metu  ultimi 
fuplicii  exagitatus ,  nufqtiam  locorum  tuto  fubfificre  poffet ,  invenil  tandem  afy- 

lum 


ET-  -RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.  2p? 

lumt  ubi  non  tantum  inviol abilis&  facrofanclus  effet ,  verum  etiam  latentem  ani-   1701. 

mi  pefiem  produceret.     JJlius  furoris  maturitatem  in  hoc  tempus  erupijjè  qui  s  non  

videt  ?  obftetricis  vicem  fungente  Saxone  ,  &?  pias  manus  fupponente  ,  ne  mqn- 
firum  teterrimum ,  £5?  arujpicum  luflrationibus  expiandum,  in  ipfo  or  tu  elidere- 
tur.  Hoc  pracurfore  £5?  emiffario  cum  ad  quofdam  principes ,  tum  pnecipue  ad 
folicitandam  popularium  fidem  ,  uteretur  ;  ha  ne  profligatiffimorum  hominum 
eircumfe,  tanquam  Jiipatorum ,  catervam  cum  haberet  ;  hœc  probra  &  dehonefîa- 
menta  militiœ  fi/a  cum  adfcriberet ,  dubitare  quifquam  pojfet ,  quid  animo  inten- 
deret?  Eventus  ipfe  comprobavit  non  fuiJJ'e  vanum,fi  qui  fuit,  Suionum  timo- 
rem.  Enimvero  cum  prudens  difjidentia  faîutare  bonis  omnibus  cenfetur  muni- 
tnentum  ;  reclius  longe  Suiones  rébus  fuis  confuluijfe  opinor,  fi  timorem  quendam 
aluifjent ,  neque  innocentiâ  fua ,  &"  paflomm  fanclimoniâ ,  confifi ,  fecurius  pau- 
lo  egiffentf&  blanditiis  Saxonis,  ac  fallaci  lenocinio,  tam  faciles  credidiffent.  Si 
quid  peccatujii  ab  us  fit ,  in  hoc  fort affis  argui  poffunt ,  quod  nihil  timendo  nafeens 
malum  corroboraient-,  &  ficariis  ifiis  nudum  latus,  qua  maxime  ad  iclus  patuit, 
ex  infidiis  fodiendum  prabuiffent.  Non  direptam  crudeliter  nobiliffimam  provin- 
ciam  dotèrent  hodie ,  non  muntiffima  cafiella  expugnata  vidèrent,  nifi  aftutififimœ 
fimulationis  artificio  in  foporem  quali  refoluti  fuiffent '.  Cum  monflri  quid  ali  ab 
amicis  monerentur,  tant  us  erat  gentis  candor,  ut  alios  ex  fuo  reput  aret  ingénia: 
atque ,  ut  franger e  fidem,  privât 0  turpe , principi  etiam  nefarium  ac  abominandum 
fuerit;  ita  amicum  &  propinquum  regem  tam  gravi  Jufpicione  onerare  non  fuftine- 
ret.  6)uamdiu  vim  non  intentabant  copiée  ejus ,  intraque  fuetam  fe  cohibebant  re- 
gionem ,  nihil  ad  fe  pertinere  Suecus  put  abat ,  quibufnam  ex  agris  Lithuania  pr<?- 
das  conveclafi'ent  :  fatis  habebat  providifj'e ,  ne  in  fuos  fines  vaga  aliqua  &  popula* 
bunda  manus  excurreret.  Tandiu  ultro  citroque  commeantibus  non  modo  aditus 
patebat ,  verum  etiam  familiaritas.  Cum  nuila  fere  dies  abiret ,  quin  ab  exercitu 
Rigam  ventitaret  aliquis ,  menât ûs  vel  aliorum  negotiorum  gratiâ  ;  cuivis  honor  , 
atque  ea  officia,  qua  peregrinis  &  amicis  exhiber i  jubet  humanitas,  non  gravât e 
funt  prcefiita.  Nuila  tune  querela  audit  a  efi,&  ne  fufpicio  quidem  alienati  animi, 
multo  minus,  quod  bellum  tamfubitum  &?  atrox  excitare pojfet.  §)uam  igitur  ne- 
quiter  ludat ,  qui  habit  os  afperiori  modo  advenas  obijcit,  jam  put  a  omnes  intellige- 
re  :  nec  diffiteri  poterit  ipfe  eorum  dux ,  qui  Rigenfibus  pro  exquifito  cultu ,  quo 
eum  exceperunt ,  hanc  gratiam  refert,  ut  eorum  urbi  everfionem  &  extremum  mi- 
nitel ur  excidium.  Quam  prof uijfet  hofpitis  fidem  ita  tune  degufiajfe,  quam  nunc 
fevitiam  ejus  fumme  fuo  chlore  cognofeunt  !  Nemini  Suionum  de  exploratoribus 
queri  tune  m  mentent  veniebat ,  cum  integer  corycœorum  exercitus  in  foro ,  in  adi- 
bus,  in  templis,  in  vallis ,  &  propugnaculis  urbis  cir  ciimcur fit  aret ,  cum  eorum  du- 
cem  fi  nu  fuo,  &  intra  moenia ,  foverent  ;  qui ,  qua  eft  immanitate,  opportuna  ur- 
bis loca  ocrtlis  nvtuffe  ,&  incendiis  ruinifque  jam  tum  defignaffe  perhibetur.  jitqiù 
eidem  piacuhm  e/t ,  totius  urbis  £5?  provinciœ  excidio  cluendum,  fi  qui  s  è  Livanià 
viaîor  loca  fiativis  fuis  vicina  tranfiiffet:  illum  £5?  commilitones  fuos  munitam  Sui- 
onum urbem  frequentaff'e ,  pro  beHeficio  venditabitur.  Adeo  ab  hominibus,  libi- 
dine  fua  efjeratis,  fani  quidquam  frufira  exfpeciaveris  !  qui,  quod  apud  moral  os 
populos,  quos  in  ter  pax  eft  ac  amiatia,  fine  nota  inhumanitatis  non  denegatâr, 
quoique  ipfi  facere  non  eriibimwt ,  etiam  Mis  ipfis  diebus  quibus  expeduioncm 
%om.  I.  Mm  hanc 


is>4     MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

170 1.  banc  funefiam  fufcipiebani  ,  inviolata  paris  crime»  detorquent.  Piget  commenta 
■-■  btsc  rc fut are ,  abftirdiora  cette  ,  quant  qua  febricitam  fomniare  poJJ'et  :  &  nefcio 
annon  multis  videatur  fupervacaneum  ,  nugis  bifce  diluendis  vel  unum  verbum  im- 
pendiffe.  Mihi  enim  perfuafijjimum  eft  ,  neminem ,  cul  mica  fana  nient is  fuper- 
eft  ,  non  ptttidam  banc  calumniam  vidcre  :  neqtte  adduci  pojfttm  ,  ut  credam  ipfos 
illos  fabuhe  hujus  infipidijfima  an cl ores ,  quamvis  fi  renne  front em  perfricuiffent ,  fe- 
rio  bac  tradidijje;  ver  uni  ni  fpecimen  ederent ,  tam  fibï  proclive  ejj'e  ver  bis  orbe  ta 
ludifuari)  quam  immerentes  fallaciis  turpitercircumvenire. 

Sed  reperifie  aliquid.  fibi  vifus  eft  migator  ,  cum  defertores  rcceptos  objiciat  : 
quod  mirum  in  niodum  vcrbis  exag-gerat  ,  ut  inde  Suecos  non  modo  boftilan  /«• 
dtiijfe  animum  ,  fed  ipfo  fatlo  eum  exferuijfe  probet.  Quis  enim  pofthac  dubitabit 
non  jufta  arma  effe  fiuas  rcs  repetentium?  fguidenim  è  fuga  retrahere  cupientes pro- 
hibèrent ,  qui  ad  limitent  erant  équités}  Mtror  ,  ut  ad  fiu^endum  eft%ngeniofiffi- 
wtus,  non  dixiff'e  à  Sueeis  ad  transfugia  etiam  folicitatos  ejj'e  :  quemadmcdum  ipfs 
ad  defeclionem  perfidiamquc  quà  minis  ,  quà  promijfis  Livonos  permiccre  anniti- 
tur.  Enimvero  an  Jex  dimacha ,  tôt  enim  fuifje  perbibet  ,  fines  Livonia  ingrejfi 
fint,  adbuc  ignorât ur.  Sed  finge  intrafie  ,  qnos  ad  figna  defcrenda  longa  ejuries 
compulcrat ,  an  ideo  prafidia  Suionum  perrumpere  vique  profugos  abftrabere  Saxo- 
ni  fas  crat?  Non  inter  privai os  id  juris  eft  ,  »/,  effraclis  vicini  adibus ,  erronem 
fervum  abducere  liceat  :  qui  te  cum  telo  venientem  fi.  limine  tecloque  prohibeat , 
injuria  ,  puto  ,  tenebitur  :  cum  et  non  fatis  cautum  fit,  quatenus,  cum  admijfus 
fueris  ,tua  progrejfùra  fit  licentia  ;  &  ni  receptator  rcftituat  fiponte^alia  via  ad  red- 
dendum  cogi  poffit.  Principi  longe  fublimius  ejj'e  jus  nemo  fianus  unquam  negave- 
rit  ;  cui  immatte  quantum  decederet ,  quantum  periculi  iufidiarumque  maneret , 
fi  armatas  cohortes  immittere  ,  inque  territorio  fuo  conftituto  manus  injicere  ,  & 
quovis  pratextu  vim  adfcrre  aller  poffet.  Nondum  quifquan  repertus  eft  ,  qui. jus 
hoc  omnium  populorum  confenfu  receptum  ,  omnium  fapientum  traditions  ad- 
probatum  ,  ipfaque  natttrâ  injitum  ,  improlo  aufu  folicitaret ,  pratcr  unum  latro- 
nem  ,  cujus  infania  majorne ,  an  ftupor  inccrtum  eft  ;  nedum  ut  inde  caufam  belli 
ercej'eret.  Sicut  igilur  ad  tutelam  fiuam  opemque  confugientes  recipere  -,  jure  gcn- 
tium  non  probibetur  princeps  ;  ita  receptos  tautifiper  tuendos  ejfe  ,  aut  cuftodiâ  âfi- 
fcrvandos,  donec  de  eau  fa  eorum  cognofeatur  ,  (3  bumanitas  fuadet ,  (3  ratio  pO' 
ftulat,  <$>ui  enim  frire  pojjls ,  qv.o  animo  accejferit  profugus?  annon  jujfu  ejus  , 
cujus  odium  prafert ,  ut  ,  occultât 0  dolo,  necendi  cccafioncm  captet ,  aut  rêver-  ■ 
fus  y  quid  rerum  alibi  geratur ,  amneict.  Tum  demum  querela  îoeus  fuerit ,  fi  ad 
fœnam  depofeentibus  non  dedalur.  At  vero  famelicos  ,  qui  profugiffe  dicebantur  , 
num  interpellâtes  prafes  provincia ,  fi  qui  forte  reperti,  aut  urbe  dudum  non  fuif- 
fient  exterminât i ,  reddere  abnuebat  ?  £hjanquamfi  retihuifi'et ,  prœfcrtim  ifto  re- 
rum articula^  commun!  gentium  confuctudlne  fe  pot  ni ff et  tueri  ,  qua  fontes  alic- 
num  îerritorium  ingreffi  ,  non  deduutur  ,  ni  fi  paclorum  legibus  aliter  fit  conven- 
tum,  aut  atrocitas  [céleris,  qttalis  in  parriridà  Patkullo,  deteftabiles  &  mijericor- 
dia  indignos  effeccrit.  Mirum  cum  bac  iliuftrifàmo  viro  objiceret ,  ni  os  illudfer' 
reum  &  inverecundum  rubor  [uffuderit  !  Qui  hune  conjuratiouis  mantfeftum  , 
quem  omnium  regum  caufa  ad  uliimum  rapi  fupplicium  dudum  oportuerat  ,  non 
fifècjit  modo,  fed&  extulit,  &  fovity  is  ,  ittquam ,  ipfie  pacem  non  violavit:  ad 

Suio-  - 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.  z9r 

Sniones  profugijffè  quofdam  ,  quo  s  ut  i que  non  retinuiffcnt ,  idvero  crimcn  habetur  1701. 
favifftmo  bello  vindicandum.  Quid  fi  hune  ad  fupplicium  dedi  Suiones  peftulaf-  ■■ 
fent,  credo ,  pro  confcientia  fua  teneritate  ipfe  nebulo  adfenftffet ,  aut  eum  rcddi- 
diffet  Saxo,  quo  fiitellite  £5?  adminiftro furoris fui  utt  conftituerat.  Sed  ipfum  fua 
pœna  manet ,  J'ubeuute  memoria  f  celer  um  ,  furiijque  flimulantibus  ,  qua  impiam 
(inimam,  noble  dieqv.e  circumflant  cjf  infettantur.  Equidcm  quicquid  egifjet  jum- 
snus  vir,  eut  provlncite  fiilus  ac  euftodia  à  fi  reg.  Maj.  Suecia  demandata  eft,  tan- 
tum  abeft,  ut  criminari  quifquam  jure  poffit ,  ut  {anima  laude  maclandum  ejfe  in- 
vitas ctiam  hojîis  fateatur .  ghti  hic  tanquam  in  fpeculâ  cpnftitutus ySitm  facile  fro* 
fpiceret  futuram  tempeftatem,  prudentia  fua  judicavit  ejus  vim  ,  quantum  pojj'et , 
infringere  ,  aut  forti  animo  excipere.  In  propmquo  erant  kgiones  pradatoria ,  fi 
nondum  infefta  ,  dubia  tamen  fide.  Adhac  non  jufurrationibiis  vagis  £s?  rumori- 
bus  vvulgabatur ,  quid  cogitaffent ,  fed  inditiis  certis  camper  tum  erat.  Quœ  om- 
tiia  ficut  fufpicionem  primu.n  ,  fie  mox  diligentiam  ejus  augebant.  Certe  atliones 
taniiviri,  citra  part  mm  Jludia,  afttmantibus  nibil  omnino  occurret ,  quod  ducem 
Saxonum  tantillum  offendere  ,  multo  minus  tant  a  immauitate  animum  ejus  in- 
jlammare  potuijfet  :  ver  ttm  fi  qua  offenfa  fait  a  efl  ,  illam  omnem  ex  dolore 
tant  a  ad  irritum  cadentis  fpei  provenijfe  palam  eft ,  quod  prudentijfimum  fiagacijfi- 
mumque  fenem  lucHficari ,  &  ,  quemadmodum  jperaverat ,  imparatum  opprimere 
nequiifi'et. 

Reftat  jam  gravijfima  querela  ,  &?  atrociffimum  crimen  ,  quod  fi  diluer 0,  ut 
confido ,  aliud  argument  um  tegenda  fua  perfidia  circumfpiciat  Flemmingius ,  ne- 
ceffumeft.  îale  autem  eft ,  ut  in  eo  ex  fuit  are  fibi  pracipue  videatur.  Namfupe- 
riora ,  qua  objecerat ,  contorta  nare  ,  &  deridiculi  caufa,  protulijje  crédit ur ,  ut 
effet ,  quod  in  fympofiis ,  &  interfuos,  rifu  &  joco  agitant.  Conflit uiffe  autem 
Suiones,  ait ,  legionibus  e  Finlandiâ  excitât is  ,  hiberna  Saxonum  adoriri.  Faveo 
homini  :  utinam  vera  dixiffet  !  Neque  ille  ,  neque  fodales  ejus ,  quamvis  adau- 
dendum  projeclifjîmi  fmt ,  tant  os  fibi  animas  fumftfjent ,  ut  nob'ilifftmam  floren- 
tiffimamque  provinciam  tam  nequiter  diriperent.  Sed  quo  indice  de  h  te  Suionum 
propofito  eruditus  erat  ?  à  quo  didicit  ?  O  port  et  illum  fallacia ,  qnam  pr  inceps  fa- 
its adornabat ,  nimis  f  uiffe  ignarum  :  quod  tamen  non  credo.  Cur  enirn  ipfum 
admifjîonis  intima ,  fecretorum  arbitrum,  audacia  tôt  les  expert  a ,  fraudum  ftru- 
endarum  artificem  fumntum  &  folertifjîmum  ,  cum  poftremum  ab  amplexu  fuo 
dimiferet ,  tanti  momenti  rem  celaret  ?  Ab  illo  totam  feenam ,  nifi  eam  ipfe  in- 
jlruxiffet ,  eborago  Patkullo  ,  difeere  potuerat.  Ab  illo  igitur  audivit  fuccefftffe 
fraudent ,quam  iniendebat : Suiones  blandhiis fê  fiducie  novt  foederis  af/bpitos^oti' 
um  agere  ,  nufquam  fe  commovere.  £hto  enim  tempore  Vcllingio  ,  legato  régis 
Suecia,  qui  tune  Drefda  morabatur ,  capita  arclioris  fœderis  cum  ùaecis  feriendi 
tradtderat  ^  cum  hi  credulitate  nirnia,  cujus  pœnam  nunc  luunt ,  efje  putabant  fe 
a  metu  fecuros  ;  cum  Cimbricum  negocium  omnes  horum  cogitationes  eô  adverte- 
bat,  tincle  turbas  aliquando  cruptutas  adparebat  :  eo  feilicet  tempore ,  6?  alienijfi- 
mo  rerum  flatu  ,  regem  amicum  ,  ut  opinabantur  ,  &  jam  novo  fadere  fibi  alli- 
gandum  5  bello  laceffere  cogitarent,  ex  amicijjîmo  infenfifjïmum  jibi  reddae ,  &  , 
fuper  occulte  infeftos  ,  apertis  tnimicitiis  hoflem  quarcre  confultum  ducerent. 
^uidf  cum  ipfe  Flemmingius  alterumjam  menfem  Livouia  vfeeribus  inhareret , 

Mm  z  cutii 


iç>6     MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

1701.    cum  totam  provinciam  populabundus  peragrarct  ,'  cum  cajlella  expugnaret ,  ipfam- 

— que  urbem  obfidione  quateret  ;  quem  adparattim  tantœ  moli  parent  deprcbeudit  ?.. 

Num  armatum  fibi  obvïutn  fuiffe  affirmabit ,  pater  unam  alteramvè  equitum  Hu- 
mas ,  quarum  vêtus  in  Livoniâ  jïatio ,  13  prafidia ,  qua  munitionibus  impofita 
erattt ,  mudica  oppido  6?  debilia  ?  Qui  bellum  meditantur  ,  qui  occafiumbus  im- 
minent, an  fuas  fie  digérant  rationcs ,  cum  rei  militaris  non  imper  it  us  efi  ,  qiaefo, 
ipfene  crédit  ?  Noverat  in  Finlandiâ  legioncs  ejfc  validifjhnas  :  intellïgebat  etiam 
evocandas  ejfe ,  fi  quis  Livoniam  infefiaret ,  inde  çalamniœ  huic  apta  materies , 
quam  fuco  aliquo  incrufiatam  orbi  propinare  non  crubuit.  ghtis  eum  nunc  dubitet 
fallendi  artem  callere,  qui  folerter  adeo  veris  fa  If  a  prebare  novit?  Siquidem  falfa 
tant  uni,  quœ  veri  nibil  admiflum  habent ,  quifquis  locutus  fuerit ,  clifficilius  ,quod 
•cuit ,  alteri  perfuadebit.  At  unum  mtiitem  e  Finlandiâ  accitum  fuiffe ,  antequam 
ipfe  jam  non  meta  ac  terrore  provinciam  adflabat ,  fed  quadam  indagine  cinclam 
tenebat,  incendiifque  (3  rapinis  fœdabat ,  cavillator  ut  fit ,  non  fuftinebit  jam  affir- 
mare.  lantum  abfuit,  ut  periculum  ab  eo  latere  hybernis  fuis  metuerit.  Ifardi- 
as  igitur  eo  penetravit  Finnicus  miles,  longo  &  dïfficili  itinere,  quum  non  navigà- 
bile  effet  mare,  nec  glacies  tranfveclioni  firma.  Quam  anni  tempeftatem  deiige- 
bat  bofiii,  ut,  cu.m  majori  circuit u  duceretur  ifle ,  interea  ipfe  provinciam  oppri- 
mer et ,  aut  expilaret.  Quod  vero  conjiciebat  adfore  tandem,  eo  magis  tum  fefii- 
nare ,  G?  nefaria  anïmi  deflinata  tegere.  Cum  c'olis  inflruclijfimus  in  hyberna  re- 
dit'ffet ,  atque  fubolfeciffe  aliquid  Rigenfes  de  failacià ,  quœ  firuebatur  ,  forteque 
parztiorcs,  quam  cxfpebJaverat ,  ejfe  audiviffet,  tam  graviter  excandefeebat ,  ut 
legato  fuo ,  quod  folertius  confilium  non  diffimulaffet ,  pêne  oculum  erucrit.  Tum, 
die  nulla  interpofita ,  per  Curlandiam  quam  celerrime  agmen  rapt  abat  :  £5?  quam- 
vis  excubias  equitum,  ad  limitem  Livoniœ pofitas,  facile  fuperaffet :  pauci  enim 
erant  :  tumen  cum  per  illos  hôftis  adventus  effet  nunciatus ,  excitât  os  hoc  tumul- 
tu  oppidanos ,  (3 ,  qui  proxima  urbi  cajlella  infidebant ,  vebementiffime  indole- 
bat.  lnfrendebat  dentibus  non  primo  impetu  capi  potuiffe  urbem,  cujus  oppugna- 
tionem  non  paitco  fanguine  ftaturam  pravidebat ,  pofiquam  ad  vanum  irritum- 
que  fcclejlus  Carlovicii  ajïus  redatlus  erat.  Hic  enim,  fi  non  alter ,  cum  pau- 
h  ante,  a  régis  Sueciœ  légal is,  literas  ad  prœfeclum  Livonite  commendatitias  Mof- 
coviâ  attulïffet ,  hofpit aliter  inprimis  comiterque  exceptas  efi.  In  cafira  Saxonum 
pofica  abit.  Unus  &  alter  dies  interceffit ,  fingit ,  an  rêvera  defiinafet ,  fe  Mofco- 
viam  rêver ti  velle,  tranftumque  profe  6?  comttatu  petit,  &  obtinet.  Nec  mora : 
rhedas  ingentes  armis ,  fealis,  pyrobulis  onujlas ,  cum  artis  iflius  gnaris,  prœmit- 
tit ,  ut,  bis  portas  urbis  occupant ib us,  telor unique  ignitorum  jaclu prœfidiarios  ar- 
centibus,  valida  dimacharum  ma  nus,  qu.e  prope  infequeretur ,  irrnmpcret.  Sed 
cum  paulo  maîurius,  quam  dimacbœ  ,  impedimenta  bac  ad  limitem  veniffent  , 
excubitores  fraudem  detegunt ,  &?  per  equitum  velociffimos  Rigan  nunciant.  Dir 
fiurbatum  igitur ,  quod,  renuente  Dco ,  fufce'ptum  erat  confilium  :  &f  improbiffi- 
mus  bujus  doli  macbinator,  in  oppugnaîionc  Nyemund<e ,  dignas  mox  perfidià  fia 
pœnas  dédit ,  globo  ignito  lacérât  us  :  egregia  morte ,  fi  in  caufa  bonefia  cecidïffet. 
Hccc  y  fimilia  cum  tentaret  Flemmingius  ,  de  metu  a  Finnico  exercitu  mutire  au- 
det?  Is  orbi  tant  inficetam  fabulant  obtrudet ,  met  h  futur  œ  oppreffîonis  arma  fe  fum- 
fffe,  nec  laceffiffe ,  fed  bellum  parantes  Qccupaffeï  Enithvcro  quam  abfurda  valde 


rrr^rr  E  T    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.  z97 

&  infujficiens  belïï  caufa  met 'us  fit ,  &?  quant  liquido  prias  conftare  debsat  de  infeffa    170 1, 
alterius  voluntate,  quant  ad  extrema  provolare ,  îardiusque  molientem  oprimere  ••• 

liceat,  fi  quis  favore  innoxite  defenfionis  gaudere  velit,  &  piunt  jufl unique  bellum 
gerere  ,  quamvis  folidifjimas  rationes  ,  cordatiffîmo  cuique*  femper  adprobatas  , 
adfcrre  poffem  :  Az#2<?»  ,  ca«»  «  nuïïus  omnino  metus  erat ,  nifi  ut  fraudes  fu<s 
jam  diu  méditât  a,  parum  commode  procédèrent ,  ex  hoc  capite  amendant  homi- 
nis  coar guère  non  necefi'um  dnco.  Efl  enim  ipfa  fallaciarum  ferles  retexenda.  Cum 
epijîola  apud  regeni  fuum  excufare  fatageret  fubitam  injufju  ejus  irruptionem  , 
ad  quamfctlicet  timor  a  Finnico  milite  impendens  illum  adegiffet ,  num  ferio  agit"i 
Hoc  fidem  apud  ullum  inveniet,  qui  paulo  emunblioris  naris  efl ,  ipfum,  incon- 
fulto  rege  acinfcio,  bellum  tenter ariam  ac  periculofum  fufccpiffe,  &?,  cum  Mars 
communis  efi  ,  13  eventus  belli  incertus  fummam  rerum  in  apertijjimum  difcri- 
men  fponte  fuà  dedijfe  ?  Nam  licet  conjicere  potuiJJ'et ,  non  difpliciturum  inquieto 
animo,  £5?  vafiaconfilia  agitant i,  bellum  tant  opportune  confiât  uni,  (3  pulcerrt- 
mts  provincia ,  fi  dolus  fuccefium  habuififet ,  accefiïone  compenfadum  :  cum  ta- 
men  probe  intelligent,  non  decere  mini fir uni  limites  muneris  fui  excéder  e ,  in  re 
prxfertim  tam  ardua,  quod  facile  cont ingère  potuiffet ,  ut,  etiamfi  profpere ,  pra- 
ter  veniam  tamen ,  pugnaffet ,  exemplo  multorum  temeritatem  Banc  imperiique 
contemtum  capite  Itteret  ;  faltem  régis  fui ,  non  procul  adeo  confiituti ,  confilium 
jufiumque  exquifivifi'et ,  demonflrato  periculo ,  in  quod  exercitus  ejus  brevi  incur- 
reret.  Ghtodcunque  dicat ,  non  levi  principem  fuum  fufpicione  urget ,  quafi ,  eo 
contemto,  (3  in  voluptates  refoluto  ,  ipfe  dominationem  teneret  ,  prœcipue  ,  ut 
plamjîme  apertiffimeque  efi  expofitum  ,  cum,  remoto  omni  metu  a  Finnorum  ir- 
ruptions ,  paucorum  dierum  moram  tolerare  potuiffet ,  donec  peculiari  mandata 
ad  négociant  periculofifjïmum  obeundum  infirueretur.  Bene  baberet  ,  fi  in  hoc 
ipjo  culpa  tantummodo  refideret  !  Jpfitis  13  fodalium  dédit ione  ,  débit ifque  fuppli- 
ciis,  quampr imam  hoc  facinus  expiandum  effet.  Verum  falvus  efl  :  agnofcit  prin- 
ceps  faclum,  défendit,  protegit.  Ille  régi  melius  longe  ,  quant  Rexfibi ,  confu- 
lere  volebat  ;  quod  cum  videret  perpetuam  ei  levitatis  notam  inde  inuflum  iri , 
maluit  ipfe  eam  fubire  ,  ingenti  certe  in  illum  amoris  pignore.  Multi  euim  pro 
rege  vitam  non  dubitarunt  profundere,  hic  etiam  famam.  Quam  expediiffet  quo- 
que,  ne  qui  [quant  eorum,  qui  fummo  in  terris  fajligio  admoti  funt ,  taie  facinus 
committendo,  crimen  fœdififimum  ,  totique  hominum  generi  ac  focietati  perniciofîfii* 
mum ,  fito  exemplo  illuflrius  redderet ,  13  perfidiant ,  vitiorunt  ultimam ,  in  regia- 
rum  virtutum  chorum  adfcriberet  :  in  Fkmmingio,  quod peccajfet ,  &  jaclura  vi- 
lior ,  (3  exemplum  fuifiet  obfcurius. 

Sed  quid  illum  tdterius  exagitem ,  qui  fe  quidem  hujus  facinoris  minifirum  prœ- 
huit ,  c<£terumju(fu  &  aufpicio  princïpis  fui?  §)uo  œquius  efl  veritate  tant  a  confi- 
xum  ,  ac  fatentem  ,  paululum  recreare.  Concédant  igitur  tantifper  offen/iuncu- 
lam  a  Rigenfibus  datant  effe  :  Finnos  quoque  ,  Ma  Saxonum  terricula  ,  quamvis 
cent  uni  amplius  milliaria  trans  mare,  procul  in  fuis  agns  ,  degerent ,  per  noclur- 
nas  vifwnes  animo  ejus  obfervatosfuiffe  :  tant  uni  feire  libet,  an  Samogitharum  ca-' 
fias  dir'ipcre ,  £5?  pradari  horrea ,  militi  Saxonico  ideirco  tuto non licuit  ?  Num ,  tor- 
tor  con filent  i  a,  metus  eo  valuit,  ut  pacem  tant  a  perfidiâ  rumperet  Saxo,  & ,  non 
indicat a  injuria,  qua  Ufus  effet,  nondamni,  fiquid datum,  réparât  ione  verbo  ten~ 

Mm  5  ^  tata9 


isS     MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

1701.    tata,  bellum  omni  crudelitatc  adgrcdcrctur?  Nolo  ad  gentium  ctiam  bnrbarica- 
— •■■  ■  '   rum  mores  provocare  ,quibus  teqttumfomper  vifum  efi ,  omnia prias  txptriri,  quant 
armis  de  cerner  e  :  nolo  Deum  injujiorum  beibirv.m  vindicetn  inculcare ,  ne  ficlam 
fovtaffiî  ran  et  narrare  videar:  pacifient io  Olivenfis ,  quà  œterna  inter  régna  Suio- 
tutm  &  Polonurum  amicitia  ftabilita  efi,  quam  utraque  gens  ut  tiormam,  &  k- 
gem  Çantlijfime  fervandam  ,   mutuo  corfmfu  receperat ,  quœ  denique  imperatoris 
Germanorum,  Galline  régis ,  &  elecloris  Brandeburgici  fpovfione  ac  eviilone  quam 
firmijjïme  corroborât  a  efi,  longe  aliam  tollendi  dififidia,  fi  quœ  orirentur,  rationom 
prœfcribit.     *  Kœc  enim   quameunque  injuriam ,   quœ  citra  vhn  armorum  fit  , 
bello  ulcijci  vetat,  donec  is ,  qui  la 'fit ,  pojlquam  décent er  efi  admonitus,  damnum 
rejarcire  abnuerit.     lum  demum  alleri,  fatla  prius  légitima  belli  de.ninciatione , 
jusfuum  armis  perfequi  licebit;  quod  ut  obtineret,  fiponjbres  quoqtte  ad  auxilia  lœfo 
ferenda  fefe  obfirinxerunt.     Hac  nauci  habuit  rex  Poloniœ,  qui  jam  ■'udum  cœpit 
omnia  facra  contemnere  :  horum  nihii  tentavit  :  nec  de  ulh  unquam  injuria  que  h  us 
ejl  :  adeo  Sueci  in  illa  refarcienda  non  poterant  tergiverfari. 

At  vero  cum  omnia ,  quœ  nefario  huic  bello  prœtexere  hatlenus  volait,  de  exqui- 
fitiffimo  calumniarum  génère  depromta  ej]e  quivis  intelligat  :  quœ  tandem  intimior 
cauj'a  regem  Poloniœ  ad  tantam  injuriam  ftimulavit  ?  Refipondet  Flemmingias  : 
Jusjurandum  reipublicx  Polonse  datum ,  ut  avulfa  recuperaret.    Hue  enim  ip- 
■fum  monet  epifiolà  Janifcœ  feripta.     Bene  fiamx  principes  fui  religiofus  confilia- 
rius ,  qui  ad  flagitia  eum  adhortatur  !  Sed  confeientiam  liber  are  atque  exonerare  de* 
huit ,  quod  olim ,  cum  rex  eligeretur ,  ejus  nomine  ad  id  jurejurando  fe  reipublicœ 
Polonorum  objlrinxiffet .     Quam  folers  efl  libido  ad  fingendas  caufas  furoris  !  Ab 
illo  unquam  Poloni  poftularunt ,  ut  regem  fuum  fraudibus  infirueret ,  ipfi  mox  rei- 
publicœ  perniciem  accélérât uris  ?  Unquam  ilh  petierunt ,  ut  "violât 0  gentium  jure ,  per 
dolos  &?  clandeflina  latrocinia  ad  ea  recuperanda,  quœ.folemni   paclo  cefferant , 
grajfaretur?  Gens  magnanima,  13  tam  candure  animi ,  quam  virtute  prœfians , 
non  furari  folet  vitiloriam ,  fed  aperto  Marte  hoflem ,  fi  quem ,  habet ,  adgredi  :  ne- 
que  ita  diffidit  viribus  fuis,  ut  ignobiles  &  turpes  fraudes  infocietatem  belli  adfcifcat, 
armaque  hatlenus  intemerata ,  &  toties  adverfus  communem  Cbriftianorum  hoflem 
tam  for  ti  ter ,  tamque  féliciter  fumta  foediffima  labe  contamine  t.     Non  poterit  non 
averfari  iftud  régis  fui  faclum,  quod  famam  innocuœ  gentis  fi  non  macula  quadam 
adfperfit ,  at  fidem  ejus  apud  vicinos  populos  nonnihil  labefaêiavit  j  qui  hoc  ievita-  ' 
fis  exemplo  moniti,  in  eorum  amicitia,  quibus pr inceps  tam_fluxi  animi  imperitat1 
parum  fiduciœ  collocabunt.    Etiamfi  pro  eximia  ftta  fapientià  facile  judicaverit9 
qua.mjurisjurandi,  quod  reipublicae  dédit ,  fervans  fuerit ,  qui  dolos  &  verfutias 
inter  artes  imperatorias  dndum  cooptaverat.     Cum  ad  tam  fœda  &  abominanda 
principem  fut.m  infiigaret  homo  profanas,  fuftinet  profari ,  manu  Dei  viam  quafi 
ad  haec  perficienda  demonftrari.    Equidem,  quem  Deum  ipfe  colat,  ignorare  me 
profiteur:  hoc  tamen  recle  mihi  videor  ajfimare poffe  ,atq;te  fanis  omnibus  adproba- 
turum  me  confido ,  fi  quemqam  cjfe  credidijjet  Deum  ;  qui  totum  hoc  univerfuam 
vutufuo  £s?  providentia  régit,  quique  recle  fat! a  ineffabili  &?  aeterno  gaudio,  pra- 
va  verb ,  G?  legibus  fuis  adverfa9  perpetuis  apud  rualos  genios  cruciatibus  maélabit, 

nun- 

"  Pacificatio  Oliv.  ait.  3j.  ■ 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.  i99 

mnquam ad tam horrenchm  exfecrandumque  crimen prolapfus  fuiffet.  Cerîe  id,quod   1701. 
Chriftiani  colimus ,  numen  cum  omnïa  f celer  a ,  tum  fraudes  6?  injufia  bella ,  quam  - 

maxime  abominari ,..  i$  feveriffime  punire,  a  fapientibus  viris,  qui  in  Saxonia  doc- 
trinam  ejus  profit  eut  ur ,  audire  potuiffet.  Illud  numen ,  quod  fie  ludibrio  habet , 
temeratœ  legis  fuœ  pœnas  ab  ipfo  expetkurum,&  'Matas non  minus  fibi, quam  Suecis, 
injurias  fimul  atiquando  ulîurum  efic  fi  praedicam,  nihil  a  fantlifjîmo  verbo  ejus  a- 
lienum  flatuere  me  certus  fum.  Pro  meliori  enim  caufa  flare  folet  ,i$  ,quos  perdere 
vuit  ,p;ius  occœcare  ;  ut  adeo  fpes  fit  brevi  ratum  fore ,  quod  per  furorem  vaticina- 
tus  cfi,  manuDei  hase  conlïlia  gubernari,yêi  ita,  ut  fentiat ,averfonumine  ,ea. 
fufeepta  effe,  repique  fe  non  ad  vicloriam,  fed  ad  exitium.  Age  porro  ,qui  fie  tam 
rehgiojam  fœderum  inlerpretem  exiftimari  voluit  ,  qua  jurisjurandi  neceffitate 
conftrtclum  effe  affeverabit  regem  Poloniae  ad  Livoniam  vindicandam  ?  Neque  c* 
mm  bac  cum  regno  Polonico  ita  unquam  coaluit ,  ut  avulfa  dici  pofj'et\  qu<e ,  de- 
(trucla  a  Monis  republica  eqiiitnm  Teutonicorum ,  ambigua  finitimorum  contenu' 
one ,  dubioque  Marte ,  aliquaiidiu  vexât  a  cfi ,  donec  prévalent  ibu  s  Suionum  ar- 
mis  jure  belU  ccderet._  Interea  ifio  tumultu,  &  crebra  fortunœ  varietate ,  cum  Li- 
thuanorum  focietatem  amplexa  effet ,  ab  ordinibus  regni  Polonici  acerrime  contra- 
diclum  cfi  ,  iniquiffimo  femper  animo  hanc  conjuntlionem  ferentibus ,  neque  un- 
quam,  ajfentienbus ,  ut,  quam  ipfi  regno  vohiiffent  infertam,  Litbuaniœ  acceffio 
fier  et.  Ita  dubia  hœc  provincia  flutluabat ,  neutra  parte  concèdent  e ,  ut  alterius 
ditïoni  adjiceretur.  §)uo  igitur  paclo  avulfa  appellabitur,  quœ  cum  regno  ifio  nun- 
quam  confolidata  fuerat  ?  Contra  ea ,  fi  id  nunc  agendum  effet ,  multis  indubiifque 
eorum,  qui  res  geftas  populorum  feptentrionalium  feriptis  illufirarunt ,  tcfiimoniis 
probari  pofi/et ,  Livoniam  Curlandiamque  veteres  Suionum  effe  provincias ,  £s? 
antequam  ordo  Teutonicus  in  Mas  irrupiffet  ,  multis  rétro  feculis  eorum  paruiffe 
imper io  \  ab  lis  quoque  facra  Cbrifiiana  primum  accepifj'e  :  fed  glifeentibus  in  Sue- 
cia  bellis  domeflicis ,  •  peregrinas  nationes  occafionem  captaffe  bas  regiones  invaden- 
di,  quœ  nomen  Suecicum  paulatim  ita  afflixeiunt,  ut  in  maritimis  tantum  oris,  &? 
iujulisfere,  qua  bis  prœtexuntur ,  vefiigia  ejus  remanerent.  Itaque  in  prifeo  Su- 
ionum in  banc  provinciam  dominio  jus  ait  quod  accerjere  liber et ,  bis  avulfa  veriusy 
poflea  non  tam  occupata,  quam  récupérât  a  cenfebitur.  Ghtibus  addi  poffet ,  Livo- 
niam, qua  in  tut  clam  imperii  Germanici  pofimodo  recept  a  fuerat,  jufio  diploma- 
te Snecis,  ab  imper atore  Carolo  V.  conceffam  effe  ,  ut  dédit itiam  adverfus  vint 
MoJ 'cor  uni  protégèrent  :  Polonis  autem  a  magiftro  cquiîum  eorundem  ,  renitenti- 
lus  horum  nonpaucis,  ejus  permijfam  effe  partem;  qui  t  amen,  ut  precarius  ma-  , 
glfiratus,  non  majori  Livoniam  jure  alicnare  poluit ,  quam  eletlor  Saxonicus  hodie 
regnum  Polonicum  donare  alteri,  aut  vendere.  Sed  quid  opus  hœc  jam  repeter  et 
Nam  fi  Polonis  jus  aliquod  in  Livoniam  brevis  olim  poffeffio  peperiffet  ,  id  quale- 
ennque  demi'.m  fuerit ,  pace  Olivenfi  *  renunciatv.m  cfi,  atque  abolitum;  quam 
conveiitionem  or  dînes  rcipublica  Polonorum  non  tatum  firmam  raiamque  babue- 
runt  ,vcrum  &  folennem  ejus  adprobationem  codici  legum  fuarum  inféré  voluerunt. 
"t"  §ua  igitur  fronte  Livoniam  inter  illicite  avulfa  reput averit,  quœ  tam  folennî 
ac  legitimo  modo  conceffa  cfi  ?  Aut  qui  potuerint  ab  eo  Poloni  pofiulare ,  ut ,  quod 

*  Art.  46.      j  Ratifkatio  Pac.-Oliv.  a  Sénat.  &  Nobilit.  Polon, 


5oo     MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

iroi.    ipft  commuai  olim  confenfu  cum  Suecis  paclifunt ,  Rcx  infringeret  ac  violaret?  Si 
1   neque  vcrbis  fides,  nec  pailis  obtigatio  .inell  ,  quid  ait  met  bella  comporter e ,  qua 
tenter  e  Cs?  nu  lia  injuria  provocatus  aller,  quandocunque  voluerit  ,renovabifi  Subla- 
to  hoc  vinculo,  quo  fialus  hominum  ac  focietas  hailenus  contineri  vifia  eft  ,  quid 
tandem  fupercrit,  quod  genus  mortaliunt  ab  inter  necione  falvum  prœftiterit}  Quant 
faciem  h<ec  vita  indaet,  nifi  belluinam,  &  qualem  dux  nofter  optât  ,  perpétuant 
quamdam  bellorum  lalrocinior umque  licentiam  ?  Peffime  igitur  cum  univerfo  ho- 
minum generi  confultum  it ,  qui ,  excufjo  ex  animis  meiu  &  rêver  entiâ  Dei ,  quo 
tefte  fœdera  atque  pacla  ineuntur  ,  fidem  flocci  habendam  docet ,  tum  ftbi  exem- 
plum  ftatuit  perniciofum ,  inque  ipfius  caput  aliquando  rctundendum.     Qui  enim 
*Pfe  fecurus  erit ,  quo  ntagiftro,  alii  tam  expeditam  f aliénai  viam  diduerunt  ?  Et 
quo  jure  alterum  incufiabit,  y?,  ut  eft  magna  rerum  omnium  vicijjitudo ,  paria  pa- 
ir are  illi  conimodum  forte  vifumfuerit?  Qui  fidem  femel  decoxit,  eum  etiam  Mi, 
■quibus  amicis  utitur,  metucnt  :  &  qui  decepti  funt,  ne  iterum  decipiantur ,  inten- 
tius  cavebunt  ;  cum  bis  ad  eundem  impingere  lapident  ftultis  fiolis  concefijum  eft. 
Documentum  certe  habuerint  vicini  principes ,  quantum  ejus  amicitiœ  tribuendum , 
quem  non  pudor  a  turpitudine ,  non  fides  a  levitate ,  nec  innocentia  ab  injuriis  re- 
l'ocarit.     At  enim  cum  jur  abat  religiofus  vir  ,  regem  avulfa  recuperaturum  ,  ad 
quant  cœli  p/agam  vultum  convertebat  ?  Quid  terraruni  potijjîmum  mente  coqcipie- 
batl  An  Livoniam?  At  fola  non  eft ,  quœ  putatur  regno  avulfa  Polonico.     Nifi 
igitur ,  ad  modum  certi  generis  facrificulorum,  verba  a  mente- aliéna  recitaffet ,  eo* 
dent  carminé  devovebat ,  quantum  olim  regionum  Poloniœ  quacunque  ratione  ob- 
noxium  fuiffet .  Namfi  Livoniam  inter  avulfa  computat,  in  quant  fiabile  firmum- 
que  jus  Poloni  nunquam  adepti  fiant,  qua  etiam  Suecis  légitima  paÙione  cefifierant, 
quid  earum  regionum,  quarum  alienatio  meliore  jure  non  nititur ,  fata  morabitur? 
Dubitabit  quifquam  vicinorum  de  intentione  £f?  mente  régis  Poloniœ,  quœ  nonjam 
magis  libéra  eft ,  fed  religione  adftricla ,  Flemmingio  interprète ,  &?  metum  perju- 
rii  incutiente,  nifi  proxima  qnœque  tam  fpeciofo  titulo  admordeat.     Pacla  fcilicet 
illum  retinebunt ,  qua ,  quant  facile  vulpcs  pyrum  corne  fi ,  infulfis  calumniis  infir- 
mare  ac  evertere  noverit.     Bene  igitur  jur ifuo  in  Boruffiam  cautum  exiflimet  do- 
mus  Brandeburgica.    Magnus  item  Mofcorum  dux  in  Kiovienfem  ,  &  Smolefcen- 
fem  provincias  diuturnum  fibi  polliceatur  imperium,     Annon  Daciam  univerfam , 
cujus  partent  Hungariœ  Rex,  partent  Turcarum  Imperator  tenet ,    ad  vêtus  obfie- 
quium  compellere  cogitabit,  quod  vctligalis  olim  &?  tribut  aria  Pvlonorum  fuerat? 
Quin ,  Hungariam  ipfa?n  aliquoties  Polonia  conjunclam  fuijfe  confiât  :  quo  minus 
illam  recuperare  negliget.     Silefia  a  primis  regni  incunabulis  Polonia  adhtsfit.   II- 
lam  igitur  tant  oppurtunam ,  tam  necefiariant ,  arccm  quondam  &  propugnaculum 
Pcloniijtf)  inperpetuum  a  corpore  regni  avelli  Rex  patietur  ?  Siquidem  ut  fidem  rei- 
publica  datam  folvat ,  £s?  teneram  Flemmingii  confident iam  a  crimine  perjurii  libe- 
ret,  religiofus  pr inceps  nihil  intentatum  inaufiumque  linquct.     Non  petttit  aperîi- 
tis  animum  &  cogitatata  nudare ,  te  tins  alioquin  &  diffimulandi  callidus  :  nec  per- 
tinacius  bclli   caufiam    quarenti    qu.dquam    turpe  aut   illicitum   fuerit ,   cum , 
qui  Deum  fallere  non  eft  veritus  ,   homines  pofthac    decipere  inter  ludura  re- 
putabit. 

Lhimv;ro,fi  crcdidijfet Flcmmingius  non parvunt  glorix  régis  fiai  cumulant  accé- 
der e 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.  501 

dere,  quod  Suiones  iwmer entes  ,    &  paci  confifibs  ,  per  dolum  atque  injidias  cir-  1701. 

cumveniffet  ;  Jijam  non  nef  as  putajfet  Livoniam,  qua  légitime  Mis  concejfa  eft, 

propter  jusjurandum  armis  vindicare:  per  cujus  genium  dejeravit  ,  fe  quoque  ani- 
mes provincialium  ad  perjuria  adaclurum?  Quodnam  decus  inàe  reportaret ,  fi , 
quorum  fortunas  ferro  atque  flammâ  corrupit  ,  eorundem  quoque  fidem  ac  con- 
feientias  depravarct  ?  quid  commodi,  quid  ornamenti,  Livonis  inde  conciliaret  vin- 
dex  ac  affertor  ?  Quos  profeclo  intégra  exiflimationis  cives  habere  potuififet ,  fi  forte 
provinciam  fubjugaJJ'et  ,  eos  nonni/i  flagitio  pollutos  ,  feelere  obligatos  ,  ignomi- 
niofios  Éj?  infâmes  in  poteftatem  recipere  prœoptavit.  Jntelligere  tantum  potuit , 
non  ejfe  in  civium  potefiate  fidem ,  quam  régi  legitimo  femel  jurajfent ,  citra  fa- 
dijjîmum  perjurii  crimen ,  abrumpere ,  fieque  alieno  dominio  contra  ejus  volunta- 
tem  veniamque  fubjicere  :  neque  obligationem  illam ,  qua  régi  fuo  cives  fitnt  de- 
vincli,  ftatim  tolli  £5?  exfpirare ,  fi.  contingat  injujîis  aliorum  armis  provinciam  op- 
primi  ;  quamdiu  ejus  curam  vêtus  dominus  non  abjecerit ,  aut  ita  viribus  fit  débili- 
tai'us ,  ut  eam  recuperandi  nulla  fpes  &  ratio  fuperfit.  Quanquam  ne  tune  quidem 
priori  juramento  exfolvi  eos,  ut  alterius  imperium  ampiccli pojjïnt ,  apud  cultio- 
res  gentes  receptum  eft,  nifi  pravia  ejus  renunciatione ,  cui  haclenus  fide  &  obe- 
dientià  obligati  fuerant.  Verum,  ut  apparet,  id  unice  hic  homo  ftuduit,  ut  du- 
bia  cum  principe  fuo  palmâ  contenderet  ,  Mené  injujiius  fufcepijfet  hoc  bellum  , 
an  nequius  ipfe  geffiffet.  In  eurn  finem  dififeminavit  veterator  quaquaverfum  Li- 
bellos,  putidïffimis  calumniis  &  omni  impietate  refertiffimos ,  quibus  intolerabile 
Suionum  jugum  crepat ,  &?  rurfus  vetera  Pjolonorum  in  Lïvonos  merito  in  cœlum 
extollit,  aureofque  montes  prolixe  polîicetur,  vulpe  pellace  benignior  ,  fi,  defer- 
tojujîo  domino  ac  rege ,  fe  grajfiaiorum  partibus  adjungerent.  Sperare  potuit  bel- 
lua ,  tant  impio  ediclo  capi  potuijfe  Livonos  ?  tam  detefiabili  facinore  deleclari  ? 
tant  veteratoria  arte  perfuaderi ,  ut  palpum  fibi  obtrudi  finerent ,  &  f amant  hone- 
jlatemque  ,  quam  maximum  bonum  mortales  aflimamus  ,  tam  temere  prodige- 
rent"î  qui  non  minus  conflantia  laude,  quam  virtute  bellica  confpicui ,  nobilita- 
tem  a  majoribus  partam ,  vitamque  haclenus  fine  probro  aclam,  tam  enormi  inqui- 
narent  flagitio  !  Sjhiam  ftolide  ex  uno  alterove  perditorum  hominum ,  qui  ob  vi- 
tam  confeeleratam  aut  profugi,  aut  ejecli  nifi,  perturbata  patria  ,  J'pem  falu- 
tis  nullam  vident ,  de  tôt  a  gente  ferat  judicium  !  qua  fidem,  quam  puram  adhuc  in- 
violatamque  regibus  fuis  praftitiffet ,  ab  hoc  nequitia  mancipio  tentari ,  Jiniflraque 
adeo  vellicari  oplnione ,  quam  maxime  indignatur.  'Tam  atrox  ac  abominan- 
dum  cunblis  hoc  vïfunt  fuerat ,  ut  etiameos,  quorum  animus  vacillabat ,  in  fide 
£5?  officio  magis  confirmaret ,  qui  durijfima  quœque  in  patrie  per  ferre ,  aut  etiam 
cum  Ma  per  ire  ,  malle  aperte  profitent  tir  ,  quam  ifiius  dominium  fiubire  ,  cu- 
jus omnes  togitationes,  dicta,  facla,  fraude,  mendaciis ,  crudeiitate  confîare  in- 
tclligunt.  Hujus  conflantiœfpecimen  cepit  ipfe  dux ,  cum  ,  immifjb  latronum 
ghbo  ,  non  minis  ,  non  magnis  pollicitationibus  quenquam  honeftioris  loci  Livo- 
num  ad  fiuas  partes  Micicere  potuijjet  ;  contra  non  paucos  invenijfet ,  qui  cum  fortu- 
narum  fuarum  naufragio  fidem  fervare  maluiffent.  Prodttoribus  autem  ,  quos 
finu  fuo  ac  complexu  dudum  recepit ,  vifa  hac  popularium  fuorum  conftantià  , 
tant  us  dolor  imifius  efl ,  tant  acer  confident  ta  morfus  infliclus  ,  ut,  cum  hacle- 
nus majori  fiolatio  cum  multis  ,  quam  fi  foli  périrent ,  interituros  fe  fiperaJJ'ent , 
fora.  I.  Nn  quan- 


?oz      MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

1,701.  quandoquidevi  konefte  vivere  magis  non  pojfunt ,  jam  cruciatus  fitos  tolerare  ub 
"  terius  nequeant ,  (3  perfcntire  demutk  ,  ferioque  agnofcere  dedecus  fuum  incipiant. 

Utraque  pars  in  caufa  licet  diffim.il}  ,  diverfis  item  voluntatibus  ,  pcrcipit  tamcn 
jam,  &  pêne  oculis  cernit  im>ni;ere  arvicibus  fuis  jugum  graviffimum ,  parari 
confient  iis  vira ,  &  haudfcio,  an  toti  genti  excidium  ac  tnteritum,  ni ,  ut  bafte- 
nus  in  tutela  Suecicte  manfuetudinis  perfveret .  Aut  quœ  forent  prtemià~l3  émolu- 
ment a  ,  q uœ  bac  defetlione  &  turpfjfimv  fcckre  redimerent  Livoni  ?  Primum  ini- 
que cerium  efl ,  non  paffuros  Suiones  eripi  fibi  provinciam  tanto  fanguine  partant, 
tôt  tantifque  laboribus  defenfam  ;  aut  extorqueri  fibi  vicloriam  ab  ep  hofle ,  queht 
a  majeribus  fuis  toties  perculfum  ,  adque  incitas  redaclum  ,  meminerint  :  buic 
autem  bello  ,  utcunque  fe  initia  dederint  ,  eo  pervicacioribus  animis  inhisfuros  , 
quo  juftiori  caufà  ad  vindiclam  ftimulantur.  §)uid  tum  de  Us  fier  et  ,  qui  inexpia- 
bili  perjurii  crimine  fe  adftrinxerint ,  facile  eft  judicatu.  Non  dubium  eft,  quin  in 
defeclores ,  tutamque  eorum  Jiirpem  ,  eo  gravius  animadverteretur  ,  quo  atrocius 
longe  hoc  crimen  cenjetur ,  &  tefos  majon  odio  ac  ira  inflammare  folet.  Deinde 
laxius  fttb  eo  imper. ium  an  credibile  eft  Livoniam  expert  uram,  qui  ab  eo  tempore, 
quo  feeptrum  nacliis  eft  ,  curas  cogitatiorefque  omnes  in  hoc  confixas  habuit ,  ut  , 
everfa  veteri  apnd  Polonos  reipublicte  forma ,  abfolutam  fibi  acquirent  poteftatem , 
13  e  republica  libéra  regnum  redderet  adduclius  atque  hœreditarium.  Propterea  co- 
pias Saxonicas  in  Pcloniam  accerfivit ,  fpeciofo  quidem  titulo ,  tanquam  adverfus 
Turcas,  re  tamen  ipfià,  ut  difeordià  inter  magnâtes  nobikfque  callide  excitata ,  al- 
teros  fovendo  ,  univerfos  opprimeret.  Sed  cum  hanc  fraudem  ,  etiamfi  initio 
cautior  fuiffet,  detegerent  prudentiores,  qui  fubdolis  régis  promiffis  ac  beneficiis 
inefeari  quoiundam  temeritatem  dolebant,  (3  jam  in  eo  efient ,  ut  hofpites  liber tati 
fuœ  ac  fortunis  prœgraves  foras  ejicerent  ,  levare  LUhuaniam  bac  fentinà  coaclus 
eft,  cui  récipient  Livonia  peropporluna  videbatur.  Procul  enim  abeffe  feiebat  , 
qui  colluviem  hanc  influentem  réprimèrent  :  £3  cum  ea,  qu£  vellet ,  confetla  ha- 
béret ,  inde  ,  tanquam  ex  propinqua  arec  ,  majori  vi  rurfûs  ingrueret.  Itaque 
tali  r er uni  fiât u  quodnam  alîevamentum  Livonia  habit ur a  effet ,  quant  funefti  hu- 
jus  belli,  nefariique  conatus,  arenam  elegerat ,  nemo  tain  ftipes  erit  ,  qui  non  vi- 
deat.  Ineptum  valde  eft  credere  ,  cogitaffe  unquam  regem  de  illa  Polonia  adjici- 
enda,  quant,  Patkullo  etiant  fatente  ,  ût  feparatum  dominium  fibi  retinere  confti- 
tuit  ;  non  alio  fine  ,  nifi  ut  Polonos  contumaciter  relublantcs  hoc  freno  coerceret. 
Otio  tune  inprimis  Riga  frueretur ,  feftofque  die  s  ageret  ,cum  hinc  13  illinc  infeftas 
•voliîare  acies  cerner  et ,  feque  unam  ,  quam  propugnaculum  tyrar.nidis  deftinave- 
rat ,  peti  &  uffiigi.  Confcientiis  quoque  incolarum  quies  parta  effet  ac  tranquillitasy 
cum ,  invalefcente  lue  jefuitica ,  tôt  evertenda  religionis  cuniculos  agi  vider  et , 
quoi  templa  £s?  collegia  exftruerentur.  Non  hic  commemorabo ,  quœ  patrum  me- 
morià  tentât  a  funt  £5?  peracla  :  tantum  revocentur  ad  animum ,  quœ  temporibus 
Stephani  régis  (3  Sigifmundi  III.  ab  hoc  hominum  génère  civitas  perpeffa  effet.  Fie  * 
rentiorem  vero  is  urbem  redderet,  atque  immunitatibus  juvar et ,  qui  hœrcditariis 
urbibus  omnem  fuccum  £3  Janguinem  fubduxerat  :  Gedanum  autem ,  civitatem  de 
Je  optime  meritam ,  cui  tantum  débet ,  quantum  qui  s  diaderna  oferenti ,  non  v.na 
calamitate  afflixerat.  H<ec  enim  fine  dubio  imper  ium  ei  tune  firmavit ,  cum  Fran* 
cijeum  Contium  ,  gentis  Borbonice  principem,  qui  a  primoribus   Volor.orum  ad 

regmm 


\ 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.  }&j 

regr.um  vocatus,  claffevi  illuc  appulerat ,  portu  fuo  13  exfcenfone  prchibuiffct  :   1701. 

vcrum  quant  gratiam  ab  co  iniit  ?  qui ,  arnoto  œmulo ,  tanti  beneficii  irnmemor  ,  

confervatricem  fuam  non  modo  pecunid  non  vexare  cœpit ,  fcd  etiam  vetera  ejus 
jura  &  privilégia ,  quœ  exauclurum  fe  promiferat  ,  variis  artibus  circumfcribere. 
guid  hoc  fatlo  indignius?  Sed  parut»  crat  urbem  fidiffimam ,  6?  conftantiffime  fu- 
as  partes  fecutam,  ita  illufiffe ,  nift  altcrius  vindiEtœ  eandem  proderet.  Nam  cum 
eo  ipfo  gravijjimum  régis  Galliarum  odium  in  fe  concitajfet ,  qui  ulîioncm  fpreti 
conjanguinei  principis  quœrebat ,  ab  eo,  w/'#.r  gratiâ  banc  inimicitiam  Jufceperat  , 
deferta  efi,  Î3  extranei  régis  arbitrio  dédit  a,  ut  duriores  quafque  legcs,  quas  infen- 
fus  dederit,  Jubeat ,  ni  cladem  13  ex  tréma  quœvis  expcrir;  malit.  Non  igitur  falfit 
conjeclurâ  ,  non  vana  fpe  ,  f attirant  fub  hoc  principe  fort  cm  Livonï  prœ fumant  : 
qui  quanttfc  nuque  jam  pollicitationibus  eorum  animos  latlaverit  ,  tafii  fancle  eas 
poflmodo  fervaret ,  quam  fidem  Gedanenfibus  datant ,  quamque  flipendia  copiis 
Polonicis  ,  circa  initia  regni  promifjd  ,  folverat.  Nunquam  iliic  ab  anima  fut 
impetraverit ,  ut  a  regu/d  receptajam  &  probata  tantiUum  recédât,  quâ,ut  puer  os 
tait  s ,  ita  viros  promijfis  fallendos  efe  utile  cenfet.  Qui»  cum  militent  aleret  nu-' 
merofum  ,  quo  infana  hœc  confilia  facilius  exfequeretur ,  unde  fumtibus  tolerandis 
13  quotidianis  effufionibus  pccuràam  corraderct,  nifi  ex  provincia  oppreffa  (3  fubju- 
gata  ?  Tranfalpini  thefauri  in  longum  non  fufficient.  Germanicas  regiones  colla- 
tionibus  &  tribut is  acerbijjîmis  dudum  exhaufit  ;  quarum  partent  cum  vendidifjet , 
partem  fœneratoribus  (3  extraneis  oppignerajfet ,  tantum  as  alienum  conflavit,  ut, 
fi  reliquas  vcnderet,  vix  quidquam  inde  ex/culpi  pojfet.  Polonia  nihil  ad  fuam  per- 
niciem  conferet,  quœ  militent  veteranum  fiipendiis  fraudatum  ,  13  où  id  tumultuo- 
fus  agentem  ,  difficulter  in  obfequio  continebit.  Lithuaniœ  tantam  paffim  prœda- 
toriis  cohortibus  calamitatem  vaflitatemque  intulit  ,  quantam  a  fœvijjïmo  bofie  vix 
pafi'a  effet.  Licet  bine  augurari  beatam  vitam ,  benevolentiam  ac  libertatem ,  quant, 
rex  Poloniœ  prœfiiterit  j  qui  quemeunque  populum  haclenus  ad  Ht,  egentiffimum  af- 
fliclijjimumque  reddidit. 

Quœ  infolentia  cum  in  omnium  ora  oculofque  incurrat,  fufiinet  tamen  Fkm~ 
mingius  Suionum  jugum  crepare.  O  prœclarum  libertatis  vindicem  !  O  Livonïœ 
columen  !  Jîgere  Diis  grattas  convenit ,  qui ,  cum  Livoniant  recreare  confiituifjent , 
hoc  duce  potijfimum  voluiffent  utï;  eut  velut  alteri  Jovi  Sofpitatori  aram  pofthac 
locabunt  incoU.  Ni  forte  ut  Mofem  fuum,  qualem  fe  ipfe  vendit at ,  illum  fu/jpi- 
cere  malint ,  qui  eos  ex  Livonia,  ceu  fervitute  JEgyptiaca  ,  educlos  nefeio  in  quas 
Scythiœ  folitudines  in  perpetuum  detrudet.  Nam  cum  alia  Palœftina  propior  non 
ejl  ,  illud  omnino  futurum  indigente  fibi  perfuadeant  ,  fiquidem  nec  Mifes,  quent 
imitari  fe  jailitat ,  Hebrœos  aliter  liberare  potuit,nifi  in  vafta  regionum  incuit  arum 
ejeclos.  Non  pofjum ,  qui»  hœc  cogitans  proruptam  hominis  audaciam  inclamcm , 
&i  ut  levifjime  dicam  y  caninam  impudeutiam  ,  qua  in  Suionum  leges  13  itnpcri- 
um  debacchatur.  §>uis  enint  os  illud  (3  faftumferct  ?  /r,  cujus  princeps  ad  domi- 
na tionem  atque  prœdam  femper  biat ,  de  tributorum  gravit ate  hifeere  audet  !  ®ui 
fidem  (3  promifjd  inter  inania  reput  at,  privikgiorum  imminutionem  increpabit  ! 
Pari  vecordiâ  regiorum  prœfeïïorum  in  controverfiis ,  quœ  inter  publicanos  &  agre- 
flem  plebem  oriuntur  ,  examina ndis  curam  fugiilat ,  in  id  inflitutam,  ne  Harpyis 
quibufdam  in  pauperculorum  bona  (3  corpora  impune  fevire  liceat:  aqu.vnque  ju- 

Nn  j  ris 


304      MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

1701.  r'5  adminijlrationem ,  quant  optimus  qui/que  non  tantum  fumma  laude  dignam, 
-  •  .  verum  etiam  in  republica  bene  conflituta  maxime  necefjariam  judicaverit  ?  crïmen 
vocat  perfidie  ac  rcbellionis  fcelere  ulcifcendum.  Adeo  ifti  bomini  fuffuj'a  bilis  ce- 
rebrura  turbavit,ut  non  videat  fe  ilhs  laudare,  quos  ita  vitupérât.  <%uis  crcderct 
■  ad  extraneiim  fpeciare ,  quo  honoris  gradu  quemque  civium  fuorum  rex  Succiœ  dig- 
vatus  fucritï  Hic  tamen  totis  babenis  in  maledicentiam  effunditur ,  ut  ojicndat  m- 
bonoratam  effe  apud  Suiones  fortiurn  virormn  operam.  Qitamvts  autem  omnium 
confejjione  conflet  nufquam  gentium  majores ,  quam  in  Suecià-,  viris  militaribus 
honores  tribai;  ncc  plurcs  alibi  ab  bumili  ordine  ad  amplijjimos  dignitatis  gradus , 
ob  bellica  facinora  ,  adfcendifj'e  ;  tamen  ,  quare  nonnullos  honoratiori  loco  ejjè 
voluifient ,  regibus  Suionum  ratio  non  défait ,  huic  qaoque  nugatori ,  fi  faperet , 
adprobanda^  Quod  fi  eorum  fortunam ,  quosjacêre  hacîenus  criminalur ,  ampli- 
orem  poflhac  ornât ioremque  efj'e  voluerint ,  quid  tune  allatraret  mortalium  itnpu- 
dentiffîmus'i  Nam  décret orum  ejufmodi  non  invjcla  adeo  £5?  œterna  ratio  efl,  ut 
non  facile  mutari  poffint  &?  foleam f,  quod  ea  reipublicte  tempora  flepe  incidant  ,ut , 
quorum  opéra  minoris  olim  habita  fuerat ,  deinceps  majori  in  precio  ac  honore  ha~ 
bendam  effe  prince ps  exiflimet.  Sed  cum  nihil  ineptiarum  omififljet  prafligiator , 
quibus  Livonos  ad  feditionem  impelli  fojj'e  fperabat ,  tum  vero  inprimis  rabiem 
juam  armât,  &  omne  acer bit atis  virus  evomtt,  ut  Rigenfes,  oflentatis  damnis , 
qute  fub  Suionum  imperio  paffi  funt  ,a  fide  £5?  conflantia  d'.moveat.  Ferum  ut  om- 
îtes intelligere  poffint,  fluporem  hic  cum  fumma  animi  malitiâ  contendere ,  6?  huic 
magis  voluntatem  &?  libidinem  criminandi  fuppetere ,  quam  materiem ,  qnid  inep- 
îius  adverfariis  objicere  potuiffet,  quam  incenfam  an  te  aliquot  annos  per  ne  fart  os 
homines  urbem  ?  quos  planum  efl  à  quibujdam  iflius  nationis  ,  quam  fortaf- 
fîs  hoc  bello  fociam  habiturus  efl  rex  Poloniœ  ,  fubornatos  futjj'e.  Non  me- 
liori  ratione  bujus  incendii  culpa  in  Suecos  confertur,  ac  fi  eos  hodie  aceufarc 
velit ,  quod  ipfe  vicos  pajjim  exurat  j  dignus  mehercule  iifdem  rogis  ,  quibus 
prius  maleficittm  punitum  eji.  Jam  vero  ,  quod  fuburbio  Rigenfium  faces  fint 
injeîiœ  ,  cui  culpa  imputanda  efl  ?  iifne  ,  qui  ex  infidiis  urbem  capere  vole- 
bant ,  an  vero  bis ,  qui  aliter  eam  defenderc  nequibant ,  ni  fi  exuflione  œdificio- 
rum ,  ex  quibus  oppugnari  potuiffet  ?  Tarn  jufe  Suecis  hoc  damnum  exprobrave- 
rit,  quam  gubernaiori  navis  jacluram  mercium,  quod  per  ire  nolit  ;  aut  infanabile 
vulnus  habenti ,  quod  ferro  brachium  refecandum  prxbeat ,  ut  vitam  lucretur ,  & 
reliquum  corpus  a  contagione  fervet.  Equidem  credo  tam  Saxor.em ,  quant  Sue- 
cos ,  fummo  dolore  confpexiffe  pulccrrimas  œdes  flammà  devorari  ac  conciderc  j 
verum  illum ,  quod  inde  teéia  urbis  ipfamque  arcem ,  jicut  deflinaverat ,  oppugna- 
re  non  potuiffet ,  hos,  quod,  ut  bofiium  faucibus  eam  eriperent ,  ad  banc  ne-cejjt- 
tatem  compulft  effent.  6)uem  cafum  fiajudem  impendere  urbi  facile  prœvidebat , 
_//'  tam  inftgnis  ejits  raifericordiafuiffet,  cur  ab  oppugnanda  non  abflinuit  ?  nunc  ca- 
lamitatem,  quam  ipfe  facerat ,  miferari,  corum  truculent»  efl  htimanitas,  qui  ri- 
dendo  injurias-  inférant.  Porroy  licet  nulli  non  populo  ujitatum  fuerit ,  annonà 
tngravejcente  ,  frumenti  exportationem  inhiber e ,  imo  ni  J'uos  cives  famé  crudelster 
vecare  vclit,  necefj'ar.am  cenfeatur  :  tamen  &  bine  calumniar.di  anfii  arrepta  efl. 
sitqui  hoc  non  tam  e/i  principem,  qui  vetat ,  quam  Deum  accu/are,  qui  fterilita- 
tem  immiftt.     Si pr opter  ejufmodi  mandata,  quœ  neccfjitas  extorquet ,  juftam  de- 

fetlh- 


ET    RESOLUTIONS    D'ETAT.         3of 

fetlionis  caufam  haberent  cives,  jam  dudum  omne  imperii  nomen  in  Europa  fuif-     1701. 
Jet  fiublatum-,  cum  nu  lia  gens ,  nullum  regnum ,  nulla  refpublica  invenitur,  qui  bus    ■■ 
per  hofce  annos  ejufmodi  exempta  non  fréquent at a  fint. 

Sed  quid  Jingulas  hujus  infulfitates  perfequar?  Ncque  enim  bas  attingere  libuit , 
quod  cligna  rejutatione  vifie  efifient  ,    quandoquidem  nihil  à  Suionibus  commififium 
quod  afiperius  imperandi  genus  arguât  ,   quodque  princeps  etiam  indulgentifjîmus 
non  facere  foleat  :   ver  mit  ut  planum  fier  et  omnibus  ,  qui-  filagitia  deteflantur  , 
nihil  morari  ducem  noftrum  ,  quo  Livonos  ftmiles  fibi  faciat ,   metumque  numi- 
nis ,  &  reverentiam  jurisjurandi  ex  eorum  animis  expellat  j  atque  ut  id  confequî 
pofijït ,  tam  caca  rabie  in  criminationes  ferri ,  tant  a  impudentia  debacchari ,  ut  non 
procul  abhorre  at  ab  infanià.    Mirum  quid  reponeret  ïpfe  ,  fi  S  axones ,  fit  Polonos, 
ad  paria  in  fuum  principem  audenda  adhortaretur  alius ,  probabiliori  longe  ratione 
illis  religionis ,  his  libertatis  periculum  reprafientaturus  ?  An  vero  confilïa  ejus  pe- 
nitius  tntrofpicienti  dubium  erit ,  quin  utriufique  opprefifionem  anima  agitet ,  qui 
facra  omnia  profanare  cœpit ,  &  nihil  penfi  habere ,  quod  fuis  non  conveniat  cupi- 
ditatibus  (3  dominandi  libïdini.     Certe  non  ex  vano  fuit,  quod prudentijfimus  quif- 
que  Polonornm  formidabant,  ait  i  us  i/lud  pe  net  rare ,  tentarique  eorum  libertatem , 
cum ,  part  a  etiam  pace  ,  peregrinas  copias ,  quas  in  regnum  induxerat ,  contra 
pacla  6?  conventa  obftinatius  retineret.  Quid  enim  morœ  (3  tergiverfationis  erat9 
nift  ut  rempublicam  àrmis  opprejfam  non  ex  legum  praficripto,  fied  fuo  arbitratu  re- 
geret,  13  fialuberrima  liberté gentis  jura,  quibus  immenfum  haclenus  viguit,  pefi- 
fiundaret.     Ifto  exercitu  13  inftrumento  dominât  ionis  fret  us ,  non  occulte , "fied  palam 
viunia  fenatus  (3  ordinum  in  fie  trahere  cœpit,  paclaque  &  conventa  ;  quibus  tam 
hbertas  eorum  innititur  ,   quam  régis  poteflas  coercetur  ,  fiufque   dcque   habere. 
Quid  enim  horum  eft ,  quod  conculcatum  jam  non  videant  Poloni?  Et  quant ulum 
refilât,  ut  regem  nullis  legibus  adftritlum  habeant?  Namfi inter  certififima fiurnmï 
tmperii  pignora ,  quod  nemo  unquam  dubitavit  ,  jus  belli  ac  pacis  emineat ,  quœ 
timbra  libertatis  fiupererit,  cum  inficia  (3  inconfulîa  republicâ,  f céder  a  pangere ,  & 
bella  indicere  pro  lubitu  Rex  eorum  potefil  ?  quandoquidem  arma  tenenti  reliqua 
omnia  parebunt ,  nec  vetera  fiubvertere  ,adque  animi  fient cntiam  fingere  &  reforma- 
re  difficile  erit.     Ifta  quidem  à  rege  fiuficepta  efifie  non  ad  reipublicœ  incrément  um  ,. 
fied  ad  fittam  dominationem  fiabiliendarn ,  documenta  fiuerint  iftius  fiœderis  capita, 
qua  légat 0  Suecico,  fiicut  fiupra  memoratum,  paulo  ante  tradidit.     In  quo  ,   mo- 
nentibus  licet  Suecis ,  cum  nullam  reipublicœ  rationem,  haberi  voluififiet ,   divinars 
facile  Polonis  fiuerit,  quo  i/lud  tenderet,  (3  fimul  intelligere  Suiones  eorum  liberta- 
ti  y  quam  finis  commodis ,  fuififie ,  amiciores.     Ncque  tamen  omnino  nulla  eft  eau- 
fia  Polonis  fiufipicandi ,  apud  aliam  gentem  ,    quod  Suionibus  perfuadere  nequiit , 
quicquid  in  fipeciem  renovandi  fiœderis  jaclatur  ,  regem  fuum  facilius  obtenturum. 
Jam  vero  bellum,  quod  improvifio  &  temere  Suecis  illatum  eft ,  quid  aliud  arguit? 
Quod  etiam  fi  refpublica  non  potuit  prohiber e  ;  verumtamen  fit  inceptum  jam  ra- 
tum  haberct ,  fiuifque  opibus  fiuflentaret  ,  maximum  ad  auiloritatem  fiuam  mo- 
mentum  accefijïfife  Rex  vider  et ,  eaque  adprobatione  jus  fiibi  acquifitum  de  fnmniâ  re- 
rum  pro  arbitrio  fiatuendi.     Non  enim  exempla ,  ubi  inceperunt ,  fiubfiftunt  :  fio- 
lutis  fiemel  legibus ,  creficet  in  immenfum  licentia.     Eo  paéo  animadverterent  Po- 
loni fiublatum  efifie  illud  Palladium,  quo  manente,  Hbertas  eorum fialva  fucrat  ,ju-- 

Nn  j  fa 


1731. 


5o5     MEMOIRES,  NEGOTI ATIONS,  TRAITEZ, 

ra  ordinum  evcrfa  ;  13  onmem  v':m  regni  è  libcris  ccmitiis  in  unius  arbitrium  trans- 
'  fer  ri,  qui  pro  fua  lubidine  rempublicam  invitât»  gravi ffimis  fur  bis  ac  periculis  im~ 
plicare  pofj'et.     Non  dcefiet  unquam  pcregrino  militi  inducendo  idoneus  pratextus , 
'  cujus  auxilio  praferocis  populi  (3  Itbertatis  amantijjimi  vires  anima/que  domaret , 
jugoque  aliéna  gcntis ,  linguâ  (3  moribus  quam  maxime  difcordis ,  colla  libéra  fub- 
jiceret.     Non  obfcurnm  hoc  ejus  confiUum  erat  in  Elbingenfi  controverfia ,  in  qua 
urbe  occupanda  fi  non  connivijjèt ,  vehementer  iamen  hac  reïpitblica  jatlurâ  de- 
letlatus  eft ,  ut  copias,  qua  s  exoncrare  jam  /imulaverat ,  diutius  detinendi  caufam 
haberet  ;  ideoque  nullis  ordinum  precibus  flebli  pot  ait  j  ut  toliendo  huic  dijjidio  ope- 
ram  fuam  interponerct .     Quod  cum  Poloni   nihilominus ,  invita  rege ,  perfecif 
Cent ,  non  alla  ratio  exercitum  in  propinquo  habendi  vifa  eft ,  ni  fi  ut  Livoniam  inun- 
daret.     Sane  omni  luce  clarius  eft ,  non  aliam  ob  caufam  hanc  provinciam  correp- 
tam  eJJ'e ,  quam  quod  vefanis  deftinatis  peridonea  vifa  effet ,  ut,  fi  hanc  opprime- 
ra, ab  ea  parte  Poloniam  obfeffam  teneret  ,  (3  j  incumbeute  aliunde  regionum 
Germanicarum  mole,  letbale  tandem  vulnus  libertati  reipublica  infligent.     Qua 
quidem  mihi  jam  jure  meritoque  latari  videtur ,  quod,  rege  ad  hanc  dementiam 
impulfo,  patefcere  animum  ejus  &  illicitos  conatus,  13  fimul  planam  apertamque 
viam  fibi  munir i  fient  iat  ad  depellendam,  quam  machinai ur,  è  cervicibus  civium 
fervitutem.     Nunquam  enim  impio  hoc  bello  Suiones  laceffivïffet ,  nunquam  tant 
temere  eos  adgreffus  fuifjet ,  qui  protervitatem  tantam  ulcifci  acerrime  poterunt , 
nifi  D  e  u  s  improborum  ultor  ac  vindex  confilium  ipfi  eripuiffet.     Vnde  non  du- 
biis  fignis  conjetlare  licet  ac  divinare,  impendere  huic  fatum  aliquod,  &  pœnas  te- 
meritati  fua  débitas  appropinquare  jam  ,  autadejfe:  certc  manuDsi  viam  Pe- 
ïonis  manifeftari ,  quâ  infidias ,  qua  abfcondita  quodammedo  antea ,  jam  erupe- 
runt  ,  declinare ,  feque  fuamque  libertatem  tutari  poffint.     Qua  enim  major  un- 
quam opportanitas  fuerit  opprefiores  reipublica  coercendi ,  (3  S  axones  fimul  omnes 
finibus  Polonia  exterminandi  atque  ejiciendi  ?   Qua  occafio  amplior  à  rege  extor- 
quendi  myriadas  illas  pecunia ,  quas  militi  Polonico  liber  aliter  promifit ,  fed  in 
hune  ufque  diem  injufte  detinuiO.  Adventarunt  jam  legiones  fortifjima,  quas  me- 
tuere  fe  antea  flngebat,  nunc  vere  timet :  aderunt  max  e  Suecià  majores  copia, 
quarum  omnium  auxilio  Polonïs  facillïmum   erit  licentiam  Saxonum  compefeere  , 
(3  indomitas  libidines  refrenare.    Neque  agre  rex  Suionum  id  conce (J'erit ,  qui,  in 
vicem  fervati  fœderis ,  &  ftabilis  in  pofterum  amicita  pïgnus ,  hanc  gratiam  Polo- 
nis  libcnUr  referet  :  praftare  autem  hoc ,   quod  vellent ,   eo  expeditius  poterit , 
quod  Anglorum  Batavorumque  clafiibus,  aliifque  fœderatorum  auxiliis,  rege  Da- 
-nia  coercito,  intraque  fines  fuo  s  reprej/o,  omnes  copias  regnique  vires  in  Livoni- 
ani  tranfportare  ipfi  integrum  fuerit.     Has  igitur  aquum  eft  velut  cœlo  delapfas  à 
Polonis  fufpici ,  quos  fera  alioquin  panitentia  Jubierit ,  ]i  occajioncm  bellijfimam , 
ac  divinitus  fibi  monftratam  negligant  :  fiquidem  connivendo ,  (3  immaniffimi  animi 
deflinaia  foveudo ,  fuo  jumento  malamfibi  rem  arceffiverint ,  fureniique  gladium , 
qua  ipfi  mox  jugidandi,  prabuerint.     Hoc  certe  perfuafiffimum  fibi  habeant ,  nul- 
los  hoc  bello  progrejfus  regem  fuum  fatïurum ,  qui  non  in  ipformn  exitium  perni- 
ciemjite  redundaverint . 

Qua  cum  ita  fint ,  cumque  non  conjcBuris ,  fed  document is  luce  ipfa  clariori- 
bus  patt fa  Hum  fit ,  quam  itjufie  hoc  bcllitm  à  rege  Polonia  fufeepium  fi! ,  quant 

turpi- 


ET    RESOLUTIONS    D'E.T  A  T.  307 

turpiter  à  ducibus  ejus  geflam,  quam  impudenter  déni  que  defenfum-,  fas  quoque  1701.' 
fit  fferare  neminem  fore  ,  cui  aliquis  bonefli  fenfus ,  cui  publica  falus  ac  tranquilli-  - 
tas  cordi  efl ,  qui  ijiùts  régis  libidinem  non  toto  animo  averfeîur ,  qui  nulla  induclus 
injuria,  fcd  ex  folci  animi  imtotentià,  &  dominandt  cupiditate ,  folennem  paclo- 
rumfidem  violavit  ,£5?  fopitum  nuper  cum  incredibili  or  bis  Chrifliani  lœtitiâ  incen- 
dium  ,  nunc  cum  fummo  ejufdem  dolore  ac  metu  refufcitavit ,  totque  hominum 
•vît as  fimul  &  fortunas  in  cafum  dédit.  Omnes  certe  principes  dolent ius  ferent ,  ab 
eo  ,  qui  facrojanclum  régis  nomen  ,  &  eminenliffium  rerum  humanarum  decus 
gerit,  mot  a  efj'e  iflius  juris  fundamenta,  quo  focietas  gentium  haclenus  inconcuf- 
fajletit,  nec  qiiidquam  tant  fanblum  ac  inviolable  baberi,  quod  libidini  non  fuc- 
cumbat.  Qui  fœdere  Evangelico  continentur  ,  non  poterunt  non  ominari  ,  quià 
prœfidii  in  illo  pofitum  babeant,  qui  cum  fe  reclorem  afjertoremque  iflius  fœderis 
gerat ,  non  tantum  religionem  avitam,  in  ipforum  opprobrium,  defeiuit,  verum 
etiam  regem  pracipuum  fuœ  rcligionis  fulcrum  ac  propugnaculum  ,  quantum  in  fe 
efij'et,  Jubruere  ac  convellere  non  dubitavit.  Eos  denique,  ad  quos  infatlœ  pacis 
vinditla  pertinet ,  inprimis  regem  Chriflianifiimum,  cujus  fponfio  atque  auSlorititas 
petulanter  lœfa  6?  contemta  efl,  fpes  erit  certifjima  non  pajfuros  temeritatem  banc 
fore  inultam  ,  •verum  omnia  confilia  virefque  collaturos  cffe,  ut,  quœ  manifeflis 
pailorum  legibus  exprimitur,  pœna  quam  celerrime  fœdifrago  &  aggrejfori  injîiga- 
tur.  Si  quos  privât i  lucri  fpes ,  aut  abfconditum  odium  in  tranfiverfum  egerat ,  ut 
oleum  akndo  igni  fuffundere  utile  put averint ,  eos  fi  non  pudor  ,  aut  boneftatis  cu- 
ra, à  turpitudine  bujus  focietatis  retinebit  ,  apertijjimum  certe  difcrimen  ,  quod 
vicinis  omnibus  ac  toti  Europœ  inflare  jam  vident  atque  impendere,  debortari  de- 
beret ,  ne  immenfe  unius  ambitioni  ac  exitiofls  deftinatis  lenocinando  ,  incendi- 
um,  proximam  quamque  gentem  eadem  flammâ  correpturum  ,  occulte  nuirirent, 
aut  fuggeflis  facibus  latius  fpargcrent  ;  reclius  longe ,  £5?  majori  adplaufu  fanioris 
orbis  ,  id  operam  daturi  ,  ut  communibus  auxiliis  quam  ocyjfime  exflingueretur. 
Quafpes  fi  regem  Succiœ  fruftretur ,  non  propterea  caufam  defpondebit ,  aut  ufque 
adeo  animis  concidet,  ut  non  ar mis  jus  fuum  ajfecuturum  fe  confidat  :  quin  divini 
numinis  auxilio  fret  us,  &  fupra  infitam  virtiitem  jufliffimo  dolore  ftimulat  us,  fpe- 
ret  fe  tam  firenue  temerarium  hoc  atque  impium  bellum  profligaturum,  quam  fi- 
dem  haclenus  fimpliciter  coluit ,  eoque  Icetiorem  hifce  turbis  finem  impojiturum  , 
quo  fœdius  initium  eis  attukrat  rex  Poloniœ. 

Confilia  calida  &  audacia  , prima  fpecie  laeta.tradhtu  dura.eventu  triflia  funt.  Livius. 

Veritas  à  Calumniis  vindicata,  feu  ex  parte  Sacra;  Regia;  Majefta-  Réponfe 
tis  Sueciœ  jtiftifllmum  Reiponfum,  quo  manifeftantur  Artes  &  Ca-  s^e 
lumniae  quibus  Rex  Polonix  injuftiiïîmum,,  &  divinis  humanifque  au  Ma-. 
Juribus  maxime  deteftabile,  Beilum  infucare ,  &  contra  Pa&a  con-  ^Jj 
venta,  pra:flitumque  Juramentum  ,  Reipublica;,  cui  praseft,  Li-dePo- 
hertatem  ,  û  poterit ,  {imul  oprimere  nitituiv  lo8ne' 

£  Um  feflinatio  vetuerit  integrum  adverfarii  Libellum,  ut  conflitutum  erat,  typis 
j.md  e.\cudere ,  •Vijam  efl  quoddam  ejus  Cowpendium  hic  pramitiere  ,  &?  in 

brevi 


5o3     MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

1701.    brevi  quafi  tabclla  ferkm  crhn'mationum  omnium  reprxfentare ,  »/,  is  intelle flis , 
" incorruptius  certiufque  de  oppofito  Rcfponfo  judicari  pojjït. 

Infcriptio:  Just^  Vindici.e  Ç£  funma  jûrmorum  Juflitia  ex 
farte  Sacra  Regia  Majefiatis  Toloniarum  ,  juxta  obligationem 
'PacJorum  Conventorum ,  prœjlitumque  Reiptihlica  Juramentwn , 
contra  SereniJJïtnnm  Regem  Çf>  Coron am  Sueci  a,  ratione  ruptee  to- 
ties  Tacis  perpétua  ,  violât  or  nm  TaEîorum  Olivcnfîum  ,  nec  non 
novijjima  exagitationis  &  offenjionis  Sereniffimi  Régis  'Dania  £9 
Norvegia ,  perpelui  Fœderati  Regni  Tolonia ,  ac  Copiarum  Re- 
giarum  aggreffionis  ,  manifcjîantur.  Anno  Vindicata  Salut  is 
jEtemaM.  7JCC. 

ARGUMENTUM. 

INitio  magnifias  verbis  Rcgis  Polonix  in  rcmpublicam  mérita  extolluntur, 
qui  a  primis  regni  auipiciis  cum  tranquillitatem  internam ,  tum  bonce  cum 
vicinis  amicitia;,  paâorum  fœderumque  confervationem  inter  fanctiores  curas 
repofuifl'e  dicitur,  atque  unice  in  votis  habuiffe,  ut  Polonam  libertatem  in 
dies  efflorefcere  videret.  Itaque  compofitis  turbidi  interregni  diffidiis,  Turcis 
fbla  armorum  oflentatione  ad  pacem  compulfis,  prolatis  regni  terminis,  El- 
bingenfi  negotio  per  amicos  tractatus  fopito ,  adeoque  pace  domi  forifque  par- 
ta,  cum  Polonos  dulcedine  otii  fblari  cogitaret,  ecce  Sueci,  quorum  animus 
paci  femper  infeftus,  rupto  faepius  fcedere  Olivenfi,  multifque  contra  rempu- 
bublicam  teftatis  apertce  hoftilitatis  indiciis,  nuper  quoque  Rege  Dania;,  per- 
petuo  Polonorum  fiederato,  per  imrniflas  in  Holfatiam  copias  6c  munimenta 
ereéta,  orfenfoj  &  noviffime  exercku  fuo ,  qui  circa  Polangx  portum  in  Li- 
thunia  defudabat ,  multis  modis  infeftato,  lubito  eum  ad  capienda  arma  pro- 
vocarunt.  Metuebatur  enim ,  neilli,  qui  divina  humanaque  jura  contemne- 
re,  &  pafta  induciafque  violare  confueverant ,  ex  improvilo  Poloniam  gravius 
affligèrent  :  fiquidem  ex  prœteritorum  temporum  memoria  conitat ,  Ericum , 
Suecorum  Regem,  /Eftoniam  violenter  intercepifle ,  adjutum  fraude  6c  pro- 
ditione  Ducis  Mcgapolitani  :  inde  Carolum  nonum  non  modo  Sigifmundum 
folio  Suecine  pepulifle,  fed  6c  irruptionibus  fuis  Polonoium  provincias  urbef- 
que  inferb.fierGufiavum  porro  Adolphum  eofdem  innocentes  induciifque  con- 
fias inopino  invafifîe  :  6c  Carolum  denique  Guftavum,  abruptis  induciis,  fi- 
ne ulla  caufa,  gravifilmo  bello  Poloniam  perfide  oppreififle ,  quam  in  extre- 
mum  prcecipitafTet  periculum,  nifi  Imperator  fuppetias  tuliffet ,  6c  Rex  Da- 
norum  ex  vi  fœdeiïs  Suecos  a  tergo  adortus,  eam  libcrafTet.  Cum  hinc  Sue- 
corum perfidiam  tanquam  in  fpeculo  comtemplari  poffint  5  grandiorem  ta- 
men  injuriarum  atrocitatem ex  fequentibus  refultare  annis,  quandopofi:  pacem, 
magno  cum  reipublicx  di(pendio,RegisChriftianilirmi  operâOliva:  itabilitam, 
Sueci  fcedifraga  6c  fufpe&a  amicitia  hoftiles  aftus  fréquentaient ,  multaque 

inlîdiofc 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.  joj> 

ihfîdiofe  machinari  non  defînerent:  ut  in  aperto  fît  Regem  Polonix,  quem  1701. 
ultorem  publica  expofcit  vindiéta,  fûmmae  inniti  jufKtia;,  atque  jufte  ac  legi-    -•  ■  ■- 
time  procefllfle,  cum  repentina  irruptione  Livoniam  invaderet.    Proinde  cum 
milla  pars  juftitiœ  ab  ejus  inftituto  abeft,  neque  pnelîdium  reipublica;  ullum 
efb,  nifi  in  armis,  plane  confidit  Deum  a  Suecis  ,  qui  toties  paéta  Oliven- 
fia  viola verant,  &,  anno  MDCLXXV,  in  Marchiam  Brandeburgenfem  ir- 
ruperant ,  juftam  repetiturum  ultionem.     Ut  vero  omnibus  hase  Suecorum 
molimina  pateant,  6c  Poloni  majori  cura  in  futuris  comtnitiis  de  bello  profe- 
quendo  agant,  plaçait  Suecorum  injurias  juxta  feriem  articulorum  Pacis  Oli- 
venfis  recenfeie.   Ac  primo  quidem  criminatur-,  Suecos  certo  foèdere  per  le- 
gatum  fuum,  comitem  Tottium,  compilato  ad  liberam  clctionem  Régis  ar- 
mis opprimendam  impio  &  fœdirrago  aufu  confpiraffe,  atque  ex  furore,  odio 
ac  invidiâ,  procultaco  nobilitatis  jure,  in  debelîatis  animis  abfoluti  feeptri  po- 
tentiam  fundare  voluiftè  :  depofita  vero  mox  fimulatse  amicitise  larvâ,  cela- 
tum  peétore  virus  deprom(î(Te,  cum  Duci  Curlandia;  intolerabilia  damna  in- 
ferrent., armata  clafle  litora  ejus  violenter  invaderent ,  naves  râpèrent ,  &  , 
turbato  maris  Balthici  ufu,  ex  latroniciis  gloriam  quasrerent,  nulla  fatisfac- 
tione  data,  neque  navibus  reftitutis.     Neque  mirum  eu*è  talia  Suecos  patraf- 
fe,  cum  Guftavus  Adolphus,  ejufque  pofteri,  maris  Balthici  dominium  fibi 
vindicare  femper  ftuduerant.     Arguit  deinde  Livoniam  illicite  6c  contra  fon- 
damentales reipublicîe  leges  alienatam  :  Suecos  vetera  Livonorum  privilégia 
violafîc,  illofque,  indu&o  in  provinciam  defpotico  regimine,  bonis,  fortu- 
nis,  honoribus  mul&atos  exquifita  carnificina  laceraife:  atque  eo  œquius  eue, 
ut  fub  gravi  jugo  gementes  injuftis  dominis  ac  tyrannis  feelus  ac  nefas  agenti- 
bus  eripiat  Rex  Polonix,  tam  ex  confeientia  6c  juramento  ad  Livoniam  recu- 
perandam  obligatus,  quam  neceffitate  adactus  ,  ne,  defoeratis  auxiliis,  ipfa 
alium  quaîrat  dominum  cum  irreparabili  reipublicse  detrimento.     Porro  limi- 
tationem  Livonia;  a  Suecis  elufam  queritur  :  tria  milliaria  fundi  Duci  Curlan- 
dise  ademta  :  limites ,  non  exfpeétatis  commiffariis  Polonis ,  determinatos  : 
6c  Dunemundam  caftellum  cum  opprobrio  nominis  Polonici  in  folum  Cur- 
landicum  tranflatum:  Polongas  portum  in  Samogithia,  difperfa  Anglorum, 
qui  illuc  commeabant,  focietate,  6c  fubhaftatis  mercibus  eo  deftinatis,  de- 
ftru&um:  Hornium  Suecorum  ducem,  anno  MDCLXXVIII,  cum  exercitu 
populabundo  Gurlandiam  Samogithiamque  violenter  tranfîiflê:  grandia  débi- 
ta, quae  a  ducibus  bellicis  Thorunii  6c  Elbingas.  contracta  erant,  nondum 
feluta:  ve&igalia  nova  mercibus,  quee  Dunâ  6c  Buldera  fluminibus  Rigam 
advectantur.,  impollta  :  falfa  folidorum  monetâ  Riga:  exeufa  Lithuaniam  in- 
feétam  :  6c  tabeliariorum  denique  curfum  in  grave  jurium  regalium  6c  reipu- 
blicae  damnnm  per  Curlandiam  temere  ôc   indebite  inftitutum  efîè.     Hifce 
infolita  dicTrionis  protervia  enumeratis,  evictores  pacis  Olivenfis,  ex  articulo 
tricefimo  quinto,  fui  officii  admonet :  fed  eundem  prajcipua  principe  parte, 
quie  de  modo  controverfias  pacifice  tollendi,  6c  de  belli  denunciatione  agit, 
truncat.  Quam  fallaciam  ut  aliquo  fuco  obtegat,  Polonos  obtendit  turbis  do- 
rnefticis,  belloque  Turcico,  diftriftos,  aggreffionem  apertamque  Suecorum 
hoftihtatem  diffimulafle ,  ne  illi  folita  feiocia  perfldiaque  querelas  fuas  antever- 
Tom.  L  Oo  tentes. 


jio      MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

:~oi.     tentes,  in  regni  vifcera  irruerent  :  prtdertim  cum  iponfores  fcederis  Olivenfis 

bcllis  quoque  occuparcntur.     U.t  vcro  injurias  iftas  nunc  ad  animum  revoca- 

ret,  fc  pcrpctuo  rcipnblicte  cum  Danis  rcedere  excitatum  cfle,  quos  Sueci, 
mil'fis  ad  munimenta  Holfatia;  Ducis  exftruenda  copiis,  lœfiflènt  :~  tum  inju- 
ria libi  in  perfona  ablcgati  fui  illata,  quem,  inlalutato  Rege  Suecia;,  retro- 
verterc  coëgerant  :  &  novillime  a  gubernatore  Rigenfi  irritatum  ,  qui  legio- 
nes  fuas  Polonga;  hybernantes  variis  modis  exagitafiet  :  poitremum  vero  om- 
nium eft,  quod  Sueci,  bello  jam  exoito,  naves  ad  promonconum  Gedanen- 
fe  miferant,  obfervaturas ,  ne  quid  apparatus  bellici  apportaretur.  Tôt  igi- 
tur  juitirfimis  caulis  cum  itimularetur,  memorem  le  jurisjurandi,  &  padtis 
cum  republica  conventis  inhasrentcm ,  arma  induifiï  :  denunciatione  autem 
belli  opu»  non  habuifle,  cum  Sueci  vim  priores  intuliflent.  Proinde  Deum 
invocat  fcederum  ruptorum  vindicem  ,  ut  iiia:  œquitati  afiiitat,  &  Livoniam 
corpori  reipublicte  reltituat.  Evi&ores  dcnique  pacis  Olivenfis  obteltatur  , 
ut,  intra  deltinatum  tempus,  conjunctis  armis  turbatorem  pacis  Suecum  un- 
diquaque  aggrediantur,  eundemque  pro  communi  hotte  reputent ,  cum  fanc- 
tius  digniuique  nomini  fuo  refpondere  nequeant ,  quam  iî  Polonix  &  Daniae 
avete  ita  a  retroacTris  temporibus  connexas  rationes  œltiment,  ut  una  fine  altéra 
fubfi Itère  non  polfit.  Atque  hax  torius  rei  (cena  elt,  quam  pudenda  verbo- 
rum  ,  quas  prxterire  fas  fit  ,  colluvie  ac  feeditate  ad  invidiam  iaciendam  , 
Polonoique  in  odium  Suecorum  exrtimulandos,  initruxerat  :  quam  autem  fini- 
Itro  genio ,  ex  iequemi  Refponfo  patuerit. 

Ç'Um  vulgato  nuper  Libella,  cui  titulus  Juftae  Vindiciae,  nova  quaedam  & 
in  hoc  tempus  inaudila  adjlruendae  armorum  juftitiae  attulijfet  Rex  Polo* 
niae  ;  non  id  quidem  infolens  habebatur  ,  fi  vitio  humanae  naturae ,  culpam 
fnam  fùlïcite  obtegentis  qualiacunque  huic  bello  ,  quod  Cbrifiianus  orbis  tanto* 
père  abominât ur  ,  ad  levandam  invidiam  ,  praetexere  voluiffet  :  hoc  robuflio- 
ris  audaciae  vifum  ,  quod,  cum  ea  hic  fingerentur  ,  quc.e  nunquam  fabla  aut 
Cbgitatii  ejjbit  ,  ijia  tamen  commenta  inufttata  verborum  protervitate  orbi  ven- 
dit aient  ur  ,  neque  vérités  fui  [jet  Rex  Poloniae  ne  pars-  altéra  t-am  indigne  ha* 
biîa  ,  abf.cr/b  fuco  ,  nalivum  rébus  colorem  cum  magno  ipjius  dedecore  reddc* 
set.  Nom  non  modo  tant  uni  non  immanis  ammi  videtur,  in  Sacram  Rcgiam  Ma- 
jefiatem  Sueciae,  quam  prias  atrocifimo  facto  laeferat ,  verbis  q'mqùe  fœvne;  vc- 
rum  etiam  amoribus  cuitiorum  gentium  valde  àlknum,  ut  principes  malediclts  fi 
invicem  appelant,  a  quibus  armât i  quoque  ob  mutuam  facrofanclae  ijlius,  quant 
gérant,  digmtatis  révèrent  iam  abjlinere  decotum  cenjent  ,  nec  peimittcre,  ut  in 
intégras  nationes ,  earumque  reclorcs  ,  virrknti  animi  fanim  éructent  incon- 
fulti  y  makferiati  homines.  §)uin  &f  longe  opinione  fallitur  quifquis ,  dic- 
tionis  intemperantiâ  caufam  fuam  meliorem  reddi  ,  aut  labem  ,  ex  nefario  con* 
traftam  bello  ,  jejunis  cavillalionibtis  tolli  poffe  crediderit.  Tanta  enim  cfl  vc- 
ritatis  vis,  ut  contra  ajîutiam  ,  &  ficlas  hominum  infidias  ,  facile  Je' ipjani 
tueatur  :  tanta  etiam  noftrorum  temporum  /agacitas ,  ut  inanibus  &  pbakra- 
tis  diclis  decipi  nequeat.  ^uamvis  vero  ijiam ■  produit 'aie •■n  jujlis  modis  rctun- 
dere  proclive  ejj'et ,  curiij  fi  quifqtutn  ,  feccunduiii  ctiniinatioiubus  figetem  prae- 

beat 


ET    RESOLUTIONS    D'ETAT.         511 

beat  Rex  Poloniae  :  tamen  infra  fuam  magnitudinem  ducit   Sacra  Régi  a  Ma-   1701. 
je/las  Sueciae  cum  i,lo  probris  certare  ,  quoeum  armis   contendere  cogitur ,  fpe-  ■■     «  ■-■ 
rat  que  nudam  ,  13  fine  pigmentis  ,   veritatem   cordatiffimi   cujufque  anima  fa- 
cilius  fe  infinuaturam  effe.     l'uni  quoque  aegre  fibi  perfuadere  potefi  Sacra  Re- 
gia    Majejlas   tant   vilia    &?  indecora   a   tanti  fajligii  principe  profecla  ejfe  :  . 
qiiin  potins 'a  profligati  pudoris  homine  ,  quem  in  familiaritatem  admiferat  in- 
timant ,  multa  ,   ipfo  infeio  ,   injerta  ,   ut  privatae    vindiclae  liiaret ,  gentem- 
que  Polonam  improbis   calumniis  in  odium   Suecorum  exfiimularet  :   cum  prae- 
fertim.quam  plurimis  hic  feateat  Libellas ,    quae  millam  veri  fpeciem  baient „ 
pravafque  ejufnodi  6?  dégénères  fallacias  proférât  ,   quas  m  plebejis  £5?  modicis 
per fouis  ut  turpes  ,  &  ab  honeftate  remotas  ,   cenjitra  publica  notât  ,  in  Princi- 
pes ne  fufpicio  qv.ulem  efi.  cadere  poffe  ,    certe  ab  iifilem  quam  longiff.me  abeffe 
deceret. 

■  Inprimis  autem  vaga  ifia  flucluatio  ,  &  hiconftantia  in  prodendis  bu/us  belli 
eaufis  non  levem  falfitatis  fufpicionem  praebuerit.  Nam  cum  ab  initio  mokfîias 
quafdam  a  praefidio  Rigenfi  copiis  fuis  ,  ad  Polangam  in  Samogithia  haerenti- 
bus  ,  allatas ,  metumque  ex  apparat  u  in  Livonia  bcllico  ,  hofiili  (3  impro' 
vifae  in  banc  provinciam  irruptioni  obtendijj'et  Rex  Poloniae  :  hoc  feripto  , 
quinque  pofl  inceptum  bellum  menfibits  publicato  ,  alias  longe  £5?  a  prioribus 
diverfas  caufas  adfert ,  pabîor  unique  Olivenfium  multifariam  a  Suecis  viola- 
torum  crime»  objicit.  Verum  bas  omnes  fêtas  effe  £s?  commentitias  ,  non 
genuinas  hujus  belli  caufas  ,  cum  aliis  rationibus  demonfirari  potefi  ,  tum  in- 
de  clariffîme  liquet  ,  quod  ne  Régi  quidem  Poloniae  ab  initio  horum  motuum 
?wtae  fuiffent.  Nam  fi,  cognitas  habuiffet  ,  qais  dubitare  potefi ,  quin  ad  hor- 
rorem  demendum  ,  quem  omnes  ex  hoc  bello  concepiffe  intelligebat  ,  bis  ipfis 
fiatim ,  non  aliis  quibuslibet  ufus  fuiffet  ?  Atqui  quemadmodum  Flemmingus , 
qui  tune  copiis  ifiis  cum  imperio  praeerat  ,  nulla  fe  mandata  a  Rege  babuif- 
fe  fatebatur  ad  Livoniam  invadendam  ,  fed  metu  (3  injuriïs^  Suecorum  ,  qui 
copias  fuas  feilicet  infe/lajfènt  ,  eo  adduclum  fuiffe  ;  (A.)  ita  ipfe  quoque 
Rex  ducem  injuffu  fuo  banc  expeditionem  fufeepiffe  affirmabat ,  quamvis  eam  pO" 
fiea  adprobaffet  ,  hoc  unico  praetextu  apud  alios  principes  ufus  ,  quod  a  Sue- 
cis hiberna  fua  vexantibus  ,  13  infefla  molientibus  irritatus  effet.  3uin  ip- 
fe Flemmingus  in  fua  ad  Regem  Epiflolâ  ,  (B.)  quafi  gaudio  ex  fuit  ans  ,  Sue- 
cos  bac  violent i à  ipfi  occafionem  belli  ,  quam  folicite  alioquin  quaereret ,  ul- 
tro  obtuli-fe  (3  tanquam  obtrudiffe  feribit.  Unde  luce  clarius  efi  ,  infefla 
quidem  id  temporis  confilia  agitaffe  Regem  Poloniae  ,  fed  ea  exferendi  non 
idoneum  eoufque  reperiffe  praetextum  :  atque  adeo ,  quae  Libella  hoc  recenfen* 
tur  ,  injurias  minime  originem  huic  bello  praebuiffe  ,  fed  ,  eo  incepto  ,  de- 
mm  excogitatas  ejfe  ,  de  quibus  antea  juxta  cum  ignari(Jimis  Régi  nihil  cor> 
fiitiffet. 

Porro  ,  fi  enormiter  adeo  ,  ut  in  libello  traditur , -pacem  Olivenfèm  violaf- 
fent  Sueci ,  an  credibile  cuiquam  erit  ,  concept um  ex  tôt  laefionibus  dolorem 
tant  diit  dijfirnulaffe  Ordines  Poloniae  ,  neque  per  quadraginta  annorum  decur- 
ftm  verbo  faltem  indicaffe  ?  inprimis  cum  expeditam  adeo  de  injuriis  conqueren- 
d    viam  drmnfiret  Oliva,    ut  laefits ,   accepta  injuria  }  laedentem  conveniat , 

Ooî  aut-i 


lit     MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

1701.  aut  ,  fi  ncqueat  ,    difceptatorem  reliquofque  pacifcentes  eandem  moneat.      Hoc 
.  i  <vero  unqttam  tentatum   cffe  non  ipfi  Poloni  affirmare  fufiinebunt.     Interea  tôt 

legatis  ultro  citroque  mijfis- ,  tôt  etiam  iiteris ,  cum  alla  quaevis  detulijfent , 
nulla  ttnquam  de  iflis  violationibus  mentio  facla  efi  ,  nulla  querela  inaudi- 
ta  :  contra  de  mutuae  benevolentiae  fidaeque  vxinitatis  confiantid  multa  mag- 
nifiée dicla  reperiuntur.  Quae  defderare  tune  vifi  f itérant ,  non  gravate  Mis 
praefiita  funt  ,  promtis  adeo  Sue  ci  s  ad  Jidem  paclorum  in  minutis  quoque  fer  van- 
dam  ,  ut  ,  cum  aliquot  abhinc  annis  tribunus  Bcrnigius ,  in  Sueciam  ablega- 
tus ,  libros  e  Polonia  fuporiori  bello  aveclos  repufeeret ,  non  modo  regia  ,  quae 
Holmiae  efi  ,  bibliotheca  ei  pateret  ,  verum  etiam  privatae  excuterentur  ,  po- 
tefiate  facla  protinus  ,  quaecunque  volumïna  Regum  Polonorum  infignibus  no- 
minibufve  ornata  ifiic  iuveniffet ,  fecum  inde  avehendi.  (C.)  Cum  interea  pet 
légat  os  fuos  non  femel  Suea  expofiulaffent  de  novis  vetligalibus  ,  quae  in  lo- 
tis Dunae  vicinis  contra  pacla  exigebantur  ,  de  adultertna  Polonorum  mone- 
tâ  ,  qud  Livonia  corrumpebatur  ,  de  limiturn  direptionibus ,  de  fugitives  ,  de 
iniquis  mercium  Rigenfium  detentionibus  ,  aliifque  negociis  ,  quibus  finitimae 
gentes  collidi  filent  y  tûhil  a  Polonis  repofitum  efi  ,  quo  jufiae  horum  quere~ 
lae  éluder entur.  Novifiimus  omnium ,  £5?  ante  annum ,  in  Sueciam  appulit  Ga- 
letfit  us  ,  fenator  Palonus  ,  a  Rege  Fridcrico  Augufto  mifjus  ,  qui  Régis  fui 
fiiidiuni  confiantemque  voluntatem  colcndi  cum  Sacra  Regia  Majcfiate  perpé- 
tuant amicitiam  prolixe  praedicavit ,  paclaque  OHvenfia  confirmari  voluit  :  eut 
de  Sacrae  Regiae  Majefiatis  benevolentiâ  pari  cum  humanitate  refponfum  efi. 
(D.)  Itaque  cum  in  majus  robur  firmari  a  Sacra  Regia  Majefiate  ifia  pacla 
tune  voluiffet  Rcx  Poloniae ,  juo  judicio  comprobavit  fable  £5?  incorrupte  a  Suecis 
in  eum  ujque  diem  fuifie  fervata.  Neque  enim,  fi  tôt  modis ,  ut  nunc  traditur, 
iiifracla  ejènt,  antequam  de  damais  £5?  injuriis  fatisfaclum  effet  t,  renovancla  cen- 
fuiffet. 

P rat  ère  a cum  Sena  tores ,  ut  ex  noviffimae  confiultationis  ablis  liquet ,  tort  a- 
rclur  Rex  ad  bellum  contra  Suecos  decernendum  ,  nemo  e  frequenti  fienatu 
inventus  efi  ,  qui  ullius  injariae  meminiffet  ,  qud  pax  Olivenfis  violata  effet  : 
(3  cum  forte  unus  ,  quem  venalem  linguam  Régi  mancipaffe  ,  &  occulta  ad 
patriae  opprefjionem  confilia  fubminifirafje  omnes  noverant  ,  Suecos  indignis 
modis  infultaret  ,  ad  eriminaîiones  ejus  adeo  peregrinata  funt  fenatorum  aurest 
ut  non  minori  Mas  inteliigerent  fiupore  ,  quam  bellum  paido  ante  abfque  notifia 
reipublicae  inceptum  attonitis  auribus  accepiffent.  Seilieet  très  praefiantifiîmi  for- 
tifjimique  Reges ,  qui  Polonis  a  pacificatione  Qlivenfi  imperitarunt  ,  impune 
rempublicam  a  Suecis  lacerari  fivifjent ,  ne  que  Mata  damna  verbo  faltem  in- 
erepuififent  :  tôt  etiam  prudentiffimi  fenatores  ,  gravijfimas  injurias  ,  quales  hae 
finguntur  ,  von  animadvertiffent ,  aut  filent  io  cum  reipublica  damno  ac  de- 
deeore  tam  diu  tranfmififjent .  Quid  efi  hoc ,  fi  non  proditionis  eos  infimu- 
hre  ,  aut  fluporis  y  aut  cette  fupiuae  ignaviae,  quod  reipublicae  jura  vicinorum 
libidini  expofuiffent  ,  neque  ,  quod  eorum  rnunus  erat  ,  opportune  vidiffent  , 
■  ne  refpublica  quid  detrimenti  caperet  ?  Sed  a  J'ummis  patriaeque  amantiffimis 
viris  ,  qui  clavum  confiliorum  kaclenus  t entier ant  ,  removenda  proc.il  duùio 
haec  fujpxio  efi  ,  qui  pro  fua  prudentià ,  fi,  quid  damni  refpublica  pafja  fuiffet  , 

(Si 


ET    RESOLUTIONS    D'Ë  T  A  T.  ?t5 

&  vidiffent  dudum ,  £j?  mature  indicaffent.     ghiis  vero  non  intelligit ,  inane  hitic    \"J0tl 
eulpae  a  Tttrcico  bello  ,    &  Suecorum  ferociâ  ,   quae  Polonos  bas  injurias perfe-  '■ 

qui  vetuiffent  ,  effugitim  quaeri  ?  Nam  neque  toto  illo  tempore  armis  cum 
Turca  decer tarant  Poloni  :  neque  jam  ,  ijio  bello  compofito-,  jus  erat  Régi 
proceffum  paclorum  Olivenfium  invert  ère.  Et  cum  minuùjjïma  ex  ifto  patio , 
ftcut  modo  diclum ,  répétèrent  Poloni ,  de  atrocijjimis  injuriis  £5?  jlatum  publicum 
convellentibus ,  fi  quœ  taies  ejfcnt ,  verbum  nullum  faccrent  ?  ^uamobrem  nemo 
tant  imperitus  rerum  erit ,  qum  videat  mer  a  haec  commenta  ejfe ,  ante  bellum  in* 
eognita,  heri  aut  nudius  tertius ,  in  cerebro  [celer ati  cujufdam  prodttoris ,  aut  per- 
niciofi  civis,  qui  ad  ipfam  rempublicam  tollendam  cum  Rege  confpiravit,  enata 
effe;  adeoque  ipfum  Regem  fi  aliis  caufis  ad  arma  non  effet  ftimutatus^  hoc  bello 
in  hune  ufque  diem  fuperfedtffe. 

Sed  non  obfcurum  ejl ,  quid  Regem  Poloniae  ad  fabulas  hafee  ampletlendas 
impuliffet.  Nam  cum  putidas  iflas  calumnias ,  quas  Flemmingus  fubdolae  in 
Livoniam  irruptioni  praetenderat  ,  cum  irrifu  omnium  ac  fajlidïo  rejici  compe- 
tiffet ,  &  fidem ,  quam  neque  meruerant ,  nufquam  invenire  ;  Polonos  quo- 
que  bello  ,  quod  ,  infeia  republicà  ,  conflaffet  ,  vehementer  offenfos  effe  ; 
ut  borum  iras  permulceret ,  apud  caeteros  horrorem  facinoris  minueret ,  aliis 
commentis  opus  erat.  tum  demum  palam  obtendere  ,  reipublicae  causa  ,.  arma 
fe  induiffe ,  ui  ruptam  toties  Suecorum  culpa  pacem  O/ivenfem  ulcifeeretur , 
ojlentata  Livoniâ  ,  quam  a  corpore  Regni  abfciffam  reftituturum  Je  jura(feU 
Sed  cum  mhilominus  violât  arum  Reipublicae  legum  ,  quitus  Rex  Polonite  w 
tatur  cuiquam  bellum  facere  ,  nifi  commnicato  cum  ordinibus  regni  confilio , 
eorumque  veniâ  impetrata  ,  reum  fe  teneri  intelligeret ,  conquifitis  undecunque 
cavillationibus  probandum  erat  ,  Suecos  paris  perpétua  ruptores  ,  prius  arma 
intulîffe  ,  pridem  violenter  multa  egiffe  ,  nuper  copias  quoque-  fuas  aggreffos : 
fe  itaque  laceffitum  ,  non  inferre  bellum  ,  fed  repellere  5  quod  ut  facere  pojfit , 
jura  permittere.  Simul  putabat  notas  e  latrocinio  Flemmingi  impreffas  obtegï 
poffe  ,  fmijlrofque  ,  quitus  lacerabatur  ,  rumores  paulatim  refrigefeere  ;  fi 
jpeciem  nu  ne  legitimi  telli  praeberet.  Tum  quod  Eleclor  Saxoniae  fufeeperat , 
poftea  ne  Rex  Polonite  feciffe  vider  et  ur  ,  quod  rempublicam  in  focietatem  bujus 
belh  perîraberet.  Hinc  vebementiffimœ  vociferationes  ,  13  in  improbas  crimi* 
nationes  effufa  makdicentia ,  quitus  Sacra  Regia  Majeftas  indigniffîme  carpitur  : 
inclyta  Suecorum  natio ,  ut  perfida  ,  (3  paci  infefta  ,  traducitur  :  atque  ut  in 
majus  odium  veniat  ,  vetera  e  tenebris  13  obliviom  protrahnntù/r  ,  falfts  (3 
delortis  narrationitus  interpolât  a  :  Sacrae  Reg/ae  Majeftatis  majores  ,  quorum* 
fàncla  apud  omnem  pofteritatem  memoria  vigebit ,  probris  (3  contumeliis  profein- 
duntur  :  neque  ullis  verbis  temperatur-  r  quibus  atrum  maligni  animi  virus 
evomi  poffit.  Enim  vero  non-dubitat  Sacra  Rcgia  Majefias,  quin  omnes  probi 
tant  fœdam  conviciandi  libidinem  deteftentur  ,  (3  fimuï  ex  iis  ,  quœ  obiter  in* 
dicata  funt ,  cognofeant  infuliofe  talia  fingi  ,  (3  exaggerari  ,  nullis  tejlimoniis 
fcf  idoneis  argument i s  fuffult a  ;  quae  [i  verbo  negarentur,  fatis  viderentur  effe 
réfutât  a  :  tamen  ut  de  fuit  innocent  i  a  univerfo  orti,  qui  odio  ac  parti  um  fiudiïs 
vacuus  ejl  ,  apertifjime  conftet  ,  contumeliofum  banc  Libellum  ,  penitius  in- 
trcfpici  Î3.  excuti  jujjït  ;  ita  tamen  ,  ut  cum  minimo  legentium  fafiidio  ,  atquè 

Oo  3  ea: 


') 


?i4      MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

17© I.  ea  modérât  ione  ,.  quant am  in  refellendis  acerbiffimis  hifce  crimïnatioràbus  jujîus 

' de /or  permiferit,  ver i tas  opprejjd  vhtdicetur.     Çhiod  fi  durions  ait '/nid  refpo~nfi 

atroâtas  calumniarum  ext,njerit,  idomne,  &.  qmdquid  inùe  parant  gr.its  prove- 
«iftf,  impur  o  ijïhts  jeripti  auclort ,  qui  nomine  tpfius  abufus  efl ,  Rcx.-Poionia  ac~ 
csptitm  referat. 

Javat  itaque  vefligiaautloris  in  ijîo  Libello  fequi,  non  quidem  dut!  ara  nos  ad 
cubik  veritatis,  quae  in  iftitifmodi  litjiris  non  repentur;  demonflratura  tamen  adi- 
Li  putitts,  cum  iflic  non  adpareat ,  eandem  efje  tndagandam.  Sud  forte  opérée  pre- 
tlum  crit  ,  priufqthm  longius  procedatur  ,  ipfam  paulifper  mftfiptumm  intnert. 
&uem  en'rm  in  ip/b  aditu  Jplendor  iflius  tituli  admirât  ione  defurum  non  detinebit  ? 
Julta:  Vindicia;  £5?  ïumma  Armorum  J.uititia.  De  qua  ne  fortafjïs  cuiquam  dubi- 
tarc  in  mentem  veniat ,  additur:  Juxta  obligationem  Pactorum  Conventorum, 
praftitumque  Reipublieœ  Juramentum.  Ex  hoc  vïdelicet  fundamento  pulcerri- 
ma  ijla  armorum  jujlitia  conjurgit ,  &  Régi  Polomœ  necejfitas  elî  impofita  bellum 
Suecis  improvifo  &  fubdoh •  inferendi,  ut  paclis  convenus  cum  republica  Polonica 
&  juramento  fuo  fatisfdceret .  Venqn.patja  ifia  tonventa  perluflrantibus  nihil  talc 
occurrit  :  contra  iis  expreffe  cautum  'invcnitjtr ,  ne  abfjue  confenfu.  reipublica  beltum 
cuiquam  Rex  inférât ,  non  peregrinum  in  regnum ,  aut  Lithuaniam ,  militent  intro- 
ducat ,  non  exercitum  augeat  ,  ne c  nova  fœdera  ineat  :  vetera  autem  renovare  jube- 
tur ,  £5?  pacem  cum  vicinis  illibatam  confervare.  Ut  nunc  de  reliquis  paclorum  le- 
pgibus  nihil  dicatur,  qu'tbus  pra  cateris ,  qui  cum  antecefferant ,  Regibus  potejîas 
laxior  non  conceditur.  (E..)  Itaque  nemo  fatis  admirari  poterit ,  paclorum  con- 
ventorum ,  qua  toties  conculcaverat ,  ipfum  mentionem  facere  aufum  ejfe ,  atque  ex 
iis  jujlitiam  armoum  adfercre ,  qua  jummam  eorum  iniquitatem  aperte  ei  expro- 
brant.  T'antum  enim  abeft,  ut  inde  manifeftari  pojjit ,  obligationem  Régi  Polo- 
niae  impofitam  ejfe  bellum  Sue  ci  s  inferendi,  ut  ijla  patla  multifariam  ab  ipfo  te- 
nter ata  ejfe  clarifjïme  pateat ,  cum ,  infeia  republica,,  uon  tantum  Succos  bello  ag- 
greffus  fit,  cum  quibus  vetera  renovare  debuiffet ,  verum  etiam  ad  eos  opprimen- 
dos  nova  £5?  clandeflina  fœdera  cum  aliis  iniiffet.  In  ipfa  igitur  fronte  cum 
notabile  adeo  vitium  contemplant ium  oculis  fe  ingérât  ,  qua  labe  interna  Jlruclu- 
ra  laboraverit ,  non  abfurde  poteft  conjetlari.  Et  cum  Rex  Poloniae  patla  haec- 
ce^  quae  fervaturum  fe  jur avérât ,  tant  proterve  violaf/et,  videat  autlor  hujus 
feripti ,  quontodo  cum  Regem,  ipfum  a  perjurio ,  tum  fe  a  praevaricationis  crimi-  I 
ne  liber averit  ,  am  '  ïnflifla  legibus  ftatutifque  patriis  vulnera^  quae  diligent  lus 
occultari  ipfius  Régis  intererat ,  impmdenter  adeo  nudaffet.  Ni  fi  forte  ad  avul- 
fa  recuperanda  jurisjurandi  religione  obflritlum  fui  (Je  Regem  dicat.  At  qui  for- 
wulajurisjurandi  habet ,  Regem  illicite  nvulfa  recuperaturum ,  non  ea  ,  qua  le- 
gitimis  paclis ,  &?  totius  reipublicae  confenfu,  in  aliorum  potejîatem  devenerant. 
In  horum  cenfum  cum  Livonta  referenda  ejl ,  quae  non  modo  patio  Olivenfi 
Suecis  ejl  conceffa ,  verum  &  alienatio  ijla  a  tôt  a  republica  comprobata ,  ejtifque 
ratihabitio  volumini  legum  Polonicarum  ,  in  Comitiis  Farfavienfibus  ,  anno  t 
MDCLXI \  inferta,  (F.)  quâ  jufîitia  imagine,  aut  juramenti  necejjitate,  ad 
eam  invadendam  Rex  addutlus  jtt ,  nemo  facile  explicaverit.  Afl  credidit  juxta 
eadem  patla ,  &?  juramentum  reipublica  praflitum  ,  fe  obligatum  fuiffè  ad  bel' 
lum  Suecis  inferendura  ,  haneque  curam  fibi  tune  impofitam,  cum  primumfcep- 

triiiti 


ET    RESOLUTIONS    D'ETAT,  3if 

tram   Polonicum  fufciperet  :    quomodo   cuw.pacifca   ejus   intentione  ,    quam    in  170 ri 

priucipio  bujus  Libelh  magnifiai  adeo  ver  bis  exiutlit  at'-Eior ,  i/ia  convenient  ?  Di~  1 

cit  enim,  A  primis  regni  aufpiciis  cum internam  tra.nquillitatem,  tum  ab  ex- 
tra ilhbatam  cura  vicinis  bonse  atnicitïse ,  nuuiut  fecuritatis  &  paétorum  fce- 
derum  obfervantiam  inter  fanctiores  curas  repoiuiflè  Regem  Polonia.  Mira 
verborum  complcxio  !  Livoniam  [ecundum  pacla,  &  juramentum,  armis  vindica- 
re,  £5?  eripere  Suecis,  debuit  ;  &  amicitiam  cum  ii/dem  fervare  cogitavit  :  ee- 
dem  t empote  bellum  in  anima  habuit ,  &?  paccm  intcr  fanëlçor-es  curas  repofuit, 
Htsc  adverfa  fronte  inter  Je  pugnantia,  quamvis  m  aie  Jalers  fit ,  quomodo  cçnci- 
liabit  praftigiator  ?  In  uno  homine  diverfam  fimul  naturam  incjfe  fabulât  ur ,  ^jla- 
mmque  bifrontem  Regem  fuum  fa  cit j  in  quo  bcllï  pacifque  vit»  latitaffe  veterum 
fuperfiitio  crcdidit.     £hiid  fucum  facit  ?    An  illibatant  qlm  vicinis  ,  ficut  tra- 

^dit,  amicitiam  fervabat  Re x  ,  cum.,  quantum  poffct .,  omni  opéra  atque  Jludio 
ahniteretur  ,  ut  Danos ,  Mofcos ,  aliofque  in  Suecos  concitaret  ?  -  Fœdera  &?  pac- 
ta  illi  curae  fui  (fie  affirmabit ,  qui,  iis  fufque  dcque  habitis ,  Livoniam  prias  ar- 
mis opprcffit ,  quam  ulldm  ojfenjae  caufam  indicaffet;  Contrariât»  prorfus  mentent, 
Régi  hic  ajfingi  liquet ,  qui  quo  t  empare  profunda  fimulatione  bellum  meditabatur , 
moderatis  confiliis  ,  pacifque  ftudiis  ,  minime  intentas  effç  potuit.  fjhiid  attj- 
net  in  re  jipcrta  argutari  ?  Subdola  m  Livoniam  irruptiodocuit  nibil  minus 
Regem  Poloriue  cogitaffe,  quam- cum  vicinis  amicitiam  &  pacla  colère.  Si  fines 
îegni  non  tam  gladio,  ut  ait ,  quam  juituia  terminare  voluiiTet ,  ,cur  gladium 
flriuxit,  anteqtiam  viam  juris  tentaffet?  Nam,  ut  inquit  Orator,  cum  fint  duo 
gênera  decertandi  ,  unum  per  diiceptationem  ,  alterum  per  vim  ,  cum  que 
illud  proprium  fit  hominis  ,  hoc  belluarum  ,  tune  demum  confugiendum 
eft  ad  poltenus ,  fi  uti  non  liceat  fuptriori.  Atqm  cum  ,  nalla  anquani 
indicata  injuria,  qua  lac  fus  efjet  ,  nulla  damui ,  f  quid  effet  dafum,  réparatio- 
ns tentata ,  quod  ex  tenorc  patli  Qlivenfis  facere  debuiffet ,  primitm  occulte  multa- 
in  Suecorum  pernkiem  machinaretur ,  \nox.\  captât :i  occafione ,  improvifo  ci?  ex 
hifidiis,  provinciam  torum  irriter et ,  or-bis  judicium  efi '0 ,  quam  fplendida  hac ,  £5? 
in  fpeciem  fefqaipcdallbus  ver  bis  adomata,  pacifici  animi  prœdicatio  Rçgi  Poloniie 
conveniat  !  ■ 

S'n  itaque  illud  prœclarum  in  vicinos   aequitatis  fpecimen  :   in  Polonos   quae 
animi  cjus  mens  erat  ?  .Ntfiil,  inquit,  nwgis  in  votis  habuit,  quam  pulcerri- 

-  mum  in  dies  crHorelcentis  Polonx  libeitatis  fovere  vigorem  viroremque.  An 
in  ipfo  dolore,  cum  haec  léger  int  Poloni,  ri  fut»  continebunt  ?  An  potins  peffimum 
adulât oris  ingenium  exfecrabuntur  ,  verniliter  ea  in  principe  laudantis,  quae  ab 
ejus  confiliis  aiienifima  fuiffe  noveraO.  .  Scilicet  fub  hoc  Rege  Pohna  libertas  efflo- 
ruit.,  quo  -t empare  nunquam  magis  oppreffa  ,  aitt  in  apertius  diferimen  vocata 
fuit.  Si  cuntla  à  prima  regni  ingreffîone  atla  ejus  percenfeantur ,  quam  paucii 
iibertati  arnica  ,  quam  malt  a  vi  ac  terrore  replet  a  inventent  ar  f  Qui  liber ae  gen- 

j  tis  ptiffragia  exterquere  maluit ,  quam  accipere  ;  atque  contra  leges  ,  peregrinis 
copïis  in  vifecra  regni  adduftis  ,  non  tantum  libéras  primatam  voces  occlufit  , 
fd  etiam  itantam  vaftitatem  intulit  ,  quantam  ab  immaniffimo  hojle  vix  paf- 
f  effart,  Mcmoria  non  teneni  Poloni  infeflas  Saxonura  acies  ,  peregrinos 
fatellites  -,    &   excluant  a   Régis  adîlu  ,   Ï3   propemodum   confpcila  ,   nobili- 

tatem 


\i6      MEMOIRES,  NEGOCIATIONS,  TRAITEZ, 

«701.  tatem  Poionam  ,  aut  ,  fi  qui  admiffi  fuerint  ,  ex  gregalibus  fere  Catiiï* 
""  —  nae  cjfe  ,  qui  patriae  faltttem  parvi  venderent  ?  §)uis  Régis  deftinata  in  ur- 
bem  Ihorunicnfem  ignorât  ,  quant  fimulato  tranfitu  per  infidias  inter~ 
cipere  cogitavit  ?  Qui  s  violenta  ejus  de  exercitu  vegni  delendo  confilia  non 
fjorrct ,  cum  inter  Jatrapam  Marieburgenfem  ,  &  praefetlum  Crafnojiafcium 
orta  effet  controverfia  ?  Jam  vero  qttibus  artibus  ufus  eji ,  ut  Mariebur- 
gi  £5?  Pclangae  praefecluras  ,  reipublicae  ereptas  ,  fui  juris  efficeret  ?  Opportu- 
nité dominationi  firmandae  ,  perpetuifque  in  opprcfiionem  reipublicae  copiis  alen- 
dis  ,  iftae  vifae  funt  j  ideoque  ,  contemtis  tôt  fancliûnibus  ,  ne  regnatrix  fa- 
milm  novos  fundos  acquirat ,  e as  fibi  vindicare  quovis  pretio  conflit  uit.  Cum  , 
Sigifmundo  tertio  imperante  ,  Varmienfis  &  Zyvicienfis  diftriclus  in  regiam 
àomum  cjfent  trajlati ,  cum  minor  timendi  caufa  effet  ,  quantas  turbas  hoc 
exckavit  J  ghiam  graviter  equejlrem  ordinem  commovit  ,  anxium  liber  tatis  , 
£5?  timentem  ,  ne  potentia  Régis  glifceret  !  Rénovât  a  igitur,  anno  MDCXXX£t 
vêtus  lex  ,  ne  proprios  in  regno  fundos  Rex  pofjideret.  (  G.  )  Haec  cum  -ex  pa- 
clis  convenus  probe  intellcxifjet  ,  num  morabatur  Rex  hodiernus  ?  Qui  tamen 
libertatis  Polonae  confervator  afj'ertorque  hic  dicitur.  Sed  neque  r cliqua  tranjfi- 
iire  fas  eft  ,  quibus  cura  ejus  in  fovenda  Polonorum  libertate  eminuijfet.  De 
vegociis  ad  rempublicam  fpctlantibus  non  poteft  Rex  legatos  mitterc  ,  fine  con- 
fenftt  fenatorum  ,  6?  praevia  in  comitiis  regni  -  délibérât ione  ,  fi  de  fœderibus , 
bello  ,  aut  pace  agendum  fit.  (H.)  Quid  horum  cum  opprobrio  Ordinum  rei- 
publicae non  contemfit  Rex  ?  Quot  hifce  annis  in  Galliam  ,  Mofcoviam  , 
Daniam  ,  aliafque  regiones  miffi  funt  ?  quss  ultro  citroque  commeantes  vi- 
dent ,  quid  egerint  ,  ignorant  ,  nifi  quod  de  novis  bellis  ,  novifque  fœderi- 
bus ,  egiffe  ex  eventu  poftea  edocli  fint.  Hi  mandata  accipiunt  figillo  Régis  , 
non  reipublicae  ,  obfignata  :  fenatores  in  arduis  hifce  patriae  negociis  hofpites 
funt  :  unus  13  item  alter  ,  quos  novandis  rébus  &?  fervitio  promtiffimos  ex- 
pertus  efl  ,  de  fumma  rerum  ftatuunt.  Ex  horum  arbitrio  cunSa  agere  ,  pro- 
culcare  leges  ,  &?  armis  confidere  didicit.  Cum  ordines  reipublicae  affenfif- 
fent  ,  ut  ex  univerfo  Saxonum  exercitu  MCC.  in  cufiodiam  corporis  rétine- 
ret ,  quo  eo  citius  reliquis  exonerarentur  ,  non  modo  nullos  dimifit ,  fed  etiam 
eorum  numcrum  ad  duodecim  mille  exauxit  ,  quibus  Litbuania  mi/ère  vafla- 
ta  eft ,  Curldndia  exhaufla  ,  &  pofiremo  Livonia  inundata.  Nom  ipfum 
reipublicae  jugulum  tune  peti-vit  ,  cum  jus  belli  ac  pacis  fibi  arripuiffet ,  £f?  , 
immijfis  in  iftam  provinciam  copiis  ,  perpeîuum  inter  Suecos  Polonofque  patlum 
ahupijfet,  Tôt  modis  cum  rempublicam  vttlnerafièt,  quis  ajfentatons  bujus  pro- 
tervitatem,  &  vile  adulandi  fludium,  non  averfabitur  ,  liber  tatem  Poionam  fub 
hoc  Rege  effloruijfe  affirmant is,  quae  tamen  proprie  mtnc  exfiinila  efl ,  aut  exi- 
tio  proxima  ? 

Sed  nonfaniora  funt ,  quae  de  compofitis  turbidi  interregni  difîidiis  &  redu- 
£ta  publici  ftatus  confidentià  fubjiciuntur.  Siquidem  notiffimum  eft ,  cmnes 
ifias  turbas  (3  difjenfiones^  quae  rempublicam,  &  praefertim  Lithuaniam  ,  bodie 
concutiunt ,  ex  violenta  ipfius  Régis  ortas  efi'e  eletlione  :  cui  cum  non  mo- 
ilica  ,  nec  ignobilis  ,  reipublicae  p.irs  repugnaret ,  neque  dari  liber i s  fuffragiis 
focum  vider  et.)  in  contrarias  fuQioues  itum  eft  3    quas  cum  lenibus  confiliis 

pla- 


i 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.  317 

ylacare  fibi  Rex  debuiffet ,   accito  peregrino  milite  ,   refragantes   oppreffit.    In  tjùx . 

tllos,  qui  adverfe  partis  duces  fuerant,  non  deftitit  alios  ex  cquefiri  ordine  immit-   

tere,  utyft  pofi'ct,  illuftres  &  an  tiquas  domos ,  quas  ,  ut  propugnacula  publias 
.  libertatis,  infenfis  occulis  intuetur,  funditus  exfcinderet.  Hinc  origo  omnis  diffi- 
dent  ne ,  qu£  inter  prœcipuas  quafdam  familias  fervet ,  quant  Rex  adeo  non  cupit 
tollere,  ut ,  fubjeclis  occulte  facibus^  eandem  nutrire  non  dejinat,  Neque  minus 
vanum  eft ,  quod  de  Porta  Ottomannica  fo!a  armorum  oilentatione  ad  depo- 
nendum  bellum  compulfa  gloriatur  ;  cum  ex  laude  profligati  féliciter  belli  Turci- 
ci  tantillum  fibi  decerpere  nequeat  Rex ,  quin  in  alienam  gloriam  involaverit.  Qui 
enim  ipfe  terrorem  Turcis  injueret ,  cujus  temeritatem  inp.gni  clade  in  Pan- 
noniâ  caftigarunt  ?  sinnon  reclius  incomparabili  virtuti  Régis  Johannis  III , 
•viribufque  reipublicae  Polonae ,  £s?  foederatorum  ,  quidquid  contra  Turcas  profpe- 
re  geftum  eft  ,  tribuendum  ,  qui  opes  horum  non  una  flrage  duclum  afflixerant  ? 
Conditioms  profeclo  pacis  ïfurca  prius  obtulerat  ,  quam  hic  Rex  fier  et ,  quiy 
prêter  ofientationem^  mbil  ad  banc  rem  momenti  attulit.  De  negotio  Elbin- 
genfi  ,  per  amicos  tractatus ,  cum  fcrentffimo  Eleârore  Brandeburgico  fo- 
pito,  reclius  longe  filuijfet.  Quid  enim  gloriœ  inde  Régi ,  aut  reipublica ,  accélé- 
rât ?  Nemo  dubitat ,  quin ,  ipfo  non  injciente  £s?  connivente  ,  Elbinga  intercepta 
fit  ?  ut  Saxones  jam  jamque  finibus  regni  exterminandos  retinendï  caufam  haberet  : 
■impedivïfje  poftea  confiât ,  ne  controverfia  ifta  tolleretur.  Quid  vero  iftis  arti- 
bus  cffeSlum  efl  aliud ,  quam  ut  ab  Eletlore  ad  debitum  agnofeendum  ac  per- 
folvendum  compelkretur  refpublica  ,  pretiofampie  regni  Jupelleclilem  ei  op- 
fignerandam  ?  T'andem  gloriofa  hœc  Régis  facinora  convenienti  prorfus  elogio  exor- 
fiat ,  ipfum  dum  bac  patraret ,  non  aliud  intendifie,  quam  alta  frui  quiète,  Ôc 
tota  Chriitianitate  in  gremio  pacis  recumbente  ,  eadem  dulcedine  otii  gentes 
fibi  a  Deo  cornmifîas,  poil  tôt  triiiia  &  incommoda,  folari.  O  Columen  auda- 
cite  !  cui  veteratoria  bac  dicendi  ratione  perfuadebit ,  pacem  Régi  Polonia  cura  cor» 
tlique  fuiffe^  quem  tôt  ïndiciis  confiât  pacem ,  neque  cogitaffe  itnquam  ,  neque 
tolerafi'e?  Nifi  enim  véhément  i  dominât  ionis  te  (lu  abforptus,  in  illicita  ruifjet, 
tranquillitate  ac  otio  adbuc  orbis  Chriftianus  frueretur ,  qui  tôt  atroces  belli  tem- 
peftates  eluSatus^  in  novos  iterum  belli  turbines ,  ipfius  potiffimum  culpâ ,  abripi 
fe  &  fentit  13  ingemifeit.  Fruflra  pulverem  prudent um  oculis  objicit  :  apparet 
fucus ,  patent  alla  Régis ,  nemini  ignorantur.  Poloniâm  is  dulcedine  otii  folari 
adeo  non  cagitavit ,  uî  a  fe  inteftinis  turbis  hablenus  vexatam  externo  etiam  bel- 
-  lo  )  cujus  exitus  incertus  eft ,  ïmplicare  voluerit. 

Enimvero  nemo  invideret ,  fruflra  tantum  verborum  apparatum  hic  prodigi ,  Re- 
gemque  Polo:ii.e  maie  confiais  laudibus ,  fi  innocune  fuijj'ent ,  in  cœlum  ferri:  atta- 
men  cum ,  per  injufta  cjus  prœconia ,  viam  fibi  ad  vituperandos  Suecosfternere ,  in- 
çue  re  manifejla  nugarinon  erubefeeret  ,paucis  coargiienda  erat  vanitasbominis.  Ai 
(onvicia  enim  mox  converfus ,  fantliores  curas ,  qua  apud  Regern  feilicet  Poloni<s 
pro  tranquillitate  publica  excubabant.^  Suecorum  culpa  elufas  effe  criminatur.  Quo- 
rum paci  femper  adverfus  infeitufque  animus ,  rupto  fazpius  icedere  Oliven- 
fi  ,  multifque  npertx  hoililitatis  contra  rempublicam  indiciis  teftatis  ,  uira 
per  temerè  erecta  munimenta  in  ducatu  Holiatias ,  &  fupêr  immi(Tàs  copias 
.offenfo  Rege  D.mias ,  perpetuo  Polonorum  feederato  ,  6c  noviffimè  copiarura 

ïcm.  L  Pp  iliaruirij 


ji8      MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

170 1.    fuarum,  quaê  circa  Polangae  portum  defddabant  innocenti  impctitione,  (quid 

bac  vervorum  firibligo?  )  ipium  al  arma  provocafTet.     fjluœ  acervatim  hic  pro- 

panant ur  fumma  accuj.itlov.is  capita,  facili  tiegotio  femel  elidi  poj/ent ,  fi  fimplici 
la-bore  defungi  iiceret:  vcrum  cum  eademi  pcr  totum  Libellum  [par fa  yfapiui  inge- 
minentur^  ne  repgtiia  toties  refponfione  ,  faftidium  fat ic talque  leclori  oboriatur, 
figillatim  quxque  infra  ,  ut  mer  itérant ,  afimanda  -veniunt.  Infecta  enim  par- 
tan  funt  commenta  ,  parti»:  in  Suecorum  invidiam  ,  cavillatcrum  more  ,  de- 
tort  a  ,  ut  Suc  ces  Polonofque  ,  quorum  concordai  perniciofis  fuis  in  rempubli- 
cant  dejïinatis  obfiat ,  mutuo  bello  committeret.  If  os  enim  fortafis  non  abfitr- 
de  crédit  ,  nunquam  aquis  animis  effe  paf'uros ,  ut  veterem  regiminis  formant 
evertat  :  borum  quoque  res  ita  effe  comparâtes ,  ut  plurimum  fiducie  in  Sueco- 
rum amicitià  collocare  pofjint ,  cum  praefertim  nativa  quaedam  £s?  perpétua  ratio 
utramque  gentem  propiori  amiciliae  nexu  conjunxerit  ,  quae  ,  interveniente 
privata  Reguni  caufà  ,  de  baereditate  regni  Succia  contendentium  ,  cum 
non  exiguo  cjufdem  damno-olm  rupta  ,  féliciter  tandem  Olivae  coaluit  ,  fis?, 
exfiiucla  jam  apud  Polonos  Gufiaviana  fiirpe ,  unde  fons  omnium  difiidio-, 
mm  ,  non  temere  folvi  poffe  videbatur.  §uae  cautionis  infiar  amplifiima  effe 
pojfunt  ,  Suecos  infefii  nibil  in  rempublicam  moliri ,  quam  florentem  fis?  pro- 
fperam  effe  non  ipforum  minus ,  quam  Polonae  gentis  refert  :  adeoque  quae-  I 
cunque  hic  de  indiciis  hofîilitatis  ,  fis?  iifenfo  Siiecorum  anime ,  jaclautur  ,  a 
calumnia  ejus  liquet  profit  ifci ,  qui  bel  la  ex  bellis  fer  ère ,  fis?  novis  ambos  populos 
lurbis  molefliifque  involvcre  e  re  fua  effe  pu.'avit. 

yltque  ut  hune  feopum  attingeret  ,  nibil  inexpert um  omifit.  Major um  jur- 
gia  reflaurat ,  G?  vetera  odiorum  femina  ,  quae  Olivae  abolita  funt  atque  ex- 
fiiucla ,  refu/citare  con  fuit  uni  duxit  :  cum  t  amen  if  a  finie  jufia  fuifjbit ,  fine  mi- 
nus ,  ad  bujus  belli  jufiitiam  ,  quae  tôt  a  ex  novifiînii  pacli  tenorc  dijudicanda 
cfi  ,  nibil  qiiidquam  faciant.  Si  demonflrare  Rex  potuifjet  ,  iflud  paclum  à 
Succis  ruptum  effe  ,  fibique  ab  ordinibus  rcipublica  ifiius  vindicandi  necefiitateni 
important  ,  quid  opus  ea  ,  quae  fefquialtcro  a'bhïnc  feculo  gefla  funt  ,  cum 
tant  a  Suedici  nominis  infettatione  repetere  ?  Sunt  ijla  majori  animorum  con- 
tentione-  dira  difeeptata  ,  quam  ut  replicari  debeant  j  tôt  etiam  incorruptis 
lu er arum  monument is  mandata  ,  ut  pravis  infulfijhue  inauditiunculis  convellï 
nequcant.  Atqui  dum  lettres  annales  peivolveret  ,  procul  dubio  obfeiv.iffet , 
quod  et ,  fi  patriae  amans  effet ,  filentio  neutiquam  premendum  ,  omnium  cla- 
dium ,  qiue  Sveciœ  Polouiacque  Régna  aliquancliu  affixerant ,  banc  effe  origi- 
i  cm ,  ouod  rcfpublica  Polora  ,  privatis  Reguni  fuorum  diffidiis  fe  iugejf/jct , 
tarbatoribus  quibufdam,  ut  nunc  fit  ,  fpes  ecrum  magna  vanitate  inflantibus. 
Ex  iis  igiiur ,  quae  olim  gefla  funt ,  fatius  fuifjet  document  uni  popularibus  fuis 
capere  ,  unde  tôt  mala  in  Poloniam  reduudafient ,  quam  perxcrfe  eadem  ,  ad , 
exukerandàl  corttrn  an:n:os  ,  commeniorare  ,  tweique  ,  £5?  forte  gravioris 
belli  tubam  inflare.  Quamquam  rcero  ifia  ex  clarîffimorum  ingeniorum  labori- 
bus  ,  quos  nulla  aeii  ,  aut  bominum  ,  malignitds  detaet  ,  notijfima  fuper- 
fiuum  l'idetur  nunc  rcp:tcie  :  quoniam  tatntn  eorum  nemoriam  refricando  , 
multa  pafjlm  de  Livonia  injufie  a  Suecis  occupât  a  tkbîateret,  obiter  illa  ,  £5?  tan- 
quam  in  iranfitu ,  perf.r ingère  vifum  e(l. 

Livomam,  ■ 


ET    RESOLUTIONS    D'ETAT.  319 

Livoniam ,   cum   vicinis  provinciis  ,    Sucwum   impcrio  antiquités  paruiffe ,   1701. 

f&r*«»  /f/?«  _/z*  ««/?«/ ,    qui  propitis  ab  Ma  atate  vixerunt  ,    &?  ,  ?«w/  r*- 

;n*»rt  ,    infmulari    nequeunt   quidquam   Suecorum  gratiœ  dedifje.     (I.)  Cum^ 
fecylo  pofl  tiatum  Saivatorcm  nom  jugum   detreclare  vidcretur  ,    v'.rtute   Olai 
fccuudi  ,  Régis  Sueciœ ,  ilerum  -perpacata  efi  ,   tribut is  &?  obfldibus  imper atis  , 
perflititque  inde  in  veteris  imper ii  reverentià ,  /><?r  trecentos  cir citer  annos  :  quam- 
q:iam  Mflonia   circa  finem  feculi  etiam  duodecimi    tributa    pependiffe   legitur. 
(L.)  §tàà   tempe flate  cum  malo   avilis  difcordlae    Snecia   laboraret ,    6?  mox 
Finnnis  ,    qui   rebelles  facli  ,   domandis  diflringeretur  ,    Livones-  laxius  habiti , 
piraticis  lembis  maria  late  percurfare  cœperunt  ,  ipft  inteiea   Danorum,  Rufljo- 
rum  ,   ait  ara  m  que  finitimarum  gentium   direptionibus   non  femel   obnoxii.     Ac- 
cejferunt  fimul  Germani  ,     qui  Visbyam    in    Gothlandia  permutandis   mcrcibus 
commeare  foliti  ,    tune  autem  tempeftate  ,    an  lucri  cupldine  ,   in  fmum  Livo- 
nicum  delati  ,    cum   accolis  amicitiam   dextrafque  jungunt  ,   fatlo  fœdere  ,    ut 
tuto  Mue  merces  fuas  adportare  pojjent.   Reverfi  Meinhardum  ,  qui  gentem  fe- 
ram  religione  Chrifliana  imbucret,  fecum  advexerunt.     Huic  fuccefftt  in  eodem 
vtunere  Bartoldus ,   13  inde  Albertus,  qui  more  curiœ  Romanae,  a  qua  EpiJ- 
copi  conftituti  erant ,  quos  verbi  coeleflis  fuavitate  trahere  debuifent,  ferro  ac  cré- 
dibles ad  facra  Chrifliana  cogère  maluerunt ,  accitis  non  paucis  e  Germania  bellato- 
■  ribus ,  Rigaquc ,  ut  pnefidw  adverfus  irritât  os  effet  munita.     Brevi   autem  urbs 
effl'jrefcere  ,   confluente  Mue  cum  aliunde  ,   tum  Fisbyenfium  multitudine  :    con- 
tra  indigent   tantam   in  propinquo    molem  furgere   videntes ,  ferocius  refijlere. 
Quorum  viribus  impur  Albertus  ,    anno  quarto  fupra  feculum  duodecimum  ,    c- 
quitum  Enfiferorum  Ordinèm  accerfivit ,  qui  ,  paulo  pojl  in  régulant  Jocietatem- 
que  equitum  Cruciferorum  ,   qui   in   Pruftiâ   res  gerebant ,   trafeuntes  ,    Livo- 
niam ,    confinais  incolarum  caedibus  perdomitam  ,    certis  legibus  inter  je  divife- 
runt.     Interca  Sueci  recuperandi  veteres  provincias  curam  non  abjecerunt ,  Cu- 
roniam  inprimis ,  anno  MCXCy  navibus  adorti,  fed   non  a/io  fuccefju  ,    fiifi  ut 
Mfioniœ  partem  ,  ftcut  paulo  ante   diclum  ,   ad  prifeam  ftipendiorum  confuetu- 
dinem  revocarent.     Interjeélo  tempore  ,    Ficiam  receperunt  ,   régnante  Johanne 
fecttndo  ,    Sueciae    Rege  :    (  M.  )  fed  cum  domi   Folcun^orum  feditio  glifeeret  , 
forts   autem  tavaflorum  bellunt  urgeret  ,   a  fuis   deflttuti  ,   rem  minus  profpere 
gejferunt.     Cirea  idem  tempus  ,   plures  per  Livoniam  epifeopatus  conftituti  funty 
qui  in  numerum   epifeoporum   Germaniae  paulatim  recepti  :    13   cum  JEflovia 
prias ,  inde  Livonia  ,  a  fubjetlione  Pruffîca  liberatœ  ejfent ,  Plettenbergius  Ma- 
gifler  ordinis .,   in  claffem  f.  Romani  imper  ii ,  anno  MDXXF.  relaius  eft.    Cum 
in  hoc  flatu  res  ejfet  Livonica  ,  inieflims  diflïdiis  agitari  cœpit  ,    &  labafeere. 
gïuod  Bafilides  ,   Rujforum  Monarcha  ,  tanquayn  e  fpecula  contemplatus  ,  (cif- 
fam  in  fatliones  Livoniam ,  y  invalidant ,  Mato  bello,  pêne  fubjugavit.     Con- 
tra hune  cum  a  Caefare  &  Germaniae  ordinibus  auxilhm  Livones  flagitarent, 
Carolus  V.  Turcico  bcllo  tune  occupants,  Suecue  R-gis  opem  6?  tutelam  eos 
bnplorare  aurea  bttllâ  jttjjit  :  (  N.  )    q:i£  mandata  a  Ferdinando.I.  &? 
M  a  x  1  m  1  l  1  A  n  o  II.   "  Ccefaribus  repetita  fknt.     Itaque  cum  Mofcus,  expag- 
natis  pracipuis  munitionibus ,  terrorem  late  circûmferret ,  ipfifque  portïs  Revalice 
immineret  :    contra  Dani   opem  ferre  reeufarent  ;   Ketkr'us ,    Magifler  ordinis 

Pp  2,  toujus 


3io      MEMOIRES,  NEGOTI ATIONS,  TRAITEZ, 

1701.  hiijas    ultintus  ,    ncquiret  ;    Re-valia   &?  nobilitas   jEJlonica  ,    prœceptis     Ca- 

"■ /arts   obtempérantes  ,    mïjjis    in   Sueciam    kgatis  ,     Erici    Régis  tutelte  Je  per~ 

mit  tant ,  &  cum  aliter  non  reàpefèntur ,  ejus  poteftati  ultro  je  tractant:  (O). 
Reliqua  pars  Livonïœ  à  Ketlero ,  ^//i  Curoniam  fib't  reiinuit ,  perfuafa  ,  #;#>;- 
.r/tf/0  Cajiiris  infuper  habit 'y,  Polonis  paulo  poji  Je  dédit,  U trique  regno  ea  de 
caufà  grave  &f  diuturum  cum  Mofco  bellum  erat  ,  y«^?«  maxime  indignante 
proyincias  fuœ  fpei  dejlinatas,  &  jam  maximam  partent  fubjugatas ,  fibt  eripL 
In  Suecos  autem  eo  majori  ira  ferebatur,  quo  fortins  fe  ipfi  oppofuijfent ,  quiy 
ccJJ'antibus  Polonis  ,  Joli  v'im  ejus  aliquandiu  fujlinuerunt ,  £5?  féliciter  fregerunt  -y 
quorumque  armis,  quod  in  Livonia,.  quant  univerjam,  excepta  Riga,  fubegerat, 
glebarn  tune  temporis  retinuiJJent  Poloni,  merito  adfcribendum.  Mofco  igitttr  tune 
multa  loca  ademta ,  Polonis  nulla  :  Jed  cum  pojlea  Sigifmundus  Rex ,  Polonorum 
opibus  adjutus,  Suecos  ex  Livonia  lacejfere  non  dejimret ,  bis  occafionem  dédit, 
reliqttas  partes  occupandi. 

Ex  bis  igïtur~,.quae  flriilim  indicata  fiant ,  primum  liquet  veterem  Suionum 
provincuim  ejje  Livoniam  ,  tnjujlis  autem  equitum  Teutonicorurn  armis  ouu-> 
fatam  ,  ,  cum.  religionis  propagandae  fiudium  idoneam  belli  caufiam  minime  praebe- 
at ,  atque  a  fana  ratione,  mitijfimifque  Cbrijli  praeceptis  quàm  longijjime  abeat ,. 
gentera  aliquam  ,  quod  Chrijliana  dogmata  tardius  ampkflatur  ,  igné  ferroque 
perfequi  &  fiubjugare.  Si  objiciatur ,  vitium  boc  ipfi  actate  quafi  deterfum  ejje  , 
&  longa  temporis  praejcrtptione,  evanuifije  ,  quidquid  juris  Sueci  in  bas  regiones 
habuiffent  :  enim  vero  quod  in  privatis  caufis  receplum  ejî  ,  fient  de  integris 
regionibus  ,  quae  inter  duos  populos  controverfiae  finit ,  temere  non  efi  pronun- 
ciandum  ;  ita  aequum  utique potuerit  cenferi ,  ut,,  labante  jam  republica  ordinis 
l'eutonici,  ad  veteres  pot  tus  dominos ,  quorum  imperio  Jubduela  f liera! ,  Livonia 
quafi  poftlimïnio  rediret ,  quant,  in  altertus  cujufcimque  potejlatem  concederet.  (P) 
Deinde  ut  ijlo  tltulo  non  niterehtur  Sueci  ;  conccjjtone  tamen  Caejarum ,  quoi  urn 
in  Livoniam  fupremum  ordo  dominium  agnofcebat,  rite  illam  fuficeperunt  :  cor,' 
ira  eorundtm  inju/fu  eam  occuparunt  Poloni,  iniqua  Ketlcri  nuridinatione  ,  qui 
fiduciariam  provinciam  ad  altos ,  quam  fupremus  jttjfijfet  dominas,  alienandt '  pote- 
fiatem  nullam  babuit.  Porro  cum  jEfionia  diclo  audiens  Imperatori ,  ad  Sueco- 
rum  opem  confugijjit ,  adparet,  falj'o-  hic  a  parte  Rcgis  Pomtiae  tradi,  Ericum 
Suecomm  Kegem,  non  attentis  vineulis  pactorum  6c  necdlitudinis,  Livo- 
niam primum  invafifTe,  &  per  proditioncm  ac  fraudem  Ducis  Mekelburgici, 
CoaJjutoris  Archiepifcopi  Rigcnds,  Revaliam  cum  /Ei'toniâ  violenter  inter- 
cepilîe.  Nugae  funt  &  apinœ.  ghiœ  enim  necejjïtudo  erat ,  qu%  lex,  .quod pac 
tum,  qu.ie  Ericum  ab  jEflonia  in  fidem  recipienda  prohibèrent?  Quod  Ketlero  , 
incov[alto  Caefare.y  cum  Polonis  conveuerat ,  per  fe  irrilum  erat:  neque  Rcgem 
SuccIlC  ullo  jure  flringere  pot  erat ,  quin  JEftivs  fupplkts  C5?  affticlos  in  client clam 
fufliperety  quatuor  menfibus  an  te  fe  fuaque  ipfi  dedentes ,  quam  Livi  cum  Polonis 
pacli  erant.  Quod.ft  neglexijjet  Ertcus,  iflorum  fubjugationem  fibi  va/de  per- 
tuciojam  fore  vtdcbat  ,,  attrapiuram  ad  ijlam  maris  Baltici  oram  vicinum  fero- 
cem  y  praepotentem  ,  qui  Revalia  potiltis  ,  cum  Juis  regni ,  tum  finit  huis  late 
populis  ,  terrorem  clademque  inferret.  Sed  neque  ifia  Ketlcri  patlio  sEfiios  ■ 
obligare  pot  ni  t ,  ut  a  monitis  Caefaris  recèdent  es,  invifo  imperio ,  £5?  ad  defen- 

fivticm . 


ET    RESOLUTIONS    D'E  TAT,  311 

Jionem  fui  fiai  us  inepto,  fe  frétait  ter  ent.  Quamdiu  a  Magijlro  ordinis  prote-  1701» 
gi  poterant  ,  in  ditione  cjus  permanebant  :  poflquam  ad  incitas  redaclus  ,  ex-  " 
iernum  iffe  patrocintum  circumfpiciebat  ,  licuit  defertis  ,  &  in  acie  , 
ut  dicitur  ,  mvacuhxe  conflit  utitis  falutem  fuam  quocunquè  modo  expedire.  Eo 
enim  fine  talis  focietas  ab  inïtio  conflit  ut  a  intelligitur  y  ut  mutuis  Viribus  confi- 
lii/que  omnium ,  qui  ea  continetur  ,  vit  a  &f  incolumitas  defenderhur ,  non  ve- 
ro fit,  compage  ifla  per  vim  externam  luxata,  iidemflatus  idem  poftea  jubirent 
dominium.  '  Shtin  ipfa  neceffitas  jus  dat  flatui ,  feu  parti  civitatis  ,  fe  a  reli- 
quo  corpore  /cgregandi ,  fi  aliter  excidium  declinare  nequeat ,  atque  id  tanto 
magis  ,  fi  a  caeteris  ejufdem  civiatis  membris  idem  dijcrimen  fuo  interitu  non 
fit  èepulfura.  Atque  iflud  vinculum ,  quo  capiti  &  re-liquis  membris  Mflia  con- 
xeclebatur,  folutum  penitus  erat\  cum  tôt um  reipublicae  corpus  difjiparetur  ,  £5? 
Ketlerus  in  aliéna  poteftate  conftitutus ,  ejurata  ordinis  Teutonici  régula  ,  defi- 
neret  eflj'e  Magi/ler  ejufdem  6?  magiflratus.  Quod  is  fe  trader  et  Polonis,  arbi- 
trât u  J'uo  egit.  Tmdiderunt  fe  Danis  Oeftlia  ,  &  Piltenfis  in  Curonia  regio. 
Cur  YEjîiis  non  liceret  Suecorum  imperium  eligere  ,  a  quibus  auxilium  praejèn- 
tins ,  &  certiora  commerçais  fuis  commoda  pr aventura  prœvidebant  ?  Quare  non 
violenter  intercepit  ,  quemaÀmodum  hic  fingitur  ,  ÂLftoniam  Ericus  ,  fed  [pon- 
te fe  fuaque  ojfcrentem  ,  &  deditiam  in  fidem  admifit  :  quod  Suecis  non  parvo 
fanguinis  impendio  ftetit ,  cum  pro  illius  defenfione  ,  continuatis  per  integrum 
feculum  bellis ,  adverfus  immaniffmos  hofles  .depugnarent  ,  atque  ita  illius 
provinciae  ,  quae  ipforum  quondam  fuerat  ,  nuper  vero  fuae  tutelae  permiffa  , 
atque  dédit  a  ,  poffefftonem  novo  infuper  titulo  fibi  acquirerent.  l'uni  quoque 
illucl  a  vero  abludit ,  quod  de  fraude  Dacis  Meklenburgici  tradit ,  cum  tempo- 
rum  iflorum  gnari  noverint  ,  biennio  denium  ab  JEfionia  dédit  a-  eundem  in 
Sueciam  trajeciff'e  r  poflquam  in  Germania  Caefaris  opem  ,  ad  Polonos  Livo- 
nià  ejiciendos  ,  nequicquam  implorafjet.  Tanto  minus  Ericus  apus  habttit  cum 
illo  de  Mflop.ià  ,  quae  dudum  in  fuam poteflatem  pervenerat ,  inîercipienda  con- 
fpirare. 

Ejufdem  notae  flunt ,  quae  de  irruptionibus  Suecorum  tempore  induciarum  fa- 
clis,  £5?  abdicato  Rege  Sïgifnundo  fttbjiciuntur ,  quae  more  fuo  per  ver  fe  narrât  s 
caufas  juflifflmas  ,  quibus  ad  baec  impulfi  fuiffent  ,  aflute  fubticendo.  Sciant 
autem  fecida  ,  &  incorrupta  annalium  fides  teflatur  ,  Polonos  omnia  detrimen' 
ta,  quae  a  Suecispaflfi  funt,  fuo  jument 0  fibi  accerfiviffe ,  dum  inconfulto  fer- 
vore  -privatas  Région  Vîtes  fuas  facerent  ,  eorundemque  pertinaciam  opibus  fuis 
&  auxiliis  in  Suecorum  perniciem  alerent.  Nam  ut  innocentes  ab  initio  fuif- 
fent Poloni  , ,  bellum  quo  que  apud  Sigifmundum  Regem  deprecati  effent  ,  quod 
prudeutiores  eorum  fecifje  facile  credi  poiefl  ;  immanium  tamen  facinorum  , 
quae  Rcx  ipfe  in  Sueciam  perpatraverat ,  participes  &  adjutores  exjlitiffe  Polo- 
nos ,  atque  in  focietatem  bclli  contra  Suecos  pojlea  venifje  fciunt  quoqtie  fecula. 
Ghtld  multis  opus?  Piafecius ,.  Incident  us  rerum  Polonicarttm  feriptor ,  teftis  efl: 
Polonos,  quantum  vis  ipiî  fibi  a  tali  bcllo  pnxxaverent,  vel  invitos  illo  implica- 
tos  fui(îe,pra:iërtim  itudio  privatorum,qui  eavia  gratiam Régis  demerencon- 
tendentes , infeia  republicâ,pacta  cuniRcgtv^Succias  avita  incautc  abruperunt. 
(Oj  Nam  Sigifnundus  truculent is  quorundam  confûiis  prœceps ,  cum  Suecos  pcfj'un-- 

Pp  3  ihrey 


3zx      MEMOIRES,  NEGOTI ATIONS,  TRAITEZ, 

ijoi.  dure.  Icgcs  Rcgni evertere ,  confcientiis  vim inferfè ,  &  armii  bôflilem  in  tnodum 

" —  patriam  fuam    violare   non  veretur  ,'  eum  ejufque  pofleios  commuais  ordinum 

Sueeiae  cou  foi  fus  indignas  fccptro  judicavit.  Hinc  vindicla  £5?  ira  ardens ,  bojles 
toi  orbe  Succis  q.uerere  non  deftitit ,  atque ,  ut  in  Finlandiam  £5?  interiora  Sue* 
cia  ',  pénétrant ,  Mftomam  per  ducem  fuam  Farcnsbacbium  prias  occupandam 
JJatn  .' ,  ^,y/  «tff  irrumpeis  ,  fopw  Suecicas  tefte  Piafecio  non  femel  laceffivit. 
Sjhtid  igiturjnjufie  a  Cjmiol,q  i?^,  y«/  Z>««V  Sudermannia  nomine  haSenus 
durait  ,  faclum  ,  y?  v/'w  w  propulfaret  ?  U intrus  banc  iujuriam  ,'  £<f  jEfio- 
niœ  direptionem  ,  #tf«fl  MDC1 ,  cum  "valida  manu  Livom'am  ingrcditur  ,  Wff- 
niaque  muni/muta  &  urbes,  prater  Rigam,  in  fuam  poteftatem  redigit,  pronis 
adeo  Livonorum  animis ,  quos  Polonici  imperii  pertœdebat ,  ut  eodem  anno  Re- 
valiae  congregati  ,  Sigifmundo  13  rcgno  Poloniae  abfequium  renunciarent  ,  Sue- 
corum  ikro  amicitiam  pcrpetuo  fœdere  ampleclercntir.  (R.,)  Hune  fruclum  te* 
rnerarii  belli  l'olonia  eepit  ,  pravis  quorundam  infligationibus  in  illud  allecla  ; 
quod  varia  fortuna  geflum  brevis  quies  compofnit.  Sed  non  fimul  conquievit 
Sigifmundi  animus  ,  qui  iufefia  quavis  in  Suecos  machinât  us  ,  duces  copiarum 
corrumpere ,  &f ,  fpaifis per  Sueciam  Libellis  ,  dijfenjiones  inter  cives  ,  adverfus 
Rcgem  feditiones  excitare  laboravit  ,  &?  ,  cum  dolus  non  fuccederet  ,  per  Scie- 
fincium  e  Litbuania  irrumpenîem  jEftoniam  ferro  £j?  igné  crudeliffrme  vafta- 
vit.  Qua  re  motus  Gustavus  Adolphus,  ut  boftem  averteret ,  anno 
MDCXV  i  I ,  armât  a  zlaffe  in  Livoniam  tendit ,  y,  recuperata  Dunemun- 
da,  &  aliis  arcibus,  petenti  Sigismondo  inducias  in  biennium  indulftt,  ea 
kge ,  ut  interea  de  perpétua  pace.agcretur.  Ferum  Sigifmundo  nihil  minus  cordi 
erat ,  qui  bello  Turcico  celer iter,  uti  opinabatur,  conficiendo  tempus  lucrari  vo- 
luit ,  ut  totis  deinceps  viribus  Sueciam  aggrederetur.  Itaque ,  decurrente  inducia- 
rum  tempore ,  per  Jacobum  Gardiacum  ,  jEftoniœ  prafidem  ,  Cbocevicio  ,  qui 
Livonia praerat ^  fgnificavit  Rex  Gustavus, y<?  aut pacem  perpétuant ,  aut 
longi  or  es  inducias  expetere,  ne  que  diutius  in  ambigu  0  bar  ère  vellc.  (S.)  Contra 
quae  cum  Sigifmundus  tergiverfaretur ,  Gustavus  AID  C  XXI,  menjè 
Augufti ,  integro  fere  pofl  inducias  anno ,  in  Livoniam  claffe  adveclus ,  Rigam  , 
quae  vieloriis  Suecorum  'hatlenus  moram  fecerat ,  expugnat.  Quiâ  eft  igitur  , 
quod  de  irruptionibus  Suecorum  declamet  ,  quos  Poloni  priores  laeeftîverant  ? 
nifi  privilégia  cautum  Sigifmundo  demonflraverit  ,  licuiffe  ipfi  Suecos  impu- 
ne  infeftare  ,  hos  zéro  prohibitos  vim  amoliri.  ghtid  inducias  ftabilitas  crê- 
pât,  quas  non  tant um  fantle  Sueci  fervabant ,  fed  £5?  pacem  ferio  expetebant ,  tôt 
nunciis  literifque  ad  Rcgem  fenat unique  Polonia  mijfis  ?  Sed  cum  nihil  profi.ee- 
cerent ,  Sigifmundum  fponte  fua  infeftum  Polonis  ipfis  exflimulantibus ,  qui  s  Succis 
.vitio  vèrtërit*  Ji  illudi  fibi  non paterenturï  Nihil  Polonis  inopinum  accidit,  qui, 
impios  Régis  fui  conatus  juvando,  facile  pr avide bant  fe  jufla  Suecorum  arma  in 
fe  converfuros. 

Sed  cum  pulcrum  fibi  duxijfet  autlor  cum  larvis  lutlari ,  non  mirum  eft  ,  fi 
Caroli  Gustavi  Regum  cl.vriffimi  ,  memoriam  vellicare  non  omifcrït  : 
qui  fi eut  injurias  Suecis  a  Sigifmundo  illatas  refricare  noluit;  ita  eandem  ex  filio 
importunitatem  tolérât  e  non  pot  ait ,  document  o  edito  ,  fortibus  viris  non  temere 
infultandum.     ghue  maximum  Rcgem  in  ultionan  ftimulafjcnt ,   publicaiis  tune 

feriptis 


ET    RESOLUTIONS    D'ETAT.        "  ?ij 

fcriplis,  toti  orbï  manifejlala  fitnt _,  &  notiora,  quant  ut  hic  rcpèti  debant.     Ex    1701. 
lis  coujlabit  non  ruptffe  inducias  Carolum,  fed  «Johanne  Casimiro,  '■ 

Rege  Polouiœ,  ruptas  ultum  ejfe:  nec  geminata  peifidiâ,  fed  Joli  ta  Sutcorum, 
tôt  que  bellis  notijfima,  virtitte  ac  fortitudine  in f oient  tant  boftis  &  nef  arias  mo- 
litiones  retudifc.  Ne  que  pax  Pfeflphalica  ,  quae  hic  citatur  ,  Polonos  ttitari 
pot  ait,  quœ  fiait  ipfis  Ikentiam  non  dédit  ,  Jkvijfima  quaeque  in  Suecos  perpa- 
trandi  ;  ita  Suecos  durifjïma  ifia  lege  non  adflrinxit ,  ut  injurias  qmfvis  ad  lubi- 
tum  Régis  Poloniœ  gratis  devorarent.  Imo  hnjus  arrogantia  eo  majorent  incttr- 
rit  reprehenfionem  ,  quod  id  tcmporis  prœcipue  ,  cmn  Mofc-crum  &?  Cafacco- 
rum  aï  mis  peteretur  ,  novîs  Rege  m  Sueciae  injuriis  provocaret ,  cujus  amicitià 
confervata,  non  modo  i forum  progrejjus  fiftere ,  fed  etiam  imminent em  cladem  de- 
clinare  facillime  Pplonia  potuijjct. 

Sed  non  faits  efl  prateritorum  temporum  memoriam  falfs  narrationibus  de- 
pr avare ,  nifi  affatim  qttoque  maleditlorum  ingérât ur ,  quafi  ad  juflitiam  hujus 
belli  orbi  adprobandam  ,  fidemque  fabulis  fuis  conciliandam  ,  apprime  faceret  , 
fi  convicia  ex  irivio  arrepta  plenis  manibus  in  gentem  Suecicam  j'pargerct .  .  Mi- 
ra in  nugis  excogitandis  fokrita  nativo  quodam  genio  tune  videtur  animari ,  & 
quafi  fe  ipfam  vincere ,  quoties  probris  coacervandis  impendit  ur  ,  quorum  nova, 
quaedam ,  &?  inexhaufla  ,  ubertas  quavis  pagina  repullulat.  Suecos  perfdos  , 
f œdif rages  ,  pacis  ruptores  ,  &  aggrefjores  appellare  pudor  non  efl !,  quos  quie- 
tos ,  £j?  nihil  minus  quant  hélium  méditantes ,  infigni  turpi  verfutiâ  circumvenit 
Rex  Polonia.  Sed  banc  petulantis  calami  lafeiviam  magno  anime  contemnit 
natio  Suecicà,  quant  fc?  pacis' artibus ,  &  bellica  lande,  vigent  cm  ficut  nemo  im- 
pune  lacefjivit  ;  ita  ipfa  amicitià  fœdera  fantle  colendo  puram  integramque  fa- 
mam  fervavit.  Tôt  conjurai is  finitimorum  populorum  odiis  firpe  pet  ita  ,  glori- 
am  a  majoribus  rciiclam  fortiter  ajferuit ,  armaque  invidendis  fuccejflbus  late  cir- 
cumîiilit ,  nulla  haclenus  perfidia  labe  temerata.  Aï  qui  veteris  avi  memoriam 
repiicantt  occurret  cruenta  Uladjslai  Jagellonidis  timbra, qui  violai 'a pacis -, 
quant  Amurathi ,  Turcarum  Imperaiori ,  jurejurando  confirmaverat  ,  horren- 
das  paenas  luit  ,  miferabili  Cbnftianorum  flrage  ad  Vcrnam  caefus  ,  anno 
MCCCCXLIF.  Gcminum  Friderici  Augusti  exemplum  annali- 
bus  poflhac  infrendum,  quem  non  immerito  qui  s  mîretur,'  cujus  faclum  imitât  ur  , 
exitura  non  perhorefeere .  Qui  paeem,  pofl  tôt  hella  mutais  utriufque  gentis  cla- 
dibusgefla,  fol:  cita  de  m  um  Refis  Ckrijlianjjimi  operà  flabilitam,  {$  ab  ordini- 
bus  icipublka  Polonœ  follenniter  confirmatam  ,  rupit  &  infregit ,  nulla  injuria 
provocants,  non  legitimo  modo ,  fed  ignobili  dolo  ufus  ,  Suecos  paclis  confidentes, 
&  arUiuris  amicitià  fimulatione  acceptes  fubito  bello  adortus  efl  ,  Livoniâ  prias 
direpta,  quam  conflit  ifl  et,  cujus  jujj'u  £5?  aufpicio  tara  atrox  facinus  patratum 
efljet.  S;  hoc  erit  lummâ  inniti  juttitiâ  ,£5?  julte  ac  légitime  proceflïfie,  apparet 
apud  Regim  Polonice  jufli  nomme  venire  ,  quiclquid  contra  jus  fifque  ,  contra 
facram  paelorum  fidem,  libido  fuggerat ,  aut  occafto  fuadeat.  Et  quomodo  il- 
lunt  ultorem  &  alîcitorcm  publica  expofeit  vincii£ta ,  ç-^/  privata  lubidir.e  ad 
bellum  flimulatus  efl  $  £5?  non  modo  r.ullum  ad  id  a  repubticâ  mandatum  habuit , 
verum  etiam  eo  ipjo  ijjam  rentpuMicam  convcllcre  deflinavit  ?  De  repentino  arrno- 
vum  progreffu  gloritri  parum  ùoi.cnfiaim,  cum  is  dolo,  non  virtuti  debeatur: 

nec 


$24     MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

1701.  ne c  magna  res  erat  proviticiam  praefidiis  nudam  ,  al que ,  ut  in  profunda  pace^ 
• — — -  nullius  mali  timentcm  ,  improvifa  incmfwnc  vafiare  ,  &  caflcllum  mutm  inter. 
cipere.  Et  quis  riover ity  annon  iJJe  fuccefjus  longam  malorum  fer  km  Rcgi  Po- 
loniae  nctlat.  Sed  praetcrquam  quod  excelfi  animi  principes  maluerunt  femper  fe 
fortunae  pœniterct,  quam  puderet  -vitloria  j  degcnerejque  ejusmodi  fraudes  ,  qui- 
bus  fides  publica  ,  Î3  commutas  hominum  focietas  laditur  ,  viliorum  hominum 
folcrtiae  ,  non  Regum  jufia  arma  gerentium  ,  effe  judicarunt  :  ad  uitimum  quo- 
que  fortuna  temeritati  non  fuffeccrit.  Sed  quis  miretur  profanât am  ab  ipfo  fa- 
crofancli  fœderis  religioncm,  qui  prof ari  audet,  nullam  partem  juftitiae  ab  hoc 
inftkuto  alienam  eflbj  atque  fe  plane  confidere.  divina;  démentis:,  quod  juf- 
taraNde  his,  qui  oderunt  pacem  ,  repetet  ultionern:  a  quo  liât  jus,  ab  eo 
Deus  ?  EJl  profeclo  Deus ,  qui ,  qua  mort  aies  gerimus ,  videt  &  audit  :  nec  fe  il- 
ludi  patitur.  Si  ferio  bac  tradidiffct  Res  Polonia ,  fi  credidiffet  j  an  te  mère  hoc 
hélium  effet  motum  ?  Verum  quia  Deus  jafias  ab  eo  potnas  expetit ur us  fit ,  qui , 
perfide  rupto  focietatis  humana  vinculo,  tôt . innocent 'ium  hominum  vita  acjangitine 
prodige  ad  fuam  cupidinem  abutitur  ,  ficut  rcligione  Chri/liana  imbuta  dubitat 
Sacra  Régla  Majcfias ,  £î?  proInde  ejus  providentia.,  majori  fiducia ,  bujus  belli 
cxittan  committit;  ita  ut  fercnlffimi  paclorum  Olivenfium  fponfcres,  &  reliquus 
crbis ,  manifeflo  cognofcant ,  quam  longe  bac  armorum  13  violcntia  libido  non  mo- 
do ajujlitia,  fed  etiam  omni  juris  imagine  recédât ,  non  detretlat  provocantem  ad 
■tabulas  Olivenfes  fequi ,  convicîuras  ipfum  multarum  calumniarum ,  fumma  iujufi- 
titiœ,  £5?  iiiolati  iflius  fœderis ,  quod  inter  régna  Suecia  ac  Polonia  fanclum  perpe- 
tuumque  efije  opportet. 

Itaque  ad  articulum  primunt  pedem  figere  lubet  :  quo  confthuitur  ut  pax 
ilt  perpétua  ,  vera  finceraque  amicitia  inter  Reges ,  regnaque  Suecia;  ac 
Poloniae  ,  ita  ut  altéra  pars  alteri  pofïhac  nihiî  hoftilitatis  aut  ininncitia: 
clam  aut  palam  inférât,  nec  alterius  hoftibus  auxilia  quocunque  nomine  pra> 
flet,  nec  cura  alterius  hoftibus  fœdera  huic  paci  contraria  ineat,  nec  quid- 
quam  in  alterius  fratus  diminutionem  per  fe  vel  per  alios  moliatur,  Contra- 
venifje  Suecia  ar_guiîur.  Quo  paclo  ?  Certo  fcedere  ,  inquit ,  quod  per  Lega- 
tum  fuum,  Comitem  Tort,  compilavit ,  &  de  fafto  in  anno  MDCLXI 
fîdcm  obltrinxit  ,  aucloraturos  Suecos  duodecim  millium  exercitum  ,  ad 
aflerendam  ,  ce  opprimendam  armis  liberam  in  Polonia  eleélionem.  U- 
trum  Suecis  hic  V'tio  datur  ?  fi  elecJionem  liberam  afferere  voluifi'ent  ,  laudan- 
dum  eorum  officium  :  fi  armis  opprimere,  culpandi  funt .  .Sed  oportet  infignem 
fuifj'e  impojiorem ,  qui  Régi  Poloniae  hoc  comment uni  fuppeditavit  ,  tant  a  cum 
vituperatione  genlis  Suecica  propalandum.  £)uem  liyuet  non  infpexiffe  mqv.am 
apicem  iflius  fœderis  ,  aut  ,  fi  infpexifjet  ,  mortalium  ejfe  improbifjimum  ,  qui 
propenfijfimae  erga  rempubUcam  Polonorum  voluntatis  pignus  ,  ut  crimen  lafi 
fœderis y  objiceret ,  atque,  ut  ipfius  verbafunt,  quaîvis  confervanda;  pacis  anti- 
dota  in  toxicum  converteret.  Nam  quedmodum  Suec'i  uni  ce  id  optant  ,  ut 
liber  tas  reipublicae  farta  teôla  confervetur  ;  quod  Sacra  Regia  Afajefias  arbitrât  ur 
Polonis  optime  confare  :  ita  cum  id  temporis  ,  quo  Johannes  Casimi- 
rus  /e  regno  abdicare  médit  abat  ur ,  pernicicm  liber  tati  ordinum  macbinari  quos- 
ilam  intclligerent ,   auxilia   Rcgi  ac  reipublicae  Polonorum  per  legatum  fuum  , 

Sténo- 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.  317 

Slenonem  Biclkiurn ,   anno  MDCLXI ',    obtulerunt  contra  quemcumque  aggref-   1701. 
'  forem  cxtraneum ,  qui  libéra  Comitiorum  fuffragia  armât  a  manu  opprimere  cona-  •< 

retur.  Ecce  id  ipfum  fcedus '.  (T.)  An promtijjima  bac  offerentes  ftudiay  irnpio 
~  &  tocdifrago  aulu  comipiraflè  arguentur?  An  odium  ac  invidia  talem  producunt 
fruclum,  at,  quoi  fer dere  velimui,  periculuw  ab  eorusn  cervicibui  depellamui  ? 
' Nihil  clam  Rege  &?  Republica  aelum  :  nibil  ocsultum.  §)uo  animo  erga  rem- 
publicam  ejfent ,  Jatii  erat  Suecii  indicare  :  uti  eorum  amicitia  pro  lubitu 
\  ipfa  poterat.  Scilicet  in  debellatis  anitnis  abibluti  fceptfi  potentiam  fundarc 
voluerant  Succi ,  qui  rebui  fuii  fiibil  minui  conduccre  femper  exiftimarunt  y 
quam  veterei  reipublicœ  Polonœ  legei  mutari  aut  tolli.  Quod  eu  m  Rexy  Fri- 
dericus  Augustus,  probe  intellexerit ,  nihil  eft ,  quod  œque  animum  ejus 
odio  ac  ira  in  Suecos  accendijfet,  quoi  reipublicœ  non  defuturoi ,  forte  non  imme- 
ritoy  fufpicatur ,  fi,  quemodmodum  cœpit ,  libertatem  iïïuu  evertere  pergat.  Ex- 
arjit  tune  validior  hujiu  ojfenfœ  fax  ,  cum  fœdere  Suetis  nuper  propo/îto  rem- 
fublicam  Polonam  excludi  voluijfet  Rex  Poloniae  ;  Sacra  Regia  Majeftai  Sueciae 
non  aliter  in  illud  confentire ,  ni  fi  ipfa  refpublica  eodem  comprebenderetur.  ghtod 
tune  Suecii  perfuadere  nequiit  ,  quin  apud  alioi  perfecerit  ,  non  dubitare  po- 
terunt  ordinei  Poloniœ.     Compellant  Regem  Kv gvst  vu  edere  capita  fecre-  , 

tiorii  fœderii  ,  quod  ,  incotifulta  republica  ,  ante  biennium  inierat  :  invenient 
infirumentum  fervitutii  rite  conferiptum  ejfe  ,  &  confignatum  ,  quam  evan- 
dendi  non  facile  via  dabitur.  Ccrte ,  fi  unquam ,  fub  hoc  Rege  ,  quo  nocentio- 
rem  hoflem  nondum  experta  eft ,  libertai  reipublica  perielitatur ,  quae  ad- 
verfui  externam  vim  inconcujfa  ,  domefticii  infidiis  ,  tiifi  Deui  ex  machi- 
na ,  fuccubuit. 

£>uae  de  damn'n  illuftriffimo  Duci  Curlandiae  illath  tanto  cum  verborum  ftre- 
pïtu  intonuit ,  vana  ejfe  &  ad  invidiam  Suecii  faciendam  perverfe  exagitari,  ipfa 
negocii  bujui  ferie  confiabit.  Namque  urbi  Rigenft  ,  tanquam  primae  fedi  ,  £5? 
praecipuo  rerum  'Teutonicarum  in  Livonia  firmament 0  ,  multa  mfignia  privilé- 
gia ,  florente  ea  republica  ,  concejfa  funt  j  précipite  auiem  ut  unicm  per  iftos 
traelui  portui  boc  &  emporium  fréquent aretur.  Exftat  Innocenta  tertii,  Pontifi- 
ai Romani ,  interdiclum ,  feveriffime  vetantii  y  ne  qui!  prater  Rigenfei ,  merca- 
tune  gratia  Semigalliam  adiret.  Cum  illi  pofiea  ,  fociatit  cum  Epifcopii  £5?  or- 
dine  equefiri  armii  ,  Livoniam  ,  Curoniam  ,  Oefiliamque  debellafjent  ,  auclori- 
tate  Wiïbelmi ,  Epifcopi  Mutinenfii ,  légat i  tune  Pontifiai ,  anno  MCCXXFIy 
tertiam  regionum  acquifitarum  partent  obtinuerunt  ,  adeo  ut  eorum  territorium 
ab  una  regione  Findoviam  ufque  extenderctur,  ab  altéra  Oefiliœ  Ut  t  or  a  àttinge- 
ret.  Aique  ita  qui  jus  Commerciorum  £9"  Navigationh  praoccupaverant ,  cum 
nondum  aliœ  iflii  in  or'u  urbei  conditœ  ejfent  ;  ïidem  jam  jure  dominai  mercatu- 
ram  fibi  folis  in  finu  Livonico  vindicare  poterant.  Çjhiod  eorum  jui  tantum 
abfuit,  ut  interpellarent  Prafuki ,  &?  Magiflri  ordinii ,  ut  poftquam  Curlandia 
cum  Livonia  y  urbe  Rigenfi  in  imam  rempublicam  coaluiffet  ,  publiai  diplo- 
matibui  caverent ,  ne  ulla  munimenta ,  aut  adificia ,  in  litoribus  ifiii  exftrueren- 
tur ,  quee  Rigenfium  commerciii  damno  impedimentoque  efjenî.  Ufa  eft  hoc 
jure  fuo  civitai ,  per  multa  fecula ,  non  interrupto  ;  ampliffimii  infuper  extero- 
rum  Principum ,   qui  incrementa  urbis  optabatit  ,  privilegiii  confirmato  ,  ante-' 

ïom.  I.  O^q  f«*« 


;i(5      MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

i-oi.  quam  Dux  Curlandiœ  infiitutus  fmffet ,  ««/   /Votf.!  divinare  potuiffent.  fe  do* 

» ■  w/;;o.f  //?/'/«  regioms   futuros  :   contra  quœ  Curoncs  ne   minimam  rationem  ad* 

ferre  pot uerint^  qua  jus  hoc  tant  a  vetujiate ,  &  longijjimœ  temporis  prœfcriptio- 
11e ,  fubnixum  infirmctur  ,  tf«*  Hbcram  ipfis  circa  hœc  lïttora  navigat ionem  o* 
lim  fuijfe  oftendatur.  ghtapr  opter  ctiam  civitas ,  ne  qui  s  c  ~vicinia ,  aut  pergri- 
k;s  nationïius  j  portant,  fuum  prœterveclus  ,  <3//0  mer  ces  adponaret ,  armatas 
quafdam  naves  habebat ,  y//<?  «^  illicites  portas  digreffa  navigia  Rigam  deducerent. 
Ingravefcente  tandem  Mofcoyiti&o  beïlo  ,  «///.'  .  Ketlerus  paclus  fibi  Curlan- 
diam ,  Polonorum  partes  elegfjet  ,  Sigifmundus  Auguftui  Rex ,  »//^ô  f«w  «</ 
eœteros  fiatus  Livoniœ ,  /«»;  .W  RigenJ'es  ,  /eg/z/o  /«o  Radivilo  ,  o;»»/<*  _/«r«  , 
confuetudines  &  privilégia  ,  civitati  intégra  &  illibata  fore  folenni  paclo  fpo* 
pondit  ,  /^«*  antea  faclttm  efl  }  £«.?/#  ultimtts  Livoniœ  fflagi/fer  Ketkrus  , 
Duc  Curlandiœ  proclamaretur.  £$'•  ann0  M D LX I ,  .rehgiofum  ordinem 
principali  dignitate  mutât  mus  ,  in  ipfo  abdicationis  atlu. ,  remiffo  Rigenfibus 
juramentor  quo  haclenus  ipfi  adfiricli  f itérant ,  jura  &?  privilégia  pariter  intacla. 
reliquit,  atque  ipforum  arbitrïo  permifit ,  utrum  Polonorum  imper ium  accipere\ 
un  libertatem  fuam  ipfi  defendere  mallent.  JS'eque  enim  jlatuere  aliter  ei  fas 
erat ,  qui  precarius  ipfe  magijlratus  ifia  jura  ,  quœ  civitas  ab  antiquiffimis  tem- 
foribus  babuerat  ,  tù  etiam  Imperatorum  ,  Principumque  literis  confirmata  , 
muturc  tiequit ,  neque  Rex  Poloniœ  quidquam  civitati  detrahere ,  ut  no  vo  Duci 
arlderety  potuit,  aut  plus  ei  cum  Rigenfium  detr  intente*  qui  nondum  Régis  im* 
perium  •  agnofcebant ,  confcrrc  ,  quam.  is  ipfe ,  antequam  Dux  fier  et .  habuiffet , 
aut  prijlinus  Curlandiœ  fiatus  permitteret.  Atque  haclenus  in  animum  nemo 
induxerat ,  ut  jura  civitatis*  imprimis  autem  mercaturœ  £5?  navigat 'ionis ,  per  Li* 
•vûnïam  Curlandtanique ,  in  dubium  vecarc  auderet  :  fcd  fimul  ac  novns  Dux  Cur- 
i.wdi/i  potitus  fueratj  paulatim  affùrgcie ,  ad  commoda  fua  refpiccrc,  £5?  quovis 
modo  jura  urbis  ad  Je  trahere  cœpit  ;  ait  cum  fe  non  minus  firenuè  opfone- 
rent  Rigenfcs  .  graves  rixœ  &  contentio?ics  ortœ  fiunt.  Ncndutn  Riga  Polono- 
rum imper  ium  venerabatur  ;  libéra  erat)  &fuijuris:  verum .  pofi  viginti  anno* 
rum  moram  ,  cum  regimini  Polonico  fe  Çummittcret  ,  fiipulata  fibi  antea  efi  a 
Rege  Stéphane ,  ut  pi  ijlina  jura  £5?  privilégia  falva  £5?  illœfa  forent ,  ne  c  ul.'a  in 
re  in  pujkrum  imminueraitur  ;  &  cum  quercretur  in/clitis  in  portubus  naves  o~ 
nerari ,  Duci  graviter  a  Rege  intcrditlum  efl  omni  navigatione ,  £s?  naviurn  0- 
,  nerationibus  in  Curlandia.  Ccnfrmavit  hoc  Sigifmundus ,  R.x  Poloniae  ,  pro- 
gato  diplomate',  quo  vaga  ifia  commerciorum  licentia  ,  tant  juribus  urbis  , 
quam  vebligalibus  regiis  noxia,  fevcre  prohiketur,  fatla  etiam  Rigenfibus  potefia- 
le  ,  naves  illicitos  port  us  adeitates  cum  mercibus  dctinendi;  qui  £5?  tuncnavem 
e  onufiam  ,  in  porta  quodam  Curonico  deprehenfam  abduxerunt  ,  approbante 
-v  ge,  i$  a'dhot  tante  ,  ut  fcmper  ita  procédant,  ghtin  &  ipfe  Dux  Curlandiœ , 
Iritiericus  ,  ad  prœfeclos  fuos  /itéras  mifit ,  quibus  operam  dare  jubentur  ,  ne 
quid  in  jraudcm  bujus  privilégié  a  Curonibus  commit tatur  :  cui  ccrtis  cotiditiouibus 
Rigenfcs,  anno  M DCXV,  paclo  inito,  concefférunt ,  ut  occlufis  reliquis  portu- 
btts,  Libaviâ  tantum  &  Vindaviâ  mètres  libère  export arentur.  §)uœ  levitcr  hic 
ta  cl  a  funt  ,  idoncis  literis  &  dont  mentis  firmare  facile  effet  ,  ni  refponfum  hoc 
in  nimiavi  molem    cxcrefcent  :  proferre  autem  ea  quand'jcunque  cxigantur  ti- 

vit  ai 


ET    RESOLUTIONS    D'ETAT.  317 

vital  parafa  efl.     Hoc  vetufliifimum  igitur  privilegium ,  quo  civiias  per  tôt  œtates ,    1701 . 
ar.tequam  in  Suecorum  mènerai  poteflatem ,  &f  deinceps  per  totum  induciarum  irttèr  • 

Suecos  &  Pohnos  tcmpus  uja  fuerat ,  pace  Olivenfi  novum  robur  accepit  ,  çujtts 
aiticu/o  decmo  quint 0  jubetur  y  ut  commercia  priitina  iint  libéra  &  non  impe- 
dita  tam  terra,  quam  mari,  Se  in  vercri  ulu  &  exercitio,  quo  fiierunt  tempo- 
xe  induciarum  ,  conferventur.  Cum  vero  nibilmnmus  circa  oram  ,  quœ  finum 
Rijenfem  fpeclat ,  novos  purtus  aperirent  Cttrmes ,  &  fiepius  moniti ,  cœpto  non 
dejiflerent  ,  non  alia  ratione  fifti  poterat  navigatio  ilkgiuma,  &  urbi  tantopere 
damnofa  5  quam  ut  naves  ,  vetitis  portubus  egrefj'ae  ,  capcrenlur  :  quae  omnes  -, 
fecus  quam  hic  traditur,  ea  conditione  funt  dimijfa ,  ne  deliSum  iterarent.  Quo 
jure  fuo  cum  uterentur  Sueci ,  cui  injuriam  intuliffe  arguent ur  ?  Sicut  enim  fun- 
dum  nieum ,  me  invito  ,  ingredientem  vi  ac  armis  arecre  ,  aut  ,  pignoribus 
ca.pt is  ,  aliifque  modis  ,  ne  id  faciat,  impedire  pojfum  ;  if  a  quin  idem  jus  i» 
mari  ,  quod  dominio  meo  fubjacet ,  (/ubjaccre  autem  finum  Livonicttm  urbi  Ri- 
génfi  jam  demonfiratum  efl  ,  )  exercere  poffim  ,  non  ratio  ulla  aut  lex  obflat. 
Cum  illud  invaderet  Curo ,  Suecus  vero  propugnaret ,  uter  alterum  pritts  laefijfet  , 
eo'qite  faclo  ipfam  paeem  Olivenfem  ,  cordati  judicent.  Quis  enim  Suecis 
fuccenfeat  ,  fi  privilegium  ,  ex  quo  anima  civitatis  peudet  ,  tant»  vetuflate 
fubnixum  ,  fummh  Regibus  adprobatum  ,  &  pace  novijjima  corroborât um  , 
urbi  nollent  ereptum,  Quis  non  horum  potius  moderationem  laudet ,  quod  in 
tiirbatores  commerciorum  non  gravius  animadvertijfent  ,  poflquam  continuata 
infolentiâ  Suecos  eo  neceffltatis  redegijfenf,  ut  fi  commerciorum  ufum  voluijfent 
falvum  ,  non  parvis  impenfis  quotannis  litora  ifla  obfervarent.  Non  igno~ 
rantia  juris  hujus  exeufare  Je  poterant  Curones ,  quemadmodum  ducentis  abbinc 
annis  feciffe  legmtur  ',  cum  fpeculatoria  Rigenfium  navis  idem  tentantes  è  di- 
verticulo  revocajfet.  Noverant  jura  civitatis  :  pacla  léger ant:  interdiclum  Gus- 
tavi  Adolphi  viderant  :  Ckristinam  fua  atate  litora  ifta  navibus  euflodi- 
vijfe  audiverant  :  quo  minus  ipfis  vider  i  mirum  deberet ,  fi  eadem  jura  nunc  tue- 
rentur  Sueci ,  non  opportunitatem  belli  Turcici  captantes ,  ut-falfo  'objicitur,  fed 
eodemjure  longa  ante  œtate  ufi.  Quam  ob  rem  non  adullius  injuriam ,  aut  lairo~ 
cïnium  maris  ,  ficut  hic  calumniatur  ,  fed  ad  furtivas  negotiatiunes ,  quo  nomi- 
ne  inliteris  Sigtfmundi,  paulo  ante  citatis,  veniunt,  difiurbandas  ht£  naves  de~ 
ftinata  erant.  Quid  'Gustavus  Magnus  animo  volvijjet,  temerarium  efl  pro~ 
minciare  :  hoc  utique  certum  efl ,  ejus  beneficio  tam  accolas  quam  alias  nationes  , 
debere,  quod  mare  Balthicum,  a  Duce  Fridlandia  libéral um ,  tuto  nunc  navigent. 
Nec  cuiquam,  qui  vetitis  portubus  abjlinuijjet ,  Sueci  liber  um  iflius  maris  ufum  in- 
•viderunt  unquam ,  aut  ex  lit  tore  Curlandiœ  dominium  ejus  arrogandum  fibi  putave- 
runt;  cum  alia  longe  fint i  &  folidiora  argumenta,  qua  fublimius  quoddam  in  hoc 
mare  jus  Suecis  adjirunt  :  quorum  clajjîbus  illud  quoque  multis  ante  tempeflatibus 
navigatum  fuerat ,  quam  Curor.icum  finum  peregrinœ  naves  detexijfent. 

Quant  ob  rem  nemo  efl ,  qui  non  videat  Regem  Poloniœ  Juo  Je  jugulajfe  gladio^ 
cum  temere  ad  Olivam  provocajfet  )  quœ  non  tantum  Suecos  abfurdis  ejus  X$  ini- 
quis  criminationibus  abfolvit  ,  verum  etiam  'ipjum  gravium  injuriarum  reum 
agit,  qui  contra  manifefla  patli  Olivenfis  verba,  clam  multa  hoftiliter ,  &?  in 
Suecici  flatus  diminutionem ,  molitus  efl,  ïnitifque  fœderibus  buic  patto  adverfis, 

■Q^q  i  hofl.es 


ji8      MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

1701.  hofies  undequaque    Mis   concitare  Jtuduit ,    £5?   mox  nefaria   ipfe  arma  intnlit. 

•  ■  ^uanquam  fi  intcrrogat ur  Rex  Poloniae  ,  à  quo  demandatam  habeat  banc 
accufationem ,  aqua  ipfi  ,  ut  ajunt ,  haerebii.  Polonos  de  injuria  qucfios  ejje 
nondùtn  compertum  efi  :  qtiod  tamen  Oliva  jubet  ,  antequam  ad  arma  vcniatur. 
Qtiae  ipfius  in  republica  pot  efi  as  fit,  notifiimum  efi:  citra  cujus  mandatant  cum 
titilla  ipfi  in  Succos  aiiio  competat  ,  negotïum  tamen  facit  litcmque  per 
calumniam  fingit ,  cum  jure  titillant  habeat.  Negotii  igitur  ge fit:  gravis  ipfi  ratio 
efi  reddenda  ,  qui  praetcr  vecefiîtatem  opus  pericnlofae  plénum  akœ  fufcepit  , 
fummamque  rerum  in  dificrimen  te  mère  adduxit.  Ncque  aliter  de  Curlandica 
controvcrfia  fentiendum  ,  cujus  decidenda  juflam  tranquillamque  viam  pridem 
iniverunt  Carolus  XI.  Rex  Sueciae  ,  £5?  Fridericus  Sigismun- 
Dus,  Dux  Curlandiae,  ambo  nuper  cœlo  recepti,  conjlitutis  utrinque  triumviris , 
qui  Rigts  MDCXCF.  convenantes ,  jura  utriufque  partis  diligent er  excuterent , 
difcerncrentque.  Et  quœ  cum  Régis ,  tum  Ducis  œquitas  erat ,  fublata  ejj'et  omnis 
lis ,  £s?  fopita  penitus ,  nifi  immatura  eorum  morte  decifio  ejus  fuflaminata  effet. 
Longe  ab  hac  moderatione  violent  us  Régis  Polonite  animas ,  qui  ut  turbas  bellaque 
fuis  deflinatis  infiervientia  excitet ,  alienis  fe  negociis  ingerit ,  propofitam  tabulis  O- 
livenfibus  rationeni  ,  quâ  conlroverfiae  omnes  pacate  tollerentur^  ferociter  abfcin- 
dcns. 

Sed  ad  articulum  fecundum  p-ogredi  juvat ,  cujus  initlo  mirum  ni  confunderettir 
Rex  Polomœ,  cum  Mo  ipfo  injuflitiam  fibi  aperte  objici  videret.  Nam  perpétua 
forum  omnium ,  qv.œ  acîa  erant ,  fancita  amnefiia ,  additur  :  ne  ulla  pars  alteiï 
poithac  quicquam  hoitilitatis  aut  inimicitia:  fpecie  juris,  aut  via  fa£H,  infé- 
rât. Ab  hac  fententiâ  fibi  adeo  invifa  ,  qua/i  ofienfo  Medufie  capite  ,  vul- 
tum  animumque  avertens  ,  ad  fiueta  fibi  convicia  dila'ntur  :  rraéta  Livonorum 
privilégia:  inducrum  in  provinciam  delpoticum  regimen:  ipfos  cxquifîta  c.ir- 
nirlcina  laceratos:  eoque  œqinus  efle,  ut  fub  gravi  jugo  gementes,  &  queri- 
moniis  fydera  puliantes,  injuîtis  dommis  ac  tyrannis,  fcelus  &:  nefas  agenti- 
bus,  eripiat  Rex  Polonias,  ex  confcientia  quoque  6c  vinculo  juramcnti  ob- 
itriclus,  ut  Livoniam  illicite,  &  contra  leges  regni,  alienatam  recuperet , 
cum  alioquin  metui  poîîèt,  ne,  defperatis  auxiliis,  alium  dominum  6c  pro- 
teclorem  cum  irreparabili  reipublica;  damno  qtfoerat-,  liée  confufie  £f?  tumul- 
tuarie  ad  articules  fecundum  &  tertium  congé  fia  difiintlius  expendi  neceffum  ejl , 
fepofitis  atrocifjïmis  cffnvic'tïsty  quorum  intégra  jufiarum  feilicet  Vindiciarum  ficrip- 
tori  palma  rejtrvabiti.r ,  modo  de  aeteris,  ut  fpes  efi  ,  remittatur.  Ac  primum 
quidem  de  privilegiïs  videndum  ,  quœ  violata  ejfe  criminatur.  Cum  varia  , 
fiante  rcpublicà  ,  ab  Arch:epi/copis  (3  Aùgifiris  privilégia  mbilitas  Lïvonic* 
vhtiHniJJ~ét  ,  indicari  oportuerat  ,  quodnam  eorum  ,  (3  quibus  modïs  ,  vio- 
lation effet.  Ncutrum  facit  :  fed ,  AIDLXf,  cum  Poloms  Je  fummitte- 
rent  Livones ,  omnia  eorum  jura  à?  privilégia  diplomate  Sigismundi  Au- 
g u  s  t  1  confirmata  eff'e  dicit.  Verum  ifii  eodem  anno  bina  privilégia,  prius  die 
XX  y  11  ï.  Novc  mûris  ,  aller  uni  biduo  pu  fi  ,  confirmata  efie  coutenduni  :  quo- 
rum il'litd  vetera  jura  (3  piccrogativas ,  hoc  nova  quidam  &  abfurda  contiuet. 
Prius  illud  rite  confcclum  ,  ac  genuiuum  ,  in  Succia  nunquam  impugnatum 
tjl  :    alla  uni ,    cuni   multis  indiciis    cunfiarei  fuppofititium   ejfe  ,    merito  re- 

jeilum. 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.         y^ 

jeftum.     Nam  praeterquam  quod  inufitata  pr  or  fus  formula  ,   &  modo  a  regiis  1701. 

dipîomatis  abhorrenti  compilât um  cfl  ,  etiam  iniqua  multa  ,    (3  ipfi  Romanen 

Jlum  religioni  ,  cujus  auclorem  malum  dœmonem  appcllat  ,  injuriofa  conti- 
mt  ,  quod  Rcgem  ordinefque  Poloniae  ,  ifti  religioni  addiclos  ,  adprobajfe 
credibile  non  eft.  Ipfum  qitoque  exemplar  (3  autograpbum  nemini  vifum  , 
\ec  in  Livoniam  perveniffe  ,  ipfi  hujus  caufae  propugnatores  fatentur  :  quae 
vero  aprographa  prolata  f itérant ,  eorum  nulli  nome»  Régis  adfcriptum ,  evidenti 
argumenta  ne  que  ipfum  autograpbum  a  Rege  Sigismundo  Augusto  un- 
quam  [ubfcriptum  fuifj'e.  Accedit  illa  quoque  ratio ,  quod  in  defignatione  privile- 
giorum  ,  quae  Nicolao  Radivilo  ,  Ltvonos  ,  nomine  Régis  Poloniae  ,  in  fidem 
accipienti,  paulo  pofi  t  rade  bat  ur,  nul  la  bujus  mentio  fiât,  quam  tamen  ,  fit  tune 
exftitifiet  ,  neceffario  fieri  debuifje  nemo  non  intelligit.  Tôt  igitur  modis 
cum  arguer  et  ur  ,  quis  mirabitur  hoc  fuifj'e  fufpetlum  ?  Tant  a  tamen  erat  Sacra 
Régies  Majejlatis  clément 'ia  ,  ut  fenlentiam  fufpcnderct  ,  permijfo  ipfi  s  tempore 
inquirendi  ,  an  ufpiarn  locorum  abd'rtum  in  lucem  protrahi  pofiet.  Interca, 
quae  jura  t3  privilégia  finguli ,  aut  univerfi,  olimfibi  data  fu'ifie  ofienderant , 
inviolata  ipfi  s  fervata  funt ,  (3  ut  in  poflerum  quoqua  fer  vent  ur,  cura  Regibus 
Suionum  erit. 

§>uid  igitur ,  quod  privilégia  Livonorum  imminuta  ofjiciat ,  qua  omnia  in~ 
tacla  habent  &  illibata  ?  gHiam  vero  maligne  eadem  fus  imperio  Polonorum 
illis  fervata  fuiffent ,  quam  multis  modis  convulfa  ,  plena  querelarum  monu- 
ment a  ex  fiant.  (U.)  Qu<e  intérim  vociferationes  hic  cientur  ?  quae  probra  in 
Suecicam  nationem  cumulata  ?  Cum  inopia  cirminum  ufque  eb  ,  quod  ar- 
gueret  ,  non  haberet  ,  contra  notifjïmam  omnibus  veritatem  calumniari  per- 
git  ,  £s?  tam  crudele  (3  intolerandum  Suecorum  imperium  ,  tam  miferandam 
j'ub  eo  Livonorum  fortem  fingit  ,  ut  ex  Turcarum  annaltbus ,  aut  alterius 
gentis  barbarae  hiftoriâ,  declamare  bac  videatur.  Abe/l  haec  faevitia  ab  excul- 
tis  Suecorum  moribus,  (3  aequiffmis  legibus:  abhorret  à  Sacra  Regiœ  Majeftatis 
ingenio ,  cujus  mite  ju/lumque  imperium  non  cives  tantum ,  fed  etiam  vici- 
vi  populi  jufpiciunt  ,  vénérant nr.  Sed  quemadmodum  praeter  atrociffimas 
exclamationes  nibil  adfert ,  quo  falfa  haec  (3  commentitia  crimina  confirmen- 
tur  ;  ita  ,  res  tam  levés  ac  putidae  quibtts  verbis  diluantur  ,  difficile  eft  repe- 
1 ire.  Nifi  forte  ,  cum  Libellum  ,  quo  fupplices  Livonorum  preces  ,  Régis 
Poloniae  opern  implorantium  ,  perferiptae  funt  ,  vulgaverit  ,  non  decrunt 
criminationïbus  fuis  fiabiliendis  tefiimonia.  Atqui  cum  eundem  Libellum  inter 
manus  fias  ejfe  ,  apud  ordïnes  regni  Rex  Poloniae  jaclaverit  ,  quare  monu- 
ïiientuîn  tam  illuflre  non  edidit  ,  cum  coarguenda  Suecorum  tyrannidi  ,  tum 
rninuendo  nefarii  hujus  belli  odio  apprime  inferviturum  ?  Sed  refpondebit  pre- 
cul  dubio  libi  hoc  non  confiait  um  vider  i  ,  quod  liceret  tune  Patkuli  cujujdam 
proditoris  manum  ceramque  infpïcere  ,  (3  nomen  cognofeere  ,  quem  ,  vita 
probrojuiii  ,  contubemio  fuo  dignv.m  judicavit  Rex  Poloniae.  Ab  hoc  enim 
mquitiae  mancipio  haec  commenta  ,  ne  quifquam  de  eorum  fide  dubitaret  , 
b&ufit  Rex  :  ab  hoc  pcrfuafus  ,  fpem  Livoniœ  occupandae  cepil  ;  hujus  etiam 
confias  ,  in  praeclara  bac  expeditioue  ufiis.  Eft  enim  is  ver  us  ac  nobilis  fraii- 
dum  machhw.lor  ,   qui  puer  doweftico  patris  exemplo   ad  proditianem  inftitu- 


3p     MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

-1701.  tus,  cum    adclcviffct ,  facile  ipfum  patron  ficeler e  &  audaciafuperaiit.     Pri- 

• muni    igilur    diplomata    falfa    fupponens  ,    popularium    animas   pertentavit  : 

tnox  fceieris  manifeflus  ,  clam  prof  agit ,  ne  judicis  fcntentïam  praefens  audi- 
rct  ,  qua  crpite  damnatus  eft  ,  infliëla  memoriae  ejus  ficmpiterna  infamia. 
Vagus  inde  &  infabilis  ,  cura  artïbui  fuis  nufquam  locus  darctnr  ,  Régi  Po- 
loniae idoneus  v'ifus  ejl  ,  quo  Livonorum  ,  .  à  quibus  occulta  fe  babere  man- 
data ncbulo  fingcbat  ,  animes  inefcaret.  Square  infamem  (3  proditorem  non 
îJi.tuni)  contra  fidcm  Sacrae  Rcgiae  Majeflali  datam,  recepit ,  verum  ctiam  hp- 
noribus  auxit ,  ut  exemplo  tani  illuflri  ad  feditionem  caeteri  allicerentur .  Z7?- 
runt  quae  de  hoc  Livonorum  effet  opinio  ,  ex  noviffimo  eorum  decreto  ,  quo 
prodhort  huic ,  confiliario  fuo  intimo  {$  carifjimo  ,  infamiae  notant  inuffe- 
ru/ttj  fi  modo  in  Mo,  qui  ignomhûis  flagitiifque  antea  coopertus  erat ,  novae  pla- 
gae  locus  ejfe  poffit ,  congmfcere  potuit  Rex  Poloniae.  Cui  fi  experimentum  nu- 
pcrum  addiderit  ,  quam  nihil  mutata  in  Sacram  Regiam  Majeflatem  con- 
flantià  irruptionent  ejus  pertulifjent  ,  quam  fortiter  peclora  fua  invaforibus  op- 
pofuiffent  ,  quam  non  minis  ac  magnis  pollicitaiiombus  ad  defetlionem  permo- 
vert  potu'iffent ,  non  dubitabit  amplius  de  Livonorum  erga  fe  jludiis,  &  quant- 
opère  ejus  adventum  exoptaffent  ,  ut  Suecorum  intolerando  jiigo  eriperemur. 
"Tum  quoque  cïtficet  fidem  paUorumque  Religioncm  fanclius  paulo  in  Livo- 
nia ,  quant  in  fua  aulà  ,  coït  {5?  obfervari.  vie  proinde  non  vehementer  angi 
animo  Rex  Poloniae  débet ,  &  metucre  ,  ne  Livoni  ,  defperatis  rébus,  tute- 
ïam  ,  quant  Poloni  negaverint  ,  apud  aliam  gentem  quaerant ,  cum  inconcufja 
illorum  fides  ,  &?  internerai  us  in  Sacram  Regiam  Majeflatem  amor  &  venera- 
tio ,  facile  hune  ferupulum  ei  eximant ,  nec  finant  dubitare,  qttin  eadem  qua  impe- 
lum  ejus  fiuflinuerunt ,  virtutent  confiant  iamque  quibufeunque  aliis ,  qui  eos  aggre- 
dientur,  oppofuerit.  Sed  quemadmodunt  qui  aller um  ineufat  probri  ,  ipfum  fe  in- 
tuer i  opertet;  ita  vero  non  efl  fimile  ,  ex  animo  haec  Suecis  objecifje  Regem  Polo- 
niae j  qui  poftquam  Saxoniam  fiuam  antiquo  décore  fpoliaverat ,  graviffimifque  tri- 
but i  s  ad  incitas  redegerat,  &  in  Polonia  fub  jugum  mittenda  ont/les  curas  cogita- 
tionefique  defixerat ,  caufam  nullam  habuit ,  quare  defpoticum  Suecorum  in  Livonia 
regimen  indignaretur.  Sed  cum  dccrevifjet  Provinciam  quoeunque  titulo  occu- 
pare  ,  ex  quà  rigidas  Polonorum  cervices  domaret ,  multa  etiam  invita  profe- 
renda  erant ,  qu.o  majori  acquit  atis  fpecie  deflinata  fua  tegeret.  Hoc  igitur 
erat,  quare  tant  ajpere  multa  in  adduclius  imperium  dixifjet ,  quod  t  amen  fi 
Livonia  jam  ferret ,  tanlum  abeft  ,  ut  tôlier e  illud  cogitaverit  unquam ,  ut  in 
illa  ipfant  dominationis  arcem  fundare  confiituerit. 

Itaque  ifla  ex  calumnia  profecla  ftint  :  quae  fcquuntur .  ex  vaniloquentià. 
2\  .\;n  ut  oflendat  non  licite  alienatam  effe  a  corpore  Reipublicae  Livoniam  , 
yuam  inepte  multa  &  abfurde  adferunîur  !  Quae  enim  vis  illius  argument  i 
efl  y  quod  ex  j^amento  Sigifmundi  Augufli  ducit  ?  Nam  &  iile  ,  ut  fupra 
oftenfi'.ni ,  invita  fupremo  domino  ,  foi  Livoniam  vindicavit  -f  &  promiffis  in 
tflo  juramento  abunde  fatisfecit  ,  cum  quantum  poffet ,  ea  quae  Livoniae 
adempîa  erant ,  &  a  Mofco  occupata  ,  recuperare  anniteretur.  Neque  enim 
aliud  juravit.  Et  fi  maxime  aliud  jurafjet ,  cum  id  praeflare  in  ejus  potefia- 
te  non  crat,  tum  tenter arium  fuijj et  credere,  eo  ipfo  Reipublicae  Poloniae  fatis 

eau- 


ET    RESOLUTIONS    D'ETAT.  331 

caution  fuij/e ,   ne   Livonin   iterum  feparari  poffet  :  cum  nulli  populo  id  cou-    1701. 

tigit ,  ut ,  quae  femel  arripuerît ,  quicta  in  perpetuum  poffcjfione  teneret.     Mul-  -*" 

ta  tnim  bello  amittuntur  ,  aïïa  putlionibus  ,  alla  dereliclione  in  allarum  gen- 
tium,  aut  Regum  ,  jus  tranfeunt.  Qui  omnes  moii  ,  aui  amittendi7  aut  mu- 
tandijuris,  non  minus  advet fus  rempublicam  Polonam ,  quant  alios  ,  vakbunt. 
Nec  majoris  ponderis  fiint  fiât  ut  a  de  non  alienandis  provinciis  ,  aut  jura- 
mcnta  Regum  y  quae  '  poftea  fa  cl  a  funt ,  de  iifdem  recuperandis.  Nam  ftcttt 
illorum,  qui  fiummam  in  republica  pote ji aient  tenent  ,  confenfu  hae  leges  latae 
funt;  ita  quin  contrario  eorundtm  aclu  diffolvi  &  abolcri pofient  ,  minquant  du- 
bitatum  ejî.  Jam  vero  illam  conjlitutionem ,  quant ,  anno  M  D  C  X  L  V  I. 
faclam  efje  dicit ,  quot  modis  ipjï  Polonorum  ordir.es  pofiea  infregerunt  ?  Nam 
ut  nibil  dicatur  de  iis  ,  quae  Tunis  funt  conceffa  ,  EleSori  Brandeburgico  , 
M  D  C  L  V  I  L  fupremum  Boruffîae  imperium  contukrunt ,  additis  quo- 
que  Pomerellia  praefecluris  Lauvenburgi  &?  Buthoviae.  Paclis  vero  Andrufo- 
vienfibus  ,  anno  MDCLXV IL  Smolenfcenfem  provinciam  ,  Severiam  ,  {$ 
totam  Ucrainam  trans  Borifihenem  Mofcis  tradiderunt ,  &  Kioviant  ad  ccrthm 
tempus,  quae  nondum  reddita  efl  ;  quae  pacla  aliquoties  poflea  rénovât  a  funt  ,  &? 
ab  ordinibus  Reipublicae  Polonae  confirmata.  Quant  igitur  futiliter  legcm  du- 
dum  anîiquatam  ,  £5?  toties  infirmaUim  ,  hic  o'otendit  ?  Cum  vero  pacla  cum 
Regibus  conventa  de  iis  ,  quae  ita  tradita  funt ,  urgeat ,  quis  interpretari  po- 
te (if  an  ineptius,  quod  ad  rem  non  faciant  an  imprudentius  ,  quod  Reipublicae 
Polonae  indecora  fimul ,  £s?  perniciofa  fmt  ,  haec  ab  ipfo  proferantur  ?  Quid 
cnim  attinet'hic  commemorare  ,  quo  juramento  fe  Reipublicae  obfirinxifjet  Rex  , 
cum  aliénât io  Livoniac,  non  Régis  fôlummodo^  fed  totius  Reipublicae  confenfu , 
'rite  13  légitime  olim  facla  effet  ?  Et  quemadmodum  judicis  efl  non  de  legi- 
ùus,  fed  fecundum  leges  judicare  -y  ita  Rex  Poloniae  non  de  paclis ,  fed  fecundum 
pacla  decernere  débet.  Si  adverfus  haec  contendat  ,  ex  ijïo  jurejurando  obligari 
Regem  adomnia,  quocunque  modo  aval  fa  fuerint  ,  recuperanda  ,  non  pot  efl  non 
kvitatis  &  fluxae  ficlci  ordines  Reipublicae  incufare ,  quoi,  quae  for is  cum  vicirûs 
gentibus  pacli  funt ,aliis  ils?  diverfis  fanclionibus  convulfum  eaut yatque  Jimul  fane- 
tiffimum focietatis  humanae  vinculum,&  publicam  paclorum fidem ,  tollant.  Quod 
flagitium  ab  autlore  hujus  Libelli  fibi  imputari^non  acquis  animis  Poloni  tulertnt , 
qui  probe  vident  bac  ratione  cum  omnem  apud  exteros  fidem  fibi  derogatum 
tri ,  tum  temerario  hoc  juramento  ,  tamquam  publica  bellorum  tuba  ,  non 
tantum  Suecis ,  verum  6?  vicinis  fimul  omnibus  ,  quibus  cum  Polonis  olim 
nrgotium  fuerat ,  bellunt  indiclunt  efj'e  ;  fiquidem  ad  jusjurandum  ■  Regem 
adegifjent ,  ut  contenu 'â  patlcrum  folennium  religione ,  quae  car.  que  aliéna- 
ta  ,_  fine  difrimine  ,  ad  vêtus  Reipublicae  corpus  aggregaret.  Si  haec  Polo- 
nis mens  fuijfet ,  cum  Régi  fuo  praejuraffent  ,  eam  tegere  confultius  duxijfent ,. 
quam  viemoram  cognitioni  apricari ,  qui  nupera  in  Suecos  perfidia  moniti  , 
perinde  fibi  Confilia  ceperint.  Profeclo  nemo  non  diceret  poïïuï  eornm  fidem  , 
fi  fantliffinta  fœdera  per  Regcs  fubs  refeindi  non  tanium  vellent ,  fed  (3  jubé- 
fent.  Sed  neque  cum  gentis  integritate  haec  illufio  convertit  :  nec  jurât  a  pro- 
■ttujjlo  Regem  valide  obligaret  ,  cum  jurejurando  ,  eni  tsfiis  Deus  advocatur\ 
honefla  i  an  tum  Ô?  recla  fanciri  debmnt ,  non  fraudes  &   violationes  fœderum. 

Quais 


35*      MEMOIRES,  NEGOTÎATIONS,  TRAITEZ, 

i-»oi.  gïuah  jusjurandum  qui    ver  bis  conceptis  juraverit  ,   impie   quidem  facit  ;  fed 

' geminat  culpam  ,  fi  juratum   impleverit.     Sic  proinde   retle    Philo   Judaeus  : 

Sciât  ,  quiiquis  ob  juramentum  injuili  aliquid  molitur  agere,  non  fe  jurisju- 
randi  oblèrvantcm  fore,  fed  potius  everforem  jurisjurandi.     Addit  enim  cul- 
pam culpx,  &,  quo  abftincre  fatius  fuerat,  actum  iilegitimum.-    Quare  ab 
injuria  aérions  abiljiiens,  Dcum  veneretur,  ut,  quae  ipfi  eit  maxime  propria., 
miiericordiam  ci  impertiat.     Sed  pergit  argutari  ;  Ordines  quidem  Livonia ,  per 
patla  Olivenfia  ,  obcdient'ue  vinculo  &  fidelitatis  facramenîo  exfoluti  funt  :  at- 
tamen  iidem  a  juramentis  Regum  ,   padtis  conventis  ,  &  obligatione  totius 
reipublicas ,  Legem  6c  rempublicam  Polonam  non  exfolverunt.     §)uid  ergo  ? 
Rejpublica  Polona  juramento ,  quo  obftritli  quondam  fuerant ,  exfolverat  Livonos  : 
hi  in  Sue  cor  uni  verba  jurejurando  adacli  funt:  £s?  nibilominus  veteri  jnramento 
rempublicam  fibi  devintlam  tenent.      6hi<s  cavillatio  hac  eft  contorta  £5?  ridicula  i 
Idem  popuhis  Polonos  veteri  &  Suecos  récent i  vinculo  pariter  conftritlus  fibi  ha- 
bet.     Qitidni  uti  ijque  fubjeclum  effe  fimul  dicat ,  fiquidem  bœc  obligatio  ita  reci- 
procatur ,  ut,  fi  imperium  fit ,  cives  fint  ,  &  fi  cives  fint ,  ifiius  imper ii  obfequio. 
contineantur.     Itaque  in  Polonorum  potefiate  adhuc  permanere  Livonos  affirmât  : 
quos  tamen  obedientice  vinculo ,  per  patlum  Olivenfe  ,  Joint  os  effe  fatetur.     Oedipo 
conjeclore  opus  eft,  qui  hoc  œnigma  dijfolvat.     Si  famulus  vel  minifier  a  Rege  Po- 
lonics  dinùjfus ,  Regem  à  fe  dimijfum  ejfe  negaret ,  quamvis  ipfe  fidem  operamque 
fuam  alii  domino  addixiffet ,  an  ineptienlem  ferret  ?  Sed  cum  aperte  inficias  ire  non 
potucrit  feriptor ,  Livonos ,  remiffo  fibi  jurejurando ,  e  Polonorum  exiifje  potefta- 
te j  allata  tamen  e  tortuofo  ingenio  quadam  dubitatione,  an  Poloni  iftorum  fimul 
obligatione  libérât  i  ejfent ,  rem  turbare ,  &  manifefiiffimae  veritati  tenebras  ofjun- 
dere  cupit.     Verum  ut  ex  illius  animo  fcrupulus  omnis  £5?  folicitudo  evellatur ,  ad~ 
Monendus  eft  religiofus  homo,  rem  ita  planam  fieri,  Ji  ad  animum  fibi  revocare 
non  gravetur,  Polonos  facramento  fidelitatis  exfolviffe  Livonos ,   quod  fatetur -, 
hos  autem  fidem  Suecis  £5?  jusjurandum  dediffe ,  quod  Mis ,  quos  veteri  juramento 
folutos  ejfe  confitetur  ,   licuiffe  non  negaverit  ;  atque  ita  mutuo  confenfu  omnem  y 
qua  uterque  populus  olim  connetlebatur,  refeiffam  penitufque  fublatam  effe  obliga- 
tionem.    Jln  rem  tam  perfpicuam  £s?  evidentem  mente  concipit ,  an  nondum  etiam 
Livonos  a  republicâ  retle  aliénât  os  effe  putat ,  quod  par  in  parem  non  habcat  po- 
teilatem  ?  Eft ,  unde  hœc  quoque  fufpicio  ipji  adimatur.     Nam  fi  invitas  e  civita- 
te  ejecifjent  Poloni ,  tum  fortaffis  hanc  juris  œqualitatem  non  inepte  Mis  occinere 
Livoni  potuijfent ,  oppofitoqite  veteri  patio,  expoftulare,  non  retle  fe  ab  Mis  defèriy 
cum  quibus  focietatem  olim  coiviffent  :  cum  vero  ht  fidem  fuam  Suecis  jure  ju- 
rando  adftringentes ,  eo  ipfo  obfequium  reipubtica  Polona  renunciafjent ,  faits  de- 
dar avérant  je  açquievifje  novo  imperio ,  £5?  Polonos  fimul  priflina ,  qua  inter  il- 
los  fuerat ,  obligatione  liber  zffe.     Si  Rigenfes  olim  reclamantes ,  £jf  Polonum  im- 
perium ajpernantes  ,  juramento  abfolviffet  Ketlerus  ,  ut  in   Polonorum  verba 
adigerentur  \    (V.)    cur  Livonos   non   répugnantes,  fed  in   Suecorum  fide  ac 
ditione  ,    in  quant  jam  antea  concejferant  ,    prefeverare    volentes  ,   facramento 
refpubiica  Polona  liberare  non  potuiff'et  ?   Itaque  fi  Jedulo  argumentari  voluiffet 
auclor  ,   dcmonftraudum  ipfi  fuerat  ,  Livonos  ,  pofiquam  à  republicâ  non  pot  aé- 
rant defendi  ,    detrecldfi'e  Suecorum  prœfiidium  :    ofiendendum  quoque  cor.ua.- 

dixiffe 


ET    RESOLUTIONS    D'ETAT.         355 

dixijfe   iîlos  alienationi  huic  ;    &   demum  fidem   nunquam  Suecis  dedif'e.     Jt   170T. 

c uni  illi ,  antequam  Oliïœ  Polonorum  vinculo  Joint i  fuerant  ,  jurando  je  Sticcis  

obligajjent,  13  idem  pojlea  multis  vicibus  jusjurandum  itéraient ,  quant  nibil  fi- 
bi çuffl  reipublica  Polona  bodie  commune  ejfe  puta-verint  ,  cîarïjjîmc  oftende- 
rant.  Proinde  non  cjî ,  quod  vereatur  inquictari  regios  defimclorum  mânes ,  ni- 
fi  fortajjïs  indignabundi  fepulcra  fua  bodie  revifant ,  quod  à  fucccforibus  tam  pra- 
ve  violentur  ,  quœ  religiofijfime  ipfi ,  dum  corporibusfuis  circumferebmtur ,  pacli 
fuijfent. 

£htamvis  igitur  ex  ijlis  articulis  nibil  exfugere  potuifft  auclor,  quo  venenum 
fuum  pafceret ,  £5?  dilutum  Jaltem  iniquijfimo  Régis  Poloniœ  faclo  colorent  illine- 
ret:  infipidis  tamen  £5?  a  re  ipfa  alienis  comme:itariis  folicitare  ijtos  voluit.  Qui 
enim  Olivant  ejfe  violxtatti  ex  articulo  tertio  demonftraverit ,  quod  eodem  J  o- 
hannes  Casimirus  jus  illud,  quod  in  rcgnum  Sueciœ  fibi  arrogabat ,  re- 
fignajjeû.  An  negabit  UcuiJJe  Régi  hoc  facere,  aut  Suecis  injttftant  ejus  declara- 
tionem  confentire  i  Quid  enim  hoc  ad  Poloniam  ?  Niji  Sueciam  quoque  inter  aval- 
fa  reputaverit ,  quod  Reges  ex  illa  oriundos  quondam  habuijfet.  Sed  cum  totius 
provincits  pojjejfionem  in  dubium  vocare  au/us  effet ,  minus  cuiquam  videri  débet , 
fi  ex  articulo  quarto  de  terminis  ejus  controverfiam  moveat.  Limitationem  hujus 
provinciœ  Suecorum  culpâ  dilatant  ejfe  ,  ac  elufam  criminatur.  Sed  quo  argumen- 
to  hoc  probaver it  ?  Quando  erat ,  cum  Sueci  banc  controverfiam  componere  noluif 
■fient  ?  Si  detreclaffent  congrejfum  ,  fi  à  Polonis  invitati ,  litis  iftius  difceptatio- 
tient  elufijfent ,  non  eJJ'ent  ferendi  :  verum  cum  illi  per  legatos  fuos  de  hoc  nego- 
tio  Polonos  non  femel  compellajfent ,  in  criminantis  caput  culpa  recidet.  Vi  hujus 
artkuli  ajjignatam  fibi  Livoniam  Tranfdunanam  ,  £5?  partes  Cifdunanas  ,  quas 
tempore  induciarum  tenuerant ,  pojjident ;  ulterius  ne  latum  unguem  unquam  pro- 
grefji  funt.  Cum  a  conterminis  extrema  Livoniœ  turbari  intelligerent ,  aliquo- 
ties  à  Polonis  poflularant ,  ut  certo  limite  fines  utriufque  regionis  diflingueren- 
tur:  •verum  hibellum  Turcicum ,  aliafque  caufas  prœtexentes  ,  non  apport  unani 
hujus  negocii  mentionem  fierijudicarunt.  Cum  vero  Johannes  Tertius, 
anno  MD  CL XXXI. ,  figendis  confiituenàifque  certis  terminis pronum  fe  often- 
deret^  Carolus  XL  Rex  S  ue  ci  œ  ,  more  m  nullamfecit,  quin  prafidi  Livo- 
nia  Jlatim  mandant ,  »/,  quam  primum  commijfarios  à  Polonis  deletlos  ejfe  in- 
tellexifiety  ipfe  quoque  viros  ad  limitem  idoneos  mittcret  :  (  X.)  fed  in  hodier- 
num  ufque  diem  nemo  comparuit.  Quod  magis  falfam  ejfe  ejus  criminationem  li- 
quet,  Suecos  infimulantis ,  quod  non  exfpeclatis  regni  Pohnici  commijfariis ,  Imi- 
tent dcterminajjent.  Nunquam  enim  hoc  fatlum  eft;  &  quo  minus  rite  fier  et , 
■  mora  nulla  £5?  procraftinatio  apud  illos  fuerat  Jttris  autem  eft  ,  ut  cum  per  cum , 
cujiis  inter  erat  conventa  impleri^  fietait^  quo  minus  implerentur,  tantundem  ha- 
beatur,  ac  fi  eadem  fuijfent  impleta.  Sic  quoque  calumniam  redolet ,  quod  de 
fundo  trium  milliarium  Duci  Curland'ue  erepto  tradit.  Quicquid  enim  terra  cis 
Dunam  Sueci  bodie  tenent ,  patlis  cejferat  :  pofitis  pro  lubitu  terminis  nullam  fibi 
gkbam  vindicarant.  Cum  vigore  induciarum  fexennalïum  ^quœ  anno  MDCXXIX. 
f ail  ce  erant ,  Mitaviam  Duci  Curland'ue  refit uifjent  Sueci ,  peculiari  cbnventione , 
proximo  annoy  limes  S  net  ici  cis  Dunam  agri  rite  defcriptus  eft ,  £s?  Novœ  Mun- 
dce  attribut  us  lotus  ille  tra3us7  qui  Bulderam,  inter  amnem  £5?  mare  jacet.  (  Y.  ) 
fom.  iV  Rr  Pojlea, 


3^4     MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

1701.  Poftea  patio  Stumsdorfienfe,  anno  MDCXXXV.^  conventum  eft ,  ut  pars  utra* 

■ que  ,    uti  incluons  Jexennalibus  pofiedcrat ,  ita  deinceps  pojjïderet.     Quœ  omnia 

Olivenfi  demum  pacificatione  confirmata  funt.  (Z.)  Quamobrem  tantum  abeft 
ttt  ex  hoc  articulo  quicquam  contra  païia  Curlandia  ereptum  efje  demonjlrctur ,  ut 
ex  codem  plani  (finie  conjiet ,  traclum  Cifdunanum,  quem  induciarum  tempore  te* 
nueranî ,  optimo  jure  nunc  qnoque  à  Suecis  poffideri.  Et  cum  in  illo  Novamund* 
ad  confluentem  Dunœ  &  Buidera  exftrutla  eft  ,  qua  fronte  afjirmabit  eam  in 
folo  Curlandico  repofitam  effe  ?  Aut  qui  in  contumeliarn  fuique  nominis  opprobrium 
Poloni  accipient ,  fi  Sue ri ,  deftruclo  veteri  caftello  quod  iniquiori  lo'co  fitu/n  e- 
rat ,  novam  in  adverja  fui  juris  ripa  ad  majorent  Dunœ  amnis ,  13  urbis  Rigenfis 
fecuritatem ,  munitionem  excitafi'ent  ? 

Omnia  quidem  in  bac  eau  fa  nugatoria  funt ,   £5?  indigna  ,    quac  tamen  vide* 

buntur  levia  ,  fi  ad  ea^  quae  fubjicit ,  comparentur.     Ijiis  enim  prolufiffe  videtur 

cul  maturius   calumniae  robur  :  (3  cum  bablenus  Ma   tantum  quae  recle  facla 

funt ,  fufpiciofe  aiguere  ,  13  fuphifmatis  quibufdam  vellicare  ,   finis    babuifiet  > 

jam  aperte  ladificari  incipit,  (3  ea  procudere  monftra ,  quae  fando  nunquam  au- 

tlita  funt.     Quis  poft  bac  mirabitur  ex  vetufto  aevo  mtilta  ad  nos  fat/a  proma- 

najfe,  cum  in  tant  a  noftrorttm  temporum  luce  non  défit ,   qui  novas  Circes,  no* 

vafque  Cbimaeras   orbi  obtrudere   non  vereatur  ?   £>uos  enim  tumultus  Polonga 

excitât.     Ignotum  obfcurumque   vicum  non  una  fabula   nobiiitat ,  Trojana  fat  a 

exaeqtiantcm  ,    cum  decimum  jam   annum  à  Suecis    oppugnetur.     Nam   anno 

MDCXC,  celebrem  fuiffe  tradit ,  ab  eo  tempore  graves  Suecorum  infidias  vim* 

que  fuftinuifje  :  nuper  etiam  Saxonicas  copias ,  ut  infra  fabulât ur ,  ab  ii/deni  pêne 

oppreffas  vidiffe.     Atque  ,  ut  fidem  bijee  nugis  concilie  t  ^  locus  ,  tempus,  perfo- 

nae  adduntur  ,   modique  fere  omnes  notantur  ,   quibus  aliquid  fatlum  ejfe  argui 

filet.     Ut  gênera  H  comitiorum  decreto   nobiliftlma  in   litore  maris  Balthici  Jia- 

tio  erecla  fit  :  ut  operâ  focictatis  Anglicanae  perficeretur  :  ut  Suecorum  commi- 

nationibus  effet  inipedita  ;  qui ,  imnnffis  fpeciiiatoribus  ,   non  tant  uni   locum  de- 

Jineandum  curabant ,  verum  etiam  boftilem  animum   contra  rempublicam  Polo- 

nam  declarabant ,  direptis  navibus  ,  focictate  difperfa  ,  locoque  tam  pulcre  fttn- 

dato  ad  foUtv.dinem  redaclo.     £>uid  contra  hacc  opponere  Sue  ci  babent  ?  Nibil 

admodum  :  nifi  quod  ambigant ,    utrum  folertiam  autloris  in  nugis  bifee  concin- 

nandis  mirentur  tmgis  ,   an  fiultitiam  ejufdem    in  ils   divulgandis  rideant.     Si 

tam  operofam  fabulam   compofuijfet ,   ut   in   remous  procv.l   oris ,  £s?  in   coetu 

aliquo  Cofaccorum  ,  récit aretur  ,  boc  habttiffet  commodi ,  ut  rudes  trucefque  ani' 

tnos  majori  in  Suecos  ira  efteraret  :  jam   quare  noflri  orbis  hominibus  ,   quibus 

nibil  magni  occultum  effe  poteft  ,   tam   aperte  falfa   venditare   voluiffet ,   nemo 

facile  divinabit ,  fi  non  extremae  impuder.tiae  fpecimen  edere   cogitaffet.     Liceat 

Suecis  ignorare  ,  quid  Polonis    de    Polonga  decretum  fit ,  i3  quicl  cum  Britan~ 

nis  fuper  ifto  negotio  couvent um  :  hoc  finnpHcis  eft  veritatis,  non  audivijje  un' 

quam  illos ,  portum   iftum  frequentantes  a  quoquam  mortalium  turbatos  fuiffe. 

Cfoias  intérim  in  bis  nugis  tragœdias  facit  ?    §uac   non  in  Suecos  probra  jac- 

ta,.tur?  Atque  ut  boruni  injujlitiam   cum    oppojitâ    Polonorum  indulgent ià  con- 

tendat  ,  figna  nautica  in  pronontoriis  Curlandiae  ,  jv.xta    Articulant  quint uni , 

pofita  objicit ,  quafi  hoc  qttoque  patlis  repugnet ,  quod  fyrtes  ijlae  ,  tôt  naufra- 

giis 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.  ^ 

g/'is  infâmes,  frequcntioribus  pereuntium  fpoîiis  non  ditentur  ,  quodque  aliqui ,   1701. 
quibus  Neptnni  Jaevitia  parcerct  ,    quacfiuofae  accolarum  immanitati  eripiantur.        -'■« 
Qjiamquam  haec  Pharos   navigantibus  parum  utilis  ejl  ,   poflquam  non   unti'.s 
Nauplii  facibus  Capharca  ijla  Jimul  colluçere  cœperunt. 

Haec  feiticet  commenta  Régis  dolorem  exacuerant ,ut  gentcm  Polonam,  cui  Sue- 
ei  per  îot  annos  in  fuit  ancrant  a  contemtu  viudicaret.  Namque  contcmta  haec  an- 
tca,  orba,  debilis,  ab  eo  tandem  decus  ,  tutelam  &  robur  accepit ,  qui  non  tan- 
tun;  Polonos  flocci  facere  caepit ,  leges  e  or  uni  evertere ,  eofque  enervare ,  verum  &? 
ipfam  Reïpublicae  animant  &  fpiritiim  intercipere  conatur.  Dura  potins  &  crade- 
lis  fortuna  Poionorum  rnuhis  exijltmabitur ,  qui  tam  diu  hune  Regcm  in  Reïpubli- 
cae leges  infult  are  vidèrent.  Vindicare  Poloniae  injurias  Us  conjiit  uit ,  qui  e  a  in 
Rcmpubiicam patravit ,  quae  acerrimam  non  tantum  à  Polonis,  fed  etiam  eorum 
amicis  efflagitant  ultionem.  Iter  Hornii,  exercitum  Suecicum  per  Samogithiae  fi- 
nes ,  anno  M DC LXXV III. ,  ducentis  aceufat ,  quod  ad  jufium  beilum  fine 
noxa  ejus,  per  cujus  regionem  tranfitur ,  tendent ib us  denegare  inhumanum  fiïijfet , 
13  jure  gentium  patere  jolet.  Nihil  hoc  cum  tranfitu  Bothii  6?  Cracovii,  Ca- 
farianorum  ducum,  fervente  bello  Germanie 0 ,  commune  habet  qui  per  Poloniam 
in  Suecorum  provincias  non  tam  f ponte  irruperant ,  quam  ab  Uladiflao  Rege  al- 
lecli  fuerant.  Ad  haec  tranfitus  Hornii  prorfus  erat  innoxius ,  fine  alla  exaclio- 
?ie,  aut  mitlima  injuria,  cum  omnia  parât  a  pecunia  redimerentur  ,  eaque  difei- 
plina ,  ut  non  modo  manus  iftius  exercitus ,  fed  ne  veftigium  quidem  cuiquam  in- 
colarum  nocuerit  :  at  ipfe  Rex  quot  populabunda  per  agrum  Polonum  hifee  an- 
nis  agmina  duxerat,  quibus  £5?  Poloniam  ipfam  mifere  conculcavit ,  £5?  eorum-, 
qui  Poloniam  '  amicï  erant ,  Provinciam  crudeliffime ,  &  latronum  ritu ,  expila- 
vit  atque  oppreffit  ?  Externas  ipfe  in  Poloniae  vifeera  copias  immerferat ,  non 
ut  ïnnoxie  tranfirent ,  fed  ut  ad  Reipublicae  oppreffionem  ts  vaftitatem  innibi  ni- 
dularentur,  &  inveterafeerent.  Nemo  incolarum,  Hornio  iter  faciente,  de  inju- 
ria ulla  aut  maleficio  que  fus  efi  :  quae  autem  lamenîationes  hodie  audiuntur ,  non 
taclis  leviter  unïus  Provinciœ  finibus ,  fed  tôt  a  Republïca  me  tu  ac  pavore  coneuf- 
fa ,  Lithuania  direpta ,  Curlandia  exhaufta  ,  nec  hoc  in  tranfitu ,  ut  finis  aliquis 
malorum  fperari  poffet ,  verum  continuât  a  per  aliquot  annos  violent  iâ  ?  Cum  de- 
claraverit  Rex  Fridericus  Augustus,  quorum  venià  hœc  ab  eo,  £5?  an  ex  pac- 
tis  conventis ,  faSta  fini  >  Sueci  quoque  demonfirabunt  tranfitum  Hornii  minime  il- 
licitum  prohibit unique  fui (fe.  Interea  feire  ipfi  fujfecerit ,  »^«  Johankem  Re- 
gem  tune  Poloniae ,  nec  Rempublicam,  violent um  hune,  aut  injuriofum  fibi  tran- 
fitum unquam  reputaffe,  aut  eo  ipfo  rupfa  exiftimaffe  pacla  Olivenfa.  Si  in- 
jujla  Suecorum  arma  contra  Eleclorem  Brandeburgicum  fuijfe  credidiffent ,  pro- 
cul  dubio  ipfi  auxûium  tulifjent  :  fed  bene  noverant  non  ex  patio  Olivenfi ,  fed 
ex  fœdere,  quod  inter  Regem  Sueciœ  &  Eleclorem ,anno  MDC LXX III.  iclum 
-erat ,  iflud  ortttm  fuiffe  beilum  ;  cum  Eleclor  Régi  Chrijlianiffimo  Suecorum  fœde- 
rato  arma  intulifjet. 

Nae  igitur ,  fi  faperet  ,  puderet  aceufaton-m  ea  referre  ,  quibus  infolentiae 
Rex  Poloniae  vertus  redarguittir  ,  quam  ut  quidquam  in  Suecis  jure  reprehendï 
foffit.  Gemïaa  bis  funt  ,  quae ,  ex  Articulo  Undecïmo  ,  de  aère  alieno  ,  Elbing^ 
(3  Thorunti  .à  ducibus  Suecorum  contraclo  profert.     Partim  enim  falfa  v.omina 

■Rr  2.  hic 


53<J      MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

170 1.  hicfingit;  partim  illorum ,  quorum  refert ,  injuffu  nunc  exigit.     Elbingenfi  civl- 

1 tati  teruncium  Sueci  non  debent  :  omnta  perfioluta  fiunt  ,  nullis  rekquis*    Tbo- 

runienfiibus  quo  minus  idem  contingent ,  falfo  traditur  diverticula  Jolutioni  elu- 
ckiidae  à  Sitecis  quaeftta  effe.  Cum  enim  illi  chirographa  proferre  ,  6?  ratio- 
Mes  difpungere  ,  ccjj'arent  ,  £5?  omnia  ,  quae  Bernigius ,  eut  hoc  Negocium  ali- 
quando  cçmmifierant  ,  eorum  nomme  egiffet ,  pofiea  irrita  pronu-icïarent  ,  pro- 
crafiinatio  &  mora  fatla  efi  :  ver  uni  cum  nuper  fiumma  ad  liquidant  effet  per- 
ducla  ,  pecunia  etiarn  repraefentata  fuiffet  ,  ni  exortae  turbae  fiolutionem  di- 
Jiutiffent.  Nihil  igitur  ad  Regem  Poloniae  pertinet  ,  quid',  interpofita  fi.de  , 
cum  Thorunienjibus  Sueci  patli  fint  ;  eut  ifti ,  quoi  hoc  tempore  rationes  fint 
impeditae  merito  tribuent.  Sed  neque  Rex  Poloniae ,  quae  fecerat ,  nomina  tara 
facile  expunget  :  nec  ut  bellum  quifquam  fibi  ea  de  caufà  indicat ,  aequum  effs 
judicabit ,  qui  ad  patientiam  creditores  fiuos,  ficut  hatlenus,  remittere  ma-l- 
kt. 

Sed  bujus  Libelli  propria  vis  ac  indoles  efl  ,  cum  gravent  aliquam  calum- 
niant  intendat ,  ut ,  quanto  minorem  Ma  veritatis  fpeciem  habet ,  tanto  majo- 
rai verborum  rabie  ac  petulantià  eandem  protrudat  :  prorfus  quafi  putidis  ac  im- 
becillis  commentis  atrocitas  conviciorum  fidem  adderet.  ghiam  enim  acerba  ad 
Articulum  decimum  quint um  aceufatio  inftituitur,  de  novorum  vetligalium  exac- 
tione ,  quâ  commerciorum  libertas  in-  fluminibus  Duna  £5?  Buldera  confiringi  di- 
citur.  Verum  fit  aliqua  vcl  res  minima  reperietur,  quamabrem  videafur  nonni- 
hil  tantum  verifimile  effe ,  quod  tant  impudent er  hic  arguit ,  non  reeufant  Sueci  , 
quin  cacterae  quoque  criminationes ,  quae  in  hoc  feripto  conflipantttr  ,  verae  ac  ju- 
fiae  pronuncientur,.  Nam  quod  ad  vecligal  Bulderanum  attinet ,  teftimonia  multa 
adduci  pojfunt ,  quibus  demonfiretur ,  iftud  ab  eo  tempore  ,  quo  rerum  in  Livonia 
Poloni  potiebantw ,  pendi  folitum ,  poftmodo  continuo  tenore  exfiolutum  fuiffe ,  do» 
nec  Olivae hujus  ipftus  Articuli,  quem  violât  uni  jam  dicit,  luculentis  ver  bis  flabi- 
liretur  :  Teloniorum  vero  &  vectigalium  in  fluminc  Duna  Se  Buldcva  r  ut  Se 
maritimorum  ac  terrclkium  in  Livonia,  eadem  ratio,  &  in  iifdem  tantum  lo- 
cis  ab  utraque  parte  in  pofterum  iît,  uti  &  ubi  tempore  induciarum  ,  6c  ante 
hoc  bellum  ultimum  fuit.  £$uid  efi  autem,  quo  altius  affurgere  improbitas  pofi- 
fit ,  cum  clarijfimas  pacli  leges  calumniari  non  vereatur  ?  Ad  haec  nulla  hujus  vec- 
tigalis  portio  ad  Sacram  Regiam  Majeftatem  pervenit  :  totum  illud ,  quod  exiguum 
valde  ac  tenue  efi ,  in  ufus  civitatis  Rigenfis ,  quae  maximam  hujus  tributi  partent 
ipja  fufiinet ,  eut  quoque  antiquitus  illud  deflinatum  erat ,  re/èrvatur.  Cum  de  hoc 
aboleado,  anno  MDCLXXI,  cum  Duce  Curlandiœ  paSlioncm  feciffet ,  iis  condi- 
tionibus,  ut  ipfe  vecligalia  terrefiria  remit  ter  et ,ut  vins  publicas  ad  vetluram  api 'to- 
us reddéret,  ut  eas  vehkulis  idoneis,  £5?  fluvios  ratibus  infirueret;  Dux  quidem 
tune  confient  ire  vifius  efi,  fied  mox  a  patio  &?  conventu  difeedens ,  Rigenfibus  jure 
priftino  utendi  nccefiitatem  attulit.  Par  falfitas  in  iis,  quae  de  intolerabili  vecli- 
gal i  Mcfeoviticis  ,  Litbuanicifque  mercibus  ,  quae  Duna  fluvio  Rigam  clevebun- 
w.r  ,  irfipofito  declamitat.  Nunquam  enim  nugator  probabit  fiupra  confuetum 
port  m  utn  ,  eut  contra  pat!  a  ,  obolum  exigi  :.  contra  prude  nter  a  Reg'-bus  Sue- 
ciae  conflitutum  invenict ,  qui  ut  mercaturam  iis  in  locis  floreiitiorcm  face> 
rejit ,.  conceffs  Privilegiis  ,  parte  fipliti    omris  ifias  menés  levare  voluerunt. 

£>uod 


ET    RESOLUTIONS    D'ETAT.  5i7 

Quoi  ipfum  multis  teftimoniis  confirmari  poffet  ,  fi  praeter  convicia  quidquam   170 1  ; 
attuliffet   autlor  ,   quod  refutatione    dignum    exiftimaretur  :   nunc  fatis  fit  ho-  "__ 

mini  impudent  ifiimo  ,  ut  importunius  latrare  definat  ,  ipfam  experientiam  ob- 
jicere  ,  quae  doccbit ,  fingulari  Regum  Sueciae  cura  6f  indulgent ia  effet! um  ef- 
fc  ,  ut  cum  antehac  naves  mercatoriae  fexaginta  admodum  Rïgam  quotannis 
ventitaffent ,  naper  y  &?  proximis  annis  ,  earum  numerus  in  immenfum  auclus 
fit ,  quae  e  diverfis  terrarum  plagis  folutae  ,  in  portum  Rigenfem  ,  cum  res 
varias  uftbus  humants  infervientes  ,  tum  incredibilem  argenti  vim  adveclant  , 
quae  ils  mercibus ,  quae  in  Mofcovia  ,  Polonia  ,  £jf  Lithuania  progignuntur , 
eoemendis  impenditur.  Unde  facile  conjeclari  potefi  quantum  lucri  ,  quantum- 
que  rei  familiaris  incrementum  non  tant  uni  illi ,  qui  in  his  oris  négociant  ur ,  ve- 
rum  etiam  opéras  ruflicas  habentes ,  ex  his  Commerces  copiant ,  ut  proinde  non  ener- 
vari ,  ut  calumniatur ,  fed  ditefeere  iftarum  regionum  incolas  hac  mercatura  liqui- 
diffime  confiet.  §u^e  cum  Poloni  retla  via  reputaverint  ,  nunquam  in  hune  diem 
de  u/lo  vetîigalium  onere  quejii  funt  :  contra  ea  cum  Succi  de  infolito  &?  contra  pac- 
ta  inftituto  in  locis  Dunee  conterminis  portorio^  monuiffent ,  ipfi  œquitate  dutlit 
niiffîs  ad  publicanos  mandatis  ,  abrogare  illud  promiferunt.  (  Aa  )  * 

Quemadmodum  igitur  falfiffimum  eft  ,  novis  Suecorum  vecligalibus  confiricJam 
efj'e  Commerciorum  libertatem  ;   ita  pravitate  monetae  Poloninae  Rigenfium  Ne- 
gotijtiones  non  affliclas  tantum,   fed  quibufdam  annis   propemodum   exfiinclas 
fuifje  ,  fi   haec  res    cum   Polonis  difeeptanda   effet ,  poffet  demonflrari.     Nam 
cum  bi  aereis  uterentur   numulis ,   quorum   quinque  impériales  ,   ut   appellant  3 
internam  unius  argentei  imperialis ,    quo   monetae  génère   Rigenfes   mercaban- 
tur  ,  bonitatem  vix  aequabant  ;  faïlum  eft  9  ut  meliori  pecunia  Livonia  exhau- 
riretur ,  &?  negotia  pêne  conciderent.     Non  unam  de  hac  re  querelam  Sueci  per 
légat  os  fuos   ad  aulam   Polonicam  dctulerant ,  oflenfa   fimul  ratione,  qua  res 
■numaria  emendari  poffet  :  verum  cum  remedium  huic  malo  tard  lus  adferretur,  ex- 
Batavis,  Lubecenfibus ,  Hamburgenfibus9  imo  etiam  ex  ipfis  Polonis  quidam  ma- 
la  lucri  \  cupidine  indutli ,  folidis  ejufmodi ,   q nos  domi  excuderant ,  aviver fam  fe- 
re  Poloniam  inundarunt.  Horum  exemplum  duo  Rigenfes ,  anno  MDCL XVIIf 
imiîari  conaîi  funt ,   quibufdam  ex  Livonia  Polonica  in  focietatem  affumtis ,  fed 
raox  in  ipfo  facinore  deprehenfi^  ju/las  luerunt  pœnas.     Nullam  igitur  fuper  hac 
re  querelam  Poloni  unquam  moverunt  ,  qui  Régi  totique  regno  privatorum  au- 
fa  non  ef'e  imputanda  fapienter  judicarunt  ,   pojlquam  fontium  fupplicio  crime» 
expiatum  erat.    Quin  eodem  tempore  clandeftinos  in   Polonia  flaturarios  fuiffe 
confiât  9  qui  investis  vilioris  notae  folidis  9  Livoniam  graviter   turbarunt.    Hœc 
quanjuam   ignorare  non  poîerat  is ,.  qui  vetera  acla  tam  diligenter  exeufferat  y 
von  veretur  tamen  falfis  opprobriis   Suecos  mordere  ,    quafi  ah  ipfis  haec  fraus 
adornata  effet ,  eo-  fine ,  ut  exinanita  Refpublica ,  ut  loquitur  , .  ipfis  praedae  ef- 
fet :  cum  tamen  hi  numularios  hofee  non  tantum  acerrime  punirent ,  verum  etiam 
Po'onos,  ut  y  abolitaviiiori  rnoneta,  meliorem  cuderent,  monitis  fuis  pêne  fatiga- 
runt.  (BB) 

Quœ  de  tabellario  traduntur  ,  arrogantiamne  major  cm ,  an  infeitiam  arguant  1 
incertuu  efi-  Potta  Suetica,  inquit9  non  paélis  Olivenfibus  concdFa,  non  ulla 
legum  auâoritate  fundata  ,  temere  &C  indebite  in  grave  piajudicium  juiium-, 

Rr  5  10 


1$      MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

1701.  reg.diu'.n  per  Curlandiœ  Se  Samogithix  ducatum  difpofita  cft.     Osferrenm! 
— — —  Audet  inter  caxfas  ketli  refe>rey  atque  impcgnare  illud  jus,  quod  Sueci  non  tantitm 
feptuaginta  amwarn  prajïriptione ,  verum  etiam  publias  paclis  corroboratum  hâ- 
tent.   Nam  cum  Curlandia  veredariis  careret ,    Sueci,  ad  Commercia  promovenda 
certa  équités  fais  impenfis  alebant,  qui  per  Curlandiam  literas  ferrent ,  non  pri- 
i\ito  aufu  ,  Jed  anuuente  Duce  Cmiandite  ,    ci?  annuo  pretio  veredos  concedente  , 
qui  (S>  ipje  eàdcm  commoditate,  in  fais  literis  mittendis  ,  uti  voluit.     Curfus  hic 
îabellsiiorum  paclis  inter  Suecos  ci?  Ducem,  auno  MDCXXXF  initis,  £5?,  an- 
no  MDCXLV Tlrepetitis,  confirmât  us  «fi-,  (Ce)  adprobante  eadem  poftmodo 
Oliva  cujus  Articulo  primo  fancitur ,  ut  pacbi  ac  fœdera  omnia  ,  qua:  pacifeen- 
tes  inter  le,  vel  cum  aliis  habent,  intégra  6c  in  pleno  robore  luo  permaneant, 
ci?  infuper  Articulo  tricefimo  fecundo  clanus  exprimitur,  ut  in  Livonia  Se  Curlan- 
dia Negotiationes  quxvis  priitino  ufili  reltituantur,    &  literarum  Commercia 
libéra  fïnt.     Maie  igitur  Suecis  dicam  hic  impingit  rupta  pacis  Olivenfis  ;  quant 
ab  eo  potins  violât am  ejfe  liquet,  qui  jus  tabelhriorum  tam  longa  confuetudine,tot- 
que  paclis  fundatum,  interpellation  ircit.  Agnovit  hoc  ipfum  Dux  Curlandia, cum 
iter  regii  tabellarii,  anno  MDC LXXXy ',  turbatum  quererentur  Sueci,  per- 
que  epijlolam  fe  promifit  prœfeclo  tabellariorum ,  Statio  Stenio ,  aquum  jus  adver- 
fus  jubfeffores  itinerum  adminijlraturum.  (  D  d  )  Ncque  idetreo ,  quod  tabellarios 
fuos  haberent,  fupremo  Reipublica  Polona  ,  aut  Ducis  ,  juri  quidquam  detrahere 
in  animum  unquam  induxerunt  Reges  Suecia ,  aut  Ducem  impedire ,  quo  minus  fuos 
ïpfe  veredarios ,  quos  antea  nulles  habuit  pro  lubitu  infiitueret  :  ut  autem  décédèrent 
ifiojure,  quod  folennibus  patlis  acquiftt um ,  perque  tantum  temporis  traclum  imper- 
turbatum  habiter ant ,  neminem  put avérant  tam  iniquum  fore  qui  poftularet ,  nedum 
ut  cos  pr  opter  ea  violât  a  pacis  aceufaret.     Cum  auiem  falfam  feientia  perfuafionem 
fdn  induat  auelor  ,  ci?  nufquam  gentium  talia  in  ufu  effe  exclamet,  mirum  quan- 
.tutn  ignorantiam  fuam  prodat.    Si,  quod  apud  exteros  gérer etur ,  nefeiret,  condo- 
v.andum  ejus  infeitia  efjet  :  hofpitem  autem  in  patria  ejfe  ,  turpius  aliquanto  efi. 
Nunquamne  audivit  tabellariis  Elecloris  Brandenburgici  tranfitum  per  Pruffiam 
regakm  dari  ?   Nunquam  fama  percepit ,  in  plerifque  Germania  regionibus,  hoc 
ufurpari  ?  Rex  Dania  per  Sueciœ  confinia  longo  itinere  in  Norvegiam  tabellarios 
miltit.     Suecis  idem  per  Daniam  atque  Holfatiam  conceditur.     Nec  eorum  quif- 
quam ,  quod  gentium  jure  licet ,  iniquum  ejfe  reput  avit ,  aut  pr  opter  ca  majeftatis 
jura  dividi  imminuive  credidit. 

'Tôt  igitur  nugis  venandis ,  in  quibus  ne  mica  quidem  efi  veritatis ,  cum  omnes  lo- 
culos  finufque  pacis  Olivenfis  perreptaffet ,  imprudens  tandem  Articulo  tricefimo 
quinto,  tanquam  feopulo  ,  impaclus,  mire  perturbât ur.  Vidit  enim  hoc  ipfo  fen- 
tentiam  diclam  ejfe ,  qua  Rex  Poloniœ  quod  Suecos  contra  hanc  pacificationem 
bello  impetiiflet,  ab  omnibus  pacifeentibus  &  lponlbre  pro  aggrelîbre  &  in- 
fraéïore  hujus  pacis  habetur,  ejulque  beneficio  excidiflè  judicatur.-pacifcentcs 
vero,  &  fponfor  feederis  parti  \x(x.  communibus  armis  afliltere  Se  bellum  con- 
tra aggrefforem  prolèqui  invicem  tenentur.  §>uid  ergo  faccret  ?  In  ipfo  délit!» 
manifefio  jcm  deprehenfus ,  fudat,  pa/let,  trépidât,  viam  qua  évadât ,  circum- 
fpicit.  Quamvis  enim  hatlenus  impndentiffimi  calumiuatoris  partes  flrenue  obive- 
rit,  (5?  inufttatam  in  artificio  accujïitorio  peritiam  calliditatemque  attulerit:  am 

tamn 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.         339 

tamen    inteHrrimorum   prudentiffîmorumque  judkutn    cognitioni   tes  vamffimas  1701. 
adprobaturum  Je   deÇperaret ,    quorum  fidem    corrumpere   mn  pojffet  ,    illgrum  " 

fcienti.vn  dolo  ludere  inflituit.  Itaque  ,  quâ  cœpit  ,  fide  criminationes  fuas 
per/exity  h mcque  Articulum  cà  pottjftmum  parte  ,  ad  quant  ,  'velut  ad  obrufi 
fam  ,  jujîitia  hujus  belli  exigenda  crat  ,  dolofe  truncat.  Quent  proindc  inte- 
grum  hic  appvnere  juvat  :  §.  II.  Si  vero  contingat  unam  partem  ab  alté- 
ra ,  vcl  pluies  à  pluribus  gravi  aliqua  injuria  ,  citra  ,  tamen  vim  armorum, 
vexari ,  non  licebit  ideo  keib  ad  arma  lubito  recurrere  ,  fed  ante  arnica-  ■ 
biiis  componendarum  hujulmodi  controveriîarum  ratio  ineunda  erit  ,  vide- 
licet,  ut  lxius ,  accepta  injuria,  fi  immédiate  cum  lasdente  convenire  ne- 
queat ,  ahos  puciicentes  moneat ,  ut  commiflio  generalis  omnium  pacifcen- 
tium  nomme  îmtituatur,  ad  tasfi  confinia  ,  intra  fpatium  quatuor  menfium  , 
&  in  qua  inter  deputatos  utrinque  commiflarios  negotium  difcutiatur,  &,  fi 
poifibhe  erit,  intra  quatuor  ad  lummum  alios  mentes  terminetur.  §.  III.  Si  ve- 
ro kedeutem,  refractanum  ad  aequa,  quse  proponentur,  média  deprehenderit, 
tum  lœfis  licebit,  fâcta  tamen  prius  légitima  belli  denuntiatione,  jus  i'uum  armi* 
proiequi,  Stbellum,  ut  fupra  ftatutum  elfc,  kedenïi  inrèrre.  §.  IV.Quodfi 
ver. 1  turbationes  vi  contrariilque  artibus  retundantur  ,  folummodo  tuendorum 
limuum  caulâ,  adtus  ejufmodi  pro  violatione  pacis  non  reputabuntur :  ipia  au- 
tem  i'uper  lunmbus  controverlïa  extra  vim  armorum  terminetur.  Tarn  nobi- 
lem  laciniam  cur  abfcidit  (.  Si  Suecos  patlorum  Olivenfium  reos  agere  voluijfet , 
ex  hoc  capite  coarguendi  erant.  Nam  ut  maxime  culpae  alicui  affines  effent  ; 
eo  lumen  injufta  erunt  Régis  Poloniae  arma ,  qaod  gradus  in  hoc  articulo  prae- 
fcriptos  non  Jcrvajfet.  An  vero  unquam  Suecos  de  injuria  ulla  convcnerat  ? 
An  pacijcentes  de  eadem  monuerat  ?  An  tempus  tollendae  controverfiae  ,  fi  quae 
orirelur  ,  determinatum  exfpeclaverat  ?  An  denique  légitima  modo  bellum  de- 
nunciavit  ?  tlanc  Jeriem  Oliva  diclitat ,  quant  cum  neglexijfet ,  eo  ipfo  fateatur 
necejfeeft,  injuflum  eum  effe  aggrej/brem,  violât ique  fœderis  Olivenjis  paenam  , 
quae  hic  exprimitur  ,  incurriffe.  ghiam  vero  abfurdum  eft  atque  inverecundum 
ta  lege  pojlulare  alterum  ,  in  quam  ipfe  peccaverat  /  Quare  cum  videret  nugas 
fuas  calumnia/que  omnes ,  quibus  fabricandis  tantam  impenderat  operam  ,  hac 
lege  abunàe  refelli,  &  quafi  uno  fpiritu  dtfflari,  fummamque  Régis  injufiitiam 
ante  omnium  ocuhs  ex  pont  j  prœftigiis  quibufdam  incautum  leclorem  circum-. 
venir e  voluit ,  maltilata  ea  parte  &  hominum  cugnitioni  Jubduflâ ,  quae  tôt  ut»  ne- 
gocium  conficeret.  Ipfe  igitur  aegrotam  defperatamque  caufam  agi  confit  et  ur  , 
quam  non  lege ,  fed  corrr.pt ione  legis  ,  non  intcgriiate  ,  fed  fallaciis  obtenturum 
fe  confidit .  £)uis  tamen  non  audacem  mugis,  quam  fatum  eum  fycophantam  di- 
ceret ,  qui  univerfis  mortalibus  verba  fe  daturum  fperaret  ;  neque  metueret ,  ne  ifli 
fallaces  fucojajque  mer  ces  fibi  obtrudi  pro  indignifjimo  ferrent.  Sed  durât  Jron- 
tem,  &  rimam  qua  elaberetur,  fe  reperiffe  putat ,  dum  bello  T'urcico  &  mteflinis 
turbis  difraclam  rcmpublicam  difftmulaffe  bas  injurias  obtendat.  £>uam  emm  lan- 
guida  hac  isf  jejuna  cavillatio fit ,  fupra  monitum  eft.  Nam  ut,  fervente  bello 
Turctco,  Pdioni  non  e  re  Jua  put  af eut  Succorum  ferociam  in  il  are;  quid ,  eo  fini- 
to,  ipfos  delerruif/ct ,  quo  minus  ex  prœlctipto  patlt  Olivenjis  agerent  ?  cum  ex- 
pedita  jara  &?  bello  libérât  a  effet  refpublica-,  fponfcrcs  quoque  fœderis  pacem  ha- 

berent, 


540     MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

1701.    bercnt  ,  quae  major  unquam  apport  usai  as  effet  cum  Suecïs  de  injurtis  cxpoftulandi , 
■  ■  eor  unique  ferociam  comprimcncli  ?  utrum  eft  perkulojitis  armis  adverfarium  aggre- 

di ,  an  ver  bis  compellare?  jiufus  eft  Rex  contra  pacia  Suecïs  bellum  faccrei  in- 
(onfultis  fponforïbus  :  de  damms  reparandis  juxta  leges  paclorum ,  iifdem  fponfuri- 
bus  confciis  (3  adjitturis  ,  hifeere  non  fufiinuit.  Nempe  timebatur  ,  ne  Polono- 
rum  querimanias  anteverterent  Sueci  ,  fi  légitime  in  boc  belfo  ifii  procédèrent . 
Qnafi  vero  intempefiivus  ficlufque  timor  juftam  pacla  violindi ,  bellumque  al- 
teri  inferendi ,  caufam  fuppcditaverit  :  aut  Poloni  unquam  a  Suecorum  irruptioni- 
bus  fibi  metuifjent ,  cum  quibus  nu/la  ipfis  interccjfit  controverfia  aut  Regern  foli- 
citaffent ,  ut  advsrfus  Suecos  bellum  fufeiperet  ^  quod  infciis  ipfis  ,  &  contra  regni 
leges ,  fufeeptum  ejfe  quam  maxime  jam  indignât ur.  ghtafe  hi  Suecorum  modefti- 
am  ht  iis9  quœ  paclis  adverfari  put  avérant  ,  perferendis  antea  non  cognovifient , 
aut  ipfi,  ficut  lu  Bernigio  fupra  oftenfum  eft ,  fi  quid  ex  paclis  fibi  debert  credidif- 
fenty  indicare  liber c  aii/i  non  fuiJJ'ent.  Uude  ifia  jam  fuperbia  ferocitafque  Suecis 
accejjerat ,  ut  amicorum  mont  ta  bello  vindicarent  ?  Frigida ,  mehercule ,  fi  quae- 
quam,  £5?  minuta  ratio  eft ,  commiferatione  potins  quam  refutatione  digna.  Quid 
enim  obtufius  dici  potuit  ?  Âpparet  Vertumno  iniquo  natum  ejfe ,  qui  infulfe  om- 
tiia  &  ridicule  diceret ,  nec  quidquam  fani  mente  unquam  vider  et.  <guœ  de  irrup~ 
tionïbus  Suecorum  hic  ingeminat ,  vana  ejfe  13  inania  ex  ils ,  quœ  Juperius  allât  a 
funt ,  liquebit.  Inter  caufas  violât  arum  induciarum ,  quod  Uladiflaus  Rex  Oefi- 
liam  tentajfet ,  jufie  quondam  relatum  fuijfe  nemo  negabit ,  qui  noverit  Regem 
ifium ,  cum  nihiljuris  in  hanc  Infulam ,  qtue  tam  diu  in  Danorum  fuerat  ditione^ 
illi  competeret ,  non  modo  impedire  conatum  fuifie  ,  ne  Sueci  trader etur  ,  verum 
etiam,  mijfis  per  cubicularium  fuum  Bergium  feditiofis  literis  ,  incolas  ad  defeclio- 
nemfolicitajfe.  Sedbtec,  quœ  -olim  gefla  funt ,  &  repetijam  non  debebant ,  Po- 
lonos  hodie  non  abfterruijfent ,  quin  controverjïas ,  fi  qu£  natte  ejfent ,  mitioribus 
remediis  componendas  ejfe  cenfuiffenL 

Sed  nondum  ineptiarum  fatis.  Arguitur  Sacra  Regia  Majeftas  contra  articu- 
los  XXXV I  13  XXXI  venije  ,  quod  ,  fubmiffis  fereniffimo  Duci  Holfatia' 
copiis,  quarum  ope  munimenta  qu&dam  reficerentur  ,  Regem  Daniœ  perpetuum 
Polonorum  fœderatum  infeftajfet  :  quœ  inani  verborum  tinnitu  ventofaque  loqua- 
citate  exaggerantur  ,  congeflis  pro  more  teterrimis  in  gentem  Suecicam  oppro- 
hriis  ,  ficlijque  fufipicionibus.  Enimvero  nemo  eft  ,  quin  intelligat  infidias  hic 
Polonis  tendi ,  ut  imagini  lœfi  fœderis  deceptos  in  furoris  fui  focietatem  adducat  , 
ipforumque  manibus  ad  rempublicam  jugulandam  utatur.  Quae  enim  ratio  effet , 
ut  ,  rupto  cum  Suecis  veteri  paclo  ,  controverfiis  ad  eos  nihil  pertinentibus  fe 
immifeerent.  Nam  fœdera  fuperioris  feculi ,  quae  cum  Danis  erant  ,  alio  fpe- 
clabant ,  ipfaque  vetufiate  obliterata  perperam  hic  adducuntur  :  quod ,  anno 
MDC LF II pailum  erat ,  pacificatione  Olivenft  ,  anno  MDCLX  aboli- 
tam  ,  13  nulli  ufui  eft ,  poftquam  eadem  pacificatione  ornais  bellorum  caufia 
inter  Suecos  Polonofque  radicitus  exftirpata  eft  ,  (3  Polonis  per  fiponfores  de 
iftius  pacli  diutumitate  fatis  cautum.  Verum  in  bac  caufa  nihil  jam  eft,  quod  de- 
fenftonis  egeat  ;  falf'a  fuiffe  omnia  ,  quacunque  hic  ad  Polonos  irri}andos  ,  vel 
Suecos  criminandos  ,  malitiofe  allata  funt  ,  ftibfecuta  nuper  inter  fereniffinium 
Dciniae  Regem ,   &  Ducem  Holfatjae  conymtw  docuit ,   magnoque  ifios  ruborc 

CQïi' 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.  341 

confuclit ,  qui  confilia  Sacra  Regia  Majeftatis  tam  fmiftra  opinone  adfpergere  fu~  — — 
ftinuerunt ,  multaque  effuîire  temere ,  qua  ,  etiam  Suecis  tacentibus ,  7/5/é  fw/i-  I701. 
V«f  wï»*  fuiffe  laquitur.  Neque  enim  Sacra  Regia  Majeftas  unquam  cogita- 
vit  Danis  bellum  inferre ,  aut  detrimenti  quidquam  import 'are  :  verum  id  unice 
fluduit ,  ut  patlum  Aitenoenfe ,  cujus  una  cum  Britannis  Batavifque  in  fe  fponfio- 
nem  fufeeperat ,  eff celui  daretur  :  cujus  articula  fecundo  cum  Duci  Holfatia  jus  ha~ 
bendi  condendique  munimenta  ai  fer  te  concédât  ur,  (Ee)  ad  illa  exflruenda  cohor- 
tem  mille  ducentorum  militum  mi fit ,  quorum  paucitate  creari  fibi  periculum  minime 
Rex  Dania  timere  potuit.  .  Nec  poflea  Sacra  Regia  Majeftas  quidquam  nifi  com- 
muni  rcliquorum  fponforum  confûio  egerat  ,  idque  non  alio  fine  ,  niji  ut  qua  Dw 
ci  ex  ficie  patlorum  debebantur,  Rex  Dania  tandem  praftaret.  Ifta  verà  moderatio, 
qua  Sacra  Regia  Majeftas  tifa  eft ,  cum  omnem  a  Suecis  cupiditatis  vel  Daniam  e- 
-■vertendi,  vel  orbi  Cbriftiano  dominandi,  ficut  objicitur ,  fufpicionem  dimovebit  , 
tum  Regem  Polonia  fumma  iniquitatis  convincet  ,  quod  cum  indolem  hujus 
controverfia  exatlifftme  feiret ,  orbi  t  amen,  tam  univerfo ,  quam  reipublica  Po- 
lona  rem  vanifjîmam  perfuadere  conatus  fit  ;  in  memoriam  fimul  fratris  fui , 
Eletloris  quondam  Saxania  ,  injuria  fus  ,  qui  una  cum  Cafare  ,  &?  Eleclore 
Brandeburgico,  patlum  Altenoenfe  confecerat.  Itaque  cum  ortum  illud  inter  Re- 
gem Ducemque  diffidium  componere  debuiffet  ,  artibus  fuis  &  clandeftino  cum 
Danis  fœdere  ejfecerat  ,  ut  negotiatio  Pinnebergenfis  ,  qua  pa5li  iftius  exfecutio 
fufeiperetur ,  per  quadriennium  protracla  fit ,  &?  interea  perniciofa  Ula  de  Suecis 
fimul  £s?  Duce  Holfatia  epprimendis  collufio  maturefeeret ,  fefqui  altero  anno  ante 
facla,  quam  Sacra  Regia  Majeftas  ex  lege  fœderis  Duci  fubveniffet .  §)uis  igitur 
negaret  ipfum  effe  iftius  pacli  ruptorem ,  quod  à  Suecis  violatum  effe  audacler  fmgit  ? 
Verum  Libelli  autlorem  adeo  cacum  fecit  criminadi  libido  ,  ut  non  videret  fe  - 
taufae  huic  déplorât  a  quam  maxime  nocere,  facla  iftius  jurisjurandi  mentione  , 
quo  Rex  fe  obligavit  pa£ta  Se  fœdera  cum  vicinis  inviolabiliter  manutenere  , 
obiervare  &  renovare  vclle.  Nam  cum  inficiaturus  non  fit  Polonos  cum  Suecis 
folenne  patlum  Oliva  iniiffe,  cur  Rex  illud  non  fervavit  ?  ghioniam  vero  non 
modo  religtvfe  ,  ut  jur avérât  ,  non  fervavit  ,  fed  fraudulenter ,  ut  non  debuit , 
infrçgit  ,  utro  nomine  pofthac  conpellari  velit,  eligere  habet.  é)uapr opter  exatle 
judicio  rem  jonderantibus  facile  erit  affequi ,  omnia  bac  fucofa  &  inania  effe  , 
cum  neque  bellum  Régi  Dania  a  Suecis  illatum  fit,  neque  pacificationi  Oliven- 
ft  repugnarit  ,  quin  Duci  Holfatia  cum  cateris  fponforibus  evitlionem  pacli 
Altenoenfts  praftare  iidem  potuerint  :  &?  denique  Danorum  amicitia  falfo  tribui, 
guod  fuperiori  bello  cum  provinciarum  aliquot  jaclura  Poloniam  à  Sue  cor  um 
armis  liberaffent.  Arclis  enim  fc?  propemodum  defperatis  rébus  Polonorum  , 
nufquam  Danusfe  movebat  :  poftquam  vero  Suecos  internecione  deletos  effe  fuma 
vulgaverat,  in  feenam  belli  prodibat ,  non  tam  ut  Poloniam  fablevaret  quam  ut 
fuis  commodis  ifta  opportunitate  velificaretur. 

Jtqui  hatlenns  Rex  infeliciter  reipublica  caufam  egerat  ;  qua  an  aceufatio- 
nem  tanerariam  &  infipidam,  quam  abfqite  mandat  0  fufeeperat,  ratam  habit  ara 
fit  ,  an,  quod  credibilius  eft,  negotii  gefli  atHone  cum  illo  experiri  malit ,  die  s 
■aperict.  Equidem  cum  a  parte  reipublica  Polona  nulla  de  injuriis  expoftulatio 
facla  fit ,  fuperfedere  bac  refponfione  potuiffet  Sacra  Regia  Majeftas ,  &  crimi- 

ïom.  I.  SC  ttoftm 


5-p      MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

1701.  nofumhunc  Libellum,  infulfafque  obtntlationes ,  contemtu  ulcifci:  verttm  ne fikn* 

J  tium  fraudi  vert ère tur  ,  pauca  hœc  reponenda  duxit  ,  non  ut  acerbijfimo  iniquif- 

fimoque  hofli ,  quem  nullo  ditlo  facto  aritea  lœferat,  fe  purgaret,  fed  ut  toti  orbi 

manifeflaretur ,  quam  exigu»  honeflatis  cura  is  ducat ttr ,  qui  veritatem ,  &  citf- 

todem  virtntum -omnium ,  verectmdiam  ex  animo  ejecerat.     Atqtte  ut  mentent  ab 

ornai  injuria   contumeliâque  aliénant  habet  ;    ita  ab  aquanimitate  aliorum   ob- 

tenturam  fe  fperat  ,  ut  neceffitati  potius,  quant  vituperandi  cupidini  imputetur  , 

Ji  ad  indignijfima  probra  ,    quœ  in  fe  fuamque  gentem   ingeruntur  ,  refutanda 

quœdam  adducla  inveniantur  ,    quae  fempiterna   alias  obliv'ione  fepulta  reflius 

jacuiffent. 

Jam  igitur  ad  ea  crimina ,  quœ  à  Rege  Poloniœ  potiffimum  moventur ,  venien- 
dum  :  in  quibus  objiciendis  non  meliori  fide  ,  quatn  haêlenus  ,  cum  alicmmt 
negotium  egerat  ,  uti  eum  nemo  forte  mirabitur  ,  qui  cogitaverit  corroboratam 
long»  confuetudine  audaciam  tam  facile  non  deponi.  Injuriant  in  ablegato  fuo  , 
qui  fe  Regem  ab  ordinibus  Poloniœ  eleclum  effe  ftgnificaret ,  fibi  illatam  queritur  : 
ftquidem  non  tantum  votis  &  exfpeftationi  ejus  non  refpondit  Sueci-.t ,  ied  cum 
fumma  indignitate  ablegato  repulfam  dédit  ,  eundemque ,  infalutato  Rege 
Sueciaz,  retrovertere  fecitj  certifïimum  radicatce  in  peftore  hoftilitatis  pro- 
dente  documentum  ,  &  in  quovis  adverfo  cafu  contra  ipium  Se  rempubiicam. 
inicftœque  viciniœ  lu  ce  malevolentiam.  Quam  maie  in  aceufatorio  mimer e  is 
verfatur ,  qui  imprudenter  (j  inconjiderate  adverfariis  ea  objicit ,  quœ  fa/fa  effe 
non  tantum  nullo  negotio  démon  ftrare  poffint ,  ver  uni  etiam  ex  iifdem  novam  fibi 
gloriœ  materiam  légers  !  Quod  utrnmque ,  in  nugatorio  boc  crimine  Suer.is  contigif- 
Je  patebit.  Nam,  anno  MDCXCV 1 ,  Sacbinus ,  à  republica  mijj'us  ad  nu» 
ciandum  Régis  Johannis  obitum ,  Holmiam  appulit ,  ibique  integrum  fere  bien- 
r.ium  moratus  efi.  Jnftquenti  anno  cum  abeuntibus  in  diverfa  ordirtum  fludiis  , 
bini  fimul  Regcs  in  comitiis  Farfavienfibus  renunciati  effent ,  a  Primate  regni  Pria- 
ceps  Contins  ,  ab  epïfcopo  Cujaviœ  Eleclor  Saxoniœ  ,  hic  confeflim  confiliariam 
f nam  Bofium  Holmiam  ablegavït,  ut  de  eleclione  fua  Sacrant  Regiam  Majefl aient 
faceret  certiorem.  jlditum  pètent i  Sacbinus  intercefjît  ,  caufatus,  feifla  republi- 
ca ,  non  effe  Regem  :  £5?  cum  Bofius ,  ut  repelkretur  Ule  ,  poflularet ,  refpondit 
fe  a  Primate  regni ,  cui,  durante  interregno,  fumma  juxta  leges  patrias  po- 
teitas  effet,  nomine  ftatuum  Poloniae  ac  Lithuanire  miiTum  effe,  gentiumque 
-  jus  appellare,  quo  legati  effent  inviolabiles.  Ghietnadmodum  igitur  Sueci  do- 
tnefticis  Pvlonorum  dijjidiis  fe  ingerere  nunquam  voluerant  ,  verum  ommbus  po- 
tins fludiis  votifque  contenderant ,  ut  fiiffragiorum  liber  tas,  ratioque  comitiorum  in 
eligendis  Regibus  intégra  atque  illibata  conftaret;  ita  banc  controverfiam  fui  arbi- 
tra effe  minime  judicarunt \>  incerto  adbuc  eventtt^  cum  valida  fjtis  adverfa  faclio 
rnagno  animorum  motu  rem  ageret  :  Bofum  autem ,  ut  Elecluris  Saxoniœ  miui- 
Jiium,  admittere  nunquam  reçu  fat  ant ,  diplomate  illius  poiijfmum  ad  id  indutli , 
quod  conjueta  inter  Reges  Sueciœ  &  Eletlores  Saxoniœ  formula  conceptum  erat, 
atque  eleclorali  tantum  fxgillo  obfignatum.  Cum  veto  alias  paulo  pofl  anuliffst  li- 
teras,  quam^uam  &  illœ  vitio  non  carebant  ;  amicitiœ  tatnen  propinqui  Principes 
datum  ejl,  ut,  eodem  anno,  die  V1IL  Oclobris ,  bora  ter  lia  pomeridiana  ,  in 
foufpeclunt  colloquianique  Sacrœ  Regiœ  Majefiatis ,  in  aida  Carlbergiana  tune 

com~ 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.  343 

commorantis,  introduits.  (Ff)  multa  benevolentiâ  exciperetur  ;  &?  difcejfurus ,  170!> 
cum,  anno  MDCXCF11I.,  die  5.  Januarii,  Sacram  Regiam  Majeftatem  iterum 
falutarct ,  ampliffimis  donis  décor arctur.  Calejcium  ,  yuem  fupenori  anno  legatio- 
nem  obiifje  memoratum  efl ,  quamvis  nihil  admodum ,  quod  alicujus  momenti  effet  , 
attaliffet ,  £s?  omnï  honore  percoluït  Sacra  Regia  Majeftas  ,  £5?  abcuntem  laut9 
coi/giario  profecuta  efl ,  effufis  in  eum  magnatum  fludiis,  ccrtatim  lautia  praben- 
tium.  Cum  utr unique  vivere  fama  refert ,  aller um  etiam  hac  aftatc,  ut  ac- 
cepta bénéficia  grato  aliquo  faclo  remuneraret ,  una  cum  Rcge  fuo  provinciam  Sacra 
Regia  Majeflatis  vaflafe;  amborum  fidesdepofcitur,qui  nifi  mortalium  abfurdiffit 
mi  fuit  ^  cum  banc  Suecorum  humanitatem  recolucrint  ,  non  potermt  iniquitatem 
Régis  fui  non  aver/ari,  qui  officiofam  ifiorum  amicitiam  nomine  inquinaret  cri- 
minofo ,  illudque  malevolentia  tribueret  ,  quod  certifjhnum  animi  fortunae  fuae 
f avertis  indicium  erat.  Refpublica  certe  Polona  ,  fi  nullum  antea  fidae  ftnce- 
raeque  'vicinitatis  documentum  exifîeret ,  vcl  hinc  intelliget ,  quantum  illius  itt- 
columitas  cordi  Sacra  Régi a  Majefîati  fuerit ,  qua ,  quant  dut  civili  diffenfione 
ipfi  laborabat ,  nihil  admittere  voluerat  ,  quod  juribus  cjus  ac  Hbcrtati  tantillum 
dcrogaret.  Cum  vero  tam  bénigne  Sacra  Regia  Majeflas  legatos  Régis  excepiflet, 
nihil  caufa  erat ,  quare  illuflrem  virum  Vellmgium  ,  Suecicum  ablegatum , 
contemtim  ipfe  haberet ,  a  confanguineo  Rege  mifj'um ,  ut  novum  ipfi  fafti- 
gium  gratularetur,  &  fimul  arclioris  amicitia  foedus  offerret.  Cui  quant 0  major 
r  honoris  fpecies  habita  efl ,  tanto  infignitior  jam  evadet  Régis  fimulatio ,  poflquam 
apparaît  non  alio  fine  adhibita  hac  blandimenta  fuijfe  ,  nifi  ut  iflis  infidiis 
pefliferum  virus  occultaret  ,  atque  funefla ,  qua  de  Livonia  invadenda  ceperat , 
confilia  percoqueret.  Si  ingrata  ejus  legatio  fuiffet ,  eo  nomine  liquet  non  placu- 
(fe  5  îu°d  concordiam  domi  fuafijfet ,  &  Elbingenfi  controverfia  fedandae  ma- 
jorem  ,  quam  Régi ,  cui  omnc  in  turbido  confilium  ,  expediebat ,  fidem  dili- 
gentiamque  impendifjet.  Nifi  enim  fixum  deftinatumque  an'mo  Rex  habuijfet  or- 
dinum  reipublica  jura  obterere^  non  hac  propenfijfima  Sacra  Regia  Majeflatis  of- 
ficia dedignatus  fuiffet  aut  conditionem  novi  fœderis  rejeciffet  :  fed  cum  perci- 
peret  Suecorum  rationes  a  reipublica  falute  feparari  non  potuiffe ,  prias  iflos ,  ut 
expeditius  cogitatu  perficeret ,  proruendos  ejfe  cenfebat.  £hio  autem  teclior  hac 
fraus  effet ,  majori  benevolentiâ  fuco  legatum  ludere  ,  atque  in  illud  ufque 
tempus  ,  quo  faroris  hujus  maturitas  erumpebat ,  arclioris  amicitia  fpe  laElare 
non  dubitavit.  (Gg)  Non  itaque  révèrent ia  juris  gentium  ,  qua  légat i  fancli 
habentur ,  Regem  a  contumelia  abflinmt ,  fed  aflutia  Jubegit ,  ut  dolofe  blandi- 
rctur ,  donec  maligaitas  cjus  pareret,  quod  diu  in  Suecorum  perniciem  parturiiffe 
liquet ,  edito  mox  egregio  cbfervantia  atque  aequanimitatis  document 0 ,  cum  legatos 
Suecicos,  alterum  Drefdâ ,  Farfaviâ  altcrum  exturbaret  venus ,  quam  dhnitte- 
ret  -,  quorum  tamen  infigni  fidaque  operà  in  conciliandis  fibi  Polonorum  animis 
paulo  antea  uti  faftinuit.  Quare  cum  tam  falubria  fuaderet  ablegatus  Sueci- 
cus^  non  confilioram  explorât  or ,  fed  exflincler  incendii  avilis  ;  non  tubator,  fed 
conciliator  pacis  y  publicae  tranquillitatis  erat.  Neque  enim  tum  fibi  unquant 
fumfit,  ut  aptum  fatis  exploratorem  egijfe  fe  putaverit  in  aula  Régis  Poloniae, 
qua  artîficio  fimulationis  adeo  trudita  efl)  ut  Panis  ipfi  s  fallendi  pracepa  traders 
fvffit. 

Sfi  Quant- 


344     MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

1701.       S^uamvis  autem  nihil  non   aufurum   eum  fperari  potuijfet ,    qui  ,    confumU 
pudore  ,    tôt    commentis  calumniïfque  fidem   decoxerat  pollueratque  :    non   ta- 
nte» credtdiffet  quifquam  ujque  adeo    inverecundia  frena  laxatum  tri  ,   ut  puti- 
dijf.mam  Flemmingi  fabulant  refiauraret ,  poftquam  experiendo  coinpcrtum   eji  9 
in  omnium  Principum  aulis  dudum  illam  exfibilatam  cJJ'e  atque  explofam  ,  neque 
qucuquam  inventant ,  qui  non  indignaretur  credulitatem  fuam  abfurdijjimis  ine- 
ptijjimifque  nantis  tentari ,  quas  conciliando  puerorum  fomno   nutriculae   reclius 
impenderent .     Nemo   enim  conjeclura  facile  affequi  potefl  ,    quare  ijîam   Ca- 
merinant   movere   voluijfet  :   nifi  quis   diceret   ipfum  fpernendis  rumoribus  vali- 
dum  ,    delcclari  jam   opprobriis  fuis ,  atit  fuorum   ingeniis   admodum   capi ,   in 
quibus    ad    audendum  fingendumque  parent   indufiriam    proclivitatemque    inejfe 
vider it.     Itaque  Flemmingi  honori  confulturus  ,    ne-  inventa  tanti  artificis  péri- 
rent ,   régla  aucloritate    eadem  fuffulcirc   voluit.     Atqui   cum  bellum  in  animo 
haberet  ,   quam  praflitijfet   veram   illius   caufant  Jlatim   aperuiJJ'e  ,   atque  fins 
ambagibus  dixifje  fe   ex   certo  joedere  obligatum  fuij/è  ad  Livoniam   corripien-, 
dam  ,    ut  Suecos  ancipiti   bello   diflriilos   teneret ,    &  ,  fi  pofjet  ,    provinciam 
tam   opportunam    in  pramium   armorum  occuparet  !   Quod    licet    nemini   non 
injuflum    videretur  ;   minorera  tamen  fidci  jacluram  fecifj'et ,    quam   nunc   tôt 
ineptiis  calumniïfque  coacervatis.     Nam  ut  fateretur  fe  per  Sttecorum  latus  rei- 
publica  Polona  jugulum  pet  ère ,  nemo  ab  eo  pojlulajfet  :  potuijfet  banc  men- 
tent ea  ,    qua  pollet ,   dextcritate   tantifper   diffmiulare.    jfam   vera  quot  ludi- 
briis  ,   quot  fibilis   excipi    ea    fentit  ,    qua  gerris   Siculis  vaniora  pro  juflitiâ 
armorum  proferuntur  ?    Quid   enim    commiferat  fummus   Livonia  prafeclus  y 
quo  dux  copiarum  Saxonkarum  offenderetur  ?  Copiis ,   inquit ,    militaribus  ad 
erigendum  portum  in  Polonga  vigoie  conftitutionis.'iupra.  fcriptas ,  &  fenatus 
confilii  poftcomitialis  deftinatis,  hyemalique  tempore  in  ftativis  luis  pacifiée 
degentibus,  aufuseft,  titrai  ullam  caufam  datara  ,  vias  publicas  intercipere  , 
diverfas  tendere  infidias ,   ipeculatores  clanculum  dimittere  ,   defertores  cal- 
trorum  fupprimere,  nec  non  continuis  initamentis  lacelîere,  primoque  Fin- 
norum  adventu  excidium  interminare.  Si  quis  hic  fcapham  fcapham  diceret ,  vcro- 
que  nomine  bac  commenta  appellarety  quo  patio  alius  defenderet  ?  Senatus  confulto 
Saxcnicas  copias  Polongam  deflinatas  fitijfs  nondam  audit  uni  efi:  at  ignotum  ne- 
mini ,  illas  contra  leges  regni  in  Poloniam  infufas ,  invita  Rege  &  diu  tcrgiver- 
verfante ,  ejcclas  atque  exterminât  as  eff'e ,  neque  ipfum  antea  diphma  rezja  digni- 
tatis  impetrajfe  ,  quam  bac  fentinâ  &f  p°fe  Polonte  libertatis  rempublicam  levaf-  . 
fet.     Polonga  igitur  confederunty  cum  ftnibus  regni  Litbuaniteque  exire  debuif- 
fent ,  non  ut  portum  ,  quem  fcilicet    tempore  byemali  moliri  commodum  fuiffet  , 
txjlruerent  y  fed  ne  occafoni  deeffent  Livoniam  ex  propinquo  involandi  ,    quam 
primum  conflit uturn  cum  fociis  tempus  advenijfet.     Quam   vera  pacificte   copia 
bae  fuiffet ,  cum  caedibus  &  rapinis  -amnia  f cédaient  ,   nibil  ad   Suecos  :  fan- 
guine  enim  atque  fqrtmis  Liîhuanorum  paflae  funt.     At  vero  c;ti  ex  hoc  grege 
vias  intercepit  gubcrnator  Rigenfis?  Carlcvicio  fortaffe.     Accipc  nunc  Dananni 
infidias,  &  cri  mi  ne  ab  uno  difce  omnes.     Namque  is  Mofcoviam  mijfus  f  ité- 
rât ,  explorât  or  eorum ,  qua  hgati  Suecici  agcrent ,  quibus  cum  adrepere ,  blan- 
dixi y  fludiaque  fua  offerte  non  defîneret  bonto  ajlutiffmus ,  litcras  commendatititis 

ad 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.         54? 

«d  fupremum  Livoniae  praefidem  ,   Illuftrijjimum  fenatorem  ac  comité?»  ,  £77'-    I"Ot. 
«■#;»  Dahlbergium  ,   obtinuit ,   #/£#£  #£  «>   ow»i   benevolentiae  génère  cumula-  — — — 
/ai  e/?.     Itaqtte  cum  Régi  ea  ,  £##<?  «*/#  Ruffis  convenerant ,  expojuififiet ,  fiimu- 
lata   iterum  in   Mofcoviam  legatïone  ^  fâ.anjitum  a  Rigenfibus  impetravit.     Sed 
hco   impedimentorum  ,    quae  fecum   dhceret  ,    rbedas  pyrobolis  ,    aliifque  in- 
firumentis  ,  £«/»  #r//.f  //?/«*  gnaris,  oppktas  eodem  die ,  quo  irruptio  facla  efi  , 
#</  limitem  praemifit ,  infequente  occulte  valida  dimacharum  manu  ,   «^  impro- 
vifio  £s?  £#  infidiis  urbem  caperet  :    verum   cum   hos  longiori  circuit u  per  erro- 
rum   duclos   impedimenta   anteverterent  ,    <r/c//«i   ^£   excubitoribus   deteclus  ,    &? 
Rigam   celerrime  mnciatus  ,  fpatium   dédit    oppidanis    arma   capiendi.     Quan- 
quam  vero  tune  ad  irritum  caderet  impiti  perfidi   hominis   machinatio  ;    ex   ea 
tamen  intelligere  licet ,    quare  limitem  ineufloditum  voluifiet  dux  Saxonum.     At 
vero   cum    in    vicinia    efife.nt    intégra    infidiatorum    caflra  ,    quifiquam   demi' 
tnirabitur  cujlodiis  excubiifique  itinera  fiuiffe   obfervata  ?   Aut   quo  jure  prohi- 
bebatur  gubernator  provincia  ,   quo   minus  id  faceret  quod  fi  neglexijjet  ,    im- 
frudentifiimus  omnium   merito  exifiimandus  fuifièt.     Cui  paeato  interea    aditus 
erat  interdiclus  ?  nulla   dies  abiit ,   quin  ex  iifdem  cafiris  Rigam  ventitarent , 
qui  per  fpeciem  mercatus  ,    aliorumque  negotiorum  ,,.  publica  privât aque   urbis 
loca  perreptabant  ,   nemine  prohibante  ,  quamdiu  fufpicio  fraudis  aberat.     Quin 
£5?  iis  tpfis  cliebus  qui  irruptionem  proxime  prœcedebant ,  non  exiguœ  clignât  ionis. 
duces  urbem   iviferant ,.   bofpitaliter  omnes   &   honorifice   excepti ,   tametfi  ex- 
plorandi  animo  eos  accefififie  £5?  tune   non   obfcura  erant  indicia  ,    £ff   experien- 
tia  mox  confirma  vit.     Quid  efi  igitur  ,  quod  Rigenfibus  hic  crimini  datur  ?  JVi- 
Jjil  aliud ,   quam  quod  ,   appropinquante  obfefiforum  agmïne  ,    cautius  agere  aufi 
fuerint ,  atque  ill-a  ,  qu<e  oculis  prope  cernebant ,  fiujpicari  :   quod  denique,  ficut 
exploratoribus   commeatum    £5?   hofipitia  prœbuerant  ;    ita  pariter  Us. ,  a  quibus 
mijfi  erant ,   urbem  ipfiam  ,   munimenta  ,  vitam  ,   £9"  fortunas  fiuas  non  luben- 
ter  tradidififent.     Quam  vero  ridicula  £5?  impudens  efi  aceufiatio ,  cum  infidiator 
de  infidiis  queritur;  cum  cautionem  &  diligent. >am  ifiis,  quibus  ipfe  irijidïas  ten- 
dit ,  crimini  vert it}  Prorfius  quafi  viatorem  latro  aceufiaret ,  quod jugulum  impz- 
vidus  non  prabuerit ,  quodque  ferrum  toto  corpore  fponte  non  receperit ,  fugaque  je 
manibus  ejus  eripere  tentarit.    Qui  circumfpetlionem  periclitantibus  cfife  licitam 
negat ,  quid  aliud  cupit ,  quam  ut  homines,  exutâ  omni  ratione  y  atque  humana 
natura  exfiintla  y  immanitatem  feris  ipfis  ignotam  induani ,?  Nam  quid  Sueci  tune 
quœrebant  aliud,  quid  agebant ,  nifi.ut  Lithuanorum  Curonumque fipoliis  content i 
eJJ'e  vellent  Saxones ,  fiuis  autem  finibus  (3  agris  abfiinere  ?  An  hoc  crimen  erit  cru- 
delijfimo.  bello  vindicandum  ?  Nam  defiertores  cafirorum  fupprefibs  fuifie  commen- 
tum  efi,  Us  diebus  configura ,  quibus  urbem ,  ut  ex  Fkmmingi  literis  apparet  , 
circumfidere  cœpcrunt ,  quo  tempore  ftilicet  hofli  transfuge  reddi  [oient  :  de  quibus 
antea  tamen ,  cum  afiïduo  in  urbe  duces  eorum  verfiarentur ,  nulla  mentio  facla. 
erat.     Atqui  ficut  prohibere  non  poterant  Sueci ,  quin  dilaberentur ,  quibus  efuri- 
tio  erat  incommodior  ;  ita  illos ,  quos  prafidia  Jua  nunquam  intrajfe  conftabat ,  in- 
dagarefiui  officii  cfiinou  putabant.     Si  qui  ante  bellum  deprehenfi  fui  fient ,  redde- 
re  nunquam  rccujafi'ent  :  quamquam  Saxonum  cafiris r  tarnquam  tv.tijfima  ara  , 
pradiîores  &  feelerati  fantli  &?  inviolabiles.  habebantur.     Itaque  defiertores  Urne  in 

Sf  5  urbe 


34*      MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

["• 1701.  urbe  ncmo  vidit ,-  fpcculatores  autem  quamplut ïnnàs ,  quos  fupprimere  adeo  non  cogi- 

• tabat  fummus  pronmc'ue prœfefius ,  ut  fat i s  haberet  urbem  ab  eorum  infidiis  defen* 

dcrc.  Num  quid  eft  aliud,  quod  in  Mo accufant ,  nifi  quod  purum  idoucus  aptuj- 
qne  vider  et  ut ,  ^«cw  illuderent.  Hoc  U1os  pungebat ,  £#<;  cupidine  urbis  capiendé 
accenfos  major  i  adbuc  ira  inflammabat '.  "~  '>Qnm  pulcre  alibi  fraus  procèdent ,  urcbat 
il iot  unius  finis  vigilantiam  fopirinulia  arte  potuijfe;  illius  diligent  iam  obflitij/ê, 
ne  Rïgam  fpci  fuae  defttnatamjam  atque  defponj'atam  fine  fanguine  caperent.  Hoc 
eft  ue-npe  ,  quod  Mi  vocant  infidias  tendere  ,  ïs?  contmuis  lacejfere  irritamen- 
tis.  Nam  fi  Mos  interrogares  ,  quando  ,  quo  loco  ,  6?  quibus  modis  infidias 
erantfaclae,  calumniatores  ut  funt,  refpondere  non  pojfent.  Citm  exiguo  praefi- 
dio  mur  os  ingentis  operis  tucretur ,  egredi  urbe ,  in  aliénant  provinciam  involare  , 
£s?  integrum  exercitum  lacejfere,  fanifcilicct  £5?  prudentis  bominis  erat.  Sed  ne- 
que  in  Suecia  abfqtte  mandat 0  Régis  tant  facile  bellum  incipere  licet,  ac  Flemmin- 
gns  Jibi  licuiJJ'e  innuit.  De  Finnorum  adventu  cui  dixit,  a  ut  quare  diceret?  Et 
Ji  dixiffit ,  an  credidiJJ'ent  Mi,  qui  Stiecos  fpe  fœderis,  in  eum  a/que  die  m  duci  no- 
ver  ant  ;  Finnos  autem  ultra  cent  uni  milliaria  regione  degentcs ,  fi  maxime  excie- 
rentur ,  ifta  anni  tempe flate ,  ob  fummam  itineris  difficultatem ,  cum  neque  terra  , 
vcque  mari  commode  adireiur  Livonia  ,  advenire  non  potuijje.  Haec  igitur  cum 
Saxones  optime  cognita  baberent ,  praefidia  quoque  urbi  &  caftcllis  adjacentibus 
debilia  fuijfe,  crevit  ils  animus,  (3  co  facilior  promittebatur  vitloriay  quod  tant 
procul  abéjfe  noverant ,  qui  opprejfae  regioni  opem  ferrent.  Sed  baec  cum  irrifu 
omnium  excepta  ,  debuijfent  autlores  ifttus  commenti ,  Ji  ullam  partem  baberent 
fen fus  ,  commonefacere  ,  ne  fufpetlas  fucofafque  mer  ces  itcrum  orbi  venum  pro- 
truderent.  Nam  £5?  cautiores  jam  funt  bomines,  quant  ut  praejligiis  ejufmo* 
di  &?  inanibus  artibus  decipi  poffint  ;  &  inventas  eft  ,  qui  convcnienti  prorfus 
lixivio  tam  ulcerofum  caput  perfricare  nuper  Juftinuit  :  (  H  h  )  quamquam  mirum 
efty  quemquam  putidijfimis  nugis  refellendis  operam  horafque  bonas  perdere  vo- 
luijj'e. 

Sed  quemadmodum  aclores  induftrii  ,  qui  plaufum  captant  ,  in  extrema 
farte  acroamata  folcnt  inducere  ,  mijjioncmquc  ludorum  lepida  fabella  profequi  j 
ita  ,  ut  toti  hitjtis  accufationis  Jce;:ae  illuftrem  claufulam  imponeret  ,  pemdicu- 
lum  crimen  adfert ,  infolentiamque  vocat  indomitam  t  quod  Sueci ,  miJJis  ad 
fromontorium  Gedanenfe,  Hela  diclum  ,  navibus ,  quae  obfervarent  ,  ne  quid 
àpparatus  bellici,  hoftibus  adveheretur ,  accolas  fïmul  8c  provinciales  grandi 
reboantium  tormentorum  fragore  extermerant,  liberamque  navigaiionem  in- 
terturbaverant,  praefertim  or: 0  jam  bello,  ^  po/lquam  aliquot  menfes  provin- 
ciam  illorum  vaftaj/èt  Rex  Poloniae.  Novum  litora  iîla  kgentibus  praeceptum ,  quod 
■  memoriae  mandat,  traditur,  ne  adnavigantes  obviofque  exonérât is  tormentis  J'ulu- 
tent  -,  ni  autlores  bel  H  habcri  velir.t.  Sed  infra  omnes  mort  aie  s  abjecla  Suecorum  for  s 
erit ,  quibus ,  etiamfp  antea  innocais  ,  belli  culpa  imputabitur  ,  fi  contra  hoftes 
defenfionent  molianîur  ,  vimque  vi  propulfare  audeant.  Nimirum  juftum  cen- 
febitur ,  copiis  Saxonicis  perfultari  Suecorum  provinciam  ,  caftella  intcrcipi , 
oppugnari  Rigam  ,  omy'ique  com.-neatu  &  commerciorum  ufu  intercludi  :  quod 
îfti  adverfus  arma  tulet  int ,  &  rabiem  progrejfumque  hoftis  Jiftere  conati  fint , 
grawjjîmum  crimen  erit.    Impctne  Suecis  omnss  malevoli  injultabunt  ;  gkria 

il' 


ET    RESOLUTIONS    D'ETAT.  347 

illius  tolerantiae  relinquctur  ,  inque  perferendis  pofthac  injuriis  omnis  bellicofif-  1701, 
fimi  quondam  populi  virtus  fpeclabitur.  Verum  iidem  meliori  paulo  jure  cum  • 
comico  interrogare  fe  putabunt  ,  unde  Ma  lex  efi  depromta  ,  quâ  injuriofum 
eft  ulcifci  adverfarios ,  aut  qua  via  captent  te  illi  ,  eadem  iplbs  capi  ?  Ta- 
metfi  in  amkorum  gratiani  ea  tune  exercere  noluerat  Sacra  Regia  Majeftas  , 
quibtts  adverfus  boftem  uti_  jura  naturae  gentiumque  in  infinitum  permittunt. 
Satifne  commode  igitur  totum  hune  minium  egiffe  videbiîur  ?  Certe  cum  multa  fu- 
riofe  dicla  reperian/ur;  nemo  tamen  procejfifje  legitur ,  ut  injitftum  eo  vecordiae 
unquam  prouuncïaverit  fe  adverfus  boftem  defendere  ,  jufque  illud,  quod  natura 
omnium  bominum  animis  infevit ,  penitufque  commendavit ,  impugnare  haïlenus 
fufiinuerit. 

ghtamobrem  cum  ad  fatietatem  ufque  demonflratum  fit ,  nihil  fini,  riibil  vert 
hoc  Scripto  ,  quod  Régis  Poluniae  nomine  divulgatum  eft  ,  contineri  ;  fed  totum 
Wud  ineptiis  ,    abfurditatibus ,    teterrimis   conviais  ,   fraudibus ,   mendaciifque 
confiât um  effe,  adeoque  pro  famofo  potins  Libello  quo  Sacra  Rcgia  Majeftas  &? 
iuciyla  Suecorum  natio  iniqmfihne  Jugillatur ,  quam  pro  Scripto  publico  ,  quo  cau- 
fae  bujus  bellt  exponerentur ,  habendum  effe:  fupervacaneum  videtur  quidquam  ul- 
terius  incuîcare  ,  quam   impium    &-   nefarium   bellum  Rex  Polonïae  fufeitaffet. 
Omnes  utique  mortales ,  qui  reilae  mentis  ufum  habent ,  nec  ira  odiove  in  trans- 
iter fum  acli  funt ,  cum  baec  perpenderint  ,  apertiftime  cognofeent  atque  fatebun- 
tur ,   nihil  in  rempublicam   Regemque   Poloniae  admiftffe  Sacram  Rcgiam  Ma- 
jeftatem  Sueciae  ,  quod  ab  amico  fidoque  vicino  alienmn  effet ,  aut  fœderi  Oli- 
venfi  Ma  in  parte  adverfam  :  injuftitiam  autem  iftius  Régis  deteftabuntur ,  qui , 
prvfanata  fœderum  patlorumque  religione ,    improvifo  &  fraudulenter  pacem  ab- 
rupit  ,  nulla  neceftitate  induclus  ,  non  jufta  caufa  ,  non  légitima  modo  ,  contra 
jiajurandum   &    confeientiam  fuam  ,   contra    pacla    conventa  ,   &  iftius  ,  cui 
praeeft  ,  reipublicae  leges  :  £5?  invenïcnt  proinde  fruftra  in  conclufione  bujus  Li- 
belii  rationcs  eniendicar't ,  quibus  omiffam  belli  denunciationem  exeufare  conetur, 
ubi   caufa   belli   nulla   eft  ;  fruftra  denique  ad  paëlum  Olivenfe   appellari,  eu- 
jus   articulus  tricefimus   quintus  clarigationem   bello  etiam   jufto  ac  neceffario 
praemittendam  effe  non  modo  diferte  jubet ,  verum  etiam  omrem  violentiam  £s? 
hojlilem  ablum  probibet ,  donec  ,  reconciliationis  via  tentata  ,   laedens  honeftis 
acquifque  conditionibus  refragare  invent  us  fuerit.     ^uo  turpior   hic  eft  gemina- 
ta  fraus  ,   quod,  cum  legem  banc  antea  mutilaffet  ,   prolatam  mine  quoque  cor- 
rumpere  audeat,  furripiendo  voculam  negationis ,  cum  tamen  luculenter  ifta  cau- 
tum  fit ,  injuria  accepta,  non  liceat  ideo  lsefa  ad  arma  fubito  recurrere  ,  fed 
amicabilis  componendarum   controverllarum  ratio   antè  ineunda  fit,     Adeo 
difficile  effe  confiât  ,  recli  quidquam  illum  fentire  ,   aut  agere  poffe  ,   qui  femel 
malam    nientem   induerat  ,    atque   veritatis   via   deflexerat.     Cum   un  a-  fraus 
kovo  proteger.da  fit ,   in    longam   vitiorum  feriem  itur  ,    quant   poflea  ,  etiam 
fi  velis  ,  pudor  vetat  abrumpere.     Sic  quoque  ad  turpitudinem  banc  infucandam 
inani  difputatiuncula  illud  jus  agitatur  ,    quo  Princeps    vicinum  nondum  bofti- 
lia  profeffum  ,  fed  e  longinquo  molientem  occupare  potuerit.     Nam  ut  prudentùe 
eft ,  cogitatione  futura  praecipere  ,  &  immimentem  tewpcftatem  prœvcnire  ;  ita 
malitieje  metum  fibi  fingire  ,  ubi  ne  tnittima  qui  de  m  alicujus  periculi  fufpicio  effe 


$48     MEMOIRES,  NEGOTIATIOMS,  TRAITEZ, 

1701.    poteft  ,  divine  humanoque  jure  deteflanda  efi  ars,  quae  goneris  hitmani  exitio  in- 

'•  venta ,  belloquc  omnium  in  omnes  profetninando  apta  videatur.     Cum  auîem  exacle 

noverit  Rex  Poloniae ,  nihil  infefli  Sacrant  Regiam  Majefiatem  Sueciae  adverfus 

rempublicam ,  cujus  amicitiam  novo  fœdere  pignerari  fibi  voîuerat ,  animo  deflinaf- 

fe  ,  13  nihikminus ,  -omnibus  dtclis  faclifque  ad  fallendum  inflruclis,  tantum  peri- 

culorum  metum  Polonis  injicere  laboraverit ,  quaft  fiantes  in  cervicibus  illorum 

Sue  ci,  extremum  in  fingulas  horas  ictum  minitarentur-y  quid  aliud  ofiendit ,  quant 

hune  fcopmn  unice  fibi  prœfixum  ej/e  ,  ut  Poloaiam  belli  arenam  faceret  ,  &  velut 

-viclimam  fuccedaneam  fuae  aviditati  fubderet ,  in  quam  deinceps  exhauftam  viribut 

&?  enervatam  pro  lubitu  dominaretur.     Sed  nifi  nimia  ipfum  cupiditas  excœcaf- 

fet ,  tant  perfpicite  mentem  ejus  bodie  non  vidèrent  Poloni ,  quibus  ex  tôt  malis  , 

quœ  reipubltcae  ab  eo  imifta  funt  ,  hoc  boni  evenerat ,  quod  didicerint  jam  veros 

amicos  ab  infidiatoribus  dignofcere ,  ejufque  art  es  cavere ,  qui  ut  reipubiicae  Majef- 

tatem  obterertt ,  perniciojo  confilio  ingentJque  audacia  turbare  tandem  prius  quœfi- 

verat. 

£hii  vero  confeius  fibi  efi ,  fœderum  faclimoniam  turpi  fadoque  more  fe  pol- 
luifije ,  an  credibile  cuiquam  vidtbitur ,  eum  ferio  invocafiè  Deum  fraclorum  fœde- 
rum vindicem  atque  ultorem?  An  fperavcfat  tam  facile  fummum  illud  fanclifjt- 
rnumque  numen  ludificari  pofje ,  ac  homines  vaframentis  fuis  circumvenerat?  Sed 
illa  Deo  cura  erunl,  qui  p^o fanât i  nominis  fui  ludibrium  juftis  aliquando  fuppiiciis 
rnaclabit ,  illicitafque  machinationes ,  utcunque  calliditate  multa  ajlutiaque  blandi- 
rivideantur,  pojiquam  illam ,  quam  Us  prœftituerat,  maturitatem  attigerint ,  ad 
*vanum  irritumqut  cum  aterno  ejus  rubore  damnoque  rediget.  Pneclara  intérim 
fpe  Sacra  Regia  Majefias  Sueciœ  fuftentatur  ,  cum  cogitât  omni  culpa  vacuamque 
fe  in  hoc  bellum  effe  protratlam,  ifiaque  arma  ex  ipfa  eau  fa  vires  roburque  jume- 
re ,  qua  non  libido ,  fed  neceffitas  pro  patriae  civiumque  fuorum  /ecut  itate  expedi- 
verit.  Fréta  igitur  optima  mentis  confcient'ia ,  ultorem  gladium  firingit ,  eo  ani- 
mo ,  ut  eundem  prius  non  recondat ,  quam  noxio  fœdifragorum  fanguine  devafta- 
tioni  provincitirum  fuarum  parentaverit  ;  Deumque  omnipotentem ,  fupremunt 
exercituum  dominant,  tefiatur,  fe  puram  innoxiamque  effe  omnium  malorum,  que 
ex  bello  hoc  pr aventura  funt  ;  atque  eundem  regnorum  Jlatorem  deprecatur ,  ut  fibi 
contra  nefariam  confpiratioaem  iniquiffimorum  hoftium  confiitluro  dignam  majoribus 
fuis  fort  itudinem  injpiret ,  atque  il  a  cuique  vicloriam  profperet ,  ut  juftitia  caufae 
meruerit. 

Confidit  deniqne  potentiffimos  fcreniffimefque  Principes  ,  non  tantum  fponfo- 
rem  fœderis  Olivenfis  ,  Gbrifiianiffrmum  Galliarum  Regcm  ,  verum  &  ejufdem 
confortes ,  Sacram  Caefaream  Majeftatem,  £5?  Eleclorent  Brandeburgicum,  tanto 
jufiiori  indignatione  -arrogantiam  ifiius  Régis  percepturos  effe.,  quanto  majori  te- 
weritate  ac  contemtu  pacla,  quae  religiofifjîme  ab  Us  fancita  funt,  infregerit^  & 
tamen  eorum  contra  laefos  auxilium  implorare  non  erubuerit.  Certe  tantis  nomi- 
tiibus  admodum  protervt  illudit ,  qui  vindices afftr  tore  [que  illius  fœderis,  quod  ip- 
fe  violaverat ,  in  iiefandam  armorum  focietatem  folicitare  non  verelur  ,  adque  eo- 
r-undem  opes  pofl  bellum  temere  a  fe  metum  rcfpicere  ,  quorum  aucloriatem  fuperbe 
entea  fpreverat  ,  quofque ,  juxta  clariffunam  patlorum  legem  ,  de  injuria  prius 
Vionere  debuijjct ,  quam  ad  arma  prcfilire.     Quis  atitem  non  intelligit ,   tantun- 

dem 


ET    RESOLUTIONS    D'ETAT,         349 

■dent  iïïum  nunc  pet 'ère  ,  ac  fit  diceret   aquum  ejje  ,   ut ,    quoniam   ipfe  jurisju-    1701. 

•«•«Wi  fœderumque    rrfigionem   îemeraverat  ,  fponfores  quoque  fidem  non  fierva 

vent ,  atque  quos  ipfe  mfidiis  fuis  primoque  impetu  obtcrere  non  potuerat  ,  eof- 
dem  illi  manibus  finis  elap/bs  exciperent  atque  jugularent  ?  Satis  jam  inimicorum 
in  Succos  concitaverat  ,  qui  Acherontem  ipfum  commovere  e  fedibus  fuis  la- 
horavit  ,  naclufque  efl  fiocium  perfidie  ipfi  parem  Mofcum  :  at  fummos  orbis 
Chriftiani  Principes ,  qui  fidem  fiancle  colère  ïaudi  ducunt  ,  vcrœque  glorix 
Ctipidine  trahuntur ,  tant  irnpias  artes  ,  fœdamqtte  bellandi  lïbidinem ,  totis 
animis  averfiaturos  ejfe  fperare  aequum  efl.  ^uos  proinde  Sacra  Rsgia  Majefi- 
tas  exifiimat  fe  majori  jure  acfiducià  rogare  pojj'e  atque  obteftari  ut  quant  pacem 
fummo  labore ,  cura  ac  diligentia  olim  ftabiliverant ,  nunc  petulanter ,  fuperbe ,  ac 
crudeliter  violatam  ac  concufifam  ulcifci  atque  vindicare  non  defiftant.  Atque  ut  ' 
arnica  iïlorum  confdia  grato  anima  agnoficit,  parique  benevolcntia  officia  haclenus 
p\efiita  demereri  parafa  efl  :  ita  confiummatee  eorum  prudcntiœ  dijudicandum  relin- 
quit ,  quant  partira  fuerit  abfurdiflimum  hoflem ,  pacifique  ruptorem ,  ab  injuriis  de- 
hortari,  nifit  ad  Iibidinem  ejus  coercendam  validiora  attulerint.  Exigit  hoc  ipfio- 
rum  aucloritas,  qute  ferociter  [prêta  atque  conculcata  jacet:  poflulat  décantât  a  fides 
&  integritas  ,  ut ,  quant  fancle  promiferant ,  opem  auxiliumque  mature  fierant  : 
ipfia  denique  juflitia  effi 'agitât,  ut  communibus  armis ,  fie  ut  i  pacificatione  Olivenfi 
convenerat ,  aggrefferem  tamdiu  perfequatitur,  donec  fiecura  &  honefia  pax ,  quce 
hefo  illata  damna  refarciat,  refliîur a  fuerit.  ^uo  paclo  non  tantum  apud  eos  , 
quibus  officia  impenderint ,  ficmpiternam  gratiam  inibunt ,  verum  etiam  omnes  in 
univerfium  nationes ,  adeoque  totum  mortalium  genus,  immort  ali  beneficiofibi  de* 
vincient ,  qui  gratijjïmo  pr<edicabunt  ore ,  quod  Principes  in  fuprcmo  rerum  huma- 
narum  fafligto  collocati  ,  potentiam  vire/que  à  Deo  conceffas  ad  comprimendam 
fœdifragorum  audaciam  adhibuerint ,  juftaque  fieveritate  providerint  ,  ne  pejfimo 
perniciociffimoque  exemplo  quifiquam  pofl  bac  invitatus ,  paclorum  fœderumque  vin- 
culum,  quo  falus  humant  gêner i s-,  &  fiocietas  omnium  gentium  continetur,  improbo 
aufiu  rumpere  ac  dijfolvere  tentant. 

TESTIMONIA, 

Qu2e  in  ipfo  Libello  allegantur. 

Diploma  Jacobi  Henrici  Flemmingi ,  Copiarnm  Saxonicarum  Ducis  ad 

Livonos. 

^MM'MOtum  hifice  facto,  quod ,  cum  a  Stiecis  in  Livonia  turbis  anfamprœ-  I-it-(A.) 
$p  Jsj  p  bentibus,  qui  infefta  dudum  agit  are  cœperunt ,  adjeclis  rninis,  fie-,  cvn- 
||  ||  traclis  ex  Finlandiâ,  jEflonià,  £s?  Careliâ  auxiliis ,  Rcgis  meï  ckmen- 
IlfeJilti  tifiimi  copias,  Ltthuama  hybernantes  ,  adorturos ,  ipfe  coatlus  fuérim 
ad  perniciofiffima  hœc  molimina  prxvenienda ,  exercitum  fnihi  commïffum  in  Livo- 
niam  adducere,  eoque  intendere,  ut  commodum  ibi  locum  occupem,  mde  hoftïles 
ronatus  reprimere  queam  :  atque  ccrto  fciam  eam  efife  Sacra  Regix  Mafeflatis  <vo- 
hntatem  ,  ut  incoU  omnes  &?  finguli  ,  nobiles ,  cives,  ruricoU ,  &  tujufcum- 
Tem.  I.  Te  que 


1701 


jfo      MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

que  conditionis ,  quantum  fieri  pofflt ,    illcefi  conferventur  ,  ideo  ut  abfque  metu  ac 
•  follicitudine  ex  periculo  corpuris  &?  vit  ce  ,   opum  ,   domiciliorum,  for  tunar unique 
quif'juc  deg.it ,  m  tuteiam  S  icyœ  Rcgiœ  Majcfiatis  rceipere  vole  &c.     Janïfcas 
die  ~.  Ici; aarij,  MDCC. 


Ejufdem  ad  Regcm  Polonice  Epifbola. 


"DEgiam  Veflram  Maie  fiât  cm  certiorcm  hifee  facio,  quod,  pofiquam  juffu  ipfius , 
quantum  pot  ni ,  iler  acccleravcrayn ,  heri  hue  peivenerim.  Gcdamim  tngrefi' 
fus,  percepi  Suecos  in  Livonia  non  parum  fibi  a  copiis  Regice  Vefirce  Majefîatis. 
metuere ,  illifque  vehementer  diffidere  ,  increbrefeente  rumore ,  quo  longius  procef- 
fiffem,  adeo  ut  ifli  irrurtioncm  exercitus  nojlri  in  dies  èxpetlare  dicerentur.  Il- 
lico ut  cafira  intraveram ,  a  ■fummo  vigiliarum  prafetlo  ,  Paikelo  ,  diligenter 
qucefivi  ,  num  quee  a  nofira  parte  cauja  illis  timendi  data  ?  /Ile  innocentiam 
fuam  declaravit  prolatis ,  qua s  ad  gêner alcm  Gubernatorem  Rigcrifem  dederat ,  lu 
tais ,  qnarum  excmplar  nunc  mittitur  :  unde  fatis  liquet ,  nofiros  tie  minimam  - 
quidem  fu fpicionis  ifiius,  a  Suecis  tantum  af]  éclat  ce ,  aufam  prccbuifje ,  qui  licet 
copies  Vefirce  Majefîatis  nufquam  Je  movijfent ,  nihitominus  hafiis,  falcibus,  fer- 
ratifque  clavis  propugnacula  £î?  valla  urbis  Rigenfis  prcemuniunt  :  plura  ver  fus 
part  cm,  qua  Curlandiam  fpeclat,  per  mur  os  tonnent  a  difponunt:  majores  folito 
vigilias  agunt  ,  oppïdianis  quoque  ad  arma  vocatis  :  fiationcs  cquitum  limiti 
preeteudunt:  Rigam  commeantes,  prcefertim  duces  militâtes,  qui  e  cajiris  noflris 
venif/e  comperiuntur ,  diligent  lus  examinant  obfervantque ,  mif/îs  etiam  in  cafira 
fpeculatoribus,  qui  motus  nofiros  cxplorarent.  gfuin  ne  faclo  quidem  hoftili  abfii- 
nucrunt,  prohibendo  noflros,  qui  fvgitïvos  perjequerentur ,  hos  vero  protegendo  , 
cdcoque  cmnia  quee  contra  hoflem  adhiberi  fuient,  egerunt.  Super  heee  a  plu- 
ribus  m'ibi  nnntic.tnin  cfi ,  gcneralem  Gubernatorem  Rigenfem  ,  non  modo  ordi- 
narias  in  provincia  eqv.it uni  turmas,  verum  etiam  rur kolas  cogère;  unde  liquida 
confiât  ,  non  cegitare  ipfum  tantummodo  munimenta  fua  defendere  ,  fed  potins 
copias  nofiras  in  kibernis  confiitutas  opprcfj'um  ire.  <f)uoniam  igitur  infeflus  in 
nos  Suecorum  animas  inde  fatis  pat  et,  qui  initium  quafi  hofiilis  motus  fecerunt, 
lit  cris  heri  ad  gêner  alem  Gubernatorem  mif/îs,  cum  eo  injuriant  hanc  cxpoflula-- 
:e  volai  ,  cujus  rcfponfum  cxfpeclo.  Inttrea  ccercendis  eorum  conatibus  omn'm 
parata  habco  ,  f.quidem  expreffe  illi  rdnati funt ,  fe ,  acceptis  ex  jEflonia,  Ca- 
relia  ,  &?  Finlandia  majoribus  copiis  ,  vel  Dunam  tranfituros.  §hto  patio  ego 
cum  meis  in  regione  aperta  minus  [courus  furem  ,  ncque  infultibus  hofiium  ul~ 
lo  modo  reffiere  poffem.  ghiapr  opter ,  omnibus  rite  perpenfis  &  délibérât is ,  cou- 
venientifjimum  &  neceffarium  maxime  judicavi  mature  cjujmodi  confilia  prave~ 
nire ,  £5? ,  quod  Veflram  Rcgiam  Majefialem  ratum  habituram  fpero  ,  copias  ad 
Dunam  admovere  ,  ut  prcefidio  ifiius  -fluminis  ad  averteniam  hofiium  uruptio- 
ncm  utar  ,  &  impediam  ,  ne  fedes  belii  in  regnum  ,  cujus  incolumitas  Regict 
Vefirce  Majefiati  quam  maxime  cordi  efl  ,  tvanfcratur.  Quod  meditar.ti  a>,i- 
m  addidere  plarcs  Régime  Vefirce  Majefîatis  fubditorum  qutrelce  ,  ut  ex  Epi/- 
toLi  N.  N.  inaufd  cognofeere  licet  :  tant  dominas  N.  N.  eo  ni  negotio  auxi- 
hum  £5?  omnia,  quee-  in  ejus  potefiate  fucrint,  obtulit.  Equidem  jufj'um  Régime 
Vc(>i\e   Majefîatis  prias ,   quam  arduum  hoece  opus  aggrederer ,  impetranamn 

mihi 


I  70 1 . 


ET    RESOLUTIONS    D'ETAT.  351 

mihi  fuiffefateor ,  gnarus  tamen,  quantum  periculi  inmcrà,  hoc  potifiîmum  rerum 

ftatu,  ojficii  met  ejje  daxi  ea  avertere,  qua  bellica  Regia  Vefira  Majeftatis  gto-  ' 

ria  &  reipublica  commodis  adverfari  vidèrent  ur ,  hamillime  rogitans  ,  ut ,  qua 
porro  fadeuda  fint ,  Regia  Vefira  Majejîas  quant  mat  arrime  &  plenijfime  mihi  ex- 
ponenda  curet.     Janifca  d.  xix.  Feb.  AIDÙC. 

ÇUm  Regia  Vefira  Majejîas  in  rébus  ardais  maxime  £5?  dijficilimis  mihi  confifa ,  Lit.  (3.) 

non  modo  ■  totum  eleclionis  negocium  mea  foiias  indiïftrïa ,  fed  etiam  adverfus 
pyindfem  Cttntium  excrcitum  ducendum ,  nuperque  diffidia ,  qua  in  Lithuania  exor- 
ta ,  toti  rcgno  exitium  portendebant ,  fopienda  commifcrit ,  qua  omnia  ,  ut  gloria 
Regia  Vefira  Majeftatis ,  £s?  falus  Regni ,  cujus  fummani  fempsr  curant  Regia 
Vefira  Majefias  gerit,  exigebant,  féliciter  peregeram  :  ideo  cum  hoc  tempore  & 
Vefira  Majeftatis  exifiimatio  6f  regni  utïlitas  ,  mirum ,  quantum  consentant ,  &f 
qaafi  iwuicemfe  connectant-,  fpc  magna  excitât  us,  Regiam  Vefiram  Majefiatem  in 
folita  erga  me  fidacia  perflituram,  hac  pulcerrima  occa flâne,  quam  Saeci  nobis  de~ 
dentnt ,  ad  commodum  noftrum  ati  volai ,  ad  minimum  res  uofiras  eo  in  loco  matu~ 
re  coliocaturus ,  ut  ifti  minas  fuas  in  aclant  deducere  non  valeant,  verum  potius, 
fi  ficri  poffit ,  hélium  in  hofiili  regione ,  £5?  extra  fines  regni ,  geratur.  Sane  ex 
muliis  flgnis  colligere  licet ,  manu  Dei  hac  mifeeri ,  fiquidem  S  ne  ci  talent  occafio- 
nem  ,  quam  folicite  alioquin  quareremus  ,  aval/a  recaperandi  (  ad  qua  nomi- 
ne  Vefira  Majeftatis  me  j'irejurando  obftrinxi,  qaafi  Vefira  Majejîas  quoque  jura- 
mento  deinceps  confirmavit ,  )  qaafi  ultro  obtrudant ,  (<?  in  manus  nobis  tradunt. 
Janifca ,  ut  fiupra. 

"DRomptc  quoque  ac  bénévole  Sacra  Regia  Majefias  impertiri  voluit  domino  Allé-  kJt-  (c0 

gato  taie ,  quale  defide^avit ,  novum  diploma  pro  conquirendis  atlis  publias  ex 
archivis  regiis  Polonicis,  fi  quid  eorum  adhuc  in  Suecia  poterit  reperiri,  adjecla 
exprejjd  menîione  bibliotheca  Regia,  prout  eidem  nunc  quoque  extradita  J'unt  qua- 
dam  feriptorum  volumina  ,  qua  hic  in  archivo  Regio  haélenus  aliquo  tempore  , 
ignara  Sacra  Regia  Majefiate ,  ejafqae  minifiris  infciis ,  delituerunt ,  nec  antea 
cum  reliquis  aclis  eam  ob  caafiam  extradi  potuerant ,  quud  in  itinere  navi  ,  qua 
vehebantur,  ad  Oelandia  Ut  t  or  a  vr  tempefiatis  fracla,  in  ea  infiula  aliquandiu 
remanferunt ,  nec  ante ,  quant  pofi  extradita  illa  alla  priora ,  qua  olim  ex  archivo 
hocce  regio  depromebantur ,  hue  pervencrunt .  Mandata  quoque  regia  ad  privât  os 
qaofdam  in  fpexie  Dno  Ablegato  impertitafuni ,  quibus  iifdemjerio  imperatur,  ne 
quid  librorum  apud  fe  retineant ,  quos  ad  mentent  paclorum  refiitui  oportcat,  re- 
gicque  praeterea  bibliothecario  par iter  fuit  itijuntlum,  ut  perqaam  exacle  Sacra 
Regia  Majeftatis  bibliothecam  denuo  perlufiraret ,  eidemque  eximeret  libros,  qaot-  • 
cunque  videri  pofj'ent  in  bibliotheca  regia  Polonica  parte  quondam  fuijjé.  Is  igitur 
.jujpi  exfequutas  ,  catalogum  ejujmodi  librorum  quos  deprehendifjlt ,  exhibait,  de 
quibus  etji  certo  confiet ,  utrum  navi  primo  in  bello  hue  delati  fint ,  an  alla  potius 
eccafione  ,  prout  conjeclura  efi,  &  quidem  olim  ab  ipfo  Rege  Sigismundo 
hic  in  Suecia  relitli ,  in  lis  tamen  extradendis  bibliothecariam  fuum  cefiare  notait 
Sacra  Regia  Majefias,   maluUque  in  hoc  fidei  fuae  abundantis  exiftere  ttfiimo- 

Tt  z  nium, 


3fi      MEMOIRES,  NEGOCIATIONS,  TRAITEZ, 

1701.  nium,  quant  ut  quidqttam  défit  ,  qiiocl  ad  implenda  patla  defiderari  queat.    Hol* 
• mia  i68i.  d.  19.  Julit. 

Rcfponfio  ad  Galetfcium,  Senatorcm  Poloniae,  nominc  Augufti  Régis 
ad  Regem  Suecia;  miiîum. 

Lit.(D.)  ÇUm  Exellentia  Veftra  tum  apud  Sacrant  Rcgïam  Majeftatem,  Regem  ac  Dnum 
noftrum  Clément  ijfimum  ,  tum  in  congrcfj'u  nobifcum  teflatum  fecerit  ,  nïhil 
magis  in  votis  effe  Sacrœ  Régla  Majeftati  ac  Reipublicœ  Polonœ ,  quant  cum  vi- 
finis  Regibus  ac  Principibus  bonam  amicitiam  (3  vicinitatem  colère  (3  obfervare, 
prœfertim  cum  Sacra  Regia  Majeftate  Sueciœ,  cum  qua  non  tantum  pax  paclaque 
patienta  Rcipttblica  Polonœ  ,  verum  etiam  ftricla  cognât ionis  jura ,  potcntiffimo 
Régi  Pcloniœ  intercedunt ,  fimulque  ab  Exellentia  Feftra  indication  fit ,  tria  ipfi 
potijfimum '  commiffa  efje  negvtia  hic  expedienda,  quorum  primum  concertât  paéo- 
rum  ac  fœderum  Olivenftum  mutuam  confirmationem  :  fecundum  ortam  intcr 
Sacrant  Regiam  Majcftatcm  Poloniœ  (3  Elcclorem  Brandeburgicum  litem  circa 
Negocium  Elbingenfe  ;  (3  tertium  civitatis  1"borunienfis  defuleria  pro  confequenda 
folutione  ipfi  débita.  Ad  ea  Exellentia  Feftrœ  refpondendum  cenfuit  Sacra  Regia 
Majeflas  Sueciœ ,  gratâ  afe  mente  agnafci  honorificam  banc  (3  illujïrem  légat  io- 
tiem  a  Sacra  Regia  Majeftate  Poloniœ  Exellentia  Veftrœ  commiffam  faclantque 
per  eam  conteflationem  de  fncera  ac  prœftanti  Régis  ac  reipubliquœ  Poloniae  VO' 
luntate  colendi  cum  Sacra  Regia  Majeftate  Sueciœ  amicitiam  perpétuant  fidamqus 
viciniam ,  eut  pari  benevolcntiœ  candore  omni  ex  parte  refpondere  fataget  Sacra 
Regia  Majeftas ,  tum  publia  boni  amore  ad  provebenda  utriufque  regni  mutua  eme- 
lumenta  &  commoda ,  tum  ob  infitunt  erga  Sacram  Regiam  Majeftatem  Poloniae 
propinqua  cognationis  affetlum,  unde  omnia  finecrœ  benevolcntiœ  officia ,  (3  op- 
timœ  voluntatis  affeclus  a  Sacra  Regia  Majeftate  Sueciœ  cxfpeflare  Jibique  fpondc- 
repoterit. 

§htod  in  fpecie  ait  met  ad  tria  illa  négocia  ab  Exellentia  Feftra  propofitay 
13  qt'.idcm  i°.  deftderatam  confirmationem  patlorunt  Olivenfium  ,  Sacra  Re- 
gia Majeflas  Sueciœ  non  tant  ad  renovandam  firmandamque  diclam  pacïficationem 
prono  promptoque  fertur  animo,  fed  &  propenfa  cft  ad  ineundas  ftriblioris  conjunc- 
tionis  rationes  pro  ntajori  regni  utriuj'que •fecuritate ,  prout  res  tempufqtie  poftula- 
verint ,  (3  quidem  remvationis  aclum  circa  pacïficationem  Olivenfent  vel  num 
ftatim  expediri  curaffet ,  fi  ad  hoc  negocium  perficiendum  Exellentia  Veftra  plcna 
poteftate  fuiffet  munit  a  :  cum  vero  ea  fe  deftitui  dixerit ,  Sacra  Regia  Majeftas 
Sueciœ  minifiro  ftto ,  in  Polonia  commoranti  ,  gêner  alem  locutn  tenenti ,  Bar  ont 
Mauritio  Pcllingio  ejufmodi  remvationis  aclum  jam  hic  adornatttm  transmit tet ,  ut 
cum  Polonico  ïhftrumento ,  in  conduis  inftaniïbus,  à  Republica  ratibaber.do  ibi- 
dem commutari  pvffit.  Dabitur  13  mandat  uni  de  perficiendo  firiêtioris  conjunclio- 
nis  negotio  ,  fupra  indigitato.  2°.  ghted  ad  Elbir.genfe  negocium,  Sacra  Regia 
Majeftas  Sueciae  ortum  cum  Eleclore  Brandenburgico  de  co  dïftidium  Jolicito 
prvrfus  inttietur  a-n'imo  ,  doletque  intcr  vicinos  potent'efque  Principes ,  quorum 
bdclotus  concordia  publico  bono  admodum  profuit  ,  baec  efje  fubnata  difeordia- 
rum  femina ,  (3  quamquam  partium  contentions  lis  ifta  -in  controverfias  fat  gra- 
ves 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.  ?f| 

ves  videatur  prolapfa  ,   ad  amicabilem   tamen   earundem  compofitionem  operam 

ac  fludium  omni  me  H  or  i  modo  cou  fer  et  Sacra  Régi  a  Majejtas  Sue  cite  ,  magno-  I701, 
père  exoptans  ut  quantocyus  priflina  inter  diffidentes  reducatur  concordia ,  plurimum 
fipei  reponens  in  praclara  Sacra  Régime  Majeflatis  Polonia  aquanimitate  (3  mode' 
ratione)  ne  tes  ad  exirema  deveniat.  30.  Quod  concernit  Thorunienfiumjolicita- 
tionem,  quandoquidem  cum  illis  liquidât io  jam  facla  eft ,  Sacra  Regia  Majefta- 
ti  Suecia  cura  cordique  erit  idonea  difpicere  média  ,  quibus  ,  quamprimum  id 
fieri  pote; it ,  débita  illis  fatisfaclio  praeftetur.  De  caetero  uti  Exellentia  Pcf- 
trae  perfona  &- fufcepta  ab  ea  legatio  Sacra  Regia  Majeflati  admodum  fuit  gra* 
ta;  ita  benevola  propenfio  ei  femper  permanebit  faventijjima.  Holmia  d.  z^.Apr. 
i6i>9. 

VIdeantur  ipdi  Pa£ta  conventa,  quibus  promittit  Rex  ,  quod  fine  confenfu  Lit-  (&•) 
republica  offenfiva  fumcre  ,  externa  auxilia  in  Regnum  adducere ,  'exerci- 
tum  Quartianorum  aliofquc  excrcitits  augere^  &  privât  as  copias  contrabere  nolit. 
Chwalkoufcius  de  jure  publico  regni  Polonia;  lib.  2^  cap.  6.  §.  1 .     Hinc  Rex 
Polonia  inter  alla  pacla  jurât  fe  abfque  confenfu  reipublicae,  neque  bella  offen- 
fiva fumturum ,  neque  peregrinum  militem  in  regnum ,  aut  Lithuaniam  ,   intro- 
dutlurum  ,    neque  exercitum  aublurum.     Bella  igitur  in  comitiis    contra   bojles 
publicantur.     Idem  de  fcederibus  ita:  In  capitulatione  Rcges  promittunt ,  quod 
pacla  13  fœdera  cum  extraneis  Principibus  (3-  dominHs  renovabunt ,  de  confervan- 
da  cum  iifdem  pace  ftudebunt,  (3  amijfa  a  corpore  reipublica  recuperabunt.   Parla 
autem  funt  vel  antiqua ,  vel  nova-,  ad  illa  renovanda  fnfficit  confenfu  s  fenatorum 
ad  latus  refidentium  :  ad  bac  vero  flabilienda  robur  comitiorum  requiretur.     Ad- 
datur  Hartknoch  de  rep.  Pol.-lib.  2.  cap.  2.  §.  7.     Formula  autem  juramenti 
Hœc  eft:  Ego  N.  eleelus  Rex  Polonia ,  (totus  titulus  hic  exprimitur.  )  fpondeo 
&  fancle  juro  Dco  omnipotenti  ad  bac  fancla  Jefu  Cbrijli  Evangelia,  quod  om- 
nia  jura  ,  liber tates  ,  i?nmunitates  ,  privilégia  publica  13  privât  a  juri  communi 
utriufque  geniis  (3  libertatibus  non  contraria ,  £i?f.  turn  pacla  per  ordines  regni  (3 
wagni  Ducat  us  Lithuania  mibi  tradita   manutenebo  ,    obfervabo  ,   cuflodiam  & 
ad'rmpkbo  in  omnibus  çonditianibui r,  articulis  (3  punclis  in  cifdem  exprefjîs.     Se 
paulo  poft:  Omnia  illicite  a  regno  magnoque  ducatu  Lithuania ,  dominiis  eorum  , 
quoeunque  modo  aliénât  a ,  vel  bello  vel  quovis  alio  modo  difiraclay  ad  proprieta- 
tem  ejufdem  regni  Polonia  {3  magni  Ducatus  Lithuania  aggregabo.  Tandem  :  Et 
fi  (quod  ab  fit  y  )  in  aliquibus  juramentum  violavero,  nullarn  mibi  incola  regni 
omuiumque  dominiorum  unius  cujufque  gentis  obedientiam  prajlare  debebunt ,  ima 
ipfofaclo,  eos  ab  omni fide y  obedientia  Régi  débita  liberos  fado,  ab/olutionemque 
nullarn  ab  hoc  rneo  juramsnto  a  quoquam  petam^  nec  ultra  oblatam  fufeipiam.    Sic 
me  Deus  adjuvet ,  &  bac  fantla  Chrifli  Evangelia. 

]\JOs  itaque  Sénat  ores  13  equeflris  ordinis  a  fereniffimo  Rege  13  republica  Po-  Lit.  (F.) 

lonia  lege  comitiali  delegati  commijfarii  ,  promittimus  ,  13  recipimus  ,  vi 
potefiatis  nobis  à  republica  conceffa ,  nomine  ejufdem  nos  omnia  &  fingula  ca- 
pita  paclis  fuprafcripiis  comprehenfa  ,  juxta  conflit utionem  regni  ,  anni  mille fi- 
rni  fexcentefimi  quinquagefimi  noni,  approbare  (3  ratibakre,  fient i  vigore  quo~ 

Tt  $  que 


5f4     MEMOIRES,  NEGOTI ATIONS,  TRAITEZ', 

1701.  que  prafentium  approbamus  &?  ratihabcmus  :  ncc  pafjuros  ab  ullis  regni  Polt- 

• niœ  magnique  Ducat  us  Litbuanùe  Jiatibus ,  vafallis,  officLilibus  ac  fubditisf '  ulfo 

modo  violetri.  Cavemufji'.c  13  promit timus  diplômata  ratificationis  hujus  pacis , 
tant  Sacra  Rcg'ne  Majeftatis  ,  quant  hoc  nofîrum ,  in  proximis  commit  in  regni 
gêner alibtts  conftitutionibus  i3  vofamini  legum  noflrarum  infertum  iri.  Datum 
Varfaviœ,  die  vigeftma  fexta  Junii  Anno  1660.  Scquuntur  nomina  Commii- 
fariorurn.  Pafta  autem  Olivenjîa  ,  corumque  ratihabitio ,  conftitutionibus 
regni  Poionici  inferta  funt,  fequenti  anno  1661.  vide  Hartknock  de  republica 
Polon.lib.  I.  cap.  8.  §.  4. 

Lit.  (G.)  T^Xprimunt  hanc  legem  Maximilianus  Fedro ;  Palatinus  Podoliœ,  in  Hifto- 
XL  ria  Henrici  Y'alefii,  pag.  130.  Piafecius  Chron.  ad  annum.  1631.,  in  ini- 
tie Cafimirus  Zawadfcius  Hiftoria  arcana,  lib.  4.  pag.  2,26. 

Lit. (H.)  /^Hwalkoufcius  d.  lib.  cap.  8.  §.  1.  :  Pcr  conflitutionem  1^8  8.  cautum  efl , 
x^v  ut  h<ec  poteflas  cum  notitia  finatorttmprœprimïs  ad  aulam  prœfentium  ex' 
ereeretur.  Hoche  idem  jus  régi  convertit ,  nifi  de  fœderibus ,  bello  aut  pace  , 
aliifqtie  rébus  rempublicam  concernentibus  traélandum  veniat.  Nam  de  bis  prius 
in  comitus  deliberatur.  De  fœderibus  Zawadfcius  d.  1.  pag.  ^^f.  Ea  iniri, 
infciis  rcipubUae  ordinibus ,  ad  qi'.os  vêtus  regni  confuetudo,  receptus  mos,  f un- 
datte  longa  praxi  leges,  ipfa  denique  legibus  ad  liber tatem  provecJa  reipublicœ  na- 
tura,  cuncla  négocia ■  referrt  j»JJît ,  liber tatis  exitio  propius  efl ,  quam  auxilio. 

Lit.  II.  )  TJ  Imbertus,  qui  Diaconus  primum ,  &  deinde  Archiepifcopus  Hamburgen- 
JLV  fium  fuit,  vixitque  feculo  nono,  in  vita  S.  Angarii  cap.  27.  de  Curlah- 
dis  Iiïec  memoiix*  prodit  :  Gens  quadam  ab  eis  longe  pofitay  vocata  Cbori,  Sueo- 
num  principal ui  olim  fubjecta  fuerat,  fed  jam  tune  diu  erat ,  quod  rebellando  eis 
fubjici  dedignabatur.  Deinde  narrata  Danorum  clade  ,  addit  :  quod  audiens 
prœditlus  Rcx  Oleph  (Olaus  ejus  hominis  fecundus  ) populufque  Sueonum,  volentes 
fibi  nomen  acqitirere ,  quod  facere  poffent ,  quœ  Dani  non ffecerant ,  (3  quia  fibi 
ctiam  antea  fubjecli  f itérant,  innumerabili  congregato  exercitu,  illas  adierunt  par- 
tes ,  &  primo  qiiidcm  improvifo  ad  qtiandam  urbem  regni  ip forum  vocatam 
Sceburg  ,  in  qua  erant  feptem  milita  pngnatorum  ,  devenientes  ,  penitus  illam 
vaflando  fmeenderunt.  Exinde  confortait  animo,  dimiffis  mvibus  ,  lier  quin- 
que  dierum  arripientes ,  ad  aliam  urbem  ip  forum  ,  quœ  slppnlia  dkebatur ,  effe- 
ro  corde  properabant.  Erant  autem  in  illa  ùrbe  quindecim  millia  bellatorum,  Poft 
gravem  oppugnationem  bis  legibus  deditionem  faciunt  Curones.  Primo  qui- 
dsm  quicejuid/ex  fpoliis  Danorum  j  prœterito  anno,  in  auro  &  armis  acquijtvi- 
mus  ,  vobis  pro  muncre  fœderis  damus.  Deinde  pro  mioquoque  hominum  in  bac 
urbe  conjlitutorum  dimidiam  libram  argent i  offaimus;  (3  infuper  cenfum,  qttem 
antea  Joleb'amus  vobis  dare ,  perfolvemus ,  Î3 ,  datis  obfidibus,  adbinc  fubjecli  (3 
obaudientes ,  ftcuti  antea  ftàmus ,  veftro  imperio  effe  volumus.  Hucufque  Rim- 
bertus.  Confirmât  hax  Adamus  ,  Bremenfis  Canonicus ,  qui  circa  finem 
feculi  tmdecimi  floruit.  Sed  (3  alia  interius  funt  infulaèj  inquir,  quœfuhjfc' 
cm  Sueonum  imperio,  qu.aru.rn  maxima  efl  illa,  quœ  Cmiand dicitur;  iter  o.io 

die- 


ET    RESOLUTIONS    D'ETAT.-        §0 

dierum  habens.  Hanc  infulam  invita  S.  Anfgarii  Chori  nomïnatam  credimus,  iJOï. 
quant  tune  Sucones  tributo  fubjecerunt.  Prxterea  recitatum  efl  nobis  alias  plu-  '•" 
res  infulas  ,  in  eodem  ponto  ejje  ,  quarum  una  grandis  Eflland  dicitur  ,  non 
fiiinur  illa,  de  qua  prius  dixi.  Sub  Curonia  ctiam  Livoniam  ccïrhprehenfam 
fuiflè  amplitudo  provincial,  qua:  o£to  dierum  itinere  conftitifle  dicitur,  evin- 
cit,  attendante  idem  Hartknochio  in  DifTertatione  de  republica  Curonorum, 
§.4.  Apud  Snorronem  Sturlonidem ,  natione  Iflandum,  qui  anno  1141.  in 
patrïa  iua  occifus  elr,  Ingegerdis  ad  patrem  fuum  Olaum  tertium  ,  Regem 
Suionum,  cognomine  Skotkonung,  ita  loquitur:  Proinde  fi  meo  confilio  res 
agenda  foret,  ut  mifjfo  hoc,  fuaderem  quod  in  Norvegiam  competit ,  jure  ,  in  orien- 
tales regiones  arma  transferres ,  regnaque  illa  retaper  ares ,  qua  olim  prifei  tenuerant 
Sueonum  Reges,  non  ver  0  ita  pridem  Styrbernus,  cognât  us  nofler,  fubjugaverat. 
Ad  eundem  Regem  Thorgnyrus,  legifer  Uplandias,  hase  verba  facit:  Thorg- 
nyrus,  avus  meus,  fréquent i Jèrmone  recoluit  res  geftas  Erici  Eimundi,  Upfalen- 
fmm  Régis ,  quod  in  vigore  eetatis  conflit  ut  us ,  varias  expeditiones  fecerit ,  & 
quotannis  clajfibus  fuis  peregre  profeclus ,  Finlandiam ,  ÂLjloniam ,  Careliam  , 
Curlandiamque  ac  qua  latte  in  orientent  regiones  patent,  in  polejiatcm  fuam  rede- 
gerit  :  cujus  virtutis  praclara  ad  hue  ex  fiant  monument  a ,  caflella,  arcefque  eximii 
operis.  Part.  7.  cap.  81.  Petrus  Bertius  inCommentariis  rerum  Germanie  : 
lib.  I.  cap.  2,4.  Caterum  finus  Venedicus  cum  magna  parte  mcditerrancce  regionis 
qua:  hodie  PrttJJîa  efl ,  nec  non  Livonia  univerfa ,  qua  olim  fuit  Gothiœ  orienta- 
lis ,  ufque  ad  Narvam  fluvium,  qui  in  finunt  exit  Vcnedicitm  ,  hodie  militine 
l'eut  onica  par  et.  Et  fane  colonos  ijlius  provinciee  olim  fub  imperio  fuiffe  Suetico  , 
tejianlur  Abbatis  Padenfis  litera ,  quibus  fatetur  fe  anno  domini  1345.,  ferla  - 
quarta  pofl  dominicam  cantate  ,  rite  &  rationabiliter  vendidijfe  Rogon  jurts 
Suetici  injulam.  Et  profecto  ita  efle  lingua  Suedica,  qua  non  tantum  infula- 
res  in  Dagho,  Ormib,  Nuko,  Vrango  ,  Rogo  utraque,  Runo,  inque  ple- 
riique  locis,  verum  &  maritimi  in  continenti  efle  utuntur,  arguit;  hofque 
confiât  reliquias  coloniarum,  qua;  prilcis  temporibus  ,  cum  ante  Germano- 
rum  Danorumque  irruptiones  hx.  provincix  Regno  Suecia;  tributarise  fuif- 
fent  hue  traduéfre  funt.  Quod  longe  pluribus  teitimoniis  in  pceuliari  trae- 
tatu ,  ue  antiquo  Suionum  in  Livonia  imperio ,  demonitrabitur. 

A  Utor  anonymus,  qui  tamen  putatur  fuifle  Bermannus  Helderungus,  in  Lit.(L.) 
-L  -k.  Annalibus  Livonicis  ad  annum  npo.  hanc  rem  ita  riarât  :  Jâm  tune 
idem  Epifeopus  Meinardus  cum  Duce  Suetïie ,  feutonicis  £5?  Goihis ,  Curor.es  Lel- 
loadierat:  Sed  timpeflate  depulfi ,  Vironiam,  jEfiori:<£  provinciam  applicant ,  & 
triduo  terrant  vaflant.  Sed  dura  Virones  de  fide  recipienda  traelarent ,  Dux ,  ac- 
cepta polius  tributo,  ab  eis  velafv.flollens,  divertît  in  molefliam  Teutonicorum. 


I 


Dem  ad  annum  1200.  expeditionem  Johannis,  Régis  Sueciae,  qux  Viciam  Lit  (M.-) 
occupavit,  rerert. 

Iplomate  Caroli  Quinti  Bruxellis  15-5-3.  ^-  37-  Ji-inii ,  dato,  cui  aurea  bul-  Lit,  fN.) 
la  appenia,  jubentur  Livoni,  cum periculum  ex  armis  Mojcovilic'u,  Jicut 

vit- 


Îf6     MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

1701.  met  us  erat ,  ingrueret,  Régis  Succiœ ',  ut  intcr  illos,  qui  bus  progreffus  Mofcovita- 
"  rum  quant  maxime  fufpeclus  efje  dcbebaî ,  auxilium  tutelamque  impiorare.     Alte- 

ris  item  litens  iffo".,  Gandavi  (criptis ,  Livonia;  tuteîa  Rcgibus  regnoque 
Suecia;  defertur.  Fcrdinandus  Gœiar ,  miffis  ad  Guitavum  Regem  lirais 
Viennas  iffS.  die  zf .  Julii  leriptis,  prolixe  ci  Magiitrum  equitum,  Furftcn- 
bergium  ,  6c  oppretîam  Livoniam  ,  commendat.  Addi  his  potelt  conventio 
Caiarrm  Maximilianum  inter  6c  Johaonem  Regem  in  membranis  perferipta  : 
item  varia;  illius  ad  hune  litera:  pro  Rigenfium  iubfidio  ,  ut  if7f.  die  20. 
OcTrobris,  6c  157p.  die  30.  Octobris. 

Lit.  (O.)  "KJOs  infra  feripti  fercniflfimi  pot  enti filmique  Principis  ac  domini ,   Erici  deci' 
mi  quart i  ,   Suecorum  ,   Gotborum ,  atque  Vandalorum  Régis  ,    domini  no- 
ftri  clementijfimi ,   de  putatif  plenipotentiarii  ,&  légat '/',  Claudius  Chrifiierni  in  A- 
mine  ,    Johannes    Laurent  ii  in  ïfienes  ,  -£5?  Hermannus  Brujerus  ,   confit  emur  , 
t-efiatumque  volumus ,   hijce  patentibus  a  «obis  fignatis  literts  ,  omnibus  ac  fiin- 
gulis ,  cujufcunqiie  dignitatis,  conditionis  aut  fiât  us  ,  quibus  eœdem  infpicienda^ 
attendenda  &  légendes  occurrunt ,  aut  ojferuntur  :  Cum  regiones  Livonia  ,  dire- 
ct ionibu-s  ,   latrociuiis  ,   atque  incend'ûs  ,  abreptâ  incolarum  multitudine ,  aliifque 
calamitatibus  a  Mofco  ,  crudeli  ac  cruento  univerfi,  Chrifliani  orbis  hojie  ,  jant 
quartum  usque  annum,  graviffime  (S  miferrime  affiiila  atque  exagitata  fuerint  j 
atque  ab  eo  ufque  t  empare  batlenus ,  fi  eut  £s?  nunc ,  a  fuo  qui/que  domicilio  fu- 
gatus  ,   in  exilio  vitam  irahere  compulfus  fit,  adeo  ,  ut  loca  ifta  omiti  auxilio 
denudata  prorfus  rclicla  jacucrint  :  Jam  vero  fpeclabiles,  cou  fuit  i  X$  juris  periti 
domini ,  per quant  dilecli  amicï  mfiri ,  confules  ,  fenatorès  &  cives  urbis  Reva- 
lienfis ,  que  pr  avouant  excidium  fuunt  atque  tverfionetn  ultimam  ,  fuperius  me- 
morata  Sacra  Regïa  Majeftatis  confilium ,  folatium ,  atque  auxilium  per  deputatos 
iegatos  fuos,  fubmififilme  imploraverint  ac petierint  ;  atque  ideo  fumme  memora- 
ta  Sacra  Regia  Majeftas  mifericordia  Chrifiiana  inftintlu ,  pro  affetlu  fuo  atque 
animo  erga  ipfos  femper  benevolo ,  in  honorem  omnipotentis  Dei ,  atque  cultum  fanc- 
tijfimorum   praeceptorum   ipfius ,   ad  confervandam ,  promovendam  ,    propagan- 
damque  veram ,  falvificam ,  puram ,  £s?  incorruptam  verbi  divini  doclrinam ,  tum 
ad  avertendam  ,    qua  fubito  metuerctur ,  harum  terrarum  pejfundationem  cum 
univerfi  Chrifliani  crbis  inde  anxii  commodo  ,   non  modo  praditlis  dominis  con- 
fùlibus  ,  fenatoribus  ,   civibus ,  &?  incolis  civitatis  Revalienjis  ,  fied  etiam  toti 
huic  previncics  ,    clemcntijfiînam    y   benignijfimam  fefe  praeftiterit  ,   inprhnis 
reputans  ,    quantum  periculi  exinde  crearetur  non  modo  Sacra  Règne  JMajejlati 
atque  cœteris  Principibus  finit imis ,  verum  etiam  umvafio  Chriftianorum  c<etui  , 
/;  «rfo  Revalia ,   quippe  propugnaculcum   uniam  iftis  in   regionibus  ,    rawz   di- 
firitlibus  Harrico  ,    Wierlandico  ,    &?  Jervico  ,   ;»  ^<?/?/j  faevijfimi  potejlatem 
l'eniret ,  &?  /«£  dominio  ipfius  perftflere  cogeretur ,  <i  «{/aj  tyrannide  nondum  vin- 
dicati  funt  ;  z;^w  auUm3  quo  décent er  £?  modeftia  convenienti  Sacra  Regia  Ma- 
jeflati  domino  noflro  clementijjlmo ,  fubjicerent  je  ,  rêver  end ijjîmo  Principi  ac  demi' 
no ,  domino  Gothardo ,  Magiflro  Livonia ,  />f  r  légat  os  fuos  ojficiofijjime  in  meutem 
revocaverint ,  quammi/erey  ab  ipfo,  ut  pote  magifiratu  fuo  legitimo,  jeun  quar- 
tum ufque  annuni)  omnï  auxilio  &  fubpdio  defiitutj,  periculi '/que  exfofiu  pror* 

Jus 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.         $57 

fat  fuijfent ,    ouodque  ne  tum  quidem  firma  ac  prafens  vindicafio  aut  liber atio   1701. 

ab  ipfo    Principe  expetlanda   effet ,    infuper  dcnunciantes  ,   qua  eu?n  nccejjïtate 

cxtrema  confliclarentur  ,  pr opter  quam  ipfts  ncceffum  foret ,  quarcre  praeftdia 
a!ia  (3  levamenta  ;  eaque  ratione  Principi  ipfi  praftitum  ante  juramentum  &?  bo- 
magium  renunciari  ac  tolli  curaverint,  atque  vicifjïm  una  cum  fpeclabili  &  con- 
fît! to  Jenatu,civ\bus  atque  incolis  civitatis  Revalienfis  Sacra  Regia  Majcftati 
Suecia,  domino  nofiro  clementiffîmo ,  fefe  addixerint ,  atque  ut  fubditos  dileclos  ac 
fidos  fefe  fubmiferint  fubjecerintque  :  Ea  pr  opter  nos  ante  memorati  Sacra  Régi  a 
Majejiatis  plenam  potentiam  13  caufam  gerentes  legati  ,  Sacra  Regia  Majeftatis 
vomine,  fenatores ,  équités  omnes  (3  nobiles  diftr  ictus  Harrici,  JVterlandici  ,  £■? 
Jervici,  una  cum  fpetlabili  fenatu,  univerfo  cœtu ,  &  incolis  civitatis  Revalien- 
fis ,  pofiquam  ritejam  prafiitiffent  juramentum  obfequii  t3  fidei ,  fmgulos  atque 
omnes  ,  in  tutelam  (3  proteclionem  Sacra  Regia  Majeftatis  fufcepimus.  Idque 
fnfce  (3  vi  literarum  prafentium  quam  firmiffime ,  ac  fieri  unquam  ejufmodi  po- 
tefi,  ratum  habemus  ,  facimus  &  abfdvimus.  Sequuntur  articuli  convention 
■nis,  qua  privilégia  eorum  confirmantur.  Praterea  nos,  fapius  nominato  fena- 
tui,  nobilihis  (3  equeftri  ordini ,  Harriam  Virriam  13  Jerviam  incohntibus  , 
prom  itimus  13  ~fpondemus ,  quod  a  Sacra  Regia  Majeftate ,  domino  noftro  clemen- 
tiffîmo, (3  fenatu  regni  Suetici  plenariam  ratificationem  borum  patlorum.procura- 
revelimus  atque  ut  feuda  fua  Sacra  Regiâ  Majeftate  aut  Gubernatore ,  quampri- 
jnum  advenerit ,  accepturi  fint.  In  major em  fidem  (3  robur  bac  inter  nos  con- 
sent a,  tnanuum  noftrarum  fubfcrijtione  13  ftgillis  confirmamus.  Revalia  if6i. 
die  4.  Junii. 

-Confirmatio. 

TsJOs  Ericus  XIV.  Dei  gratiâ  ,  Suecorum ,  Gothorum ,  &  Vandalorum  Rex 
13 c.  ghiandoquidem  ditiones  Livonia  invaftonibus  ,  latrociniis  (3  exuftio- 
nibus,  depopulationibufque  a  magno  Mofcovia  Duce,  miferr.me  ac  peffîme  per  qua- 
tuor fer e  annos  vexât 'a ,  devaftata  atque  peffundata  fuerint ,  adeo,  ut  omnes  pro- 
femodum  nobiles  fuis  évacuât i  &  privât i  bonis,  in  ftatum  miferrimum  inciderint  , 
.atque  jam  poftea  équités  ac  nobiles  diftriclus  Harri,  Wierlandici ,  13  Jervici,  quos 
magnus  Dux  infuam  nondum  redegitgpoteftatem,  una  cumcivitate  Revalienfi,  in 
anguftiis  illis  atque  arumnis  fuis  dcferti  a  magiftratu  fuo ,  Magiftro  Teutonici  ordi- 
tiis  in  Livonia,  ipfius  nempe  13  aliorum  ope  privât  i,  ut  vindicaremus  ,  auxilium 
ferremus  &  liber ar émus,  implorarunt  atque  ut  in  numerum  fubditorum  noftrorum 
reciperentur ,  deftderaverunt :  idcirco  firmis  validifque  ni  tentes  rationibus,  per  com- 
-viiffarios  fpeilabiles  {3  honeftos  ,  Claudium  Chrifiierni ,  Jobannem  Laurent  ii ,  (3 
Hermannum  Brufcrum,  équités,  nobiles  atque  incolas  dijlrittus  Arrici ,  (3  Jer- 
•venfis,  eosque,  quos  in  Wirhndià  jugo  fuo  nondum  penitus  fubmifit  Mofcus,  in 
tutelam  (3  fidem  nvftram,  atque  in  fubjetlorum  noflrorum  (3  diletlorumfidorum 
numerum,  praftito  bomcgio,  referri  & '  fufcipi  juffimus :  eosque  vi  pracpmtium  ba- 
rum  literarum  patent iuw  fufcipimus,  &  promiffariis  noftris  ,  cor.jirmationemque 
•veterum  privikgiorum  (3  confuttudinum  fequenti  modo  ratibabemus.  (3c.  Nor co- 
pias die  i.  Augufti  au  no  1  f<5z. 

T'om.  I.  •  Vv  Vid. 


^r8     MEMOIRES,  NEGOCIATIONS,  TRAITEZ., 

■I7OI.   X  T 

V  Id.  Grotius  de  Jure  Bel.  6c  Pac.  lib.  3.  cap.  9.  §.  1 5. 

Lit.  (P.) 

Lit.  (Q.)  T)Iafccius  Chron.  ad  annum  i<5oo.  p.  221.  Georgius  enim  Farensbacb  ,  Caro* 
JL  lo  Duce  cum  fuis  armis  m  JEftoniam  adveniente ,  (3  Revaîiam  ac  omnia , 
quae  eo  ufque  in  poffefjione  Suctica  cenfebantur  ,  occupante  ,  cum  folum  fines 
Livoniac  Polonicae,  ne  quid  damni  a  Carolo  Duce  paterentur ,  tueri  debuif/et ,. 
in  jEJioniam  irrupit  ,  13  Caroli  copias  faepe  velitationibus  lacejjivit.  Ac  cum 
ille  ad  ipfium  mifeffet  ficifeitatum ,  cujus  juffu  ea  faceret ,  &  num  ab  ordinibus 
regni  Poloniae  paSorum  fecuritas  ,  an  hofiile  quid  expeéandum  fibi  effet ,  Fa- 
rensbacb ejus  legatum  detinuit  ,  (3  in  Poloniam  ad  Regem  mifit.  Unde  Caro- 
lus  ,  cum  refponfum  non  haberet ,  £5?  indies  Farensbacbum  fibi  graviora  mini- 
tari  fient iret ,  publico  ordinum  Poloniae  nomine  ea  fieri  ,  ac  non  ni fi  infefia  in 
fui  ditionibus  eorum  arma  exfpeclanda  fibi  arbitratus ,  priufquam  majores  copiât 
ex  Polonia  confluèrent ,  praevenire  ,  belloque  futuro  fedem  in  alieno  folo  figert 
maluit ,  moxque  ingreffus  in  Livoniam ,  Parnaviam ,  (3  plura  loca  munitiora  in- 
tercepit. 

Lir..(R.)  "V  TUéatur  Fridericus  Menius  prodrome-  Hiftor.  Livon.  §..  60.  Addatur 
V  Loccenius  Hift.  Suce.  lib.  8.  pag.  441.  Livoni  vero  prœter  faevam  fa- 
mem,  etiam,  quae  eam  comitari  folet ,  pefle  confliclati ,  bine  â  Suedis,  inde  à  Po- 
lonts  beilo  infuper  impetebantur  \  animis  mine  in  Mas,  nunc  in  bas  partes  propen- 
dentibus.  Tandem ,  arrepto  five  neceffitatis ,  five  defperationis  telo ,  quod  eorum 
facerdotes  à  Polonis  ejiciebantur,  templa  deftruebantur ,  facrorum  liber  tas  adime- 
batur ,  13  pontificia  religio  illis  attrudebatur ,  confilium  à  Polonis  defeifeendi  cepe- 
runt ,  mentibusjam  fatis  alienati  ab  eis.  Pline  Suedis  non  minus  ferme ,  quam  à 
propriis  viribus,  in  Livonia  robur,  nec  minor  fortuna  accejfit. 

Lit..[s.)  T Nduciîc  conftitutse  erant  ab  anno  161 8. die  19.  Novembris  ad  annum  16*20. 
JL  Guftavus  autem  Rigam  162,1.  in  Augufto  aggreffus  elt  Antea  tamen 
Jacobus  Delagardius  Chodcevicium  de  longioribus  induciis,  aut  pace,  mo- 
nuit,  literis  Revalix  161 9.  die  1 2.  Oétobris  i criptis  ;  &  cum  nihil  efficeret  , 
bellum  die  28  Martii  1621  iterum  denunciavit. 

Lit. (T.)  §t  1  CI  fereniffimus  Rcx  Pohniae  in  libéra  ekcJione  futuri  fuccefforis  ,  aut  pofi 
tjus  mortem ,  viaxima  pars  fenatus  itidern  in  pracdicla  libéra  eleEtione  fu- 
,  turi  Régis  Poloniae ,  aut  plenarià  ejus  inftauratione  ,  ab  extranea  quavis  poten- 
tiâ,  armatà  manu  turbaretur.,  aut  impediretur ,  atque  propterea  neceffariumjudi- 
caret ,  opem  amicorum  implorare ,  eandemque  â  fereniffimis  Regibus  expeterc,  fere- 
nifjîmus  Rex  Suecice ,  vigor.e  prafentium  Je  obligat  &  promit tit ,  f patio  quatuor 
menfium^  poft  requifitioncm  faclam^  mittere  in  Poloniam  exercitum  ,  fex  milliura 
cquitum,  13  fex  millium  peditum,  ad  Polonorum  optionan,  cum  convenientibtts 
tir  mentis,  (3  necefj'ariis  requifitis  bellicis,  fub  proprio  generali,  qui,  fatlà  cum 
fereniffimi  Régis,  aut  pofi  ejus  decefjum,  cum  reipublicte  Polonia  cepiis  conjunclio- 
nty  expeditionsm  cum  ils  fimul ',  contra  que meunque  invaforem,  copiarum  auxilia- 

rium 


ET    RESOLUTIONS    D'ETAT.  $f9 

Ham  tîtulq,  eum  in  modum  fufcipiet ,  prout  ratione  loci  13  circumfiantiarum  cum   1701. 
Polonis  convenietur.  ■- 

VId.  Chytrasi  Chronicon  ad  annum  ïf8z.  &  fêquentes.  Neugebaur.    Hift.  Lit.  (U.j 
Pol.  lib.  10.     Sed  inprimis  Laurentius  Mullerus,  qui  Duci  Cuflandiîc 
ab  epiftolis  erat ,  in  vita  Srephani  Régis  Poloni }  item  Oratio  Johannis  Tifen- 
hulii  ad  ordines  Livoniœ  ôc.Rigenfes,  Anno  1601 ,  habita. 

ARticulus  ottavus  pa&i  inter  Sigifmundum  Auguflum,  Regem  Polonix  ,  Lit  (V.) 
&Ketlemm,  polka  Ducem  Curlandias  :  Primum,  13  ante  omnia,  ar- 
cem  (3  civitatem  Rigenjem ,  cum  omni,  quod  in  eâ  antiquitus  obtïnuit  in  re,  do- 
mïnio  ,  &  proprietate,  meroque  &?  mixto  imperio,  apud  imperatores  Romanos  ob- 
tento,  de  quo  nobis  illtifiritas  ejus  condefcendit ,  illudque  nobis  reftgnavit ,  prout 
praefentibus  refigvaî',  ce  dit ,  0  condefcendit ,  ab  bomagio,  quo  civitas  il  la  Ri- 
genfis  illufiritati  fua  tenebatur,  abfolvit ,  abfohereque  &?  renunciare  coram  légats 
■in  civitatem  Rigenfem,  per  nos  ablegando  publiée,  tum  &  patentibus  literis  fuis  ; 
itiam  fi  civitas  illa  ei  rei  adverfari  velit ,  aut  quomodo  reclamet ,  (3  ab  ipfo  bo- 
magio liber osjacere  ;  nec  non  omnia  diplomata,  ab  Imper at or ibus  Romanis  fuper 
e'a  re  obtento,  nobis  trader e  tenebitur. 

L Itéras  refponforia;  Caroli  XL,  Régis  Sueciae,  ad  Regem  Polonia;,  die  Lit.(X.j 
ip.Julii  1682.  Reddita  nob.s  Çunt  Màjejlatis  Vefira  litera,  JVarfaviae 
data  ,  die  6.  me n fis  Maji,  anni  proxime  praterlapfi,  quibus  defiderat  Majef- 
tas  Vefira  noftram  percipere  mentem,  fuper  infiituenda  limitatione  Suetica  Poloni- 
taque  Livonia  ex  paclis  Olivenfibus  débita.  Equidem  bujus  negotii  quam  non  fue- 
rimus  immemores ,  quamque  fubinde  ad  Màjejlatis  Vefira  praedecifionem  tempori- 
bus  praeterlapfis ,  per  noftros  qui  ad  aulam  Polonicam  mifii  fuerant  ,  mini- 
ères ,  de  perficiendo  eo  injecta  fuerit  mentio  ,  Majeftati  Vefira  compertum  non 
dubitamus,  ortà  nec  aliunde  dilatione ,  quam  quod  Polonia  inter  bella  vel  tur- 
bas  difiricla ,  parum  opportuna  vif  a  -fuit  dicli  negotii  commemoratio.  Caterum 
tum  propenfi  omnino  fimus,  ad  quaevis  ea,  quae  vel  paclorum  fides,  vel  firman- 
dae  nos  inter  13  Majejlatem  Veftram  amicitia  exgigit  ratio ,  requifitioni  Majef- 
tatis  Vefira,  circa  negocium  indigitatum,  non  defuturi,  mandavimus  nofiro  fie- 
tiatori,  per  Livonïam  gubernatori  gênerait,  ac  campi  marefcballo,  domino  Cbri- 
ftierno  Horn,  ut  quamprimum  intellexerit  â  parte  Poloniae  ad  id  obeundum  no 
gotium  conflit  ut  os  efie  commijfarios ,  13  ipfe  deligat  viros  idoneos,  qui  de  prae- 
liminaribus  ,  caeterifque  préparât oriis  ad  futur am,  limilationis  complanationem 
necefiariis  ,  mutua  conventione  fungantur ,  cum  cenfeamus  non  alibi  quam  in  la- 
cis finit imis  id  aeque  commode  fieri  poffe  ,  quod  rerum  indoles  poflulare  videbi- 
tur.  De  caetero  Majefiati  Vefira  profper os  rerum  fuccejfus  amicijfimo  affeclu  pre- 
camur  (3c. 

C  A  R  O  L  U  S. 

Vv  1  Cou- 


55o     MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRATTEZ, 

ITOI. 

' •       Conventio  Lcgatorum  Ducis  Curlandise., .  Chriftophori  Firks  8c  Cafpavi 

Lit. (Y)  Drelingi,  cum  Axclio  Oxenitierna die  7.  Junii ,  Anno  1630. 

§.  1.  TSjOva  Manda,  vî  Prutenicorum patlwum,  £s?  prcefentis  conventions,  ha- 
1  bebit  ac  rètinêbit  hvc  fexcnnalium  induciarum  tcmpore  ,  quidquid  intra 
Bulderaviam  flavium  &  falfum  mare  concluait ur  ,  eundo  h  Nova  Munda  in 
Dunam  ,  pcr  eandem  in  Buldcraviam  ,  eamque  adfcendendo  ufque  ad  fluvium 
Schlokenbdk  ,  ubi  munitio  praefidiaria  five  propugnaculum  cum  molendïno  fuit , 
cum  utriufque  ripae  fluvii  idius  ufu ,  hinc  afcendendo  ufque  ad  extremos  terminos , 
quibus  pagus  Clavern  à  caeteris  pagis  praefeclurae  Tuckheimcn  fecernitur,  eofqus 
fines  ulterius  fequendo  in  ipfum  Oceanum  ufque  y.  quidquid  horum  terminorum  am- 
bitu  concluditur ,  Novae  Mundae  cohœrebit.  §.  z.  Similiter  Spilva,  ut  in  pofj'cf- 
fione  Sacra  Regia  Majeflatis  Suecia  hatlemts  fuit ,  fie  Rigam  ulterius  fequatur. 
§.  3.  Praefetlura  Dalen/is  juxta  terminos,  cum  omnibus  &  fingulis  ,  quae  eo- 
rum  ambitu  continentur,  obftdcula  quoque  Salmonum,  nec  non  bona  nobilis  £5? 
fpeclabilis  quondam  Johannis  Friderici  ,  proconfulis  Rigenfis  ,  ad  praefetluram 
Baldunenfem  fpetlantia,  hatlenus  fub  poteflate  Sacra  Regia  Majeflatis  Sueciae 
poffeffa,  una  cum  terris,  quae  intra  illa  bona  funt,  nunc  quoque  in  manu  l§_  po° 
tefiate  ejus  permanebunt. 

Lit.  (Z.)  T)A6ta  Stumfdorfienfium  induciarum  Anno  163 f.,  §•  6.  In  Livonia  utra-- 
X.  que  pars ,  ut  prateritis  fexennalibus  induciis  pojfedit ,  ita  hifee  quoque  poffi- 
deat.  Inftmmentum  pacis  Olivenfis  §.  4.  Sereniffimus  Rex  &  fiatus  ordinef- 
(jue  regni  Polonia ,  magnique  ducat  us  Lithuania ,  à  modo  &  in  perpetuum  cedunt  vi 
'  bujus  pacificatlonis  fereniffimo  Régi  Suecia,  ej ufque  fuccefforibus  Regibus ,  regno- 
que  Suecia,  omnem  iliam  Livoniam  Tranfdunana-m  ,  quam  Suecia  hatlenus  per 
tempus  induciarum  tenait  &?  pojfedit,  ut  £s?  partes  Cifdunanas  omnes,  &f  infulam 
Runen  in  mari  fitam ,  quas  per  idem  tempus  induciarum  Suecia  tenait  &  pojfedit  \ 
nec  non  quicquid  juris  Regibus  &  reipublica  Polonia  ïnEfloniam  &  Oefi'iam  hac~ 
tenus,  ullo  modo  competere  poterat.  jîtque  bac  quidem  omnia  &  fingula  ,  cum 
omnibus  fuis  pertinent iis  terrcflribus  ,  &  maritimis  ,  urbibus ,  arcibus,  propug- 
naculis,  bonis  6?  provent ibus ,  nec  non  jur ibus,  jurifditlionibus ,  regalibus  &  Jiï- 
perioritatibus,  tam  in  ecclcfiafticis,  quam  in  polit icis,.  nullis  penitus  exceptis,  in 
plénum  dominium  y  proprictatem  Regum  regnique  Sueciae  tranferunt  ;  ordinefquv 
&  fubditos  in  illa  Livonia  ej/ffque  recenfitis  pari  ibus,  omni  erga  Regem  &?  rempli' 
ilicam  Polonam  obedientiae  vinculo  &  fidelitatis  facramentv  exfolvunt,  nibil  un- 
quam  in  eos  ad  diclam  Livoniam  ejufqtte  pertinentias  pofihàc  praetenfuri. 


Lit. 
(Aa.) 


/[A-dgni  ducatus  Litbuania  illufiribus  generofifque  fénatoribus ,  ut  &  iis  qui 
publias  in  eodern  ducatu  muneribus  ,  dignitatibufque  funguntur  &c.  nec 
non  harum  terrarum  incolis  cujufcunque  dgnation'n  &  eminentia , in  univerjum  ont' 
tiibus,  Ego  I lier ony mus  Crijpinus  Kirftcnfieinius  praefati  magni  ducatus  hypotbe~ 
faurarius  magnus  ,  nutariufque  perilluflris  ,  pramiffo  officiorum  devote  fraterno- 
rum  voto ,  mtum  tefiatumque  facio,  quod  bis  ipfis  eleclïonis  comitiis  per  illufi. 


ET    RESOLUTIGNSD'ETAT.  361 

nuncium  Provincialem  a  ferenijf.  atque  invicliffima  Regia  Majefle  Suedica  ad  no-  1 70  r . 
firam  rempublicam  quaedam  allata  fit  querela ,  quafi  f cédera  (3  pacla  Olivenjia  ,         _'_ 
jura  item  &  confuetudines  atque  inftituta  vetera  efj'cnt  a  nobis  parum  religiofe  fer- 
•vata  ;  ea  pacla  fcilicet ,  qua  ad  negociantium  rationes  pertineant ,  £5?  mercium 
terras  aquafque  nojlras  pertranfeuntium.     ghieruntur  eninl  veStigalia  à  fe  non  fo- 
lum  per  magni  ducatus  Lithuania  publicanos ,  verum  etiam  per  nonnulios  alias  or- 
dinis  equcftris  nullo  jure  ,.  fed  eo  du  fit  axât  colore  exigi,  quafi  Dzuino  aliifque  flu- 
minibus  nova  quadarn,  &  ante  bac  inufiîata  port  or  ia  impofita  fint.     Quocirca 
partium  eJJ'e  mearum  duxi  ejufmodi  conficlas  extorfones  ,   non  modo  non  neceffa- 
rias ,  fed  etiam  cum  violatione  aima  pacis ,  paclis  Olivae  fancita ,  conjunclas  de- 
bortari.     Vosïtaque,  viri  illuftres,  f rater  ne  etiam  atque  etiam  rogo,  aucloritate- 
que  officii  moneo ,  hort orque ,  ut  ab  id  genus  exacliontbus ,  in  quas  profits  nobis  ni- 
hil  compctit  juris ,  defiftatis.    Enimvero  non  lubens  vidèrent,  hanc  eandem  quere- 
lam,  ab  iis,  qui  injuria  affecli  funt '.,  ad  Sacra  Regia  Majejlatis  &  univerfae 
reipublica  tribunal  devolutam,  per  mandata  ejufdem  atque  réfcripta  fublatum  iri , 
atque  decifum.     Univerfos  item  magni  bujus  ducatus  exaclores  vecligalium  ejufdem 
mei  offici  aticleritate  commor.co, atque  cobortor,  ne  quidfupra  id,  quod  ejl  tranjac- 
tione  prafentis  eleclionis ,  inflitutifque  antiquis  determinatum ,  ab  ullo  mercatore  , 
ejufdemque  mercibus  ,  datis  acceptifque  liberi  ab  uno  telonio  ad  alterum  tranjitus 
literis  ,  iterum  pofluletur  capiaturque.     Adminiftratoribus  igitur  £5?  exacloribus 
vecligalium  adprime  diligens  eflo  cura ,  ne  quidqnam  cuiquam  imponatur  ultra  id ', 
quod  olim  in  antiquis  fcriptura  tabulis,  circa  modum  vecligalium  y  eorum  praci- 
pue,  qua  regia  nunc  menfa  fuftentanda  dejlinata  funt,  définit  um   ejl.     7'ametji 
bac  pofteriora  vetligqlia  tempore  non  uno  eodemquc  ,    ac  reliqua  conftituta  fmf. 
Perinde  etiam  volo  mer catorum  judicio  relinquantur  ,  arbitr  toque  ,  quantum  hoc 
tiomine  folvere  velint.     Ita  ut  nec  hoc,  nec  alio  quovis ■  pratextu  quidquam  ipfis 
exïorquere  fas  fit ,  nec  imb  ipfos  in  injlituto  itinere ,  curfuque  impedire:  verum 
folutione  plena  in  uno  telonio  rite  facla  ,  in  altero  fine  ulla  vexatione  moleflia- 
ve  prorfus  liber  pateat  tranfttus.     £>uod  omne  fancio  fub  fevera  ex  decifione  offi- 
cii met,  ad  cujusvis  relatïonem ,  fecundum  jus  pœna.     Dat.  iVarfavta die-  14. 
'raenf.Julii.   1699. 

Hieronymus  Ciïfpinus  Kirftenfteinius  Mag.  Ducat: 
Litkuania  Hypothefaurartus.- 

UniveHale  Régis  Poloniie  concernera  onera  veûigalium. 

MIchael  Dei 'gratta.  &c.  omnibus  ac  fingulis  cujufcunque  flatus  vel  con- 
ditionis,clericis  aque  ac  fecularibus ,  regiomtm&  provinciarum  noftrarum 
magni  ducatus  Lithuania  incolis,  praecipuc  epi/copis ,  praefidibus ,  cajlellanis  ,digni- 
tariis,  judicibus ,  provincialibus ,  prafe&is,  officialibufque  territoriorum  &  arcium 
provinciarum  noftrarum ,  Pohkmf 's ,  Witebskenf  s ,  Mifciflavienfis ,ut  &  diftriblus 
Braclavui  &Orfzanici,  caeterarumque  diîionum  ad  Dunam ,  notum  hifcefaci- 
spus,quod  teml  are  eleclionis  felids  nofra  à  fereniffimo  Rege  atque  incluio  regnoSue- 

Vv  3  f/> 


jUz      MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ,' 

1701.  eue  hue  miffus  légat  us  prœpotens  ,  C'andius  Tott  ,  cornes  in  Carleburg,  baro  in 
*  Sundby ,  dominas  in  Ekolfund  &  Lebala ,  fenaîor  corona  Sueticae ,  campi  mare- 

fchallus  &?  generaiis  Livoniae  gubernaior ,  nomme  Régis  &  coronae  Sueciae ,  co- 
1  ram  fenatoribus  atque  officialibus  nojiris  coronae  Polonïae  &  magni  ducatus  Li- 
tbuaniae  eo  t  empote  ad  conferendum  cum  ipfo  députât  is  ,  non  fine  querelà  detulerit, 
quofdam  fubditorum  in  provinciis  noflris  ,  contra  quam  conventum  efl  articulo  ic. 
Olivenfis  patli)  atque  Anno  1661.  à  republica  intégra  confirmati  fœderis  pacis  , 
impofuijfe  recentia  &  inufîtata  vetligalia  ,  mercatorefque  Succicos  13  Rigenfes , 
ad  fluvium  Dunam ,  alibique  in  regionibus  campeflribus ,  variis  iniquis  exatliom- 
bus  atque  exagitationibus  vexaffe.  Id  quod  jam  iterum,  puft  coronationem  feli- 
cijjîme  pcrablam ,  ab  eodem  fereniffimo  Rege^  regnoqne  Suecï<e  delcgatus^  chiliar* 
cha  equeflris  ,  Cafolus  Arendorfius ,  primum  coram  nobis  ipfis  ,-  atque  dein- 
ceps  pariter  coranî  fenatoribus  atque  officialibus  tam  coron<e  quam  magni  du~ 
catus  Lithuanits ,  ad  colloquium  cum  ipfo  denominatis,  repetiit.  Çjhtandoquidem 
igitur  patla  nos  inter  &f  vicinos  fœderibufque  juntlos  imper antes  exailifjïme  atque 
firmifjïme  euflodienda  merito  judicamus:  proinde  ferio  loi  [ce  adhortamur  omnes  ac 
Jingulos  fubditos  atque  incolas  magni  ducatus  Lithuanix ,  cujufcunque  conditionis  , 
eos  inprimis,  quorum  feire  ea  inter -efl ,  ut  à  republica  confirmât  a  patla  Olivenfia 
rite  obfervent  ^  a  privât i s  ejufmodi  vecligalibus ,  aliifque  vexationibns  iniquis  ab- 
flineant ,  iifque  Suecicos  ac  Rigenfes  mercatores  ulterius  ne  graventur.  Cum  vero 
etiam  publiçani  a  parte  noftrâ  ,  ubi  noflri  rcipublicœque  ergo  vetligalia  exigun- 
}îtr9  ut  relatum  efl ,  excédant  juftum  ,  atque  moleftiis  variis  affligant  mercato- 
tores  peregrinos  :  ideirco  hifee  pariter  requirimus  à  thefaurario  Lithuaniae ,  ut 
officialibus  fuis  graviffime  injungat ,  ne  minimum  quicquam  ,  ultra  quam  prae- 
feripturn  efl  ,  oncris  mercatoribus  Suecis  aut  Rigenfibus  imponant ,  &  fi  quid 
iniqui  admififfe  deprehendefint ,  eos  abfque  morâ  jufte  coerceant  &c.  Cracoviœ 
die  30.  Novembris  1669. 

MICHAEL    R  E  X. 

(L.  S.) 

L;t<         Ex  memoriali  Libelle  Suecici  Miniftri  ,    Nicolai  Tungel ,  ad  Regem 
f;Bb)  Polonix  Johannem  Cafimh'um ,  i66f.  die  ip.  Decembris. 

§.2.  Ç/quidem  commercia  débit 0  modo  per  Livoniam  florere  non  poffunt ,  »//?, 
*"  abrogata  viliori  mortetâ,  melior  in  ejus  lociim  fubftituatur  ,  nec  fufficit  in 
Livonia  hoc  prwfiare ,  mfi  etiam  in  Lithuania^  cum  qua  pnecipua  ipfis  fint  corn. 
rnercia^  idem  fiât  :  defiderat  proinde  Sacra  Regia  Majeftas  feire,  an  non  placeat 
Majtflati  Veftra  £s?  or  di  ni  bus  magni  ducatus  Lithuania  confdia  cum  Sacra  Majcf- 
tate  communicare  pro  determinanda  aliqua  fpecie  melior  is  monetœ ,  ejufdem  fortis  ac 
valons  tam  in  Livonia ,  quam  in  Lithuania ,  poflhac  cudenda.  Hoc  patio  mag- 
na incommoda  &?  mala,  non  minus  Litbuaniam,  quam  Livoniam,  nunc  aban- 
de  prementia ,  opt'me  poffe  exflirpari ,  ac  commercia  débit 0  vigori  reflitui ,  nullum 
efl  dubium. 

Ex 


ET    RESOLUTIONS    D'ETAT,         #f$ 

Ex  mémorial!  Libello  Caroli  Arenfdorfîi  ad  Michaelem ,  Regem  Polonia: ,     T70î  ' 
Cracovia:  166p.  die  2,.  Novemb. 


D' 


|£  re  vero  monetaria  ,  abfque  quâ  commercia  ne  injlitm  qu'idem  hoc  tempo- 
re  nedum  florere  poffmt ,  omnino  defpiciendum  erit ,  ut  conveniens  ali- 
qnod  adinveniatur  médium ,  quo  tam  falubre  negotitim  poterit  promoveri.  Ne- 
que  hic  repetere  opus  eft  ,  quantum  toti  Polonia  damnum  ,  detrimentumque 
prafins  pecunia  adferat  ;  illud  faltem  nunc  urgetur  ,  ut  fecundum  priora  promif- 
fa  domino  legato  Totio  faila,  tum  Suecica  moneta  in  regno  Polonia,  &'  mag- 
no  ducat  11  Lithuania  ,  quant  Polonica  moneta  in  provinciis  Sueticis ,  fecundum 
valorem  &  pretium  fuum  utenda  recipiatur,  nec  minus  integrttm  fiLSuetica  na- 
tioni ,  qtiam  aliis  Regno  Polonia  vicinis  gentibus  Polonica  pecunia  ,  pro  mer- 
cibus  Puloiiorum  13  Lithuanorum  ,  uti.  Tolli  ergo  necejfum  ejl  omnia  décréta, 
in  contrarium  data ,  quibus  ejufmodi  ufus  (3  exercitium  menetae  Polonicae  Sue- 
ticis  fubditis  provinciifque  in  redimcndis  mer  cibus  hue  ufque  prohibition  efl.  Nam 
frujlra  alias  erit  fecundum  tenorem  pailorum  Qlivenfium  commercia  jubere  effe  libé- 
ra, &  ufum  moneta ,  quâextrcentur,  inter  dicere.  Neque  ita  difficulter  proceffu- 
rum  ejl  hoc ,  circa  monetam ,  negoiium ,  fi  ad  média  £?  rationes  a  parte  Sueciae 
monflratas  13  oblatas  intimius  placeat  attendere ,  &  adinvenietur  fors  expeditior 
adhuc  via,  fi  conftlia  fuper  hac  re  porro  communicare  lubet ,  quoà  equidem  fpero, 
ut  cum  illujlriffimis  dominis  députât is  de  hifee  juribus  conferre  pojfim. 

Pa&um  i6if.  inter  Suecos  ôc  Ducem  Curlandias.  Lir: 

(Cc.v 

§.  6.  jTOmmercia  tam  fubditis  Sacra  Regia  Majefiatis,  regnique  Suecia  nomina- 
tint  Rigenfibus ,  quant  fubditis  Régis  ngnique  Polonia  (3  magni  àucatus 
Lithuania ,  cum  Curlandis  libéra  (3  conceffa  fint ,  itinera  quoque  peregrinanti- 
bus,  viatoribus ,  mercatoribus ,  13  veredariis  utriufque  partis,  ufque  ipfam  civita- 
tem  Rigcnfem,  13  a  civitate  ufque  in  f3  per  ipfam  Curlandiam ,  (3  Semgalliam, 
.diacefimque  Piltenfem  patemt.  Sique  contigerit  ullos  gaitis  utriufque  in  Curlan- 
dia,  Semgallia  (3  Piltenfis  terri toriis  fibï  obviât e ,  pacate  inter  fe  Mi  &  tran- 
quille agant ,  ne  c  fas  fit  fié  pana  fupplicïi  vel  ad  arma  '  venir  e ,  vel  '  mer  cibus  mit 
pecunia  equifque  negotiantes  fpoliare. 

Pa&um  inter  eofdem  1647. 

§.  f.  QOmmercia  fingulis  utriufque  Regni  Suecia  Ç3  Polenta,  magnique  ducatus 
Lithuania,  fubditis  cum  Curlandia ,  libéra  (3  conceffa  fint ,  itinera  quo- 
que peregrinantibus ,  viatoribus  13  ver-edariis-  utriufque  partis  pateant;  fi  que  con- 
tigerit ullos  gentis  utriufque  in  diclis  ducis  terr.it or iis  fibi  obviai  e,  pacale  inter  fe 
i3  tranquille  ibi  agant  nec  fas  fit  ad  arma  devenir  e ,  vel  mer  cibus  a-ut  pecunia 
■equifque  negotiantes  fpoliare. 

Rc£ 


364     MEMOIRES,  NEGOCIATIONS,  TRAITEZ^ 


l"»OL 


*''  Refponfio  Ducis  CurlandUe  ad  generalem  Livorme  gubcrnatorcm.     ^ri- 

Lit,  no  i<58f.  die  i<5.  Februaiii. 

IDA): 

pX h'tfce  quamvis  Ëxcellentia  Vcflra  intelligere  pofjît ,  injufiam  ejfe  Stenii  que- 
reiam-,  nibtlominus  fi  ille  teflimonia  adferre  potuerit,  violatum  ejfe  curforem 
regium,  jus  aquum  ei  adminiftran  lubenter  clementerque  curabimus. 


\ 


Lit.         Articulus  fecundus  pacti  Altenocnfis  inter  fereniffimum  Danire  Regem, 
(EcO  &  Ducem  Hollatias. 

VE/lituitur  fereniffimus  Dux  in  omnes  fuas  ditiones^  infulas  cîi?  bona,  in  fpecie 
in  prœdium  Gottefgabam  ,  in  fuprcmum  fuum  dominium  (  vttlgo  Souveraini- 
tât ,  )  in  regalia  jura  colleclarum,  fœderum,  fort alitior uni  exfiruendorum  &  pof- 
fidendorum,  prœtereaque  in^omnia  illa  jura ,  fublimitates,  &  émolument 'a ,  qux 
ante  £5?  pofi  pacïficationes  Wefipbalicam  &  Boréales  ufque  ad  annum  lôjf.  ha- 
biter at  &  pojjederat ,  &  quœ  Serenitati  fuœ,  vigore  pacis  Gallica  ad  Fontem-Bel~ 
îaqucum  ,  competere  poffunt  ;  qu<£  quidem  pacificationes  hoc  ipfo  denuo  confirman- 
tur^  nec  non  Serenitatis  Jute  minifiri,  quique  alias  ad'eandem  pertinent ,  in  eorum 
b/>na  &  capitalia. 

r   Lit.      f^Um  literas  Latinas   credentiales  fummi  ipjîus   Trincipis  a   domino  confilia- 
(F/.  )  rio  intima  communicatas  ad  curialia^  eâ  formula  ,   quâ  inter  coronam  Sue- 

ciae  atque  Pol'oniœ  fieri  confuevit  ,  haud  exaratas  ejfe  obfervatum  fuerit ,  in 
primis  quod  Sacra  Regiœ  Majefiati  non  pedicatum  Majeflatis ,  ut  fieri  debuit , 
•verum  Serenitatis  tantummodo  tribut um  fit  -,  ideo  mcejfarium  vifum  fuit  domi- 
no confiliario  in  antecejfum  aperire  ,  «0»  eafdem,  alias  aut  décentes  &  ad  in- 
fiitutum  confuetudinis  prifcœ  conceptas  literas  credentiales  recipi ,  ci?  refponfione 
in  bac  aulâ  impertiri  poffe.  Interea  tamen  Sacra  Regia  Majeflas  bemvo- 
Xentiam  fuam  erga  domini  confiliarii  intimi  Principalem  fummum  declarare  vo- 
lait ,  feaue  propenfam  ejfe  ad  admittendum  atque  audiendum  dominum  confilia- 
riùnt  intimum,  futur  A  Feneris  die  hora  tertia  pomeridiana ,  pallio  pullo  veftitum, 
quâ  domhmm  confiliarium  intimant  introducendi  mihi  honos  continget.  ;  Holmiœ  die  • 
c.  OU.   i6s>J. 

G.    S  P  A  R  V  E  N  F  E  L  T- 

,Lit  Ad  Statum  protocolli  Drefdae,  1700,  die  f .  Febr. 

7  J Lterîoris  declaratiçnis   ergo  ,   regio   Sue t ko   bac  in   aulâ  prafenti  miniftro , 
•  domino    bar  uni    a    Vtlling  ,    bifce  ''ïtperitur,    incboatum   arclioris   conjunc- 
fîiônis  tf?  fœderis  tratlatum  inter  Majeftatem  Majeftatem  Poloniœ  cjf  Stteciœ, 
qi'onfqne  habitis  colhc/uiis  mtituoque  datis  propofitiontbus  &  déclarai ionibus  bâcle- 
ras £>:>  dutlus  fuit y  jam  in  data  quo  manfurum  fore ,  eam  ob  caùfkm,  quod  F  gip 

Majc- 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.         %6f 

Majejîas  Galliœ  denunciaverit  fs  defiderare  ,  ut  ils  ,   quœ  ipfum  inter  &?  Re-   *70t- 
giam  Majcflatem  Polonix  pangenda  fub  manibus  funt  ,  fœderibus  ,  Rcgia  Ma-  * 

jeftas  Suecia  fimul  includatur ,  quod  Rcgia  Majeftas  Poloniœ  Eleclorque  Saxoniœ 
ufni  communi  convenientijjimum  atque  utilijjîmum  jttdicat  ;  atque  igitur  ,  cum 
delineatio  fœderis  fanciendi  ex  Galliâ  nondum  allât  a  fit ,  douée  ea  hue  perfera- 
tur ,  circa  rem  tranfigendam  tam  diu  paululum  fubfijiendum  fore  ;  qui  tamen 
traclatus ,  quamprimum  ijla  proxime  ex  Galliâ  exfpeclata  communicatio  allât;; 
fuerit ,  illico  refumi ,  atque  ad  furidamentum  &  finem  certumpoterit  deduci.  Ac- 
tion ut  fupra. 

W.  D.  V.  Beucheling. 

VId.     Examen  Caufarum  ,    quas    copiarum   Saxonicarum    dux    improvifa  Lit.  Hk, 
y  fubdolts  in  Livoniam  irruptioni  pnetexere ,  literifque  fuis  divulgare  vo- 
luit.  1700. 

Les  Affaires  de  la  Guerre  du  Nord  ,  dont  on  vient  de  faire  le  raport,  eu-» 
rent  du  relâche  pour  quelques  mois,  à  caufe  de  l'Hyver  ,  8c  du  retardement 
des  Troupes  que  le  Roi  de  Suéde  avoit  ordonné  d'être  tranfportées  de  Suéde 
en  Livonie.  On  les  reprendra  en  leur  tems,  6c  l'on  continuera  les  Négocia- 
tions avec  la  France  &  l'Efpagne,  8c  ce  qui  y  a  du  raport,  avec  d'autres  oc- 
curences. 

Sur  l'Avis  qu'on  eut  à  Verfailles  de  la  maladie  du  Comte  de  Briord ,  on  y 
réfolut  ainfî  qu'on  l'a  dit  d'envoier  à  la  Haïe  le  Comte  d'Avaux.  Ce  n'étoit 
pas  pour  l'y  faire  relier  }  mais  feulement  pour  affilier  le  premier. 

L'on  reçût  environ  ce  tems-là  un  Mémoire  que  le  Comte  de  Caftel-Barco, 
que  l'Empereur  avoit  envoie  à  Milan  ,  avoit  préfenté  au  Prince  de  Vaude- 
mont,  Gouverneur  du  Milanez.  C'étoit  pour  reclamer  ce  Duché-là,  com- 
me Fief  de  l'Empire,  dévolu  à  l'Empereur  par  la  mort  de  Charles  IL 
Roi  d'Efpagne.  Il  y  avoit  auffi  la  Reponfe  du  Prince,  8c  du  Sénat  Mi- 
lan.   Voici  ces  Pièces. 

LE  Très -Clément  Empereur  fon  Maître  lui  a  ordonné  d'expolêr  lés  M^raoi" 
ordres  précis  6c  Impériaux  au  Prince  de   Vaudemont ,   ne  doutant  Comte 

point  que  ce  Prince  ne  connohTe  bien  ,  qu'en  qualité  d'Envoyé  6c  de  de  Caf- 
„  Sujet ,  qui  n'a  d'autre  part  à  ce  qui  lui  eil  commandé  que  l'honneur  de  tel-Bar- 
„  l'exécution,  il  doit  s'en  aquiter  avec  la  plus  grande  exactitude,  vénération,  v°v  ,?ê 
„  6C  rcfpeéfc.  ■     ■  SaMaje- 

„  Qu'il  va  donc  s'efforcer  de  le  faire ,  en  lui  repréfentant  l'affection  de  l'Em-  ftéim- 
„  pereur  fon  Maire  pour  la  Maifon  du  Prince,  motif  qui  le  perfuade  qu'il  ne  Pej;ia!e> 
„  manquera  pas  de  correfpondre  de  fon  côté  avec  une  entière  fîncérité  dans  ^  p^."a* 
',,  une  occafion  fi  importante  à  ce  qui  efl  non  feulement  de  la  convenance  de  cède 
„  PAugufte  Maifon ,  mais  auffi  de  fon  propre  devoir  envers  Elle.  Vaude- 

„  Que  dans  cette  fuppofîtion  il  lui  expofe  que  toute  la  confiance  de  l'Em-  '«op1»^ 
„  pereur  fon  Maître  le  repofe  fur  la  perfonne  du  Prince  6c  fur  fa  fidélité ,  dans  membre 
„  laquelle  il  efpere  qu'il  aura  continué  dans  cette  conjoncture,  y  retenant  auf-  1703. 

'Tom.  I.  Xx  ,5  11 


r> 


•>■> 


3<S6      MEMOIRES,  NEGOCIATIONS,  TRAITEZ, 

I701-  fc  fi  tous  les  Etats  de  Milan,  Tes  Villes,  Lieux,  Terres,  6c  Provinces,  dont 
""  j>  h  Seigneurie  utile  6c  directe,  aufli  bien  que  celle  du  Marquifat  de  Final, 

„  qui  en  eft  un  Annexe,  eft  échiie  par  la  mort  du  Roi  Don  Charles  II.  à 
"  l'Empereur  fon  Maître,  6c  au  Sacré  Empire  Romain,  nonobftant  toutes  dîf- 
„  pontions  contraires,  &  tous  ordres  qui  pourraient  avoir  été  précédemment 
,,  envoyés  d'autre  part,  comme  aufli  nonobftant  tout  ferment,  par  lequel  lef- 
„  dits  Etats,  Lieux,  êc  Villes  pourroicnt  avoir  été  liez  au  Roi  d'Efpagne,  un 
„  tel  ferment  ne  pouvant  s'étendre  plus  avant. 

„  Qu'il  ne  demande  du  Prince  au  nom  de  l'Empereur  fon  Maître  qu'une 
„  chofe  fort  jufte,  fçavoir  de  ne  reconnoître  6c  de  n'obéir  qu'à  lui  feul,  com- 
„  me  premier  &  direct  Seigneur ,  jufques  à  autre  ordre  de  fa  part  :  Et  que  com- 
„  me  l'Empereur  ne  peut  croire  que  le  Prince  rcfufe  un  Aéle  d'obéïilance  qui 
„  lui  eft  dû,  de  même  il  lui  promet  non  feulement  la  confirmation  de  tous  les 
„  Emplois}  mais,  aufli  fa  très -clémente  6c  Impériale  grâce,  faveur,  8c 
„  prompte  aflîftance  j  comme  aufli  au  Pais ,  le  renouvellement  de  fes  Pri- 
„  viléges  tant  généraux,  que  particuliers,  avec  efpérance  d'en  obtenir  de  plus- 
„  grands  de  la  clémence  de  l'Empereur. 

„  Et  d'autant  que  l'accompliflèment  des  Loix  demande  que  perfonne  n'en. 
„  puifle  prétendre  caufe  d'ignorance,  6c  afin  que  qui  que  ce  foit  ne  tombe 
„  jamais  en  infraction  contre  un  commandement  fi  jufte  6c  fi  bénin  que  celui 
„  de  l'Empereur,  le  Prince  fe  contentera  que  le  fufmentionné  Comte  par  une 
3,  obligation  indifpeniable  de  fa  Commiflion,  lui  préfente  ce  Mémoire  qui  eft 
„  conçu  félon  les  formalités  convenables  au  cas  prêtent: 

Réponfe  3,  /^V-Te  Ie  Prince  a  toujours  devant  les  yeux  l'honneur  que  l'Empereur  fait 
duFrin-  „  V^  6c  a  toujours  fait  à  fa  Maifon,  6c  à  f 1  Perfonne,  aufli  bien  que  le  ref- 
Vaude-  »  Pe<^  ^  'a  vénération  qu'il  a  pour  S.  M.  L  6c  pour  toute  fon  augufte  Mai- 
mont  au  »  *on:  Qu'il  croit  ne  pouvoir  lui  donner  une  plus  grande  marque  du  défir 
Comte  3,  qu'il  a  de  mériter  fon  eftime,  qu'en  fe  conformant  à  l'obligation  qu'il  a  de 
deCaf-  ;)  fervir  le  Roi  fon  Maître  avec  la  même  fidélité,  6c  le  même  zélé  qu'il  a 
tel-Bar-  ^  marqué  pour  le  feu  Roi  fon  Seigneur  (qui  foit  en  gloire) ,  lequel  lui  a  laifle 
,,.  ordre  de  reconnoître  celui-ci  pour  fon  légitime  Succeflèur}  qu'ainfi,il  pro- 
„  telle  qu'il  le  fervira  julques  à  la  dernière  goûte  de  fon  Ging ,  gardant  Se 
„  maintenant  dans  une  due  fidélité  6c  obéïlïaace  ,  tout  ce  qu'il  lui  a  plû 
commettre  a.  fes  foins. 


cp. 


» 


•si 


AYant  repréfenté  au  Seigneur  Prince  de  Vaudemont  Gouverneur,  con- 
joinctement  avec  MrJe  Préiidcnt  du  Sénat,  tout  ce  que  Vôtre  Sei- 
gneurie Iliuftriflîme  nous  avoit  remontré  hier  au  foir  de  vive  voix  en  ma 
maifon, 6c  aïant  remis  entre  les  mains  de  Monfeisneut  le  Prince  de  Vaude- 


Amre 
Hcgpnfe 
au  Corn-  " 
le  t|e         3' 
C.'aiiel-',    „ 

li.irco,     ?J  mont  les  Papiers  que  V.  S.  I.  nous  avoit  donnez,  fans  les  avoir  ouverts,  y 

,';.     „  ajoutant  au  refte  l'inftance  faite  par  V.  S.  1.  de  fe  trouver  au  Sénat  6c  aux 

p/ancif-   »  autres  Tribunaux}  Monfeigncur  le  Prince  m'a  chargé  de  dire  à  Votre  Sei- 

coGuer-  „  gneuric  Hiuftriflime,  tant  en  fon  nom,  qu'en  celui  de  tous  les  Tribunaux  &C 

>a  Chan-  n  du  Public  de  cet  Etat, que  vu  la  teneur  defditsiJ.,piers,il  ne  peut  en  aucune 

lier"     „  manière  les  admettre, ni  y  conlentir}  qu'au  contraire,  il  fait  à  l'encontre  les 

„  plus 


53 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.  567 

„  plus  amples  Se  folemncllcs  Proteftations,  pour  les  raifbns  contenues  dans  la  1701. 

„  Réponle  donnée  à  V.  S.  I.  par  Monfcigneur  le  Prince,  Se  qui  eft  ci-jointe,  

„  à  laquelle  il  fe  raporte  de  nouveau  en  tout  Se  par  tout ,  Se  s'y  conforme  j 
„  Elperant  que  Sa  Majefté  Impériale,  félon  fa  clémence  &  fa  bénignité,  ju- 
„  ftifiera  Elle-même  les  expreffions  de  Monfeigneur  le  Prince  par  l'inditpenfa- 
„  ble  obligation  où  il  fe  trouve. 


L'on  reçût  auflî  la  Copie  de  deux  Proteftations  faites  par  le  Comte  d'Har- 
rach  Ambafîàdeur  de  l'Empereur  à  Madrid  contre  la  Diipofîtion  du  Tcfta- 
ment  de  Charles  II.  Elles  étoient  en  Efpagnol ,  dont  voici  la  Tra- 
duccion. 

„  T   E  Comte  Louïs  de  Harrach ,  Ambafîàdeur  du  Seigneur  Empereur,  aïant  Copie 
„   I—*  vu  la-Copie  des  Clauiès  du  Teltament,  qu'avoit  fait  le  Roi  Charles  pe  la,, 
„  II.  de  glorieufe  Mémoire,  touchant  la  Succeflîon  à  tous  fes  Roïaumes  Se  tiondu" 
.,,  Seigneuries,  Se  qu'il  avoit  nommé  pour  fon Héritier  Univerftl  en  iceux,en  Comte 
„  premier  lieu  le  Seigneur  Duc  d'Anjou  fécond  Fils  du  Seigneur  Dauphin  ,  deHar- 
5,  en  fécond  lieu  le  Seigneur  Duc  de  Berri ,  troilîéme  Fils  du  même  ;  en  troi-  ^  V  $ 
},  fîéme  lieu  le  Seigneur  Archiduc  Charles  II.  Fils  de  Sa  Majefté  Impe-  l'Empe- 
„  riale,Se  en  quatrième  lieu  Seigneur  Duc  de  Savoie,  Se  fesEnfansja  crû,  en  mu  a  la 
„  vertu  de  La  précife  obligation  du  Caractère  Se  Miniftere  qu'il  exerce  en  cet-  c?"1 de 
„  te  Cour,  de  proteiter  comme  il  fait,  au  nom  de  fon  Maître,  par  cet  Ecrit  contrôle 
„  figné  de  fa  main  ,  de  nullité  Se   invalidité  des  dites  Clauiès  de  Succeffion,  Tefta- 
„  exprimées  dans  ledit  Teltament,  Se  de  tout  ce  qui  fe  fera  en  vertu  d'icelles,  mentda 
„  comme  contraires  Se  d'un  grand  préjudice  aux  droits  juftifiez  Se  inconte-  J*01 
„  fiables,  que  Sa  Majefté  Impériale  a   fur  toute  la  Monarchie  Efpagnole,  LEHsAfi~ 
„  à  laquelle  Majefté  Impériale  il  a  donné  avis  d'une  nouveauté  fi  peu  atten-  traduite* 
„  due,  Se  attendra  fes  ordres  fur  ce  qu'il  devra  enfui  te  exécuter.     A  Madrid  del'Ef- 


•>■> 


tables,  que  Sa  Majefté  Impériale  a   fur  toute  la  Monarchie  Efpagnole,  t 
.  laquelle  Majefté  Impériale  il  a  donné  avis  d'une  nouveauté  fi  peu  atten-  tr 
lue,  Se  attendra  fes  ordres  fur  ce  qu'il  devra  enfui  te  exécuter.     A  Madrid  di 
le  6.  de  Novembre  1700.  pagnol. 

„  T   E  Comte  Louïs  de  Harrach ,  Ambafiadeur  de  Sa  Majefté  Impériale  en  Autre 
„    !_/  cette  Cour,  aïant  donné  avis  à  fadite  Majelté  Impériale  de  la  Déclara-  Protefta- 
„  tion'qu'il  avoit  donnée  par  Ecrit  le  6.  de  Novembre  de  1700.,  Proteftant  ti?n» 
„  de  nullité  Se  d'invalidité  des  claufes  du  Teftament  du  Seigneur  Roi  Char-  |ai.ceen* 
„  les  II. ,  qui  foit  en  gloire  ,-pour  avoir  choifi  pour  Héritier  Univeriel  de 
„  tous  lès  Roïaumes  Se  Seigneuries ,   en  premier  lieu  le  Seigneur  Duc  d'An- 
„  jou,.  fécond  Fils  du  Seigneur  Dauphin;  en  fécond  lieu  le  Seigneur  Duc  de 
,,  Berri,  troifiéme  Fils  du  même;    en  troiliéme  lieu  le  Seigneur  Archiduc 
„  Charles  ,   fécond  Fils  de  Sa  Majefté  Impériale  ;  Se  en  quatrième  lieu  le 
„  Seigneur  Duc  de  Savoie,  Se  fes  Fils  :  Sa  Majefté  Impériale  a  aprouvé  ladi- 
„  te  Proteftation  du  Comte  de  Harrach,  Se  lui  ordonne  precifement  de  la  réï- 
„  terer  à  fon  nom,  étant  certainement  perfuadée,que  ce  n'étoit  pas  l'intention 
„  du  feu  Roi,  ni  n'avoit-il  le  pouvoir  de  faire  une  telle  difpolition;  puis  que 
„  venant  à  mourir  fans  laiflèr  d'Enfans  légitimes,  l'entière  Monarchie  d'Efpa* 
„  gne  tomboit  à  la  Peifonne  de  Sa  Majelté  Impériale, par  la  Renonciation  de 
j,  Madame  l'Infante  Marie  Terefe  Reine  de  France  ,  jurée  Se  confirmée  à  la 

Xx  z  „  KuX 


368      MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

Ï701.  »,  Paix  des  Pircnécs,  laquelle  efl  même  corroborée  ,  Se  rendue  fermement  Se 
~"  ,,  folidemcnt  valable  par  le  Tellamcnt  du  feu  Roi  Philippe  IV.  de  glorieulë 

„  Mémoire,  lors  qu'il  deceda.  Par  où  tout  ce  qui  a  été  fait  Se  exécuté  d'u- 
„  ne  autre  manière  différente  en  ce  point ,  eit  nul  Se  de  nulle  valeur  &  ef- 
„  fet,  pour  le  notoire  préjudice,  &  grand  tort  des  droits  inconteftables  de  Sa 
„  Majeité  Impériale,  que  le  Comte  de  Harrach  referve  en  leur  entier,  dans 
„  la  meilleure  manière  Se  forme  qu'il  puifïe,  par  ledit  ordre  de  l'Empereur 
„  fon  Maître,  le  rendant  Public  par  cet  Ecrit  ligné  de  fa  main.  A  Madrid  le 
„  17.  Janvier  1701. 

L'Envoie  de  Portugal  Pacieco  fe  donna  beaucoup  de  mouvement.     H 
eut  plufîeurs  Conférences,  tant  avec  le  Confeiller -  Pensionnaire  ,  qu'avec  le 
Comte  de  Goëz  ,  tant  feparement  que  conjon&ement.     Il  ne  pût  s'empê- 
cher de  témoigner  l'inquiétude  où  l'on  étoit  en  Portugal  :  c'étoit  d'autant 
plus  qu'à  Madrid  on   avoit   écartelé   les  Armes   d'Efpagne   avec   celles  de 
Portugal,  &  même  que  le  nouveau  Roi  prenoit  le  Titre  de  Roi  de  Portu- 
gal dans  les  Patentes,  qu'il  avoit  eu  occalîon  de  f lire  expédier.     Cet  En- 
voie regardoit   cela   comme   un   prélude  de  ce  à  quoi  l'on  devoit  s'atten- 
dre.    Il  eut  auffi  une  Conférence  avec  l'Envoie  d'Angleterre  fur  le  même  fu- 
jet.     Il  le  pria  de  reprefenter  les  aprehenfions  de  fa  Cour  au  Roi  de  la  Gran- 
de-Bretagne, &  que  l'écartelure  des  Armes  d'Efpagne  avec  celles  de  Portu- 
gal fortirioit  afTez  les  craintes  où  l'on  étoit.     C'étoit  d'autant  que  la  Couron- 
ne d'Efpagne  avoit  formellement  renoncé  au  Armes  Se  au  Titre  de  Portugal , 
parle  Traité  de  1667.     L'on  n'étoit  pas  fâché  que  cette  Couronne -là  prit 
l'alarme ,  parce  qu'on  comtoit  qu'elle  pouvoit  devenir  de  quelque  utilité.  Mê- 
me, pour  l'augmenter,  on  lui  fit  voir  des  Lettres  que  l'Electeur  de  Bran- 
debourg avoit  écrites  de  Coningsberg  à  fon  Envoie  ,  pour  en  avertir  fècre- 
tement  le  Confeiller-Penfionnaire.     Elles  portoient  de  bonne  main,  que  la 
France  avoit  propofé  à  TElpagne  de  conquérir  à  fes  fraix  le  Portugal,  com- 
me plus  à  bienfeance  de  l'Eipagne  ,  pour  l'échanger  enfuite  avec  les  Païs- 
Bas  Efpagnols,  avec  les  Prétentions  fur  la  République.     Le  même  Electeur 
confirma  cette  Nouvelle  deux  ordinaires  après.     C'étoit  avec  l'Addition  que 
la  Cour  de  France  avoit  dépêché  à  Madrid  un  Commis  du  Marquis  de  Tor- 
ci  avec  de  groffes  remiiës  au  Duc  de  Harcourt,  Se  un  Prclënr  pour  le  Cardi- 
nal de  Porto-Carrero.     Il  confiltoit  en  une  Croix  enrichie  de  Diamans,  dont 
cinq  valoient  vingt  mille  Ecus  chacun.     On  ajoûtoit  que  c'étoit  en  deifein 
•    ^e  g;lgner  'a  Régence  à  confentir  à  cette  Propofition  fecrete  de  la  France 
pour  la  Conquête  du  Portugal.     L'Envoie  de  ce  dernier,  à  qui  l'on  fit  voir 
cette  féconde  Lettre  déclara  fécrétement  au  Coniëiller  -  Pcnlîonnaire ,  que  fï 
l'on  vouloit  venir  à  une  Guerre  ,  Se  foûtenir  le  Roi  fon  Maître,  il  s'y  join- 
droit,  Se  que  Ci  l'on  vouloit  lui  dire  là-deffus  un  mot  à  l'oreille,  fon.  Maître 
prendrait  les  mefures  néceflàires  pour  cela  :  qu'il  avoit  trois  mille  Chevaux, 
Se  vingt  Se  deux  mille  Homme:»  d'Infanterie  eifectifs,  qu'il  pouvoit  mettre  en 
Campagne:  qu'il  avoit  beaucoup  de  Milices  exercées,  qui  étoient  autant  de 
Miquclets:  qu'il  n'avoit  beibin  que  de  garder  les  Cotes  Maritimes}  car  par 
terre  il  étoit  Maître  des  Places,  qui  gardoient  les  Partages,  Se  qu'on  ne  pou- 
voit 


3 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.  7,69 

voit  pas  forcer.  Que  cependant  fî  l'on  ne  vouloit  pas  prendre  ce  parti:  Ton  170 r. 
Maître  feroit  obligé ,  comme  étant  le  plus  en  danger  d'être  englouti,  de  ce-——— 
der  à  là  neceflîté ,  6c  de  reconnoître  le  nouveau  Roi  d'Efpagne.  Il  ajouta, 
ue  dans  l'incertitude  des  Affaires  le  Roi  fon  Maître  avoit  bien  écrit  au  Roi 
e  France  fur  l'Avènement  à  la  Couronne  du  nouveau  Roi  d'Efpagne;  mais, 
que  cette  Lettre  étoit  en  termes  fort  équivoques  8c  ambigus.  Comme  il 
étoit  à  propos  de  tenir  fecretes  les  intentions  qu'on  pouvoit  avoir ,  l'on  fe 
tint  dans  une  grande  referve  à  fon  égard,  quoi  qu'au  fond  c'étoit  un  Mini- 
lire  bien  intentionné. 

Cependant,  le  Confeiller-Penfionnaire  manda  le  14.  de  Janvier  ces  Nou- 
velles fecretes  au  Roi  d'Angleterre.  Il  y  ajouta  auffi  une  autre  qu'on  avoit 
de  bonne  main.  C'étoit  que  le  nouveau  Roi  d'Efpagne  avoit  dit  au  pré- 
tendu Prince  de  Galles  ,  Iorfqu'il  fut  lui  fouhaiter  un  bon  Voiage,  qu'il 
emploieroit  toutes  fes  forces  pour  le  remettre  fur  le  Trône  de  fes  An- 
cêtres. 

Le  même  jour  l'Envoie  d'Angleterre  y  dépêcha  un  Mémoire  que  le  Secré- 
taire de  Holftein  Petkum  ,  lui  avoit  donné.  C'étoit  pour  offrir  au  Roi  de  la 
Grande-Bretagne  quelques  Régimens  pour  fixons  de  tems  à  un  prix  raifbnna- 
ble  &  beaucoup  moindre  que  fi  l'on  en  prenoit  de  la  Maifon  de  Lunebourg. 
Quelques  jours  après  il  fit  une  pareille  offre  aux  Etats  Généraux.  C'étoit 
fur  une  Lettre  du  Général  Bannier  de  la  part  du  Duc  de  Holftein.  On  fixoit 
même  le  nombre  de  ces  Troupes  à  fix  mille  Hommes ,  6c  ce  Général  man- 
doit  qu'il  garantiroit  que  ce  feroient  de  très  bonnes  Troupes.  De  la  part  du 
Duc  on  pouffoit  coup  fur  coup  cette  Affaire.  On  envoia  même  un  Plein-pou- 
voir au  Secrétaire  de  traiter  pour  cela.  Cet  empreffement  venoit  de  l'ombra-» 
ge  qu'on  avoit  pris  qu'on  ne  négociât  avec  le  Baron  de  Bothmar  ,  Miniftre 
de  la  Maifon  de  Lunebourg,  qui  étoit  arrivé  à  la  Haïe.  Cet  ombrage  étoit 
fondé  fur  ce  qu'on  avoit  repondu  fort  vaguement  à  l'offre  du  Secrétaire  du 
Holftein,  6c  on  apréhendoit  que  cette  Maifon-là  ne  négociât  pour  les  Trou- 
pes de  Holftein ,  de  même  qu'on  foûtenoit  à  tort  qu'elle  avoit  fait  dans  la 
Guerre  précédente,  comme  en  aïant  alors  acheté  du  Duc  de  Holftein,  ÔC  . 
les  aïant  enfuite  revendu  aux  Etats  Généraux  avec  profit.  Cette  crainte  n'é- 
toit  cependant  pas  bien  fondée  ,.  parce  que  l'on  tenoit  que  les  Négociations 
du  Baron  de  Bothmar  ne  rouloient  en  principal ,  qu'à  faire  trouver  quelque 
bon  tempérament  pour  détacher  la  Cour  de  Brunswick  -  Wolfembuttel  des 
Opofants  au  neuvième  Eleclorat.  Auiîî,  étoit-ce  pour  cela,  que  le  Général 
d'Opdam  le  tenoit  encore  à  Brunswick. 

'  Les  Etats  Généraux  aïant  eu  avis  que  Don  Bernardo  de  Quiros  ,  qui  étoit 
allé  en  Brabant,  avoit  dépêché  un  Courrier  en  France  8c  à  Madrid  pour  y 
faire  part  que  la  République  vouloit  abfolument  la  Guerre  ,  envoiérent  de- 
mander par  leur  Agent  une  Conférence  au  Comte  de  Briord  qui  fe  trouvoit 
mieux.  Comme  il  répondit  qu'il  n'étoit  pas  en  état  d'entrer  en  aucune  ma- 
tière, les  Etats  prirent  une  Réiblution  le  if.  de  Janvier,  pour  diffiper  les  in- 
finuations  de  Don  Bernardo  de  Quiros. 

Xx  3  „  Oiù 


370      MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

1701. 

OUï  le  rapôrt  des  Sieurs  Ham  &  autres  Députez  de  leurs  Hautes  Puiflan- 
ces  pour  les  Affaires  étrangères  lefquels  en  vertu  des  Refolutions  de 
LL.  HH.  PP.  du  4.  Décembre  dernier,  &  autres  de  plus  nouvelle  date, 

„  portant  coramiilîonlureux,avoient  encore  examiné  le  Mémoire  que  leSicur 
Comte  de  Briord,  AmbafTadeur  extraordinaire  de  Sa  Majefté  Très-Chrêtien- 
ne,  a  donné  à  LL.  HH.  PP.  contenant  les  raifons  qui  ont  porté  fadite 
Majefté  à  accepter  le  Teftamcnt  du  feu  Roi  d'Etfpagne  de  très  glorïeufe 
Mémoire,  comme  auffi  ce  qui  depuis  eft  parvenu  a  L.  H.  P.  fur  ce  même 
fujet  plus  amplement  mentionné  aux  aétes  dej  joars  marquez  ;  ïûf  lequel 
raport  étant  délibéré,  il  a  été  trouvé  bon  &  arrêté  qu'on  écrira  au  Sieur  de 
Heemskerc'k  Ambaftadeur  extraordinaire  de  LL.  HH.  PP.  auprès  de  Sa 
Majefté  Très-Chrêtienne,  avec  ordre  de  reprelénter  à  ladite  Majefté  de  la 
manière  la  plus  convenable  que  LL.  HH.  PP.  ont  examiné  avec  attention 
iterativement  le  contenu  du  Mémoire  fufmentionnéj  qu'elles  ont  apris  par- 
là  que  la  conservation  de  la  Paix ,  &  de  la  tranquilité  publique  a  porte  Sa 

Il  Majefté  à  accepter  ledit  Teftament}  que  Sa  Majefté  aurait  fuivi  en  cela 
l'efprit  Se  le  but  du  Traité  de  Partage  qui  n'eft  autre  que  le  maintien  du  re- 
pos public,  lequel  Sa  Majefté  croïoit  devoir  être  mieux  allure  par  cette  voye, 
que  non  pas  par  le  Traité  de  Partage.  Qu'il  leur  a  été  agréable  en  même 
tems  de  voir  que  dans  ledit  Mémoire  on  leur  donne  un  témoignage  vérita- 
ble, que  dans  les  engagements  du  Traité  leur  feule  vûë  a  été  d'aflurer  la 
tranquilité  générale,  &  qu'elles  auftl  bien  que  le  Roi  de  la  Grande-Bretagne 
ont  defiré  également  de  prévenir  la  Guerre.  Que  leurs  Hautes  PuiiTances 
peuvent  dire  en  vérité  qu'elles  ont  toujours  aimé  la  Paix  &  la  tranquilité 
générale,  dans  lefquelles  elles  font  perfuadées  que  confifte  leur  intérêt  & 
une  grande  partie  de  leur  fureté}  que  cette  Paix  &  tranquilité  générale  é- 
tant  rétablies  de  nouveau  dans  la  Chrétienté  par  les  derniers  Traitez  con- 
clus à  Ryfwick,  rien  ne  leur  a  été  plus  à  cœur  que  de  les  conferverj  qu'en 
toutes  occaiîons  elles  ont  tâché  de  donner  des  preuves  de  la  fincerité  de 
leurs  lëntimcnts  &  intentions  à  cet  égard ,  fpécialement  en  faifant  le  Trai- 
té fur  la  Succciîîon  du  feu  Roi  d'Efpagne,  dans  le  tems  que  fes  maladies  &: 
foiblefles  donnoient  des  raifons  fuffiiantes  de  craindre  pour  ia  vie,  &  d'apre- 
hender  que  l'ouverture  de  fa  Succeffion  ne  ferait  la  caufe  d'une  nouvelle 
Guerre, li  Sa  Majefté  Impériale,  &  Sa  Majefté Trcs-Chrêtienne,  vouloient 
faire  valoir  &  foutenir  par  les  aimes  chacune  fes  prétentions  ou  celles  de  fes 
Enfâns  fur  ladite  Succeiîion,  par  lequel  Traité  LL.  HH.  PP.  ont  cru  que 


3> 

Extrait 

33 

du  Regî- 

tre  des 

33 

Refolu- 

33 

tions  de 

33 

leurs 

33 

Hautes 

PuiiTan- 

33 

ces  les 

33 

Sei. 

33 

gneurs 

Ktacs 

Géné- 

33 
33 

raux  des 

33 

l'rovifi- 

33 

ces-U- 

niesdes 

3» 

Pais-Bas. 

33 

Du  Sa- 

33 

medi  15. 

33 

Janvier 

1700. 

33 

33 

33 

53 

33 

33 

33 

33 

33 

33 

* 

33 

33 

33 

33 

33 

33 

33 

33 

-V> 

,  confervation  de  la  Paix  &  du  repos  public,  tk.  de  pourvoir  à  leur  fureté} 
3,  que  leur  intérêt  git  dans  la  Paix  &  tranquilité  générale}  qu'ainfî  étant  por- 
„  tées  d'inclination  &  par  intérêt  à  la  Faix  elles  ne  peuvent  le  dipenfer  d'apre- 
„  hender  extrêmement  qu'il  n'avinne  de  nouveaux  troubles  ôt  une  nou.  elle 
„  Guerre,  voïant  d'une  part  les  mouvements  qui  lé  font  du  côté  de  Sa  Majc- 

33  *té 


"    ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.         pt 

„  fié  Impériale,  &  d'autre  part  les  grands  préparatifs  de  guerre  de  Sa  Majefté    I701- 

„  Très- Chrétienne  par  l'augmentation  de  fes  Troupes, par  leurs  mouvements,        "  ■ 

„  èc  autrement.  Que  ces  démarches  caufent  beaucoup  d'inquiétude  ici  &  ail- 

„  leurs  parmi  le  Peuple,  craignant  une  nouvelle  Guerre,  comme  auffi  que  la 

„  fureté  qu'il  a  cm  avoir  ci-devant  dans  la  Barrière  des  Païs-Bas  Efpagnols 

„  pourrait  devenir  moindre  ;  qu^  puis  que  Sa  Majefté  a  fait  témoigner  à 

„  Leurs  Hautes  Puiffances  qu'elle  n'a  d'autre  intention  que  de  conferver  &  de 

„  maintenir  la  Paix  &  le  repos  public,  &  qu'elle  voudrait  bien  contenter 

„  Leurs  Hautes  Puiffances  équitabiement  fur  leur  fureté ,  &  puis  que  L  LJ 

5,  HH.  PP.  ne  défirent  que  la  conservation  de  la  Paix  &  de  la  tranquilité 

„  générale  &  une  fureté  équitable,  èc  qu'ainfi  Leurs  Hautes  Puiffances  font 

„  d'opinion  qu'il  fera  neceflaire  &  expédient  de  conférer  enfemble  fur  la  con- 

„  fervation  de  la  Paix  &  fur  ladite  fureté  pour  fe  donner  là  -  deffus  recipro- 

„  quement  tout  le  contentement  qu'on  trouvera  neceflaire,  Se  pour  examiner 

„  quels  moïens  on  fçauroit  trouver  pour  la  confervation  Se  maintien  de  la 

„  Paix  &  tranquilité  générale ,    &  pour  affermir  ladite  fureté  ;   que  LL. 

„  H  H.  PP.  s'offrent  d'entrer  fur  ce  fujet  en  Conférence  &  en  Négotiation  par 

„  leurs  Députez  avec  le  Sieur  Comte  de  Briord ,  ou  celui  qu'il  plaira  à  Sa 

„  Majefté  d'authorifer,  &  que  dans  cette  rencontre  comme  en  toute  autre 

„  elles  tâcheront  de  faire  voir  clairement  à  Sa  Majefté  non  feulement  la  fîn- 

,,  cerité  de  leurs  fentiments,  &  leur  penchant  pour  la  Paix  &  le  repos  pu-- 

„  blic, mais  bien  particulièrement  auffi  la  grande  eftime  qu'elles  font  de  l'A- 

„  mitié  &  de  la  bonne  affection  de  Sa  Majefté  envers  leur  Republique  j  & 

„  fera  l'Extrait  de  la  prefente  Réfolution  de  Leurs  Hautes  Puiffances,  donné 

„  par  l'Agent  Rofenbooin  audit  Sr.  Comte  de  Briord  pour  fervir  d'une  nou- 

„  velle  Reponfe  audit  Mémoire. 

Ils  l'envoïerent  au  Comte  de  Briord,  qui  la  dépêcha  par  un  Exprès  en 
France.  Comme  par  les  Lettres  de  leur  Ambaffadeur  ils  avoient  vu  qu'il  n'a- 
voit  pu,  à  caufe  de  Ion  incommodité,  faire  au  Roi  de  France  les  Reprefenta- 
tions  contenues  dans  leur  Réfolution  ils  la  réitérèrent  le  Samedi  20.  du  même 
mois  de  la  teneur  fuivante. 


A  Près  délibération  ,    il  a  été  trouvé  bon   &  arrêté  d'écrire  au  Sr.  de  Extrait 
Heemskerk  Ambafîadeur  Extraordinaire  de  Leurs  Hautes  Puiflances ,  du  Régi- 
à  la  Cour  de  Sa  Majefté  le  Roi  Très-Chrétien  ,  que  LL.  HH.  PP.  ont  vu  ^eJf, 
par  la  Lettre  du  11.  de  ce  mois,  qu  il  n  avoit  reçu  que  le  jour  d  auparavant  tjpns  des 
la  Réfolution  de  LL.  HH.  PP.  du  if.  précédent}    qu'il  drefferoit  un  Mé-  Hauts  & 
moire  fur  ion  contenu,  &  qu'étant  malade  lui-même  ,  il  le  ferait  préfenter  Puiffànts 
„  par  fon  Secretaiie,  le  jour  fuivant  ;  que  LL.  HH.  PP.  n'aïant  point  enco-  J^eurs 
„  re  reçu  de  Réponie  là-defius  ,  le  tems  aïant  été  trop  court  pour  cela,  ce-  Etats 
pendant  Elles  lont  dans  une  ferme  confiance  que  comme  Elles  ont  temoi-  Génë- 
„  gné  par  ladite  Retblution  fincerement,  qu'Elles  font  entièrement  portées  "u*^rt 
„  autant  d'inclination  que  par  intérêt ,  à  la  Confervation  de  la  Paix,  èc  tran-  ces.u_" 
„  quilité  générale ,   £t  qu'Elles  ne  fouhaittent  rien  plus  ardemment  que  le  nies  des 

„  main- 


■>■> 


$7*      MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

170  î.  „  maintien  de  ladite  Paix  ,    &  tranquilité  générale  ,   avec  l'arFcrmiflèmcnt 
d'une  fureté  équitable  pour  leur  Etat,  &  qu'Elles  fe  font  offertes  d'entrer 
en  Conférence  &  en  Négotiation  fur  les  moïens  qu'on  pourrait  trouver 
pour  cet  effet  avec  le  Sr.  Comte  de  Briord,  >Ambaffadeur  Extraordinaire 
de  fadite  Majefté  Très-Chrétienne ,  ou  avec  celui  qu'il  plairoit  à  fadite  Ma- 
jefté, d'authorifer  pour  cela  j    puifque  fadite  Majefté  leur  a  fait  témoigner 
que  fon  intention  étoit  de  contenter  LL.  HH.PP.  fur  ces  points}  qu'ainfi 
„  fadite  Majefté  fera  entièrement  perfuadée  de  la  fincerité  de  leurs  intentions 
1,  fur  ce  fujet  ;  qu'entre  tems ,  LL.  HH.  PP.  aprennent  avec  un  deplaifîr  extre- 
,,  me  ,  qu'en  plufieurs  Lieux ,  6c  même  en  France  ,  on  feme  des  bruits ,  com- 
„  me  fi  Leurs  Hautes  Puiffances  vouloient  la  Guerre ,  pour  donner  par  -  là , 
„  s'il  étoit  pofhble  ,   des  impreffions  mauvaifes   8c  fauffès  de  l'intention  de 
9,  LL.-  HH.  PP.     Que  bien  qu'Elles  foient  affurées  de  n'avoir  donné  par 
,,  leur  conduite  la  moindre  occafion  à  des  tels  bruits  ,  Se  qu'Elles  font  bien 
9,  perfuadées  que  Sa  Majefté  n'y  ajoutera  point  de  foi ,    que  pourtant  pour  y 
„  obvier ,  6c  les  faire  évanouir ,  6c  pour  faire  paroître  d'autant  plus  la  finceri- 
„  té  de  leur  intention  ,   LL.  HH.  PP.  ont  refolu  de  déclarer  fur  -  abondam- 
„  ment  encore  une  fois,  qu'Elles  n'ont  rien  tant  à  cœur  que  la  Confervation 
„  de  la  Paix  6c  du  repos  Public,  qu'Elles  ne   fouhaitent  rien  plus  ardemment 
3,  que  le  maintien  de  cette  Paix  &  du  repos  Public  avec  l'aftermiffement  d'u- 
,',  ne  fureté  équitable  pour  leur  Etat ,  6c  qu'on  commence  au  plutôt  la  Né- 
„  gociation  propofée  pour  trouver  les  moïens  convenables  pour  obtenir  ce 
„  but  j  que  LL.  HH.  PP.  jugent  ladite  Négociation  d'autant  plus  necef- 
„  faire,  qu'Elles  apprennent  comme  fi  les  Troupes  de  Sa  Majefté  commence- 
„  roient  à  fe  mouvoir  fur  le  Frontières  les  plus  proches  de  celles  de  l'Etat ,  que 
des  Généraux   Se  autres  Officiers  y   viendraient  auffi  ,    &  qu'on  y  ferait 
d'autres  préparatifs  de  Guerre}  que  par  ces  raifons,  pour  confirmer  de  plus 
en  plus  la  bonne  intelligence,  6t  la  confiance  mutuelle,  rien  ne  ferait  plus 
efficace  au  fentiment  de  LL.  HH.  PP.  que  d'entamer  ladite  Négotiation; 
„  &  que  LL.  HH.  PP.  déclarent  derechef,  que  là-dedans,  comme  en  toute 
„  autre  occafion ,  Elles  feront  paroître  la  fincerité  de  leurs  intentions  unique- 
„  ment  portées  à  conferver  la  Paix ,  à  procurer  leur  fureté ,  ôc  à  même  tems 
à  fe  conferver  l'affeftion  ,  dont  Sa  Majefté  les  honore.     Que  ledit  Sieur  de 


3> 
5Î 


Sî 


}> 


5,  Heemskerck  aura  à  reprefenter  ce  que  deffus  à  fadite  Majefté  au  nom  de 
,,  LL.  HH.  PP.  de  la  manière  la  plus  convenable,  6c  qu'il  repondra  à  LL. 


51 
» 


HH.  PP.  ce  qu'il  aura  fait  là -deffus.  Qu'auffi  un  Extrait  de  la  préfente 
Réfolution  de  LL.  HH.  PP.  fera  donné  par  l'Agent  Rofenboom  audit  Sr. 
Comte  de  Briord  pour  s'en  fervir  comme  de  raifon  ècc. 


Cependant,  le  but  principal  de  la  France  étoit  de  porter  les  Etats  à 
reconnoître  le  nouveau  Roi  d'Efpagne.  De  la  part  de  celui-ci  l'on  fit  à  Ma- 
drid des  Reproches  à  leur  Envoie  ,  qui  l'étoit  auffi  de  l'Angleterre  ,  de  ce 
qu'on  tardoit  à  cette  Rcconnoiffance.  L'on  avoit  cependant  donné  par  pré- 
caution là-deffus  quelque  Inftruction  à  cet  Envoie- là.  Il  s'en  fervit  lorlque 
ces  Reproches  lui  furent  faites.   Elles  contenoient  en  fub fiance}  "  Qtie,  fui- 

„  vaut 


E  T    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.  ?75 

^  -vant  l'ordre  du  Roi  Catholique  du  4.  Janvier  ,  en  lui  faifoir  fcvoit  que  le    17c  1. 

„  Roi  rrouvoit  fort  étrange  que  les  Etats  Généraux  des  Provinces- Unies  di-   — - 

„  ferafTent  de  congratuler  &  à  reconnoitre  Sa  Majcfié,  à' laquelle  la  Succei- 
,,  iîon  à  la  Couronne  ctoit  cchûë.  „  L'Envoie  des  Etats  lui  repondit  qu'il 
emploïeroit  pour  cela  fes  offices  auprès  de  les  Maîtres.     Celui  qui  lui  fai- 
foi  t  par  ordre  ces  Plaintes,  fie  lui  parla  point  du  Roi  de  la  Grande-Bretagne  > 
mais,  l'Envoie  lui  ajouta,  „  Qu'il  pouvoit  lui  dire,  de  la  part  de  Sa  Majeilc 
„  Britannique,  le  piaiiir  qu'Elle  avoit  eu  de  la  difpofition  du  Teltament  du 
„  feu  Roi  Chari.es  IL  j  que  ladite  Ma;efié  Britannique  6c  les  Etats  Géné- 
„  raux  defiroient  de  maintenir  l'Amitié,  la  bonne  Correfpondancc ,  6c  les 
„  Alliances  qu'ils  avoient  eu  juiqu'alors  avec  la  Couronne  d'Efpagne  ,  à  quoi 
„  il  contribueroient  de  tout  leur  poffible.   ~  C'étoit  dans  l'attente  que  de  la 
„  part  de  l'Efpagnc  on  concourreroit  également  à  faire  fubfiller  les  Traitez 
„  de  Paix  entre  l'Efpagne,  l'Angleterre,  ce  la  Hollande  en  leur  force  6c  vi- 
„  gueur ,  &  de  les  rcnouveller  avec  toutes  les  claufes ,  qui  pouvoient  les  ren- 
„  dre  plus  fermes  6c  fûrs  pour  la  convenance  6c  utilité  des  fujets  refpeétifs 
„  des  trois  Puiiîances,  auffi  bien  que  pour  la  tranquillité  de  l'Europe.     Que 
„  la  plus  grande  preuve  que  PEfpagne  pouvoit  donner  de  fon  défir  de  vivre 
„  en  bonne  intelligence  avec  Sa  Majeité  Britannique  &  les  Etats  Généraux , 
„  ferait  de  faire  que  les  Païs-Bas  Efpagnols  reitaffent  toujours  unis  à  la  Gou- 
dronne d'Efpagne,  &  qu'ils  fuflent  gouvernez  par  leur  Roi,  afin  d'éviter 
„  les  occafions  de  jaloufie  6c  d'inquiétude  aux  Voiiïns.  D'ailleurs,  que  pour 
„ «prévenir  toute  forte  de  méfiance  il  conviendrait  que  les  garnifons  Hollan- 
„  doifes  qui  étoient  dans  les  Places  defdits  Pais-Bas  Efpagnols  y  refhfîènt  de  ' 
„  la  même  manière  qu'Elles  s'y  trouvoient  alors,  fous  les  ordres  de  Gouver- 
„  rieurs  Efpagnols.     Que  l'unique  but  étoit  que  ces  Pais- là  reilaflènt  fous  la 
„  Domination  d'Efpagne  de  la  même  manière,  qu'ils  avoient  été.     Que  Sa 
„  Majefté  Britannique,  6c  les  Etats  Généraux ,  tant  par  inclination  que  par 
„  leur  propre  intérêt ,  fouhaitoient  de  conferver  l'Amitié  6c  la  bonne  Cor- 
„  refpondance  avec  la  Couronne  d'Efpagne,  6c  que  pour  preuve  de  cela,   il 
„  leur  ferait'  fort  agréable  qu'on  leur  falîè  part  en  la  manière  accoutumée  de 
„  l'avènement  du  nouveau  Roi  à  la  Couronne  d'Efpagne,  6c  de  fon  arrivée 
„  à  fa  Cour  de  Madrid.     Afin  de  pouvoir  le  reconnoitre  pour  tel  Roi  d'Ef- 
„  pagne  avec  toutes  les  demonltrations  d'Amitié  6c  les  folemnitez  requifes  6c 
„  6c  convenables,  en  de  femblabks  occafions,  à  des  Alliez  fi  étroits  6c  an- 
„  ciens,  comme  étoient  le  Roi  de  la  Grande-Bretagne  6c  les  Etats  Géné- 
,,  raux  ,  dès  qu'ils  auraient  reçu  la  Notification  du  Roi  Catholique  Don 
„  Philippe  V. 

On  demanda  à  cet  Envoie  cette  Infinuation  par  écrit  avec  les  mêmes  par- 
ticularitez,  afin  de  pouvoir  la  remettre  à  ce  Roi-là  félon  l'ufage;  mais,  l'En- 
voie s'en  exeufa,  déclarant  qu'il  la  communiquoit  verbalement  ,  en  confe- 
quence  des  ordres  qu'il  en  avoit  reçu  de  Sa  Majeité  Brirannique. 

La  iubttance  de  ce  que  deffus  elt  tirée -du  Raport  en  Efpagnol ,  qu'on  fit 
au  Roi  d'Efpagne,  de 'cette  Conférence. 
.  Cette  Infinuation  ne  fut  pas  laite  allez  à  tems  pour  pouvoir  influer  à  pre^- 

Stom.  I.  Y  y  venir 


J74      MEMOIRES,  NEGOTI ATIONS,  TRAITEZ, 

1701.     venir  un  grand  fujet  de  mécontentement  aux  Etats  Généraux.     C'eft  que 

■ •    comme  la  Cour  de  Madrid  avoit  donné  des  ordres  à  tous  ceux  qui  en  dépen- 

doient,  de  fu ivre  ceux  de  Sa  Majeité  Très  -  Chrétienne ,  celle-ci  trouva  à 
propos  de  faire  entrer  dans  toutes  les  Places  des  Pais- Bas  Efpagnols  ,  où  il  y 
avoit  des  Troupes  Hollandoifes,  bon  nombre  des  fiennes.  Cela  fe  fit  avec  un 
fi  grand  fecret,  qu'on  n'en  vit  l'exécution  que  le  6.  de  Février.  Les  Gou- 
verneurs avoient  pris  pour  cela  de  telles  meiùres,  que  les  Officiers  Hollandois 
n'en  furent  avertis,  que  lors  qu'on  les  reveilla,  pour  leur  dire  cette  Introduc- 
tion. Il  eft  vrai  qu'on  le  leur  dit  avec  des  Proteitations  de  vivre  avec  les 
Troupes  Hollandoifes,  comme  avec  de  bons  Amis» 

La  première  Nouvelle  que  les  Etats  Généraux  en  eurent  venoit  du  Colo- 
nel Sickers ,  qui  la  leur  mandoit  d'Audenarde  du  fix  même.  Enfùite,  ils 
la  reçurent  de  toutes  les  autres  Places  j  &  enfin  Don  Bernardo  de  Quiros 
leur  en  dit  les  raifons  par  un  Mémoire  du  7.  tel  que  voici ,  -avec  la  Répon- 
fe  qu'on  y  fit  en  date  du  p. 


LE  foufîîgné  AmbafTadeur  Extraordinaire  d'Efpagne  a  reçu  hier  au  foir  fort 
tard  un  Exprès  de  S.  A.  E.  de  Bavière,  qui  le  charge  d'informer  VV. 


Mémoi- 
re de 

Btmar-    SS.  que  Sa  Majefté  T.  C.  lui  a  donné  part,  qu'aïant  préféré  le  Teftament  du 
do  de       feu  Roi  d'Efpagne  Charles  II.  à  l'exécution  du  Traité  de  Partage,    fa 
Quiros     principale  vûë  a  été  d'aiîurer  la  Paix,   qu'il  étok  impoffible  de  conferver  en 
Fnaor-  ^liroPej  en  fah'ant  les  mefures  prifes  avec  le  Roi  d'Angleterre  ,   &  VV.  S5. 
dinaire    Pour  *a  maintenir  ;   qu'Elle  avoit  éfperé  ,    que  les  deux  PuifTances  aïatit 
d'Efpa-    témoigné  le  deiir  de  prévenir  la  Guerre ,   entreraient  auffi  dans  les  mefures 
one-        nouvelles  ,  qu'Elle  étoit  obligé  de  prendre  pour  cet  effet  ;  que  cependant  de- 
puis l'acceptation  du  Teftament,  VV.  SS.  avoient  non  feulement  différé  de 
reconnoître  le  Roi  d'Efpagne  mon  Maître  en  cette  qualité;  mais,  même,  qu'El- 
les  emploient  toutes  fortes  de  moïens  pour  former  s'il  étoit  poiîible  des  nou- 
velles Ligues  auffi  fortes  que  la  dernière,  faite  contre  Elle  dans  la  Guerre  ter- 
minée par  le  Traité  de  Ryswick. 

Que  Sa  Majefté  T.  C.  jufques  à  ce  jour  a  attendu  tranquillement  que  VV. 
SS.  revenues  du  premier  reffentiment  ,  que  l'on  avoit  pris  foin  de  leur  infpi- 
rer,  fiflènt  des  Démarches  convenables  pour  affurer  une  Paix  folide  ,  &  de 
longue  durée,  telles  qui  convient  aux  intérêts  de  vos  Provinces. 

Que  le  Roi  T.  C.  n'a  rien  oublié  pour  engager  VV.  SS.  à  faire  des  Dé- 
marches j  que  non  feulement  il  leur  avoit  fait  donner  part  de  la  Réfolution 
qu'il  avoit  prife  avant  que  de  fe  déclarer  ;  mais  auffi ,  que  lors  qu'elle  a  été 
publique,  il  a  bien  voulu  encore  les  en  informer  par  une  de  fes  Lettres  à  la- 
quelle ion  Ambaflàdcur  avoit  joint  les  allurances  les  plus  fortes  de  l'Arfeétion 
si  o.  h. a  -A'  uir    ce        j..   j-r...  _..»trn_ :*  a~  . — ;.,^„:.  iti,,;^,. 


dans  des  nouvelles  liaifonsj  qu'on  avoit  demandé  de  la  part  à  vos  SS.  quel- 
les allurances  Elles  deiîroient  pour  l'avenir  ,  leur  promettant  de  les  leur  don- 
ner, pourvu  qu'elles  fuilênt  jullcs  6c  raifonnables  ;  que  fi  Vos  SS.  craignoient 
qu'Elle  introduite  lès  Troupes  dans  les  Places  d'Efpagne ,  Elle  s'engageoit  à 

ne 


ET    RESOLUTIONS    D'ETAT.         37$- 

ne  les  y  faire  jamais  entrer,  &  qu'elle  feroit  contente  que  la  Garde  en  fut  con-  1701. 
fiée  aux  Troupes  Efpagnoies ,  qui  feules  font  en  droit  de  les  conferver  pour  le  *  — 
Roi  mon  Maître,  qui  a  en  même  tems  donné  part  à  Vos  SS.  de  fon  avène- 
ment à  la  Couronne  ,  par  une  Lettre  que  j'ai  remife  moi-même  à  Monfr.  de 
Liere  pour  lors  Préfident  de  fëmaine.  Que  tant  d'avances  faites  dans  Ja  feule 
vûë  de  la  Paix  ont  été  inutiles;  que  la  puiffance  du  Roi  T.  C.  conuë  de  tou- 
tes parts  devoit  empêcher ,  qu'on  n'attribuât  fes  avances  à  l'embarras  de  foû- 
tenir  une  nouvelle  Guerre  ;  &  que  fi  l'on  pouvoit  douter  des  forces,  &  de 
la  modération  de  Sa  Majefté  T.  C. ,  on  croïoit  aifement  par  la  conduite 
qu'Ellc  à  tenue,  qu'Elle  craint  la  Guerre ,  &  que  Vos  SS.  au  contraire  la  re- 
gardent comme  un  avantage ,  puifque  bien  loin  de  répondre  aux  avances  fai- 
tes par  Sa  Majefté  T.  C.  Vos  SS.ne  ceffoient  de  négotier  dans  les  Cours  étran- 
gères; qu'on  ne  parle  en  Hollande,  que  de  préparatifs  de  Guerre,  d'armer 
des  Vailîeaux,  de  tenir  prêtes  de  Sommes  confidérables  d'argent,  d'augmen- 
ter les  Troupes;  que  les  Officiers  de  celles  que  Vos  SS.  ont  dans  les  Païs-Bas 
Catholique  font  actuellement  leurs  recrûtes ,  tant  dans  les  Places  que  dans  le 
Paî's  dépendant  duRoi  mon  Maître;  qu'enfin  tout  paroît  d'être  en  mouvement 
ici, que  toutes  chofes  y  paroiflent  difpofées  à  la  Guerre , dans  le  tems  même  que» 
4'Empereur  fait  marcher  fes  Troupes,  foit  pour  l'Italie,  ou  pour  le  Rhin,  ce 
qu'il  ne  feroit  pas  apparemment ,  s'il  n'étoit  pas  affûté  que  Vos  SS.  foûtien- 
dront  fes  intérêts  en  faifant  une  Diverfion  dans  les  Païs-Bas  Catholiques  en  ap- 
puïant  les  prétenfions  de  l'Emprereur  fur  quelques-unes  des  Places  de  ce  Païs- 
là,  6c  en  aidant  quelques  autres  Princes  à  s'en  emparer  auffi,  ce  qui  auroit  pu 
arriver,  fi  Sa  Majefté  T.  C.  n'apportoit  inceffamment  les  précautions  nécef- 
faires  à  la  fureté  des  Païs-Bas  Efpagnols ,  fur-tout  en  l'état  où  ils  font  pré- 
sentement, que  les  Troupes  que  Vos  SS.  ont  dans  les  Places,  y  font  beaucoup 
fupérieures  à  celles  du  Roi  mon  Maître  ;  que  Sa  Majefté  T.  C.  avoit  bien 
connu  d'abord  l'importance  de  faire  fortir  les  Troupes  Hollandoifes  ;  mais, 
perfuadée  que  Vos  SS.  defiroient  la  Paix,  Elle  a  jugé  jufques  à  préfent  que  le 
Bien  public  demandoit,  qu'Elle  le  fufpendit;  mais,  qu'enfin  il  n'y  avoit  plus 
moïen  de  laiffer  plus  long-tems  les  Troupes  dans  Places  d'un  Roi  qu'Elles  ne 
reconnoiffent  point,  &  que  d'ailleurs  Sa  Majefté  T.  C.  aïant  été  priée  par  le 
Roi  mon  Maître  de  vouloir  prendre  foin  de  la  fureté  &  confervation  de  Places 
des  Païs-Bas  Efpagnols  en  attendant  qu'il  arrive  à  Madrid ,  &  qu'il  foit  en  état 
de  le  faire  par  lui-même  ,  fadité  Majefté  T.  C.  a  jugé  qu'il  n'étoit  pas  de  la 
prudence  de  différer  d'avantage  à  les  garantir  du 'danger  qui  les  menaçoit. 
Ainfi,  Elle  a  trouvé  à  propos  d'écrire  à  fon  A.  E.  de  Bavière  de  faire  entrer 
le  6.  de  ce  mois  dans  toutes  les  Places  principales  un  Détachement  de  fes 
Troupes,  en  chargeant  très  -  particulièrement  fadite  A.  E.  qu'Elle  ordonne 
bien  précifément  aux  Gouverneurs  des  Places ,  où  les  Troupes  dévoient  en- 
trer, qu'au  moment  qu'Elles  entreront ,  ils  aient  à  faire  avertir  les  Comman- 
dants des  Troupes  de  Vos  SS.  de  n'en  prendre  aucune  inquiétude;  que  les 
Troupes  Françoifes  n'entreroient ,  que  comme  Troupes  Auxiliaires ,  &  pour 
appuïer  celles  du  Roi  mon  Maître  ,  qui  avoit  tout  à  craindre  d'un  Corps  de 
Troupes  beaucoup  fupérieures  aux  fiennes,  dans  les  Places  dont  ils  ne  veulent 
pas  le  reconnoitre  pour  Souverain  ;  qu'enfin  les  Troupes  de  Francs  étoient 

Yy  1  iiux 


17S     MEMOIRES,  NEGOTIATIOJSS,  TRAITEZ, 

1701.  aux  ordres  de  ladite  A.  E.  comme  eux;  qu'elles  avoient  ordre  de  vivre  avec 

' les  Troupes  de  VV.  SS;  dans  toute  l'Union  &  honnêteté  ,  qu'on  pouvoir. 

defircr;  ce  qu'on  ne  devoit  pas  douter  qu'elles  n'excutent  fuivant  l'Obéïiîan- 
ce  &  la  Difcipline  dans  la-quelle  elles  font  accoutumées  de  vivre.  Ce  font- 
là,  Meffiemjs,  les  motifs  &  les  raifons  que  le  Roi  T.  C.  a  eu  pour  faire  entrer 
fes  Troupes  dans  les  Places  du  Roi  mon  Maître  ,  &  que  j'ai  ordre  de  vous 
communiquer  en  vous  affûrant  pourtant ,  que  leurs  Majettez  font  toujours 
dans  les  mêmes  difpofitions  d'entretenir  la  bonne  Correlpondance,  6c  Amitié, 
avec  Vos  SS.,  &  d'entrer  pour  cet  effet  dans  tous  les  expédients  juites ,  Se 
raifonnables,  comme  fl  les  Troupes  de  Fiance  n'étoient  pas  entrées  dans  les 
Places  des  Païs-Bas  Efpagnols.    Fait  à  la  Haïe  le  7.  Février  1701, 

Signé). 
Fr.  Be.rn.   de   Qjjiros. 

Voici  la  Réfolution  qu'on  prit  en  Réponfc. 

Extrait  „  ^VUï  le  raport  des  Sieurs  de  EfTen  &  autres  Députez  &c.  &c. ,  êc: 
treds  "  ^*~^  aïant  ^  délibéré  là-dellliS;,  il  a  été  trouvé  bon  Se  arrêté  qu'on  don- 
Réfolu-  53  ncra  pour  Réponfe  audit  Sr.  de  Quiros  fur  fon  dit  A'Iémoire ,  que  Leurs 
lions  de  „  Hautes  Puifiances  y  ont  vu  que  l'envoi  des  Troupes  de  Sa  Majeité  Trés- 
kurs  „  Chrétienne  dans  les  Places  des  Païs-Bas  Efpagnols  eft  fondé  principalement 
Puiffan  "  ^LU  ce  ^ue  ^-"  ^ti.  ^'  n'aur°icnt  P;:S  au^z  répondu  aux  avances  de  S. 
ces  les  s»  M.  T.  C.,.  faites  depuis  le  décès  du  feu  Roi  d'Efpagne  pour  la  co  iferva- 
Sei-  „  tion  de  la  Paix;  fur  les  préparatifs  qu'on  faiioit  dans  ce  Pais  pour  la  Guer- 
gneurs  }J  re}  &  fur  l'ombrage  qu'on  paraît  avoir  conçu  des  Troupes  de  LL.  H  H. 
&né-  "  '  cllu  *°nt  reu^es  dans  les  Places  des  Païs-Bas  de  l'obéïilance  du  Roi 
rauxdes  îj  d'Efpagne,  comme  fi  cela  ne  convenoit  point  à  la  fureté  defdites  Places,  . 
Pruvin-  „  puifqu'on  dit  que  ces  Troupes  y  feraient  fuperieures.  Que  LL.  HH.  PP. 
C(rs"U-  J}  aïant  toujours  efiimé  pour  un  grand  honneur  ,  qu'Eiies  ont  pu  gagner  &. 
Pais-B^s  5'  conferver  l'Amitié  &  bonne  affection  de  S.  M.  T.  C. ,  &  aïant  donné  en 
du  Mer-  „  toutes  occafions  tant  de  preuves  de  leur  forte  inclination  pour  la  Paix  & 
credi  9.  ?J  pour  le  repos  public  ,  Elles  n'ont  pu  aprendre  fans  une  douleur  fcnfible 
„  qu'on  paroit  vouloir  leur  infirmer,  comme  fi  Elles,  n'avoient  pas  dûëment 
„  repondu  aux  avances  de  ladite  Majeité,  &  comme  fi  Elles  auraient  du  pan-  • 
„  chant  pour  la  Guerre.  Qu'auffi-tôt  que  Sa  Majeité  Très-Chrétienne  a 
„  communiqué  à  LL.  HH.  PP.  qu'EUe  avoit  refolu  d'accepter  le  Teftament 
„  du  feu  Roi  d'Efpagne  de  très  glorieufe  Mémoire,  Elles  en  ont  donné  part 
„  aux  Etats  refpe&ifs  des  Provinces-Unies,  pour  lavoir  leur  Réfolution,  ain- 
„  fi  que  la  Conllitution  du  Gouvernement  le  demandoit.  Qu'auffi-tôt,  que 
„  fuivant  ladite  Conllitution  Elles  ont  été  en  état  de  former  quelque  Réiolu- 
,,  tion  fur  ce  point,  Elles  ont  fait  témoigner  à  :adite  Majeité  leur  intention 
„  fincere  pour  la  coniervation  de  la  Paix ,  &  du  repos  public;  &  comme 
„  Sa  Majeité  Très-Chrêtienne  de  fon  coté  avoit  aùlîi  lait  témoigner  à  LL.. 
,,  HH^PP.  à  diverfes  fois  ion  amour  pour  la  Paix  &  pour  la  tranuuilité  pu- 

„  blique. 


Fevier 
nôj. 


ET    RESOLUTIONS    DrE  T  A  T.         ?7; 

„  bliquc,  Se  aiïurer  qu'Elle  vouloit  donner  à  LL.  HH.  PP.  une  fureté  rai-  1701; 
„  fomiable,  qu'auffi  Elles  feraient  prêtes  d'entrer  en  Conférence  &  en  Né-  "  ■ 
„  gociation  avec  les  Miniftres  de  fadite  Majefté  ici  ,  fur  les  moïens  qu'on 
„  pourrait  trouver  pour  parvenir  à  ce  but.  Que  fadite  Majefté  a  là  -  deffus 
„  donné  à  connoître  par  le  St.  Marquis  de  Torci  le  contentement  qu'Elle 
„  prenoit  de  cette  Réfolution  de  LL.  HH.  PP,  en  y  ajoutant  que  Sa  Maje-- 
„  fté ,  pour  montrer  combien  Elle  étoit  promte  à  chercher  les  moïens  pour 
5,  un  Accommodement,  à  caufe  de  Pindilpofition  du  Sr.  Comte  de  Briord  7 
,,  fon  Ambaflàdeur  Extraordinaire,  envoîeroit  inceffamment  ici  le  Sr.  Com- 
„  te  d'Avaux  pour  y  travailler.  Qu'auffi  ledit  Sr.  Comte  d' A  vaux  étoit  dé- 
„  ja  en  chemin  pour  venir  ici  fuivant  les  avis  qu'Elles  ont  de  Paris.  Que 
„  LL.  HH.  PP.  aïant  fait  ce  que  deflus ,  &  Sa  Majefté  Très  -  Chrétienne 
„  aïant  fait  témoigner  qu'Elle  en  étoit  contente,  Elles  n'ont  pu  aprendre* 
„  ainfi  qu'Elles  l'ont  dit  ci-deffus,  fins  douleur,  qu'après  cela  on  veuille  dire 
„  qu'Elles  n' auraient  pas  dûëment  repondu  aux  avances  faites  par  Sa  Majefté 
„  Très-Chrêtienne.  Que  LL.  HH.  PP.  ont  eu  &  ont  toujours  de  l'averfioii 
pour  la  Guerre  ,  &  qu'Elles  ne  l'ont  jamais  confédérée  comme  un  avanta- 
ge, fichant  très-bien  qu'elle  eft  entièrement  contraire  à  leurs  intérêts  j  ôc  " 
qu'ainfi  Elles  ne  défirent  rien  avec  tant  d'ardeur  que  la  confervation  de  la 
Paix,  de  la  tranquillité  publique,  &  l'affermiffement  de  leur  fureté.  Qu'il 
„  y  a  quelques  jours  qu'Elles  en  ont  fait  donner  de  nouvelles  affurances  ,  fur 
„  ce  qu'Elles  avoient  apris  que  les  bruits  des  préparatifs  de  Guerre  que  l'on 
„  faifoit  ici,  fe  repandoient  de  plus  en  plus  par  tout  ,  afin  que  la  Négocia- 
„  tion  offerte  fût  commencée,  comme  le  moïen  plus  fur  Se  le  plus  propre, 
„  pour  faire  ceffer  de  tels  bruits ,  &  à  ôter  les  mauvaifes  impreflions  qu'ils 
},  caufent.  Que  LL.  HH.  PP.  aïant  apris  non  pas  par  des  rumeurs  incertai- 
„  ncs>  mais,  par  des  avis  fûrs,  les  grands  arméniens  en  France,  .Se  les  mou- 
„  vemens  qui  fc  font  fur  leurs  Frontières,  ont  de  juftes  raifons  dTen  être  alar- 
,y  mées,  Se  de  fe  mettre  en  état  de  défente.  Que  cependant  Elles  ont  pro- 
„  -cédé  en  cela  avec  beaucoup  de  circonfpecrion  ,  Se  ont  fait  moins  qu'apa- 
„  remment  tout  autre  n'auroit  f lit  en  pareille  occafion,  pour  prévenir  par- 
là  tout  fujet  d'ombrage,  qu'on  voudrait  prendre  de  leur  conduite.  Auffi 
font- Elles  bien  aflurées  de  n'avoir  rien  fait,  qui  peut  avoir  donné  occafion 
à  de  tels  bruits,  ou  à  avoir  mauvaife  opinion  de  leurs  intentions  Qu'Elles  ■ 
ne  doutoient  nullement  qu'Elles  ne  puilTent  montrer  clairement ,  ce  ceci, 
Scieurs  fentimens  finceres  pour  la  Paix,  Se  le  repos  public ,  dans  les  Confe- 
„  rences  avec  les  Miniftres  de  fadite  Majefté,  fi -tôt  que  le  Sieur  Comte 
„.  d'Avaux  fera  arrivé  ici,  dont  ils  attendent  la  venue  avec  impatience.  Que 
„  fi  LL.  HH.  PP.  avoient  fû  que  le  féjour  de  leurs  Troupes  dans  lefdites 
„  Places  du  Païs- Bas  aurait  caufé  quelque  ombrage,  Elles  les  auraient  rapel-' 
„  lces,  il  y  a  long-tems.  Qiie  LL.  HH.  PP.  étant  averties  d'un  tel  om- 
5>  biage,  ont  donné  ordre,  même  avant  que  d'avoir  reçu  le  Mémoire  dudit 
„  Sr.  de  Qu iras,  pour  demander  le  renvoi  defdites  Troupes,  puiique  LL. 
„  HH.  PP.  les  ont  envoiées  Si  laiflees  dans  ces  Places -là  pour  fefyir  à  leur 
y,  fureté,  6>  nnl^ment  pour  y  càufer  de  l'inquiétude.  Que  LL.  HH.  PP/ 
„  ont  flfrt  f,  voir  leu-  intention  fui'  cela  à  ladite  Altcffe  Eledorale  de  Bavière, 


Yy.3 


?> 


a 


37S      MEMOIRES,  NEGOCIATIONS,  TRAITEZ, 

1701.  5i  à  ce  que  les  ordres  neccilàires  fuuent  au  plutôt  donnez -de  les  foire  marcher 

■ „  pour  revenir  ici  j  Se  que  LL.  HH.  PP.  requièrent  ledit  Sr.  dé  Quiros  de 

„  les  féconder  par  Tes  bons  offices,  afin  que  tout  iùjet  d'ombrage,  caufé  par  le 
„  féjour  dcfdites  Troupes  dans  les  Places  mentionnées,  foitôté:  SeJ'Extrait 
„  de  la  préfente  Réfolution  fera  donné  par  l'Agent  Rofeboom  audit  Sr.  de 
„  Quiros  pour  fervir  de  Réponfe  à  fon  Mémoire. 

Co  m  me  cependant  on  avoit  fait  entendre  aux  Troupes  Hollandoifes  qu'El- 
les  pouvoient  vivre  dans  la  tranquillité  jufques  à  leur  rapel ,  les  Etats  Géné- 
raux le  leur  envoïerent.     C'étoir  fur  tout  parce  que  Don  Bernardo  de  Qui- 
ros ,  le  jour  après  la  préfentation  de  fon  Mémoire  leur  fît  favoir,  qu'ils  pou- 
voient le  faire,  Se  que  l'Electeur  de  Bavière  avoit  donné  fes  ordres,  afin  qu'el- 
les trouvafîènt  dans  leur  paflage  les  Etapes  &  Logemens  neceffaires.     Si  l'on 
fut  furpris  de  la  nouveauté  de  l'Introduétion  des  Troupes  Françoifes  dans  les 
Places  de  la  Barrière,  à  caufè  que  c'étoit  contre  tout  ce  que  le  Comte  de 
Briord  Se  Don  Bernardo  de  Quiros  avoient  affûré  ,  que  de  ce  côté  -  là  rien 
ne  ferait  innové  ;  l'on  le  fut  encore  plus  fur  ce  que  l'on  retarda  a  laifTer  par- 
tir les  Troupes  de  Hollande.     Les  Etats  Généraux  reçurent  même  un  Ex- 
près du  Commandant  de  leurs  Troupes,  qui  étoit  à  Bruxelles.     Il  leur  man- 
doit,  qu'aïant  demandé  de  fbrtir  avec  elles  ,   l'Electeur  de  Bavière  n'y  avoit 
trouvé  aucune  difficulté.     Cependant,  le  Brigadier  Puifegur ,  qui  de  la  part 
de  la  Cour  de  France  avoit  aporté  les  ordres  à  l'Electeur  pour  l'Introduction 
des  Troupes  Fjançoifes,  s'y  étoit  opofé.    C'étoit  en  alléguant  qu'il  faloit  au- 
paravant en  donner  avis  à  Sa  Majetté  Très- Chrétienne.     Cela  fît  craindre 
qu'on  n'eut  deffein  de  retenir  ces  Troupes  ,  qui  faifoient  un  Corps  d'entre 
huit  Se  dix  mille  Hommes  de  Troupes  agguerries.     Cependant ,  on  les  laifla 
enfin  partir;  mais  feulement  les  unes  après  les  autres.    C'étoit  fous  le  frivole 
prétexte  de  la  difficulté  des  Maréchaux  des  Logis  à  régler  tout  à  la  fois  tant 
de  Marches  différentes.     Puifegur  ajouta  que  ce  retardement  venoit  de  ce 
qu'il  avoit  falu  attendre  que  les  Troupes  de  France  fu(fent  entrées  dans  les  au- 
tres Places,  afin  que  les  Hollandoifes  ne  fe  miffent  dans  leur  Marche  en  pof- 
ieflîon  de  quelques-unes.     Le  Commandant  Hollandois  lui  offrit  de  relier  en 
.otage;  mais  Puifegur  lui  repondit,  que  fi  les  Affaires  n'avoient  pas  été  réglées 
de  la  forte  ,  on  fe  feroit  contenté  de  fa  parole.     A   leur  fortir  des  Places  les 
Officiers  François  tâchèrent  de  débaucher  quelque  partie  des  Soldats.     Cela 
fe  fit  même  d'une  manière  qui  choqua  ceux  qui  lescommandoient.Ces  manœu- 
vres de  la  France  Se  de  l'Elpagne  augmentèrent  l'alarme,  Se  aigrirent  extrê- 
mement les  efprits.   On  jugea  qu'il  étoit  de  la  prudence  de  prendre  des  pré- 
cautions vers  les  Frontières.  On  envoia  un  Bataillon  des  Gardes  dans  le  Fort 
près  de  Boifleduc  Se  un  autre  à  Breda.     D'autres   Regimens  eurent  ordre 
d'aller  dans  les  autres  Places  les  plus  expofées.     Les  Troupes  forties  des  Païs- 
Bas  fe  rendirent  à  Maeftricht  Se  dans  d'autres  Places.     L'Ingénieur  Général 
.Coehorne  fut  envoie  pour  viilter  les  Fortifications  de  Berg-op-Zoom.     Le 
i*rince  de  Wirtemberg,  Gouverneur  de  l'Eclufe  ,  alla  auffi  pour  faire  la  ré- 
partition des  Troupes  qui  fortoient  des  Places  voifines  de  celle-là.     Comme 
l'en  mit  même  en  Délibératiou  de  Eure  quelques  Lignes ,  ce  Prince  fe  fit  por- 
ter 


ET    RESOLUTIONS    D'ETAT.         370 

ter  une  Carte  générale  du  Païs ,  &  il  y  marqua  lui-même  avec  une  plume  des  1701. 
Lignes,  fous  la  rectification  du  Général  Coehorne.  Des  Membres  du  Con-  - 
fèil  d'Etat  furent  envoïez  pour  vifiter  les  Fortifications  des  Places  ,  &  l'état 
des  Magafins.  Sur  les  Remontrances  du  Confeil  d'Etat,  faites  en  date  du  12. 
Janvier,  de  la  neceflité  de  reparer  l'emboucheure  de-Bas  Rhin  ,  vers  le  coin 
du  Fort  de  Schenck ,  on  réfolut  d'y  faire  travailler.  Mais ,  cela  dépendoit 
des  Provinces  de  Gueldre,  d'Utrecht,  6c  d'Overiflel ,  qui  étoient  chargées 
par  l'Etat  de  Guerre  de  fournir  à  cette  dépenfe-là.  Auflï ,  les  Etats  Géné- 
raux écrivirent-il  en  date  du  22.  de  ce  mois-là  aux  Etats  de  ces  trois  Provin- 
ces-là, pour  les  exhorter  à  s'en  aquitter.  Comme  l'on  fut  averti  que  la  Fran- 
ce faifoit  équiper  12.  Vaiflëaux  de  Guerre  à  Breit,  12.  à  Rochefort,  Se  au- 
tant à  Toulon,  il  fut  réfolu  de  faire  armer  de  premier  abord  vingt  VaifTeaux > 
d'ailleurs,  d'en  faire  conftruire  douze  autres.  On  eut  le  foin  de  faire  divul- 
guer que  cet  Armement  maritime  étoit  feulement ,  fuivant  la  coutume  de 
l'Etat,  pour  s'en  fervir  dans  des  Convois.  C'étoit  afin  que  l'on  ne  crût  pas 
que  ce  fût  pour  s'en  fervir  à  faire  la  Guerre.  On  réfolut  d'ailleurs  de  faire 
une  Augmentation  de  Troupes.  On  contoit  que  la  dépenfe  pour  l'Arme- 
ment maritime,  l'Augmentation  des  Troupes ,  nouveaux  VaifTeaux,  Forti- 
fications 6c  Magafins,  montoit  au  de-là  de  neuf  millions  de  florins  de  Hol- 
lande. On  écrivit  aux  Provinces  pour  avoir  là-defTus  leur  concurrence  ,  6c  " 
on  en  reçût  le  confentement  quelque  tems  après,  ainfi  qu'on  le  raportera  en 
fon  lieu.  On  capitula  même  pour  la  levée  de  deux  Regimens  François  qui 
furent  donnez  à  Lillemarais  6c  à  Viçouze.  On  fit  d'ailleurs  publier  le  1  f. 
Février  un  Placard  ,  pour  défendre  la  fortie  des  Chevaux  ,  6c  deux  jours 
après  un  autre  pour  défendre  la  fortie  des  Munitions ,  6c  autre  apareil  de  Guer- 
re. On  envoia  auflï  ordre  d'inonder  une  Traite  de  Païs  vers  Lillo.  Comme 
d'ailleurs  l'on  avoit  été  informé  qu'en  Angleterre  ,  le  Comte  de  Vratiilau 
avoit,  dans  une  Audience  particulière  ,  aflûré  le  Roi  que  l'Empereur  fon 
Maître  étoit  abfolument  réfolu  de  pouflèr  fes  Prétenfions  par  une  Guerre  j  6c 
que  fi  l'Angleterre  6c  la  Hollande  ne  vouloient  pas  y  entrer  ,  fon  Maître  ne 
laifTercit  pas  que  de  la  faire,  remettant  le  hazard  des  Armes  à  la  Volonté  de 
Dieuj  on  trouva  à  propos  d'entretenir  quelque  Négociation  avec  le  Comte 
de  Goëz.  Auflî  eut- on  avec  lui  diverfes  Conférences  fecretes.  Elles  étoient 
en  confequence  de  celles  que  le  Comte  de  Vratiflau  tenoit  en  Angleterre.  Un- 
Exprès  de  ce  Comte,  venant  d'Angleterre  pour  Vienne,  arriva  le  21.  Février 
à  la  Haïe.  Il  ne  s'y  arrêta  que  quelques  heures  chez  le  Comte  de  Goëz,  qui 
eut  enfuite  une  Conférence  fecrete  avec  le  Confeiller-Penfionnaire.  On  fit 
là-deiTus  demander  à  la  Régence  d'Amfterdam  de  donner  pouvoir  à  leurs  Dé- 
putez aux  Etats  de  traiter  les  chofes  fecretes,  fans  lui  en  faire  raport.  Cepen- 
dant, cette  Régence  fit  répondre  que  comme  Elle  fourniflbit  la  plus  grande 
partie  de  la  Dépenfe  de  la  Province  de  Hollande,  Elle  ne  pouvoit  permettre 
qu'on  prît  aucune  Réfolution ,  fins  en  recevoir  la  communication.  Elle  fit 
cependant,  ajouter  que  fi  le  Roi  d'Angleterre  trouvoit  de  la  neceflité  de  faire 
la  Guerre,  la  Ville  y  donneroit  les  mains:  Qu'ainlî  ,  le  Roi  n' avoit  qu'à  y 
faire  conlentir  la  Chambre  des  Communes  du  nouveau  Parlement  ;  6c  que  fi 

celle— 


i-'or. 


$80      MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

celle-là  opinoit  pour  la  Guerre,  la  Ville  s'y  conformeroit.  Cette  Ville  ,  qui 
croit  la  feule  qui  n'avoit.  pas  encore  donné  Ton  contentement  pour  une  Aug- 
mentation c\cs  Troupes,  l'envoïa  enfin  le  onze  de  Février.  On  dilhibua 
d'abord  là-defîûs  partie  de  l'argent  pour  l'Augmentation  de  la  Cavallerie. 

Les  Etats  Généraux  ne  paroiilbient  pas  fort  contens  de  l'Amballadeur  de 
Suéde  Lillienrooth.  C'étoit  parce  qu'il  vouloit  entrer  fort  avant- dans  les  Af- 
faires, &  le  failpit  plutôt  en  Avocat  des  François,  qu'en  Médiateur  pour 
quelque  Accommodement ,  luivant  un  ordre  qu'il  avoit  mendié  de  la  Chan- 
cellerie eie  Suéde ,  en  l'abiénce  du  Roi.  Aulii.,  les  Etats  Généraux  envoie- 
rent-ils  ordre  à  leur  Mini  tire  à  Stockholme  d'en  faire  des  Plaintes.  Cet  Am- 
bafladeur  en  étant  averti  ,  donnant  un  jour  un  Feitin  où  Don  Bemardo  de 
Quircs ,  &  les  autres  Envoiez  6c  Réfidens  fe  trouvèrent  ,  à  l'exception  de 
ceux  d'Angleterre,,  de  Dannemarck  ,  Se  de  Brandebourg  ,  affecta  de  tenir 
quelque  Dilcours  là-deffus.  Il  dit  qu'on  l'avoit  foupçonné  d'être  Paitifan  de  la 
France  j  rrjais,  que  fes  intentions  étoient  droites  ,  Se  que  puis  qu'on  prenoit  les 
choies  autrement,  il  n'en  parlerait  plus.  Un  Mini  lire  étranger  écrivit  cepen- 
dant à  la  Haïe,  qu'on  ne  devoit  pas  être  furpris  fi  l'Ambaflàdeùr  de  Suéde 
Lillienrooth  prenoit  le  Parti  de  la  France.  C'étoit  par  ce  qu'il  avoit  reçu 
des  Prefens  de  celle-là,  lors  de  la  Médiation  de  la  Paix  de  Ryswick-,  aupara- 
vant même  que  les  Traitez  fuffent  prêts  à  être  fignez }  Se  que  fa  Médiation  , 
dans  les  Occurrences  qui  étoient  fur  le  tapis ,  pouvoit  bien  avoir  été  prévenue 
de  la  même  manière.  Pour  modérer  l'Attachement  de  cet  Ambaffadeur  à  la 
France,  Se  pour  ne  pas  trouver  quelque  obftacle  d'une  fàcheufe  conféquence 
à  la  Couronne  de  Suéde  ,  au  cas  que  les  Affaires  vinffent  à  lé  difpofer  à  la 
Guerre,  on  fit  le  deffein  de  le  captiver  le  Comte  Piper  ,  qui  étoit  le  Favori 
du  Roi  de  Suéde,  Se  Ami  de  l'Ambaffadeur.  C'étoit  en  lui  faifant  des  offres 
pécuniaires,  le  fâchant  fufceptible  à  recevoir.  On  agiffoit  cependant  à  l'égard 
de  cet  Ambaffadeur  de  Suéde  avec  quelque  complaifance  relativement  à  d'au- 
tres Affaires.  Il  venoit  de  faire  chanter  le  Te  Deum  dans  PEglife  Luthérien- 
ne, pour  la  Victoire  du  Roi  fon  Maître  à  Narva.  Le  Prédicant ,  dans  le  Ser- 
mon qu'il  fit  enfuite ,  parla  des  Mofcovites  en  termes  fort  durs.  L'Ambaffa- 
deur  Ruffien,  en  aïant  été  informé  par  l'Envoie  de  Dannemarck ,  alla  en  fai- 
re des  Plaintes  au  Confeiller-Penfionnaire  ,  Se  lui  en  demanda  juftice.  Mais, 
on  lui  dit  que  l'Etat  ne  fe  mêloit  point  de  ces  fortes  d'Affaires. 

A  peu  près  dans  ce  tems-là,  on  reçût  la  Nouvelle  de  l'Erection  de  la  nou- 
velle Roïauté  dans  la  Pruffe  dans  la  Pcrfonne  de  l'Electeur  de  Brandebourg. 
Ce  Prince,  qui  s'étoit  rendu  à  Coningsberg  ,  y  fut  proclamé  Roi  en  Pruiîè 
par  quatre  Hérauts  d'Armes.     Cette  Proclamation  étoit  en  ces  termes  : 


5Î 

Roï 


Puifque  la  Providence  avoit  voulu  que  le  Duché  de  Pruffe  fût  érigé  en 
oïaume.  Se  que  fon  Souverain  le  Séréniffime  Se  très-Puifiant  Prince  Fre- 
ç,  de  Rie  en  devint  Roi,  on  le  faifoit  {avoir  à  chacun  par  cette  Proclamation. 

Le  Héraut  finit  cette  leéture  par  un  Vive  nôtre  Roi  Frédéric,  13  la 
Reine  fon  Epoufe-,  ce  qui  fut  répété  par  un  grand  bruit  du  Peuple. 


Cette 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.  ?8i 

Cette  Cérémonie  fe  fit  le  if.  Janvier  1701.,  6c  trois  jours  après  elle  fut  fui-    1701. 

vie  par  le  Couronnement ,  tant  du  nouveau  Roi,  que  de  la  nouvelle  Reine.  '■ 

Pour  diftinguer  cette  nouvelle  Epoque,  ce  Roi  érigea  un  Ordre  de  Chevale- 
rie, drivant  la  penfée  qui  lui  fut  fuggérée  deux  mois  auparavant  par  l'Ecri- 
vain de  ces  Mémoires.  Il  y  eut  en  cette  occafioh  une  chofe  ,  qui  étoit  fans 
exemple  parmi  les  Réformez.  C'eil  qu'en  érigeant  la  Roïauté,  il  érigea  en 
même  tems  un  Evêché  en  PrufTe  en  faveur  du  premier  Miniftre  Prédicant  de 
fa  Cour,  afin  qu'il  fit  la  Cérémonie  du  Couronnement. 

Le  Rendent  de  l'Empereur  affilia  à  toute  la  Cérémonie.  Il  parut  content 
de  ce  qu'on  n'apclloit  ce  Roi  ,  que  Roi  en  Prufle.  Cependant  ,  dans  les 
Lettres  Circulaires  qu'il  écrivit  aux  diverfes  Puiflànces  ,  &  fur  tout  au  Roi 
d'Angleterre  8c  au;  Etats  Généraux  ,  il  prénoit  le  Titre  de  Rcx  Borutfiœ. 
Son  Envoie  auprès  les  derniers  reçût  de  novelles  Lettres  de  Créance  comme 
Miniftre  de  Roi,  Scfur  la  Lettre  du  Notification  ,  ces  Etats  réfolurent  de 
k  reconnoître  commetel  en  date  du  Samedi  f .  de  Février. 

Cinq  jours  après,  l'Lwoié  du  nouveau  Roi  traita  quelques  Miniitres  Etran- 
gers. Le  Comte  de  Goiz  Envoie  de  l'Empereur  y  fut,  parce  que  fur  la  No- 
tification que  celui  du  no.ytau  Roi  lui  avoit  faite  de  fa  Roïauté  ,  le  Comte 
de  Goëz  fut  lui  rendre  la  première  Vifite ,  laquelle  celui  de  Prufle  lui  rendit 
deux  jours  après.  Par-là,  laponâille  du  Cérémoniel  fut  ôtée  par  l'accroît  de 
la  Roïauté.  L'Envoie  de  Frugal  s'exeufa  d'y  aller ,  fur  ce  qu'étant  au 
commencement  du  Carerie,  \\  ne  fortoit  pas,  étant  en  dévotion.  Cepen- 
pendant,  le  jour  fuivant  il'ui  tt'a.  vifite.  Celui  de  Dannemarck  n'y  fut  pas 
non  plus ,  fe  trouvant  inconmojc.de  la  goûte ,  ou  feignant  de  l'avoir.  Quoi- 
que l'ordre  du  tems  exigerai  de  ja-ler  d'autres  chofesj  cependant ,  pour  re- 
porter, le  plus  poffible,  celle,  qii  ont  une  hâifon,  on  mettra  ici  la  plus  part 
des  fuites  de  cette  Roïauté. 

Dans  un  Confeil  des  Senateu.s  dePologne  qui  fe  tint  à  Varfovie  le  if.,  le 
Cardinal  Primat  propofa  entre  dauti-s  Affaires  inteftines,  de  renvoier  la  nou- 
velle Ereftion  de  laRoiaute  de  Fùffei  l'examen  de  la  première  Diète  géné- 
rale. C'étoit  afin  qu'elle  n'aportât  p^ntie  préjudice  aux  droits  de  la  Couronne 
de  Pologne.  Cependant  que  le  Ronourroit  envoier  quelqu'un  pour  compli- 
menter ce  nouveau  Roi  de  Prune.  Queues  Membres,  comme  le  Maréchal 
&  le  Chancelier  de  la  Couronne  &  le  Sos-Chancelier  de  Lituanie,  protefte- 
rent  hautement  contre  ce  Cturonnemen-là.  Nonobftant  cela,  le  Roi  de 
Pologne  donna  Audience  au  Conte  de  \Mllenrooth  ,  que  le  Roi  de  Prufle  y 
envoia  en  qualité  d'AmbafladeurExtraordiaire>  Aucun  Poionois  ne  voull/t 
fe  trouver  à  cette  Audience,  ajanr.  trouve  q-on  ne  pouvoit  pas  faire  une  . 

reille  démarche  ,  avant  que  la  Réplique  ai.mblée  en  Dieterfe  fut  decla/é„ 
fur  la  nouvelle  Roiaute  de  Prufle.    Ce  nouveaRoi  fit  fur  ces  avis  une  Dé» 
claration,  conforme  a  celle ,  qui  a-  e^  rap^rte^^^  par  icdlc  i{ 
teftoit  que  fa  nouveUe   Roiaute  ne  iwdoit  y  aucune  maniére  fa  p^ 
Roïale,  fujette  a  la  République  de  PoW.    D;U  mh  ne      •-* 

.  cieroit  pas  non  plus  aux  droits  que  ladite  ^epubut    avoit  fur  la  Prufle  Du- 
cale.    C'ëtcat  en  cas  que  la  Ligne  Mafcuhae  de  &  .^         â  la    lclle  feu]e 
la  Souveraineté  de  ladite  Prufle  Ducale  avojt  erc.defe-.p  en  \6       *  •_    à  fail_ 
<fam.  I.  Zz  gT 


$Si     MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

1701 .  lir.  Apres  cette  démarche  un  Envoie  du  Roi  de  Pologne  arriva  à  Conings- 
" berg  8c  y  félicita  le  nouveau  Roi  fur  fon  avènement  à  la  Couronne.  Ce- 
lui-ci y  reçût  en  même  tems  diverfes  Lettres  de  fclieitation  de  pluficurs  au- 
tres Potentats,  comme  du  Roi  d'Angleterre  8c  des  Etats  Généraux.  Il  avoit 
dépêché  d'abord  après  fa  Proclamation  fon  Envoie  Extraordinaire  Bertoldi 
pour  la  notifier  à  l'Empereur.  Il  eut  fon  Audience  de  ce  Monarque  le  30. 
de  Janvier  ,  8c  on  réfolut  à  la  Cour  Impériale  d'envoier  le  Comte  de  Paar 
pour  le  féliciter.  Le  Lettre  que  l'Empereur  lui  écrivit  à  ce  fujet  efr.  remar- 
quable, en  ce  qu'il  ne  lui  donnoit  que  le  titre  de  Dileérioi,  qu'il  donne  aux 
Electeurs.  Cette  formalité  avoit  été  réglée  de  la  forte  dois  le  Traité,  qu'on 
avoit  fait  à  ce  fujet ,  &  dans  lequel  le  nouveau  Roi  s'éto't  entre  autres  cho- 
fes  engagé  àaffifter  l'Empereur,  fous  une  réciproque  proneflê,  de  dix  mille 
Hommes,  en  cas  que  l'un 'ou  l'autre  vinflènt  à  être  -ttaquez  par  quelque 
Puiffance  que  ce  foit.  Le  nouveau  Roi  renoriçoit  d'ailturs  à  cent  mille  Ecus 
d'arrérages  &  de  fubfides,  qui  lui  étoient  dûs  par  l'Enpereur.  Voici  la  Let- 
tre de  l'Empereur  à  ce  Roi  en  date  du  zi,  Février  170 1 ,  traduite  de  l'Al- 
lemand : 

Lettre     „ 
del'Em- 

l e  RUf     jj  voir  qu'en  iuite  de  notre  conlentement  Ce  3p'( 

dcPruf-  n  damer  &  Couronner  Roi  au  fujet  de  fon  JMchéJe  Pruffe.     Comme  il  efr. 


fe..  „  déjà  connu  depuis  long -tems  à  Votre  D-Irctio*  que  nous  avons  confervé 

„  pour  Elle  depuis  fa  tendre  jeunefle  une  &fe6tyn  &  «ne  inclination  toute 
„  particulière  j  en  confideratibn  de  la  devecion  £  de  l'attachement  qu'EUe  a 
„  toujours  eu  pour  Nous, pour  nôtre  Maion  Achiducale  Se  pour  tout  l'Em- 
2  pour  cela  Nous  avons  tofjourseu  un  fînguher  plaifir  d'apren- 


„  la  haute  Maifon,  qui  a  rendu  de  fi  h>ns  frvices  à  l'Empire  ;  auffi  Nous 
„  réjouirions-nous  de  pouvoir  en  cett- occa-ion  lui  en  donner  une  preuve  ef- 
„  fe&ive,  6c  une  marque  qui  durera-oûjcurs  j  d'autant  plus  que  Nous  ac- 
„  ceptons  avec  une  particulière  fttis'crioi  6c  remerciement  les  proteftations 
„  que  Vôtre  Dile&ion  nous  a  faite,  cu'Elle  vouloir  entièrement  dédier  & 
„  confacrer  cette  nouvelle  digniréRoïak  a  l'avancement  6c  à  l'accroiflement 
„  de  la  fplendeur  6c  de  la  profpeiié  du  Saint  Empire  6c  de  Nôtre  Maifon 
„  Archiducale.  Nous  félicitons  '/ôtre  Dihction  de  cette  haute  dignité  en 
„  bon  Ami,  Oncle,  6c  Frère,  «uhaitant  «e  tout  notre  cœur  qu'avec  l'affi- 
„  ltance  de  Dieu,  Elle  puifle  jn  feulement  la  porter  heurc«iement  6c  avec 
„  benediftion,  pendant  un  £Tnd  nombre d  années,  pour  la  propre  gloire  6c 
,,  pour  l'ornement  &  l'avan'ge  de  n°tr'  c¥r?  V??e  >  maJS  $™\e  puiflè 
"  auffi  la  tranfmettre  fans^<:ontmu-ion  a  ics  delcendans  ,&  affûtant  de 
plus  Vôtre  Dileaion  *  Nous  .tirons  toujours  a  coeur  fes  intérêts,  6c 
qu'en  toute  occafion  'us  lui  &***  conn°^  que  Nous  fommes  Sec. 


11 

11 

3> 


Le  Comte  de  PaanV'avoitrtére"V7,f  à  Berlin  Jour  Recette  felicita- 
tions'enrecounu-d-SedexouteforredIlonueur»  &  11VCC  ^  prefent  d'une 

Bague 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.  385 

Bague  de  la  valeur  de  quinze  mille  Ecus,  que  le  nouveau  Roi  lui  donna.  11  Uou 
fît  auflî  faire  cette  notification  à  la  Diète  de  Ratisbonne.  Plufieurs  Princes 
&  Etats  de  l'Empire  y  repondirent  foit  civilement  ;  mais  il  y  en  eut  d'autres 
qui  ne  trouvèrent  pas  à  propos  de  l'accepter  ,  entr' autres  les  trois  Electeurs 
Eclefiaftiques,  l'Electeur  Palatin  ,  &  le  Grand  Maître  de  l'Ordre  Teutoni- 
que.  Même  ce  dernier  protefta  contre  dans  toutes  les  formes,  comme  préten- 
dant d'avoir  lui-même  droit  par  fon  Ordre  fur  la  Prude.  On  trouva  crotefque 
que  le  Pape  voulût  auffi  s'ingérer  de  faire  de  fon  côté  une  Proteftation  contre 
cette  nouvelle  Roïauté.  C'étoit  fous  le  frivole  prétexte  que  cette  nouveauté 
était  très-préjudiciable  à  la  Religion  Catholique-Romaine.  Sur  ce  fonde- 
ment il  fe  plaignit  avec  beaucoup  de  véhémence  dans  un  Confiftoire  public , 
qui  fe  tint  le  21.  d'Avril. 


C'étoit  „  de  ce  que  l'Empereur  y  avoit  donné  les  mains,  8c  avoit  même 
en  quelque  manière  érigé  cette  nouvelle  Roïauté ,  fans  confïderer  qu'il  n'a- 
„  partenoit  qu'au  Saint  Siège  de  faire  des  Rois  >  que  celui-ci  étoit  un  Enne- 
,.  mi  déclaré  de  la  Sainte  Eglife,  Se  qu'il  ne  pofledoit  la  Prune  qu'en  vertu  de 
l'Apoftafie  de  fes  Predeceffeurs,  ôc  de  l'Ufurpation  qu'ils  firent  de  tous  les 
Biens  fierez,  tant  fur  les  Chevaliers  Teutons,  que  fur  les  autres  Ecclefiafti- 
ques.  Il  ajouta  que  pour  lui  il  proteftoit  de  toutes  fes  forces  contre  un 
abus  fi  grandj  qu'il  n'y  donnerait  jamais  fon  confentement ,  ni  de  fait,  ni 
de  penfée  ;  non  plus  qu'à  l'Erection  abufive  d'un  neuvième  Electorat  en  fa- 
veur du  Duc  de  Hannover ,  &  qu'il  avoit  écrit  à  tous  les  Princes  de  fi 
Communion,  pour  les  exhorter  à  ne  pas  reconnoître  ni  ce  Roi,  ni  cet 
Electeur. 


■>•> 


55 


Il  eft  aifé  de  croire  qu'à  la  Cour  de  Prune  on  n'eut  qu'un  dédaigneux  mé- 
pris de  cette  démarche.  On  en  eut  un  pareil  pour  une  étourdie  Proteftation , 
qui  fut  faite  à  Paris  ,  par  devant  Notaire  d'un  Prince  de  Radziwil  contre  la 
même  Roïauté  en  date  du  p.  du  mois  de  Mars ,  &  dont  voici  la  Copie. 

Vox  jufta  &  libéra  Joannis  Ducis  Radziwill  ,  Magni  Ducatus  Li- 
tuanie Inciforis,  Lidenfis  Gubernatoris,  proteflans  atque  manifeftans 
contra  attentatum  Jus  Regni  &c.  Reipublicse  Poloniarum  ex  ra- 
tione  utriufque  Ducatus  Pruiïia;  incompetenti  Coronâ  &  Titulo 
Regio  Regiomonti  in  Pruffia  à  Sereniffimo  Frederico  Tertio 
Electore  Brandeburgico  ufurpati  Anno  M.  D.  C.  C.  I.  die  18.  Ja- 
nuarii ,  in  Acta  publica  porrecta,  ex  Actis  extrada ,-  prado  data 
in  Galliis  Lutetise  Parifiorum. 

COram  Confiliariis  Régis,  nec-non  Notariis  in  Cafteletto  Parifienfi  fub- 
fignatis  prxfens  adfuit  Celfiffimus Princeps  Joannes  Radziwill,  Dux 
Olyka,  Nieswiez,  ôcKlcck,  Cornes  in  Szydlowiec,  Mir  &  Kroze,  Sacri 
Romani  Imperii  Princeps  ,  Incifor  Magni  Ducatus  Lithuania;  ,   Lidenfis, 

Zz  z  Jur- 


584      MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

170 1.  Jurborgenfis,  Vierzbolovienfis,  Uladislàvienfis  ,  êcc.  Gubernator,  cotrimo- 

" rans  nunc  Pari  fi  i  s  in  via  Sequancnfi-,  ex  Parochia  Sandti  Sulpitii  ,  qui  infra- 

feripta  dcclaiavit. 

ÇUm  ca  prima  fit  13  pr  a  ci  pua  in  liber  à  Re public  â  liber  i'Civis  ,  ubicumque  ter- 
r  arum  fit,  libertas,  &f  bac  veluli  falutaris  quadam  in  publicum  effufa  libe- 
r alitas ,  bona  velle  Patria,  ma/a  nolle  fertis  tecli/que  propriis,  &  fi  quid  adbitc 
càrius  -cita ,  ufui  publi'co  immori  &  immolari  ,  fax  in  eo  mentis  hone(/a  ,  gloria 
decus  ponat  fui ,  non  gravatim  ideirco  pronus ,  13  in  melius  gaudens  convertere  fa- 
ta  ultro  exilit  animus ,  animât is  cunclos  Concives ,  Concivis ,  ad  tuenda  jura  Pa- 
tria,  ambitu preffa  Sereniffimi  Friderici  Tertii  ,  Elecloris  Brandeburgici , 
•varie  infignïti f indebitè  nominatif  proclamât i  lafive ,  inaugurât i  abufivè ,  corona~ 
ti  impropriè  in  Regcm  PruJ/ia,  qtta  Reipublica  Polona  Dominium  &  hareditas 
efl ,  Ducatufque  geffit ,  non  Regni  nomen . 

Pcnitiîis  igitnr  re  pcrfpeclà ,  série  non  lents ,  nec  levis  momenti ,  ver  uni  monu- 
ment i  perennis  cfje ,  banc  intoierabilem  penitiis  in  herbà  fupprimere  novitatem ,  fo- 
Jo  amore  £s?  zelo  in  Patriam  excitus  ,  etiam  indifians  agere  ,  minime  anceps  & 
dubius,  u fus  voce  doloris  coramipfo  Rege  Cbriflianiffimo ,  adverfus  pulàm  bis  qui 
ne  El  ère  &  nancifei,  in  aliéna  fundo  Coronam  rati,  dederunt  ,  quod  non  habiter  e, 
(3  pofîularunt  quod  non  debucre  :  Religioni  porrà ,  une  (3  Regioni ,  trifle  minati 
exinde  augurittm.  Chriflianiffimorum ,  Catholicorum ,  Orthodoxorum  ac  omnium 
in  Univcrfiim  Regum  &  Regnorum  Majefatibus  ,  pratenfà  unâ  bac  Majeftate 
Acatholica  grave  13  grande ,  fequelifque  non  inanè  afiferti  prajudicatum  (3  praju- 
dicium.  Polonia  vero  quod  armis  varia  jaclis,  fapè  fapius  ami  boflibus  Commu- 
nis  Patrice ,  contra  omnejns  &  fas  junclis ,  affequi  impoffible  vifum,  quafito  nunc 
titulo  auferre  conatus  ,  Serenifjîmus  Eleclor  Brandeburgicus  ,  à  majoribus  quafi 
tradito  exemplo ,  vetufiis  illis ,  inquam ,  ipfis  Crucigeris  ,  fuffragantibus  pro  bono 
opère  lapides-,  captatâ,  nefiicam  nutritâ,  prafe  <rt  diffidiorum  i»  Republicâ  occa- 
fioke ,  perinde  ex  Domina  veluti  in  fervam  redigi  Rerapublicam  autumans ,  (3  il- 
lico ipje  Dominas,  ac  fi  (3  Rcx,  ex  Faffallo  in  Pruffià  fieri  fatagtns  ;  immemor 
protinus  beneficii  Reipublica  diffitnulantis  eo  ufque  tempus  elapfum  fœudi ,  aliàs 
jam  duditm  ad  Rempublicam  verfi,  fuigulari  tantummodô  prorogatif  (3  hoc  pri- 
vatorum  benevolentià  :  Complurinm  item  pratenfionum ,  lafionum  ,  non  implcta- 
rum  conditionum,  obligationum  in  Rempublicam  injurias,  tumreos  aiios  reddere , 
fedulis  fiudiis  folitus ,  prout  in  antecedar.eis  Traclatibus ,  £5?  in  ultimo  ratione  in- 
tercepta Elbingiœ  ,  fat  luculenter  Orbi  notum  ,  ubi  ultra  menton  (3  feitum  Rei- 
publicœ,  fi,  &  in  quantum  ab  aliquo  civium  Patriœ  aliquid  commiffum,  &  omif- 
fum  in  prœjudicium  Reipublica  extet. 

Contra  bac  tft  id  gémis  omnia ,  rcjeiiis  pro; fus  omnigenis  rerum  coloribus,  £5? 
facrofanclè  iilafisy  &?  illibate  manentibus  primavis  juribus  Reipublica ,  qua  nul- 
lo  ufpiani  paclo,  pratextu,  &  obtentu  privato,  vat/o ,  vcl  coaclo  ,  utpotè  inter 
flagrant ia  bel/a,  utique  contra  fidem  datam,  &  obligatam  Vafjallatu  Reipublica 
variari,  nec  inter dum  qu'idem  oportuit :  [olanniter  prote/lor.  Prajlb  babil 'is ,  (jf 
declicandis  fuo  loco  (3  tempore  rationibus  ftatûs  ad  id  inconvincibilibus  ;  ad  prafens 
lïcei  in  exteris ,  fundamentali  nihi/ominiis  bonorum  aque  13  ma/orum  Reipublica 
compaginis  nexu ,  perinde  ac  fi  in  patrià  adjîriclus,  qu'ode  uno  quoqtie ,  fine  :mo 

quo- 


ET    RESOLUTIONS    D'ETAT.  tff 

moque)  n'thil  quidqustm  fiât  ni ,  decerni  in  Re public  a  pote  fi;  obviando  omnimoda    1701.' 
indemnitati  Pubiica ,  6?  prœfcindendo  quofuis  ulteriores  abufus ,  tantb  magisprœ-  — — 
cufiodiendo  ,   vèl  minimas   difpofitiones   ad  agnitionem  folii  Prufiici ,  Joli  Ré- 
gi ,   reipublkx  Poloniarum  ,   idque  non  Regid  ,  fed  Ducali  prarogativâ  ïnba- 
renti. 

Hxc  omnia  ad  Comitia  Gêner  alla  Regni  remittere  perquam  neceffarium,  &  fla- 
tta congruum  duceris ,  nec  minus  pro  décore  gentis ,  fc?  in  Sacram  Regiam  Maje- 
Jlatem  Poloniarum ,  cujus  quoque  potijfimum  jus  vertitur ,  civicâ  obfervantiâ ,  le- 
gumque  Pair iar uni  teneritudine;  Eminentifjîmo  Cardinali  Primati,'  Sénat  ni  pra- 
ferlim  Refidenti  ad  latus  Régi uni ,  touque  Nobilitati  toties  quoties  ingeminatumr 
&  patefaclum  efio ,  ornni  meliori  modo  £5*  vigore  :  quia  ratione  pranominatœ  prœ- 
tenfie  Coronationis  &  fubfecutarum  £5?  fubfequendarum  lœfionum  ,  £s?  pratenfio- 
num  Rei public  £  ,  imminentiorumque  periculorum ,  hac  efi  prœfens  publica  Protefia- 
tio ,  £5?  Manifefiatio  >'  fahâper  omnia  auclione^  particularitatumque  ex  gêner a- 
litate,  dedutlione,  profecutione ,  pleno  in  robore  refervatà  facultate. 

De  quibus  fupra  declaratis  per  diclum  Cdfiffmum  Principem  RADZrwiLL 
hocce  confici  Infirumentum  per  Nos  Nicolaum  de  Lambon  13  Simonem  Moufle ,  No- 
tarios  fubfignatos  requifivit  ut  in  loco  £5?  tempore  Mi  utile  fit ,  ad  quem  utique  fi' 
nem  viderit  £5?  convenerit.  Ablum  Parifiis  in  Palatio  ditli  Celjifiimi  Principis 
fupra  de fignatO)  Anno  1 7  01.  die  ver 9  nono  Martii ,  horis  pomeridianis.  Et  in- 
frà  fubfignavit  cuni  prœdiclis  Notariis;  ut  continetur  in  nota  feu  minuta  prafen- 
tium,  queë  retenta  efi  à  me  diclo  Simone  Mouffle  uno  ex  pranominatis  Notariis. 

Sic  fgnatim  in  Originali, 

De   Lambon   et    Mouffle. 

Pendant  ce  tems-là,  il  fe  pafïà  diverfes  Affaires  en  France.  Le  Conné- 
table de  Caiïille  y  arriva.  A  fon  aproche  *'  le  Roi  lui  envoia  l'Introducteur 
Breteuil ,  avec  un  gros  Cortège  pour  le  complimenter.  Il  s'en  aquitta  en  ces 
termes: 

„  T  'Occafion  éclatante,  Se  jufques  à  préfent  inoiiie,qui  fait  venir  Vôtre  Ex- 
„  L-j  cellence  ici ,  engageant  le  Roi  à  lui  donner  une  diftin£lion  extraordi- 
„  naire,&  à  lui  faire  rendre  les  honneurs  qui  ne  font  point  en  ufage  à  fa  Cour 
„  pour  aucun  Ambafladeur,  Sa  Majelté  m'a  ordonné  de  venir  julques  ici,  af- 
„  furer  Vôtre  Excellence  de  fa  part  de  la  joie  qu'EUe  a  de  fon  arrivée.  Vous 
„  faurez  bien-tôt  par  fa  bouche  même,  infiniment  mieux  que  je  ne  pourrais 
„  vous  le  dire,  à  quel  point  Sa  Majelté  porte  l'cftime  qu'EUe  fait  de  la  Na-- 
„  tion  Efpagnole,  &  avec  quels  fentimens  Elle  repond  aux  marques  d'affec- 
„  tion  Se  de  confiance ,  que  cette  Nation  ,  également  vaillante  Se  fage  lui 
„  donne  chaque  jour. 

„  Pour  moi,Monfieur,je  m'eflime  bien  heureux  d'être  le  premier  de  nôtre 
„  Cour  à  rendre  mes  devoirs  à  Vôtre  Excellence,  Se  à  lui  marquer  l'ellime 
,,  Se  la  confidération  dont  tout  le  monde  efh  prévenu  pour  Elle  fur  les  te- 
„  moignages  que   Nous  a  rendus  Mr.  l'Ambaflàdeur  d'Efpagne ,  pour  les 

'  Zz  3  „  fen- 


?8<S      MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

1701.  „  fcntiments  duquel  Nous  avons  autant  de  Déférence ,  que  Nous  avons  d'A- 
■  „  mitié  pour  fa  pcrfonne. 

Cet  Ambafladeur  eut  cnfuite  de  fon  Entrée  publique  fa  première  Audien- 
ce du  Roi  le  1 4.  de  Mars.  Elle  fe  pafTa  de  la  forte.  Lors  qu'il  entra  dans 
la  Chambre  du  Roi,  ce  Monarque,  qui  étoit  afîîs  &  couvert,  fe  leva  dès 
qu'il  l'eut  aperçu,  6c  fe  découvrit.  S'érant  enfuite  recouvert,  Se  l' Ambafla- 
deur aïant  fait  fes  trois  révérences,  il  fe  couvrit  auflï  Se  fit  le  Difcours 
fuivant. 


» 


SIRE, 


9» 

■>1 


JE  me  préfente  à  Vôtre  Majefté  par  ordre  du  Roi  mon  Maître  ,  Se  la  re- 
connoiflànce  qu'il  témoigne  à  Vôtre  Majefté  de  la  fituation  où  elle  l'a 

mis,  s'expliquera  un  peu  mieux  par  la  Lettre  qu'il  écrit  à  Vôtre  Majefté  , 
„  que  par  tout  ce  que  je  pourrais  lui  dire  de  fa  part.  C'cft  cette  Lettre  que 
„  je  remets  entre  les  mains  Roïales  de  Vôtre  Majefté.  La  Jointe  que  forma 
„  en  mourant  le  Roi  Charles  II.  mon  Maître, qui  foit  en  gloire,  m'a  choi- 
„  fi  pour  venir  témoigner  avec  un  profond  refpeét  à  Vôtre  Majefté  de  la  part 
„  des  Roïaumes,  du  Gouvernement,  Se  des  Peuples  qui  compofent  la  Monar- 
„  chie  d'Efpagne,  combien  ils  ont  tous  célébré  la  fage  Se  prudente  diipofitbn 
„  du  feu  Roi ,  en  faveur  du  Roi  mon  Maître  petit  Fils  de  Vôtre  Majefté. 
„  Les  uns,  6e  les  autres, avec  un  refpeér.  plein  de  reconnoiflance  remercient  Se 
„  félicitent  Vôtre  Majefté  dans  le  tranfport  de  leur  cœur  ,  de  voir  le  Trône 
„  d'Efpagne  occupé  par  un  Prince  qui  touche  de  fi  près  à  Vôtre  Majefté. 
5,  Ils  en  tirent  les  confequences  les  plus  flateufes  ,  tant  pour  la  Religion  que 
„  pour  l'Etat.  C'eft-ce  que  cette  Lettre  dira  à  Vôtre  Majefté,  &  j'y  dois 
„  ajouter  que  c'eft  à  Vôtre  Majefté  que  nous  reconnoiflbns  devoir  le  don  pré- 
„  tieux  qu'elle  nous  fait  d'un  Prïfcce. qui  a  des  vertus  fi  relevées,  Se  que  nous 
„  vivrons  toujours  avec  un  cœur  pénétré  de  refpeét  6c  d'amour  pour  Vôtre 
„  Majefté,  6c  pour  la  bonté  qu'elle  nous  a  témoignée,  dont  nous  la  fuplirons 
,,  toujours  de  nous  accorder  la  continuation  :  nous  tâcherons  de  l'obtenir  par 
„  les  moïens  les  plus  convenables  à  l'honneur  qu'elle  nous  fait.  Aïant  le  bon- 
„  heur  de  me  voir  aux  pieds  de  Vôtre  Majefté  ,  qui  par  fa  magnificence  me 
„  lait  l'honneur  de  m'accorder  ces  grâces,  ces  diftinéHons ,  6c  ces  faveurs  que 
„  je  me  fuis  flaté  d'en  recevoir  ,  je  lui  facrifie  ma  Perfonne  ,  6c  ma  Maifon  j 

6c  j'en  tire  avec  confiance  fon  plus  grand  relief  6c  le  mien  ,  6c  le  fervice  Je 


•>•> 


„  plus  afluré  du  Roi  mon  Maître. 

L  e  Roi  lui  fit  cette  Reponfe. 

„  M  O  N  S  I  E  U  R, 

5,  "^  TOus  devez  être  bien  perfuadé  que  je  reçois  avec  beaucoup  de  plaifir  les 
„  V  complimens  du  Roi  mon  petit  Fils  ;  èc  avec  beaucoup  de  iàtisfàc- 
3,  tion,  les  reconnoUrances  que  vous  me  témoignez  de  la  paît  des  Roïaumes, 

„  Se 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.  387 

„  êc  des  Etats  qui  compofent  la  Monarchie  d'Efpagne.  Ils  ne  pouvoient  choi-   1701. 

„  fir,  pour  s'en  acquiter,  une  perfonne  qui  me  fût  plus  agréable  que  vous.  

„  Vous  voïez  à  prêtent  l'une  &  l'autre  Nation  tellement  unies  que  les  deux 
„  déformais  ne  font  plus  qu'une.  Pour  moi,  je  fuis  présentement  le  meilleur 
„  Efpagnol  du  monde,  &  fi  le  Roi  mon  petit  Fils  me  demande  des  confeils, 
„  je  ne  lui  en  donnerai  que  pour  la  gloire  &  pour  l'intérêt  de  l'Efpagne.  On 
„  verra  mon  petit  Fils  à  la  tête  des  Efpagnols,  pour  défendre  les  François  j& 
„  on  me  verra  à  la  tête  des  François  pour  défendre  les  Efpagnols.  Pour  vous, 
„  Monfieur ,  vous  devez  avoir  connu ,  depuis  que  vous  êtes  à  ma  Cour ,  la  di- 
„  ftinclion  que  je  fais  de  vôtre  Perfonne:  &  la  joie,  que  mes  fujets  montrèrent 
„  hier  de  vous  voir,  eft  une  marque  qu'ils  connoiflent  combien  je  vous  eftime 
,,  &  combien  j'aime  les  Efpagnols. 

Le  2p.  cet  Ambafîàdeur  eut  fon  Audience  de  Congé,  dans  laquelle  il  fît 
le  Compliment,  qu'on  va  voir  avec  la  Réponfe  du  Roi. 

„  S    I    R    E, 


QUand  je  me  vois  aux  pieds  de  Vôtre  Majefté ,  je  me  croirois  coupable  Adieu 
d'une  véritable  ingratitude,  fi  je  fongeois  à  m'en  éloigner  par  d'autres  Le£Am'"' 
„  raifons  que  par  celle  de  me  rendre  auprès  du  Roi  fon  Petit-Fils.     Les  bon-  <jeur~ 
j,  tez  dont  Vôtre  Majefté  a  daigné  me  combler  m'engagent  pour  le  refte  de  d'Efpa- 
„  ma  vie  à  joindre  au  plus  profond  refpeét.  la  reconnoiffance  la  plus  vive.    Ce  Sne« 
„  que  j'ai  vu ,  Sire ,  8c  ce  que  j'ai  fenti  me  feroient  apprendre  à  tous  les  Ef- 
„  pagnols  tout  ce  qu'ils  doivent  penfer  de  Vôtre  Majefté  s'ils  ne  le  fçavoient 
„  déjà.     Le  Roi  mon  Maître  leur  dit  allez  tout^jte  que  vous  êtes,  Sire, 
„  quand  il  leur  fait  voir  tout  ce  qu'il  eft.    Je  lui  rendrai  compte  de  tout 
„  ce  que  Vôtre  Majefté  a  fait  pour  moi   par  rapport  à  lui.    Je  m'eftime- 

rai  trop  heureux  toute  ma  vie  d'avoir  pu  me  jetter  aux  pieds  de  Vôtre 

Majefté.    Je  lui  facrifie  ma  Perfonne,  ma  Famille,  &  tout  ce  que  je  fois,. 

&  je  croi  devenir  par  là  plus  agréable  au  Roi  mon  Maître,  Petit-Fils  de 

Vôtre  Majefté  ,  &  plus  propre  à  le  bien  fervir. 


j> 


jj 


Ous  ne  pouviez  pas  douter,  Monfieur  ,  qu'une  perfonne  que  m'en-  Reponfc 
voyoit  le  Roi  mon  Petit-Fils,  ne  dût  m'être  fort  agréable;  mais(|uRoi 


,,  V  vuyoït  ic  rvoi  mon  ireut-rus,  nc  uul  m  cire  ioil  agi  cauic  j  mais""""* 
„  pour  vous ,  quand  vous  ne  feriez  venu  ici  qu'étant  ce  que  vous  êtes ,  je  — 
„  vous  aurois  toujours  reçu  avec  la  même  eftime  &  avec  la  même  diftinêlion. 
„  C'eft  ici  une  Cérémonie  où  je  ne  puis  vous  parler  qu'en  gardant  certaines 
„  formalitez:  vous  direz  donc  au  Roi  mon  Petit-Fils  combien  je  fouhaite 
„  conferver  l'étroite  amitié  &  la  bonne  intelligence  où  nous  devons  toujours 
„  être  i  ôc  comme  vous  devez  avoir  encore  de  moi  avant  vôtre  départ  une 
„  Audience  particulière,  c'eft-là  que  je  vous  dirai  tous  mes  ientimens  pour-le 
„  Roi  mon  Petit-Fils,  &  toute  mon  eftime  pour  vous. 

L  e  Roi  fit  prefent  au  Connétable  de  fon  Portrait  enrichi  de  la  valeur  de 
vingt  mille  Ecus, qui  eft. le  double  de  la  valeur  de  ceux  que  la  France  a  accou- 
tumé. 


}S8     MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

î"01-    tumé  de  donner  aux  Ambafladcurs.   Le  Connétable,  pour  témoigner  fa  gra- 
"  titude  de  cette  diftinûion,  fublïitua  ce  Portrait  dans  fa  Famille,  à  Ces  Dei- 

cendans  de  mfile  en  mâle,  Se  d'aîné  en  aîné. 

Il  parut  quelques  jours  auparavant  une  Pièce  fort  finguliere.  C'étoit  des 
Lettres  Patentes  du  Roi  de  France  pour  conferver  au  Roi  d'Efpagne  fon  Pe- 
tit-Fils les  Droits  que  fît  Naiflance  lui  donne  à  la  Couronne  de  France.  El- 
les étoient  données  en  Décembre  de  1700.  ;  mais ,  Elles  ne  furent  fcellées 
qu'en  Janvier  fuivant,  Se  enregistrées  que  le  premier  de  Février.  Ces  Pa- 
tentes font  d'autant  plus  remarquables ,  qu'Elles  étoient  contraires  faux  Re- 
nonciations de  lj  Reine  Marie- Therclè.  Elles  peuvent  auffi  être  un  jour  des 
fources  vivantes  de  brouilleries ,  pour  renverfer  les  fameufes ,  mais  frivoles 
Renonciations,  fiites,  à  l'occafion  des  Traitez  de  Paix  du  Congrès  d'Utrechr. 
C'eft  d'autant  que  les  Affaires  des  humains  font  incertaines ,  6c  que  c'eft  pref- 
que  une  Règle  générale  des  Cours  d'envifager  ce  qui  eft  le  plus  utile  ,  com- 
me étant  en  même  tems  le  plus  équitable.    Voici  ces  Lettres  Patentes. 


•>•> 


LETTRES  PATENTES, 


LOuïs  par  la  grâce  de  Dieu  Roi  de  France  &  de  Navarre:  A  tous  préfèns 
Se  à  venir,  Salut.  Les  profperitez  dont  il  a  plû  à  Dieu  de  nous  com- 
bler pendant  le  Cours  de  nôtre  Règne,  font  pour  nous  autant  de  motifs 
de  nous  appliquer ,  non  feulement  pour  le  tems  préfent ,  mais  encore  pour 
l'avenir,  au  bonheur  &  à  la  tranquillité  des  Peuples  dont  là  divine  providen- 
ce nous  a  confié  le  Gouvernement  :  Ses  jugemens  impénétrables  nous  laif- 
fent  feulement  \oit^r,§ue  nous  ne  devons  établir  nôtre  confiance  ,ni  dans  nos  for- 
ces ,  ni  dans  ï 'étendue*de  nos  Etats ,  ni  dans  une  nombreufe  pofîerité ,  &  que 
ces  avantages  que  nous  recevons  uniquement  de  fa  bonté  n'ont  de  folidité 
que  celle  qu'il  lui  plaît  de  leur  donner.  Comme  il  veut  cependant  que  les 
Rois  qu'il  choifit  pour  conduire  fes  Peuples,  prévoient  de  loin  les  évene- 
mens  capables  de  produire  les  défordres  Se  les  guerres  les  plus  fanglantes, 
qu'ils  fe  fervent  pour  y  remédier  des  lumières  que  fa  divine  fageffe  répand 
,  fur  eux,  nous  accomplirons  fes  deflèins,  lors  qu'au  milieu  des  réjuoiflances 
„  univerfelles  de  nôtre  Roïaume,  nous  envifageons  comme  une  c-hofe  poffible, 
un  trille  avenir  que  nous  prions  Dieu  de  détourner  à  jamais.  En  même 
tems  que  nous  aceptons  le  Te  filament  du  feu  Roi  a  Ef pagne ,  que  nôtre  très-  , 
„  cher  Se  très-amé  Fils  le  Dauphin  renonce  à  fes  Droits  légitimes  fur  cette  Cou- 
„  ronne  en  faveur  de  fon  fécond  Fils  le  Duc  d'Anjou  nôtre  très-cher  Se  tres- 
„  amé  Petit-Fils,  inflitué  par  le  feu  Roi  d'Efpagne  fon  Héritier  univerfel} 
„  Que  ce  Prince  connu  préientement  fous  le  nom  de  Philippe  V.  Roi 
„  d'Efpagne,  elt  prêt  d'entrer  dans  fon  Roïaume  Se  de  répondre  aux  vœux 
empreflèz  de  fes  nouveaux  Sujets  ;  ce  grand  Evénement  ne  nous  empêche 
pas  de  porter  nos  vues  au-delà  du  tems  préfent  :  Se,  lorfque  nôtre Succcffion 
paraît  le  mieux  établie,  nous  jugeons  qu'il  eft  également  Se  du  devoir  de 
,  Roi ,  Se  de  celui  de  Père ,  de  déclarer  pour  l'avenir  nôtre  volonté  conforme 
,,  aux  fentimens  que  ces  deux  qualitez  nous  infpirent.  Ainfi,  perfuadez  que 
le  Roi  d'Efpagne  nôtre  Petit- Fils  confervera  toujours  pour  nous,  pour  fa 

„  Mai- 


35 
3» 
55 

33 
33 
33 
33 
95 
33 
33 
î> 
55 
55 


55 

55 


11 
55 
35 


M 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.  58p 

„   Maifon,  pour  lcRoïaume  où  il  eft  né, la  même  tendreffe  Scies  mêmes  fenti-     1701. 

„  mens  dont  il  nous  a  donné  tant  de  mwques-.que  /on  exemple  uni  fiant  fes  nouveaux        T 

„  Sujets  aux  nôtres ,  va  former  entr'eux  une  amitié  perpétuelle  ci?  la  cerrefpondan- 

„  ce  la  plus  pat  'faite;  nous  croirions  auffi  lui  (aire  une  injuftice  dont  nous  fom- 

„  mes  incapables ,  8c  caufer  un  préjudice  irréparable  à  nôtre  Roïaume  ,   fi 

„  nous  regardions  déformais  comme  Etranger  un  Prince  que  nous  accordons 

„  aux  demandes  unanimes  de  la  Nation  Efpagnole. 

„  A  ces  Caufes  ,  Se  autres  grandes  Contïderations  à  ce  nous  mouvans ,  de 
„  nôtre  grâce  lpéciale,  pleine  puiffance  &  autorité  roïale  ,  Nous  avons  dit, 
„  déclare,  &  ordonné,  Se  par  ces  préfentes  fignées  de  nôtre  main ,  difons, 
„  déclarons,  Se  ordonnons,  voulons  &  nous  plaît,  Que  nôtre  très- cher  6c 
„  très-amé  Petit-Fils  le  Roi  d'Efpagne  conferve  toujours  les  droits  de  foNaif- 
„  fonce,  de  la  même  manière  que  s'il  failbit  fa  réfîdence  actuelle  dans  nôtre 
„  Roïaume.  Ainfi  nôtre  très-cher  &  très-amé  Fils  unique  le  Dauphin  étant 
„  le  vrai  &  légitime  SucceffeurSc  Héritier  de  nôtre  Couronne  8c  de  nos  Etats, 
,,  8c  après  lui  nôtre  très-cher  Se  très-amé  Petit-Fils  le  Duc  de  Brourgognc ,  s'il 
„  arrive  (ce  qu'à  Dieu  ne  plaife)  que  nôtre  dit  Petit- Fils  le  Duc  de  Bour- 
,,  gogne  vienne  à  mourir  fans  Enfans  mâles  j  ou  que  ceux  qu'il  auroit  en  bon 
„  8c  loïal  mariage  décèdent  avant  lui  ;  ou  bien  que  lefdits  Enfans  mâles  ne 
.,  biffent  après  eux  aucuns  Enfans  mâles  nez  en  légitime  mariage}  en  ce  cas 
„  nôtre  dit  Petit-Fils  le  Roi  d'Efpagne, ufont  des  droits  de  fo  Naiffance,  foit 
„  le  vrai  8c  légitime  Succeffeur  de  nôtre  Couronne  8c  de  nos  Etas,  nonob- 
„  liant  qu'il  fût  alors  abfent  8c  réfîdent  hors  de  nôtre  dit  Roïaume }  8c  im- 
„  médiatement  après  fon  décès  fes  hoirs  mâles  procréez  en  loïal  mariage  vien- 
„  dront  à  ladite  iuccefïïon,  nonobltant qu'ils  foient  nez  8c  qu'ils  habitent  hors 
„  de  notre  dit  Roïaume:  Voulant  que  pour  les  Caufes  fufdites,  nôtre  dit  pe- 
„  tit  Fils  le  Roi  d'Efpagne,  ni  fes  Enfans  mâles,  ne  foient  cenlêz  8c  réputez 
„  moins  habiles  8c  capables  de  venir  à  ladite  Succeffion ,  ni  aux  autres  qui  leur 
„  pourraient  écheoir  dans  nôtre  dit  Roïaume. 

„  Entendons  au  contraire ,  que  tous  droits ,  8c  autres  choies  généralement 
„  quelconques  qui  leur  pourraient  à  prélent  8c  à  l'avenir  compéter  8c  appar- 
„  tenir  foient  8c  demeurent  confervées  faines  Se  entières ,  comme  s'ils  réfi- 
„  doient  8c  habitoient  continuellement  dans  nôtre  Roïaume,  jufqu'à  leur  tré- 
„  pas ,  Se  que  leurs  hoirs  fuiTent  originaires  Se  régnicoles,  les  aïant  à  cet  effet , 
, ,  en  tant  que  befoin  eft  ou  ferait ,  habilité  8c  difpenfé ,  habilitons  Se  difpenfons, 
,,  par  cefdites  Préfentes. 

„  Si  donnons  en  Mandement  à  nos  amez  8c  féaux  Confeillers  les  gens  te- 
„  nans  nôtre  Cour  de  Parlement  Se  Chambre  de  nos  Comptes  à  Paris  Sec.  Don- 
„  né  à  Verfoilles  au  mois  de  Décembre,  l'an  de  Grâce  1700.,  Se  de  nôtre 
„  Règne  le  f8.  Signé,  LOUIS:  Et  fur  le  reply,par  le  Ro1,Phelypeaux, 
„  Se  fceilé. 

„  Regijlrées ,  ouï  &  ce  requérant  le  Procureur  Général  du  Roi ,  pour  être 
„  exécutées  félon  leur  forme  &  teneur.  A  Paris  en  Parlement  le  premier  jour  de 
„  Février  1701. 

Signé,  D  0  n  g  o  1  s. 

Tom.  I.  Aaa  L'on 


300     MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

1701.        L'on  ne  fâuroit  s'empêcher  de  raporter  ici  la  Préface  de  la  Déclaration 

■ du  Roi  de  France  pour  la  nouvelle  Capitation  fur  fes  Sujets.     C'cft  à  caufe 

des  fpecieux  prétextes  de  la  necetiité  de  cet  onéreux  impôt. 


„  T   Ouïs  par  la  grâce  de  Dieu ,  Roi  de  France  6c  de  Navarre  :  A  tous  ceux 
„   i— <  qui   ces  prelentes   Lettres  verront  ,    Salut.     La  juile  difpofition  de 


Déclara- 
tion du 
Roi 

pour  l'é-  s>  Charles  II.  Roi  dvEfpagne,  par  laquelle  pour  conferver  fes  Roïaumes 
tabliffe-    „  en  un  lêul  Corps  de  Monarchie,  6c  maintenir  le  repos  général  de  l'Europe, 
ment  de   n  jj  a  appeUé  à  laSucceffion  de  tous  fes  Etats  le  Duc  d'Anjou  nôtre  Petit- Fils, 
ration'"    »  H1"  en  e^-  l'Hé^tier  légitime  par  la  Renonciation  de  nôtre  très-cher  Fils  le 
Généra-  j5  Dauphin,  6c  de  nôtre  Petit-Fils  le  Duc  de  Bourgogne,  en  fa  faveur  ;  aïant 
le.d?n"    »  donné  de  nouveaux   fujets  d'envie  aux  Princes  nos  voifîns ,   leur  fournit 
^ee  *       „  en  même  tems  des  prétextes  pour  recommencer  une  Guerre  que  nous  a- 
lesle  11.  »  vi°ns  heureufèment  éteinte  par  une  Paix,  dont  les  conditions  auroient  pu 
Mars       „  être  plus  avantageufes  pour  nous,fi  nous  n'avions  préféré  le  repos  de  nosSu- 
I7°l'       »  Jcts  ^  nos  propres  intérêts.  C'eft  dans  ce  même  efpritScdans  ces  mêmes  vues 
trée'ê      "     u  k'en  ^e  nos  Sujets  6c  de  la  confervation  de  la  tranquilité  de  l'Europe,  que 
l'nrle-      55  Nous  avons  bien  voulu  nous  defifter  des  avantages  du  Traité  de  Partage,  fui- 
ra sur.      „  vant  lequel  les  Roïaumes  de  Naples  6c  de  Sicile, le  Duché  de  Milan,  6c  la 
„  Province  de  Guipufcoa ,  auroient  pu  nous  appartenir  ;  mais  dont  nous  n'au- 
„  rions  pu  nous  mettre  en  pofïèiïion,  fans  dépouiller  le  Duc  d'Anjou  nô- 
„  tre  Petit-Fils  des  droits  qui  lui  font  acquis,  6c  fans  renouveller  nous  même 
»,  la  Guerre ,  que  le  bien  de  nos  Sujets  6c  celui  de  toute  l'Europe  nous  obli- 
„  geoit  d'éviter.     Mais  les  mouvemens  6c  les  préparatifs  qui  fc  font  en  Alle- 
„  magne,  en  Angleterre , 6c  en  Hollande,  ne  nous  huilant  pas  lieu  de  douter 
„  que  quelques  Princes  jaloux  des  nouveaux  avantages  de  la  Maifon  de  France, 
„  6c  d'autres  dans  le  derLin  d'afTujettir  entièrement  des  Peuples,  qu'une  plus 
„  longe  Paix  auroit  pu  confirmer  dans  le  relie  de  liberté  dont  ils  jouïflènt , 
„  n'aient  refolu  de   renouveller  la  Guerre  :  Nous  nous  trouvons  obligez  de 
„  nous  mettre  en   état  de  leur  oppoiér  des  forces  au  moins  égales  à  celles 
„  qu'ils  préparent,  pour  difputer  à  nôtre  très-cher  6c  très  amé  Frère  6c  Petit- 
„  Fils  le  Roi  d'Efpagne  les  droits  qui  lui  font  acquis  par  le  Sang,  par  la  dif- 
„  pofition  du  Teiîament  du  feu  Roi  Charles  II.  6c  par  les  fuftrages  6c 
„  le  vœu  commun  de  tous  les  Peuples  de  fes  Roïaumes.     Dans  ce  delîèin 
„  Nous  avons  donné  nos  ordres  pour  des  levées  confiderables  de  Troupes  : 
„  mais  ,  comme  la  Guerre  engage  inévitablement  dans  des  dépenfes  qui  exce- 
„  deront  nos  revenus  ordinaires}  que  nous  avons  fait  le  fonds  pour  la  levée 
„  defdites  Troupes  6c  pour  leur  habillement  j  que  nous  avons  fait  les  avances 
,,  pour  les  Vivres,  l'Artillerie,  les  Magazins, 6c  autres  dépenfes,  pour  pou- 
,,  voir  entrer  de  bonne  heure  en  Campagne,   en  cas  que  l'Empereur,   les 
„  Anglois,6c  les  Hollandois,  continuent  dans  le  defièin  de  nous  faire  la  Guerre: 
„  Nous  nous  trouvons  dans  la  neceffité  d'avoir  recours  à  des  fonds  extraordi- 
„  naires  qui  foient  moins  à  charge  à  nos  Sujets,  que  les  iccours  que  nous  a- 
,,  vons  été  obligez  de  nous  procurer  dans  la  dernière  Guerre, par  des  Traitez, 
„  dont  plufieurs  fubfi  lient  6c  n'ont  pu  être,  exécutez  qu'avec  beaucoup  de 
„  frais,  dont  nos  Sujets  ont  été  Se  font  encore  chargez,  fans  que  nous  en 

„  aïons 


. 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.         391 

„  aïons. profité.  Entre  tous  les  moïens  qui  nous  ont  été  propofez,  8c  que  170 1. 
„  nous  avons  meurcment  examiné  dans  nôtre  Conléil,  Nous  avons  eftimé  ■  ■ 
„  qu'il  n'y  en  avoit  point  de  plus  convenables  que  de  rétablir  la  Capitation , 
„  qui  fe  pourra  païcr  ,  fans  que  ceux  qui  y  contribueront  en  fouffrent  un 
„  préjudice  considérable  dans  leurs  affaires,  en  s'appliquant  à  la  rendre  auflt 
„  égale  qu'il  fe  pourra  j  Se  en  fàifant  ceffer  le  recouvrement  en  même  temps 
„  que  la  Guerre  ceïïèra ,  en  forte  que  nos  Sujets  fe  trouvent  à  la  Paix  au  mê- 
„  me  état  qu'ils  étoient  avant  la  déclaration  de  la  Guerre.  Mais  comme  il 
,,  s'eft  trouvé  plufîeurs  embaras  dans  la  Capitation  ordonnée  en  l'année  •169^. 
„  qui  ont  donné  lieu  à  des  non-valeurs  ;  en  forte  que  le  recouvrement  qui  en 
„  a  été  fait  n'a  pas  produit  les  fommes  qui  nous  feroient  necefiaires  pour  fou- 
,',  tenir  les  dépenfes  indifpenfables  de  la  Guerre,  fans  le  fecours  d'autres  affaires 
„  extraordinaires:  Nous  avons  refolu ,  en  rétabliûant  la  Capitation ,  de  l'aug- 
„  menter,  Se  de  fixer  celle  de  nôtre  bonne  Ville  de  Paris  Se  de  chacune  des 
„  Généralitez,  ou  "Provinces  de  nôtre  Roïaume,  aux  fommes  que  nous  efti- 
„  mons  qu'elles  peuvent  porter,  dont  la  repartition  fera  faite  pour  nôtre  bon- 
„  ne  Ville  de  Paris,  à  l'égard  des  Officiers  de  Juftice,  par  les  Chefs  des 
Compagnies  j  Sec.  Stc. 


55 


•>■> 


Comme  il  s'imprimoit  chaque  mois  un  petit  Livret  fous  le  Titre  à'Ef- 
prit  des  Cours,  Gueudeville,  qui  en  étoit  l'Auteur,  s'égaïa  en  Réflexions 
fur  cette  Déclaration.  Le  Comte  de  Briord  ,  tout  malade  qu'il  étoit  ,  en 
fut  choqué.  Il  envoïa  fon  Ecuier  chez  l'Auteur  pour  le  maltraiter.  Il  ne 
put  cependant  exécuter  ce  deflein ,  à  caufe  que  des  gens  du  voifinage  furvin- 
rent.  Ce  Comte  en  fit  des  Plaintes  aux  Etats  Généraux ,  qui  défendirent  au 
Libraire  d'imprimer  ledit  Livret  de  YEfprit  des  Cours.  Cela  fut  caufe  qu'il 
fut  continué  fous  le  Titre  de  Nouvelles  des  Cours. 

Le  Samedi  12.  Février  le  Comte  d'Avaux  arriva  enfin  à  la  Haïe  entre  cinq 
Se  fix  heures  du  foir.  Il  fut  le  jour  fuivant  voir  le  Confeiller  -  Penfionnaire , 
auquel  il  dit  qu'il  venoit  avec  les  mains  plaines  d'Olivier.  Il  préfenta 
même  ce  jour -là  un  Mémoire  aux  Etats  Généraux  de  la  teneur  fui- 
vante. 

„  Le  Roi  Très-Chrêtien ,  qui  n'a  eu  d'autre  vûë  depuis  la  Signature  des  Mémoi- 
„  Traitez  de  Riswick,que  de  maintenir  le  repos  de  l'Europe,  que  cette  ^edu 
„  Paix  y  a  rétablie, a  vu  avec  plaifir  dans  les  trois  Réfolutions  de  Vos  Sei-  J^vaux. 
„  gneuiies-des  if.  Se  29.  Janvier  Se  p.  du  préfent  mois  de  Février, qu'Elles  du  13. 
„  fouhaitoient  d'entrer  en  Conférence  Se  en  Négociation  par  leurs  Députez  Fevner 
„  avec  le  Comte  de  Briord,  ou  tel  autre  qu'il  plairoit  à  Sa  Majefté  d'autorifer  I701- 
„  pour  conférer  enfemble  fur  laconfervationde  la  Paix, Se  fur  les  furetez  que  Vos 
„  Seigneuries  pourroient  équitablement  defirer.  Et  comme  la  fanté  du  Comte 
„  de  Briord  ne  lui  permet  pas  encore  de  pouvoir  entrer  en  Conférence,  SaMa- 
»  jefté  a  commandé  au  foûffigné  Comte  d'Avaux  de  fe  rendre  pour  cet  effet  in- 
„  ceffàmment  à  la  Haïe.  Ce  que  le  Comte  d'Avaux  aïant  exécuté  avec  toute 
„  la  diligence  qui  lui  a  été  poffible,  il  a  crû  ne  devoir  point  perdre  tems  à  le 
„  taire  favoir  à  Vos  Seigneuries,  Se  à  leur  remettre  fa  Lettre  de  Créance, 

A-aa  2.  „  leur 

■  -À. 


I— 01. 


391     MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

„  leur  déclarant  qu'il  eft  prêt  d'entrer  en  Conférence  avec  les  Députez  de 
„  Vos  Seigneuries ,  &  que  le  Roi  fon  Maître  lui  a  conféré  &  au  Comte  de 
„  Briord  les  pouvoirs  necetraires  pour  traiter  avec  Vos  Députez,  s'il  eft  quef- 
,,  tion  de  prendre  de  nouveaux  engagemens  pour  la  conlérvation  de  la  Paix. 
„  Il  peut  en  attendant  les  affairer  que  le  Roi  fon  Maître  ne  prétend  pas  fc 
„  fervir  de  fa  Puiflance,  ni  de  fon  Union  avec  le  Roi  d'Efpagne,  pour  com- 
„  mencer  une  nouvelle  -  Guerre  :  Qu'il  defire  au  contraire  ,  que  cet  évene- 
„  ment  ferve  à  maintenir  la  Paix  générale, &  qu'il  eft  prêt  à  donner  à  ce  fii- 
,,  jet  toutes  les  afluranecs  qu'on  pourra  lui  demander  raisonnablement.  A  la 
„  Haïe  le  13.  Février  1701. 

Signe, 
Le   Comte   d'Avaux. 

Le  même  jour  qu'il  préfenta  ce  Mémoire, il  reçût  les  vifites  des  Ambaf- 
fadeurs  de  Suéde  &  de  Mofcovie.  Le  Lendemain  fon  Mémoire  aïant  été  lu, 
les  Etats  Généraux  le  remirent  entre  les  mains  de  quelques  Commiflaires  de 
leur  AfTemblée  pour  l'examiner,  &  le  firent  lavoir  au  Comte  d'Avaux  par  une 
Députation.  Celui-ci  leur  préfenta  un  fécond  Mémoire  le  Mercredi  16. 
qu'il  fit  même  imprimer  tel  que  voici. 

„  T  7 Os  Seigneuries  aïant  fait  fçavoir  au  Comte  d'Avaux  ,  Ambaiîàdeur. 
rtde     »  Extraordinaire  du  Roi  T.  C.  qu'elles  avoient  remis  entre  les  mains 

Sa  Maje-  30  des  Commiflaires  le  Mémoire  qu'il  leur  a  prefenté  le  1 5.  de  ce  mois  ;  l'ex- 
ftéTrès-  „  treme  defir  qu'il  a  de  contribuer  autant  qu'il  lui  eft  poffible  au  maintien  de 
Chxè-  n  ^  paix,  l'a  porté  à  ne  pas  différer  de  délivrer  à  Vos  Seigneuries  un  fécond 
préfente  »  Mémoire,  qui  leur  fera  connoître  encore  plus  parfaitement  la  fincerité  des 
parle  m  intentions  de  Sa  Majeilé  pour  le  maintien  de  la  tranquilité  publique,  6c 
Comte  „  pour  le  repos  de  Meilleurs  les  Etats  Généraux  en  particulier. 
ci'A"  „  Les  démarches  de  Sa  Majeilé  T.  C, depuis  la  mort  du  Roi  d'Efpagne, 

fon  Ara-  î»  ont  ^a't  connoître  le  véritable  defir  que  Sa  Majeilé  a  de  conferver  le  repos 
bafîa-  ,,  public ,  &  d'entretenir  une  parfaite  intelligence  avec  Meilleurs  les  Etats 
deurEx-  „  Généraux:  s'ils  ont  été  allumiez  de  la  refolution  qu'Elle  a  prife  d'accepter 
traordi-  ^  je  Teilament  de  ce  Prince,  Sa  Majeilé,  examinant  les  motiis  de  la  crainte 
aiixE'-  55  de  Vos  Seigneuries,  n'a  rien  oublié  pour  la  diiîïper  j  Elle  vous  a  informé, 
tatsGé-  „  comme  fes  Alliez ,  des  juiles  raifons  qu'Elle  avoit  de  confiderer  les  dernières 
néraux  n  difpofitions  du  feu  Roi  Catholique^  comme  le  fondement  de  la  Paix  de 
des  P10-  l'Europe.  Les  plus  fortes  afliirances  de  fon  aftéclion  pour  Vos  Seigneuries 
Unies ,  55  ont  ete  jointes  a  1  explication  qu  Llle  leur  a  donne  de  les  intentions:  Mais 
a  la  „  ces  mêmes  afliirances  renouvcllées  en  toutes  occafîons  n'ont  pu  vaincre  le 
Haïe  le  J?  fiience  de  Vos  Seigneuries,  ni  les  déterminer  à  répondre  à  la  Lettre  que  Sa 
«riei  "  Maje^c  leur  avoit  écrite,  pour  leur  faire  part  de  l'avènement  du  Roi  fon 
J7CI.      »  Petit-Fils  au  Trône  d'Efpagne. 

„  Il  eft  inutile  de  rapellcr  a  Vos  Seigneuries  la  première  demande  qu'Ellcs 

„  ont  fait  à  Sa  Majeilé.    Enfin, fa  patience  a  été  jufqu'au  point  de  faire  di- 


Mémoi 
ie  de  la 


5)  re3 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.  $pj 

„  re,&  de  lauTer  croire, que  l'état  de  Tes  forces  ne  lui  permettoit  pas  de  com- 
„  mencer  une  nouvelle  Guerre:  Sa  Majefté,  uniquement  occupée  du  foin  de 
„  la  prévenir,  n'a  point  été  détournée  de  ce  même  foin  par  de  tels  difcours,, 
„  &  fon  attention  continuelle  au  maintien  de  la  Paix  lui  a  fait  recevoir  enco- 
„  re  avec  plaifir  les  deux  Mémoires  remis  à  Sa  Majefté  au  nom  de  Vos 
„  Seigneuries.  Comme  ils  lui  donnoient  lieu  de  croire  que  Vos  Seigneu- 
„  ries  vouloient  effectivement  convenir  avec  Elle  des  moïens  d'afTurcr  leur  re' 
„  pos ,  Elle  a  fiait  partir  le  fouffigné  Comte  d' A  vaux  pour  écouter  les 
„  propofîtions  que  vous  auriez  à  lui  faire. 

„  Mais,  en  même  tems  .que  le  Roi  T.  C.  a  veu  tranquilement  l'extrême 
„  défiance  que  le  Gouvernement  des  Provinces- Unies  a  fait  ouvertement  pa- 
„  roître  des  lînceres  intentions  de  Sa  Majefté ,  Elle  n'a  pu  defàprouver  celle 
„  du  Roi  Catholique  juitement  fondée' fur  la  Conduite  que  Vos  Seigneuries- 
„  ont  tenue  depuis  ion  avènement  à  la  Couronne  d'Efpagne.  Les  Mémoires 
„  de  fon  Ambafîàdeur  ,&  la  Lettre  de  ce  Prince ,  demeurez  fans  Réponfe ,  le 
„  refus  confiant  de  Vos  Seigneuries  de  le  reconnoître  en  qualité  de  Roi  d'Ef- 
„  pagne,  cette  refolution  marquée  jufques  dans  les  moindres  occafions,  dont 
„  le  détail  feroit  inutile,  ne  pouvoient  établir  la  confiance. 

„  La  Sagefîè  de  vôtre  Gouvernement  permet  difficilement  d'ajouter  foi  aux 
5,  bruits  répandus  y  d'un  Projet  formé  d'offrir  à  ce  Prince  de  le  reconnoître, 
„  à  condition  que  feparant  les  Païs-Bas  de  la  Monarchie  d'Efpagne  il  les  ce- 
„  deroit  à  l'Archiduc  Charles.  Il  y  a  peu  d'aparence  que  Vos  Seigneuries 
„  aient  crû,  que  le  Roi  d'Efpagne  voulût,  au  commencement  de  fon  Régne, 
„  acheter  la  Paix  à  ce  prix. 

„  Mais,  quand  ces  bruits  feraient  abfolument  faux  ,  quand  il  feroit  faux 
„  qu'on  fit  aucun  amas  extraordinaire  d'Armes  &  de  Munitions,  aucun  pre- 
„  paiatifen  Hollande  pour  la  Guerre}  quand  même  il  n'y  aurait  nulle  Nego- 
„  dation  pour  de  nouvelles  Alliances ,  il  étdjimpoffible  que  le  Roi  d'Efpa- 
„  gne  vît  (ans  peine  les  Places  des  Païs-Bas  impies  de  Troupes,dont  les  Maî- 
„  très  ne  veulent  point  le  reconnoître  pour  Souverain  légitime  de  ces  mêmes 
„  Places.  Le  refus  de  Vos  Seigneuries  l'a  donc  obligé  de  s'adrefîèr  à  Sa 
„  Majefté  Très-Chrétienne,  &  de  lui  demander  les  fecours  qu'Elle  vient  de 
„  lui  donner;  mais, Sa  Majefté, déclare  qu'après  avoir  pris  les  précautions  ab- 
„  folument  neceffaires  pour  établii-  l'Autorité  légitime  du  Roi  fon'  Petit-Fils , 
„  Elle  eft  entièrement  dipofée  à  convenir  inceffamment  des  moïens  d'aflûrer  la 
^  Paix. 

„  Ainfijla  tranquilité  publique  dépend  de  Vos  Seigneuries  ;  Elle  fera  bien- 
,,  tôt  affermie  pour  long- temps,  s'il  eft  vrai  que  Vos  Seigneuries  la  délirent 
„  auiiï  ardemment  qu'elles  le  témoignent  dans  le  dernier  Mémoire  que  le 
„  Comte  de  Manchefter  Ambafîàdeur  du  Roi  d'Angleterre  a  remis  de  vôtre 
„  part.  Si  le  Traité  de  Ryfvvick  ponctuellement  oblervé  jufqu'à  prefent  ne 
„  iuffit  pas  pour  ôter  à  Vos  Seigneuries  tout  fujet  d'allarmcs,  èc  fur  leur  feu- 
,,,  reté,&  fur  leur  Commerce,  Sa  Majefté  veut  bien  que  Vos  Seigneuries  lui 
„  faffeijt  de  nouvelles  propofîtions,  mais  équitables,  &  telles  que  Sa  Majc- 
„  fté  les  puifle  admettre.     Le  tems  eft  précieux  ;  &  (s'il  eft  permis  aux  fouf- 

Aaa  3  »  figné 


^P4      MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,TRAITEZ, 

'I701.  „  ligne  Ambafiâdeur  de  vous  le  reprefenter  )  fi  Vos  Seigneuries  veulent  fincé- 
"  "  ■  „  rement  la  Paix,  Elles  doivent  éviter  de  laifièr  croire  que  fous  une  feinte 
„  aparence  de  Négotiation,  leur  véritable  intention  ne  foit  que  d'obtenir  ks 
„  délais  necefiaires  pour  fe  préparera  la  Guerre.  LaConftitution  de  vôtre 
„  Gouvernement, l'attente  desRéponfcs  du  Roi  d'Angleterre,  n'empêche  plus 
„  Vos  Seigneuries  de  s'expliquer  :  Elles  doivent  être  inftruites  des  intentions 
;  „  de  ce  Prince,  Elles  doivent  fçavoir  qu'il  eit  porté  à  maintenir  la  Paix,-puis 
„  qu'Elles  confient  à  fon  AmbafTadeur  les  RéfoJutions  qu'Elles  prennent  pour 
.j,  y  parvenir. 

„  Sa  Majefté  perfuadee  qu'elles  font  conformes  à  l'intérêt,  que  Vos  Seig- 
neuries ont  de  contribuer  au  repos  public ,  s'alïèure  auffi  que  bientôt  El- 
les s'expliqueront  de  manière  que  tout  fujet  de  défiance  venant  à  cefler, 


Elle  pourra  continuer  à  leur  donner  en  toutes  occafions  des  marques  de 
l'eitime  18c  de  l'affection  véritable  qu'Ellc  a  toujours  confervé  pour  leur 


Republique. 


Le  Lundi  21.  les  Etats  Généraux  prirent  une  Réfolution  en  Réponfe 
des  deux  Mémoires,  qu'ils  lui  firent  communiquer  le  jour  fuivant,  par  une 
Députation  folemnelle.     Voici  la  Réfolution. 


Extrait 
du  Regî- 
tre  des 
Réfuta- 
tions de 
L.H.P. 
lesSeig. 
Etats 
Géné- 
raux des 
Provin- 
ces-U- 
nies des 
Pais-Bas, 
du  Lun- 
di ti. 
Février 
1701. 


55 
55 

55 

55 

55 

55 

55 

55 

55 

55 

55 

55 

55 

55 

55 

51 

55 

« 

55 

55 

5? 

35 

35 

?i 


Alant  oui  leRaport  de  Mrs.  Van  Eflen  6c  des  autres  Députez  de  L.  H. 
P.  pour  les  Affaires  étrangeres,8c  enfuite  des  Réfolution  s  du  14.8c  17. 
de  ce  mois,  aïant  examiné  les  deux  Mémoires  du  Comte  d'Avaux  Amba- 
ffadeur  Extraordinaire  du  Roi  de  France  ,  par  le  premier  dsfquels  il  don- 
ne avis  à  L.  H.  P.  de  fon  arrivée, Se  par  le  fécond  pour  les  prier  de  fe  dé- 
clarer fur  ce  qui  regarde  la  Négociation ,  pour  trouver  des  moïens  pour 
conferver  la  Paix  générale  ôçpour  leur  fureté  particulière  ,  comme  il  eft 
fpecifié  plus  au  long  dans  toÉKMémoire  Se  dans  les  Regîtres  du  14.  Se  17. 
Sur  quoi  aïant  délibéré,  onT|^>uvé  à  propos  que  dans  une  Conférence  que 
l'on  aura  avec  le  Comte  d'Avaux  on  donnera  pour  Reponfe  aux  fufdits  Mé- 
moires, qu'auffi-tôt  que  L.  H.  P.  ont  été  avertis  par  le  premier  Mémoire 
de  l'arrivée  dudit  Comte  d'Avaux ,  ils  ont  nommé  des  Députez  pour  con- 
férer avec  lui  le  lendemain,  Se  qu'ils  lui  ont  déclaré  au  nom  de  L.  H.  P., 
comme  ils  déclarent  encore  à  préfent,  que  la  Réfolution  de  S.  M.  T.  C. 
d'envoyer  ici  le  Comte  d'Avaux  leur  étoit  très-agreable  auffi -bien  que  fa 
Perfonne,  Se  que  L.  H.  P.  efperent  que  leurs  dits  Députez  auront  été  afTez 
heureux  pour  taire  fuffiffemment  connoître  dans  leur  première  Conférence 
que  L.H.P.  n'ont  point  donné  d'occalion  par  leur  Conduite  de  prendre 
les  ombrages  qu'ils  voient  avec  chagrin  qu'on  a  pris  depuis  un  tems,  Se 
qu'ils  font  venus  pour  afiurer  ledit  Comte  d'Avaux  de  la  fincere  intention 
de  L.  H.  P.  pour  la  conservation  de  la  Paix  &  pour  entretenir  une  bonne 
intelligence  avec  S.  M.  T.  C.  Que  L.  H.  P.  aïant  depuis  reçu  le  fécond 
Mémoire  qui  leur  confirme  les  bonnes  intentions  que  S.  M.  T.  C.  a  tou- 
jours pour  la  confervation  de  la  Paix,  aulli-bien  que  pour  ce  qui  regarde  la 
ïûrete  particulière  de  L.  H.  P.  militant  beaucoup  fur  ce  point ,  Se  priant 


55 


L.H, 


ET    RESOLUTIONS    D'ETAT.  395* 

„  L.  H.  P.  de  fe  déclarer  au  plutôt  fur  le  contenu  dudit  Mémoire,  Elles  ont   1701. 

„  voulu  donner  de  leur  côté  une  preuve  réelle  de  la  fincerité  de  leurs  fenti-  — — 

„  mens  pour  le  repos  public  ;  fie  confiderant  que  la  Négociation  pour  le  re- 

„  pos  général  Se  pour  la  Paix  auffi-bien  que  leur  fureté  particulière  pourroit 

,j  être  retardée  par  quelque  incident  inopiné  ;  d'autant  plus  qu'Elle  doit  le 

„  foire  avec  l'intervention  de  S.  M.  B.  comme  intereflè  dans  le  Traité  de 

„  Partage  ,  aufli-bien  que  par  celle  d'autres  Princes  Se  Potentats  intereflez 

„  dans  la  Paix  générale}  Se  fur  tout  que  S.  M.  B.  aïant  la  relation  qu'il  a  dans 

5,  cet  Etat  on  ne  peut  fe  difpenfer  de  lui  communiquer  de  tems  en  tems  ce 

„  qui  fe  palTera  dans  cette  Négociation  ;  fie  voïant  d'autre  part  que  S.  M. 

„  T.  C.  s'intereffe  fi  fort  à  ce  que  le  Roi  d'Efpagne  foit  reconnu ,  pour  aller 

„  au  devant  de  fès  fouhaits  Se  pour  faire  ceflèr  les  bruits  dont  parle  le  Mémoi- 

„  re,  que  L.  H.  P.  vouloient  attacher  à  cette  reconnoiflance  quelques  con- 

„  ditions,  Elles  veulent  bien  déclarer  dès  à  préfent  qu'EUcs  reconnoitront  le 

„  Duc  d'Anjou  pour  Roi  d'Efpagne  &  qu'Êlles  font  refoluës  d'entretenir  a- 

,,  vec  ce  Prince  une  bonne  8c  cordiale  Amitié  Se  Correfpondance  comme  ils 

„  ont  eu  avec  les  Rois  d'Efpagne  fes  Prédeceflèurs ,  fie  qu'enfuite  L.  H.  P. 

„  font  prêtes  d'entrer  en  Négociation  avec  L.  M.  T.  C.  Se  C.  avec  l'inter- 

„  vention  du  Roi  de  la  Grande  Bretagne  Se  de  traiter  pour  la  confervation 

,5  du  repos  général  fie  pour  la  fureté  particulière  de  cet  Etat ,  comme  aura* 

„  avec  l'intervention  de  tels  Princes  fie  Potentats,  que  l'on  jugera  neceflaires 

,,  pour  cette  lalutaire  vûë  :  Qu'ainfi  L.  H.  P.  par  cette  Déclaration  fatisfont 

„  a  ce  qu'on  a  defiré  d'EUes  ,  remettant  à  la  fuite  de  cette  Négociation  ce 

,5  qu'Elles  auraient  pu  demander.     Et  aïant  donné  par  le  rapel  de  leurs 

„  Troupes ,   qui  font  dans  le  Païs  -  Bas  8c  à  'préfent  par  la  reconnoiflance 

5)  qu'ils  font  de  S.  M.  Cath.  ,une  marque  fi  confiante  de  l'inclination  qu'Elles 

„  ont  de  la  confervation  de  la  Paix  fie  du  repos  public,  8c  qu'Elles  fouhaitent 

„  avec  emprefiement  vivre  en  bonne  Amitié  Se  Correfpondance  avec  L.  M.  ' 

,5  T.  C.  8c  Cath.,  Elles  croient  avoir  fatisfait  à  ce  qu'on  a  requis  d'Elles  fie 

„  qu'ainfi  S.  M.  T.  C.  retirera  fes  Troupes  des  Païs-Bas  Espagnols,  puis 

„  qu'Elles  n'^  font  venues  que  parce  que  celles  de  l'Etat  y  étoient  reftées  :  Se 

J5  Mrs.  Van  Eflen  aufîî-bien  que  les  autres  Députez  font  priez  Se  commis  par 

„  cette  Refolution  d'en  donner  avis  audit  Comte  d'Avaux ,  Sec. 

Ensuite  de  cette  Refolution ,  J'on  en  prit  une  autre  le  lendemain  zi. 
de  la  teneur  fuivante. 

„  Sur  le  Raport  des  Députez  Sec.  du  Mémoire  du  Sr.  de  Quiros  du  19. 
„  Décembre  1700.  8c  de  la  Lettre  de  Sa  Majefté  qui  y  étoit  jointe,  après 
„  une  préalable  Délibération  il  a  été  trouvé  bon  Se  arrêté  qu'on'  fera  à  ladite 
„  Lettre  une  Reponfe  en  termes  civils  pour  féliciter  Sa  Majefté  fur  fon  avenc- 
„  ment  à  la  Couronne  d'Efpagne ,  Se  pour  marquer  à  Sa  Majefté  la  haute 
„  cftime  de  L.  H.  P.  pour  la  Perionne  Roïale  Se  pour  fon  Amitié  -,  comme 
„  aufll  pour  l'afllirer  de  leur  defir  fincere  d'entretenir  Se  de  cultiver  avec  S^ 
„.  Majefté  la  même  bonne  intelligence  Se  étroite  Amitié  dans  laquelle  L.  H.  P, 

,,  ont 


196    MEMOIRES,  NEGOTIATION5,  TRAIT  EZ, 

I701,  35  ont  cu  l'honneur  de  vivre  avec  le   feu  Roi  de  très  -  glorieufc  Mémoire. 

"  „  Que  cette  Lettre  feroit  envoïée  au  Sr.  de  Schonenbcrg  autorifé  au  manie- 

„  ment  des  Affaires  de  cet  Etat  à  la  Cour  d'Efpagne,  avec  ordre  de  la  pré- 
„  Tenter  à  ladite  Majefté  avec  les  complimens  convenables,  Qu'on  donne- 
„  ra  auffi  connoilîance  de  ce  qui  eft  dit  ci-deffus,  au  Sr.  de  Quiros  Ambafla- 
„  deur  Extraordinaire  de  fadite  Majefté, pour  lérvjr  de  Réponle  à  Mémoire: 
„  Déclarant  en  même  tems  que  fa  Perfonne,  en  ladite  qualité  d'Ambalfadeur 
„  Extraordinaire  de  Sa  Majefté, eft  très-agreable  à  L.H.  P. 

O  n  fit  remettre  à  Don  Bernardo  de  Quiros  cette  Réfolution ,  par  une  Dé- 
putation  en  forme  ;  8c  l'on  dreffà  en  conformité  d'icclle  la  Lettre  pour  le  Roi 
d'Efpagne.  On  en  dépécha  une  autre  de  la  teneur  de  la  Réfolution  qu'on  a- 
voit  fait  remettre  au  Comte  d'Avaux  en  Réponfe  de  lés  deux  Mémoires  qu'on 
envoïa  à  Sa.  Majefté  Très-Chrétienne ,  laquelle  y  fit  environ  deux  femaines 
api'ès  la  Réponfe  fuivante. 

Lettre     ?j  'HpRès-Chers,  grands  Amis,  Alliez  8c  Confederez.   La  Lettre  que  Vous 

de  Fran-  »  Nous  avez  écrite  le  zz.  Février  confirme  l'opinion  que  nous  avions 

ce  aux      n  ^e  Vos  véritables  fentimens.     Nous  voïons  avec  plaifir  l'intérêt  que  Vous 

Etats-      „  prenez  à  l'avènement  du  Roi  Nôtre  Petis-Fils  à  la  Couronne  d'Efpagne, 

Géné"      „  &  le  defir  que  vous  témoignez  de  contribuer  au  maintien  de  la  tranquilité 

r^Mars  »  générale,  heureufement  rétablie  par  les  derniers  Traitez.     Vous  ne  devez 

I7oi.       „  pas  douter  auffi  que  Nos  intentions  ne  foïent  entièrement  conformes  à  ce 

„  que  Vous  defirez>&,  Nous  fouvenant  toujours  de  nôtre  ancienne  Amitié, 

j,  &  de  celle  des  Rois  Nos  PredecelTeurs  >  pour  vôtre  République  ,   Nous  fe- 

,  rons  bien  aifes  que  nôtre  préfente  Union ,  avec  le  Roi  d'Efpagne  ,  ferve  à 

Vous  faire  trouver  de  nouvelles,  furetez  pour  vôtre  Etat,  8c  de  nouveaux 


„  ait,  Très-Chers,  grands  Amis,  Alliez  6c  Confederez , en  fa  faite  &  digne 
„  garde.  Ecrit  à  Verfailles  le  \.  Mars  1701.  Vôtre  bon  Ami,  Allié,  & 
.,,  Confédéré. 


Signé, 


LOUIS. 


m 
Trois  jours  avant  la  réception  de  cette  Lettre, le  Comte  d'Avaux  avoit 
préfenté  aux  Etats  Généraux  le  Mémoire  fuivant. 


„  T  E  fouffigné  Comte  d'Avaux,  Ambaffàdeur  Extraordinaire  du  Roi  Très- 
„  JLj  Chrétien  auprès  de  Vos  Seigneuries, a  reçu  ordre  de  Sa  Majefté  de 
vous  témoigner  qu'Elle  a  apris  avec  plaifir  la  Réfolution  que  Vos  Seigneuries 
...  ont  prife  de  reconnoître  le  Roi  d'Efpagne.  Sa  Majefté  la  regarde  com- 
„  me  une  marque  du  defir  que  vous  avez  de  maintenir  la  Paix ,  8c  comme 
%  un  pas  que  vous  avez  fait  pour  fa  confervation,  Elle  ne  donte  point  qu'après 


„  cet- 


1? 


ET    RESOLUTIONS    D'E  TAT,  397 

^  cette  première  démarche,  Vous  ne  fafliés  toutes  celles  que  l'on  peut  regar-   17OX. 

„  der  prélentement  comme  necefTaires  pour  ôter  toute  forte  d'ombrages.   Sa  — — 

„  Majefté,  qui  ne  defire  pas  moins  de  conferver  la  Paix  dans  l'Europe,  Se  de 

„  maintenir  l'état  Ronflant  de  Vôtre  Commerce,  aportera  de  fa  part  toutes 

„  les  facilitez  que  vous  pouvez  raifonnablement  defirer  pour  aflurer  vôtre  re- 

„  pos.  Elle  l'a  déjà  fait}  6c  la  liberté,  qu'Elle  a  laiflee  à  vos  Troupes  de  re- 

„  tourner  dans  vos  Etats,  ne  peut  être  regardée  ,  que  comme  une  marque 

„  certaine  du  defir  qu'Elle  a  de  maintenir  la  tranquilité.     Aufli  fera- 1- elle 

„  bien  aife  qu'on  trouve  promptement  les  moïens  de  l'affermir  entièrement 

„  dans  les  Conférences ,  que  je  dois  avoir  avec  vos  Députez.  Sa  Majefté  vous 

„  aflurant  positivement, qu'a'ufli-tôt  que  tout  fujet  de  défiance  fera  cefle  Se  que 

„  les  chofes  feront  retournées  dans  leur  premier  état  ,  il  ne  fera  plus  quef- 

„  tion  d'augmentation  de  Troupes ,  ni  d'autres  préparatifs  de  Guérie  ,  6c 

„  lors  qu'enfin  les  Places  du  Roi  d'Efpagne  feront  en  pleine  fureté  fon  in- 

„  tention  eft  d'en  retirer  fes  Troupes ,   6c  d'en  laifler  la  garde  à  celles  du 

„  Roi  Catholique. 

„  Vos  Seigneuries  ne  doivent  point  être  étonnées  que  le  Roi  Catholique 
„  fbnge  à  conferver  ces  mêmes  Places  dans  la  conjoncture  préfente,  Se  le  iejour 
„  que  les  Troupes  de  Sa  Majefté  Tres-Chrêtienne  y  feront  pendant  la  Né- 
„  gociation ,  ne  doit  vous  caufer  aucune  inquiétude  ,  puifque  vos  intentions 
„  pour  la  Paix  ne  peuvent  être  que  très  bonnes,  après  les  aflurances  que  vous 
„  en  donnez  au  Roi  mon  Maître,  dont  Sa  Majefté  ne  veut  point  douter,  per- 
„  fuadée  comme  Elle  eft  de  la  fincerité  des  Paroles  de  Vos  Seigneuries.  A 
^  la  Haïe  le  f .  Février  1701. 

Signe-, 

Le  Comte  d'Avaux. 

Ce  Mémoire,  quoique  très- obligeant,  donnoit  cependant  fujet  de  quel- 
que défiance.  C'étoit  d'autant  qu'on  n'y  parloit  point  des  Alliez  de  l'Etat, 
uns  lefquels  l'on  ne  pouvoit  ,  ni  vouloit-on  traiter,  ni  convenir  de  rien,  & 
que  d'ailleurs  il  y  avoit  des  conditions,  expliquées  d'une  manière  trop  vague, 
Se  ne  faifant  entrevoir  des  efperances  que  dans  une  perfpeétive  fort  éloignée. 
Aufli  fes  Etats  Généraux  prirent-ils  le  9.  une  Réfolution  qu'ils  firent  commu- 
niquer,  tant  au  Comte  d'Avaux ,  qu'à  l'Envoie  d'Angleterre  Stanhope.  On 
y  infera  quelques  plaintes  fur  ce  que  toutes  les  Troupes  de  l'Etat  qui  étoient 
dans  les  Places  de  la  Barrière  n'étoient  pas  revenues,  6c  qu'on  y  en  retenoit 
quelques-unes.     Voici  le  précis  de  cette  Réfolution. 

„  Qu'il  a  été  très-agreable  à  L.  H.  P.  de  voir  par  la  Lettre  de  Sa  Majefté,  Réfolu- 
„  Qu'Elle  a  confideré  la  Reconnoiflance  du  Roi  d'Efpagne  par  L.  H.  P.  tion  des 
„  comme  une  marque  de  leur  inclination  pour  le  maintien  de  la  Paix,  com-  ?     " 
„  me  en  effet  il  eft  vrai  que  L.  H.  P.  ont  fait  ce  pas  pour  donner  une  preuve  jy"^ 
„  réelle  de  leur  véritable  intention  pour  la  conservation  de  ladite  Paix  -,  ce 
„  qu'Elles  témoigneront  encore  plus  en  tout  ce  qui  pourra  dépendre  d'EUes. 

Zw*.  /.  Bbb  „  Qu'il 


598     MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

01  •  •>•>  Qïi'il  leur  eft  pareillement  très-agreable  de  voir  par  ledit  Mémoire  6c  par 

„  ladite  Lettre  de  Sa  Majefté  ,  par  laquelle  il  lui  a  plû  de  leur  répondre  d'u- 

„  ne  manière  fi  obligeante  ,  la  confirmation  réitérée  des  favorables  iéntimens 

„  de  Sa  Majelté  pour  la  confervation  de  la  Paix  de  l'Europe,  6c  pour  la  fû« 

„  reté  du  repos  6c  du  commerce  de  cet  Etat.     Que  puifque  fuivant  leldits 

„  Mémoires  Sa  Majefté  a  bien  voulu  donner  pour  une  marque  certaine  de  fon 

„  affection  la  liberté  à  nos  Troupes  de  venir  ici,  L.  H.  P.  en  attendent  l'ea- 

„  tier  effet  ;  6c  ce  n'eft  point  fans  deplaifir  qu'Elles  voient  que  la  plus  grande 

„  partie  de  leurs  Troupes  font  encore  retenues,    non-obitanr  q. /Elles  les 

,,  aient  demandées  de  nouveau  par  des  inftances  réitérées  ,  fuivant  la  liberté 

„  qui  leur  en  a  été  accordée  par  Sa  Majefté  depuis  fi  long-tems.    Que  L.  H. 

„  P.  ne  fbuhaitent  rien  tant ,  comme  le  témoigne  auflî  Sa  Majefté,  que  de 

„  trouver  de  promts  moïens  pour  conferver  la  Paix,  le  repos  public ,  8c.  leur . 

„  fureté  particulière.     Que  L.  H.  P.  par  le  rapel  de  leurs  Troupes  hors  des 

„  Païs-Bas  Efpagnols,  6c  par  la  Reconnoiffance  du  Roi  d'Efpagne  ,  croient 

„  avoir  fiitisfait  à  tout  ce  qu'on  a  exigé  d'Elles ,  6c  n'avoir  laifTe  de  leur  côté- 

„  aucun  fu jet  de  méfiance.    Qu'ainfi ,  il  ne  relie  plus  rien  à  faire  qu'à  entrer 

„  en  Négociation  pour  trouver  les  moïens  d'aflùrer  la  Paix  générale,  6c  leur 

,,  iûreté  particulière.     Que  L.  H.  P.  font  dès  à  préfent  prêtes  à  entrer  en 

„  Conférence  avec  le  Sr.  Comte  d'Avaux  pour  délibérer  comment  6c  fur  quel 

„  pied  ladite  Négociation  pourra  être  entamée  6c  terminée  au  plutôt  avec 

,,  l'intervention  de  tels  Princes  &c  Potentats  que  l'on  jugera  à  propos  pour 

„  parvenir  à  ce  but  fi  falutaire.     Les  Sis.  van  EfTen  5c  autres  Députez  pour 

„  les  Affaires  étrangères,  étant  requis  6c  commis  pour  entrer  en  Conférence 

„  avec  ledit  Sr.  Cçmte  d'Avaux  iur  ce  que  defïiis,  dont  on  fera  la  notifica- 

„  tion-  au  Sr.  Stanhope  Envoie  Extraordinaire  du  Roi  de  la  Grande  -  Breta- 

„  gne  ,    afin  d'y  agir  de  concert.     Et,,  pour  cet  effet,   fera  donné  l'Ex- 

„  trait  de  cette  Réfolution  es  mains  audit  Sr.  Stanhope  par  l'Agent  Ro- 

feboom. 


3» 


En  ce  terns-là,  l'on  prit  auffi  une  Réfolution  en  Réponfè  à  un  Mémoire 
que  rAmbafiadeur  d'Efpagne  Don  Bernardo  de  Qunos  avoit  préfenté  aux  E- 
t.its  Généraux  ,  touchant  l'inondation  près  de  Lillo.  Comme  ce  Mémoire 
ctoit  mal  fondé,  on  y  fit  le  même  jour  la  Réponlê.  Voici  le  Mémoire,  6c 
la  Réfolution  en  Rëponfg. 

Memoi-  ?5  Y  £  foufïîgné  Ambafïïideur  Extraordinaire  d'Efpagne  s'étoit  perfuadé  que 
l'Ambaf-  "  -^-'  ^"  ^-  cn  colilequcnce  de  ce  qu'il  leur  a  fait  eonnoîire  le  deuxième  de 
fadeur  „  ce  mois  par  le  moïen  de  Mr.  le  Confeiller-Pcnfiomire  ,  auroient  envoie 
à'Eim-  5J  incdlammcnt  les  oidres  néccfîàires  pour  faire  lâcher  les  Eclufes  à  Lillo  6c 
fr'^;' iu  35  au  Eort  Frédéric- Henri,  pour  arrêter  les  grands  dommages  qui  dévoient 
réfbltcr  infailliblement  aux  Poldrcs  Voifins  apartenants  au  Roi  fon  Maître, 
en  l'aiflànt  lcfdites  Eclufes  fermées}  mais,  bien  loin  d'apprendre  que  tels  or- 
dres futfent  exécutez  ,  comme  le  fouffigné  Ambairadcur  avoit  cfpéré  ,  il 
„  vient  de  recevoir  des  plaintes  réitérés  de  S.  A.  E.  de  Bavière  fur  ce  que  lef- 
„  dites  Eclufes  étant  encore  fermées,  les  eaux  avoient  déjà  couvert  unegran- 

„  de 


3> 
3} 


ET    R  E  S  O  L  U  T  T  O  N  S    D'E  T  A  T.  m 

„  de  étendue  de  païs  apartenant  à  Sa  Majefté  qui  en  fouflte  un  notable  Pré-   I?Cï. 

„  judice,  lequel  augmentera  encore  plus  dans  la  fuite,  fî  V.  S.  n'y  veulent  pas  

„  remédier  inceflamment ,  comme  elles  peuvent;  &  alors  le  fouffigné  Ambaf- 
„  fadeur  fera  obligé  ,  comme  il  elf,  dès  à  préfent ,  d'en  demander  à  V.  S.  un 
„  dédommagement  entier. 

„  V.  S.  regarderaient  fans  doute  une  pareille  entreprife  fur  leur  Païs  com- 
„  me  un  acte  d'Hoftilité,  fi  la  Guerre  étoit  déclarée;  mais,  en  tems  de  Paix, 
„  V.  S.  ne  la  pourraient  confidérer  que  comme  une  infraction  rnanirefte  des 
„  Traitez  qui  ont  toujours  été  obfervez  fort  religieulément  de  la  part  du 
„  Roi  Ion  Maître,  lequel  avec  raifon  fe  pourra  former  la  même  idée  fui-  cette 
,,  entreprife. 

„  Le  fouffigné  Ambafiadeur  ne  doute  pas  que  V.  S.,  aïant  fait  une  férieufc 
„  reflexion  fur  ce  que  deflus ,  ne  prennent  une  prompte  Réfolution ,  dont  il 
„  fera  part  en  même  tems  par  un  Exprès  à  S.  A.  E.  de  Bavière,  afin  qu'elle 
„  puifie  prendre  fes  mefures.     A  la  Haie  le  p.  Mars  1701 . 

Signé, 

Don  Bernardo  de  Qui  r  os. 


et 

9.  Mars. 


*v  À  Yant  été  lu  à  l'Aflemblëe  le  Mémoire  de  M.  de  Quiros,  Ambafiadeur  Réfolu 
»  -L\  Extr  du  Roi  d'Efpagne  ,  touchant  la  retenue  des  Eclufes  fermées  à  '10£,^ 
„  Lillo,  &en  aïant  été  délibéré,  on  a  trouvé  à  propos , que  l'on  donnera  pour  " 
„  Réponfe  au  Mémoire  dudit  Sr.  de  Quiros, Que  dès  que  Leurs  Hautes  Puif- 
„  fances  ont  été  informées  par  les  plaintes  précédentes  dudit  Sr.  de  Quiros  de 
},  l'incommodité  ,  &  des  dommages  prétendus  par  la  retenue  de  l'Eau  à  Lil- 
,,  lo ,  Elles  en  ont  fait  donner  connoifiance  au  Commandant  de  cette  Place  , 
„  afin  d'en  être  informées  dudit  Commandant:  Que  L.  H.  P.  aïant  été  infor- 
„  mées  dudit  Commandant,  que  bien  loin  d'avoir  donné  fujet  aufdites  plain- 
„  tes,  les  Poldres  voifins  avoient  fujet  de  l'en  remercier  ;  &  que  jufqu'à  pré- 
„  fent,  le  dommage  n'étoit  pas  fi  grand,  qu'on  ne  pût  le  réparer  pour  moins 
,,  d'un  fou..-  Que  d'ailleurs  ce  Commandant  avoit  promis,  aux  principaux 
„  Propriétaires.,  qui  lui  étoient  venus  parler,  d'ouvrir  les  Eclufes  aux  premié- 
„  res  plaintes,  &  qu'il  avoit  même  donné  à  leur  choix  ,  s'ils  aimoient  mieux 
„  d'avoir  les  Eclufes  ouvertes  ou  fermées  ;  leur  notifiant ,  que  ce  qui  s'étoit 
„  pafle,  n'étoit  fait  feulement  que  pour  voir  ,  fi  le  Païs  pouvoit  être  inondé 
„  avec  de  l'eau  douce  ,  afin  de  ne  point  fe  fervir  de  l'eau  ialée  en  cas  de  be- 
„  foin  ,  dont  le  Païs  ferait  gâté  :  en  forte  que  les  Inféreriez  en  avoient  re- 
„  mercié  le  Commandant,  &  étoient  partis  fort  iatisraits.  Qu'enfuite  un  Paï- 
„  fan  étant  venu  fe  plaindre  des  eaux  dont  il  étoit  incommo  lé  ,  à  ce  qu'il  di- 
„  foit,  ledit  Commandant  avoit  inceflamment  ouvert  les  Eclufes,  afin  d'ôter 
„  ce  prétexte  de  plainte;  Que  L.  H.  P.  cependant  font  étonnées,  que  S.  A. 
„  E.  de  Bavière  en  ait  été  G  mal  informée  par  les  Intéreflez  ,  qui  lui  ont  ra- 
„  porté  des  plaintes  mal  fondées;  Que  L.  H.  P.  tacheront  toujours  de  leur 
«  côté  ,  de  contribuer  à  tout  ce  qui  peut  fervir  à  entretenir  la  bonne  amitié 

Bbb  1  M.& 


400     MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

170 1.  „  &  Voifinage.    L'Extrait  de  cette  Réfolution  de  L.  H.  P.  fera  donné  par 
' „  l'Agent  Rofeboom  es  mains  dudit  Sr.  de  Quiros,  pour  fervir  de  Réponfe  à 


)' 


fon  Mémoire. 


L'o  n  trouva  à  popos  de  n'y  pas  faire  des  Plaintes  de  ce  que  les  François 
avoient  tracé  quelques  Lignes.  Le  Confeil  d'Etat  en  avoit  écrit  aux  Etats 
Généraux  en  date  du  24.  de  Février.  C'étoit  fur  l'Avis  que  le  Commandant 
de  Lillo  en  avoit  donné.  Ces  Lignes  dévoient  s'étendre  de  la  Digue-  allant 
du  Fort  de  la  Perle  vers  la  pointe  de  Calloos  ,  Se  de  là  fous  le  Canon  de  la. 
pointe  de  Lief  kens.  Ce  Commandant  mandoit  qu'il  avoit  lui  -  même  vu  les 
Piquets  plantez  pour  ce  deflein.  L'on  ne  voulut  non  plus  lui  toucher  l'apré- 
henfion  où  l'on  étoit,  fur  l'Avis  que  l'on  avoit  reçu  que  les  Troupes  Françoi- 
iès  étoient  fi  près  dudit  Lillo,  Se  de  l'Eclufe. 

Quatre  jours  après  que  l'on  eut  donné  ces  deux  Réfolutions,  on  prit  celle, 
d'écrire  à  Sa  Majefté  Britannique.  C'étoit  fur  les  Avis  de  l'Envoie  de  l'Etat 
à  Londres  de  la  bonne  difpofition  du  Parlement  en  faveur  de  la  République, 
dont  on  va  parler. 

Sa  Majelté  Britannique ,  a'iant  prorogé  d'un  mois  la  Seffion  du  nouveau  Par- 
lement, celui-ci  s'aflembla  le  21.  de  Février.  Le  Roi  fit  dire  à  la  Chambre 
des  Communes  d'aller1,  fuivant  l'ufage,  faire  le  choix  d'un  Orateur.  La  plu- 
ralité des  voix  tomba  fur  Harlei,  connu  dans  la  fuite  fous  le  Nom  du  Com- 
te d'Oxford.  Le  lendemain  22. ,  les  Communes  le  préfenterent  au  Roi, 
qui  en  aprouva  le  choix ,  Se  parla  aux  deux  Chambres  dans  les  termes  qui 
fui  vent. 

Haran-  „  MlLORDS  ET  MESSIEURS,- 

guedeSa- 

Bruanni-  »  T  ^  Snn^  malheur,  qui  nous  eft  arrivé  par  la  mort  du  Duc  de  Gloccfterr 
que  à  »  1— '  fait  qu'il  eft  abfolument  nécefiaire  d'aifurer  la  Succeffion  de  laCouron- 
fonPar-  n  ne  dans  la  Ligne  Proreftante, après  moi,  6c  la  Princefie. 
jement  „  Le  bonheur  de  la  Nation  ,.  Se  la  fureté  de  nôtre  Religion,,  qui  font  les 
Févr."  »  ch°fes  q1»  nous  regardent  le  plus,  femblent  tellement  en  dépendre,  que  je 
1701*.  „  ne  puis  pas  douter  que  vous  n'y  donniez  unanimement  les  mains  j  ce  que  je 
recommande  férieuiement  à  vos  Confiderations. 

„.  La  mort  du  Roi  d'Eipagne  avec  la  déclaration  de  fon  Succefleur  à  cette 
Monarchie,  a  fait  un  fi  grand  changement  dans  les  Affaires  étrangères,  que 
je  me  trouve  obligé  de  vous  prier  de  confidérer  fort  meurement  l'état  où 
elles  font  à  préfent  ;  Se  je  ne  doute  pas  que  vous  ne  preniez  là  deffus  les  Ré- 
folutions les  plus  avantageufes  que  faire  fe  pourra  pour  l'intérêt  &  la  fureté 
de  l'Angleterre,  pour  l'a  confervation  de  la  Religion  Proteltante  en  gêné- 
il,  Se  pour  la  Paix  de  toute  l'Europe. 

,  Ces  choies  font  d'une  telle  coniéquence  ,  que  j'ai  crû  qu'elles  méri- 
toient  la  confideiation  d'un  nouveau  Parlement  ,  afin  qu'on  pût  connoître 
plus  piécilcment  les  Sentimens  de  la  Nation  dans  cette  grande  Conjonc- 
ture. 


»» 


„  MES- 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.         401 

„  MESSIEURS  DES  COMMUNES, 

„  TE  me  trouve  obligé  de  vous  recommander  d'accorder  de  tels  Subfides 
„  J  que  vous  jugerez  à  propos  pour  le  fervice  de  cette  année  ,  6c  de  vous 
„  faire  refîbuvenir  de  faire  bons  les  nonvaleurs  des  fonds,  d'aquiter  les  dettes 
„  publiques  contractées  pendant  la  dernière  Guerre,  à  quoi  on  n'a  pas  encore 
„  pourvu. 

„  Je  fuis  auffi  obligé  de  recommander  à  vos  foins  l'état  de  la  Flotte  ,  &  de 
confidérer  quelle  augmentation  il  eft  néceffaire  d'y  faire  ;  étant  le  boulevard 
de  la  Nation  Angloife,  elle  doit  fur- tout  être  mile  fur  un  bon  pied  ,  6c  en 
bon  état:  comme  auffi  je  vous  recommande  de  vouloir  fonger  à  la  fureté 
des  Ports  de  ce  Roïaume  ,  6c  particulièrement  de  ceux  où  font  nos  Vaif- 
feaux  pendant  l'Hyver,  auffi  bien  qu'à  donner  de  bons  réglemens,  6c  à  en- 
„  courager  le  Commerce. 

„  Comme  ces  chofes  regardent  le  Public,  j'efpére  que  vous  y  penferez  fé- 
„  rieufement  j  6c ,  fi  vous  pouviez  trouver  des  moïens  propres  pour  employer 
„  les  Pauvres,  vous  vous  déchargeriez  d'un  grand  fardeau,  outre  que  vous  ren- 
„  driez  utile  à  l'Etat  tant  de  mains  qui  feraient  d'un  grand  fecours  à  la  Na- 
„  tion  pour,  les  Manufactures,  6c  autres  Ouvrages. 

„  MYLORDS  ET   MESSIEURS, 

„   J'Efpere  que  vous  prendrez  des  Réfolutions  fi  unanimes  6c  fi  vigoureufès 


J'Efpere  que  vous  prendrez  des  Réfolutions  fi 
fur  les  Affaires  importantes  qui  font  devant  1 


portantes  qui  font  devant  vous,  qu'il  paraîtra  par  ces' 
„  Réfolutions  ,  tant  au  dehors  qu'au  dedans ,  que  nous  fommes  parfàite- 
„  ment  bien  unis  enfemblc  ;  6c  c'eft  mon  fentiment,  que  rien  ne  peut  con- 
„  tribuer  davantage  à.  nôtre  fureté  ,  que  de  nous  rendre  confidérables  au 
dehors..  * 


» 


L  e  lendemain  les  Seigneurs  s'étant  afTemblez  refolurent  d'une  voix  unani- 
me de  préfenter  une  Adreffe  à  Sa  Majefté  conjointement  avec  les  Commu- 
nes, pour  l'affurer  qu'ils  Paffifteroient  de  tout  leur  pouvoir  pour  la  fureté  de 
fon  Gouvernement,  de  la  Nation  Angloife  6c  de  fes  Alliés ,  de  la  Religion 
Proteftante  en  général,  6c  pour  la  Paix  de  l'Europe.  Plufieurs  firent  là-def- 
fus  de  belles  Harangues.  L'un  dit  que  ce  ferait  une  honte  à  la  Nation  d'a- 
bandonner la  Hollande  ,  qui  avoit  tant  fait  pour  la  Nation  Angloife  dans 
fon  befoin,  à  un  Ennemi  qui  étoit  prêt  de  l'envahir.  Un  autre  mit  fur  le 
tapis  de  déclarer  la  Guerre  à  la  France  ,  avant  qu'Elle  la  déclarât,  afin  de 
fê  vanger  de  l'Affront  fait  à  la  Nation  en  la  perfonne  du  Roi  en  rompant  fans 
aucune  oecafion  le  Traité  de  Partage.  Il  apuïa  même  fon  Difcours  de  quel- 
ques beaux  Argumens.  Quelque  Evêque  s'y  étant  opofé ,  le  Comte  de  Peter- 
borough  fe  leva,  6c  entreprit  l'Evêque,  6c  conclut  qu'en  prenant  le  parti  de 
s'opofer  au  bien  de  la  Nation,  il  prétendoit  peut-être  de  gagner  un  Chapeau 
de  Cardinal.   C'eft  que  l'intention  de  ce  Prélat ,  tant  par  raport  au  Gouverne- 

Bbb  3  mène 


170 1 


40*     MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

•1701.  ment  qu'à  celui  delà  Religion,  étoitfort  fufpe&e.  Le  débat  termina  à  fe 
—  ■  ■  ■  rapoiter  au  Roi,  pour  faire  telle  Alliance  avec  les  Etrangers  qu'il  trouveroit  à 
propos.  L'Adreiîe  aïant  été  dreflee,  6c  unanimement  aprouvéc ,  fut  enfuite  en- 
voyée aux  Communes  pour  avoir  leur  concurrence.  Celles-ci  ,  pour  ne  pas 
Î>aroître  les  dernières  à  prendre  une  pareille  Réfolution  ,  n'en  firent  point  la 
eéhire.  Elles  mirent  en  délibération  fi  l'on  feroit  une  pareille  Adrefie,  ce 
qui  fut  voté.  Il  y  eut  cependant  un  débat ,  fi  l'on  mettrait  qu'on  affilierait 
le  Roi  pour  la  Paix  de  l'Angleterre,  ou  pour  la  Paix  de  l'Europe  en  géné- 
ral. Les  fêntimcns  furent  partagez  fur  ce  point  ;  mais ,  ceux  qui  étoient 
pour  y  mettre  la  Paix  de  l'Europe  en  général  l'emportèrent  à  la  pluralité 
des  voix. 

Il  eft  certain  que  les  efprits  en  Angleterre  étoient  fort  aigris  contre  la  Fran- 
ce. C'étoit  fur- tout  fur  ce  qu'on  y  avoit  apris  l'entrée  des  François  dans  les 
Places  des  Païs-Bas  Efpagnols.  Cette  Nouvelle  cauià  une  grande  fermenta- 
tion dans  la  Ville  de  Londres.  Tout  le  monde  fe  jetta  chez  les  Orphevres, 
chez  lefquels  l'on  tenoit  en  dépôt  l'argent,  6c  fur  la  Banque  ,  pour  retirer  fon 
argent  ;  en  forte  qu'un  des  plus  fameux  Orphevres  fut  obligé  de  fermer  fon 
Bureau ,  6c  la  Banque  fut  contrainte  de  publier  qu'Elle  paierait  par  Al- 
phabet. 

Les  AdrefTes  des  deux  Chambres,  dont  l'on  a  allégué  le  Précis  ,  fans  s'a- 
mufer  à  en  raporter  toute  l'étendue  ,  furent  préfentées  au  Roi.  Ce  Monar- 
que fit  aux  Communes  une  Réponfe ,  qu'on  va  mettre  à  caufe  de  fon 
contenu. 


•>•> 


MESSIEURS, 


Répon-  „  TE  vous  remercie  de  vôtre  Adrefie,  &C  de  vôtre  promt  concours  aux  gran- 
fe4u  „  J  des  fins  qui  y  font  marquées,  lesquelles  je  tiens  être  très  importantes  à 
d'Ange-  »  l'honneur  6c  à  la  fureté  de*l' Angleterre  :  Et  je  vous  afiïïre  que  je  ne 
terreaux  *»  propoferai  jamais  rien ,  qui  ne  ioit  pour  nôtre  commun  avantage  6c 
Com-      „  fureté. 

„  Je  trouve  à  propos ,  puifque  j'en  ai  l'occafion ,  de  vous  faire  lavoir  que  je 
reçus  hier  un  Mémoire  de  la  part  des  Etats  Généraux.  Je  vous  en  re- 
mets la  Traduction  entre  les  mains ,  6c  je  ferais  bien  aife  d'avoir  vôtre 
confeil  fur  le  premier  Chef  qui  s'y  trouve,  comme  je  demande  vôtre  affi- 
ftance  fur  le  dernier. 


'5 

munes. 


5» 


Le  Mémoire  de  l'Envoie  des  Etats  Généraux,   dont  il  eft  Eut  mention 
dans  la  Reponfe  du  Roi ,  eft  le  fuivant. 


Mémoî-  h  T  E  fouffigne ,  Envoie  Extraordinaire  des  Etats  Généraux  des  Provinces- 
G  tu E"  «  *""'  ^n'es  '  a  orclre  de  ttpttfeÂfc*  à  Vôtre  Majefté  avec  tout  le  refpeét 
Ro?11  «  poffible,  que  L.  H.  P.  aïant  confidére  que  leur  retardement  à  reconnoître 
d'Angle-  „  le  Duc  d'Anjou  pour  Roi  d'Efpagne  étoit  mal  interprété,  comme  fi  leur 
Icrle-      j,  but  n'était  que  de  gagner  du  tems  ,  pour  fe  mettre  dans  une  pofture  de 

„  Guer- 


w 


ET    RESOLUTIONS    D'ETAT.         405 

Guerre,  fc  font  crus  obligez  de  Teconnoître  le  Duc  d'Anjou  fans  condi-  1701» • 
tions  ;  fe  refervant  à  ftipuler  dans  la  Négociation  ,  prête  à  commencer  ,  — — — 
les  conditions  néceflaires  pour  aîïurer  la  Paix  de  l'Europe  ,  dans  laquelle 
Négociation  les  Etats  font  fermement  refolus  de  rien  faire  fans  le  confen- 
'„  tement  de  Vôtre  Majefté,  &  des  autres  Potentats  interelTcz  à  la  Conferva- 
„  tion  de  ladite  Paix,  comme  ils  ont  expreflement  déclaré  à  l'Ambafladeur 
,,  de  France.  Ledit  foufîîgné  Envoie  Extraordinaire  a  en  particulier  des  or- 
„.  dres  très-exprès  de  donner  à  Vôtre  Majefté  toutes  les  aflurances  poflîbles 
que  les  Etats  ne  feront  aucune  démarche  que  de  concert  avec  Vôtre  Ma- 
jeux,  la  priant  qu'à  cette  fin  Elle  veuille  envoier  des  inftruduons  6c  les  or- 
dres nécessaires  à  fon  Miniftre  à  la  Haïe  pour  agir  conjointement  en  cette 
Négociation,  &  qu'il  ne  foit  rien  conclu  fans  la  participation  des  uns  6c 
„  des  autres,  6c  jufques  à  ce  que  l'Angleterre  6c  la  Hollande  trouvent  égale- 
ment leur  fureté  ;  ce  qui  tend  en  même  tems  à  l'afrermiflement  du  repos 
public.  Mais,  comme  il  peut  arriver  qu'il  ne  fera  pas  pofïible  de  convenir 
avec  la  France  6c  l'Efpagne,  6c  fur  des  conditions  raifonnables  >  6c  que  la 
Négociation  étant  interrompue  les  Etats  pourront  être  attaquez  par  les 
„  nombreufes  forces,  que  la  France  a  fait  avancer ,  même  jufques  fur  leurs 
„  Frontières,  ils  ont  ordonné  audit  Envoie  de  reprefenter  à  Vôtre  Majefté 
„  l'extrême  neceffité  qu'ils  auraient  dans  un  fi  grand  danger,  de  l'affiftancc  de 
„  l'Angleterre,  6c  de  prier  Vôtre  Majefté  d'ordonner  que  les  lecours  ftipulez, 
„  par  les  Traitez  foient  prêts  ,  afin  qu'ils  puilTent  conter  fur  eux  fi  le  befoin 
„. je  requiert.     A  Londres  le  t.  Mars  1701. 

De   Geldermalsen. 

Sur  cette  communication ,  les  Communes  prièrent  le  Roi  d'autorifer  fon 
Envoie  à  la  Haïe  pour  agir  de  concert  avec  les  Etats  Généraux  dans  la  Né- 
gociation avec  la  Comte  d'Avaux,  6c  l'Ambafladeur  d'Efpagne.  Cet  Envoie 
reçût  la  nuit  du  2.1.  au  22.  Mars  fa  Patente  de  Plénipotentiaire  fons  le 
Grand  Seau  d'Angleterre.  Il  fut  le  Mardi  22 ,  à  une  heure  6c  demi  après  mi- 
di, en  Conférence  avec  les  Députez  des  Etats  Généraux,  pour  la  leur  commu- 
niquer ;  6c  on  y  refolut  de  donner  au  Comte  d'Avaux  les  Démandes  de  l'E- 
tat ,  6c  l'Envoie  Britannique  celles  de  l'Angleterre.  Sept  Députez  ,  avec 
l'Envoie,  furent  le  même  loir  chez  le  Comte  d'Avaux  ,  .auquel  ils  remirent 
ces  Demandes.    Celles  des  Etats  étoient. 

I-  /^Omme  Sa  Majefté  le  Roi  de  la  Grande-Bretagne,  6c  les  Seigneurs  Deman- 

V^/  Etats  Généraux  des  Provinces-Unies  des  Païs-Bas ,   ont  conclu  le  2f.  des  pro- 

du  mois  de  Mars  de  l'année  pafiee  1700. ,   avec  Sa  Maiefté  Très-Chêtiërme ,  P0'^ 
.,i»-T'"  ■.'  j    tï  -.  >       ■irT?iToTJ  •  ".'  au  Coin- 

un  lraite  de  Partage  pour  prévenir  les  Troubles  6c  înconveniens  qui  auroient  led'A- 

pû  furvenir  au  fujet  de  la  Succeflîon  du  dernier  Roi  d'Efpagne  ,    en  cas  qu'il  vaux , 

vint  à  mourir  fins  Eniiins:  6c  comme  entre  autres  le  principal  obiet  des  hauts  parles 

Con.  Dcputez 


4«4      MÉMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAIT  EZ, 

*70i.  Contractants  dans  cette  Affaire,  a  été  de  conferver  la  Paix  Se  la  tranquilité 
r  générale  dans  l'Europe  ,   &  d'affermir  la  fureté   particulière  de  cet  Etat}  il 

des  Etats  cil  évident,  que  quoique  S.  M.  T.  C.  ait  trouvé  bon  d'accepter  le  Teftament 
Gêné-      cjl]  feu  R0i  d'Efpagne,,   laiffânt-là  le  Traité  de  Partage,  que  cependant  L. 
ai  Mars.  ^-  **•  nc  ^°'vent  point  être  fruftrées  de  l'effet  du    même  Traité}  mais  que 
*  l'objet  du  Traité,  à  fçavoir  la  Paix  Se  la  tranquilité  générale  ,  Se  leur  fureté 
particulière,  leur  doit  être  donné,  au  moins ,    par  quelque  équivalent  ou  au- 
tre moïen. 

II.  Sur  ce  fondement,  L.  H.  P.  demandent,  que  pour  conferver  la  Paix  Se 
tranquilité  générale  ,  dans  laquelle  confifte  une  grande  partie  de  leur  fureté 
particulière,  il  foit  donné  à  S.  M.  Imp.  contentement  Se  une  fatisfaétion  rai- 
sonnable,  furies  prétendons  à  la  Succeffion  d'Efpagne,  lefquelles  étoient 
réglées  par  le  Traité  de  Partage  ,  8c  que  Sa  Majefté  Impériale  foit  admife  6c 
incline  dans  le  Traité  que  S.  M.  de  la  Grande-Bretagne  8c  L.  H.  P.  feront 
avec  Leurs  Majeftez  T.  C.  8c  Catholique  j  8c  que  confequemment  Elle  fera 
invitée  à  cette  Négociation. 

III.  Que  S.  M.  T.  C.  dans  un  certain  tems  fixé  ,  auffi  court  qu'on  en 
pourra  convenir  ,  retirera  toutes  fes  Troupes  des  Païs-Bas  Efpagnols,  uns  y 
en  biffer  aucunes,,  8c  fans  qu'il  lui  foit  permis  de  les  y  renvoier  jamais}  mais , 
qu'à  l'avenir  dans  lefdits  Païs-Bas  Efpagnols,  (excepté  dans  les  Places  de  fu- 
reté dont  il  fera  fait  mention  dans  l'Article  fuivant)  on  pourra  tenir  unique- 
ment des  Troupes  Efpagnoles,  Walonnes,  ou  originaires  des  Païs-Bas  de  S. 
M.  Catholique,  étant  privativement  à  Elle,  à  fon  ferment  8c  à  fa  folde.,  8c 
point  des  Troupes  de  Sa  Majefté  T.  C.  directement  ni  indirectement}  mais,  fï 
le  Roi  d'Efpagne  venoit  à  requérir  des  Troupes  du  Roi  de  la  Grande-Breta- 
gne, ou  de  L.  H.  P. ,  pour  la  âefenfe  de  fes  Païs-Bas  ,il  leur  fera  permis  Se  les 
y  envoies 

IV.  Que  pour  la  fureté  particulière  de  cet  Etat ,  on  cédera  Se  confiera  à 
la  Garde  privative  de  L.  H.  P.  les  Villes,  Places ,  Se  Fortereffès  de  Venlo, 
Roermonde  ,  Stevenswaard  ,  Luxembourg  ,  Namur  ,  Charleroy  ,  Mons , 
Dendermonde,  Damme,8e  St.  Donaas,,  avec  leurs  Châteaux  8c  Citadelles, 
enfèmble  avec  tous  les  Forts  &c  Ouvrages  de  Fortifications  y  appartenants  , 
chacun  dans  l'état  où  il-fe  .trouve  à  prefent,  avec  pouvoir  d'y  mettre  8c  te- 
nir telles  Garnifons ,  foit  de  leur  part,  foit  de  celle  de  leurs  Alliez,  qu'El- 
Jes  trouveront  à  propos  &C  qu'Elles  voudraient  requérir  pour  cela  }  fans  qu'il 
foit  permis  à  la  France,  ni  à  l'Efpagne,de  bâtir  derrière  ni  à  l'entour  defdites 

,  Villes,  Châteaux,  Places, 8c  Fortereffès,  aucuns  autres  Forts,  Lignes, ni  Ou- 
vrages de  Fortification  ,  ni  de  faire  quelque  chofe  que  ce  foit ,  qui  pourrait 
porter  préjudice  à  la  Garde  defdites  Villes , Châteaux ,  Places,  Se  Fortereffès, 
8c  en  empêcher  l'effet. 

V.  Qu'il  fera  permis  à  L.  H.  P.  d'augmenter,  diminuer  ,  Sz  changer  leurs 
Garnifons  dans  lefdites  Villes,  Châteaux,  Places,  8c  Fortereffès,  toutes  8c 
quantes  fois  ,  qu'Etes  le  trouveront  bon.  Comme  auffi  d'y  envoier  des  Vi- 
vres, Munitions,  Armes ,  Matériaux  pour  les  Fortifications,  8c  généralement 
tout  ce  qui  pourra  convenir ,   8c  être  neceffâire  au  fervice  des  Garnifons  Se 

For- 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.  4oj- 

Fortifications.     Que  le  paflage  pour  le  tranfport  de  toutes  ces  chofes,  auflî  1701. 
bien  que  pour  les  Garnifons,  tant  en  allant  qu'en  revenant,  fera  libre  Se  ouvert  ■ 

en  tout  tems,  par  les  Terres,  Se  fur  les  Rivières  du  territoire  de  S,  M.  Catholi- 
que, fans  qu'on  puifli  y  mettre  aucun  empêchement ,  directement  ni  indirec- 
tement. 

VI.  Que  L-  H.  P.  auront  le  plein  Commandement  Se  Autorité  fur  les  Vil- 
les ,  Places ,  Châteaux ,  &  Forterefles ,  où  elles  auront  leurs  Garnifons ,  & 
qu'elles  y  mettront  des  Gouverneurs  ,  Se  Commandans,  tels  qu'Ellcs  le  trou- 
veront bon,  fauf  Se  fans  préjudice  des  autres  Droits  6c  Revenus  du  Roi  d'Ef- 
pagne,  fur  Se  dans  lefdites  Villes  Se  Places. 

VII.  Que  de  plus  L.  H.  P.  auront  la  liberté  de  fortifier  ,  Se  de  reparer ,  les 
Fortifications  défaites  Villes  &  Places,  Châteaux,  Se  Forterefles,  ainfi  qu'El- 
les  le  jugeront -à  propos,  &  de  faire  généralement  tout  ce  qu' Elles  trouveront 
neceflaire  pour  leur  défenfe. 

VIII.  Qu'aucuns  Roïaumes,  Provinces,  Villes,  Terres,  ni  Places  ,  ap- 
partenant à  la  Couronne  d'Efpagne  tant  dedans  que  hors  de  l'Europe,  Se  fpé- 
cialement  aucunes  Villes' ni  Terres  des  Païs-Bas  Efpagnols ,  ne  pourront  devol- 
ver  ni  parvenir  la  Couronne  de  France,  par  donation,  achat,  échange,  con- 
tra£r.  de  Mariage,  Succeflion  par  Teftament,  ni  ab  inteflato^  m  par  quelque 
autre  Titre  que  ce  puifle  être  j  Se  qu'elles  ne  pourront  être  foûmnes  au  pou- 
voir ni  à  l'autorité  du   Roi  Très-Chrétien  en  aucune  manière. 

IX.  "Que  dans  les  Roïaumes  Se  Etats  du  Roi  d'Efpagne  tant  dedans  que 
hors  de  l'Europe,  Se  par  confequent  auflî  dans  les  Païs-Bas  Efpagnols  ,  les 
Sujets  Se  Habitans  des  Provinces-Unies  demeureront  dans  la  jouïflance  de  tous 

.les  Privilèges,  Droits,  Franchifes,  Se  autres  avantages,  tant  à  l'égard  de  leur 
Navigation,  Commerce,  Se  libre  ufage  des  Ports,  qu'en  toute  autre  choie,, 
tout  ainfi  qu'ils  en  ont  joui  ou  dû  jouir  ci-devant,  jufques  à  la  mort  du  feu 
Roi  d'Efpagne}  Se  qu'ainfi  toutes  chofes  telles  qu'elles  puiflènt  être,  excepté 
ce  dont  on  fera  convenu  autrement  par  le  Traité  à  faire ,  feront  laiflees  en 
l'état  où  elles  ont  été  du  tems  de  la  mort  du  feu  Roi  d'Efpagne  derniè- 
rement décédé. 

X.  Que  le  Traité  entre  la  Couronne  d'Efpagne  Se  L.H.P.  conclu  à  Mun- 
fler  en  1648., comme  auflî  tous  les  autre:  Traitez  Se  Conventions  entre  l'Ef- 
pagne  Se  cet  Etat,  feront  renouveliez,  où  tenus  pour  renouveliez,  de  la  ma- 
nière dont  on  pourra  convenir  enfemble,  d'autant  qu'ils  ne  foient  changez  par 
le  Traité  qu'on  fera.  .  &'    ■ 

XI.  Que  de  plus  les  Sujets  Se  Habitans  des  Provinces  -  Unies  jouiront 
dans  tous  les  Roïaumes,  Etats,  Villes,  Places,  Baies, Se  Havres  de  la  Cou- 
ronne d'Efpagne,  dedans  Se  hors  de  l'Europe,  des  mêmes  Privilèges,  Droits, 
Se  Franchifes,  comme  auflî  de  toutes  \es  Immunitez  Se  avantages,  dont 
jouïïfent  les  Sujets  de  Sa  Majeïté  Très  -  Chrétienne  Se  des  autres  Princes  Se 
Potentats  jauflî-bien  que  de  ceux  qui  leur  feront  accordez,  Se  dont  ils  jouiront 
à  l'avenir. 

XII.  Que  Leurs  Majeftez  les  Rois  de  France  Se  d'Efpagne  promettent  fo- 
lemnellement  pour  eux,  Se  pour  leurs  Suecefléurs,  l'obfervation  exacte  de 
ious  ces  points  en  général,  Se  de  chacun  d'eux  en  particulier. 

Tout.  I.  Ccc  XIII. 


4=tf     MEMOIRES,  NEGOCIATIONS,  TRAITEZ, 

1701.       Xfll.  Que  le  Traité, qu'on  fera  fur  ce  Sujet,  fera  garanti  par  tels  Rois, 
■ Princes,  &  Potentats  que  l'un  ou  l'autre  des  Hauts  Contractants  y  requerrerontj 

&  cela  de  l'a  manière  la  plus  forte  qu'ils  trouveront  convenir. 

XIV.  Le  Tout  avec  referve  d'amplifier  ces  points  dans  la  Négociation  T 

autant  qu'on  le  trouvera  neceffaire,  pour  leur  élucidation,  &  pour  l'cclaircif- 

fement  de  leur  véritable  fens  8c  intention,  comme  auffi  pour'  prévenir  toute 

forte  de  diiputes.      Fait  à  la  Haïe  le  iz.  Mars  1701. 


Deman-   I. 
des  pro- 


L  e  s  Demandes  de  l'Angleterre  étoient  dans  termes  fuivans. 

COmme  Sa  Majefté  le  Roi   de  la  Grande-Bretagne  6c  les  Seigneurs 
Etas  Généraux  des  Provinces-Unies  ont  conclu  le  2f .  du"  mois  de 
au  Com-  ^ars  ^e  l'ann£e  pafTée  1700.  un  Traité  de  Partage  pour  prévenir  les  troubles 
te  d'A-     &  une  nouvelle  Guerre  qu'on  avoit  tout  fujet  d'aprehender  par  la  mort  du 
vaux)      Roi  d'Efpagne  fans  enfansjSc  qu'entre  autres  le  principal  object  des  Hauts Con- 
par  le      traétans  dans  cette  Affaire  a  été  de  coniérver  la  Paix  6c  la  tranquilité  générale 
temi'airë  ^ans  l'Europe, &  d'affermir  la  fureté  particulière  de>  Roïaumes  de  Sa  Majefté}. 
d'Angle-  il  eit  évident,  que  quoique  S.  M.  T.  C.  ait  trouvé  bon  d'accepter  le  Tefta- 
tene,!e    ment  du  feu  Roi  d'Espagne,  fe  départant  ainfi    du  Partage,   que  ccp'en- 
?i.Mars.  (jant  s;l  Majefté  Britannique  ne  doit  pas  perdre  l'effet  du  même  Traité,  mais 
que  l'objccl  du  Traité,  à  favoir  la  Paix  6c  la  tranquilité  générale  6c  fa  fureté 
particulière,  lui  doit  être  donnée,  du  moins  par  quelque  Equivalent  ou  autre 
moïen.     A  cette  fin,  le  Sr.  Stanhope  Envoie  &  Plenipotcntiare  de  Sa  Ma- 
jefté Britannique  auprès  des  Etats  Généraux  des  Provinces-Unies  a  ordre  de 
propofer  audit  Sr.  Comte  d'Avaux  les  Points  &  Articles  fuivans. 

II.  Que  pour  conferver  la  Paix  6c  la  tranquilité  générale  ,  dans  laquelle 
confifte  une  grande  partie  de  la  fureté  particulière  des  Etats  de  Sa  Majeflé 
Britannique  ,  Sa  Majefté  Impériale  fera  invitée  d'entrer  en  cette  Négotia- 
tion  &  lui  fera  donné  contentement  6c  une  raifonnable  fatisfaétion  fur  fes 
prétentions  à  la  Succeffion  d'Efpagne,  lesquelles  étoient  réglées  par  le  Trai- 
té de  Partage,  £c  que  fadite  Majefté  Impériale  fera  adrriifê  6c  inclufe  dans  le 
Traité  que  Sa  Majefté  Britannique  6c  Leurs  Hautes  Puiffances  feront  avec 
Sa  Majefté  Trcs-Chrêtiennc  6c  la  Couronne  d'Efpagne. 

'  III.  Que  Sa  Majefté  T.  C.  dans  un  certain  tems  limité,  aufli  court  qu'on 
en  pourra  convenir,  retirera  toutes  fes  Troupes  des  Païs-Bas  Efpagnols  fans  y 
en  biffer  aucunes  6c  fans  qu'il  lui  foit  permis  de  les  y  renvoyer  jamais;  mais  qu'à 
l'avenir  dans  lefditî  Païs-Bas  Efpagnols  (excepté  dans  les  Places  de  fureté 
dont  il  fera  fait  mention  dans  l'Article  fuivant  )  on  pourra  tenir  uniquement 
des  Troupes  Efpagnoles,  Walonnes,ou  des  Païs  fujets  à  la  Monarchie  d'Ef-  ' 
pagne  privât ivement, fous  le  ferment  6c  à  la  foldc  de  l'Efpagne,  6c  point  des 
Troupes  de  Sa  Majefté  Très -Chrétienne  directement  ou  indirectement  :  à 
la  referve  pourtant, qu'il  fera  permis  au  Roi  de  la  Grande-Bretagne  6c  aux  Sei- 
gneurs  Etats  Généraux  de  pouvoir  envoïer  de  leurs  Troupes  pour  la  défenfe 
dcldits  Païs-Bas  lorfqu'ils  en  feront  légitimement  requis. 

IV  Que  pour  la  fureté  particulière  des  Etats  de  Sa  Majefté  Britannique, 
on  cédera  Se  confiera  à  la  garde  privative  de  Sa  Majefté  les  Villes  d'Oftcnde 


ET    RESOLUTIONS    D'ETAT.  407 

&  de  Nieuporr ,  avec  leurs  Ports,  Châteaux,  ou  Citadelles,6c  avec  tous  les  Forts  l70x  ■ 

&c  Ouvrages  de  Fortifications  y  apartenans,  le  tout  dans  l'état  où  il  fe  trou-   

ve  préfentement,  avec  pouvoir  d'y  mettre  Se  tenir  telles  Gurnifons  foit  de  Tes 
Troupes  ou  de  les  Alliez  qu'Elle  voudrait  requérir  pour  cela  &  qu'Elle  trou- 
vera à  propos  i  fans  qu'il  ibit  permis  à  la  France,  ou  à  l'Elpagne  ,d'y  mettre 
la  moindre  Garnifon , ou  de  bâtir  derrière  ou  à  l'entour  defdites  Villes,  Ports, 
6c  Forterefles, aucuns  autres  Forts, Lignes, ou  Ouvrages  de  Fortification, ou  de 
faire  quelque  chofè  que  ce  foit  ,  qui  pourrait  porter  préjudice  à  la  garde 
defdites  Villes  6c  Forterefles  ,6c  en  empêcher  l'effet. 

V.  Que  Sa  Majefté  Britannique  pourra  augmenter  ,  diminuer,  6t  changer 
les  Garnifons  defdites  Villes  ôc  Fortcrefles.autant  de  fois  qu'Elle  le  trouvera  bon, 
&  y  envoïer  des  Vivres»,  Munitions,  Armes,  Matériaux  pour  lesFortifications,£c 
généralement  tout  ce  qui. pourra  convenir, &  être  necefl'aire  au  fervice  des  Gai- 
nifons  èc  Fortifications,  fans  qu'il  lui  foit  fait  aucun  empêchement, foit  par  Mer 
ni  par  Terre,  directement  ou  indirectement. 

VI.  Que  Sa  Majefté  Britannique  aura  le  Plein  Commandement  &  Autorité 
fur  lefdites  Villes,  Ports, Châteaux,  &  Forterefles, où  Elle  aura  fes  Garnifons  6c 
Commandans  tels  qu'Elle  trouvera  bons,fauf  6c  fans  préjudice  des  autres  Droits 
6c  Revenus  de  la  Couronne  d'Efpagne  fur  6c  dans  lefdites  Villes. 

VII.  Que  de  plus  Sa  Majefté  Britannique  aura  la  liberté  de  fortifier  6c  re- 
parer les  Fortifications  defdites  Villes  6c  Forterefles,  ainfi  qu'Elle  le  jugera  à 
propos,  &  de  frire  généralement  tout  ce  qu'Elle  trouvera  néceflaire  pour  leur 
defrénfe. 

VIII.  Qu'aucuns  Roïaumes,  Provinces,  Villes,  Terres  ou  Places  aparte- 
nant  à  la  Couronne  d'Efpagne  tant  dedans  que  hors  del'Europe,6c  fpecialement 
aucunes  Villes,  Places,  ou  Terres  desPaïs-Bas  Efpagnolsne  pourront  être  cédées 
ou  tranfportées ,  ni  ne  pourront  devolver  ou  parvenir  à  la  Couronne  de  France, 
par  Donation,  Achapt,  Echange,  Contraft  de  Mariage,  Succeflion  par  Tes- 
tament, ou  ab  intejlaro  ,ni  par  quelqu'autreTître  que  ce  puifîé  être,  6c  qu'Elles 
ne  pourront  être  foumifes  au  gouvoir  ou  fous  l'autorité  du  Roi  Très-Chrê- 
tien  en  aucune  manière. 

IX.  Que  dans  les  Etats  6c  Roïaumes  de  la  Monarchie  d'Efpagne, tant  de- 
dans que  dehors  l'Europe,  6c  par  confequent  auffi  dans  les  Païs-Bas  Efpagnols, 
les  Sujets  de  Sa  Majefté  Britannique  demeureront  dans  la  jouïffance  de  tous 
les  Privilèges,  Droits,  Franchifes ,  6c  autres  avantages ,  tant  à  l'égard  de  leur 
Navigation,  Commerce,  le  libre  ufage  des  Ports,  qu'en  tout  autre  <;hofe  dont 
ils  ont  joui  ou  dû  jouir  jufques  à  la  mort  du  feu  Roi  d'Efpagne,  6c  qu'ainfï , 
le  tout  tel  qu'il  purfTe  être,  excepté  ce  dont  on  fera  convenu  autrement  j  par 
le  Traité  à  faire, fera  laiffé  en  l'état  où  il  a  été  au  tems  de  la  mort  du  feu  Roi 
d'Efpagne. 

X.  Que  tous  les  Traitez  de  Paix  6c  de  Commerce  6c  autres  Conventions 
entre  l'Angleterre  6c  l'Efpagne  feront  renouveliez  ou  tenus  pour  renouveliez    t 
de  la  manière  dont  on  pourra  convenir  enfemble  d'autant  qu'ils  ne  feront  chan- 
gez par  le  Traité  qu'on  fera. 

XI.  Que  de  plus  les  Sujets  de  Sa  Majefté  Britannique  jouiront  dans  tous 
les  Roïaumes,  Etats,  Villes,  Places,  Baies,  6c  Havres  delà  Couronne  d'Ef- 

Ccc  i  pagne 


4o8     MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAIT  EZ, 

1701.   pagne,  dedans  &  hors  de  l'Europe,  des  mêmes  Privilèges,  Droits,  6c  Fran- 
"  chifes,  comme  aufli  de  routes  les  immunitez  &  avantages  dont  jouïflcnt  les 

Sujets  de  Sa  Majcité  Très- Chrétienne  ou  des  autres  Princes  6c  Potentats ,  auf- 
fi-bien  que  de  ceux  qui  leur  feront  accordez  Se  dont  ils  jouiront  à  l'a- 
venir. 

XII.  Que  de  la  part  de  la  France  &  d'Efpagne  on  promettra  folemnelle- 
ment  l'oblèrvation  exacte  de  tous  ces  points  6c  généralement  de  chacun  en 
particulier.    . 

XIII.  Que  le  Traité  qu'on  fera  fur  ce  fujet  fera  garanti  par  tels  Rois, Prin- 
ces, 6c  Potentats ,  que  l'un  ou  l'autre  des  Hauts  Contraélans  y  îequerreront,  6c 
cela  de  la  manière  la  plus  forte  qu'ils  trouveront  convenir. 

XIV.  Le  Tout  avec  referve  d'amplifier  ces  Points  dans  la  Négotiation  au- 
tant qu'on  le  trouvera  nécefiaire  pour  l'éclairciflément  de  leur  véritable  fens 
6c  intention, comme  aufîi  pour  prévenir  toute  forte  de  dilpute.  Préfenté  à  la 
Haïe  le  zz.  Mars  1701. 

Signé, 

Alexandre  Stanhope.' 

Le  Comte  d'Avaux,  après  la  Lecture  de  ces  Demandes,  fe  récria  fur  leur 
contenu,  6c  dit  que  le  Roi  fon  Maître,  à  l'âge  où  il  étoit,  ne  voudroit  pas 
flétrir  fa  Réputation ,  en  donnant  les  mains  à  un  femblablc  Démembrement  de 
Ki  Monarchie  Efpagnole,  6c  qu'affurement  ces  Propositions  n'étoient  pas  rai- 
fonnables.  On  lui  répondit,  que  ce  n'étoit  pas  un  Démembrement  qu'on 
demandoit,mais  feulement  d'avoir  les  Places  dont  jon.faifoit  mention,  en  pu- 
re garde,  ainfi  qu'on  avoit  fait  depuis  un  long  cours  d'années.  Le  Comte  ré- 
pliqua qu'il  n'étoit  venu,  que  pour  entendre  ce  qu'on  auroit  à  lui  propoler, 
6c  qu'ainfi  il  n'étoit  point  inftruit  fur  d'autres  choies,  Se  qu'il  en  feroit  part 
au  Roi  fon  Maître,  pour  (avoir  fes  intentions,  6c  avoir  des  Inftructions. 

Il  feroit  arrivé  un  incident  fur  le  Cérémonie!,  qui  auroit  retardé  la  Confé- 
rence, fi  l'onn' avoit  pas  eu  la  prevoiance  d'y  apo.ter  du  remède.  C'eft  que 
les  Ambafiadeurs  donnent  la  main  chez  eux  aux  Députez  des  Etats  Généraux, 
Se  ces  Députez  la  donnent  toujours  aux  Envoiez  d'Angleterre.  Cependant 
par  une  Convention  faite  entre  les  Cours- d'Angleterre  6c  de  France  les  Am- 
bafiadeurs iefpeétifs  ne  donnent  point  la  main  aux  Envoiez.  Ainfi, le  Comte 
d'Avaux  la  donnant  aux  Députez  de  l'Etat,  6c  ceux-ci  la  donnant  aux  En- 
voiez d'Angleterre,  le  Comte  d'Avaux  la  lui  auroit  par  confequent  donnée.On 
avoit  précedement  écrit  là-deflus  au  Roi  d'Angleterre.  Ce  Prince  avoit  là- 
defius  ordonné  à  fon  Envoie  de  ne  point  prendre  la  main  fur  les  Députez  des. 
Etats,  6c  d'en  ulèr  avec  le  Comte  d'Avaux  tout  de  même  que  fi  les  Députez 
des  Etats  n'y  étoient  pas  préfents.  11  elï  vrai  qu'il  y  avoit  cette  reitriétion , 
que  cela  feroit  fans  confequenec. 

Deux  jours  après,  y  aïant  eu  une  Conférence  entre  le  Confeillcr-Pcnfion- 
naire  6c  l'Ambafladeur  de  Suéde,  qui  avoit  été  Médiateur  de  la  Paix  de  Ris- 
wick,.  que  les  Euts  prétendoient  avoir  été  enfrainte  par  rapoit  à  l'Article  de 

la 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.         4oP 

la  Barrière,  d'où  l'on  avoir,  fait  fortir  les  Troupes  de  l'Etat,  le  Comte  d'A-    1701. 
vaux  en  fut  averti.     Tl  alla  d'abord  après  diné  chez  l'Ambaffadeur  de  Suéde,      J  "  '  ' 
&  après  y  avoir  demeuré  quelque  tems ,    alla  faire  un  tour  chez  lui ,   6c  fe 
tranfporta  enfuite  chez  le  Confeiller-Penfionnaire.     Celui-ci  qui  eft  fort  habi- 
le aperçût  aux  Difcours  que  le  Comte  lui  tenoit,  qu'il  prenoit  à  tâche  de  vou- 
loir infirmer  aux  Hollaudois  de  l'ombrage  fur  les  Demandes  des  Anglois.     Il 
réitéra  ce  qu'il  avoit  dit  lemême  jour  à  d'autres,  que  les  Hollandois  étoient  • 
de  bonnes  gens,  5c  qu'ils  ne  voïoient  pas  que  la  Demande  de  l'Angleterre  ne 
pouvoit  que  leur  être  extrêmement  préjudiciable.     C'eft  en  ce  que  l'Angle- 
terre ,  aïant  Nieuport  &  Oftende ,  Elle  brideroit  abfolument  la  Hollande  & 
la  Zelande.     Il  fe  laiflâ  échaper,en  difant  que  pour  deux  ou  trois  Places,  U 
croïoit  qu'on  pourrait  bien  les  remettre  aux  Hollandois,  en  hipoteque  pour  les 
fommes  que  l'Efpagne  leur  devoit ,    6c  jufques  à  ce  qu'ils  en  fuifent  rem- 
bourfez. 

L'AmbafTadeur  d'Efpagne,Don  BernarJo  de  Quiros,qui  aimoit  les  Pais-Bas 
Efpagnols,  vit  avec  une  grande  colère  les  Demandes.  Il  avoit  même  refolu 
de  partir  d'abord  de  la  Haie,  fur  ce  qu'il  n'avoit  pas  été  apellé  à  la  Conféren- 
ce >  mais,  les  Ambaffadeurs  de  Suéde  &  de  France  le  détournèrent  de  ce  def- 
fein.  Le  Comte  de  Briord  partit  en  effet  peu  de  jours  après.  Ce  fut  après 
avoir  donné  des  marquevd'une  grande  colère,  fur  les  Demandes.  Il  fe  laiflâ 
échaper  avec  quelques  perfonnes,que  les  Hollandois  étoient  des  mal-avifez  de 
faire  de  telles  Demandes,  6c  que  l'Affront  qu'ils  faifoient  par-là  à  ion  Maître  ' 
ne  pouvoit  fe  laver  que  dans  leur  fang.  Son  imprudence  alla  même  plus  loin  j 
car  il  tint  des  difcours  forts  indiferets  à  l'Agent  Rofeboom ,  que  le?  Etats  lui 
avoient  envoie  pour  lui  fouhaiter  un  bon  voiage.  On  lui  fit  aufli  le'préfènt 
ordinaire  aux  Ambaifadeurs,  qui  confifte  en  une  Chaine  6c  Médaille  d'or  de  la 
valeur  de  fix  mille  florins  de  Hollande. 

Sur  deux  Lettres  qu'on  avoit  reçu  d'Angleterre  de  l'Envoie  des  Etats, 
portant  comment  le  Roi  avoit  remis  fon  Mémoire  aux  Communes,  &  ce  qui 
s'étoit  enfuivi,  les  Etats  Généraux  prirent  la  Réfolution  le  ii.  de  Mars  d'é- 
crire audit  Roi.     La  teneur  de  la  Réfolution  6c  de  la  Lettre  étoit. 

„  /^\XJe  L.  H.  P.  avoient  apris  avec  plaifîr  la  favorable  réflexion  qu'il  avoit  Réfoîu*' 
„  V^  plû  à  Sa  Majefté  de  faire  fur  le  Mémoire,  que  leur  Envoie  lui  avoit  tion  des 
„  préfemé  à  leur  nom  fur  les  préfentes  Conjonétures ,  comme  auflï  la  promtc  E-G.  du 
„  Se  unanime  Réfolution  prife  là-deflus  par  la  Chambre  des  Communes,  à  là  II"    ar'' 
I  ,,  quelle  Sa  Majefté  avoit  trouvé  à  propos  d'en  faire  part,  &  l'Adreflè  pre- 
,,  fentée,en  confequence  de  ladite  Réfolution,  à  Sa  Majefté.     Que  la  haute 
„  fageffe  de  Sa  Majefté  étant  connue  à  L.  H.  P.  &  aïant  tant  de  preuves  de 
„  fon  Amitié   6c  Affeélion  pour  leur  Etat,  Elles  ne  pouvoient  douter  que 
„  les  fentknens  de  Sa  Majefté  ne  fuflènt  entièrement  conformes  à  ceux  de  fes 
„  Peuples.     Que  L.  H.  P.  l'avoient  déjà  vu  par  fa  Reponfe  à  l'Adreffe,  Se 
„  avoient  trouvé  l'une  &  l'autre  fi  avantageufes  pour  l'intérêt  commua  ,  fi 
„  obligeantes  pour  Elles,  6c  fi  juftes  6c  généreufesà  l'égard  de  l'accompliflc- 
„  ment  des  Traitez ,  qu'Ellcs  ne  pouvoient  différer  de  témoigner  fans  perte 

Ccc  5  „  de 


4io      MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

i"Ci.  „  de  tems  à  Sa  Maieité  la  particulière  fatisfa&fon   qu'Elles  en  ont,  &  la  re- 

" „  cônnoifTànce  qu'Elles  en  conferveront  toujours.  Que  L.  H.  P.  ont  depuis 

,,  long- tems  regarde  la  bonne  intelligence  &  l'étroite  union  des  deux  Na- 
„  tions,  comme  neceflaire  pour  leur  i'ûreté  particulière,  &  pour  la  conferva- 
„  tion  de  la  Liberté  &  de  la  Religion  de  l'une  &  de  l'autre.  Que  dans  la 
„  préfente  fituation  des  Affaires,  Elles  croient  que  cette  bonne  Intelligence 
„  &  Union  étoit  plus  neceflaire  que  jamais.  Ainfi,  que  L.  H.  P^ont  jugé  Se 
„  jugent  encore  que  leur  intérêt  eil  infeparable  de  ceux  de  Sa  Majélte,  &: 
„  de  les  Roïaumcs;  &  qu'Elles  étant  à  prêtent  encouragées  par  les  favora- 
,,  blés  difpofitions  de  Sa  Majeité  &  de  ion  Parlement  ne  fe  départiront  en  au- 
„  cune  manière  de  leurs  fentimens.  Que  L.  H.  P.  efperoient,  que  dans"  la 
„  prochaine  Négociation,  qu'Elles  commenceront  conjoinctxment  avec  Sa 
„  Majeité ,  on  pourra  trouver  des  moïens  convenables  pour  l'aft  ermiflement 
„  de  leur  fureté  refpeclive,  pour  la  confervation  de  la  Paix  de  l'Europe;  L. 
„  H.  P.  étant  perfuadées  que  c'eit  l'unique  but  de  Sa  Majeité  en  cette  Affai- 
„  re.  Qu'Elles  remercioient  Sa  Majeité  de  ce  qu'il  lui  avoit  plû  de  donner 
„  des  Ordres  ôc  des  lnltructions  fur  ce  fujet  à  fon  Miniitre  ici,  aflurant  de 
„  nouveau  que  l'intention  de  L.  H.  P.  eft  de  ne  faire  aucune  démarche  dans 
„  cette  importante  Affaire  ,  que  de  concert  &  union  avec  Sa  Majeité, 
„  de  quoi  KUe  peut  faire  fond  ;  comme  auflî  de  leur  côté  Elles  fatisferont  fi-  r 
„  délement  &  promtement,  en  cas  de  befoin,aux  obligations  des  Traitez  & 
„  Alliances  ,  par  lefquelles  Elles  ont  l'honneur  d'être  engagées  envers  Sa 
.„  Majeité. 

Le  Comte  d'Avaux,qui  avoit  envoie  à  fa  Cour  les  Demandes  de  l'Angle- 
terre Se  des  Etats  Généraux,  en  reçût  de  retour  le  Courrier  le  Samedi  2.  d'A- 
vril à  trois  heures  du  matin.  11  alla  ce  jour-là  rendre  vifite  à  l'Envoie  d'An- 
gleterre. Il  ne  lui  dit  rien  autre,  fi  non  que  l'Exprès  étoit  de  retour  j  mais 
que  les  Lettres  n'étoient  pas  encore  dechifrées.Il  fut  auflî  rendre  vifite  à  l'Am- 
bafladeur  de  Suéde,  à  Don  Bcmardo  de  Quiros,au  Préfident  de  Semaine: 
Sur  le  foir  il  l'alla  rendre  au  Confeiller-Penfionnaire.  Il  lui  dit  feulement  de 
bouche,  que  toute  laReponfe  ,  qu'il  avoit  à  donner  fur  les  Demandes ,  étoit  que 
le  Roi  fon  Maître  étoit  difpofé  à  obferver  le  Traité  de  Riswick,  &  de  le  re- 
nouveller.  Cette  Reponfe  (urprit  extrêmement;  mais,  au  lieu  d'influer  de  la 
conlternation  ,  les  Etats  Généraux  n'en  furent  que  plus  animez.  Le  Lundi 
quatre,  l'Envoie  d'Angleterre  contera  là-deffus  avec  le  Confeiller-Penfionnaire, 
&  le  lendemain  avec  les  Députez  des  Etats  Généraux,  pour  délibérer  fur  ce 
qu'on  pouvoit  faire  dans  une  fi  feabreufe  Conjoncture.  L'on  fe  détermina  à 
faire  communiquer  au  Roi  d'Angleterre  ce  qui  fe  paflbit.  Le  Comte  d'Avaux 
affecta  cependant  de  dire  qu'il  attendoit  des  ordres  par  le  premier  Courrier  de 
s'en  retourner.  On  regarda  cette  affectation  comme  une  rufe ,  pour  voir  la 
contenance  qu'on  tiendrait .,  &  qu'au  bout  lacheroit-il  encore  quelque  mot 
équivoquement  deux. 

Dans  la  vûë  cependant  de  donner  quelque  efficace  à  fa  Réponfe  verbale, 
£0  infpirant  de  la  crainte,  la  Cour  de  France  fit  répandre  en  même  tems  divers 

bruits 


-r 


ET    RESOLUTIONS    D'ETAT.         411 

bruits.  L'on  joiïa  même  des  reflbrts,  pour  les  faire  infinuer  par  des  endroits,  ijov. 
qui.  ne  paroiïîbient  pas  fufpeârs.  Ces  bruits  étoient  que  le  Pape  s'étoit  entière-  "  .  * 
rement  déclaré  pour  la  nouvelle  Ro'ùutc  d'Efpagne  ,  &  qu'il  avoit  écrit  une 
Lettre  fort  patétique  à  ce  fujet  à  l'Empereur.  Que  la  République  de  Venilè 
avoit  pris  parti  en  faveur  des  Troupes  Françoifes  qui  étoient  entrées  en  Italie, 
&  leur  avoit  remis  Vérone.  Que  les  deux  Couronnes  de  France  &  d'Efpagne 
avoient  attiré  dans  leur  Alliance  celle  de  Portugal  par  un  Traité.  Qu'Elles  en 
avoiont  conclu  un  pareil  avec  le  D.mnemarck ,  &  que  l'Envoie  de  l'Empereur 
auprès  du  Roi  de  Pologne,  qui  y  ctoit  allé  pour  lui  faire  des  prop->fitions, 
s'étoit  vu  prévenu  par  l'Envoie  de  France  du  Héron.  Que  tous  les  Princes 
d'Italie  s'étoient  déclarez  en  faveur  des  François.  Que  les  Cercles  de  Suabe  & 
de  Franconie  s'étoient  déclarez  pour  la  Neutralité  ,  &  avoient  pour  cela  fut 
une  ASfociation,  à  laquelle  d'autres  Cercles, &  même  des  Princes  de  l'Empire, 
étoient  invitez  de  fe  joindre.  Que  le  Corps  Helvétique  étoit  fur  le  point  de 
fe  déclarer  contre  l'Empereur.  Et  enfin,  pour  paSTèr  fous  filence  d'autres  points, 
&  pour  jet tei'  la  consternation  parmi  les  Anglois ,  que  l'ISle  de  la  Jamaïque 
avoit  été  abimée  &  engloutie  par  un  Ouragan. 

Ces  Nouvelles  étoient  pour  la  plus  part  éloignées  de  la  vérité,  ou  du  moins 
fort  altérées.  Pour  en  parler  de  chacune  félon  le  rang  raporté  ci-defïlis,  on 
peut  voir  que  le  Pape  n'avoit  point  fait  la  moindre  pareille  démarche,  6c  s'il 
en  avoit  la  volonté,  elle  avoit  été  cachée.  I!  eft  vrai  que  ce  Pontife  Romain 
avoit  écrit  une  Lettre  au  nouveau  Roi  d'Efpagne,  &  une  autre  à  l'Empereur. 
L'une  &  l'autre  cependant  n'avoient  rien  ,  qui  eut  du  raport  à  ce  que  l'on 
vouloit  infinuer.  On  peut  le  voir  par  les  Copies  de  ces  Lettres,  qu'on  ajou- 
te ici. 

„  'KJ'Otre  très-cher  Fils  en  Jéfus-ChriSt ,  Salut.     Quand  vôtre  Majefté  nous  Lettre 
„   .lN    écrit  par  fil  Lettre  datée  de  Bourdeaux  du  90.  du  mois  de  Décembre  d"PaPc 
„  dernier  qu'Elfe  tire  un  bon  Augure  de  ce  que  precifement  dans  le  tems  me-  d'PT°l 
„  me,  que  Votre  Majefté  fe  met  en  chemin  p:>ur  aller  occuper  fon  Thrône  gne.PV 
,,  dans  les  ESpagnes,  Elle  a  remarqué  que  nous  avons  été  placez  fur  le  Thrô- 
„  ne.Apoftolique;  c'eft  une  preuve  bien  forte  de  vos  bonnes  intentions  pour 
,,  nous,  dont  vous  nous  donnez  un  plus  grand  témoignage,  quand  vous  nous 
„  aSlèurez  du  foin  que  vous  aurez  de  vous  conferver  dans  l'idée  que  vous  avez 
-,  du  Siège,  où  nôtre  humilité  a  été  élevée.     Mais,  quand  nous  pourrions 
„  vous  perfuader  ,  pu  un  aveu  fincere  de  nôtre  infuffilànce  ,  que  ce  n'eft  que 
„  par  une  tendreffe  Singulière  pour  nous ,   que  Vous  nous  regardez  avec  trop 
,,  d'indulgence  dans  les  louanges  que  Vous  nous  donnez  avec  tant  d'affection } 
„  &  que  Nous  puiflïons  vous  porter  à  nous  plaindre  ,  plutôt  qu'à  nous  felici- 
„  ter,  par  le  poids  du  fardeau  qui  furpaSTé  nos  forces ,  Nous  aimons  mieux 
„  cependant  Vous  taire  les  juftes  Sujets  de  nôtre  inquiétude  ,  que  de  diminuer 
„  le  moins  du  monde  ,  en  vous  les  exprimant ,   la  joie  qui  doit  vous  revenir 
„  de  l'aplaudiSlèment  des  peuples,  qui  Vous  voient  venir  fur  le  Thrône  avec 
„  les  perfections  de  vos  Percs,  &  avec  vos  propres  vertus.  Allez  donc, grand 
„  Roi,  avancez  heu reuferaent ,  &  régnez.    Mais,  régnez , prenant  Dieu  pour 

„  Guide 


4iz      MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

*75\.  n  Guide  &  pour  Protecteur  de  vos  deffeins  >   8c  égalez  la  pieté  infigne  de  vos 

' ■  „  Ancêtres,  par  vôtre  juitice  ,  8c  par  une  déférence  filiale  pour  ce  Saint  Sié- 

„  ge.     Remplirez  fi  dignement  le  Titre  de  Catholique  ,   que  Pevibnne  ne 

„  puiffe  fe  défendre  d'avouer  que  Vous  l'avez  pris  avec  raifon.     Pour  nous, 

„  nous  demanderons  au  Ciel  par  nos  prières  réitérées,  comme  vous  le  fou- 

„  haitez, qu'il  vous  éclaire  de  lès  lumières } 6c ,  pour  un  gage  fincere  de  nôtre 

„  bienveillance  paternelle  ,   Nous  vous  donnons  avec  beaucoup  de  tendrefie 

„  nôtre  Bénédiction  Apoftolique.     Donné  à  Rome  le  6.  jour  de  Février  de 

„  l'an  1701. 

Avant  que  de  raporter  l'Extrait  du  Bref  du  Pape  à  l'Empereur  ,  il  eft  à. 
propos  d'en  toucher  le  fondement.  Le  Nonce  Davia  étant  arrivé  à  Vienne 
s'y  tint  incognito  jufques  au  3.  de  Février,  qu'il  fit  ioi>  Entrée  publique.  Ce 
Miniftre  de  la  Cour  de  Rome ,  après  avoir  eu  lbn  Audience  publique  de  l'Em- 
pereur le  j".,  offrit  à  Sa  Majetté  Impériale  la  Médiation  du  Saint  Père  pour 
un  Accommodement  au  fujet  de  la  Succelîion  de  la  Monarchie  d'Efpagne. 
On  avoit  fuggerc  au  Pape ,  que  pour  porter  l'Empereur  à  fe  départir  de  lés 
Prétenfions ,  il  pouvoit  lui  offrir  de  mettre  l'Archiduc  Charles  en  pof- 
feffion  des  Provinces-Unies  des  Pais.  Qu'on  aideroit  Sa  Majefté  Impériale  à 
fe  mettre  en  poffeiiîon  de  ce  que  le  Turc  poffedoit  en  Europe ,  en  rendant 
l'Empire  Héréditaire  à  fa  Mailbn ,  &  foûmettant  à  ion  pouvoir  ,  non  feule- 
ment les  Villes  Impériales  qui  jouïffoient  encore  de  quelque  liberté ,  mais 
même  la  plus  part  des  Princes  du  Corps  Germanique  ,  &  fur  tout  des  Pro- 
teftants.  Le  Nonce  s'aquitta  de  la  Commifîion  qui  lui  avoit  été  donnée 
avec  beaucoup  d'inftance.  C'eft  d'autant  plus  que  la  Cour  de  Rome  auroit 
trouvé  fon  conte  dans  l'extenuon  de  fon  Autorité  dans  plufieurs  Provinces 
2c  Etats  où  elle  avoit  été  abolie.  Ces  offres  avoient  pour  préliminaire ,  que 
l'Empereur  n'envoiât  point  de  Troupes  en  Italie.  On  repondit  à  ce  Nonce 
feulement  fur  cette  dernière  propofition  ;  car ,  on  regarda  tout  le  refte,  com- 
me un  leurre  grolîier,  qui  ne  tendoit  qu'à  /emer  de  la  zizanie  8c  de  la  ja- 
loufie.  La  Reponfe  portoit  que  Sa  Majefté  Impériale  étoit  prête  d'accep- 
ter la  Médiation  propofée,  8c  de  ne  point  envoier  des  Troupes  en  Italie.  C'é- 
tait pourvu  que  la  France  voulût  en  faire  de  même  ,  fie  de  retirer  celles 
qu'Elle  avoit  déjà  envoiées  dans  le  Duché  de  Milan.  L'on  ajouta  aulli  que 
la  France  eût  à  mettre  en  fequeftre  jufques  à  l'ifluë  de  la  Médiation,  tant 
ledit  Duché  de  Milan, que  les  Roïaumes  de  Naples  ce  de  Sicile.  Le  Non- 
ce Davia  dépêcha  par  un  Exprès  à  Rome  cette  Déclaration.  Il  n'en  efpe- 
roit  cependant  pas  du  fuccès.  C'eft  fur  ce  qu'en  aïant  conféré  avec  le  Mar- 
quis de  Villars  Envoie  Extraordinaire  de  la  France  à  la  Cour  de  Vienne,  ce 
Miniftre  lui  avoit  dit ,  qu'il  étoit  inutile  de  demander  un  pareil  fequeftre. 
C'eft  puis  que  le  -Roi  Très-Chrêtien  n'y  corifentiroit  jamais,  &  que  tout  ce- 
•  qu'il  pourrait  faire  feroit  de  retirer" lès  Troupes  de  l'Etat  de  Milan,  pour- 
vu que  l'Empereur  promît  6c  s'engageât  de  fon  côté  à  n'y  en  point  envoier. 
L'Empereur  trouva  même  à  propos  d'en  écrire  à  droiture  au  Pape.  La 
Lettre  lui  fut  remife  par  le  Comte  de  Lamberg  Ambaiîadeur  de  l'Empe- 
reur 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.  415 

vear  le  foir  du  6.  du  mois  de  Mars.,  8c  la  nuit  même  le  Pontife  y  fit  la  Ré-  I701- 

poîîfe  de  fa  propre  main,  afin  de  pouvoir  l'envoier  le  lendemain  matin,  par  ' ~* 

un  autre  Courrier  que  le  Comte  tenoit  prêt.  Le  précis  de  cette  Lettre  n'é- 
toit  pas  d'un  air  menaçant ,  ainfi  qu'on  l'avoit  proné  en  France  ,  &  ainfi 
qu'on  va  le  voir. 

»  /^We  la  répugnance  qu'il  avoit  eue  à  fe  revêtir  de  la  dignité  Pontificale,  Extrais 
■>■>  V^  n'étoit  pas  feulement,  parce  qu'il  ne  s'étoit  pas  fenti  propre  à  foûte-  L,eettare 
,,  nir  un  fi  pelant  fardeau  ;  mais  de  ce  que  la  Providence  lui  avoit  fait  prévoir  du  Pape 
„  les  mifères,  dont  fon  Pontificat  devoit  être  afligé.     Que  dans  le  tems  qu'à  à  TEm- 
„  ion  graWB  regret  il  voioit  que  la  malheureufe  Italie  alloit  devenir  le  Théâtre  pereur. 
„  d'une  dangereufe  Guerre ,  il  ne  pouvoit  s'empêcher  de  fe  plaindre  du"  peu 
de  fuccès  de  fa  Médiation  ;  qu'il  l'avoit  offerte  les  larmes  aux  yeux  ,  avec 
de  profonds  foûpirs  &  des  inftances  réitérées  de  fes  Miniftres,  pour  la  faire 
„  accepter  par  les  deux  Cours. 

„  Que  la  trille  nouvelle  qu'il  avoit  reçue,  que  la  Pefte  ravageoit  la  Dal- 
matie,  l'avoit  porté  à  interdire  tout  Commerce  jufques  vers  les  Confins  de 
l'Autriche ,  &  le  voifinage  de  la  Carinthié.  Et  qu'au  milieu  de  cette  dou- 
ble affliction ,  il  avoit  de  nouveau  pouffé  fes  larmes  &  fes  foûpirs  vers  le 
Ciel,  Rejoignant  fes  prières  à  celles  de  toute  l'Europe,  il  avoit  imploré  U 
mifericorde  de  Dieu ,  afin  d'éloigner  l'un  &  l'autre  de  ces  fléaux. 
„  Qu'il  exhortait  Sa  Majefté  Impériale  à  éviter  celui  de  la  Guerre ,  la 
priant  d'écouter  fes  avis  paternels  ,  6c  de  ne  pas  permettre  à  fes  Troupes , 
qu'Elle  vouloir  envoier  en  Italie,  de  jetter  cette  belle  partie  de  l'Europe 
par  leurs  defordres  dans  le  plus  grand  de  tout  les  malheurs  ;  Qu'il  plût  à 
Sa  Majefté  Impériale  d'y  tenir  la  main  ;  en  forte  qu'Elles  ne  commiflènt 
rien  d'indigne  de  leur  Chef,  Se  de  la  trés-Illuftre  Maifon  d'où  Elle  for- 
toit}  qu'elles  euflent  égard  à  la  dignité  du  Saint  Siège,  à  la  Sainte  Eglife,  & 
à  Dieu  même}  qu'elles  fe  fouvinfTent.de  fa  Religion  éc  de  celle  de  les  glo- 
rieux Ancêtres ,  que  Sa  Majefté  Impériale  avoit  protégée  par  tant  d'écla- 
„  tantes  aftions  dont  Dieu  lui" donnerait  la  recompenfe  au  centuple.  Qu'il 
„  l'elperoit  ainfi ,  &  qu'il  prioit  Dieu  d'infpirer  à  Sa  Majefté  Impériale  ce 
„  qui  lui  étoit  le  plus  convenable  &c. 

Pour  ce  qui  regarde  la  République  de  Venife  l'on  favoit  qu'Elle  prenoit 
beaucoup  de  précaution,  pour  fe  maintenir  dans  une  Neutralité  armée.  El- 
le avoit  tait  venir  des  Troupes 'de  Dalmatie.  Elle  faifoit  des  Fortifications 
aux  Places  les  plus  expofées,  Se  y  avoit  renforcé  confiderablcment  les  Garni- 
fons.  Le  Cardinal  d'Etrée  avoit  été  envoie  à  Venife,  pour  engager  la  Repu- 
blique dans  le  parti  des  deux  Couronnes,  &  empêcher  l'entrée  des  Impériaux 
en  Italie.  Ce  Cardinal  mettoit  tout  en  œuvre  pour  cela.  11  le  faifoit  cepen- 
dant par  toutes  les  plus  grandes  douceurs  du  Monde.  La  République  rendoit 
miel  pour  miel ,  &  le  Lion  de  Saint  Marc  envieilli  dans  les  mfes  de  treize 
Siècles  ne  fe  laifia  pas  apriveifer  par  des  apas  fi  ordinaires,  non  plus  qu'inti- 
mider par  des  menaces  qu'il  étoit  en  état  de  ne  pas  craindre.  Enfin  le  Sénat 
prit  le  2y.  de  Mars  la  Réfolution  de  garder  ia  Neutralité,  &  de  ne  le  décla- 

Tom.  I.  Ddd  ici 


•>•> 


414     MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

1701.  rer  que  contre  ceux  ,  qui  voudraient  troubler  la  tranquilitc  dans  fes  Etats. 
"  Cette  Rcfolution,  qu'on  communiqua  au  Cardinal,  portoit  ce  qui  fuit. 

Réfolu-   „  T  A  Séréniffime  République  ,  après  avoir  examiné  l'état  prefent  de  fes 

Sénat'd    "  Affaires,  a  trouvé  qu'Elle  doit  regarder  comme  fes  Amis  ceux,  qui 

Venife,   »>  ne  veulent  pas  porter  la  Guerre  dans  fes  Etats.     De  forte  que  ne  voulant 

du  ij.     „  pas  entrer  dans  les  raifons,  ni  de  Sa  Majefté  Impériale,  ni  des  François  6c 

Mars.      }>  des  Efpagnols,  Elle  croit  qu'il  eft  fort  jufte  que  l'une  &  l'autre  Puiffan- 

„  ce  veuillent  la  regarder  avec  la  même  Amitié,  dont  on  a  pris  tant  de  foin 

„  de  la  perfuaderj  6c  qu'Elle  regardera  toujours  comme  ennemi  celui  ,  qui 

,,  comme  tel  entreprendra  de  porter  la  Guerre  dans  fes  Etats. 

Elle  donna  une  Réponfe  par  écrit  d'une  femblable  teneur  à  PAmbafîa- 
deur  d'Efpagne  Bazan  ,  qui  avoit  follicité  la  République  en  faveur  de  fa 
Cour.     Cette  Réponfe  étoit  conçue  en  ces  termes. 

Réponfe,,  "\  TOnfieur  PAmbaffadeur  ,  la  bénigne  inclination  de  Sa  Majefté  Ca- 
ou  Sénat  ^  IVA  tholique  pour  Nous,  paroit  clairement  par  les  bons  offices  que 
fe  à  "  »  Vous  Nous  avez  notifiez  au  nom  de  Sa  Majefté  le  if.  du  courant  mois 
l'Ambaf-  „  de  Mars.  Nous  recevons  avec  toute  l'eftime  &  la  reconnoiffance  ima- 
fadeur  J}  ginable  fa  Roïale  difpofition  6c  fes  offres  généreufes ;  &  nous  recevons  de 
fine  Pa"  >'  vous  avec  P^;U^r  vos  fàges  reflexions  fiir  les  conjonctures  préfentes  j  qui  à 
l'aproche  d'une  Guerre,  peuvent  mettre  l'Italie  dans  d'étranges  defordres. 
Cependant  dans  une  occafion  auffi  dangereufe  que  celle-ci,  Nous  efperons 
de  la  juftice  des  deux  Monarques  qu'ils  agréeront   nos  bonnes  intentions 


» 

5J 


„  publiques,  &  auront  égard  à  la  juftice  de  la  Neutralité,  6c  en  confequen- 
„  ce  d'icelle,  ils  voudront  bien  dans  toutes  les  occafions  de  la  Guerre  en 


ïj 

■>•> 

M 

3» 

■>■> 

•>■> 
»1 


cette  Province,  faire  reflentir  les  effets  de  leur  Roïale  bénignité,  à  nos 
Etats  Se  à  tout  ce  qui  Nous  apartient.  Ce  qui  augmentera  toujours  de 
plus  en  plus  dans  le  Sénat  les  motifs  d'une  éternelle  reconnoiffance,  &  la 
confiante  réfolution  que  Nous  avons  d'entretenir  une  bonne  Correfpondan- 
ce  Se  un  bon  Voifinage.  Et  en  vous  affûtant  de  nos  iîneeres  intentions 
pour  les  deux  Couronnes,  Nous  vous  prions  de  vouloir  accompagner  Nos 
affurances  à  Sa  Majefté  par  vos  bons  offices ,  outre  ce  que  Nous  ferons 
notifier  à  cette  Cour-là,  6c  vous  pouvez  vous  affurer  de  l'eftime  que  Nous 
avons  de  tout  nôtre  Cœur  pour  vôtre  Perfonne,  comme  étant  un  digne 
&c  agréable  Miniftre. 


L  a  République  fit  communiquer  ces  Réfolutions  à  l'Empereur  par  fon 
Ambaffadeur  à  Vienne  par  un  Exprès  qui  y  arriva  le  fécond  jour  d'Avril. 
Elle  en  fit  de  même  au  Roi  Tres-Cln  étien  par  fon  Ambaffadeur  Pifani , 
qui  s'en  aquitta  le  1 1.  du  mois. 

Par  raport  au  Portugal ,  l'on  ne  favoit  pas  bien  qu'en  croire.  Le  Comte 
d'Avaux  montra  une  Lettre  du  Roi  Très-Chrétien,  dans  laquelle  il  lui  man- 
do.it  la  Nouvelle  de  l'Engagement  de  ce  Roi -là  avec  les  deux  Courronnes. 

On 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.         4if 

On  reçût  en  même  tems  d'une  main  qui  ne  paroiffbit  pas  fufpeéte  les  Articles     ija. 
de  ce  Traité,  qui  étoient  au  nombre  de  quinze  6c  que  voici.  ■ 


6c  Nueva  Coloma  dans  la  forme  qu'il  le  prétendit  en  1 68 1 . 
IV.  La  France  lui  remet   toutes  les  prétentions  qu'Elle  avoit  fur  Ma- 


I.  T   A  Paix  faite  l'an  1668.  entre  la  Caftille  6c  le  Portugal  eft  renouvel-  Articles 

1—/  lée  6c  confirmée.  du  Trai- 

I I.  La  Cailïlle  renonce  pour  toujours  à  toute  prétenfion  qu'elle  pourroit  jj^g 
avoir  fur  le  Portugal.  entre  jei 

III.  Le  Roi  de  Portugal  demeurera  Maître  abfolu  des  Mes  de  St.  Gabriel  Couron- 
nes de 
France ,' 
deCa- 

ranon.  _  ftilie  ,  8c 

V.  On  promet  fatisfaétion  au  Roi  de  Portugal  touchant  les  affaires  de  la  dePor- 
Compagnie  des  Nègres  qui  s'envoient  de  Cacheo  aux  Indes  d'Efpagne.  tugal. 

VI.  Le  Roi  de  Portugal  promet  de  reconnoître  le  Roi  Philippe  V.  pour 
Héritier  légitime  6c  univerfel  de  la  Monarchie  d'Efpagne,  conformément  au 
Teftament  de  Charlss  II.  6c  de  maintenir  ledit  Teftament. 

VII.  Que  fi  l'Angleterre  6c  la  Hollande  viennent  à  rompre  avec  la  France  ou 
la  Caftille,  le  Roi  de  Portugal  ne  pourra  leur  donner  aucun  fecours  ni  retraite 
en  fes  Ports.  Il  pourra  feulement  y  recevoir  fix  de  leurs  Navires  de  Guerre 
au  cas  qu'ils  n'en  aient  pas  d'avantage  dans 'les  Mers  ou  Côtes  de  Portugal  -t 
mais  s'il  y  en  a  un  plus  grand  nombre,  Sa  Majefté  Portugaifè  n'en  recevra 
aucun. 

VIII.  Que  Sa  Majefté  Portugaifè  ne  recevra  dans  lès  Ports  aucune  pri- 
fe  de  quelque  Nation  que  ce  foit ,  6c  encore  moins  aucun  débarquement 
de  Troupes. 

I X.  Que  fi  à  caufe  de  ce  Traité  le  Portugal  fe  trouvoit  inquiété  par  l'An- 
gleterre ou  par  la  Hollande,  alors  la  Caftille  6c  la  France  feront  obligez  de 
le  fecourir  avec  30.  Navires  de  Guerre  6c  lui  fourniront  de  plus  un  Million  une 
fois  paie, 6c  500000.  Ecus  par  an  ,  moïennant  quoi  le  Roi  de  Portugal  s'obli- 
ge d'entretenir  1 2.  Navires  de  Guerre. 

X.  Et  au  cas  que  la  Guerre  avenant ,  les  Anglois  voulufierrt  refufèr  à  la 
Reine  Douairière  le  paiement  de  fon  Douaire,  la  France  6c  la  Caftille  y  fa- 
tisferont,  comme  auffi  Elles  indemniferont  Sa  Majefté  Portugaifè  pendant  l'ef- 
pace  de  dix  années  de  toute  la  diminution  qui  pourroit  arriver  en  {es  Doiian- 
nes  à. caufe  de  la  Guerre. 

X I.  Que  fi  les  Ennemis  du  Portugal  entreprennent  cependant  quelque 
choie  contre  les  Conquêtes  qu'il  a  faites ,  on  lui  donnera  le  fecours  ne- 
cefîaire. 

XII.  On  donnera  à  Sa  Majefté  Portugaifè  les  Officiers  de  Guerre  ,  dont 
Elle  aura  befoin. 

XIII.  Que  fi  les  Hollandois  refufent  de  reftituer  l'Ifle  de  Ceylan  à  Sa 
Majefté  Portugaifè,  en  ce  cas  les  Couronnes  de  France  \k  de  Caftille  lui  ai- 
deront à  la  reconquérir. 

XIV.  Qu'en  contemplation  de  la  Paix  de  l'Europe,  Sa  Majefté  Portugai- 
fè trouve  bon  de  ne  troubler  le  Roi  Philippe  V.  dans  la  Succeffion  de 

Ddd  z  Caftil- 


4i5     MEMOIRES,  NEGOCIATIONS,  TRAITEZ, 

1701.  Caftillc,  à  l'égard  d'aucun  des  Domaines  ,   dont  il.eft  aujourd'hui  en  pof* 

— felïion. 

X  V.  Que  fi  quelque  Prince  vouloit  le  contredire  en  cette  poiTefîîon ,  &z 
qu'à  cette  ôccaiion  il  iurvienne  Guerre,  Sa  Majefté  Portugaife  lui  interdira 
tous  les  Ports  de  iésRoïaumes  &  Etats  ou  il  pourroit  venir  &  aborder,  &  tou- 


tes  fortes  d'embarquement  tant  de  Guerre  que  de  Marchandife,  &  qi 
ceux  qui  viendront  de  la  part  d'un  tel  Prince  feront  traitez  comir. 


:|ue  tous 
comme  En- 
nemis, Sec. 


O  N  fut  cependant  affûté  que  ces  Articles  n'étoient  que  des  Propositions 
qui  avoient  été  faites  au  Roi  de  Portugal,  qui  ne  les  avoit  pas  acceptées.  Le 
Comte  de  Waldeitein ,  qui  étoit  Envoie  Extraordinaire  de  l'Empereur  à  Lis- 
bonne manda  précifement  par  lés  Lettres ,  que  ce  prétendu  Traité  defenlîr* 
n'avoit  nullement  été  conclu.  L'Envoie  de  Portugal  Pacieco  alîura  en  mê- 
me tems,  mais  fecretement ,  tant  les  principaux  Miniftres  des  Etats  Géné- 
raux, que  l'Envoie  de  l'Empereur,  que  le  Roi  fon  Maître  n'étoit  entré  en 
aucun  Engagement  avec  la  France  &  l'Efpagne. 

Il  étoit  vrai  que  de  la  part  des  deux  Couronnes  on  avoit  fait  fonner  haut  au- 
près de  ce  Roi-là,  que  le  Parlement  d'Angleterre  n'avoit  pas  aprou'  é  le  Traité  de 
Partage,  &  n'étoit  pas  de  fentiment  de  iecourir  les  Hollandois.  Tout  ce  qu'on 
pouvoit  alléguer  pour  effVaïer  ce  Roi-là  ne  pût  porter  coup.  C'eit  pourquoi  i 
on  fît  fuccéder  les  menaces  aux  promeffes,8con  publia  que  le  Comte  d'Etirée, 
nouveau  Lieutenant-Général  des  Côtes.  Maritimes  d'Etpagne,  iroit  avec  une 
bonne  Efcadre  vifiter  Lisbonne.  Cela  fit  que  ce  Roi-là  déclara  qu'il  ie  tien- 
droit  dans  la  Neutralité.  Même,  pour  témoigner  qu'il  dellroit  de  s'y  main- 
tenir, il  écrivit  aux  Etats  Généraux ,  pour  les  détourner  de  la  penfée  de  la 
Guerre.     En  voici  la  Lettre. 

Lettre  CELSI   AC    P  RAiP  OTE  NTES    DOMINE    SÏAÏUS 

MïÎm  GENERALES  BELGII  FOE  DERATE 

Portu- 
gaife        ~pGo  Don  Pedro,  Dei  Gratta ,  Rex  Lupan'nc  tjj  Âlgarbiorûpi ,  citrà  &  ultra 
auxE-      •*-'  Mare  in  Africà  t  Dominas  Guince  13  acquifitionis  Navigationis  ,    Commer- 
néraux"    Cil  Etbiop'ue^  Arabie,  Pcrfi.s ■,■&?  Indiœ  &c.  tiïittojalutem  Feftris  Celfis  ac  Pr<e- 
des  Pro-  patentions  Dominai ionibus,  ut  pote  Mis  quos  tanquam  amicos  fj?  affeilos  multara 
■vinces-     diligo  ac  œjîimo.    Cum  prœfenti  ftatn  tôt lu  s  Europe ,  bcllum  qnod  timetur ,  mine- 
Unies.     iur  ejijcm  magnnm  ruinant ,  ortatn  ex  damnis  qua  femper  fuere  certijfimt  Bcliï  ef- 
feclus ,  amijjt's  commuuiter  pace  y  tranquillitate  qiue  funt  maxiwœ  félicitâtes  , 
tfuat  Deus  Regnis  confert  ;  Bellum  enim  ,    vel  etiam  profpcro  fuccejfu  femper  efi 
flagellum ,  cum  fuccejfus  femper  Jint  incerti  ac  dubii  ;  Vïcloriœ  nempe  magis  quant 
àdifpofitionibus  humants,  dépendent  à  poteflate  £5?  manu  Dei,  qui  Dominas  cji 
txercituum  ,    non  poff'um  non  optare  ut  Fcfirx  AltipotehUa  ad  pacis  confervatior 
nem  propendeaut  •>  quia  femper  Ma  magis  quàm  Bellum  ,  fecurani  fcclicitatcm  infe 
çwtinet ,  quamvis  fœliciter  gejlum  j  £•?  cum  bac  vieim  dèjider'mm  proveniat  à  bonà 

ac 


ET    RESOLUTIONS    D'ETAT.  4i7_ 

ac  verâ  amicitià  quant  profiteor  erga  V.  C.  ac  P;  Z>.,  fpero  ut  infuâ  aitâ  ac  pic-  1701.* 
denîi  confideratione  notum  fit  Vejlris  Celfis  ac  Prapotentibus  Dominationibus  ut  '  •  <, 
merctur  mei  amici  affeclus  finceritas  ,  ex  quo  cognofcere  poJJ'unt ,  quanti  faciam 
fi/.is  profperitates  Celfi  ac  Prœpotentes  Domini  Status  Générales  ■  Belgii  Confœ- 
derati ,  quos  tanquam  fingulares  amïcos  &  benè  affeclos  plurimum  diligo  ac  aftimo.- 
Dvminus  nofler  fervet  Feftras  Celfas  ac  Prapotentes  Dominatiortes  mcolumes. 
Dation  Salvaterra  11.  Martiï  1701. 

Signatum , 

R    E    X. 

L'o  n  eut  en  même  tems  la  copie  d'une  Lettre  que  ce  Roi  avoit  écrite  à 
celui  de  Dannemarck  ,  pour  lui  fouliaiter  la  bonne  année.  Comme  ces  deux 
Roïaumes  font  à  une  grande  diftance  l'un  de  l'autre,  &  que  par  coniêquent 
ils  n'ont  pas  enièmble  un  grand  Commerce ,  l'on  ne  pouvoit  comprendre  d'où 
pouvoit  procéder  cette  civilité.  Il  n'y  avoit  cependant  pas  du  mirtere.  C'é- 
toit  l'Envoie  de  Dannemarck  Stdcken,  qui  étoit  grand  Ami  de  celui  de  Por- 
tugal ,  qui  avoit  ménagé  avec  ce  dernier  d'avoir  cette  Lettre,  telle  que 
voici. 

PE  t  r  u  s ,  Dei  Gratiâ  Rex  Portugal^  &  Algarbiorum ,  citrà  &*  ultra  Mare  Lettre 
in  Africâ  ,    Dominas  Guinece  Conquifitionis  ,  Navigations ^K&  Commercii  du  Roi 
!  JEtbiopiœ^  Arabite ,  Perfia^  Indiœque,  &c.  deffPi°r" 

.  Serenijfimo  ac  Potentijfimo  Principi  Domino  Friderico  IV.  eadem  Gra-  Roule** 
tiàDauiœ,  Norvegiœ ,  Vandalorum ,  Gotborumquc  Régi ,  Duci  Slefvici ,  &  Hol-  Danne- 
,  fatiœ ,  Stormariœ,  atque  Ditbmarfia  ,  Comiti  in  Holdenburg  &  Dclmenhorfi  &V.  mark° 
i   Fratri,  Confangmneo ,  &  Amico  no/iro.  Cbarifimo  Salut em.    Sereniffime  ac  Po- 
te ut  ijjï  me  Princeps,  Frater,  Conjanguinee  ,  &  Amice  ChariJJime.     Fera  amici- 
tia,  /încerumque  fiudium ,  quo  Majefiatem  Veflram  ampleclor ,  fuo  quafi  jure  exi- 
gere  videtur,  ut  ipfi  pcr  bas  lit  ter  as  fignificem  quant  opère  cupiam  ,  ut  Majeflati 
Veftrœ  univerfieque  Domui  Regiœ ,  mvus  hic  annus  féliciter  fuccedat .,  '  ne  que  erit 
quidquam  mihi  aut  antiquiîis  aut  jucundius ,  quam  fi  intellexero  Deum  Opt.  Max, 
Majeftatis  Veftra  res  omnes  non  modo  bujus  emm  curriado  ,  fed  aliis  etiam  dein- 
cepsfub/ecuturis,  benigno  numine  fovere ,  'neque  dubito  qnin  bac  vota  mea  eo  ani- 
mi  candore  à  Majefiate  Veftrà  fufcipiantur ,  quo  a  me  funt  profecla.   Intérim  Ma- 
jefiatem Feflram  Dei  Omnipotentis  tutelce  accuratifiimè  commeiido.     Data  Olifi- 
pone  Kalen'dis  Januariis  Anno  Domini  M  DCCL 

MAJESTAÏIS  FESTR.E, 

Bonus  Frater  Confanguineus  &  Amiens , 

Pet  rus   R. 
Quibus  lineœ  funt  fubjecbî,  Qmnïa  Régis 

manu  funt  feripta ."" . 

Ddd  3  Tou- 


4i8     MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

J70ï-       Touchant  le  Dannemarck ,  les  Etats  Généraux  &  l'Angleterre  étoient 
"~  perfuadez  que  cette  Cour-là  ne  prendrait  aucun  engagement  avec  la  France. 

Il  eft  vrai  qu'il  parvint  entre  les  mains  du  Roi  d'Angleterre  &  de  celui  de 
Suéde,  un  Traité  fait  entre  la  France  &  le  Dannemarck  ;  mais  l'on  ne  tar- 
da pas  à  être  éclairci,  que  c'étoit  un  faux  Traité,  que  le  Secrétaire  de  Hol- 
ftein  Petkum  ayoit  forgé,  pour  irriter  ces  deux  Rois -là  contre  le  Danne- 
marck. C'étoit  dans  la  fupofition  que  cela  pouroit  produire  quelque  avanta- 
ge au  Duc  fon  Maître.  L'on  favoit  d'ailleurs  que  le  Dannemarck  avoit  une 
periuafion  invincible  que  la  Suéde  favoriferoit  les  deux  Couronnes,  &  qu'ain» 
fi  il  regardoit  que  c'étoit  fon  intérêt  de  fe  jetter  dans  un  Parti  contraire.  On 
en  étoit  d'ailleurs  perfuadé  par  la  Négociation  qui  avoit  été  entamée  avec  ce 
Roi  par  le  Canal  du  Prince  de  Wirtembcrg,  pour  prendre  dix  mille  Hom- 
mes de  fes  Troupes  à  la  folde  de  l'Angleterre  &c  des  Etats  Généraux,  ainfi 
que  cela  fut  conclu  peu  de  tems  après,  félon  qu'on  le  raportera  en  fon  lieu. 
Ce  Roi  voulant  profiter  de  la  conjoncture  fit  même  prefenter  par  fon  En- 
voie un  Mémoire  aux  Etats  Généraux ,  pour  être  rembourfé  de  quel- 
ques arrérages ,  ainfi  qu'on  peut  voir  par  la  copie  fuivante  de  ce  Mé- 
moire. 


LE  Souflîgné  Envoie  Extraordinaire  de  Sa  Majefté  le  Roi  de  Danne- 
'marck  ôcNorwegue,  aïant  reçu  ordre  du  Roi  fon  Maître,  de  renou» 


reiases. 


Mémoi-      „  HAUTS  ET  PUISSANS  SEIGNEURS, 

re  de 
l'Envoie 
de  Dan-  » 
nemarck  55 

auxE-  „  veller  auprès  de  V.  H.  P.  les  inftances  qui  ont  été  faites  de  tems  en  tems, 
rats  des  n  à  l'égard  du  paiement  de  la  Somme,  que  V.  H.  P.  doivent  à  Sa  Majefté, 
Unki's  w  en  vertu  dQ  Traité  conclu  entre  Elle  &  V.  H.  P.  l'an  1696.,  il  a  cru  que  le 
des  Pais-  ,,  chemin  le  plus  court  d'en  avoir  une  prompte  Réfolution,  &  le  moïen  le 
Bas.pour  n  plus  efficace  de  délivrer  V.  H.  P.  de  cette  obligation,  ôc  en  même  tems 
r"^r*  »  d'ultérieures  follicitations ,  ferait  de  prefenter  un  Mémoire  fur  ce  fujet  à 
V.  H.  P.  Il  s'en  acquite  donc  par  celui-ci,  priant  V.  H.  P.  de  vouloir 
bien  répondre  au  defir  de  Sa  Majefté  dans  une  demande,  fondée  fur  la  bon- 
ne foi,  fi  jufte,  Se  fi  légitime.  Sa  Majefté  le  Roi  mon  Maître  fe  promet 
d'autant  plus,  Je  la  juftice,  de  l'équité,  Se  de  l'exactitude  de  V.  H.  P., 
qu'Elles  ne  fatisferont  pas  avec  moins  de  promptitude,  à  ce  à  quoi  Elles  fe 
font  obligées  par  ledit  Traité  de  1696.  qu'Elles  en  ont  donné  des  preuves 
à  d'autres,  &  que  le  crédit  de  l'Etat  s'y  intérefle. 

„  Surtout,  fi  V.  H.  P.  vouloient  encore  faire  réflexion  fur  les  motifs, 
„  qui  les  ont  porté,  à  s'engager  au  paiement  de  la  Somme  ftipulée  ,  qui 
„  comme  V.  H.  P.  fçavent,  ont  été  onéreux  à  Sa  Majefté  aufli-bien  qu'à 
„  fês  Sujets. 

Signé, 

S    T   6   C    K   E   N. 

Les  Etats  Généraux  ne  furent  pas  fâchez  de  la  préfentation  de  ce  Mé- 
moire. 


55 
î> 

55 
s» 

5» 

ÎJ 

55 


ET    RESOLUTIONS    D'ETAT.  4iP 

moire.     C'eft  parce  que  par-là  l'on  détruifoit  jufques  à  l'aparence  qu'on  fut   170F. 
en  quelque  Négociation  avec  le  Dannemarck.  — — « 

Pour  le  Roi  de  Pologne  l'on  favoit  bien  que  le  Miniftre  de  France  du  Hé- 
ron le  follicitoit  puifîàmment  pour  faire  fa  Paix,  avec  la  Suéde.  Ce  Roi  té- 
moignoit  même  d'y  a»'oir  de  la  difpofition.  Du  Héron  étoit  chargé  de  tâ- 
cher de  l'y  porter,  foit  afin  que  la  Suéde  put  être  de  quelque  utilité  aux  deux 
Couronnes,  ou  que  même  le  Roi  Auguste  pût  donner  de  l'ombrage  à  l'Em- 
pereur. Mais  auflî  favoit-on  que  ce  Roi-là  devoit  rcnouveller  fes  Fngage- 
mens  avec  le  Czar ,  "duquel  il  devoit  tirer  de  grofTes  fommes,  dont  il  avoit 
befoin  pour  fupléer  à  fes  libéralitez. 

Quelqu'efFort  que  le  Cardinal  d'Etrée  fit  en  Italie  pour  y  engager  les  Prin- 
ces en  faveur  des  deux  Courronnes,  il  ne  pût  ébranler  le  Grand  Duc,  ni  les 
Ducs  de  Modene  &  de  Parme.  Les  Négociations  avec  celui  de  Mantouë 
étoient  commifes  à  d'autres,  qui  y  réunirent,  ainfi  qu'on  le  dira  bien-tôt.  Il 
eft  vrai  que  le  Duc  de  Savoie  s'étoit  engagé  dans  le  Parti  des  deux  Rois.  Ce 
Prince  déclara  lui-même  les  Conditions  du  Traité  qu'il  avoit  fait  avec  eux. 
Par  icelui  il  avoit  promis  de  fournir  pour  la  défenfe  du  Duché  de  Milan  huit 
mille  hommes  d'Infanterie  Se  deux  mille  &  cinq  cent  Chevaux.  C'étoit 
moïennant  un  fubfide  de  cinquante  mille  Ecus  par  mois,  &  le  caraétere  de 
Généraliffime  des  Forces  de  France  Se  d'Efpagne  en  Italie.  D'ailleurs  on  a- 
voit  flipulé  le  Mariage  de  la  féconde  Fille  de  ce  Duc  avec  le  nouveau  Roi 
d'Efpagne ,  dont  on  aura  lieu  de  parler  ailleurs. 

Touchant  les  Cercles  de  l'Empire,  le  Miniftre  de  France  avoit  infinué  à 
l'Aflembléë  de  celui  de  Suabe,  qui  fe  tint  à  Ulm,  qu'on  eut  à  fe  déclarer  û 
l'on  prenoit  le  Parti  de  l'Empereur  ou  non.  Il  y  avoit  la  menace,  que  fi  l'Em- 
pereur ou  l'Empire  faifoient  marcher  des  Troupes  vers  le  Rhin,  la  France 
s'empareroit  de  Philipsbourg,  du  Fort  de  Kehl,  &  de  Brifacj  &  même  que 
fi  l'on  augmentoit  la  Garnilbn  de  Philipsbourg,  la  France  prendroit  cette 
augmentation  pour  une  rupture.  Dans  la  vue'  qu'on  avoit  d'empêcher 
l'Empereur  d'être  foûtenu  par  les  Cercles  ,  &  par  les  Electeurs  &  Princes 
d'Allemagne,  l'on  avoit  concerté  que  l'Electeur  de  Bavière  retourneroit  dans 
fon  Païs  pour  travailler  à  faire  des  AfTociations  entre  des  Cercles  &  des  Prin- 
ces. Le  Prétexte  en  étoit  le  maintien  de  la  Tranquilité  publique  &  l'oblér- 
vation  de  la  Paix  de  Riswick.  Cependant,  pour  empêcher  qu'on  ne  foup- 
çonnât  que  cet  Eleûeur-là  ne  quittoit  Bruxelles  que  pour  ce  deftèin  ,  on 
tâcha  d'inlmuer  dans  le  Public,  que  les  deux  Couronnes  ne  fe  fioient  pas  à 
lui.  On  alla  même  jufques  à  vouloir  afteéter  de  faire  voir  que  ce  Prince  étoit 
pour  ainfi  dire  gardé  à  vûë.  Ce  qui  paroiflbit  confirmer  cette  exactitude  fut 
que  cet  Electeur  fe  {entant  un  jour  ou  fe  difant  indifpolé  ,  voulut  prendre 
quelque  promt  remède.  Il  fit  pour  cela  retirer  toutes  les  Perfonnes  de  la  Cour. 
Cependant,  Puifegur  n'en  fortit  point,  &  fe  tint  pendant  trois  heures  dans 
le  Cabinet,  faiiânt  lëmblant  d'écrire.  Ce  Prince  partit  cependant  le  22.  de 
Mars  de  Bruxelles.  Ce  fut  après  qu'il  eut  reçu  une  Lettre  du  Roi  de  France 
par  laquelle  l'on  ne  voïoit  pas  qu'on  le  privât  du  Gouvernement  des  Païs- 
Bas.     Voici  la  Lettre. 

„  MON 


4io     MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 


170t. 

Lettre 
du  Roi 
de  Fran- 
ce à  l'E- 
ledtcur 
de  Ba- 
vière. 


» 


MON    FRERE. 


VOtrc  longue  abfence  de  vos  Etats  ne  me  laifTe  pas  lieu  de  douter  que 
vôtre  retour  n'y  foit  abfolument  neceflàire  dans  la  conjoncture  pré- 
fente.  Il  ne  feroit  pas  jufte  que  vôtre  bonne  Conduite  dans'le  Gouverne- 
ment des  Pais-Bas ,  &  les  Services  que  Vous  y  rendez  au  Roi  mon  Petit- 
Fils  ,  vous  fiûent  abandonner  les  foins  de  vos  propres  Affaires.  Comme 
„  elles  vous  obligent  à  partir  avant  que  vous  receviez  les  Lettres,  je  puis  vous 
„  affurer  en  fon  nom',  qu'il  aprouvera  que  vous  remettiez  le  Commandement 
général  au  Marquis  de  Bedmar  pour  l'exercer  en  qualité  de  Gouverneur- 
Général  des  Armes  juiques  à  vôtre  retour.  Vous  le  réglerez  pour  le  tems 
que  vous  croirez  que  vos  Affaires  pourront  vous  le  permettre ,  Se  vous  y 
reviendrez  aufïï-tôt  que  vous  le  jugerez  à  propos  ,  fans  même  qu'il  foit 
nécelfaire  d'envoier  aucun  nouvel  ordre  pour  vous  y  recevoir.  Le  Roi 
d'Efpagne  donnera  feulement  le  lien  pour  établir  les  chofes  ,  de  manière 
que  pendant  vôtre  abfence  tout  fe  paflë  comme  vous  pouvez  le  defirer. 
Priant  Dieu  qu'il  vous  ait,  Mon  Frère,  en  fa  fainte  Se  digne  garde.  Ecrit 
à  Marli  le  p.  Mars  1701. 


5» 
M 
î> 
M 
9» 
» 

5Î 


„  Vôtre  bon  Frère, 


Signé, 


„  Et  plus  bas. 


LOUIS. 


C  O   L   B   E   R 


Lettre 
du  Roi 
Philip- 
pe à  la 
Reine 
Douai- 
rière 
d'Efpa- 
gue. 


Nonobstant  cette  Lettre,  l'on  tâchoit  encore  d'infinuer  que  cet  E.- 
lecteur  étoit  en  difgrace  auprès  des  deux  Couronnes.  On  fondoit  cette  infi- 
nuation  fur  ce  que  cet  Electeur  n'avoit  plus  l'apui,  qu'il  avoit  toujours  eu  de 
la  Reine  Douairière  d'Efpagne,  qui  étoit  elle-même  difgraciée.  Véritable- 
ment le  Roi  Philippe  s'aprochant  de  Madrid  où  il  arriva  le  18. ,  écri- 
vit à  cette  Reine  une  Lettre  pour  l'éloigner  de  Madrid,  dam  les  termes 
fuivants. 

„  Ma  T  r  e  s-C  hère  Soeur  et  Tante. 

„  T  Es  afTurances  réitérées  que  Vôtre  Majefté  m'a  données  de  fa  bonne 
„  L*  affection,  ne  me  donnent  aucun  lieu  d'en  douter.  J'aprends  ceperw 
„  dant  par  des  avis  que  je  reçois,  que  quelques-uns  tâchent  par  divers  moiens 
„  de  troubler  la  bonne  intelligence  que  j'ai  toujours  fouhaite  d'entretenir  avec 
„  V.  M.  Je  n'oublierai  aucun  foin  pour  pénétrer  le  vérité  de  cet  avisj  £c 
„  jufques  à  ce  que  je  puiffe  en  découvrir  la  fauffeté,  je  trouve  neceflàire  pour 

„  le 


ET    RESOLUTIONS    D'E  TA  T.  411 

„  le  repos  de  Vôtre  Majéfté  qu'EUe  choifitTe  pour  fa  .demeure  une  des  Vil-  1701. 

„  les  d'Efpagne  ,    qui  fera  le  plus  à  fon  gré  ,  entre  celles  ,  qui  lui^  feront   — " — 

„  propofées  de  ma  part.     J'ordonnerai  que  Vôtre  Majefté  y  foit  traitée  avec 

„  tout  le  refpeét  6c  toute  la  bienfeance  qui  eft  dûë  à  une  fi  grande  Reine, 

„  &  que  les  fommes  deftinées  pour  fon  Douaïre  par  le  Teitament  du  feu  Roi 

„  mon  Oncle,  lui  foïent  ponétuellement  paie.es.    J'aurais  fouhaité  de  pou- 

„  voir  lui  témoigner  en  Perfonne  mon  Amitié  >  mais  je  trouve  plus  conve- 

„  nable  à  l'état  préfent  de  mes  Affaires  de  laifTer  au  tems  &  à  mes  foins  de  ju- 

„  flifîer  la  vérité  en  l'abfence  de  V.  M.  ,  laquelle  en  attendant  doit  croire 

„  que  je  fuis  de  Vôtre  Majefté  bon  Frère  6c  Neveu, 


•n 


Signée 

PHILIPPE. 

La  Reine  reçût  cette  Lettre  par  les  Régens,  avec  ordre  de  fe  retirer  dans 
fîx  jours.  Elle  demanda  quelque  délai  pour  fon  départ,  qui  lui  fut  accordé, 
&  Elle  choifit  la  Ville  de  Tolède  pour  fa  Retraite.  Comme  elle  alloit  fe 
mettre  en  chemin  un  nouvel  Exprès  porta  des  ordres  d'éloigner  auflî  de  la 
Cour  l'Inquifiteur  Général ,  6c  de  le  renvoier  comme  l'on  fit  à  fon  Evêché  de 
Ségovie.  Le  Père  de  las  Torres,  qui  avoit  été  le  Confefleur  du  feu  Roi,  fut 
auflî  renvoie  à  fon  Couvent. 

Pour  éclaircir  fuccinctement  la  caulè  de  la  Difgrace  de  cette  Reine  on  fut 
que  ledit  Père  de  las  Torres  avoit  dit  à  plufieurs  que  le  Roi  en  mourant  lui 
avoit  déclaré  qu'on  l'avoit  forcé  à  figner  fon  Teitament.  Quelques  Grands 
prirent  de-là  occafion  de  prendre  des  mefures  en  faveur  de  l'Empereur.  La 
Reine  entra  dans  leurs  fentimens,  6c  fe  mit  à  leur  tête,  comme  la  plus  élevée 
en  Dignité  6c  la  plus  intérefTée  au  Succès.  On  tint  que  la  Découverte  s'en 
fit  par  des  paquets  que  l'Exprès  du  Comte  de  Mancheiter  aportoit  d'Efpagne, 
6c  qu'on  trouva  moïen  de  foire  noïer  cet  Exprès  à  un  pafTàge  d'une  Rivière, 
afin  d'avoir  ces  Paquets.  Là-defîus  le  Cardinal  Porto  -  Carrero  dépécha  un 
Courrier  au  nouveau  Roi ,  pour  lui  donner  avis  de  tout.  Cet  Exprès  le  trou- 
va à  Tartas ,  6c  ce  fut  fur  cet  avis  que  ce  Prince  réfolut  de  faire  éloigner  la 
Reine.  Ce  ne  fut  cependant  pas  fa  Difgrace  ,  qui  contribua  au  Départ  de 
Bruxelles  de  l'Electeur  de  Bavière.  Ce  Prince  paflà  par  Bonn  ,  où  il  attira 
l'Eleéteur  fon  Frère  dans  les  defleins  où  il  étoit  fecretement  entré  de  faire 
déclarer  des  Cercles ,  des  Electeurs ,  Se  des  Princes  pour  une  Neutralité,  6c 
de  faire  pour  cela  une  Aflbciation.  Les  Etats  de  Franconie  tinrent  pour  cela  une 
A  Semblée  à  Nuremberg.  Le  Comte  de  Louweftein  Wertheim  s'y  trouva  de  la 
part  de  l'Empereur,  6c  Chamois  de  la  part  de  la 'France.  Ce  dernier  voulut 
prévenir  ces  Etats-là.  Il  leur  infinua  que  le  Roi  Très-Chrêtien  en  acceptant 
le  Teitament  du  feu  Roi  d'Efpagne  n'avoit  eu  en  vûë  que  la  continuation  de 
la  Paix  de  l'Europe,  6c  le  maintien  de  la  Paix  de  RiswicL  C'en:  pour- 
quoi il  les  exhortoit  à  ne  point  embrafTer  les -intérêts  de  l'Empereur,  6c  à 
ne  pas  permettre  le  paflîige  de  fes  Troupes  par  leurs  Terres.  Le  Comte 
de  Louweftein  recommanda  de  fon  côté  à  ces  Etats -là  d'aflîfter  puiilam- 

T'om.  I.  Eee  ment 


4ii      MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

1701.  ment  l'Empereur  dans  la  défenfe  de  fa  jufte  Caufè,  les  afllinint  d'un  puifiant 

* fecours  qui  les  merrroit  à  l'abri  des  Infultes  des  François.     Il  ébranla  par -là 

quelques  Membres.  Cependant,  il  y  eut  bien  des  Contertations,  Se  les  Me- 
naces du  Miniltre  de  France,  que  Ton  Maître  feroit  tout  mettre  à  feu  &  à  làng, 
fi  les  Etats  favoi iibient  l'Empereur  ,  influèrent  en  forte  que  la  Neutralité  y 
fut  rclblue.  C'eft  d'autant  qu'on  avoit  encore  devant  les  yeux  les  vertiges  des 
cruautez  exercées  pendant  les  deux  Guerres  précédentes.  D'ailleurs  cette 
Neutralité  étoit  négociée  à  la  manière  des  Marchands ,  favoir  la  bourfe  à  la 
main.  On  convint  néanmoins  que  ce  lèroit  une  Neutralité  armée  ,  &  que 
l'on  mettrait  fur  pied  un  Corps  de  Troupes  capable  de  s'opofer  aux  Entrepri- 
fes  que  les  François  pourraient  faire  contre  tel  ou  tel  lieu  tous  divers  Prétex- 
tes. L'Empereur  trouva  même  à  propos  d'y  donner  en  quelque  manière  les 
mains,  ne  doutant  point  de  pouvoir  enfuite  attirer  à  fon  avantage  la  même 
Aflbciation. 

Cependant,  ceux  qui  l'avoient  négociée,  firent  diftribuer  à  d'autres  Cer- 
cles ,  &  à  des  Membres  du  Corps  Germanique  ,  des  Ecrits.  Ils  étoient  faits 
fur  un  pied  à  rendre  fulpeéte  la  Maifon  d'Autriche  y  ainfi  qu'on  peut  le  voir 
par  la  Copie  qui  luit. 

Diverfes  FRAGMENT. 

Pièces  ôc 

Fr.ig-  ###•*#  Ce  Député  fe  leva ,  &  leur  tint  ce  Difcours. 

mens  lur  t  » 

les  Af- 
faires TA  mais,  Meffieurs ,  on  ne  s'ert  aflemblé  pour  des  intentions  plus  louables }  le 
préfen-  J  repOS  <je  ja  patrie,  le  bonheur  des  Peuples,  le  maintien  de  la  Paix  nous  a 
î'Effipi-  tous  conduits  en  ce  lieu.  Sa  Majelté  Impériale  Nous  a  honoré  de  la  prefence 
re.troû-  d'un  de  les  Minirtres:  étant  Chef  de  l'Empire,  il  veutaparamment  partager 
vez  dans  la  "loirc  d'en  établir  la  tranquillité  j  Ecoutons  avec  refpcd  fes  fentimens. 
laBiblk»-      & 

^N  de  Harangue   du  Comte   de   Lewestein. 

Très- Louables  Cercles ,  &c. 

APres  vous  avoir  fonhaité  tonte  forte  de  profperitê  de  la  part  de  Sa  Majeflé  Im- 

periale,  vous  me  permettrez  d'aller  tout  droit  au  fait  fans  aucun  détour ,  & 

de  vous  parler  comme  un  bon  Franconien  ;  c'efl  à  dire  naturellement. 


parce  que  ce  qui  ne  convient  point  au  Chef ,  doit  être  rejette  de  tous  fes  Mem- 
bres ,  aujfi-bien  d.vss  le  Corps  Politique  ,  que  dans  l'ordre  du  Corps  naturel. 
Rien  n  étant  plus  juf.e  que  ce  principe,  vous  êtes  trop  éclairez  pour  n'en  pas  voir 
lafolidité. 

La  féconde   rsifon    nycfl  pas  moins    convaincante.     Voccafion  fe  préfente , 
fi  es- Louables  Ccrc.es ,   que  Nous  ne  trouverons  peut  -  êJre  jamais ,  de  travailler 

k 


ET    RESOLUTIONS    D'ETAT.  415 

k  plus  utilement  du  monde  h  la  gloire  13  an  bien  de  l'Empire.     Je  ne  fuis  ni  Sol-  1701. 
dot  ni  Capitaine,  cependant  Vous  allez  voir  que  le  bon  fins  tient  fou-vent  lieu  d'ex-  — — - 
periencei,  mais  je  •vous  prie  que  la  découverte  d'un  fecret  fi  important  vous  fajjc 
connaître  quelle  confiance  la  Cour  de  Vienne  prend  en  vôtre  fidélité.    Les  François 
qui  meurent  d'envie  qu'on  refte  en  Paix,  pour  nous  àter  toute  forte  defoupçons,  ont 

'  été  a  fez  /impies  de  retirer  leurs  Troupes  de  l'AIJace ,  il  ne  refte  pas  un  homme  fur 
le  Rhin,  &  je  fai  par  des  intelligences  qui  ne  me  manquent  point ,  qu'il  n'y  a  à 
Strasbourg  que  des  P  ai  fans,  qui  en  ouvrent  13  en  ferment  les  Portes;  En  deux 
heures  Nous  voilà  Maîtres  de  cette  Fille  ,  13  par  confisquent  de  toute  l'Alface-^ 
fans  perdre  un  moment  de  tems  il  faudra  voler  en  Lorraine ,  où  le  Duc  bon  gré 
malgré  fera  obligé  de  fe  joindre  à  Nous  ,&  Dieu  fait  fi  les  Eve  chez  fe  feront  prier 
de  Nous  recevoir.  Là ,  MeJJïeurs ,  Nous  attendrons  l'effet  d'une  Négociation  du 
Comte  de  Trautsmandorff,  qui  me  par  oit  très-fenfée.  Il  prétend,  &  nos  Gazettes 
l'ont  inconfiderement  découvert  un  peu  trop  tôt  ;  il  prétend,  dis -je,  que  les  SuiJ/es 
fafiènt  retirer  toutes  leurs  Troupes  des  Pais- Bas  Impériaux,  (3  j'ai  apris  par  des 
voies  fecret  es ,  que  ce  qui  accroche  cette  affaire  jufqu'à  préfent,  c'eft  une  ignorance 
des  Cantons,  qui  ne  trouvant  point ,  dit-on,  ce  P  aïs-là  fur  leur  Carte,  ont  fuf- 
pendu  leurs  réfolutions  là-dejfus.  Mais  on  m'affure  que  fi- tôt  que  les  Cartes  feront 
Un  peu  débrouillées,  cette  affaire  ira  J  an  train,  &  Nous  pourrons  en  fuite  aife- 
ment  conduire  le  SéréniJJïme  Archiduc  en  Efpagne,  &  partager  la  gloire  du  Prin- 
ce Eugène  qui  le  fait  reconnaître  en  Italie.  Je  ne  vous  en  dirai  pas  les  chemins , 
pour  éviter  un  trop  long  Difcours;  mais  ils  font  très-faciles,  &  le  Prince  de  Ba- 
de eft  un  bon  Guide  &  a  déjà,  croiez  moi,  tous  fes  camps  marquez.  Après  cela, 
MeJJïeurs ,  imaginez  vous  quel  plaifir  de  revenir  chargez  de  gloire  en  vôtre  patrie 
oit  vous  trouverez  peut-être  que  Sa  Majefté  Impériale ,  touchée  de  vos  fervices,  au- 

'  ra  bien  voulu  fe  déclarer  Duc  de  Suabe  ou  de  Franconie,  pour  donner  un  illufire  ' 
Chef  à  de  fi  braves  gens. 

Le  Cercle  du  Rhin  battit  des  mains  à  cette  Harangue  >  on  entendit  un  cer- 
tain murmure  confus  dans  celui  de  Franconie,  qu'on  pouvoit  diverfement  in- 
terpréter j  &  celui  de  Suabe,  en  doute  fi  ce  Difcours  lui  plaifoit  ou  non,  a- 
voit  fécretement  dépêché  au  Prince  de  Bade  pour  avoir  fes  ordres  là  -  deflus. 
Après  quelques  difcours  de  part  5c  d'autre  aflez.  inutiles,  un  Abbé  fe  leva,  & 
par  un  ton  de  voix  ferme  aïant  impofé  filence , 

Très- Louable  s  Cercles,  dit- il,  fou  Excellence  en  nous  aprenant  confidemment  les 
intentions  de  Set  Majefté  Impériale  ,  Nous  aprend  auftï  par  fon  exemple  à  parler  na- 
turellement, (3  à  mettre  en  ufage  cette  franchife  Germanique  ,  l'ancien  caraclére 
de  notre  Nation.  Je  m'en  fervirai  donc  aujourd'hui ,  fi  l'on  m'en  donne  la  permif- 

fion ,  pour  le  bien  de  mon  Convent  (3  pour  celui  de  P  Empire.  Permis  à  qui  voudra 
de  raifonner  confequemment.     Je  n'a/pire  point  aux  diguitez  du  Confeil  Auli^ue  , 

je  n'ai  en  vue  ni  Comté  ni  Baronie  ,  13  je  ne  fuis  point ,  Dieu  merci ,  Penftonnaire 
de  perfonne.  Son  Excellence  me  pardonnera  cette  petite  digreffion.  Je  remercie 
très-humblement  Sa  Majefté  Impériale  des  profperitez  qu'Etle  nous  fouhaite  ;  En 
mon  particulier  je  n'en  connois  point  d'autre  que  la  tranquillité  de  la  Confidence, 
un  honnête  repos,  (3  des  biens  fujfifans  à  chacun  félon  fon  état.  Et  fans  examiner 
le  fuccès  de  ces  grandes  expéditions  que  l'on  nous  propofe ,  £3  dont  je  me  raporte  à 

Ece  1  fon 


414      MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

1701.  (on  Excellence,  j'examine  feulement  fi  cela  nous  peut  procurer  ces  profperilez  que 

*  '    '  ■    Sa  Majeflé  Impériale  nous  defire. 

La  tranquillité  de  la  Confidence  dans  cette  conjoncture  dépend  à  mon  avis  de  la 
juflke  de  la  Guerre-,  Les  Sujets  qui  n'ont  -qu'à  obéir  n'ont  rien  à  examiner ,  £fjf 
l'ordre  du  Prince  les  met  là- de  fus  en  fureté:  Les  Etats  Souverains  ont  d'autres 
obligations  ,  £5?  ne  doivent  jamais  expofer  injustement  la  vie  &  les  biens  de  leurs  Peu- 
ples. C'efl  à  vous ,  Très-  Louables  Cercles ,  à  voir  lequel  des  deux  Per formages  Nous 
reprefentons.  Si  Nous  fommes  Sujets,  obéififons  aveuglement  :  fi  Nous [ommes  Sou- 
verains ,  examinons  fi  la  Guerre  efl  jufte  ;  £<f  comme  cette  décifion  n'efl  pas  ici  de 
nôtre  refort ,  vivons  en  Paix  en  attendant  que  P affaire  foit  décidée  ou  elle  devra 
l'être.    Le  fécond  point  fur  lequel  je  f ai  fois  confifter  le  bonheur  tant  public  que  par- 
ticulier efl  ce  repos  honnête ,  £5?  je  ne  vois  pas  que  la  Guerre ,  Mère  des  troubles  & 
des  defordres  ,foit  guère  propre  à  procurer  de  pareils  biens.  L? on  pourrait  dire  qii'en 
tel  cas  il  faut  pou  fer  fa  prévoiance  dans  l'avenir  -,  £5?  ne  pas  Je  lai  fer  enchanter 
d'un  repos  préfent  qui  peut  n'être  pas  de  durée;  £5?  là- de  fus  Nous  effraier  de  la 
grandeur  de   la  France    &  des   Chimères  de  la  Monarchie  Univerfièlle.   Mais, 
Me fu ur s,  fi  tout  le  monde  convient  que  le  projet  de  Partage  offert  par  le  fage  Roi 
d'Angleterre,  et  oit  plus  avantageux  à  la  grandeur  particulière  de  la  France  que 
Vacccptation  du  Teflament  ,   pourquoi  Nous  allarmons  nous  de  ce  qu'Elle  a.  choi- 
fi  ce  qui  convenait  le  moins  à  fes  intérêts  ?  Tout  le  Rhin  abandonné  ,  des  Pla- 
ces fi  fortes  remifes  à  l'Allemagne ,  l'inclination  du  Roi  de  France ,  afez  connue 
pour  la  Paix,  l éducation  £5?  l'humeur  du  Dauphin,  dont  la  douceur  £5?  la  bonté 
à  ce  que  Pon  dit,  font  très-éloignées  du  Génie  des  Ufurpateurs  ,  ne  nous  flatent 
que  d'un   avenir   tranquille  ,  fi  Nous  en  voulons  jouir  ;  £5?  je  ne  fiai  fit  c'efl 
■prudence  ou  témérité  à  des'  hommes ,  de  porter  leurs  vîtes  au  de  là  de  deux  gé- 
nérations.    Pour  le  troifiéme  point  qui  regarde  les  biens  de  fortune  ,  il  faut  l'a- 
vouer ,  j'en  envi  fage  cffetl  1  ventent  de  très  -  réels  dans  l'entreprife  de  fon  Excel- 
îence  ,  &  je  vois  les  riche  fes  de  ce  volage  d'Efpagne  ,  £5?  .de  la  redutlion  de 
l'Alface  &  des  Evêchcz.     Mais  que  fon  Excellence  ne  trouve  pas  mauvais  fi  mes 
Religieux  £5?  moi  qui  avons  renoncé  à  ces  vanitez  ,  Nous  nous  contentons  des 
honnêtes   revenus   de   nos  Abbdies.     Il  ne    refile  plus  que  la  raifion  des  intérêts 
de  l'Augufle  Mai/on  d'Autriche,  qui  a  été,  ce  me  f  omble  ,   aplaudie  par  bien 
de  gens ,  £<?  ce  zélé  devroit  même  ,  à  ce  que  je  crois  ,  exciter  Sa  Majeflé  Im- 
périale à  fuivre  d'autres  projets.     L' affection  qu'on  a  pour  fes  intérêts  lui  en 
doit  infpirer  une  égale ,  de  ne  pas  expofer  les  nôtres,  &  c'efl  par  cette  affec- 
tion mutuelle  £<?  relative  du  Chef  £f?  des  Membres  que  s"* entretient  le  corps  na- 
turel &  politique  que  Nous  a  cité  fon  Excellence ,  &  non  pas  par  un  dévoue- 
ment  général  à  aprouver    tout    ce   qui  peut-être  propre  à  des  ufages  £5?  à  des 
bienfeances  particulières.     Et  fi  tous  les  Membres  par  une  politique  mal  enten- 
due  vouloient    s' abandonner   uniquement   aux   bienjeanecs  particulières   de  '  leur 
Chef,  outre  qu'ils  perdroient  infenfiblement  leurs  ufages  naturels  ,  c7efl  que  ce 
bel  ordre  établi  dans  la  variété  des  attributs  de  chacun  venant  à  fe  confondre , 
produiroit  par  des  motifs  differens  le  même  inconvénient  de  cett-e  fable  fi  con- 
nue; car  une  révolte  &  une  complaifance  aveugle  font  également  préjudiciables. 
Si  nôtre  tête  cchouflée  defire  de  prendre  l'air,  il  faut  qu'elle  confulte  fes  yeux 

pour. 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.  417 

pour  [avoir  oh  elle  doit  aller;  qu? elle  fâche  de  fes  pieds ,  s'ils  font  en  état  de  la    1701. 
conduire  ;  de  fes  oreilles ,  fi  le  vent  n'efî  pas  trop  impétueux  ;  &  de  tout  fin  Corps        ■  ' 
enfin ,  pour  fentir  ci?  pour  juger  par  fon  raport  de  i'excez  du  froid  ci?  du  chaud 
ou  de  la  bonne  température  de  l'air.     Et  fi  ces  Confeillers  font  corrompus  ou  dé- 
vouez à  une  fervile  complaijance ,  que  deviendront ,  je  vous  prie  ,  le  Chef  (3 
les  Membres  avec  de  tels  Minières  ?  On  peut  donc ,  Meffieurs ,  comme  vous  voïez  , 
s'opofer  aux  préten fions  du  Chef  ci?  lui  être  fidèle  ;  on  peut  de  même  lui  obéir 
(3  être  un  perfide  à  fin  égard:  Voilà  les  fentimens  finceres,  je  les  juge  très- 
utiles  à  la  Patrie.     Si  fon    Excellence  (3   les  louables  Cercles  penfent  autre" 
ment ,  je  leur  fouhaite  un  bon  voïage ,  ci?  je  les  prie  feulement  avant  leur  départ 
de  n'avoir  pas  tant  à  cœur  les  belles  idées  qu'ils  ne  fongent   à  la  fureté  de  leur 
Pais  13  de  leurs  Familles  ,  que  nos  Amis  les   Danois  commencent  à  ravager  de. 
tons  cotez,     l'rifles  ci?  funefles  prémices  de  nos  Entreprifes  Militaires! 

Il  n'eut  pas  plutôt  fini,  qu'il  Ce  fit  dans  la  falle  un  bruit  confus ,  pareil  à 
celui  qu'on  entend  autour  des  ruchei  quand  les  abeilles  reviennent  des  prairies 
chargées  de  l'effence  des  fleurs Le  Comte  de  Leweftein  voulut  ré- 
pondre ,  pour  faire  diffraction  à  des  aplaudifTemcns  qui  commençoient  à  l'em- 
barraiTer;  trois  fois  il  ouvrit  la  bouche,  èc  trois  fois  les  raifons  ou  les  expreC- 
fions  lui  manquèrent.  Enfin,  il  s'avila  de  le  menacer  du  prochain  Chapitre 
de  fes  Religieux,  où  il  feroit  recommandé  comme  il  faut.  A  ce  Nom  de 
Chapitre ,  le  pauvre  Abbé  tremblant  comme  la  feuille  ,  Ce  mêlant  parmi  la. 
foule ,  s'enfuit  à  l'inftant  de  l' Affemblée.  *  *  *  *, 

DIALOGUES. 

DIALOGUE   PREMIER. 

L'Allemagne ,  la  France. 

Allem.     AH!  Trame,  mon  Ennemie f  urée ,  c'efl  donc  vous  que  je  vois.    Ne  cef- 
ferez-vous  jamais  de  me  perjecuter  ?    Autrefois  vous  étiez  toujours 
prête  à  me  fecourir.     Vos  Enfans  me  doivent  leur  première  Origine.     Quelle  hai- 
ne vous  pouffe  à  leur  faire  tourner  les  armes  contre -moi  ? 

France.  Allemagne,  mon  ancienne  Alliée ,  que  je  plains  vos  malheurs  ci?  vô* 
tre  aveuglement  ! 

Allem.  Comment  plaignez-vous  des  malheurs ,  que  vous  caufiz  vous-même? 

France.  Le  Ciel  me  /bit  témoin ,  fi  fai  d'autres  defirs  que  vôtre  repos  ci?  vô- 
tre gloire. 

Allem.  Mon  repos  ci?  ma  gloire!  Quand  vous  voulez  me  rendre  efclave  ci?  me 
fuir, higucr  !  ■ 

Fiance.  Vous  élevez  des  ennemis  dans  vôtre  fein  bien  plus  dangereux  pour  vô- 
tre Liberté. 

Allem.  Comment  donc?  Ne  formez-vous  pas  des  deffeins  contre  moi? 

Eee  3  France. 


4itf      MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

1701.  France.  Hunnmgm ?,  Brifac ,  Fribourg  ,  -/e?  Fm*  </<?  ^>£/,  /<?  .R,,./  Louis, 
<•  ..  .  Philipsbourg,  &c.  font  autant  de  monumcns  de  ma  fine  frit  é  qui  devraient  vous 
faire  juger  Ji  la  France  veut  entreprendre  fur  l'Empire. 

Allem.  //  efl  vrai  que  ces  démarches  m'avaient  perfuadée  que  tous  nos  démê- 
lez étoient  finis  ,  mais  ,  les  dernières  que  vous  avez  faites  ,  m'ont  bien  defa- 
pufée. 

France.  Mais,  de  grâce,  dequoi  vous  plaignez-vous? 

Aliem.  Vous  débauchez  mes  Electeurs  &  mes  Princes ,  pour  les  armer  con- 
tre moi. 

France.  Pauvre  abiifêe  que  vous  êtes!  Efl- ce  les  armer  contre  vous  ,  que  de 
tâcher  à  les  unir  enfemble  pour  maintenir  cette  même  Paix  dont  vous  paroijfez 
fi  contente  ? 

Allem.  Et  qui  la  veut  troubler? 

France.  L'Archiduc  d'Autriche. 

Allem.  Ah!  France  ,  vous  voulez  m'abufer  moi-même  j  cela  ri1  efl  pas  pof- 
fible. 

France.  Le  voici  qui  s'avance,  vous  pouvez  le  lui  demander. 

DIALOGUE      II. 

L'Allemagne ,  l'Empereur. 

Allem.    âVancez ,  Augufle  Empereur ,  venez  mon  Fils ,  venez  mon  Protecteur ,  /* 
France  dit-elle  vrai  ? 

L'Emp.  Non,   Madame,  ne  la  croiezpas,  elle  ne  le  dit  jamais. 

Allem.  Elle  m'ajfure  qu'Elle  ne  veut  rien   entreprendre  contre   moi,  que  les 
Places  qu'  Elle  nous  a  remïfes  en  font  foi ,  &?  qu'Elle  n'a  point  de  Troupes  fur 
le  Rhin. 
.    L'Emp.  Non;  mais  Elle  en  a  en  Italie. 

Allem.  En  Italie,  Ce  far?  Vous  favez  que  ces  Etats  font  proferits  il  y  a  long- 
iems  pour  les  Empereurs  d'Allemagne. 

L'Emp.  Ce  tfefi  pas  fur  les  Droits  anciens  que  je  me  fonde,  il  n'efi  pas  en" 
£ore  tems  de  les  mettre  au  jour;  c'eft  fur  la  Succeffion  d'E/pagne. 

Allem.  Mais  la  Succeffion  d'Efpagne  de  Droit  naturel  n'efi  point  a  vous. 

L'Emp.  Elle  n'efi  point  à  moi  de  Droit  naturel,  mais  Elle  me  revient  en  vér- 
in des  Actes  de  Renonciation  £5?  de  quantité  d'autres. 

Allem.  Songez. ,  Augufle  Empereur,  que  fi  des  Actes  ont  le  pouvoir  de  déroger 
au  Droit  Naturel,  ils  doivent  à  meilleur  titre  avoir  la  force  de  le  rétablir;  & 
qu'ainfi,  fort  que  vous  vous  fondiez  fur  le  Droit  Naturel,  foit  que  vous  vous  fon- 
diez fur  les  Acles  ,  vos  pretenfions  font  injufles.  L'Allemagne  n'efi- elle  pas  ajfez 
belle  £5?  affez  vafie  pour  le  courage  le  plus  ambitieux  ? 

L'Emp.  Il  efl  vrai,  mais  mon  Fils  l'Archiduc? 

Allem.  Vôtre  Fils  l'Archiduc  fera  comme  ont  été  les  Cadets  des  Empereurs  :  tout 
le  monde  n'efi  pas  né  pour  des  Roiaumes. 

L'Emp.1  On  me  l'avait  bien  dit ,  que  vous  r? étiez  pas  difpofée  à  foûtenir  les  pré - 

ton- 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.         $tf 

t enflons  de  mon  Augufle  Famille ,  mais  Nous  aurons  des  moïens  de  vous  yen-  1701. 
gager  de  gré  ou  de  force.    Prince  de  Bade ,  Seyler ,  Schlick,  Evêque  de  Raab ,  —    ■ 
écoutez. 

DIALOGUE      III. 

L'Allemagne  ,  l'Empereur ,  un  Etranger ,  Courtiflins. 

Etrang.  AH!  Madame  !  le  pitoïable  état  ou  je  vous  trouve!  Je  croiois  voir  de 
loin  le  cortège  d'une  grande  Reine ,  £5?  plus  je  vous  aproche ,  plus  vous 
me  femblez  digne  de  compajjîon. 

Allem.  Ami,  qui  que  tu  fois ,  tu  vois  peut-être  la  veille  de  mes  funérailles. 

Etrang.  Mais ,  quel  crime  avez-vous  pu  commettre  pour  être  traitée  fi,  dure- 
ment ? 

Allem.  Demande-le  à  ceux  qui  me  traitent  fi  mal. 

Etrang.  Mon  Cher,  dis-moi ,  je  te  prie ,  toi  qui  traînes  cette  pauvre  Dame  aux, 
cheveux ,  de  quoi  eft  Elle  coupable  ? 

Courtif.  Infolent  !  Comme  tu  parles  h  V  Augufle  Empereur  Leopold? 

Etrang.  Pardon,  Meffleurs,  je  fuis  un  Etranger,  je  ne  l'aurois  jamais  connu, 
Et  bien,  Augufle  Empereur  Leopold,  qii  a  donc  fait  cette  pauvre  Dame? 

L'Emp.  Je  veux  qu'Elle  me  fajfe  avoir  l'Efpagne  13  V Italie  ;  qu'elle  donne 
la  Flandre  aux  Hollandois,  £5?  les  Indes  à  mon  Ami  le  Roi  Guillaume. 

Allem.  Helas  !  tout  le  fang  de  mon  Corps  épuifé peut-il  fuffire  à  l'injuflice  de 
ta  demande  ! 

L'Emp.  Allons,  qu'on  ne  lui  donne  pas  le  tems  de  fe  reconnaître',  marchons  , 
qu'elle  nous  fcrve  de  bouclier  contre  les  Armes  de  nos  Ennemis. 

Allem.  Barbares  !  Fous  allez  donc  vous  baigner  dans  mon  fang  ?  Ou  font 
vos  Capitulations?  Oh  font  vos  Sermens? 

DIALOGUE      IV. 

La  Jufrice,  l'Empereur. 

La  Jutr.   pMpcreur  Augufle ,  fi  ta  réputation  n'efl  point  fauffe,  tu  te  fonmettras 
à  mes  fentimens.     Les  Hommes  naturellement  nez  libres  ont  engagé 
une  partie  de  leur  Liberté  à  ceux  qu'ils  ont  jugez  les  plus  propres  à  leur  procurer 
le  repos  &  la  tranquillité ,  qu'on  ne  fauroit  avoir  qu'en  fuivant  la  Juflice.     Cet 
engagement  à  été  rcfpeclif;  tout  un  Peuple  a  dcveïté  fes  intérêts  à  un  feu l  Homme  , 
Ï3 cet  Homme  a  dévoué  tous  les  fions  au  Peuple.  En  dépouillant  le  car  acier  e  d?  Hom- 
me particulier ,  il  rfen  doit  plus  avoir  ni  les  intérêts ,  ni  les  vues.  Si-lot  que  tu  eus 
juré  les  Capitulations  (s?  reçu  les  Sermens  de  la  Nation  Germanique , tu  ne  fus  plus 
que  le  Juge  £5?  le  Père  des  Allcmans.     Comme  Archiduc  d'Autriche  tu  n'es  pas 
en  droit  d'exiger  que  l'Empire  ewlraffe  tes  querelles  dcmefliques  :  Comme  Empe- 
reur, les  intérêts  de  l' Archiduc  à""  Autriche  ne  font  plus  les  fais.     Ceffe  tes  mena- 
ces, - 


4i8      MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

1 70 1 .  ces ,  tes  pour  fuites ,  13  tes  violences ,  ou  la  voix  du  fang  que  tu  feras  répandre  m'af- 
*■  tirera  du  Ciel  pour  le  vanger. 

L'Emp.  Ce  qu'Elle  dit  me  par  oit  digne  de  quelque  attention,  Allez,  Madame , 
votez  Mansfeld;  qu'il  m'en  faffe  le  raport. 

Lajuft.  Mansfeld.'  Oh  Ciel!  A  quel  Tribunal  renvoie-t-on  la  Juftice?  Pau- 
vre Allemagne ,  que  je  te  plains! 

DIALOGUE      V. 

L'Empereur  ,   l'Allemagne  ,   Courtifan. 

L'Emp.  ALlons  ,-mes  Amis,  allons ,  qu'on  faffe  hâter  le  pas  à  cette  Pareffeufe 
qui  ne  fait  que  larmoyer. 

Allem.  Helas!  Dans  quel  Gouffre ,  dans  quel  Abîme ,  me  veut-on  précipiter? 

L'Emp.  Faites  grand  bruit ,  qu'on  n'entende  pas  fes  plaintes.  Elle  pourrait  à 
ia  fin  toucher  quelqu'un  :  Nôtre  Comte  de  Schlick  a-t-il  fait  fa  tournée  ? 

Court.  Oui,  Ce  far ,  il  a  fait  belle  peur  à  Trêves  &?  à  Mayence;  c'efl ,  dit- on, 
Pépouvantail  des  Ecclefiafiiques. 

L'Emp.  Et  Seyler ,  comment  fe  gouverne-t-il  à  Ratisbonne?  A-t-il  mis  fur  le 
bon  pied  ces  Bourgeois ,  prétendus  Protecteurs  de  la  Liberté  des  Diètes  ? 

Court.  //  les  a  fi  bien  réduits, qu'il  fer  oit  en  un  befoin  ebaffer  vos  Ambajfadeurs 
de  Ratisbonne ,  s'il  l'avoit  bien  re/olu. 

L'Emp.  A  t-on  des  nouvelles  de  l'Evêque  de  Raab? 

Court.  Il  a  mis  en  feu  tout  le  Chapitre  contre  fon  Archevêque. 

L'Emp.  Voilà  un  brave  Evêque  !  J'avois  peur  au  commencement  qu'il  m  vou~ 
lût  point  s'en  mêler;  mais  l'efpoir  du  Chapeau  a  fait  merveilles.  Qu'on  avertijfe 
cependant  bien  tous  nos  fidèles  Confeillers  Auliques  d'entretenir  ces  bonnes  difpofitions 
de  leurs  Maîtres  :  &  quand Naples  fera  entre  nos  mains,  ce  qi'i  arrivera  inceffam- 
ment ,  car  j'en  ai  eu  révélations  quand  dis-je  nous  aurons  Na^as  &  la  Sicile,  ils 
peuvent  conter  fur  l'argent  que  je  leur  ai  promis. 

DIALOGUE      VI. 

L'Empereur,  Kaunitz,  Mansfeld,  Courtifans,  la  Paix. 

L'Emp.  VAunitz,  Mansfeld,  accourez,  faites  venir  tous  ces  Incrédules,  qui  ré- 
voquent en  doute  mes  Aparitions.  Voicz  cet  Ange  qui  addreffe  ici 
fes  pas!  Quelle  gloire  l'environne ,  quels  biens  il  fcmble  nous  offrir  !  Quelqu'un 
douter  a-t-il  à  prefent  de  la  Protection  du  Ciel  pour  la  Maifon  d'Autriche  ?  Par- 
lez, Efprit  bienheureux ,  qui  que  vous  foiez,  je  fais  vœu  de  vous  faire  bâtir  une 
Chapelle ,  ou  l'on  chantera  tous  les  ans  un  Motet  de  mon  Augufte  Compofition. 

La  Paix.  Je  ne  veux  pas  être  feulement  la  Patrone  de  ta  Chapelle  :  je  la  ferai, 
fi  tu  veus ,  de  tout  l'Empire. 

L'Emp.  De  tout  l'Empire,  grande  Sainte!  c'efl  trop  de  bonté ,  foiez-la  feule- 
ment de  mes  Pais  héréditaires. 

La 


ET    RESOLUTIONS    D'ETAT.  4z9 

La  Paix.  Ne  crains  point  que  ma  puiffance  fait  bornée.  .  .  .  Mais  avant  que  1701. 
vous  déterminer ,  ouvrez  tous  les  yeux ,  £5?  volez  quels  font  les  biens  que  je  puis  — — 
procurer. 

1  Court.  Quelle  nouvelle  douceur  on  refpire.  ! 

2.  Court.  Quelle  joie  fe  répand  de  toutes  parts! 

3  Court.  Que  ces  Campagnes  font  belles! 

1  Court.  Que  ces  Coteaux  font  riches  ! 

2  Court.  Que  ces  F  allons  [ont  délicieux! 
1  Court.  Quelles  Récoltes  ! 

2.  Court.  Quel  Commerce! 

Tous  enfemble.  Que  d'or^çî  d'argent  dans  tout  V Empire! 

L'Emp.  Comme  de  l'or  &  de  l'argent ,  Kaunitz  ,  cela  nous  viendra  bien  k 
propos  pour  V Italie. 

La  Paix.  Attends  Kaunitz,  attends  Ce  far,  connois  qui  je  fuis,  avant  que  de 
jouir  de  mes  faveurs.  C'efi  moi  qui  entretiens  les  douceurs  de  la  vie  £j?  les  inno- 
cens  plaifirs  :  C'eft  moi  qui  confie  une  infortunée  vieille  (fe  par  le  retour  de  fes  En- 
fans  ,  qui  rends  les  Pérès  à  leurs  familles  pour  le  bien  de  leur  éducation ,  qui 
fais  fleurir  les  Loix  &?  les  beauts  Arts  ,  qui  produis  l'abondance  :  enfin  je  fuis 
un  des  prefens  les  plus  précieux  que  le  Ciel  ait  fait  à  la  terre  j  je  fuis  la  Deejfe  de 
la  Paix. 

L'Emp.  Kaunits,   ~) 

Court,  tous  en-    £  Vous  n'êtes  que  la  Deejfe  de  la  Paix! 
femble.  j 

La  Paix.  Oui  je  fuis  la  Deejfe  de  la  Paix  qui  puis  tous  vous  rendre  heu- 
reux. 

L'Emp.  Le  Comte  i'Ortnaw  me  dira  vôtre  affaire. 

Court.  Allez,  Madame,  allez  ;  vous  n'êtes  bonne  que  pour  des  Moines ,  ou  des 
Paifans. 

L'Emp.  Quelle  parte,  Kaunitz,  avec  tous  fes  biens  ;  j'aime  mieux  le  Mi- 
lanez. 

La  Paix.  Malheureux  aveuglez  que  vous  êtes  !  qui  n'aimez  ni  vos  Peuples  ni 
la  Jufiice ,  je  vai  dans  un  Pais  où  l'on  me  chérira  ,  je  le  comblerai  de  gloire  & 
de  biens ,  tandis  que  vous  ferez  abreuvez  de  fang  &  de  larmes  ,  G?  plongez  dans 
les  horreurs  d'une  Guerre  injujle  G?  malheur eufe. 

DIALOGUE      VIL 

L'Empereur  ,  un  Philofophe  ,   Domeftiques. 

Domeft.   TfOilà  un  Courrier,  Ce  far ,  qui  arrrive  d' Italie. 
L'Emp.       Qu'on  le  faffe  venir.    Ce  fera  encore  quelque  défaite  des  François 
.par  le  Prince  Eugène. 

Le  Phil.  //  eft  vrai  que  ce  Prince  Eugène  en  tué  beaucoup. 
L'Emp.  Cela  n'efi  pas  concevable }  il  y  en  a  de  compte fait ,  fi  j'ai  bien  cal- 
Tom.  I.  Fff  culé 


430     MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

170 1.  cttlé  fyj\^.,  fans  y  comprendre  un  convoi  de  malades ,  que  Von  fit  dernièrement 
r pajfer  au  fil  de  l'épée. 

Phil.  Comment}  Des  Malades  !  Il  me  femble  que  cela  ejl  bien  inhumain. 

L'Emp.  On  nPafj'ure  que  c'eft  bien  fiait ,  (3  que  Dieu  a  ordonné  à  fon  Peu. 
pie  de' tout  tuer  jufiques  aux  animaux. 

Phil.  Dans  l'ancienne  Loi  Dieu  peut  Savoir  ordonné  contre  des  Idolâtres; 
mais  dans  la  nouvelle ,  oh  Von  ordonne  àïaimer  nos  Ennemis  ,  on  aura  peine  à 
exeufier  ces  aclions. 

L'Emp.  Ce  n' eft  pas  mon  métier  que  la  Guerre ,  je  laijfe  faire  mes  Généraux  ; 
il  me  femble  qu'ils  apellent  cela  Fruétus  Bclli,  (3  qu'ils  dlfier.t ,  plus  de  morts , 
moins  d'ennemis.  Enfin  ,  fi  c'efil  bien  ou  malfaifje  m'en  raporte  à  eux ,  chacun 
aura  le  fruit  de  fies  œuvres.  Car ,  comme  je  vous  ai  dit ,  ce  n'eft  pas  mon  fort  que 
la  Guerre;  13  s'il  y  a,  Dieu  merci,  fort  long  tems  que  je  la  fais,  (3  la  ferai  en- 
core s'il plait  à  Dieu. 

Phil.  Le  fouhait  eft  très- dévot;  mais  penfez-vous  être  excufable  par  cette 
ignorance  ? 

L'Emp.  Ami,  la  capacité  des  Hommes  eft  bornée,  13  «»  Empereur  ,  a  vôtre 
Avis ,  doit -il  tout  favoir  ? 

Phil.  Fous  avez  raifon,  Ce  far  ,  ce  n'eft  pas  une  neceffttê  ;  car  il  n'importe 
guéres  à  fies  Peuples  qu'il  fâche  fon  Pfautier  par  cœur ,  ni  qu'il  compofe  bien  en 
Mujique. 

L'Empereur,  agité  de  l'état  des  Affaires  d'Italie,  &  des  deflèins  de  rejet- 
ter  dans  les  horreurs  de  la  Guerre  tous  les  Etats  de  l'Empire  ,  qui  goûtent  à 
peine  la  douceur  de  la  Paix ,  n'avoit  pu  de  toute  la  nuit  former  l'œil  d'in- 
quiétude. Il  cedoit  cependant  au  fommeil ,  quand  il  vit  dans  fa  Chambre 
une  Perfonne  s'aprocher  de  fon  lit ,  qui  paroifloit  avoir  quelque  chofe  de  plus 
qu'humain.  Sa  tête  étoit  ornée  d'une  Couronne  fi  brillante,  que  l'Empereur 
n'en  pouvoit  foûtenir  l'éclat.  Cependant ,  comme  ce  Prince  eft  allez  iujet 
aux  Aparitions,  il  fe  remit  de  la  fraïeur  qu'il  avoit  eue  d'abord.  §)ui  que 
vousfoïez,  dit- il ,  qui  défendez  du  Ciel  pour  nôtre  afiftftance  ,  parlez  ,  confieil- 
lez-nous,  mon  Fils  l'archiduc  a  bien  befoin  de  vôtre  Protêt! ion.  Ouvre  les  yeux, 
Empereur,  lui  dit  cette  Ombre,  13  connais  un  Roi  que  ton  intérêt  particulier 
t'a  fiait  perfecuter,  malgré  la  Juftice  {3  la  Religion  que  tu  profejfes.  J'étois  ja- 
dis le  Roi  de  trois  Grands  Roiaumes  :  la  main  du  Seigneur  s' eft  apefantie  fur 
moi ,  j'ai  adoré  fa  fainte  colère  ,  &  un  parfait  dévouement  à  fia  volonté  m'a 
mis  enfin  dans  l'état  glorieux  où  tu  me  vois,  'tremble  ,  Maifon  d'Autriche  ! 
Ces  vains  dehors  de  pieté  n'abufent  point  celui  dont  l'œil  perce  les  abîmes  ,  13  qui 
conte  les  fables  de  la  Mer.  Tu  fléchis  depuis  long-tems  le  genohl  devant  Baal , 
(3  tu  facrifies  à  l'idole  de  ton  Ambition  les  Droits  fiacrez  de  la  Juftice ,  les  biens 
des  Peuples,  (3  la  foi  de  tes  Sermens.  Fois  les  fleuves  de  fang  qui  vont  inonder  les 
Etats  dont  le  Ciel  Payoit  confié  le  repos  13  la  tranquillité.  Ecoute  les  voix  la- 
mentables qui  crient  vangeance  contre  toi.  Tu  a]  roches  de  ce  jour  terrible  ou  tout 
l'Univers  ne  fiera  plus  rien  pour  toi;  &  cette  Juftice ,  que  tu  as  fi  peu  refpetlée  ici 
bas,  prendra  fon  vol  de  la[Terre  jufiques  aux  deux  peur  f aller  charger  de  repro- 
ches. 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.  451 

cbes.     Ta  vaine  Idole ,  qui  n'avoit  que  les  pieds  d'argile,  tombera  en  pondre  avec    1701. 
fes  defj'eins ;  &  ceux  qni  feront  fondez  fur  la  Juftice  dureront  toujours.    A  ces  — — — 
mots,  l'Ombre  difparut ,  comme  un  nuage  léger  qui  fe  diflipe.     L'Empe- 
reur, touché  de  fraïeur,  fit  une  ferme  réfolution  de  laiflcr  l'Europe  en  Paix; 
6c ,  l'après  diné  ,   il  aflembla  fon  Confeil  pour  trouver  le  moïen  d'envoler 
quelque  fecours  d'argent  à  Ion  Armée  d'Italie. 

MANUSCRIT 

Trouve'  dans   la  Biblioteqjje  de  *##**. 

AYant  été  emploie  en  difFerens  endroits  dans  la  plus  part  des  Affaires  qui 
fe  font  pafTees  dans  l'Empire  depuis  la  mort  du  Roi  d'Efpagne  ,  j'avois 
enfin  pris  le  tems  d'aller  chez  moi.     Comme  je  m'en  retournois  feul  avec  mes 
gens,  toutes  les  différentes  Négociations  où  j'avois  eu  quelque  part ,  me  re- 
venoient  incdîamment  dans  l'Efprit ,  6c  je  me  fentois  de  tems  en  tems  le 
cœur  preffé  de  certains  fcrupules ,   d'avoir  fervi  d'inftrument  à  retarder  une 
chofe  fi  falutaire,  que  l'Aflbciation  de  tant  de  Princes  pour  le  maintien  de  la 
Paix.    Je  diflipois  ces  penfées  fàcheufes  par  des  idées  d'ambition  Se  de  recom- 
penfes ,  8c  ce  travail  d'efprit  joint  à  la  longueur  du  chemin  m'aflbupifibit  in- 
iènfiblement ,  quand  je  crûs  voir  ou  je  vis  effectivement  le  même  Païs ,  que 
j'avois  laifle  fi  abondant  6c  fi  riant  à  mon  départ, dans  un  état  qui  me  fit  hor- 
reur.   Tous  nos  vallons  fi  riches  étoient  incultes ,   les  Villages  ruinez ,  les 
Châteaux  en  cendre,  les  rivières  teintes  de  fang,  quelques  Païfans  paroiflbient 
feulement  lur  les  Montagnes  comme  des  Spectres  havres  6c  hideux,  qui  brou- 
toient  l'herbe  comme  des  bêtes  fauvages.    Je  ne  favois  que  penfer  d'un  chan- 
gement fi  déplorable,  quand  je  vis  à  la  defeente  d'une  petite  Colline  une  Da- 
me vénérable,  expofée  a  l'infolence  d'une  troupe  de  Scélérats ,  qui  paroiflbient 
de  différentes  Nations  ;  les  larmes  couloient  de  fes  yeux  comme  un  torrent  \ 
Elle  levoit  au  Ciel  fes  mains  meurtries ,  le  iâng  ruiflelloit  de  fon  corps  à  demi 
nud ,  6c  le  relie  de  lès  vêtemens  en  lambeaux ,  fe  partagoient  parmi  ces  fu- 
rieux.  Une  lècrete  horreur  s'empara  de  mon  ame  :  Mais  que  devins-je  ?  Lors 
qu'étant  à  une  diltance  à  la  pouvoir  re"connoitre  ,  je  vis  dans  ce  vifage  trifle 
6c  coloré  tous  les  traits  d'une  Mère  que  j'aime  tendrement ,   qui  étoit  le  plus 
preflànt  fujet  de  mon  Voiage ,  Se  qui  me  difoit ,  Ah  !  mon  Fils ,  je  me  meurs , 
£5?  vous  pouviez  me  fauver  ....    Je  crie  à  mes  gens ,    je  me  jette  hors  de 
mon  Carroflè ,  je  cours  furieux  où  j'avois  vu  cet  horrible  fpeélacle  qui  dans 
un  inftant  s'évanouît  à  mes  yeux  ,   non  pas  comme  un  éclair  ,  mais  comme 
quelque  funefte  météore  qui  me  laiflà  rempli  d'effroL  Je  tombai  à  demi-mort 
fur  le  Gazon  ,   quelques-uns  de  mes  Domeftiques,  qui  m'avoient  fuivi  tout 
éperdus ,  me  portèrent  dans  le  Carroflè  fans  poulx  6c  fans  mouvement.  Quand 
j'eus  repris  mes  efprits  6c  que  j'eus  queftionné  mes  gens  qui  tous  difoient  n'a- 
voir rien  vu  dans  le  chemin,  me  trouvant  aflèz  près  de  chez  moi,  je  preflai 
mes  chevaux  dans  l'impatience  6c  dans  l'inquiétude  d'arriver.    Je  ne  fus  pas 

Fff  2.  plû- 


43i     MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

I701-  plutôt  hors  du  Carofîe,  que  je  vis  cette  Mère,  qui  m'étoit  fi  chère  ,  venir  à 
"  moi  les  bras  ouverts  pour  me  recevoir,  je  l'embraflai  les  larmes  aux  yeux  Se 

avec  des  ientimens  que  je  ne  m'étois  jamais  connus.  Je  ne  lui  dis  point  la 
vifion  que  j'avois  eue  dans  la  crainte  de  l'affliger.  Je  défendis  à  mes  gens  de 
parler  de  l'accident  qui  m'étoit  arrivé,  &  dont  je  leur  parlai  moi-même  com- 
me d'un  Songe.  Cela  ne  me  pouvoit  cependant  pas  ibrtir  de  l'efprit ,  &  je  ne 
voiois  jamais  ma  Mère,  que  mon  cœur  ne  foûpirât.  Il  y  avoit  déjà  quelques 
jours  que  je  goutois  chez  moi  la  douceur  d'un  heureux  loilîr,  une  aflèz  belle 
Maifon,  des  jardins  heureufement  fituez  &  entretenus  avec  foin,  l'occupa- 
tion de  la  chafle ,  les  plaifïrs  d'une  douce  focieté,  l'amitié  de  ma  Mère ,  tout 
cela  m'avoit  achevé  de  calmer  l'efprit.  Une  nuit,  après  un  aflèz  long  fom- 
meil,dans  le  tems  que  nôtre  ame  commence  à  diffiper  les  nuages  que  les  dif- 
férentes agitations  des  fens  opolènt  à  la  lumière ,  les  portes  de  ma  chambre 
s'ouvrirent,  mes  rideaux  fe  tirèrent ,  je  vis  entrer  une  Dame  pleine  de  Maje- 
fté ,  un  homme  d'une  taille  au  defîbus  de  la  médiocre  lui  donnoit  la  main  Se 
la  conduifoit  avec  refpeér.:  il  portoit  une  Couronne  fur  fa  tête,  fept  Princes 
l'environnoicnt ,  dont  les  uns  paroifToient  foutenir  fâ  Couronne,  les  autres 
fembloient  deftinez  à  aider  cette  Dame  à  marcher.  On  voioit  une  multitude 
dé  gens  de  dilluiétion  aplanir  les  chemins  à  leur  pafTage  ;  le  Ciel  paroiiîbit  fe- 
rein ,  la  terre  étaloit  lès  richeffes  par  tout  où  ils  adreflbient  leurs  pas  ;  j'étois 
charmé  d'un  fi  beau  Spectacle,  quand  une  voix  fe  fit  entendre  qui  prononça 
ces  mots  :  Voilà  le  bel  Age  de  V Empire. 

La  Scène  changea  bien-tôt,  Se  je  vis  revenir  cette  même  perfonne  dans  un 
état  bien  différent.  Celui ,  qui  m'avoit  paru  lui  donner  la  main  ,  ne  la  con- 
duifoit plus,  il  la  trainoit  :  un  feeptre  pefant  ,  qu'il  lui  avoit  mis  fur  le  col, 
la  tenoit  comme  fous  le  joug  ;  la  Couronne  ,  qu'il  portoit  feul  ,  étant  plus 
large  que  fa  tête  ne  comportoit,  Pincommodoit  Se  l'aveugloit  en  marchant} 
de  forte  qu'il  étoit  obligé  de  fe  laiffer  conduire  lui-même  par  quatre  ou  cinq 
hommes  mafquez,qui  lui  faifoient  faire  à  chaque  moment  de  fauflès  démarches, 
tandis  que  cette  Dame  malheureufe ,  entrainée  au  gré  de  ces  mauvais  Conduc- 
teurs, préfentoit  inutilement  la  main  qu'Elle  avoit  libre  à  ces  Perfonnages  qui 
m'avoient  paru  deftinez  à  la  foutenir.  Mais ,  les  uns  s'exeufoient  fur  leur 
foiblellè,  Se  paroifToient  eux-mêmes  avoir  les  mains  liées  >  un  autre  étoit  oc- 
cupé à  fe  forger  une  Couronne  bizarre  ,  qu'il  fe  mettoit  lui-même  fuperbe- 
ment  fur  la  tête  ;  d'autres  comme  des  aveugles  fuivoient  certains  guides  qui 
d'une  main  les  conduifoient,  &  de  1  autre  tenoient  une  grande  bourfe  vuide  , 
où  il  tomboit  de  tems  en  tems  quelques  ducats  ;  il  y  en  avoit  qui  temoignoient 
delà  compaffion,Sequi  fembloient  la  vouloir  lècourir,  Se  quelques  uns  avoient 
la  fureur  de  lui  offrir  la  main  pour  l'accabler  encore  d'avantage.  Après  qu'El- 
le eut  fait  quelques  pas  dans  un  fi  pitoiabie  état  ,  Elle  jetta  un  cri ,  qui  perça 
les  airs,  &  j'aperecus  des  lacs  de  fang  Se  des  gouffres  de  feu  vers  lefquels  on  la 
pouilbit  ,  &  où  il  paroifioit  que  ces  Barbares  vouloient  la  précipiter  :  A  moil 
Mes  Enfans,  s'écrioit-Elle  en  faifant  de  vains  efforts,  à  moi;  pour  jamais  je 
Juis  perdue  peur  vous  ,  fi  vous  tardez  d^avantage.  J'en  vis  qui  firent  des  dé- 
marches pour  aller  à  ion  lecours  j  mais ,  un  tremblement  de  terre ,  des  nua- 
ges. 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.  455 

ges  obfcurs,  des  cris  affreux ,  me  mirent  en  un  état  à  ne  pouvoir  juger  de  1701. 
ce  que  je  voiois.  Va^  me  dit  la  même  voix  ,  raconte  ce  que  tu  as  vît:  il  ne  — — — 
f  efi  pas  permis  d'en  /avoir  davantage.  J'ouvris  enfin  les  yeux,  que  je  me  trou- 
vai baignez  de  larmes.  Je  m'habillai  tout  éperdu  ,  Se  je  paffai  dans  Paparte- 
ment  de  ma  Mère  ,  à  qui  je  racontai  enfin  toutes  mes  Aparitions  :  je  lui  en 
dévélopai  les  miilercs  ;  car  ,  mon  efprit  fe  fentoit  à  tout  moment  comme 
éclairé  par  de  nouvelles  lumières.  Je  lui  expliquai,  que  ma  première  vifion 
avoit  été,  aparement ,  pour  me  foire  connoître  que  mon  infidèle  conduite  dans 
l'Afiemblée  des  Cercles  feroit  peut-être  caiife  de  la  defolation  de  l'Allemagne, 
qui  fous  les  traits  d'une  Mère  chérie  fembloit  me  reprocher  tous  les  maux 
auxquels  elle  alloit  être  expofée  ;  que  la  féconde  repréfentoit  l'heureux  état 
de  la  Nation,  lorfque  le  Chef  &  les  Membres  par  un  accord  harmonique  n'ont 
en  vue  que  le  bien  publie}  &  pour  la  troifiéme,  que  c'étoit  le  véritable  por- 
trait de  l'Etat  prefent  de  l'Empire ,  où  les  Loix  de  la  violence  avoient  fucce- 
dé  à  celles  de  la  juftice,  où  l'Empereur  vouloit  porter  fa  Couronne  tout  feul 
fans  conter  que  les  Electeurs  ont  droit  d'y  porter  la  main ,  où  l'on  vouloit 
enfin  plonger  l'Allemagne  dans  des  fleuves  de  fang  pour  des  prétentions  & 
des  jaloufies  particulières  &c.  Et  je  lui  dis  le  deffein  où  j'étois  d'obeïr  à  la 
voix  qui  m'avoit  commandé  de  tout  publier.  Elle  trembla  du  péril  où  j'ai- 
lois  m'expofer  ,  que  non  feulement  ma  fortune  étoit  perdue  ,  &  toutes  les 
efperances  des  premières  dignitez  du  Confeil  Aulique  ,  mais  que  ma  vie  ne 
feroit  pas  en  fureté  ;  Qy'Elle  ne  vouloit  point  que  je  hazardaffe  des  chofes  û 
précieufes  fur  de  foibles  imaginations ;  qu'à  la  bonne  heure  je  ne  me  mêlafle 
plus  de  fervir  à  troubler  les  bonnes  intentions  des  gens  de  bien  ;  mais,  que  je 
ne  m'expolaflè  pas  témérairement  à  découvrir  des  miftéres,  qui  ne  ferviroient 
qu'à  ma  ruïne.  Je  refolus  enfin  de  céder  à  fes  Confeils.  Mais  helas  !  Elle  mou- 
rut fubitement  le  lendemain.  Je  crus  connoître  la  punition  de  ma  defobéïf- 
fancej  &  pénétré  d'un  châtiment  fi  fevere,  je  refolus  de  rompre  le  filence. 

Oh  Allemagne!  Ma  Chère  Patrie ,  Mère  Augufle  de  tant  de  Grands  Hommes  , 
fui  [que  tu  m'' as  choifi  pour  m'infpirer  tes  douleurs ,  malheur  à  moi  fi  je  n'' 'en  fais  re- 
tentir r Univers;  que  tout  refpecl  humain  ce/Je ,  &  expions  par  des  difeours  fince- 
res  la  honteufe  foiblejfe  que  /ai  eue  de  vouloir  facri fier  ton  repos  à  de  malheureux 
intérêts.  Jadis  un  faux  Prophète  defiiné  à  la  ruine  d'Ifraël,  faifi  de  r  efprit  du 
Seigneur  fut  emploie  malgré  lui  pour  le  falut  de  ce  même  Peuple  (3  four  la  ruine 
de  fes  Ennemis.  Ecoutez,  donc,  Princes  £5?  Peuples  d' 'Allemagne  ,  la  voix  d'un 
Miniftre  qui  emploie  à  creufer  un  abîme  fous  vos  pas^  efi  contraint  de  vous  en  dé- 
couvrir V artifice.  Oh  courez  vous ,  Princes  aveuglez.  ?  Quel  efprit  de  vertige  s'' em- 
pare des  Cercles  £s?  des  Etats  de  l'Empire  ?  Quel  efi  le  vain  objet  de  vos  defirs  ? 
Quel  efi  le  foi b le  fujet  de  vos  craintes  ?  Nous  laffons-nous  déjà  d'être  henreux  ? 
Qyaud  la  France  feroit  accablée ,  quelle  utilité  retirerions  -  nous  des  travaux  que 
ÎVous  aurions  foi. <ffm 's ,  qtfun  efclavage  affâré?  Chaque  Fille  conquife  feroit  autant 
de  chaînes  que  vous  forgeriez  pour  votre  liberté  ;  £5?  où  fera  vôtre  recours  ,  quand  on 
voudra  vous  en  accabler  ?  yentens  vôtre  repoufe;  les  chofes,  dites-vous ,  fe  pouf- 
feront jufqu 'à  un  certain  point ,  enfuit e  Nous  mettrons  des  bornes  aux  conquêtes  de 
r Empereur ,  &  la  France  fera  encore  trop  heur  eu  fe  de  nous  afffier.  Quelle  fauffeti 

Fff  3  de 


454      MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

1701.  de  raifonnement!  ghielle  injufiice  !  Vous  tremblez  au  feul  Nom  de  l'Empereur 
•  fans  argent  &  fans  Troupes ,  vous  fouffrez  que  dans  fa  foiblejfc  il  brife  ,  il  de- 

truife,  il  meprife ,  les  Confiitutions ,  les  Capitulations  ,  les  Droits  les  plus  facrez 
de  l'Empire  -,    qu'il  fajfe  des  Elecleurs  fans  la  communication  des  Princes ,  des 
Rois  au  préjudice  des  Eletleurs  ,   qu  il  profcrive  des  Souverains  ,  qu'il  viole  le 
Droit  de  Gens,  &  qu'en  arrêtant  un  Ambajfadeur  il  deshonore  l' Allemagne  par 
une  aclion  qu'on  aurait  honte  même  de  propofer  chez  les  Nations  les  plus  barbares  ; 
qu'un  ftmple  Baron  de  Seiler  régente  infolament  à  Ratisbonne  au  mépris  des  Elec- 
teurs £s?  des  Princes;  qu'un  Comte  de  Schlick  aille  jufques  fur  le  Siège  Eletloral 
menacer  les  Souverains  s'ils  ne  fe  dépouillent  de  l'amour  de  la  patrie  ;  qu'un  Eve" 
que ,  à  la  honte  de  fa  race ,  &?  de  fon  Caraclere ,  faifant  l'Emiffaire  de  la  Cour  de 
Vienne ,  abandonne  fon  Diocefe  pour  aller  prêcher  la  Difcorde  £5?  infpirer  la  fu- 
reur di-ns  un  Chapitre  contre  fin  Prince  13  fon  Archevêque  !  Vous  fouffrez  toutes 
ces  chofis,  £s?  tant  d'autres  qu'il  n'efi  pas  neceffaire  de  vous  dire,  £5?  vous  les  fouf- 
frez pour  »' 'avoir  pas  la  force  de  prononcer  un  mot ,  une  feule  parole ,  qui  pourrait 
vous  en  exempter ,  £5?  laiffer  vos  Etats  £î?  vos  Peuples  en  repos  £5?  en  fureté  !   Com- 
ment donc  ces  mêmes  efprits  s'opoferont-ils  à  un  torrent  débordé,  dont  ils  n'auront 
feulement  ofé  troubler  la  four  ce  ?  Car  enfin  que  chacun  s'examine  £5?  rende  Juftice 
dans  fon  cœur  à  la  vérité  ,  il  avouera  en  rougiffant ,  qu'il  n'y  a  que  la  corruption 
ou  la  crainte  qui  ait  preftdé  aux  réfolutions  favorables  à  l'Empereur.     Ce  font  là 
les  feul  s  principes  de  tous  les  mouvemens  qui  fe  font  pour  la  Cour  de  Vienne,  £sf 
malheureux  que  je  fuis  je  n'ai  que  trop  été  initié  dans  ces  honteux  mifteres!  Crain- 
drez vous  moins,  ferez  vous  moins  corrompus , quand  cet  Empereur  fera  en  état  de 
vous  faire  £5?  plus  de  mal  £îf  plus  de  bien  ?  N'alléguez  donc  point  ces  raifons  fri- 
voles. D'ailleurs ,  y  a-t-il  de  l'humanité  £5?  de  la  Juftice  de  chercher  à  offenfer 
ou  à  détruire  ceux ,  dont  vous  pouvez  uniquement  efperer  un  fecours  ,  que  vous 
avez  fouvent   éprouvé  dans  vos   malheurs  j    £«?  y   a-t-il  de   la  prudence  de 
vouloir  ajfoiblir  un  apui   que  vous   convenez  qui  doit  quelque  jour  vous  foû- 
tenir  ? 

La  France  eft  nôtre  A;nie,  ou  notre  Ennemie.  Si  elle  efl  nôtre  Amie ,  quel 
aveuglement ,  £s?  quelle  honte  ,  de  s'armer  contre  Elle  !  Si  elle  eft  nôtre  Enne- 
mie, déclarons  les  inf raclions  &  les  hoftilitez  qui  nous  le  perfuadcnt ,  &  n'héfi- 
tons  plus  à  l'attaquer.  Mais  toutes  [es  démarches  dans  la  Paix  de  Ryfivick  nous 
ont  affez  perfuadé  qu'Elle  veut  une  Alliance  inviolable  avec  l'Empire.  Tant  de 
de  mouvemens ,  d'apareils  de  Guerre, d'Intrigues,  de  Négociations  ,fe  terminent  à 
favoir  à  qui  doit  refier  la  Succefiion  d'Efpagne  ,  £s?  je  fuis  perfuadé  que  fi  cette 
Succefiion,  indépendamment  même  des  Droits  naturels  £5?  légitimes,  avait  été  re- 
mife  à  la  decijion  des  Etats  de  l'Empire,  ils  auraient  dû  en  fuivant  leurs  vérita- 
bles intérêts,  en  difpofer  comme  en  a  fait  le  Roi  Très-  Chrétien  ,  £sf  refufer  ce 
Projet  captieux  de  Partage  comme  une  chofe  qui  alloit  rejetter  toute  l'Europe  dans 
une  Guerre  infaillible.  Faut-il  que  Tanimofité  du  Roi  d' Angleterre  ,  qui  avoit 
fes  vues  particulières  dans  ce  Traité,  faut-il  que  l'Ambition,  il  me  fâche  de  laif- 
fer échaper  cette  expreffion;  mais  enfin  j'y  fuis  contraint;  oui,  Mefiieurs,  faut-il 
que  l'Ambition  de  l'Empereur  remette  le  fer  £s?  le  feu  dans  nôtre  Patrie,  £5?  qu'il 
feferve  de  nos  propres  mains  pour  déchirer  fes  entrailles  ?  Je  veux  que  tous  nos 

biens 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.         45? 

biens  /oient  en  fureté ,  que  nos  Chefs  &?  nos  Soldats  foient  invulnérables  à  Vépée   1701. 
des  François  :  après  dix  ans  d'une  Guerre  avec  même  des  évenemens  favorables ,  ■ 

les  Cercles  de  Snobe  £ff  de  Franconie  en  Jer ont-ils  plus  heureux  à  la  Paix}  En  fe- 
ront-ils plus  puiffans  ?  Qu'ils  partagent ,  j'y  confins  ,  la  Monarchie  d'Efpagne  à 
leur  gré;  au  lieu  d'y  gagner  un  pouce  de  Terre,  ofent-ils  fe  flatter  qu'il  ne  leur  en 
contera  rien?  Oferont-ils  dire  que  la  Paix  n'eut  pas  été  préférable?  Et  c' efl  -là 
cependant  tout  ce  qu'ils  peuvent ,  non  pas  efperer ,  mais  imaginer  de  plus  avanta- 
geux  dam  les  beaux  deffeins  qu'on  nous  propofe.  Voilà  le  plus  beau  côté  de  la  Mé- 
daille :  Vous  tremblerez  fi  je  la  retourne  à  vos  yeux.  Que  les  François  aient  la 
fortune  favorable ,  que  cette  Nation  irritée  paJJ'e  le  Rhin  :  Villes  defolées,  qui  à 
feine  commencez  à  vous  relever  de  vos  ruines ,  malheureux  Pais  oh  la  Guerre  a 
laifjé  de  t  rifle  s  monumcns  de  fa  fureur ,  dans  quel  état  allez-vous  être  réduits  ? 
Pauvres  Peuples ,  Noblefj'e  infortunée ,  vos  Terres  &  vos  Maifons  à  la,  merci  de 
vos  Amis  &  de  vos  Ennemis,  ne  feront  plus  qu'une  folitude  ejfraiante  on  régnera 
la  mort  0?  lo  mifere.  Prince  de  Bade ,  la  Suabe  fe  glorifioit  d'avoir  donné  la 
Naiffance  à  un  Prince  qui  fe  faifoit  une  fi  belle  réputation  :  faut  •  il  qu'une  amey 
qui  paroiffoit  élevée  audeffus  du  commun,  ait  eu  la  foiblcffe  des  âmes  vulgaires  ^ 
&  que  des  intérêts  particuliers  vous  aient  fait  quiter  la  qualité  d'un  des  Pro- 
tecteurs de  l'Empire ,  pour  être  à  la  tête  de  fes  plus  dangereux  Perfecuteurs  ? 
Vous  abufez  de  cette  confiance  &  de  ce  dévouement  qu'on  avait  pour  voust 
6f  Vous  nous  pouffez  dans  un  précipice  qui  fera  detefter  vôtre  mémoire. 

Jeune  Duc  de  FVirtemberg,  vous  n'êtes  plus  d'un  âge  à  ne  pas  ouvrir  les  yeux 
fur  vos  véritables  intérêts ,  J'uivez  les  avis  du  Prince  de  Bade  quand  il  s'agira 
des  mouvemcns  d'une  Armée  &  des  Projets  d'une  Campagne,  mais  f niez  les  Con- 
fcils  du  Comte  d'Ortnaw  fur  les  affaires  de  l'Empire,  &?  n'aïez  en  vue  que  le  re- 
pos &  la  fureté  d'un  Pats  que  les  Droits  de  vôtre  Naiffance  ont  mis  fous  vôtre 
DirecHon.  Defiez-vous  des  Miniftres  qui  peuvent  avoir  d'autres  intérêts  que  les 
vôtres,  &?  contez  qu'il  efl  plus  glorieux  d*  fauver  fes  Citoïens,  que  de  gagner  des 
Batailles. 

Sage  Archevêque  de  Mayence,  dont  le  Cœur  en  fecret  foupire  des  malheurs  que 
vous  prevoiez ,  £5?  dont  les  intentions  droites  &  raifonnables  font  dignes  de  Tau- 
gu/le  place  que  vous  tenez  dans  l'Empire  :  Ces  lumières ,  ces  mouvemens  que 
le  Ctel  vous  envoie  ,  font  ces  talens  de  l'Evangile  que  le  Maître  donne  à  fes  fer- 
viteurs.  Prenez  garde  de  les  rendre  inutiles.  Vôtre  patrie  vous  tend  les  bras 
d'un  côté,  l'Empereur  vous  menace  de  l'autre ,  la  Juftice  &  la  Pieté  vous  appel- 
lent, la  crainte  vous  veut  retenir  ,  &  quelle  crainte  ?  font -ce  là  deux  partis  à 
mettre  en  comparaifon  ? 

Pour  l'Elecleur  de  Trêves ,  il  n'afpire  qu'à  la  continuation  de  la  Paix ,  &  de 
quelque  côté  qu'il  jette  les  yeux  ,  fies  Etats  ne  lui  foumifftnt  que  des  objets  qui 
le  confirment  dans  cette  refolution.  Mais  de  certains  liens  fecret  s  l'embarrafjent  & 
femblent  le  vouloir  ré  jet  ter  dans  un  état ,  qu'il  a  fi  fouvent  déploré  :  Prince  vraie- 
ment  digne  de  meilleurs  Confeils,  entre  les  mains  de  qui  mettez-vous  le  fort  de 
l'Eletlcrat  de  Trêves  ?  Efl- ce  au  Confeil  Aulique  de  l'Empereur  à  décider  du  re- 
pos de  vos  jours,  &  de  la  vie  £<?  des  biens  de  vôtre  Peuple? 

Noble  Maifon  de  Bavière  y  illuflres  Succeffmrs  des  Ferdinands  &  des  Maximi- 

liens3 


456      MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

i~01-  liens  y  tant  que  nôtre  Patrie  vous  verra  marcher  fur  leurs  traces  &?  vous  intereffer 
"'  four  fin  repos ,  Elle  ne  defefperera  point  de  fonfalut.   Songez  cependant  que  les  bon- 

nes intentions  font  lefiul  tribut  que  la  juftice  exige  des  faibles  ,  mais  que  les  puif- 
fans  font  faits  pour  la  maintenir ,  &  fiuvenez  vous  que  tant  que  la  mémoire  d'un 
Louis  de  Bavière  durer  a, la  grandeur  de  fa  Mai/on  Jera  fecretement  proferite  dans 
le  Confeil  intime  des  Autrichiens. 

On  ne  cloute  point  que  le  Roi  de  Pologne  ne  regarde  avec  indignation  le  perfin- 
nage  honteux  que  joue  à  la  face  de  toute  l'Europe  un  Prince  du  fang  de  Saxe  : 
Mais  V  Allemagne  fe  flatte  que  par  des  démarches  nobles  &  cour ageufes  ce  grand  Roi 
fera  voir  combien  il  les  de  [approuve  ,  £s?  qu'il  témoignera  que  tes  affaires  de  /on 
Roiaume,  quelques  importantes  qu'elles  fiient,  ne  l'empêchent  pas  d'accorder  fis  feins 
&  fin  fecours  au  Pais  à  qui  il  doit  fin  illuftre  origine.  Pour  vous , Cercles  de  l'Em- 
pire ,  qui  avez  cent  têtes ,  dont  on  fe  fert  pour  embarrajfer  toutes  vos  démarches  , 
fingez  à  vous  unir ,  ou  vous  êtes  perdus.  Lifez,  li fez,  vos  Archives  *:  Fous  y 
trouverez  la  même  conjoncture  des  affaires ,  les  mêmes  refolutions ,  les  mêmes  in- 
trigues de  la  Cour  de  Vienne;  Fous  y  reconnaîtrez  vos  foibleffes  &  vos  fautes  ; 
Fous  y  verrez  enfin  vos  miféres  £s?  vôtre  inutile  ■f  repentir. 

L'Empereur  vous  invite  encore  à  cette  même  Tragédie  fanglante ,  dont  vous  étiez 
les  Aéleurs  Infor tunez.  Reconnoiffez  cette  voix  cruelle  qui  nous  crie  fans  ceffe ,  que 
l'on  facrifie  fa  vie,  fis  biens,  fa  famille  à  la  Grandeur  de  l' Archiduc ,  quand  le 
fer  &  le  feu  devraient  encore  défiler  l'Empire.  Du  côté  de  la  France  entendez 
une  autre  voix  qui  vous  dit ,  Princes ,  confervez  vos  droits  &  vos  privilèges ,  Pè- 
res élevez  vos  familles ,  Peuples  cultivez  vos  terres ,  jouifjez  tous  des  biens  de  la 
Paix,  vivez  heureux.   Quelle  fureur  d'héfiter  à  choifir  ! 

Grand  Dieu ,  qui  jetiez  l'efprit  de  vertige  £5?  d'aveuglement  dans  les  Etats  que 
vous  voulez  punir,  apaifez  vôtre  colère.  Fôtre  main  irritée  veut-elle  s'apefantir 
fur  nôtre  Nation?  Si  je  fuis  obligé  de  crier  par  vos  ordres  à  mes  Citoïens,  Encore 
.trois  jours,  &  Ninive  fera  détruite;  infpirez  leur, donc  Seigneur  les  mêmes  fenti- 
mens  qu'eut  jadis  ce  Peuple;  &?  qu'à  l'exemple  de  cette  Fille  condamnée,  ils  defar- 
tnent  vôtre  vangeance  divine ,  &  fi  rendent  dignes  de  cette  Paix  qui  ejl  le  prefint 
le  plus  précieux  que  vôtre  bonté  faffe  aux  Hommes. 

FIN. 

Le  Cercle  de  Suabe  entra  dans  PAflbciation;  8c, conjointement  avec  celui 
de  Franconie ,  ils  invitèrent  les  autres  Cercles  &  Princes  de  l'Empire  de 
iè  joindre  à  eux.  Cela  fit  que  les  Electeurs  Eccléfiaftiques,  aïant  tenu  une 
Afiemblée  à  Lockenftein  ,  refolurent  de  s'y  joindre.  Deialleurs  Envoie  de 
France  fe  jetta  fur  le  Rhin  pour  y  porteries  Etats,  à  la  même  Neutralité  & 
AiTociation.  ïl  fe  rendit  à  Cologne,  où  il  eut  une  Audience  du  Magiilrat, 
Se  il  lui  remit  une  Lettre  obligante  du  Roi  fon  Maître  ,   qui  afluroit  que 

moïen- 

*  A  la  première  Guerre  de  Hollande,  on  propofa  à  l'Empire  les  mêmes  Afîbciations ,  & 
la  Cour  de  Vienne  fit  les  mêmes  Intrigues  pour  les  rompre, 

t  Lettre  d'uu  Minillre  du  Cercle  de  Suabe  à  un  Chancelier  ,  où  il  fe  plaint  de  n'avoir  pas 
•fuîvi  lesConfeils  de  Ferdinand-Marie  Electeur  de  Bavière  ,  &  où  il  déplore  l'é- 
tat du  Païs. 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.  457 

moïennant  l'acccfîîon  à  cette  Aflbciation  ,  l'on  n'avoit  rien  à  craindre  des  ar-  1701. 
mes  de  France.  -.  /  _  " 

L'Empereur  ne  négligeoit  cependant  rien  de  fon  côté  pour  détruire  les 
infinuations  de  la  France.  Il  écrivit  à  tous  les  Electeurs,  Princes, &  Etats  du 
Corps  Germanique  pour  les  porter  à  favorifer  Tes  intérêts.  Le  Roi  de  PrulTc 
envoïa  la  Copie  de  celle  qu'il  en  avoit  reçu,  à  fon  Envoie  à  la  Haïe  pour 
la  communiquer ,  ainû*  qu'il  fit,  au  Concilier- Penfionnaire.  Il  envoïa  d'ail- 
leurs le  Comte  de  Schlick  vers  plufieurs  Princes.  Celui-ci  fe  rendit  à  Bojin 
auprès  de  l'Electeur  de  Cologne.  Il  lui  fit  de  fortes  Repréfentations.  Il  n'en 
reçût  cependant  qu'une  Réponfe  entièrement  opofee.  C'eft  ainfi  qu'on  peut 
voir  par  la  Relation  ci-jointe  qu'on  en  reçût  à  la  Haïe. 

A  Bonn,  le  10.  d'Avril  ijo  1. 

MOnfieur  le  Comte  de  Schlick,  Général  des  Armées  de  Sa  Majefté  Im-  Relation 
periale  étant  arrivé  ici  Jeudi  au  foir  ,  eut  Audience  le  lendemain  vers  l'eIa  Né- 
midi,  fans  cérémonies,  de  S.  A.  E.  dans  laquelle  aufli  bien  que  dans  la  Con-  fj^n^ 
férence  tenue  enfuite  avec  lui  ,   il  dit  que  Sa  Majefté  Impériale  aïant  des  Com- 
raifons  indifpénfables  pour  -  pourfuivre  lès  Droits  à  la  Monarchie  d'Efpagne  fe  de 
par  toutes  les  voïes  poflîbles,  Elle  fouhaitoit,  que  fon  Altefle  Electorale  ne  Schlick 
prit  aucun  engagement  avec  les  Puiflànces,  qui  les  lui  difputent,  6c  qu'en  cas 
de  rupture  elle  s'unit  avec  Sa  Majefté  Impériale  &  fes  Alliez,  y  devant  être 
excitée,  par  deux  puiflans  motifs,   dont  l'un  eft  l'étroite  Alliance,  que  la 
Maifon  Electorale  de  Bavière  a  avec  l'Augufte  Maifon  d'Autriche  ,  6c  l'autre  - 
l'intérêt  général  de  tout  l'Empire  ,  auquel  les  Couronnes  de  France  &  d'E- 
fpagne  veulent  foûftraire  les  Païs-Bas,  6c  le  Duché  de  Milan,  étant  à  crain- 
dre, que  par  leur  Union  Elles  ne  fe  mettent  en  état  de  fub juger  avec  le  tems 

■  le  refte  de  l'Empire  ,  fi  les  Princes  ,  qui  en  font  Membres,  ne  fe  fervent  pas 
de  l'occafion  pour  les  empêcher,  la  France  n'étant  pas  encore  fi  redoutable  à 
prefent ,  qu'elle  veut  le  faire  paraître.  Il  a  reprefente  de  plus ,  que  Sa  Ma- 
jefté Impériale  n'étant  plus  occupée  du  côté  de  la  Hongrie,  pourrait  em-  ■ 
ploïer  toutes  fes  Forces  contre  cette  Couronne  avec  plus  de  fuccès  que  jamais, 
&  que  d'autre  part  les  Anglois  6c  les  Hollandois  feront  des  derniers  efforts 
pour  féconder  Sa  Majefté  Impériale  en  tous  les  deffeins ,  tant  pour  fe  vanger 
du  mépris,  qu'on  a  fait  du  Traité  de  Partage,  que  pour  maintenir  leur  Re- 
ligion, leur  Liberté,  6c  leur  Commerce  ;  6c  que  fi  fon  Altelîè  Electorale  vou- 

•loit  entrer  en  intelligence  avec  Sa  Majefté  Impériale  6c  avec  Eux,  il  aurait 
ordre,  lui  qui  parlok  ,  de  convenir  avec  Elle  en  leur  nom  de  tous  les  avanta- 
ges &  conditions  qu'Elle  pourrait  fouhaiter  ,  s'en  promettant  là-deflûs  une 
Réfolution  favorable,  puis  qu'il  s'agifîbit  de  maintenir  la  Liberté  de  l'Euro- 
pe ,  &  principalement  celle  de  Princes  de  l'Empire ,  qui  couraient  rifque  au- 
trement de  perdre  pour  toujours  leurs  Souverainetés,  6c  d'être  traitez  à  l'a- 
venir comme  l'ont  été  autrefois  les  Evêques  de  Mets,  Toul,  6c  Verdun,  6c 
tout  récemment ,  celui  de  Strasbourg.  Il  ajouta,  que  fi  contre  toute  attente 
ladite  Altefle  Electorale  ne  vouloir  par  fe  rendre  à  toutes  ces  raifons,  il  ferait 
à  craindre,  que  quand  les  Etendards^  des  Puiflànces  Alliées  fe  déploieraient  aux 
Tom.  L  Ggg  ca- 


458      MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

170 1.  environs  de  fes  Pai's  ,  on  ne  pourroit  plus  avoir  pour  Elle  les  mêmes  égards, 

'  que  l'on  auroir,  fi  Elle  le  liguoit  avec  lefdites  Puiiîances. 

Voilà  en  fubflar.ee  ce  qu'il  répréfentaj  mais ,  il  fut  bien  ferons  qu'au  lieu  de 
recevoir  la  Réponfe  favorable  qu'il  attendoit,  on  lui  dit  que  l'on  AltefTe  Elec- 
torale s'étant  chargée  de  fes  Archevêchez  &  Evêchez  ,  préférera  toujours 
leurs  avantages  à  ceux  de  ta  propre  Mailon  &  Parenté,  quand  ils  ne  pourront 
pas  s'accorder  les  uns  avec  les  autres  ;  &  que  fi  Elle  vouloir,  agir  félon  la 
proximité  du  Sang,  il  feroit  à  examiner .  fi  les  Princes  de  France  defeendus 
de  feue  Madame  la  Dauphine  fa  fœur  ne  lui  font  par  plus  proches  que  les  Ar- 
chiducs d'Autriche,  pour  qui  neantmoins  Elle  aura  fins  ceflé  toute  l'cftime 
&  toute  la  vénération  imaginable.  Que  pour  ce  qui  regarde  l'Empire,  Elle  • 
afîuroit Sa Majefté  Impériale,  qu'EUe  ne  s'en  féparerà  jamais,  lorfque  les  Fran- 
çois &  les  Elpagnols  préfumeront  d'attaquer  les  Droits  dudit  Empire  ;  mais 
comme  jufqu'à  prefènt,  ils  ont  proléfté  de  reconnoître  de  l'Empire  tout  ce 
que  les  Rois  d'Efpagne  de  la  Maifon  d'Autriche  en  ont  reconnu,  il  ne  lui 
fembloit  pas  ,  que  de  la  part  dudit  Empire  on  ait  lieu  de  defàprouver  leur 
conduite  à  cet  égard,  ni  de  fe  mêler  des  différens-  particuliers,  qui  font  entre 
les  Maifons  de  Bourbon  &  d'Autriche  ,  pour  ne  pas  troubler  le  repos  com- 
mun. Que  les  Cercles  de  Franconie  &  de  Suabe,  fur  ce  qu'ils  avoient  trouvé 
bon  de  s'affocier  &  d'inviter  plufîeurs  autres  Cercles  &  Princes  de  fe  joindre 
avec  eux  ,  pour  pouvoir  conferver  la  tranquillité  ,  de  laquelle  ils  jouïlïènt 
depuis  la  dernière  Paix ,  &  dont  Sa  Majefté  T.  C.  promet  de  leur  laifler  goû- 
ter les  douceurs;  que  fî  la  Cour  de  Vienne  ,  comme  la  plus  éloignée, ne  trou- 
ve pas  à  prefent  les  Forces  de  la  France  redoutables,  ces  Pais  ici,  qui  font  . 
plus  expofez,  ont  d'autant  pins  de  fujet  de  les  appréhender  ,  que  lon'que  ci- 
devant  l'Efpagnc  étoit  encore  jointe  avec  les  autres  Alliez,  Sa  M.  T.  C.  feule 
n'a -pis  laiiïc  de  faire  tête  ;i  prefque  toutes  les  autres  Puilfances  de  l'Europe  : 
qu'outre  cela,  fi  Sa  Majefté  Impériale  n'eft  plus  obligée  d'entretenir  une  Ar- 
mée contre  les  Turcs,  elle  fera  contrainte  félon  fa  projets,  d'en  envoïer  une 
en  Italie,  auffi  conlidérable,  que  celle  qu'Elle  auroit  en  Hongrie;  qu'il  faut 
avouer  cepandant ,  que  par  lumen  des  Anglois  Se  des  Hollandois  avec  plu- 
fieurs  Princes  &  Etats  Proteftans  on  pourroic  mettre  de  grandes  Forces  fur 
pied;  mais  que  l'on  avoit  vu  dans  la  dernière  Guerre  ,  ce  que  les  Catholiques 
oc  principalement  les  Princes  Ecclefiaftiques ,  y  avoient  gagné,  dont  il  refte 
encore  de  funeftes  marques  dans  les  Pais  de  Cologne  &  de  Liège  ;  que  le  Roi 
'  d'Angleterre  étoit  un  Prince  d'une  Santé  peu  ftable  ,  &  la  Nation  Angloife 
inconftante ,  &  prefque  épuifée  aujourdhui  ;  que  les  Hollandois  avoient  tou- 
jours apuïé  la  Guerre  ,  &  qu'eniuite ,  ils  avoient  été  les  premiers  à  traiter 
féparément,  au  grand  dclàvantage  de  leurs  Alliez.  Que  de  tout  teins  le  Païs  de 
Liège  s'étoit  trouvé  très-bien  des  Neutralitez,&  que  pour  l'unique  fois,  qu'il 
s'étoit  déclaré,  il  avoit  été  fi  mal- traité,  que  les  Etats  avoient  inftammenc 
fupplié  fon  Alteffe  Electorale  de  leur  procurer  en  route  manière  dans  cette 
conjoncture  une  bonne  Neutralité,  dont  fi  le  nom  eft  odieux  à  la  vue  do  tout 
le  monde,  on  (ê  pourroit  contenter  de  l'effet.  Qu'au  relie, Son  Airelle  Elec- 
torale a  trouvé  à  propos  de  s'unir  avec  Meilleurs  les  autres  Electeurs  Eccle- 
fiaftiques dans  uns  Affemblée  tenue  à  Lockcniiein  où  l'on  avoit  conclu  de  fe 

joinç 


ET    RESOLUTIONS    D'ETAT,         439 

joindre  avec  les  Cercles  &  Princes  aflbciez  ,  dans  J'cfpoir  ,  que  Sa  Majeftc  I7°T' 
Impériale  n'en  feroit  moins  fttisraitcqu'EUc  3  témoigné  de  L'être  de  l-'Afloeiar  ' 

tion  des  deux  Cercles  fufmentionncz  >  &  q:i 'enfin  fon  Altcffe  Electorale  le 
confiant  dans  l'équité  &  jullice  de  ladite  Majefté  Impériale  ne  peut  pas  croire, 
qu'EUe  veuille  concourir  à  faire  mal-traiter  les  Electeurs  &  autres  Princes  de 
l'Empire  ,  qui  par  le  foin  qu'ils  ont  de  la  confervation  de  leurs  Etats,  ne 
voudront  par  s'engager  dans  une  querelle  ,  qui  ne  regarde  par  juiqu'à  preiènt 
le  Corps  de  l'Empire. 

Outre  tour  ce  qu'on  négocioit  en  Allemagne  contre  les  intérêts  de  l'Em- 
pereur, on  découvrit  à  Vienne  une  dangereufe  Con'.piration.  Elle  tcndoit  à 
faire  foulever  le  Roiaume  de  Hongrie  ,  afin  de  faire  une  div  rlion  à  l'Empe- 
reur, &  de  l'empêcher  d'envoier  des  Troupes  allez  confidcrables  en  Italie. 
L'on  tint  que  cette  Découverte  avoit  été  faite  par  des  Lettres  interceptées 
que  le  Bâcha  de  Temefwar  écrivoit  à  un  Miniltre  étrranger  à  Vienne ,  a- 
vec  qui  il  avoit  fait  connoilFance,  pendant  fon  Ambafîade  à  la  Cour  Impé- 
riale de  la  part  de  la  Porte.  On  ajoûtoit  qu'un  certain  Capitaine  Longue- 
val  avoit  déjà  quelques  mois  auparavant  fait  la  Découverte  de  ce  dcfiéin  à 
l'Empereur,  qui  l'avoit  laifle  faire  le  zélé  pour  la  conjuration ,  afin  de  mieux 
jouer  fon  rôle  fur  cette  Scène  tragique,  pour  en  découvrir  plus  finement  le 
fecret.  L'Empereur  dépêcha  le  Comte  Solari  pour  s'affilier  des  principaux 
Conjurez.  Il  arrêta  près  de  Tockay  le  Prince  Rogotzki,  &  Shirmai  autre- 
fois fon  Secrétaire  ,  avec  un  autre  nommé  Sandar  Gafpar  -qui  avoit  été  au  fer- 
vice  du  Comte  Tekeli.  On  menaces  prifonniers  à  Neuffad.  Comme  les 
Peuples  foupçonnoient  le  Marquis  de  Villars ,  Envoie  Extraordinaire  de  Fran- 
ce, de  tremper  dans  cette  machination,  il  auroit  couru  quelque  rifque.  La 
chofe  alla  même  fi  loin,  que  l'Empereur  trouva  à  propos  d'en  arrêter  le  bruit 
odieux  par  une  Déclaration  en  forme.  Il  ordonna  pour  cet  effet  au  Comte 
de  Caunitz  fon  Vice-Chancellier  ,  „  d'afïurer  de  (a.  part  le  Marquis  de  Vil- 
,r  lars  du  déplaifir  que  ce  bruit  lui  avoit  caufé.  Qu'il  lavoit  très -bien  que 
9,  ledit  Marquis  n'avoit  jamais  eu  part  dans  cette  affaire  ,  &  qu'il  avoir, 
„  trop  d'ettime  pour  lui,  &  le  croioit  trop  honnête  Homne,  pour  ne  pas 
„  lui  rendre  juftice  en  cette  occafion,  6c  qu'il  étoit  bien  periuadé  auffî,  que 
„  le  Roi  fon  Maître,  la  Paix  n'étant  pas  rompue  ,  ne  voudrait  pas  favori- 
„  rifer  les  mauvaifes  intentions  de  quelques-uns  de  les  Sujets.  La  Princelîè 
Ragotzki,  quoiqu'elle  fut  affez  avancée  dans  fa  grofféffe,  partit  auffi-tôt  pour 
aller  à  Vienne  le  jetter  aux  pieds  de  l'Empereur ,  &  implorer  fa  démence. 
Sa  Majelté  Impériale  lui  fit  donner  un  Logement  dans  un  des  Fauxbourgs  de 
la  Ville,  &  lui  fit  dire  „  d'avoir  patience,  &  que  fi  Elle  n'étoit  point  cou- 
„  pable  ,  il  auroit  foin  d'Elle  &  de  lés  linfans  ;  mais  ,  que  fi  l'on  trou- 
„  voit  qu'elle  eut  trempé  dans  la  Trahifon  de  fon  Mari,  elle  feroit  punie 
j,  comme  lui. 

Voilà  ce  qui  a  de  la  relation  à  l'Affbciation  des.  Cercles ,  qui  fervoit  aux 
Miniltres^  de  France  pour  jetter  de  la  terreur  fur  les  PuilLnces ,  qui  pou- 
voient  ioùteiiir  les  Intérêts  de  l'Empereur. 

Ggg  z  Pour 


l'Ambaf- 

fsde 

de 


440     MEMOIRES,  NEGOCIATIONS,  TRAITEZ, 

1701.      Pour  ce  qui  regardoit  le  Corps  Helvétique,  l'Ambafladeur  de  Fiance  Puy- 

" fieux  avoit  déjà  prcfenté  un  Mémoire  aux  Cantons,  pour  tâcher  de  les  porter 

à  la  confervation  du  Milanois  par  les  raiibns  raportées  dans  ledit  Mémoire,, 
qui  étoit  conçu  en  ces  fermes. 

Mémoi-  Magnifiques  Seigneurs, 

rc  de 

mbaf-  T£  vous  a;  j-^jj.  connoître  par  ma  précédente  que  l'événement  de  la  mort  du 
Fran-  ''  ^01  d'Efpagnc  ne  pouvoit  que  réunir  les  intérêts  de  cette  Monarchie,  a- 
ceaux  vec  ceux  de  la  France ,  par  les  juftes  prétentions  de  Monfeigneur  le  Dauphin 
Cantons,  fur  cette  grande  Succeilion,  Sa  Majefté  Catholique  la  laiflant  fans  pofteritéj 
du  t.  De-  £t  jes  inftinces  que  je  vous  ai  faites  par  la  fureté  de  vos  partages ,  ont  vu. 

cembie  ...  *  <  1  J      tr      *•  1         r       au-  ,,r?r        S  S 

J7COi  vous  faire  juger  que  les  obligations  de  vos  Alliances  avec  1  Eipagne,  pour  la 
confervation  du  Milanez ,  doivent  paffèr  par  confequent  en  faveur  de  celui 
qui  devoit  être  Duc  de  Milan  :  A  l'événement  de  la  mort  du  Roi  d'Efpa- 
gne  il  vient  d'en  fucceder  un  autre, en  confequence  de  ladifpofition  duTerta- 
ment  du  feu  Roi  Catholique  de  glorieufe  mémoire,  que  Dieu  abfolve,  qui 
inftitue  M.  le  Duc  d'Anjou  héritier  univerfel  de  cette  Succeffion. 

Le  Roi  y  a  confenti,  ôc  a  accordé  aux  vœux  des  Efpagnols  ce  jeune  Prin- 
ce fon  Petit- Fils  pour  leur  Roi:  il  l'a  reconnu  dans  les  formes ,  &  S.  M  le 
fait  traiter  en  Roi  d'Efpagne,  8c  le  fait  partir  aujourd'hui  avec  un  équipage 
conforme  à  fa  Dignité,  pour  fe  rendre  en  fes  Etats.  Comme  l'intention  du 
Roi,  dans  le  Traité  de  Triple- Alliance,  n'étoit  fondé  que  fur  le  defir  de  main- 
tenir, &  même  d'affermir  la  Paix  dans  l'Europe  ;  il  n'a  pas  été  difficile  à  Sa 
Majefté  de  concevoir,  que  fon  acquiefeement  au  Teftament  du  Roi  d'Efpa- 
gne étqit  une  voïe  plus  certaine  pour  le  maintien  de  cette  Paix  j  ainfi  l'on  ne 
doit  pas  s'étonner  fi  elle  a  préféré  ce  parti  à  l'exécution  du  Traité  de  la  Tri- 
ple- Alliance s  d'autant  qu'elle  a  prévu,  que  n'aïant  été  garanti  par  aucune 
de  Puiffances  de  l'Europe  que  les  contractantes,  il  étoit  prefque  inévitable 
que  la  Guerre  ne  fuccedât  à  la  mort  du  Roi  Catholique,  lors  qu'il  fe  feroit 
agi  de  l'exécution  dudit  Traité  >  l'Empereur,  qui  y  trouvoit  même  un  avan- 
tage confiderable,  par  la  confervation  de  la  plus  grande  partie  de  cette  Mo- 
narchie dans  fa  Maifon ,  n'y  aïant  pas  voulu  fouferire  :  Et  fi  l'on  a  dû  remar- 
quer la  modération  du  Traité  qu'elle  abandonne,  on  doit  auffi  avouer  que 
toute  l'Europe  ne  fauroit  trop  l'admirer,  ôc  le  louer  d'une  conduite  fi  defin- 
tereffée. 

Enfin  cet  événement  peut  vous  faire  comprendre,  MM.  SS.  que  toutes  les  re- 
quifitions  que  je  vous  ai  faites  de  la  part  de  S.  M.  pour  la  garde  de  vos  pafla- 
ges,  doivent  préfentement  retomber  fous  les  Négociations  de  M.  le  Comte 
Caiati  Ambafiadeur  d'Efpagne,  parles-retours  des  devoirs  de  vôtre  Alliance 
avec  cette  Couronne  ,  puis  qu'elle  eft  préfentement  gouvernée  par  fon  Roi 
légitime  :  Comme  cela  ne  defunit  pas  les  intérêts  de  la  France  Se  de  l'Elpa- 
gne,  je  dois  vous  affiner,  que  S.  M.  ne  trouve  point  mauvais,  que  j'emploie 
mes  offices  en  faveur  des  Négociations  dudit  Siv  Comte  Cafati ,  qui  ne  man- 
quera pas  de  vous  demander  l'obfcrvation  de  vos  Alliances,  pour  ce  qui  con- 
cerne 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.  441 

cerne  la  confervation  du  Milanez ,  en  cas  que  quelque  Pu  itfànce  Etrangère  vou-  1701. 
lut  faire  des  entreprifes  fur  cet  Etat  :  Elle  m'ordonne  de  vous  faire  entendre  !" 

en  même  tems,  qu'elle  continue  de  confentir  de  contribuer  aux  dépenfes  con- 
venables pour  l'entretien  des  Milices  de  vôtre  Nation,  qui  feront  jugées  né- 
ceflàires  pour  la  garde  des  paflàges,  &  il  n'y  a  d'autre  changement  dans  fes  in- 
tentions fur  cela,  fi  non  que  la  chofe  fe  fera  conjointement  avec  FEfpagne. 

Comme  vous  connoiflez  parfaitement  combien  la  confervation  du  Milanez 
vous  intereffe,  je  fuis  perfuadé  que  vous  n'aurez  pas  de  peine  à  faire  de  judi- 
cieufes  reflexions  fur  cela.  Il  eft  à  croire  que  M.  le  Comte  Cafati  n'agira  pas 
fans  de  nouveaux  ordres  du  Roi  fon  Maître  :  Mais  cet  intervale  pouvant  être 
considérable,  &  pouvant  même  fuffire  pour  donner  tems  à  quelque  Puiflance 
Etrangère  de  faire  paner  des  Troupes  dans  le  Milanez,  je  fuis  perfuadé  que 
vous  prendrez  toutes  les  précautions  que  vous  jugerez  convenables,  pour  pa- 
rer à  un  pareil  incident.  Je  prie  Dieu  qu'il  vous  maintienne  dans  la  profperité 
de  tout  ce  qui   vous  peut  être  le  plus  avantageux. 

Magnifiqjjes   Seigneurs, 

Vôtre  afFeéKonné  à  vous  lèrvir, 

P  u  y  s  1  e  u  x. 

A  Soleure  ce  1.  Décembre  1700. 

On  tint  quelques  mois  enfuite  ,  favoir  au  commencement  d'Avril  1701., 
une  Diète  à  Baden.  Le  Comte  de  Trautmansdorf  y  parut  en  qualité  d'Am- 
bafiadeur  de  l'Empereur,  &  le  Comte  Charles  Cafate  en  une  pareille  quali- 
té de  la  part  du  nouveau  Roi  d'Elpagne.  Ces  deux  Miniftres  du  premier  or- 
dre préfentérent  à  la  Diète  chacun  un  Mémoire.  On  verra  par  la  lecture 
d'iceux  qui  fuivent  ce  qu'ils  propoférent. 

Magnifiqjjes,  tres-Honorez  Seigneurs,  8cc.  Mémoi- 

re pre- 
LA  fenfible  joïe  que  j'ai  de  me  trouver  dans  vôtre  Aflemblée,  me  fait  ou-  ^nréaux- 
blier  les  incommoditez,  les  périls,  &  les  rifques  de  ma  fanté,  auxquels  •J'rn]°ns 
j'ai  été  expofé  par  un  voïage  de  fi  longue  haleine  &  par  les  mauvais  chemins.  Com- 
Et  c'en:  avec  d'autant  plus  de  fatisfaction  que  Sa  Majeilé  Impériale,  Roi  de  te  de 
Hongrie  &c.  mon  très-benin  Souverain  m'a  envoie  ici  pour  vous  aflurer  de  rraut> 
fa  bonté  Impériale,  de  la  fincere  Germanique  bienveillance,  Se  de  la  continua-  fo^' 
tion  d'un  bon  voifinage,  dont  je  m'aquitte  prefentement.  Amhàff. 

.  Vôtre  dernière  Ambafiade,  compofée  de  divers  Membres  de  plufieurs  Can-  c'e  s-  M« 
tons  vous  a  fait  voir  avec  combien  de  foins,  Sa  Majefté  Impériale  leur  a  don-  Imp" 
né  les  audiences  &  une  prompte  &  fatisfaifante  expédition  de  ce  dont  ils  é- 
toient  chargés,  aïant  pour  cet  effet  levé  tous  les  obitacles  qui  auroient  pu  en 
quelque  manière  que  ce  foit,  empêcher  le  retabliflement  d'un  correfpondance. 

G  g  g.  3  héré- 


44*     MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

i-oj.   b(';-édi>.airemcnt  &  perpétuellement  établie,  dont  Mcfli.urs  les  Ambafladcurs 

! qui  fe  trouvent  ici,  n'auront  pas  manqué  de  faire  un  fidèle  raport. 

Et  comme  les  conjonctures  prefentes  qui  font  d'une  vaile  étendue,  fur  les 
révolutions  récemment  arrivées,  demandent  pour  la  fureté  réciproque,  Se 
pour  l'affermiflèment  de  la  confédération  ,  qu'une  députaiion  de  la  part  de 
VV.SS.me  déclare  promptement  vos  rœeeâàireS&  falutaires  intentions,  je  n'ai 
pas  voulu  différer  plus  long-tems  à  vous  demander  d'entrer  en  négociation, 
iuivant  le  Plein-pouvoir  que  j'en  ai:  Etant  allure  que  les  vrais  Pérès  de  la 
Patrie  ici  affemblez,  y  feront  portez  par  leur  iagafe  confommée,  par  l'amour 
de  h  liberté,  &  par  le  zélé  lincere  pour  le  bien  commun,  iiuvant  le  loua- 
ble exemple  de  leurs  ancêtres.  Offrant  de  ma  part  tous  mes  fervices  imagina- 
bles aux  Louables  Cantons,  &  à  chacun  en  particulier ,  comme  étant 

Mes  très-honorez  Seigneurs, 

Vôtre  &c. 

François  Henri  Trautm ansdorf. 
Badenle  8.  Avril  1701. 

Mémoi-         Magnifiques  et  Puissants  Sei&neurs. 

redu 

Comte     "T\On  Philippe  V.  mon  très-benin  Souverain  aïant  hérité  avec  la  Mo- 

Charles     \_}  na,.cnje  d'Efpagne  les  maximes  d'un  bon  Allié  du  Corps  Helvétique,  en 

Ambafl.    a  voulu  donner  des  marques  très-évidentes  par  les  ordres  qu'il  m'a  envoie  de 

d'Efpa-     continuer  dans  l'Ambaffade  (laquelle  de  Père  en  Fils  depuis  plus  de  cent  ans, 

gne  ,  pré-  efi-  parvenue  à  moi ,  qui  me  fuis  apliqué  à  la  connoifîànce  de  vôtre  Etat  )  ÔC 

laD^ete    ^e  jom^ie  ^es  intérêts  de  S.  M.  à  ceux  des  Louables  Cantons  tant  en  général 

deBa-      qu'en  particulier,  Se  même  de  former  les  fiens  fur  les  leurs.     La  conn.uffan- 

dcn.        ce  que  VV.  SS  ont  de  cette  vérité,  &  l'agréable  accueil  avec  lequel  j'ai  été 

reçu  dans  toutes  les  occallons,  m'ont  obligé  en  reconnoiffance  de  meprilèr  les 

rigueurs  de  la  faifon  pour  ne  me  pas  priver  de  la  iatisfaction  que  jai  de  faire 

part  à  VV.  SS.  d'une  nouvelle ,  qui  leur  doit  être  très- agréable,  puis  quelle 

leur  eit  très-utile. 

Et  véritablement  quelle  nouvelle  plusagréable,6cplus  remarquable  pouvois- 
je  donner  à  VV.SS.que  la  bonne  fituation  des  affaires  que  la  Providence  a  con- 
servées dans  ces  tems,  où  la  mort  de  Charles  IL  devoit  les  avoir  ébran- 
lées? Chacun  fait  les  grandes  mefures  que  tant  de  PuiiTances  avoient  prifes 
pour  conferver  l'équilibre  des  Couronnes  ,   ôc  dont  la   prévenante  prudence 

Î)cur  prévenir  les  inconvénients,  n'a  fait  que  comme  un  Médecin  qui  bieH 
oki  de  foulager  un  Malade,  l'accable  avec  des  remèdes  trop  violents. 

VV.  SS.  te  fouviendront  fans  doute  du  Traité  de  Partage,  par  lequel  la 
France  devoit  avoir  les  conhderables  Roïaumes  de  Naples  6c  de  Sicile,  avec 
tant  d'aunes  Provinces,  Forts  &  Ports  de  Mer,  dont  la  puifiiuice  auroit  été 

auginen- 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.  443 

augmentée  par  les  mêmes  moïens,  par  lefquels  on  croïoit  la  mettre  dans  de  tjox. 
j  uit.es  bornes.  Mais  S.  M.  T.  C.  pour  ôter  tous  les  prétextes  de  troubler  le  re-  ' 
pos  public,  a  bien  voulu  le  départir  de  tant  d'avantages,  8c  fe  conformant 
aux  loix  fondamentales  d'Efpagne,  fur  lefquelles  feules  ia  Monarchie  peut  de- 
meurer en  fon  entier ,  a  cédé  à  mon  Roi  la  Monarchie  fans  aucune  diminu- 
tion, démembrement,  ou  changement  de  Gouvernement.  Il  n'y  a  point  de 
Prince  ou  Etat  qui  pour  fes  propres  intérêts  ne  prenne  toutes  les  mefures  ne- 
Cv  il  aires,  afin,  quand  on  voudrait  s'opofer  aux  arrêts  évidents  du  Ciel,  afin, 
dis- je,  d'empêcher  qu'il  ne  le  rallumât  de  rechef  la  plus  cruelle  guerre  qui  fut 
jamais.  Je  dis,  aux  arrêts  du  Ciel,  car  comme  en  d'autres  occafions  on  fe- 
rait blâmé  d'ajouter  foi  aux  prédictions  des  Aftrologues  fins  avoir  égard  à  la 
Providence,  on  peut  dire  que  celle-ci  au  tems  du  grand  accident  arrivé,  a 
prédit  clairement ,  que  le  Droit  ferait  préféré  à  l'inclination. 

Si  cela  eft  arrivé ,  ce  n'a  pas  été  par  défaut  de  tendreflè,  puis  que  le  feu 
Roi  a  toujours  chéri  fon  Sereniffime  Oncle,  Frère  de  fa  Mère.  Ce  n'a  pas 
été  par  défaut  de  zélé,  puilqu'il  l'a  témoigné  dans  toutes  les  occafions ,  2c 
chacun  fait  avec  combien  de  promptitude  &  de  fermeté,  il  a  toujours  fait  con- 
noître  que  les  avantages  &  les  intérêts  de  Sa  Majefté  Impériale  lui  étoient 
auffi  chers  que  les  fiens  propres. 

Si  Sa  Majefté  non-obftant  une  fi  forte  inclination  a  bien  voulu  approfondir 
la  h"tuation  des  affaires,  6c  a  déclaré  ce  qu'elle  devoit  à  la  juftice,  fur  tout 
dans  un  tems  où  les  rechutes  de  fa  maladie  ne  lui  permettoient  pas  d'avoir 
d'autres  vues,  qui  eft-ce  qui  ne  comprend  pas  que  fi  l'on  veut  combattre  tout 
cela  part  des  vues  particulières,  on  ne  doit  point  le  faire  pour  troubler  la 
tranquillité  publique.  Et  fi  Ton  veut  y  faire  la  moindre  ceflexion,  quel  brè- 
che ne  feroit-on  pas  à  l'équité,  fi  ceux  qui  n'ont  aucun  droit  de  prétendre  à 
la  fucceffion ,  s'en  vouloient  ériger  en  Juges  ? 

Je  fuis  heureux  de  pouvoir  le  dire  aux  perfonnes  de  l'Etat  qui  reprefèntent 
cette  famsufé  Republique  qui  s'eft  rendue  iî  illuftie  par  fes  Armes  ;  qui  fera 
à  l'avenir  l'exemple  d'une  prudence  confommée,  6c  d'une  juftice  fuis  tâche  ; 
qui  s'eft  toujours  opofée  aux  menaces ,  aufïï  bien  qu'aux  offres  ambigus  qu'on 
lui  faifoit  pour  l'enveloper  dans  tout  ce  à  quoi  les  Traittez  la  pouvoit  obli- 
ger ;  6c  qui  a  lu  dans  les  guerres  p.ifTées ,  auffi  dangereufes  que  les  conjonc- 
tures prefentes  ,  conferver  la  Paix  chez  elle  6c  l'amitié  des  Puiiîances 
Opofées. 

Loué  foit  mille  fois  l'Eternel  !  qui  me  donnant  l'occafion  d'avoir  à  faire  à  des 
Miniftrcs  d'Etat  extrêmement  prudens,  m'épargne  la  peine  de  rechercher  des 
remontrances  6c  des  perfua  fions  pour  les  détourner  de  croire  tous  les  prétextes 
fpecieux  6c  fardez  de  la  réunion  des  deux  Couronnes;  Les  Hiftoires  anciennes 
6c  modernes  vérifient  affez  que  les  intérêts  d'un  Etat  font  toujours  les  premiers 
êc  qu'ils  defuniffent  les  Etats  les  plus  étroitement  liez. 

Par  le  récit  d'une  conduite  il  prudente  Sa  Majefté  fe  flatte  d'une  agréable 
refolution  de  VV.  SS.  6c  m'ordonne  de  vous  notifier  que  par Taffiftance  de 
Dieu,  il  eft  heureufément  arrivé  à  Madrid',  qu'il  eft  monté  fur  le  Trône  , 
qu'il  a  été  reçu  par  lis  Peuples  avec  des  acclamations  extraordinaires, 6c qu'il  a 

été 


44+      MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

170U  été  reconnu  tant  par  fes  Etats,  que  par  toutes  les PuifTances  ennemies  de  nou- 
■  veaux  troubles  dans  l'Europe  &  de  la  defolation  des  Pais,  qui  eft  une  fuite  or- 
dinaire des  Guenes. 

Sa  Majefté  m'a  déplus  ordonne  de  dire  à  VV.  SS.  que  comme  elle  a  fucce- 
dé  dans  tous  les  Etats  de  C h  a  r  l  e  s  1 1.  &  dans  toutes  fes  Alliances,  elle  eft 
fermement  refoluë  de  maintenir  le  Traité  d'Alliance  avec  le  Corps  Helvéti- 
que, &  celui  de  l'Etat  de  Milan  avec  les  Cantons  Catholiques  dans  tous  leurs 
points,  6c  de  fitisfaire  aux  arrérages  avant  le  renouvellement  des  dits  Traités. 
Et  pour  faire  voir  l'entière  confiance  quelle  a  en  tous  les  Louables  Cantons , 
"Sa  Majefté  leur  demande  deux  Regimens,  étant  perfuadée  que  la  promptitu- 
de de  ceux  qui  font  dans  l'obligation ,  6c  l'équité  des  autres ,  y  porteront  tou- 
te la  diligence  poffible ,  de  la  même  manière  qu'il  fut  fait  il  y  a  quelques  an- 
nées, enfuite  des  Traités,  ce  qui  n'a  pas  été  refufé ,  même  à  ceux  qui  .ne  font 
pas  dans  leur  Alliance. 

A  des  perfonnes  moins  prudentes  que  VV.  SS.  je  n'obmettrois  pas  de  leur 
reprefenter,  combien  la  raifon  d'Etat  de  vôtre  Republique  demande  la  conti- 
nuation de  l'Alliance  avec  mon  Roi  puifqu'outre  les  penfions  annuelles,  El- 
les peuvent  toujours  compter  fur  celles  de  France  en  fa  confideration ,  &  être 
fûres  en  tout  tems  de  leurs  fecours  ,  fans  lequel  VV.  SS.  feraient  dans  une 
perpétuelle  défiance,  de  crainte  qu'on  ne  mit  en  exécution  ce  qu'on  a  deflein 
de  faire,  fuivant  ce  qu'on  a  témoigné  dans  les  dernières  Guerres  ,  non  pas 
par  une  manière  ambigiie,  mais  par  des  effets  réels,  pour  renverfer  le  fon- 
dement du  Corps  Helvétique. 

L'Affaire  parle  d'elle-même,  les  loix  d'un  bon  Gouvernement  le  demandent, 
&  le  Roi  mon  Maître  attend  de  vos  Seigneuries  une  Réfolutiôn  digne  de 
vôtre  prudence  ,  de  la  bienveillance  de  Sa  Majefté  ,  6c  de  la  confiance  ré- 
ciproque. 

Les  Cantons  ne  réfolurent  rien  fur  ces'Propofitions.  Il  eft  vrai  que  les 
•petits  Cantons  paroiffoient  ébranlez.  Le  Comte  Cafate  venoit  de  leur  diftri- 
buer  quelque  fomme  d'argent  à  conte  des  gros  arrérages  que  l'Efpagne  leur 
devoit  par  raport  au  Duché  de  Milan.  Quelque  tems  après ,  le  Comte  de 
Trautmansdorf  leur  fit  des  Propofitions  telles  que  voici. 

Propositions  et  Av ant âges  que  Sa  Majejié Impériale  veut 
bien  accorder  aux  Cantons ,  moyennant  qu'ils  prennent  les  Villes 
Foreftiéres  &  autres  Terres  antérieures  de  la  Mai/ou  d'Au- 
triche^ comme  V Archiduc  Sigismond  les pojfédoit lorfque l'Al- 
liance Héréditaire  fe  fit ,  fins  leur  Troteéfion  ;  £9  ceci  autant 
pour  leur  propre  fureté,  que  pour  les  be foins  de  Sa  Majefté  Im- 
périale. 

ï.   ÇA  Majefté  Impériale  eft  refolue  de  mettre  des  Troupes  Suifiès  dans  les 
i3  terres  antérieures  d'Autriche,  qui  font  Frontières  de  la  Suifiê,  pour  les 

garan- 


ET    RESOLUTIONS    D'ETAT.         44r 

garantir  de  toute  infulte  ,  6c  pour  cet  effet  Elle  demande  deux  Regimens  de   *7&! 

la  Nation  fous  une  Capitulation  dont  on  conviendra  ,   lefquels  Elle  fera  lever  

tout  aufîi-tôt ,  que  les  Cantons  y  auront  donné  leur  contentement. 

II.  Sa  Majefté  veut  outre  cela,  &  pour  mettre. en  effet  les' offres  qui  jufques 
ici  ont  été  faites  de  ia  paît  de  bouche ,  &  par  écrit ,  au  fujet  du  paiement  des 
arrérages  des  penfions  dûs  aux  Cantons  en  vertu  du  Capitulât,  d'abord  faire 
païer  trois  penfions  en  argent  comptant  6c  le  reliant  par  termes,  dont  on  con- 
viendra avec  le  courant  de  chaque  année  régulièrement  ;  &  fera  ce  paiement 
affecté  aux  revenus  mêmes  du  Pais  pour  plus  grande  fureté,  6c  pour  ôter  aux 
Cantons  tout  fujet  de  crainte  6c  de  méfiance. 

III.  Sa  Majefté  offre  aux  particuliers ,  qui  ont  encore  quelques  prétendons 
liquides  fur  le  Milanez,  lbit  pour  des  penfions ,  foit  pour  des  gages  ou  autre- 
ment,, de  vouloir  convenir  6c  traiter  avec  eux  pour  une  certaine  ibmme,  qui 
leur  fera  aflîgnée  fur  les  mêmes  revenus ,  6c  païée  régulièrement  par  termes  , 
dont  on  conviendra. 

IV.  Sa  Majefté  Impériale  remet  aux  Cantons  de  voir  fi  fur  ces  offres  avan- 
tageux ils  ne  pourroient  pas  trouver  à  propos  6c  de  leur  convenance,  de  con- 
tinuer 6c  conlérver  la  Capitulation  de  Milan  en  faveur  de  Sa  Majefté  comme 
Seigneur  Feudataire  indifputable  de  ce  Duché  ;  avec  offre  que  fi  tôt  où  tard  Sa 
Majefté  venoit  à  donner  l'Inveftiture  de  ce  Fief  à  quel  Prince  que  ce  puiile 
être,  le  Capitulât  y'  pafleroit  auflt  avec  rembourfement  pourtant  des  deniers 
que  Sa  Majefté  aura  debourfé  à  fon  fujet. 

V.  Mais  en  cas  que  Sa  Majefté  Impériale  ou  la  Sereniiîîme  Maifon  d'Au- 
triche trouve  à  propos  de  garder  ce  Duché  pour  Elle-même,  Elle  déclare 
qu'alors  elle  y  entretiendra  perpétuellement  une  certaine  quantité  de  Troupes 
de  cette  brave  Nation  ,  de  même  que  dans  les  Terres  antérieures  d'Au- 
triche. 

VI.  Elle  n'entreprendra  jamais  aucun  changement  à  l'égard  des  penfions , 
&  autres  avantages  ftipulez  par  le  dit  Capitulât  ;  mais  laiflera  tout  dans  l'an- 
cien état  fans  en  rien  diminuer ,  6c  pour  donner  une  marque  évidente  de  la 
propenfion  Confédérale  de  Sa  Majefté  Impériale  envers  la  Nation  Helvétique 
Elle  lé  déclare  encore  gratieufement , 

VII.  De  vouloir  donner  6c  faire  jouir  à  un  certain  nombre  de  jeunes  Suif- 
fes  de  certaines  penfions,  6c  autres  émolumens  dans  les  Terres  héréditaires,  pour 
pouvoir  pourfuivre  leurs  études  :  6c  avec  cela  Sa  Majefté  veut     - 

VIII.  Bien  permettre  6c  confentir  que  l'Alliance  faite  entre  les  Cantons  6c 
la  Couronne  de  France  foit  obfervée  dans  toute  fon  étendue }  mais,  au  pied 
de  la  lettre,  6c  non  autrement. 

D  e  la  part  des  Hollandois  6c  des  Anglois  on  fit  cependant  des  Plaintes  à 
la  Cour  Impériale  fur  le  trouble  que  fes  Commis  fur  les  Frontières  de  laSuiffè, 
aportoient  à  leur  Commerce.  C'étoit  dans  l'efpérance  que  l'Empereur  aïant 
befoin  del'ailiftance  de  ces  deux  Nations -là,  y  aporteroit  du  remède.  Voi- 
ci deux  Mémoires ,  qui  contenoient  ces  Plaintes. 

Tm.  I  H  h -h  „  Lk 


44<5     MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

170 1. 

„  T   E  trouble,  dont  les  Anglois  6c  les  Hollandois  fe  plaignent,  confifle 

Mémoi-  „  JL;  en  ce  que  lefdits  Commiflaires  ou  Peagers  arrêtent  &  faififfent  lesMar- 
rht0Ui  "  c*ianc^^es  d'Angleterre,  6c  de  Hollande,  qui  vont  en  Suiflc,  fous  prétexte 
trouble  "  Celles  pcurolent  apar tenir  aux  Genevois ,  ou  être  vendues  aux  mêmes  Genevois, 
qu'apor-  j?  Ci?  aux  François,  lors  qu'elles  feront  arrivées  dans  les  Païs  Neutres. 
tentau  „  Comme  ils  fentent  bien  que  leur  procédé  eit  injurie,  ils  tachent  de  le 
Com_  „  colorer,  en  offrant  de  laiffer  paffer  les  Marchandifes,  pourvu  que  Ton  de- 
desAn-  »  clare,  par  une  Attelration  faite  avec  ferment ,  qu'elles  n'apartienent  pas  aux 
glois,  &  „  Genevois,  6c  qu'elles  n'iront  ni  à  Genève  ni  en  France. 
desHol-  „  Quand  on  n'envifage  cette  offre  que  fuperficiellcment ,  il  femble  qu'elle 
lesC°1S'  M  ^'entraîné  Pas  aprés  foi  de  grands  inconvénients  ;  mais  quand  on  l'examine 
mis  de  »  a  fond,  6c  fur  l'expérience  du  paffé  ,  ou  la  trouve  injufte,  pernicieufe,  6c 
S.M.I.  „  même  impofîîble  dans  fon  exécution  j  car  qui  peut  affirmer  par  ferment  que 
établis  }}  les  Marchandifes  qu'il  envoie  dans  les  Païs  Neutres ,  n'iront  jamais  ni  à 
Air  les  ^  Genève  ni  en  France  ?  On  découvre  donc  facilement ,  qu'ils  ne  deman- 
resde  55  ^ent  Pas  lefîdices  Atteftations,  pour  être  inftruits  de  la  Vérité}  mais  fimple- 
Suifle  &  „  ment  pour  en  abufer,  6c  extorquer  de  l'argent,  comme  ils  l'ont  pratiqué 
«l'Italie.  5>  dans  la  dernière  Guerre  ;  car  à  quel  ulàge  ,  lefdits  Commiflaires  6c  Peagers 
veulent  ils  favoir,  ce  que  deviendront  les  Marchandifes  ,  lorfqu'elles  feront 
arrivées  dans  les  Païs  Neutres,  puis  qu'il  ferait  àfouhaiter  pour  l'intérêt  de  S. 
M.  I. ,  ci?  de  fes  Alliez, que  les  François  achetaient  toutes  celles  d'Angleterre  , 
„  13  de  Hollande ,&  d'Allemagne,  qui  ne  fervent  pas  à  l'ufage  immédiat  de  la 
„  Guerre ,  afin  de  tirer  de  l'argent  de  France  pour  s'enfervir  à  lui  faire  la 
„  Guerre  i 

„  On  doit  remarquer  que  le  Roi  T.  C,  qui  entend  parfaitement  bien  fes  in- 
„  terêts,  a  deffendu  a  (es  lu  jets  fous  de  rigoureulcs  peines ,  d'achetter  lefdites 
„  Marchandifes  dans  les  Païs  Neutres  ,  6c  de  les  introduire  en  France  ,  afin 
„  de  prévenir  que  l'argent  n'en: forte  pour  des  choies,  dont  on  peut  fe  paffer} 
„  puisque  la  plus  part  defdires  Marchandifes  ne  fervent  qu'au  luxe  6c  à  con- 
„  tenter  la  fantaiile  des  François  :  de  forte  que  les  CommifJ'aires  &  Peagers 
„  Impériaux ,  qui  aportent  de  l'obfacle  (fous  quelque  prétexte  que  ce  puiffe  être  ) 
„  à  l'entrée  en  Suijfe  des  fufdites  Marchandifes  fervent  utilement  le  Roi  1".  C.  au 
„  préjudice  de  S.  M.  I.  &?  de  fes  Alliez  ;  comme  on  le  reconnut,  lorfque 
„  l'Empereur  fit  examiner  la  conduite  deldits  Commiflaires  6c  Peagers  Impe- 
„  riaux  en  1603.,  pour  fatisfârre  aux  plaintes  portées  contr'eux  ,  de  divers 
,,  endroits,  lcfquelles  fe  raportoient  toutes  à  celles  des  Hollandois  expliquées 
„  dans  un  Ecrit  Latin,  dont  Copie  eft:  ci  attachée. 

„  On  reconnut  auffi ,  qu'il  ne  raloit  point  d'autre  Atteflation  pour  les  Mar- 
„  chandifes  venantes  d'Angleterre,  de  Hollande,  6c  d'Allemagne  (qui  ne  fer- 
„  vent  pas  à  l'ufage  immédiat  de  la  Guerre)  que  d'en  déclarer  la  qualité,  ôc 
„  que  moïennant  cette  Déclaration  ,  elles  dévoient  paflér  6c  entrer  dans  les 
„  Païs  Neutres,  fans  aucun  empêchement,  en  païant  les  droits  ordinaires. 

„  On  reconnut  enfin  ,  que  lefdits  Commiflaires  6c  Peagers  ne  demandoient 
,,  des  Atteftations  pour  lefdites  Marchandifes ,  inutiles  à  l'ufage  immédiat  de 

la 


55 

35 

55 


J> 


v> 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.  447 

la  Guerre,  que  pour  avoir  un  prétexte  d'extorquer  de  l'argent}  car  les  gens  170  T. 
de  bien  ne  pouvant  attcftcr  par  ferment  ,  que  leurs  Marchandifes  n'iraient  ' 

jamais  en  France,  leur  donnoient  de  l'argent ,  pour  être  difpenfez  de  faire 
ce  ferment  :  &  les  autres  qui  vouloient  bien  donner  des  Atteftations  en 
cette  forme,  n'étoient  pas  pour  cela  exempts  des  vexations  ;  car  tantôt  on 
fupofoit  quelque  deffectuoiïté  dans  l'Atteltation ,  tantôt  on  la  droit  par 
adrefle  d'entre  les  Mains  du  Charriée  Sec.  afin  de  tirer  de  l'argent ,  pour 
prévenir  le  déchargement  des  Marchandifes.  Il  n'eft  pas  croïable  combien 
d'extorfions  les  Commiflaifes  &  Peagers  Impériaux  ont  faites  par  le  moïen 
defdites  Atteftations.  Ils  en  avoient  introduit  l'ulage  en  confondant  les 
Marchandifes  ,  qui  ne  fervent  pas  à  l'ufage  immédiat  de  la  Guerre,  avec 
celles  de  Contrebande  ,  pour  lefquelles  il  faut  de  neceflîté  une  Atteftation 
avec  Serment,  portant  qu'elles  ne  feront, ni  vendues  à  des  François  ,  ni  en- 
volées en  France  ;  mais  a  l'égard  des  autres  Marchandifes  qui  ne  fervent  pas 


„  glois  ni  aux  Hollandois ,  qui  font  des  Nations  Souveraines  ,  ce  que  leurs 
„  Marchandifes  deviendront  quand  elles  feront  arrivées  dans  les  Pais  NéU' 
»  très. 

„  C'eft  pourquoi  ils  efpérent  de  l'équité  de  S.  M.  I.  qu'Elle  ordonnera  à 
„  tous  fes  Commiflâires  &  Peagers ,  de  laifTer  librement  parler  vers  les  Pais 
„  Neutres,  toutes  les  Marchandifes  d'Angleterre,  6c  de  Hollande,  qui  ne 
„  fervent  pas  à  l'ufoge  immédiat  de  la  Guerre,  lâns  demander  d'autre  Attcfta- 
„  tion ,  qu'une  Déclaration  de  la  qualité  d'icelles  ,  comme  auffi  de  rendre  in- 
„  cefTamment  toutes  celles  qu'ils  pourroient  avoir  fai fies ,  ou  arrêtées,  fous 
„  quelque  prétexte  que  ce  puiiïe  être,  vu  que  celui  dont  ils  fe  fervent  au- 
„  jourd'hui,  (avoir  que  les  Marchandifes  d'Angleterre,  &  de  Hollande  ,  qui 
„  entrent  en  Suiffe ,  pourroient  apartenir  aux  Genevois ,  eft  injufte  &  abfur- 
„  de  j  car  on  pourrait  troubler  le  Commerce  de  toute  la  ferre  ,  13  arrêter  toutes 
„  les  Marchandifes  du  Monde  fous  un  foupçon  qu'elles  apartiendroient  aux  Ge- 
„  nevois,  ce  qui  eft  contraire  au  Droit  des  Gens. 

„  Si  on  arrêtoit  fous  ce  foupçon  les  Manufactures  faites  à  Genève  ce  feroit 
„  un  autre  cas ,  parce  qu'elles  apartiennent  originairement  aux  Genevois. 
„  Mais  les  Marchandifes  d'Angleterre  ,  &?  de  Hollande ,  apartiennent  originaire- 
„  ment  aux  Anglois  ,  £5?  aux  Hollandois  ,  &?  rejlent  à  eux  jufqu'à  ce  qu'ils 
„  aient  reçu  paiement  de  la  valeur  d'icelles,  lequel  ne  fe  fait  ordinairement  que 
„  plufieurs  mois  après  qu'elles  font  arrivées  au  Lieu  de  leur  deftination  ,  foit 
„  à  Genève  ou  ailleurs  ■■,  de  forte  qu'en  arrêtant  ou  faififlant  lefdites  Marchan- 
„  difes  d'Angleterre,-  &  de  Hollande,  on  trouble  le  Commerce  des  Anglois, 
„  &  des  Hollandois ,  fans  qtPil  en  revienne  aucune  utilité  à  S.  M.  I:  bien  au 
„  contraire,  cela  pourrait  lui  porter  un  préjudice  irréparable}  car  fi  les  Ge- 
„  nevois,  &  les  autres  Païs-Neutres  ne  reçoivent  pas  les  Marchandifes  d'An- 
„  gleterre  &  ^e  Hollande,  ils  n'envoïeront  point  d'argent  aux  Anglois,  ni 
„  aux  Hollandois ,  &  fi  les  Anglois  £f?  les  Hollandois  manquent  d'argent ,  ils  ne 
„  pourront  pas  continuer  la  Guerre  &c.  On  pique  la  prunelle  de  l'œil  des  An- 
„  glois,  Se  des  Hollandois ,  quand  on  trouble  leur  Commerce  fans  neceflîté. 

Hhh  z  gui 


44§      MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TR.AITEZ, 

i-oi. 

0^T'  noverii  quartà  e  quorum  copia  GaUiarum  Rex,  ad  cxcrcitus  fui  robur  &? 

Qnerela  **>*~<ei(peditiones  belUcss9  indigent ,  quant  aque  e  or  umïnopià  regnum  G  allia  labo- 
fupplex  ret;  nunqmm  fatis  extollere  poterit  Aiigujlifjimi  _Cafaris  prudentiam9  fub  gra- 
Hollan-  vj£ji}ja  pooia  vêtant is,  ne  equi  è  Gcrmania  educântur:  prapofitis  Commijfanis  , 
frtegîsu'a- #*'  Ulorum-i  ut  &  aliarum  rcrumbello  neceffariarum  9  evcclui,  obfijlant. 
torum,  Sed  quemudrnodum  HLi  Lex  ,  rite  applicita  ac  fcrvata  ,  falutaris  admodum  -t 
deinju-  fie  ctiam,  fi  extra  propofitum  fincm  &  prava  minifirorum  aviditati  inferviat,  ne- 
ftafua-  jratj  pfofeclo  non  poteft,  rei  optima  abufum  pefpmum  effe ,  &?  quod  medicainen- 
MJJ_       tum  fnerat,  quoàammodo  in  venenum  degenerare. 

ciumin        Jam  dudum  mercatores  Batavi  conquejlifunt,  fuas  merces,  piper,  çafiam,  nu- 

Germa-  ,-es  vtyriflicas ,   caryophylla  ,  Unîea,  panttof ,  couchenillam  ,  faccharum  ,  £5?  ;V/ 

"mPe-   geuus  alla,  aua ,  ad  hélium  non  nccejaiia,  hinc  per  Germanium  exportantur  in 

Helvetiam,  Pedemontium  a  Italiam,  aliafque  conterminas  regiones  amic-as ,  à  Fi- 

cariis  feu  mtniftris  illorum  Commiffariorum  detineri,  fub  pratextu  eas  'mer ces  deiu- 

ceps  in  Gallium  deferripojfe. 

Cum  autem  bac  détention  infeià  Majeftate  Cafaris  ,.  fiatf&  inhonefti  lucri 
exiorquendi  caufjliy  ut  que  mercatores  fuas  mer  ces ,  grandi  pectœiâ  datâ\  redimant , 
<://;«  alioquin  illa  ipfs  à  judicibus ,  f /w  Ftcarii  ifti  injuftitia  fu<e  fuffragatores 
habent,  maie  explicata  feu  conforta  lege,  in  fifeum  addicantur  j  Hollandis  ne- 
gotiaioribus  ,  /«;«  graviter  la  fis  ,  confultum  atque  neceffe  vifum  ejl  interceffio- . 
ne  Cclforum  ac  Prapotentum  Uniti  Belgii  Dominorum  Ordinum  ,  Auguftiffimï 
Cafaris  jujlitiam  ac  opem  implorare  :  quo  ,  coercita  iflorum  hornbmm  improbi- 
tate,  liber  tas  commerciorum  inviola  ta  fervetur ,  £5?  ne  fœderata  Gentes  ,  contra 
optimum  Cafaris  intentionem ,  ^»/«o  afficiantur. 

Quia  jus ,  «zftr  moratiorcs  gentes  commune  ,   /fep  z'tf  r<?  diclet,  longo  fermone 
epus  non  ejl probare  Invïclo  Ca/ari,  qui,  boni  &  aquï  obfervuntïffimus  ,  £^7* 
riayam  fitam  juris  feientiam  ,  jfcr  ftftpti  w/^  currïculum  ,  y></?<?  «çrad'o  demon~ 
Jiravit. 

Sufficiat  igitur,  fi  breviter,  cum  Hugone  Grotio,  *  £5?  autoribus  quos  ipfe  lan- 
dat ,  dicamus ,  jure  Gentiura  mercibus  ,  ??;oio  diflis ,  tranfitum  deberi  ,.  Se 
nemini  jusefle  iftud  impediendi.  Commercium  enim  inter  fepofitas  gentes 
perunitti,  interelï  focietatis  humanasj  dura  aliarum  nationum  copia  aliarura 
isiopia:  fuccurrit. 

Caterùm  fi  qui  ex  iflis  Ficariis  adverfus  bac  obtendat ,  merces  illas  in  Ger- 
mani.i  detentas  ,  libéras  fore  ,  fi  juratis  mercatorum  tejlimoniis  conflet ,  nun- 
quam  eas  in  Gallium  tranfportatum  tri,  parât  a  ejl  ad  hoc  refponfio  :  primo ,  quod 
ijli  homines ,  ut  jam  experieutia  abunde  docuit  ,  hujufuod'i  teflimouin  exigant  , 
non  bono  publico ,  fed  ut  privât is  utïlitatibus  confulant  :  adeo  ut  fi  bac  illis  anfet 
prabeatur  ,  timendum  fit ,  ne  âffiduis  cavillationibus  &  criminationious  merca- 
tores infefientur ,  cum  incredibili  ftto  détriment 0  ,  &  univerfa  commerciorum. 
pernicie. 

Eàdem  eni'm  ratione  qualibet  mercimoniorum  fpecies  ,  quecumque  mifia  vel 
deftuiata,  retineri  ac  confifeari  poffeht  ,  cum  timo  bonus  jarejurando  ajfirmure 

quectt 
*  Dt  Ji:r.  Util,  a:  P.ic,  tib.  1.  cap.  1,  §  13.  art.  5» 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.         44P 

queat ,  cas  nunquam  in  Gaïïiam  importât  nm  iri.    Quis  enim  anima  fua  periculo   1701. 

refpondebit  de  faclo  alterius,  nempe  futur i  emtoris,  quod  extra  jurantis  potefta-  ' — 

tent  ejî  ? 

Scd  fingamus  ,  Helvetios  iilas  merces  porre  in  Gaïïiam  trafmiffuros,  quis  ta- 
men,  cui  vel  jcinfiïïa  fana  mentis ,  vel  exigu»  jaris  Gentium  cognitio,  Hoïïan- 
dis 'commercium  cum  arnica  natione  ,  jure  gentium  permiffum  ,  adimendtim  cen- 
feat? 

Dicent  ilïï,  quodvis  commsrcium  in  Hehetia  tratlum,  communi  Fœderatorum 
bono  adverfari,  cum  merces  inde  in  Gaïïiam  deportari  poffmt  :  ideoque ,  faltem 
communis  utilitatis  ratione ,  expedire,  ut  omnis  ejus  mercatus  fpes  &f  occafio  pra- 
cidatur.  Scd  quant  à  vero  aberrent ,  nihilque  efficiat  ifîa  objeclio ,  protinus  ap- 
paret ,  fi  confideremus ,  fer  taie  commercium  pecuniam ,  beïïi  hervufo  ,  hojlibus 
detrabi ,  in  folutïonem  ejufmodi  mercium ,  quas  non  tant  uni  ex  Flandria ,  fed  & 
navibus  Suecorum  Danorumque,  aïïunde ,  cum  Gaïïicis  meremoniis  permutando , 
iumulati  accipere  poffmt ,  retentis  infua  ditione  nummis. 

^uod  cum  ipfe  Galliarum  Rex  probe  animadverteret  ,  magnis  iïïe  panis  inter- 
-  dixit  ,   »i?  merces   cujufcumque  generis  ,   qua    ad  beïïi  ufum   non  fpeilent ,   in 
Gaïïiam  devebantur ,  ficilicet,  ne  fubditi  fui ,  fe  invito  ,  ifliufmodi  mercimonia  ,. 
pecuniis  empta,  ex  hoflium  fuorum  regionibus ,  per  r  Helvetia  Pagos  in-Regnum 
introducani. 

Unde  etiam  facile  intelligitur ,  objeblionem  ifiam  ,  videlicet  ,  merces  iïïas  ex 
Helvetia  in  Gaïïiam  deveclum  iri,  non  à  jufio  meta  proficifei,  fed  ad  tuendam 
pradam ,  &?  ne  graffandi  occafio  iniquis  iïïis  bominibus  eripiatur ,  fimulatam  atqite 
confclam  effe. 

Goncedimus  hbsnter ,  Avocat  oui  s  caiitum  effe  ,_  ne  qui  s  fubd.it  us  Imper  ii  in  Gai- 
liant  negotietur'.'  Sed,  fi  dicendum  id  quod  rcs  eft,  q'uid  hoc  ad  prafentem  fabli 
fpeciemi  ubi  non  Germa  ni,  fed  noftrates,  non  cum  bofie  aut  Gai  lis  ,  fed  cum 
Helvetiis ,  Italis,  ipfiufque  -Imperii  fœderatis  aut  amicis  gentibus  ,  commercium 
coluut. 

Si  quis  vero  ulterins  inflet  ,  Imperii  fubdilis  non  licere\  abfque  tejlimonio 
jurato  ,  cujus  fupra  mentio  fael.i  -cfi  ,  ullius  generis  merces  in  Helvetiam,  aut 
coufinia  loca  ,  transferre  j  &  fitis  bénigne  cum  noflratibus  agi ,  fi  eodem  cum 
Germants  ordine  ac  jure  habeantur  ^  ad  hoc  debito  cum  honore  refpondetnus  , . 
llo'.l.indos,  focios  &  amicos  Imperii  Romano  -  Germanici  ,  &?  liberam  gentem  , 
in  lis  qua  jure 'gentium  permifja ,  (j?  fibi  ut  i  lia,  al  ter  i  autem  non  damnofa  fmt , 
e;u  rancis  legibus  minime  fubjetlos  effe. 

Scd  audire  victeàr  qui  reclament ,  fi  liberum  Hollandis  in  Helvetiam  fit  corn- 
mjrciUni'i  fore,  uti  etiam  grau  a ,  quorum  interditl.-e  exportationi  fua  confiât  ratio, 
(y  rcs  beïï.o  utiles,  eo  devebantur.  du  objeclioni  facile  occurri  poteft ,  nimirumx 
f  mercatores  poflhac  teneantur  ex  Hollandia  tranfmittere  merces  ,  per  Linda- 
fjùm  :  &  fi  Sacra  Cœfarcœ  Majejlati  placiium  fuerit ,  ut  co  in  loco  aper titra  va- 
forum  ,  farcinarumque  ,  de  quibus  ulla  fraudis  effet  fufpiào ,  fieri  poffiet  :  ad- 
moïïo  ad  id  Commiffario  Cœfaris,  G?  aliqno  ex  Magifiratu  y  prafente  mandatario 
Jeu  inflitore  mercatoris  ,  ad  quem  mercimonia  pertinent  :  idque  ne  fub  infpecli- 
o.iis praiextu,  merces,  quod  omni  fere  die  accidit ,  diripiantur  velfpolientur.  Cum 

Hhh  3  wtî 


l?oi- 


4fo     MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

verè  Ma  infpeUio  fiîla  fucrit  ^  infiitori  ,  detraSlh  granis  rekufque  bcllo  neccjfa- 
riis,  fi  qu£  in  diâis  farcirtis  aut  vafu  reperiantur,  ad  ulteriorem  cœ  ter  arum  mer- 
cium  tr an  fit  uni ,  à  Commiffario,  modo  diclo,  daretur  falvus  conduclus,  ufque  ad 
certam  Hefoeùœ  civitatcm.  Si  qui  s  autern ,  fine  ifïiufmodi  Lindavienfi  falvo  con- 
duïiu ,  ad  alia  Imperii  Telonia ,  Helvetiœ  finibus  magis  contcrmina ,  mer  ces  ad- 
ferat,  tanquam  mérita  fufpeclus ,  omnes  farcinas ,  omniaqtte  vafa,  fine  deleclu  , 
minutatim  infpicienda  exhibeat  ubi  reperitur. 

Itafatisfuperque  impedietur  mercium^  quœ  ab  belli  ufum  pertinent ,  granoruni' 
que  eveclus. 

Cum  igitur,  per  ea  quœ  fupra  expofita  funt,  manifefto  confie t ,  Vicariorum 
avaritiâ ,  injuria ,  audacià ,  Hollandos  mercatores ,  contra  jus  gentium ,  maxime 
lœfos  ejfe  ,  eique  rci  abfque  Imperii  incommoda  ,  imo  magno  cum  ipfius  bono  , 
facile  adhibcri  remedium  pojfe  >  ab  infigni,  &  in  omne  avum  memoranda ,  Ca fa- 
ris  àequitate ,  expeSare  licet ,  ifias  mviefiias  quibus  nofirates  in  Germaniâ  affi- 
ciuntur  ,  jufiïffimo  Imper at or is  décréta ,  brevi  cefiaturas,  &  menés  haftews  de- 
tentas ,  cum  omni  caufiat  refiilutum  iri. 

Negotiatoïum  nomine  (jf  rogatu  fcripfi 

NlCOLAUS    MUYS   VAN    HoLY.  J.   U.   D. 

Relativement  aux  Nouvelles ,  que  l'on  répandit  à  Paris ,  que  l'Ile 
de  la  Jamaïque  avoit  été  engloutie  par  la  Mer,  elles  fe  trouvèrent  abfolument 
faufles ,  par  l'arrivée  de  quelque  Navire  ,  qui  en  venoit ,  &  d'où  il  étoit  fraî- 
chement parti.  Du  moins  il  faloit  qu'elle  eut  plongé  comme  un  Canard,  Se 
depuis  revenue  à  flot. 

On  en  eut  pourtant  une  plus  véritable.  C'étoit  l'Entrée  des  François  & 
Efpagnols  dans  la  Ville  de  Mantouë  le  f .  d'Avril.  Les  Troupes  des  deux 
Couronnes  fe  mirent  quelques  jours  auparavant  en  mouvement  fur  les  confins 
du  côté  de  Pefchiera,  Place  forte  du  reflbrt  de  la  République  de  Venilé.  On 
comparoit  ces  Troupes  à  des  Oifeaux  de  proïe  ,  qui  voltigent  pour  furpren- 
dre  quelque  chofe.  La  République  y  envoïa  du  Renfort,  &  même  le  Géné- 
ral Molino,  pour  veiller  à  fa  confervation.  Par  un  artifice  fecret  on  fit  inû- 
nuër  à  divers  Cours  que  ces  mouvemens  fe  faifoient  de  concert  avec  la  Répu- 
blique, qui  permettoit  que  la  Ville  de  Vérone  fut  emportée  comme  par 
force.  C'étoit  afin  que  les  François  fuffent  plus  à  portée  d'arrêter  les  Im- 
périaux. Cependant,  ledit  cinq  d'Avril  ces  Troupes  parurent  autour  de  Man- 
touë ,  ou  elles  occupèrent  les  polies  les  plus  avantageux.  Deux  Officiers  y 
'entrèrent  avec  deux  Lettres.  L'une  pour  le  Queiteur  Cafado  ,  Envoie  d'Ei- 
pagne ,  connu  enfuite  à  la  Paix  d'CJtrecht  £c  à  l'Ambarlade  d'Angleterre 
fous  le  Nom  de  Marquis  de  Monteleon.  L'autre  étoit  pour  l'Envoie  de 
France  Audifret.  Il  y  en  avoit  une  du  Prince  de  Vaudemont  au  Duc  de 
Mantouë  de  la  teneur  fuivante. 

„    S  ERE- 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  AT.  4fi 

Serenissime  Prince. 


1701. 


5» 

Lettre 

SUr  la  neceflîté  preflante  qu'on  trouve  de  mettre  dans  vôtre  Ville  Capi-  duPrin- 
tale  une  Garnifon  fufhTante  des  Troupes  des  deux  Couronnes,  pour  la  yauje. 
]]  defence  de  cet  Etat  6c  de  toute  l'Italie,  dans  laquelle  la  fureté  6c  la  con-  mont  au 
„  fervation  des  Etats  de  Vôtre  Altefle  font  particulièrement    concernées ,  Duc  de 
„  puis  que  le  defTein  principal  que  les  Allemans  ont  en  venant,  eft  de  fe  ren-  Man_ 
„  dre  Maîtres  de  Vôtre  Ville,  &  d'oprimer  en  fuite  Vôrre  Altefle  auflî  bien  ouc" 
,.  que  les  autres  Princes  Souverains,  Mr.  le  Comte  deTefl'é,  Général  des 
Troupes  Auxiliaires  de  Sa  Majefté  Très-Chrétienne  en  Italie  fe  met  en  che- 
min avec  un  Corps  d'Armée  pour  aller  vers  Vôtre  Capitale,  afin  d'y  met- 


5> 


55 
» 

n 

55 
55 
55 
J) 
55 

r> 
» 
55 
w 
5» 
55 
55 
s» 

55 

î» 
>» 

55 

55 

59 


tre  la  quantité  de  Troupes  qu'il  jugera  neceflaires ,  pour  éviter  par-là  les 
grands  préjudices  qui  en  pourroient  refulter  fi  on  faifoit  autrement.  Ainfi 
je  fuplie  instamment  Vôtre  Altefle  de  permetre  que  ce  Comte  puifle  le  fai- 
re fans  perte  de  tems,  parce  que  la  moindre  répugnance,  que  Vôtre  Altefle 
témoignera  à  aquiefeer  à  une  demande  fi  juffe  6c  fi  neceflaire,  fera  caufe 
que  Vôtre  Altefle  verra  la  ruine  totale  de  l'es  fujets,  puis  qu'il  fera  necef- 
laire de  n'avoir  aucun  égard  aux  exeufes  ou  prétextes  que  Vôtre  Altefle 
pourrait  alléguer  ,  afin  d'effectuer  une  Réfolution  fi  jufte  6c  fi  falutaire  , 
qui  engage  l'honneur  des  deux  Monarques ,  qui  fe  font  mis  en  defenfe  pour 
le  repos  6c  la  liberté  de  toute  l'Italie.  Je  ne  doute  point  que  Vôtre  Altefle 
reflechiflant  meurement  fur  la  ruine  inévitable,  à  laquelle  Elle  feroit  expo- 
fée  par  fon  refus  ,  ne  donne  les  mains,  félon  fa  prudence  ,  à  cette  deman- 
de. On  a  nommé  Mr.  Audiffiet  6c  le  Quefteur  Cafado  ,  afin  de  convenir 
au  Nom  des  deux  Rois  des  Capitulations,  qui  fembleront  les  plus  conve- 
nables à  Vôtre  Altefle,  pour  l'introduction  des  Troupes  pour  la  defenfe  de 
la  place,  6c  pour  une  plus  grande  fureté  de  vos  fujets.  Vôtre  Altefle  peut 
s'aîfûrer  qu'outre  tous  les  égards  imaginables  qu'on  aura  pour  Elle ,  la  Ré- 
folution indifpeniàble  ,  que  Vôtre  Altefle  doit  prendre  fans  le  moindre 
délai ,  engagera  les  deux  Monarques  à  une  particulière  reconnoiflànce. 
Dieu  veiuUe  la  conferver  longues  années ,  6c  je  baife  les  mains  à  Vôtre 
Altefle. 

Serenissime   Seigneur, 

Vôtre  fort  obligé  6c  fort  fidèle  Seniteur, 

Charles  Henry  de  Lorraine, 

À  Milan  le  premier  d'Avril  1701. 

Il  y  en  avok  une  autre  du  Général  Tcfle  conçue'  en  ces  termes. 

„  MON- 


1 


4fi     MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 


ï?0î. 


«MONSEIGNEUR, 


T'Ai  cherché  jufques  à  prefent  tous  les  moïens  pofllbles  de  marquer  mon 
J   relpeû  &  mon  attachement  pour  Votre  Alteflè  Sereniflîme  ;  mais  je  la 


tinte. 


Lettre 

du  Corn- 

te  de        " 

Tefle  au  "   , 

Duc  de    ?>  luplie  présentement ,  1  ans  rien  diminuer  du  même  relpect  ni  des  mêmes 

Min-       „  fentimens,  de  me  permettre  de  lui  écrire  au  nom  du  Roi  mon  Maître  5c 
„  du  Roi  Catholique  lbn  petit-Fils.     Vôtre  Alteflè  Sereniflîme  n'ignore  pas 
„  que  dans  la  dernière  Guerre  le  Roi  mon  Maître  n'a  rien  oublié  pour  le  re- 
„  pos  de  l'Italie,  8c  qu'il  a  préféré  au  fuccès  aparent  de  les  Armes,  la  joie  de 
„  pouvoir  laiflèr  les  Princes  de  ladite  Italie  dans  l'état  de  Souveraineté  légiti- 
me ,   li  troublée  par  les  Troupes ,  les  Quartiers  d'Hyver,  &  les  Ibmmes 
exorbitantes ,  que  ceux  qui  commandoient  les  Armes  de  Sa  Majefté  Impé- 
riale ,  ont  tirées  de  leurs  Etats  :  Vôtre  Alteflè  même  6c  fes  Peuples  ont  ref- 
fenti  la  pefanteur  de  cette  Guerre. 

„  Préfentement,  Monfeigneur,  que  par  la  marche  des  Troupes  Impériales 
dans  le  Tirol ,  l'on  ne  peut  plus  douter  que  les  mêmes  malheurs  ne  foient 
prêts  de  recommencer,  le  Roi  mon  Maître  m'a  commandé  de  m'avancer 
fur  les  Etats  de  Vôtre  Alteflè  ,  avec  un  Corps  de  Troupes  aflèz  conïîdera- 
blc,  non  feulement  pour  empêcher  que  les  Impériaux  ne  s'en  rendent  les 
Maîtres ,  mais  encore  pour  préferver  vôtre  Perfonne  &  vos  Peuples ,  dev 
rinvafion  dont  ils  font  menacés.  J'ai  ordre  d'y  faire  vivre  fes  Troupes  avec 
touteeJa  régie  polïïble,  ce  de  témoigner  à  Vôtre  Alteflè  l'eftime  ÔC  l'ami- 
tié que  le  Roi  mon  Maître  a  pour  vous  8c  pour  tome  vôtre  Maifon.  Mr. 
le  Prince  de  Vaudemont  a  les  mêmes  Ordres  du  Roi  Catholique  ,  8c  c'elt- 
pareillement  en  fon  nom  que  j'ai  celui  de  vous  propofer  ce  qui  fuit  &  de 
„  vous  y  déterminer.  Je  dis  déterminer,  Monfeigneur,  parce  que  le  tems  ell 
preflant,  &  que  mes  ordres  font  précis. 

„  Je  ne  vous  cacherai  donc  pas  ,  Monfeigneur  ,  que  je  marche  à  Caftel- 
luccio  avec  dix  mille  hommes  8c  un  train  d'Artillerie,  Se  que  je  fais  fui- 
vie  le  fufdit  Corps  de  dix  mille  hommes  d'un  autre  plus  grand  ;  Que  vos 
Etats  &  vôtre  Capitale  font  entourez  de  tout  ce  qui  eft  neceflàire  pour  un 
fiége,  6c  que  je  fuplie  Vôtre  Alteflè  Sereniflîme  de  faire  reflexion  aux  mal- 


33 

33 

•n 

35 

35 

55 
55 
55 
55 
55 
35 
J3 
35 
53 


33 


3» 
33 


3> 


„  heurs  que  fouffriroient  vos  Peuples,  fl  par  une  bonté  de  vous  pour  eux, 
„  Vôtre  Sagcflè  ne  les  préfervoit  de  la  ruine  inévitable  d'un  fiége  ,  de  la  de- 
.„  folation  du  plat-Païs,  6c  de  l'effet  funefte  des  Bombes  6c  du  Canon  fur  vô- 
,,  tre  Capitale.  C'efl  pour  éviter  toutes  ces  difgraccs,  que  je  me  fuis  fimple- 
„  ment  avancé  avec  dix  mille  hommes  6c  de  l'Artillerie  ,  me  contentant  de 
„  faire  fuivre  le  refle  avec  un  plus  gros  équipage  de  Bombes  6c  d'Artillerie  , 
„  8c  que  j'ai  ordre  de  vous  demander  la  permiflîon  de  faire  entrer  dans  Vôtre 
„  Capitale  les  Troupes  du  Roi  mon  Maître  6ç  du  Roi  fon  petit-Fils.  Com- 
_,,  me  Vôtre  Alteflè  Sereniflîme  a  auprès  d'Ellc  les  Miniftres  des  deux  Rois , 
„  je  la  fuplie  de  faire  apeller  Mr.  d'Audiffret  6c  Mr.  de  Cafado  pour  écouter 
„  les  propofitions  que  lefdits  Miniftres  vous  feront ,  6c  dont  je  leur  envoie 
K  préfentement  à  chacun  ,  une  Inftruélion  des  Rois  leurs  Maîtres,  me  reièr- 

„  vaut 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.  ffi 

vant  de  vous  promettre  que  tout  ce  qu'ils  pourront  avoir  réglé  avec  Vôtre   1701, 

AltefTe  6c  fes  Miniltres,  léra  fidèlement  exécuté,  tant  de  la  part  des  Rois ,  

dont  je  leur  envoie  les  pleins  Pouvoirs,  que  de  celle  de  Mr.  le  Prince  de 
Vaudemont ,  &  de  moi ,  qui  avons  l'honneur  de  commander  leurs  Ar- 
mes. 

„  Comme  les  momens  font  précieux  ,  je  fuplie  Vôtre  AltefTe  de  faire  re- 
flexion qu'en  prenant  le  bon  parti  que  je  propofe  &  qui  eft  fi  necefTaire  , 
elle  aura  la  floire  de  donner  le  repos  à  l'Italie  j  ne  croïant  pas  qu'à  la  pre- 
mière nouvelle  de  l'occupation  d'un  Polie  fi  important,  Sa  Majefté  Impé- 
riale veuille  continuer  les  Projets  de  l'opprefiion  de  l'Italie  ,  fur  laquelle  le 
Roi  mon  Maître  n'a  nulle  pretenfion,  ni  le  Roi  Catholique  ,  que  celle  de 
conferver  le  Patrimoine  de  la  Couronne  d'Efpagne  >  comme  auifi  que  Vô- 
tre AltefTe  auroit  là  douleur  de  voir  la  defolation  de  fes  fujets  6c  de  fon 
Pais ,  fi  Elle  ne  vouloit  bien ,  comme  je  l'efpere  ,  les  en  preferver  par  le 
Traité  que  je  lui  propofe.  J'attends  vos  decifions ,  Monfeigneur,  fur  lef- 
quelles  je  prendrai  mon  parti  d'agir,  avec  douleur  ,  offenfivement.  Je  la 
fuplie  au  Nom  des  Rois  qui  m'ont  chargé  de  cette  Commiffion,&  au  nom 
,  de  vos  Peuples ,  de  longer  ferieulément  à  vôtre  confervation  &  à  la  leur. 


■>■> 

11 
5) 
5? 
11 

11 
11 

11 
11 
11 
11 
11 


11 

11 


Pour  moi 
vous  témoi 


moi ,  Monfeigneur,  je  chercherai  toutes  les  occafions  polfibles  de 
émoigner  le  profond  refpeét,  avec  lequel  j'ai  l'honneur  d'être, 

Monseigneur,  Ofâtifti 

De  Vôtre  AltefTe  Serenifiîme, 

Le  très-humble  6c  très-obéïfTant  Serviteur, 

T  e  s  s  i. 

Du  Camp  de  Caftelluccio,  ce  5".  Avril  1701.,  à 
deux  heures  avant  jour. 

Le  Duc  deMantouë  tint-là-defTus  un  Confeil,  à  la  fin  du  quel  on  préféra 
une  Garnifon  Françoife  6c  Efpagnole  à  l'Interdit  contenu  dans  les  Lettres ,  6c 
ainfi  les  Portes  leur  furent  ouvertes. 

Lorfque  la  Cour  Impériale  en  reçût  l'avis  Elle  en  fut  fort  irritée.  C'eft 
d'autant  plus  que  L'Abbé  Tanteni ,  Envoie  du  Duc  auprès  d'Elle  ,  affû- 
roit  l'Empereur  de  bonnes  intentions  du  Duc.  Auflî  envoïa-t-on  ordre  quel- 
que peu  de  tems  après  audit  Abbé  de  fortir  dans  24.  heures  de  Vienne  6c  dix 
jours  des  Etats  de  Sa  Majefté  Impériale.  Ce  fut  fur  l'information,  que  pen- 
dant que  le  Duc  faifoit  affurer  la  Cour  Impériale  de  fon  Attachement  à  Elle, 
il  traitoit  avec  les  Envoiez  de  France  6c  d'Efpagne  pour  leur  livrer  fa  Capita- 
le. On  fut  même  que  c'étoit  le  Marquis  Baretta  ,  connu  dans  la  fuite  dans 
fon  Ambaflàde  en  SuifTe  6c  après  en  Hollande,  fous  le  Nom  du  Marquis  Be- 
retti-Landi,  qui  avoit  le  plus  porté  avec  Fiani  le  Duc  de  Mantouë  à  cette 
manœvre.  On  fut  même  eclairci ,  que  la  conclufion  s'en  étoit  faite  moïennant 

l'ouï.  I.  .  lii  la 


Ï70I 


4f4     MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

la  fomme  de  foixante  mille  pifloles  en  comptant,  Sç  trente  fix  mille  Ecus  par 
■  mois,  pour  païcr  la  garnifon  de  quatre  mille  François  ou  Espagnols.  Cet  oit 
fans  conter  les  gratifications,  que  ce  Marquis  Se  Fiani  en  eurent ,  qui  mon- 
tèrent paflablcment  haut.-  C'clt  d'autant  plus  qu'il  fit  valoir  l'importance 
de  la  Ville  de  Mantouë,  qu'il  a  qualifié,  par  ion  Mémoire  donné  aux  Etats 
Généraux  le  20.  de  Septembre  1717.  du  Nom  de  la  Citadelle  d'Italie,  Pour 
donner  quelque  prétexte  à  l'occupation  de  cette  Ville,  on  publia  que  c'étoic 
pour  prévenir  les  Impériaux ,  qu'on  fupofoit  avoir  le  defièin  d'y  entrer.  Le 
Marquis  Baretta  ,  pour  cacher  toute  la  Négociation ,  fut  envoie  à  Rome 
pour  faire  au  Pape  la  demande  d'un  fecours  d'hommes  6c  d'argent  pour  garan- 
tir la  Capitale  du  Duc.  L'Ambaffadeur  de  Venife  l'apuïa  même  auprès  du 
Pape,  dans  la  croïanec  que  cette  démarche  fe  faifoit  avec  fincénté.  Mais, 
pendant  la  Négociation,  ce  Marquis  préfenta  au  Pape  une  Lettre  du  Duc 
fur  la  nécefiké ,  où  fon  Maine  s' étoit  trouvé  d'aquieicer  aux  Demandes  des 
François.  Il  apuïa  de  fon  mieux  les  exeufes  de  fon  Maître.  Il  allégua  que  le 
Marquis  Obizzi,  &  le  Comte  de  Caftel- Barco  ,  faifoient  des  Cabales  dans 
Mantouë  dans  le  tems  qu'elle  étoit  invertie  par  ces  Troupes  étrangères.  Il 
repréfenta  que  les  Sujets  de  fon  Maître  auraient  été  expofez  à  tout  ce  que  la 
licence  des  Soldats  pouvoit  exercer  fur  des  gens  qu'on  veut  foûmcttre  cVc.  Le 
Pape,  qui  ië  voïoit  joué,  ne  répondit  pas  beaucoup  au  Marquis,  qui,  après 
un  tel  rolle ,  partit  pour  s'en  retourner  à  la  Cour. 

Après  cette  Expédition,  on  mit  des  Garnifons  dans  d'autres  Places,  que  la 
crainte  fit  recevoir.  On  en  vouloit  même  à  Berfcllo,  Place  importante  apar- 
tenant  au  Duc  de  Modene.  On  envoïa  vers  ce  Prince  le  même  Cafado,  qui 
avoit  négocié  en  partie  la  Reddition  de  Mantouë.  Comme  il  ne  reùïliiîbit 
pas,  le  Cardinal  d'Etrée  y  alla  en  perfonne.  Comme  le  Duc  de  Modene  af- 
feérait  de  vouloir  être  neutre-,  le  Cardinal  lui  montra  une  Lettre  que  ce  Prin- 
ce avoit  écrite  de  fit  propre  main  à  l'Empereur,  &  qui  avoit  été  interceptée. 
Par  icelle  le  Duc  l'afluroit  qu'il  ferait  toujours  attaché  aux  Intérêts  de  laMai- 
fon  d'Autriche.  Le  Duc  n'en  fut  point  ému;  &cy  avec  une  réiblution  mâle, 
il  dit  ouvertement  au  Cardinal,  qu'il  ne  démentirait  point  la  Lettre  ,  &  que 
fon  defTein  étoit  conforme  au  contenu  d'icelle.  Aufîï,  quelque  tems  après, 
remit-il  Berfello  aux:  Impériaux.  Il  félicita  cependant  le  Roi  de  France  fur 
l'Avènement  de  fon  Petit -Fils  à  la  Courronne  d'Efpagne.  Le  Duc  de  Sa- 
voie fut  des  premiers  à  s'aquiter  de  cette  Civilité  ,  même  en  des  termes  qui 
marquoient  une  grande  déférence,  èc  une  joïe  extraordinaire.  Le  Roi  d'An- 
gleterre fit  une  pareille  Démarche  au  départ  du  Comte  de  Tallard  ,  qui  s'en 
ictourna  en  France.  Il  l'auroit  faite  eu  même  tems  que  les  Etats  Généraux, 
i:  le  Roi  d'Efpagne  lui  eut  fait  la  même  Notification  par  Lettre,  qu'il  avoit 
fait  à  ces  Etats-là. 

Cette  Reconnoifiance  ne  facilita  point  les  Négociations  avec  le  Comte 
d'Avaux.  Celui-ci  afteéïa  un  filence,  dans  la  vue  que  les  Etats  Généraux-ôc 
l'Angleterre  feraient  quelque  pas.  D'ailleurs,  il  attendoit  de  voir  comment 
le  Parlement  d'Angleterre  prendrait  les  choies.  Elles  tournèrent  cependant 
au  fouhait  du  Roi.  Comme  ce  Prince  avoit  ailiiré  les  Chambie  des  Commu- 
kcs  qu'il  continuerait  à  faire  part  au  Parlement  du  progrès  de  la  Négociation 

qui 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.         4^ 

qiti  Ce  faifoit  en  Hollande  ,  Se  qu'il  rccevroit  toujours  volontiers  Ton  avis  là-  1701. 
dcilus,  pour  s'en  aquitter,  il  envoia  le  Meflàge  luivant  aux  Communes.  "— — » 

„  GUILLAUME    ROI. 

„   ÇA  Majefté  aïant  reçu  avis  du  Sr.  Stanhope,  Ton  Envoie  Extraordinaire 
„  Cj  à  la  Haïe,  que  l'Ambaftadeur  de  France  en  ce  lieu-là  avoit  déclaré  à 
„  Mr.  le  Couleiîler-Penfionnaire  que  le  Roi  ion  Maître  n' avoit  point  d'autre 
„  Réponfe  à  faire  aux  Demandes  des  Etats  Généraux  des  Provinces  -  Unies, 
,,  fi  non  qu'il  étoit  prêt  à  renouveller  Se  confirmer  le  Traité  de  Rifwick,  les 
„  Etats  ne.  devant  point  s'attendre  à  d'autres  furetez ,  Se  qu'il  n' avoit  point 
„  d'ordre  de  donner  d'autre  reponfe  audit  Envoie  de  Sa  Majefté  ;  mais  que  fi 
„  Sa  Majefté  avoit  quelque  chofe  à  demander ,  Elle  pouvoit  le  faire  pat  fon 
„  Ambaiîadeur  à  Paris  ou  par  le  Miniftre  de  France  à  Londres,  Se  qu'il  n'a- 
,,  voit  point  de  Commifiîon  de  traiter  avec  perfonne  hormis  avec  les  Etats. 
„  Et  Sa  Majefté  aïant  aufîi  reçu  deux  Rélblutions  des  Etats,  8c  un  Mémoire 
„  de  leur  Envoie  au  liijet  des  Vaifleaux ,  qu'ils  envoient  pour  joindre  la  Flot- 
„  te  de  Sa  Majefté,  &  des  fecours  qu'ils  prient  qu'on  ié  hâte  de  leur  envoies 
„  en  vertu  du  Traité  fait  le  $.  Mars  167?.,  Sa  Majefté  a  trouvé  à  propos  de 
„  communiquer  le  tout  à  cette  Chambre,  afin  qu'ils  puiffent  être  particu- 
„  lierement,  informez  de  l'état  prefent  des  Affaires  hors  du  Roïaume,  où  les 
.  „  Négociations  femblent  être  terminées  par  la  Reponfe  pofitive  quel'Ambaf- 
„  fadeur  de  France  a  donnée  aux  Etats.     Ce  que  Sa  Majefté  recommande  à 
„  la  confideration  ferieuiê  de  cette  Chambre  ,  comme  une  Affaire  du  plus 
„  grand  poids  Se  de  la  dernière  confequence,  fouhaitant  que  la  Chambre  dori- 
„  ne  fon  avis  à  Sa  Majefté  là-deflus ,  pour  nôtre  propre  fureté  ,    pour  celle 
„  des  Etats  Généraux,  Se  pour  la  Paix  de  toute  l'Europe. 

Les  deux  Réfolutions,  dont  il  eft  parlé  dans  ce  Mefiage  ,  étoient  de  la 
teneur  fuivante. 

Le  Lundi  4.  Avril  1701. 

»  A  Près  une  préalable  Délibération ,  il  a  été  trouvé  bon. qu'on  écriroit  à  Réfolu- 
„  <L\-  Sa  Majefté  de  la  Grande-Bretagne,  que  Sa  Majefté,  comme  Ami-  g0^^ 
„  rai-Général  de  l'Etat,  aïant  trouvé  bon  d'alîigner  les  Dunes  pour  un  Ren-  À 
„  dez- vous  des  Navires  de  l'Etat,  qui  feront  équipez,  LL.  HH.  PP.  avoient 
„  été  averties  par  le  Lieutenant- Amiral  d'Almonde,  auflî-bien  que  par  d'au- 
„  très,  que  le  fond  aux  Dunes  étant  fort  pierreux  ,  Se  les  Anchres  de  l'Etat 
„  étant  plus  grandes,  que  celles  des  Anglois,  ne  pouvoient  y  prendre  fond: 
,,  ainfi,  dans  la  prefente  Saifon,  il  feroit  dangereux  pour  lefdits  Navires,  Se 
„  courraient  rifque  de  perdre  leurs  Anchres,  Se  de  tomber  dans  de  grands  in-, 
„  conveniens.  C'eft  pourquoi  on  donnoit  à  penfer  à  Sa  Majefté  fi  Elle  ne 
„  trouveroit  pas  bon  d'affigner  ledit  Rendez-vous  à  laBaïe  deSte.  Hclcne  au 
„  lieu  des  Dunes.     Que  cependant  LL.  HH.  PP.  écrivaient  aux  Collèges  de 

Iii  i  „  l'Ami- 


Avii!. 


4?6      MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

ttoi.  „  l'Amirauté  d'envoicr  aux  Dunes  les  Navires  qui  étoient  prêts  ,  pour  y  at- 

~~ „  tendre  les  ordres  de  Sa  Majeflé.     Qu'on  donnerait  connoifîance  aux  Col- 

„  leges  refpeéiifs  de  l'Amifaute,  &  on  leur  écriroit  de  donner  ordre  aux  Na- 
„  vires  qui  étoient  prêts,  chacun  félon  (on  contingent  dans  l'Armement  ex- 
„  traordinaire,  de  mettre  fans  délai  à  la  voile,  le  vent  pouvant  fer vir  ,  &  de 
„  fe  rendre  aux  Dunes  pour  y  attendre  d'ultérieurs  ordres  de  Sa  Majeflé. 
1%  Que  lefdits  Collèges  de  l'Amirauté  aient  tout  le  foin  imaginable  de  prepa- 
„  1er  avec  toute  la  diligence  pofHble  les  Navires  qui  n'étoient  pas  prêts,  & 
„  qui  font  deftinez  pour  cet  Armement  extraordinaire,  &  de  les  faire  partir 
„  fins  perte  de  tems  pour  aller  au  Rendez-vous.  D'ailleurs  qu'ils  aient  à  ré- 
„  crire  ce  qu'ils  auront  fait ,  &  dans  quel  état  étoient  les  Navires,  qui  de- 
„  voient  être  refpeétivement  armez  ,  6c  quand  ils  feraient  prêts.  "  D'ailleurs 
„  qu'on  chargerait  lefdits  Collèges  refpeéiifs  de  l'Amirauté,  de  préparer  ou- 
„  tre  ledit  armement  extraordinaire,  encore  dix-fept  Navires  de  Guerre, 
„  pour  être  équipez  5c  pouvoir  mettre  en  Mer  au  premier  ordre  de  LL. 
„  HH.  PP.  Et  finalement  que  lefdits  Collèges  de  l'Amirauté  avertiront  LL. 
„  HH.  PP.  fi  &  quand  les  Frégates  équipées  fur  les  revenus  courans  des  Col- 
„  leges,  font  envoiées  au  rendez-vous  à  Wielinguen,  &  fi  Elles  n'y  font  pas 
„  encore  envoiées ,  d'avoir  foin  qu'EUes  mettent  fans  perte  de  tems  à  la 
,,  voile. 

L'au  tre  Réfolution  prifè  le  même  jour  étoit  de  la  forte. 

Autre      „     \  Près  une  préalable  Délibération  il  a  été  trouvé  bon  &  arrêté  que  lé 

Refolu-    ^  £\   Contre- Amiral  de  Boer,  qui  fe  trouve  à  prefent  à  Wielinguen  fera 

E°G  du  55  chargé  ainfi  qu'il  eil  chargé  par  les  prefentes  d'avoir  1,'ceil  avec  les  Navires 

1  Avril.  „  ou  Frégates  ,   qui  y  font  fous  fon  Commandement  ,  ou  qui  y  feront  en- 

„  voiées,  &  de  prendre  garde  à  ce  qui  s'y  paflera  aux  environs}  &  qu'au  cas 

„  que  contre  toute  attente  on  vint  à  entreprendre  quelque  cholè  contre  l'E- 

,^  tat  ou  fes  Sujets ,  de  repoufier  la  force  par  la  force,  &:  d'éviter  les  hoftili- 

„  tez,  autant  qu'il  fera  pofiîble,  fe  fervant  en  toute  occafion  des  Soldats  6t 

„  Matelots,  ôc  que  d'ailleurs  ils  fui vra  les  ordres  qui  lui  feront  envoiez  par 

„  LL.  HH.  PP.,  ou  par  Sa  Majeflé  de  la  Grande-Bretagne  ,  comme  Ami- 

,,  rai-Général. 

Comme  le  Mémoire  de  l'Envoie  Extraordinaire  des  Etats  Généraux  ne 
rouloit  que  fur  le  fecours  fuivant  les  Traitez  ,  on  kur  en  produifit  celui  qui 
étoit  detènfif,  fait  avec  le  Roi  Charles  Second  en  167?.  On  y 
ajouta  celui  fait  en  168p.  où  le  premier  étoit  confirmé  avec  d'autres.  Voici 
le  premier. 

Traité  /^Orarne  ainfi  foit,  que  le  Sérénifiîme  Roi  de  la  Grande-Bretagne,  outre 
d'Allian-  ^^  jes  engagemens  étroits  dans  lefquels  il  cil  déjà  entré  avec  les  Etats  Gé- 
cntrel'e  néraux  des  Provinces-Unies  pour  la  confervation  des  Pais -Bas  Eipagnols  & 
Roi  l'apui  des  Intérêts  communs  de  cette  partie  de  l'Europe  ,  auroit  fort  déliré 
•v Angle-  d'entrer  en  même  tems  dans  une  perpétuelle  Ligue  defenfïve  avec  lefdits  E- 

tats 


ET    RESOLUTIONS    D\E  T  A  T.         477 

tats  pour  la  confervation  mutuelle  l'un  de  l'autre  ,  leurs  Sujets  &  Etats,  con-  1701. 
tre  tous  ceux  qui  voudraient  entreprendre  de  les  attaquer  ou  moleftcr:  &  f 
comme  lefdits  Etats  étant  de  leur  part  égalemeut  defireux  d'entrer  dans  ledit  cHAR_ 
lien  perpétuel  d'un  Traité  defenfif  avec  Sa  Majefté  auraient  donné  pouvoir  les  IL, 
au  Sieur  van  Beuningen  leur  Ambafladeur  auprès  de  ladite  Majefté  de  traiter  &la  Ré- 
&  conclurre  ladite  Alliance,  fadite  Majefté  aïant  nommé  pour  Commiflaires  Ç"bpque 
de  la  part,  Meilleurs  Heneage  Baron  Finch  Grand  Chancelier  d'Angleterre,  vjnces." 
Thomas  Comte  de  Damby  Grand  Treforier  d'Angleterre  ,    Henry  Comte  Unies 
d'Arlington  Chambellan  de  la  Maifon  du  Roi,  Henry  Coventry  Ecuïer,  6c  desPaïs- 
Jofeph  Williamfon  Chevalier,  Premiers  Secrétaires  d'Etat  &  des  Comman-  "^j7en 
démens  de  fadite  Majefté  ,  lefdits  Commiflaires  6c  ledit  Ambafladeur  après      ' s* 
plufieurs  Aflemblées  6c  Conférences  ont  en  vertu  de  leurs  pouvoirs  refpeétifs , 
Copies  defquels  font  inférées  à  la  fin  de  ces  Préfentes  ,  arrêté  6c  conclu  ce 
qui  s'enfuit. 

I.  TL  y  aura  à  l'avenir  entre  le  Roi  ,  6c  fes  Succefleurs  Rois  de  la  Grande- 
J.  Bretagne  ,  6c  fes  Roïaumes  d'une  part ,  &  les  Seigneurs  Etats  Géné- 
raux des  Provinces  Unies  des  Païs-Bas  d'autre,  &  leurs  Etats  &  Terres  appar- 
tenantes 6c  leurs  Sujets  réciproquement ,  une  fincere  ferme  6c  perpétuelle 
Amitié  6c  bonne  Correfpondence  tant  par  Mer  que  Terre,  en  tout  6c  par 
tout,  tant  dehors  que  dedans  l'Europe. 

II.  De  plus  il  y  aura  entre  Sa  Majefté ,  fes  Succefleurs  Rois  de  la  Grande- 
Bretagne  6c  fes  Roïaumes,  6c  lefdits  Seigneurs  Etats  Généraux  6c  leurs  Etats 
6c  Terres  appartenantes,  une  Alliance  étroite  ,  6c  fidèle  Confédération  pour 
fe  maintenir  6c  conlérver  mutuellement  l'un  l'autre  en  la  tranquilité,  Paix, 
amitié  6c  neutralité  par  Mer  6c  par  Terre  ,  6c  en  la  pofleflion  de  tous  les 
droits,  Franchifes  6c  libertez,  dont  ils  jouïflent,  ou  ont  droit  de  jouir,  ou 
qui  leur  font  acquis  ou  qu'ils  acquerront  par  des  Traitez  de  Paix,  d'Amitié, 
6c  de  Neutralité,  qui  ont  été  faits  ci-devant  6c  qui  feront  faits  ci-après  con- 
jointement  ,  6c  de  commun  concert  avec  d'autres  Rois ,  Republiques, 
Princes  ,  6c  Villes  ,  le  tout  pourtant  dans  l'Etendue  de  l'Europe  feule- 
ment. 

III.  Et  ainfi  ils  promettent  6c  s'obligent  de  fe  garantir  l'un  l'autre  non  feu- 
lement tous  les  Traitez,  que  Sa  Majefté  6c  lefdits  Seigneurs  Etats  Généraux 
ont  déjà  faits  avec  d'autres  Rois,  Republiques,  Princes,  6c  Etats ,  lefquels  fe- 
ront exhibez  de  part  6c  d'autre  avant  l'Efchange  des  Ratifications  }  mais  auflî 
tous  ceux  qu'ils  pourront  faire  ci-après  conjointement  ,  6c  de  commun  con- 
cert, Se  de  f;  défendre,  affilier  6c  conferver  réciproquement  dans  la  poileilîon 
des  Terres,  Villes, &  Places  qui  appartiennent  prefentement  6c  qui  appartien- 
dront ci-après ,  tant  à  Sa  Majefté  &  fes  Succefleurs  Rois  de  la  Grande-Bre- 
tagne, qu'auxdits  Seigneurs  Etats  Généraux  par  lefdits  Traitez  en  quelque  en- 
droit de  l'Europe  que  lefdites  Terres,  Villes,  6c  Places  foient  fituees,  en  cas 
qu'en  tout  ce  que  defllis  ,  Sa  Majefté  ou  lefdits  Seigneurs  Etats  Généraux 
viennent  à  être  troublez  ou  attaquez  par  quelque  hoftilité  ou  Guerre  ouverte, 
par  qui,  ou  fous  quelque  prétexte  que  ce  puifle  être. 

Iii  3  IV, 


4f8     MEMOIRES,  NEGOCIATIONS,  TRAITEZ, 

1701.       IV.  L'obligation  réciproque  de  s'entre-aidcr6c  défendre  s'entend  auûï  pour 

■ être  Sa  Majefté  ce  lefdits  Seigneurs  Etats  Généraux ,  leurs  Païs  &  Sujets,  con- 

fervez  6c  maintenus,  en  tous  leurs  droits,  polfcrhonj,  itnmunircz,  6c  libertez, 
tant  de  Navigation  que  Commerce  6c  autres  quelconques  ,  tant  par  Mer  que 
par  Terre,  qui  le  trouveront  leur  appartenir  par  le  droit  commun  ou  être  ac- 
quis par  des  Traitez  faits  ou  à  faire  en  la  manière  fufdite  envers  6c  contre 
tous  Rois,  Princes,  Républiques,  ou  Etats }  en  forte  que  fi  au  préjudice  de 
ladite  tranquilité,  Paix,  Amitié,  &  Neutralité  préfente  ou  future  Sa  Majefté 
ou  lefdits  Seigneurs  Etats  Généraux  viennent  à  être  ci- après  attaquez,  ou  en 
quelque  autre  manière  que  ce  foit  troublez  en  la  pofTcflion  ,  Se  jouïflance  des 
Etats,  Terres,  Villes,  Places,  Droits,  Immunitez,  5c  libertez  de  Commer- 
ce ,  Navigation  ou  autres  quelconques,  dont  Sa  Majefté  ou  lefdits  Seigneurs 
Etats  Généraux  jouiïîènt  préfentement  ou  auront  droit  de  jouir  par  le  droit 
commun  ou  par  les  Traitez  déjà  faits  ou  qui  pourront  être  faits  comme  deflus, 
Sa  Majefté,  Se  lefdits  Seigneurs  Etats  Généraux  en  étant  avertis  6c  requis  l'un 
par  l'autre  ,  feront  conjointement  tout  leur  poftîble  pour  faire  ceffer  le  trou- 
ble ou  hoftilité  ,  Se  réparer  les  torts  ou  injures  qui  auront  été  faits  à  l'un  des 
Alliez. 

V.  Et  en  cas  que  ladite  Attaque  ou  trouble  foit  fuivie  d'une  Rupture  ou- 
verte ,  celui  des  deux  Alliez  qui  ne  fera  pas  attaqué  fera  obligé  de  rompre 
deux  Mois  après  la  première  requifltion  de  celui  d'entre  eux  qui  fera  déjà  en 
Rupture,  durant  lequel  tems,  il  fera  tous  devoirs  par  fes  Ambafladeurs  ou  au- 
tres Miniftres ,  pour  moïenner  un  accommodement  équitable ,  entre  l'Aggref- 
feur  ou  Turbateur,  6c  l'attaqué  ou  troublé,  6c  néanmoins  donnera  pendant 
ledit  tems  un  puiflant  fecours  à  fon  Allié ,  tel  qu'il  fera  convenu  par  des  Arti- 
cles feparez  entre  Sa  Majefté,  6c  lefdits  Seigneurs  Etats  Généraux  ;  lefquels, 
bien  qu'il  n'en  foit  fait  aucune  mention  au  préfent  Article, feront  tenus  6c  ob- 
fervez  comme  s'ils  y  étoient  inferez  ou  écrits  ,  demeurant  toutefois  après  le- 
dit tems  de  deux  mois  expirez  ,  au  choix  de  celui  des  Alliez  qui  fera  en 
rupture  de  continuer  à  jouir  du  fruit  du  même  fecours,  en  cas  que  la  con- 
joncture du  tems  6c  la  conftitution  de  fes  affaires ,  lui  en  fit  préférer  l'effet 
à  celui  de  la  rupture  ouverte  de  fon  Allié. 

VI.  La  Garantie  Réciproque  étant  de  cette  forte  établie  ,  6c  promifë  , 
lorfqu'un  des  Alliez  fera  attaqué  ou  troublé  ,  fi  l'Etat  des  Provinces  Unies 
venoit  à  l'être,  6c  fe  trouvoit  obligé  d'entrer  en  Guerre  ouverte,  Sa  Majefté 
fera  pareillement  obligée  de  rompre  avec  l'Aggrefléur  ou  Turbateur,  6c  d'em- 
ploïer  toute  fa  puiflance  6c  toutes  fes  forces  par  Mer  6c  par  Terre,  6c  les 
joindre  à  celles  defdits  Seigneurs  Etats  Généraux  quand  il  fera  jugé  à  propos 
pour  réduire  l'ennemi  commun  à  un  accommodement  honnête,  leur, 6c  équi- 
table avec  la  Grande-Bretagne  6c  lefdites  Provinces  Uunies. 

VII.  Et  en  ce  cas  les  Forces  de  Sa  Majefté  Britannique ,  6c  defdits  Sei- 
gneurs Etats  Généraux ,  agiront  conjointement  6c  feparement ,  fuivant  ce  qui 
lera  alors  plus  particulièrement  concerté  entre  fadite  Majefté,  6c  leldks  Sei- 
gneurs Etats  Généraux,  lefquels  aviferont  6c  refoudront  enfemblc  des  moïens 
4es  plus  propres  pour  incommoder  l'Ennemi  commun,  foit  par  voïe  de  diver.- 

fion 


ET    RESOLUTIONS    D'ETAT.         4rP 

fion  ou  autrement,  afin,  comme  dit  eft  ,  de  le  réduire  plutôt  à  un  accom-    1701. 
modemcnt.  -     ■  ■■ 

VIII.  Le  femblable  de  ce  qui  eft  contenu  aux  deux  Articles  immédiate- 
ment précedens,  fe  fera  par  lcfdits  Seigneurs  Etats  ,  en  cas  que  la  Grande- 
Bretagne  foit  attaquée  ou  troublée  en  la  manière  fufdite. 

IX.  Quand  une  fois  la  Guerre  fe  trouvera  ouverte  avec  les  deux  Alliez, 
fuivant  le  préibnt  Traité,  il  ne  pourra  être  fait  après  par  aucun  defdits  deux 
Alliez  aucune  fufpenfion  d'Armes  avec  celui,  qui  aura  eré  déclaré  Se  reconnu 
Ennemy,  que  conjointement ,  Se  d'un  commun  confentement. 

X.  Mais  le  cas  échéant  que  l'on  vint  à  entrer  en  Négotiation ,  foit  pour 
traiter  de  Paix  ou  de  Trêve  de  quelques  années,  Elle  ne  fe  pourra  commencer 
par  l'un  des  Alliez,  fans  la  participation  de  l'autre,  6c  fans  lui  en  procurer  en 
même  tems,  6c  auffi-tôt  qu'à  lui  même  la  faculté  6c  fecurité  requife  6c  nc- 
ceflàire  pour  envoïer  fes  Miniftrcs  fur  le  lieu  où  en  traitera,  comme  aufli  fans 
donner  fuccefiîvement ,  &  de  tems  en  tems ,  communication  de  tout  ce  qui 
fe  parfera  dans  ladite  Négociation  j  6c  ne  pourra  ni  l'un  ni  l'autre  paflèr  jufqu'à 
la  conclufion  de  ladite  Paix  ou  Trêve  fans  y  comprendre  fon  Allié ,  6c  le  fai- 
re remettre,  s'il  le  defire  ainfi,  dans  la  polfeflïon  des  Pais,  Terres  ou  Places, 
6c  jouïlïance  des  Droits  6c  Immunitez  qu'il  tenoit  &  dont  il  jouïlîbit  devant 
la  Guerre  6c  fins  ftipuler  de  l'Ennemi  commun  pour  l'Allié  les  mêmes  Droits, 
Immunitez,  exemptions,  6c  prérogatives  que  pour  foi-même  ,  fi  ce  n'eft  que 
les  Alliez  en  convinflènt  autrement. 

XL  II  fera  permis  à  celui  des  Alliez  qui  fera  attaqué  de  faire  des  Levées  de 
toutes  fortes  de  gens  de  Guerre  dans  les  Etats  de  l'autre  pour  fervir  dans 
leurs  Armées  de  Terre,  pourvu  que  cela  fe  falfe  fur  des  Capitulations  telles, 
que  les  parties  conviendront  entr'eux. 

XII.  Les  Ratifications  du  prefent  Traité  feront  données  en  bonne  forme 
6c  échangées  de  part  6c  d'autre  dans  l'efpace  de  quatre  femaines  à  conter  du 
jour  de  la  Signature. 

En  foi  de  tout  de  que  deflus  lcfdits  Sieurs  Commiflaires  6c  ledit  Sieur  Am- 
baflàdeur  ont  figné  les  Prefentes,  6c  y  ont  fait  appofer  le  Cachet  de  leurs 
Armes,    Fait  à  Weftminiter  ce  tioifieme  jour  de  Mais  de  l'an  167s7. 

Finch  C,  (L.  S.) 

Damby  (L.  S.) 

AvUngtoh  (L.  S.)  Beuningen  (L.  S.) 

H.Covcntiy  (L.  S.) 

y.  min&mfon  (  Lys.  ; 

Articles    Sepa.rez. 

I.  T   E  cas  de  l'Article  cinquième  venant  à  échoir  ledit  Seigneur  Roi  6c  fes 

1_»  SucceCeurs  6c  lefidits  Seigneurs  Etats  Généraux  feront  obligez  de  s'af- 

fifter  mutuellement  toutes  les  lois  qu'ils  feront  attaquez  ou  tiot.bkz,  ï\ir,fi 

qu'il 


40*0      MEMOIRES,  NEGOTI ATIONS,  TRAITEZ, 

*701-  qu'il  eft  plus  au  long  exprime  dans  ledit  Article,  d'un  Secours  ,  à  fçavbïr1, 
"  Sa  Majclté  Britannique  lefdits  Seigneurs  Etats  Généraux  de  dix  mille,  6c  lef- 

dits  Seigneurs  Etats  Généraux  Sa  Majefté  Britannique  de  fix  mille  Hommes 
d'Infanterie  bien  armez  fous  tels  Régiments,  Compagnies,  Colonels,  6c  au- 
tres Officiers  que  Sa  Majefté  &  lefdits  Etats  trouveront  à  propos  &  jugeront 
le  plus  propre  pour  une  telle  a-ffiftance,  6c  de  vingt  Vaiflèaux  de  Guerre  bien 
équipnez  &  pourvus}  6c  livreront  6c  entretiendront  ledit  Secours  aux  dépens 
de  celui  qui  l'envoïcra  pour  le  fervice  de  celui  qui  fera  attaqué. 

II.  Lorfque  la  néceffité  des  Affaires  fera  juger  6c  connoître,  que  le  Secours 
promis  6c  accordé  devra  être  augmenté,  ledit  Seigneur  Roi  6c  les  Seigneurs 
Etats  Généraux  tâcheront  d'en  convenir  enfemble. 

III.  Le  Secours  qui  fera  envoie,  fera  entièrement  fournis  au  Commande- 
ment 6c  ordre  de  celui  auquel  il  fera  envoie  pour  s'en  fèrvir,  6c  pour  le  tranf- 
porier  aux  lieux  où  bon  lui  femblera,  par  Eau  6c  par  Terre  ,  à  la  Campa- 
gne ,  aux  Sièges,  à  la  Garde  des  Places ,  6c  par  tout  où  la  néceffité  ou  l'uti- 
lité l'exigera. 

En  foi  de  quoi  les  Sieurs  Commiffiiires  du  Roi  de  la  Grande-Bretagne  Se  le 
Sieur  Ambaffadeur  des  Etats  Généraux  des  Provinces-Unies  ont  figne  les  pre- 
fents  Articles  feparez ,  6c  à  iceux  fait  appofer  le  Cachet  de  leurs  Armes.  Fait 
à  Weltminfter  ce  troifieme  jour  de  Mars  de  l'an  167a. 


Beumngen  (L.  S.) 


Finch 

(L.S.) 

Damby 

(L.S.) 

Arlington 

(L.S.) 

H.  Coventry 

(L.S.) 

J.  JVillïamfon 

(L.S.) 

V  01  c  1  le  Traité  d'Alliance  fait  en  1 6S9. 


COmme  après  plufieurs  Infractions  de  Paix  de  la  part  de  la  France,  le  Se- 
reniffime  Roi  de  la  Grande-Bretagne  6c  les  Hauts  6c  Puiffâns  Seigneurs 
_  les  Etats  Généraux  des  Provinces-Unies  des  Païs-Bas  fe  trouvent  conjoinéte- 


Traité 
.d'Ami- 
tié & 

ce  entre  ment  en  Guerre  contre  le  Roi  Très-Chrêtien ,  6c  lefdits  Seigneurs  Etats  Gè- 
le Roi  de  néraux  aïant  envoie  les  Sieurs  Alexandre  Schimmelpennick  vander  Oye, 
bGran-  Seigneur  d'Engelenburgh ,  Grand  Bailif  &  Dick-Grave  de  la  Ville  6c  Mayrie 
tissai*7  de  Bois-Ic-Ducj  Nicolas  Witfen,  Bourgemaître,  Confeiller  6c  Treforier  de 
MesÈ-  la  Ville  d'Amllerdanii  Guillaume  de  Naffau  Seigneur  d'Odyck  ,  Cortyene, 
tatsGé-  Seyft,  Dryburgen,  6c  Blickenburg,  Premier  Noble  6c  feprefentant  la  No- 
ijér.|ux  b]cipe  daris  ]es  Etats  6c  au  Confeil  du  Comté  de  Zelande  ;  Arnout  de  Citters 
vfnces-"  ci-devant  leur  Ambaffadeur  Ordinaire  en  Angleterre  ;  6c  Everhard  de  Weede 
Unies,  Seigneur  de  Weede,  Dyckvelt,  Ratcles,  6c  Seigneur  de  l'Affemblée  des  Etats 
du  14.  de  la  Province  d'Utrccht}  Députez  à  l'Affemblée  des  Etats  Généraux  6c  leurs 
*£ût  Ambaffadeurs  Extraordinaires  auprès  de  Sa  Majefté  de  la  Grande  Bretagne , 
*  9'  &  aïant  témoigné  leur  defir  par  lefdits  Ambaffadeurs  non  feulement  de  confir- 
mer 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.  461 

mer  tous  les  Traitez  d'Amitié  &  d'Alliance  qui  fubfiftent  entre  la  Couronne    170 1. 

-*T Angleterre  8c  lefdits  Etats  Généraux;  mais  encore  d'entrer  dans  autres  en-  

gagements  d'Alliance  plus  étroits  avec  fadite  Majefté  pour  le  maintien  &  la 
confervation  réciproque  de  leurs  Sujets  ,  Païs,  6c  Etats  ,  &  pour  réduire  le 
Roi  Très- Chrétien  à  une  Paix  jufte  &  raifonnable  ,  qui  puifle  rétablir  &  af- 
fermir le  repos  &  la  tranquillité  de  l'Europe,  8c  comme  lefdits  Etats  Géné- 
raux aïant  donné  pouvoir  auxdits  Ambafladeurs  Extraordinaires  de  traiter  8c 
conclure  ledit  Traité,  Sa  Majefté  fe  trouvant  dans  les  mêmes  fentimens,  èc 
voulant  bien  concourir  à  ce  deflein,  auroit  nommé  pour  Commiflaires  de  fà 
part ,  Meflîre  Thomas  Marquis  de  Carmarthen  Prefident  de  (on  Confeil  Pri- 
ve, George 'Marquis  de  Hallirax  Garde  du  Seau  Privé,  le  Comte  de  Shrews- 
bury  fon  Premier  Secrétaire  d'Etat,  Daniel  Comte  de  Nottingham  auflï  fon 
Premier  Secrétaire  d'Etat ,  8c  Thomas  Wharton  Ecuyer  Confeiller  en  fon 
Confeil  Privé  8c  Contrôleur  de  fa  Maifon  :  lefdits  Commiflaires  8c  lefdits 
Ambafladeurs,  après  plufieurs  Aflemblées  8c Conférences , ont  en  vertu  de  leurs 
Pouvoirs  refpeétifs,  Copies  defquels  font  inférées  à  la  fin  de  ces  prefêntes,  ar- 
rêté 8c  conclu  ce  qui  s'enfuit. 

j.  TL  y  aura  à  l'avenir  entre  le  Roi  de  la  Grande-Bretagne  8c  fes  Succef- 
J.  feurs,  Rois  de  la  Grande-Bretagne  8c  leurs  Roïaumes  d'une  part,  &c 
les  Seigneurs  Etats  Généraux  des  Provinces  -  Unies  des  Païs  -  Bas  d'autre ,  8c 
leurs  Etats,  Terres,  8c  Sujets  réciproquement ,  une  fincere, ferme,  8c  perpé- 
tuelle Amitié  8c  bonne  Correfpondance ,  tant  par  Terre  que  par  Mer  ,  en 
tout  8c  par  tout,  tant  dehors  que  dedans  l'Europe. 

II.  Et  pour  mieux  aflurer  cette  Amitié  8c  bonne  Correfpondance  ,  8c  ôter 
toutes  les  difficultez  qui  pourroient  naître  entre  les  deux  Parties  fous  quelque 
prétexte  que  ce  foit ,  il  eft  arrêté  8c  convenu  entre  ledit  Seigneur  Roi  de  hf. 
Grande-Bretagne  8c  lefdits  Seigneurs  Etats  Généraux  ,  que  tous  les  Traitez 
de  Paix,  d'Amitié,  Alliance,  Confédération,  Commerce  8c  de  Marine  ci- 
deflbus  nommez  8c  mentionnez  ,  feront  approuvez  èc  confirmez  de  part  8c 
d'autre,  à  fçavoir: 

Le  Traite  de  Paix  8c  d'Alliance,  conclu  à  Breda  le  *4-  Juillet  i<5<5 7. 

Le  Traité  de  Navigation  8c  de  Commerce  conclu  en  même  tems  8c 
lieu. 

Le  Traité  de  Paix  8c  <  d'Amitié   conclu  à  Weftminfler  le  ~.  Février  ■ 

Le  Traité  de  Marine  conclu  à 'Londres  le  1.  d'Octobre  1574.  avec  une 
Déclaration  expliquant  plufieurs  Articles  dudit  Traité,  8c  du  Traité  de  Ma- 
rine du  ~.  Février  1665.  conclu  à  la  Haïe  le  f\  Décembre  îôjf. 

Article  pour  prévenir  ou  compofer  les  Difputes  qui  pourroient  arriver  en- 
tre les  Compagnies  des  Indes  Orientales  d'Angleterre  8c  de  Hollande  conclu 
à  Londres  le  £.  Mars  167;. 

La  Ligue  defenfive  conclue  à  Weftminfter  le  3 .  jour  de  Mars  1 6jj. 

Le  Traité  de  concert  pour  les  Flottes  d'Angleterre  8c  de  Hollande  conclu 
à  WhitehalOe  2.9.  d'Avril  iôSp. 

Tom.  I.  Kkk  Le 


4^     MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

170 1.       Le  Traité  pour  défendre  le  Commerce  avec  la  France  conclu  à  Whitehall 

■ le  H-  jour  d'Août  1689. 

Comme  lefdits  Traitez  8c  tous  &  chacun  les  Articles  d'iceux  font  effecti- 
vement approuvez  &  confirmez  par  ce  prefent  Traité  ,  6c  demeureront  en 
leur  première  force  &  vigueur, comme  s'il  y  étoient  inferez  de  mot  à  mot,  en 
tant  qu'ils  ne  contredifènt  ni  dérogent  les  uns  aux  autres  ou  au  prefent  Trai- 
té ,  de  telle  manière  que  les  points  &  matières  ftipulées  par  un  Traité  plus 
nouveau  feront  accomplis  dans  le  fens  dont  on  y  fera  convenu  ,  fans  avoir  é- 
gard  à  un  Traité  plus  ancien. 

III.  De  plus  il  y  aura  entre  Sa  Majefté  8c  fes  SuccefTeurs  ,  &  lefdits  Sei- 
gneurs Etats  Généraux  6c  leurs  Sujets  6c  Habitans  réciproquement  une  Al- 
liance étroite ,  6c  fidèle  Confédération  pour  fe  maintenir  6c  conferver  mutuel- 
ment  l'un  l'autre  en  la  tranquillité ,  Paix ,  Amitié ,  6c  Neutralité  par  Mer  6c 
par  Terre,  6c  en  la  pofleflion  de  tous  les  Droits,  Franchifes  6c  Libertez, 
dont  ils  jouïfTènt  ou  ont  droit  de  jouir,  ou  qui  leur  font  acquis,  ou  qu'ils  ac- 
querront par  des  Traitez  de  Paix,  d'Amitié  6c  de  Neutralité  qui  ont  été-  faits 
ci-devant,  6c  qui  feront  faits  ci-après  conjointement  6c  de  commun  concert 
avec  des.  autres  Rois,  Républiques,  Princes,  6c  Villes  j  le  tout  pourtant  dans 
l'étendue  de  l'Europe  feulement. 

IV.  Et  ainfi  ils  promettent  6c  s'obligent  de  garantir  réciproquement ,  non 
feulement  tous  les  Traitez  que  Sa  Majefté  ou  fes  Predecefîèurs  6c  lefdits  Sei- 
gneurs Etats  Généraux  ont  déjà  faits  avec  d'autres  Rois,  Républiques,  Prin- 
ces, 6c  Etats,  lefquels  feront  exhibez  de  part  6c  d'autre  avant  l'échange  des 
Ratifications,  mais  auffi  tous  ceux  qu'ils  pourront  faire  ci -après  conjointe- 
ment 6c  de  commun  concert,  6c  de  fe  défendre,  affilier  6c  conferver  récipro- 
quement dans  la  pofîèlfion  des  Terres  ,  Villes ,-  6c  Places  qui  appartiennent 
prefentement  6c  appartiendront  ci-après  tant  à  Sa  Majefté  6c  fes  SuccefTeurs, 
Rois  de  la  Grande-Bretagne,  qu'audits  Seigneurs  Etats  Généraux  par  lefdits 
Traitez  en  quelque  endroit  que  lefdites  Terres ,  Villes ,  6c  Places  foient  fi- 
tués,  en  cas  qu'en  tout  ce  que  defliis,  Sa  Majefté  8c  lefdits  Seigneurs  Etats 
Généraux  viennent  à  être  troublez  ou  attaquez  par  quelque  Hoftilité  ou  Guer- 
re ouverte,  par  qui  ou  fous  quelque  prétexte  que  ce  puilfe  être  ;  auquel  cas  on 
fc  gouvernera  de  part  6c  d'autre  lelon  ce  qui  eft  ftipulé  dans  le  Traité  fufdit 
conclu  le  3.  jour  de  Mars  1 6j\. 

V.  Et  comme  ledit  Seigneur  Roi  de  la  Grande  -  Bretagne  6c  lefdits  Sei- 
gneurs Etats  font  prefentement  en  Guerre  contre  le  Roi  Très-Chrêtien,  Se 
que  lefdits  Seigneurs  Roi  de  la  Grande-Bretagne  6c  Etats  Généraux  fe  trou- 
vent dans  une  obligation  réciproque  de  s'entre-aider  Se  défendre,  6c  de  main- 
tenir 6c  conferver  mutuellement  leurs  Pais  6c  Sujets  en  leurs  PofTeffions  ,  Im- 
munitez  6c  Libertez,  tant  de  Navigation  que  de  Commerce  6c  autres  Droits 
quelconques,  tant  par  Mer  que  par  Terre,  envers  6c  contre  tous  Rois,  Prin- 
ces, 6c  Etats, 6c  particulièrement  contre  ledit  Roi  Très-Chrétien,  6c  afin  de 
pouvoir  mieux  parvenir  à  une  Paix  jufte  6c  raifonnable  qui  pourroit  rétablir 
le  repos  6c  la  tranquillité  de  l'Europe  ,  il  eft  convenu  entre  ledit  Seigneur 
Roi  de  la  Grande-Bretagne  8c  lefdits  Seigneurs  Etats ,  qu'il  ne  pourra  être 

fait 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.  46; 

fait  par  aucun  defdits  Alliez  aucune  fufpenfion  d'Armes,  Trêve,  ou  Paix  avec   IJ01- 

ledit  Roi  Très-Chrétien,  ni  avec  aucun  autre  Roi,  Prince,  ou  Etat,  par  le- - 

quel  l'un  ou  l'autre  defdits  Alliez  feroit  troublé  ou  attaqué ,  que  conjointe- 
ment Se  d'un  commun  confentement. 

VI.  Et  comme  ledit  Seigneur  Roi  de  la  Grande-Bretagne  &  lefdits  Sei- 
gneurs Etats  font  déjà  entrez  dans  un  Traité  de  concert  pour  faire  agir  leurs 
Forces  pendant  cette  année  contre  ledit  Roi  Très-Chrétien  ,  il  eft  arrêté  & 
accorde ,  qu'ils  conviendront  au  plutôt  d'autres  Articles  6c  ftipulations  pour 
le  dénombrement  ôc  l'emploi  de  leurs  Troupes  Se  Vaiflèaux  de  Guerre  de  tel- 
le manière  qu'il  fera  trouvé  le  plus  à  propos  pour  agir  avec  d'autant  plus  de 
fuccès  contre  l'Ennemi  commun. 

VII.  De  plus  il  eft  convenu  entre  ledit  Roi  de  la  Grande-Bretagne  Se  lef- 
dits Seigneurs  Etats,  que  fi  après  que  la  Paix  aura  été  faite  avec  le  Roi  Très- 
Chrétien  conjointement  Se  d'un  commun  confentement,  comme  il  eft  ci-def- 
fus  ftipulé ,  Se  que  par  après  l'une  ou  l'autre  Partie  fera  attaquée  derechef  par 
le  Roi  Très-Chrétien ,  ou  fi  l'une  ou  l'autre  Partie  venoit  à  être  attaquée  par 
quelque  autre  Roi,  Prince,  ou  Etat,  ces  cas  échéants  le  Traité  d'Alliance  Se 
de  Garantie  fufdit  conclu  le  5.  jour  de  Mars  de  l'an  167J.  entre  la  Couronne 
d'Angleterre  Se  lefdits  Seigneurs  Etats ,  qui  eft  aufli  approuvé  Se  confirmé 
par  le  prefent  Traité,  fubfiftera  alors  en  toute  fon  étendue  Se  fera  exécuté  en 
tous  fes  Points  Se  Articles ,  comme  fi  le  même  ou  fèmblable  Traité  auroit 
été  fait  de  nouveau  Se  depuis  la  conclufion  de  la  Paix  avec  ledit  Roi  Très- 
Chrétien;  avec  cette  variation  feulement,  que  la  Guerre  arrivant  en  cas  men- 
tionné dans  l'Article  de  ce  Traité ,  aucun  defdits  Alliez  ne  pourra  faire  aucune 
fufpenfion  d'Armes,  Trêve ,  ni  Paix  avec  ledit  Roi  Très-  Chrétien,  ni  autre 
attaquant ,  que  conjointement  Se  d'un  commum  confentement. 

VIII.  En  ce  prefent  Traité  feront  compris  tous  les  Rois ,  Princes ,  Se  Etats 
qui  voudront  y  entrer  avant  l'échange  des  Ratifications  ,  ou  fix  mois  après, 
du  confentement  commun  de  Sa  Majefté  Se  defdits  Seigneurs  Etats. 

IX.  Le  prefent  Traité  fera  ratifié  Se  approuvé  par  ledit  Seigneur  Roi , 
Se  lefdits  Seigneurs  Etats ,  Se  les  Lettres  de  Ratification  feront  délivrées  de  l'un 
Se  de  l'autre  en  bonne  Se  dûë  forme,  dans  le  terme  de  fixfemaines,  ou  plutôt 
fi  faire  fè  pourra,  à  compter  du  jour  de  la  Signature. 

Enfuivent  les  Pleins-Pouvoirs  du  Roi  Se  de  la  Reine  de  la  Gran- 
de -  Bretagne. 

Gulielmus   Se   Maria  Dei  Gratiâ  Magna  Brltannia  Frauda  &? 
lîibemia  Rex  £5?  Regina  &c.  &V. 

Enfuivent  les  Pleins  -  Pouvoirs  des  Etats  Généraux. 

Les  Etats  Généraux  des  Provinces-Unies  des  Païs-Bas ,  à  tous  ceux  qui  ces 
prefentes  verront,  falut,  &ic. 

En  foi  de  quoi  les  CommifTâircs  de  Sa  Majefté  Se  ArnbafTadeurs  Extraordi- 

Kkk  z  naires 


4<î4    MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

1701.  naires  fufdits,en  vertu  de  leurs  pouvoirs  refpeétifs ,  ont  figné  ces  prefentes 
■»  de  leurs  Seings  ordinaires,  6c  y  ont  fait  appoier  les  Cachets  de  leurs  Armes. 

Fait  à  Weftminfter  le  24.  jour  du  mois  d'Août  de  l'an  168p. 

Carmarthen  P.  Schimmelpennick  vander  Oye. 

Halifax  C.  P.  S.  ,  JVitzen* 
Sbrcwsbury.  -  Na£au. 

Nottingbam.  Citters. 

WJjarton.  Dyckvelt. 

Les  Communes  réfoîurent  là-deffùs  d'une  voix  unanime  de  faire  lavoir  au 
Roi  que  le  très-humble  Avis  de  la  Chambre  étoit. 

„  Que  Sa  Majefté  feroit  priée  de  pouffer  fes  Négociations  avec  les  Etats 
Généraux  des  Provinces-Unies ,  &  de  prendre  avec  eux  toutes  les  mefures 
convenables  à  leur  fureté.  Que  Sa  Majefté  maintiendrait  le  Traité  fait 
avec  les  mêmes  Etats  le  3.  de  Mars  167?.  &  que  Sa  Majefté  feroit  af- 
furéé  que  la  Chambre  la  mettrait  effectivement  en  état  de  foûtenir  ce- 
Traité. 


Cette  Réfolution  fut  prife  le  13.  Avril ,  &  enfuite  les  Communes  tra- 
vaillèrent à  voter  pour  cela  un  Subfide  convenable.  Le  lendemain  14. ,  elles 
firent  le  Vote  fuivant 

„  Qu'on  donneroit  un  Subfîde  au  Roi ,  pour  le  mettre  en  état  de  main- 
„  tenir  ledit  Traité. 

Le  18.,  le  Chevalier  Hedges  fît  raport  à  la  Chambre  de  la  Réponfe  du 
Roi  à  l'Avis ,  qui  étoit  de  la  teneur  fuivante. 

„  Suivant  Se  conformément  à  l'Avis  de  la  Chambre ,  Sa  Majefté  a  donné 
ordre  à  fon  Envoie  Extraordinaire  à  la  Haïe  de  pouffer  les  Négociations 
avec  les  Etats  "Généraux  ,  &  de  prendre  là  -  deffus  toutes  les  mefures  qui 
pourront  contribuer  à  leur  fureté. 

„  Sa  Majefté  Vous  remercie  de  l'affurance  que  vous  avez  donnée  que  cette 
Chambre  la  mettra  effectivement  en  état  de  maintenir  le  Traité  fait  en 
1671.  avec  les  Etats  Généraux,  &  Sa  Majefté  continuera  ce  Traité,  con- 
formément à  vôtre  Avis,  ne  doutant  point  que  la  promtitude  ,  que  Vous 
avez  montrée  en  cette  occafion,  ne  contribue  beaucoup  à  obtenir  la  fure- 
té demandée. 


» 

55 

55 
55 
51 
JJ 
M 


L  e  11.  fuivant  ,  l'Envoie  Extraordinaire  Stanhope  eut  Conférence  avec 
les  Députez  des  Etats  Généraux,  auxquels  il  rit  part  de  bouche  de  ces  Vo- 
tes du  Parlement,  &  leur  livra  enfuite  la  même  choie  par-  écrit  par  ce  Mé- 
moire. 


„  HAUTS 


ET    RESOLUTIONS    D'ETAT.         45$- 

170  x. 
„  HAUTS  ET  PUISSANS  SEIGNEURS,  — 

Mémoi- 
„  T  E  fouffigné.  Envoie  Extraordinaire  du  Roi  de  la  Grande  Bretagne,  ,r,e.de, 
„  L-j  aïant  informé  Sa  Majefté  de  ce  qui  s'eft  parle  à  la  dernière  Conferen-  fadexi^  " 
„  ce  qu'il  a  eue  avec  les  Députez  de  VV.  HH.  PP.,  &  Sa  Majefté  aïant  d'Angle- 
„  auffi  reçu  les  Réfolutions  de  VV.  HH.  PP.  du  4.  Avril  ,    par  raport  aux  terre,  du 
,,  fecours  qu' Elles  ont  de  nouveau  requis  de  Sa  Majefté  en  exécution  duTrai-  22  Avr"- 
„  té  de    167!.,  ledit  Envoie  a  ordre  de  faire  favoir  à  VV.  HH.  PP.  que  Sa 
,,  Majefté  eft  non  feulement  refoluë  de  fatisfaire  aux  conditions  dudit  Trai- 
„  té,  conformément  aux  defîrs  de  fes  bons  &  fidèles  Sujets  aflemblez  en 
„  Parlement,  qui  concourent  unanimement  avec  Elle  dans  cejufte  deffein> 
„  mais  auffi  d'entrer  dans  tels  autres  moïens,  qui  feront  trouvez  convenables 
„  pour  procurer  leur  fureté.    Pour  laquelle  fin  ledit  Envoie  a  ordre  de  con- 
„  tinuër  à  agir  de  concert  avec  VV.  HH.  PP.  dans  les  Négociations  qui 
„  peuvent  y  conduire,  de  la  manière  qui  fera  jugé  la  plus  efficace ,  6c  d'affurer 
„  auffi  VV.  HH.  PP.  que  toutes  les  mefures  qui  feront  prifès  en  Angleterre 

pour  la  fureté  commune  ,  leur  feront   communiquées  de  tems  en  tems  y 

comme  Elles  ont  été  jufques  à  prefent. 


•>•> 


Signé, 

Alexandre  Stanhope. 
A  la  Haïe  le  2Z.  Avril  170 r. 


éfoîu- 
on  des 


Le  lendemain  Samedi  2$. ,  les  Etats  Généraux  aïant  délibéré  là-deffiis  pri-  R 
rent  la  Réfolution  d'écrire  à  Sa  Majefté  ainfi  qu'ils  firent.  C'étoit  en  difant }  tic 
„  Que  la  Réfolution  de  Sa  Majefté  fi  jufte  &  fi  conforme  à  ce  que  LL.  HH.  f  '  %% 
„  PP.avoient  defiré,  leur  avoit  donné  une  grande  pie  ce  une  fatisfaction  très- 
„  particulière.  C'étoit  principalement  dans  un  "tems  ,  dans  lequel  Elles 
„  voioient  de  quelle  manière  plus  que  indifférente  on  traitait  les  propofitions 
„  qu'Elles  avoient  Fait  conjointement  avec  Sa  Majefté  pour  la  coniërvation 
„  de  la  Paix ,  ce  leur  commune  fureté  ,  6c  dans  lequel  Elles  voioient  pareille- 
„  ment  augmenter  de  jour  en  jour  les  Troupes ,  &  les  préparatifs  de  Guerre 
„  fur  leurs  Frontières ,  ce  qui  les  met  dans  une  indifpenfable  aprehenfion. 
„  Que  LL.  HH.  PP.  ont  toujours  fait  état  fur  l'amitié  ,  &  l'affection  de  Sa 
„  Majefté  pour  leur  Etat ,  auffi  bien  que  fur  fa  naturelle  équité  ,  &  fa  bon- 
„  ne  fidélité,  avec  laquelle  Elle  eft  accoutumée  à  fatisfaire  à  fes  engagemens, 
„  Se  Elles  n'ont  jamais  douté  qu'à  l'occafion  préiënte  Sa  Majefté  ne  fatisfit 
„  au  contenu  de  l'Alliance,  qu'Elles  avoient  l'honneur  d'avoir" contracté  avec 
„  Elle.  Cependant ,  que  cette  nouvelle  affûrance  qu'il  a  plu  à  Sa  Majefté  de 
„  leur  donner  préfentement  comme  un  nouveau  gage  ,  leur  eft  d'autant  plus 
„  agréable,  qu'Elle  eft  fondée  fur  les  fentimens  des  bons  Se  fidèles  Sujets 
„  de  Sa  Majefté  afièmblez  en  Parlement ,  5c  de  leur  unanime  concurrent  * 

Kkk  3  „  la 


465     MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

1701.  „  la  même  fin,  8c  fur  ce  que  cet  Etat  fe  trouve  menacé  d'un  évident  péril. 
1    ,  Par-là  l'on  a  fortifié  la  confiance  ,  &  l'attente  que  LL.  HH.  PP.  ont  que 
„  le  fecours  qu'Elles  ont  demandé,    ne  tardera  pas,  8c  qu'Elles  en  obtien- 
„  dront  l'entier  effet  ,   puis  que  la  neceffité  le  requiert ,  8c  un  accompliffe- 
„  ment  des  Traitez.  Que  par-là  LL.  HH.PP.  en  ont  été  fi  touchées,  qu'El- 
„  les  fe  trouvent  obligées  d'en  témoigner  leur  fincere  reconnoiffance  à  Sa  Ma- 
„  jette  ,  8c  de  lui  rendre  de  tout  leur  cœur  leurs  actions  de  grâces,  &  d'affû- 
„  rer  encore  une  fois  de  la  manière  la  plus  forte  Sa  Majefté,  ainfi  qu' Elles 
„  l'ont  ci-devant  déjà  fait ,  que  de  leur  côté  Elles  accompliront  en  tout  tems 
„  à  l'avenir  lefdits  Traitez.    Qu' Elles  font  entièrement  perfuadées  ,  que  leurs 
„  intérêts  dans  la  confervation  de  la  Paix ,  8c  touchant  leur  fureté ,  auiîî  bien 
.    que  pour  le  maintien  de  leur  liberté,  &C  de  leur  Religion  ,  font  unis  8c  in- 
,|  feparables  de  ceux  de  Sa  Majefté  8c  de  fes  Roiaumes ,   8c  pareillement 
,,  qu'Elles  voient  que  Sa  Majefté  prend  fi  fort  à  cœur  les  intérêts  de  l'Etat, 
,j  8c  qu' ainfi  Elles  ne  fe  fepareront  jamais  des  intérêts  de  Sa  Majefté.  Sur  ce 
„  fondement  Elles  étoient  refoluës  de  ne  prendre  aucune  mefure  dans  les  Né- 
„  gociations  commencées  fur  ce  fujet ,  que  de  concert  avec  Sa  Majefté ,  8c 
„  de  la  manière  qu'Elles  ont  commencé  }   fâchant  que  Sa  Majefté  n'a  aufii 
„  bien  qu'Elles  d'autre  but ,  que  le  maintien  du  repos  public,  8c  d'une  reci- 
„  proque  fureté  8cc. 

Ils  réfolurent  en  même  tems  qu'on  feroit  délivrer  à  Sa  Majefté  la  Let- 
tre de  cette  teneur  par  leur  Envoie  à  fa  Cour.  D'ailleurs  ,  ils  firent  commu- 
niquer cette  Réfolution  par  leurs  Députez  à  l'Envoie  Stanhope,  pour  fervir 
de  Réponfe  à  fon  Mémoire,  8c  le  firent  remercier  de  fes  bons  offices  en  cela, 
8t  le  prièrent  de  vouloir  les  continuer,  à  fin  que  le  fecours  qu'Elles  avoient 
demandé  pût  être  tranfporté  au  plutôt. 

L'on  ne  tarda  pas  à  recevoir  là-deffus  la  Réponfe  de  ce  Roi ,  qui  eft  la 
fuivante. 

Letlre  HAUTS  ET  PUISSANTS  SEIGNEURS,  NOS  BONS  AMIS 

d«R°*  ET  CONFEDEREZ, 

de  h  " 

Grande-  #         .         A 

liveta-  „  "\JOus  avons  reçu  avec  d'autant  plus  de  fatisfaèhori  votre  Lettre  du  13. 
gneaux  ^  1>J  ^e  ce  mojs  vlC[iX  Stile,  qu'elle  nous  marque  l'Union  parfaite  qu'il  y 
G?i!é-  m  a  dans  nos  ren"mens  Par  niPort  à  l'état  prefent  des  Affaires  publiques,  nos 
raux.du  „  intentions  s'accordant  entièrement  avec  les  vôtres  pour  la  confervation  mu- 
ej  Avril.  v  tuelle  de  nôtre  fureté  commune  8c  la  Paix  de  l'Europe.  Nous  nous 
crcuons  obligez  de  vous  remercier  des  afTurances  que  vous  nous  donnez  de 
vos  Rélblutions  de  ne  vous  feparer  aucunement  de  nos  intérêts  ni  de  ne  pren- 
dre aucunes  mefures  dans  les  Négociations  où  on  eft  entré  depuis  peu, 
que  de  concert  avec  nous.  Il  eft  inutile  de  vous  réitérer  ce  que  nous  avons 
déjà  fait  plus  d'une  fois  fur  ce  Sujet  8c  dont  nous  ne  nous  départirons  ja- 
mais.   Ainfi  nous  prions  Dieu  qu'il  vous  ait,  Hauts  8c  Puiffants  Seigneurs 


n 

"M 


„  nos 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.         467 

„  nos  bons  Amis ,  Alliez  ,  8c  Confederez  ,  en  fa  fainte  Se  digne  garde.  E-  170 1^ 
„  crit  à  Noftre  Cour  à  Kenfington ,  le  2f.  d'Avril,  170 1.  Se  de  nôtre  -  "  "• 
„  Règne  le  1 5. 

„  Vôtre  bon  Ami  6c  Allié, 

WILLIAM    REX. 

Ce  qui  influa  beaucoup  fur  les  Communes  à  prendre  une  fi  vigoureufe  Ré- 
folution,  fut  que  le  Roi  leur  fit  communiquer  ,  auffi  bien  qu'aux  Seigneurs, 
une  Lettre  qui  lui  étoit  tombée  entre  les  mains.  Elle  avoit  été  envoiée  par 
megarde  à  Londres.  C'étoit  le  Comte  de  Melfort  Secrétaire  d'Etat  du  Roi 
Jaques,  qui  l'écrivoit  de  Paris  au  Comte  de  Perth  fon  Frère  Gouverneur  du 
nommé  Prince  de  Galles  à  St.  Germain.  Ces  deux  Frères  étoient  EcofTois, 
6c  des  premiers  Profélites  que  le  Roi  Jaques  fit  pendant  fon  Règne  en  Angle- 
terre. Le  Parlement  fit  imprimer  cette  Lettre  ,  dont  le  fujet  paroit  fort  va- 
re,  &  le  bon  fens  y  manque.  Cependant ,  pour  la  curiolité  du  Lecteur  , 
voici. 

MONSIEUR,  Lettre 

deMi- 

DEpuis  la  promené  que  je  vous  ai  faite  de  mettre  en  écrit  ce  que  nous  Me]fort 
n'avions  pas  le  tems  d'achever,  je  m'y  fuis  mis  ce  matin,  afin  que  ma  au  Corn- 
Lettre  pût  être  prête  pour  donner  au  premier  qui  viendra.  te  de 

Je  vous  dis  tout  ce  que  j'avois  entendu  à  Verfailles;  la  favorable  Audience  P,ertIl> 
que  j'eus  de  Madame  de  Maintenon ,  pour  laquelle  je  vous  prie  de  remer-  neurciû" 
cier  la  Reine,  Se  de  prier  S.  M.  d'avoir  la  bonté  d'en  remercier  Madame  de  Prince 
Maintenon,  Se  de  fçavoir  d'elle  ce  qu'il  y  aura  à  faire  en  ceci.     Ce  fera  une  de  Gai- 
grande  charité  à  la  Reine.  g  v^u 

Je  vous  dis  entr'autres  chofês  touchant  la  grande  Flote  que  le  Roi  prétend  vr/er>  * 
mettre  en  Mer  cet  Etéj  Les  ordres  font  donnez, l'argent  eft  prêt,  les  Maga- 
sins font  fournis,  Se  toutes  chofes  font  en  état  d'agir  chacune  en  leur  lieu.  Il 
n'y  a  point  de  doute  que  cette  Flote  ne  foit  Maîtrefle  de  la  Mer  pour  un 
tems,  fi  elle  ne  l'eft  pour  tout  l'Eté,  parce  que  les  Hollandois  n'ofent  remuer 
jufqu'à  ce  qu'ils  voient  les  Anglois  prêts,  Se  qu'ils  auront  beaucoup  à  difpu- 
ter  avant  qu'ils  foient  en  état  d'agir ,  s'ils  en  ont  la  volonté.  Et  c'eii  la 
queltion  de  fçavoir  s'ils  l'auront. 

Le  Roi  n'a  jamais  eu  une  plus  favorable  conjoncture  que  celle-ci ,  s'il  peut 
periuadçr  ce  Roi-ci,  que  les  Affaires  foient  dans  les  circonftances  qu'elles  font} 
mais  c'en  eft  la  difficulté. 

Le  Roi  Se  la  Reine  ont  plus  d'Autorité  chez  le  Roi  Se  chez  Madame  de 
Maintenon  qu'aucun  autre  au  monde.  Mais  ce  n'eft  pas  le  tout  ;  Il  faudroit 
avoir  quelqu'un  qui  tut  bien  reçu  chez  les  Miniftres ,  Se  qui  leur  fît  voir  ces 
preuves,  Leurs  Majeftez  ne  pouvant  pas  entrer,  ni  faire  voir  le  dérail  de  tout 
cela  Se  expofer  les  raifons  ,  taire  des  Mémoires  ,  par  l'approbation  de  Leurs 

Ma- 


463     MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

170 1.  Majeftez,  pour  les  en  convaincre,  ou  en  faire  connoître  la  néceffité,  6c  pour 
— faire  voir  lu  facilité  de  rétablir  le  Roi.  La  gloire  en  fera  à  leur  Roi,  6c  l'a- 
vantage à  la  Religion. 

Leurs  Majeftez  font  aflez  éclairées,  pour  connoître  comment  cela  fê 

peut  faire ,  &  pour  tout  confiderer }  &  pour  moi  je  croi  que  cela  n'eft  pas 
une  afaire  dont  je  doive  me  mêler.  Mais  leurs  Amis  en  général,  qui  ne  feu- 
vent  pas  la  moitié  de  ce  que  je  fçai  de  cette  Affaire,  croient  que  cela  "ne  doit 
point  être  fait  par  unJMmiftre  Proteftant ,  pareiTeux  de  fon  temperamment, 
Ennemi  de  la  France  par  inclination ,  imbu  des  communs  principes  contre  le 
retour  du  Roi ,  par  aucune  autre  Puiflance  que  celle  du  Peuple  d'Angleterre, 
avec  capitulation  6c  terme,  étant  fufpeél,  pourrait  penfer  à  s'accommoder, 
fi  pis  n'étoit. 

Ce  Monfieur  Carrel  eft  qualifié,  perfonne  n'en  doute,  mais  en  focieté 
avec  d'autres:  Ceux  qui  devroient  erre  emploïez  dans  cette  affaire,  ne  vou- 
draient pas  fe  fier  à  lui  comme  il  le  faudrait.  De  forte  que  fi  long-tems  que 
l'autre  fera  éloigné  de  pouvoir  pénétrer  les  affaires,  ils  ne  fe  croiront  jamais 
P-fTurez. 

Et  au flî  le  Roi  n'a  pas  un  jeu  à  jouer  comme  avec  ces  mêmes  perfonnes, 
comme  font  ces  Défians  nommément  le  Parti  de  la  Religion  Anglicane,  les 
Catholiques  6c  le  Comte  d'Eftran,  6c  je  dirai  quelque  chofe,  comme  un  cha- 
cun d'iceux  le  peut  dire.  Le  Roi  ne  peut  qu'il  ne  {bit  fenfible  que  le  Parti  de 
la  Religion  Anglicane  6c  leur  principal  Chef  à  prêtent  l'Evêque  de  Nor- 
wich,  qui  a  gardé  le  filence  depuis  long-tems.  Et  Leurs  Majeftez  fe  refiou- 
viendront  quel  poids  la  Cour  de  France  a  mis  fur  leur  jonftion  &  du  Roi, 
(j'entens  le  Clergé  qui  n'a  point  prêté  les  Sermens,)  en  l'affaire  de  la  Des- 
cente* Pour  cet  effet  tout  artifice  doit  être  examiné  fans  délai  pour  avoir 
correfpondance  avec  eux  ,  6c  tous  obftacles  doivent  être  remuez  &  mis  à 
part,  je  le  dis  fans  exception.  Et  quoi  que  quelquefois  il  foit  de  dure  digef- 
tion  aux  Souverains ,  qui  doivent  être  obéis  fans  exception  ou  referve ,  de  fu- 
bir  à  l'humeur  de  leurs  Sujets, cependant  la  Prudence  les  doit  inftruire  quand 
ils  ne  peuvent  pas  fans  blefler  leurs  affaires ,  en  ce  qu'ils  voudront  ou  veu- 
lent, taire  ce  qu'ils  peuvent,  6c  fe  fouvenir  de  la  Fable  du  Chien,  qui  per- 
dit la  fubftance  pour  l'ombre. 

Les  afTurances  de  ceux  qui  n'ont  point  prêté  les  Sermens ,  la  plus  faine  & 
vénérable  partie  de  l'Eglife  Anglicane  ferait  d'un  grand  ulage  en  ce  -teins,- 
pour  perfuader  la  France  d'entreprendre  cette  grande  affairé  de  la  Détente. 
Outre  leur  exemple,  leurs  Prédications  6c  leurs  Ecrits  au  Peuple,  que  leur 
Religion  ne  court  aucun  danger  ,  il  eft  très  certain  qu'ils  le  içavent  autant 
qu'aucun  autre  le  peut  fçavoir ,  6c  ce  que  l'Eglife  d'Angleterre  en  général 
voudrait  faire  pour  le  fervice  du  Roi,  6c  font  prêts  d'en  courir  tout  le  ha- 
zard,  il  vaudrait  mieux  que  cela  fût  à  la  Cour  de-  France  que  de  toute  au- 
tre ,  ce  que  je  fçai  par  expérience.  Pour  les  Catholiques  6c  autres  infortunez 
leurs  aflbciez,  pour  le  Roi,  font  comptez  pour  avoir  trop  d'inclination.  Pour 
moi  je  les  compte  être  inutiles  au  Roi.  Mais  il  faut  que  je  dife  avec  permif- 
f  in,  nue  cette  Entreprife  eit  la  meilleure  plume  de  fon  aile,  6c  a  été  juste- 
ment 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  AT.         469 

ment  fa  penfée  &  celle  de  la  Cour  de  France  en  un  pareil  degré.  Ils  ont  pre-  17OT. 
tendu  que  fi  cet  Article  6c  l'autre  concernant  le  Clergé  pût  être  en  évidence,  — — 
qu'ils  pûfiênt  concourir  avec  le  Roi  à  envahir  l'Angleterre,  ils  confident  en 
fept  Régiments  de -Cavalerie  &  Dragons,  leurs  Armes,  Trompettes,  Tymba- 
les,  Tambours,  Etendarts,  6cc.  qui  fuflent  tous  prêts,  &  encore  en  fureté 
leurs  hommes  enrôlez  ,  leurs  Officiers  choifis ,  &  qu'ils  euflent  vint  chevaux 
par  Troupes ,  lefquelles  Troupes  feraient  de  diftance  dans  un  Pais  de  che- 
vaux ,  vint  chevaux  auraient  bien-tôt  monté  le  refte. 

Ceux  qui  ne  peuvent  pas  deviner  la  grandeur,  6c  l'ufage  de  cette  entreprife 
en  blâment  la  témérité  femblublement  quelques  Ecclefiaftiques  qui  ne  l'ont 
point  delaprouvée  comme  un  effort  contre  le  devoir  vu  qu'il  étoit  contraire 
aux  ordres  que  le  Roi  en  avoit  donnés  par  écrit,  pour  rompre  les  defiêins  ;  mais 
je  fouhaitte  pour  tout  cela  que  vous  croïez  .que  vous  n'avez  pas  encore  un  ar- 
gument femblable  pour  fervir  à  la  Cour  de  France  que  celui  là.  Mais  fi  vous  le 
pouviez  faire  voir  comme  il  aurait  été  fait  il  y  a  quelques  années,  j'aurais  une 
forte  efpérance  pour  Pentreprife.de  cet  été.  Mais  quand  même  le  Roi  aurait 
d'autres  efpérances  jufques  à  des  promeffes  de  la  Cour  de  France  ,  celle-ci  eft 
pour  donner  courage,  &  s'il  eft  poffible  pour  être  mife  dans  les  circonftances 
qui  y  ont  été.  Car  s'il  arrive  jamais  une  décente  exprès  en  Angleterre ,  il  faut 
que  cela  foit  avant  qu'ils  foient  armez,  6c  ils  ne  fauroient  l'être  avant  que  le 
Parlement  vienne  à  une  Réfolution  touchant  la  Guerre,  6c  confiderant  le  peu 
de  Troupes  qu'il  y  a  en  Angleterre,  fuppofé  que  ces  gens  ne  foient  pas  meilleurs 
que  les  milices,  qu'elle  diverfion  y-aura-t-il. 

Il  ne  m'eft  pas  neceffaire  de  dire  rien  davantage  fur  cet  Article,  jufqu'à  ce 
que  Sa  Majelté'aye  une  aufli  bonne  opinion  de  cette  entreprife  que  j'en  ai. 
Cela  étant  je  ferai  voir.ee  que  je  penfe  qui  doit  être  fait  autrement:  j'en  épar- 
gnerai la  peine.  Pour  ce  qui  eft  du  Comte  d'Arran  ,  il  ferait  d'un  grand  fer- 
vice  d'avoir  avec  lui  un  homme  entendu;  il  n'en  peut  avoir  ailleurs pour 

pénétrer  fon  tout  eft  engagé,  6c  il  doit  être  las-de  ceux  avec  lefquels  il  traite 
.  eu  correfpond. 

J'eftimerois  mieux  pour  le  fervice  du  Roi  que  le  party  dé  la  Cour  prévalut 
de  la  manière  qu'elle  en  a  ufé  au  Parlement  d'Ecofle  que  le  party  du  Pais  au- 
roit  fuivant  fon  fouhait,  d'oppofition  au  fluds  le  fait  enfler  6c  tant  que  le  par- 
ti du  Pais  n'eft  point  rebuté  ou  découragé  il  gagne  plus  de  terrain  dans  le 
Roïaume  ,  qu'il  ne  pert  au  Gouvernement ,  par  la  le  mépris  du  Gouverne- 
ment augmenté  ,  6c  l'on  peut  juger  de  la  Nation  en  Général  ce  qui  eft  une 
autre  modération  que  de  ce  prétendu  Parlement  plutôt  une  canaille  Presbite- 
rienne  mal  repréfentant  la  Nation  ,  car  depuis  il  n'y  a  eu  en-lui  que  debats- 
contre  le  Gouvernement  que  feroit-ce  dans  un  Paiement  libre  ,  lequel  le  Prin- 
ce d'Orange  n'a  ofé  jamais  hazarder:  la  Nation  donc  eft  enfin  la  plufpart  mal 
affectionnée  à  ce  Gouvernement.  Il  eft  de  k  dernière  confequence,  que  le 
Comte  d'Arran  puifiè  connoître  ce  qu'il  doit  faire  au  cas  d'une  décente  en  An- 
gleterre ,  ou  en  ce  cas  ils  foie  obligé  lui  &  fies  amis  pour  leur  propre  -deffenfe 
de  le  mètre  en  état.  1/ Armée  qui^eft  ou  doit  être  affectée  doit  être  gagnée 
par  argent  &  un  peu  les  conduira  bien  loin.  Les  Troupes  débandées  doivent 
«être  engagées,  6c  les  Officiers  font  fort  volontaires.  Les  places  fortes  doivent 
Sem,  .1.  L  1 1  •ver.se 


\ 


47?      MEMOIRES,  NEGOTI ATIONS,  TRAITEZ, 

1701.  être  affinées ,    6c   peuvent  être   mifes  en  état  de  deffence,  pour  peu  de  de- . 
~  penfe  le  peuvent  fortifier. 

Pour  faire  tout  cela  il  n'eft  befoin  que  de  peu  de  dépenfe,  peu  d'argent 
fervira  pour  commencer,  6c  doit  avoir  bonne  Efperance  6c  du  Commande- 
ment. 

Ce  n'eft  ici  que  les  Chefs  pour  en  difeourir  ,  6c  beaucoup  dire  de  chaque 
partie  il  ne  fe  peut  faire  que  cette  Lettre  puifle  aporter  une  conclufion  finallej 
mais  il  peut  être  que  par  Difcours ,  je  puitîe  changer  ma  penfée  ou  être  da- 
vantage confirme  en  icelk  6c  voir  plus  loin ,  cela  me  fait  vous  incifter  de  plus 
fur  deux  chofes  comme  il  appert  d'une  neceilîté  abfolue  de  mettre  les  choies 
fur  un  droit  pie. 

Le  premier  eft  d'ôter  les  obftacles,  6c  envoïer  les  Perfonnes  fufpe&es  les 
uns  en  Champagne,  6c  les  autres  en  Bourgogne,  fuivant  leur  Inclination)  6c 
le  fécond  c'eft  le  dernier  qui  doit  fervir  pour  Leurs  Majeftez  6c  le  Prince, 
qui  eft  un  établifîbment  de  certain  nombre  de  Perfonnes  fins  aucune  qualifica- 
tion ,  de  traiter  de  leurs  Affaires  en  préfenec  de  Leurs  Majêftez ,  lefquclles 
nous  pourrons  librement  converfer  ,  6c  propofer  tout  ce  qu'il  le  peut  pour  le 
fervice  de  Leurs  Majeftezj  Et  quant  au  premier  il  fera  pour  la  réputation  du 
Roi  tant  aux  Cours  de  Rome,  6c  de  France,  6c  avec  tous  les  véritables  Amis 
en  Angleterre  pour  plufieurs  raifons. 

Comme  pour  le  fécond  il  s'accorde  à  l'écriture,  en  la  multitude  de  Con- 
feillers  il  y  a  fureté ,  il  n'y  a  rien  de  fi  dangereux  que  de  commencer  par  dé- 
terminer ce  qu'on  veut  faire,  6c  entendre  les  raifons  contraires  après,  6c  imi- 
ter Adder  le  lourd,  qui  n'écoutoit  point  la  voix  de  l'Enchanteur,  6c  ne  s'étoit 
jamais  laiiTé  charmer  fi  doucement.  Les  raifons  contre  les  Réfolurions  prîtes 
offenfènt,  6c  plus  de  force  elles  ont  ,  elles  oftenfent  davantage  ,  avant  que  la 
Réfolution  foit  prife  la  raifon  a  fon  efiet  :  Et  les  déterminations  de  l'humeur 
6c  faction,  mais  de  prudence  6c  juftice. 

Si  je  manque  en  quelque  chofe  ,  je  protefte  que  c'eft  par  faute  d'enten- 
dement ,  6c  non  de  volonté  ,  6c  je  prie  que  Leurs  Majeftez  foient  bien  per- 
fuadées  que  ce  n'eft  point  de  naturel  ni  de  vanité,  mais  leur  fervice  que  j'ai 
eu  en  vue. 

MON  CHER  FRERE, 

Votre  très-humble. 

On  fit  là-defius  des  recherches,  <k  l'on  trouva  quelques  armes  cachées  en 
quatre  ou  cinq  endroits.  L'on  doubla  la  Garde ,  6c  le  Roi  fit  publier  des 
Placards,  pour  éloigner  les  Papiftes  à  dix  mille  de  Londres,  6c  pour  leur  ôter 
les  Chevaux  au  defius  de  la  valeur  de  cinq  livres  iterling  ,  fuivant  les  Actes  du 
Parlement. 

Ladite  Réfolution  du  Parlement  fit  revenir  de  la  furprife  où  l'on  avoit  été, 
de  ce  qu'il  avoit  tardé  à  la  prendre.  La  raifon  de  ce  retardement  venoit, 
que  l'Efprit  de  Parti,  fi  accoutumé  en  Angleterre,  s'étoit  reveillé.  On  vou- 
lut dans  la  Chambre  des  Communes  lavoir  auparavant  l'ufage  de  deux  cent 

mil- 


t 

k 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T,  471 

mille  livres  fterling  ,  dont  Milord  Ranelaug  ,   Païcur  Général  des  Troupes  1701. 

le  trouvoit  en  amené  dans  fes  comptes,  Se  qu'il  difoit  avoir  remis  par  ordre  

du  Roi  au  Comte  d'Albemarlc.  Celui-ci  difoit  que  cette  fomme  avoit  été  em- 
ploiée  en  Négociations  fecretes.     D'ailleurs ,  les  Communes  étant  compofées 
pour  la  plus  paît  de  Wighs,  ceux-ci  étoient  chagrins  de  voir  dans  les  Charges 
es  plus  éminentes  deux  Thoris,  favoir  le  Comte  de  Rochefter  &  Milord  Go- 
dolphinj  le  premier  Vice-Roi  d'Irlande,  &  l'autre  premier  Commiiîaire  de 
la  Tréforerie.     D'ailleurs ,   les  Thoris  en  vouloient  à  quatre  Seigneurs ,  qui 
étoient  à  la  tête  des  Wighs.     C'étoient  les  Lords  Portland,  Sommets,  0> 
ford   connu  fous  le  nom  de  l'Amiral  RufTel ,    &  Halifax  devant  Montaigu. 
Pour  les  décréditer  &  les  perdre  ,  on  les  attaqua  fur  ce  qu'ils  avoient  confeillé 
au  Roi  le  Traité  de  Partage  avec  la  -France.     Les  Seigneurs  n'entreprenoient 
cette  attaque  ,   que  pour  faire  des  Affaires  au  Comte  de  Portland,  à  caufe 
qu'il  étoit  étranger,  6v  les  Communes  en  vouloient  aux  trois  autres  ,  qui  diri- 
geoient  le  Parti  des  Wighs  avec  trop  de  hauteur.     Les  Seigneurs  préfentérent 
une  Adrefle  au  Roi.     Elle  étoit  forte  ;  mais  ,  le  Roi  avoit  lui-même  tâché 
qu'elle  fut  de  la  forte,  pour  empêcher  les  Communes  de  jetter  trop  de  feu 
dans  la  leur.     Il  parut  cepandant  qu'elle  étoit  trop  précipitée.     C'eft  en  ce 
qu'ils  y  fupoférent  que  le  Traité  de  Partage  n' avoit  été  connu  à  aucun  du 
Confeil.     Ils  prioient  le  Roi ,  qu'il  voulût  à  l'avenir  demander  ou  admettre 
dans  toutes  les  Affaires  d'importance  l'Avis  de  fes  Sujets  naturels  du  Roïaume, 
dont  la  probité  éprouvée  &  les  richeffes  pouvoient  donner  une  jufte  aflurance- 
de  leur  fidélité.     Il  y  avoit  à  la  fin  une  Claufe  remarquable.     C'eft  qu'après 
avoir  dit  que  le  Traité  de  Partage  avoit  été  un  coup  fatal  pour  la  Nation  Se 
pour  la  Paix  générale 'de  l'Europe,   on  conclut  que  la  France  a  manifeste- 
ment violé  ce  Traité  ,  &  qu'ils  confeilloient  le  Roi  qu'en  traitant  à  l'avenir 
avec  celui  de  Fiance ,  il  doit  exiger  des  furetez  effectives  &  réelles.     Il  efr. 
vrai  que  cette  dernière  Claufe  parut  choquante  aux  Principes  des  Thoris ,  qui 
tendent  à  élever  la  Souveraineté  des  Rois.     Auffi,  les  Comtes  de  Notting- 
ham  &  de  Rocheller  ,   auffi  bien  que  Milord  Godolphin  ,  qui  ont  toujours 
été  des  Proteitans  Politiques ,  proteltérent  avec  quelques  autres  contre  cette 
Claufe,  qui  paffa  néanmoins  à  la  pluralité  des  voix.     L'Adreffe  des  Commu- 
nes fut  plus  modérée.     Mais,  Elles  en  donnèrent  une  féconde  ,  qui  tendoit  à 
flétrir  celle  des  Seigneurs.     C'étoit  en  difant  que  les  trois  Lords  Sommers, 
Orfort ,  &  Halifax ,  pour  éviter  la  Cenfure  qui  pouroit  juftement  tomber  fûr- 
ceux  qui  avoient  donné  leur  Avis  pour  le  fatal  Traité  de  Partage,  avoient  tâ- 
ché d'infinuer  que  Sa  Majefté  l'avoir  fait  fans  l'Avis  du  Confeil.     C'eft  pour- 
quoi, aïant  du  reffentiment  du  traitement  qu'on  faifoit  à  Sa  Majefté  dans  cet- 
te occafion,  Elles  la  fuplioient  d'éloigner  de  fon  Confeil ,  Se  de  fa  préfence, 
pour toû jours,  lefdits  trois  Lords, afin  qu'ils  ne  fufTent  plus  en  état  de  la  trom- 
per &  d'abufer  la  Nation.  Elles  ajoutèrent  d'éloigner  auiîi  le  Comte  de  Port- 
land, qui  avoit  négocié  ce  Traité  fi  injufte,  &  fi  fatal,  &c. 

Les  communes  ne  s'en  tinrent  pas-là.  Elles  acculèrent  en  forme  ces  qua- 
tre Lords  à  la  Barre  des  Seigneurs.  Ceux-ci  trouvèrent  à  propos  de  préfen- 
ter  une  féconde  Adreflè.     Elle  portoit  en  fubftance  ,    que  les  Communes  a- 

L  1 1  i  voient 


47*      MEMOIRES,  NEGOTIATIQNS,  TRA4-TEZ, 

tjoi.  voient  aceufé  féparement  à  leur  Barre  les  quatre  Lords  de  Crimes  &  Malvcr-- 
—  verfations ,  avec  nromeue  de  préfenter  ,  lorfqu'il  en  fera  tems  ,   des  Articles- 

particuliers  6c  feparez  contr'eux  &  en  prouveraient  le  contenu.  Les  Sei- 
gneurs fuplioicnt  Sa  Majefté  de  ne  difgracier  aucun  d'eux,  jufques  à  ce  qu'on, 
leur  eut  fait  leur  Procès ,  6c  qu'ils  eufiènt  été  jugez  félon  les  coutumes  dit- 
Parlement,  6c  les  loix  du  Pais.  Il  y  eut  à  cette  occafion  du  débat  entre  des 
Lords.  Le  Comte  de  Huntington  parla  en  faveur  des  aceufez.  Il  s'attira  par- 
là  quelques  duretez  par  ceux  du  Parti  contraire.  Il  leur  repondit  6c  l'on  s'é- 
chauffa. Chacun  fe  rangea  du  côté  de  ceux  de  fon  Parti,  6c  l'on  croioit 
qu'on  en  viendrait  aux  mains,  6c  que  ce  ferait  comme  une  Diète  de  Pologne. 
Cependant,  le  Prefident  de  la  Chambre  harangua,  6c  les  adoucit. 

Les  Communes  produisirent  enfuite  les  Chefs  d'Accufation  contre  ces 
quatre  Lords ,  dont  la  plus  part  ne  regardoient  pas  le  Traité  de  Parta- 
ge ,  6c  dont  ils  furent  abious.  Comme  ce  font  des  matières  purement  par- 
ticulières 6c  Parlamentaires,  on  trouve  à  propos  de  ne  pas  en  faire  un  détail 
ennuieux  ,  6c  ainfi  de  les  paflêr  fous  fîlence.  On  ajoutera  feulement,  que 
plufieurs  des  Membres  des  Communes  entrèrent  dans  ie  torrent  r  fâchant  bien, 
que  les  quatre  Seigneurs  feraient  juftifiez,.  en  vûë  qu'en  montrant  tant  de  zé- 
lé pour  la  Nation  on  pût  mieux  faire  les  Affaires  ,  6c  empêcher  les  Peuples 
de  fe  fâcher  des  Taxes,  qu'un  Parlement  fi  zélé  impo 'croit. 

Pendant  ce  tems ,  le  Comte  d' Avaux ,  ni  les  Etats  Généraux  ,  ne  faifoient 
aucune  nouvelle  Démarche  pour  les  Négociations.  Les  Députez  des  Etats 
furent  en  Conférence  avec  le  Comte  de  Goè'z,  6c  avec  l'Envoie  d'Angleter- 
re. C'étoit  plus  pour  donner  à  penfer  au  Comte  d'Avaux  que  pour  autre 
chofe.  Ce  Comte  affec~boit.de  fe  préparer  à  partir.  Quelques  uns  de  fes  gens 
furent  chez  la  plus  part  des  Mini  lires  Etrangers  leur  offrir  à  vendre  du  Lard 
de  France,  qu'il  avoit  fait  venir  pour  fes  provifions.  Cela  donna  fujet  à  rire. 
Les  Etats  Généraux  témoignoient  de  leur  côté  un  grand  défis  pour  la  Paix  ; 
quoi  qu'ils  priffent  de  bonnes  mefures  pour  la  Guerre,,  qui  leur  paroiffoit  iné- 
vitable, ou  du  moins  pour  fe  mettre  en  état  de  défenfe..  En  cette  vue  ,  ils 
firent  une  Députation  vers  TAmbaffadeur  de  Suéde.  C'étoit  pour  lui  dire, 
que  l'on  étoit  content  de  la  conduite  qu'il  tenoit  en  ce  tems-là  ,  6c  qu'on  fe- 
rait bien  aife  qu'il  continuât  fes  bons  offices.  Il  le  promit  ;  mais,  il  agiffoit 
enfuite  d'une  manière  à  ne  pas  fatisfaire.  C'eft  qu'il  tachoit  de  détacher  les 
Etats  des  intérêts  de  l'Empereur  6c  de  l'Angleterre.  Il  infinuoit  aux  princi- 
paux Membres  des  Etats ,  que  s'ils  vouloient  ne.  regarder  qu'aux  leurs,  il 
croioit  que  la  France  pourrait  aquiefeer,  fi  non  à  toutes ,  du  moins  à  une 
bonne  partie  de  leurs  Demandes  pour  leur  fureté  particulière.  On  s'aperçût 
qu'il  parloit  de  la  forte  de  concert  avec  le  Comte  d'Avaux.  C'eft  puifque  ce- 
lui-ci faifoit  les  mêmes  infinuations  afîûrant  qu'en  ce  cas  les  Etats  auraient 
toute  la  fatisfr.c~r.ion  imaginable  6c  qu'on  leur  donnerait  prefque  carte  blanche. 
Cela  n'ébranloit  pas  les  Etats  Généraux.  Ils  prirent  le  deux  de  Mai  une  Ré- 
folution  pour  conférer  avec  le  Comte  d'Avaux ,  afin  de  pouvoir  continuer  la 
Négociation.     Voici  ladite  Rcibluticn. 


■>•> 


Ouï 


ETRE  S  G  LUTIONS    D'E  TA  T.         47? 

1701  ' 

„  /^Uï  le  Raport  des  Sieurs  de  Eflen ,  Se  autres  Députez  de  Leurs  Hautes  ■ 

„  V^  PunTnces,  pour  les  Affaires  Etrangères  lefquels  en  vertu,  6c  en  exe-  Extrait 

„  cution  de  leurs RelblutionsCommiflbriales  de  planeurs  dates,  ont  examiné,  td^^3' 

jy,  ce  qu'on  pourrait  faire  pour  procéder  plus  avant  dans  la  Négociation  enta-  Réibhi- 

„  mée,  au  Sujet  de  la  Paix  Générale  6c  de  la  fureté  de  l'Etat.  Surquoi  aïant  tions  des 

„  été  délibéré,  il  a  été  trouvé  bon  &  arrêté,  que  dans  une  Conférence,  on  Etats 

„  représentera- au  Sieur  Comte  d'Avaux  AmbafladeUr  Extraordinaire  de  Sa  ~jl"e"jj 

„  Majelié  le  Roi  Très-Chrétien,  que  Leurs  Hautes  Puiflances  ont  toujours  Lundjlt 

„  été  portées  à  la  confervation  de  la  Paix,  6c  du  Repos  Public,  tant  par  in-  Mai. 

„  clination ,  que  par  intérêt  ;  que  dans  cette  difpofition  Elles  ont  propofé  à 

„  ladite  Majelié  d'entrer  dans  une  Négociation  fur  les  moïens  par  lefquels  on 

„  pourrait  conferver  la  Paix  Générale,  6c  établir  leur  fureté  particulière  ; 

„  qu'aïant  plû  à  Sa  Majefté  d'agréer  cette  propofition  ,  6c  qu'enfuite  ladite 

„  Négociation  aïant  été  entamée  ici  Leurs  Hautes  Puiflances  avoient  efperé 

„  qu'elle  aurait  été  fuivie  bien-tôt  d'un  bon  effet  ,   6c  d'une  bonne  fin  ,  Se 

„  qu'Elles  ne  fouhaitent  encore  rien  plus  ardemment.   Que  cependant  depuis 

„  la  dernière  Conférence  que  les  Sieurs  Députez  de  Leurs  Hautes  Puiflances 

„  conjointement  avec  le  Sieur  Stanhope,  Envoie  Extraordinaire  de  Sa  Ma- 

„  jefté  la  Roi  de  la  Grande-Bretagne,  ont  tenu  il  y  a  plus  d'un  Mois  avec^ 

5,  ledit  Sieur  Comte  d'Avaux  ,  il  s'elt  bien  tenu  quelques  Conférences  de 

s,  bouche  fur  cette  matière  entre  ledit  Sieur  Comte  d'Avaux,  6c  le  Sieur 

„  Confeiller-Penlîonnaire  Heinfiusj  mais  que  Leurs  Hautes  Puiflances  voient 

„  à   regret   que  par  cette  voie  ,   l'Affaire  eft  encore  peu  avancée.     Que 

„  Leurs  Hautes  Puiflances  délirant  extrêmement  qu'on  puifle  atteindre  le 

„  plutôt  le   mieux  ,   le  but  propofé  par  cette  Négociation  ,  à  fçavoir  la 

„  confervation  de  la  Paix  Générale  s  6c  l'établiflement  de  leur  fureté  parti- 

„  culiere,  font  d'opinion ,  que  pour   obtenir  cet  effet,  le  mieux  ferait   de 

„  . pourfuivre  ladite  Négociation  fur  le  pied,  fur  lequel  elle  ell  commencée. 

,,  Qu'à  cette  fin  Leurs  Hautes  Puiflances  défirent,  6c  font  prêtes ,  de  reaf- 

5,  fumer  par  les  Sieurs  leurs  Députez  ,  conjointement  avec  ledit  Sieur  Stan- 

j5  hope,  authorifé  à  cela  par  Sa  Majeure  le  Roi  de  la  Grande-Bretagne,  les 

,,  Conférences^  avec  ledit  Sieur  Comte  d'Avaux  ,   s'il  efl:   autliorile  ,  èc  le 

„  délire,  de. même,  que  Leurs  Hautes  Puiflances  déclarent  derechef, qu'El- 

„  les  n'ont  autre  intention,  ni  autre  but,  que  la  confervation  de  la  Paix  ,  Se 

„  .du  Repos  Public,  6c  l'établiflement  de  leur  fureté  particulière,  6c  qu'ou- 

„  tre  cela  Elles  fouhaitent  très  fortement ,  de  fe  conferver  l'honneur  de  l'a- 

,,  mitié  de  fadite  Majelié  pour  laquelle  Elles  ont  toujours  une  très  gran- 

„  de  eftime.    Et  font  requis  les  Sieurs  d'Elfen  6c  autres  Députez  de  Leurs- 

„  Hautes   Puiflances    pour   les  Affaires  Etrangères   d'entrer   en  Conferen- 

„  ce  avec  ledit  Sieur  Comte  d'Avaux  à  cette  fin ,  6c  d'en  faire  Raport  à 

„  l'Aflèmblée. 

L'o  n  fit  demander  au  Comte  une  Conférence.     Elle  fe  tint  le  lendemain 
trois.     Elle  dura  plus  de  deux  heures.    Les  Députez  lui  reprcfcméient  fort 

LU  3  vive- 


474     MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

1701.  vivement  le  contenu  de  la  Réfolution.    Ce  Comte  ne  s'expliqua  pas  fur  l'Ad- 
"  million  de  l'Envoie  d'Angleterre  comme  partie  principale.     Au  contraire,  il 

dit  que  les  intérêts  de  ce  Roïaume-là  dévoient  être  ménagez  ailleurs.  11  en- 
voia  cependant  la  Réfolution  des  Etats  àja  Cour  par  un  Exprès.  Celui-ci 
fut  de  retour  le  8.  Deux  jours  après  il  prefenta  aux  Etats  Généraux  le  Mé- 
moire qui  liait:. 

Mémoi-  „  T    E  fouffigné  Ambafladeur  Extraordinaire  du  Roi  Très  -  Chrétien  auprès 
ieVre~     „  ï-j  de  VV.  SS.  a  envoie  au  Roi  fon  Maître  la  Réfolution  qu'Elles  lui  ont 
le' Corn-  »j  délivrée  te  trois  de  ce  mois,  par  laquelle  Elles  témoignent  le  delîr  qu'Elles 
ted'A-    ,,  ont  que  l'on  renoue   conjointement  avec  l'Envoie  du  Roi  d'Angleterre  les 
vaux  ,     5J  Conférences,  que  l'on  a  commencé  avec  lui  pour  la  confervation  de  laPaix, 
GénéUtS  "  &  Pour  l'établiiîement  de  leur  fureté  particulière,  Vos  Seigneuries  decia- 
raux ,  le  j>  rant  en  même  tems  qu'Elles  ne  fouhaitent  rien  plus  ardemment  que  de  voir 
10.  Mai.  „  cette  Négociation  bien-tôt  terminée  par  une  bonne  &  heureufe  conclufion. 
„  Sa  Majeité,  à  qui  le  foulligné  Ambafladeur  a  rendu  conte  de  la  reponfe 
„  qu'il  a  faite  à  VV.  SS.  touchant  l'Admiffion  de  l'Envoie  du  Roi  d'Angle- 
j,  terre  l'a  entièrement  approuvé.    Elle  n'a  pas  moins  agréé  les  allurances  que 
„  VV.  SS.  donnent  dans  ce  Mémoire  du  defir  qu'Elles  ont  de  conferver  la 
Paix,  <k  comme  Sa  Majeflé  perfifte  dans  la  même  réfolution  de  mainte- 
nir le  Repos  Public ,  Elle  verra  avec  plaifir  qu'on  puiflé  trouver  les  moïens 
les  plus  conformes  au  bien  général  de  l'Europe  pour  en  alfûrer  la  tranqui- 
lité.     C'eft  dans  cette  vûë  qu'aufîl-tôt  qu'Elle  a  fçû  que  Vos  Seigneuries 
„  avoient  piopofé  de  renouer  les  Conférences,   Elle  a  agréé  que  le  louffigné 
,,  Ambafladeur  les  reprit,  &  qu'il  demeurât  encore  à  la  Haïe  pour  cet  effet. 

Etoit  Jîgné, 

Le  Comte  d'Ayaux. 
„  A  la  Haïe  le  10.  Mai  1701. 

L'on  communiqua  à  l'Envoie  d'Angleterre  la  Copie  de  ce  Mémoire,  6c 
Ton  convint  avec  lui  qu'il  y  avoit  des  obfcuritez,  touchant  fon  Admilîîon. 
Les  Etats  Généraux  trouvèrent  à  propos  d'en  parler  au  Comte  d'A\  aux  le 
12..,  pour  en  avoir  quelque  éclaircifTement.  Il  n'en  donna  point  d'autre  Re- 
ponfe, que  celle  qu'il  avoit  donnée  fur  cefujet-là,  dans  la  Conférence  du 
trois.  C'ell  là-delfus  que  les  Etats  Généraux  écrivirent  le  13.  au  Roi  d'An- 
gleterre la  Lettre  qui  luit. 

Lettre  SIRE, 

des  Etats 
Géné- 
raux au 
Roi  de 


55 
9J 

n 


DEpuis  la  proteflation  que  Nous  avons  faite  a  Vôtre  Majeflé  ,  par  nôtre 
dernière  Lettre  du  23.  d'Avril  ,    de  n'entrer  en  aucune  Négociation 
la  Gran-  aVec  la  France,  que  de  concert  avec  l'Angleterre  ,    Nous  avons  jugé  à  pro- 
pos 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.  47f 

pos  de  demander  au  Comte  d'Avaux  Ambafladeur  Extraordinaire  de  Sa  Maje-   1701. 

lié  Très-Chrétienne,  s'il  ièroit  porté  6c  authorifé  de  rentrer  dans  la  Négo-  ■ 

ciation  de  la  manière  qu'elle  avoit  été  commencée  conjointement  avec  le  de-Rre- 
Miniftre  de  Vôtre  Majefté,  comme  Elle  le  pourra  voir  par  nôtre  Réfolution  tagne, 
du  deuxième  cTe  ce  mois  ci-jointe.  Le  Sr.  Comte  d'Avaux,  l'aïant  envoie  à  £"  J 3> 
S.  M.  Très- Chrétienne,  après  le  retour  de  Ton  Courier  Nous  préfenta  le  Mé-  u' 
moire  dont  nous  joignons  pareillement  la  Copie  à  cette  Lettre.  Nous  l'avons 
communiqué  au  Sr.  de  Stanhopc  Envoïé  Extraordinaire  de  Vôtre  Majefté ,  6c 
après  en  avoir  concerté  avec  lui  ,  Nous  avons  trouvé  dans  ledit  Mémoire  de 
certaines  obfcuritez,  qui  nous  firent  douter  de  (on  véritable  feus.  C'cft  pour- 
quoi Nous  avons  crû  necêflàire  de  donner  part  audit  Sr.  Comte  d'Avaux  de 
la  Lettre  que  Nous  nous  donnâmes  l'honneur  d'écrire  à  Vôtre  Majefté  le  z;. 
d'Avril  paÎTé,  &  de  nôtre  engagement  à  ne  prendre  aucunes  mefures  dans  la 
Négociation  que  de  concert  avec  Elle:  le  Comte  d'Avaux  a  répondu  à  nos 
Députez  qu'il  étoit  venu  ici  pour  traiter  des  moïens  pour  conferver  la  Paix 
générale,  6c  établir  nôtre  fureté  particulière  ,  que  fi  nous  voulions  concerter 
la-delîus  avec  Vôtre  Majefté  il  n'y  trouvoit  rien  à  redire  ,  &  qu'il  étoit  con- 
tent que  l'Envoie  de  Vôtre  Majefté  affiliât  aux  Conférences  qu'on  auroit  fur 
ce  fujetj  mais  qu'il  n'étoit  aucunement  autorifé  d'entrer  en  Négociation  avec 
lui,  pour  les  intérêts  de  PAngleterrej  qui  fe  devraient  traitter  ailleurs}  à  quoi 
nos  Députez  ont  reprefenté  que  dans  la  confervation  de  la  Paix  Générale  Vô- 
tre Majefté  étoit  également  intereflee  avec  Nous  ;  que  nôtre  lûreté  ne  pou- 
voit  être  aucunement  feparée  de  celle  de  l'Angleterre  ;  que  nous  avions  là- 
dedans  un  intérêt  commun  entre  les  deux  Nations  ;  £c  que  dans  la  préfente 
Négociation,  fans  faire  tort  à  Vôtre  Majefté,  on  ne  la  pourrait  regarder  au- 
trement, que  comme  Partie  principale  auffi  bien  que  Nous.  Mais ,  nonobftant 
plufieurs  inftances  de  nos  Députez,  8c  toutes  leurs  railbns  alléguées,  le  Sr. 
Comte  d'Avaux  a  perfilté  dans  la  Rcponfe  mentionnée  ,  difant  de  n'avoir 
point  d'autres  ordres  ,  qu'il  envoieroit  nôtre  Réfolution,  (dont  Vôtre  Maje- 
llé trouvera  ici  la  Copie)  à  la  Cour  de  France,  fans  donner  la  moindre  éfpe- 
rance  de  recevoir  une  Réponfe  conforme  à  Nos  fentiments.  Sur  le  rapport 
qui  Nous  en  a  été  fait,  Nous  avons  jugé  ,  qu'ainfi  on  fepareroit  les  intérêts 
,  de  l'Angleterre  de  ceux  de  nôtre  République.  Nous  les  tenons  pour  infepa- 
rablcs  ,  ôc  comme  c'eft  une  chofe  évidente  qu'ils  font  tels.  Nous  n'avons  pu 
tirer  d'autre  conclufion  de  ce  procédé  ,  fi  non  que  du  côté  de  la  France  on 
pourrait  bien  avoir  defiein  de  finir  les  Conférences ,  6c  de  n'accorder  aucune 
des  furetez  demandées,  6c  qui  font  fi  nécefiaires  à  la  confervation  des  Roïau- 
mes  de  Vôtre  Majefté,  6c  de  nôtre  République.  Nous  fommes  obligez  de 
porter  tout  ceci  à  la  connoiflanec  de  Vôtre  Majefté.  Nous  prott  lions  encore 
que  nos  intérêts  étant  communs  avec  ceux  de  Vôtre  Majefté  dans  la  prefente 
Négociation,  6c  infeparables  les  uns  des  autres,  Nous  ne  les  laiderons  divilèz 
en  aucune  manière.  Cependant ,  Sire  ,  Nous  ne  pouvons  nous  difpenfcr  de 
reprefenter  à  Vôtre  Majefté  le  picfiant  btfoin,  eu  rous  ibmmes  d'eue  fecou- 
tus,  fans  perte  de  tems,  fi  nous  voulons  prévenir  la  ruine  qui  nous  menace,  6c 
le  péril  extraordinaire,  où  nous  nous  trouvons.     Elle  connok  à  fond  l'état  de 

no? 


47*     MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

I"'CI-  nos  Affaires ,  &  Elle  peut  aifement  juger  s'il  eft  poflible ,  dans  la  fituation 
'  où  nous  Ibmmes,  de  refiiter  à  des  forces  autant  fuperieures,  que  celles  de  la 

France.  C'cft  ce  qui  nous  avoit  fait  demander  avec  empreffement  à  Vôtre 
Majcftë  l'exécution  du  Traité  pafle  par  l'aveu  du  Parlement  l'an  167?.  entre 
le  Roi  Charles  II.  de  glorieufe  mémoire,  &  cet  Etat.  Nous  réitérons 
aujourd'hui  nos  inftances  les  plus  vives ,  pour  avoir  promptement  le  fecours 
ilipulé  &  l'effet  tout  entier  dudit  Traité.  Nous  nous  flattons  que  Vôtre  Ma- 
jefte  voudra  bien  faire  une  reflexion  ferieufe  ,  fur  la  fituation  où  nous  fora- 
ines ,  particulièrement  après  les  aflurances  pofltives  qu'Elle  nous  à  donnée  que 
les  Refolutions  de  fon  Parlement  étoient  de  s'intereffer  avec  vigueur  à  Nôtre 
confervation ,  6c  de  nous  afli (1er  dans  les  belbins  où  Nous  fommes,  en  four- 
mffant  les  fecours,  dont  nous  fommes  convenus.  Nous  vous  dirons  Sire,  en 
quel  état  la  Fiance  fe  met ,  &  Vôtre  Majefté  jugera  par-là  fi  nôtre  crainte 
cil  mal  fondée,  qui  ranime  Nos  demandes.  La  France,  non  contente  de  s'ê- 
tre mife  en  poffeiîion  de  toutes  les  Places  qui  reftoient  à  l'Efpagne  dans  les 
Païs-Bas ,  y  a  jette  6cy  fait  marcher  actuellement  tous  les  jours  des  Forces  for- 
midables. On  fuit  tirer  une  Ligué  depuis  l'Efcaut  à  Anvers  jufques  à  la 
Meufe.  On  va  commencer,  comme  nos  avis  le  portent,  une  pareille  Ligne 
depuis  Anvers  jufque  à  Oflende.  Elle  envoie  dans  la  Places  les  plus  frontiè- 
res de  nôtre  Etat  une  nombreufè  Artillerie.  Elle  fait  en  diligence  beaucoup 
de  Magazins  en  Flandres,  en  Braband,  Gueldre,  6c  Namur,  qu'elle  remplit 
de  toutes  fortes  de  Munitions  de  Guerre  6c  de  bouche  j  outre  les  grands  amas 
de  Fourage  qu'elle  fait  de  tout  côté.  Elle  bâtit  des  Forts  fous  le  Canon  de 
Nos  Places.  Déplus,  Elle  a  travaillé  &  travaille  encore  continuellement  à  dé- 
tacher les  Princes  Nos  amis  de  Nos  intérêts.,  pour  les  faire  entrer  dans  fon 
Alliance,  ou  du  moins  les  engager  à  la  Neutralité.  Enfin,  par  des  intrigues 
Se  des  divifions  dans  l'Empire  on  Nous  rend  inutiles  Nos  amis,  Se  on  augmen- 
te, ceux  de  la  France.  Ainfi  Nous  fommes  prefque  renfermez  de  toutes  parts, 
hormis  du  côté  de  la  Mer.  Voilà,  Sire, fins  aucun  deguilément ,  la  véritable  fi- 
tuation, où  nous  nous  trouvons  réduits ,  fins  rien  ajouter  à  ce  qui  eft  de  fait.  Ce- 
la Nous  fait  efpcrer ,  que  comme  Vôtre  Majefté  connoit  parfaitement  Nos  af- 
faires, Elle  conviendra  avec  Nous,  que  pour  le  préfent  Nôtre  condition  eft  pi- 
re ,  qu'elle  n'a  été  pendant  la  dernière  Guerre,  &  plus  mauvaife  que  fi  nous  étions 
actuellement  en  Guerre,  puis  qu'on  frit  des  Forts  fous  le  Canon  de  Nos  Places 
fortes  &  des  Lignes  le  longde  nos  Frontières,  fins  que  nous  puiflions  l'empêcher,  • 
comme  nous  le  pourrions  foire  ,  fi  nous. étions  en  Guerre.  Ces  raifôns  nous 
obligent  de  nous  mettre  en  état  de  defenee  ,  plus ,  que  fi  nous  étions  actuel- 
lement attaquez}  d'inonder  Nos  Terres,  6e  même  de  couper  Nos  Digues,  pour 
rfflûrer  Nos  Frontières.  Nous  nous  trouvons  ncceflitez  d'emploïer  ces  moïens 
Se  tous  les  autres,  que  nous  pourrions  fu porter  dans  une  Guerre  ouverte}  en 
forte  que  Nos  fujets  en  fouffrent  déjà  plus  qu'ils  n'ont  fait  pendant  la  dernière 
Guerre.  Jufques  ici  l'hyver  nous  avoit  fervi  d'une  telle  quelle  fureté.  Cette 
faifon  eft  paffee,  6c  nous  fommes  à  la  veille  d'être  envahis  6c  renverlez  à  tout 
moment,  à  moins  d'un  prompt  fecours.  Nous  nous  le  promettons  de  Votre 
.côté,  Sire,  fur  tout  après  qu'il  a  plu  à  Vôtre  Majellé  de  nous  affûter  que 

.fon 


ET    RESOLUTIONS    D'ETAT.         477 

fon  Parlement  avoit  pris  des Réfolutions  favorables  pour  nous.     Comme  nôtre  I701- 
neceffité  eft  preflante,  Nous  la  fupplions  de  bien  confiderer  l'extrémité  où  "' 

nous  fommes,  &  nôtre  impoffibilité  d'éviter  la  ruïne  entière  6c  le  bouleverfe- 
ment  de  nôtre  République,  fi  on  Nous  laifle  dans  cet  état.  Nous  croïons, 
Sire,  les  intérêts  de  l'Angleterre  fi  étroitement  unis  aux  vôtres,  que  Nous 
nous  expoferons  à  tout  événement ,  plutôt  que  de  foufFrir  qu'on  les  {epare,  ou 
de  prendre  aucunes  mefures ,  que  de  concert  avec  Vôtre  Majefte.  Il  eft 
très-inutile  de  lui  reprefenter,  que  la  propre  confervation  de  fes  Roïaumes  la 
doit  porter  à  prévenir  Nôtre  ruine,  attendu  que  nous  croïons  leur  perte  infè- 
parable  de  la  Nôtre.  Les  raifons  vous  en  font  connnës ,  mieux  qu'à  Nous, 
Sire  ,  auflî-bien  que  les  fatales  conféquences ,  aux  quelles  on  s'expofe,  en 
nous  laiflant  dans  cet  état  ;  ce  qui  nous  perfuade  que  par  la  confommée  pru- 
dence de  Vôtre  Majefté,&  par  les  bonnes  intentions  de  fon  Parlement ,  Elle  di- 
rigera toutes  chofes,  6c  fera  voir  à  l'Europe,  que  rien  n'eft  plus  avantageux 
à  là  fureté, que  fes  Alliances  avec  l'Angleterre  6c  fon  Amitié.  Pour  Nous,  nous 
attendons ,  fans  délai ,  les  fecours  6c  l'accompliffement  du  Traité  ci-defTus 
mentionné  ,  &  nous  prions  Dieu ,  Sire ,  de  conferver  la  facrée  Perfonne  de  Vô- 
tre Majefté  dans  une  longue  fanté,  6c  fes  Etats  dans  une  profperité  floriflan- 
•te.    Fait  à  la  Haïe  le  1 5.  de  Mai  1701. 

L'o  N  ne  tarda  pas  à  recevoir  là-defius  la  Réponfe  du  Roi ,  qui  fuit. 

„  HAUTS  ET  PUISSANS  SEIGNEURS,  NOS  BONS  AMIS  ^Pon.r6 
ET  CONFEDEREZ,  delà 

LEs  affûrances  que  Vous  Nous  avez  données,  par  Vôtre  Lettre  du  13.  Breta-6" 
de  ce  mois  nouveau  ftile  ,   que  vous  croïez  nos  intérêts  infeparablc-  gneaux 
ment  unis  aux  Vôtres,  6c  que  quoiqu'il  arrive  ,  vous  ne  voulez  pas  vous  Etats 
en  départir,  ni  prendre  d'autres  mefures,  dans  la  conjoncture   prefente ,  Gené"jl, 
que  de  concert  avec  Nous,  font  fi  fortes  &  fi  cordiales  ,   que  Nous  nous  17"  Mai. 
trouvons  obligez,  non  feulement  de  vous  en  faire  nos  Remerciemens,  mais 
auffi  de  vous  affûrer  de  nouveau,  que  Nous  fommes  tout  à  fait  dans  les  mê- 
mes difpofitions ,  &  les  mêmes  fentimens, à  l'égard  de  vos  intérêts,  que 
Nous  ne  confiderons  pas  autrement  que  les  Nôtres.    Nous   vous  donnons 
en  même  tems  avis ,  que  nous  vous  envoïerons  inceflamment  les  fecours 
^  que  vous  avez  demandé,  les  inclinations  de  Nôtre  Parlement  aïant  promp- 
„  tement  repondu  aux  Nôtres  ;  ce  qui  Nous  a  donné  beaucoup  de  fatisfac- 
tion,  voïant  que  Nôtre  Peuple  eft  fi  fenfible  à  l'état  prefent  où  vous  êtes, 
&  aux  Dangers  qui  vous  menacent ,  qu'il  fonge  avec  ardeur ,  à  procurer 
vôtre  fureté.     Ainfi,  Nous  prions  Dieu  qu'il  vous  ait,  Hauts  6c  Puiffans 
Seigneurs,  nos  bons  Amis,  Alliez  6c  Confederez ,   en  fa  fainte  6c  digne 
garde.     Ecrit  à  Nôtre  Cour  à  Hamptoncourt  le  Jf.  Mai  1 701.  6c  de  notre 
Règne  le  treizième. 

„  Vôtre  bien  bon  Allié, 

WILLIAM    R. 

Tom.  /.  Mmm  On 


if 
■)•> 

Y> 
55 


J5 

■>•> 
35 
33 
53 
53 


478      MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ; 

i-oi.       On  reçût  en  même  tems  ta  Copie  d'un  Mémoire  que  le  Comte  de  Wra- 
1  tiftau  avoir  prcfcnté  à  Sa  Majefté  Britannique.     On  voioit  par  icelui  les  fenti- 

mens  de  l'Empereur  fur  les  Occurrences  de  ce  tems-là.     On  peut  les  voir  par 

la  Copie  de  ce  Mémoire,  qui  fuit. 

Memo.         SERENISSIME  ET  POTENTISSIME  REX. 

rialeex- 

hibitum  A  multis  rétro  annis  Regem  Gallia  nimiâ  ahreptum  ambitionefinfefla  cmpiffe  ani- 
ef\x  Aà"'  mo  a&itare  confliia->  Europam  armis  quaffare,  vaftatis  vicinis  Regionibus  op- 
Comite  Pida  &  munimenta  fibi  arripere  ,  omnia  mifcere  &  in  libertatem  fortunafque 
de  Wra-  omnium  co?nmifcere,  viamque  fibi  quovis  modo  Jiernere  ad  fummum  in  omnes  Eu- 
tiflau,  ropœ  Principes  populofque  imper  ium^  mimique  non  fine  gravi  plurimorum  jaclu- 
n.Mau.  r£  conflat^  Conatibus  Régis  tant  alte  fpirantis  pro  virili  fefe  oppofuêre  ,  quorum 
id  fummoperè  intererat ,  Principes  Statu/que  fœderati  junclis  viribus  fecêre  ne 
omnia  poffet  quœ  vellet ,  fpefque  efulfit  aliqua  quiet is  pojî  fummos  exantlatos  la- 
bores.  Armis  autem  vix  pofitis  en  nova  turba  ,  nova  undique  tempe  fiâtes  ^  fj? 
quoi  vi  perfici  non  potuit ,  variis  bine  inde  machinât ionibus  eo  deduclum  efi  à 
Chrifiianijfimo  Rege ',  antiqua  ufque  revolvente  Confilia  ,  utjugum^fi  unquam  , 
Jam  metuendum  fit.  Accefiione  enim  tôt  Regnorum  &  Provinciarum  Monarchia 
Hifpanica^  vires  Régis  Gallia  in  id  crevêre  fafiigium^  ut  vixfpes  ulla  fuperfit  fa- 
lutis,  ni  extrema  quavis  minitanti  armis  mature  obviam  eatur.  Pratexitur  qui- 
dem  huic  Chr.  Reg.  conatui  tefiamentum  quoddam  Regis\Catboiici  Caroli  II., 
nuper  fato  funtli ,  quo  Dux  Andegavenfis  bares  pradicli  Régis  dici  ac  confii- 
tuifertur.  Sednecjufium  tefiamenti  nomen  meretur ,  quod  variis  artibus  ,  mi- 
fiis ,  vi  denique  â  Rege  Cath.  in  articulo  mortis  confiituto  extortum  efi  :  nec  erat 
Régis  Cath.  tefiamentum  condere  ,  renunciationibus  Anna  Auflriaca  &f  Maria 
Therefia  Reginarum^  tefiamentis  denique  Philippi  III.  (3  Philippi  IV.  Re- 
gum  quibus  praditla  renunciationes  abunde  explanantur ,  è  diametro  oppofitum  & 
repugnans.  Notum  efi  univerfo  Orbi  quâ  forma  perfecla  fuerunt  renunciationes 
praditla  &?  facrâ  jusjurandi  Religione fiabilita ,  quofœdere  etiam  Pirenaorum  & 
paclorum  Aquifgranenfium  Articulo  8.  Neomagenfium  Articulo  itidem  8.  Risvi- 
tenfium  Articulo  27.  quam  fieri  potefi,  pleniffime  confimantur.  Placuit  t amen  nu- 
per Régi  Gallia  pofihabitâ  paclorum  religione  totam  invadere  Monarchiam  Hif- 
panicam,  eu  jus  legitimus  h  are  s  vi  jufia  fuccejftonis ,  renuntiationum  ,  tefiamento- 
rum  13  paclorum  praditlorum  exifiit  facra  Cafarea  Majefias ,  (3  feuda  S.  R. 
Impcrii  arripere  (in  quâ  tamen  rerum  difpofitione  omne jus  S.  C.  M.  unicè  corn- 
petit ,  )  qua  omnia'  S.  CM.  jura  quafita  validiffimis  probare  argument  is  facilli- 
mum  foret ,  ni  res  effet  omnibus  notiffima  lueeque  meridianâ  clarior.  Sibi  autem 
toti  Europa  in  tanto  periculo  confiituto  nolens  dcejfe  S.  C.  M.  armis  fuis  fibi  vin- 
dicare^  (3  fervituti  omnibus  imminent i  firenuè  fefe  opponere  ftatuit.  Arduumfa- 
tiè  &?  periculis  plénum  efife  quod  aggredïtur  negotium  ,  Hbenter  fatetur  S.  C.  M. 
fedfpem  reponens  fummam  in  infolitâ  quâ  nititur  caufà  ejus  jufiitia  ,  perfuajfijfi- 
mum  ftbi  habet  Rcges  Principefque  fœderatos  ,  quos  inter  principe?»  tenet  locum 
R.  M.  V.  valida  mifjuros  aux  Ma,  &  communcm  caufam  fociatis  armis  propugna- 
turos.  Dédit  S.  C.  M.  infraferipto  Ablegato  fuo  Extraordimrio  in  mandatis 
ut  rem  tantimomenti ,  &?  quanam  S.  C.  M.  fuper  eam  effet  fententia  ,  Majefiàti 

V e fii  a 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.  4r9 

Veftra  exportent,  velitque  R.  M.  V.  fœdere  anno  1689.  conclufo  huïc  Memoria-  iJOl'. 

li  adnexo ,  promijfa  praftare  auxilia  ,  benignumqus  infrafcripto  Ablegato  imper*  •   

tiri ,  quant 0  fier i  pote (i,  ociùs  refponfum.  Infrafcriptus  Ablegatus  Extraordina- 
rius  ex  mandatis ,  qui  par  ejî  reverentiâ  ,  id  iterum  iterumque  petit.  Londi~ 
tii  ai.  Mai  1701. 

JoANNES  VENCESLAUS  CoMES  W  R  A  T  I  S  L  A  V I  EN  S  I  S. 

La  Réfolution  des  Etats  Généraux  du  2.  ,  &  communiquée  au  Comte 
d'Avaux  le  ?. ,  avoit  été  prife  en  une  vûë  fagement  politique.  C'eft  que 
comme  le  Parlement  avoit  prié  le  Roi  de  faire  continuer  les  Conférences 
avec  le  Comte  d'Avaux , conjointement  avec  les  Etats  Généraux,  pour  obte- 
nir la  fureté  de  la  République,  les  Etats  firent  cette  Démarche,  afin  que  les 
Anglois  ne  puflent  pas  dire  que  c'étoit  la  Hollande  qui  refufoit  de  continuer 
les  Conférences  ;  mais  de  leur  faire  voir  que  c'étoit  la  faute  des  François, 
pour  animer  par-là  les  Anglois  contr'eux.  L'on  trouva  cette  manœuvre  d'au- 
tant plus  néceflâire,  que  l'on  eut  des  Avis  de  Paris,  que  le  Roi  de  France,  . 
qui  n'avoit  pu  fuprimer  fon  chagrin  contre  les  Etats  Généraux,  fur  ce  qu'ils 
ne  vouloient  pas  féparer  leurs  intérêts  de  ceux  de  l'Angleterre  ,  avoit  cepen- 
dant dit  publiquement ,  qu'il  ne  vouloit  attaquer  perlbnne.  On  regarda  cet- 
te exprefEon  comme  tendante  à  tenir  le  Parlement  d'Angleterre  dans  une  non- 
chalance, par  raport,  tant  au  Secours  pour  la  Hollande,  que  pour  les  Prépa- 
ratifs de  Guerre. 

Il  s'écoula  quelques  jours,  fans  qu'il  y  eut  quelque  Démarche  nouvelle  de 
la  part  du  Comte  d'Avaux.  Celui-ci ,  voïant  que  les  Infinuations  fecretes  , 
qu'il  faifoit  lui-même,  &  faifoit  faire  par  l'Ambaflâdeur  de  Suéde  ,  ne  por- 
toient  aucum  coup,  il  alla  le  6.  Juin  trouver  le  Confeiller - Penûonnaire ,  & 
lui  fit  des  Propofitions. 

Ce  Miniftre  en  fit  d'abord  le  Raport  à  l'Aflemblée  des  Etats  Généraux, 
dont  voici  la  Copie. 

„  !  '  E  Sr.  Confeiller-Penfionnaire  a  rapporté  à  PAflêmblée,que  le  Sr.  Com-  Extrait 
„  •L'  te  d'Avaux  A  mbaflàdeur  Extraordinaire  de  Sa  Majefté  Très-Chrê-  d„u  Re" 
„  tienne  étoit  venu  lui  dire  de  bouche,  qu'il  avoit  reçu  ordre  de  ladite  Ma-  r^Iu-^ 
„  jefté  de  demander  une  dernière  reponfe  fur  les  Conférences  entamées  ici,  à  tionsdês 
„  favoir  fi  l'intention  de  Leurs  Hautes  Puiflânces  eft  de  les  continuer  en  y  ad-  Etats 
„  mettant  l'Envoie  Extraordinaire  de  Sa  Majefté  de  la  Grande-Bretagne  fans  Géné" 
„  qu'il  eut  la  liberté  d'y  faire  des  Demandes  particulières  pour  le  Roi  fon  6.  Juin. 
„  Maître  ou  lî  Elles  fe  rompront  entièrement  en  cas  qu'il  ne  foit  admis, 
„  qu'à  cette  condition-là.  Que  ledit  Sr.  Comte  d'Avaux  y  avoit  adjouté,que 
„  Sa  Majefté'  Très -Chrétienne  ne  vouloit  point  feparer  l'Angleterre  &  Leurs 
„  Hautes  Puiflânces.     Que  pour  preuve  de  cela,  comme  les  Demandes  de 
„  Sa  Majefté  Britannique  ne  fe  dévoient  faire  que  par  fon  Ambaflâdeur  à  la 
„  Cour  de  France,  Sa  Majefté  Très- Chrétienne  vouloit  bien  que  LL.  HH. 
„  PP.  y  envoyaflcnt  un  Miniftre  qui  agirait  de  concert  avec  l'Ambaflâdeur 
„  d'Angleterre.    Qu'après,  ledit  Sr.  Comte  d'Avaux  avoit  fait  dire  audit  Sr. 

Mmm  i  „  Con- 


4S0     MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

1701.  „  Confeiller-Penflonnaire,  que  l'intention  étoit  que  l'Ambaffàdeur  de  Sa  Ma- 
"  „  jeité  de  la  Grande-Bretagne  pourroit  propofer-là  les  Affaires,  comme  le 

„  Miniftre  de  Leurs  Hautes  Puiffànces  les  leurs ,  pour  negotier  là-deflus  con- 
„  jointement.  Sur  quoi  étant  délibéré  il  a  été  trouvé  bon  6c  arrêté  de  re- 
„  quérir  Se  de  donner  Commiflion  aux  Srs.  d'ElTen  Se  autres  Députez  de 
„  LL.  HH.  PP.  pour  les  Affaires  Etrangères,  de  communiquer  ce  que  def- 
„  fus  au  Sieur  de  Stanhope  Envoie  Extraordinaire  de  Sa  Majefté  de  la  Gran- 
„  de-Bretagne,  d'entendre  fes  Confiderations  fur  ce  Sujet, Se  d'en  faire  Ra- 
„  port  à  l'Aflêmblée. 

O  n  reprit  le  lendemain  7.  en  confidération  ce  Raport ,  Se  l'on  réfolut 
d'en  faire  part  au  Roi  de  la  Grande-Bretagne.  On  en  donna  même  l'Avis 
au  Comte  d'Avaux  par  un  Ecrit  fans  Signature,  conforme  cependant  à  la 
Réfolution.     Celle-ci  étoit  de  la  teneur  fuivante. 


Extrait  „ 
duRegî-  n 
tre  des 
RéTolu-  " 
tions  des  33 
Etats  „ 
Gêné- 
raux , du  ' 
7.  Juin.  " 
33 

5) 
33 
33 
33 
33 
33 
» 
33 
33 
5» 
33 
33 
33 
» 

33 
33 

53 
33 
33 
33 
33 
33 
}> 


OUï  le  Raport  des  Sieurs  d'Effén  Se  autres  Députez  de  Leurs  Hautes 
Puiffànces  pour  les  Affaires  Etrangères ,  lefquels  en  vertu  de  leur  Ré- 
folution Commiflbriale  du  6.  de  ce  mois  ont  été  en  Conférence  avec  le 
Sieur  Stanhope  Envoie  Extraordinaire  de  Sa  Majefté  le  Roi  de  la  Grande- 
Bretagne,  Se  lui  ont  communiqué  ce  que  le  Sieur  Comte  d'Avaux  Am- 
baffàdeur  Extraordinaire  de  Sa  Majefté  Très- Chrétienne  avoit  dit  au  Sieur 
Confeiller-Penflonnaire  Heinfius,  comment  il  avoit  reçu  ordre  de  fadite 
Majefté,  de  demander  une  dernière  Réponfe  fur  les  Conférences  entamées 
ici  >  à  favoir  fi  c'eft  l'intention  de  Leurs  Hautes  Puiffànces  de  les  conti- 
nuer, en  y  admettant  l'Envoie  Extraordinaire  du  Roi  de  la  Grande-Bre- 
tagne, fans  qu'il  eut  la  liberté  d'y  faire  des  Demandes  particulières  de  la 
part  du  Roi  fon  Maître  ,  ou  fi  elle  fe  rompraient  entièrement ,  en  cas 
qu'il  ne  fut  admis,  qu'à  cette  condition-là  -,  Se  ce  que  ledit  Sieur  Comte 
d'Avaux  y  avoit  ajouté,  que  Sa  Majefté  Très- Chrétienne  ne  pretendoit 
point  fepaixr  l'Angleterre  d'avec  Leurs  Hautes  Puiffànces \  que  pour  preu- 
ve de  cela, que  comme  les  Demandes  de  Sa  Majefté  Britannique  ne  fe  dé- 
voient faire ,  que  par  fon  Ambaffàdeur  à  la  Cour  de  France  ,  Sa  Majefté 
Très-Chrétienne  vouloit  bien  que  Leurs  Hautes  Puiffànces  y  envoïaflênt 
un  Miniftre  qui  agit  de  concert  avec  l'Ambafladeur  d'Angleterre  \  Se  com- 
me en  après  ledit  Sieur  Comte  d'Avaux  avoit  fait  dire  audit  Sieur  Conieil- 
ler-Penfionnaire  que  l'intention  étoit,  que  l'Ambafladeur  de  Sa  Majefté 
de  la  Grande-Bretagne  pourroit  propofer-là  les  Affaires  de  l'Angleterre 
comme  le  Miniftre  de  Leurs  Hautes  Puiffànces  pourrait  faire  les  leurs , 
pour  négocier  là-deffus  conjointement.  Surquoi  étant  délibéré,  on  a  re- 
mercié les  Sieurs  Députez  de  la  peine  qu'ils  ont  prife,  &  de  plus  il  a  été 
trouvé  bon  Se  arrêté, qu'on  envoïera  Copie  de  ce  que  deffus  au  Sieur  de 
Geldermalfen  Envoie  Extraordinaire  de  Leurs  Hautes  Puiffànces  à  la  Cour 
du  Roi  de  la  Grande-Bretagne,  pour  en  donner  part  à  Sa  Majefté  Se  d'ap- 
prendre fes  avis  là  deffus.  Qu'en  outre  on  fera  fçavoir  audit  Sieur  Comte 
d'Avaux, que  Leurs  Hautes  Puiffànces  ont  trouvé  neceflàire  de  communi- 
quer ce  qu'il  a  dit  à  Sa  Majefté  Britannique  ;  que  Leurs  Hautes  Puiffàn- 

„  ces 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.         481 

ces  ont  fouhaité ,  &  le  fouhairent  encore ,  qu'on  puîné  trouver,  le  plutôt  le  1701. 
le  mieux ,  les  moïens  pour  atteindre  au  but ,  pour  lequel  la  Négociation  " 
a  été  entamée  ici.  Que  Leurs  Hautes  Puiflances  verroient  très  volontiers, 
que  les  Conférences  fur  ce  Sujet ,  fuflênt  continuées  ici  ;  qu'Elles  crai- 
gnent qu'on  ne  perde  beaucoup  de  tems  ,  en  cas  qu'Elles  duflent  envoïer 
'„  un  Mini  Are  à  Paris,  puifque  le  Gouvernement  de  leur  Republique  efl 
tel,  qu'il  faut  beaucoup  de  tems,  avant  qu'on  puifle  venir  à  une  con- 
clufion  pour  nommer  un  Miniftre,  &pour  arrêter  fes  Inftruftions.  Que 
ledit  Sieur  Comte  d'Avaux  étant  prefentement  ici ,  6c  les  Conférences 
y  aïant  eu  leur  commencement ,  aflurement  on  gagneroit  beaucoup  de 
„  tems,  fi  Sa  Majefté Très-Chrétienne  pouvoit  trouver  bon  de  les  faire  con- 
„  tinuer  ici ,  fur  le  pied  fufmentionné.  Qu'ainfi ,  pendant  que  Leurs  Hautes 
„  Puiflances  attendent  une  Reponfe  d'Angleterre,  Elles  remettent  à  la  confi- 
„  deration  dudit  Sieur  Comte  d'Avaux,  s'il  ne  ferait  pas  le  plus  expédient 
„  de  pourfuivre  ladite  Négociation  en  ce  lieu  ,  &C  qu'Elles  le  requierrent  de 
„  vouloir  emploïer  fes  bons  offices  pour  cela. 


Comme  l'on  s'attendoit  à  quelque  refus  de  la  part  de  la  France,  l'on 
fut  furpris  que  le  Mercredi  1  f . ,  le  Comte  d'Avaux  fe  rendit  à  quatre  heures 
après  midi  chez  le  Confeiller-Penfionnaire.  Il  lui  dit  de  bouche ,  que  le  Roi 
fon  Maître  vouloit  bien  pour  le  maintien  de  la  Paix ,  que  les  Conférences  fe 
tinflènt  à  la  Haïe,  &  que  l'Envoie  Britannique  y  fût  admis  comme  Partie 
intëreflee.  Il  ajouta  même,  que  le  Roi  fon  Maître  l'avoit  réprimandé  pour 
avoir  été  trop  difficile  là-defllis.  Il  faifoit  cela,  comme  fi  la  difficulté  étoit 
venue  de"lui,  &  non  pas  de  fa  Cour.  Le  lendemain  Jeudi  16.,  le  Confeiller- 
Penfionnaire  en  fit  le  Raport  à  l'Aflèmblée  des  Etats  Généraux  ,  qui  prirent 
Réfolution  d'en  donner  connoiflance  à  l'Envoie  d'Angleterre  &  d'exami- 
ner avec  lui  ce  qui  feroit  néceflaire  de  faire.  Voici  le  Raport,  Se  la  Ré- 
folution. 


des 
G.  du 


LE  Sr.  Confeiller-Penfionnaire  Heinfius  a  raporté  à  l'AfTemblée,  que  le  Réfblu 
Sr.  Comte  d'Avaux  Ambaflâdeur  Extraordinaire  du  Roi  de  France  lui  tion  de 
avoit  notifié  de  bouche,  qu'il  avoit  reçu  ordre  de  Sa  Majefté  Très-Chrê-  P"G-  F 
tienne  d'admettre  le  Sr.  Stanhope,  Envoie  Extraordinaire  de  Sa  Majefté  l6'-Tuij1- 
„  de  la  Grande- Bretagne  dans  les  Conférences  pour  pouflêr  les  Négocia- 
„  tions  commencées  fur  le  pied  que  LL.  HH.  PP.  avoient  fouhaité.  Que 
„  par-là  Sa  Majefté  Très-Chrêtienne  avoit  voulu  donner  une  marque  &  une 
,,  preuve  de  fa  droite  intention  pour  la  continuation  de  la  Paix  Se  de  la  tran- 
„  quillité  publique.  Sur  quoi  aïant  été  délibéré,  il  a  été  trouvé  bon  Scarrê- 
„  té  de  charger  par  ces  prefentes  les  Srs.  van  Eflèn  Se  autres  Députez  de 
„  LL;  HH.  PP.  pour  les  Affaires  Etrangères  d'en  donner  part  à  l'En- 
„  voie  le  Sr.  Stanhope  Se  de  concerter  ^avec  lui  ce  qui  feroit  trouvé  à 
„  propos  de  faire  là-deflus. 

Mmm  5  Le 


4S1     MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

170 1.       Le  lendemain  Vendredi   17..,  la  Conférence  fe  tint  pour  ce  fujet  avec 

~ l'Envoie  d'Angleterre.     Les  Députez  en  firent  le  Raport  à  PAfTemblée  le 

Lundi  10.     Et  for  ce  que  cet  Envoie  avoit  déclaré  le  17.  qu'il  ne  ferait  au-' 
cune  difficulté  d'aififter  aux  Conférences,  on  réfolut  d'en  faire  demander  une 
au  Comte  d'Avaux.     Suivant  la  Réfolution  dudit  io.  on  devoit  lui  dire, 

Se's  »  0U'U  étoit  fort  aSreabvle  a  LL-  HR  ?P-  <lue  &  Majefté  Très-Chrê- 
E.G.du  «  ^-^  tienne  avoit  trouvé  à  propos-  de  laifler  continuer  à  la  Haïe  les  Négo- 
zo  Juin.  „  ciations  fur  le  pied  demandé,  Se  de  remercier  ledit  Comte  pour  fes  bons 
„  offices  qu'il  avoit  rendu  en  cette  occafion }  Se  que  leurs  Députez,  conjoin- 
„  tement  avec  le  Sr.  Stanhope ,  examineraient  avec  le  Sr.  Comte  d'Avaux 
„  ce  qui  pourrait  être  ultérieurement  fait  pour  porter  les  Négociations  avec 
„  la  meilleure  diligence  à  une  bonne  fin  ,  dont  on  feroit  Raport  à  l'Af- 
„  femblée. 

La  Conférence  fe  tint  avec  le  Comte,  fuivant  la  Réfolution;  &  le  lende- 
main 2.1.,  les  Députez  firent  le  Raport  de  ce  qui  s'y  étoit  pafle  ,  de  la  te- 
neur fuivante. 

Raport    )?  y  Es  Députez  Sec.  ont  raporté  qu'après  s'être  expliquez  au  Comte  d'A- 
Ê'gT    "  vaux  Ui'vant  la  Réfolution  de  ce  jour-là  ,  Se  l'avoir  remercié  de  fes 

zi.  Juin.  55  Dons  offices,  ce  Comte  avoit  repondu  que  c'étoit  une  de  moindres  mar- 
ques de  l'inclination  de  Sa  Majefté  pour  la  Paix  ,  &  pour  le  maintien  du 
repos  public  >  Que  fadite  Majefté   demandoit  fincerement  la  Paix  ,  Se 
qu'Elle  ne  fouhaitoit  rien  plus  fi  non  qu'EUe  fut  confervée  ,   Se  que  de  fon 
„  côté  Elle  y  contribuerait  toutj  Se  que  ledit  Comte  emploierait  pour  cela 
„  tous  les  bons  offices ,  qui  dépendraient  de  lui.     Qu'eniuite  aïant  procédé 
„  à  examiner  ce  qu'il  y  aurait  à  faire  pour  avancer  les  Négociations  com- 
„  mencées  ,  Se  les  pouffer  à  une  bonne  fin,  il  y  avoit  eu  là-deflus  quelques 
„  Difcours  généraux,  mais  dont  il  n'étoit  rien  refùlté,  fi  non  qu'il  y  aurait 
„  de  part  Se  d'autre  des  penfées  pour  trouver  des   expediens  propre  pour 
avancer  les  Négociations,  &  d'avertir  de  ce  qu'on  aurait  là-deflus  à  pro- 
pofer,  Sec. 


53 
53 
35 


35 
>» 


Parmi  ces  Difcours  généraux ,  on  dit  que  le  Traité  de  Partage  aïant  été 
fait  pour  donner  fatislacr.ion  auffi-bien  à  l'Empereur  qu'à  la  France ,  puilque 
ce  Traité  ne  fubfiltoit  plus,  il  falloit  négocier  en  la  même  vue'.  Sur  la  ma- 
nière de  procéder  l'Envoie  Stanhope  dit  qu'il  n'y  avoit  perfonne  qui  pût 
mieux  fivoir  ce  qui  pouvoit  fatisfaire  l'Empereur  que  le  Comte  de  Goez  lbn 
Miniftre  à  la  Haïe,  Se  qu'ainfi  il  falloit  l'admettre  aux  Conférences.  Le  Com- 
te d'Avaux  fe  fâcha  là-deflus,  alléguant  que  l'Empereur  n'avoit  rien  à  préten- 
dre. Tout  cela  aïant  été  envoie  au  Roi  d'Angleterre,,  ce  Prince  trouva  que 
s'il  n'étoit  donné  quelque  fatisfactïon  à  Sa  Majeité  Impériale,  il  étoit  impof- 
fible  de  conferver  la  tranquillité  de  l'Europe.  C'eft  pourquoi,  il  envoïa  or- 
dre 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.         48$, 

dre  à  fon  Envoie  de  ne  point  continuer  les  Conférences  avec  le  Comte  d'A-  170Ï. 
vaux,  à  moins  que  la  France  ne  voulût  donner  fatisfàétion  à  l'Empereur.     Il  T 

envoïa  le  même  ordre  au  Comte  de  Manchefter  fon  Ambafladeur  eilFrance, 
pour  le  faire  favoir  à  cette  Cour-là.  Comme  cependant  l'on  ne  trouva  pas  I 
propos  d'aller  fignifier  de  but  en  blanc  cet  ordre  au  Comte  d'Avaux ,  6c  qu'on 
fouhaitoit  cependant ,  qu'il  en  fût  averti,  on  alla  en  faire  confidence  à  l' Am- 
bafladeur de  Suéde  Lillicnrooth,  qui  fans  perte  de  tems  en  alla  faire  part  au 
Comte  d'Avaux.  Cependant,  l'Envoie  d'Angleterre  vouloit  bien  lui  en  fai- 
re paît  lui-même  j  mais,  il  ne  trouvoit  pas  à  propos  d'aller  en  perlbnne  chez 
le  Comte.  C'en:  pourquoi  il  le  fit  obferver,  pour  favoir  où  il  iroit  en  vifi- 
te.  Il  fut  averti  le  Dimanche  3.  de  Juillet,  que  ce  Comte  étoit  allé  l'après 
midi  chez  Don  Bernardo  de  Quiros,  pour  lui  rendre  une  vifite  fur  fon  retour 
d'Aix  la  Chapelle,  où  il  avoit  été  prendre  les  Eaux.  L'Envoie  y  alla  d'a- 
bord auflî,  &  les  trouvant  enfemble  il  notifia  au  Comte  d'Avaux  l'ordre  qu'il 
avoit  de  Sa  Majefté  Britannique  de  n'entrer  pas  d'avantage  en  Conférence 
avec  lui,  à  moins  que  la  France  ne  voulût  donner  fatisfàétion  à  l'Empereur. 
Il  ajouta  que  puifque  Don  Bernardo  de  Quiros  étoit  bon  Ami  du  Comte,  6c 
que  les  intérêts  des  deux  Couronnes  étoient  unis ,  il  ne  faifoit  point  de  feru- 
pule  de  lui  faire  cette  Notification  en  prefence  de  Don  Bernardo  de  Quiros. 
Le  Comte  d'Avaux  fe  leva  avec  emportement,  6c  dit  à  l'Envoie  d'Angleter- 
re, que  ce  n' étoit  pas-lâ  le  lieu  pour  lui  faire  une  femblable  Notification. 
L'Envoie  lui  répliqua  que  fes  ordres  étoient  de  la  lui  faire  là  où  il  le  trouve- 
roit,  6c  qu'aïant-là  l'occafion  il  en  profitoit.  On  remarqua  que  le  Comte  en 
parut  fâché,  6c  même  déconcerté. 

Cependant ,  comme  le  14.  de  ce  mois-là  le  Roi  d'Angleterre  arriva  le 
foir  vers  les  dix  heures  à  la  Haïe ,  le  lendemain ,  le  Comte  d'Avaux  alla 
le  foir  vers  les  cinq  heures  à  l'Audience ,  qui  dura  un  peu  plus  qu'un 
quart  d'heure.  Il  ne  parla  à  Sa  Majefté  qu'en  prefence  de  Mr.  d'Auver- 
kerque,  de  My-Lord  Sidnei,  6c  de  quelques  autres,  6c  feulement  ftir  le 
trajet  de  Sa  Majefté  6c  fur  fon  heureufe  arrivée.  Comme  le  Roi  paflbit 
par  la  Salle  des  Gardes  Suifles  ,  il  y  rencontra  Don  Bernardo  de  Quiros. 
Sa  Majefté  s'arrêta,  ôc  lui  parla  fort  amiablement,  lui  demandant  des  nou- 
velles de  fon  Voiage  à  Aix  la  Chappelle.  Ces  deux  Ambafladeurs  ne  fê 
rendirent  pas  à  la  Cour  le  Dimanche  17.  -,  mais ,  ils  furent  le  Mardi  10." 
fouhaiter  un  bon  Voïage  à  Sa  Majefté,  qui  devoit  partir  le  lendemain  pour 
vifirer  les  Places  Frontières.  Il  ne  le  pafla  rien  pendant  le  Voïage  du  Roi 
jufques  au  Lundi  zf.  ,  que  le  Comte  d'Avaux  reçût  deux  Courriers  de  fa 
Cour.  Le  lendemain  matin  26. ,  il  alla  notifier  au  Confeiller  -  Penfionnaire 
que  le  Roi  fon  Maître  le  rapelloit,  6c  lui  fit  voir  un  Mémoire  qu'il  avoit 
drefle  pour  cela,  6c  qui  contenoit  les  raifons  de  fon  Rapel.  Il  alla  enfui- 
te  porter  le  Mémoire  au  Prefident  de  Semaine  ,  qui  étoit  Mr.  de  Dyck- 
velt.     Voici  le  Mémoire  que  le  Comte  fit  lui-même  imprimer. 

LE  fouflîgné  Comte  d'Avaux  ,  Ambafladeur  Extraordinaire  du  Roi  Très-  Mémo'- 
Chrétien,  étant  arrivé  à  la  Haïe  au  mois  de  Février  dernier,  avoit  lieu  com- 
de  croire  que  les  ordres  que  Sa  Majefté  lui  avoit  donné  feraient  fuffiïâmment  te  d'A- 

con- 


4$4     MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

1701.  connoître  le  défi r  qu'Ellc  a  toujours  eu  de  maintenir  la  Paix,  &  que  VV. 

" '  SS.  profiteraient  de  fcs  difpofitions  favorables  après  avoir  demandé  avec  in- 

preïenté  ^ance  ^^  Sa  Majefté  permît  de  propofer  en  des  Conférences  réglées  les  fure- 
aux  E.     tez  que  vous  pouviez  raifonnablemcnt  délirer,  &  de  convenir  en  même  tems 
G. ,  le     des  moïcns  d'éviter  une  nouvelle  Guerre.     Cette  démarche  &  l'intérêt  verita- 
1$. de     ble  de  VV.  SS.  dévoient  également  perfuader  que  les  Conférences  demandées 
•'""  cl      auraient  un  heureux  fuccez,  &  le  Roi  Très-Chrêtien  déclarant  que  de  fa  part 
il  n'oublierait  rien  pour  conlerver  la  tranquilité  publique ,  il  paroiflbit  que  les 
premières  allarmes  de  VV.  SS.  feraient  heureufement  calmées  ;  &que  la  Con- 
fiance en  PafFeâion  de  Sa  Majefté  difiiperoit  les  vaines  terreurs  que  l'Avene- 
ment  du  Roi  fon  Petit-Fils  au   Trône  d'Efpagne  leur  avoit  infpirée.    Le 
Comte  d'Avaux  efperoit  donc ,  qu'après  une  Ambaflade  de  peu  de  durée ,  il 
retourneroit  bien-tôt  auprès  du  Roi  fon  Maître  avec  la  fatisfàétion  d'avoir  été 
emploie  à  prévenir  les  nouveaux  Troubles  dont  l'Europe  étoit  menacée.   Cet- 
te efperance  fut  confirmée, lorfque  VV.SS.reconnoiflant  le  droit  légitime  du 
Roi  d'Efpagne,  écrivirent  à  ce  Prince  pour  le  féliciter  fur  fon  Avènement  à 
la  Couronne.    Il  parut  par  cettte  Refolution  digne  de  leur  prudence,  que  fi 
elles  perfiftoient  encore  à  demander  des  feuretez  pour  elles-mêmes,  Elles  con- 
noifibient  au  moins  l'injuftice  des  prétentions  étrangères ,  &  qu'elles  vouloient 
éviter  pour  jamais  le  dangereux  embaras  de  les  mêler  à  leurs  propres  intérêts. 
Ainfi,le  Roi  Très-Chrêtien,  oubliant  le  long  filence  queVV.SS.  avoient  gar- 
dé fur  l'Avènement  du  Roi  Catholique  à  la  Couronne ,  toutes  chofes  paroil- 
foient  fe  difpofer  à  l'afermiflement  de  la  Paix ,  lorfque  les  propofitions  faites 
.   par  VV.  SS.  6c  celles  de  l'Envoie  du  Roi  d'Angleterre,  donnèrent  lieu  de 
juger  que  la  Paix  ferait  le   fruit  de  l'étroite  union  que  la  conformité  de  ces 
propofitions  marquoit  entre  ce  Prince  &  VV.  SS.  Elles  ont  protefté  dans  h 
fuite ,  que  leurs  Demandes  exceftives  étoient  l'effet  d'une  jufte  crainte  infpirée 
par  la  puiffance  du  Roi  j  qu'elles  ne  dévoient  pas  être  regardées  comme  une 
marque  de  la  confiance  qu'elles  avoient  en  leurs  forces.     Mais  fi  cette  crainte 
fi  vivement  exprimée  depuis,  dans  la  Lettre  écrite  par  VV.  SS.  au  Roi  de  la 
Grande-Bretagne,  pendant  la  tenue  du  Parlement,  étoit  réelle,  fi  VV.  SS. 
en  reprefentant  les  dangers  dont  elles  veulent  paraître  environnées  de  toutes 
parts,  n 'avoient  effectivement  d'autres  veuës  que  de  les  prévenir,  les  moïens 
d'y  réûlfir  étoient  en  leurs  mains,  il  étoit  inutile  de  mettre  une  fi  grand  nom- 
bre de  Troupes  en  Campagne,  d'acheter  chèrement  des  Alliances  étrangères, 
d'innonder  leurs  Provinces ,  enfin  de  faire  tous  les  préparatifs  extraordinaires 
des  plus  grandes  Guerres.    VV.  SS.  avoient  Elles-mêmes  demandé  les  Confé- 
rences ,  comme  un  moien  d'aflurcr  la  Paix  :  il  dépendoit  d'Elles  de  rendre  les 
Conférences  utiles.  Jamais  l'intention  du  Roi  n'a  été  de  les  prolonger  par  de 
vaincs  difficultez ,  &  de  profiter  de  ces  délais  pour  fe  préparer  à  la  Guerre  lbus 
une  faufle  aparence  de  Paix.  Sa  Majefté  étroitement  unie  au  Roi  fon  Petit- Fils 
n'a  point  formé  d'incident  pour  faire  admettre  l'Ambafladeur  d'Efpagne  aux 
Conférences}  Elle  ne  s'eft  fervie  d'aucun  prétexte  pour  en  retarder  l'effet  ; 
Elles  étoient  ouvertes  pour  y  traiter  des  feuls  intérêts  de  Vos  Seigneuries.^    Il 
dépendoit  de  vous  de  les  terminer  en  peu  de  tems,  d'y  trouver  la  fureté  de 
Vos  Provinces,  les  avantages  pour  vôtre  Commerce ,  une  aflurance  éternelle 

dans 


ET    RESOLUTIONS    D'ETAT.         48f 

dans  l'Amitié  du  Roi  Très-Chrêtien.  Mais,  au  lieu  d'y  travailler  ferieufement  »   1701. 

VV.  SS.  ont  encore  éloigné  la  conclufion,  en  demandant  que  PEnvo'ïé  du  

Roi  d'Angleterre  fut  admis  à  conférer  avec  l'Ambaflàdeur  foûffigné&  avec  leurs 
Députez.    Elles  ne  doivent  pas  croire  que  le  véritable  motif  de  cette  nouvelle 
Demande  ait  échapé  aux  lumières  de  Sa  Majefté  Très-Chrêtienne  ;  il  étoit 
facile  de  pénétrer  que  ce  n'étoit  pas  dans  la  veuë  d'en  avancer  le  fuccez  que 
VV.  SS.  defiroient  l'intervention  inutile  d'une  Puiflance  qui  n'a  nul  prétexte 
de  prétendre  de  fureté  pour  Elle-même.     Si  pendant  quelque  tems  Sa  Maje- 
fté s'y  eft  oppofée,  fi  Elle  a  offert  à  VV.  SS.  dç  faire  traiter  fous  fes  yeux  la 
Négociation  commencée  à  la  Haïe  peur  Paffermiflëment  de  la  Paix,  Elle  l'a 
fait  par  le  même  principe  fur  lequel  elle- règle  toute  fa  conduite,  par  le  defir 
fincere  de  lever  tous  les  obftacles  que  les  ennemis  de  la  Paix  ne  ceffent  d'y  ap- 
porter} Elle  prevoïoit  affez  le  peu  de  fruit  des  Conférences  de  la  Haïe,  Elle 
jugeoit  que  la  difficulté  faite  fur  l'admiflîon  de  l'Envoïé  d'Angleterre  ne  fe- 
roit  pas  plutôt  levée  qu'on  feroit  ingénieux  à  fufeiter  quelque  autre  incident 
plus  capable  que  le  premier  d'embaraffer  encore  d'avantage  la  Négociation: Elle 
doutoit  a  la  vérité  qu'il  fut  facile  de  perfuaderà  VV.  SS.  d'infifter  fur  la  pré- 
tendue fatisfaétion  de  l'Empereur,  d'entreprendre  le  foûtien  de  ce  Prince     de 
les  confondre  avec  ceux  de  leur  Republique,  de  s'ériger  en  Arbitres  entre  la 
Maifon  de  France  &  celle  d'Autriche,  de  décider  que  PhilippesIV.  a 
eu  le  droit  Se  le  pouvoir  de  changer  à  fa  fantaifie  toutes  lesconftitutions  de  fes 
Roïaumes,  d'en  exclure  à  jamais  fes  véritables  héritiers.     Que  Charles- II. 
au  contaire  n'a  pas  eu  l'autorité  de  rappeller  ces  rc.fmes  hertiers,  &  de  rétablir 
par  fon  Teftament  les  Loix  fondamentales  des  Couronnes  d'Efpagne:  En  effet 
il  étoit  difficile  de  croire  qu'une  Republique  auffi  i'age  prît  en  faveur  de  la 
Maifon  d'Autriche,  &  contre  la  France, la  refolution  de  rompre  les  Traitez 
qu'EUe  a  regardez  comme  la  confirmation,  comme  le  fçeau,  pour  ainfi  dire 
de  fa  Souveraineté  ;  Qu'elle  voulut  s'engager  aux  dépens,  de  fes  Provinces ,  du 
Commerce  de  fes  fujets,  de  fes  richefles,  à  foutenir  des  intérêts  Etrangers 
peu  de  mois  après  qu'elle,  a  fait  une  Démarche  entièrement  contraire,  en  re- 
connoiflant  le  Roi  d'Efpagne  :  Mais  il  paroit  que.  ces  Confiderations ,    dont 
on  a  autrefois  fehti  la  force  dans  vôtre  Republique ,  ont  cédé  à  des  maxi- 
mes plus  nouvelles. 

L'Ambaflàdeur  fouffigné  abuferoit  de  la  confiance  dont  le  Roi  fon  Maître 
Veut  bien  l'honorer,  s'il  lui  écrivoit  encore  qu'on  dût  attendre  quelque  fuccès 
des  Conférences.  Sa  Majefté  eft  trop  éclairée  pour  le  croire  après  la  Déclaration 
que  l'Envoïé  du  Roi  d'Angleterre  a  faite  de  la  part,  dit-il,  du  Roi  fon  Maître 
au  même  Arnbaffadeur ;  VV.  SS.  font  informées  de  la  manière  dont  cet  En- 
voie lui  a  lignifié  que  le  Roi  de  la  Grande-Bretagne  ne  fe  detacheroit  jamais 
des  intérêts  de  l'Empereur,  qu'il  n'entreroit  dans  aucune  proposition  d'ac- 
commodement qu'on  ne  donne  fatisfaélion  à  ce  Prince.  Les  liaifons  de  VV. 
SS.  avec  le  Roi  d'Angleterre  font  trop  étroites,  VV.  SS.  ont  trop  fait  con- 
noître  qu'elles  fe  foumettroient  aveuglement  aux  fentimens  de  ce  Prince 
qu'elles  embraflèroient  les  partis  que  lui-même  jugerait  le  plus  convenables 
pour  douter  qu'elles  n'aient  déjà  pris  la  refolution  de  faire  une  femblable  Dé- 

Tom.  I.  Nnn  cla- 


4Stf      MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

1701.  claration  à  l'Ambafladeur  du  Roi  Très- Chrétien.     Elles  l'ont  même  fait  par 
- '    » ■-  avance,  puifqu'clles  fe  font  expliquées  déjà  que  leurs  Députez  ne  pouvoient 
continuer  les  Conférences  fans  l'intervention  de  l'Envoie  d'Angleterre  :  Il  s'en 
exclut  lui-même ,  elles  font  auflî-tôt  fufpenduës  ;  Ainfi  ce  feroit  inutilement 
que  l'Ambafladeur  du  Roi  Très-Chrêtien ,  envoie  feulement  pour  ces  Confé- 
rences, feroit  un  plus  long  féjour  à  la  Haïe.    S'il  n'a  pas  la  fatisfaction  d'avoir 
accompli  les  intentions  de  Sa  Majefté  en  laiflânt  la  Paix  établie  pour  long- 
tems  entre  Elle  &  les  Provinces  -  Unies ,  au  moins  il  aura  celle  d'avoir  faic 
connoître  qu'il  ne  dépendra  pas  d'Elle  que  le  repos  public  ne  foit  point  inter- 
rompu j  Que  Sa  Majefté  ne  s'eft  armée  que  pour  la  deffence  du  Roi  fon  Pe- 
tit-fils \  Que  fi  Elle  avoit  eu  deflein  de  faire  des  Conquêtes,  elles  étoient  fa- 
ciles ,  fes  Troupes  fur  les  Frontières  de  Vôtre  Republique  donnoient  des 
moïens  aifez  de  profiter  de  l'état  de  foiblefle  où  vous  étiez  alors.     V'V.  SS. 
ne  craindront  point  qu'on  le  dife,  puis  qu'elles  mêmes  l'ont  publié  de  tous 
cotez >  6c  cette  vérité,  dont  elles  ont  rendu  témoignage,  leur  doit  faire  con- 
noître qu'il  a  toujours  dépendu  d'elles  ,  de  trouver  dans  l'amitié  de  Sa  Maje- 
fté toute  la  fureté  qu'elles  ont  cru  perdre ,  lors  qu'elles  ont  veu  le  Roi  lbn 
Petit-Fils  parvenir  à  la  Couronne  d'Efpagne.  Si  ces  reflexions,  qu'il  eft  en- 
core tems  de  faire ,  ne  peuvent  empêcher  la  Guerre ,  le  Roi  Très-Chrêtien 
a  lieu  d'efperer  que  Dieu  recompenfant  les  foins  que  Sa  Majefté  a  pris  pour 
maintenir  le  repos  de  la  Chrétienté,  continuera  de  répandre  fur  la  juftice  de  fa 
caufe  les  mêmes  bénédictions  dont  fa  Divine  Providence  l'a  comblé  pendant  ' 
le  cours  de  fon  glorieux  Règne  ;  que  ceux  qui  oferont  l'attaquer  connoîtront  » 
par  les  évenemens  que  ce  n'eft  ni  la  foiblefle  ni  la  défiance  de  fes  forces  qui 
retiennent  jufques  à  prefent  fes  armes  ;  qu'ils  verront  qu'elle  pouvoit  fe  van- 
ger  des  infultes  faites  en  Mer  à  fon  Pavillon,  empêcher  que  fes  Sujets  ne  fuf- 
fent  enlevez,  &  traitez  comme  Ennemis  ,  par  les  Vaiifeaux  Anglois  8c  Hol- 
landois;  Que  ces  mêmes  Vaifleaux  vinflent  fonder  les  Ports  de  ion  Roïaume, 
tirer  fur  les  Bâtimens  François  ;  Qu'enfin  il  étoit  en  fon  pouvoir  de  s'emparer 
des  Places  encore  fans  deftenfe,  &  d'obtenir  des  avantages  très-confiderablcs 
pour  le  foûtien  d'une  Guerre  que  la  conduite  des  Puiflances  voifines  lui  faifoit 
prévoir;  Que  fi  Elle  a  diflîmulé  ces  infultes,  négligé  l'utilité  qu'Elle  pou- 
voit  retirer  de  la  fuperiorité  reconnue  de  fes  forces,  Elle  ne  l'a  fait  que  dans 
la  veuë  d'ôter  jufqu'au  moindre  fujet  de  dire  qn'EUe  ait:  contrevenu  à  l'exac- 
te obfervation  des  Traitez  de  Ryfwick.  ■ 

L'Ambafladeur  foufligné  fouhaite  que  VV.  SS.  bien  convaincues  par  la  con- 
duite de  Sa  Majefté,  de  la  fincerité  de  fes  intentions,  prennent,  pendant  qu'il 
eft  tems  encore ,  des  refolutions  conformes  à  leurs  véritables  avantages  ;  & 
quoique  fon  départ  l'empêche  d'avoir  la  gloire  d'y  travailler,  il  s'intereflèra 
toujours  au  bonheur  de  vôtre  République,  après  avoir  pafle  amant  d'années  à 
s'acquitter  auprès  d'elle  des  ordres  de  Sa  Majefté, 

La  Lettre  de  Rap;l  étoit  lafuivante. 

TRES 


ET    RESOLUTIONS    D'ETAT. 

TRES-CHERS   GRANDS   AMIS   ALLIEZ  ET 

CONFEDEREZ.  Lettre 

de  Rap- 
pel du 
AjOus  avons  jugé  à  propos  de  rappelîer  le  Comte  d'Avaux  ,  vôtre  Ambajfadeur  Comte 

Extraordinaire  auprès  de  vous ,  volant  le  peu  de  fruit  des  Conférences  que  d' A_ 
vous  nous  aviez  demandées;  &  que  depuis  vous  avez  fouvent  interrompues.  Nos  vaux* 
Intentions  ne  font  pas  moins  portées  à  Paffcrmiffcment  de  la  Paix,  comme  il  vous 
les  expliquera  avant  fon  départ.  Il  ne  nous  refie  qu'à  vous  ajfurer  qu'il  dépend 
encore  de  vous  de  recevoir  des  marques  de  nôtre  ancienne  Amitié  pour  vôtre  Ré- 
publique ,  &  du  defir  que  nous  avions  de  vous  en  faire  fentir  les  effets  en  toutes 
occafions:  Sur  ce  nous  prions  Dieu  qu'il  vous  ait,  Très-cher  s  grands  Amis  Alliez 
13  ConfedereZy  enfafainte  (3  digne  Garde. 

Vôtre  bon  Ami  Allié  &  Confédéré, 

Signé, 

A  nos  très -cher  s,  grands  Amis  LOUIS. 

Alliez  (3  Confederez ,  les  Srs.  Etats 
Généraux  des  Provinces -Unies  des  Et  plus  bas, 

Pais-Bas. 


C   O    L    B    E    R 


T. 


Les  Etats  Généraux  travaillèrent  d'abord  à  drefier  une  Réponfe  à  ce 
Mémoire  j  mais ,  elle  ne  fut  pas  communiquée  à  ce  Comte  que  le  Lun- 
di premier  du  mois  d'Août.  C'étoit  parce  qu'on  vouloit  auparavant 
la  faire  voir  à  Sa  Majefté  Britannique  ,  qui  ne  fut  de  retour  de  fbn 
Voiage  que  le  Vendredi  zo.  de  Juillet.  Comme  le  Comte  avoit  fait  im- 
primer fon  Mémoire ,  les  Etats  Généraux  firent  auflî  imprimer  leur  Ré- 
ponfe par  l'Imprimeur  de  l'Etat.  Mais  ,  elle  fe  trouva  très-mal  traduite  ; 
de  forte  que  pour  la  reparer  ,  on  en  fit  une  autre  imprefîîon  ailleurs  telle  que  . 
voici. 

ON  a  oui  le    Raport  de  Meilleurs  van   ElTen  5c  autres  Députez  de  Extrait 
Leurs  Hautes   PuifTances  ,   pour    les    Affaires    Etrangères  ,    lefquels  du  Re- 
pour   fatisfiire  à  la  commiffion  qui  leur  avoit  été    donnée  par  la  Réfolu-  §'tre  des 
tion  du   16.  Juillet   dernier  ,    ont  examiné  le  Mémoire  de  Mr.  le  Comte  j*érol|j" 
d' A  vaux  Ambafîàdeur  Extraordinaire  de  Sa  Majefté  Très  -  Chrétienne  con-  Etats 
tenant  les  raifons  de  l'inutilité  d'un  plus  long  fejour  pour  lui ,  à  la  Haïe  }  Géné- 
auffi  bien  que  la  Lettre  de  fadite  Majefté,  par  où  elle  rappelle  ledit  Sr.  Com-  nux>.dl» 
te  d'Avaux  ,   dont  il  eft  fait  plus  ample  mention  dans  la  notule  du  z6.  du  Lu2„l« 
mois  pâlie. 

Sur  quoi,  après  Délibération  prife,  il  a  été  arrêté  que  l'on  fera  audit  Sr. 

Nnn  2  Com- 


488     MEMOIRES,  NEGOTÏATIONS,  TRAITEZ', 

1701.  Comte  d'Avaux  cette  Réponfe,  fur  fon  Mémoire i  favoir,  que  LL.  HH.  PP. 
■ — ■—  fe  fcntent  fort  obligées  à  ià  Majefté  Très-Chrêtienne  de  la  bonté  quelle  a  eue 
de  leur  avoir  envoie  ledit  Comte  d'Avaux  en  qualité  d'Ambaffadeur  Extraordi- 
naire, &  qu'Elles  avoient  efperé  auiîî  bien  que  fouhaitté,  que  dans  les  Confe- 
l  rences  tenues  avec  lui ,  on  eût  pu  trouver  des  moïens  efficaces  pour  parvenir 
au  but  qu'on  s'étoit  propofé  en  les  établiffant;  &.  fpecialement ,  la  conterva- 
tion  de  la  Paix  générale,  avec  une  raifonnable  fureté  pour  cet  Etat  en  parti- 
culier. 

Que  ce  feroit  une  chofe  agréable  à  LL.HH.  PP.  que  ledit  Sr.  Comte  d'A- 
vaux ne  fût  pas  obligé  de  fe  retirer  avant  que  d'avoir  achevé  un  deffein  fi  falu- 
taire,  &  qu'Elles  n'ont  pu  apprendre  fans  déplaifir  que  le  Roi  fon  Maître  le 
rappelle  fans  que  les  Affaires  foient  terminées ,  &  portées  au  point  heureux 
que  l'on  defire. 

Et  particulièrement  parce  qu'il  femble  qu'on  veuille  imputer  à  leur  condui- 
te le  mauvais  fuccès  de  la  Négociation,  2c  l'inutilité  de  la  continuation  des 
Conférences. 

Cependant  LL.HH.  PP.  s'aflurent  d'avoir  toujours  fait,  tant  avant  que 
pendant  la  Négotiation  ,  tout  ce  qui  étoit  en  leur  pouvoir,  &  tout  ce  que 
l'on  pouvoit  raifonnablement  exiger  d'Elles.,  pour  témoigner  leur  inclination 
fincere  à  la  Paix,  &  pour  tacher  de  porter  la  Négotiation  au  point  defiré, 
fâchant  très  -  bien  que  leur  Etat  n'a  pas  de  plus  grand  intérêt  que  la  confer- 
vation  de  la  Paix ,  dont  les  fruits  font  fi  doux  &  fi  précieux  pour  leurs  Su- 
jets, quand  ils  peuvent  en  jouir  avec  une  fureté  raifonnable. 

C'eft  ce  qui  oblige  LL.HH.  PP.  de  rapporter  au  malheur  dutems,que  dans 
cette  Affaire  elles  n'ont  pu  perfuader  fadite  Majefté,  de  la  fincerité  de  leurs 
fentimens,  dans  lefquels  perlïftant  toujours,  comme  Elles  font,  Elles  efpe- 
rent  d'avoir  encor  ci-après  le  bonheur  de  l'en  convaincre. 

Quand  après  la  mort  du  Roi  d'Efpagne  dernier,  Sa  Majefté  Très-Chré- 
tienne, au  lieu  de  fuivre  le  Traitté  fait  pour  régler  fa  Succeffion,  trouva  bon 
de  fe  tenir  à  fon  Teftament,  &  de  faire  part  à  LL.  HH.  PP.  des  raifons  qui 
l'avoient  portée  à  cela,  LL.  HH.  PP.  firent  connoitre  inceffamment  à  fadite 
Majefté  les  raifons  pour  lefquelles  Elles  ne  pouvoient  prendre  fur  le  champ  u- 
ne  Refolution  déterminée,  fur  une  choie  de  cette  importance;  6c  depuis,  auf- 
fi-tôt  que  la  conftitution  de  leur  Gouvernement  l'a  pu  permettre,  Elles  ont 
offert  d'entrer  en  Conférence  avec  le  Sr.  Comte  de  Briord ,  alors  Ambaffadeur 
Extraordinaire  de  Sa  Majefté  ,   ou  avec  tel  autre  que  Sa  Majefté  voudrait 
authoriier ,  pour  avifer  enfemble  aux  moïens  de  conferver  la  Paix  générale  & 
établir  la  fureté  particulière  de  cet  Etat,  &  cette  offre  de  LL.  HH.  PP.  fut 
faite  fur  l'affurance  que  fadite  Majefté  leur  fait  donner  qu'elle  n'avoit  pas  d'au- 
tre intention  que  de  conferver  la  paix  &  le  repos  public,  Se  qu'Elle  etoit  dif- 
pofée  à  faire  avoir  à  LL.HH. PP.  une  fûrete  raifonnable.  Quand  en  fuite  fa- 
dite Majefté  trouva  bon  d'envoïer  ici  Mr.  le  Comte  d'Avaux,  en  qualité  de  fon 
AmbarT.  Extr.  dès  qu'il  fut  arrivé, &  fur  la  première  notification  de  fa  venue, 
LL.HH.  PP.  nommèrent  inceffamment  des  Députez  pour  entrer  en  Confé- 
rence, &  avifer  avec  lui ,  fur  la  manière  doi}t  on  pourrait  avancer  la  Né- 
gocia- 


ET    RESOLUTIONS    D*E  T  A  T.         48p 

gociation,  &  en  tirer  le  plus  de  fruit,  avec  le  moins  de  retardement:  &  I7*'1* 
quand  LL.  HH.  PP.  virenC'par  les  Mémoires  dudit  Sr.  Comte  d'Avaux,  que  — — 
S.  M.T.C.  s'intereflbit  beaucoup  à  la  reconnoiflance  du  nouveau  Roi  d'Efpa- 
gne,  en  cette  qualité,  Elles  refolurent  de  le  reconnoitre,  &  de  témoigner 
leur  inclination  a  entretenir  avec  lui  une  amitié  fincere  &  une  bonne  corref- 
pondance,  en  déclarant  qu' Elles  étoient  prêtes  à  continuer  la  Négociation  a- 
vec  Leurs  M.  T.  C.  ôc  Cath.  avec  l'intervention  de  Sa  Majeité  le  Roi  de  la 
Grande-Bretagne,  pour  traitter  des  moïens  les  plus  propres  à  conferver  la  Paix 
commune,  &  à  aflurer  le  repos  particulier  de  cet  Etat,  &  cela  d'une  telle 
manière  que  l'on  fît  aulîi  intervenir  dans  la  Négociation  tels  Princes  &  Poten- 
tats, 'tue  l'on  jugerait  neceflaire,  ou  utile,  pour  parvenir  au  but  falutaire 
qu'on  s'étoit  propofé:  Cette  reconnoiflance  a  été  faite  parLL.HH.PP.  après 
l'ouverture  des  Conférences,  d'un  côté  pour  donner  une  marque  de  leur  incli- 
nation à  la  Paix ,  &  de  l'autre  dans  cette  confideration  que  la  fin  heureufe  Se 
falutaire  de  la  Négociation  pouvoit  fe  trouver  auffi  bien  après  qu'avant  la  re- 
connoiflance, Se  comme  c'ont  été  là  entr'autres  les  vrais  motifs  qui  les  y  ont 
portées,  LL.  HH.  PP.  ne  peuvent  croire  que  par  cette  démarche  Elles  aient 
?rejudicié  à  l'intervention  de  S.  M.  B.  qui  eil  entrée  comme  contractante  dans 
e  Traitté  de  Partage,  non  plus  qu'a  l'intervention  des  autres  Puiflânces  inte- 
reflees  à  la  Paix  Générale. 

Elles  ne  croient  pas  non  plus,  par  là,  être  entré  en  connoiflànce,  ni  avoir 
fait  quelque  decifion  de  la  juftice,  ou  de  l'injuftice  des  prétenfions  de  qui  que 
ce  foit,  ni  feparé  leurs  intérêts  à  l'égard  de  la  confervation  de  la  Paix  généra- 
le de  ceux  qui  y  font  interefles  comme  Elles,  comme  il  femble  qu'on  le  veut 
induire  de  la  reconnoiflance  du  nouveau  Roi  d'Efpagne,  dans  le  Mémoire 
dont  il  s'agit  ici. 

LL.  HH.  PP.  aïant  fait  cette  reconnoiflance  dans  la  ferme  efperance  que 
par  ce  moïen  il  y  aurait  moins  de  retardement  à  la  Négociation, demandèrent 
au  Sr.  Comte  d'Avaux  dès  la  première  ouverture  des  Conférences,  comme  S. 
M.  T.  C.  après  avoir  accepté  le  Teftament  du  Roi  d'Efpagne,  Se  rejette  le 
Traitté  de  Partage  dans  le  quel  LL.  HH.  PP.  avoient  cru  trouver  leur  repos, 
tant  à  l'égard  de  la  Paix  générale ,  que  de  leur  fureté  particulière ,  avoit  pu 
leur  faire  déclarer  que  par  la  voie  du  Teftament  on  pouvoit  parvenir  au  but 
de  la  tranquilité  publique ,  auifi  bien  que  par  le  Traité  de  Partage  qui  avoit  été 
fait  pour  cela,  en  ajoutant  que  LL.  HH.  PP.  attendoient  6c  defiroient  des 
Eclairciflemens  là-defllis,  &  prioient  ledit  Sr.  Comte  d'Avaux  de  leur  faire 
voir  par  quelques  propofitions  Se  par  quelques  ouvertures  comment  la  Paix  gé- 
nérale peut  être  confervée,  &  comment  on  peut  aflurer  fuffifamment  le  repos 
de  leur  Etat.  Mais  ledit  Sr.  Comte  d'Avaux  aïant  décliné  diverfes  fois  de 
s'ouvrir  là  defliis,  demanda  de  fon  côté  Se  infifta  toujours  que  les  propofitions 
à  faire  pour  l'intérêt  de  cet  Etat  fuflent  faites  par  LL.  HH.  PP.  Sur  quoi 
LL.  H  H.  PP.  aïant  concerté  fur  cette  Affaire  avec  Sa  Maj.  Brit.  ont  drellé 
leurs  propofitions,  qui  ont  été  livrées  au  dit  Sr.  Comte  d'Avaux  par  leurs 
Députez,  au  même  tems  que  le  Sr.  Stanhope  Envoie  de  de  S.  M. B.  lui  pre- 
fenta  les  fiennes. 

Nnn  3  LL. 


490     MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

1701.  LL.  HH.  PP.  font  fort  furprifes  de  voir  que  l'on  avance  que  la  Guerre  , 
-  '-— ■  beaucoup  plutôt  que  la  Paix,  naîtra  de  l'union  étroite  qui  eft  entre  S.  M.  B. 
&  Elles,  6c  que  cette  union  eft  trop  marquée  par  la  conformité  de  leurs  pro- 
pofitions.  Elles  ne  favent  fur  quel  fondement  ont  tire  cette  conclulîon  £c 
ce  mauvais  pronoftic  ,  parce  que  LL.  HH.  PP.  font  perfuadées  que  S.  M.  B. 
en  toute  forte  d'occafions  a  donné  de  fuffifantes  preuves  de  fon  inclination  à 
la  Paix*  &  qu'il  eft  connu  de  tous,  qu' Elles  font  depuis  plufieurs  années  dans 
une  étroite  Alliance  avec  fadite  Majefté  pour  leur  defence  6c  fureté  récipro- 
que. On  fait  auffi  que  l'intérêt  de  l'Angleterre  eft  lié  avec  celui  de  cet  Etat  ; 
&  de  plus,  on  fait  que  Sa  Majefté  Britannique  a  été  un  des  principaux  con- 
traâans  dans  le  Traité  de  Partage,  &  que  LL.  HH.  PP.  ont  déclaré  avant 
que  de  donner  leurs  propofitions  ,  qu'en  cette  qualité  d'un  des  principaux 
Contraétans ,  auffi-bien  que  par  les  relations  étroites  qu'il  a  avec  cet  Etat ,  El- 
les avoient  jugé  neceflaire  de  concerter  avec  fadite  Majefté  fur  toutes  les  cho- 
fes  qui  regardent  cette  Négotiation,  fans  que  l'on  ait  jamais  fait  la  defîus  ni 
remarque  ni  difficulté. 

De  forte  que  LL.  HH.  PP.  fe  trouvent  obligées  de  le  redire  encore,  qu'El- 
ks  ne  peuvent  comprendre  fur  quel  fondement  on  avance  que  la  Guerre  plu- 
tôt que  la  Paix  fera  le  fruit  de  leur  union  avec  Sa  Majefté  Britannique,  6c 
de  quel  principe  on  tire  cette  conclufion. 

LL.  HH.  PP.  font  touchées  que  S.  M.  T.  C.  aïant  receu  leurs  propofi- 
tions, les  ait  prifes  de  manière  que  jufqu'à  prefent  Elle  n'ait  pu  trouver  bon 
d'y  faire  répondre.  Il  leur  eft  revenu  diverfes  fois,  que  l'on  taxoit  leurs  pro- 
pofitions d'exceffives,  fans  marquer  en  quoi  confiitoit  l'excès  -,  ce  qui  eût  pu 
fournir  matière  pour  entrer  &  pour  avancer  dans  quelque  Négotiation. 

La  confervation  de  la  Paix  générale  8c  l'établiflèment  de  la  fureté  particu- 
lière de  cet  Etat  ont  toujours  été  le  fondement  6c  la  matière  de  la  Négocia- 
tion ,  6c  il  eft  évident  que  la  Paix  générale  ne  peut  être  confervée  fans  donner 
fitisfaftion  à  Sa  Majefté  Impériale  dont  les  prétentions  font  connues ,  jufques 
là  que  dans  le  Traité  de  Partage,  il  étoit  réglé  de  l'approbation  de  S.  M.  T. 
C.  de  quelle  manière  ont  "y  fatisferoit. 

Dès  que  fadite  M.T.C.  eut  décliné  le  Traité  de  Partage,  LL.HH.PP.en 
termes  Généraux  ont  demandé  une  iatisfaétion  qui  fût  raifonnable  pour  Sa 
M.  Imp.  6c  que  l'on  en  convint,  avec  Elle.  On  ne  peut, pas  dire  qu'il  y  ait 
rien  là  dedans  d'exceffif ,  ou  qui  en  approche. 

Pour  ce  qui  regarde  leur  propre  fureté,   LL.  HH.  PP.  fe  font  expliquées 

f)lus  amplement  6c  plus  en  détail,  mais  pourtant  de  telle  manière,  que  toutes 
es  perfonnes  qui  ne  feront  ni  prévenues  ni  intereffeés,  jugeront  que  ce  qu'el- 
les ont  demandé ,  n'eft  pas  fuffifant ,  pour  les  mettre  dans  une  fureté  fembla- 
ble  à  celle  qu'Elles  ont  eue,  avant  la  mort  du  Roi  d'Efpagne,  6c  à  celle  qui 
leur  feroit  revenue  de  l'exécution  du  Traité  de  Partage. 

Que  fi  la  crainte  a  eu  quelque  part  en  cela,  LL.  HH.  PP.  croient  en  a- 
voir  eu  de  juftes  fujets ,  qui  non  feulement  leur  ont  paru  bien  fondez  mais 
aufli  à  leurs  Amis ,   6c  à  leurs  Alliés ,  qui  pour  cela  n'ont  pas  fait  de  dif- 
ficulté de  leur  envoïer  les  fecours  qu'ils  leur  dévoient  en  vertu  de  leurs  Al- 
liances 


ET    RESOLUTIONS    D'ETAT.         491 

liances  deffenfives,  &  qu'outre  cela  le  fondement  de  leur  crainte  eft  fuffifam-    17OT. 

ment  marqué  &  reconnu  à  la  fin  du  Mémoire  où  la  foibleflë  de  cet  Etat  eft  

amplement  expofée. 

S'il  eût  été  en  leur  pouvoir  de  fortir  de  cet  embarras  fans  s'armer,  fans  cher- 
cher des  alliances  avec  ceux  qui  peuvent  les  fecourir  en  cas  de  befoin ,  &  fans 
inonder  leur  propre  païs ,  certainement  Elles  l'auroient  fait.  Et  elles  ne  fer 
roient  pas  difficulté  de  s'en  rapporter  à  la  connoiffance  qu'a  le  Sr.  Comte  d'A- 
vaux  de  la  conftitution  de  leur  Gouvernement,  s'il  n'eft  pas  d'opinion  que 
tout  ce  qu'Elles  ont  fait,  pour  fe  mettre  en  deffence,  pouvoit  venir  d'ailleurs, 
que  d'une  entière  conviftion  de  l'extrême  danger  ou  Elles  fe  font  trouvées  : 
6c  Elles  déclarent  fincerement ,  qu'Elles  ne  fouhaittent  rien  d'avantage  que  de 
pouvoir  s'en  délivrer,  le  plutôt  qu'il  fera  poffible.  Que  dans  cette  veiie  LL. 
HH.  PP.  ont  demandé  les  Conférences,  afin  que  la  Paix  étant  afiurée,  leur 
danger  cédât  auffi,  &  qu'il  n'a  pas  tenu  à  Elles  que  les  Conférences  n'aient  eu 
un  heureux  fuccès. 

Elles  avouent  volontiers,  que  S.  M.  T.  C.  n'a  pas  formé  d'incident  pour 
faire  admettre  l'Ambaffadeur  du  Roi  d'Efpagne  aux  Conférences,  en  ajoutant 
que  de  leur  part  LL.  HH.  PP.  ne  s'y  feraient  nullement  oppofées,  aïant  dé- 
claré diverfes  fois  qu'Elles  confentoient  que  le  dit  Ambaffadeur  y  fût  admis  5 
6c  pour  ce  qui  eft  de  l'admiffion  de  l'Envoie  de  Sa  M.  B.  &  du  retardement 
caufé  par  là  dans  la  Négotiation,  outre  que  LL.HH.  PP.  ont  déjà  marqué 
ci  devant,  que  dès  le  commemencement  Elles  avoient  jugé  neceflaire,  tant 
l'intervention  de  Sa  M.  B.  dans  la  Négociation ,  que  l'admiffion  de  fon  Mini- 
ilre  aux  Conférences,  ledit  Sr.  Comte  d'Avaux  fe  fouviendra  fans  doute, 
qu'au  commencement  on  n'a  eu  aucune  difficulté  là  deffus  ,  finon  à  l'égard 
de  la  feance  6c  du  rang  dans  les  Conférences ,  ce  qui  a  été  réglé  fans  aucune 
difpute,  fitôt  qu'on  s'eft  donné  les  eclairciffemens  requis,  6c  que  quand  on  a 
remis  les  propolitions  entre  les  mains  dudit  Sr.  Comte  d'Avaux  lé  Sr.  Envoie 
d'Angleterre  a  affifté  à  la  Conférence,  6c  y  a  livré  les  fiennes  fans  aucune  dif- 
ficulté. 

LL.  HH.PP.  avoient  efperé  que  l'on  n'en  auroit  jamais  apporté  à  ce  fujet, 
puifque  Sa  M.  B.  fi  intereffée  dans  le  fuccès  de  cette  Négociation  à  l'égard 
du  Traité  de  Partage,  de  la  Paix  générale,  6c  de  la  feûrete  particulière  de  les 
Roïaumes ,  ne  pouvoit  en  être  exclue.  Les  difficultez  qu'on  a  rencontrées 
depuis  fur  ce  fujet,  ne  font  pas  provenûes  de  la  part  de  LL.  HH.  PP.  mais 
de  celle  dudit  Sr.  Comte  d'Avaux,  qui  par  ordre  de  Sa  M.  T.  C.  s'eft  oppo- 
fé  à  l'admiffion  de  l'Envoie  d'Angleterre,  dans  les  Conférences  fuivantes,  fur 
le  même  pied  qu'il  y  avoit  été  admis  auparavant  ;  6c  c'eft  la  raifon  pourquoi , 
les  Conférences  ont  été  fi  long-tems  fufpenduës,  au  grand  déplaifir  de  LL. 
HH.  PP.  qui  dans  cette  Négociation  ne  pouvoient  aucunement  fè  laifier  fépa- 
rer  de  l'Angleterre.  Ainfi  la  caufe  de  ce  retardement ,  ne  pouvant  être  attri- 
buée à  LL.  HH.  PP.  6c  y  a'iant  des  raifons  fi  juftes,  que  l'Envoie  de  Sa  M. 
B.  ne  fût  pas  exclu  des  Conférences,  Elles  croient  avoir  fuffifamment  répon- 
du à  tout  ce  qui  eft  avancé  dans  le  Mémoire  fur  ce  fujet. 

Elles  doivent  aufii  avouer ,  que  Sa  M.  T.  C.  a  eu  raifon  de  prefumer  qu'El- 
les 


49*     MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

1701.  les  pourvoient  infifter  fur  la  fatisfaction  de  l'Empereur,  puifque  ce  point  a  été 

"~ le  premier  Article  de  leur  Demande}  maisLL.HH.  PP.  ne  le  fouviennent  pas 

d'avoir  jamais  donné  le  moindre  fujet,  ou  la  moindre  occafion  de  prefumer 
d'Elles ,  qu' Elles  euflent  voulu  s'ériger  en  Arbitres  entre  les  Maifons  de  Fran- 
ce 8c  d'Autriche  ,  &  décider  du  droit  que  les  deux  derniers  Rois  d'Efpagne 
Philippe  IV.  ScCharlesII.  ont  eu  ou  non ,  pour  changer  les  Conlti- 
tutions,  &  les  Loix  fondamentales  des  Couronnes  d'Efpagne}  &  Elles  prient 
S.  M.  T.  C.  de  vouloir  fe  fouvenir  qu'avant  le  décès  du  dernier  Roi  d'Efpa- 
gne, l'Etat  de  fa  fanté  aïant  été  quelque  tems  fort  languiflànt  £.  M.  T.  C.  ju- 
gea,  neceiïaire  aufli  bien  que  S.  M.B.  &  LL.  HH.  PP., de  prévoir  &  de  pré- 
venir les  malheurs  qu'on  avoit  lieu  d'attendre ,  après  la  mort  de  ce  Prince  lans 
enfans }  puifque  l'ouverture  de  fa  Succeffion  exciterait  infailliblement  une  nou- 
velle Guerre ,  fi  S.  M.  T.'C.  foutenoit  fes  prétentions  6c  celles  de  Mr.  le  Dau- 
phin ou  de  fes  defcendans  fur  toute  la  Succeffion  d'Efpagne,  &  queS.M.Imp. 
voulût  auffi  faire  valoir  fes  prétendons  &  celles  du  Roi  des  Romains ,  8c  de  l'Ar- 
chiduc fon  fécond  Fils ,  ou  de  fes  autres  Enfans,  fur  ladite  Succeffion  ;  &  ces  rai- 
fons  ont  porté  S.M.T.C,  S.  MB.,  8c  LL.HH.PP.  à  conclure  le  Traité  fi 
connu  fur  la  Succeffion  d'Efpagne. 

Comme  LL.  HH.  PP.,  en  entrant  dans  ce  Traité  n'ont  aucunement  prefu-  " 
mé  de  s'ériger  en  Arbitres  fur  les  differens  entre  de  grands  Princes,  comme 
font  l'Empereur  8c  le  Roi  de  France ,  mais  feulement  ont  taché  de  contribuer 
à  ce  que  les  parties  intereflees  fuffient  mifes  d'accord ,  que  la  Paix  fut  confèr- 
vée  &c  une  nouvelle  Guerre  prévenue  ,  par  un  Règlement  fur  ladite  Succef- 
fion, à  quoi  Sa  Majefté  Très-Chrêt.  avoit  déjà  concouru  avec  Elles,  8c  à 
quoi  Elles   fe  flattoient  que  l'Empereur  voudrait  bien  auffi  concourir  de  fon 
côté,  auffi  LL.  HH.  PP.  ne  défirent  8c  ne  cherchent  encor  autre  chofe  finon 
qu'on  puifîê  trouver  des  moïens  capables  de  procurer  à  l'Empereur  une  fatis- 
faction raifonnable  à  l'égard  de  fes  prétentions  fur  lefquelles  on  avoit  fait  alors 
tant  de  reflexions ,  8c  cela  ne  pouvant  plus  fe  fait  e  fur  le  pied  du  Traité  de  Par- 
tage, qu'on  trouve  d'autres  moïens  pour  confèrver  la  Paix,  8c  prévenir  une 
nouvelle  Guerre  j  8c  en  ceci  on  ne  peut  accufer  LL.  HH.  PP.  de  foutenir  des 
intérêts  Etrangers,  puis  qu'Elles  ne  font  qu'infifler  fur  les  mêmes  principes 
que  S.  M.  T.  C.  a  elle  même  jugés  juiles  Se  neceffiùres  avant  que  le  cas  prê- 
tent exiftât. 

On  ne  peut  de  plus  leur  imputer  de  faire  en  ceia  une  démarche  contraire  à 
celle  qu'Elles  ont  faite  en  reconnoiflant  le  Roi  d'Efpagne,  puifque  cette  dé- 
marche n'empêche  pas  qu'on  ne  donne  à  l'Empereur  une  fatisfaction  raifonna- 
ble, 8c  que,  félon  leur  opinion,  la  Paix  générale  ne  peut  fubfifter  fans  la  fatis- 
faction de  l'Empereur,  ni  leur  fureté  particulière  fans  la  Paix  générale  comme 
il  a  été  expofé  ci-devant. 

Si  LL.  HH.  PP.  ont  une  telle  fagefle  qu'on  leur  attribue,  S.  M.  T.C.  doit 
être  tout  à  fait  convaincue  qu'Elles  ne  feront  rien  aux  dépens  de  leurs  richef- 
fes,  mais  feulement  ce  qu'Elles  jugeront  abfolument  neceflàire  pour  leur  "con- 
fervation. 

Elles  font  feures  de  n'avoir,  rien  fait  d'où  l'on  puifie  induire  qu'Elles  aient 

rompu 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.  493 

rompu  'les  Traités  qui  feraient  comme  la  confirmation  £5?  le  fie  au  de  leur  Sauverai-  ijot. 

neté,  6c  Elles  ne  comprennent  pas  bien,  ce  qu'on  veut  dire  par  là,  puis  que  ■ 

leurs  Provinces  ont  toujours  été  Souveraines,  que  leurs  Ancêtres  ont  emploie 
leurs  biens  6c  leurs  vies,  pour  maintenir  leur  Liberté  contre  la  violence  des  E- 
trangers,  &  qu' Elles  font  obligées  &  refoluës  d'en  taire  autant  à  l'avenir;  mais 
Elles,  vivent  dans  l'efperance  que  perlbnne  ne  voudra  tirer  en  conteftation  leur 
Souveraineté,  &  bien  moins  les  troubler  dans  leur  jôuïfîânce. 

Elles  n'ont  cherché  ni  ne  cherchent  encor  à  étendre  leurs  limites,  mais 
Elles  font  uniquement, occupées  à  maintenir  leurs  droits  6c  leurs  poficffions,6c 
à  travailler  à  la  confervation  de  la  Paix  6c  du  repos  tant  pour  Elles  que  pour 
leurs  voiiîns;  &  ce  font  là  les  vrais  principes,  6c  les  véritables  maximes  de 
leur  Republique ,  en  quoi  Elles  ne  reconoiffent  ni  changement  ni  altéra- 
tion. 

LL.  HH.  PP.  font  bien  marries  que  ledit  Sr.  Comte  d'Avaux  attende  fi 
peu  de  iuccès  des  Conférences,  &  qu'il  n'oie  en  écrire  de  nouveau  au  Roi  foa 
Maître,  à  caufe  de  la  déclaration  que  le  Sr.  Stanhope  lui  a  faite  au  fujet  de  la 
fatisfaétion  de  l'Empereur,  fur  la  quelle  néanmoins  Elles  font  d'opinion  avec 
S.  M.  B.  qu'il  feroit  neceffaire  que  l'on  travaillât,  comme  fur  un  préliminaire 
des  moïens  qui  doivent  fervir  à  la  confervation  de  la  Paix  générale,  6c  de  leur 
fureté  particulière,  puis  que  cette  demande  n'eit  pas  nouvelle  6c  que  dans  les 
propoiitions  mifes  entre  les  mains  dudit  Sr.  Comte  d'Avaux,  on  a  expreifé- 
ment  demandé  tant  de  la  part  de  S.  M.  B.  que  de  la  part  de  LL.  HH.  PP. 
que  l'Empereur  fût  invité  d'entrer  dans  la  Négociation,  pour  traitter  de  fa 
fatisfaétion ,  ce  qui  eft  la  même  choie  que  l'on  demande  prefentement.  Leurs 
Hau  es  Puilfances  avouent  pareillement,  qu' Elles  ont,  non  pas  une  foumijjion 
aveugle  pour  les  fentimens  de  Sa  Majeflé  B.  comme  on  leur  impute,  mais  une 
très-grande  déférence  pour  fes  confeils ,  parce  qu' Elles  font  perfuâdées  que  fa- 
dite  iVlajeité  elt  tout  à  fait  portée  au  maintien  de  la  paix,  6c  du  repos  public, 
6c  qu'Elles  font  convaincues  par  une  infinité  de  preuves,  qu'Elle  elt  très-af- 
feéhonnée  au  bien  de  cet  Etat.  Outre  qu'Elles  ont  une  grande  confiance  en 
fa  fagelfe  6c  en  ion  expérience,  6c  qu'Elles  ont  de, telles  liaifons  avec  ce  Prin- 
ce comme  Roi  de  la  Grande-Bretagne  qu'Elles  ne  peuvent  fe  feparer  de  lui. 

Si  les  Conférences  doivent  être  lufpenduës  à  caufe  de  la  déclaration  du  Sr. 
Stanhope ,  6c  à  caufe  de  la  conformité  des  fentimens  de  LL.  HH.  PP.  avec 
ceux  de  S.  M.  B.  dans  cette  Affaire  ,  Elles  le  regarderont  comme  un  très,  - 
grand  malheur;  mais  fi' S.  M.  T.  C.  eût  pu  trouver  bon  de  faire  continuer 
les  Conférences,  6c  d'y  taire  traitter  de  la  fatisfaétion  de  l'Empereur,  Elles  au- 
roient  efperé  qu'enfin  par  une  heureufe  conclufion  ledit  Sr.  Comte  d'Avaux 
aurait  pu  partir  avec  la  fatisfaétion  d'avoir  terminé  une  Affaire  de  la:  plus  gran- 
de importance  ,  dans  laquelle  il  a  pris  tant  de  peines. 

Cependant  LL.  HH.  PP.  efperent  que  ledit  Sr.  Comte  d'Avaux  qui  a  veu 
pendant  fou  fejour  ici  la  fineerité  de  leurs  fentimens  pour  la  Paix,  aura"  bien 
que  leur  refpect  pour  S.  M.  T.  C.  6c  leurs  égards  pour  fon  amitié,  diffipera  à 
ton  retour,  les  miuvaiics  impreffîons  qu'on  pourrait  lui  avoir  donné  contre 
Elles. 

Zcm.  I.  Ooo  Elles 


494      MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

1701.       Elles  peuvent  déclarer  véritablement  qu'Elics  ne  favent  point  avoir  donné 
'  depuis  là  conclufion  de  la  dernière  Paix  aucun  fujet  d'ombrage  à  fadite  Maje^ 

lié.  Il  eft  bien  vrai  qu'Elles  ont  été  dans  la  neceffité  d'armer  pour  leur  defèn- 
ce,  mais  Elles  n'ont  commencé  à  le  Elire  qu'après  qu'Elles  ont  veu  leur  Bar- 
rière des  Païs-Bas  Efpagnols  (qui  leur  a  coûté  tant  de  peine  ôc  tant  d'argent, 
&  qui  leur  eft  fi  importante  de  l'aveu  même  de  S.  M.  T.  C.)  occupée  par  les 
Troupes  de  ladite  Majefté,&  qu'après  que  leurs  propres  Troupes  qu'Elles  a- 
voient  rappellées ,  pour  ôter  tout  fujet  d'ombrage,  y  furent  retenues,  & 
qu'on  vit  en  même  tems  les  grands  préparatifs  de  Guerre  qu'on  y  faifoit. 

LL.  HH.  PP.  ne  peuvent  diffimuler,  qu'outre  ces  grands  préparatifs  qui 
leur  donnèrent  de  l'ombrage,  Elles  en  ont  beaucoup  pris  delà  très  -  étroite 
liaifon  entre  la  France  &  l'Efpigne,  &  des  effets  qu'Elles  en  voïent  refait» 
de  jour  en  jour,  quoi-que  le  Traité  de  Partage  eût  été  fait  enn'autres  rai- 
fons,  pour  prévenir  l'ombrage  qu'auroit  pu  donner  l'union  de  tant  de  grands 
Etats. 

LL.  HH.  PP.  ont  ci-devant  déclaré  l'opinion  qu'Elles  ont  de  S.  M.  T. 
C.  favoir  que  pour  commencer  une  Guerre  ou  pour  continuer  la  Paix,  Elle 
ne  voudrait  point  relier  fes  actions  fur  fa  puiffance,  mais  fur  la  raifon  &  fur 
leqime,  puis  qu  autrement  aucun  de  les  voilins  ne  pouroit  erre  en  lurete  ; 
qu'Elles  connolifent  de  quel  prix  leur  eft  l'amitié  de  fadite  Majcfté,  qu'Elles 
fouhaittent  de  conferver  par  tous  les  moïens  poffibles ,  auffi  bien  que  la  Paix 
générale,  &  une  fureté  raifonnable  pour  leur  Etatj  mais,  fi  malgré  tous  leurs 
foins,  il  leur  faut  efiuïer  une  Guerre  contre  leur  volonté,  Elles  n'auront 
pas  du  moins  à  fe  4'eprocher  de  n'avoir  pas  fait  tout  ce  qu'Elles  ont  dû  faire 
pour  l'éviter,  ôcainfi  Elles  fe  confoleront  dans  ce  malheur  par  la  confiance 
due  le  Tout  Puifîant  les  affiliera  de  fon  fecours.  LL.  HH.  PP.  ne  fauroient 
fe  difpenfer  de  dire  qu'elles  ont  un  déplaifir  extrême  de  voir  qu'on  les  aceufe , 
comme  fi  leurs  Vaifîeaux  avec  ceux  d'Angletterre  avoient  iniulté  les  Pavillons 
de  S.  M.,  enlevé  fes  fujets,  fondé  fes  ports,  ôc  tiré  fur  Ces  Vaifîeaux  j  parce 
que  LL.  HH.  PP.  aïans  pour  Sa  M.  T.  C.  un  extrême  refpeclr,  elles  fe  font 
toujours  attachées  avec  toute  la  circonfpeélion  pofïible,de  fe  conferver  l'hon- 
neur de  fon  amitié. 

Que  fi  par  accident  ou  autrement,  quelques  uns  de  leurs  Sujets  pouvoient 
avoir  commis  quelque  choie  qui  portât  préjudice  à  fadite  Majefté  ou  à  quel- 
cun  des  fiens, 'Elles  font  prêtes  de  le  faire  deûement  reparer,  &  de  donner 
à  S.  M.  toute  forte  de  fatisfaétion  raifonnable. 

Quoi  qu'Elles  n'aient  aucune  connoifîânce  de  ce  que  les  Vaifîeaux  An- 
glois  pourroient  avoir  fait  à  cet  égard  ,  Elles  ne  doutent  pas  néanmoins 
que  Sa  M.  B.  ne  foit  dans  les  mêmes  difpofitions  avec  LL.  HH.  PP.  pour 
donner  à  Sa  M.  T.  C.  une  fatisfaftion  convenable,  en  cas  que  fes  Sujets 
rfi'ent  fait  quelque  tort  à  ceux  de  S.  M.  T.  C. 

Pour  ce  qui  concerne  LL.  HH.  PP.  Elles  n'ont  reçu  avis  de  quoi  que  ce 
foit  qui  puifTe  mériter  le  nom  d'infuite,  fi  ce  n'eft  qu'on  voulût  l'appliquer  à 
une  rencontre  qui  leur  eft  revenue  indirectement  6c  non  point  par  voie  de 
plainte,  touchant  ce  qui  s'eft  pafle  entre  un  de  leurs  Vaifîeaux  de  Guerre, 

ôc 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.         49'f 

Se  deux  Navires  François  aflez  près  de  Gennes,  au  moins  d'Avril  dernier.  La  ijoi. 
vérité  du  fait  eft ,  autant  qu'EUes  en  ont  pu  jufqu'à  prefent  être  infor-  ■  - 
mées,  qu'un  Vaifleau  de  Guerre  de  cet  Etat,  nommé  le  Soleil,  icrvant 
de  convoi  à  des  Vaifleaux  marchands,  dans  la  Méditerranée,  aïant  été  fe- 
paré  par  le  mauvais  tems ,  des  Vaifleaux  qui  étoient  fous  fon  efcortc ,  Se, 
étant  reité  feul  pendant  quelques  jours ,  découvrit  à  la  hauteur  de  Monaco  , 
une  Barque  côtoïant  le  rivage,  fans  favoir  de  quelle  Nation  elle  étoit ,  Se  que. 
le  Capitaine  voulant  parler  à  l'Equipage  pour  apprendre  quelque  nouvelle  de 
fcs  Vaifleaux  épars,  tira  un  coup  de  Canon,  pour  fignal ,  félon  la  coutume, 
Se  que  la  Barque  aïant  pris  la  fuite  il  envoïa  fa  Chaloupe  pour  la  joindre,  mais 
que  l'Equipage  s'étant  fauve  à  terre  dans  une  Chaloupe,  Se  n' aïant  laifle  que 
deux  hommes  dans  la  Barque  qui  firent  connoître  qu'elle  appartenoit  aux 
François ,  6c  que  leurs  compagnons  avoient  pris  la  fuite  ,  de  crainte  que  le 
Vaifleau  de  l'Etat  ne  fût  un  Turc  ,  on  les  defxbufa  Se  on  relâcha  la  Bar- 
que ,  quoi  qu'on  eût  tiré  un  coup  de  Canon  chargé  à  bâle  de  la  Ville  de 
Monaco. 

Il  elt  encor  vrai  que  deux  jours  après  ,  le  même  Capitaine  aïant  rencontre 
une  petite  Frégate,  Se  fouhaittant  de  l'approcher  pour  les  mêmes  raifons,  il 
fit  arborer  un  Pavillon  blanc  avec  le  fignal  ordinaire  d'un  coup  de  Canon,  Se 
que  la  Frégate  fe  rangea,  fous  ladite  Ville  de  Monaco  ,  d'où  l'on  tira  plufieurs 
volées  de  Canon  fur  le  Vaifleau  de  l'Etat ,  fans  que  le  Capitaine  en  ait  jamais 
pu  favoir  la  raifon. 

Les  choies  étant  ainfi  ,  félon  que  LL.  HH.  PP.  en  ont  été  informées,  il 
.  fcmble  qu'une  rencontre  fi  peu  coniiderable,  Se  dans  laquelle  il  n'y  a  eu  qu'un, 
peu  de  mal  entendu,  ne  peut  être  regardée,  félon  l'opinion  de  LL.  HH.  PP. 
comme  une  infultc  au  Pavillon  de  Sa  Majeflé. 

Après  cela,  Elles  déclarent  n'avoir  aucune  connoiflance  de  rien  qui  reflem- 
ble  à  une  infultc  faite  à  fes  Pavillons,  non  plus  qu'à  enlever  fes  Sujets,  à  fon- 
der fes  Ports,  &  à  tirer  fur  fes  Vaifleaux.      -  ' 

Il  ne  leur  eft  jamais  revenu  que  leurs  Vaifleaux  aïent  rien  fait  d'approchant, 
Se  Elles  ne  peuvent  pas  croire  ,  que  pour  la  petite  Se  cafuelle  rencontre  des 
Barques,  dont  on  vient  de  parler  ,  fadite  Majeité  puifle  avoir  conçu  Se  gardé 
quelque  mécontentement  contre  LL.  HH.  PP. 

Au  refte  LL.  HH.  PP.  ont  toujours  pris  Se  prendront  foin  d'obièrver  re- 
ligieufement  leurs  Traités,  fpecialcment  avec  S.  M.  T.  C.  Se  Elles  prendront 
volontiers ,  en  tout  tems ,  des  Refolutions  qui  pourront  fervir  à  conferver 
l'honneur  de  fon  amitié ,  Se  de  fon  afteélion  ,  Se  à  faciliter  ,  autant  qu'il  dé- 
pendra d'Elles,  la  Paix  générale,  dans  laquelle  Elles  puiflènt  trouver  leur  fu- 
reté particulière. 

Et  puis  que  dans  le  Mémoire  ,  il  efl;  dit  plufieurs  fois  que  LL.  HH.  PP. 
ont  encore  le  tems  de  refoûdre,  Elles  déclarent  qu' Elles  verroient  avec  plaifiiy 
que  ledit  Sr.  Comte  d'Avaux  reliât  encor  ici  quelque  tems ,  pour  avoir  occa- 
lion  de  continuer  Se  de  porter  à  un  heureux  fuccès  les  Conférences  pour  l'éta- 
bliflcmcnt  de  la  Paix  Générale,  Se  de  leur  fureté  particulière;  Se  que  pour 
cette  raifon  LL.  HH.  PP.  avant  que  de  prendre  congé  dudit  Sr,  Comte  d'A- 

Ooo  1  vaux 


y 


496     MEMOIRES,  NEGOCIATIONS,  TRAITEZ, 

1701.  vaux,  6c  de  lui  mettre  en  main  leur  Lettre  de  recreance,  en  réponfe  à  celle 
--■     •  Je  S.  M.  T.  C,  ont  bien  voulu  lui  faire  remettre  la  préfente  Refolution,  pour 
fervir  de  Réponfe  à  fon  Mémoire.  A  cette  fin,  l'Extrait  en  fera  livré  au  fufdit 
Comte  d'Avaux,  par  l'Agent  Rofemboom. 

Etait  paraphé , 

vt. 
W.    VAN    H  A  R  E  N. 

En  bas  étoit  écrit, 

S'accorde  avec  ledit  Regître^ 

Et  figné, 

F.      F    A    G    E    L. 

L  e  Comte  d'Avaux  dépêcha  par  un  Exprès  à  fa  Cour  cette  Refolution. 
Ce  fut  après  qu'il  fe  fut  mis  dans  le  Caroffe  de  Don  Bernardo  de  Quiros ,  6c 
qu'ils  furent  promener  enfemble  pour  l'examiner.  Lors  que  fon  Courrier  fut 
arrivé  à  Verfailles  le  Secrétaire  de  l'Ambaffadeur  des  Etats  Généraux  eut  oc- 
cafion  de  parler  au  Marquis  de  Torci ,  6c  de  lui  demnnder  fes  fentimens  fur  le 
Mémoire  du  Comte  ,  6c  fur  la  Réponfe  des  Etats  Généraux.  Le  Marquis 
répondit  que  la  Réponfe  étoit  bien  entendue ,  6c  qu'il  la  trouvoit  fort  réfpec- 
tueufe  pour  le  Roi  ;  Mais,  que  pour  le  relie  il  ne  la  regardoit  que  comme  un 
fimple  moïen  pour  gagner  du  tems  ,  à  fin  de  fe  préparer  à  la  Guerre.  Que 
perfiilant  fur  la  fatisftetion  de  l'Empereur  ,  il  étoit  impofible  au  Roi  d'entrer 
en  aucune  Négociation.  C'eft  pourquoi  le  Comte  d'Avaux  devoit  partir  , 
puifque  l'honneur  de  SaMajefté  y  étoit  trop  engagé,  par  la  longue  6c  infruc- 
tueuie  demeure  de  ce  Miniftre  dans  un  Pais  qui  ne  vouloit  pas  profiter  de 
l'ofire  de  fon  Amitié.  Le  Secrétaire  y  avoit  cependant  répondu  fuivant  la 
teneur  de  la  Réponfe.  Aulfi  le  Comte  d'Avaux  reçût-il  le  Mardi  8.  de  retour 
fon  Courrier  avec  ordre  de  partir.  Il  en  cacha  cependant  la  Nouvelle,  juf- 
ques  au  lendemain  Mercredi  à  midi.  C'étoit  pour  en  biffer  profirer  quel- 
ques Marchands  d'Amtrerdam  ,  qui  négocient  dans  les  Actions  ,  auxquels  il 
envoia  des  la  nuit  même  du  mardi  cette  Nouvelle,  qui  pouvoit  influer  beau- 
coup fur  cette  forte  de  Négoce.  Il  fut  ledit  Mercredi  faire  part  de  fon  pré- 
cis Rapel  au  Confeiller-Penfionnaire,  6c  il  fut  enfuite  prendre  congé  des  Mi- 
niftres  Etrangers  de  fa  connoifiance.  Avant  que  de  partir,  il  préfenta  aux 
Etats  Généraux  un  Mémoire  final  ,  6c  auquel  les  Etats  répondirent  par  une 
Refolution.  Voici  l'une  6c  l'autre  de  ces  Pièces. 

x  du°C  »  T  "  E  fou%°ê  Ambaffadeur  Extraordinaire  du  Roi  T.  C.  auprès  de  VV. 
dVWaux'  »  "^  SS.  aïant  reçu  de  nouveaux  ordres  du  Roi  fon  Maître  pour  fe  rendre 
du  ir.  '  „  auprès  de  fa  perfonne  Sacrée,  fc  trouve  obligé  de  prendre  congé  de  VV. 
Août.     „  SS.  6c  de  les  remercier  très- humblement  des  bontez  que  vous  lui  avez  té- 

„  moigne 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.         497 

„  moigné  pendant  fon  féjour  à  la  Haïe.     Il  prie  très-humblement  VV.  SS-   1701. 
„  d'être  perfiiadées  qu'il  en  confervera  chèrement  le  fouvenir,  &  qu'il  ne  ne-  -        ■ 
„  gligera  aucune  occafion  de  faire  connoître  à  VV.  SS.  le  zélé  ardent  qu'il  a 
„  pour  Vôtre  République  6c  pour  Vos  perfonnes  en  particulier. 

Signé, 

Le  Comte  d'Avaux. 
,,  A  la  Haie  le  n.  d'Août  1701. 

Voici  la  Réponfe  de  Leurs  Hautes  PuifTances  à  ce  Mémoire. 

»  Ç\^  a  lu  dans  l'Aflêmblée  le  Mémoire  du  Sr.  Comte  d'Avaux  Ambaflà- 
n  *<S  deur  Extraordinaire  de  S.  M.  T.  C,  prenant  congé  de  LL.  HH.  PP. 

.„  pour  s'en  retourner  auprès  du  Roi  fon  Maître,  lequel  Mémoire  eft  ici  in- 
„  fèré  (fiât  infertio) .  Surquoi  aïant  été  délibéré,  il  a  été  trouvé  bon  &  ar- 
„  rêté  ,  qu'on  répondra  audit  Sr.  Comte  d'Avaux,  fur  fon  Mémoire,  que 
„  LL.  HH.  PP.  auraient  fouhaité  de  tout  leur  cœur,  que  S.  M.  T.  C.  eût 
„  pu  trouver  bon  de  le  laiffer  encore  ici  pour  quelque  tems ,  afin  qu'on  pût 
„  finir,  s'il  étoit  poflîble,  par  un  heureux  fuccès,  les  Conférences  pour  lef-  ' 
„  quelles  il  étoit  venu:  Que  LL.  HH.  PP.  voient  avec  douleur,  que  par  fon 
„  départ  elles  feront  interrompues  :  Qu'elles  ont  tant  de  preuves  de  là  iâgeffe, 
„  de  fon  expérience ,  &  de  l'on  zélé  pour  affermir  la  bonne  intelligence  entre 
„  Sadite  Majefté  &  LL.  H  H.  PP. ,  qu'Elles  auraient  efperé  une  meilleure 
„  fin  de  fa  Négociation,  s'il  lui  avoit  été  permis  de  demeurer  plus  long-tems 
„  ici.  Mais  que  puis  que  les  ordres  de  Sadite  Majefté  Pobligeoient  de  par- 
„  tir ,  Elles  lui  fouhaitent  un  heureux  voïagc ,  &  l'affui  ent  que  fa  Perfonne 
„  &  fa  conduite  leur  ont  été  tres-agréables,  &  que  ledit  S.  Comte  d'Avaux 
„  leur  fera  agréable  auflî  fouvent  qu'il  plaira  à  S.  M.  de  l'emploïer  auprès 
„  d'Elles:  Qu'Elles  le  prient  qu'étant  de  retour  auprès  de  Sadite  Majefté,  il 
„  veuille  l'affurer  de  leurs  fentiméns  refpeéhieux  pour  (à  Perfonne  S.,  de  leur 
„  très-grande  eftime  pour  fon  amitié  &  pour  fon  affection,  &  de  leur  defir 
„  fincere  &  très-ardent  pour  la  continuation  de  la  Paix  &  du  repos  public. 
„  Qu'on  dépêchera  auflî  une  Lettre  de  Récréance  pour  ledit  Sr.  Comte  d'A- 
„  vaux,  laquelle  lui  fera  remife  entre  les  mains,  avec  l'Extrait  de  la  prefente 
„  Réfolution,  par  l'Agent  Rofemboom. 

O  n  lui  donna  auflï  des  Recrédentiales  telles  que  voici. 

„  S    I    R    E, 


Lettres 
Recre- 


„  A  Près  que  le  Sr.  Comte  d'Avaux  Ambafladeur  Extr.  de  V.  M.  No'is  a-  ^m^]es 
"  a  ta*  rend"  niLettre»PiU'  Quelle  il  lui  a  plû  de  le  rapeller ,  Nous  fîmes  auCom- 
„  des  Initances  a  ce  qu'il  pût  encore  refter  ici  pour  quelque  tems,-  pour  voir  te  d'A- 


Ooo   3  fiTai 


IJOl. 


49S     MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

„  fi  on  pourvoit  terminer  heureufcment  les  Conférences  que  Nous  avions  de- 
„  mandées,  &  pour  lefquelles  il  étoit  venu  :  Mais  comme  il  nous  a  fait  con- 
„  noître  aujourd'hui,  qu'il  avoit  reçu  des  ordres  nouveaux  pour  fon  retour  , 
„  Nous  n'avons  pas  voulu  le  biffer  partir ,   fans  témoigner  à  Vôtre  Ma- 
„  jefté   que  fa  Perfonnc  nous  a  été  très  -  agréable  ,   puis  que  dans  toute  fa 
„  conduite  il  a  donné  des  marques  de  fa  capacité,  de  fa  prudence  ,   &  de 
„  fon  zèle,  tant  pour  le  .fervice  de   Vôtre   Majeflé   que  pour  l'affermil- 
„  fement  de   la  Paix  &  de  la  bonne  intelligence  entre  Elle  &  Nous;  Se 
„  Nous  euffions  fouhaité  qu'il  ne  fait  pas  parti  avant  que  d'avoir  fini  heu- 
„  reufement   la    Négociation.      Cependant,    Sire,    Nous   efperons   que 
„  nonobftant  ce  rapel,  les  intentions  de  Vôtre  Majefté  feront  toujours  por- 
„  tées  à  la  Paix,  &  qu'avec  fon  AmbafTadeur  Elle  ne  retirera  point  fon  amitié 
„  &  fon  affection  de  nôtre  République.     Les  affurances  qu'Elle  Nous  en 
„  donne  par  fa  Lettre  nous  flatent  de  cet  efpoir.     Auilî  nous  attendons  de  la 
„  fincerite  dudit  Sr.  Comte  d'Avaux,  qu'il  fera  un  râpent  fidèle  a  V.  M.  de 
„  nos  fentimens  reipcélueux  pour  fe  Perfonne  S.,  &  quel  cas  Nous  faifons  de 
„  fon  amitié;  &  de  nôtre  defir  très-fort  &  tres-fincere  pour  la  continuation 
„  de  la  Paix  Se  du  repos  public.    Nous  ne  faifons  point  de  dificulté  de  Nous 
„  raporter  à  ce  qu'il  en  dira  à  V.  M.  Cependant  Nous  prions  Dieu,  Sire, 
„  Sec.    A  la  Haïe  le  1 1.  Août  1701. 

Les  Etats  Généraux  lui  accordèrent  auiîî  le  Préfent  accoutumé  aux  Am- 
baffadeurs.  Il  elï  vrai  qu'il  fit  quelque  difficulté  de  l'accepter.  C'étoit  fur  ce 
que  fon  Ambaffade  étant  en  toute  manière  extraordinaire,  il  n'avoit  fait  aucu- 
ne Entrée  ni  eu  Audience  publique  ,  &  qu'ainfi  il  ne  croïoit  pas  de  l'avoir 
mérité.  Cependant,  afin  qu'on  ne  qualifiât  pas  fon  refus  de  Fanfaronnade,  il 
vouloit  bien  l'accepter.  Comme  fon  départ  étoit  trop  précipité  pour  qu'on 
eût  le  Prêtent  prêt ,  qui  confiite  en  une  Chaine  &  Médaille  d'Or  de  la  valeur 
de  fix  mille  florins  de  Hollande  ,  on  lui  fit  demander  à  quelle  Perfonne  il  lui 
plaifoit  qu'elle  fut  remife.  11  répondit  qu'il  laiflbit  fans  cela  à  la  Haïe  ion  Se- 
crétaire nommé  de  Barré.     Ainfi  il  partit  le  Samedi  1 3.  vers  le  midi  dans  un 


_  quelque  femaine  auparav: 
Don  Bernardo  de  Quiros,  donna  le  1 1.  de  Mai  à  dîner  au  Comte  d'Avaux,  à 
l' Envoie  Extr.  d'Angleterre,  &  à  trois  ou  quatre  autres  Miniltres  Etrangers. 
Le  Comte  dit  en  riant  qu'il  y  avoit  environ  trois  ans  que  Don  Bernardo  de 
Quiros  enleva  Luxembourg  aux  François  dans  le  Traité  de  Rifwick.  Norft, 
Réiîdent  de  pluficurs  Princes  du  Corps  Germanique  ,  dit  là-deffus  que  les 
François  avoient  trouvé  le  moien  de  le  ravoir  avec  ufure.  Don  Bernardo  de 
Quiros  en  fit  une  Affaire  ferieufe ,  capable  de  le  brouiller  avec  le  Comte.  Ce 
qui  pouvoit  y  influer  étoit  qu'on  parloit  toujours  d'un  Traité  entre  la  France 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T. 


499 


le  Serment  de  Fidélité  :    Et  cette  Ceffion  ne  plaifoit  nullement  à  l'Ambafia-   1701 
deur  d'Efpagne.  .  

Le  précipité  Départ  du  Comte  d'Avaux  fit  voir  qu'il  avoit  eu  quelque  vue 
cachée,  après  qu'il  eut  préfenté  fon  Mémoire  du  2.6.  Juillet.  C'etl  parce 
qu'il  dit  quelques  jours  après  qu'il  avoit  reçu  des  Lettres  du  Roi  fon  Maître, 
par  leiqueiles  il  lui  mandoit  de  ne  pas  le  préfenter  ,  au  cas  qu'il  ne  l'eut  déjà 
tait}  Il  fit  même  de  plusj  car  il  fit  quelque  Démarche  pour  tacher  de  le  reti- 
rer ibus  main.  On  crut  en  ce  tems-là  que  ladite  vûë  etoit  qu'il  auroit  voulu 
détourner  les  Etats  Généraux  de  donner  leur  Réponfe  en  date  du  premier 
d'Août.  La  rai  ton  en  étoit ,  qu'Elle  faifoit  toucher  au  doigt  leur  fincérité , 
&  qu'on  en  avoit  pas  ufé  de  même  à  leur  égard  ;  6c  cela  pouvoit  faire  impref- 
fion  fur  le  Public. 

Comme  l'on  a  jugé  à  propos  de  donner  tout  de  fuite  les  Négociations  du 
Comte  d'Avaux  pour  le  foulagement  du  Lecteur,  fans  y  entremêler  les  Affai- 
res qui  fe  paflbient  entre-tems,  on  reprendra  celles-ci  auffi  de  fuites  félon  leur 
rang. 

On  commencera  par  celles  d'Angleterre,  jufques  au  Départ  de  Sa  Maje- 
fté  Britannique  pour  paffer  en  Hollande.  L'une  des  principales  fut  le  Règle- 
ment de  la  Succeffion  en  la  Séréniffime  Maifon  de  Hannover.  On  en  voioit 
la  nécefîité  fans  reculer  beaucoup  dans  le  pafTé.  L'Incendie  allumé  en  Angle- 
terre contre  la  Religion  ,  8c  la  Liberté  de  la  Grande-Bretagne,  fumoit  enco- 
re, &  le  Feu  demeuré  fous  les  cendres  pouffoit  de  tems  en  tems  des  étincel- 
les,  qui  donnoient  de  l'inquiétude.  Il  y  auroit  eu  beaucoup  de  Débats,  fi 
une  Affaire  avoit  eu  du  fuccès.  Six  Lords  furent  trouver  le  Comte  de  Brian- 
çon.  Us  lui  propoférent  de  faire  que  le  Duc  de  Savoie  donnât  un  des  Prin- 
ces fes  Enfâns  pour  être  élevé  en  Angleterre  ,  &  dans  la  Religion  Anglicane, 
proteitant  qu'en  ce  cas  jamais  l'Acte  de  Hannover  ne  pafferoit}mais,  le  Duc 
n'aiant  pas  voulu  y  entendre,  le  Bill  fut  drefle  pour  ce  Règlement,  &  on 
y  ajouta  diverfes  Claufes ,  6c  aiant  été  aprouvé  par  les  deux  Chambres  des 
Seigneurs  6c  des  Communes,  le  Roi  le  paffa  en  Acte,  dont  voici  la  Copie. 


Tour  étendre  la   Succeffion  de  la  Ccurromte  d'Angleterre  &c.  ; 

&  pour  mieux  ajfurer  les  ^Droits  &  les  Libertés, 

des  Sujets,  du  10.  Février. 

D'Autant  que  dans  la  première  année  du  Régne  de  Vôtre  Majefté  6c  de 
feue  nôtre  três-gracieufe  Souveraine  la  Reine  Marie  d'heureufe  Mé- 
moire, un  Acte  de  Parlement  avoit  été  fait,  intitulé,  Jcle  pour  déclarer  les 
Droits  ci?  Libériez  des  [Sujets  ci?  pour  établir  la  SucceJJîon  à  la  Couronne ,  dans 
lequel,  entre  autres  choies,  il  avoit  été  établi,  déclaré,  6c  paffé  en  Loi,  que 
la  Couronne,  6c  le  Gouvernement  Roïal  des  Roïaumes  d'Angleterre,  de  Fran- 
ce, 6c  d'Irlande,  6c  des  Domaines  qui  en  dépendent ,  feroient  6c  continue- 
raient 


foo     MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

I701-  roient  dans  Vôtre  Majcfté  Se  ladite  feue  Reine, pendant  qu'ils  vivroient  con- 
"  joinctement  &  pendant  la  vie  de  celle  qui  furvîyroit,  Se  qu'après  le  décès  de 

Vôtre  M  ijellé  &  de  ladite  Reine,  ladite  Couronne  &  Gouvernement  Ro'i'aî 
feraient  Se  demeureraient  aux  Héritiers  iffiis  du  Corps  de  ladite  feue  Reine, 
&au  défaut  d'une  jelle  Lignée  à  lbnAlfeiTe  Roïale  laPrinceffè  Anne  de  Dan- 
nemark  &  aux  Héritiers  îiîus  de  ion  Corps,  Se  au  défaut  d'une  telle  Lignée 
aux  Héritiers  procréez  par  Vôtre  Majeilé.  Et  il  fut  d'ailleurs  par  là  pafle  en 
Loi  que  toutes  &  chaque  perfonne  ou  perfonnes,  qui  feraient  alois  ou  dans 
la  fuite  réconciliées  au,  ou  qui  auraient  Communion  avec  le  Siège  ou  l'E- 
gliiè  de  Rome  ,  ou  qui  feraient  profeiîîon  de  la  Religion  Papilte,  ou  qui 
le  marieroient  à  des  Papilles,  feraient  exclus  Se  rendus  incapables  pour  tou- 
jours d'hériter  pofTeder  ou  jouir  de  la  Couronne  Se  du  Gouvernement  de 
ceRoïaume,  de  l'Irlande  &  des  Domaines  qui  en  dépendent,  ou  d'aucune 
partie  d'iceux,  Se  d'avoir,  fe  fervir  ,  ou  exercer  aucun  pouvoir,  autorité 
ou  Juridiction  Roïale  dans  iceux.  Et  que  dans  tous  Se  chacun  lefdits  Cas  , 
les  Peuples  de  ces  Roïaumes  feraient  &  font  par  là  abious  de  leur  fidélité ,  Se 
ladite  Couronne  6c  Gouvernement  defeendroient  fucceiîivement  Se  feraient 
pofièdez  par  telle  perfonne  ou  perfonnes,  qui  étant  Proteilans,  auraient  héri- 
té Se  joui  d'iceux  y  au  cas  que  ladite  perfonne  ou  perfonnes  ,  ainii  reconci- 
liées, aïant  communion,  profeffaht ,  ou.  fe  mariant  comme  défias ,  fufîènt 
naturellement  mortes. 

Après  avoir  fait  un  tel  Statut, Se  l'établifTement  qui  y  efl  contenu, les  bons 
Sujets  de  Vôtre  Majeilé,  qui  ont  été  rétablis  dans  l'entière  Se  libre  poffeifion  Se 
jouïïfance  de  leur  Religion,  de  leurs  LoixSede  leurs  Libertez  par  la  Providence 
de  Dieu,  qui  a  béni  d'un  heureux  fuccès  les  juiles  entrepnùs,  Se  ;es  infatiga- 
bles efforts  que  Vôtre  Majeilé  a  fait  pour  cela,  n'avoient  point  à  etperer  ou 
à  fouhaiter  un  plus  grand  bonheur  temporel, que  celui  de  voir  une  Roïale  Li- 
gnée venant  de  Vôtre  Majeilé  (à  laquelle,  après  Dieu,  ils  doivent  leur  tran- 
quillité, Se  dont  les  Ancêtres  ont  été  pendant  une  longue  fuite  d'années,  les 
principaux  apuis  de  la  Religion  Reformée,  Se  des  Libertez  de  l'Europe)  Se 
de  nôtre  dite  très-gracieufe  Souveraine  la  Reine  Marie,  dont  la  Mémoire 
fera  toujours  precieufe  aux  Sujets  de  ces  Roïaumes.  Et  comme  il  a  depuis 
plû  au  Tout-Puiflant  de  prendre  à  lui  nôtre  dite  Souveraine  ,  comme  aul- 
iî  le  Prince  Guillaume  Duc  «de  Gloceller,  qui  faifoit  toute  notre  ei- 
perance,  Se  qui  étoit  le  feul  rejetton  vivant  de  fon  Altefie  Roïale  là  Prin- 
ceffè  Anne  de  Dannemarck  ,  au  deplaifir  Se  au  regret  inexprimable  de 
Vôtre  Majeilé,  Se  de  vofdits  bons  Sujets  qui  refiechifent  avec  douleur  par 
de  telles  pertes  ,  qu'il  dépend  entièrement  du  bon  plaifir  du  Tout  -  Puii- 
fant  de  prolonger  les  Vies  de  Vôtre  Majeilé  Se  de  ion  Alteflè  Roïale  ,  Se 
d'accorder  à  Votre  Majeilé  ,  ou  à  fon  Altefie  Roïale  une  Lignée  qui 
puiflc  hériter  la  Couronne  Se  le  Gouvernement  Roïal ,  comme  délais , 
lèlon  les  établillèmens  reipeélifs  contenus  dans  l'Acte  cï-Ueifus  mention- 
né ,  implorent  la  Mifericorde  Divine ,  pour  obtenir  ces  bénédictions  : 
Et  lefdits  Sujets  de  Vôtre  Majeilé  aïant  une  expérience  journalière  du 
ibin  Se  de  l'intérêt  que  Vôtre  Majeilé  prend  pour  la  prafpcrité  prelente  Se 

futu- 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.         pt 

future  de  ces  Roïaumes  ,&  particulièrement  parla  recommandation  que  Vôtre 
Majefté  a  fait  étant  affile  fur  Ton  Throne  pour  étendre  la  Succeffion  de  lu  Cou- 
ronne dans  la  Ligne  Proteftante,  pour  le  bonheur  de  la  Nation  Se  la  fureté 
de  nôtre  Religion  :  Et  étant  abfolument  neceflàire  pour  la  fureté  ,  la  Paix,  Se 
la  tranquillité  de  ce  Roïaume  de  prévenir  en  icelui  tous  les  doutes  &  difpu- 
tes,  qui  pourroient  y  furvenir  à  caufe  de  quelques  prétendus  titres  à  la  Cou- 
ronne, Se  de  maintenir  une  certitude  dans  la  Succeffion  d'icelie  ,  à  laquelle 
vos  Sujets  puiflent  furement  avoir  recours  pour  leur  protection ,  au  casque 
la  Succeffion,  établie  par  l'Aéte  fufmentionné  ,  vint  à  finir.  A  ces  caufes 
pour  une  plus  ample  provifion  de  la  Succeffion  de  la  Couronne  dans  la  Li- 
gne Proteftante,  Nous  les  très-obeïflans  Se  très-fideles  Sujets  de  Vôtre  Maje- 
fté les  Seigneurs  Spirituels  Se  Temporels,  &  les  Communes  afîêmblez  en  ce 
prefent  Parlement ,  fuplions  Vôtre  Majefté  qu'il  foit  établi  Se  déclaré  ,  ainfî 
qu'il  eft  établi  &  déclaré  par  Sa  Majefté  le  Roi,  par  Se  avec  l'avis  Se  confen- 
tement  des  Seigneurs  Spirituels  Se  Temporels,  Se  des  Communes,  aflemblex 
en  ce  prefent  Parlement  Se  par  l'autorité  d'iceux ,  que  la  très- Excellente  Prin- 
ceflê Sophie  Eleétrice  Se  Ducheflè  Douairière  d'Hannover,  Fille  de  la  feue 
très- Excellente  PrincefTe  Elizabeth  Reine  de  Bohême ,  Fille  de  feu  nô- 
tre Souverain  Seigneur  le  Roi  Jaques  Premier  d'heureufe  Mémoire,  foit, 
Se  eft  par  celles-ci  déclarée  être  la  plus  prochaine  à  la  Succeffion  dans  la  Li- 
gne Proteftante  à  la  Couronne  Impériale  ,  Se  à  la  Dignité  defdits  Roïau- 
mes  d'Angleterre,  de  France ,  Se  d'Irlande  Se  des-  Domaines  qui  en  dépendent, 
après  Sa  Majefté  Se  la  Princeflê  Anne  de  Dannemark  Se  à  défaut  refpective- 
ment  de  Lignée  de  ladite  Princeflê  Anne,  Se  de  Sa  Majefté.  Et  que  dès 
8c  après  le  décès  de  fadite  Majefté  à  prefent  nôtre  Souverain  Seigneur,  Se  de 
fon  Altefle  Roïale  la  Princeflê  Anne  de  Dannemarck ,  Se  à  défaut  refpeéri- 
vement  de  Lignée  de  ladite  Princeflê  Anne  de  Dannemark  Se  de  Sa  Majefté, 
la  Couronne  Se  le  Gouvernement  Roïal  defdits  Roïaumes  d'Angleterre,  de 
France,  Se  d'Irlande,  Se  des  Domaines  qui  en  dépendent  avec  l'Etat  Se  Digni- 
té Roïale  defdits  Roïaumes ,  Se  avec  tous  les  Honneurs  ,  Qualitez  ,  Titres, 
Regales, Prérogatives, Pouvoirs,  Jurifdiélions ,  Se Autoritez  qui  en  dépendent, 
Se  qui  leur  apartiennent ,  fera,  Se  continuera  à  ladite  très  -  Excellente  Prin- 
ceflê Sophie,  Se  aux  Héritiers  iflus  de  fon  Corps,  étant  Proteftans  :  Et 
c'eft  à  quoi  lefdits  Seigneurs  Spirituels  Se  Temporels  Se  les  Communes ,  au 
nom  de  tout  le  Peuple  de  ce  Roïaume  ,  fe  foumettent  très-humblement  Se 
loïaument  tant  eux  ,  que  leurs  Héritiers,  Se  Pofterité  ,  Se  promettent  fidel- 
lement,  qu'après  le  décès  de  Sa  Majefté,  Se  de  fon  Altefle  Roïale,  Se  à  dé- 
faut d'Héritiers  iflus  de  leurs  refpectifs  corps,  ils  foutiendront,  maintiendront, 
Se  défendront  ladite  Princeflê  Sophie,  Se  les  Héritiers  iflus  de  fon  corps, 
étant  Proteftans  félon  la  limitation  Se  la  Succeflîon  à  la  Couronne  ci  fpecifiée 
Se  contenue,  de  tout  leur  pouvoir,  Se  aux  dépends  de  leurs  Vies  Se  de  leurs 
Biens  contre  toute  Perfonne  que  ce  foit  qui  attentera  quelque  chofe  au 
contraire. 

Bien  entendu  toujours, ainfi  qu'il  eft  établi  par  celles-ci ,  que  toutes  Se  cha- 
cune perfonne  ou  perfonnes ,   qui  hériteront  ou  pourront  hériter  ladite  Cou- 

Jim.  I.  Ppp  ronne 


t7or. 


yo*      MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

1701.  ronne,  en  vertu  de  la  Limitation  de  ce  préfent  A6tc,  qui  eft,  font  ou  feront 

'  réconciliées  ou  qui  auront  communion  avec    le  Siège  ou  Eglifc  de  Rome  , 

ou  qui  feront  profeffion  de  la  Religion  Papille  ou  qui  le  marieront  à  des  Papi- 
lles, feront  fujets  aux  incapacitez  lefquelles ,  dans  tous  6c  chacun  defdits  cas 
font  déclarées,  ftatuées,  £c  établies  par  ledit  Aéle  fufmentionné.  Et  que  cha- 
que Roi  ou  Reine  de  ce  Roïaume  ,  qui  viendra  ou  fuccedera  à  la  Couronne 
Impériale  de  ce  Roïaume  en  vertu  de  ce  préfent  Aéte,  prendra  le  ferment  du 
Couronnement  qui  fera  adminiftré  à  lui  ,  à  Elle,  ou  à  Eux  à  leurs  réfpeârifs- 
Courbnnemens ,  félon  l'Acte  de  Parlement ,  fait  en  la  première  Année  du 
Régne  de  Sa  Mejeité,  6c  de  ladite  feue  Reine  Marie  intitulé  ,  4 cl  e  pour 
établir  le  ferment  du  Couronnement  ;  6c  fera ,  fouferira ,  &  répétera  la  Déclaration 
mentionnée  dans  ledit  Acte  raporté  en  premier  lieu  ci-defTus,  en  la  manière 
6c  forme  qui  y  èft  prefeiïte. 

Et  d'autant  qu'il  eft  requis  &  neceflaire  de  pourvoir  plus  amplement  à  la 
fûretc  de  Nôtre  Religion  ,  de  Nos  Loix  ,  6c  de  Nos  Libertez  ,  dès  6c  après 
le  décès  de  Sa  Majefté  ,  6c  de  la  Princeflè  Anne  de  Dannemarck,  6c  à  dé- 
faut de  Lignée  refpective,  iiïiië  du  corps  de  ladite  Princcfle  ou  de  Sa  Majefté, 
il  eil  ftatué  par  Sa  Majeité  le  Roi ,  par  6c  avec  l'avis  6c  confentement  des  Sei- 
gneurs Spirituels  8c  Temporels  6c  des  Communes  aflemblcz  en  Parlement ,  6c 
par  l'autorité  d'iceux , 

„  Que  quiconque  viendra  ci- après  à  la  pofîèflîon  de  cette  Couronne ,  fc 
„  conformera  à  la  Communion  de  l'Eglife  Anglicane  ,  ainil  qu'Elle  eft  éta- 
„  blie  par  les  Lbix. 

„  Qu'au  cas  que  la  Couronne  6c  la  Dignité  Impériale  de  ce  Roïaume, 
„  vienne  à  tomber  à  quelque  Perfonnc ,  qui  ne  fera  pas  Native  de  ce  Roïau- 
„  me  d'Angleterre,  la  Nation  ne  fera  point  obligée  de  s'engager  dans  aucu- 
„  ne  Guerre  pour  la  défenfe  de  quelques  Etats  ou  Territoires  qui  n'apartien- 
„  dront  point  à  la  Couronne  d'Angleterre  ,  fiins  le  confentement  du  Par- 
„  lement. 

„  Que  nulle  Perfonne  qui  viendra  ci-après  à  la  poiîèlîîon  de  cette  Couron- 
ne, ne  fortira  des  Domaines  d'Angleterre ,  d'Ecoiîè  ou  d'Irlande,  fans  le 
confentement  du  Parlement. 

„  Que  dès  6c  après  le  tems  que  cette  plus  ample  Limitation  faite  par  cet 
Âcle,  aura  lieu,  toutes  les  matières  6c  Affaires  relatives  au  bon  Gouverne-* 
ment  de  ce  Roïaume,  qui  font  proprement  par  les  Loîx  6c  Coutumes  de 
ce  Roïaume  du  reflbrt  du  Confeil  Privé,  y  feront  traitées  6c  toutes  les  Ré- 
„  folutions  qui  y  feront  prifes  dcfTus,  feront  fignées  par  ceux  du  Conièil  Pri- 
vé-qui  y  donneront  leurs  avis  6c  leur  confentement. 

„  Qu'après  que  ladite  Limitation  aura  lieu  ,  nulle  Perfonne  née  hors  des 
Roïames  d'Angleterre,  Ecolîè,  6c  Irlande,  ou  des  Domaines  qui  en  dépen- 
dent, quoi  qu' Elles  foient  naturalifées  ou  denifées ,  excepté  ceux  qui  fe- 
roient  nez  de  Père  &z  Mère  Anglois ,  foit  capable  d'être  du  Confeil  Pri- 
vé ,  ou  Membre  de  l'une  ou  l'autre  des  Chambres  du  Parlement,  ou 
de  jouïr  d'aucun  office  ou  porte  de  confiance  foit  Civil  ou  Militaire ,  ou 
d'avoir  aucune  conceftion  de  Terres ,  Mailbns ,  ou  Héritages  de  la  Cou- 

„  ronne y 


55 

5) 

55 
55 
55 


55 

5) 
55 
55 
55 
55 
53 


»> 


55 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.  f0j 

,,  ronne,  pour  lui  même,  ou  pour  aucune  autre  ou  autres  en  commifficn   ijoî. 

„  pour  lui.  

„  Que  nulle  perfonne  qui  a  un  office  ou  charge  de  profit  fous  le  Roi  ou 
„  qui  reçoit  une  penfion  de  la  Couronne ,  fera  capable  defervir  comme  Mem- 
bre de  la  Chambre  des  Communes. 

„  Qu'après  que  ladite  Limitation  aura  lieu ,  ainfî  que  deffus ,  les  Commif- 
fions  des  Juges  feront  faites,  tandis  qu'ils  fc  coê;porteront  bien^  6c  leurs  falai- 
„  res  affurez  6c  établis  :  mais  il  fera  loiiïble  de  les  déplacer  fur  une  Adreffë  de 
„  l'une  6c  l'autre  Chambre  du  Parlement. 

„  Que  nul  Pardon  fous  le  Grand  Seau  d'Angleterre  fera  reçu  contre  une  Ac- 
„  eufation  des  Communes  en  Parlement. 

„  Et  d'autant  que  les  Loix  d'Angleterre,  font  les  droits  naturels  du  Peu- 
„  pie  d'icelle ,  &  que  tous  les  Rois  6c  Reines  qui  monteront  fur  le  Trône 
„  de  ce  Roïaume,  doivent  le  gouverner  conformément  auxdites  Loix  ,  6c 
„  que  tous  leurs  Officiers  &  Miniftres  doivent  refpeclivement  les  fervir  fè- 
„  Ion  les  mêmes  Loix  :  à  ces  caufes  lefdits  Seigneurs  Spirituels  6c  Temporels 
„  &  les  Communes  fuplient  auffi  avec  humilité  que  toutes  les  Loix  &  Statuts 
„  de  ce  Roïaume  qui  tendent  affûter  la  Religion  établie  6c  les  droits  6c  les 
„  Libertez  du  Peuple  d'icelui,  &  toutes  autres  Loix  6c  Statuts  dudit  Roïau- 
„  me ,  qui  font"  à  prefent  en  force  ,  puiflênt  être  ratifiez  6c  confirmez  :  - 
„  Et  fubinc  cela  les  mêmes  font  par  Sa  Majefté,  par  6c  avec  l'avis  6c  con- 
-„  fentement  defdits  Lords  Spirituels  Temporels  6c  des  Communes,  6c  par 
„  l'autorité  d'iceux ,  ratifiez  6c  confirmez. 

L  a  Duchefîè  de  Savoie  ,  comme  Defcendante  d'une  Fille  du  malheureux 
Charles  I.  Roi  d'Angleterre,  fit  parvenir  entre  les  mains  du  Lord  Garde 
des  Seaux  une  Proteftation  contre  ledit  Règlement  de  la  Succeffion.  Elle 
étoit  en  ces  termes. 


»     A    nne  d'Orléans,  Ducheffie  de  Savoie,  Reine  de  Chypre,  Prin- 
„  x\.    ceffe  de  Piémont,  &:c.  6c  Princeffe  du  Sang  d'Angleterre  par  la  Prin- 


•,.  Protefta- 
tion de 

„  ceffe Roïale  de  la  Grande-Bretagne,  Henriette  fa  Mère,'  fait  une  fi  cheffe'de 
„  haute  eftime  de  cette  Prérogative,  qu'Elle  profite  bien  volontiers  de  l'oc-  Savoie 


contre 
l'Aifte 


cafion  qu'Elle  a  de  la  faire  valoir  aux  yeux  de  toute  la  Nation  Anglbifc, 
comme  un  témoignage  de  la  gloire  qu'Elle  en  tire,  d'avoir  Droit  à  cet  Au- 
„  gufte  Trône.  ^  5.™ 

„  Ce  11  pourquoi ,  étant  informée  qu'on  a  délibéré  de  régler  l'ordre  de  la 
„  Succeffion  à  la  Couronne  d'Angleterre,  dans  le  Parlement  préfentement  af- 
„  femblé ,  Elle  reprefente  au  Roi ,  6c  à  ce  même  Parlement ,  qu'en  qualité 
„  de  Fille  unique  de  la  feue  Princeffe  Roïale  Henriette  fa  Mère,  Elle 
,,  eft  la  première  apellée,  après  le  Roi  Guillaume,  ôc  la  Princefie  de 
„  Dannemarck  ,  iuivant  les  Loix  6c  les  Coutumes  d'Angleterre ,  qui  ont 
„  toujours  préféré  la  Ligne  la  plus  proche  à  la  plus  éloignée.  Son  Droit,  é- 
„  tant  ainfi  reconnu  de  tout  le  monde,  6c  inconteftable ,  n'a  point  befoin  de 
„  plus  grandes  preuves  ;  mais  Elle  ne  laifle  pas  de  protelter  contre  toute  de- 

Ppp  2  „  libe- 


f04      MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

1701.  „  libération  Se  decifion  contraire,  en  la  meilleure  &  plus  efficace  manière  qui 

„  fe  puilTe  pratiquer  en  femblables  cas:  En  quoi  elle  fuit  plutôt  la  coutume 

„  que  la  neceflîté,  parce  qu'Elle  a  une  fi  haute  idée  de  la  fagefie  &  de  la  ju- 
„  ftice  du  Roi  Se  du  Parlement,  qu'Elle  ne  doit  rien- craindre  de  leur  part  qui 
„  puiiTe  jamais  nuire  à  elle  Se  à  les  enfans. 

Les  gens  la  trouvèrent  singulière.  C'eft  en  ce  qu'Elle  fembloit  approu- 
ver les  jultes  Soupçons  de  la  Naiflîince  du  Prétendant  ;  puifque,  bien  loin 
d'en  parler,  Elle  le. fubitituoit  immédiatement  après  le  Roi  Guillaume  Se 
la  Princeflè  Anne  de  Dannemarck. 

Le  Parlement  prit  d'ailleurs  la  Réfolution  d'affilier  le  Roi  pour  avoir  une 
Flotte  de  80.  Navires  de  Guerre  avec  trente  mille  Matelots  ,  outre  20.  au- 
tres pour  le  fecours  de  la  Hollande  ,  Se  la  levée  de  zo.  mille  Hommes,  outre 
les  dix  mille  pour  le  Secours  de  la  Hollande  :  D'ailleurs ,  de  faire  les  Alliances 
que  le  Roi  trouverait  neceflaires  pour  le  maintien  de  la  Paix  de  l'Europe,  Se 
pour  faire  un  Equilibre.  Le  Parlement  préfenta  pour  cela  diverfes  Adreffés. 
Pendant  ces  Délibérations  il  y  eut  quelques  Débats.  Par  raport  aux  dix  mil- 
le Hommes  pour  le  Secours  de  la  Hollande  ,  quelques  Membres  furent  d'avis 
qu'il  falloit  donner  l'argent  pour  acheter-dix  mille  Allcmans,  Se  d'autres  qu'il 
faloit  les  lever  permi  la  Nation.  On  réfolut  cependant  de  prendre  douze  Ba- 
taillons des  Troupes  qui  étoient  en  Irlande  ,  qui  faifoient  cinq  milfô  Hommes 
Se  de  les  recruter  au  double  pour  faire  le  nombre  de  10.  milles,  iuivant  le  Se- 
cours ftipulé  par  les  Traitez.  Les  Seigneurs  préfenterent  une  Adreffè  au  Roi, 
pour  l'afiurer  qu'ils  emploïeroient  biens  Se  vie  pour  le  maintenir}  qu'ils  étoient 
iênfibles  au  danger ,  où  la  Nation  fe  trouvoit  j  Se  qu'ils  le  prioient  de  faire 
une  nouvelle  Ligue  ofFenfive  Se  defenfive  avec  les  Etats  Généraux  r  Se  d'invi- 
ter les  Princes  qu'il  trouverait  à  propos  d'y  entrer  ,  Se  d'en  -.faire  une  autre 
avec  l'Empereur  pour  le  repos  Se  la  fureté  de  l'Europe. . 

Comme  cependant  les  deux  Chambres  du  Parlement  s'amufoient  en  Débats 
par  raport  au  Traité  de  Partage,  Se  les  quatre  Lords  aceufez,  il  y  eut  de 
gens  zélez  pour  le  bien  de  la  Nation  qui  regardeient  cette  manœuvre  comme 
tendante  à  trainer  à  pourvoir  au  danger.  C'elt  pourquoi  les  principaux  de  la 
Province  de  Kent  firent  préfenter  aux  Communes  une  Requête  de  Remon-s 
trance.  Elle  étoit  foûcrite  par  les  Juges  de  Paix,  Grands  Jurez,  Se  Francs 
Bourgeois.    Elle  étoit  en  ces  termes. 

NOus,  les  Gentilshommes,  Juges  de  Paix  ,  Grands  Jurez  ,  &  autres 
Bourgeois  affëmblez  à  la  Seffion  qui  fe  tient  à  Maidfton  dans  la  Pro- 
vince de  Kent  ,  étant  profondément  confternez  du  dangereux  état  de  ce 
Roïaume  Se  de  toute  l'Europe,  §e  confidérant  que  nôtre  deitinée,  Se  cel- 
le de  nôtre  profperité  dépend  de  la  iageffë  de  nos  Députez  en  Parlement, 
Nous  croïons  être  obligez  par  nôtre  devoir,  d'en  représenter  humblement 
les  conlequences  à  la  Chambre  dans  cette  Conjoncture,  Se  de  vous  prier 
de  prendre  de  promtes  Réfolutions ,  Se  de  faire  des  efforts  finceres,  pour 
„  répondre  à  la  grande  confiance  de  vôtre  Patrie  ,  qui  fe  repofe  fur  vous. 

»  Et,, 


Requê- 

5> 

icdela 

» 

Provin- 
ce de 

M 

Kent  au 

?> 

Parle- 

5> 

ment. 

» 

5» 

» 

55 
55 
55 
55 
55 
55 
55 
55 
J5 
5» 
55 
55 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.  pr 

Et,  comme 'par  l'expérience  de  tous  les  Siècles,  il  efl  manifefie  qu'au-  170 1, 
cune  Nation  ne  fourbit  être  grande  ni  heureufe  fans  Union  ,  Nous  ef-  — ~ 
pérons  qu'il  n'y  aura  prétexte  quelconque  ,  qui  foit  capable  de  eau- 
fer  la  moindre  mésintelligence  entre  nous,  ni  la  moindre  méfiance  de  Sa 
Majeure  ,  dont  les  grandes  Aérions  pour  cette  Nation  font  écrites  dans  le 
cœur  de  fes  Sujets  ,  &  ne  fauroient  fans  la  plus  noire  des  ingratitudes  être 
jamais  oubliées.  Nous  prions  très-humblement  cette  honorable  Chambre 
d'avoir  égard  à  la  Voix  du  Peuple  :  Que  nôtre  Religion  8c  nôtre  Sûreté 
puiffent  être  effectivement  affermies  :  Que  vos  fidèles  Adrefles  foient  chan- 
gées en  Bills  de  Subfides  ;  &  que  Sa  Sacrée  Majefté  ,  dont  le  Règne  pro- 
pice &  fins  tache  puifie.  longrtems  continuer  fur  Nous,  foit  mife  en  état 
d'affilier  puifTamment  fes  Alliez ,  avant  qu'il  foit  trop  tard.  „ 


Les  Membres  les  plus  turbulens  des  Communes  prirent  cette  Requête  , 
comme  une  OfFenfe  faite  à  la  Chambre.  Au  lieu  de  Suplication,  on  la  regar- 
da comme  un  Confeil  ;  &  ,  trouvant  cette  manière  d'agir  irréguliere ,  la 
Chambre  envoïa  en  prifon  cinq  de  ceux  de  Kent ,  qui  l'avoient  préfentée. 
L'un  d'eux  fe  fauva ,  pour  en  porter  la  Nouvelle  à  fa  Province.  Il  revint  ce- 
pendant chez  le  MefTager  ou  Sergeant  d'Armes ,  d'où  il  fut  auffi  en- 
voie tenir  compagnie  aux  autres  dans  la  Prifon.  La  Chambre  déclara  cet 
Ecrit  fcandaleux ,  infolent ,  St  féditieux }  Se  pria  le  Roi  de  les  priver  de  leurs 
Charges. 

Comme  l'on  troùvoit  que  c'étoit  une  violente  paffion  qui  faifbit  prendre  un 
tel  efibr  à  la  Chambre,  on  lui  apliqua  ce  que  Tite  Live  dit  que  c'efl  la  natu- 
re de  la  Multitude  de  fervir  humblement ,  ou  de  dominer  avec  arrogance. 
Véritablement,  ce  procédé  de  la  Chambre  paroiflbit  irrégulier.  C'eft  puif- 
que  c'avoit  été  un  Grief  contre  le  Roi  Jaques  d'avoir  maltraité  les  fèpt  Evê- 
ques  pour  lui' avoir  préfenté  une  Requête.  Auffi  en  prefentant  la  Couronne 
au  Prince  &  à  la  Princeffe  d'Orange,  il  fut  établi  que  c'étoit  le  Droit  des  Su- 
jets de  pétitionner  le  Roi ,  favoir  de  lui  faire  des  Représentations.  A  plus 
forte  raifon  pouvoit-on  en  agir  de. la  forte  envers  le  Parlement.  Cette  Incar- 
tade des  Communes  ne  fut  pas  même  bien  prife  par  les  Peuples.  On  beuvoit 
par-tout  à  la  Santé  de  ceux  de  Kent:  On  imprimoit  leurs  Portraits,  &  enfin 
on  envoïa  à  l'Orateur  Harlei ,  &  à  How,  une  Lettre  pour  les  menacer,  avec 
les  autres  qu'on  foupçonnoit  agir  par  des  refforts  étrangers.  Cette  Lettre  étoic 
la  fui  vante.- 

„  MONSIEUR  L'ORATEUR,  Lettre;. 

«  à  I'Ora- 

„  T    E  Mémoire  ci  inclus ,    dont  on  vous  charge,  au  nom  de  plufieurs  rJurdes 
„  ï-i  milliers  du  Peuple  d'Angleterre,   ne  vient  point  d'aucun  Papille  Ja-  manîu 
„  cobite,  féditieux,  ou  d'aucun  interefl  cle  Parti,  mais  il  ell  fondé  fur  l'hon- 
„  nêteté  &  fur  la  vérité.   Et  on  vous  commande  de  la  part  de  deux  cent  mil- 
„  le  Auglois  de  le  donner  à  la- Chambre  des  Communes,  Se  de  les  informer 
„  que  ce  n'eil  point  une  .moquerie,  mais  une  ferieufe  vérité, 

Ppp  3  „  On. 


fo6      MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

t70t.      „  On  ne  demande  que  la  juftice  6c  leur  devoir,  &  il  eft  demandé  par  ceux 
•  ■    ■  ■■  „  qui  ont  le  droit  de  le  demander,  6c  le  pouvoir  de  les  y  forcer,  alîavoir  par 
„  le  Peuple  d'Angleterre. 

„  Nous  aurions  pu  nous  prefenter  à  la  Chambre  en  aflez  grand  Nombre 
„  pour  les  obliger  de  nous  entendre,  mais  nous  avons  évité  tout  tumulte,  ne 
„  voulant  point  troubler,  mais  fauver  nôtre  Patrie. 

„  Si  vous  refufez  de  le  leur  communiquer ,  vous  aurez  bien-tôt  fujet  de 
„  vous  en  repentir. 

A  Robert  Harley  Ecuyer ,  Orateur  de  la  Chambre  des  Communes. 

MEMOIRE 

Des  Gentilshommes,  des  libres  Poflefleurs,  ôc  des  Habitans  des  Com- 

tez tant  en  leur  nom ,  qu'en  celui  de  plufieurs  milliers 

du  bon  Peuple  d'Angleterre  -, 

Aux  Chevaliers ,  Citoïens ,  6c  Bourgeois ,  aflemblez  en  Parlement. 

„  MESSIEURS, 

IL  feroit  à  fouhaiter  que  vous  fuffiez  d'humeur,  6c  que  vous  euffiez  afiez 
d'honneur,  pour  condefeendre  à  la  vérité,  quoi  qu'elle  foit  contre  vous; 
particulièrement  venant  de  nous  qui  avons  un  fi  grand  droit  de  vous  la  re- 
prefenterj  mais  puis  que  les  Requêtes,  qui  vous  font  adreflees  pas  vosMai- 
tres,  ainfi  que  l'eft  le  Peuple  qui  vous  choifit,  font  receuës  d'une  fi  gran- 
de hauteur  que  d'envoïer  en  une  prifon  illégale  ceux  qui  vous  les  prelên- 
tent ,  il  faut  que  vous  fouffriez  qu'on  vous  dife  nettement  vôtre  mauvaife 
conduite,  fans  que  Nous  expofions  nos  Noms. 

„  Si  vous  trouvez  à  propos  de  vous  corriger  de  vos  fautes,  vous  ferez 
bien,  Se  peut-être  vous  n'entendrez  pas  parler  d'avantage  de  nous;  mais 
fi  vous  ne  le  faites  ,  lbïez  aiîurez,  que  la  Nation  ne  cachera  pas  long- 
tems  fon  reilentiment.  Et  quoi  qu'il  n'y  ait  point  de  procédures  é- 
tablies  pour  vous  obliger  à  faire  vôtre  devoir,  cependant  la  grande  Loi  de 
la  Raifon  dit, 6c  toutes  les  Nations  aprouvent,  que  tout  Pouvoir  qui  eft  au 
deflus  des  Loix,  eft  oppreflîf  6c  tirannique,  6c  qu'il  peut-être  réduit  par 
des  méthodes  extrajudiciaires.  Vous  n'êtes  pas  au  deffus  du  refîentiment 
des  Peuples;  ceux,  qui  vous  ont  fait  Membres,  peuvent  vous  réduire  au 
même  rang  ,  d'où  il  vous  choifirent ,  6c  peuvent  vous  faire  éprouver 
un  échantillon  de  leur  tendrelfe  abufée,  en  une  manière,  qui  ne  vous  plai- 


» 

» 

M 

9Î 
î> 

5> 


5> 

tl 

„  râpas 


„  Lorfque  le  Peuple  d'Angleterre,   affemblé  en  Convention  prefenta  la 
„  Couronne  à  Sa  Majefté  à  prelënt  Régnante  ,  il  y  joignit  une  Déclaration 

„  des 


ET    RESOLUTIONS    D'ETAT.         5-07 

„  des  Droits  du  Peuple,  dans  laquelle  on  y  expriraoit  ce  qui  avoit  été  illégal  i7or. 
„  fie  arbitraire  dans  les  Règnes  precédens  ,   fie  furent  exigez    comme  des  — — 
„  Droits  qui  dévoient  être  obfervez  par  les  Rois  d'Angleterre  qui  fuccede- 
„  roient. 

„  A  cette  imitation,  Meffieurs,  il  fuit  ici  un  abrégé  des  Griefs  de  la  Na- 
„  tion,  Se  de  vos  Pratiques  illégales  êc  infoutenables  ,  Se  une  pretenfion  des 
„  Droits  que  nous  faifons  tant  en  nôtre  nom  ,  qu'en  celui  de  ceux  entre  le 
„  Peuple  d'Angleterre ,  qui  font  à  jufte  Titre  alarmez  de  vos  Procc- 
,j  dures. 

„  I.  Etablir  des  fonds  pour  de  l'argent ,  &  déclarer  par  des  claufes  d'em- 
„  prunt  que  quiconque  avancera  des  femmes  fur  ces  fonds  fera  rembourfé  fur. 
„  les  fubfides  fuivans ,  fi  les  fonds  ne  font  pas  fuffifms  ;  fie  aflîgner  en  fuite 
„  d'autres  fonds,  fans  y  tranfporter  le  défaut  des  premiers  ,  eft  une  horrible 
,,  tromperie  faite  au  fujet  qui  a  prêté  l'argent-,  &  une  brèche  de  la  foi  pu- 
,j  blique  ,  tendante- à  perdre  l'honneur  fie  le  crédit  des  Parlemens. 

,,  II.  Emprifonner  des  perfonnes  qui  ne  font  pas  de  vos  propres  Membres 
„  fans  autre  procédure  que  par  un  Vote  de  la  Chambre ,  8c  les  continuer  en 
„  prilbn  fans  limitation,  eft  une  choie  illégale,  une  brèche  évidente  à  la  Li- 
„  berté  du  Peuple ,  un  établifîement  dans  la  Chambre  des  Communes  du 
„  pouvoir  dilpenfatif,  que  vos  Ancêtres  n'ont  jamais  prétendu  j  une  opofi-. 
„  tion  àVA£teHabeas  Corpus  qui  eft  le  rempart  de  la  Liberté  perfonnelle ,  une 
„  deftruelion  des  Loix,  enfin  c'eft  trahir  la  confiance  qu'on  a  mife  en  vous. 
iy  Pendant  que  le  Roi  eft  en  même  tems  obligé  de  vous  demander  permijfion  de  con- 
„  îinuer  a  tenir  dans  les  prifons  les  horribles  Affajftns  de  fa  perfonne. 

„  III.  Arrêter  ces  Meilleurs ,  qui  par  le  commandement  du  Peuple  que 
))  vous  fervez ,  font  venus  d'une  manière  païfible  vous  faire  refTouvenir  par 
„  des  Requêtes  de  redrefier  les  Griefs,  ce  qui  a  été  reconnu  par  tous  les 
„  Parlemens  devant  vous  être  leur  Droit  inconteftable ,  eft  une  chofe  il- 
„  légale. 

„  IV.  Voter  que  la  Requête  de  Meffieurs  de  Kent  eft  infolente,  eft  une 
„  chofe  ridicule  &  impertinente,  parce  que  les  libres  PofTelîèurs  des  Fiefs  qui 
„  vous  élifent  font  vos  Supérieurs,  &  une  contradiction  en  foi -même  &  un 
„  mépris  de  la  Liberté  Angloife  ,  fie  contraire  à  la  Nature  du  Pouvoir  des 
„  Parlemens. 

5ï  V.  Voter  que  le  Peuple  eft  coupable  de  s'être  laiflé  corrompre, de  mau- 
„  vaifes  pratiques,  &  les  emprifonnant  comme  defius,  fins  les  recevoir  à  cau- 
„  tion,  &  les  décharger  après  des  foûmiffions,  fie  qu'ils  fc. font  agenouillez 
„  à  vôtre  Chambre  ;  fie  laifier  exiger  des  fraix  exorbitans  par  vos  Officiers, 
„  c'eft  une  chofe  illégale  qui  trahit  la  juftice  de  la  Nation,  vend  la  liberté. 
„  des  lujets,  encourage  l'extorfion  fie  l'infamie  des  Geôliers  Z<  des  Officiers, 
„  fie  interrompt  les  pourfuites  légales  des  Criminels  dans  le  cours  ordinaire  de 
„  la  Loi. 

„  Pourfuivre  le  Crime  de  corruption  par  argent  dans  quelques  -  uns  pour 
„  lervir  un  Parti,  fie  après  ne  procéder  pas  plus  loin,  quoique  les  preuves 
„  foient  exhibées  par  devant  vous,  eft  un  chofe  partiale  fie  injufte,  fie  un 
55  fcandale  fur  l'honneur  des  Parlemens. 

„  VII. 


558     MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

€7°l«      »»  VIL  Voter  qucle  Traité  de  Partage  eft  fatal  à  l'Europe,  à  caufe  qu'il 
"  „  donnoit  aux  François  trop  des  Etats  apartenant  à  l'Efpagne ,  &  cependant 

„  ne  vous  interefler  point  à  prévenir  qu'ils  prilîènt  pofferfion  du  tout;  Aban- 
„  donner  les  Hollandois,  lorfque  les  François  font  à  leurs  portes  ,  jufques  à 
„  ce  qu'il  foit  prefque  trop  tard  de  les  aider  ,  eft  une  chofe  injufte  &  con- 
„  traire  à  nos  Traitez,  &  defobligeante  pour  nos  Confedeiez,  deshonnora- 
„  ble  à  la  Nation  Angloife,  6c  fait  voir  que  vous  négligez  extrêmement  la 
„  fureté  de  l'Angleterre,  Se  de  nos  Voifins  Proteftans. 

„  VIII.  Ordonner  d'entendre  fans  délai  des  Requêtes  frivoles  pour  plaire 
„  aux  parties  dans  les  Elections  ,  6c  poftpofer  &  négliger  la  Requête  d'une 
„  veuve  pour  le  fang  de  fa  Fille  mafiacrée,  lans  la  lire,  eft  un  délai  illégal  de 
„  lajuftice,  qui  eft  deshonnorable  à  la  Juftice  de  la  Nation, 

„  I X.  Donner  des  Adreffés  au  Roi  pour  éloigner  fes  Amis  fur  de  fimples 
„  imaginations ,  avant  un  jugement  Légal ,  ou  un  article  prouvé  ,  eft  ille- 
„  gai,  Se  tend  à  renverfer  les  Loix,  Se  taire  précéder  le  châtiment  à  l'exe- 
„  cution  ,  ce  qui  eft  contraire  au  vrai  fens  de  la  Loi ,  qui  eftime  toû- 
„  jours  un  fujet  être  homme  de  bien ,  jufques  à  ce  qu'il  apparoiiïè  du  con- 
„  traire. 

„  X.  Retarder  les  procédures  dans  des  aceufations  capitales  pour  noir- 
„  or  la  réputation  des  perfonnes,  fans  prouver  le  crime,  eft  illégal,  oppref- 
„  fif,  deftruêtif  de  la  Liberté  des  Anglois,un  retardement  de  la  Juftice  Se  un 
v  reproche  aux  Parlemens. 

„  XI.  Souffrir  qu'on  fafTe  publiquement  dans  vôtre  Chambre  des' Re- 
„  flexions  indécentes  Se  rejail liftantes  fur  la  Perfonne  de  Sa  Majefté,  particu- 
„  lierement  par  cet  impudent  Scandale  des  Parlemens  Jean  How ,  fans  en  te- 
,,  moigner  du  reflëntiment  ,  ledit  Jean  How  aïant  feulement  dit  que  Sa  Ma~ 
„  je 'fié  avoit  fait  un  'traité  de  Félonie  pour  voler  fes  voifins,  voulant  infinuer 
„  que  le  Traité  de  Partage  qui  étoit  en  toute  manière  auffi  jufte  que  lors 
„  qu'on  fiiit  fauter  la  Maifon  d'un  homme  pour  en  fauver  d'autres,  étoit  une 
„  connivence  du  Roi  pour  voler  la  Couronne  d'Efpagne  de  fes  droits ,  cette 
„  manière  d'agir  ,  fait  de  la  Chambre  un  Marché  comme  celui  des  Poiftbn- 
„  nieres,  &  c'eft  entreprendre  d'infuher  vôtre  Souverain  contre  l'intention, 
„  éc  la  penfée  de  la  liberté  des  Harangues,  que  vous  prétendez  comme  un 
„  droit,  eft  une  chofe  fcandaleufe  pour  les  Parlemens ,  defobeïftante  6c  incir 
,,  vile,  &  un  reproche  à  toute  la  Nation. 

„  XII.  L'exaétion  ,  6c  la  part  exhorbitante  de  dix  Livres  par  jour,  que 
„  Vôtre  Orateur  a  four  les  Votes ,  en  donnant  permiftîon  à  Tlmpri- 
„  meur  d'en  faire  la  levée  fur  le  Peuple,  en  les  vendant  quatre  fols  par 
„  feuille,  eft  une  exadion  arbitraire, deshonnorable  à  la  Chambre,  Se  pefante 
„  au  Peuple. 

„  XIII.  Négliger  jufques  à  prefent  de  païer  les  debtes  de  la  Nation,  com- 
„  pofer  pour  les  Intérêts,  8c  remettant  les  Requêtes,  eft  une  chofe  illégale, 
„  deshonnorable,  &  qui  tend  à  détruire  la  foi  publique. 

„  XIV.  Négliger  publiquement  le  grand  Ouvrage  de  la  Reformation  des 
„  mœurs  (quoique  le  Roi  l'ait  fouvent  fort  recommandé)  au  grand  deshon- 
„  neur  de  Dieu,  Se  encouragement  du  vice,  eft  négliger  vôtre  devoir  ,  abu-  . 

„  fer 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.  Sc9 

fer  de  la  confiance  qui  a  été  mife  en  vous,  par  Dieu,  par  Sa  Majefté,  &    1701. 
par  le  Peuple.  - 

„  XV.  Etant  fcandaleufement  vicieux  vous-mêmes ,  tant  dans  vôtre  Mo- 
rale &  Religion,  que  dans  la  méchanceté  de  vie  ,  &  l'impureté  de  doctri- 
ne, aïant  parmi  vous  des  Blafphemateurs  publics, &  des  impudens Renieurs 
de  la  Divinité  de  nôtre  Sauveur,  Se  les  fouffrant  fans  les  reprendre  &  les 
punir  ,  au  regret  inexprimable  de  tous  les  bons  Chrétiens  ,  &  à  l'horreur 
de  toute  la  Nation. 

„  C'eir.  pourquoi  dans  la  vûë  de  la  ruine  eminente  de  nôtre  Patrie  ,  pen- 
dant que  les  Parlemens  ,  qui  devroient  être  la  fureté  Se  la  defence  de  nos 
Loix  &  de  nos  Conftitutions ,  trahiflent  la  confiance ,  8c  abufent  le  Peu- 
„  pie,  qu'ils  devroient  protéger  j  8c  ne  nous  reftant  autre  voie  que  la  force 
que  nous  fommes  fort  fâchez  d'employer  ,  afin  que  nôtre  Pofterité  fâche 
que  nous  ne  fommes  pas  tombez ,  comme  des  infenfez ,  fous  la  tirannie  d'un 
Parti  qui  a  le  deffus  ;  à  cette  fin , 


Nous  prétendons  6?  déclarons , 

„  I.  Que  c'eft  un  Droit  incontestable  du  Peuple  d'Angleterre,  au  cas  que 
leurs  Repréfentans  au  Parlement  n'agiflent  pas  félon  l'Intérêt  du  Peuple  , 
de  les  informer  qu'on  n'en  eft  pas  fatisfait ,  de  defavouër  leurs  aérions ,  Se  de 
les  inftruire  des  chofes  qu'ils  trouvent  convenables,  tant  par  Requêtes  que 
par  des  Adrefles ,  Propofitions ,  Mémoires,  &  autres  moïens  paifibles. 
„  IL  Que  la  Chambre  des  Communes  à  part ,  &  autrement  que  par  un 
Bill  pafle  légalement  en  Aéte,  n'a  aucun  légitime  Pouvoir  de  difpenfer  des 
„  Loix  du  Pais,  pas  plus  que  le  Roi  a  par  fes  Prérogatives. 

„  III.  Que  la  Chambre  des  Communes  n'a  aucun  légitime  Pouvoir  d'em- 
„  prifonner  aucune  perfonne  ,  ou  la  commettre  foUs  la  garde  des  Sergeans  , 
,,  ou  autrement  ,  excepté  leurs  propres  Membres,  mais  qu'Elle  doit  s'adref- 
„  fer  au  Roi  en  aïant  un  bon  fondement  ,  pour  faire  arrêter  les  perfonnes  , 
„  lefquelles  doivent  jouir  du  bénéfice  de  l'Aétc  Habeas  Corpus  ,  &  être  de 
bonne  foi  jugez  félon  le  véritable  cours  de  la  Loi. 

„  IV.  Que  fi  la  Chambre  des  Communes ,  contre  les  Loix  &  les  Libertez  du 
Peuple  ,  trahit  la  confiance  qu'on  a  mife  en  eux  ,  &  agit  négligemment , 
ou  arbitrairement  8c  illegallement ,  c'en:  un  Droit  inconteftable  du  Peuple 
d'Angleterre  ,  de  leur  en  faire  rendre  compte  ,  8c  de  pouvoir  procé- 
der par  Convention  aflemblée  ,  ou  force,  contr'eux  ,  comme  Traitres  de 
leur  Patrie. 

„  Nous  trouvons  à  propos  de  déclarer  ces  chofes, comme  étant  des  Droits 
inconteflables  du  Peuple  d'Angleterre  que  vous  fervez  ;  8c  félon  ces  Droits, 
„  (évitant  la  cérémonie  de  prefenter  des  Requêtes  à  nos  Inférieurs,  car  vous 
„  êtes  tels  par  vos  prélentes  circonftances ,  les  perfonnes  envoïées  étant  moin- 
„  dres  que  ceux  qui  les  envoient,  )  Nous  proteftons  publiquement  contre  tou- 
„  tes  vos  dites  aérions  illégales  :  8c ,  en  nôtre  nom ,  8c  au  nom  de  tout  le  bon 
„  Peuple  d'Angleterre, 
Tom.  J.  Qq  q  Nous 


5) 


15 


5? 


1701 


fio     MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

Nous  requérons  6?  demandons , 

„  I.  Que  toutes  les  juftes  Debtes  publiques  de  la  Nation  foient  païées  6c 
„  déchargées. 

,,  II.  Que  toutes  les  perfonnes  illégalement  emprifonnées  ,  comme  defîus, 
„  foient  immédiatement  mifes  en  Liberté,  ou  admifes  à  donner  caution,  ain- 
„  fi  qu'il  leur  efl  permis  par  les  Loix,  6c  la  Liberté  du  fujet  reconnue  6c  re- 
„  tablie. 

„  III.  Que  Jean  How  foit  obligé  de  demander  pardon  à  Sa  Majeflé  pour 
„  fès  lâches  Reflexions ,  ou  chafle  fans  délai  de  la  Chambre. 

„  IV.  Que  PAccroiflement  duPouvoir  de  laFrance  foit  pris  en  confidera- 
,,  tion  ,  la  Succeffion  de  l'Empereur  à  la  Couronne  d'Efpagne  maintenue, 
„  nos  Voifins  Protefrans  protèges  ,  ainfi  que  c'eft  de  l'Intérêt  de  l'Angleter- 
„  re  6c  de  la  Religion  Proteftante. 

»  V.  Que  le  Roi  de  France  foit  obligé  d'abandonner  la  Flandre,  ou  qu'on 
„  prefente  une  Adrefle  à  Sa  Majefté  pour  lui  déclarer  la  Guerre. 

„  VI.  Que  de  proportionnez  Subfides  foient  accordez,  à  Sa  Majefté ,  pour 
„  mettre  en  exécution  toutes  ces  chofes  neceflàires  ,  6c  qu'on  prenne  foin  , 
„  que  les  Taxes  qui  font  levées,  foient  mieux  reparties,  6c  recueillies,  6c  les 
„  défauts  fcandaleux  prévenus. 

„  VII.  Qu'on  fafî*e  des  Remercimens  de  la  part  de  la  Chambre  à  ces  Me£ 
„  fleurs  qui  fe  font  prefentez  (i  galamment  de  la  part  de  leur  Pais  ,  avec  la 
„  Requête  de  Kent,  6c  ont  été  pour  cek  fi  fcandaleufement  maltraitez. 

„  Ainfi,  Meffieurs,  vous  avez  un  détail  de  vôtre  Devoir,  6c  on  efpére  que 
„  vous  y  ferez  reflexion  ;  mais,  fi  vous  continuez  à  le  négliger,  vous  devez 
„  vous  attendre  d'être  traitez  félon  le  refTentiment  d'une  Nation  offenfée  : 
„  car  les  Anglois  ne  doivent  pas  être  plus  efclaves  d'un  Parlement,  que  d'un 
„  Roi. 

„  Nôtre  Nom  eft  Légion,  &  nous  fbmmes  en  nombre. 

P.  S.  „  Si  vous  voulez  avoir  ce  Mémoire  fbuferit  de  nos  Noms,  cela  fera 
„  fait  à  vôtre  premier  ordre ,  6c  il  fera  même  prefente  perfonnellement.  „ 

Cette  Lettre  faillit  de  produire  du  defordre  ;  car  ,  le  Chevalier  How 
fit  là-deffus  un  long  Difcours,  èc  dit  que  puis  qu'il  n'y  avoit  point  de  fureté 
pour  tenir  leur  AfTemblée  à  Weftmunfter,  il  faloit  la  tranfporter  à  Oxford  ou 
a  Exeter.  L'on  fut  furpris,  que  l'on  ne  releva  pas  cet  Attentat  à  la  Préroga- 
tive Roïale ,  dépendant  abfolument  du  Roi  de  fixer  les  Lieux  de  l'AfTemblée 


qua  avec  aigr 

ré,  ne  dit  mot  ;  mais,  peu  après  fe  leva  pour  fortir  de  la  Chambre  ,  6c  fit 
figne  de  l'oeil  à  How  de  fortir  aufîi.    Mais,  celui-ci  le  dit  à  un  autre  Mem- 
bre, 


ET    RESOLUTIONS    D'ETAT.  fi  i 

bre,  qui  en  avertit  la  Chambre,  laquelle  aflbupit  la  Querelle,  qui  auroit  pu  1701 
avoir  de  facheufes  fuites.  " 

D'autres  Provinces  ,  &  la  Ville  de  Londres  même  ,  vouloient  faire  des 
Requêtes,  pareilles  à  celles  de  la  Province  de  Kent  ;  mais  ,  le  Roi  leur  fit 
connoître  que  cela  lui  déplaifoit.  Ainfi,  on  eut  la  complaifance  pour  Sa  Ma- 
jefté  de  n'en  point  faire.  Cependant ,  les  Grands  Jurez  ,  Juges  de  Paix ,  & 
autres ,  affemblez  aux  Semons  de  la  Comté  de  Warwick ,  prirent  un  autre  tour 
pour  dire  leurs  Sentimens,  8c  rirent  la  Déclaration  fuivante. 


3» 

33 
33 
3) 
33 
33 
33 


COmme  nous  ne  pouvons,  fans  y  prendre  intérêt,  voir  l'Accroiflèment  J?'0^1* 
du  Pouvoir  de  la  France,  qui  femble  fi  clairement  menacer  la  Liber-  ^  pr0. 
té  de  l'Europe,  &  particulièrement  le  Commerce  de  cette  Nation  j  quoi-  vince  de 
que  d'ailleurs  Nous  ne  foïons  pas  infenfibles  aux  grandes  Dettes  que  ce  War- 
Roïaume  a  contractées ,  &  aux  onereufès  Taxes  dont  cette  Province  ell  W1C,C' 
chargée;  Nous  croïons  qu'il  eft  de  nôtre  Devoir  de  déclarer  en  cette  con- 
joncture, qu'en  cas  que  la  Sagefie  de  la  Nation  trouvât  à  propos  d'entrer 
en  des  Engagemens  pour  contrebalancer  les  Affaires  de  l'Europe  ,  Nous 
„  ne  prendrons  pas  garde  aux  Dépenfês  qu'il  faudra  faire   en  cette  Occa- 
„  fion,  à  quelque  rifque  que  les  fuites  puiffent  expofer  nos  vies  8c  nos  for- 
„  tunes.  „ 

Comme  le  Roi  avoit  harangué  le  Parlement  en  pafTant  en  Acte  le  Bill  de 
la  Succeffion,  la  Déclaration  de  Warwick  fut  un  aiguillon  à  la  Chambre  des 
Communes,  qui  réfolut  de  préfenter  une  Adrefie  au  Roi.  Ceux  des  Mem- 
bres, qui,  par  un  Efprit  de  Parti,  avoient  femblé  retarder  les  Affaires,  firent 
de  fort  vifs  Difcours  pour  la  Guerre  &  entre  autres  Litleton,  Seimour,  Bar- 
thelemi  Shoër:  ôc  d'autres  dirent  les  premiers,  que  jufques  alors  ils  n'avoient 
pas  compris  les  Affaires}  mais,  qu'ils  voioient  alors  le  Danger  de  la  Nation 
&  de  l'Europe ,  &  la  néceflîté  qu'il  y  avoit  de  faire  des  Alliances  &  de  fai- 
re une  Ligue  contre  le  Pouvoir  exhorbitant  de  la  France.  C'efl  là  -  def- 
fus  que  la  Chambre  réfolut  de  préfenter  au  Roi  l' Adrefie  qui  fut  unanime- 
ment aprouvée.  L'eflènciel  d'icelle  portoit  „  Que  les  Communes  fe- 
„  roient  toujours  prêtes  d'aflifter  le  Roi  en  toutes  les  occafions  ,  &  de  le 
„  foûtenir  dans  telles  Alliances  qu'il  trouveroit  à  propos  de  faire  conjoinc- 
„  tement  avec  l'Empereur  &  les  Etats  Généraux,  pour  conferver  les  Liber- 
„  tez  de  l'Europe,  la  Profperité  de  Angleterre  ,  Se  pour  réduire  le  Pouvoir 
„  exhorbitant  de  la  France.  „  L' Adrefie  fut  préfentee  en  Corps,  &  le  Roi 
y  repondit  gracieufement.  Les  Communes  s'aquittérent  enfuite  de  leurs  pro- 
menés, &  fixèrent  les  Subfides  avec  leurs  fonds.  Il  eft  vrai  qu'EUes  retran- 
chèrent de  la  Lifte  civile  le  furplus  de  fix  cent  mille  Livres  fterling  ,  qu'on 
avoit  accordé  au  Roi  fa  vie  durant.  Ce  furplus ,  qui  montoit  a  plus  de 
cent  quatre  vingt  mille  Livres  fterling  ,  devoit  être  emploie  aux  ufages 
publics.    . 

L'animofité  s'étoit  cependant  augmentée  entre  les  deux  Chambres  au  fujet 
des  Lords  aceufez.    On  s'étoit  rait  divers  Meffages  cntr'elles  ôc  au  fond  "fur 

C^qq  2.  une 


pi     MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

1701.  une  minutie.  C'étoit  fur  le  Règlement  qui  fcroit  le  premier  d'entr'eux  ,  qui 
— — —  feroit  jugé.  On  prit  cette  ponéïille  à  cœur  de  part  Se  d'autre.  Les  Com- 
munes prétendoicnt  que  ce  devoit  être  à  Elles  à  régler  cette  Primauté,  & 
les  Seigneurs  foûtenoient  qu'étant  les  Juges,  ils  dévoient  fixer  le  rang  de  ceux 
qui  étoient  acculez.  Les  Communes  firent  là-deffus  divers  Votes  contre  les 
Seigneurs ,  qui  procédèrent  au  jugement  des  Acculez  ,  qui  furent  abfoûs, 
parce  que  les  Communes  n'y  parurent  pas  pour  prouver  leurs  Accufations. 
Les  Affaires  s'étoient  fort  aigries ,- fur  ce  que  My-Lord  Haveriham  avoit  laif- 
fé  échaper  quelque  duveté  contre  les  Communes  dans  une  Conférence.  Auf- 
fi,  pour  terminer  ces  Débats,  le  Roi  trouva  à  propos  de  finir  la  Séance  du 
Parlement,  8c  de  le  proroger  jutques  au  18.  d'Août,  Se  fit  aux  deux  Cham- 
bres un  Difcours  de  Remerciement  de  leur  zèle  pour  le  Bien  public  ,  Se 
pour  avoir  promtement  travaillé  aux  chofes  qu'il  leur  avoit  recommandé  à 
l'Ouverture  de  la  Seffion,  qui  venoit  de  finir.  Il  remercia  fur -tout  les  Com- 
munes pour  les  Subfides  accordez  pour  les  Befoins  publics. 

Avant  cette  Proiogation,  les  Seigneurs  prirent  quelques  Réfolutions  pour 
opolêr  à  celles  des  Communes.  Comme  elles  ne  regardent  que  les  Affaires 
Parlementaires ,  on  ne  les  raportera  point.  L'on  fe  contentera  feulement  de 
faire  mention  d'une  d'icelles.  Elle  portoit  que  les  mauvaifes  fuites  qui  pou- 
voient  réfulter  de  ce  qu'on  avoit  tant  différé  d'accorder  les  Subfides  dévoient 
être  imputées  au  Confeil  fatal ,  qui  avoit  retardé  l'Affemblée  du  Parlement, 
&  les  Délais  que  les  Communes  y  avoient  apporté  fans  neceffité.  Comme  les 
Defordres  de  la  Seffion  étoient  attribuez  au  Parti  Thory ,  qui  vouloit  abattre 
celui  des  Wighs,  Se  à  ce  qu'on  n' avoit  pas  continué  le  Parlement  précédent 
qui  pouvoit  encore  durer  quelques  mois,  on  en  rejettoit  le  Confeil  au  Comte 
de  Rochefter  Se  au  Lord  Godolphin,  qui  étoient  des  principaux  Thorysj  Se 
c'eft  pourquoi  on  l'appelloit  un  Confeil  fatal. 

Les  Réfolutions  des  Seigneurs  furent  tellement  du  goût  des  Peuples  ,  que 
ceux-ci  leur  firent  prefenter  les  Remercimens  fuivants. 


„  M    Y-L    O    R    D    S, 


Remer- 
cimens ...  r  n 
du  Peu-    „  /^'Eft  le  devoir  de  chaque  particulier  de  publier  la  fatisfaction  qu'il  rc- 

ple  aux  ^  v^v  çoit ,  lorfque  la  Liberté  Se  l'Intérêt  de  l'Angleterre  font  bien  foûtenus , 
cneurs  »  particulièrement  lorfque  quelque  partie  des  Legiilateurs  fe  lignaient  dans  la 
Anglois.  ,»  délivrance  du  Peuple. 

„  Vos  Journaux  de  cette  Seffion  ont  donné  un  grand  luftre  au  Pai- 
„  rage  d'Angleterre}  Se  il  faut  que  les  Peuples  reconnnoiffent  que  dans 
„  ce  Parlement  Vos  Seigneuries  les  ont  reprefentez  auffi-bien  qu'Elles-mê- 
„  mes. 

„  Vôtre  confiante  juftice  Se  vôtre  zêlcont  maintenu  les  efprits  des  Peu- 
„  pies.  Vô'.re  fageffe  a  éclairé  la  Nation,  Se  Nous  a  difpofez  à  bien  juger 
„'  du  véritable  Intérêt  de  l'Angleterre,  auffi-bien  que  de  l'Europe. 

„  C'eft  vous,  My- Lords,  qui  avez  diffipé  en  Nous  les  Notions  faufîes, 
„  par  lefquelles  Nous  étions  trompez,  Se  qui  avez  ôté  le  mafque  ,  que  quel- 

„  ques- 


ET    RESOLUTIONS    D'ETAT.         p$ 

„  qnes-uns  avoient  pour  cacher  leur  corruption,  &  la  perfidie  de  leurs  def-  1701. 

„  feins.  ~ 

„  Vous  Nous  avez  fait  voir  ,  My-Lords,  que  ni  la  force  de  l'argent  de 
France,  ni  le  pouvoir  de  fes  armes,  ne  peuvent  affoiblir  vôtre  autorité,  ni 
vous  faire  négliger  la  fureté  commune  ou  le  bien  public. 
„  Vos  Seigneuries  Nous  ont  donné  du  repos,  puifque  Nous  voïons  com- 
ment vous  protégez  l'innocent  contre  le  danger  ,  &  Vous  qui  êtes  nez  Ju- 
ges ,  recommandez  la  Juftice  aux  Cours  inférieures  par  vôtre  glorieux 
exemple. 

„  Ainfi,  My-Lords,  Vous  ne  donnez  nullement  lieu  de  douter,  qu'ain- 
fi  que  vous   protégez  l'innocent ,   vous  punirez  en  fon   tems   le  cou- 
pable. 
„  Tout  le  Ro'iaume ,  My-Lords ,  aplaudit  à  vôtre  fidélité  pour  le  Roi  , 

„  à  vôtre  affection  pour  le  Peuple  -,  Se  l'incomparable  fageflè  Se  conduite  que 

„  vous  avez  montre  rend  Vos  Robes  plus  vénérables ,  Se  relevé  la  fplendeur 

„  des  Couronnes  que  vous  portez. 

„  La  Cour,  My-Lords,  vous  étoit  toujours  aquilêj  mais  à  prélênt  Vos 

„  Seigneuries  font  en  pofleflîon  de  la  Ville  de  Londres,  aufïi-bien  que  de  la 

„  Campagne.    Vous  les  avez  portez  tous  à  faire  journellement  des  vœux 

„  pour  Vous ,  Se  à  être  vos  éternels  Amis. 


Apres  que  le  Roi  eut  prorogé  le  Parlement,  il  pafla  en  Hollande  ainfi 
qu'on  l'a  dit.  Il  mena  avec  lui  mille  Se  fix  cent  Hommes  de  fes  Gardes  à 
pied.  D'ailleurs,  il  vint  cinq  mille  Hommes  d'Irlande.  Les  trois  Regimens 
EcofTois  qui  venoient  à  la  paie  des  Etats  Généraux  étoient  auflî  quelques  fe- 
maines  auparavant  arrivez  à  William ftad.  Le  jour  après  l'arrivée  du  Roi, 
ce  Monarque  fe  rendit  à  midi  au  Confeil  d'Etat,  Se  enfuite  à  l'AfTemblée  des 
Etats  Généraux.  Il  fit  à  ces  derniers  un  beau  Difcours,  auquel  le  Préfident 
de  Semaine  répondit  d'une  manière  convenable  Se  fage.  Voici  le  Difcours, 
Se  la  Réponfe. 

„  HAUTS    ET  PUISSANTS   SEIGNEURS,  Difcours 

du  Roi 
„   1E  fuis  toujours  venu  dans  ce  Pais  avec  joie,  mais  fur  tout  à  prefent  dans  terre  aux 
„  J   cette  triite  fituation  des  Affaires,  parce  que  je  prévois  bien  que  ma  pre-  E.  G. 
„  fênee  eft  très  neceflaire  pour  le  fervice  de  l'État.    J'avois  efperé  Se  fouhai- 
„  té,  de  pouvoir  pafTer  le  refte  de  ma  vie  en  repos  Se  en  Paix,   Se  après  la 
„  fin  de  mes  jours  de  laiflèr  cet  Etat  dans  une  tranquile  Se  florifîànte  fitua- 
„  tionj  A  quoi  j'ai  toujours  travaillé,  Se  particulièrement  depuis  la  dernière 
„  conclufion  de  Paixj  Mais  il  eft  furvenu  depuis  peu  de  fi, grands  change- 
„  mens  dans  les  Affaires  de  l'Europe,  qu'on  ne  peut  pas  fçavoir  à  quoi  la 
„  Divine  Providence  voudra  les  faire  aboutir.     Cependant,  je  puis  afleurer 
„  fincerement  VV.  HH.  PP.,  que  foit  que  les  Affaires  puiffent  être  accom- 
„  modées  ians  en  venir  à  de  plus  grandes  brouilleries ,  foit  qu'on  foit  o- 
„  bligé  de  prendre  de  nouveau  les  Armes,  je  perfifterai  dans  la  même  affec- 

Q.qq   3  „  «on 


P4    MEMOIRES,  NEGOCIATIONS,  TRAITEZ, 

1701.  n  tion  6c  dans  le  même  zèle  que  j'ai  toujours  eu  pour  le  fervice  6c  la  profpe- 
'  „  rite  de  ces  Provinces,  6c  je  contribuerai  de  tout  mon  pouvoir,  à  tout  ce 

„  qui  peut  tendre  à  l'avancement  du  bien  de  cet  Etat ,  au  maintien  de  fes  Li- 
„  bertez  &  de  fa  Religion ,  &  à  fa  propre  fureté ,  ainli  qu'à  celle  de  l'Eu- 
rope.   Je  fuis  ravi  de  trouver  encore  ici  toutes  choies  dans  un  Etat  tran- 
quile,  ce  qui  après  la  bénédiction  du  Dieu  tout  puifîant,  doit  être  attribué 
à  la  prompte  6c  unanime  refolution  qu'ont  prife  VV.  HH.  PP.  de  fe  met- 
tre en  état  de  défenfe.    Je  fuis  perfuadé  que  les  Alliez  refpeélirs  y  contri- 
bueront auffi  tous  fortement  ;  Car  je  regarde  cela  comme  l'unique  moïen , 
ou  pour  prévenir  une  rupture,  ou  en  cas  qu'on  en  vienne  à  une  nouvelle 
Guerre,  pour  garantir  l'Etat  du  danger  dont  il  eft  menacé  par  l'union  pre- 
fente  de  fi  grandes  Puiflances.     Cependant,  ce  m'eft  une  grande  fatisfac- 
tion  de  pouvoir  affûrer  VV.  HH.  PP.,  non  feulement  de  mon  affèétion, 
mais  aufli  de  celle  de  toute  la  Nation  Angloife ,  6c  qu'elle  eft  prête  à  aflî- 
fter  cet  Etat  &  à  contribuer  fortement  à  fa  defenfe  6c  à  tout  ce  qui  peut 
tendre  à  la  fureté  commune  ;  C'eft  ce  dont  VV.  HH.  PP.  doivent  être 
plainement  perfuadées.    J'efpere  que  le  Grand  Dieu  bénira  les  moïens  dont 
on  fe  fervira  pour  parvenir  par  la  voie  desNégotiations,  ou  par  celle  de  Ar- 
mes, en  cas  qu'on  foit  obligé  de  les  prendre,  au  but  propoîé,  fçavoir  une 
fureté  raifonnable  pour  la  caufe  Commune,  &  en  particulier  la  conferva- 
tion  de  cet  Etat  dans  fes  Libertés  6c  fa  Religion.  Je  ne  fouhaitte  rien  avec 
plus  d'ardeur,  6c  j'y  contibuerai  tout  ce  qui  fera  en  mon  pouvoir.    Voila 
tout  ce  que  je  crois  necefiaire  de  dire  prefentement  ;  fi  non  que  je  me  re- 
commande à  la  continuation  de  l'Amitié  de  VV.  HH.  PP. 


M 


!> 


5> 
»» 
ï> 
J» 
J» 
ï> 
»» 
J» 

n 
» 


5> 


Réponfc 
des  E.  G. 
eu  Roi 
d' Angle- 
terre. 


>» 


SIRE, 


?» 
»» 
îj 
î» 
j> 
j> 
3» 
»» 
» 

n 

5» 

M 

n 
» 


NOus  vous  remercions  de  tout  nôtre  coeur ,  de  l'honneur  que  vous  nous 
faites  de  venir  de  nouveau  dans  nôtre  Aflemblée,  6c  Nous  vous  témoi- 
gnons en  même  tems  la  joie  inexprimable  que  nous  avons  de  vôtre  heureufe 
arrivée.  Comme  l'abfence  de  Votre  Majefté  nous  a  toujours  fait  de  la  pei- 
ne, fon  retour  nous  a  auffi  rejoins  chaque  fois,  mais  particulièrement  dans 
ce  tems  ici  plein  de  danger  6c  d'embarras,  où  la  prefence  de  V.  M.  nous 
paroit  également  utile  6c  agréable.  Nous  fçavons  bien  que  Vôtre  Majefté , 
pendant  fon  abfence ,  a  foin  de  nous  6c  travaille  à  nôtre  bien  ;  mais  nous 
n'avons  pas  cependant  laifle  d'attendre  fa  venue  avec  impatience ,  fçachant 
combien  la  prefence  de  V.  M.  eft  utile  6c  necefiaire  en  ce  Pais  dans  la  con- 
joncture épineufe  où  l'on  eft,  pour  mettre  nos  Affaires  fur  un  bonpié  6c  les 
tenir  de  même  avec  Pafltftance  de  Dieu ,  eu  égard  à  la  grande  confiance  que 
chacun  a  dans  cet  Etat  depuis  le  plus  petit  jufqu'au  plus  grand,  en  la  prudence 
6c  en  la  grande  capacité  de  V.  M.  qui  nous  adonné  fi  fouvent  à  tous,  des  preu- 
ves de  cela ,  ainfi  que  de  fon  affection  6c  de  fon  zélé  pour  le  bien  6c  la  con- 
fèrvation  de  ces  Provinces.  Nous  femmes  extrêmement  obligez  à  V.M.  6c 
la  remercions  de  tout  nôtre  cœur  de  (à  perfeverance  dans  fes  bonnes  difpo- 
fîtions,  pour  nôtre  repos  6c  profperité.    Nous  ne  fçaurions  aflez  exprimer 

après; 


5J 


ET    RESOLUTIONS    D'ETAT.  nf 

,,  après  en  avoir  eu  des  preuves  fi.  fréquentes  &  fi  réeles,  la  joïe  que  nous  ref-  tJOi. 
„  fentons  pre(êntement ,  d'en  être  affinez  de  nouveau  par  la  bouche  de  V.  ■/ 
„  M.  d'un  manière  fi  cordiale.     Nous  reconnoifibns  6c  fommes  pleinement 
„  perfuadez,  que  depuis  le  dernier  Traité  de  Paix,  le  loin  de  V.  M.  6c  (on 
aplication  ont  tendu  à  la  confervation  de  cette  Paix  6c  du" repos  public,  & 


»' 


,,  qu'ils  tendent  encore  uniquement  à  procurer  une  fureté  raifonnable  à  l'Eu 
„  rope  en  général,  &  en  particulier  à  cet  Etat,  ainfi  qu'aux  Roïaumes  de 


3» 

»> 
n 

5» 


„  Vôtre  Majefté.     Nous  lommes  ravis  de  ce  que  nôtre  conduite  depuis  les 
changemens  arrivez  dans  les  Affaires  générales,  vient  d'avoir  l'aplaudifiè- 
ment  de  V.  M.     Et  cela  nous  animera  à  y  perfeverer  avec  plus  de  confian- 
ce, étant  perfuadez  que  la  Paix  6c  nôtre  fureté  ne  peuvent  être  confèrvées 
ou  recouvrées,  fans  un  effort  extraordinaire  pour  cet  effet.    Comme  l'E- 
tat fe  trouve  en  grand  danger,  &  qu'il  ne  s'agit  pas  moins  que  de  main» 
tenir  nôtre  Liberté ,  6c  nôtre  Religion ,  nous  fommes  refolus  de  met- 
tre en  œuvre  tous  les  moïens  imaginables ,   pour  la  confervation  de  ces 
„  gages  fi  précieux  j    Et  nous  tâcherons  d'alléger  autant  qu'il  fera  pofi- 
„  ble  les  foins  6c  les  peines  infatigables  que  Vôtre  Majefté  fe  donne  pour 
„  la  même  fin,  en  apuiant  6c  fécondant  de  tout  nôtre  pouvoir  les  bonnes  in- 
„  tentions  de  Vôtre  Majefté  }   dans  l'efperance  6c  attente,  que  le  Dieu  tout 
„  Puiflànt  y  donnera  fa  benediétion.     Nous  ne  fçaurions  obmettre',  de  re- 
„  mercier  auffi  Vôtre  Majefté  du  profond  de  nos  cœurs ,  des  afîèuranccs 
„  qu'Elle  vient  de  nous  donner,  tant  en  fon  nom  qu'en  celui  de  fon  Peuple, 
„  de  leur  bonne  affection  6c  de  leur  refolution  unanime  à  fecourir  cet  État. 
„  Cette  louable  difpofition  de  la  Nation  Angloife  en  nôtre  faveur  6c  de  la 
„  Caufe  commune,  nous  oblige  à  une  reconnoiffànce  parfaite,  fçachant  bien 
„  le  fond  que  nous  pouvons  faire  fur  l'affiftance  d'un  Peuple  dont  le  courage 
„  6c  la  valeur  font  en  fi  haute  réputation  par  tout  le  Monde  j  Et  nous  fom- 
„  mes  redevables  à  V.  M.  d'une  nouvelle  obligation  ,  en  ce  qu'Elle  a  fait 
„  pour  amener  fès  Sujets  dans  une  dipofition  fi  favorable,  6c  en  ce  que  pour 
„  en  donner  une  preuve ,   Elle  nous  envoie  les  fecours  promis.    Nous  fom- 
„  mes  toujours  d'avis  que  nos  intérêts  font  inféparables  d'avec  ceux  de  l'An- 
„  gleterrej  Et  quoi  que  nous  cfperions  que  cette  Nation  n'aura  jamais  befoin 
de  nôtre  Affiftance  ,  nous  ne  manquerons  point  à  nôtre  devoir  dans  les  oc- 
cafions.     Cependant ,   nous  prions  ardemment  Dieu ,  qu'il  lui  plaife  bé- 
nir les  Confeils  de  Vôtre  Majefté ,  6c  lui  accorder  pendant  un  grand  nombre 
d'années,  une  parfaite  fanté  6c  des  forces  fufïîfantes,  afin  de  pouvoir  conti- 
nuer fon  application  6c  fes  foins ,  pour  le  bien  du  public ,  des  Roïaumes 
de  V. M.  &  de  cet  Etat,  ainfi  que  pour  la  confervation  de  nos  Libertez  6c 
„  de  nôtre  Religion.     Et  enfin,  nous  prions  V.  M.  d'être  perfuadée,  que 
comme  fon  affection  6c  fon  zélé  pout  cet  Etat  fon  immuables,  auffi  nous 
perfifterons  toujours  dans  l'amitié  6c  la  haute  eftime  nous  avons  eûë  jufqu'à 
prêtent  pour  Vôtre  Majefté  j  6c  qu'auffi  long-tems  que  cet  Etat  fubfiftera, 
nous  conferverons  une  fincére  reconnoifîànce  des  grands  6c  incomparables 
fervices  que  nous  avons  receu  de  V.  M.  qui  par  fa  fage.6c  courageufe  con- 
„  duite  nous  a  fouvent  tirez  des  plus  grands  dangers,  6c  qui  moïennant  l'affi- 
ftance 


31 
M 

3» 

35 


» 


fi6      MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITE;Z, 

1701.  ît  fiance  de  Dieu  nous  délivrera  encore  de  celui  où  nous  fommes  prefente- 
'  „  ment. 

Comme  Sa  Majefté  parle  dans  fon  Difcours  de  l'unanime  8c  promte  Ré- 
folution  des  Provinces  pour  fe  mettre  en  bon  état ,  il  eft  à  propos ,  ce  femble , 
de  devoir  raporter  tous  les  foins  pris  à  ce  fujet  par  les  Etats  Généraux. 

Lorfque  ceux  -  ci  aperçurent  les  Préparatifs  extraordinaires  que  les  deux 
Couronnes  Unies  faifoient  aux  Païs-Bas,  &  qu'Elles  tachoient  des  defunir  les 
Etats  d'avec  l'Angleterre,  ils  trouvèrent  que  le  plus  fur  moien  pour  fe  garan- 
tir du  danger  &  des  vues  qu'on  pouvoit  avoir  contr'eux ,  étoit  de  fe  mettre 
en  bon  état  de  défenfe.  On  fongea  en  premier  lieu  à  garnir  les  Magafîns 
fur- tout  des  Frontières.  Le  Confeil  d'Etat  avoit  préfènté  pour  cela  une  Péti- 
tion de  deux  Millions  en  date  du  7  Janvier.  Les  Etats  de  Hollande  ,  dont 
l'exemple  donne  le  branle  aux  autres,  y  avoient  confenti  en  date  du  .1  $.  Ce 
Confentement  fut  fuivi  par  celui  de  la  Zélande  en  date  du  z  Février,  &  enfui- 
te  par  les  autres  Provinces  fous  diverfes  dates.  Les  mêmes  Etats  confentirent 
auiîi  à  la  Négociation  de  deux  autres  Millions  pour  les  Fortifications  fur  les 
mêmes  fonds  fur  lefquels  on  en  avoit  négotié  quatre  en  1688.  Ils  en  firent 
de  même  pour  943100.  florins  pour  l'armement  extraordinaire  de  douze 
Navires. 

Cependant  ,  à  fin  que  ces  Préparatifs  ne  donnafTent  pas  lieu  aux  bruits 
qui  couroient  aux  Païs-Bas  Efpagnols  que  les  Etats  Généraux  vouloient  la 
Guerre ,  ils  écrivirent  à  leur  Réfident  Hulft  à  Bruxelles  en  date  du  premier 
de  Février.  Leur  Lettre  contenoit  qu'ils  aprenoient  avec  déplaifir  qu'on  dé- 
bitoit,  fur  tout  dans  les  Païs-Bas  Efpagnols,  qu'ils  étoient  enclins  à  la  Guer- 
re, ôc  qu'ils  ne  refpiroient  que  la  Guerre  :  Que  LL.  HH.  PP.  ne  pouvoient 
regarder  ces  bruits  ,  que  comme  répandus  pas  des  gens  mal  intentionez  pour 
leur  Etat.  C'eft  puis  que  LL.  HH.  PP.  avoient  en  horreur  la  Guerre  &  ne 
fouhaitoient  rien  tant  que  de  conferver  la  Paix  &  le  Repos  public,  à  fin  que 
leur  Etat,  qui  y  a  un  fi  grand  intérêt,  puifle  en  jouïr  avec  une  raifonnable 
fureté.  Âinfi ,  que  ledit  Réfident  eut  à  tacher  de  contrarier  ces  bruits ,  & 
d'afTurer  que  LL.  HH.  PP.  avoient  une  droite  intention  pour  le  maintien 
de  la  Paix  &  du  Repos  public. 

A  mefure  que  les  Etats  Généraux  recevoient  de  bonnes  Nouvelles  d'Angle- 
terre ,  ils  prenoient  des  mefures  pour  fê  mettre  en  bon  état.  En  premier 
lieu,  ils  résolurent  de  remettre  leur  Cavalerie  fur  un  meilleur  pied.  On  en 
avoit  alors  Zf .  Régimens.  Ils  avoient  été  réduits  depuis  la  Paix  de  Riswick 
à  trois  Compagnies  par  Régiment.  On  les  remit  à  6.  Compagnies,  chacune 
de  60.  Maîtres.  Ainfi  ,  on  ordonna  d'en  lever  foixante  &  quinze  Compa- 
gnies. On  pouffa  l'Armement  de  Mer  jufques  à  40.  VaifTaux.  Il  y  en  avoit 
vingt  de  la  repartition  de  la  feule  Ville  d'Amfterdam.  On  ordonna  même 
d'en  préparer  d'avantage  ,  &  de  les  mettre  en  état  de  pouvoir  être  équipez 
au  premier  ordre.  On  s'aflûra  de  quelques  Troupes  de  la  Cour  de  Berlin , 
de  la  Maifon  de  Lunebourg,  &  du  Landt-Grave  de  Hefîè-Cafîèl.  Quelques 
unes  de  ces  Troupes  s'avancèrent  même  à  portée,  &  quelques  Régimens  de 

Lune- 


ET    RESOLUTIONS    D'ETAT.  fiy 

Lunebourg  arrivèrent  même  dans  les  Places  de  la  République.  Le  Comte  1701. 
d'Albemarle,  profitant  de  fa  faveur,  fit  un  Régiment  Suifle,  fans  qu'il  lui  — — 
coûtât  la  moindre  chofe.  Il  tira  zç '.  hommes  de  chaque  Compagnie  Suif- 
fe  pour  le  faire.  11  prétendit  enfuite  ,  mais  vainement ,  comme  Général 
des  Suifles ,  d'avoir  des  Apointemens  ,  en  conformité  d'une  telle  Char- 
ge. On  entra  en  Négociation  avec  le  Danemarck  ,  avec  lequel  on  fit  le 
Traité  fuivant. 


N 


Otoire  (bit  à  tous  qui  y  ont  intérêt.     Après  que  les  Affaires  de  l'Europe  praire 
font  changées  par  la  mort  du  Roi  Catholique ,  Sa  Majefté  le  Roi  de  ^e crître" 
la  Grande-Bretagne  &  Leurs  Hautes  Puiflances  les  Etats  Généraux  des  Pro-  je  Dane- 
vinces-Unies  des  Païs-Bas,  d'une  part,  &  Sa  Majefté  le  Roi  de  Danemarck  mafek 
d'autre  part,  ont  meurement  confideré,  que  pour  la  fureté  de  leurs  Roïau-  &1«E- 
mesSc  Provinces,  il  feroit  d'une  grande  utilité  que  leur  ancienne  Amitié  ôç^rauxi 
Confiance  fut  rétablie ,  en  forte  qu'il  y  eut  une  parfaite  union  d'Intérêt  8c 
de  Convenance,  6c  une  confidente  communication  entr'eux  ,  à  l'égard  de 
toutes  les  Affaires  qui  pourroient  arriver  en  Europe  ,  8c  qu'on  s'y  entrepretât 
les  mains  fidèlement,  8c  qu'on  convint  pour  cet  effet  d'une  Alliance  Defenfi- 
ve >  Se  S.  M.  le  Roi  de  Danemarck  étant  informée  que  Sa  Majefté  le  Roi  de 
la  Grande-Bretagne  8c  Leurs  Hautes  Puiffances  auraient  envoie  ordre  à  leurs 
Miniftres  à  Sa  Cour,  d'entrer  en  Conférence  avec  les  Miniftres  ,  qu'il  plai- 
roit  à  S.  M.  de  nommer  pour  travailler  à  une  telle  Alliance  Defenfive,  a  pa- 
reillement donné  ordre  à  fes  Miniftres  ;  fçavoir,  le  Sieur  Conraed  Comte  de 
Reventlow  ,  Seigneur  de  Ffrifenwoldt ,  Loyftrup  ,  Callbe  8c  Clausholm , 
Chevalier,  Confeiller  Privé,  8c  Grand  Chancelier  de  S.  M.  le  Roi  de  Dane- 
marck y   le  Sieur  Siegfried  dePleffen,  Seigneur  de  Parin  8c  HoickendorfF, 
Chevalier,  Confeiller  Privé  de  S.  M.  le  Roi  de  Danemarck  5  le  Sieur  Knudt 
Thott,  Seigneur  de  Knudftrup  8c  Gaunoe ,  Chevalier,  Confeiller  Privé ,  8c 
Député  dans  la  Chambre  de  Finances  de  Sa  Majefté  le  Roi  de  Danemarck  } 
le  Sieur  Chriftiari  de  Lente ,  Seigneur  de  Sarlhaufen  ,   Chevalier  Confeiller 
Privé  8c  Premier  Secrétaire  de  Guerre  de  Sa  Majefté  le  Roi  de  Danemarck} 
8c  le  Sieur  Chriftian  de  Schefted  ,  Premier  Secrétaire  8c  Confeiller  d'Etat  de 
S.  M.  le  Roii  pour  entrer  en  Négotiation  fur  ce  Sujet  avec  le  Sieur  Hugo 
Greg  Refident  de  S.  M.  le  Roi  de  la  Grande-Bretagne  à  la  Cour  du  Roi  de 
Danemarck  ,  8c  avec  le  Sieur  Robert  Goes  Seigneur  de  Bouchhorftburg,  Re- 
fident de  Leurs  Hautes  Puiflances  à  la  Cour  du  Roi  de  Danemarck ,  lefquels 
après  diverfes  Conférences,  8c  après  la  Communication  8c  Echange  de  leurs 
Plein-pouvoirs,  font  convenus  des  Articles  fuivants. 

I.  Les  Alliances  Defenfives  conclues  entre  S.  M.  le  Roi  de  Grande-Bre- 
tagne, 8c  les  Seigneurs  Etats  Généraux  des  Provinces-Unies,  d'une  part,  Se 
S.  M.  le  Roi  de  Danemarck  d'autre  part,  le  5.  de  Novembre  1690.  6c  le  3. 
de  Décembre  1696.  demeureront  en  leur  vigueur,  8c  font  confirmées  lk  re- 
nouvelles en  tous  leurs  Points  8c  Claufes  horfmis  ce  qui  fera  changé  par  le 
prefent  Traité. 

II.  Sa  Majefté  le  Roi  de  la  Grande-Bretagne  ,  8c  Leurs  Hautes  Puiflan- 
ïom.  I.  Rrr  ces 


1701. 


*On  eft 
conve- 
nu,qu'en 
casqu'on 
vienne 
à  une 
Guerre, 
S.  M. le 
Roi  de 
Dane- 
marck 
pour  la 
fàreté  du 
Com- 
jnerce 
fermera 
tous  les 
Ports  & 
Havres 
de  Ion 
Obeif- 
fance 
pourles 
Arma- 
teurs ôc 
les  Vaif- 
leaux  de 
Guerre 
de  l'un 
&de 
l'autre 
Parti ,  à 
moins. 


fi8      MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

ces  promettent  de  paie*  fans  aucun  rabais ,  faute  ,  ou  délai ,  les  fommes  ftipulées 
par  la  fufdite  Alliance  de  l'an  1696.,  en  bonne  monoïe  d'Hollande  à  Amfter- 
damj  la  moitié  aufïi-tôt  que  les  Troupes  dont  il  ell  parlé  dans  le  diziéme  Ar- 
ticle de  ce  Traité  commenceront  à  marcher  vers  les  Frontières  de  Leurs  Hau- 
tes Pu  i  (lances,  6c  l'autre  moitié,  fix  mois  après  :  defquelles  fommes  il  fc 
trouvera  une  Liquidation  exacte  à  la  fin  de  ce  Traité. 

III.  Et  comme  il  importe  beaucoup  pour  les  Traffiquans,  que  la  Mer  foie 
libre  &  fûre,  *  S.  M.  le  Roi  de  Danemarck  promet  à  S.  M.  le  Roi  de  la  Gran- 
de-Bretagne ,  ci?  aux  Etats  Généraux  que  pour  la  fureté  du  Commerce  ,  en  cas 
qiCon  vienne  à  une  Guerre ,  Elle  fermera  tous  les  Ports  ci?  Havres  de  [on  Obéïf- 
fànce  aux  Armateurs  ci?  aux  Vaijfeaux  de  Guerre ,  h  moins  que  ces  VailTeaux  de 
Guerre  ne  viennent  pour  convoier  une  Flotte  de  VailTeaux  Marchands  -t  au- 
quel cas  ils  auront  libre  entrée  dans  les  Ports  6c  Fleuves  de  S.  M.  mais  non 
pas  quand  ils  convoieront  des  VailTeaux  particuliers  6c  détachez  ;  Or  une 
Flotte  Marchande  ne  fera  réputée  pour  telle ,  que  quand  elle  fera  de  quaran- 
te VailTeaux,  ou  au  de  là>  &  il  futfira  qu'elle  ait  été  de  ce  nombre,  en  paf- 
iànt  à  la  hauteur  de  la  Pointe  de  Jutlàndc,  fans  qu'il  (bit  befoin,  qu'elle  foit 
fi  nombreufe ,  quand  les  VailTeaux  de  Guerre  entreront  dans  les  Ports  de  Sa 
Majefté ,  puifque  lesVaiffeaux  Marchans  étant  arrivez  à  cette  hauteur,  tirent 
vers  le  Sond,  ou  fe  difperfent  en  plufieurs  Ports  de  Norvegue.  Pour  le  refte, 
on  fe  rapporte  au  quatrième  Article  Secret  de  l'an  1696. 

IV.  Sa  Majefté  le  Roi  de  Danemarck  ne  s'oppofera  plus  contre  le  o.Elec- 
torat;  mais  Elle  promet  de  fe  conformer  au  contenu  du  3.  Article  du  Traité 
de  1606.,  6c  du  7.  Article  Secret  dudit  Traité. 

V.  S.  M.  le  Roi  de  Danemarck  ne  prendra  aucun  Engagement,  ni  entre- 
ra en  aucun  Traité,  par  lequel  la  Paix  du  Nord  puiflè  être  troublée,  ou  par 
lequel  un  troifiéme  Parti  fe  puifie  former,  foit  dans  le  Nord  ,  foit  en  Alle- 
magne, ni  fomentera  de  tels  troubles,  fous  prétexte  d'y  être  engagé  par  des 
Traitez  précedens :  mais  au  contraire,  S.  M.  tâchera  d' empêcher  ,  que  des 
Traitez  de  cette  nature  ne  fe  fallènt  point  en  conformité  du  4.  Article  de  la 
fufdite  Alliance. 

VI.  S.  M.  le  Roi  de  Danemarck  ftipule  expreflement  la  Liberté  du  Com- 
merce pour  fes  Sujets ,  en  cas  qu'on  en  vienne  à  une  Guerre  ,  6c  ne  voulant 
pourtant  pas  permettre  que  des  Etrangers  commettent  des  fraudes,  en  fe  fer- 
vant  des  Paflêports  Danois,  on  eft  convenu,  qu'immédiatement  après  la  figna- 
ture  de  ce  Traité,  on  examinera  la  Convention  qui  fut  faite  l'an  1690.  en- 
tre Sa  Majefté  le  Roi  de  la  Gande- Bretagne  6c  Leurs  Hautes  PuiiTances 
d'une  part,  6c  Sa  Majefté  le  Roi  de  Danemarck  d'autre  part  ,  au  fujet 
du  Commerce  en  France,  afin  de  changer  cette  Convention  autant  qu'il  fe- 
ra necelTaire ,  pour  mieux  prévenir  les  fraudes  -y  6c  jufques  à  ce  qu'on  foit 

ladite  Convention  fe- 


ce 


changement 


convenu  d'un  commun  accord  de   <-i-  llm^hiv-ui.  , 
ra  rétablie  dans  fa  première  vigueur ,  6c  fervira  de  Loi  6c  de  Règle  pour  le- 
dit Commerce. 

VII.  Sa  Majefté  le  Roi  de  la  Grande-Bretagne  6c  Leurs  Hautes  PuiiTan- 
ces promettent' de  païer  à  Sa  Majefté  le  Roi  de  Danemarck,  trois  cent  mille 

Ecus. 


ET    RESOLUTIONS    D'ETAT.         fip 

Ecusde  Subfides  par  an ,  tout  le  tems  *  Que  la  Guerre  durera  ;  Se  le  paie-   1701. 

ment  s'en    fera  en  bonne  monoïe  de  Banca  à  Hambourg  ,   tous   les  trois 

mois  un  quart  de  la  Comme  ftipulée.     Et  en  cas  qu'on  n'en  vint  pas  à  une  *  Que  la 
Guerre,  mais  que  les  difleniions  prefentes  fufient  allbupies  par  un  Accommo-  Guerre 
dément,  6c  que  pourtant  les  Troupes  de  Sa  Majefté  le  Roi 'de  Danemarck  iji™ 
ruflent  actuellement  en  marche  vers  les  Frontières  de  l'Etat  ;  Sa  Majefté  le  blés  dû- 
Roi  de  la  Grande-Bretagne  6c  Leurs  Hautes  Puiflances  -f  ne  laijferont  pas  de  reront,  a 
païer  en  tel  cas,  toutes  les  Levées  de/dites  Troupes.  corn  ter 

Et  fi  un  Accommodement  fe  faifoit  après  la  Ratification  de  ce  Traité,  mais  ti"]]°^.r 
avant  la  marche  actuelle  defdites  Troupes  vers  les  Frontières  de  LL.  H  H.  PP.  grumre 
S.  M.  le  Roi  de  Danemarck  fe  contentera  d'un  an  de  Subfide  &  d'un  quart  dupré- 
de  la  fomme  ftipulée  pour  les  Levées.  ^,nt. 

VIII.  Sa  Majefté  le  Roi  de  la  Grande-Bretagne  promet  auffi  en  particu-     riUt  ' 
lier,  de  païer  à  Sa  Majefté  le  Roi  de  Danemarck  ce  qui  lui  eft  dû  encore  en  tPaïe- 
vertu  de  la  Convention  de  168p.,  tant  pour  le  tranfport  des  fept  mille  Hom-  [cinca$n 
mes  en  Irlande,  qu'à  l'égard  de  ce  qui  refte  à  païer  encore  auxdites  Troupes  outre  les 
de  leur  folde  en  cas  qu'on  trouve  par  la  Liquidation,  qui  s'en  fera,  que  tout  Levées 
n'a  pas  été  paie;  6c  le  deconte  de  l'un  6c  de  l'autre  fera  fait  dans  un  an  après  ^ffdltes 
la  Ratification  de  ce  Traité}  6c  le  paiement  enliiite  fans  aucun  delay  ,  dans  pes, trois 
la  Ville  de  Hambourg.  —  mois  des 

IX.  Et  pour  ôter  toute  pierre  d'achoppement,  Sa  Majefté  le  Roi  de  Da-  Sut>fid« 
nemarck  veut  bien  defifter  de  toutes  les  prétentions  ,  qu'il  pourroit  avoir  à  "'P^5' 
la  charge  de  LL.  HH.  PP.  à  condition  que  LL.  HH.  PP.  s'obligent  à  païer 

pour  S.  M.  les  fommes  que  la  Province  d'Hollande  6c  la  Ville  d'Amfterdam 
prétendent  d'Elle>  &  à  reftituer  à  fadite  Majefté  les  obligations,  que  feu  S. 
M.  le  Roi  Frédéric  III.  de  glorieufe  mémoire  a  données  à  la  fufdite  Pro- 
vince &  à  la  fufdite  Ville. 

X.  S.  M.  le  Roi  de  Danemarck  promet  de  faire  marcher  au  fècours  de  S. 
M.  lo  Roi  de  la  G.  B.  &  de  LL.  HH.  PP.  auifi-tôt  que  le  prefent  Traité  fe- 
ra figné  trois  mille  Cavaliers,  mille  Dragons,  6c  huit  mille  Fantaflins  du 
Roïaume  de  Danemarck  6c  du  Pais  de  Holftein  ,  lefquelles  Troupes  feront 
dûëment  montées  6c  armées  6c  pourvues  de  leurs  Officiers  6c  Généraux.  Lef- 
dites  Troupes  feront  ferment  de  fidélité  à  S.  M.  le  Roi  de  la  Grande  -  Bre- 
tagne 6c  à  LL.  HH.  PP.  tout  de  même  que  les  7000.  Hommes  des  Trou- 
pes Danoifes  firent  ci -devant  à  Sa  Majefté  le  Roi  de  la  Grande-Bretagne 
quand  elles  entrèrent  en  fon  fervice.  La  Collation  des  Charges  vacantes ,  6c 
l'Adminiftration  de  la  Juftice  fe  fera  fur  le  même  pied  ,  qu'il  a  été  pratiqué 
à  l'égard  defdits  7000.  Hommes.  Sa  Majefté  le  Roi  de  la  Grande  -  Bretagne 
6c  LL.  HH.  PP.  paieront  pour  la  Levée  defdits  Troupes,  80.  Ecus  pour 
chaque  Cavalier,  60.  Ecus  pour  chaque  Dragon,  6c  30.  Ecus  pour  chaque 
Fantaffin.  La  moitié  de  cet  Argent  fe  paiera  auffi  -  tôt  que  lefdites  Troupes 
feront  effectivement  en  marche  vers  les  Frontières  de  LL.HH.  PP.  6c  l'autre 
moitié  quand  elles  feront  effectivement  arrivées  fur  lefdites  Frontières.  La  Sol- 
de 6ç  le  traitement  de  ces  Troupes  fera  fur  le  même  pied ,  que  des  autres 
Troupes  de  LL.  HH.  PP.,  à  fçavoir  celle  des  Regimens  ordinaires  Danois, 

Rrr  î  com- 


513     MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

i~01-  comme  celle  des  autres  Regimens  ordinaires  de  l'Etat.     Ce  paiement  (èra 
1  mis  entre  les  mains  des  Commiflaires  Danois  pour  en  faire  la  diitribution  fans  au- 

cun rabat  ou  diminution, Se  commencera  du  jour  que  lefdites Troupes  fe  met- 
tront en  marche  vers  les  Frontières  de  l'Etat.  Et  s'il  arrivoit  qu'on  trouvât  à 
propos  de  tranfporter  les  Troupes  qui  doivent  venir  du  Danemarck  &  du  Pais 
de  Holflcin  en  tout  ou  en  partie  par  Mer  vers  le  Païs  de  l'obeiflance  de  l'Etat, 
ce  tranfport  fe  fera  aux  dépens  de  S.  M.  le  Roi  de  la  G.  B.  6c  de  LL.  HH. 
PP.  :  &  en  cas  de  neceffité,  il  fera  permis  de  fe  fervir  des  Vaiffcaux  de  S.  M.  le. 
Roi  de  Danemarck ,  ou  de  ceux  de  fes  Sujets,  pour  faciliter  &  pour  hâter  ledit 
Tranfport.  S.  M.  le  Roi  de  la  G.  B.Se  LL.  HH.  PP.  pourront  garder  lefdites 
Troupes  en  leur  fervice,  auffi  long-tems  qu'ils  le  trouveront  a  propos  ;  Se 
quand  ils  les  voudront  renvoier,  ils  le  feront  fçavoir  a.  S.  M.  le  Roi  de  Dane- 
marck trois  mois  auparavant.  Cependant  ii  quelque  rupture  ou  Guerre  fur- 
vient ,  lefdites  Troupes  continueront ,  non  obltant  cela  dans  le  fervice  de  S. 
M.  le  Roi  de  la  G.  B.  Se  de  LL.  HH.  PP.  autant  que  la  Guerre  durerai 
à  moins  que  S.  M.  le  Roi  de  Danemarck  ne  fut  attaqué  dans  les  Roïau- 
mes  &  Etats ,  pour  leur  avoir  fourni  lefdites  Troupes  ,  auquel  cas  S.  M. 
le  Roi  de  Danemarck  fe  referve  le  droit  Se  le  pouvoir  de  les  rapeller,  auf- 
lï-tot  qu'il  le  trouvera  néceflaire. 

XL  En  cas  que  par  malheur ,  un ,  ou  plufieurs  Regimens  ou  Compagnies 
defdites  Troupes  viennent  à  être  ruinées ,  S.  M.  le  Roi  de  la  G.  B.  Ôc  LL. 
HH.  PP.  promettent  de  païer  fans  aucun  délai,  aux  Colonels,  ou  aux  Ca- 
pitaines des  Regimens  ou  Compagnies  ruinées  les  Levées  néceflàires ,  poul- 
ies remettre  fur  le  même  pied  qu'auparavant.  Et  fur  la  fin  de  la  Campagne, 
les  mêmes  Recrues  feront  païées  aux  Officiers  Danois  qui  fe  paient  aux  autres 
Officiers  de  LL.  HH.  PP.  afin  que  lefdites  Troupes  fe  puiiîént  toujours  con- 
ferver  en  bon  état,  pour  être  renvoïées  un  jour  air  un  autli  bon  pied  qu'elles 
ont  été  reçues. 

XII.  Pareillement,  S.  M.  le  Roi  de  la  G.  B.  Se  LL.  HH.  PP.  promet- 
tent, que  fi  S.  M.  le  Roi  de  Danemarck  fera  attaqué,  ou  troublé  dans  la 
poiîeffion  de  fes  Roïaumes,  Provinces,  Terres,  Prérogatives,  Péages,  Navi- 
gations, Commerce,  ou  autres  Droits ,  ils  «nvoieront  promptement  lefdites 
Troupes,  en  leur  païant  un  mois  de  Gage  pour  les  fraix  de  leurs  retour;  le- 
quel paiement  d'un  mois  de  Gage  fera  fait  de  même  quand  après  la  Paix,  lef- 

/  dites  Troupes  feront  renvoïées;  Se  outre  cela,  ils  envoieront  à  S.  M.  le  Roi 
de  Danemarck  le  fecours  par  Mer  Se  par  Terre  ftipulé  dans  les  Articles  Se- 
crets du  Traité  de  J'an  i6po.;  lefquels  fecours  ils  entretiendront  durant  la 
Guerre  à  leurs  propres  dépens;  S.  M.  le  Roi  de  Danemarck  n'étant  obligé 
de  fournir  à  ces  Troupes,  que  le  Pain  Se  le  Fourage. 

XIII.  Et  pour  rendre  cette  Alliance  Se  Union  d'autant  plus  parfaite ,  Se 
pour  ne  laiffer  aucun  fcrupule  aux  parties  fur  la  certitude  du  Iccours  qu'ils  ont 
à  efpercr  l'un  de  l'autre ,  de  la  manière  qu'il  a  été  arrêté  ci-deflus  ;  on  eil 
convenu  expreflèment ,  que  pour  juger  à  l'avenir ,  fi  le  cas  de  cette  Alliance 
exiite,  ou  non;  il  fuffîïa  que  quelque  une  des  parties  foit  aéfcuellement  atta- 
quée par  la  force  des  Armes ,  fans  qu'elle  ait  ufé  auparavant  de  force  ouverte 

con- 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.  f2r 

contre  celui  qui  l'attaque:  Mais  cet  Article  ne  fera  applicable  qu'aux  occa-  ljoù 
lions  qui  arriveront  ci-après.  Pour  leprefent,  le  lecours  de  12000.  Hommes  ■ 

marchera  vers  les  Frontières  de  LL.  HH.  PP.  autfi  tôt  que  ce  Traité  aura 
été  ligné ,  comme  il  ell  dit  dans  l'Article  X. 

XI V.  Et  afin  qu'il  ne  puiiîe  à  l'avenir  arriver  aucune  brouïllerie  entre  S. 
M.  le  Roi  de  Danemarck  Se  LL.  HH.  PP.  au  fujet  du  Commerce  ,  on  effc 
convenu  aujourd'hui ,  que  le  Projet  du  Traité  de  Commerce  &  de  Péage  de 
l'année  i6pi  fur  lequel  on  a  traité  premièrement  à  Copenhague,  Se  puis 
après  à  la  Haïe,  fera  reafiumé ,  ajufte,  conclu  Se  figné  en  même  tems  que 
celui-ci. 

XV.  Cette  Alliance  durera  pendant  l'efpace  de  dix  ans,  à  corn  ter  du  jour 
de  la  fignature  de  ce  Traité}  &  les  Alliances  de  iôpo.  Se  iôpô".,  étant  renou- 
vellées  par  ce  Traité  dureront  le  même  tems  de  dix  ans. 

XVI.  On  conviera  l'Empereur  à  entrer  en  cette  Alliance}  &  iî  le  Roi  de 
PrufTe,  la  Maiibn  de  Lunenbourg,  ou  celle  de  Heiïên-Caflel  demanderont  à 
y  être  compris,  il  fera  libre  aux  Hauts  Contractais  d'y  conlèntii*}  quand  ils 
feront  convenus  entre  eux ,  des  Conditions  fur  lefquelles  lefdites  Puifiances  y 

'  pourront  être  reçues. 

XVII.  Pour  le  meilleur  éclaircifiement  de  toutes  les  Claufes  de  ce  prelênt 
Traité,  qui  concernent  les  Fraix  de  la  Levée,  de  l'Entretien  ,  du  Tranfport, 
de  la  Marche ,  des  Recriics ,  &  du  Retour  des  Troupes  mentionnées  dans  l'Arti- 
cle X. ,  il  eft  expreflement  ftipulé,  que  S.  M.  le  Roi  de  la  G.  B.  paiera  tous  ces 
Fraix,  lorfque  lefdites  Troupes  feront  dans  fon  fervice ,  &  que  les  Etats  Gé- 
néraux les  paieront ,  lorfqu' elles  feront  dans  le  Service  de  LL.  HH.  PP.  *       *  Cet 

XVIII.  Les  Ratifications  du  prefent  Traité  feront  échangées  à  Copenhague  A.rticIe 
à  comter  du  jour  de  la  fignature  de  ce  Traité  en  fix  femaines ,  de  la  part  de  daens    s 
Sa  Majcfté  le  Roi  de  la  Grande  -  Bretagne  Se  en  quatre  femaines  de  la  part  l'Inftru- 
des  Etats  Généraux.  ment  fi- 
gné par 

En  foi  de  quoi  nous  avons  figné  ce  Traité,  Se  y  fait  mettre  les  Sceaux  de  ffresDa- 
nos  Armes.  nois.ni 

*'  en  celui 

H.     G  R   E   G.        figné  pas 
(L.  S.)  leSr. 

Fait  à  Odenfée  ce  20.  de  Janvier  170 1. 

O  n  prit  aufîî  des  Troupes  de  l1  Electeur  Palatin  ,  qu'on  paia  fort  chère- 
ment, Se  on  en  prit  aufii  de  quelques  autres  Princes  du  Corps  Germanique. 
On  avoit  cependant  été  en  quelque  peine  de  la  Cour  de  Pruilè.  C'efr.  d'au- 
tant qu'Eue  ne  le  preflbit  pas  de  faire  avancer  toutes  les  Troupes  qu'Elle  de- 
voit.  Elle  faifoit  follicitcr  les  Etats  Généraux  à  moienner  la  Paix  entre  le 
Roi  de  Pologne  6c  celui  de  Suéde }  alléguant  que  fi  cette  Guerre  ne  s'éteignoit 
pas,  Elle  ne  pourroit  pas  affilier  la  République  avec  toutes  fes  Forces.  Dans 
la  crainte  d'une  Invafion  des  Suédois  dans  la  Saxe,  le  Roi  de  Prufib  avoit  en- 
voie deux  mille  chevaux  au  lecours  des  Saxons  }  mais  >  il  les  contremanda 

Rrr  3  pref- 


Goéz. 


r_i      MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

1701 .  prefque  d'abord.     Cependant ,  les  Nouvelles  levées  que  ce  Roi  foifoit  n'avan- 

çoientpas,  faute,  ditbic-on  ,  de  Finances.     Potfr  lever   cet  obftacle  ,    il  fît 

un  emprunt  de  deux  cent  mille  Ecus  fous  la  Garantie  des  Etats  Généraux  que 
ceux-ci  lui  accordèrent.     Il  y  eut  en  ce  tems-là  quelque  Trouble  à  cette 
Cour-là.  Le  Grand  Chambellan,  qui  étoit  le  Favori  de  ce  Roi,  fit  faire  dé- 
fenfe  à  tous  les  Miniftres  d'Etat  de  parler  à  aucun  Miniftre  Etranger;  ce  qui 
faifoit  beaucoup  murmurer  contre  lui.     Il  prétendent  même  d'avoir  le  pas  iiir 
tous  les  Miniftres  Etrangers ,    comme  poilèdant  la  première  Charge  de  fa 
Cour,  6c  le  prit  même  fur  le  Miniftre  de  l'Empereur  qui  s'en  plaignit  haute- 
ment.    My-Lord  Rabi,  connu  depuis  au  Congrès  d'Utrecht  fous  le  nom  de 
Comte  de  Strafford,  avoit  pourtant  été  diftingué  à  cette  Cour-là.     Jl  y  avoit 
été  envoie  par  le  Roi  d'Angleterre,  pour  féliciter  le  nouveau  Roi  fur  fon  A- 
vénement  à  la  Couronne.    Le  Roi  de  Prude  lui  donna  ,  lorfqu'il  prit  congé, 
une  belle  Bague,  qui  fut  eftimée  à  Amfterdam,  où  ce  Lord  la  montra,  être 
de  la  valeur  de  trente  mille  florins  de  Hollande.   Ce  Lord  avoit  parlé  lui  mê- 
me à  ce  Roi-là  touchant  les  Troupes,  6c  il  raportoit  qu'il  lui  avoit  répondu 
qu'il  en  donneroit ,  fi  l'on  lui  donnoit  de  l'argent.     Cependant,  l'Empereur 
remettoit  les  huit  mille  hommes ,    que  la  Cour  de  PrufFe  devoit  lui  fournir  , 
au  fervice  de  Etats  Généraux.     Le  Général  d'Obdam  ,  qui  étoit  de  la  part 
des  Etats  Généraux  à  cette  Gour-là,  follicitoit  la  marche  de  ces  Troupes-là, 
Par  la  reponfe  qu'on  lui  fit ,   l'on  vid  enfin  que  les  retardemens  ne  venoient, 
qu'en  vue  d'avoir  quelque  Avantage.    Celui-ci  confiftoit  à  exiger  qu'on  four- 
nît à  ce  nombre  de  Troupes  du  pain  6c  du  fourage.     L'Envoie  de  ce  Roi-là 
n'eut  fa  première  Audience  que  le  7.  de  Juillet.     Elle  avoit  été  différée,  à 
caufe  de  la  nouvelle  Roiauté  ,  qui  changeoit  le  Cérémoniel ,  6c  qui  fut  enfin 
réglé.     Cet  Envoie  fit  la  même  Demande  du  pain  6c  du  fourage  pour  ces 
huit  mille  hommes ,  ce  qu'on  voulut  bien  accorder. 

Outre  deux  Régimens  qu'on  avoit  pris  du  Landt-Grave  de  Hefle-Caffel  on 
trairoit  auflï  avec  ce  Prince  pour  quelques  autres  vieilles  Troupes.  Le  Gou- 
verneur du  jeune  Prince  fon  Fils,  qui  étoit  revenu  d'Angleterre  avec  le  Roi, 
eut  ordre  d'infinuer  à  Sa  Majefté  de  porter  l'Empereur  à  permettre  au  Landt- 
Grave  fon  Maître  de  mettre  des  Troupes  dans  l'importante  Forterefle  deRhin- 
feldt.  Comme  Sa  Majefté  Impériale  ne  trouva  pas  à  propos  d'y  aquiefeer,  il 
falut  en  venir  à  bout  par  d'autres  voies,  6c  cela  quelque  année  après,  ainfi 
qu'on  le  dira  en  fon  tems. 

On  tacha  aufli  d'engager  la  Suéde  à  donner  quelques  Troupes.  On  fit 
pour  cela  pufieurs  Démarches.  Cependant  ,  l'Ambafladeur  Lillienrooth , 
bien  loin  de  paffer  fes  bons  offices  pour  cela  ,  infpiroit  à  fa  Cour  des  Senti- 
vnens  François.  Pour  même  parer  le  coup  il  fe  mit  à  folliciter  de  bouche 
les  Secours  ftipulez  dans  le  dernier  Traité.  Comme  l'on  lui  répondoit  qu'il 
étoit  impoffible  à  l'Etat  de  fe  défaire  des  Troupes,  puis  qu'au  contraire  on 
étoit  obligé  d'en  acheter,  il  infifta  qu'on  lui  donnât  un  Equivalent  en  argent. 
L'Angleterre  contribua  quelque  chofe  pour  contenter  le  Roi  de  Suéde.  Ce 
Monarque  avoit  fait  acheter  en  ce  Roïaume-là  pour  cent  mille  Ecus  de  Drap 
pour  fon  Armée.    Sa  Majefté  Britannique  fit  paier  cette  lomme-là.    Cela 

fut 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.         j-z? 

fut  pris  en  bonne  part  par  le  Roi  de  Suéde.    On  étoit  bien  difpofé  en  Hol-  1701. 
lande  de  faire  de  (on  coté  quelque  chofe  j  mais ,   on  y  craignoit  d'irriter  le  ■ 

Czar.  L'Ambaftadeur  de  Suéde  demanda  la  Garantie  des  Etats  Généraux 
pour  un  Emprunt  de  trois  cent  mille  Ecus.  Le  Roi  de  Suéde  offroit  pour 
hipoteque  les  Revenus  de  la  Doiianne  de  Riga.  La  Garantie  fut  accordée , 
&  l'Emprunt  fait.  Il  faut  dire  à  la  louange  des  Suédois ,  qu'ils  accomplirent 
de  bonne  foi  leur  Engagement ,  tant  pour  le  paiement  des  intérêts  ,  que  des 
portions  du  Capital ,  qui  devoit  être  rembourfé  par  termes.  Lorfque  le  Czar 
prit  enfuite  cette  Ville-là,  il  ne  rcltoit  qu'un  petit  refidu  à  paier  ,  qui  donna 
lieu  enmite  à  quelque  débat  avec  le  Czar ,  ainfi  qu'on  le  dira  en  (on  tems. 
L'Ambafladeur  de  ce  Monarque  Rumen  Ht  des  Plaintes  verbales  fur  cet 
Emprunt. 

L'Ambafiâdeur  de  Suéde  fut  en  ce  tems-là  averti  qu'on  faifoit  faire  quanti- 
té d'Armes  à  Amiterdam  pour  fon  Maître.  Il  envoïa  là-deffus  fon  Secrétaire 
en  cette  Ville- là,  fans  qu'il  pût  découvrir  le  fondement  de  l'Avis.  De  forte 
qu'il  craignit  que  ce  ne  furfent  les  Mofcovites  ,  qui  en  fiflent  faire  fous  fon 
nom.  Auffi  cette  crainte  fe  trouva- 1- elle  dans  la  fuite  fort  bien  fondée.  Ce 
qui  faifoit  voir  à  cet  Ambaflâdeur  que  le  Czar  ne  méditoit  pas  fincérement  de 
faire  la  Paix.  C'eft  non  obftant  une  Lettre  qu'il  écrivit  au  Roi  d'Angeleter- 
re  pour  preffer  fa  Médiation  pour  faire  la  Paix.  L'Ambaffadeur  du  Czar  tra- 
duifit  lui-même  cette  Lettre  de  la  manière  qui  fuit. 

Tranjlatïo  Literarum ,  Magni  'Domini  Sua  Tzarea  Majejia-  Lettre 
tis ,  ad  Magnum  Domïnum ,  fuam  Regtam  Majejiatem  au  Roi 

Magna  Brïtanniœ.  d'Angk- 

0  terre. 

Poft  titulos  utriufque  Majeftatis. 

pRaterito  anno  1700.  Decembris  die  8.  inNoflris,  Magni  Domini ',  noftrœ  Tza- 
rea Majeftatis  literis  ad  vos  ,  dilecliffimum  fratrem  noftrum  ,  Magnum  Do- 
minum  ,  veflram  Regiarn  Majejiatem  nos  ad  propofitam  in  conàiiatione  controver- 
fiarum  inter  nos  &  Majeftatem  Suecia  exortarum  ,  exoptandam  Veftram  Media- 
tionem  &f  ajfecurationem  (quod  nempe  Veftra  ob  Conftlia  Rex  Suecia  in  eâ  re  ob- 
fecuturus  fit  &?  nobis  juftâ  in  re  fiatisfatlurus  fit ,  modo  ut  locus  afiignaretur ,  ubi 
ha  Controverfia  amicabili  modo  componi  pojfent,  eà  confidentes  fpe  y  fore  ,  ut  bas 
contrôler  fias  toliendi  non  difficile  erit  ,  nobifque  à  Coronâ  Suecïcâ  jufta  fiatisfac- 
tio  fieri pofiit)  fcripfimus,  perdiktle  refpondendo  quod  nos ,  Magnus  Dominas  no f- 
tra  Czarea  Majeftas,  illam,  Veftra  Régi  a  Majeftatis  adnosfaclam  de  Pace  pro- 
pofi/ionem  cum  Coronâ  Suecicâ  in  fufeepto  bello  ob  multas  nobis  injeclas  ab  illis  in- 
jurias, non  detreclaremus  fcf  m  àefignatione  loci  huic  rei  faciendâ  ad  compofitio- 
nem  Pacis ,  poft  comunicationem  fecundum  obligationem  faderis  inter  nos  patli  cum 
Regiâ  Majeftate  Polonia  inftitutam  ,  Veftra  Regia  Majeftati  abfque  morâ  indi- 
caturi  ejficmus ,  qnamobrem  nos  Magnus  Dominus  Noftra  Czarea  Majeftas  nunc 
"jobis  dileclifiimo  Fratri  Nofiro  Magno  Domino,  Veftra  Regia  Majeftati  bis  Nof- 

tm 


fi4      MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

1701.  tris  Czarea  Majcfiaiis  dilcilis  Lit 'cris ,  fraternè  fignificamus,  quodnosjuxta  obli- 
—      ..  gatïoncm  commuais  fa  devis   cum  Fratre  Nofiro  Magno  Domino  fuà  RcgiàMaje-' 
ftate  Polonia  ad  dejideratam  propofttionem  Veftram ,  ad  componendam  ïllam  Pa- 
ccm  cum  Majeftate  Suecia  ,  diîetlis  intcr  nos  infiitutis  communicationibus  ad  com- 
Kiunem  militât  cm,  utrifque  nobis  Magnis  Dominis  Paci  cum  fatisfaftione  praftan- 
da  infervientcm  ,  Veftram  Fratris  Nojiri  Magni  Domini,  Veftrâ  Regia  Maje-' 
ftatis,  Médiat iofiern  conjunclim  perdileilè  accipiamus ,  praoptantes  as  ptnitiu  in 
co  confidentes  quemadmodum  13  Vos,  nos  ajftv'eratis,  ut  Corena  Suecica,  Vejira 
ob  Confilia ,  propter  multas  nobis  ab  illis  illatas  injurias  in  omni  re  jufiâ  ,  pr opter 
Veftram  Regia  Majejiatis  erga  nos,  diîetlam  afteverationem  £5?  Mediationem  Vef- 
tram, nobis  pro  defidcrio  noflro  fatisfecerit  ob  quam  noftram  JàtisfaSlionem,  Vos 
Magnus  Dominas  Vejira  Regia  Maje  fias  tanquam  Chriftianas  Pacificus  Médiat  or 
ad  congre  [Jus ,  comodum  huic  rei  locum  ajjignare  atque  indicare  condignemini ,  ubi 
ha  controverfta,  Médiat ione  Veftrâ  in  prefentiâ  communiant  Plenipotentiariorum 
felici  &f  cum  fatisfatione  conjunclâ  Pace  cum  Coronâ  Suecicâ  componi  poffint ,  quâ 
de  te,  Nos  à  Vobis  Fratre  Nofiro  ,  Magno  Domino  ,  Veftrâ  Regiâ  Majeftate, 
dikcliim  Refponfum  expe&amus,  Nos  autem  ex  parte  noftrâ  ad  hune  à  Vobis  de- 
ftgnatum  huic  rei  oportunum  locum  Plenipotentiarios  Nofiros  ad  Pacem  concilian- 
dam  in  tempore  cum  nobis  à  vobis  indiclum  fuerit ,  Nos ,  Magnus  Dominus  Nof- 
trâ Czarea  Majefias  mittere  non  cuntlabimus  ad  hac  precantes  nos  Magnus  Do- 
minas Nofira  Czarea  Majefias  à  Domino  Deo ,  Vobis ,  Fratri  Nofiro ,  Magno 
Domino  Veftrâ  Regia  Majeftati  diuturnam  incolumitatem  ,   aefelix  in  Regnis 
Veftris  Imper  ium-y  Dabantur  Imperii  noftri  in  aulâ  Imper ante  noftrâ  Magnâ  urbe 
Mofcovia  Anno  a  nativitate  Chrifti  Domini  13  Redetnptoris  nojiri  Jefu  Cbri* 
fti  1701.  Menfis  Maii  die  11.,  Imperii  nofiri  10.  Anno. 

C  e  qui  confirment  cette  Penfée  de  l'Ambafiadeur  de  Suéde  étoit  que  le 
Roi  de  Pologne  offrait  bien  auffi  de  faire  la  Paix  ;  mais  ,   fous  des  conditions 
que  les  Suédois  traitoient  de  ridicules.     Quelques  unes  d'icelles  étoient  que  le 
Fort  de  Dunamond  refteroit  aux  Polonois  ;  que  la  Livonie  retournerait  à  la 
Pologne,  en  cas  que  la  Lignée  Mafculine  du  Roi  de  Suéde  vint  à  s'eteindre> 
St  que  la  Religion  Romaine  y  ferait  rétablie.     Les  Suédois  s'écrioient  contre 
ces  Propositions , -&  fur-tout  par  raport  à  la  Livonie,  qu'ils  difoient  n'être  pas 
annexée  à  la  Famille  Roïale  ,   mais  à  la  Couronne  de  Suéde.     L'Ambafiadeur 
de  Suéde  afluroit  que  l'Envoie  des  Etats  Généraux  ,  qui  après  être  arrivé  à 
Vaifovie  &  avoir  eu  une  longue  Conférence  avec  le  Roi  de  Pologne,  étoit 
parti  en  diligence  pour  fe  rendre  en  Livonie  auprès  du  Roi  de  Suéde ,  perdrait 
Ses  pas.     Comme  cet  Ambafîàdeur  s'attendoit  a  l'arrivée  du  Roi  de  la  Gran- 
de-Bretagne, il  trouva  à  propos  de  préfenter  aux  Etats  Généraux  ce  Mé- 
moire. 

Mdmoi-  CELSI  AC  P  RJEPOÏENÏES  DOMINI. 

rede  . 

bafïTdc    Praterire  non  poteft  Sacra  Regia  Majefiatis  Suecia  Legatus  Extraordinarius 
Suéde  quo  minus  menions  reddat  CC.  ac  PP.  DD.  VV.  qttemadmodum  Rex  ac  Do- 

minas 


ET    RESOLUTIONS    D'ETAT.  ^ 

minus  ej us  démenti  ffïmus  banc  meritb  fpem  j 'ovcrit ,  fe  cor.tr a  ho/les  fnos ,  vigore   17OI. 

Fœderum,  quibus  cura  Celfts  ac  PP.  DD.  FF.  inviccm  obfiringhur ,  jam  pri- 

dem  auxilio  fuifje  potiturum.  Cum  auîem  nibïlbominus  ipfi  in  bunc  tifque  dicm  eo  aUxE. 
carere  ,  &  neque  ad  tôt  S.  R.  M.  proprias  literas  refponfum  fubfequi,  neque  tôt  G. ,  du 
ipfius  jufju  bîc  exbibitos  libellas  Mentor iales  effeclum  bahuijje  ,  contigcrit  ,  Sacra  p-J"'1- 
R.  M.  diclo  fuo  Légat 0  Extraordinario  injunxit  ut  Celfas  ac  PP.  DD.  FF.  eo  et" 
nomine  denub  quant  iiijlantiffimè  compcllaret.  Vidclicet  baud  ignorant  ipfie ,  quid 
jubeant  Fœderum  leges  ,  quibus  dtfertè  eautum  aux  Ma  intra  tcrtium  menfem,  a 
■prima  requifiticnc  computandum ,  quin  imb  citiiis  fi  ficri  pofj'et  ,  prœfiari  opor- 
tere ,  cum  t amen  jam  integri  fedecim  menfes  13  amplius  effluxerint ,  ex  quo  Sa- 
cra R.  M.primum,  nuntiato  periculo,  opem  fibi  ferre  expetiit.  Neque  dubittm 
quin  CC.  ac  PP.  DD.  FF.  pro  eo  ac  par  eji  reput  aturœ  fint  anïmis,  quid.amici- 
tia ,  quid  communis  hic  utilitas  fuadeat  atque  requirat ,  ita  ut  vel  hoc  intuitu , 
tametfi  fœdera  deejfent ,  fubfidia  bine  expeclare  liceret  ;  prœfertim  cum  hifee  cau- 
fis  meritb  aàjungenda  fit  ratio,  fummis  certè  Poieflaiibus  digna,  quarum  unam- 
quamque  Cbrifiianœ  fidei-,  ne c  non  œqui  boneftique  fenfu  imbutam  ,  hoc  fibi  offi- 
cium  ultra  imponere  deceret  ut  juvandum  tuendumque  fufeiperet  eum ,  qui  culpœ  vel 
minimœ  experj,  vint  tamen  &  injuriant  patitur  bonis  omnibus  detefiandam.  De 
aetero  CC.  ac  PP.  DD.  FF.  dijudicandum  relinquitur  ,  quanta  amicitiœ  illa- 
rum  firmitas ,  fœderibus  autboritas  fit  accefj'ura,  fibâc  occafione  validis  fuppetiis 
S.*R.  M.fublevent,  &  ex  adverfo  fi  eamdem  deftituant,  quantum  roboris  ami- 
citiœ ,  quantum  dignationis  fœderibus  earum  decederet ,  £5?  quantum  denique  in 
pr opium  decus  quin  &?  propria  commoda  peccaietur.  Si  enim  prœfentis  tempo- 
ris  babitum  juxtà  perpendant  CC.  ac  PP.  DD.  FF.  &  quid  de  S.  R.  M. 
amicitïa  fibi  viciffim  polliceri  queant  ,  procul  duj/io  agnofeent ,  quantopere  fuis 
rébus  expédiât  ita  adminiculo  effe  S.  R.  M.  ut  bac ,  laudabile  exemplum  fecu- 
tura  ,  vicem  cxfolverc  valeat.  Nec  facile  quifquam  dijfitebitur  ,  quin  arcla 
inter  S.  R.  M.  (3  CC.  ac  PP.  DD.  FF.  atnicitia  ,  quin  mutua  utilitas 
Regnorum,  ditionum  £5?  fubjeclorum  fecuritas,  propria  œftimatio  ,  fœderumque 
dignitas  ejufmodi  fint  rationes,  quibus  CC.  ac  PP.  DD.  FF.  non  poffint  non 
induci  ad  prœfianda  ea  ,  quœ  S.  R.  M.  Jummo  jure  ,  parique  fiducia  defide- 
rat  :  nihil  equidem  quod  alicujus  fit  momenti,  hic  vel  dubitandi  anfam  p'rœbere 
poffe  videtur.  Nam  nec  bello  haclcnus  difiritla  fuit  bœc  Refpnblica  ,  ttec  vi- 
lium  defeclum  ferio  caufabuntur,  quos  confiât,  caufam  fuan, >,  eâ  quœ  prœ  ocu- 
lis  eft,  potentiâ,  etiam  contra  validiffimum  quemque  nulle  non  tempore  defenfuros. 
Accedit  quod  lucrnm  prœfentiffimum  ad  fit ,  ubi  ojjicii  prœfiili  gratiam  non  peritu- 
rum ,  fed  cum  infigni  fœmre  reddituram.  Neque  profeltb  S.  R.  AL  amicitia  eo 
Ioco  babenda  èfil  quaft  opéra:  pretiuni  vis  fit ,  follicitïus  canàem  tueri,  cum  non  tan- 
tum  fœdera  inita  aliud  évinçant ,  fed  &  S.  R.  M.  ea  jamdv.dum  ediderit  virtaHs 
fpec:;)ji:i.i  ,  qu<e  dubitare  non  finunt  quid  impofleriim  Orbi  de  eo  fit  expetlandum. 
£uo  pr.it erea  affeclu  in  Rempublicam  feratur,  ac  quo  aninto  confervanda  augen- 
dàque  iuilmiori  amicitiœ  fludeat  (3  id  CC.  ac  PP.  DD.  FF.  cegnitum  habent. 
yJbfit  itaque  unius  vel  altenus,  five  privatas  rationes,  five  erga  hofies  S.  R. 
M.  propenfionem,  major is  fieri  pofj'e  quam  publicam  militât em  ac  public ar,t  fi- 
dem,  quant  utiqv.e  où  talia  deferi,  (3  minus  dignum  13  valde  anceps  futur  uni  , 
font:!.  S  il"  CC. 


5i5     MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

170 1.  CC.  ac  PP.  DD.  VV.  pro  fvlitâ  fuâ  prudentià  fpontè  judicabant.     Subintellexit 

quidem  memoratus  Légat  us  Extraor  dinar  lus  ejfe  qui  afferere  fuftineant  ,  jamfa- 

tisfaclum  effe  fœderibus  eo  quod  anno  fuperioti  ClaJJis  Navium  Bellicarunt  ver  fus 
Fretum  Orefundicum  mijfa  fit.  Aft  verb  non  animadvertunt  hi  taies ,  fe  una  ex 
parte  vehementer  imminuere  infigne  aliàs  CC.  ac  PP.  DD.  VV.  in  ducem  Holfa- 
tiœ  meritum,  verumque  illud  decus ,  ex  Guarantià  fideliter  ei  prœfiità  par  tum-,  ex 
altéra  verb  fruftra  CC.  ac  PP.  DD.  VV.  tribuere  velle  ea  quœ  ipfie  quâ  finit 
aquanimitate  jibi  vendkare  dedignabuntur  ,  haud  isgre  cognofeentes  nondum  libera- 
tam  ejfe  fidem,  S.  R.  Aï.  Suecicœ  ex  fœderum  prajeripto  acifiriclam.  Hœc  Jiqui- 
demnonjolum  Mari  ,  fed  &  'Terra  auxilia  ferri  prœcipiurtt  ;  eaque  pro  periculi 
tnagnitudine  {quod poft  finit am  expeditionem  Holfiaticam,  quant  maxime  eviden s 
fuiffe  ^  nemo  negabit )  utrobivis  in  duplum  vel  triplum  augenda ,  neque  poft  pere xi- 
gui  temporis  fpatium  domum  reverfura ,  fed  ad  belli  ufque  finem  permanfura;  quo- 
rum quidquam  faclum  ejfe  non  apparet.  Quod  cesteroquin  caufam  Holfaticam ,  cu- 
jus  Claffis  ifta  miffa  unice  fuit  ,  attinet  ,  CC.  ac  PP.  DD.  VV.fibi  haud  dubie 
in  mentem  revocabunt  ,  quoties  fubinde  S.  R.  M.  in  antece/fum  declaraverit ,  fe 
taufam  hanc  non  alio ,  quant  r  cliquas  Paclorum  Holfaticorum  vindices  &  fpon fo- 
res, nomine  fujeepturam,  feque  adeo  in  toto  hoc  negotio  nihil  quidquam  acluram, 
nifi  quod  communi  confilio  atque  fuffragio  gereretur.  Et  rêvera  quoque  rem  ita  pe- 
raclam  fuiffe ,  vel  hinc  liquida  confiât ,  quod  appellentibus  ifthic  Claffibus  Anglica  , 
Belgicaque ,  ratione  Imper ii  Navalis  ,  eo  demum  modo  ageretur  qui  conveniens  in 
primis  videbatur  fociis  ex  eo  quo ,  &?  ita  ut  nullius  pra  altero  potiores  partes  efi- 
fent  rem  gerentibus  j  id  quod  obfonum  utique  fuiffet  ,  fi  tanquam  fiubfidiariœ  ad' 
ventaffent ,  cum  nimirum  fœdera ,  more  etiam  alioquin  perpétué  ufitato  ,  eum  ca- 
fum  difertis  verbis  ita  definiant  ut  auxiliares  five  naves  five  copia1  à  requirentis 
fœderati  aufpicïis  dutluque  omnino  dependeant.  Id  interea  pro  eo  ,  <yio  Ducis 
Holjatia  rationes  compleElitur  afeclu ,  perlubens  agnofeit  S.  R.  M.  hanc  Guaran- 
tï£  prœftationem  )  oppido  acceptant  fibi  fuiffe ,  quamobrem  etiam  gratum  ammumy 
lum  erga  Serenijf.  ALBrit.  Regem,  tum  erga  CC.  ac  PP.  DD.  VV. profitai  non 
dubitavit.  Unde  tamen  neutiquam  colligi  débet ,  prœftita  ei  ejfe  auxilia ,  vi  fœ- 
derum contra  Hoftes.  Nam  S.  R.  AL  Bellum  cum  Serenijf.  Reg£  Daniœ  nullum 
intercejjlt  ,  quâproptcr  etiam  opus  non  fuit  pacem  inîer  altiffïme  memoratas  Ma~ 
jefiates  conciliari ,  reftitutâ  nihilo  fecius  publicà  tranquillitaîe.  Nihil  prorfus  igi- 
tur  obftat  quo  minus  confidat  S.  R.  AL  in  prœfentiarum  non  tantum  auxilia  fibi 
quamprimum  fubmijfum-  iri,  fed  £5?  CC.  ac  PP.  DD.  VV.  abfque  ulteriori  mo- 
rd apertè,  graviter  que  denunciaturas  cj/'e  prœfatis  hoftibus  ,  quemadmodum  tant 
artlis  fanclifque  cum  S.  R.  Aï.  jungantur  fwderibus  ut  nullo  modo  à  ferenda  ei  ope 
defiftere ,  integrum  ipfîs  fit ,  antequam  S.  R.  AL  tanquam  fœdè  adeo  ac  cnormiler 
lœjg  conveniens  fatisfatlio  obtigerit  quod  &  ipfum  Paclorum  tabulis  exprefse  in- 
fer tum ,  &  pralerea  apud  I/oftes,  rem  ferib  demum  agi  fen/uros  ,  maximum  abf- 
que dubio  pondus  habebit.  Cum  denique fiepius  memorata  fœdera  ,  prœfert'nn  tw- 
viffimum  die  |-|  Januarii  Ànni  1700.  hic  pereuffum  %.  tz.idinter  alla  fiatuant 
tet  ejufmvdi  occafionibuS)  quales  prxfens  rerum  faciès  offert  ,  pacifient 'es  ,  tum  de 
tollendo  Commet  c.orum  ufu,,  cum  hofie  fœderati  bello  implicitij  tum  etiam  de  me- 
diist  dicloHofii,  quovis  modo  nocendi ,  virefque  ejus  imminuendi  confilia  confé- 
rant 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.         fi7 

tant.    Itaque  S.  R.  M.  id  mince  contenait  ut  cejfent  omnino  commenta  inter  hanc   1701. 

Rempublicam  £5?  hofles  R.  S.  M.t  idque  eb  magis  quoi  futit,  his  apparatum  belli-  — ; ■ 

cum  hïnc  fubvehi  ,  quant acunque  rei  impedienda  folertia  adhibeatur.  Demum 
etiam.fingulari  cum  fiduciâ  hoc  requirit  ut  committantur  qui  CC.  ac  PP.  DD. 
VV.  nomine  ,  cum  Legato  fuo  Extraord.  délibèrent  rationefque  junftim  ineant , 
quibus  potij/tmum  modis ,  diclis  hojîibus  damnum  inferri,  vire/que  eorum  infringï 
pojjïnt.  Super  quibus  omnibus  infrafcriptus  S.  R.  M.  Suecia  Legat/ts  Extraord. 
gratam  CC.  ac  PP.  DD.  VV.  Declarationem  ,  ah  [que  temporis  difpendio  ut  fpe- 
rat ,  fibi  impertiendam  ,quâ par  efi  obfervantiâ  prajiolatur.  HagœCom.die  th-ju- 
lii  1701. 

HAUTS  ET  PUISSANS   SEIGNEURS,  ™uc- 

piécé- 

L'Ambaffadeur  Extraordinaire  de  Sa  Majefté  Rorale  de  Suéde  ne  peut  pas  dent  Mé- 
s'empêcher  de  faire  reflbuvenir  à  Vos  Hautes  PuhTances ,  comment  le  Roi  moire, 
fon  Maître  a  eu  à  jufte  titre  l'efperance  de  jouir  depuis  long-tems  des  fe- 
cours  contre  fes  Ennemis,  en  vertu  des  Alliances  aux  quelles  on  eft  réci- 
proquement obligé.     Cependant  en  aïant  été  jufques  aujourd'hui  privé,  & 
tant  de  propres  Lettres  de  Sa  Majefté  Roïale  aïant  été  fans  reponfe,  8c  tant 
de  Mémoires   prefentez  par  fon   ordre  n' aïant  eu  aucun  effet ,    Sa  Majefté 
Roïale  a  chargé  ledit  Ambafladeur  Extraordinaire  de  reprefenter  très-inftam- 
ment  de  nouveau  à  Vos  Hautes  Puiffances  à  fon  nom;  favoir  qu' Elles  n'igno- 
rent pas  ce  que  les  Articles  de  l'Alliance  portent  ,   par  lefquels  il  eft  ex- 
preffement  déclaré,  qu'on  doit  donner  les  fecours  dans  trois  mois  après  ,  à 
compter  de  la  première  requifition,  8c  même  plutôt  s'il  eft  poffible.     Ce- 
pendant feize  mois  8c  même  plus  font  déjà  écoulez  depuis  que  Sa  Majefté 
Roïale*,  après  avoir  reprefenté  le  danger  où  Elle  étoit ,   a  demandé  pour  la 
première  fois  qu'on  lui  donnât  du  fecours.   Et  il  ne  faut  point  douter  que  Vos 
Hautes  Puiffances  ne  confiderent  comme  il  faut  ce  que  l'Amitié  ,  8c  la  com- 
mune utilité  prefente  infpirent  8c  demandent ,  de  forte  qu'à  cet  égard ,  quand 
même  il  n'y  auroit  aucune  Alliance  ,  on  devroit  s'attendre  à  être  fecouru,- 
particulierement  fi  on  ajoute  à  ces  raifons  celle  qui  eft  digne  de  tous  les  Sou- 
verains, dont  chacun  de  ceux  qui  font  imbus  du  Chriftianifme  auffi-bien  que 
de  ce  qui  eft  jufte  8c  honnête,  fe  feroit  un  devoir  d'entreprendre  de  fecourir  8c 
de  défendre  celui  qui  étant  exemt  de  la  moindre  faute,  ne  laiflè  pas  que  de 
fouffrir,  par  la  force  8c  par  des  injures  deteftables  par  tous  les  gens  de  bien. 
Au  refte  on  laiffe  à  juger  à  Vos  Hautes  Puiffances  combien  leur  Amitié  re- 
cevra de  force  ,  ,8c  combien  leurs  Alliances  aquerront  de  bonne  réputation , 
fi  Elles  affilient  dans  cette  occafion  Sa  Majefté  Roïale  par  de  puiffans  fecours  j 
8c  au  contraire  fi  Elles  l'abandonnent ,  combien  leur  Amitié  perdra  de  leur 
vigueur  8c  combien  leurs  Alliances  perdront  de  leur  eftime  ,  8c  enfin  com- 
bien Elles  agiraient  contre  leur  propre  gloire, 8c  contre  leur  propre  bien.  Car 
û  Vos  Hautes  Puiffances  examinent  bien  l'état  des  Affaires  prefëntes  ,  8c  ce 
qu'Elles  doivent  fe  promettre  réciproquement   de  l'Amitié  de  Sa   Majefté 
Roïale,  Elles  connoîtront  fans  heziter  combien  il  y  va  de  leur  intérêt  d'affi- 
fter  en  forte  Sa  Majefté  Roïale  qu'Elle,  voulant  fuivre  un  louable  exemple, 

S  ff  1  puifle 


fiS      MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

1701.  puifle  y  reciproquer.     On  ne  difconviendra  pas  aifement  que  l'étroite  Amitié 

— entre  Sa  Majeité  Roïale  &  Vos  Hautes  Puiflances  ,   l'utilité  mutuelle  des 

Roïaumes  &  Etats  ,  la  fureté  des  Sujets  ,  la  propre  gloire,  &  la  réputation 
des  Alliances  ne  foient  des  raifons  aviez  fortes  pour  porter  Vos  Hautes  Puiflan- 
ces  à  accorder  ce  que  Sa  Majellé  Roïale  demande  par  un  très  -  grand  droit 
Se  avec  une  pareille  confiance.  Il  n'y  a  en  vérité  ancune  chofe  qui  foit  de 
quelque  poids,  qui  puiffe  donner  lieu  à  en  douter.  Car  cette  Republique 
n'a  pas  été  jufques  ici  engagée  en  aucune  Guerre  ,  ni  les  forces  manqueront 
à  Vos  Hautes  Puiflances  qu'on  fait,  par  leur  puifTance  prefente  ,  quelles  dé- 
fendront toujours  leur  caulè,  même  contre  le  plus  fort  Ennemi.  D'ailleurs  l'u- 
tilité prefente  fe  trouve,  puifque  qu'il  paroit  que  'a  faveur  d'un  fervice  rendu 
ne  fera  point  oubliée  ;  mais  rendue  avec  ufure.  Certainement  l'Amitié  de 
Sa  Majellé  Roïale  ne  doit  pas  être  regardée,  comme  fi  elle  devoit  à  ncinc 
être  cultivée,  puifque  non  feulement  les  Alliances  contractées  convainquent 
du  contraire  -,  mais  Sa  Majellé  a  déjà  donné  des  marques  de  fa  vertu  qui 
font  voir  ce  que  le  Monde  doit  attendre  à  l'avenir  de  fa  valeur.  Vos 
Hautes  Puiflances ,  favent  fort  bien  d'ailleurs  avec  quelle  affection  il  eft 
porté  pour  cette  Republique  &  avec  quelle  ardeur  il  tache  de  conferver  ce 
d'augmenter  une  plus  étroite  Amitié.  A  Dieu  ne  plaife  qu'on  fafle  plus 
d'état  de  l'intereft  particulier  ou  de  l'inclination  de  quelques  perfonnes  pour 
les  Ennemis  de  Sa  Majefté  que  de  l'utilité  Se  de  la  foi  publique,  &  l'aban- 
donner pour  de  telles  Raifons:  ceferoit,  félon  que  Vos  Hautes  Puiflances 
pourront  juger  félon  leur  prudence  accoutumée,  une  chofe  moins  honorable, 
&  beaucoup  incertaine. 

Ledit  Ambaiïàdeur  Extraordinaire  a  été  informé  qu'il  y  a  quelques  perfon- 
nes qui  foutiennent  qu'on  a  fatisfait  aux  Alliances  par  l'envoi  qui  a  été  fait 
l'année  paflee,  de  l'Efcadre  de  Navires  de  Guerre  au  Sur.d.  Mais  ces  perfon- 
nes ne  prennent  point  garde  que  d'un  côté  ils  diminuent  extrêmement  le  mé- 
rite d'ailleurs  fignalé  de  Vos  Hautes  Puiflances  envers  le  Duc  de  Holflein ,  6c 
la  véritable  gloire,  aquiié  par  la  guarantie  fidèlement  accordée}  &  de  l'autre 
ils  veulent  attribuer  en  vain  à  Vos  Hautes  Puiflances ,  ce  qu'EUes  par  leur 
juitice  dédaigneront  s'attribuer ,  connoiflant  aifement  qu'on  n'effc  pas  encore 
dégagé  de  la  foi,  engagée  à  Sa  Majellé  par  les  Alliances.  Car  Elles  portent 
des  fecours  non  leulcment  fur  Mer,  niais  fur  terre  ,  &  félon  la  grandeur  du 
péril  (  lequel  après  la  conclufion  de  l'expédition  de  Holflein  a  été  notoire- 
ment très-évident)  les  mêmes  d'une  manière  &  d'autre  devant  être  augmen- 
tez au  double  &  au  triple,  &  non  pas  s'en  retourner  après  un  petit  efpace 
de  tems,  mais  relier  jufques  à  la  fin  de  la  Guerre,  ce  qui  ne  paroit  pas  avoir 
été  exécuté  ni  en  tout  ni  en  partie.  Quant  à  l'Affaire  de  Hoîftein  pour  laquel- 
le l'Efcadre  a  été  uniquement  envoïée,  Vos  Hautes  Puiflances  fe  fouviendront 
fans  doute  ,  combien  de  fois  Sa  Majellé  Roïale  avoit  auparavant  déclaré , 
qu'EUe  n'entreprendroit  cette  caufe-la  fous  d'autre  nom,  que  comme  les  au- 
tres Garands  des  Traitez  de  Hoillein  ,  &  qu'Ellc  ne  féroit  en  cela  que  ce 
dont  on  conviendrait  d'un  commun  accord.  Et  que  véritablement  la  cho- 
fe ait  été  faite  de  la  forte ,  il  paroit  clairement  de  ce  que  les  Efcadres  An- 
gloiie  bi.  Hollandoife  arrivant  en  ce  lieu-la,  à  caufe  du  Commandement  Ma- 
ritime , 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.         fz? 

mime,  on  convint  d'agir  félon  qu'il  avoit  paru  en  premier  lieu  félon  la  jufti-  1701. 
ce  convenable  aux  Amis,  6c .en  forte  qu'un  n'avoit  pas  la  préférence  fur  Pau-  ■ 
tre  dans,  Paftionj  ce  qui  n'auroit  pas  été  convenable,  fi  Elles  avoient  été  en- 
volées comme  auxiliaires,  puifque  les  Alliances ,  félon  même  l'ufage  ,  qui  a 
toujours  été  pratiqué,  expliquent  clairement  que  les  Navires  ou  les  Troupes 
auxiliaires  doivent  abfbiurnent  dépendre  de  la  conduite  &  du  commandement 
de  l'Allié  qui  feroit  la  requifition.  Cependant  Sa  Majefté  Roïale,  par  l'affec- 
tion avec  laquelle  elle  embraffe  les  intérêts  du  Duc  de  Holftein,reconnoit  de 
bon  cœur  que  l'exécution  de  la  Garantie  lui  a  été  agréable,  &  n'a  point  he- 
zité  pour  cela'de  témoigner  auifi  (a  gratitude  tant  envers  le  Screnitîîme  Roi 
de  la  Grande-Bretagne,  qu'envers  Vos  Hautes  Puiffances.  D'où  on  ne  doit 
cependant  jamais  inférer,  que  les  fecours  lui  aient  été  donnez  contre  fes  En- 
nemis en  vertu  des  Alliances.  Car  il  n'y  avoit  point  de  Guerre  entre  Sa  Ma- 
jefté Roïale  &  le  Sereniffime  Roi  de  Dannemarck ,  c'eft  pourquoi  auffi  il  n'a 
pas  été  neceffaire  de  faire  aucune  Paix  entre  Leurs  Majeftez  ,  aïant  cepen- 
dant autrement  rétabli  la  tranquilité  publique.  Rien  donc  abfbiument  n'em- 
pêche que  Sa  Majefté  Roïale  s'attende  non  feulement  de  recevoir  au  plutôt 
les  fecours,  mais  auffi  que  Vos  Hautes  PuiÏÏances  notifieront  fans  délai  ,  ou- 
vertement &  ferieufement  auxdits  Ennemis,  qu' Elles  font  unies  avec  Sa  Ma- 
jefté  Roïale  par  des  Alliances  fi  étroites  &  fi  fainétes ,  qu'il  n'eft  nullement 
en  leur  pouvoir  dé  s'abftenir  de  lui  donner  du  fecours  avant  qu'on  ait  donné, 
une  fatisfacrion  convenable  à  Sa  Majefté  Roïale,  comme  aïant  été  fi  honteu- 
fement  &  énormément  offenfée.  Ce  qui  elt  même  clairement  exprimé  dans 
les  Traitez  d'Alliance  ,  &  cela  fera  fans  doute  d'un  grand  poids  auprès  des 
Ennemis,  qui  verront  qu'on  agit  enfin  ferieufement.  Et  comme  lefdites  Al- 
liances particulièrement  la  dernière  contractée  ici  le  ~.  de  Janvier  1700. 
§.  ii.,  entre  autres  chofes  établiffent  que  dans  des  occafions  pareilles  à  cel- 
les qu'on  a  à  préfent ,  les  contracïans  conviendront  tant  d'interrompre  le 
Commerce  avec  l'Ennemi  du  Confédéré  qui  fera  engagé  dans  la  Guerre ,. 
que  les  moïens  de  nuire  en  quelque  manière  que  ce  foit  audit  Ennemi,  Se  de 
diminuer  fès  forces.  C'elt  pourquoi  Sa  Majefté  Roïale  demande  inftamment 
qu'on  interrompe  abfbiument  le  Commerce  entre  cette  Republique  &  les  En- 
nemis de  Sa  Majefté  Roïale,  &  ce  d'autant  plus  qu'Elle  fait  qu'on  leur  trans- 
porte d'ici  ce  qui  eft  neceffaire  à  la  Guerre  ,  quelque  diligence  qu'on  faf- 
le  pour  l'empêcher.  Il  requiert  enfin  auffi  avec  une  confiance  particu- 
lière .qu'on  députe  des  Commifîaires  qui  au  nom  de  Vos  Hautes  Puifîàn- 
ces  délibèrent  conjointement  avec  fon  Ambaffadeur  Extraordinaire  ,  6c 
conviennent  par  quels  moïens  on  puiffe  principalement  endommager  lefdits 
Ennemis  &  reprimer  leurs  forces.  Sur  toutes  lefquelles  chofes  le  fouffigné 
Ambafiàdeur  Extraordinaire  de  Sa  Majefté  Roïale  de  Suéde  attend  avec  u- 
h'e  dûë  révérence,  qu'on  lui  donne  fans  délai,  ainfi  qu'il  efpére  ,  une  a- 
gréable  Déclaration  de  Vos  Hautes  Puiffances.  Donné  à  la  Haïe  le  ~.  de 
Juillet  170 1. 

Signé, 

Ll  LLTENROOTH, 

Sff  3  Pour 


S.M.Cz. 


H3     MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

1701.  Pour  contenter  en  quelque  manière  cet  Ambafladeur  qui  s'étoit  d'ailleurs 
—  ■  ■  plaint  au  Confeillcr-Penfionnaire  fur  une  prétendue  complaifance  que  les  Etats 
Généraux  avoient  pour  le  Czar  ,  on  prit,  deux  jours  après  la  préfentation  de 
fon  Mémoire,  une  "Réfolution  qui  regardoit  le  Czar,  &  dans  laquelle  l'on  ne 
hézitoit  pas  de  lui  infinuer  qu'on  étoit  en  Alliance  avec  la  Suéde,  &  qu'on 
ne  pouvoit  pas  s'en  départir.     Voici  la  Réfolution. 

Réfolu-    T    E  s  Députez  pour  les  Affaires  Etrangères,  aïant  examiné  endiite,  &  pour 
tiondes    Jl-j  Satisfaire  à  la  Réfolution  commifforiale  du    16.  Janvrier  6c  9.  Fevr.  paf- 
E-  G. ,      fez  ?  une  Lettre  de  S.  M.  Cz.  qui  eft  une  Reponfe  fur  la  Lettre  de  LL.  HH. 
Juillet      ^"  ^u  ^-  Sept,  pafie,  touchant  les  troubles  furvenus  entre  S.  M.  Cz.  6c  S. 
en  Ré-      M.  le  Roi  de  Suéde,   &  les  deux  Mémoires  de  Mr.  Andréas  Artemonides 
ponfc  à    Matthiewic,  Ambafladeur  Extraordinaire  de  fadite  M.  Cz.  concernant  le  mê- 
me fujet}  comme  il  eft  plus  amplement  dans  les  notules  du  16.  Jan.  6c  9.  Fé- 
vrier de  la  prefente  année  ;  furquoi  aïant  été  délibéré,  il  eft  refolu  ,  qu'il  fera 
repondu  à  S.  M.  Cz.  que  LL.HH.  PP.  ont  vu  avec  douleur,  que  les  déplaifirs 
entre  S.  M.  Cz.  6c  S.  M.  S.  foierit  convertis  en  une  Guerre  ouverte.     Que 
LL.  HH.  PP.  auraient  fouhaité  de  tout  leur  cœur  ,  qu'on  eut  pu  obvier  à 
cela;  que  pour  cet  effet,  ils  ont  emploie  tous  leurs  bons  Offices  auprès  de  S. 
M.  Cz.  6c  auprès  de  S.  M.  S.  afin,  s'il  étoit  poflîble ,  de  terminer  par  un  ac- 
cord amiable  plutôt  ,    que  par  les  Armes  ,  les  differens  6c  les  chagrins  furve- 
nus entre  Leurs  Majeftez.  Qu'aufli-tôt  que  S.M.Cz.  a  donné  à  connoîrre  le 
tort  que  S.  M.  Cz.  croit  avoir  reçu  de  S. M.  S.,  LL.HH. PP.  l'ont  commu- 
niqué à  S.  M.  S.     Qu'en  aïant  reçu  la  reponfe  ,    par  laquelle  S.  M.  S.  te- 
moignoit  être  portée  d'entretenir  Paix  8c  Amitié  avec  S.  M.  Cz. ,  6c  décla- 
rait avoir  donné  ordre  à  fon  Ambafladeur  ici,  de  traiter  fur  ces  plaintes,  LL. 
HH.  PP.  par  la  Lettre  du  29.  Sept,  de  l'an  pafle  ont  communiqué  à  S.  M. 
Cz.  6c  prié  de  vouloir  autorifer  aufli  fon  Ambafladeur  pour  negotier  6c  ter- 
miner les  differens  furvenus  par  un  accord  amiable  ;  mais  qu'ils  content  pour 
un  très-grand  malheur,  que  les  Affaires  foient  venues  aux  extremitez  6c  à  une 
Guerre  ouverte  avant  que  leur  Lettre  fut  remife  entre  les  mains  de  S.  M  Cz., 
que  de  puis  ils  avoient  bien  reçu  la  Reponfe  de  S.  M.  Cz.  ;  mais  les  Affaires 
étant  changées  par  la  Guerre  LL.  HH.  PP.  n'ont  fçû  d'abord  ,  comment  s'y 
prendre,  puis  que  leurs  bons  Offices  qu'ils  emploïoient  pour  la  confervation 
de  la  Paix,  aïant  été  infructueux,  ils  n'efperoient  point,  que  parmi  les  bruits 
des  Armes,  on  voulut  les  écouter.     Que  c'eft  par  ces  raifons  que  LL.  HH. 
PP.  furent  obligées  de  laifler  pafler  quelque  teins  avant  de  repondre  à  la  Let- 
tre de  S.  M.  Cz.     Que  LL.  HH.  PP.  n'ont  pas  pour  cela  abandonné  leurs 
penfées  pacifiques ,  non  plus  que  la  promptitude  pour  féconder  félon  leur 
pouvoir  les  moïens  à  finir  la  Guerre,  6c  à  rétablir  la  Paix  6c  l'Amitié.     Que 
S.  M.Cz.  6c  S.  M.  S.  avoient  bien  eu  la  bonté  d'accepter  leur  bons  Offices , 
pour  accommoder  les  differens  qui  ont  caufé  cette  Guerre ,  6c    cela  pour  la 
prévenir,  s'il  eut  été  poflîble  ;  mais  n'en  aïant  eu  aucun  bon  fuccès ,   ils  é- 
toient  obligez  de  s'en  départir  en  tant,  que  cela  regarde  d'empêcher  la  Guer- 
re.    Que  la  Guerre  étant  furvenuë,  S.  M.  Cz.  par  fa  Lettre  a  bien  voulu 
témoigner  que  la  Médiation  de  LL.  HH.  PP.  pour  recouvrer  laJPaix  lui  fe 


roit 


ET    RESOLUTIONS    D'ETAT.  nr 

roit  agréable;  mais  attendu  qu'après  la  Guerre  LL.  HH.  PP.  n'ont  pas  été  1701. 
recherchées  par  S.  M.  S.  pour  être  Médiateurs,  ni  leur  Médiation  acceptée,  — — 
&  LL.  HH.  PP.  ne  pouvant  être  Médiateurs  que  par  le  confentement  des 
deux  Partis;  c'eft  pourquoi  n'étant  point  reconnus  pour  tels,  ils  ne  fauroient 
Elire  autre  chofe,  que  de  féconder  par  leurs  bons  Offices ,    les  expediens  qui 
pourraient  être  propofez,  par  ceux  qui  font  choifis  Médiateurs  par  les  Hauts 
Partis  j    ou  qui  pourraient  être  agréez ,  6c  qu'ils  confeilleroient  toujours  la 
Paix  comme  une  chofe  fort  agréable.     Que  dans  cette  vûë  LL.  HH.  PP. 
ont  envoie  Mr.  Haerfolte  en  Pologne  8c  en  Livonie  ,  pour  être  à  portée  à 
profiter  des  occafions  qui  pourraient  fe  prefenter ,   pour  faire  connoître  les 
bonnes  intentions  de  LL.   HH.  PP.  pour  l'avancement  de  la  Paix.     Que 
LL.  HH.  PP.  ont  donné  même  ordre  au  Refident  Hulft  d'en  faire  part  à 
S.  M.  Cz.     Que  LL.  HH.  PP.  efperent,  &  fe  confient  dans  la  grande  Sa- 
geffe  &  Capacité  de  S.  M.  Cz.  qu'Elle  jugera  que  LL.  HH.  PP.  n'ont  pu 
faire  autrement  après  que  les  Affaires  font  venues  jufques  aux  Hoftilitez.  Que 
LL.  HH.  PP.  déclarent  derechef,  que  ce  leur  eft  une  fenfible  douleur  ,  de 
voir  les  extremitez  entre  S.  M.  Cz.  8c  S.  M.  S.  aïant  l'honneur  d'être  Amis  de 
toutes  deux,  étant  outre  cela  engagées  dans  une  Alliance  avec  S.  M.  S.  8c  y 
aïant  été  depuis  plufieurs  années.     Que  LL.  HH.  PP.  fouhaitent  de  tout 
leur  cœur,  que  le  plutôt  le  mieux,  cette  Guerre  finifle,  8c  la  Paix  ancienne 
entre  S.  M.  Cz.  8c  S.  M.  S.  foit  entièrement  rétablie,  8c  conftamment  entre- 
tenue.    Que  LL.  HH.  PP.  quoi  qu'ils  ne  foient  point  Médiateurs  ne  laiflent 
pas  que  d'être  portées  de  contribuer  autant  qu'il  eft  en  leur  pouvoir ,  dans 
î'efperance  de  faire  revenir  les  efprits  des  Hauts  Partis  oppofez  -,  Que  LL. 
HH.  PP.  par  la  grande  eftime  qu'ils  font  de  S.  M.  Cz.  8c  de  fon  Amitié, 
font  portez  de  faire  tout  ce  qui  peut  produire  le  but  propofé.     Qu'ils  efpe- 
rent S>c  fe  flattent  de  l'affection  que  S.  M.  Cz.  a  pour  cet  Etat  qu'elle  fera 
fatisfaite  de  tout  ce  que  LL.  HH.  PP.  ont  fait  jufqu'a  prefent  ;  8c  com- 
me LL.  HH.  PP.  font  prêtes,  à  rendre  à  S.  M.  Cz.  des  fervices  agréables 
ils  font  aflèurez ,  que  S.  M.  Cz.  ne  prétendra  rien  d'eux  ,   qui  ne  puifie  fe 
faire,  ou  qui  puifle  donner  une jurte  fujet  d'offenfe  à  S.  M.  S.  dont  ils  ne 
fauroient  quitter  l'Amitié  8c  l'Alliance  fans  des  raifons  fortes  &C  équitables. 
Néanmoins  que  LL.  H  H.  PP.  comme  ils  fe  trouvent  obligées  d'entretenir 
Amitié  8c  Alliance  avec  S.  M.  S.  ne  lailfcront ,  autant  qu'il  eft  poffible,  que 
de  donner  des  preuves  de  la  vraie  eftime  qu'ils  font  de  l'Amitié  de  S.  M.  Cz. 
Se  qu'ils  conteront  pour  un  grand  bonheur  ,   quand  ils  auront  contribué  ou 
qu'ils  contribueront  encore  quelque  chofe,  pour  le  retablifîèment  de  la  Paix 
8c  de  l'union,  entre  S.  M.  Cz.  8c  S.  M.  S.     Que  l'extrait  de  cette  Réfolu- 
tion  de  LL.  HH.  PP.  fera  donné  par  l'Agent  Rofeboom  au  Sr.  Ambaflà- 
deur  Andréas  Artemonides  Matthiewic,  pour  feivir  de  Réponfe  à  fes  Mé- 
moires.    Et  qu'on  lui  ferait  auffi  remettre  la  Lettre  qu'on  écrivoit  au'  Czar 
en  conformité  de  la  Réfolution,  afin  qu'il  l'envoiât  à  Sa  Majefté  Czarienne. 
Donné  le  if.  Juillet  1701. 

Qu elque  tems  après ,  rAmbafTadeur  Ruffien  préfenta  aux  Etats  Gé- 
néraux 


ffi     MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

1701.  néraux  un  Mémoire  fur  quelque  inconvénient  arrivé  à  Archangel  par  des  Ar- 

r— mateurs  Suédois.    Paricelui,  il  vouloit  inilnuer  que  de  pareilles  Entrepnfes 

feroient  fore  préjudiciables  au  Commerce  dès  Hollandois.     C'eit  ainlï  qu'on 
peut  voir  dans  le  Mémoire  même  de  la  teneur  fuivante. 

Mémoi-  CELSI  AC  PRMPOTENTES  DOMINE 

te  de 

bail  de     J-JEfiernâ  die  juxtà  Mandatant  Czareœ  Sacerrimœ  M.  Glem.  Met  D.  communi- 
Moico-  catum  efi  mihi  Mufcovià ,  prêter lapfi  Julii  die  oclava  notificancli  gratiâ  quod 

vie  aux     ggx  Sueciœ  prœfenti  170 1.  anno  Junii  11.  die  in  Portum  ad  Urbem  divi  Archan- 
dii  i6.      &ciï  àtt/èril  feptem  ex  fois  bellicis  Navibus,  quorum  in  numéro  duo  gauli  incendia- 
Août."      riifuerunt ,  qua  circa  ingreffum  ojlii  cœperunî  in  Mari  ea  pifeatorum  navigiis  nau- 
tam  quem  fe  dùcere  in  fluvio  Duina  cum  tribus  navibus  coegerunt ,  reliquis  autem 
ad  ojiium  manentibus  ,   quœ  cum  fecundo  vento  navigarent  tenentes  aplujlria  Bre- 
mcnfia ,  ad  cos  exivit  ex  noftris  excubiis  illius  Urbis  divi  Archangeli  Centurio  cum 
fuis  militibus  interrogans  juxta  modum  confuetum  ,   cujus  Regni  illts  Naves  Mer- 
catoria  efj'ent,  tune  illi  abfque  ullà  refponfione  ifium  Ccnturionem  ad  fe  in  N averti 
captum  pênes  fe  detinuerunt ,  milites  autem  qui  cum  illo  miffi  erant  abfque  ullâ  ur- 
gente caufâ  occiderunt ,  quo  comperto  in  propagnacuhs  circa  Fluvium ,  parva  Dui- 
na nominatum ,  extrutlis ,  in  quibus  multa  tormenta  pofta  erant ,  expeclarunt  ibi- 
dem eos  in  metam,  atque  t  or  mentis  eos  impetere  incœperunt ,   duofque  ex  'illis  ità 
Jabefaclarunt ,  ut  in  littus  impingere  coati  if uerint,  quo  vifo  ,  hofies  Naves  reli- 
querunt,  aufugientes  infuper  omnes ,  fed  Cz.  S.  M.  milites,  ingreffi  in  parvis 
cymbis  perfecuti  funt  if  as  hofliles  perfonas  ,  quas  etiam  curfu  afecuti,  duos  pra- 
feclos  tftarum   Navium  ac  multos  alios  Officiâtes  cœperunî ,  reliquis  autem  eo- 
rum  fe  opponentibus  occifts.     Ex  navibus  autem  apluflria ,  tormenta ,  atque  alias 
res  bellicas  hoflium  captas  in  Urbem  ad  Gttbematum  iflius   Portas  divi  Ar- 
changeli adduxerunt ,    infuper   ad  per/equendum  reliquos  e  or  uni,  militares  copia 
adhuc  mifle  fuerunt.     Cujus  relationcm  juxtà  obligationem  vefira  veteris  atque 
per -confiant  1 s  amkitiœ  ,   quœ  vobis  Dominis  Meis  cum  fua  Cz.  S.  M.  inter ce- 
dit  ,    non  potv.i  non   communicare.     Hàc   etiam  occafione  meum  Vobis  CC.  ac 
PP.  Meis  DD.  débitant  confilium  dechrare  coati  us  fum ,  quod  ejufmodi  hofti- 
Jis  invajio  VV.  CC.  ac  PP.  DD.   fubditis  qui  fua  commercia  ,  circa  prafa- 
tum  Portum  in  Regno  S.  Cz.  M.  S.  Cl.  DD.  exercent ,   admodum  damnofa, 
nec  non  ipfs  in  commerciis  eorum  pr&cifio  fit ,  qupniam  fubditi  vefiri  commer- 
cia exercent  es,  in  omnibus  urbibus  Regni  S.  Cz.  S.  M.  tàm  in  imper  ante  Me- 
tropoli  Mufcoviâ  quam  in  cateris  ,   varias  ac  necef  arias  ad  commercia  illorum 
merces  apud  fubditos  S.  Cz.  S.  M.  ententes  ,  folum  jgm  pro  illis  prœfenti  pr<e- 
iio,  ex  ilii s  omnibus  Urbibus,  fuis  propriis  fumptibu s  ad  Portum  divi  Archangeli 
veniunt,  ubi  bas  merces  navibus  importas  in  Batavia»!  dimittunt  ;  nifi  verà  pro- 
'videntia  juxtà  divinum  auxilium  à  S.  Cz.  S.  M.  adhibitâ ,  cum  pertinent i  pr<e- 
cautione  Gubernatoris  ifiius  Urbis ,  non  pnevenifiet  tune  ifia  omnia  innumerabilia 
damna  fecuta  fu.fient ,  exceptis  S.  Cz.  M./ubfidiis  vefiris  DD.  Mcorum  incolis, 
quamobrem  in  ejufmodi  occafonibus  ne  ce  (Je  efi  vobis  DD.  Meis  fuà  prudent  i  provi- 

dentiâ, 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.  n% 

dentià,  bonaque  prœcautione  condolentibus  de  fuis  fubditis,  bas  impofterum  futur  as  1701, 
miferias  atque  perniciofas  ruinas  ,   in  hoc  portu  ad  urbem  D.  Archangeli  faciendas  ■ 

ab  ijiis  in  commerciis  fubditis  veftris  averterc,  ne  loco  fubditorum  S.  Cz.  M.  ma- 
jus  sis  periculum  ab  Mo  hojie  fequatur ,  £5?  commercia  ifla  tam  illorum  quant  Re- 
giœ  Majeflatis  Magna  Britanniœ  fubditorum.,  omnimodo  ex  talibus  Maris  hoftili- 
bus  invafwnibus ,  prœcifa  relinquantur .  Script  a  Hagœ  Corn,  Anno  Domini  170-1. 
die  16.  Aug. 

Signatum ,     6cc. 

Dans  la  fuite  les  Etats  Généraux  reçurent  une  Réponfe  du  Czar  fur  leur 
Rélblution  du  1  f .  Juillet.  Voici  la  Traduction  de  cette  Réponfe  ,  faite  par 
PAmbafTadeur  du  Czar. 

JsJObis  Magno  Domino ,  Noftrœ  Czareœ  M.  Veftrarum  Celfarum  ac  Prœpoten-  Tranfla- 
tum  Dominationum  literis  conftgnatum  refponfum ,  fecundum  defiderium  Me-  tio  Lite- 
diationis  VV,  CC.  ac  PP.  Statuum,  de  compofttione  p-œfentis  belli  inter  Nos  &  rarutn 
Coronam  Suecicam  allatum  eji ,  in  quo  autem  declaratis  Nobis  Magno  Domino  ^Ordi- 
inclinationcm  Vcftram  quod  VV.  CC.  ac  PP.  DD.  cum  Coronâ  Suecicâ  in  de-  nés  Uni- 
fenfîvo  fœdere  fitis  &?  de  tempore  belli  qilod  non  putaftis  quod  eft  inter  utramque  tiBelgii, 
partent  nunc  injlat  doleatis ,  ciijus  autem  ad  comprejfionem  ante  fufeeptum  illud  ,  :9- AuS- 
médiat  ores  in  conciliât  ione  utriufque  partis  effe  promififtis  \  quoniam  veto  fumptis 
Armis ,  ad  Mediationem  à  Coronâ  Sueciœ  non  requifiti  -eftis ,  ideo  Médiat  ores  «- 
triuf que  partis  effe  non  vakatis,  fed  defidereth  &  polliceamini  variis  Veftris  Stu~ 
dûs  Nobis  Magno  Domino  Noftrœ  Czareœ  Majeftati  ad  reftitutionem  felicis  pacis 
ex  fua  parte  juxtà  aliorum  Mediationem  ad  fiitisfaclionem  intentionis  noftrœ  apud 
contrariant  partent ,  quoniam  Vos  illorum  Confœderati  efis,  confilio  atque  auxilio 
fuccurrere,  ob  quam  etiam  intentionem  VV.  CC.  ac  PP.  DD.  extraordinariunt 
fuum  Ablegatum  -van  Haerfolte  in  Poloniam  &?  Livoniam   miferitis  ut  propius 
negotio  inter  effet ,  omnefque  occaftones  obfervaret ,  de  quo  etiatn  Refidenti  Veftro 
v.wder  Hulft  apud  aulam  noftram  commoranti  Nobis  Magno   Domino   referre 
juffiflis,  afte  curant  es  fir miter  quod  VV.  CC.  ac  PP.  DD.  pro  Veftrâ  erga  nos 
defiderandâ  indinatione  ad  tollendum  bellum  £s?  componendam  decentem  atque  pro- 
ficuam  pacem  in  fatisfaclionem  noflrœ  partis  quoad  in  viribus  veflris  pofitum  eft 9 
-vefira  accepta  fiudia  prœftare  promittatis  ;  quà  de  re  etiam  Refidens  Vefter  man- 
der Hulft  defiderium  veftrum  ad  avertendum  prœfens  bellum   cum  Çatisfaclione 
■rwflra ,  Nobis  Magno  Domino  Noflrœ  Czareœ  Majeftati  retulit ,  rjf  Nos  Magmts 
Dominas  Noftra  Cz.  M.  illum  veftrum  CC.  ac  PP.  DD.  deftderatum  favorem 
&  Refidentis  Veftri  vander  Hulft  relationem  bénévole  accepimus  ,    &?  peramice 
Vobis  antea  demonftravimus  &f  demonftramus  ,  quod  fecundum  ebligatiomm  com- 
anunis  fœderis  cum  Fratre  noftro  Magno  Domino ,  fuâ  Regiâ  Majeftate  Poloniœ 
fecundum  deftderandam  propofttionem  veftram  ad  compofttionem  illiits  pacis  cum 
Coronâ  Sueciœ  ad  communent  noftram  utilitatem  utriufque  noftris  Magnis  Regnis 
convenientem  &?  ad  delendum  bellum ,   Nos  Magnus  Dominas  fufficientem  pa- 
cem more  Chriftiano  antea  &?  nunc  non  reeufamus  fcf  ad  mediationem  VF.  CC. 
Tom.  L  Ttt  as 


H4      MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

1701.  ac  PP.  DD.  jam  pridem  accepimus ,   qttcmadmodum   qttoque  antea  declaravi- 

• mus,  in  Noftris  Cz.  M.  ad  Vos  datis  literis  £5?  deftderamus  ut  VV.  CC.  ac 

PP.  DD. ,  fecundum  fuam  erga,  Nos  afjecurationem  ,  ficuti  Nobis  promiftfiis , 
Coronam  Suecham  Nobis  Magito  Domino  propter  Conftlia  13  Officia  Vefira 
funt  f.bi  cotifœdcrata  &?  nobis  per  arnica  ,  ob  multas  nobis  illatas  ab  Mis  inju- 
rias, in  omni  te  juflâ  fatisfaclionem  prœftituram  efje  ,  ob  illam  noftram  fatis- 
faclionem confultà  VV.  CC.  ac  PP.  DD.  atque  accepta  à  vobis  Mediatione  , 
defegnaretur  ad  Congreffum  idoneus  locus  ,  ubi  omnes  conlroverfue  in  Confilio 
Veftro ,  £5?  in  prafentiâ  communium  Plenipotentiariorum  &  Noftrorum ,  nec  non 
aliorum  Médiat orum  ad  hoc  advocatorum ,  ex  utrâque  parte  benevolorum  ,  felici 
fufficienti  pace  cum  Coronâ  Suecia  definiantur  ,  confidentes  in  veftrâ  perconftanti 
ad  hoc  Mediatione ,  abfque  aliis  adjiciendis  cuilibet  parti  quibufdam  adjuvandi gra- 
tiâ  ad  bellum ,  quandoquidem  fecundum  acceptionem  mediationis  nunquam  jufla 
hac  ejfe  poffunt-3  de  que  6?  Refidenti  Veftro  poft  acceptionem  VV.  CC.  ac  PP. 
DD.  de  hâc  mediatione  primarum  ad  Nos  li  ter  arum,  noflra  ad  hoc  propenfa  in- 
tentio  relata  eft,  &  de  hoc  Nos  VV.  CC.  ac  PP.  DD.  ,  fecundum  noftram 
propofttionem  peramicum  refponfum  &f  è  Livoniâ  per  Extraor  dinar  ium  Ablega- 
tum  Veftrtwi  de  prœfenti  progreffu  communie ationem  ,  &  Reftdeniis  Veftri  re- 
lationem  femper  expetlavimus  £5?  expeelamus.  Ex  noftrâ  autem  parte  ad  defigna- 
tum  idoneum  ad  hoc  locum,  Plenipotentiarios  noftros  ad  compofitionem  pacis  mitte- 
re ,  ficuti  de  hoc  Nobis  indicaturi  fint ,  vel  Vos  Nobis  fignificabitis.  Nos 
Magnus  Dominas  Noftrâ  Cz.  Majefias  volumus  6?  confidimus  ut  VV.  CC.  ac 
PP.  DD.  fecundum  acceptionem  mediationis  fita  infuper  apud  alios  Médiat  0- 
res  erga  ATos  in  conciliât ione  pacis ,  quemadmodum  ex  parte  noftrâ  in  félicita- 
te  ad  fatisfaclionem  promittitis  ,  benevolentiam  veftram  exhiber e  ipfà  veritate 
impleatis.    Mufcovia  die  ip.  Menfis  Augufti  St.  vet.  Anno  1701. 

Le  même  Ambafladeur  préfenta  aufîï  là  defliis  un  Mémoire  que  voici. 

Mémoi-  CELSI  AC  PRJEPOTENTES  DOMINE 

rede 

Laffd       jNfrafcriptus  Czareœ  Sacerrimœ  Majeftatis  Legatus  ,  Veftris  Celfis  ac  Prapo- 
Mofco-         tentibus  Dominationibus  indicat,  quoniam  CC.  ac  PP.  DD.  VV.  perpétué, 
vie  aux    fecundum  prudens  veftrum  ftudium ,  pacis  obfervatores  &  affiduarum  ubique  exi- 
E.  G. ,     fient ium  inter  altè  belligérantes  in  orbe  poteftates  defiderabiles  diremptores  eftis  ,  £5? 
Qû'       *n  onm^us  celeberr irais  veftris  ailionibus ,  acumine providentiœ  &  illuftris pruden- 
tiœ  vefira  in  toto  orbe  inclarefcitis  ,  hâc  pcrfpicaciâ ,  Vos  Illuftres  Domini ,  fe- 
cundum antiquum  ntorem  ,  cum  Czareâ  Sacerrimâ  Majeftate  Clément iffimo  ejus 
Domino  immutatam  VV.  CC.  ac  PP.  DD.  amicitiam  perfpicientes,  ante  in- 
captam  £5?  nunc  prafentem  apud  fuam  Cz.  altè  diclam  Majefiatem  cum  Coronâ 
Suecicâ  inimicitiam ,  voluifiis  fu*  Czareœ  Majeftati  fuperioribus  fuis  Literis  pra- 
terlapfo  anno  1700.  offerre  ipftmet  ad  abolit ioncm  illtus  incoepti  belli  £5?  ad  conve- 
nient em  fatisfaclionem  fu<e  Cz.  Sacerrimâ  Majeftatis  ex  parte  Suecicâ  ,  mediatio~ 
nem;  de  quâ  etiam  ipfe  Rex  Suecia  apud  Vos  Celfos  ac  PP.  DD.fuis  literis  &? 
per  fuum  Légat  um  Haga  Comitis  commorantem  cum  magnâ  inclinât  ione  rogavit. 
,  Poflea 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.         ftf 

Poflea  Vos  Domini  àfuâ  Cz.  S.  M.  ad  Mas  veflras fupra  memoratas  literas  in-  1701. 
telleclâ  fecundum  literas  in  bis  incœptis  rébus  per  accepta  £s?  clementijjimâ  inclinât io-  ■ 

ne,  itérant  volttiftis  hoc  fuum  flagrans  atque  peramicum  defiderium ,  ad  bonam  ho- 
rum  incœptorum  determinationem ,  fuis  fecundis  literis  prœterilo  Menfe  Julii  à  die 
14.  bujus  1701.  Ami  &  adfuam  Cz.  M.  tranfmifjis ,  offerre  ,  amicè  pollicentes 
fuœ  altè  memoratœ  Cz.  M.  per  omniafua  bona  fludia  auxiliari,  diletlis  fuis  pr<e- 
ponenàis  correfpondentiis ,  quœ  inpoflcrum  ejfe  pojfunt  felici  effetlu  ,   ad  reftitutio- 
nem  illias  pacis  apud  ohtnes  bas  altè  memoratas  partes ,  £s?  in  omni  propenfi  effe 
vultis ,  ut  hoc  veflro  conatu ,  opère  ipfo  ,   hâc  hoflilitate  prœcifâ  ,  pacem  fcli'cent 
conjunclionem  inter  bas  altè  belligérantes  Potejlates  evirefcere  curetis.     Imprimis 
quod  etiam  ver  a  amkitiœ  obfervatores  Vos  Celfi  ac  PP.  DD.  honorantes  fuam 
Cz.  S.  M.  hoc  perpetuo  ac  per  confiant  i  amoris  affetlu  fuo  erga  part em  fuœ  Cz. 
M.fingulari  more  vos  geritis  ,   &  in  poflerum  illam  fuœ  Cz.  M.  erga  fs  Clemen- 
tiam  onmimodl  multiplicabitis  ,  ad  quas  Veflrarum  CC.  ac  PP.  DD.  fupradic- 
tas  ad  altè  memoratam  Cz.  M.  tranfmijfus  literas  ,  pojl  traditionem  e arum  fuœ 
Cz.  M.,  Mufiovia  ad  VV.  CC.  ac  PP.  DD.  digno  refponfo  à  S.  Cz.  S.  M.  il- 
le  Legatus  cum  veredario  tiudius  tertius  hâc  veniente  adeptus  efl  refponforias  lite- 
ras atque  clément ijjïmum  fui  Magni  Domini  fîbi  illius  adjuntlum  mandat um ,  in 
quofua  Cz.  S.  M.  ClementiJJÏmus  illius  Dominas  jujfit  Mi  fuo  Legato  ,  Vos  Cel- 
fos  ac  PP.  DD.  perdileclè  falutare  ,  ac  Mas  fuis  refponforias  literas  vobis  inft- 
nuare,  quas  nunc  Me  Legatus  Vobis  Celfis  ac  PP.  Dominis  cum  honore  ac  véné- 
rât ione  tradit,  &  ob  meliorem  cognitionem  fer ipt arum  in  bis  rerum  ,   commttnicat 
earum  in  Latino  idiomate  wpiam,  &  fecuros  reddit  vos  Illuftres  Dominos  Me  Le- 
gatus ,  quodfua  Cz.  altè  dicla  Majeftas  neccejfariam  (S  jujlam  veflram  media- 
tionem ,  tam  fecundum  primum  quarn  etiam  modernum  perdileclarum  Vejlrarum 
Lit  er  arum  fuœ  Cz.  M.  allât  arum  tenorem,  per  arnica  confilia  &  propofttiones  antea 
nullatenus  reeufat ,  &  nunc  banc  compofitionem  pacis ,  fecundum  obligationem  com- 
munis  fœderis  cum  Fratre  fuo  Magno  Domino  Regiâ  Majeflate  Poloniœ  à  Coronâ 
Suecicâfub  honejlis  conditwnibus  compétent is  fatisfatlionis  non  detr éclat,  &  pro- 
penfo  fertur  animo  in  vos  Celfos  ac  PP.  DD. ,  accipiens  fibi  tanquam  pacificos  ac 
veros  ad  banc  conciliationem  Pacis  Mediatores ,  immutabiliter  débet  fervare  ne 
ullâ  minimà  re  ex  parte  fuœ  Cz.  M.  ifta  Veftra  CC.  ac  PP.  DD.  Mediatio  re- 
linquatur.     In  hoc  teftimonium  noflrum  verœ  ac  intégra  amkitiœ  à  fuâ  Cz.  M.  ob 
petitionem  Veflram ,  in  hâc  incœptâ  à  Veftrâ  parte  Mediatione  ,  velitis  inteïïige- 
re,  quod  fecundum  Ma  peramicabilia  confilia  Veflra,  fua  Cz.  M.  adverfus  Coro- 
nam  Sueciœ  ufque  ad  hoc  tempus  ojfenfivè  bellare  noluit ,  jam  pridem  expetlans 
notitiam  à  Vobis  CC.  ac  PP.  Dominis  ad  fe  Magnum  Dominum  ad  Tratlatus 
de  defgnatione  congrejj'us  ,  ad  bas  fuœ  Cz.  M.  traditas  vobis  Celfis  ac  PP.  Do- 
minis fuas  literas,  imper  avit  Legato  fuo  à  Vobis  Dominis  tanquam  apud  antiquos 
13  ïntegros  amicosfuos,  celêrem  ad  fuam  Cz.  M.  deftderare  refponjionem ,  quod 
promit  fit  Me  Legatus  à  Vobis  Celfis  acPP.  Dominis  ob  citiorem  fecundum  obliga- 
tionem fuam  fuœ  altè  memoratœ  Majejîati  tranfmijjionem ,  tanquam  apud  pruden- 
tiffimos  &?  fapientes  horum  negotiorum  difcujfores ,  abfque  dilatione  temporis  expec- 
tandi,  poflquam  illius  Legati  pertinentem  ,  vobis  Illuflrijfimis  Dominis  rclationem 
ob  Veflram  ajfiduam  Celfle  Potentum  DD.  erga  fe  Légat  um  magnam  inclinatio- 

TtC  2  ne  m 


fiS     MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

i  701 .  nem  £5?  propter  fmgularem  in  iïïum  Amicitïam  Veflram  ,  manet  ad  Officia  admo- 
-  dum  obfiriclus.     Haga  Comit.  die  4.  Oblobris  1701. 

On  reprendra  ce  qui  regarde  la  Guerre  du  Nord,  dans  la  fuite.  C'efë 
pour  parler  de  ce  qui  te  palfoit  pendant  ces  Affaires  en  Italie. 

La  remife  ,  que  le  Duc  de  Mantouë  avoit  fait  de  fii  Capitale  entre  les 
mains  des  Troupes  des  deux  Couronnes,  avoit  fort  irrité  l'Empereur.  C'elt 
pourquoi ,  il  fit  diihïbuer  un  Monitoire  pour  citer  ce  Duc  Se  ies  deux 
Miniftres  de  comparoître  dans  un  certain  tems  devant  la  Cour  Aulique,- 
pour  rendre  raifon  de  leur  conduite.     Voici  ce  Monitoire.' 

Moni-  L  E  0  P  O  L  D \U  S  , 

toirede 

reurcon-  TsJUllum  plané  omnium  Nofirorum  Sacrique  Imperii  Vaffallorum  ac  SubditorumT 
tre  le  vel  ex  Sacro  Sanclo  Homagii  elogio  nobis  praflito  ,  cummunibufque  fubjeclionis- 

Duc  de     Clientelaris  ac  Vaffallagii  Legibus  &  Confiitutionibus  latere  poîeji ,  quam  nobis  Sa- 
^    „"  ,    croque  Romano  Impcrio  debeant  fidem  &  obedientiam,  quemque  in  modum  commo- 
îoM'ai.    da  Nojîra  promovere ,  damna  verb  avertere  ,  lg  fi  quid  contra  Nos,  Perfonamr 
honorem,  dignitatem  aut  flatum  nofirum  à  quoeunque  agi  intelligant ,  omnibus  vit 
ribus  impedire,  No/que  ut  primlm  monere  teneantur. 

Quanquam  igitur  nihil  nobis  certius ,  fancliùfque  perfuadere  potuijfemus  quam 
ut  &  Ferdinandus  Carolus  Mantua  Dux  ejufque  Confiliarii  fibi  femper  cordi  ha- 
bilitent, ac  eâ  qu'idem  imprimis  occafione,  quâ  Dux  Andegavenfis  poft  pramatu- 
rum  Nojîri  quondam  Fratris  &?.  Nepotis  Caroli  II.  Hifpaniarum  Régis  Catbolicï 
tbitum,  Régna  ditionefque  Hifpanicas  ac  omnia  feuda  Imper ialia,  interque  illa 
Ducat um  quoque  Mcdiolanenfem  violenter  ufur paver at  atque  avi  fui  Galliarum  Ré- 
gis Ludovici  XIV.  armis  occupaverat ,  eidem  omni  pojjibiii  modo  reflitijfent  eaque 
cmnia  feci(fent  ,.  qua  in  ejufmodi  cafibus  fidèles  Imperii  Vajfallos  ac  fubditos  dé- 
cent ;  Nihiio  tamen  minus  jam  tum  per  univerfas ,  Germania ,  Italia ,  totiufque  Eu- 
rope plagas  fama  percrebuit ,  imb  res  ipfa  atque  éventas  dveuit,  quam  criminofà 
abjecli  animi  vilitate  .  memoratus  Dux  ejujque  Confiliarii  ,  prafertim  verà  N. 
Beretti  &  N.  Fiani,  Nos  facr unique.  Imper ium  circumvenerint  ,  ac  interea  dirai 
Duxfuam  SanMitatem  Roma  per  Ablegatum  fuum  Beretti-,  Nos  verà  per  alios 
de  devotionis  fua  confiantiâ  certiores  redderct  ,  feque  nihil  in  Noftrum  ac  Sacri 
Imperii  prajudicium  permifurum  ,  nihilque  fine  prafeitu  £5?  confenfu  Noftro  fac- 
turum  ,  per  omia  Sacra  juraret ,  per  pra fatum  Fiani  aliofque  cum  Gallia  Mini- 
fris  perfide  convenerit,  ci  [que  non  obftantibus  omnibus  fui  ut  aribus  dchortaiionibus, 
auxilioque  militari  à  fui  Sanclitate  oblato  atque  accur faute  Exercitu  Noflro  Ca- 
farco,  folâ  auri  Ga/lici  aviditate  fortalitium  ac-  urbèm  Mantua  ,fummo  cum  fiatuum 
&?  fubditarum  mœrore,  nullà  fmdente  ratione,  nullo  urgente  periculo,  imb  ne  vel 
unico  hojlilis  tormenti  globo  vel  aliâ  minime  violent id  provocatus  tradiderit ,  pro- 
que  eorum  cowitatu  aliquot  centena  boum  paria  fubmini/îraverit.  Cum  igitur  ne? 
fanda  ejufmodi  felonia ,  non  modo  ad  ultimum  Italia  excidium  Chriflianique  Sai.gui* 
nis  humant  profufionem  tendat  tfed  ad  maximum  NoJlri  Sacrique  Imperii  détriment 
tum  vergatj  eoque  in  Cafarea  Majefiatis  Nofira  &  rebcllionis  crimen  abeat,  at- 

qtie 


El"    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.         ftf 

qne  id  circo  gravifiîmam  indignationis  Noflra  Cafarea  aliafque  pœnas  Iniperiali-  1761V 
bus  conflitutionibus  prafcriptas  mereatnr.  Hinc  eundem  Ferdinandum  Carolum  — — - — 
ejufque  Coufiliarios  ,  imprimis  verb  diclos  N.  Eeretti  &  N.  Fiani  vigore  prafen- 
tium  citamus  &  votamus ,  ferio  diJlriBeque  mandantes ,  ut  intra  termmum  duorum 
menfium  à  die  Citationis  Noflra  Cafarea  eifdem  infinuata  proxime •  fubfequentium  , 
quorum  20.  dies  pro  primo  ,  alios  20.  dies  pro  fecumdo  ,  reliquos  vero  20.  dies 
pro  tertio  ,  ultimo  &  peremptorio  termino  prafigimus  ,  attt  fi  ifle  diesjuridicus 
non  effet  ad  proximum  fubfequentem  coram  nobis  Confiliove  Noflro  Imperiali  aulico 
ubicunque  locorum  illud  fuerit  ,  per  fe  vel per  Procuratorem  Juum  legitimunr& 
fufficienti  mandat 0  inftruEliim  certb  £j?  infallibiliter  compareant,  audituri  &  vifu- 
ri  omnia  bona  fua  feudalia  &  allodiaîia  ab  ipfis  poffefjd  refpeclivè  caduca  &  Fifo 
Noflro  £a[areo  delata  efie  fc?  deelarari,.  aut  cur  ejufmodi  declaratio  contra  eofdem 
fieri  non  debcat ,  caufasjuri  confentaneas  allegaturi  £5?  probaturi ,  diâiumque  pro- 
ceffum  per  juris  terminos  ex  legum  praferipto  ufque  ad  fententia  publicationem  pro- 
fecuturi,  certi  cateràquin^  qnod  five  ità  comparuerint  Jive  non  abfentïâ  vel  contu- 
macià  eorum  non  obfiante ,  nihilo  fecius  ad  ulteriorem  Fifcalis  Noftri  Imperialis 
infiantiam^  ad  eaprocedetur  r  qua  juris  &  juflitia  rationi  confient  anea  videbun- 
tur.  P  rater  ea  quoque  capitulationem  feu  traclatum  cum  Gallicis  £5?  Hifipanicis 
Minijîris  initum  harum  vigore  cajfamus  &  annullamus ,  feribque  &  fub  banni  Im- 
perialis ejufque  publicationis  &  executionis  pana  mandamus  ut  ab  iis penitus  abfli- 
neant,  parte/que  Gallicas  &  pratenfias  Hifpanicas  cenfeflïm  déférant^  eor unique 
militiam  dimittant ,  imb  &?  armispropulfent  atque  ordinationibus  No/lris  Cafa- 
rds in  omnibus  fe  fubmittant ,  niji  diiiam  banni  Imperialis  ejufque  Publicationis 
&  executionis  panant  incurrere  mahterint ,  de  quo  eofdem  certio^es  redditos  volui- 
mus  per  pr  a  fentes  manus  Noflra  fubfcriptione ,  6?  Sigilli  Nofiri  Cafarei  appreffio- 
ne  munit  as  &  d-atas.    Laxcmburgi  zo,  Mail  1701. 

Les  Généraux  de  l'Armée  des  deux  Couronnes  firent  diftribuer  un  Ecrit 
contre  le  Moratoire,  &  ils  y  ajoutèrent  la  Copie  d'une  Lettre  de  l'Electeur 
de  Cologne  fur  ce  iujet-là.     Voici  l'un  ôc  l'autre. 

J7Sfie;zdo  pervenuto  à  notizia  dt'  Generali  délie  Armate  délie  due  Corone ,  che  Fogli 

fi  f offero  diffeminati  per  il  Mantovano  edaltrove,  alcuni  Placardi  e  Serit-  publics 
/;*  infinitamente  abufivi ,  à  difegno  di  portaf  del  terrore  neW  ignoranza  df  Po-  ll  da' 
poli,  fi  è  giudicàto  à  propofito,  fenza  entrar  ml  detaglio  di  tutte  le  ragioni  del  f^^f" 
Sereniffimo  Duca  di  Mantova  ,  che  probabilmente  ,    quando  farà  citato  legiti-  Armata 
mamente,  &  da  chi  avrà  diritto  di  farlo^  non  mancarà  già  di  produrre  am-ài  Fraa» 
piamente ,  e  di  far  conofeere  al  mondo  ï '  infiuffiftenza ,  calonnia ,  e  falfità  di  detti  z™  dal 
Placardi;  di  far  loro  intendere  che  il  contenuto  de"  Placardi  medefimi  non  hà  di* Goito- 
ver  un  f on  dament  0,  poiche  S.  M  I.  non  Im  ragione  alcuna  di  trovar  àridire  à  n.  Lu- 
la  condotta  del  fudetto  Sereniffimo  T>uca  di  Mantova ,  corne  lo  pruova  à  bafian-  g'io 
za  la  Lettra  feritta  dal  Sereniffimo   Signor  Elettore  di  Colonia ,  di  eut  è  qui*!01, 
appreffo  la  Copia.     Per  altro  le  due  Corone  ,    che  hanno  fempre  avuto  per  og-- 
gctto  il  mamenimento  délia  tranquillità  d'Italia ,  conofeendo  quanto  ella  farebbe 
nwfolamtnte  alterata,  ma  perjo  contrario  tutta  in  guerra,  s 'Elleno  non  pre- 

Ttt  3  w»;»" 


5-J8      MEMOIRES,  NEGOCIATIONS,  TRAITEZ, 

1701.  vcnivano  le  minaccte  faite  da'  Minijlri  dell'  Imper  adore,  e  fopra  il  tutto  dal 
■  Signor  Conte  di  Caftel-Barco  ,  che  S.  M.  I.  voleva  impadronirfi  di   Manto- 

va,  per  farvi  la  prima  fua  Piazza  d' Armi,  par  facilitare  probabilmente  an- 
ticipât a  la  Guerra  in  Italia ,  le  Loto  Maeflà  hanno  trovato  buono  di  far  mar- 
chiar  T'ruppe  alla  detta  Mantova  ,  e  di  sforzar  queflo  Duca  à  rïceverle,  neW 
unica  e  pur  a  intenzione  d'opporfi  al  flagello  d'effa  Guerra ,  di  oui  Vlmpir  adore 
minacciava  il  ripofo  deW  Italia  ,  corne  pare  ch'  oggidi  vi  operi  attualmenie . 
Egh  è  percib  che  i  Popoli  devono  aver  meno  di  riguardo  aile  fuppofizioni  che  loro  fi 
prefentano  per  la  propria  ruina,  che  alla  vcrità,  colla  qualefi  vuol  loro  prevenir- 
la  e  difendcrli,  ede  queflo  ancora  che  li  Generali  délie  Armate  délie  due  Corone 
hanno  giudicato  à  propofito  di  far  publicare  per  intelligenza  dé'  Popoli  e  per  im- 
pedire  cl?  effi  non  fi  lafcino  forprendere  da  finifire  infiuenze ,  che  loro  potrebbero 
ejfere  totalmente  contrarie. 

Carlo  Enrico  di  Lorrena.     Il  Maresciallo  di  Catinat. 

Copia  di  Lettera  Circolare  fcritta  dal  Screniflïmo  Elettore  di 
Colonia  alli  Sereniiîimi  Elettori  di  Mogonza,  Treve- 
ri,  e  Baviera. 

<iO  ho  ricevuto  ieri  fera  per  la  pofia  Impériale  una  Lettera  del?  Imper  adore, 
J  data  à  Laxemborgo  li  10.  del  Mefe  di  Maggio  paffato  concernente  il  Duca  di 
Mantova ,  nella  quale  io  ho  intefo ,  che  alla  Corte  di  Vienna  fi  imputa  il  delitto 
di  le/a  Maeflà  à  queflo  Duca  per  avère  ammejè  Truppe  Straniere  nella  fua 
Città,  èfuo  Ducat 0  di  Mantova,  e  che  digia  fia  egli  Jlato  citât 0  per  comparire 
alla  detta  Vienna ,  nel  termine  di  due  Mefi ,  ad  audiendum  &  videndum  fua  & 
Confiliariorum  &c.  Quantunque  io  ignori  in  quai  maniera,  e  fotto  quali  con- 
diztoni,  pofia  quefto  Prencipe  efjerfi  mpegnato  con  potenze  Straniere  ,  e  molto 
piu  ancora  le  ficurezze  che  pub  egli  aver  date  à  S.  M.  I.  fotto  la  fede  de 
giuramenti ,  e  che  percib  io  non  fia  gia  in  iftato  di  giudicare  fe  egli  veramen- 
te  è  colpevole  de1  fatti  di  eut  è  caricato ,  e  fe  il  fuo  Trattato  colle  dette  Poten- 
ze contenga  cofe ,  perlequalt  debba  ejfere  decaduto  da'  fuoi  Feudi  dependenti  dalf 
Imper  0. 

Corne  tuttavolta  nonfi  pub  punto  dubitare  che  fe  queflo  Duca  poteffe  effer  conv'tn- 
to  di  una  ver  a  fellonia  contro  l' Imper  0  e  l'Imper  adore  corne  Capo  dell'  lmpero ,  vi 
farebbe  grand'  occafione  di  procéder gli  contro  per  parte  dell'  Imper  adore  e  dell' 
lmpero  corne  verfo  un  Ribelle  •>  il  mio  parère  altreù  e  che  bifogna  convenir  e  che 
la  Corte  Impériale  non  deve  precipitarfi ,  ne  far  cofa  alcuna  di  fua  te  fa,  priva- 
tivamente  a'  Diritti  e  Coftituzioni  delP  lmpero  in  u»  affare  che  riguarda  un  tan- 
to  confiderabil  Prencipe  e  Fafiallo  del  medefimo  lmpero,  e  ch'  egli  è  d'un gran- 
difiïmo  interejfe  per  tutti  quegli  che  ne  compongono  il  Corpo ,  di  tener  la  mano, 
perche  queflo  affare  fia  trattato  con  tut  te  le  formalità  requiftte ,  à  fine  che  la  Cor- 
te Impériale  in  auvenire  non  fi  arroghi  il  diritto  d*una  fimil  proceditura ,  e  di 
deciàere  fola  in  fimili  cafi  nelle  cofe  importanti  e  Jènza  la  participazione  de- 

gli 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.  ft9 

gli  Elettotï,  Prencipi ,  e  Stati  deW  Jmpcro,  corne  da  quahhe  tempo  in  quà  ne  1701. 
abbiamo  molti  efempi ,  e  pare  che  fi  voglia  fiatttirlo  in  ufo.  — ■ — 

Jofcrivo  confidentemente  tutio  quefto  alla  Voftra  Dikzione  ,  pregandola  di 
■volerci  communicare  con  la  medefima  fmcerità  quanto  pih  prefto  potrà  li  fuoi 
[entiwenti. 


"J 


Traduction  de  la  Lettre  précédente. 

Ai  reçu  hier  par  la  pofte  Impériale  une  Lettre  de  l'Empereur  datée  à 
r  Laxembourg  du  20.  Mai,  au  fujet  du  Duc  de  Mantouë  ,  par  laquelle 
„  j'ai  apris,  que  ce  Duc  eft  taxé  à  la  Cour  de  Vienne,  comme  coupable  de 
„  crime  de  Leze-Majefté,  pour  avoir  reçu  des  Troupes  étrangères  dans  là 
„  Ville  Se  Duché  de  Mantouë  ;  6c  qu'il  étoit  cité  pour  ouïr  les  plaintes 
„  portées  contre  lui.  N'aïant  pas  encore  apris,  fur  quel  pied,  Se  à  quelles 
„  conditions  ce  Prince  s'eft  engagé  avec  des  Puiflances  Etrangères  ,  ôc  ne 
„  fâchant  pas  quelles  aflurances  il  peut  avoir  données  à  l'Empereur  en  prê- 
„  tant  ferment,  je  ne  fuis  pas  en  état  déjuger,  s'il  elt  véritablement  coupa- 
„  ble  de  ce  dont  on  Paccufe;  6c  fi  la  conduite  envers  ces  Puiflances,  con- 
„  tient  des  chofes  qui  puiflent  le  rendre  déchu  des  Fiefs  de  l'Empire  dont  il 
„  eft  revêtu.  Que  fi  ce  Duc  eft  véritablement  coupable  de  haut  crime  con- 
„  tre  l'Empire,  6c  par  confequent  contre  la  Perfonne  de  l'Empereur,  qui  en 
„  eft  le  Chef,  on  ne  peut  pas  douter  qu'on  n'ait  lieu  de  procéder  contre  lui 
„  comme  Rebelle.  Autrement,  j'eftime  qu'on  doit  avouer,  que  la  Cour 
„  Impériale  ne  doit  pas  fe  hâter  de  rien  faire  de  fon  propre  mouvement,  fans 
„  le  (ecours  des  Loix  6c  des  Conftitutions  de  l'Empire;  6c  qu'il  eft  extréme- 
„  ment  important  à  tous  ceux  qui  compofent  ce  Corps,  que  cette  Affaire  le 
„  faffe  avec  toutes  les  formalitez  convenables  ;  afin,  qu'à  l'avenir,  la  Cour 
„  Impériale  ne  s'aproprie  pas  le  droit  de  procéder ,  en  ces  fortes  d'Affaires  fans 
„  les  avoir  communiquées  aux  Electeurs ,  Princes,  6c  Etats  de  l'Empire,  com- 
„  me  nous  en  avons  vu  plufieurs  exemples  depuis  quelque  tems ,  6c  qu'il  fem- 
„  ble  qu'on  en  veuille  introduire  la  coutume.  Je  vous  écris  ces  chofes, 
„  me  confiant  en  l'affection  que  Vous  me  portez,  6c  vous  priant ,  de  vou- 
„  loir  me  communiquer  vos  lëntimens,  avec  la  même  fincerité  ,  &  le  plû.- 
„  tôt  qu'il  fera  poffible ,  6cc. 

OuTREces  Pièces,  ces  Généraux  -  là  firent  diftribuer  un  autre  Ecrit  de 
la  teneur  fuivante. 

VOus  me  mandez,  Monfieur,  que  depuis  que  vôtre  âge  &c  vos  incommo-  Traduc- 
ditez  vous  ont  fait  préférer  la  douceur  d'une  retraite  honorable  6c  vo-  t|0"  de 
lontaire  à  l'embarras  des  emplois  que  vous  avez  remplis  ,  vous  vous  contentez  la  Rj:" 
d'apprendre  les  nouvelles  dans  les  Gazettes  publiques ,  fans  raifonner  fur  ce  d'un 
qu'elles  contiennent,  à  moins  que  les  faits  qu'elles  raportent  ne  foient  fingu-  Gentil- 
lieis  ou  contre  les  régies.    Mais  vous  dites  qu'alors  vôtre  ancienne  curiofite  fe  homme 
ranime  ,   que  vôtre  imagination  s'échauffe  ,  6c  que  vos  amis  vous  manquent  ^une 
pour  en  parla  librement  &  fans  partialité  avec  eux.    Vous  me  marquez  en-  Lettre 

fuite 


toue. 


f4o     MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

1701.  fuite  que  vous  avez  trouvé,  que  les  procédures  de  l'Empereur  contre  le  Duc 

...  de  Mantouë  font  de  cette  nature  ,  vous  m'en  dites  vôtre  fentiment ,  vous  me 

d'un  de    demandez  le  mien  ,    6c'  je  vois  que  fi  les  Affaires  du  monde  demeuroient  dans 

fes  A-      l'ordre  6c  dans  l'iifligc  ordinaire,  on  ne  recevrait  jamais  de  vos  Lettres.    Quel 

mis, fur    qUC  f0jt  ]e  motif  de  la  vôtre  ,  j'aime  encore  mieux  la  devoir-»  vôtre  curiofi- 

la  VIe:.     té,  que  de  n'en  recevoir  aucune,  6c  pour  vous  le  faire  connoître  ,  je  vais  re- 
tendue        »  ?      , •■•..         3     v  >       1  ■> 
Profcri-    pondre  régulièrement  a  toutes  vos  v^ueitions. 

ption  du  Vous  me  demandez  quel  crime  le  Duc  de  Mantouë  a  commis  pour  s'attirer 
Duc  de  cette  difgrace  ?  Vous  voulez  fçavoir  fi  l'Empereur  a  pu  procéder  feul  6c  avec 
Ma?"  tant  d'authorité  contre  ce  Prince?  Et  enfin  vous  me  priez  de  vous  dire  mon 
opinion  fur  les  confequences  de  cette  procédure. 

Le  Duc  de  Mantouë  a  prévu  les  maux  que  les  prétentions  de  l'Empereur 
fur  la  Monarchie  d'Efpagne  alloient  attirer  en  Italie.  Il  a  jugé  que  fon  Païs, 
comme  voifin  du  Milanois ,  ferait  expofé  des  premiers  aux  malheurs  de  la 
Guerre.  Il  a  vu  de  plus,  que  les  Troupes  de  France  6c  d'Efpagne,  aïant 
prévenu  par  leur  diligence  l'arrivée  de  l'Armée  de  l'Empereur  en  Italie,  ne 
fui  donneraient  pas  le  tems  d'être  fecouru.  Dans  cette  extrémité,  privé  de 
toute  dperaiice d'être  affifté  par  l'Empereur,  dont  les  Troupes  étoient  à  pei- 
ne avancées  çn  Tirol  ,  il  a  été  contraint  de  céder  à  la  néceffité.  Pouvoit-ii 
faire  autrement  à  la  vue  des  Armées. de  France  &  d'Efpagne  déjà  arrivées 
dans  fon  Pais,  6c  portées  autour  de  Mantouë,  qu'il  n'étoit  point  en  état  de 
deffendre  par  lui-même  ?  Voilà  fon  crime.  On  avoit  regardé  à  Vienne  Man- 
touë comme  une  place  d'Armes  qui  ferviroit  beaucoup  au  fuccez  des  Projets 
qu'on  formoit,  6c  des  Conquêtes  qu'on  méditoit.  Quel  contre-tems,  Mon- 
iteur? Qu'elle  matière  pour  noircir  un  Prince ,  qui  a  plus  penfé  à  fa  propre  con- 
fervation,  qu'au  Progrez  des  Deffeins  de  la  Maifon  d'Autriche]  Demande- 
rez-vous  après  cela  quel  crime  il  a  commis  ?  En  vérité  il  y  a  une  paflion  vifi- 
ble  dans  ce  procédé  de  la  Cour  de  Vienne;  6c  s'il  avoit  lieu,  il  n'y  aurait  pas 
un  Prince  de  l'Empire  à  qui  elle  ne  pût  faire  de  même  un  crime  énorme  du 
refus  de  fuivre  aveuglement  fes  volontez,  dans  les  occafions  même,  où,  com- 
me en  celle-ci,  le  Duc  de  Mantouë  s'ell  trouvé  contraint  de  céder  à  une  né» 
ceffité  preffante  6c  inévitable. 

Pour  noircir  encore  d'avantage  la  Rélôlution  de  ce  Prince,  la  Cour  de 
Vienne  a  voulu  faire  paffer  pour  une  Aliénation  l'entrée  des  Troupes  de  Fran- 
ce 6c  d'Efpagne  dans  Mantouë  ;  mais  c'ert  un  artifice  qu'il  a  été  facile  de  dé- 
truire :  6c  la  France  a  déclaré  par  tout ,  que  bien  loin  que  ce  Duché  ait  été 
aliéné  en  fa  faveur,  il  fera  laide  6c  remis  en  l'état  où  il  a  toujours  été  ious  la 
dépendance  6c  le  Gouvernement  de  ce  Duc,  auffi-tôt  que  le  Milanois  fera  en 
fureté  contre  les  Entrepriiës  de  l'Empereur.. 
Je  viens  après  cela,  Monfieùr,  à  vôtre  féconde  Queftion. 
En  cas  que  le  Duc  de  Mantouë  fût  tombé  dans  la  félonie  qu'on  luhmpute 
injultement ,  vous  me  demandez  quelle  cil  l'étendue  du  Pouvoir  de  l'Empe- 
"eoccafion,   6c  les  formalitez  qu^il  eil  obligé  d'obferver  ?    Les 


fentimens  des  Auteurs  ne  font  point  partagez  fur  ce  fujet.  Ils  décident  tous 
que  le  Prince  aceufé  doit  être  préalablement  cité  pour  venir  rendre  compte 
de  fa  conduite.    Il  y  en  a  même  qui  montrent  par  pluHeurs  exemples ,  que- 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.  f4i 

cette  citation  fe  doit  faire  par  un  Prince,  de  même  rang  au  moins,  Se  tous  1701'. 
conviennent  qu'on  doit  enfuite  examiner  Tes  raifons,  &  que  le  jugement  ne  ' 

peut  être  rendu  qu'avec  la  participation  6c  du  confentement  de  l'Empire. 
S'il  y  a  quelques  Docteurs  qui  en  ont  parlé  moins  affirmativement,  c'eft  par 
un  effet  de  leur  dévouement  pour  la  Cour  de  Vienne.  S'il  y  a  quelques  exem- 
ples contraires, comme  font  la  profeription  deJean-Frideric  Electeur  de  Saxe, 
6c  de  Philipes  Land-Grave  de  Hefle  ,  faite  par  l'Empereur  Charles  V.  en 
if 46.  j  celle  de  Chriftian  Duc  de  Holftein  faite  par  l'Empereur  Rudolphe 
II.  en.  ..... ,  &  celle  de  Frideric  V.  Electeur  Palatin  6c  de  fes  adhé- 
rants, faite  par  l'Empereur  Ferdinand  II.  en  1611.;  on  s'eft  toujours  for- 
tement qpofé  à  leur  exécution  ,  6c  il  n'y  a  qu'à  lire  l'Hiftoire  pour  voir  les 
Troubles  que  ces  injuftes  entreprifes  ont  caufez.  Il  n'y  a  de  même  qu'à  exa- 
miner les  Suffrages  des  Electeurs  de  Saxe  &  de  Brandebourg,  6c  la  Réponfe 
faite  par  tous  les  Etats  contre  la  profeription  de  Frideric  V".  Electeur  Pa- 
latin, que  l'Empereur  entreprit  de  fon  chef  fans  le  confentement  des  Etats.  Et 
fi  l'on  veut  remonter  plus  haut  dans  l'Hiftoire  du  paffé,  on  verra  que  tous  les 
Princes  qui  ont  cté  proferits  ou  mis  au  Ban  de  l'Empire  ,  pour  parler  dans 
•les  termes  de  la  Nation,  l'ont  été  du  confentement  des  Etats  ,  ou  qu'on  s'y 
eft  toujours  oppofé  avec  force  ,  &  que  ces  entreprifes  contraires  à  leurs  pré- 
rogatives ont  toujours  été  fuivies  de  Troubles  ,  ou  n'ont  point  été  exé- 
cutées. 

Comme  l'étendue  d'une  Lettre  doit  avoir  de  certaines  bornes,  je  ne  vous 
raporterai  point  ici  ces  exemples,  mais  pour  fatisfaire  vôtre  curiofité,  &  vous 
mètre  pourtant  en  état  de   les  fçavoir  ,    je  vous  les  marquerai  à  part  à  la  / 

fin  de  cette  Lettre,  où  vous  pourrez  les  examiner  à  vôtre  commodité.  / 

Je  me  bornerai  feulement  ici  aux  Traittez  de  Weftphalie  ,  aux  Avertifîê- 
ments  apellez  Monita  des  Etats  de  l'Empire  fur  cette  matière,  6c  fur  tout , 
aux  Capitulations  de  l'Empereur  aujourd'hui  régnant ,  6c  du  Roi  des  Ro- 
mains fon  Fils ,  comme  à  deux  Actes  récents  qui  décident  la  Queftion  , 
quand  même  il  fe  trouverait  quelques  exemples  douteux  dans  les  tems 
précédents. 

Les  Traitez  de  Weftphalie  difent  que  dans  la  première  Diète  de  l'Empire, 
qu'on  devra  convoquer  fix  mois  après  leur  Ratification  ,  on  y  devra  régler 
l'ordre  6c  la  manière  qu'on  doit  obferver  dans  la  Déclaration  d'un  Etat  au  Ban 
de  l'Empire ,  outre  ce  qui  eft  déjà  marqué  dans  les  Conltitutions  du  même 
Empire. 

Les  Avertiflements  ou  Monita  des  Princes  fur  la  Capitulation  de  l'Empereur 
Léo pold  marquent  précifement,  que  fi  un  Etat  de  l'Empire  ou  toute  une 
Communauté  s'étoient  tellement  rendus  coupables  qu'on  pût  6c  dût  agir  par 
-voie  de  profeription ,  on  doit  en  ce  cas  procéder  contre  eux  à  une  Diète  gé- 
nérale, les  citer  auparavant  fuivant  les  formes  du  Droit,  les  entendre  fuffifa- 
ment  dans  leurs  raifons  ,  6c  faire  examiner  le  fait  par  quelques  Membres  des 
Etats  tirez  des  trois  Collèges  en  pareil  nombre  de  Religion  qui  prêteront  un 
ferment  particulier  pour  cela,  6c  prononcer  enfin  un  Jugement  conforme  à  la 
Réiblution  unanime  de  l'Empereur  6c  de  tous  les  Etats. 

Tcm.  I.  Vvv  Et 


f#      MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

I7«i.  Et  enfin  il  eft  pofitivement  dit  dans  la  Capitulation  de  l'Empereur  Article 
■ —  zS.,  &  dans  celle  du  Roi  des  Romains  Article  27.,  que  l'Empereur  empê- 
chera 6c  ne  permettrra  point ,  qu'à  l'avenir  aucune  Perfonne  de  haute  ou  baf- 
fe condition,  Electeur,  Prince,  Etat,  ou  autre ,  foit  mis  &  déclaré  au  Ban 
de  l'Empire  fans  raifon  légitime  6c  fuffifante  ,  fans  être  entendu  ,  &  fans  le 
Sçû  préalable,  le  Confeil ,  6c  le  Confentement  des  Electeurs  qui  n'auront 
point  eu  part  au  fait:  Qu'en  ce  cas,  cela  fe  fera  6c  fe  décidera  dans  les  for- 
mes ,  conformément  aux  Conftitutions  de  l'Empire,  6c  à  l'Ordonnance  de  re- 
.  formation  de  la  Chambre  Impériale  de  l'année  ifff.j  aufîî  bien  qu'aux  Re- 
cés  faits  fur  ce  lu  jet,  6c  à  ce  qui  pourra  être  réfolu  de  plus  dans  la  Diette  à 
venir,  par  les  Electeurs,  Princes,  6c  Etats  fur  la  manière  6c  l'ordre  de  le  fai- 
re, ainii  que  cela  y  a  été  réfervé;  Que  fi  cependant  l'Affaire  étoit  telle  que 
le  fait  fût  en  foi  -  même  notoire  6c  manifefte  ,  6c  que  le  perturbateur  de  la 
Paix  perfiftant  avec  opiniâtreté  dans  ton  crime,  quoiqu'alors  il  ne  fût  pas  né- 
ceffaire  de  lui  faire  particulièrement  Ion  procès  ,  l'Empereur  promet  néan- 
moins en  ce  cas,  qu'avant  de  parler  à  la  Déclaration  réelle  du  Ban  de  l'Em- 
pire, il  en  communiquera  en  la  manière  exprimée  ci-devant  avec  tous  les  E- 
lecteurs  qui  n'y  feront  point  intereflez,  6c  qu'il  ne  fera  rien  fans  leur  Confeil 
6c  leur  Confentement  exprès  6c  préalable. 

Ce  font  là,  Monfieur,  les  bornes  que  les  Etats  de  l'Empire  ont  mifes  fur 
cette  matière  à  l'Autorité  de  l'Empereur  en  confentant  à  fon  élection.  Ce 
font  les  précautions  qu'ils  ont  prifes  en  fe  donnant  volontairement  un  Chef 
qui  ne  l'cit  point  par  Succeffion ,  mais  de  leur  choix  6c  avec  de  certaines  ré- 
ferves  qu'il  eft  obligé  d'obferver.  Les  entreprifes  du  paffé  leur  en  ont  fait 
craindre  avec  raifon  de  nouvelles ,  6c  enfin  la  forme  du  Gouvernement  de 
l'Empire,  le  maintien  de  leur  Souveraineté,  6c  la  confervation  de  leurs  Pré- 
rogatives qu'on  a  fi  fouvent  attaquées,  demandoient  ces  juif  es  précautions. 
Autrement ,  s'il  étoit  au  pouvoir  de  l'Empereur  de  mettre  un  Prince  au  Ban 
de  l'Empire  de  fa  propre  Autorité  6c  fans  le  confentement  des  Etats ,  il  n'y 
en  auroit  pas  un  en  fureté  contre  le  reffenti  rient  de  la  Cour  de  Vienne,  aufîî- 
tét  qu'il  ne  feconderoit  pas  lès  defirs  6c  fes  vues  ,  6c  ils  ont  tous  un  intérêt 
fenfible  de  s'opofer  à  de  pareilles  entreprifes- 

II  faut  examiner  préfentement  fi  toutes  ces  conditions  ont  été  oblervées  à 
l'égard  du  Duc  de  Mantouë.  J'ai  déjà  commeheé  de  vous  faire  voir,  que  dans 
l'état  où  font  les  choies,  il  ne  peut  en  aucune  façon  être  regardé  comme 
coupable  de  félonie:  c'eit  de  quoi  vous  ferez  encore  plus  perfuadé,  fi  vous 
confidérez  que  comme  Piince  Souverain  de  l'Empire,  6c  en  vertu  du  8.  Ar- 
ticle de  la  Paix  de  Weftphalie ,  il  ell  en  droit  de  taire  des  Alliances  avec  les 
Puifiances  étrangères  dans  des  cas,  eu,  comme  dans  celui-ci,  l'Empire  n'a 
rien  décidé  au  contraire  ;  qu'en  cette  qualité  il  a  pu  fuivre  fon  intérêt  parti- 
culier, en  cédant  à  la  nécdilré  6c  en  recevant  des  Troupes  de  France  6c  d'Ef- 
pagne  dans  Mantouë  pour  fa  propre  deffenfe  ;  que  c'elt  ce  qu'ont  fait  en  di- 
vers tems  plufieurs  autres  Princes  de  l'Empire,  6c  encore  depuis  peu  le  Duc 
de  Holftein  en  apellant  les  Anglois  6c  les  Hollandois  jufques  dans  fes  Etats* 
que  c'elt  de  quoi  les  fix  mille  Danois,  qui  font  de  même  entrez  dans  l'Elec- 

torat 


ET    RESOLUTIONS    D'ETAT.         j-45 

torat  de  Saxe  pour  le  deffendre  contre  l'irruption  des  Troupes  Suedoifes  dont 
il  étoit  menacé ,  nous  viennent  encore  de  fournir  un  exemple  tout  récent; 
&  que  c'eft  ce  que  l'Empereur  fait  lui-même  aujourd'hui  en  recevant  dans 
fes  Places  du  Rhin  ce  même  Corps  de  Troupes  étrangères  de  Danem.irck. 
Adjoutez  à  cela,  Monfieur,  que  l'Empereur  ne  fait  point  la  Guerre  en  Ita- 
lie comme  Empereur ,  mais  en  qualité  d'Archiduc  d'Autriche  &  pour  des 
prétentions  domeftiques  qui  (ont  étrangères  à  l'Empire; Qu'autrement, &  s'il 
agiflbit  en  qualité  d'Empereur,  ilauroitdû,  fuivant  fa  Capitulation  Article 
15.  avoir  auparavant  le  Contentement  de  l'Empire:  6c  vous  trouverez  fans 
doute,  que  ne  l'aïant  ni  requis-ni  obtenu,  il  ne  peut  être  confideré  que  com- 
me un  Prince  particulier  qui  fait  la  Guerre  pour  fes  intérêts  perfonnels;  Qu'il 
n'eft  point  ainfï  en  droit  d'impoier  aucune  Loi  au  Duc  de  Mantouë  fur  ce 
fujet,  6c  que  par  conféquent  il  n'a  pu  jufqu'à  prêtent  procéder  contre  ce 
Prince  par  voie  de  profeription.  Mais  fupoié  même  ,  contre  la  vérité  du 
fait,  que  le  Duc  de  Mantouë  pût  être  regardé  par  l'Empereur  comme  cou- 
pable de  félonie,  il  faut  examiner  fi  les  formalitez  requilés  en  pareil  cas.  ont 
été  obfervées  à  fon  égard  :  8c  il  eft  facile  de  faire  voir  par  les  Ecrits  mê- 
mes qu'on  a  produits  à  Ratisbonne,  que  c'eft  ce  qui  n'a  été  fait  en  au- 
cune façon. 

Au  lieu  d'une  fimple  citation  préalable,  qui  ne  peut  ôter  à  un  Prince  ni  fa 
dignité,  ni  fon  rang,  ni  les  égards  qui  lui  font  dûs  en  cette  qualité,  on  le 
traite  dans  le  titre  de  cet  imprimé  de  IVeyland^  qui  en  Allemand  fignifie  de-. 
funt,  ou  au  moins  ci-devant  Duc  de  Mantouë.  On  fe  fert  dans  la  citation 
même  des  termes  injurieux  de  deteflable  6c  d'âme  fervile  ,  6c  l'on  y  déclare 
dès  à  préfent  fes  Etats  caducs  6c  dévolus  au  fife  Impérial.  Eft-ce  ainfi  qu'on 
doit  traiter  un  Prince  qui  ne  feroit  que  fimplement  cité  ,  6c  qui  jufqu'à  la 
condamnation  conferve  fa  dignité  ;  6c  n'eft- ce  pas  le  regarder  comme  déjà 
condamné?  Mais  on  fait  plus.  Par  un  autre  Aéte  du  même  jour  ;  on  le  nom- 
me de  même  autre-fois  Duc  de  Mantouë  ,  quondam  Dux  &c.  ;  6c  l'Empereur 
délie  dès  à  prefent  fes  fujets  de  leur  ferment  6c  de  la  fidélité  qu'ils  lui  doivent. 
C'eft  faire  marcher  l'exécution  devant  la  fentence;  6c  -fut- il  jamais  un  procé- 
dé plus  contraire  aux  régies  ordinaires,  à  la  Capitulation  de  l'Empereur,  & 
aux  Prérogatives  des  Princes?  Tout  cela  eft  fans  réponfe  ,  Monlieur  ;  6c  il 
les  Princes  le  foufFrent ,  une  tolérance  fi  manifeftement  contraire  à  leurs  pré- 
rogatives ne  les  en  rendroit-elle  pas  juftement  refponfables  à  leur  pofterité  ? 
Mais  on  a  fujet  d'attendre  toute  chofe  de  leur  amour  pour  le  maintien  de 
leurs  Droits  en  la  perfonne  d'un  Prince  de  ce  rang  ;  6c  il  y  a  lieu  de  croire 
qu'ils  s'opoferont  à  cette  entreprife  par  quelque  Afte  public  6c  autenti- 
que,  qui  établiflant  la  nullité  de  cette  procédure  mette  la  Cour  de  Vien- 
ne hors  d'état  de  fe  fervir  un  jour  de  cet  exemple  contre  eux-mêmes,  s'ils 
le  pafTbient  fous  filence,  comme  c'eft  peut-être  ce  qu'elle  efpére  6c  le  but 
qu'elle  a. 

L'indignhé  même  avec  laquelle  ces  Ecrits  ont  été  rendus  publics  à  laDict- 
te  doit  reveiller  leur  attention.  Le  Concommilîàire  de  l'Empereur  avoit  or- 
dre de  les  communiquer  aux  Ele&eurs  ,   Princes ,  6c  Etats  de  l'Empire. 

Vvv  :  Dans 


170  r. 


f44     MEMOIRES,  NEGOTI ATIONS,  TRAITEZ, 

1701.   Dans  l'impofîîbilité  de  le  faire  avec  les  formes  ordinaires,  parce  que  le  mu- 
"  veau  Miniitre  de  M.uence,  Directeur  de  la  Diète  ,  n'étoit  pas   encore  auto- 

rité, le  Concommiffiirc  auroit  pu  au  moins  donner  cette  communication  par 
fon  Secrétaire  ou  par  le  Chancelier  de  laCommiiîîon  Impériale-,  mais,  au  lieu 
de  cela,  qu'a-t-il  fait?  Il  les  a  donnez  a  imprimer  avant  que  Perfonne  en  eût 
connoiffânec  ;  6c  çà  été  le  Garçon  Imprimeur  qui  avec  fa  permifîîonles  a  por- 
tez dans  les  maifons  de  tous  les  Miniitrcs,  auxquels  il  a  fait  païer  les  exemplai- 
res qu'ils  en  ont  voulu  avoir.  Irrégularité  fans  exemple!  pour  ne  pas  dire  da- 
vantage; 6c  n'eft-ce  pas  traiter  les  États  d'une  manière  ,  comme  j'ai  dit,  in- 
digne, &  qui  fait  voir  clairement  les  vues  ôc  le  mépris  de  la  Cour  de  Vienne 
pour  la  Diète? 

Voïons  à  prefent  les  procédures  dont  on  a  accompagné  ces  Ecrits.  Il  étoit 
d'une  necefîîté  indifpenfablede  confulter  auparavant  les  Etats  de  l'Empire.  L'a- 
t-on  fait?  On  ne  voit  qu'une  Lettre  du  même  jour  par  laquelle  l'Empereur 
donne  part  aux  Electeurs  de  ces  A6r.es.  Etoit-ce  pour  Givoir  auparavant  leurs 
fentiments  ôc  avoir  leur  aprobation  ?  Rien  moins.  C'a  été  pour  leur  donner 
une  fîmple  communication  d'une  chofe  déjà  faite  ;  6c  il  y  a  lieu  de  croire 
qu'ils  s'opoferont  à  une  atteinte  qu'on  donne  fi  vifiblement  à  leur  Droits,  ôc 
qu'ils  connoîtront  les  conféquences  d'une  démarche  fi  irréguliere.  Les  Mi- 
nilb.es  de  l'Empereur,  ne  pouvant  difeonvenir  de  toutes  ces  circonftances,  fe 
font  depuis  retranchez  à  dire  que  ce  n'efr  qu'une  citation,  &  que  la  décla- 
ration qui  y  a  été  faite  que  les  Etats  de  Mantouë  font  caducs  6c  dévolus  au 
fiic  Impérial  eft  de  ftile.  Pourquoi  donc  y  emploïer  les  termes  injurieux  dont 
clic  eft  remplie?  Dira-t-on  qu'ils  font  aufîî  de  ftile?  Oeil  vouloir  impofer  au 
public,  &  en  effet  en  n'a  point  vu  qu'ils  aient  eu  rien  de  folide  à  répondre, 
ni  fur  l'indécence  de  ces  termes ,  ni  fur  la  démarche  prématurée  de  délier  dès 
à  prefent  les  fujets  du  Duc  de  leur  ferment  &  de  leur  fidélité. 

Il  ont  aufîî  voulu  établir  une  diftinétion  entre  les  Princes  de  l'Empire  qui  en 
font  Etats,  6c  ceux  qui,  comme  les  Princes  d'Italie,  ne  le  font  pas;  mais 
c'elt  une  différence  qu'ils  ne  pourront  jamais  appuïer  par  aucun  Exemple  au- 
thentique. La  Capitulation  de  l'Empereur  ne  fait  point  cette  diftinétion.  Il 
y  eft  dit  au  contraire  fans  nulle  exception  ,  qu'aucun  Electeur  ,  Prince  ,  ou 
autres,  de  quelque  qualité  qu'ils  foient,  ne  pourront  être  mis  au  Ban  de  l'Em- 
pire (ans  le  contentement  des  Electeurs  ;  6c  ces  termes  indéfinis  comprennent 
fans  difficulté  tous  les  Vafîaux  directs  de  l'Empire,  foit  qu'ils  en  foient  Etats, 
ou  non.  Mais ,  outre  cette  raifon  ,  l'ordre  6c  l'ulâge  des  Fiefs  font ,  qu'un 
VafTiil  ne  peut  être  aceufé  ni  condamné  pour  crime  de  félonie,  que  fur  laréqui- 
fition  6c  du  confentement  du  Seigneur  dont  il  relevé  :  6c  par  conféquent  les 
Princes  d'Italie  1  élevant  de  l'Empire  aufîî  bien  que  de  l'Empereur,  ils  ne  peu- 
vent être  aeeufez  6c  jugez  en  pareil  cas ,  que  fur  les  inltances  6c  au  nom  du 
même  Empire.  Ces  maximes  font  confiantes;  6c,  comme  l'Electeur  de  Bran- 
debourg l'a  fort  bien  répreiènté  en  162.}.  dans  ion  Suffrage  raporté  ci  deffus, 
fi  l'Empereur  avoit  feul  cette  Autorité  ,  la  condition  des  Princes  de  l'Empire 
ferait  pire  que  celle  d'un  Gentil-homme  de  Pologne,  qui  ne  peut  être  jugé  ni 
eondamné,  que  par  une  Diète  générale  du  Roïaumc. 

Mais 


ET    RESOLUTIONS    D'ETAT.         f4f 

Mais,  la  Cour  de  Vienne  fe  met  peu  en  peine  de  toutes  ces  formalités.  Ce  1701. 
ne  font  pas  les  premières  qu'elle  a  tâche  d'abolir.  ^  On  en  a  des  exemples  ré-  *™  ■  ■ 
cents  dans  l'Affaire  du  IX.  Electorat  au  grand  préjudice  des  Princes.  Elle  ne 
fonge  qu'à  établir  de  pareils  exemples,  pour  parvenir  à  l'Autorité  fuprême  & 
monarchique  qu'elle  envilage  depuis  long-tems  dans  l'Empire.  Et  c'eft  à 
quoi  elle  parviendra  enfin,  fi  on  ne  s'opolé  pas  fortement  à  de  pareilles  entre- 
prifes. 

Les  Electeurs  ont  un  intérêt  particulier  à  celle  dont  il  s'agit.  Ils  font  feuls 
nommez,  dans  l'Article  delà  Capitulation  qui  concerne  le  Ban  de  l'Empire. 
Les  Princes  s'y  font  à  la  vérité  oppofez  fie  prétendent  que  cette  connoiffance 
eft  dûë  à  tout  l'Empire.  C'eft.  un  différent  particulier  entre  ces  deux  Collè- 
ges, auquel  on  ne  prend  point  de  part  j  c'eft  leur  Affaire.  Et  le  Duc  de 
Mantouë  eft  teulemcnt  en  droit  d'attendre  des  uns  &  des  autres  qu'ils  ne  fouf- 
friront  point  le  préjudice  qu'on  leur  fait  en  fa  Perfonne ,  auiïï  bien  qu'en  celle 
de  fes  Confeilleisj  fie  qu'on  connoîtra  que  le  but  de  la  Cour  de  Vienne,  dans 
cetre  démarche,  a  principalement  été  d'infpirer  à  ces  Princes  &  à  leurs  Mi- 
niftres  la  vaine  crainte  d'un  pareil  traitement ,  &  de  leur  monftrer  le  dévoue- 
ment aveugle  qu'elle  veut  qu'on  ait  dans  toutes  les  Cours  de  l'Empire  pour 
fes  volontez. 

Voilà,  Monfieur,  quelles  font  les  conféquences  de  cette  procédure  irrégulie- 
re  contre  le  Duc  de  Mantouë.  Et  c'eft  laRéponie  que  j'avois  à  faire  à  la  troi- 
fiéme  6c  dernière  Qucftion  de  vôtre  Lettre.  S'il  y  a  quelque  autre  point  fur  le- 
quel vous  déliriez  d'être  éclairci ,  vous  n'avez  qu'à  commander.  Je  le  ferai 
toujours  avec  la  même  fincerité.  Et  je  vous  prie  de  croire  qu'en  toute  occa- 
fion  vous  me  trouverez  prêt  à  vous  donner  des  marques  de  la  reconnoiffance 
&  de  la  vérité  avec  lefquelles  je  fuis  &c. 

On  infinuoit  cependant,  que  l'Occupation  de  Mantouë  avoit  été  faîte  par 
une  aprobation  tacite  de  la  République  de  Veniië.  Celie-ci  la  defavoùoit. 
Le  Comte  de  Berka  ,  qui  y  étoit  Ambaffadeur  de  la  part  de  l'Empereur, 
maltraita  l'Agent  du  Duc  qui  étoit  le  Comte  de  Cremona.  Il  alla  vers  cet 
Ambaffadeur  pour  exeufer  fon  Maître.  Ce  Miniftre  demanda  à  l'Agent  fi  le 
Duc  avoit  encore  quelque  chofe  à  vendre  ,  fie  enfuite  le  maltraira  Se  le  chaffa 
de  fa  préfence.  11  en  fit  autant  à  un  Gentilhomme  de  Mantouë.  Comme 
il  alla  pour  faire  une  Vifiteau  Comte,  celui-ci  lui  fit  dire  que  s'il  ofoit  s'a- 
procher  de  là  maifon,  il  le  feroit  jetter  par  les  fenêtres.  L'Empereur  même 
dit  qu'il  feroit  une  haute  vangeance  du  Duc  de  Mantouë.  Comme  Sa  Ma- 
jefté  Impériale  envoïa  une  nombreufe  Armée  en  Italie ,  Elle  ne  doutoit  point 
que  fes  Troupes  ne  fufiënt  en  état  de  s'en  vanger.  Elles  avancèrent  par  des 
chemins  fort  difficiles.  Les  François,  pour  les  empêcher  d'entrer  en  Italie, 
allèrent  fe  camper  vers  Pcfchiera  fur  le  Lac  de  Garde.  Ils  s'étendirent  vers 
Rivoli  &  au  Fort  de  la  Chiufa,  Place  forte  prés  de  la  Rivière  de  l'Adige.  Le 
Prince  Eugtne  arriva  le  18.  Mai  à  Roveredo  pour  commander  les  Impériaux. 
En  y  arnv.,i.t,  il  en  donna  part  par  un  Exprès  à  Venife.  Le  Sénat  prit  cet- 
te Démarche  en  bonne  part.     Le  Général  Palfi,  apiès  avoir  effuié  de  gran- 

V vv  5  des    . 


f4<5      MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

1701.  des  peines  pour  paffer  le  Mont  Bertola,  defeendit  dans  le  Vicentin  fie  étendit 
"  même  fes  Quartiers  dans  le  Padoùan.     C'étoit  avec  la  Cavallerie.     L'Infan- 

terie marcha  par  Montebello.  Le  Prince  Eugène  avoit  mis  fes  Quartiers 
dans  la  Vallée  de  Polifelli,  dans  le  Veronois.  Il  trouva  enfuite  moien  de  fai- 
re un  Pont  iiir  l'Adige  qu'il  paffa.  Sur  la  difficulté  de  la  pénible  marche  des 
Impériaux,  on  fit  ce  Diftique: 

Alpihis  Italiam pemtrat  Gemanïa  fraiïis: 
Cœfareœ  incajjum^  Galle ,  refiflis  yfyi. 

Il  y  avoit  bien  des  Italiens,  qui  par  h  haine  des  Affaires  courantes ,  fie  par' 
le  defir  de  quelque  Changement ,  fe  réjouïïToient  de  leurs  propres  Périls  ;  ce 
qui  flattoit  les  Impériaux. 

Comme  l'on  voioit  l'Empereur  engagé  dans  la  Guerre  en  Italie  ,  on  fut- 
dans  l'entière  difpofitiôn  de  le  féconder  6e  de  faire  avec  lui  une  Alliance  of-' 
fenfive  8c  défenfive.  Pour  tacher  de  détourner  ce  coup  ,  l'on  infinuoit  aux 
Etats  Généraux,  qu'à  la  Cour  d'Efpagne  on  étoit  difpofé  à  donner  les  mains 
à  quelque  Démembrement.  On  fpécifioit  même,  que  fi  l'Empereur  pouvoit 
être  fatisfait  par  le  Duché  de  Milan ,  on  ne  feroit  pas  grande  difficulté  à  le 
lui  céder.  D'ailleurs,  de  la  part  de  la  Cour  de  France ,  l'on  faifoit  infinuër 
que  Sa  Majefté  Très-Chrétienne  aïant  accepté  le  Teftament  par  la  Promefîe 
de  conferver  la  totalité  de  la  Monarchie ,  Elle  ne  pouvoit  pas  propofer  Elle- 
même  quelque  Démembrement}  ainfi,  qu'il  falloit  avoir  recours ,  pour  en- 
faireun,  à  la  Cour  d'Efpagne,  qui,  pour  éviter  une  Guerre,  ne  feroit  pas 
là-deffus  fort  la  revêche.  On  ajoutoit  même ,  que  le  Cardinal  Porto-Carre- 
ro,  qui  s'apercevoit  de  cette  difpofitiôn  de  la  Cour  de  Madrid  ,  feroit  éloi- 
gné des  Affaires,  afin  qu'il  ne  fût  pas  en  cela  une  fâcheufe  pierre  d'achope- 
ment.  .Cependant,  les  Politiques  difoient  qu'on  ne  pouvoit  l'éloigner,  puif- 
que  la  Roïauté  même  ,  qu'on  avoit  acceptée,  n'étoit  qu'un  Don  de  fa  main 
fie  de  les  foins .  Auffi ,  bien  loin  d'une  prochaine  Difgrace  de  ce  Cardinal ,  fon 
Crédit  parut-il  augmenter ,  par  l'apui  qu'il  donna  a  la  Propofition  du  Roi 
fon  Maître  d'accorder  aux  Ducs  6e  Pairs  de  France ,  qui  .viendroient  à  fâ 
Cour,  les  mêmes  Honneurs  &  Traitemens,  dont  les  Grands  d'Efpagne  jouif- 
foient.  Après  toutes  les  ferviles  Complaifances  des  Efpagnols,  qui  par  la  Ré- 
volution de  la  Monarchie  ,  s'étant  dépouillez  des  anciennes  manières  fie  de 
leur  Grandeur ,  n'attendoient  que  les  ordres  de  leur  Maître ,  l'on  trouva  qu'il 
ne  leur  manquoit  plus  que  cette  feule  efpece  de  Flatterie.  Auffi  ,  le  Décret 
fut-il  fait  Se  publié  en  ces  termes  : 

^cre?  3>  "CN  continuation  de  ce  que  le  Roi  Très  -  Chrétien  mon  Aïeul  tâche 
d'Efren  n  ^  d'établir  Une  Union  étemelle  entre  les  Sujets  de  cette  Couronne  &  la 
faveur  „  fienne  -,  à  cette  fin  ,  il  a  refolu  d'accorder  aux  Grands  d'Efpagne,  fie  à 
des  Ducs  j?  leurs  Femmes ,  les  mêmes  Honneurs  en  fa  Cour  dont  jouïffent  les  Ducs 
^  pairs  „  fie  Pairs  en  fon  Roïaume.  C'eif.  pourquoi ,  defirant  pareillement  de  con- 
clu i,,n"  „  firmer  cette  parfaite  Union  ,  j'ai  réiblu  d'accorder  auffi  aux  Ducs  de  ce 

„  Roïau- 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.         r47 

„  Roïaume-là  ,  6c  à- leurs  Femmes,  qui  viendront  en  Efpagne  ,  les  mê-  1701. 
„  mes  Honneurs  6c  Traitemens ,  dont  jouïflent  ici  les  Grands  d'Efpa-  — — — 
„  gne,  6cc. 

L  e  Confeil  d'Efpagne  eut  lieu  d'être  auflî  mécontent  de  la  Déclaration 
que  le  nouveau  Roi  fit  de  fon  Mariage  avec  une  Fille  du  Duc  de  Savoie. 
C'étoit  que  ce  Prince  l'avoit  conclu  fans  fa  participation,  félon  les  anciennes 
Coutumes  d'Efpagne.  Il  en  avoit  d'ailleurs  ufé  de  même  par  le  Traité  qui 
avoit  enfin  été  conclu  avec  le  Portugal ,  non-obfhnt  le  peu  d'inclination  de 
ce  dernier,  6c  même  contre  fes  véritables  Intérêts.  Voici  l'Extrait  de  ce 
Traité. 

„  I.  /'"VU'on  renouvelle  tous  les  Traitez  faits  ci-devant  entre  PËfpagne  6c  f  xî,r?'t 
„        V^  le  Portugal,  6c  particulièrement  celui  qui  a  été  fait  avec  le  Roi  îjance 


„  D.  Sebastien  devant  la  Réunion  6c  avec  le  Roi  D.  Alphonse  VII.  offenfi- 
„  en  Tanné  1668.  ve  &c 


II.  Que  le  Roi  d'Efpagne  donnera  fatisfaérion  à  la  Compagnie  Portu-  J?effen" 
„  gaife,  touchant  le  Commerce  des  Nègres,  de  la  manière  qu'on  convien-  conclue 
„  dra  dans  un  Traité  fepari.  entre  le 

„  III.  Que  le  Roi  d'Efpagne  renoncera    à  tout  fon  prétendu  Droit  fur  Roid'Ef. 
„  St.  Gabriel ,  proche  los  Buenos  Ayres  ,   6c  que  les  Portugais  y  relieront  Pa£ne 
„  dans  lapaifible  pofîèflion.  pb  V  & 

„  IV.  Que  le  Roi  de  Portugal  garantira  le  Teftament  du  feu  Roi  d'Ef-  leRoi'de 
„  paene    Charles    II.    touchant    la    Succefïion    du   Roi   Philip-  Portugal 

,"  pE  v.  -  ;  °™*£ 

„  V.  Que  le  Roi  de  Portugal  fe  déclare  Ennemi  de  ceux  qui  feront  jujn>' 
la  Guerre  pour  ladite  Succeffion  au  Roi  Philippe  V.,  en  réfutant 
fes  Ports  à  leurs  VaifTeaux  tant  Marchands  que  de  Guerre  . 
„  VI.  Que  le  Roi  d'Efpagne,  6c  celui  de  Portugal,  ne  protégeront  pas 
les  Rebelles  ou  Criminels  de  Tune  ou  de  l'autre  Couronne  ;  6c  qu'on  les 
renvoiera  à  la  première  requifition.  Que  ceux  qui  fraudent  les  Droits  du 
Tabac ,  6c  dont  il  n'eu:  pas  fait  mention  dans  les  anciens  Concordats ,  y 

„  feront  compris  maintenant. 

„  VII.  Que  fi  le  Bled  manque  en  Portugal,  le  Roi  d'Efpagne  fera  lever 

les  défenfes,  pour  pouvoir  y  en  tranfporter. 

„  VIII.  Que  cette  Alliance  fera  pour  io.   ans  ,  6c  garantie  par  le  Roi 

„  de  France. 

„  Le  Traité  touchant  les  Nègres  doit  contenir  XIV.  Articles ,  dont  les 
„  principaux  font ,  Que  le  Roi  d'Efpagne  paiera  du  premier  argent  qui  vien- 
„  dra  avec  la  Flote  300000.  Ducats  v  monnoïe  de  Portugal  ,  à  la  Compa- 
„  gnie  ,  pour  la  dédommager}  Que  la  Compagnie  renonce  au  Contraét  des 
„  Nègres,  non-obftant  qu'il  devoit  encore  durer  deux  ans  j  6c  le  Roi  d'Ef- 
„  pagne  en  fait  autant,  en  faifant  reftituer  le  2,00000,  Ecus  avec  les  Ren- 
,,  tes,  que  la  Compagnie  a  été  obligé  de  païer  à  la  fignacure  dudit  Con- 

fraét 


15 


55 


748     MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

I701,  „  traét.     Cet  argent  fera  rembourfé  au  retour  de  la  féconde  Flote  ,  ou  des 

„  Galions,  ou  de  la  Flotille,  avec  8.  pour  cent  d'intérêt,  jufques  au  jour 

„  du  paiement  j  Que  tous  les  Arrêts  6c  Saifies  fur  les  Biens  de  la  Compa- 

„  gnie  Portugaife    dans  les  Ports  de    l' Amérique  feront  d'abord  levez,  6c 

„  que  tout   l'argent  qu'on  lui  doit  pour  la  vente  des  Nègres  ,  ou  autre- 

„  ment,  fera  paie  dans  deux  mois  de  tems  ,  6c  qu'il  lui  fera  libre  d'em- 

„  porter  tous  fes  Effets  dans  un  terme  convenable,  pour  les  faire  tranfpor- 

„  ter  à  Lisbonne,  ou  ailleurs. 

„  Le  Traité ,  qui  contient  les  Articles  Secrets ,  doit  limiter  le  cas  de 
„  la  Guerre  8c  les  prœjlanda  en  Troupes  5c  en  Vaiffeaux  de  part  ÔC 
„  d'autre. 

O  n  eut  la  confirmation  de  la  Conclufion  de  ce  Traité ,  "dont  on  avoit 
quelques  mois  auparavant  proné  fans  fondement  la  Nouvelle,  par  le  Miniftre 
même  du  Roi  de  Portugal.     Cet  Envoie,  aiant  reçu  fes  Lettres ,  alla  le  if. 
d'Août  repréfënter  aux  Etats  Généraux  le  defir  que  le  Roi  fon  Maître  avoit 
de  voir  la  continuation  de  la  Paix.    C'étoit  fur-tout  pour  celle  de  la  Républi- 
que, 6c  qu'il  y  contribuerait  de  tout  fon  pouvoir.     Cependant,  fi  cette  Paix 
venoit  à  être  troublée,  il  déclaroit  que  fes  Intérêts  vouloient  qu'il  fût  atta- 
ché au  Parti  des  deux  Couronnes  d'Efpagne  6c  de  France.     Il  fut  dire  la  mê- 
me chofe  à  1'Envoïé  d'Angleterre  Stanhope.     Les  Etats  Généraux  furent  af- 
fêmblez  fur  cela  fort  tard ,  pour  examiner  le  bien  6c  le  mal  de  cet  Engagement 
du  Roi  de  Portugal,  à  quoi  le  Parti  du  Duc  de  Cadaval  l'avoit  porté.    L'on 
ne  prit  là-deflùs  aucune  Réfolution  ,   par  ce  que  l'on  ne  defefperoit  pas  de 
regagner  dans  la  fuite  du  tems  ce  Roi-là  ,  en  faveur  de  l'Empereur.     Suivant 
ce  que  le  Parlement  d'Angleterre  avoit  dit  au  Roi ,  pour  faire  une  Alliance 
Offenfive  6c  Défenfive  avec  Sa  Majefté  Impériale  ,   on  continua  la  Négocia- 
tion qui  avoit  déjà  été  entamée  en  cette  vûë-là.     De  la  part  de  la  Cour  de 
Vienne  ,  pour  mieux  y  réûffir  ,   on  fit  imprimer  les  Droits  de  la  Maifon 
d'Autriche  fur  la  Monarchie  d'Efpagne.     On  en  fit  part  à  la  Cour  de  Ro- 
me ,    6c  à  toutes  celles  ,    fur   lelquclles    cet  Ecrit  pouvoit  avoir  de  l'in- 
fluence.    Le   Comte  de   Goé'z  le  fit  même  imprimer  en  Hollande  ,   dans 
la    vûë    de   faire   voir  qu'il   y  auroit  de  la  juitice    d'apuïer  par  la   for- 
ce ces   Droits.     Comme  ce  Maniferte  elt  une  Pièce  folemnelle  ,   6c   pu- 
bliée par  ordre,  on  va  la  raporter  ,  quoi  qu'EUe  contienne  une  affez  lon- 
gue Déduction. 


MA  NI- 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.  f4i, 

MANIFESTE        ~ 

DELA 

MAISON     D'A    U    T    R    I     C    H    E, 

Qui  démontre  clairement  /es  'Droits  à  la  Couronne  d'Efpagne. 

DEpuis  la  mort  du  Roi  Catholique  Philippe  IV.,  toutes  les  fois  qu'on -Récit  i- 
a  parlé  de  la  Succeflîon  à  les  Roïaumes  Se  Etats,  il  n'y  a  eu  perfonne,  bresé  de 
tant  foit  peu  verfé  dans  les  Affaires  du  Monde,  fi  ce  n'eft  quelques  François,  §^^M 
accoutumez  félon  le  génie  delà  Nation  à  flatèr  lâchement  leurs  Rois,    qui  qui  font 
n'ait  été  très-perfuadé  que  le  Roi  Très-Chrétien  &  tous  fes  Defcendans  é-  arrivées 
toient  exclus  a  perpétuité  de  tous  les  Roïaumes  6c  Etats  de  la  Monarchie  depuis  la 
d'Efpagne.     Les  fameufes  Renonciations,    faites  depuis  long-tems  par  les  pmLt£. 
deux  Infantes  d'Efpagne  Anne  &  Marie-Therese,  dont  la  première  qui  pe  IV. 
étoit  Fille  de  Philippe  III.  fut  mariée  à  Louis  XIII.  ,  &  la  féconde  qui  touchant 
étoit  Fille  de  Philippe  IV".,  à  Louïs  XIV.,  l'un  &  l'autre  Roi  de  Fran-  la£uc" 
ce,  ont  toujours  été  tenues  par  un  chacun  pour  fî  claires ,  fi  amples ,    8c  fi  d'Eipa- 
valides,  que  leur  feule  lecture,  fans  rien  plus,  a  fuffi  à  ceux  qui  aimoient  la  gne. 
juflice ,  pour  les  confirmer  dans  ce  fentiment.  Et  fi  la  curiofite  a  pouffé  quel- 
ques perfonnes  à  rechercher  plus  foigneufement  les  autres  apuis  qui  par  une 
plus  grande  précaution  avoient  été  ajoutez  par  les  Rois  d'Efpagne  Se  de  Fran- 
ce, par  lefquels  la  chofe  étoit  contractée,  perfonne  de  bon  Cens  n'a  pu  com- 
prendre avec  quelle  affurance  aucun  homme,  non  feulement  inlïruit-de  la  vé- 
ritable Religion  &  aïant  la  crainte  de  Dieu  devant  foi ,  mais  doiié  du  ieul  bon 
fens,  Se  qui  ne  voudrait  pas  renverfer  fondamentalement  tous  les  droits  de 
l'humanité,  ait  pu  ouvertement  témoigner  le  moindre  panchant  d'attaquer  , 
même  légèrement ,  tant  de  Conventions  &  Confirmations  répétées  des  Traitez. 
Qui  plus  eu-,  le  même  Roi  Très-Chrétien,  après  que  la  Guerre  qu'il  avoit 
entrepris  depuis  la  mort  du  Roi  Philippe  IV.   contre  quelques  Provinces 
des  Pai's  Bas  Efpagnols  fut  affoupie  ,  femble  avoir  fouvent  reconnu  la  validi- 
té de  ces  Renonciations,  Se  s'être  abfolument  défait  de  toute  efperance  à. la 
moindre  partie  de  la  Monarchie  d'Efpagne,  tant  pour  lui  que  pour  lès  En- 
fans  ;  laiffant  le  foin  d'entrer  en  fon  tems  dans  cet  héritage  à  ceux  ,  auxquels 
il  pouvoit  échoir  par  differens  cas,  plus  proches  ou  plus  éloignez,  félon  l'or- 
dre de  la  Succefficn  reçu  dans  la  Famille  d'Efpagne.   C'elt  pourquoi ,  ce  fut 
d'autant  plus  contre  toute  attente  que  l'on  aprit  il  n'y  a  pas  long-tems  que  du 
vivant  même  du  Roi  Charles  II.   le  R<SÎ  Très-Chrétien  lollicitoit  avec  Peua- 
inftance  le  Roi  de  la  Grande-Bretagne,  Scies  Etats  Généraux  des  Provin-  vant  !* 
ces-Unies  des  Pais-Bas ,  d'obliger  conjoinctement  Sa  Majefté  Impériale  de  charC- 
partageravec  lui  la  Succeflîon  d'Efpagne,   en  cas  de  mort  du  Roi   Char-  xes  11. 
Tom.  I.  Xxx  les 


5-p     MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

1701-  les   Second   fan:  pofterité}    &  qu'il  avoit  même  obtenu,  fuivant  un 
"  Traité  Eut  entre  Eux  pour  cela ,  que  Sa  Majefté  Impériale  y  feroit  appcllée 

de  leur  part,  &  que  tous  les  Princes  &  Etats  de  la  Chrétienté  feraient  invi- 
tez à  joindre  leurs  fbrces^pour  garantir  ce  Partage.    Mais  depuis  très-peu  de 
tems  il  n'y  a  eu  perfonne,  qui  n'ait  été  furpris  &  étonné  de  la  Nouvelle  qui  a 
été  bien-tôt  vérifiée  par  l'événement,  que  le  Roi  Charles  II.  déjà  aftbibli 
d'efprit,  avoit  été  induit,  comme  étant  le  feul  remède  pour  empêcher  le  Dé- 
membrement de  la  Monarchie  Efpagnole ,  delbufcrire,  de  quelque  manière 
que  cela  ait  été  fait,  un  Teftament ,  que  d'autres  lui  avoient  prefenté  contre 
fon  gré,  par  lequel,  important  les  Renonciations-,  dont  on  a  parlé,  au  feul 
Et  après   Dauphin  de  France  8c  à  fon  Fils  aîné,  le  Duc  d'Anjou  fon  fécond  Fils  étoit 
\IdIIc'  aPPeu^àla  Succeflîon  d'Efpagne  ;  que  le  Roi  Très-Chrêtien  avoit  auflî  ac- 
d'Am-      quiefcé  à  cette  telle  quelle  difpofition,  &  que  par  fon  Autorité  fon  Petit-Fils 
,ouaiant  avoit  commencé  d'agir  comme  Roi  d'Efpagne  ,   &  s'en  étoit  allé  dans  ce 
IeCC"jL    R°ï;Ulme  là ,  pour  en  envahir  le  Trône  j  Qu'aufli  plufieurs  Gouverneurs  des 
média-    &ôSanraes  &  Etats  annexez  ou  fujets  s'étoient  fournis  à  fes  ordres ,  non  fans 
mentoc-  un  grand  deplaifir  fecret  de  plufieurs,  tant  parmi  les  Efpagnols  que  parmi 
cupéla     les  autres  Sujets  qui  s' attendoient  à  toute  autre  chofe.     Depuis  ce  tems-là, 
Monar-    prefqUe  tout  le  monde,  depuis  le  plus  grand  jufques  au  plus  petit,  n'a  égale- 
d'Efn.      ment  parlé  que  du  tort  extrême  &  fans  exemple  qu'on  a  fait  ,   non  feule- 
La    "      ment  au  Très-Augufte  Empereur,  à  fa  Très-llluftrc  Famille,  &  aux  autres. 
apartient  Maifons,  qui  félon  l'ordre  doivent  fucceder,  mais  à  toute  l'Europe  ou  plutôt 
ila  Mai-  à  tout  le  Genre  humain.  C'eft  pourquoi,  joignant  enfemble  les  Armes  ôc  les 
ton         Confeils  de  tous  les  Etats  &  même  de  tous  les  hommes  ,  fous  la  protection 
thé""'"  C'U  Tout-Puillant ,  quand  même  l'Empereur  ne  le  voudrait  pas  ou  qu'il  y  re- 
fiitàt,  il  faloit  vanger  ce  tort,  &  en  même  tems  tâcher  de  garantir  le  ialut 
public  de  l'extrême  danger  où  il  étoit  réduit.     Toutes  ces  choies  font  telle- 
ment avouées  Se  connues  à  tous  ceux  qui  ne  négligent  pas  tout-à-fait  les  Af- 
faires publiques,  &  dont  l'efprit  déréglé  ne  les  a  pas  encore  fait  égarer,  que 
fi  l'on  devoit  feulement  avoir  égard  à  ceux  qui  font  à  prefent  en  vie  ,  il  ne 
ferait  point  du  tout  neceflaire  de  travailler  ou  d'amaflèr  avec  foin  les  Raifons 
êc  Pièces  neceflàires  pour  publier  d'avantage  l'injuftice  des  François,  &  pour 
prouver  que  la  Sereniffime  Maifon  d'Autriche  eit  la  plus  proche  à  la  Succef- 
fion  d'Efpagne,  par  le  principal  droit,  entre  tous  ceux  qui  de  bon  droit  é- 
roient  proches  parents  du  fciî  Roi  Charles,  tant  à  l'égard  de  la  Parenté 
que  des  Alliances.     Mais ,  comme  il  peut  facilement  arriver  ,   que  quelques 
circonftances ,  quoique  très-dignes  d'être  fçûes ,  ne  font  pas  encore  venues 
à  la  connoiflance  de  tout  le  monde ,  &  qu'il  faut  auflî  en  cette  Affaire  avoir 
de  l'égard  pour  tous  les  fimples  ou  les  ignorans  ,  &  pour  la  pofterité  après 
nous,  on  expofera  très-palpablement  tout  ce  qui  cft  arrivée,  &  on  rendra  é- 
ternelle  la  mémoire  des  choies  qui  peuvent  fervir,  tant  à  connoître  de  premier 
abord  la  juftice  de  cette  Caufe,  qu'à  donner  de  la  confufion  &  de  la  honte 
aux  François  mêmes  &  à  leurs  Adherans,  &  qui  du  moins  peuvent  réveiller 
les  autres  à  éviter  leurs  pièges  continuels ,   avec  certaine  efperance  qu'étant 
lues  ou  ouïes ,  ceux  qui  l'ont  imprudemment  tombez  dans  les  filets  par  la 

trom- 


ET    RESOLUTIONS    D'ETAT.  ffi 

tromperie  d'autrui ,  tâcheront  d'abord  enfemblç  de  s'en  délivrer,   6c  peut-    i/01- 
être  même  que  ceux  qui  ont  brafle  l'iniquité  ou  ceux  qui  font  connus  y  avoir  * 
donné  volontairement  les  mains ,  reviendront  de  leur  égarement.     Et  afin  de  pour  !e 
plutôt  y  parvenir,  il  fera  bon  de  raporter  en  peu  de  mots  pour  premier  fon-  montrer 
dément,  comme  une  chofe  commune  parmi  les  hommes,  &  qui  eft  prife  de  Pjjis  cu" 
laRaifon  naturelle  même,  &  aprouvée  parmi  toutes  les  Nations,  favoir  qu'at-  ment> 
tendu  la.néceflité  de  l'introduction  de  la  Vie  Civile  comme  d'une  forme,       I. 
félon  laquelle  elle  devoit  être  gouvernée  par  un  feul  ou  par^plufieurs,  il  a  été  on  av!n- 
dans  une  très-libre  volonté  de  chaque  Nation  ,   là  où  la  Principauté  ou  la  "j^r" 
Roïauté  a  été  agréée,  de  la  déférer  à  un  feul  homme,  ou  enfemblç  à  toute  prlnci- 
la  Famille  qui  en  defeendroit.     En  ce  cas,  la  Succeflîon  de  la  Famille  Roïale  pesgé- 
étant  perpétuellement  établie,  félon  l'âge,  les  degrez  ou  les  lignes,  foit  avec  jj^Sj1^'»- 
l'exclufion  totale  des  Femmes ,  après  l'extinûion  de  tous  lesMâies,   ou  du    u    1C 
moins  de  ceux  qui  auraient  été  dans  la  même  ligne  Se  le  même  degré  ,   foit 
par  leur  admiflion  ;  ou  avec  l'addition  d'autres  conditions  relatives  aux  per- 
fonnes  Régnantes,  à  leur  naiflànce,  leur  état  ou  leur  mariage,  6c  la  manière 
de  régner  ,  félon  qu'il  aurait  été  trouvé  le  plus  à  propos.     11  n'eft  pas  moins 
évident  que  la  forme  de  la  Succeflîon  étant  une   fois  agréée  ,  les  Peuples  Sc- 
ia Famille  Roïale  ne  font  pas  bornez  en  forte  qu'elle  ne  puifle ,  par  le  con- 
fentement  mutuel  de  ceux  qui  furvivroient  dans  un  tems,  être  ou  totalement 
abrogée  ou  en  partie  altérée,  de  forte  qu'on  n'y  puifle  fubftituer  ou  une  nou- 
velle forme  de  Republique  ou  une  autre  manière  de  fucceder ,  à  laquelle  toute 
la  pofterité  eft  fucceflivement  obligée  jufques  à  ce  que  de  commun  confen- 
tement  on  en  ait  de  nouveau  établie  une  autre. 

Or  nul  Roi,  ni  autre  Membre  de  la  Famille  Roïale,  ni  le  Peuple,  ne  doit 
ou  peut  ôter  à  un  Membre  fui-vivant  de  la  Famille  Roïale  le  Droit  qui  lui  eft 
actuellement  dévolu  par  la  première  ou  la  féconde  Convention  faite  avec  le 
Peuple ,  ni  le  frauder  malgré  lui  de  l'efperance  qu'il  a  acquife  par  fa  Naiflan- 
ce. Au  relie, ce  ferait  être  dépourvu  de  toute  raifon,  que  d'ofer  révoquer  en 
doute  que  les  Princes  6c  Etats  qui  fe  font  la  Guerre  ,  renoncent,  cèdent,  6c 
tranfportent ,  pour  l'amour  de  la  Paix,  6c  félon  l'ufage  de  tous  tems  6c  par- 
mi toutes  Nations,  des  Provinces  6c  Roïaumes,  des  Biens,  6c" tous  autres  E- 
tats  prefens,  pofledez  par  les  parties  qui  font  en  Guerre  6c  par,  leurs  Sujets  , 
ce  qui  s'étend  même  à  des  chofes  au  de  là  de  l'efperance  ,  6c  même  deman- 
dées à  tort  ou  par  Droit  ;  6c  que  tels  Traitez  6c  Tranfaclions  s'apuient  du 
Droit  des  Gens ,  6c  qu'elles  n'ont  jamais  été  violées  fans  la  ruine  6c  l'exécra- 
tion du  Genre  humain.  Par  où  femblablement  il  paroit,  6c  l'ufage  de  tous 
les  fîécles  l'enfeigne,  qu'un  Roi  d'un  Roïaume  peut  auflï  acquérir  d'autres 
Roïaumes  6c  Etats,  enforte  qu'ils  foient  unis  ou  aflujettis  au  Premier  Roïau- 
me, 6c  que  les  uns  6c  les  autres  échoient  à  un  6c  même  perpétuel  Succefleur, 
ou  qu'ils  foient  pofledez  félon  l'ancienne  raifon  de  Succeflîon  qu'il  y  a  dans 
chacun  d'iceux ,  6c  félon  aufli  les  autres  Droits ,  6c  fuivant  cela  ils  parvien- 
nent fouvent  à  diffèrens  Succefleurs.  Et  qui  plus  eft  qu'il  y  a  fouvent  des  do- 
maines ou  biens,  de  quelque  prix  qu'ils  foient ,  qui  apartiennent  à  un  Roi 
ou  à  un  Prince,  par  Droit  d'un  Domaine  particulier  ou  de  Patrimoine,  dont 

Xxx  i  ou 


ff*     MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

1701.  ou  lui  même  de  fa  propre  volonté,  ou  en  cas  de  fa  négligence  ou  de  (a  remi- 
•  &i  quelqu'un  de  (es  Succeffeurs  peut  difpofcr,  Se  même  les  attache:-  à  la  Fa- 

mille pour  fon  utilité,  par'le  lieu  d'un  Fidci-Commis  Eternel,    ce  qui  ne 
peut  être  ôté,enfraint,ou  changé  en  aucune  manière  que  ce  foit  fucceffive- 
ment  par  aucun  des  Succeftèurs,  au  dommage  de  ceux  qui  y  font  appeliez 
fans  l'intervention  de  leur  'confentement.     Enfin  ,  il  n'y  a  aucun  de  ceux  qui 
favent  les  Droits  connus  fur  les  Terres  qui  apartiennent  à  la  Sainte  Eglife  Ro- 
maine, ou  au  Sacré  Empire  Romain,  foit  par  Fief  ou  par  d'autres  raifons, 
qui  puifie  douter  que  toutes  les  Familles  Nobles ,  &  fur  tout  les  Illuftres,  pour 
conferver  ou  augmenter  leur  luftre  &  pour  prévenir  toute  dilpute  ,  en  con- 
fervant  en  fon  entier  Se  fins  changement  le  Droit  de  Domaine  direct  ou  Sou- 
verain ,  n'aient  accoutumé  de  faire  entre  Elles  certaines  Conventions  pour  la 
Succeflîon,  qui  font  ou  pour  toujours, ou  à  tcms,ou  personnelles, fans  qu'au- 
cun s'y  oppolé,  Se  qu'elles  font  Couvent  confirmées  par  les  Couverains  Pon- 
tifes Se  parles  Empereurs,  Se  qu'elles  ne  laifTent  pas  auffi  de  Cubfiiter  Cans 
,  leur  confirmation  particulière ,   pourvu  qu'on  n'y  trouve  rien  qui  tende  à 

frauder  l'EgliCe  ou  l'Empire,   Se  que  par-là  auffi  les  réfutations  qu'on  appel- 
le, des  Fiers  leur  apartiennent.    Or  en  ces  lieux- là  les  Renonciations  des  Fil- 
les nobles  Se  illuftres  faites  lors  de  leur  mariage,  foit  qu'elles  foient  générales 
ou  limitées,   Se  même  connues  ailleurs,  reftent  dans  leur  vigueur  ,    Se  font 
exactement  obfervées,  quoi  qu'avant  leCdites  Conventions ,    il  y  ait  dans  la 
Famille  une  autre  Corme  de  Cucceder.    Or,  ce  qu'on  vient  de  dire  fur  les  pre- 
miers Principes  tirez  du  Droit,  étant  fuffifant  pour  décider  laQueftion  dont 
on  traite,  il  faut  à  prefent  en  fécond  lieu  examiner  fuccinétement  la  manière 
de  fucceder  qui  a  été  introduite  dans  la  Monarchie  d'Efpagne,  après  qu'Elle 
eft  venue ,  comme  de  plufieurs  parties  ou  membres  comme  en  un  corps ,  quoi 
II.      qu'il  femble  qu'on  ne  doive  point  auffi  tout-à-fait  négliger  ce  qui  a   été  par- 
Lesdif-   ticulierement  établi  de  ces  Provinces ,  qui  Coût  tenues  en  FieC  par  les  Rois 
ferentes  d'ECpagne.     Or  en   cette  vue   nous  devons   raporter  en   même   tems   les 
fc&e-    moiens  i°lt  différais  Se  même  oppoCez,  dont  les  ECpagnols  Se  les  François  Ce- 
cederen  ^n  ^a  coutume  de  ces  deux  Nations  en  preCque  toute  autre  choCe,  Ce  (ont  Cer- 
Eipagne  vis  pour  établir  la  Succeflîon,  puiCque  ceux-ci  ont  depuis  long-tems  Coûtenù 


&  en  avec  un  extrême  Coin  par  diverfès  raiCons  la  Succeflîon  Mafculine  de  la  Fa- 
France,  mille  Roïale  félon  les  lignes,  à  l'exclufion  de  toutes  les  Femmes,  non  feu- 
Cette  ^  Iément  du  Roïaume  de  France ,  mais  même  des  Etats  qui  feraient  venus  en 
conte-' S  P°fl"eÛïon  des  Rois  de  France  par  le  moïen  des  Femmes }  Et  qu'au  contraire 
nain  la  les  Efpagnols  après  les  Mâles  de  la  même  ligne  Se  du  même  degré ,  ont  auffi 
Succe/-  admis  les  Femmes  venant  de  la  Famille  Roïale,  qui  fe  marieraient  cependant 
r.cale'"  *  tOUt  autre»  exceP.ré  qu'à  aucun  de  ceux  de  la  Famille  de  France  >  auquel 
JMaiculi-  cas>  tant  Pour  conlen;ei*  l'égalité  entre  l'un  Se  l'autre  Roïaume,  que  pour 
né  du  d'autres  motifs,  elles  étoient  éternellement  éloignées  avec  toute  la  pofterité 
côté  du  Françoifc,  du  confentement  même  de  la  France  ;  la  prérogative  de  l'âge  fub- 
Pere-  fîftant  ainfi  dans  les  autres,  tout  de  même  que  dans  les  Mâles  de  la  Famil- 
Et  la  pre-  le  Roïale.  Et  comme  à  prefent  même  tout  le  monde  convient  de  la  par- 
Kiicrc  tie  principale  de  ce  qu'on  yient  de  raporter,  Se  de  fon  dernier  uCage,  {  quoi- 
que 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.         fj-j 

que  les  Aragonois  aient  par  le  pafle  communément  foûtenu  le  Droit  de  la  Pa-   1701. 
rente  Mafculine,  ce  qu'à  préfent  on  ne  doit  pas  négliger,)  il  ferait  fuperflu       '     - 
de  s'y  arrêter  d'avantage  pour  la  prouver,  on  rapportera  &C  on  foûtiendra  feu-  prefe- 
lement  la  vérité  de  l'exception  qui  a  été  ajoutée  ,    à  laquelle  il  a  plu  aux  "mli 
François  de  s'opofer  ,    en  violant  le  Droit,  par  la  convoitife  d'étendre  leur  ^ll^" 
Domination,  &  laquelle  tout  récemment  quelques  Efpagnols  poullèz  par  de  à  Pcx- 
pareils  principes  ont  entrepris  d'obfcurcir  6c  même  de  renverfer,  s'il  avoit  clufion 


3cn- 


été  poffible,  non  feulement  par  écrit,  mais  par  les  Armes,  contre  les  coûtu-  *jepcr, 
mes  propres    6c  anciennes  :   ce  que  nous   ferons  fucceflîvement  &  ample-  t„"s  ]e° 
ment   d'abord    que   nous   aurons  rapporté  en  troifîéme  lieu  ,   aufli   brieve-  Princes 
ment  qu'il  fera  poffible  ,  la  liailbn  de  la  Parenté  6c  de  l'Alliance  qu'il  y  a  Fran- 
entre  l'une  &  l'autre   Branche  d'Autriche,  aflavoir  d'Allemagne  6c  d'Ef-  S01S# 
pagne.     Il  n'eft  pas  même  necefTaire  d'en  faire  ici   une  fuite  6c  un  détail  Et  chez 
long  8c  exact,  mais  il  fuffira  de  dire  en  abrégé  que  tout  de  même  que  le  Roi  1oesAl7a" 
Charles  a  tiré  fon  origine  de  l'Empereur  Charles-Quint,  né  en  Flan-  feprjncï- 
dres,  &  l'ainé  de  la  Famille,  ainfi  Sa  Majefté  Impériale  Leopold  I.  def-  pal  Droit 
cend,  par  un  ordre  fucceffif  des  deux  cotez  par  des  parens  prefque  toujours  Mj'c>u" 
de  la  même  Famille,  de  l'Empereur  Ferdinand  !..  Frère  audit  Charles-  '"•"• 
Quint,  Infant  &  rejetton  d'Efpagne,  qui  faifoit  les  délices  de  leur  Aïeul  teint 
Ferdinand  le  Catholique }  6c  l'un  6c  l'autre  tiraient  leur  origine  de  Phi-  dans  la 
lippe,  à  caufe  de  fa  beauté,  furnommé  le  Beau  ,  Fils  de  Maximilien  I.  jl"n,'1Ie 
ôc  de  Marie,  Héritière  de  Bourgogne,  6c  ds  Jeanne  Fille  de  Ferdi-     01ale* 
nand    6c  d'IsABELLE   les  Catholiques.     C'eft  une  chofe  encore  affez  re-  "';  Unc 
cente  que  la  Mère  de  Sa  Majefté  Impériale ,  étoit   Marie  Fille  du  Roi  q^çy  . 
Philippe  III.  6c  Sœur  de  Philippe  IV.,    mariée  à  l'Empereur  Ferdi-  tionde 
nand  III.  Père  de  Sa  Majelté  Impériale.     Et  fadite  Majefïé  Impériale  a  eu  la  Gé- 
en  Mariage  Marguerite,  féconde  Fille  du  même  Philippe  IV.,  6c  de  nçalogje 
fa  Femme  Marie-Anne  d'Autriche,  propre  Sœur  de  Sa  Majefté  Impe-  CheUtqui 
riale,  de  laquelle  il  a  eu  Marie-Antoinette  mariée  à  l'Electeur  de  Ba-  fe  ra'por- 
viére,  qui  lui  a  enfanté  un  Fils  ,  qui  aïant  à  peine  furvecu  fix  années  à  là  te  à  ceci. 
Mère,  l'a  fuivie  au  Ciel.     Et  fa  Sacrée  Majefté  Impériale  ,   après  le  decez 
de  Marguerite  d'Efpagne  a  eu  de  l'Impératrice  Magdelaine  Palatine 
plufïeurs  Enfans  de  l'un  6c  de  l'autre  fexe  que  Dieu  par  fa  bonté  divine  veuil- 
le conferver.     Et  comme  l'on  n'a  pu  fe  difpenfer  de  cette  courte  Narration  ' 
pour  montrer  le  Droit  de  Sa  Majefté  Impériale  6c  de  toute  fon  Augufte    • 
Pofterité  Mafculine  6c  Féminine  à  la  Succefhon  d'Efpagne  j    auiîï  le  Roi 
Très-Chrêtien  6c  fes  Entans  ou  fon  Frère  n'en  font  pas  rejettez  ,  comme 
fî   l'on  nioit  qu'ils  fuftent  venus  de   Filles  d'Autriche  d'Efpagne,  puifquc 
nous-mêmes  en  avons  amplement  parlé}  mais  parce  que,  ainlrque  nous  Tal- 
ions prouver,  par  ces  mêmes  Mariages  François ,  fa  Mère  Anne,  6c  Ma- 
rie-Thérèse Femme  du  Roi  Très-Chrêtien,  defquelles  on  a  parlé,  ont      On 
été  éternellement  exclufes  avec  toute  la  Pofterité  de  France  de  quelque  or-  prouve 
dre,  degré,  ou  fexe  qu'Elle  fût  à  l'infini,  même  en  cas  de  Veuvage,  de  quel-  i^f^** 
que  partie  que  ce  foit  de  la  Monarchie  Éfpagnoie,  par  les  Loix  6c  Coûtu-  f]on  des 
mes  d'Efpagne,  par  les  difpofitions  des  Rois  precedens  6c  par  les  conven-  Fran- 

X  x  x  3  tions  Ç°is- 


5T4      MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

1701.  tions  faites.  6c  jurées  tant  par  Elles-mêmes,  que  par  leurs  Maris.    Ceux  qui 
favent  comment  par  les  plus  anciennes  Hiitoires  d'Efpagnoles,  les  Roïaumes 


I.  Parles  d'Efpagne  ne  doivent  jamais  s'unir  à  la  France,  ni  être  gouvernez  par  aucun 
Loîk&    François  ou  Françoise,   ne  trouveront  pas  que  ce  foit  une  chofe  nouvelle, 
an^n".    que  par  le  paflé  les'Pcres  6c  les  Etats  du  Roïaume,  même  par  les  Avis  folem- 
"^cs"  ae^s  des  Juges,  très-eckbres  par  la  faintetc  de  leur  vie,  par  leur  doctrine  & 
d'Efpa-    par  la  pratique  des  Affaires,  6c  enfin  par  la  volonté  6c  concurrence  de  toute 
fine,        la  Nation,  ont  préféré  la  Cadette  à  la  Fille  ainée  des  Rois  d'Efpagne  mariée 
en  France ,  6c  à  lés  Enfans,  ôc  ont  pareillement  donné  la  préférence  aux  En- 
fans  des  Frères  6c  Sœurs,  nez  de  la  Famille  d'Efpagne  fur  les  Filles  Roïales 
Mariées  aux  François,  6c  à  leur  pofterité  ,   les  excluant  par  fes  Loix  ,  par 
des  Teftamens  6c  des  Renonciations.     Tant  les  Efpagnols  lbigneux  de  la  Li- 
berté 6c  de  l'Honneur  de  la  Patrie,  avoient  déjà  alors  li  ardemment  à  cœur 
qu'un  Prince  François  ne  devoit  ni  pouvoit  commander  aux  Efpagnols  avec 
plus  de  Eh-oit,  que  les  François  n'en  donnent  chez  eux  aux  Efpagnols  pour 
y  régner  ;  6c  ce  fous  quelque  nom  ou  prétexte  que  ce  fût ,   6c  qu'on  ne  de- 
voit même  épargner  aucun  travail  ni  danger  pour  détourner  les  machinations 
contraires  s'il  y  en  avoit.     Ce  fut  donc  fur  ce  fondement  que  la  foigneufe  6c 
H.      fage  prevoïance  de  Philippe  III.  Aïeul  Maternel  de  Sa  Majefté  Impériale, 
Parle      pouflé  même  par  plufieurs  autres  nouvelles   raifons ,   pour  laitier   d'autant 
Con-       moins  de  fiijet  de  difpute,  fit  en  forte  qu'il  fut  dreffé  un  ContracT:  de  Maria- 
M^iage  ge  à  Madrid  en  161Z.  entre    Anne  d'Autriche  &  Louïs   XIII.  Roi  de 
entre       France,  par  les  Miniitres  Efpagnols  6c  l'Ambaffadeur  d'Efpagne,  en  prefen- 
Anke      ce  de  l'Archevêque  de  Capouë  de  l'Illultre  Famille  des  Gaetans  6c  Légat 
d'Autri-  ju  ponrj|.e  ^  je  l'Ambaffadeur  du  Grand  Duc  de  Tofcane  comme  Médiateur 
Louïs      6c  Entremetteur,  6c  de  plufieurs  Grands  d'Efpagne,  Confeillers  d'Etat,  6c 
Xljrj.      d'une  foule  de  Nobles,   lequel   ContracT:  efl  de  la  teneur  luivante. 

AU  Nom  de  la  Sainte  Trinité ,  du  Père,  du  Fils ,  £5?  du  benoît  Saint  Efprit,  trois 
Perfonnes  en  un  féal  Ci?  vrai  Dieu,  pour  fa  gloire  ci?  fervice,  fj?  pour  l'avan- 
cement de  ces  Roïaumes.     Soit  notoire  à  tous  ceux  qui  veront  cette  prejente  écritu- 
re Ci?  infrument ,  contenant  V accord  6?  traité  de  Mariage  qui  s'enfuit. 

Comme  ainfi  foit  qu'en  la  Fille  de  Madrid ,  Cour  de  Sa  Maje fié  Catholique , 
en  fon  Palais  Roïal ,  le  Mercredi  20.  d'Août  de  l'An  161 2.  en  la  prefence  de 
l'IUuJlre  Don  Antoine  Cayttan ,  Archevêque  de  Capoùe  Légat  à  latere  de  notre 
Saint  Pire  le  Pape  Paul  V.  fon  Nonce  Apoftolique  en  ces  Roïaumes  au  nom  de 
fadite  Sainteté  ;  ci?  en  la  prefence  du  Seigneur  Comte  Orfo  Delzi ,  Ambaffadeur 
du  Grand  Duc  de  Tofcane  en  ce  qu'il  pofjede  ;  ci?  en  la  prejer.ee  des  Seigneurs  Ducs 
de  l'Infant  ado  &  d'Alburquerque  ,  des  Marquis  de  Caftel- Rodrigo  ci?  de  Filla- 
Franca,  tous  quatre  du  Confeil  d'Etat  de  Sa  Majefié  Catholique,  du  Duc  d'Uze- 
da ,  Amiral  de  Caftille ,  Prince  de  Tingri ,  du  Duc  de  Maqueda  ,  Duc  de  Pe- 
naranda,  du  Duc  d' Alla,  du  Duc  SeJja,Duc  de  Feria,  Duc  de  Montait 0 ,  Duc 
de  Filla  -  Hermofa  ,  Duc  de  Varaguas  ,  de  Don  Juan  de  Idiaque  Grand  Com~ 
mandeur  de  Léon ,  du  Coufeil  d'Etat  de  fadite  Majefié  ci?  Prefident  des  Ordres  ,  ■ 
de  Don  Anguft'm  le  Mezie  auffi.  du  Confeil  d'Etat,  &  du  Liccntié  Don  Diego 

Lopes 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.         f)T 

Lopes  de  Ayala ,  auffi  du  Confeil  d'Etat  (3  Grand  Chambellan  de  Sa  Majefté,  (3 
de  plufteurs  autres  Seigneurs  (3  Chevaliers.  Par  devant  moi  Antoine  d'Arofie-  • 
gny ,  Chevalier  de  l'Ordre  de  St.  Jaques ,  Secrétaire  d'Etat  ,  Ecrivain  (3  No- 
taire de  Sa  Roiale  Majejlé  Catholique  :  comparant  ï ' Excellent ijjîme  Seigneur  Don 
François  de  Sandoval ,  du  lignage  de  Rozas,  Duc  de  Lerma  &c.  (3  c.  du  Con- 
feil d'Etat  de  Sa  Majeflé  (3c.  (3c.  Gouverneur  (3  Premier  Maître  d'Hôtel  de 
Très-Haut  (3  Triomphant  Philippe  Prince  d'Efpagne  (3c  :  An  nom  (3  comme 
Procureur  de  Très- Haut ,  Très- Excellent,  (3  Très-PuifJ'ant  Prince  Don  Philip- 
pe III.  de  ce  nom  nôtre  Seigneur  ,  par  la  Grâce  de  Dieu  Roi  de  Caftille  (3c: 
En  vertu  du  pouvoir  que  ledit  Sieur  Duc  de  Lerma  a  reçu  de  Sa  Majejlé  Catho- 
lique, par  Brevet  (3  Provifion  /ignées  de  fa  Roiale  main  ,  fee liées  de  fon  Scel 
Roïal,  (3  contre/ignées  par  moi  fujdit  Secrétaire  Roi al ,  fait  (3  paffè  à  Saint 
Laurens  de  î'Efcurial  le  30.  Juillet  audit  audit  An,  comme  Roi,  Père,  (3  lé- 
gitime Adminiffrateur  de  la  Sereniffime  Infante  fa  fille  ,  (3  de  la  Majejlé  de  la 
Reine  Marguerite/?  légitime  Femme  (3  Epoufe, d'une  part.  Et  d'autre  part, 
comparant  l '  Excellent  iffî me  Seigneur  Henri  de  Lorraine,  Duc  de  Maïenne  (3 

Id'Eguillon ,  Pair  (3  Grand  Chambellan  de  France ,  (3  avec  lui  pour  l'afjïfler  , 
font  performcllcment  prefent  (3  comparans  le  Sieur  Vicomte  de  Puiftcux  (3c,  fon 
AmbafJ'adeur  Extraordinaire  d'autre  part,  exprès  pour  cet  effet  vers  Sa  Majeflé 
Catholique;  (3  le  Seigneur  Baron  de  Vancelas  ,  Confeiller  d'Etat  de  Sa  Majejlé 
Très-Chrêtienne  :  pour  (3  au  nom  de  Très- Haut ,  T'es- Excellent  ,(3  Très- Piaffant 
Prince  Louis  XIII.  par  la  Grâce  de  Dieu  Roi  Très-Chrétien  de  France  &  de 
Navarre,  (3  de  Très- Haute  ,  Très-Excellente,  (3  Trcs-Puiffante  Dame  Ma- 
rie, Reine  Très-Chrêtienne  de  France  (3  de  Navarre  fa  Mère,  Tutrice, (3  Ré- 
gente enfes  Roiaumes.  En  vertu  de  leurs  Pouvoirs  qu'ils  ont  exhibez,  (3  repré- 
sentez, écrits  originairement  en  langue  Françoife ,  fiignez  de  leurs  Roïales  mains 
(3  feeltez  de  leurs  Sceaux  Roiaux ,  donnez  (3  oclroïez  en  leur  Roiale  Fille  de  Pa- 
ris ;  c'efi  affavoir  celui  du  Roi  Très  -Chrétien  le  17.  du  mois  de  Juillet  de  la  pre- 
fente  année^  (3  celui  de  ladite  Reine  Très-Chrêtienne  du  19.  defdits  Moif  (3  An\ 
les  Originaux  defquels  pouvoirs  deffus-dits  demeurent  par  devers  moi  prefent  Se- 
crétaire d'Etat ,  pour  être  inferez  confecutivement  après  le  prefent  Ecrit.  Le  dit 
Duc  de  Ferme  ,  au  nom  de  Sa  Majeflé  Catholique  ;  (3  lefdits  Sieurs  Duc  de 
Maïenne ,  Vicomte  de  Puifieux ,  (3  Baron  de  Vaucelas ,  au  nom  de  leurs  Majejlez  > 
comme  Rois  Très-Chrétiens  (3  Catholiques ,  auxquels  touche  le  bien  de  leurs  Roiau- 
Vies,  (3  pour  affûrer  la  Paix  de  leurs  Couronnes  (3  de  toute  la  Chrétienté ,  la- 
quelle a  été  obfervce  depuis  qu'elle  fut  conclue  (3  arrêtée  entre  Sa  Majejlé  Catho- 
lique le  feu  Roi  Don  Philippe  II.  nôtre  Seigneur ,  (3  Sa  Majeflé  Très.-Chrê- 
tienne  deffunt  le  Roi  Henri  IV.  Pérès  de  Leurs  Majejlé  Catholique  (3  Très- 
Chrétienne  à  prefent  Régnants,  defirant  qu' Elle  fe  perpétue  (3  continué,  non  feu- 
lement durant  la  vie  de  Leurs  Majefez  j  mais  auffi  de  celle  de  leurs  defeendans  (3 
Succeffeurs ,  Elles  n 'auraient  eftimé  plus  propre  ni  plus  convenable  moien  que  celui 
des  Mariages,  ni  qui  fut  de  plus  grande  efficace,  quand  ils  Je  peuvent  accomplir 
par  doubles  (3  renforcez  liens  ,  moiennant  la  grâce  de  Dieu  ,  à  l'augmentation 
de  fon  divin  fervice;  (3  même  qu'avec  le  Mariage  de  l'Infante,  (3  avec  la  bene- 
diclion  de  nôtre  Très- Saint  Père  le  Pape  Paul  V.  (3  l'eut remife  aujft.  du  Grand 

Duc 


1701. 


575       MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

1 70 1 .  Duc  de  Tofcane ,  fibiit  déjà  traitées  £<f  accordées  les  Epou failles  &  Mariages  du 

■ ■  Serenijjïme  Prince  d'Efpagne  Don  Philippe,  avec  la  Serenijjïme  Isabelle, 

Sœur  £5?  Fille  ainée  de  Leurs  Majeftez  Très  -  Chrétiennes  :  Comme  aufji  du  Roi 
Très-Chrétien  Louis  XIII.  avec  la  Serenijjïme  Infante,  Dame  Anne,  Fille 
ainée  de  Sa  Aîejefié.  Catholique.  Afin  qu'avec  ces  nouveaux  liens  s'allient  plus 
étroitement,  &  je  confirme  davantage,  l'Amour,  l'Amitié,  £5?  Fraternité  qui 
fft  £s?  qu'on  defire  être  confervez  entre  Leurs  Majcjlez,  afin  aujji  qu'elles  ref- 
Jbrtijfent  leur  plein  &  entier  effet  ,  les  fujdits  Seigneurs  Commijfaires  es 
Noms  ci-dejfus  ,  en  ce  qui  concerne  le  Mariage  du  Roi  Très-Chrétien  avec  la 
Sereniffime  Infante  Dame  Anne,  ont  capitulé  £57  confenti  ce  qui  s'enfuit. 

Qu'avec  la  grâce  £s?  beneditlion  de  Dieu,  préalablement  obtenue  difpenfe  de 
fa  Sainteté,  à  raifon  des  Proximitez  £<f  Sanguhiitcz  qui  font  entre  le  Roy 
Très-Chrétien  £5?  la  Serenijjïme  Infante  ,  fi  tôt  qu 'Elle  aura  atteint  Pâte  de  ' 
douze  ans  accomplis  ,  ils  fajfent  célébrer  leurs  Epou  failles  £5?  Mariage  -,  par 
paroles  de  prefient ,  felun  la  forme  &  en  la  fclemnité  prejcrïte  par  les  Sacrez  Ca- 
nons £s?  Confit  ut  ions  de  l'Egllfe  Catholique ,  Apofiolique ,  £5?  Romaine  :  Et  fe  fe- 
ront lefdits  Epou  faille  s  £■?  Mariage  e;:  la  Cour,  Palais,  &  Mai/on  de  Sa  Maje- 
fié  Catholique,  oit  fa  Serenijjïme  Infante,  Dame  Anne  fait  fa  refidance j  &  ce 
en  vertu  du  Pouvoir  &  Commijfion  du  Roi  Très- Chrétien  ;  £5?  comme  il  fera  fait 
le  Roi  Tr es-Chrétien  le  ratifiera  if}  accomplira  en  Perfonne,  quand  la  Serenijjïme 
Infante  Dame  Anne,  fera  amenée  &  arrivée  en  France ,  Sa  Majefté  fe  joi- 
gnant avec  Son  Attejfe  :  >  £îf  fe  fera  ladite  folemnité  des  Epoufailies  ,  fait  par 
pouvoir  fpecial  ou  en  prefence ,  quand  le  tems  de  l'accomplir  fera  concerté  &  arrêté 
entre  Leurs  Majeftez. 

Que  Sa  Majeflé  Catholique  promet  £5?  demeure  obligée  de  donner ,  £<?  donnera- 
à  la  Serenijjïme  Infante  ,  Dame  Anne  en  dot  -£5?  en  faveur  de  Mariage  avec  ' 
le  Roi  Très-Chrétien  de  France,  £jf  paiera  à  Sa  Majefté  Très-Chrétienne  ou  à  ce- 
lui qui  aura  pouvoir  &  commijïon  a' Elle ,  la  fomme  de  cinq  cent  mille  Ecus  d'or 
de  la  valeur  de  feize  realles  la  pièce,  &  ce  en  la  Fille  de  Paris  un  jour  avant  la 
célébration  dudif  Mariage. 

Que  leurs  Majeftez  Très-Chrétiennes  s'obligeront  d'affiner ,  £5?  affûreront  le  dot 
de  la  Serenijjïme  Infante,  Dame  Anne  ,  fur  rentes  bien  a  (Jurées  £î?  bonne  s, 13 
fur  fonds  £s?  afjïgnations  valables  &c. 

Qiie  la  Serenijjïme  Infante  Dame  Anne  ,  fe  tiendra  pour  contente  £5?  conten- 
:    ter  a  du  fufdit  dot ,   fans  que  par  ci- après  Elle  put ffe  alléguer  aucun  fien  autre 
droit ,  ni  intenter  aucune  autre  Action  ou  Demande ,  prétendant  qu'il  lui  apartien- 
ne  ou  puijjè  apar tenir  autres  plus  grands  Biens  ,  Droits,  Raifons ,  &  Aélions 
pour  caufe  des  héritages,  6?  de  plus  grandes  Succeffwns   de  Leurs  Majeftez  Ca- 
tholiques fes  Père  tîf  Mère,  ni  pour  contemplation  de  leurs  Perfonnes  confide- 
les   en  quelle   autre   manière  ,    ou  pour  quelque  caufe  (3  titre  que  ce  foit, 
foit  qiïElle  le  fait  ou  qu' Elle  l'ignorât;  attendu  que  de  .quelque  qualité  £5?  con- 
dition que  lefdites  Actions  £5?  ebofies  ci-dejfus  foient  ,  Elle  pourtant  ne  laijfcra 
i 'en  faire  la  Renonciation  en  bonne  (3  dite  forme,  £$?  avec  toutes  les  a  far  an- 
ces,  formes  ,  £5?  folemnitez  qui  y  feront    requifès    if  necejfairts',  laquelle  dite 
Renonciation  Elle  fia  avant'  que  d'être  mariée  par  Parole  de frefent.  Qu' El- 
le 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.  fr7 

Je  aujji-t'ût  après  la  célébration  du  Mariage  approuvera  Ï3  ratifiera  conjointement  1 70 1 . 
avec  le  Roi  Très -Chrétien,  avec  les  mêmes  formes  &  folemnitez  qu'Elle  aura  fait  ■  ■  ■ 
à  la  fufdite  première  Renonciation  ,  voire  avec  les  claufes  qu'ils  verront  être  les 
plus  convenables ,  13  neceffaires  à  l'effet  &  accompliffement  :  de  laquelle  Renon- 
ciation Leurs  Majeftez  demeureront  &  demeurent  dès  à  prefent  comme  pour  lors 
obligées.  Et  au  cas  qu' Elles  ne  faffènt  ladite  Renonciation  £5?  Ratification  en  ver- 
tu du  prefent  Contrat!  par  Capitulation  ,  icelles  fufdits  Traitez ,  Renonciation  & 
Ratification  font  tenues  &  cenfées  dez  à  prefent ,  comme  pour  lors,  pour  bien  (3 
deucment  faites ,  pafjèes,  i3  oUroiées.  Ce  qui  fe  fera  en  la  forme  la  plus  authenti- 
que ,  (3  ejficacieufc  que  faire  fe  pourra  pour  être  bonnes  &  valables ,  enfemble  avec 
toutes  les  Claufes  dérogatoires  des  dérogatoires ,  de  quelconques  Lois ,  Jurifdicfions, 
Coutumes ,  Droits,  13  Conflit  ut  ions  au  contraires  ,  ou  qui  empcchajjènt  du  tout  ou 
en  partie  le  faites  Renonciation  &  Ratification  ,  aux  quelles  à  l'effet  &  validité 
que  de  fus  Leurs  Majeftez  Catholique  (3  Tres-Chrêticnne  dérogeront  ,  &  dez  à 
préfènt  Elles  y  dérogent  entièrement;  &  pour  /' '  /Iprobation  &  Ratification  qu' El- 
les feront  dès  à  prefent  co?nme  dès  lors  Elles  entendront  &  entendent  avoir  dérogé 
à.  toutes  exceptions  cideffus. 

Que  d'autant  que  Leurs  Majeftez  Catholique  &?  Très-Chrêtienne  font  venus  13 
tiennent  à  faire  ces  Mariages ,  afin  de  tant  plus  perpétuer  &  afjurer  par  ce 
fort  nœud  &  lien  la  Paix  publique  de  la  Chrétienté;  £5?  entre  Leurs  Majeftez 
r amour  &  la  fraternité  que  chacun  efpere  entre  Elles  ;  &  en  contemplation  auffi 
des  juftes  (3  légitimes  caufes  qui  montrent  &  perfuadent  l'égalité  (3  conve- 
nance défaits  Mariages ,  par  le  moien  defqucls ,  &  moyennant  la  faveur  & 
la  grâce  de  Dieu,  chacun  en  peut  efperer  de  très-heureux  fuccès,  au  grand  bien& 
augmentation  de  la  Foi  13  Rehgion  Chrétienne  ,  au  bien  &?  bénéfice  commun  des 
Roiaumes,  Sujets,  (3  Vaffaux  des  deux  Couronnes ,  comme  auffi  par  ce  qui  traite 
13  importe  au  bien  de  la  chofe  publique  (3  confervation  d'icelle.  Confideration  de 
telle  importance  qu'il  ferait  à  craindre  que  les  occafions  qui  fe  prefentent  de  tels 
Mariages,  m  fuffent  prévenus  ou  tollez  :  donques  attendu  la  qualité  des  fufdite  s 
(3  autres  juftes  raifons  qui  fe  pourroient  dire  ou  alléguer  :  fleurs  Majeftez  accor- 
dent 13  arrêtent  par  contrat!  (3  pache  tonventionelle  entre-Elles  qui  fortira  (3  au- 
ra lieu,  force,  6?  vigueur  de  Loi  ferme  13  fiable  à  tout  jamais ,  en  faveur  de  leurs 
Roiaumes  13  de  toute  la  chofe  publique  àPiceux.  Que  la  Serenïffime  Infante  d'Ef- 
pagne  ,  Dame  Anne  ,  13  les  Enfans  procréez  d'Elle  ,  foient  mâles  ou  femelles  , 
13  leurs  De feendans  premiers  ou  féconds  ,  troifiémes  ou  quatrième?,  nez  ci-après 
en  quelque  degré  qu'ils  fe  puiffent  trouver  ,  voire  à  tout  jamais,  ne  puiJJ'ent  venir 
nifucceder  es  Roiaumes,  Etats ,  Seigneuries  &  Dominations  qui  apartiehnent  (3 
apartiendront  à  Sa  Majefté  Catholique  ,  (3  qui  font  compris  au  de  fous  des  lettres 
(3  qualitez  mentionnées  en  cette  prefente  Capitulation  ,  ni  en  aucun  de  fes  plus 
Grands  Roiaumes,  Etats,  Seigneuries,  Provinces,  Ifles  adjacentes  ,  Fiefs,  Ca- 
pitaineries, ni  es  Frontières  que  Sa  Majefté  Catholique  poffede  des  prefent  ou  qui 
lui  apartiennent  ,  ou  pourront  apartenir  dedans  (3  dehors  le  Roiaumc  d'Efpagne  , 
que  par  ci- devant  Leurs  Majcdez  Catholiques  &?  leurs  a  feendans  Predeceffeurs  eu- 
rent ,  poffederent ,  (3  leur  apartinrent ,  ni  en  tous  ceux  qui  font  compris  en  iceux  ou 
dépendant  d iceux ,  ni  mêmes  en  tous  ceux  qui  par  ci- après  en  quelque  tems  que  ce 

Tom.  I.  Y  y  y  fit, 


f$      MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

1701.  foit,  Elles  pourroient  aquerir  ou  accroijlre ,  ou  ajouter  aux  fufdits  fiens  Roiaumes, 

Etats  (3  Dominations ,  ou  qu' Elles  pourraient  retirer, ou  qui  leur  pour  oient  échcoir 

p.ir  dévolus  ou  par  quelques  autres  titres ,  Droits  ou  rai/on  que  et  foit  ou  qu>  Puif- 
fe  être  ;  encore  que  ce  fut  durant  la  vie  de  la  Sereniffime  Infante  ,  Dame  Anne, 
ou  après  fa  mort,  en  celle  de  qui  que  ce  foit  de  [es  defeendans  premiers ,  féconds  , 
ou  troifiémes  nez,  ou  en  quelque  manière  qui puiffe  avenir;  ou  que  le  cas  ou  les  cas 
par  lefquels  ou  par  droit  ou  par  Loix  13  Coutumes  défaits  Roiaumes  Etats  (3  Do- 
minations, foit  par  difpofition  du  titre,  par  lefquels  ils  puiffe  nt  fucceder  ou  préten- 
dre pouvoir  fucceder  es  dits  Roiaumes ,  Etats,  (3  Dominations  ;  en  tous  lefquels 
fufdits  cas  des  à  prefent  ladite  Dame  Anne  Infante  ,   dit  &  déclare  être  &  de- 
meure bien  13  deuement  exclufe  ,  enfemble  tous  fes  Enfans  &  Defeendans,  mâles 
13  femelles  ;   encore  qu'ils  fe  vouluffent  dire  ou puffent  dire,  (3  prétendre  qu'en 
leur  Perfonne  ne  courrent  ni  ne  fe  peuvent  &  doivent  confdercr  icelles  fai/ons  com- 
me de   nulle   valeur  de  la  ebefe  publique,  ni  autres  es- quelles  ladite  Excluftonfe 
pourrait  fonder,  ou  qu'ils  vouluffent  alléguer   (  ce  qui  à  Dieu  ne  plaife)  que  la 
fucceffion  du  Roi  Catholique  ou   de  fes   Serenifjîmes   Princes   &   Infantes,  13 
d'abondant  des  mâles  qu'il  a  ,  ou  pourra  avoir  pour  fes  légitimes  Succeffeurs  , 
eut  manqué  13  défailli,  par  ce  que  comme  en  aucun  cas  ni  en  aucun  tems,  ni 
en  quelque  manière  qu'il  pût  avenir ,  Elle  ni  eux  ,  fes  hoirs  &  defeendans  n'ont 
à  fucceder  ni  prétendre  pouvoir' fucceder  fans  prejudicier  aux  dites  Loix,  Cou-  . 
tûmes,  Ordonnances,  (3  difpofitions  en   vertu  desquelles  il  afuccedé  en  tous  fes 
Roiaumes,   Etats,  13  Seigneuries,  que  ce  ne  foit  prejudicier  auffi  à  toutes  les 
Loix  des  Lieux  t3  Coutumes  de  la  Couronne  de  France  ;  lefquels  au  préjudice 
des  Succefieurs   en  icelle  n'empêchent  cette  fufdite  Execution,  auffi  bien  à  pre- 
fent comme  en  tems  ,   (3  en  cas  qui  défèrent  lefdites  Succe 'fions.   A  toutes  lef- 
' quelles  confiderations  enfemble  13  à  chacune  en  particulier  d'icelles  Leurs  Ma- 
jeflez  dérogent  en  ce  qu'elles  contrarient  ou  empêchent  le  contenu  en  ce  Contrat!,  ou 
f  ' accompliffcment  &  exécution  d'icclui.  Et  que  pour  l' Aprobation  13  Ratification  de 
cette  prefente  Capitulation ,  Elles  y  dérogeront  i3  dérogent ,  veulent  (3  entendent  que 
la  Sereniffime  Infante  ,  (3  les  Defeendans  d' icelle, demeurent  à  l'avenir  (3  pour  jamais 
exclus  de  pouvoir  fucceder  en  aucun  tems  ni  en  aucun  cas  es  Etats  du  P aïs  de  Flan- 
dres, Comté  de  Bourgogne  &  de  Charolois  ,   leurs  apartenances  (3  dépendances  , 
lefquels  Provinces  (3  Etats  furent  donnez  par  Sa  Majeflé  Catholique  à  la  Sere- 
niffime  Infante  Dame  Isabelle  ,  &  qui  doivent  retourner  à  Sa  Majeflé  Catholi- 
que (3  à  fes  Succeffeurs.     Pareillement  auffi  ils  déclarent  très-exprepment  qu'en 
cas  que  la  Sereniffime  Infante  demeurât  veuve  (ce  qu'à  Dieu  ne  plaife)  fans  en- 
fans  de  ce  Mariage,  qu'Elle  demeurera  libre  (3  franche  de  la  fufdite  Exclufion,  13 
partant  déclarée  Perfonne  capable  de  fes  Droits,  &  de  pouvoir  fucceder  en  tout  ce 
qui  lui  pourra  apartenir  ou  écheoir,  en  deux  cas  feulement  :  fi  Elle  demeurant  veu- 
ve de  ce  Mariage  &  fans  enfans,  venoit  enEfpagne:  l'autre,  fi  par  raifon  d'Etat 
pour  le  bien  public  (3  pour  jufies  confiderations  Elle  fe  ramarieroit  par  la  volonté 
du  Roi  Catholique  fon  Père  ou  du  Prince  des  Efpagnes  fon  Frère,  efquels  deux 
cas  Elle  demeurera  capable  (3  habile  à  pouvoir  fucceder  (3  hériter. 

Que  fi  têt  que  la  Sereniffime  Infante  ,  Dame  Anne  ,  aura  accompli  Page  de 
douze  ans,  (3  avant  que  de  célébrer  le  Mariage  par  paroles  de  prefent ,  Elle  don- 


nera , 


1 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.         rfP 

«w,  promettra  ,  (3  octroyer  a,  fon  Ecrit  ,  /><«•  lequel  Elle  s'obligera  ,    aw/  pour   1701. 

£//<?  £«?  /car  y9/  Succejfeurs ,  «  P  accompli (fcment  (3  obfervation  de  tout  ce  que  def-  ~ 

fus  ,  '(3  d?  /«)«  exclu/ton  (3  de  celle  de  fes  defcenclans  ,  aprouvant  le  tout  filon 
comme  'il  efi  convenu  en  ce  prefent  Contrat  (3  Capitulation ,  avec  les  claufcs  (3  ju- 
remens  necejfaires  (3  >'£f«*V  :  6?  en  jurant  cette  pre fente  Capitulation  (3  /#  fufdite 
Obligation  (3  Ratification  ,  £»*  _/»#  Altcffe  aura  faite  (3  donnée ,  £//,?  en  fera 
une  autre  pareille  &  femblablc  avec  le  Roi  Très  -  Chrétien,  fi  tôt  qu' Elle  fera  ma- 
riée (3  époufée  ,  laquelle  fera  enregijlrée  au  Parlement  de  Paris  félon  fa  forme 
(3  teneur  y  comme  au  [fi  dès  à  prefent  Sa  Majefié  Catholique  fera  aprouver  &  ra- 
tifier ladite  Renonciation  (3  Ratification  en  la  forme  accoutumée ,  la  fera  aujfi 
enregifier  en  fon  Confeil  d'Etat,  (3  fit  que  le  [dites  Renonciations ,  Ratifications  , 
(3  -dprobations  f oient  faites  dès  à  prefent  en  vertu  de  cette  Capitulation  (3  prefent 
Contrat ,  13  du  Mariage  qui  s'enfuivra  ,  13  en  contemplation  de  toutes  les  cho- 
f es  fuf dites,  Elles  foient  tenues  (3  cenfées  pour  bien  faites  (3  deu'êment  oclroiées 
(3  pajfèes. 

Que  Leurs  Majcftez  Très-Chrétiennes  donneront  à  la  Sereniffime  Infante,  Da- 
me Anne  p9ur  fes  bagues  13  joiaux  jufques  à  la  valeur  de  cinquante  mille 
Ecusfol  (3c.  (3c. 

Que  Leurs  Majeftez  Très-Chrétiennes  félon  V ancienne  (3  louable  Coutume  de 
la  Maifon  de  France  ,  aligneront  13  constitueront  à  la  SereniJJime  Infante  , 
Dame  Anne,  four  fon  Douaire  vingt  mille  Ecus  d'or  fol  par  chacun 
an.  (3c.  (3c. 

Que  S  Majejlé  Très-Chrétienne  donnera  13  alignera  à  la  Sereniffime  Infante  , 
Dame  Anne,  pour  la  dépenfe  de  fa  Chambre  (3  entretenement  de  fon  Etat  (3  de 
fa  Maifon  fomme  convenable  (3  telle  qu'apartient  à  Fille  (3  Femme  de  tant  de 
Grands  (3  Puiffans  Rois  13 c. 

Que  la  SereniJJime  Infante  aiant  accompli  les  douze  ans  de  fon  âge ,  ils  époufe- 
ront  (3  marieront  par  Procureurs  qu' envolera  le  Roi  Très-Chrétien  (3  la  Serenif- 
fime  Infante  par  Paroles  de  prefent.  Ce  qu'étant  fait ,  Sa  Majejlé  Catholique 
la  fera  mener  à  fes  fraix  (3  dépens  jufques  à  la  Frontière  du  Roiaume  de  Fran- 
ce (3c.  (3c. 

Qu'en  cas  que  le  Mariage  fe  diffolve  (3  rompe  entre-  Sa  Majefié  Très -Chré- 
tienne (3  la  SereniJJime  Infante  ,  Dame  Anne  ,  (3  que  Son  Alteffe  furvive 
Sa  Majefié  Très-Chrétienne ,  en  ce  cas  Elle  s'en  pourra  retourner  (3  retirer  libre- 
ment (3  fans  aucun  empêchement  es  Roiaumes  cPÊfpagne  (3c  (3c 

Qu'attendu  que  le  Traité  (3  Pourparlé  du  prefent  Mariage  a  été  defirê  (3 
puis  concerté  (3  promeu  par  Nôtre  Saint  Père ,  (3  par  fes  entremifes  achemi- 
né en  l'état  ou  il  efi  à  prefent:  fera  bien  à  propos  de  fuplicr  fadite  Sainteté, 
comme  dès  à  prefent  Leurs  Majefiez  la  fuplient ,  de  trouver  bon  (3  avoir  agréa- 
ble d'en  donner  la  benediclion  (3  intervenue  de  fon  Jutopité  ylpojlolique  ;  (3 
ce  prefent  Contrat  (3  Capitulation  la  vouloir  aprouver  (3  inferer  dans  fes 
Bulles,  enfemble  les  approbations  qu'en  auroient  faites  Leurs  Majefiez  (3  fon 
Altejfe  :  aujjî  avec  les  Ecritures  (3  juremens  qui  font  données  (3  oclroiées  y 
Bref  tout  ce  qui  a  été  fait  (3  paffé  pour  Vascomplijfement   (3  fureté  d>i- 


celui. 


Yyy  z  Que 


j-5o      MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

1701.       jSW  Leurs  Majcflez  Catholique  &  Très -Chrétienne  aprouveront  &  rat  if e- 

r ont  cette  prejente  Capitulation,  promettront  fur  la-  Parole  &?  Foi  de  Roi,  de 

la  garder  &  accomplir  inviolablement ,  délivreront  à  cet  effet  leurs  Brevets  en 
la  forme  accoutumée  avec  les  dérogatoires  à  quelconques  Loix ,  Jujlices ,  &?  Cou- 
tumes qui  font  ou  feraient  à  ce  contraires ,  £5?  étant  raifonnable.  Lefquels  dits 
Brevets  de  Ratification  de  la  pre fente  Ecriture  ,  ils  bailleront  y  délivreront 
l'un  à  l'autre  refpeblivmént  dans  deux  mois  ,  à  compter  du  jour  &  de  la  date  de 
la  pre fente ,  &  ce  par  le  moien  dis  Ambafjadeurs  Ordinaires ,  es  Cours  de  Leurs 
Majeflez  Catholique  &  "Très-Chrétienne. 

De  tout  ce  que  de  (jus  le f dit  s  Sieurs  Commiffaires  es  dits  Noms,  promirent ,  con- 
fentirent,  {3  accordèrent  félon  qu'il  eft  contenu  en  la  prefente  Capitulation,  s^y  étant 
obligées  Leurs  Majejlez  Catholique  £5?  Très-Chrétienne ,  enfemble  fort  Altcjjè  avec 
l'obligation  &  le  lien  de  leur  Foi  &  Parole  de  Roi  qu'ils  effectueront  £5?  garderont: 
commanderont  qu'il  J'oit  gardé  &  accompli  entièrement ,  jans  qu'en  tout  ou  en  par* 
tie  il  faille  ou  manque  chofe  quelconque ,  ni  iront  ni  viendront  au  contraire  ;  même 
né  confentiront  aller  ni  venir  dïreclement  ,  ou  indirectement ,  de  quelque  façon  ou 
manière  que  ce  foit  :  car  a>infi  Vont  promis  lefdits  Commiffaires  en  îertu  des  Pou- 
voirs qii'ils  ont  de  Leurs  Majcflez,  à  quoi  furent  prejens  lejdits  dénommez  au  com- 
mencement de  cette  Capitulation  ;  &  lejdits  Seigneurs ,_  prometans  £5?  oélroians  ce 
que  dcfjïiS  ,  l'ont  figné  de  leurs  mains  &  de  leurs  noms,  £f?  me  requirent  que  dt 
tonte  cette  Capitulation  ,  je  leur  en  baillafjè  Copie ,  &  de  toutes  celles  qui  feront 
traduites  ci?  tranfatées  qui  Uur  feront  necejjaires. 

Ainfi  Jîgnf, 

Le  Duc  de  Lerme  Sec.   Henri  de  Lorraine  &c. 

Par  lefquels  Articles  l'exclufion  illimitée  à  la  Succeffion  d'Efpagne  ,  non 

feulement  d'un  SuccefTeur  prochain  au  Roïaume  de  France,  mais  de  tout  au- 

III-      tre  du  Sang  de  France  venant  de  ce  Mariage  Se  même  du  dernier  &  du  plus 

^aip       éloigné  delà  Succeffion  de  France,  ou  de  celui  abfolument  rejette  à  caufe 

par  une    du  Sexe  féminin,  fans  aucune  dittinétion  de  Sexe,  ordre  ou  degré, ne  pouvoit 

Renon-    être  plus  clairement  exprimée  ,  ni  l'obligation  qui  y  eft  attachée  ,   pouvoit 

dation     faxt  plus  étroitte.     Auffi  aïant  été  confirmée  avant  &  après  la  conlbmma- 

i0}^m:     tion  du  Mariage,  par  l'Infante  Anne  <k  par  le  Roi  Très  -  Chrétien  même 

l'urée  de    par  dc  facrez  Sermens,  Se  aïant  été  envegiitrée  entre  les  Loix  éternelles  d'Ef- 

tous         pa"ne  Se  Se  France  ,  dans  les  Actes  publics  de  l'un  &  l'autre  Roïaume,  El- 

Droits.     le  n'a  jamais  depuis  été  révoquée  en  doute  par  aucun  homme  vivant.     Au 

-  contraire,  fon  utilité  Se  fa  neceffité  aïant  été  mûrement  confiderée  brique  les 

Etats  ou  Ordres  Généraux  du  Roïaume  s'affemblerent  à  Madrid  en  i<îi8., 

ils  reprefenterent  Se  fuppliercnt  le  Roi  Philippe,  qu'il  confirmât  de  nou- 

IV.     veau  par  une  Loi  perpétuelle  cette  Renonciation}  Se  qu'en  vertu  d'icelle 

Par.la      tous  les  Enfans  en  général  de  l'un  Se  de  l'autre  Sexe  ,   qui  étoient  venus  ou 

Vcfe*"    viendraient  de  ce  Mariage,  fufTent  éternellement  exclus  de  toute  la  Succef- 

d'irp      fion  d'Efpagne.  Et  alors  le  Roi  Philippe,  après  avoix  derechef  examiné 

Se 


à 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.         j-tfi 

&  mûrement  pefé  la  chofe,  fit  &  publia  la  Loi  qu'on  avoit  demandée,  dans  1701. 
laquelle  font  répétées,  ainfi  qu'il  cil  rapporté  dans  le  nouveau  Code  des  Loix,  •" 
imprimé  à  Madrid  en  1640.,  l'exception  faite  en  cas  que  le  Mariage  fut  dif- 
fout,  6c  que  l'Infante  fut  reliée  fans  Enfans,  Se  la  Renonciation  jurée,  ainfi 
qu'on  l'a  dit ,  de  tout  Droit  à  la  Succefïïon  dans  les  mêmes  mots  6c  termes 
dudit  Contraél  de  Mariage ,  ôc  de  la  Renonciation  qui  y  étoit  relative 
fous  le  titre  qui'  fuit. 

Loi  douzième.  Que  Dame  A  N  n  e  Reine  Très-  Chrétienne  de  France  ,  £5?  fes 
Enfans  £5?  Defiendans  de  fon  Mariage  avec  Louis  XIII.  Roi  Très- Chré- 
tien ,  ne  puijfent  fucceder  aux  Roiaumes  d'Efpagne  £5?  fes  Dépendances  :  Ex- 
cepté le  cas  contenu  dans  cette  Loi. 

Ce  qui  eil  exprimé  dans  le  Contraél  de  Mariage  fait  en  i6fo.  entre  l'Infante  „    Y- 
Marie-Therese,  Fille  de  Philippe  IV.  6c  Louis  XIV.  à  prefent  Re-  Contradl 
gnant  en  France,  s'accorde  entièrement  &  eil  de  pareille  efficace  avec  celui  de  Ma- 
qu'on  vient  de  raporter,  pour  exclurre ,   par  plufieurs  raifons  ,  tous  Defccn-.  nage  de 
dans  François  à  l'infini,  Mâles  ou  Femelles ,  de  toute  portion  de  la  Monarchie  lintantc 
d'Efpagnej  de  forte  que  le  Contraél  précèdent  fuffiroit  feul  d'être  vu,  n'étoit  Ther  " 
qu'on  a  ajouté  quelques  nouvelles  Claufes  pour  déclarer  avec  plus  de  force  la  se  ma 
volonté  des  Contraélants ,  6c  pour  faire,  s'il  étoit  poffiblc,  de  plus  étroits  en-  ^^ 
gagemens  dans  le  Contraél  iuivant. 

AU  nom  de  la  très  Ste.  Trinité,  Père,  Fils,  &  St.  Efprit,  trois  per- 
fonnes  en  un  feul  Dieu  véritable,  à  fon  honneur  &  gloire  6c  au  bien 
de  ces  Roiaumes  ;  foit  notoire  à  tous  ceux  qui  ces  prefentes  Lettres  vc- 
ront ,  6c  cet  accord  de  Mariage  :  Que  comme  en  l'Ifle  appellée  des  Fai- 
fans,  fituée  dans  la  Rivière  de  Bidaffoa ,  à  demi  lieuë  du  bourg  d'An- 
„  daye ,  Province  de  Guyenne ,  6t  autant  de  la  Ville  d'Irura ,  en  la 
Province  de  Guipufcoa,  &  dans  la  Maifon  qui  a  été  cette  année  bâtie  en 
ladite  Iile  ,  pour  y  traiter  de  Paix,  entre  leurs  Majeflez  Très  -  Chrétien- 
ne &  Catholique  ,  ce  jourd'hui  fèptiéme  du  mois  de  Novembre  de 
l'année  que  l'on  compte,  depuis  la  naiffance  de  Jefus  Chrill,  Nôtre  Sei- 
gneur 6c*  Rédempteur  ,.  mil  fix  cent  cinquante  neuf.  Par  devant  moi 
Pedro  Coloma,  Chevalier  de  l'Ordre  de  Saint  Jaques,  Seigneur  des  Villes 
de  Chozas,  de  Cavales,  6c  de,  Junchihers  ,  du  Conlèil  des  Indes,  Secré- 
taire d'Etat,  Efcrivain,  6c  Notaire  de  la  Catholique  Roïalc  Majcfléj  ont 
comparu,  très- Eminent  Seigneur  Meifire  Jules  Mazarini,  Cardinal  de  la 
Ste.  Eglife  Romaine ,  Duc  de  Mayene  ,  Chef  de  tous  les  Confeils  du 
très-Excellent ,  6c  très-Puiifant.  Prince  Louis  XIV.  par  la  grâce  de  Dieu 
„  Roi  Très-Chrêtien  de  France  6c  de  Navarre,  en  verta  du  Pouvoir  qu'il 
„  a  de  Sa  Majeflé  Très^.Chrêtiennne,  écrit  en  langue  Françoifê  ;  fignc"de 
„  fa  Roïale  main ,  6c  feelé,  de  ion  Seau  Roïal ,  contre  figné  ^par  fon  Secre- 
„  taire  d'Etat,  le  Sieur  de  Lomenie ; ,  donné  à  Paris  le  vingt  unième  jour  de. 
55  Juiu  i6f  0.  lequel  Pouvoir  ell  demeuré  en  mes  mains,  6c  dont  la  copie  fe- 

Yyy  ?  „  va. 


ERE- 


LoulS 

XIV. 


V 


55 


)rti     MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ,  " 

1701.  „  ra  inférée  à  lu  fin  des  preléntes,  d'une  part:  Et  de  l'autre,  très-Excellent 

„  Seigneur  Don  Louis  Mendez  de  Haro  &  Guzman  ,    Marquis  de  Car- 

„  pio ,  Comte  Duc  d'Olivarez  ,  Gouverneur  perpétuel  des  Palais  Roïaux 
„  &  Aliénai  de  Seville  ,  Grand  Chancelier  perpétuel  des  Indes ,  du  Con- 
„  feil  d'Etat  de  Sa  Majellé  Catholique,  Grand  Commandeur  de  l'Or- 
„  dre  d'Alcantare  ,  Gentilhomme  de  la  Chambre  de  fadite  Majellé  ,  6c 
,,  Ton  Grand  Efcuyer.  Et  au  nom  du  Très-  Haut ,  très-Excellent,  6c 
„  très  -  Puifiant  Philippe  IV.  auffi  par  la  grâce  de  Dieu  Roi  de 
„  Caflille  ,  Léon  ,  Arragon  ,  des  deux  Siciles  ,  de  Jerufalem  ,  de  Por- 
„  tugal ,  de  Navarre  ,  6c  des  Indes  ,  &c.  Archiduc  d'Autriche  ,  Duc  de 
„  Bourgogne,  de  Brabant,  6c  de  Milan,  Comte  de  Hasbourg,  de  Flandre, 
8c  de  Tirol,  ôcc.  6c  en  vertu  du  Pouvoir  qu'il  a  de  Sa  Majefté  Catholi- 
que, par  Aéte  figné  de  fa  main  Roïale,  feelé  de  ion  fçeau  Roïal,  6c  con- 
tre-ligne par  Don  Fernand  de  Fonfeca  Ruyz  de  Contreras,  fon  Secrétai- 
re d'Etat  j  fait  à  Madrit  le  cinquième  jour  de  Juillet  de  la  prefente  année > 


33 

„  comme  Roi,  Père,  6c  légitime  Adminiftrateur  de  Serenilîîme  Infante  Da- 
„  me  Marie-Therese,  la  Fille  ainée  de  la  Majefté  de  la  feue  Reine  Eli- 

jj 

Î3 
33 
33 
Jï 
53 
53 
33 


sabeth  fa  légitime  Efpoufe.  Et  le  dit  Seigneur  Cardinal  Mazarini,  au 
nom  de  Sa  Majefté  Tres-Chrêtienne  ;  6c  le  dit  Marquis  Comte  d'Oliva- 
rez, au  nom  de  Sa  Majefté  Catholique,  ufans  de  leurs  Pouvoirs  fufdits, 
ont  dit  Se  déclaré  que  leurs  Maîtres,  comme  Rois  Très-Chrêtien  6c  Ca- 
tholique, qui  ont  fort  à  cœur  le  bien  de  leurs  Roïaumes,  6c  d'affermir  la 
Paix,  qui  s'établit  aujourd'hui  entre  les  deux  Couronnes  ;  defirans  que  la 
durée  de  cette  Paix  ne  s'étende  pas  feulement  à  celle  de  la  vie  de  leur  Ma- 
jeftez,  mais  parte  avec  la  même  fermeté  à  leur  Succefleurs  8c  Defcendantsj 
„  8c  jugeant  que  le  plus  efficace  moïen  pour  parvenir  à  cette  fainéte  fin,  eft 
de  renouer  étroitement  leurs  Alliances  par  le  lien  d'un  Mariage  :  leurs 
Majeftez  avec  la  Grâce  de  Dieu,  8c  à  fon  fervice  ont  traité  6c  accordé  les 
Epoufailles  6c  Mariage  de  Sa  Majefté  le  Roi  Très-Chrêtien,  avec  la  Sere- 
niffime  Infante  Dame  Marie- Thérèse,  Fille  ainée  de  Sa  Majefté  le  Roi 
Catholique  ;  afin  de  confirmer  d'avantage ,  par  ce  nouveau  nœud  ,  l'a- 
mour, l'amitié,  6c  l'union  qui  eft  ,  6c  que  l'on  defire  conferver  entre 
leurs  Majeftez.  Et  pour  cet  effeét,  lefdits  Seigneurs  Plénipotentiaires, 
aux  noms  fufdits,  ont  traitté  6c  accordé  les  Articles  qui  fuivent. 


11 

33 

33 
33 
33 
33 
33 

»3 


33 

33 
33 
33 
33 
33 
33 
31 
1- 
•3 


I.  /~\U'avec  la  grâce  6c  bénédiction  de  Dieu ,  6c  préalablement  obtenue 
Vs^  difpenfe  de  fa  Saincteté,  à  raifon  de  proximité  6c  confanguinité, 
qui  eft  entre  le  Roi  Très-Chrèticn,  6c  la  Sereniffime  Infante  ,  ils  faflènt 
célébrer  leurs  Efpoufàilles  6c  Mariage,  par  paroles  de  prêtent,  félon  la  for- 
me 6c  folemnité  prefente  par  les  facrez  Canons,  6c  Conftitutions  de  l'E- 
glifc  Catholique,  Apoftolique,  6c  Romaine.  Et  fe  feront  lefdites  Efpou- 
fàilles 6c  Maringe  en  la  Cour  de  Sa  Majefté  Catholique  ,  où  Elle  fera, 
avec  la  Serenifîïme  Infante  Dame  Marie-Therese;  èc  ce  en  vertu 
du  Pouvoir  6c  Commiffion  du  Roi  Très-Chrêtien,  qui  le  ratifiera  6c  ac- 
complira en  perfonne ,  quand  la  Sereniffime  Infante  Dame  Marie-The- 

55    RESE  * 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.  f<î$ 

rese,  fera  amenée  en  France  ;  Sa  Majefté  fe  joignant  avec  fon  Altcfie,  6c  1701. 

recevant  les  bénédictions  de  l'Eglife  :  Et  la  conclufion  6c  ratification  dudit  ■ 

Mariage,  (bit  par  pouvoir  fpecial,  ou  en  prefence,  fe  fera  quand  &  dans 

le  tems  accordé  &  concerté  entre  leurs  Majeftez. 

„  II.  Que  Sa  Majefté  Catholique  promet  &  demeure  obligée  de  donner, 

&  donnera  à  la  Sereniflîme  Infante  Dame  Marie-Therese  ,  en  Dot  6c 

en  faveur  de  Mariage  avec  le  Roi  Trè-Chrêtien  de  France,  6c  paiera  à 

Sa  Majefté  Très-Chrétienne ,  où  à  celui  qui  aura  pouvoir  ou  commifïion 

d'elle,  la  fomme  de  cinq  cent  mille  efeus  d'or  fol,  ou  leur  jufte  valeur,  en 

la  Ville  de  Paris.     Et  la  dite  fomme  fera  païéc  en  la  manière  fui  vante  :  le 

le  tiers,  au  temps  de  la  confommation  du  Mariage}  l'autre  tiers,  à  la  fin 

de  l'année  depuis  la  dite  confommation;  6c  la  dernière  troifiéme  partie, 

fix  mois  après  :  en  forte  que  l'entier  paiement  de  ladite  fomme  de  cinq 

cent  mille  efeus  d'or  fol,  ou  leur  jufte  valeur,  fera  faite  en  dix  huit  mois 

de  tems,  aux  termes  6c  portions,  qui  viennent  d'être  fpecifiées. 

„  III.  Que  Sa  Majefté  Très- Chrétienne  s'oblige  d'affûrer,  6c  affurera  le 

Dot  de  la  Sereniffime  Infante  Dame  Marie-Therese,  fur  rentes  bonnes 

6c  bien  affinées ,  6c  fur  fonds  6c  affignations  valables. 

„  IV.  Que  moïennant  le  paiement  effectif  fait  à  Sa  Majefté  Très-Chrê- 

„  tienne  des  dits  cinq  cent  mille  efeus  d'or  fol ,  ou  leur  jufte  valeur ,  aux  ter- 

„  mes  qu'il  a  été  ci-devant  dit,  la  dite  Sereniflîme  Infante  fe  tiendra  pour 
contente,  &  fe  contentera  dudit  Dot,  fans  que  par  ci-après  elle  puiffe  al- 
léguer aucun  fien  autre  droit ,  ni  intenter  aucune  autre  action  ou  de- 
mande, prétendant  qu'il  lui  appartienne,  ou  puiffe  appartenir  autres  plus 
grands-biens,  droits,  raifons  ,  actions,  pour  cauiè  des  héritages  6c  plus 
grande  fucceffion  de  leurs  perfonnes  en  quelque  autre  manière  ,  ou  pour 
quelque  caufe  6c  titre  que  ce  foit ,  foit  qu'elle  le  feeut ,  ou  qu'elle,  l'igno- 
rât ;  attendu  que  de  quelque  qualité  6c  condition  que  lefdites  actions  6c 
chofes  ci-deffûs  foient ,  elle  en  doit  demeurer  exclufe ,  6c  avant  l'effectua- 

„  tion  de  fes  Efpouiàilles,  elle  en  fera  la  Renonciation  en  bonne  ôc  deûe  for- 
me, &  avec  toutes  les  afturances,  formes,  6c  folemnitez  qui  font  requifès 
6c  neceflaires  :  Laquelle  dite  Renonciation  elle  fera  avant  que  d'eftre  ma- 
riée, par  parole  de  prefent  ;  qu'elle  ,  auffi-tôt  après  la  célébration  du  Ma- 
riage ,  approuvera  6c  ratifiera  conjoinctement  avec  le  Roi  Très -Chré- 
tien ,  avec  les  mêmes  formes  6c  folemnitez  qu'elle  aura  fait  à  la  fufdite  pre- 
mière Renonciation ,  voire  avec  les  claufes  qu'ils  verront  eftre  les  plus  con- 
venables 6c  neceflaires  :  A  l'effectôc  accompliffément  de  laquelle  Renoncia-  ' 
tion,  Sa  Majefté  Très-Chrêtienne6c  Son  Alteflë  demeureront  6c  demeu- 
rent dès  à  prefent ,  comme  pour  lors  obligez  ;  6c  au  cas  qu'elles  ne  fafiènt 
ladite  Renonciation  6c  Ratification,  en  vertu  du  prefent  Contract ,  par  Ca- 
pitulation, Iceux  fufdits  Traitez,  Renonciation  6c  Ratification,  feront  te- 
nus 6c  cenfez  dès  à  prêtent,  comme  pour  lors,  pour  bien  deiiement  faits , 
paffez  6c  odtroïez.  Ce  qui  fe  fera  en  la  forme  la  plus  autentique  6c  efficace 
que  faire  fe  pourra,  pour  être  bonnes  6c  valides;  cnfcmble  avec  toutes  les 

„  claufes  dérogatoires  de  quelconque  Loi ,  Jurifdiction,  Coutume,  Droits, 

„  Se 


■>•> 

55 
55 
55 
55 
55 
55 
55 
55 


55 


554     MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

I701-  ,,  &  Conftitutions ,  à  ce  contraires,  ou  qui  empêchaflent  du  tout,  ou  en 
"'  „  partie,  lefdites  Renonciations  &  Ratifications}  Auxquelles,  à  l'effet  &  vali- 

„  dite  que  délias,  leurs  Majeftez  Très  -  Chrétienne  6c  Catholique  deroge- 
„  roht,  6c  dès  à  préfent  elles  y  dérogent  entièrement  :  Et  par  l'Approbation 
,,  &  Ratification  qu'elles  feront  de  ce  préfent  Contract  &  Capitulation ,  des 
„  à  préfent  comme  dès  lors,  elles  entendront  6c  entendent  avoir  dérogé  à 
,,  toutes  exceptions  ci-deflus. 

,,  V.  Que   d'autant  que  leurs  Majeftez  Très  -  Chrétienne  6c  Catholique 
„  font  venues  6c  viennent  à  faire  ce  Mariage  afin  de  tant  perpétuer  6c  aiîûrer 
„  par  ce  nœud  Se  lien  la  Paix  publique  de  la  Chrétienté,  6c  entre  leurs  Ma- 
„  jeftez,  l'amour  6c  la  fraternité  ,    que  chacun  eipere  entre  elles  ;  6c  en  con- 
,,  templation  auffi  des  jultes  6c  légitimes  caufes,  qui  montrent  6c  perfuadent 
„  l'égalité  6c  convenance  dudit  Mariage,  par  le  mo'ien  duquel  6c  moïennant 
„  h  faveur  6c  grâce  de  Dieu,  chacun  en  peut  efperer  de  très-heureux  fuccez 
„  au  grand  bien  6c  augmentation  de  la  Foi  Se  Religion  Chrétienne,  au  bien 
„  6c  bénéfice  commun  des  Roïaumes ,  Sujets,  6c  Vafiaux  des  deux  Couronnes  j 
„  comme  auiîî  pour  ce  qui  touche  6c  importe  au  bien  de  la  cho'è  publique, 
.„  6c  confervation  des  dites  Couronnes  ;  lefquelles  étant  fi  grandes  6c  puiiîan- 
„  tes,  ne  puiffënt  être  reunies  en  une  lèule,  6c  que  dès  à  préfent  on  prenne 
„  les  occafions  d'une  pareille  conjonction  :  Donques,  attendu  la  qualité  des 
„  fufdites  6»:  autres  jultes  raifons ,  6c  notamment  celle  de  l'égalité  qui  fe  doit 
„  conferver, Leurs  Majeftez  accordent  6c  arrêtent,  parContraét  ÔcPaéte  con- 
„  ventionel  entre  Elles,  qui  fortira,  6c  aura  lieu,  force,  6c  vigueur  de  Loi 
„  ferme  6c  ftable  à  tout  jamais,  en  faveur  de  leurs  Roïaumes,  6c  de  toute  la 
„  chofe  publique  d'iceux  ;    que  la  Serenifïïme  Infante  d'Elpagne ,   Dame 
„  Marie -Thfrese  ,  êc  les  Enfltns  procréez  d'elle,  foit  maies  ou  femel- 
„  les,  6c  leurs  Defcendans ,  premiers  ou  féconds,  trois  ou  quatre,  nez  ci- 
„  après,  en  quelque  degré  qu'ils  fe  puifTent  trouver,  voir  à  tout  jamais ,  ne 
j,  puiffent  fucceder,  ni  fuccedent  es  Roïaumes,  Etats,  Seigneuries,  6c  Do» 
„  initiations,  qui  appartiennent  6c  appartiendront  à  Sa  Majefté  Catholique, 
,,  6c  qui  font  compris  au  deffbus  des  Titres  6c  Qualitez  mentionées  en  cette 
„  prefente  Capitulation ,  ni  en  aucun  de  fes  autres  Roïaumes ,  Etats ,  Sei- 
„  gneuries,  Provinces,  Mes  adjacentes,  Fiefs,  Capitaineries,  ni  es  Frontie- 
„  res  que  Sa  Majefté  Catholique  poffède  dès  à  préfent ,  ou  qui  lui  appartien- 
„  nent,  ou  pourront  appartenir,  tant  dedans,  que  dehors  le  Roïaume  d'Ef- 
„  pagne }  6c  qu'à  l'avenir  fa  dite  Majefté  Catholique,  ou  fes  SuccefTeurs  , 
„  auront ,  pofléderont ,  6c  leur  apartiendront }  ni  en  tous  ceux  qui  font  com- 
„  pris  en  iceux,  ou  dépendent  d'iceux  ;  ni  même  en  tous  ceux  qui  par  ci- 
„  après,  en  quelque  tems  que  ce  foit ,  elle  pouroit  acquérir,  ou  accroicre  , 
„  6c  ajouter  aux  fufdits  fiens  Roïaumes,  Etats,  6c  Dominations,  ou  qu'elle 
„  pourrait  retirer,  ou  qui  lui  pourrait  échoir  par  dévolution  ou  par  quelques 
„  autres  Titres,  Droits,  ou  Raifons  que  ce  puiffé  être,  encore  que  ce  fut  du- 
„  rant  la  vie  de  la  dite  Sereniffime  Infante  Dame  Mari  e-T  h  e  r  e  s  e  ,  ou 
„  après  fa  mort, en  celle  de  qui  ce  foit  de  les  defeendants,  premiers,  féconds, 
„  troifiimes  nez  ou  ultérieurs ,  que  le  cas  ou  les  cas,  par  lefquels ,  ou  de 

Droit, 


ET    RESOLUTIONS    D'ETAT.        f6r 

„  Droit,  ou  par  les  Loix  £c  Coutumes  defdits  Roïaumes ,   Etats,  Se  Do-   1701. 

„  minations,  foit  par  difpolîtions  de  Titres ,    par  lefquels    ils  puiflcnt  fuc-   

„  céder  ,  ou  prétendre  pouvoir  fucceder  es  dits  Roïaumes,  Etats,  ou  Do- 
minations, leur  dût  appartenir  la  Succeflîon,  en  tous  lefquels  fufdits  cas, 
dès  à  prefent  ladite  Dame  Marie -Thérèse  Infante  dit  Se  déclare  être 
Se  demeure  bien  Se  deùement  exclufe  ,  enfemble  tous  fes  Enfans ,  8c  def- 
cendans  Mâles  ou  Femelles,  encore  qu'ils  fe  voulurent  ou  peujfent  dire  6? 
prétendre ,  qu'en  leurs  perfonnes-  ne  courent,  ni  ne  fe  peuvent  ci?  doivent  conji- 
derer  le  [dites  raifons  de  la  ebofe  publique ,  ni  autres  es  quelles  ladite  exclu/ton  Je 
pourroil  fonder ,  ou  qu'ils  voulurent  alléguer  (ce  qu'il  Dieu  ne  plaife)  que 
la  Succefjion  du  Roi  Catholique,  ou  de  fes  Serenifiimes  Princes  6?  Infantes  & 
d'abondant  des  Mâles  ,  qu'il  a  6?  pourra  avoir  les  légitimes  fuccejfeurs ,  eut 
manqué  &?  défailli-,  parce  que  comme  il  a  été  dit  en  aucun  cas ,  ni  en  au- 
cun teins,  ni  en  quelque  manière  qui  peut  advenir,  ni  elle,  ni  eux,  fes 
Hoirs  Se  les  Defcendans  n'ont  à  fucceder  ;  nonobstant  toutes  Loix, 
Coutumes ,  Ordonnances ,  Se  Difpolîtions  en  vertu  defquclles  on  a  fuc- 
cedé  en  tous  lefdits  Roïaumes ,  Etats ,  Se  Seigneuries  :  Et  nonob liant  auf- 
fï  toutes  les  Loix  Se  Coutumes  de  la  Couronne  de  France,  qui  au  pre- 
„  judice  des  Succédons  en  icelle  ,  s'oppofent  à  cette  lîifdite  exclufion  , 
„  aulîî-bien  à  prefent,  comme  aux  tems.  à  venir,  Se  aux  cas  qui  auroienc 
long-tems   différé  lefdites  Succédions  5    à    toutes    lefquelles    confidera- 


)5 


„  tions  enfemble  ,   Se    à  chacune    en  particulier  d'icelles  ,   leurs  dites  Ma- 
„  jeftez  dérogent ,  en  ce  qu'elles  contrarient  ou  empêchent   le  contenu  en 


ce  Contracl,  ou  l'accomplifîément  Se  exécution  d'icelui  :  Et  que  pour 
„  l'Approbation  Se  Ratification  de  cette  prefente  Capitulation,  elles  y  de- 
„  rogent ,  Se  les  tiennent  pour  dérogées  :  Veulent  Se  entendent  ,  que 
„  la  Serenifîime  Infante,  Se  les  Defcendans  d'icelle  demeurent  à  l'avenir  Se 
„  pour  jamais  exclus  de  pouvoir  fucceder  en  aucun  tems,  ni  en  aucun  cas, 
„  es  Etats  du  Paï's  de  Flandres,  Comté  de  Bourgogne  Se  de  Charolois,  leurs 
„  appartenances  Se  dépendances.  Pareillement  auïli  ils  déclarent  très-exprefle- 
„  ment,  qu'en  cas  que  la  Serenimme  Infante  demeure  veuve  (ce  qu'à  Dieu 
„  ne  plaife)  fans  Enfans  de  ce  Mariage ,  qu'elle  demeurera  libre  Se  franche 
„  de  ladite  exclufion  j  Se  par  tant  déclarée  perfonne  capable  de  fes  Droits, 
„  Se  pouvoir  fucceder  en  tout  ce  qui  lui  pourra  appartenir  ou  efcheoir  eu 
„  deux  cas  feulement  :  L'un,  fi  elle  demeurant  veuve  de  ce  Mariage,  fans 
„  Enfans,  venoit  en  Elpagnej  l'autre,  fi  par  raifon  d'Etat,  pour  le  bien 
„  public,  Se  pour  juftes  confiderations ,  elle  fe  remariât,  par  la  volonté  du 
,,  Roi  Catholique  fon  Père  ou  du  Prince  fon Frère:  Efquels  deux  cas  elle  de- 
„  meurera  capable  Se  habile  à  pouvoir  fucceder  Se  hériter. 

„  VI.  Que  la  Sereniflîme  Infiinte  Dame  Marie-Therese  ,  avant  que  de 
„  célébrer  le  Mariage,  par  paroles  de  prefent ,  donnera,,  promettra,  Se  oc- 
„  troïera  fon  Ecrit,  par  lequel  elle  s'obligera ,  tant  pour  elle,  que  pour  fes  Suc- 
„  cefieurSjSe  Héritiers,  à  raccompliffement  Se  obier  vat  ion  de  tout  ce  que  def- 
„  fus,  Se  de  fon  exclufion,  Se  de  celle  de  fes  Defcendans  j  approuvera  le  tout 
„  félon  comme  il  ell  contenu  en  cette  prefente  Capitulation  avec  les  claufes  Se 

Tom.  L  Zzz  „  ju- 


f66     MEMOIRES,  NEGOCIATIONS,  TRAITEZ, 

1701.  „  juremens  neceilaires  Se  requis.  Et  en  inférant  la  fufdite  obligation  Se  ratifi- 
-  „  cation,  que  fon  Altcfle  aura  donnée  Se  faite  à  la  prefente  Capitulation,  Scelle 
,,  en  fera  une  autre  pareille  femblable  conjointement  avec  le  Roi  Très-Chrê- 
„  tien,  fî-tôt  qu'elle  fera  enregistrée  au  Parlement  de  Paris,  félon  la  forme  ac- 
„  coutumée, avec  les  autres  claufes  necefTaires.  Comme  aullî  de  la  part  de  Sa 
„  Majefté  Catholique,  elle  fera  approuver  Se  ratifier  la  Renonciation  Se  Ra- 
„  tification  en  la  forme  Se  force  accoutumée  avec  les  autres  claufes  necefTaires; 
„  la  fera  auffi  enregiltrer  en  fonConfeil  d'Etat.  Et  foit  que  lefditesRenoncia- 
„  tions,  Ratifications,  Se  Approbations  foient  faites,  ou  non  faites,  dès  à  pre- 
„  fent,en  vertu  de  cette  Capitulation  Se  du  Mariage  qui  s'enfuivra,Scencom- 
„  templation  de  toutes  les  fufdites  chofes,  elle  feront  tenues  Se  cenfées  pour 
„  bien  Se  deuëment  faites  Se  oélroïées,  Se  pour  pafTées  Se  enregiftrées  dans 
„  le  Parlement  de  Paris,  par  la  publication  de  la  Paix  dans  le  Ro'iaume  de 
„  France. 

VII.  Que  Sa  Majefté  Très- Chrétienne  donnera  à  la  Sereniffime  Infante 
,,  Dame  Marie-Therese,  pour  fes  Bagues  Scjoïaux,  la  valeur  de  cin- 
„  quante  mille  Ecus  d'or  fol.  Sec. 

„  VIII.  Que  Sa  Majefté  Très- Chrétienne,  fuivant  l'ancienne  Se  louable 
„  coutume  de  la  Maifon  de  France,  afîîgnera  Se  conftitiiera  à  la  Sereniffi- 
,,  me  Infante  Dame  Marie-Therese,  pour  fon  Douaire,  vingt  mille  Ecus 
„  d'or  fol  Sec. 

IX.  Que  Sa  Majefté  Très-Chrétienne  donnera  Se  affignera  à  la  Sereniffime 
„  Infante  Dame  Marie-Therese,  pour  la  dépentè  de  la  Chambre  Se  entre- 
„  tenement  de  fon  Etat ,  Se  de  fa  Maifon ,  une  fomme  convenable  ,  telle 
,,  qu'appartient  à  Femme  Se  Fille  de  fi  grands  &C  Puiffans  Rois  èzc. 

„  X.  Que  le  Roi  Très-Chrétien  Se  la  Sereniffime  Infante  Dame  Marie- 
„  Thérèse,  s'épouferont  Se  marieront  par  Procureur,  qu'envoïera  le  Roi 
„  Très-Chrétien  à  la  Sereniffime  Infante  par  parole  de  prefent.  Ce  qu'étant 
„  fait,  Sa  Majefté  Catholique  la  fera  mener  à  les  fraix  Se  dépens  jufques  à 
„  la  Frontière  du  Roïaume  de  France  Sec. 

„  XI.  Qu'en  cas  que  le  Mariage  fe  diflblve  entre  Sa  Majefté  Très-Chrê- 
„  tienne  Se  la  Sereniffime  Infante  Dame  Marie-Therese,  Se  que  fon  AI- 
„  telle  furvive  Sa  Majefté  Très-Clirêtienne,  en  <:e  cas  elle  s'en  pourra  re- 
„  tourner  librement,  Se  fans  autre  empêchement  quelconque,  au  Roïaume 
„  d'Efpagne  Sec. 

„  XII.  Ce  Traité  Se  Contraél  de  Mariage  a  été  fait,  avec  deflein  de  fu- 
„  plier  nôtre  Saint  Père  le  Pape  ;  comme  dès  à  prefent  Leurs  Majeftez  l'en 
„  fupplicnt,  qu'il  ait  agréable  de  l'approuver,  Se  lui  donner  fît  Bénédiction 
„  Apoftoliquej  comme  aufîî  d'en  approuver  les  Capitulations  Se  les  Ratifica- 
„  tions  qu'en  auront  faites  Leurs  Majefté  Se  ton  Alteflc,  Se  ces  Ecritures  Se 
„  juremens  qui  fe  feront  Se  oélroïeront  pour  fon  accompliflèmènt,  les  infe- 
„  rant  en  fes  Lettres  d'Approbation  Se  Benediéfion  ;  Que  Leurs  Majeftez 
„  Très-Chrétienne  Se  Catholique,  aprouveront  Se  ratifieront  cette  prefente 
„  Capitulation,  Se  tout  ce  qu'elle  contient;  prometront  Se  s'obligeront  fur 
„  leur  foi  Se  parole  Roïale3  de  la  garder  Si  accomplir  inviolablcment ,  déli- 

„  vreront 


5) 
55 


ET    RESOLUTIONS    D'ETAT.        ffy 

vreront  à  cet  effect  leurs  Brevets,-  ou  Lettres,  en  la  forme  accoutumée,    170 1. 
avec  les  dérogatoires  de  quelconques  Loix,  Juftices,  6c  Coutumes  qui  fe-  -    , 
roient  à  ce  contraires,  Se  auxquelles  il  convient  déroger.     Lefquels  fufdits 
Brevets  ou  Lettres  de  Ratification  de  la  prefente  Ecriture,  ils  fe  délivre- 
„  ront  l'un  à  l'autre  refpectivement  dans  trente  jours,  à  compter  du  jour  5c 
„  date  de  la  prefente,  par  le  moïen  des  Ambafladeurs  ou  Mini  (très  qui  refi- 
„  deront  dans  les  Cours  de  Leurs  Majeftez  Très-Chrétienne,  6c  Catholique  j 
„  avec  l'obligation  6c  lien  de  leur  foi  Se  parole  Roïale,  6c  qu'ils  effectueront 
„  6c  garderont  >  commanderont  qu'il  foit  obfervé  &  accompli  entièrement , 
fans  qu'en  tout,  ou  en  partie,  il  y  manque  choie  quelconque,  8c  qu'ils 
n'iront,  ni  confentiront  aller  ni  venir  au  contraire  directement  ni  indirecte- 
ment ,  ni  en  autre  façon,  ni  manière  aucune  j  car  ainfi  l'ont  promis  5c  fti- 
pulé  lefdits  Seigneurs  Plénipotentiaires  ,  en  vertu  des  pouvoirs  qu'ils  ont 
,,  de  Leurs  Majeftez.     A  quoi  furent  prefents  ,   de  la  part  de  la  France, 
„  Meilleurs  le  Duc  de  Guife.,  Comte  d'Harcourt,  Grand  Efcuïer  de  Fran- 
„  ce ,  6c  Gouverneur  d' Alface  &  de  Philsbourg  ;  le  Marefchal  de  Clerem- 
„  baud,  Gouverneur  de  Berrij  le  Duc  de  Crequi,  Premier  Gentilhomme 
„  de  la  Chambre  dudit  Seigneur  Roi  Très-Chrétien  ;  le  Bailli  de  Souvré  , 
„  le  Comte  d'Olonne  ,  le  Marquis  de  Vardes ,  Capitaines  de  cent  Suiffes 
„  de  la  Garde  de  ladite  Majefté;  le  Marquis  de  Soyecourt ,  Maître  de  la 
„  Garderobe  de  fadite  Majefté  j  de  Lyonne,  Miniftre  d'Etat  ;  Courtin , -l'un 
„  des  Maîtres  des  Requeftes  de  l'Hôtel  de  Sa  Majefté}  d'Avaux,  aufli  Maî- 
„  tre  des  Requeftes  dudit  Hôtel  :  6c  plufieurs  autres  Seigneurs  6c  Cavaliers. 
„  Et  de  la  part  d'Efpagne  Meffieurs  le  Marquis  deMondejar,  Gentilhomme 
„  de  la  Chambre  dudit  Seigneur  Roi  Catholique  5  le  Duc  de  Naxara  6c  de 
„  Maqueda  j  le  Marquis  de  los  Balbazez ,  Capitaine-Général  des  Gens  d'Ar- 
„  mes  de  l'Etat  de  Milan  :  le  Licentié  Don  Jofeph  Gonçalez,  du  Confeil 
„  6c  Chambre  de  fadite  Majefté  6c  Prefident  de  fes  Finances  j    le  Licentié 
,,  Don  Francifco  Ramos  de  Mançano,  du  Confeil  de  fadite  Majefté  ,  dans 
„  le  Souverain  de  Caftille }  le  Baron  de  Vateville,  du  Confeil  de  Guerre  de 
„  fadite  Majefté,  6c  fon  Capitaine-Général  dans  la  Province  de  Guipufcoaj 
„  Don  Rodrigo  de  Moxica,  du  Confeil  de  Guerre  de  fadite  Majefté 6c Maî- 
„  tre  de  Camp  Général  de  l'Armée  d'Eftrémadure  :  6c  plufieurs  autres  Sei- 
„  gneurs  6c  Cavaliers.     Et  lefdits  Seigneurs  contractans  l'ont  figné  de  leurs 
„  mains  6c  noms  ;  6c  m'ont  requis  que  de  toute  cette  Capitulation  je  leur 
„  en  baillaffë  copie,  6c  de  toutes  celles  qui  feront  traduites ,  6c  tranilatées,  > 
„  qui  leur  feront  necefTaires.     Signé,  fe  Cardinal  Mazarini  ,  &C  Don  Louis 
„  Mendez.     Fait  6c  pâlie  par  devant  moi  Secrétaire  ci-deflus-dit  ,  Ecrivain 
„  6c  Notaire  public,  les  ans  6c  jours  fufdits.     Signé,  Pedro  Colonna  ,  pour 
„  témoignage  de  vérité ,  Pedro  Colonna  ,  avec  Paraphe. 

L'Infante  Marie -Thérèse  a  fatisfait  exactement  6c  autant  qu'il  étoit 
bienfeant  à  une  Princeflè  du  Sang  d'Efpagne  à  cette  Convention  ,  a- 
vant  que  d'être  foûmife  au  Pouvoir  de  la  France  6c  qu'Elle  fût  obligée 
d'obeïr  à  fes  Commandemens  :  6c  aïant  atteint  l'âge  de  vingt  ans ,  6c  étant 
bien  verfée  dans  les  Affaires  du  Monde,  Elle  la  confirma  (ce  qui  eft  digne 

Zzz  z  de 


îî 

5» 
5» 
5» 
5) 


\ 

56*$      MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

1701.  de  remarque)  par  deux  Initrumens  ou   Actes  foufcrits  de  fa  main,  &  qui 
"•  font  avec  le  Contract  de  Mariage  entre  les  Actes  publics  des  Confeils  d'Ef- 

p.igne,  dont  un  eft  un  Acte  de  Renonciation  de  tout  l'Héritage  ,  &  de 
tous  Droits  &  Demandes-,  6c  l'autre  eit  un  Acte  de  Ratification  pour  l'Ex- 
clufîon  6c  Ccffion  de  toutes  les  Provinces  6c  Roïaumes ,  6c  les  confirma 
par  ferment,  &  abjura  abfplument  en  même  tems  toute  faculté  de  deman- 
der ou  ufurper  aucune  exception,  reititution  ,  abiolution,  du  difpenle  Papa- 
le ou  autre,  qui  feroit  demandée  volontairement  par  Elle,  ou  par  d'autres. 
Le  premier  Acte  de  Renonciation  eit  en  ces  termes. 

MAdame  Marie-Therese  Infante  des  Efpagnes ,  &  par  la  grâce  de 
Dieu  Reine  future  de  France,  Fille  ainée  du  Très -Haut  ,  Très- 
Excellent,  6c  Très-Puiflant  Prince  Philippe  IV.  par  la  même  grâce  Roi 
Catholique  des  Efpagnes  Monfeigneur,  &  de  la  Très -Haute  ,  Très- Ex- 
cellente , & Très-Puiflante  PrincefTe  Madame  Isabelle  Reine  Catho- 
lique qui  foit  en  gloire  ;  par  cet  Inrtrument  6c  Acte  de  Renonciation  ,  6c 
du  furplus  qui  y  fera  contenu,  foit  notoire  &  manifefte  à  ceux  qui  en  au- 
ront connoiifance ,  de  quelque  façon  que  ce  foit,  que  par  les  Articles  2.  & 
„  4.  du  Traité  de  mon  Mariage  promis  avec  le  Très-Haut ,  Très-Excellent, 
„  6c  Très-Puiffant  Prince  Louis  XIV.  Roi  Très -Chrétien  de  France, 
conclu  dans  l'Ifle  nommée  des  Faifans  dans  la  Rivière  Vidafoa  ,  du  ref- 
fort  de  la  Province  de  Guipufcoa  6c  confin  de  ces  Roïaumes  avec  celui  de 
France,  lefept  Novembre  de  l'année  pafTée  iôfp.,  il  a  été  refolu  6c  ar- 
reité  que  le  Roi  Monfeigneur  (  à  caufe  6c  au  regard  de  ce  Mariage  ,  6c 
afin  que  j'y  porterais  mon  dot  6c  mes  biens  propres  )  a  promis  qu'il  me 
donnerait  cinq  cent  mille  écus  d'or  au  Soleil,  qui  fe  paieraient  6c  délivre- 
raient au  lieu  ,  6c  aux  termes  Ipecifiez  dans  ledit  Article,  au  Roi  Très- 
Chrétien,  ou  à  la  perfonne  qui  aurait  fon  pouvoir  ,  6c  qu'avec  iceux  je 
me  devrais  contenter  ,  6c  tenir  pour  contente  de  tous  6c  quelconques 
„  Droits,  6c  Actions  qui  m'appartiennent,  ou  pourraient  appartenir  à  pie- 
„  fent  ou  à  l'avenir,  fur  les  Biens  6c  Hoirie  de  la  Sereniflime  Reine  Madame 
Isabelle  ma  Mère,  6c  fur  la  future  Succeffion  du  Roi  Monfeigneur, 
(  que  Dieu  ait  en  fa  garde  )  6c  fur  tout  ce  qui  me  pourrait  competer  6c  ap- 
partenir comme  à  Fille  6c  Héritière  de  leurs  Majeitez  Catholiques  ,  6c 
pour  leur  Droit,  6c  Chef,  6c  pour  quelconque  autre  Titre  pente,  ou  non 
penfé,  fçû,  ou  ignoré,  tant  pour  la  Ligne  Paternelle  ,  que  Maternelle, 
droite  ou  tranfverfale  ,  mediatement  6c  immédiatement,  6c  que  devant 
de  célébrer  le  Mariage  par  parole  de  prefent  j'aurais  à  céder,  éc  renoncer 
tous  mes  Droits,  6c  Actions  au  Roi  Monfeigneur ,  6c  aux  perfonnes  qui 
auront  la  fienne,  6c  que  Sa  Majerté  voudra,  6c  aura  agréable  ,  ainfi  qu'il 


3> 
11 
11 
11 
il 
11 
11 
11 
3> 


» 


„  eit  itipulé  &  déclaré  plus  particulièrement  par  leldits  Articles  2.  6c  4.  que 
,,  j'ai  lu,  6c  ouï  lire  plufieurs  fois  devant  que  de  confentir  à  ce  que  l'on  for- 


11 


meroit  cet  Acte,  lefquels  je  veux  qu'ils  y  foïent  inibrez  6c  mis  de  lettre  à 
„  autre,  6c  de  mot  à  autre,  dont  la  teneur  eit  la  fuivante. 

„  Que  Sa  Majerté  Catholique  promet,  6c  demeure  obligée  de  donner, 
„  6c  qu'elle  donnera  à  la  Serenilfimç  Infante  Marie-Therese,  en  dot  8c, 


„  Ma- 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.  f6j> 

,y  Mariage  avec  le  Roi  Très -Chrétien  de  France ,  8c  paiera  à  Sa  Majeflé  1701. 
„  Très-Chrêthnne,  ou  à  qui  aura  fon  pouvoir  ■&  commiffion  ,  cinq  cent  — — — 
„  mille  ecus  d'or  au  Soleil,  ou  leur  jufte  valeur  dans  la  Cité  de  Paris,  6c 
„  cette  fomme  fe  paiera  en  la  façon  fuivante  ;  le  tiers  au  tems  de  là  confom- 
„  mation  du  Mariage,  l'autre  tiers  à  la  fin  de  l'Année  après  ladite  confbm- 
„  mation,  &  le  dernier  tiers  fix  mois  après  ;  de  forte  que  l'entier  paiement 
„  de  ladite  fomme  de  foo.  mille  écus  d'or  au  Soleil  fe  fera  dans  dix  huit 
„  mois,  aux  termes  &  portions  qui  font  fpecifiécs. 

„  Que  moïennant  le  paiement  effectif  à  Sa  Majefté  Très-Chrétienne,  ou 
„  à  la  perfonne  qui  le  d^vra  recevoir  par  fon  ordre ,  defdits  fooooo.  écus 
„  d'or  au  Soleil,  ou  leur  juile  valeur  dans  les  termes  fufmentionnez  ,  la  Se- 
,,  reniffîme  Infante  Madame  Marie-Therese  aura  à  fe  contenter ,  6c  fe 
„  contente  avec  le  dit  dot,  fans  qu'il  lui  relie  aucun  recours,  Action  ,  ni 
,,  Droit,  pour  demander,  ou  prétendre  qu'il  lui  appartiendraient,  ou  pour- 
,,  raient  appartenir  d'autre  bien,  ou  Droits  fur  les  Hoiries  de  leur  Majcftez 
„  Catholiques  fes  parens,  foit  au  regard  de  leurs  perfonnes,  foi:  en  quelcon-  ,'■ 
5,  que  autre  façon ,  ou  quelque  autre  tître  ,  fçû  ou  ignoré  ,  parce  qu'elle. 
„  doit  demeurer  exclu  fe  de  tout  s  Droits  de  quelconque  condition ,  nature ,  ou  qua- 
„  lité  qu'ils  fuient;  6c  devant  d'effectuer  les  Fiançailles,  elle  en  fera  Renon- 
„  ciation  en  forme  avec  toutes  lesafîurances,  fermetez,  &  folemnitez qui  font 
„  requifes,  6c  necefTaires,  ce  qu'EJle  fera  avant  de  fe  marier  par  paroles  de 
„  prefent,  &  après  elle  l'approuvera,  6c  ratifiera  conjointement  avec  le  Roi 
„  Très  Chrétien, auffi-tôt  qu'elle  aura  célébré  fon  Mariage,  avec  les  mêmes 
„  afTurances  6c  folemnitez,  avec  lefquelles  elle  aura  foit  la  première  Renoncia- 
,,  tion  6c  celles  qui  fembleront  plus  convenables  6c  necefTaires }  à  quoi  doivent 
M  demeurer,  6c  demeurent  obligez  dès  à  prefent  6c  pour  lors  Sa  Majefté 
j,  Très-Chrétienne,  6c  fon  Altefle,  6c  qu'en  cas  qu'ils  ne  fafient  pas  ladite 
„  Renonciation ,  elles  la  tiennent  pour  faite  13  expédiées  dès  maintenant  pour 
„  lors ,  feulement  en  vertu  de  ce  Traité  :  lefquelles  devront  être  en  la  forme  la 
„  plus  efficace  Se  convenable  que  faire  fe  pourra  pour  leur  validité  ^  6c  fer- 
„  meté  avec  toutes  les  cl.iufes,  dérogations,  6c  abrogations  de  toutes  quel- 
„  conques  Loix,  Ufages,  6c Coutumes,  Arrêts,  6c  Conftitutions  y  contrai- 
5,  res ,  ou  qui  l'empêchent  en  tout  ,  ou  en  partie,  auxquelles  à  cet  effet 
„  Leurs  Majejlez  Catholique  (3  Très-Chrétienne  doivent  déroger ,  &  que  l'on  en- 
„  tendra  demeurer  derogées  des  à  prefent  pour  lors  par  V approbation  qu'elles  fe- 
„  ront  de  ce  Traité. 

„  Et  comme,  par  la  grâce  de  Dieu  ,  je  me  trouve  en  âge  majeure  de  plus 
„  de  vingt  ans,  6cque  dans  peu  de  jours,  s'il  plait  à  Dieu  nôtre  Mariage  fe 
„  doit  effectuer  par  paroles  de  prefent ,  6c  que  je  fuis  certaine,  advertie,  6c. 
„  informée  à  mon  entière  fatisfaction  de  la  fubftance ,  6c  effet  defdits  Arti- 
„  clés,  6c  reconnois ,  6c  ai  reconnu  que  de  la  future  Succeffion  du  Roi 
„  Monfeigneur ,  6c  de  l'Hoirie  de  la  Sereniflïme  Reine  ma  Mère,  il  ne  me 
„  pourrait  competer ,  ni  appartenir  en  rigueur,  pour  Héritage  6c  Légitime. 
,.,  ladite  fomme  de  foo.  mille  écus  d'or  au.  Soleil,  6c  que  quand  même  elle 
„  me  pourrait  appartenir,  c'eft  un  dot  fort  compétent ,   6c  le  plus  grand 

Zzz  3  „  que 


1701. 


570     MEMOIRES,  NEGOTI ATIONS,  TRAITEZ, 

„  que  l'on. ait  donné  jufques  à  prefent  à  aucune  Infante  d'Efpagne  ,  &   que 
„  le  Roi    Monfeigneur   s'eft  incliné   6c.  porté  à  me   le    donner   fi   grand 
„  pour  me  gtatifier  ,    6c  en  confideration  6c  contemplation  de  la  perlbnne 
„  du  Roi-  Trcs-Chrêtien,  afin  que  par  le  moïen  de  ce  Mariage  l'on  obtien- 
„  droit  les  effets  mentionnez  dans  le  dit  Traité  de  Mariage,  lefquels  font  fi 
„  importans  au  bien  public  de  la  Chrétienté,  6c  au  contentement  6c  fatisfac- 
„  tion  de  ces  Roïaumes-ci.  Partant,  de  ma  certaine  feience,  6c  fçavoir,  <k 
„  d'agréable  6c  fpontanée  volonté  j'aprouve  6c  veux,  que  l'on  obferve  6c  ac- 
„  complifie  ce  qui  a  été  refolu  6c   arrêté  par  lefdits  deux  Articles,  6c  que 
,,  l'on  entende,  que  ce  Mariage  fe  devra  conclurre  6c  effèétuer  fous  les  con- 
„  ditions  y  contenues,  ^C  déclarées,  6c  que  fans  icelles  conditions  il  n'auroit 
,,  pas  parvenu  à  l'état,  où  il  ert  ce  jourd'hui,  6c  dès  maintenant  je  me  tiens 
„  pour  contente  6c  pour  païéc  entièrement,  abfolument,  6c  fatisfaite  de  tout 
„  ce  qui  m'appartient,  ou  pourroit  appartenir,  à  prefent  ou  à  l'avenir,  par 
„  quelconque  Droit  fçû  ou  ignoré,  de  la  future  Succeffion  &  Hoirie  de  leurs 
,,  Majeftez  Catholiques  mes  Parens,  6c  à  caufe  de  la  Légitime  Paternelle  6c 
„  Maternelle,  ou  pour  leur  fupplement ,  ou  à  caufe  des  Alimens ,  ou  de  dot, 
„  tant  des  biens  libres  comme  de  ceux  de  la  Couronne  de   leurs  Roïau- 
,,  mes,  Etats,  6c  Seigneuries,  fans  qu'il  me  refte  à  moi ,  ou  aux  miens  au- 
„  cune  aérion  pu  recours   contre  Sa  Majefté ,   oir  fes  Succeffëurs ,  pour 
„  demander  ou  prétendre   que  je  devrois  avoir  une  plus  grande  valeur  6c 
„  importance  que  lefdits  foo.   mille  écus  ,*  6c  je  veux  que  cette  Renon- 
„  dation  s'entende  auffi  de  quelconque  autre  Droit ,   ou  Aérions  ,   qui  me 
„  pourroient  competer,  ou  appartenir  par  Hoirie,  ou  Succeffion  de  quel- 
„  ques  Droits ,   ou  parent  de  Ligne  droitte  ou  tranfverfale  par  tête ,  ou 
„  par  perfonnes ,   comme  à  Fille  de  leurs  Majeftez  ,  6c  que  je  les  aban- 
„  donne  6c  quitte  tous  les  uns  ci?  les  autres  ,   de  quelconque  condition ,   na- 
„  tare  ,   qualité ,    valeur  ,   &  importance  qu'ils  J "oient ,   ^  les  cède  ,   renon- 
„  «,  cjf  tranf porte  ait  Roi  Monfeigneur  &  à  fes  Héritiers ,  ci?  Succeffëurs  uni- 
„  verfels  ci?  finguliers ,  lefquels  auront  fon  Droit ,   6c  afin  qu'il  en  puifîe  dif- 
„  pofer  comme  il  lui  plaira,  6c  que  bon  lui  femblera  tant  par  donation  entre 
„  vifs,  comme  par  Teftament ,   6c  dernière  volonté,  fans  que  Sa  Majefté 
„  foit  obligée  de  nfinflituer ,  ou  laiffer  fon  Héritière,  ou  Légataire,  ou  de  faire 
„  mention  de  moi,  par  ce  que  pour  lefdits  effets  je  me  déclare,  6c  dois  être 
„  tenue' 6c  réputée  pour  EJlrangere,  6c  comme  à  telle  il   ne   m'y  doit  de- 
„  mearer  aucun  recours  j  afin  de  pouvoir  reclamer ,  ou  propofer  quelque 
„  complainte,  nonoblb.nt  que  l'Hoirie  que  lairra  la  Majefté  de  mon  Père, 
„  foit  très-opulente,  6c  de  fi  grande  valeur  6c  importance  que  d'icelle  ,   6c 
„  comme  un  de  fes  Enfans,  que  nous  fommesà  prefent,  ou  ferons  à  l'ave- 
„  nir,  il  m'en  pourroit  appartenir  une  fomme  plus  grande,  6c  plus  haute 
„  que  celle  defdits  foo.  mille  écus ,  pour  fi  grand,  ci?  extraordinaire  que  foit 
„  l'excès  ;  6c  encore  que  le  cas  arriveroit  (  ce  que  Dieu  ne  permette  pas) 
„  qu'au  tems  de  fa  mort  je  demeurerois  6c  viendrois  à  être  fa  Fille  unique,  à 
„  caufe   que  mes  Frères,  6c  les  autres  fiens  Defcendants  légitimes,  feroient 
„  morts  auparavant,  afin  qu'en  nul  cas  ,  ni  pour  aucun  événement  l'on  ne 

„  puifle 


ET    RESOLUTIONS    D'ETAT.         fji 

„  puifle  demander  ni  prendre  pour  moi,  ou  en  mon  nom  ,  ni  fur  le  Droit  1701. 
„  de  ma  perfonne,  aucune  autre  portion  plus  grande  de  légitime  des  biens,  ■ 
„  6c  Hoiries  du  Roi  mon  Seigneur,  je  promets  qu'en  nul  tems,  ni  pour  au- 
„  cune  raifon ,  foubs  quelconque  prétexte  que  ce  (bit ,  je  ne  confentirai  ni 
„  permettrai,  que  l'on  agiflè  contre  cette  mienne  Renonciation  &  Déiîftance 
„  que  je  rais  de  mefdits  Droits,  actions,  ou  prétendons)  6c  je  defifte  con- 
„  jointement  ,  6c  renonce  à  tous,  £5?  quelconque  remède ,  ordinaires,  &  ex- 
„  traordinaires  ,  qui  m'appartiennent,  ou  pourraient  appartenu- par  Droit , 
„  commun,  &  Loix  de  ces  Roïaumes,  ou  par  fpecial  Privilège,  6c  particu- 
„  lierement  à  celui  de  la  réfutation  in  Integrum,  fondée  fur  le  manquement  de 
,,  mon  âge,  ou  fur  la  Le  [ion  énorme  ,  ou  très- énorme  ,  ou  fur  dire  que  le  dot  au- 
„  roit  été  caufe  de  ce  Contrat! ,  ou  fur  V  incertitude  de  ce  que  je  renonce ,  afin  que 
„  nul  defdits  remèdes  ôc  recours  fufmentionnez  me  fervent ,  ou  puifTènt  fer- 
„  vir  en  voie  de  Juitice,  ou  en  conteftation ,  ni  que  par  iceux  moi  6c  mes 
„  Enfans  6c  Héritiers  puiflîons  y  être  ouïï,  8c  admis,  6cque  l'on  nous  en  de- 
„  nie  6c  ferme  l'accès,  pour  les  pouvoir  déduire  6c  propolèr  judiciellement, 
„  ou-extrajudiciellenient,  ni  par  voie  de  grief,  ou  de  recours  ,  ou  de  fim- 
„  pie  complainte  ,  ainfi  que  toujours  6c  en  tout  tems  l'on  obferve  6c  ac- 
„  compliflè  ce  qui  eft  difpofé  par  lefdits  Articles  fufmentionez,  6c  ce  que  j'ai 
„  promis  par  cet  acte  touchant  leur  confirmation  6c  approbation,  èc  promets 
„  en  toi  de  ma  parole  Roïale  ,  qu'il  fera  maintenu,  accompli ,  6c  obfervé 
„  en  tout  tems  inviolablement ,  fous  l'obligation  que  je  fais  de  mes  biens  6c 
„  rentes  que  j'ai,  6c  aurai,  6c  je  donne  pouvoir  au  Confeil  de  Sa  Majefté, 
„  6c  aux  Seigneurs  Rois  fes  Succeffeurs,  6c  aux  perfonnes  auxquelles  ils  en- 
„  chargeront  l'exécution  de  cet  Acte,  à  ce  qu'ils  le  fafient  obferver  ôc  exe- 
„  cuter  :  6c  pour  plus  grande  validité ,  je  jure  par  les  Saints  Evangiles  con- 
.,,  tenus  dans  ce  Mlifel ,  (  fur  lequel  je  mets  ma  main  droite  )  qu'en  tout 
„  tems,  6ç  autant  qu'il  pourra  dépendre  de  moi,  je  l'obferverai,  6c  accom- 
„  plirai,  fans  dire,  ni  alléguer,  que  pour  le  faire  6c  accorder  j'ai  été  indui- 
„  te ,  attirée ,  ou  perfuadée  par  le  refpect  ou  vénération  que  je  dois  5c 
„  porte  au  Roi  mon  Seigneur,  lequel  m'a  tenu,  6c  me  tient  encore  foubs  fa 
,j  punTance  paternelle  j  d'autant  que  je  déclare  que  Sa  Majefté  s'eft  toû- 
„  jours  remife  à  mon  franc  arbitre ,  6c  volonté ,  8c  que  je  l'ai  eu  li- 
„  bre  ,  6c  nullement  refpective ,  en  tout  ce  qui  a  touché  à  ce  Con- 
„  tract ,  6c  je  promets  de  ne  point  demander  difpenfe  de  ce  Serment  à 
„  nôtre  très-Saint  Père  6c  au  Saint  Siège  Apoftolique ,  ni  a  fon  Nonce,  6c 
„  Légat  à  Latere,  ni  à  autre  Perfonne  qui  ait  pouvoir  ou  faculté  de  me  l'oc- 
„  troier,  8c  que  fi  elle  venoit  à  être  demandée  à  mon  inftance  ,  ou  de  quel- 
5,  que  Perfonne  tierce  ,  ou  à  être  dctroïée  tnotu  proprio,  je  n'en  uferai  point, 
„  ni  ne  m'en  prévaudrai ,  encore  que  ce  ne  ferait  feulement  que  pour  entrer 
„  en  juftice ,  fans  toucher  à  la  force  6c  fubftance  defdits  deux  Articles  de 
„  Mariage,  ni  à  celle  de  cet  Acte  que  je  fais  pour  les  confirmer,  nonobftant 
5,  que  ce  foit  avec  quel- conque  clauiè  dérogatoire  de  ce  Serment.  Et  en  cas 
„  que  l'on  me  l'accorde  ,  une  ou  plufieurs  fois  ,  je  fais  de  nouveau  d'autres 
„'  Serments, 6c  tant  qu'il  y  en  demeure  toujours  un  fur  toutes  lefdites  difpen- 

„  fesj 


f7i      MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

1701.  „  fcs;  £c  fur  le  même  je  déclare  &  promets  ,  que  je  n'ai  fait  ni  ferai  aucune 

„  Proteftation  ,   ni  Réclamation  en  public,  ou  en  fecret,  contraire  à  cette 

„  mienne  promeffe  &  obligation ,  pour  l'affbiblir  ,  ou  diminuer  fa  force,  & 

„  que  (I  je  venois  à  la  faire,  encore  que  ce  fût  avec  un  autre  Serment  contrai- 

„  re  à  celui-ci,  qu'elle  ne  me  puiffe  point  fervir  ,  ni  être  d'aucun  avantage  1 

„  &  je  promets,  &  m'oblige,  qu'aufll-tôt  que  l'on  m'aura  menée,  6c  que  je 

„  ferai  en  Compagnie  du  Roi  Très-Chrêtien,  en  fuite  defdits  Articles,  ferai 

„  conjointement  avec  Sa  Majefté  un  autre  Acte ,  avec  toutes  les  Claufes ,  Ser- 

„  ments,  6c  Obligations  neceflaires ,  avec  Infertion  èc  Ratification  de  celui- 

,,  ci ,   qui  a  été  fait  en  cette  Cité  de  Fontarabie  ,  où  fe  trouve  à  prefent  le 

„  Roi  Mon  Seigneur  avec  fa  Cour,  6c  Palais,  le  2.  jour  du  mois  de  Juin  de 

„  cette  année  1660.  en  prefence  du  Roi  nôtre  Maître,  lequel  en  continua- 

,•>  tion  de  l'Octroi  fufmentioné  dit,  que  Sa  Majefté  Catholique  fupleoit  avec 

„  fa  Roïale  Autorité ,  6c  voialoit  que  l'on  tint  pour  fuppléez  quelconques  def- 

„  fauts,  ou  omiifions  de  Fait,  ou  de  Droit  ,   de  fubrtance  ,  ou  de  qualité, 

„  de  ftile,  ou  de  Coutume,  qu'il  y  pourroit  avoir  dans  la  formation  de  cet 

„  Aftede  Renonciation  des  Légitimes ,  6c  futures  Succeffions  qu'a  fait ,  6c 

„  accordé  la  Serenifllme  Infante  Reine  promife  de  France,  fa  très -chère  6c 

„  très-aimée  Fille,  6c  que  de  fa  pleine  6c  abfoluë  puiffance,  comme  Roi  , 

„  qui  ne  reconnoiffoit  aucun  fuperieur  dans  le  temporel ,  elle  la  confirmoit , 

„  6c  approuvoit ,  6c  la  confirma ,  6c  approuva  avec  dérogation  pour  cette 

„  fois  de  quelconques  Loix,  Ordonnances,  Ufages  ,   6c  Coutumes  qu'il  y 

„  auroit  au  contraire,  lefquels  pourroient  empêcher  fon  effet  6c  exécution, 

„  6c  pour  plus  grande  affûrance  commanda  que  l'on  le  fcelleroit  avec  le  Seel 

„  Roïal,  étant  témoins  à  ce  appeliez,  6c  requis  Don  Louis  Mendez  de  Ha- 

„  ro,  Marquis  del  Carpio  ,  Comte-Duc  d'Olivaresj    Don  Ramiro  Nunez 

„  de  Guzman  Duc  de  Médina  de  la  Tories  ;  Don  Gafpar  de  Haro  ,   Mar- 

„  quis  deEliche>  Don  Jean  Dominicq  de  Guzman ,  Comte  de  Monterey  } 

„  Don  Diego  de  Aragon  ,   Duc  de  Terranova  ;    Don  Guillen  Ramon  de 

„  Moncada,  Marquis  de  Aytona}  Don  Pedro  Puerto  Carrero , Comte  de  Me- 

„  dellin;  Don  Pedro  Colon  de  Portugal,  Duc  de  Veraguasj  Don  Antonio 

„  de  Peralto  Hurtado  de  Mendoza,  Marquis  de  Mondejari  Don  Alonfo  Pe- 

„  rez  de  Guzman,  Patriarche  des  Indes;  Don  Alonfo  Perez  de  Vivero,  Com- 

„  te  de  Fuenfaldagne,  du  Confeil  d'Etat}  Don  Jean  de  Caravajal ,  6c  Sardi, 

„  du  Confeil  6c  Chambre  ;  Don  Diego  deTajada,  Evêque  de  Pampelune* 

„  6c  plufieurs  autres  Seigneurs  6c  Cavaliers  qui  fe  trouvèrent  prefens. 

Etoit  f'gnéj 

Je  le  Roi,  Mahie-Therese. 

„  TE  Don  Fernando  de  Fonfeca  Ruiz  de  Contreras,  Marquis  de  la  Lipalla, 
„  J  Chevalier  de  l'Ordre  de  Saint  Jaques,  des  Confeils  de  Guerre,  des  Indes, 
„  6c  Chambre  d'Icelles,  de  Sa  Majefté  Catholique  ,  Secrétaire  d'Etat,  6c  de 
1,  la  Dépêche  Univerfelle,  ôc  Notaire  dans  (es  Roïaumes  6c  Seigneuries,  qui 

„  ai 


ET    RESOLUTIONS    D'ETAT.         sn 

„  ai  été  prefent  au  Serment,  Octroi ,  8c  à  tout  le  furplus  ci-defîlis  contenu,   1701. 
„  en  fais  foi,  &  que  lefdits  Articles  1.  Se  4.  du  Mariage  ainfi  qu'ils  font  ci-defTus   '  ■—  '- 
„  mentionnez ,  ont  été  tirez  fîdellement ,  &  collationnez  avec  l'Original  qui 
„  eft  en  mon  pouvoir.     En  témoignage  de  vérité  je  l'ai  figné  Se  foûfcript  de 
„  mon  nom. 

Don  Fernando  de  Fonseca  Ruyz  de  Contreras. 

L'autre  Infiniment  ou  Aétc  d'exclufïon  6c  de  ceffion  desRoïaumcs  5c  Etats  Parl'Ex- 
d'Efpagne,  dans  lequel  l'Infante  Marie -Thérèse,  comme  un  Juge  juré,  <jlufion 
nflis  dans  Ton  Tribunal,  a  prononcé  cette  belle  Sentence  :  §ue  toute  ufurpation,  \es  ^tatJ 
ou  attentat  au  contraire ,  doit  être  tenue  pour  une  violence  illicite,  une  invafion  Fc  Pro- 
injiifte,  faite  contre  la  raijon  £5?  la  confeience,  &  pour  une  ufurpation  tiranniqUey  vinces 
13  qu'au  contraire,    ce  qui  fe  feroit  poijr  y  uftfier ,  ferait  qualifié  de  forcé jufie ,         au" 
licite  y  permifeJS  que  tous  les  Sujets  d'E/pagne  ou  defes  dépendances  aient  à  fai-  condi- 
re  tous  leurs  efforts  pour  cela  j    efl  conçu  ,   fans  aucune  Condition  de  dot  ou  tion  de 

autrement,  en  ces  mêmes  mots  Se  termes  qui  auvent,  dot  ou 

autic- 

„  "\  TAdame  Marie -Thérèse  Infante  des  Efpagnes  ,  Se  par  la  grâce  de  del'Ab- 
„  1VJL  Dieu  Reine  future  de  France,  Fille  ainée  du  très-Haut  ,  très-E\'-  folutioa 
„  cellent,  6c  très-Puiûant  Prince  ,  Philippe  IV. ,  par  la  même  grâce  Roi  ^3PaIe 
„  Catholique  des  Efpagnes  mon  Seigneur,  (que  Dieu  ait  en  fà  garde  6c  pro-  Reft^0 
„  fpere  très-heureufement  )  6c  de  la  très-Haute,  très-Excellente  ,  6c  très-Puif-  tion. 
„  fante  Princefîè  Madame  Izabelle  Reine  Catholique  ,  de  gloricufé  Me- 
„  morie,  ma  Mère  6c  Dame  (qui  eft  au  Ciel)}  par  la  Relation  6c  Notice 
„  de  cet  Infiniment  6c  Aéte  d'Approbation,  Confirmation,  6c  Ratification, 
„  6c  du  furplus  qu'il  s'y  contient ,  6c  afin  qu'il  demeure  en  éternelle  Memoi- 
„  re,  je  fus  notoire  6c  manifefte  aux  Rois ,  Princes,  Potentats,  Republi- 
„  ques,  Communautez,  6c  Perfonnes  particulières  ,  qui  font  ou  feront  aux 
„  Siècles  à  venir,  que  d'autant  que  le- très- Haut,  très-Excellent,  6c  très- 
„  PuifTant  Prince  Louis  XIV.  Roi  Très-Chrêtien  de  France ,  mon  Cou- 
„  fin  Germain,  6c  en  fon  nom  6c  avec  Ambafïïide  particulière  le  Maréchal 
„  Duc  de  Grammont,  demanda  6c  propofa  mes  Fiançailles  6c  Mariage  pour 
„  ledit  Roi  Très-Chrêtien  mon  Coufin  au  Roi  Catholique,  mon  Seigneur  , 
„  6c  que  Sa  Majefté  Catholique  faifânt  une  jufle  eftime  de  cet  office  6c  pro- 
„  pofition ,  6c  aïant  les  égards  dûs  aux  fujects  de  décence ,  égalité ,  8c  conve- 
„  nances  publiques,  qui  concourrent  en  ce  Mariage  ,  l'accorda  6c  y  confen- 
tit,  aïant  à  précéder  la  difpenfe  de  fa  Sainteté  pour  leParentage  8c  Confan- 
guinité  que  j'ai  avec  le  Roi  Très-Chrêtien  mon  Coufin,  &  que  par  après 
enfuite  de  cet  Octroi  #r  Accord  ,  6c  avec  pouvoir  des  deux  Majeftez, 
Catholique  8c  Très-Chrétienne,  l'on  a  arrêté  8c  figné  nôtre  Traité  de 
Mariage  le  7.  Novembre  de  l'année  pafiee  i6fo.  dans  Pille  'nommée  des 
Faifans,  lituée  fur  la  Rivière  de  Vidafîba  du  refTort  de  la  Province  de  Gui- 
pufcoa,  6c  confins  de  ces  Roïaumes  avec  celui  de  France  ,  8c  que  dans 
les  Articles  f.  8c  6.  dudit  Traité  il  a  été  refolu  ,  6c  arrêté  de  commun 
„  accord,  8c  de  même  volonté,  Se  comme  une  chofe  très-convenable,  après 
l'avoir  confiderce  attentivement  ,  8c  avec  meure  délibération  ,  que  moi 
Tom.  I.  Aaaa  „  8c 


•>■> 


574     MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

1701.  „  8c  les  Enfans  8c  Defcendans,   que  Dieu  nous  donnera  de  ce  Mariage, 

„  lbions  &c  demeurions  inhabiles  8c  incapables ,  8c  abfolument  exclus  du  Droit 

„  8c  efpoir  de  fucceder  à  aucuns  des  Roïaumes  ,  Etats,  8c  Seigneuries  dont 
,,  fe  compofe  cette  Couronne  8c  Monarchie  d'Efpagne,  8c  à  ceux  qui  s'y 
„  pourraient  agréger  par  Sa  Majefté  Catholique,  8c  (après  fes  longs  ,  8c 
„  heureux  jours)  par  les  Rois  l'es  SuccefTeurs ;  8c  quoi  que  pour  s'être  re- 
„  duit  à  paftion  conventionelle  par  des  Princes  &c  Rois  Souverains  (  lequels 
,,  dans  le  temporel  ne  reconnoiflent  aucun  fuperieur)  par  grâce,  8c  en  faveur 
„  de  la  caufe  publique  des  deux  Roïaumes ,  te  en  condefeendant  à  ceci  avec 
„  ledefir,  8c  lbuhait  commun  de  leurs  Sujets,  Vaffàux  ,  8c  Naturels,  qui 
„  veuillent,  qu'il  ait  la  force,  8c  vigueur  de  Loi,  8c  Saétion  Pragmatique, 
„  8c  qu'elle  foit  reçue  8c  obfervée  comme  telle;  8c  pour  ce  fujet  fembloit, 
,,  que  pour  fa  fermeté  il  ne  ferait  pas  befoin  d'aucune  autre  folemnité,  mais 
„  toutes  fois  leurs  Majeftez  voulurent,  que  iî  mon  Approbation  pouvoit  être 
„  convenable  pour  quelque  confideration,  je  l'aurois  à  taire  incontinent,  que 
„  le  cas  arriverait,  que  le  Mariage  accordé  fe  devrait  célébrer,  8ç  -traiter 
,,  par  paroles  de  prêtent,  8c  que  mon  Approbation  fut  avec  toutes  les  claufes 
„  8c  folemnitcz  neceflaires ,  félon,  èc  comme  il  eft  ftipulé  8c  déclaré  ,  par- 
ticulièrement par  l'Acle  de  dix  Articles  dont  la  teneur  du  f.  8c  6.  tirée  de 
fon  Original  eft  inférée  ici  de  mot  à  autre,  8c  eft  la  fuivante. 
„  V.  Que  d'autant  que  Leurs  Majeftez  Catholique  ,  8c  Très-Chrêtienne, 
ont  confenti,  8c  confentent  à  ce  Mariage,  afin  de  rendre  perpétuelle  par 
ce  lien ,  èc  aflurer  davantage  la  Paix  publique  de  la  Chrétienté ,  8c  l'amour 
8c  fraternité  qui  le  fouhaite  entre  Leurs  Majeftez ,  8c  en  confideration  des 
„  juftes  caufes  ,  qui  font  connoître  ,  8c  periuadent  les  convenances  dudit 
„  Mariage,  moïennant  lequel  8c  avec  la  faveur  8c  grâce  de  Dieu,  on  peut 
„  efperer  des  heureux  fuccès  ,  au  grand  Bien  8c  AccroifTement  de  la  Foi  8c 
„  Religion  Chrétienne,  8c  au  bénéfice  commun  des  Roïaumes ,  Sujets,  èc 
„  Vaflaux  des  deux  Couronnes  ;  eu  égard  à  ce  qu'il  importe  à  l'Etat  public, 
„  8c  à  leur  confervation  ,  qu'étant  iî  grandes ,  elles  ne  viennent  pas  à  fe 
„  joindre,  8c  que  l'on  prévienne  les  occafions  qu'il  y  pourrait  avoir  de  les 
„  joindre,  8c  en  confideration  de  l'égalité,  8c  autres  juftes  raifons  ,  l'on  ar- 
„  rêta  par  Accord  conventionel ,  que  Leurs  Majeftez  veulent,  qu'il  ait  force 
„  8c  vigueur  de  Loi  établie  en  faveur  de  leurs  Roïaumes,  8c  intérêt  public 
„  d'iccux,  que  la  Sercnilîîme  Infante  Madame  M  arie-The rese  ,  8c 
„  les  Enfans  qu'elle  aura ,  Mâles  ou  Femelles,  8c  leurs  Defcendans,  tant 
„  Fils  ainez,  comme  1.  3.  8c  4.  8c  de -là  en  avant  en  quelconque  degré 
„  qu'ils  fe  trouvent  ,  pour  toujours  ,  8c  à  jamais,  ne  puiflent  fucceder,  ni 
„  fuccedent  aux  Roïaumes,  Etats,  8c  Seigneuries  de  Sa  Majefté  Catholi- 
„  que,  fpecifîez  dans  ce  Traité,  ni  aucun  de  tous  les  antres  Roïaumes,  E- 

„  tats,  éc  Seigneuries ,  Provinces  ,    Ifles  adjacentes ,    Fiefs 8c 

„  Frontières,  que  Sa  Majefté  Catholique  a,  8c  pofiede  à  prefent,  &c  qui  lui 
„  appartiennent ,  ou  puifient  appartenir  ,  tant  en  Efpagne  que  hors  d'icelle, 
„  8c  qu'à  l'avenir  Sa  Majefté  Catholique,  8c  (es  SuccefTeurs  auront ,  pofië- 
„  deront,  8c  qui  leur  appartiendront,  ni  à  tous  ceux  y  compris,  inclus,  8c 
„  aggregez  à  iceux,  ni  à  tout  ce  qui  s'aquerra  en  quelconque  tems  que  ce 

„  foit, 


J3 


53 

55 
55 
55 
5) 
55 
55 
55 
55 
55 
55 
55 


ET    RESOLUTIONS    D'ETAT.  f7r 

foit,  Se  s'accroitra  auxdits  Roïaumes  ,  Etais  ,  S?  Seigneuries,  &  qui  fe   1701. 

recouvrera  ou  y  fera  dévolu,  pour  quelconque  titre  ou  caufe  que  ce  foit 

ou  puiffc  être,  encore  que  pendant  la  vie  de  la  Sereniffime  Infante  Mada- 
me Marie-Therese,  ou  après  pendant  celles  de  quelconques  fîens  Def- 
cendans,  ainez ,  féconds, ou  autres  arriveroit  ou  efchoiroit  le  cas,  Scies  cas, 
auxquels  par  Droit,  Loix,  ou  Coutumes  dcfdits  Roïaumes ,  Etats,  & 
Seigneuries  Se  par  les  difpofitions,  Se  titres  par  lcfquels  on  fuccede  &  pré- 
tendrait y  fucceder,  la  Succeffion  leur  devroit  apartenir  ,  parce  que  l'on 
déclare  dès  maintenant  que  ladite  Sereniffime  Infante  Marie-Therese 
demeure  exclufe  d'icelle,  Se  du  Droit,  6c  de  l'efpoir  de  pouvoir  fucceder 
à  ces  Roïaumes,  Etats,  Se  Seigneuries  Se  à  chacun  d'iceux  ,  Se  tous  les 
Enfans,  Se  Defcendans,  Mâles ,  Se  Femelles  ,    nonob fiant  qu'ils  diraient. 


„  ou  pourraient  due,  ou  prétendre  qu'en  leurs  perfonnes  ne  concourraient , 
„  Se  ne  fe  pourraient  confiderer  les  raiibns  de  la  caufe  publique  ,  ni  autres 
„  fur  lefquelles  fe  pourroit  fonder  cette  exclufion ,  Se  qu'ils  voudraient  alle- 
„  guer  que  la  Succeffion  de  Sa  Majeilé  Catholique,  Se  des  Sereniffimes  Prin- 
„  ces  Se  Infantes,  Se  des  autres  Enfans  qu'il  a,  Se  aura  de  tous  les  légitimes 
„  Succefleurs  (  ce  que  Dieu  ne  veuille,  ni  permette)  ferait  venue  à  man- 
„  quer,  d'autant  que  ce  nonob  liant  ils  ne  devront  pas  fuecceder,  ni  preten* 
„  dre  de  fucceder  en  aucun  cas ,  tems,  ni  accident,  ni  événement ,  Elle  ni 
j,  fes  Enfants,  ni  Defcendans,  fans  avoir  égard  auxdites  Loix  ,  Coutumes, 
„  Ordonnances , Se  Difpofitions,en  vertu  defquelles  l'on  a  fuccedé,  Se  fe  fuc- 
„  cède  à  tous  lefdits  Roïaumes,  Etats,  Se  Seigneuries,  &  à  quelconques 
„  Loix ,  Se  Coutumes  de  la  Couronne  de  France  ,  lefquelles  empêchent 
„  cette  Exclufion  au  préjudice  des  Succefleurs  d'icelle ,  tant  à  prefent,  com- 
yy  me  aux  tems  Se  cas  que  la  Succeffion  fe  différerait,  à  toutes  lefquelles,  Se 
„  à  chacune  d'icelles  Leurs  Majellez  devront  déroger,  Se  abroger  en  tout  ce 
„  qu'elles  feront  contraires,  Se  empêcheront  le  contenu  en  ces  Articles ,  Se 
„  fon  accompliflement,  Se  exécution,  Se  que  l'on  entende,  que  par  l'appro- 
„  bation  de  ce  Traité  elles  y  dérogent ,  Se  les  tiennent  pour  derogées ,  Se 
„  que  le  même  foit ,  Se  s'entende,  que  Madame  l'Infante  Se  fes  Defcendans 
,-,  demeurent  exclufe  Se  exclus  de  pouvoir  fucceder  en  aucun  tems,  ni  cas 
„  aux  Etats,  Se  Païs-Bas  de  Flandres  Se  Comté  de  Bourgogne  Se  de  Charo- 
„  lois ,  avec  tout  ce  qui  y  eft  adjacent ,  Se  leur  appartiennent.  Mais  auifi 
„  on  déclare  exprelTement,  que  s'il  arrivoit  (  ce  que  Dieu  ne  veuille  ,  ni 
„  permette)  que  la  Sereniffime  Infante  viendrait  à  être  veuve,  fans  avoir 
„  Enfans  de  ce  Mariage ,  qu'en  ce  cas  elle  demeurera  libre  de  l'Exclufion  fuf- 
„  mentionnée,  Se  pourra  jouir  des  droits  de  fucceder  à  tout  ce  qui  lui  pour- 
„  roit  appartenir  en  deux  cas.  L'un,  fi  elle  s'en  rctournoit  en  Efpagne  étant 
n  veuve  de  ce  Mariage,  Se  fans  Enfans  j  l'autre  fi  pour  convenance  du  bien 
„  public,  Scpourjuites  confiderations  elle  fe  marioit  du  confentement  du 
j,  Roi  Catholique  fon  Père ,  Se  du  Prince  d'Efpagne  fon  Frère  ;  aux- 
„  quels  cas  Elle  demeurera  capable,  Se  habilitée  à  pouvoir  hériter  Se  fucceder. 
„  Que  la  Sereniffime  Infante  Madame  Marie-Therese  aura  à  faire  de- 
„  pêcher  un  Acte  ,  avant  de  célébrer  Se  contracter  le  Mariage  par  parole  de 
„  fentj  s'obligeant  pour  foi,  Se  fes  SuccelTeurs,  à  l'accomplilTement ,  Se  ob- 

Aaaa  i  „  fer- 


J7<S      MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

1701.  „  fervance de  ce  que  deiTus ,  6c  de  fon  Exclufion,  &  de  fes  Defcendans  ;  ap-> 

" „  prouvant  le  tout  félon, &  comme  il  eft  contenu  en  ce  Traité  avec  les  clau- 

„  les  neccffiires,  6c  ferment,  &  à  ce  qu'inférant  ce  Traité,  6c  l'Aéte  d'obli- 
„  gation  6c  approbation,  que  fon  AltefTe  aura  fait  faire,  elle  en  fera  un  au- 
„  tre  fcmblable  conjointement  avec  le  Roi  Très-Chrêtien  aufîî-tôt  qu'elle  fe- 
,,  ra  mariée  avec  Sa  Majefté  ,  lequel  devra  être  enregiftré  ,  6c  pafîe  par  le 
„  Parlement  de  Paris,  en  la  forme,  6c  avec  les  claufes  accoutumées,  6c  Sa 
„  Majefté  Catholique  devra  approuver  ladite  Renonciation  èc  Ratification 
„  en  la  forme,  6c  avec  les  claufes  accoutumées  6c  autres  neceiïàircs ,  la  fai- 
„  iànt  auflî  paffer  6c  enregiftrer  par  le  Conléil  d'Etat  :  6c  lefdites  Renoncia- 
„  tions  6c  Approbations  étant  faites,  ou  obmifcs  de  faire  ,  dès  à  prefent,  en 
„  vertu  de  ce  Traité  ,  6c  du  Mariage  qui  s'enfuivra  en  vertu  d'icelui, 
„  on  les  tient  pour  faites  6c  expédiées ,  pour  paffées ,  6c  enregiftrées  par 
„  le  Parlement  de  Paris  par  la  publication  de  la  Paix  en  ce  Roïaume-là. 

„  Et  d'autant  qu'après  le  Traité  fufmentionné  ,  nôtre  très  Saint  Père 
„  Alexandre  VII.  a  difpenfé  pour  les  degrez  de  Parentage,  qu'il  y  a  en- 
„  tre  ledit  Roi  Très- Chrétien  6c  moi,  6c  approuve  par  fon  Autorité  6c  Be- 
„  nedicYion  Apoftolique  nôtre  Traité  de  Mariage,  6c  les  Articles,  6c  que  le 
„  cas  6c  tems  eft  venu,  que  le  Mariage  fe  doit  célébrer,  6c  contrafter  avec 
„  la  benediétion  de  Dieu,  6c  à  ce  que  l'on  doit  efperer  pour  fa  gloire  6c  fer- 
„  vice ,  exaltation  de  la  Sainte  Foi ,  6c  tranquillité  de  la  Republique  Chrê- 
„  tienne;  moiennant  quoi  le  cas,  6c  tems  eft  auflî  arrivé,  que  je  dois  accom- 
„  plir  pour  ce  qui  me  touche  (avant  mes  Epoufailles  6c  Mariage)  le  conte- 
„  nu  aux  Articles  f .  6c  6.  qui  font  inferez  en  cet  Acte,  6c  qu'il  eft  ainfi  que 
„  je  me  trouve  en  âge  majeure  de  20.  Ans ,  6c  que  dans  icelle  il  a  plû  à 
„  nôtre  Seigneur  de  me  donner  capacité  6c  difcretion  ,  pour  entendre,  6c 
„  comprendre  la  fubftance  6c  l'effet  defdits  Articles  ,  dont  je  fuis  certaine  6c 
„  advertie,  d'autant  que  je  m'en  fuis  fouvent  informée,  6c  de  leur  conve- 
,,  nance  pendant  le  tems  de  fix  mois,  qu'il  y  a  que  l'on  les  a  arrêté  6c  pu- 
„  blié,  6c  qu'ils  ont  été  refolus  6c  arrêtez  ,  6c  qu'il  fuffilbit ,  afin  que  j'au- 
,,  rois  la  fatisfaciion  que  je  dois,  de  leur  juftification  de  fçavoir  que  c'a  été 
„  une  affaire  examinée  6c  accordée  par  le  Roi  mon  Seigneur,  lequel  iouhai- 
„  te  6c  procure  mon  contentement,  6c  mon  bien,  avec  tant  d'amour,  6c  de 
„  foin,  prenant  conjointement  égard  au  public  6c  commun  des  Roïaumes 
„  que  Dieu  lui  a  enchargé,  lefquels  6c  ceux  de  France  font  également  inte- 
„  relfez,  à  ce  que  la  Grandeur  6c  Majefté  qu'ils  foûtiennent,  6c  confervenr. 
„  en  eux  mêmes  depuis  tant  d'années  6c  avec  tant  de  bonheur  ,  èc  de  gloire 
„  du  nom  de  leurs  Rois  Catholiques  6c  Très-Chrê tiens,  ne  foit  point  dimi- 
„  nuée  6c  ne  décheoit  point,  comme  necefiai rement  elle  le  diminuerait  6c 
„  defcheroit,  fi  par  le  moïen,  6c  à  caufe  de  ce  Mariage  ils  fe  viendraient  à 
„  unir,  6c  conjoindre  dans  quelqu'uns  des  ■Enfans  6c  Defcendans,  dont  le 
„  fuccès  cauferoit  aux  Sujets  6c  Vaifaux  le  mécontentement  6c  afHiclion  , 
„  qui  fe  peut  confiderer  ,  6c  dont  juftement  on  pourrait  craindre  qu'il  reful- 
„  teroit  les  dommages  6c  inconveniens  qui  fe  rencontrent  6c  fe  reconnoifîent 
„  plus  facilement  avant  qu'ils  ani\rent,  qu'ils  ne  les  repaieraient  6c  remedie- 
„  raient  ,  après  qu'ils  icroicnt  arrivez  ,   6c  que  l'on  les  auroit  cxpcrimen- 


»  tcZ> 


ET    RESOLUTIONS    D'ETAT. 


T77 


tez  ;  &  partant  il  a  convenu  prévenir  les  remèdes  à  ce  qu'ils  n'arriveroient 
pas,  6c  que  ce  Mariage  ne  foit  caufe  d'effets  contraires  à  ceux  que  l'on  fe  " 
promet ,    6c  que  l'on  doit  efperer  ,   que  l'on  obtiendra  par  icelui }  outre 
qu'avec  cet  exemple  ,   &  à  fon  imitation  on  facilitera  d'orenavant  les  Ma- 
riages réciproques  entre  mes  Enfans ,   6c  Defcendants  ,    6c  ceux  du  Roi 
Mon  Seigneur,  ce  qui  m'eft  une  coniideration  de  particulière  confolation, 
6c  contentement,  d'autant  que  ce  fera  le  moïen  d'ctroicir,  6c  renouveller 
pluiïeurs  fois  le  lien  du  lang  ,  6c  du  Parcntage,  &  d'afîurer,  6c  affermir 
plus  fortement  &  efficacement  les  Alliances,  Amitiez,  6c  bonne  correfpon- 
dance ,  lefquelles  ont  été  liées  par  de  fi  heureux  Principes ,  &  contractées 
entre  ces  deux  Roïaumes ,    6c  fe  continueront  à  la  gloire  de  Dieu,  6c  de- 
meureront glorieufement  entre  iceux  ,   6c  les  Rois  Catholiques  6c  Très- 
Chrêtiens,  ce  qui  étafit  le  bien  public  6c  commun  fe  doit  par  bonne  raifon 
préférer  au  mien  particulier,  6c  à  celui  de  mes  Enfims  6c  Defcendansj  le- 
,,  quel  dans  l'Etat  prefent  doit  être  tenu  un  peu  en  confideration  ;  d'autant 
„  qu'il  eft  fort  éloigné,  ainfi  qu'il  fe  reconnoit;  A  quoi  il  concourt  pour  ma 
„  plus  grande  fatisfaction ,  6c  Âéte,  que  je  me  conforme  6c  fuis,  en  Taccor- 
„  dant,  l'exemple  de  celui  qu'oclroïa  pour  fon  Mariage,  6c  avant  icelui,  la 
Très-Haute,  Très-Excellente,  6c  Très- Puiflante  Princefie  Madame  An- 
ne Infante  d'Efpagne,  &  aujourd'hui  Reine  Très-Chrétienne  de  France, 
8c  ma  très-aimée,  révérée  Tante  6c  Dame,  6c  qu'outre  les  confiderations, 
6c  caufes  publiques  fufmentionées  ,    6c  celle  de  conferver  6c  affûrer  la  Paix 
entre  les  deux  Couronnes  (lefquelles  concoururent  auffi,  6c  s'alléguèrent 
dans  ledit  Traité,  6c  Renonciation)  il  a  concouru  dans  l'Etat  prefent,  6c 
a  été  confideré  comme  caufe  publique,  la  plus  principale,  6c  la  plus  gran- 
de, pour  la  Renonciation  accordée  dans  mon  Traité  de  Mariage  ,  que 
l'Accord  de  mon  Mariage  auroit  été  notoirement  le  moïen  6c  caufe  plus 
principale  de  la  pacification  d'une  Guerre  de  vingt  cinq  ans  entre  les  deux 
Couronnes,  Catholique  6c  Très -Chrétienne  (dans  laquelle  s'étoient  inre- 
reffez  ,   par  Alliance  ou  Dépendance  les  plus  grands  Potentats  de  la  Chré- 
tienté) 6c  fon  bien  univerfel  6c  la  caufe  publique,  6c  fupreme  de  la  Reli- 
gion Catholique;  le  tout  aïant  pati  notablement  par  la  Guerre,  6c  ne  s'y 
pouvant  remédier  que  par  la  Paix  accordée  par  le  moïen,  6c  à  caufe  de  ce 
Mariage,  lequel  ne  s'accorderoit  point,  6c  le  Roi  Monfeigneur  n'y  confen- 
tiroit  point  fans  la  Renonciation  accordée  ,  ainfi  qu'il  a  été  confideré  dans 
l'Article  premier  de  mon  Mariage,  6c  dans  le  33.  de  k  Paix  des  deux  Cou- 
ronnes, lequel  en  cette  confideration  fe  réfère  au  Traité  particulier  fait  fur 
les  Conditions  de  mon  Mariage,  6c  tous  deux  ont  été  fignes  en  même  jour 
6c  date, 6c  dans  ledit  Article  33.  de  la  Paix,  l'on  a  déclaré  que  ledit  Traité, 
fait  fur  les  conditions  de  mon  Mariage,  nonob fiant  qu'il  fût  feparé,  auroit 
la  même  force,  6c  vigueur  que  celui  de  la  Paix;  comme  en  étant  la  partie 
plus  principale,  6c  les  Arrhes  plus  precieufes  pour  fa  plus  grande  fureté, 
6c  durée.     Partant  de  mon  propre  mouvement,  libre,  fpontanée,  6c  agréa- 
ble volonté,    6c  ïl'iant  certaine  feience  ,   6c  connoiflance  de  l'Afte  que  je 
„  fais,  6c  de  ce  qu'il  importe,  6c  peut  importer  mon  confentement ,  j'aprou- 
„  ve,  confirme,  6c  ratifie  en  là  voie,  6c  forme  que  mieux  je  puis,  6c  dois,. 

Aaaa  3  w  ledit 


55 


J5 

» 

5) 
Sï 
)ï 
)» 
55 
5) 
S5 
»5 
55 
55 
55 
5» 
55 
55 
55 
»5 
55 
»5 
55 
55 
55 
55 


1701, 


f7S      MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

I701.  „  ledit  Accord  fclon  ,  &  de  la  façon  qu'il  efl  contenu  plus  particulièrement 

„  dans  ledit  Article  f .  Se  en  cas  qu'il  fembleroit  neceffaire,   6c  convenable  ," 

„  je  donne  mon  pouvoir  abfolu  &  fuffifant  au  Roi  Mon  Seigneur  ,  5c  au  Roi 
„  Trcs-Chrêtien  ,  à  ce  qu'ils  le  puilîent  arrêter,  Se  accorder  de  nouveau. 
„  Quoi  qu'en  vertu,  5e  accomplifTement  dudit  Article  je  me  déclare  &  tiens 
„  pour  exclufe  ,  éloignée  ,  Se  les  Enfans  8c  Descendants  de  ce  Mariage  ex- 
„  clus,  6c  inhabilitez  abfolument,  Se  fans  limitation,  différence,  ou  diftinc- 
„  tion  des  perfonnes,  degrez,  fexes,  Se  tems  de  l'Action  &  Droit  de  fucce- 
„  der  aux  Roïaumes,  Etats,  Provinces,  Terres,  Se  Seigneuries  de  cette  Cou  - 
„  ronne  d'Efpagne  exprimez ,  &  déclarez  par  icelui,  6c  que  je  veux,  6c  con- 
„  fens  pour  moi ,  6c  pour  lefdits  miens  Defcendants ,  que  dès  maintenant 
5,  comme  pour  lors  l'on  les  tienne  comme  cédez  ,  5c.  transferez  à  celui  qui  fe 
„  trouvera  le  plus  proche  en  degré  (à  caufe  que  moi,  6c  eux  fommes  exclus, 
„  inhabiles  6c  incapables)  6c  immédiat  au  Roi  par  la  mort  duquel  il  vaquera, 
„  6c  fe  devra  régler,  6c  déférer  la  Succeffion  defdits  Roïaumes ,  6c  afin  qu'il 
„  les  tienne  6c  poffede  comme  légitime  ,  ôc  vrai  Succeffeur  de  même  façon 
„  qui  fi  moi ,  Se  mes  Defcendants  ne  fuffions  pas  nez  ,  ni  étions  au  Monde, 
„  parce  que  nous  devons  être  tenus,  8c  reputez  pour  tels,  afin  qu'en  ma  per- 
„  fonne ,  6c  en  la  leur  l'on  ne  puiffe  confiderer  ,  ni  faire  fondement  de  re- 
„  prefentation  aéHve  ou  paflive  ,  principe ,  ou  continuation  de  lignée  effec- 
„  tive,  ou  contentive  de  fubftance,  de  Sang,  ou  de  qualité,  ni  tirer  la  Défi» 
„  cendance,  6c  computation  des  degrez  de  celle  du  Roi  Monfeigneur,  ni  de 
„  celle  des  Glorieux  Rois  ks  Predeceffeurs ,  ni  pour  aucun  autre  effet ,  afin 
„  d'entrer  en  la  Succeffion  ,  ou  préoccuper  le  degré  de  proximité,  5c  d'en 
„  exclurre  la  perfonne  qui  fe  trouvera  (comme  dit  eft)  proche  en  degré}  Se 
„  je  promets,  6c  m'oblige  en  foi  6c  parole  Roïale,  qu'en  tout  ce  qui  dépen- 
dra de  moi ,  6c  de  mes  dits  Enfants  5c  Defcendants ,  l'on  procurera  tout 
6c  en  tout  tems ,  que  l'obfervation  ,  6c  accomplifTement  dudit  Article,  5c 
de  ce  mien  Acte,  que  je  fais  pour  fon  approbation,  ôc  confirmation,  foit 
inviolable  ,  fuis  permettre,  ni  confentir  que  l'on  aille  ,  ou  agifiê  au  con- 
traire, directement,  ou  indirectement,  en  tout,  ou  en  partie}  6c  je  de fi- 
fle,  Se  cède  tous,  5c  quelconques  remèdes  feeus ,  ou  ignorez  ,  ordinaires, 
ou  extraordinaires,  6c  qui  nous  pourraient  appartenir  par  Droit  commun, 
ou  Privilège  fpecial ,  à  moi  ou  à  mefdits  Entants  5c  Delcendans  pour  récla- 
mer, dire,  8c  alléguer  contre  ce  que  deffus,  5c  je  renonce  à  tous,  5c  fpe- 
cialement  à  celui  de  la  Reftitution  in  integrum ,  fondée  Car  l'ignorance ,  ou 
inadvertenec  de  ma  Minorité,  ou  fur  la  Lefion  évidente,  énorme  5c  tiès- 
enorme  que  l'on  pourroit  confiderer ,  être  intervenue  dans  laDefifhnce,8e 
Renonciation  du  Droit  de  pouvoir  fucceder  en  aucun  tems  à  tant,  6c  à  de 
fi  grands  Roïaume;,  Etats ,  6c  Seigneuries,  6c  je  veux  que  nul  defdits  re- 
mèdes, ni  aucuns  autres  de  quelconque  nom  ,  caractère  ,  importance,  6c 
qualité  qu'ils  foient,nous  fervent  ou  nous  puiffent  fervir  judiciellement,  ou 
extrajudiciellement,  6c  que  fi  nous  les  intentions,  ou  tafehions  de  les  dé- 
duire en  voïe  de  juhuce  5c  conteftatiohs  l'on  nous  defnfe,c8çi ferme  toute 
forte  ù'audiance,  6c  fi  de  fait  ou  fous  quelconque  couleur  mal  prétendue  , 
deffiuit  de  la  Juftice  (parce  que  nous  n'en  avons  aucune  pour  fucceder  aux 

„  dits 


5» 
3J 
î» 
5J 

î» 

Î5 
3) 
35 
3) 
33 
33 
33 
33 
33 
31 
31 
33 
33 


ET    RESOLUTIONS    D*E  T  A  T.         f7<> 

„  dits  Roïaumes)  nous  les  vouluffions  occuper  par  force  d'armes,  faifant,  1701. 
„  ou  mouvant  Guerre  ofFenfive,  que  dès  maintenant  comme  pour  lors,  l'on  — — 
„  la  tienne,  juge,  6c  déclare  pour  illicite,  injufte,  6c  mal  attentée,  &  pour 
„  violence,  invafion,  Se  ufurpation  tiranique  6c  faite  contre  raifon,  Se  con- 
„  feience  ;    6c  qu'au  contraire  on  juge  ,  6c  qualifie  pour  jufte ,  licite ,  6c 
„  permife  celle  qui  fe  viendrait  à  faire  ,  ou  mouvoir  par  celui  qui  y  de- 
„  vroit  fucceder  ,  à  mon  Exclufion ,    £c  de  mes  dits   Enfants  6c  Defcen- 
„  dans,  lequel  les  fujets  6c  habitans  devront  recevoir  6c  obeïr ,   lui  fiuïe, 
„  6c  prêter  ferment ,  6c  l'hommage  de  fidélité  ,  6c  le  fervir  comme  à   leur 
„  Roi  6c  Seigneur   légitime  5    6c  j'affirme,  &  certifie,  que  pour  oétroïêr 
„  cet  Acte,  je  n'ai  été  induite,  attirée,  ni  perfuadée  par  le  refpect  ,  6c  ve- 
„  nei  ation  que  je  dois ,  6c  ai  pour  le  Roi  Monfêigneur  ,   comme  à  Prin- 
„  ce  fi  puiflant,  6c  comme  à  Père  qui  m'aime  tant,  6c  que  j'aime,  6c  qui  me 
„  tient,  6c  m'a  tenue  fous  fa  PuifTance  Paternelle,  parce   que  véritablement 
„  en  tout  ce  qui  fe  pafTe,  6c  s'eft  pafie  au  regard  de  la  conclufion,  6c  effet 
„  de  ce  Mariage,  touchant  ledit  Accord,  6c  Article  de  mon  Exclufion,  6c 
„  de  celle  de  mes  Defcendans,  j'ai  eu  toute  la  liberté  que  j'ai  pu  fouhaiter 
v  pour  dire,  6c  déclarer  ma  volonté,  fans  que  de  fa  part,  ou  d'aucune  autre 
„.  perfonne  l'on  m'ait  fait  aucune  peur  ni  menace,  pour  m'y  induire,  ou  at- 
„  tirer  à  faire  aucune  chofe  contre  elle,  6c  que  pour  plus  grande  validité,  6c 
„  affûrance  de  ce  qui  eft  dit,  6c  promis  de  ma  part  ,  je  jure  folemnellement 
„  par  les  Evangiles  contenus  en  ce  Miffel  (fur  lequel  je  mets  ma  main  droi- 
„  te)  que  je  le  garderai  ,    maintiendrai  ,   6c  accomplirai  en  tout  ,    6c  par 
„  tout ,  6c  que  je  ne  demandrai  point  de  difpenfe  de  ce  Serment  à  nôtre  très- 
„  Saint  Père,  ni  au  Saint  Siège  Apoftolique,  ni  à  fon  Légat,  ou  à  aucune 
„  dignité  qui  auroit  faculté  de  me  la  pouvoir  octroïer ,  6c  que  fi  l'on  me  l'oc- 
,,.  troïeroit  à  mon  inftance,  ou  de  quelconque  Univerfité,  ou  perfonne  p.ir- 
„  ticuliere  ou  motu  proprio ,  encore  que  ce  lèroit  feulement  afin  de  pouvoir 
„  entrer  en  jugement  fans  toucher  à  la  fubftance  defdts  remèdes,  6c  de  la  for- 
„  ce  de  cet  Acte,  6c  du  Traité,  que  j'approuve  par  iceiui,  je  ne  me  prevau- 
„  drai  point,  ni  m'en  fer  virai  ;  au  contraire,  en  cas  que  l'on  me  l'octroïe- 
„  roit,  je  fais  un  autre  fèmblable  ferment,  afin  qu'il  y  en  ait,  6c  demeure 
„  toujours  un  fur  toutes  les  difpenfes  qui  me  feront  octroïées,  6c  fous  le  mê- 
„  me  je  dis,  6c  promets  que  je  ne  fais ,  ni  ferai  aucune  protelf ation,  ou  rccla- 
„  mation  en  public,  ou  en  fecret,  qui  puifle  empêcher,  ou  diminuer  la  force 
„  du  contenu  en  cet  Acte,  &  que  fi  je  la  fais  (encore  qu'elle  foit  fous  fer- 
,,  ment,)  qu'elle  ne  fera  d'aucune  valeur,  6c  ne  puiffe  avoir  aucune  force,  ni 
„  effet,  6c  je  fupplie  fa  Sainteté,  que  puifque  ce  Mariage,  6c  fon  Traité,  a  été 
„  conclu,  6c  accordé  avec  fa  Sainte  6c  Apoftolique  Approbation,  6c  fe  doit 
„  effectuer,  6c  célébrer  avec  fa  bénédiction,  elle  foit  fervie  d'accroitre  lafor- 
„  ce  du  lien  ,  6c  Religion  de  ce  ferment  par  l'autorité  de  fa  confirmation 
„  Apoftolique:  6c  ie  promets,  6c  m'oblige  qu'en  conformité,  6c  accomplif- 
„  fement  de  l'Article  6.  fufmentionné,  auffi-tôt  que  j'arriverai  au  lieu,  où  le 
„  Roi  Très-Chrétien  me  doit  recevoir,  je  ferai  6c  ferai  faire  avec  fon  inter- 
„  vention,  6c  autorité,  6c  conjointement  avec  Sa  Majefté  Très-Cbrêdenne, 
„  6c  avec  toutes  claufes  ,  fermons  ,  6c  conditions  neccflltircs,  6c  convena- 

„  blcs, 


580     MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

170 1.  „  blés,  un  autre  femblable  Acte  de  Confirmation,  8c  Ratification  de  celui 

1 „  qui  a  étte  fait,  &  dépêché  dans  cette  Cité  de  Fontarabie,    où  fe  trouve 

,,  à  prefent  le  Roi  Catholique  Monfeigneur,  avec  fa  Cour,  6c  Palais ,  le  fè- 
„  cond  jour  de  Juin  de  cette  Année,  mille  fix  cent  6c  foixante,  en  preiénee 
„  du  Roi  nôtre  Maître.  Et  pour  plus  grande  folemnité ,  autorité  ,  6c  vali- 
„  dite  de  cet  Acte,  Sa  Majelté  Catholique  a  dit  pour  l'accompliflement  des 
„  Articles  f .  6c  6.  y  inférez, que  pour  ce  qui  regarde  la  caufe  publique  6c  le 
„  bien  commun  de  fes  Roïaumes,  Sujets,  6c  Vaflaux  d'iceux  ,  elle  confir- 
„  moit,  6c  a  confirmé  cet  Aère  félon  6c  en  la  forme  que  l'a  fait,  6c  fait  de- 
„  pêcher  la  Serenifîime  Infante  Madame  Ma  r  ie-Therese,  Reine  pro- 
„  mile,  6c  future  de  France,  fa  très-chere  6c  très-aimée  Fille,  6c  que  de  fon 
„  propre  mouvement,  certaine  feience,  pleine,  6c  abfoluë  Puiflance  6c  com- 
,,  me  Roi  6c  Seigneur,  qui  ne  reconnoit  point  de  fuperieur  dans  le  tempo- 
,,  rel,  elle  fuppleoit,  6c  vouloit  que  l'on  tint  pour  fupléez  par  faRoïalle  au- 
„  torité  quelconques  défauts,  ou  omifilon  de  fait,  ou  de  droit ,  de  fubitan- 
„  ce,  ou  de  qualité,  de  itile,  ou  de  Coutume,  qu'il  y  pourroit  avoir  en 
„  cet  Acte,  6c  qu'elle  confirmoit,  6c  approuvoit  fpecialement  6c  particulie- 
„  rement  ledit  Article  f .  6c  ce  qui  eif.  refolu  ,  6c  arrêté  par  icelui  entre  Sa 
„  Majelté  Catholique,  6c  Très- Chrétienne  de  France  ,  Se  qu'elle  vouloit, 
„  6c  commandoit  qu'il  auroit  force  6c  vigueur  de  Loi  ,  6c  de  Sanction  prag- 
„  matique,  6c  que  comme  tel  il  feroit  reçu,  6c  fe  garderait,  6c  obferveroit 
„  6c  exécuterait  dans  fes  Roïaumes ,  Etats  ,  6c  Seigneuries  ,  fans  prendre 
„  garde  aux  Loix,  Ordonnances,  Ufages,  6c  Coutumes  qu'il  y  auroit ,  ou 
„  pourroit  avoir  au  contraire,  auxquelles  elle  derogeoit  ,  6c  veut  que  pour 
cette  fois  elles  foient  tenues  pour  abrogées,  Se  derogées,  encore  qu'elles  fe- 


5» 


„  raient  telles,  8c  de  telle  qualité,  que  pour  leur  dérogation  feroit  requife,  6c 
„  neceflaire,  une  autre  plus  expreffe ,  6c  fpeciale  mention,  6c  commanda  que 
,,  l'on  le  fcelleroit  avec  fon  Seel  Roïal,  6c  qu'il  feroit  enregiitré,8c  publié  en 
„  fon  Confeil  de  Chambre  6c  dans  les  autres  auxquels  il  appartiendra}  de  tout 
„  quoi  ont  été  témoins  à  ce  appeliez  ,  6c  requis  ,  Don  Louis  Mendes  de 
„  Haro,  Comte -Duc  d'Olivares  :  Don  Ramiro  Nunnez  de  Guzman,  Duc 
de  Médina  de  las  Torres  :  Don  Gafpar  de  Haro  ,  Marquis  de  Eliche  : 
Don  Juan  Domingo  de  Guzman,  Comte  de  Montcrey:  Don  Diego  d'Ar- 


55 

„  ragon,  Duc 'de  Terranova:  Don  Gillen  Ramofi  de  Moncada,  Marquis  de 
„  Ay tona  :  Don  Pedro  Portocarrero ,  Comte  de  Medellin  :  Don  Pedro  Co- 


Ion  de  Portugal ,  Duc  de  Veraquas  :  Don  Antonio  de  Peralta  Hurtado  de 
Mendoza,  Marquis  de  Monde jar:  Don  Alonço  Pères  de  Vivero,  Comte 
,  de  Fucnfaldagne ,  du  Confeil  d'Etat  :  Don  Juan  de  Caravajal  6c  Sandi  du 
„  Confeil,  6c  Chambre:  Don  Diego  de  Teada,  Evêque  de  Pampkine,  Se 
„  plufieurs  autres  Seigneurs ,  6c  Cavaliers ,  6c  Domeftiques  de  Sa  iMajetté 
„  qui  fe  trouvèrent  prefens. 

Signé, 
Je  le  Roi,  Je  Marie-Therese. 

7' 


f 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.         r8i 

}E  Don  Fernand  de  Fonfeca  Ruyz  de  Contreras  ,   Marquis  de  la  Lapille  ,  Che- 


valier  de  V Ordre  de  St.  Jaques ,  des  Confeils  de  Guerre  ,  Indes  (3  Chambre 
d'icelles  ,  Secrétaire  d'Etat  (3  de  la  Dépêche  Univerfelle ,  (3  Notaire  dans  fes 
Roïaumes  13  Seigneuries  qui  ai  été  prefent  au  Serment ,  Oclroi,  (3  tout  le  furplus 
ci-dejfus  contenu  ,  en  fais  foi,  (3  que  les  Articles  ci  -dejfus  écrits,  ont  été  copiez 
fidèlement,  &  collationez  avec  l'Original  qui  efi  en  mon  pouvoir.  En  témoignage 
de  la  vérité ,  je  l'aifigné  &  fouferit  de  mon  Nom. 

Don  Fernand  de  Fonsëca  Ruyz  de  Contreras.' 

Cet  Aéte  a  encore  été  fortifié  par  la  Paix  des  Pirenées  ,  dont  il  étoit  non     v  ï  '• 
feulement  la  partie  principale  &  plus  digne,  félon  l'Article  33.,  mais  auffi  le  E"^* 
plus  grand  Se  le  plus  précieux  gage  de  la  fureté  de  fa  durée.     Auffi  le  Con-  pirenccs. 
tract,  de  Mariage  8c  fon  obfervation  y  ont  été  exprimez  ,  comme  s'ils  y  é- 
toient  mot  à  mot.     De  forte  que  tout  ce  qui  a  été  mis  en  ufage  par  les  deux 
Rois  pour  apuïer  8c  fortifier  la  Paix ,  doit  être  cenfé  avoir  donné  une  nou- 
velle force'  8c  vigueur  au  Contract  de  Mariage  ,   comme  auffi  l'abdication , 
ceffion  8c  tranfport  de  tous  les  Droits,  contenus  dans  le  Contraét  de  Maria- 
ge 8c  dans  la  Renonciation  ,  doivent  être  entendues  pour  faites  8c  répétées 
dans  le  Traité  de  Paix  j  8c  par  confequent  de  tout  ce  qui  a  été  rapporté  ci- 
deffiis  touchant  la  force  de  la  Paix,  fondée  fur  le  Droit  des  Gens ,  doit  pa- 
reillement avoir  lieu  en  cette  occafion.    On  trouve  à  propos  de  rapporter  ici 
tout  ledit  Article  33.  avec  la  Conclufion  du  Traité. 

ARTICLE    XXXIII. 

~pff  afin  que  cette  Paix  ci?  Union,  Confédération ,  (3  bonne  Correfpondance ,  foit , 
comme  on  le  deftre,  d'autant  plus  ferme,  durable  ,&  ind i(fo  lubie  ;  lefdits  deux 
Principaux  Mini/Ires  Cardinal-Duc,  13  Marquis-Comte- Duc ,  en  vertu  du  Pou- 
voir fpecial  qu'ils  ont  eu  à  cet  effet  des  deux  Seigneurs  Rois,  ont  arrêté  13  accordé, 
en  leur  nom,  le  Mariage  du  Roi  Très-Chrêtien,  avec  la  SereniJJïme  Infante,  Da- 
me Marie-Therese,  fille  ainée  du  Roi  Catholique:  £5?  ce  même  jour ,  date  des 
Prefentes  ,  ont  fait  &  figné  un  Traité  particulier ,  auquel  on  fc  remet  touchant 
les  conditions  réciproques  du  dit  Mariage  ,  13  le  tems  de  fa  célébration  :  Lequel 
Traité  à  part  ci?  Capitulation  de  Mariage  ,  font  de  la  même  force  13  vigueur  que 
le  prefent  Traité  de  la  Paix,  comme  en  étant  la  partie  principale  (3  la  plus  digne, 
auffi  bien  que  le  plus  grand  &  le  plus  précieux  gage  de  la  fureté  de  fa  durée. 

CONCLUSION 

Du  Traité  de  Paix  des  Pirenées. 

JZT  pour  plus  grande  fur  été  de  ce  Traité  de  Paix  £3  de  tous  les  Points  13  Arti- 
cles y  contenus ,  fera  ledit  Traité  vérifié ,  publié  ,  &?  enregifirê  en  la  Cour  du 
Parlement  de  Paris, 13  en  tous  autres  Parlemens  du  Roïaume  de  France  13  Cham- 
Tom.  I.  Bbbb  bre 


fSi      MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

1701.  bre  des  Comptes  du  dit  Paris:  Comme  femblablement  fera  ledit  Traité  vérifié ', pu- 

• blié ,  fj?  enregifîré  tant  au  Grand  Confiai)  (3  autres   Confieils  &  Chambre  des 

Comptes  dudit  Seigneur  Roi  Catholique ,  aux  Pais- Bas  qu'aux  autres  Confieils  des 
Couronnes  de  Cafiitle  &  d'Arragon  :  le  tout  fiuivant  &  en  la  fiorme  contenue  au 
Traité  de  Vervins  de  l'an  iyoS.  ,  dont  feront  baillées  les  Expéditions  de  part  (3 
d'autre ,  dans  trois  Mois  après  la  publication  du  prefient  Traité. 

Lefiquels  Points  13  articles  ci-defifius  énoncez ,  enfiemble  tout  le  contenu  en  chacun 
d'iceux ,  ont  été  traitez ,  accordez ,  pafijez  ,  13  flipulez  entre  lerfufdits  Plénipoten- 
tiaires defdits  Seigneurs  Rois  Tres-Chrêtien  &  Catholique,  au  nom  de  Leurs  Ma- 
jeftez  :  lefiquels  Plénipotentiaires  ,  en  vertu  de  leurs  Pouvoirs ,  dont  les  Copies 
font  infier ée s  au  bas  du  prefient  Traité ,  ont  promis  fj?  promettent ,  fibâs  l'obligation 
de  tous  &  chacun  les  Biens  &  Etais  prefiens  13  à  venir  des  Rois  leurs  Maîtres  , 
qu'ils  fieront  par  Leurs  Majeftez  inviolablement  obfiervez  rj?  accomplis ,  (3  de  les 
leur  faire  ratifier  purement  (3  Jimplement ,  fans  y  rien  ajouter,  diminuer ,  ni  re- 
trancher,  & 'd'en  bailler  &  délivrer  réciproquement  l'un  à  l'autre  Lettres  au- 
thentiques (3  fiéelées ,  oh  tout  le  prefient  Traité  fera  inféré  de  mot  à  autre ,  &  ce 
dans  trente  jours,  du  jour  (3  date  de  ces  pre fentes,  &  plutôt  fi  faire  fie  peut.  En 
outre  ont  promis  (3  promettent  le/dits  Plénipotentiaires ,  auxdits  Noms  que  le  faites 
Lettres  de  Ratification  étant  échangées  13  fournies  ledit  Seigneur  Roi  Très-Chré- 
tien, le  plutôt  que  faire  fie  pourra  ,  13  en  prefience  de  telle  perfionne  ou  perfionnes, 
qu'il  plaira  audit  Seigneur  Roi  Catholique  députer  ,  jurera  folemnellement  fiur  les 
Croix,  Saints  Evangiles,  Canon  de  ta  Mefife ,  (3  fur fion  honneur,  d'obfierver  & 
accomplir  pleinement ,  réellement  ,i3  de  bonne  foi  tout  le  contenu  aux  Articles  dit 
prefent  Traité.  Et  le  femblabk  fiera  fiait  aufijî,  le  plutôt  qu'il  fiera  pofijible  par 
ledit  Seigneur  Roi  Catholique ,  en  prefience  de  telle  perfionne  ou  perfionne  s  qu'il  plai- 
ra audit  Seigneur  Roi  Très-Chrétien  députer.  En  témoin  defiquelles  chofes  lefidits 
Plénipotentiaires  ont  fiouficrit  le  prefient  Traité  de  leurs  Noms ,  (3  fait  apofier  le  ca- 
chet de  leurs  Armes.    Dans  l'îfile  appellée  des  Faifians  le  7.  Novembre  i6fp. 

Signé, 

Cardinal  Mazarin  &:  Don  Lou'i's  Mendez  de  Haro. 

Il  auroit  véritablement  mffi ,  pour  confirmer  aufïï  la  Renonciation  de  Ma- 

rie-Therese  parle  Confentement  des  Etats  d'Efpagne,  de  ce  que  la  Paix 

VIII.    des  Pirenées  &  le  Contract  de  Mariage  furent  faits  &  publiez  en  prefence  de 

I'arpla-    tant  ^e  Qranc]s  &  d'autres  perfonnes ,    &  qu'ils  furent  enregiftrez  dans  les 

Âi'pro-    Actes  des  Confeils.     Cependant  on  le  lèrvit  d'une  folemnité  plus  particulière 

bâtions    Se  plus  expreffe  dans  les  Etats  du  Roïaume,  afTemblez  en  1662,. ,  6c  dans  la 

dp  Etats  fuite  pOU1-  \c  fa[rc  p\us  autentiquement.     Et  comme  on  en  a  parlé  ci-deffus 

diifp.      en  traitant  de  la  Renonciation  d'ANNE  ,  pour  éviter  la  longueur,   nous  le 

parferons  fous  filence ,  nous  contentant  d'y  renvoier  le  Lecteur. 

IX.  H  eft  tems  à  prefent  de  traiter  du  Confentement  &  de  la  Ratification  de  la 

Etparle   perfonne  même  du  Roi  Très- Chrétien,  qui  ne  manquèrent  pas ,  quoi  qu'El- 

Confen-  ]cs  rïe  fufîènt  point  du  tout  neceffaires  pour  donner  d.e  la  force  aux  Actes  de 

teraent     i'jnf;iatc   Marie- Thérèse  qui  n'étoit  pas  encore  liée  avec  ce  Roi.     Car 

Elle 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.         fSj 

Elle  a  pu  toute  feule  avant  de  contracter  le  Mariage  par  le  droit  commun  de    1 701 . 
nature  6c  des  gens,  s'obliger  de  faire  en  toute  liberté,  ce  qui  après  le  Ma-  - 
riage  pouvoit  tendre  au  bien  de  la  Maifon  Paternelle  ,   &  à  la  fureté  &  à  du  Roi 
l'honneur  de  la  Patrie  j  d'autant  plus  qu'avant  Elle  d'autres  Infantes  d'Efpa-  Très- 
gne,  qui  dévoient  être  mariées  dans  la  Famille  Françoife,  avoient  fait  la  mê-  C)irê" 
me  chofe,  par  l'approbation  &  applaudifTement  des  Etats  de  l'un  6c  de  l'au- 
tre Roïaumc ,  6c  de  tous  les  Peuples ,    6c  par  la  congratulation  même  des 
Princes  Etrangers >  &  qu'Elle  favoit  d'ailleurs,  que  la  même  chofe  avoit  été 
fouhaité  ci-devant  par  fes  Ancêtres,  6c  qu'elle  étoit  pratiquée  communément 
dans  les  Païs  Etrangers.  Or,  pour  ce  qui  regarde  le  Contentement  du  Roi 
Très-Chrêtien,  nous  ne  pouvons  aviez  nous  étonner,    de  l'Imprudence,  ou 
pour  mieux  parler  de  l'Impudence  des  Ecrivains  François,  qui  ont  ofé  mettre 
en  avant  que  le  Cardinal  Mazarin  avoit  confenti  à  la  Renonciation  6c  à  l'Ex- 
clufion  fans  en  avoir  d'ordre  ;  puifque  l'ordre  général  qu'il  avoit ,  quoique 
illimité  6c  avec  une  caufe  de  fupplement  ne  pouvoit  fuffire  pour  une  Affaire 
de  fi  grande  confequençe  qui  requerrait  un  ordre  particulier  s'il  n'y  avoit  d'au- 
tres expreffions.  D'ailleurs ,  le  même  Contraft  de  Mariage  montre  que, tout 
ce  qui  y  eft  contenu  a  été  fait  en  vertu  des  Pouvoirs  6c  Ordres  de  l'un  6c  de 
l'autre  Plénipotentiaire  ;  6c  le  Roi  Très-Chrêtien  a  inféré  dans  fa  folemnelle 
Ratification  le  même  Contraér,  6c  même  mot  à  mot.     Nous  parlons  à  pre- 
fent  de  la  Ratification  particulière  du  Contraét  de  Mariage  ,   dont  le  com- 
mencement 6c  la  fin  font  en  ces  termes. 

LO  u  ï  s ,  par  la  Grâce  de  Dieu  ,  Roi  de  France  ci?  de  Navarre ,  à  tous  ceux 
qui  ces  pre fentes  Lettres  verront  :  falut. 
Comme  ainfi [oit  que  le  'traité  de  Mariage  d'entre  nous  fj?  la  SereniJJîme  Infan- 
te d'Efpagne,  Dame  Marie-Therese  Fille  aînée  de  nôtre  très-cher  &?  très- 
aimé  Frère  &  Oncle  le  Roi  des  Efpagnes  Don  Philippe  IV.  de  ce  nom,  ail  été 
conclu,  arrêté ,  &  fignê,  par  nôtre  très-cher  &  très-aimé  Coufin  le  Cardinal  Ma- 
zarin de  nôtre  part,  &  le  Seigneur  Don  Louis  Mendez  de  Haro  de  la  part  dudit 
Roi  d 'Efpagne ,  le  feptiéme  jour  de  Novembre  dans  rifle  dite  des  Faifàns,  dans 
la  Rivière  de  Bidajfoa ,  aux  confins  des  deux  Roiaumes ,  de  France  £5?  d'Efpagne, 
en  vertu  de  leurs  Pouvoirs  ci?  Commiffions  :  par  le  dernier  article  duquel  Traité 
nôtre  dit  Coufin  le  Cardinal  Mazarin,  aiant  promis  &  flipulé  en  nôtre  Nom,  de 
faire  fournir  nos  Lettres  de  Ratification,  en  la  forme  &  manière  accoutumée,  ci? 
de  la  faire  délivrer  en  trente  jours,  avec  les  dérogatoires  à  quelconques  Loix, 
Coutumes ,  ci?  Difpofitions ,  qui  feroient  au  contaire  dudit  Traité,  duquel  la  te- 
neur enfuit. 

„  Au  nom  de  la  très-Sainte  Trinité  &c.  6cc.  „  Tout  le  Contraft  de  Ma- 
nage  eft.  rapporté  mot  à  mot  ;  6c  ,  après  avoir  auffi  rapporté  les  Pleins- 
Pouvoirs  des  Rois  Très-Chrêtien  6c  Catholique,  le  Roi  Louïs  XIV. 
continué  de  la  forte. 

2\[Ous  de  l'avis  de  la  Reine  ,  nôtre  tres-honorce  Dame  ci?  Mère,  de  nôtre  très- 
cher  £5?  très-aimé  Frère  unique  le  Duc  d'Anjou  ,  plufmirs  Princes  ,  Ducs, 

Bbbb  2  Pairs 


fS4     MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

1701.  Pair  s,  (3  Officiers  de  nôtre  Couronne  (3  autres  Grands  (3  notables  Perfonnages  de 

*■ ■  nôtre  Confeil  :  après  nous  être  fait  lire  de  mot  à  autre  ledit  Traité,  avons  icelui^ 

en  tous  (3  chacun  [es  Points  13 'Articles  agréé ,aprouvé,&  ratifié ,  agréons ,  aprou- 
vons ,  &  ratifions  par  ces  pre fentes  /ignées  de  nôtre  main  :  promettant  en  bonne  foi 
&  parole  de  Roi,  de  l'accomplir ,  faire  garder  ,&  entretenir  mviolablement ,  fans 
jamais  aller  13  venir  au  contraire  ,  directement  ni  indirectement  en  quelque  forts 
13  manière  que  ce  foit ,  dérogeant  à  cette  fin  comme  nous  dérogeons  à  toutes  Loix, 
Coutumes, i3  Difpofitions  au  contraire  :  car  tel  efl  nôtre  plaifir.  En  témoin  de  quoi 
nous  avons  fait  mettre  nôtre  fécl  à  ce  [dite  s  Prefentes.  Donné  à  Thouloufe  le  vingt- 
quatrième  jour  de  Novembre ,  Van  de  Grâce  mil  fix  cent  cinquante  neuf  ,  (3  de 
nôtre  Régne  le  dix-feptiéme. 

.    Signé, 

louis;. 

Et  plus  bas  y 

Par  le  Roi, 

De    L  o  m  e  n  i  e. 

Ce  ContraéV.  de  Mariage  fut  ratifié  de  la  même  manière  dans  tout 
fes  Points  Se  Articles  par  le'  Roi  Catholique  ,  pour  lui  &  fes  Succef- 
leurs ,  fes  Roïaumes  &  Etats ,  dérogeant  à  toutes  Loix  ,  Coutu- 
mes,   Se  Difpofitions  au  contraire,   à  Madrid  le  10.  Décembre  io"fp. 

Et  par  la  (~\^  ne  ^xmoit  même  difeonvenir ,  que  ce  Contraér.  n'ait  encore  été  ratifié 
Ratifka-  >— '  une  féconde  fois  par  le  Roi  Très-Chrétien,  &  par  une  autre  raifon  fo- 
tion  de  hde,  puifque  nous  avons  dit  ci-devant  que  le  Contract  aïant  été  rapporté 
laPa|x     dans  le  Traité  de  Paix  des  Pirenées,  il  en  faifoit  la  principale  partie,  &  ainfi 

en  ratifiant  ladite  Paix,  on  le  ratifioit  en  même  tems  Se  de  la  même  manière, 

Cette  Ratification  de  la  Paix  fut  faite  en  ces  termes. 


des  Pire- 
nées. 


LO  uï  s ,  par  la  Grâce  de  Dieu ,  Roi  de  France  &  de  Navarre  :  A  tous  ceux 
qui  ces  prefentes  Lettres  verront  :  falut.  Comme  en  vertu  des  Pouvoirs  re- 
fpctlivement  donnez  par  Nous,  &  'très-Haut,  Très- Excellent,  (3  Très-Puifant 
Prince  le  Roi  Catholique  des  Efpagnes,  nôtre  très- cher  {3  très -aimé  Frère  (3  On- 
de, à  nôtre  très- cher  &  tres-aimé  Coufin  le  Cardinal  Mazarin,  &  au  Seigneur 
Don  Louis  Mendez  de  Haro  Gufman  :  ils  aient  dans  ï'Ifle  dite  des  Faifans ,  en  la 
Rivière  de  Bidaffoa ,  aux  Confins  des  deux  Roiaumes,  du  côté  des  Pirenées,  le 
fephéme  du  prefent  mois  de  Novembre  ,  conclu,  arrêté,  (3  figné  le  Traité  de  Paix 
(3  Réconciliation ,  duquel  la  teneur  enfuit. 

La 


1701. 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.         j-8f 
La  Paix  des  Pirenées  fuit  tout  du  long. 

XfOus  aïant  le  Traité fufdit  agréable ,  en  tous  (3  chacun  les  Points  ci?  Articles, 
qui  y  font  contenus  ci?  déclarez:  avons  iceux,  tant  ■pour  nous  que  pour  nos  Hé- 
ritiers, Succefeurs,  Roiaumes,  Pais,  Terres ,  Seigneuries ,  ci?  Sujets,  accepté •, 
aprouvé,  ratifié,  &  confirmé ,  acceptons,  aprouvons ,  ratifions,  ci?  confirmons,  ci? 
&  /o/tf  promettons  en  foi  ci?  parole  de  Roi,  &  fous  l'obligation  ci?  hypoteque  de 
tous  ci?  chacuns  nos  biens  prefens  ci?  à  -venir  ,  garder,  obferver,  13  entretenir  in- 
violablement ,  fans  jamais  aller  ou  venir  au  contraire,  directement  ou  indirecte- 
ment ,  en  quelque  manière  que  ce  foit  :  En  témoin  de  quoi  nous  avons  '/igné  ces  pré- 
fentes  de  nôtre  main,  13  à  i  celle  s  fait  mettre  (3  apofer  nôtre  féel.  Donné  à  Thon- 
loufe  le  vingt- quatrième  Novembre  Van  de  Grâce  milfix  cent  cinquante-neuf  13  de 
nôtre  Règne  le  dix-fept. 

Signé, 

*  LOUIS. 

Et  plus  bas, 

Par  le  Roi, 

De    Lomenie. 
Et  féellé  du  Grand  Sceau  de  Cire  jaune. 

A  ces  choies,  faites  avant  la  confommation  du  Mariage,  furent  ajoutez  les  Et  par  h 
Sermens  de  la  Paix,  qui  furent  enjoints  à  l'un  8c  à  l'autre  Roi,  &  qui  furent  Confir- 
prêtez  auffi-bien  par  le  Roi  Très-Chrêtien  que  par  le  Roi  Catholique,  avec  ma^on_ 
toutes  les  formalitez  fi  folemnelles  qu'on  ne  pouvoit  en  trouver  ni  penfer  de  nient, 
plus  grandes  entre  des  Rois  Chrétiens,  &  même  entre  des  hommes,  lefquel- 
les  néanmoins  il  fêroit  fuperflu  de  rapporter  ici ,  puis  qu'il  y  a  déjà  long  tems 
qu'elles  font  connues ,  8c  qu'elles  ont  été  par  le  palTé  en  ufage  en  pareil- 
les occafions. 

On  étoit  de  plus  convenu  par  les  Articles  lufdits  du  Contract  de  Mariage,  S.eTli 
qu'au  tems  des  Epoufailles ,  ils  feraient  de  nouveau  ratifiez  ,   8c  confirmez,  quefuffi- 
par  Serment,  tant  par  le  Roi  Très-Chrêtien,  que  par  l'Infante   M  a  r  i  e-  fant  pour 
Thérèse,  8c  qu'ils  feraient  enregiftrez  dans   les  Actes  du  Parlement  de  favaidi» 
Paris.     Nous  ne  defavoiions  pas  ,  mais  plutôt  nous  nous  plaignons  avec  le  tc  *^u01r 
Roi  Philippe  IV.  (qui  étoit  prefque  à  l'Article  de  la  mort,  8c  qui  ne  fon-  omis  de 
geoit  plus  qu'aux  chofes  éternelles,  ce  que  nous  recommandons  pour  l'éclair-  réitérer 
eiflement  de  la  fuite  à  la  mémoire  des  Lecteurs  ou  des  Auditeurs ,  )   que  le  ,e  ',out 
Roi  Très-Chrêtien ,  ni  fon  Epoufe  ,    n'ont  rien  fait  de  tout  ce  qu'ils  avoient  M^aee 
promis  par  deux  ou  trois  fois  réitérées.     Cependant  nous  foûtenons  en  même 
tems ,  que  cela  n'a  point  diminué  la  vigueur  8c  la  force  du  Contraél  de  la  Re- 
nonciation, 8c  de  l'Exclufion,  non  feulement  parce  que  perfonne  n'eft  aqui- 
té  d'une  obligation  par  fa  propre  Négligence,  ou  par  fa  Perfidie  y  mais  auilî 

Bbbb  5  parce. 


f$6      MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

1 701 .  parce  que  dans  le  premier  Contrat  ratifié,  on  avoit  exprciTement  énoncé,  qu'u- 
1  ne  telle  omiflîon,  fi  elle  arrivoit,  ne  prejudicieroit  en  aucune  manière  aux 

Conventions  &  aux  Actes*  8c  que  nonobstant  cette  omiflîon,  le  tout  refte- 
roit  en  fa  vigueur  &  force,  8c  qu'à  cette  fin  on  devoit  tenir  le  tout  pour  ac- 
compli par  li  publication  même  de  la  Paix.  Mais,  afin  que  ces  chofes  fafiènt 
plus  d'impreffion  dans  l'efprit  des  gens,  il  ne  fera  pas  hors  de  propos  de  rap- 
porter les  paroles  mêmes  du  Roi  Philippe,  qu'il  prononça  non  pas  avec 
la  langue  d'un  demi-mort,  mais  d'un  efprit  exempt  de  toute  diffimulation 
8c  hipocrifie,  8c  déjà  tout  dilpofé  pour  aller  au  Ciel,  en  ces  termes. 

(l'Ji  promis  par  une  autre  CAaufe  de  ladite  Capitulation  à  r  Infante  ma  Fille,  cinq 
J  cent  mille  Ecus  d'or  fol  pour  dot ,  y  compris  fa  Légitime  paternelle  &  maternel- 
le, &  tout  autre  Droit;  (3  cela  fut  fait  fous  Condition  que  ladite  Renonciation 
/croit  aprowvée  £5?  ratifiée  par  Serment  £5?  avec  toutes  les  Claufes  neceffaires  par 
Elle,  cnfemble  avec  le  Roi  Très-Chrétien  d'abord  après  la  célébration  de  fon  Ma- 
riage,  &  qu 'Elle  ferait  acceptée  par  le  Parlement  de  Paris  en  la  forme  (3  maniè- 
re accoutumée ,  13  qu'on  en  envoieroit  des  Ables  à  moi  ou  à  mon  Succcjfeur  ;  ce  qui 
cependant  jufques  ici  n'a  pas  été  accompli  par  le  Roi  Très-Chrétien  ij  par  ma  Fil- 
le ,  par  ouf  ai  été  &  fuis  dégagé  de  l'Obligation  de  paier  le  dot  que  j'avois  promis. 
Néanmoins ,  par  ce  que  fcfpcre  que  le  Roi  Très-Chrétien  ,  &  ma  Fille,  s'aquite- 
ront  de  cette  Obligation ,  ainfi  qu'ils  y  font  tenus  en  juftice  &  en  confidence ,  puis 
qu'il  eft  hors  de  doute  que  je  n'aurois  jamais  confenti  audit  Mariage  ,  que  fions  les~ 
dites  Conditions;  j'ordonne  (3  veux,  que  quoique  le  Roi  Très-Chrétien  &  ma  Fil- 
le n'aient  fat  is fait  à  leur  devoir,  le  dot  que  j'ai  promis  fioit  paie ,  toutes  13  cha- 
cunes  des  Conditions  exprimées  dans  la  Capitulation  refilant ,  ainji  qu  elles  doivent 
refter,  fermes  13  valables,  ainfii  qu'il  eft  expédient  pour  une  plus  grande  gloire  de 
nôtre  Religion  Catholique,  &  pour  la  Paix  &  la  Tranquillité  entre  l'une  (3  l'au- 
tre Couronne. 


ce  que  nous  avons  jufques  ici  rapporté  pour  prouver 
sang  de  France  à  la  Succeflîon  Univerfelle  d'Efpagne, 


Le  Droit      Or,  regardant  tout  ce 

ffantes   1,Excluficm  de  tout  le  San£ 

&àleur'  Se  qui  eft  déjà  trop  étendu,  nous  nous  empêcherions  volontiers  d'en  parler 

Poftéiïté  d'avantage,  n'étoit  qu'il  rcite  encore  des  chofes  qui  contiennent  un  Abrégé 
Françoi-  Jes  Statuts  précédons,  2>c  qui  montrent  en  toute  évidence  8c  en  paroles  prè- 
le ,  a  cj(-cs  je  i}rojt  jncontellable  de  la  Maifon  d'Autriche.  La  première  chofe  eft 
télé1/""  ^ée  de  'a  Convention  de  la  dot  faite  entre  l'Empereur  Ferdinand  II.  8c 
lui  des  le  Roi  Philippe  III.,  pour  Ferdinand  III.  pour  lors  Roi  d'Hongrie  8c 
Sœurs,    de  Bohême  8c  l'Infante  Marie,  qui  ont  été  les  Père  8c  Mère  de  l'Empc- 

&Prr  reur  Leopold  en  162.8.  en  ces  termes. 
corne- 
toute  la  TOT  parce  que  la  Serenifiîme  Reine  de  France,  Dame  Anne  Infante  d'Efpagne, 
Poitcritc  ***  en  'vertu  du  Contrat!  de  Mariage  £5?  de  la  Renonciation  faite  par  confiente- 
^  '.?  ment  {3  permiffion  du  Serenififime  13  "Tris-Chrétien  Prince  Louis  XIII.,  Roi  de 
d'Auu-1-  France ,  fionMari,  cfil  £ff  refle  exclu fe  en  forte  de  tout  Droit  de  Succefifwn  que  tous 
che  qui  fies  Enfuis  qui  viendront  d  Elle ,  tant  maies ,  que  femelles ,  (3  tous  fies  Deficen- 
eft  Ye-     dans  tant  premier ,  que  deuxième  (3  troifiiéme  né,  même  à  l'infini ,  en  quelque  de- 

%ré 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.  f87 

gré  qu'ils  ' [oient  à  tout  jamais  ,  ne -peuvent  ni  doivent ,  fous  quelque  titre  ou  pre-    1701. 

texte  que  ce  foït ,  fucceder  dans  aucun  Roiaume ,  Etat,  Province,  Domaine,  ou  

Lieu  du  SereniJJime  Roi  Catholique,  &  fer  Héritiers  (3  Succeffeurs  legitt.ms,tar,t  nuë 
dans  les  Roiaumes  d'Efpagne  ,   que  dehors  d'icelle  dans  les  autres  Provinces,  (3  d-'Elles. 
Roiaumes  que  le  même  Sereniffime  Roi  Catholique  (3 /es  Succeffeurs  poffedent ,  ou    Selon  le 
poffederont  ou  leur  apar tiendront  ci -après  ;  c'efi  pourquoi  la  SereniJ/îme  Infante  4?^™^ 
Dame  Marie  ,  fe  referve  fon  Droit  naturel,  enfemble  avec  celui  qu'Elle  a  ac-  riagede 
quis  par  ladite  Renonciation  faite  par  la  Reine  de  France  fa  Sœur  ,  fous  l'aproba-  Ferdi- 
tion  (3  confirmation  qu'en  a  fait  le  même  Sereniffime  Roi  Catholique  pour  lui  (3  m^nd  . 
tousfes  Héritiers  (3  Succeffeurs  ,  ce  qui  doit  tenir  lieu  (3  avoir  force  (3  vigueur  i-xnVante 
d'une  Loix  fiable,  inconte  fiable ,  (3  inviolable  ;  excepté  néanmoins  le  Droit  qui  lui  Marie, 
convient,  (3  qui  e fi  refervé  dans  ledit  Héritage  (3  Succejjion,  dans  les  deux  cas  donteit 
raportez  dans  ledit  Contrat!  de  Mariage  fait  entre  le J dit  s  Sereniffime  s  Roi  &  Rei-  ï~nu 
ne  de  France  j  affaveir  le  premier ,  fi  ladite  Sereniffime  Reine  de  France  fur  vécut  au  reur  pe~ 
Roi  Très -Chrétien  fon  Mari,  (3  qu'Elle  étant  veuve  fans  avoir  aucun  Enfant ,  Léo- 
retournât  en  Efpagne;  (3  l'autre  fi  pour  le  maintien  du  bien  public  (3  pour  d'au-  pold, 
très  jufies  caufes  ou  confiderations,  Elle  vint  à  fe  remarier  par  la  volonté  (3  coa- 
fentement  du  Sereniffime  Roi  Catholique ,  fon  Frère  ou  de  fies  Succeffeurs. 

Toutes  &  chacune  defquelles  chojes  ont  été  traitées  (3  arrêtées  entre  les  fuf- 
nommez  Sereniffimes  (3  très-Puiffans  Princes  (3  Seigneurs ,  le  Seigneur  Fer- 
dinand III.  Roi  d'Hongrie  (3  de  Bohême  ,  &  de  la  Sereremffime  Dame 
Marie  Infante  d'Efpagne,  leurs  refpeUifs  Fils  (3  Sœur,  en  vertu  des  Pleins 
Pouvoirs  ci-deffus  raportez ,  avec  promeffe  réciproque  (3  flipulation  folemnelle  , 
en  parole  d'Empereur  (3  de  Roi  de  tenir  pour  établi  13  ratifié  tout  le  conte" 
nu  dans  le/dits  articles  ,  (3  de  faire  qu'ils  feront  pareillement  aprouvez  (3 
ratifiez  par  les  Sereniffimes  Roi  Ferdinand  ,  (3  l'Infante  Dame  Marie, 
afin  qu'ils  aient  un  plein  (3  entier  effet.  En  témoin  de  quoi  ils  ont  figné  les 
Prefentes  de  leur  propre  main,  13  y  ont  fait  apofer  leurs  Seaux,  en  prefence 
de  Don  Ramire  Philippe  de  Guzman,  aine  de  la  maifon  des  Guzman,  Duc 
de  Médina  de  las  Torres  ,  Marquis  de  Toralte  (3c.  Grand  Echanfon  du  Roi 
Catholique  d'Efpagne ,  Grand  Chancelier  des  Indes ,  Capitaine  des  cent  No- 
bles (3c.  ,  Treforier  General  du  Roi  (3  du  Roiaume  d'Aragon  >  de  Don  Au- 
guftin  Msffie  ,  Confeiller  d'Etat  de  Sa  Majefié  Catholique  (3c.  (3c.  Don 
Juan  de  Mendoza  (3  Lima  (3c.  (3c.  Gentilhomme  de  la^Chambre  du  Roi 
Catholique ,  Confeiller  d'Etat ,  (3  premier  Prefident  du  Confeil  Souverain 
d'Aragon  (3c.  (3c.  Don  Philippe  de  Guzman  Marquis  de  Leganez  ,  Gentil- 
homme de  la  Chambre  de  Sa  Majefié ,  Confeiller  d'Etat ,  Capitaine  General  de 
la  Cavalerie  légère  de  Flandres  (3  de  l'Artillerie  d'Efpagne  :  (3  Melchior  de 
Molina ,  Confeiller  de  la  Chambre  (3  d'Etat  du  Roiaume  de  Cafiille  (3c.  (3c 
Donné  à  Madrid  dans  le  Palais  Roial  le  Dimanche  3.  de  Septembre  ,  l'an 
de  Grâce  mil  fix  cent  (3  vingt- huit. 

Une  autre  Inftru&ion  de  celles  qui  appartiennent  à  nôtre  Affaire  cfr.  la  partie 
du  Teftament  fait  par  Philippe  III.,  qui  s'y  accorde  tout-à-fait  du  $0. 
Mars  162.1.,  &  qui  eft  d'autant  plus  remarquable,  parce- qu'elle  exprime  clai- 
rement qu'après  la  Renonciation  ou  Abdication  d'ANNE  mariée  auRoiTrès- 

Chrê- 


f88      MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

1701.  Chrétien,  &  laquelle  félon  fa  naiflîince  étoic  l'ainée,  Marie  fa  Sœur  mariée 
.   ,  .   à  Ferdinand  III.  doit  être  cenfée  l'ainée ,   ou  comme  fi  Elle  fut  reftée 
feule.     Ce  qui  eft  traduit  mot  à  mot  de  l'Efpagnol  ainfi. 

T7T  puis  qu'il  a  plu  à  Dieu  de  me  donner  deux  Filles  ,  dont  l'ainée  T Infante 
Dame  Anne  ,  par  des  jujles  Confiderations  du  bien  public  de  ces  Roiau- 
mes &  de  la  Chrétienté,  a  été  donnée  en  Mariage  au  Roi  Très-  Chrétien  de 
France  ,  fous  les  Conventions  (3  Conditions  qu'on  peut  voir  dans  les  articles 
du  Contrat!  de  Mariage  13  de  la  Renonciation.  Ceft  pourquoi,  à  l'infiance 
de  ces  miens  Roiaumes,  une  Loi  fut  faite  fuivant  lefidits  Articles  flipulez  dans 
le  Contrat!  de  Mariage ,  auxquels  ladite  Serenifjîme  Infante  a  confenti  à  Bur- 
gos  le  16.  Otlobre  i6if.  Ainfi  confirmant  ,  confient 'ant ,  &  approuvant  les 
chofies  fiufdites ,  &f  ladite  Loi  ,  je  commande  13  déclare  qu'on  doit  confierver 
en  tout  &?  par  tout  lefidites  Conditions  du  Contrat!  de  Mariage  ,  &f  les  au- 
tres Ecrits  à1  Aprobation  faits  à  Burgos ,  auffi-bien  que  ladite  Loi,  car  ainfi  eft 
convenable  pour  le  bien  de  ces  Roiaumes  &?  de  U  Chrétienté  ,  aujfi  pour  plu- 
fieurs  autres  raifions  exprimées  plus  amplement  dans  le  Contrat!  de  Mariage , 
que  je  ne  raporte  pas  ,  les  fuppofiant  connues  ,  (3  par  d'autres  raifions. 

Far  où  par  confequent  V Infiante  Dame  Marie  refieroit  dans  l'état  prefient 
comme  ma  Fille  ainée  (3  unique,  laquelle  je  déclare  (3  commande  devoir  fiucceder 
en  ces  Roiaumes  13  Etats,  Elle  (3  toute  fa  Pofterité  légitime  après  l'extintlion 
àesperfonnes  13  deficendans  defidits  Princes  Don  Philippe  ,  &  des  Infants  Don 
Charle  t3  Don  Ferdinand  13  de  leurs  deficendans. 

La  troifiéme  Inftruc~Hon ,  qui  peut  tenir  lieu  de  tout,  &  qui  doit  fuffi- 
rc  à  nôtre  intention ,  eft  le  Teftament  du  Roi  Philippe  IV.  non  feulement 
pour  l'autorité  Se  la  Puiftance  de  celui  qui  l'a  fait,  fondées  fur  les  Loix  &  les 
Conventions}  mais  parce  qu'il  à  été  fait  avec  une  Délibération  plus  grande, 
plus  meure ,  &  plus  pefée  qu'aucun  autre  qui  ait  jamais  été  fait  ;  &  qu'il  ex- 
plique très-clairement  la  penfée  la  plus  intérieure  Se  la  volonté  la  plus  efficace 
du  Roi  &  Legiflateur  en  ces  termes. 

CY  cependant ,  ce  qu'à  Dieu  ne  plaifie,  le  Prince  mon  Fils  vient  à  mourir  avant 
ou  après  qu'il  aur  oit  fiuccedé  à  ces  Roiaumes ,  fans  laiffer  d'Enfans  où  autres  defi- 
cendans légitimes  mâles  où  femelles  ;  j'inftitue  pour  mon  Héritier  Uniyerfiel  dans 
tous  mes  Roiaumes ,  Etats ,  (3  Seigneuries ,  le  fécond  Fils  mâle  que  Dieu  me  don- 
nerait par  ce  Mariage  ou  par  un  autre  ,  13  fies  deficendans  légitimes ,  (3'  nez  (3 
procrées  d'un  légitime  Mariage  ,  mâles  ^3.  femelles  fielon  le  même  ordre  d'ainefifie  : 
(3  à  défaut  d'iceltii  ou  d'iceux  ,  j'apelle  le  troifiéme  Fils  mâle  de  ce  Mariage  ou 
de  quelque  autre ,  (3  fes  Enfant  (3  Defcendans  ,  mâles  ou  femelles ,  légitimes  Z3 
nez  d'un  légitime  Mariage  ,  afin  qu'ils  fiuccedent  félon  l'ordre  d'ainefijè.  Ce  qui 
doit  être  aujfi  entendu  des  Ënfians  mâles  légitimes,  (3  nez  d'un  Mariage  légitime, 
que  Dieu  m' aur  oit  donné ,  même  après  ma  mort  ,  fi  je  lai  [fois  la  Reine  enceinte  , 
13  qu'an  mâle  fut  né,  afin  qu'il  fiuccede  enfion  lieu. &  félon  fon  degré. 

Si  le  Prince ,  ainfi  qu'on  vient  de  dire,  vient  à  mourir,  ce  qu'à  Dieu  neplaife, 
fans  lai/fer  d'Enfans  ou  Deficendans  mâles  ou- femelles,  légitimes  i3  venus  d'un 

Maria- 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.         ;8p 

Mariage  légitime ,  eu  fi  Dieu  m'aiant  donné  plufieurs  En/ans  mâles  du  Mariage 
prefent  ou  de  quelque  autre  ,  ils  vinfj'cnt  aujfi  à  mourir,  fans  laiffir  d' 'En fans  ou 
Defcendans  ,  félon  ce  qui  a  été  dit ,  à  leur  défaut  j'infitué  pour  mon  Heritiéte 
Univerfelle  de  tous  niefdits  Roiaumes  ,  Etats  ,  13  Seigneuries  Y  Infante  Donne 
Marguerite  ma  Fille  (3  de  la  Reine  Dame  Marie- Anne  ma  tres-chere  & 
trls-aimée  Epoufe ,  (3  fes  Fils  &  Filles  13  Defcendans  mâles  (3  femelles  ,  légiti- 


1-01. 


me  Mariage ,  que  Dieu  m'aurait  donné,  &  même  les  pof -humes  de  ce  prefent  Ma- 
riage, ou  de  quelque  autre,  (3  les  Defcendans  légitimes  de  chacune  d'icelles  ,  qui 
fucceder  oient  dans  le  même  ordre  d'aine  (je,  préférant  Vaine  au  cadet ,  13  le  mâle 
à  la  femelle  de  la  même  ligne  (3  degré. 

Et  venant  à  manquer  me  f  dit  s  Enfans,  mâles  13  femelles,  de  ce  Mariage  pre- 
fent ou  de  quelque  autre  à  l'avenir ,  que  f  appelle ,  je  déclare  que  la  Succeffion  de 
tous  me  [dit  s  Roiaumes ,  Etats ,  &  Seigneuries  doivent  appartenir  £5?  appartiennent 
aux  Enfans  &  Defcendans  légitimes  mâles  i3  femelles  de  P 'Impératrice  Infante 
Marie  ma  tres-chere  £5?  tres-aimée  Sœur,  qui  ef  déjà  dcceJée,  (3  en  la  même 
manière  que  f  ai  déclaré  dans  Vlnfiitution  de  mes  Fils  6?  Filles.    ■ 

Et  à  défaut  des  uns  ci?  des  autres  de  fa  Ligne,  je  déclare  aujjî  que  h  Succefjîon 
de  mejdits  Roiaumes ,  Etats ,  ci?  Seigneuries  appartient  à  la  Ligne  de  l'Infante  Da- 
me Catherine  ma  Tante,  Duchefje  de  Savoye  ,  &  à  fes  Enfans  {3  Def- 
cendans légitimes,  13  venus  par  un  légitime  Mariage  ,  tant  mâles  que  femel- 
les ,  préférant  la  ligne  de  l'aine  aux  autres  ,  en  la  manière  ai? on  a  dit  ci- 
deffus. 

Dans  tous  les  tems  (3  âges  pâjfez  on  s*eft  fervi  d'une  particulière  circon- 
fpeBion  en  faifant  les  Mariages  des  Infantes  d'Efpagne  avec  les  Rois  de  France , 
à  caufe  des  inconveniens  qui  rcfulteroient  de  la  conjonction  (3  de  l'union  de  ces  deux 
Couronnes  ;  car,  l'une  &  Vautre  (3  chacune  à  part  étant  fi  grandes  qu' Elles  ont 
confervé  leur  grandeur  avec  tant  de  gloire  de  je  s  Rois  Catholiques  &  Très -Chré- 
tiens, étant  unies  leur  élévation  fe  diminuerait  13  tomberait ,  &  en  rcfultcroit 
à? autres  grands  inconveniens  pour  les  Sujets 13  trajfaux  &  pour  le  bien  public  & 
Vétat  de  Vun  13  Vautre  Roiaume  (3  de  toute  la  Chrétienté.  Ce  que  pour  éviter  , 
(3  pour  faciliter  les  Mariaget  entre  les  deux  Couronnes,  pour  l'utilité  des  Vaffaux 
réciproques  {3  des  Etats  en  général,  on  a  empêché  leur  Union  par  une  Convention 
qui  a  force  de  Loi  fable  i3  ferme  en  faveur  des  Roiaumes  [3  du  bien  public  d'iceux; 
(3  particulièrement  dans  le  Contrat  de  Mariage  ,  fait  à  cette  Cour  le  il.  d'Août 
1611.  entre  le  Roi  Mon  Seigneur  (3  Père,  Ï3  Louïs  XIII.  Roi  Tres-Chrêtien 
de  France  ,  à  caufe  du  Mariage,  que  j  ai  contracté  avec  la  Reine  Dame  Isabel- 
le de  Bourbon  ma  très -chère  13  aimée  Epoufe  &  de  celui  que  ledit  Roi  a  contrac- 
té avec  la  Reine  Très-Chrétienne  Dame  Anne,w«  très  chéref3  aimée  Sœur,  il 
fut  convenu  (3  établi  ,  que  les  deux  Couronnes  ne  fe  joignirent  ou  puffent  fe  join- 
dre, (3  l'a' à  cet  effet  V Infante  ma  Sœur  dût  renoncer  {3  renoncerait  pour  Elle  {3 
fes  Defcendans  de  ce  Mariage  à  tous  13  chacun  des  Droits  qui  lui  apartiendroient 
ou  pourraient  lui  apartenir  de  fucceder  à  mes  Roiaumes  ,  en  forte  qu'en  nul  cas 

Tom.  1.  Ce  ce  penfê 


f9o     MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

1701.  penfé  ou  ignoré  Elle  y  fuccedroit ,  i3  que  la  Succeffion  pafferoit  à  l'ordre  qui  fu't- 
-■  vroit ,  puis  que  la  dite  Infante  Dame  Anne  £5?  tous  Jes  Dépendants  mâles  &  fe- 

melles a  été  déclarée  exclufe  de  cette  Succeffion ,  (3  de  toute  efperance  de  fucccder , 
Leurs  Majeflez  Catholique  3  Très-Chrétienne  aiant  aboli  toutes  Loix,  Droits, 
Coutumes ,  Difpofitions ,  13  'Titres  de/dites  deux  Couronnes ,  par  le/quels  on  fuccede 
ou  on  peut  prétendre  de  fucceder  auxdits  Roiaumes,  Etats,  {3  Seigneuries,  tant  à 
prefent  qu'aux  tems  a  venir  ,  13  aux  cas  de  déférer  la  Succeffion ,  en  tant  qu'el- 
les /croient  par  quelque  rai/bn  contraires  ou  d'empêchement  à  ladite  Renonciation 
13  Exclu/ton  de  ladite  Infante  Dame  Anne,  avec  P  addition  d'une  Déclaration, 
que  Leursdites  Majeflez  dévoient  par  Paprobation  dudit  Contrat!  de  Mariage ,  y 
déroger  (3  les  avoir  pour  derogées.     Et  en  exécution  de  ce  Contrat!  ladite  Reine 
Très-Chrétienne  ma  Sœur,  avant  les  Epoufailles  par  paroles  de  prefent ,  fit  une  Re- 
nonciation de  la  manière  la  plus  folemnelle  (3  par  Serment  en  la  Fille  de  Burgos ,  le 
17.  Oélobre  161  f.  en  prefence  du  Roi  Monfcigneur  (3  Père  qui  Vaprouva  par 
devant  Antoine  d' Arefigny  fon  Secrétaire  13  Notaire  public  de  ces  Roiaumes ,  13 
moiennant  (et te  dite  Renonciation  ,   le  Mariage  eut  fon  effet ,  (3  le  Roi  Monfei- 
gneur  (3  Père  commanda  qu'Elle  fût  gardée ,  (3  accomplie ,  13  mife  en  exécution 
par  une  Loi  générale  ,  qu'il  fit  13  publia  à  V  infiance  13  prière  de  ces  Roiaumes  le 
3.  de  Juin  de  161  p.  (3  par  la  Claufe  38.  de  fon  Tefiament ,  par  laquelle  il  dé- 
clara que  ladite  Reine  ma  Sœur ,  &  fes  Enfans  Defcendans  de  ce  Mariage,  mâ- 
les &  femelles",  étoient  exclus  de  tous  lefdits  Roiaumes,  Etats,  i3  Seigneuries.  Et 
fumant  cet  exemple  ,  auffi  bien  que  d'autres ,   on  a  ajouté  entre  autres  les  deux 
Chapitres  y.  (3  6.  (qu'on  a  raporté  ci-deflus)  aux  Traitez  contrariez  par  moi 
(3  par  le  Roi  Très-Chrétien  Louis  XIV.  mon  très-cher  Neveu  par  ma  Sœur, 
touchant  la  Paix  (3  le  Mariage  ,   qui  a  été  contrarié  ,  entre  l'Infante  Dame 
M  arie-Therese  ma  très -chère  (3  aimée  Lille  (3  le  même  Roi,  moien- 
nant la  Grâce  de  Dieu  (3  à  fon  plus  grand  honneur,  (3  pour  le  lien  général  des 
Couronnes,  &?  pour  leur  repos  &  leur  tranquillité  ;  ainfi  qtPH  confie  par  ledit 
Traité  de  Mariage  ,   qui  a  été  contraUé  pour   moi   (3   à  mon  nom  par  Don 
Louis  Mendez  de  Haro ,   Comte-Duc  d'Olivarez  ,    mon  Grand  Ecuyer  d'une 
part,  13  de-  f 'autre  au  nom  du  Roi  Très-Chrétien  par  le  Cardinal  jule  Ma- 
zarin,  en  vertu  de  l'ordre  donné  le  7.  de  Novembre  1659.  fou  fer  it  par  Pier- 
re Coloma  mon  Confeiller  de  Guerre,  (3  Secrétaire  d'Etat,  Notaire  public  de 
ces  Roiaumes.     Et  dans  le  Traité  de  Paix  fait  par  les  mêmes  Plénipotentiai- 
res le  même  jour  par  devant  ledit  Pierre  Coloma  ,  il  a  été  mis  un  Chapitre  fous 
le  nombre  33.  de  la  teneur  fuivante   (on  peut  voir  ce  Chapitre  33.  ci-defliis). 
Et  pour  P  accompli [Jèment  de  ces  Traitez ,  ladite  Infante  Dame  Marie-Therese 
ma  Fille  a  en  effet  fait  13  juré  ladite  Renonciation  dans  la  Ville  de  Fonta- 
rabie  le  z.  de  Juin  \  660.  fous  le  témoignage  du  Skur  Ferdinand  de  Fonfeca 
Ruyz  de  Contreras  mon  Confeiller  de  Guerre  ,   Secrétaire  d'Etat  &  des  Dépêches 
Univerfelles,  (3  Notaire  public  de  ces  Roiaumes.  Et  quoique  j^ef père  que  P  In- 
fante via  Fille  13  le  Roi  Très-Chrétien  fon  Mari  accompliront  (3  obfcrveront  tout 
ce  qui  a  été  raporté,  &  tout  le  contenu  dans  ledit  Imité  de  Mariage  ,  (3  dans  la 
Renonciation,  puis  que  la  ju (lice  13  la   confeience  le  veut;  néanmoins,  puifque 
la  Paix  {3  la  tranquillité  de  la  Chrétienté  en  dépend,  afin  que  l'accompliffement 

fit 


ET    RESOLUTIONS    D'ETAT,  r9t 

[oit  affàré  par  tous  les  mo'iens  connus  par  les  Loix,  comme  Père  fcf  Maure  naturel  1701. 

de  tous  mes  Roiaumes ,  Etats ,  13  Seigneuries  ,   en  vertu  du  Souverain  Pouvoir  ,  

dont  je  me  fers  13  que  j'ai  de  difpofer  (3  d'ordonner  pour  le  bien  de  mes  Vaf- 
faux  13  de  la  Caufe  commune ,  comme  aujji  de  pourvoir  à  fa  bonne  admini- 
f  ration  ,  (3  d'éviter  les  dommages ,  qui  pourraient  refulter  de  la  conjonction  des 
deux  Couronnes  3  des  Roiaumes  i3  Etats  ,  à  chacune  d'icclle ,  de  mon  propre 
mouvement,  de  certaine  feience,  &  par  un  plein  pouvoir  Roïal  abfolu,  dont  je  veux 
me  fervir  &  me  fers  ,  étant  pleinement  infruit  des  exemples  de  mes  Predecef- 
fiurSf  qui  ont  difpofé,  changé ,  £g"  renverfé  Tordre  de  la  Succeffon  de  mes  Roiau~ 
mes  13  Etats  par  l' exclufion  des  Ainez  &  de  leurs  Defccndans;  en  vue  (3  à  caufe 
des  Traitez  de  Paix  &  de  Mariage,  &  par  autres  jufies  considérations  ,\  Je  dé- 
clare que  ladite  Infante  Marie -Thérèse  ma  Fille ,  (3  tous  fes  Défendons  de 
ce  Mariage,  tant  mâles  que  femelles ,  feront ,  referont ,  &?  font  exclus,  k3  au- 
tant qu'il  eft  neceffaire  je  les  exclue  de  tout  Droit  ou  Efperance  qu'ils  pourroient 
avoir ,  eu  ont ,  par  quel  cas  que  ce  fait ,  de  fucceder  dans  chacun  de  mes  Roiaumes , 
Etats,  &  Seigneuries,  à  perpétuité,  tout  de  -même  que  s'ils  n'étoient  pas  nezj  (3 
je  déclare  que  cette  Exclufion  (3  tout  ce  que  j*ai  difpofé  13  difpofe  touchant  icelle  à 
l'égard  de  ladite  perfonne  de  V Infante  Dame  Marie-Therese  ma  Fille  £5?  de 
fes  Defcendans  de  ce  Mariage,  tant \ mâles  que  femelles,  doit  être  obfervé ,  £5?  ou 
il  fer  oit  neceffaire ,je  veux,  commande,&  ordonne  d'être  obfervé,  accompli  y&  exé- 
cuté à  V égard  de  la  Reine  Très-Chrêtienne  Dame  Anne  ma  Sœur  &  fes  Defcen- 
dans, fuivant  Je  s  traitez  de  Mariage  £5?  la  Renonciation  qu'Elle  fit  ,  &  fuivant 
la  di/po/ïtion  du  Roi  Don  Philippe  III.  Mon  Seigneur  &?  Père,  raportez  dans 
ladite  Loi  fer"  dans  fon  Tefiament,  dont  le  tout  a  eu  vigueur  de  Loi  fiipulée  entre 
Tune  13  l'autre  Couronne,  13  laquelle  f  aprouve  avec  &  fous  la  même  qualité  qui 
ejl  dans  les  Loix  conventionelles  entre  les  Princes  Souverains ,  ufant  de  mon  Plein- 
Pouvoir,  13  re fiant  abolies  (3  annullées  toutes  les  Loix,  Statuts ,  Dr  oit  i,  Difpo- 
fitions  ,£3  Coutumes  autant  qu'il  fera  neceffaire  ,&  qui  pourraient  en  quelque  ma- 
nière que  ce  foit  empêcher  ladite  Exclufion,  ni  plus  ni  moins  que  fi  chacune  d'elles 
était  ici  exprimée,  &  qu'il  en  fut  faite  une  mention  particulière.  Je  déclare  néan- 
moins, je  veux, (3  commande ,  quefi  (ce  qu'à  Dieu  ne  plaife)  le  Mariage  de  l'In- 
fante Marie-Therese  ma  Fille  venant  à  être  diffout  fans  En  fans,  refiant  veu- 
ve Elle  revint  en  Efpagne  ,  ou  fi  refiant  veuve ,  en  vue  du  bien  public  (3  par  de 
jufies  confiderations ,  Elle  paffàt  à  de  fécondes  noces  par  mon  confentement ,  ou  après 
ma  mort  par  celui  du  Prince  mon  Fils ,  V Exclufion  13  la  Renonciation  ne  lui  fe- 
ront point  contraires,  13  qu'Elle  &  fes  Enfans  (3  Defcendans  de  ce  fécond  Maria- 
ge, pourvu  que  ce  ne  foit  point  en  France  ,  feront  capables  de  fucceder  auxdits 
Roiaumes  £3  Etats. 

Par  une  autre  claufe  de  ladite  Capitulation  j' .zi  promis  pour  dot  à' ladite  Infante 
ma  Fille  cinq  cent  mille  Ecus  d'Or  aufolcil  avec  le  refie  raporté  dans  le  Contrat! 
de  Mariage.  Toutes  le [dites  quelles  chofes  je  commande  qui  foient  accomplies,  gar- 
dées ,  13  exécutées  dans  la  Succeffon  de  mes  Roiaumes  13  Seigneuries ,  par  tous  mes 
Sujets  13  Vafjaux  de  quelque  qualité  qu'ils  foient ,  13  par  tous  mes  Roiaumes  , 
Etats,  (3  Seigneuries , &  qu'ils'l'obfervent  &  gardent  en  force  comme  une  Loi,  (3 
un  Statut  fait  dans  VAffemblée  des  Etats,  (3  qui  fera  publié  félon  la  forme  (3  les 
folemnitez  ufitées  dans  chaque  Roiaume ,  Etats,  (3  Seigneuries. 

Ce  ce  2  Tout 


fpz     MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

1701 .       Tout  ce  qu'on  a  rapporté  julques  ici,  Se  qui  a  été  répété  à  caufe  de  la  plu- 

—  ralité  des  Infractions  qui  contiennent  la  plus  part  la  même  chofe,  regarde  la 

Les  Fiefs  Monarchie  Univerielle  d'Efpagne  Se  n'admet  point  le  moindre  Droit  du  Sang 
fontaufil  François  à  la  moindre  ni  à  aucune  de  Tes  parties:  aufiî,  tout  le  Sang  de  Fran- 
compris  ce  cn  général  eft,  non  pas  une  fois,  ni  en  un  lieu  particulièrement,  exclus  de 
Rénon-  tous  'es  ^c^>  ^°'t  qu'ils  aient  été  conférez  à  d'autres  par  les  Rois  d'Efpagne, 
dations  foit  qu'ils  les  tiennent  d'autres  :  entre  leiquels ,  fans  aucun  doute,  les  princi- 
pe Ex-  paux  étant  ceux  qu'ils  ont  reçu  de  la  Sainte  Eglife  Romaine  Se  du  Sacré  Em-, 
dufions.  p|rc  Romain,  perfonne  ne  niera  qu'ils  ne  foient  compris  dans  la  tranflation  de 
Nom-  toute  laSucceflion  d'Efpagne  en  faveur  de  Sa  Majefté  Impériale  &  de  fes  En- 
ferment fanS)  çous  ce  noni5  par  la  difpofition  exclufive  des  François,  Se  parce  qui  la 
nhe  tant  fu&  PRr  ou  on  vo't  clairement,  que  rien  ne  peut  être  allégué  au  contraire, 
du  Pape  ni  prétexté  par  les  termes  des  Inveftitures,  foit  Pontificales  ou  qui  regardent 
que  de  le  Roïaume  de  Naples  ,  foit  Impériales  du  Duché  de  Milan  ,  le'Marquifat  Se 
1  Empi-  port  cje  pmai?  ]a  Principauté  de  Piombin,  le  Vicariat  de  Sienne,  &  les  Fiefs 
de  Montfort,  Sec,  qui  ont  été  accordées  ;  foit  que  ces  Inveftitures  foient 
pu0'1  tant  vieilles  que  nouvelles,  qui  félon  l'ordre  d'aineffe  défèrent  la  SuccefTion 
le.vlnvef- tant  aux  mâles  qu'aux  femelles:  au  contraire,  ces  termes  doivent  plutôt  être 
tituies  ils  interprétez  de  la  forte  ,  affavoir  que  les  Traitez  particuliers  contractez  par 
foient  l'Autorité  des  Papes,  &  les  Loix  publiées  pour  exclurre  le  Sang  de  France 
aux^AU  mtifou  intrus,  reftant  en  leur  force,  le  Droit  qui  en  eft  tranfporté  à  d'au- 
nez.  très  doit  toujours  être  gardé  en  ion  entier.  Enfin,  par  la  même  raiforf  on 
LeDroit  ^ra  derechef,  félon  le  Teftament  de  Philippe  III.  rapporté  ci-deffus,  que 
Kc  le  les  Infantes  ainées  d'Efpagne,  mariées  en  France,  ceflént  d'être  telles  par  les 
Nom  Loix  Se  les  Contracte}  6c  que  ceux  ou  celles  qui  font  plus  proches  aux  Prin- 
d'Ainef-  ces  du  Sang  d'Efpagne  entrent  en  leur  lieu  Se  place , s'aquerant  en  même  tems 
Infantes  le  nom  d'ainez,  oud'ainées:  c'eft  de  la  forte  que  le  Patriarche  Jacob  ,  qui 
mariées  étoit  le  jumeau  puîné,  Se  qui  devoit  cependant  devenir  le  Père  des  autres  Pa- 
en  Fran-triarehes  &  de  St.Jofeph,  après  qu'Efau  fon  Frère  aîné  lui  eût  vendu  fort 

ce,-,nt  Droit  d'aînefie  pour  un  potage  de  lentilles,  il  répondit  à  Ifaac  fon   Père  qui 
tranfpor-.,.  .       r  .  ,  r.      t>  .i-      •         -    1  t-»     •>        »-i    '  x  ■ 

té  a  ccux  linterrogeoit   qui    il  etoit  ?    il   répondit,   dis -je,  a  bon  Droit  qu  il  etoit 

d'Aû-      fon  Fils  aîné  Efau  ,  ainfî  que  cela  pafle  pour  une  vérité  incontestable  tant 
triche,     auprès  des  Juifs  que  des  Chrétiens ,   Se  que  la  bénédiction  divine  obtenue 
par  Ifaac  fon  Père ,    8c  qui  même  rejaillit  fur  nous  ,   le   montra.     Il   faut 
plutôt  avertir  l'Empereur ,    quoi  qu'il  voulut  négliger  les   Affaires  de  fa 
Maifon ,    de  ne  pas  prodiguer  mal-a-propos  les  Affaires   de    l'Empire ,   en 
conférant  ou  biffant  les  Fiefs  Impériaux   à  une  Famille   qui  depuis  long- 
tems  lui  a  été  ennemie  ,    Se  lui   a  ravi  de  fes  principales  parties  par  des 
voies  injuftes  Se  par  des  tromperies  qui  lui  font  naturelles,  Se  qui  fous  le  pré- 
texte de  l'obéïffance  due  à  caufe  du  Fief ,  n'afpire  pas  à  moins  que  de  dé- 
pouiller l'Empire  de  tous  fes  Fiefs  d'Italie,  Se  de  mettre  à  la  fin  toute  l'Ita- 
On  dit  la  lie  fous  le  joug,  Se  d'arracher  aux  Allemans  la  Dignité  même  Impériale,  pour 
même     ja  tranfporter  aux  Succeffeurs  de  Capet.    La  même  chofe  s'entend  de  la  Flan- 
jChpjn.e  dre,  Se  des  Provinces  qui  lui  font  annexées,  dont  il  eft  fouvent  parlé  dans  les 
drc.        Inftruétions  ci-deffus  rapportées ,  tant  parce  qu'elles  font  avantageufes ,  non 
feulement  pour  donner  lieu  aux  François  de  fubjuguer  les  Peuples  voifins, 

que 


ET    RESOLUTIONS     D'ETAT.  rf} 

que  pour/infpirer  de  l.i  terreur  aux  éloignez  6c  leur  enlever  leur  commodi-      1701. 

tez,  que  parce  qu'outre  le  lien  du  Fief  de  quelques-unes  qui  font  par  là  at>    

tachées  à  l'Empire,  6c  la  Succellîon  reçue  anciennement  en  icelles^  des  feuls 
mâles  même  les  plus  reculez,  elles  appartiennent  toutes  tellement  à  l'Empi- 
re &  à  la  Maifon  d'Autriche,  qu'Eiles  font  un  Cercle  particulier  de  l'Em- 
pire, appelle  de  Bourgogne,  &  ^appartiennent  aux  Rois  d'Eipagr.e  leursPof-  Vft qu'il 
fëflèurs  que  fous  le  titre  d'Archiduc  d'Autriche,  6c  c'eft  par  là  qu'Eiles  ont  "ren"^ 
feance  Se  voix  avec  les  autres  prérogatives 'de  PÀuguite  Maifon  d'Autriche  un.brbit 
aux  Aflemblées  de  l'Empire.  Une  preuve  très-évidente  qu'Eiles  n'ont  appar-  plus  par- 
tenu  aux  Rois  d'Efpagne  par  d'autre   raifon  ,   qu'elles  ne  peuvent  écheoir  ticuhcrà 
qu'aux  Archiducs  d'Autriche  font,  pour  patTer  fous  filence  d'autres,  les  ter-  fonMïi* 
mes  &  mots  mêmes  de  la  Tranfaftion  connue  faite  à  l'AiTemblée  d'Augsbourg  d'Aut'ri- 
le  16.  dejuin  if48.  entre  l'Empire  6c  l'Empereur  Charles  V.  touchant  la  che. 
Flandre  6c  les  Provinces  qui  y  ont  annexées  ;  6c  que  Charles  V.,  comme  A.infi 
Empereur  6c  Seigneur  des  ces  Provinces ,  6c  au  nom  de  l'Empire  les  l'Elec-  qu'il  pa- 
teurs  deMaïencc  &  Palatin,  l'Archevêque  deSaltzbourg  6c  le  Duc  de  Bavière,  roftpar 
l'Abbé  de  Wingartz,  le  Comte  de  Furilemberg,  6c  le  Magiitrat  de  la  Ville  JjJ^; 
d'Augsbourg,  pour  eux  6c  pour  les  autres  Electeurs,  Princes,  Ecclefiaftiques  d'Aus- 
6c  Séculiers,  Prélats,  Comtes,  6c  les  Villes  immédiatement  Impériales,  à  la  bourg. 
requifition  de  l'AiTemblée  de  tous  les  Etats,  lignèrent,   6c  mirent  parmi  les 
Statuts  de  l'Empire,  6c  qu'enfin  comme  éternelle  fut  enregiflrée  6c  acceptée 
par  la  Chambre  Impériale  ,  qui  eft  reliée  à  Spire  jufques  au  tems  de  la  ruine 
de  cette  Ville,  6c  qui  ell  à  prefent  à  Vezlar  ,  6c  qui  fut  auffi  pareillement 
ratifiée  par  les  Etats  defdites  Provinces ,  en  ces  termes. 

\JOus  Charles  V.,  par  la  Grâce  de  Dieu  ,  Empereur  des  Romains ,  toujours 
Augujle,  Roi  d 'Allemagne ,  de  Ca/lille,  d  Arragon  (3  c.  &c.  Archiduc  cl' 'Au- 
triche ,  Duc  de  Bourgogne  (3c.  (3  c.  faifons  [avoir  (3c.  (3c.  Nous  fommes  auffi 
convenu  en  vertu  de  ces  Prefentes  ,  en  la  meilleure  manière  (3c.  (3c.  £hte  nous 
comme  vrai  Héritier  (3  Seigneur  territorial  de  nos  dites  Héréditaires  Provinces  de 
Flandres ,  pour  nous ,  nos  Héritiers  (3  Succefjéurs  ,  enfembk  avec  nos  Provinces 
de  Flandres  qu'on  nommera  fucceffivement ,  [avoir  (3  c.  (3  c.  font  à  l'avenir  (3  per- 
pétuellement fous  la  proteclion ,  defence,  garantie ,  &  fecours  des  Empereurs,  des 
Rois  des  Romains,  (3  du  facré  Empire  ,  (3  qu'  Elles  jou'iffent  de  fes  Privilèges 
13  Droits ,  (3  feront  toujours  par  lefdits  Empereurs ,  Rois ,  (3  Etats  du  Sacré  Em- 
pire, de  même  que  fes  autres  Princes ,  Etats ,  (3  Membres  protégées ,  défendues ,  (3 
aidées  avec  fidélité ,  (3  qu'Eiles  font  auffi  invitées  (3  appellées  à  toutes  les  Affan- 
klées'de  l'Empire ,  Et  nous  (3  eux  avec  les  autres  Etais  d"1  avoir  h  pouvoir  d'y  com- 
paroitre ,  ou  félon  qu'on  le  trouve  à  propos  d'y  envoler  ;  13  Nous ,  (3  nos  Héritiers 
{3  Succefjéurs,  nos  députer  13  les  leurs  devons  être  admis  à  la  Séance,  13  y  avoir 
voix  à  caufe  defdiïes  Provinces  ,  comme  Archiduc  d'' Autriche  ,  13  fous  le  nom 
d'Archiduc  d'Autriche.  De  plus  auffi  Nos  Hereticrs  13  Succejfeurs  de  nôtre  dite 
Province,  avec  tous  les  Princes  qui  leur  appartienent  su  dépendent  (3e.  (3c.  de- 
vons V ériger  (3  conflit  uerjn  un  Cercle  particulier  fous  le  nom  de  Cercle  de  Bourgo- 
gne, fous  lequel  Elles  feront  toutes  comprifs,  quoi  eue  quelques  unes  d'entre  Elles 
aient  été  ci-devant  comprifes  dans  d'autres  Cercles  de  l'Empire  (3c.  (3c     Ccpen- 

C  c  c  c  5  dan! 


f94     MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

1701.  dant  toutes  le/dites  Principautcz  &  Provinces  qui  fous  le  nom  (3  la  qualité  de 
..  Fiefs  conférez  far  ï 'Empire  ont  été  ainfi  pojfedez  ou  poffedées,  iceux  (3  icclles  doi- 

vent être  receus  (3  pojfedez  à  l'avenir  tout  de  même  qu'il  a  été  pratiqué  par  le 
paffé  (3  c.  13 c.  C'eft  pourquoi  nous  promettons  (3  donnons  nôtre  parole  Impériale 
pour  Nous,  nos  Héritiers,  (3  nos  Succejfeurs ,  (3  toutes  no f dit  s  Provinces  Hérédi- 
taires de  Bourgogne,  que  cette  Tr  an faclion  ,  Compofttion,  (3  Convention  dans  toutes 
(3  chacune  partie  ,  points ,  claufes ,  (3  décrets  qui  nous  concernent  nous  ou  les  nô- 
tres, feront  par  nous  (3  par  Elles,  fermement,  perpétuellement,  çjr  inviolablement 
obfervées  (3  exécutées ,  (3  on  n'y  contreviendra  en  aucune  manière  que  ce  fait ,  ni  ■ 
on  permettra  que  cela  fe  fajfe  par  les  nôtres  ou  par  d'autres,  'toutes  les  ebofes  pa- 
reillement qui  ont  été  tentées,  ordonnées  ,  établies  ,  13  obtenues  contre  ce  Traité,  qui 
pourront  être  tentées,  ordonnées  ci-après  (3e.  (3c.  font  (3  doivent  être  cajfées,an- 
nullées ,  13  invalidées  (3c.  (3c. 

-,      1  Ce  que  Philippe  III.  &  Philippe  IV.  ont  eu  foin  de  faire  par  leurs 

Te^ta-  Teftamens  par  précaution  pour  les  Provinces  de  Flandres  qui  appartiennent 

mens  de  aux  Rois  d'Efpagne  entant  qu'ils  font  delà  Maifon  d'Autriche  ,  ôc  eil  con- 

Phiup-  çû  en  jes  termes  il  conformes  qu'une  claufe  prife  du  Tellament  de  Philip- 

^Eivî'  pe  IV.  peut  fervir  pour  les  deux,  8c  elle  eft  en  ces  termes. 

"PTje  déclare  particulièrement  que  les  Etats  de  Flandres  (3  tous  autres,  qui  ont 
été  pojfedez  ci-devant  par  la  Serenijfime  Y  Infante  Dame  Isabelle  ma  Tan- 
te (3  lefquels  étant  enfuit e  dévolus  à  ma  Couronne ,  j'ai  poffedé  (3  poffede ,  doivent 
félon  ma  volonté  refier  toujours  unis  avec  mes  autres  Ro/aumes  (3  Seigneuries  , 
(3  qu'ils  ne  doivent  être  divifez  ou  feparez  par  aucun  cas  que  ce  foit .  Je  charge  auf- 
fi  (3  commande  à  mes  Succejfeurs  qui  feront  en  quelque  tems  que  ce  foit  ci  -  après 
an' 'ils  protègent  ferieufement ,  affifcnt  de  tout  leur  pouvoir,   (3  défendent  le  (dit  s 
Etats,  (3  leurs  Faffaux,  puifque  cela  regarde   beaucoup  l'exaltation  de  la  Foi 
Catholique,  la  confervation  (3  la  Paix  de  mes  autres  Roiaumes ,  Etats,  (3  Sei- 
gneuries, (3  les  Droits  de  la  Maifon  d'Autriche,  dont  je  poffede  la  qualité  a"  ai- 
ne ainfi  qu'il  eft  connu  par  tout  h  monde. 

Tantles  Enfin,  pour  mettre  la  dernière  main  à  cette  partie  de  nôtre  Déduction, 
Garands  nous  avons  trouvé  à  propos  d'ajouter  que  comme  tontes  ces  chofes  inférées 
qu'en  dans  les  Traitez  de  Paix ,  dans  les  Conventions,  &  Sanctions,  ont  été  con- 
premier  grmées  Se  ratifiées  &  munies  d'un  pouvoir  fuffiiànt,  tant  par  les  Souverains 
Soùvc-  Pontifes  que  par  les  Empereurs,  les  uns  les  autres  font  obligés  à  la  vangean- 
rains  ce  &  à  la  defence  des  dites  Conventions,  auffi  bien  que  le?  autres  Garands 
Pontifes  je  tous  les  Traitez  de  Paix  ou  des  Conventions  particulières  ;  8c  ce  d'au- 
5"tp"s  tant  plus  que  non  feulement  félon  le«Contrac"ts  d;  Mariage  raportez,  les  uns 
la  defen-  Se  les  autres  Contra&ans  l'ont  demandé  avec  uns  révérence  filiale  aux  Souve- 
fedcfdi-  rains  Pontifes,  mais  auffi  par  ce  qu'Eux  mêmes  ont  volontiers  accepté  ces 
tes  Con-  priércs  félon  le  témoignage  des  claufes  des  Renonciations,  8c  ont  réellement 
*en*  confirmé  les  Contrats  par  l'Autorité  Apoftolique  :  Pour  ne  pas  repeter  avec 
lïrfbut  ennui  ce  qu'on  a  déjà  dit  des  Empereurs  qui  ont  ftipulc  ces  chofes  pour  eux 
les  Papes  Sç  leur  pofterité.  Après 


ET    RESOLUTIONS    D'ETAT.  w 

Après  toutes  ces  Conventions,   Sanctions,  Renonciations,  Cédions ,  6c  1701. 
Sermens,  perfonne  n'auroit  pu  fe  mettre  en  tête,  ou  fi  par  hazard  cela  étoit  -■  ■■'■■ 
arrivé  à  quelqu'un,  fans  coure  il  lui  auroit  auffi  paru  incroiable,  que  le  Roi  qui  les 
Très-Chrêticn  &  fes  Eâfàas, négligeant  6c  rrïéprifânt  ce  que  defius,  ne  fe  fe-  qnta- 
roit  fait  aucun  fcrupule,  le  cas  arrivant,  de  chicânner  Sa  Sacrée  Majeité  ^nC(ies- 
Impériale  6c  les  Enhus  fur  la  Succeffion  d'Efpagne,  ou  de  s'en  aproprier  firnû4s. 
quelque  partie,  fi  l'expérience  ne  l'eut  fait  voir.     La  couleur,  dont  on  s'eit 
fervi  pour  pallier  cette  injuftice ,  ne  pourroit  être  mieux  découverte  que 
dans  les  Ecrits  que  les  François  ont  ci-devant  mis  en  lumière,  comme  auffi 
d'autre  côté  les  Réponfes  qui  y  furent  faites  par  les  Efpagnols  mêmes  font 
très-bien  voir,  combien  ces  couleurs  Françoifes  étoient  altérées  de  leur  na- 
ture: Auffi  on  trouve  fort  à  propos  de  raporter  en  abrégé  ce  qui  a  été  impri- 
mé de  part  &  d'autre,  6c  d'ajouter  à  la  fin  une  Chufe  prife  du  Teftament, 
qui  aiant  été  fait  par  le  Roi  Charles  ,  a  donné  un  nouvel  Argument  à  la 
France,  6c  dont  cependant  le  feui  Récit  peur  fervir  de  Réfutation. 

Après  la  mort  de  Philippe  IV,  le  Pais-Bas  Catholique  aïant  été  envahi  , 
les  François  mirent  toute  leur  application,  quoi  qu'en  vain,  pour  perfuader 
aux  autres  ce  qu'eux  -  mêmes  ne  croïoient  pas  :  favoir  que  les  Héritages  des 
Pérès  6c  Mères  appartenoient  aux  Ehfàns  par  le  droit  de  Nature,  6c  par  le 
droit  divin,  humain,  6c  civil  ,   6c  particulièrement  par  le  droit  Romain  ; 
&   qu'on   ne   pouvoit   fans   un  très -grand   tort  en  priver  les  Filles.     Que 
c'étoit  contre  les  bonnes  mœurs  de  faire  des  Conventions  fur  l'héritage  d'une  LesOb- 
perfonne  vivante,  parce  que  les  Renonciations  des  Filles  répugnent  autant  Je^ions 
à  icelles  qu'à  la  jultice,  puis  qu'Elles  doivent  être  contentes  de  leur  dot  ,  F"n_ 
fans  pouvoir  efperer  ni  demander  quelque  chofe  des  biens  Paternels.  C'eft  ç0is. 
pourquoi  elles  n'ont  point  été  admîtes  par  le  droit  Romain.     Qu'il  eft  vrai 
qu'enfin  le  Pape  Boniface  huitième  les  avoit  confirmées,  lorsqu'elles  étoient 


laiffé  par  tout  une  méchante  renommée.     Néanmoins ,  que  cette  demefuréc 
Decrctale  étoir.  exorbitante  Se  abfurde,  6c  que  fa  force  ne  s'étendoit  pas  fur 
les  Rois  6c  les  Princes  ou  fur  les  Principautcz  6c  Empires  qui  font  hors  de 
prix.     Que  nommément  cette  Renonciation  dont  il  s'agit,  quoi  qu'EUe  ait 
été  fardée  par  plufieurs  raiibns  inventées  par  le  Confeil  d'Efpagne ,  6c  munie 
de  claufês  non  accoutumées ,  étoit  defiituée  de  tout  droit  6c  équité  à  caufe 
de  la  Minorité  de  celle  qui  renonçoit,  6c  de  fon  énorme  lefion:  mais  princi- 
palement qu'elle  n'a  dû  dès  le  commencement  fubfilter,  ou  qu'elle  a  été  de 
nulle  valeur ,  ou  qu'elle  eft  dans  la  fuite  tombée ,  6c  le  premier  droit  revenu 
à  Marie-Therese,  par  ce  qu'on  n'avoit  pas  paie  la  dot  au  tems  dont  on 
étoit  convenu.  Cependant, il  a  déjà  été  demonttré  avec  folidité  par  les  Mini- 
ftres  6c  les  Ecrivains  d'Efpagne,  6c  il  a  été  prouvé  par  l'évidence  des  choies,  sont  rc- 
qu'on  ne  demande  pas  avec  plus  de  droit  la  decifion  des  queltions  publiques  futées 
par  le  Droit  Civil  ou  Romain  ,  reçu  par  tout  preique  en  toutes  choies,  ou  Par!es 
par  quelque  autre,  fait  pour  les  affaires  privées  des  Sujets,  que  les  difrerens  jjjjasgf. 

pu- 


596     MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

1701.  publics  entre  les  Princes  Souverains  puiffent  être  décidez  ou  jugez  par  leurs 

Tribunaux  particuliers:  on  peut  même  plus  appliquer  à  ceux-ci  les  fineffes 

pagnols  des  Juris-Confultes  Privez.  Il  y  a  à  la  vérité  dans  les  Contrafts  de  Mariage 
lors  de  diverfcs  ckufes  abrogatoires  Se  dérogatoires  des  Loix  particulières, &  des  cou- 
1  in  va-  tûmes  municipales,  qui  félon  l'ccorce  des  mots  auroient  peut  être  femblé  con- 
parla  traircs,  touchant  la  dévolution  ulïtée  entre  des  particuliers  dans  quelques  Pro- 
France! vinces  du  P.ûs-Bas.  Mais  tout  cela  n'a  été  fait  feulement  que  par  une  plus 
dans  le  grande  Se  furabondante  précaution  ,  Se  afin  que  les  Contracîans  emploiafTent 
Fais-Bas  jcur  jus  pran(j  f0jn  p0Ur  ôter  ou  prévenir  avec  plus  de  clarté  tous  les  pretex- 
a  quoi  r  ^-1  r  t  -'  <r  »-  »  •  -  *  r  . 
on  ajoù-  tes  pofliblesj  non  pas  que  ces  Loix  euilent  pu  autrement  être  appliquées  à  la 

te  à  pré-  fucccflîon  des  Princes  plus  convenablement  que  les  Ecrivains  François  vou- 
fent  peu  droient  adopter  ici  les  Décrets  des  Papes.  Mais  il  feroit  très-abfurde  de  ra- 
^ccho"  porter  les  choies  qui  ont  été  miles  pour  valider  la  difpofîtiou  des  Contractais, 
ou  plutôt  qui  ont  été  ôtées  pour  la  renverfer.  Au  contraire,  il  faut  confide- 
rer  ièlon  ce  qu'avouent  les  Ecrivains  même  les  plus  fages  parmi  les  François, 
le  Statut,  quia  été  fait  dans  chaque  Roïaume  touchant  fa  Succeflion,  par 
ceux  qui  avoient  le  pouvoir  de  le  faire,  Se  ce  qui  a  été  tranfigé  pour  l'utili- 
té mutuelle  des  Peuples,  Se  le  repos  commun  entre  des  Rois  ou  Princes, 
qui  ne  font  fujets  qu'à  Dieu,  6c  par  le  confentement  du  Peuple,  de  la  Suc- 
cefîîon duquel  il  s'agiffoit.  Comme  il  fuffit  pour  cela  un  âge  capable  d'ac- 
tions humaines,  Se  telle  quirft  convenable  à  la  Dignité  Roïale  tant  en  Efpa- 
gne  qu'en  France,  fans  compter  celle  qui  eit  eftimée  en  plus  d'un  lieu  de  la 
Monarchie  d'Efpagne,  capable  d'admin  fixer  les  Affaires  d'une  famille  ,Se  que 
les  Anciens  ont  appelle  un  âge  prochain  à  une  jeuneffe  très-robuite,  on  peut 
recueillir  très-clairement  des  formules  des  Renonciations  l'âge  que  l'Infante 
Marie-Therese  avoit  lors  de  fon  Mariage.  Il  a  été  permis  à  la  France,  Se 
d'autres  Roïaumes ,  même  à  de  moindres  Etats,  Se  à  des  familles,  toutes 
fois  qu'ils  le  trouvoient  convenable  à  leurs  intérêt:,  de  changer  la  manière, 
receuë  d'ancienneté, un:  de  l'Election  que  de  la  Succefîîon ,  Se  par  des  Loix, 
même  par  des  Traitez,  là  où  ils  avoient  lieu  Se  où  on  n'ôtoit  le  droit  com- 
petant  aux  autres  contre  leurs  volontez,  Se  par  des  Telbimens  d'unir  com- 
me en  une  maffe ,  ou  en  un  affemblage ,  Se  d'incorporer  tous  les  biens  ou  les 
Provinces  qu'on  poffedoit ,  quoi  qu'elles  fuîfent  auparavant  de  différent  ref- 
fort,  Se  qu' Elles  fufîènt  aquifes  par  différentes  Succefîîons,Se  par  d'autres  ti- 
tres, Se  tant  d'exclurre  d'icelles  toutes  fans  diftinction  les  deuxièmes  nez  Se 
Cadets,  par  une  afîîgnation  d'alimens,  ou  par  les  apanages,  qui  en  tiennent 
lieu,  que  d'en  forclorre  à  jamais  les  femmes  Se  leur  poiterité  en  donnant  une 
dot  modique, ou  de  defigner  la  Succefîîon  fous  d'autres  conditions.  La  Fran- 
ce s'eft  fervi  de  ce  droit  contre  l'Efpagne, Se  contre  d'autres  Roïaumes  Se  Etats 
aufîî  bien  contre  leurs  Princes,  mêmes  par  des  Renonciations  expreflês  faites 
de  tems  en  tems  par  fes Filles,  Se  particulièrement  dans  le  Contractde  Maria- 
ge d'Ei.iZABETH  de  Bourbon,  Première  Femme  de  Philippe  IV.  Roi 
d'Efpagne, laquelle  a  été  exclue  à  perpétuité, avec  tous  les  Enfans  Se  Defcen- 
c'ans  de  ce  Mariage  là,  de  la  Succefîîon  de  tous  les  Roïaumes,  Se  Seigneuries 
Patc.nclles,  Se  de  celles-mêmes,  aux  quelles  après  l'extinction  des  Mâles  les 

Fem- 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.  5^7 

Femmes  ont  droit  de  fucceder,  auffi-bien  que  de  tout  l'héritage  de  la  Reine  1701-. 
de  France  fa  Mère.  Or  pourquoi  n'eft-il  ou  n'a-t-il  pas  été  permis  à  l'Efpagne  *"~ — 
de  faire  la  même  choie  contre  la  France?  puis  qu'Elle  y  étoit  non  feulement 
portée,  mais  contrainte,  non  pas  par  une  feule,  mais  par  plufieurs  particuliè- 
res raifons,  publiques  6c  privées,  comme  pour  ne  pas  feparér  ou  divifer  , 
mais  pour  tranfmettre  par  une  Succeflïon  unie  6c  indivife,  à  la  pofterité  futu- 
re, tant  de  Roïaumes  &  Etats  qu'Elle  poflede  ,  6c  ainû*  par  confequent 
d'exclurre  de  tous  &  chacun  d'iceux  les  Filles  de  fes  Rois  qui  fe  marieroient 
en  France,  6c  toute  leur  Pofterité  mafeuline  &  féminine.  Bien  loin  que  le 
droit  de  nature  preferive  quelque  chofe,  qui  doive  être  perpétuellement  ob- 
fcvé  touchant  les  héritages  des  Pérès ,  Mères ,  6c  Frères  ou  autres  parents  , 
ou  que  les  Conventions  6c  Loix  qui  en  établiflent  les  manières,  foient  con- 
traires au  droits  de  nature,  tout  le  monde  convient  que  par  ce  droit-là,  les 
Pères  6c  Mères  ne  font  tenus  à  rien  autre  envers  leurs  enfans,  qu'à  l'éduca- 
tion &c  aux  alimensj  6c  le  droit  Divin,  publié  aux  Ifraëlites,  a  non  feulement 
exclu  les  Filles  du  Roïaume  6c  du  Patrimoine  public  j  mais  il  a  même  donné 
dans  les  Succefïïons  privées  ou  des  particuliers  le  principal  droit  aux  mâles. 
Les  Anciens  Romains  ont  été  beaucoup  plus  rigides,  qui  outre  les  très  an- 
ciens droits  des  acquifitions  qu'ils  avoient  retenus ,  6c  les  autres  droits  de  la 
puiflance  paternelle,  auffi-bien  que  les  pleins  droits  des  émancipations  d'une 
famille,  6c  l'éloignement  perpétuel  des  femmes  de  toutes  les  charges,  par  la 
Loi  faite  par  le  Sénat  Romain  à  la  perfuafion  de  Caton ,  ont  éloigné  lefdites 
femmes  des  héritages ,  en  forte,  que  nul  dénombrement  des  Cenfeurs  ne  pouvoit 
faire  héritière  aucune  Vierge  ou  Femme,  mais  pas  même  le  Père  ne  pouvoit 
faire  héritière  fa  fille  unique,  même  dans  le  tems  que  le  pouvoir  de  faire  des 
Legs  ou  de  tefter  de  fes  biens  ,  étoit  en  fa  force  entière  dans  le  Père  de  fa- 
mille. Il  eft  vrai  que  cette  feverité  fut  de  tems  en  tems  tant  (bit  peu  adou- 
cie :  cependant ,  à  l'égard  des  héritages  les  femmes  6c  leurs^defcendans  ont 
toujours  été  de  pire  condition  que  les  mâles  6c  leurs  enfans  ,  jufques  à  ce 
qu'enfin  la  voie  étant  ouverte  aux  femmes,  non  pas  de  prendre  le  foin  de 
l'Empire  ou  d'afpirer  aux  charges  de  la  Republique,  mais  d'avoir  part  aux 
héritages  privez,  on  ôta  la  différence  du  fexe  6c  des  enfans  qui  étoient  fous 
puiflance  6c  tutele.  Cependant  un  Soldat  pouvoit  faire  un  Teftament  inoffi- 
cieux ou  defavantageux  à  fes  enfans,  foit  par  un  droit  militaire  ou  civil,  ainfi 
qu'il  lui  paifoit ,  6c  alors  lès  fils  ne  pouvoient  fe  plaindre  de  ce  que  le  Père 
ne  leur  avoit  rien  laifle  du  tout  ;  par  où  on  pouvoit  à  plus  forte  raifon  exclur- 
re  ou  impunément  des- hériter  les  filles.  C'eft  une  chofe  aflez  connue,  fans 
qu'il  foit  neceffàire  d'en  faire  un  détail ,  combien ,  après  l'introduction  des 
Fiefs,  la  diverfité  d'y  fucceder  a  été  différente  parmi  divers  Peuples}  &  com- 
bien le  droit  des  femmes  a  été  limité,  particulièrement  dans  les  Fiefs  qui 
viennent  de  l'Empire,  ce  qui  prouve  évidemment  qu'on  n'a  arrêté  là  deflus 
aucune  chofe  par  le  droit  de  nature.  Si  ce  n'étoit  la  vérité  de  ce  dogme,  les 
Loix  6c  Coutumes  qui  tant  en  plufieurs  autres  pais,  que  dans  la  Sicile  auflï- 
bien  qu'en  Italie,  Se  nommément  dans  le  Duché  de  Milan,  privent  les  Voïa- 
geurs  ou  les  Enfans  nez  ailleurs  ou  les  Etrangers  des  Succédions  privées ,  ne 
feraient  point  exemptes  de  crime:  du  moins  l'avidité  des  François  connue 
Tom.  L  Dddd  par 


f98      MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

1701.  par  tout  le  monde  feroit  tant  moins  excufable  dans  ces  héritages  que  le  Fi(c 
—  ■  ■  s'attribue'  par  le  droit  d'Aubaine  ,  excepté  dans  les  lieux  où  l'utilité  plus 
grande  &  plus  fréquente,  l'ufige  du  commerce  journallier,ou  de  quelque  au- 
pre  commodité,  a  extorqué  quelque  modération.  Pendant  quelque  tems  les 
conventions  faites  fur  les  héritages  des  perfonnes  vivantes  ont  été  tenues  par 
quelques  koix  Romaines  être  contre  les  bonnes  mœurs,  parce  qu'elles  exci- 
toient  le  defir  de  leur  mort:  mais  ce  n'étoit  que  celles  qui  fe  faifoient  fans  le 
fû  ou  contre  le  gré  de  la  perlbnne  de  qui  l'héritage  dépendoit,  6ç  qui  lui 
ôtoient  le  pouvoir  de  tefter,  6c  non  pas  celles  qui  fe  faifoient  de  fon  gré,  6c 
lors  qu'elle  perfeveroit  dans  la  même  difpofition  jufques  à  la  fin  de  fes  jours  ; 
non  plus  que  celles  qui  fe  faifoient  entre  les  Soldats  par  une  promte  faveur  des 
Princes  Romains, ou  par  lesquels  l'héritage  feroit  abdiqué.  On  a  même  beau- 
coup plus  accordé  à  la  fuite  des  tems,  ôc  non  feulement  les  fiefs  ont  été  tranf- 
portez,  ou  cédez  entre  vifs,  à  d'autres  compris  dans  la  première  invefliture  , 
6c  que  ceux-ci  ont  toujours  pu  recevoir;  mais  les  autres  biens  6c  leur  efperan- 
ce  font  aujourd'hui  accoutumez  d'être  remis,  tranfportez,  6c  aquis  par  des 
Traitez  6c  des  Contracts  tant  de  Mariage  qu'autrement  ,  particulièrement 
entre  les  perfonnes  illuitres.  Il  y  a  des  volumes  étendus  des  Jurifconfultes 
François  du  premier  calibre,  par  lefquels  il  paroit  qu'en  France  auffi -bien 
qu'ailleurs ,  même  entre  les  Nobles  ordinaires ,  les  droits  d'ainefle  des  mâ- 
les fonr  en  force,  auffi-bien  que  les  Renonciations  des  filles,  6c  que  c'eft 
là-deiïùs,  plus  que  fur  toute  autre  précaution,  batîr  le  maintien  des  famil- 
les nobles  dans  leur  entier.  On  voit  auffi  par  les  fentimens  des  mêmes  Jurif- 
confultes que  les  Arrêts  Souverains  de  France  ont  prononcé  plus  d'une  fois , 
que  les  Renonciations  de  cette  nature,  même  entre  les  particuliers,  ne  peu- 
vent point  être  révoquées,  ni  à  caufe  de  la  minorité  de  l'âge,  ni  à  caufe 
d'une  lefion  énorme,  particulièrement  fi  elles  tendent  à  la  confervation 
des  familles  Illuftres  ou  des  familles  nobles  privées.  Il  confie  amplement  par 
les  Canons 6c  Loix  Romaines,  que  tous  les  fermens  des  Femmes  qui  font  en  mi- 
norité,  ne  doivent  pas  moins  être  accomplis  que  ceux  des  autres, lors  qu'on  les 
peut  garder  fans  danger  de  damnation  éternelle ,  6c  on  appelle  perfidie  6c  par- 
jure lorfqu'un  mineur  prétextant  l'âge  de  rétracter  le  ferment  qu'il  avoit  fait 
pour  fes  affaires,  ou  qu'il  demande  feulement  d'en  être  délié,  6c  que  pour  cela 
il  ne  doit  pas  être  entendu.  Mais  quand  même  on  admettroit  en  certains  cas, 
foit  à  l'égard  des  Princes  ou  des  particuliers  la  nullité  d'une  Renonciation,  à 
caufe  de  la  petitefTe  de  la  dot,  cependant  dans  le  cas  que  nous  avons  entre  les 
mains,  on  ne  doit  pas  avoir  égard  à  la  fomme  de  la  dot  ,  quoi  qu'Elle  ait 
été  la  plus  grande  de  toutes  celles  d'Efpagne,  6c  à  ce  qui  d'ailleurs  a  été  alors 
donné,  ou  fourni  auparavant,  à  l'Infante  Marie-Therese,  mais  â  caufe  de 
l'Union  de  la  Paix  des  Pircnées  6c  du  Mariage,  eftimée  necefiai.e  6c  infepara- 
ble  par  les  contractans ,  il  faut  en  même  tems  coniïdercr  les  biens  immenfes 
6c  inertimables  qui  ont  été  tranfportez  6c  cédez  à  la  France  par  l'Efpagne  par 
cette  Paix  en  vue  de  ce  Mariage,  ce  qui  même  a  fervi  d'un  moïen  très- pro- 
pre pour  avancer  6c  conclurre  la  paix.  La  faute  de  ce  que  ,  comme  la  dot 
n'a  pas  été  demandée  par  les  François ,  n'a  pas  auffi  été  paiée  par  l'Efpa- 
gne au  jour  defigné,  ou  en  autre  tems,  vient  de  la  France,  parce  que  l'Acte 

de 


ET    RESOLUTIONS    D'ETAT.         fî>9 

de  Ratification  qui  dcvoit  être  fiait  par  le  Roi  8c  là  Reine  de  France  incon-   1701, 

tinent  après  la  célébration  de  leurs  noces  ,  n'a  pas  été  fait  avant  le  jour  de  

la  reprefentation  de   la  dot ,   ainfi  que  les  Traitez  portoient ,    ni  celui  de 
la  Renonciation  qu'on  dévoie  réitérer ,   &  faire  enregiftrer  dans  les  Monu- 
rnens  &  Acles  publics  du  Parlement  de  Paris ,  n'a  pas  été  délivré  au  Roi 
Philippe  jufques  à  fa  mort}  ni,  félon  l'aveu  des  François  cette  Ratification 
promife,  ou  la  réitération ,  ni  la  publication  n'ont  point  été   accomplies,  8c 
l'Invafion  de  la  Flandre  a  été  préférée  à  la  dot  qui  avoit   été  offerte  de 
fon  propre  mouvement  par  Philippe   Quatrième  dans  fon  •  Telle- 
ment; 8c  cette  faute  de  la  France,  ou  plutôt  félon  qu'on  aperçoit  clairement 
par  les  Ecrits  des  François ,  cette  Fourberie  préméditée  de  longue  main,  la 
violation  de  fon  propre  ferment  méchamment  concertée,  8c  l'Invafion  violen- 
te fur  le  bien  d'autrui,ne  doit  en  aucune  manière  lui  donner  de  l'avantage , ou 
nuire  à  l'Efpagne.     Et  quand  même  on  pourroit  par  un  Droit  très-ievere, 
aflavoir  très-defavantageux ,  imputer  quelque  chofe  à  l'Efpagne,  ce  que  pour- 
tant, après  avoir  bien  confideré  toutes  les  circonftances,  ceux  qui  cherchent 
avec  foin  les  pointilleries  des  fillabes,  8c  qui  tendent  des  pièges  aux  actions  de 
tout  le  monde,  font  voir  qu'il  n'aiment  pas  de  fuivre  les  intentions  ni  l'équi- 
té, ne  fauroient  faire  fans  fe  couvrir  de  honte,  elle  pourroit  être  juftifiée  par 
la  pratique  journalliere,  puifque  dans  les  autres  promclTes  faites  pour  un  jour 
limité,  fur  tout  pour  le  paiement  de  la  dot,  on  peut  ,  8c  il  arrive  d'ordinai- 
re ,  de  fe  fervir  de  quelque  délai ,   lequel  ne  fauroit  faire  autre  chofe  qu'im- 
pofer  quelque  forte  de  peine  avec  le  paiement  dû  ,  ou  obliger  le  débiteur 
de  reparer  le  dommage  ,    qu'on  aurait  reçu  par  le  délai ,    8c  non  pas  d'a- 
bolir tout-à-fait  la  convention  même  Se  toute  l'obligation    mutuelle.     On 
ne   peut    fous  -  entendre    ou    fuppléer   dans   aucune   convention    une    Loi 
de  dévolution  :  mais  pour   être  valable  ,   il  faut  l'exprimer   en  termes  ex- 
près, 8c  alors  même  elle  eft  odieufe,  ou  félon  les  propres  termes  de  la  Loi, 
elle   doit  déplaire   8c  être  reprimée.    Nous  ne  trouvons  dans  toute  la  fui- 
te des  Affaires  que  nous  avons  raporté  ci-deffus  aucune  claufe  pareille,  ou 
qui  y  tende  ,    mais   plutôt   un  pouvoir    refervé  feulement  de   demander  la 
dot  promife  ,  jufques  à   ce  qu'Elle  foit  païée  ,    8c  qu'avant  ledit  paiement 
celle  qui  a  renoncé  ne  peut  point  être  obligée  de  fe  tenir  en  repos  8c  d'ê- 
tre contente.     On  voit  clairement  par  les   Articles  f.  8c  6.   du  Contracl 
de  Mariage,  que  la  promefîe  de  la  dot  8c  la  demande  ou  paiement  étant  é- 
noncée  dans  l'Article  deuxième,  ce  n'a  pas  été  en  vertu  d'icelle  ,  mais  par 
d'autres  raifons  très-juftes  8c  de  très-grande  importance  ,  dont  une- partie  é- 
toit  la  tranquillité  univerfelle  de  la  Chrétienté,  qu'a  été  faite  l'Exclution  du 
Sang  de  France  de  tous  les  Roiaumes  8c  Etats  de  la  Monarchie  d'FJ  pagne  , 
non  feulement  par  une  Renonciation  arbitraire  de  la  Fille,  8c  d'ailleurs  éter- 
nelle, immuable,  prefente,  8c  abfoluë,  8c  qui  ne  pouvoir  être  fuipenduc  par 
la  promeffe  ou  le  paiement  de  la  dot,  mais  même  confirmée  feparement  par 
une  Loi  qui  étoit  déjà  en  Ufàge.     L'Infante  Màrie-Therese,  ainfi  qu'on 
l'a  apris  ci-deffus,  a  fouferit  avant  la  confommation  du  Mariage  deux  Âéles 
tant  de  Renonciation  que  d'Exclufion  ou  Celîîon.     Par  l'un  Elle  abandonna 

Dddd  a  tou- 


6oo      MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

toutes  les  Succeflîons,  6c  par  l'autre  elle  abdiqua  les  Roïaumes  6c  Principau- 
tcz,  fans  faire  la  moindre  mention  de  la  dot  ,  ou  plutôt  Elle  fe  fournit  à  la 
Loi  établie  là-deflus  qui  l'autorifoit.  C'elt  pour  cette  raifon  qu'en  nremier 
lieu  l'Article  3?.  de  la  Paix  des  Pirenées,  conçu  de  la  manière  que  nous  avons 
dit  ci-deflus,  &  la  Renonciation,  6c  la  Ceflîon  6c  Tranfport  répété  en  icelle, 
6c  tout  ce  qui  a  été  tranfigé  de  la  forte  ont  été  reçus  ,  conjointement  6c  lè- 
parément  en  diverfes  occafions  dans  le  nombre  des  Loix  perpétuelles.  Pour 
faire  ces  chofes,  quoique  dans  le  Tranfport  mutuel  des  Droits  des  Sujets, afin 
de  finir  la  Guerre  Se  de  faire  la  Paix,  on  ait  de  coutume  de  prendre  rarement 
garde  à  leur  confentement  ou  à  leur  opofition  ,  l'Infante  Marie -Thérèse 
n'a  point  été  pouflëe  par  un  Père  ,  non  feulement  tres-complailant  6c  plein 
d'Amitié,  mais  même  très-doux  avec  tout  le  monde,  ni  jamais  il  n'a  paru 
en  aucune  occafion  le  moindre  indice  d'une  pareille  choie  ;  mais  félon  tout 
ce  qui  s'eft  pafle ,  6c  d'ailleurs  par  fa  Déclaration  même  on  voit  que  le  tout 
a  été  fait  de  fa  très-libre  volonté,  Se  pareillement  le  même  Roi  Très -Chré- 
tien a  confefle  fans  doute  volontiers  que  toute  crainte  6c  force  étoit  bannie  , 
lors  qu'il  a  contracté,  6c  ratifié  tous  ces  Actes:  Hormis  peut-être  que  pour 
rompre  6c  éluder  toutes  les  Conventions,  Tranfactions ,  6c  Pacifications,  il  ne 
veuille  appeller  crainte,  violence,  6c  force,  défendues  parles  Loix,  ce  que 
nous  avons  indiqué  ci-deflus,  aflavoir  que  fans  cette  Renonciation,  Abdica- 
tion, 6c  Ceflîon,  non  feulement  le  Mariage  n'auroit  pas  eu  fon  effet,  mais  la 
France  n'auroit  pas  auffi  acquis  par  la  Paix  tant  d'avantages  ;  6c  qu'il  n'ait  eu 
en  vûë  de  recevoir  6c  retenir  les  avantages  6c  cependant  de  décliner  ou  rejet- 
ter  ce  qu'il  y  avoit  d'incommode  dans  les  obligations  mutuelles  6c  réciproques. 
On  ne  fauroit  entendre  ou  comprendre-  plus  ailément  que  par  lu  lecture  des 
Ecrivains  François  combien  font  légers,  vains,  6c  frivoles  tous  les  fubterfuges, 
les  objections,  interprétations,  détours,  6c  pour  parler  plus  jufte,  les  trompe- 
ries, avec  lefquelles,  félon  le  génie  6c  la  pratique  de  la  Nation,  ils  s'efforcent, 
quoi  qu'en  vain  d'attaquer  ferieinement , de  réfuter,  invalider ,  6c  renverfer  tous 
les  Traitez,  Conventions,  Alliances,  Promeflès ,  Difpofitions ,  Teftamens, 
Claufes ,  Loix,  Canons ,  Sermens,  6c  Imprécations  >  6c  comment  chicanant  fur  un 
petit  mot  ils  tâchent  de  le  tordre, de  l'éluder, 6c  fouvent  même  de  lui  donner 
un  fens contraire, ou  de  s'en  mbquer  ouvertement 6c  de  le  caiomnierjjufques  là 
qu'ilsfè  glorifient  de  leur  tromperie, 6c de  ce  qu'ils  ont  faufle  leur  foi,6cenfui- 
te  ils  n'ont  point  de  honte  de  s'enfervir  pour  défendre  leur  caufe.  Aprefent  pour 
une  plus  grande  explication  nous  ajoutons  en  peu  de  mots ,  comme  cette  Af- 
faire regardoit  non  feulement  le  Roi  Philippe,  mais  tous  les  parens  de  Droit 
inconteltable ,  6c  tous  les  Roiaumes  6c  Provinces  qui  lui  étoient  fujettes ,  Se 
que  félon  la  coutume,  qui  a  été  toujours  obfèrvée  dans  la  Sereniflime  Maifon 
d'Autriche  de  l'une  6c  l'autre  Branche,  Sa  Sacrée  Majefté  Impériale  ou  fes  pa- 
rens, n'ont  point  confenti  aux  "Mariages  de  France  qu'on  devoit  faire  avec  les 
deux  Rois  Louis  ,  autrement  qu'en  confervant  toujours  cette  Loi  dans  fon 
entier  ,  6c  qu'on  n'y  contrevint  jamais,  le  Droit  de  la  famille  d'Autriche  de 
la  Branche  d'Allemagne,  6c  particulièrement  de  Sa  Sacrée  Majellé  Impéria- 
le 6c  fes  Enfans  6c  des  autres  familles  parentes,  leur  étant  une  fois  acquis  6c 

suant 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.         601 

aïant  été  en  fuite  fou  vent  renouvelle  ,  n'a  pu  6c  ne  peut  leur  être  arraché  par  1701. 
aucune  démarche  faite  enfuire  ,  foit  par  Philippe  ou  fes  Miniftres,  ou  par  ■ 
quelques  autres,  &  encor  moins  par  leur  omiffion  ou  faute,  ou  par  quelque 
délai  que  ce  foit,  n'a  pu  6c  ne  peut  être  changé  au  préjudice  des  Roïaumes 
d'Eipagne  &  des  Etats  annexés  ;  mais  non  obltant  toutes  omiflnns  ou  faits 
des  autres,  auxquels  tous  6c  chacun  des  Parens,  appeliez  à  la  Succelîîon,  auffi 
bien  que  les  Roïaumes  d'Eipagne  6c  leurs  Etats  n'ont  point  do:iné  de  confen- 
tement,  tous  leurs  Droits  qui  leur  apartiennent,  6c  tous  leurs  avantages,  font 
toujours  rettez ,  6c  refteront  à  jamais  en  leur  entier. 

Il  refte  en  dernier  lieu  de  rapporter  6c  examiner  les  paroles  qui  regardent 
cette  Affaire  ,  6c  qui  font  tirées  du  Teftament  qui  a  été  publié  fous  ie  nom  E.n  <jer- 
du  Roi  Charles,  6c  cela  aved  une  très-grande  modération  6c  autant  que  la  orm^l" 
chofe  peut  fouffrir  d'être  quelque  fois  appellée  par  fes  noms ,  quoi  que  ceux  porte  le 
qui  félon  le  bruit  public  les  ont  machinées  en  foient  eftimez  indignes.     Elles  Tefla- 
font  de  la  teneur  fuivante.  ment 

publie 

Aïant  remarqué)  conformément  au  refuJtat  de  toutes  les  Confultations  tenues  par  Nom  de 
Nos  Miniftres  d'Etat  &?  de  Juftice ,  que  les  raifons,  pour  le/quelles  les  Infan-  Char- 
tes  Dame  Anne  &  Dame  Marie- Thérèse,  Reines  de  France ,  mes  Tan-  tu  **• 
te,  (3  Sœur ,  ont  renoncé  à  la  Sfucceffion  de  ces  Roïaumes ,  n'étaient  fondées  que  fur 
le  danger  £j?  le  préjudice  fi  ce  Roiaume  venoit  à  être  uni  avec  celui  de  France  ;  6?- 
aiant  confideré  que  la  Raifon  fondamentale  ne  fubftftoit  plus,  le  Droit  de  la  Suc- 
ceffion  et  oit  dévolu  au  plus  proche  Parent  félon  les  Lois  de  ces  Roiaume  s,  &  que 
ce  cas  eft  maintenant  vérifié  en  la  perfionne  du  fécond  Fils  du  Dauphin  de  France. 
Cefi  pourquoi  me  réglant  fur  le  faites    Loix  ,  je  déclare  pour  mon  Succejfeur ,  fi 
Dieu  me  retire  fans  avoir  laijfé  d'Enfans,  le  Duc  d'Anjou,  fécond  Fils  du  Dau- 
phin ,  &?  en  confequence  de  ce  je  rétablis  6?  le  nomme  pour  fucceder  dans  tous  mes 
Roiaumes  &  Etats ,  fans  en  excepter  aucun.     Je  commande  &  ordonne  à  tous  mes' 
Sujets  &  P'affaux  de  tous  mes  Roiaumes  13  Etats  que  le  cas  arrivant  que  je  meure 
fans  hiffer  d'Enfans  ,  qu'ils  le  reconnoifiént  fjf  le  reçoivent  pour  leur  Roi  &  Sei- 
gneur naturel ,   &f  que  fans  délai  ils  le  mettent  actuellement  en  poffeffion  d'iceux  , 
pourvu  qu'il  faffe  £«?  prête  les  fer  mens  accoutumez,  d'obferver  les  Loix ,  Ordonnan- 
ces ,  y  Coutumes  de  mu  [dits  Roiaumes  £s?  Etats.  Et  mon  intention  étant  que  pour 
le  bien  de  mes  Sujets ,  £s?  pour  maintenir  la  Paix  de  la  Chrétienté  £s?  de  toute  V Eu- 
rope ,  cette  Monarchie  foit  toujours  feparée  de  la  Couronne  de  France  ,  je  déclare 
que  fi  ledit  Duc  d '  Anjon  venait  à  mourir  ,   ou  à  être  apellé  à  la  Succefjion  de 
France ,  préférant  la  jouïffance  de  cette  Couronne  à  celle  d'Efpagnc ,  alors  la  Suc- 
ceffion  de  la  Monarchie  fera  fous  le  mêmes  Conditions  dévolue  au  Duc  de  Berry, 
îroifiéme  Fils  du  Dauphin.     Et  en  cas  que  le  Due  de  Berry  vint  à  mourir  ou  à 
hériter  la  Couronne  de  France,  je  déclare  &  je  nomme  à  la  Succefjion  V Archiduc 
fécond  Fils  de  P  Empereur  mon  Oncle,  excluant  par  les  mêmes  Rai/ons  ,  6f  par  les 
mêmes  inconveniens ,  contraires  à  l'intérêt  de  mes  Sujets,  le  Fils  aine  dudit  Empe- 
reur mon  Oncle;  Et  en  cas  que  V Archiduc  vint  aufji  à  mourir ,  je  déclare  (3  nom- 
me à  ladite  Succefjion  le  Duc  de  Savoie  (3  fes  Enfans.     Et  c,efi  ma  volonté  que 
ceci  foit  exeaité  par  tous  mes  Sujets  de  la  manière  que  je  l'ordonne;  car  il  eft  expe- 

Dddd  3  tient 


mine  6c 
refuté. 


Soi      MEMOIRES,  NEGOCIATIONS,  TRAITEZ, 

1701.  aient  pour  leur  bien  qu'ils  ne  fouffrent  pas  que  h  Monarchie  foit  partagée  ou  dimi~ 
"  nuée\  mais  qiïElle  demeure  dans  le  même  état  que  mes  Ancêtres  font  glorieufement 

fondée.  Et  comme  j 'ai  beaucoup  à  cœur  (3  que  je  foubaite  uniquement  le  maintien 
de  la  Paix  (3  de  f  Union  fi  profitable  à  la  Chrétienté  entre  f  Empereur  mon  Oncle 
{3  le  Roi  Très-  Chrétien ,  je  les  prie  (3  exhorte  que  cette  Union  foit  plus  fermement 
cimentée  par  le  lien  d'un  Mariage  entre  le  Duc  d'Anjou  &  f  Archiduchejfe  afin  que 
P  Europe  jouïjfe  du  repos  qui  lui  efifi  necefiairs  (3  c.  (3c  le  z.  d'Otlobre  1700. 

Lequel         Pcrfonne  ne  lira  ou  entendra  ces  chofes,  qui  ne  plaigne  en  même  tems  le 
eft  exa-    fort  J'un  Prince  d'ailleurs  très  pieux,  8c,  pendant  qu'il  étoit  en  famé,  très- 
tendre  pour  la  Mailbn  ,  en  ce  que  peu  de  perfonnes ,  attachez,  feulement  à 
s'enrichir,  ou  iacrifiant  le  tout  à  la  haine  Se  l'envie  ,   ou  d'ailleurs  méchants 
en  eux  mêmes,  aient  pu  tellement  abufer  de  fa  maladie,  8c  de  la  foiblefle  de 
fon  efprit,  que  de  commettre  une  méchante  action  fous  fon  nom  ,  &  de  le 
faire  devant  tout  le  monde  coupable  non  feulement  d'ingratitude  ,  mais  d'in- 
juftice  la  plus  criante  de  toutes  à  l'égard  de  fa  propre  Famille  qui  a  toujours 
obligé  (a  Perfonne  &  fon  Etat ,    laquelle  tâche  ne    fiuroit  être  effacée  par 
aucune  longueur  de   tems.     Car  comment  peut-il  paraître  vraifembable 
que  ce  Prince ,   s'il  avoit  été  dans  fon  bon  lens  Se  qu'il  eut  pefé  le  con- 
tenu de  la  Claufe  ci-deflus  rapportée ,    ou  qu'il    l'eut   même  légèrement 
fçûc,  eut  pu  être  induit  à  faire  une  chofe  fi  indigne  contre  les  innombra- 
bles promefles  8c  aflùrances  qu'il  avoit  faintement  faites  8c  même  plus  d'une 
fois,  en  plufieurs  rencontres  ,  &  peu  avant  le  Teftament  qu'on  lui  attribué", 
8c  ce  de  bouche  8i  par  des  Lettres  écrites  j  &  qu'il  eut  voulu  en  même  tems 
par  peu  de  mots   pleins  de  faufTeté  renverfer  tant  de  Traitez  8c  Sanctions 
dreffées  avec  tant  de  foin  par  les  commus  Ancêtres ,    6c  rachetées  par  beau- 
coup de  Sang  de  la  Maifon  en  général ,  6c  par  la  perte  de  plus  d'une  Pro- 
vince entre  celles  qui  lui  appartiennent  d'ancien    Droit.     Aïant  remarqué, 
dit-il,  conformément  au  refultat  de  toutes  les  confultations  tenues  par  les  Mini- 
flres  d'Etat  13  de  Juflice  (  favoir  de  ceux  qui  étoient  ou  des  Prévaricateurs 
connus,  ondes  Transfuges,  ou  des  gens  qui  dégénèrent  de  leur  noble  Fa- 
mille, ou  autres  dont  les  Ancêties,  ou  peut-être  eux-mêmes,  font  nommez 
dans  les  Contraéts  de  Mariage   &  dans  les  Teftamens  des   precedens  Rois 
d'Eipagne,  &  ont  été  prefens  à  PAiTemblée'des  Etats  du  Roïaume ,  ouïe 
font  emploiez.  à  réfuter  Se  rejet  ter  les  prétendons  précédentes  des  François) 
que  la  raifon  pour  laquelle  les  Infantes  Dame  Anne  (3  Dame  Marie-The- 
rese  (3c  ont  renoncé  à  la  SucceJJion  (valide  même  félon  lui  8c  qui  ne  doit 
en  aucune  manière  être  attaquée,  nirenverfée)  la  raçon  en  que  fe  funda  la 
Renuncia  n' étoit  fondée  que  fur  le  péril  de  l'Union  de  la  Monarchie  d'Efpagne  avec 
la  France.     Cependant  ion  Grand-Pere  &  fon  Père,  par  l'approbation  &  l'ap- 
plaudiffcment  de  tout  le  Roiaume  ,   8c  même  de  tout  l'Univers,   de  l'aveu 
mêmes  des  Ecrivains  François,  dans  les  Contraéts  de  Mariage  6c  ailleurs,  di- 
fent  ouvertement  que  cen'étoit  pas  par  la  feule  caulé  déloigner  l'Union  6c  d'é- 
viter les  occafions  qui  y  tendoient,  mais  auffi  pour  retenir  l'égalité  de  laSuc- 
ee{fion  entre  l'un  8c  l'autre  Roïaume,  6c  qu'outre  les  autres  raifons  fus-alle- 

guées , 


ET    RESOLUTIONS    D'ETAT.         60? 

guées,  il  y  en  avoit  eu  encore  d'autres,  qui  les  avoient  portez  à  établir  cet-   1701. 
te  Exclufion.  Certainement  fi  la  raifon  d'éviter  l'Union  eut  été  la  feule,  cl-  ■ 

le  n'auroit  jamais  perfuadé  l'Exclufion  des  Femmes  de  France  &  de  leurs  Def- 
cendans  de  la*§ucceffion  d'Efpagne,  puifqu'Elles  ne  font  pas  moins  exclûtes 
des  Roïaumes  d'Efpagne,  que  les  Mâles  de  France.  Le  Roi  Charles 
continue  ainfi  :  qu'a  tant  confideré  que  la  raifon  fondamentale  ne  fubftftoit  plus ,  le 
Droit  de  la  Succefjion  était  dévolu  au  plus  proche  Parent  ,  félon  les  Lois  cPEf- 
pagne ,  &  que  ce  cas  eft  vérifié  en  la  perfonne  du  fécond  &  troifiéme  Fils  du 
Dauphin  ,  aflavoir  parce  que  d'autres  avant  eux  ,  font  appeliez  à  la  Succef- 
fion  de  Fiance,  &  cédant  ou  manquant  la  raifon  de  la  Loi, la  même  Loi  doit 
auffi  celfer.  Mais  qui  eft-ce  qui  a  jamais  fait  place  à  cette  commune  règle  du 
Droit  là  où  plufieurs  raifons  concourrent  en  établiilant  une  Loi ,  lefquelles, 
à  juger  par  cette  Loi-là  du  prefent  cas,  font  connues,  ne  pas  cefier  toutes  ? 
Ou  qui  eil-ce  qui  affirmera  auffi  à  fon  péril  que  cette  crainte  d'Union  eft  ' 
éloignée  du  fécond  &  troifiéme  Fils  du  Dauphin?  Que  répondra- 1- on  enfin 
au  Père  Se  Grand-Pere,  qui  étoient  fans  contredit  de  très-bons  interprètes  de 
leur  volonté,  de  leurs  conventions ,  &  des  Loix  qu'ils  fiiifoient  ,  ou  plutôt 
que  répondra-t-on  fans  calomnie  &  impiété  à  l'une  &  à  l'autre  parties  des 
Contractans  qui  ont  clairement  exprimé  dans  les  Contraéfo  de  Mariage  6c  ail- 
leurs, que  tout  les  Enfans  &  Defcendans  mâles  ou  femelles  de  Infantes  mariées  en 
France  dévoient  être  exclus ,  £s?  tenus  pour  exclus ,  quoique  ceux-ci  ou  quelqu'un 
d'eux  voulurent  ou  puffent  prétende  e  que  dans  leurs  perfonnes  ne  courent ,  m  fe 
peuvent  £s?  doivent  confiderer  les  raifons  exprefjes  ou  autres ,  efque'lcs  ladite  Ex- 
clufion fe  pourr  oit  fonder.  Au  relie,  nous  ne  nions  point  qu'on  ne  doive  fuivre 
les  Loix  d'Efpagne  pour  la  Succeffion  du  Roïaume,  comme  fi  nous  voulions 
nous  faire  fort  fur  leur  prefeription,  mais  en  même  tems  nous  foûtenons  que 
par  de  nouvelles  on  déroge  aux  antérieures,  &  que  ces  nouvelles  Loix  font 
tant  contenues  dans  les  Contraéfo  de  Mariage  fuivant  les  paroles  exprefles  qui 
y  font  de  Loi  fiable  &  ferme  h  jamais,  que  trouvées  dans  le  nouveau  Code 
des  Loix  d'Efpagne,  publiées  dans  les  Aflemblées  plus  récentes  des  Etats  du 
Roïaume.  C'elr.  très-mal ,  &  contre  la  Teneur  de  ces  Loix ,  que  Charles 
enfuite  continue:  que  par  cette  rafon,  venant  à  mourir  fans  Enfans,  il  de- 
-  claroit  £j?  appclloit  pour  Succeffeur  dans  les  Roïaumes  le  Duc  d' Anjou  fécond 
Fils  du  Dauphin;  &  en  cas  de  mort  dudit  Duc,  le  troifiéme  Fils  dudit  Dau~ 
phin,  Puifque  par  ces  mêmes  Loix,  non  pas  une  mais  plufieurs  fois,  les 
Infantes  mêmes,  non  feulement  le  Mariage  François  Habilitant  ;  mais  mê- 
me étant  difibut  non  fans  Enfans,  £jf  tous  leurs  Enfans  François  ma  les  £5?  fe-- 
melles ,  &  leurs  Defcendans  ,  premier  ,  z.  3.  £5?  4.  nez  &  tous  à  l'infini , 
fans  aucune  difliclion  de  degré ,  quand  même  la  race ,  non  feulement  mafculine , . 
mais  en  général  des  Rois  Catholiques  qui  feraient  alors,  ou  qui  fuccederoient  en 
quelque  tems  que  ce  fait,  viendroit  à  être  éteinte,  fans  aucune  exception  de  cas 
penfé  ou  ignoré ,  de  tems  £sf  de  manière  ,  font  exclus  £5?  déclarez  exclus  de 
toutes  les  parties  de  la  Monarchie  d'Efpagne,  prefent  es,  paffées ,  ou  à  venir , 
même  des  parties  féodales  ,  tout  de  même  que  s'ils  n'étaient  jamais  nez.  Mais , 
pourquoi  fuivant  cette  vaine  manière  d'argumenter,  n'a- 1- on  pas  auffi 

ap- 


604     MEMOIRES,  NEGQTIATIONS,  TRAITEZ, 

1701.  appelle  parle  même  moïen  le  Duc  d'Orléans  à  la  Succeffion  ,  mais  pour- 
— quoi  a-t-il  été  abiblumcnt  négligé,    fi  la  vérité  même  n'avoit  pas  obligé  d'a- 
vouer, qu'on  n'a  pas  eu  d'égard  à  ion  ordre  le  plus  éloigné  pour  fucceder  en 
France  Se  que  cependant  il  eit  aufîî-bien  que  le  Roi  Très-Chrétien ,  le  Dau- 
phin &  ion  Fils  aine,  entièrement  exclus  de  la  Succeffion  d'Efpagne  ,  par  la 
validité  illimitée  des  Renonciations  ?  On  peut  plutôt  inférer  ielon  la  Régie 
du  Droit  citée  par  le  Roi  Charles  que,  quoique  cette  Difpofition  ou  De* 
claration  eut  été  en  fon  pouvoir,  ainfi  qu'on  voit  qu'Elle  n'y  étoit  pas,  félon 
les  Teftamens  contraires  ;  6c  félon  le  Grand- Père,  Se  le  Père,  6e  félon  tant  de 
Loix  oppofces,  6c  de  Conventions  jurées,  6c  confirmées  par  le  Siège  Aposto- 
lique; lui-même  n'auroit  pas  voulu  qu'Elle  fut  valable, s'il  avoit  pu  clairement 
voir,  que  la  raifon  qu'il  rapportoit,  Se  fur  laquelle  feule  la  Déclaration  étoit 
fondée,  ne  fubfiftoit  pas  clairement;  ainfi,  ni  le  Duc  d'ANjou,ni  le  Duc  de 
Berry  ,  ne  doivent  être  cenfez  avoir  été  par  lui  appeliez.  Ce  qui  eft  encore  la 
chofe  la  plus-injufte  6c  la  plus  abfurde  de  toutes,  eft  que T Archiduc  fécond  Fils 
de  F  Empereur  ef  appelle ,  avec  /' Exclu/10»  de  l'Aine  le  Roi  des  Romains  &  fe  s  En- 
fant ^  par  la  raifon  ci-devant  rapportée ,  £î?  pour  conferver  l'égalité,  6c  les  Filles 
d'Autriche  font  abfolument  omifes,  en  fubflituant  enfin  à  V Archiduc  en  cas  de 
mort ,  le  Duc  de  Savoye  Gf  fes  Enfans.    Nous  comptons  auffi  ce  Duc  entre  les 
Succefîèurs  d'Efpagne,  mais  après  la  Maifon  d'Autriche:  c'eft  pourquoi  nous 
tenons  pareillement  qu'on  lui  a  fait  tort,  en  préférant  deux  Princes  François 
qu'il  faloit  exclurre  ,    ainfi  qu'ils  le  font.     Or  quand  même  nous  relierions 
dans  le  filence  ,   il  n'y  a  perfonne  qui  ne  voie  que  de  ne  vouloir  admettre 
d'une  autre  manière  la  Maifon  d'Autriche  de  l'un  6c  l'autre  Sexe,  6c  de  quel- 
que dignité  que  ce  foit  à  la  Succeffion  d'Efpagne ,  &  d'en  ouvrir  l'entrée  à 
la  Famille  de  France,  félon  les  rares  Auteurs  d'un  nouveau  Droit ,  n'eft  au- 
tre chofe  que  dire  6c  confefler  ouvertement,  qu'ils  ne  veulent  pas  ,  s'il  dé- 
pendoit  d'eux  que  pas  une  des  Loix  d'Efpagne,  anciennes  ou  modernes,  pas 
une  des  Difpofitions  des  Rois  precedens ,  6c  pas  un  des  Contracts  de  Maria- 
ge, auifi-bien  que  d'autres  Conventions,  plus  même  qu'ils  ne  voudraient  , 
ibient  favorables  à  la  Maifon  d'Autriche  ,  6c  nier  enfin  contre  les  exemples 
anciens  6c  modernes  que  les  Rois  d'Efpagne  n'ont  jamais  été  revêtus  de  la 
Dignité  Impériale,  ou  n'y  ont  jamais  penfé,  ou  n'ont  jamais  pu  y  afpirer. 
On  ajoute  à  la  fin,  non  feulement  pour  conferver  la  Paix  fjf   la   bonne  intelli- 
gence entre  F  Empereur  &  le  Roi  Très-Chrétien,  mais  au  fi  pour  mieux  les  cimen- 
ter par  fon  Mariage.     Il  étoit  necefTaire  au  Roi  Charles  de  faire  ce  qu'on 
vient  de  rapporter  pour  donner  quelque  couleur,  comme  fi  par  ce  Confeil  6c 
cette  inftance  il  eut  amplement  fatisfait  à  fa  confidence  lefée  ,  &  que  tout  le 
tort  qu'il  venoit  de  faire  à  la  Maifon  d'Autriche  ,  eut  été  par-là  pleinement 
reparé  :  mais  perfonne  n'ignore  quelle  eft  l'obligation  de  chacun  pour  exer- 
cer la  juitice  ,  6c  à  qui  elle  doit  être  rendue  ;  non  plus  que  ce  qu'un  Père 
doit  à  les  Enfans,  6c  un  légitime  Prince  à  fes  Sujets,   auifi-bien  que  ce  que 
l'Empereur  doit  faire,  quoique  três-afFeclionné  pour  la  Paix,  afin  d'en  jouir 
honorablement.     Or  quelque  tromperie  ou  violence  qui  ait  été  faite  jufques 
ici ,  ou  qui  fera  faite  à  l'avenir,  Dieu  qui  eft  l'Auteur,  le  Témoin,  6c  le  Con- 

ferva-. 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.         tfor 

crvateur  des  Traitez  affiliera  par  fon  fecours  la  juftice  de  la  Caufe:  les  Prin-  ijoi. 
ces  êC  Etats  de  l' Europe ,  &  particulièrement  les  Protecteurs  &  Garands  dé  !a  '  ■ 
Paix  des  Pirenées,  6c  des  autres  Traitez, ,  s'élèveront  pour  reprimer  la  convoi  - 
tife  demefuréc  de  la  M  aifon  de  Bourbon  pour  plus  d'un  Monde.  Les  Peuples 
mêmes, qui  -à  prefent  ne  eberiflènt  pas  plus  qu'ils  détellent  la  main  étrangère, 
qui  les  opprime,  fe  fouvenant  de  la  douceur  d'Autriche,  qu'ils  ont  éprouvée 
par  tant  de  Siècles,  6c  en  même  tems  de  leur  devoir,  retourneront  bien-  tôt 
ouvertement  à  leur  première  obéïïîance,  6c  les  perfides  Violateurs  6c  Infrac- 
teurs  de  la  Juftice,  Se  les  Tyrans  ,  avec  tous  leurs  Adhérais ,  Statellites,  6c 
Miniftres ,  n'échaperont  certainement  pas  aux  punitions  divines  &  hu- 
maines. 

ADVERTISSEMENT. 

La  plus  part  des  Pièces  ont  été  mifes  félon  qu" 'Elles  font  dans  leur  Original; 
Et  on  a  été  oblige ,  pour  conferver  Je  fens^  de  faire  dans  d'autres  endroits  des  Pé- 
riodes un  peu  longues ,  à  quoi  le  LecJcur  efi  prié  de  fupléer. 

Don  Bernardo  de  Quiros,  après  qu'il  en  eut  Fait  l'Examen,  travailla  à 
un  Ecrit ,  pour  démontrer  la  Nullité  des  Droits  du  Manifefte.  Il  le  fit  im- 
primer fous  un  grand  fecreti  6c  le  voici. 

REFLEXIONS 

SUR    LES 

Mouvemens  de  l'Empereur ,  au  iîijet  de  la  Suc- 

ccfïîon  d'un  Prince  de  France  à  la  Mo- 

narchic  d'Efpagne,- 

AVEC    UNE 

'Dc'monjlration  de  la  Nullité  de  fes  Trétenjions  fur  les  EJfaçnies  , 

Milan,  &  le  T  aïs.  Bas. 

LA  Vertu  de  l'homme  ne  tient  pas  toujours  contre  les  grands  coups:  le  plus 
ferme  chancelle,  ou  fe  trouble,  quand  ils  lui  viennent  avant  de  les  avoir 
prévûs.  La  Juftice  inefpérée  que  Charles  II.,  Monarque  des  Efpagnes, 
vient  de  rendre  à  laPoftérité  directe  de  Philippe  IV.  fon  Père,  en  remettant 
à  un  Fils  de  France,  fon  Neveu,  le  Thrône  dont  la  mort  le  faifoit  defeen- 
dre,  eft  pour  l'Empereur,  qui  s'attendoit  d'y  afleoir  fon  Fils,  un  Evéne- 
ment allez  furprenant  6c  fenfible ,  pour  croire  aifément  que  fa  tranquillité  m- 
fom.  I.  Eeee,  turelle 


6o6     MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

1701.  turellc  en  a  été  interrompue.    Les  Mouvemens,  qu'il  fait  depuis  ce  tems-là, 

■ font  allez  connoître  qu'il  en  eft  un  peu  déconcerté.     Ce  grand  Prince  parut 

magnanime  dans  les  rudes  Extrémitez  où  l'avoit  réduit  un  formidable  Enne- 
mi} mais,  il  l'avoit  venir  vu  venir,  il  le  foutint  avec  force,  Se  le  repoufîîi 
d'une  manière  glorieufe  ,  aidé  de  fa  bonne  Caufe  6c  de  fes  Amis.  Au- 
jourd'hui,  qu'une  Roïale  Succeflîon  ,  échappée  de  fes  mains,  tombe  fou- 
dainement,  &  contre  fon  attente,  dans  celles  de  l'Héritier  légitime,  &  dans 
une  Augufte  Muifon  qui  lui  fait  ombrage  ,  il  ne  faut  pas  s'étonner  qu'un 
grand  6c  impreveu  Evénement  ait  un  peu  rabattu  de  cette  Modération  qui  l'a 
autrefois  fait  admirer,  6c  de  cette  égalité  de  Juftice  qui  a  toujours  été  l'étoi- 
le de  fon  Régne.  Pas  content  de  fe  plaindre  aux  Princes  de  l'Europe,  il 
les  follicite  d'entrer  dans  des  Intérêts  qu'il  fe  forme  fans  raifon  :  il  arme ,  il 
tâche  de  faire  des  Ligues,  pour  traverfer  une  Succeffion  que  les  Loix  du  Sang 
&  de  la  Nature,  6c  celles  de  cette  Monarchie,  autorifent,  quoi  qu'elles  foïent 
les  mêmes  qui  ont  mis  ce  Sceptre  aux  mains  des  Princes  de  fon  Augufte  Mai- 
fon,  6c  par  qui  il  rentre  aujourd'hui  en  une  autre,  fur  le  même  principe  ,  &c 
par  la  même  voie.  Mais,  fi  le  Ciel  fut  favorable  à  ce  grand  Prince,  quand 
il  défendoit  le  fien,  en  rendant  inutiles  de  terribles  efforts  d'un  Ufurpateur 
infidéle,  la  mauvaife  réuffite  de  celui-ci,  qui  attaquoit  injufteraent ,  eft  un 
Exemple  inftruifant  pour  détourner  ceux  qui  courent  aux  armes  par  un  ref- 
fentiment  mal  fondé. 

Les  deffeins  d'un  Prince,  que  de  vains  prétextes  animent,  font  fouvent 
renverfez  par  cette  Puiifance  fouveraine  qui  préfïde  aux  Armées.  La  pafîïon 
peut  fomenter  une  Guerre,  6c  jetter  celui  qui  l'entreprend,  dans  de  fâcheux 
embarras  :  la  main  pourtant  du  Seigneur  n'eu  pas  toujours  tendue  pour  l'en  ti- 
rer. On  connoît  l'équité,  la  fagefle,  6c  la  douceur  du  tempérament  de  l'Em- 
pereur ;  6c  l'on  attend  de  ces  grands  caraétéres ,  des  réfolutions  modérées , 
6c  un  dégagement  des  préjugez  humains  qu'on  peut  lui  avoir  infpirez.  On  ne 
peut  p:.s  même  croire  qu'un  Prince  pacifique  veuille  troubler  cette  Paix  éter- 
nelle que  l'Union  indifibluble  de  deux  Monarchies  va  affermir  pour  le  repos 
de  la  Chrêtienneté.  D'ailleurs,  ce  grand  Empereur  ne  peut  ignorer  que  le 
Roi  Très-Chrêtien  veut  rendre  fa  mémoire  immortelle,  autant  par  faire  ré- 
gner la  Paix  pendant  6c  après  fa  vie,  qu'il. l'a  rendue  par  un  long  cours  de 
victoires  -,  6c  que  ce  puiflant  Monarque  ne  fouffrira  pas  qu'on  détruife  un  Ou- 
vrage qu'il  n'a  achevé  que  pour  ce  louable  delîein  de  la  tranquillité  publique. 
Il  a  cédé,  en  cette  vûë,  aux  importans  avantages  de  fon  Roïaume  }  il  a  re- 
noncé généreufement  à  de  grands  Etats,  6c  à  des  Couronnes  qui  alloient  s'u- 
nir à  la  fienne  par  l'exécution  du  Partage  concerté:  toujours  pour  établir  èc 
cimenter  cette  fainte  Paix,  qui  fait  fou  point  de  vûë.  ïlvoïoit,  par  les  dif- 
pofitions  des  Princes  ,  qu'on  ne  pouvoir  déchirer  la  Monarchie  d'Efpagne 
fans  violence,  oc  fans  porter  le  feu  dans  le  voiiinage.  .  Il  voïoit  que  l'Europe 
alloit  devenir  le  Barreau  tragique  où  l'on  eût  dû  plaider,  avec  Pépée,  la  caufe 
de  ce  Partage  :  mais  elle  lui  tomba  des  mains  des  qu'il  apprit ,  par  le  Tefta- 
ment  de  l'Augufte  Charles  II.  l'on  Beaufrcre,  le  tendre  lbuvcnir  qu'il  avoit 
eu  pour  fon  Neveu,  Enfant  de  France,  6c  la  juftice  qu'il  rendoit  à  un  Del- 

cendant 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.  607 

cendant  de  Phili  ppe  IV.,  en  l'appcllant  à  la  Couronne.  Et  quoique  cet-     I701- 
te  Difpofition  régulière  n'étende  en  rien  les  bornes  de  la  France,  il  en  a  bien    '   ' 
voulu  poftpofer  l'agrandifïêment  au  dernier  défir  d'un  Beufrere  mourant,  6c 
à  la  confideration  du  calme  de  l'Europe. 

Vouloir  donc  traverfer  le  digne  projet  d'un  fi  Grand  Roi,  ce  fera  l'irriter 
vivement.  La  force  de  fes  Armées,  (es  fages  Confeils  à  les  faire  agir,  fes  Fi- 
nances inépuifables,  enfin  fa  puifTance  6c  là  bonne  fortune,  font  des  confédé- 
rations, juitifiées  par  le  tems  paffé,  capables  de  faire  tenir  la  bride  aux  con- 
feils précipitez  de  ceux  qui  veuillent  troubler  la  fête  du  Couronnement  de  fon 
Petit-Fils.  S'il  a  accordé  ce  jeune  Prince,  qu'il  aime  tendrement ,  à  la  voix 
mourante  de  cet  Augufte  Oncle  qui  l'appclloit ,  aux  initances  de  tant 
d'excellens  6c  prudens  Seigneurs,  qui  font  la  grandeur  6c  l'ornement  de  la 
Nation  Efpagnolej  aux  vœux  empreffez  des  Peuples  de  ce  vafte  Empire, 
qui  tous  demandoient,  félon  leur  Loi,  un  Roi  defcendu  de  la  Tige  Roïale: 
c'eft  pour  l'y  maintenir  de  toutes  fes  Forces,  qui  n'ont  pas  plié  autrefois  con- 
tre tant  de  Puiflances  conjurées  contre  lui.  Le  caractère  connu  de  ce  grand 
Roi,  eft  une  pénétration  fans  égale,  accompagnée  d'une  prudence  confom- 
mée  dans  le  choix  d'un  Parti  à  prendre,  6c  une  réfolution  6c  fermeté  inébran- 
lable à  le  foûtenir.  Ainfi  quiconque  entreprendra  de  rompre  le  plus  facré 
nœud  de  Paix  6c  d'Union  qui  ait  jamais  été  ferré  depuis  la  naiffance  de  deux 
Monarchies, doit  s'attendre  de  trouver  en  tête  un  Louis  XIV.  armé,  6c  cou- 
rant aufecours  de  fon  Petit- Fils  6c  des  Efpagnes,  qu'il  défendra  déformais  avec 
la  même  vigueur  que  fa  propre  Couronne  :  6c  les  Forces  unies  de  ces  deux 
Monarchies  font  afiez  redoutables  pour  faire  revenir  la  modération  6c  la  pru- 
dence à  ceux  qui  méditent  préfentement  le  défordre  6c  la  confufion. 

Princes  vofins,  qui  êtes  peut-être  follicitez  de  favorifer  le  mécontentement 
d'autruij  6c  vous  Electeurs  d'Empire,  qui  par  l'Article  XI.  de  la  Capitula- 
tion Léopoldine,  devez  confentir  à  la  Guerre:  c'eft  à  vous  à  bien  pefer  ,  s'il 
eft  de  la  convenance  -de  vos  Etats  d'y  prendre  part.  Vous  devez  même, 
avant  tout ,  faire  attention  au  fondement  de  la  Caufè;  puifque  le  Ciel  be- 
niflant  les  Forces  humaines,  décide  fouvent  en  faveur  de  la  jultice,  qui  n'eft 
point  du  côté  de  l'Empereur,  dont  les  prétenfions  paroilTent  creufes  6c  (ans 
poids.  Il  eft  vrai,  que  fes  Miniitres  ne  les  proiuifent  encore  qu'en  bloc,  6c 
par  des  proteftations  générales ,  fondées  fur  des  titres  que  Sa  Majefté  Impé- 
riale doit  avoir  pour  la  Succeffion  aux  Roïaumes  des  Efpagnes ,  6c  qu'à 
l'égard  du  Duché  de  Milan  il  doit  être,  félon  eux,  caduc  6c  réuni  à  la 
Couronne  Impériale,  parla  mort  de  Charles  II.  Oins  Enfans:  même  fi 
l'on  doit  écouter  des  bruits  répandus,  fa  Majelté  prétend  auiïi  la  caducité  du 
Duché  du  Haut  Gueldre. 

Qui  confidére  la  foiblefle  de  ces  prétenfions,  6c  ne  fait  pas  que  l'Empereur 
poffede  un  grand  fond  de  Religion,  pourroit  croire  qu'on  lui  a  infpiré  la 
Maxime  de  Tacite.-  Sua  retinerc privata  domûs,  de  alienis  certare^  Regiam  ef.  Lib.  <. 
fe  laudem.    On  fçait  pourtant  qu'il  eft  trop  attaché  aux  Maximes  'du  Ciel  Annal- 
pour  écouter  des  leçons  Païennes.     Celle  de  St.  Grégoire  eft  fins  doute  Lib.  w>. 
plus  convenable  à  fa  pieté  :  Summum  in  Regibus  bonum  effe  juftitiam  cokrs,  Epift. 
de  fua  cuique  jura  fervare.  txo. 

Eeee  2,  Et 


<So8     MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

1701.       Et  c'eft  par  celle-ci ,  qu'en  attendant  que  fon  Manifefte ,   vanté  par  les 
"  ■■  Nouvelles  d'Hollande  ,    paroifle  ,  on  ne  croit  point  l'offenfer  de  faire  par 
avance  quelques  Réflexions  fur  les  titres  dont  on  flate  fes  prétenfions. 

Pour  PEfpagne,  on  convient  univerfeliement  que  le  Roïaume  efl  fucceffif. 
Je  me  fers  de  ce  terme  pour  décliner  cette  Diffërtation-inutile  au  fujet  ,  (ba- 
voir j  Si  la  Succeffion  des  Efpagnes  tombe  fut  les  Defcendans  par  voie  héré- 
ditaire, ou  par  les  Loix  du  Sang:  recherche  curieufe,  où  les  Sçavans  de  la 
Nation,  partagez  en  fentimens,  raffinent  fans  neceffité ,  mais  qui  ne  change 
pas  le  fifteme  de  notre  queftion  :  Non  pugnat  enim  ut  roque  modo  Juccederc. 
Martha  Succejf.  q.  1.  art.  if.  ».  14. par.  4. 

On  convient  encore,  que  la  prérogative  êc  la  primogeniture  des  mâles  a 
tout  l'avantage  de  la  Succeffion  à  la  Couronne  :  mais  il  n'eft  pas  moins  cer- 
tain que,  ceux-ci  manquans,  elle  ne  tombe  fur  la  tête  d'une  Fille,  fous  l'a- 
vantage de  la  primogeniture  ,  s'il  y  en  a  plufieurs.  L'Efpagne  a  toujours 
écouté  en  cela  la  voix  de  la  Nature ,  qui  parle  pour  les  Delcendans  ,  fans 
exclufion  de  fexe:  Loi  jufte  6c  naturelle,  confirmée  par  le  Droit  écrit,  que 
les  Goths,  autrefois  pofféffeurs  de  ce  Roïaume,  ont  mis  au  rang  des  leurs. 
Ludovic.  Molina /'»  annot.  ad  finem  fui  operis  adjeèlis  n.  1.  ad  fine  m  verf.  po- 
firemo  ctiam  Gothi, 

Ce  ferait  même  un  crime  littéraire  de  douter  de  cet  ordre  de  fucceder  , 
après  que  les  plus  célèbres  Ecrivains  de  cette  fige  Nation  l'ont  affiné  en 
tant  d'endroits ,  Se  qui  ont  pour  fondement  les  Conftitutions  du  Roïaume. 
Covarruv.  Var.  lib.  3.  cap.  f .  ».  f.  verf.  rurfus  feptimo. 

Ce  n'eft.  pas  une  différence ,  que  ce  DocTreur  traite  de  Majorats  :  car  ceux- 
ci  fe  règlent  fur  l'ordre  de  fucceder  à  la  Couronne,  8c  le  raifonnement  de  l'un 
à  l'autre  efl  également  reçu.     Orena  difftrt.  Jur.  4.  «.  27. 

Peinez^  qui  eft  au  rang  des  premiers  Docteurs  d'Efpagne,  en  fon  excel- 
lent Traité  fur  les  Majorats,  tient  comme  les  autres  pour  conclufion  infail- 
lible, que  les  Filles  fuccedent  aux  Roïaumes  des  Efpagnes,  en  même  rang 
que  les  mâles,  quand  ceux-ci  manquent,  parla  Loi  H.  tit.  6.  livre  f.  Re- 
copilat.  Pelaez  de  Majorât,  par.  i.q.  6.  n.  106. 

Si  par  un  faux  raifonnement  on  oppofe  que  cette  régie  p:ut  avoir  lieu ,  lorfi- 
qu'il  n'y  a  plus  dePrinces  de  PAgnation  ou  de  la  Famille  Roïale>  que  Char- 
les V.  a  eu  deux  Fils  ,  Philippe  II.  ce  Ferdinand  ;  que  la  pofterité 
mafculine  du  premier  e(t  finie  par  la  mort  de  Charles  II.  ;  que  l'Empe- 
reur régnant  eft  defeendu  du  fécond  ;  &  qu'ainfi  cette  Ligne  d'Agnation  exi- 
flente  aujourd'hui ,  excîud  les  Defcendans  de  Philippe  IV.  par  l'Infante 
Marie-Therese  Reine  de  Fiance.  Si,  dis- je,  on  forme  cette  objection, 
la  Mailbn  d'Autriche  perd  la  caufè  >  parce  que  ,  quand  Philippe  Père  de 
Charles  V.  fucceda  à  la  Couronne  d'Efpagne  par  fit  Femme  Jeanne  "Fil- 
le du  Roi  Ferdinand,  il  ne  manquoit  point  d'Enfans  mâles  des  Familles 
collatérales  de  CafHllc  Se  d'Arragon  ,  qui  habilitent  encore  aujourd'hui  , 
&  qui  félon  l'objection  erronée  ,  excluoient  la  Maifon  d'Autriche  de  la 
Succeffion. 

Oeil  donc  une  vérité  confiante  ,  que  Philippe  I.,  Prince  d'une  Maifon 
étrangère,  n'a  eu  d'autre  Droit  à  Efpagnc  que  celui  de  fa  Femme  ,   &  que 

Char- 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.  6c9 

Charles  V.  n'a  été  aflîs  fur  le  Trône,  que  par  le  titre  de  fa  Mcre,  par  pré-  ijoi, 
rogative  de  Defcendante  du  dernier  Roi.  •  ^  - 

Ainfi  l'on  doit  conclure,  que  fi  Charles  V.  a  été  Roi  légitime  des  Ef- 
pagnes de  par  la  Reine  Jeanne  fa  Mère,  à  l'exclufion  des  Collatéraux  de 
l'Agnation  de  Callille  &  d'Arragon,  l'Empereur  doit  fubir  la  même  Loi  dans 
lés  Defcendans  &  la  Ligne  effective  de  Philippe  IV.,  qui  font  de  la  tige 
direéle  de  Philippe  II.,  dans  laquelle  le  Sceptre  des  Efpagnes  eft  enraci- 
né, depuis  que  Charles  V.  fe  dépouillant  de  la  Couronne,  la  mit  fur  la 
tête  de  fon  Fils  Philippe. 

Là  decifion  de  ce  fameux  Compromis  entre  Frédéric  ,  Fils  naturel  de 
Martin  Jacques  d'Urgelles,  ôc  Ferdinand  de  Callille,  eft  encore  une 
preuve  convaincante  de  l'exclufion  des  Collatéraux ,  de  l'agnation  ascendan- 
te, lors  qu'il  y  a  des  plus  proches  de  la  tige  où  la  Couronne  a  pane,  fuis 
différence  du  iexe j  puifque,  fans  confiderer  l'agnation  de  Jacqjjes,  qui 
étoit  Fils  de  Jean  Oncle  paternel  de  Martin  défunt,  Ferdinand 
de  Cartille  fut  légitimement  préféré,  comme  Fils  de  Leonore  Sœur  de 
Martin. 

Jugement  établi  fur  la  règle  fondamentale  du  Roïaume,  qui  excîud  l'agna- 
tion collatérale  quand  il  y  a  une  proximité  defcendante  ou  fuperlative ,  mê- 
me en  la  Perfonne  d'une  Fille  Roïale ,  ou  dans  fa  patienté. Lixealem  enim 
SucceJJiomm ,  ait  Mariana ,  iîa  in  Hifpmiis  placuijfe  ,  ut  fororis  filins  iis  qui 
fratre ,  Jed  remotiore  gradu  veniebant ,  prœferrelur  ,  lib.  15".  cap.  13.  lib:  10. 
cap.  21.  lib.  20.  cap.  2.  8.  Additionator  ad  Grotium  lib.  2.  cap.  7.  in  fine. 

Les  raifons  que  le  Jurifconfulte  Gonfâlve  Gariîa  de  Ste.  Marie  donna  au 
Public  ,  pour  appuier  la  jufticc .  de  cet  ordre  de  fucceder .  eurent  tant  de 
poids,  que  le  Roi  Alphonse  y  ajouta  celui  de  fon  Autorite  ,  &  lui  donna 
force  de  Loi.  Un  autre  Jurifconfulte  ancien ,  dit  &  appuie  une  penfée  re- 
marquable là-deffus.  Le  Roïaume  (dit -il)  ne  paffe  pas  au  mâle,  à  caufê 
qu'il  eft  du  nom  &  agnation  du  Roi ,  mais  parce  qu'il  efb  fon  Fils.  Etre 
donc  de  l'agnation  du  Roi  défunt  ,  ne  contribué'  rien,  &  ne  donne  aucun 
titre  à  la  Succeffion  Roïale,  où  il  y  a  filiation,  de  laquelle  l'Agnat  collatéral 
n'eft  pas.     C'effc  ainfi  que  raiforme  Oldradus  de  Ponte  Cou  fil  94.  n.  zi. 

Que  l'Empereur  régnant  £t  l'Archiduc  fon  Fils,  foient  donc  defeendus  de 
Ferdinand  ,  Frère  de  Philippe  II.  ,  cela  ne  conclud  rien.  La  Monar- 
chie d'Efpagne  a  paffé  à  celui-ci ,  Se  elle  y  a  fait  fouchc,  pendant  que  le  Frè- 
re en  a  fait  un  autre  en  Allemagne.  Et  tandis  que  la  filiation,  Descendance, 
&  Pofterité  de  Philippe  II.  comme  elle  fait  en  la  perfonne  du  Dauphin  , 
Se  des  Princes  fes  Enfàns ,  venus  en  Ligne  dùccte  de  Philippe  IV.  >  ce  fe- 
roit  une  intrufion  monftrueufe  de  vouloir  placer  des  Collatéraux  où  la  nature, 
&  les  vœux  communs  dés  pères  appellent  les  Defcendans.  Velafquez  CW- 
Bl.i\.n.  4.7.    Tranchedini  Milanenfis  Confil  ff.  ».  33. 

Il  eft  vrai  que  l'Empereur  defeend  de  Charles  V.,  qui  a  porté  le  Scep- 
tre des  Efpagnes,  6c  qu'il  eft  de  la  pofterité  mafeuline  :  mais  après  que  les 
Enfans  de  Charles  V.  ont  fourché,  6c  fait  deux  Lignes  différentes ,  que 
les  Efpagnes  ont  paflé  à  Philippe  IL,  qui  n'eft  pas  le  parent  afeendant  dé 

Eeee  5  l'Em- 


<Sio     MEMOIRES,  NEGOT1ATIONS,  TRAITEZ, 

ijSU  l'Empereur  régnant}  tout  le  tems  que  cette  Ligne  effective  &  directe  de 
.  »  i  ■■«■  Philippe  II.  fubfiftera,  la  Ligne  contentive  ,  qui  eft.  collatérale  ,  ne  peut 
pas  entrer  en  Succeffion  de  celle  de  Ferdinand,  qui  elt  la  Ligne-  effecti- 
ve; par  ce  principe  certain,  que  tandis  qu'une  ligne  n'eft  pas  éteinte  ,  l'au- 
tre n'y  peut  entrer,  quand  même  ceux  de  la  Ligne  où  là  Succeffion  "cil:  def- 
cenduë  ,  feroient  en  degré  plus  éloigné,  par  rapport  à  la  première  tige. 
Martha  de  fuccejf.  Légat,  par.  5.  quaft.  1.  art.  z.  n.  46.  Florez  de  Mena  ad 
decij.  Gamme  jfp.  verf.  quint  a  efi.  Ramon  Confil  ioo.  «.  484.  Le  iexc  ne 
faifant  en  ce  cas  différence  aucune,  ni  par  la  Loi  de  la  nature,  ni  par  le  Droit 
écrit,  ni  par  la  coutume  de  fucceder  aux  Roïaumes  des  Eipagnes ,  qui  paf- 
fent  toujours  aux  Defccndans  de  celui  qui  les  a  poffèdez,  aux  mâles  s'il  y  en 
a,  £c  aux  Filles  a  leur  défaut }  &  s'il  n'y  en  a  pas,  au  plus  proche  du  dernier 
qui  a  porté  la  Couronne,  fans  confiderer  l'agnation  collatérale  de  la  tige  fu- 
perieure.  Molina  de  Majorât.  îib.  1.  cap.  2.  n.  ix.  .&f  lib.  5."  cap-,  p.  «.  71. 
Baetiac/e  non  mellor.  cap.  z].  ».  f.  Martha  de  fuccejf.  par.  1.  q.  11.  art.  1. 
».  18.  2,0.  Legibus  Hifpania  Ï3  aliis  authoritatibus  probat  Pater  Ludov.  Mo- 
lina de  Juftitia  6?  Jure  difput.  6if.  ».  3.  Lopez  lih.  3.  tit.  13.  par.  3. 
verbo  Mugeres. 

Soit  donc  qu'on  rafle  attention  à  l'exemple,  au  Droit  naturel,  à  la  Cou- 
tume-&  Obfervance  du  Roïaume,  l'agnation  collatérale  de  Philippe  II. 
eft  exclue  de  la  Succeffion,  tandis  qu'il  y  a  des  Defcendans  de  fa  Ligne,  fins 
différence  du  Sexe,  à  défaut  de  mâle  dans  ladite  Ligne,  dont  la  Pofterité 
continue  aujourd'hui  en  la  perfonne  de  l'auguite  jeune  Prince  Philippe 
de  France,  que  Charles  II.  fon  Oncle  de  glorieufe  mémoire  a  ap- 
pelle à  la  Couronne,  ôc  en  faveur  de  qui  Monfeigneur  le  Dauphin  a  bien 
voulu  céder. 

S'il  y  eût,  comme  on  publie,  quelque  Pacte  de  Succeffion  réciproque  en- 
tre ces  deux  Branches  Efpagnole  Se  Allemande ,  qui  donnât  l'exchffîon  d'un 
Enfant  defeendant ,  en  faveur  d'un  mâle  collatéral;  cette  convention  fuccef- 
Ibire  auroit  le  même  fort  que  celle  entre  les  Rois  d'Arragon  &  de  Majorque , 
laquelle  pafla  pour  nulle  Se  invalable.  Mierez  de  Majorât,  par.  4.  qiuejî.  1. 
n.  217.  in  fine. 

Ces  Pactes  de  Famille  &  de  Succeffion  de  l'une  à  l'autre  font  pofitivement 
reprouvez  par  la  Loi  f  2.  §.  idem  répondit-il  primo  pro  focio ,  où  le  grand  Papi- 
nien  condamne  le  contraft  qui  préfere  le  plus  éloigné  au  plus  proche  ,  en 
matière  d'hérédité  ou  de  Succeffion.  S'il  le  trouve  cependant  des  Provinces 
qui  en  reçoivent  l'ufage,  cela  ne  fait  pas  une  confequence  neccflàire  ailleurs, 
ni  en  cas"  de  Couronne,  bien  moins  en  celui  de  la  Monarchie  d'Efpagne. 
Ntillitatem  pacli  talis  lati filme  demonfirat  Tranchelini  Conflit.  z6. 

Pour  légitimer  des  Dilpoûtions  Contractuelles ,  ou  Teffamentaires,  il  faut 
le  concours  de  deux  choies  eflentielles  ,  la  volonté  ,  :&C  le  pouvoir  :  Or  les 
Rois  d'Efpagne  font  Adminiftrateurs  du  Roïaume  ,  mais  ils  n'en  font  pas 
Seigneurs  pour  en  difpoferà  leur  volonté.  Le  Roïaume  eft  le  premier  •&  le 
Chef  des  Majorats,  &  ceux-ci  étant  inaliénables,  le  Roïaume  l'eft  de  mê- 
me.   Pelaez  par.  4.  quafi.  1.  n.  240.  &f  Jeq.    Non  enim  perjona  efi  Regnum, 

fed 


ET    RESOLUTIONS    D'ETAT.  6n 

fed Regiœ  Majeftatis ,  fcf  ideb  de  illo  contra  Leges  Regni  irmtilïter  difponeret  :  i-jùi, 

ibidem  ».  230.     Les  Loix  du  Roïaume,  conformes  en  cela  au  Droit  naturel ,  — 

6c  à  celui  de  l'Ecole,  déférent  la  Couronne  aux  Defcendans  du  Roi  qui  l'a 
portée  le  dernier,  «ou  à  fon  plus  proche  ,  fans  exclufîon  des  Femmes,  quand 
il  n'y  a  pas- de  mâles,  6c  elles  ne  reçoivent  point  de  collatéral  agnat  ,  ou  au- 
tre, tandis  qu'il  y  a  pofterité  de  la  Ligne  ou  elle  eft  entrée.  Reyn.  lib.  p. 
tit.  i.  p.  z.  i.  z.  tit.  if.  pag.  2..  I.  a.  tit.  n.  pag.  3,  Gregor.  Lopez  lib.  o. 
tit.  7.  pag.  2.   Velafquez  confit.  97.  ».  104.  &?  feqq. 

Ces  Loix  font  fondamentalles  Se  inaltérables,  parce  qu'elles  font  attachées 
à  la  Roïauté.  Carolus  Tepia  decif.-zo.  an.  1.  ufque  ad  20.  Stirnius  de  conflit. 
Princip.  tit.  4.  §.  9.  Régna  enim  Hifpaniarum  non  tam  funt  Régis,  quant  Rè- 
gne Dignitatis,  ideoque  non  valet  difpofitio  de  illis  à  Rege  facla  contra  Leges  Re- 
gni. Poft  Abbatem  Roxas  de  incompatib.  in  appendice  ad  partent  8.  cap.  2.  ».p. 
Lopez  antecitat.  loco  per  omnia  Scholia.  Les  Roïaumes  palfant  donc  à  la  po- 
fterité defeendante  de  la  Ligne  où  la  Couronne  eft  entrée}  toutes  les  paétions 
qui  fe  font  contre  les  Loix  de  la  Succeflîon  ,  font  reprouvées.  Benedici.  in 
cap.  Raymitius  verbo  in  eodem  Teftamento  n.  ifo. 

Les  Efpagnols  ont  eu  pour  Rois,  des  Caitillans,  des  Arragonois,  des  Au- 
trichiens ,  qu'ils  ont  également  rêverez  ,  parce  qu'ils  étoient  defeendus  du 
Sang  Roïal,  6c  que  la  Couronne  leur  étoit  due  :  Mais  ,  ni  la  Raifon  d'Etat, 
ni  le  bonheur  des  Peuples,  ne  les  lie  précifément  à  aucune  Maifon  Souverai- 
ne. C'eft  aflèz  pour  eux  qu'elle  paffe  à  celui  que  le  Sang  &  la  Loi  appellent. 
Si  ceux  de  cette  dernière  Maifon  qui  ont  été  fur  le  Trône,  les  ont  gouvernez 
avec  douceur,  ils  en  ont  béni  le  Ciel,  &  ils  lui  addrefferont  prelentement 
leurs  prières  les  plus  ardentes,  pour  que  celui  de  la  Maifon  de  Bourbon,  que 
l'ordre  de  fucceder  leur  donne  aujourd'hui,  panique  auffi,  pendant  fon  régne, 
les  Roïales  vertus  des  Auguftes  Héros  dont  il  eft  forti. 

Ce  n'eft  donc  fur  aucun  pacte  de  famille  que  l'Empereur  puiflè  appuïer  le 
fondement  de  fes  prétendons  :  En  vain  produira-t-on  en  là  faveur  quelque 
Teftament  dePmLipPElV.,ou  d'autre  Roi  qui  puiûe  avoir  ordonné  une  fub- 
ftitution  de  la  Maifon  d'Autriche  Allemande  à  celle  d'Efpagne,  en  défaut  de 
mâles  :  Les  Raifons  font  les  mêmes  pour  la  nullité  des  fubititutions ,  comme 
pour  celle  des  pactes  de  familles.  Toutes  les  difpofitions  Contractuelles ,  ou 
Teftamentaires ,  qui  fe  font  contre  l'ordre  de  fucceder  à  la  Couronne ,  font 
des  actes  inutiles ,  6c  fans  force  j  parce  que  les  Rois  n'en  font  que  les  Admini- 
ftrateurs ,  6c  nullement  les  maitres  6c  les  arbitres  abfolus  :  6c  comme  ils  ne 
peuvent  pas  inftituer  autre  que  celui  que  le  Sang  appelle.  Baldus  in  L.  ex  hoc 
Jure  n.  11.  d.  de  Juflitia  &  Jure,  &  Confit.  27$-.  n.  6.  lib.  \.&  in  C.  unico  de 
feudo  Marchiœ  &  cap.  §.  1.  hoc  quoque  -defuccejf.  feud.  ibi  quod  filius  non  fuc ce- 
dit  patri  in  Regno  ,  fed  ipfum  evellit  à  manu  populi  vi  confuetudinis ,  au t  potins 
à  jure  gentium  ,  quo  communi  confenfu  conflit  ut  uni  eft  régna  fuccefjiom  ckferri. 
Tradit  latè  Peralta  in  L.  3.  §.  qui  fidei  commiffum  ».  f2.  &  95.  d.  de  haredib. 
inflit.  Ils  n'ont  point  par  confequent  le  pouvoirde  fubftituer.  Subftitutio  enira- 
illi  prohibetur,  cui  inflit uere  non  permit titur. 

Le  Diadème  d'Efpagne  ne  fut  jamais  une  matière  de  volonté  des  Rois. 

Les 


6it     MEMOIRES,  NËGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

1701.  Les  Grands  de  -cette  Monarchie  ne  pourraient  même  foufrrir  que  l'objet  Je 
'  ■  -"-  leur  vénération  devînt  le  caprice  d'un  Roi  :  leur  fidélité  eft  inviolable,  mais 
elle  ne  s'accommode  guéres  avec  le  renverfement  des  Loix,  qui  ne  permet- 
tent pas  qu'un  Roi ,  vivant  ou  mourant ,  puifle  difpofer  de  fes  Etats  contre 
les  Régies  de  la  SuccefTion  naturelle  ,  au  rapport  de  Molim,  Mierezy  Paz, 
Roxas ,  &  de  tous  les  meilleurs  Ecrivains  de  leur  Nation  :  Maxime  qui  n'a 
pas  été  ignorée  de  cet  ancien  à  Monteferrato ,  qui  traitant  la  matière  des  Suc- 
celîîons  Roïales,  à  l'occafion  de  celle  de  la  Maifon  d'Orléans ,  confirme  leur 
fentiment. 

Si  l'on  dit  que  Chaules  II.  de  gloricufe  Mémoire  a  fait  une  Difpofition 
teftamentaire  de  fes  Roïaumes  Se  de  fes  Etats  ,  Se  qu'on  tire  confequence  de 
là  ,  que  les  Rois  ne  font  pas  bornez  :  Je  répons,  qu'il  n'a  pas  forti  des  Loix 
qui  en  règlent  la  Succeffion  à  l'égard  de  l'Héritier  du  Sang  qu'il  a  nommé.  Il 
eft  vrai  que  le  Dauphin  ,  &  après  lui  le  Duc  de  Bourgogne,  conformément 
à  ces  Loix,  auraient  dû  régner  en  Efpagne,  Se  dominer  dans  les  autres  Etats 
du  Roi  défunt  :  Mais  comme  c'eft  une  maxime  d'Etat  en  Efpagne ,  bien  ou 
mal  fondée,  que  la  poffeflîon  de  deux  Monarchies  eft  incompatible  en  même 
perfonnej  ce  Roi  confiderant  que  l'un  ou  l'autre  de  ces  Princes  ,  ou  tous  les 
deux  fucceflîvement,  doivent,  félon  l'ordre  de  la  mortalité  ,  remplir  le  Trô- 
ne François,  il  a  fatisfait  à  même  tems  à  cette  maxime,  à  la  juftice,  Se  à  la 
Régie  de  Succeffion,  qui  appelloit  les  Enfans  de  fa  Sœur  confaqguine,  Fille 
du  Roi  Philippe  IV.  en  choiflant  celui  qui  félon  l'ordre  de  la  nature  ne  doit 
pas  porter  la  Couronne  de  France  :  Et  fi  par  quelque  événement  elle  vînt  à 
tomber  fur  fa  tête,  il  a  pourveu  à  la  prétendue  incompatibilité  de  deux  Mo- 
rarchies,  par  la  nomination  du  Duc  de  Berry  ,  dernier  Fils  de  fa  Sœur.  En 
tous  cas  ,  fi  la  difpofition  de  ce  Roi ,  qui  préfère  le  fécond  Fils  de  Monfei- 
gneur  fût  oppofée  a  l'ordre  de  la  Succeflion  d' Efpagne,  ce  ferait  à  l'égard  de 
l'Empereur  l'exception  d'un  tiers,  Se  nullement  la  fiennej  puis  qu'il  n'eft  pas 
SuccelTeur  ab  inteftat. 

D'ailleurs  ceux  qui  y  ont  intérêt  aïant  confenti ,  comme  ils  ont  fait ,  la 
difpofition  fubfifte,  &  ne  répugne  pas  aux  Lois  de  la  Monarchie  ,  le  Prince 
nommé  étant  Fils  du  Succeflcur  légitime. 

Lors  qu'en  matière  de  Fidci-commis  deftiné  à  une  famille  par  ordre  fuccef- 
fif,  le  Teftatcur  le  trouble,  en  appcllant  un  plus  éloigné,  quoique  compris 
dans  la  vocation  ,  il  ne  viole  pas  la  Loi  de  la  volonté  du  Fidei-committent, 
il  intervertit  feulement  cet  ordre  :  Préjudice  qui  regarde  le  plus  proche,  fon- 
dé de  reclamer ,  fans  qu'un  autre  plus  éloigné  foit  en  Droit  de  fe  plaindre. 
Bellonus  junior  Confil.  1.  ».  35".  j6. 

La  Renonciation  du  Dauphin  ,  &  du  Duc  de  Bourgogne,  qui  font  ceux 
que  l'ordre  fucceflif  appelloit,  étant  donc  une  réfutation  efFeétive  ,  en  faveur 
d'un  compris  dans  la  vocation  de  la  Loi  du  Roiaume,  perfonne  ne  peut  cri- 
tiquer La  volonté  de  l'Augufte  Défunt.  Giurba  de  Jeudis  cap.  u8.  §  1.  G  lof. 
14.  ».  10".  17. 

Ce  ferait  aujourd'hui  une  objecuon  inutile  ,  d'oppofer  la  Renonciation  de 
Louis  le  Grand,  après  la  force  des  raifons  données  au  Public  pour  preuve  de 

fa 


ET    RESOLUTIONS    D'ETAT.         tfij 

Ci  nullité,  &  après  qu'un  Juris-Confulte  Hollandois  a  montré  depuis  peu,  par  1701, 
des  autoritez  folides,  qu'en  la  fuppofant  valable  en  faveur  de  Charles  II.  &  "    '    ■ 
de  fà  pofterité  mafculine  [fi  Dieu  lui  en  eût  donnée]  elle  n'ôtoit  pas  aux  En- 
fans  de  la  Reine  Marie-Therese  le  Droit  légitime  de  fucceder  ab  inteftat 
au  défaut  des  Enfans,  qui  en  étoient  l'objet  Sç  la  caufe  finale. 

Mais  qu'ell-il  befoin  d'autre  témoignage  ,  que  celui  que  ce  pieux  Monar- 
que défunt  vient  de  rendre  lui-même  ,  en  un  tems  que  les  confideratiohs  fur 
l'Eternité  l'emportent  fur  les  humaines,  quand  par  fon  Teftament  il  a  fait 
connoître  à  toute  la  Chrêtienneté ,  que  le  refultat  Se  l'avis  des  Confultes  d'E- 
tat 6c  de  Juftice  que  Sa  Majefté  a  faites,  a  été, que  les  Loix  du  Roïaume  dé- 
feroient  la  Couronne  à  la  pofterité  de  la  Reine  de  France  fa  Sœur,  Mère  de 
Monfeigneur  le  Dauphin,  nonobftant  la  Renonciation. 

CesSçavans  du  Roïaume,  qu'il  a  afîemblez  pour  mettre  fa  confcience  en  re- 
pos, &  pour  fe  conformer  aux  Loix  dans  la  deiîgnation  de  fon  Succefleur  , 
en  connoiflent  trop  les  fondemens  6c  la  force,  pour  pouvoir  douter  de  la  ju- 
itefTe  de  leur  Réfolution  folemnelle  ;  &  leur  réponfe  eft  un  argument  de  con- 
viction fans  le  lècours  de  l'autorité  des  Livres. 

Les  raifons,  qui  détruifent  la  prétention  de  l'Empereur  fur  les Efpagnes, dé- 
couvrent la  foiblefle  de  celle  fur  le  Païs-Bas,  fi  quelque  mal  inftruit  lui  en  eût 
jnfpiré  quelqu'une.  -  Perfonne  n'a  jamais  douté  que  toutes  Se  chacune  Provin- 
ce, dont  ils  font  compofèz  ,  ne  ibient  Héréditaires  :  Elles  font  devenues  un 
Corps ,  par  Union  fucceffive  d'une  Province  à  l'autre,  par  Mariage,  ou  Hé- 
rédité, excepté  quelques-unes  venues  par  achat  ou  acquifition.  Les  Fem- 
mes ne  furent  jamais  exclues  de  la  Succefllon  en  défaut  de  Mâles.  Au  contrai- 
re, ces  Provinces  ont  parle  à  la  Maifon  de  France- Bourgogne,  par  le  moïer» 
d'une  Femme  Héritière  ,  ôc  de  cette  Maifon  à  celle  d'Autriche  par  la  même 
voie  de  Mariage  de  Maximilien  ,  qui  époufa  Marie  Fille  de  Charles  de 
Bourgogne,  Héritière  des  Païs-Bas.  Après  ces  deux  exemples,  qui  ont  fait 
le  Titre  de  la  Maifon  d'Autriche ,  ce  feroit  un  foin  inutile  de  faire  voir  par 
détail  que  chacune  de  ces  Provinces  eft  Héréditaire  ,  &  qu'elles  ont  pane ,  à 
défaut  de  Mâles  ,  aux  Femmes .,  &  toujours  aux  Héritiers  les  plus  proches. 
Zypeus  contra  Cajfanum,  Mireus,  Hazeus,  &  alii. 

Tant  de  gens  éclairez,  qui  compofent  l'Etat  &  les  Tribunaux  de  ces  Païs, 
connoiflent  cette  vérité  fi  foncièrement ,   qu'ils  ont  applaudi  folennelement  à 
la  juftice  de  l'intronifation  de  Philippe  V.,  lorfqu'étant  infinuez  de  laDifpo- 
fition  teftamentaire  de  leur  Augufte  Roi  défunt,  ils  ont  répondu  qu'elle  étoif 
conforme  aux  Loix  de  Succefllon  de  leur  Païs. 

Enfin ,  vouloir  combattre  une  Difpofition  fi  légitime,  ce  feroit  fe  former  des 
idées  metaphyfiques ,  &  des  êtres  de  raifon,  qu'un  fage  Empereur  n'eft  pas 
capable  de  produire. 

Les  pretenfions  fur  le  Duché  de  Milan,  que  les  Miniftres  de  l'Empereur 
prônent  avec  éclat  dans  les  Cours  des  Princes  pour,  attirer  des  partifans  ,  ne 
fervent  que  de  prétexte  à  ceux  qui  fe  forment  des  fraieurs  6c  des  fpeélres 
pour  l'Union  de  deux  vaillantes  Nations,  &  qui  établifient  leur  fortune  dans 
leur  Difcorde. 

Tm.  I.  Ffff  Mi- 


614      MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

I70[i       Milan  (difcnt-ils)  eft  un  Fief  de  l'Empire  :  l'Auguftc  Vaflal,  qui  le  pofie- 

» 1  doit,  eft  mort  fans  Enfans:  donc,  l'Empereur,  Seigneur  directe ,  peut  faiûr 

ce  Fief,  du  chef  de  la  caducité. 

Lorfqu'il  s'agit  d'une  métairie ,  ou  de  quelque  petite  Gentilhommière,  le 
Seigneur  directe  n'emploie  pas  beaucoup  de  formalité  pour  la  préhenlîon  du 
Fief>  l'intervention  de  quelques  Pairs  de  fa  Cour,  &  l'envoi  d'un  Receveur 
en  achèvent  la  folemnité.  11  n'y  a  pas  les  mêmes  facilitez  pour  le  Milanois, 
où  il  faudra  quarante  mille  bons  Huiiîîers  pour  faire  l'exploit. 

Philippe  V.  Roi  des  Efpagnes ,  en  eft  le  Poflèflêur  :  Il  ne  convient  pas 
du  Sillogifme  des  Mini  lires  Impériaux.  Il  n'eft  pas  d'accord  de  la  propofi- 
tion  majeure,  ni  de  la  confequence  :  appuie  de  la  juftice  de  fon  Droit.  Il 
retient  une  poflefllon  qu'il  croit  légitime  :  il  eft  en  état  de  repoufler  les  Ex- 
ploiteurs par  foi-même,  aidé  d'ailleurs  d'un  Augufte  Avocat,  qui  eft  celui  du 
monde  qui  appuie  plus  fortement  une  caufe  ,  8c  qui  pratique  le  mieux  les 
deux  chofes  que  l'Empereur  Juftinien  recommande  au  commencement  de  fes 
Inftituts.  Par  delTus  la  fçience  du  Droit  public  ,  il  poflède  fuperlativement 
celle  des  Canons  &  des  Fiefs  Majeurs.  Il  voudra,  avant  d'entrer  en  la  quef- 
tion  principale,  en  agiter  deux  préliminaires.  La  première,  fi  l'Héritier  du 
Vaflal  (en  iùppofant  une  caducité,  qu'il  nie  formellement  )  n'a  pas  Droit  de  ré- 
tention ,  pour  les  impenfes  8c  les  deniers  expofez  à  munir  8c  défendre  le  Fier. 
Le  Paragraphe  fi  Vafalîus  au  titre  ht c  finit ur  Lea  Feud.  lib.  2.  décide  claire* 
ment  que  le  Seigneur  directe  eft  obligé  de  paier  à  l'Héritier  du  Vaflal  les  me- 
liorations  &  les  impenfes  que  celui-ci  a  faites  pour  l'augmentation  ,  ou  pour 
la  confervation  du  Fief}  8c  l'on  convient  univerfellement  qu'il  y  a  pour  cela 
Droit  de  rétention.  Richters  Felitat.  Academicar.  tit.  de  Jure  rctent.fub  §.  16. 
eirca  mcd.  Et  quand  le  Fief  eft  une  forterefle  qu'il  a  fallu  munir  par  des  Bâti- 
mens  &  Fortifications,  8c  pour  laquelle  le  Vaflal  a  dû  faire  dépenfe  pour  la 
défendre  contre  quelque  Ennemi ,  l'Héritier  du  Vaflal  a  Droit  de  rétention 
jufques  à  ce  qu'il  foit  definterefle.  Schraderus  de  fendis  là.  part.  $<e.  partis 
principal.  Je 51 '.  z.  n.  22.  25.  Menochius  recuper.pojjejf.  remed.  11.  n.  18. 

Or  Philppe  V.  étant  Héritier  médiat  des  Philippes  qui  l'ont  précédé 
dans  la  Monarchie  d'Efpaghe ,  8c  immédiat  de  Charles  II.  s'il  y  eût  ca- 
ducité du  Duché  de  Milan,  que  non,  il  ferait  en  Droit  de  retenir  le  Fief 
jufques  à  reftitution  de  tant  de  millions  emploiez  aux  Fortifications  8c  defen- 
fe  des  Places  de  ce  Duché,  8c  des  fommes  immenfes  confommées  aux  Fortc- 
refles  de  Morbegno ,  Sondrio,  Neva,  Riva  ,  8c  de  tant  d'autres,  8c  em- 
ploiées  dans  la  Guerre  de  la  Valteline,  qui  n'a  été  foutenuë  par  les  Rois  d'Ef- 
pagne,  que  pour  la  fûreté  du  Milanois. 

Ces  fommes,  dira-t-on,  ne  font  pas  liquidées  ,  8c  l'on  conclura,  par  des 
maximes  vulgaires,  que  la  rétention  ne  peut  être  appuiée  que  fur  des  pré- 
tenfions  liquides.     Il  eft  vrai  que  le  calcul  n'en  eft  pas  fait ,  8c  qu'à  peine 

f)ourroit-il  fe  faire,  pour  Pexceflive  quantité  de  la  dépenfe  ,  laquelle  lurpaflè 
'Arithmétique:  mais  parce  que  les  Fortifications  des  Places  font  de  notorié- 
té publique,  que  l'Hiftoire  prouve  l'origine  8c  la  durée  des  Guerres  foutenues 
pour  la  deffenle  8c  la  fûreté  du  Milanois }  d'ailleurs  le  Tcftament  que  Char- 
les 


ET   RESOLUTIONS    D'ETAT,         615 

les  V.  fit  à  Bruxelles,  eft  une  autre  preuve  de  l'exceffive  dépcnie  que  les   1701. 

Roiaumes  d'Efpagne  ont  fournie  pour  conquérir  5c  garder  le  Milanois  ,  la  — 

prenant  pour  motif  de  la  ceffion  qu'il  en  avoit  faite  à  Ion  Fils  Roi  d'Efpagne. 
Tant  de  preuves  fumTent  ,  pour  que  la  liquidation  précife  ne  foit  pas  necef- 
faire  pour  fonder  le  Droit  de  rétention.  Rofenthal  de  feudis,  conclu/.  43, 
».  138. 

Ce  fentiment ,  dit  ce  fçavant  Ecrivain  ,  eft  celui  des  plus  fameux  Doc- 
teurs, 6c  c'eft  auffi  le  fien,  lors  qu'il  y  a  des  circonftances  &  de  l'atention  à 
faire  par  rapport  à  la  chofè,  6c  aux  perfonnes:  Dans  le  cas  ,  fi  le  Roi  d'Ef- 
pagne (  toujours  dans  la  fuppofition  metaphyfique  de  caducité  )  abandonnoit 
le  Droit  de  rétention,  il  ne  pourrait  contraindre  l'Empereur  à  la  reftitution 
de  ces  impenfès  que  par  une  groffe  Guerre  :  Circonftance  qui  le  difpenfcroit 
d'abandonner  ce  qu'il  ne  pourrait  recouvrer  que  par  un  épuifement  de  finan- 
ces, &  par  l'effufion  du  Sang  humain. 

Ce  n'eft  pas  même  faire  tort  à  la  grandeur  de  Sa  Majéfté  Impériale,  fi  l'on 
croit  que  la  longue  Guerre  qu'il  a  glorieufement  foutenuë  contre  le  Turc,  a 
vuidé  les  coffres,  6c  qu'il  n'eft  pas  en  état  de  païer  tant  de  millions  qu'il  con- 
viendrait de  rendre  àl'Efpagne:  Et  partant  l'Héritier  du  Vaffàl  n'eft  pas  obli-  _  - 
gé  de  fe  dépouiller  du  Droit  de  rétention  du  Fief.  Hartman.  pifior.  lib.  z.quœfl. 
far.  z.  queft.  42..  ».  10.  14. 

La  féconde  Queftion  Préliminaire  demande  auflï  beaucoup  d'attention.  El- 
le eft,  fçavoir,  fi  le  Seigneur  directe  n'eft  pas  obligé  de  donner  l'Inveftiture 
du  Milanois  au  Roi  Philippe  V.  qui  n'eft  pas  feulement  Héritier  écrit  de 
Charles  IL,  dernier  PofTefleur  de  ce  Duché  ,  mais  encore  un  Defcendant 
directe  de  Philippe  IV.,  6c  de  la  Ligne  où  ce  Duché  eft  entré  depuis  Phi- 
lippe II. ;  6c  s'il  peut  la  refufer  lors  qu'il  la  demandera:  Le  cas  n'eft  pas  nou- 
veau auprès  des  anciens  Pères  de  la  Jurifprudence  j  6c  Decitis^  qui  eft  un  du 
premier  ordre  ,  refoud  que  le  Seigneur  directe  eft  tenu  d'en  inveftir  le  plus 
proche  Defcendant.  Confil.  131.  Et  cela  fans  différence  d'agnation  ni  de  co- 
gnation.  "  Ruinus  Confil.  tfi.'n.  16.  vol.  j. 

Auguftin  Beroius ,  qui  eft  encore  un  ancien  Docteur  de  la  première  claflê , 
traitant  la  queftion  de  caducité  de  Montferrat  par  défaut  de  Mâle  Defcendant 
de  la  Ligne  des  Paléologues ,  répond  que  le  Seigneur  directe  eft  obligé  de 
donner  l'Inveftiture  à  une  Princeflè  Defcendante,  quand  il  n'y  a  pas  de  Mâles 
de  la  même  Ligne  où  le  Fief  eft  entré.    Confil.  6j.  ».  fi.vol.  1 .  , 

Difant  que  fi  le  Seigneur  ne  le  fait  pas,  la  Fille  Defcendante  en  peut  appcl- 
ler  :  Il  oublie  de  nommer  le  fuperieur  d'appellation  j  mais  en  cas  Souverain, 
je  crois  que  c'eft  au  Tribunal  d'une  longue  6c  roide  épée. 

Tyraqueau,  autre  fameux  Docteur  ,  fait  un  long  récit  de  ceux  qui  tiennent 
cette  opinion ,  qui  eft  aufîî  la  fienne  de  retrait,  in  prœfat.  ».  41.  Ce  fera,  en 
ce  cas,  un  Mâle  Héritier  6c  Neveu  de  Charles  II.  Petit-Fils  de  la  Fille  d'un 
Duc  de  Milan,  en  faveur  de  qui  le  Père  ,  Enfant  de  cette  Fille,  a  refuté  le 
Fief  qui  demandera  l'Inveftiture,  6c  à  qui  elle  ne  peut  pas  eftre  refufée ,  h 
demandant  dans  l'année  ,  félon  la  Confultation  de  cet  excellent  Docteur 
des  Univerfitez,  de  Bologne  6c  de  Padouë  Parifîus.   Confil.  zi.  ».   x6.  vol. 

Ffff  1  10. 


616      MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

1701..  10.  où  il  traite  le  même  cas  pour  les  Duchez  de  Mantouë  6c  de  Mont- 
■  "  '■     ferrât. 

Enfin,  c'eft  allez  pour  l'Oracle  tutelaire  des  Efpagnes  ,  que  cette  opinion 
de  tant  de  fameux  Jurifconfultes  dont  Rofenthal  de  fendis  conclu/.  24.  //'//.  f.  in. 
allegat.  fait  le  Catalogue ,  convienne  avec  lui.  Il  icaura  bien  après  cela  l'ap- 
puïcr  par  fa  propre  autorité  ,  malgré  celle  des  Partifans  du  fentiment  op- 
pofé. 

D'ailleurs,  il  ne  manque  pas  d'exemple  de  Succeffion  de  Fille  dans  le  Duché  de 
Milan.  Francisque  Sforce  l'a  tenu  à  titre  de  Blanche-Marie  Fille  natu- 
relle de  Philippe-Marie  ViscoNTi,defcendu  dejEAN-GALEAS  Duc  de  Mi- 
lan. Francisque  en  a  continué  la  poiïèffion  fans  Inveftiture,  dit Guicciardin 
fol.  10.  de  même  que  Galeas  fon  Fils,  &  Jean-Galeas  fon  Petit-Fils.  On 
fçait  que  le  titre  de  Sforce  étoit  une  occupation  de  fait, 6c  qu'en  établiflant 
en  une  naiflance  illégitime,  il  firifoit  force  auxLoix.  Cela  pourtant  ne  falefie  en 
rien  les  Droits  du  jeune  Monarque.  Jean-Galeas  Duc  de  Milan  maria  fa 
Fille  Valentine  avec  Louis  Duc  d'Orléans,  Fils  de  Charles  V.  Roi  de 
Fiance.  Par  l'un  des  Articles  du  Traité  de  Mariage  ,  il  fut  ftipulé,  qu'elle 
&  fes  Defcendans  fuccederoient  à  ce  Duché  ,  en  cas  que  la  Ligne  malculine 
de  Galeas  vint  à  manquer.  La  condition  arriva  pendant  la  vie  de  Valentine, 
par  la  Mort  de  fes  Frères.  La  voilà  donc  Héritière  naturelle  6c  coutraétuel- 
.  le  :  Qualité  qu'elle  a  tranfmife  à  fes  Enfans ,  qui  en  ont  pris,  &  porté  juste- 
ment le  titre  ,  que  Louïs  XII.  defeendu  de  Valentine  a  continué ,  6c  à  qui 
l'Empereur  Maximilien  donna  l'Inveiliture  l'an  ifof.  comme  au  vrai  6c  légi- 
time Succefl'eur  de  cet  Etat  par  Valentine  fon  aïeule. 

On  a  voulu  objecter  autrefois ,  que  cette  fubftitution  manquant  d'Octroi  de 
l'Empereur,  ne  pouvoit  point  fubfifter  :.  Mais  parce  qu'elle  fc  faifoit  en  fa- 
veur de  la  perfoane  qui  devoit  fucceder  à  fon  Père,  la  condition  n'étoit  que 
l'opération  même  du  Droit  du  Sang.  Molineus  ad  Confult.  Parif.  Ht.  78, 
Glojf.  1 .  n.  76. 

On  iatisfit  pourtant  à  la  folemnité  pour  autant  qu'elle  pouvoit.  être  necef- 
faire,  6c  on  obtint  l'Octroi  du  Pape,  à  caulê  que  l'Empire  étoit  vacant:  Et 
cela  valablement,  dit  Paul  Jove.     in  vita  Joann.  Galeat. 

On  ne  peut  pas  nier  que  Louïs  XII.  6c  fon  Succeifeur  furent  troublez  en. 
leurs  Droits  :  Mais  Charles  V.  Empereur  ,  qui  en  connoifioit  la  force  , 
préfenta  plus  d'une  fois  à  Velly  Ambalfadeur  de  François  I. ,  d'en  inveftir 
le  Duc  d'Angpulême  troifiéme  Fils  de  ce  Roi,  ce  qu'il  réitéra  publiquement 
en  plein  Coniîftoire  dans  la  Harangue  qu'il  fit  en  préfencedu  Pape,  la  plus 
Voyez  outrée  qu'il  s'en  fit  jamais.  François  I.  eut  le  malheur  d'être  fait  prifon- 
duPlaix.  nier  à  la  Bataille  de  Pavie  ,  6c  par  ce  moïen  il  fe  fit  le  Traité  de  Madrid  de 
if2<5.  par  lequel  ce  Roi  prifonnier ,  Succeifeur  de  Louis  XII.  6c  delà 
Maifon  d'Orléans,  céda  à  Charles  V.  fon  Droit  fur  le  Duché  de  Milan. 
Cefilon  qui  fe  fit,  6c  qui  a  été  renouvellée  par  des  Traitez  fuivans',  en  quali- 
té de  Charles  Roi  des  Efpagnes,  pour  lui,  fes  Succefleurs ,  6c  aïans  caufe ; 
ce  qui  paroit  de  l'Article  7.  dudit  Traité  ,  dont  le  huitième  elt  une  fuite  où 
la  cefiion  du  Milanois  fe  trouve  faite  à  Charles  en  la  même  qualité  que  fe. 
fitiiôit  celle  pour  le  Roïaume  de  Naples.  Cet-  ■ 


ET    RESOLUTIONS    D'ETAT.         617 

Cette  cefîîon  de  l'an  ifi6.  pouvoit  alors  être  atteinte  de  quelque  vice  de   1701. 
crainte  ou  de  force,  L.  qui  in  carcerem  d.  qubd  metus  cauf.     Mais  étant  de-  — — — 
puis  ratifiée  par  divers  Traitez; faits  de  plein  gré  ,  elle  a  donné  un  titre  legiti- 
time  à  la  Couronne  d'E/pagne,  comme  aïant  par  là  acquis  les  Droits  des  véri- 
tables Héritiers  du  Milanois. 

Philippe  II.,  Roi  très  fage,  a  bien  connu  cet  avantage  de  l'Efpagne  ac- 
quis par  la  cefîîon  des  Rois.de  France  ,.&  que  l'Empereur  n'y  pouvoit  rien 
pter  ni  ajouter,  lofque  par  fon  Teftament  de  l'an  ifP4-  il  jnftitua  fon  Fils 
Philippe  III.,  ordonnant  que  ce  Duché  de  Milan  feroit  à  perpétuité  6c  in- 
feparablement  uni  aux  Couronnes  de  Caftille  &  d'Arragon.  C'eft  donc  le.  - 
devoir  de  ce  jeune  Monarque  de  ne  pas  aller  contre  la  volonté  d'un  grand  Roi 
fon  devancier  afeendant ,  oc  de  ne  pas  défiler  les  perles  de  fes  Couronnes. 

L'argument  qu'on  avance  en  faveur  de  l'Empereur  ,  que  Milan  auroit  été 
érigé  en  Duché  par  un  Empereur ,  &  qu'il  feroit  Fief  d'Empire. ,  n'appuïe 
pas  la  caducité  prétendue.  Les  Empereurs  ont  érigé  en  Roïaume  le  Danne- 
marck,  &  depuis  peu  la  Province  de  Pruffe,,  qui  eitle  patrimoine  de  l'Ordre 
Teutonique  :  Cela  pourtant  ne  lui  donne  aucun  Droit  d'y  fucçeder,  tandis 
qu'il  y  a  des-Defcendans  de  la  Ligne  des  Maifons  de  Holftein  &  Brandebourg. 
La  qualité  de  Fiefs  d'Empire  n'ell  pas  aulîî  un  argument  xle  conviction  poul- 
ies prétendre ,  à  l'exclufion  des  Enfans  de  la  Ligne  où  les  Fiefs  font  entrez. 
Il  y  a  des  exemples  afîez  dans  les  grands  Etats  de  l'Empire  qu'on  a  vu  paiîer 
à  d'autres  familles  par  les  Femmes. 

Entre  tant  d'autres,  on  fçait  que  le  Sercnifîîme  Père  de  l'Augufte  Impéra- 
trice Régnante,  &  l'Electeur  de  Brandebourg,  ont  fuccedé  par  cette  voie 
aux  Duchez  de  Juiliers,  de  Cleves,  ScdeBerg,  à  la  vue  de  l'Empereur. 

Celui  qui  a  donné  au  public  depuis  peu  un  Libelle  intitulé,  Recherches  Ht* 
Jioriquesfur  la  .Queftion  fi  le  Duché  de  Milan feji  Eef  de  r Empire,  &  s'il e fi  ma- 
fçulin^  s'arrête  à  cette  qualité  de  mafeulin ,  difant  que  la  Maifon  d'Orléans  en 
auroit  été  exclue  par  Jugement.  Mais  qui  l'a  porté?  Cette  Maifon "s'eft-elle 
tenue  pour  exclue?  L'inveftiture  accordée  à  Louis  XII.  ,  &  tout  ce  qu'on 
vient  de  dire,  montrent  qu'on  n'eft  point  d'accord  de  fon  aflertion.  C'efl 
même  une  preuve  qu'il  n'y  a  pas  eu  de  Jugement  légitime  pour  l'exçlufionjde 
Valentine,  que  la  iùnefle  Guerre  que  l'Écrivain  avoue  avoir  été  entreprifè 
pour  ce  Duché  entre  Charles  V.  &  François  I. 

Une  autre  preuve  fe  tire  encore  de  la  celîîon  du  Traité  de  Madrid,  où 
l'Empereur  Charles  V.  reçoit  la  cefîîon  de  François  L,  fans  parler  d'au- 
cun Jugement  qui  fût  porté  en  fa  faveur ,  l'acceptant  de  plus  comme  Roi 
d'Efpagne ,  &  pas  comme  Empereur  :  Qui  eft  un  point  très-remarquable 
pour  la  queftion. 

Je  ne  prétens  pas  de  fouiller  l'Antiquité  pour  faire  voir  que  Milan  en  fon 
origine  vient  des  Gaulois*  que  dans  les  Partages  des  Enfans ,  Se  depuis,  des 
Neveux  de  Charlemagne,  le  Milanois  a  patte  toujours  pour  une  pièce  de 
patrimoine  des  Carlovingiens  ;  que  les  Berengaires  l'ont  poflëdé  en  titre  de 
Roïaume  d'Italie  ,  &  point  comme  partie  de  l'Empire.  On  trouve  même  ,, 
qu'il  n'y  a  pas  encore  quatre  cent  ans  que  ceux  de  Milan  choiment  eux-mê- 

Ffff  3  mes,; 


6i8      MEMOIRES,  NÉÔ'OTI ATÎONS,  TRAITEZ, 

r70i.  mes,  &  fans  intervention  de  l'Empereur,  un  Recteur  Général,  Se  Seigneur 
■  de  leur  Etat,  qui  fut  Mathieu'  dit  le  GYartd.  Ce  qui  fait  douter  de  fa  qualité 

féodale,  ou  qu'elle  n'eft  pas  d'une  ancienneté-impénétrable. 

Il  cil  vrai  qu'au  Traité  de  Crepy  ,  Article-  |f. ,  Charles  V.  pfennant 
toujours  les  deux  qualitez  d'Empereur  Se  de  Roi  d'Efpagne,  fous  lefquelles  il 
traitoit  avec  la  France ^  Stipule,  qu'en  cas  de  Mariage  du  Duc  d'Orléans  avec 
la  Fille  du  Roi  des  Romains ,  il  cédera  Se  transportera  le  Duché  Se  Etat  de 
Milan,  ce  qu'il  fait  carnivWRoi  d'Efpagne,  puis  qu'il  en  avoir  acquis  com- 
me tel  les  Droits  par  lé  Traité  de  Madrid  ;  Se  s'il  dit  comme  Empereur  qu'il 
en  donnera l'Inveitituré  pour  le  Duc  d'Orléans  Se  fes*  hoirs  mâles,  'cette  der- 
nière claufe  n'altère  pas  les  Droits  premiers.  C'étoit  une  Loi  que  le  maitre 
de  la  chofe  mettoit  à  la  donation,  ghi  non  alla  hge  rem  fuam  alienari  patieba- 
1ur.  Mais  ce  Mariage  n'aïant  pas  été  accompli,  les  conventions  matrimo- 
nielles  ont  été  anéanties  d'elles  mêmes  avec  toutes  leurs  claufes ,  Se  le  Duché 
de  Milan  a  demeuré  dans  la  Seigneurie  Se  Domaine  du  Roi  d'Efpagne  fans  al- 
tération quelconque,  puis  qu'il  n'étoit  promis  qu'en  cas  Se  à  condition  des 
Epoufailles  avec  la  Fille  du  Roi  des  Romains ,  félon  le  texte  exprés  de  la  Loi 
6.  cl.  de  condiiï.  canf.  dat. 

La  prétention  de  l'Empereur  fur  le  Duché  du  Haut  Gueldre  fe  détruit  par 
les  mêmes  raifons,  que  celle  fur  le  Duché  de  Milan.  Cet  Etat  qui  eft  fitué 
dans  la  balle  Allemagne  a  été  un  patrimoine  des  Carolovingiens  :  ceux  de  la 
Maifon  de  Pont  l'ont  enfuite  polTedé  comme  héréditaire,  Se  le  dernier  n'aïant: 
eu  qu'une  Fille  nommée  Alix ,  mariée  à  Othon  de  Naflàu  :  Celui-ci  fut  mai- 
tre du  Pais  de  Gueldre  à  titre  de  fa  Femme.  Ce  fut  aufli  du  Chef  de  Ma- 
rie Fille  de  Renaut  I.,  que  le  Duc  de  Juliers  le  devint  de  Gueldres,  après 
qu'EpuARD  fon  Beaufrcre  fut  tué  à  la  Bataille  de  Baefviller ,  entre  le  Rhin 
oc  la  Meufe.  Preuve  remarquable  que  les  Fiefs  d'Empire  ne  font  point 
caducs  à  défaut  des  Mâles,  Se  qu'ils  paSTent  aux 'Sœurs  Se  à  leur  po- 
stérité. 

Jeanne  de  Juliers  époufir  le  Seigneur  d'Archet,  elle  eut  un  Fils  nommé 
Guilleàume:  La  mort  prévint  fa  Succeffion  au  Duché,  étant  decedé  avant 
le  Père  :  Il  fit  place  à  Marie  Sœur  de  Jeanne  ,  qui  pofTeda  le  Duché  de 
Gueldres  avec  Arnoult  d'Egmont  fon  Mari  ,  fans  que  l'Empereur  ait  pu 
empêcher  ces  SucceSîions  de  Femmes  collatérales',  ni  prétendu  aucune  cadu- 
cité de  ce  Fief,  nonobstant  le  défaut  d'Enfans  Se  de  Mâles  des  Poffeffeurs. 
Cet  Arnoult  eut  Adolphe  I.  Fils  impie  Se  dénaturé, qui  jetta  fon  Père  en 
prifon,  Se  l'y  retint  fept  ans.  Il  en  fut  délivré  par  les  Armes  de  Charles 
de  Bourgogne  Prince  des  Païs-Bas  ,  à  qui  ce  Père  vendit  ce  Duché,  8c  de- 
puis l'nititua  Héritier  ,  exheredant  à  julte  caufe  ,  approuvée  des  Loix,  un 
Fils  Barbare ,  violateur  des  Loix  de  Dieu  Se  de  la  Nature.  Depuis  ce  tems- 
là,  le  Duché  de  Gueldres  a  demeuré  Héréditaire  dans  les  SuccelTeurs  des  Païs- 
Bas ,  Se  Philippe  II.  par  fon  TeStament  l'a  tenu  pour  infeparablement 
uni  à  la  Couronne  d'Efpagne ,  avec  le  Milanois ,  Se  les  Provinces  du 
Païs-Bas. 

Enfin,  on  n'a  pas  encore  vu  des  réunions  d'Etats  à  l'Empire  par  défaut  des 

Ma- 


ET    RESOLUTIONS    D'ETAT.         6i9 

Mâles,  6c  ce  ferait  une  pratique  dangereufe  pour  ceux  des  Electeurs  &  Pria-  1701. 
ces  feculiers,  qui  feraient  les  feuls  Sujets  à  reverfion  j  pendant  que  les  Princes  — ; — 
Ecclefiailiques  feraient  à  l'abry  de  la  .caducité.  :  L'Empire  aggrandi  par  de 
telles  réunions  ferait  formidable  aux  Princes  qui  fubfi  lieraient  encore  ,  qui 
doivent  pourtant  examiner  meurement  s'il  eil  de  leur  intérêt  d'appuïer  une 
maxime,  &  de  porter  le  feu  dans  l'Empire  pour  un  intérêt  particulier  de  fa- 
mille, que  les  Anglois  &  Hollandois  feront  bien-aifès  d'allumer,  pour  des 
vues  d'ombrage  mal  fondé,  qui  n'ont  rien  de  commun  avec  le  repos  de  l'Em- 
pire. 

C  e  qui  avançoit  aufîl  le  Traité  i  avec  l'Empereur  étoit  que  les  deux  Cou- 
ronnes firent  faire  des  Lignes  à  demi  lieuë  d'Anvers;  Elles  tiraient  depuis  le 
bord  de  l'Efcaut  jufques  à  Lier.  Elles  dévoient  être  munies  de  Forts  Se  Re- 
doutes, d'efpace  en  efpace.  On  prétendoit  par-là  de  mettre  à  couvert ,  non 
feulement  Anvers  ^-  mais  même  tout  leBrabant ,  du  côté  de  la  Hollande.  On 
obligea  même :les  habitans-' d'Anvers  de  prendre1  la  pioche.  Des  perfonnes  di- 
flinguées  en  donnèrent  l'exemple.  L'Evêque  même  leur  infinua  en  chaire, 
qu'il  s'agifToit  de  la  Patrie  ,  6c  y  ajouta  l'aiguillon  de  la  Religion,  qui  a  le 
plus  d'influence  fur  la  Populace  ignorante.  On  traça,  aufli  des  Lignes  vers 
l'Eelufe.  On  travailla  à  relever  le  Fort  Ifibelle  ,  6c  quelques  autres  Portes, 
qui  n'étoient  pas  d'une  moindre  conféquence.  On  ne  pouvoit  regarder  cette 
nouvelle  Manœuvre,  .que  comme  une  Rupture.  C'efl  puis  que  cela  failbit 
-brèche  aux  Articles  LVIIL,  LXVIII.,  LXX.  6c  LXXVI. ,  du  Traité  de 
-Weflphalie ,  fait  entre  Philippe  IV.  Roi  d'Efpagne ,  6c  les  Etats  Géné- 
raux. Par-là,  l'alarme  augmentoit ;  ce  qui  fît  hâter  la  Conclufion  du  Trai- 
té avec  l'Empereur,   i 

Avant  cependant  que  d'en  venir  là,  il  y  eut  de  grandes  Difficultez.  Elles 
confifloient  principalement  en  ce  que  l'Empereur  prétendoit  de  ilipuler  que 
l'on  s'engagerait  à  lui  faire  avoir  la  totalité  de  la  Monarchie  d'Efpagne. 
L'Angleterre  ,  6c  les  Etats  Généraux,  ne  vouloient  abfolument  pas  entrer 
dans  des  engagemens  fi  étendus.  D'ailleurs  j  ces  deux  PuifTances  vouloient 
exiger  que.  les  Conquêtes  qu'Elles  pourraient  faire  dans  les  Indes  Efpagnoles 
leur  relieraient  en  propre.  L'Empereur  régimboit  à  ce  dernier  Article.  C'é- 
•toit  à  caufe  qu'on  y  ferait  de  l'altération  fur  le  fait  de  la  Religion.  Comme 
l'on  inlîiloit  avec  fermeté  fur  la  propriété  de  ces  Conquêtes,  Sa  Majeflé  Im- 
périale voulut  du  moins  exiger  que  l'on  n'y  abolirait  pas  la  Religion  Romai- 
ne. Les  deux  Puifîànces  le  promirent  fur  leur  bonne  foi  ;  mais ,  Elles  ne 
voulurent  pas  s'engager  dans  le  Traité.  Par  raport  à  ce  grand  Article  de  la 
totalité  de  la-, Monarchie  ,  on  ne  voulut  abfolument  pas  y  entendre.  On  fê 
bornoit  à  s'obliger  de  faire  les  plus  grands  Efforts,  pour  reprendre  les  Pais-Bas 
Efpagnols ,  pour  fervir  de  Barrière  à  la  Hollande,  6c  de  conquérir  le  Duché 
de  Milan  avec  fes  Dépendances.  Dans  la  fuite  de  la  Négociation,  on  le  laif- 
fa  aller  à  s'obliger  de  même  pour  la  Conquête  des  Roïaumes  de  Naples  6c  de 
Sicile.  Pour  porter  l'Empereur  à  fe  contenter  de  cet  Engagement  ,  l'habille 
Mr.  de  Dyckvelt,  qui  étoit  chargé  de  la  Négociation  ,   fit  de  folides  Repré- 

fenta- 


6io    MEMOIRES,  NEGOTIATIGSNS,  TRAITEZ, 

1701.  Tentations  aux  Comtes  de  Gocz  Se  de  Wratiflawv  Il  leur  dit  que  l'Empereur 
— devoit  réfléchir,  qu'il  s'agiflbit  de  taire  entrer  la  République  dans  une  Guer- 
re, dont  le  Succès  étoit  incertain,  Se  qui  ne  s'étoit  guère  bien  trouvée  des 
deux  précédentes,  finies  par  les  Traitez  de  Nimegue  &  de  Ryswickj  Que  là 
République  le  trouvoit  encore  furchargée  des  onéreux  fardeaux  de- ces  deux 
Guerres-là;  Qu'Elle  ne  fubfiiloit  que  par  le  Commerce,  qui  par  une  nouvel- 
le Guerre  rfouffriroit  un  préjudice  extrême  >  Que  cependant  Sa  Majefté  Im- 
périale pouvoir  s'atTûrer  que  fi  une  .  fois  la  République  entroit- en  Guerre,  Se 
fi  le  fort  des  Armes  venoit  à  être  favorable,  l'on  prendroit  des  mefures  conve- 
nables pour  la  fatisfa&ion  de  Sa  Majefié  Impériale ,  Se  l'on  s'étendroit  fuivant 
les  Evenemens.  Auflî,  efl-ce  ce  qui  arriva  dans  la  fuite  ,  ainfi  qu'on  le  dira 
en  fon  tems.  Le  Comte  de  Goez  Envoïa  fon  Secrétaire  à  Vienne,  pour  y 
porter  ces  Repréfentations  ,  avec  ^Ultimatum  de  ce  que  l'Angleterre  Se  les 
Etats  Généraux  vouloient  faire.  Il  en  fut  de  retour  le  Lundi  zy.  d'Août. 
Comme  il  porta  une  Réponfe  fatisfaifante  ,  on  travailla  à  drefler  le  Traité. 
Après  qu'on  fut  convenu  de  tous  les  Articles  d'icelui  ,  on  le  mit  au  net, 
fut  figné  le  fept  de  Septembre  1 701.  de  la  manière  qui  fuit. 

ryUandoquidcm  mortuo  fine  liberis 
*^~-  non  ita  pridem  gloriofijjïmœ  mé- 
morise Carolo  Secundo  Hif- 
paniarum  Rege  ,  Sauta  Sua  Cœfarea 
Majeftas  SucceJJivnem  in  Régna  & 
Provincias  Régis  defuncli  Domui  fua 
Augafîœ  légitimé  deberi  afjerwrit  ; 
Rex  autem  ChrifiianiJJtmus  pro  tiepo 


Si  il 


Traité 

«l'Allian- 
ce entre 
l'Empe- 
reur, le 
Roi 

d'Angle- 
terre ,  Se 
JesE- 
tats  Gé- 
néraux 
des  Pro- 
vinces- 
Unies. 


D'Autant  que  le  Roi  d'Efpagne 
Charles  II.  de  glorieuie  mé- 
moire ,  étant  mort  fans  Enfans ,  Sa 
Sacrée  Majefié  Impériale' a  allure  que 
laSucceffion  desRoïaumes  Se  Provin- 
ces du  Roi  défunt  appartiennent  lé- 
gitimement à  fon  Augufle  Maifon  > 
Se  que  le  Roi  T.  C.  defirant  avoir  la 
te  fuo  Duce  Andegavenfi  ean'dem  Suc-  même  Succeffion  pour  le  Duc  d'Ax- 
cejjionem  ambiens,  ci?  jus  illi  ex  Tefia-     jou  fon  Petit-Fils ,  Se  alléguant  qu'el- 


mento  quodam  Régis  defuncli  natum  ef- 
fe  praferens ,  pro  rnodb  diclo  Duce  An- 
degavenfi poffeffionem  univerfe  hare- 
ditatis  five  Monarchiœ  Hifpanica  ar- 
rtputr.it ,  Provincias  Hifpano  -  Belgi- 
cas  ,   Ducatumque  Mediolanenfem  ar 


le  lui  vient  de  Droit  en  vertu  d'un 
certain  Tefiament  du  Roi  défunt,  il 
s'efl  d'abord  mis  en  pofièffion  de  tout 
l'Héritage  ou  Monarchie  d'Efpagne 
pour  le  fufdit  Duc  d' Anjou,  Se  s'efl 
emparé  à  main  armée  des  Provinces 


m 


mis  occupaverit ,  Clajfem 
Caditano  parafant  teneat ,  Naves  plu- 
tes  bellicas  ad  Indias  Hifpano  paren- 
tes miferiî  ,  atque  hoc  modo  ,  aliif- 
que  plurimis  ,  Régna  Galliarum  & 
Hifpaniarum  tam  arclè  inter  fe  a- 
niantur  &  coalefcant ,  ut  pofthac  non 
aliter  quàm  pro  uno  eodemque  Regno 
confideranda  effe  videantur  ;  adeb  ut 
tiifi  profpeclum  fuerit  ,  fatis  appa- 
rent   Cafareee    Sua    MajeJIati    abji- 

cien- 


Porta  du  Pais-Bas  Efpagnoi,  Se  du  Duché 
de  Milan,  Se  qu'il  tient  une  Flotte 
dans  le  Port  de  Cadix,  toute  prête  à 
faire  voile,  Se  qu'il  a  envoie  plufieuis 
VaifTeaux  de  Guerre  aux  Indes  qui 
font  ioûmifes  à  l'Elpagne,  Se  que  par 


ce  moien  Se  pluiieurs  autres ,  les 
Roïaumes  de  France  Se  d'Efpagne 
font  fi  étroitement  unis,  qu'il  femble 
qu'ils  ne  doivent  plus  être  regardez  à 
l'avenir,  que  comme  un  icul  Se  mê- 
me 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T. 


62.1 


ciendam  efie   omnem  fpem  unquam  fi- 
bi  de  pratenfione  fua  fatisfatlum  tri, 
facrum  Romanum  Imperium  jura  fua 
in  Feuda  ,    qua  funt  in  Italiâ  (3  in 
Belgio   Hifpanko  perditurum  ,    Brit- 
tannis  13  Belgis  fœderatis  hberum  Na- 
vigationis   cjr"    Commerciorum  ufum  in 
Mare  Mediterraneum ,   in   Indias   (3 
alibi  funditus    periturum  ,    Unitum- 
que    Belgium  deftitutum  in  fecuri ta- 
ie ,   quant  ex   intcrpofitis  inter  fe  (3 
Gallos  Provindis  Hifpano  -  Belgicis , 
vulgà  Barrière  tenebat  ;   denique  Gal- 
los  (3   Hifpanos  ita    conjunclos  adeb 
omnibus  formidandos  brevi  evafuros , 
uî  iotius  Europe   imperium  facile  fi- 
bi  vindicaturi  fini.    Çhium   autem  ob 
hune  procedendi   modum   Régis   Chri- 
fiianiffimi  Cafarea  Sua  Majeftati  ne- 
ceffitas  impofita  fuerit  exercitum  in  I- 
taliam  mittendi ,  ad  confrvanda  tant 
Jura  fua  privata  ,  quàm  Feuda  Im- 
perii  ,    Rex    Magna   Brittannia    ne- 
cejfarium  exiftimaverit  copias  fias  auxi- 
liares  mittendi  Bclgio  Fœderato  ,   cu- 
jas  res  eo    loco  funt  ,    ac   fi    reipfa 
jam  aggrefum  foret,  13  Domini  Or- 
dines  Générales  Uniti  Belgii  ,  quorum 
fines  undique  fere  patent  effratlo  (3 
remoto  Obice  ,    vulgà    Barrière  ,   qui 
Gallorum   vicinitatem  arcebat ,   coac- 
ti  fint  ea  cuncla  pro  fecuritate  &  fa- 
illie Reipublkte  fua  facere  ,   qua  bel- 
lo   impetïti  facere   debuiffent    vel   po- 
tuiffent  ;    §>uumque    tam    anceps    re- 
riim    confiitutio  ipfo   bello   periculofior 
fit  ,   &   hoc    rerum   fiatu   Gallia  & 
Hifpahia  abutantur ,   ut  fe  magis  13 
fnagis   inter  fe   de-vinciant    ad  oppri- 
mendam  Europa   libertatem  ,   &?   tol- 
lendum  Commerciorum  ufum:  His  ra- 
tionibus  adducli ,    Sacra   Sua    Cafa- 
rea Majefias ,  Sacra  Sua  Regia  Ma- 
jejlas  Magna    Brittannia ,    &    Cel- 
Ji    13    Prapoientes    Domini    Ordines 
Jom.  I.  Gcw~ 


me  Roïaume ,   tellement  que  fi  on  ijoi. 
n'y  prend  garde,  il  y  a  bien  de  l'ap-  — — 
parence  que  Sa  Majefté  Impériale  ne 
doit  plus  efperer  d'avoir  jamais  aucu- 
ne fatisfaction  de  fa  prétention  }  Que 
l'Empire    Romain    perdra    tous  fes 
Droits  fur  les  Fiefs  qui  font  en  Italie, 
Se  dans  le  Païs-Bas  Efpagnol ,  de  mê- 
me que  les  Anglois  &  Hollandois  per- 
dront  la  liberté  de  -leur  Navigation 
Se  de  leur  Commerce  dans  la   Mer 
Méditerranée, aux  Indes, 8c  ailleurs  > 
Et  que  les  Provinces-Unies  feront  pri- 
vées de  la  fureté  qu'elles  avoient  par 
l'interpofition  entr'elles  &  la  France 
des  Provinces  du  Païs-Bas  Efpagnol , 
appellées  communément  la  Barrière  -, 
Et  qu'enfin  les  François  &  les  Efpa- 
gnols  étant  ainfi  unis  deviendroient  en 
peu  de  tems  fi  formidables  qu'ils  pour- 
roient  aifément  foûmettre  toute  TEu- 
rope  à  leur  obéïffance  &  empire.  Or 
comme  cette  conduite  du  Roi  T.  C. 
a  mis  Sa  Majefté  Impériale  dans  la 
neceffité  d'envoïer  une  Armée  en  Ita- 
lie ,  tant  pour  la  confervation  de  fes 
Droits  particuliers ,   que   pour  celle 
des  Fiefs  de  l'Empire}  de  même,  le 
Roi  de  la  Grande  -  Bretagne  a  jugé 
qu'il   étoit    neceflaire    d'envoïer   tés 
Troupes  auxiliaires  aux   Provinces- 
Unies,  dont  les  Affaires  font  dans  le 
même  état,  que  fi  on  en  étoit  déjà 
venu  à  une  Guerre  ouverte ,   Se  les 
Seigneurs  Etats  Généraux,  dont  les 
Frontières  font  prefque  de  toutes  parts 
ouvertes ,  par  la  rupture  de  la  Barriè- 
re  qui  empêchoit    le  voifinage  des 
François  ,   font  contraints  de  faire  , 
pour  la  fureté  &  pour  la  confervation 
de  leur  République ,   tout  ce  qu'ils 
auraient  dû  &  pu  faire  ,  s'ils  étoient 
effectivement  attaquez  par  une  Guerre 
ouverte.     Et  comme  un  état  fi  dou- 
teux Se  fi  incertain  en  toutes  chofes , 
Gggg  eft 


I 


6it     MEMOIRES,  NEGOT 

1701.  Générales    Unit}    Belgii    tant  i  s    malis 

- hinc  furrecluris  obviant  tendentes  ,  & 

pro  viribus  remédia   aflerre  cupicntesy 
arctam  inter  fe  conjunclionem  13  con- 
fœderatior.em  ,    pro    depelknda    com- 
muais   periculi    magnitudine  ,     necef- 
fariam  ejfe    exiflimaverunt  ,   &    hune 
in   finem   mandatis    fuis   inflruxerunt 
fcilicet  Sacra    Sua    Cafarea    Majejlas 
NobiliJJimos  ,    Iltâflrijtmas ,    ta   Ex- 
cellentijfimos  Dominos ,  Dominum  Pe- 
trum   Sa  cri    Romani   Imper ii    Comi- 
tem   à    Goejfen  ,     Dominum   de    Ca- 
relsbcrg  ,     Sacra   Cafarea    Majefia- 
tis    Camerarium  ,     Confiliarium   Jm- 
perialem  Aulicum  ,     13  ad  Celfos  13 
Prapotentes   Dominos   Ordines    Géné- 
rales Uniti  Belgii  Ablegaium  extraor- 
dinarium  ;     (3    Dominum     Joannem 
ïFencejlaum  Sacri  Jmperii  Romani  Co- 
mitem  IVratiJlau  à  Mitroivitz  ,  Do- 
minum   de    Ginclz    (3    Mallexhitz, 
Sacra   Romana   13   Hungaria  Regia 
Majeflatis  Camerarium  ,  intima  Can- 
cellaria  Aulico-Bohemica  Coufiliarium 
(3  AJfeJforem^  nec  non  Sacra  Cafarea 
Majeflatis    ad    SereniJJimum    Magna 
Brittannia  Regem  Ablegatum  extraor- 
dinarium  ,    Legatos  fuos  extraordina- 
rios  £5?  Pienipotentiarios  ;     Sacra  Sua 
Regia    Majcftas    Magna    Brittannia 
Nobiliffimum  ,     lllufirijjimum  ,  atque 
Excellentiffimum   Dominum  ,     Domi- 
num  Joannem    Comitem  de   Marlbo- 
rough  ,    Baroncm    Churchill  de   San- 
dridge  ,     Sacra    Regia    Majejlati   à 
Conftliis  intimis  ,  copiarum  pedeftrium 
Ducern ,  %'ulgb  Gêneraient  ,     fummum 
Exercitus  memorata  Sacra  Regia  Sua 
Majeflatis  in  Belgio  Prafeclum  ,  Le- 
gatum   ejus  extraor  dinarium  ,     Co?n- 
mijfarium  ,    Procuratorem ,    (3   Ple- 
nipotentiarium  j     Et    Domini    Ordi- 
nes  Générales  ,     Dominos  Didericum 


Eck    de    Panteleon 


Dominum    de 
Gent 


IATIONS,  TRAITEZ, 

eft  plus  dangereux  que  la  Guerre  mê- 
me ,  &  que  la  France  &  l'Efpagne 
s'en  prévalent  pour  s'unir  de  plus  en 
plus  ,  afin  d'opprimer  la  Liberté  de 
l'Europe  ,  &  ruiner  le  Commerce  ac- 
coutumé ;  Toutes  ces  raifons  ont  por- 
té Sa  Sacrée  Majefté  Impériale,  Sa 
Sacrée  Roïale  Majefté  de  la  Grande- 
Bretagne  ,  8c  les  Hauts  8c  Puiflàns 
Seigneurs  Etats.  Généraux  des  Pro- 
vinces Unies ,  d'aller  au  devant  de 
tous  les  maux  qui  en  proviendroienti 
8c  defirant  d'y  apporter  remède  félon 
leurs  forces,  ils  ont  jugé  qu'il  étoit 
necefiairede  faire entr'eux  une  étroite 
Alliance  8c  Confédération  pour  éloi- 
gner le  grand  8c  commun  danger. 
Pour  cet  effet  ils  ont  donné  leurs  Or- 
dres 8c  Inftru£t.ions,  à  fçavoir  Sa  Sa- 
crée Majefté  Impériale ,  aux  très-No- 
bles ,  très-Illuftres ,  8c  très  -  Excellens 
Seigneurs ,  le  Seigneur  Pierre  de  Goes 
Comte  du  Saint  Empire  Romain ,  Sei- 
gneur de  Carelsberg ,  Chambellan  de 
Sa  Majefté  Impériale,  Confeiller  du 
Confeil  Impérial  Aulique,  8c  Envoie 
extraordinaire  auprès  des  Hauts  8c 
Puiffans  Seigneurs  les  Etats  Généraux 
des  Provinces-Unies,  8c  le  Seigneur 
Jean  Wenceflas  de  Wratiflau  Mitro- 
witz,  Comte  du  Saint  Empire  Ro- 
main ,  Seigneur  de  Gin&z  8c  de  Mai- 
lexhitz,  Chambellan  de  Sa  Majefté  le 
Roi  des  Romains  8c  de  Hongrie ,  Con- 
feiller 8c  AfierTeur  de  la  Chancelerie 
Privée  8c  Aulique  de  Bohême,  8c  En- 
voie extraordinaire  de  Sa  Majefté  Im- 
périale auprès  de  Sa  Majefté  Britanni- 
que, tous  deux  fes  Ambafladeurs  ex- 
traordinaires 8c  Plénipotentiaires  >  Sa 
Sacrée  Majefté  le  Roi  de  la  Grande- 
Bretagne,  au  très- Noble,  très-Iliuftre, 
&  très- Excellent  Seigneur,  le  Seigneur 
Jean  Comte  de  Malborough ,  Baron 
Churchill  deSandridge,  Confeiller  du 

Con- 


ET    RESOLUT 

Gent  &  Erlekum  ;  Fredcricum  Ba- 
ronem  de  Rheede  ,  Doviinum  de 
Lier  ,  Agri  Sti.  Antonit  £s?  de  Ter- 
Jée ,  Commendatorem  Bura ,  unum  No- 
bilium ,  £s?  in  Ordine  Equefiri  Hol- 
landia  fc?  ÏVefifrifia  confcriptum  ; 
Antonium  Heynfittm  ,  Dominorum  Or- 
dinum  Hollandia  &  tVcftrifiœ  Con- 
fdtarium  £5?  Syndtcum  eorundem  ma- 
gni  jigilli  cufiodem  ,  ac  Ftudorum 
Praftdem  ;  Wilhelmum  de  NaJ/au, 
Dotninum  de  Odyk  ,  Cortgiene ,  &Y. 
Primum  Nobiletn  6?  reprafentantem 
Ordinem  Nobilium  in  Dominorum  Or- 
■dinum  Zelandia  Ê5?  eorundem  Dépu- 
tât or  um  confejjiis  ;  Everhardum  de 
IVeede ,  Dom.  num  de  IVeede  ,  Dyk- 
•velt  ,  Râtelés  ,  (3 V.  Fundi  Civita- 
tis  Oudewater  Dominum  \  Capitu- 
li  S.  Maria  ,  quod  T'rajeïli  ad  Rhe- 
num  efl  ,  Decanum  ,  Confiliarium  pri- 
'  marium  ,  (3  Praftdem  Con/ejfus  Pro- 
v incite  UltrajeSlina  ,  Aggeritm  fiumi- 
wis  Lecca  Prafeclum  (3  Pralorem  ; 
Wilhelmum  van  Haren  ,  Agri  Bil- 
tani  m  Frifia  Grietmannum  ,  Uni- 
ver  fitatis  Franequerana  Curatorem  , 
à  parte  Nobilium  in  Confejfu  Domi- 
norum Ordiuum  Frifite  Députât  um  ; 
Burchardum  Juftum  à  Welvelde  in 
Buckhorfl  £•?  Molchate  ,  Toparcham 
in  Zallick  £5?  Fekaten  ,  IJfelmuyda- 
ni  Agri  S at râpa  m  ,  £5?  Wicherum 
Wichers  ,  civitatis  Groningenfis  Se- 
natorem  refpecTroe  Dominorum  Ordi- 
num  Geldria  ,  Hollandiœ,  (3  Weft- 
frijia  ,  Zelandia  ,  Ultrajefti  ad  Rhe- 
num ,  Frifia ,  Tranfyfalania ,  £5?  Gro- 
ninga  (3  Omlandorum  ad  Convcntum 
Dominorum  Ordinum  Gcneralium  U- 
niti  Belgii  Députât  os ,  qui  vi  manda- 

torum 


IONS    D'ETA  T.         <U? 

Confeil  Privé  de  Sa  Sacrée  Roïale  Ma-  1 70 1 , 
jelté,  Général  de  fonInfanterie,&Gé-  — — — 
néral  de  routes  Tes  forces  aux  Païs-Bas, 
fon  Ambaffadeur  Extraordinaire,  Com- 
rniffaire,  Procureur,  &  Plénipotentiai- 
re. Et  les  Seigneurs  Etats  Généraux , 
aux  Seigneurs  Dietrick  Eck  de  Pan- 
teleon,  Seigneur  de  Gent  &  Erlcck; 
Frrderick  Baron  de  Rheede,  Seigneur 
de  Lier ,  Dyck -Graef  de  Saint  Anthoi- 
nc  &  de  Terlée,  Commandeur  deBu- 
ren  ,  l'un  des  Nobles  aggregez  dans 
l'Ordre  des  Chevaliers  de  Hollande; 
Anthoine  Heynfius  ,  Confeiller-Pen- 
fîonnaire  des  Seigneurs  Etats  de.  Hol- 
lande 8c  de  Weftfrife ,  Gardé  de  leur 
Grand  Sceau,  &  Prefident  des  Fiefs; 
Guillaume  de  Naflau  ,  Seigneur  d'O- 
dyck ,  Cortgiene  ,  Sec.  premier  No- 
ble, &  reprefèntant  le  Corps  des  No- 
bles dans  les  Affemblées  des  Seigneurs 
Etats  de  Zeelande  &  de  leurs  Députez; 
Everhard  de  Weede  ,  Seigneur  de 
Weede,Dyckvelt,  Râtelés,  Scc.Sci-" 
gneùr  Foncier  de  la  ville  d 'Oudewa- 
ter, Doyen  du  Chapitre  de  Sainte  Ma- 
rie d'Utrecht  fur  le  Rhyn  ,  Premier 
Cdnieiller  &  Prefident  de  l'Affemblée 
de  la  Province  d'Utreclît,Dyck-Graef 
du  Leck  ;  Guillaume  van  Harcn  , 
Grietman  du  Pais  deBilt  en  Frife,  Cu- 
rateur de  l'Univerfitc  de  Franekerk  , 
Député  des  Nobles  à  l'Affemblée  des 
Seigneurs  Etats  de  Frife;  Burchardju- 
fte  de  Welvelde ,  Buckhorfl ,  &  Mol- 
chate ,  Seigneur  de  Zallick  &  Veka- 
ten ,  Grand  Baillif  du  Pais  d'Iffelmun- 
de;&  Wiker  Wikers, Sénateur  de  la 
Ville  de  Gi  oningue,rcfpclivement  Dé- 
putez des  Seigneurs  Etats  de  Guel- 
dres,  de  Hollande  &  Weftfrife, Zee- 
lande ,  Utrecht  fur  le  Rhyn  ,  Frife, 
Over-Iffel,  Se  Groningue  &  Omlan- 
de ,  à  l'Affemblée  des  Seigneurs  Etats 
Généraux  des  Provinces  -  Unies  du 
Gggg  z  Païs- 


6h     MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

1701.  torum  fuorum  in  fequentes  fœderis  le-     Païs-Bas ,   lefquels  en  vertu  de  leurs 


ges  cohvenerunt. 

1 .  Sit  maneatque  inter  Sacram 
Cajaream  Majeftatem ,  Sacram  Re- 
giam  Majeftatem  Magna:  Rrittan- 
nia  ,  t3  Dominos  Ordines  Généra- 
les Uniti  Belgii  conftans  ,  perpétua, 
(3  inviolabilis  amicitia  (3  correfpon- 
dentia  ,  teneaturque  alter  atterius  com- 
moda  promovere  ,  damna  verh  13  in- 
commoda pro  pojfe  avertere. 

1.  Sacra  Sua  Cafarea  Majeftas , 
Sacra  Régla  Majeftas  Magna  Brit- 
tannia ,  (3  Domini  Ordines  Généra- 
les ,  cum  nulla  res  ipfts  magis  cordi 
fit ,  quàm  pax  13  tranquillitas  gene- 
ralis  totius  Europe,  judicaverunt ,  ad 
eam  ftabiliendam  nib.il  efficacius  futu- 
ri'.m  ,  quàm  procurando  Cafarea  Sua 
Majcftati ,  ratione  prœtenftonis  fua 
in  fuccejjionem  Hifpanicam  ,  fatisfac- 
tionem  aquam  6?  rationi  convenien- 
tem  ,  (3  ut  Rex  Magna  Brittan- 
nia ,  fj?  Domini  Ordines  Générales 
fecuritatem  particularem  (3  fufficien- 
tem  ,  pro  Regnis  ,  Provinciis ,  Di- 
tionibus  fuis  ,  13  pro  Navigatione 
13  Commcrciis  fubditorum  fuorum  a- 
dipifeantar. 

5.  Propterea  Fœderati  ante  omnia 
eperam  dabunt  quantam  pojfunt  maxi- 
rnam  ad  obtinendam  via  amicabili  & 
per  tranfaciionem  folidam  &  firmam, 
Cafarea  Sua  Majeftati  fatisfaclio- 
nem  aquam  £i?  rationi  convenientem , 
in  caufa  memorata  fuccejfionis  (3  fe- 
curitatem modo  indigitatam  Regia  Sua 
Majeftati  Magna  Brhtannia  13  Do- 
minis  Ordinibus  Gencralibus  Uniti  Bel- 
gii ,  impendentque  Fœderati  in  hune 
finem  omm  fiudio  13  abfque  ulla  in- 
termijjione ,  fpatium  duorum  menftum 
à  die  quo  ratificationum  tabula  com- 
mutabuntHT  numeranclmn, 

4.  guod 


ordres  ,   font   convenus  des  Articles 
d'Alliance  qui  fuivent. 

1 .  Qu'il  y  ait  dès  à  prefent  &  à  l'a- 
venir, une  confiante,  perpétuelle,  èc 
inviolable  Amitié  ,  entre  Sa  Sacrée 
Majeilé  Impériale,  Sa  Sacrée  Roïale 
Majeflé  de  la  Grande-Bretagne ,  6c  les 
Seigneurs  Etats  Généraux  des  Provin- 
ces-Unies,  6c  qu'ils  foient  tenus  réci- 
proquement de  procurer  ce  qui  leur 
fera  avantageux ,  6c  d'éloigner  ce  qui 
leur  feroit  nuifible  6c  dommageable. 

z.  Sa  Sacrée  Majeflé  Impériale,  Sa 
Sacrée  Roïale  Majeflé  de  la  Grande- 
Bretagne,  6c  les  Seigneurs  Etats  Gé- 
néraux des  Provinces-  Unies,  n'aïant 
rien  tant  à  cœur  que  la  Paix  6c  la  tran- 
quillité de  toute  l'Europe  ,  ont  jugé 
qu'il  ne  pouvoit  rien  y  avoir  de  plus 
efficace  pour  l'affermir  ,  que  de  pro- 
curer à  Sa  Majeflé  Impériale  une  fa- 
tisfaclion  jufle  6c  raifonnable  ,  tou- 
chant fes  prétentions  à  la  Succeflîon 
d'Efpagne ,  6c  que  le  Roi  de  la  Gran- 
de-Bretagne ,  6c  les  Seigneurs  Etats 
Généraux  obtiennent  une  fureté  par- 
ticulière 6c  fuffifante,  pour  leurs  Roï- 
aumes ,  Provinces ,  Terres ,  6c  Pais  de 
leur  obéïfîànce ,  6c  pour  la  Navigation 
6c  le  Commerce  de  leurs  Sujets. 

3 .  Pour  cet  effet  les  Alliez  mettront 
premièrement  en  ufage  tous  les  moïens 
poffibles  ,  6c  tout  ce  qui  dépendra 
d'eux ,  pour  obtenir  amiablement ,  6c 
par  une  Tranfaélion  ferme  6c  folide, 
une  fatisfaélion  jufle  6c  raifonnable 
pour  Sa  Majeflé  Impériale  ,  au  iujet 
de  ladite  Succeffion ,  6c  la  fureté  dont 
il  a  été  fait  mention  ci-defîus  ,  pour 
Sa  Majellé  Britannique  ,  6c  pour  les 
Seigneurs  Etats  des  Provinces- Unies  j 
Et  à  cette  fin  ,  ils  emploieront  tous 
leurs  foins  6c  offices  pendant  deux  mois, 
à  compter  du  jour  de  l'échange  des 
Ratifications  de  ce  prefent  Traité. 

4.  Mai? 


ET    RESOLUTIONS    tf'ETAT. 


61$ 


4.  Quod  fi  prêter  fpetn  fj?  •vota, 
intra  tempus  prœfinitum  res  eo  quo  dic- 
tum  eft  modo  tranfigi  nequeat ,  Fœ- 
derati  ftbi  invicem  [pondent  fj?  pro- 
mut unt  ,  fe  alter  altcrum  omnibus  vi- 
rions adjuturos  ,  idque  juxta  fpecifi- 
cationem  peculiari  in  convenùone  de- 
îerminandam  ,  ut  ita  acquirant  fatu- 
faclionem  6?  Jecuritatem  ante  mémo- 
ratas. 

f.  Fœderati  ad  procurandam  fatis- 
faclionem  &?  fecuritatem  ante  diclas 
inter  alla  omnes  nervos  intendent  ut 
récupèrent  Provincias  Hifpano  -  Belgi- 
cas  ,  utfint  Obex  6?  repagulum,  vul- 
go  Barrière  ,  Galliam  a  Belgio  fœde- 
rato  removens  fc?  feparans  pro  Jecuri- 
tate  Dominorum  Ordinum  Generalium , 
quemadmodum  ab  omni  tempore  infer- 
vierunt ,  donec  Rcx  Chrifiianifiimus 
nuper  eas  milite  fuo  occupavit ,  ut 
&  Ducatum  Mediolanenfem  cum  de- 
pendentiis  ejus^  tanquam  Feudum  Im- 
perii  atque  fecuritati  Provinciarum 
huereditariarum  Cœfareœ  Suœ  Maje- 
Jlatis  inferviens ,  praterea  Régna  Nea- 
polis  £j?  Siciliœ  &  Terras  atque  /«- 
fulas  circa  or  a  Fletruria  in  Mari 
Mediterraneo ,  quœ  funt  ditionis  Hif- 
paniœ  &  ejufdem  ufus  ej/e  pofjunt , 
ut  cjf  prodejfe  Navigationi  &  Com- 
merças Subditorum  Régis  Magna  Brit- 
tannia  &  Belgii  Uniti. 


6.  Licitum  fit  Regiœ  Suœ  Maje- 
fiati  Magna  Brittannia  &  Domi- 
vis  Ordinibus  Generahbus  communi 
confilio  ,  pro  utilitate  y  commodo 
Mavigationk  &?  Commercn  Subdito- 
rum 


4.  Mais  fi  dans  ce  tems-  là  les  AI-  1701. 
liez  viennent  à  être  fruftrez  de  leur  — ■  ■  ■ 
efperance  ôc  de  leurs  defirs,  tellement 
que  l'on  ne  puiffe  pas  tranfiger  dans  le 
terme  fixé  ,  en  ce  cas  ils  promettent 
&  s'engagent  réciproquement  de  s'ai- 
der de  toutes  leurs  forces,  félon  ce  qui 
fera  réglé  par  une  convention  parti- 
culière, pour  obtenir  la  fatisfaction  6c 
fureté  fufdite. 

f .  Et  afin  de  procurer  cette  fatis- 
facïion  &  cette  fureté  ,  les  Alliez  fe- 
ront entr'autres  cbofes  leurs  plus 
grands  efforts  pour  reprendre  &  con- 
quérir les  Provinces  du  Pais- Bas  Efpa- 
gnol ,  dans  l'intention  qu'elles  fervent 
de  Digue,  de  Rempart,  6c  de  Barriè- 
re pour  feparer  ôc  éloigner  la  France 
des  Provinces- Unies ,  comme  par  le 
paffé  ,  lefdites  Provinces  du  Païs-Bas 
Efpagnol  aïant  fait  la  fureté  des  Sei- 
gneurs Etats  Généraux  jufques  à  ce 
que  depuis  peu  SaMajefté  très-Chrê- 
tienne  s'en  ell  emparée  ,  &  les  a  fait 
occuper  par  fes Troupes.  Pareillement 
les  Alliez  feront  tous  leurs  efforts  pour 
conquérir  le  Duché  de  Milan  avec 
toutes  fes  dépendances ,  comme  étant 
un  Fief  de  l'Empire  fervant  pour  la 
lûreté  des  Provinces  Héréditaires  de 
Sa  Majeiïé  Impériale  ,  êc  pour  con- 
quérir les  Roïaumes  .de  Naples  &  de 
Sicile, Se  les  Mes  de  la  Mer  Méditer- 
ranée ,  avec  les  Terres  dépendantes  de 
l'Efpagne  le  long  de  la  Côte  de  Tof- 
cane ,  qui  peuvent  fervir  à  la  même 
fin  &  être  utiles  pour  -  la  Navigation 
&  le  Commerce  des  Sujets  de  SaMa- 
jefté Britannique  &  des  Provinces- 
-  Unies. 

6.  Pourront  le  Roi  de  la  Grande- 
Bretagne,  &  les  Seigneurs  Etats  Gé- 
néraux ,  conquérir  à  rbree  d'Armes, 
félon  qu'ils  auront  concerté  entr'eux  , 
pour  l'utilité  §c  la  commodité  de  la 
Çggg  3  Na-v 


6i6      MEMOIRES,  NEGOTI 

1701.   rum  fuorurn  ,   quas  poterunt  in   Indiis 
-.  ■■  ■-   Hïjpania  dittonis  terras  &  urbes  ar* 

mis  occupai  e  ,    quicquid  autem  occupa- 

•verint,  ip forum  manebit , 

7.  Neceffitate  exigente  ut  Fœdcrati 
ad  obtincndam  ante  diclam  Sua  Cafia- 
rea  Majefiatis  fatisfacîionem,  &  Ré- 
gis Magna  Brittannia  ac  Domino- 
rum  Ordinum  Generalium  ficcuritatem  , 
bcllum  fubire  adigantur  ,-  fideltter  in- 
ter  je  confilia  communicabunt  de  opera- 
tionibus  belliçis  ,  &  de  omnibus  re- 
lus ad  caufam  banc  communem  fpetlan- 
tibus. 


8.  Neuiri  partium  fas  fit  bello  fe- 
niel  fufcepto  de  pace  cum  hofie  tratla- 
re  ,    niji   conjunclim   &    commmica- 
tis  confiliis  cum  altéra  parte  ,  nec  pax 
ineatur  nifi  adepta  prius  pro  Cafiarea 
Suâ   Majeftate  fatisfatlione   tequa  & 
rationi  conveniente ,  &  pro  Regia  Suâ 
Alajeftate  Magna  Brittannia  ci?  Do' 
minis  Ordinibus    Generalibus  fecurita- 
te  particulari   Regnorum  ,    Provincia- 
rum  ,    Ditionum  ,     Navigationis   & 
Commerciorum  fuorurn  ,    £5?    nifi  ju- 
fiis   cautelis   antea  provifum  fit ,   ne 
Régna    Gallia    ci?   Hifpania  unquam 
fub  idem  Imperiiyn  -oeniant  (5?  unian- 
inr ,   nec   unquam    unus   &   idem  «- 
triufque  Regni  Rex  fiât  ,   &   fpecia- 
tim    ne    GalU  unquam   in   pofjefjïonem 
Indiarum  juris  Hi/panici  veniant ,  ne- 
que    ipfis   ibidem  Navigatio  Mercatu- 
ra  exercendœ  eau  fa  finb  quoeunque  pra- 
textu  direfte  vel  in'dirctlè permit tatur , 
G?  deniqm  nifi  patlà  pro  fubditis  Ré- 
gis   Magna    Brittannia   &   Fœdcrati 
Belgii  facultate  plenà  utendi  ci?  fruen- 
di    omnibus    iifdem  privilegiis  ,   juri- 
bits  ,    immunitatibus    &    libertatibus 
commerciorum  terra  marique   in   hifi- 
pania , 


ATIONS,  TRAITEZ, 

Navigation  &  du  Commerce  de  leurs 
Sujets ,  les  Fais  &  les  Villes  que  les 
Efpagnols  ont  dans  les  Indes ,  &  tout 
ce  qu'ils  pourront  y  prendre  fera  pour 
eux ,  &  leur  demeurera. 

7.  Que  fi  les  Alliez  fe  trouvent  obli- 
gez à  entier  en  Guerre  pour  obtenir 
ladite  fatisfaétion  à  Sa  Majeité  Impé- 
riale ,  6c  ladite  fureté  à  Sa  Majeité 
Britannique  ,  &  aux  Seig.  leurs  Etats 
Généraux,  ils  fe  communiqueront  fi- 
dellement  les  avis  &  refolutions  des 
Confeils  qui  fe  tiendront  pour  toutes 
les  entreprifes  de  Guerre,  ou  expédi- 
tions militaires,  6c  généralement  tout 
ce  qui  concernera  cete  affaire  com- 
mune. 

8.  La  Guerre  étant  une  fois  com- 
mencée ,  aucun  des  Alliez  ne  pourra 
traiter  de  Paix  avec  l'Ennemi,  ii  ce 
n'en:  conjointement  avec  la  participa- 
tion &  le  confeil  des  autres  Parties. 
•Et  ladite  Paix  ne  pourra  être  con- 
clue, fans  avoir  obtenu  pour  Sa  Ma- 
jeité Impériale  une  fatisfaétion  julte 
&  raifonnable  ;  êc  pour  le  Roi  de  la 
Grande-Bretagne,  &  les  Seigneurs 
Etats  Généraux  la  fureté  particulière 
de  leurs  Roïaumes ,  Provinces ,  Ter- 
res, &  Pais  de  leur  obéiïfance,  Navi- 
gation &  Commerce  5  ni  fans  avoir 
pris  auparavant  de  juites  mefures ,  pour 
empêcher  que  les  Roïaumes  de  Fran- 
ce &  d'Efpagne  ,  foient  jamais  unis 
fc.vi  un  même  Empire,  ou  qu'un  feul 
&  même  Roi  en  devint  le  Souverain  > 
&  fpecialement  que  jamais  les  Fran- 
çois le  rendent  maîtres  des  Indes  Es- 
pagnoles, ou  qu'ils  y  envoient  des 
VaifTeaux  pour  y  exercer  le  Com- 
merce, directement  ou  indirectement, 
fous  quelque  prétexte  que  ce  fou.  En- 
fin ladite  Paix  ne  poura  êire  conclue 
fins  avoir  obtenu  pour  les  Sujets  de 
Sa  Majellé  Britannique  &  pour  ceux 

des 


ET    RESOLUT 

pania  ,  -  Mari  Mecliterraneo  ,  &?  in 
omnibus  terris  &  locis  ,  quœ  Rex 
Hifpaniarum  pofremo  defunclus  tem- 
pore  mortis ,  tam  in  Europâ  ,  quant 
alibi  pojfedit ,  quibus  tum  utebantur 
ci?  fruebantur  ,  vel  quibus  amboriwi 
vel  fingulorum  fubditi  jure  ante  obitum 
dicli  Régis  Hi/paniarum  quaftto  per 
traclatus ,  per  pacla  conventa  ,  per 
confuetudines  vel  per  alium  quemcum- 
que  modum  uti  0  frui  poterant. 


p.  Tempore  qui  dicla  tranfaclio 
vel  pax  fiet ,  Fœderati  inter  fe  con- 
venient ,  de  omnibus  Us  quœ  ad  Jla- 
bilicndam  Navigationem  £5?  Commer- 
cia  Subditorum  Régis  Magtiœ  Brit- 
tanniœ  ,  Ci?  Dominorum  Ordinum  Gê- 
ner alium  in  terris  ti?  ditionibus  acqui- 
rendis  ,  &?  à  pofremo  defunclo  Hif- 
paniarum Rege  poffeffs  ,  necejfaria  e- 
runt  ,  quemadmodum  etiam  de  mo- 
do ,  quo  Domini  Ordines  Générales 
per  Obicem  ante  diclum  ,  vulgb  Bar- 
rière ,  fecuri  reddentur, 

10.  Et  quoniam  controverfîa  quœ- 
dam  Religionis  ergo  exoriri  poffcnt  in  lo- 
cis à  Fœderatis  ,  uti  fperant  ,  armis 
occupandis ,  de  exercitio  ejus  inier  fe 
etiam  eodem  quofupra  diclum  eft  tem- 
pore  convenient. 

1 1 .  Fœderati  fe  invicem  omnibus  vi- 
ribus  juvare  &?  opem  ferre  contra  ag- 
grejforem  teneantur  ,  fi  Rex  Chriftia- 
nifpmus  vel  quifquam  alius  aliquem 
Fœderatorum  ex  caufabujus  fcockris  ag- 
gredi  fuftineat. 

1  z.  Quod  fi  vel  nunc  fuper  fepe  in- 
digitata  fatisfaclione  ,  &  fecuritate 
tranfigi  queat  ,  vel  pofl  fufceptum  ne- 
ceffarib  bellum  pax  iterum  coalefcat , 
pofl  talem  vel  tranfablionem  ,  vel  pa~ 

cem 


IONS    D'E  T  A  T.  617 

des  Provinces-Unies,  une  pleine  Se  I70r- 

entière  faculté ,  ufage  8c  jouïflance  de  

tous  les  mêmes  Privilèges,  Droits, 
Immunitez  ,  Se  Libertez  de  Com- 
merce tant  par  Terre  que  par  Mer , 
en  Efpagne  Se  fur  la  Mer  Méditerra- 
née ,  dont  ils  ufoient  Se  jouïfïbient 
pendant  la  vie  du  feu  Roi  d'Efpagne 
dans  tous  les  Païs  qu'il  pofledoit  tant 
en  Europe  qu'ailleurs  ,  6c  dont  ils 
pouvoient  de  Droit  ufer  Se  jouir  en 
commun  ou  en  particulier ,  par  les 
Traitez,  Conventions , 6c  Coutumes, 
ou  de  quelque  autre  manière  que  ce 
puifTc  être. 

y.  Lors  que  ladite  TranfaéKon,  ou 
Traité  de  Paix  fe  fera ,  les  Alliez  con- 
viendront entr'eux  de  tout  ce  qui  fe- 
ra neceflaire  pour  établir  le  Commer- 
ce Se  la  Navigation  des  Sujets  de  Sa 
Majcfté  Britannique ,  6c  des  Seigneurs 
Etats  Généraux ,  dans  les  Païs  6c  lieux 
que  l'on  doit  acquérir,  6c  que  le  feu 
Roi  d'Efpagne  pofledoit.  Ils  convien- 
dront pareillement  des  moiens  propres 
à  mettre  en  fureté  les  Seigneurs  Etats 
Généraux  par  la  Barrière  fufmention- 
née. 

10.  Et  d'autant  qu'il  pourroit  naî- 
tre quelque  controverfe  au  {lijet'de  la 
Religion,  dans  les  lieux  que  les  Al- 
liez efperent  de  conquérir ,  ils  con- 
viendront entr'eux  de  fon  exercice , 
au  tems  fufdit  de  la  Paix. 

1 1 .  Les  Alliez  feront  obligez  de 
s'entraider  6c  fecourir  de  toutes  leurs 
forces ,  au  cas  que  le  Roi  de  France , 
ou  quelque  autre  que  ce  foit ,  vint  à 
attaquer  l'un  d'entr'eux  à  caufe  du 
prefent  Traité. 

1 1.  Soit  que  l'on  puifle  maintenant 
tranfiger  fur  ladite  fatisfaétion  &  fu- 
reté, ou  foit  que  la  Paix  fe  faflè  'a- 
prèsque  l'on  aura  entrepris  une  Guer- 
re neceflaire  ,  il  y  aura  5c  demeurera 

toû- 


i 


6z8     MEMOIRES,  NEGOTIATiONS,  TRAITEZ, 


1701.  cent  conclufam,  fit  &  mamat  femper 
—  inter  partes  contrabentes  fœdus  defenfi- 

vum  pro  guarantiâ  ejufdem  vel  tranfac- 
tiortis  vel  pacis. 

15.  Ad  hujus  fœderis  focietatem  ad- 
mittentur  cuntli  Reges  ,  Principes ,  & 
Status  qui  volent ,  &  quibus  pax  gene- 
ralis  cordi  eft  :  ^uoniam  autem  Sacri 
Romani  Imperii  peculiaritcr  interefi 
paccrn  publicam  fervari ,  £5?  hic  inter 
alia  agatur  de  recuperandis  Imperii  Fen- 
dis ,  ad  hujus  fœderis  focietatem  dic- 
tum  Imperium  fpeciatim  invitabitur  , 
praterea  Fœderatis  conjunclim  vel  fin- 
gulis  feorfim  licitum  fit  acceffionem  ad 
hoc  fœdus  requirere  eorum ,  quos  requi- 
rere  ipfis  vifum  fuerit. 

14.  Ratihabebitur  hoc  fœdus  ab  om- 
nibus Fœderatis  intra  fpatium  fex  fepti- 
manarum  vel  citius  fi  fieri  poterit . 


In  quorum  fidem  nos  fupra  memorati 
Plenipotentiarii  prafens  fœdus  fubfcrip- 
tionibus  &  figiUis  noflris  munivimus. 
Hagœ-  Comitum  die  feptimo  Septembris 
anni  millefimi  feptingentefimi  primi. 


Signât um  erat  in  fingulis  Injlrumen- 
tis  feparatim ,  fcilicet  à  poste  Cafarea 
Sua  Majeftatis  ,  Petrus  Cornes  à 
Goeflcn ,  Joanncs  Wenceflaus  Comcs 
Wratiflau  à  Mitrovitz  >  à  parte  Regia 
Sua  Majejlatis  Magna  Brittannia , 
M.irlborough  ;  £5?  à  parte  Dominorum 
Ordinum  Generalium  Uniti  Belgii  D. 
van  Eck  van  Panteleon  ,  Hr.  van 
Genr.  F.  B.  van  Rhcede.  A.  Heyn- 
futs.  W.  de  Naflau.  E.  de  Weede. 
W.  van  Haren.  B.  J.  van  Wel- 
velde.  W.  Wichers.  Appofitis  ft- 
gillis  fingulorum  nominibus. 


toujours  entre  les  Parties  contractan- 
tes une  Alliance  défenfive  ,  pour  la 
Garantie  de  ladite  Tranfaéb'on  ,  ou 
de  ladite  Paix. 

13.  Tous  les  Rois, Princes,  6c  E- 
tats,  qui  ont  la  Paix  à  cœur,  6c  qui 
voudront  entrer  dans  la  prefente  Al- 
liance ,  y  feront  admis.  Et  parce 
qu'il  elt  particulièrement  de  l'intérêt 
du  Saint  Empire  Romain ,  de  confer- 
ver  la  Paix  publique,  6c  qu'il  s'agit 
ici  entr'autres  choies  de  recouvrer  les 
Fiefs  de  l'Empire  ,  on  invitera  fpe- 
cialement  ledit  Empire  d'entrer  dans 
la  prefente  Alliance.  Outre  quoi  tous 
les  Alliez  enfèmble,  6c  chacun  d'eux 
en  particulier ,  pourront  y  inviter 
ceux  qu'ils  verront  bon  être. 

14.  Ce  Traité  d'Alliance  Sç  Con- 
fédération fera  ratifié  par  tous  les  Al- 
liez dans  l'efpace  de  fix  fèmaines ,  6c 
plutôt  fi  faire  fe  peut. 

En  foi  de  quoi ,  nous  Plénipoten- 
tiaires fufnommez  avons  figné  le  pre- 
fent  Traité  de  nos  mains ,  6c  l'avons 
muni  de  nos  Sceaus  6c  Cachets.  A  la 
Haïe  le  feptiéme  du  mois  de  Septem- 
bre de  l'an  mil  fept  cens  un. 

Etoit  figné  en  chacun  des  Inftru- 
mens  feparez  ;  fçavoir ,  de  la  part  de 
Sa  Majefté  Impériale  ,  Pierre  Comte 
de  Goes  ;  6c  Jean  ÏVenceJlaus  Comte 
de  Wratiflau  £5?  Mitrowitz.  De  la 
part  de  Sa  Majefté  le  Roi  de  la  Gran- 
de-Bretagne ,  Marlborough.  Et  de  la 
part  des  Seigneurs  Etats  Généraux 
des  Provinces- Unies,  D.  van  Eck  van 
Panteleon ,  Hr.  van  Gent.  F.  B.  van 
Rheede.  A.  Heynfius.  W.  ds  Naf- 
fau.  E.  de  Weede.  W.  van  Haren, 
B.  y.  van  Welveldc.     W ;  Wickers. 


Le 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.         619 

Le  Comte  Je  Goez  prit  la  réfolution  de  porter  lui-même  le  Traité  à   1-01. 

Vienne.     Auffi,  partit -il  pour  cela  le  ip.     Le -Comte  de  Wratiilau  relia   — 

pour  vaquer  pendant  fon  abfence  aux  Affaires  qui  pourroicut  furvenir. 

Dès  que  l'Empereur  eut  ce  Traité,  il  vaqua  à  le  fortifier  par  d'autres  Al- 
liances. Il  y  invita  plufieurs  Princes.  Il  écrivit  fur-tout  au  Roi  de  Suéde, 
pour  y  entrer  >  la  Lettre  fuivante. 

LEO  P  O  LDU  S,   &î;  éç,  Inviu. 

tionde 
QUmjlatim  àfatali  e  vivis  exceffu  Caroli  II.  Hifpaniarum  fc?  Indiarum  quen-  l'Empe- 
dam  Régis  Catholici,  affinis  &?  Nepotis  Nofiri  ,"  fub  pratextu  cujufdam  ab  eo  x£fxf? 
conditi  Tefiamentï  ,  Rex  Chriftianiffimus  Univerfa  Hifpania  Régna  &  Provin-  Sued/ 
cias  ,   etiam  eas  qua  Clientèle  jure  à  Romano  dépendent  Impcrio,  tlujis,  fpretif-  du  10/ 
que  Patlis,  TranfacJionibus  ,  Renunciationibus  ,  Juramentis,  Legibus,  anterio-  Novem- 
rumque  Regum  Hifpania  Declarationibus ,pro  Nepotefuo  Duce  Andegavenft  ufur- 
par et ,  non  poteramus  propenft  noftri  in  tranquillitatem  13  Pacem  pubîicam  animi 
[pecimen  dure  luculentiùs  quant  declarando  tàm  fummo  Pontifia  quam  Sereniffimo 
Magna  Britannia  Régi  ,  (3  Ordinibus  Generalibus  Uniti  Belgii  Noftram  amicè 
tranfigendi  promptitudinem  ,   ubi  in  aquas  ire  conditiones  pradiclo  Régi  Chriftia- 
nifftmo  vifum  foret  ;  fed  rejecla  plane  fuit  omnis  Nobifcum  cum  Minijlris  Neflris 
Traclatio,  &?  vix  alia,  tùm  Haga-Comitis,  tum  Roma  13  alibi  audit 'a  Galli- 
corum  Miniftrorum  voce s ,  quam  decretum  efje  Chrijlianïfjhno  Régi,  omnia  fine 
àiminutione  tueri ,  qua  Nepoti  fuo  ,  vi  dicli  Tefiatnenti ,  verè  nullius,  commettre 
exijlimaret. 

Perpendentes  igitur  Nos  &f  Supramemoratus  Magna  Britannia  Rex  uti  £5?  Or- 
dines  Générales  Fœderati  Belgii  quanti  noftra  ,  omnium  13  fingidorum,  imb  & 
ttniver forum  Europe  Principum  interfit  ,  îam  immoderaîa  Unius  Régis  cuncla 
pro  arbitrai 'u  fuo ,  répudiât â  omni  aquitatis  ratione ,  fibi  aut  fatnilia  fia  haben- 
4i,  aliifque  Principibus  dominandi,  cupiditati,  modum  aut  obicem,  quantum  in 
Nobis  effet ,  ponere  ,  (3  commune  falutis  ,  libertatifque  periculum  conjuntlis  anj- 
mis  viribufqut propulfare  :  Coivimus  tandem,  afpirante  Divin 0  Numine  cumfu- 
pradiclis  Potentiis fœdus ,  cujus  Exemplar  Serenitati  Veflra  (quam pro  arclioris 
Nobis  cum  eâdem  intercedentis  amicitia  jure  ,  nihil  ejufmodi  celare  volumus)  bif- 
ce  annexum  mittimus-y  Et  quandoquidem  juxta  hujus  fœderis  Articulant  decimum 
tertium  placuit  ad  ejufdem  focietatem  admittendos  &  invitandos  effe  cunclos  Re- 
ges,  Principes,  (3  Status,  quibus  pax  generalis  cordi  eft,  pratermittere  non  pof- 
fumus  quin  Serenitati  Feftra  ,  pro  fpeclato  fua  jufiitia,  falutis,  fecuritatifque 
publica  Jludio ,  neceffarii  httjus  vinculi  communioncm  amiciffimè  off cramas.  Per- 
fpicit  liquida  fumma  Serenitatis  Feftra  prudentia  ,  quam  in  extremo  diferimine 
verfetur  Sacrum  Romanum  Imper ium  ,  occupât  â  Armis  Hifpano-Gallicis ,  non 
tantum  ipfâmct  Hifpaniâ  cum  Indiis,  fed  etiam  Italià,  13  Univerfo  Circulo  Bur- 
gundico  ,  ab  Auflria  Noftra  Principibus  olim  Hifpanicœ  Corona  inferto,  qua 
etiam  ex  ejufdem  Circuit  feu  Belgii  Catbolici  amiffione  ïnevitabilis  ruina  Fœdera- 
tas  Batavorum  Provincias  mantat  £5?  quàm  certa  denique  tum  Commcrcioruni  , 
tùm  libertatis  13  dignitatis  jatlura  cœteris  Europa  Regibus,  Principibus  Ï3  Re- 

Tom.  I.  Hhhh  lus- 


<?;?     MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

1701.  bu  s- Publia  s  impendeat ,  fi  qu<e  jamdtulitm  omnibus ,  prafettim  vicinis  tàm  gravis 

■ fuit  Burbov.icœ  dtnuis  patent  ia ,  totius  Hifpana  Monarchice  acceffione  contra  jus , 

fafque  omne  augeatur  ;  Et  quemadmodum  J/uflriie,  Habsburgi ,  y  T'yrolis  titulos 
fibi  u fur  pare  cccpit ,  ità  etiam  ajferio  Oceani ,  Martfque  Mediterranei  ,  uti  {§ 
maximœ  in  utroque  Orbe  partis  Terrœ-Firmœ  Domino,  cuicumque  alu  Populo 
jura  pro  more  five  libidine  ilia  dandi ,  ejufque  fëta  quodammodo  difpcniandi, 
poteltatem  nafta  fuerit.  T'alita  itaque  pericula  &  imminentia  publicae  rei  mala 
Serenitatem  Veflram  infuper  non  habit uram  ,  fed  ils  efficaciter  amoliendis,  tuen- 
daeq-tie  juftitiae  &  communi  Canfae ,  pro  eâ ,  quâ  inter  Cbrifliani  Or  bis  Reges  y 
Imper ii  Romani  Membra  pollet  dignitate  &  potentiâ  ,  curas ,  vires ,  6?  auxilia 
fua  Nobifcum  &?  cum  Fœderatis  No/lris  flrenae  conjuncluram  cfje  certb  confidimus, 
atque  ut  eum  in  finem  fupramemorati  fœdcris  nexum,  a:ceffione  fua  arcliks  contra  - 
bere  &  firmare  velit ,  fraternè  rogamus.  Recreabit  nos  plurimbn  atque  Serenitati 
Veflrae  fummopere  devinciet ,  prompt  a  ,  fiduciacque  Nojîrae  congrua  Déclarât  io , 
quant  ab  ejufdem  aequo  amicoque  in  Nos,  Sociofque  Noflros  animo  expeclantes, 
Serenitatem  Veflram  Divinae  Tutelae  enixè  commendamus.  Viennae  i  o.  No- 
vembris  1701. 

Il  ordonna,  en  faifant  remettre  cette  Lettre,  de  faire  reflbuvenir  du  Mé- 
moire que  le  Miniltrc  Impérial  avoit  préfenté  au  Roi  de  Suéde  en  1697.  tou- 
chant la  Paix  de  Ryswick ,  6c  fa  Garantie ,  dont  voici  la  Copie. 

P.  P. 

ÇAcra  Caefarca  Majeftas ,  Dominas  meus  Clementifjîmus  ,  per  Tabellarium  ex- 
preffum ,  mihi  demandavit ,  ut  Majeftati  Veflrae  Regiae  eâ ,  quâ  par  efl ,  bu- 
mi  llimâ  obfervantiâ  referrem,  Sacram  Gaefaram  Majeflatem  nullo  modo  dubitare, 
Regiae  Majeflati  Veflrae  fore  adhuc  in  recenti  memorid  ,  Regiae  Majeftatis 
Veftrae  defunclum  Purent  cm  Gloriofae  Memoriae  ,  die  2p.  Mail  fuperioris  anni 
declaraffc ,  quod  Corona  Galliae  promiferit ,  fe  non  folum  Traclatum  Pacis  TVefl- 
phalicac  &?  Neomagenfis ,  fine  alla  mutatione  ,  nifi  quam  Regia  fua  Majeftas  ju- 
dicaverit,  ad  majorent  borumTraclatuiim  confirmât ionem  profutur am,  reftitutu- 
rameffe,  fed  etiam  alti finie  memorata  Regia  fua  Majeflas'  nullam  diclis  Trac- 
tât ibus  Paa's  refragrantem  mutationem  admiffura,  vel  pro  utili  acceptura  fit ,  ut 
inde  omnis  fcrupulus  Sacrae  Caefarae  Majeflati  Ejufque  Confœderatis  eximeretur, 
qwn  per  Regiam  Médiat ionem  omnimoda  redintegratiâ  obtineri  poffït .  .  ghtae  De- 
claraiio  pofîea  a  Ccronae  Galliae  apud  Aulam  Suecicam  commorante  Legato  appro- 
batafuit;  Sacra  Caefura  Majeflas  tamen,  ut  amputaren'tur  omnes  Gallicae  ini- 
quae  interpraetationes  ,  &  ad  promovendhm  opus  Pacis  ,  de/ideravit  clariorem 
Gallici  promiffi  expîicatiomm  ,  anneclendo  Rcccffum  Execuiionis  Norimbergenfis, 
fua  tamen  Regia  Majeflas  flagitavit,  ut  rcfpeclu  illarum  Declarationum  ,  quas 
Regia  fua  Majeflas  à  Coronâ  Galliae  obtimififct,  &  ipfamet  adjunxifjet,  Tracla- 
tuum  initium  fieri  deberet ,  ad  péri  cul um  eà  commodius  faciendum  ,  fi  quid  occulti 
ixl  dubii  fttb  Gallicà  Dcclaratione  lateret  ;  fimul  Sacram  Caefarcam  Majeflatem 
Dominum  taenm  Clementiffimam  fecuritm  rcddendo  ,  quod  Majeflas  fua  Regia- bas 


ET    RESOLUTIONS    D'ETAT.  6tx 

à  Galliâ  fafias  Déclarations,  &  praediftos  Trailatus  10  mugis  tuituva  &  prapu-  1701. 

gnatura  fit,  quoniam  nulla  alla  Pax  I-Feftphalica  agnofcatur ,  quant  quae  vï  Re-  

ceffus  Norimbergenfis  Executionem  fit  nacla,  unde.  Sacra,  Caefara  Ma  je ft  as  jàm 
menfe  Otlobri  anni  praeteriti  ftatuit  Regiam  Suecicam  Médiat  ionem  cum  Referva- 
to  Guarantiae  recipere  ,  tum  etiam  jufjit ,  ut  haec  Aulae  huic  nota  facerem ,  id 
etiam  polie  a  cum  reliquis  D.  D.  Confœdcratis  repetivit ,  quà  ratione  mot  a  altè 
înemorata  Regia  fua  Majefias  non  folum  cum  acceptât ione  Mediationis  Guaran- 
tïam  r  tir  fus  promlfit ,  fed  etiam  Majefias  Vcftra  Regia  porro  per  fuam  ad  Media' 
tionem  deflïnatam  Legationem  Hagae  ,  vi  feripti  adiuncli ,  declaravit  fe  quoqus 
hanc  Guarantiam  &  obligationem  in  fe  fufeepiuram  effe  ,  cum  itaque  bine  merito 
fperandum  effet ,  Coronam  Galliae  tam  proprias ,  quam  Rcgias  Suecicas  per  Lega- 
tum  Gallicum  in  Aula  Eorum  agnitas  Declarationcs  impleturam  effe  ,  in  Traclatu 
Hagenfi  tamen  contrarium  omnino  apparet  >  tautum  enim  abeft  ,  ut,  fecundum 
Projetlum  Gallicum  ,  Corona  Galliae  cogitet  de  reftabiliendà  Pace  TFcftphalicâ , 
quin  ne  quidem ,  quod  lmperium  tempore  Pacis  Neomagen/is  poffedit ,  a  ut  quod  il- 
la  pofi  conclufionem  ejus  fibi  ipft  tribuit,  fed,  excepto  Argent  oral  0  ,  £s?  Dînant '0  , 
folummodo  id  ,  quod  pofi  initam  Pacem  Neomagenfem ,  fub  tituio  &?  practextu  a 
Caméra  Metenfi,  Vefontinenfi ,  £5?  Brifacenfi  Faéarum  Reunionum,  fpecie  juris' 
adjudicaverit ,  rejlituere  velit ,  eb  omnino  progreffa,  ut  fibi  hanc  fententiam pro-> 
pofuerit ,  omnem  difeuffionem  Pacis  TVeflphaliae  rejiciendi ,  quoniam  ex  itlis  Veri- 
tas tam  clarè  elucet ,  tum  etiam  pro  lubitu  tempus  &?  terminum  praefigendi , 
ut  cuncla  prifiinis  tenebris  immerfa  hacreant ,  pofi  id  enim  tempus  elapfum  obla- 
tis  conditionibus  fatlis  amplius  flare  aut  obligari  non  vult. 

ghiid  ténor e  Pacis  Weftphalijac  Imper  io  fit  refiituendum  clarifilmis  verbis  , 
partim  in  Infirumento  Pacis  Ofnabrugen/îs  multis  locis,  tum  praefertim  §.  De- 
inde  ut  inferior  Palatinatus  totus  14.  §.  Liberam  bnperii  Nobilitatem.  zf. 
§.  Princeps  Ludovicus  Philippus  28.  §.  Principes  quoque  ÏVirtemberqici 
Lineâe  Mompelgardenfis  ,  31.  §.  Fiudericus  Marcio  Badcnfis  33.  §.  Para- 
graphi.Duxde  Croj.$.  Rex  tamen  praeter  protecliouem.  77 .  §.  Statim  a  rejfitu- 
tione  81.  &  feqq.  teneatur  Rex  Çhriflianiffimus  87.  expreffum  eft.  Unde  quo- 
niam omnes  h'i  Articuli,  non  fine  ratione,  tam  évident er  &?  clarè  in  mcmora~ 
to  TratJatu  Pacis  inferti  fuere,  verus  eorum  fenfus  eo  minus  m,  dubium  voca- 
ri  pote  fi,  quoniam  ipfa  Corona  Galliae  immédiate  pofi  conclufionem  Pacis  {cum 
adhuc  ,  quid  initum  foret  ,  in  recenti  memoria  baer.eat:  )  per  fuam  ip/ius  ad- 
impletionem  fine  ullâ  contradiction  eum  agnovit  &  per  multorum  annorum  ob- 
fervantiam  corroboravit. 

Hifce  omnibus  nullatenus  per  Pacem  Neomagenfem  derogatur ,  quin  potins 
omnia  in  variis  Articulis  irréfragabiliter  confirmatur,  &  quidem  Art.  z.  Re- 
fiituetur  Pax  tVeftphalica  in  omnibus  &f  fingtdis  priflino  fuo  vigori,  manebit- 
que  in  pofterum  farta  tecla  ,  tanquam  fi  hic  ejufdem  Pacis  Inftrumentum  de 
verbo  ad  verbum  infertum  léger  etur ,  ni  fi  quatenus  eiclem  hoc  Traclatu  expref- 
fè  derogatum  eft.  Art.  27.  juxta  Pacem  Monafter. ,  Art.  2.  in  omnibus  confir- 
mât um  reciprocè  reflituantur ,  &  reftituenda  loca  évacuent ur  bonâ  fide  Art.  31. 
Licet  fatis  deelaratum  fit  Art.  z.  Hujus  Traélalus  ,  Inftrumentum  Pacis  Mo- 
nafier. in  omnibus  &  fmgulis  confirmdri  &c.     Unde  etiam   &  ad  ejus  fimili- 

Hhhh  i  tudi- 


6ji     MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

1 70 1 .  tutlimm  ,   in   ReccJJ'u  Executionis  Neomagenfis ,   inter  îoca  Imperii ,  ex  quitus' 

Sacra  Caefarea  Majeftas  copias  fuas  tducere  deberet ,  Landavium  &  Cronweifen- 

burgum  enumerantur  his  ver  bis  Imper  at  or  Exercitus  fuos  &  copias  quant  oc  i  us  de- 
duci  curabit  ex  omnibus  Imperii  ditionibus  ad  Domum  Auftriacam  jure  haeredita- 
rio  non  fpeclantibus ,  &  nominal im  ex  Circulis  Sueviae  £s?  Franconiae,  uti  £5? 
Circulis  Rhenano  Eleclorali ,  £5?  Rheni  Supcrioris  ,  Urbibufque  &  Fortalitiis  in 
iisfitis^  Bonnâ,  Argentine  ,  Offenburgo  ,  Hochberg,  Landavio  ,  Croniveift/en- 
burgo ,  ne  c  non  gêner  aliter  ex  quibufcunque  aliis  locis ,  neque  Pace  Monajlerienfi , 
neque  Neomagenfi  Sacrae  Caefareae  Majeflati  competentibus. 

Quoniam  vero  Corona  Qalliae  quidquid  jam  diclum  efi  flocci  facit  &  contem- 
nit,  quin  etiam  quafi  pernegat  &  agnojcere  detr éclat  Sacrae  Cefareae  Majeflati  a 
defunbli  Régis  Regia  Majeflate  datam  Declarationem,  tum,  quod  magis  eft,  cona- 
tur  Impcrium  per  eju/modi  pro  lubitu  ejus  £s?  propriâ  voluntate  praeftitutas  termini 
anguflias  ad  ejufmodi  Pacem  cogère,  quae  fine  rerum  omnium  jaclura  £5?  exitio  ini- 
ri  nequit ,  Sacra  Caefarea  Majeftas  Dominus  meus  Clementiffimus  omittere  non 
potuit,  quin  inftantijjimè  efflagitet  promiffam  à  Corona  Sueciae  Guarantiam ,  eu- 
jus  praeftationem  eo  citius  ftbi  pollicetur,  quoniam  in  eumfiatum  res  jam  dedutlae 
funt,  ut  fi  unquam  animus  eft  Coronae  Sueciae  hujus  Guarantiae  Romano  Imper  i  a 
reapfe  exhibendae,  hoc  jam  ficri  debeat  nec  amplius  differrï  poffit. 

In  tanta  Petiti  hujus  aequitatis  &  Regiorum  Promifttrum  AuSioritate  ,  quibus 
Sacra  Caefarea  Majeftas  adducla  fuit ,  ut  Pacis  Negotium  inciperetur ,  humilli- 
■  me  fpero ,  Majeftatem  Feflram  Regiam  me  gratiofijfimo  fuo  Refponfo  dignaturam 
ijfe,  qui  hmnillima  fubmijjîone  permaneo* 

Signatum,. 

F.   COxMES    DE    StAREMBERG. 

Pour  le  Roi  de  Dannemarck ,  l'Empereur  avoit  fait  avec  lui  un  Traité 
pour  quelques  mille  hommes  de  fes  Troupes.  Ce  Traité  avoit  été  négocié 
parle  Miniftre  de  ce  Roi,  nommé  Jeflen  ,  qui  avoit  été  éloigné  dans  cet 
Emploi  illuftre.  On  attribuoit  à  Jeflen  tous  les  Defordres  de  la  Cour  de 
Dannemarck.  Pleflen  fon  Antagonifte  lui  fucceda.  Comme  il  avoit  le  cœur 
droit,  on  s'attendoit  de  fon  Miniftere  toute  forte  de  bien.  Il  eft  vrai  que  ce 
Roi  n'étoit  guère  content  de  ce  que  le  Chapitre  de  Lubeck  s'étant  aflemblé, 
,  &  aiant  procédé  à  l'Eleâion  d'un  Coadjuteur  ,  partie  des  Capitulaires  avoit 
nommé  le  Frère  du  Duc  de  Holftein  pour  l'être.  Une  autre  partie  ,  qui 
ctoit  plus  nombreux  d'une  voix,  avoit  élu  le  Prince  Charles  Frère  du  Roi 
de  Dannemark.  L'Empereur  pancha  à  l'Approbation  de  la  première  Elec- 
tion. Cétoit  parce  qu'elle  étoit  fondée  fur  des  Conventions  &  Traitez  par 
lefquels.  l'Evêché  devoit  continuer  pendant  fix  Générations  dans  la  Maifon 
Ducale  de  Holftein.  Cette  Difficulté  faillit  quelques  années  après  d'allumer 
un  fâcheux  Incendie,  ainfi  que  l'on  dira  en  fon  lieu. 

Quant  au  Roi  de  Pologne  ,  l'Empereur  trouva  des  Difficultez.  Ce  Roi 
demandoit  à  k  Cour  de  Vienne  h  Ceffion  pour  quarante  ans  d'une  certaine 

Lan- 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.  6*5; 

Langue  de  Terre  en  Siléfie,  qui  rapportoit  fo.  mille  Ecus  de  Rente  annuel-    1701. 
le.     Moiennant  cela,  il  offroit  d'envoier  huit  mille  hommes  au  Service  de 
l'Empereur.     Celui-ci  ne  vouloit  point  aquiefeer  à  cette  Ceffion  ,   offrant  à 
la  place  un  Subfide  pécuniaire  &  annuel  de  la  même  Comme.     Ce  Roi -là  ne 
donna  même  au  Comte  de  Straatman  Envoie  Extr.  de  l'Empereur  que  quin- 
ze jours  de  tems  pour  avoir  Réponfe.     Le  Comte  envoia  un  Exprès  là-deffus 
à  Vienne  pour  favoir  fa  dernière  Réfolution  fur  ce  point.     Les  François  ne 
laiilbient  pas  de  leur  côté  de  traverfer  les  Négociations  du  Comte.     C'étoit 
en  jettant  des  hameçons  garnis  de  friands  Appas.     Ils  offrirent  à  ce  Roi  -  là 
600.  mille  Ecus  contant,  &  cent  mille  Ecus  par  mois  pendant  la -Guerre, 
pour  vu  qu'il  voulût  entretenir  24.  mille  hommes  en  Allemagne  pour  foûte- 
nir  l'Intrigue  de  la  Neutralité  8c  l'entêtée  Opofition  au  neuvième  Eleétorat. 
D'ailleurs,  cinquante  mille  Ecus  par  mois  à  durer  pendant  cinq  années  après 
la  Paix.  Auffi ,  fût-ce  fur  le  fondement  de  ces  offres ,  que  le  Roi  de  Pologne 
fit  faire  à  Ratisbonne  des  menaces.     C'étoit  fur  l'apprehenfion  d'une  préten- 
due Irruption  des  Suédois  en  Saxe.     Le  Roi  de  Pologne  fît  dire  à  la  Diète,. 
que  fi  l'Empire  ne  tâchoit  de  la  prévenir,  il  ne  manquerait  pas  d'être  affilie 
par  fes  Alliez  j  ce  qui  allumerait  une  Guerre  dans  l'Empire  qui  pourroit  être 
d'une  malaifée  extinction.     Il  étoit  véritable  que  les  Suédois  avoient  un  bon 
Corps  de  Troupes  campéee  à  Stetin  en  Poméranie.     L'on  ne  doutoit  nulle- 
ment que  cette  Armée  ne  fût  deftinée  pour  faire  une  Invafion  en  Saxe.  Auf- 
fi, fut-ce  dans  cette  crainte,  que  le  Dannemark  y  envoia  des  Troupes  Auxi- 
liaires, auffi-bien  que  le  Roi  de  PrufTe.     Les  Suédois  prenoient  à  tâche  de 
confirmer  cette  Opinion.     Ils  difoient  que  le  Roi  de  Pologne,  aiant  attaqué 
la  Livonie ,  fans  le  confentement  de  la  République ,  ils  ne  pouvoient  faire  la. 
Guerre  au  Roi  Auguste  dans  la  Pologne  ,    qui  ne  s'étoit  point  déclarée 
contr'eux.     Ils  prétendoient  par-là  s'attirer  l'Amitié  de  la  République.     El- 
le avoit  pris  l'alarme  de  l' Entrevue  qu'il  y  avoit  eu  entre  fon  Roi  6c  le  Czar. 
Ce  dernier  avoit  promis  au  Roi  de  Pologne  un  million  de  Rixdallers  pour 
continuer  la  Guerre  à  la  Suéde.     C'étoit  dans  l'attente  de  réparer  l'Echec 
de  Narva.     Les  Polonois  ne  pouvoient  digérer  ce  point.     Ils  croroient  qu'il 
avoit  en  vue  de  donner  atteinte  à  la  Liberté  de  la  République.     Celle-ci 
étoit  troublée  dans  la  Lituanie.     La  Noblefle  s'y  étoit  attroupée  contre  la 
Maifon  de  Sapieha.     Le  prétexte  en  étoit  la  Cbégalité  de  la  Noblefle  en  ce 
Duché-là.     Oginski,  qui  en  étoit  à  la  tête,  ainfi  qu'on  l'a  ci  -  devant  dit , 
porta  fon  Parti  à  commettre  des  excès  inouïs  ,   pour  le  faire  opiniatrer  dans 
le  Tumulte,  par  la  crainte  des  peines  dues  à  la  cruauté  qu'on  avoit  exercée 
contre  la  Maifon  de  Sapieha.     Comme  Oginski  n'étoit  pas  aflèz  confide- 
rable  pour  être  Chef  d'un  Parti  fi  redoutable,  8c  qu'il  n'étoit  ni  riche  ni 
Homme  d'Etat,  on  vit  par  la  durée  de  cette  Confédération,  que  les  Confeils 
&  les  Sommes  venoient  d'une  autre  fource,  8c  par  d'autres  reflbrts.    On  en 
devina,  ou  du  moins  en  foupçonna-t-on  deux.     L'un  étoit  un  certain  Crif- 
pin  de  Coningsberg.     Le  Roi  Jean  SoBitsKi  l'avoit  élevé  fi  haut ,  6c  il 
étoit  devenu  fi  opulent,  que  ce  Roi -là  en  aaignit  lui-même  la  puiflànce> 
Crifpin  s'étoit  retiré  en  Lituanie,  £c  le  Roi  Sobieski  fut  obligé  de.  lui  lâ- 

,  Hhhh  3  cher 


634      MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

i-r0I.    cher  dcflus-  la  Maifon  de  Sapicha  pour  l'abbattre.     Crifpin  ,  trouvant  l'occa- 

. fion  pour  s'en  vanger,  il  appuia  par  fon  argent,  &  par  Ton  génie,  Oginski, 

&  le  refte  de  la  Noblefle.  L'autre  reflbrt  étoit  attribué  au  Roi  Auguste 
même,  qui  étoit  bien  aife  de  lafTcr  par  les  Difcordcs  civiles  ce  Grand  Duché- 
là,  afin  d'y  mieux  dominer.  On  étoit  généralement  feandalifé  en  Pologne 
de  ce  que  le  Roi  avoit  mis  une  Garniion  Saxonne  dans  une  Place  aparte- 
nant  à  la  Maifon  de  Radzcwil.  La  Noblefle  confédérée  de  Lituanie  dvef- 
fâ  des  Demandes.  Elis  les  envoia  dans  tous  les  Palatinats  du  Grand  Duché, 
pour  y  être  mis  en  Délibération  dans  les  petites  Diètes,  pour  être  enfin  por- 
tées à  la  grande,  qui  devoit  fe  tenir  en  Mai.     Voici  ces  Demandes. 

Deman-  „  I-  /^~YUe  tous  les  Nonces  ou  Députez  à  la  Diète  s'obligeront  par  ferment 
des  de  la  }J  V^  de  ne  point  defilter  de  leurs  Demandes  touchant  la  Cocgalité. 
Noblefle  *.  jj  QyC  to|JS  jes  ]sjonccs  s'aflémbleroient  à  Wilda  le  i.  Mai,  pour  y  con- 
thiun'ie.  »  fronter  conjoinétement  leurs  InftruéHons.  III.  Que  l'on  propofera  les 
intentions  du  Grand  Duché  de  Lituanie  contre  les  Officiers  de  la  Couron- 
ne, pour  être  inférées  dans  les  Inftruétions  du  Roïaume.  IV.  Que  l'on 
agira  avec  beaucoup  de  précaution  à  l'égard  de  la  Guerre  contre  la  Suéde, 


5) 


5) 


,,  pour  ne  point  choquer   le  Roi,  ni  auffi  le  flater,  d'autant  que  cette  Af- 
„  raire  regarde  la  Republique  en  général.     V.   Que  les  Députez  infirmeront 


pour  taire  remplir  les  charges  vacantes  par  ceux  qui  les  auront  mieux  me- 
„  ritées.  VI.  Que  ceux  de  la  Maifon  de  Sapieha  feront  tenus  pour  Enne- 
„  mis  de  la  patrie,  qu'ils  ne  jouiront  pas  du  Droit  commun  ,  moins  encore 
„  de  celui  d'aflifter  au  Confeil,  quand  même  la  Diète  devrait  être  rompue 
„  pour  ce  feul  fujet.  VII.  Que  dans  l'Inftruétion  des  Députez  il  fera  fait 
,,  mention  d'un  prompt  départ  des  Troupes  Saxonnes  ,  du  dédommagement 
„  des  pertes  qu'elles  ont  caufé,  &  d'une  entière  fatisfaéHon  fuivant  les  Con- 
„  ftitutions  faites  en  1699.  VIII.  Que  le  Général  Flemming  qui  occupe 
„  la  Charge  de  Grand  Ecuier,  étant  étranger  ,  &  par  confequent  incapa- 
„  ble  de  l'exercer,  fe  démettra  incefiamment  de  cette  Charge  en  faveur  d'un 
„  originaire  du  Pais  >  -Se  que  les  Nonces  ne  pourront  paiTer  à  la  délibération 
„  d'aucun  autre  point  ,  avant  que  d'avoir  reçu  une  Rcponfe  pofitive  du  Roi 
„  fur  les  Articles  ci-deffus.     IX.  Que  l'on  prendra  garde  que  perfonne  de  la 

Maifon  de  Sapieha  ne  ibit  élu  pour  être  Député  a  la  Diète. 


■>■> 


Cette  NoblefTe  pafla  même  plus  loin 5  car  Elle  envoia  en  même-tems  au 
Roi  un  Député,  fuivi  de  500.  hommes  pour  lui  demander  de  ne  pas  accor- 
der fa  Protection  à  la  Maifon  de  Sapieha.  Cependant ,  il  en  vint  peu  de 
jours  après  d'autres  de  la  part  des  Palatinats  de  Cracovie  &  de  Sendomir,  qui 
avoient  tenu  leur  Diète  à  cheval  au  nombre  de  fix  mille  Gentilshommes  , 
pour  demander  le  contraire.  Enfin,  le  30.  de  Mai  l'ouverture  de  la  Diète 
Générale  fe  fit  à  Varfovie.  Cependant,  la  confufion  y  domina,  partie  par 
des  vétilles  &  des  ponctilles,  8c  partie  par  l'efprit  de  Faction.  Il  y  fut  refo- 
lu,  à  la  pluralité  des  voix,  d'envoier  des  Députez  au  Roi,  pour  lui  remon- 
trer la  necefiité ,  pour  le  repas  de  la  République  ,   de  renvoier  les  Troupes' 

Saxon- 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.  % 

Saxonnes  dans  leur  Païs,  de  faire  la  Paix  avec  la  Suéde  ,  de  faire  retirer  du  1701. 
Confeil  les  Allemans  qui  y  avoient  été  admis  ,  8c  d'affoupir  les  Differcns  c'c  ■ 
la  Lituanie  au  iùjct  de  la  Mailbn  de  Sapieha.  Le  Roi  répondit  ,  qu'il  étoit 
prêt  à  rcnvoier  fes  Troupes,  8c  même  de  rendre  les  Places  qu'il  avoir,  conqui- 
ses en  Livonie,  &  de  faire  la  Paix  avec  la  Suéde.  Cependant,  ce  feroit  à 
condition  que  la  République  le  garantît  que  le  Roi  de  Suéde  n'entreprît  rien 
contre  lui;  que  par  raport  aux  Troubles  de  la  Lituanie,  il  étoit  prêt  de  con- 
courrir  avec  la  République  en  tout  ce  qui  feroit  néceflaire  pour  les  appaifer. 
On  ne  fut  guère  content  de  cette  Réponfe.  Ce  Roi  n'en  avoir  pas  fait  don- 
ner une  fatisfiiifante  à  une  Harangue  qu'un  Député  de  la  Grande  Po- 
logne lui  avoit  faite.  L'Efprit  de  Liberté  qui  y  brille  fait  trouver  à  propos 
de  l'inférer  ici. 

„  S     I     RE,  Haran- 

gue d'un 
„  ^TOusnousprelentons  devant  vous  de  la  part  d'une  Province  qui  a  toujours  Député 
„  IN   la  Majelté  de  fon  Roi  devant  fes  yeux  &  la  Liberté  clans  le  cœur.  Jrande- 
„  Nous  fommes  prêts  de  facrifier  pour  la  profperité  de  V.  M.   nôtre  bien,   Pologne. 
„  nôtre  fang  ,  nôtre  vie,  6c  ce  qui  pourrait   nous  être  encore  plus  cher, 
„  pourvu  que  nous  confervions  cette  Liberté  8c  nos  Droits.  C'eft  ce  que  nous 
„  fouhaitons  d'infinuè'r  de  la  manière  la  plus  refpectueufe  à  Vôtre  bénigne 
„  Majefté,  afin  qu'Elle  fe  difpofe  à  faire  ientir  fous  fon  glorieux  Règne  d'au- 
„  tant  plus  d'affection  pour  la  Liberté  de  nôtre  Nation  &  pour  le  bien  pu- 
„  blic.     Nous  voudrions  même  qu'Elle  voulût,  comme  un  bon  Père  de  la    - 
„  Patrie ,  pénétrer  nos  penfées  ,   que  la  douleur  ne  nous  permet  pas  d'ex- 
„  primer. 

,,  Nous  nous  plaignons  d'un  cœur  rempli  de  confiance,  que  les  Loix  qui 
„  ont  été  données  ne  s'obfervent  point  5  Que  ce  qui  a  été  arrêté  à  la  dernière 
„  Diette  générale  de  tout  le  Roïaume  n'eft  point  exécuté  ;  Et  qu'au  con- 
„  traire  la  Diète ,  qui  a  été  promife  par  des  Conftitutious  nouvelles,  paraît 
„  par  fes  frequens  délais,  £c  jufques  ici  fins  exemple  en  ce  Pais ,  plutôt  abo- 
„  lie  que  différée.  C'eft  pourquoi,  nous  fuplions  trés-humblement  V.  M.  que 
„  par  l'efperance  de  cette  Diète,  il  lui  plaife  rendre  à  nôtre  République  la 
„  Vie  qu'Elle  ne  fauroit  conlerver  fins  cela. 

„  La  Conftitution  de  la  Diète  qui  traite  de  la  fureté  des  Etats  de  la  Ré- 
„  publique,  8c  où  il  a  été  itipulé  que  les  Troupes  Etrangères  fortiroient  de  ce 
5,  Roïaume  fans  y  pouvoir  rentrer,  tire  fa  fource  de  l'ancienne  Intégrité  6c 
„  Fidélité  de  nos  Peuples  envers  leur  Roi  8c  Seigneur.  Quoi  que  cette  Con- 
„  ftitution  n'ait  pas  été  obfervée,  nous  n'avons  pourtant  pas  d'abord  recours 
„  aux  moïens  qui  nous  ont  été  accordez  du  contentement  de  Vôtre  Majefté, 

efperant  d'obtenir  par  nos  prières  le  remède  à  nos  griefs. 

„  Nous  fuplions  donc  V. M.  de  nouveau,  que  fon  cœur  invincible  pour  fes 

Ennemis  fe  laifle  fléchir  aux  inftantes  prières  de  fes  fidèles  Sujets,  8c  faf- 
„  fe  enfin  fortir  de  ce  Roïaume  toutes  les  Troupes  Etrangères,  ians  qu'elles 
„  puiffent  jamais  y  rentrer. 

„  Vos 


55 


V) 


6tf      MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

1701.       „  Vos  PredecefTeurs  de  bien-heureufe  Mémoire  ne  rempliflbient  point  les 

„ .  Villes  de  Garniibns  nombreufes.    Us  les  confident  à  l'affection  6c  à  la  fide- 

„  lité  des  Bourgeois ,  perfuadez  qu'il  leur  iraportoit  beaucoup  plus  d'être  ai- 
„  niez  que  craints  de  leurs  Sujets. 

„  C'ell  cette  Nouveauté  ,  qui  a  fraie  le  chemin  à  la  Guerre  de  Suéde  fi 
„  malheureufe  &  fi  fatale,  de  laquelle  la  République  fent  déjà  tous  les  maux, 
„  bien  qu'elle  n'ait  eu  aucune  part  aux  Réfolutions  qui  l'ont  produite. 

^,  Nous  fommes  obligez  de  reprefenter  à  Vôtre  Majefté  avec  une  foûmif- 
„  fion  très-profonde ,  que  dans  le  tems  que  fon  cœur  héroïque  Se  fon  ame 
„  magnanime  l'ont  poufîée  à  vouloir  reconquérir  ce  qui  a  été  autrefois  détaché 
„  de  ce  Roiaume,  elle  n'a  pas  fait  reflexion  que  c'eft  une  de  nos  Loix  prin- 
„  cipales  6c  fondamentales  de  n'entreprendre  aucune  Guerre  fans  le  confente- 
,,  ment  de  la  Republique.  Nous  fuplions  donc  trés-humblement  V.  M.  de 
„  remettre  à  la  Decifion  des  Etats  de  la  République  un  point  fi  délicat ,  qui 
„  nous  donne  matière  à  des  reflexions  fi  profondes,  Se  des  allarmes  fi  gran- 
„  des  pour  nôtre  Liberté. 

„  Nos  Loix,  Sire,  ne  font  pas  écrites  fur  des  Tables  de  Marbre,  aifées  à 
„  brifer  contre  quelque  rocher:  elles  font  gravées  dans  le  cœur  des"  fidèles 
,,  habitans  de  ce  Roïaume  ;  6c  le  cœur  étant  la  partie  de  l'homme  qui  re- 
„  çoit  la  première  la  Vie,  6c  qui  la  perd  la  dernière,  nous  mourons  avec  les 
„  Loix  de  nôtre  Liberté,  comme  nous  vivons  avec  elles. 

„  Le  trifte  fort  de  la  Lithuanie  nous  applique  cet  Emblème  affligeant} 
„  à  peine  avons-nous  connu  le  Père  que  nous  perdons  6c  enterrons  la 
„  Mère.  Dés  le  commencement  du  Régne  de  V.  M.  nous  avons  vu  la 
„  mine  delà  Republique  en  Lithuanie,  qui  ne  nous  fauroit  faire  croire  que 
„  la  Guerre  civile  fe  fera  pour  la  confervation  de  nôtre  vie  8c  de  nôtre  prof- 
„  peiïté. 

„  Que  le  cœur  héroïque  de  V.  M.  foit  touché  de  l'efRifion  de  ce  noble 
„  fangj  Que  l'affection  que  vous  avez  promis  à  cette  République  vous  pouffe 
„  aux  foins  d'éteindre  ce  terible  embrafèment }  Que  la  compaffion  &  la  jufti- 
„  ce  dûë  à  la  grande  6c  illuftre  Maifon  des  Sapieha,  vous  porte  à  la  reitituër 
„  dans  fes  dignitez  6c  jurifdictions,  6c  qu'elle  réunifie  à  jamais  la  Républi- 
,,  que  avec  la  confervation  des  Grands  de  ce  Roïaume,  6c  de  leur  bien  6c  de 
„  de  leur  administration. 

,,  Nos  Provinces  étant  lenfiblement  touchées  de  l'état  confus  6c  déplorable 
„  de  la  Lithuanie,  fuplient  V.  M.  d'y  rétablir  non  feulement  l'ordre  6c  les 
„  anciennes  Loix  ;  mais  aufli  de  donner  à  ceux  qui  n'ont  point  de  part  à  ces 
„  troubles  la  fureté  de  leur  bien  6c  de  leurs  honneurs ,  pour  les  empêcher  de 
„  devenir  complices,  6c  ne  les  obligeant  point  au  ferment  exigé  d'eux.  Je 
„  parle  de  M.  le  Caftelan  de  Wilda  Vice- Connétable  de  la  Lithuanie,  qui 
„  s'efl:  aquis  un  fort  grand  mérite  tant  auprès  de  la  Lithuanie,  qu'auprès  de 
„  toute  la  Couronne  de  Pologne,  non  feulement  aux  occafions  de  la  Guer- 
„  re  ,  mais  auflî  en  tems  de  Paix.  Je  parle  de  même  de  M.  le  Vice-Chan- 
,,  celier  de  Lithuanie  6c  Gouverneur  Bobozgoki. 

„  Ce  que  nôtre  Province  délire,  Se  ce  que  nous  croïons  être  auflî  le  fou- 

„  hait 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.         637 

].  hait  ardent  6c  unanime  de  toute  la  NoblefTe  de  la  Republique,  c'efl  de  la    1-701. 

„  pouvoir  laifler  à  nôtre  Pofterité  telle  que  nos  Ancêtres  l'ont  tait  parvenir 

„  jufques  à  nous  :  Gens  libéra  fiwius ,  nemini  fervivimns  unquam. 

„  Pour  confirmer  ce  que  j'ai  dit,  je  lirai  mon  Jiiftruétion.  Vous  y  remar- 
querez, Sire,  un  fort  grand  zèle,  non  feulement  pour  la  fplendeur  de  la 
République,  mais  auffi  pour  la  gloire  de  fon  Augufte  Chef,  qui  cil  V.  M. 
Se  en  même  tems  beaucoup  de  déplaifir  de  ce  que  l'Electeur  de  Brande- 
bourg fe  donne  le  titre  de  Roi  de  PrufTe.  Nous  fuplions  très*-humblement 
V.  M.  de  donner  ordre  que  la  Chancellerie  de  la  Couronne  ne  commette 
point  d'erreur  là-deiïus,  6c  qu'il  n'en  arrive  point  de  préjudice,  nia  V. 

„  M. ,  ni  à  la  Republique. 

„  Nous  mettons  aux  pieds  de  V.  M.  cette  Inftruction,  mais  nous  n'aban- 

„  donnons  point  nôtre -efperance,  étant  refolus  de  foûtenir  avec  V.  M.  nos 

„  Droits  Se  nôtre  Liberté  ,  qui,  nous  aïant  été  aquis  par  le  fang  de  nos  An- 

„  cènes,  feront  confervez  par.  nous  avec  tout  le  foin  poiTible. 


Cette  Diète,  qui  finit  fans  conclufion  ,  fut  enfuite  déclarée  nulle  par 
le  Roi  ôc  la  République.  La  raifon  de  cette  Annullation  étoit  pour  éluder 
ceux  qui  avoient  été  renvoiez  pour  quelque  fatisfaction  à  cette  Diète  ,  afin 
qu'ils  ne'priiTent  pas  le  prétexte  de  dire  que  la  Diète  n'avoit  pas  fatisfait  à. ce 
qu'on  avoit  promis.  C'étoit,  parce  qu'étant  annullée  ,  elle  étoit  cenfée  de 
n'avoir  pas  tenu  fa  Séance.  La  vûë  principale  étoit  afin  que  le  Roi  de  Pruf- 
fè  ne  prît  pas  le  prétexte  de  fe  refaifird'Elbing,  à  caufe  qu'il  avoit  été  ren- 
voie à  la  Diète  Générale  pour  lui  donner  fatisfaction  fur  ce  qu'on  lui  avoit 
promis  pour  l'évacuation  de  cette  Ville-là. 

Il  arriva  la  nuit  du  18.  au  1 0.  de  Juillet  que  le  Roi  de  Suéde  fit  pafTer  la  Du* 
ne  à  Riga  à  un  nombre  de  fes  Soldats.  Le  Roi  étoit  à  leur  tête.  Le  Parta- 
ge fe  fit  avec  dix-fept  Barques  qui  avoient  de  Parapets  de  bois ,  qu'on  bailli 
pour  débarquer.  Le  Roi  avoit  fait  charger  d'autres  Barques  de  matières  com- 
bustibles. Le  vent  en  portoit  la  fumée  vers  les  Saxons,  qui  gardoient  le 
bord  de  la  Rivière.  Par-là,  ils  n'aperçurent  point  le  Trajet  des  Suédois,  qui 
étoient  fécondez  par  l'Artillerie  de  Riga,  &  par  celle  qui  étoit  fur  les  Bar- 
ques. Les  Saxons  s'avancèrent  pourtant  au  nombre  de  cinq  Bataillons  &  dix- 
fêpt  Efcadrons ;  mais,  après  un  Combat  de  trois  heures ,  les  Saxons  furent 
défaits.  Comme  les  Suédois  les  pourfuivirent ,  ils  prirent  la  fuite  vers  le 
gros  de  leur  Armée,  qui  fe  retira  fous  le  Canon  de  Birtzen  en  Lituanie,  aban- 
donnant divers  Portes.  Le  Roi  de  Suéde  envoia  un  Détachement  à  Mitrau , 
Capitale  de  la  Courlande,  où  l'on  trouva  une  quantité  confiderable  de  bled, 
de  farine,  des  habits  6e  équipages  pour  5000.  hommes ,  Se  des  Armes  pour 
le  double,  6c  quelque  argent.  Les  Suédois  impoférent  à  ce  Duché -là  une 
Contribution  de  60.  mille  Ecus  6c  d'une  grande  quantité  de  Provifions.  Ils 
prirent  aufïi  divers  Places ,  6c  fur  tout  Birtzen  ,  d'où  les  Saxons  avoient  dé- 
campé avec  un  gros  de  Mofcovites  qui  étoit  venu  à  leur  fecours.  On  eut  une 
Nouvelle  particulière.  C'étoit  que  le  Roi  de  Pologne ,  aïant. apris  la  Défaite 
de  fes  Troupes  pendant  qu'il  étoit  à  Cheval,  poufià  cet  Animal  jufques  à  le 

Tçm.  I.  Iiii  met- 


6tf      MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

1701.  mettre  fur  les  dents.     lien  defeendit  ;  &,  tirant  fbn  Sabre,   lui  coupa  la 
■  tète.     C'étoit  un  coup  de  force  comparable  à  ceux  du  fameux  Scander- 

berg,  Roi  d'Albanie.  Comme  le  Roi  Augvste  crût  que  celui  de  Suéde 
pourfuivroit  fon  Armée  en  Lituanie  ôc  en  Pologne  ,  par  le  Droit  de  cher- 
cher fès  Ennemis  là  où  il  pouroit  les  trouver ,  il  dit  fa  crainte  au  Cardi- 
nal Primat.  Celui-ci  écrivit  là-deffus  une  Lettre  au  Roi  de  Suéde  de  Ix 
teneur  fuivante. 

Lettre  SACRA  REGÎA  MAJ^SfAS, 

du  Cai>     - 

<li"aI         ÀSfuetus  genîi  nojlrœ  erga  vicinos  fincera  amicitia  cultus ,  tanto  magis  confiant 

Fnmat  Religio  initi  Sacri  cum  Regno  Sueciœ fœderis ,  monebant  ejus  fidem  ne  inten- 

logne  au  tato  prœfenti  Refpublica  Polona  fe  immifeeret  Bello^  autjuftitiœ  amore^  aut  fati- 

Roide     dico  rerum  eventu.     Accejfêre  es  congregatis  proximè  ac  dilatis  Comitiis  patetic* 

Suéde,     candoris  vofiri  documenta  ,  induclam  effe  Sacrant  Regiam  Majeftatem  Pokniarum 

ad  cogitât iones  eorum  quœ  Pacis  funt  ut  nihil  aliud  deftderari  ,  pofi  commijfum  ob 

utrinque  virium  diferimen  nifi  finem  cruenti  certaminis  conc'ordiam  &  amorem.   Si 

veto  vel  Dits  difponentibus  vel  fortuné  faventiori  darentur  Sacra  Regite  Majeftati 

Veflra  fuccejfus  votivi  folatia ,  ha -c  fine  periculo  fecuturi  deinceps  dubii  eventusfu- 

fient  anda,  fortunam  autem  moderandam  fuaferim.  ghtod  fi  perfuaderi  nequeat  hoc 

unicum  pro  Jlatione  meâ  totius  Reipublica  nomint  ac  vote  efflagito  ut  Sacra  Régi* 

Majeftas  Vejlra  limites  Regni  hujus  &f  annexarum  ei  Provinciarum  ,  fi  quâ  iter 

belli  daretur ,  non  infeftet ,  tanto  magis  non  tranfgrediatur  ,  fervando  eam  nobis 

viciffim  amicitiam ,  quam  in  prafenti  cafu^  nullo  navo  infperfam  coluimus.     Ge- 

minatis  id  expofeendo  Majefiati  Fefira  humillima  incîinor  Feneratione.  Dabantut 

Varfavia  zf.  Julii  Anno  Domini  1701» 

Traduc-  »  S     I     R     E, 

tion  de 

la  Lettre  }J  T   A  lîncere  Amitié  que  Nôtre  Nation  a  accoutumé  d'entretenir  avec  fë* 
Sente*     "  Voifins,  Se  à  plus  forte  raifon  la  foi  du  Traité  conclu  avec  le  Roïau- 

„  me  de  Suéde ,  avertiffoient  affèz  la  République  de  Pologne  ,  de  ne  pas 
„  s'engager  dans  la  Guerre  prélènte ,  foit  par  l'amour  de  la  Juûice  ,  ou  par 
„  un  preffentiment  de  l'avenir.  Auffi  avons  Nous  donné  des  marques  écla- 
„  tantes  de  nôtre  Candeur,  dans  la  dernière  Diète  générale,  qui  a  été  con- 
voquée &  enfuite  diferée  ,  où  il  a  paru  que  S.  M.  Polonoife ,  entrant  dans- 
les  fentimens  de  ceux  qui  font  portez  pour  la  Paix,  ne  fouhaitoit  rien  tant, 
après  l'effai  périlleux  qui  a  été  fait  des  forces  de  part  &  d'autre  ,  que  de 
voir  cette  fanglante  Guerre  tei  minée  par  le  rétabliffement  de  la  bonne 
intelligence,  &  d'une  Amitié  réciproque.  Si  y  néanmoins ,  le  Ciel  en  dif- 
pofânt  autrement ,  perrnettoit  que  le  lort  des  armes  fécondât  les  defirs  de 
Vôtre  Majcfré ,  j'eitimerois  qu'Elle  devroit  ufér  avec  modération  de  fà 
Fortune ,  quand  même  Elle  ne  leroit  pas  expofée  aux  rifques  d'un  nouvel 
Evénement  douteux.  Que  fi  V.  M.  ne  peut  fe  laiffér  perfùader,  je  la 
conjure  au  moins  très-inltamment,  par  le  devoir  de  ma  Charge  x  au  Nom 


•>■> 

35 
» 

M 

» 


ET    RESOLUTIONS    D'ETAT.  <sî9 

„  &  félon  les  vœux  de  toute  la  République,  qu'il  ne  foit  point  fait  de  dorr>-   1701, 

„  mage,  &  encore  moins  d'invafion ,  dans  les  Frontières  de  ce  Roïaume ,  - 

.„  &  les  Provinces  qui  en  dépendent ,  en  cas  que  la  Guerre  porte  Vos  Armes 

„  de  ce  côté-là.     En  forte  que  V.  M.  conferve  avec  Nous  la  même  Amitié, 

n  que  Nous  avons  inviolablement  entretenue  de  nôtre  part  dans  la  Conjonc- 

„  ture  préfente.    Ce  que  lui  réitérant  avec  inflance  ,  je  demeure  avec  une 

„  profonde  Vénération, 

„  De  Vôtre  Majeure, 

„  Le  très-humble  &  très-obéùTant  Serviteur , 

.     „  Le  Cardinal  Radzieiowski,  Primat. 
„  A  Varfovie  le  z6.  Juillet  1701. 

L  e  Roi  de  Suéde  en  reçût  une  pareille  du  Prince  Sapieha  ,   à  laquelle  il 
fit  cette  Réponfe. 

NOS  CAROLUS,  D.  G.  SUECORUM  REX,  &c.  Réponfe 

du  Roi 
Jjftulerat  nobis  Nuntius  Literas  ejufdem  Tikocinii  datas ,  quibus  teflari  placuit ,  de  pUedc 
.     quod  inter  hos  motus ,  (  quorum  temerarius  ,    non  minus  quem  impius  Autor  *£  s'a'_  " 
Rex  ipfe  Poloniarum  cenferi  débet  ) ,  inclyta  Vefira  Refpublica  inconeuffam  nobifeum  pieha. 
alere  amicitiam  ,  fidamque  viciniam  colère  confiituerit  ;    quod  cum  gratum  nobis 
■cognofeere ,  nos  quoque  femper  fuerimus  initorum  fœderum  ,  dataque  fidei  religio- 
fi  obfervatores  ,  adeb  ut  in  eo  nulli  hue  ufque  locum  fecerimus  quœrelae  ;  ita  quo- 
que  in  pofterum  providebimus ,  ne  à  parte  noflrâ  quicquam  admit 7 'al 'ur  ,  quod  pro 
infraclione  Pacis ,  "veterumqut  paelorum  violât ione  reputari  jure  poffit,  nift  con- 
trario aliquo  ipfius  Reip.  conatu  ad  id  fuerimus  coacli.  Cum  autem  mentem  nojlram 
hâc  in  re  IUuftri  Reipubliae  amplius  exponi  jam  nunc  curavimus,  ejus  itaque 
refponfum  quantocyus  expeïïamus ,    eoque  reddito  adaequatas  inibimus  rationes , 
praefenti  rerum  ftatui ,  eoque  acceptior  erit  Reipublica  Déclarât io ,  quo  magis  corn- 
muni  fecuritati  ac  bone  congru  a  intelligatur.    De  ceetero  nos  eandem  Dco  commen- 
datam ,  &?  quam  diutifjimè  incolumem  cupimus. 

C  e  Roi  fit  auiîî  la  Réponfe  à  celle  du  Cardinal  Primat,  telle  que  voici. 


re 


Nos  Carolus,  Dei  gratiâ  Suecorum ,  Gothorum ,  Wandalorumque  Rex  &c.  Lettre 
Jllujlriffimo  ,    Eminentifjîmo ,  ac  Reverendifjîmo  Domino  Michaeli   Cardinali  du  Roi 
Radzieiowski ,,  Archiepifcopo  Gnefnenfi  ac  Primati  Regni  Polonice,  Amico  no-  rfe  Suéde 
bis  finctre  dileclo,  falutem  &  profpera  quœvis.  cihnl"" 

Primat. 
jLlufiriJJime ,  &c.  Quac  nobis  à  Rege  Poloniae  contra  Paila,  Jusjurandum,da- 
tamque  fidem  illata  fit  "vis  atque  injuria  ,  quantumque  damni  &  laefionis  eo 
ipfo  Vefira  perpeffa  ef  Refpublica ,  notius  Eminentiae  Veflrae  efl ,  quàm  ut  ils  re- 
lui 2.  ce n fendis 


<î4o*   MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

1701.  ctnfindis  immorari  operae  ducamus  pretium-,  certi^  Eminentiam  veftram  ifta  du- 
———  ditm  omnia  aequo  confiderafie  anima  ^  atque  aegrè  tulijjè,  cum  vider ït  Reipublicae 
neque  pauca  neque  exigita  enata  fut  (Je  imommoda  ex  bello  ,  quod^  eâ  tamen  infeiâ 
atque  invita  6?  fine  ttllà  dijjenftonis  caufià  caeptum  gejiumque  eji.  Speramus 
itaque  Emincntiae  Veflrae  haud  levi  fuiffe  laetitiae  ac  dileclamento  cum  infignem 
inaudiverit ,  quam  ab  ho/le  noflro  fmdifrago  fummi  numinis  auxïïto  nïiper  reporta-' 
vimus  vicloriam  ;  quâ  tant  féliciter  ce/us  fugatufque  boftis  fuit  ,  ut  incertum  fit  , 
turpiorne  fuga  nunc  ejus  an  iniquior  terrarum  nofirarum  invafio  fuerit.  Non  folum 
liberata  fie  eft  ,  incurfionibus  ejus  hojiilibus  Livonia ,  fed  etiam  multum  eommodi 
13  emolumentï  Vefirac  allatum  Reipublicae ,  quippe  quae  hinc  fpem  certam  conci- 
pere  pot  eft ,  fe  à  multis  magnifque  imminent  ibus  periculis ,  nec  non  jura  ac  liberta- 
tem  ejus  à  minitante  opprefiionem  ac  interitum  ufurpatione  vindicari  hâc  occafione 
optimepojfe.  P  cr pendit  e,  rogamus  ,  Bellum  hocce  citrà  Reipublicae  confenfum  , 
ut  credere  fus  eft,  fufeeptum^nec  non  aliorum  conflits  quam  qui  Reipubl.  non  bene 
eup'.unt  décret um  geftumque  tffie  :  Quin  13  Rex  vefier  fiecreta  cum  aliis  Poteftati- 
bus  pereufijerat  fœdera  ,  13  traStatus  confecerat  non  paucos  ,  quorum  nec  habuit 
notitiam  Refpublica ,  nec  bono  public p  &  feopo  ejufdem  falutari  erant  adaequata  , 
pro  lubittt  difpofuerat ,  quae  è  diametro  cum  Senatus  Confiait is  &  Reipublicae  pu- 
gkant  Conftitutionibtts. 

Pacla  Conventa  eludere  quovis  modo  13  artificio  fiategerat ,  curamque  adhibue- 

rat  maximum ,  quo  inter  praecipua  Regni  Polonici  membra  dificordias  &  internecina 

pelia  concitaret  (3  aleret  ;  Ex  quibus  omnibus  aliifique  quibus  fiuperfiedendum  nunc 

putamus,  lu  ce  meridianâ  evadit  clarius  nihil  Régi  Veftro  futjfe  délibérât  lus  quid- 

quam ,  quàm  formidandas  fibi  acquirere  utrinque  vires ,  debilitare  Cives  &  Regni 

incolas ,  Eorum  attre tiare  paulatim  jura  ,   Conflit  utione  s  publiais  perrumpere  ac 

deflruere,  &  fupremum  tandem  arripere  cum  Reipubl.  everfione  arbitrium  atque 

Dominium.  Hocce  immoderatum  vafti  animi  defiinatum  nunc  quidem  noflra  viko- 

'ria  exi  ft  intari  poteft ,  quodam  modo  reprejfum,  fed  artibus  ejus  non  confidendum , 

tempeftivis  Confiliis ,  fort  ibus  remediis  13  cita  executione  opus  eft ,  fi  falva  jura 

regni  (3  incorruptam  libertatem  Feftram  cupitis.     Dubio  enim  caret ,  poflquam 

in  animum  fiemcl  induxerat  abfiolutum  Regimen  fibi  vindicare,  ne  conceptâ  fpe  fuâ 

magnifque  au  fis  excidat ,  nihil  eum  quicquam   reliclurum  intentatum  ,    quo  illud 

per/iciat)  nil  penfi  habens  ,  fi  finis ,  quem  fibi  propofuit  obtinendi  gratiâ  &  totam 

Rempubl.  13  praecipuè  ejus  membra  noxa  &   interitui  immolaret  j  Huic  'igitur 

malo  mature  praeficindendo  médium  accomodatius  vix  adhiberi  poteft  ullum  ,  quàm 

fi  Rex  ifte  Throno  quàm  primum  dejictatur,  quippe  quô  fie  infraclâ  toties  legum  (3 

juratae  Capitulations  fîde  reddidit  indignum.     In  quo  cum  non  minus  Reipubl. 

(rcjlrae  quam  noflra  pofita  fit  fecuritas  ,   non  poffumus  non  huic  Rei  perficisndae 

fuwimopere  infiftere ,  neque  quifquam  rcrtim  périt  us  Rempublicam  propterea  ini~ 

quitatis  aceufai/it  ;  aceufiabit  eam  fortafjïs  pojleritas  nimiae  lenitatis  ac  impruden- 

tiae ,  fi  id  infeclv.m  rcliquerit.   Nec-  nobis  imputari  poterit  culpa ,  fi.  necejfitate  a- 

daili  hoftem  nofirum  perfiecuti  fuerimus  ,  ubicumque  ipfi  fecuritas  &  fuftentatio 

contingat  praefiari  ;    cum  fatis  fuperque  conftet ,  Nobis  nihil  magis  in  votis  efifex 

quàm  ut  quies  duarum  nationum  ,  quas  nativa  quaedam  13  perpétua  communiî 

titiiitatis  ratio  propiori  amicitiae  nexu  conjunxit ,  quantum  in  nobis  fit  um  eft ,   non 

l.:r,bilur.    D?  hâc  h  tùta  in  Literis  Noftris  ad  Rcmpubl.  perficripfimus  pro- 

lixitiSy, 


ET    RESOLUTIONS    D'ETAT.         641 

lixius ,  quas  opportuno  t empare  traclandas  Eminentiœ  Veflrœ  commendamus  ,  fi-  1 70  r . 
mulque  ab  eo  bénévole  &  amicè  contendimus  ,  até  iïfdem  pondus  authoritatis  fuœ  ,  ■ 

fummœque  quel  pollet  prudentiœ  &  Confiliorum  dexteritatem  adjungere  non  grave- 
tur.  6)uod  fi  fiât ,  nulli  ambigemus  quin  &  vim  habeant  efficacifiimam  £5?  nobis 
optatum  adveniat  quantocius  refponfum.  Si  quid  opis  &  auxilii  à  nobis  defidere- 
tur ,  lubentes  promittimus  nos  pr  a  fente  nunc  exercitu  nofiro  eodem  Reipublïcœ  pro  rei 
exigentiâ  adfuturos  ,  nec  immemores  erimus  aut  zeli  (3  laboris  ab  Eminentiâ 
Vefirâ  prceftiti ,  aut  teflificandi  erga  cam  quacunque  occajione  grati  animi  Regiœ-  • 
que  nofirœ  benevolenfiœ.  De  cœtero  Eminentiam  Veflram  Divinte  T'atelts  etiam 
commendatam  (3  quant  diutiffime  incolumen  cupimus.  Daba/Hur  in  Cafiris  nofiris 
prope  Bantske  die  30.  Julti  1701. 

A  Rege  Sueciœ 
ad 
Cardinahm  Primatem 
Regni  Polonia. 

Peu  de  tems  après,  le  Roi  Auguste  écrivit  aux  Etats  Géncnux  ,  St 
au  Roi  d'Angleterre,  ce  qui  fuit. 

P-   P-  Lettre 

r'Elfi  &  Prœpotentes  Domini  Jmici  Nofiri  Charijfimi.     Celfitudines  Fejîras  la-  dePoIo- 
tere  non  volumus,  nos  contra  Regem  Sueciœ  eo  animo  (3  intentione  arma  ce-  Ineaux 
pijfe,  ut  tam  infavorem  Régis  Daniœ,  vï  initi  fœderis  vires  Suecicas  fer  diver-  q^. 
fionem  diflraberemus  ,  quant  patratas  contra  fanclam  pacem  Olivenjem  injurias  iâllx,  & 
•vïndicaremus ;  13  quamvis  viclricia  no/ira  arma  ulterius proferre,  optatefque  no-  au  Roi 
bis  exinde polliceri  potuiffemus  fuccefjus ,  id  tamen  Infiantiœ  Mediatorum  dedimus ,  d"Angle- 
ut  paci  amicitieeque  priftinœ  cum  Rege  Suecia  refiituendœ  pnsterlapfo  jam  anno  tîire* 
promptiffimos  nos  declaraverimus ,  eumque  infinem  à  devafiatione  urbis  Rigœ  per 
injeclionem  ignis,  quorfumjam  omnia  parafa  erant  ,  aliifque  hoftilitatibus  ceffare , 
(3  ad promovendam  reconciliationem ,  evitandamque  majorem  animorum  exacerba- 
tionem,  opérât iones  bellicas  defenfivè  faltem  profecuti  fuerimus  ,  adeoque  feduïum 
ubique  paci  reducenda  adhibuerimus  operam.    gfuœ  verb  è  contrario  Rex  Suecia 
animo  voluerit,  &  quàm  longe  ejufdem  intentio  ab  <equa  intunda  pace  ,   remota 
fit ,  exinde  manifeftum  efi  ,  quod  nonfolum  omnium  Exterorum  Principum  Able- 
gatis  more  haftenhs  plane  inufitato  aditum  (3  audientiam  denegaverit ,  (3  hoc  ipfo 
ifiorum  vilipendium  palam  tefiatus  fit ,  fedt3  alla  inhonnefia  fummifque  Princi- 
pibus  indécent ia  excogitaverit  média,  adeo  ut  pofiquam  è  Cancellariis  Suecicis  to- 
tusfere  Or  bis  Libellis  famofis ,  quos  haclenus  contemtuvindicandos  ejfe  duximus  , 
jam  tum  repletus  fit  ,eo  quoque  procefferit,  ut  Lit  cris  hifee  in  copia  junclis  ad  Car- 
dinalem  Regni  Nofiri  Primaient  tranfmifiis  fuaque  manu  fignatis  cumulatis  ei  fini 
falfifiimis  imputationibus  fedit iones  in  Regno Nofiro  contra  Nos,  concitare  non  eru- 
i-uerit.    Nec  dubitandum  efi ,  ea,  quœ  ratione  abfoluti  alicujus  à  Nobis  pratenfi 
Domïnii  contra  nos  \  Rege  Smi<e  finguntur  ,    èdogmatibus  'fui  Parentis^  ante- 

iiii  3  '  ceffa- 


«4*     MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

1 70 r .  ccjforumqut  praceptis  ortuvn  traxiffe ,  quorum  tyrannica  principia  non  adcb  longs 
- abhinc  iempore  in  ijiis  Regionibus  executioni  mandata  omnium  aàhuc  mémorise  in- 
fixa barent.  Cum  è  contrario  Nos  ctiamfi  optimà  forte  occafione  dcducendi  talia 
ad effeclum  exoptatum  haud  defiituti  fuerimus ,nibilominus  cxponcndo  propriamfa- 
lutem  noflrafque  fortunas  perennem  Reipublica  bujus  félicitaient  indefeffe  quafive- 
rimas,  Libertatifque Jubindc  vigorem  modis  omnibus  foverimus  ,  quorfum  fi  opus 
forets  facla  &?  adliones  nofiras  in  teftimonium  vocare  ,  &  reliqua  Régis  Suecia 
'  figmenta  leviter  fpernere  pofiemus  ,  nifi  eo  ufque  impudent iâ  progreffus  fuiff'et  ut 
quod  apud  bar  bar  as  gentes  turpe  13  inhoneflum,  apud  Chrifiianos  veto  Principes 
inauditum  eft,  deturbationem  tioftra  Perfona  de  folio  follicitare  horumque  contra 
nos  attentatorum  pramium  conjiitucre  non  abftinuerit.  Nos  equidem  Dei  omnipo- 
tentis  auxilio  freti  6?  de  Polonorum  Noftrorum  fide  ergà  Reges  fuos  fmgulari ,  fe- 
curi,hac  (3  aiia  tanti  non  curamus  ,&  fi  opus  fuerit  malo  ifti  remédia  fufficientia 
inveniemus.  Cum  tamen  infidiofi  hi  Conatus  cum  omni  focietate  bumanâ  (3 
omnium  ge  rit  ium  jure  è  diametro  pugnent ,  ità  prudcntiffimo  al i  or  uni  Principura 
Judicio  illos  fubjiciendo  ,  fpem  fovemus  certlfjimam,  fore  ,  ut  graves  bafce  ma- 
chinât icncs,  tanquam  communem  caufam  (3  pullulantes  exindè  cuilibet  regimini 
fumme  nocivas  confequentias ,  facile  confideraturi  fint ,  cum  non  fit  dubitandum 
in  quolibet  Regno  inveniri  refratlarios  Ï3  perfidos  fubditos,  qui  talifmodi  crimi~ 
tmm  protetlorcm  ampletlendo  cmne  genus  malitia  explere  non  intentatum  relin- 
quent  :  &?  cum  certb  confidimus  Celfitudines  Feflras  praprimis  hancce  Régis  Sue- 
cia  intentionem  deteftaturas ,  £5?  ut  quies  bifce  regionibus  reddatur  ,  nec  incen- 
dittm  illnd  qusd  jam  proprias  Celfitudinum  Feflrarum  invafit  oras  ,  latifjimas 
muhque  flammas  deinceps  nonnifi  maximo  cumpericulo  extinguendas  concipiat ,  al- 
laboraturas  ,infimulque  ex  indigna  &  inconvénient  i  exceptione  Ablegati  Celfitudinum 
Vejlrarum  vilipendium  ingratumque  Régis  Suecia  animum  pro  praflitis  hablenus 
officiis  fatis  perfpeclum  habit  tiras,  indeque  facile  judicaturas  effe  quid  de  vajlo  il- 
lius  deflinato  &  tumidà  fpe ,  nifi  in  ipfo  ortu  fujfocetur ,  impoflerum  expetlandum 
fit.  Tum  Celfitudines-  Feflras  pro  eâ  qu<e  hatlenus  iifdem  Nobifcum  intercefft 
amicitia,  enixè  requirimus,  ut  fuis  bac  parte  confiliis ,  13  benevolà  fi  opus  fuerit 
affiflentià  nobis  haud  decffe  vclint ,  ne  alias  ad  ejufmodi  média  quibus  tamen  hatle- 
nus abfiinuimus ,  contra  Regem  Suecia  Ejufque  Perfonam  procedere  cogamur ,  qitœ 
quœvis  occafio  nobis  fubminiflrabit ,  quaque  ad  fecuritatem  Per fonce  £s?  Rcgni 
vofîri  ab  omni  vi  injuflà  confervandam  idonea  13  jufla  judicabimus.  ghiibus  Cel- 
fitudines Veflras  Divine  Protetlioni  commendamus  13  profpera  quavis  animitiis 
'tppreCiimur.    Dabantur  in  arce  nofirâ  Varfavienfi  die  p.  Septembris  1701. 

Ai 

Status  Confad.  Belgii. 

In  fimili  ad  Regem  Anglix  nifi  mutato  paragraphe)  feqq.  in  fine. 

TÛT  cum  certb  confidimus  Majcfiatem  Feftram  praprimis  hancce  Régis  Suecia  in- 

tentionem  eo  mugis  deteflaturam  effe,  quo  (3  ea  fublimi  cogitatione  expende-e 

13  pracavere  mceffe  habet,  ni' ejufmodi  refraclariis  (3  perfidis  fttbditis  latiffîms 

ad 


ET    RESOLUTIONS    D'Ë  T  A  T.    .      64$ 

ad  inobedientiam  aperiatur  campus  ,  fuorumque  fcekrum  tutum  prejîetur  afylum   1701. 

£5?  facrata  Regum  Perfonœ  quafi  in  pretium  ponant ur  infimulque  immoderatum  —- 

hoc  Régis  Suœciœ  deftinatum  in  tempore  reprimatur ,  ne  is  qui  omnia  fibi  li- 
cere  putat  in  bis  maxime  Europai  Status  conjunfturis  etiam  leges  dare  fer- 
ttntet. 

Comme  dans  cette  Lettre,  à  laquelle  il  avoit  joint  la  Copie  de  la  Rc- 
ponfe  au  Cardinal  Primat ,  6c  qu'il  y  avoit  d'atroces  Inveétives  contre  le  Roi 
de  Suéde,  l'Ambafladeur  Lillienrooth  fit  d'abord  travailler  à  y  faire  des  Ré- 
flexions, qu'il  fit  même  imprimer  pour  diftribuë'r  aux  Membres  des  Etats 
Généraux  &  aux  Miniftres  Etrangers,  telles  que  voici. 

I    N 

EPISTOLAM 

REGIS     POLONIiE, 

Q.U  A  M 

AD    CELSOS    ET    PRiEPOTENTES    BELGII 

FOEDERATI    ORDINES, 

De  Bello  Livonico  y  Anno  MDCCI.  die  jx.  Septembris 

fcriplèrar, 

ÀNIMADVERSIONES    SUBITANEiE. 

Çlrcumfertur  Epiftola  quœdam  Régis  Poloniœ  ad  Celfos  £5?  Prapotentes  Belgii  Remai--* 
Fçedcrati  Ordines  fcrtpta ,  quâ  Sua  Regia  Majeftas  Sueciee  eo  potiffimum  nomi-  quesfur 
ne  tràducitur ,  quod  Matas  fibi  haBenus  injurias  non  œqui  Ironique  faciat ,   neque  la  ^  ure 
patientiam  tam  diu  prœfiare  velit,  donec  Ma,  quœ  temerario  aufu  in  fe  ($  Rem^  Augus- 
pubticam  Polonarnfufceptafunt,  à  Rege  Poloniœ  patrentur  perficianturque  ;  fed  te  aux 
potius  eam  confiliorum  viam  infijiat ,  quœ  conata  h&c  difturbent ,  atque  ea  quo-  E-  G-  » 
que  perficiendi  omnem  ipfi  facultatem  in  pofterum  eripiant.    Anfam  hujus  crimina-  f1  9' 
lionis  cepit  ex  Literis ,  quas  ad  Primatem  Regni  Poknia  Sua  Regia  Majeftas  Sueciœ  brc. Ç™~ 
miferat  :  in  quibus  perniciofœ  hœ  machinationes  Jincerè  deteguntur,  atque  fine  cir- 
(tiitione  ejufmodi  confilia  in  médium  proferuntur  ,  quœ  cum  ad  ajferendam  utriufque 
Regnifecuritatem,  tum  ad  mutuam  amicitiam  confervandam  ,  fola  vi fa  f itérant 
idonea.     Equidem  ut  nemim  miruni  effe  poteft,  parum  grata  inimico  Régi  hœc  ac- 
eidiffe;  ita  optandum  quoque  foret ,  ipfum  talent  ejfe  hoftem,  qui,  more  apud gén- 
ies ufitatOy  arma,  intulijfet ,  ne  que  ^  prœdonum  ritu,  medià  in  pace.  Provincial 

Sut' 


644     MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

170 1.  Sueckas  inopinatis  &  fubdolis  incurfibus  cxpilaffet  ;  qui  etiam  in  reliquis  eamfi- 

■ —  demferyafiet ,  /.'/,  pojlquam  fatis  dccertutum  fuerit ,  pax  aï  que  amicitia  cum  ill» 

refiaurari  tuto poff'ct.  Ncmo  utique  diibitaverit ,  quin  tranquillitati  Orbis  Chri- 
(liaui  dolorent  fuum  lubenter  Sacra  Regia  Majeftas  Suecia  condonafiet ,  neqste  ad 
afperiora  remédia  animum  adjeciffet.  dm  vtrb  omnià  mente  circumfpiciens ,  nul- 
lam  rationem  inventât  fida  pacis  cum  Mo  habenda ,  cttjus  inconftantiam  tôt  docu- 
mentis  exporta  efiy  atque  adeb  pravtdeat,  fe  ab  illius  infidiis  mtnquam  fore  tu- 
tam,  quamdiu  aliqua  nocendi  faiultas  fiiperfit  :  non  exijlimat  vitw  fibi  datum  m. 
faltciii  ab  aquis  reritm  aftimatoribus ,  fi  contra  infolitas  artes  non  vulgari  modo 
cAHtuin  fecuritati  fua  efje  cttpiat.  Notum  enini  eJJ,  atque  toto  orbe  pervulgatum , 
quant  inhttmauo  prorfus  more  in  hoc  bclîum  progreffas  fit  Rex  Polonia.  Qui 
cognât  uni  Rcgcm ,  quem  fua  atas  ,  &  innocent  ta  ,  &  propinquitas  fanguinis  ei 
commendabant ,  ab  aliorum  injuriis  pot  lus  defenderet  ;  idem  adolefcentine  ejus  in- 
fuliatus  ,  illicitis  doits  circumventum  pane  opprefierat.  Ut  avitum  ejus  Regnum 
difeerperet ,  aut  funditus  everteret ,  non  nef  as  habebatur ,  occulta  cum  altis 
confilia  inire\  Provincias  alias  fibi ,  alias  Mis  occapandas  affignare ,  proditorum 
£5?  infamiv.m  operâ  uti ,  cive  [que  àd  defetlionem  fèlicitare.  -Qua  cum  ab  initio 
clancuîtim  agitarentnr ,  fuftinuit  etiam  Suecis ,  ut  eos  ab  infidiarum  metu  tanto 
inagis  averteret,  arclius  amicitia  fœdus  offerre.  Citm  in  hoc  adornando  utriufque 
Principis  Minifiri  Varfavia  £s?  Drefda  occuparentur ,  copia  Saxonica  in  Livo- 
niam  fubito  funt  immiffa ,  ut  Rigam  per  infidias  occuparent.  Inde  licet  cum  igno- 
minie rejeela ,  Provinciam  tamen  latè  depopulantur ,  13  munimenta  ,  prafidiis 
jujlis  non  infiruEla  ,  intercipiunt.  Atque  hac  in  mediâ  pace  perpétrât  a  funt , 
citm  arnica  omnia  fimularentur ,  &  priufquam  ulla  ofienfa  cauja  indicata  ejfet. 
Cum  à  Ducibus  Saxonicis-  caufam  hujus  incurftonis  ,  S  cujus  jujfu  hac  acla  ef- 
fient,  qnxrcrct  [upremus  Livonia  Prafeclus ,  ifii  Mudentes  ,  loco  refponfi  ineptas 
quafidam  fabulas  repofuerunt.  Adeb  impotenter  &  fuperbè  Sacra  Regia  Majc- 
flati  Suecia  ubique  infultatum  efl ,  .quafi  digna  non  effet ,  cui  jura  gentium  ferva- 
rentur;  fed  quàm  ludibrio  habere,  &?  contemnere,  impuni  poffent.  ghtœ  verè 
poftca  acla fint ;quot  feditiofis Literis Livonorum  fuies  tentata-,quot  calumniisSueci 
ficlifque  criminationibus  lacer  ati;  quibus  conflits  Poloni  implicaii;  quibus  artibus 
À/o/cus ,  dubius  adhuc  13  nutans ,  in  belli  hujus  focietatem  impulfus  ;  quibus  vafra- 
mentis  Succi  appetiti^ut  iterum  in  infidias  allicerentur  ;  longurn  efi  hic  enarrare. 
Ccrtc  ab  eo  die  quafi  juratus  in  exitium  Suecorum,  hofies  toto  orbe  in  illos  excitare, 
mque  ipfim  Acherontem  commovere,  fimmis  fiudiis  annixus  eft.  £hia  citm  fu- 
fius  alibi  expofita  inveniantur  ,  tetigifje  hicjufiicit^  ut  confiet ,  jufliffimam  Sua 
Regia  Majeflati  caufam  effe ,  quart  tôt  atroces  injurias ,  illuftones ,  (3  intolerabi- 
leni  fui  contemtum  non  gratis  devorare  debeat,  neefidem  ei  habere  qucat,  qui  tôt 
indignis  modis  eam  polluer at.  Sed  hac  planiora  fient,  fi  Epiflolam  ipfam  oculis 
fubjiciamus:  quam  fi  eàdem  liber tate,  quà  fcripîa  efl ,  bis  paulifiper  excutiamus, 
«on  eft,  quare  magnopere  quifiquam  mirari  pojfit.  Commodiffime  autem  hoc  fie  t, 
fi  verba  tpfius  Epiftola  proférant ur,  6?  Rcfponfum  juxta  ponatur.  Sic  ubi  fucus 
lateat,  facile  apparebit. 


Cel- 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.         647 

1701. 


Celfi  ac  Trœpotcntes  (Domini , 
Arnïci  nofiri  carïffimi. 

CElfitudines  Veflras  latere  non  vo-     J^Oas  in  hac  EpiftoU  inva/ioni  fine 
lumus  ,  nos  contra  Regem  Sue-  caufas  prœtexit  ;   unam  ,   ut',   vi 

cïx.,  eo  animo  &  eâ  intentione  arma  fœderis  cum  Rege  Daniœ  initi ,  Sueco- 
fufcepifTe,  ut  tam  in  favorem  Régis  rum  vires  difiraheret  ;  altérant ,  ut  in- 
Danice,  vi  initi  fœderis,  vires  Sueci-  jurias  contra  pace?n  Olivenfem  patratas 
cas  diftraheremus, quàm  patratas  con-  vindicaret.  Licet  hic  primum  obferva- 
tra  lan&am  pacem  Olivenfem  inju-  re  mutantem  Protea  vultus,  &  tôt  for  - 
rias  vindicarcmus.  mas,  qaot  vult,  afjitmcntem.   Alios  ab 

initia  prœtextus  attulit  ;  alios  progrefiu 
temporis,  cum  ad  irritum  cecidiffe  incepta  fia  cerner  et  :  neutres  pianos  unquamfa- 
cere  potiiit.     'tune  enim  prœfidium  Rigenfe ,  quod  ad  defenfionem  fe  adverfus  copias 
ejiis ,  in  Lïvoniam  irruent  es ,  componeret ,  huic  bello  occafionem  dediffe ,  per  Mi- 
■nifiros  [nos  in  Aulïs  Europœis  confiant er  affirmavit.    Idem  Duces  iftius  exercitus, 
fuis  Diplomatis ,  Janiftœ  die  jx.  Febr.  M D  C  C.  feriptis,  divulgarunt.     Idem  ip-  ' 
fe  Rex  in  Libella  criminofo ,  quo  neceffitatem  bujus  belli  poflea  manifeflare  voluit , 
in^eminavit.     Quare  de  hac  caufà,  quœ  ei  tune  palmaria  erat ,  jam  reticuït  ?  In 
prompt u  ratio  efi.     Cum  Livoniam  fibi  vindicare  ftatuiffet ,  non  opus  erat  dicere , 
illam  Reipublicœ  Polonœ  caufà  h  fe  occupari,  quœ  fibi  privât um  bellum  gèrent i  in 
prœmium  armorum  céder  et:  poftquam  vero  infidiœ  ,  quas  urbe  Rigenfi  firuxerat , 
irrita  fuifjint ,  non  è  re  vifum  efi ,  huic  commenta  mordicus  inharere.     Tune  enim 
■alio  pratextu  opus  erat ,  ut  Serenijfimam  Rempublicam  Polonam  in  focietatem  belli 
traheret.    Tum  quoque  tôt  fibilis  ubique  explofam  fuïffe  banc  fabulam  comperit,  ut 
fiultum  foret,  iterum  eandem  in  feenam  inducere.     Itaque  cum  gratiam  ifiius  cri- 
miriis  Suc  eus  faciat  ;  illœ  tatum  caufie,  quas  EPifiola  hœc  exprefjit ,  hic  expendan- 
tur  :  quarum  prior  efi  fœdus  cum  Rege  Daniœ  pereuffum.    Quàm  pium  illui  fos- 
dus  fnijfet ,  non  vacat  hic  examinare  :  Hoc  tantummodo  feire  libet ,  quœ  necejjitas 
ei  tune  erat  impofita  Suecorum  vires  diftringendi ,   cum  illi  bellum  cum  Rege  Da- 
niœ non  haberenti  Controverfia  Holfatica  agitabatur  ,   quam  componere  Principes 
Orbis  Chrifiiani  fummo  fiudio  quœrebant.     Quieverunt  interea  Sueci  :    SereniJJi- 
mus  quojue  Rex  Daniœ,  ad  quem  i(la  controverfia  maxime fpeclabat  ,  tamdiu  ab 
armis  abflinebat ,  quoad  Saxones  in  Livoniam  non  irruperant.     Atque  ita  ,  cum 
nufquam  bellum  effet,  quid  opus  diverfionem  facere  ?  Si  fœderato  auxilium  tantum 
ferret,  quareipfe,  qui  fecundarias  partes  in  hoc  bello  habere  voluit ,  bellum  prior 
inchoavit ,  quiefeente  illo ,  qui  auxilium  fiipulatus  efi?  Qui  enim  fociorum  nomen 
gerunt ,  cum  ,  qui  principes  partes  agit ,  fequi ,  non  antevertere  fiaient.     Sed  & 
pacificatoris  per  fana ,  quam  in  controverfia  hac  fufiinuit ,    debebat  ipfum  monere , 
ne  prior  arma  corriperet.     Nihilominus  fi  neceffarium  hoc  cenfuiffet  bellum ,  quare 
Suecos  potius  aggreffus  efi ,  quàm  Britannos,  quàm  Batavos  ,   qui  eafdem  partes 
in  Negotio  Holfatica  fibi  fumebant  ?  Sponfionem  illi  fufeeperant  pacli  jiltenocnfis  <, 
£s?  ad  ilhul  defenàendum ,  œque  ac  Sueci  operam  fuam  conîuhrunt .     Neutri  autem 
in  animum  induxerant ,  ut  Danis  propterea  bellum  faurent ,  fed  ut  ad paila  ob- 
Tom.  I.  Kkkk  -      fer- 


64S     MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

1701.  fervanda,  6?  controverfiam  banc  tollendam,  ïllos  permoverent  :  Quod  ctiam  ab  il- 
•  Us ,  quetnadmodum  eventus  do  cuit ,  obtinuerunt.     Jnjuftiffimus  igitur  hic  prœtëxtus 

ejl  :  Nec  tam.fubdolam  in  Lïvoniam  irruptionem  excufat ,   quàm  prurit  um  infe- 
rendis  bellis  dctegit.     Alteram  hujus  belli  caujam  facit  violationem  pacis  Oliven- 
/ÎS)  quant  vhidicare  fe  debuijfe  dicit.     Licct  hic  pri  muni  intcrrogare  ,  à  quibus  de- 
mandai'11  in  hoc  negocium  habuit?  A  Republicà  Polonâ?  Atqui  in  hune  ufque  dicm 
nullam  bac  querelam  prot nierai  ,  quâ  lœfam  Olivenfem  pacem  argueret  :  Contra 
confiant: [finie  haclenus  tejlata  eft ,  fe  mtllas  in  hoc  bello,  quod,  infeiente  ipfà^fu- 
feeptum,  partes  fumer  e ,  fed  cupere,  ut  antea  ,  pacem  eu  m  Suecis  illibatam  con- 
fervari.     Quomodo  igitur  effari  poteft  ,  fe  injurias  ,   quœ  nullœ  funt ,  vindicatum 
ire  ?  Deinde  tralatilium  eft  ,   6?  notum  omnibus  ,   nullum  belli  jus  in  Republicà 
Polonâ  Régi  competere  :  quod  cum,  infeiâ  eadem  6?  invita  ,    nihilominus  fufeepif- 
fit,  leges  Reipubliae  fondamentales  ab  eo  convulfas,  liquido  patet .     Ita  geminato 
fe  critnine  objlrinxit ,  ciint ,  arrogato  fibi.  belli  arbitrio ,  patla  conventa  ,  qutefer- 
vaturum  fe  jur avérât ,  infringerct ,  &  Suecos  ,   Reipubliae  amicos,  &  innoxios, 
perfide  fimul  aggrederetur.     Au/us  quidem  eft  Criminationes  quafdam ,  poft  quant 
bcllum  incepiffet ,  typis  divulgare  :  Sed  easy  oppofito  Refponfo  ,  toti  orbi  Sueci  de- 
monftrarunt ,  nieras  efife  calumnias,  eo  fine  à  Rege  hoc  excogitatas ,    ut  Rempubli- 
cam  Polonam  fui  periculï  fuccedaneam  faceret ,  quo  feffa  po/lmodum  &  exhauftœ 
Art.  55.    ultimum  fpiritum  interciperet.     Tum  vero  fanclam  pacem  Olivenfem ,  cujus  hic  me- 
§.  2..  3.    minit,  quart  ipfe  tant  audatler  violavit  ?  Diclitat  Ma  expreffis  verbis ,  fi  lis  ali- 
qua  inter  Régna  Suecia  &  Polonik  oriatur ,  non  ideb  licere  lœfo  ad  arma  recurre- 
re ,  fed  a-micam  ejus  componendœ  rationem  ineundam  effe  :   Indicandam  injurïam , 
monendos  de  eâ  pacifient  es,  fatisfatlionem  petendam:  Hoc  objervato  ordine,fi  lae- 
fus  in  reparandp  damno  tergiverfetur ,  tum  demum  ,  faclâ  prius  légitima  belli  de 
nunciatione,  jus  armis profequendum.  Anborunt  quidquam  obfervavit  Rex  Polo- 
niae ,  qui  pacem  banc  à  Suecis  violât am  tradit  ?  Ipfe  igitur  iftius  pacis  ,    quae 
inconcufja  haclenus  fictif ,  turbator  atque  ruptor  eft  j    cujus  temeritas,  juxta  eaf- 
dem  pacis  leges ,  ciim  Polonorum ,  tum  omnium  pacifeentium  viribus  dudum  cafli- 
gari  debuerat.     Quaprupter  nemo  erit  ,  qui  non  liquidifjlme  bine  intelligat ,  nullâ 
juftà  caufà ,  fedfotà  hbidine  proritatum ,  Rcgem  Poloniae  in  banc  arenam  defeen- 
dïffe  ,  6?  quidquid  buic  belle  praetexat ,  exeufandis  ejus  injuriis  adeb  non  Jufficere , 
;//  omnium  potins  odium  ac  deteftationem  mereatur. 

Et  quamvis  vi&ricia  noftra  arma  Ne praeclarae  hae  vicloriae  ignoren- 
ulterius  profeire  ,  optatofque  nobis  tur  ,  juvat  eas  in  compendium  hic  re- 
exinde  polliceri  potuiflemus  fuccef-  digère ,  donec  ils  jufto  volumine  ex- 
iusj  plicandis  par  aliquod  ingenium  exiftaf. 

Liceat  tamen  hic  diffimulare  Pannoni- 
cam  cladem,  cum  dutlu  fuo  EleSlor  Saxoniae  exercitum  Caefarianum  perderet  : 
ghiae  fuis  aafpiciis  gefferat ,  exponant ur.  Primum  igitur  trophaeum  Lithua- 
nia  vidit,  quae  copiis  Saxonicis  direpta  ,  turbifque  internecivis  à  Rege  ipfo  im- 
plicata ,  aeternam ,  ut  creditur ,  iftius  expeditionis  memoriam  confervabit.  Al- 
ter  triumphus  aclus  eft  de  Curlandid  ,  quae  pari  folertiâ  correpta  eft.  Quare 
publicâ  etiam  devetioiie  iftis  in  Regionibus  Saxonicum  nomen  colitur.     Et  bas 


ET    RESOLUTIONS    D'ETAT.  64y 

quittent  palmas  de  civibus  retulit,  à  quibus  vexât  iones  injuria/que  ctrecre  dcbuif-  1701. 
fet  :  Externac  autem  militiae  grandior  furgit  moles.  Nam  cùm  folitudinem  — — 
demi  vaftitatemque  feciJJ'et ,  popukbundam  manant  in  fines  Suecorum  tnifet ,  eo 
videlicet  tempore ,  que-  pace  confidentes ,  &  fimulato  amicitiae  fœdere  deceptos , 
exercitum  procul  babuijje  illos  mverat.  §)uo  ei  facilius  erat,  patentes  agios 
incurfare,  &  duo  Cajieîla  opprimere.  Nam  à  mœnibus  Rigae ,  quant  praeci- 
puè  petebat ,  fortiter  depulfa  eft.  Haec  ciim  Holmiam  mtficifta  cJJ'ev.t ,  îegiones 
Hnnicae  eçprejfîs  fuppetias  ire  juJJ'ae ,  primo  adventu  fuo  ita  latrones  bofie  ter- 
ruerunt ,  ut ,  reliclà  praedâ  ,  locifque  opportunis  ,  quae  muniverant,  defertis, 
trans  Dunam  refugerent.  Haec  primo  vere  gefla  funt.  Sequenti  aeftate ,  ciim 
Sacram  Regiam  Majeftatem  Sueciae  comperijfet  in  Selandiam  exercitum  tra- 
duxijje ,  tant  a  jam  anxio  &?  trépidant  i  redit  in  praecordia  virtus ,  ut ,  colleclis 
majoribus  copiis ,  ipfe  Dunam  trajiceret ,  exiguâ  Suecorum  manu  infeffani  ,  &f 
haud  procul  Riga  cajlrametaretur.  Quant  cum  obfidere  deftinaret ,  fama  pacis 
Travendalenjis  animum  ejus  ita  perçut it ,  «/,  ut  reliclis  operibus  ,  qna  exftruxe- 
rat,  magno  pavore  in  Poloniam  fe  redperet  ;  ru'mofo  tanturn  Caftello  ,  quocl  ad 
Dunam '.Jitttm  efl ,  prias  occupato.  Hic  armorum  ejus  ambittts  efi^  qui  quot  gra- 
dus,  tôt  opprobria  babet:  de  quo  tamen,  gloriofi  inflar  militis,  jaclare  Je  non  ve- 
retur.  Certe  erubefeeret  ea  viclricia  appellare  arma,  quœ  ut  ignavis  turpibufque 
dolis  aliquem  progrejfum  in  initio  debuerunt  ;  ita  fœdum  exitum  fortita  eJJ'e  uni- 
•verjus  novit  orbis  :  cum  paucarum  borarum  fpacio  exercitus  Saxonicas,  tôt  Cafiris, 
tôt  Munimentis ,  tanto  Apparat u  bellico  exutus ,  totâ  Curlandiâ  expelleretur. 

Id  tamen  inftantice  Mediatorum  de-  Quis  magnâ  animi  moderaiione  bel- 
dimus  ,  ut  paci  amicitiseque  priftinae  latorem  banc  fuiJJ'e  neget ,  qui  in  ipjo 
cum  Rcge  Sueciae  reftituendae ,  praî-  vicloriarum  curfu,  fi  Dis  placet,  pacem 
tcrlapfo  jam  anno,  promtiffimos  nos  cum  Suecis  reftaurare  cupiverat.  Sed 
declaraverimus ,  eumque  in  finem  à  id  tamen  in flantia- Mediatorum  dederat. 
devailatione  Urbis  Rigœ ,  per  injec-  Quinam  autem  illi  faerunt  ?  Cum  nulli 
tionem  ignis ,  quorfiim  jam  omnia  pa-  unquam  Mediatores  nominali ,  aut  ac- 
rata  erant ,  aliifque  hoftilitatibus  ceC-  cepti  ejfent  ;  quomodo  ad  illorum  infian- 
fare ,  &  ad  promovendam  reconcilia-  tiam  pacis  conditiones  offerre  potuit  ? 
tionem ,  evitandamque  majorum  ani-  Qua  vero  ratio  ettm  fubegit ,  ut  ita  lo- 
morum  exacerbationem ,  operationes  queretur  ?  Imb ,  ut  in  Suecos  ,  qua/i  à 
bellicas  defenfivè  faltem  perfecuti  fue-  pace  abborrentes,  omnem  invidiam  con- 
rimus,  adeoque  fedulam  ubique  paci  ver  ter  et;  &  fponfores  fœderis  Olivenfis 
reducendas  adhibuerimus  operam.  obligatione  illâ  ,  quâ  eum  ,  aggrejfurem 

turbatoremque  iftius  fœderis  ,  perfequi 
debebant ,  folutos  ejfe  perfuaderet .  Si  pacis  defiderium  aliquando  pra  Je  ferret , 
cognitum  eft  ,  meta  armorum  Suevicorum  eam  mentent  induiffe  :  quamprimum  is 
ceJJ'avit ,  à  pacifici  animi  ftudio  longiffîmè  abfuijfe.  Quod  ad'eo  certum  explorât  uni- 
que illis  erat ,  qui  apud  ipjum  degebant ,  ut  teflari  boc  ubique  non  dubitaverint. 
Neque  enim  difficile  erat  divinare,  vapido  fiub  peilore  tegi  vulpem,  cum  ver  bis  pa- 
cem creparet ,  re  vero  ipfâ  illam  impediret.  Nam  quœ  exterorum  Principum  Le- 
gatis  aliquando  propofuerat,  alio  die  immutata  £5?  à  prioribus  prorfiis  aliéna  in- 

Kkkk  2,  ven- 


6fo      MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

1701.  venta  fait:  adhac  quœ  de  fatisfaclione  dixerat ,  tam  abfurda  fuijfe  atque  ignomi~ 
niofa,  ut  facile  apparerct,  ludos  agi,  &  tempus  tant  uni  quari  neclendis  novis  do- 
lis.     Sjhiare  nugamcnta  ifia  neque  tutb,  neque  honefle,  Sua  Regia  Majejias  Sue- 
cia  admit t ère  potuit:  quœ  etiam  cre débat  fe  meliori  jure  Rcgem  Gallia,caterofque 
(perfores ,  monere  poffe  ,  ut ,  juxta  tabulas  pacis  Olivenfis  ,   aggrefforem  junclis 
vhibus   ad  aquam  honcfia~'nque  pacem  adigerent  :    cùm  jam  non  de  avertendo 
bello,  ne  inciperet  ,  fed  de  fœdifrago ,  qui  boftem  fe  jam  diu  gefferat ,    coèrcen- 
do  ageretur.     At  vero  ,  qui  Suecos   tantis  injuriis  oner avérât ,  fi  ptci,  ut  hic 
traditur,  reflaurandœ  promtiffimun  fe  dcclaraffet ,   an  laudtm  propterea  merea~ 
tttr ?  an  veto  Sueci  reprehenfioncm  ,   quod  pari  propcnfione  pacem  admittere  no- 
luerint'i  Scilicet  tam  abjeclœ  fortis  Sueci  funt,  ut  à  Rege  Polonia  impune  laceffi 
k3  vexari ,  atque  illudi  tam  diu  pojf.nt  ,  quamdiu  fatis  ipfi  vifum  fuerit  :   cum 
vcrb ,  îafj'ata  lubidine ,  amicitiam  rurfus  obtulerït ,  vituperari  etiam  debeant ,  ni- 
fipronis  animis  tantam  bcnignitatem  fufpiciant  atque  exo feulent ur?  £)uis  aquita- 
tem  in  illo  laudet ,  qui  poftquam  damnum  atque  contumeliam  mibi  gravijfiman  in- 
tulcrat ,  bac  conditione  mecum  in  gratiam  redire  cupit,  ut  finem  ille  injuriarum  fa- 
ciat ,  fi  ego  injurias  haclenus  illatas  œqui  Ionique  confulam?  Aut  quisjuflam  la- 
tronum  orationem  pronunciet ,  fi  fupervenienti  Domino,  cujus  œdes  expilaverant , 
clament  fe  amicos  ei  pofibac  vitluros,  fi  cum  intégra  pr  a  dâ  Mis  abire  permiferit  ? 
'Talent  pro  cul  dubio  pacem  Rex  Polonia  optaffet ,  quee  non  modo  inulta  pateretur, 
quœcumque  ab  eo  haclenus  pat  rat  a  funt,  fed  etiam  januam  aperiret,  quandocun- 
qtie  commodum  vider  et  ur,  ad  cuudem  ludum  iterandum.     Sed  neque  fubitus  difeef- 
fus ,   quo  moenia  Riga  déferait  Rex  Polonia ,   ullam  pacis  cupiditatem   arguit. 
Obfidere  urbem  potuit ,  non  oppugnare ,  partim  inopiâ  pulveris  tormentarii  impedi- 
tus,  partim  famâ  advenientis  Régis  Sueciœ  conflematus.     Nove'runt,   qui  tune 
ederant,  quanta  trépidât io  tous  caflris  erat ,  quanto  ipfe  mètu  pereuffus  ,  tor~ 
ment  a  bellica  pr  opère   amoveri  juffit ,  cum  de  pace  Travendalenfi  primutn  ,  mox 
etiam  de  conf petits  navibus ,  qui  militera  Succicum  vehebant,  rumot  vulgaretur. 
Ad  bac  ijlo  jam  prœfidio  Rigam  inveniebat  firmatam ,  ut  minas  fuas  non  tantùm 
impune  pojfet  fpernere,  fed  &  obfefiforibus  non  minora,  quàm  Mi  Riga  ,  inferre 
détriment  a.     ^anquam  ,   quâ  efi  calliditate  ,  tune  obtendere  plaçait,  Bat  avis  id 
fe  beneficii  dediffe ,  ne ,  injeclis  ignibus ,  merces  fimul  eorum  perderet.     Cui  de- 
nique  perfuadebit ,  fe  amore  pacis  ab  omni  hoflili  atlu  poftea  abjlinuiffe  ,    £s?  pro- 
pulfando  tantum  bello  fuiffe  intentant  ?    Cerlè  tôt   excurfiones,  quas  in  agrum 
Suecicum  miles  ejus  feccrat  aliud  docent.     Tôt  quoque  adhortationes ,   cùm  alibi, 
tam  in  nuperis  comitïis,  ad  Rempublicam  Polonam  ,  ut  avulfa  recuperaret  ;  tôt 
ntunimenta  pajfim  excitât  a  ;  tantum  rei  bellicœ  congejlum  penu  j    Caflcllà ,  quœ 
Suecis  eripuerat ,  ftrmiffimis  prœfidiis  infeffa  ;  tôt  machinai iones  ;  fœdus  dcniqiie 
arclifjimum  cnmCzaro  pereufum;  &  viginti  millia  Mofcorum  in  auxillum  acci- 
ta,  fatis  évinçant  aliam  ipfi  mentent  fuifj'e ,  nift  invicla  Sacra  Regia  Majefiatis 
virtus  immancs  iflos  conatus ,  juvante  Deo ,  fort i ter  reprefjiffet.     Ex  bis  igitur , 
quœ  dicta  funt,  manifefium  efi  ,  cùm  Médiat  or  es  nulli  fuiffent  ,   quorum  operâ, 
pax  cuire  potuifj'et  ;  ne  que  conditiones  aquas  unquant  obtulifjet  Rex  Polonia  ;    ne- 
que  fignum  ullam  paciftei  animi  dediffet  :  fincerum  reconciliationis  fludium  in  il- 
Is  nunquam  fuiffe ,.  fed  omnia  infidiofa  .0  fimulata  ,  ut  Suecos.  pariter  &  co~ 

rttm 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.         6ft 

rum  focïos  f aller  et  ;  &  illos  quidem  ab  inftdiarum  metu  avocaret,  hos  vero  à  fe-    170] 
rendu  ope,  quant  ex paclis  debcri  novit ,  retineret.  .  • 

'  Qu£E  vero  è  contrario  Rex  Sueciîe  Quemadmodmn  igltur  ab  infidih  iflis, 
animo  volverit,  &  quàm  longe  ejuf-  quas  tenàebat  Rex  Poloniae  ,  cavere 
dem  intentio  ab  sequa  ineunda  pacc  fibi  Sua  Regia  Majeftas  Sueciae  de- 
remota  fit  ,  exinde  manifeftum  eit ,  buit  :  Ha  ab  aequà  pace  nunquam 
quod  non  iblum  omnium  exterorum  aliéna  fuit ,  fed  cujus  obtinendae  nul' 
Principum    Lega,tis  ,    more   ha&enus     lam  fpem  vidcbat ,    quoad  ifii  ad  no-  \ 

plané  inufitato  ,  aditum  &  audien-  cendum  vires  fuppetcbant.  Frujlrd  au~ 
tiam  denegarit ,  èc  hoc  ipfo  iftorum  tem  contrarium  inde  arguitur ,  quod  ex- 
vilipendium  tcihvtus  fit.  tcrorum  Principum  Legatos  in  cafiris  £# 

acie  fecum  verfari,  è  re  non  futarit  Sua 
Regia  Majeftas  Sueciae;  Cum  cxercitu  enim  in  Lfiuoniam  trajeclura  ,  publiée  de- 
claravit ,  &  fibi  13  Mis  incommodum  efje  ,ut  in  remotas  Mas  or  as,  &  jam  maxi- 
mam  par  tem  ab  hofte  vaftatas  ,  abirent  :  Conflit ut uni  efje Holmiae  Goncilium1 , 
aucloritate  juftâ  infiruclum  de  omnibus  Negociis  cum  Mis  traclandi.  Jtaquc  ut; 
hoc  eompendio  poterant ,  fi  quid  de  pacew  monere  voluiffent  :  Nec  opus  erat  in  ea  , 
quae  funclioni  eoriim  plané  inepta  erant ,  loca  divertere.  Quamquam  fuper  baeç 
antea  Mis  conflabat ,  omnes  alicujus  momenti  res ,  quae  Pacem  &?  fœdera  tangant, 
ad  hoc  Concilium  remitti  folcre.  l'um  qua  fronte  traditur ,  Legatos  efie  "viles  ha- 
bit os  à  Sua  Regia  Majejlate  Sueciae  ,  quae  quamdiu  in  Hybernis  degebat ,  c os  ad 
fe  excurrentes  lubenter  audivjt  ?  Cum  vero  ad  perfequendos  hofles  exercitum  duce- 
ret ,  non  vacajfe  tune  intcrpellationibus  eorum ,  quo  tempore  inflans  diferimen  onmes- 
occupabat  curas ,  nemo  paulo  aequior  mirabitur.  Nec  more  inufitato.  hoc  contigiffe 
noveraut  alii,  qui  Jus  Centium  paulo  reclins  interpretantur ,  ac  obfèrvant,  quàm 
haclenus  Rex  Poloniae.  Quam  enim  rationem  adferet ,  quare  non  licuiffet  Sacrae 
Regiae  Majeftati  Sueciae  uti  hic  arbitrio  fuo ,  locumqae  &  Miniflros ,  quos  vel- 
let ,  Negociis  fuis  expediendis  defignare  ?  Aut  quis  palronum  in  bac  cdufà  eum  cun- 
ftituiti  Certè  non  confiât  Principes  illos,  qui  Legatos  miferant,  unquam  ei  accu- 
fationem  hanc  demandaffe.  Quibus  à  Rege  Poloniae  tantum  concedi  aequum  erat, 
ut  fi  quidquam,  quod  à  confuétudine  ac  acquit ate  alienum  efj'et ,  Légat is  eorum  eve- 
nijfet ,  ipft  pofj'ent  de  hoc  fablo  expoftulare.  Cum  vero  iniquum  obtretJatoris  judi- 
cium  nemo  eorum  fecutus  fit ,  pat  et  neque  exifiimafiè  illos,  à  moribus  cultiorum  gen~ 
tium  àiferepare,  fi  Princeps,  ad  quem  Légat i  mifjl  faut ,  juftas  ob  caufas  petat, 
ut  invita,'  £5?  al iis  Negociis  iniplicito,  comités  ifli  fe  non  adjungant.  Ghtapr  opter 
iniqua  £j?  calumniofa  criminatio  eft,  aut  à  pacis  Negocio  propterca  abhorruiffe  Sa' 
cram  Regiam  Majeftatem  Sueciœ,  aut  vili  pependifje  exterorum  Principum  Lega- 
tos, quod  illos  in  ipfum  diferimen  fecum  non  duxifjet. 

Sed  &  alia  inhonefla  fummifque  Sed porro  audiamus  inhonefia  Ma  me- 
Principibus  indecentia  excogitaverit  dia,  ut  appellat  ,  quae  Sueci  ad  impe- 
media,  adeoque  ut,  poftquam  èCan-  diendam  Pacem  excogitarunt.  In  bis 
cellariis  Suecicis  totus  ferè  orbis  Li-  ~  primo  loco  ponit  Libellas  famofos ,  qui  à 
bellis  famofis ,    quos    haclenus  con-     Cancellariis  Suedicis  prodierant.     jit~ 

tcmtu  Kkkk  3  qui 


'■) 


6fi     MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

I70I.  temtu  vindicandos  efle  duximus,  re-     qui  taies  inde  nulli  provenerant.     Sed 
-  pletus  fit,  eo  quoque  proccflerit ,  ut    cum  ipfe"  non  erubefccret  ,  primum  ner 

Literis  hilce  in  copia  jun&is  ad  Car-  Duces  fuos  ncfaria  Diplomata  in  Livo- 
dinaîem  ,  Regni  noitri  Primatem  ,  nia  fpargere  >  de'inde  ad  Provinciales 
tranfmiflîs  ,  i'uaque  manu  fignatis,  Poloniae  conventus  Literas  circummitte- 
cumulatis  ci  fini  talfilTimis  imputatio-  re  ,  ineptis  nugis  calumniifque  faftas  j 
nibus  ,  feditiones  in  Rcgno  noftro  Jimiles  quoque  in  publias  Regni  comitiis 
contra  nos  excitarc  non  erubuerit.  recitare ,  ut  Polonos  in  Suecorum  odium 

exftimularet ;  déni  que  typis  Libellum  di- 
vulgare ,  in  quem ,  propudiofa  commenta ,  fraudes  ^ineptias^  ac  in  Reges  gentem- 
que  Succicam  tcterrima  convicia  conflipaverat  :  CoaEli  funt  Sueci  ad  ea  re/ponde- 
rer  ci?  caufam  famamqtie  fuam  contra  impudcntiffimas  malevolentiffimafque  obtrec- 
tationcs  vindicarc.  Ferfantur  Ma  Scripta  in  omnium  manibus ,-.6?  prae  ejusfero- 
ciây  qui  provocaverat ,  nihil  axer bi  &  immoderati  habere  inveniuntur.  Tamfo- 
lidis  rationibus  vafras  ijlius  Régis  criminationes  refellunt ,  tam  dilucide  &  perfpi- 
cuè  anle  omnium  oculos  afta  ejus  exponunt,  ut  nemo  fit  ,  qui  non  Suecorum  inde 
innocent iam  percipiat ,  &  ijlius  fimul  port  eut  ofam  in  fingendo  libidinem  averfctur. 
Quare  famo forum  Libeller um  nomme  aliter  non  pojfunt  venir  e,  nifi  quatenus  infâ- 
mes aggrefforis  acliones  compleclantur .  ghtae  cum  contemtufe  dicat  vindicare,  nae 
eo  ipfo  ofiendit,-  famae  fibi  curam  ejfe  exiguam:  Cum  tamen^  fi  ullàfui  mifericor- 
dià  tangerclur ,  doleret  potius  ,  juflis  hominum  judiciis  fe  tam  malè  audire ,  nec 
meliori  nota  memoriam  fui  pofleris  commendaffe.  Ex  bis  igitar  Orbis  cognofcet, 
fi  unquam  quidquam  factura  fit ,  quod  fummos  Principes  non  deceat  in  Mo  idipfum 
reperiri. 

Quod  ad  Literas ,  q une  ad  Primatem  Regni  miffae  funt ,  attinet,  nihil  Mis  coa- 
ti net  ur,  quod  non  ver  uni  fit ,  ac  omnibus  notum.     Qui  s  nefeit  fubdola  incurfione 
vafiatam  effe  Livoaiam.,  intercepta  mummenta^  folicitatos  ad  feditionem  incolas  j 
proditores  receptos;  ci?  hofles  nndequaque  Suecis  quaefitos'i  ghtis  etiam  ignorât  Re- 
gem  Poloniae  violajfe  juramentum  &  pacla  couvent  a ,  cum  bel/um,  inconfultà  Re- 
publicâ ,  inchoaret  ;  peregrinis  copiis  Poloniam  &  Lithuaniam  miferrimè  evifeera-  " 
ret  ;  diffidia  nociva  inter  illuflres  Domos  fereret  ;  Mofcis  tranfitum  per  Reipubli- 
cae  folum  concéder et  ;    Curlandiam  Rcipublicae  Provinciam,  feduclis  incolis ,  fé- 
déra belli  conftitueret  >  tj?  omnia  Confilia  ad  libertatem  Polonorum  opprimendam 
diriger  et?  Quae  omnia  tam  manifefia  funt ,  ut  fi  negare  audeat,  tôt  us  mundus 
contra  eum  teflimonium  ditlurus  fit.   Nihil  igitur  falfi  Régi  Poloniae  in  iftis  Lite- 
ris imputatur-y  fed  quibus  candide ,  cjf  fine  fuco ,  fuum  dolorem  Ci?  Rcipublicae  dif- 
crimen  Sua  Regia  Majeftas  indicare  voltiit  j  non  ut.  Seditiones  inter  Polonos  exci- 
tarct ,  fed  ut  feditiofum  illud  caput ,  quod  tant  or  um  malorum  caufa  efi,  tôlier et ur; 
cum  convenientius  meliufque  remedium  non  reperiretur  ;  fi  fax  &  quics  inter 
utramque  gentem  flabilienda  effet ,    ci?  Ubertas  Rcipublicae  Polonae ,  quam  pro 
fttmma  neceffitudine  fflvam  e£e  cupit ,  ullimo  pwiculo  cripienda. 

Ncc  dubitandum  efi  ca  ,  quœ,  ra-         Cum  autem  Sacra  Regia  Majeftatis  - 

tione  ablbluti  alicujus  à  nobis  pnvten-  Suecia  perfonam  fibi  oppugnandam  J'u- 

ii  dominii ,  contra  nos  à  Rcge  Suc-  meret,  quœ  rabies  Muni  in  mânes  glo-, 

ciae  wtfiÛh. 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T 


c\x  finguntur,  c  dogmatibus  fui  pa- 
rentis  antccclforumque  prxceptis  or- 
tum  traxttîè  ,  quorum  tynuinica  prin- 
cipia,  non  adeb  longo  ab  hinc  tein- 
pore  in  iftis  Regionibus  exfecutioni 
mandata  ,  omnium  adhuc  memorire 
infixa  haïrent. 


a  t.       r,n 

antecefforum  ■  il-  : 


riofijjimorum  Regum, 
lias,  egit  ?  jfhiod  fi  qui  s  illim  Dôwuty^ 
unde  or  i  mu! us  Rex  Poloniœ  ,  fa  mari 
vellet;  forte  objici  poffent  ,  qua  gentil 
litia  ejfe  in  fe  ip/è  agnofceret  :  Jcd  ut  in 
multis  innocens  il/a  fiierit  ;  ei  tamen  op- 
probrio  erit ,  inter  pojleros  i/lum  ba.be- 
re ,  qui ,  quicqnid  in  i/la  laudandum  , 
defereret;  eorum  autem;  qtt<e  culpari  poffent ,  ex  affe  bières  fit.  Meruerant  ail- 
lent Rcges  Suecice  rébus  domi  forifque  prœclarè  gefîis  y  ut  memoria  eorum  civibus 
cara,  apud  exleros  in  perpétua  vencratione  baberctur  :  ncc  fas  effet  ijlius  Régis 
ore  inquiet ari ,  cujus  totavita  nibil  baùet,  quod  cum  laudatiffmis  eorum  virtn- 
ttbus  conveniat .  Qui  ehm  ea  potefiate  uterentur ,  qu£  legibus  Regni ,  &  confonfn 
omnium  civium ,  delata  eft,  tyrannidis  non  magis  infîmulari  pofjhnt^  quant  aita- 
runt  gentium  Rege  s  ^  quibus  &  olim,  (3  bodie,  fummum  imper  tum  cives  fui  per- 
mifcrunt.  Quis  ncgabit  liberum  fufjje  civitatibus  formant  imper  ii^  quant  vellent, 
confit  uere  ?  At  conflit  ut  am  contra  earundem  volant atem  to/lcre ,  id  demunt  tyran- 
nicum  efl.  Longe  Regni  Suecici  indolcs  à  Repablicâ  Polcnâ  diffidet ,  ehm  illud 
Reges  bareditarios  liberamque  petcflatem  babentes  admittat  ;  bac  vero  divifum 
cum  Rege  fuo  habeat  imper iutn ,  qui  precario  régnât ,  nec,  illa  inconfulta ,  raajo- 
ris  quidquam  momenti  fufcipere  débet.  Itaque  in  bunc  tyranni  mmen  paido  me/ius 
quadrabit ,qui  alienigena  &  extraneus ^majeflatcm -Reipublicœ ^  cujus  legibus  te- 
netur,  obterere;  juraque  populi ,  qui  reclorem  fibi  illitm  adfciverat ,  ad  Je  trabe- 
ref  toties  violato  jurejurando  tent avérât. 


w- 


Cum  c  contrario  nos ,  etiamfi  op- 
tima  forte  occafione  deducendi  talia 
ad  efFeéhim  exoptatum  haud  deftitu- 
ti  fuerimus}  nihilominus  exponendo 
propriam  falutem  noftrafque  fortunas , 
perennem  Reipublicœ  felicitatem  in- 
defefle  qurefiveritnus  j  libertatifque 
fubinde  vigorem  modis  omnibus  fo- 
verimus  ,  quorfum  ,  fi  opus  foret , 
fa&a,  £c  aftiones  noftras  in  teftimo- 
nium  vocare,  6c  reliqua  Régis  Sue- 
ciae  figmenta  leviter  fpernere  pofle- 
mus. 


Scd  ficlum  boc  crinten  effe  dicit.  Cum 
potuifjet  dominationem  obtinere  ,  amï- 
cior  liber tati  Reipublicœ  fuit j  cujus  vi- 
gorem omnibus  modis  fovere  quJfiverat, 
ghiis  credidiffet  tantam  in  Rege  Polo- 
niœ  fuiffe  modifiant ,  ut  boc  fortune 
incrcmentum  faflidiret  ,  quod  alius  cu- 
peret  ardentiffime.  Certè  Polonis  fuis 
cegre  boc  pcrfuaferit ,  qui  ita  concionan- 
temfinc  rifu  vix  audircnt.  An  mcmo- 
riâ  eorum  putaverit  excidiffe  iniquas 
cxaclioneS)  quibus  Regiones  intégra  ex 


baaflœ  funt  :  oppreffam  Reipublicœ 
autîoritatem  pcregrino  milite  :  pernicio- 
fa  conftlia  cum  aulicis  quibufdam  &f  proditoribus  capta  ?  An  latere  eos  crediderit 
fomitem  diffidiorunty  quibus  Litbuania  ardet ,  ab  eo  fubditum  effe?  Et  denique 
quo  lo£c  omnia  tendant  ?  Unde ,  quafunuts  ,  tôt  imprecationes ,  tôt  querela ,  tôt 
motus  gementis  fub  bac  oppreffione  populi?  Unde,  ehm  ad  if  a  obfurdefceret ,  tôt 
comitiorum  décréta ,  ut  vaftator  miles ,  &  Miniftri  Saxonici ,  £5?  reliqna  inftru- 
menta  fervitut'u ,  Regno  expellerentur?  Hœc  nift  récent i  memon â  gefla  effent ,  ni- 

fi 


6f4    MEMOIRES,  NEGOCIATIONS,  TRAITEZ, 
1701.  fi  quoque  in  omnium  oculos  incurrcrent ,  potuifet  forte  diffmulare  ;  jam  verb  ma- 

__ ',  juriS  aiiquanto  audaciae  efi ,  ea  jaclarè ,  quaè  noverit  omnium  irriftonem  provoca- 

tura  elle.  P ardus  igitur,  fifaperet,  acliones  fuas  in  teflimonium  vqcaret  :  quas 
Ut  alto  filent  io  premi,  ipfi  confultum  foret,  ita  omnium  cognitioni  mtdâre  eas,  Sa- 
crae  Régla  Majefiatis  Sueciae  interefi,  quant  tïihil  hic  finxijfe  liquet. 

Nid  eoufque  impudentise  progref-  Citm  igiutr ,  ut  démon ftratum  efi,  tôt 
fus  fuiflet ,  ut  quod  apud  barbares  ïmmanis  perfidique  animi  documenta 
rentes  tiirpe  -Se  inhoneihim  ,  apud  chn  adverfus  Sacram  Regiam  Majefta- 
CJhriilianos  vero  Principes  inauditum  tan  Suecia  ,  tum  adverfus  Rempubii- 
eft  deturbationem  noftfee  peribnie  cam  Polonam  dedijfet  Me,  ut  nul  la  am- 
de  tolio  folickare  ,  horumque  contra  plius  fides  ei  haberi  poffet,  eut  mirum 
nos  pnemium  conftituere  non  abili-  videbitur  defperato  morbo  acriorem  me' 
nuerit.  dicinam  quart?  Aut  ofiendat  alius  mi- 

tiorem  modum,  quo  die  abolcretttr.     Si 
dicat  aliquis  malum  hoc  ex  parte  fublat uni  eJJ'e ,  chm  copia  Saxonica  Poloniâ  ex- 
cejferint:  an  idem  affirmare  fufiimt ,  cafdem  non  redit uras  eje'i  Fallitur  genero- 
fa  Polonorum  gens,  fi  feras  beftias  ejje  Ulas  cogitet.   <%uamvis  excucurrerint ,   re- 
vertendi  tamen  antmum  non  depofuerunt.     gjub   invïtius  bas  copias  Rex  dimi- 
Jlt ,  eb  ciipidius  celcriufque  eas  revocabit  ,    quamprimum  metus  paululum  confé- 
déré.   An  in  pcrpetuum  illis  car  ère  poterit ,  quibus  unicè  frétas  ,  deftinata  fua 
exfequi  Ù  poteft ,   &   audet.     Atqui  Refpublica  prohibent  ,   ne  illud  unquam 
lier  remetiantur.     Utinam  ca  animorum  hic  conjunclio  effet,  ut  in  commune  con- 
fuleretur  !  Satis  ejfe  fortiffima  huic  Reipublica  virium  ad  conata  Régis  fui  coerce;.- 
da  nerno  diffideret  :  at  chm  experientia  docet,  mille  artes  callere  Regem  inefeandi 
cupiditatem  levium  quorumdam  fcf  dijfolutorum  civium  :  inanem  hancfpem  efje  li- 
quido  palet.    Non  opus  hic  conjecluris  :  ipfa  res  loquitur.   Chn  exercitu  fuo  antea 
Poloniam  inundaret ,  qui  s  refit  It?  Chm  cadibus&  rapinis  totumRcgKum  vafiaret; 
chm  ea  faccret ,qua  vix  infefiiffmus  kofiis poffh-,cumvicinis  be'.lum  inferret ;  quis 
per  triennium  graffantemfmque  vifeera Regni favientem,prohibere potuit ,autfuf- 
tinuit?  Auditi  funt  incola  cœlum'ipfum  lamentationibus  lacefere  :  Querela  ad  Au- 
lam,  ad  Sénat  uni,  delà  ta  :  Cohiones  fada  :  Ingens  ubique  tumultus ,  clamores ,  commi- 
nationes  :  Ccmitia  couvocata,l3  in  illis  Décret  a,  tj Conflit  ut  iones  f 'incita  de  popula- 
toribus  cxturbandis.Num  hifee  commovebatur Rex? Novit , quibus  artibus  uteretur,  N 
Sicut  tinnitu  & '  exiguo  pulveris  jaclu  apum  ira  fedantur  ;  ita  pellacibus  promijfis, 
fc?  verfutiloqua  baiignitate,  mirif.ee  adeb  calluit  quorundam  animos  delinire,  eam- 
que  nubem  oculis  objiccre ,  ut  mentis  in  praceps  Reipublica  diferimen  non  vidè- 
rent.    9uod  fupprejfone  noilumâ  laborantibus  accidere  folet  ,  idem  inclyta  huic 
Reipublica  evenit.     Pondère  incubante  fe  premi  fenfit  :-  fed  integris  licet  viribus 
illud  excut ère  non  poterat,  antequam  ab  aliis  excitaretur.     Interea  ufque  ad  ojja 
laarata  efi:  Nec  laniatis  membris  anguem  it.harentem  potuit  amovere,  antequam 
clava  fila  hydram  iftam  cor.tudit  Borcalis  Hercules.    Non  ad  invtdiam  Pobr.arum 
hac  adfcruntur  :  At  tamen  iidem  fatcantur ,  neceffe  efi  ,  à  Republicâ  vix  potuiffe 
hanc  fentinam  exhauriri ,  fed  oîium  ac  libertatem  ,   qua  tantifpcr  fruitur,  vïc- 
tricibus  Régis  Suecia  armis  deberi.     guo  minus  fuccenfere  debeftt  ji  nlhil  pue  fi- 

dii 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.  6fr 

dii  in  illis  ponat  Sacra  Regia  Majefias  Suecia,  quamdiu  ipfa  radix  mor-bi  ré-   1701. 

fideat.    Nam  cum  fit  idem   apparatus ,   eadem  artes  ,  iidem  homines ,  eadcm  ■ 

quoque  via  pateat ,  q ua  anîea  ,  Poloni ,  pro  fua  prudentia  judicabunt ,  num 
difficile  fuerit  Régi  eandem  Scenam  reflaurare.  Intendant  animum  ad  ea  qu<e 
moliatur.  Copias  dimifijfe  creditur  :  At  quantum  virium  fub  nontine  cohurtis 
pratoriana  latet  ?  In  quam  non  nifi  Ordinum  duclores  adfcivit  ,  ut  haberet  , 
qui  novis  copiis  conducendis  praeffent.  Quot  putant  in  Prujfia  alibique  latere  , 
qui ,  quocunque  nomine  jam  colligantur  ,  facramento  Régis  mox  adigendi  funt. 
Quàm  facile  igitur  poterit ,  &  Rempublicam  iterum  obruere  ,  &  fines  Suecia  la- 
cejfereî  gfuamobrem  cum  ex  tôt  aftutijfimis  machinationibus  confiliifque  provider  et 
Sacra  Rtgia  Ma  je  fias  Suecia,  qua  mala  propediem  refurreclura  fuerint ,  &  fibi 
&  inclyta  Reipublicœ  in  perpetuum  cavere  voluit  ,   ne  recidivam  paterentur. 

Nec  inhoneftum,  ut  vociférât ur  ille y-qui[quam  judicaverit  fe  adverfits  ejufmodi 
infidias  munir e  :  Contra  jure  naturali  permijfum  cjfe ,  imo  ipfi  natttra  infitum  & 
ingeneratum ,  nemo  negaverit,  ut  falutem  qui/que  J'uam  tucatur  ,&*  imtninens  ma- 
lum ,  quod  ei  abfque  utla  eau  fa  improbitas  alterius  intentât ,  quocunque  modo  de- 
pellat.    Aut  quomodo  jam  non  honeflum  cenfebitur ,  à  Republica  Polona  pofci ,  ut 
improbum  illum  Principem  ,  fub  larva  Régis ,  fibi  &  vicinis  ïnfidiantem,  remo- 
veat;  cùm  turpe  £5?  inhonefium  idem  Rex  non  putajfet,  Livonos  Sacra  Regia 
Majefiatis  cives ,  ad  defeïïioncm  folicitare  ?  Non  veritus  ille  ejl  pollicitationibus, 
dolis,  literifque  calumniofis  quaquaverfum  fparfis  ,    eorum  fidem  tentare  ,    ut  à 
legitimo  Rege  ftto  deficerent.     Sacra  Regia    Majefias  Suecia  à  Primate  Regni  , 
cui  juxta  leges  competit  videre ,  ne  quid  Refpublica  détriment i  capiat ,  atque  ab 
omnibus  Polonia  Ordinibus  petit ,  ut  communem  hojlem  &  infidiatorem ,  qui  tôt 
injuriis  utrumque  Regnum  affecerat ,  poteflate  illà,  quâ  abufus  efl ,  &  porro  abu- 
teretur,  deturbent.     Quare  exemplum  fuum  damnât  ?  Et  quod  ipfe  moribus  fuis 
aquum  procul  dubio  judicavit ,  jam  turpe  ac  ab  honefiate  remotum  clamitat  ?  La- 
fa  erat  Sacra  Regia  Majefias  Suecia  ,  cum  hoflis  fui  everfionem  flagitarct  :  At 
ipfe  nullâ  injuria  affeclus  erat ,  cum  amicum  £5?  innoxium  civibus  fpoliare  volue- 
rct.     ^uanto  autem  gravius  ejl  fubtrahere  cives  jufio  Régi,  quam  iniquum  Regem 
fc?  tyrannum  civibus  oppreffis  ?  In  ilh  cafu  injuria  £5?  crimen  inefi  ;  in  hoc  ami- 
ce  mentis  Jludium  cognofeitur.     Praterea  folicitavit  Rex  Polonite  cives  Suecicos  , 
ut  àfide,  qua  Regifuo  obfiritli  erant,  defeifeerent ,  atque  adeb,  quantum  in  ilh 
erat,  ad  hortendum flagitium  eos  allicere  voluit  :  At  in  IJteris  ad  Primatem  mlf- 
fis  Ordines  Polonia  illius  tantum  officii,  quod  neceffarium  erat,  quod juflum ,  nec 
uïïam  in  fe  turpitudinem  babet ,  commonentur.     Nam  regali  folio  dudum  excidiffè 
Regem  illum  ,   ex  jurejurando  patet ,  quod  hic  apponi  opéra  prêt  htm  ejl  :  Et  fi 
(quod  abfit)  in  aliquibus  juramentum  violavero,  nullam  mihi  incolse  Rcgni, 
omniumque  dominiorum  uniufcujufque  gentis ,  obedientiam  prœftare  debe- 
bunt  ;  imo  ipfo  facto  eos  ab  omni  fide ,  6c  obedientia  Régi  débita  liberos  fk- 
cio,  abfolutionemque  nullam  ab  hot  meo  juramento  à  quoquam  petam,  nec 
ultra  oblatam  fufeipiam.     Sic   me  Deus  adjuvet ,   8c   h±c   Sanéta   Chrifti 
Evangelia.     Non  igitur  iniquum  erat  à  Polonis  id  poflulare  ,  quod  obedientia 
vinculo  foluti,  jacere  poterant.    Neque  opu s  erat  illum  deturbare  ,  qui  juxta  fen- 
tentiam,  quam  ipfe  fibi  dixerat ,  re  verâ  deturbatus  ejl.    Reflat  tantum,  ne  ipfi 
Tom.  I.  LUI  fibi 


6S6      MEMOIRES,  NEGOCIATIONS,  TRAITEZ, 

1 70 1 .  fibi  defint ,  fed  ultimam  manum  negocio  huic  imponant.     Nec  eft ,  quod  inaudit um 
m  hoc  exemplum  ejje  obtendat.     Intégras  prof eclo  Cent/trias  c  ont  exere  facile  effet,  eo- 

rum Regum,  qui  ob  crimina  fua,  faftigio  iflo  excufft  funt  :  Sed  Us  recenjendis  im- 
morari  hic  non  attinet  ,  cum  in  omnium  populoi  um  hiftorïts  reperiantur.  Saltem 
tie  credat  domeflica  Polonis  exempla  deeffe  ,  Uladiflaum  isf  Micciflaum,  Bokjlai 
tertii  Filios ,  memoriâ  répétât ,  qui  h<eredilarii  Reges  ob  longe  leviora  crimina , 
quant  extraneus  jam  patr avérât ,  folio  paterno  dejecli  funt.  Lefcum  etiam  V.  &? 
Uladiflaum  Loclicum,  aliofque,  remim fcatur ,  qui  fimile  in  Poloma  fatum  exper- 
te funt.  Addat  denique  Henrici  Valefii  cafum  ,  qui  cum  ad  capiendum  avi- 
tttni  fceptrum ,  quod  pofl  fratris  mortem  vacuum  erat ,  in  Galliam  abiifjet  ;  nec  ad 
prtsflitutum  tempus  reverteretur ,  quamvis  revert i  omnino  fiatuiffet ,  publicà  lege  , 
anno  MDLXXV.  abdicatus  eft.  Quo  magis  idem  de  illo ,  qui  Rempublicam 
ipfam  evertere  aggreffus  eft ,  fie  ri  pot  eft  ,  &  débet.  Prœmiis  autem  ad  patriam 
fuam  liberandam  alleclos  eflfe  Polonos ,  calumnia  eft  :  Cum  ,  qui  eorum  eft  pro 
lilertate  animus  ,  créât  pofjînt  fponte  fuà  tant  praclarum  facinus  occupa- 
turi. 


Nos  equidem  Dei  omnipotentis 
auxilio  freti  ,  &  de  Polonorum  no- 
ftrorum  fide  erga  Rcges  fuos  fingula- 
ri  fecuri  ,  haec  ralia  tanti  non  cura- 
&,  li  opus  fuerit,  malo  iiH  re- 


mus. 


média  fufficientia  inveniemus. 


Quod  fi  hic  de  Polonorum  fide  ,  quos 
lot  enormibus  faclis  iaferat ,  fecurus  ef- 
fe  poffit ,  fatendum  eft ,  confident ts  illum 
animi  cffe  :  Si  juftiffimam  quoque  ultio- 
nem,  quam  merucrat,  evadere  calleat, 
inftruclum  ejfe  plus  quàm  Circœa  arte 
Polonorum  animos  fafcmandi ,  nemo  ne- 
gabit.  Sed  credere  licet,  tam  fimplices  illos  13  inconfideratos  non  effe  ,  ut  difcri- 
me»  cervictbus  fuis  imminens  non  videant.  Magna  illorum  fuerit  in  Reges  fuos  in- 
dulgent ia ,  fed  qui  emendari  poterant  :.  At  cum  in  neminem  haclenus  inciderant  , 
qui  major  i  audacià ,  pluribufque  artibus  fiipattts  ,  ad  Rempublicam  peffundandam 
accefferat ,  videant  tandem  an  mitioribus  conflits  locus  fit.  Ipfa  certe  Refpublica , 
quœ  opprcffa  eft  ad  ipfos  fupplices  tendit  manus  ,  ne  intempeftivâ  lenitate  falutem 
fuam  prodant.  Libertas  quoque  ,  quam  tanto  labore  ,  &?  majorum  virtute  afi'er- 
tam  acceperant ,  indignos,  quos  poftmodo  refpiciat  ,  judicabit  ;  &  defiderabile  no- 
■men  invocantes ,  culpam  tantam  fera  pœnitentià  déplorantes,  non  audiet.  Interea 
Suecorum  armis  acceptum  référant,  quod  aliquâ  ex  parte  fuhlevata  eorum  Refpu- 
blica fit  :  quam  ut  inpofterum  falvam  &?  incolumem  habcre  pojfint ,  auxilium  eo- 
rum paratum  inventent .  Utcunque  res  cadat ,  Sacra  Regia  Majeftas  Suecitefe 
confolatur  ,  quod  boni  fidique  vicini  officium  pr.tftiterit  :  Nec  ab  eo  difcedet ,  nifi 
Refpublica  Polona  ,  hoftem  communcm  protcgendo  ,  invitum  in  alla  confilia  impu- 
ter it,  quœ  malo  huic,  non  minus  ,  quàm  Rex  Poloniœ  jaclat,  fufficientia  inve- 
fiientur. 


Cum    tamen   infidiofi   hi    conatus  Cum  vero  nullos  unquam  infidiofos  co- 

cum  omni  focietate  humana,  6c  com-  natus  Sacra  Regia  Majeftas  Sueciie  fo- 

muni  gentiutn  jure   è  diametro    pu-  verit,  fed  hoftem  accrbijjimum  ,  qui  in- 

gnent  j     ita    prudentiifimo    aliorum  fidiisis ' nefandis  dolis  ad perniciem  fuam 

Prin-  graf- 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.         6f7 

Principum  judicio  illos  fubjiciendo  ,  grajfatur,  aperte  oderit;  nihil  h  fie  com- 
fpem  fovemus  certifiîmam,  fore,  uc  miffum  putat ,  quod  jure  gentium  non  fit 
graves  hafce    machinationes  tanquam     licitum,  13  Mi  focietati,  quant  natura- 


exinde  cuilibet  regimini  fummè  noci- 
vas  confequentias,  facile  confideraturi 
fine 


communem  caufim  ,    &c   pullulanres     lis  ratio  hominibus  colendam  imperat  , 

non  conveniat.  Proinde  ad judic'mm  alio- 
rum  Principum  appellantem  eo  lubentius 
fequitur,  quo  magis  confidit,  eos,  fiju- 
Jii  fint  (3  œq ni  ,  non  pofife  non  deteflari 
inaudit am  perfidiam ,  qttâ  in  Se  innocmim  ujus  eft  Rex  PolonieS  :  nec  inficiaturos 
efiè,  tranquillitati  gencris  humani  maxime  confiait um  fore ,  fi  finguhre  in  illum 
exemplum  fiatuatur  ,  qui  iftud  vinculum ,  quo  omnis  fiocietas  &  fialus  morte,*- 
lium  continetur  ,  tam  protervè  abrupit.  Sic  enim  alii,  quos  mala  mens  (3  im- 
proba  libido  vexât ,  hoc  exemplo  territi ,  dificent  fidem  &  paila  fervare ,  atque  à 
pacifias  populis  impia  abflinere  arma.  Certe  nihil  periculi  bonis  populorum  reclori- 
bus  inde  provenifife,  in  hune  ufque  diem  comperlum  eft ,  quod  pravi  &  perver- 
fi  Principes  à  gubernaculo  civitatum  remoti  fiunt  :  fied  potius  fiabilitum  fuifije 
publicam  tranquillitatem  ,  13  crevifife  mutuum  illum  inter  Principes  cive/que 
amorem ,  cum  Mi  cogitpverint ,  fie  hominibus  hominum  caufiâ  imper  are.  Contra 
à  fidei  pailorumque  contemtoribm  ,  à  turbulent is  (3  impiis  retïoribus  maximas 
calamitates  orbi  inflitlas  effe ,  omnis  atas  teflatur.  Ex  horum  numéro  ciim  jam 
evicJum  fit,  efije  Regem  PoloniiS;  facile  profipicient  Chrifiiani  Principes ,  fi  tur- 
bat  or  Me  removeatur,  quanta  fiecuritas  Septentrionali  Cœlo  redierit ,  quanta  po- 
pulorum quies,  (3  nova  quadam  lux  Regionibus  ifiis  repente  afulfierit. 


Cùm  non  fit  dubitandum,in  quolibet 
Regno  inveniri  refra&arios  ôtperfidos 
fubditos,  qui  ejufmodi  criminum  pro- 
te£borem  ampleclrendo,  omne  genus 
malitias  explere  non  intentatum  relin- 
quent. 


Nec  dubitandum  e/l ,  qui»  optimus 
quifque  Polonorum  13  Reipublicœaman- 
tifflmus  ,  hoc  omnibus  votis  fiudiifique 
optaverit  :  quos  etiam  credibile  eft  de 
liber andâ  patriâ  cogitaj/e ,  fi  per  fiatTic 
nés  eorum  licuifjet ,  qui  à  Rege  corrup- 
ti^  alios  fieducunt ,  privatumque  com- 


modam  public*  utilitati  pr a ferunt.  Jftorum  pietas ,  &  prudent ia,  ut  fiua  lande 
defraudari  nequeat  :  attamen  cum  Mis  nihil  privatim  egerat  Sacra  Regia  Ma- 
jeftas  Suecice ,  fed  univerfia  Reipublicœ  fiuam  operam  palam  offerre  vuluit,  non 
alia  ratione  ad  id  adducîa  ,  quàm  ut  de  Rege  eligendo  ulterius  poJJ'ent  ,  qui 
pabla  13  fidem  obfiervando ,  utriufique  gentis  amicitiam  perpetuarct.  Nullum 
emolumentum  fibi  petit:  tantum  rogat,  ut  fierenijfima  Refipublica  fibi profipiciat , 
nec  fiuâ  ruina  vicinos  involvat.  Perfidos  autem  (3  rebelles  ,  quos  in  Ma  efie 
Rex  Polonice  crédit ,  protegere  nunquam  in  animum  induxit.  Hoc  proprium  ef- 
fie  iftius  Régis  reclius  affirmât ur,  qui  proditores  &  infâmes ,  carnificifque  main- 
bus  elapfios  ,  non  tantum  patrocinio  ,  fied-  etiam  intimiori  confilio  dignatus  eft. 


Et  cùm  certo  confidimus,  Celfitu- 
dines  Veftras  praeprimis  hanece  Régis 
Suecins  intentionem  teftaturas,  &  ut 
quies  hifee  Regionibus  reddatur,  nec 

in- 


Longe  igitur  opinionefallitur  Rex  Po- 

loniœ ,  ft  prudentifiimis  viris ,  qui  Bel- 

gium  fœderatum  gubernant  ,    verba  fie 

daturum   fiperat.    An  nefeit    cùm  il- 

Llll  z  los, 


1701. 


658     MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 


1701.  incendium  illud  ,  quod  jam  proprias 

Celfitudinum  Veftrarum  invaiit  oras, 

•  latilfimas  undique  flammas,  dcinccps 
non  nill  maximo  cum  periculo  ex- 
tinguendas,  concipjat,  allabdraturas, 


los  ,  tum  reliquos  toto  orbe  populos  } 
adeb  detejlari  ejus  acliunes^  adeb  etiam 
de  fummâ  Sacra  Regiœ  Majefiatis  o  ue- 
ciœ  juftitia  efje  perjuajos ,  ut  non  pof- 
fint  non  meliort  caufœ  ,   &   manifejld 


infimulqueex  indigna écinconvénienti     Dei  ope  approbatœ^  accéder  e?  Quid  re 
Ablegati     Celfitudinum     bus  fuis  convemre  exi/lirnaverint  ,  ma- 


îngratum- 


cxceptione 

Veftrarum    vilipendium  , 

que  Régis  Suecix  animum  pro  prae- 

ititis  haclenus  orficiis  fatis  perfpeëtum 

habituras  ,   indeque  facile  judicaturas 

elfe,  quid  de  vafto  illius  deftinato  Se 

tumida  fpe,  ni  Ci  in  iplb  orcu  fuffoce- 

tur,  inpofterum  éxfpectandum  fit. 


turè  provickbunt ,  quamvis  à  Rege  Po- 
lonia  non  moneantur .  Non  autem  in- 
tclligunt  barbarum  illud  vilipendium , 
quod  toiles  crepat ,  Ablegato  eorum  con- 
tigiffe  :  quem  honorificè  à  Sacra  Regia 
Majefiate  Sueciœ  admijfum  irit  quant 
prirnum  à  perfequendis  fugientium  la- 
tronum  tergis  vacarit ,  fatis  fuperque 
fibi  perfuadent.  Nec  dubitant,  fi  quid  officii  prœfiitum  fit ,  quia  grati  animi  fen- 
fttm  ,  13  fua  vicijfim  fludia  ,  cùm  res  £s?  occafio  tulerit  ,  abunde  declaraiura 
fit.  Interea  nunquam  aquum  cenfebunt ,  curfum  fortijfimi  Régis  ,  tantis  juc- 
cefiîbus  ad  juftifiimam  vindiclam  tendent is ,  fufflaminare.  Cum  in  illo  nihil  va- 
num  ,  nihil  tumidum  experiantur  ,  fed  fîupendis  inufitatifque  vitloriis  modera- 
tius,  quàm  ab  iUa  atate  fperari  potuiffet ,  illum  uti;  Deoque  ruptorum  fœderum 
ultori  humiles  propterea  gratias  agere  ,  eique  tribuere ,  quidquid  haiïenus  à  fe 
profpere  gejîum  fit.  Unde  prtsfagium  lœtifjîmum  capiuut ,  illum  ejfe  provident  ici 
cœltfti  deftinatum ,  qui  ejufmodi  monftra,  quœ  orbis  quietem  impiis  deftinatis  fo- 
luit  are  andeant ,  cum  œternà  mminis  Jui  glorià  domiturus  fit. 


Tum  Celfitudines  Veftras  pro  eâ, 
qux  haclenus  iiidem  interceffit ,  ami- 
citiâ  enixè  requirimus,  ut  fuis  hac 
parte  confiliis  Se  benevolâ  ,  fi  opus 
aflîftcntiâ,  nobis  haud  deefle 


Quamvis  autem  dttbium  non  fit^quin 
inclita  Batavorum  Refpublica  reducendœ 
in  Septentrionem  paci ,  fedulam  nava- 
tura  fit  operam  :  tamen  pro  xquitate  fua> 
&  prudentiâ  non  aliam  cuptet  ,  quàm 
quœfecura  videatur  £5?  honefla.  Qu<& 
ut  haberi  poffit ,    tteque  laboranti  Régi 

aaxiïtum,  de  quo  paclis  convenerât,  fubtrahet:  nec  iniquiffimo  aggt effort  contra 

fœderatum  Regem  ullarn  opem  ferre  poterït. 


ruent 
velint. 


Nec  alias  ad  ejufmodi  média,  quibus 
tamen  haftenus  abftinuimus,  contra 
Regem  Suecice ,  ejufque  perfonam 
procedere  cogamur,  quee  qurevis  occa- 
fio nobis  fubminiftrabit  ,quaeque  ad  fê- 
emitatem  perfonae  &  Regni  noftri  ab 
omni  vi  injufta  confei  vandam ,  idonea 
Scjufta  judicabimus.  Quibus  Celfitu- 
dines Veftras  divins:  proteûioni  com- 
mendaraus,  Se  profpera  quïtvis  appre- 


ca- 


Definat  autem  Rex  Peloniœ  illum 
verborum  minïs  territare,  cujus  invic- 
tum  animum  tôt  confpirantium  armis 
non  potuijje  frangi  vider at.  Satis  vi' 
rium  (3  confilii  ef]e  experietur ,  ad  ne- 
far  ios  ejus  conatus  retundendos ,  ficam- 
que  illam  ,  quam  minai 'nr,  retorquen- 
dam.  A  moribus  autem  fuis  nihil  alie- 
num  faciet^  fi  nullum  nef  as  ^  fiait  hac- 
tenus  intentât um  relinquat  :  at  cum  fit 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.  659 

camur.     Dab.  in  Arce  noitra  Vaifo-     Numen,   quod Chriftiani  colimtts ,  quod   1701. 

vienfî   die  p.  Septemb.  1701.  potcns  eft,  quod   juftum  ,    omnia  fia-  

gitia  abominatur   &?  punit  >  quid  Jibi 
polliceri  debeat  Rex  Polonix ,  feriâ  cogitations  pirpènd&t-, 

Interea  ex  iis ,  qua  ad  hanc  Epijlolam  monere  vifum  efl ,  omnes  liquida  cog- 
nofcent,  non  aliud  egiffe  Sacram  Regtam  Majcjlatcm  Sucette ,  quàm  quod  aaje- 
curitatem  fuam  maxime  neceffarium ,  &  jure  omnium  licitum  effet:  contra  ve- 
ro  Regem  Potonia  id  unice  machinari ,  ut  quem  faclis  atrooffinns  antea,  lafe- 
rat ,  nunc  quoque  calmuiis  juis  atque  convie  iis  apud  altos  Principes  populo j que 
in  o'di'um  adducat.  Scd  ifio  molimine  non  aliud  affequetur  ,  quàm  ut  vanitas 
ejus  &?  malevolentia  ,  qua  haclenus  fatis  cognita  erat ,  eo  lucidius  jam  pate- 
fiat;  {s?  honorificent'iffimum  illud  judicium,  quod  optimus  quifque  mortalium  de 
jujiiffimis  Sacra  Regia  Majefiaîis  Suecia  arrnis  eonceperat ,  eo  magis  confirmc- 
tur  atque  flabiliatur.  Debebat  hoc  faltem  Regem  illum  fua  iniquitatis  convia- 
cere,  quod,  prater  facliànis  fua  confortes  ,  nemo  inveniatur  ,  qui  aclione  ejus 
non  vituperet  ;  nemo  quoque  fit ,  qui  fummam  Sacra  Rigia  Majefiatis  Suecia 
innocentiam  non  agnofeat  ,  &  virtutes  invtdiofis  laudibus  celebret  &?  extollat. 
Maledicli;  autem,  qua  in  Suecos  effundit  ,  eos  invitabit  ad  illa  quoque  dete- 
genda ,  qua  alioquin  propalare  in  animum  non  induxerunt.  ghiapr  opter  illi  qua 
bic  dicta  funt  ,  exeufare  fupervacaneum  ducunt  ;  ckm  probe  feiant  à  nemine 
finiflre  aceceptum  iri,  nifi  qui  veritati  ac  juflitia  aperte  je  bo/lem  profiter i 
velit.  Equidem  rêver entiam  adverfus  illos ,  qui  fummum  in  terris  faftigium 
tenent ,  adbtbendam  effe  nemo  diffitebitur  :  fed  utinam  taies  illi  femper  efj'ent , 
tit  venerationem ,  qua  ifli  apici  débet ur ,  ipfi  faclis  indecoris  ex  animis  aliorum 
non  excufjerit.  De  illis  hone /le  femper  loqui  &  ftntire  oportet,  ut  iamen  Veritas 
non  ladatur  :  qua  in  re  atroci^etiam  cum  mitijfimis  ver  bis  profertur,acerba~eJI-. 

C  e  qui  animoit  le  plus  le  Roi  de  Suéde ,  qui  aimoit  fa  Religion  ,  étoit  le 
péril,  ou  il  prévoïoit  que  la  Saxe  étoic  par  la  perfuafion  du  Pape,  pour  fai- 
re changer  de  Religion  le  Prince  Electoral.  Il  en  avoit  été  convaincu  par  le 
Bref  fecret  du  Pape  au  Roi  Auguste  fur  ce  fujet,ôc  dont  il  eut  la  Copie 
qui  fuit. 

CHARISSIMO  IN  CHRISÏO   F  IL  10    NOSTRO  «   f, 

AUGUSrO  ILLUSTRI  CLEMENS  P.P.  XL  „„£ 

Pape  au 
QHariffime  in  Chriflo  Fili  Nofer  ,  Salutem.  Prohibere  labia  noftra  non /x#iî- i'dô°ne. 
.     mus  nunc ,  quando  Paternae  noflrae  erga  Majeftatem  tttam  charitatis  ratio 
&?  injuncli  nobis  (licet  immeriti)  officii  débit um  nos  admonet,  ut  Jpojiolica  liber- 
taie  loquamur  verba  falutis.     Innotuit  quidem  nobis  ,   non  fine  ingenti  atque  inti- 
ffio  animi  dolore  Te  Filium  tuum  ,  tenerrimae  adhuc  aetatis  puerum  ,  baereticis 
homïnibus  injliluendum  tradidiffe  :  Quod  cum  ex  'raefcripto  facrarum  kgum  fieri, 
atque  abj'que  gravi  Dei  offenfa  &  animae  detrtmento  nequent ,  plane  dif  repare 
videretur  ab  e»  (incerae  erga  Dei  Ecclefiam  fidei  tejlimont»  ,   quod  tante  apud  -:c- 

L 111  3  .  w 


66o     MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEE, 

1701.  quos  rerum  aeftimatores  nominis  tui  lauàc ,  tant  a,  deinde  honorum  ac  dignitatis  ac- 

ceffione  tune  edidifti ,  cum  ortbodoxam  vsritatem  ultro  agnofcere  atque  ex  animo 

complecli  prof  e  fus  es.  Proinde  non  ambigimus,  quin  re  maturius  expenfa  intel- 
le cl  mu  s  fis  ,  quod  cum  provide  Ecclefia  Dei  Fidelibus  interdicat  hereticae  pravi- 
tatis  fetlatorum  confortium,  ne  contingat  pie  credentium  mentes  labefaclari  eorum 
alloquiO)  quorum  fer mo  ut  cancer  fer pit  ac  hunùliter  irrepens  blande  capit  ac  lai en- 
ter occidit,  id  mullb  magis  timendumftt,  ubi  aetas  illa  in  qua  tyrocinium  pietatis 
ineundum  efl  ,  &  addifeenda  funt  Chriftianae  rudimenta  militiae  ,  defertorihis 
verae  fidei  commit  tatur.  Cave  igitur,  Cbarijfime  in  Chrijlo  Fili  Nofter  ,  min 
tum  praefens  £5?  manifeftam  diferimen  Filii  tui,  quem  diligis,  animam  adducas, 
ne  eorum  operam  adhibeas ,  quorum  Jludio  procul  dubio  erit ,  ut  fui  ftmilem  effi- , 
eiant,  qùem  efformandum  fufeeperunt ,  non  enim  tam  fatagent  ut  congruis  Princi~ 
pi  viro  animi  coporifque  excercitationibus  (quibus  artibus  edocendis  eus  forte  prae- 
fecifti)  ejus  indolem  excolant ,  quum  ut  ipfius  ingenium  fenfim  in  eos  traducant  er- 
rores  ac  tenebras ,  in  quibus  iident  mifere  caecutiunt ,  £5?  à  quibus  Tu  (  miferentis 
Dei  ope  )  féliciter  evafifli. 

Amore  itaque  ftatim  ab  innocentis  Filii  latere  tam  exitialem  perniciem  fujfec' 
t  if  que  probatis  Chat  olicif que  inftrniloribus  acceptijftmum  Deo  exhibe  facrificïum  : 
agr.ofces,  ut  credimus,  ex  hoc  etiam  vigilem  ejfe  in  Te  benevolentiam  ac  valde  fol- 
licitam ,  ne  ofendas  ad  lapident  pedem  tuum ,  id  eft  ne  cenfuram  fubeas  humanam , 
£5?  quod  longe  major is  momenti  ejl ,  ne  omnipotentis  diftritlique  Judicis  viam  in- 
curras  :  Cum  e  contra  enixe  cupiamus  tuae  pietatis  famam  apud  bomines,  tuaque 
apud  Deum  promeut  a  in  dies  cumulari,  ut  dent  tir  capiti  tuo  augmenta  gratiarum, 
ipfique  nato  perornamenta  virtutum  non  interitura  félicitas  comparetur.  Et  Ma- 
jejlati  tuae  in  hune  feopum  Apoftoïuam  benediclionem  amantiftlme  impertimur. 
Datuni  Romae  30.  Julii  1701. 

Qu  e  l  qju  e  peu  de  tems  après ,  le  Cardinal  Primat  fit  une  Reponfe  à  la 
Lettre  du  Roi  de  Suéde  du  30.  Juillet.  Cette  Reponfe  tendoit  à  faire  éloi- 
gner du  Roiaume  de  Pologne  les  Suédois,  dans  la  fupolîtion  que  les  Saxons  en 
étoient  fortis.     Voici  cette  Reponfe. 

Reponfe    nEcepi  Literas  Majeftatis  Veflrœ  de  data  30.  Julii  St.  Vet.  ad  quas  tardius 
d'UnaiPri-         t'efpondeo,  cum  ad  anteriores  meas  fub  dato  2,6.    ejufdem  menfis  ad  Maje- 
mat  de     ftatem  Veflram  feriptas  refponfum  prœftolari  &?  materiœ  gravitas fuadebat ,  £jf 
Pologne  populorum  fufpirabat  anxietas  ;  communicanda  infuper  erat  jlatibus  cjf  ordinibus 
au  RQ1,     regni   eadem  Epiftola  ,  quœ  non  prias  quam  duôdecimâ  prœfentis  per  loca  Pro- 
ue  e"  vincialibus   Cumitiis  celebrandis  folita  ,    innoïïfcere  valait  :    Scripferam  ,    cum 
militâtes  Majeftatis  Veftrœ  acies  limitibus  Reipublicœ  noftrœ  viciniores  inaudive- 
ram,metuens  ne  pro f péri  or  i  fiante  BorcA  tumida  fortunœ  vêla  martialem  Majefta- 
tis Veflrœ  animant  ultra  gradivi  Martis  metas  evehant  am'icœque  viciniœ  armo- 
rum  invehant  fragorem.     Prœcifunt  hoc  quidem  ,   non  tamen  provifum  celeriori 
Majeftatis  Veflrœ  curfu  quam  opinïone  nvftrA,  cum  non  modo  occupât  am,  fed  &f 
armis  ac  milite  injeffant  Curlandiam  inaudivimus  :  Scd  cum  obliqua  interpretatio- 
ne  Majeftatis  Veftrœ  gejla  premere  conftans  hucufque  amicitiœ  ac  benœ  vicimtatis 
<  euh 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.  661 

cuit  ura  non  pr  a  fumât ,  facile  apud  nos  excufatum  ,  dum  Saxonicus  villes  vicinior   1701, 

oberraret;  &  militari  Majeflatis  Feftra  prudentia  adfcripta  cautela:  Cum  veto  

eundem  jam  non  modo  e  ditionibus  Litbuania,fed  &  toto  Rcgno  ceffiffe,  &  ad  pro- 
pria rediiffe^  Majeflatis  verb  Feftra  milite  m  ,  gravius  Provincia  ïncumbentem 
conflet  ,  cum  jam  Majcftati  Feftra  hofiis  défit  ,  uti  Majeftati  Feftra  in  profe- 
quendo ,  ita  &  Reipublica  Noftra  in  Juftinendo  qmnem  ccfiare  debere  moleftiam , 
crediderim. 

Prompti'orem  hune  recejfum  prateriti  Publia  Nofiri  congreffus  evicit  délibéra- 
tio  :  Aliment um  quippe  proveUiori  flamma  adimere  ,  opéra  pretium  diclabat  & 
non  alun  continuandurum  confihorum  noftrorum  in  prêter itis  Comitiis  fuit  obex  , 
quam  externo  milite  gravât  a  Regio  ,  pacatioribus  Confiliis  obnoxia. 

Cum  verb  reaffumenda  propediem  eadem  Confilia  Publica  confona  quaque  ac 
placida  requirantu ,  placebit  Majeftati  Feftra  Rempublicam  interius  jam  folutam 
curis  etiam  ex  ternis  liber  are  ,  non  modo  à  finium  ejufdem  recefju ,  [ed& '  feriâ 
Pacis  cogitât ione  ,  cujus  nufquam  fpes  major  quam  fefja  per  cadefiva. 

Oblivifci  incipit  prateritorum  Refpublica ,  amore  hue  ufque  ac  obfequio  nunquam 
odio  in  Princepes  fuos  fpeclabilis  ,  meliorum  fpe  ,  &  fi  quid  dilatandorum  finium 
ac  gloria  [limulo ,  inconfulta  eadem  à  fereniffimo  noflro  cœptu  difplicuit,  authori- 
tati  ejufdem  ceffum  facile  compenfat ,  &  hinc  inaudit um  hucufque  dethronifationis 
vocabuhm,  quod  vel  ipfa  cogitât  ione  duodecim  feculorum  enervaret  gloriam^  labo- 
riofius  reftaurandam  quant  damnandum  délicat iores  gentis  noftra  aures  non  tantum 
permovit ,  fed  &  teneretudinem  auxit ,  qua  dévia  fi  qua  in  Principe  reperiren- 
tury  Privilegio  liber tatis  corrigerez  non  extremis  fanare ,  Religioni  haclenus  duxit. 
Eandcm  moderationem  Excelfo  Majeflatis  Feftra  animo ,  uti  Sacrorum  Myfta , 
emni  infinuo  veneratione ,  ad  eandem  tanquam  fupremum  gloria  culmen^  hortor  : 
Non  deerit  Reipublica  ftudium  in  reducenda  ferenifjïmi  Régis  nofiri  priftina  cum 
Majeftate  Feftra  amicitia  ,  y  peraget  tranquilla  poteftas  ,  ut  rupta  eadem ,  fir- 
miori  nexu  coalefcat. 

Eft  quod  adbuc  Majeflatem  Feftram  nomine  Publico  bumiliter  exorem^  ut  vi- 
delicet  rem  tormentariam  fub  Eleclorali  Regia  Poloniarum  Majeflatis  jlcmmate 
exiftentem ,  &  omnem  bellicum  apparatum  ceu  in  caflris  repertum  ceu  alibi  repe- 
riendum^  bellicis  fpoliis  annumerare  non  dignetur  ;  donata  hac  quippe  folenni  in- 
ftrumento  flatibus  ac  ordinibus  Reipublica  ad  perpetuum  momimentum,  extinclo 
bello  Turcciofub  dato  \%.Menfis  Augufti  16pp.  Brevem  ac  indemnem  ejufdem  con~ 
ira  Majeflatem  Feftram  ufum,  citra  Reipublica  placitum,  nec  ex  ejufdem  arma- 
mentario  edutlum  credat ,  gravioris  quippe  fin  fus ,  publico  foret  damnum  tam  in- 
figne  aliéna  offenfa  pati  :  Hoc  Jujlitia  in  amicam  gentem  Majeflatis  Feftra  Do- 
cument um  incor rupta  gratitudinis  trophaum  perennius  pofterttati  erit.  Cui  Ion- 
gavam  atatem  nunquam  morituram  gloriam  exoptans  humillima  inclin  or  •venera- 
tione.   Dabantur  Lovicii  die  ap.  Septembris  A.  1701. 

Sacra  Regia  Majeflatis  Feftra 

humillimus  &f  obfequentiffimus  Servus , 

M,  Cardin alis  Radziowskt  Primas. 

Pen- 


66i     MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

1701.  Pendant  le  cours  de  ces  Affaires,  celles  en  Allemagne  pavoirToient  le 
-  ■■■  -  brouiller.  L'Empereur ,  niant  apris  par  un  Exprès  du  Prince  Eugoe  que  le 
Duc  de  Savoie  avoit  pris  le  Commandement  de  l'Armée  des  deux  Couronnes 
en  Italie  ,  fit  dire  par  le  Comte  de  Mansfeldt  à  l'Envoie  de  ce  Duc,  „  que 
„  Sa  Majcilé  Impériale  étoit  à  bout  de  fa  patience  à  l'égard  de  la  mauvaife 
„  Conduite  du  Duc  fon  Maître  ,  6c  qu'Elie  ne  pouvoit  plus  diflimuler  fon 
„  Reflèntiment,voiant  que  ce  Prince  s'étoit  joint  en  personne  avec  lès  Trou- 
„  pes  à  l'Armée  de  France  6c  d'Efpagne,  pour  s'opofc  ■  enfemble  à  lès  jufles 
„  Armes.  Ainfi,  Sa  Majefté  Impériale  ordonnoit  audit  Envoie  de  lortir 
„  dans  huit  jours  de  la  Ville  de  Vienne,  6c  dans  huit  autres  de  tous  les 
„  Pais  Héréditaires. 

On  fit  faire  le  même  Compliment,  par  le  Secrétaire  du  Grand  Maré- 
chal de  l'Empire,  au  Miniftre  que  ce  Duc  avoit  à  Ratisbonne.  Le  mê- 
me Secrétaire  en  fit  un  femblable  au  Miniftre  que  l'Efpagne  avoit  à  la 
Diète  générale -de  l'Empire  pour  le  Cercle  de  Bourgogne.  Il  falut  que 
ce'  dernier  fe  fournît  à  l'ordre  ,  non-obftant  que  les  Miniftres  de  France 
s'écriaflènt  contre  cet  ordre  de  l'Empereur  auprès  duquel  celui  de  Cercle 
de  Bourgogne  n'étoit  pas  ,  mais  feulement  auprès  de  la  Diète  générale. 
L'Eleéteur  de  Bavière  lui  donna  auflï  en  vain  la  Protection . 

On  publia  même  à  Ratisbonne,  6c  cela  fans  opofition  ,  un  Décret,  Se 
enfuite  un  Monitoire,  contre  ledit  Duc  de  Savoie,  que  voici. 

Décret  LEOPOLDUS,    &c. 

delà  ' 

RauV      JSjOJïris  cjf  S.  R.  Imperii  fidelibus  dilettis  N.  N.  Feudorum  noftrorum  Impe- 
bonne  rialium  Ducatus  Sabaudi*  Prœftdibus ,   Magijlratibus ,    Officialibus  ,    ac 

contre  le  omnibus   cujufcunque   Status   £5?    Ordinis   Subditis  ê?  Incolis  gratiam  nojlram 
Sa"oie     Caejaream  &  omne  bonum. 

Palam  cft  ac  publïcum ,  quem  in  tnodum  vefter  quondam  Dominus  &  Sa- 
baudiae  Dux  Viclorius  Amadaeus  praeter  omnem  exjpeclationem  nojlram ,  clu- 
fifquc  omnibus  falutaribus  monitis ,  atque  argumentis  eidem  nomine  nojlro  fœ- 
pius  pmpofitis  contra  Nos  Sacrumque  Imperium  ,  arma  fufeeperit ,  ii/que  cum 
nojlrorum ,  Sacrique  Imperii  Jurium  ufurpatoribus  ,  Galliac  Rege  &  Andcga- 
venfium  Duce  ,  conjunclis  ,  Imper ialia  Nojlra  Ducatus  Mcdiolani,  aliar unique 
Ditionum ,  ac  fidelium  Vafallorum  Nojlrorum  Jura  ,  Feudaque  involare  ,  at- 
que convellere  non  erubuerit.  Quemadmodum  autem  ob  gravijjîmam  ejufmodi 
in  laefae  Majeftatis  Nojlrae  Caejàreae  ,  rebellionifque  crimen  abeuntem  jeloniatn 
ïpfe  non  minus ,  ac  ejufdcm  Confiliarii  nefario  confilio  fuo  ,  fludioque  ad  id  con- 
currentes, pœnas  legibus  communibus  13  Conflituîionibus  Imperialibus  praeferi- 
ptas  commerentur-y  ita  quidem  illos,  ad  videndum  bona  fua  Feudalia  (3  Allô- 
dialia  refpetlivè  caduca  (3  Fifco  Noflro  Caefareo  delata  ejfe  ,  £5?  declarari\ 
hodierna  die  citavimus.  Vos  autem  omnes  (3  fingulos  harum  vigore  Paten- 
tium  Nojlrarum ,  à  Jurammto  eidem  Fitlorio  Amadaeo  praeflito  ejufqae  eb- 
fervantia ,  omnique  objequio  ,  (3  obedientia  abfolvimus ,  flritle  ferioque  ,  ci?  fub 
gravi fflma  indignatione  Nojlra  Caefarea' aliijque  pœnis  in  refratlarios  6?  inobe- 
dientes  Imperii   Fajallos  ti?   Subditos  Jlatutis  ,  firmiter  inhibentes ,   ne  eidem 

awplius 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.         663 

amplius  adhœreatis  ,  neque  vos  ftibmittatis  ,  obcdientiamque  prœfietis ,  aut  ul-  ijoi'. 
lum  ipfi  tribut  uni ,  cenjumve  ant  reditum  pendatis ,  *#«//d  wz//w  <zw<?  G«//«  -  ■  — 
Hifpanifve  annonam  ,  comment 'uni ,  apparat  umve  bellicum,  aut  aliud  auxilium^ 
quocunque  etiam  fub  pratextu  prabcatis ,  quin  potius  illos ,  illor unique  Copias  à 
Cervicibus  veftris  armât  a  manu,  atque  omni,  qao  potejîis  robore  &?  vi  propulfe- 
tis,  13  arma  -vcftra  cum  Nojlro  Exercitu  conjungatis.  Cœterum  vero  nobis  folis, 
jujîbufque  Nojlris  Imperialibus  vos  obedienter  fubmittatis ,  nec  ullam  Jurifdiclio- 
ncm,nifi  Cœfaream  Noftram  agnofcatis,  coque gratiam Noftram Cœfaream  &?  one~ 
rum  fublevai ionem , quant  quidem  clementer  vobis  offerimus ,mereamini ,nifi  fequio- 
rem  in  eventum,  interitum,{3  ruinam  vefiram  vos  ipfimet  vobis  par  are  &  adfcri- 
bere ,  gravijfimafque  pœnas  fupradiclas  incurrere  volueritis.  De  quo  vos  certiores 
reddere  voluimus  per  prafentes  manus  noftra  fubfcriptione ,  (3  Sigilli  nojîri  Cœfa~ 
rei  appreffione  munitas,  qua  dabantur  Plenna  1 1 .  Augufti,   1 701 . 

L  E  O  P  O  L  D  U  S,  (3c  Moni_ 

toirede 
\JUllum  plané  omnium  nofirorum  Sacrique  Imperii  Vafallorum  ac  Subditorum  J»  Diète 

vel  ex  facro  fançlo  homagii  elogio  nobis  praftito ,  communibufque  fubjeclionis  ,con*e1%~ 
cïïentelaris  ac  Vafallagii  legibus  &  conjlitutionibus  latere  potefl ,  quant  Nobis  Sa-  contre  le 
croque  Imperio  àebeant  fidem  £5?  obedientiam,  quemque  in  modum  commoda  noftra  Duc  de 
promovere,    damna  vero  avertere  ,   (3  fi  quid  contra  nos ,  perfonam,   honorem,SiV01c' 
dignitatent ,  aut  fiatum  ,  quocunque  modo  agi  intelligant ,   omnibus  viribus  im- 
pedire,  Nofque  ut  primum  monere  teneantur.    Quanquam  igitur  nihil  nobis  cer- 
tius  fancliufque  perfuadere  potuiffemus  ,  quam  ut  Viclorius  Amadcus  Sabaudiœ 
Dux ,  ejufque  Conftliarii  fibi  femper  cordi  habuiffent,  ac  ea  quidem  inprimis  occa- 
fioae,  qua  Dux  Andegavenfis  poji  pramaturam  nojiri  quondam  Fratris  &  Nepotis 
Caroli  II.  Hifpaniarum  Régis  Catholici  obitum ,  Régna,  Ditionefque  Hifpani- 
cas ,  ac  omnia  feuda  Imperialia  ,   interque  illa  Ducatum  quoque  Mediolanenfem 
violenter  ufurpaverat ,  atque  avi  fui  Galliarum  Régis  Ludovici  XIV.  armis 
occupaverat ,  eique  omni  pofftbili  modo  reftitijfent ,  eaque  omnia  fecifjent ,  qua  in 
ejufmodi  caftbus  fidèles  Imperii  vafallos  ac  fubditos  décent  j  Nibilo  tamen  minus 
jam  tum  res  ipfa ,  atque  eventus  docuit ,  que  m  in  modum  antediclus  Dux  Viclorius 
Amœdeus ,  j racla  omni  quam  Nobis  Sacroque  Imperio  debebat  fide  ,  atque  abolit  a 
tôt  tamque  luculentorum  beneficiorum  atque  ovnamentorum  à  Nobis  fibi,  familia- 
que  fu£  concejforum  memoria ,  Nos  armis  cum  G  allia   Rege  ac  Andcgavenfium 
Duce  conjunïïis  perfequatur ,  quamque  nefarie  Imperialia  noftra  Ducatus  Medio- 
lani,  aliarumque  ditionum  ac  Vafallorum  nofirorum  fidelium  jura  inyolare  atque 
convellere  non  erubuerit.  Cum  igitur  nefanda  ejufmodi  felonia  non  modo  ad  ultimwn. 
Italie  excidium,  copiofique  fanguinis  humjtni  profufionem  tendat,  fed  £s?  ad  maxi- 
mum nofirum  Sacrique  Imperii  cletrimentum  vergat ,  eoque  in   Cafareae  Maje* 
fiatis  nofirae  &?  rebellionis  crimen  abeat ,  atque  idcirco  gravifjimam  indignationis 
noflrae  Caefareae,  aliafque  pmias  Conftitutiortibus  Imperialibus  praefcriptas  me- 
reatur  ;  bine  eundem  Vitlorium  Amaedeum ,  ejufque  Confiliarios  vigore  praejen- 
tium  citavimus  13   vocamus  ,   ferio   difiintleque   vocantes ,  ut  intra  terminum 
cluorum  tnenfium  à  die  citât ionis  hujus  noftra  Caefareae  Eifdem  infinuatœ  proxi- 

Tom.  I.  Mmmm  mt 


664     MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

1701.  me  fubfequentium ,  quorum  10.  dies  pro  primo ,  alios  20.  dies  pro  fecundo  ,-r>- 
— — ■  //?«w  wk  zo.  *#«  />?'ô  f#-/*o  ,  ultime  &  peremptorio  termino  prafigi- 
mus,  aut  fi  îfte  dies  juridicus  non  effet,  ad  proximum  fiubfiequentem  cor  a  m  No- 
Bis  ,  Confiiliove  nojîro  Imper iali  aulico  ,  ubicunque  ïocorum  Mud  fucrit ,  per 
fe  vel  procuratorem  fitum  legitimum  £5?  fiufficienti  mandata  '  inflrutlum  ,  certo 
6?  infallibiliter  compareanî,  audit uri  &  vifuri  omnia  fua  bona  fieudalia  &  allô- 
dialia  ab  ipfis  pofifcfija  refpetlive  caduca,  &  fifco  noftro  Cafiareo  delata  efifie,  fcf 
declarari,  aut  cur  ejufmodi  déchirai io  contra  eofdem  fieri  non  debeat,  caufas  juri 
confient  aneas  allegaturi  &f  probatv.ri ,  ditlumque  procefifum  per  juris  terminas  ex 
legum  prafcripto ,  itfique  ad  fient entiœ  publicationem  profiecuturi ,  certi  cateroquin , 
quodfive  ita  comparucrint,  vel  non ,  abfientia  vel  contumacia  eorum  non  obftante 
nihilo  fiecius  ad  débit am  Fificalis  noftri  lmperialis  infilantiam  ad  ea  procedetur  quae 
juris  fcf  juflitiae  rationi  confentanea  videbuntur.  Praeterea  quoque  fœdera  & 
traclatus  eatenus  cnm  Gallis  &?  Hifipanicis  mites  harum  vigpre  caffamus  &  annui- 
lamus,  fieri oque  &  fiub  Banni  lmperialis  ejufique  publication! s  &  executionis  pœna 
mandamus,  ut  ab  iis  pcnitus  abjlincant^  partefique  Gallicas  6?  practenfas  Hifipa- 
tiicas  cenfeftim  déférant ,  eorumque  militiam  dimittant,  imo  &  armis  propulfient , 
atque  ordinationibus  Noftris  Cœfiareis  in  omnibus  fie  fiubmittant ,  deque  prompt  a, 
plenaque  hujus  paritione  intra  eundem  tcrminum  bimeftrem  légitime  doceant ,  nifi 
diclam  Banni  lmperialis  ,  ejufique  publicationis  &?  executionis  pœnam  incurrere 
maluerint.  De  quo  Nos  eofidem  certiores  reddere  voluimus  per  pr  a  fente  s  Ma  nus 
Nofilrœ  fubficriptione  ,  &  Sigilli  Nofilri  Cafiarei  apprejfione  munitas  &?  datas 
Viennae  2, .  Augufli ,  1 70 1 . 


Comme  il  paroiffoit  neceffaire  de  s'afîurer  des  Villes  fur  le  Bas-Rhin, 


prope 

très  choies  à  l'Electeur  de  recevoir  des  Troupes  Alliées  dans  Bonn  ,  Keilers- 
vvaert,  Se  Rhinbergue,  pour  la  fureté  du  Bas- Rhin.  Mais,  l'Electeur, 
qui  étoit  prévenu,  6c  avoit  d'autres  penfées,  ne  lui  fît  que  des  Réponfes  é- 
quivoques.  La  Ville  de  Cologne  entra  aufîî  dans  l'Affociation  des  Cercles. 
Mais,  tant  cette  Ville,  que  le  Chapitre,  prenoient  ombrage  de  grandes  Le- 
vées que  l'Electeur  faifoit.  Us  firent  même  demander  à  ce  Prince  ,  par  une 
Députation  expreffe ,  de  vouloir  faire  connoître  à  quoi  il  les  deftinoit.  Quoi 
que  la  Garnifon  de  la  Ville  fût  affez  forte,  on  trouva  à  propos  de  l'augmen- 
ter. On  y  fît  pour  cet  effet  entrer  d'autres  Troupes  du  Roi  de  Pruffe  ,  de 
Munfler,  6c  Palatines.  Cette  méfiance  qu'on  avoit  de  l'Electeur  l'aigrit  con- 
tre le  Chapitre.  Il  alla  le  1.  de  Juin  s'emparer  de  force  de  la  Ville  de  Zons, 
qui  dépendoit  du  Chapitre,  pour  lui  avoir  été  engagée  par  un  Electeur.  Le 
Chapitre,  offenfé  par  cette  irrégularité,  s'en  plaignit  à  l'Empereur  &  au  Pa- 
pe. Cet  Electeur  fît  auflî  entrer  de  fes  Troupes ,  nouvellement  levées,  dans 
Nuys,  &  fit  renforcer  les  Garnifons  de  Rhinbergue  6c  de  Kaiferswaert.  Il 
fît  le  18.  d'Août  hure  à  Bonn  l'ouverture  d'une  Diète  du  Païs.  Il  y  fit  fai- 
re par  le  Chancelier  des  Piopofitions  pécuniaires  pour  le  maintien  du  Repos 

public. 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.  66? 

public.  Apres  cela,  il  affûra  lui-même  les  Etats  &  la  NoblefTe  ,  qu'il  con- 
tribueroit  de  tout  fon  pouvoir  au  Bien  public  ,  même  en  y  facri  fiant  (il  vie 
en  cas  de  néceffité  :  cependant ,  qu'il  ne  fe  laifieroit  jamais  perfuader  de  caf- 
fer  les  Troupes,  qu'il  avoit  nouvellement  levées  pour  la  même  fin.  Le  Cha- 
pitre aïant  délibère  là-deflus,  déclara  quelques  jours  après  que  l'Electeur,  par 
ces  Levées  étrangères  fans  fon  confentement,  avoit  agi  contre  la  Capitulation 
qu'il  avoit  jurée,  6c  contre  les  Prérogatives  de  l'Archevêché.  C'efr.  pour- 
quoi, à  moins  de  les  cafTer,  on  n'entreroit  en  aucune  Délibération.  Sur  quoi 
il  entra  dans  une  grande  colère.  Il  allégua  que  quelques  femaines  auparavant 
il  avoit  fait  part  au  Chapitre  de  ces  Levées.  Il  eft  vrai  que  quelque  tems  au-  i 
paravant  il  etoit  arrivé  à  l'improvifte  à  Cologne.  Il  voulut  y  aflèmbler  le  ■ 
Chapitre;  mais,  la  plus  part  des  Capitulaires  fortit  d'abord  de  la  Ville.  Il 
n'en  étoit  refté  que  cinq  des  plus  jeunes.  L'Electeur  propofa  à  ce  petit 
nombre  ces  Levées ,  à  quoi  quatre  donnèrent  les  mains.  Le  cinquième  lui 
objecta,  que  les  Chanoines  étant  la  plus  part  abfens  ,  on  ne  pouvoit  traiter 
d'aucune  chofe.  Il  lui  remontra  d'ailleurs  le  peu  de  néceffité  de  faire  ces 
Levées,  pour  lelquelles  il  faloit  de  gros  Fonds,  qu'on  n'étoit  pas  en  état  de 
fournir.  L'Electeur  dit  qu'il  n'en  avoit  pas  befoin.  Le  jeune  Chanoine  lui 
répliqua,  qu'il  faloit  donc  qu'il  les  prit  ailleurs,  6c  que  cela  pourrait  être 
d'un  grand  préjudice  aux  Etats,  qui  lui  appartenoient  comme  Chef  du  Cha- 
pitre. La  Diète  de  Bonn  n'aiant  rien  voulu  réfoudre ,  non  obflant  les  leur- 
rantes Propofitions  de  l'Electeur  ,  de  Neutralité  6c  d'Aflbciation  ,  en  fe 
feparant  l'Electeur  demanda  qu'on  lui  paiât  douze  fimples,  ou  qu'il  les  feroit 
exiger  par  Execution  Militaire.  On  ne  voulut  rien  lui  accorder.  C'efi: 
pourquoi  il  ufa  de  force  envers  fes  Sujets.  Le  Chapitre  protefta  contre  cet- 
te violence  par  l'Ecrit  public  que  voici,  avec  une  Lettre  du  Chapitre  6c  une 
Réponfe  de  l'Electeur. 

LE  Chapitre  a  vu  avec  déplaifir  par  la  Déclaration  de  Son  Altefle  Êlecto-  Maniïef- 
raie  du  6.  de  ce  mois,  que  nonobstant  les  plaintes  par  nous  faites  (tou- te  du. 
chant  un  mal  auquel  on  n'a  pas  volu  apporter  de  remède  ,   c'elt- à-dire,  tou-  dec'^ 
chant  les  Troupes  étrangères  qui  ont  été  levées  dans  l'Archevêché  fans  le  con-  Io«ne." 
fentement  du  Chapitre  ,   6c  malgré  nos  proteftations  faites    par  écrit  le  7. 
May  )  on  n'a  jufques  ici  donné  aucune  Refolution  cathegorique  ;  Que  d'ail- 
leurs on  néglige  ce  point  important  qui  auroit  pu  donner  toute  forte  de  Sa- 
tisfaction au  Païs,  6c  lequel  S.  A.  E.  avoit  offert,  de  fa  grâce,  par  les  Com- 
miflàires ,   de  remettre  entre  les  mains  de  ceux  que  le  Chapitre  6c  les  autres 
Etats  députeraient  ;  cette  même  promefle  aiant  été  donnée  au  Chapitre  au 
nom  de  S.  A*.  E.  avant  la  Diète  ,    par  Mr.  le  Prince  de  Murbach,  6c  Mr.  le 
Comte  de  Konigfcck  ;  6c  comme  depuis  ce  tems-là  les  Députez  du  Chapitre 
6c  des  Etats  ont  toujours  été  à  Bonn  dès  le  commencement  de  la  Diète  ,  où 
fims  relâche  ils  ont  infiité  pour  obtenir  cette  fatisfaétion  promife ,  ils  n'ont 
pourtant  rien  pu  obtenir  jufques  ici  ;    6c  qu'au  lieu  de  cela  les  Commifîàircs 
de  Son  Altelfe  Electorale  ont  donné  le  feptiéme  de  ce  mois  aux  Députez  du 
Chapitre  &  des  Etats,  une  propofition  par  écrit ,  dans  laquelle  ils  tachent  de 

M  m  m  m  z  repre- 


666     MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

1701.  reprefenter  de  telle  manière  ce  que  S.  A.  E.  a  fait  de  fa  propre  autorité,  dans 
— —  le  fait  de  la  Guerre,  que  quiconque  n'en  ferait  pas  mieux  informé  ,  s'imagi- 
neroit  que  le  Chapitre  &  les  Etats  feraient  la  caufe  de  tous  les  malheurs,  pour 
avoir  refuié  le  fubfide,  &  qu'ainfi  ils  ne  devraient  pas  le  plaindre,  que  dans 
une  neceflité  aufh*  prenante  ,  Son  AltefTe  eut  cherché  les  moïens  de  fournir 
aux  befoins  du  Pais.  Mais,  voici  le  véritable  état  de  l'Affaire,  c'eft  que  le  ij>. 
Février  le  Confciller  privé  Solimacher  propola  en  premier  lieu  au  Chapitre, 
que  puis  qu'il  n'y  avoit  point  de  munitions  de  Guerre  ,  ni  d'autres  choies  ne- 
ccflaires,  dans  les  deux  ForterefTcs  de  Rhimberg,  &  de  Keyfersweerth ,  '  Son 
AlteiTe  demandoit  que  l'on  y  envoïât  quelques  provifions  de  farine  6c  de  pou- 
dre: fur  quoi  le  Chapitre  repondit,  que  puis  qu'auffi  bien  à  la  dernière  Diè- 
te ,  qu'aux  précédentes,  on  avoit  accordé  ce  qu'on  demandoit  pour  ces  mê- 
mes fins  ,  &  même  plus  qu'à  l'ordinaire  ,  le  Chapitre  trouvoit  étrange  que 
ces  Forterefles  ne  fuflént  pas  fournies  des  munitions  nécefTaires  \  qu'ainfi ,  il  de- 
firoit  qu'on  lui  rendît  compte,  comme  les  autres  Electeurs  avoient  fait  fans  au- 
cune difficulté,  des  chofes  à  quoi  cet  argent  avoit  été  emploie,  attendu  qu'il 
devrait  y  avoir  une  furfifante  quantité  de  munitions ,  fi  l'on  avoit  emploie 
l'argent  accordé  pour  cela  à  en  achepter. 

En  fuite,  fçavoir  le  z6.  Février,  le  Sieur  Solimacher  remontra ,  que  pour 
faire  lefdites  provifions  on  devoit  toujours  accorder  par  avance,  ou  fur  le  con- 
fentement  de  la  prochaine  Diète,  izooo.  Ryxdaelders.  A  quoi  le  Chapitre 
fit  la  même  reponfe  qu'auparavant ,  Se  les  louables  Députés  des  Etats  s'excu- 
ferent,  fur  ce  qu'ils  n'étoient  pas  autorifés  de  leurs  Principaux,  pour  délibé- 
rer fur  cette  Affaire. 

Mais,  quand  là  deffus  ledit  Sieur  Solimacher  préfenta  au  Chapitre  un  autre 
Ecrit  de  S.  A.  E.  &  qu'il  le  communiqua  aux  louables  Députés  des  Etats , 
ceux-ci  s'exeuferent  encore  le  5.  Mars  fur  le  défaut  de  mandement 5  mais 
pour  le  Chapitre,  il  envoïa  fa  Reponfe  par  écrit  à  l'Eleéteur,  en  date  du  4. 
Mars,  &  la  conclut  par  cette  humble  prefentation  ,  fçavoir  qu'il  travaillerait 
de  tout  fon  pouvoir,  pour  faire  fournir  tout  ce  qui  ferait  néceffaire  pour  le 
bien  commun  du  Saint  Empire  Romain  ,  &  fur  tout- pour  celui  de  l'Arche- 
vêché, &  qu'en  confequence  il  ferait  toujours  prêt  à  fecourir  S.  A.  E.  daus 
tous  les  befoins  de  l'Etat,  &  que  comme  de  bons  Patriotes  ,  ils  ne  manque- 
raient jamais  de  lui  donner  des  preuves  de  leur  fidélité. 

Et  comme  le  7.  Mars  en  fuivaiit  ledit  Solimacher  demanda  encore  la  même 
choie  au  Chapitre  par  un  Ecrit  de  fon  Altelfe  ,  le  Chapitre  déclara  auffi-tôt, 
&  dès  le  même  jour,  qu-'il  ne  manquerait  dans  ledit  befoin,  de  faire  tout  fon 
poffible,  autant  que  le  Païs  pouroit  le  fupporter,  pour  convenir  avec  les  Dé- 
putés des  Etats  des  moïens  ,  pour  fournir  un  petit  fubfide,  pour  cette  fin  } 
qu'au  refte,  ce  n'étoit  pas  pour  lui,  (comme  les  Commilfaires  de  S.  A.  l'ont 
infinué  dans  leur  Ecrit)  qu'il  prenoit  ces  précautions  ,  mais  qu'il  étoit  obligé 
de  le  faire  ,  dans  toute  l'équité ,  &  félon  tous  les  Droits  fondamentaux  du 
Diocéfe,  afin  que  ce  nouveau  fubfide  fût  emploie  feulement  à  la  véritable 
fin ,  pour  laquelle  on  l'accorderait ,  fçav.oir  pour  détourner  les  dangers  qui 
njenaçoient  l'Etat ,  &  non  autrement.  Que  ces  précautions  n'éto'ient  pas  dans 

les 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.  667 

les  formalibus ,  comme  les  Commiflaires  de  S.  A.  l'ont  fait  glifler  dans  leur   1701. 

dit  Ecrit,  mais  dans  les  fuivantes.  A  (bavoir  que  Ja  Reveuë  &  la  Montre  de  

la  Milice  qui  étoit  alors  fur  pied,  Ce  feroit  en  préïence  des  Députés  du  Cha- 
pitre, &  que  les  rolles  leur  en  feroient  communiquez  }  que  lefdits  Députés 
pouroient  fans  empêchement  prendre  connoiflance  de  l'Emploi  de  l'argent , 
qu'ils  pouroient  voir  fi  les,  munitions  acheptées  à  cette  fin  feroient  mifes  en 
lieu  de  fureté  ,  qu'ils  pourroient  en  faire  la  vifite  ,  6c  voir  en  tout  tems  fi 
elles  étoient  bien  entretenues,  8c  bien  gardées •-,  laquelle  Déclaration  le  Cha- 
pitre fit  auffi  rendre  par  le  Sieur  Solimacher  à  fon  Âlteflè  le  p.  Mars. 

Or  comme  le  iz.  dudit  mois,  avant  que  d'avoir  vu  aucune  réponfe  de 
l'Electeur ,  le  Sieur  Sierftorf  propofa  au  Chapitre  fur  ledit  Ecrit  dudit  Sieur 
Solimacher  ,  que  fon  Altefle  demândoit  qu'il  allât  à  Bonn  quelques  Députés, 
tant  du  milieu  du  Chapitre  ,  que  des  Députés  des  Etats  qui  étoient  alors  à 
Cologne,  fans  néanmoins  produire  aucune  Commiffion  de  Son  Altefle  pour 
cela  ;  le  Chapitre  conclud  qu'il  ne  voïoit  pas  ce  que  l'on  pouvoit  ajouter 
à  la  Déclaration  qui  avoit  été  donnée  S.  A.  E>  qu'au  refte  il  prioit  S.  A. d'ac- 
cepter cette  offre,  &  de  donner  une  Déclaration  par  écrit  ;  que  le  Chapi- 
tre étoit  prêt  de  s'obliger  envers  tous  8c  un  chacun ,  pour  ce  qu'il  avoit  pro- 
mis, &  qu'il  feroit  en  forte,  que  le  tout  feroit  fourni  avec  toute  la  diligence 
poflible,  par  les  autres  Etats. 

Là-deflus, Solimacher,  êc  Propper,deux  Commiflaires  de  S.  A.  rendirent 
au  Chapitre  k  16.  Mars  un  Ecrit  de  S.  A.  du  14.  du  même  mois,  dans  le- 
quel le  fubfide  qui  avoit  été  démandé,  &  qui  ne  montoit  au  commencement 
qu'à  douze  mille  Ecus,  s'étendoit  à  2.0000.  8c  à  «30000.  8c  où  il  étoit  dit , 
que  S.  A.  avoit  offert  au  Chapitre  ces  deux  chofes  ,  de  lui  permettre  de 
drefler  l'Etat  de  Guerre  ,  8c  que  quelques  -  uns  du  Chapitre  afliftaflent  aux 
Revues.  Mais  tant  s'en  faut  que  cette  Communication  ait  été  faite  cum  ef- 
fetlu  ,  que  ces  Commiflaires  n'ont  fait  que  montrer  ledit  Etat  ;  mais,  en 
même  tems,  fans  qu'il  eût  été  lu,  encore  moins  examiné  ,  ils  le  reprirent 
avec  promefle  d'en  donner  copie  au  Chapitre  ;  ce  qui  n'a  pourtant  pas  été 
fait,  quoique  ledit  Chapitre  en  ait  écrit  à  S.  A.  le  14.  Mars  une  féconde 
fois  dans  les  formes  ;  qu'auffî-tôt  qu'il  auroit  la  dite  Copie,  il  ne  manque- 
roit  pas  d'y  faire  de  refpeétueufes  reflexions,  avec  très  -  humbles  prières 
qu'il  plût  à  S.  A.  de  faire  avoir  au  Chapitre  une  Réfolution  néceflaire  fur 
leldits  points,  afin  de  concourir  par  ce  moien  avec  le  Chapitre  pour  faire 
accorder  l'argent  néceflaire. 

Mais  c'eft  furquoi  il  n'y  a  pas  eu  la  moindre  communication  avec  le 
Chapitre  8c  les  louables  Etats.  Et  comme  cette  complaifante  Offre  des 
bons  ôc  fidèles  Patriotes  n'a  pas  été  acceptée ,  il  s'enfuit  que  ni  le  Chapi- 
tre ni  les  louables  Etats  ne  font  refponfables  en  aucune  manière  des  mal- 
heurs que  l'on  a  raifonnablement  à  craindre  de  ces  Levées  de  gens  de  Guer- 
re, Si  que  l'on  n'en  doit  attribuer  la  faute,  qu'à  ceux  qui  y  ont  concurru, 
8c  qui  ont  été  du  Confeil. 

Et  quand  le  prétendu  but  de  ces  Levées  auroit  été  véritablement  pour 
conferver  le  repos  8c   la  fureté  du  Pais ,   comme  on  le  dit ,   il  eft  cer- 

Mmmm  3  tain 


658     MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

1 701.  tain   que   l'on   n'auroit  pas   dû   agir   de   cette   manière , -pour   le   procu- 
— —  fer. 

Mais, quant  à  ce  que  lcsCommiflaires  peuvent  dire,  comme  fi  l'on  n'avoit 
rien  fait  contre  l'union  du  Pais,  cela  paroit  clairement  ex  ipfo  fafto-,  ce  qui 
cft  tout  à  fait  contraire  aux  intentions  de  cette  union,  comme  il  a  été  fuffi- 
fammait  remontré  ex  parte  Capituli  le  2.3.  du  mois  d'Août. 

Se'mblablcment ,  cela  ne  fait  rien ,  que  S.  A.  ait  attendu  cette  Deputation 
pendant  trois  femaines,  comme  le  difent  ces  CommiiTaires,  puifque  les  Dé- 
putez du  Chapitre  8c  des  Etats  ont  attendu  depuis  le  18.  Août  que  la  Diète 
commença ,  jufqu'au  7.  Septembre,  que  les  CommiiTaires  de  l'Electeur  com- 
muniquèrent premièrement  par  écrit ,  la  propofition  que  la  veille  ils  avoient 
faite  de  bouche  Se  qu'ils  ont  humblement  demandé  une  Rélblution  ;  ainfi  lef- 
dits  Commiflaires  auraient  pu  faire  leur  propofition,  puifqu'elle  ne  confiftoit 
que  dans  une  répétition  des  premières,  6c  cela  auflî  facilement,  fût-ce  le  pre- 
mier, ou  le  fécond  jour}  6c  il  n'auroit  pas  été  befoin  de  les  amufer  pref- 
que  pendant  trois  femaines:  ainfi,  ce  n'eft  pas  aux  Députez  du  Chapitre, 
qu'il  faut  attribuer  ce  retardement. 

Mais  qu'au  lieu  de  la  prefente  fureté  de  ce  Diocefe  les  Seigneurs  Commif- 
faires  produifent  une  Aûociation  de  S.  A.,  comme  ils  difent ,  c'eft  encore 
une  infraction  aux  anciennes  conventions  &  revenus,  6c  contraire  à  cette  li- 
mon du  Païs  j  £c  partant  de  tels  Paiïa  Fœdcra ,  ou  comme  on  voudra  les  ap- 
peller,  ne  fe  font  point ,  6c  ne  peuvent  être  commencez  par  lefdits  Sei- 
gneurs fans  la  Condeputation  du  Chapitre  ,  ni  être  conclus  à  fon  infçû  6c 
fans  fon  confentement.  C'eft  pourquoi  le  Chapitre  laifle  là  ladite  Afîbcia- 
tion  pour  ce  qu'elle  vaut,  6c  fe  réglera  au  contraire  Proteflando  ,  félon  les 
Loix  fondamentales  du  Diocefe. 

Mais  quand  en  confiderant  tout  ce  que  defilis  il  paroitra  évidemment,  par 
l'Union  de  ce  Diocefe ,  par  tant  de  Reverfalia  ,  de  Traitez ,  par  la  reli- 
ligieufe  obfervation  que  1  on  en  a  toujours  faite,  &  par  l'Uiàge  &  les  Coutu- 
mes de  tous  les  Archevêchés  de  l'Empire  Romain,  qu'en  vertu  de  fa  charge, 
Se  des  Droits,  6c  des  Privilèges  de  TEglife,  6c  de  ce  Diocefe  ,  le  Chapitre 
eft  contraint  de  fe  tourmenter  à  caufe  du  ferment  fi  chèrement  prêté,  à  l'oc- 
cafion  de  cette  levée  de  Gens  de  Guerre  ,  6c  qu'il  eft  obligé  de  s'y  oppofer 
vigoureufement,  afin  de  ne  pas  donner  lieu  à  fes  Succefléurs  d'entreprendre 
de  pareilles  choies,  qui  doivent  plutôt  faire  appréhender  la  ruine  du  Païs, 
que  l'on  n'a  lieu  d'en  efperer  fa  confervation. 

Ainfi,  le  Chapitre  fait  fupplier  humblement,  6c  pour  l'amour  de  Dieu,  S. 
A.  E.  d'avoir  la  bonté  de  confiderer,  que  l'Equité  6c  la  Conlcience  l'obli- 
geant de  s'oppofer  à  ces  fortes  de  Levées ,  de  renoncer  à  cette  Aflbciation  6c 
Alliance,  6c  autres  chofes  femblables,  en  quelque  autre  occafion  que  ce  foit, 
mais  fur  tout  lors  qu'elles  auront  été  entreprifes  abf'que  fuo  feitu  &  confeufw  ou 
qui  pouroient  être  entreprifes;  comme  étant  nulles  Se  de  nulle  valeur  en  foij 
6c  cela  pourtant  avec  expreflè  refervatiou  du  refped  dû  à  S.  A.  E.  de  pro- 
tefter  dorefnavant  à  l'encontre,  afin  que  jamais  on  ne  puiflè  citer  de  telles 
choies  pour  exemple  ,  6c  que  la  Pofterité  n'ait  point  à  fe  plaindre  que  le 

Cha- 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.         669 

Chapitre  ait  manqué  à  fon  devoir,  8c  à  fa  charge,  qu'il  ait  porté  aucun  fçan-  1701. 
dale,  ôc  que  l'Eglilèjie  reçoive  jamais  aucune  atteinte  dans  l'es  Droits  8c  dans  -  ■  ■■ 
fes  Privilèges. 

Et  comme  le  Chapitre  n'a  jamais  eu  envie  de  fe  mêler  ,  ni  de  prendre  la 
moindre  part  dans  la  conjoncture  prefente,  mais  feulement  de  conferver  par 
ce  moien  les  Droits  du  Païs  &  de  l'Eglife  dans  leur  entier;  auflî  a-t-il  été 
réfolu  unanimement  d'enregîtrer  dans  les  Archives,  &  au  Protocolle,  cette 
prefente  Proteftation  ad  perpétuant  rei  memorïam  ,  8c  de  l'cnvoier  à  la  pro- 
chaine Diète  de  ce  Diocéfe  aux  Députez  du  Chapitre  pour  leur  pins  grande 
Infr.ruc~r.ion ,  &  afin  qu'ils  fe  règlent  là-defius,  &  de  leur  faire  fçavoir  en  mê- 
me rems,  que  fi  après  av oit  tant  attendu  contre  toute  efperance  ,  le  vérita- 
ble remède  ne  s'enfuit  pas,  ils  aient  à  fe  retirer  de  la  Diète.  En  foi  de  quoi 
fcellé  du  Sceau  du  Chapitre.  Donné  à  Cologne  le  Mardi  13.  Septembre  1701. 

ILLUSTRISSIME  SEIGNEUR  ET  ELECTEUR,  Lettre 

du  Cha- 
pitre à 

^TOus  les  très-humbles  6c  très-fournis  Sujets  de  V.  A.  E.  prenons  la  liber-  s.  A.  E. 
S   té  de  reprefenter  à  V.  A.  ce  que  nos  Députez  8c  ceux  des  Louables 
Etats  lui  ont  déjà  fait  voir  ,  à  fçavoir  que  par  une  prenante  necefîîté  nous 
nous  fommes  trouvez  obligez  de  rappelles  nos  Députez  de  la  Diète  qui  avoic 
été  commencée,  laquelle  eft,  que  malgré  les  plaintes  que  nous  avons  faites, 
loin  de  nous" accorder  le  remède,  que  nous  demandions,  on  n'a  pas  difeonti- 
nué  jufques  à  cette  heure,  de  lever  des  Troupes  pour  la  prétendue  fureté  du 
Païs;  ce  qui  n'eft  pas  prétendre  de  V.  A  davantage  que  des  autres  Princes  8c 
Etats  qui  font  auffi-bien  qu'lille  compris  dans  ta  même  Afibciation,  de  quoi 
nous  ne  pouvions  nous  difpenfer  fans  faire  tort  aux  Droits  de  l'Eglife.     C'eft 
pourquoi  nous  efperons  que  V.  A.  ne  trouvera  pas  mauvais,  que  nous  ayons 
tait  ce  rappel  fi  néceffaire,  8c  comme  forcé  ,   8c  qu'Elle  nous  permettra  de 
lui  remontrer  avec  déplaifir,    8c  unanimement ,  l'entière  ruine  dont  vos  E- 
tats  font  menacez,  non  feulement  au  moien  de  l'argent  étranger  dont  on  a 
fait  des  Levées,  mais  aufïï  à  caufe  de  l'entretien  continuel  8c  de  la  fubfiftance 
des  Troupes  8c  des  Soldats,  fur  tout  en  cas  de  rupture;  parce  qua  nous  croi- 
rions charger  nos  confcicnces,  fi  nous  taifions  une  chofe  qui  elr."  connue  dé 
tout  le  monde,  8c  que  Vôtre  Altefiè  pourrait  même  un  jour  nous  aceufer 
d'avoir  manqué  au  ferment  de  fidélité ,  qui  nous  oblige  de  faire  ces  très-hum- 
bles Remontrances  à  V.  A.  8c  qu'au  refte  il  n'y  a  pas  plus  de  fureté  dans  la- 
dite Afibciation,  qu'il  y  en  a  dans  le  pauvre  Païs,  dont  les  Sujets  auront  tou- 
jours fujet  de  craindre  la  perte  de  leurs  biens.    D'ailleurs,  il  ialloit  confiderer 
s'il  y  a  plus  de  fureté  dans  une  nouvelle  Afibciation  particulière  de  quelques 
Electeurs  ou  Princes ,  que  dans  l'Union  fondamentale  8c  ferme  ,  ipfâ  rei  na- 
turâ  de  l'Empereur  8c  de  l'Empire.   Item  fi  une  telle  Afibciation  contre  tou- 
tes les  parties  ,  comme  les  Commifiaires  de  V.  A.  l'ont  infinué  ,  peut  fubfi- 
fter  contre  l'Empereur  nôtre  Souverain,  8c  Chef  de  l'Empire,  ou  fi.  elle  peut 
être  pour  le  bien  public  ;  fi  par  une  telle  Afibciation  particulière,    quelques 
membres  de  l'Empire  peuvent  fe  feparer  à  Commune  Corpore  ,  8c  du  Chef 
même ,  auquel  ils  font  u  étroitement  attachez  par  le  ferment  de  fidélité  8c 

par 


670      MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

1 701.  pur  l'hommage.     Mais  (ans  parler  de  tout  cela  ,  nous  dirons  feulement ,   que 
"  ladite  Aflociation  d'Heilbron  ,  comme  il  a  été  dit,  n'étoit  pas  encore  con- 

firmée, £c  n'avoit  qu'été  Amplement  intimée  aux  Cercles.  Non»  reprefen- 
terons  à  V.  A.  qu'il  n'en  eft  pas  ici  de  même  que  des  autres  Princes  6c  Etats 
Ecclefiaftiques ,  qui  ne  font  rien  contre  les  Loix  fondamentales,  ni  contre 
les  Privilèges  de  leurs  Eglifes  ,  Chapitre  ,  6c  Pais  ,  6c  qui  n'entreprennent 
rien  au  deffus  de  leurs  forces,  &  fans  neceflîté  ,  encore  moins  de  lever  des 
Troupes  avec  de  l'argent  étranger  j  mais ,  qui  lèveront  6c  entretiendront  leurs 
Troupes  de  leurs  propres  revenus}  toutes  lcfquelles  chofes  ont  manqué  dans 
les  Levées  de  V.  A.  Car  on  ne  fçait  que  trop  ,  6c  avec  douleur,  avec  quel 
argent  ces  Troupes  ont  été  levées  Se  entretenues.  Mais  à  quelles  conditions 
tout  cela  s'eft  fait,  c'eft  ce  que  nous  laiflbns  à  Dieu,  Se  à  Vôtre  Con- 
fcience ,  parce  que  ce  font  ces  deux  qui  peuvent  le  mieux  fçavoir  ce 
qui  s'eft  pafTé  à  Bruxelles  ,   quand  vous  y  avez  été  la  dernière  fois. 

Tout  cela  vaudra  peut-être  mieux  que  l'ouvrage  de  cette  Affociation ,  qui 
ne  fera  jamais  en  état,  comme  vous  dites  ,  de  reùifir  contre  toutes  les  par- 
ties} 6c  Vôtre  Alteffe  verra  ,  qu'elle  va  être  delaiffée  feule  avec  fes  Sujets  in- 
noeens,  &  avec  fon  Païs,  6c  que  par  confequent  les  uns  6c  les  autres  ne  pour- 
ront manquer  de  périr. 

Au  contraire,  fi  V.  A.  avait  la  bonté  de  faire  quelques  ferieufes  reflexions, 
,  6c  de  rentrer  en  foi-même,  Elle  verroit  qu'il  lui  feroit  facile  d'exécuter  ce 
ferment  qu'Elle  a  fait  à  Dieu  fur  les  Evangiles  ,  dans  cette  Union  du  Puis 
qui  eft  félon  l'ancien  ufage,  6c  qu'Elle  auroit  pu  heureufement  mettre  tous 
fes  Etats  hors  de  danger,  £c  auroit  rejouï  tous  fes  Sujets,  à  qui  cela  va  coû- 
ter les  biens  6c  la  vie  }  enfin ,  Elle  auroit  été  fans  reproche  devant  tout  le 
monde  au  dernier  jour.  Nous  ne  fçaurions  comprendre  de  quelle  fatalité  Vô- 
tre Efprit  eft  agité  ,  néanmoins  nous  ne  voulons  pas  manquer  à  nôtre  de- 
voir ,  6c  nous  réitérons  nos  prières  avec  beaucoup  de  foumiflion  ,  pendant 
qu'il  eft  encore  tems  d'y  penier.  V.  A.  peut  être  aflurée  que  tous  les  Etats  6c 
Sujets  feront  tout  leur  poflible,  en  cas  que  cela  arrive  comme  nous  le  déli- 
rons, pour  fe  mettre  en  état  de  n'avoir  rien  à  craindre  de  quelque  part  que  ce 
foit.  Au  refte ,  nous  nous  trouvons  obligez  de  nous  en  tenir  aux  Proteftations 
que  nous  avons  fi  fouvent  faites,  6c  de  maintenir  6c  conferver  expreffement 
tous  nos  Droits,  nous  remettant  patiemment  du  refte,  à  la  Providence  ,  6c 
nous  en  attendrons  l'iffuë  avec  beaucoup  d'inquiétude}  mais,  pourtant,  avec 
cette  confolation,  que  nous  n'avons  aucune  part,  6c  ne  fommes  aucunement 
refponfables  du  malheureux  état  des  Affaires ,  6c  de  la  ruine  totale  tant  fpiri- 
tuelle  que  temporelle  de  tous  les  Sujets  6c  Habitans ,  qui  s'en  enfuivra. 
Cependant  nous  recommandons  V.  A.  à  la  Protection  de  Dieu. 


De  V.  A.  E. 


Cologne  le  16.  Septembre  ïjoi. 


Les  affetlionncz  &  fournis  Sous-Doïen, 
&  Capitulaires  prefens ,  de  /' arche- 
vêché &  Haut  Diocefe  de  Cologne. 

Nous 


N 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.         671 

1701. 


Ous  T  o  s  e  p  h  Clément,  par  la  Grâce  de  Dieu  Archevêque  de  Co- 
logne,  Archi-Chancelier  du  St.  Empire  pour  l'Italie,  &  Elefteur,  Le-  fe'™c 
gat  Né  du  St.  Siège  Apoilolique  de  Rome ,  Evêque  de  Ratisbonne  &  de  rEiec- 
Liege,  Coadjuteur^d'Hildesheim  ,  Adminiilrateur  du  Diocefe  de  Bergtefga-  teur  de 
den,  Duc  de  la  haute  &  bade  Bavière  ,    &  du  haut  Palatinat,  d'Engrie  en  Col°- 
Weftphalic,  Se  de  Bouillon  ,  Comte  Palatin  du  Rhin,  Lantgrave  de  Luch-  £nc' 
tenberg,  Marquis  de  Franchimont,  Comte  de  Lohe,  Hoorn-,  Sec. 

Sçavoir  faifons  par  ces  prefentes  à  tous  Se  un  chacun  des  Etats,  Hauts  5c 
Bas  Officiers,  Prévôts,  Sujets,  Se  Hfcbitans  de  Nôtre  Eleérarat  de  Cologne  ; 
Comme  par  un  Ecrit  imprimé  Se  rendu  public  le  premier  jour  du  mois  d'Oc- 
tobre de  la  prefente  année  ,  au  nom  des  Sous-Doïens  Se  du  Commun  Chapi- 
tre de  nôtre  Diocefe  de  Cologne,  Se  içêllé  du  fçeau  de,  nôtre  dit  Chapitre  , 
nous  avons  appris  avec  deplailïr ,  que  quelques  uns  de  ceux  qui  fe  tiennent 
préfentement  dans  nôtre  Ville  de  Cologne  ,  defquels  pour  l'amour  d'eux ,  Se 
pour  leur  honneur  nous  taifons  les  noms,  fe  font  ingérez  fous  divers  prétextes, 
en  partie  faux ,  en  partie  erronez ,  d'envoïer  par  tout  le  Pais  à  nofdits  fidè- 
les Sujets,  une  dangereufe  Rempnftrance  ;  ce  qui  ne  leur  appartient  en  aucu- 
ne manière  de  frire ,  contre  noutjeur  Légitime  Seigneur  Se  Souverain  Tem- 
porel Se  Spirituel,  Se  cela  fans  avoir  égard  à  leur  état  ni  à  leur  condition,  Se 
fans  l'avis  de  ceux  du  Confeil  Se  des  Officiers.    Que  femblablement ,  une  telle 
Affemblée  générale  du  Chapitre  ,  qui  n'a  aucune  infpe&ion  fur  Nous,  Se  qui 
Sede  plena  ne  peut  fe  mêler  de  nôtre  de  Régence  ,   ne  fçauroit  être  confideréc 
que  comme  une  Exhortation  à  la  Révolte  ,  Se  à  la  DefobeïfTance  ;  Se  qu'un 
Procédé  de  cette  nature  répugne  auffi  bien  à  la  Raifon  naturelle,  qu'à  l'Or- 
donnance Divine  Se  aux  Droits  divins  Se  humains  j  mais  fur  tout  au  Serment 
Canonique  de  nos  Sous-Doïens,  Treforiers,  Se  de  leurs  Adherens,  par  lequel 
ils  nous  ont  reconnu  par  leur  Seigneur  Se  Souverain  ,   Se  qu'il  eft  directement 
contraire  Se  oppofé  à  la  pure  Vérité.     De  forte  que,   quoique  les  Procédures 
qu'ils  ont  tenues  dans  la  dernière  Affemblée  ,  inutilement  pendant  fix  femai- 
nes,  au  grand  préjudice  du  Pais,  n'aient  eu  d'autre  vûë,  que  d'introduire,  Se 
de  maintenir  leur  impertinente  Se  prétendue  Condomination  ,  Se  que  cependant 
ils  ont  abandonné  le  foin  de  pourvoir  à  la  fûperé  de  la  Patrie  ;  Néanmoins, 
nous  n'avons  pas  laiffé  de  leur  remontrer  de  bouche  Se  par  écrit ,  Se  cela  avec 
une  douceur  Se  une  patience  inexprimables ,   Se  nôtre  foin  paternel,  Se  leur 
devoir}  Se  pour  leur  donner  des  marques  finçeres  de  nos  bonnes  intentions,  Se 
difliper  tous  les  finiftres  préjugez  ,   Nous  avons  offert  de  nous  en  rapporter  à 
des  Juges  non  fufoects  de  partialité  ,  ce  qu'ils  auraient  dû  recevoir  avec  fou- 
miflion  Se  Actions  de  grâces,  Se  à  quoi  ils  devraient  avoir  fait  de  ferieufes  re- 
flexions; afin  que  ,  maintenant  que  le  Danger  preffe  ,  la  levée  d'un  fubfide 
extraordinaire,  que  l'on  demande  pour  la  fureté  duPaïs,ne  fût  point  retardée 
on  empêchée,  par  des  Procez  de  longue  haleine,  par  des  Commiffions  defa- 
vantageufes,  Se  par  d'autres  Allégations  frivoles  Se  hors  de  faifon;  Se  particu- 
lièrement dans  le  cas  dont  il  s'agit  ici ,  où  pour  détourner  le  dernier  malheur 
qui  nous  menace,  comme  il^  le  fçavent  très -bien,  fans  préjudiciel-  au  cours 
T'ont.  I.  Nnnn  de 


67i     MEMOIRES,  NEGOTTATIONS,  TRAITEZ, 

de  la  Juftice  ordinaire,  êc  feulement  par  nôtre  Autorité,  &  par  l'Amour  que 

17CI-  nous  portons  ia  Pais,  nous  avons  impofé  un  fi  léger  fubfîde,  que  celui  d'un. 
Simple  par  mois ,  dont  nos  Etats  êc  nos  Sujets  n'auroient  pas  eu  fujet  de  le 
plaindre,  même  en  tems  de  Paix. 

Ainfi  nous  eilimons,  que  c'en;  une  chofe  necefïàire  ,  d'expofer  par  ces  pre- 
fentes ,  aux  yeux  de  toute  la  terre,  l'Entreprife  defdits  Sous-Doïens  &  Capi- 
tulaires,  non  feulement,  8c  de  leur  enjoindre  fous  peine  d'encourir  nôtre  In- 
dignation, êc  nos  Procédures  inévitables, contre  leurs  Perfonnes,  leurs  Biens, 
êc  leurs  Revenus,  incontinent  après  la  Publication  de  ce  prefent  Mandement, 
de  révoquer  <êc  rétracter  publiquement*  ce  qu'ils  ont  fait ,  &  cela  tout  de 
bon ,  Se  dans  les  formes  ordinaires }  mais  aufîi  de  faire  fçavoir  à  tous  &  un  cha- 
cun par  ces  prefèntes,  qu'attendu  que  les  Sous-Doïens  êc  Capitulaires ,  aflem- 
blez  à  Cologne  le  4.  de  Mars  dernier  ,  ont  abfolumcnt  rejette  la  proposition 
que  par  un  amour  8c  un  foin  paternel  pour  la  Patrie ,  nous  leur  avions  faite , 
de  faire  des  levées  de  Soldats,  êc  qu'ils  n'ont  voulu  confentir  à  ce  petit  fubfi- 
de  provifionel  propofé  de  nôtre  part,  pour  fubvenir  aux  necefîïtez  indifpenla- 
bles  de  Bonn  ,  Rheinberg  ,  &  Keyferfwaert ,  qu'à  des  Conditions  que  nous 
fçavons  devoir  être  perpétuellement  préjudiciables  à  nous  5c  à  nos  SuccefTeurs, 
ce  qui  ne  peut  être  qu'une  ufurpation  ,  très  icuvent  condamnée  auffi-bien  du 
St.  Siège  que  par  Sa  Majeflé  Impériale,  6c  qu'une  Anticipation  injufte  d'une 
Condomination  contre  nous,  5c  contre  tout  droit  êc  raifon. 

Nous  nous  trouvons  obligés  ,  fans  plus  ample  retardement  de  la  part  des 
hauts  Officiers,  de  penfer  tellement  au  repos  êc  à  la  fureté  du  Païs,  que  nous 
puiffions  de  bonne  heure  garentir  nos  Forterefîès  de  toutes  furprifes,  êc  que 
tant  que  tout  le  Corps  de  l'Empire  Romain  ne  fera  pas  oblige  de  s'embar- 
rafîèr  dans  les  démêlez  à  Toccafion  de  la  Succeflîon  d'Efpagne ,  êc  d'y  pren- 
dre part ,  à  l'exemple  de  tant  d'autres  Princes  êc  Electeurs  de  l'Empire,  êc 
des  Cercles  tout  entiers ,  nous  nous  tenions  à  l'écart ,  êc  que  nous  tâchions 
autant  qu'il  fera  en  nôtre  pouvoir,  d'empêcher,  qu'avenant  quelque  rupture, 
ce  qu'à  Dieu  ne  plaifê  ,  nôtre  chère  Patrie  y  foit  mêlée,  êc  ne  devienne  la 
Proie  des  autres  êc  le  Théâtre  de  la  Guerre,  comme  cela  efi  déjà  arrivé  au- 
trefois, êc  que  félon  l'exigence  des  chofes ,  elle  foit  mife  dans  le  meilleur 
état  de  defenfe ,  qu'il  fe  pourra ,  contre  qui  que  ce  fût  qui  la  voudrait 
attaquer. 

Que  fi  avenant  cet  extrême  danger ,  lefdits  Sous-Doïens  êc  Capitulants 
perfiltent  au  préjudice  du  bien  de  la  Patrie  à  foutenir  leur  prétendue  hérédi- 
taire êc  fondamentale  Condomination  qui  n'a  aucun  fondement}  attendu  que 
tout  leur  Droit  confifte  feulement  ,  l'emparé  Sedis  vacant is ,  en  une  fimple 
Tittoria  Aàminiftratio  :  êc  comme  il  fera  facile  de  juger,  que  îa  conduite,  que 
nous  avons  tenue  jufques  ici ,  ne  peut  être  honnêtement  décriée  par  lefdits 
Sous-Doïens  Capitulaires  êc  leurs  Adherens,  comme  un  fait  injufte,  êc  qui 
ne  peut  fe  juftifier ,  car  c'eft  ainfi  qu'ils  en  parlent  dans  leurs  Formalia  j  fur 
tout  lorfque  les  Couftïtutions  fondamentales  de  l'Empire  rélultantes  du  Droit 
naturel,  êc  plufieurs  Déclarations  Impériales,  à  l'égard  du  Temporel ,  parti- 
culièrement dans  les  caufes  de  Bamberg  ,   de  Wurtzbourg,  Mecklcrabourg, 

Wui- 


ET    RESOLUTIONS    D'ETAT.         67; 

Wurtemberg,  6cc.  6c  même  pour  nous,  fpecialçment  celles  des  dates  du  zp.. 
Octobre  1699.  ^u  i0.  Décembre  1700.;  &  dans  l'Affaire  du  Chapitre  & 
du  Spirituel,  le  Bref  du  Pape  Urbain  VIII.  émané  le  16.  Juin  1642..  ad 
perpétuant  rei  memoriam  ,  contre  l'Election  Capitulaire  du  dernier  Electeur 
de  Cologne  nôtre  PredecefTeur  d'heureufe  mémoire,  &  la  Constitution  d'iN- 
nocent  XII.  qui  s'cnfuivit  en  i<Î9f.  6c  les  Deci fions  rendues  depuis  peu  à 
Rome  dans  l'Affaire  du  Chapitre  de  Saltzbourg,  utraque  parte  informante,  le 
f.  Mars  6c  le  p.  Juin  1701.  en  faveur  de  l'Archevêque  de  Saltzbourg  au- 
jourd'hui régnant,  font  inconteftablement  en  nôtre  faveur.  Toutefois  c'efl 
une  chofe  qui  ne  fe  peut  nier  en  Droit  ,  qu'entant  que  les  fufFrages  de  nos 
Capitulaires ,  ou  des  autres  Etats  qui  nous  font  fournis ,  font  abfolument  re- 
quis de  jure  ,  vel  ex  quacunque  confuetudine  ,  unione  ,  au  Conventione  •,  pour 
trouver  les  moiens  necefTaires  pour  la  defenfe  du  Pais  }  le  refus  que  l'on  en 
fait  eft  plus  que  fuffifànt ,  lorfque  le  Prince  l'a  recherché  quoi  qu'inutile- 
ment, comme  nous  l'avons  fait  fouvent ,  tant  devant  que  pendant  la  tenue 
de  l'Afiemblée,  ou  Diète,  6c  fur  tout  dans  les  chofès ,  dont  la  négligence 
peut  caufer  la  ruine  totale  du  Pais ,  ou  faire  craindre  au  moins  les  plus  grands 
de  tous  les  dangers. 

Pour  ne  pas  parler  de  ce  que  dans  leur  prefente  union  ,  il  ne  s'eft  rien  dit 
des  chofes  necefïàires  pour  la  defFenfê  du  Païs  qui  peut-être  interprêté  à  ren- 
contre de  la  fufdite  levée  de  Soldats  fî  neceflàire,  ni  des  hommes  enrôlez  pour 
la  coufervation  des  Droits  du  Païs ,  ôc  de  nôtre  Afîbciation  approuvée  pour 
la  même  fin,  par  le  confentcment  de  la  dernière  Aflèmblée  du  Cercle  des  E- 
lecteurs  du  Rhin,  tenue  à  Francfort  6c  jugée  convenable  fer  Circulare  Con- 
clufum  au  préjudice  de  nôtre  Jus  Fœderum  &  Armorum  pour  la  défenfe  6c  h 
protection  de  nôtre  Electorat  6c  Principauté,  avec  la  moindre  apparence  de 
Juftice.  C'eft  pourquoi  nous  déclarons  d'abondant  par  ces  prefentes,  que 
nous  voulons  bien  foumettre  de  telle  manière,  le  procédé  que  nous  avons  te- 
nu jufques  ici  dans  nôtre  Régence  fpirituelle  6c  temporelle ,  à  des  Juges  non 
fufpeéts  de  partialité,  6c  auxquels  il  appartient  d'en  juger,  qu'un  tel  recours 
convenable  au  Droit  naturel  6c  à  celui  de  l'Empire,  n'empêche  en  la  moin- 
dre chofe  la  levée  d'un  fubfide  neceflàire  pour  la  confervation  de  la  Patrie  ; 
6c  ne  préjudice  à  l'autorité  Archiepifcopale ,  6c  de  Prince  de  l'Empi- 
re qui  Nous  a  été  inalienablement  commife  ,  6c  aux  Droits  qui  y  font  an- 
nexez. 

A  ces  caufès ,  nous  déclarons  ledit  Ecrit  de  nôtre  Chapitre  une  fcandaleufc 
6c  feditieufe  Ufurpation  de  nôtre  Souveraineté  dans  le  Païs  privativement;  6c 
que  partant  aucun  de  nos  fidèles  Etats,  Sujets,  6c  Habitans  n'y  aïent  aucun 
égard,  6c  n'y  faffent  la  moindre  reflexion,  tant  s'en  faut  qu'ils  permettent 
qu'on  y  obéïfTei  mais  que  fans  y  avoir  égard,  ils  paient  librement,  6c  fans 
difficulté,  l'impôt  que  nous  avons  mis  de  douze  Simples  par  an,  dans  les  Ter- 
mes prefix  ;  à  faute  dequoi  on  agira  contre  eux  par  exécution  ,  6c  on  regar- 
dera les  Refraétaires  comme  complices  }  de  même  que  ceux  qui  fouffiiront 
ledit  Ecrit  dans  le  lieu  de  leur  dépendance,  le  fçachant:  6c  on  avertit  qu'on 
traitera  de  même  ceux  qui  en  aïant  quelques  exemplaires ,  ne  les  déchireront 

Nnnni  pas, 


170*. 


674    MEMOIRES,  NEGOTIÀTIONS,  TRAITEZ, 

fyoï.  pas,  ou  qui  les  garderont  en  cacheté,  ou  en  public  ,   pour  les  communiquer 
aux  autres,  ou  qui  en  donneront  des  Copies.     Surquoi  chacun  aura  à  fe  ré- 
gler, Se  à  prendre  garde  à  foi,  de  peur  d'être  puni  exemplairement.    En  té- 
moin de  quoi  nous  avons  figné  les  préfentes  de  nôtre  propre  main     6c  fait 
appofer  notre  Sceau  Electoral  à  Bonn  le  if.  Octobre  1701. 

Signé) 

Joseph  Clément  Electeur. 

Cet  Electeur  fît  faire  cette  Réponfe  à  cet  Ecrit  ;  mais,  il  ne  la  fit  affi- 
cher que  de  nuit  en  quelque  peu  d'endroits.    Le  contenu  en  fut  méprifé 
par  ce  que  l'on  y  voioit  ,   que  cet  Electeur  étoit  l'Inventeur  d'un  nouveau 
Droit  de  Souveraineté  indépendante  du  Chapitre. 

Le  Réfident  de  cet  Electeur  préfenta  aux  Etats  Généraux  en  ce  tems  -  là 
un  Mémoire,  avec  des  Plaintes  fur  quelque  Fortification  qu'on  faifoit  faire  à 
Maeftricht.     Le  contenu  en  eft. 

liimm-         „  HAUTS  ET  PUISSANTS  SEIGNEURS, 

redu 

ÂS-eT*  »   Q°n  Altc{re  Sereniûime  Eledorale  de  Cologne  Evêque  &  Prince  de  Lie- 
kdeur     j)  ^  ge» aiant;  été  informé  que  vos  Hautes  Puitfances  font  travailler  à  la  con- 
<te  Co-     „  ftruction  d'un  Fort  fur  la  Montagne  de  St.  Pierre  fituée  près  de  la  Ville 
loên£      m  de  Maeftricht  fur  la  jurisdiction  de  fon  Evêché  de  Liège,  qui  félon  qu'on 
Gêné-3''  »  SV  Prend  pourra  comprendre  près  de  dix  buniers  de  terre,  qui  doit  renfer- 
ma.      „  mer  des  Cafemattes  à  l'épreuve  des  Bombes,  Se  être  achevé  au  premier  du 
„  mois  de  Mars  prochain,  fins  qu'il  en  ait  jamais  été  parlé  à  ladite  A  S.  E., 
5,  bien  moim  qu'Elle  y  ait  conienti ,  a  ordonné  au  foûffigné  fon  Confeiller  Se 
„  Réfident  d'en  porter  ks  plaintes  à  VV.  HH.  PP.  Se  de  leur  reprefenter  le 
„  tort  que  cette  Entreprife  fait  à  fon  dit  Evêché:  Se  comme  VV.  HH.  PP. 
„  font  trop  éclairées  que  de  ne  pas  voir  les  confequences  préjudiciables ,  qui 
„  en  pourroient  refulrer,  au  cas  qu'il  n'y  foit  pas  promptement  remédié,  S. 
„  A.  S.  E.  fe  promet  de  leur  équité  Se  jullice,  qu'Eiles  ne  feront  pas  de  dif- 
„  ficulté  de  lui  donner  cette  fatisfaction  Se  de  correfpondre  ainfi  par  tout  à 


a 


„  la  bonne  Intelligence  Se  Amitié,  qu'Elle  a  toujours  entretenue,  Se  veut 
„  encore  entretenir,  avec  Elles  inviolable  ment. 


Sifflé, 

N    O    R    F 


„  Fait  à  la  Haie  le  14.  Septembre  1701. 


Comme  les  Etats  Cénéraux  ne  lui  firent  point  de  Réponfe,  ce  Réfident 
leur  préteiua  par  ordre  le  fécond  Mémoire  qui  fuit. 

„  HAUTS 


ET    RESOLUTIONS    D'ETAT.         675 

1701. 
„  HAUTS  ET  PUISSANTS  SEIGNEURS,  -—— 

„  T  E  foulfigné  Confeiller  &  Rendent  de  fon  Altefle  Sereniflîme  Electorale  RéJjcnt 
„  lU  de  Cologne  Evêque  &  Prince  de  Liège  aïant  été  obligé  par  ordre  ex-  de  l'E- 
„  près  du  Prince  fon  Maître  de  porter  fes  plaintes  à  VV.  HH.  PP.  par  un  leftenr 
„  Mémoire  du  14.  du  mois  pafle  contre  la  conitruftion  du  Fort  fur  la  Mon-  de  <^°- 
tagne  de  St.  Pierre  près  de  la  Ville  de  Maeitncht  ,  comme  Je  faifant  fur  ë 
le  Territoire  de  Liège  à  l'infçû  &  fans  le  confentement  de  ladite  A.  S.  E., 
a  représenté  en  même  tems  les  inconveniens  qui  ne  manqueroient  pas  d'en 
arriver,  au  cas  que  VV.  HH.  PP.  nifent  continuer  les  travaux  dudit  ou- 
vrage. En  fuite  de  ces  Remonltrances  il  lui  eir.  ordonné  de  nouveau, de  leur 
faire  connoître  les  plaintes  que  le  Magiilrat  de  Herck  vient  de  faire  à  fa- 
dite  A.  E.  de  ce  que  l'Ingénieur  François  dans  la  Ville  de  Halen  Fron- 
tière de  Braband  a  fait  favoir  le  16.  de  ce  mois  aux  Habitans  de  maifons  fi- 
tuées  proche  de  la  Ville  fur  le  territoire  de  Liège  qu'ils  fanent  battre  in- 
cefTamment  leur,  grains  &  les  tranfporter  avec  leurs  meubles  &  autres  effets 
ailleurs ,  puiiqu'il  avoit  ordre  du  Général  de  les  faire  abattre  &  d'applanir 
le  terrain ,  pour  y  faire  des  ouvrages  qui  ferviront  des  Fortifications  pour 
ladite  Ville  de  Halen  ;  cette  Entreprife  n'étant  caufée  que  par  celle  que 
VV.  HH.  PP.  ont  ordonnée  pour  la  conuruétion  du  Fort  fus -mention- 
née: &  comme  fon  A.  S.  E.  ne  manquera  pas  d'en  faire  fes  plaintes  par 
fon  Miniftre  à  Bruxelles ,  le  foufïigné  a  ordre  de  renouveller  en  même 
tems  les  fiennes  envers  VV.  HH.  PP.,  en  les  priant  iterativement  qu'El- 
les  veuilllent  faire  ceffer  lefdits  ouvrages  de  leur  côté  ,  pour  ôter  aux  au- 
tres Puiffances  voifines  tout  prétexte  d'empiéter  fur  la  jurifdiélion  de  fadi- 
te  A.  S.  E.  laquelle  a  d'autant  plus  julte  raifon  de  fe  plaindre  de  ce  pro- 
cédé, qu'on  n'a  pas  pris  la  peine  feulement  de  l'avertir  dès  le  commence- 
ment du  dclTein  &de  la  rechercher  pour  y  confentir,fous  l'aifurance  que  le 
danger  étant  paffé  ,  ledit  Fort  feroit  démoli ,  Se  que  les  Propriétaires  des 
„  Terres  comprilès  dans  cet  ouvrage  en  feraient  dédommagez. 

Signé, 

N   O   R   F    F. 

„  Fait  à  la  Haïe  le  zz.  d'Octobre  1701. 

Les  Etats  Généraux  ne  répondirent  à  ce  Refident  qu'en  date  du  z6.  de 
Novembre  par  une  Réfolution  priie  ce  jour-là.     Elle  portoit  en  fubftance. 

„  /^\U'on  donnd-oit  en  Réponfe  aux  deux  Mémoires  de  ce  Refident ,  que  Réfalu- 
„  V^  l'Ouvrage  qu'on  quahfioit  de  Fort  dans  les  Mémoires  n'étoit  qu'un  non  des 
„  Battion  détaché  ou  un  Ouvrage  extérieur  de  la  Ville  de  Maeltricht,  pour  E-G-  du 
„  en  tenir  plus  éloignez  les  Ennemis.    Que  fur  l'examen  des  deux  Mémoi-  20-NoY' 

Nnnn  î  „  res 


•>■> 
•>■> 
3' 
•>■> 
■>■> 
33 
3> 

33 
5) 
33 
33 
33 
33 
33 
33 
53 
33 
33 
33 
33 
33 
33 
33 


676     MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

1701.  »  rcs,  LL.  HH.  PP.  n'avoient  pu  trouver  que  le  travail  de  cet  Ouvrage 
■  ■■  ■  „  fait  fans  la  connoiflance  6c  le  confentement  du  Prince  de  Liège  ,  ait  fait 
„  brèche  à  fbn  Droit,  ni  donné  fujet  d'en  faire  de  juitcs  Plaintes.  Qu'il  é- 
„  toit  vrai  que  l'Ouvrage  étoit  fitùé  fur  le  Territoire  de  Liège,  6c  dans  la 
„  Seigneurie  de  St.  Pierre  -,  mais ,  qu'il  étoit  fi  f  rès  de  la  Ville  âc  Mae- 
„  ftricht ,  qu'on  ne  pouvoit  le  confiderer ,  que  comme  une  extenfion  des 
„  Fortifications  qu'il  y  avoit  déjà.  Que  la  Ville  de  Maeftricht  avoit  deux 
„  Seigneurs,  dont  LL.  HH.  PP.  en  étoit  l'un,  6c  avoient  particulièrement 
„  fur  le  Prince  de  Liège  le  Jus  Prtejtdii  &?  Fortalitii,  6c  par  confequent  le 
„  pouvoir  d'y  faire  toutes  les  Fortifications,  iuivant  qu'il  étoit  pratiqué  par 
,,  le  Droit  commun.  Qu'en  confequence  de  cela  LL.  HH.  PP.  avoient  de 
„  tems  en  tems,  6c  avec  de  grandes  depenfes ,  fait  tous  les  Ouvrages  neceflai- 
„  res  pour  la  defenfe  de  la  Ville  >  fans  regarder  fi  les  fonds  où  ils  étoient , 
„  appartenant  à  la  Ville  de  Maeftricht  étoient  privativement  àLL.  HH.PP. 
„  ou  à  l'Evêque  6c  Prince  de  Liège.  Que  pour  l'Ouvrage  de  queftion  fur 
„  le  Territoire  de  Liège,  fans  vouloir  alléguer  que  les  Fortifications  de  Mae- 
„  ftricht  avoient  été  accordées  d'ancienneté  par  les  Princes  de  Liège  ,  il 
„  devoit  être  connu  à  l'Evêque  6c  au  Réfident  que  LL.  HH.  PP.  étoient 
„  en  une  bonne  paifible  pofleiîîon  d'ufer  de  ce  Droit,  fans  que  jamais  il  ait  été 
„  pratiqué  en  faifant  de  nouvelles  Fortifications  d'en  devoir  donner  connoif- 
lance au  Prince  de  Liège  ,  ni  lui  en  demander  fon  confentement.  Que 
plufieurs  Ouvrages  détachez,  fituez  depuis  plufieurs  années  fur  le  Terri- 
toire de  Liège  peuvent  en  fervir  de  preuve.  Que  le  Roi  de  France,  dans 
le  tems  qu'il  étoit  le  Maître  de  cette  Ville -là,  avoit  en  confequence  du 
même  Droit  fait  élever  divers  Baftions,  6c  même  fait  une  entière  inonda- 
tion du  côté  de  St.  Pierre  fur  le  Territoire  de  Liège,  fans  donner  aucune 
notification  6c  fans  qu'il  y  ait  eu  de  l'opofition.  Que  l'ouvrage  de  queftion 
contigu  aux  Fortifications  n'occupe  pas  la  dixième  ou  vingtième  partie  du 
terrain,  que  les  François  avoient  occupé  dans  leurs  ouvrages  6c  dans  l'inon- 
dation. Ainfi  LL.  HH .  PP.  ufant  de  leur  Droit  dans  l'ouvrage  de  queftion , 
qui  ne  fervoit  que  pour  mieux  fortifier  la  Ville ,  s'attendoient  que 
le  Prince  de  Liège,  qui  en  étoit  Confeigneur  ,  apercevrait  avec  com- 
bien peu  de  fondement  les  François  prennent  cet  Ouvrage  pour  prétexte 
de  fe  fortifier  dans  le  Paix  de  Liège ,  6cc. 


» 

J5 

n 

Î5 

>î 

55 
M 
5» 
»5 
î> 


Comme  l'on  regardoit  ces  Plaintes  de  l'Eleéteur  comme  un  prétexte, 
auffi  vit- on  peu  de  tems  après,  que  c'en  étoit  en  effet  un  pour  faire  occuper 
la  Ville  6c  la  Citadelle  de  Liège  par  les  François.  L'ordre  fut  donné  par 
l'Elefteur  au  Comte  de  Berlo  qui  en  étoit  le  Gouverneur  de  les  recevoir. 
Ce  fut  le  tt.  de  Novembre  au  matin,  que  le  Marquis  de  Montrevel,  s'étant 
prefenté  à  la  porte  avec  dix  Bataillons  6c  fept  Efcadrons ,  fut  introduit  dans 
la  Ville  6c  dans  la  Citadslle.     L'ordre  de  l' Electeur  pottoit. 


n  /^Omme  il  vient  de  tous  cotez  à  l'oreille  de  Son  Alteflê  Electorale , 
„  V»-/  que  les  Seigneurs  Etats  Généraux  des  Provinces-Unies  ont  deffein  de 

„  s'em- 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.  677 

„  s'emparer  de  la  Ville  de  Liège,  àuffi-tôt  qu'ils  auronc  mis  leurs  Troupes  1701! 
„  dans  le  Duché  de  Juliers,  &  peut-être  auparavant)  &  que  pour  cet  effet  ils  ■ 
„  ont  refolu  de  mettre  dix  Bataillons  dans  le  Bourg  de  Herftal ,  afin  de  fa- 
„  ciliter  cette  entreprife  par  la  fecrete  intelligence  qu'ils  peuvent  avoir  dans 
„  la  Ville  >  pour  prévenir  ce  mal  8c  ne  point  expofer  la  Ville  à  aucune  fur- 
prife,  S.  A.  E.  aïant  trouvé  bon  de  fe  fervir  de  l'afîîfrance  du  Cercle  de 
Bourgogne  ,  vous  ordonne  d'en  recevoir  les  Troupes  d'abord  qu'Eues  fe- 
ront prêtes  d'entrer  en  cette  Ville  Se  de  les  introduire  fans  aucune  opofî- 
tion  dans  les  Lieux  où  vous  croirez  trouver  moins  d'obftacle,  aurïï-tôt  que 
vous  aurez  vu  cet  otdre ,  que  le  Commandant  defdites  Troupes  Vous  re- 
mettra entre  les  m£ns.  Et  d'abord  que  ces  Troupes  feront  dans  la  Ville, 
Vous  leur  ferez  prêter  le  ferment  de  fidélité  au  nom  de  Son  AltefTe  Elec- 
torale. Vous  aurez  foin  fur  tout  d'exécuter  cet  ordre  avec  tout  le  fe- 
„  cret  Se  la  fidélité  qui  font  requis  en  pareils  cas  fous  peine  de  defobéif- 
fance. 


53 
33 

33 

35 
» 

35 
55 
35 


33 


Signé, 

Joseph  Clément. 
„  Donné  à  Bonn  le  10.  Novembre  170 1. 

Aphe's  que  ces  Troupes  furent  entrées  St  portées  dans  Liège,  l'Electeur 
écrivit  une  Lettre  de  Remerciement  au  Marquis  de  Montrevel  dans  les  ter-  ' 
mes  qui  fuivent. 

„   TE  vous  fuis  très-fenfiblement  obligé,  Monueur,  de  la  diligence  extraor-  Lettre 
„  J  dinaire  que  vous  avez  apportée  par  ma  dernière  Lettre,  &  je  ne  manque-  del'Eyê- 
„  rai  pas  d'en  témoigner  au  Roi  vôtre  Maître  ma  jufte  fatisfàétion.    Je  vous  Liegeau 
„  recommande  cependant  de  vouloir  bien  faire  obïerver  par  les  Troupes  qui  Marquis 
„  font  fous   vôtre  commandement  une    bonne   difeipline ,  &  d'empêcher  deMon- 
„  que  les  'Bourgeois  de  ma  Cité  de  Liège  6c  mes  autres  Sujets  n'en  foient  ttevcl- 
„  moleftcz ,  aïant  pour  eux  tous  une  véritable  affection  paternelle ,  dont  je 
„  cherche  à   leur   donner  des  marques  en  toute  rencontre  êc  principale- 
„  ment  dans  cette  dernière  où  il  s'agiiîbit  de  procurer  par -là  leur  lïïre- 
„  té  êc  confervation.    C'en:  ce   que  je  fuis  perfuadé  que  Vous  ferez  en 
„  toute  exactitude  j  &  en  attendant  je  fuis,  Monfieur,  très -véritablement; 
„  tout  à  vous, 

Joseph  Clément  Electeur, 
„  A  Bonn  ce  14.  Novembre  1701. 

Les  Etats  de  Liège,  s'étant  plaints  à  l'Empereur  de  cette  violence,  puis 
que  c'étoit  contre  leurs  Ihflances  réitérées  auprès  de  l'Electeur ,  de  leur  pro- 
curer'une  Neutralité,  Sa  Majefte  Impériale  leur  fit  cette  Réponfe. 

'„  Nous 


Réponfc 
de  l'Em- 
pereur 


678     MExMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

* 

L  E  O  P  O  L  D,  &c. 


„     La     uj     yj     l      v^^iv, 


„  *\TOus  avons  reçu  vos  Lettres  par  lefquelles  vous  nous  avez  informé  de 
auxE*-  >?  -*-^  l'Entrée  des  Troupes  Françoifes  dans  la  Ville  te  Citadelle  de  Liège, 
tatsde  „  par  ordre  de  vôtre  Evêque  &  Prince,  Se  reçues  par  le  Gouverneur  Berto 
Licfi«-  „  malgré  vos  oppolitions  Se  defenfes.  Ces  Nouvelles  nous  ont  été  fort  defa- 
„  greables,  à  caufe  de  la  turpitude  du  fait,  Se  du  fort  déplorable  de  vôtre 
„  malheureufe  Patrie  ;  mais  pourtant  agréables  en  ce  point,  qu'elles  nous  font 
„  connoître  que  vous  n'avez  eu  aucune  part  à  une  fi  vifeine  Se  pernicieule  ac- 
,,  tion.  Il  faut  remettre  à  Dieu,  Se  au  tems ,  le  palTé  qui  ne  peut  être  rap- 
„  pelle,  &  qui  efl  tans  remède;  mais  il  ne  faut  pas  delefperer  d'un  fort  plus 
favorable ,  ni  de  la  recompenfe  différente  qui  fuivra  les  bonnes  &  les  mau- 
vaifes  aérions.  Il  vous  demeurera  fans  doute  autant  de  gloire  de  vôtre  fidé- 
lité inviolable,  qu'aux  autres  d'ignominie  d'avoir  violé  leur  devoir.  Oeil 
pourquoi  nous  vous  recommandons  de  fupporter  conllamment  Se  coura- 
„  geufèment  vôtre  prefente  difgrace ,  &  nous  n'omettrons  rien  pour  vous 
„  délivrer  d'oppreffion,  Se  vous  rétablir  tous  en  général  &  en  particulier, 
„  dans  vôtre  première  Liberté,  8c  dans  vos  Droits.  Cependant,  nous  vous 
aflurons  de  la  continuation  de  nôtre  bien-veuillance  Se  Protection  Impéria- 
le.    A  Vienne  le  17.  Décembre  1701. 


5) 


» 


Qjj  e  L  <vp  e  s  jours  après ,  on  enleva  de  Liège  le  Grand  Doïen  Mean. 
C'étoit  une  Perfonne  vénérable  par  fa  NaifTance  ,  par  fon  Caractère  ,  par  fa 
Probité ,  Se  par  fon  Age.  Son  Enlèvement  fut  dételle  par  le  rude  traite- 
ment qu'on  lui  fit. 

Le  Chapitre  de  Liège  en  écrivit  à  1'Elcéleur  qui  fit  la  Réponfe  fui- 
vante. 

Réponfe  «JOSEPH    C  L  E  M  E  N  T,  Sec. 

del'Evê- 

^uedc  »  \7Enerables,  Nobles,  très- Chers  Se  bien  Aimez.  Vous  ne  devez  pas 
Liège  au  ^  y  douter  que  Nous  n'emploierons  tous  Nos  foins  pour  l'élargifTement 
de  cette  „  de  Nôtre  Grand  Doïen:  auquel  effet  Nous  redoublerons  encore  nos  in- 
VUlc.  „  fiances,  par  tout  où  il  fera  belbin,  Se  rien  n'y  fera  négligé  de  nôtre  parti 
mais  quelque  devoir  que  Nous  aions  pu  faire  jufques  ici  pour  découvrir  la 
caufe  de  fon  Enlèvement ,  Nous  n'en  avons  pu  être  éclairci  à  fond  ,  non 
plus  que  de  ce  qu'on  prétend  qu'on  ait  voulu  entreprendre  contre  d'autres 


„  Chanoines  de  nôtre  Chapitre  Cathedral,à  quoi  Nous  nous  oppoierons  toû- 
„  jours  de  toutes  Nos  forces;  Se  Nous  donnerons  la  Com  million  à  nôtre  En- 


1? 
»> 


voie  Extraordinaire  le  Baron  de  Simeoni  de  s'emploier  ferieufement  à  dé- 
terrer le  véritable  motif  d'en  ufer  comme  on  a  fait  Se  de  folliciter  puiflàm- 
ment  la  liberté  de  nôtre  fufdit  Grand  Doien. 

„  Quant  à  la  fureté  que  vous  demandez  pour  vôtre  Corps  en  général  Se  pour 
chacun  de  vous  en  particulier  ,   Nous  tâcherons  de  vous  la  procurer  au- 


„  tant 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.         679 

„  tant  que  nous  pourrons}  mais  cependant  nous  fommes  perfuadez  que  la  170L 
„  plus  grande  affurance  dépend  abfolument  de  vous-mêmes,  &  que  vous  n'au-  — — 
„  rez  rien  craindre ,  tant  que  vous  vivrez  d'une  manière  qui  ne  vous  rende 
„  point  fufpects  aux  deux  Rois  alliez  ,  à  l'affiftance  defquels  nous  avons  été 
„  oblige  de  recourir  dans  la  preiènte  conjoncture.  Oeil  tout  ce  que  nous 
,,  vous  dirons  par  cette  Lettre  pour  repondre  à  la  vôtre  du  p.  de  ce  mois,& 
„  nous  prions  Dieu  &c.    Bonn  le  13.  Décembre  1701. 

Cet  Electeur  écrivit  quelque  femaine  enfuite  au  Chapitre  le  Billet  fui- 
vant ,  qui  eft  accompagne  de  la  Reponfe  que  les  Parens  du  Grand  Doïen  y 
firent. 


LE  Nonce  Apoftolique  nous  a  écrit  au  nom  du  St.  Père  Ton  Maître ,  Billet  de 
qu'on  attendoit  avec  impatience  à  la  Cour  de  Rome,  que  le  Grand  jEïe-3"c 
Doïen  de  nôtre  Eglife  Cathédrale  de  Liège  fût  mis  en  liberté,  ou  qu'au  auCha^" 
cas  que  le  Roi  T.  C.  voulût  abfolument  fa  détention  pendant  tout  le  tems  pitre. 
„  de  la  Guerre,  on  le  remette  au  moins  entre  fes  mains,  pour  être  enfuite 
„  envoie  à  Rome,  où  l'on  fera  enforte  qu'il  ne  pourra  point  s'évader  ni  fe 
,,  mêler  d'aucunes  Intrigues  contre  les  deux  Couronnes  Unies.     Vous  pour- 
„  rez  en  parler  à  fes  Parens,  pour . fçavoir  s'ils  font  de  fentiment,  que  félon 
„  l'intention  de  nôtre  St.  Père  nous  fartions  cette  propofition  à  3.  M.  T.  C. 
„  Et  vous  nous  informerez  inceflament  de  leur  Réponfe. 

„  T  Es  proches  Parens  du  Grand  Doïen  remercient  très-humblement  Mr.  Répon- 

„  L~i  l'Electeur  de  Cologne  ,  de  ce  qu'il  leur  a  fait  communiquer  touchant  fedesPa- 

„  ce  Prélatj  Et  fe  fentant  apuïés  de  la  puifTante  Interceflion  de  S.  A.  E.  ils resdu  , 

„  ne  fe  prometent  pas  moins  de  l'équité  du  Roi  T.  C.  que  l'entier  élargifle-  ^kan 

„  ment  du  Grand  Doïen.  Mais  ,au  cas  que  S.  M. T.  C,  contre  leur  atente  , 

„  voulût  qu'il  fût  détenu  en'  Arreft  pendant  tout  le  tems  de  la  Guerre,  &  re- 

„  mis  entre  les  mains  du  Nonce  du  Pape  à  Cologne  ,  pour  y  demeurer  fous 

„  les  ordres  de  ce  Pontife,  ils  ne  fçauroient  que  s'y  foumetre,  puifque  c'eft 

j,  lui  qui  eft  ion  premier  Juge  ,   devant  lequel  ils  font  perfuadez ,  que  le  Pri- 

„  fonnier  fe  juftihera  fans  peine  de  tout  ce  dont  on  pourroit  mètre  à  fa  char- 

„  ge,  fes  Parens  n'aïant  pu  encore  fçavoir  le  fujet  de  fa  détention.     En  ce 

„  cas  là,  on  efpere,  que  Monfr.  le  Nonce  aura  la  bonté  d'envoïer  à  Namur 

„  un  de  fes  Officiers,  pour  y  prendre  en  fâ  garde  Monfr.  le  Grand  Doïen, 

„  &  pour  l'enmener  en  fureté  a  Cologne. 

C  o  m  m  t  l'Enlèvement  de  ce  Grand  Doïen  a  paru  aux  yeux  de  toute  l'Eu- 
rope un  Attentat  des  plus  atroces,  6c  que  l'on  en  a  parlé  diverfement  dans  les 
differens  Pais ,  l'on  trouve  à  propos  de  raporter  la  Relation  qu'on  en  eut  de 
bon  endroit.  On  l'a  même  étendue  jufques  en  Avril  1703.  }  &  on  la  donne 
avec  cette  extenfion,  pour  ne  pas  fatiguer  le  Lecteur,  lorfqu'on  en  fera  aux 
Affaires  de  ce  tems-là  par  une  redite  :  ainfi  la  voici.     ( 

Tom.  I.  Oooo  Le 


Doïen 
Mcan 


680      MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

1701. 

LE  17,.  Novembre  1701.  les  Troupes  de  France  Se  d'Efpagne,  fous  le  nom 
du  Cercle  de  Bourgogne,  étant  entré  dans  la  Ville  Se  Citadelle  de  Lie- 
kvc^n"  8e  '  Mr.  *e  B'al'on  de  Mean  Grand  Doïen  de  Liège  ,  fut  voir  plufieurs  fois 
ment  du  Mr-  Ie  Marquis  de  Montrevel  Commandant  les  Troupes,  pour  le  prier  de 
Grand  faire  tenir  le  bon  ordre  j  Se  le  Sr.  Marquis  lui  aïant  rendu  la  vifite  le  17.  du 
même  mois  accompagné  de  plufieurs  Officiers,  il  lui  dit  publiquement ,  qu'il 
avoit  ordre  du  Roi  fon  Maître  de  l'afîûrer  de  fa  Protection  ,  de  lui  faire  tous 
les  plaifirs  poifibles,  pas  feulement  à  fa  perfonne,  mais  auffi  à  toute  fa  Famille 
Se  a  fes  Amis  ;  Se ,  qu'au  premier  jour ,  il  lui  apporterait  des  Sauvegardes 
du  Roi. 

Le  premier  Décembre  1701.,  toute  la  Garnifon  de  Liège,  pour  lors  nom- 
breufe,  aïant  été  mife  fur  les  Armes,  Se  le  Canon  pointé  à  chaque  rue,  Mr. 
le  Comte  de  Lanion  fit  demander, entre  les  quatre  Se  cinq  heures  du  foir,  de 
pouvoir  faire  la  Révérence  à  Mr.  le  Grand  Doïen.  Il  fut  donné  pour  répon- 
fe,  qu'il  pouvoit  venir  quand  il  lui  plairoit.  Il  vint  un  moment  après,  ac- 
compagné de  plufieurs  Officiers ,  Se  fuivis  de  trois  Compagnies  de  Grena- 
diers, qui  étant  entrez  dans  la  Cour  ,  la  Baïonnette  au  bout  du  Fufil,  criè- 
rent, tue  ,/«ë,Se  fe  faifirent  de  tous  les  Domeftiques,  &  de  toutes  les  Cham- 
bres Se  Portes  de  la  Maifon.  Dans  ce  même  tems  ,  Mr.  de  Lanion  dit  à 
Mr.  le  Grand  Doïen  ,  qu'il  avoit  ordre  de  l'arrêter  de  la  part  du  Roi  Se  de 
fon  A.  S. ,  Se  le  fit  à  l'inftant  defeendre  entre  les  Officiers  qui  l'accompa- 
gnoient ,  Se  conduire  à  la  Porte  ,  où  fe  trouvant  fur  la  rue  ,  fans  chapeau, 
làns  gands,  Se  fins  manteau,  fon  Secrétaire  le  Chanoine  de  Longrée,  qui  au 
bruit  des  Soldats  étoit  couru  au  Quartier  de  fon  Maître ,  aïant  été  rencon- 
tré dans  une  Sale  en  haut  par  des  Grenadiers ,  fut  jette  à  coups  de  bour- 
rades en  bas  ,  jufques  fur  la  Cour  ;  d'où  aïant  apperçu  fon  Maître  dans  la 
rue,  il  fe  glifTa  entre  les  Soldats  près  de  lui ,  fe  plaignant  aux  Officiers  qui 
gardoient  fon  Maître, du  mauvais  traitement  qu'on  faifoit  à  fes  Domeftiques, 
Se  qu'on  pilloit  la  Maifon.  Mr.  de  Lanion  repondit  qu'il  en  étoit  fâche,  Se 
qu'on  y  mettroit  ordre.  Pendant  ces  difeours,  il  arriva  une  Chaife  de  Pofle, 
Se  il  fut  dit  à  Mr.  le  Grand  Doïen  de  monter  dedans.  Son  Secrétaire  l'af- 
fifta  à  monter  dans  la  Chaife,  lui  donna  un  Chapeau,  Se  demanda  à  Mr.  de 
Lanion ,  s'il  ne  feroit  pas  permis  à  un  Valet  de  fuivre  Ion  Maître.  Il  parla 
là-defTus  avec  fes  Officiers,  Se  dit  enfui  te  au  Secrétaire,  Ouï;  faites 'venir 
un  Falet:  à  quoi  ledit  Secrétaire  répondit,  Monjieur,  en  voilà  »»,  que  vos 
Soldats  tiennent  dans  la  Cour:  Commandez ,  s'il  vous  fiait ,  qu'ils  Pammenent. 
Il  envoïa  un  de  fes  Officiels  le  prendre,  Se  on  le  fit  monter  derrière  la  Chai- 
fe. Ainfi  fut  mené  Mr.  le  Grand  Doïen  au  travers  des  Troupes  Se  des  Ca- 
nons portez  à  chaque  rue,  Se  conduit  à  Ste.  Walburge  derrière  la  Citadelle, 
où  il  y  avoit  une  grotte  Troupe  de  Cavallerie  Se  Dragons.  Il  fut  là  mis  fui- 
un  Cheval ,  lié  Se  garotté  avec  une  corde  au  travers  du  Corps ,  qu'un  Sol- 
dat tenoit  par  derrière.  Un  autre  marchoit  devant ,  tenant  les  longes  de  la 
Bride  du  Cheval.  Il  fut  mené  dans  cette  polture,  en  foutanne  ,  fins  bottes', 
fans  manteau ,  Se  fans  gands ,  pendant  toute  la  nuit  qu'il  ne  cefla  de  pleuvoir, 

au 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.         68 1 

au  plus  rude  de  l'hiver,  jufques  à  Namur,  qui  efl  à  dix  lieues  de  Liège  ;  1701- 
après  avoir  tombé  avec  le  Cheval  qui  le  portoit  dans  un  Fofle  plein  d'eau  6c  — — 
de  boues ,  où  il  faillit  de  périr. 

Le  Secrétaire,  aïant  vu  partir  fon  Maître  de  la  rue,  rentra  dans  la  Cour 
de  laMaifon,  Se  trouva  les  Soldats  François  qui  maltraitoient  deux  Grena- 
diers des  Troupes  de  Liège  qui  étoient  en  faction  comme  de  coutume  à  la 
porte  de  Mr.  le  Grand  Doïen.  Il  leur  dit  de  ne  pas  faire  de  tort  à  ces  deux 
Grenadiers,  qui  étoient  à  leur  devoir  ;  mais,  au  lieu  de  défîfter,  ils  fe  jette- 
rent  fur  le  Secrétaire,  lui  donnant  des  coups  de  bourrades,  ôc.  fur  les  deux 
Grenadiers  qu'ils  percèrent  de  coups  de  Baïonnettes ,  dont  un  en  mou- 
rut. 

Mr.  le  Grand  Doïen  fut  mis  au  Château  de  Namur ,  étroitement  gar- 
dé, fans  avoir  eu,  pendant  fix  mois  &  quelques  jours  qu'il  y  a  été  renfer- 
mé ,  la  permiffion  de  parler  ni  d'écrire  à  qui  que  ce  foit  de  fes  Parens  ou 
Amis. 

De-là,  il  a  été  conduit  au  mois  de  Juin  de  l'an  1702.,  en  Avignon  ,  fous 
bonne  Efcorte ,  où  il  a  été  pareillement  renfermé  dans  une  Tour  du  Châ- 
teau ,  fans  qu'il  lui  ait  été  permis  d'écrire  ni  parler  à  qui  que  ce  foit. 

Au  mois  d'Avril  de  l'an  1703.,  il  fut  tiré  d'Avignon  ,  Se  reconduit  fous 
Efcorte  à  Namur,  où  il  efl  encore  à  prefent  chez  l'Evêque  ,  avec  un  Offi- 
cier du  Pape,  fans  autre  Garde.  Il  lui  efl;  permis  à  prefent  d'écrire,  de  par- 
ler ,  Se  de  fortir  avec  l'Evêque ,  qui  efl  caution  pour  Mr.  le  Grand 
Doïen. 

Dans  le  tems  de  fon  Enlèvement,  les  trois  Compagnies  de  Gcnadiers  vé- 
curent à  diferétion  dans  fa  Maifon  ,  enlevèrent  toutes  les  Provifions  ,  tous 
les  Domeftiques  furent  arrêtez:  les  Chambres ,  Buffets,  Efcribannes ,  Se  les 
Coffres  furent  ouverts,  &  le  tout  fut  apporté  hors  la  Maifon  avec  tous  les 
Papiers  ;  mais,  on  doit  dire  à  l'honneur  de  Mr.  de  Ximenes  qui  efl  venu 
quelques  femaines  après  à  Liège  commander,  que  tout  ce  qui  a  été  recupe-. 
rable  a  été  reftituéj  &  il  fit  fortir  les  Soldats  de  la  Maifon. 

Le  Secrétaire,  après  avoir  été  très-maltraité  dans  la  Maifon,  fut  conduit  à 
la  Citadelle  de  Liège  où  il  a  été  trois  mois  Se  demi  dans  une  Caferne  ,  gardé 
à  vûë  par  deux  Moufquetaires  Se  deux  autres  à  la  porte.  De-là ,  il  a  été 
conduit  fous  bonne  Efcorte  au  Château  de  Gand.  On  lui  a  fait  païer  le  loïer 
Se  les  dépens  des  Chevaux  dont  il  s'eft  fervi ,  avec  le  Valet  qui  l'y  a  accom- 
pagné. Il  a  été  quatorze  mois  renfermé  dans  ledit  Château  de  Gand  ,  avec 
trois  Gardes  nuit  Séjour,  fans  fortir  du  lieu  où  il  étoit.  On  lui  a  fait  païer 
tous  les  jours  pour  la  Prifon  deux  Efcalins  ;  pour  le  Prévôt ,  un  Efcalin  ; 
pour  le  feu  Se  lumière  de  fes  Gardes ,  un  Efcalin  Se  demi  ;  fans  parler  d'au- 
tres fraix  extraordinaires ,  auxquels  il  a  été  forcé ,  ni  de  fa  nouriture  qui  mon- 
te à  une  fomme  très-confiderable. 

Après  cela,  il  a  été  renvoie  à  Bruxelles  avec  un  Officier  ,  Se  puis  à  Na- 
mur ave  une  Efcorte  ,  toujours  à  fes  dépens.  Enfin,  aïant  encore  été  rete- 
nu deux  mois  à  Namur  ,  il  a  été  renvoie  à  Liège  au  mois  d'Août  de  l'an 
170}.,  pour  y  être  échangé  contre  le  Sr.  Kaukol  Secrétaire  de  Son  Altefle 

Oooo  2  Sere- 


68z      MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

1701.  Sereniflîme  Electorale  de  Cologne,  qui  avoit  été  Elit  Prifonnier  de  Guerre 

■ >  en  Allemagne. 

Ce  qu'il  y  a  de  plus  fâcheux  eft  que  cet  Enlèvement ,  &  tous  les  mauvais 
Traitemens  enfuivis,  ont  été  faits  pendant  la  Paix,  fans  qu'on  en  fçache  la 
raifon.  L'on  a  omis  dans  ce  Racourci  beaucoup  de  chofes  defagreables, , 
qu'il  feroit  trop  long  de  déduire ,  quoi  qu'auffi  véritables  que  les  pre- 
mières. 

O  n  travailloit  cependant  à  détourner  l'Electeur  de  Cologne  d'introduire 
des  François  dans  fes  Places  du  Rhin  ,  parce  qu'un  pareil  coup  aurait  ref- 
ferré  la  Hollande ,  Se  aurait  pour  ainfi  dire  coupé  le  Paflage  du  Secours  que 
la  Republique  pouvoit  efperer  de  l'Empire.  On  envoia  de  nouveau  de  la 
part  de  l'Empereur  le  Comte  de  Stirum  vers  cet  Electeur.  Le  Roi  d'Angle- 
terre y  dépêcha  auflî  par  deux  fois  le  Droflàrt  de  Meurs.  La  première  fois, 
il  avoit  été  chargé  de  Promefies  ;  la  féconde  ,  avec  des  Menaces  :  le  tout  fut 
fans  fuccès.  L'Electeur  ne  fe  bornoit  qu'à  dire  qu'il  vouloit  garder  la  Neu- 
tralité, 8c  conferver  la  Tranquillité  du  Corps  Germanique. 

L'Eleéteur  Palatin  donna  avis  aux  Etats  Généraux  par  une  Lettre  en  date 
du  zg.  de  Novembre  de  la  Marche  des  François  par  l'on  Pais  de  Juliers- pour 
entrer  dans  ceux  de  la  Dépendance  d'Efpagne  6c  de  l'Electorat  de  Cologne. 
Il  repréfentoit  qu'une  pareille  Démarche ,  fans  le  confentement  de  l'Empe- 
reur 6c  le  fien  ,  ne  pouvoit  être  prife  que  pour  une  Rupture.  Qu'il  viendroit 
par-là  à  être  enfermé  dans  fa  Capitale ,  ôc  par  confequent  coupé  de  la  com- 
munication avec  fes  Voifins  bien  intentionnez  ,  Se  particulièrement  avec  les 
Etats  Généraux.  Ainu"  ,  qu'il  leur  laiflbit  à  confidérer  ,  s'il  ne  falloit  pas 
pourvoir  à  la  fureté  commune ,  ne  donner  pas  le  tems  aux  François  de  fe 
fortifier,  8c  prendre  quelque  bonne  réfolution.  Il  conclut  par  fa  Lettre  que 
de  fon  côté  il  ne  manquerait  pas  de  contribuer  à  cette  fin  tout  ce  qui  dépen- 
drait de  lui.  Cet  Avis  fit  prendre  la  réfolution  d'envoier  des  Troupes  Hol- 
landoifes  dans  le  Pare  de  Juliers.  On  porta  auflî  la  Ville  de  Cologne  à  en 
recevoir  quelque  nombre.  Cette  prevoiante  Manœuvre  fervit  de  prétexte  à 
l'Electeur  de  Cologne  de  faire  entrer  ainfi  qu'on  l'a  dit  des  Troupes  Françoi- 
fes  dans  Nuys,  Zons,  6c  Kaiferswaert ,  trois  Villes  du  Bas  -  Diocefe  de  Co- 
logne. Deux  jours  après  il  en  fit  auflî  entrer  dans  Rhinbergue,  Linn,  6c 
Ardingen ,  6c  peu  de  tems  après  il  en  reçût  dans  la  Ville  de  Bonn,  On  pré- 
texta de  la  part  de  la  France  les  Railbns  iuivantes.. 

Raifons  „  /^\Ue  les  Troupes  envoiées  par  LL„  HH.  PP.  les  Etats  Généraux  des 
desFran-  M  V^_  Provinces- Unies  dans  le  Duché  de  Bergue  ,  à  la  requin" tion  de  l'E- 
ir{aTUr  "  lec^eur  Palatin,  aïant  caufé  une  grande  alarme  à  l'Electeur  de  Cologne, 
desPla-  55  qm  depuis  long  tems  voioit  fa  Perfonnc  6c  fes  Etats  menacez  ,  ce  Prince 
tes  de  „  avoit  envoie  auprès  de  l'Electeur  Palatin,  pour  lui  demander  de  faire  cef- 
l'Elec-  }j  ferla  jufte  inquiétude  que  la  marche  des  Troupes  étrangères  devoit  caufer 
Colo-  "  aux  P''mces  ^e  l'Empire  :  Que  les  Réponfes  équivoques  de  S.  A.  E.  P. 
gne.        ?>  n'avoient  fait  qu'augmenter  les  foupçons  de  l'Electeur  de  Cologne  ;  Qu'il 

au- 


5> 


ET    RESOLUTIONS    D'ETAT.  685 

„  auroit  dû  dès  ce  tems-là  demander  aulli  des  Troupes  pour  la  fureté  de  fes 
„  Places;  mais ,  qu'il  avoit  mieux  aimé  les  laiffer  expofées,  que  de  s'attirer 
„  le  reproche  de  contribuer  à  exciter  la  Gucitc  dans  l'Empire  >  Que  cepen- 
„  dant  l'Electeur  Palatin  aïant  fait  patTer  le  Rhin  aux  Troupes  que  Leurs 
„  Hautes  Puiffances  lui  avoient  données,  pour  les  faire  entrer  dans  le  Pais 
35 
33 


de  Juillers,  l'Electeur  de  Cologne  avoit  été  forcé  de  demander  au  Roi  de 
France  des  Troupes,  que  cet  Electeur  faifoit  entrer  dans  (es  Places  fous  le 
„  nom  de  Troupes  Auxiliaires  du  Cercle  de  Bourgogne  j  Qu'elles  n'étoient 
,,  point  deftinées  à  faire  la  Guerre  >  mais  qu'elles  n'étoient  entrées  dans  ces 

îj 

33 
33 


Places ,  que  pour  leur  fureté  ôc  celle  de  la  Perfonne  de  l'Ele&eur  de  Colo- 
gne, Se  pour  maintenir  la  Paix  dans  l'Europe,  déclarant  qu'elles  fe  retire- 
raient dès  que  toute  apparence  de  Guerre  feroit  celTée. 


O  n  a  aufïï  écrit  d'autres  Lettres  à  quelques  -  uns  des  mêmes  Miniûres , 
dont  les  termes  font  un  peu  différends  de  ceux  que  vous  venez  de  voir  j 
mais  qui  au  fonds  ne  lignifient  que  la  même  choie.     On  y  dit . 


3 


v  /^\Ue  le  Roi  a  apris  que  fes  Troupes  étoient  entrées  non  feulement  dans 
„  V4  les  Places  de  l'Electorat  de  Cologne  ,  à  l'exception  de  Bonn  ;  mais 
„  aufli  dans  la  Citadelle  &  dans  la  Ville  de  Liège  :  Que  tout  a  été  fait  en 
„  exécution  des  Ordres  donnez  par  l'Electeur  de  Cologne,  &  qu'ils  ont  été 
»  accomplis  fins  obftacle  :  Qu'il  n'y  a  pas  lieu  de  douter  ,  qu'on  ne  lui  ré- 
„  proche  d'avoir  introduit  des  Troupes  étrangères  dans  l'Empire  ;  mais  qu'ou- 
„  tre  le  Droit  que  la  Souveraineté  &  les  Conftitutions  de  l'Empire  lui  don- 
,,  nent  de  recevoir  des  fecours  des  Puiflances1  qui  ne  font  point  ennemies  de 
„  l'Empire,  il  elt  certain  que  l' Electeur  Palatin  avoit  appelle  le  premier  des 
„  Troupes  étrangères}  qu'elles  font  entrées  dans  les  Etats,  &  qu'elles  ont 
paffé  le  Rhin  dans  le  deffein  d'attaquer  les  Places  de  l'Electeur  de  Colo- 
gne} Qu'elles  marchoient  à  Liège,  lors  que  les  Troupes  du  Roi  y  ont  été 
introduites;  Que  la  prudence  auroit  voulu  que  l'Electeur  de  Cologne  eût 


3> 

33 

3» 

„  moins  différé  à  prendre  une  rélolution  ,  qu'il  ne  pouvoit  plus  (ûfperidre  , 
„  fans  expofer  fa  perfonne ,  &  fes  Etats,  à  un  péril  évident.  Et  enfin,  que 
„  l'on  elt  perfuadé  que  ceux  qui  raifonneront  fans  pafîion  fur  l'état  des  AfFai- 
„  res,  avoueront  que  l'Electeur  Palatin  a  donné  lieu,  par  fa  conduite,  à 
,v  faire  entrer  les  Troupes  du  Roi  dans  l'Electorat  de  Cologne  }  8c  que  fi 
la  partialité  fait  parler  autrement,  il  vaut  mieux  pour  l'Electeur  Cologne, 
de-  fe  voir  expofe  à  de  faux  jugemens,  que  menacé  de  la  perle  de  fes  Etats, 
&  d'un  danger  continuel  pour  fa  peifonnev 


33 
33 


Les  Etats  Généraux  faifoient  en  attendant  bien  des  Efforts  pour  conten- 
ter l'Eleéteur  Palatin.  Il  avoit  deux  mois  auparavant  fait  faire  inltance  par 
fon  Envoie  Hetterman  pour  être  fatisfait  fur  d'anciens  Subfides  dûs  dès  l'an 
1676.  On  avoit  déjà  le  18.  Octobre  1700.  aquiefeé  à  lui  en  faire  quelque 
paiement.  Enfuite,  le  10.  d'Août  le  Confeiller  -  Penfionnaire  rapporta  aux 
Etats  Généraux  que  le  Roi  de  la  Grande  -  Bretagne  avoit  fortement  recomr 

Oooo  3  mandé 


684     MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

170 1.  mandé  qu'on  paiàt  inceflamment  l'argent  pour  les  Troupes  de  cet  Electeur  * 
— — —  dont  on  venoit  de  l'aflurer ,  afin  qu'elles  puiflent  defcendre  dans  les  Terres  de 
la  Republique.     On  prit  d'abord  la  réfolution  de  faire  inftance  auprès  des 
Provinces  de  Zelande  &  de  Groningue  ,  rétives  au  paiement ,  d'y  contri- 
buer leur  contingent. 

Cette  facilité  des  Etats  Généraux  ,  comme  un  effet  de  leur  bonne  foi , 
donna  lieu  à  cet  Electeur  de  demander  enfuite  qu'ils  eufient  à  fournir  le  four- 
rage  à  leurs  propres  Troupes ,  qu'ils  avoient  envoie  à  fon  fecours.  C'eft  d'autant 

Îu'ils  étoient  rares  &  par  confequent  d'une  grande  Cherté.  L'on  trouva  cette 
)emande  fort  irrégulicre.  Auflî,  les  Etats  Généraux  prirent-ils  le  8.  de  Dé- 
cembre la  Réfolution  de  lui  répondre  ,  ainfi  qu'ils  firent  en  fubftance, 
„  Que  c'étoit  contre  toute  attente,  qu'ils  apprenoient  cette  prétenfion  j  que 
„  c'étoit  à  S.  A.  E.  à  y  pourvoir,  &  à  en  régler  le  prix;  &  qu'il  n'étoit  pas 
„  raifonnable  que  les  Etats  dûffent  avoir  foin  du  fourrage  par  deflus  la  folde 
„  ordinaire  de  leurs  Troupes  qu'ils  avoient  laiflees  6c  envoiées  à  fon  fecours 
„  fans  en  devoir  être  furchargez,  &c.  ôcc. 

La  levée  de  bouclier  de  l'Electeur  de  Cologne  donna  lieu  au  Comte  d^ 
Wratiflau  d'infifter  qu'on  déclarât  la  Guerre  à  la  France.  C'étoit  non  ob- 
ftant  que  les  deux  mois  ftipulez  dans  le  Traité  ne  fuflent  pas  expirez.  On 
s'exeufa  de  le  faire.  C'étoit  par  ce  que  l'on  n'étoit  pas  prêt.  Car  ,  quoi- 
que le  Traité  pour  les  Troupes  de  Dannemarck  fut  ratifié  ,  elles  ne  mar- 
choient  pas ,  par  divers  incidens.  La  Zélande  pretendoit  de  modérer  l'Arti- 
cle du  Traité,  qui  donnoit  trop  au  Dannemark  touchant  le  Commerce  pen- 
dant la  Guerre.  Cela  ne  plaifoit  pas  à  cette  Province- là,  à  caufe  de  fes  Ar- 
mateurs ,  qui  n'auroient  pas  pu  tant  profiter.  Leur  marche  paroiflbit  ce- 
pendant fi  réglée,  que  de  la  part  de  l'Angleterre  on  avoit  dépêché  le  Bri- 
gadier Cadogan  à  Hambourg  pour  les  recevoir.  Les  Etats  Généraux  avoient 
même  chargé  deux  de  leurs  Miniftres  d'une  pareille  Commiflion.  D'ailleurs, 
ils  avoient  paie  la  fomme  ftipulée  pour  leur  départ ,  montant  à  75-0.  mille 
florins ,  &  une  pareille  fomme  étoit  prête  pour  être  livrée  dès  que  ces  Trou- 
pes feroient  arrivées  fur  les  Terres  de  la  République.  Ils  avoient  même  fatis- 
fait  à  une  difficulté  que  le  Roi  de  Dannemark  avoit  faite.  Elle  confiftoit  en 
ce  que  ce  Roi  vouloit  qu'on  lui  remît  les  Obligations  du  Roi  fon  Père  Fre- 
derick en  faveur  de  la  Province  de  Hollande  &  de  la  Ville  d'Amfterdam , 
fuivant  le  neuvième  Article  du  Traité.  On  prit  d'abord  la  Réfolution  en  da- 
te du  quinze  du  mois  d'Août  de  faire  donner  par  le  Confeil  d'Etat  des  Ob- 
ligations pour  un  Million ,  à  laquelle  fomme  celles  de  queftion  montoient , 
qui  feroient  à  la  charge  de  l'Union,  &  importées  dans  l'Etat  de  Guerre.  Les 
Obligations  du  Confeil  d'Etat  étant  dépêchées  furent  remifes  aux  Etats  de  la 
Province  de  Hollande.  Ceux-ci  les  échangèrent  avec  la  leur ,  &:  avec  celle 
d'Amfterdam ,  afin  qu'elles  fuflent  envoiées  au  Roi  de  Dannemarck.  Il  y  - 
eut  cependant  encore  quelque  ponctille.  L'Envoie  de  ce  Roi  ;préfenta  là- 
defllis  un  Mémoire ,  pour  avoir  une  Conférence.  Elle  fut  tenue.  Le  fujet 
en  étoit  que  ce  Miniftre  vouloit  qu'il  y  eut  une  Quittance  fur  les  Obliga- 
tions 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.  685 

tions  du  Roi  Frederick  III.  On  fie  là  -  defîlia  un  Projet  de  Quittance,  1701, 
avec  une  réciproque  de  cet  Envoie  de  les  avoir  reçues.  Encore  fe  referva-t-  — — 
il  d'en  envoier  la  Copie  à  fa  Cour,  pour  en  avoir  l'approbation.  D'ailleurs, 
il  demanda  un  Aéte  de  la  Province  de  Hollande  ,  pour  afliirance  du  Paie- 
ment du  Subfide  courant.  On  réfolut  le  même  jour  d'écrire  à  ce  Roi -là  , 
pour  le  requérir  de  ne  plus  apporter  des  délais  au  départ  des  Troupes ,  puif- 
que  du  côté  de  la  République  on  avoit  fatisfait  au  contenu  du  Traité  fait  pour 
icelles.  On  avoit  fait  de  la  part  de  ces  Troupes  une  Propofition.  Elle  con- 
fiftoit  en  ce  qu'on  donnât  à  chaque  Compagnie  d'Infanterie,  pour  le  trans- 
port, deux  cent  Ecus  à  bon  compte.  D'ailleurs,  que  les  Etats  Généraux 
donnaient  un  Paflèport  libre  pour  le  Drap,  Baie,  Fil,  Chapeaux,  Bas,  Sec, 

J>our  l'habillement  Se  la  Monture  des  Soldats.  Les  Etats  Généraux  aïant  dé- 
iberé  là-dertus,  y  répondirent  que  leur  intention  étoit  donner  aux  Troupes 
Danoifes  le  premier  mois  de  paie,  qui  montoit  au  delà  de  la  Demande  ;  que 
par-là  il  feroit  plus  avantageux  pour  les  Troupes  qu'elles  eufTent  Elles-mêmes 
le  foin  de  leurs  Proviiîons.  Par  raport  à  une  fomme  réglée  pour  le  transport 
de  leurs  chevaux,  les  Etats  Généraux  n'y  regimbèrent  point;  mais,  chargè- 
rent leur  Réfident  d'en  convenir  avec  le  Brigadier  6c  Quartier- Maître -géné- 
ral Cadogan ,  qui  avoit  la  Commiflîon  du  Roi  d'Angleterre  pour  recevoir 
ces  Troupes-là.  Il  y  eut  cependant  encore  une  Difficulté.  C'étoit  par  ra- 
port au  Partage  des  Troupes.  Le  Roi  d'Angleterre,  8c  les  Etats  Généraux, 
dévoient  le  demander  aux  Princes ,  fur  le  Territoire  defquels  elles  dévoient 
palier.  On  écrivit  pour  cela  aux  Princes  ,  pour  requérir  ce  Partage.  C'é- 
toit fur-tout  pour  la  Cavallerie ;  car,  pour  l'Infanterie,  on  devoit  la  trans- 
porter par  Mer.  L'Electeur  de  Hannover  écrivit  aux  Etats  Généraux  du 
13.  Septembre,  qu'il  avoit  accordé  le  Pafiage  fur  fes  Terres  pour  huit  Ré- 
gimens  Danois.  On  le  remercia  d'abord  par  une  Lettre  fort  reconnoiflante 
L'Evêque  de  Munfter  accorda  auflî  ce  Partage. 

Nonobftant  toutes  ces  Précautions ,  &  nonobftant  toutes  les  Satisfactions 
qu'on  donnoit  au  Dannemark ,  fes  Troupes  ne  marchoient  pas.  Le  prétexte 
public  en  étoit  parce  que  cette" Cour-là  demandoit  le  paiement  dont  on  étoit 
convenu,  en  argent  de  Banque,  qui  portoit  quatre  ou  cinq  pour  cent  de 
plus ,  au  lieu  qu'on  ne  voulok  païer  qu'en  efpeces  courantes.  Le  véritable 
reflbrt  de  ce  Retardement  venoit  de  ce  qu'on  apprehendoit  à  Copenhague  le 
Roi  de  Suéde.  Ce  n'étoit  pas  tant  par  rapport  au  Dannemark  même  ,  que 
relativement  au  Roi  de  Pologne.  On  en  fut  éclairci  par  l'Envoie  même  de 
Dannemark.  Il  demanda  le  z6.  de  Septembre  une  Conférence  aux  Députez 
des  Etats  Généraux.  Il  parla  en  icelle  fort  clairement.  Il  demanda  „  qu'on 
„  obligeât  le  Roi  de  Suéde  à  faire  la  Paix  avec  le  Roi  de  Pologne,  Se  de  le 
„  détourner  des  menaces  de  la  détrôner,  fuivant  qu'il  en  avoit  écrit  au  Car- 
„  dinal  Primat.  Qu'on  pouvoit  bien  voir  ,  que  dans  une  pareille  fituation 
„  des  Affaires ,  le  Roi  fon  Maître  ne  pouvoit  pas  fe  défaire  de  fes  Troupes , 
„  è  moins  qu'on  ne  portât  celui  de  Suéde  à  une  Paix,  qui  pourroit  difiîper 
„  les  juites  ombrages,  qu'on  devoit  avoir  de  fes  Viftoires.  Du  moins,  ajou- 
„  ta-t-il  l'Angleterre  6c  les  Etats  Généraux  dévoient  accorder  à  fon  Maître 

„  une 


<S86     MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

1701.  „  une  Garantie  contre  la  Suéde,  „     Il  affura  cependant,  que  l'Officier  nom- 

mé.  Tramp ,  que  le  Roi  de  Pologne  avoit  dépêché  au  Roi  de  Prufle  &  à  Ton 

Maître,  6c  dont  on  avoit  pris  de  l'ombrage,  avoit  fait  aux  deux  Cours  des 
offres  très-avantageufes ,  pour  les  engager  dans  fou  Parti  ;  mais,  qu'il  n'avoit 
demeuré  que  quatre  jours  à  Copenhague ,  Se  qu'on  l'avoic  renvoie  fans  entrer 
dans  d'autres  Engagèmens ,  que  ceux  qu'on  emploierait  tous  les  bons  Offices 
imaginables  pour  procurer  à  fon  Maître  la  Paix.  On  apperçût  même  aux 
dilcours  de  cet  Envoie,  que  s'il  fe  fût  agi  de  la  Saxe,  le  Roi  de  Dannemark 
auroit  pris  des  mefures  en  faveur  du  Roi  de  Pologne.  C'étoit  à  caufe  de  la 
conformité  duLuthéranifme.dont  il  étoit  fort  zélé, non  feulement  pour-  faire 
plaifir  aux  Eccléilaftiqucs  de  fon  Roiaume,  mais  auffi  par  les  principes  de  fa 
Croïance.  C'eft  ainfi  qu'on  pourra  voir  par  la  belle  Lettre  que  ce  Roi  é- 
crivit  à  celui  de  Pologne  ,  lors  que  le  Prince  Electoral  fon  Fils  changea 
de  Religion. 

Ces  Troupes  Danoifes  marchèrent  cependant  vers  la  fin  de  l'an  1701.  L'on 
donna  des  affûrances  de  la  part  de  la  Suéde  qu'Elle  n'avoit  aucun  deflèin  con- 
tre le  Dannemark.  Le  Roi  de  Suéde  le  dit  précifement  à  l'Envoie  des  Etats 
Généraux  Haerfolte  de  Cranenbourg  ,  auquel  il  donna  après  plufieurs  refus 
une  longue  Audience. 

Lefdites  Troupes  de  Dannemark  furent  reçues  à  Hambourg  par  les  Com- 
miffaires  d'Angleterre  6c  des  Etats  Généraux.  On  trouva  qu'il  n'y  avoit  que 
trois  mille  6c  trois  cent  Cavaliers  ,  6c  cinq  mille  quatre  cent  6c  quatre  vingt 
6c  dix  Fantaffins.  Les  Commiffaires  ne  donnèrent  leur  Quittance ,  que  fur 
ce  qu'il  y  avoit  d'effectif ,  6c  ne  voulurent  s'engager  à  quelque  prétention 
furnumeraire  du  Commiffaire  Danois.  La  Quittance,  qu'on  ne  raporte  pas 
comme  fuperfluë,  étoit  datée  de  Hambourg  du  3.  de  Novembre. 

L'on  fut  bien  aife  en  Hollande  de  l'arrivée  de  ces  Troupes.  C'étoit  d'au- 
tant plus  qu'on  fut  averti  que  l'Ambaffadeur  de  Suéde  Lilllenrooth  avoic  tâ- 
ché par  plufieurs  fineffes  d'empêcher  leur  venue.  On  lui  attribuoit  même 
d'avoir  fuggéré  au  Roi  fon  Maître  dans  cette  vûë-là  d'écrire  au  Cardinal 
Primat  la  Lettre  qui  parloit  du  Détronement,  en  date  du  30.  Juillet.  Cet 
Ambaffadeur  fit  auffi  eipérer  que  le  Roi  fon  Maître  pourrait  entrer  en  Négo- 
ciation pour  dix  mille  hommes  pour  le  Service  de  l'Angleterre,  6c  des  Etats 
Généraux.  Cela  fit  qu'on  commença  à  lui  donner  de  bonnes  paroles  j  mais, 
lorfqu'il  s'aperçût  que  fes  Infinuations  avoient  porté  quelque  coup,  il  recom- 
mença fes  Plaintes  fur  ce  qu'on  ne  donnoit  point  fatisfaction  au  Roi  fon  Maî- 
tre touchant  le  Secours  ftipulé  dans  le  dernier  Traité.  Il  difoit  même  haute- 
ment, que  fi  le  Roi  d'Angleterre  ne  lui  donnoit  que  des  Réponfes  amufantes 
fur  ce  chapitre ,  ainfi  qu'avoit  fait  le  Confeiller-Penfionnaire  ,  il  écrirait  au 
Roi  fon  Maître  de  fe  pourvoir  ailleurs,  puiiqu'il  n'aurait  rien  à  efpérer  du  cô- 
té de  ces  deux  Puiffances  Maritimes.  Il  porta  même  le  Secrétaire  de  Hol- 
flein  Petkum ,  qui  venoit  de  faire  une  Courfe  à  fa  Cour  ,  de  faire  la  faufie 
Confidence  au  Confeiller  -  Penfionnaire  ,  que  la  France  tâchoit  de  gagner  le 
Duc  fon  Maître,  en  lui  offrant  une  greffe  fomme  pour  le  porter  à  garder  les 
fix  mille  hommes  qu'il  avoit  fur  pied ,  6c  ne  point  les  négocier  avec  l'Angle- 
terre 


ET    RESOLUTIONS    D'ETAT.  687 

terre  &  les  Etats  Généraux}  D'ailleurs,  afin  aufli  qu'il  s'emploiât  auprès  du  17°'- 
Roi  de  Suéde,  pour  lui  perfuader  de  n'entrer  en  aucun  Engagement  avec  les 
deux  PuifTances  Maritimes. 

Cet  Ambafladeur  Suédois  eut  une  Audience  particulière  du  Roi  d'Angleter- 
re, qui  le  reçût  fort  bien  }  mais  ,  elle  ne  fut  pas  aufli  longue  qu'il  Tauroit 
fouhaité.  C'efr.  par  ce  que  Sa  Majefté  fe  trouva  fatiguée  de  tant  d'autres  Au- 
diences} 6c  l'Ambafladeur  l'aiant  remarqué  eut  la  diicretion  de  fe  retirer.  11 
préfcnta  le  14.  de  Septembre  une  Lettre  du  Roi  fon  Maître  aux  Etats  Géné- 
raux. Il  y  ajouta  un  petit  Mémoire.  La  première  n'étoit  que  pour  notifier 
fa  Victoire  fur  les  Saxons  près  de  la  Dune.  Le  Mémoire  finiffoit  par  l'efpe- 
rance  que  le  Roi  fon  Maître  avoit  de  recevoir  bien-tôt  le  fruit  des  Alliances, 
à  fin  qu'il  pût  y  fatisfaire  de  fon  côté.  On  tint  là-deflùs  une  Conférence  le 
XI.  My-Lord  Marlborough  fut  ce  jour-là  à  onze  heures  du  matin  chez  cet 
AmbafTadeur,  pour  le  prier  de  s'y  trouver  fur  le  foir.  Comme  il  s'y  rendit, 
il  s'y  trouva  peu  fatisfait  du  Confeiller-Penfionnaire  ,  ainfi  que  celui-ci  en  fut 
de  même  à  l'égard  de  l'Ambafladeur.  C'étoit  fur  une  Difpute  ,  qui  confi- 
ftoit  en  ce  que  ledit  Ambafladeur  vouloit  qu'en  premier  lieu  on  convint  de  la 
fatisfàction  du  Roi  fon  Maître  par  raport  aux  Engagemens  du  dernier  Traité, 
&  qu'on  traiteroit  enfuite  des  Troupes.  Le  Confeiller-Penfionnaire ,  qui  con- 
noiflbit  fon  homme  ,  6c  qui  prevoïoit  que  fon  but  ne  tendoit  qu'à  avoir  une 
fomme  d'argent  pour  la  Satisfaction,  infiftoit  qu'on  eut  à  traiter  en  même 
tems  pour  la  Satisfaction  &  pour  les  Troupes.  Comme  My-Lord  Marlbo- 
rough prenoit  cette  Affaire  à  cœur,  il  fit  en  forte  qu'on  renouvella  le  lende- 
main la  Conférence.  Le  Comte  de  Wratiflau  ,  qui  en  avoit  été  informé  , 
s'y  trouva  aufli.  On  n'y  avança  cepandant  pas  beaucoup,  6c  My-Lord  Marl- 
borough partit  le  même  foir  pour  Loo,  pour  en  parler  au  Roi.  L'opofition 
la  plus  forte  à  ne  rien  conclurre  avec  l'Ambafladeur  de  Suéde  venoit  de  la 
Ville  d'Amfterdam.  C'étoit  à  fin  de  ménager  le  Czar  ,  dans  les  Etats  du- 
quel les  Trafiquans  d'Amfterdam  avoient  quantité  d'Effets ,  6c  y  avoient  un 
grand  Commerce.  L'Ambafladeur  de  Suéde  fe  fervit  d'une  rufe  pour  porter 
a  la  docilité  cette  Ville-là.  Il  fupofa  une  Lettre  fecrete,  qui  portoit  que  le 
Roi  de  Suéde  avoit  formé  le  deffein  d'envoier  encore  quelques  Frégates  a  Ar- 
changel  pour  y  empêcher  le  Commerce.  Il  porta  le  Secrétaire  de  Holftein 
Petkum,  capable  de  jouer  toute  forte  de  perfonnage,  d'en  aller  faire  la  Con- 
fidence à  Mr.  de  Dyckvelt.  Celui-ci  la  fit  voir  aux  Etats  Généraux,  qui, 
donnant  dans  le  panneau,  la  communiquèrent  à  la  Ville  d'Amfterdam.  Les 
Magiftrats  de  cette  Ville,  pour  parer  le  coup  d'Archangel ,  confentirent  à 
ce  qu'on  pouflàt  la  Négociation  avec  l'Ambafladeur  de  Suéde.  Dans  une 
Conférence,  il  y  eut  quelques  paroles  entre  My-Lord  Marlborough  6c  celui- 
ci.  Ce  dernier  aïant  dit  qu'il  étoit  bien  aife  de  voir  qu'on  fe  mettoit  au  bon 
chemin,  My-Lord  Marlboroug  lui  répondit,  qu'on  étoit  toujours  bien  aife 
de  recevoir.  Soit  que  la  manière  de  s'exprimer  déplût  à  l'Ambafladeur  Lil- 
lienrooth,  ou  que  celui-ci  crût  de  pouvoir  étonner  ce  Lord,  le  croiant 
moins  verfé  dans  les  Affaires,  il  s'en  fâcha,  6c  répliqua  que  les  deux  Puillàn- 
ces  Maritimes  dévoient  être  aufli  aifes  de  recevoir  de  la  Suéde,  que  la  Suéde 

Tom.  I.  PPPP  l'étoit 


688     MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

1701.  l'étoit  de  recevoir  d'Elles.     Il  ajouta,  que  fi  l'on  vouloit  revenir  de  tous  les 
-  Traitez  ,   6c  fe  rendre  réciproquement  les  Obligations  mutuelles  stipulées 

dans  le  Traité,  il  étoit  prêt  de  le  faire  fur  le  champ.  C'étoit  d'autant  plus 
qu'il  en  étoit  autorifé  par  des  ordres  qu'il  avoit  reçus  du  Roi  fon  Maître  a- 
vec  ceux  de  traiter  pour  les  Troupes,  après  la  Satisfaction.  Cette  rulée  Ma- 
nœuvre étonna  les  autres  ,  qui  s'entreregarderent.  Cependant ,  l'Affaire  le 
raccommoda  le  lendemain  ;  6c  l'on  convint ,  que  pour  la  Satisfaction  du  Roi 
de  Suéde  les  Etats  Généraux  donneroient  deux  cent  mille  Ecus,  outre  6c  par 
deifus  la  Garantie  des  trois  cent  mille ,  que  les  Suédois  négocioient  à  Amfter- 
dam.  On  ne  devoit  cependant  pas  paier  cette  fomme  qu'après  qu'on  feroit 
informé  que  le  Roi  de  Suéde  auroit  agréé  cette  Convention  ,  qui  fut  mife 
par  écrit  6c  fignée.  L'Ambafladeur  de  Mofcovie  tâcha  en  vain  de  détour- 
ner ce  coup,  par  de  fortes  Repréfentations  qu'il  fit,  tant  au  Confeiller-Pen- 
fionnaire  qu'au  Préfident  de  Semaine.  On  lui  répondit ,  qu'on  étoit  de  bon- 
ne foi,  6c  qu'ainfi  l'on  ne  pouvoit  pas  fe  difpenfer  de  fatisfaire  aux  Traitez. 
On  communiqua  en  ce  tems-là  à  l'Ambafladeur  Lillienrooth  le  Traité  -fait 
avec  l'Empereur.  On  lui  en  avoit  jufques-là  fait  un  mifterc.  On  s'en  excu- 
fa  fur  ce  que  julques- là  les  Ratifications  n'avoient  pas  été  échangées.  Elles 
le  furent  au  commencement  d'Octobre.  Ce  fut  après  que  celle  de  l'Empe- 
reur fut  arrivée,  auffi-bien  que  celle  du  Roi  de  la  Grande-Bretagne,  qui  l'a- 
voit  envoiée  à  Londres  pour  y  appofer  ,  félon  la  coutume,  le  Grand  Seau. 
Cependant,  la  véritable  raifon  qu'on  eut  de  ne  plus  s'en  cacher  fût  que  la 
France  en  avoit  reçu  la  Copie  ,  6c  on  l'avoit  imprimée  à  Paris  ,  d'où  quel- 
ques Miniftres  en  reçurent  des  Exemplaires.  Cet  Ambaffedeur  Suédois  fit  ef- 
pérer  de  recevoir  bien-tôt  l'approbation  de  la  Convention  pour  la  Satisfac- 
tion. Il  afTura  que  la  Chancellerie  de  Suéde  l'avoit  drefîée  8c  l'avoit  envoiée 
au  Roi  pour  la'figner.  Il  infifta  là-deflus ,  qu'on  eut  à  entrer  en  paiement 
des  Sommes  promifes.  C'eft  puifque  le  Duc  de  Marlborough  l'avoit  afluré 
que  l'argent  en  étoit  prêt.  Il  en  reçût  là-deffus  environ  quarante  mille  Ecus 
à  compte.  C'étoit  ce  que  la  Couronne  de  Suéde  lui  devoit  pour  quelques  an- 
nées de  fon  Ambaflade,  dont  il  n'avoit  pas  été  paie ,  6c  qu'on  lui  avoit  per- 
mis de  prendre  fur  ces  Subfides.  Auffi  étoit  -  ce  le  plus  grand  reffort ,  qui 
l'avoit  fait  agir  tout  ce  tems-là.  On  païa  enfuite  le  relie}  mais,  il  trouva 
depuis  des  fubterfuges  pour  éluder  de  faire  un  Traité  pour  les  Troupes.  Il 
allégua,  entre  autres  frivoles  ex eufes ,  qu'il  attendoit  fon  Rapel. 

Pendant  le  Cours  de  cette  Négociation ,  Sa  Majefté  Britannique  vaquoit 
aux  Affaires,  nonobftant  fes  Divertifiemens  de  la  Chaffe  à  fa  Maifon  de  Loo. 
On  y  eut  l'Avis  que  le  Comte  Bofclli ,  fameux  Coupe  -  jarrets  de  Bergame 
s'étoit  fauve  de  la  Baftille.  Le  Roi  de  France  l'y  avoit  fait  mettre  après  la 
Paix  de  Riswick.  C'étoit  fur  ce  que  ce  Scélérat  avoit  propofé  à  ce  Roi -là 
de  tuer  celui  de.  la  Grande-Bretagne,  à  qui  Sa  Majefté  Très  -  Chêtienne  en 
donna  avis,  6c  qu'on  reçût  en  bonne  part.  Comme  les  Affaires  avoient  chan- 
gé de  face,  6c  que  les  occurrences  d'alors  diffipoient  la  bonne  intelligence 
véritable  ou  affecrie  entre  la  Cour  de  Fiance,  6c  celle  d'Angleterre,  on  crût 
de  devoir  fi  méfier  de  la  fuite  du  Comte  Bofclli  de  la  Baftille.  Ceft  d'au- 
tant 


ET    RESOLUTIONS    D'ETAT.         689 

tant  plus  qu'on  regardent  pour  afFe&ées  les  diligences  de  la  Cour  de  Fran-   1701. 
ce  pour  l'attraper.    Des  Lettres,  que  le  Marquis  de  Torci  écrivit  à  ce  fujet  ■• 

au  Marquis  de  Bedmar,  &  qu'on  pronoit ,  n'effacoient  pas  le  foupçon  de 
quelque  connivence.  On  doubla  la  Garde  à  Loo  ,  8c  on  y  examinoit  avec 
foin  les  Etrangers,  qui  y  alloient.  Un  Italien  s'y  étoit  rendu  d'Amfterdam 
avec  fon  Hôte  pour  y  voir  la  Cour,  ainfi  qu'il  difoitj  &,  ne  rendant  pas  bon 
compte  de  fa  perfonne,  on  trouva  à  propos  de  l'arrêter.  Il  étoit  même  foup- 
çonné  d'être  le  Comte  même.  Un  Officier  François  Réfugié  nommé  Carmel, 
qui  étoit  à  la  Haïe,  8c  qui  connoiflbit  perfonnellement  Bofelli  ,   fut  mandé 

Eour  aller  à  Loo.  Après  l'avoir  vu  ,  il  afliira  que  ce  n' étoit  pas  le  Comte. 
.e  prifonnier  fut  cependant  conduit  à  la  Haïe.  Il  y  fut  examiné  par  My- 
Lord  Rummey  ,  &  d'autres.  Par  fes  Réponfes  on  crût  de  découvrir  qu'il 
étoit  d'intelligence  avec  Bofelli  ,  &  qu'il  n' étoit  allé  à  Loo  que  pour  décou- 
vrir Païs.  On  le  foupçonna  d'autant  plus  ,  qu'aiant  dit  entre  autres  chofes 
qu'il  étoit  connu  par  l'Ambafladeur  de  Venife  Mocenigo  ,  celui-ci,  après  l'a- 
voir vu,  dit  que  véritablement  il  le  connoiflbit,  mais  pour  un  Bandit  &  un 
Brave.  On  fe  fert  à  Venife  de  ce  dernier  mot ,  pour  dire  un  Coupe  -jarret. 
Cela  fut  caufe  qu'il  fut  continué  dans  fon  Arrêt. 

Le  Roi  de  la  Grande-Bretagne  fouhaitoit  fort  de  gagner  l'Electeur  de  Ba- 
vierre.  En  cette  vûë  ,  il  lui  dépêcha  un  Colonel  Suiflè  de  Ncufchâtel 
nommé  Montmoulin.  Cet  envoi  devoit  être  fort  fecret,  afin  que  la  Négocia- 
tion ne  fut  pas  traverfée  par  les  deux  Couronnes.  On  fût  cependant  fa  defti- 
nation,  avant  même  fon  départ ,  par  le  Colonel  même,  qui  ne  put  empê- 
cher la  demangeaifon  qu'il  avoit  de  faire  parade  de  fa  Commiffion  ;  de  forte 
quel' Electeur  en  fut  averti  avant  fon  arrivée.  Entre  les  Propofitions  qu'il  devoit 
faire  à  ce  Prince,  il  y  avoit  celle  de  la  reftitution  des  Bijoux  qu'il  avoit  en- 
gagez à  Amfterdam  pour  cinq  cent  mille  Ecus ,  même  fous  la  Garantie  des 
Etats  Généraux.  Ce  Prince  ne  pût  être  détourné  des  Engagemens ,  où  il 
avoit  crû  devoir  entrer  en  faveur  du  nouveau  Roi  d'Efpagne ,  qui  lui 
étoit  plus  proche  que  la  Maifon  d'Autriche ,  puis  qu'il  étoit  fon  propre 
Neveu. 

On  reçût  en  ce  tems-là  la  Nouvelle  de  la  Mort  de  Jaques  II. ,  qui  avoit 
été  Roi  de  la  Grande  -  Bretagne ,  &  qui  s' étoit  retiré  en  France.  Elle  ne 
caulà  aucune  furprile,  mais  bien  celle  que  le  Roi  Très-Chrêtien  avoit  après 
cette  Mort  reconnu  pour  Roi  d'Angleterre  le  Prétendu  Prince  de  Galles.  Les 
Etats  Généraux  firent  repréfenter  a  Sa  Majefté  Très- Chrétienne  par  leur 
Ambaflâdeur,  qu'un  tel  pas  contrevenoit  au  Traité  de  Ryswick.  Le  Roi 
de  France  donna  en  Réponfe  la  fubftance  d'un  Mémoire  qu'il  fit  auf- 
û  diftribuër  dans  toutes  les  Cours  de  l'Europe  dans  les  termes  fuivans.. 

LE  Roi  d'Angleterre  étant  mort  à  St.  Germain  le  \6.  de  Septembre  170 1.  Mémoi- 
le  Prince  de  Galles  a  pris  aufli-tôt  le  titre  de  Roi  appartenant  à  ce  Prin-  "delà 
ce ,  comme  Fils  &  Héritier  du  feu  Roi  fon  Père.    Le  Roi  Très-Chrêtien  pjjjj? 
n'a  pas  fait  difficulté  de  le  reconnoître  en  cette  Qualité  >  Se  même  quelque  touchant 
teins  avant  la  mort  du  Roi  d'Angleterre ,   Sa  Majefté  T.  C.  l'avoit  aflïiré  la  Rc- 

Pppp  2,  qu'El- 


690      MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

17OI.  qu'EUc  le  fèroit.     Comme  Elle  l'a  toujours  traité  eomme  Prince  de  Galles, 
"  la  conféquence  eft  naturelle  de  l'appeller  Roi  d'Angleterre  auffi  -  tôt  que  le 

connoif-  r0j  fon  pere  meurt.  Nulle  Raifon  ne  s'y  oppofe,  lors  qu'il  n'y  a  point  d'En- 
Prince     gagement  contraire  >  Se  il  eft  certain  qu'on  n'en  trouve  aucun  dans  le  Traité 
de  Gai-    de  Ryswick.     L'Article  IV.  de  ce  Traité  porte  feulement  que  S.  M.  T.  C. 
Jesponr   ne  troublera  point  le  Roi  de  la  Grande-Bretagne  dans  la  pofleffion  paifible  de 
K°'         fes  Etats  j  qu'Elle  n'afliftera ,  ni  de  Troupes,  ni  de  Vaifleaux ,  ni  a'autres  fe- 
terrc        cours,  ceux  qui  le  voudraient  inquiéter.     L'intention  de  Sa  Majefté  T.  C. 
eft  d'obferver  ponctuellement  cet  Article ,   Se  il  eft  feur  que  le  titre  de  Roi 
d'Angleterre  que  le  Prince  de  Galles  ne  pouvoit  fe  difpenier  de  prendre,  ne 
lui  procurera  d'autres  fecours  du  Roi  T.  C.  que  ceux  que  le  feu  Roi  fon  Pe- 
re en  recevoit  depuis  le  Traité  de  Ryswick  feulement  pour  fa  fubfiftance  Se 
pour  le  foulagement  de  fes  malheurs.     La  generofité  de  Sa  Majefté  T.  C.  ne 
lui  a  pas  permis  d'abandonner  ni  ce  Prince  ni  fa  Famille  >  Elle  n'eft  point  ju- 
ge entre  le  Roi  de  la  Grand-Bretagne  ,  Se  le  Prince  de  Galles  ;  Elle  ne  peut 
décider  contre  ce  dernier  en  lui  refufant  un  titre  que  fa  NaifTance  lui  donne  : 
enfin ,  il  fuffit  qu'Elle  obferve  exactement  le  Traité  de  Ryswick  ,  &  qu'Elle 
s'en  tienne  precifement  aux  termes  de  ce  Traité  dans  un  tems ,  où  la  Condui- 
te du  Roi  de  la  Grand-Bretagne  6c  des  Etats  Généraux  ,   la  fortie  de  leurs 
Flotes,  les  affiftances  fecretes  qu'ils  donnent  à  l'Empereur,  les  Déclarations 
qu'ils  font  en  faveur  de  ce  Prince  ,  les  Troupes  qu'ils  lèvent  de  tous  cotez, 
pourraient  être  regardez  avec  bien  plus  de  raifon  comme  une  véritable  con- 
travention aux  Traitez. 

Au  refte,  il  n'eft  pas  nouveau  que  l'on  donne  aux  Enfans  les  titres  des 
Roïaumes  que  les  Rois  leurs  Pères  ont  perdu  j  quoi  qu'on  foit  en  Paix 
avec  ceux  qui  les  pofledent.  L'Hiftoire  en  fournit  plufieurs  exemples  dans 
les  Rois  de  Naples  Se  dans  ceux  de  Navarre.  En  dernier  lieu,  les  Rois 
de  Pologne  de  la  Maifon  de  Vafa  ,  aïant  perdu  le  Roiaume  de  Suéde  , 
ont  été  traitez  par  la  France  comme  Rois  de  Suéde  jufques  à  la  Paix 
d'Olive,  dans  le  tems  même  de  la  plus  étroite  Alliance  avec  le  Roi  Gu- 
ftave ,  6c  avec  la  Reine  Chriftine.  Je  ne  crois  pas  qu'il  foit  neceflaire  de 
citer  ces  Exemples  ;  perfonne  ne  pouvant  contefter  que  la  conduite  que  le 
Roi  a  tenue  ne  foit  jufte  ,  digne  de  fa  generofité  ,  conforme  aux  Trai- 
tez,  6e  à  ce  qu'il  a  fait  pour  le  feu  Roi  d'Angleterre  depuis  qu'il  a  cher- 
ché fon  azile  en  France. 

Quoiqjje  l'Article  IV.  du  Traité  de  Paix  de  Ryswick  entre  l'Angleter- 
re 6c  la  France  ne  porte  pas  explicitement  une  Promefle  du  Roi  de  France 
de  ne  pas  faire  une  pareille  Démarche  ,  elle  avoit  cependant  été  ftipulée  ver- 
balement. Comme  PAmbaiîàdeur  de  Suéde  Lillienrooth  devoit  pendant  la 
Négociation  de  cette  Paix  avoir  inféré  dans  fon  Protocolle,  même  à  l'inftan- 
ce  des  Ambaflideurs  de  France ,  qu'Elle  ne  reconnoitroit  point  le  Prince  de 
Galles,  on  demanda  à  ce  Miniftrc-là  d'être  éclairai  là-deflus.  L'on  fut  fur - 
pris  qu'il  fe  fervit  du  Subterfuge  que  le  Protocolle  avoit  été  envoie  à  la  Chan- 
cellerie de  Suéde.  Cependant,  s'apercevant  qu'on  n'étoit  pas  content  de  cet- 
te exeufe,  il  fit  entendre  que  la  ReconnoifTance  du  prétendu  Prince  de  Gal- 
les 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.         691 

les  étoit  véritablement  une  Infraction  au  Traité  de  Ryswick.     Le  Roi  Guil-   1701, 
laume  s'en  trouva  fort  fâché.     Auffi,  envoïa-t-il  d'abord  ordre  au  Comte  de  ■ 
Manchefter  fon  Ambaflàdeur  en  France  d'en  partir  fans  prendre  congé.     Ce 
Comte  ,  qui  avoit  eu  quelque  Entretien  là  -  deflîis  avec  le  Marquis  de  Torci , 
dont  le  Comte  de  Wratiflau  avoit  pris  quelque  ombrage ,  fe  contenta  d'écrire 
au  Marquis  le  Billet  fuivant. 

«MONSIEUR, 

„  T  E  Roi  mon  Maître,  étant  informé  que  Sa  Majefté  Très-Chrétienne  a 
„  IL/  reconnu  un  autre  Roi  de  la  Grande-Bretagne  ,  ne  croit  pas  que  fa 
„  Gloire  &  fon  Service  lui  permettent  de  tenir  plus  long-tems  un  Ambaffà- 
„  deur  auprès  du  Roi  vôtre  Maître  j  &  m'a  envoie  ordre  de  me  retirer  in- 
„  ceflàmment;  dont  je  me  donne  l'honneur  de  vous  donner  Avis  par  ce  Bil- 
„  let,  6c  en  même  tems  de  vous  aflurer  que  je  fuis,  &c. 

L  e  Marquis  lui  fît  le  même  jour  la  Réponfe  fui  vante. 

«MONSIEUR, 

„  TE  ne  puis  rien  ajouter  à  ce  que  j'eus  l'honneur  de  vous  dire  il  y  a  8. 
„  J  jours  ,  du  defir  fîneere  que  le  Roi  a  toujours  eu  de  conferver  avec  le 
„  Roi  vôtre  Maître  la  Paix  établie  par  le  Traité  de  Ryswick.  Je  vous  prie 
„  feulement  en  mon  particulier  d'être  bien  perfuadé,  qu'en  quelque  lieu  que 
„  vous  foiez,  vous  n'aurez  perfonne  qui  foit  plus  véritablement  que  je  le  fe- 
„  rai  toute  ma  vie  &c. 

L  e  Roi  de  la  Grandc-Bre.tagne  envoïa  auffi  ordre  à  Mirmandc  fon  Secré- 
taire à  Bruxelles  d'en  partir  fans  délai.  Les  Etats  Généraux  en  firent  autant 
à  leur  Ambaflàdeur  Heemskerk ,  qui  trouva  cependant  à  propos  de  notifier  fon 
Départ  par  un  Mémoire. 

Ce  qui  fut  auffi  trouvé  mauvais  fut  que  la  Cour  de  France  fit  infifter  en 
plufieurs  Cours  fur  la  même  Reconnoiffànce.  Le  Roi  de  Portugal ,  auquel 
le  Miniftre  de  France  en  avoit  fait  la  Demande ,  lui  répondit  qu'il  étoit  refo- 
lu  de  conferver  l'Amité  &  la  bonne  Correfpondance  avec  Sa  Majefté  Très- 
Chrêtienne,  8c  d'obfcrver  religieufement  les  Alliances  qu'il  avoit  avec  Elle  j 
mais,  qu'il  ne  pouvoit  fe  réfoudre  à  une  chofe  de  cette  nature,  qui  pourroit 
entraîner  de  fâcheufes  fuites.  Il  fit  même  de  plus  ;  car,  il  fit  aflurer  l'En- 
voie d'Angleterre,  ainfi  qu'il  le  manda,  que  l'on  ne  devoit  craindre  la  moin- 
dre altération  dans  la  dipofition  où  il  étoit  touchant  cette  Affaire.  Pour  évi- 
ter même  qu'on  ne  lui  fit  une  folemnelle  Notification,  foit  par  Lettres  ou 
autrement,  de  la  mort  du  Roi  Jaques  ,  il  prit  de  fon  propre  mouvement  le 
petit  deuil.  Ce  Roi  refufà  auffi  d'accepter  un  certain  Maréchal  de  Camp 
nommé  Cuiffbn  ,  que  la  Cour  de  France  avoit  envoie  à  Lisbonne,  pour  lui 
en  donner  connoiflance ,   &  qui  fut  préfenté  au  Roi  par  l'Ambafiàdeur  de 

Pppp  J  Fran» 


6<ji     MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

1701.    France,  pour  difcipliner  les  Troupes  Portugaifes.    Afin  qu'on  ne  fçût  pas  ce 

refus,  qui  fut  pourtant  fait  d'une  manière  honnête  ,   on  publia  de  la  part  de 

la  France  qu'on  rapelloit  ce  Maître  de  Camp,  dont  on  avoit  à  faire  ailleurs. 
Le  Dannemark  refufa  auffi  au  Comte  de  Chamilli  la  ReconnoifTance  du  pré- 
tendu Prince  de  Galles. 

Le  Roi  de  la  Grande-Bretagne,  qui  étoit  à  Loo,  vit  avec  plaifir  le  Com- 
te de  Macklefields.  Il  arriva  de  la  Cour  de  Hannover  où  il  avoit  porté  l'Ac- 
te de  la  Succefiîon.  Il  en  revint  chargé  d'honneurs  &  de  préfens.  Outre 
quarante  grofles  Médailles  ,  il  eut  de  l'Eleétrice  Douairière  fon  Portrait  en- 
richi de  Diamans  de  la  valeur  de  feize  mille  Ecus  ;  &  ,  avec  les  autres  Prc- 
fents,  le  tout  montoit  bien  à  z8.  mille  Ecus.  Ce  Comte  n'en  jouît  pas  long- 
tems;  car,  d'abord  qu'il  fut  de  retour  en  Angleterre,  il  mourut.  Le  Roi 
eut  auffi  le  plaifir  d'aprendre  le  départ  de  France  du  Comte  de  Manchefter, 
fuivant  les  ordres  qu'il  lui  en  avoit  donné.  Sa  Maiafté  envoia  d'abord  ordre 
aux  Lords  Régens  en  Angleterre  de  faire  fortir  du  Roïaume  le  nommé  Pouf- 
fin.  Il  étoit  refté  à  Londres  au  départ  du  Comte  de  Tallard  ,  pour  faire  les 
Affaires  de  France.  Il  s'étoit  bien  mis  à  fa  Cour,  par  le  peu  de  fidélité  qu'il 
avoit  obfervée  au  Cardinal  de  Bouillon  ,  dont  il  avoit  été  Secrétaire,  &  qui 
caufa  la  Difgrace  de  ce  Cardinal.  On  fit  fignificr  cet  ordre  à  ce  Secrétaire 
par  le  Maréchal  des  Cérémonies.  Il  voulut  préfènter  au  Secrétaire  d'Etat 
Vernon  le  Mémoire  par  lequel  la  France  prétendoit  de  juftifier  la  ReconnoiG- 
fancej  mais,  il  fut  refufé.  Comme  les  Jacobir.es  firent  imprimer  ce  Mémoi- 
re, on  arrêta  les  Diftributeurs  &  même  l'Imprimeur.  L'infolence  du  Parti 
alla  fi  loin ,  que  quelques-uns  s'aviférent  de  proclamer  ce  Roi  titulaire  dans 
quelques  lieux  de  Londres.  Il  s'étoient  habillez  avec  les  Ornemens  du  Roi 
èc  des  Hérauts  d'Armes,  qui  font  d'ordinaire  cette  fonction.  Cependant, 
pour  n'être  pas  entendus,  il  firent  cette  clandeftine  Proclamation  en  Langa- 
ge du  Païs  de  Galles,  qui  eft  un  Idiome  entièrement  différent  de  celui  d'An- 
gleterre.    Comme  l'on  s'en  aperçut  ils  s'échapérent. 

Quoi  qu'il  fembloit  qu'à  la  Cour  de  France,  6c  à  celle  d'Angleterre,  Ton 
ne  gardoit  aucune  mefure,  on  tâchoit  cependant  de  pas  être  le  premier  à  fai- 
re des  Actes  d'hoftilité  ouverte .  Il  arriva  cependant  une  Affaire ,  qui  auroit 
pu  donner  lieu  à  la  France,  d'imputer  aux  Anglois  d'en  avoir  fait  une.  C'é- 
toit  qu'il  y  avoit  dans  la  Meufe  devant  Rotterdam  le  Yacht  qui  devoit  trans- 
porter le  Roi  en  Angleterre,  appelle  le  Peîegrin  Galey ,  que  le  Marquis  de 
Carmarthen  avoit  fait  bâtir.  L'Ambafladrice  de  Suéde  Lillienrooth  alla ,  avec 
d'autres  Dames,  à  Rotterdam  pour  le  voir.  Le  Marquis  les  y  régala  fort 
fplendidement.  Ces  Dames  en  étant  forties ,  les  Officiers  les  avoient  accom- 
pagnées, &  il  rie  relia  avec  les  Matelots  que  le  Pilote.  Un  Navire  François, 
paflànt  dans  la  Rivière ,  n'abaifia  point  la  voile  pour  làluër  le  Yacht.  Le  Pi- 
lote lui  fit  tirer  là-deffus  un  coup  de  canon  à  baie  ,  qui  lui  fit  faire  le  falut. 
Le  Pilote  n'en  fut  pas  content, &  lui  envoia  une  chaloupe  après,  pour  l'obli- 
ger à  paier  la  poudre  du  coup  de  canon  ,  ainfi  que  c'eff.  la  coutume  de  la 
Marine  d'Angleterre.  On  fut  fâché  de  cet  Incident  j  & ,  pour  le  defavouër, 
le  Marquis  fit  mettre  le  Pilote  aux  fers.    Il  arriva  cependant  à  l'AmbaiTadri- 

cc 


ET    RESOLUTIONS    D*E  T  A  T.  <J9Î 

ce  de  Suéde  une  Affaire ,  qui  larendoit  inconfolable.  Au  retour  de  Rotterdam ,  1701^ 

Elle  perdit  un  Diamant  de  mille  piftoles,  de  ceux,  qu'Elle  avoit  reçus  de  la 

France  pour  la  Médiation  de  la  Paix  de  Ryswick.  Les  recherches  qu'on  en 
fit  aiant  été  inutiles,  on  eut  recours  à  quelque  Art  vain  5c  illicite  ,  qui  n'a 
de  fondement  que  dans  la  ridicule  crédulité  des  Efprits  foibles,  fort  fufcepti- 
bles  de  Superftition  ,  pour  favoir  s'il  avoit  été  dérobé.  Sur  quelque  indice, 
on  fit  mettre  en  prifon  le  Cuifinier,  qui  s'en  défendit. 

On  avoit  cependant  plus  de  lieu  d'imputer  à  la  France  6c  à  l'Efpagne  des 
Démarches  d'hoftilité.  On  avoit  de  leur  part,  ainfi  qu'on  l'a  déjà  dit,  fait 
des  Lignes  à  quelque  diftance  d'Anvers.  D'ailleurs,  on  faiibit  fortifier,  à  un 
Camp  que  les  François  avoient  formé  à  Richelles  ,  quelques  villages ,  ';  qui 
appartiennent  aux  Etats  Généraux  en  vertu  du  VIII.  Article  du  Traité  de 
JNirhegue,  &  qui  font  connus  fous  le  nom  de  Rédemption.  Les  Etats  Géné- 
raux en  firent  faire  des  Plaintes  à  la  Cour  de  France.  Elle  ne  donna  autre 
réponfè,  fi  non  qu'Elle  feroit  examiner  ces  Plaintes  au  Confeil  de  Brabant. 
Celui-ci  ,  qui  prenoit  fes  Infpirations  de  cette  Cour- là,  trouva  une  Diftinc- 
tion,  pareille  à  celle  de  l'Efprit  6c  de  la  Lettre,  alléguant  une  différence  de 
Jurifdicfion  6c  de  Terrain.  On  découvrit  que  ce  Camp  de  Richelles  étoit  pour 
favorifer ,  6c  profiter  d'une  Confpiration ,  formée  pour  livrer  la  Ville  de 
Maeftricht  aux  François.  Le  Général  Dopft,  qui  commandoit  en  cette 
Ville-là,  en  avoit  bien  en  quelque  vent.  Cependant,  il  n'en  fut  certain  que 
le  2.6.  de  Septembre.  Ce  fut  à  l'occafion  de  deux  Barils  de  Poudre  qui  fau- 
tèrent près  de  la  Porte  de  Bruxelles.  Le  Général  Dopft  fit  là-deflus  arrêter 
quelques  Soldats ,  dont  il  fe  défioit.  Ils  furent  interrogez  8c  en  chargèrent 
d'autres.  Plufieurs,  hors  des  fers  5c  des  tourmens ,  avouèrent  la  Confpira- 
tion. Le  nombre  de  ces  Scélérats  alloit  à  deux  cent  Se  cinquante.  Ce  Par- 
ti étoit  la  plus  part  de  Soldats  de  la  Garnifon ,  &  féduits  à  cet  effet  par  des 
gens  qui  fe  difoient  envoiez  6c  autorifez  par  le  Maréchal  de  Boufflers.  Ces 
lonfpirateurs  dévoient  s'affembler  derrière  les  Eglifes  de  la  Place  d'Armes. 
De-la ,  ils.  dévoient  marcher  fous  la  Conduite  d'un  nommé  La  Violette  & 
d'un  Cadet,  auparavant  Officier  en  France  ,pour  fe  faifir  de  la  porte  de  Ton- 
gres,  en  y  maffacrant  la  Garde,  6c  la  livrer  aux  François.  Quelques  autres 
du  même  Parti  dévoient  enclouër  le  Canon,  Se  mettre  le  feu  au  Quartier  du 
Général  Dopft,  afin  d'y  attirer  la  Garnifon,  6c  de  faciliter  par -là  l'Entrée 
des  François.  Cette  Découverte  fauva  cette  Place.  Les  Chefs  de  ces  de- 
fefpérez  furent  en  divers  tems  rouëz  8c  écartelez ,  après  une  ingénue  Confef- 
fion  qu'ils  en  firent  au  tems  de  leur  Execution.  L'Examen  6c  la  Confeffion 
de  ces  malheureux,  auffi-bien  que  leur  Sentence,  furent  imprimez  en  1703. 
dans  un  Livre ,  fous  le  Titre  de  Recherche  modefte  des  Caufes  de  la  $rt- 
fente  Guerre. 

La  Guerre  en  Italie  s'étoit  cependant  allumée  de  bonne  manière.  Le 
Prince  Eugène  s'étoit  avancé  en  forte  qu'il  y  eut  diverfes  Efcarmouches ,  ôc 
même  des  Combats.  Il  y  en  eut  à  Chiari,  6c  à  Carpi ,  6c  auparavant  en  d'au- 
tres endroits.  L'un  6c  l'autre  Parti  s'attribuèrent  l'Avantage.  Il  courut  mê- 
me de  part  6c  d'autre  des  Imprimez.    Ce  qui  paroiflbit  décider  le  plus  en 

fa- 


6i>4      MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

1701.  faveur  des  Impériaux,  étoit  qu'ils  avançaient  toujours  ,  &  que  les  François 

■     ■■-  reculoient ,  6c  avoient  tellement  du  Defavantage  ,  que  le  Prince  de  Vaude- 

mont  Gouverneur  du  Milanois  fut  obligé  de  demander  au  Prince  Eugène  de 

convenir  d'un  Cartel  pour  l'échange  des  Prifonniers.     Il  fît  cette  Demande 

par  la  Lettre  qui  luit. 


55 


MONSIEUR, 


» 


55 


COmme  les  chofes  pourroient  devenir  plus  férieufes  entre  les  Armées  , 
je  ne  balance  pas  à  être  le  premier  a  vous  propofer  un  Cartel.    Ce 


Lettre 
du  Prin- 

Vaude-  »  ^era>  ^  vous  ^e  voûtez  ,  Monfieur,  ou  celui  des  dernières  Guerres  du  Pie- 
mont.  „  mont,  ou  celui  qui  fe  pratiquoit  en  Alface.  Je  me  fers  avec  plaifir  de 
cette  occafion  ,  pour  vous  prier  de  me  faire  l'honneur  d'être  perfua- 
dé  de  la  vénération  avec  laquelle  je  fuis,  6cc.     Au  camp  de  Goito  le  ij. 


S) 


„  Juillet  1701. 

Le  Prince,  qui  étoit  campé  à  Provegiano,  y  repondit  le  même  jour  de 
la  forte. 

«MONSIEUR, 


Réponfe 
du  Prin- 


>5 


JE  reçois  dans  ce  moment  vôtre  Lettre.     Il  eft  fur  qu'un  Cartel  eft  éga- 
lement à  fouhaiter  pour  les  deux  Armées.    Quoique  je  n'aie  aucun  or- 
ne. „  dre  de  Sa  Majefté  Impériale  mon  Maître  fur  ce  fujet ,  en  attendant ,  je 
ne  ferai  aucune  difficulté  d'entrer  en  Traité  }  6c  je  crois  même ,  Mon- 
fieur, qu'on  en  fera  bien-tôt  d'accord,  (bit  fur  le  pied  de  celui  qui  fe  pra- 
tiquoit dans  la  dernière  Guerre  en  Piémont ,  ou  fur  le  Rhin.     Il  fe  fera 
„  donc  au  nom  de  l'Empereur  mon  Maître,  6c  de  Sa  Majefté  le  Roi  de 
„  France.  Vous  me  ferez  favoir,  Monfieur,  Vos  intentions,  Vous  affinant 
„  que  j'embrafle  avec  plaifir  cette  occafion,  pour  vous  faire  connoître  l'efti- 
„  me  ce  la  vénération ,  avec  laquelle  je  fuis  ,  6cc. 

L  e  Comte  de  Wratiflau  faifoit  fort  valoir  les  Avantages  que  les  Troupes 
Impériales  avoient  en  Italie.  C'étoit  en  vûë  de  porter  les  Etats  Généraux  à 
garantir  un  Emprunt  que  Sa  Majefté  Impériale  vouloit  faire  à  Amfterdam 
fur  l'hipoteque  de  l'argent  vif,  ainfi  qu'Elle  en  avoit  fait  un  autre  en  iô"po., 
6c  qu'Elle  avoit  aquitté.  La  Négociation  rouloit  fur  cinq  cent  mille  Ecus. 
Les  Etats  Généraux  demandèrent  là-deffus  l'Avis  du  Receveur  Général  d'El- 
lemeet,  qui  en  fit  un  Rapport  favorable.  Cela  détermina  les  Etats  Géné- 
raux à  accorder  cette  Garantie.  L'Empereur  avoit  envoie  pour  cela  en  Hol- 
lande un  fameux  Banquier  de  Vienne  nommé  Peffalozza,  qui  ménagea  habil- 
lement cet  Emprunt.  Il  en  fit  tenir  bonne  partie  de  l'argent  au  Prince  Eu- 
gène en  Italie. 

On  voulut  bien  accorder  cette  Garantie ,  nonobftant  toutes  les  Dépenfes 

qu'on 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.  69s 

qu'on  vcnoit  de  faire.     C'étoit  tant  par  rapport  aux  Troupes  de  Danne-   1701. 

marck,  de  l'Electeur  Palatin,  du  Duc  de  Mecklembourg,  du  Prince  d'An-  — ■ 

fpack,  8c  d'autres.  C'eft  nonob liant  auiïi  celles  pour  l' Armement  de  Mer, 
qu'on  avoit  fait,  &  dont  les  Vaifîèaux  de  Guerre  s'étoient  joints  à  ceux  de 
la  Grande-Bretagne.  Il  eft  vrai  que  l'on  trouva  que  cette  dernière  Dépenfe 
avoit  été  faite  trop  prématurément.  C'étoit  puiique  que  cette  Flote  combi- 
née n'entreprit  rien.  Elle  fervit 'feulement  à  infpirer  d'autres  fentimens  à  la 
Cour  de  Portugal.  A  la  vûë  de  cette  nombreuse  Flote,  il  y  eut  uns  furieu- 
fe  Alarme  à  Lisbonne.  Tout  s'y  mit  fous  les  armes,  &  l'on  y  fit  des  difpo- 
fîtions  de  défenfè.  Cependant  ,  voiant  qu'Elle  ne  voltigeoit  point  fur  ces 
Côtes-là  en  qualité  d'Ennemie,  la  tranquillité  fe  rétablit.  La  Cour  de  Por- 
tugal, informée  du  Traité  d'Alliance  fait  entre  l'Empereur,  l'Angleterre,  6c 
la  Hollande ,  6c  voiant  les  grandes  Forces  Maritimes  de  ces  deux  dernières 
PuifTances,  fe  trouva  dans  des  difpofitions  favorables  d'y  entrer.  Elle  fouhai- 
toit  feulement  qu'on  fît  en  forte ,  qu'on  pût  conjecturer,  que  c'étoit  la  con- 
trainte qui  l'y  portoit.  Elle  s'en  expliqua  confidement  au  Comte  de  Wal- 
deftein.  Elle  lui  allégua  que  Je  Traité  qu'elle  avoit  fait  avec  l'Elpagne  &  la 
France  n'étoit  au  fonds  que  pour  la  Neutralité.  Le  Comte  dépêcha  là-def- 
fus  un  Exprès  à  Vienne,  &  donna  auffi  part  de  tout  cela  au  Comte  de  Wra- 
tiflau.  C'efl  dès  ce  tems-là  qu'ont  commencé  les  Négociations  pour  faire 
entrer  dans  la  grande  Alliance  cette  Cour-là ,  ainfi  qu'il  arriva  environ  une  an- 
née &  demie  après,  comme  l'on  le  rapportera  en  fon  tems. 

Comme  il  s'agifîbit  de  drcfîèr  un  Etat  de  Guerre  pour  l'année  fuivante  ,  le 
Conflïl  d'Etat  prefla  de  (avoir  de  combien  de  Navires  feroit  la  Flote,  &c  à 
quel  nombre  monteraient  les  Troupes  de  l'Etat.  Les  Etats  Généraux , fixè- 
rent leur  nombre  de  Vaifîèaux  de  ligne  à  quarante-huit ,  lavoir  fix  du  pre- 
mier rang,  douze  du  fécond,  dix- huit  du  troifiéme,  Se  douze  du  quatrième. 
C'étoit  fans  conter  fix  Frégates,  fix  Brûlots,  8c  fix  Galiotes  à  Bombes.  Le 
nombre  des  Matelots  devoit  monter  à  dix-huit  mille  cent  8c  huit  hommes. 
Il  devoit  d'ailleurs  y  avoir  fix  gros  Navires  8c  fix  Galiotes  qu'on  devoit  louer. 
Cet  Armement  étoit  fuputé  monter  à  cinq  millions,  trois  cent  dix  neuf  mille, 
deux  cent,  &  foixante  quatre  florins  de  Hollande,  fans  conter  dix-huit  mille 
florins  pour  la  réparation  des  Brûlots.  On  écrivit  vers  le  2j.  du  mois  d'Août 
à  l'Amirauté  d'Amfterdam  de  faire  mettre  en  état  fon  contingent  de  ce  nom- 
bre des  Navires.  Celle-ci  y  repondit  en  date  du  29.  fuivant ,  qu'Elle  n'y 
manquerait  pas;  mais,  qu'il  fâlloit  qu'on  lui  remît  les  fommes  néceffaires  : 
même  ,  qu'il  falloit  longer  à  fournir  les  Subfides  des  Navires  de  la  Flote  de 
l'Etat  de  cette  année-là  ,  qui  étoit  fous  les  Vice- Amiraux  Allemonde  8c  de 
Callenberg,  dont  fon  contingent  montoit  à  neuf  cent  8c  cinquante -fix  mille 
florins.  Ce  Collège  de  l'Amirauté  d'Amfterdam  n'avoit  pas  encore  reçu  en 
ce  tems-là  que  trois  cent  Se  vingt  -  cinq  mille  florins  de  la  Province  de  Hol- 
lande, 8c  dix  mille,  cinq  cent  vingt  8c  deux  de  celle  d'Utrecht,  èc  rien  du 
tout  des  Provinces' de  Gueldre,  d'Over-Yffel ,  8c  de  Groningue.  Les  Dé- 
putez des  Collèges  refpe&ifs  de  l'Amirauté  fuient  mandez  à  la  Haïe.  Ils  y 
propoférent  de  conièrver  au  Service  l'Etat  neuf  mille  Matelots  à  dix  fols  par 

Tom.  1.  Q.qqq  j°ur» 


6»6     MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

170 1.  jour,  pendant  l'hy ver,  afin  que  la  Flote  pût  être  en  état  de  bonne  heure  au, 
1  Printems.    Les  Etats  Généraux  chargèrent  là-deflus  le  Confeil  d'Etat ,  en  da- 

te du  1  f .  de  Novembre  ,  de  leur  préienter  pour  cela  une  Pétition ,  pour 
être  envoiée  aux  Provinces.  La  fomme  en  montoit  à  cent  6c  trente  cinq  mil- 
le florins  par  mois,  pendant  Pefpace  de  trois  mois,  en  commençant  du  pre- 
mier Janvier  iyoz.  6c  finifTant  le  dernier  jour  de  Mars. 

Le  Confeil  d'Etat  s'aquitta,  non  feulement  de  cette  commiffion  ,  mais  mê- 
me fe  préfenta  en  corps  avec  le  Roi  de  la  Grande-Bretagne  à  l'Affemblée  des 
Etats  Généraux,  6c  y  préfenta  l'Etat  de  Guerre  pour  l'année  fuivante  de 
1702.     La  Préface  de  cet  Etat  de  Guerre  étoit  en  ces  termes. 

Préface  „  HAUTS  ET  PUISSANTS  SEIGNEURS, 

de  l'Etat 

repoi""  55  T  ^  Grand  changement  arrivé  fur  la  fin  du  Siècle  qui  vient  d'expirer,  6c 
l'Année  n  -L*  la  fituation  des  Affaires  de  l'Europe i  les  grands  préparatifs  de  Guerre, 
1702.  Jy  6c  le  mouvement  des  Troupes,  qui  s'en  elt  fuivi  dans  le  Voiffnage,  6c  mê- 
„  me  jufques  aux  Frontières  de  l'Etat ;  ont  donné  plufieurs  juftes  raifons  à 
„  VV.  HH.  PP.  de  regarder  la  continuation  du  Repos  public  ,  6c  particu- 
„  lierement  celui  de  l'Etat ,  comme  fort  incertain.  Par-là  d'examiner  ferieu- 
„  fement,  6c  de  prendre  les  moiens  neceffaires,  par  lefquels  le  Pais  puiffé  être 
„  mis  dans  une  raifonnable  fureté  ,  6c  à  l'abri  de  toutes  les  Entreprifes  qu'on 
„  pouvoit  appréhender. 

„  L'augmentation  des  Forces  Militaires,  que  VV.  HH.  PP.  avoient  con- 
„  tinué  dans  leur  fervicc,  depuis  les  derniers  Traitez  de  Paix  a  été  en  cette 
„  vûë  fur  tout  jugée  néceffàire.  C'eft  d'autant  que  depuis  ledit  changement 
„  l'Etat  fe  trouve  privé  des  Barrières  que  les  P aïs-Bas  Efpagnols  avoient  ac- 
„  coutume  d'étendre.  Que  leurs  Frontières  étant  nombreufes  6c  d'étendue, 
„  6c  que  par  la  rupture  la  Guerre,  principalement  dans  fon  commencement, 
„  doit  fe  faire  fur  les  Frontières,  qui  pour  cela  doivent  avoir  de  plus  fortes 
„  garnifbns,  pour  les  aflurer  d'autant  mieux  ,  aufîî  -  bien  que  l'Etat  contre 
„  les  attaques  6c  l'invafion  des  Ennemis, VV.  HH.  PP.  ont  trouvé  fort  juflc 
„  de  devoir  y  proportionner  l'augmentation  des  Troupes  par  de  réitérées  re- 
„  crues,  6c  de  les  renforcer  notablement,  en  prenant  à  leur  folde  divers  au- 
„  très,  tant  de  nouvelle  levée  qu'étrangères. 

„  Depuis,  HH.  6c  PP.  Seigneurs,  le  danger  bien  loin  de  diminuer,  a 
„  plutôt  augmenté  de  beaucoup  par  tout  ce  qu'on  prévoit,  6c  qu'on  aprend 
„  généralement.  Du  moins  la  tranquillité  de  cet  Etat  efl  Ci  incertaine  6c  fi 
„  douteufe ,  quoique  les  Affaires  n'aient  pas  encore  éclaté  de  ce  côté  -  ci  en 
„  une  Guerre ,  ou  que  ce  qu'on  appréhende  aujourd'hui  ne  puifle  pas  arri- 
„  ver  demain,  que  Sa  Majetté  Britannique  6c  le  Confeil  d'Etat ,  aiant  fè- 
„  rieufement  réfléchi  fur  la  prefente  fituation  des  Affaires,  ont  jugé  d'une  in- 
„  difpcnfable  néceflité,  pour  avancer  la  fureté  6c  le  bien  de  l'Etat,  qu'on  ne 
„  doit  faire  aucune  diminution  du  nombre  des  Troupes,  que  VV.  HH.  PP. 
„  entretiennent  à  prérènt ,  mais  qu'on  doit  les  continuer.  Ainfi ,  tant  à  leur 
„  rapport ,   qu'à  celui  des  autres  charges  de  l'Union,  tout  eft  amplement 

„  con-- 


J» 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.  697 

contenu  dans  l'état  ordiuaire  &  extraordinaire  de  Guerre  qu'on  préfente  à   1 701 , 

VV.  HH.  PP.  conjointement  avec  cette  Pétition.    C'eft  avec  la  prière  

qu'il  plaife  aux  Confédet-ez  d'y  concourir  avec  promtitude,  Se  qu'il  plaifê 
à  VV.  HH.  PP.,  que  Sa  Majefté  Se  le  Confeil  d'Etat  font  perfuadez  con- 
venir avec  eux  fur  ce  point ,  de  féconder  ce  but  auprès  des  Provinces  par 
leur  ferieufe  recommandation  Se  leur  interceffion ,  ccc. 


Le  Roi  fit  là-deffiis  un  court  Difcours ,  fur  lequel  les  Etats  Généraux 
prirent  la  Réfolution  fuivante. 

„   C  A  Majefté  de  la  Grande-Bretagne  5c  le  Confeil  d'Etat  comparant  en  Refolu- 
„  iJ  corps  à  l'Affemblée  ont  en  leurs  qualitez  Se  fuivant  leurs  foins  ordinai-  £°ç_  cs 
res  délivré  à  LL.  HH.  PP.  une  Repartition  générale  de  confentement,  au  4." 
comme  auffi  les  Etats  de  Guerre  ordinaire  Se  extraordinaire  pour  l'Année  Novem- 
prochaine  1701:  laquelle  Repartition  aiant  été  leiie  en  préfence  de  ladite  brc- 
Majefté  Se  du  Confeil  d'Etat  ,  Sa  Majefté  a  enfuite  reprefenté  en  fubftance 
à  LL.  HH.  PP.  afin  qu'elles  puiftènt  remarquer  par  la  leéture  de  cetteRe- 
partition  générale,  que  les  Etats  de  Guerre  étant  formez  fur  la  reflexion 
d'une  Guerre  prochaine,  qu'à  ce  fujet  Sa  Majefté  Se  le  Confeil  d'Etat  ont 
fuivi  de  tems  en  tems  les  Refolutions  prifes  par  Leurs  Hautes  Puiffances 
pour  la  fureté  de  l'Etat,  Se  pour  le  mettre  en  état  deffence.    Et  le  peu 
de  tems  qui  a  été  emploie  à  prendre  les  Refolutions  néceffaires ,  doit  être 


» 

■>■> 
■>■> 

» 
ta 

„  regardé  comme  le  maintien  de  la  Republique ,  Sa  Majefté  aiant  du  regret 
„  que,  dans  un  tems  de  Paix,  l'on  foit  obligé  d'exiger  de  fi  grandes  Char- 

» 


ges  aux  habitans  de  l'Etat ,  mais  que  ce  tems  ne  pouvoit  que  mal-aifément 
porter  le  nom  de  Paix,  toute  efperance  d'Accommodement  à  l'amiable  étant 
,,  ôtée,  Se  que  félon  toute  apparence,  il  falloit  prendre  des  mefures  comme 
en  tems  de  Guerre ,  vu  qu'il  s'eft  approché  des  Frontières  de  l'Etat  des 
forces  nombreufes  ;  que  l'on  tâchoit  de  détourner  toutes  les  Alliances , 
troubler  le  Commerce ,  Se  le  rendre  infructueux  ;  que  l'Etat  étoit  tenu 
comme  aifiégéi  Se  que  félon  l'opinion  de  Sa  Majefté  une  Guerre  valloit 
mieux  qu'une  dangereufe  incertitude,  les  Affaires  étant  venues  à  tel  point 
qu'il  femble  qu'il  n'y  peut  avoir  d'Accommodement  que  par  le  moien  des 
Armes,  Se  que  pour  cet  effet  il  falloit  pouffer  les  Affaires  avec  vigueur  pour 
maintenir  l'Etat  dans  fa  Liberté  Se  Religion.  Que  Sa  Majefté  ne  doute 
point  que  LL.  HH.  PP.  Se  les  Seigneurs  Etats  des  Provinces  refpectives 
ne  le  confiderent  ferieufement ,  Se  que  pour  cette  Repartition  générale,  Se 
,  Etats  de  Guérie  Se  autres  Repartitions  doivent  être  accordées  promptement, 
„  Se  fans  délai  pour  la  conduite  des  Affaires  tant  par  Mer  que  par  Terre,  Se 
,,  principalement  qu'il  falloit  mettre  en  effet  ces  confentemens  unanimes  par 
„  des  fatisfaélions réelles,  afin  que  le  but  pour  lequel  Elles  font  deftinées  ait 
„  fon  entier  effet.  Enfuite,  Sa  Majefté  ajouta  qu'elle  prenoit  congé  de  LL. 
„  HH.  PP.  puifque  fes  Affaires  demandoient  qu'EUe  repaffât  en  Angleterre  j 
„  qu'EUe  avoir  déjà  donné  ordre  ,  Se  qu'Ellc  fe  donnerait  à  l'avenir  pour 
„  tout  ce  qu'il  ferait  nécefîaire  pour  le  bien  de  l'Etat  Se  qui  dépendrait  de 

CLqqq  z  »  Sa 


35 

•>■> 

3? 


6p8      MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

,,  Sa  Majefté.  Que  fes  Sujets  étoient  difpofez  à  mettre  Sa  Majefté  à  fon  re- 
„  tour  en  état  d'appuier  fortement  les  intérêts  que  les  Roïaumes  ont  en  com- 
„  mun  avec  ce  Pais,  &  avec  ce  qui  concerne  la  liberté  de  toute  l'Europe; 
y  que  Sa  Majefté  efpcroit  avec  l'aide  de  Dieu  de  revenir  de  bonne  heure  6c 
„  au  commencement  de  l'anné  pour  vacquer  ici  à  fo  fonction ,  fe  recomman. 
„  dant  en  outre  à  la  bonne  affection  de  LL.  HH,  PP.  étant  perfuadée  qu'il 
„  n'eil  pas  befoin  de  réitérer  à  LL.  HH.  PP.  fon  affection  &  Amitié  iïnce- 
„  re  pour  le  bien  de  la-Patrie  6c  de  LL.  HH.  PP.  puifqu'elles  en  font  con- 
„  vaincues.  Sur  quoi  il  a  été  délibéré  par  LL.  HH.  PP.  de  remercier  fadi- 
„  te  Majefté  6e  ledit  Confeil  d'Etat  au  Sujet  des  foins,  peines  6c  attachc- 
,,  meis  p;is  pour  former  la  Repartition  générale  6c  Etat  de  Guerre,  6c  piïn- 
„  cipalement  Sa  Majefté  de  l'honneur  qu'EUe  leur  faifoit  de  venir  dans  leur 
„  Aflemblée,  &  qu'elles  regardpient  la  recommandation  qu'il  avoit  plu  à 
„  Sa  Majefté  de  leur  faire  au  Sujet  de  l'Etat  de  Guerre  comme  l'inviolable 
„  vk  conftante  Amitié  que  Sa  Majefté  a  toujours  témoignée  pour  le  bien  de 
„  l'Etat,  LL.  HH.  PP.  en  aiant  par  le  paiTé  retiré  de  h"  grands  avantages  , 
„  que  la  reconnoiffimee  nefe  départirait  jamais  de  leurs  coeurs  ;  qu'EUes  s'é- 
„  toient  toujours  bien  trouvées  des  hauts  6c  fages  Confeils  de  Sa  Majefté  , 
n  qu'EUes  étoient  refoluës  de  s'y  conformer  à  l'avenir  6c  d'emploier  toutes 
,,  leurs  forces  pour  les  fuivre,  perfuadées  qu'EUes  font  qu'ils  ne  tendent  uni- 
„  quement  que  pour  le  bien  public  de  l'Europe  &  principalement  pour  le 
„  maintien  de  l'Etat  &  de  la  Religion.  Que  LL.  HH.  PP.  auroient  ibuhai- 
„  té  que  les  Affaires  de  S.  M.  lui  euffënt  permis  de  demeurer  plus  long-tems 
„  en  ce  Pais  ;  que  fa  prefence  leur  eft  toujours  très  -  agréable  6e  leur  donne 
„  beaucoup  de  repos  :  toutefois  qu'EUes  étoient  pleinement  perfuadées  des 
„  juites  raifons  qui  portent  Sa  Majefté  de  repafter  en  Angleterre,  6e  par  con- 
„  fequent  Elles  lui  fouhaitent  un  heureux  voiage ,  6c  que  Sa  Majefté  trouve 
„  à  ton  arrivée  en  Angleterre  le  cœur  de  fes  Sujets  plein  d'affection  ce  de 
,,  fourmilion  pour  Sa  Majefté,  &  prêts  de  fuivre  ce  de  féconder  fes  bonnes 
„  Intentions  de  toutes  leurs  forces,  comme  LL.  HH.  PP.  le  feront  toujours 
„  de  leur  côté  ,  6c  conferveront  l'eftime  inviolable  qu'elles  ont  toujours  eue 
„  pour  Sa  Majefté,  6c  prieront  Dieu  pour  fa  precieufe  Perfonne  ,  qu'il  la 
„  veuille  conferver  en  fanté  6c  la  ramener  ici  au  Printems,  6c  qu'il  lui  plaife 
„  de,  bénir  toutes  fes  juftes  entreprîtes  pour  le  bien  de  fes  Roïaumes,  de  cet 
„  Etat ,  6c  de  toute  l'Europe  :  6c  cnfuite  à  été  trouvé  bon  6c  entendu  que 
„  ladite  Repartition  6c  Etat  de  Guerre  feront  envoiez  aux  Seigneurs  Etats 
„  des  Provinces  Reipectives  pour  Te  conformer  audit  confentement ,  ou  bien 
„  donner  ordre  félon  que  leidites  Provinces  Refpectives  le  trouveront  bon  , 
„  6c  foit  à  cette  fin  ladite  Repartition  6c  Etat  de  Guerre  envoiez  au  plû- 
,,  tôt  6c  fans  perdre  de  tems  auxdites  Provinces  pour  s'y  conformer. 

Lors  qjj  e  Sa  Majefté  Britannique  alla  aux  Etats  Généraux  de  fon  Apar- 
tement  par  la  Gallerie  de  communication,  pour  l'Etat  de  Guerre,  il  y  avoit 
une  grande  affluence  de  monde  pour  la  voir.  On  remarqua  que  le  Secrétaire 
iiu  Comte  d'Avaux  ,  Barré  ,   b'itoit  fourré  parmi  la  foule.     C'étoit  pour 

voir 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.  699 

voir  l'état  de  ce  Roi.     C'eft  que ,  comme  pour  jouïr  du  repos,  il  ne  fe  mon-   170t. 

troit  point,  bien  des  gens  le  croïoient  malade.  A  la  vérité  ,  ce  Monarque  fe  

trouvoit  par  fois  incommodé  l'après-diné.     C'étoit  par  ce  qu'il  mangeoit 
trop  de  fruits  &  autres  metz  de  difficile  digeftion.    Auffi,  ion  Médecin  Fla- 
mand, Bidloo,  lui  donna  t-il  là-deflus  une  petite  touche  en  paflantj  car,  le 
Roi  lui  aïant  dememandé  comment  fe  portoit  la  Femme  du  Frère  du  Comte 
d'Albemarle,  ce  Médecin  lui  répondit  que  cette  Dame  iè  porterait  bien,  fi 
elle  ne  mangeoit  des  Raifins  verds,  des  Poires,  des  Pêches,  des  Huîtres,  & 
du  Cabilliau,  qui  eft  de  la  Morue  traiche;  ôc  enfin,  qu'elle  faiibit  une  Diè- 
te Roïale.     Cela  fit  rire  le  Roi,  qui  lui  dit  qu'il  l'entendo;t  bien.     Il  y  avoit 
cependant  bien  des  gens,  qui  foupçonnoient  que  Sa  Majefté  n'affectoit  de  fe 
faire  croire  malade,  que  pour  gagner  un  grand  point  fur  la  Province  de  Hol- 
lande.    C'étoit  pour  lui  faire  accepter  le  jeune  Prince  de  Naffàu  ,  Stadhou- 
der  Héréditaire  de  relie  de  Frilc,  pour  lui  fuccéder  dans  la  Charge  de  Stad- 
houderde  celle  de  Hollande,  qui  étoit  la  feule  entre  les  autres  Provinces, 
qui  y  regimboit  le  plus.     Cette  Affaire  fut  mile  fous  main  fur  le  tapis ,  mais 
fans  pouvoir  y  avancer.     Auffi ,  Sa  Majefté  s'en  lafla  - 1  -  elle  ,   Se  déclara  un 
jour,  qu'il  falloit  donc  attendre  après  la  mort  pour  en  venir  à  une  Affaire  Ci 
falutairc  pour  la  République.     Cependant,  les  Ambaffadeurs  de  Suéde  &  de 
Venife  follicitoient  pour  avoir  une  Audience  de  Sa  Majefté.  Ce  dernier  avoit 
même  de  l'inquiétude  ,  fur  ce  qu'il  ne  pouvoit  pis  l'obtenir.     Il  alléguoic 
qu'il  y  alloit  de  ià  tête  fi  l'on  ne  lui  donnoit  lieu  de  s'expliquer  fur  fes  Com- 
miffions.     Pour  éviter  de  la  donner  à  l'Ambaflàdeur  de  Suéde,  le  Roi  lui  en- 
voia  My-Lord  Marlborough.     Il  h  donna  cependant  le  4.  Novembre  à  ce- 
lui de  Venife,  à  la  Mailbn  du  Bois  ,  où  ce  Roi  étoit  allé  dîner..     Elle  ne 
roula  cependant  que  fur  la  Neutralité  que  fa  République  étoit  réfoluë  de  gar- 
der.    Ce  qui  porta  le  Roi  à  donner  l'Audience  à  cet  Ambafiadeur ,    fut  les 
Plaintes  qu'il  fît,  que  pendant  qu'on  la  lui  refufoit,  le  Roi  l' avoit  accordée 
au  Comte  de  Wratiflau.     Dansicelle,  ce  Comte  lui  montra  une  Lettre  que 
le  Prince  Eugène  de  Savoie  avoit  écrite  à  l'Empereur.    Elle  tendoit  à  repré- 
senter qu'il  lui  feroit  impoffible  d'hyverner  en  Italie  ,  parce  que  la  France  y 
envoioit  renfort  fur  renfort.    Ainfi,  il  feroit  obligé  de  repaffer  les  Montagnes 
pour  n'être  pas  accablé  par  le  nombre.     Ce  Comto  lui  montra  même  la  co- 
pie des  quartiers,  que  l'Empereur  affignoit  aux  Troupes  du  Prince  Eugène, 
au  cas  qu'il  fût  obligé  de  quitter  l'Italie.   Il  repréfenta  là-deffus  que  la  Diver- 
fion  en  Italie  étoit  de  trop  grande  conféquence  pour  l'abandonner.     Le  but 
de  ces  Repréfentations  étoit  pour  preffer  la  Rupture  avec  la  France.     Auffi, 
le  dit-il  ouvertement  ,  comme  le  feul  moien  pour  continuer  la  Guerre  en 
Italie.     Il  ajouta  même  qu'il  y  avoit  plufîeurs  Princes  6c  Cercles  du  Corps 
Germanique,  qu'on  pourroit  porter  pendant  l'hyver  à  fe  déclarer  pour  laCau- 
fe  Commune  ;  mais,  qu'on  ne  pourroit  venir  à  bout  de  rien,  tandis  qu'on 
ne  fe  déckreroit  point,  ^  Ce  Comte  repréfenta  auffi  les  mêmes  chofes  aux 
Miniitres  des  Etats  Généraux.     Cependant ,  les  Affaires  ne  furent  pas  trou- 
vées affrz  avancées  en  maturité,  pour  aquiefeer  aux  emprefiemens  du  Com- 
te.    Le  Roi  fouhaitoit  fort  aufli  de  voir  le  Comte  de  Gocz  ,   qui  étoit  allé 

Qjjqq  3  por- 


7oo      MEMOIRES,  NEGOCIATIONS,  TRAITEZ, 

1701.   porter  à  la  Cour  Impériale  le  Traité  d'Alliance.     Il  envoia  le  matin  du  8. 

Novembre  pour  s'informer  G  ce  Comte  étoit  de  retour  ;  mais,  il  ne  le  fut  que 

le  foir,  Se  le  Roi  ne  le  vid  que  le  Samedi  iz.  Il  accorda  ce  même  jour  Au- 
dience au  Baron  de  Schmettau  ,  Plénipotentiaire  du  Roi  de  Pruffe.  Il  té- 
moigna même  qu'il  l'accorderoit  aufîi  à  l'Ambaffadeur  de  Suéde,  mais  feule- 
ment parce  qu'il  favoit  que  ce  Miniftre  du  premier  ordre  ne  pouvoir  pas  l'a- 
voir, fe  trouvant  fort  malade  au  lit.  Celui  du  Roi  de  PruiTe  offrit  de  la 
part  de  fon  Maître  d'entrer  dans  la  Grande  Alliance.  Cela  donna  lieu  à 
négocier  avec  ce  Roi-là  pour  quelques  Troupes ,  ainfi  qu'on  le  dira  dans 
la  fuite. 

Comme  Sa  Majefté  Britannique  avoit  différé  fon  Départ,  à  caufe  des  vents 
contraires ,  elle  fut  avertie  qu'on  fe  flattoit  en  France  fur  fon  peu  de  fanté. 
Cela  étoit  fondé  fur  ce  que  Don  Bernardo  de  Quiros  s'étoit  imprudemment 
avifé  de  faire  faire  une  Confultation  de  quelques  Médecins  fur  la  fanté  de  Sa 
Majefté.  Il  avoit  là-deffus  mandé  en  France  qu'Elle  ne  pourroit  vivre  que 
trois  ou  quatre  femaines.  Cependant,  Elle  fe  portoit  fort  bien,  8c  trois  jours 
avant  que  de  partir ,  foupant  avec  bon  apetit ,  Elle  dit  là-deffus  que  Don  Ber- 
nardo de  Quiros  trouverait  fans  doute,  qu'Elle  étoit  bien  hardie  de  man- 
ger fi  bien.  Ce  Miniftre  Efpagnol  avoit  mandé  la  même  choie  en  Ef- 
pagne ,  où  l'on  avoit  expofé  fur  une  table  chez  le  Secrétaire  des  Dépê- 
ches Univcrfelles  ■  la  Lettre  de  Don  Bernardo  de  Quiros',  afin  que  tout 
le  monde  la  pût  lire.  Le  vent  aïant  tourné  à  l'Eft  ,  le  Roi  s'embarqua 
le  14.  à  onze  heures  du  matin,  8c  débarqua  le  lendemain  à  neuf  heures  à 
Margate. 

Dès  que  ce  Roi  fut  arrivé  à  Londres  on  débatit  dans  le  Confeil  la  Caffation 
du  Parlement.  La  Propofition  y  fut  faite  fur  de  nombreufes  Adreffes  de  la 
plus  part  des  Provinces  de  la  Grande-Bretagne,  8c  de  la  Ville  même  de  Lon- 
dres, qu'on  ne  raporte  pas ,  par  ce  que  leur  multiplicité  porterait  à  une  en- 
nuiante  longueur.  Elles  ne  contenoient  toutes  qu'un  vif  Reffentiment ,  qu'on 
avoit  généralement  de  l'Affront  que  la  Fiance  venoit  de  faire  à  l'Angleterre, 
par  la  Reconnoiffance  du  prétendu  Prince  de  Galles.  D'ailleurs  5  plufieurs 
d'icelles  tendoient  à  délirer  la  Convocation  d'un  nouveau  Parlement.  C'étoit 
fur  ce  que  celui  qui  fubfiftoit  alors  avoit  retardé  les  Affaires  importantes,  par 
des  Incidents  mal  digérez  Se  hors  de  failbn.  My-Lord  Godolphin  s'opofa  vi- 
vement à  cette  Caffation.  Comme  il  étoit  alors  Chef  des  Thoris ,  voiant 
qu'elle  étoit  cependant  conclue,  il  fe  démit  d'abord  de  toutes  fes  Charges.  Il 
fut  fuivi  par  d'autres.  Cependant ,  le  Roi  forma  de  deffein  de  propofer  au 
nouveau  Parlement  un  Acte  d'Amniftie  8c  de  Pardon  pour  tous  ceux,  qui 
pouvoient  être  reponfables  de  quelque  Malverfation  paffée,  véritable  on  préten- 
due. C'étoit  pour  ôter  par-là  l'occafion  aux  Incidens  qui  pouvoient  retarder 
les  Affaires  ,  comme  dans  la  Se(?îon  précédente.  La  Proclamation  pour  la 
Diffolution  du  Parlement  étoit  dans  les  termes  fuivans. 


„  GUIL- 


55 
55 
35 
5) 
53 
33 
55 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T. 

„  GUILLAUME    ROI, 

D'Autant  que  nos  amez  Sujets  ont  unanimement  témoigné  par  leurs  fi- 
dèles Adreflès  leur  RefTentiment  de  l'Injulîice  &  de  l'Indignité  ,  qui 
nous  ont  été  faites,  auflî-bien  qu'à  nos  Peuples,  par  le  dernier  Procédé  du 
du  Roi  des  François ,  en  entreprenant  de  reconnoître  6c  de  déclarer  le  pré- 
tendu Prince  de  Galles,  Roi  d'Angleterre,  d'Ecoffè,  6c  d'Irlande  ;  &  que 
nofdits  Sujets  ont  auffi  témoigné  par-là  d'une  manière  tres-fidcle  leur  affec- 
tion pour  nôtre  Perfonne  6c  nôtre  Gouvernement ,  6c  leur  ferme  refolution 
de  faire  en  cette  occafion  tout  ce  qu'on  peut  fouhaiter  de  tous  bons  An- 
„  glois  6c  Proteftans>  Nous  avons  reçu  leur  témoignage  avec  une  grande  fa- 
„  tisfaétion ,  6c  Nous  avons  trouvé  à  propos  dans  cette  conjoncture  extraor- 
„  dinaire  de  donner  à  nos  Sujets  l'occafion  de  choifir  telles  perfonnes,  qu'ils 
„  jugeront  les  plus  propres  pour  les  reprefenter  en  Parlement ,  6c  pour  exécu- 
„  ter  leurs  juftes  8c  pieux  deffeins  ;  6c  en  confequence  de  diflbudre  le  pre- 
„  fènt  Parlement,  qui  a  été  prorogé  au  13.  Vieux  Stile  du  prefent  mois  de 
„  Novembre.  A  ces  caufes ,  de  l'avis  de  nôtre  Confeil  Privé ,  Nous  publions 
„  cette  Proclamation  Roiale,  par  laquelle  Nous  cbffblvons  le  Prefent  Parle- 
„  ment  6cc.  6c  Nous  faifons  fwoir  à  nos  Sujets,  que  nous  avous  deffèin  d'or- 
„  donner  au  Garde  de  nôtre  Grand  Seau  d'expédier  les  Writs  ou  Lettres 
,,  Circulaires  ,  pour  convoquer  un  nouveau  Parlement  qui  s'affèmblera  à 
„  Weftminfter  le  Mardi  30.  de  Décembre  prochain  6cc. 

Cette  Caflâtion  mortifia  les  Thoris,  8c  rehauffa  le  cœur  des  Wighs , 
qui  avoient  été  l'objet  de  l'Animofité  des  Thoris  dans  la  précédente  Selfion. 
Les  gens  convenoient  cependant  qu'il  n'y  auroit  point  de  Brouilleries  dans  le 
nouveau  Parlement,  6c  que  les  deux  Partis  concourreroient  à  l'envi  à  de  bon- 
nes mefures  contre  la  France.  Sur-tout  les  Thoris  le  feraient  d'autant  plus 
promtemént,  que  faifant .  autrement ,  ils  donneraient  par-là  lieu  à  faire  voir 
que  le  Roi  avoit  eu  raifon  de  cafler  le  Parlement  pour  n'être  pas  bien  inten- 
tionné. D'ailleurs ,  la  Nation  étoit  trop  irritée  contre  la  France,  pour  que 
quelques  Membres  ôfaffënt  s'opofer  à  l'inclination  générale  des  Peuples. 
Ceux-ci,  fur- tout  les  Trafiquans  6c  les  Manufacturiers,  étoient  piquez  au  vif 
de  ce  que  la  France ,  en  prenant  le  parti  de  la  Reconnoifîànce  du  prétendu 
Prince  de  Galles ,  avoit  défendu  l'entrée  des  Marchandifes  d'Angleterre,  6c  en 
avoit  chargé  d'Impôts  quelques  unes.  Cette  Défenfe  étoit  trouvée  d'autant 
plus  irreguliere,  qu'elle  devoit  avoir  lieu  par  anticipation,  favoir  de  plufieurs 
jours  avant  fa  Publication  ,  ce  qui  faifoit  de  grands  torts  aux  Marchands  An- 
glois.  Ceux-ci  n'étoient  pas  moins  irritez  contre  l'Efpagne.  C'étoit  que 
par  ordre  de  la  Cour  de  Madrid  on  avoit  fixifi  à  Malaga  tous  les  Effets  des 
Anglois  ,  aux  quels  on  envelopa  auffi  ceux  des  Hollandois  6c  des  Hambour- 
geois.  Les  Marchandifes  furent  d'abord  vendues  à  moitié  de  leur  prix.  Le 
prétexte  en  étoit  qu'en  1680.  on  voulut  augmenter  le  Droit  d'Entrée.  L'En- 
voie des  Etats  Généraux  j  qui  l'étoit  auffi  de  l'Angleterre,  préfènta  contre  cet- 
te 


7oz      MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ., 

1701.  te  Nouveauté  un  Mémoire.  Il  porta  coup  ;  car,  le  Confcil  d'Etat  en  fu'pen- 
dit  le  deflein.  Cependant,  la  Cour  de  Madrid  venoit  de  le  renouveller,  pré- 
tendant qu'on  devoit  païer  depuis  ce'tems-  là.  On  fit  même  arrêter  les  Mar- 
chands &  les  Eactcuis.  Ils  fuient  cependant  relâchez  fur  un  Mémoire  que 
le  même  Miniftre  de  l'Angleterre  6c  des  Etats  Généraux  préfenta.  On  ne 
lui  donna  pourtant  pas  la. moindre  Réponfe  fur  les  Marchandifes ,  qui  avoient 
été.  vendues. 

Environ  ce  tems-là,  on  mit  fur  le  tapis  à  PAffemblée  des  Etats  Généraux 
de  la  part  de  la  Régence  d'Amfterdam  ,  de  défendre  que  les  Navires  de  l'Etat 
ailaffent  charger  des  Marchandifes  en  France.  La  Ville  de  Rotterdam  s'y 
opol'a.  On  prit  fur  cela  le  deflein  de  défendre  les  Vins  6c  Eaux  de  vie  de 
Fiance  >  mais ,  on  y  trouva  la  même  opofition.  Du  moins  voulut-on  éta- 
blir un  Impôt  fur  ces  Liqueurs.  11  devoit  être  de  foixante  florins  de  Hollan- 
de fur  chaque  Tonneau  de  Vin  ,  6c  à  proportion  fur  les  Eaux  de  vie.  Ce 
n'étoit  pas  en  vûë  d'aucune  Rupture,  mais  feulement  pour  foulager  une  infi- 
nité de  Marchands ,  qui  dans  la  crainte  de  la  Guerre  s'en  étoient  chargez 
d'une  groffe  quantité.  Ceux-ci,  iàns  ce  contrebalancement  aux  Vins  &  Eaux 
de  Vie  qu'on  feroit  venir  ,  auraient  été  abfolument  ruinez ,  6c  par  confé- 
quent  cela  aurait  porté  un  cotip  fatal  au  Commerce  ,  qui  étoit  le  principal 
Nerf  de  la  République.  Tout  cela  relia  cependant  accroché  par  l'opofition 
de  la  même  Ville  de  Rotterdam.  Cette  Ville  Te  flattoit  encore  qu'il  n'y  au- 
rait point  de  Guerre.  Des  Emifiaires  lui  avoient  infirmé  que  la  France  avoit 
lait  fonder  le  Cardinal  Portocarrero  ,  s'il  ne  pouvoit  pas  porter  les  Grands 
d'Efpagne  à  conlëntir  à  quelque  Démembrement  de  la  Monarchie  ,  afin  d'é- 
viter la  Guerre.  Une  pareille  Démarche  flattoit  cette  Ville-là  de  la  continua- 
tion de  la  Paix.  Véritablement ,  l'on  avoit  reçu  des  Avis  que  le  Cardinal 
avoit  été  chargé  de  difpofer  les  Grands  à  donner  les  mains  à  quelque  Partage  ; 
mais  ,  l'on  mandoit  en  même  tems  que  le  Cardinal  avoit  répondu  que  les 
Efpagnols  avoient  reconnu  de  bon  cœur  pour  Roi  le  Duc  d'Anjou,  en 
vûë  de  cenferver  là  Monarchie  dans  ion  entier  ;  6c  qu'ainfi  l'on  ne  con- 
fentiroit  jamais  à  aucun  Démembrement.  Quoi  que  cette  Réponlè  dût 
être  du  goût  des  Efpagnols  ,  plulieur^  des  plus  confiJerables  de  ceux-ci,  ne 
faifoient  pas  grand  fond  fur  la  iincerité  du  Cardinal.  C'étoit  d'autant  plus 
qu'il  leur  avoit  caché  ces  Infinuaticns  de  la  France  ,  qu'ils  avoient  fçû  par 
d'autres  voies.  Aufli ,  ces  Mécontens  s'abouchèrent -ils  avec  d'autres  qui 
étoient  exilez,  pour  confulter  enfemble  fur  les  Conjonctures  où  l'Efpagne  fè 
trouvoit.  Quoi  que  leur  Affemblée  fût  fort  ciandeftine  ,  le  Cardinal  en  fut 
averti,  6c  en  prit  de  l'inquiétude  ,  craignant  qu'on  n'en  voulût  à  fa  perfon- 
ne.  C'étoit  d'autant  plus  que  le  Roi  Philippe  aiant  entrepris  d'aller  en 
perfonne  à  Barcelonne  ,  pour- où  il  partit  le  5.  de  Septembre,  laifla  la 
Direction  totale  de  la  Monarchie  à  cette  Eminence-là.  Cela  donna  un  Mé- 
contentement général  aux  Grands ,  fans  en  excepter  le  Connétable  de  Ca- 
ftflle  fon  Ami.  Le  Cardinal  en  donna  l'Avis  au  Roi  de  France.  Ce  Mo- 
r  ;.ie  fit  à-deffus  une  Démarche  pour  mettre  a  couvert  ce  Prélat-là.  Il 
ordonna  au  Secrétaire  Barré,  d'aller  trouver  l'Arabalîàdeur  de  Suéde  Lillien- 

rooth, 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.         703 

rooth,  Se  de  lui  dire  que  par  ordre  il  lui  faifoit  favoir,  que  Sa  Majefré  Très-   1701. 

Chrétienne  n'étoit  pas  fatisfaite  du  bruit  qui  courroit  qu'Elle  vouloit  faire 

des  Propofitions  de  Paix  ,   qui  tendraient  a  quelque  Démembrement  de  la 
Monarchie  d'Efpagne.     Il  lui  ajoute  que  fadite  Majefté  n'avoit  jamais  eu  un 
pareil  Deffein,  ni  l'aurait}  6c  que  c'étoit  aux  Hauts  Alliez  d'aller  lui  en  fai- 
re, ou  au  Roi  d'Efpagne,  &  cela  avec  foûmiflïon.  La  Cour  de  France  trou- 
va à  propos  de  faire  cette  Infînuation  à  l' AmbafTadeur  de  Suéde  ,  fichant  bien 
que  par  la  longue  expérience,  il  auroit  pénétré  dans  fes  vues  6c  en  aurait  fait 
lèlon  icelles  un  ufage  aufll  étendu ,  qu'Elle  auroit  pu  fouhaiter.  Auffi  cet  Am- 
bafTadeur prona-t-il  à  tous  les  Miniltres  Etrangers  cette  Déclaration  ,  que  le 
Secrétaire  Barré  lui  avoit  faite.     Ce  qui  donna  même  lieu  de  s'en  aquitter  fut 
une  Converfation  que  l'Envoie  d'Angleterre  Stanhope  eut  à  table  chez  cet 
AmbafTadeur  de  Suéde  avec  Don  Bernardo  de  Quiros.     Ce  dernier  avoit  été 
trouver  cet  Ambafladeur-là.   C'étoit  pour  lui  témoigner  la  crainte  qu'il  avoit 
qu'on  ne  lui  donnât  un  ordre  pareil  à  celui,  qui  avoit  été  donné  ,   deux  ans 
auparavant,  au  Marquis  Canales  à  Londres,  6c  tout  récemment  au  Secrétai- 
re Pouffin.    Cette  crainte  étoit  fondée,  fur  ce  que  par  la  volonté  de  la  Fran- 
ce ,  le  Roi  Philippe  avoit  reconnu  le  Prétendant.     Pour  prévenir  un  tel 
ordre,  Don  Bernardo  de  Quiros  faifoit  deflein  de  partir  de  la  Haïe,  8c  il  lui 
en  fit  la  confidence.    L'AmbafTadeur  de  Suéde  voulut  le  régaler  >  mais,  afin 
de  ne  pas  en  donner  à  connoître  le  fujet,  il  invita  en  même  tems  les  autres 
Miniftres  Publics  du  premier  6c  du  fécond  rang,  ainfi  qu'avoit  fait  l'Envoie 
de  Portugal.     Don  Bernardo  de  Quiros,  pour  cacher  fon  chagrin,  s'avifa  de 
faire  le  joyeux,  &  de  dire  de  bons  mots.     Il  en  dit  fur-tout  fur  le  Traité  de 
la  Grande  Alliance.    Il  dit  que  l'on  y  ôtoit  à  l'Efpagne  fon  Jufl- au -corps  , 
pour  le  donner  à  l' Empereur}  defignant  par-là  les  Païs-Bas  6c  ce  que  l'Efpa- 
gne avoit  en  Italie.     D'ailleurs,  qu'on  lui  ôtoit  le  Pourpoint ,  pour  le  don- 
ner aux  Anglois  6c  aux  Hollandoisj  entendant  par -là  les  Indes  ;  8c  que  par- 
là  l'on  laiflbit  la  pauvre  Efpagne  en  chemife.   L' AmbafTadeur  d'Angleterre, 
qui  avoit  pénétré  que  Don  Bernardo  de  Quiros  vouloit  partir ,   lui  dit  en 
riant  qu'il  lui  confeilloit  de  ne  pas  revenir.     C'efl  parce  qu'aiant  jufques  a- 
lors  foutenu  la  Totalité  de  la  Monarchie  ,   il  i  ferait  obligé  en  revenant  de 
donner  les  mains  à  un  Partage. 

Les  tentatives  faites  auprès  du  Cardinal  Portocarrero  pour  quelque  Dé- 
membrement n'aiant  pas  porté  coup,  les  deux  Couronnes  Unies  embraflèrent 
un  autre  Expédient.  Celui-ci  confïfta  à  tâcher  de  femer  de  la  défiance  en- 
tre les  Alliez.  En  cette  vûë  Elles  firent  courir  le  bruit  ,  que  le  Comte  de 
Guifcard,  qui  avoit  été  rappelle  de  Suéde,  alloit  en  Hollande  pour  y  faire 
des  Propofitions,  par  lefquelles  l'on  n'entrerait  pas  en  Guerre.    Pour  donner 

Îlus  d'éclat  à  ce  bruit,  on  le  fit  infinuër  parmi  les  Aftioniftes  d'Amfterdam. 
,c  Minifixe  de  l'Empereur  en  prit  l'alarme ,  8c  en  parla  aux  principaux  des 
Etats  Généraux.  Ceux-ci  l'afrurerent  qu'ils  n'en  favoient  rien.  Cependant, 
ce  Miniftre-là,  ne  s'en  contentant  pas  ,  détacha  desEfpions,  même  auprès  du 
Secrétaire  Barré,  pour  découvrir  la  vérité.  Il  fe  trouva  que  cela  n'étoit  pas, 
Se  que  ce  Comte  n'avoit  fait  que  pafTer  à  Wolfenbuttel  pour  encourager  les 
Tm.  I.  Rrrr  deux 


704     MEMOIRES,  NEGOTI ATIONS,  TRAITEZ, 

1701.  deux  Frères  conregnants  à  tenir  bon  contre  le  neuvième  Ele&orat.     C'étoit 
'"  d'autant  plus  qu'on  devoit  avoir  remarqué  ,  que  cette Oppofition  avoit  eau- 

fé  quelque  mefintelligence  entre  les  deux  Frères.  Ceux-ci  écrivirent  là-def- 
fus  à  leur  Rélïdent,  qui  montra  leurs  Lettres  aux  Membres  des  Etats  Géné- 
raux, qui  étoient  au  timon  des  Affaires.  Ces  Lettres  portoient  que  le  Prin- 
ce Cadet,  qui  avoit  paru  le  plus  échaufé  contre  le  neuvième  Elcélorat ,  n'é- 
toit  point  en  mefintelligence  avec  fon  Frère  aîné.  Que  tous  deux  étoient  at- 
tachez aux  Intérêts  de  l'Empire  ;  que  tous  deux  aimoient  la  République  de 
Hollande,  &  avoient  de  la  vénération  pour  le  Roi  de  la  Grande-Bretagne. 
Ils  ajoutoient  l'affurance  qu'ils  n'avoient  aucun  deffein  contre  ou  fur  leurs  Voi- 
fins.  Ainfi,  ceux-ci  pouvoient  envoier  fans  crainte  leurs  Troupes  au  fecours 
de  la  République.  On  répondit  au  Réfident  qu'on  avoit  pourtant  fujet  de 
foupçonner  Tes  Maîtres,  puis  qu'on  étoit  bien  informé,  qu'outre  les  Trou- 
pes, qu'ils  avoient  fur  pied  ,  ils  en  faifoient  de  nouvelles,  &  qu'on  (avoit  que 
c'étoit  avec  de  l'argent  étranger.  Cela  étoit  11  vrai ,  qu'il  falut  dans  la  fui- 
te prendre  des  mefures  violentes  pour  les  defarmer  &  les  remettre  fur  le  bon 
chemin}  ainfî  qu'on  aura  lieu  de  le  dire  en  fon  lieu.  C'étoit  fur-tout  le  Duc 
de  Wolfembuttel  le  Cadet  ,  qui ,  comme  l'on  vient  de  dire  ,  étoit  le  plus 
échaufé  contre  la  Branche  de  Hannover.  On  fçût  qu'il  avoit  fait  tout  fon 
pofîîble,  par  le  moien  de  Duc  de  Holitein  fon  beau  Frère  ,  pour  engager  la 
Suéde  avec  la  France,  ou  pour  la  Neutralité,  fans  cependant  y  avoir  pu  réuf- 
fîrj  &  cela,  difoit-on,  par  deux  raifons.  L'une  étoit  que  l'on  ne  faifoit  pas 
au  Roi  de  Suéde  les  Proportions ,  l'argent  à  la  main  ;  &c  l'autre  ,  qui  étoir. 
la  plus  forte,  étoit  la  propre  inclination  de  Sa  Majefté  Suedoife  pendant  ce 
tems-là  pour  la  République  de_Hollande  8c  pour  le  Roi  de  la  Grande  -  Bre- 
tagne. On  reçût  même  agréablement  l'Avis  que  Sa  Majefté  Suedoife  avoit 
enfin  accordé  Audience  à  l'Envoie  des  Etats  Généraux  de  Cranenbourg,  & 
lui  avoit  donné  à  connoître,  qu'Elle  étoit  prévenue  que  la  France  fomentoit 
la  chaleur  de  la  République  de  Pologne  contre  Elle.  Enfin,  Elle  envoia  la 
Ratification  de  la  Convention  pécuniaire  ,  qu'on  avoit  faite  avec  fon  Am- 
baffadeur  Lillienrooth  ,  relativement  aux  Subfides  pour  le  fecours  ftipulé 
dans  le  Traité  conclu  l'année  précédente ,  afin  de  pouvoir  en  tirer  l'ar- 
gent. 

Cette  bonne  intelligence  fit  efpérer  qu'on  pourroit  en  établir  une  entre  ce 
Roi-là  &c  celui  de  Pruffe:  auffi,  fe  difpola-t-on  à  négocier  pour  cela.  La  rai- 
fon  qu'on  en  avoit  étoit  qu'après  plufieurs  Conférences  avec  le  Plénipotentiai- 
res du  Roi  de  Pruffe, on  étoit  convenu  de  prendre  au  Service  de  l'x'Vngleterre  , 
êc  des  Etats  Généraux ,  cinq  mille  hommes.  Jl  eft  vrai  que  le  Traité  n'en 
fut  figné  que  le  50.  de  Décembre  par  des  raifons  qu'on  dira  dans  la  fuite.  Le 
Roi  de  Pruffe  offroit  d'envoier  encore  vingt  mille  hommes  contre  la  France. 
C'étoit  pourvu  qu'il  n'eut  rien  à  craindre  des  Armes  viétorieufes  du  Roi  de 
Suéde.  Il  y  eut  là-deffus  des  Conférences  entre  le  Confeiller-  Penfionnaire  & 
l'Ambaffadeur  de  Suéde  Lillienrooth,  &  enfuite  avec  le  Plénipotentiaire  du 
Roi  de  Pruffe.  Celui  de  Suéde  s'engagea  de  faire  tout  fon  polîîble  pour  cela 
auprès  du  Roi  fon  Maître.  On  efperoit  même  que  ce  feroit  avec  fuccès.  C'eft 

d'au- 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.        >cr 

d'autant  plus  que  l'Envoie  de  Prufle,  Printz  ,  revenant  de  la  Cour  du  Czar,  ïyoï. 
avoit  fait  demander  une  Paflèp ort  au  Roi  de  Suede.^  Celui-ci  l'accorda  fort  " 
généreufe menti  mais  mit  dans  le  Pafleport  le  feul  titre  d'Envoié  Extraordi- 
naire, fans  fpecifie'r  de  qui.  Il  ne  voulut  pas  mettre  qu'il  l'étoit  de  l'Elec- 
teur de  Brandebourg,  afin  de  ne  pas  donner  du  chagrin  >  ni  aiiffi  voulut-il  y 
mettre  du  Roi  de  Prufle,  afin  de  ne  pas  reconnoître  fi  à  la  légère  cette  nou- 
velle Roïauté.  Cette  Négociation  n'eut  cependant  pas  pour  lors  aucun  lieu. 
Elle  ne  fut  renramée  que  quelque  tems  après  entre  l'Ambaflâdeur  de  Suéde  Se 
le  Comte  de  Wartemberg  premier  Miniltre  du  Roi  de  Prufle  ,  ainfi  qu'on 
le  dira  en  fon  tems. 

En  attendant,  le  Roi  de  Suéde  pouflbit  fes  vues  en  Pologne,  L'Envoie 
du  Roi  Auguste  préienta  aux  Etats  Généraux  de  la  part  du  Roi  fon  Maî- 
tre deux  Propofitiorïs.  L'une  étoit  que  fon  Maître  donnerait  vingt  8c  qua- 
tre mille  hommes  à  l'Empereur,  fi  celui-ci  vouloit  lui  donner  le  Commande- 
ment d'une  de  Ces  Armées.  La  féconde  étoit,  que  fi  la  première  n'étoit  pas 
acceptée,  ce  Roi-là  donneroit  au  Roi  d'Augleterre  &  aux  Etats  Généraux 
quatre  mille  hommes  d'Infanterie  6c  autant  de  Cavallerie.  C'étoit  toujours 
en  contant  fur  la  Paix  avec  le  Roi  de  Suéde.  Cette  féconde  Propofition  au- 
rait été  d'abord  acceptée,  fi  l'on  eut  été  fur  que  le  Roi  de  Suéde  voulût  la 
faire,  &  fe  defifler  du  deflein  du  Détronement.  Mais,  bien  loin  de- là  ,  ce 
Roi-la  y  perfiftoit  fortement,  ne  pouvant  trouver  de  la  fureté  par  quelque 
autre  moïen.  Auflî  fut-ce  là-deflus  que  le  Roi  de  Pologne  dépêcha  un  En- 
voie Extraordinaire  vers  Sa  Majelté  Britannique,  pour  le  prier  d'emploier  fes 
bons  offices  auprès  de  celui  de  Suéde ,  pour  le  détourner  de  ce  deflein-là. 
Cet  Envoie  ne  réuflît  point  dans  fa  Commiflion.  L'on  trouva  même  étran- 
ge qu'il  n'eut  dépêché  qu'un  Envoie  Extraordinaire  vers  le  Roi  de  la  Gran- 
de-Bretagne pendant  que  les  Nouvelles  publiques  difoient  qu'il  envoioit  un 
Ambafladeur  au  Roi  de  France.  L'on  ne  pouvoit  pas  conjecturer  quel  train 
prendraient  les  Affaires  du  Roi  Auguste  en  Pologne.  La  Diète  générale 
étoit  convoquée  pour  la  fin  de  l'an.  Les  Palatinats  dévoient  en  attendant 
tenir  leurs  Diétines,  ainfi  qu'on  les  y  appelle.  Le  Cardinal  Primat  leur  écri- 
vit une  Lettre  circulaire,  pour  leur  repréfenter  le  Danger  où  la  République 
fe  trouvoit  d'avoir  à  effuier  une  cruelle  Guerre  Sec.  Cette  Lettre  étoit  en  ces 
termes ,  traduits  du  Polonois. 

DAns  le  tems  que  le  cours  de  mes  jours  eft  paflàblement  avancé  ,  nôtre  Lettre 
Patrie  eft  menacée  d'un  très  grand  Orage,  que  je  tâche  de  détourner  du  Gr- 
avée tout  le  foin  poffible.    J'avoue  qu'il  me  fera  très -difficile  de  redrefler  Prinïw 
ce  que  les  autres  onf  gâté  par  leurs  Confeils  mal  digérez,  d'appaifer  les  ^s  de" 
„  Efprits  emûs  ,   &  de  parer  ou  prévenir  les  fuites  d'une  cruelle  Guerre.  Pologne. 
„  Quand  je  confidere  la  chofe  en  Elle-même,  je  ne  puis  conclurre,  fi  non 
„  que  Dieu  eft  courroucé  contre  Nous.    Des  Troupes  étrangères  ont  defolé 
„  de  tous  cotez  nôtre  Païs.     Le  commencement  de  la  Guerre  contre  la  Sue- 
„  de,  dans  laquelle  la  République  n'a  jamais  voulu  entrer, a  été  fatal  à  nôtre 
j,  égard  >    mais ,    les  fuites  pourront  en  être  encore  plus  funeftes.     Car  le 

Rr  rr  a  „  mau- 


7o6     MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

'701'  »  mauvais  fuccès  des  Armes  du  Roi  intereffe  en  même  tems  toute  la  Répu- 
"J  i»  blique,qui  eft  auffi  étroitement  unie  avec  lui,  que  la  tête  l'eft  avec  tous  les 
„  autres  membres  du  corps  humain.  Ce  pefant  fardeau  m'eft  tombé  fur  le 
„  dos;  c'eft  pour  ne  pas  me  rendre  reponfable  de  rien,  que  j'ai  tâché  de  dé- 
„  tourner  le  Danger  ,  dont  on  eft  menacé.  C'eft  pourquoi  je  me  fuis  apli- 
„  que  avec  foin  aux  moiens  d'accommoder  les  Partis  ,  qui  étoient  en  ar- 
„  mes,  6c  de  pourvoir  à  la  fureté  de  la  République.  D'abord  que  j'eus  apns 
„  que  les  Suédois  ,  qui  avoient  paflë  la  Dune  ,  etoient  entrez  dans  la  Cour- 
„  lande ,  je  priai  par  écrit  le  Roi  de  Suéde  de  vouloir  épargner  les  Frontières 
„  de  ce  Roiaume,  &  de  vouloir  vivre  en  bonne  intelligence  avec  nous,  con» 
„  ibrmement  aux  anciens  Traitez  conclus  entre  les  deux  Etats  ;  en  lui  repré- 
„  Tentant,  qu'il  y  étoit  d'autant  plus  obligé,  que  la  République  n'avoitja- 
,,  mais  voulu  donner  les  mains  à  cette  Guerre.  Cependant  ,  ce  que  j'apre- 
„  hendois  eft  plutôt  arrivé,  que  ma  Lettre  parvenue  à  fon  Adreffe;  les  Sue- 
„  dois  s' étant  déjà  emparez  de  la  Ville  6c  du  Château  de  Mittau  en  Cour- 
„  lande.  Et,  quoiqu'on  ne  fâche  pas  encore  s'ils  s'y  tiennent  comme  Amis 
„  ou  Ennemis ,  on  a  cependant  tout  à  craindre  de  leur  part ,  particulièrement 
„  lors  qu'ils  fauront  que  nôtre  Roi  aura  retiré  toutes  les  Troupes ,  non  feu- 
},  lement  de  Courlande,  mais  aufli  de  Lituanie.  Ainfi,  Sa  Majefté  fe  voiant 
„  à  prélènt  deftituée  de  Troupes,  recommande  la  Garde  de  fa  Perfonne  à  la 
„  Fidélité  6c  à  PAffèétion  de  la  République.  Il  eft  bien  vrai  que  j'ai  reçu 
„  une  Lettre  du  Roi  de  Suéde,  en  Réponfe  à  celle  ,  par  laquelle  je  le  priois 
„  de  ne  pas  pourfuivre  plus  loin  fes  Ennemis;  mais,  il  a  pénétré  jufques  dans 
3,  les  Provinces  de  ce  Roiaume.  J'en  envoie  des  Extraits  conjointement 
„  avec  celle-ci  à  Vos  Illuftres  6c  vénérables  Seigneuries,  afin  qu' Elles  puif- 
„  lent  prendre  là  -  deflus  les  mefures  convenables  pour  détourner  le  Danger 
„  évident  où  l'on  eft.  Quant  à  la  Diète  générale  on  pourra  difficilement  la 
„  tenir,  par  ce  que  le  cas  eft  imprévu  ,  6c  que  d'ailleurs  le  Parti  triomphant 
„  a  déjà  les  Armes  en  main  ,  au  lieu  que  nous  avons  encore  à  les  prendre. 
3,  Le  Danger  n'eft  pas  préfentement  à  la  Porte,  mais  dans  la  Maifon.  C'eft 
„  pourquoi,  il  faut  penfer  aux  moiens  de  s'en  délivrer  promtement,  fans  per- 
„  dre  le  tems  à  de  longues  Délibcratious.  J'attends  avec  impatience  les  Ré- 
„  folutions  de  VV.  SS. ,  6c  les  Règles  qu'elles  me  preferiront.  Sur  quoi  je 
„  me  recommande  à  vos  bonnes  grâces. 

Signé, 

Radziowskv. 
„  De  Varfovie  le  premier  Septembre  1701. 

L  e  Roi  écrivit  de  même  des  Lettres  circulaires  aux  Palatinats.  Elles  pro- 
duinrént  l'effet,  que  la  plus  part  d'iceux  prirent  des  Réfolutions  fort  favora- 
bles à  leur  Roi.    11  n'en  fut  cependant  pas  de  même  de  la  Grande  Pologne. 

Elle 


ET    RESOLUTIONS    D'ETAT.        }o7 
Elle  donna  à  fes  Nonces  des  Inftru&ions  fcabreufes  pour  la  Grande  Diète  qui  170»» 
devoit  fe  tenir.    Elles  étoient  dans  les  termes  fuivans.  — 

I.  T  Es  Députez  infifteront  à  ce  qu'il  foit  envoie  un  Ambafladeur  à  Sa  Ma-  Inflruc- 
Lj  jefté  le  Roi  de  Suéde  ,   pour  lui  demander  par  quelles  raii'ons  Elle  a  p°0nv°neL* 
fait  Invafion  fur  les  Terres  de  la  République  ,   6c  pour  lui  dire  qu'Elle  ait  à  de  ]a 
s'en  retirer.  Grande 

II.  Qu'on  fera  le  Procès  à  ceux  qui  ont  confeillé  la  Guerre  contre  la  Sue-  Cologne 
de,  &  qui  fe  font  trouvez  devant  Riga  avec  Sa  Majefté.    f  *^  Qc~ 

III.  Que  ceux ,  qui  fans  le  fû  de  la  République  ont  levé  des  Troupes  con-  Nonces 
tre  la  Suéde,  ou  qui  en  ont  fourni,  feront  déclarez  infâmes.  à  la  Dié- 

IV.  Que  Sa  Majefté  fera  remerciée  du  foin  qu'Elle  a  pris  pour  que  l'Armée  tepro.» 
de  la  Couronne  foit  contentée}  &  qu'en  même  tems  Elle  fera  priée  de  païer  clume# 
les    Millions    promis ,  &    de    faire    reparer    le    dommage    qu'a  fait  fon 
Armée. 

V.  Que  l'on  demandera  aux  Miniftres ,  envoiez  dans  les  Cours  Etran- 
gères ,  raifon  &  compte  de  leurs  Commiffions ,  6c  que  l'on  ne  doit  point 
faire  bon  les  depenfes  faites  pour  ces  Ambaflades ,  à  l'infû  de  la  Répu- 
blique. 

VI.  Que  les  Généraux  cafteront  les  Troupes  qui  ont  été  levées  à  l'infù  de 
la  République. 

VII.  Qui  Sa  Majefté  fera  priée  de  remédier  aux  defordres  qui  font  en 
Lituanie. 

VIII.  Que  l'on  reléguera  les  Miniftres  Saxons  6c  leurs  Adberens. 

IX.  Que  l'on  interdira  à  ceux  qui  ne  font  pas  de  la  Religion  Catholique  , 
l'exercice  public  de  leur  Religion. 

X.  Que  l'on  ne  permettra  point  aux  Lituaniens  d'agir  dans  la  Chambre  des 
Nonces  avant  que  de  s'être  accordez. 

XI.  Que  fi  les  Troupes  de  Saxe  reviennent  dans  le  Roiaume  fans  le  con- 
fentement  de  la  République  ,  les  Généraux  s'y  opoferont  avec  les  Troupes 
qu'ils  ont  fous  leur  commandement. 

XII.  Qu'on  priera  Sa  Majefté  de  ne  faire  aucunes  Alliances  avec  des 
Potentats  Etrangers  ,  fans  le  fçû  6c  le  confentement  de  la  République  j 
Se  que  fi  Elle  en  a  fait ,  Elle  s'en  départira  par  un  Ecrit  ou  Inftrument 
public. 

XIII.  Que  le  Duc  de  Courlande  fera  jugé  à  la  Diète  comme  Auteur  de  la 
Guerre  de  Suéde. 

XIV.  Qu'en  cas  que  l'on  ait  fait  traiter  par  Commiflaires  avec  Sa 
Majefté  le  Roi  de  Suéde ,  6c  qu'il  fe  trouve  qu'ils  aient  négocié  contre 
l'intention  de  la  République ,  ils  en  pourront  être  recherchez  criminel- 
lement. 

XV.  Que  les  Nonces  demanderont  pourquoi  6c  par  ordre  de  qui  l'Echan- 
fon  de  la  Couronne  Towiansky  a  félicité  l'Electeur  de  Brandebourg  fur  fon 
Couronnement. 

XVI.  Qu'en  cas  que  quelques  Nonces  n'aient  pas  encore  protefté 
contre  ce  Couronnement ,  ils  aient  à  le  faire  6c  à  en  donner  Acte. 

Rrrr  3  XVII. 


7o8      MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

1701.       XVII.    Qu'ils   n'approuveront  en   façon   quelconque   le  Traité    d'El- 
bing. 

XVIII.  Qu'il  ne  faut  donner  à  perfonne  le  Droit  de  Naturalization  ou  de 
Noblefle. 

XIX.  Que  l'on  éloignera  d'ici  les  Refidens  des  Princes  Etrangers. 

Ce  Roi  fit  cependant  traiter  à  la  Haïe  pour  donner  des  Troupes  aux  Al- 
liés. On  lui  offrit  un  Subfide  de  deux  cent  cinquante  mille  Ecus  pour  quatre 
ou  cinq  mille  hommes.  On  étoit  bien  aife  de  prendre  beaucoup  de  Troupes> 
car,  l'on  prevoioit  bien  qu'une  Guerre  étoit  inévitable.  On  envoïa  un  Ex- 
près aux  Electeurs  de  Maience  6c  Palatin  ,  pour  (avoir  precifement  les  efforts 
Militaires  que  chacun  d'eux  pourroit  faire  pour  foutenir  les  Droits  du  Chapi- 
tre de  Cologne.  Le  Dimanche  27.  de  Novembre  les  Etats  Généraux  reçu- 
rent un  Exprès  du  dernier  de  ces  Electeurs.  Il  demandoit  du  renfort  pour  fe 
mettre  en  fureté  contre  les  Troupes  de  France,  qui  venoient  d'inonder  l'Elec- 
torat  de  Cologne.  Les  Etats  Généraux  s'affemblérent  là-deffus  au  fortir  de 
•  l'Eglilé.     Il  ne  fut  cependant  rien  réfolu,  fi  non  de  demander  le  fentiment  de 

Sa  Majefté  Britannique  fur  ce  qu'il  y  auroit  à  faire,  &  on  ordonna  à  des  Trou- 
pes de  s'avancer  fur  les  Frontières,  &  de  fe  tenir  prêtes  à  marcher  au  premier 
ordre.  Les  Comtes  de  Wratiflaw  6c  de  Goë'z  conférèrent  ai.ffi  fur  le  même 
fuject  avec  le  Confeiller-Penfionnaire.  Celui-ci  leur  répondit  qu'il  faloit  at- 
tendre l'Avis  là-deflus  du  Roi  de  la  Grande-Bretagne  ;  après  quoi  on  concer- 
teroit  les  mefures  les  plus  néceffaires  pour  conjurer  l'imminent  Ora.°e.  Il  en 
paroiffbit  auffi  un  relativement  à  Aix  la  Chapelle.  Un  Corps  def  Troupes 
des  deux  Couronnes  s'étoient  avancées  vers  cette  Ville  Impériale-là.  On  re- 
joint de  prévenir  leurs  vues  ,  &  d'y  faire  entrer  quelques  Troupes.  Cette 
Réfolution  ne  fut  point  exécutée ,  par  la  retraite  du  Camp  des  François. 
On  travailla  même  dans  la  fuite  à  convenir  d'une  Neutralité  de  cette  Ville-la, 
dont  on  dira  le  fuccès  en  fon  tems.  Cependant,  les  Troupes  des  deux  Cou- 
ronnes dominoient  en  Maîtres  dans  les  Villes  de  l'Electorat  de  Coîoo-ne. 
L'Electeur  de  ce  nom,  en  les  y  faifant  introduire,  les  traitoit  de  Troupes  du 
Cercle  de  Bourgogne.  C'eft  ainfi  qu'on  peut  le  voir  par  les  ordres  qu'il  don- 
na à  ceux  de  Alpen ,  6c  qui  font. 

„  Q  On  Altefle  Electorale  de  Cologne  Joseph  Clément,  Duc  des 
„  lJ  deux  Baviéres ,  nôtre  très-benin  Seigneur ,  voulant  faire  achever  les 
Ouvrages  de  Rhinberg  6c  de  Kaiferwaert ,  6c  jugeant  félon  la  très-humble 
Requête  6c  Remontrance  de  fes  Sujets  qu'il  leur  iëroit  avantageux  de  pou- 
voir dans  les  conjonctures  prefentes,  6c  pendant  l'hyver,  vaquer  à  leurs  Af- 
faires, S.  A.  E.  les  a  bien  voulu  exempter  des  courvées  aux  quelles  tous 
les  Sujets  desBaillages  6c  Seigneuries  du  Bas-Diocele  avoient  été  comman- 
„  dez.  Et  comme  par  une  fuputation  jufte  6c  équitable  la  quote  part  de  la 
Seigneurie  d' Alpen  fe  monte  à  huit  écus  par  quinze  jours,  S.  À.  E.  or- 
donne aux  Magiitrats  de  ce  lieu  de  tenir  les  mains  afin  que  les  fufdits  huit 
Ecus  qui  commencent  dès  le  quinzième  de  ce  mois  l'oient  régulièrement 
paiez  de  quinze  en  quinze  jours  au  Secrétaire  de  la  Ville  6c  à  l'Auditeur 

„  Detz- 


M 

V5 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.  709 

„  Detzhaufen  jufques  à  nouvel  ordre,    §C  cela  à  peine  d'exécution  mi-   I70I> 
„  li  taire.  ~" 

(L.  S.)      Joseph  Clément,  Electeur} 

Et  plus  bas, 

C.  L.  Kaukol. 
„  Donné  à  Bonn  le  if .  Décembre  1701. 


55 

5> 
55 
55 
55 
55 
55 
55 
») 


S  On  Altefîe  Electorale  de  Cologne  Joseph  Clément,  Duc  des  deux 
Baviéres  nôtre  très-clement  Seigneur  ,  ordonne  à  tous  les  Magiftrats, 
Commandans ,  6c  Bourgeois  d'Alpen  de  recevoir  dans  leur  Ville  6c  Château, 
fans  aucune  opofitionou  remifé,  le  Porteur  des  prefentes,  Officier  commandé 
à  cet  effet  par  le  Comte Coigni  avec  fesSoldats,  aufli-tôt  qu'ils  auront  prê- 
té le  Serment  ci-joint ,  6c  de  leur  fournir  logement ,  lit ,  feu ,  6c  lumière 
d'hôte ,  6c  de  leur  donner  de  bon  cœur  le  relte  pour  un  prix  raiibnnable  de 
leur  folde,  fous  peine  d'indignation  6c  peines  irremiflibles.  Donné  à  Bonn 
le  if.  Décembre  1701. 

(L.  S.)     Joseph  Clément,  Electeur  $  ' 

•  Et  plus  bas, 

De  Simon  Eitzemberg, 
Préiênté  à  Alpen  le  Lundi  de 
Noël  1701.  devant  les  Portes,  par 
le  Lieutenant  du  Roi  Comman- 
dant à  Rhimbergue. 

Serment  que  les  Officiers  £s?  Soldats  du  Cercle  de  Bourgogne  prêteront 

avant  leur  Entrée  dans  les  Places  de  fort  Altejfe  Eleclora~ 

le  de  Cologne. 

„  MESSIEURS  LES  OFFICIERS  ET  SOLDATS, 

„  T  TOus  jurerez  d'être  ridelles  6c  obéiflans  à  fon  Alteffe  Sereniff  Joseph 
„  V  Clément,  Electeur  de  Cologne,  Duc  des  deux  Baviéres,  6c  en 
„  tout  ce  qui  regarde  fon  Service,  de  concourir  à  fon  bien,  6c  d'empêcher 
„  tout  dommage  de  fa  Sereniffime  Perfonne,  auiîi  bien  que  de  les  Etats,  tant 
„  que  vous  ferez  pour  aflïïrer  fes  Pais.  Ainfi  Dieu  m'aide  ,  6c  tous  les 
„  Saints. 

Mr.  le  Capitaine  Olive  aiant  prêté  le  Serment  , 
ejl  entré  avec  cinquante  hommes. 

Le 


7To      MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

1701.  Le  Réfident  de  cet  Electeur,  Norff,  continuoit  toujours  à  aflurer  que 
»■'■'  "  fon  Maître  ne  faifoit  rien  qui  pût  nuire  aux  Alliez,  Se  qu'il  ne  prendrait  point 
de  Troupes  dans  Bonn,  afin  de  ne  pas  expofer  faPerfonne  aux  Avanies  Fran- 
çoifes.  Comme  ce  Réfident  étoit  regardé  fur  le  pied  d'un  bon  Charlatan 
Politique,  on  n'y  ajoutoit  point  de  foi.  D'ailleurs,  fouvent  les Miniftres  font 
les  premiers  à  être  trompez  par  leurs  Maîtres  ;  ainfi  que  la  fuite  fit  voir  que 
celui-ci  l'étoit. 

Celui  du  Duc  de  Holftein  faifoit  auffi  de  fon  côté  des  Insinuations  de  la 
bonne  intention  du  Duc  fon  Maître.  Cependant ,  les  Etats  Généraux  étoient 
dans  une  extraordinaire  prévention  contre  ce  Duc.  Us  avoient  eu  des  Avis, 
que  non-obfhnt  le:  obligations  qu'il  leur  avoit,  il  avoit  prêté  l'oreille  à  des 
Propofitions  de  la  France,  &  qu'il  s'étoit  même  chargé  de  faire  fon  pofllble 
d'y  attirer  le  Roi  de  Suéde.  C'étoit  le  Comte  de  Welling,  qui  négocioit 
là-deflus  avec  l'Abbé  Bidal  Minifhe  de  France  à  Hambourg.  Le  Secrétaire 
de  Holftein  Petkum  eut  là-deflus  une  Difpute  avec  Mr.  de  Dyckvelt,  à  qui 
il  dit  avec  fon  aflurance  étourdie,  qui  lui  étoit  ordinaire,  que  c'étoit  la  Mai- 
fon  de  Lunebourg  qui  jouoit  ce  tour  au  Duc  fon  Maître  ,  pour  le  rendre  fu- 
fpecL  Cela  fut  caufe  que  le  Duc,  en  étant  averti,  tacha  de  fe  mettre  bien 
avec  les  Etats  Généraux  ,  Se  leur  fit  offrir  un  Corps  de  Troupes  qu'on  prit 
dans  la  fuite. 

On  conclut  auffi  le  Traité  avec  le  Roi  de  PrufTe  pour  cinq  mille  hommes. 
Le  Plénipotentiaire  de  ce  Roi ,  le  Baron  de  Schmettau ,  qui  avoit  négocié  ce 
Traité  conjointement  avec  le  Baron  de  Spanheim  ,  6c  qui  l'avoit  pouffé  à  fa 
fin  après  plusieurs  Conférences  &  délais,  prefenta  le  28.  de  Novembre  fes 
Lettres  de  Créance  au  Président  de  Semaine  ,  n'aiant  pas  voulu  les  remettre 
dans  une  Audience  publique.  Ce  qui  avoit  retardé  la  conclusion  de  ce  Trai- 
té venoit  de  ce  que  les  Etats  Généraux  ne  pouvoient  pas  aquiefeer  à  certaines 
Demandes  touchant  les  Officiers  de  ces  Troupes.  D'ailleurs  ,  le  Plénipoten-. 
tiaire  de  PruSTe  leur  imputoit  qu'ils  ne  diftëroient  la  conclusion  de  ce  Traité, 
que  par  un  efprit  de  de  ménage,  voulant  que  la  paie  de  ces  Troupes  ne  fut 
pas  plus  prématurée,  que  le  befoin  qu'on  en  avoit.     Voici  ce  Traité. 

Traité  Les  Etats  Généraux  des  Provinces-Unies  Sec. 

entre  le 

hGrïn-  f^Omme  Sa  Majefté  le  Roi  de  PrufTe  a  offert  à  Sa  Majefté  le  Roi  de  la 

de-Bre-  V^  Grande-Bretagne,  &  à  LL  HH.  PP.  les  Etats  Généraux  des  Provin- 

tagne,&  Ces-Unies,de  leur  remettre  un  corps  de  cinq  mille  hommes  de  bonnes  8c  vieil- 

GénéatS  les  Troupes,  8c  cette  offre  aiant  été  bien  reçue,   on  eit  convenu  de  part  8c 

rauxdes  d'autre  des  conditions  fuivantes  : 

Provin- 

C9S"U-         I.  Le  Corps  confiftera  en  deux  Regimens  de  Cavallerie  ,  faifant  enfemble, 

k  RÔi  de  avec  VEt'xt  Ma'or  &  Primes  Planes  '  8?4-  hommes  »  &  en  cincl  Regimens 
PrufTe ,  d'Infanterie,  chacun  de  douze  Compagnies,  faifant  enfemble  avec  l'Etat  Ma- 
pour  des  j0r,  8c  primes  planes  41? f .  hommes  ;  8c  le  total  en  Cavallerie  8c  Infanterie 
Troupes.  j.j2_p,  hommes. 

II.  Les  Troupes  feront  bien  habillées  Se  bien  armées ,  8c  la  Cavallerie  fe- 

va 


ET    RESOLUTIONS    D'ETAT.  711 

ra  fournie  de  bon  chevaux  j   &  Elles  feront  en  tout  traitées  6c  paiées  fur  le  1701. 
pied  que  l'Etat  traite  les  fiennes  propres.       ..,,,  ,«»»..«./, 

III.  Lefdites  Troupes  feront  paiées ,  moitié  de  la  part  de  Sa  Majeite  le 
Roi  de  la  Grande-Bretagne  ,  6c  l'autre  moitié  de  celle  de  LL.  HH.  PP. 
Ce  paiement  fera  auffi  promt  6c  fur  le  pied  des  Troupes  de  Sa  Majefté  le 
Roi  de  Pruffe,  qui  ont  été  au  fervice  de  LL.  HH.  PP.  durant  la  dernière 

Guerre.  .  ,' 

IV.  On  fera  paier  à  ce  Corps  un  mois  de  gage  pour  ion  traniport,  des 
qu'il  fe  mettra  effectivement  en  marche.  ^^ 

V.  Sa  Majefté  le  Roi  de  Pruffe  fera  fortir  des  quartiers7^4?"iettre  en  mar- 
che, ledit  Corps  de  Troupes,  quinze  jours  après  la  fignature  de  ce  Traité  -,  6c 
plutôt  s'il  eft  poffible. 

VI.  La  folde  de  ces  Troupes  ne  commencera  que  du  jour  qu'elles  feront 
entrées  dans  les  limites  des  Etats  de  LL.  HH.  PP.  C'eft  alors  qu'on  en  fera 
la  revûë  par  les  Commifîaires  de  Sa  Majefté  Britannique  6c  de  LL.  HH. 
PP.  6c  que  lefdites  Troupes  prêteront  ferment  au  Roi  de  la  Grande-Bre- 
tagne 6c  à  l'Etat. 

VII.  A  l'égard  des  revues  defdites  Troupes  on  en  ufêra  fur  le  pied  queLL. 
HH.  PP.  feront  avec  les  leurs  propres.  Et  d'ailleurs  on  laiflèra  de  part  6c 
d'autre  auxdites  Troupes  la  liberté  de  faire  leurs  recrues ,  où  il  leur  fera 
le  plus  convenable ,  auflî-bien  dans,  les  Etats  de  Sa  Majellé  le  Roi  de  Prude 
que  dans  ceux  de  LL.  HH.  PP. 

VIII.  En  tems  de  Guerre  on  fera  paier  à  ces  mêmes  Troupes  en  argent 
pour  chariots  6c  autres  équipages,  ce  qu'on  paie  de  la  part  de  LL.  HH.  PP. 
à  leurs  propres  Troupes  \  6c  au  refte  on  traitera  lefdites  Troupes  en  tout  éga- 
lement à  ce  qui  fe  pratique  envers  celles  de  LL.  H  H.  PP. 

IX.  Au  cas  qu'après  un  Accommodement  ou  Paix  fiiite  avec  les  Couronnes 
de  France  6c  d'Efpagne,  Sa  Majefté  le  Roi  de  la  Grande-Bretagne,  6c  LL. 
HH.  PP.  veuillent  renvoier  ledit  Corps  de  Troupes  ,  Sa  Majefté  le  Roi  de 
Pruffe  fera  avertie  deux  mois  avant  qu'il  fe  mette  en  marche  pour  s'en  re- 
tourner. 

X.  Si  Sa  Majefté  le  Roi  de  Pruffe  venoit  à  être  attaquée  dans  (es  propres 
Etats,  éloignez  du  Rhin  ,  8c  feroit  obligé  de  redemander  là-deffus  lef- 
dites Troupes,  on  les  lui  renvoiera  inceflamrnent ,  fans  aucune  contra- 
diction. 

XI.  Quand  Sa  Majefté  de  la  Grande-Bretagne  6c  LL.  HH.  PP.  renvoie- 
ront  ledit  Corps  de  Troupes  ,  en  ce  cas  ,  il  lui  fera  paie  un  mois  de  gage 
pour  le  retour  6c  tranfport  ;  mais  au  cas  que  Sa  Majefté  le  Roi  de  Pruffe  le 
rapelle ,  on  ne  lui  paiera  que  le  refte  du  mois  de  gage ,  dans  lequel  le  ra- 
pel  fe  fait. 

XII.  Au  cas  de  rapel  ou  de  renvoi  de  ces  Troupes  ,  Sa  Majefté  le  Roi  de 
la  Grande-Bretagne  6c  LL.  HH.  PP.  ne  paieront  ni  remplaceront  point  les 
fimples  Soldats  qui  pourroient  alors  y  manquer  î  6c  ce  fera  aux  Officiers  dudit 
Corps  d'en  repondre  à  Sa  Majefté  le  Roi  de  Prufîê. 

XIII.  Audit  cas  de  renvoi  ou  de  rapel  defdites  Troupes  ,  ce  qui  fe  trouve- 
ra». /.  Sfff  r* 


7ii      MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

1701-  ra  alors  leur  être  dû,  fera  paie  promtement  &  autant  qu'il  fera  poûible,  avant 
'  qu'elles  le  mettent  en  marche  pour  leur  retour. 

XIV.  La  prefente  Convention  fera  ratifiée  ,    &  les  Ratifications  feront 

échangées  de  part  Se  d'autre  dans  l'éfpace  de  fix  femaines  à  conter  du  jour 

de  la  fignature. 

Eti  foi  de  quoi  nous  foulfignez  Plénipotentiaires  de  Sa  Majefté  le  Roi  de 
la  Grande-Bretagne,  de  Sa  Majefté  le  Roi  de  Prufle,  &  des  Seigneurs  Etats 
Généraux  ,  en  vertu  de  nos  Plein-Pouvoirs  avons  conclu,  figné  &  féellé  du 
Cachet  de  nos  Armes  ,  la  prefente  Convention,  à  fçavoir  moi  le  Comte  de 
Marlborough  de  la  part  de  Sa  Majefté  Britannique  à  Londres  le  9.  Jan- 
vier 1701.  Vieux  Stile.  Nous  le  Baron  de  Spanheim  Se  le  Baron  de  Schmet- 
tau  de  la  part  de  Sa  Majefté  le  Roi  de  Prufle  }  le  premier  à  Londres 
le  9.  Janvier  Vieux  Stile,  8c  le  fécond  à  la  Haïe  le  30.  Décembre  1701. 
Nouveau  Stile;  &  Nous  fouflîgnez  Députez  des  Seigneurs  Etats  Généraux 
de  leur  part ,  à  la  Haie  le  30.  Décembre  1701.  Nouveau  Stile. 

(L.  S.)  Marlborough.        (L.  S.)  Spanheim.        (L.  S.)  J.van  EJfen. 

(L.  S.)  Schmettau.       (L.  S.)  J.B.vanReede. 
(L.  S.)  A.Heinfius. 
(L.  S.)  F.deNafau. 
(L.  S.)  Du  Tour. 
(L.  S.)  H.  Lemker. 
(L.  S.)  S.  L,  Gockinga. 

My-Lord  Marlborough  ne  le  figna  qu'à  Londres,  où  il  s'étoit  rendu 
avec  quelques  autres  Miniftres  Etrangers  auprès  de  la  Cour  Britannique.  Par- 
mi ceux-ci  étoit  le  Noble  Vénitien  Mocenigo.  On  ne  pouvoit  pénétrer  fes 
Commiflîons.  C'eft  d'autant  plus  qu'outre  le  fecret  raifterieux  ,  que  ceux 
de  fa  République  affectent  en  toute^  chofe  ,  on  n'avqit  guère  de  converfation 
avec  lui.  Car  tous  les  Envoiez  s'étoient  alfemblez  &  avoient  rélblu  de  ne 
point  lui  rendre  de  vifite.  C'étoit  fur  ce  qu'il  prétendoit  de  ne  pas  leur  don- 
ner la  main  chez  lui ,  8c  eux  précendoient  l'avoir  ,  à  caufe  qu'il  n'étoit  pas 
reconnu  en  Hollande  pour  Ambaffadeur.  D'ailleurs  ,  quand  même  il  auroit 
été  reconnu  pour  tel ,  il  y  avoit  une  Difpute  fur  ce  point  du  Cérémo- 
nial ,  qui  n'a  été  enfuite  terminée  que  par  une  Convention  entre  quelques 

Quoique  la  Guerre  n'eut  pas  encore  été  déclarée  ,  du  côté  des  deux  Cou- 
ronnes on  faifoit  des  Démarches  qui  paflbient  pour  des  Infractions  de  la 
Paix.  Outre  les  Lignes  du  côté  d'Anvers,  les  François  commencèrent  à 
bâtir  un  Fort  à  Selfate  à  portée  du  Canon  du  Sas  de  Gand.  Le  Gouver- 
neur ou  Commandant  de  ce  Pofte  menaça  ces  nouveaux  Battiflèurs  de  leur 
tirer  deflhs,  s'ils  ne  fe  defiftoient  de  leur  Travail.  On  en  eut  la  Nouvel- 
le par  un  Exprès,  que  le  Maréchal  de  Boufflers  envoioit  à  Don  Bernardo  de 

Quiros 


ET    RÉSOLUTIONS    D'ETAT.  715 

Quiros  &  au  Secrétaire  de  France  ,  Barré.  C'étoit  pour  faire  des  Plaintes  17°'^ 
contre  les  menaces  du  Commandant  du  Sas  de  Gand.  L'Exprès  trouva  en  -— — 
chemin  Don  Bernardo  de  Quiros,  qui  alloit  à  Bruxelles,  &  qui  renvoïa  à  la 
Haïe  fon  Secrétaire,  pour  faire  ces  Plaintes  conjointement  avec  Barré.  Le 
Confeiller-Penfionnaire,  auquel  ils  les  firent,  leur  répondit  que  le  Comman- 
dant devoit  l'avoir  déjà  fait.  Aufîï ,  outre  que  c'étoit  une  Infraction  mani- 
fefte  de  plufieurs  Articles  du  Traité  de  Weftphalie,  cette  nouvelle  Confhuc- 
tion  paroilToit-elle  d'une  trop  grande  conféquence.  C'étoit  parce  que  par  -  là 
les  François  auraient  pu  fe  rendre  Maîtres  des  Eaux.  On  écrivit  d'abord  là- 
deflus  au  Roi  de  la  Grande-Bretagne.  La  Réponfe  en  arriva  la  nuit  du  Mar- 
di 1$.  Décembre.  On  dépêcha  là-defTus  un  Exprès  au  Réfident  des  Etats 
Généraux  à  Bruxelles,  &  au  Commandant  du  Sas.  Le  premier  étoit  char- 
gé de  faire  des  inftances  afin  qu'on  démolit  ce  qui  avoit  été  fait  à  Selfate. 
Le  fécond  étoit  chargé  de  tirer  defius  les  Travailleurs,  au  cas  qu'on  ne  dé- 
molît pas  ce  Fort.  On  ne  répondit  au  premier  à  Bruxelles  qu'en  termes  amu- 
fans,  qu'il  faloit  examiner  la  chofe,  Se  entrer  pour  cela  en  Conférence.  Enco- 
re ftloit-il  confulter  là-deffus  la  Cour  de  Madrid.  Cela  fut  caufe  que  le 
Commandant  du  Sas  tira  quelques  Coups  de  Canon  fur  les^  Ouvrages  de 
Selfate.  Cependant ,  pour  ne  pas  répandre  du  fang  ,  il  envoia  avertir  les 
Travailleurs  de  prendre  garde  à  eux  ,  &  de  fe  retirer.  Un  Exprès  appor- 
ta aux  Etats  Généraux  cette  Nouvelle ,  le  Lundi  ip.  Décembre.  D'abord 
ils  envoiérent  ordre  à  une  Compagnie  de  Canoniers  de  Bois -le -Duc  de 
marcher  du  côté  du  Sas  8c  de  l'Eclufe.  On  donna  d'ailleurs  ordre  aux  Of- 
ficiers de  l'Artillerie  qui  fe  trouvoient  à  la  Haïe ,  de  fe  tenir  prêts  à  mar- 
cher. Comme  Don  Bernardo  de  Quiros  en  écrivant  à  fon  Secrétaire  à  la 
Haïe  fe  plaignoit  de  ce  qu'on  avoit  tiré  du  Sas  pendant  qu'on  étoit  un- 
ie point  d'entrer  en  Conférence  pour  examiner  l'Affaire  ,  les  Etats  Géné- 
raux trouvèrent  à  propos  de  donner  des  ordres  à  leur  Secrétaire  à  Paris.  Ils 
portoient  de  préfenter  un  Mémoire  à  la  Cour  de  France  ,  pour  juftifier  ce 
qu'ils  avoit  fait  faire  par  le  Commandant  du  Sas.  Ce  Secrétaire  s'en  aquitta 
de  la  manière  fuivante. 

„  T  E  foufïïgné  Secrétaire  des  Seigneurs  Etats  Généraux  des  Provinces-U-  Mémoi- 
„  1— <  nies  des  Païs-Bas  à  la  Cour  de  France  ,  a  ordre  d'y  reprefenter  que  rc  du  Sé- 
„  Leurs  Hautes  Puiffances  ont  lieu  de  s'étonner  de  la  conduite  de  l'Efpa-  cJétv  r% 
„  gne,  &  de  ce  qu'elle  paroit  mal  interpréter  que  le  Commandant  du  Sas  àlaCour 
„  de  Gand  a  tiré  fur  les  nouveaux  Ouvrages  qu'lille  y  fait  conflruire  tout  de  Fran- 
„  auprès ,  dans  un  tems  qu'Elle  auroit  pu  le  prévenir  en  les  faifant  fufpen-  ce  •  du 
„  dre  du  moins  jufques  à  ce  que  la  Conférence  offerte  à  ce  fujet  eut  été  27-Dec. 
5,  tenue. 

„  Que  Leurs  Hautes  Puiflànces  n'ont  donné  ces  ordres  qu'en  vertu  de 
„  leur  Droit,  pnifque  de  nouveaux  Ouvrages  conflruits  fous  la  portée  du 
„  Canon  ,  6c  fous  celle  même  du  Moufquet  de  leur  Fortereflé  ,  doivent 
„  être  regardez  comme  des  Batteries  qu'on  élevé  pour  les  attaquer;  ce  qui 
„  ne  répugne  pas  feulement  au  LXXXV.  Article  du  Traité  de  Muniterj 

Sfff  z  „  mais 


7H    MEMOIRES,  NEGOTIATIONS,  TRAITEZ, 

l701'  «  mais  en  général  à  1*  Raifon  naturelle,  qui  Nous  porte  à  nous  défendre  , 
r  ,)  Se  à  l'ulàge  commun  de  tous  les  Souverains. 

„  Que  Leurs  Hautes  Puifîances ,  pour  témoigner  leur  amour  pour  la  Paix, 
„  n'y  ont  procédé  qu'avec  la  dernière  modération. 

„  Qu'Elles  ont  fait  remontrer  allez  à  tems  au  Gouvernement  Efpagnol  le 
„  tort  qu'on  leur  faifoit ,  avec  in  (tance  de  faire  cefler  lefdits  Ouvrages  ° 

„  Qu'Elles  ont  donné  un  terme  plus  long  qu'il  n'étoit  requis,  pour  y  ap- 
„  porter  les  ordres  nécefiaires ,  £c  ont  fait  avertir  qu'a  la  fin  Elles  feraient 
5,  obligées  d'ufer  de  leur  Droit. 

„  Que  nonobitant  ces  remontrances  on  a  toujours  continué  ;  ce  qui  a  été 
„  caufe  que  les  ordres  de  Leurs- Hautes  Puiffances  donnez  en  tel  cas  ont  été 
„  exécutez  ;  mais  avec  toute  la  retenue  poffible  ,  puis  qu'on  a  commencé 
„  par  avertir,  &  fini  dès  qu'on  a  ceffé  les  travaux. 

„  Que  Leurs  Hautes  Puiffances  fe  perfuadent  que  leur  manière  d'agir  fera  - 
„  approuvée  de  tous  ceux  qui  en  jugeront  fins  prévention  ,  puis  qu'Elles 
„  font  reliées  dans  les  bornes  de  la  detënfe  naturelle  ;  &  qu'Elles  ont  offert 
„  d'entrer  en  Conférence  fur  ce  différent,  comme  anffi  fur  les  difficultez  qui 
„  pourroient.  être  faites  à  l'égard  des  autres  Forts,  pourvu  cependant  qu'El- 
„  les  n'euffent  pas  été  obligées  de  fouffir  qu'on  achevât  un  ouvrage ,  qui 
„  leur  fèroit  fi  préjudiciable. 

„  Que  Leurs  Hautes  Puifîances  font  encore  portées  d'y  entrer,  aïant  don— 
„  né   pour  cet   effet   les  Inftruétions  néceffaires  à  leur   Miniltre  à  Bru- 
„  xelles. 

m  Que  Leurs  Hautes  Puifîances  ne  fâchant  pas  ce  qu'on  entend  pour  vou- 
„  loir  traiter  fur  l'inoblèrvation  générale  du  Traité  de  Munfter  ,  Se  de  celui 
,,  du  Commerce  qui  a  été  fait  enfuite  ,  leur  dit  Minifire  pourra  néanmoins 
„  écouter  les  propofitions  qu'on  lui  en  fera.  Leurs  Hautes  Puifîances  étant 
„  affinées  que  lefdits  Traitez  ont  été  plus  religieufement  obfervez  de  leur  cô- 
„  té,  que  de  celui  de  l'Efpagne. 

„  Et  fur  ce  qu'un  Officier  de  Selfite  aïant  été  envoie  au  Commandant  du 
Sas  de  Gand ,  pour  demander  au  nom  du  Maréchal  de  Boufflers  pourquoi 
il  avoit  tiré,  auroit  fait  connoître  par  manière  d'avertiffement ,  qu'on  a- 
voit  intention  de  bombarder  cette  Place  &  PEclufe  ,  que  Leurs  Hautes 
Puiffanccs  devront  regarder  une  telle  Entreprife  pour  un  Aéte  publie 
d'hoftilité,  8c  une  rupture  manifefte ,  £c  feront  alors  contraintes  d'oppo- 
fer  la  force  à  la  force ,  fans  qu'Elles  croient  qu'avec  aucune  juftice  ou 
fous  aucun  prétexte  ,  on  pourra  leur  en  imputer  la  caufe  par  ce  qui 
vient  d'être  fait  de  leur-  part. 

r 

Signé, 

J.    Vroesen. 
„  A  Verfailles  le  vj.  Décembre  170  x. 

Les  Etats  Généraux  avoient  fait  mettre  par  leur  Secrétaire  dans  le  Mé- 
moire 


5> 

5J 
S5 
3> 

» 


ET    RESOLUTIONS    D'E  T  A  T.  çriy 

moire  l'Article  du  Bombardement  de  l'Eclufe ,  parce  qu'en  ce  cas -là,  on  1701} 
n'auroit  pas  pu  les  blâmer,  s'ils  avoient  Fait  lâcher  les  Eclufes  ,  &  par  con-  -  '     * 
fequent  Caufer  par  les  eaux  plus  de  dommage  au  Pais  voifin ,  qu'on  n'en  rece- 
vrait par  le  Bombardement. 

Le  Secrétaire  Vroefen  écrivit  du  30.  Décembre  aux  Etats  Généraux  que 
le  Lundi  précédent  il  s'étoit  adrefle  par  ce  Mémoire  au  Marquis  de  Torcr  j 
que  ce  Secrétaire  d'Etat  lui  avoit  dit  là-deffus  ces  termes  : 

„  (~\Ue  quoique  l'Infoler.ce  d'avoir  ôfé  tirer  fur  les  Ouvrages  d'un  auflî  Reponfe 
„  V^  puiflànt  Roi  fût  infuportable ,  Sa  Majefté  néanmoins  vouloit  bien,  dllMar- 
„  par  la  grande  bonté ,  accorder  les  Conférences  demandées  à  ce  fujet ,  Se  xoici, 
„  cependant  faire  cefler  les  Travaux.     Que  la  menace  d'un  Bombardement 
„  avoit  été  faite  fans  la  connoiflànce  de  Sa  Majefté  ;  &  que  le  Maréchal  de 
„  BoufHers  l'avoit  auflî  defavoiiée,  quoi  qu'on  l'eut  bien  méritée.     Et  que 
„  pour  ce  qui  regardoit  l'amour  de  la  Paix ,  dont  les  Etats  Généraux  Ce  van- 
„  toient,  il  étoit  très  perfuadé  qu'ils  n'attendoient  que  le  fecours  de  l'Angle- 
j,  terre  pour  entrer  en  Guerre. 

L  e  Secrétaire  ajoutoit  dans  fa  Lettre  ce  qui  fuit. 

"  f~Y^'^  aV°'t  Pn'S  'a  ^erté  de  répondre  au  Marquis  ,  que  la  Conferva-  ReP1.1" 
„  V£  tion  de  leur  Droit ,   avec  tant  de  Modération  ,   ne  pouvoit  jamais  sécrdui- 
„  mériter  le  nom  d'Infolence  parmi  les  perfonnes  defintéreflees.    Que  c'étoit  re  des 
„  pour  cela  que  Leurs  Hautes  Puiflànces  fouhaitoient  d'en  traiter  à  l'amia-  £•  G» 
„  ble,  pour  conferver  la  mutuelle  bonne  intelligence.     Qu'on  ne  pouvoit 
„  auflî  point  penfer  que  Sa  Majefté  voulût  recompenfer  leur  Modération  par 
„  un  Bombardement.     Et  enfin,  que  Leurs  Hautes  Puiflànces  avoient  don- 
„  né  trop  de  preuves  pour  leur  penchant  pour  la  Paix ,  pour  le  révoquer  en 
„  doute,  ou  pour  croire  que  fans  une  néceflîté  indifpenfable  ils  cherchent  le 
„  fecours  de  leurs  Alliez  pour  leur  Défenfe. , 

Le  même  Secrétaire  concluoit  fa  Lettre  en  rapportant  que  des  perfonnes     - 
confidérables  lui  avoient  dit  en  confidence ,  que  l'Entreprife  d'élever  le  Fort  de 
Selfate,  fi  près  de  la  Forterefle  des  Etats  Généraux,  ne  devoit  être  attribuée 
a  perfonne  qu'au  Maréchal  de  BoufHers,  qui  l'avoit  faite  fans  le  fû  du  Roi  & 
du  Miniitre  d'Etat  pour  les  Affaires  Militaires. 

Comme  cette  Affaire  eft  la  dernière  ,  qui  arriva  en  l'an  1701.;  on  ne  fau- 
roitfe  difpenfer  de  rapporter  ici  mot  à  mot  la  faillie  de  l'Auteur  de  l'Efprit 
ou  Nouvelles  des  Cours,  Gueudeville.  Ce  mot,  d'Infolence  ,  que  le  Mar- 
quis de  Torci  avoit  prononcé,  lui  émût  la  bile,  &  là-deflus  il  mit  dans  Ces 
JNouvclles  du  mois  de  Janvier  1702  ces  propres  mots  : 

"  (^ET.Sécré,tairf  d'Etat  ne  fêroit-il  point  étranger  dans  fa  propre  Lan<n,e?  • 

"  n^t  EntendJ  laCorcf  d^s  Tfr,mes  ?  Du  moins  ne  fait-il  P™  trop  bien  fon 
„  Didfaonaire  Miniftenal.   Qu'il  fe  donne  la  peine  de  le  confulter,  il  y  trou- 

Sfff  ?  »  vera, 


716*   MEMOIRES,  NEGOTIATÏONS,  TRAITEZ,  &c. 

Ï7QI.  „  vcra,  j'en  fuis  fur,  que  ce  gros  mot  àHInfolent  ne  s'applique  jamais  à  des 
Souverains.  Ce  Seigneur ,  qui  palfe  d'ailleurs  pour  avoir  beaucoup  d'ef- 
prit,  de  politeffe,  Se  même  de  bonté  ,  refpecte-t-il  fi  peu  ce  raïon  de  la 
Puiflance  Divine, qui  réfide  dans  ceux  qui  tiennent  le  timon  de  l'Etat?  Le 
terme  Ùlnjolent  ell  un  de  ces  mots,  qui  ne  fauroient  perdre  leur  fignifica- 
tion.     S'il  ne  convient  pas  à  la  Perlbnne  défignée  ,  il  relie  à  celui  qui  le 


5» 


ï) 


„  donne,  6c  ce  terme  lui  convient  à  proportion  qu'il  s'en  fert  mal. 

L  e  Confeiller-Penfionnaire  pria  cependant  l'Ambafiadeur  de  Suéde  d'écri- 
re en  termes  forts  au  Roi  fon  Maître  touchant  les  Procédures  de  la  France, 
tant  à  l'égard  de  l'Ele&orat  de  Cologne  Se  de  Liège,  que  par  rapport  au  Fore 
de  Selfate.  Il  ajouta  de  porter  ce  Roi-là  d'en  témoigner  fon  Reffèntiment, 
puis  que  ces  Démarches  étoient  autant  de  Brèches  au  Traité  de  Ryswick  , 
dont  il  avoit  été  le  Médiateur. 


Fin  de  l'Année  M  D  C  C  I. 


TABLE 


TA     B     LE 

DES 

P      I      E      CE      S 

Contenues  dans  ce 

I.      VOLUME. 


ANNÉES    MDCXC.  —  M  D  C  X  C  I  X. 


TJArangue  du  Comte  de  la  Tour  ,   Ambaffadeur  de  Savoye  ,  pour 
noiffance  de   Guillaume  III.  Roi  d' 'Angleterre ,  le  ii. 


la  Recon- 
Novembre 
1690.  Pag.  2. 

Mémoire  &  Déduclion  préfentez  par  le  Comte  d'Avaux  à  la  Cour  de  Suéde , pour 
lui  offrir  la  Médiation  de  la  Paix.  3,  4,  &c. 

I.  Traité  de  Partage  de  la  Monarchie  d'E/pagne  ,  conclu  entre  le  Roi  d'Angle- 
terre, le  Roi  de  France ,  &  les  Etats  Généraux,  à  la  Haïe  "le  11.  Oclobre 

1698.  12 
Mémoire  pré  fente  aux  Lords  Régens  d'Angleterre  contre  le  Traité  dé  Partage, 

par  le  Marquis  de  Canales  en  1 699.  1 1 

Mémoire  pré  fente  par  le  même  Marquis  fur  l'Invafion  de- D  arien  ,  /s  5.  Mai 

1699.  2.2 
Mémoire  pré  fente  aux  Etats  Généraux  contre  le  Traité  de  Partage ,  par  Dont 

Bernardo  de  Quiros  Ambaffadeur  d'Efpagne,  en  1699.  24 

Réfolution  des  Etais  Généraux  du  la.  Oclobre   1699.  fur  une  Lettre  du  Roi 
d'E/pagne.  16 

Réponjè  de  Dom  Bernardo  de  Quiros  à  cette  Réfolution.  zS 

Convention  entre  la  Suéde  J*  Angleterre  ,&  la  Hollande,  du  14.  Mai  169%.     32, 
Lettre  de  Remerciment  des  Etats  Généraux  au  Roi  de  Suéde ,  touchant  fa  Mé- 
diation au  Traité  de  Rysivick,  du  13.  Décembre  1697.  34 
Lettre  des  Etats  Généraux  au  Roi  de  Suéde  en  faveur  des  François  Réfugiez  ,  du 
6.  Novembre  1698.  35 

ANNEE    MDCC. 

'JfRaitê  entre  la  Suéde,  l'Angleterre  ,  &  les  Etats  Généraux,   du  i}.  Jan- 
vier. 3  6 
Relation  de  ce  qui  arriva  à  Mr.  de  Ferioles  Ambaffadeur  de  France  à  la  Porte  le 
y.  Janvier,  41 

Dif- 


T      A      B      L      E 

Difcours  àe.VJmbaffadeur  de  Maroc  au  Roi  de  France,  en  Mari.  47 

Extrait  d'une  Lettre  du  Bey  de  l'unis  aux  Etats  Généraux ,  du  3.  Février.  48 
Commiffion  du  Duc  de  Holftein  à  P  Amiral  d' Angle  terrre ,  du  zz.  Juin.  j-o 

Projet  d'un  Rochelois  pour  le  Bombardement  de  la  Flotte  Danoife.  j"i 

Traité  de  Paix  entre  le  Roi  de  Dannemarck  &  le  Duc  de  Holftein  ,  à  Traven- 
âal,  le  18.  Août.  .  fz 

Lettres  Recrédentiales  du  Dus  de  Holflein  au  Miniflre  d'Angleterre  ,  du  27. 
Sept.  <îo 

Lettres  Requifitoriales  du  Duc  de  Holflein  au  Roi  d'Angleterre ,  pour  la  Garantie 
du  Traité  de  Travendal,  du  27.  Septembre.  61 

Lettres  Requifitoriaks  du  même  Duc  au  Roi  de  France  ,pour  la  même  Garantie  , 
du  zj.  Septembre.  6z 

Manifefie  du  Comte  de  Flemming  entrant  en  Livonie,  du  20.  Février.  64 

Lettre  du  Comte  de  Flemming  au  Comte  de  Halberg,  du  2,6.  Février.  66 

Réponfe  du  Comte  de  Halberg  au  Comte  de  Flemming.  66 

Lettre  du  Roi  de  Suéde  au  Roi  de  France ,  fur  l'Jnfraclion  de  la  Paix  par  le  Roi 
de  Pologne,  du  14.  Mars.  6j 

Manifcfte  du  Roi  de  Pologne  touchant  fon  Irruption  en  Livonie.  69 

Mémoire  de  V Ambajfadeur  de  Suéde  contre  ce  Manifefte,  du  p.  Juillet.  88 

Décret  des  Sénateurs  Polonois  contre  le  Secours  propofé  pour  le  Dannemark.  po 
Raifons  pour  lefquelles  l' Electeur  de  Brandebourg  refufe  Paffage  aux  Saxons.  9 1 
Traité  pour  la  Reftitution  d'Elbing  par  l'Electeur  de  Brandebourg.  92. 

Difcours  de  l'Evêque  de  PFarmie  aux  Habit  ans  d?Elbing,  du  3.  Février.  pz 
Conventions  faites  avec  la  Fille  d'Elbing.  P4 

Lettres  Rêver [aies  de  l'Electeur  de  Brandebourg  à  la  République  de  Pologne.  9  j 
Mémoire  fecret  de  la  France  au  Roi  d'Ej pagne .'  95 

II.  Traité  de  Partage  de  la  Monarchie  d'Efpagne,  conclu  entre  le  Roi  de  Fran- 
ce ,  le  Roi  d'Angleterre ,  &  les  Etats  Généraux ,  à  Londres  &  à  la  Haïe  le 
3.  £5?  2f.  Mars.  P7 

Difcours  de  Air.  de  Bonrepaux  aux  Etats  Généraux  dans  fon  Audience  de  Con- 
gé. 108 
Lettre  de  Rappel  de  Mr.  de  Bonrepaux.  109 
Invitation  des  Etats  Généraux  au  Roi  de  Dannemark  d'accéder  au  Traité  de  Par- 
tage, du  ^.Juillet,  iop 
Notification  du  Traité  de  Partage  faite  au  Roi  d'Efpagne  par  le  Roi  d'Angleter- 
re ,  du  9.  Septembre.                                                                                   110 
Repréfentations  des  Etats  Généraux  pour  empêcher  les  Troupes  Impériales  d'entrer 
en  Italie ,  du  %6.  Sept.                                                                                1 1  2 
Réponfe  de  l' Empereur  par  rapport  au  Traité  de  Partage,  du  18.  Août.       113 
Prétendu  Traité  entre  les  Etats  Généraux  &  l'Electeur  de  Bavière  ,  du  28. 
Août.                                                                                                          1 1  ? 
Harangue  de  Dom  Bernardo  deQulros  aux  Etats  Généraux  dans  fa  première  Au- 
dience, du  8.  Novembre.                                                                             122 
Réponfe  à  cette  Harangue.                                                                                1  zz 
Mémoire  de  V  Ambaffadeur  de  Mofcovie,  touchant  les  Plaintes  du  Czar  contre  la 
Suéde,  du  2.  Septembre.                                                                          124 

Ecrit 


DES      PIECES. 

Ecrit  contenant  les  Griefs  du  Czar  contre  la  Suéde.  i  if 

Réfolution  des  Etats  Généraux  d'offrir  leur  Médiation  au  Roi  de  Suéde ,  &f  au 
Czar.  118 

Lettre  des  Etats  Généraux  au  Roi  de  Suéde ,  du  3.  Sept,  128 

Mémoire  de  P  Ambaffadeur  de  Suéde  aux  Etats  Généraux ,  du  10.  Sept.  149 

Lettre  du  Roi  cP  Angleterre  au  Czar ,  pour  lui  offrir  fa  Médiation  entre  lui  & 
le  Roi  de  Suéde,  du  zt,.  Oclobre.  ifi 

Réponfe  du  Roi  de  Suéde  aux  Etats  Généraux,  du  f.  Sept.  îf  f 

Mémoire  de  P>  Ambaffadeur  de  Suéde  aux  Etats  Généraux,  du  28.  Sept.  ij6 

Mémoires  du  Comte  de  Guifcard  à  la  Chancellerie  de  Suéde,  du  iz.  Septembre,  & 
du  6.  Octobre.  1  f  8 

Mémoire  du  Minijlre  de  Pologne  aux  Etats  Généraux,  du  28.  Sept.  160 

Lettre  des  Etats  Généraux  au  Roi  de  Pologne,  du  29.  Septembre.  160 

Lettre  du  Czar  au  Roi  de  Pologne.  1  Si 

Représentation  du  Minijlre  de  France  à  la  Diète  de  Ratisbonne ,  du  14.  Scptem- 
.  bre.  163 

Mémoire  du  Minïflre  de  Pologne  aux  Etats  Généraux,  du  4.  Oclobre.  164 

Mémoire  de  P Ambaffadeur  de  Mofcovie  aux  Etats  Généraux ,  du  6.  Oclobre.     16  f 
Manifefie  du  Czar  touchant  [es  Griefs  contre  le  Roi  de  Suéde  ,   du  18.  Septem- 
bre. 1 68 
Mémoire  de  Y Amhajfadeur  de  Suéde  aux  Etats  Généraux ,  du  8.  Oclobre.     169 
Mémoire  de  P  Ambaffadeur  de  Mofcovie  aux  Etats  Généraux  ,du  13.  Oclobre.     170 
Réponfe  des  Etats  Généraux  à  ce  Mémoire,  du  if.  Oclobre.             171  &  fuiv. 
Lettre  du  Comte  de  Halberg,  Gouverneur  de  Livonie,  fur  les  Plaintes  des  Mof- 
covites,  du  8.  Mars.                         .  %j^ 
Mémoire  de  V Ambaffadeur  de  Suéde  aux  Etats  Généraux,  du  1  8.  Oclobre.     182 
litre  &  Précis  de  la  Réponfe  des  Suédois  au  Manifejle  du  Czar.                    183 
Mémoire  de  P  Ambaffadeur  de  Suéde  aux  Etats  Généraux ,  touchant  les  Préroga- 
tives des  Ambaffadr'ues ,  du  30.  Novembre,                                                  1S4 
Mémoire  de  P Ambaffadeur d 'Efpagne  aux  Etats  Généraux,  touchant  la  mort  du 
Roi  Charles  IL,  &?  P  Avènement  du  Duc  d'Anjou  à  la  Couronne,  du 
24.  Novembre.                                                                                           188 
Tefiament  de  Charles  II.  Roi  cl Efpagne ,  avec  fon  Codicille.           191,  210 
Lettre  du  Roi  de  France  à  PE/ccleur  de  Brandebourg  fur  P  Avènement  du  Duc 
d'Anjou  à  la  Couronne  d" Efpagne  ,  du  21.  Novembre.                                   218 
Lettre  de  P  Empereur  aux  Milanais,  du  22.  Novembre.                                  219 
Mémoire  de  P  Ambafjadeur  de  Hollande  au  Roi  de  France  fur  la  Traité  de  Par- 
tage 13  k  Teflament  de  Charles  II.,  du  25-.  Novembre.                         220 
Mémoire  du  Comte  de  Briord  aux  Etats  Généraux,  du  4.  Décembre.             221 
Lettre  du  Roi  de  France  aux  Etats  Généraux,  du  29.  Novembre.                  221 
Réponfe  de  la  Cour  delrance  au  Mémoire  de  P Amba (fadeur  de  Hollande.  221  &c. 
Lettre  de  la  Reine  Douairière  &?  de  la  Régence  d' Efpagne  aux  Etats  Généraux 

du  22.  Novembre.  227 

Deux  Ré  [dations  des  Etats  Généraux ,  du  8.  Décembre.  228 

Quatre  Lettres  de  la  Junte  ou  Régence  d' Efpagne  au  Roi  de  France,  avec  une 

Réponfe  de  ce  Prince.  229  &  fuiv. 

Tom.  I.  Tttt  Pro- 


TABLE 

Profefiations  des  Ducs  d'Orléans  &?  de  Chartres  contre  Je  Tejîament  de  Char- 
les IL,  du  ■premier  Décembre.  2,34 
Difcours  du  Comte  de  Briord  aux  Etats  Généraux,  du  31.  Décembre.  239 
Réponfe  à  ce  Difcours.  240 
Lettre  du  Roi  d'Efpagne  aux  Etats  Généraux,  du  18.  Décembre.  241 
Mémoire  de  V Ambajfadeur  d'Efpagne  aux  Etats  Généraux.  241 
Lettre  de  Mr.  N....  d'Anvers  à  Mr.  P....  en  Hollande,  du  29.  Décembre,  z^z 
Réflexion  fur  cette  Lettre.  2f0 

ANNEE    MDCCI. 

ACfE  pour  rendre  le  Parlement  d'Angleterre  triennal.  z<z 

Proclamation  du  Roi  d' Angleterre  pour  la  Caffation  du  Parlement,  &?  la  Con- 
vocation d'un  nouveau.  2^4 
Relation  de  la  Bataille  gagnée  à  Narva  par  le  Roi  de  Suéde  fur  les  Mofcovi- 
tes.  2ff 
Déclaration  du  Roi  de  Suéde  après  cette  Vicloire.                                            2j"8 
Mémoire  de  V 'Ambajfadeur  de  Suéde  aux  Etats  Généraux  pour  leur  notifier  cette 
Vicloire,  du  premier  Janvier.                                                                     25*9 
Traduction  Françoife  de  Mémoire.                                                                   2fp 
Mémoire  de  V Ambaffadeur  de  Suéde ,  pour  demander  du  Secours  aux  Etats  Gé- 
néraux, du  z.  Janvier y  z6o 
Traduclion  Françoife  de  ce  Mémoire.  261 
Mémoire  de  Y  Ambaffadeur  de  Mofcovie  aux  Etats  Généraux  touchant  VABion  de 
Narva,  du  z$.  Janvier.  z6$ 
Lettre  ou  Réponfe  du  Czar  aux  Etats  Généraux.                                           264 
Mémoire  de  r  Ambajfadeur  de  Suéde  aux  Etat  s  Généraux,  du  27.  Janvier.   z66 
Mémoire  de  V  Ambaffadeur  de  Mofcovie  aux  Etats  Généraux, du  9.  Février.     %Gj 
Traduclion  Françoife  de  ce  Mémoire,                                                               270 
Remarques  fur  le  Mémoire  de  r  Ambajfadeur  de  Mofcovie ,  par  Gueudeville.     275 
Réponfe  à  l'Ecrit  publié  par  le  Général  Flemming  lorfqu'il  envahit  la  Livo- 
nie.                                                                                                             286 
Réponfe  au  Manifefie  du  Roi  de  Pologne  rapporté  ci-deffus  pag.  69.                207 
Mémoire  de  l'Envoie  de  l'Empereur  au  Gouverneur  du  Malinez.  26  f 
Réponfe  du  Gouverneur  du  Milanez  à  ce  Mémoire.                                         266 
Autre  Réponfe  à  ce  Mémoire  par  le  Chancelier  du  Milanez.                           266 
Protejlations  du  Comte  de  Harach ,  Ambaffadeur  de  F  Empereur  à  la  Cour  d'Efpa- 
gne,  contre  le  Tejîament  du  Roi  Charles  II.  \6j 
Réfolution  des  Etats  Généraux,  du  iy.  Janvier.                                           269 
Réfolution  des  Etats  Généraux,  du  19.  Janvier.                                              371 
Mémoire  de  P 'Ambajfadeur  d'Efpagne  aux  Etats  Généraux,  du  7.  Février.     374 
Réponfe  des  Etats  Généraux  au  Mémoire  précédent,  du  z.  Février.                yj6 
Proclamation  du  Roi  de  Pruffé,  le  ij.  Janvier.                                             280 
Lettre  de  l'Empereur  au  Roi  de  Pruffé ,  du  zz.  Février.                               382 
P  rote  fiât  ion  du  Pape  contre  la  Roïauté  de  Pruffé  ,  du  9.  Avril. 


383 
Pro- 


DES       PIEGES. 

Pr déflation  d'un  Prince  de  Radziivill  contre  cette  Roiauté ,  du  p.  Mars.  38  3 
Compliment  de  V Introducteur  des  Ambaffadeur  s  en  France  au  Connétable  de  Caf- 

tille.  385- 

Di/cours  du  Connétable  de  Caftille  au  Roi  de  France ,  le  14.  Mars.  386 

Réponje  du  Roi  de  France  au  Connétable  de  Caftille.  386 

Audience  de  Congé  du  Connétable  de  Caftille,  le  24.  Mars.  387 

Réponfe  du  Roi  de  France  à  cet  Ambaffadeur.  387 
Lettres  Patentes  du  Roi  de  France ,  pour  conferver  au  Roi  d'Efpagne  fes  Droits 

à  la  Couronne  de  France.  388 
Préface  de  la  Déclaration  du  Roi  de  France  pour  VEtabliffement  de  la  Capitation 

dans  fes  Etats,  le  iz.  Mars.  39a 

Mémoire  du  Comte  d'Avaux  aux  Etats  Généraux ,  du  13.  Février.  391 

Second  Mémoire  du  Comte  d'Avaux  aux  Etats  Généraux ,  du  16.  Février.  392 

Réponfe  des  Etats  Généraux  aux  deux  précedens  Mémoires ,  du  2.1.  Février.  294 
Réfolution  des  Etats  Généraux  touchant  la  Reconnoiffance  du  Roi  d'Efpagne,  du 

xz.  Février.  39? 

Lettre  du  Roi  de  France  aux  Etats  Généraux,  du  3.  Mars.  396 

Mémoire  du  Comte  d'Avaux  aux  Etats  Généraux,  du  f.  Mars.  396 

Réfolution  des  Etats  Généraux,  du  9.  Mars.  397 

Mémoire  de  V Ambaffadeur  d'Efpagne  aux  Etats  Généraux  ,  du  p.  Mars.  395 

Réponfe  à  ce  Mémoire,  du  p.  Mars.  399 

Harangue  du  Roi  d'Angleterre  à  fon  Parlement,  du  ta.  Février.  400 

Réponfe  du  Roi  d'Angleterre  aux  Communes.  40  z 

Mémoire  des  Etats  Généraux  au  Roi  d' Angleterre ,  du  z.  Mars.  402 

Demandes  propofées  au  Comte  d'Avaux  par  les  Etats  Généraux ,  le  22.  Mars.  403 

Demandes  propofées  au  Comte  d'Avaux  par  l'Angleterre.  405 

Réfolution  des  Etats  Généraux,  du  iz.  Mars.  409 

Lettre  du  Pape  au  Roi  d'Efpagne,  du  6.  Février.  ■  41  z 

Extrait  de  la  Lettre  de  Pape  à  l'Empereur,  du  7.  Mars.  41  3 

Réfolution  du  Sénat  de  Venife ,  du  if.  Mars.  414 

Réponfe  du  Sénat  de  Venife  à  V Ambaffadeur  d'Efpagne,  414 

Traité  d' Alliance  entre  la  France  &  la  Caftille,  &  le  Portugal,  415" 

Lettre  du  Roi  de  Portugal  aux  Etats  Généraux,  du  11.  Mars.  415 

Lettre  du  Roi  de  Portugal  au  Roi  de  Dannemarck,  du  premier  Janvier.  417 

Mémoire  de  V Envoie  de  Dannemarck  aux  Etats  Généraux,  418 

Lettre  du  Roi  de  France  à  P  Electeur  de  Bavière,  du  9.  Mars.  420 

Lettre  du  Roi  d'Efpagne  à  la  Reine  Douairière ,  pour  l'éloigner  de  Madrid.  420 
Diverfes  Pièces  &  Fragmens  fur  les  Affaires  pref entes   de  l'Empire  ,  fç avoir 

Fragment  d'un  Député.  421 

Harangue  du  Comte  de  Leweftein.  42  z 

FIL  Dialogues  fur  l'Etat  préfent  de  F 'Allemagne.  450 

Manu  fer  it  trouvé  dans  la  Bibliothèque  de  *****  431 

Relation  de  la  Négociation  du  Comte  de  Schlick  à  Bonn,  du  10.  Avril.  437 

Mémoire  de  V  Ambaffadeur  de  France  aux  Cantons.  440 

Mémoire  de  l' Ambaffadeur  de  l'Empereur  aux  Cantons.  441 

Mémoire  de  l' Ambaffadeur  d'Efpagne  aux  Cantons.  44Z 

Tttt  z  Pro~ 


TABLE 

Propofitiotts  faites  aux  Cantons  de  la  part  de  l'Empereur.  44.4, 
Mémoire  des  Anglais  &  des  Hollandais  fur  le  trouble  apporté  à  leur  Commerce  fur 
les  Frontières  de  Suifje  par  les  Commis  Impériaux.  446 
Mémoire  Latin  du  Sr.  Muys  van  Holy  fur  le  même  fujet.  448 
Lettre  du  Prince  de  faudemont  au  Duc  de  Mantoue ,  du  premier  Avril.  45*  1 
Lettre  du  Comte  de  Tefjé  au  Duc  de  Mantoue ,  du  f.  Avril.  472 
Mefjage  du  Roi  d' Angleterre  aux  Communes.  45y 
Ré  joint  ion  des  Etats  Généraux ,  du  4.  Avril.  4j-j* 
Autre  Réfolution  du  même  jour.  4f6 
Traité  d'Alliance  &c.  entre  Charles  II.  Roi  d'Angleterre  ,  &?  les  Provinces- 
Unies*  en  1678.  4^5 
Traité  d'Alliance,  entre  le  Roi  d'Angleterre  Guillaume  III.,  &  les  Provin- 
ces-Unies, en  1689.  460 
Réfolution  &  Fôte  de  la  Chambre  Baffe  du  Parlement  d'Angleterre.  464 
Mémoire  de  V Ambaffadeur  d' Angleterre  aux  Etati  Généraux ,  du  21.  Avril.  465" 
Réfolution  des  Etats  Généraux ,  du  23.  Avril.  46 f 
Lettre  du  Roi  d'Angleterre  aux  Etats  Généraux  ,  du  25".  Avril.  4.66 
Lettre  du  Comte  de  Melfort  au  Comte  de  Pertb ,  Gouverneur  du  Prince  de  Gal- 
les, du  18.  Février.  ^6j 
Réfolution  des  Etats  Généraux,  du  2.  Mai.  473 
Mémoire  du  Comte  d'Avaux  aux  Etats  Généraux,  du  10.  Mai.  474 
Lettre  des  Etats  Généraux  au  Roi  de  la  Grande-Bretagne ,  du  15.  Mai.  47^ 
Réponfe  du  Roi  de  la  Grande-Bretagne  aux  Etats  Généraux,  du  27.  Mai.  477 
Mémoire  de  i Ambafjadeur  de  l'Empereur  au  Roi  d'Angleterre  ,du  22.  Mai.  478 
Réfolution  des  Etats  Généraux  ,  du  6.  Juin.  479 
Réfolution  des  Etats  Généraux  ,  du  7.  Jui».  480 
Réfolution  des  Etats  Généraux  ,  du  16.  Juin.  481 
Réfolution  des  Etats  Généraux ,  du  20.  Juin.  482 
Raport  fait  aux  Etats  Généraux ,  du  11 .  Juin.  48  2 
Mémoire  du  Comte  d'Avaux  aux  Etats  Généraux,  du  z6.  y  aille  f.  483 
Lettre  de  Rappel  du  Comte  d'Avaux.  487 
Réfolution  des  Etats  Généraux,  du  premier  Août.  487 
Mémoire  du  Comte  d'Avaux  aux  Etats  Généraux,  du  \\.  Août,  496 
Réponfe  des  Etats  Généraux  à  ce  Mémoire.  497 
Lettres  Ré cré denti  aie  s  des  Etats  Généraux  au  Comte  d'Avaux.  497 
Atle  pour  étendre  la  Succeffion  de  la  Couronne  d'Angleterre ,  &  pour  mieux  affu- 
rer  les  Droits  &  les  Libériez  des  Sujets ,  du  1  o.    Février.  499 
Proteflation  de  la  Ducbeffe  de  Savoie  contre  l' Atle  précédent.  fo$ 
Requête  de  la  Province  de  Kent  au  Parlement.  504 
Lettre  à  Flarlei,  Orateur  des  Communes.  50^ 
Mémoire  de  divers  Gentilshommes  &V.  au  Parlement  d' Angleterre.  fc  6 
Déclaration  de  la  Province  de  Warvoick.  f  1 1 
Remerciment  du  Peuple  d'Angleterre  aux  Seigneurs  Anglois.  fi  2 
Difcours  du  Roi  d' Angleterre  aux  Etats  Généraux  affemblcz.  f  1  3 
Réponfe  des  Etats  Généraux  au  Roi  d'Angleterre.  j- 1 4, 
Traité  d'Alliance  entre  le  Dannemark  Kçj  les  Etals  Généraux ,  le  10.  Janv.     5-17 


DES       PIECES. 

Lettre  du  Czar  au  Roi  d' Angleterre ,  du  12.  Mai.  5-23 

Mémoire  de  l' AmbaJJadeur  de  Suéde  aux  Etats  Généraux ,  du  1 2.  Juillet.       J-Z4 
Traduction  Françofe  de  ce  Mémoire.  f  27 

Réfolution  des  Etats  Généraux ,  du  if.  Juillet,  en  Réponfe  au  Czar.  530 

Mémoire  de  V  AmbafJ'adeur  de  Mofcovie,  du  16.  Août.  5-32 

Lettre  du  Czar  aux  Etats  Généraux ,  du  ip.  Août.  5-55 

Mémoire  de  PAmbaJfadeur  de  Mofcovie  aux  Etats  Généraux ,  du  ^..OBobre.    f  34 
Monitoire  de  r Empereur  contre  le  Duc  de  Mantoue,  du  20.  Mai.  7-36 

Ecrit  contre  ce  Monitoire  par  les  Généraux  de  France  &  d'Efpagne,  du  22.  Juil- 
let. S  $7 
Lettre  de  PEleileur  de  Cologne  aux  Electeurs  ,   de  Mayence  ,  de  Trêves ,  &  de 
Bavière.                                                                                                          f  38 
Traduclion  Françoife  de  cette  Lettre.                                                               j- 39 
Traduction  Françoife  de  la  Lettre  d'un  Gentilhomme  Italien  fur  la  prétendue  Prof- 
cription  du  Duc  de  Mantoue.                                                                  530  &c. 
Décret  du  Roi  d'Efpagne  en  faveur  de  Ducs  £s?  Pairs  de  France.                    f4<5 
Extrait  de  l'Alliance  offenfive  13  défenfive  entre  le  Roi  d'Efpagne  &f  le  Roi  de 
Portugal,  en  Juin.                                                                                         f-47 
Manifejle  de  la  Maifon  d'Autriche,  qui  démontré  clairement  fes  Droits  à  la  Cou- 
ronne d^Efpagne.                                                                                         5-49 
Contracl  de  Mariage  de  Louis  XIII  Roi  de  France  13  ^'Anne  d'Au- 
triche.                                                                                       f54 
Contrat!  de  Mariage  de  Louïs  XIV   Roi  de  France  &?  de  Marie- 
Therese  d'Autriche.                                                                 fô"r 
Renonciation  de  Marie-Therese  à  la  Succejjion  d'Efpagne.         y68 
Autre  Acte  de  Renonciation  de  la  même  Princeffe.                               yj$ 
Articles  de  la  Paix  des  Pirennées  touchant  la  Renonciation  de  Marie- 
Therese  à  la  Succejjion  d'Efpagne.                                          f  S  1 
Confentement  du  Roi  de  France  à  la  Renonciation  de  la  Reine  fon  Epoufe 
à  la  Succejjion  d'Efpagne.                                                             5-  1 2 
Réflexions  fur  les  Mouvemens  de  l'Empereur  au  fujet  de  la  Monarchie  d'Efpagne , 
par  D.  Bernardo  de  Quiros.                                                                          6fo 
Traité  d'' Alliance  entre  l'Empereur,  le  Roi  d'Angleterre,  &  les  Etats  Généraux, 
du  7.  Septembre.                                                                                            620 
Invitation  de  l' Empereur  au  Roi  de  Suéde  d'accéder  à  la  Triple  Alliance.       629 
Mémoire  du  Mini  (Ire  Impérial  au  Roi  de  Suéde  en  1 6pj. ,  touchant  la  Garantie 
du  Traité  de  Ryswick.                                                                                   630 
Demandes  de  la  Noblejfe  de  Lithuanie.                                                              634 
Harangue  d'un  Député  de  la  Grande  Pologne  au  Roi.             .                          63  f 
Lettre  du  Cardinal  Primat  de  Pologne  au  Roi  de  Suéde,  du  25.  Juillet.       638 
Tnadublion  Françoife  de  cette  Lettre.                                                                628 
Réponfe  du  Roi  de  Suéde  au  Prince  Sapieha.                                                    6$p 
Réponfe  du  Roi  de  Suéde  au  Cardinal  Primat  de  Pologne,  du  30.  Juillet.     6-39 
Lettre  du  Roi  de  PolognWaux  Etats  Généraux  13  au  Roi  d'Angleterre,   du  9. 
Sept.                                                                                                          641 
Remarques  de  Y  Ambajfadeur  de  Suéde  fur  cette  Lettre.                                  64g 

Tttt   3  Bref 


TABLE    DES    PIECES. 

Bref fecret  du  Pape  au  Roi  de  Pologne  ,  touchant  l'Education  &?  la  Religion  de 
/'on  Fils,  du  30.  Juillet.  .  ^p 

Réponfe  du  Cardinal  Primat  de  Pologne  au  Roi  de  Suéde,  du  2p.  Sept.  660 

Décret  de  la  Diète  de  Ratisbonne  contre  le  Duc  de  Savoie,  du  \x.  Août.  66 2 
Monitoire  de  la  Diète  de  Ratisbonne  contre  le  Duc  de  Savoie,  du  12.  Août.  66 1 
Manifejle  du  Chapitre  de  Cologne,  contre  le  Procédé  de  l'Electeur,  du  1  ^.Sept.  66 f 
Lettre  de  ce  Chapitre  à  F  Electeur ,  du  16.  Septembre.  669 

Manifejle  de  l'Electeur  de  Cologne,  du  if.  Octobre.  671 

Mémoire  du  Réfident  de  Y  Electeur  de  Cologne  aux  Etats  Généraux ,  du  24.  Sep- 
tembre. 6jj. 
Second  Mémoire  de  ce  Réfident,  du  il.  Oclobre.  $yr- 
Ordre  de  l'Evêque  de  Liège  de  livrer  cette  Ville  aux  François  ,   du  10.  Novem- 
bre. 677 
Lettre  de  VEvêque  de  Liège  au  Marquis  de  Mont-Revel ,  du  24.  Novembre.  677 
Réponfe  de  l'Empereur  aux  Etats  de  Liège,  du  17.  Décembre.                       6j$ 
Réponfe  de  l'Evêque  de  Liège  au  Chapitre  de  cette  Fille,  du  13.  Dec.            678 
Billet  de  cet  Evêque  au  même  Chapitre.  6j$> 
Réponfe  des  Parens  du  Baron  du  Mean,  Grand  Doien  de  Liège.  679 
Relation  de  V Enlèvement  du  Grand  Doïen  de  Liège.                                        680 
Raifons  des  François  pour  fe  faifir  des  Places  de  l'Electorat  de  Cologne.  682 
Mémoires  de  la  Cour  de  France ,  touchant  la  Reconnoijdnce  du  Prince  de  Galles 
pour  Roi  d'Angleterre.                                                                                 6p0 
Billet  de  Milord  Manchejler  à  Mr.  l'or  ci.                                                       $9X 
Réponfe  de  Mr.  de  Torci  à  ce  Lord.                                                                 <5pj 
Lettre  du  Prince  de  Vaudemmt  au   Prince  Eugène ,  pour  convenir  d'un  Car-' 
tel.                                                                                                              694 
Réponfe  du  Prince  Eugène.                                                                             694 
Préface  de  l'Etat  de  Guerre  des  Hollandois pour  l'Année  1702.                       696 
Réfolution  des  Etats  Généraux,  du  4.  Novembre.                                             6ç>j 
Proclamation  du  Roi  d' Angleterre  pour  la  Caffation  du  Parlement,  &f  la  Con- 
vocation d'un  nouveau.                                                                                 701 
Lettre  du  Cardinal  Primat  aux  Diétines  de  Pologne,  du  premier  Sept.           70  f 
Inftruction  de  la  Grande  Pologne  à  fes  Députez  à  la  Diète.                             707 
Ordres  de  V  Electeur  de  Cologne  de  recevoir  dans  fes  Villes  les  Troupes  de  France 
&?  d'Efpagne.                                                                                    7°  8,  709 
Serment  que  faifoient  ces  Troupes.                                                               .     yop 
Traité  pour  des  Troupes  entre  le  Roi  d'Angleterre  13  les  Etats  Généraux ,  &  le 
Roi  de  Pruffe,  du  30.  Décembre.                                                                jX0 
Mémoire  du  Secrétaire  des  Etats  Généraux  à  la  Cour  de  France ,  du  27.  Décem- 
bre.                                                                                               -             715 
Réponfe  du  Marquis  de  Torci  h  ce  Mémoire.                                                   j^ 
Réplique  du  Secrétaire  des  Etats  Généraux.                                                    71  f 
Réflexions  de  Gueudeville  fur  le  Terme  //'Infolence  du  Marquis  de  Torci.       71  f 

F      I      N. 


Mi. 


î>Go  \ 


sRi  .wOn 


nn^ 


'0/-y 


^r^ 


John  Chants 
|fiibrarç. 


IN  THE  CUSTODY  OF  THE 

BOSTON     PUBLIC   LIBRARY. 


SHELF    N° 

*AUÀMS 


00.  \ 


\M 


Bit 


**r<r 


^  (^ 


m 


■ 


H 


m 


f        *mm