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COLLECTION
DK
DOCUMENTS FNÉDITS
SUR u'hisïoirh: de frange
PLBLIKS r.VH LES SOINS
DU MINISTRE DE [;I^ STIUCTIO \ PLBLIQUK
Vm- .invir 111 (l;il<' «In i •? juin 1889. le Ministre de rinstriictioii publique et
tics l»p;iii\-;iils a onloinu' la publication, dans la collection des documents hislo-
ncpifs iiit'dih ivlalils à la R(>volutiun do 1789, des Procès-verbauœ du Comité d'in-
sirtu'tioit j>uh/l/iiic de /" ('oiirp)tiio)i nationale, par M. .1.- Guillaume.
Tai- aiivU' en dale <lii <s août 189-2, M. F. -A. Adlard, membre du Comité des
lra\au\ historiques o\ s(ientili([nes, a été chargé de surveiller cette publication
m qualité de toiuriiissaii-e responsable, en remplacement de iM. Courcelle-Seneuh, ,
décéilé.
SE TROUVE A PARIS
A LA LIBRAIRIE ERNEST LEROUX,
RUE BONAPARTE, 28.
i
PROCÈS-VERBAUX
DU
COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE
DE LA CONVENTION NATIONALE
PUBLIES ET A.MNOTES
PAR
M. J. GUILLAUME
TOME TROISIEME
1" FRIMAinE AN II (21 NOVEMBRE 1793) - 30 VENTÔSE AN II
(20 MARS 1794)
PARIS
IMPRIMERIE NATIONALE
^
in
;/
9 h'i
iM DCCG \GV1I
A 44
-t. 3
INTRODUCTION.
Ce troisième volume contient les procès-verbaux de cinquante-
neuf séances du Comité d'instruction publique de la Convention
nationale, du 3 frimaire au 29 ventôse an 11 (28 novembre
1798-19 mars 1 79^).
On y verra la présentation du plan général d'instruction
publique de Bouquier, dont la première partie, adoptée par
la Convention, est devenue le décret du 99 frimaire an n sur
l'enseignement en général et sur l'organisation du premier
degré d'instruction; et dont la seconde partie, ajournée d'abord,
puis discutée et complétée par le Comité en ventôse, formera
un projet de décret sur le dernier degré d'instruction qui sera
présenté à la Convention le 26 germinal, mais sur lequel aucun
débat ne sera ouvert.
La première partie de cette Introduction fait connaître le
personnel du Comité d'instruction publique pendant les quatre
mois qui remplissent ce volume.
La seconde partie est consacrée à l'exposé de ce qui concerne
le plan général d'instruction : écliec du système de la majorité
du Comité, renouvelé de Condorcet et défendu par Romme;
discussion et adoption des trois premiers titres du plan Bouquier,
qui forment le décret du 29 frimaire; vote des décrets du
8 pluviôse sur les idiomes, du 9 phiviôse sur les livres élé-
mentaires; mise en vigueur de la nouvelle organisation des
écoles du premier degré d'instruction par le décret du k ven-
tôse; préparation d'un projet de décret sur le dernier de<;ré
d'instruction.
Dans la troisième partie, (juebjues indications sonl données
in. A
lUPRIVinir KlTIO<I4LI.
„ INTRODUCTION.
sur los iuilios (|iieslioiis (jui ont occupé le Comité pendant celte
période.
Eidiii, dans la <pialriénie, outre des détails sur les docu-
nieiils irarchives où nous continuoiis à puiser, nous donnons,
coiiime couipléuient à nos deux premiers volumes, un rensei-
oiKMiKMil que nous n'avions pu y faire figurer : les noms des
rédacteurs — autant que nous avons pu les déterminer —
des cent cinquante-six procès-verbaux publiés dans les tomes I
el II. Quant aux procès-verbaux qui composent le présent
lonie III, la mention du nom du rédacteur est placée en note
à la fin de chacun d'eux.
I
Sur les vingt-quatre membres qui furent désignés pour com-
poser le Comité d'instruction publique réorganisé par les dé-
crets des 1 5 et 1 7 du premier mois , il en est sept qui n'ont
jamais siégé ou qui n'ont siégé que très peu de temps, soit que
leurs travaux dans d'autres comités les aient empêchés d'ac-
cepter leur nomination ^^^, soit que des missions les aient tenus
éloignés de Paris, ou pour toute autre raison : ce sont Jullien
de la Drôme ^^), Laignclot, Bo, Audouin (^), Gay-Vernon ('^^
^'^ On pouvait cependant faire partie
de deux comités à la fois (en dépit de
l'article i" du chapitre vni du règle-
mont intérieur de la Convention, voté
le 28 septembre 1792; voir l'Intro-
duction du tome I", p. n) ; ainsi David,
qui ne cessa pas, jusqu'en thermidor,
dYHro un membre très assidu du Go-
mité d'instruction publique, était en
même temps membre du Comité de
sûreté générale.
^^' Jullien do la Dromc fut nommé,
dans la séance du Comité du 19 du
premier mois, membre de la section
chargée de recueillir les traits héroïques;
mais ensuite son nom ne figure plus
dans les procès-verbaux.
^^^ Audouin fut nommé l'un dos se-
crétaires du Comité le 19 du premier
mois , et il en remplit les fonctions ce
jour-là, et peut-être jusqu'au 9.b; son
nom cesse ensuite de paraître dans les
procès-verbaux.
^*^ Gay-Vernon fut nommé, comme
Audouin, l'un des secrétaires le 19 du
premier mois, et en remplit les fonc-
m
INTRODUCTION.
Moyse Bayle et Poiis de Verdun ^^^; les noms de ces sept repré-
sentants ne paraissent dans aucun des procès-verbaux contenus
dans le présent volume. Un huitième, Duval d'Ille-et-Vilaine,
ne prend part aux travaux du Comité qu'à partir de ventôse
(séance du 5 ventôse). Quant aux six membres nommés le
11 brumaire, l'un d'eux, Basire, fut mis en état d'arrestation
le 27 brumaire (^^; un autre, Duhem, se trouve dans le même
cas que Duval : il paraît n'avoir pas assisté aux réunions du
Comité pendant les quatre premiers mois qui suivirent sa no-
mination; son nom est mentionné au procès-verbal pour la
première fois en ventôse (séance du i^"" ventôse).
Voici les noms des membres du Comité — au nombre de
vingt — désignés tant par les décrets des 1 5 et 17 du premier
mois que par celui du 1 1 brumaire, qui siègent au moment où
s'ouvre le mois de frimaire :
David.
Jay de Sainte-Foy.
Bouquier.
Giiyton-Morveau.
Fourcroy.
Arbogast.
Mathieu.
Boutroue.
Vaidruche.
Coupé de rOise.
Romme.
Tliomas Lindel.
Prunelle.
Grégoire.
Michel-Edme Petit.
Léonard Bourdon.
Daoust.
Ferry.
Anacharsis Cloots.
Villar.
On peut distinguer, au point de vue de hi conq)ositioii du
tiens jusqu'au 3 du second mois; son
nom cesse ensuite de paraître dans les
procès-verbaux.
^'^ Pons de Verdun fut nonuné, dans
la sdance du 1 (j du [)rcini('r mois,
membre de la section cliargde de re-
cueillir les trails liéroïques; mais en-
suite son nom ne. ligure |)liis dans les
procès-Yorbau\.
^"^- On sait (pio Basin* fui guilloliiK'
lo i() gerininai avec Danton vl ses co-
accusées.
V.
,v INTRODUCTION.
Coinilc', dans les quatre mois Je frimaire, nivôse, pluviôse et
ventôse, deux périodes : la première allant jusqu'à la fin de
plu\iôse, la seconde ])artant du commencement de ventôse,
pour se prolouijei", au delà des limites du présent volume,
jus(pren fi'uclidor.
Deux membres nouveaux furent adjoints au Comité dans le
courant de frimaiie : Thibaudeau, par décret du i 9 frimaire, à
la suite du discours qu'il prononça contre la revision faite par
le (]omi(é d'instruction publi(|ue; et Fabre d'Eglantine, par
décret du 28 frimaire, à la suite de la proposition faite par lui,
et adoptée par la Convention, d'interdire aux instituteurs de
tenir pension particulière. Thibaudeau deviendra, à partir de
])luviôse, un des membres les plus actifs du Comité et l'un de
r
ses rapporteurs habituels; Fabre d'Eglantine, lui, n'est men-
tionné au procès-verbal que d'une seule séance, celle du 26 fri-
maire : il ne fit du reste partie du Comité que pendant un mois,
ayant été arrêté par ordre du Comité de sûreté générale dans
la nuit du 28 au 2 4 nivôse (^^.
Le Comité se trouva ainsi pendant quelc|ue temps, du
19 au 28 frimaire, composé de vingt et un membres, puis,
du 28 frimaire au 6 nivôse, de vingt-deux : les vingt membres
qui figurent dans la liste ci-dessus, plus Thibaudeau et Fabre.
Anacharsis Cloots, expulsé des Jacobins le 22 frimaire comme
étranger, cessa de faire partie du Comité en vertu du décret
du 6 nivôse, qui excluait de la Convention les citoyens nés en
pays étranger; le 7 nivôse, il fut mis en état d'arrestation par
ordre du Comité de sûreté générale ^'^\
Après l'exclusion de Cloots et avant l'arrestation de Fabre,
^'' Fabre d1%iantine fui guillotiné le h germinal avec Hébert, Rousin,
avec Daiitou et ses coaccusés. Vincent, etc.
^'' Anacharsis Cloots fut guillotiné
INTRODUCTION.
c'est-à-dire du 6 au 28 nivôse, le Comité se trouva composé
de vinfft et un membres, savoir :
David.
Jay de Saintc-Foy.
Bouquier.
Guyton-Morvoau.
Fourcroy.
Arbogast.
Mathieu.
Boutroue.
Valdruche.
Coupé de rOise.
Romme.
Thomas Liiidet.
Prunelle.
Gre'goire.
Michel-Edme Petit.
Léonard Bourdon.
Daoust.
Ferry.
Villar.
Thibaudeau.
Fabre d'Eglantine.
Du 28 nivôse à la fin de pluviôse, le Comité ne compta
plus que vingt membres, ceux qui figurent dans la liste ci-
dessus, moins Fabre.
Le 5 ventôse, Romme, envoyé à Angouleme et à Périgueux
par deux arrêtés du Comité de salut public des ih pluviôse et
5 ventôse, quitta Paris pour une absence qui dui^a sept mois.
Au moment où celui qui avait été l'âme du Comité d'in-
struction publique pendant la période la plus importante de
l'année 1798, du commencement d'août jusqu'en frimaire,
disparaît de la scène, on voit entrer au Comité cinq membres
que nous allons énumérer.
Le 2 5 pluviôse, le Comité avait décidé de proposer à la
Convention de lui adjoindre un certain nombre de membres :
le Comité d'instruction publique, en effet, malgré l'adjonction de
r
Thibaudeau et de Fabre d'Eglantine, ne s'était jamais trouvé,
depuis le mois d'octobre, compter les vingt-quatre membres
auxquels il avait droit. On a vu qu'il s'était composé successi-
vement, de frimaire à la fin de pluviôse, de vingt, de vingt
VI
INTRODUCTION.
et lin, de vinort-deiix, de vingt et un, et de nouveau de vingt
membres; le départ annoncé de Romme allait le réduire à
dl\-n(Mif. Le Comité ibi'ina, le 97 pluviôse et le i^^' ventôse,
une liste de sept candidats ^^^ qu'il proposait à rassemblée de
lui adjoindie : c'étaient Lonqueue, Plaicbard-Gholtière, Veau
de Launay, Calés, Bodin, Diifay et Bourgain. Les procés-ver-
baiix de la Convention ne nous disent rien de l'accueil qui fut
fail à cette [)roposition; mais les procès-verbaux du Comité
mentionnent, à partir du 5 ventôse, Plaichard-Choltière comme
membre du Comité d'instruction publique; quant aux six autres
candidats, leurs noms paraissent avoir été écartés, car on ne les
rencontre jamais dans les procès-verbaux du Comité ^^\ 11 est
probable que le Comité de salut public, auquel la liste avait
dû être soumise, lui avait refusé son approbation, n'acceptant
que le nom de Plaicbard-Choltière; ce fut sans doute ce Comité
qui intervint pour faire rentrer au Comité d'instruction pu-
bli(|ue Duval et Duhem, qui jusqu'alors n'avaient pas pris part
à ses travaux.
En effet, le i^"" ventôse, on voit Duhem (élu le 11 bru-
maire) prendre séance pour la première fois; et le 5 ventôse
c'est le tour de Duval (élu le 1 5 du premier mois).
Deux autres noms figureront en germinal, chacun une fois.
^'^ Il manquait au Comité cinq
membres; on ne voit pas bien pour-
quoi il demandail qu'il lui en fût adjoint
sept. Peut-être deux membres, parmi
les dix-neuf qui le composaient , avaient-
ils exprimé le désir d'être remplacés.
'"' Quatre des six candidats étaient
des hommes nouveaux : Lonqueiie,
h' su[)pléant d'Eure-et-Loir, admis à
siéger le lA juillet 1798 en rempla-
cement (le Pélion; Bour(]ain, 5* sup-
pliant de Paris, admis à siéger le
27 brumaire en remplacement de Phi-
lippe Egalité; Veau de Launay, 9* sup-
pléant d'Indre-et-Loire, admis à siéger
le 1 6 nivôse en remplacement de Potier ;
Dufay, député de Saint-Domingue,
admis le 1 5 pluviôse. Calés , député de
la Haute-Garonne , avait publié en fri-
maire une Opinion sur l'éducation
nationale. Bodin, député d'Indre-et-
Loire , chirurgien , était un représentant
obscur, qui avait voté contre la mort
du roi.
INTRODUCTION. vu
dans les procès-verbaux du Comité d'instruction publique : celui
de Boucher Saint-Sauveur, le i3 germinal, et celui de Riilil,
le 9 3 germinal; et la façon dont ils sont mentionnés indique
que ces deux représentants font partie du Comité (^^. Il faut
admettre qu'ils ont du y être adjoints au commencement de
ventôse, en même temps que Plaichard-Choltière; et ainsi se
trouve complété le chiffre réglementaire de vingt-quatre
membres (^^.
En conséquence, après le départ de Romme, l'entrée en
activité de Duval et de Duhem, l'adjonction de Plaicliaid-
Choltière, de Boucher Saint-Sauveur et de Riilil, voici quelle
fut la composition du Comité d'instruction publique :
David.
Jay de Sainte-Foy.
Bouquier.
Guyton-Morveau.
Fourcroy.
Arbogast.
Mathieu.
Boutroue.
Valdruche.
Coupé de l'Oise.
Thomas Lindet.
Prunelle.
''^ Le procès-verbal de la si^nce du
Comitd du i3 ^j^erminal an n dit : rrLe
citoyen Sutières adresse à Saint-Sauveur,
membre du (iOmité, ses réllcxions sur
did't^renls objets. Le Comité les renvoin
à Grégoire, n Lo, procès-verbal du 9. 3 ger-
minal dit : ffUn citoyen envoie au Co-
mité des cbansons palrioli(pies en alle-
mand. Le Comité les renvoie à noire
collègue Riilil pour son avis sur la tra-
duction (pion propose. T)
Grégoire.
Michel-Edme Petit.
Léonard Bourdon.
Daoust.
Ferry.
Villar.
Thibaudeau.
Duvai d'Ille-et-Vilaine.
Duhem.
Plaichard-Choltière.
Boucher Saint-Sauveur.
Ruhl.
^^' Boucher Saint-Sauveur avait été
membre du Comité de sûreté générale,
mais s'en était retiré à une date (pie
nous n'avons pu préciser ; Uiihl , mend)rr
aussi du Comité de sûreté générale et
qui y resia jus([u'en IVuclidor, avait fait
partie, cUi () juillet au iC) septembre
1793, de la Commission d'inslrucliou
j)ubli(pieou Commission des Six, dont
il avait été le président. (Voir i'inlro-
duclion du l. 11. pages xvi (^l \xxu.)
viir INTRODUCTION.
11 n'y eut pas de nouvelles modifications dans la composition
du Comité jusqu'au 9 fructidor an u, date à laquelle il sera
renouvelé.
Voici quels furent, pendant la ])ériode qui va du commen-
cement de frimaire à la lin de ventôse an n, les présidents et
les secrétaires du Comité :
Du 11 brumaire au 19 frimaire: Guyton-Morveau , prési-
dent; Mathieu et Basire^^^, secrétaires;
Du 19 frimaire au 91 nivôse : Mathieu, président; Daoust
et Ferry, secrétaires;
Du 21 nivôse au 21 pluviôse : Thomas Lindet, président;
Tliibaudeau et Boutroue, secrétaires;
Du 21 pluviôse au 27 ventôse : Bouquier, président; Coupé
de l'Oise et Villar, secrétaires;
Du 27 ventôse jusqu'en fructidor an n : Villar, président;
Duhem et Plaichard-Choltière, secrétaires.
Le Comité s'était divisé, le 19 du premier mois, en six
sections, qui furent ainsi composées :
i*" Bibliographie : Jay de Sainte-Foy, Prunelle, Mathieu.
Il semble que cette section garda la même composition pendant
tout l'hiver de l'an u. Duval y fut adjoint le 9 ventôse. Le
2 3 ventôse , on voit Grégoire proposer et faire adopter un nou-
veau règlement pour l'ordre du travail de la bibliographie; nous
en concluons, sans que le procès-verbal l'indique, qu'il avait
été également adjoint à cette section. Les bureaux de la biblio-
graphie étaient au Louvre;
s"" Poids et mesures : Fourcroy, Arbogast, Guy ton. La dési-
^'^ Basire n'a rddigc^ aucun procès- resta seul secrétaire du 27 brumaire
verbal. Comme il a déjà été dit, il fut au 19 frimaire,
arrêté dès le 27 brumaii'e; Mathieu
INTRODUCTION. ix
gnation de Foiircroy et d'Arbogast comme commissaires remon-
tait déjà au 6 août lygS (t. II, p. 2/11);
3° Education nationale : Fourcroy, Coupé de l'Oise , Grégoire ,
Petit, Jay de Sainte-Foy, Mathieu. Cette section ne paraît pas
s'être occupée de l'élaboration d'un plan d'éducation : le plan
présenté au Comité le 1 1 frimaire est l'œuvre personnelle de
Bouquier;
A^ Inventaire des objets utiles aux arts : Bouquier, David,
Arbogast, Thomas Lindet, Boutroue. Trois autres membres
furent adjoints à cette section le 28 brumaire : Mathieu, Pru-
nelle et Villar;
B"" Becueil des traits héroïques : Audouin, Gay-Vernon,
Pons de Verdun, Jullien de la Drôme, Léonard Bourdon. Le
1 1 brumaire , une nouvelle formation de cette section fut de-
mandée : les membres élus furent Daoust, Grégoire et Basire.
Le i3 frimaire, Thomas Lindet fut adjoint à la section, évi-
demment en remplacement de Basire. Après le mauvais accueil
que fit, le 17 frimaire, la Convention au projet de Feuille de
morale rédigé par Grégoire, ce dernier se retira, et fut rem-
placé par Léonard Bourdon;
6^ Pétitions : les secrétaires.
D'autres commissions spéciales furent encore formées. Ce
sont les suivantes :
Muséum d'histoire naturelle : Le 2 5 juin, Lanthenas et
Arbogast avaient été désignés comme commissaires pour la
formation de la bibliothèque du Muséum; le 22 août, Grégoire
devint suppléant de Lanthenas. Le 10 septembre, Lakanal fut
nommé commissaire spécial du Muséum, et conserva ces fonc-
tions jusqu'à son départ (17 du premier mois). Le 21 bru-
maire, Basire et Prunelle furent désignés comme commissaires
pour la ménagerie; le 19 frimaire, Homme remplaça Basire.
X INTRODUCTION.
Enlin, \o iF) pluviôse, Giiyton et Boutroiie furent nommés
crconnnissaires ('liar|]és de fraterniser avec le Muséum des
plantes 17 ;
Observatoire : Après le départ de Lakanal, qui avait été
cliarijé, par la Commission des Six, des fonctions d'inspecteur
de rOhseiNatoire, le Comité d'instruction publique, auquel la
Comuiission avait été réunie, donna, le 16 du premier mois,
Bou(niier pour successeur à Lakanal. Arbogast fut également
chargé, le 9.5 brumaire, de s'occuper de l'Observatoire, à l'oc-
casion d'une réclamation de l'astronome Jeaurat. Et, le 7 nivôse.
Ferry fut rr adjoint aux commissaires pour la surveillance de
l'Observatoire 77;
Fêtes nationales, musique et spectacles : Le 3 frimaire, le
Comité réunit en une seule commission, sous le nom de Com-
mission des Six(^\ les trois commissions distinctes qui avaient
été formées le 21 brumaire pour la musique, le 27 pour les
spectacles et le 29 pour les fêtes nationales. La commission
unique fut composée de Romme, David, Fourcroy, Mathieu,
Bouquier et Cloots. Après l'exclusion de Cloots de la Conven-
tion et du Comité, il ne fut pas remplacé dans la'commission.
Ce fut Mathieu qui fut chargé des fonctions de rapporteur sur
la question des fêtes nationales;
Mise en ordre des écrits et manuscrits : Le 7 frimaire, Villar
et Prunelle furent chargés rrde mettre en ordre tous les écrits
et manuscrits du Comité n ;
Changement de nom des communes : Le 17 brumaire, sur
la demande présentée par un membre du Comité de division,
Romme fut désigné pour conférer avec ce Comité sur la prépara-
tiou des bases d'un système de nomenclature pour les communes.
'*^ Ne pas confondre cette Commis- mission des Six nommée le 6 juillet
sion (les Six, chargée des fêtes, de la ^793 pour présenter un plan d'édu-
musique et des spectacles , avec la Com- cation nationale.
INTRODUCTION. xi
Le i3 nivôse, le procès-verbal nous apprend que le Comité de
division avait de son côté désigné un de ses membres, Mailly,
pour s'occuper avec Romme de la question du changement des
noms des communes. Le 17 pluviôse, sur la demande de Mailly,
le Comité d'instruction publique remplaça Romme, sur le point
d'aller en commission, par Grégoire et Villar;
Encouragements et récompenses à donner aux arts et aux
sciences : Pour l'exécution d'un décret rendu à ce sujet le
20 pluviôse, le Comité nomma commissaires, le 21, Léonard
Bourdon, Grégoire et David;
Livres élémentaires : Le 11 brumaire, Romme et Basire
avaient été nommés commissaires pour faire un rappoi't sur la
nature et l'étendue du travail de la commission qui serait char-
gée de l'examen des livres élémentaires. Les deux commis-
saires ne présentèrent pas de rapport. Le 27 nivôse, on voit
Grégoire faire au Comité un rapport concluant à l'ouverture
d'un concours. Après l'adoption du projet de Grégoire, devenu
le décret du 9 pluviôse, le Comité nomma le i3 ventôse deux
commissaires, Lindet et Villar, chargés de recevoir et enre-
gistrer tous les manuscrits de livres élémentaires présentés au
concours ;
Commissaires auprès du Comité de salut public : Le 28
ventôse, le Comité décida que deux de ses membres seraient
ses commissaires auprès du Comité de salut public, rr pour
conférer avec lui pour toutes les mesures d'instruction qui
peuvent coïncider avec les opérations générales du gouverne-
ment i?, et qu'il leur serait adjoint, rr selon les rapports particu-
liers, un ou plusieurs membres du Comité ti. Les commissaires
désignés furent Guylon et Fourcroy; et le premier objet dont
ils eurent à s'occuper étant le projet de décret de Bouquier sur
le dernier degré d'enseignement, Bouquier leur fut adjoint.
Il reste à parler encore de trois rcofliciers^-» du Comité, l'in-
XII INTRODUCTION.
specteiir, le bibliotliécaire et le commissaire à la Commission
centrale.
L'inspecteur était charge de fonctions administratives impor-
tantes, et en particulier de la surveillance des commis et des
soins matériels relatifs au local où siégeait le Comité. Le 28 du
premier mois, le Comité avait choisi deux inspecteurs, Mathieu
et Gay-Vernon. Après que Gay-Vernon eut cessé de faire partie
(lu Comité, Mathieu demeura seul inspecteur; il conserva ses
fonctions jusqu'en fructidor.
Ce fut le 2 3 frimaire que, rrsur l'observation faite par
quelques membres que les livres envoyés au Comité se perdent
souvent 1?, un bibliothécaire fut désigné en la personne de Gré-
goire. Lorsqu'un arrêté du Comité de salut public du 28 plu-
viôse eut décidé, sur la proposition faite par le Comité d'instruc-
tion publique le i^"" pluviôse, qu'il serait créé, auprès du
Comité d'instruction publique, une bibliothèque à l'usage des
diflérents comités, Arbogast, Mathieu et Grégoire furent nom-
més commissaires pour l'établissement de cette bibliothèque;
Lindet leur fut adjoint le 1"* ventôse. Un gardien fut choisi,
le 5 ventôse, en la personne du commis Baston, et placé sous
la surveillance des commissaires ci-dessus désignés.
Quant au membre qui avait à représenter le Comité au
sein de la Commission centrale, chargée de dresser l'ordre du
jour des séances de la Convention, ce fut, jusqu'à la nouvelle
organisation du Comité en fructidor an n, Thomas Lindet,
désigné le 27 brumaire.
Nous ajouterons ici quelques détails que nous fournissent les
procès-verbaux sur les habitudes du Comité et sur quelques
dispositions d'ordre intérieur.
On sait que le Comité d'instruction publique était installé à
riiôtel de Brionne, au rez-de-chaussée; le Comité de sûreté
INTRODUCTION. mu
générale et le Comité de division siégeaient aussi dans ce même
hôtel ^^K Les séances s'ouvrent à 6 heures du soir (décision du
29 nivôse); elles ont lieu les jours impairs de la décade; les
pétitionnaires sont admis les primidis et les quintidis (décision
du 1 1 pluviôse). Le mobilier paraît avoir été des plus som-
maires: le 1 1 frimaire, le Comité décide crde faire construire
des armoires fermant à clei-n. La salle des séances était chauffée
par une cheminée économique à la Desarnod (t. II, p. ^91);
mais les commis semblent avoir employé parfois pour leur
usage de trop grandes quantités de combustible : le 2 5 plu-
viôse, les inspecteurs de la salle invitent le Comité a à sur-
veiller la consommation de bois qui se fait dans ses bureaux ii.
Il est dressé dans le secrétariat un tableau des renvois et dis-
tributions à chaque membre (décision du i5 frimaire). Dans
la salle des bureaux sont placés vingt-quatre cartons sur cha-
cun desquels est écrit le nom d'un membre du Comité; les
pièces renvoyées à un rapporteur sont déposées dans le carton
qui porte son nom (décision du 19 nivôse). Les lettres et
autres pièces adressées au Comité sont exactement enregistrées
avant d'être mises sur le bureau; les minutes des lettres et
des rapports sont numérotées (décisions des 19 nivôse et 3 ven-
tôse). Le Comité a beaucoup de peine à réunir en colleclion,
pour son usage, le texte de tous les décrets relatifs à l'instruc-
tion publique; il s'occupe de la chose à plusieurs reprises : il
arrête qu'il sera dressé un tableau général et méthodique de
tous les décrets rendus par le Corps législatif sur Tinslructiou
publique (i5 frimaire); il charge de ce soin le commis Bardel.
qui avait déjà fait un travail semblable ou l'jiyi^''^; on écril
^^^ On Iroiivo quel(|iios dolails sur la ^'^ Voir les Proccs-vt'rbau.v du Co~
disposition des locauv dans les articles mile d'inslvucùon publique de T Assemblée
du Projet d' emplacement pour la biblio- législative, p. 87.
thèque, p. ^190 du prissent volume.
XIV INTRODUCTION.
|)()iii' obtenir le renvoi exact des décrets de la Convention
(kj nivôse); on arrête enfin que le secrétaire des bureaux
recueillera chaque jour, dans le Feuilleton de la Convention,
les décrets (|ui concernent le Comité d'instruction publique, et
((lie ces décrets seront transcrits sur un registre qui sera remis
à chaque séance sur le bureau (i^"" pluviôse). Le ii ventôse,
un ui(Mn])re, trouvant sans doute que la préoccupation de la
compétence, dans le choix des rapporteurs, aboutissait à faire
choisir ceux-ci dans un cercle trop restreint, demanda qu'à
l'avenir les rapporteurs fussent nommés à tour de rôle : mais
le Comité, sagement, passa à l'ordre du jour sur cette propo-
sition.
II
On a vu que, le i^"" octobre lygS, Romme avait présenté à
la Convention, au nom de la Commission d'éducation natio-
nale, un Projet de décret sur les écoles nationales où étaient
posées les bases d'une organisation nationale de l'instruction
publique. L'instruction y était divisée en deux parties, l'une
relative aux besoins de chaque citoyen, l'autre aux besoins
de la société entière. La première partie de l'instruction, celle
qui est relative aux besoins de chaque citoyen, devait être
donnée dans des écoles nationales distribuées en trois degrés :
les premières écoles de l'enfance, les secondes écoles de l'en-
fance, et les écoles de l'adolescence ou troisièmes écoles. Cette
première partie de l'instruction était obligatoire : tout indi-
vidu, depuis l'âge de six ans, devait être inscrit dans les écoles
nationales. La seconde partie de l'instruction, celle qui est rela-
tive aux besoins de la société entière, devait être donnée dans
des écoles spéciales.
Maintenu dans les fonctions de rapporteur par le Comité
d'instruction piii^lique après sa réorganisation le i5 du pre-
INTRODUCTION. xv
mier mois (6 octobre), Romme apporta à la tribune de ras-
semblée, le 28 du premier mois, un projet de décret sur les
premières écoles : c'était un commencement d'exécution du plan
dont les bases avaient été exposées le 1 " octobre. Les huit articles
de ce projet furent votés le 3o du premier mois; et, dans les
séances des 5, 7 et 9 brumaire, plusieurs séries d'articles addi-
tionnels, présentés aussi par Romme, furent également adoptés.
L'ensemble de ces articles constituait une véritable loi organique
sur les premières écoles. Romme fondit en un décret unique les
quatre décrets du 3o du premier mois et des 5, 7 et 9 bru-
maire, et en fit approuver l'arrangement par le Comité le
i3 brumaire. Mais ce n'était là que la réalisation de la pre-
mière partie du plan que le Comité se proposait d'exécuter : il
restait à faire voter à la Convention un décret sur les secondes
écoles de l'enfance, un décret sur les écoles de l'adolescence ou
troisièmes écoles, et un décret sur les écoles spéciales. Avant
que le Comité eut pu s'occuper de ces trois dernières parties
du plan, un opposant. Coupé de l'Oise, obtint de la Conven-
tion, le i4 brumaire, un vote qui remettait en question toute
la besogne déjà faite et approuvée par l'assemblée : il fut décidé
qu'une revision du décret sur les premières écoles serait faite
par une Commission de six membres, à la nomination du Co-
mité de salut public. Cette Commission fut désignée le 2 5 bru-
maire; mais elle paraît être restée complètement inactive (^^.
Craignant de voir son œuvre compromise ou même détruite par
les commissaires reviseurs, le Comité d'instruction publi([ue,
dans cet intervalle, avait demandé et obtenu, le 19 brunuiire,
d'être chargé de faire de son côté une revision du décret; sans
rien changer au fond même des dispositions, il se hàla de revoir,
•
^'^ Sur la composi lion (le celte coin- mis à on proposer les membres, \()ii-
mission, ci sur le peu (rempressomenl l'Inlroduclion de noire lome II, pa<j('s
que le Comité de salut public avait vlvu-l.
XVI INTRODUCTION.
une fois encore, le travail de coordination déjà exécuté par
Ronnne, et, dès le 27 brumaire, il fut en mesure de pré-
senl(M' i\ la Convention la Revision du décret pour l'organisation
des prcmièi'cs écoles.
Ce travail du Comité, imprimé par ses soins, a été repro-
duit dans notre tome II, page 869. Nous n'avons donc pas à
en analyser les soixante-huit articles. Mais il est intéressant de
constater (juils reproduisent, en les améliorant sur plusieurs
points, les dispositions essentielles du projet de décret sur les
écoles primaires dont Lanthenas avait été le rapporteur en dé-
cend)re 1792, et cjui s'était inspiré du plan de Condorcet. Les
principales dilïérences par lesquelles les décrets de brumaire,
coordonnés dans la Revision, se distinguaient du projet de dé-
cembre 1795 étaient les suivantes : le programme des pre-
mières écoles qui, dans le projet de 179^, se réduisait à la
lecture, à Técriture, aux règles de l'arithmétique, et aux pre-
mières connaissances morales, naturelles et économiques, avait
reçu un développement avantageux par l'introduction de la
gymnastique pour les garçons, des travaux manuels pour les
garçons et les fdles, des éléments de la géographie de la France,
de traits de vertu tirés de l'histoire universelle, de notions des
sciences naturelles, de connaissances pratiques relatives à l'ar-
pentage, à la mécanique, aux poids et mesures (^^; — le trai-
tement des instituteurs, que le projet de 1792 fixait à six cents
livres au minimum et quatorze cents au maximum, devait être
^*^ Ce programme , contenu dans les suivre immëdiatement la ligne: rrlls
articles /i à 8 de la jRcvîs/ow, est repro- apprennent à parler, lire, écrire la
duit à la page 85o de notre tome II. langue française^i, est ainsi conçu :
Nous devons signaler une faute d'im- rrOn leur fait connaître les traits de
pression commise dans celte re])roduc- vertu qui honorent les hommes libres
tion et que nous prions le lecteur de de tous les temps, de tous lieux, et
conigoi" : le second alinëa de Tar- particulièrement ceux qui honorent la
ticle 6 a étë omis. Cet alinéa, qui doit régénération française 55.
INTRODUGTlOiN. xvn
de douze cents livres au minimum et de deux mille quatre cents
au maximum; celui des institutrices ,au lieu de cinq cents livres
au minimum et de douze cents au maximum, devait êtie de
mille livres au minimum et de deux mille au maximum; —
le projet de 1792 prévoyait un enseignement religieux, mnis.
pour garantir la neutralité de l'école j stipulait que crtout ce qui
concerne les cultes religieux ne serait enseigné que dans les
temples Ti; il ajoutait: rrles ministres d'un culte quelconque ne
pourront être admis aux fonctions de l'enseignement public,
dans aucun degré, qu'en renonçant à toutes les fonctions de
leur ministère Ti; dans les décrets de brumaire an n, toute men-
tion d'un enseignement religieux a disparu, et cinq articles (ar-
ticles 26, 27, 36, 5 0 et 5i de la Révision) interdisent formel-
lement l'enseignement public non seulement aux ministres d'un
culte quelconque en activité de service, mais encore aux ci-de-
vant nobles, aux ecclésiastiques qui n'auraient pas abjuré so-
lennellement et ne seraient pas mariés, aux femmes ci-devant
nobles, aux ci-devant religieuses non mariées. 11 faut mentionner
encore un point important sur lequel la législation de brumaire
s'écarte du projet de l'année précédente : le projet de 1792 con-
tient un titre (titre III) intitulé : rr Dispositions particulières pour
les pays oii la langue française n'est pas d'un usage familier au
peuple T); les articles de ce titre disent que, dans les départe-
ments où la langue allemande s'est conservée et dans ceux où
l'on parle un idiome particulier, l'enseignement se fera en même
temps en langue française et dans l'idiome du pavs, alle-
mand ou autre; le décret du 5 brumaire, au contraire, porte
cette disposition, reproduite par la Révision (article 7) : rr L'en-
seignement se fait partout en langue française ^\ Le nouveau
Comité d'instruction allirmait ainsi la volonté de la Conven-
tion de ne reconnaître qu'à la seule langue nationale droit de
cité dans l'école publique; mais il avait négligé d'indiquer les
m. B
iMfniwrr.ii: <i.«t loijki r.
.^viii INTRODUCTION.
moyens pratiques d'assurer re\écution de cette résolution; le
Comité de salut publir reconnaîtra trois mois plus tard la né-
cessité d'intervenir, et il fera voter à la Convention un décret
spécial, le déci-el du (S pluviôse an n, établissant un instituteur
(le langue française dans chaque commune des départements
où la population parle un idiome étranger.
En chargeant le Comité d'instruction publique de faire la
re vision du décret sur les premières écoles, la Convention avait
fixé au i""'" frimaire la discussion du décret revisé. Toutefois,
bien que le Comité d'instruction publique fût prêt, cette dis-
cussion ne s'ouvrit pas au jour annoncé. L'assemblée ne pou-
vait pas toujours se conformer à l'ordre du jour qu'elle s'était
fixé elle-même. Mais le 6 frimaire, à l'occasion d'une pétition
présentée par la section de Mutins Scevola, demandant que la
Convention s'occupât incessamment de l'organisation de l'in-
struction publique, elle décréta que rda discussion définitive
sur l'instruction publique était fixée au 1 1 frimaire, sans autre
retard '>\
Le lendemain 7, le Comité décida rcde considérer l'ensemble
de l'éducation nationale ^t. Ceci indique qu'à ses yeux la discus-
sion qui allait s'ouvrir le 1 1 devait porter non seulement sur
les premières écoles, — le vote du décret revisé semblait ne
devoir être qu'une simple formalité, puisque la Convention
en avait déjà adopté précédemment toutes les dispositions en
détail, — mais sur tout l'ensemble de l'instruction publique.
Aussi le Comité s'apprête -t-il à soumettre à la Convention la
question du mode d'organisation à donner aux degrés supé-
rieurs d'instruction : il arrête que Romme, d'une part, et Four-
croy, de l'autre, feront chacun de leur côté un exposé de leurs
idées sui' la question des degrés supérieurs d'instruction pu-
blique. Les idées de Romme, nous les connaissons : ce sont
1
INTRODUCTION. xix
celles qu'il a consignées dans le projet de décret du i'^' octobre,
l'orpanisation des degrés supérieurs d'instruction faite par
l'Etat lui-même. Quant aux idées de Fourcroy, le discours
qu'il prononcera le 19 frimaire en contiendra l'exposé : en op-
position à Romme et à Condorcet, il combattra rrles plans d in-
stituts et de lycées, tant de fois reproduits sous différentes
formes 11, qui conduiraient à la constitution d'une corporation
de savants et d'artistes, rr d'une espèce de sacerdoce plus redou-
table peut-être que celui que la raison du peuple vient de ren-
verser oi; il cherchera à démontrer que, dans une république,
l'enseignement des sciences et des arts doit rester libre, et être
livré à la concurrence privée : c'est la thèse déjà soutenue en
juin et juillet 1798 par Sieyès et Daunou.
Le 9 frimaire, le Comité arrête que, le 1 1, Romme, désigné
comme rapporteur du décret revisé sur les pi'emières écoles,
demandera à la Convention le renvoi de la discussion au lende-
main 12, crpour laisser au Comité le temps de fixer quelques
bases 11. Cette phrase semble indiquer que le Comité savait
qu'un contre-projet s'élaborait dans son propre sein et allait lui
être présenté; il prévoyait, en conséquence, un débat qui
pourrait avoir pour résultat de modifier les bases du décret
relatif aux écoles primaires. Conformément au désir du Comité ,
la Convention accorda le renvoi demandé : et ce fut un délai
non pas de vingt-quatre heures, mais de plusieurs jours, qui
parut nécessaire.
Le contre-projet fit son apparition au jour môme fixé ])ri-
mitivement pour l'ouverture à la Convention de la discussion
sur l'instruction pubh'que. Le 11 frimaire au soir, un membre
du Comité, Boucpiiei', apportait à ses collè|>ucs un ])lan nou-
veau qui embrassait tout l'ensemble de l'éducation nationale,
et (jui i-enversait C()nqilètem(Mit les bases précédemment adop-
tées. Bouquier avait-il agi sous rins])ii'ati()n de quehprun . ou son
B.
x^ INTRODUCTION.
plan rliiit-il sou œuvre porsouueHe? Ou pourrait supposer, à
cause il'uu détail dout nous parlerons plus loin (p. xxxvu), qu'il
était roi'<jane de Robespierre : nous ne le croyons pas, car Ro-
bespierre uY'tait pas partisan de la doctrine qui voulait aban-
(b)inuu' à findustrie privée les degrés supérieurs d'instruction,
cl, dans son piojet de décret du 29 juillet 1798 (t. II, p. 161),
il avait maintenu les instituts et les lycées. Nous sommes dis-
])osé à croire que Boucpiier est bien Fauteur du plan présenté
par lui : sans doute les idées qui en forment la base ne lui ap-
partenaient pas en propre, c'étaient celles d'un grand nombre
(le nuMubres de l'assemblée, aussi bien de modérés comme Du-
rand-Maillane, Masuyer, Sieyès, Daunou, que de montagnards
comme Chabot, Coupé de l'Oise, Fourcroy, Tliibaudeau,
Cloots; mais d n'existe pas de raison sérieuse pour lui contester
la paternité du projet de décret, rédigé en formules laconiques,
qui emporta, dès son ap))arition, l'adhésion d'une partie du
Comité d'instruction publique , de la Société des Jacobins tout
entière, et de la presque unanimité de la Convention (^^.
^^) Dans notre article Convention, du
Dictionnaire de pédagogie (publié en
1879), nous avions supposé que Bou-
(juier faisait partie de la Commission
de re vision nommée par le Comité de
salul public le 20 brumaire, et que ce
fut au nom de cette Commission , et non
du Comité d'instruction publique , qu'il
présenta son plan à la Convention, le
1 8 frimaire. Dans cette hypothèse , Bou-
qiiior aurait été l'organe de la politique
du Comité de salut public, en opposi-
tion au système soutenu par le Comité
d'instruction publique. C'était là une
erreur complète : Bouquier ne faisait
pas partie de la Commission de revision
(composée, ainsi que nous l'avons dé-
couvert en 1 89/i , de Robespierre, Dan-
ton, Granet, Trullard, Charles Duval
et Bonnier), et celle-ci, comme on l'a
vu dans notre tome 11, n'a élaboré
aucun plan ; Bouquier était membre du
Comité d'instruction publique , et c'est
avec l'autorisation et au nom de ce Co-
mité qu'il a présenté son plan à la Con-
vention en concurrence avec les articles
revisés pi'ésentés par Romme. Ce qui
nous avait induit en erreur, c'est cette
phrase que le Journal de l' instruction pu-
blique met dans la bouche de Romme
(séance de la Convention du 18 fri-
maire) : ffLe Comité a fait son travail ;
il l'a fait imprimer, on vous l'a distri-
bué. J" ignore si la Commission [de re-
INTRODUCTION. xîf
Le Plan général d'instruction publique de Boiiquier compre-
nait cinq sections.
Dans la première, rc De l'enseignement en générale, il posait
les principes : L'enseignement est libre; il sera fait publique-
ment; les citoyens et citoyennes qui voudront user de la liberté
d'enseigner sont tenus de faire une déclaration à la munici-
palité et de produire un certificat de civisme; les citoyens et
citoyennes qui se vouent à l'enseignement de quelque art ou
science que ce soit seront désignés sous le nom d'instituteur
ou d'institutrice.
La seconde section, ce De la surveillance de l'enseignement ti,
place les instituteurs et institutrices sous la surveillance de la
municipalité, des pères et mères, et de tous les citoyens.
La troisième section, crDu premier degré d'instruction r ,
définit ce premier degré en le limitant è la lecture, à l'écriture,
et aux premières règles de l'aritbmétique. Les instituteurs et
vision] a fait le sien; mais un de ses étrange négligence, doit être iiiterpréte'e
tout autrement ; par les mois un de
ses membres f il a voulu dire ffun des
membres du Comité". Malheureuse-
ment notre méprise a été copiée par
d'autres; l'opinion s'est accréditée, par
notre faute, chez ceux qui depuis une
quinzaine d'années ont écit sur les
plans d'instruction publique de la Révo-
lution, que le plan de Bouquior était
celui de la Commission de revision,
qu'il représentait le système du Co-
mité de salut public: et nous avons eu
le regret de trouver tout récenunent,
une fois de plus, cotlo lâcheuse erreur
membres en a fait un, dont nous avons
ordonné l'impression, et qui vous a été
aussi distribué.» Les mots vn de ses
membres nous avaient paru signifier
ffun des membres de la Commission de
revision » ; comme nous ne connaissions
pas les noms des membres de cette
Commission , et que nous n'avions pas
encore eu entre les mains les procès-
verbaux du Comité d'instruction pu-
blique, qui nous eussent appris que c'est
au Comité lui-même que le plan de Bon-
quier fut présenté le 1 1 frimaire, nous
avions admis sans hésitation que Rou-
quier était l'organe de la Gonunission
de revision nonnnée par le Comité de
salut public. 11 est clair pour tout le
monde, à cette heure, que la phrase
du joui'ualisie, cpii est d'ailh'urs d'une
matérielle dans un ouvrage comme
ï Histoire ijénvrale de MM. L.wisse et
Rambaud \y[. \\\\, p. 5^11, rlia|)ilre
Créations scolaires cl scicntijitiu.s de la
Révolution, par M. A. Mai.rt).
XXII INTRODUCTION.
institutrices qui ouvriront des écoles du premier degré seront
tenus de se conformer dans leur enseignement aux livres élé-
mentaires qui seront adoptés par la représentation nationale;
les premiers de ces livres sont les Droits de l'homme, la Con-
stitution, le Tableau des actions héroïques ou vertueuses ^i).
Les instituteurs et institutrices du premier degré d'instruction
ne recevront pas de l'étribution de leurs élèves : ils seront
salariés par la République, à raison du nombre des élèves qui
fréquenteront leurs écoles, et seront payés, par trimestre, par
le percepteur de la commune. Les parents et tuteurs seront
libres d'envoyer ou de ne pas envoyer leurs enfants ou pupilles
aux écoles du premier degré d'instruction ; ds déclareront à la
municipalité les noms des enfants ou pupilles qu'ils seront dans
l'intention d'envoyer à ces écoles, et les noms des instituteurs
ou institutrices dont ds auront fait choix. Les enfants ne pour-
ront être envoyés aux écoles qu'à partir de l'âge de six ans.
Les jeunes gens qui, au sortir des écoles du premier degré, ne
s'occuperont pas du travail delà terre, seront tenus d'apprendre
une science, art ou métier utile à la société; ceux qui, à l'âge
de vingt ans, ne se seraient pas conformés à cette disposition,
seront privés pour le reste de leurs jours de l'exercice du droit
de citoyen. Ainsi, liberté pour chacun d'ouvrir une école, sans
être tenu de produire aucun titre de capacité; plus de restric-
tion excluant les ci-devant nobles, les ci-devant prêtres ou reli-
gieuses n'ayant pas renoncé à leur caractère et non mariés;
enseignement primaire gratuit, mais non obligatoire; salaire
des instituteurs et institutrices payé par l'État au prorata du
nombre des élèves inscrits dans chaque école.
^^^ C'est le Recueil des actions héroï- raître qu'en nivôse , qui est de'signé
qucs et civiques des républicains français , sous ce titre de rr Tableau des actions
dont la cre'ation était déjà décidée, mais x héroïques ou vertueuses n.
dont le premier numéro ne devait pa-
INTRODUCTION. xxm
La quatrième section, rcDu dernier degré d'instruction t),
énumère, comme faisant partie du second degré d'instruction
publique, les sociétés populaires, les théâtres, les jeux civiques,
les évolutions militaires, les fêtes nationales et locales. Le
Comité d'instruction fera choix des livres élémentaires existants
des diverses sciences et accélérera la composition de ceux qui
manquent. En outre, pour l'enseignement public de sciences
utiles à la société, la République salarie un certain nombre
d'instituteurs : oiiiciers de santé, instituteurs de génie, artil-
lerie, sape et mine, ponts et chaussées, astronomes et hydro-
graphes. L'enseignement libre des sciences et arts non désignés
ci-dessus n'est pas aux frais de la République; néanmoins un
secours annuel sera accordé aux jeunes gens qui auraient des
dispositions bien prononcées pour quelque art ou science dont
l'enseignement n'est pas salarié.
Enfin la cinquième section, cr Moyens généraux d'instruc-
tiom^, énumère les établissements nationaux d'instruction en-
tretenus par la République dans les communes les pkis popu-
leuses : bibliothèques, muséums, cabinets d'histoire naturelle,
cabinets d'instruments de physique, jardins pour la culture des
plantes usuelles. Ces établissements seront ouverts au public
deux fois par décade, et tous les jours aux citoyens qui se livrent
à quehjue étude particulière.
Le plan se termine par un aperçu des dépenses annuelles :
Boiiquicr les évalue à vingt-six millions pour le ])remier degré
d instruction, à deux millions pour le dernier degré, à deux
millions pour les moyens généraux d'instruction, soit un total
de trente millions.
Le procès-verbal d(^ la séance du Comité du i t frimaire,
dans sa sécheresse, ne nous donne pas de détails sur Fetlet (juc
produisit la bruscpie j)résenlati()n i]\\ |)Ian di^ l)()U(|ui(M' : on
xviv INTRODUCTION.
(leviiie cependant, entre les lignes, le mouvement de surprise
el. cIhv, (|uol(|U('s-nns, de déplaisir qu'il dut exciter, cr Rou-
tinier, dit le procès-verbal, lit un plan d'instruction publique.
Ce plan est discuté; on demande une seconde lecture; elle se
fait et domie lieu à de nouvelles explications. On demande par
motion d'ordre que la discussion se borne à la première in-
struction. Celle demande adoptée, on examine la première
partie^'), -ii
A la fin de la séance, après l'épuisement de l'ordre du jour,
le Comité revient encore au plan de Bouquier, sur lequel il
était nécessaire qu'une décision lût prise. On eût pu, si ce plan
eût mécontenté la majorité des membres, l'écarter par la ques-
tion préalable, comme on l'avait fait pour une proposition
])résentée précédemment par Michel-Edme Petit (voir p. 1 1 3
du présent volume). Mais Bouquier avait évidemment les sym-
pathies du plus grand nombre; aussi le résultat de la délibé-
ration est-il consigné en ces termes au procès-verbal : crLe
Comité arrête que les deux plans, savoir le projet revisé, et
celui de Bouquier, seront présentés à la Convention, et que celui
de Bouquier sera imprimé par ordre du Comité i?.
L'impression du projet de Bouquier fut laite sur-le-champ à
rimprimerie nationale (de Baudouin). En tête du projet de
décret, l'auteur avait placé un court préambule, qu'il avait
[)robablement lu au Comité, et qui était destiné à servir de
rapport et d'exposé des motifs.
Le 18 frimaire s'ouvrit enlin à la Convention le grand débat
deux fois renvoyé depuis le i'^' du mois. Le procès- verbal de
l'assemblée, chose singulière, est muet sur ce point; seuls, les
journaux nous renseignent. Comme l'avait décidé le Comité,
^'' C'est-à-dire les trois premières sections.
INTRODUCTION. xxv
Romme et Bouquier se présentèrent successivement à la tri-
bune.
Romme, après avoir constaté que de tous les points de la Ré-
publique un cri unanime appelait l'organisation des écoles pri-
maires, donna lecture de la Revision du décret, telle que le
Comité d'instruction l'avait adoptée le 9.7 brumaire; il rappela
qu'une Commission particulière avait aussi été chargée de faire
la revision du décret : rrLe Comité, dit-il, a fini son travail;
j'ignore si la Commission a fait le siem^; puis il annonça qu'un
nouveau plan avait été proposé au Comité par un de ses
membres, que ce plan allait être communiqué à la Convention,
et que l'assemblée aurait à décider si elle accorderait la priorité
au décret revisé ou au plan nouveau.
Bouquier, ensuite, lut son rapport et son projet de décret:
rrVous avez chargé votre Comité d'instruction, dit-il en débu-
tant, de reviser le décret relatif à l'organisation des premières
écoles. Il a rempli sa tâche; mais en s'en acquittant, il a vu
que le grand problème de l'organisation de l'instruction pu-
blique pouvait être résolu de plusieurs manières, et il s'est
déterminé à vous présenter un nouveau plan : un plan simple,
naturel, facile à exécuter; un plan qui proscrivît à jamais toute
idée de corps académique, de société scientifique, de hiérar-
chie pédagogique; un plan enfin dont les bases fussent les mêmes
que celles de la constitution : la liberté, l'égalité, la brièveté, -n
L'orateur s'élevait ensuite contre les sciences de pure spécula-
tion, qui détachent de la société les individus qui les cultivent:
il expliquait que la République voulait des hommes agissants,
vigoureux, robustes, laborieux, éclairés sur leurs droits et leurs
devoirs; et pour former de pareils hommiîs, la Révolution avait
merveilleusement servi la patrie, en créant, par le seul fail
du réveil du peuple et de la con([uête de la liberté, les institu-
tions les plus propres à instruire la jeunesse.
XXVI INTRODUCTION.
rQu avons-nous besoin d'aller chercher loin de nous ce que nous avons
sous les yeux? Citoyens, les plus belles écoles, les plus utiles, les plus
simples, où la jeunesse puisse prendre une éducation vraiment républi-
caine, sont, n en doutez pas, les séances publiques des départements, des
districis, des municipalités, des tribunaux et surtout des sociétés popu-
laires. C'est dans ces sources pures que les jeunes gens puiseront la con-
naissance de leurs droits, de leurs devoirs, des lois et de la morale répu-
blicaine; c'est en maniant les armes, c'est en se livrant aux exercices de
la garde nationale, c'est en s'accoutumant au travail, en exerçant un art
ou métier pénible, que leurs membres deviendront souples, que leurs
forces se développeront, qu'ils perfectionneront leurs facultés physiques.
Tout leur présentera des moyens d'instruction : ils en trouveront au sein
de leurs familles, ils en trouveront dans les livres élémentaires que vous
allez publier, ils en trouveront enfin dans les fêtes nationales que vous
allez instituer. D'après cet exposé rapide, on doit voir clairement que la
Révolution a, pour ainsi dire d'elle-même, organisé l'éducation publique
et placé partout des sources inépuisables d'instruction. N'allons donc pas
substituer à cette organisation, simple et sublime comme le peuple qui
la crée, une organisation factice et calq^uée sur des statuts académiques
qui ne doivent plus infecter une nation régénérée. Conservons précieu-
sement ce qu'ont fait le peuple et la Révolution; contentons- nous d'y
ajouter le peu qui y manque pour compléter l'instruction publique. Ce
complément doit être simple comme l'ouvrage créé par le génie de la
Révolution. 75
Après avoir entendu les deux rapporteurs du Comité, la
Convention ajourna la discussion au lendemain.
Le 1 9 frimaire, ce fut Fourcroy^^^ qui monta le premier à la
tribune pour exposer, comme le Comité l'en avait chargé le 7,
ses idées sur l'enseignement libre des sciences. crUn membre,
^'^ Le Moniteur donne l'analyse du iionnaire de pédagogie, ce discours à la
discours de Fourcroy, ainsi que de celui date du 21. Les deux discours ont été
(le Thibaudeau, au début du compte- imprimés à ITmprimerie nationale,
rendu de la discussion de la séance mais celui de Fourcroy ne porte pas de
du 21 frimyire, ce qui nous avait fait date, tandis que celui de Thibaudeau
placer, dans Turliclc Convention du Die- est daté.
1
ÏNTRODUCTION. xxvii
dit le procès-verbal de la Convention, fait, au nom du Comité,
un rapport sur le degré supérieur de l'instruction. ti
Le rapport de Fourcroy développait, non sans éloquence,
des principes analogues à ceux que Bouquier avait formulés la
veille. Il signalait avec force les inconvénients et les dangers
des corporations enseignantes, l'insuffisance des chaires pu-
bliques et salariées, et montrait, dans la liberté de l'enseigne-
ment, dans la concurrence et l'émulation des savants, la con-
dition même de la vie scientifique et du progrès.
ff Dans les différents plans d'instruction publique qui ont été présentés
jusqu'ici à la Convention nationale, — disait-il, — il a toujours été parlé
de plusieurs degrés supérieurs d'enseignement (^^ ; et c'est sans doute parce
que l'on a craint qu'il ne s'établit ainsi des corporations dont l'influence
pourrait devenir funeste à la liberté, qu'aucun de ces plans n'a encore
été adopté. Supposons, en effet, plusieurs centaines d'instituts et quelques
dizaines de lycées disséminés, comme on le proposait, sur toute la surface
de la République. Introduisons, comme on le voulait encore, pour l'or-
ganisation de ces établissements, des relations intimes entre eux, des
rassemblements multipliés et un centre de direction, de correspondance
et de mouvement; n'est-il pas évident que, dans cette machine ainsi
montée, non seulement seront rassemblées les gothiques universités et
les aristocratiques académies, mais encore qu'elle en présentera un amas
beaucoup plus considérable qu'il n'était lorsqu'on a senti la nécessité de
détruire ces institutions royales?... Une objection aussi forte encore,
c'est que solder tant de maîtres, créer tant de places inamovibles, c'est
reformer des espèces de canonicats, c'est donner à des citoyens des brevets
(l'immortalité; c'est refroidir et peut-être même éteindre le génie; c'est
permettre enfin à des professeurs privilégiés de faire à leur gré des leçons
^^^ Trois mois auparavant, Fourcroy du département et de la nuuiicipalilé
élaitlui-mémepartisnnderoriianisation de Paris, [)ortant ([u'il y aurait, au-
des degrés supérieurs d'enseigiinneut; dessus dos écoles primaires, liois degrés
le 16 septembre, il avait chaleureuse- |)rogrrssifs (rinsiruction (t. Il, p. ho.'.]).
ment détendu, contre Coupé de TOise, Portiez de l'Oise le lui rappellera dans
Chabot, Fabrc (rh^ghuUine et Cambon, son discours du -2 nivôse,
le décret rendu la veille à la demande
XXVIII INTUODUCTION.
IVoiflos (jue r<''miila(i()ii ou le besoin do la gloire n'inspire plus. . . Ici,
ronune dans (outes les autres parties des gouvernements républicains, la
libellé (>sl le preiniei' el le [)liis sui' mobile des grandes choses. Chacun
doit avoii- le droit de choisir poui" j)ro(esseurs ceux dont les lumières,
fart de démonirer, lout, jusqu'au son de voix, au gesie, sont les plus
conlormes à ses goùls. Laisser laire est ici le grand secret et la seule roule
(les succès les plus certains. . . N'avons-nous pas sous les yeux la preuve
«jiie les professeurs, placés souvent dans les chaires publiques par Tin-
lii«;iie el la bassesse, remplissaient si mal les fonctions qui leur étaient
contiées, que les e'coles royales et gratuites étaient désertes, tandis que
des écoles particulières, et payées plus ou moins chèrement, réunissaient
la foule des hommes studieux? Les rois ont plus cherché leur vaine gloire,
en fondant des chaires et des universités, qu'ils n'ont songé à éclairer
les hommes. . . Je dois répondre maintenant aux objections et aux diffi-
cultés que l'on a faites contre le projet de renoncer à organiser et surtout
à multiplier les étabHssements d'enseignement des sciences et des arts.
Ceux qui croient à la nécessité de ces établissements voient dans leur
prompte création un moyen certain de former des hommes instruits,
d'occuper utilement pour la République ceux qui le sont déjà, et d'en-
gager par l'espérance de places honorables un plus grand nombre de
citoyens à se livrer à l'étude profonde des sciences et des arts. Sans cet
appât offert aux talents par la République, ils craignent que les sciences
elles arts ne soient négligés; ils voient, dans les instituts et les lycées,
des séminaires sans cesse peuplés de citoyens éclairés. Mais cette opinion
est-elle fondée sur des bases bien solides? Peut-on se dissimuler qu'en
créant tout à coup un grand nombre de places de professeurs, on ouvre
la porte aux spéculations en ce genre, comme elle l'était autrefois aux
b'nélices ecclésiastiques? N'esl-il pas présumable qu'il se formerait une
loule d'hommes médiocres, lorsque des jeunes gens n'auraient en vue,
en se livrant à l'étude des sciences et des arts, que d'obtenir une place
qu'ils regarderaient comme le terme de leurs travaux?. . . Ne craignez
])as, législateurs, la barbarie dont on vous menace, quand vous appelez
de toutes parts les arts à créer des chefs-d'œuvre, les sciences à servir la
patrie ; quand surtout vous accueillerez tous les moyens qu'on vous pro-
posera d'aller au-devant du mérite caché, du talent modeste, de récom-
penser les découvertes utiles; quand vous distinguerez par de justes in-
demnités les hommes qui se sont voués sans ambition h l'instruction
INTRODUCTION. xxi.x
publique. Mais évitez de former des corporations, de créer des privilèges,
de jeter des entraves au génie impatient de toute chaîne, de faire naiire
un nouveau sacerdoce plus à craindre que Tancien. . . Faites des lois qui
portent la consolation et Tespérance dans Tâme des savants et des artistes
qui se sont distingués par des découvertes utiles et éclatantes, par des
livres élémentaires généralement adoptés, par des leçons et des cours
longtemps suivis; assurez à tous les citoyens qui ont honoré leur vie par
la culture des lettres, des arts et des sciences, une subsistance qui leur
épargne la dure anxiété du besoin : que la plus belle récompense d'un
savant, d'un poète, d'un artiste, soit d'être nourri dans sa vieillesse aux
frais du peuple français. . . Que les jeunes gens qu'un goût plus ou moins
décidé entraîne pour telle ou telle étude soient libres de choisir le pro-
fesseur qui leur conviendra ; que la République paye elle-même les frais
de leurs cours et de leur entrelien, lorsque la fortune de leurs parents
ne leur suffira pas pour se livrer à ces études. . . Ajoutez à ces avantages
le bienfait des livres élémentaires, non par un concours qui exige un
temps trop long et qui multiplie les difficultés, mais par un choix fait
parmi ceux qui existent déjà, et que la rédaction de ceux qui manquent
soit confiée à des patriotes éclairés, par votre Comité d'instruction pu-
blique. . . Avant que ce projet simple soit entièrement exécuté, conservez
provisoirement les écoles anciennes de géométrie, de physique, de chimie,
de génie, de marine, d'artillerie, de médecine, de chirurgie, d'histoire
naturelle, d'éloquence, de poésie, des arts d'imitation, qui, si elles étaient
tout à coup détruites sans remplacement, produiraient un vide dangereux,
une secousse redoutable. . . Attendez le succès de l'amour de la patrie et
du génie des Français, et soyez sûrs que vous aurez bientôt atteint le
but que vous vous proposez, t?
A la suite de ce i^appoii venait un projet de décret en vingt-
deux articles, qu'on trouvera à la page i o3 du prosent volume.
Ce projet ne fut pas discuté, mais quelques-unes de ses dis-
positions ont passé dans le projet de décret sur le dernier degré
d'instruction que Bouquier présentera au Comité le 2 5 ventôse
an n.
Après Fourcroy, Tliibaudeau prononça un discours dirige
contre tous les projets précédenniient présentés; sa conclusion
x\.v INTRODUCTION.
l'ut que le plan ilo Bou(juier, seul, donnait satisfaction aux vrais
priucipes.
fr Depuis rAssoniblcic constituante jusqu'à ce jour, on a cru qu'il fallait
(liic la nation crdàt dans son sein des e'tablissemenls scientifiques, des
corporations de docteurs. Les projets d'éducation et d'instruction publique
(ju'on a mis au jour ne sont qu'une copie enluminée des collèges et des
académies rétablis avec plus de luxe et surchargés de règlements. L'esprit
réglementaire est devenu une maladie : sous le prétexte de grands sys-
tèmes, on veut tout mettre en régie, le commerce, l'agriculture, les sciences
et les arts. Tel est, en définitive, le résultat des plans d'éducation pré-
sentés, depuis celui de Périgord jusqu'à celui de Lepeletier ^^^ . . . Le plan
présenté par le Comité, et qui n'est à peu près qu'une copie de celui de
Ciondorcet, me paraît plus propre à propager l'ignorance, l'erreur et les
préjugés, qu'à répandre les lumières et la vérité. C'est un gouvernement
pédagogicjue que l'on veut ainsi fonder dans un gouvernement républicain,
une nouvelle espèce de clergé, qui remplacerait d'une manière plus funeste
encore les ministres de la superstition; les instituteurs qu'on vous propose
seraient souvent, avec leur traitement, les plus riches de la commune,
et deviendraient bientôt, par leur influence morale, ce qu'étaient les
curés, des imposteurs et des charlatans. . . Le système de créer des places
fixes d'instituteurs, et d'assurer leur salaire sans proportion avec l'étendue
de leur travail, est le moyen le plus sûr de n'en avoir que de mauvais; . ..
vous verrez accourir dans ces places, à l'aide de l'intrigue, une classe
d'hommes ignorants, immoraux et malheureusement encore puissants : ce
sont les procureurs, les huissiers des ci-devant justices seigneuriales, les
ministres subalternes de la chicane, les sacristains et les chantres des
paroisses, toute cette vermine qui infecte les campagnes. . . L'enseigne-
ment libre n'offre aucun de ces abus, et contient une foule d'avantages.
Aussitôt que la nation aura dit : rr Je payerai à l'instituteur la somme
frde ... pour chaque enfant qui suivra ses leçons 7?, elle encourage les
hommes instruits à se livrer aux intéressantes fonctions de l'enseignement,
et elle assure à la jeunesse de bons instituteurs avec beaucoup moins de
^^^ On sait que le plan de Lepeletier dorcet. Tliibaudeau avait combattu le
comportait trois degrés supérieurs d'in- plan de Lepeletier dans la séance du
slniction, empruntés au plan de Con- 1" août (t. H, p. 199).
1
INTRODUCTION. xxxi
dépense. Qu'on ne dise pas que nous sommes des Vandales. Les Grecs
ëtaient-ils des barbares, parce que le gouvernement n'y salariait pas les
professeurs?. . . Un auteur a dit: rr L'ignorance est d'une nature toute par-
er ticulière; une fois dissipée, il est impossible de la rétablir; et quoiqu'on
ff puisse tenir l'homme dans l'ignorance, on ne saurait le faire devenir
fc ignorant. L'on n'a pas encore découvert la possibilité de faire désap-
ff prendre à l'homme ses connaissances , ou de faire rétrograder ses pensées, n
Cette idée m'a paru neuve; elle est juste et profonde, applicable aux
peuples comme aux individus. . . Abandonnez tout à l'influence salutaire
de la liberté, à l'émulation et à la concurrence; craignez d'étouffer
l'effort du génie par des règlements, ou d'en ralentir les progrès, en le
mettant pour ainsi dire en tutelle, sous la férule d'une corporation de
pédagogues, à qui vous auriez donné pour ainsi dire le privilège exclusif
de la pensée, la régie des progrès de l'esprit humain, l'entreprise du
perfectionnement de la raison nationale . . . Donnez une libre circulation
aux sciences et aux arts ; laissez aux talents les moyens et surtout le besoin
d'être laborieux : ne payez point les ouvriers de la République à la jour-
née; payez-les tous à la tâche, même les philosophes et les instituteurs,
si vous voulez que le peuple soit bien servi. Salariez, en proportion de
leur travail et du nombre de leurs élèves seulement, les instituteurs qui
se consacreront à l'enseignement des notions premières qui sont néces-
saires à tous les citoyens; aidez par des secours sagement répartis l'enfant
du pauvre, dont le talent peut se développer dans une science ou un art
utile à sa patrie; récompensez honorablement la vieillesse de l'instituteur;
veillez à la conservation ou à la réunion do tous les monuments des arts
dans des édifices ouverts à tous les citoyens; laissez tout le reste au génie
de la liberté. . . Le plan présenté par Bouquier me paraît, sous tous les
rapports, préférable à tous ceux qui ont été imaginés jusqu'à présent;
comparez-le avec celui du Comité : l'un est simple, mais majestueux,
facile, économique et conforme aux principes républicains; l'autre est
compliqué, pénible et dispendieux, et ressemble aux institutions monar-
chiques. 75
Le discours de Thibaudeau eut beaucoup de succès. Sur la
proposition de David, la Gouvenliou décida que sou auteur
serait adjoint au Comité d'instruction ])ublique.
Un troisième orateur prit la pai'ole dans celte séance : ce
XXX,, lîNTRODUCTlON.
lui Mirhel-Ecline Pelil. H se plaignit qu'on ne l'eût pas écouté
jusque-là :
ffOos concoptions simples ont osé se faire voir; mais Tesprit les a si
bien obscurcies sous son brillant étalage, qu'après tant et de si scienti-
li([ues conibats, où l'on a mis à contribution tous les talents, toute la na-
ture, nous ne savons pas encore comment nous apprendrons à lire à nos
cnlanls! J'ai plusieurs fois insisté au Comité d'instruction publique pour
une revision de la revision du décret pour les premières écoles : le Comité
m'a refusé la parole. Le plan de Bouquier a été lu ; j'ai observé que ce
plan était un enfant contrefait de celui que je vous ai présenté le i^"" oc-
lobie ('^, et que vous avez accueilli avec quelque plaisir. Voilà oij nous en
sommes de celte discussion où le sort de la République est attaché. -n
Petit critique d'abord les dispositions du décret revisé : le
programme des premières écoles lui paraît trop ambitieux; on
ne trouvera pas d'instituteurs capables d'enseigner tant de
choses; pour lui, il s'en tient au plan d'instruction qu'il a pro-
posé, et qui consiste à conserver, sous le nom d'instituteurs,
les maîtres d'école qui existent déjà, et à établir des écoles
dans les communes où il n'y en a pas encore, rr Au lieu de per-
fectionner les écoles dans les endroits où il y en a, et d'en
établir où il n'y en a pas, mesure à laquelle il faudra bien
qu'on revienne, on divise et subdivise le terrain de la France
comme les cases d'un échiquier, on arrange là-dessus les Fran-
çais, et la géométrie distribue le sentiment! Faut-il que je
sois obligé d'argumenter encore contre cette nouvelle division?
Oui, je me sens le courage d'être tenace, obstiné, pour rendre
service à mon pays. 11 II reproche au décret revisé de contenir,
à l'égard des cultes, une disposition équivoque : cr Je voudrais
que ceux qui ont revisé n'eussent pas porté la haine de tout
culte jusqu'à déclarer incompatibilité entre les fonctions d'in-
^'^ Voir notre tome II, p. 5/ii.
à,
INTRODUCTION. îxmii
stituteur et le service, de quelque manière qu'on F entende, d'un
culte quelconque. Cette aveugle intolérance ne s'aperçoit pas
qu'elle exclut des fonctions d'instituteurs tous les adorateurs
delà divinité qui, par quelque acte public, lui rendraient ha-
bituellement hommage. Peut-être ceux qui ont revisé ne vou-
laient-ils parler que des prêtres, catholiques, protestants ou
juifs; si cela est ainsi, pourquoi ne pas le dire??? En outre, le
projet du Comité serait beaucoup trop dispendieux : rr L'instruc-
tion publique coûterait, dans ce système, près de deux cents
millions annuellement, et nous aurions partout des demi-
savants chanoinisés. Or les Français régénérés ne consentiront
jamais à labourer la terre pour de pareilles gens, -n Quant au
plan de Bouquier, il ne produirait que des résultats illusoires;
tous ceux qui voudraient se livrer à l'enseignement, instruits
ou non des choses qu'il faut absolument enseigner aux enfants,
seraient libres de le faire, et recevraient pour cela une rétri-
bution de la République; mais il faut que l'instruction soit une,
entière et commune à tous les citoyens, il faut qu'elle soit
publique : or où serait le garant de l'unité, de l'intégrité de
l'instruction? comment l'instruction serait-elle publique, si elle
n'est pas donnée dsyis un local commun , si chaque maître ras-
semble douze ou quinze enfants dans une chambre particulière?
et dans les petites communes, comment un instituteur volon-
taire songerait-il à ouvrir une école , si la rétribution qu'il doit
recevoir est insuffisante à le faire vivre ?
fr Voici donc à quoi se réduit le prétendu enseignement libre: de mau-
vais maîtres, point de maîtres, point d'ensei[jnement dans les deux tiers
des villages; une éducation particulière, incomplète; une éducation de
chambre, oii tous les préjugés de Tignorance, de la superstition et de
l'ancien régime, peut-être, gauchiront Fesprit, dessécheront le cœur de
nos enfants. Non, la Convention nationale ne peut ainsi livrer au hasard
des circonstances le soin des entants de la Uépublique. ^
III. c
IHI-RIHLKII llTIOliLI
xxxiv INTRODUCTION.
11 faut que chaque commune ait sou école réunissant tous les
curants; il faut que l'instituteur soit un fonctionnaire public,
nommé par la municipalité et ayant subi un examen. Petit se
mo(jue des craintes manifestées par Fourcroy, qui cr a dit que des
nouvelles places d'instituteurs la République ne devait pas
faire des canonicats^^^s par Thibaudeau, déclarant que les
iustituteurs rr allaient former une puissance pédagogique ef-
fiaNanle pour la liberté ^-j, et s'imaginant voir en eux crune ar-
mée de quarante-quatre mille férules dirigées contre le bon-
heur public 11. Il insiste pour que la Convention ne se laisse pas
arrêter par l'objection tirée de la dépense qu'occasionnerait
l'organisation des écoles primaires : rr Qu'est-ce que cinquante,
soixante millions, en comparaison du bonheur de tout un
peuple ?T) Mais Petit ne croit pas que la dépense atteigne ce
chiffre; dans son système, le premier degré d'instruction pu-
blique coûterait au plus trente millions, ce La Convention paut,
nommer une commission composée d'autant de membres
qu'elle voudra, chargés de correspondre directement avec les
municipalités de toute la République; cette commission prendra
auprès des municipalités tous les renseignements relatifs à la
conservation et à l'établissement des écoles primaires, l'état
exact des dépenses que causeront cette conservation et ces éta-
blissements. Sur le rapport, appuyé de pièces, de cette com-
mission, la Convention décrétera les sommes nécessaires ou les
mesures ultérieures. Tout cela peut être l'ouvrage de deux
mois. •» En terminant. Petit reproduisait le projet de décret
qu'il avait déjà proposé le i*^'" octobre.
La discussion fut interrompue par l'arrivée d'une lettre de
^'^ Fourcroy avait parlé dos profes- dit que si Ton adoptait le plan du Go-
seurs des degrés supérieurs d'inslruc- mite', les instituteurs seraient ffdes
lion , et non des instiluleui-s. On reinar- demi-savants clianoinisésn.
quera d'ailleurs que Petit lui-même a
INTRODUCTION. xxxv
Fouquier-Tinviile, annonçant le suicide de l'ancien ministre
Clavière. Elle ne put continuer le lendemain, qui était un dé-
cadi; mais elle fut reprise le surlendemain, 21 frimaire. Ce
jour-là devait être tranchée la question de priorité.
Romme la réclama pour le projet présenté par lui; répon-
dant à Thihaudeau, qui avait dit que chez les Grecs le gouver-
nement ne salariait pas les professeurs, il rc rétablit quelques
faits relatifs à l'éducation athénienne qu'on lui avait oppo-
sées; et il mit l'assemblée en garde contre le danger de se
laisser éblouir par des formules comme celle de cr liberté de
l'enseignement 11 ; sans doute, il fallait espérer qu'un jour vien-
drait où les instituteurs publics seraient inutiles, et où tous les
pères seraient assez éclairés et assez pénétrés de leurs devoirs
pour donner eux-mêmes à leurs fils l'éducation républicaine;
mais serait-il sage de s'en reposer dès maintenant sur eux de
cette tâche à laquelle était attaché le sort de la liberté? rr Dé-
créter la liberté de l'enseignement, ce serait entretenir une
distinction odieuse entre le riche et le pauvre, et laisser celui-ci
dans un galetas, comme auparavant. •)?
On n'écouta Romme que d'une oreille distraite; la majorité
(le l'assemblée avait été séduite par les déclarations de Bou-
quier, qui lui avait montré rrla liberté, l'égalité, la brièxeté"
comme formant les bases de son plan. Un partisan du ])laii
nouveau, Jay de Sainte-Foy, ministre protestant et membre
(lu Comité (^^, monta à la tribune et y répéta les arguments
déjà donnés l'avant-veille par ïhibaudeau : rr Jay, dit lnJournid
(le la Montagne, s'indigne ([u on outrage ainsi la raison popu-
^'^ C'est ce m(?nîo Jay qui, lo sur- lo renouvellement du Coniilt^ de salut
lendemain 28, prenant la parole au public, et obtint (pie ce Comitt' tùl de
nom des députés montagnards, lit rap- nouveau proro|];é pour un mois dans
porter un décret voté la veille pour ses i'onctions.
xxvvi INTRODUCTION.
laire^'l II ne voit dans les articles revisés que le régime des
uiiivei'silés renouvelées de Téveque d'Autun et de Gondorcet,
et dégagé de ce ([u'il offrait de plus absurde. Les quarante
mille bastilles où l'on propose de renfermer la génération nais-
sante lui semblent la meilleure ressource qu'on ait pu imaginer
poiii" soutenir le dernier espoir de la tyrannie, ou pour la res-
susciter de ses cendres. 11 insiste fortement en faveur de l'au-
torité paternelle, que l'on ne rougit pas de transmettre à des
mains mercenaires et pour la plus grande partie à des suppôts
de trahison. crNos défenseurs, en rentrant dans leurs foyers,
s'écrie-t-il, seront-ils bien touchés d'apprendre qu'un procureur
au Châtelet, par exemple, est chargé d'inspirer des vertus ré-
publicaines à leurs enfants? Comme si les fondateurs de la li-
berté avaient besoin d'un tiers pour communiquer à leur famille
Teniliousiasme dont ils sont embrasés ! -n
Après cette fougueuse harangue, on demanda de toutes parts
la clôture de la discussion; la clôture prononcée, la priorité fut
accordée, à une grande majorité, au plan de Bouquier, et la
Convention ajourna la discussion au lendemain à midi.
Le soir, à la Société des Jacobins, Bouquier donna lecture
de son projet de décret, qui fut accueilli avec enthousiasme.
Sur la proposition de Félix Lepeletier, la Société décida que ce
plan serait réimprimé à ses frais et distribué à tous ses mem-
bres. Hébert fit l'éloge de l'esprit qui animait le décret; Has-
senfratz et Dufourny, tout en formulant quelques réserves de
détail, s'associèrent à l'approbation générale. Cinq jours plus
tard, le 26 frimaire, Bouquier était élu président des Jacobins,
succédant à Fourcroy, pour une période de quinzaine : ce vote
montre combien les idées dont son plan d'éducation était
^'^ C'esl-h-dire qu'on signale , comme libre concurrence pour une distribution
Ronune, le pe'ril qu il y aurait à s'en suflisante de l'enseignement,
remettre à l'initiative privée et h la
INTRODUCTION. xxxvii
l'expression répondaient en ce moment au sentiment domi-
nant.
11 serait exagéré d'attribuer la faveur avec laquelle fut reçu
le plan de Bouquier à ce fait, qu'en autorisant tous les citoyens,
sans exception, à se vouer à l'enseignement public, il rouvrait la
porte aux j>rêtres et aux religieuses qu'avait écartés le précé-
dent projet du Comité. Toutefois, il paraît probable que cette
circonstance fut un des motifs qui lui rallièrent une partie des
conventionnels et des Jacobins. Il ne faut pas oublier que, le
27 brumaire, un rapport fait par Robespierre au nom du Co-
mité de salut public avait dénoncé ceux qui voulaient se servir
du mouvement anti-religieux pour faire la contre-révolution;
que le i^"" frimaire, aux Jacobins, le même Robespierre, après
avoir pris la défense de la liberté des cultes et exprimé son
aversion pour l'athéisme, qu'il déclarait ce aristocratique ti, avait
fait décider l'épuration du club; que, le 16 frimaire, la Con-
vention avait voté un projet de décret présenté la veille par
Barère, pour assurer le libre exercice des cultes; et que, le
22 frimaire, Analcharsis Cloots allait être exclu des Jacobins,
dont il avait été le président du 2 1 brumaire au 1 1 frimaire.
La discussion sur le plan de Bouquier s'ouvrit le 22 fri-
maire, comme la Convention l'avait décidé. Les sections I et II
furent adoptées sans débat, ainsi que les trois premiers articles
de la section III. Sur l'article k de cette section, relatif à la
quotité du traitement à accorder aux instituteurs, les opinions
se trouvèrent partagées; quelques membres demandèrent que
le traitement fût uniforme pour tous les instituteurs (*^; l'article
^'^ Dans le projet de Bouquier, les an et par élève pour les instituleurs, ol
Iraitemcnls ëtaicnt graduels d'apiès le de huit h seize livres pour les instilii-
chiiïre de la population des conunuucs : triées.
r(^chelle allait de dix h vingt livres par
,,,viii INTRODUCTION.
(il! i(Mn()V(' à lin iionvol examon du Comité. L'article 5 lui
ii(lo[)té sans débat.
L'article G donna Heu à une importante discussion. Le
projet de Bouquier n'imposait nnllement aux parents Fobliga-
lion d'envoyer leurs enfants à l'école. Le montagnard Gbarlier
en lit l'observation, et demanda que la rédaction de Bouquier:
cf Les pères, mères, tuteurs ou cm'diieuïs pourront, à leur choix,
envoyer leurs enfants ou pupilles aux écoles du premier degré
d'instruction*)?, fût remplacée par celle-ci : crLes pères, mères,
tuteurs ou curateurs seront tenus d'envoyer leurs enfants on
pupilles aux écoles du premier degré d'instructiom?. Tliib:ai-
deau combattit cette proposition, en invoquant les droits de
la nature. Danton, alors, pi'it la parole pour cr rappeler les prin-
cipes i% qui lui semblaient singulièrement méconnus par cette
disposition du projet de Bouquier et j)ar son défenseur Tlii-
baudeau. rr Les enfants, dit-il, appartiennent à la société,
avant d'appartenir à leur famille. Je respecte, autant qu'un
autre, les sentiments de la nature. Mais je sais que toutes nos
affections doivent se fondre en une seule, celle de la patrie, et
le projet me semble conduire à un isolement absolument con-
traire à l'esprit républicain, i-j L'intervention de Danton amena
le triomphe de l'amendement de Gbarlier, qui fut adopté.
Mais Tbibaudeau, insistant, essaya de faire revenir la Conven-
tion sur son vote. crDe vifs débats s'élèvent, dit la Feuille du
salut public. Danton est vivement appuyé, et surtout d'après le
principe général de toutes les républiques. Lecointe-Puyraveau,
à ra])pui du raisonnement de Danton, développe avec énergie
la nécessité de s'assurer de la génération future, qui pourrait se
gangrener par l'instruction isolée. La discussion est interrompue
par Barère^^^. •)?
''^ Barère venait lire, au nom du Comité de salut public, un rapport sur la
situation de Marseille.
INTRODUCTION. xxxix
Le vote du 22 frimaire, qui établit l'obligation, pour tous
les parents, d'envoyer leurs enfants à l'école commune, fut
commenté en ces termes par la Feuille du salut public, dans sou
numéro du 27 :
rr Jamais la France neût joui du bienfait précieux d'une éducation
vraiment nationale, si la Convention neût pas décrète' que tous les enfants
recevraient une instruction commune. . . Le patriote vertueux applaudit
avec transport à ce décret bienfaisant, parce qu'il sait que son Ois appar-
tient à la patrie, et que c'est pour cette mère commune qu'il doit être
élevé. L'aristocrate au contraire, qui se proposait de [jraver dans l'àme
tendre de ses enfants la haine qu'il a jurée à la République, s'indigne
d'une loi qui les soustrait à sa funeste influence. . . Homme faible ou
vicieux, femme hautaine et indigne d'être mère, sachez que la patrie ne
réclame vos enfants que pour les rendre heureux. Un jour elle vous les
rendra avec toutes les vertus qui constituent des hommes libres, et ces
enfants régénérés vous apprendront à aimer une patrie qui aura plus fait
pour eux que vous-mêmes. 75
Le lendemain 28, à la reprise de la discussion, l'article 7 de
la section III, disposant que les parents et tuteurs auraient à
déclarer à la municipalité les noms des enfants ou pupilles
qu'ils enverraient aux écoles, et les noms des instituteurs dont
ils auraient fait clioix, fut adopté; mais l'article 8, relatif à la
peine à infliger aux pères, mères, tuteurs et curateurs qui n'au-
raient pas rempli les conditions de l'article 7, fut renvoyé au
Comité : il s'agissait, en effet, le principe de l'obligation ayant
été décrété, de compléter l'article 8 par des dispositions concer-
nant les parents et tuteurs qui refuseraient d'envoyer leurs
enfants ou pupilles aux écoles primaires; un membre proposait
que les peines dont les délinquants devaient être punis fussent
prononcées par la municipalité; un autre membre voulait
charger de cet oUice le tribunal de |)olice correctionnelle. Les
articles 9 et 10 furent adoptés, avec une dis|)osition nouNoIlt*
proposée par Fabre d'Eglantine, interdisant aux instituteurs
x,^ INTRODUCTION.
de prendre leurs élèves en pension, de donner aucune leçon
particulière, et de recevoir aucune espèce de gratification. A
C('ltt' occasion, la Convention décida l'adjonction de Fabre au
Comité (Tinstruction publique. Les quatre articles suivants
(ti i\ lA) de la section III furent ensuite adoptés sans autre
clian<Tement que de légères modifications de forme. Sur le der-
nier article (article i5), plusieurs amendements furent pro-
posés : la privation des droits civiques, prononcée contre les
infracteurs de l'article li, devait être réduite à dix ans au lieu
d'être perpétuelle, et cette peine devait s'étendre aux parents
et tuteurs; ces amendements furent adoptés, sauf rédaction.
L'assemblée attendit ensuite, pour continuer le débat, que le
Comité lui présentât de nouveau les articles qui lui avaient
été renvoyés.
Le Comité s'occupa de ces articles dès le 28 frimaire au soir;
mais il n'y put consacrer qu'un moment, et la discussion fut ren-
voyée à la séance suivante. Le 25, l'article 4 de la section III,
relatif aux traitements, fut remanié conformément aux propo-
sitions faites à la Convention : l'échelle graduée fut supprimée,
et remplacée par un payement uniforme de dix-huit livres par
élève pour les instituteurs, et de quinze livres pour les insti-
tutrices. Sur l'article 6 il y eut un vif débat; les adversaires du
principe de l'obligation firent une dernière tentative : ils de-
mandèrent que le Comité proposât à la Convention de revenir
sur le vote émis par elle, et de rapporter l'amendement de
Charlier. La question ayant été mise aux voix, les partisans
de l'obligation se trouvèrent avoir la majorité dans le Comité;
Tliibaudeau et ses amis durent renoncer définitivement à l'es-
poir de réussir. Le temps manqua pour achever le 2 5 l'examen
des articles à reviser, et le Comité se réunit le lendemain en
séance extraordinaire : dans cette séance, le texte de l'article 4
delà section III fut définitivement arrêté; l'article 8 fut rem-
INTRODUCTION. xli
placé par une disposition infligeant aux parents ou tuteurs
qui contreviendraient aux prescriptions relatives à l'envoi des
enfants à l'école une amende prononcée par le tribunal de
police correctionnelle; cette disposition devint l'article 9; l'an-
cien article 9, augmenté de deux dispositions nouvelles, dont
l'une permettait de difl'érer jusqu'à l'âge de neuf ans le mo-
ment de l'inscription des enfants à l'école, et dont l'autre fixait
à quatre années consécutives le minimum de la fréquentation
scolaire, devint l'article 8; enfin l'article i5 fut remanié con-
formément aux amendements adoptés par la Convention le 28.
Ce fut seulement le 29 frimaire que la Convention entendit,
par l'organe de Bouquier, la lecture des articles renvoyés au
Comité; elle les adopta dans leur nouvelle forme, avec trois
modifications : le traitement des instituteurs fut élevé à vingt li-
vres par élève et par an au lieu de dix-huit; l'inscription des
enfants à l'école ne put être difi'érée que jusqu'à l'âge de huit
ans au lieu de neuf; et la durée de la fréquentation obligatoire
fut réduite à trois années au lieu de quatre.
Une disposition importante fut en outre ajoutée, nous ne
savons sur l'initiative de quel membre, à l'article k de la sec-
tion III : il fut décidé que les communes dans lesquelles il ne
s'établirait pas d'instituteurs, et qui seraient éloignées de plus
d'une demi-lieue du domicile de l'instituteur le plus voisin,
pourraient, sur l'avis du directoire de district, en choisir un,
et que la République lui accorderait, non pas une somme va-
riable et proportionnelle au nombre de ses élèves, mais un
traitement fixe et annuel de cinq cents livres.
Les trois premières sections du plan de Bouquier se trou-
vèrent ainsi entièrement adoptées; et pour (jue rexécution des
articles relatifs aux premières écoles n'éprouvât aucun retard,
la Convention, sur la pro|)Osilion d'un membre dont nous no
xMi INTRODUCTION.
savons pas 1(^ nom, (l(''cida que ces trois sections seraient pro-
mu lijnres sur-Ie-cliamp, sans attendre que les deux dernières
sections eussent elé discutées. Ces trois sections formèrent le
«Ircret du -kj frimaire an n sur Toq^anisation de l'instruction
publi(|ue et sur le premier degré d'instruction.
Le SOU' même, le Comité s'occupa de l'examen de la seconde
partie du plan de Bouquier. On agita cette question : rc Y aura-
t-il un degré d'instruction intermédiaire entre les écoles pri-
maires et l'enseignement des sciences? ii Le plan de Bouquier
ne prévoyait, au delà des écoles primaires, qu'un degré unique
d'instruction qu'il appelait le rr dernier degré i7. Les partisans de
rancien plan du Comité, comme Honmie et Arljogast, auraient
voulu, au contraire, que la République oi'ganisât toute la série
des degrés d'instruction , depuis l'école primaire jusqu'aux études
les plus élevées. La discussion, sur laquelle le procès-verbal ne
nous donne qu'une indication sommaire, n'aboutit pas à une
décision et fut ajournée.
Après le vote du décret du 29 frimaire sur les premières
écoles, la Convention avait, sur la proposition du membre qui
avait fait voter la promulgation immédiate du décret, ordonné
que le Comité lui présenterait, le primidi suivant (i*^"* nivôse),
un projet d'établissement des fêtes civiques, jeux et exercices
nationaux. C'était une façon de mettre à l'ordre du jour l'or-
ganisation du dernier degré d'instruction, puisque le plan de
Bouquier déclarait que cries jeux civiques, les évolutions mi-
litaires, les fêtes nationales et locales, font partie du second
degré d'instructiomi. Mais le projet de décret sur les fêtes na-
tionales, dont le Comité s'occupait depuis le commencement de
frimaire, était loin d'être achevé. Il ne fut pas possible a la
Convention d'ouvrir le 1^ nivôse le débat annoncé. Le 0, elle
entendit, sur la question de l'instruction publique, un discours
INTRODUCTION. xmu
(le Portiez de l'Oise, où ce députe insistait pour qu'à défaut
des trois degrés supérieurs d'instruction, promis le 1 5 septembre
par un décret qui avait été suspendu le lendemain (^\ la Con-
vention organisât au moins des instituts publics où la jeu-
nesse recevrait des leçons de législation et de morale publique.
Portiez relevait vivement les paradoxes émis, dans la discussion
des jours précédents, par Bouquier et par ses deux principaux
alliés, Fourcroy et Thibaudeau.
crJe demande à Bouquier où, quand el comment le jeune Français aura
appris à connaîlre les lois concernant la garde nationale, les jurés, le
code pe'nal, l'organisation des corps administratifs, la nature de leurs
("onctions, leur compétence, etc.; enfin les lois familières journellement
pratiquées et nécessaires à tous les instants?. . . Les corps administratifs
el sociétés populaires de Paris firent, il y a un mois environ ^^', à la barre
de la Convention, par Torgane de Dufourny, une pétition tendant à obtenir
plusieurs degrés d'instruction. Cette demande faite à la fin d'une séance
consacrée aux pétitionnaires fut convertie en motion avec beaucoup de
chaleur par Lakanal, et non moins vivement appuyée et défendue deux
jours de suite par Fourcroy. Aujourd'hui Fourcroy se rétracte, el,pour
prouver qu'il a été dans l'erreur, i| nous peint les abus du régime monar-
chique : et nous organisons des institutions républicaines. . . Est-il donc
vrai que nos collèges, nos universités, (juelque imparfaits, quelque ab-
surdes qu'ils fussent, n'aient pas servi la chose publique'? N'est-ce pas là
qu'a été conservé religieusement le dépôt des sciences, le goût de la saine
littérature ? N'est-ce pas de là que des hommes studieux ont appelé, par le
fruit des veilles laborieuses, la révolution dont nous recueillons les fruits?
N'est-ce pas de ces collèges que sont sortis les amis, les intrépides défen-
seurs de la liberté dans nos armées et dans toute la République ("'L . .
Thibaudeau, qui s'était déjà signalé dans cette discussion par la manie
^'^ Voir noire tome II, pages /io8 "^ Comparez avec Téloge des col-
et suivantes. léges fait ])ar Robespierre le 18 juin
^''^ Il y avait plus di^ trois mois : la 179^ (t. I", l>- -^o'!, note q), et j)ar
•pétition avait été pn^sentée le i5 sep- Danlonle iSaoùt suivant(t. II, p. •378'>.
lembre. Portiez parlait le as» décembre Camille Desmoulins avait écrit ce qui
(a nivôse). suit dans son Ilisloirc dc^ lirixsotins :
xLiT INTRODUCTION.
des sophisinos, Thibaiidoau reproduit ies objections de Fourcroy. cfll est
rr impossible, ajoule-t-il, de ramener les ténèbres de l'ignorance sur le sol
rde la République française. L'on n'a pas encore de'couvert la possibilité de
rr faire désapprendre à Thomme ses connaissances, ou de faire rétrograder
ffses pensées.w Cette idée, neuveponr Tbibaudeau, lui paraît juste et pro-
fonde, applicable aux peuples comme aux individus. Mais ies individus,
comme les peuples, ont leur décrépitude. Ils oublient; aurais-je besoin
d'invoquer le témoignage de l'histoire de la Grèce et de l'Italie pour prou-
ver que des peuples entiers ont été tout à coup plongés dans les ténèbres
de l'ignorance îi?
Portiez ne défend point ies académies, qu'on a eu, dit-il,
raison de détruire ; il ne voudrait pas d'une corporation péda-
gofjique qui monopoliserait la science; les craintes manifestées
à cet égard lui paraissent d'ailleurs chimériques. Il répond à
Fourcroy :
crTu crains, dans l'adoption des collèges ou instituts, rune espèce de
fr sacerdoce plus redoutable peut-être que celui que la raison du peuple
(T vient de renverser^?. Rassure-toi : s'il a su abattre l'aristocratie invétérée
de plusieurs siècles, crois que, sans user de sa toute-puissance, ce même
peuple saura triompher d'une aristocratie naissante, sous quelque forme
qu'elle se présente . . . Fourcroy et Bouquier croient voir une corporation,
des espèces de canonicats , des brevets d'immortalité. Pourquoi donc se défier
du législateur et croire qu'il ne préservera pas l'instruction publique des
vices de ces créations monstrueuses? Des instituteurs nommés par le
peuple et réélus à des époques déterminées, n'ayant aucune correspon-
dance entre eux, ne sont pas redoutables pour la liberté. Chaque institu-
teur, surveillé par tous les citoyens, ne sera-t-il pas sous la surveillance
ffLes premiers républicains qui pa- et sous le règne des Claude et des Vitel-
rurenl en 1789 étaient des jeunes gens lius ; gouvernement insensé , qui croyait
qui, nourris de la lecture de Cicéron que nous pourrions nous passionner
dans les collèges, s'y étaient passionnés pour les pères de la patrie du Capitole,
pour la liberté. On nous élevait dans sans prendre en horreur les mangeurs
les écoles de Rome et d'Athènes et d'hommes de Versailles, et admirer le
dans la fierté de la république, pour passé sans condamner le présent, ulte-
vivre dans Tubjeclion de la monarchie riora mirari, prœsentia secuturos,r)
INTRODUCTION. xlv
spéciale et directe du Comité d'instruction publique du Corps législatif,
qui, renouvelé comme lui chaque année (^^, ne peut rappeler les gothiques
universités et les aristocratiques académies ? n
Et Portiez conclut ainsi : cf Je demande qu'il y ait dans
chaque département, suivant le rapport de la population et le
besoin des localités, des instituts publics, où la jeunesse fran-
çaise recevra des leçons de législation et de morale publique;
que les instituteurs soient salariés par la nation; que les séances
soient publiques; que les leçons soient les mêmes et données
d'après les mêmes livres élémentaires; que les écoles n'aient
aucun rapport entre elles, et qu'elles soient sous la direction
spéciale et directe du Comité d'instruction publique des Corps
législatifs T).
La proposition de Portiez fut ajournée, et ne vint jamais en
discussion; mais, en ventôse, Bouquier consacrera une partie du
rapport qui devait précéder le projet de décret sur le dernier
degré d'instruction à réfuter l'idée de Portiez, qualifiée par lui
de (f subversive des institutions républicaines t?.
Les fêtes nationales devant faire partie intégrante du plan
d'instruction publique, la Commission des Six, constituée le
3 frimaire (voir ci-dessus, p. x), hâta le dépôt de son rap-
port sur cette question, et Mathieu, en son nom, présenta au
Comité, le 5 nivôse, un ce projet de fêtes nationales pour chaque
décade i\ La discussion de ce projet par le Comité commença
le i3 nivôse, pour continuer le 21 nivôse et le 3 pluviôse;
elle aboutit le 9 ventôse, comme nous le verrons plus loin
(p. Lxxvni), à l'adoption d'un plan que le Comité fit imprimer
et distribuer pour cr pressentir l'opinion publiques. La Conven-
tion, malgré la volonté formelle qu'elle avait exprimée le 29 fri-
maire, ne put donc mettre à l'ordre du jour, pendant la période
^'^ Aux termes de la consiilutiou de 1793, le Corps législatif de la Uépublitpie
ne devait être élu que pour un an.
UM INTRODUCTION.
à JjHjiu'He est consacré le présent volume, la question de l'or-
oanisalion des fêles nationales décadaires.
Aussitôt que le décret du 29 frimaire sur le premier degré
d'instruction eut été promulgué, les districts et les municipali-
tés durent s'occuper d'organiser les écoles primaires conformé-
ment à la nouvelle loi; les citoyens et citoyennes qui désirèrent
user de la liberté d'enseigner durent être invités à faire auprès
des autorités municipales la déclaration de leur intention d'ou-
vrir une école, en produisant un certificat de civisme et de
bonnes mœurs. Pourtant les choses traînèrent en longueur,
presque partout, pendant près de trois mois.
Pour s'expliquer ces lenteurs, il faut se rappeler d'abord que
le célèbre décret du 1 4 frimaire sur le gouvernement révolu-
tionnaire provisoire, décret destiné à assurer une prompte et
rigoureuse exécution des lois, avait, en réorganisant les auto-
rités locales, porté momentanément le trouble dans les admi-
nistrations. On sait que ce décret supprimait les conseils gé-
néraux , les présidents et les procureurs-syndics de département,
et enlevait toute part dans l'exécution des lois révolutionnaires
aux directoires de département; la surveillance et l'exécution de
ces lois et des mesures de gouvernement, de sûreté générale et
de salut public, dans les départements, était attribuée exclu-
sivement aux districts, à la charge d'en rendre compte exacte-
ment, tous les dix jours, aux Comités de salut public et de sûreté
générale, les procureurs-syndics de district, les procureurs de
communes et leurs substituts étaient supprimés, et remplacés
par des fonctionnaires appelés ^^ agents nationaux ii , spécialement
chargés de requérir et de poursuivre l'exécution des lois^^^; les
fonctions des agents nationaux devaient être exercées par les
^'^ A Paris, les fonctions du district élaient attribuées au département, comme
étant devenues incompatibles, par cette nouvelle organisation, avec les opéra-
INTRODUCTION. xlmi
citoyens qui occupaient à ce moment les places de procureurs-
syndics de district, de procureurs de communes et de leurs
substituts, à l'exception de ceux qui seraient dans le cas d'être
destitués; la liste définitive des agents nationaux des districts,
après épuration faite, devait être soumise à la Convention pour
être approuvée; celle des agents nationaux des communes de-
vait être soumise au district de leur circonscription et approuvée
par lui; la Convention remplaçait elle-même les agents
nationaux des districts et des communes qui n'auraient pas
été approuvés. Les représentants du peuple dans les dépar-
tements étaient chai'gés d'assurer et d'accélérer l'exécution
du décret du i4 frimaire, comme aussi d'achever sans retard
l'épuration complète de toutes les autorités constituées, et de
rendre un compte particulier de ces deux opérations à la Con-
vention, avant la fin de nivôse. Malgré toute la célérité appor-
tée dans l'organisation du gouvernement révolutionnaire pro-
visoire, le délai fixé par le décret fut atteint dans plus d'un
département avant que l'épuration des anciennes autorités et
la mise en activité des autorités nouvelles fût entièrement
achevée. Aussi conçoit-on aisément que les mesures prescrites
pour l'exécution du décret sur le premier degré d'instruction
n'aient pu être prises sur-le-champ, et que des lenteurs se
soient produites.
11 faut, d'autre part, se rappeler aussi que dans un très
grand nombre de communes il existait déjà des écoles en acti-
vité; le résultat du décret du 29 frimaire devait être simple-
ment, pour ces communes-là, de transformer le Iraitement fixe
de l'ancien instituteur en un traitement proportionnel au nombre
des élèves, sans rien changer en réalité à l'organisation de
l'école; aussi, là où il n'y avait pas de création nouvelle à faire,
lions de la municipalilë (pidcédeininerit, celait la inimicipaliL' parisieiiiio (jui exer-
çait les fondions de district).
xLviii INTRODUCTION.
dut-on être porté à regarder le décret comme exécuté, du mo-
ment que rinstituteur continuait ses leçons.
Les deux membres du Comité de salut public spécialement
cbargés de la correspondance avec les autorités constituées
pour Texécution du décret du 1 4 frimaire sur le gouvernement
révolutionnaire, Billaud-Varenne et Collot d'Herbois, réso-
lurent, au commencement de pluviôse, de rédiger une instruc-
tion générale destinée à répondre aux nombreuses questions
qu'on adressait de toutes parts au Comité. En conséquence, par
une circulaire en date du 4 pluviôse, ils invitèrent tous les
comités delà Convention à leur transmettre, dans le plus bref
délai, un travail particulier sur un certain nombre de points
spéciaux : le Comité d'instruction publique, pour sa part, dut
présenter ses vues sur l'instruction publique en général, sur le
payement des boursiers des collèges, les bibliothèques, les mo-
numents, les imprimeries de district pour la réimpression des
lois. Le Comité d'instruction publique nomma Thomas Lindet et
Mathieu rapporteurs, le 1 1 pluviôse; ce fut le 26 seulement
que Lindet — pour obéir à une nouvelle lettre de Billaud et de
Collot, demandant une réponse cr sous trois jours o) — présenta
un projet d'instruction que le Comité adopta; cette instruction
ne fut transmise au Comité de salut public que le i^"* ventôse ^^l
En même temps, le Comité de salut public intervenait di-
rectement dans les questions d'instruction publique en faisant
voter à la Convention, le 8 pluviôse, une mesure révolution-
naire. Barère lut ce jour-là un rapporter sur les idiomes étran-
^'^ Il fut fait deux copies de l'instruc- ne les avons pas trouvées. Nous ne sa-
tioii rédigée par Lindet, i'une pour vous pas si l'instruction générale que
être envoyée au Comité de salut public, Billaud et Collot se proposaient de ré-
l'autre pour être déposée aux archives diger a été envoyée,
du Comité d'instruction publique. Nous
INTRODUCTION. xlix
gers et l'enseignement de la langue française i?, qui commençait
ainsi : ce Les tyrans coalisés ont dit : L'ignorance fut toujours
notre auxiliaire la plus puissante; . . . servons-nous des peuples
mal instruits, ou de ceux qui parlent un idiome diiïérent de celui
de l'instruction publique. Le Comité a entendu ce complot de
l'ignorance et du despotisme, n Et après avoir passé en revue
les départements où les populations ne faisaient pas usage de
la langue française, et oij les ennemis de la Révolution profi-
taient de cet état de choses pour entretenir la méfiance et fo-
menter la guerre civile, il concluait ainsi : rcLe fédéralisme et
la superstition parlent bas-breton; l'émigration et la haine de
la République parlent allemand; la contre-révolution parle
l'italien, et le fanatisme parle le basque. Rrisons ces instru-
ments de dommage et d'erreur, -ii Un décret adopté à la suite du
rapport ordonna que dans un délai de dix jours il serait établi
un instituteur de langue française dans toutes les communes
des départements du Morbihan, du Finistère, des Côtes-du-
Nord, de la Loire-Inférieure (^^, du Haut-Rhin, du Ras-Rhin,
de la Corse, de la Moselle, du Nord, du Mont-Terrible, des
Alpes- Maritimes, et des Rasses-Pyrénées, dont les habitants
parlent un idiome étranger (^^; ces instituteurs devaient rece-
voir un traitement annuel de quinze cents livres; ils devaient
non seulement enseigner la langue française aux élèves des
écoles primaires, mais encore, tous les jours de décade, donner
lecture au peuple des lois de la République, en les traduisant.
Un article spécial disait qu'aucun de ces instituteurs ne pour-
rait être clioisi parmi les ministres d'un culte quelconque, ni
^'^ Le d(^j)arlcinont crille-et-Vilaiiio, ^"' Los (leparleinonls des l\rén(^'es-
([ui étnil, ex[)resscmeiit incnlioiuKWIaiis OricMilalos el do la Mourlhe ruiont
le i'a|)|)()rl de Barère, ne (ig'iire pis an ajoulos à la lislo par h» d»H'ret com-
(h'ciet, par suite d'iuio omission sans plomen taire du oo [)luviose.
doute involontaire.
Ml. D
lUI'l l \ll I I
L INTKODUGTION.
parmi conx (jiil aiiiaieiil appartenu à des castes ci-devant pri-
vilé[;iées : rr point de sacerdoce dans l'enseignement public i?,
a\ail (lit Barère; ils devaient être nommés par les représen-
tanls du ])ciiple en mission, sur l'indication faite par les sociétés
po|)ulaires. Ce décret, qui aurait rendu d'inappréciables ser-
vices s'il avait pu être sérieusement exécuté, demeura malheu-
reusement lettre morte.
Nous nous sommes demandé quelle circonstance pouvait
avoir décidé, en pluviôse plutôt qu'en n'importe quel autre mois,
le Comité de salut public à faire présenter à la Convention le
rapport de Barere. 11 n'existe rien, dans les événements poli-
tiques, qui ait du appeler l'attention d'une façon plus spéciale,
à ce moment précis, sur les inconvénients qu'offrait l'emploi
d'idiomes particuliers dans certains départements. Nous croyons
avoir trouvé l'explication du fait. Le grammairien Urbain Do-
mergue, toujours préoccupé de son idée de publier un cours
de langue française, avait communiqué au Comité de salut
public, en manuscrit, un projet d'Adresse aux communes et aux
sociétés populaires, oii il expliquait le plan de son cours et les
avantages que la Bépublique en retirerait ; et il insistait à ce pro-
pos sur le danger que présentait, dans certaines régions de la
France, l'usage des langues étrangères et des dialectes, alle-
mand, italien, provençal, languedocien, basque, bas-breton.
cf N'en doutons pas, écrivait-il, Pitt a fait entrer la différence de
nos dialectes dans ses moyens de contre-révolution. Ce point
de vue politique doit fixer l'attention de la représentation na-
tionale. Effaçons les jargons, comme nous avons effacé les pro-
vinces, n Domergue a-t-il simplement copié Barère, ou bien est-
ce Barere au contraire qui a copié et amplifié Domergue? Il
s'agit de savoir lequel des deux a écrit le premier. L'Adresse
de Domergue n'est pas datée, mais, à en juger par la phrase
crCe point de vue doit fixer l'attention de la représentation
INTRODUCTION. li
nationale 1?, la rédaction en est antérieure au décret du 8 plu-
viôse. Le projet de Domergue, muni d'un post-scriptum écrit
par l'auteur après le vote du décret du 8 pluviôse, a été ren-
voyé au Comité d'instruction publique par celui de salut public,
à la date du 1 7 pluviôse ^^K
Dès le 9 nivôse, le Comité d'instruction publique avait com-
mencé à s'occuper des livres élémentaires pour le premier degré
d'instruction, auxquels les instituteurs et institutrices allaient
être tenus de conformer leur enseignement, et que le décret
du 29 frimaire le chargeait de présenter; il décida qu'il y avait
lieu de publier des ouvrages contenant les meilleures méthodes
d'apprendre aux enfants à lire, à écrire et à compter, et d'autres
ouvrages destinés à guider les instituteurs et les mères dans
les parties respectives d'éducation qui leur sont confiées. Le
19 nivôse, il arrêta que pour la composition de ces ouvrages
il serait ouvert un concours. Le 27, Grégoire, qui avait été
désigné comme rapporteur, lut un projet de décret qui fut dis-
cuté et adopté par le Comité le i'^'' pluviôse. Deux jours après,
le 3 pluviôse, Grégoire lisait son rapport à la Convention, qui
en ordonnait l'impression et l'ajournement. La discussion eut
lieu à l'assemblée le 9 pluviôse; le décret adopté ordonna
l'ouverture d'un concours, jusqu'au i^"" messidor suivant, pour
les ouvrages ci-après : i"* Instruction sur la conservation des
enfants, depuis la grossesse inclusivement, et leur éducation
physique et morale de])uis la naissance jusqu'à l'époque de leur
entrée dans les écoles nationales; ^'^ Instruction pour les in-
stituteurs nationaux, sur l'éducation physique et morale des
enfants; S"" Méthode pour apprenth'e à lire et à écrire; ^i*" No-
tions sur la grammaire française; r)° Instruction sur les pre-
^'' Voii' [). W» (lu |)rcsonl volume.
LU INTRODUCTION.
inières rè{;les daritlimétique et de géométrie pratique, et sur
les nouvelles mesures; G'' Notions sur la géographie; 7"* Instruc-
tions sur les principaux phénomènes et sur les productions les
plus usuelles de la nature; 8" Instruction élémentaire sur la
morale répuhlicaine; 9° Instruction élémentaire sur l'agricul-
ture et les arts de première utilité. Cette éimmération de livres
élémentaires, il laut le remarquer, élargissait singulièrement
le ])rogramme du premier degré d'instruction, que le décret
du 99 friuiaire semblait limiter à la lecture, à l'écriture et à
l'arithmétique.
Le soir même du 9 pluviôse, le Comité chargea Thibaudeau
de préparer un projet de décret sur la formation du jury pour
juger les livres élémentaires qui seraient envoyés au concours,
et sur les récompenses qui seraient accordées aux auteurs. Thi-
baudeau ne présentera son rapport que beaucoup plus tard,
en messidor; mais, sans attendre que la question du jury fût
résolue, le Comité commença à recevoir les ouvrages qui lui
étaient adressés : le premier reçu (i3 ventôse), un manuscrit
intitulé Géographie universelle et politique, fut remis à la garde de
deux commissaires chargés de donner récépissé de tous les
manuscrits qui seraient envoyés pour le concours, et de les
déposer dans une armoire à trois clefs.
Dans le courant de pluviôse, Michel-Edme Petit fit lecture
au Comité d'instruction publique d'un discours suivi d'un pro-
jet de décret tendant à obtenir le rapport du décret rendu sur
le premier degré dinstruction. Petit, persuadé que le décret
Bouquier ne pouvait pas fonctiormer, insistait de nouveau pour
l'adoption de son propre plan déjà présenté deux fois inutile-
ment, le 1"* octobre et le 19 friuiaire. Le Comité consentit à
entendre le travail de Petit, mais non à le discuter. crLe citoyen
Petit, dit le procès-verbal du 17 pluviôse, peut demander par
INTRODUCTION. un
motion d'ordre à la Convention nationale qu'elle veuille entendre
sa réclamation. Le Comité délibérera sur le plan du citoyen
Petit si un décret de la Convention le lui ordonne, ii En consé-
quence, Petit lut son discours à la Convention dans la séance du
27 pluviôse; l'assemblée, sans se laisser toucher par l'argumen-
tation de cet opiniâtre opposant, écarta sa proposition par la
question préalable. Il faut reconnaître que, malgré le dédain
dont témoigne l'attitude de la Convention, il y avait dans les ob-
jections présentées par Petit plus d'une observation juste. Il
faisait ressortir qu'il était contradictoire de déclarer l'enseigne-
ment libre et de forcer en même temps les parents à envoyer
leurs enfants dans une école publique, au lieu de leur per-
mettre de les garder chez eux s'ils le préféraient. Et en même
temps ce décret, qui semblait consacrer l'envoi forcé des enfants
à l'école, offrait à tout homme, par une autre contradiction, la
facilité d'être l'instituteur particuher de son enfant, puisqu'il lui
reconnaissait la liberté d'enseigner. En outre, aux termes du
décret, l'enseignement devait être fait publiquement; mais, en
réalité, de petites écoles où des mstituteurs réuniraieiit chacun
une demi-douzaine d'enfants, peut-être, n'auraient aucun des
caractères de la vraie publicité. Ce décret est la loi la plus fa-
vorable au riche, à l'aristocrate : car ceux à qui il sera le plus
facile de se faire eux-mêmes instituteurs de leurs enfants sont
les riclies; un riche qui aura reçu de l'éducation se présentera
avec avantage à la commune, au comité de surveillance, et en
obtiendra le certificat nécessaire pour être instituteur. Les in-
stituteurs, dit-on, seront forcés par la surveillance de faiie ap-
prendre les livres élémentaires : soit; les enfants apprendront
bien la lettre des livres, mais on leur insinuera l'esprit tout
contraire à cette lettre. Conclusion : il est impossible d'adopter
la liberté indéfinie de l'enseignement; impossible aussi d'ad()|)tor
l'enseignement généralement forcé; il faut retrouver dans félal
Liv INTRODUCTION.
présent des choses des moyens de le perfectionner, et ne pas
s'obstiner à cliercher la panacée des vices de notre présente
éducation dans une généralité métapliysique, dans un grand
principe qui, comme tout autre, pris selon toute son étendue,
aboutit aux abîmes de Tabsurditéi^
Pour faciliter l'orgamsation des écoles primaires, le Comité
chargea Bouquier, le taj pluviôse, de rédiger une instruction
sur l'cxéculion du décret du 59 frimaire. L'objet parut sans
doute dillicile à Bouquier, car il ne s'acquitta point de sa tâche;
le 1 1 germinal, le Comité lui adjoindra Thibaudeau.
Une autre mesure allait avoir, pour la mise en vigueur du
décret du 99 frimaire, une portée décisive : c'est le décret du
4 ventôse. Ce décret, qui a jusqu'ici passé inaperçu, a une
importance capitale dans l'histoire des écoles pendant la Révo-
lution : il marque la fin de la période purement délibérante,
l'entrée dans la période d'application pratique.
L'occasion de ce décret fut une pétition des instituteurs des
petites écoles de Paris, de Franciade et du Bourg-de-l'Egalité;
ils demandaient le payement de leur traitement arriéré, en
souffrance à la suite du décret du 8 mars 1798 sur la vente
des biens formant la dotation des collèges et de tous autres éta-
blissements d'instruction publique. Cette pétition, présentée au
Comité le 5 frimaire, appuyée le 9 par une lettre du ministre
de l'intérieur, le 1 5 par une députation du Comité central de
bienfaisance de Paris, donna lieu à de longues négociations
entre le Comité d'instruction publique, celui des finances, le
directoire du département de Paris et le ministère de l'intérieur :
il s'agissait de déterminer les revenus des biens autrefois afl'ectés
à l'entretien des écoles de Paris et des deux districts ruraux,
et d'obtenir que le Comité des finances consentît à proposer
\k\ vote d'un secours. Enfin, le 7 pluviôse, une députation des
INTRODUCTION. lv
instituteurs se présenta au Comité pour demander qu'on en
finît; et celui-ci, rrvu l'urgence des besoins où se trouvent ces
citoyens qui ont continué leurs fonctions essentielles sans re-
cevoir la rétribution qui leur est due-)-), chargea séance te-
nante Léonard Bourdon crde se concerter avec le Comité des
finances pour solliciter le payement de ce qui est dû aux in-
stituteurs des petites écoles de Paris, à titre de secours provi-
soire ii. Il fallut encore près d'un mois avant que le Comité d'in-
struction publique eût pu se mettre d'accord avec celui des
finances sur la teneur du projet de décret à présenter à l'as-
semblée; mais enfin, le 4 ventôse, sur le rapport de Léonard
Bourdon, la Convention adopta le décret suivant, réglant pour
toute la Bépublique, et non pas seulement pour les instituteurs
du département de Paris, le mode de payement des traitements
arriérés et la façon dont s'opérerait la transition entre l'ancien
régime aboli par le décret du 8 mars lygS et le nouveau ré-
gime institué par le décret du 29 frimaire. Voici les termes de
cet important décret :
La Convention nationale, ouï le rapport de ses Comités d'instruction
publique et des finances, décrète ce qui suit :
Article premier. Les arrérages dus jusqu'au i5 germinal prochain ^^^
aux instituteurs et institutrices des petites écoles, dont les salaires étaient
acquittés en tout ou en partie sur les revenus des fabriques et autres biens
mis à la disposition de ta nation, ainsi que sur ceux des octrois et autres
droits ou établissements supprimés, seront payés sur les ordonnances des
corps administratifs, comme les créances au-dessous de huit cents Uvres^-).
Art. 2. Les instituteurs ou institutrices dont le traitement lixo ou ra-
^'^ Le i5 g-orminol an 11 correspon- cédant pas huit cents livres étaient ac-
«lait an h avril lyc^A. Le décret j^aran- quittées ])ar le receveur du district du
tissait donc le payoniont, en plus de chef-liiu du dt'parlenient, sur l»'s fonds
l'année 1793, du premier cpiai'tier de faits par la caisse de Textraordinaliv.
179^1. (Décret du 20 novendire 179*^.)
^^"^ Les créances sur le trésor iTex-
Lvi INTRODUCTION.
siiel ne s'élovc pas à quatre cents livres dans les communes qui ont une
population moindre de cinq mille âmes, ou à six cents livres dans les
autres, recevront une augmentation de traitement pour toute Tannée 1798,
et jusqu'au i5 {jerminal, jusqu'à due concurrence.
Art. 3. Les fonds de cette augmentation de traitement seront faits
dans la commune, par la voie des sols additionnels au rôle des contri-
butions foncière et mobilière de 1798, et l'avance par les dix plus forts
contribuables, sur le mandat des olliciers municipaux.
Art. /i. Les salaires des instituteurs et institutrices des écoles primaires
qui ne seraient point organisées conformément à la loi du 29 frimaire au
i5 germinal procbain, seront acquittés sur les biens des administrateurs
cbargés de l'exécution de ladite loi.
Ainsi le décret ne se contentait pas de mettre à la charge du
trésor public le payement intégral de tous les arrérages dus
aux instituteurs et aux institutrices^^); il accordait à ceux dont
les traitements n'atteignaient pas quatre cents livres dans les
petites communes et six cents livres dans les grandes le paye-
ment de ces arrérages sur le pied d'un traitement généreuse-
ment majoré à ce chiffre. En outre, il fixait au i5 germinal le
terme fatal à partir duquel les traitements seraient désormais
payés en conformité des dispositions du décret du 29 frimaire,
c'est-à-dire à raison de vingt livres par élève et par an pour les
instituteurs et de quinze livres pour les institutrices; et, en ajou-
tant que, dans les écoles primaires qui, à cette date, ne seraient
pas organisées conformément au nouveau régime, les traitements
ff seraient acquittés sur les biens des administrateurs ^i, il assu-
rait une prompte exécution, dans la France entière, de l'orga-
('^ Cette solution délinitive était en de Saint-Germain-des-Prés, Saint-Tho-
contradiction avec la doctcine précé- mas-d'Aquin, et autres, d'adresser leurs
demment adoptée par le Comité d'in- réclamations à la municipalité de Paris ,
strucliou publique, lorsqu'il avait ré- cr attendu que les frais des petites écoles
pondu le 26 juillet 1798 (voir t. Il, doivent faire partie des charges locales
p. i/»9) aux instituteurs des paroisses de chaque commune de la République».
INTRODUCTION. lvii
nisation nouvelle donnée au premier degré d'instruction. Et, en
effet, la statistique faite à trois mois de là, en prairial, mon-
trera les écoles primaires en activité selon le nouveau mode,
à partir du i5 germinal an n.
Deux décades auparavant, la Convention avait par un autre
décret réglé la question des dépenses des collèges de Paris. Le
y août 1793, elle avait accordé une somme de 807,552 livres
9 sols 6 deniers pour la dépense des collèges de Paris jusqu'aux
vacances de 1793. Sur une nouvelle demande de fonds faite le
Î29 nivôse par le collège de l'Egalité, le Comité d'instruction
publique eut à examiner si l'on continuerait à couvrir les dé-
penses des collèges de Paris par le procédé indiqué au décret
du 7 août, ou bien si l'on reviendrait, pour le département de
Paris, au mode de payement prescrit par les décrets du 8 mars
et du 5 mai 1798, mode qui n'avait pas cessé d'être appliqué
à l'égard des autres départements. D'accord avec le Comité des
finances, il opta pour cette dernière solution; en conséquence,
le i3 pluviôse, sur le rapport de Mathieu parlant au nom des
deux Comités réunis, la Convention vota un décret portant que
le département de Paris aurait à pourvoir aux besoins des col-
lèges de Paris conformément aux lois, et notamment à celles du
8 mars et du 5 mai précédents. A la suite de ce décret, le mi-
nistre de l'intérieur ordonna le versement, dans la caisse du
receveur du département de Paris, des fonds nécessaires pour
couvrir les dépenses des collèges de Paris pendant les deux der-
niers trimestres de 1793. Les dépenses de 179^1 seront payées
de la même façon.
Quant aux dépenses des collèges des départements, elles
continuèrent à être régulièrement payées par la trésorerie na-
tionale, d'après les états fournis par les corps administratifs
au ministre de l'intérieur (et plus tard à la Commission execu-
tive), ainsi ([ue l(^ montre une lettre des administrateurs du
Lviii INTRODUCTION.
district de Bordeaux en date du i3 germinal an n, que nous
doinions p. 33 1 .
Nous avons vu que, dès le 29 frimaire, le Comité d'instruc-.
lion j)nl)li(jue avait mis à son ordre du jour l'examen de la se-
conde partie du plan de Bouquier. Mais les débats auxquels
devait donner lieu cet important objet n'avaient pu être abordés
siir-le-cliamp. Le 26 nivôse, Coupé de l'Oise demanda et
obtint que la procbaine séance du Comité fût consacrée à cette
discussion. Bouquier, sans doute, n'avait pas achevé de revoir
et de coordonner son projet; car la discussion annoncée n'eut
pas lieu. Ce fut seulement le 19 pluviôse qu'il donna lecture au
Comité d'un rapport et d'un projet de décret, dont l'examen fut
renvoyé à une séance ultérieure. Cet examen eut lieu dans les
séances du Comité des 2 1 , sS et 26 ventôse. Après que le projet
eut été discuté article par article, on décida qu'il serait commu-
niqué aux Comités des finances et de salut pubbc, et ensuite pro-
posé à la Convention nationale. A cette occasion, le Comité d'in-
struction publique arrêta (23 ventôse) qu'à l'avenir deux de
ses membres, Guy ton et Fourcroy, seraient ses commissaires
permanents auprès du Comité de salut public crpour conférer
avec lui sur toutes les mesures d'instruction qui pourraient
coïncider avec les opérations générales du gouvernement^?, et
qu'il leur serait adjoint, selon les rapports particuliers, un ou
plusieurs membres du Comité; Bouquier, d'abord, fut désigné
pour aller avec eux au Comité de salut public conférer de son
projet. Cette décision n'a rien que de très naturel. Le Comité de
salut public était le centre du gouvernement; s'il se concertait
avec les autres comités pour coordonner leurs travaux et leur
imprimer une direction conforme à la politique générale dont
il était le représentant, il n'y avait pas là, de sa part, usur-
pation de pouvoir, comme ont semblé le croire certains histo-
INTRODUCTION. ux
riens, mais exercice de sa fonction naturelle; les autres comités,
loin de protester et de manifester un amour-propre mal en-
tendu, comme s'ils se sentaient mis en tutelle et qu'ils le
souffrissent impatiemment, recherchent spontanément ce con-
cert, et ont soin de consulter le Comité de salut public toutes
les fois qu'ils ont à proposer des mesures ayant une portée
générale.
Le projet de Bouquier, après qu'il eut été communiqué aux
Comité de salut public et des finances, et approuvé par eux,
sera présenté à la Convention le 2 4 germinal. Mais il appartient
au mois de ventôse, car, après la séance du 2 5 ventôse dans la-
quelle le Comité d'instruction publique l'adopta, il n'en est
plus question dans les procès-verbaux de ce Comité. C'est donc
dans le présent volume que nous avons dû le placer (p. Byi).
Dans le plan général que Bouquier avait présenté au Comité
le 1 1 frimaire, les dispositions relatives au dernier degré d'in-
struction et aux moyens généraux d'instruction formaient la sec-
tion IV (quinze articles) et la section V (six articles). Ces dispo-
sitions avaient reçu , depuis, un développement considérable:
le Projet de décret relatif au dernier degré d'instruction est divisé
en six sections et ne comprenait pas moins de soixante et un
articles.
La première section, rr Moyens de propager Tinstruction t) ,
reproduit avec quelques changements les trois premiers articles
de la section IV du projet du 1 1 frimaire.
Le seconde section , rr Des sciences et arts dont l'enseignement
sera salarié par la République i^, correspond aux douze articles
suivants de cette section IV; mais l'énumération rudimeiilaire
du projet du 1 1 frimaire a reçu d'importants développonu nts.
La République crée dix écoles de santé, dont neuf devaient
avoir sept cr instituteurs ii; la dixième, celle de Paris, devait en
avoir quatorze, sans compler les olliciers de sa nié al tachés
Lx INTRODUCTION.
aux maisons publiques destinées au traitement des maladies
des enfants, des maladies des aliénés, et des maladies véné-
riennes. Indépendamment des instituteurs vétérinaires déjà en
activité, il en est établi un dans onze communes nouvelles. Un
instituteur de génie militaire et un instituteur d'artillerie sont
établis dans neuf communes, dont Paris; cette dernière ville
doit avoir en outre une école des ponts et cbaussées, avec trois
instituteurs. Des quatre observatoires de la République, trois,
ceux de Strasbourg, de Brest et de Marseille, doivent être
pourvus chacun de deux astronomes; celui de Paris doit en avoir
(juatre; ces astronomes sont tenus de former des élèves. Dans
chaque port il doit y avoir un hydrographe. A Paris seront éta-
blis un instituteur de minéralogie et un de métallurgie. Enfin
la Commission chargée des relations de la République avec
l'étranger ^^^ sera tenue d'entretenir auprès de chacun de ses
agents dans les contrées asiatiques quatre jeunes gens destinés
à y acquérir la connaissance des langues de ces contrées. La
durée du secours accordé aux enfants pauvres qui auraient des
dispositions pour quelque art ou science est limitée à trois
années.
La troisième section, rrDu choix des instituteurs des sciences
et arts dont l'enseignement est salarié par la République^?,
dispose que les instituteurs des sciences et des arts seront élus
par des jurys de quarante membres. Le jury auquel est confié
le choix des instituteurs de santé, de l'art vétérinaire, de miné-
ralogie, de métallurgie, et d'hydrographie, sera désigné par les
administrateurs du district réunis aux citoyens des communes
où ces établissements seront placés. Celui auquel est confié
^'' L'emploi de celte expression, sente à la Convention, le 2 4 germinal,
remplaçant celle de rr ministre des af- les ministères avaient été supprimés et
faires étrangères ti , \ient de ce qu'au remplaces par des commissions exé-
moment où le projet de décret fut pré- ciitives (décret du 12 germinal).
INTRODUCTION. lxj
le choix des instituteurs des sciences relatives au génie mili-
taire, aux mines et à l'artillerie, sera désigné par les ingénieurs,
mineurs et artilleurs de tout grade en garnison dans les places-
fortes où les écoles doivent être établies ^^\ Les astronomes seront
choisis directement parla représentation nationale, sur la pré-
sentation du Cpmité d'instruction publique.
La quatrième section, rr Moyens généraux d'instructiomi ,
reproduit, avec quelques changements et additions sans im-
portance, les dispositions de la section V du projet du 1 1 fri-
maire.
La cinquième section, rr Des récompenses t?, est entièrement
nouvelle. Elle traite des pensions et gratifications accordées
aux instituteurs et institutrices de tout ordre, aussi bien du
premier degré d'instruction que du dernier, des prix d'émula-
tion à décerner aux élèves, et des secours d'encouragement que
pourront obtenir les jeunes gens pauvres. Tout instituteur et
toute institutrice du premier degré d'instruction qui, à compter
de la publication du décret, justifiera avoir enseigné pendant
dix ans, obtiendra, s'il continue, indépendamment du salaire
accordé par la loi du 29 frimaire, une gratification annuelle
fixée à deux cents livres pour l'instituteur et à cent livres pour
l'institutrice. L'instituteur tant du premier que du second degré
d'instruction, qu'il soit ou non salarié par la République, ob-
tiendra, s'il justifie avoir enseigné pendant vingt ans à compter
de la publication du décret, une pension annuelle de deux
mille livres. Toute institutrice du premier degré d'instruction
qui aura enseigné pendant vingt ans obtiendra une pen-
sion annuelle de mille livres. Les trois décadis de fructidor
seront, dans chaque commune, consacrés à l'c^xamen public des
élèves de toutes les écoles; dans les premières écoles les deux
'^^ Lo projet tic di'cret ne parle pas du jury destine' à choisir les instituteurs de
IV'Cole des pont-; (^t chaussées de Paris.
Liu INTRODUCTION.
jeunes élèves de chaque sexe qui auront paru les mieux instruits
recevront un prix d'émulation dont la valeur ne pourra excéder
la somme de six livres; les prix d'émulation des écoles du der-
niei' de(;ré d'instruction seront des couronnes de chêne. Le
mois de vendémiaire sera consacré aux vacances des instituteurs
et institutrices salariés par la nation. Les jeunes gens qui, après
examen, auront été recoinius avoir des dispositions bien pro-
noncées pour un art ou pour une science, que l'enseignement
en soit ou non salarié par la nation, et qui témoigneraient le
désir de s'y perfectionner, obtiendront un secours d'encourage-
ment de huit cents livres pour une année; si, à la fin de cette
année, un nouvel examen témoigne qu'ils ont fait des progrès
satisfaisants, ils obtiendront pareille somme pour une seconde
année, et, après une nouvelle épreuve , pour une troisième.
La sixième section enfin, crDu traitement des instituteurs
du dernier degré d'instruction ii , fixe à trois mille livres le trai-
tement des astronomes; celui des instituteurs de santé à trois
mille cinq cents; celui des instituteurs vétérinaires à deux
mille cinq cents; celui des instituteurs de génie, mines et ar-
tillerie, à trois mille cinq cents; celui des instituteurs de génie
relatif aux ponts et chaussées, à trois mille cinq cents; celui
des instituteurs d'hydrographie, à deux mille cinq cents; celui
des instituteurs de minéralogie et de métallurgie, à trois mille
cinq cents; celui des surveillants des établissements publics
mentionnés dans la section IV, à deux mille ou à quinze cents,
selon la population des communes.
Dans le rapport placé en tête du projet de décret, Bouquier
reprend la formule déjà employée par Romme dans son rap-
port du 20 décembre 1792, et reproduite ensuite dans le
Ih'ojet de décret sur les écoles nationales du i^"" octobre 1798. fc L'in-
struction, dit Bouquier, ne nous a paru susceptible d'être con-
sidérée que sous deux rapports : sous celui des connaissances
INTRODUCTION. lxiu
indispensables au citoyen, et sous celui des connaissances né-
cessaires à la société. ->-) Les connaissances nécessaires à tous
sont données par les premières écoles organisées par le dé-
cret du 29 frimaire; elles seront complétées et perfectionnées
par la participation aux séances des sociétés populaires, des
assemblées de communes et de sections, par les théâtres, les
jeux civiques, les évolutions militaires, les fêtes, rr Favorisons,
ajoute Bouquier, l'établissement des sociétés populaires dans
les communes où, soit faute de local, soit faute de moyens
pécuniaires, il ne s'en est pas encore formé. Le fanatisme avait
un temple dans chacune de ces communes. Que ces temples
deviennent ceux de la liberté, de l'instruction, de la propaga-
tion des lois et des mœurs républicaines. Décrétez que les édi-
fices de la superstition actuellement abandonnés, et qui le se-
ront dans la suite, appartiennent aux communes; et par ce
décret vous aurez beaucoup fait pour l'instruction publique, t)
11 reste à organiser ensuite l'enseignement des sciences néces-
saires à la société, afin cr de trouver en tout temps des citoyens
assez instruits pour exercer utilement les diverses fonctions
relatives au salut, au bonheur de la société, à l'intérêt commun
de la République 17. A cet effet, il faut établir, aux frais de la
nation, des instituteurs chargés d'enseigner gratuitement un
certain nombre de sciences et d'arts nécessaires, en plaçant les
établissements où cet enseignement doit être donné dans les
communes qui, par leur position, se prêtent le plus à en assurer
le succès. Ainsi, d'une part, enseignement des écoles primaires,
complété par les sociétés populaires, les fêtes, etc.; d'autre
part, enseignement des écoles spéciales : à cela doit se borner
la tâche de l'État.
Le rapporteur prend très vivement à partie Portiez de l'Oise
et son discours du 2 nivôse : rr L'idée d'établir des écoles secon-
daires ou inteiinédiaires, (Ht-il, consacrées à l'enseignement
LMv INTRODUCTION.
dos lois et à je ne sais quelles autres sciences pour lesquelles
il paraît que les savants de l'ancien régime conservent encore
une ailection particulière, a été déjà produite; une pareille
idée, émanée sans doute du cerveau de quelque ci-devant pro-
fesseur d'université, nous a paru, pour ne rien dire de plus,
subversive des institutions républicaines, dont les bases simples
doivent être prises dans la nature. Proposer l'établissement de
chaires de lois, c'est vouloir ressusciter la chicane et son cor-
lùge, c'est vouloir créer une Sorbonne de légistes; c'est vouloir
livrer encore une fois le peuple à la voracité des ci-devant pro-
cureui's ou avoués qui ne manqueraient pas de s'enrôler dans
cette nouvelle basoche pour y recommencer, sous l'égide de la
loi, la spoliation des malheureux plaideurs. . . Les lois doivent
être simples, claires et en petit nombre; elles doivent être
telles que cbaque citoyen puisse les porter toujours avec lui.
Ainsi, loin d'établir des écoles de lois, la Convention nationale
doit interdire, sous de fortes peines, toute espèce de para-
phrase, interprétation, glose et commentaire ^^^ oi Bouquier
affirme que, grâce aux sociétés populaires, aux assemblées de
sections, aux fêtes décadaires, etc. , la jeunesse acquerra, ce pour
ainsi dire sans travail ■)?, la connaissance de ses droits et de ses
devoirs. La République doit mettre les jeunes citoyens à même
ff d'acquérir les notions relatives au gouvernement démocra-
^^^ Condorcet avait répondu par premières lois de tous les peuples ont
avance à cette argumentation de Bou- ëte' simples; aucun n'a imaginé de
quier, dans une note de l'e'dition de faire un me'tier particulier de la fonc-
1798 de son Rapport sur l'organisa- tion de les interpréter, de les expliquer;
tion générale de l'instruction publique : et partout les lois sont devenues com-
ffOn se tromperait, disait-il, si on pliquées, et tous les pays ont été dé-
croyait qu'on puisse affranchir un vastes par la race dominatrice et per-
peuple de la tyrannie artificieuse des fide des gens de loi.. . . Une instruc-
légistes, en lui donnant des lois tion générale, en se perfectionnant
simples et claires, en n'y établissant sans cesse, est le seul remède. «
pas une classe d'hommes de loi. Les
INTRODUCTION. liv
tique 11. Quant à une instruction plus étendue, rr dont les résul-
tats peuvent donner à ceux qui la reçoivent des moyens par-
ticuliers de parvenir aux places ou d'agrandir leur fortune par
l'exercice de leurs talents ti, est-ce à la République à la pro-
curer à ses frais à chacun des individus qui la composent?
Non, sans doute; ceux qui voudront des maîtres pour se per-
fectionner dans les sciences et les arts les payeront. C'est là,
qu'on le remarque, le système déjà défendu par Sieyès et
Daunou, et qui forme la base du projet de décret pour l'éta-
blissement de l'instruction nationale présenté par Lakanal le
96 juin 1793. cfLe Comité, disait Sieyès, s'est borné à faire
payer par la bourse commune l'instruction commune à tous.
Ce changement (au plan de Condorcet) ne doit point alarmer
les amis des sciences et des arts. Dans un pays comme le nôtre,
oij la culture de l'esprit, des lettres, des sciences et arts a fait
tant de progrès et occupe un si grand nombre de personnes,
il n'est point à craindre de voir dessécher les sources des con-
naissances supérieures, des professions savantes et des talents
distingués. On peut s'en rapporter sur tout cela à l'industrie
particulière. Il De même Bouquier disait : ce En mettant à la
portée de tous l'instruction nécessaire à tous, la République
s'est donc acquittée de sa dette envers ses enfants; en procla-
mant la liberté de l'enseignement de toute espèce d'art et de
science, elle a procuré à tous des moyens multipliés de se livrer,
à cet égard, à leurs penchants divers. Elle a ainsi plus fait que
tous les Etats libres dont l'histoire nous a transnns les lois, les
mœurs et les usages. La Grèce, qui porta les sciences et surloiil
les arts à un si haut degré de perfection, ne salaria jamais
l'instruction. Cependant il sortit de son sein une foule de sa-
vants et d'artistes (|ui, imi honorant leur patrie et leur siècle,
ont méi'ité la reconnaissance de la postérité dont ils on! vie
longtemps les modèles, -n
m. E
i,xvi INTRODUCTION.
Mentionnons, pour lorniincr ce cliapitre, un arrêté pris à
Brest le ^^7 du premier mois, par les représentants Jeanbon
Sainl-André et Prieur de la Marne, membres du Comité de
salul |)iiblic, et transformé en décret [général. le 16 pluviôse,
établissant un cours d'instruction à bord des vaisseaux de la
Hépublique. cr En rédécliissant sur les causes qui avaient con-
couru à produire les mouvements de l'escadre ('^, disait Jean-
bon Sainl-André dans le rapport fait par lui à la Convention
le 1-2 pluviôse, nous vîmes facilement que l'ignorance des
marins y avait contribué pour beaucoup. Ces hommes, per-
pétuellement errants d'un hémisphère à l'autre, ne peuvent
pas participer aux bienfaits de l'éducation, et de là vient qu'ils
sont aussi plus faciles à tromper. Un reste de fanatisme, fruit
de cette même ignorance, régnait à bord de la flotte. Quel-
ques-uns se rappelaient qu'ils avaient eu autrefois des au-
môniers, et ils avaient la faiblesse de les regretter. Nous pen-
sâmes qu'il était nécessaire de détruire ce préjugé. Mais,
convaincus que l'erreur d'opinion résiste à la force et cède à la
raison, nous osâmes proposer à ces hommes simples et bons
le choix entre ces aumôniers et des instituteurs; ils ne balan-
cèrent pas. Le matelot sentit l'avantage d'avoir sous ses yeux
son fils, de surveiller son éducation et de penser que l'égalité
n'était plus désormais un vain mot, puisque la patrie offrait à
tous le moyen de se rendre capable de la servir dans tous les
grades. Nous arrêtâmes donc qu'il serait mis sur chacun des
vaisseaux de la République, de vingt canons et au-dessus, un
instituteur chargé de donner aux mousses et aux jeunes novices
des leçons de lecture, d'écriture, de calcul et d'hydrographie.
^^^ Il s'agissait d'une tentative de re- comprimée par les deux membres du
bellion de la flotte mouillée à Brest, Comité de salut public que celui-ci s'é-
tentative fomentée en septembre 1793 tait bâté d'envoyer auprès de l'armée
par quelques officiers royalistes, et navale.
INTRODUCTION. lxvii
Cette mesure lïit reçue avec des transports de reconnaissance,
et son utilité est trop évidente pour que Ja Convention natio-
nale, après avoir examiné notre arrêté, n'en lasse pas une loi
générale et permanente pour toute la marine de la République, -n
Le décret du 1 6 pluviôse ne se borna pas à établir des institu-
teurs à bord des navires de la (lotte; il ordonna qu'il serait fait
incessamment, à l'usage des marins, une édition soignée de la
Déclaration des droits de l'homme et de la Constitution, aux-
quelles seraient ajoutés des notes ex])licatives et des traits his-
toriques choisis de préférence parmi les actions des défenseurs
de la liberté. Ce fut le Comité d'instruction publique qui eut
à s'occuper de la rédaction de ce petit recueil.
III
En dehors du plan général d'instruction publique, bien
d'autres travaux importants occupèrent les séances du Comité
de frimaire à la fin de ventôse an n.
Commençons par les écoles et les maîtres. Nous avons parlé
déjà de la pétition des instituteurs des petites écoles de Paris,
de Franciade et du Bourg-de-l'Egalité, présentée au Comité le
5 frimaire, et qui fut l'occasion du décret du 4 ventôse; nous
n'y reviendrons pas. La municipalité de Paris s'adressa à deux
reprises au Comité (séances du 19 pluviôse et du i3 ventôse)
pour lui faire part de rr plusieurs dilhcultés sur l'exécution du
décret du 'jg frimaire^*). On voit, le 29 ventôse, le département
de Seine-et-Oise, l'agent national du district d'Autun, la com-
mune des Landes (district de Blois) réclamer aussi des expli-
cations et des instructions. Quant aux collèges, un seul, celui de
l'Egalité, à Paris, occupe h' Comité : les préposés du départe-
ment avaient, en vertu d'un décret, disposer d'une partie des
bâtiments de ce coUège pour v\\ taire une maison de détention
B.
Lxviii INTRODUCTION.
pour les suspects; le Comité décide de demander à la Coiiventiou
la suspension de l'elFet du décret; mais le Comité des domaines
ayant proposé un moyen de ce former une maison d'arrêt dans le
collè<je, sans nuire à sa destination sous le rapport de l'instruc-
tion i^ le Comité d'instruction publique adopte ce moyen (17 ni-
vôse). Une autre pétition du même collège donne lieu au décret
du 1.*] pluviôse, déjà mentionné. Une demande de secours du
citoyen Ferlus (Dom Ferlus), principal du collège de Sorèze,
est écartée par l'ordre du jour (nn secours de vingt-quatre
mille livres avait déjà été accordé au collège de Sorèze par
décret du 20 août 1793). Un rapport est préparé (i5 frimaire)
pour l'amélioration du sort des professeurs d'hydrographie.
L'école des enfants de l'armée, à Liancourt, était dans une
position ci'itique depuis le décret du 9 septembre qui avait
supprimé les écoles militaires : la paye des élèves avait été sus-
pendue; à la demande du ministre de la guerre, le Comité
intervint; il fit voter, le 26 nivôse, le maintien provisoire de
l'école jusqu'à l'organisation effective des secours publics, et
une somme de vingt-quatre mille livres fut allouée au ministre
pour rr continuer les aliments provisoires i\ La Fondation de
l'Ecole militaire de Paris se trouvait, depuis novembre 1792,
dans une situation anormale : on avait oublié de la supprimer
par décret, les registres et papiers étaient placés sous les scellés,
et les administrateurs ne pouvaient rendre leurs comptes; sur
le rapport du Comité, présenté par Petit, un décret (16 ven-
tôse) régularisa la situation, en ordonnant la levée des scellés
et la suppression de l'établissement^^). Enfin l'établissement de
Léonard Bourdon, la Société des jeunes Français, où étaient
reçus les orphelins de la patrie, occupe à plusieurs reprises
^'^ Le rapport de Micliel-Ediue IV.liL verbaux de la Convenliou, ni parle
el le décret qui lut vole' en conformité Moniteur.
ne sont mentionnés ni par les procès-
INTRODUCTION. lxix
]e Comité : Léonard Bourdon demande, le 27 frimaire, que
divers objets d'instruction, provenant du mobilier confisqué
chez les émigrés, soient mis à la disposition de ses élèves;
la Convention accorde la demande le 19 nivôse, et la Com-
mission des arts s'occupe du choix des objets; le 7 pluviôse,
•le Comité désigne cinq de ses membres pour aller visiter la
Société des jeunes Français, et le 1 1, à la suite de cette visite,
ayant reconnu l'utilité d'établir dans cette maison d'éducation
un théâtre pour la déclamation, il autorise la Commission des
arts à procurer à l'établissement rrun petit théâtre provenant
de la ci-devant liste civile ou des émigrés i?.
En exécution d'un décret voté à l'occasion des articles 26
à 33 du deuxième paragraphe du titre P"" du décret du 28 juin
1793 sur les secours à accorder aux citoyens dans l'indigence,
le Comité des secours publics présenta à la Convention, en
nivôse an n, un projet de décret sur l'instruction des sourds-
muets : ce projet prévoyait la création de six établissements
nationaux (dont deux existaient déjà, à Paris et à Bordeaux),
et d'une école centrale placée à côté de l'établissement de Paris
pour y former des instituteurs. Le projet du Comité des secours,
accompagné du compte-rendu, écrit sur le ton d'un panégy-
rique enthousiaste, d'une visite faite par ce Comité à l'établis-
sement dii'igé par Sicard, fut renvoyé à l'examen du Comité
d'instruction publique. Celui-ci y opposa, ainsi qu'à un nouveau
rapport fait par Roger Ducos, un contre-projet qui fut lu à la
Convention par ïhibaudeau le 1 1 ventôse : ce contre-projet se
bornait à conserver les établissements de Paris et de Bordeaux,
et repoussait, conmie rr une de ces idées académiques que la
Convention avait tant de fois proscrites-)?, la proposilioii d'or-
ganiser une école centrale. Le rapport de Thibaudeau, fort élo-
gieux pour Sicard, montrait néanmoins le parti bien arrêté de
tenir la dra'jée haute à l'insinuant abbé qui avait su se faire,
Lxx INTRODUCTION.
des rapporteurs du Comité des secours, des preneurs si naïfs. La
question fut ajournée; elle ne devait recevoir de solution défi-
nitive que le iG nivôse an ni. Sur les vives réclamations de
l'étaMisseinent de Paris, qui se plaignait que le local des ci-
devant Célestins, près de l'Arsenal, où il était logé, fût un
obstacle aux progrès des élèves, un décret du 2 5 pluviôse an u
ordonna le transfert de l'établissement dans l'ancien séminaire
de Saint-Magloire , rue Saint-Jacques.
La plus grosse des questions qui aient agité les esprits pen-
dant les quatre mois auxquels correspond le présent volume
est celle des cultes. Le mouvement de déchristianisation, dont
nous avons rappelé les origines dans l'Introduction du tome
précédent, continue durant cette période, pour aboutir, un peu
plus tard, après des tâtonnements divers, à l'organisation d'un
essai de religion civile (décret du 18 floréal an n). 11 y eut un
moment, au début du mouvement, où le Comité de salut public
montra quelques méfiances devant certaines manifestations de
la libre-pensée parisienne, et crut devoir mettre en garde la
Convention et l'opinion publique contre les intrigues des contre-
révolutionnaires (rapport de Robespierre sur la situation poli-
tique de la République, 27 brumaire; discours de Robespierre
aux Jacobins, i'^'" et 8 frimaire; Réponse de la Convention na-
tionale aux manifestes des rois ligués contre la République,
adoptée le i5 frimaire; décret sur le libre exercice des cultes,
16-18 frimaire); cette politique du Comité de salut public fut
aussitôt comprise : elle reçut l'adhésion presque unanime des
républicains, en particulier celle des autorités communales de
Paris, comme le prouve l'histoire de l'arrêté voté le 3 frimaire par
le Conseil général de la commune en l'absence du maire Paclie
et du procureur de la commune Chaumette (qui se trouvaient en
ce moment à la séance du Comité d'instruction publique pour
INTRODUCTION. lxxi
y traiter de la translation de l'Opéra et de l'organisation des
fêtes nationales). Cet arrêté, rédigé par des mains maladroites,
contenait des dispositions contraires à la Déclaration des droits :
il prohibait le libi*e exercice des cultes, et semblait interdire
aux prêtres l'exercice de tout métier et de toute profession
quelconques. Chaumette fit rapporter ces dispositions violentes;
et, sur sa demande, le Conseil général déclara, le y frimaire,
ff qu'il n'entendrait jamais empêcher les citoyens de louer des
maisons, de payer leurs ministres, pour quelque culte que ce
fûtr); mais qu'en même temps ce il ferait respecter la volonté
des sections qui avaient renoncé au culte catholicjue pour ne
reconnaître que celui de la raison, de la liberté et des vertus
républicaines ^^^ n. C'est la même déclaration qu'on retrouve dans
le décret des 16-18 frimaire, qui rr défend toutes violences ou
mesures contraires à la liberté des cultes ii, mais qui en même
tem])s rr n'entend pas fournir à qui que ce soit aucun prétexte
d'inquiéter le patriotisme et de ralentir l'essor de l'esprit pu-
blic, ni improuver ce qui a été fait jusqu'à ce jour en vertu des
arrêtés des représentants du peuple :t. Quelques protestations,
néanmoins, se firent entendre contre cette affirmation lésolue
du droit de tous les citoyens à pratiquer paisiblement leur culte.
Au sein du Conseil général de la commune de Paris, divers
membres prétendirent que, lorsque la Convention avait fait les
articles de la Déclaration des droits qui garantissaient le libre
exercice des cultes, réelle n'avait pas prévu la marche rapide des
lumières it; et que, rrsi les adhérents des diverses sectes reli-
gieuses pouvaient louer des édifices pour y exercer leur religion ,
^'^ Nous avons fait le rccil détaillé qu'a publiée la revue la Rcvoltilion
(le cet incident mal coinui, et jns({n'ici française, org-ane de la Société de This-
dénaturé par les lécils des historiens, (oiie de la U«'voluli()n, danssesnuint'ros
dans une élude intitulée : La Hbv.rlè des {\c juin et juillet 1 SyO.
cultes et le Comité d'insiruction inddiijue^
Lxxii INTRODUCTION.
le fanatisme inoinenianément comprimé reprendrait une nou-
velle vigneun\ Quelques représentants en mission exprimèrent
la crainte que le décret des 16-18 frimaire ne fût exploité par
les ennemis de la Révolution comme un désaveu de la cam-
pagne entreprise par les patriotes en faveur de la raison ^'l Plu-
sieurs sociétés populaires se montrèrent mécontentes, et nous
publions, à la page 607 de ce volume, une délibération de la
Société de Moulins , en date du 1 7 nivôse, demandant le rapport
du décret des 1 6-1 8 frimaire qui, cf loin d'avoir atteint son objet,
a rallumé les torches du fanatisme et aiguisé ses poignards ^^
Au nombre des opposants avait dû naturellement se trouver
le très militant pliilosoplie Gloots. Une ce Opinions? sur les spec-
tacles, qu'il fit imprimer à la fin de frimaire comme membre du
Comité d'instruction publique, lui servit d'occasion pour faire
une fois de plus sa profession de foi; il y disait : ce On a écrit
des volumes pour savoir si une république d'athées pourrait
exister. Je soutiens, moi, que toute autre république est une
chimère. iî Et dans une note, — note qui doit avoir été écrite
après la mémorable séance des Jacobins où il fut exclu de la
Société, — il ajoutait, visant son ennemi Robespierre et tout le
Comité de salut public : ce Si j'étais un fripon, je déclamerais
contre l'athéisme ; car un masque religieux sied bien aux
traîtres; si j'étais un intrigant, je cajolerais, j'encenserais les
personnages éminemment influents. Il y a tel comité qu'on
prendrait pour l'OEil-de-bœuf de Versailles, grâce à nos nou-
veaux courtisans tarés, à nos charlatans qui s'affligent de l'en-
^'^ Lequinio écrivait de Rochefort sont laissé abattre, et il a enhardi les
au Comité de salut public, Je 1*' plu- aristocrates à tel point que Ton a été
viôse : ffCe décret, quoique très con- contraint, en plusieurs endroits, d'em-
forine aux principes, a failli occasion- ployer la force armée pour étouffer ou
ner les plus grands maux dans tous les arrêter les insurrections. ^ (Lettre pu-
d('partements d'alentour; les patriotes, bliéepar M. Aulard dans la Bévolution
qui n'en conq)renaient pas l'esprit, se française d'octobre 1896.)
Lxxiri
INTRODUCTION.
terrement du charlatanisme. . . Les intrigants, désespérés du
progrès universel de la raison, se préparaient à mettre de nou-
veau le reste de la République aux prises avec la commune cen-
trale , avec le chef-lieu sauveur : heureusement que Paris a eu la
prudence d'attendre le signal donné par les départements pour
renverser la marmite du diable !i? Il osait même dire : rrlNous
avons vu depuis le commencement de la Révolution beaucoup
d'hommes passer du Capitole à la roche Tarpéienne. Rrissol
détruit, nous verrons d'autres personnages demeurer en ar-
rière de la raison publique, -n Notons toutefois que Gloots lui-
même reconnaissait la nécessité de la tolérance : ce La tolé-
rance est un mal nécessaire dans les circonstances actuelles. La
politique nous commande de tolérer, jusqu'à nouvel ordre, les
imposteurs sacrés. Chaque commune, à cet égard, doit se
consulter elle-même et voir si la raison y est en force : c'est
une affaire de police locale ^^^.')i
Par une cf Adresse ->•> aux autorités constituées sur la marche à
imprimer au gouvernement révolutionnaire, en date du 28 ni-
vôse, le Comité de salut public crut nécessaire de bien pié-
ciser la ligne de conduite que les agents nationaux devaient
suivre à l'égard des cultes. 11 dit à ces magistrats :
rLa liberté des cultes doit être Tobjet de votre sollicitude. La politique
ne marche pas sans la tolérance... Ne caressons point les préju^jés;
^'^ L'expulsion de Gloots des Jaco-
bins, le Q2 frimaire, est un incident
dont il ne faudrait pas exagérer la
portée. Elle est une preuve de l'aninio-
silé (préprouvaient a son endroit Ro-
bespierre, Camille Desmoulins, et
bien d'autres; mais elle n'indique pas
que les Jacobins aient voulu rolro-
jfrader et désavouer une ccilaine ()oli-
tùpie. La veille, Hébert élait sorti
triomphant de l'épreuve de l'épuration ;
et le 2 9 , en même temps que Clools,
trois autres membres du Comité d'in-
struction pul)li(pie furent également
frapp('s d'exclusion : Coupé de l'Oise
connue fanatique, pour avoir blànu' le
mariaj'e des prélres; Daoust, commo
noble; et Duheni , pour avoir défendu
Custine et alljupié Paclie.
LXXIV
INTRODUCTION.
mais, loin de les allaquer de front, qu'ils s'évanouissent devant le flam-
beau (le la liaison! Faisons-le luire aux yeux de tous. Voyez Tinstruction
s'avancer à (jiands pas, l'esprit public s'agrandir, le jour de la vérité
percer tous les nuages. . . Il ne reste donc plus qu'à laisser grossir ce
lorrent de lumière; il balayera les préjuge's. Bientôt le fanatisme n'aura
plus d'aliments; à le bien prendre, ce n'est déjà plus qu'un squelette qui,
réduit cbaque jour en poussière, doit insensiblement tomber sans effort
et sans bruit ^^L . . i?
Nous ne croyons pas qn'on puisse dire que i'attitude et la
volonté de ia Convention, qui, le '^o brumaire, s'était rendue
an tenq)le de la Raison pour y célébrer avec le peuple parisien
la iete de la Liberté, aient changé dans les quatre mois qui
suivirent. Elle a, le 16 brumaire, reconnu le droit des com-
munes de supprimer les paroisses; le 21 brumaire, elle a en-
tendu une pétition du Comité central des Sociétés populaires
de Paris, demandant l'abolition du salaire des prêtres, et en a
ordonné l'insertion au Bulletin avec mention honorable pour
ff préparer l'esprit public ii; le 2 frimaire, elle a accordé une
pension aux prêtres qui abdiqueraient, tout en refusant de tou-
cher aux décrets garantissant le traitement des prêtres qui conti-
nueraient leurs fonctions; le 5 frimaire, elle entend une pétition
de la commime de Paris ^^^ demandant que les prêtres soient
exclus de tonte espèce de fonctions publiques, et la renvoie au
Comité d'instruction publique ^^l Et l'on voit, pendant les mois
de frimaire à ventôse , les communes continuer à renoncer au
^'^ Cette Adresse du Comité de salut
public, dont le texte est donné par le
Moniteur du i 6 pluviôse an ii , fut lue
dans la séance du Conseil général de la
commune de Paris du 12 pluviôse;
elle y fut vivement applaudie, et le
Conseil en vota l'impression et l'envoi
aux quaniute-huil seclions.
(^^ Faite en exécution de l'arrêté du
3 frimaire dont il a élé parlé plus
haut (p. Lxxi).
(^^ Le Comité ne fit aucun rapport
sur cette question. Il paraît probable
que les chefs du gouvernement révolu-
tionnaire ne jugèrent pas à propos de
faire voter une mesure générale de ce
LXXV
INTRODUCTION.
culte public, à consacrer leurs églises et leurs presbytères à
l'instruction et à la bienfaisance ^^^ ; les ecclésiastiques de toute
religion continuer à se déprêtriser; les populations continuer
à célébrer des fêtes en l'honneur de la Raison ou de l'Etre-
suprême, et réclamer une organisation régulière de fêtes déca-
daires; et les autorités constituées, appuyées par la plupart des
représentants en mission , continuer à prendre des mesures pour
rr combattre le fanatisme ti et cr répandre les lumières^. Nous
publions dans ce volume (p. 619) une Adresse de l'agent na-
tional du district d'Etampes aux communes de son ressort,
datée du 22 nivôse, où l'on voit clairement quel esprit anime
les administrations républicaines. crVous avez reconnu, dit ce
magistrat, que les prêtres étaient des imposteurs. Cessez doue
l'exercice public, dans les églises, d'un culte trop longtemps
privilégié : que chacun exerce chez lui le culte qu'il croit le meil-
leur. Que les églises deviennent les temples de la Raison;. . .
que vos cloches ne sonnent que pour annoncer aux citoyens
qu'on va s'assembler dans le temple de la Raison, s'y occuper
des grands intérêts de la République ou de l'intérêt particulier
de la commune.")? Le Comité de salut public, qui allait à co
genre. La Sociétd des Jacobins, de
même, qui décida roxclusioii de son
sein de tous les étrang-ers, nobles el
banquiers, refusa d'appliquer cet ostra-
cisme aux prêtres (26 frimaire). Mais
les prêtres n'en furent pas moins ex-
clus, par des décrets spéciaux, de cer-
taines catégories de fonctions publi-
(|ues. Si le décret du 99 frimaire, en
proclamant la liberté de renseignement,
leconnaît implicitement aux prêlres,
comme à tous les citoyens, le droit
théorique (renseigner(en en subordon-
nant toutefois rexercicc à l'obtcnlion
d'un certificat de civisme et de bonnes
mœurs), les décrets des 8 et 16 plu-
viôse, dus à rinitiative directe du Go-
mité de salut public, disent formelle-
ment que fraucun ministre d'un cidte
quelconque fl ne pourra être nommé in-
stituteur de langue française dans les
écoles créées par le décret du 8 , ni insti-
tuteur à bord des navires de la tlolle.
^'^ lies procès-verbaux des séances
de la Convention débutent chacpie jour,
jus(pr(Mi thermidor, pai* up.e énumera-
tion des communes qui ont renoncé au
cult(> public.
Lxxvi INTRODUCTION.
inonioni envoyer lui-même aux autorités constituées son Adresse
du 28 nivôse, dut sans doute juger que cet agent national
avait bien interprété Tesprit du décret des .16-18 frimaire,
])uis((ue Billaud-Varenne transmit, le 17 pluviôse, le document
d'Etamj)es au Comité d'instruction publique.
Les procès-verbaux du Comité d'instruction publique, de
frimaire à ventôse, nous montrent ce Comité désireux d'éviter,
autant que possible, de s'occuper de questions d'ordre purement
religieux, et s'inspirant toujours du principe formulé dans sa
déclaration du 1 7 du premier mois : ce Le gouvernement, étranger
à tous les cultes, n'a pas le droit de s'immiscer dans leur régime;
il doit se borner à les protéger tous, en leur assurant le libre
exercice de leurs droits. ii (Voir t. II, p. 602.)
Ainsi, le 3 frimaire, l'administrateur de la Maison nationale
des militaires invalides cr consulte le Comité sur la question de
savoir comment il se comportera vis-à-vis des invalides qui de-
mandent qu'on dise la messe les jours de dimanche ^0; le Comité
estime que la chose ne le regarde pas, et passe à l'ordre du
jour. Le 19 nivôse, il prend connaissance d'une lettre que lui
a adressée un certain Derubigny ce pour le consulter relative-
ment à la ci-devant église de Saint-Médard, qu'il paraît désirer
voir de nouveau affectée au culte catholique i?; le Comité pro-
nonce l'ajournement. Le 5 pluviôse. Coupé de l'Oise fait un
rapport rrsur un arrêté du département de la Côte-d'Or relatif
au maintien de la liberté des opinions religieuses dans l'édu-
cation publique T); le Comité, en passant à l'ordre du jour, le
motive rrsur ce que cet arrêté est dans les principes de la li-
berté ii. Il continuée enregistrer les abdications de prêtres qui
lui sont envoyées en exécution des décrets des 19 et 28 bru-
maire ; mais, malgré les termes exprès du décret du 19, il ne
semble pas qu'il ait songé à cr prendre des mesures pour les
faire servir soit à Thistoire de la Révolution, soit à l'instruction
INTRODUCTION.
LXXVIl
i)ul)lique')7, comme Romme l'avait demandé. H s'occupe, pour
obéir à un décret du 3 frimaire, de la question de savoir si les
sociétés populaires doivent recevoir de la nation un local pour
leurs assemblées. L'ex-curé Coupé de l'Oise rédige un projet
de décret retendant à laisser à la disposition des communes
les églises 11 (19 pluviôse). La question, soumise ensuite à
l'examen du Comité de salut public, reste en suspens ^^^ Enlin
le Comité prépare, en exécution d'un décret du i5 brumaire
(t. II, p. 75*2), un plan de iétes nationales et décadaires, et
par là il répond à un vœu plus d'une fois exprimé non seule-
ment par les hommes politiques, mais par les sociétés popu-
laires et les autorités municipales (^^. Ce plan, élaboré par une
commission de six membres dont Mathieu fut le rapporteur, fut
^'^ Le projet de décret de Bouqiiier
sur le dernier degrd d'instruction con-
tient un article déclarant que les églises
et maisons curiales abandonnées appar-
tiennent aux communes, qui pourront
en disposer crpour facililer la réunion
des citoyens en sociétés populaires , la
célébration des fêtes nationales et lo-
cales, l'exécution des jeux civiques, des
évolutions militaires, et la représen-
tation des pièces patriotiques^. Quant
à la question de la transl'oi'mation des
('glises en temples de la Raison, elle
avait déjà été tranchée par le décret du
95 brumaire (voir t. II, p. 863);
toutes les fois qu'une municipalité
adresse une pétition à la Convention
pour être autorisée à faire de son
église et de son presbytère un temple de
la liaison et une école, rassemblée passe
à l'ordre du jour, par le motif qu'un
décret a déjà accordé cette facuitt'.
11 faut noter toutefois, connue sym-
ptôme d'opinion , une lettre adressée
le q3 pluviôse, de Nogent, au Comité
de salut public par le représentant Ben-
tabole, et renvoyée au Comité d'in-
struction publique, lettre où ce dé-
puté fait observer qu'il peut y avoir
des inconvénients à ériger partout
des tem[)les de la Raison , parce que
ffl'érection d'un temple dédié à toute
autre chose qu'à l'Etre-suprême peut
présenter aux malveillants des moyens
de supposer aux yeux des ignorants
une espèce de nouveau culte 'i ; et qu'en
outre, si la nation abandonnait dans
chaque commune une église snp-
primée, ou un domaine national quel-
conque, pour en faire un tenq)le de
la Raison, cela représenterait une
gi'osse somme : cril y a /i-^1,000 oom-
nuuies; chaque local ne valùt-il que
3,000 livres, cela ferait une dépense
pour le lise de i3*j millions 7^.
^*' \insi, 1.' -Àij ventôse, le Comité
Lxxviii INTRODUCTION.
inipritiié en vertu d'un airélé du 9 ventôse, pour être distribué
aux membres de la Convention, afin crde pressentir l'opinion
publique T). Il instituait, outre les rr sans-culotides ii créées par
le décret du 3 du premier mois, cinq grandes fêtes annuelles
et trente-six fêtes décadaires : cfces fêtes, instituées sous les
auspices de l'Etre-suprême, auront lieu dans les édifices natio-
naux consacrés à un culte public; ces édilices seront tous ap-
pelés leniples de la Raison-n; il devait être ouvert un concours
pour la composition de discours ou instructions philosophiques
el politiques propres à être lus dans les fêtes décadaires, et
pour la composition d'hymnes et chants nationaux. Le 1 1 ger-
minal, le Comité d'instruction publique autorisera Mathieu à
se concerter avec celui de salut public pour le projet de décret
sur les fêtes nationales : le résultat de ce concert sera que le
Comité de salut public retiendra le projet, pour s'en réserver
l'initiative , et chargera Robespierre de préparer un rapport sur
cet objet. Telle fut l'origine du fameux rapport du 18 floréal
rr sur les rapports des idées religieuses et morales avec les prin-
cipes républicains, et sur les fêtes nationales (^^?.
La même Commission des Six qui avait eu à préparer un
prend connaissance d'une pétition de
la Société populaire de Cliarolles qui ,
r après quelques réflexions sur le dés-
œuvrement et Tennui des citoyennes
des campagnes qui n'ont plus , pour se
réunir le décadi dans le chef-lieu de
leurs communes, les motifs qui les y
attiraient le dimanche, demande que
chaque municipalité de la canqîagne
soit autorisée à employer le jour de
décadi une somme pour procurer des
délassements aux citoyennes des cam-
pagnes «.
^'^ ï.e décret du 18 floréal, dont
l'article 1" dit : frLe peuple français
reconnaît l'existence de l'Etre-su-
prême et l'immortalité de l'amen, in-
stitue, par son article 7, trente-six fêtes
décadaires. Les titres de vingt et une
de ces fêtes sont empruntés au projet
du Comité d'instruction publique. Dans
un travail publié en 1878, Georges
Pouchet avait signalé à tort un pré-
tendu antagonisme entre le Comité
d'instruction pubhque et Robespierre,
à propos de ce projet; nous avons,
dans une note de la seconde édition
du travail de Pouchet, rectifié les
INTRODUCTION. lxxii
projet de décret sur les fêtes avait à s'occuper aussi des théâtres.
On se rappelle qu'un décret du 2 5 brumaire, rendu sur la
proposition de Fabre d'Eglantine, avait chargé le Comité d'in-
struction publique de présenter un projet sur le moyen de
rendre nationaux les théâtres, vu leur influence dans l'éduca-
tion publique. Cloots fit au Comité, le 17 frimaire, un rapport
concluant à la négative: il repoussait la fondation de théâtres
prétendus nationaux. Le Comité ne se prononça, pas, et Cloots
fit imprimer son Opinion pour être distribuée à la Convention :
cet opuscule, dont nous avons déjà parlé plus haut (p. Lxxn),
contient non seulement sur la question religieuse, mais sur celle
de la liberté de l'industrie et du rôle de l'État, sur celle de
l'éducation, des choses fort intéressantes. rcLe peuple français,
y lit-on, n'exige de ses administrateurs que du pain et le Bul-
letin. Nous saurons bien nous procurer le reste sans que le gou-
vernement s'en môle. Laissez faire l'industrie ])articulière; il en
est des théâtres comme de la boulangerie : le gouvernement doit
simplement veiller à ce qu'on n'empoisonne ni le corps ni l'es-
prit, à ce que l'on débite une nourriture saine. ->•> Et, appliquant
le même principe à l'instruction en général , il ajoute : rr Partout
oii l'on voudra s'instruire, il se présentera des instituteurs, sans
l'intervention du gouvernement. . . Voici la règle du bon sens :
tout établissement dont tous profitent est aux frais de la na-
tion. J'en conclus que nous établissions des écoles militaires,
des écoles de musique et d'équitation, des écoles de marine et
de médecine, des bibliothèques publiques, des cabinets de Jjhy-
sique, des laboratoires de chimie, des jardins de botani([ue,
si toutefois une fîrande nation libre a besoin d'un décret [nmv
b'
erreurs malérielles (ju'il avail coin- roctions |)ar J. Giillaime: l\»ris, au
mises sur ce poinl [Les Sciences peu- siège de la Soci(^lo de riiistoire de la
dant la Terreur, par G. Vovchet; '■2' Mi- Hévolulioii iVauçaise, 1896, pagos ai
lion, avec avertissemenl , noies el cor- ci -i-j).
Lxxx INTRODUCTION.
posséder toul ce que riiidustrie humaine, loul ce que l'ému-
lation universelle oITre naturellement aux hommes civilisés. Je
pense que les écoles naîtront partout avec l'aisance des familles
et la liherté des individus. . . L'éducation doit circuler comme
toute autre marchandise : ce que nous décréterions là-dessus
serait momentané, comme nos mesures révolutionnaires du
viaximum et de la réquisition. Vous aurez d'excellents maîtres
et d'excellents, disciples, et dans une juste proportion pour
chaque faculté, en abandonnant cette branche de commerce à
la sollicitude des parents et à l'œil sévère du public, n
Sous le rapport purement administratif, le Comité eut à
s'occuper à plusieurs reprises de la demande de la commune
de Paris, qui désirait voir transférer l'Opéra sur la rive gauche,
dans le bâtiment du Théâtre-Français, qu'un arrêté du Go-
mité de salut public avait fermé le 3 septembre 1798; la ques-
tion ne sera tranchée qu'en germinal, par le Comité de salut
public.
L'Institut national de musique, dont la formation avait été
décidée par le décret du 18 brumaire (^^ n'était pas encore
organisé : il ne le sera qu'en thermidor an m, sous le nom de
Conservatoire de musique, par la réunion des musiciens de
la garde nationale parisienne et des professeurs de l'école des
Menus. Mais le Comité d'instruction publique est en relations
suivies avec les musiciens de la gaj'de nationale parisienne; il
approuve, le -29 nivôse, le projet présenté par leur chef Sar-
relte d'une publication musicale mensuelle, et en recommande
l'adoption au Comité de salut public (qui le sanctionne par un
'^^ Nous donnons, dans l'Appondice Paris, du ik brumaire, portant qu'une
du présent volume, le texte de la pe'li- députation de ce Conseil accompagne-
tion lue à la Convention le 18 bru- rait les musiciens de la garde nationale
maire par Sarrclte, et la délibération a la barre de la Convention le 18.
du Conseil général de la commune de
INTRODUCTION. lsxxi
arrête du siy pluviôse); il accueille, le 7 ventôse, le vœu que
les instruments de musique provenant des émigrés soient exa-
minés par un jury compétent, et que ceux qui auront été mis à
part soient distraits de la vente du mobilier appartenant à la
nation (vœu sanctionné par un arrêté du Comité de salut pu-
blic du 7 floréal); enfin il arrête, le 29 ventôse, de faire al-
louer à ces musiciens une subvention mensuelle supplémentaire
de douze cents livres (arrêté confirmé par le Comité de salut
public le 4 floréal). En outre, il intervient (3 nivôse) dans un
conflit relatif à l'usage du bâtiment dit des Menus, rue Ber-
gère, où était installée, de])uis sa fondation, l'Ecole de chant
et de déclamation, où la section du faubourg Montmartre avait
également le local de ses séances, et où il était question de
placer l'Ecole des trompettes. Le Comité d'instruction pu-
blique se concerte avec celui des domaines pour chercher une
solution; l'affaire traîne en longueur, et sera finalement portée
devant le Comité de salut public. Celui-ci, par un arrêté du
98 floréal an n, tranchera la question : l'arrêté décida que la
maison nationale dite des Menus servirait désormais pour l'In-
stitut national de musique établi par le décret du 18 brumaire,
et que le Comité des domaines pourvoirait à ce que la section
du faubourg Montmartre pût s'installer dans une autre imùson
nationale.
La Commission des poids el mesures s'occupail, depuis plus
de deux mois, des travaux relatifs à la confection des étalons,
lorsque le décret du /i frimaire, ([ui ordonna l'arrestation des
fermiers généraux (^), la priva de son trésorier Lavoisier. Nous
avons Irouvé la lettre (jue cehii-ci adi'essa, le 5 frimaire, à la
Convention pour demandei' à iTêlre pas compris- dans le de-
^'^ On li'ouvera, aux [)a{»os i()--).() du prisent \olunu\ la reproiluilion des dé-
bats de la Convention relatifs à Tarrestation des fermiers généraux.
III. r
Lxxxii INTHODUCTION.
cret^^); celte Iclliv, lue le matin, fut renvoyée au Comité d'in-
sti'iiclion |)nl)li(jne, qui, dans sa séance dn soir, passa à l'ordre
du iour^-l Lavoisier s'était d'abord caché; après quelques jours
d'hésitation, il se résolut à obéir au décret, et se constitua pri-
sonnier le 8 frimaire. La Commission des poids et mesures le
remplaça dans ses fonctions de trésorier par Coulomb, le i8 , et
dix jours plus tard, le 28, décida qu'une démarche serait faite
pour réclamer sa mise en liberté; elle représenta au Comité
de sûreté générale rr comhien il était urgent que ce citoyen pût
être rendu aux travaux importants qu'il a toujours suivis avec
autant de zèle que d'activités; mais ce Comité, cr considérant
que le citoyen Lavoisier est porté sur la liste des ci-devant fer-
miers généraux mis en état d'arrestation en exécution du dé-
cret de la Convention nationale 11 , ne put que passer à l'ordre
du jour, comme l'avait fait le Comité d'instruction publique.
De son côté, le Comité des assignats et monnaies avait signalé
au Comité de salut public, le 28, le retard qu'apportait à la
fabrication des cr assignats métalliques s (c'est-à-dire de la mon-
naie de bronze)' l'arrestation de plusieurs citoyens dont les tra-
vaux étaient nécessaires à cette fabrication; le i^"* nivôse > il
^'^ Nous avons communique cette le décret du h finmaire; le Comité de
lettre à M. Ed. Grimaux, pour qu'il pût sûi^eté générale, obéissant au décret,
Tinsérer dans la seconde édition (i8()6) avait décerné le jour même un mandat
âa son Yiwre Lavoisier. d'arrêt contre lui, et il n'appartenait
^'^ On s'est étonné (voir entre autres pas au Comité d'instruction publique
le Lrtyoîs/er de M. Ed. Grimaux, 2^ éd., d'en empêcher l'exécution. La même
p. 270) que le Comité d'instruction chose se produisit le 7 nivôse , à propos
publique ait passé à l'ordre du jour, d'une demande d'intervention en fa-
sans que personne proposât qu'une ex- veur du minéralogiste Sage , arrêté en
ception fut faite en faveur de Lavoisier. vertu de la loi des suspects; le Comité
C'est qu'on ne réfléchit pas que le Co- d'instruction publique passa à l'ordre
mité d'instruction publique ne pouvait du jour, ff motivé sur ce que le Comité
que s'incliner devant un décret formel de sûreté générale ne doit pas être in-
de la Convention : Lavoisier avait été terrompu dans sa marche révolution-
fermier général, il était compris dans naire^ (p. 216 du présent volume).
INTRODUCTION. lxkxiii
demanda expressément qu'un membre de la Commissiou des
monnaies, ainsi que le directeur de la Monnaie, l'architecte, et
le citoyen Lavoisier, qui se trouvaient tous quatre en état d'ar-
restation, fussent autorisés à continuer leur travail, rr avec toutes
les mesures de sûreté que l'on croira d'ailleurs convenables t.
Le Comité de salut public refusa d'admettre qu'il y eut des
hommes dont il fût impossible de se passer; rr après s'être con-
certé avec les membres du Comité d'instruction publique oc-
cupés spécialement de l'opération des poids et mesures ii (Arbo-
gast, Fourcroy et Guyton), au lieu de prendre une mesure
exceptionnelle en faveur de Lavoisier, il décida, tout au con-
traire, par un arrêté en date du 3 nivôse, d'éliminer de h\
Commission des poids et mesures six membres qui ne lui pa-
rurent pas ce dignes de confiance par leurs vertus républicaines
et leur haine pour les roisii, Borda, Lavoisier, Laplace, Cou-
lomb, Brisson et Delambre, et de demander aux membres res-
tants ffde faire connaître au plus tôt au Comité de salut public
quels sont les hommes dont la Commission a un besoin indis-
pensable pour la continuation de ses travaux ('^^. Hassenfratz,
Prony et Buache furent désignés; et la Commission des poids
et mesures, réorganisée, et composée de Lagrange, Monge,
Haûy, Vandermonde, Méchain, Berthollet, Hassenfratz, Prony
et Buache, se présenta le 3o nivôse à la barre de la Conven-
tion; Monge y lut une adresse dans laquelle la Commission
ce rendait compte des travaux qu'elle avait faits depuis ciiu]
mois, et de ceux auxquels, depuis vsa régénération, elle se
livrait avec une nouvelle activité i^. Une impulsion nouvelle,
en effet, venait d'être donnée aux opérations des |)oids ol me-
sures; les marchés ])oui' la confection des élalons, après (h»
longs retards, avaient enlin élé coiudus avec le balancier-ajns-
^'^ Voir, [)our tous ces l'alls, les pièces in^liles que nous publions pa^i's tî.'U)
a/iQ du prissent volume.
Lxxxiv INTRODUCTION.
teiir Fourché et le coiislnictcur Fort in; Je Coinile d'iiistnic-
tiou |)ul)li([iie était intervenu (i3 nivôse) pour lever les diffi-
cultés qu'op])osai( rarcliitecte du Louvre à l'inslallation des
aleliei's; il avait lait mettre à la disposition de Haiiy, secrétaire
(le la Commission, un local où celui-ci pût travailler cr et môme
trouver au besoin un liti?; il avait obtenu que les fonds, les
machines et les papiers qui se trouvaient sous les scellés chez
Lavoisiei" fussent remis à la Commission (l'opération fut faite
le i() nivôse, en présence de Lavoisier, par les soins de Four-
croy et de Guyton, avec l'autorisation du Comité de sûreté
générale; nous en publions, p. 260, le procès-verbal inédit);
il avait arrêté (17 nivôse) que Ylnstî^iction sur les mesures dé-
duites de la grandeur de la terre, dont Haûy venait d'achever la
rédaction, serait tirée à l'Imprimerie nationale executive du
Louvre à six mille exemplaires (nombre qui, en pluviôse, fut
porté à vingt mille). En même temps, le Comité chargeait la
Commission des poids et mesures de la continuation du calcul
de la Connaissance des temps (précédemment confié à Cassini),
en l'invitant crà donner à cet ouvrage toute la perfection que
rend possible l'état actuel des sciences astronomiques et nau-
tiques ^i (19 nivôse); il lui demandait un avis ce sur le désir
qu'ont témoigné plusieurs membres du Comité de faire com-
poser un catalogue complet d'étoiles fixes, dont les positions
seraient calculées d'après la nouvelle division du cercle, ainsi
que de diviser la sphère céleste par bandes parallèles et par
fuseaux et de rendre superflue la manière de grouper les étoiles
suivantles constellations en usage •)? (19 nivôse). Enfin (i5 ven-
tôse) il invite le Comité de salut public à réclamer, au nom
des deux comités, un décret qui chargerait le Comité de salut
public de reprendre des mesures révolutionnaires pour accélérer
la fabrication des poids et mesures dans toute l'étendue de la
République i\
INTRODUCTION. lxxxv
Aux travaux relatifs au nouveau système des poids et me-
sures se rattache l'ouveriure d'un concours pour la construction
de montres et horloges décimales. La Convention chargea, le
8 frimaire, à l'occasion de l'envoi d'une montre décimale exé-
cutée par l'horloger Firstenfelder, de Carouge, en Savoie, le
Comité d'instruction puhlique de lui faire un rapport sur la
question. Ce rapport fut présenté par Romme à la Convention
le 2 1 pluviôse, et le concours fut déclaré ouvert jusqu'au
i"^"" messidor an n; les artistes furent invités à résoudre les
questions suivantes : cr Quelle est l'organisation la plus simple,
la plus solide, la moins coûteuse à donner aux montres de
poche, aux pendules, aux horloges, pour mesurer ensemble ou
séparément les différentes parties du jour qui, par le décret du
i frimaire, est divisé en dix heures, chaque heure en dixièmes,
centièmes, millièmes et dix-millièmes? Quel est le change-
ment le plus prompt, le plus simple, le plus sûr et le moins
coûteux à faire aux anciennes montres, pendules, horloges,
pour leur faire marquer à la fois l'ancienne et la nouvelle di-
vision du jour, ou seulement la nouvelle division ?ii
Nous avons, dans l'Introduction du tome précédent, parlé
de la rivalité qui s'était manifestée entre la Commission des
monuments et la Commission des arts, rivalité qui devait
ahoulir à la suppression de la Commission des monuments.
C'est le '>.8 fr'imaire que la Convention, sur le rapport présenté
par Mathieu au nom du Comilé d'instruclion publique, rendit
uu décret (') portant que la Commission des monuments était
^'^ Chose renian[ual)lo : à co iiio- lueiils est de n'avoir pas apportt^ assez
ment où, selon la légende, les l'cvolii- de zèle à préserver de la deslruction
lionnaires n'auraient song(' (pi'à dé- et à recueillir des œuvres d'ail , ni^nie
liuire avec une haine aveujjle lout ce d'un caractère monarchique cl reli-
qni restait du passé, le reproche for- g-ieux. Voir le rapport de Malhieu,
mule contre la Connnission des nionu- p. i-j',) du présent volume.
Lxxxv, liNTRODUGTlON.
supprimée, et serait remplacée par la Commission des arts
pour rexécution de tous les décrets concernant la conservation
des monuments et des objets de science et d'art; et que le Co-
mité d'instruclioii pul)li(pie ])résentei'ait à la Convention la liste
des membres de la Commission des arts, et, de concert avec
le Comité des finances, un projet de décret pour le salaire des
membres de cette Commission. En attendant que la liste défi-
nitive des membres de la Commission des arts eût pu être
dressée, celle-ci demeura provisoirement composée des per-
sonnes que le ministre de l'intérieur avait désignées en août
et septembre 1793. Elle montrait autant d'activité que la
Commission des monuments, dans les derniers mois de son
existence, avait montré de laisser-aller et d'impéritie; dès le
2 5 nivôse, elle put présenter au Comité d'instruction publique
le texte de la célèbre Instruction sur la manière d'inventorier et de
conserver dans toute Vétendue de la République tous les objets qui
peuvent servir aux arts, aux sciences et à renseignement (dont
l'impression ne fut achevée qu'à la fin de ventôse).
La formation de la liste des membres de la Commission des
arts occupa plusieurs séances du Comité d'instruction publique
pendant le mois de nivôse; elle fut achevée le 26 nivôse
et, après entente avec le Comité des finances, présentée à la
Convention le 18 pluviôse; le décret de ce jour confirma les
choi^ faits par le Comité, et alloua aux membres de la Com-
mission un traitement de deux mille livres par an. La Commission
resta placée sous l'autorité immédiate du Comité d'instruction
publique; elle s'assemblait dans les salles de ce Comité, hôtel
de Brionne, tous les quintidis et décadis, le matin; son prési-
dent et son secrétaire furent pris dans le sein du Comité : rrl'un
et l'autre, dit le procès-verbal du Comité du 2 5 pluviôse, après
avoir rempli leurs fonctions respectives pendant un mois dans
le Comité, iront les continuer dans la Commission des arts
INTRODUCTION. lixxvii
pendant le mois suivant r). En vertu de cette décision, Lindet,
président sortant du Comité , devint président de la Commission
des arts à partir du 2 5 pluviôse; il fut ensuite remplacé, le
27 ventôse, par Bouquier, qui du 21 pluviôse au 27 ventôse
avait présidé le Comité d'instruction. La Commission des arts
eut, en outre, un cr agent ii, choisi par le Comité, chargé de
faire exécuter les décisions de la Commission , et qui fut l'anti-
quaire Leblond. Le règlement de la Commission, rédigé par
Vicq d'Azyr, fut discuté par elle dans le courant de ventôse,
et adopté définitivement le 26 ventôse.
La Commission des monuments avait accepté de fort mauvaise
grâce la mesure qui prononçait sa dissolution. Sous le prétexte
que le décret du 28 frimaire ne lui avait pas été officiellement
notifié, elle continua de se réunir pendant près de trois mois
encore, en échangeant une interminable correspondance avec
le ministre de l'intérieur et le Comité d'instruction publique;
elle chargea son secrétaire, l'ex-abbé Mulot, de rédiger une
réponse au rapport de Mathieu, afin de justifier la Commission
du reproche de négligence; cette réponse fut imprimée à la fin
de ventôse sous le titre de Compte rendu à la Convention nationale
par la Commission supprimée des monuments, et servant de réponse
au Comité d'instrudioii publique. La notification du décret du
28 frimaire ayant enfin été faite dans toutes les formes à la
Commission des monuments par le ministre de l'intérieur,
celhî-ci consentit à se dissoudre et à remettre ses papiers au
Comité d'instruction pul)li(|ue; elle tint sa dernière séance le
16 ventôse. Elle ne complail plus à ce moment (juo quehjues
membres sans gi'ande notoriété; les six membres de la ConviMi-
tion qui en avaient fait ])artie, Barère, Courtois, David, Du-
saulx, Guyton et Sei'gcMit, avaioiil cessé de prendre |)arl à ses
travaux; cin(j de ses membi'es étaient devenus nu^mbres di» la
Commission des ai*ls, Leblond, Dufourny, Vandermonde,
ÎAWVIII
INTRODUCTION.
Aiiieilhoii cl ro\-l)(Mi(k1ic(iii Poirier; il ne restait guère que
Mercier, Lemonuier, Boizot, Moreau le jeune, Jollain, et
Mulot, qui assistèrent seuls à la dernière séance.
Le même jour où Malliieu faisait prononcer à la Convention
la suppression de la Commission des monuments, David taisait
un rappoi'l concluant à la suppression de la Commission du
Muséum des arts, qu'avait nommée, en 1792, le ministre
|{oland^^\ et à son remplacement par un Conservatoire choisi
par la Conveirlion elle-même. Un second rapport l'ut présenté
par David le 27 nivôse. Ces deux documents contiennent des
détails curieux sur les restaurations maladroites faites par les
ordres de la Commission du Muséum, sur le peu de jugement
et de goùl qui avait présidé au choix des tableaux exposés,
sur les trésors artistiques que l'ignorance de l'administration
tenait enfouis loin de la vue du public, etc. Le décret du 'J7 ni-
vôse composa le Conservatoire du Muséum des arts de Frago-
nard, Bonvoisin, Lesueur et Picault, pour la peinture; Dardel
et Dupasquier, pour la sculpture; J.~D. Leroy et Delannoy,
pour l'architecture; Wicar et Varon, pour les antiquités.
Ija Société républicaine des arts, formée après que la Com-
^'^ Elle se composait de Jollain,
Cossard, Pasqiiier, Renard, Vincent et
Tex-abbë Rossiit. C'était le peintre Le-
brun , de la Commission des arts , qui ,
le 5 frimaire, avait appelé' l'attention
du Comité sur les abus qui se commet-
taient au Muséum des arts , et sur la
nécessité de placer en d'autres mains
l'administration de cet établissement.
Le i3 frimaire, sur une dénonciation
du peintre Picault, le Conseil général
de la commune de Paris avait décidé
de faire une pétition pour demander la
suspension immédiate de toute restau-
ration des tableaux du Muséum, parce
que ces restaurations étaient faites par
des mains ignorantes, rrll est instant,
dit David dans son rapport du 9 8 fri-
maire, d'arracher la Commission du
Muséum à l'insouciance coupable oii
elle est plongée, et de chercher, par de
grandes vues, le moyen de rendre tous
ses ressorts à ce précieux établissement.
Il y va de la gloire de Paris ; il y va de
la gloire de la France entière , de toutes
parts accusée de laisser périr les im-
mortels chefs-d'œuvre des arts, n
INTRODUCTION. Lxxm
miine des arts eut été dissoute par ie décret du 8 brumaire, se
donna beaucoup de mouvement pendant i'hiver de l'an ii; et le
Journal de la Société républicaine des arts, fondé le i^'" ventôse
par l'architecte Détournelle, nous la montre s'occupant de
toutes les mesures propres à encourager la prospérité des
beaux-arts. Elle s'assemblait au Louvre, salle du Laocoon. On
la voit presser, auprès du Comité d'instruction publi(jue, la
mise en activité du jury des arts, nommé le 2 5 brumaire par
la Convention (voir t. II, p. 829). L'exposition publique des
ouvrages proposés au concours pour les prix de peinture , sculp-
ture et architecture s'ouvrit le 9 pluviôse dans les salles atte-
nant la galerie d'Apollon; le jury tint quatre séances, du 17
au 20 pluviôse, et à l'issue de sa derriière réunion alla pré-
senter à la Convention les jeunes artistes auxquels il avait dé-
cerné les prix. Les procès-verbaux des séances du jury des arts
furent imprimés à quatre mille exemplaires, par arrêté du Co-
mité d'instruction publique, et distribués par les soins de la
Commission des arts.
A plusieurs reprises, David réclame l'exécution du décret du
27 brumaire relatif à l'érection d'une statue colossale du Peuple,
mais ce sera seulement en floréal qu'il obtiendra du Comité de
salut public un arrêté lui donnant satisfaction. •
Le décret du 19 juillet 1793 pour la garantie du droit de
propriété des écrivains, musiciens, peintres et dessinateurs
avait été trouvé insuflisant. Sur une proposition de David à la
Convention (21 pluviôse), sur une pétition des mouleurs à la
Convention (7 ventôse), et sur une pétition adressée au Comité
par la Société républicaine des arts (11 ventôse), le Comité
d'instruction publi([ue s'occupa de préparer un décret addi-
tionnel; Mathieu fut nonnné rap])orteur.
Le soin de la conservation de tout ce (|ui |)(mi1 iiiléresser
les sciences, les lettres et les arts est un des principaux objets
xc INTRODUCTION.
qui occupent le Comité, dont la Commission des arts est l'auxi-
liaire inlalij]al)le. Citons entre autres, à ce propos, les démarches
faites aupi'és des représentants du peuple à Commune-Affran-
chie (l^yon) pour la conservation des monuments et des ma-
chines industrielles (5 frimaire, 7 nivôse); les négociations re-
hatives au ti-ansfert du cahinct d'histoire naturelle de Joubert
(7, i3 et 2 3 frimaire), au rachat de tables en bois pétrifié qui
avaient appartenu à la reine (19 frimaire, 5 ventôse); les me-
sures prises pour le transport au Muséum des arts du mausolée
d'Anne de Montmorency (21 frimaire), pour la sauvegarde
des serres de Monceau (28 frimaire); Tintervention du Comité
auprès du Comité de salut public pour obtenir que les objets
intéressant la littérature et les arts^^^, dans les villes prises par
les armées de la République, fussent soignés, réservés, et
adressés au Comité d'instruction pubhque (19 nivôse, 7 plu-
viôse); les instructions données pour le transport à Paris des
chevaux de Marly (29 nivôse, 21 pluviôse), pour l'achèvement
du globe terrestre de dom Bergevin (21 pluviôse); la répar-
tition d'objets précieux ayant appartenu à la reine entre le Mu-
t^éum des arts et le Muséum d'histoire naturelle (5 ventôse);
la recherche d^un local pour le cabinet de physique de Pelletier
(5 ventôse); lesursis à la vente du cabinet d'histoire naturelle
et de la bibliothèque de Gigot d'Orcy (10 ventôse); la conser-
vation du cabinet Poissonier (i5 ventôse); la réorganisation des
dé])ôts de la guerre et de la marine (i5 ventôse); les mesures
prises pour recueillir, classer et répartii'les manuscrits trouvés
chez les émigrés (19 ventôse).
Les ouvriers de la manufacture des Gobelins avaient demandé
par une pétition à la Convention, le 20 nivôse, qu'il fût exécuté
une reproduction en tapisserie des tableaux de David repré-
^^^ Il s'agissait en particulier de caractères rares qui se trouvaient à Spire.
INTRODUCTION. xci
serilant Lepelelier et Marat. Le Comité voit là une occasion de
ff tirer la inariufoctiire des Gobelins de son en^jourdissenient
et de la remettre en activité i?; il renvoie ia pétition à Tliibau-
deau, qui fera un rapport à l'assemblée le 2 1 floréal. La manu-
facture de Sèvres, de son côté, est autorisée rrà déplacer du
Muséum des arts les bustes des grands bonimes pour les exé-
cuter en porcelaines (i^'" ventôse).
Le 2 frimaire, la Convention avait renvoyé au Comité d'in-
struction publique la proposition faite par un membre de faire
eiïacer toutes les inscriptions latines. Le Comité délibéra sur la
question, et le 21 nivôse Grégoire présenta en son nom à la
Convention un projet de décret qui fut adopté : il portait que
les inscriptions des monuments publics seraient désormais en
lan{;ue française; mais il ajoutait que toutes les inscriptions des
monuments antiques seraient conservées, et que, dans les mo-
numents modernes, les inscriptions qui n'étaient pas consacrées
à la royauté et à la féodalité seraient également conservées.
C'est dans le rapport qui précédait ce décret que Grégoire a,
pour la première fois, employé lexpression de ff vandalisme i?.
ffOn ne peut, dit-il, inspirer au citoyen trop d'borreur pour ce
vandalisme, qui ne connaît que la destruction; les monuments
antiques doivent être conservés dans leur totalité ii; mais, ajoute
le ra])porteur, ff quant aux monuments actuels, la Convention
nationale a sagement ordonné la destruction de tout ce (jui
portait l'empreinte du royalisme et de la féodalité: les beaux
vers de Borbonius, inscrits sur les portes de l'Arsenal, n'ont pas
di\ trouver grâce : ils étaient souillés de mythologie; surtout
ils étaient souillés par la flatterie envers un tyran (Henri \\ )
li'op longtemps vanté par les Français, et dont la prétendue
bonté, conq)arée à celle des autres despotes, n'est (jue dans le
rapport de la méchanceté à la scélératesse i*».
A ce ([ui précède se rattache la conservation des livres et
xcH INTRODUCTION.
l'organisation des bihliotlièques. Nous avons reproduit dans ce
volume (pages 397-/106) des pièces intéressantes se rattachant
au décret du S*" jour du second mois , qui détendit de mutiler ou
altérer en aucune manière, sous prétexte de faire disparaître
les signes de féodalité ou de royauté, les livres imprimés ou
manuscrits, les gravures et dessins, etc. : ce sont les Observa-
lions de quelques patriotes sur la nécessité de conserver les momimeiils
de la littérature et des arts, portant les signatures d'Antoine-
Augustin Renouard, Chardin et Charlemagne fils (publiées
le '2 5 du premier mois), et une lettre (imprimée) adressée par
Renouard au Comité d'instruction publique (du 9. du second
mois), ainsi qu'une brochure du libraire Rozet intitulée : Con-
versation familière entre un homme de lettres et un patriote, sur le
projet de supprimer les armoiries et marques de propriété féodale ,
empreintes sur la reliure de tous les livres de la Bibliothèque natio-
nale (publiée en pluviôse). La brochure de Rozet, dont La Harpe
fit l'éloge dans le Mercure, résume les arguments de ceux qui
regardaient les armoiries et l'estampille ce Ribliothèque du
Roi-)!, empreintes sur la reliure et le titre intérieur des livres
de la Bibhothèque nationale, comme injurieuses à la nation,
et qui proposaient des moyens pratiques de les enlever à peu
de frais et sans détériorer les volumes. Bien que le projet de
Rozet eut d'abord reçu l'approbation du ministre de l'intérieur
Paré, et que la brochure, selon La Harpe, eût été rédigée dans
les bureaux du ministère, le Comité ne se laissa point persua-
der; le i3 ventôse, il passa à l'ordre du jour sur la proposition
rr d'effacer l'empreinte royale sur les livres de la Bibliothèque
nationale 17, en motivant son vote rrsur le décret qui ordonnait
qu'il n'y serait pas touché 17. Par contre, Topuscule de Re-
nouard, Chardin et Charlemagne fils, que le Comité avait ac-
cueilli avec la plus grande faveur au moment de son appari-
tion, reçut plus tard, en outre, les sufi'rages de la Commission
INTRODUCTION. xciii
des arts, à laquelle ses auteurs le présentèrent en germinal;
et la Commission décidera (26 messidor) d'inviter le Comité
d'instruction publique ce à faire tirer un plus grand nombre
d'exemplaires de cet ouvrage, qui ne peut être trop répandu,
vu son utilité pour l'instruction publique ti.
La Bibliothèque nationale était placée, depuis brumaire,
sous la direction du savant Lefèvre de Villebrune, le traduc-
teur d'Athénée, que le ministre Paré avait nommé bibhothé-
caire après l'arrestation de Carra et la démission de Chamfort,
et sur le refus de l'abbé Barlhélemy et de Ducis^^^. De fré-
quents rapports ont lieu entre la Bibliothèque et le Comité
d'instruction pubhque : celui-ci intervient pour faire prêter des
livres à Prony, directeur du cadastre (i5 et 28 frimaire);
mais il refuse de permettre à l'helléniste Gail d'emporter chez
lui deux précieux manuscrits de Xénophon (29 ventôse); sur
la demande de la section du Contrat social, il invite le biblio-
thécaire à faire l'acquisition des ouvrages de Marat (27 ni-
vôse); il nomme trois commissaires. Coupé, Prunelle et
Grégoire, qu'il charge de prendre connaissance de l'état de la
Bibliothèque, de ses règlements, du travail relatif aux manu-
scrits, des améliorations dont elle est susceptible (1 5 pluviôse);
il fait envoyer à la Bibliothèque divers ouvrages d'érudition
qu'elle ne possède pas ( 1 5 ventôse).
Une pétition de la Société populaire de Nemours fut l'occasion
(i5 nivôse) d'un projet de création de bibliothèques crdislri-
calesTi. Ce projet fut présenté par Coupé de l'Oise, au nom du
^'^ rrLa Bihliolliùqiie, c'crit La Harpe (p. 61 1?) iiii niéinoifp inc'dit de Lelevrc
dans \e Mercure , o.sl aujounriuii cou- de \ illebmiie, inlilule Considéralioiift
fide h un honune des plus savants de sur le commerce de la librairie, cjue
TEurope et des mieux savants, qui celui-ci (it parvenir an (iOniiti^ din-
joint le pnlriolisnie aux. lumières. i slruction pul)li(pie le -.ui ventôse.
Nous publion^^ d:uis le pressent voluuie
xciv INTRODUCTION.
CoiiiiU'' (riiisii'uctioii piil)li([ne, à la Convention, qui en fil le
décret du 9 ])luviôse, établissant ^ine bibliolliéque publique
dans cbaque district, sans préjudice de celles qui existaient
déjà dans les oraiules communes.
Pendant l'hiver de l'an n, le travail des commis employés
au bureau de la bibliograpliie (j)lacé au Louvre) semble s'eti-c
ralenti. Leur chef, Domergue, avait pi'ésenté, le 21 brumaire,
un projet de réforme du plan suivi, qu'il déclarait vicieux
(voir t. Il , p. 79f>) ; niais le Comité ne statua rien sur la ques-
tion. Brusquement, après quatre mois, le 17 ventôse, un ar-
rêté ordonna que Domergue cesserait ses fonctions (^^. Nous ne
savons pas le motif exact de cette décision; mais il semble, à
lire la lettre que Domergue écrivit au Comité le 21, qu'on
tiouva qu'il donnait trop de temps à ses travaux personnels et
pas assez à ses fonctions officielles. Il est probable que l'adjonc-
tion de Duval à la section de bibliographie, qui eut lieu le
9 ventôse, et celle de Grégoire, qui suivit de près celle de
Duval, ne furent pas étrangères à cette mesure. A partir de ce
moment, le travail de la bibliographie prend une activité nou-
velle; un nouveau règlement rédigé par Grégoire est adopté
(28 ventôse), Bardel est nommé chef du bureau en rempla-
cement de Domergue, six nouveaux commis sont désignés, et
bientôt Grégoire présentera à la Convention, le 22 gei'minal,
un rapport sur la réorganisation du service bibliograpliique.
Notons le projet communiqué au Comité le 1 1 pluviôse (par
Garât) d'une nouvelle édition du Dictionnaire de l'Académie
française, pour laquelle l'éditeur eut utilisé les corrections re-
mises au Comité en août et septembre 1798 par l'abbé Morel-
let, directeur de l'Académie. Le Comité chargea Coupé et Gré-
goire de lui faire un ra|)port à ce sujet. Le 2 1 pluviôse, Morellet
^^' Déjà, lors de la réorganisation de la Commission des arts par le décret du
18 pluviôse, Domergue avait cessé de faire partie de la nouvelle Commission.
INTRODUCTION. icv
fit parvenir au président du Comité les cahiers manquanls du
Dictionnaire corrigé. Mais la question resta en suspens jusqu'à
la fin de l'an m, époque où Lakanal fit voler à la Convention
(décret du premier jour complémentaire) l'autoi'isation de-
mandée par les libraires Smits et Maradan.
Sur Tordre de la Convention (lo ventôse), le Comité d'in-
struction publique dut proposer des mesures pour empeclier
toute sortie de livres du territoire national jusqu'à la paix, afin
de déjouer les manœuvres des étrangers, qui, disait Grégoire,
crue pouvant vaincre la République par la force des armes,
cherchent à la déshonorer en lui enlevant les monuments des
arts dont elle est enrichie; on a déjà fait passer chez nos enne-
mis des manuscrits très précieux i^. Le Comité de salut public
fut en même temps chargé de prendre des mesures convenables
pour empêcher l'exportation des objets qui pourraient enrichir
le Muséum des arts. Le Comité de salut public fit agir le Comité
exécutif, et celui-ci ordonna, le 29 ventôse, que toutes les
demandes qui lui seraient présentées à l'effet d'autoriser l'envoi
à l'étranger des livres, manuscrits, tableaux, cartes, gravures,
médailles, et généralement tous ouvrages qui tiennent aux arts,
seraient renvoyées tant au directeur de la Bibliothèque na-
tionale qu'au Conservatoire du Muséum des arts, qui feraient
leur rap])orl au Conseil des objets dont la sortie pourrait être
autorisée. Ces mesures rendirent inutile le rapport demandé
au Comité d'instruction publique.
La disette de papier fut une des plus grandes préoccupations
de la France pendant la crise révolutionnaire. La Commission
des subsistances et approvisionnements pubha en frimaire an n
un appel aux ])atriotes pour les exhortei' à économiser h* pa-
pier, en les enga<;eant à ne pas se permettre f usage des huiillos
doubles en blanc, à ne jamais mettre sous enveloppe les lettres
sinq)les, à j)rélérer, pour rnn[)ression, le formai in-oclaM). Va\
xcvi INTRODUCTION.
nieine temps, on cliercluiit des procédés poiii' la rr reloiitcn') des
vieux papiers : les ])rocès-verbaux du Comité meritioniieut celui
de la citoyenne Masson, par lequel elle blancliissait les papiers
écrits et imprimés, et en formait des pâtes propres à la nou-
velle fabrication du papier; celui de Hutin, jujje au tribunal
de Soissons, qui avait aussi trouvé un moyen d'effacer les carac-
tères écrits ou imprimés; les savants Pelletier et Hassenfratz,
membres de la Commission des arts, indiquent à cette Commis-
sion (lo pluviôse) une métliode rr d'enlever l'impression sans
dénaturer le papier, comme le fait la citoyenne Masson -i^; ils
sont chargés rr de poursuivre auprès du Comité de salut public
la composition et la publication d'un petit ouvrage sur l'art de
blanchir le papier avec la soude ^i. Le 127 ventôse, Guyton, rap-
porteur, présente au Comité un projet de décret accordant à la
citoyenne Masson une récompense de trois mille cinq cents livres ,
et réglant les conditions dans lesquelles devront être formés les
établissements pour la refonte des papiers imprimés.
Le Muséum d'histoire naturelle continue à se développer.
Sa bibliothèque est créée depuis juin 1790, sa ménagerie de-
puis brumaire. Les quelques animaux de la ménagerie de Ver-
sailles y sont amenés en nivôse, ceux de la ménagerie du duc
d'Orléans au Baincy en ventôse; des grilles de fer existant
dans divers immeubles nationaux sont mises en réserve pour
être utilisées; un projet de décret pour l'établissement définitif
delà ménagerie, allouant une somme de cinquante mille livres
pour les frais de cette construction, est présenté au Comité le
3 pluviôse par Daubenton, directeur temporaire. Le catalogue
des plantes de l'établissement est remis au Comité le 17 plu-
viôse. Le Comité d'instruction publique montre le j)lus vil'
intérêt ])our tout ce qui concerne le progrès des sciences na-
turelles; il obtient du (Comité de salut public des arrêtés qui
1
INTRODUCTION. xcvn
pourvoient aux besoins les plus urgents du Muséum : une
somme de quarante mille livres (arrêté du 8 ventôse) permet
de commencer la construction d'un amphithéâtre; et bientôt
on commence également la constructioTi de la ménagerie. Un
rapport que présentera Thibaudeau à la Convention le 20 fri-
maire an m retrace en ces termes l'activité des professeurs du
Muséum pendant le courant de l'an n : cr L'établissement des
cours, qui fournissent cinq cents leçons par an , offre l'ensemble
le plus vaste et le plus complet d'enseignement sur toutes les
branches d'histoire naturelle, l'application immédiate de toutes
les sciences naturelles à l'agriculture, au commerce et aux arts.
Les cours ont été suivis avec beaucouj) d'assiduité. La biblio-
thèque, ouverte maintenant tous les jours, renferme la plus
grande partie des ouvrages écrits sur l'histoire naturelle, et la
riche collection de peintures de plantes et d'animaux, qui s'ac-
croît par les travaux d'artistes choisis au concours; et les étu-
diants peuvent y voir, ainsi que dans les herbiers, les plantes
qui n'existent pas dans le jardin. On double maintenant, au
moyen d'un étage supérieur, les galeries d'histoire naturelle,
pour y espacer les objets et mettre en évidence ceux que le
défaut de local a forcé de reléguer dans les magasins. r>
Le Comité continue à s'occuper également de l'Observa toiro.
Les professeurs-astronomes le tiennent au courant de leurs
travaux : Perny lui signale une comète qu'il a découMule
('27 frimaire); ils demandent l'autorisation d'acheter une lu-
nette parallactique construite par Haupoix, et sollicitent en
même temps une augmentation de traitement (1''' ventôse); le
Comité prépare un projet de décret accordant l'autorisation
demandée et portant le traitement des astronomes à deux milh*
cin(j cents livres.
Anisson-DupeiTon, ancien directeur de rhnprimerie royale
du Louvi'e (devenue l'Imprimerie nationale exécuti\e), avait
Ml. ,.
IMPRIMEIUK XATIOXtir.
xcviii INTRODUCTION.
proposé au gouvernement, qui avait accepté, de lui céder, sur
estimation d'experts, tout ce qui formait sa propriété person-
nelle dans cette imprimerie. Duboy de Laverne et Langlès
eurent l'idée de faire distraire les caractères arabes, grecs,
persans, arméniens, syriaques, hébreux, etc., pour former une
imprimerie savante et littéraire, distincte de celle qui allait
être consacrée au Bulletin des lois. Le Comité agréa cette idée, et
entendit, le 5 ventôse, un projet de décret rédigé par Arbogast,
convertissant l'Imprimerie executive du Louvre en Imprimerie
nationale des arts. Il ne fut pas donné suite à ce projet pour le
moment, et la question ne sera reprise qu'en nivôse an m.
Romme fit décider par le Comité (7 frimaire) la publication
d'un Annuaire du cultivateur, auquel collaborèrent des savants
distingués et des hommes pratiques. Ce volume put être pré-
senté en manuscrit le 3o pluviôse à la Convention, qui en or-
donna l'impression à Paris à deux mille exemplaires, destinés
à être distribués aux représentants du peuple et aux corps ad-
ministratifs, et la réimpression dans le chef-lieu de chaque
département.
Le Bureau de consultation des arts et métiers n'a pas cessé
de s'assembler régulièrement et d'examiner les demandes de ré-
compense soumises à son jugement (^). Il choisit successivement
pour présidents Lavoisier (élu le 2 octobre 1793) et Cousin
(élu le 4 nivôse (^^). On le voit, le 9 pluviôse, envoyer au Co-
mité une députation pour solliciter un article additionnel à la
loi du 12 septembre 1791 : cet article eût autorisé le Bureau
à décerner de sa propre initiative des récompenses à des
^^^ On trouve, dans les registres exis- Borda l'a remplacé rrjusqu'à ce que le
tant au Conservatoire des arts et mé- temps de nommer un président fût aj*-
tiers, les procès-verbaux des séances du rivé«. Cousin se trouvant, lui aussi, en
Bureau jusqu'au ^9 ventôse an 11; la état d'arrestation, a été remplacé pen-
suite manque. dant tout le temps de sa présidence par
^^^ Après l'arrestation de Lavoisier, Laplace , vice-président.
INTRODUCTION. xcii
hommes méritants qui n'auraient pas cru devoir en solliciter.
La question des récompenses et des pensions aux savants et
aux gens de lettres, qui avait occupé le Comité à plusieurs re-
prises (voir t. II, pages 85 et 356), revient à l'ordre du jour
le 17 et le 21 pluviôse, mais ne reçoit pas encore de solution.
A l'énumération qui précède des principaux actes du Co-
mité d'instruction publique, nous ajouterons, pour terminer:
la publication des deux premiers numéros dii Recueil des actions
héroïques et civiques des républicains français , rédigés sous la di-
rection de Léonard Bourdon, et portant la date du 10 nivôse
et du i^*" ventôse; — l'examen de projets d'aérostats dirigeables
présentés par Second et par Gohier; — la recherche d'un local
pour l'installation de divers dépôts faisant partie des Archives
nationales; le transport à Paris des papiers et cartes des
bureaux du département des affaires étrangères, précédem-
ment à Versailles (décret du 29 frimaire); — la formation
d'une commission chargée de recevoir les demandes de chan-
gement de nom faites par les communes (nivôse); — la visite
du bas-relief destiné au fronton du Panthéon, œuvre du
sculpteur Moitte (frimaire); — l'examen des propositions d'ac-
corder les honneurs du Panthéon à Descartes, à Gasparin, à
Chalier, à Pierre Baille, et de les retirer à Dampierre; la glo-
rification de Josepli Barra, à qui la Convention avait décerné
sur la proposition de Robespierre les lionneurs du Panthéon,
et dont le portrait, d'après un tableau que David s'était engagé
c\ peindre, devait être placé dans toutes les écoles primaires
(décret du 8 nivôse); — la remise au naturaliste Dombey
(nivôse) d'instructions relatives i\ son voyage projeté en Amé-
ricpie; — la suite donnée à une lettre de la Société des Jaco-
bins (8 ])hiviôse), insistant pour \v |)ayenient réguher des
traitements des professeurs de flicolo de niusi(|ue des Mcims
0.
c INTRODUCTION.
(traitements que les professeurs continuèrent à toucher jus-
qu'au moment où TEcoie fut fondue dans le Conservatoire de
musi(|ue en l'an ni); — un rapport rédigé par Bailly de Juilly
pour le maintien de la pension accordée au chirurgien Dumont
de Valdajou, avec un projet de décret conforme (voté le 3 plu-
viôse); — les négociations relatives aux moyens de faire graver
la carte des volcans d'Auvergne, œuvre du minéralogiste Des-
marest; — l'intervention du Comité auprès de la municipalité
de Monthard, qui avait cru pouvoir disposer du cercueil en
plomh renfermant les restes de BulTon (21 pluviôse); — la
discussion d'un rapport sur les arbres de la Liberté, dû à Gré-
goire, aboutissant à la simple pubhcation par celui-ci, en ger-
minal, d'un opuscule sur ce sujet, opuscule célèbre par les
intempérances de langage qu'on y relève; — des études entre-
prises pour l'amélioration de la salle des séances de la Conven-
tion sous le rapport de l'hygiène et celui de l'acoustique, études
qui seront continuées en germinal; — des conférences, en ven-
tôse, avec une délégation du club des Cordehers et avec la
veuve de Marat, en vue de la publication, aux frais de la Répu-
blique, des œuvres complètes du ce martyr de la liberté i?; la
question sera renvoyée au Comité de salut public le 3 thermi-
dor; — la formation, de concert avec les Comités de la guerre
et de la marine, de la liste des membres du Conseil de santé
(ventôse), etc.
Nous avons donné dans un Appendice quelques pièces qui
n'eussent pu être placées dans les annexes des séances du Co-
mité. Ce sont : un passage de la lettre écrite par Lakanal à la
Convention le 5 frimaire, passage omis dans l'extrait publié
au Bulletin du i3 frimaire, et qui contient son abjuration de
la prêtrise; — le texte inédit de la pétition présentée à la Con-
vention le 18 brumaire par les musiciens de la garde natio-
nale parisienne; — une pétition (aS brumaire) de la Société
INTRODUCTION.
CI
populaire de Saint-Maximiii (Var), dont Lucien Bonaparte était
le président, demandant que cette commune fut autorisée à
changer son nom en celui de cr Marathomi ; — une lettre de
Buonarroti et de Joseph Bonaparte au Comité d'instruction
publique, écrite de Toulon le 3 pluviôse, proposant qu'il fut
fait un choix de bons livres parmi ceux qui avaient été trouvés
chez les rebelles de Toulon et de Marseille , et que le gouver-
nement en ordonnât le transport en Corse pour y établir des
bibliothèques; — une lettre (5 pluviôse) de Thérésia Cabar-
rus, ci-devant comtesse de Fontenay, à un membre du Comité
de salut public dont nous ne savons pas le nom (probable-
ment Barère), accompagnant l'envoi d'un exemplaire imprimé
du Discours sur ïéducation rédigé par elle et lu au Temple de
la Baison de Bordeaux, le lo nivôse; — enfin des extraits
d'une brochure de Boissy d'Anglas, intitulée Quelques idées sur
les arts, sur la nécessité de les encourager, sur les institutions qui
peuvent en assurer le perfectionnement, et sur divers établissements
nécessaires à F enseignement public, imprimée à la fin de pluviôse ^^\
Les procès-verbaux du Comité d'instruction publique nous
apportent à peine, de loin en loin, un écho de la tempête qui
^'^ Cet ouvrage d'un des chefs prin-
cipaux de la ff Plaine « est intéressant à
étudier. L'auteur expose entre autres
les avantages que procurerait la créa-
tion d'établissements secondaires.il re-
commande, après Talleyrand, la créa-
lion d'un grand établissement central
(rensei{;-nement supérieur, d'un ffin-
slitut national, où tout ce que les
lionunes savent serait enseigné dans
la plus liaule pcrreclionfl. Il Iraile
longuement de la culture des beaux-
arts, des lettres et des sciences, des
fêtes nationales, des théâtres. Les idées
exprimées par Boissy d'Anglas pa-
raissent avoir été conformes en plus
d'un point à celles de certains mend)res
du Comité de salut public, entre autres
Harère et Hobespierre (se reporter aux
arrêtés que prendra le Comité de salut
public eii lloréal pour l'encouragement
des beaux-arts, ainsi qu'au rapport de
Robespieri'e du 1 8 lloréal sur h^s fêtes
nationales, rapport à roccasion (hupiel
lioissy, dans une nouvelle brochure,
conq)arera Robespierre à Orphée).
Cl IiNTRODUCTlON.
gronde au deliors. Nous n'avons pas à retracer l'histoire poli-
tique (les quatre mois que comprend le présent volume; mais
ce serait une grave lacune (jue de ne pas rappeler ici, d'un
mot, quels événements glorieux ou tragiques sont contempo-
rains des paisibles travaux du Comité. C'est dans cette période
que se placent l'expédition des Vendéens au delà de la Loire,
leur défaite et leur écrasement au Mans (29-28 frimaire) et
à Savenay (3 nivôse), et, sur le Rhin, la reprise des lignes
de Weissembourg et le déblocus de Landau (6 nivôse). En
même temps, la lutte entre les hébertistes et les dantonistes
s'accentue et devient de plus en plus acharnée; les uns et les
autres, tout en s'entredéchirant, font au Comité de salut public
une guerre tantôt sourde, tantôt ouverte : à la fin de ventôse,
les deux Comités de salut public et de sûreté générale se dé-
cident à frapper à la fois les chefs des cr exagérés i? et les chefs
des fr indulgents 1^ ^^K
IV
Nous avons, dans le présent volume, apporté une modifi-
cation à notre manière de donner la cote de certains cartons
des Archives nationales.
Lorsque nous avons commencé la publication des procès-ver-
baux du Comité d'instruction publique de la Convention, nous
avions reçu l'avis que l'administration des Archives nationales se
proposait de procéder à un nouveau classement des pièces de la
sous-série F^^ appartenant à la période de l'Assemblée consti-
tuante, de l'Assemblée législative et de la Convention nationale.
Ces pièces devaient être placées dans des cartons qui recevraient
^^^ Le rapport de Sainl-Just contre Fabred'Eglantine, etc. , est du q 6 ven-
tes hëberlistes est du 28 ventôse; celui tôse; cetui de Saint-Just contre Danton
d'Amar sur l'affaire Chabot, Delaunay, et ses co-accusés est du 1 1 germinal.
INTRODUCTION. cm
un numérotage nouveau, partant du chiffre looi. Les cartons
à numéroter F^'' looi jusqu'à F^"^ io3o seraient réservés à la
Constituante et à la Législative; les pièces appartenant à la
période de la Convention seraient placées dans des cartons qui
recevraient les numéros F^"^ io3i et suivants, chacun des car-
tons devant contenir cent pièces. On sait (voir l'Introduction
de notre tome P"", p. lxx-lxxi) que les pièces adressées au
Comité d'instruction publique étaient enregistrées à leur arrivée
dans les bureaux et recevaient un numéro d'ordre. Les pièces
enregistrées d'octobre 1792a fructidor an n^^^ forment une suite
d'environ i,3oo numéros, et sont dispersées aujourd'hui dans
des cartons portant des cotes souvent très distantes les unes des
autres; beaucoup d'entre elles n'ont pas encore été retrouvées.
L'intention de l'administration des Arcliives était de placer ces
pièces, par groupes de cent, comme nous l'avons dit, dans
des cartons nouveaux : le carton F^'' io3i aurait été réservé à
la centaine 1-100, le carton F^^ io32 à la centaine 101-200,
le carton F^^ io33 à la centaine 2oi-3oo, et ainsi de suite.
Nous avions cru bien faire d'adopter ces nouvelles cotes,
purement théoriques puisque le remaniement projeté des car-
tons n'avait pas encore été exécuté; et au lieu d'indiquer le nu-
méro actuel du carton où la pièce se trouvait réellement, nous
avons donné le numéro à venir, celui que devait recevoir le
carton où la pièce serait placée lors du nouveau classement.
Toutefois, certaines pièces qui n'avaient pas été enregistrées
au Comité, et qui par conséquent ne devaient pas être placées
dans les cartons réservés aux pièces portant un numéro d'en-
registrement, ne pouvaient pas recevoir une cote cr tliéoriquei^;
pour permettre de retrouver une pièce de ce genre, il fallait
^'^ A partir de iruclidor an 11, le lions en lcs([ueIlos \o. Coniilo so par-
Coinil(^ adopta un autre système de ta^jea alors cul son emqj^islicnKMilspe-
nuijiérotage : chacune des trois sec- cial.
civ INTKODUGTION.
indiquer la cote réelle du carton qui la renferme à cette heure :
car il était impossible de prévoir quelle cote pourrait recevoir
le carton nouveau dans lequel elle serait transportée un jour.
Afin d'établir niu^ distinction qui ne permît aucune confusion
entre les cotes tluîoriques de l'avenir et les cotes donnant les
numéros réellement portés par les cartons à l'heure actuelle,
nous avions, dans ce dernier cas, ajouté à côté du chiffre de la
cote le mot ancien : ainsi le carton qui contient le mémoire de
Domergue sur la bibliographie, reproduit dans notre tome II,
p. 795, a été désigné comme le carton F^^ 1079 ancien, pour
le distinguer du carton futur F^"' 1079 qui devait recevoir un
jour les pièces portant les numéros d'enregistrement de 4, 801
à 4,900; le carton où se trouvent les pièces relatives aux aca-
démies analysées dans notre tome II, pages 32/1-026, s'appela
F^'' 1094 ancien; le carton qui renferme les minutes des procès-
verbaux du Comité d'octobre 1792 à germinal an u s'appela
F'^ 1 32 1 ancien; le carton où nous avons trouvé diverses pièces
relatives à l'Observatoire et à la Commission des arts (t. II,
pages 678 et 509) s'appela F^'' i326 ancien, etc.
Or il est arrivé que l'administration des Archives natio-
nales a décidé d'étendre à l'ensemble des papiers de l'instruc-
tion publique une opération qui ne devait tout d'abord s'ap-
pliquer qu'aux documents de la période révolutionnaire. Cette
opération de classement général se poursuit actuellement, mais
elle est encore fort éloignée de son terme. Nous avons pensé,
dès lors, qu'il devenait inutile d'employer plus longtemps des
cotes qui ne correspondaient pas à la réalité. Nous avons donc
cessé, dans le présent volume, de nous servir, pour les pièces
enregistrées, de cotes théoriques se rapportant à un déplace-
ment futur; nous avons donné, à la place, les cotes réelles des
cartons où ces pièces sont actuellement placées; et nous avons
en outre cessé d'écrire le mot ancien à côté du numéj'o de cer-
INTRODUCTION. cv
tains cartons, puisqu'il n'y avait plus de distinction à faire entre
les cotes théoriques et les cotes réeHes, et que toutes les cotes
données dans ce volume sont rc réelles^.
Pour que le lecteur puisse retrouver facilement aux Archives
les pièces qui ont été mentionnées dans les tomes I et II
avec des cotes ce théoriques t? de cartons, nous croyons devoir
placer ci-dessous le tableau de la correspondance entre les
cotes théoriques des cartons futurs, cotes que nous avons em-
ployées dans ces deux volumes, et les cotes réelles des cartons
où sont encore aujourd'hui les pièces. Nous donnons cette
correspondance seulement pour les douze premières centaines
des pièces enregistrées, les seules qui aient été utilisées dans
nos tomes I et II :
NUMÉROS COTES THEORIQUES COTE^ REELLES
D'ENRECISTBEMBNT DES CAPTONS FUTIBS (leS
des pièces. employées dans les tomes I et IF. cartons actuels.
1- 100 io3i 1001
101- 200 1032 1002
201- 300 io33 ioo3
301- /jOO io3/i 100^1
^01- 500 io35 loo/i'^
501- 600 io36 ioo/i2
601- 700 io37 1004^
701- 800 io38 1005^
801- 900 io39 ioo5'
901-1000(1) io/io ioo5-^
1001-1100 lo/ii ioo6
1101- 1200 (^) 10^2 looG
Au moyen de ce tableau, il sera facile de retrouver la cote
réelle du classement actuel des Archives. Ainsi, la j)ièce dési-
gnée sous la cote théorique F^'' io3(j, n*' 8()5 (t. II, p. 6/17)
a pour cote réelle F^^ ioo5\ n*" 8()5.
^'^ Le ri" 1000 csl dans le carton ^'^ Lo n" laoo est dans' le cailon
F'"' looG. F" 1007. •'
en INTRODUCTION.
Nous avons, dans le présent volume, en dehors des sources
auxquelles nous avons recouru jusqu'ici, utilisé des documents
nouveaux. Ce sont : i"" les registres de la Commission dès
monuments (registre des procès-verbaux, F^^*4, et registre
des copies de lettres, F^"^* 5); Q^'le premier registre des procès-
verbaux de la Connnission des arts, F^"^* 7. Nous eussions désiré
pouvoir consulter le registre des procès-verbaux de la Com-
mission des poids et mesures; mais il ne nous a pas été pos-
sible de le découvrir.
On trouvera dans ce volume une innovation : nous avons
indiqué, à la suite de chacun des procès-verbaux du Comité,
le nom du rédacteur de la minute, qui, généralement, n'est
pas signée.
Au début de notre publication, nous n'avions pu songer à
fournir un pareil renseignement; mais, après quelques années
passées à manier les papiers des Archives nationales, les écri-
tures de la plupart des membres du Comité d'instruction pu-
blique nous sont devenues familières. Nous pouvons donc
maintenant donner aussi, et nous le faisons ci-après, cette
même indication pour la presque totalité des cent cinquante-
six procès verbaux contenus dans les deux premiers volumes
de ce recueil.
Nonis des rédacteurs des procès-verbaux des séances du Comité d'instruction publique ,
du i5 octobre ijg^ au 3p brumaire an 11.
Les procès-verbaux des six premières séances, du i5 au o/i octobre,
sont de la main de Gorsas^^^, sauf celui du 19 octobre, qui paraît une
copie faite par un commis.
^'' Gorsas et Manuel sont nommés remplacement de Manuel, qui avait
secrétaires le 1 5 octobre 1 792. Le 26 oc- envoyé sa démission de membre du
tobre Mathieu est nommé secrétaire en Comité. Mathieu avait déjà rédigé,
INTRODUCTION. cvii
Ceux des séances suivantes, du 26 octobre au 17 novembre (de la 7*
à la 26®), sont de la main de Mathieu, excepté celui du 27 octobre
(û" séance), qui est de la main de Foucbé (ce procès-verbal est entière-
ment consacré à la transcription d'un projet de décret présenté par ce
représentant).
Celui du 19 novembre (27^ séance) est de deux mains : nous n'avons
pu déterminer quel est le membre qui a tenu la plume le premier (ce
n'est ni l'un ni l'autre des deux secrétaires Mathieu et Massieu^^^); le
membre qui lui a succédé est Romme.
La minute du procès-verbal du 20 novembre (28^) manque.
Celui du 21 novembre (29**) est de la main de Romme.
Celui du 22 novembre (Bo") est de deux mains : la première est celle
de Foucbé, la seconde est celle de Romme.
Ceux des 28 et 2 4 novembre (3i* et 32") sont de la main de Mathieu.
Ceux des 26 et 27 novembre (33® et 3 4'') sont de la main de Romme.
Celui du 3o novembre (35®) est de la main de Villar.
Ceux des 1*', i4 et i5 décembre (36® à 38®) sont de la main de
Romme.
Celui du 18 décembre (89®) est de deux mains : la première est celle
qui a déjà écrit le début du procès-verbal du 19 novembre, la seconde
est celle de Romme.
Ceux des 20 et 21 décembre (4o® et /ii®) sont de la main de Romme.
Ceux des 22, 2/1 et 28 décembre (A 2® à Uk^) sont de la main de
Prieur de la Côte-d'Or^'^l
Celui du 26 janvier 1798 (45*) est de la main de Chénier pour les
cinq premiers alinéas; le reste est de la main de Mathieu.
Celui du U février (46®) est de la main de Mathieu.
Celui du 5 février (^7®) est, pour la première partie, de la main de
Mathieu, et pour les trois derniers alinéas de celle de Chénier.
Celui du 6 février (48®) est, pour le commencement, d'une main qui
nous est inconnue, et pour le reste de la main de Mathieu.
sans doute en l'absence de Corsas, le ont été plusieurs fois suppléés par
procès-verbal de la séance du sS oc- Ronune, Villar, et un inconnu,
tobrc. (') Prieur de la Côte-d'Or et Ciiénier
^'^ Mathieu (confirmé dans ses fonc- sont secrétaires à partir du a 1 (h'cenihre.
lions) et Massion sont secrétaires du Prieur est remplacé par Malliifui !«»
iG novembre an •a décembre, mais ils 9,5 janvier 1 793.
cvm INTRODUCTION.
Celui du 8 lévrier (^9*") est de la main de Mathieu, sauf le dernier
alinéa, qui est de Fouchë.
Celui du 1 1 février (50") est d'une main qui nous est inconnue.
Ceux des i3 et i5 lévrier (21^ et 52**) sont de la main de Mathieu.
Celui du 18 février (53") est de la main de Romme.
Ceux des 20 et 22 février (54° et 55°) sont de la main de Baudin^^).
Ceux des 28 et 26 février (56" et 57") sont de la main de Daunou.
Celui du 28 février (58°) est de la main de Baudin pour les trois pre-
miers alinéas et le dernier, et de la main de Daunou pour les trois alinéas
du milieu.
Celui du 2 mars (59°) est de la main de Daunou.
Ceux des 5, 6 et 12 mars (60^ à 62°) sont de la main de Baudin.
Celui du ik mars (63°) est de la main de Daunou, sauf le troisième
alinéa, qui est de Mathieu. ,
Celui du 16 mars (6/*°) est de la main de Baudin.
Celui du 19 mars (65°) est de la main de Daunou pour les quatre pre-
miers alinéas; le reste est de la main de Villar^'^^.
Celui du 2 3 mars (66°) est d'une main nouvelle, probablement celle
de Bancal, sauf trois alinéas qui sont de Villar (sur l'école de la Flèche,
sur Romme et le télégraphe, et sur une pièce dramatique; ce dernier
alinéa est sur une feuille à part et fait double emploi), et un alinéa qui
est de Lanthenas (sur Laugier).
Celui du 26 mars (67°) est de la main de Yillar.
Celui du 28 mars (68°) est probablement de la main de Bancal.
. Celui du 3o mars (69°) est de la main de Daunou.
Celui du 2 avril (70°) est d'une main qui nous est inconnue.
Celui du 9 avril (71'') est de la main de Mathieu, refaisant fonctions de
secrétaires.
Celui du i5 avril (72°) est de la main de Baudin pour le premier
alinéa, de la main de Daunou pour le reste.
La minute des procès-verbaux des 16 et 2 3 avril (78° et 7/1°) manque.
Celui du 26 avril (75°) est de la main de Martinel^^l
Celui du 27 avril (76°) est de la main de Villar.
^'^ Baudin et Daunou sont secrétaires du 1 8 février au 1 9 mars 1798. — ^^^ Villar
et Bancal sont secrétaires du 19 mars au 9 5 avril. — ^^^ Martinel et Lakanal sont
secrétaires du 25 avril au 21 mai.
INTRODUCTION. en
Celui du U mai (77") est de la main de Martinel.
La minute de celui du 7 mai (78") manque.
Celui du 9 mai (79®) est de la main de Mathieu pour les deux pre-
miers alinéas, de celle de Che'nicr pour le reste; Tarticle relatif à Popin-
court est de la main de Daunou.
Celui du 1 1 mai (80*^) est de la main de Martinel, sauf le dernier aline'a,
écrit par une main que nous ne connaissons pas.
Ceux des ili et i5 mai (81^ et 82^) sont de la main de Lakanal.
Celui du 21 mai (83^) est de deux mains différentes, qui doivent être
celles d'Izoard et de Giroust(^).
La minute du procès-verbal du 23 mai (84^) manque.
Celui du 26 mai (85^) est d'une seule des deux mains ci-dessus, soit
Izoard, soit Giroust.
Les minutes des procès-verbaux des 28 mai et 6 juin (86^ et 87^)
manquent.
Celui du 1 1 juin (88®) est d'une des mains qui ont rédigé le procès-
verbal du 21 mai (celle qui n'a pas écrit la minute du 26 mai).
Celui du i5 juin (89®) est d'une main qui nous est inconnue.
Celui du 9 2 juin (90®) est également de deux mains inconnues ^^^
Celui du 26 juin (91**) est d'une main inconnue, avec un alinéa de
Lanthenas (sur Duderé-Laborde).
Celui du 27 juin (92®) est de la main de Daunou.
Celui du 2 juillet (93^) est d'une main inconnue.
Celui du 3 juillet (9 4®) est d'une main inconnue, différente de la pré-
cédente.
Celui du /i juillet (96®) est de plusieurs mains, dont Daunou. Le dernier
alinéa paraît être de la main d'Arbogast.
Ceux des 6 et 9 juillet (96*^ et 97'') sont de la main de Lanthenas.
Celui du 1 1 juillet (98'') est d'une main qui nous est inconnue.
Celui du 18 juillet (99") est de la main de Lanthenas, avec un alinéa
d'une autre main (sur Brochard).
Ceux dos 20 et 28 juillet (100'' et 101*') sont de la main de Lan-
llienas.
Celui du 25 juillet (102®) est d'une main inconnue; les deux projets
''^ Izoord et Giroust sout secrétaires ^*^ Lanthenas (M Daunou soni se-
<lu -il mai au -io. juin. créloires du ùvi juin an 1" août.
ex INTRODUCTION.
de décret qui y sont intercales sont de la main de leurs auteurs, David et
Gre'ijoire.
Celui du 2G juillet (io3*') est de la main de Lanthenas.
Celui du 3o juillet (106'') est d'une main inconnue; le dernier alinéa
est de la même main que le procès-verbal du 26 juin.
La minute du procès-verbal du i*""août (io5*) manque.
Celui du 2 août (106^) est de la main de Lanthenas, avec deux alinéaà
de la main d'un des nouveaux secrétaires, Albouys ou Prunelle (^^.
La minute du procès-verbal du 3 août (107°) manque.
Ceux des 6 août avant midi et après midi (108*' et log*') sont du se-
crétaire qui a écrit, avec Lanthenas, le procès-verbal du 2 août.
La minute et la copie du procès-verbal du 7 août (1 10^) manquent.
Celui du i3 août (1 1 1®) est de plusieurs mains, toutes inconnues.
La minute de celui du i5 août (112^) manque.
Ceux des 17 et 20 août (11 3^ et ii/i^) sont de la même main que les
procès-verbaux du 6 août.
Les minutes de ceux des 21 et 2/1 août (1 15® et 116^) manquent.
Celui du 27 août (117®) est de la même main que ceux du 6 août, avec
quelques ajoutés d'autres écritures.
Les minutes des procès-verbaux des 29 et 3i août, 3 et 7 septembre
(1 1 8^ à 121^) manquent.
Celui du 9 septembre (122*^) est de plusieurs mains inconnues.
Ceux des 10, 12 et ik septembre (i2 3'' à 126'') sont de la main de
Fourcroy ^^\
Celui du 17 septembre (126^) est de la même main que celui du
3 juillet.
Ceux des 1 9 et 2 1 septembre (1 27^ et 128^) sont de la main de Fourcroy.
Celui du fik septembre (129^) est de la main de Fourcroy, sauf les
trois premiers alinéas, qui sont d'une main inconnue.
La minute du procès-verbal du 26 septembre (i3o®) manque.
Celui du 28 septembre (i3i^) est de la main de Fourcroy.
Celui du i^"" octobre (i32^) est de la main de Fourcroy pour la pre-
mière partie, et de la main de Villar pour le reste '^l
^'^ Albouys et Prunelle sont secré- ^^^ Villar et Lanthenas sont secré-
taires du 1" août au 3 septembre. taires du 1*' octobre jusqu'au i5 du
^^^ Fourcroy et David sont secrétaires premier mois,
du 3 septembre au 1*' octobre.
INTRODUCTION. en
Ceux des 5 et 6 octobre (i33^ et i3/i'') soat de la main de Viliar.
Celui du 16 du premier mois (135") est de la main de Grégoire pour
le début, et d'une main inconnue pour le reste.
Celui du 17 du premier mois (i36") est de la main de iMathieu.
Celui du 19 du premier mois (i37°) est de la main de P.-J. Audouin,
Tun des nouveaux secre'taires (^^.
Les minutes des procès-verbaux des 21, 2 3 et 26 du premier mois
(i38^ à i/io^) manquent.
Celui du 27 du premier mois (i4i®) est de la main de Gay-Vernon,
le second des nouveaux secrétaires, pour les trois premiers et les quatre
derniers alinéas; les dix alinéas du milieu sont d'une main inconnue.
Celui du 29 du premier mois (iÙ2^) est de la main de Gay-Vernon.
La minute du procès-verbal du 1" du second mois (i53") manque.
Celui du 3 du second mois {ihli^) est de la main de Gay-Vernon.
Celui du 5 du second mois (i^5^) est de la main qui a écrit les dix
alinéas du milieu du procès-verbal du 27 du premier mois.
Ceux des 9, 11, i3, i5, 17, 19, 21, 23, 26, 27 et 29 brumaire
(1/16" à i5G") sont de la main de Mathieu ("'^).
Ces renseignements, que nous regrettons de n'avoir pu
donner tout à fait complets, forment, pour notre tome P' et
notre tome II, un supplément dont la place la plus naturelle
nous a paru être à la fin de cette Introduction.
Il nous reste, en terminant, à remercier toutes les personnes
qui nous ont aidé de leur obligeant concours, et à exprimer
toute notre reconnaissance à M. F.-A. Aulard, professeur à
l'université de Paris, qui a bien voulu continuer à suivre notre
publication en qualité de commissaire responsable.
J. Guillaume.
^'^ Audonin et Gay-Vernon sont se- ^""^ Mathieu et Basire sont secrélairos
crclaires (hi 19 du premier mois au du 11 brumaire au 19 frimaire (Basire
11 brumaire. a élé arrêté le 'jy brumaire).
ERRATA ET ADDENDA.
I. Pour le lome P' des Proces-verhanx du Comité d'imlruction publique
de la Convention nationale.
INTRODUCTION.
Pa(je xsviii, lignes i3-i5. — Au lieu de : Ce sont peut-être Portiez et Calès, qui ont fait
imprimer plus tard des «opinions'5 se rallachant effectivement à celle discussion,
lire : L'un d'eux est peut-être Portiez, qui a fait imprimer en juillet 1798 une Opi-
nion se rattachant à cette discussion.
i\ige XXXI, ligne 9. — Supprimer les mots : de Calès.
Même p<ige, lignes i^j-i5. — Au lieu de : Celles de Portiez et de Calès paraissent ê(re
des discours réellement prononcés devant l'assemblée, lire: Celle de Portiez paraît
être un discours réellement prononcé devant l'assemblée.
Même page, lignes 21-29. — Supprimer tout l'alinéa.
Page XXXV, ligne 2. — Au lieu de : Que le Comité me propose, lire : Que le Comité vous
propose.
Page Lix, ligne iG. — Supprimer les mots : de Calès.
Page Lxxii, ligne 3. — Au lieu de : vingt-six, lire : trente-deux.
Même page, ligne 5. — An lieu de : quarante-huit, lire : quarante-deux.
LISTE DES CONVENTIONNELS, ETC.
Page Lxxxi\, article Romme, lignes 11 et i 2 de l'article. — Lire : décrété d'arrestation
le 1" prairial an m, décrété d'accusation le 2 prairial.
I*age xc, article Rilltl, ligne /i de la colonne de gauche. — Intercaler les mots : membre
du Comité d'instruction publique de ventôse à fructidor an 11, ot lire ensuite {W^^ncs h
et 5) : décrété d'arrestation le 1" prairial an m, décrété d'accusation le 8 prairial.
Page xci, article Thuriot de la Rozière, lignes 1 et 2 de la colonne de gauche. — Au lieu
de : en 1829, /tre : ic 20 juin 1829 (d'après Bandot).
PROCÈS-VERBAUX DU COMITE D'INSTRUCTION PUBLIQUE.
Page i3i, note 2. — Supjn-imcr celle note et la remptacer par celle-ci : Le décret dont
parle ici Durand-Maillanc ne lut rendu que le 'i juin 1798 (voir p. 67/1 du présent
volume); l'auteur avance donc un fait inexact en allirmant que ce fut au cours do
l'impression de sa brochure que la Convention déci éla le rond)oursemonl en (|ues-
lion. Il est facile de comprendre pourquoi Durand-Maillane prétend que ce décret
intervint ccdans le cours de l'impression « : c'est ((u'Ilcberl révéla, lors du procès des
Girondins (voir la note ([ui suit), que la brochure avait été payée avec l'argent du
ministre de l'intérieur, et fournit ainsi la preuve (jiuî Durand-Maillane était l'un
des députés subsciilioiuiés par Holand. Durand-Maillane, «pie ci'Hi' révélation met
dans l'embarras, cherche à faire croire que, s'il rcnit de l'argent de Roland, ce fut
m. Il
lUI'niULriI XtTIOMLl.
cxiv ERRATA ET ADDENDA.
en exécution (Tnn décret de la Convention, el qu'il n'y eut là qu'un simple rembour-
sement : il est donc obligé, pour rendre son explication plausible, de falsifier la date
du décret, et de le représenter comme rendu au cours de l'impression de sa bro-
chure, c'est-à-dire eu décembre 1792.
Même page, après la note 2. — Ajouter une troisième note ainsi conçue (en plaçant l'appel
de note à la ligne 1 7 du texte, après le mot impressions) : ^^^ Voici le texte de la dépo-
sition d'Hébert (5 brumaire an 11) : rcll est constant que Roland payait des libelles
et les Opinions des membres du côte droit, et je vais à cet égard citer une anecdote
qui m'est personnelle. Un députe de la Convention nationale vint un jour chez moi
pour faire imprimer une Opinion qu'il avait prononcée; quand celte Opinion fut im-
primée et qu'il fut question de payer, il me dit qu'il attendait, pour le faire, que
Louvet, que tout le monde sait être l'agent de Roland, lui remît des fonds. Ce député
est Durand de Maillane." [Moniteur.) L'explication que Durand-Maillane donne du
fait révélé par Hébert est contiedilo par ses propres paroles. 11 déclare qu'il paya
Hébert avant l'époque où celui-ci fut élu substitut (l'élection d'Hébert est du 92 dé-
cembre 1 792 ), et il ajoute : « Je lui dis , en le payant, que cet argent me serait rendu
par l'Étatn. En parlant ainsi à Hébert, Durand-Maillane ne pouvait pas, comme il le
prétend, lui «donner la nouvelle» d'un décret qui ne fut voté que le à juin 1798 :
il a dû tout simplement lui faire l'aveu — qui ne semblait pas compromettant à cette
époque, où Hébert recevait lui-même du ministre de l'intérieur des offres de sub-
vention (voir Mo)nteur, procès des Girondins, séance du h brumaire) — que les frais
d'impression de sa brochure seraient payés par Roland. La déposition d'Hébert nous
paraît donc confirmée par la tentative même que fait Durand-Maillane pour en dé-
naturer la portée.
Page 263, ligne 9. — Au lieu de : Six opinions, lire : Cinq opinions.
Même page, ligne 11. — Supprimer les mots : de Calés.
Même page, ligne 12. — Au lieu de : les trois premières, lire : les deux premières.
Pages 267-272. — L'opinion de Cales, intitulée: De l'Éducation nationale, doit être reportée
au tome III, p. î3a.
Page 267, noie 1. — Supprimer les g dernières lignes de cette note, et les remplacer par
celles-ci : L'Opinion de Calés est annoncée dans le n° /i65 du Journal des débats et
des décrets, correspondant au 7 nivôse an 11. Cette Opinion fut donc suscitée par la
discussion du décret du 29 frimaire an 11.
Page 3i3, avant la note 1. — Ajouter au bas de la page iine première note {en plaçant
l'appel de note à la ligne â du texte, après les mots : deux cent mille livres) ainsi
conçue : Sur ce tableau et sur l'erreur commise par Barère, voir dans notre tome HI,
p. 175, note 4, un extrait du Compte rendu à la Convention par la Commission sup-
primée des monuments.
Page 363 , note 3. — A la fin de la note, ajouter ces mots : Pour la suite, voir la séance du
26 février (p. 366).
Page 366, note 3. — Supprimer cette note, et la remplacer par celle-ci .-Pour la suite,
voir la séance du 19 mars (p. 393).
Page 671, note 1. — A la fin de la note, ajouter ces mots : Nous avons retrouvé un exem-
plaire imprimé du Tableau de l'enseignement public divisé en quatre degrés, arrêté par
le Comité d'instruction publique le a8 mai l'jgS, et nous l'avons placé dans l'Appen-
dice de notre tome II, p. 89.5.
Page /i72, note, ligne 12 de la colonne de droite. — Supprimer le nom de Calés.
ERRATA ET ADDENDA. cxv
Page U'jU, après la note 2. — Ajouter au las de la page une note 2 *"' {en plaçant l'ap-
pel de note à la ligne i3 du texte, après les mots : déjà imprimées) ainsi conçue :
Cette phrase signifie que les représentants qui avaient fait imprimer leur Opinion
à leurs frais seraient remboursés. Deux d'entre eux se trouvaient dans ce cas, Rude!
(voir p. 292) et Lanthenas (voir p. 877). Quant à Durand-Maillane, dont TOpinion
avait été imprimée chez Hébert en décembre 1792, les frais d'impression de sa bro-
chure avaient été payés par le ministre Roland (voir p. i3i, notes 2 et 3).
Page 557, ligne 3o. — A lajîn de la ligne, ajouter le mot : ne.
II. Pour le tome II des Procès-verbaux du Comité d'imtruclion publique
de la Convention nationale.
INTRODUCTION.
Page XIV, ligne 22. — Au lieu de : Le 16* jour du premier mois de Tan deuxième (7 oc-
tobre), lire : Le 19' jour du premier mois de Tan deuxième (10 octobre).
Page XLi , lignes 8-9. — Au lieu de : Dès le i*' octobre, une dépulation des sociétés po-
pulaires vint demander la prompte mise en jugement de Brissot et de ses complices,
lire : Dès le lendemain 26 septembre, siu' la motion d'un député dont le Moniteur
ne dit pas le nom, la Convention ordonna que «l'acte d'accusation contre Brissot et
ses complices fût présenté le lendemain à midi 75 (ce qui n'eut pas lieu, le Comité de
sûreté générale ne s'étant pas trouvé en mesure); le 1" octobre, une députation
de la Société des Jacobins vint réclamer la prompte mise en jugement de Brissot et de
ses complices.
>
Page XLVii, ligne la. — Au lieu de : la proportion, lire : la proposition; et au lieu de :
appuyé , lire : appuyée.
Page Lviii, ligne 8. — Api^ès : Talleyrand, placer un appel de note; et au bas de la page
ajouter la note suivante : C'était Talleyrand lui-même qui avait sollicité de Lavoisier
des critiques en vue d'une réimpression de son rapport, réimpression ordonnée par
l'Assemblée législative. La lettre de Talleyrand à Lavoisier a été publiée par M. Ed.
Grimaux dans son volume Lavoisier, p. 2/17.
Page Lxix, ligne 5. — Au lieu de : le lendemain, lire : le surlendemain.
Page Lxx, lignes 18-22. — Supprimer depuis leè mots : Lorsque, par application. . . jus-
qu'aux mots : pour les faire lever, et remplacer les mots supprimés par ceux-ci : En
exécution du décret du 5 juin 1793, qui avait ordonné d'apposer les scellés «sur les
caisses et papiers de tous les ci-devant fermiers généraux??, les scellés avaient été mis,
à une date que nous n'avons pu préciser (peut-être dès le mois de juin), sur la porte
du laboratoire de Lavoisier et sur celle de son cabinet ; grâce à l'inlorvontion du
Comité d'instruction publique, ces scellés sont levés le 11 septembre (tandis (pi'ils
restaient apposés chez les autres fermiers généraux), et le secrétaire greflier. . . etc.
Page Lxxiii, ligne 11. — Ati lieu de : 29 frimaire, lire : 28 frimaire.
Page Lxxvi , note. — Au lieu de : p. lxxxviii , lire : p. lxxxix.
Page Lxxxi, ligne 21. — Au lieu de : et la nuisi(juo do la garde nationale l'avait apprise,
lire : et les musiciens de la garde nationale ravaionl apprise.
Page Lxxxvi, ligne 16. — Au lien de : M. Fressinet, lire : M. Fraissinel.
cxvi ERRATA ET ADDENDA.
ERRATA ET ADDENDA.
Page Lxxxix, ligne 2. — Au lieu de : Page xli, lire : Page lxi.
Page xo, lignes i3 et 16. — Supprimer ces deux lignes.
Même page, les deux dornièi'cs lignes. — Ces deux lignes doivent être supprimées et rem-
placées par celles-ci: Page /» 79 , dernière ligne du lexle avant la fin, et p. 680,
ligne 3. — Au lieu de : marquis do la Billardière, lire : marquis de la Billarderie.
LISTE DES CONVENTIONNELS, ETC.
Page xci, article Albitte, ligne 5 de l'article. — Ajouter les mots : décre'té d'arrestation le
1"^ prairial an m.
Page xcii, article Boucher, ligne 7 de l'article. — Ajouter les mots: membre du Comité
d'instruction publique de ventôse à fructidor an 11.
Page xcv, article Duhem, i" ligne de la colonne de gauche, — Ajouter les mots : Adjoint
au Comité d'instruction publique le 1 1 brumaire an 11.
Même page , article Du Roy, lignes 8 et 9 de l'article. — Remplacer ces lignes par celles-ci :
Décrété d'arrestation le 1" prairial an m, décrété d'accusation le 3 prairial, se frappa
d'un couteau après sa condamnation à mort le 99 prairial, et, comme il respirait en-
core, fut guillotiné le même jour.
Pa'gexcviii, article Jullien{de Paris), ligne 8 de l'article. — Au lieu de .-emprisonné après
le 9 thermidor, lire : emprisonné le 28 thermidor an ir.
Page CI, article Prieur {de la Marne), dernière ligne de la colonne de droite, et p. en,
première ligne de la colonne de gauche. — Remplacer les mots : Décrété d'accusation
le 1" prairial an m, par ceux-ci : Décrété d'arrestation le 1" prairial an m, décrété
d'accusation le 2 prairial, s'évada dans la nuit du 1 0 prairial.
Page cm, article Valdruche, les deux dernières lignes de l'article, — Supprime*^ les mots :
La date et le lieu de sa mort sont inconnus , et les remplacer par ceux-ci : Banni
en 1816, mort en exil à Liège, le 11 avril 1829 (d'après Baudot).
PROCÈS-VERBAUX DU COMITE D'INSTRUCTION PUBLIQUE.
Page 2 II, note 1, ligne 6 de la note. — Au lieu de : Ricard, lire : Ricord.
Page 27/1, ligne 20, et note 6, 1'* ligne. — Au lieu de : Jay de Sainte-Foix, lire : Jay de
Sainte-Foy.
Page 295, note 2. — Ajouter à cette note les lignes suivantes : Brutus Dudevant, membre
du directoire du district de Nérac, par pétition en date du 5 nivôse an 11, a demandé
une place de garde des antiques ou de directeur dans le Musée national. (Archives
nationales, F", carton ioo8\ n° 1570.)
P. 357, avant la note 1. — Ajouter au bas de la page une première note {en plaçant l'appel
de note à la ligne a3 du texte, après les mots : ne se serait montré pour rien au
monde) ainsi conçue : Yicq d'Azyr «se montrai au contraire, et se donna beaucoup
de mouvement. Il écrivit le 19 août au président de la Convention, au nom de la
Société d'histoire naturelle, en lui envoyant un mémoire (voir ci-après, p. 572). Il
écrivit de nouveau le 2 3 août au président de la Convention, au nom de la Société
de médecine, puis le i'" septembre à Romme, et rédigea plusieurs mémoires (voir ci-
dessus, p. 32 5, n"' 12 à 17). Nommé membre de la Commission des arts, il en fut
la cheville ouvrière pendant toule la Terreur (voir notre tome III).
ERRATA ET ADDENDA. cxvii
Patfe 2'dU, note 3. — A la fin do la note, ajouter ces mots : On trouve aux Archives na-
tionales, F", carton 1227, la minute de deux lettres du ministre de Tinlérieur à
Chamfort et à Ameilhon, relatives à la formation de la bibliothèque du Muséum
d'histoire naturelle, avec les réponses de l'un et de l'autre en date des 2 3 et aA août
1793.
Pape 337, note 3 , b'gne 3 de la colonne de droite. — Au lieu de : monétaire, lire : nu-
méraire.
Page 352 , note 1, première ligne. — Au lieu de : Nous n'avons pas trouvé le mémoire de
Gombaud-Lachèze, lire : Le mémoire de Gombaud-Lachèze est aux Archives nationales
(Dxxxviii, carton m, h^), avec une lettre du ministre Paré, du 3 septembre 1793.
Page 365, note 2. — Supprimer la dernière phrase de la note, depuis : Il sera de nouveau
question de Pérard.
Pape 37/1 , note 2. — Supprimer lajîn de la note, depuis : Nous avons recherché ce décret,
et remplacer le passage supprimé par celui-ci :
C'est une erreur. 11 n'y a pas eu de décret spécial, et postérieur à celui du 5 juin
1793, qui ait ordonne l'apposition des scellés sur les crpapiers particuliers» des fer-
miers généraux et autres financiers. La disposition dont il s'agit se trouve dans l'ar-
ticle 1" du décret du 5 juin, ainsi conçu : «Les scellés seront à l'instant apposés, à
la requête et diligence des procureurs syndics de tous les départements de la Répu-
blique, sur les caisses et les papiers de tous les ci-devant fermiers généraux, receveurs
généraux et particuliers des finances, receveurs ou régisseurs des domaines. . . elc.n.
Mais nous ignorons à quelle date eut lieu l'exécution de ce décret en ce qui concerne
Lavoisier : si ce fut dès le mois de juin, ou seulement en septembre. Si la lettre de
Lavoisier au Comité d'instruction publique s'était retrouvée, elle nous aurait sans
doute renseignés sur ce point.
Pourquoi, si les scellés avaient été apposés chez lui (sur la porte de son laboratoire
et de son cabinet) dès le mois de juin, Lavoisier a-t-il attendu au 9 septembre pour
saisir de la question le Comité d'instruction publique? La réponse serait fort simple :
Lavoisier, étant un ancien fermier général, n'avait aucune raison légale à invo([uer
pour empêcher que le décret du 5 juin lui fut appliqué. Aussi dut-il se soumettre
sans réclamer. Mais, trois mois après le vote de ce décret, une Commission tempo-
raire allait, sur l'initiative de Lavoisier lui-même, être constituée pour achever le tra-
vail des poids et mesures; le Comité d'instruction publique avait lommencé, le 7 sep-
tembre, la discussion du projet de décret y relatif: or cette Commission allait avoir
besoin des instruments et des manuscrits qui se trouvaient sous les scellés chez Lavoi-
sier; ce dernier, tout naturellement, dut prévenir le Comité que , pour pouvoir mettre
à la disposition de la future Commission les objets destinés au travail des poids et
mesures déposés chez lui, il serait nécessaire d'aller les prendre sous les scellés placés
à la porte de son laboratoire et à celle de son cabinet.
L'arrêté qui fut rendu le soir même par le Comité do sûreté générale à la requoit*
du Comité d'instruction publique ne parle eu efl'ct que de cette opération; mais •
détail important, et ([ue l'équité commande de faire remarquer — Romnie et Foui-
croy prirent sur eux d'aller plus loin : ils firent examiner par les commissaires civils do
la section des Piques, qui les accompagnaient, tous les papiers contenus dans le ca-
binet sur la porte duquel les scellés avaient été mis; et, leur ayant fait constatei' (pio
ces papiers n'oflVaient rien de suspect, ils obtinrent que les scellés fussent définilive-
mont levés cIk^z Lavoisier dès le 1 1 septembre. Celui-ci fut donc l'objcl d'iui traite-
ment excoptioimel et d'une faveur spéciale, grâce au Comité d'instruction pul>li((uo;
car, chez les autres fermiers généraux, les scellés restèrent apposés jusqu'au moujout
cxviii ERRATA ET ADDENDA.
où le décret du 2/1 septembre 1798 ordonna qu'ils seraient levés par mesure géné-
rale.
Page 875, note 2. — Supprimer les cinq dernières lignes de la note, et les remplacer par
celles-ci : Ce projet de décret est l'origine du décret du 28 germinal an 11 (voir notre
tome IV).
Page 878, ligne 35. — Au lieu de : Rozay, lire : Rozoy.
Page A53, noie a. — A la fin de la note, ajouter ce qui suit : Une copie de celte lettre,
qui est datée du 21 septembre 1798, se trouve aux Archives nationales (Dxxxviii,
carton m, A 2).
Page 527, lifTnos 3 h et 85. — Suppnmer ces deux lignes, et les remplacer par ce qui suit :
Le globe de Mentello, à double enveloppe, dont l'une en relief, est depuis 1877 la
propriété de la Bibliothèque nationale, qui en a fait l'acquisition, pour le prix de
5oo francs, de M. Sanis, géographe : il est déposé dans la salle des globes, oii se
trouvent également les deux globes colossaux de Coronelli. Malheureusement les
globes de Coronelli, celui de Mentelle, et plusieurs autres, sont aujourd'hui invisibles :
on les a enfermés dans une carapace en planches, et cet état de choses menace, faute
des fonds nécessaires pour procéder à un aménagement nouveau, de se prolonger
indélinimenl.
Page C08, noie 1, ligne 7 de la note. — Au lieu de : Cournaud, lire : Cournand.
Page 623, note 1, ligne li. — Supprimer la fin de la note, depuis les mots : Elle devait
avoir pour objet, et la remplacer par ce qui suit : Elle avait pour but d'obtenir des fonds
pour l'école de Liancourt, ou Ecole des enfants de l'armée. A la suite du vote du dé-
cret du 9 septembre 1798 supprimant les écoles mihtaires, la paye des élèves de Lian-
court avait été suspendue. Grégoire a été remplacé comme rapporteur par Prunelle
le 37 du premier mois.
Page 63 à, note a. — Supprimer la première phrase de la note, jusqu'aux mots : voir
p. 880, et la remplacer par celle-ci : La pétition du collège de Liancourt est celle
qu'avait présentée Morieux et dont le rapport avait d'abord été confié à Grégoire
(p. 62a).
Page 65o, note 8, ligne 8 de la colonne de gauche. — A la fin de l'alinéa, ajouter ce qui
suit : On trouvera dans notre tome III, aux annexes de la séance du i5 pluviôse
an II, des extraits des Observations de quelques patriotes sur la nécessité de conserver
les monuments de la littérature et des arts, brochure imprimée sous la signature d'An-
toine-Augustin Renouard, de Chardin, et de Charlemagne fils, et le texte d'une lettre
imprimée adressée par Renouard au Comité d'instruction publique à la date du 2
du 2" mois.
Page 666, note 1. — A la fin de la note , ajouter ce qui suit : Cette édition est probable-
ment celle qui fut faite aux frais de Renouard , et dont il se hâta d'envoyer par la
posle des exemplaires dans les départements. Voir notre tome III, p. 601, note i.
Page 667, note 1, ligne 8 de la colonne de droite. — Au lieu de : 29 brumaire, lire :
28 brumaire. Supprime^' ensuite les mots placés entre parenthèses , jusqu'au point.
Page 737, note A. — A la fin de la note, ajouter ce qui suit : On a enregistré au Comité
sous le n° 1 972 un autre envoi de Robert Robin, une nouvelle montre décimale à ré-
pétition. Cet envoi a été transmis à la Commission des poids et mesures. (Archives
nationales, F^', carton 1009^)
Page 728, lignes 1 et 6. — Au lieu de : Peterson, lire : Pettersson.
ERRATA ET ADDENDA. cxix
Même page, note i. — A la a' ligne de la note, au lieu de : Peterson, lire : Peltersson.
Après ce mot, supprimer la fin de la note , et la remplacer par ce qui suit : Son ma-
nuscrit est aux Archives nationales (F^', carton 1008, n" i3oi). H est intitulé :
Prénotions de l'instruction publique, qui peuvent servira' un livre élémentaire dans Védu-
cation des enfants, soumises à l'approbation de la Convention nationale, par Nicolas
Petlersson, Suédois.
Page 7^9, note 5. — A la fin de la note, ajouter ce qui suit : La réclamation du commis
Oudry, sans date et. sans numéro d'enregistrement, se trouve aux Archives nationales
(F^', carton i326).
Pape 7^6, note 3. — A lafin de la note, supprimer les mots : La pièce manque, et les
remplacer par ceux-ci : La pièce se trouve dans F'', carton i3a6; elle est datée du
3o juillet 1793.
Page 7^7, note 3, ligne 11. — A la fin de la ligne, ajouter ce qui suit : Les pièces se
trouvent sous la cote Dxxxvni, carton m, 35, n" 1011.
Page 750, note h. — Remplacer les deux premières lignes de la note par celles-ci: La lettre
du district de Gompiègne, datée du 27 du premier mois, se trouve aux Archives na-
tionales, F^^ carton 1226, n" 985.
Page 771, note 2 , lignes 2 et 3. — Au lieu de : Dans la séance du 17 pluviôse an 11, lire :
Dans les séances des i3 nivôse et 17 pluviôse an 11.
Pagf 791, note 3. — A la fin de la note, ajouter ce qui suit : Le passage de la lettre de
Lakanal omis au Bulletin du i3 frimaire a été imprimé un mois plus tard, dans le
Bulletin du 19 nivôse an Ji. On en trouve le texte dans notre tome III, Appendice,
p. 62/1. L'original de cette lettre, qui porte la date du 5 frimaire, a été retrouvé par
M. Aulard au Minislère de la guerre (voir Recueil des actes du Comité de salut
public, etc., t. VIII, p. 703 ).
Page 792, note 2. — A lafin de la note, ajouter ce qui suit : Sur Campnias et la ma-
chine de Marly, voir, dans le Moniteur du 3 prairial an 11 , le compte-rendu de la
séance de la Convention du 3o floréal an 11.
Page 800, note 3. — Supprimer cette noie et la remplacer par celle-ci : L'orateur de la
députation est Sarrette, commandant de la musique de la garde nationale parisienne.
Même page, note /i , première ligne. — • Au lieu de : Vers la fin de 179^^, lire : P.ir un
arrêté du Conseil général de la commune de Paris en date du 9 juin 1792.
Môme page, note h. — A lafin de la note, ajouter ce qui suit : On trouve aux Archives
nationales, F^^ carton 1007, n° 1275, Toiiginal de la pétition du t8 brumaire, si-
gné Sarrette et Gossec, avec la délibération du Conseil général do la commtnie à
l'appui, du 1/1 brumaire. Ces pièces sont imprimées dans notre tome III, Appendice,
p. 627.
Page 801, note 1. — Rédiger cette note ainsi : C'est encore Sarrette, comme le fiiit voit' lo
compto-rendu du Journal des débats et des décrets, qui va suivre.
Page 826, fin de la note 7 de la p. 820. — A lafin de la note, ajouter ce qui suit : On
trouve aux Archives nationales (F*', carton 1320, n" io53) une lettre do la Société
républicaine des arts, du 1 A brumaire an 11, (|iii envoie la liste de ses men)bres, en
réponse à une lettre du Comité d'instruction publique en date du 10 biumaire.
Page 829, après la note 1. — Ajouter une noie 1'''' (en plaçant l'appel de note à la ligne ù't
du texte, colonne de gauche, à côté du nom de Cietti) ainsi conçue : Le Moniteur écrit
ce nom Scietty. Dans la liste, donnée par lui, dos membres du Conseil géuéral de la
cxx ERRATA ET ADDENDA.
communo guillolinés le i «î thermidor, on lit : trP. Scietly, Agé de quarante-deux ans,
i)é on Lonibardie, pointro, rue do Monlreuilw. {Moniteur du 8 fructidor an ii.)
Page 85o, ligne 5. — Au commencement de la ligne, le chiffre 5 doit être remplacé par le
chiffre h.
Même page, ligue lo. — Après cette ligne iiUercaler l'alinéa suivant, qui a été omis :
On leur fait connaître les traits de vertu qui lionorent les hommes libres de tous
les temps, de tous lieux, et particulièrement ceux qui honorent la régénération fran-
çaise.
Page 866, avant la note i. — Ajouter au bas delà page mie première note (en plaçant l'ap-
pel de note à la fia du premier alinéa di texte) ainsi conçue : Le citoyen Dumoutier,
qui présente la pétition de Villers-Coltorels, n'est autre que le littérateur Demous-
tier, l'auteur des Lettres à Emilie sur la mjjthologie. M. Edmond Dreyfus -Brisac a
publié, dans la Revue internationale de Te iseignement du i5 avril 189^1, deux lettres
adressées ,de Paris par Demoustier au Conseil général de la commune de Villers-Cot-
terets, en date des 28 cl 3o brumaire an 11; il y raconte comment il a conféré avec
Romme, t^citoyen aussi modeste qu'il est instruit?) , et comment il a été ensuite admis
à la séance du Comité d'instruction publique.
Page 907, hgne 12. — Au lieu de : in-/i°, /ire ; in-8°.
TABLE DES MATIERES.
Page 929, ligne 7 d'en bas. — Au bout de la ligne, au lieu de : 621, lire : 5ao.
III. Pour le présent volume.
Page 826, note 3, lignes 6-7. — Au lien de : Le Moniteur n'en parle pas non plus, lire:
Mais le Moniteur du 22 pluviôse an 11 nous apprend que la lecture en fut faite à la Conven-
tion par Léonard Bourdon dans la séance du 20 pluviôse.
Page hhS, note 1, ligne 7. — Au lien de : Nous ne ne savons pour quel motif, lire :
Pour faire fondre le cercueil en plomb dans lequel ils étaient contenus.
Page 466, ligne 19, et p. 48/i, note 2, lignes S-h. — Au lieu de : Lonqiieue, lire :
Lonqueùe.
LISTE ALPHABÉTIQUE
DES
CONVENTIONNELS, MINISTRES, GÉNÉRAUX, PUBLICISTES
MENTIONNÉS POUR Li PREMII:RE FOIS
DANS LE PRÉSENT VOLUxME ^'\
AcGDis (Pierre- Jean -Baptiste), né à
Mc'lle (Deux-Sèvres) en 17/^» 3 (d'après le
Dictionnaire des Parlementaires), capitaine
(le dragons, démissionnaire en 1789, pré-
sident du tribunal de district de Melle, dé-
puté des Deux-Sèvres à la Législative et à
la Convention, vota contre l'appel au peuple
cl contre la mort du roi, membre du Co-
mité de salut public après le 9 thermidor,
mort à Melle le 17 février 1810.
AvniL, membre du Conseil général de
la commune de Paris au 10 août 1792,
adminisfraleur des travaux publics. Devenu
plus taid administrateur des hospices, il fut
destitué en germinal an vu {Moniteur).
Barbeau du Barran. Voir Dubarran.
Barras ( Paul - François - Jean - Nicolas ,
vicomte de), né à Fox-Amphoux (Var) le
20 juin 1755, ofiicier aux Indes, puis dé-
missionnaire, administrateur du départe-
ment du Var, membre du haut-jury d'Or-
léans, député suppléant du Var à la
Convention, appelé à siéger dès Touvcrture
de rassend)lée en remplacement de Did)ois
(le Crancé (pii avait opté pour los Ardennos,
vola contre raj)pel au peuple et pour la
mort du roi; chef de la force armée le
9 thermidor an 11, membre du Comité de
sûreté générale, chef de la force armée le
i3 vendémiaire an m, non compris dans
la loi de 1816 contre les régicides, moi t
à Chaillot (Seine) le 29 janvier 1829.
Baudot (Marc-Antoine), né à Digoin
(Saône-et-Loire) en 1760, médecin àCha-
rolles, député suppléant de Saône-el-Loire
à la Législative, appelé à siéger en rem-
placement de Desplaces le 1 o juillet 1 79-.? ,
député de Saône-et-Loire à la Convention,
vota contre l'appel au peuple et peur la
mort du roi, décrété d'arrestation le
* 28 prairial an m, parvint à s'échapper,
amnistié le h brumaire an iv, banni en
181G comme régicide, mort à Moulins le
a3 mars 1887.
BoDiN (Pierre-Joseph- François), né le
2 mars 17A8, chirurgien à Limeray
(Indre-et-Loire), député d'Indi'e-et-Loiro
à la Convention, vota contre Tappel au
peuple et contre la mort du roi, mort à
Blois en 1809.
BouRGAiN (Denis-Guillaume), né à Pa-
ris le 9 A janvier 1701, artiste, députe
suppléant de Paris à la ConvtMitiou, admis
à siéger le 27 brumaire an 11 en reuiplace-
'"' Pour les noms qui no so trou\ciit pas sur C(Hlc lislo, consulter los listes déjà publiéos dans
notre torao 1", pafjes lxxvu-xci, et dans notre tonio II, paijos xc.i-cmi.
C.VXII
LISTE ALPHABÉTIQUE DES CONVENTIONNELS, ETC.
ment de Louis-Philippe Égalité, mort à
Paris le 19 oclobre 1810.
Clavièhe (Klionne), né à Genève le
37 janvier 1735, quitta en 1781? sa ville
natale, où il avait été un des cliels du parti
dos «représenlantsn , pour s'établir à Paris,
financier distingué, ministre des contribu-
tions publiques en mars 179a dans le cabinet
girondin, destitué le i3 juin avec Roland
et Servan, redevenu ministre le 10 août,
décrété d'arrestation le 2 juin 1798, dé-
crété d'accusation le 9 juin, se tua dans sa
prison le 18 frimaire an 11 en apprenant
qu'il allait être traduit au tribunal révolu-
tionnaire.
Courtois (Edme-Bonaventure), né à
Troyes le 10 juillet 170/1, receveur du
district d"Arcis-sur-Aube, député de i'Aube
à la Législative et à la Convention, vola
contre l'appel au peuple et pour la mort du
roi, chargé après le 9 thermidor du rap-
port sur les papiers de Robespierre,
membre du Comité de sûreté générale
après le 9 thermidor, banni en 1816,
mort en exil à Bruxelles le 6 décembre
1816.
CuBiÈREs (Michel, abbé, puis chevalier
de), dit Dorât- Cubièr es , né à Roquemaure
le 27 septembre 1762, destiné d'abord à
la carrière ecclésiastique, exclu du sémi-
naire de Saint-Sulpice, se consacra aux
lettres et au théâtre; devint Tarai et le dis-
ciple du poète Dorai ; se rangea parmi les
partisans de la Révolution, joignit alors
à son nom celui de Dorât, devint au
10 aoûl 1793 grefTier adjoint de la com-
mune de Paris; à la suite du décret du
a 8 germinal an 11 ordonnant aux ci-devant
nobles de s'éloigner de Paris, doima sa
démission le 29 germinal (il n'était pas
réellement noble, mais avait porté, sans y
avoir droit, le titre de chevalier), et se re-
tira à Avon près Fontainebleau; mort à
Paris le 2 3 août 1820.
Defrance (Jean-Claude), né à Vassy
(Haute-Marne) le 7 novembre 17 A a, mé-
decin à Rozoy-en-Brie , député de Seine-et-
Marne à la Convention, s'abstint de voter
sur l'appel au peuple et vota contre la mort
du roi; mort à Nantes le 6 janvier 1807.
Delagueulle de (iOiNCEs (René-Louis),
né le i5 avril 1786 (d'après le Diction-
naire des Parlementaires , qui ne donne pas
d'indication de lieu), procureur du roi à
Orléans, président du tribunal de district
de cette ville , député du Loiret à la Con-
vention, vota contre l'appel au peuple et
pour la mort du roi; la date et le lieu de sa
mort sont inconnus.
Delaunay dit d'Angers, l'aîné (Joseph),
né à Angers le 2/1 décembre 1762, avo-
cat, commissaire du roi près le tribunal de
district d'Angers, député de Maine-et-
Loire à la Législative et à la Convention,
vota contre l'appel au peuple et pour la
mort du roi, décrété d'arrestation le
28 brumaire an 11 pour l'affaire de la falsi-
fication d'un décret relatif à la Compagnie
des Indes, décrété d'accusation le 26 ven-
tôse an II, guillotiné le 16 germinal an 11.
De Sacy (Claude -Louis -Michel), né à
Fécamp en 1766, se fixa à la Gardelle
(Haute -Garonne), commandant d'un ba-
taillon de la garde nationale du district de
Muret, député de la Haute-Garonne à la
Convention, vota contre l'appel au peuple
et pour la mort du roi, mort en vendé-
miaire an III.
Desmarres d'Estimauville de Beaumon-
CBEL (Jean-Baptiste), né à Pont-1'Evêque
(Calvados) le 8 mai 1760, servit aux Indes
de J778 à 1783, retourna aux Indes en
1785, y devint major aux cipayes, puis
rentra définitivement en France et se fixa
à Palaiseau en 1790. En septembre 1792,
fut nommé adjoint aux adjudants généraux
du camp de Meaux; le 26 juin 1798, ad-
judant général à l'armée des côtes de Brest,
chargé du commandement de Bressuire;
mis en arrestation en nivôse an 11 comme
prévenu d'intelligences avec l'ennemi, con-
damné à mort par la Commission militaire
d'Angers le 1 1 pluviôse, guillotiné le len-
demain. (Renseignements extraits de La
Vendée patriote de M. Ch.-L. Chassin , t. II ,
p. 552 , note 3, et t. III , p. 37G, note 2.)
LISTE ALPHABÉTIQUE DES CONVENTIONNELS, ETC. cxxiii
DORAT-CUBIÈRES. Voir CUBIÈRES.
DoRiG.NY (L.-F.), membre du Conseil
général de la commune de Paris au
10 août 1792, mis hors la loi le 9 ther-
midor et guillotiné le 1 1 thermidor an 11.
DuBARRAN (Joseph -Nicolas Barbeau-),
né à Magnan (Gers) le 3 juillet 1761,
procureur général syndic du département
du Gers, député du Gers à la Convention,
vota contre l'appel au peuple et pour la
mort du roi, membre du Comité de sûreté
pénérale, décrété d'arrestation le 9 prai-
rial an III, amnistié le h brumaire an iv,
banni en 1816, mort en Suisse le 16 mai
1816.
Décos (Pierre-Roger), né à Montfort
(Landes) le 25 juillet 17^7, avocat à Dax,
procureur syndic de Dax, puis président
du tribunal criminel du département des
Landes, député des Landes à la Conven-
tion, vota contre l'appel au peuple et pour
la mort du roi , membre du Comité des
secours publics, banni en 1816, mort
d'une chute de voiture dans les environs
d'Ulm (Wurtemberg) le 16 mars 1816.
DuFAY (Louis-Pierre), né à Paris en
1753, greffier au tribunal du Cap (Saint-
Domingue), député de Saint-Domingue à
la Convention, admis à siéger ie i5 plu-
viôse an II, mort à une date inconnue.
DuMEZ (P.), ingénieur, membre du Con-
seil général de la commune de Paris au
10 août 179'î, administrateur des subsis-
tances, auteur de VAllan national, mis
hors la loi le 9 thermidor et guillotiné le
10 thermidor an 11.
Ddnouy (Jean -Honoré), membre du
Conseil général de la commune de Paris
au 10 août 1799, membre de la Commis-
sion des arts en septembre 1793, expulsé
du Conseil général le i3 frimaire an n
ffpour avoir tenu des propos insultants
contre le peuples.
DrpiN le jeune (André), dit aussi Dtipin
de lieaumont y né à l*aiis le 7 mars i7''i'i,
contrôleur général surnuméraire des fermes,
député do l'Aisne à la Convention, vota
contre l'appel au peuple et contre la mort
du roi, membre de la Commission des
trois compagnies de finance (27 septembre
1793), décrété d'arrestation le 9.2 thermi-
dor an m , amnistié le ^ brumaire an iv,
banni en 1816, mort à Marcinello près
Fleurus (Belgique) le 18 novembre i833.
E.NLART (Nicolas-François-Marie), né à
Montreuil-sur-Mer le 20 mars 1760, avo-
cat, administrateur du déparlement du
Pas-de-Calais, puis président du district
de Montreuil, député du Pas-de-Calais à
la Convention, vota contre l'appel au peuple
et contre la mort du roi, mort à Montreuil-
sur-Mer le 25 juillet i842.
EoDEs (J.-P.), membre du Conseil gé-
néral de la commune de Paris au 10 août
1792, mis hors la loi le 9 thermidor et
guillotiné le 1 1 thermidor an 11.
Férald (Jean), né à Arreau (Hautes-
Pyrénées) le 21 mai 176/j, député des
Hautes -Pyrénées à la Convention, vota
contre l'appel au peuple et pour la mort
du roi, tué dans la journée du i*"" prairial
an III.
FiQUET (Jean-Jacques), né à Soissons
le 2 février 17^7, procuréur-syndic du
district de Soissons, député de l'Aisne à
la Législative et à la Convention, vota contre
l'appel an peuple et ponr la mort du roi,
membre du Comité des inspecteurs de la
salle, non compris dans la loi de 1816
contre les régicides, mort le 2^ mai i8a/j.
FouQuiER DE TiNviLLE ( Antoine-Queutiu),
né à Hérouel (Aisne) en 17^7, procureur
au Cliàtelet avant la Révolution, substitut
de l'accusateur public près le tribunal cri-
minel extraordinaire (i3 mars 1793),
puis accusateur public en litie, renvo\é
devant le tribunal révolutionnaire par dé-
cret du i/j thermidor an 11, condamne à
mort le 17 floival an m et guillotiné le len-
demain.
Gadot, membre du Conseil général de
la connnune de Paris au 10 août 1792.
Pas de renseignements.
CXXIV
LISTE ALPH ABKT1(}UE DES CONVENTIONNELS, ETC.
J.vc (Jacques), lié à Qiiissac (Gard) le
28 jiiillel 17 AT), avocat, élu député du
Tiers aux Klals-'jénéraux pai" la sénécliaus-
sée de Aloulpellioi", député du Gard à la
Convention, vola pour Tappel au peuple
cl pour la mort du roi, membre de la
Commission des Irois compagnies de fi-
nance (a 7 septembre 1793 ), mort en 1 81 G.
Lacoste (Klie), né à Monlignac (l)or-
dognc) à uue date inconnue, médecin,
administrateur ilu département de la Dor-
do<jue , député de la Dordogne à la Légis-
lative et à la Convention, vota contre l'ap-
pel ou peuple et pour la mort du roi,
membre du Comité de sûreté générale,
décrété d'arrestation le i3 prairial an m,
amnistié le li brumaire an iv, mort à Mon-
lignac en i8o3.
LAMARLiiÎRE (Antoine-Nicolas, comte de ),
né à Crépy, près Meaux, en 17^6, avant
la Révolution lieutenant du roi et com-
mandant de la ville et citadelle de Mont-
pellier, maréchal de camp en 1791, au
printemps de 1792 lieutenant général
commandant en chef Tarmée du Rhin;
ensuite connnandant une division dans far-
mée de Belgique sous Dumouriez, puis,
en 1793, chaigé d'un commandement à
l'armée du ^^()rd, traduit au tribunal révo-
lutionnaire par décret du 3i juillet 1798
comme prévenu de complot, condamné à
mort et guillotiné le G frimaire an 11.
Lecleuc, membre du Conseil général de
la commune de Paris au 10 août 1792,
membre du Comité de surveillance de la
commune. Pas de renseignements.
Legraxd (P. -J.), membre du Conseil
général de la commune do Paris au 10 août
1792, président de ce Conseil, mis hors la
loi le 9 thermidor et guillotiné le 1 1 ther-
midor an II.
LoNQUEi^E (Louis), né le 9 G janvier 1718
(d'après l'acte de baptême publié par M. Kus-
cinski), professeur au collège de Chartres,
député suppléant d'Lure-et-Loir à la Con-
vention, admis à siéger le 1 /i juillet 1793
en remplacement de Pétion, mort à Paris
le 18 frimaire an m.
LousTALLOT (Elysée), né en décembre
17G1 à Saint - Jean -d'Angély, avocat à
Bordeaux, vint à Paris au commencement
de 1789, et rédigea les Révolutions de Pa-
ris, de l'imprimeur Prudhomme, du
1 ''1 juillet 1789 au commencement de sep-
tembre 1790, mort à Paris le 19 sep-
tembre 1790.
LuniN (J.), membre du (Conseil général
de la commune de Paris au 10 août 1 792,
vice-président de ce Conseil, puis substitut
de l'agent national , mis hors la loi le 9 ther-
midor et guillotiné le 1 1 thermidor an 11.
]Maignet (Etienne- Christophe), né à
Ambert (Puy-de-Dôme) le 9 juillet 1768,
avocat, administrateur du département du
Puy-de-Dôme, député du Puy-de-Dôme à
la Législative et à la Convention, \oiA contre
l'appel au peuple et pour la mort du roi,
membre du Comité des secours, décrété
d'arrestation le 16 germinal an m, amnis-
tié le /i brumaire an iv, banni en 181G,
mort à Ambert le 38 octobre i83/j.
Mailly-Chateal'renaud (Antoine, mar-
quis de), né à VesouHe 95 novembre 17^2,
secrétaire de Voltaire à Ferney, puis avocat
à la cour des comptes de Dole, élu député
suppléant de la noblesse aux Etats-géné-
raux par le bailliage d'Aval, appelé à siéger
le 20 juin 1790 en remplacement de Le-
zay-Marnésia , président de l'administration
de la Haute-Saône, administrateur de
Saône-et-Loire, député de Saône-et-Loire à
la Convention , vota contre l'appel au peuple
et pour la mort du roi, membre du Co-
mité de division , non compris dans la loi de
181G contre les régicides, mort à Fran-
chevelle (Haute-Saône) le 12 juin 1819.
Merlin dll de Douai (Philippe- Antoine),
né à Arleux (Nord) le 3o octobre 175/1,
avocat, élu député du Tiers aux États-gé-
néraux par le bailliage de Douai, prési-
dent du tribunal criminel du Nord, dé-
puté du Nord à la Convention, vola contre
l'appel au peuple et pour la mort du roi,
membre du Comité de législation, puis du
Comité de salut public après le 9 thermi-
dor, banni en 181 5, mort à Paris le 21 dé-
cembre i838.
LISTE ALPHABETIQUE DES CONVENTIONNELS, ETC.
cxxv
MEnuNO (Jean -Marie -François), né à
Lyon le 1 1 décembre 1787, homme de ioi
à Trévoux, juge au tribunal de district de
Trévoux, député de TAin à la Convention,
vola contre l'appol au peuple et pour la
mort du roi, membre du Comité des se-
cours, mort à Lyon le 10 décembre i8o5.
MoNNEL (Simon- Edme), né à Bricon
(Haute-Marne) le 27 octobre 17^7, curé
de Valdelancourt en Champagne, élu dé-
puté du clergé aux Etals-généraux par le
bailliage de Chaumont-en-Bassigny, député
de la Haute-Marne à la Convention , vola
contre l'appel au peuple et pour la mort du
roi, banni en 1816, mort en exil à Con-
stance (grand-duché de Bade) le 3o no-
vembre 182a.
Mdsset ( Joseph-Malhurin), né en 175/i ,
eu Bretagne, d'après le Dictionnaire des
parlementaires , à Machecoul d'après M. Kus-
cinski, curé de Falleron (Vendée), député
de la Vendée à la Législative et à la Con-
vention, vota contre l'appel au peuple et
pour la peine de mort, banni en 1816,
mort en Belgique en 1828 (d'après le Dic-
tionnaire des parlementaires).
Paine (Thomas), né à Thetford (Angle-
terre) le 29 janvier 1787, se fil connaître
comme publiciste, se rendit en Amérique
en 1775, et y vécut une dizaine d'années,
retourna ensuite en Angleterre, où il fut
condamné en 1791 pour son livre les Droits
de l'homme, passa en Fiance, et fut élu
député à la Convention par les départe-
ments de l'Aisne, de l'Oise, du Pas-de-
Calais et du Puy-de-Dôme, opta pour le
Pas-de-Calais, vota contre l'appel au peuple
et contre la mort du roi; expulsé de la Con-
vention en môme temps que Cloots comme
né en pays étranger (décret du 6 nivôse
an iij, emprisonné en vertu d'un arrêté du
Comité de sùrelé générale du 7 nivôse
au II, remis en liberté en brumaire an m,
rappelé i\ la Convention le 18 frimaire
an III, mort à New York le 8 juin 1809.
Panis (Ktii'iinc-Jean), né on Périgord
en 1707, avocat à i*aris, membre du Co-
mité de surveillance de la commune du
10 août, député de Paris à la Convention,
vota contre l'appel au peuple et pour la
mort du roi, membre du Comité de sùrelé
générale, décrété d'arrestation le 8 prairial
an III, amnistié le t\ brumaire an iv, ex-
cepté en 1816 du bannissement prononcé
contre les régicides, mort à Paris le
22 août i839.
Pelletier (Jacques), né à Lignières
(Cher) en 1700, procureur, avocat, puis
lieutenant de police à Romorantiii, juge
suppléant à Bourges, député suppléant du
Cher à la Convention, appelé à siéger des
le début de la session en remplacement
de Torné, vota pour l'appel au peuple et
pour la mort du roi, membre du Comité
des assignats et monnaies, banni en 1816,
autorisé à rentrer en France en 1818 , mort
à Bourges en 1889.
PocHOLLE ( Pierre - Pomponne - A médée ) ,
né à Dieppe le 3o septembre 176'!, pro-
fesseur dans un collège de l'Oratoire à An-
gers jusqu'en 1790, retourna ensuite dans
sa ville natale, maire de Dieppe, député
suppléant de la Seine-Inférieure à la Lé-
gislative, député de la Seine-Inférieure à la
Convention, vola contre l'appel au peuple
et pour la mort du roi, membre du Comité
de marine, banni en 1816, mort à Paris
le 5 juin i83i.
QuENET (J.-M.)i marchand de bois,
membre du Conseil général de la commune
de Paris au lo août 1792, mis hors la
loi le 9 thermidor et guillotiné lo 10 ther-
midor an II.
Renard, membre du Conseil général de
la commune de Paris au 10 août 1792,
connnissaire dans les départements envi-
ronnant Paris. Pas de ronseignemenls.
Renoiard, membre du Conseil général
de la commune de Paris. Pas do ronseigne-
menls.
RicuALD (Hyacinthe), né à Faucon
(Bassos-Alpos) le 3t docombre 1757, clore
de notaire, puis cominorçanl à Versailles,
maire de Versailles, député suppléant de
Seiue-et-Oise ù la Coiivontion, ajipolé à
CXXVI
LISTE ALPHABÉTIQUE DES CONVENTIONNELS, ETC.
siéger en remplacement de Kersaint le
92 février 1798, mort à Versailles le
22 avril 1837.
RiCHOo (Louis- Joseph), né à Bouillé-
Lorct (Doux-Sèvres) le 1 5 janvier 17^18,
avocat aux Andolys, administrateur du dis-
trict des Andelys, maire de Gisors, députe
de l'Eure à la Convention, vota pour l'appel
au peuple et contre h mort du roi, décrété
d'accusation le 3 octobre 1798 sur la pro-
position de Du Roy {Moniteur; le procès-
verbal de la séance ne mentionne pas son
nom : ce nom ne figure ni dans la bsfe in-
sérée à l'article 1" du décret rendu sur la
proposition du Comité de sûreté générale,
ni dans l'état nominatif des 7 A protesta-
taires annexé à l'article k ) , rappelé le 1 8 fri-
maire an m , mort à Thouars (Deux-Sèvres)
le 5 janvier 1 889.
Sacy (de). Voir De Sacy.
SouBRANY (Pierre-AmableDE), né àRiom
le i5 septembre 175a, officier au régi-
ment de Royal-Dragon, démissionnaire
en 1789, maire de Riom, député du Puy-
de-Dôme à la Législative et à la Conven-
tion , vota contre l'appel au peuple et pour
la mort du roi, décrété d'arrestation le
1" prairial an m, décrété d'accusation le
2 prairial, se frappa d'un couteau après
sa condamnation à mort le 29 prairial, et,
comme il respirait encore, fut guillotiné
le même jour.
SoiLAViE (L'abbé Jean-Louis Giraud-),
né à I.argenlière, dans le Vivarais, en 1751
ou 175a, vicaire général du diocèse de
Châlons, accepta la constitution civile du
clergé, se maria, fut nommé en mai 1798
résident de la République française à
Genève, révoqué le 17 thermidor an 11,
incarcéré, amnistié en l'an iv, mort en
mars i8i3.
Tallien (Jean-Lambert), né à Paris le
a3 janvier 1767, clerc de procureur, puis
prote à l'imprimerie du Moniteur, secré-
taire-greffier de la commune de Paris au
10 août 1793, député de Seine-et-Oise à
la Convention, vota contre l'appel au peuple
et pour la mort du roi, membre du Comité
de défense générale, membre du Comité
de salut public après le 9 thermidor, com-
pris dans la loi de 1816 contre les régi-
cides, obtint un sursis; mort à Paris le
10 novembre 1820.
Tréfiouart (Bernard -Thomas), dit de
Beaulieu, né à Saint-Malo le 1 h janvier
175A, officier de marine, maire de Saint-
Malo, administrateur du département
d'Ille-et-Vilaine, député suppléant d'ille-
et-Vilaine à la Convention, adjoint au mi-
nistre de la marine, admis à siéger le
li août 1798 en remplacement de Lanjui-
nais, mort à une date inconue.
Vead de Ladnay (Pierre-Louis-Athanase),
né à Tours le 28 octobre 1761, avocat,
député suppléant d'Indre-et-Loire à- la
Convention, admis à siéger le 9 nivôse
an II en remplacement de Potier, mort à
Tours le 8 janvier 181 A.
ViLLERs (François -Toussaint), né à
Rennes le 26 janvier 17^9, curé de Saint-
Philbert-de-Grandlieu, président du dépar-
tement de la Loire-Inférieure, député de
la Loire-Inférieure à la Convention, vota
contre l'appel au peuple et pour la mort
du roi, membre du Comité de commerce,
mort à Nantes le i5 novembre 1807.
PROCES-VERBAUX
])U
COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE
DE LA CONVENTION NATIONALE
PROCÈS-VERBAUX
DU
COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE
DE LA CONVENTION NATIONALE.
043:<=.
CENT CINQUANTE-SEPTIÈME SÉANCE^'^
Du 3 frimaire an ii. [28 novembre 1793.]
Le citoyen administrateur de la Maison nationale des militaires
invalides consulte le Comité d'instruction publique sur la question de
savoir comment il se comportera vis-à-vis des invalides qui demandent
qu'on dise la messe les jours de dimanche ^^l On demande l'ordre du
jour^^^; il est adopté ^^^l
Lettre de la Commission des poids et mesures sur le jaugeage des
tonneaux ^"^l Le Comité arrête qu'il sera écrit à ce sujet au Comité de
marine parle président, et que les trois membres du Comité d'inslruc-
lion publique chargés de suivre les travaux de la Commission des
j)oids et mesures ^^^ le seront aussi de solliciter du Comité de marine la
recherche des papiers demandés.
('' 11 n'y a pas eu de séance du Comité
le 1" frimaire.
^'-^ Voir aux annexes, A (p. /i), la lettre
de Lcclionard, syndic de la maison na-
tionale des Invalides, en date du 3 frimaire
an II.
^') Ici la minute ajoute ces mois, ([ui
ont été bilTés : «motivé sur la liberté des
cultesn.
^*' Après cet alinéa, la minute porle
Talinéa suivant, qui a été biffé :
«Ciré{joiro demande qu'il soit nommé
des commissaires pour visiter le fronlon du
Panthéon français. Rommo demandi^ (|u'il
soit fait une invitation aux patriotes et
amateurs des arts de visiter ce monument.
sans nomination officielle. La proposition
de Romme est adoptée.»
Nous donnons aux annexes, B (p. 5),
quelques détails sur les travaux qui s'exé-
cutaient pour la décoration du Panthéon,
sous la direction de Qnatremère de Quincy.
11 sera question, dans la séance du
m frimaire, d'une invitation adressée
directement par le sculpteur Moitte au
Comité (p. i33).
^^' L'article 5 d'un décret du 1" du se-
cond mois avait ciiar<jé la Commission des
poids et mesures de t perfectionner le jau-
{j(\i|^e des tonneaux et antres vases, ainsi que
celui des vaissean\i. Voir I. Il, p. (")3y.
^•"^ Arhogast , Kourcroy et ('union.
iNlrniutnii: >«iii
2 PROCÈS -VERBAUX DU COMITÉ FINSTRUCTIO?^ PUBLIQUE
Une (léputation de la municipalité de Paris est admise. Elle de-
mande 1° que l'on s'occupe de la translation de l'Opéra au Luxem-
bourg (^^; !2° que l'on organise des fêtes nationales; 3" que l'on fasse le
rapport le plus promptement possible ^-^ On discute ces propositions,
et l'on y ajoute celle de réunir en une seule toutes les commissions
déjà formées pour les fêtes nationales, pour la musique, ])our les
spectacles ^^K Toutes ces propositions sont adoptées. Les commissions
réunies forment un commissariat composé des citoyens Romme, Da-
vid, Fourcroy, Mathieu, Bouquieret Gloots^^^.
Le procureur de la Commune sollicite également l'attention du
Comité sur Futilité de border les routes d'arbres fruitiers, de monuments
agréables, de pierres milliaires républicaines, et d'abris pour les voya-
geurs; sur la nécessité de destiner une somme à l'embellissement du
temple de la Raison, et au déplacement des objets ci-devant consacrés
à la superstition. On discute ces deux demandes, sans rien arrêter. La
discussion sera continuée à une autre séance ^^l
(•^ C'est-à-dire dans ia salle du Théâ-
tre-Français (Odéon), située dans le quar-
tier du Luxembourg. Cette question spéciale
avait été renvoyée par la Convention, le
a 5 brumaire, à l'examen, non du Comité
d'instruction publique, mais des Comités
des domaines et de salut public (voir notre
tome II, p. 863, note t, et p. 865).
(^^ Le Comité d'instruction publique
avait été chargé par la Convention le 26 bru-
maire, à la suite de la pétition de ia
Commune de Paris relative au transfert
projeté de l'Opéra , de faire un rapport sur
les théâtres en général. D'autre part, le
i5 brumaire, il avait reçu le mandat de
présenter incessamment un rapport «sur
les fêtes que le peuple français doit célébrer
les jours de décade^) (voir t. II, pages 702
et 863).
(^) La Commission pour les fêtes natio-
nales, désignée le 29 brumaire, était for-
mée de David et de Romme (voir t. II,
p. 867). La Commission pour la musique
(ou, plus exactement , la Commission char-
gée de conférer avec les musiciens de la
garde nationale), désignée le 21 brumaire,
était formée de Basire et de Mathieu (t. II,
p. 793); mais Basire venait d'être arrêté
par ordre du Comité de sûreté générale le
27 brumaire. Enfin la Commission pour
les spectacles, désignée le 27 brumaire,
était formée de Valdruchc et d'Anacharsis
Cloots(t. II, p. 835).
(^^ Ce commissariat comprend deux
noms nouveaux, ceux de Fourcroy et de
Bouquier, remplaçant Basire décrété d'ar-
restation, et Valdruche, qui sans doute
n'avait pas accepté sa nomination le
27 brumaire. Les six commissaires seront
à plusieurs reprises, dans les procès-
verbaux, désignés sous le nom de com-
mission des Six.
(""^ Cette discussion n'a pas été reprise.
A cette visite faite au Comité d'instruction
publique par une députation de la muni-
cipalité de Paris se rattache un petit incident
caractéristique. Le lendemain à frimaire,
à la séance du Conseil général de la com-
mune, Chaumette se plaignit en ces termes
de l'inefficacité des mesures votées contre
la prostitution des rues : crVous avez pris
des mesures relativement aux filles et
femmes de mauvaise vie. Eh bien, hier,
en revenant du Comité d'instruction pu-
DE LA CONVENTION NATIONALE. 3
On demande un rapporteur pour Béhénam. Daoustest nommé ^^^
Daoust fait un rapport sur un essai de morale dont l'examen lui a
été confié. Le Comité passe à l'ordre du jour^^^
Le Comité de salut public invite le Comité d'instruction publique à
nommer un citoyen capable de juger des inventions et machines de
guerre. La demande est ajournée ■^^.
Un citoyen demande à proposer des vues sur les fêtes nationales.
Renvoyé à la première séance et au commencement de cette séance ^^^.
Un citoyen qui a servi comme serrurier près de Louis Capet fait une
réclamation d'une somme qu'il dit lui être due. Ferry est rapporteur ^^^.
Romme lit une lettre d'un citoyen contenant un projet d'ouvrage
en quatre parties distinctes : i° la royauté; a" la noblesse; 3" le
parlement; II" le clergé ^^K
On reprend la discussion sur la manufacture de minium de Bercy.
GuYton-Morveau est nommé commissaire^"^.
Guyton fait un rapport sur un projet communiqué par Rûhl pour
envoyer des corps incendiaires chez l'ennemi à l'aide d'un ballon.
L'objet est renvoyé au Comité de salut public ^^^
blique de la Convention, le maire, Hébert
et moi , nous rencontrâmes plusieurs de ces
femmes sur la section des Gard es- Fran-
çaises. ?5 [Journal de la Montagne, n° i3,
G' jour du troisième mois. )
H faut rappeler aussi que c'est pendant
que Cliaumelte était au Comité d'instruction
publique, avec Pache et Hébert, que le
Conseil général de la commune, à Tinsli-
{jation des conseillers Dunouy, Quenet , Ga-
dotetEudes [Moniteur des 1 5 et 2 5 frimaire
an II), prit le fameux arrêté du 3 frimaire
relatif aux prêtres, dont Chaumette et le
maire empêchèrent le lendemain l'impres-
sion, et que le Conseil {jénéral rapporta
deux ou trois jours plus lard à la demande
du procureur de la commune.
^'' La pétition do Béhénam avait été
présentée dans la séance du Comité du
cinquième jour du second mois, et la
(hscusslon avait été ajournée (t. II , p. 7 1 5 ).
Daoust n'a pas présenté de rapport.
^'^) Cet essai de morale dont l'exanien
avait été confié à Daoust n'a pas été men-
tionné dans les procès-verbaux antérieurs.
^^) La lettre du Comité de salut public,
datée du 29 brumaire an 11 et portant les
signatures de Carnot et de C.-A. Prieur,
se trouve aux Archives nationales , D xxxviu ,
carton m, liasse 89, if 1110. On lit en
marge : rr Ajourné. Mathieu.') Il ne sera
plus question de cette demande.
(*^ Voir la séance suivante (p. 10).
(^) Nous n'avons pas trouvé cette récla-
mation dans les papiers du Comité. Nous
ne pensons pas qu'il s'agisse ici du serru-
rier Gamain, dont la pétition ne fut pré-
sentée à la Convention que le 8 floréal
an II, par l'intermédiaire du représentant
Musset. Ferry n'a pas présenté de rapport
au Comité.
('') Nous n'avons pas trouvé cotte lettre.
^'' Dans la séance pnH'odoiite, Ciii\lt)n
et Homme avaient déjà été désignés connue
conimissaires (voir t. H, p. 8G7). Pour la
suit(>, voir la séance du 5 frimaire (p. 9).
(*' C-'ost la troisième fois ipie le Comité
d histruction [)ul)lit[uo s'occupe dos ballons
1 .
U PROCÈS-VERBAUX DU COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE
La séance est levée à di\ heures un quart ^^l
PIECES ANNEXES.
LETTRE DU SY^D1C DE LA ftlAlSON NATIONALE DES INVALIDES ^^^
Paris, le 3 frimaire de i*aii 2" de la République une et indivisible.
Le siiidic de la maison nationale des militaires invalides aux citoyens membres
du Comité d'instruction de la Convention nationale.
Citoyens, la maison nationale militaire des invalides renfermant dans son sein
plusieurs individus infirmes soit par leur grand âge ou les blessures qu'ils ont re-
çues en déffendant la patrie, sont venus (sic) réclamer une messe, n'étant point
encor élevés à la hauteur de cet sublime philosophie qui détruit tous les abus de
l'ancien régime.
Dimanche dernier (vieux stile) 27 brumaire il sont venus en grande partie de-
mander comme à l'ordinaire les trois messes je mi suis opposé et j'ai consenti a ce
qu'il en soit dite une basse à 7 heures sans être sonnée , dont ils ont paru satisfaits
et y ont assisté en très grand nombre,
Le 28 et 29 brumaire suivant, le Comité révolutionnaire de la section des In-
vahdes m'ayant demandé dans son sein pour me demander des explications a l'égard
de cette messe qui a été dite, j'ai repondu a toutes leurs observations en leur
faisant connaître qu'il y avoit du danger de s'y opposer formellement dans ce mo-
ment,
Leur intention paroit encore manifester le désir d'avoir une basse messe pour
demain, et il paroit que si on leur accorde il en demanderont une pour tous les
jom^s.
et de leur emploi dans les opérations mili-
taires. La première fois, il avait eu à
examiner une invention de Lamanon, qui
prétendait avoir trouvé le moyen de diriger
les aérostats (voir les séances du 1 3 août et
du 3 septembre, t. II, pages a8i et 358).
La seconde fois, il s'agissait d'un procédé
analogue, dû à un membre de la Conven-
tion, Second, député de l'Aveyron; les pro-
cès-verbaux du Comité n'en ont pas encore
parlé, parce que les commissaires chargés
de l'examen, Guyton-Morvcau et Fourcroy,
furent nommés cette fois non par le Co-
milé, mais directement par l'assemblée
(Voir aux annexes. G, un extrait du pro-
cès-verbal de la Convention du 2 5* jour
du premier mois de l'an deuxième) ; Guyton
et Fourcroy feront leur rapport au Comité
le 17 ventôse (voir p. 552). Enfin, au-
jourd'hui, c'est Rûhl, de retour de sa mis-
sion dans la Marne et la Haute -Marne,
qui apporte un projet nouveau. Ce projet
ayant été renvoyé au Comité de salut
public , il n'en sera plus question dans les
procès-verbaux du Comité.
(^) Ce dernier alinéa n'existe pas à la
minute. Pas de signature, ni à la minule
ni au registre. La minute est de la main
de Mathieu.
(^) Archives nationales, F^^ carton 1006 ,
n° 1 1 36. Nous conservons l'orthographe de
cette pièce curieuse.
DE LA CONVENTION NATIONALE. 5
Je demande donc citoyens législateurs que vous veuiliies bien m'inslruire de la
conduite que je dois tenir à cet égard.
Salut et fraternité.
Lechenard.
On lit en marge de la pièce : «Ordre du jour, le 3 frimaire».
Les travaux d'achèvement et de décoration de la nouvelle église Sainte-Geneviève, de-
venue le Panthéon , avaient été placés en 1 791 par le déparlement de Paris sous la direction
de Quairemère de Quincy. Gelni-ci avait aussitôt proposé de remplacer par un fronton
nouveau celui qui décorait Téglise, et d'ériger au sommet de la coupole une statue colos-
sale, suhsliluée h la lanterne et à la croix qui la terminait. Il s'était exprimé en ces termes
dans son prcmior Rapport au département (') :
rrLe fronton, dégagé de l'insipide ramas de nuages, d'anges et de rayons qui
n'offusquent que la raison, l'ecevrait l'image de la Patrie sous la forme d'une femme
vêtue d'une longue robe et accompagnée de symboles qui caractérisent la France.
Debout, et au milieu du fronton, les deux bras étendue , elle tiendrait de chaque
main une couronne. A sa gauche, le Génie, sous la forme d'un jeune homme ailé,
saisirait la couronne, tandis que, de l'autre côté, la Vertu, sous l'emblème plus
modeste d'une jeune fille , semblerait l'attendre ; les attributs des vices et des
passions terrassés occuperaient la partie rampante du fronton.» (P. 26.)
Et plus loin :
«Vous penserez sans doute, Messieurs , que le signe caractéristique du christia-
nisme et de ses temples ne doit pas surmonter l'édifice civique que vous consacrez
à la Patrie. . . Rien ne terminerait d'une manière plus heureuse la coupole qu'une
statue colossale qui, moins haute que la lanterne actuelle, redonnerait à la masse
du dôme le caractère que cet allongement prodigieux d'un édifice qui l'écrase lui
fait perdre.» (P. 97.)
Qualromèi-e fit confier l'exéciition du fronton à Moitié (voir, dans notre volume Prncès-
verbaux du Comiu- d'imtruction publique de la Législative, p. 283, note 1, une proloslation
de deux sociétés d'artisles, motivée sur ce qu'il n'y avait pas eu do concours), et fit charger
Dejoux d'exécuter, pour la coupole, une statue colossale de la Renommée.
Dans son troisième Rapport au déparlomenf, daté du second mois de l'an n ^^\ Quaire-
mère put annoncer que Moitié avait terminé son travail :
•') Rapport mr rédifcc dit de Sainte- coittinucs nu achevés au Pautléon franç.xis
Geneviève , fart au directoire du département depuis le dernier compte, rendu le 17 «0-
de Paria par M. Ou VTREMi^iUE Ql;I^cY. A Paris, vemhre 1 jga , et sur Vétai actuel du nionu-
di^riuiprimorieroyale, i79i.(HihIio'liè<pie ment, le dou.vii'nie jour du second nmis de
nationale, Ll)'" iGf), in-V.) /\,/j -y de la Républujue française , une et
^^'> Rapport fait au directoire du dépar- iiuiivisible, par Antoine QiATnKMKRK, com-
tement de Pans snr les travaux entrepris, missoire du département îx la direction et
6 PROCÈS-VERBAUX DU COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE
ffUn modèle. . . fat cxdciUd par Moitié dès 1791. L'opération du rëincrustoment
onlior dans lo tympan du fi'onlon se fit sur les dimensions de ce modèle : dès 179^? ,
il liit possible de IVbaucher sur la pierre ; enfin l'acUvité de ces travaux a été telle
que cet onvraj^e, le plus orand en ce g-enre, et peut-être le seul de son espèce cpii
existe chez les peuples modernes, est entièrement achevé. «
La décoration exléricure du monument devait être complétée, sous le péristyle, par
cinq bas-reliofs et six statues colossales, bes bas-reliefs, confiés à cinq arfistes difTérents,
devaient représenter : celui du milieu, la Déclaration des droits (Boicliot); ceux du côlé
droit (côté f^auche du spectateur), l'Instruction publique (Lesueur) et la nouvelle Juris-
prudence (Roland); ceux du côté [|auche, le Dévouement patriofiqne (Cbaudet) et fem-
pire de la Loi (ForUn). Les statues devaient représenter la Pbilosophie (Cbaudet), la Loi
(Roland), la Force sous l'emblème d'Hercule (Bojcbot), un guerrier mourant dans les
bras de la Patrie (Masson), la Liberté (Lorta), l'Égalité (Lucas).
A l'égard de la statue de la Renommée destinée à la coupole, Quatremère disait :
ffLa lanterne a disparu depuis l'année dernière, et l'on construit maintenant le
piédestal sur lequel doit se placer le colosse dont Dejoux fait le modèle. . . Le
demi-globe sur lequel la Renommée a le pied forme la voûte d'une petite chambre
circulaire, percée de douze petites croisées propres aux observations. 51
C'était sur le vœu de l'Académie des sciences que Quatremère avait songé à ufiliser le
piédestal du colosse pour en faire un petit observatoire astronomique. Il annonçait en outre
qu'aussitôt le modèle de Dejoux terminé, la statue serait fondue en bronze par l'habile
technicien Getty.
L'idée de placer l'œuvre de Dejoux au sommet du Panthéon rencontra dans l'opinion
publique une vive opposition. Dans le compte-rendu de la séance du Conseil général de
la commune de Paris du 23 brumaire an 11 donné par le Journal de la Montagne, on lit
le passage suivant :
ff Le procureur de la commune représente au Conseil que Quatremère a fait
[faire] une statue colossale extrêmement ridicule , qui doit être placée au-dessus de
Sainte-Geneviève. Le Conseil arrête que l'on donnera connaissance à la Convention
de l'existence de cette statue, afin d'empêcher qu'elle ne déshonore un si beau mo-
nument ^'\w . ,
Le 7 nivôse an n, le Conseil général entendit le rapport des commissaires qu'il avait
chargés d'examiner la statue de la Renommée. Le modèle, dirent les commissaires, n'an-
nonce ni génie ni talent de la part de l'artiste. Il fut décidé qu'on demanderait au direc-
toire du département la suspension de la confection de cette statue.
Le modèle de Dej-oux, qui avait vingt-sept pieds de hauteur, resta longtemps exposé
admhmtralion du Panthém françah. Im- (Ribliothèque nationale, Lb'*" 997, in-8\)
])rimé par ordre du directoire. A Paris, de ■') Journal de la Montagne du a^i* jour
l'imprimerie de Ballard, imprimeur du du second mois de l'an deuxième»
département de Paris, rue dos Mathurins.
DE LA CONVENTION NATIONALE. 7
dans les ateliers de la ville de Paris, au Roule; il y était encore en l'an iv {Moniteur du
16 brumaire an iv); mais la statue ne fut jamais coulée.
Quant au fronton de Moitte, qui passait pour un chef-d'œuvre, on sait que la Restau-
ration le fit détruire.
On lit dans les procès-verbaux de la Convention :
Séance du 26* jour du premier mois de Tan deuxième.
Un autre membre annonce que, croyant avoir trouvé le moyen de diriger à
volonté les aérostats dans les airs, il demande que la Convention veuille bien
nommer des commissaires qui examinent ses procédés et sa découverte, pour en
faire le rapport avec la prudence que l'importance du secret exigera.
Cette proposition est décrétée comme il suit :
ffLa Convention nationale, après avoir entendu le citoyen Second , un de ses
membres^ sur un projet de direction des globes a(TOstatiques, pour Texamen
duquel il demande des commissaires, nomme le citoyen Giiyton-Morveau et le
citoyen Fourcroy pour examiner ledit projet et en faire le rapport ^^K-n
(') Procès-verbal de la Convention, t. XXIfl, p. 117.
8 PROCÈS-VERBAUX DU COMITE D'INSTRUCTION PUBLIQUE
CENT CINQUANTE-HUITIEME SEANCE.
Du 5 frimaire an ii. [26 novembre 1798.]
La Commission des arts, par l'organe de trois de ses membres,
expose au Comité d'instruction publique la nécessité de conserver
dans l'ancien local de l'Académie des sciences les machines et objets
curieux qui s'y trouvent, et d'en empêcher le déplacement projeté; en
maintenant ces objets dans les lieux où ils sont, il s'agit de chercher
un local convenable pour recevoir un dépôt considérable destiné
à faire partie des Archives nationales. Les trois membres ci- dessus
mentionnés annoncent qu'ils sont chargés de se concerter avec l'archi-
tecte Vignon pour le choix d'un emplacement; ils demandent l'ad-
jonction d'un représentant du peuple pris dans le sein du Comité.
Cette demande est adoptée; Mathieu est nommé, et le rendez-vous est
fixé pour le lendemain huit heures et demie du matin '^^.
En présence des députés de la Commission des arts, un membre
expose qu'il est instant de prononcer ou la suppression de la Commis-
sion des arts, ou la suppression de la Commission des monuments,
l'une et l'autre ne pouvant subsister en même temps, et se croisant
dans leur marche. Plusieurs autres membres demandent la su[)pres-
sion de la Commission des monuments. On arrête la nomination
d'un rapporteur; Mathieu est nommé ^^^.
(^^ Voir, pour la suite de ia question
relative à remplacement des Archives, la
séance du 19 frimaire (p. 88). Le rejjistre
des procès-verbaux de la Commission des
arts (Archives nationales, F^'*, 7) donne
au sujet de cet incident des détails que
nous plaçons aux annexes, A (p. i3). Les
trois délégués de la Commission étaient
Langlès, Lebrun et Mollard.
(^) Dans la séance du 17" jour du pre-
mier mois, un membre du Comité avait
proposé la fusion de la Commission des
arts et de la Commission des monuments
(voir 1. 11, p. 600); maintenant une mesure
plus radicale est proposée, la suppression
de la Commission des monuments. Cette
dernière Commission avait donné depuis
plusieurs mois de nombreux sujets de mé-
contentement, qui sont exposés en détail
dans le rapport lu à la Convention le 28 fri-
maire par Mathieu au nom du Comité d'in-
struction publique, rapport présenté au
Comité le 27 frimaire (voir p. 167).
Nous donnons aux annexes, B (p. 1/1),
des extraits du registre des procès-verbaux
de la Commission des arts (1" septembre,
3 octobre, 9 5 brumaire et 5 frimaire),
relatifs aux débuts de cette Commission et
à son conflit avec la CommivSsion des mo-
numents.
DE LA CONVENTION NATIONALE.
Romme et Guyton rendent compte de leur mission à Bercy -^^ et du
danger qu'ils ont cru attaché à l'existence d'une fabrique de minium
dans cet endroit dans la forme actuelle. Guyton est invité à rédiger
un projet de décret de concert avec Villers, du Comité de commerce ^^^
Lebrun, membre de la Commission des arts, fixe l'attention du
Comité sur les gardiens du Muséum ^^\ Mathieu est chargé d'en pré-
senter le renouvellement lorsqu'il fera son rapport sur la Commission
des monuments. David est adjoint a Mathieu pour ce rapport ^^^
Lnvoisier adresse au Comité une pétition pour n'être pas compris
dans le décret d'arrestation contre les fermiers généraux comme
n'ayant pas été chargé de la comptabilité de la ferme générale; comme
étant aujourd'hui chargé des travaux de la Commission des poids
et mesures. Le Comité passe a l'ordre du jour^^^.
(•) Voir ci-dessus p, 3.
(^' Le 7 frimaire, Guylon-Morveau pré-
senta à la Convention, an nom des Comités
d'instruction publique et de commerce, un
projet de décret qui lut adopté, et qui in-
terdisait à Olivier de continuer sa fabrica-
tion à Bercy. (Procès-verbal de la Con-
vention,!. XXVI, p. 188.) Le rapport de
Guyton se trouve au Monileur du 10 fri-
maire an II (p. 28a), qui le place par erreur
à la séance du 8 frimaire. Le 17 frimiire,
un nouveau décret, rendu sur le rapport do
Villers parlant au nom des Comités d'agri-
culture et de commerce, retira à Olivier le
brevet d'invention qui lui avait élé accordé
par le Conseil exécutif le aC juin 1793,
comme contraire à l'article 16 de la loi du
3o décembre 1 790. Le Monitetiv du ;u fri-
maire an II place par erreur ce décret à la
séance du 19 frimaire.
Il sera de nouveau ([uestlon d'Olivier dans
laséancedu Comité du 27frimaire (p. i(38).
<•'' Il s'a|>it des couse valeurs du musée
du Loiivic.
^*' David a présenté au Comité un
rappoii à ce sujet le 17 frimaire (p. 7'i).
^^' Le 6 frimaire, sui- la proposition de
Bourdon (de l'Oise), la (îonvenlion avait
décréttî (pie los anciens leruiicrs |j('ii('M'aii\
seraient uiis en état d'ai rcsialion, et (pTiis
/Seraient tenus de rendre leurs comptes
dans le délai d'un mois. Lavoisier, qui rem-
plissait les fonctions de trésorier de la Com-
mission temporaire des poids et mesures
et celles de membre du Bureau de con>^ul-
tation des arts et métiers (dont il était en
ce moment le président), put croire que
ce décret ne s'appliquait pas à lui. Le 5 fri-
maire, il écrivit à la Convention pour de-
mander s'il était compris dans la loi qui
ordonnait l'arrestation des anciens fermiers
généraux. La Convention, qui reçut la
lettre le jour même, la renvoya au Comité
d'instruction publique, et celui-ci ne put
faire que passer à l'ordre du jour, car le
texte du décret était formel : il portait (pie
rrtoiis les ci-devant fermiers généraux se-
raient mis en état d'arrestation dans la
même maison 'i. Lavoisier s'était réfugié
cliez iMi aiu'len bulssler de l'Académie des
sciences, Lucas, qui babilalt encore au
Louvre; le lendemain G Iriuiaiit', il érriNit
une nouvelle lettre, cette lois au Coinili'
de sûreté générale : il y (>\primait le di'sir
de n'être pas emj)risonné aviM' les feruiit>rs
g('Mi('>raux, mais d'êliv siiuplemeut place
reu état d'arrestation sous la garde de deux
de ses fr.Tes sans-culottes '^. Il est |)robable
(pie le Comité d(> sùn^té géiu'ralt' ne le-
poudit pas à ('(«tte lt>ttre. Coiujireuaiit (pi'il
était inutile d'insister davantage, et oou-
llanl d'ailleurs dans l'issue des poui'suil(^s
10 PROCÈS-VERBAUX DU COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE
Un citoyen lit un projet de fêtes nationales ^^^ Il est interrompu
dans cette lecture, et le Comité passe à l'ordre du jour.
La Société républicaine des arts communique un arrêté par lequel
elle sollicite d'être autorisée à continuer de tenir ses séances dann
l'ancienne salle de la ci-devant Académie de peinture. Elle demande
en même temps que le Comité d'instruction publique propose à la
Convention nationale de faire accorder les encouragements par le
jury national déjà nommé pour le concours '"-^l
La députation se retire, et les objets de la demande sont discutés : la
discussion est fermée, et l'on admet Tajournement, motivé sur le renvoi
fait par la Convention nationale au Comité d'instruction publique delà
question de savoir s'il doit être accordé définitivement des emplacements
nationaux aux sociétés libres d'artistes et aux sociétés populaires ^^l
Hanin, chargé d'un travail qui a pour objet de représenter le rap-
port des nouvelles heures avec les anciennes, présente le résultat de
en reddition de comptes, Lavoisier alla le
8 frimaire se constituer prisonnier dans la
maison de Port-Libre.
Nous donnons aux annexes, C (p. 16),
un expose des décrets rendus au sujet de
la ferme générale, du 27 mars 1791 au
97 septembre 1798 ; un extrait du procès-
verbal de la séance de la Convention du
ti frimaire an 11, complété par un extrait
du compte-rendu du Journal des débats et
des décrets ; ia lettre de Lavoisier à la Con-
vention, dont nous avons retrouvé l'original
dans les cartons du Comité d'instruction pu-
blique ; un extrait du procès-verbal de la
séance de la Convention du 3 mars 1798;
la lettre de Lavoisier au Comité de sûreté
générale, qui se trouve aux Archives na-
tionales ; et des extraits du Journal des dé-
bats et des décrets et du procès-verbal de la
Convention relatifs à des décrets rendus dans
les séances des 10, 12 et 21 frimaire an 11.
11 sera de nouveau question de Lavoisier
dans la séance du Comité du i5 nivôse
an II (p. 2 33). En outre on trouvera, à
l'annexe C de la séance du 17 frimaire (p. 83),
des extraits d'un mémoire de Lavoisier re-
latif à la division décimale de la livre de
compte, mémoire où le Comité des assi-
gnats et monnaies a puisé les éléments du
décret du 1 7 frimaire an 11.
^^^ 11 s'agit évidemment des «vues sur
les fêtes nationales ?7 qu'un citoyen avait
demandé à soumettre au Comité dans la
séance précédente (p. 3).
(^) Sur ia Société républicaine des arts,
voir notre tome II, p. 820, note 7. Nous
donnons aux annexes, D (p. 26), l'arrêté
pris par celte société, et communiqué au
Comité d'instruction publique. 11 sera de
nouveau question de la Société républi-
caine des arts dans la séance du Comité du
9 frimaire (p. à^). Nous plaçons dans la
même annexe D un arrêté du Comité des
inspecteurs, du i3 nivôse an 11, publié
par le Moniteur, et i-elatif au concours pour
la décoration d'une pendule, que le décret
du h juillet 1798 avait chargé la Com-
mune des arts de juger.
(■') Cette question avait été en effet ren-
voyée par la Convention, le 3 frimaire, à
l'examen des Comités d'instruction publique
et des domaines. Voir aux annexes, D, un
extrait du procès-verbal de la séance de la
Convention du 3 frimaire an 11. La ques-
tion reviendra à l'ordre du jour dans la
séance du Comité du 5 nivôse (p. 212).
DE LA CONVENTION NATIONALE.
11
son travail destiné à être joint au nouvel alraanach'^^. Le Comité, en
arrêtant mention honorable du zèle du citoyen, renvoie sa demande
à Romme nommé rapporteur.
La demande du Lycée des arts est soumise au Comité. Bouquier est
rapporteur ^'^l
Un membre demande qu'il soit écrit par le président du Comité au
ministre de l'intérieur pour lui exposer l'instante nécessité de termi-
ner promptement les marchés pour la confection des étalons ^^^.
Un membre rappelle au Comité l'envoi qui lui a été fait par le citoyen
La Rue, notaire, rue du Faubourg-Saint-Germain, d'une mécanique
de réduction pour les poids et mesures décrétés. Le Comité arrête la
mention honorable ^'*^.
Bouquier fait un rapport sur des manuscrits annoncés comme im-
portants en politique sous le rapport de la défense du territoire na-
('^ 11 a déjà été question, dans la séance
du 37" jour du premier mois (t. II,
p, 63'i), de ce tableau de concordance
des heures décimales avec les heures an-
ciennes, exécuté par Hanin sous la forme
d'un cadran. Nous avons reproduit ce ta-
bleau à la page 899 bis de notre tome IL
Pour la suite, voir p. 35.
(^) Le jour même, la Convention avait
renvoyé au Comité d'instruction publique
l'examen de deux inventions que lui avait
présentées le Lycée des arts : l'une, de la
citoyenne Masson, Avait pour objet l'efTace-
menl , sur le papier imprimé, des couleurs
et empreintes qui s'y trouvaient; l'autre,
du mécanicien Kock, était une machine
destinée à la réduction et à la contention
des fractures des membres inférieurs. Le
procédé de la citoyenne Masson pour la
refonte des vieux papiers sera mentionné
dans la séance du Comité du 9 frimaire
(p. /il), en mémo temps que celui de
Rronguiart, puis présenté directement au
Comité par son auteur deux mois plus tard
(séance du 1 5 pluviôse; voir p. 391). L'in-
vention de Kock sera présonlée au Comité (|ua-
Ire mois plus lard (séance du i3 germinal).
Il ne nous |)arail pas (]U(> la demande
du Lycée ait rapport à ces doux inventions.
Déjà dans la séance du Comité du 1.') br»i-
maire (voir t. II, p. 7.50), il avait été pré-
senté une demande du Lycée des arts pro-
posant qu'il fût nommé une commission
chargée de recueillir à Lyon toutes les ma-
chines d'arts et métiers. C'est peut-être cette
demande qui est de nouveau présentée au
Comité dans sa séance de ce jour. Dans ce
cas, le membre que nous verrons un peu
plus loin (p. 19.) proposer d'écrire aux re-
présentants du peuple en mission à Lyon se-
rait Bouquier, qui séance tenante aurait fait
son rapport sur la demande du Lycée des arts.
Voir aux annexes, E (p. 97), un extrait
du procès-verbal de la séance de la Conven-
tion du 5 frimaire an 11, ainsi qu'un extrait
du Moniteur,
('^ Le décret du 1" jour du deuxième
mois, sur la construction des étalons des
poids et mesures, avait chargé (art. 3) le
ministre de l'intérieur de passer, avec les
artistes et chefs d'atelier choisis par la
Commission des poids et nn>sure^, les
marchés nécessaires pour (|ue celle con-
struction s'elTecluàt le plus prompt (Muenl
possible. (Voir ce décret au t. 11, p. 637.)
('^ Dans la séance du n t*" jom- du pre-
mier mois (I. Il, p. 607), La Rue avait
ofTiM't au Comitt' un «cadran reducleui'^.
Il sera de nouvt\ui (picslion de lui le i3 ni-
vôse (p. a a 8).
12 PROCES -VERBAUX DU COMITE DINSTRUCTION PUBLIQUE
tional (le l'attaque des pays voisins. Le Comité passe à Tordre du jour^^L
Un membre propose qu'il soit écrit par le Comité d'instruction pu-
blique aux représentants du peuple a Lyon, pour les inviter à réserver
pour l'instruction publique les monuments qui peuvent y être utiles
dans (lommune- Vllranchie ^~\
Le président lit une lettre du ministre de l'intérieur qui commu-
nique au Comité la proposition de perpétuer, par la peinture et par la
gravure, les principales scènes et décorations qui ont servi à la fête du
10 août. L'objet est renvoyé aux citoyens David et Bouquier qui en
feront un rapport ^*^'.
Les instituteurs de Franciade, du Bourg de l'Egalité et de Paris
demandent un traitement. Ferry est rapporteur^'l
Le citoyen P]tlinger, l'un des principaux agents de la manufacture
de Sèvres, présente au Comité des réclamations sur des persécutions
qu'il éprouve; il offre en même temps deux morceaux de son travail.
Prunelle est nommé rapporteur^^^.
(') Il s'agit sans doute des manuscrits
de Berllietot concernant le Dauphiné, dont
il a été question dans les séances du 28°
jour du premier mois et du 19 brumaire
(t. II, pages 628 et 788). Il sera de nouveau
question de Berthelot dans la séance du
11 pluviôse an 11 (p. 878).
(2^ Voir la note 9 de la page 11. On
sait que la Convention avait décrété, le
21* jour du premier mois, que cela ville de
Lyon serait détruites. Mais le décret lui-
mi'me expliquait que la destruction ordon-
née ne devait pas être absolue, et y ap-
portait les restrictions suivantes : wTout ce
qui lut habité par les riches sera démoli;
il ne restera que la maison du pauvre,
les habitations des patriotes égorgés ou
proscrits , les édifices spécialement employés
à rindustrie, et les monuments consacrés à
l'humanité et à Vinstruction publique. La
réunion des maisons conservées portera dés-
ormais le nom de V il le- AJfranchie.v {9 rocès-
vcrbal de la Convention, t. XXIII, p. 19.)
La proposition d'intervenir pour assurer
la conservation des monuments etmachines
existant à Lyon sera de nouveau laite au
Comité dans sa séance du 7 nivôse (p. 2 1 /i ).
(^) David et Bouquier n'ont pas présenté
de rapport. Un arrêté du Comité de salut
public, du 5 floréal an 11, appellera les ar-
tistes à concourir pour ce l'exécution des
monuments en bronze et en marbre qui
doivent retracer à la postérité les époques
glorieuses de la Bévolulion française, qui
ont été représentées dans la fête de la Ré-
union du 10 août dernier (vieux style)«.
^^^ Nous n'avons pas trouvé la pétition
présentée par les instituteurs de Paris,
Saint-Denis et Bourg-la-Reine. Dans la
séance du 9 frimaire, nous verrons (p. l\li)
cette demande appuyée par une lettre du
ministre de l'intérieur, et un autre rappor-
teur désigné en la personne de Valdruche.
^^) Nous n'avons pas trouvé la pétition
d'Etlinger. Prunelle n'a pas présenté de
rapport. Le registre des procès-verbaux de la
Commission des arts nous apprend que, le
2 9 septembre, Besson, Mongez , Berthollet
et Naiwon avaient été charnues de se rendre
à la manufacture de Sèvres pour y prendre
des renseignements. Le 26, ils firent leur
rapport, dont la conclusion était : « Cette
manufacture est une corporation qu'il faut
changer. 11 faudra nommer des administra-
DE LA CONVENTION NATIONALE.
La séance est levée à onze heures ^^^
13
PIEGES ANNEXES.
On lit dans le registre des procès-verhaux de la Commission des arts :
Séance du 5 frimaire, l'an 2* de la République.
Un membre annonce que le ministre de l'intérieur ayant chargé Vignon, ar-
chitecte, de chercher un emplacement national pour contenir un dépôt destiné à
faire partie des Archives nationales, cet architecte a désigné le local du cabinet de
teursw. (Archives nal., F''* 7, folio 4, recto.)
(') Ce dernier alinéa n'existe pas à la
minute. Pas de siijnatiircs, ni à la minute
ni au registre. La minute est de la main
de Mathieu.
— Nous devons mentionner ici un fait
dont le procès-verbal ne dit rien. Ce même
jour 5 frimaire, une délégation du Conseil
général de la commune de Paris avait pré-
senté à la Convention, en exécution d'un
arrêté pris le 3 frimaire, une pétition de-
mandant que les prêtres fussent écartés wde
toute espèce de fonctions publiques, de
toutes administrations, et de toute direction
de manufacture d'armes ou autres pour le
service de la Républiques. Cette pétition
fut renvoyée par l'assemblée au Comité
d'instruction publique; elle existe en ori-
ginal dans les papiers du Comité, F '',
carton 1007, n" 1221. Le Comité semble
ne s'être jamais occupé de cette affaire.
Le renvoi au Comité de la pétition du
Conseil général do la commune de Paris
était la conséquence d'un décret voté par
la Convention le 2 1 bi umaire. Ce join-là ,
le Comité central de.; sociétés populaires de
Paris avait présenté une pétition qui avait
reçu l'approbation du Conseil général, des
sections, et de la Société des Jacobins, et
qui demandait (pie rcnul citoyen ne fût
plus leiui de contribuer au salaire des
prêtres, auxquels il ne croit pas??. Sur la
proposition de (Chabot, qui lit observer qu'il
convenait de préparer l'esprit public à cette
mesure oX (lallendrecpin toiiles lesseclions
de la Hépublicjue eussent émis leur vœu, la
Convention décida que la pétition serait
insérée au Bulletin avec la mention la plus
honorable, et renvoyée aux Comités des fi-
nances et d'instruction publicjue, '^où de-
vront s'adresser toutes les pétitions qui sui-
vront celle-là n. Tburiot fit voter, en outre,
que le Comité des finances présenterait
sous huit jours un projet de décret pour
accorder des secours aux prêtres qui au-
raient renoncé à leurs fonctions ecclésias-
tiques. Et en conséquence, le 2 frimaire,
un décret fut effectivement rendu à cet effet.
Dans la même séance du 5 frimaire, la
Convention avait entendu encore cinq autres
pétitions du Conseil général de la commune
de Paris {Journal des débats et des décrets),
dont l'une demandait des livres pour l'oii-
fance. Celte dernière pétition fut aussi ren-
voyée au Coniité d'mstruction publique,
qui ne nomma pas de rapporteur. La
question des livres élémentaires viiMulra
à l'ordre du jour le 9 nivôse (p. 2 a G).
Nous donnons aux annexes, F (p. 38),
le texte de la pétition du Comité central
des sociétés populaires (extrait de IM/Wi-
Fédéraliste) , un extrait du procès-verbal
de la séance de la Convention du ■> 1 hru-
maire, et le comple rendu de la discu>sion
qui suivi! la leclure de cette pétition (ex-
trait du Moniteur)-, le texte des deux peli-
tions de la commune de Paris, sur les
livres pour l'enfance et sur l'exclusion des
prêtres des fondions publi(jues, ainsi (pi'uu
extrait du piooès-vcrlial de la seiuice du
5 Irimaire et du coiiii)le-rendu du Jounidl
des dvjuts et des décrets.
U PROCÈS -VERBAUX DU COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE
la ci-devant Académie dos sciences, déjà occupé et rempli par des objets de science
et d'arts, inventoriés par la Commission. 11 expose l'inconvénient du déplacement
pour ces objets. La Commission arrêle que trois commissaires pris dans son sein
se concerteront avec l'arcbitectc pour le choix d'un autre local , et que le Comité
d'instruction ])ublique sera invité à nommer aussi un de ses membres pour cet
objet. Langlès, Lebrun et Mollardsont nommés commissaires; ils sont invités à se
taire assister des commissaires du département ^^\
Le re{][istre des procès-verbaux de la Commission des arts nous permet d'assister aux dé-
buts de celte Commission, et nous donne quelques indications sur sa rivalité avec la Com-
mission dos monuments ^^^.
Nous avons montré, dans le tome précédent, comment, cf d'après le vœu des représen-
tants du peuple chargés par le décret du i5 août de diriger et surveiller l'exécution du
décret du lan, le ministre de l'intérieur Paré avait nommé, dans les derniers jours d'août,
trente-six commissaires divisés en douze sections, qu'il chargea de procéder traux inven-
taires de tous objets d'arts ou de sciences provenant des dépôts des académies et sociétés
supprimées ou de tous autres, susceptibles de servir à l'instruction publiques (t. II, p. 5o8).
La première réunion des commissaires eut lieu le i" septembre; et voici le compte-
rendu qu'en donne le registre :
Première séance, du i*' septembre 1798 , l'an 2* de la République fi^ançaise
une et indivisible.
Arrêté que la Commission des inventaires ^^^ n'ira que dans les départements
de Paris et de Seine-et-Oise.
Arrêté qu'il n'y aura dans chaque voyage hors de Paris que trois commissaires
de chaque section au plus.
Arrêté que chaque section de la Commission aura un cachet portant pour lé-
gende Instruction nationale et de plus la lettre qui est attachée à chaque section ^*^
Les artistes en peinture sont chai^gés de faire faire les cachets et d'en fournir douze
jeudi prochain.
On continuera d'entendre les explications des membres des sections relatives au
travail de l'inventaire '^^K
^^) Archives nationales, F ^'* 7, folio 9,
recto.
(^) Ce registre ne donne, pour les
premières séances de la Comnjission,
que des notes tout à fait sommaires, in-
diquant brièvement les décisions prises;
mais après quelrpic temps les comptes-
rendus deviennent plus développés, et se
transforment en véritables procès -ver-
baux.
(^^ Le nom de w Commission des arts??
ne paraît qu'à la quatrième séance, celle
du 1 2 septembre.
^'') Voir t. II, p. 509, la Liste des com-
missaires chargés de faire l'inventaire des
objets nationaux utiles à l'instruction pu-
blique; on verra que chaque section est
désignée par une lettre de l'alphabet, de A
àL.
(5) pi'* 7, folio 1, recto.
DE LA CONVENTION NATIONALE. 1 5
Dès la troisième séance, le 8 septembre, nous voyons que la Commission a un prési-
dent (la section de mtkaniqne demande l'aide de Desmarest; le président de la Com-
mission est chargé de lui écrire); mais on ne nous dit pas son nom, et , comme il n'a pas
été parle de son élection, on doit supposer qu'il avait été désigné par le ministre de
l'intérieur, ou par les délégués du Comité d'instruction publique nommés le 20 août
(David, Romme, Fourcroy, Mathieu et Lejeunc).
Le 12 septembre, chiq nouveaux membres sont présentés, Pelletier, Lamarck, Mandar,
Rolland et Langlès. Le même jour, des commissaires du département de Paris, admis
dans la salle de la Commission, sont instruits par le président de l'entrave que les scellés
mis par le département sur les dépôts nationaux d'instruction publique apportent aux tra-
vaux de la Commission des arts. Ils sont invités à la seconder de tout leur zèle.
Le 3 octobre il est question pour la première fois de la Commission des monuments :
Sëance du 3 octobre 1798, l'an 2" de la République française
une et indivisible.
On parle des pouvoirs compare's et relatifs de la Commission des monuments el
de la Commission des arts. On rappelle les décrets. On trouve rpie les deux Com-
missions se confondent dans leur besogne et leurs fonctions, ([u'ii est nécessaire
de les réunir. Pour y parvenir on arrête : 1° que la Commission des monuments
fera une histoire abrégée de ses travaux ; 3°^'^ que ces deux pièces seront envoyées
au Comité d'instruction publique pour faire la matière d'un rapport sur la néces-
sité de la réunion ^'^ des deux Commissions *^\
Cinq jours plus tard, le 17 du premier mois (8 octobre), le Comité d'instruction pu-
blique s'occupe à son tour de la Commission des monuments. Le procès-verbal dit : ffUn
membre appelle l'attention du Comité sur les questions : 1° de savoir s'il n'est point à propos
de réunir la Commission des arts et celle des monuments, et 2" de distribuer et répartir les
monuments et collections d'art entre les déparlements. L'objet est ajourné à la prochaine
séance, n La question n'est revenue en réalité à l'ordre du jour du Comité que le 5 frimaire.
Toutefois, dans sa séance du 19 du premier mois, le Comité d'instruction publique dé-
cide de constituer dans son sein une section fccliargée de l'inventaire des objets utiles aux
arts», et la compose de cinq membres, qui sont Bouquier, David, Arbogast, Lindet, Bou-
troue.
Le 20 brumaire, le registre des procès-verbaux de la Commission des arts nous apprend le
nom du président de la Commission : ce président, ce n'est pas un des mombies de la
Commission, c'est un membre du Comité d'instruction publique, Mathieu. Le 28 brumaire,
sur la proposition d'un de ses mend)res, le Comité décide «([u'il sera ajoute trois membres
aux commissaires déjà nommés pour assister au travail de la Connnission des arls-i; les trois
membres qu'il choisit à cet elfet sont Mathieu, Prunelle et Villar.
Le 2 5 brumaire, nouvelle mention de la Commission des monuments dans le registre
de la Commission des arts :
^'^ 11 y a ici une lacune dans le registre, porte le mot crsection"i, (jui ne veut riou
I me phrase qui devait former lecra"» a été dire, ^ous avons rétabli le mot exigé par
omise. le sens.
^^' Au lieu de wréunion^, le registre ^^' F "* 7, folio 5, verso.
16 PROCÈS-VERBAUX DU COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE
Séance du 2 5 brumaire, i'an 2" de la République.
Plusieurs abus s'élanl glissés dans les opérations de la Commission des monu-
ments, on arrête que le Comité d'instruction publique sera prié d'y remédier. Le
Comité d'instruction publique sera invité à l'aire un prompt rapport sur le sort de
la Connnission des monuments ^'^
Enfin le 5 IVimairc, la Commission de» aits décide d'inviter de nouveau le Comité d'in-
struction publique à intervenir :
Séance du 5 frimaire, l'an 2* de la République.
Plusieurs membres se plaignent des obstacles apportés par la Conmiission des
monuments aux travaux de la Commission des arts. La Commission des arts arrête
que le Comité d'instruction publique sera de nouveau invité à faire cesser ces ob-
stacles par une organisation plus complète soit de la Commission des arts , soit
de celle des monuments ^^^.
On a vu que le Comité désigna Mathieu comme rapporteur. Ce choix était significatif:
le rapport confié au président de la Commission des arts ne pouvait conclure qu'à la sup-
pression de la Commission des monuments.
L'Assemblée constituante avait prononcé, le 37 mars 1791, la suppressio.i de la ferme
générale et la résiliation, à dater du 1" juillet 1789, du bail consenti à Mager, prête-
nom des fermiers généraux. Une commission établie par les fermiers généraux eux-mêmes
fut chargée de la liquidation de la ferme, et dut avoir terminé ses opérations au 1" jan-
vier 1793. La liquidation n'ayant pas été achevée à la date fixée, un décret du 5 juin
1798, rendu sur la proposition d'Osselin, supprima la ^commission établie par les anciens
fermiers généraux pour rendre les comptes de la ferme générale ", et ordonna que les
scellés fussent apposés sur la caisse et les papiers de cette commission, ainsi que sur ceux
de tous les ci-devant fermiers généraux, receveurs généraux et particuliers des finances,
receveurs bu régisseurs des domaines, et de tous les comptables ou receveurs des deniprs
pubUcs, sous quelque dénomination que ce fût, qui n'avaient pas rendu leurs comptes
on n'avaient pas payé le montant de leurs débets : étaient exceptées du décret les caisses des
receveurs actuellement en exercice. C'est en vertu de ce décret , sans doute , que furent apposés
sur le laboratoire et le cabinet de Lavoisier les scellés dont les commissaires du Comité d'in-
struction publique, Rommc et Fourcroy, obtinrent la levée le 11 septembre (t. H, p. 87 A).
Le 26 septembre, un nouveau décret, rendu sur la proposition des Comités des finances
et de l'examen des comptes, ordonna que la commission établie pour la liquidation de la
régie générale serait supprimée comme l'avait été celle de la ferme générale, mais que les
scellés apposés en vertu du décret du 5 juin seraient levés, et que les membres des trois
anciennes compagnies de finances (ferme générale, régie générale et administration des
domaines) seraient tenus solidairement de la reddition de leurs comptes, et devraient les
rédiger et les présenter au bureau de la comptabilité, savoir : les anciens fermiers géné-
raux et régisseurs généraux, jusqu'au 1" avril 179^, et les anciens administrateurs des
0) F^'* 7, folio 8, recto. — ^''^ Fi'*7, folio 9, recto.
DE LA CONVENTION NATIONALE. 17
domaines jusqu'au i" juillet suivant. Trois jours plus tard, le 27 septembre, le repré-
sentant Dupin ayant fait connaître à la Convention que plusieurs anciens employés de la
ferme générale , Landon-Vernon , Châteauneuf, Gaudot, Mottet et Jacquart, offraient «de
procurer des connaissances sur les abus commis par les ci-devant trois compagnies de
finances», un décret ordonna que ces cinq citoyens assisteraient à la levée des scellés,
qu'ils cf pourraient examiner tous les papiers des administrations et les comptes des baux
de David, Salzard ot Mager, afin de donner la preuve de toutes les malversations qui au-
raient été otfectuécsTi, et (jue cos citoyens seraient surveillés par deux membres de la
Convention, désignés par le Comité de l'examen des comptes. Les deux commissaires que
choisit le Comité de l'examen des comptes pour cette surveillance furent Dupin et Jac. Us
formèrent, avec les cinq réviseurs placés sous leur surveillance, la cr Commission des ci-
devant trois compagnies de finances».
Les choses en étaient là lorsque le k frimaire, à l'occasion d'un rapport fait parle
Comité des finances sur une des dispositions du décret du 2/1 septembre, Bourdon (de
l'Oise) proposa que les fermiers généraux fussent mis en état d'arrestation et fussent
tenus de rendre leurs comptes dans le délai d'un mois (le décret du 2k septembre leur
avait accordé six mois, jusqu'au 1" avril 179^1)- ^^^^ motif avait poussé Bourdon (de
l'Oise) à faire celte proposition? Ni le procès-verbal de la Convention, ni les comptes-
rendus des journaux ne nous l'apprennent; mais on trouve une indication h ce sujet dans
le rapport que présenta Dupin à la Convention le 16 floréal an 11. Voici en effet ce qu'on
lit dans ce rapport :
Si ies ci-devant fermiers généraux n'avaient pas attendu avec impatience le
retour de Tancieu régime, auraient-ils différé pendant dtux ans^'^ à obéir à vos
décrets ^^^ en s'occupant sérieusement de la reddition de leurs comptes? Ici ce
sont les commissaires liquidateurs ^^^ qui sont très coupables. C'est cette résistance
à la loi qui a déterminé la Convention à rendre, le h frimaire, un décret de ri-
gueur contre eux.
La proposition de Bourdon fut votée, et, sur la motion d'un membre, la mesure fut
étendue aux intendants des finances et aux receveurs généraux des finances. Voici l'ex-
trait du procès-verbal de la Convention :
Séance du h frimaire an 11.
On propose de faire mettre en état d'arrestation les fermiers généraux, et de
décréter que, si dans un mois ils n'ont pas rendu leurs comptes, ils seront punis
de mort comme retenlionnaires de deniers publics; plusieurs opinants parlent sur
cette matière, et la Convention rend le décret suivant :
ffLa Convention nationale décrète que tous les ci -devant fermiers généraux
seront mis en élat d'arrestation dans la même maison; que leurs papiers y seront
Iransférés, et que leurs comptes seront prêts dans un mois; à faute de quoi, la
Convention prononcera contre euv ce ([u'au cas apparti(MKlra.
^'^ C'est-à-dire depuis le déiiot du ^.-j mars 1791, avait (Ué rendu par l'As-
37 mars 1791 jiisipi'au décret du "> juin sond)l(''e consliluanle.
1793. ^•''' C'est-à-dii'e les uuMuhros île la rom-
^^) cfVos décrets» est une inadvertance mission de Tupiidalion nouunée en 1791
(II' rédaction : le premier (h'crel , celui du j)ar les fermiers généraux ou\-m Mnt>s.
III. a
18 PROCÈS -VERBAUX DU COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE
ffLe ministre de la justice, la municipalité' de Paris, sont chargés d'exécuter le
présent décret dans le jour. i
Sur la proposition d'un membre d'étendre les dispositions du décret qui vient
d'être porté contre les i'ermiers généraux sur tous les intendants et les receveurs
généraux des finances,
ffLa Convention nationale adopte cette proposition, et décrète que tous les in-
tendants et les receveurs généraux des finances seront mis en état d'arrestation,
pour y rendre leur compte dans un mois pour tout délai '^^Kv
Le Journal des débats et des décrets rend compte en ces termes de cette partie de la
séance :
Convention nationale , séance du ^ frimaire.
Un membre, au nom du Comité des finances, présente un projet de décret qui
se rapporte sous certains points de vue aux fermiers généraux ^^^
Bourdon {de l'Oise) piofite de cette occasion pour représenter que les ci-devant
fermiers généraux u ont pas encore rendu leurs comptes. Il propose de les mettre
tous en état d'arrestation, et de décréter que si dans un mois ils n'ont pas rendu
leurs comptes , ils seront punis de mort comme détenteurs de deniers publics.
Thiiriol ramène la discussion au projet de loi qui vient d'être présenté.
Il est adopté avec un amendement proposé par Thuriot.
Un membre annonce qu'il fera dans trois jours un rapport dont il résultera que
la ferme générale est une bande de Cartouches bien organisée ^■^^.
Bourdon reproduit sa motion.
Thuriot propose de fixer, pour le lieu de l'arrestation , les bureaux où se ren-
daient les fermiers généraux pour tenir leurs assemblées.
L'arrestation ainsi modifiée est décrétée.
Un membre demande que les ci-devant intendants des finances , leurs subdélé-
gués, et les receveurs généraux des finances, soient compris dans la même caté-
gorie, et arrêtés comme les fermiers généraux.
Montant appuie cette proposition, seulement en ce qui regarde les intendants et
les receveurs généraux des finances : à l'égard des subdélégués , il demande qu'il
n'en soit point question dans le décret; c'est aux Comités révolutionnaires à en
faire justice à la Répubhque.
Bichoux'^^ voudrait que les administrateurs des domaines ne fussent point oubhés.
(1) Procès- verbal de la Convention,
t. XXVI, p. i3().
(^) Ce projet de décret disait que la sur-
séance prononcée par l'article lA du dé-
cret du 2^i septembre 1798, concernant
l'exécution des jugements déjà rendus contre
les ci-devant compagnies des finances, était
levée envers les employés et autres per-
sonnes ayant des titres valables contre eux.
^^) Ce membre est probablement Dupin.
(*) Ce nom est évidemment défiguré par
une faute d'impression. Il ne s'agit pas de
Richou, député de l'Eure, qui avait été dé-
crété d'accusation le 3 octobre 1798. C'est
probablement Richaud, député de Seine-
et-Oise.
DE LA CONVENTION NATIONALE. 19
Un autre membre demande qu'il en soit de même pour les régisseurs ge'ne'raux.
Clauzel fait la même proposition àl'e'gard des administrateurs de la Compagnie
des Indes.
Un membre demande le renvoi de tout ce ([ui a rapport aux administrateurs
comptables au Comité des finances.
Montant insiste pour que du moins les intendants et les receveurs généraux des
finances soient provisoirement mis en état d'arrestation.
Cette dernière proposition est décrétée et ^ort ap[)lau(lie. Les autres propositions
sont renvoyées au Comité des finances ^^K
Voici la pétition de Lavoisier dont il est question au procès-verbal du Comité (p. 9).
Elle est adressée non au Comilé, comme le dit le procès-verbal, mais à la (Convention natio-
nale :
LAVOISIER À LA CONVENTION NATION ALE ^■-^.
Représentants du peuple,
Lavoisier, de la ci-devant Académie des sciences, a quitté la ferme générale il y a
environ trois ans. Appelé à cette époque à la place de commissaire de la trésorerie
nationale, il a principalement contribué h en former l'organisation. 11 est main-
tenant commissaire national des poids et mesures et membre du Bureau de con-
sultation des arts et métiers.
11 est de notori<3té publique qu'il ne s'est jamais mêlé des affaires générales de
la ferme, qui étaient conduites par un comité peu nombreux nommé par le
ministre , et d'ailleurs les ouvrages qu'il a publiés attestent qu'il s'est toujours
occupé principalement des sciences.
Il n'est point du nombre des commissaires qui ont été nommés, en exécution
des décrets, pour la reddition des comptes de la ferme générale; on ne peut donc
le rendre responsable du retard qu'on reproche à cette commission. D'après cela il
ne croit pas qu'il puisse être compris dans la loi qui ordonne que les fermiers
généraux seront mis en état d'arrestation, jusqu'à la reddition de leurs comptes.
Dans le doute, il prie la Convention nationale de lui faire connaître si son intention
est ([u'il s'occupe des comptes de la ferme générale, travail auquel il se croit peu
j)ropre; ou s'il doit continuer ij remplir ses fonctions dans la Commission des poids
et mesures, pour lacjuelle il a travaillé jusqu'ici avec zèle et il ose le dire a\ec
([uelque utilité.
Ce quintidi frimaire , l'an second de la République française une et indivisible.
Lavoisieu.
On lit en marge de la pièce : r Renvoyé au (lomilé d'instruction pul)li([ue. Fhkci>f..'>
— Et plus bas : «Passé à Tordre du jour. Matuiei , secrétaire. v
^'^ Journal des débats et des décrets, n" h'.^-A, p. (iç). Le Moniteur ne donne ipie la
proposition de Bourdon, et ne l'eproduit pas la dis-iission (]ui a suivi. — -^ Vrrliives iia-
liouales, K'\ cailon ii.S."), n" i i ''kj.
a.
20 PROGÈS-VERBAUX DU COMITE D'INSTRUCTION PUBLIQUE
La letlro do Lavoisior n'est pas monlionnéc au procès-verbal de la séance de la Conven-
tion du 5 IVlnialre. Elle ne fut pas lue à rassemblée, pas plus que ne l'étaient les autres
pièces du même genre; un décret du 3 mars 1798 en avait décidé ainsi. Voici ce décret :
Séance du 3 mars 1793.
rrUu secrélaii'o propose, et la Convention niilionale décrète, qu'à l'avenir on lira
scu'enient à la tribune les lettres des ministres et celles des commissaires, et que
toutes les autres pièces seront renvoyées au Comité des pétitions ^'^a
Toutefois, comme on vient de le voir, la lettre de Lavoisier ne passa pas par riiitermé-
diaire du Comité des pétitions; elle fut renvoyée directement au Comité d'instruction pu-
blique par l'un des secrétaires de l'assemblée, Frécine.
Le lendemain, Lavoisier écrivit la lettre suivante au Comité de sûreté générale :
LETTRE DE LAVOISIER AU COMITE DE SURETE GENERALE '^"K
Anx citoyens représentants du peuple composant le Comité de sûreté générale
de la Convention nationale.
Citoyens représentants,
Lavoisier, de la ci-devant Académie des sciences , est chargé par les décrets de
la Convention nationale de concourir à l'établissement des nouvelles mesures
adoptées par la Convention nationale.
D'un autre côté, un décret nouvellement rendu ordonne qne les fermiers géné-
raux seront renfermés dans une maison d'arrêt pour travailler à la reddition de
leui's comptes; il est prêt de s'y rendre, mais il croit auparavant devoir demander
auquel de ces décrets il doit obéir.
Le Comité de sûreté générale concilierait l'exécution des deux décrets si, provi-
soirement, il ordonnait que Lavoisier demeurera en état d'arrestation sous la garde
de deux de ses frères sans-culottes. 11 observe qu'il y a trois an^ qu'il n'est plus
fermier général , et que sa personne et toute sa fortune garantissent sa responsa-
bilité morale et physique.
Ce sextidi frimaire, l'an ri^ de la République une et indivisible.
Lavoisier.
Nous croyons devoir donner encore les extraits suivants du procès-verbal de la Conven-
tion et du Journal des débals et des décrets, qui font connaître la suite des mesures prises
par l'assemblée à l'égard des fermiers généraux et autres membres des Irois Compagnies
de finances, ainsi que des intendaiits des finances et des receveurs généraux des finances :
Convention nationale, séance du 10 frimaire.
A l'ouverture de la séance , Dupiii représente que parmi les ci-devant financiers
qui ont été mis en arrestation en vertu de la loi , il y en a un qui a rendu ses
(') Procès-verbal de la Convention, t VU, p. 69. — -'^ Archives nationales, F', carton /'1770
(ancien ^i']^']).
DE LA CONVENTION NATIONALE. 21
comptes en 1787, qui a son quitus de la Cliambre des comptes, qui est excellent
palriole, et le seul que l'on ait arrêté parmi ceux qui avaient la même qualité
que lui. Comme Dupin est porteur du quitus, il demande la mise en liberté du
citoyen dont il atteste le patriotisme.
Voull/iHcl. II n'est pas douteux que les financiers qui ont rendu leurs comptes,
et dont L s comp'es ont été apurés, ne doivent être remis en liberté; plusieurs
peuvent se Irouver dans la même catégorie que celui dont on nous entretient. Je
demande le renvoi aux Comités de sûreté générale et des finances, pour présenter
un projet de loi généi'ale.
Thuriot demande si Dupin est membre de la Commission chargée de reviser les
comptes, et si ses collègues ont donné leur assentiment à la mise en liberté qu'il
propose.
La discussion so prolonge. La Convention décrète le renvoi aux Comités des
Hnances et de sûreté générale, pour faire un rapport séance tenante :
rrSur la demande faite au nom du citoyen Passi, qui, ayant rendu ses comptes
on 1787, pour l'exercice des années 178/1 et 1786, et produisant un quitus en
bonne forme de la ci-devant Chambre des comptes de Paris, avec un crrtificat des
commissaires de la comptabilité, qui atteste que ce citoyen est quiUe envers la na-
tion, réclame sa liberté, prétendant que la loi du -i frimaire ne peut lui être ap-
pliquée ;
ffLa Convention nationale renvoie au Comité des finances cette demande, pour
en faire un rapport, séance tenante, et proposer, s'il y a lieu, une mesure géné-
rale ^^Kr)
Un membre du Comitii des finances fait, au nom des Comités des finances et de
sûreté générale , le rapport dont on l'avait chargé au commencement de la séance.
Il [)ropose de mettre en liberté les intendants et les receveurs généraux des
fmances dont les comptes ont été rendus et apurés.
Rcubell propose, par amendement, de mettre en arrestation à leur place ceux
qui ont apuré leurs comptes.
La discussion s'engage; Montaut demande une seconde lecture. On la fait. Il
demande l'ordre du jour sur le projet de loi: il le motive sur ce que les apura-
leurs des conq)tes étaient eux-mêmes intéressés à la dilapidation de la forlune
publ!([ue. C'est au peuple, dit-il, que les comptes de tous doivent être rendus; il
faut non seulement que les comptes soient rendus, mais encore que ceux qui ont
pris restituent.
La Convention passe à l'ordre du jour ^'\
Séance du l 'i frimaire an 11.
Un membre ^^^ fait un rappui't au nom de la Commission des ci-devant trois
(') Nous oniprunloiis lo lexlc de œ dé- ^-^ Journal des débats et des dérrets ,
(Met an |)io(ès-veil);il de la Convention, le n" /i38, pa[jes i.33 et 187.
Jour.'ial des débats et des décrets ne Payant ^^^ (Test Dnpin. [Journal des dé' ats et
pas reproduit. des décrets.)
±2 PKOGÈS-VF^RBAUX DU COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE
cofTijinoiiios de finances, à la suite duquel il propose et l'assemblée adopte les
trois projets de dt^cret suivants :
ffLa Convenlion nationai(\ sur le rapport de la Commission des ci-devant trois
compa[jiiies de linancos, décrète :
f^ Article premier. Les ci-devant fermiers g-e'ne'raux et régisseurs g('néraux des
aides seront tenus de \erser sous quinzaine au tre'sor public, savoir :
rLes lermiers gén-raux, la somme de 356, 5o3 livres 3 sous h deniers, à la-
([uelle s'(^lève la moilié de cette somme, revenante à Augeard et Alliot, émigrés;
et Lautre moitié pour la représentation de l'amende prononcée par l'article k de
la loi du -iS août 1792 ;
ffLes régisseurs généraux, la somme de 81^,288 livres 17 sous 8 deniers, tant
pour ce qui a été louché et reste h toucher pour le compte de Prost de Grange-
Blanche, émigré, que pour le montani de l'amende encourue par la disposition de
la loi précitée.
ff Art. 2. L'agent du trésor public veillera sur ce rétabhssement, dont il rendra
compte à la Convenlion. ^^
cfLa Convention nationale, sur le rapport de la Commission des trois compa-
gnies de finances , décrète ce qui suit :
rf Article premier. Les cautions des baux de Mager, Kallendrin et Poinsignon
rétabliront dans le trésor public, d'après la division qui suit, la somme de
28/1, 60O livres i5 sous 6 deniers, employée soit en deniers-clairs, soit en comes-
tibles distribués à titre d'étrennes aux intéressés dans lesdits baux ou autres indi-
vidus, depuis le 1" décembre 1789.
ctArt. 2. La ci-devant ferme générale est comprise daîis cette restitution pour
168,1 3 /i livres 5 sous 6 deniers;
ffLa ci-devant régie, pour 6/1,690 livres 10 sous;
ffL'administration des domaines, seulement 1,782 livres.
ff Art. 3. La Convention nationale charge l'agent du trésor public de veiller au
maintien du décret du 27 novembre 1 789, et à la suite du recouvrement partiel
ordonné par le présent décret, n
(f Articles additionnels aux lois des 22 et 37 août ijg^-
ffLa Convention nationale, sur le rapport de la Commission des trois compa-
gnies de finances, décrète ce qui suit :
ff Article premier. Les trois compagnies de finances connues sous les dénomi-
nations de fermiers généraux, régisseurs généraux des aides, droits y joints, ad-
ministrateurs généraux des domaines, sont assimilées aux sociétés d'actionnaires en
ce qui concerne l'exécution des lois des 22, 27 août, 17 septembre, 28 novembre
1792 , et 18 juillet 1793.
ff Art. 2. En conséquence, elles verseront, sous quinzaine de la pubhcation du
présent décret, dans le trésor national, le cinquième de toutes les sommes qu'elles
DE LA CONVENTION NATIONALE.
23
se sont réparties ou pourront se répartir on bénéfices, intérêts de fonds et rem-
boursement de capitaux provenant de l'exploitation des trois derniers baux ou
traités de régies de David, Salzar I, Mag-er, Clavel, Kallendrin, René et Poinsi-
gnon, depuis le 99 août 1799 jusqu'à l'entier épuisement de ce qui leur revient à
raison de ces différents exercices.
rr Art. 3. L'agent du trésor public est spécialement cliargé de surveiller ce réta-
blissement, et fie justifier dans le mois à la Convention nationale de l'objet de ces
recouvrements ^^^.n
Convention nationale, séance du 21 frimaire.
On lit un grand nombre d'adresses. . . Dans le nombre est une pétition fies
fermiers généraux, dont le plus grand nombre est réuni dans la maison du ci-
devant Port-Royal; ils se plaignent de ce qu'on les tient séparés de leurs papiers
qui sont aux Fermes, et dans l'impossibilité d'obéir à la loi f|ui leur ordonne de
rendre leurs comptes; ils représentent que déjà une grande partie du temps qui
leur est accordé pour y travailler s'est écoulée, et qu'il n'est pas possible qu'on
leur fusse porter la peine d'une faute qui n'est pas la leur. Ils demandent à la Con-
vention de les réunir à leurs papiers, pour qu'ils puissent travailler et exécuter la
loi.
Monnel. Je demande l'ordre du jour sur cette pétition. C'est pour la troisième
fois que les ci- devant fermiers généraux s'adressent à nous^^^ : la loi est faite à biu*
égard; elle doit être exécutée; vous l'avez déjà tlécidé, en passant à l'ordre du
jour ^^\ Je vous le propose de nouveau : d'ailleurs, ce n'est point un compte géné-
ral que les fermiers généraux doivent rendre: mais un compte individuel; ainsi
leur réclamation pour être réunis aux papiers de la ferme est absolument vaine.
Bourdon (de VOisc). La Convention ne peut pas détourner ses regards de des-
sus cette pétition; ce fut sur ma proposition que fut rendue la loi qui est aujour-
fl'hui l'objet de la pétition des ci-devaiit fermiers généraux; l'intention do la Con-
vention, cojjune la mienne, fut alors de mettre ces citoyens à même de rendre
leurs comptes, de leur flonner les moyens de le faire le plus tôt possible, et dans
le délai indiqué par la loi : si cette intention n'a pas été remplie, il faut qu'elle le
soit. Mon collègue, le prt^opinant, a fait une observation qui n'est pas juste : il
croit f[uc les fermiei's généraux doivent un compte particulier, et c'est précisé-
ment le contraire. Je demantle le renvoi de la pétition au Comit(' des finances, qui
fera incessamment un rapport.
^'' Procès -vprhal de la Convention,
I. XXVI, p. 3o8.
^** Monnel compte sans doute, connue
la première en date, la pétition de Passi
ptésenléo par Dupin le 10 frimaire, bien
(](!(» Passi ne tût pas lerniicr 'jctuMal. La
socondc pétition était celle qui fut adressée
à la C/Ouvcnlioii le 13 frimaire j)ar les ler-
niiers généraux, pour demander à ("'tr(>
transfères à l'hôtel des Fermes, où ils
travailleraient à rèlablissement de leurs
comptes; celle pétition, qui n'est men-
tionnée ni par le procès-verbal de la Con-
vonfiou ni pai" les journaux, fut ivnvoyée
par le [)iesi(ient au Comité des linances sans
(juo l'assemblée prît de décision {Lovoisier,
j)ar K. G ni M AUX, p. 37'!).
(^' be 10 frimaire.
U PROCÈS-VERBAUX DU COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE
Thuriol. Il me semble que nous pourrions sur-le-champ prendre une mesure
définitive. J'ai lu le décret qui fut rendu; et, quoique Bouidou eût exprimé le
vœu de l'aire l'éunir les fermiers généraux à leurs papiers ^'\ cette disposition n'est
point dans la loi. Il serait fort simple de rendre pour cela un décret particulier, et
(rordomier que les fermiers généraux seront réunis h leurs papiers, dans la mai-
son des Fermes.
Bourdon [de l'Oise). J'insiste sur le renvoi que j'ai demandé pour un motif que
Thuriot sentira tout à Theure. Sans doute, il serait ridicule et barbare de sup-
poser que la Convention, en ordonnant farrestation des fermiers généraux pour
leur faire rendre leurs comptes, eût voulu les mettre dans l'impossibilité d'y tra-
vailler. Cependant, il faut observer que les Fermes sont ouvertes de toutes
parts ^". et nous ne voulons pas non plus que les fermiers puissent échapper à la
reddition de leurs conq)tes. Ainsi, nous pouvons charger le Comité des finances et
celui de sûreté générale de faire au plus tôt un rapport sur les mesures conve-
nables pour amener la plus prompte exécution de la loi.
Le renvoi est décrété.
Un membre fait un rapport sur le citoyen Passi, détenu comme ci-devant agent
de finances. Le Comité ^^^ s'est assuré que ce citoyen n'a été que le commis de la
veuve d'un financier, pour rendre le compte de son mari; que, d'ailleurs, ce
compte s'est trouvé parfaitement juste, et que la Chambre des comptes a donné
le quitus. Il propose la mise en liberté du citoyen Passi.
Ce projet de loi donne lieu à Camhon de faire sentir la nécessité d'établir un
mode prompt de comptabilité. Il demande que le Comité de l'examen des conques
s'occupe d'en présenter un; et, s'il ne le peut pas, Cambon s'en occupera lui-
même et soumettra ses vues à la Convention. Quant au décret qui vient d'être
présenté, il pense que la Convention perdrait beaucoup de temps si elle voulait
prononcer sur loules les réclamations, en exception à la loi générale. Il propose
de renvoyer cette affaire aux Comités de sûreté générale et de l'examen des
comptes réunis, qui seront autorisés, celui-ci à prononcer sur l'apurement des
comptes, et l'autre, sur les mises en liberté, en vertu de la haute police qui lui
est confiée.
Montant. J'appuie la motion de Cambon; la Convention a déjà, sur ces objets,
souvent passé à Tordre du jour. Il faudra bien examiner si les fermiers généraux
ont volé ou non; mais pour cela, je vous soumets la proposition d'établir quel-
ques bases générales. Il faudrait exiger que chaque financier établît positivement
([uelle était sa fortune au moment où il esL entré dans la finance; cela e'tant une
fois établi, on verra que ces individus ont acquis des millions : alors, on statuera
•-• C'est Thuriot lui-même qui, d'après n'étant pas clos, les fermiers généraux ne
le compte-rendu du Journal des débats et s'y trouveraient pas en état de détention.
e?es (iecrefs, avait fait cet amendement à la ^^^ C'est le Comité de l'examen des
proposition; voir ci-dessus, p. t8. comptes, comme l'indiquent les termes du
(2)
C'est-à-dire que l'hôtel des Fermes décret rendu à la fin de la discussion.
DE LA CONVENTION NATIONALE. 25
le gain légitime qu'ils auraient pu faire, et je suis convaincu (|ue ces mesures
feront rentrer dans le Trésor public au moins Aco millions.
Merlin (de Thionville) appuie les propositions de Gambon et de Monlaut.
CArtrfc développe celle de Gambon. Sans doute, dit-il, si Passi n'a élé que le
commis d'une veuve, il doit être mis en liberté. Mais Gambon vous a parfaite-
ment fait sentir qu'il était possible que Passi ne fût {)as sans quelques caractères
(!e suspicion, et c'est dans ce sens qu'il a demandé le renvoi au Gomité de sûreté
générale.
Cambon affirme que c'est là sa motion, et demande qu'elle soit généralisée.
Décrété.
Cambon. Je profite de cette circonstance pour vous faire part de ce qui se passe
maintenant à l'égard des fermiers généraux. La Gommission que vous avez char-
gée d'en examiner les comptes^'' a déjà fait au Gomité des finances un rapport,
qui annonce la rentrée dans les coffres de la nation d'environ cinq cents millions qui
ont été volés, et que l'on fera bien restituer aux voleurs. On piouvera à la Réj)u-
biique que si beaucoup de geus ont fait de grandes fortunes, c'est parce qu'ils
pouvaient faire de gros vols, parce que les contrôleurs généraux et leurs valets de
chambre dilapidaient sans mesure la fortune publique. Tout sera discuté, et vous
aurez une décision. Mais, conmie on a voulu faire croire que le Gomité des fi-
nances et la Gonvention nationale jugeaient sans examiner tout ce qui regardait
les financiers, comme les fermiers généraux vous assaillaient de pétitions pour
être réunis à leurs papiers, et que votre intention est qu'ils le soient, je demande
que les Gomités de sûreté générale et de l'examen des comptes soient uniquement
chargés de statuer et d'accélérer la reddition des comptes.
Bourdon repnîsente qu'il l'a fait décréter ce matin.
Thuriot observe qu'on n'a fait que demander un rapport aux Gomités, et que
Cambon propose qu'ils soient autorisés à réunir les comptables à leurs papiers; il
demande que l'autorisation soit décrétée ^^\
ffSur la motion d'un membre, la Convention nationale décrète :
ff Article prkmier. Le renvoi du projet de décret du Comité de rexamen des
comptes aux Comités de sûreté générale, des finances, et de Texamen des comptes,
réunis, pour statuer définitivement sur la mise en liberté du citoyen Passi, si ses
comptes sont rendus, et s'il n'existe contre lui aucune cause de suspicion ou (riu-
civisme.
frART. 2, Les Comités de sûreté générale, de l'examen des comptes et des fi-
nances, réunis, statueront délinitivement sur la mise on liberté des citovens comp-
tables dont les comptes auront été rendus, pourvu rpi'il n'existe point contre eux
de causes de suspicion ou d'incivisme.
^'^ La Commission composée do Diipiii ol Jac, auxquels ('talent adjoints nw\ auricns
employés (lo la fermi\ — ^'^ Journal (I<s drhdts et drs décrets, n" Vk), i>a{;os •j().> et -ujS.
26 PROGKS-VERBAUX DU COMITE D'INSTRUCTION PUBLIQUE
frART. o. Les mêmes Comit(^s siatiieront aussi sur les diverses pélilions qui ont
été présentées par les ci-devant fermiers généraux, qui demandent à être trans-
férés dans une maison nationale, où ils pourront rendre leurs comptes et ré-
pondre aux diverses demandes qui leur seront faites par la Commission chargée
de siu*veiller leur ancienne comptabilité de gestion ^'^n
Le même jour, le (iOmilé de sûreté {jonérale prenait un arrête conforme aux décisions
do la Conveuliou, en chargeant Dupin et Jac de s'entendre avec le département de
Paris, pour faire aménager eu prison Taucieu hôtel des Fermes, et d'y faire transférer
ensuite les fermiers généraux détenus à Port-Royal.
La translation eut lieu le 5 nivôse.
EXTRAIT DES DELIBERATIONS DE LA SOCIETE REPUBLICAINE DES ARTS^-^
Séance du sextidi de la troisième décade de brumaire de l'an deux
de la République française une et indivisible.
Ladite Société a nommé une députation de quatre membres pris dans son sein
pour se reiulre au Comité (Linstruction publique pour l'inviter à écrire au ministre
de Lintérieur d'autoriser les artistes de ladite Société à continuer les assemblées
des arts dans les salles de la ci-devant Académie de peinture.
Les membres de la députation sont: Petit -Coupret, Chaudet, Tourcaty et
Balzac ^'\
Pour extrait conforme à l'original :
Gilbert, secrétaire.
On lit en marge : «Ajournement motivé. Mathieu, i--
Et sur la chemise : tcAjournement motivé sur le décret de la Convention qui renvoie
au Comité d'instruction publique la question de savoir s'il doit être accordé des emplace-
ments nationaux aux sociétés populaires et d'artistesw.
On lit dans les procès-verbaux de la Convention :
Séance du 3 fiimaire an ii.
La Société populaire de Dourdan demande que la Convention nationale accorde
en propriété à toutes les sociétés populaires un local, soit domanial, soit com-
munal.
Un membre demande que les Comités d'instruction publique et des domaines
soient chargés d'examiner la question de savoir s'il convient que les sociétés popu-
^^) Nous empruntons le texte di ce dé- ^^^ Le sculpteur Chaudet, le graveur
cret au procès-verbal de la Convention, le Tourcaty (dont le procès-verbal de la Con-
Journal des débats et des décrets ne l'ayant vention écrit le nom Turcati) et l'architecte
pas reproduit. Balzac figurent sur la liste du jury des
(^) Archives nationales, F^^ carton 1 oo6, arts, nommé le 25 brumaire (voir noire
n° 1101. tome II, p. 829).
DE LA CONVENTION NATIONALE. 27
lairos, ainsi que les sociétés libres des arts, reçoivent de la nation un local pour
leurs assemble'es.
Cette proposition est décrétée ^'^
Nous plaçons ici un ari-êté du Comité des inspecteurs de lu salle, du i3 nivôse an ii,
relatif au concours ouvert pour la décoration d'une pendule décimale par le décret du
h juillet 1793, concours dont le jugement devait être confié à la Commune des arts
(t. Il, p. 368). Après la suppression de la Commune des arts parle décret du 8 brumaire
(t. IJ, p. 670), il lallut aviser à un autre moyen de juger le concours : d'où rarréié pris
par le Comité des inspecteurs de la salle.
•
ARRÊTÉ DU COMITÉ DES INSPECTEURS, DU l\\ NiVÔSE AN II.
Le Comité d'inspection arrête que les citoyens artistes qui , conformément au
décret du ^"'\ se proposent de concourir pour la décoration de la pendnle qui
sera placée dans la salle, feront apporter au Comité leurs modèles et esquisses, à
compter du qo nivôse; qu'ils feront placer sur des chevalets leurs modèles, dans
la salle qui sépare le salon de la Liberté de la première salle, pour y rester exposés
jusqu'après le jugement.
Le dépôt devra être fait dans le courant de la décade jusqu'au 3o nivôse, après
quoi il n'en sera plus reçu.
Les citoyens Fiquet et Sergent sont chargés de recevoir les morceaux pré-
sentés.
Robin, président '-^K
E
On lit dans les procès-verbauï de la Convention :
Séance du 5 frimaire an 11.
Une députation du directoire du Lycée des arts présente, au nom de la
citoyenne Masson, un procédé pour la refonte et la fabrication des vieux papiers;
et, au nom du machiniste Kock, une machine propre à opérer le prompt rétablis-
sement des jambes cassées.
Le citoyen Gaullai'd de Saudray, l'orateur, offre les arrérages de sa pension.
La Convention renvoie l'offre des arrérages de la pension au Comité des
finances, et ce qui est relatif aux procédés du papier et à la machine du citoyen
Kock est renvoy<' au Comité d'instruction publique ^^^
On lit dans le Moniteur :
Convention nationale, suite de la stsuice du ï^ frimaire.
Une députation du Lycée des aris est admise à la barre.
Dcsaudrai), orateur. Citoyens b'gislateurs, hier le Lyci'e des arts a tenu sa séance
^') Procès-verhid de la Convention, I. XXVI, p. \'y^. — ^*' I,a date du décret a t-l.'
laissée on blanc au Moniteur. — (') Moniteur du 17 niv()^e an 11. p. 'i.3o. — ^*' Prorè«<-
verbal de la (lonvontion, t. XXVI, p. 5».
28 PROGES-VEUBAUX DU COMITE D'INSTRUCTION PUBLIQUE
])ul)lif]iio. Plusieurs ropn^sonlants flu peuple et (liffdrenls membres de la munici-
pnlilé y oui assisté; ils oui été léuioius des prix qu'oui remporlës deux découverles
uliles. L'uue de ces découvertes, doul la citoyeune Masson est l'auleur, tend à
l'aiie disparaître les couleurs et empreintes (jui sont sur le papier: la seconde,
du ciloyen Leco([^'\ serrurier, doune la facililé, au moyen d'une machine qu'il
a iineiilée, à une personne qui aurait cm le malheur de se casser la jambe, de
se panser sans aucuns si^cours élrangers. Je laisse h la Convention le soin d'ap-
précier Tulilité de ces découvertes.
Citoyens, pour prix de mes services, l'Assemblée nationale m'a accordé une
pension de mille livres; qu'il me soit permis d'en faire hommage h la République.
On demande la mention honorable de celte offrande.
Danton. Il faut d'abord savoir si la p?nsion dont fail hommage le citoyen Desau-
dray est celle ([ue lui lit donner La Fayette, pour avoir travaillé avec lui h l'or-
ganisation conlre-révolutionnaire de la garde nationale; car si c'était celte pension,
la nation ne lui devrait aucun remerciement^''. Quant aux découvertes, je demande
que la Convention charge ses Comités de les examiner.
La Convention nationale charge son Comité des finances de prendre des ren-
seignements sur la ])ension dont fait hommage le citoyen Desaudray, et décrète la
mention honorable des découvertes qui lui sont présentées ^^^
Voici, d'après YAnti-Fédéraîiste , le texte de la pétition présentée à la Convention le
lî 1 l)riimaire par le Comité cc^ntral des sociétés populaires :
Législateurs,
Voici ce que les commissaires du Comité central des sociétés populaires vien-
nent vous dire au nom de la raison.
L'immortelle Déclaration des droits de l'homme et du ciloyen garantit la liberté
des opinions et des cultes; par conséquent, elle proscrit loule religion dominante :
('^ Le procès-verbal de la Convention, de Saudray, devenu M. Desaudray, et une
qui écrit Kock et non Lccoq, donne la vé- pension de deux mille livres au marquis
ritable tonne du nom. de la Salle, devenu M. Lasalle. Ajoutons
^'^ Danton ne se trompait pas. Le che- que, le 19 mars 1791, le même Desau-
valier de Saudray, qui écrivait alors son dray, qui avait repris pour la circonstance
nom en deux uiots, avait été nommé, le son nom patronymique Charles Gaulard,
1 '1 juillet 17B9, par l'assemblée des élec- avait communiqué aux Comités militaire
leurs de Paris, commandant en second de et de constitution, pour être présenté à
la milice bourgeoise ou (jardc natiouale, l'Assemblée nationale, un «Plan d'organisa-
dont le marquis de la Salle venait d'être tion générale de la force publique dans
nommé commandant en chef; etIeSo sep- l'intérieur du royaumes; ce crPlan^^, im-
tambre 1791, dans sa dernièrr» séance, primé chez le libraire Buisson, rue Haute-
r Assemblée constituante, sur la proposition feuille, est annoncé dans le Montreur du
de Ballly et de Lafayette, avait accordé 3o avril 1791.
une pension de mille livres au chevalier l-^) Mom7eur du 7 frimaire an 11, p. 269.
DE LA CONVENTION NATIONALE. 29
cesl-à-dire toute secte privilcgie'e , salariée des deniers de ia République à lexclu-
sion de toute autre.
Il est bien temps , sans doute , de ne plus gager d'inlermédiaire entre d^s hommes
libres et le dieu des hommes.
Les sections et les sociétés populaires de Paris, ci-après désignées, vous de-
mandent un décret, sauvegarde des consciences, une loi, puisqu'il en faut une
encore, par laquelle un citoyen ne soit plus tenu de contribuer au salaire des
prêtres, auxquels il ne croit pas.
Que ceux qui ont encore foi aux augui'es les paient; mais pourquoi assujettir
plus longtemps à ce liibul honteux le franc républicain, qui n'a d'autre r.'ligion
que le culte de la liberté et Tamour de la patrie?
Il est temps de renoncer à salarier le mensonge et le fanatisme. D(^à toute So-
ciété populaire ferme ses portes à l'individu flétri du nom de prêtre; toute fonction
publique lui est interdite ^'^ ; il ne lui reste plus d'autre ressource que d'abjurer un
métier vil et dangereux, pour embrasser telle autre profession dont il n'ait pas à
rougir.
La République est une ruche qui se refuse à entretenir des frelons incommodes,
paresseux et perfides.
Ce pas de fait, législateurs, vous aurez la gloire d'avoir porté le dernier coup
au fanatisme sacerdotal, et vous aurez encore une fois bien mérité de la patrie '"\
Le procès-verbal do la Convention rend compte en ces termes de la présentation de celle
pétition :
Séance du a i brumaire an ii.
Des députés commissaires du Comité central de cinquanle-six sociétés popu-
laires de Paris ^'' demandent l'abolition du traitement des prêtres. Que ceux qui
ont encore foi aux augures les paient; mais pourquoi asservir à ce tribut honteux
un républicain qui n'a d'autre dieu que la vertu et son pays?
La Convention décrète l'insertion au Rulletin avec mention honorable ^\
Le procès-verbal n'ajoute pas que la pétition fui renvoyée aux Comités des finances et
d'instruction publique, et que ces Comités furent eu outre chargés de recevoir tr toutes les
pétitions qui suivraient celle-là n. Ce détail ne nous est connu que par les journaux.
Voici ce qu'on lit dans le compte-rendu du Moniteur :
(') Cette aflirmation était inexacte, car et 5oi, 18 et 19 brumaire, et par le
le 5 frimaire le Conseil (général delà corn- Journal de la Montaf^ne, n" i()i, 'o hru-
mune (le Pai'is présentera nue pétilion jionr maire. Nous avons cherclié innti!(Mn(Mil la
réclamer précisément Tadoplion de la me- pièce on<jiuaie aux Archives ualionalos.
sure qui est représentée ici comme déjà ^^^ La Société des Jacobins avait donné
prise. son adhésion lbrn)elle dans sa st'anro du
^^' Anli-Fc(l('rnl,'nte, n" hq, «n hrmnairc 18 brumair;'.
an M. Cette pétition a été publiée aussi pa:- ^^' Procès- v(il)al de la Convention,
\c Journal desdéhalu et de lacorrcupoiidnnrc I. \\\', p. i5i.
delà Société des Jncohiiis : Déitats, u'" h'<U)
30 PROGÈS-VEKBAUX DU COMITE D'INSTRUCTION PUBLIQUE
Convention nationaie, séance du 21 brumaire.
On îidniet à la barre une dcputation des sections et sociétés populaires de
Paris.
L'orateur de la députation. T^f^jO-islateurs, voici ce que les commissaires du Co-
mité central des sociétés populaires et des sections de Paris ^^^ au nombre de cin-
([uanle-six, viennent vous dire. [Suit un résumé de la pétition, avec mention des
applauilissements de rassemblée.]
Chabot. Il appartenait à la commune de Paris , qui a toujours devancé les dé-
partements dans toutes 1rs mesures révolutionnaires, de leur donner encore ce bel
exemple. Je ne ferais pas dilïiculté di* dire que la majorité des départements est
prête à adopter ce système. Mais le législateur ne doit rien précipiter. Quand
toutes les sections de la République auront émis leur vœu, alors nous pourrons
prouoncei*. II est temps que le culte de la raison et de la loi prenne la place de
toutes les superstitions ; mai > il faut préparer l'esprit public : le moyen de le faire
est d'insérer cette pétition au Bulletin, avec la mention la plus honorable, et de la
renvoyer aux Comités des (inanc s et d'instruction publique, oii devront s'adresser
toutes les pétitions qui suivront celle-là.
Tliuriot. Assez et trop longtemps la République a soldé l'armée du fanatisme
et de l'erreur. Si l'homme philosophe était vindicatif, il pourrait dire au prêtre :
rr Nous t'assurons les richesses que tu nous as promises après la mort, dans le pa-
radis. 1 (On rit et on applnudit.) Mais l'humanité est la vertu du philosophe; le
prêtre est un homme, il est donc son frère; aidons-le à s'éclairer, et n'empêchons
pas, en le réduisant au désespoir, les progrès de la vérité. Vengeons-nous, par le
bien que nous lui ferons, du mal qu'il nous a fait. Je demande qu'en attendant
i'époque où l'opinion publique sera bien prononcée, le Comité des finances soit
chargé de présenter, sous huit jours, un projet de décret pour accorder des secours
aux prêtres qui , n'ayant pas de ressources , renonceraient à leurs fonctions ecclé-
siastiques.
Les propositions de Chabot et de Thuriot sont décrétées ^^\
Malgré le décret formel de la Convonlion, consigné nu procès-verbal, la pétition du
Comité central des sociétés populaires ne fut pas insérée au Bulletin. Y eut-il un simple
oubli, ou l'omission fut-ello voulue?
Quant au projet de décret demandé au Comité des tinanccs, il tut distribué à la Con-
vontion le 1" frimaire, et discuté le a. Ce projet accordait une pension tant aux évéques,
curés et vicaires qui avaient abdiqué ou abdiqueraient leur état et leurs fonctions qu'à
ceux qui, du consentement de leur commune, conserveraient lem' caractère. La pension
accordée à ceux qui resteraient prêtres et continueraient à exercer les fonctions ecclésiastiques
était plus forte que celle accordée aux autres. Ce projet souleva de vives critiques. Un
membre proposa l'ordre du jour, motivé sur ce que la nation ne devait de secours qu'aux
^^^ Le sens de cette phrase est : wLes approuvée parles sections, aussi bien que
commissaires du Comité central des sociétés par les sociétés populaires,
populaires, et les commissaires des sections ^^^ Moniteur du îB brumaire an ii,
de Paris. 5) La pétition avait été en effet p. iiÔ.
DE LA CONVENTION NATIONALE. 31
infirmes. Merlin de Thionville blàraa la différence faite entre les prêtres qui abdiquaient
et ceux qui n'abdiquaient pas, et demanda que ceux (jui continueraient à enseigner le
mensonge et l'erreur ne fussent pas mieux traités que ceux qui renonceraient à leur état.
Cambon proposa l'ajournement du projet jusqu'au i*"" janvier (sic) , et le maintien du trai-
tement des ministres du culte catholique, tel qu'il avait été réglé par les décrets anté-
rieurs, jusqu'à cette époque. Danton, de retour d'Arcis-sur-Aube depuis la veille, combattit
ceux qui demandaient le rejet en bloc du projet de décret : ffSi un prêtre n'a pas de quoi
exister, dit-il, que voulez-vous qu'il devienne ? 11 faut qu'il meure, qu'il aille à la Vendée,
ou qu'il se déclare au dedans votre irréconciliable ennemi.» Levasseur de la Sarthe in-
sista pour que des secours fussent accordés aux prêtres qui abdiqueraient, afin de favoriser
les abjurations. Le projet fut discuté ensuite article par article. On supprima le mot de
pension et on le remplaça par celui de secours; les deux premiers articles, réglant les se-
cours accordés aux prêtres qui avaient abdiqué ou abdiqueraient (800 livres par an, s'ils
avaient moins de cinquante ans; 1,000 livres, s'ils avaient de cinquante à soixante-dix ans;
i,;^oo livres, s'ils avaient plus de soixante-dix ans), furent adoptés. On y ajouta, comme
article 3, la disposition proposée par Cambon : rrLe quartier commencé le 1" octobre, et
(|ui finira au i*"" janvier prochain, sera payé sur le pied actuel». Quant aux prêtres qui n'ab-
di([ueraient pas, Thuriot émit l'avis qu'il n'était pas convenable d'en parler; la Convention
se rangea à celte opinion, et passa à l'ordre du jour sur le reste du projet, laissant par con-
séquent les choses en l'état pour les prêtres qui conserveraient le caractère ecclésiastique.
A l'égard de la pétition faite le 5 frimaire par le Conseil général de la commune de
Paris pour demander que les prêtres fussent exclus de toutes les fonctions pubhques, elle
fut faite en exécution du fameux arrêté du 3 frimaire, dont nous avons parlé dans l'Intro-
«luction de ce volume. Colle qui demandait des livres pour l'enfance, et qui fut présentée
en même temps, fut faite en exécution d'un arrêté du 18 brumaire. Voici le texte de ces
deux pièces, dont nous avons retrouvé les originaux aux Archives nationales, dans les cai -
tons du Comité d'instruction publique :
PÉTITION DE LA COMMUNE DE PARIS À LA CONVENTION NATIONALE ^^l
Quintidi frimaire, l'an 11" de la République française.
Législateurs ,
La restitution que vous avez faite au peuple de ses droits im[)i'escriplibles et
inaliënables a éveille' sa raison , et ce réveil a été terrible. A hi chute (4 à la pro-
scription des tyrans a succédé inopinément, et avec la rapidité de la foudre, celle
du fanatisme et de la superstition. Le peuple adopte partout et avec enthousiasme
le culte de la raison et de la vérité. Mais, législateurs, si la raison frappe niainle-
nanl nos yeux, il n'en est pas de même de nos enfants. En atlendant (pie \olie
sag(! décret concernant Tinstitulion do la première enfance [)uisse être en vigueur,
nous venons vous demander au plus tôt des livres pour cet âge si init'ressanl.
Vous ne souffrirez pas plus longtemps (pie nos enfants sucent le [)oison du inrn-
soiige, ipiand nous buvons à longs traits le neclar dans la coupe de la véril('.
Leguand. prcfiident de la commune,
DuNOi'v. Henvhd, Lkci.kkg, DoiUGW.
^'^ Archives nationalos, [•'', carton 1007, n" iMtut.
32 PROGÈS-VEllBAUX DU COMITÉ D^INSTRUCTION PUBLIQUE
On lil (M) inai'jjf : fcReiivoi au Comité (rinsLriicliou puhli([iiL', ce 5 frimaire. Piiilip-
PJÎALX.71
PÉTITION DE LA GOMMU.NK DE PARIS À LA CONVENTION NATIONALE ^'J.
L(|}isla leurs,
Ees idoles du fanatisme, de la superslilion et du mensonge sont pour jamais
brisées. Si la nalloii jusie cl bienfaisante vient au secours de ceux cju'on appelle
prêtres pour leur fournir des aliments lorsqu'ils seront dans les termes de la loi,
le bonbeur public et la Irisle expérience du passé veulent impérieusement qu'on
écarte ces orp;anes de Tastuce, de l'imposture et du mensonge de toute espèce de
fonclions publiques, de toutes administrations, et de toute direction de manufac-
ture d'armer ou autres pour le service de la [République. Tel est le vœu que nous
venons vous soumettre.
Legrand, président de la commune,
DuxouY, Reîsard, Leclv.rc, Dorignv.
On lil en marge : te Renvoi au Comité d'instruction publique. Paris, ce 5 frimaire Tan
deux. PniLipPEADX.w
Le procès-verbal de la Convention mentionne en bloc les diverses demandes présentées
par le Conseil général de la commune de Paris, en ces termes :
Séance du 5 frimaire an ii.
La commune de Paris se présente à la barre; après avoir félicité la Convention
de ses immortels travaux, elle fait plusieurs demandes qui sont renvoyées aux Co-
mités d'instruction publique, des finances, des secours publics et de législa-
lion (^).
Le Journal des débats et des décrets nous fait connaître le détail de ces demandes de la
commune. Voici son compte-rendu :
Convention nationale , séance du 5 frimaii'e.
Une dépulalion de la commune de Paris se présente à la barre ; elle lit une pétition
qui se divise en six parties. La commune demande : i° un livre élémentaire pour
l'éducation des enfants; â° une attention particulière sur l'administration des bôpi-
taux ; 3" l'exclusion des prêtres de toutes les fonclions publiques; h° des secours pour
les familles des ouvriers étrangers qui ont été renfennés en exécution de la loi, et
dont le travail seul noiu'rissait les femmes et les enfants; 5" la réclusion delà {)!)S-
térité du tyran dans telle prison qu'il plaira d'indiquer, pour y être li'aitée comme
^'^ Archives nationales, F^', cu) Ion 1007, ^^^ Procès- verbal de la Convenlion,
n" ia2i. I. XXVt, p. 153.
DE LA CONVENTION NATIONALE. 33
les autres détenus et élevée dans les mœurs austères du républicanisme, et l'envoi
d'Elisabeth au tribunal révolutionnaire; 6° un décret qui ordonne aux citoyens
qui se sont retirés à la campagne de rentrer dans les villes où ils ont leur domi-
cile. La Convention prendra tous ces objets en considération ^^K
De ces six demandes, le Moniteur ne mentionne que les deux dernières, qui furent,
dit-il, renvoyées au Comité de salut public.
('^ Journal de$ débats et des décrets, n° /(33, p. 8^.
lUi'hiuiniL Maiu>\<ii.
U PROCÈS-VEnBAUX DU COMITE D'INSTRUCTION PUBLIQUE
CENT CINQUANTE-NEUVIÈME SÉANCE.
Du 7 frimaire an ii. [27 novembre 1798-]
Boutrouc est nommé rapporteur de la pétition des Enfants aveugles,
Lakanal, d'abord rapporteur, étant absent (^^.
Fourcroy présente, au nom du citoyen Desforges, un mémoire
contenant des moyens d'exécution pécuniaires pour un plan déjà offert
parle même citoyen ^'-^
Sur la motion d'un membre, le Comité arrête que Villar et Pru-
nelle seront chargés de mettre en ordre tous les écrits et manuscrits
du Comité.
On revient sur la lettre du citoyen Desforges. Elle se résume en trois
demandes : i ° il réclame ses deux premiers mémoires pour continuer
son travail; 2° il déclare n'avoir point refusé de participer aux tra-
vaux du Comité, ainsi que l'offre lui en avait été faite; 3° il sollicite
de l'emploi pour un jeune homme plein de talent. Le Comité arrête
qu'il sera écrit par le président au citoyen Desforges pour le remercier
de son zèle, et lui annoncer qu'il accepte l'offre civique, désintéressée
et précieuse qu'il lui fait de coopérer aux travaux du Comité, lorsqu'il
se présentera des rédactions importantes i\ faire (^^.
Le citoyen Beaurieu vient présenter un plan d'enseignement élé-
mentaire; il demande l'approbation du Comité et se retire ^^^.
(^^ Voir la séance du i'"' octobre 1798 ptihlique deux jours avant l'arrestation de
(t. II, p. 523). Basire, alors secrétaire du Comité, et de-
(2) Le littérateur P.-J.-B. Choudard- meure sous ses scellés jusqu'au mois Messi-
Desforges (17/16-1806) avait déjà offert dor, an deuxième de la République une et
au Comité le prospectus d'un ouvrage de indivisible; Paris, Vatar et Ass. (abrévia-
sa composition intitulé : Tableau historique tion de Associés), in-8% 62 pages. (Musée
et politique de tous les empires , de lotîtes pédagogique, n° 6897^) Basire ayant été
les monarchies , de toutes les dynasties , de arrêté le 27 brumaire, le plan de Desforges
toutes les républiques et de toutes les formes avait dû être présenté au Comité le 25;
de gouvernement, depuis Nembrod jusqu'à mais les procès-verbaux du Comité n'en
nos jours, qui lut enregistré sous le n°287 ont pas fait mention.
{Notice des pièces adressées on renvoijées au ^^^ Il sera de nouveau question de Des-
Comilé d'instruction publique, Archives forgesdans ]aséancedu29frimaire(p. 197).
nationales). Quant au cf Plan" dont il est ici ^''^ Ce plan d'éducation de Beaurieu
question, son auteur le fit imprimer avait déjà été soumis au Comité le 7 sep-
plus tard sous ce titre : Plan d'éducation tembre (t. Il, p. 365), et renvoyé à l'exa-
générale présenté au Comité d'instruction meu de Romme et de Boutroue, qui n'a-
DE LA CONVENTION NATIONALE.
35
Une motion d'ordre est faite, c'est de considérer l'ensemble de l'é-
ducation nationale. On s'arrête à cet objet. 11 est ajourné à primidi
prochain, et l'on arrête que Romme, d'une j)art, et Fourcroy, de
l'autre, seront chargés de faire le même jour un exposé de leurs idées
sur la question des degrés supérieurs d'instruction publique^^^.
Romme est autorisé à terminer avec Hanin sur le prix des gra-
vures dont il a été chargé par le Comité--^.
Le citoyen Gerlet fait une réclamation d'un manuscrit en six vo-
lumes; il demande une indemnité si l'objet est égaré. Renvoyé aux
citoyens Prunelle et Villar^^^
Le citoyen Laporte demande la levée du sursis apporté par un dé-
cret à la construction de sa maison. L'objet est renvoyé au Comité
d'aliénation ^^^.
Guyton et Romme commissaires pour la rédaction du décret con-
cernant le déplacement du cabinet Joubert^^^
valent pas présenté Hc rapport. 11 sera de
nouveau question de Beaurieu dans la séance
du 20 floréal an ii.
(^^ Dans sa séance de la veille , 6 frimaire ,
la Convention, après avoir entendu une pé-
tition des enfants de la section de Mulius
Scevola, avait fixé au second primidi de
frimaire la discussion définitive sur l'in-
struction publique. A cette occasion , Danton ,
rentré à Paris le i" frimaire après trente-
huit jours d'absence, avait demandé l'orga-
nisation des fêtes nationales, et le Comité,
qu'un décret du i5 brumaire avait déjà
chargé de présenter un rapport sur cet
ol)j(!t, avait de nouveau reçu mandat de s'en
occiq)er incessamment. Nous donnons aux
annexes, A (p. 3 6), un extrait du procès-ver-
bal de la séance de la Convention du 6 fri-
niiiire an ii, ainsi cpio des extraits du Mo-
m1<'iir(i[ (\n Journal ilcH déhats et des décrets.
La phrase du procès-verbal du Comité :
ffl'on arrête que Romme, d'une part, et
Kourrroy, de l'autre, seront charges de
lairc le mk'uh' jour im exposé de Icmu-s idées
sur la ([uestion des degrés supérieurs de
rinsiructiou publupie^, doit s'entendre
d'un exposé lait à la tribune de la Conven-
tion, et non au sein du Comité. Dans les
séances suivantes du Comité, en effet, il
n'est question d'aucun exposé de ce genre:
par contre, à la Convention, une fois ia dis-
cussion sur l'instruction publique ouverte
(le i8 frimaire) par un rapport de Romme,
Fourcroy prononça (le 19) un discours sur
les degrés supérieurs de l'instruction.
^-) Voir p. 10, et, pour la suite, p. 216.
(^^ Le citoyen Gerlet, maître de pension ,
avait présenté à la Convention, le ai avril
1798, un ouvrage manuscrit en six volumes,
intitulé : Encijclopcdie ou connaissances
nécessaires aux jeunes gens, qui fut renvoyé
au Comité d'instruction publique. En sep-
tembre, il écrivit à l'assemblée pour récla-
mer ce manuscrit; sa réclamation, lue le
8 septembre, fut également renvoyée au Co-
mité. Nous donnons aux annexes, B (p. 89) ,
diîs extraits du procès-verbal des séances
de la Convention des 21 avril el 8 septem-
bre 1798. La lettre par laquelle Gerlet
réclamait son manuscrit se trouve dans F'',
carton 100.^, n" 80 1. 11 sera de nouveau
([ueslion de Gerlet le 19 floréal an 11.
(*^ Sur Laporte , voir les séances des i u
sepfeuibie 1793 et 11 brumaire {[. II.
pages ik)o et 728).
^^'^ Comme rindi(jue le rapport présente
3.
36 PnOGi:S -VERBAUX DU COMITE D'INSTRUCTION PUBLIQUE
D'Aoust présente les coiniTiis dont a fait choix la section chargée de
la rédaction des traits de vertu. Ces commis sont les citoyens Uous-
*
seau, homme de lettres, Soyer et Héluin. Ils sont agréés ^^^
Romme soumet au Comité des idées sur la dénomination du
Panthéon.
Le même membre expose ensuite ses vues sur un calendrier destiné
au cultivateur^'-^
La séance est levée à dix heures un quart ^"^l
PIECES ANNEXES.
On lit dans les procès-verbaux de la Convention :
Séance du 6 frimaire an n.
Les jeunes enfants de la section de Mutins Scevola viennent presser la Conven-
tion d'organiser au plus tôt l'instruction pubh'que, dont le besoin devient chaque
jour plus imminent. Ne reculez pas, disent-ils, phis longtemps l'époque heureuse
de notre régénération; vous serez bénis de nos pères qui sont aux frontières, et
auxquels vous avez promis de vous occuper de nous; vous serez bénis de nos parents ,
de nos amis qui nous accompagnent, et de nous, qui transmettrons vos noms à la
postérité la plus reculée.
par Guylon-Morveau dans la séance du prcmiçre ^partie deV Annuaire du cultivateur
Comité du i3 frimaire (p. 6h), il s'agit dans la séance du 28 nivôse an ii (p. 280).
d'une collection d'histoire naturelle prove- ^^^ Ce dernier alinéa n'existe pas à la
nant de la succession de Joubert, collection minute. Pas de signatures, ni à la minute
dont on proposait le déplacement afin d'in- ni au registre. La minute est de la main d3
stnilor les bureaux de liquidation dans la Mathieu. — Dans la séance de la Con-
maison où cette collection se trouvait. vention de la veille, à propos d'une lettre
La Commission des arts s'était déjà oc- dans laquelle Lequinio et Laignelot annon-
cupée de la succession Joubert : voir aux çaient qu'à Rochefort les monuments de la
annexes, C (p. Ao), un exirait du procès- superstition, livres, images, etc., avaient
verl)al de sa séance du 26 septembre 1798. été livrés aux flammes, le Comité d'in-
^^^ Dans la séance du 29 brumaire struclion publique avait été chargé de pré-
( t. II, p. 867), (jrégoire avait demandé que scnter, le lendemain, un rapport Tsur
Th. Rousseau, nommé commis chargé de la l'avantage ou l'inutilité politique de ces des-
rédaclion de la Feuille de morale, fût as- IruclionsT^. Ce rapport n'a pas été fait, et
sisté de deux autres commis. les procès-verbaux du Comité ne nous di-
(^^ Il s'agit de V Annuaire du cultivateur, sent pas qu'il se soit occupé de la ques-
dont la première idée avait été soumise au lion. Nous donnons aux annexes, D (p. Ao),
Comité le 21* jour du premier mois (t. II, un extrait du procès-verbal de la séance
p. 609). Romme présentera au Comité la de la Convention du 6 frimaire an h.
DE LA CONVENTION NATIONALE.
37
Le président ^'^ donne l'accolade fralernelle aux jeunes orateurs de la dëputation.
L'assenihMe de'crète la mention honorable de leurs vœux, l'insertion au Bulletin,
et fixe au second primidi ^^^ du mois frimaire, sans autre retard, la discussion
définitive sur l'instruction publique ^^K
ffLa Convention nationale décrète :
ff Article premier. Que le Comité d'instruction publique lui fera incessamment
un rapport sur l'organisation des fêtes nationales, leurs époques et les lieux où
elles seront célébrées.
ff Art. 2. Que la discussion définitive sur l'instruction publique est fixée au se-
cond primidi^*^ du mois frimaire, sans autre retard ^^U.
Voici le compte-rendu de l'incident d'après le Moniteur, qui nous fait connaître l'interven-
tion de Danton :
Convention nationale, séance du 6 frimaire.
Une députation de la section de Mutins Scevola accompagne les jeunes enfants
de cette seclion, qui viennent demander que la Convention s'occupe incessamment
de l'organisation de l'instruction publique. Un jeune enfant commence le récit de
l'histoire de Mutins Scevola.
L'assemblée applaudit aux heureuses dispositions de ce jeune républicain.
Danton. Dans ce moment où la superstition succombe pour faire place h la raison ,
vous devez donner une centralité à l'instruction publique , comme vous en avez
donné une au gouvernement ^"^ Sans doute vous disséminerez dans les déparlements
des maisons où la jeunesse sera instruite dans les grands principes d^ la raison et
de la liberté; mais le peuple enlier doit célébrer les grandes actions qui auront
honoré notre Révolution. 11 faut qu'il S9 réunisse dans un vaste temple, et je demande
^'^ C'est Romme. texte de tous les décrets rendus dans la
(^^ Le procès-verbal porte décadi au lieu séance, au nombre de neuf; celui qui a été
de pnmidi : c'est une faute évidente que rendu à l'occasion de la pétition dos enfanLs
nous rectifions. Le décadi était consacré de la section de Mutins Scevola s'y trouve
aux pétitionnaires, et non aux grandes
discussion"^. Le procès-verbal du Comité du
9 frimaire (voir p. /ia) constate expressé-
ment que le décret du 6 avait fixé la dis-
cussion sur l'instruction publique à fxpri-
viidi prochainv; les journaux (Moniteur,
Journal des débats et des décrets) indiquent
»'|fiilenieul, coninio date fixée pour Pouvor-
liuc de la discussion, le primidi do la sc-
condi' (li'rade. Les mots ff seconde décade •^
S) seront transformés, sous la pluujo du rô-
dacleur du procès-verbal de la Convention ,
en cenx de wsorond décadi n.
^•^^ Le procès -verbal donne plus loin lo
une seconde fois, comme on va le voir,
précédé d'un article relatif aux fètos na-
tionales.
^'^ Lo procès-verbal porte encore ici
décadi au lieu de primidi.
(5) I>rocès-vorbal de la Convention,
t. XWl, pajjes 1 GS, 171.
^"' Allusion à la discussion du projot do
déorol pr sonto par Iiillaud-\ an'iuio, au
nom du Comité de salut puMic, sur Toi-
ganisalion d'un {^^ouvornomonl pro\ ivoire
et révoluliomiairo, discussion <jui avait
conunoncé dans la séance du W frimairo.
38 PROCES -VERBAUX DU COMITE D'INSTRUCTION PUBLIQUE
que les arlisles los ])liis distinoïK's concourent pour Vélévalion de cet édifice, où à
un jour indi(|ué seront célébrés des jeux nationaux. Si la Grèce eut ses jeux olym-
pi(jues , la France solennisera aussi ses jours sans-culoLtides. Le peuple aura des fêles
dans lesquelles il oITrira de l'encens à l'Etre-suprême, au maître de la Nature; car
nous n'avons pas voulu anéantir la superstition pour établir le règne de l'alliéisme.
Citoyens, que le berceau de la liberté soit encore le centre des léles nationales.
Je demande que la Convention consacre le Champ de Mars aux jeux nationaux,
(pfclle ordonne d'y élever un temple où les Français puissent se réunir en gi'and
nombre. Cette réunion alimentei'a l'amour sacré de la liberté et augmentera les
ressorts de l'énergie nationale; c'est par de tels établissements que nous vaincrons
l'univers. Des enfants vous demandent d'organiser l'instruction publique; c'est le
pain de la raison, vous le leur devez; c'est la raison, ce sont les lumières qui font
la guerre aux vices. Notre Révolution est fondée sur la justice, elle doit être conso-
lidée par les lumières. Donnons des armes à ceux qui peuvent les porter, de l'in-
struction à la jeunesse , et des fêtes nationales au peuple.
Cambon. Persoime ne peut s'opposer à la proposition de Danton, parce que
nous voulons tous l'unité de la République; et cette unité ne peut avoir lieu sans
l'unité dans l'instruction, dans les lumières. Je demande que le principe soit
décrété.
Thuriot. Sans doute il faut des fêtes nationales; elles sont propres à entretenir
l'amour sacré de la liberté dans le cœur de tous les Français ; mais ce tpie demande
Danton est fait. Le Comité d'instruction publique est chargé de vous présenter ses
vues sur cet objet ^^\
Ce qui doit fixer votre attention, c'est l'organisation de l'instruction publique.
La France enlière vous le demande; on ne vous présente pas une seule pétition
où ce vœu ne soit exprimé. Citoyens, si déjà les écoles primaires étaient en activité,
si des instituteurs animés du bien public enseignaient les grands principes de la
raison et de la morale, les pîus zélés défenseurs de la liberté ne seraient pas si atro-
cement calomniés, des monstres ne tentei'aient pas de désunir des amis liés par un
égal amour pour le peuple. Je demande que le primidi de la deuxième décade,
l'organisation de l'instruction publique soit mise à la discussion.
La proposition de Tburiot est décrétée , et celle de Danton est renvoyée au
Comité d'instruction publique ^"^
Le Journal des débats et des décrets rend compte de la même discussion en ces termes :
Convention nationale, séance du 6 frimaire.
La section de Mutins Scevola se présente à la barre. L'orateur demande que
les écoles primaires soient définitivement organisées. Deux jeunes républicains, qui
(') Danton avait demandé et obtenu de semblée que le i*'' frimaire. Il n'avait donc
la Convention, le ai* jour du premier pas connaissance du décret du i5 bru-
mois, un congé pour aller à Arcis-sur-Aube maire, rendu pendant son absence,
rétablir sa santé, et il n'était rentré à l'as- ^""^ Moniteur du 8 frimaire an n, p. 372.
DE LA CONVENTION NATIONALE. 39
paraissent imbus des principes du [)lus pur patriotisme, adressent la même pétition
à la Convention. Le pre'sident leur rdpond et leur donne Taccolade fraternelle.
Danton. Il faut à l'institution puldique de la centiaiité comme au gouverne-
ment. On a parlé d'élever des monuments (pu montrent a la postérité la grandeur
du génie qui a fait la Révolution; sans doute il en faut; mais je demande expres-
sément que les artistes les plus distingués concourent pour l'élévation d'un temple,
où les Français se réuniront, à un jour donné. Si la Grèce eut ses jeux olympiques,
la France célébrera avec un plus grand éclat encore se-; jours sans-culotlides. Je
propose à la Convention de consacrer le Cliamp de Mars aux jeux nationaux, et
de le faire disposer de manière que les Français puissent s'y réunir en très grand
nombre. La solennité des fêtes que vous instituerez, l'aflluence du peuple qui s'y
rendra, l'énergie et le caractère qui s'y développeront, tout concourra à inspirer
l'amour de la liberté.
On vous demande d'organiser l'instruction publique : des pères vous en conjurent
pour leurs enfants. Les enfants le sollicitent eux-mêmes ; l'instruction , c'est le pain
de la raison : vous le leur devez.
Hâtons de tout notre pouvoir les progrès de l'esprit public. Nous avons entrepris
la plus belle révolution. Elle se fondera par la raison et la justice; et nous établirons
l'une et l'autre en les déifiant pour aijisi dire, en leur consacrant un tem[)le public
et en marchant avec rapidité vers l'établissement de la médiocrité, qui est la
source du bonlieur privé, comme elle est une cause sûre de la durée des répu-
bliques. Donnons-donc des armes à ceux qui peuvent les porter, de l'instruction à
la jeunesse, et des fêtes centrales à la nation.
Plusieurs membres parlent sur cette question. Lccointe-Pui/raveau çt Thuriot
insistent sur l'imprjrtance des institutions qui resserrent les nœuds de la fraternité
et de l'amitié. Ils appuient la proposition de Danton.
Coupé demande que la Convention s'occupe incessamment de la discussion sur
l'organisation de l'instruction publique.
La Convenlioii divise la proposition de Danton: elle l'envoie au Comité d'instruc-
tion publique tout ce qui se rapporte aux fêtes nationales. Elle décrète (prelle
s'occupera primdi [sic) prochain de la discussion sur l'organisation définitive de
l'instruction ^''.
On lit dans los procès-verbaux de la (iOnvenlion :
S('ancc du dimanche 9,1 avril 1793.
Le citoyen (îerlet fait honnnage d'un ouvrage sur l'éducation publicpie. Renvoyé
au Comité d'instruction publique ^"^
(') Journal des (U'hala cl dex drcrotii , i\" '\'.\^ , j). ()(). -— '" Pn)cès-viM'l);il ^]o l;i ('(niv.'ii-
Hon,l. X, p. ST).
AO PROCÈS-VERBAUX DU COMITE D'INSTRUCTION PUBLIQUE
Séance du dimanche 8 septembre 1798.
La rdclamaiion du citoyen Gerlet, relative à un manuscrit par lui dépose au
Comité d'insti'uction publique, est renvoyée à ce môme Comité -'^
C
On lit dans le registre des procès-verbaux de la Commission des arts :
Séance du 26 septembre i7<)3, l'an 2^ de la Républi(pie française
une et indivisible.
La section d'histoire naturelle rend compte des démarches relatives à la succes-
sion de Joubert. La nation étant créancière, la section a mis les scellés, et fait un
procès- verbal qui a été lu ^^K
On lit dans les procès-verbaux de la Convention :
Séance du 6 frimaire an n.
Les représentants du peuple Lequinio et Laignelot écrivent de Rochefort, le
1 " frimaire : . . . Le jour de la décade a vu livrer aux flammes tous les monu-
ments de la superstition : chacun apportait au bûcher ses livres d'église ; les juifs
mêmes, qui renoncent à la ridicule attente de leur messie, en ont augmenté la
masse ; elle était si considérable que le feu allumé à midi n'était pas encore éteint
le lendemain à dix heures.
La Convention décrète l'insertion de cette lettre au Bulletin ; et , sur la motion
de plusieurs membres, que le Comité d'instruction publique lui fera demain un
rapport sur l'avantage ou l'inutilité politique de ces destructions ^^^
^') Procès- verbal de la Convention, t. XX, p. 198. — ^^^ Archives nationales, F^'*7,
folio h, recto. — ^^^ Procès - verbal de la Convention, t. XXVI, p. i63.
DE LA CONVENTION NATIONALE.
U\
CENT SOIXANTIEME SEANCE.
Du 9 frimaire an ii. [99 novembre 1 793.]
Grégoire fait part au Comité d'une lettre du bibliothécaire de Mar-
seille ^^^ qui se plaint des propositions exagérées et dangereuses par
lesquelles plusieurs individus demandent indéfiniment de brûler tous
les livres comme inutiles ou funestes ^'^^. Grégoire propose que ces in-
dividus et ceux qui répandront dépareilles idées soient traités comme
suspects et enfermés. Romme propose, et cette proposition est appuyée,
que les volumes jugés inutiles soient jetés dans la cuve suivant le pro-
cédé de la citoyenne Masson ou celui du citoyen Brongniart^^^. Four-
croy est nommé rapporteur ^'*^
(^) Le bibliothécaire de Marseille était
Claude-François Achard (1753-1809). II a
déjà été question de lui dans la séance du
Comité du 1 5 juin 1793 (voir 1. 1", p. A95).
Nous n'avons pas trouvé la lettre d'Achard.
(2) Dans son rapport du 28 frimaire sur
la suppression de la Commission dos mo-
numents, Mathieu parle de la proposition
de brûler les bibliothèques, faite à Mar-
seille par des conlre-révolulionuaires. Voir
plus loin, p. 180.
('*' Le procédé de la citoyenne Masson
(voir la note 9 de la paj^e 11) et celui
du citoyen Brongniart, pour la refonte des
papiers imprimés , avaient élé présentés par
leurs auleurs au Bureau de consultation
des arts et métiers dès Tannée 179^3. Après
avoir procédé, en août 1792, à des oxj)é-
riences comparatives sur la valeur des doux
procédés, le Bureau avait accordé à chacun
des deux inventeurs, à la suite d'un rapport
présenté le 5 septeujbre par les commis-
saires Silvestre, Pelletier, Parmentier et
Desmarest, nne récompense de 2,5oo li-
vres. Voir aux annexes, A (p. A 5), quelques
détails sur ces procédés, extrails des rojjistros
manuscrits du Bureau de consultation.
La ciloyt'mic Masson avait adressé uikî
pétition demandant «qu'où établisse untî
papeterie nationale où seront reblanchis les
vieux papiers inutiles qui encombrent les
bureaux77. La pièce, enregistrée au Comité
sous le 11° 9^7 (F^', carton ioo5-), n'est
pas en place, ayant été renvoyée à Guylon;
d'après le numéro d'enregistrement, elle
doit avoir été reçue en septembre 1793.
Le libraire Ronouard avait envoyé de son
côté au Comité, en brumaire, un mémoire
dont nous possédons l'analyse suivante : rrLe
c. Renouard pense qu'au lieu de brûler à
grands Irais les titres féodaux ou autres pa-
piers ou livres devenus inutiles, il faudrait
les faire pourrir dans des cuves; la pâte de
papier pourrait servir à en fabriquer de
nouveau, et celle du parchemin se vendrait
très bien aux manufacturiers qui en fout de
la colle?i. La pièce, enregistrée au Comité
sous le n° 1 1 5/i(F'", carton 1006), n'est pas
en place; l:i chemise qui l'a contenue porte
cette annotation : cr Renvoyé à Fourcroy?^.
('*' Fourcroy n'a pas présenté de rapport ,
et fut remplacé par Gu\ton, sans que les
procès-verbaux mentionnent celte suksli-
tntion. — Cette question de la refonte des
papiers imprimi's donna lieu, troi>^ jouis
j)lus tard, le 1 -^ frimaire, à un di'ciet en-
joignant aux uuM)ici[)alités et aux corps ad-
mmistratils de rassembler dans de^ di'pots
les parchemins, livi'oset papiers qui seraient
donnés pour être brûlés, jusqu'à ce (pie la
^i2 PROCES-VERBAUX DU COMITE D'INSTRUCTION PUBLIQUE
Rommc présente une montre décimale renvoyée au Comité par dé-
cret portant que l'on examinera s'il est utile qu'il soit ouvert un con-
cours j)our la meilleure manière de décimaliser une montre ancienne
et (pie la montre envoyée sera admise au concours, s'il a lieu. Romme
est nommé rapporteur ^^\
On rappelle qu'un décret fixe à primidi prochain la discussion sur
le projet revisé des écoles primaires; le Comité arrête que Romme sera
rapporteur. Il demandera le renvoi de la discussion à duodi, pour
laisser au Comité le temps de fixer quelques bases ^-l
Opoix, membre de la Convention, adresse quelques réflexions au
Comité sur le tutoiement. Il demande qu'il ne soit usité que dans le
langage officiel et vis-à-vis des autorités ^^\
Convention eût prononcé sur leur destina-
tion. Guyton-Morveau , prenant ia place de
Fourci'oy, rappela à celle occasion que ia
Convention avait renvoyé (le 5 frimaire,
voir p. 97) au Comité d'instruction pu-
bli.que Texamen des procédés proposés pour
le nettoyage des vieux papiers. Voir aux an-
nexes, A (p. A6), un extrait du procès-ver-
bal de la séance de la Convention du 1 9 fri-
maire, et des extraits d'une adresse de la
Commission des subsistances et approvision-
nements aux patriotes sur les économies qu'il
devient nécessaire d'apporter dans la con-
sommation du papier. Guylon entretiendra
le Comité de la question des papiers dans la
séance du 98 frimaire (p. 1^12). Il sera de
nouveau question du procédé Masson dans
la séance du Comité du i5 pluviôse an 11
(p. 391).
^*' A'ous donnons aux annexes, B(p. ^17),
un extrait du procès-verbal de la séance de la
Convention du 8 frimaire an 11, contenant
le décret dont il est ici question : on y voit
que la montre décimale était envoyée par
Martin Firstenfelder, horloger, demeurant
à Garouge, département du Mont-Blanc.
Le rapport de Romme a été présente au
Comité le 19 pluviôse an 11 (p. A99). Il
sera de nouveau question de la montre dé-
cimale de Firstenfelder dans la séance du
Comité du sS pluviôse (p. 65i).
(^) Sur le décret fixant au second pri-
midi de frimaire l'ouverture^^de la discus-
sion sur rinslruction publique, voir la
note 1 de la page 3.5 et l'annexe A de la
séance du 7 frimaire (p. 36).
Ni les procès-vorbaux de la Convention
ni les comptes -rendus des journaux ne
parlent de la demande de renvoi que
Romme avait été chargé de faire. Mais cette
demande fut certainement présentée, et
l'assemblée dut accorder un délai plus
éloigné encore que ne l'avait désiré le (Co-
mité, car la discussion ne s'ouvrit que le
1 8 frimaire.
^^^ Opoix était député de Seine-et-Marne.
Nous n'avons pas trouvé ses Réflexions sur
le tutoiement, ni en manuscrit, ni en im-
primé.
La question du tutoiement avait été sou-
levée par une pétition présentée à la Con-
vention le 10 brumaire. Quelques jours
plus tard, le 2 1 brumaire, Basire avait pro-
posé de rendre le tutoiement obligatoire;
mais, sur l'observation de Thuriot, la Con-
vention avait passé à l'ordre du jour. Nous
donnons aux annexes, C (|p. 67), im extrait
du procès-verbal de la séance de la Conven-
tion du 10 brumaire an 11, complété par un
extrait du compte-rendu du Moniteur; et,
pour ce qui concerne la proposition faite
par Basire le 21 brumaire, proposition qui
n'est pas mentionnée par le procès-verbal,
un extrait du Moniteai'.
DE LA CONVENTION NATIONALE.
43
Un membre adresse un catéchisme de morale ^^^. Renvoyé au temps
où il sera cjuestion des livres élémentaires.
Cusack^^^ l'Américain, demande le titre de citoyen français. Coupé
est rapporteur.
Le citoyen Janvier adresse une réclamation pour une machine ser-
vant au calcul des marées. Ferry est rapporteur ^^\
Un membre du Comité d'aliénation vient conférer avec le Comité
d'instruction publique sur une pétition de Clareton^^^ et sur le cabinet
de Joubert ^^\
On présente une méthode pour former des élèves dans Tart de la
gravure. David est rapporteur ^^^
Thomas Rousseau demande que son indemnité soit fixée par le Co-
mité. 11 a quitté une place des bureaux de la guerre. Sur la désigna-
tion des Jacobins, il s'est présenté pour travailler à la rédaction des
^^) Un manuscrit intitulé Catéchisme
rfipitllicain avait été enregistré sous le
n" iiST) (F'\ carton 1006); mais la pièce
n'est pas en place, et la chemise qui la
contenait porte cette note : «Renvoyé à
Petit 5\
(^^ La pétition de Cusack avait été ren-
voyée au Comité d'instruction publique par
la Convention le 36 brumaire. La pièce a
été enregistrée sous le n° n3i (F'',
carlon 1006); mais elle n'est pas en place.
Il sera de nouveau question de Cusack dans
la séance du Comité du 3 pluviôse an 11
p. 3i/j).
Nous donnons aux annexes, D (p. 5o),
un extrait du procès-verbal de la séance de
la (ioiivenlion du a G brtunairo an 11.
(^) Janvier, mécanicien-astronome, avait
été chargé en 1789 de construire pour le
compte du gouvernement une macliine à
calculer les marées. Les payements par
acompte qu'il devait recevoir ayant été in-
terrompus, il suspendit la construction do
sa macliine à la tin de 1791. En juillet
1793, il adressa à la Convention un mé-
moire pour exposer sa situation et de-
mamler des tonds en vue de la continua-
tion de son travail, (ie mémoire se trouve
aux Archives nationales; nous en donnons
l'analyse à l'annexe E (p. 5o), ainsi que
le texte de la lettre adressée par Janvier
au président de la Convention.
(*) En ce qui concerne Clareton , il s'agit
évidemment de l'exécution du décret du
6 juillet 1793, qui avait accordé à ce nmsi-
cien, dans un domaine national non suscep-
tible de vente ou de location , un emplace-
ment pour y donner des leçons puliliques.
Voir la séance du Comit > du '1 juillet, an-
nexe A (t. II, p. 11). Dans la séance de la
Convention du 90* jour du premier mois,
Amelot , administrateur des domaines natio-
naux, ayant rappelé la promesse laite à
Clareton, l'assemblée avait passé à l'oidre
du jour. (Procès-verbal de la Convention,
t. XXII, p. a53.)
^•■^^ Il a été question du cabinet de Jou-
bert dans la séance précédente; il en sera
parlé de nouveau dans celle du i3 frimaire
(p. 6/,).
^••^ Celte méthode pour former des élèves
graveuis, à ce (jue nous apprend le procès-
verbal de la séance du Connté du 7 nivùse
an II (p. îii/j), avait été présentée par le
graveur Coliberl. Nous n'a\ons pas lioiivt'
la pièce aux Archives nationales. Il sera de
nouveau question de cette alfairc dans la
séance du 7 nivùse.
àli PROGES-VERBAU\ DU COMITE D'INSTRUCTION PUBLIQUE
Annales du civisme. lïomme de lettres, appelé comme tel, il ne peut
être traite comme un simple commis, ayant surtout dos charges de
famille. Le Comité arrête que lorsque la section sera en état de don-
ner au public son premier numéro, elle sera autorisée à demander pour
le citoyen Thomas Rousseau la continuation du traitement dont il
jouissait dans les bureaux de la guerre ^'l
Le ministre de l'intérieur demande une somme pour les instituteur-
et institutrices des petites écoles de Paris. Valdruche est rapporteur,
et la lellrc lui est renvoyée ^-\
Un membre de la Société républicaine des arts se plaint de l'inexé-
cution du décret qui nomme un jury national ^^l Le président écrira
au ministre de l'intérieur.
Le citoyen Daguey^^^ présente un nouveau tableau de la Déclaration
des droits de l'homme. Ce tableau est plus simple. Le Comité aj)plau-
dit à son zèle et arrête qu'il en sera fait mention honorable à son pro-
cès-verbal ^^l
Il sera écrit par le président aux rédacteurs du Journal d'in-
struction publique pour les remercier au nom du Comité d'instruction
.ubl
mue
(G)
^^'> Voir sur Thomas Rousseau et sa no-
minalion en qualité de rédacteur des An-
nales du civisme les séances des 19 et
29 brumaire (t. II, pages 788 et 867) et
celle du 7 frimaire (à la page 36 du pré-
sent volume). Il sera de nouveau ques-
tion de lui dans la séance du 27 frimaire
(p. 166).
(^) Nous n'avons pas trouvé cetle lettre
du ministre de Tintérieur. Dans sa eéance
du 5 frimaire, le Comité avait roçu une
pétition des instituteurs de Paris, de Saint-
Denis et de Bourg -la -Reine, et l'avait
renvoyée à Ferry (voir p. la). Poui' la
5uite de cette affaire, voir la séance du
i3 frimaire (p. 63).
(•') Le président de la Société républi-
caine des arts, Th. Bienaimé, avait écrit
au Comité, à la date du 7 frimaire, pour
lui demander de presser l'exécution du dé-
cret de la Convention (du 95 brumaire)
sur la formation du jury dos arts. La lettre
de Bienaimé se trouve dans F'\ carton
1006, n° 11 58. Il sera de nouveau ques-
tion de l'exécution du décret dans la séance
du Comité du 7 nivôse an 11 (p. 21 5).
^''^ Sur Daguey, voir notre tome II,
note 3 de la page 868.
(^) La note de Daguey, relative à ce tableau
plus simple, existe aux Archives nationales.
Nous la donnons plus loin aux annexes,
F (p. 5o).
^^' Les rédacteurs du Journal de l'in-
struction publique furent, pour les trois
premiers tomes de ce recueil, Thiébault et
Borrelly; à partir du tome IV, Borrelly con-
tinua seul. Il est probable que les rédac-
teurs du jouinal avaient fait hommage au
Comité de leurs trois premiers tomes,
comme ils avaient déjà, le 28 septembre
1793, fait hommage à la Convention elle-
même de leur tome I" (Procès-ver-
baux delà Convention, I. XXI, p. 289).
Dans une note d'un article sur cries jeux,
les comlials et les fêtes chez les Grecs?^
qui se trouve au lome IV du Journal de
DE LA CONVENTION NATIONALE. Uh
La séance est levée à dix heures et demie ^^^
PIECES ANNEXES.
On lit ce qui suit dans le rapport présenté au Bureau de consultation des arts et mé-
tiers, le 5 septembre 1792, par Silvestre, Pelletier, Parmentier et Dcsmarest, commissaires
chargés d'examiner les procédés de Brongniartet de M"^ Masson pour la refonte des papiers
imprimés ou manuscrits :
RAPPORT CONCERNANT M. BRONGNIART ET M^^*" MASSON
Messieurs, lorsque au mois d'avril [179-2] le ministre de l'inlérieur vous pria
d'examiner la découverte de M. Brong^niart, qui vous fit passer des morceaux de
pâte de papier très blanche qu'il avait obtenue avec des papiers imprimés, cet ar-
tiste n'avait pas rempli les formalités prescrites par la loi; mais depuis cette époque
M. Brongniart a fourni les pièces nécessaires, savoir : 1° son certilicat do résidence;
9° le certificat des administrateurs composant le directoire du département de
Paris. M. Brongniart ne nous a pas remis de mémoire instructif sur ses procédf's,
mais il a opéré devant nous de manière que par notre rapjjort nous pourrons vous
faire connaître ses droits aux récompenses nationales.
Le minisire de l'intérieui" vous a depuis adressé le mémoire d'un anonyme qui
assurait avoir découvert un moyen très simple pour blanchir les papiers écrits et
imprimés, et en former des pate.î propres à la nouvelle fabrication de papier : le
ministre vous disait, dans la lettre d'envoi, qu'il pensait qu'il serait utile que les
commissaires pour cet objet lissent l'examen comparatif des procédés de M. Bron-
gniart et de ceux de l'anonyme.
L'anonyme, Messieui's, s'est fait connaître pour se conformer à lu loi : c'est
M"' Masson, qui a fourni les pièces suivantes
[Le rapport entre ensuite dans des détails su.- la façon dont il a été procédé aux expé-
riences comparatives des deux procédés : ]
l'instruction publique, p. 987, Borrelly cite qucr de conduire vos recherches sur cet tm-
nn passage de la lettre de remerciement portant ohjet.n
écrite le 1 1 fiimaire par le président du Ou trouve aux .\rc!iives naliouales une
Comité d'insliuclioii pul)li(jue en exécution pétition d(^ Borrelly, en date du ^5 mai
de Tarrètc pris dans la séance du 9. \ oici 'TO*^-' P'*'"' demander un emploi (F'^
celte noie : carton loo/i-, n° 093), et un mémoire sur
ffDans la lettre qui m'a été écrite le rinslruclion publique adressé à la Conveu-
1 I frimaire, au nom du Comité d'instruc- tion par Tliiehaull à la date du 9 juillet
tion |)ul)li(pie, par (îuyion de IMorveau, 1798 (K'", carton ioo5, n"787).
son présidiMil, il (^st dit: Los fraudes in- '' Ce dernier alinéa nVsf pas à la mi-
stttuttons et les J'clcs nafionules ouvrent un mile. Pas île signatures, ni à la minute ni
nonveuu chatnp à cas utiles anahises; l'ex- au registre La minule est de la main tie
cellent esprit qui vous dirige ne peut niun- Mathieu.
46 PROCÈS -VERBAUX DU COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE
. . . Chacun d'eux a prépare à sou particulier sa pâle on présence de nos com-
missaires. M. Brougniart a opcM'é chez lui, et M"*" Masson, n'ayant pas de labora-
toire, a prépar(' sa pâte chez l'un de nos commissaires. Les pâles étant préparées,
les commissaires se sont réunis à M. Brongniart et h M"* Masson, et se sont en-
suite réunis à Essonnes à la manufacture de papiers de M. Didot, qui a bien voulu
nous procurer la lacililé de faire fabriquer dans son atelier des papiers avec les
pâtes que nous avions à soumettre à la fabrication.
Nous résumons ci-après la partie essentielle des deux procédés, que le rapport expose
dans tous leurs détails.
Brongniart fait tremper le papier dans l'eau, l'y laisse vingt-quatre heures; ensuite il
l'ail fnstM" (le la chaux dans son poids d'eau, la passe dans un tamis, et la mélange dans
une chaudière avec la pâle de papier qu'on fait chauffer. La pâle est ensuite bien lavée,
puistrailéeparracidoniuriatique oxygéné; on laisse en digestion pendant vingt-quatro heures,
puis on l'ail un second hivage par le même moyen , et la pâte se trouve alors devenue blanche.
M"' Masson fait tremper le papier dans de l'eau de rivière pendant douze heures; puis
le papier est mis sur le feu dans une grande chaudière avec assez d'eau pour former une
pâte claire; on y ajoute de la potasse, on fait bouillir une heure, et on laisse jusqu'au len-
demain; on lave ensuite la pâle à grande eau. M"° Masson propose également d'enlever
l'encre d'écriture : son procédé consisterait à employer de l'acide vitrolique ; il est déjà
connu.
Le rapport conclut en proposant d'accorder à Brongniart et à M'^* Masson le médium
de la seconde classe des récompenses, soit à chacun deux mille cinq cents Hvres.
On ht dans les procès-verbaux de la Convention :
Séance du 1 2 frimaire an 11.
Un secrétaire lit une pétition tendant à consacrer les vieux parchemins pour
faire des gargousses , et le papier des livres proscrits à faire des cartouches.
Un membre ^^^ observe que l'art est parvenu à faire disparaître de dessus le par-
chemin et le papier toute trace d'écriture et d'impression et à rendre à des usages
dignes de la République une matière qu'une grande consommation rend chaque
jour plus précieuse. Les procédés proposés pour cet objet ont été renvoyés au
Comité d'instruction pubhque pour en faire un rapport ^'^.
cfLa Convention nationale renvoie la pétition au Comité d'instruction publique.
Elle décrète que les municipahtés et les corps administratifs sont tenus de rassem-
bler dans des dépôts et de mettre sous les scellés les parchemins, livres et papiers,
manuscrits et imprimés, qui seraient donnés librement pour être brûlés, jusqu'à
ce que la Convention ait prononcé sur leur destination , sur le rapport de son
Comité.
ffLe présent décret ne déroge point à celui relatif à la conservation des livres et
papiers qui intéressent l'histoire , les arts et l'instruction , quoiqu'ils portent quel-
ques signes de féodalité.
'•^ C'est Guylon-Morveau (Moniteur). — ^^' Dans la séance du 5 frimaire. Voir ci-dessus
p. 27.
DE LA CONVENTION NATIONALE. hl
ffLe présent décret sera inséré dans le Bulletin pour servir de [)uljlica-
tion('^«
Le Moniteur du 19 frimaire an n contient une pièce intitulée La Commission des subsis-
tances et approvisionnements de la République aux patriotes , où on lit ce qui suit :
... La Commission a fixé son attention sur les moyens d'apporter dans l'emploi
du pa[)ier, dont la consommation devient de plus en plus considérable, une éco-
nomie importante.
Patriotes, c'est avec une entière confiance dans votre zèle à seconder tout ce
qui lient à l'utilité gcmérale que la Commission vous invile :
1° A ne pas vous permettre l'usage de feuilles doubles en blanc;
9." A préférer, pour l'impression, le format iii-octavo;
o" y\ ne jamais mettre sous enveloppe les lettres simples;
lx° A recueillir et conserver avec soin tous ceux de vos papiers, manuscrits ou
imprimés qui, ne pouvant être utiles tels qu'ils sont, pourront le devenir convertis
en papier blanc ou gris . . .
B
Ou lit dans les procès-verbaux de la Convention :
Séance du 8 frimaire an 11.
Martin FirstenfeLler, horloger, demeurant à Carouge, déparlement du Mont-
Blanc, envoie au concours qu'il suppose exister, afin de prendre date, une montre
à deux faces, l'une présentant l'ancienne division du jour, l'autre la nouvelle. Cette
montre est accompagnée d'un certificat de Soulavie, résident de France à Genève,
et un autre de la municipalité de Carouge.
Sur la proposition d'un membre ,
rfLa Convention nationale décrète la mention honorable du zèli^ de ce citoyen,
et charge son Comitcî d'instruction publique d'examiner s'il est utile d'ouvrir un
concours pour appeler l'attention des artistes sur la nouvelle division du jour, et
quel doit être le mode de ce concours ^'Kr>
On lit dans les procès-verbaux de la Convention :
Séance du 10 brumaire an 11.
Le citoyen Nalbec^'^ demande que tous les citoyens soient tenus, sous peine
d'être i('putés suspects et ti'ailés comme tels, de renoncer dans les conversations et
lapports (lo tout genre entre eux à la formule mensongère, avilissante |)our celui
^'^ Procès-verbal delà Convention, L WVI, p. .'{il). — - '-^ Procès-vcM'bal (!•' la (loiivoii-
Uon, l. WVI, [). -joi. — ^"'^ Nous n'avons pu Iniuvci' amun ronsei^nenioul sin* ce citoyen
Nalbec.
/48 PROCÈS-VERBAUX DU COMITE D^INSTRUCTION PUBLIQUE
qui remploie, et llalieiisc! ])Our cAm aiu|uel elle s'adresse, de vous, qui désigne
plusieurs [)ers()uiies alors cpfil ne s'ajpl que d'un seul, el qu'il dil élre une iaute
de langage, en même teni[)s (jue c'est une contravention formelle au principe de
l'e'galité en politique.
Celle pétition est convertie en motion par un membre; il s'engage h ce sujet
une lé{»ère discussion, qui se termine par un décret portant que la pétition du
citoyen Nalbec sera insérée au Bulletin, avec une invitation à tous les ciloyens à
n'user dans leur langage que d'expressions propres à pénétrer tous les esprits du
principe inunuable de l'égalité ^'^
On lit dans le Moniteur :
Convention nationale, séance du lo brumaire.
Une députation des Sociétés populaires de la ville de Paris demande que tous
les individus qui ont quitté les villes où ils étaient domiciliés pour aller habiter
leurs châteaux, soient tenus, ainsi que ceux qui sont inutiles à la culture de la
terre, de rentrer dans les villes, sous peine d'être regardés comme suspects et
traités comme tels.
Cette pétition est renvoyée au Comité de sûreté générale.
Un membre de fa députation, prenant ensuite la parole. Citoyens représentants,
les principes de notre langue doivent nous être aussi chers que les lois de notre
République.
Nous distinguons trois personnes pour le singulier, et trois pour le pluriel;
et, au mépris de cette règle, l'esprit de fanatisme, d'orgueil et de féodalité nous a
fait contracter l'habitude de nous servir de la seconde personne du pluriel lorsque
nous parlons a un seul. Beaucoup de maux résultent encore de cet abus; il oppose
une barrière à l'intelligence des sans-culottes; il entretient la morgue des pervers
et l'adidation, sous le prétexte du respect, éloigne les principes des vertus fra-
ternelles. Ces observations communiquées k toutes les sociétés populaires , elles ont
arrêté, à l'unanimité, que pétition vous serait faite de nous donner une loi portant
réforme de ces vices. Le bien qui doit résulter de notre soumission à ces principes
sera une preuve première de notre égalité, puisqu'un homme quelconque ne pourra
plus croire se distinguer en tutoyant un sans-culotte, lorsque celui-ci le tutoiera ,et
de là moins d'orgueil, moins de distinction, moins d'inimitiés , plus defamiharilé
apparente, plus de penchant à la fraternité, conséquem ment plus d'égalité.
Je demande, au nom de tous mes commettants, un décret portant que tous les
républicains français seront tenus à l'avenir, pour se conformer aux principes de
leur langage en ce qui concerne la distinction du singulier au pluriel, de tutoyer
sans distinction ceux ou celles à qui ils parleront en seul , à peine d'être déclarés
suspects, comme adulateurs, et se prêtant par ce moyen au soutien de la
morgue , qui sert de prétexte à l'inégalité entre nous ^"'.
(') Procès-verbal de la Convention, Convention, qui a reproduit la pétition de
t. XXIV, p. a 96. Nalbec, est exactement le même que celui
^-) Le texte donm'; pur le Bulletin de la du Moniteur.
DE LA CONVENTION NATIONALE. li'J
Philippeanx. Je (lomaiide la mention honorable de celte adresse et l'insertion
au Ikilletin. L'approbation solennelle que lui donnera Tassemble'e sera une invita-
tion qui éipn'vaudra à un dëcrel, et tous les citoyens s'empresseront d'adopler ce
langage fraternel.
Basire. Une invitation ne suiRt pas; il faut un décret, qui imprimera aux ci-
tovens un caractère analogue à notie régime républicain, et duquel il résultera de
grands avantages.
Ckarlier. Je voudrais, si cela pouvait faire l'objet d'un décret, (jue par le mot
vous on désignât un aristocrate, comme on le fait par le mot monsieur.
La proposition de Philippeauv est décrétée ^'^
Quuiil ù la proposition faite par Basire à la séance du 91 brumaire, proposition que ne
mentionne pas le procès-verbal de cette séance, voici comment le Moniteur rend compte de
l'incident :
Gonventioi) na'ionale, séance du 21 brumaire.
Basire. La Convention a reçu des adresses par lesquelles on lui demandait
d'ordonner le tutoiement. La Convention n'a pas cru devoir en faire une loi.
Cependant il est certain que bien des enfants n'osent pas tutoyer leurs pères et
mères; il est certain que les domestiques craignent de tutoyer ceux qu'ils servent;
il est certain que dans les lieux publics cet usage coûte à beaucoup de personnes,
et peut même entraîner quelqu s inconvénients, exciter des querelles. 11 faut pour-
tant, après la fête de la liaison, (jue tous les citoyens se désaccoutument de ce vous
ridicule et servile. Je demande que la Convention, au lieu d'une invitation, fasse
une loi formelle.
Thuriot. Je m'oppose à cette mesure. Si tout le monde élait à la hauteur des
révolutions, on pourrait adopter la proposition de Basire. Mais je crois ([uo dans
ce moment, loin d'éviter les inconvénients dont il parle, on donnerait lieu aux per-
sécutions. L'amitié s'est toujours tutoyée. Ce langage fraternel a dii être adopté
sans peine par les amis de l'égalité. Mais il est des hommes qui s'étonnent de toute
innovation contraire à leurs vieilles et petites idées. Laissons donc mûrir celle-ci,
iinj)rimons-la dans l'opinion })ub!ique; quand la raison aura fait assez de progrès,
alors rendons ce décret. On sait bien que le vous est absurde, que c'est une fiiute
conlre la langue de parlera une personne comme on parlerait à deux, à plusieurs;
mais aussi n'( sl-il pas contraire à la liberté de prescrire aux citoyens la manière
dont ils doivent s'exprimer? Ce n'est pas un crime do parler mal le fiançais. Je
demande qu'en rendant honnniige aux principes, en reconnaissant la fîiculté qu'ont
tous les citoyens de se tutoyer, la Convention passe néanmoins à l'ordre du joui'.
li'ordre du jour est adopté ^'K
^'* Mom(c:ir ilii 1 •> Itrmn lire an 11, ^^^ Moniteur du •»;) Itruniairo an 11,
|>. 171. I». '2 1Ô.
50. PROCÈS-VERBAUX DU COMITÉ DINSTRUCTION PUBLIQUE
On lit dans les procès-verbaux de la Convention :
Sëance du 26 brumaire au 11.
Le citoyen Cusack, né dans les Etats-Unis de l'Amérique Septentrionale, a quitté
sa patrie pour combattre sous le drapeau de la liberté; il a été fait prisonnier,
mais il a eu le bonlieui" de briser ses chaînes et celles de cinq citoyens français , et
demande pour récompense Thonneur d'être roçxi citoyen français.
Cette pétition est renvoyée au Comité d'instruction publique '^^K
LETTRE DE JANVIER AU PRESIDENT DE LA CONVENTION (^^.
République indivisible, le 26 juillet 1793.
Citoyen président,
J'ai l'honneur de vous adresser un mémoire concernant une grande machine à
marées que je suis chargé d'exécuter pour le gouvernement; je vous prie de faire
renvover ce mémoire au Comité d'instruction publique pour statuer sur ma de-
mande.
Agréez, citoyen président, les salutations fraternelles el respectueuses de voti-e
concitoyen.
A. Janvier, mécanicien- astronome , au Louvre.
En marge : «Renvoyé au Comité d'instruction publique. Tuirion. Le 37 juillet.n
A cette lettre est joint le mémoire qu'elle annonce. Janvier y expose qu'il a dû inter-
rompre la construction de sa machine faute de payement. Il demande le remboursement de
ses dépenses, et des fonds pour achever son travail. Le mémoire est accompagné d'un
extrait des registres de l'Académie des sciences, an ik février 1789, contenant l'éloge du
plan de la machine à construire.
LE CITOYEN DAGUEY, AUTEUR DU TABLEAU DES DROITS DE L'HOMME, OFFRE DE LIVRER
A 5o SOLS CHAQUE TABLEAU, ET DE GRAVER AU MEME PRIX CELUI DE L'ACTE
CONSTITUTIONNEL (^).
Le Comité d'instruction publique, à qui j'ai présenté le tableau des Droits de
l'homme gravés en gros caractères, a déjà jugé mon ouvrage. Il sait à présent s'il
^^) Procès-verbal de la Convention, (■*) Archives nationales, F^'', carton looG,
t. XXV, p. 958. 11° ii65. Le titre que nous donnons à
^^^ Archives nationales, F^', carton la pièce est celui qui est écrit sur la che-
ioo^\ n"' 600-700. mise.
DE LA CONVENTION NATIONALE. 51
peut être piacé dans les écoles primaires pour l'utilitë de l'instmctioii publique.
Le prix pourrait peut-être l'arrêter.
Pour lever ces obstacles, j'observe d'une part au Comité qu'il est possible d'en
diminuer beaucoup le prix en dépouillant ce tableau des ornements, et que de
l'autre je me réduirai au plus mince bénéfice.
En conséquence, je propose au Comité, s'il arrête cette fourniture, de ne mettre
au tableau d'autre décoration que les couleurs nationales en encadrement, le fais-
ceau et le bonnet de la liberlé, conformément au modèle ci-joint, et alors le prix
du tableau ne sera que do cinquante sols.
Dans le cas où le Comité croirait convenable de placer dans les écoles primaires
l'Acte constitutionnel, comme pendant des Droits de l'homme , j'offre d'en faire
graver le tableau au même prix et dans toutes les mêmes dimensions que celui des
Droits de l'homme, si ce n'est que les caractères seront moins gros, à cause du
plus grand nombre d'articles.
Le 9 frimaire an 9^
(Pas de signature.)
5i 14{0Cfe-VKl{BALJ\ DU COMlTli; I) INSPRUCTION PUBl.lQUE
CENT SOIXANTE ET UNIEME SEANCE.
Du 1 1 rriiiiaire aii ii. [ i"' <'écoinl)ie 1793. |
Le citoyen Darpareiis demaiuli^ à iaire mw leclure d'un onvra^j;^
éléincnlaire. L'objet est remis à quinzaine*''.
Bouquier lit un plan d'instruction pul)lique 'l (]e plan est discuté; on
(') La lecUiro du niamiscrl de Darpa-
rens (qui s'y intitule wle sariS-ciilollc Dar-
parens, né à Auch'i) a été faite dans la
séance du 27 frimaire (p. iGG).
(-) H est assez dilllciic de s'expliquer
rintervenlion inattendue de Bouquier,
membre assez obscur du Comité, qui ne
s'était signalé encore que par la com-
position d'une sans-culottidc laite en colla-
boration avec Moline (voir t. II, p. 6A8),
et d'un quatrain pour mettre au bas de la
gravure du tableau de Marat peint par David
(voir t. Il, p. 8/10), et qui vient foutà coup
présenter à ses collègues un plan d'instruc-
tion publique reposant sur des bases entiè-
rement nouvelles. Ce plan, qu'un vote de la
Convention allait substituer brusquement à
celui du Comité, était-il l'œuvre personnelle
de Bouquier, ou celui-ci n'était-il que le
porte-voix d'une ou de plusieurs poisonna-
lités influentes? 11 est assez diflicile de ré-
pondre à celte question. Les idées qui sont à
ia base du projet de décret de Bouquier ne
lui appartenaient sans doute pas en propre,
et l'écho qu'elles trouvèrent aussitôt dans
la majorité de la Convention montre assez
(pi'elles étaient , en quelque sorte , dans l'air;
mais nous sommes porté à croire qu'il eut
le mérite d'en trouver la formule, qui se ré-
sume en ces trois dispositions fondamen-
tales : «L'enseignement est libre. — Il est
fait publiquement, sous la surveillance des
autorités et des citoyens. — Les citoyens et ci-
toyennes qui se vouent à l'enseignement sont
salariés par la République, à raison du nombre
des élèves qui fréquentent leu.s écoles. '^
On pourrait se demander si Bouquier
Ji'esl pas loi'gane de la (Commission nommée
le 2.^ brumaire, sur la présentation du Co-
mité do salut public, pour reviser le décret
sur les premières écoles concurremment avec
le Comité d'instruction publique? Nous ne
le croyons pas. Et nos raisons sont, d'abord ,
que le nom de Bouquier ne se trouve pas
parmi ceux des six membres de la Commis-
sion (voir t. II, p. 827 ) ; et, en second lieu,
que nulle part, ni dans les procès-verbaux
du Comité, ni dans ceux de la Convention,
ni dans les comptes-rendus de la presse,
Bou(|uier ne nous est présenté comme par-
lant au nom de la Commission nommée le
2 5 brumaire : au début , il parle en son nom
personnel ; et plus tard , après c[ue la prio-
lilé a été accordée par la Convention à son
projet, il nous apparaît comme l'organe du
Comité d'instruction publique lui-même.
Si Bouquier n'avait joué jusqu'alors à
la Convention qu'un rôle assez effacé, la
présentation de son plan d'instruction pu-
blique allait le mettre en relief. 11 fut porté,
le 26 frimaire, à la présidence des Jaco-
bins, ou il succéda à Fourcroy.
Gabriel Bouquier, né à Terrasson (Dor-
dogne) le 10 novembre 1789, était fils
d'un commissaire de l'intendance de
Guyenne. Après avoir fait de bonnes études
au collège de Brive, il se consacra tout en-
tier à la poésie et à la peinture, fit deux
séjours assez longs à Paris à partir de 1 765 ,
et se lia avec Joseph Vernet, Greuze, Jean-
teau; il voyagea ensuite en Italie de 1776
à 1779, s'y occupa d'archéologie, s'y lia
avec David, et se fit recevoir membre de
l'Institut de Bologne et de l'Académie des
Arcades de Rome. Rentré dans sa ville
natale en 1780, il se maria, et devint
DE LA CONVENTION NATIONALE.
53
demande une seconde lecture; elle se fait et donne lieu à de nouvelles
explications. On demande par motion d'ordre que la discussion se
borne h la première instruction. Cette demande adoptée, on examine
la première partie ^^^
Un membre demande que le commissaire inspecteur du Comité ^'-^
soit chargé de faire construire des armoires fermant à clef. Arrêté.
Une boîte, que l'on dit renfermer le cœur de Gasparin, est renvoyée
à la garde du commissaire inspecteur^^l
subdolofi^ué do, l'intendance de Guyenne,
sans cesser de s'occuper de beaux-arts;
l'Académie de peinture de Bordeaux l'ad-
mit dans son sein en 1787. Dès le début
de la Révolution, il prit chaleureusement
parti pour la cause populaire; ce fut lui
qui rédigea, en mars 1789, le cahier des
T plaintes, doléances et remontrances des
habitants de Terrasson 77. En 1791, il écri-
vit un mémoire sur l'injuste assiette de
l'impôt, et publia un Poème .séculaire dédié
aux amis de la Constitution. Le sufTrage
de ses concitoyens l'appela aux fonctions
de juge du canton de Terrasson, et en
Sf^ptembre 1792 il fut élu i'un des dix dé-
pulf's de la Dordogne à la Convention, où
(lès le premier moment il siégea parmi les
montagnards, à côté de son ami David.
M. le D' Galy, ancien directeur du Musée
départemental de la Dordogne, s'est rendu
accpiéreur en 1 8GG , à la mort de la seconde
fille de Bouquier, de tous les papiers do
celui-ci et de sa collection de dessins et de
tableaux; il a publié l'année suivante une
notice intitulée : G. Bouquier, député à la
Convention nationale, peintre de mnrineii et
de ruines, membre de l'Institut de liolofrue,
de l'Académie des Arcades de Home, de l'Aca-
démie de peinture de Bordeaux; notes sur
létal de la peinture en France et en Italie à
lu fin du xvii'^ siècle. (Avec un portrait de
Bouquier.) Par le D' E. Galv. PériguiMix,
imprimerie Dupont et C'°, 1867, in-8"; Bi-
bliolliè(|ue national)», Ln-', 2/ii8(). (î'est à
C(>tl(' notice que nous avons (Muprinilé les
détails qui précèdent.
Les papiers de Bouquier, qui, après la
mort du D" Galv, étaient restés entre les
mains de son fils, M. Paul Galy fdécédé en
1895), ont été vendus par celui-ci à
M. Collinet, et rachetés par la bibliothèque
de Périgueux. ^la s parmi ces papiers ne
se trouve pas le manuscrit des Rejlr xi ons sur
la Révolution, dont le D'' Galy avait cité
un passage dans sa brochure de 1867 (voir
notre t. II, p. 860).
('^ Le plan de Bouquier, tel qu'il fut
présenté au Comité d'instruction publique,
et imprimé ensuite par ordre du Comité
pour être soumis à la Convention (voir
aux annexes, p. 56), se composait de
cinq sections, portîint les titres suivants :
«I. De l'enseignement en général. — 11.
De la surveillance de l'enseignement. —
III. Du premier degré d'instruction. —
IV. Du dernier degré d'instruction. En-
seignement des sciences utiles à la société.
— V. Moyens généraux d'instruction. 77 La
décision du Comité, de se limiter à l'exa-
men de la première partie, doit s'entendre
des (rois ])remières sections.
(^) C'est Mathieu.
(■^^ Gasparin, député de^ Roudus-du-
Bhône, membre du Comité de salut public
du 13 juin au a^i juillet 1793, avait été
envoyé en mission à rarniée des Alpes
et à Toulon. La Convention avait roçu le
!î7 brumaire la nouxelle de sa mort; le
10 frimaire, une députation des Sociétés
populaires d'Orange et d'Avignon, et de
l'adminislraliou du tlt^partemeiit de Aau-
cluse, vint appcu'ler à rasseud)lee le ocvur
de ce représentant. La pioposilion de dépo-
ser le cœur de Gasparin au Panllieoii. taile
par un député, fut rernoy(>e au Comité
d'instruction j>id>li(|ue. Voir auv annexes.
5'i PIIOCÈS-VERBAUX DU COMITE D'INSTRUCTION PUBLIQUE
Un meiiibre propose qu'il soit nommé trois commissaires pour ré-
diger un plan de fête de Marat, dans laquelle le cœur de Gasparin
pourra être en même temps porté au Panthéon ^^l Adopté. David,
Homme et Jay Sainte-Foy sont nommés (^).
Le président expose que Dombey est sur le point de partir pour
les Etats-Unis d'Amérique. Il expose qu'il peut singulièrement servir
l'instruction publique en France par ses connaissances multiples sur-
tout en histoire naturelle; que par ses relations, il peut procurer
beaucoup de renseignements intéressants. Il demande qu'il soit en
conséquence remis au citoyen Dombey une instruction analogue au
vœu du (iOmité. Cette disposition est arrêtée. Grégoire et Romme
sont chargés de dresser cette instruction (^^.
Un mémoire sur un monument de la commune d'Auteuil est ren-
voyé à la Commission des arts^*l
Le Comité arrête que les deux plans, savoir le projet revisé et
celui de Bouquier, seront présentés à la Convention, et que celui de
Bouquier sera imprimé par ordre du Comité ^^l
A (p. 55), un extrait du procès-verbal de
la séance de la Convention du lo frimaire
an II , complété par un extrait du Moniteur.
H sera de nouveau question de Gasparin
dans la séance suivante du Comité (p. 6/i ).
('^ Un décret du ak brumaire avait ac-
cordé à Marat les honneurs du Panthéon,
et avait chargé le Comité d'instruction pu-
blique de présenter le plan de la cérémo-
nie. Il avait été confirmé par un second dé-
cret en date du 5 frimaire. (Voir ces décrets
dans notre tome II, pages 887 et Hkt.)
(^) Dans la séance suivante du Comité,
Thomas Lindet est adjoint à ces trois com-
missaires en qualité de rapporteur (p. 6A).
(^) Le naturaliste Joseph Dombey (né à
Mâcon en 17A2, mort dans Tile de Mont-
serrat, Antilles, en 179^), connu entre
autres par son exploration du Pérou ( 1778-
178A), se disposait en ce moment à repar-
tir pour un nouveau voyage. Le procès-
verbal de la séance de la Convention du
7 frimaire an 11 mentionne son nom,
à l'occasion d'une offrande patriotique, dans
les termes suivants : crLe citoyen Dombey,
qui a toujours vécu sur les hautes mon-
tagnes d'Europe, avec les sauvages du Chili
et du fleuve des Amazones, olTre à la Ré-
publique quatre pièces d'or et un assignat
de cinquante livres pour les frais de la
guerre. Mention honorable, insertion au
Bulletin. w (Procès-verbal de la Convention,
t. XXVI, p. 179). Usera de nouveau ques-
tion de Dombey dans la séance suivante du
Comité (p. 6h).
('^ La Commission des arts s'occupa , dans
sa séance du ao frimaire, du mémoire pré-
senté par la municipalité d'Auteuil, que le
Comité lui avait renvoyé. Voir aux annexes,
C (p. 62), un extrait du registre de ses
séances.
(^^ Le plan de Bouquier fut imprimé en
effet par ordre du Comité, et distribué à la
Convention dans le courant de la seconde
décade de frimaire. Quant au plan révisé,
œuvre de la majorité du Comité, et plus
particulièrement de Romme, il avait été
imprimé aussi en exécution d'une décision
prise le 27 brumaire, et nous l'avons déjà
reproduit (voir notre tome II, p. 8/19).
Nous donnons aux annexes, B (p. 56), le
texte du plan de Bouquier, tel qu'il est
DE LA CONVENTION NATIONALE. 55
PIECES ANNEXES.
On lit dans les procès- verbaux de la Convention :
Séance du i o frimaire an ii
Les citoyens Arnoiis, administrateur du département de Vaucluse, et Fabre,
procureur de la commune de Gamaret, se présent nt à la Convention, en qualité
de de'putds des autorités constituées du département de Vaucluse ; ils apportent le
cœur du brave Gasparin, notre collègue, mort à la suite de ses pénibles travaux,
qu'ils déposent sur l'autel de la patrie . . .
Mention bonorable, et insertion au Bulletin ''^K
Le Moniteur ajoute les détails suivants :
Convention nationale, séance du lo frimaire.
Une députation des Sociétés populaires d'Orange, d'Avignon, et de l'administra-
tion du déjiartement de Vaucluse, est admise.
L'orateur. Citoyens roprésenlants, nous venons exprimer dans le sein do la Con-
vention nos regrets sur la mort d'un des plus intrépides défenseurs du peuple.
Gasparin, entièrement dévoué à la liberté, est mort victime de son zèle. On a re-
cueilli avec soin les paroles qu'il prononra en rendant le dernier soupir; elles
donneront une idée de son courage et de son ardent amour pour la liberté, et de
sa haine contre les traîtres et les ennemis de la République : Marchons tous,
disait-il, sous les murs de Toulon; ça ira, la République triomphera. Tous les
patriotes ont versé des larmes sur la tombe de Gasparin; nous avons tous pensé
que sa mémoiie vous était chère, et ([ue vous recevriez avec plaisir ses précieux
restes; nous vous apportons son cœur : qu'il soit placé sur le sommet de la Mon-
tagne; les patriotes, en le voyant, se rappelleront ce qu'ils doivent à la R('pu-
blique, et seront animés du même zèle pour sps inti'réts. (On applaudit.)
Le président ''^K Eu recueillant avec un soin religieux les restes d'un iidèle repré-
sentant du [)euple, d'un vrai républicain, vous donnez une preuve de votre patrio-
tisme. La Convention vous remercie de votre zèle; elle reçoit avec un vif iulérêl
l'olTtande que vous lui faites, et vous invite aux honneurs de la séance.
***. Le cœur de Gasparin vous est apporté; lorsqu'il était anim(\ il bi'ùlait du
plus pur patriotisme. Je demande qu'il soit porté au i*antli('ou français.
Cette proposition est renvoyée au Comité d'instruction puhlicpie ^^\
conicmi (iuitdans lu pièce oriijinalç (|iii lut de sijpialuros, ni à la uiiniilo ni au ro|pstre.
distrilméo à la Convention, que dans la La minute est de la main de Matliiou.
réimprossion qui fut lallo par aiivté de la '^ i^rocôs- vorhal de la Con\ontimi.
Société dos Jacobins, <ln 21 IVimairo. \. WVI, p. •u'ÎS.
Pour la suite, voir la séance du u) tri- *•*) C'est Rommc.
maire, p. 8(). (') Moniteur du 11 iViniaitv an n,
— Le présent procès-vci-bal ne jiorlc |)as p. •87.
q6 PROri:S -VERBAUX DU COMITE D'INSTRUCTION PUBLIQUE
RAPPORT ET PROJET DE DECRET FORMANT UN PLAN GENERAL D-'INSTUUCTION PU-
BLIQUE, PAR 0. ROUQUIER, MEMRRE DE LA CONVENTION NATIONALE HT DU
COMITÉ DUNSTRUCTION. IMPRIMES PAR ORDRE DU COMITE.
Do rimprimerie nationale, s. d. '"'.
Citoyens ,
Vous avez cl)ar,fï'(^ votre Comité d'instruction de reviser le de'cret relatif à l'or^ja-
nisation dos premières écoles. Il a rempli cette tâche; mais en s'en acquittant, il a
vu que le grand problème dp l'organisation de Finstruclion publique pouvait être
résolu de ])lusieurs manières, et il s'est déterminé à vous présenter un nouveau
plan: nn plan simple, naturel, facile à exécuter; un plan qui proscrivît à jamais
toute idée de corps académique, de société scientifique, de hiérarchie pédagogique;
un [)lan enfin dont les bases fussent les mêmes que celles de la constitution : la
liberti', l'égalité, la brièveté.
Le premier de tous les arts utiles qu'un gouvernement républicain doit honorer
est celui de l'agriculture; et les citoyens qui l'exercent sont, en tout temps, ceux
qui , les premiers , ont bien mérité de la patrie.
Les rations libres n'ont pas besoin d'une caste de savants spéculatifs, dont l'es-
prit voyage constamment, par des sentiers perdus, dans la région des songes et
des chimères. Les sciences jde pure spéculation détachent de la société les individus
qui les cultivent, et deviennent à la longue un po'son qui mine, énerve et détruit"
les républiques.
Au peuple qui a conquis la liberté, il ne faut que des hommes agissants, vigou-
reux, robustes, laborieux; des hommes éclairés sur leurs droits, sur leurs devoirs.
On parvient h former de tels hommes en exerçant la jeunesse à des travaux, à
des arts dont l'exécution, en développant les forces, donne de la souplesse, de la
dextérité; et en mettant sous les yeux des lois simples et sages, de grands exemples
à suivre, de grands modèles à imiter.
Le muscadin crève dans une première campagne, ou, au premier coup de fusil,
crie, en fuyant. Sauve qui peut, tandis que le jeune homme exercé dès l'enfance à
des travaux pénibles, étayant son courage de sa force, devient bientôt un excellent
soldat. Sa vigueur brave les fatigues de la guerre ; son courage affronte les périls.
Il repousse l'ennemi, il garantit sa patrie du joug de toute domination, et devient
par sa valeur, sa constance, sa fermeté, son dévouement, le modèle du vrai répu-
blicain.
C'est donc à former de tels hommes que nous devons nous attacher. Et la Révo-
lution ne nous a-t-elle pas déjà merveilleusement servis a cet égard? Jetons un
coup d'œil rapide sur la nation française. Voyons ce qu'elle était avant la Révo-
^*^ fiibliothèqne nationale, Lo^^ 600, des presses de Tlmprimerie des 86 dépar-
in-8"; Musée pédagogique, n" 1170^1. — tements, où fut faite la réimpression votée
L'exemplaire du Musée pédagogique sort par la Société des Jacobins.
DE LA CONVENTION NATIONALE. 57
liition; voyons ce qu'elle esl aujourrriuii. liidolenle, apathique, insouciante à
l'excès, les sciences futiles, les arts frivoles lui tenaient lieu de tout. Elle portait
les feîs de la tyrannie sans, pour ainsi dire, en sentir le poids; à peine connaissait-
elîelenom de liberté. Il a fallu que les tyrans anthropopliaf]es qui la mutilaient
depuis tant de siècles l'aient arradK'e, h foi'ce d'excès, de cruautés et de noir-
ceuis, des bras du sommeil léthargique où le de<^potisme l'avait plongée. Mais
l'heure du réveil arrive; le tocsin de la liberté retentit au loin; la nation se lève,
reprend sa puissance, et, dans un clin d'œii, un peuple d'esclaves devient nn
p.'uple de héros. Les bastilles sont ren\ersées, les satrapes tremblent, la nation
organise son pouvoir, les sociétés populaires sont formées, la voix de la raison se
fait entendre, chaque ciloyen devient soldat, l'amour de la liberté s'empare de
tons les cœurs, et les conrluit d'un pas rapide à la hauteur du républicanisme.
Tels sont les effets miraculeux qu'a produits notre Révolution; tels sont les
moyens dont elle a fait usage.
Qu'avons-nous donc besoin d'aller chercl.'er loin de nous ce que nous avons
sous nos yeux? Citoyens! les plus belles écoles, les plus utiles, les plus simples,
cil la jeunesse puisse prendre une éducation vraiment républicaine, sont, n'en
doutez pas, les séances publiques des départements, des districts, des municipa-
lités, des tribunaux, et surtout des sociét('s populaires. C'est dans ces sourcf s pures
que les jeunes gens puiseront !a connaissance de leurs droits, de leurs devoirs, des
lois et de la morale républicaine; c'est en maniant les armes, c'est en se livrant
aux exercices de la garde nationale, c'est en s'accoutumant au travail, en exerçant
un art ou métier pénible, que leurs membres deviendront souples, que leurs forces
se développeront, qu'ils perfectionneront leurs facultés physiques. Tout leur pré-
sentera des moyens d'instruction : ils en trouveront au sein de leurs familles, ils
en trouveront dans les livres élémentaires que vous allez publier, ils en trouveront
enfin dans les fêtes nationales que vous allez instituer.
D'après cet exposé rapide, on doit voir clairement que la Révolution a, pour
ainsi dire d'elle-même, organisé l'éducation publique et placé partout des sources
inépuisables d'instruction.
N'allons donc pas substituer à cette organisation, simple el sublime connue le
peuple (jui la crée, une organisation factice et calquée sur des statuts acadc'uiicjues
qui ne doivent plus infecter une nation régénérée. Conservons précieusement ce
qu'ont fait le peuple el la Révolution; contontons-nous d'y ajouter le peu (pu v
inan(pie pour comph'ter l'instiuclion publique. Ce complément doit être sim|)le
connue Touvrage créé pai* le gt'ui^^ de In Ih'volution. Nous allons vous en pi'ésen-
ter le projet.
PL\N GKXKRAL D'INSTRUCTION PI RIJOIF:.
SECTU)\ PHKAIII.RK.
De l'cnset'ipiOHrnt en ficnérnl.
Articlk pnKMii;n. 1/enseignemenl ps| libre.
Airr. a. Il sera fut publi(piement.
58 PnOGI<:S-VERBAUX DU COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE
Art. 3. Les citoyens et ciloyennes qui voudront user de la liberté d'enseigner
seront ti^us :
i" De déclarer à la municipalité, ou à la section de la commune, qu'ils sont
dans l'intenlion d'ouvrir une école;
û° De désigner l'espèce de science ou art qu'ils se proposent d'enseigner;
3" De produire un cei'tificat de civisme et de bonnes mœurs, signé de la moitié
des membres du conseil général de la commune, ou do la sec! ion du lieu de leur
résidence, et par deux mi^mbres au moins du comité de surveillance de la section,
ou du lieu de leur domicile, ou du lieu qui en est le plus voisin.
Art. /i. Les citoyens et citoyennes qui se vouent à l'instruction ou à l'enseigne-
ment de quelque art ou science que ce soit seront désignés sous le nom d'insti-
tuteur ou d'institutrice.
SECTION II.
De la surveillance de l'enseignement.
Article premier. Les instituteurs et institutrices sont sous la surveillance immé-
diate de la municipalité ou section, des pèr^^s, mères, tuteurs et curateurs, et
sous la surveillance générale de tous les citoyens.
Art. 2. Tout instituteur ou tnstiiutrice qui enseignerait dans son école des
préceptes ou maximes contraires aux lois et h !a morale républicaine sera dénoncé
par la surveillancr', et puni selon la gravité du délit.
Aux. 3. Tout instituteur ou institutrice qui outrage les mœurs publiques est
dénoncé par la surveillance, et traduit devant la police correctionnelle ou tout
autre tribunal compétent, pour y être jugé suivant la loi.
section m.
Du premier degré d'instrnction.
Article premier. La Convention nationale charge son Comité d'instruction de
lui présenter les livres élémentaires des connaissances absolument nécessaires pour
former les citoyens, et déclare que les premiers de ces livres sont les Droits de
l'homme, la Constitution, le Tableau des actions héroïques ou verîueuses.
Art. 2. Les citoyens et citoyennes qui se borneront à enseigner à lire, à écrire,
ot les premières règles de l'arithmétique, seront tenus de se conformer dans leurs
enseignements aux livres élémentaires adoptés et publiés à cet effet par la repré-
sentation nationale.
Art. 3. Ils seront salariés par la Répubhque, à raison du nombre des élèves
([ui fréquenteront leurs écoLs, et conformément au tarif compris dans l'article
suivant.
Art. U. Les instituteurs et institutrices du premier degré d'instruction, qui ou-
vriront des écoles dans les communes d'une population de trois cents à trois mille
âmes, recevront annuellement de la République, pour chaque enfant ou élève,
DE LA CONVENTION NATIONALE. 59
savoir : rinstiluteur, la somme de dix livres; l'institutrice, celle de huit livres par
cliaque élève.
Ci, de 3oo à 3,ooo 10 livres 8 livres.
— 3,000 à 6,000 1 •? — 9 —
— 6.000 à 1 8,000 1 '1 — 19 —
— j 8,000 à 36,000 16 — 1 ■> —
— 36,000 il y9,ooo 18 — 1 J —
— 72,000 à tîi6,o()o ^'' et iiu-dessus 9.0 — 16
Art. 5. Il sera ouvert dans chaque municipalité ou section un registre pour
rinscription des noms des inslituteurs et institutrices du premier degré dinstruc-
tion, et des enfants ou pupilles qui leur seront confiés par les pères, mères, tu-
teurs ou curateurs.
Art. 6. Les pères, mères, tuteurs ou curateurs pourront, à leur choix, envoyer
leurs enfants ou pupilles aux écoles du premier degré d'instruction , en observant
ce qui suit.
Art. 7. Ils seront tenus de déclarer à leur municipalité ou section :
1° Les noms et prénoms des enfants ou pupilles qu'ils sont dans lintention d'en-
voyer ttuxdites écoles;
2" Les noms et prénoms des instituteurs ou institutrices dont ils font choix.
Art. 8. Ceux desdils pères, mères, tuteurs ou curateurs, qui n'auraient pas
rempli les conditions ci-dessus, seront tenus de payer l'instituteur ou rinstitulrice.
en conformité du tarif et à raison du nombre d'enfants ou pupilles qu'ils leur au-
raient confiés.
Art. 9. Les enfants ne pourront être installés dans les écoles qu'à l'âge de six
ans accomplis , et le premier jour de chaque mois.
Art. 10. Les inslituteurs ou institutrices du premier degré d'instruction ùn\-
dront registre des noms et prénoms des enfants et du mois où ils auront été installés
dans leurs écoles.
Art. 11. Ils seront payés par trimestre; et, à cet efiet, ils seront tenus de pro-
duire à la municipalité ou à la section un relevé de leurs registres, lait mois par
mois, portant les noms et prénoms d(\s enfants qui auront assistt' à leurs leçons
pendant cliaque mois. Ce relevé sera confronté avec le registre de la numicipalité
on de la section. La confrontation faite, il leur sera délivré un mandat.
Art. 12. Ce mandat contiendra le nombre des enfants (|ui, pendant cluupie
mois, aui'onl suivi l'école de l'instituteur ou de l'instilulrice, et la somme (pii lui
sera due. Il sera si{;né du maire el de deux officiers municipaux ou de deux
^'^ Ce chiflre de a t /i,()()() ne lorrcspoiid siis% qui a Tair de sijjnifier qm^lque chose,
à rien: le(loul)ledp 7'i.o()() s»M'ail i/i'i,()oo; n(> pivsonft» eu ivaliU» aticim sons salisfai-
lo Iripln serait :>iG,ooo. Il doit y avoir là saul ; il l'allail diiv siiMplomenl : «au-di'ssiis
une (aille (Timpressioii. V.n oulrr, loiilc la de 7 11,000 t'.
hjjnc : ffdo 711,000 û im '1,000 ot au-de»-
()() l'ROGI^:S-VERBAUX DU COMITÉ iriNSTPiUCTION PUBUOUE
membres du conseil .<»('ii('i'al de la commune, on par le prc^sident de la section, et
(Ien\ mend)i'cs du conseil de ladite section, et par le secivtaire.
y\RT. 13. Les mandats seron! j)ay(^s à vue j)ar les percepteurs de la contribution
foncière ou mobilière de la conniiune ou section, et seront passes en compte aux-
dits percepteurs par les receveurs de disirict.
Art. 1^. Les jeunes gens ([ui, au sortir des écoles du premier degré' d'instruc-
tion, ne s'occuperont pas du travail de la leri'e, seroni tenus d'apprendre une
science, art on métier utile à la société.
AiiT. 15. Ceux desdits jeunes gens qui, h l'âge de vingt ans accomplis, ne se
sei'ont pas couformi^s aux dispositions de Tarlicle ci-dessus, seront privés pour le
l'esté de leui'S jours de Texercice du plus beau de tous les droits, celui de citoyen.
SKCTION IV.
Du di'mier d^o-rr d'iuslruclion.
Auticlk prkmikr. Li rJiinion des citoyens en sociétés populaires, les théâtres,
les jeux civiques, les évolutions militaires, les fêtes nationales et locales, font partie
du second degré d'instructio i publique.
Art. 2. Pour faciliter la réunion des sociétés populaires, la célébration des
fêtes nationales et locales, des jeux civiques, des évolutions militaires, et la repré-
renlation des pièces patriotiques, la Convention déclare que les églises et maisons
ci- -evant curiales, actuellement abandonnée >, appartiennent aux communes.
Art. 3. Elle charge son Comité d'instruction de faire choix des livres élémen-
taires existants des diverses sciences qui doivent concourir à la perfection de l'in-
struction publique, et d'accélérer la composition de ceux qui nous manquent.
Enseignement de sciences utiles a la société.
Article premier. Il y raira des ofïiciers de santé dans chaque hospice ou
maison de bienfaisance de la Pu'publique,
Art. 2. Leur nombre sera proportionné h celui des malades qui sont annuelle-
ment Iraitt'S dans chacune de ces maisons.
Art. 3. Les officiers de santé auprès dune maison de bienfaisance sont tenus
de donner des leçons publiques de médecine, de chirurgie, de botanique, de
chimie, d'accouchemeiit.
Art. h. Il sera établi des instituteurs de génie, d'artillerie, sape et mine,
dans les quatre places de \^ Pu'publique ci-après; savoir :
A Lille, deux instituteurs d'artillerie, sape et mine;
A Valenciennes , deux de génie;
A Perpignan, doux d'artillorio, sape et mine;
A Bayonne, deux de génie.
Art. 5. Ces instituteurs militaires enseigneront publiquement les sciences né-
DE LA CONVENTION NATIONALE. 61
cessaires à former des inge'iiieurs, artilleurs, sapeurs etmiueurs, d'après les livres
élénieiilaires qui leur seront délivrés à cet effet.
Akt. 6. i^a partie du génie relative aux ponts et chaussées ne sera enseig-née
qu'à Paris; trois instituteurs seront chargés de cet: enseignement.
Art. 7. Quatre observatoires seront établis dans la République :
Le premier à Paris : quatre astronomes y sont attachés;
Le deuxième à Strasbourg;
Le troisième à Brest;
Le quatrième à Marseille.
Deux astronomes seront attachés à chacun de ces trois observatoires.
Art. 8. Les astronomes de la République sont tenus de former des élèves pour
les observations astronomiques et météorologiques, pour les calculs de la comiîiii^
sauce des temps, et autres ouvrages tendant à perfectionner la navigation.
Art. 9. Il y aura un hydrographe dans chaque port de la Iiépublique; il y en-
seignera publiquement les sciences nécessaires aux marins.
Art. 10. Les diiïérenis instituteurs ci-dessus désignés pour remplir l;- dernier
degré d'instruction seront salariés par la République.
Art. 11. L'enseignement libre des sciences et arls non désignés par le présent
décret n'est pas aux frais de la Pu'publique.
Art. ^2. Néanmoins les jeunes gens qui auraient des dispositions bien pro-
noncées pour quelque art ou science dont l'enseignement n'est pas salarié poui'-
ront, sur l'attestation de l'instituteur qui leur aura donné les premiers éléments
(lesdits arls et sciences, et sur celle du conseil général de la comnuine ou section,
oblenii", dans les cas seulement où ils appartiendront à des parents hors d'état de
fournir au d(!veloppement de leurs heureuses dispositions, un secours annuel den -
couragement pendant un nombre d'années déterminé.
SECTION V.
Moyens généraux d'instruction.
Article premikr. Il sera formé dans chaque chef-lieu des comnmnes les plus
p)pulenses de la République une bibliothèque, un nuiséum, un cabinet d'histoire
nalin-elle, un cabine! d'instrmnenlsde pliysi([ue ex[)(Minientale, et, auprès de cluu[ue
hos[)ice, un jardin pour la culture des pinntfs usuelles.
Art. 2. Ces établissements seront ouvei'ts au public (!eu\ fois par dt-rade.
Art. o. Les citoyens ([ui cultivent ([uel pie art ou science relatifs à ces l'tablis-
semenls y seront aihnis cha([ue jour, en pn'sfMitant leur carie rivi([iie.
Art. h. Les citoyens (pii désireraient ouvrir des cours de [)hysi(pi(> expi'iinien-
tale (lu d'histoire naturelle, et qui n'auraient pas les moyens de se procurer le>
objets et instruments i^écessaii'es à cet elfet, pourront, sous leur responsabiiiU' el
du consenlemcMit de la nmiuVipalili' et du conseil général de la eunnnnie. do;inei'
leurs leçons dans les cabinets nationaux.
62 PROCÈS-VERBAUX DU COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE
Art. 5. Ces établissements nationaux sont sous la surveillanco immédiate des
municipalités.
Art. (). Il sera établi dans chacun d'eux un surveillant paiiiculier, aux liviis de
la République.
A'perçu général des dépenses annuelles, nécessaires ponr l'exécution
du plan proposé.
Premier dejjré (Tinslruction !2(), 000,000
Dernier degré (rinstructioii 'j, 000, 000
Moyens généraux d'instruction •^,000,000
Total 3o, 000, 000
Pour la suite, voir l'annexe G de la séance du Comité du 19 IHinaire, p. 9a.
On lit dans le registre des procès-verbaux de la Commission des arts :
Séance du 20 frimaire, l'an 2^ de la République.
D'après le rapport de la section de peinture, la Commission des arts, adjointe
au Comité d'instruction publique, ayant pris connaissance des motifs des récla-
mations portées dans le mémoire présenté par la municipalité d'Auteuil, ne peut
que l'engager à laisser les ornements antiques dont ces bâtiments sont décorés ,
attendu quils n'ont rien de relatif aux objets de féodalité et de royauté, et qu'au
contraire ce sont des monuments antiques moulés à Rome et propres à faire fleurir
les ornements de bon goût qui doivent être souvent employés dans l'architecture ^'^.
'^' Archives nationales, F''* 7, foiio 13, recto.
DE LA GOiNVENTION NATIONALE.
63
CENT SOIXANTE-DEUXIEME SEANCE.
Du i3 frimaire ami. [3 décembre 1798.]
Le citoyen Raffron vient communiquer des observations au Comité
sur les sans-culottides. Il expose que l'accumulation de ces fêtes a des
inconvénients à une époque où les travaux champêtres ne permet-
traient pas aux citoyens des campagnes d'y prendre part. 11 propose
de répartir ces fêtes sur toute Tannée, à différentes époques. Ce plan
est accueilli, et examiné. L'auteur est prié de le déposer sur le bureau,
et invité à en conférer avec Romme sous le rapport du calendrier, et
avec les commissaires des fêtes nationales quant à la répartition des
sans-culottides ^^\
Valdruche fait un rapport sur une réclamation des instituteurs tant
de la commune de Paris que des deux districts ruraux du département.
On fait diverses propositions; on arrête que le rapporteur en confé-
rera avec le Comité des llnances'-l
Villar fait un rapport sur une réclamation du citoyen Mangard
qui a demandé l'établivSsement d'une école de langue française an-
cienne pour faciliter l'étude des anciens monuments et refaire l'his-
toire sur la vérité. Il expose les titres littéraires de Mangard, et ses
longs travaux suivis d'une excessive indigence. Il propose qu'il soit
écrit par le président soit à l'auteur, soit au Comité de liquidation
sur l'auteur; on fait d'autres propositions. Un membre observe qu'il
est quelques vérifications à faire sur le [)étitionnaire; il demande en
conséquence l'ajournement. L'ajournement est adopté ^^^
'^^ Neuf mois plus tard, par un décret
du 9 fructidor an 11, la Convention sup-
prima ies lètes qui devaient avoir lieu pen-
dant les quatre premiers jours sans-culot-
tides, et ne conserva que celle du cinquième
et dernier jour.
^*) Valdruche avait été nommé rappoi'-
teur dans la séance du 9 Irimaire (p. 4A),
en reuiplaccment de Feny qui avait été
désigné d'iihord (le 5 frimaire, p. la).
Pour la suilc, voir la séance du 1.^) frimaire
(p. 07).
^^) Dans sa séance du 28 septembre, le
Comité avait reçu de Mangard une pétition
relative à une réor<][anisation de la section
des manuscrits à la Bibliothèque nationale
et à la création d'une école de langue fran-
çaise anciiMuie, pétition accompagnée d\iu
mémoire explicatifol (l'un tahlt\ui comparalil
de la langue aux différents siècles (voir t. II,
p. .J i a ). Grégoire , nommé rapporteur, avait
présenté le 5 octobre des conclusions favo-
rablesà Mangard (voir t. H ,p. Ô7 1). (it^hii-ci,
admis à la barre do la Convention le 7 hni-
G^i PUOGKS-VERBAUK DU COMITE IVINSTHUCTION PUBLIQUE
(ir('<>oir«'
lit le |)roini(M' numéro de la Feuille morale. Il contient deux
sur Loustallot; 2"sui' Lej)eletier. On discute la forme et le
articles : i
fond. On demande (]uel(|ues modifications, sauf lesquelles le numéro
est adopté^'^ On demande un troisième rédacteur. Lindet est nommé -^
Ronnne lit une instruction pour Dondjey prêt à partir pour les
Etats-Unis d'Améri(|ue^"'l
Guyton fait un rapport sur le cabinet Joubert, (ju'il dit être d'un
très grand prix et exiger beaucoup de ménagements dans le transport.
On discute cet objet; de la discussion il résulte que les bureaux de
liquidation ne peuvent se transporter à la maison Joubert, ni les ob-
jets d'histoire naturelle en être déjdacés dans un aussi court esj)acede
temps. Guyton est nommé rap[)orteur pour se concerter avec le
Comité des domaines^^^.
On demande qu'il soit nommé un rapporteur pour les honneurs à
rendre à Beauvais, Pierre Baille, Chalier, Gasparin mort dans le
cours de ses travaux, et sur le procès de la mémoire de Dampierre.
Lindet est nommé rapporteur ^"^.
maire , y fit lecture de sa pétition , dont l'in-
sertion au Bulletin fut ordonnée. (Voir aux
ainiexes, p. 65, un extrait du procès-verbal
de la séance de la Convention du 7 brumaire
an II, complété par un extrait du Moniteur,
et le texie do la pétition de Mangard, ex-
trait du Bulletin.) La réclamation de Man-
^ard dont il est ici question , et que nous
n avons pas trouvée aux Archives nationales,
paraît avoir été relative, non à son projet
d'école, mais à une demande de secours. Il
sera de nouveau question de Man|jard dans
la séance du 21 frimaire (p. i33).
(^^ Ce premier numéro sera lu une se-
coiide fois par Gré^joire à la séance suivante
du Comité. Cotte fois, le rédacteur du pro-
cès-verbal l'appellera crie premier numéro
des Annales du civisme» (p, 68).
(-) La Commission de rédaction de la
Feuille de morale avait été nommée par le
Comité le 11 brumaire (voir t, 11, p. 728).
Elle S3 composait de trois membres, Daoust,
Grégoire et Basiro. Une place était vacante
depuis l'arrestation de Basiro (27 bru-
maire), d'où la nomination de Thomas
Lindet.
^^^ Voir la séance du 1 1 frimaire (p. bh)
et, pour la suite, celle du 21 (p. i36).
('^^ Voir la séance du 9 frimaire (p. A3).
Un nouveau rapport sur le cabinet Joubert
a été présenté dans la séance du 2 3 frimaire
(p. 1/11 ).
^^) Nous avons déjà parlé (t. Il, p. 628,
note 5 ) de Beauvais et de Pierre Baille , (pi'on
croyait alors avoir été tous deux mis à mort
par les Anglais à Toulon (on sait que la nou-
velle n'était exacte qu'en ce qui concerne le
second). La Convention, dans sa séance du
3 frimaire, avait accordé une pension de
quinze cents livres à la mère de Pierre
Baille (Procès -verbal de la Convention,
t. XXVI, p. 61). La mémoire de Chalier,
guillotiné par les conire-révolutionnairos de
Lyon le 16 juillet 1793, venait d'être l'objet
d'éclatants hommages à Ja commune de
Paris et aux .lacobins; et la Convention,
dans sa séance du 1 1 frimaire , avait entendu
la lecture d'une lettre des représentants
Fouché et Collot d'Herbois annonçant l'en-
voi dos restes du démocrate lyonnais (Pro-
cès-verbal de la Gonventioa, t. XXVI,
p. 282). Sur Gasparin, voir p. 53, note 2.
DE LA CONVENTION NATIONALE. 65
La séance est levée à dix heures^^^
PIÈCES ANNEXES.
On lit dans les procès-verbaux de la Convention :
Séance du 7 brumaire 11.
Le citoyen Mangard, admis à la barre, prononce un discours dans le(j[uel il lait
sentir la nécessité d'étudier l'ancien langage français, pour le perfeclionneaient
de l'histoire, et sur les moyens d'en rendre l'étude plus facile qu'elle ne l'a été
jusqu'à présent.
Il fait hommage à la Convention d'un mémoire dans lequel sont dévelo[)pés ses
principes et d'un tableau comparatif des langues des xii*, xm\ \i\\ xv', xvi^ xvu'
et xvuf siècles.
Le président applaudit au zèle du pétitionnaire, reçoit son hommage et l'invite
aux honneurs de la séance.
La Convention ordonne que la pétition du citoyen Mangard sera insérée au
Bulletin, et renvoie le tout au Cojnité d'instruction publique, pour en faire un
prompt rapport ^"^
La pétition de Mangard a été insérée au Bulletin de la Convention à la date du 8 bru-
maire. En voici le texte :
Représentants du peuple,
Vous avez établi la République; le fondement sur lequel elle doit reposer pour
être inébranlable, c'est la vertu: c'est donc à former des hommes vertueux ([ue
doit tendre l'instruction publique. Pas de préceptes, beaucoup d'exemples. Mais
conservera- t-on la vieille habitude de n'aller chercher des modèles de vertu (pie
cliez les Grecs et les Romains, comme si notre sol n'en avait jamais produit? Oui,
sous le règne même de l'oppression , la France fut fertile en héros dignes d'être
républicains. Etudions donc de préférence l'histoire de notre nation, mais défions-
nous des livres modernes.
Dès que le despotisme eut asservi les lettres, dès le conunencement du règne de
François P', peu d'écrivains osèrent dire la vérité. La plupart se firent adulateurs,
ne rougirent pas de lui substituer le mensonge. Des mains saciilèges altérèrent et
corronq)irent tous les livres anciens qui pouvaient rappeler au peuple le souvenir
(le sa puissance et de ses imprescriptibles droits. Parmi des milliers d'alléralions
Quant au général Dampierre, tué le 8 mai La question reviendra à Tordre du jour
1798 h Tallaquc des bois do Raisuies, dans la séance du .3 nivôse au n (p. 207).
près Valouciennes, la Convention lui avait (') Ce dernier alinéa n'existe pas à la
accordé les honneurs du Pantlié()n par un minute. Pas de sigualures, ni à la minute
décret rendu le ti du même mois; mais ni au registre. La minute est de la ninin
la rumeur pid)li(jue commençait à accuser de Mathieu.
Dampierre d'avoir été d'inlellig.'uce avec >-' Procès- verbal de la Convention,
Cusline. I. \\l\ , p. 1 -o.
im-niui nit >aii(|\aic.
66 PROCES-VERBAUX DU COMITE D'INSTRUCTION PUBLIQUE
de ce genre, je n'en citerai qu'une, mais singulièrement remarquable. Vers l'an-
ne'e ii5o on écrivait, en 1689 ou imprimait librement cette maxime : ffCelui
qui a commis au crime capital, quel qu'il soit, le roi même, doit subir le supplice
au(piel il aura h6 condamné par les juges et par les citoyens v. Eu faisant réimpri-
mer, ou i55/i et i586, le livre (Tristan de Léonais, 1. i, cliap. x) où elle se
trouve, Jean Mangin eut l'audace d'établir précisément l'inverse : ff Quiconque,
dit-il, commettait homicide, /ors (excepté) le souverain seigneur, qui était Mérovée,
pour quelque cas que ce fut, il hii fallait souffrir mortw.
Rocouroz donc aux sources, aux monuments purs et intacts. La Bibliothèque
nationale q\\ rcuferme un dépôt iuiiuiment précieux. J'ai employé trente-trois an-
nées à la recherche et à la vérification de ceux qui sont conservés dans d'autres
dépôts et qui peuvent y être réunis. Je puis vous dire qu'avec de pareils matériaux
il sera facile de faire une bonne histoire, qui, comme celle de Tacite, sera en
même temps un cours de morale et de politique. Vous faire sentir la nécessité
d'avoir recours aux anciens monuments pour trouver la vérité, c'est vous con-
vaincre de celle d'en entendre et par conséquent d'en étudier l'idiome ; cette étude ,
qui peut être rendue très facile , serait d'ailleurs utile au progrès des lettres , et
propre à enrichir notre langue moderne d'une nudtitude de termes énergiques
qui n'ont pas été remplacés, et qui méritent bien de revoir le jour.
Les différents objets que je viens de faire passer rapidement sous vos yeux sont
développés dans un mémoire que j'ai l'honneur de vous présenter. J'y ai joint un
tableau comparatif des langages de chaque siècle, depuis le moment où l'on a
commencé à écrire en français jusqu'à ce jour.
Daignez, législateurs, en agréer l'honmiage, et approuver, eu faveur du mo-
tif, le zèle qui m'a porté à venir interrompre un instant vos travaux pour vous
proposer de faire de l'étude de notre ancien langage une branche de l'instruction
publique, pour le perfectionnement de l'histoire et les progrès des lettres, et de
vous occuper en même temps de l'organisation de la Bibliothèque nationale, sur-
tout du dépôt des manuscrits, afin que la nation entière puisse plus promptement
jouir des richesses immenses enfouies dans ce trésor.
Le Moniteur, en rendant compte de la pétition de Mangard, nous apprend que ce fut
Grégoire qui en proposa l'insertion au Bulletin :
Le citoyen Mangard, admis à la barre, prononce un discours dans lequel il fait
sentir la nécessité et indique les moyens de faire une bonne histoire nationale,
qui soit eu même temps un cours de moiale et de politique.
Grégoire. Je demande cjue la Convention, en agréant l'hommage offert par ce
laborieux citoyen, ordonne l'insertion de sa pétition au Bulletin. On ne peut trop
faire connaître au peuple tout ce qui rappelle la bassesse de nos anciens écrivains,
la turpitude dos courtisans et les forfaits des rois.
La proposition de Grégoire est décrétée ^'\
('^ Momfewr du 8 l>ruiiiaire au 11 , p. i56.
DE LA CONVENTION NATIONALE.
67
CENT SOIXANTE-TROISIEME SEANCE.
Du i5 frimaire an ii. [5 décembre 179^.]
Un membre du Comité central de bienfaisance de Paris vient ap-
puyer la réclamation déjà faite par les instituteurs et institutrices du
département de Paris. Ce citoyen se retire. On discute la demande, et
l'on persiste dans l'arrêté déjà pris; Valdruche consultera le Comité
des finances sur les décrets existants en cette matière ^^^.
Un membre propose : i'' qu'il soit dressé un tableau général et mé-
thodique de tous les décrets rendus par le Corps législatif sur l'in-
struction publique; 2° qu'il soit dressé dans le secrétariat un tableau
des renvois et distributions à cbaque membre. Arrêté.
Le commissaire inspecteur propose d'augmenter le nombre des
commis par la nomination d'un nouveau commis, vu l'augmentation
des travaux et leur urgence. Il désigne le citoyen Baston-Lacroix,
qui a ses titres civiques en règle, et qui a de la littérature. Ce citoyen
est admis ^^l
Le président lit une lettre de la Commission centrale. On observe
que dans les divers renvois faits aux divers comités, beaucoup de pièces
ne sont pas remises, ou le sont lentement. On arrête que Lindct sera
chargé de préparer une mesure ^'^^.
La Commission des monuments est introduite, et l'un des membres
fait un rapport sommaire sur ses travaux; il promet un rapport plus
détaillé et de l'exactitude dans la correspondance de chaque mois. Il
remet le rapport sur le bureau ^^l
(^) Cet arrêté avait été pris à la séance
précédente (p. C3). Valdruche a présenté
son rapport au Comité le ai frimaire
(p. i34).
('^^ Une première proposition de nom-
mer Baston à une place de commis avait
été faite dans la séance du 5 octobre l'jÇ)'.)
(I. II, p. 568).
^'*^ 11 n'est plus (pieslion de cet objet dans
les procès-verbaux.
'*) Cette démarche de la Commission
des monunKMits était faite eu exécution
d'une décision prise par le Comité d'in-
struction publique le 91 du premier mois.
Le Comité lui avait fait écrire pour qu'elle
rendît compte de ses opérations (voir t. II,
p. 607); comme on le volt, la Commission
mit peu d\Mnpressement à deféror à celle
invitation, puisqu'elle lidssa s'écoultM- un
mois et demi avant de présenter le rapport
([ui lui était demandé.
Nous donnons aux annexes, A (p. (i()\ des
extraits des procès-verbaux des séances de
la (!onHui>^sion dt^s n)onumeiits. relatifs à I.1
5.
68 PROCÈS-VERBAUX DU COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE
Gré^joirc propose de lire à la Convention nationale le premier nu-
méro des Annales du civisme ^^l La discussion sur cette proposition est
interrompue par une députation de l'Institution des enfants aveugles;
ils viennent, ayant pour interprèle un de leurs instituteurs, demander
au Comité d'instruction publique de s'intéresser pour faire rendre
la liberté à un de leurs maîtres arrêté par mesure de sûreté géné-
rale pour un écrit accusé d'incivisme. Il dépose l'écrit et se retire;
deux membres soiH nommés pour en faire un rapport. Ce sont David
et Bouquier^'-'.
Un membre du Comité de marine vient proposer des améliorations
pour le sort des professeurs d'hydrograpbie. Romme et Ferry sont
chargés de faire un prompt rapport ^^).
Prony demande d'être autorisé à demander deux ouvrages impor-
tants de la Bibliothèque nationale. Le Comité autorise à cet effet Ar-
bogast qui les retirera en son nom, et prendra un récépissé particulier
de Prony (^^
Sarrette demande au Comité d'instruction publique de faire déclarer
en état de réquisition expresse les citoyens composant la musique de
la garde nationale de Paris et pour rester auprès de la force armée.
On propose de charger un commissaire d'en conférer avec le Comité
de salut public. Guyton est nommé pour cet effet ^^l
demande du Comité et à la préparation du Boaqiiier f.^ra un rapport à la séance
rapport, dont la rcdaclion avait élé confiée à\i 17 frimaire (p. 78).
à Mulot, secrétaire de la Commission. ^''^ Les procès-verbaux n'indiquent pas
Il sera de nouveau qmslion du rapport si le rapport demandé a été déposé. Il sera
de Mulot dans la séance du Comité du de nouveau question des professeurs d'hy-
2 3 frimaire (p. 189). drographie le 17 nivôse (p. 2^6).
(') C'est le journal qui dans le procès- ^^^ Il s'agit de l'ingénieur Prony (1765-
verbal de la séance précédente du Comité 1889), directeur du cadastre, plus tard
est appelé crie premier numéro de la membre de l'Institut, professeur à l'Ecole
Feuille morale» (p. 6/1). Ce numéro fut lu polytechnique et directeur de l'Ecole des
en effet par Grégoire à la Convention le ponts et chaussées. Son récépissé, daté du
17 frimaire, et le procès-verbal de l'as- 16 frimaire, est dans les cartons du Comilé
semblée l'appelle d'un autre nom encore, (F"', carton 1007, n" 1277). Les deux
le ff premier numéro du Recueil des traits ouvrages empruntés sont : Trigonomdria
héroïques et civiques n. britannica, de Gellibrand, Gouda, i633,
(^i L'instituteur arrêté s'appelait Yersin et Tables of the products andpowers, etc.,
(voir p. 78). Quanta l'écrit incriminé d'in- de Charle. Hulton, Londres, 1781. 11 sera
civisme, dont le titre n'est pas indiqué, nous de nouveau question de Prony dans la
n'avons pu le trouver :1e nom de Yersin ne séance du 28 frimaire (p. 1/10).
figure pas sur les fiches du catalogue de la ^^' Le résultat de la démarche de Guyton
Bibliotiièquc nationale. auprès du Comité de salut public n'est pas
DE LA CONVENTION NATIONALE.
09
Ferry est rapporteur d'une pétition sur la g^ammop^raphie-^l
Boutroue est rapporteur d'une pétition sur la suppression des in-
scriptions latines (^^.
Grégoire reprend la lecture de sa feuille. La rédaction en est ap-
prouvée ^^\
La séance est levée à dix heures et demie^^l
PIÈCES ANNEXES.
On lit ce qui suit dans le registre des procès- verbaux des séances de la Commission des
monuments :
Le 3' jour de la i' décade du 2* mois de l'an deuxième de la République fran-
çaise une et indivisible^^'.
indiqué dans les procès-verbaux ultérieurs;
mais nous savons d'autre part que la ré-
quisition sollicitée dut avoir lieu, puisque
le a 9 ventôse nous verrons le Comité d'in-
struction publique arrêter que Sarrette,
en éclian|j;^ duno subvention qui lui est
accordée, rc justifiera du complet de la mu-
sique de la garde nationale parisienne au
Comité de salut public» (p, 600). Ajoutons
que M. Constant Pierre a signalé la men-
tion, sur un état de dépenses de l'Institut
national de musique arrêté le 3o frimaire
an III (Archives nationales, F", carton
1291), de l'impression décent réquisitions
à la date du 27 frimaire an 11. (Constant
Pierre, IL Sarrelte et les oriirines du Con-
servatoire national de musique et de décla-
viation, 1895, p. 53, note 3.)
^'' Il s'agissait, comme nous l'apprend
le procès-verbal de la séance du Comité
du 7 pluviôse an 11, d'un procédé pour
rayer le papier à musi([ue, inventé par le
cilOjen Rohbcrgcr de Vauseiiville. Nous
n'avons pas trouvé cette pétition. Ferry
présentera son rapport dans la séance du
7 pluviôse (p. 338).
'"■' Celte question, soulevée dans la
séance de la Convention du 2 frimaire,
avait été renvoyée à l'examen du Comité.
Elle reviendra à l'ordre du jour dans les
séances du Comité des 7 et 19 nivôse an 11
(pages 217 et 257). Nous donnons aux an-
nexes, B (p. 71), un extrait du procès-
verbal de la séance de la Convention du
2 frimaire an 11.
(^) Il faut croire que tous les membres
du Comité n'avaient pas approuvé la rédac-
tion présentée par Grégoire; cnr loreqiie
celui-ci, le surlendemain 17 frimaire, fit
lecture à la Convention de ce numéro, ce
fut un membre du Comité, Romme , qui de-
manda et obtint le rejet de celte rédaction.
Voir aux annexes, C(p. 71), un extrait du
procès-verbal de la séance de la Conven-
tion du 17 frimaire an 11, complété par un
extrait du Jour.ial des débats et des décrets.
Le Comité entendra, dans si séance du
25 frimaire (p. 159), une nouvelle rédac-
tion (due à Léonard Bourdon) du pn^iiier
numéro des Annales du civisme, (pie le
procès-verbal désignera cette fois sous le
titre d'rr Annales du patriolisuier^.
'*^ Ce dernier alinéa n'existe pas à la
minute. Pas de signatures, ni à la minute
ni au registre. La minute est de la mniu
do Matliieu.
^^' Nous conservons, pour la manière de
dater chaque séance, les formules (mm-
ployées par le secri'taire, formules qui va-
rient d'une séance à l'autre.
70 PROGl^S -VERBAUX DU COMITE D'INSTRUCTION PUBLIQUE
Présents : Sergent, président; Desmarest, Jollain, Regnault, Barthélémy,
Masson, Bréquigny, Boizot, Anieilhon, L.-A. Mercier, Lemonnier, Moreau le
jeune, P. Cossard; T.-.A. Mulot, secrétaire.
Le citoyen Sergent remplit les fonctions de président.
Le citoyen Roninie écrit à la Commission des monuments pour lui
(lemnnd(>r, au nom du Comité d'instruction publique, l'exposé de ses travaux.
Ajourné à la prochaine séance.
Le sixième jour du second/ ois de l'an deuxième de la République française
une et indivisible.
Présents : Sergent, Boizôl, Jollain, Debure l'aîné, Moreau le jeune, L.-A. Mer-
cier, Masson, Ameilhon, Regnault; F.-A. Mulot, secrétaire.
Le citoyen Mercier, vice-président, en l'absence du citoyen Sergent ^^\ en remplit
les fonctions.
La réponse à faire au citoyen Romme, relative au tableau de nos tra-
vaux demandé par lui au nom du Comité d'instruction pubhque, ayant été ajournée
à cette se'ance, la Commission arrête que son secrétaire annoncera au citoyen
Romme qu'au premier jour ce travail sera présenté , qu'un aperçu n'en donnerait
point une idée suffisante, et que ses commissaires s'en occupent avec ardeur ^^^.
Le nonidi de la 3' décade du Brumaire de l'an deux de la République française.
Présents : Bréquigny, Masson, L.-A. Mercier, Jollain, Poirier, Moreau le jeune,
Boizot, Desmarest, Lemonnier, Ameilhon, Vandermonde; F.-A. Mulot, secrétaire.
Le citoyen Mercier préside en l'absence du citoyen Sergent.
Le citoyen Mulot, secrétaire, donne lecture du commencement de son
travail sur l'esquisse générale des opérations de la Commission. Ce travail est
goûté , et la Commission lui enjoint d'insérer l'approbation qu'elle lui donne dans
le procès-verbal.
Le tridi 3 frimaire de l'an 2 de la Répubhque française une et indivisible.
Présents : Desmarest, Moreau le jeune, Lemonnier, L.-A. Mercier, Jollain,
Poirier, Boizot, Masson, Debure l'aîné, Regnault, Ameilhon; F.-A. Mulot, secré-
taire.
Le citoyen Mercier préside.
Le citoyen Mulot fait lecture de son travail complet sur les opérations
de la Commission. La Commission l'approuve, charge le citoyen Mulot, secrétaire,
d'en confier l'impression au citoyen Cholet-Jettefort, et de faire tirer à i,5oo exem-
plaires.
Le secrétaire est chargé d'avertir tous les membres, par une circulaire, de se
trouver au nonidi prochain pour nommer les commissaires qui se rendront au
Comité d'instruction publique pour lui présenter ce travail.
(^^ Sergent n'est arrivé qu'une fois la le 7 du second mois, est transcrite au re-
aéance cominoncée. gislre de copies de lettres de la Commis-
^^^ La lettre écrite à Romme, par Mulot, sion, F^'* 5.
DE LA CONVENTION NATIONALE. 71
Le nonidi de la première dëcade du frimaire de l'an deux de la Re'publique fran-
çaise une et indivisible.
Présents : Desmarest, Kegnault, Boizot, Courtois, député, Moreau le jeune,
Jollain, Bréquigny, Masson, L.-A. Mercier, Lemonnier, Sergent, président, Poi-
rier, Debure l'aîné; F.-A. Mulot, secrétaire.
Le citoyen Sergent préside.
La Commission nomme pour aller présenter au Comité d'instruction
publique, le 5\jour de la 9J décade du frimaire, l'exposé de ses travaux, 1rs
citoyens Lemonnier, Moreau, Desmarest, Poirier, Boizot, Masson, et Mulot, secré-
taire; elle invite à les accompagner ceux de ses membres à qui leurs occupations
le permettront, et le secrétaire préviendra le Comité.
Le sextidi de la seconde décade de frimaire de l'an deux de la République fran-
çaise une et indivisible.
Présents : L.-A. Mercier, Moreau le jeune, Lemonnier, Debure l'aîné, Poirier.
Sergent, Masson, Ameilhon, Boizot; F.-A. Mulot, secrétaire.
Le citoyen Mercier préside ^'\
Le secrétaire rend compte à la Commission de ce qui s'est passé au
Comité d'instruction publique, lorsqu'on lui a présenté l'exposé de son travail
depuis son établissement, et des demandes qui ont été faites par le président :
i" d'une copie des pouvoirs donnés aux membres; -2° d'une copie des décrets
relatifs à la Commission; 3" d'une note sur les diflicultés que la Commission a
rencontrées. Le citoyen Mulot est chargé de faire ce travail ^*\
On lit dans les procès-verbaux de la Convention :
Séance du fî frimaire an ii.
Un membre demande que l'inscription qui se trouve sur plusieurs édifices dans
la ville de Dol : Beligio et justitia œtcrna urbisfatd , soit effacée.
La Convention nationale décrète cette proposition , et (juo cette inscription sera
remplacée par des légendes civiques; renvoie, au surplus, au Comité (rinslruction
publi(|ue la proposition de faire effacer toutes les inscriptions latines ^^\
C
On lit dans los prorAs-vorbaiix (l<^ la (-onvoiilioii :
Séance du i 7 lriMuiir<' an 11.
Un membre du Comité d'instruction pul)li(pie ''' lit un prenii«M' ninnéro du lî»'-
^'^ Le président SerpenI |)r(>ii(l la pn'si- i') Procrs- voi-l>al (lt> la ('.(iinoiitidii ,
douce nii [xmi plus lard, à son arrivôo à la I. WVl, p. Wô.
si^'ance. t') (Test Gn^froiro {Journal des drhals et
^'^ Archives nalionnles, K''* /«. des dérrels).
7*2 PROCÈS-VERBAUX DU COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE
ciieii dos Iraifs lioroiquos cl civiques ^^^ en exécution d'un précédent décret. La Con-
vonlion nationale renvoie ^'^ ce numéro h son Comité, et décrète qu'il se renfermera
dans le narré simple des faits, et qu'il lui présentera un nouvel essai ^^\
On lit dans le Journal des débats et des décrets :
Convention nationale, séance du 17 frimaire.
Gr€(yoirc fait un court raj)porl sur l'édition des Annales de la République. De
toutes parts, des pères de famille et des instituteurs la demandent au Comité d'in-
struction, qui s'en est occu})é, et vient soumettre le premier numéro. Il en pa-
raîtra un par décade. En l'ocueillant les ti'ails d'héroïsme et de civisme qui doivent
^'Ire transmis à la postérité, le Comité d'instruction a eu souvent à regretter de ne
pas savoir les noms des ciloy(Mis qui en sont les auteurs. Il s'est attaché à n'ad-
mettre que des faits autlienli(pies. Quoique les réflexions soient absolument bannies
de cet ouvrage par sa forme et par son objet, le Comité a cru que la Convention
ai)prouverait une courte introduction, dont il a jugé à propos de faire précéder le
premier numéro. Le rapporteur demande aussi s'il ne serait pas convenable d'in-
terronq)re quelquefois le récit par quelque phrase sententieuse, ou même par un
couplet; car les chansons gravent mieux dans l'esprit les pensées qu'on y veut
faire germer.
Grégoire lit l'introduction et le premier numéro ^'^\
Homme s'oppose à la forme de la rédaction. Il pense que dans un recueil qui
sera lu par tous les Français, et que les enfants devront conserver dans leur mé-
moire, l'on ne doit pas dire : Un tel était un homme vertueux, mais raconter sim-
plement les actes de vertu qui l'ont illuslré. Il demande le renvoi au Comité, pour
faire une nouvelle rédaction d'après les vues qu'il vient d'énoncer.
Thuriot, pour accélérer et seconder la publicité des Annales républicaines, pro-
pose de les rédiger très brièvement, et de les imprimer en forme d'affiches, pour
être placardées comme le Bulletin.
La Convention renvoie le premier numéro au Comité d'instruction publique, et
décrète qu'il lui présentera, dans un court délai, un plan pour l'organisation et
la rédaction des Annales républicaines, 011 chaque trait héroïque ou civique sera
rapporté simplement et sans aucune réflexion ^^^.
^*) Le titre employé ici par le procès- '^^ Procès- verbal de la Convention,
verbal de la Convention deviendra plus t, XXVII, p. h'].
tard, avec une légère modification, le titre ^*' Le texte de cette introduction et de
définitif de la pidjlicalion (voir plus loin, ce projet de premier numéro ne nous a
p. 259). pas été conservé.
(^^ Snrla proposition de Rommo (yoMrnrt/ ^^^ J^nrnaldesdébatsetdesdécrcls, n " '1 'i5,
des débats et des décrets). p. 287.
DE LA CONVENTION NATIONALE.
73
CENT SOIXANTE-QUATRIEME SEANCE.
Du 17 frimaire an 11. [7 décembro 179-3.]
Bouquier fait un rapport sur le citoyen Yersin, instituteur des
Enfants aveugles ^^^; il a examiné une brochure, motif de l'accusation
d'incivisme faite contre Yersin. Il propose l'ordre du jour. L'ordre du
jour est adopté.
Lanthenas fait un rapport sur une pétition du citoyen Dufour qui
demande qu'il soit prononcé sur le mérite d'une découverte pour
guérir de la folie (■^^. Le rapporteur propose de renvoyer la demande au
Bureau de consultation en l'autorisant a s'adjoindre des hommes
éclairés dans l'art de guérir. Lanthenas dépose les pièces; l'objet est
discuté. On propose : i° de nommer dans le sein du Comité un ou
plusieurs commissaires, autorisés à s'adjoindre, s'ils le jugent conve-
nable, des médecins; 2° de renvoyer au mode général des récom-
penses, et à la décision sur le système des fêtes, la demande d'être
renvoyé au Bureau de consultation; 3° que les mêmes commissaires
fassent un rapport sur la meilleure organisation du Bureau de con-
sultation des arts^-^^; /i° d'examiner si le décret rendu aujourd'hui
par la Convention sur le rapport du Comité de commerce suffit aux
intérêts des inventeurs ^'l Coupé et Bouquier sont conunissaires.
f'' Sur cet iusiiluleur des Enfants aveu-
gles , voir le procès-verbai de la séance pré-
cédente (p. 68).
^^* Lanthenas avait été nommé rappor-
teur dans la séance du i*'" octobre (voir
t. 11, p. Sao). 11 n'était plus membre du
Comité depuis le i5 du premier mois; mais
un décret de l'Assemblée nationale autori-
sait ceux qui avaient été chargés d'un tra-
vail à le rapporter eux-mêmes, bien ([u'ils
ne fissent plus ])ar'lie du Conrilé au nom
duquel ils parlaient (voir t. II, p. iSg,
note 3).
^•''^ Déjà, dans la séance du Comité du
19 brumaire (t. Il, j). 78/1), trois commis-
snircs, Guyton, Homme et David, avaient
été chargés de préparer un pr'ojel de réor-
ganisation du Bureau de consultation des
arts et métiers; mais ils n'avaient pas pré-
senté de rapport. Le i3 frimaii'e, sur le
rapport de Portiez (de l'Oise), parlant au
nom des Comités de iicpiidaliou et de Texa-
rrien des comptes, la Convention a\ait rendu
un décret où se trouvait la disposition sui-
vante : «Le Comité d'instruction j)ublique
se fera rendre compte, par le ministre de
l'inléi'ieiu', de remploi des soniun s accor'-
dées pour l'encour'ajjiMneiit îles ar'ts utiles,
le genre des inventions, le nom de leurs
aulcur-s, et la recompense accordée à chacun
d'eux. Le Comit(' d'instruction publique (Mi
fera son rapport à la Convention.'' (^Procès-
verbal de la Convention, t.WVI, p. 335.)
^*) Il s'agit ilu décret annulant le |ii"e\el
l'i PROCKS-VRRBVUX DU COMITE D'INSTRUCTION PUBLIQUE
Le citoyon Lauronl, qui a fait des travaux curieux sur les insectes,
se présente au Comité avec des tableaux encadrés, sous verre, d'in-
sectes conservés. Il demande à être employé dans un cabinet d'bistoire
naturelle^ ou musée national. Le président lui promet, au nom du Co-
mité, le plus vif intérêt dans l'examen de ses procédés pour l'instruc-
tion et la (lémonslration d'une branche importante d'histoire natu-
relle. Le pétitionnaire se retire. Fourcroy est nommé rapporteur^^^
David fait un rap[)ort sur la Commission du Muséum et propose un
projet de décret. La discussion est ajournée, et le rapporteur invité à se
concerter avec Mathieu, chargé du rapport sur la Commission des arts ^'^\
Ronnne expose que Basire a laissé au Comité ses pièces de secré-
taire de la Convention nationale. Elles seront envoyées sous cachet
au Comité des procès-verbaux ^-^^
Dorez fait une pétition pour l'examen de ses procédés curatifs des
cancers. Renvoyé a Coupé et Bouquier^'^l
d'Olivier. Les principes développés dans le
rapport lu par Villers au nom du Comité
d'agricullure et de commerce pouvaient
paraître préjudiciables aux intérêts des in-
venteurs. Le rapporteur avait dit en effet :
ffDans une république, Thomme doit à sa
patrie jusqu'à sa pensée ; et celui qui peut
la servir par une découverte utile ne doit
pas avoir un privilège exclusif de génie.
Si la manière d'opérer du citoyen Olivier
est plus parfaite que les autres, sans un
brevet d'invention il obtiendra facilement
la préférence, et sera sufllsamment dé-
dommagé de ses peines et de ses soins. 57
( Moniteur. )
Dans la séance du 9 pluviôse, la ques-
tion de la réorganisation du Bureau de
consultation occupera de nouveau le Comité
(voir p. 362).
'^^ Laurent avait été renvoyé au Comité
par la Commission des arts, à laquelle il
s'était d'abord adressé. Voir aux annexes, A,
un extrait du registre de la Commission des
arts, séance du i.5 frimaire.
Un rapport sur la pétition de Laurent
sera présenté au Comité dans sa séance du
i3 pluviôse an 11, non par Fourcroy, mais
par Mathieu ( voit* p. 389).
^') Dans la séance du Comité du 5 fri-
maire, Lebrun, membre de la Commission
des arts, avait çcfixé l'attention du Comité
sur les gardiens du Muséum 17; Mathieu
avait été chargé d'en proposer le renouvel-
lement lorsqu'il ferait son rapport sur la
Commission des monuments, et David avait
été adjoint à Mathieu pour ce rapport
(p. 9). Maintenant David présente un rap-
port en son nom personnel, semble-t-il ;
aussi le Comité l'invite-t-il à se concerter
avec Mathieu. Le 37 frimaire, David pré-
sentera de nouveau son rapport (p. 167).
^^) Basire avait été arrêté le 37 brumaire
en même temps que Chabot et Delaunay,
par ordre des Comités de salut public et de
sûreté générale. Los papiers laissés par lui
au Comité d'instruction publique ne furent
pas envoyés au Comité des procès-verbaux
en frimaire, car il en sera question de nou-
veau le 29 pluviôse (p. A 69).
^*) Dorez, ancien chirurgien de l'hôpital
militaire du Cap-Français, île Saint-Do-
mingue, prétendait avoir inventé un topique
contre le cancer. On rencontre dans le Mo-
niteur, à plusieurs reprises, des annonces
relatives à son procédé. Sa pétition est dans
F'^ carton 1007, n° 1222.
DE LA CONVENTION NATIONALE.
75
Anarcharsis Clootsfait un rapport sur les spectacles et le degré
d'influence ou de surveillance que peut ou doit se réserver la nation
sur ce levier d'opinion. On propose sur ce sujet diverses opinions.
Les uns demandent la liberté indéfinie, d'autres proposent une
direction, un théâtre gratuit, et un choix de pièces républicaines
dont les auteurs obtiendraient des couronnes civiques. La question est
ajournée ^^l
La séance est levée à onze heures un quart (^^.
PIECES ANNEXES.
On lil dans le rogislre des procès-verbaux de la Comnmission dos arts :
Séance du i5 frimaire, l'an 9." de la République.
Le citoyen Besson dépose sxxr le bureau un mémoire et une collection d'insectes
parfaitement conservés; le citoyen Laurent, chirurgien, est auteur de cette précieuse
(^) Anacliarsis Cloots avait proparé son
rapport sur les spectacles en exécution
d'un arrêté du Comité qui l'avait, le
97 brumaire, nommé commissaire, avec
Vaidruclie, à la suite du décret du 2.5 bru-
maire chargeant le Comité d'examiner les
moyens do rendre les Ihéàtres nationaux et
utiles à la République (voir t. II, pages 835
et 863).
L'ajournement prononcé le 17 frimaire
par le Comité se trouva être indéfini. En
effet, Cloots, exclu cinq jours plus tard, le
2 9 frimaire, de la Société des Jacobins
(qu'il avait présidée du 20 bruuïaire au
10 frimairo), à cause de sa qualité d'é-
tranger, se vit bientôt après exclu do la
Convention ello-méme (décrets des 5 et
6 nivôse), puis fut mis en étal d'arrestation
(arrêté du Comité do sùieté gcnoralo en
date du 7 nivôse), et cessa en consé(iuence
do faire partie du Comité d'iristruclion pu-
bli(juo. Mais, avant colto dalo, son projet
de rapport avait été livré à l'impression,
sous ce titre : Instruction pnbUqne. Spec-
tacles. Opinion (l'AnacImrsis ('.lonts, membre
du Comité d'insiruction publique. La distri-
bution en eut lieu à la (Convention le 6 ni-
vôse (Georges Avenel, Anacharsis Cloots,
t. II, p. 396). Nous reproduisons celte
pièce aux annexes, B (p. 76 ), en la faisant
suivre d'un court résumé (d'après le Journal
de la Montagne) de la séance des Jacobins
du 22 frimaire où fut prononcée l'exclusion
de Cloots, et d'extraits du procès-verbal des
séances de la Convention des 5 et () fri-
maire an II, complétés par des extraits du
Moniteur.
^■-^ Ce dernier alinéa n'existe pas à la
minute. Pas de signature, ni à la minute
ni au registre. La minute est de lu main de
Mathieu.
— Le 17 frimaire, la Convention avait
adopté un décret portant (jne la livre de
compte serait à l'avtMiir divisée en décimes
et cenlimes. La rédaction de ce décret avait
<Hé préparée par Lavoisier, peu de temps
avant son arroslalion. Nous donnous aux
anu<>xes, C (p. 8.'>). un extrait d'un \uô-
nwwo de Lavoisier (jui a été |nil>lit'' jku"
M. E. Crimaux d'après la minute auto-
graphe, et un exilait du procès-verbal de la
séance de la Convention du 1 7 frimairo an 11.
76 PROCÈS -VERBAUX DU COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE
colleclion. Le Coniild d'inslruction piihliqno sora prie do l'exaininer elde délibérer
sur reiicoura[»eiiieiil dû au ciloyon Laurent ^'^.
INSTUUCTION PUBLIQUE : SPECTACLES. OPINION D'ANAGIIARSIS CLOOTS,
MEMIJHK DU COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE.
A Paris, do l'iniprimor-ie nnlioiialo, nivùse, Tan deuxième de la République'^).
Citoyens,
Vous avez renvoyé à votre Comité une question importante : ffLes spectacles ou
leur influence dans l'éducation publique peuvent-ils être livrés à des spéculations
particulières et privées? quel est le moyen de les rendre nationaux et utiles à la
liberté et au bonheur de la République ?57
Cette question ne serait pas neuve , si le nouvel ordre des choses n'était pas ab-
solument nouveau. Vainement fouillerons-nous dans ranti([uité; ni l'orient, ni
l'occident, ni les anciens, ni les modernes, ne peuvent servir de modèle à la Ré-
publique une et indivisible. Une nation d'honnnes égaux qui professent les prin-
cipes universels n'exista jamais que sur le sol de la ci-devant France.
Il importe à un gouvernement aristocratique de faire le commerce exclusif des
matières premières dont se fabrique l'opinion publique. Le monopole des écoles et
des lemples et des théâtres fut de tout temps le secret de l'Etat chez les aristocrates
sacrés et profanes. Les Grecs et les Romains, les Vénitiens et les Génois auraient
été moBsacrés par leurs nombreux esclaves , si les terreurs religieuses et les men-
songes tragiques et comiques n'avaient pas aveuglé et amusé une multitude sans
principes et sans mœurs. 11 faut des saturnales, des bacchanales, des théâtres
privih»gi('s, des farceurs laïques et ecclésiastiques dans un pays oij les gouvernants
sont tout et les gouvernés rien. Aussi le carnaval de Venise dure-t-il six grands
mois de l'année ; et les jours de fête chez les païens et chez les chrétiens fournissent
une longue nomenclature grotesque. Il faut des fêtes séduisantes et des prédications
sophisti(jues à des esclaves qui travaillent pour autrui ; mais des hommes qui tra-
vaillent pour eux-mêmes se reposent quand ils sont las, mangent fjuand ils ont
faim, dansent quand bon leur semble. Pas d'autre sermon a nos sans-culottes que
la de'claration des droits, d'autre culte que la pratique des préceptes constitu-
tionnels, d'autre temple que la section ou le club, d'autre théâtre que la nature,
qui nous invite à danser la farandole sous un chêne séculaire.
Lire, écrire, chifl'rer, voilà pour l'instruction; la joie et un violon, voilà pour
les spectacles. Le peuple romain demandait à ses maîtres panem et circenses, du
(') Archives nationales, F''* 7, folio 11, Celte pièce est annoncée dans le n" ^65
recto. du Journal des débats et des décrets, cor-
^^^' Bibliothèque nationale, Le-** 619, respondant au 7 nivôse an n.
in-8°; Musée pédaijojjique, n" ii7'i8. —
DE LA CONVENTION NATIONALE. 11
pain et des spectacles. Le peuple français n'exige de ses administrateurs que du
pain et le Bulletin. Nous saurons bien nous procurer le reste sans que le gouver-
nement s'en mêle. La nation ne doit entretenir que les e'tablissements dont la cité
de France tout entière profite ; or il est impossible que plus de dix à douze
communes aient des théâtres supportables ; le reste de la France chanterait sur la
pelouse, pendant que vos acteurs de'clumeraient sur les planches. Non, non, le
soleU luit pour tout le monde, et ceux qui pre'féreront les amusements d'un salon
aux re'cre'ations champêti-es n'ont qu'à se donner ce plaisir en payant leurs entrées.
Laissez faire l'industrie particulière ; il en est des théâtres connue de la boulan-
gerie : le gouvernement doit simplement veiller à ce qu'on n'empoisonne ni le
corps ni l'esprit, à ce que l'on débite une nourriture saine.
L'instruction est une étoffe de première nécessité dans un pays libre ''^ Peu de
Français savaient lire sous l'ancien n-gime, et |)our cause : tous les Français
sauront lire sous le nouveau régime, et pour cause. Lu cordonnier ne s'établit pas
dans un canton où l'on ne veut que des sabots; et, partout où Ion voudra s'in-
struire, il se présentera des instituteurs , sans l'intervention du gouvernement. Et
d'ailleurs, chaque père de famille sera un maître d'école lorsque la nation nauia
plus les cicatrices de l'esclavage , lorsqu'une génération d'iionmies nés libi'es aura
remplacé la génération des affranchis. Chaque localité pourvoira un jour aux in-
structions et aux agréjnenls qui lui conviendront le mieux, sauf au Corps légis-
latif à faire les honneurs de la République dans la commune centrale, dans le
chef-lieu universel.
Voici la règle du bon sens : tout établissement dont tous profitent est aux frais
delà nation. Un pont, une chaussée à deux cents lieues de ma demeure, une école
de génie qui ne fournirait que deux cents ingénieurs, seront nationaux; pendant
qu'un théâtre qui contiendrait trois mille spectateurs sera tout au plus com-
munal : car le grand théâtre de la guerre et de la circulation intéresse la nation
entière; mais le petit théâtre de la comédie n'a d'influence que sur les aiualeurs
de quelques conununes commerçantes. Il ne s'agit pas ici d'amuser une républi(pie
en miniature, une poignée d'aristocrates corinthiens ou athéniens.
L'industrie des particuliers et la surveillance des magistrats seront inlinimcnt
plus avantageuses que la fondation de ces théâtres prétendus nationaux, doni le
sacerdoce pèsera sur la nation, pour le passe-temps des oisifs. L'i nouvelle relijyion
salariée serait plus injuste que la première; car au moins pouvait-on j.voir un(î
messe bien conditionnée dans le moindre village; mais je d('fie une commune au-
dessous de vingt mille âmes d'avoir une i)onne troupe de comédiens ordinaires du
peuple. J'avais proposé des évêques and)ulautsà l'Assemblée constituante : je res-
pecte ti'()[) la Convention nationale |)our lui proposer des ti't'teaux ambulants. Nos
deux premières assemjjh'es avaient un Coinil(' ecclésiaslicpie, loyer de toutes
les intrigues mystiques ; j'espère que la Convention n'aura jamais un Comité des
(') J'ai vu dernièrcmoiil aux (lliainps- loiiani Iciii- /ôlt». "^V/oj/c/i , iiio icpoiuhiviil
Elysécs deux jeimos ndiin-nilollcs rouchés ces cnlaiils. on n'est pas libre sans cela.v
sur riiorlx; uvoc, un livre à la main ; ils v\)o- Nous cnànn^s tous tiois à (uo-lôlc : I iVe la
laicnt leurs lellrcs, en se scivant nuiluellc- lli'imblitiiie I [Mole <i\\n<iihinsis CInots.)
ment do répélileurs. Je nrapproclie eu
78 PROGÈS-VERBAUK DU COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE
variëtds ainusauies, foyer de toutes les intrigues actives et passives, centre impur
(le toutes les coulisses confidentielles. Moins le gouvernement aura de places à
donner, et mieux le souverain sera servi par ses mandataires ; or, le projet des
spectaclos nationaux crëe un état-major infiniment utile à des législateurs intrigants.
La religion dominante des comédiens profanes serait pire que la religion domi-
nante des conukiiens sacrés.
La propagande des droits de l'homme doit se présenter pure et sans tache à
l'univers étonné. Ce n'est pas en apportant à nos voisins des dieux étrangers que
nous faciliterons leur conversion ; ce n'est pas en élevant autel contre autel que
nous relèverons leurs fronts prosternés. La nullité des cultes choque moins
que la plus légère hérésie. La nature est comme le soleil, il ne lui faut ni prêtres
ni vestales pour entretenir la lumière. Quand nous étions hérétiques constitution-
iiellement, nous avions une armée de cent mille prêtres qui livraient bataille et
aux prêtres du pape et aux ministres de Calvin. Nous écrasions un sacerdoce an-
cien sous ini sacerdoce nouveau ; nous forcions toutes les sectes à soudoyer un
culte soi-disant national ; nous étions d'autant plus abhorrés en Europe par les
catholi(jues et par les protestants, que nous prétendions être de la famille chré-
tienne. L'attraction de nos bases politiques éprouvait un obstacle dans la répulsion
(le notre croyance religieuse. Mais enfin la vérité triomphe; les malveillants ne dé-
tourneront pas nos voisins du joug des droits de l'homme , sous prétexte d'un joug
l'eligieux qui n existe plus. 11 n'y a rien de tel en fait de religion que de se pré-
senter table rase devant un monde abusé. Chacun combinera son régime spirituel
à sa guise, jusqu'à ce que l'ascendant invincible de la raison lui apprenne que
l'être suprême, l'être éternel, c'est la nature incréée, incréable, et que la provi-
dence, c'est la société des hommes libres et égaux. Cette providence souveraine
console les affligés, récompense les bons et punit les méchants. Elle ne fait point
de passe-droits comme la providence des fripons et des dupes. Il ne faut pas
d'autre dieu au genre humain libre que lui-même. Ce dieu ne coûtera ni une
obole, ni une larme, ni une goutte de sang. Ce dieu a promulgué, du sommet de
la montagne, des lois tracées à grands caractères sur les tables de la nature.
L'orient et l'occident les entendront sans interprètes , ni commentaires , ni miracles.
Tous les rituels seront déchirés à l'aspect du rituel de la raison. La raison détrône
et les rois de la ten-e et les rois du ciel. Point de royalisme là-haut si nous voulons
conserver la République ici-bas.
On a écrit des volumes pour savoir si une république d'athées pourrait exister.
Je soutiens, moi, que toute autre république est une chimère. Admettre un roi
dans le firmament , c'est introduire dans nos murs le cheval de Troie , qu'on adore
le jour et qui vous dévore la nuit ^'^.
^'^ L'époque dernière, décisive de la Ré- voir porter des fruits en automne. Plusieurs
volution, est une preuve frappante de la causes ont accéléré la rrjaturité du peuple
répugnance du peuple en masse pour les indivisible, sans en excepter riiypocrisie du
abstractions métaphysiques. Cette guérison dévot Necker, du dévot Roland, du dévot
morale a paru subite aux esprits superfi- Brissot, trois imposteurs qui insistaient
ciels; njais ceux qui ont vu fleurir un arbre beaucoup sur l'haportance des opinions reli-
au printemps ne sont pas étonnés de lui ^jeuses. Remarquez bien qu'à chaque pas rc-
DE LA CONVENTION NATIONALE.
Un rêveur, dans son cabinet, peut se pre'server des conse'quences de la folie
voliitionnairn du peuple, il y a des fourbes
qui crient que tout est perdu. L'abbé Maury
allribuait à des macliinalions élrangères
noire rupture avec le clergé romain. L'anéan-
tissement de la noblesse était une déclara-
lion de (juerre universelle, selon Malouet,
qui fei{jnait d'ignorer (pie la guerre avait
commencé le 19 juillet 1789, au pont
tournant des Tuileries. L'abolition de la
royauté devait rompre toute relation en Ire
la France et les autres nations, disaient les
reviseurs. Le supplice de Capel allait faire
rouler le inonde entier sur la piteuse yans-
culotlerie, selon la cabale Buzotiiie. Malbeur
a l'univers, s'écriait Barbaroux, si vous
sonnez le tocsin sur l'inviolable coté droit
de la Convention nationale ! On répète au-
jourd'hui le même langage; heureusement
que Paris a eu la prudence d'attendre le
signal donné par les départements pour
renverser la marmite du diable. Les intri-
ganls, désespérés du progrès universel de
la raison, se préparaient à mettre de nou-
veau le reste de la République aux prises
avec la commune centrale, avec le chef-
lieu sauveur. On était sur le point de pu-
blier une nouvelle édition des Lettres édi-
fiantes de M*"* Roland aux Parisiens. Mais
le coup électri(jue de la raison est si prompt
d'un bout de la France à l'autre, que la
cabale est étouiïée dans sa naissance. On
se préparait à prouver mathématiquement
que le nouveau calendrier a été dicté par
le roi de Prusse; que tous les philosophes
sont à la solde du roi de Bohême, comme
la Montagne, les Jacobins, les Parisiens
relaient avant le 3i mai, au dire des fédé-
ralistes défunts. Aujourd'hui la doublure
des Brissotins ne rougit pas d'assurer que
les révolutionnaires du 3 1 mai ayant manqué
leur coup au printemps voulaient donner
en automne un coup de jarnac avec la bat-
terie d'église. Les continuateurs de VlUs-
loire rolamline auront le sort de la plupart
des continuateurs, d'autant plus que le
nombre des gobe-mouches diminue à vue
d'oeil : les dupes uomrisseut les fripons.
Si j'étais un IVipon, je déclamerais contre
l'athéisme; car un masque religieux sied
bien aux traîtres. Si j'étais un intrigant, je
cajolerais, j'encenserais les personnages
éminemment influents : je serais leur ami,
leur conseil, leur ombre, le complaisant dii
leurs amis, mâles et femelles. Il y a tel co-
mité qu'on prendrait pour V Œil-de-bœuf à^
Versailles, grâce à nos nouveaux courtisans
tarés, à nos charlatans qui s'alfligeiit de l'en-
terrement du charlatanisme. Je suis debout
au milieu de tous les pièges du dedans et
du dehors, en ne voulant que ce que veut
le sans-culotte du coin. C'est en in'identi-
fiant avec les groupes, avec le fonnn, que
ma philosophie a pris une consistance iné-
branlable. Je suis sur de moi depuis que
je suis sur du peuple. Nous avons vu depuis
le commencement de la Révolution beau-
coup d'hommes passer du Capitole à la Roche
tarpéienne. Carthage détruite, Rome tomba
en défaillance : Brissot détruit, nous verrons
d'autres personnages demeurer en arrière
de la raison publique. Quant à moi, je reste
au parterre avec mon tablier, mes sabots et
mon bonnet gras. Je triompherai avec la
sans-culotterie , ou je périrai avec elle. Mon
secret, c'est de n'en pas avoir; ma vertu,
c'est mon instinct révolutionnaire. La na-
ture m'inspire ; je parle, j'agis, j'écris sous
sa dictée. Ne flagornons personne, pas
même le ipei\p\e français , à qui je dis tous
les jours qu'il n'est pas le souverain , qu'il
n'exerce la souveraineté du genre humain
que provisoirement. Admirez le bon esprit
de ce peuple^ ; il adopte sagement des prin-
cip;^s qui somirlent blesser son amour-propre,
pendant que le moindre roitelet aucpiel on
disputerait sa domination ferait mourir sur
le champ le téméraire apôtre de la vérité
une et indivisible. Varistocrntie est fédéra-
liste, locale, isolée : la sans-culattorie n'est
ni frau<;;iis(\ ni anglaise; elle est cosmopo-
lite, linivorselle. Paitout où l'on ivjettcra
cçs données incontestables, dites que le
peuple n'est pas libre, un préjugé quel-
conque le tyrannise. La liberté ne souiVre
aucun préjugé, comme la santé no soulVre
aucune maladie. (A'o(f d'Anacharsts Cloota.)
80 PU0CÈS-VEI{1V\U\ DU COMITE: D'INSTRUCTIOiN PUBLIQUE
platonique; mais un peuple théiste devient ne'cessaireinent révélationiste , c'est-à-
dire l'esclave des préIres, des intermédiaires entre Dieu et lui, des me'decins d'une
âme damnable. La déification amène la génuflexion. Le Nil, fleuve, coule tout
seul; le Nil, dieu, marche avec un coi'tè'je. La nature, charmante par elle-Fiieine,
perdrait beaucoup par une superlétalion cabalisticjue. Le soi-disant ihéos gâte le
très réel cosmos. L'erreur n'embellit pas la beauté. En déviant d'un pouce, on
perd l)ientôt de vue la ligne droite. En créant gratuitement un fantôme, rien
n'empêche de nudtiplier à Tinfini tous les farfadets imaginables. L'intolérance de
la vérité proscrira un jour le nom même de iemplo , f ami m , d'où le fîinatisme lire
son étvmologie. Les édifices ([ue les comnumes choisiront pour leurs fêtes civiques
ou (h'cadiques seront appelés maisons d'inslruction. Le peuple souverain est es-
sentiellement raisonnable; il ne voudra jamais ni astrologie, ni théologie; il ne
souffrira pas que des jongleui's, des diseurs de bonne aventure, des mystificateurs,
des enj(Meurs, des empoisonneurs maniaques, escamotent aux bonnes femmes et
aux grands enfants un salaire qui n'est dû qu'aux ouvriers utiles et honnêtes.
Nous verrons incessamment la royauté céleste à son tour condamnée par le tri-
bunal révolutionnaire de la Raison victorieuse; car la Vérité, assise sur le trône
de la Nature, est souverainement intolérante. L'astre du jour fait disparaître tous
les météores, tous les feux-follets nocturnes. La tolérance est un mal nécessaire
dans les circonstances actuelles. La politique nous commande de tolérer, jusqu'à
nouvel ordre, les imposteurs sacrés. Chaque commune, à cet égard, doit se con-
sulter elle-même et voir si la raison y est en force : c'est une affaire de police
locale. La République des droits de rhomme, à proprement parler, n'est ni théiste
ni athée; elle est nihiliste. L'invocation du législateur à je ne sais quel fantôme
suprême est un hors-d'œuvre absurde; c'est affirmer sacerdotalement la réalité
d'un être sans longueur, ni largeur, ni profondeur; c'est donner un exemple
funeste, c'est ouvrir la boîte de Pandore.
L'instinct populaire sera désormais la boussole des publicistes : le législateur
profitera de la grande découverte de l'infaillibilité du genre humain régénéré.
Partons de ce principe, et nous n'emprunterons pas du ci-devant clergé une insti-
tution vicieuse, en nationalisant les spectacles. Le culte des théâtres était trop
utile aux aristocrates des républiques superstitieuses de la Grèce pour que ce
régime puisse convenir à une vaste république de philosophes. Et tout ce que l'on
nous raconte de ces immenses rassemblements d'auditeurs dans des salles aussi
vastes que le Champ de Mars me paraît très illusoire ; car un Stentor ne se ferait
pas entendre du haut de l'autel de la patrie. Hérodote lisait son ouvrage des
JSeuf Muses à des sénateurs qui l'écoutaient d? près, et en présence d'une foide
qui remplissait les dernières banquettes sans rien entendre. Les drames de la
Grèce se donnaient gratis à des citadins privilégiés , parce que le travail des es-
claves ne coûtait rien aux aristocrates, qui se divertissaient aux dépens du genre
humain. Mais, dans la république de l'égalité, cliacun ne doit contribuer qu'à ce
dont il profite directement ou indirectement. Or, il y a impossibihté physique et
morale de donner kf comédie à trente millions de laboureurs, de vignerons, de bû-
cherons, etc. La plupart n'en voudront point, et le petit nombre qui goûterait ce
plaisir factice ne se contenterait pas d'un misérable tréteau forain.
DE LA CONVENTION NATIONALE. 81
J'en conclus que nous élal)Iissions des écoles militaires, des écoles de musique
et d'ëquilation, des c^coles de marine et de médecine, des bibliothèques publiques,
des cabinets de physique, des laboratoires de chimie, des jardins de botanique ;
si toutefois une grande nation libre a besoin d'un décret pour posséder tout ce
que Tindustrie humaine, tout ce que l'ëmulation universelle offre naturellement
aux hommes civilisés. Je pense que les écoles naîtront partout avec l'aisance des
familles et la liberté des individus. Déjà on sait lire et écrire dans beaucoup d'en-
droits où l'alphabet était inconnu avant la Révolution ; déjà le peuple nous a
prouvé que toutes les superstitions disparaissent en ouvrant le livre de la nature
avec la clef des clroils de lliomme. Très certainement nos écoles constitutionnelles
auront le sort de nos églises constitutionnelles : le concours des talents, avec la
surveillance du magistrat, sera préférable aux préddections législatives. L'éduca-
tion doit circuler comme toute autre marchandise : ce que nous décréterions là-
dessus serait momentané comme nos mesures révolutionnaires du ma.ximum et de
la réquisition. Vous aurez d'excellents maîtres et d'excellents disciples, et dans
une juste proportion pour chaque faculté, en abandonnant cette branche de com-
merce à la sollicitude des parents et à l'œil sévère du public. Vous placerez les
orphehns ingénieux chez les instituteurs les plus célèbres ; l'agriculture et les arts
mécaniques serviront de pensionnat à la plupart des enfants de la patrie : on
apprendra à lire comme on apprend à parler, sans sortir de chez son père ou de
chez son tuteur.
Quoi qu'il en soit des écoles abécédaires et autres fondations scolastiques, il
est démontré qu'une troupe de comédiens ne saurait être nationale. Le Comité,
selon moi, en attendant son travail sur les solennités civiques, devrait vous pro-
poser le décret suivant :
ff La Convention nationale, ayant entendu le rapport de son Comité d'instruction
pubhque sur la question des spectacles dramatiques nationaux, passe à l'ordre
du jour, n
Anacharsis Cloots,
Cultivateur, et député du département de l'Oise.
La Société dos Jacobins avait décidé, le i" frimaire, sur la pioposition de Robespierre ,
qu'il serait luit un scrutin é[)iiraloire à la tribune, «pour reconnaître et chasser tous les
agents des puissances étrangères qui se seraient introduits dans la Sociétén. C'était Cloots
iui-iiiènie qui occupait le fauteuil de la présidence dans la séance où lut adoptée cette pro-
position, qui le visait personnellement. Il présidait encore lorsque, le G, furent élus les com-
missaires cliargés de préparer le travail de l'épuration. Ce n'est que le lo qu'il fut remplacé
à la présidence par Fourcroy. Le 2a , la Société tint une séance extraordinaire, spécialement
consacrée à rc[)uralion de ceux de ses membres ipji étaient représentants du peuple. IMii-
sieurs meudtres du (îoniilé d'instruction pul)li([ue se trouvèrent du nond»ri> de ceux qui
curent à aflVonter le scrutin épurutoirc ce jour-là. Coupé (de l'Oise) fut exclu, sur la mntidu
de Kabre d'Kglanline, comme entaché diî fanatisme. David et Ij-onard iiourdou frsortlrent
purs du creuset des épreuvesn, Daoïist était un ancien marcpiis : il fut r;iyé. Duliem fut re-
jeté sur la motion de Kobespierro, (pil reproduisit contre^ lui frfjuelijues inculpations |;ravesn
auxquelles le député incrimint' ne répondit pas d'iine numièn' sati^ijaisanle. Miiliu « ,^ fut le
tom* de Cloots. On sait coinnuMit Robespierre, [rouant la |tati>l -. lui rcprorli.i sa iialion.!-
III. I)
IUI'IMUI.I>IK >A1 l'>^ tl I .
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'io projH de décrel qui t adopté, et
' lotis les gëix'i et officiers
' i'-/v, lloucbard, ;isi que «les
' '"""1 lividti» i/révenu* d#» trahison el de cornu, ice avec les
' ' ''il" iiiM'i». A \ii lin d»» la M»ance, Barère pi a parolr';ce
'"' III 1 <••! roiiiMM* nue iniiiun» «jiie RoIum ' ,![ oubliée
! ! . j ,,| ,|,,,. |,,||( iiiiIhIiIii h/. ,.,, pays ,.( ,, ^ I exclu du
il» Mil iIm innii^aiiiiliii lu |itiii|iUi hun^m-». Hun'n» fui n|)))nv«> par Bourdon l'Oise) et
iliMlolinlti 1.1 loiitli'iMiiiM 0, iliitiiol lit KJMM'rxT (pi'rn (l«»civUnl qu'au "ne
I '' ' t " ' "'"• I" ptMt|ili> litiii^ain, lu (idiivriition n'aynii sans doute i ùs-
>iiai tiililoo M iiv i|ui i»'\ liMininiMil; ol il lit \i»ler la dis^' :e :
m |wi>a i^hiiiiffiiiii, «|iii Monl orlitollom^nt membres 4e b C ventioD na-
' loe 4e «• deîib ioQs: leurs
^ ,.v.,.U».
ae BoSr^^tMrre, GiArt i^fr et Barère,
^^»
DE LA CONVENTION NATIONALE. 83
Dès le lendemain 7 nivôse, l'arrêté ci-après <lu Comité de sûreté générale venait don-
jr au décret sa véritable signification :
Du 7 nivôse, Tan second de la République française, une et indivisible.
Le Comité arrête que les nommés Thomas Paine et Anacharsis Cloots , ci-devant
r()utés à la Convention nationale, seront saisis et traduits par mesure de sûreté
jiiérale dans une maison d'arrêt; qu'examen sera fait de leurs papiers; que ceux
ni pf)urront se trouver suspects seront mis sous les scellés et apportés au Comité
' sûreté générale;
(îharge les citoyens Martin et Lamy, porteurs du présent, de son exécution,
iquei effet il requerra les autorités civiles , et , si besoin est , la force armée.
Les représentants du peuple, membres du Comité de sûreté [réiiérale :
M. Bayle, Voullaîvd, Jagot, Vadier, Ahar, Elie Lacoste, Guffrov,
Louis (du Bas-Rhin), Lavicomterie, Panis''^
Nous avons vu, dans notre tome 11, que le Comité d'instruction publique avait eu à
occuper à plusieurs reprises, de concert avec le Comité des assignats et monnaies, de
verses questions relatives à la réforme du système monétaire. Le décret dui" 30611798
■ait élabli comme unité monétaire le franc d'argent, pesant la centième partie du grave
•'est-à-dire 10 grammes); mais, en attendant que le nouveau système pût être mis en
gueur, l'ancienne livre de compte, maintenue provisoirement, lut divisée en décimes
centimes par le décret du 96 août, qui ordonna la frappe de pièces de 1 décime, de
centimes et de t centime, pour remplacer les pièces de 2 sous, 1 sou, G deniers et 3 de-
lers. Un nouveau décret, du 16 du premier mois, modifiant la nomenclature établie par
décret du 1" août, décida que la pièce d'argent pesant le centième du grave porterait
nom de républicaine et non celui de franc, et que le nom de franc serait réservé à la
lèce d'or du même poids; ce décret, ajoutons-le, ne reçut jamais d'appliralion, et lut
)rogé un an et demi plus tard par celui du 11 ventôse an m, qui arrcMa définitivement
s noms des unités du système décimal des poids et mesures.
Mais, malgré le décret du a4 août, les administrations et les particuliers continuaient
compter par livres, sous et deniers. La Commission des poids et mesures dut proposer au
omité des assignats et monnaies de faire rendre un nouveau décret plus explicite, et de
ibiior en même temps une table de réduction pour faciliter les calculs de conversion des
)us et deniers en décimes et centimes. Ce fut Lavoisierqui se chargea de préparer un projet
(^ rapport, suivi d'un projet de décret, qu'il transmit à Loysel, membre du Comité des
^signais et monnaies. M. Grimanx a publié ce document, d'après la minute autograpbe,
i tome VI des Œuvres de Lavoisier, sous le titre dV Éclaircissements historiques sur les
lesiires des anciensTi.
Le projet de rapport débute par des considérations sur les mesures employées par les
nciens; Lavoisier, adoptant les idées chimériques de Bailly, admet qu'un peuple inconnu ,
^'^ Cet arrêté a été copié sur l'origi- Avenel, qui en a publié le texte dans son
al, aujourd'bui détruit, aux arclii\t's de livre /l;mc/Kïr.«»w C/'»ofs (Pari«<, t 8t)5 ), t. II ,
I Préfecture de police, par M. Georges p. 335.
G.
8i> PHOCI>S-VERBAU\ DU GOMITL: D'INSTRUCTION PUBLIQUE
lilé étrangère, ses cent mille livres de rente, ses «opinions extra vngantes7>, son wobstina-
tion à parler d'une république universelle», et surtout la part qu'il avait prise à la cf mas-
carade pliilosoj)lii([ue'i du 17 brumaire, à l'abdication de l'évéque Gobel. nl\ est, dit à
ce sujet Robespierre, une troisième crise dont M. Cloots pourra se vanter, mais ce ne sera
que devant des imbéciles ou des fripons. Je veux parler du mouvoment contre le culte,
mouvement qui, mûri par le temps et par la raison, eût pu devenir excellent, mais dont
la violence pouvait entraîner les plus grands malbeurs, et qu'on doit atlribuer aux calculs
de l'aristocralie^' .■'1 Déjà, dnns le numéro 3 du Vieux Corddier, paru le 20 frimaire,
c'est-à-dire deux joints avant la séance des Jacobins, Camille Desmoulins avait représenté
Clools comme un agent de la politique prussienne et des intrigues contre-révolutionnaires.
Après le discours de Robespierre, la proposition de rayer de la liste des Jacobins tous les
nobles, banquiers, et étrangers, fut faite et adoptée, sans que personne eût tenté de dé-
fendre Cloots.
Un décret excluant de la représentation nationale tous les individus nés en pays étran-
gers lut lendu par la Convention le 5 nivôse; mais la rédaction n'en ayant été définitive-
ment votée que le lendemain , ce décret se trouve dans le procès-verbal de la séance du 6
(Procès-verbal de la Convention, t. XXVIII, p. 11 3).
Lo Moniteur nous apprend dans quelles circonstances le décret avait été proposé et rendu
dans la séance du 5. Robespierre venait de lire, au nom du Comité de salut public, son
rapport crsur les principes du gouvernement révolutionnaire w, où se trouvait ce passage:
cfRien ne ressemble plus à l'apôtre du fédéralisme que l'apôtre intempestif de la Répu-
blique une et universelle'--'. L'ami des rois et le procureur généial du genre humain s'en-
tendent assez bien. Le fanatique couvert de scapulaires et le fanatique qui prêche l'athéisme
ont entre eux beaucoup de rapports. Les barons démocrates sont les frères des marquis de
Coblentz, et quelquefois les bonnets rouges sont plus voisins des talons rouges qu'on ne
pourrait le penser, 77 Le rapport se terminait p.r un projet de décret qui fut adopté, et
qui invitait l'accusateur public à faire juger incessamment tous les généraux et officiers
prévenus de complicité avec Dumouiiez, Custine, Lamarlière, Houchard, ainsi que «les
éti'angers, banquiers et autres individus prévenus de trahison et de connivence avec les
rois ligués contre la République françaisej^. A la fin de la séance, Rarère prit la parole; ce
fut lui qui proposa, en le présentant comme une mesure que Robespierre avait oubliée
dans son rapport, le décret portant que tout individu né en pays étranger était exclu du
droit de représenter le peuple français. Barère fut appuyé par Bourdon (de l'Oise) et
Bentabole. Le lendemain 6, Thuriot fit observer qu'en décrétant qu'aucun étranger ne
pourrait représenter le peuple français, la Convention n'avait sans doute pas entendu lais-
ser siéger dans l'assemblée ceux qui s'y trouvaient; et il fit voter la disposition suivante :
ff Les citoyens nés en pays étrangers, qui sont actuellement membres de la Convention na-
tionale, ne pourront, à compter de ce jour, participer à aucune de ses délibérations; leurs
suppléants seront appelés sans délai par le Comité des décrets 55.
(^) Moniteur du 96 frimaire, p. 3^i5. —
La note que Clools a ajoutée à son Opinion
sur les spectacles (voir ci-dessus, p. 78)
est une réponse indirecte aux inculpations
de Robespierre, et aussi an discours que
celui-ci avait prononcé le i*"" frimaire.
^^) Le Moniteur a imprimé, par inadver-
tance : ffde la République une et indivi-
sililev. Il reçut à ce sujet, du Comité de sa-
lut public, une lettre rectificative, signée
de Robespierre, CoUot d'Herbois et Rarère,
qui parut dans son numéro du 10 nivôse,
et oii il est dit que le Moniteur a substitué
aux mots: «la République une et univer-
selle n , qui sont ceux du texte, une version
inexacte, et II est étrange, ajoute la lettre,
que, par une faute d'impression, le Moni-
teur fasse prêcher le fédéralisme au Comité
de salut public et à la Convention qui a
adopté le rapport, w
DE LA CONVENTION NATIONALE. 83
Dès le iendeinairi 7 nivôse, l'arrêté ci-après du Comité de sûreté générale venait don-
ner au décret sa véritable signification :
Du 7 nivôse, l'an second de la République française, une et indivisible.
Le Comité arrête que les nommes Thomas Paine et Anacharsis Cloots, ci-devant
dëpute's à la Convention nationale, seront saisis et traduits par mesure de sûreté
g(M)érale dans une maison d'arrêt; qu examen sera fait de leurs papiers; que ceux
qui pourront se trouver suspects seront mis sous les scellés et apportés au Comité
de sûreté générale;
Charge les citoyens Martin et Lamy, porteurs du présent, de son exécution,
auquel effet il requerra les autorités civiles, et, si besoin est, la force armée.
Les représentants du peuple, membres du Comité de sûreté (générale :
M. Bayle, Voulland, Jagot, Vadier, Amar, Elie Lacoste, Guffrov,
Louis (du Bas-Rhin), Lavicomterie, Panis''^
Nous avons vu , dans notre tome 11 , que le Comité d'instruction publique avait eu à
s'occuper à plusieurs reprises, de concert avec le Comité des assignais et monnaies, de
diverses questions relatives à la réforme du système monétaire. Le décret du 1" août 1793
avait établi comme unité monétaire \e franc d'argent, pesant la centième partie du grave
(c'est-à-dire 10 grammes); mais, en attendant que le nouveau système pût être mis en
vigueur, l'ancienne livre de compte, maintenue provisoirement, fut divisée en décimes
et centimes par le décret du q/j août, qui ordonna la (rappe de pièces de 1 décime, de
5 centimes et de t centime, pour remplacer les pièces de 9 sous, 1 sou, 6 deniers et 3 de-
niers. Un nouveau décret, du 16 du premier mois, niodifiant la nomenclature établie par
le décret du 1" août, décida que la pièce d'argent pesant le centième du grave porterait
le nom de républicaine et non celui de franc, et que le nom de franc serait réservé à la
pièce d'or du même poids; ce décret, ajoutons-le, ne reçut jamais d'application, et fut
abrogé un an et demi plus tard par celui du 11 ventôse an m, qui arrêta définitivement
les noms des unités du système décimal des poids et mesures.
Mais, malgré le décret du a4 août, les administrations et les particuliers continuaient
à compter par livres, sous et deniers. La Commission des poids et mesures dut proposer au
Comité des assignats et monnaies de faire rendre un nouveau décret plus explicite, et de
publier en même temps une table de réduction pour faciliter les calculs de conversion des
sous et deniers en décimes et centimes. Ce fut Lavoisierqui se chargea de préparer un projet
de rapport, suivi d'un projet de décret, qu'il transmit à Loysel, membre du Comité des
assignats et monnaies. M. Grimau\ a piiblit» ce document, d'après la ininuti' autographe,
au tome VI des Œuvres de Lavoisier, sous le titre dVKcIaircissements historiques sur les
mesures des ancieMS?^.
Le projet de rapport débute par des considérations sur les mesures employées par les
anciens; Lavoisier, adoptant les idées chimériques de Bailly, admet qu'un peuple inconnu ,
^'^ Cet arrêté a été copié sin- l'origi- Avenel, (jui en a publié le texte dans sou
nal, aujomd'lmi détruit, aux archi\t's de livre .Imic/Kirsw C/w/s (Paris, t 8G5 ), t. Il ,
la Préfecture de police, par M. Georges p. 335.
6.
S\ PUOCKS-Vi:UBAU\ DU COMITE D'JNSTUUCTION PUBLIQUE
d'une antiquilé 1res reculée, ovr.it iniagiué et exécuté un système métrique déduit des di-
mensions de la terre, et que les uiiilcs itinéraires, stades et coudées, dont se servaient ies
E'jypliens et les Grecs, leur avaient été transmises j)ar ce peuple à une époque antérieure
à lout ce que fliistoire, à tout ce que la tradition nièuie nous a conservé. Mais lea
Egyptiens et les Grecs eurent le tort de ne pas lier leur système de mesures à leur système
de numération, c'est-à-dire de ne pas diviser leurs unités en parties décimales. Les sys-
tèmes employés par les Romaius et par les Chinois présentent également des défectuosités
de divers genres. Lavoisier iii-rive enstiile à la France, et rappelle en quelques mots les bases
du nouveau système métrique. Mais ce système a besoin d'un complément nécessaire : la
livre de compte doit être, elle aussi, ramenée à la division décimale. Ici nous laissons ia
parole à Lavoisier :
Ainsi parmi ies peuples qui se sont occupés avec le plus de succès de i'ëlabiis-
sement d'un système de mesures , plusieurs ont fait une partie de ce qu'il y avait
à faire, plusieurs ont exécuté quelques parties du plan général; mais il était ré-
servé à la nation française et à la ci-devant Académie des sciences, à la Commis-
sion qui lui a succédé , d'embrasser l'ensemble de cette vaste opération . . .
Mais il reste encore à la Convention un dernier pas à faire pour mettre le com-
plément à son ouvrage; en vain aurait-elle adopté un système métrique aussi
parfait quil le peut être, en vain aurait-elle relié les divisions monétaires à ce
système général; ce travail perdrait la plus grande partie de son utilité si la livre
de compte continuait d'être divisée en 9^10 parties, c'est-à-dire en 90 sols et le
sol en 1 2 deniers. Il ne faut pas perdre de vue que presque tous les résultats des
conventions sociales se réduisant à des recettes ou à des dépenses , l'embarras de
l'ancien système métrique renaîtrait à chaque instant si l'on était obligé de tout
multiplier ou de tout diviser par les fractions actuelles de ia livre de compte,
c'est-à-dire par des deux-cent-quarantièmes parties de l'unité.
Dès le 1 9 janvier dernier, les commissaires des poids el mesures s'exprimaient
ainsi dans un rapport qui leur avait été demandé par ia Convention (nous rap-
porterons leurs propres expressions) ^^^ :
C'est l'exécution de ce vœu formé depuis longtemps par la Commission des
poids et mesures, et renouvelé bien des fois, que votre Comité des assignats et
monnaies vous présente aujourd'hui , après s'être concerté avec votre Comité des
linances; l'instruction indiquée par l'Académie sur la manière de convertir les
sols et les deniers en parties décimales, c'est-à-dire en décimes et en centimes,
est faite, ainsi que la table qui contient les réductions, et nous les joignons au
rapport. Il ne nous reste donc plus cpi'à vous présenter un projet de décret :
PROJET DE DÉCRET.
La Convention nationale, après avoir entendu le rapport de ses Comités des
linances et des assignats et monnaies, et d'instruction pubhque, considérant que
la division en parties décimales des poids, des mesures et des monnaies ne rem-
phra encore qu'incomplètement son objet, si la livre nominale ou Uvre île compte
t') La cilaliotj a été laissée en Liane dans le manuscrit de i^avoisier.
DE \A CONVENTION NATIONALE. 85
nMtait divisée de la même manière, el qu'il ne manque plus que ce complément
])our donner au système métrique adopté par la Convention le degré de perfec-
tion et d'utilité dont il est susceptible, décrète ce qui suit :
Ar.TiCLE PREMIER. A complcp du jour de la publication du présent décret, la
livre de compte ou livre nominale, au lieu d'être divisée en ao sols et cbaque sol
en 1Î2 deniers, le sera en lo décimes et chaque décime en lo centimes.
Art. 2. Les comptes des dépenses publiques de toute espèce de la présente
année, seconde de la llépublique française, au lieu d'être rendus, comme par le
passé, en livres, sols et deniers tournois, le seront en livres, décimes et cen-
times.
Art. 3. Tous les marchés qui seront passés h compter du i" du sixième mois
(le la présente année ^'', par les fournisseurs et entrepreneurs de la République,
seront pareillement stipulés en livres, décimes et centimes.
Art. h. Les ordonnateurs des dépenses publiques et la Commission de la tré-
sorerie nationale adresseront dans le délai d'un mois à tous leurs ag-ents une
instruction sur la manière d'employer celte nouvelle division de l'unité monétaire.
Cette instruction sera par eux concertée avec la Commission des poids et mesures.
Il y sera joint un tarif pour réduire en décimes et en centimes les sols et les de-
niers ^^\
Le Comilé des assignats el monnaies adopta le projet de décret de Lavoisier, en fondant
l'article i" avec l'article 3, en ajoutant un article nouveau relatif aux comptes de Tannée
courante, et en remplaçant les dispositions de l'arlicle A, relatives à l'inslruclion et à la
table de réduction, par des dispositions équivalentes renfermées dans deux articles nouveaux.
Le projet, qui, dans le plan de Lavoisier, devait être présenté à la Convention au nom de
trois comités, ceux des finances, des assignats et monnaies, et d'instruction publique, fui
présenté le 17 frimaire par le Comité des assignais et monnaies seul. Il fut adopté sans
opposition. Voilà l'extrait du procès- verbal de la Convention :
Séance du 17 frimaire an 11.
Un membre du Comilé des assignats et monnaies ^^^ propose , et l'assemblée
adopte le décret suivant :
ffLa Convention nationale, aprè-i avoir entendu le rapport de son Comité des
as ignats et monnaies, décrète :
ff Article PREMIER. A compter du i""^ germinal ^*^ de l'année actuelle, deuxième
('' (îes mots nous permellenl de fixer la ^^^ \jO Journal ({os dé ats et des décretx,
date à laquelle Lavoisier n'digea ce projet: (pii a reproduit le décret dans son n° 'i66
ce l'ut après le vote du calendrier répid)li- (p. a");)), n'inditiue pas le nom de ce
caln (5 orlohrt" 179'^), niais avant le vole membre. Le Moniteur ne mentionne pas ce
de la nomenclature des mois (3 du second décret.
mois — 9/1 octobre). (^) Le 1" ncrminal concspond au -1"
(-' OFjiivrea de fjovoisirr, t. VI. pages du sixième mois» du projet <!e décret de
098-70."). Lavoisier.
cS6 PROCÈS-VRRBAUX DU COMITE D'INSTRUCTION PURLIQUE
(le la R('pul)liqiie, Ions los marrlK's qui seront passés avec les fonrnissenrs et en-
Irepreneurs de la République seront stipulés en livres, décimes et centimes '^^K
frART. 2. Les conipt(!s dos dépenses publiques de toute espèce, de la présente
année et des suivantes, au lieu d'être rendus, connue par le passé, en livres, sols
et deniers tournois, le seront en livres, décimes et centimes ^'^K
ff Art. 3. Dans la reddition des comptes des dépenses publiques pour la présente
année, la réduction des sols et deniers en décimes et centimes sera faite par émar-
gement à la lin de chaque chapitre de recette ou de dépense, conformément à la
table annexée au présent décret ^^\
ff Art. li. La Convention nalionale charge la Commission des poids et mesures
de rédiger une instruction pour l'explication de cette table ^''\
ff Art. 5. Le Conseil exécutif fera imprimer et publier l'instruction rédigée par
la Conunission des poids et mesures, 11 l'enverra, avec la table de n'duetion , h
loules les autorités constituées delà République. (Voyez le tableau ci-joint) '^^^i
La table de réduction annoncée par l'article 5 dn décret est jointe au procès-verbal de
la Convention; elle est intitulée : Table pour convertir les sous et deniers de la livre numé-
raire en décimes et centimes de la même livre.
Il n'a pas été publié d'instruction spéciale pour l'explication de celte table. Mais 17«-
struct'ion sur les mesures déduites de la grandeur de la terre, rédigée par Haûy au nom de
la (Commission des poids et mesures, dont le Comité d'instruction publique ordonna l'im-
pression le 17 nivôse (voir p. 2/17), et qui parut en germinal, donna tous les éclaircisse-
ments nécessaires au sujet des opérations arithmétiques à exécuter avec les livres, décimes
et centimes.
^^^ Cet article 1*' reproduit l'article 3 ('') Le projet de rapport de Lavoisier di-
du projet de Lavoisier et y ajoute la dis- sait que l'instruction était faite et qu'elle
position énoncée dans l'article 1" de ce était jointe au rapport. Cet article et le
projet. suivant remplacent l'article h du projet de
^-' Cet article reproduit l'article 9 du Lavoisier.
projet de Lavoisier. (-^^ Procès-verbal de la Convention,
(•^) Article nouveau. t. XXVII, p. /i 7.
DE LA CONVENTION NATIONALE.
CENT SOIXANTE-CINQUIÈME SÉANCE.
Du 19 frimaire an 11. [ 9 décembre 1793.]
Présidence de Mathieu.
Daoust, Fkrry, secrétaires.
Le président fait part au Comité de l'envoi fait par le citoyen
Guibal, ingénieur bydraulicien, d'un ouvrage manuscrit qui a pour
titre : Traité (f hydraulique, théorique et pratique. Ferry est nommé rap-
|)orteur^^^
Le Lycée des arts adresse plusieurs exemplaires de son programme ^-l
La commune de Paris adresse au Comité la liste des renonciations
de plusieurs prêtres aux fonctions du sacerdoce ^^\
Deltufo adresse au Comité plusieurs exemplaires d'un avis aux
femmes ^^\
Grégoire fait un rapport sur les arbres à consacrer à la Liberté
dans toutes les communes. On propose différentes espèces; on s'arrête
au chêne, en observant qu'il vient lentement. On désirerait que pro-
visoirement, et pour le moment, on plantât des espèces plus hâtives.
Ces deux idées combinées forment le résultat de la discussion, et le
Comité arrête que Grégoire sera chargé de faire une instruction ^^\
(') Nous n'avons pas trouvé te manuscrit
(le Guil)al. Kerry a présonlé son rapport
dans la séance du 'î-y frimaire (p. 1G8).
(^) Nous n'avons pas trouvé ce pro-
gramme.
'•'') Dans sa séance du 96 brumaire, le
Conseil général de la commune de Paris
avait décidé rqu'à l'avenir il ne recevrait
aucunes leltres de prêtrise, mais que, con-
formément aux décrets, les citoyens qui
voudraient faire de pareils dépôts se reti-
reraient au secrétariat pour les faire enre-
(jistrer sur un rej^istre destiné à cet eflof-^.
[JoiD-iifil (le la Moiilairiip , n" .') , îiS" jour
du second mois.) (l'est donc un extrait de
ce rcjjisire, pour la pi'riodcalianl dii !i() bru-
maire jusqu'au 1;') frimaire, probablement,
que la comnume de Paris adresse ici au
Comité. Nous n'avons pas ln)n\('' aux Ar-
chives cette liste de renonciations aux fonc-
tions du sacerdoce.
^'*) Nous n'avons pas trouvé cet avis.
Dellufo était un imprimeur qui employait
des femmes dans son établissement. Dans
les séances des 9 et 1 1 prairial, il sera
question de lui, et des avantajjes que peut
offrir l'emploi des femmes en lypograpjiie.
Le i3 nivôse (p. a3()), le Comité s'occu-
pera d'une pétition de ce même Deltufo.
'^) Il est probable qu'il faut chercher
l'origine de ce rapport de Grégoire dans
une j)élition de la Société populaire du
canton de Chantilly, dont l{a>ire a\ait été
nommé' rapporteur le i5 brumaire (voir
l. Il, p. 7")o). (îr('goire a présenté un nou-
veau raj)p<)rl dans la séance du l\ tjivôse
(p. Î107).
88 PROCKS-VERHAUX DU COMITE D1NSTIUICTÎ0N PURIJOUE
Arbognst fait un ra|)])ort sur des pétitions, cnlro autres sur celle du
citoyen Jioilin, lendant a faire changer le système de numération ,et à
suLsliluer le système duodécimal au système décimal ^^l Cet objet se
discute, et le Comité arrête que la Commission des poids et mesures
sera invitée à déduire dans l'instruction qu'elle publiera les motifs de
la préférence donnée au système décimal ^^^\
Le Comité procède au renouvellement de son bureau. Mathieu est
nommé |)résident; les deux nouveaux secrétaires sont Daoust et Ferry.
Une députation de la Commission des arts est introduite; elle pré-
sente une pétition relative à la liberté des cultes et à la suppression
des signes du culte calholi(|ue. Après quelque discussion, cette péti-
tion est renvoyée à Romme, qui est chargé d'en faire le rapport à la
prochaine séance ^^^
Le président communique au Comité une lettre du ministre de
l'intérieur relative a l'emplacement des archives. Mathieu est chargé
de continuer cette affaire ^'^\
Le président informe ensuite le Comité que deux tables très pré-
(^) La pétition do Roliin avait été pré-
sentée à la Convention le i 2 frimaire. Le
procès- vftrbal de rassemblée ne la mentionne
pas, mais elle est reproduite i// pxtensoi^av
le Moniteur; nous en donnons le texte aux
annexes, A (p. go), d'après ce journal. L'ori-
{jinal se trouvait dans F^', carton 1007,
II" 1 "TiOAj ; mais il n'existe plus (jue la chemise,
la pièce ayant été rendue au pétitionnaire.
^■^) ^Instruction sur les mesures déduites
de la grandeur de la terre, uniformes four
laute la République , et sur les calculs rela-
tifs à leur division décimale , par la Commis-
sion temporaire des poids et mesures répu-
blicaines, qui parut en ^«j^erminal , contient
enelTct, dansson Discours préliminaire, nn
exposé détaillé des motifs qui doivent faire
conserver l'arithmétique décimale, au lieu
de lui substituer l'arithmétique duodéci-
male, ainsi que l'avaient propose plusieurs
citoyens. Sur celte Instruction, voir la
séance du 17 nivôse (p. 9''i7).
^^^ Nous n'avons pas trouvé aux Archives
nationales la pétition présentée ce jour-là
par la Commission des arts; il n'eu est pas
question dans le registre des procès-verbaux
de cette Commission; et Romme n'ayant pas
fait le rapport dont il était chargé, nous ne
connaissons pas l'objol exact de la demande
formulée par la dépulaliou. D'après ce que
nous savons de l'esprit qui animait la Com-
mission dos arts, il est probable qu'il s'agis-
sait de préserver de la destruction des ob-
jets d'art qui avaient été enlevés des églises
par des communes ayant renoncé au culte
catholique. C'est ainsi que le 10 frimaire
el!e avait entendu un rapport de Lamarck,
cliargé par elle de faire desceller deux
Jurandes valves de Chama gigas qui ser-
vaient de bénitiers dans l'église Saint-Sul-
pice, et de les faire transporter au Muséum
d'histoire naturelle. (Registre des procès-
verbaux de la Commission des arts, folio 1 o ,
verso. Le rapport de Lamarck se trouve
dans F'", carton 1229.)
^*) Voir la séance du .5 frimaire (p. 8).
Nous n'avons pas trouvé celte lettre du mi-
nistre de l'intérieur. Il sera de nouveau
question des archives le 2.3 frimaire
(p. lAo).
DE LA CONVENTION' NATIONALE.
89
cieuses de bois pëtrifié ont élé achetées à vil prix par un jardinier
anglais. Il demande que l'on propose de suspendre la vente de ces
effets. Ajourné jusqu'au rapport sur la Commission des arts^'^.
Lettre du ministre de l'intérieur relative au Muséum ^^^ et à la pro-
chaine exposition. David est nommé rapporteur.
Un membre lit une lettre du curé de Quingey qui annonce qu'il est
marié et qu'il renonce à ses fonctions. Il se plaint de ce que le Comité
de surveillance de Quingey l'ait fait incarcérer comme s'étant élevé
contre la révolution du 3i mai. Renvoyé au ministre de la justice.
Un membre propose de nommer un nouveau commissaire à la place
de Basire pour l'emplacement de la ménagerie ^^^. Romme est nommé.
Un membre communique à l'assemblée des observations sur l'en-
seignement des langues orientales. Renvoyé à l'organisation des degrés
supérieurs d'instruction publique ^^\
Le Comité arrête qu'immédiatement après l'organisation des écoles
primaires un de ses membres sera chargé de proposer à la Convention
nationale de s'occuper inmiédiatement des établissements d'instruction
relatifs à la défense de la République (^^.
(^' L'histoire de ces tables (il y en avait
quatre et non pas deux) est racontée tout
au lonjT dans le rapport présenté à la Con-
vention le 98 frimaire par Mathieu. (Voir
p. 17^.) L'afTairo avait élé l'envoyée au Co-
mité par la Commission des arts, qui s'en
était occupée le 10 et le t5 frimaire. Nous
donnons aux annexes, B (p. 91 ), <les ex-
traits du registre de la Commission.
Il on sera de nouveau question au Co-
mité, le 5 ventôso (voir p. ^491).
'^'^^ 11 s'a{}it du musée du Louvre , sur l'or-
[jnnisalion duquel David avait un rapport à
faire (voir p. 7/1, nolsj -2). Nous n'avons
pas trouvé la lettre du ministre.
(■') Basire avait élé nommé commissaire
dans la séance du ;i 1 brumaire.
(''^ \jO mrndtre cpii parle de ron-;ei{jne-
nienl des lanjjuos orientales doit ('tro Gi"é-
{{oire ou iMalhieu. Tous deux avaient été
cliarjjés, le 3 septeud)re, de faire au (Co-
mité un rapport sur cet objet, à la suite
d'une pétition présentée par Barrolier et
Langlès. Voir t. II, p. '.\')f).
^'^ La discussion sur l'instruction pu-
blique s'était enfin ouverte la veille à la
Convention. La cr Revision du décret pour
rorjranisation des premières é.^oles, faite
pai' le Comitéd'instruction publiques, avait
été lue à la tribune par Romme; après quoi
le projet de décret rédifré par Bouquier avait
élé lu à son tour. Ce n'est pas par le pro-
cès-verbal de la séance de la CiOuvenliou du
18 frimaire que nous connaissons ces laits,
car il est absolument muet à cet éjjard;
mais les complos-rendus de la presse sup-
pléent en partie à son silence ; malboureu-
semenl ils sont bien incomplets et parfois
manifestement im^xacts. Nous donnons aux
annexes, C (p. 9a ),des extraits du Journal
de la Mofil<i{rne, de la Feuille du salut pu-
blie, du Joui-iutl <le Paris , du Moniteur, et
du Journal des tléhals et des dé. rets .
Le lendemain 19 conuncMiça le ilebat.
Fourcroy, (pie le Comité avait chargé, dans
sa séance «lu 7 frimaire (voir p. .Sô), de
faire à la Convention, conciuM-iMument avec
Ronunc, un exposé de ses idées sur la (pies-
90 PROCES-VERBAUX DU COMITE D'INSTRUCTION PUBLIQUE
Séance levëe à dix heures ^^^
PIECES ANNEXES.
On lit dans le Moniteur :
Convention nalionalo, séance du 12 frimaire.
Rollin {d'Et(iin)y admis à la barre. Représentants, si la Révolution n'était pas
complète, son but serait manqué.
Ce serait en vain que la nation aurait frappé de grands coups pour détruire les
tyrannies et les abus, si vous ne remplissez la tâche plus difiicile d'en extirper h
fond les racines, je veux dire les superstitions et les préjugés; si vous n'abolissez
jusqu'à ces routines défectueuses qui, dans les sciences et les arts, s'opposent
sans cesse aux progrès de Ja raison, du génie et des talents; eu un mot, si vous
ne faites de grandes et utiles réformes en tout genre.
Il ne faut pas les faire à demi.
Si la Convention n'admet que celles marquées au coin de la perfection; si,
dans tout ce qu'elle fait, elle a l'ambition louable de ne pas laisser à d'autres l'es-
tion des degrés supérieurs d'instruction
publique, lut un rapport sur i'enseigno-
ment libre des sciences et des arts, suivi
d'un projet de décret. Tliibaudeau parla
ensuite en laveur du plan de Bouquier; il
reproduisit contre le plan du Comité, «qui
n'est à pou près qu'une copie de celui de
Condorcetw, les objections qu'avaient for-
nuilées autrefois Durand-Maillane et Ma-
suyer, et après eux Sieyès, Daunou et plu-
sieurs autres; il eut un grand succès, et,
sur la proposition de David, la Convention
l'adjoignit au Comité d'instruction publique.
Enfin Michel -Edme Petit commença la
lecture d'un discours dans lequel il com-
battait à la fois le plan revisé du Comité
et celui de Bouquier, et proposait le sien
propre. La discussion fut alors interrompue.
Cette fois, le procès-verbal fait mention
de la discussion. En outre, les trois dis-
cours prononcés ce jour-là ont été imprimés.
Nous ne sommes donc pas réduits, pour
cette séance, aux seuls comptes-rendus des
journaux. On trouvera aux annexes (p. 96)
un extrait du procès-verbal de la séance
de la Convention du 19 frimaire an 11, les
comptes-rendus des cinq journaux déjà
nommés ci-dessus, et le texte des discours
de Fourcroy (p. 97), de Tliibaudeau
(p. io5) et de Petit (p. 112). Nous y don-
nons en outre un passage des Mémoires de
Thibaudeau relatif à sa nomination comme
membre du Comité d'instruction publique
(p. 110), et quelques passages des Notes
historiques de Baudot et des Mémoires de
Barras, concernant Thibaudeau (p. 111).
Nous complétons cette annexe par la
reproduction (p. 1 28) d'un Plan (V éducation
de Delagueulle, député du Loiret, qui fut
imprimé et distribué à cette date, et par
une rectification (p. 182) relative à l'Opi-
nion de Calés, qui appartient à cette dis-
cussionet non aux débats dedécembre 1 792.
Pour la suite, voir la séance du Comité
du 28 frimaire, p. iho.
^^) Ce dernier alinéa se trouve à la mi-
nute aussi bien qu'au registre. Pas de si-
gnatures, ni à la minute, ni au registre.
Les quatre premiers alinéas sont d'une main
inconnue, qui a tenu la plume jusqu'à l'ar-
rivée de Mathieu. Les trois alinéas qui
suivent sont de la main de Mathieu. Puis,
après le renouvellement du bureau, le
reste du procès-verbal est écrit par Ferry.
DE LA CONVENTION NATIONALE. 91
noir de faire mieux, je lui pre'dis hardiment qu'en travaillant pour la Re'publique
elle aura la gloire d'être l'institutrice des nations.
C'est sous cet aspect que j'envisage ses opérations.
J'admire entre autres le plan vaste et simple de la refonte générale des poids,
mesures et des monnaies.
J'avais prévu, comme un autre, qu'on en chercherait la base dans la nature,
et qu'elle pourrait être prise sur quelque dimension vraie ou pre'sumée du globe;
mais j'étais loin de penser qu'on y ferait entrer la division décimale.
Le plan me paraît, en ce point, non pas fautif, mais susceptible d'une plus
grande perfection, nécessaire pour en faire adopter l'usage universellement.
J'ai cherché le moyen de lui donner cette perfection; je crois l'avoir ti'ouvé, et
je viens en faire hommage h la Convention.
Ce moyen a un objet plus étendu, celui d'étabhr un nouveau système de
numération, de changer nos séries, de les rendre plus divisibles, en nondjres en-
tiers, et par là de dinn'nuer beaucoup la fréquence des fractions continuellement
gênantes dans le commerce ordinaire de la vie civile, et qui sont comme les épines
du calcul dans les grandes opérations d'arithmétique.
Pour cela il ne faut, selon moi, qu'ajouter à nos dix chiffres deu.T chiffres nou-
veaux qui exprimeront d'une manière simple les nombres composés dix et onze.
Cela produira d'autres combinaisons, de nouvelles séries de douze au limi de dix :
de manière que douze douzaines feront le cent, que douze fois douze douzaines
feront le mille, ainsi du reste; d'où il résultera un calcul douzinial(.s/c), préférable
à notre calcul décimal, puisqu'il aura les avantages de celui-ci sans en avoir les
inconvénients, et qu'appliqué au système des poids et mesures et des monnaies, il
en rendra la divisibilité en nombres entiers plus grande, plus appropriée à nos
besoins journaliers, et partant [)lus commode.
Je ne veux pas en être cru sur parole. Voilà mes observations écrites. Je
demande qu'elles soient envoyées au Comité d'instruction et à l'Académie (sic);
que je sois admis à l'examen qui en sera fait pour y donner plus de développe-
ment s'il en est besoin, et qu'il en soit fait un rapport à la Convention.
Animé en bon citoyen du seul désir d'être utile, je me llatte de quelque
espérance de succès. S'il arrivait que je fusse trompé dans mon attente, la pui-eté
de mes vues m'en consolerait et serait mon excuse.
La Convention renvoie ces observations au Comité d'instruction publicjue, et
admet les pétitionnaires aux honneurs de la séance ^^^
0(1 lit dans \o. registre dos procès-verbaux de la Commission des arts :
Séance du lo frimaire, l'an 2* de la Hi'publiipie.
Des tables de bois pétrifié ont été vendues à des particuliers par la Coininission
de Versailles. Les citoyens Nitot, Lebrun et Besson constateront le prix de racipii-
^'' Moniteur du \h (fi ma ire an ii, p. '.u)9.
92 PROCfe-VElilUUX DU COMITE D'INSTRUCTION PUBLIQUE
sitio:i,(HfiMT»n! un rapporl sur la qdcslion do savoir : i° si les inténlts de h nation
ont clé ltS(s dan^ le marché; 2" si lesdiles labiés doivent être rachetées.
Séance du 10 friniaiie, Tan 2' de la République.
Les citoyens Nitot et Lebrun déposent sur le bureau le procès-veriial qu'ils ont
dressé de concert, conrorménient à raii'élé pris dans la séance précé(U^nle, con-
cernant les tables de bois péli'ilié achetées par les citoyens Fabre et Sophy. Le
Comité d'instruction publique sera prié de délibérer sur cette affaire, qui mérite
d'être prise en considération ^'\
La discussion sur rinstniclion publique, que io décrot du 19 brumaire avait fixée au
1" IVinuirt', cl qui avait clé renvoyée onsuile (voir p. 8.5, note 1 ) au 1 1 frimaire, ne
s'ouvrit (|u<' le 18 frimaire. Ce jour-là, Romme donua ieclure, au nom du Comité d'in-
struction [)ubiique, du travail de revision dos décrets fall parle Comité et imprimé par ses
ordres (voir ce travail dans notre tome II, p, 8A9); il annonça en même temps qu'un
autre membre du Comité, îîouquier, avait préparé un ])ian nouveau, dont le Comité avait
c'jTalement ordonné l'impression. Bouquier se présenta ensuite à la tribune, et lut les ar-
ticles de son projet ainsi que l'exposé des motifs. Après ces deux lectures, la Convention
ajourna la discussion au lendemain.
Le procès-verbal de la Convention du 18 frimaire ne dit rien des lectures faites par
Romme et par Rouquier. Nous ne les connaissons que par les comptes-rendus des jour-
naux, dont nous transcrivons ci-après les plus importants.
Nous commençons par le Journal de la Montagne, dont le compte-rendu, signé des ini-
tiales F. P. , est celui qui nous donne les renseignements les plus précis et les plus complets :
Convention nationale, séance du 18 frimaire.
Bomme annonce que de tous les points de la République un cri unanime appelle
Torg'anisation des écoles primaires. Il soumet la rédaction des <Mticles décrétés à
cet égard, et invite la Convention à entendre un nouveau projet du Comité, pour
discuter de suite celui qui aura oblenu la priorité.
Bouquier, membre de ce Comité, prend la parole : Vous avez, dit-il, chargé
votre Comité de reviser le décret relatif à l'organisation des premières écoles. H a
rempli cette tâche, mais en s'en r.cquittant il a vu que le grand problème de l'or-
ganisation de l'instruction publique pourrait être résolu de plusieurs manières, et
I s'est déterminé à vous présenter un nouveau plan.
[Suit la reproduction textuelle de l'exposé des motifs du plan de Bouquier jusqu'aux
mots: ff Contentons-nous d'y ajouter le peu qui manque pour compléter l'instruction pu-
bliquew.]
Le plan dirigé d'après ces réflexions sera discuté demain, si , comme il est vrai-
semblable, il obtient la priorité.
F. P. ^'\
Wi F*'* 7, folios 10 recto et 10 verso. — ('' Journal de la Modagne, n" 26, 19' jour dn
troisième mois.
DE LA CONVENTION NATIONALE. 93
Voici la très courte mention qu'on trouve dans la Feuille du salut public :
Convention nationale, octidi de la •?.' décade de frimaire.
Bomvie, au nom du Cojnilé d'instruction publique, présente la revision laite
du décret sur les premières écoles. Ln projet est mis en concurrence par Uou-
Unier (sic). La Convention ajourne à demain midi la décision sur la priorité ^'^
I.e Journal d« Paris, moins exact, ne parle que de Romme, et passe sous silence la
lecture faite par Bouquier :
Convention nationale, séance du 18 frimaire.
Romme, organe du Comité d'instruction publique, après avoir invité la Con-
vention à s'occuper, toute affaire cessante, de l'éducation nationale que toute la
France réclame impérieusement depuis longtemps, relit la revision du décret pour
l'organisation des premièi'es écoles, faite par ce Comité, conformément au décret
(lu 19 brumaire, qui ordonne que la discussion sera ouverte le 1" frimaire, soit
sur le travail du Comité, soit sur celui de la commission nommée pour le même
sujet.
La discussion est ouverte ^'^
Le Moniteur, comme le Journal de Paris, omet ce qui concerne Bouquier. Voici son
compte-rendu :
Convention nationale, séance du 18 frimaire.
Bomme, au nom du Comité d'instruction publique. C'est l'instruction pul)lique
(jui m'appelle à cette tribune. De toutes parts on la demande, et on la demande
impérieusement. Tous les départements sont mûrs pour les leçons que vous vou-
lez leur donner. 11 faut donc vous occuper de cet objet, toute affaire cessante.
Vous avez décrété les premières écoles, et vous avez cliargé une Connnission par-
ticulière de faire la revision de ce décret, en même temps que le Comité ferait de
son côté la même opération. Le Comité a fini son travail; j'ignore si la Commis-
sion a fait le sien. Je demande que la Convention entende la rédaction de ces revi-
sions afin d'accorder la priorité à l'une d'elles.
Bomme fait la lecture des articles. L'assemblée ajourne la discussion à demain ^'\
(iuaiit au Journal des débats et des décrets, il a voulu être complot; mais il a commis
plusieurs erreurs. 11 a transformé le nom de Bouquier en Lindet^'^^; et il s'est imaijiné que
ce Bou(juier-Lindct, qui présentait un plan nouveau, était un membre de la Commission do
r('\isioii. Voici son compte-rendu :
(') Feuille du salut public, u" iï)(.^, \i) ïvï- toriété, il élail naturel que les jouru;ilistes
maire an ii. lussent exposés à cou)mellre des uu'prises à
^-^ Journal de Paris national, if 'Mi'A , son eodroil. Ou ;> vu (|uo la Feuille du s(dut
11) IVimaiie an ii. public ccvii son nom />(^*//;/jiV/-. Ley(M/rM<// </«■
" Moniteur du v.o Iriujairean ii, p. .'ii!.'). Paris, dans son com|)le-rei)du di} la séaiin'
**' Comme Bouquier n'avait aucmie no- du 19 frimaire, l'appelle Poullur.LAiuliteur
94 PROCES-VERBAUX DU COMITE D'I^ISTRUCTION PUBLIQUE
Convention nationale, séance du 18 frimaire.
Eomme. C'est l'instruction piibli(j[iie qui m'appelle aujourd'hui à la tribune. On
vous la demande de toutes parts. Il est donc de votre devoir de vous en oc-
cuper.
Vous avez décrëtë l'institution des premières dcoles. Vous avez ordonne ensuite
qu'une Commission révisât le décret qui avait été rendu. La Commission a été
nommée. Le décrel lui fut remis le lendemain. Vous chargeâtes aussi votre Comité
de reviser de son côté la loi, afin que vous puissiez déterminer votre choix entre
les deux travaux revisés. Le Comité a fait son travail. Il l'a fait imprimer; on vous
l'a distribué. J'ignore si la Commission a fait le sien; mais un de ses membres en
a fait un^^\ dont nous avons ordonné l'impression, et qui vous a aussi été distri-
bué. Nous allons vous faire successivement la lecture de ces deux plans , et vous
discuterez sur la priorité.
Romme lit la loi revisée par le Comité.
Lindet^^\ membre de la Commission, lit un plan, après en avoir développé les
bases.
L'ajournement de la discussion est fixé à demain midi ^^\
Dans la séance du lendemainig frimaire, avant que la discussion commençât, Fourcroy
présenta un rapport sur les degrés supérieurs de l'inslruclion, — ou, pour conserver la
formule employée par lui, sur renseignement libre des sciences et des arts, — suivi d'un
projet de décret. Le Comité, dans sa séance du 7 frimaire (voir p. 35), Pavait autorise à
(aire à la Convention l'exposé de ses idées sur ce sujet. Puis Thibaudeau, attaquant l'ancien
plan de Condorcet, dont celui du Comité n'était qu'une reproduction, prononça un plai-
doyer en faveur de l'enseignement libre et recommanda l'adoption du plan de Bouquier.
Son discours eut du succès, et la Convention, sur la proposition de David, Tadjoignit au
Comité d'instruction publique. Ensuite , Michel-Edme Petit commença la lecture d'un long
mémoire divise en deux parties : la première était consacrée à la critique du projet du
Comité, la seconde à la critique du plan de Bouquier; il terminait par un projet de dé-
cret en trente-cinq articles , contenant des dispositions analogues à celles qu'il avait déjà
proposées dans son discours du 1" octobre (voir t. II, p. 56 1). Petit ne put pas achever sa
national l'appelle successivement Voultier
et Poultier. Il n'y a rien d'étonnant à ce
que le Journal des débats et des décrets l'ait
confondu avec Thomas Lindet, qui était
aussi membre du Comité d'instruction pu-
blique.
^^) Bouquier n'était pas membre de la
Commission de revision; c'est en qualité de
meml^re du Comité d'instruction publique
qu'il rédigea son plan, présenté par lui au
Comité le 1 1 frimaire. Il faut donc lire :
«Mais un des membres du Comité en a
fait un?-!. L'erreur commise par le Journal
des débats et des décrets nous avait fait
écrire en 1879, dans notre premier travail
sur l'instruction publique pendant la pé-
riode conventionnelle ( Dictionnaire de pé-
dagogie, aii\c\e Convention)^ que Bouquier
était un des six membres de la Commis-
sion de revision et parlait en son nom;
nous ne connaissions pas alors la hste de
ces six membres, qui a été publiée pour la
première fois en 189/1 dans le tome II des
Procès-verbauœ du Comité d'instruction pu-
blique delà Convention, p. 827.
^2) Voir la note h de la page précédente.
(•■') Journal des débats et des décrets,
nVi/j6,p. 2/18.
DE LA GOiSVENTlON NAÏlOiNALE. 95
leclure, interrompue par une lettre de Fouquier-Tinville qui annonçait ie suicide de Gla-
vière. La suite de la discussion fut renvoyée à une autre séance.
Le procès-verbal de la Convention mentionne cette (bis le débat. Voici comment il s'ex-
prime :
Séance du 19 frimaire an 11.
La discussion s'ouvre sur l'instruction publique. Un membre ^^^ fait, au nom
du Comité' d'instruction, un rapport sur le degré supérieur de l'instruction.
Un membre ^'^^ demande la prioritt' pour le plan de Bouquier sur celui du
Coiiiité.
La discussion est interrompue ^^^ par la lecture d'une lettre de Fouquier, accu-
sateur public près le tribunal révolutionnaire, qui annonce que Glavière, ci-devant
ministre des contributions publiques, qui devait être jugé ce matin, s'est fait jus-
tice en se tuant lui-même la nuit dernière ^*^
Nous donnons pour cette séance, comme pour la précédente, les comptes-rendus publiés
par la presse. Voici celui du Journal de la Montagne :
Convention nationale, séance du 19 frimaire.
L'ordre du jour appelle la discussion sur l'éducation nationale. Fourcroy com-
munique un plan pour l'organisation de l'instruction du second degré.
Thibaudeau s'élève avec cbaleur conti'c les divers systèmes présentés successi-
vement depuis Périgord jusqu'à Lepeletier, tcMidant tous à reproduire, sous d'autres
noms, la hiérarcbie pédagogique, dont la Révolution a fait justice. Le projet re-
\isé de Romme lui semble entaché du même défaut; et il demande la priorité
pour celui de Bouquier, comme plus conforme au génie républicain, et plus éco-
nomique en même temps.
Petit n'approuve ni l'un ni l'autre, et propose la question préalable. L'arrivée
de Rarère interrompt la série de ses objections "^ Son discours, et les deux pré-
cédents, seront imprimés. Thibaudeau est adjoint au Comité d'instruction pu-
blique.
F. V^'^l
La Feuille du salut public dit simplement :
Convention nationale, nonidi de la ^^ décade de frimaire.
La discussion s'ouvre sur l'instruction publique. Elle est pres([ue aussitôt inter-
rompue par une lettre de l'accusateur public du ti'ibunal révolutioimnire ^"^
"^ C'est Fourcroy. cès-verbal, ce fut une lettre de Fouquier-
'*^ C'est Thibaudeau. Tinville cpii interrompit la lecture de Petit.
^'^ A ce mouïent Petit avait commencé ^^^ Journal de ta Monlagne, n" «27 (nu-
la lecture d'un discours. mérotc 20 par suite d'une laute d'impres-
''*) Procès- verbal de la (]()iiventiou, sion) , '.u»' jour du troisit-me mois.
t. XXVll , p. s;}. ("^ FeuHlc du salulpublic , n" i(3o , jo IVi-
^'•^ C'est une errein-. Comme dit le pro- maire an 11.
98 PROCÈS-VERBAUX DU COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE
s'îunéliorer pnr les préférences continuées que supposent les places accordées peut-
être au mérite, mais qui doivent devenir tôt ou lai'd, pour- les titulaires, mono-
tones et laslidieuses, par l'assurance même de ne pas les perdre? Comment se
persuader qu'un homme qui l'emporte aujourd'hui sui* les autres, par l'étendue
de son savoir, et sui'tout par la manière de communiquer ses connaissances, Fem-
poi'tera constamment; et pounpioi refuser, à ceux qui veulent apprendre, le
droit de choisir l\ leur ^>ré pour maîtres les hommes qui, entrant pour la piemière
fois dans la carrière de l'enseignement, y montrent tout-à-coup un mérite supéi'ieur
à celui des professeurs inamovibles, dont le talent se ralentit, ou s'éteint, ou reste
stalionnaire? Ici, comme dans toutes les autres parties des gouvernements répu-
blicains, la libellé est le premier et le plus sûr mobile des grandes choses. Chacun
doit avoir le droit de choisir pour professeurs ceux dont les lumières, l'art de
démontrer, tout, jusqu'au son de voix, au geste, sont les plus conformes à ses
goûts. Laisser faire est ici le grand secret et la seule roule des succès les plus
certains.
Les grands établissements d'instruction des sciences et des arts créés par les
rois renferjnent-ils partout les sujets les plus éminents, et est-ce en créant de
grandes places qu'on crée de grands hommes? Boerhaave, Linnéus, Bergmann,
n'auraient-ils pas été de grands professeurs, quand les universités de Leyde,
d'Upsal et de Stockholm n'auraient pas existé? Pour citer des exemples plus près
de nous, n'avons-nous pas sous nos yeux la preuve que les professeurs, placés
souvent dans les chaires publiques par l'intrigue et la bassesse, remplissaient si
mal les fonctions qui leur étaient confiées, que les écoles royales et gratuites
étaient désertes, tandis que des écoles particulières, et payées plus ou moins chè-
rement, réunissaient la foule des hommes studieux? Si les établissements d'instruc-
tion publique salariés par la nation avaient pu satisfaiie tous les besoins des étu-
diants, comment les professeurs particuliers et enseignant chez eux pour une
rétribution plus ou moins forte auraient-ils pu se soutenir, et vivre assez honora-
blement de leur travail pour assurer à leur vieillesse une existence aisée? Les rois
ont plus cherché leur vaine gloire, en fondant des chaires et des universités, qu'ils
n'ont songé à éclairer les hommes : les collèges entretenus à grands frais, les
écoles publiques, n'étaient souvent que des monuments de l'orgueil des despotes
qui achetaient ainsi à peu de frais les louanges de leurs contemporains; et pour
quelques hommes illustres qui occupaient passagèrement ces places, elles étaient
presipie toutes le patrimoine et l'héritage de la médiocrité.
Je n'ai point épuisé, à beaucoup près, les objections qu'on peut faire contre le
danger ou les inconvénients des corporations enseignantes pour les degrés supé-
rieurs d'instruction; je pourrais encore faire voir que créer de nombreux établis-
sements en ce genre, conmie on l'a proposé, c'est p^eupler la République de demi-
savants'^', comme on l'avait peuplée autrefois de séminaristes et de moines; c'est
faire renaître tout à coup cet espiit de corps que la liberté a dû anéantir sans
retour. Je pourrais faire observer cju'en salariant même assez chèrement des pro-
^'^ tçCes demi-savants 15 sont, non les élèves, mais les aspirants aux places do profes-
seurs : voir p. 91), lignes 27 el suivantes.
DE LA CONVENTION NATIONALE. 99
fesseurs de sciences dans les degrés supérieurs, c'est ôler, aux homraps qu'un long
travail et un goût décidé pour l'étude appellent à remplir cette fonction dans la
socié'té, l'espérance d'étendre assez leur gain annuel pour y trouver les nioyrns de
subsister dans tous les temps et de pourvoir aux dépenses utiles que leur amour
pour les sciences les porte à consacrer pour leur perfectionnement. Qu'on ne perde
pas de vue que le plus grand nombre des c'iaires pour les sciences et les arts n'é-
taient payées qu'à raison de douze ou quinze cents livres par an, et qu'un pro-
fesseur se trouvait forcé, pour vivre, ou d'accaparer les places, ou de sp livrer à
l'enseip^nement particulier, ou d'embrasser d'autres occupations lucratives, qui
ôtaient nécessairement à ses leçons publiques l'intérêt, le charme et jusqu'au temps
qui devait leur appartenir.
Je dois répondre maintenant aux objections et aux difificultés que l'on a faites
contre le projet de renoncer à organiser et surtout à multiplier les établissements
d'enseignement des sciences et des arts. Ceux qui croient à la nécessité de ces éta-
blissements voient dans leur prompte création un moyen certain de former des
hommes instruits, d'occuper utilement pour la République ceux qui le sont déjà,
et d'engager par l'espérance de places honorables un plus grand nombre de ci-
tovens à se livrer à l'étude profonde des sciences et des arts. Sans cet appât offert
aux talents par la République, ils craignent que les sciences et les arts ne soient
négligés, et ne perdent de l'éclat que les Français leur ont donné depuis une cin-
quantaine d'années surtout; ils voient, dans les instituts et les lycées, des sémi-
naires sans cesse peuplés de citoyens éclairés. C'est sans doute l'intérêt public et
le désir de voir les sciences et les arts fleurii* dans la République française qui a
fait naître cette opinion. Mais est-elle fondée sur des bases bien solides? Peut-on se
dissimuler qu'en créant tout à coup un grand nombre de places de professeurs, on
ouvre la porte aux spéculations en ce genre, comme elle l'était autrefois aux béné-
fices ecclésiastiques? N'est-il pas présumable qu'il se formerait une foule d'hommes
médiocres, lorsque des jeunes gens n'auraient en vue, en se livrant à l'étude des
sciences et des arts, que d'obtenir une place qu'ils regarderaient comme le ternie
de leurs travaux? Est-ce là le noble but qui doit seul engager des hommes à s'oc-
cupf r exclusivement de l'étude des sciences et des arts? Oublie-t-on que le feu qui
dévore les hommes studieux ne s'allie point avec toutes les idées d'intérêt et de
fortune, et peut-on croire ([uc la République française manquera de savants et d'ai-
tistes, parce ({u'elle n'adoptera pas tous les instituts et les lycées dont on a voulu
l'inonder? Commande-t-on au génie et aux talents de naître pour les placer à des
postes qu'on leur a destinés d'avance? L'adulation a pu seule créer ces idées fan-
tastiques pour des despotes à qui on ne parlait ([ue de gloire, de protection et de
protégés, et ([ui étaient assez sots et assez vains pour j)enser (]ue les grands
poétfvs les granils orateurs, les savants illusti(>s, les ai-listes ct'lèbres naîtraient ii
leur voix, en leur distribuant annuellement (pielques pièces de monnaie, en leur
faisant écrire quehpies billets insolents, et pu leur préparant des fauteuils acadé-
miques. Au lieu de fonder des chaires nouvelles pour les talents, récompensez
ceux qui en ont arcpiis et pncourajjez ceux (pii en veulent acquérir. Les places ne
(eronl januiis les lionnnes, mais les honuues se feront à eux-mêmes des places. La
lh'[)ubliquc française est assez grande, assez riche, assez juste, pour étendre ses
100 PROCÈS-VERBAUX DU COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE
biciilails sur tous ceux qui Vhouoreut et qui la servcut par leurs taleuls. Ne crai-
jjiicz p'.is, législateurs, la barbarie dont ou vous uicnace, quaud vous ap[)elez de
toutes parts les arts à créer des cliofs-d'œuvre, les sciences à servir la patrie;
quand surtout vous accueillerez tous les moyens qu'on vous proposera d'aller au
devant du mérite caché, du talent modeste, de récompenser les découvertes utiles
([ui ont pour but l'avantage commun; quand vous distinguerez par de justes in-
denmités les lionunes qui se sont voués sans ambition à l'instruction publique.
Mais évitez de former des corporations, de créer des privilèges, de jeter des en-
traves au génie impatient de toute chaîne, de faire naître un nouveau sacerdoce
plus à craindre que l'ancien. Il est d'autres moyens d'appeler les citoyens à l'in-
struclion dans tous les genres, de faire éclore tous les germes des talents utiles à
la société, de former des hommes éclairés dans toutes les j)arties nécessaires à la
défense, au soutien de nos droits, et à la prospérité de la République. La nation
a besoin d'ingénieurs civils pour la construction de ses routes, des ponts, des ca-
naux; d'ingénieurs militaires pour la défense de ses places; d'artilleurs pour se
rendre redoutable à ses ennemis; de marins pour faire fleurir son commerce et
faire respecter son pavillon tricolore; d'astronomes, de mécaniciens et de géo-
mètres pour guider ses marins sur la route des mers, pour augmenter et perfec-
tionner ses manufactures en tout genre, pour tirer un grand parti des phénomènes
et des forces même de la nature; d'orateurs pour défendre les droits du peuple;
de poètes, d'historiens, de musiciens, de peintres, de sculpteurs, d'architectes,
pour célébrer ses victoires et ses vertus, pour organiser ses fêtes publiques, pour
retracer tous ses triomphes , pour consacrer des monuments à l'utilité et la gloire
publique. Il lui faut des médecins et des chirurgiens pour soulager les hommes
soudrants et adoucir les maux de la guerre, des épidémies, des localités; des bo-
tanistes, des minéralogistes, des physiciens, des zoologistes, des chimistes, pour
connaître les productions naturelles de son sol, de ses colonies, et en tirer un plus
grand parli.
Toutes ces connaissances immédiatement utiles h un grand peuple, qui les a déjà
portées plus loin que toutes les autres nations de l'Europe, ne doivent point être
négligées dans la plus belle des républiques; tous ceux qui les cultivent avec succès
doivent être aidés et soutenus par la puissance nationale. L'art de les communi-
quer, de les transmettre; l'art même de les perfectionner ou d'en fournir les
moyens à ceux qu'un goût naturel y porte impérieusement; enfm, l'art d'en donnei*
les portions nécessaires pour l'exercice des diverses professions qui les exigent,
doit être protégé et favorisé par le génie républicain. Mais ce ne sera point par
l'établissement d'instituts et de lycées nombreux, par la création de beaucoup de
places inamovibles, par des associations monacales ou académiques, que cette fa-
veur, que cette protection nationale étendront leurs bienfaits sur les sciences et les
arts. Ne formez point d'institutions privilégiées, rendez au génie toute la latitude
de pouvoir et de liberté qu'il réclame; proclamez ses droits imprescriptibles; pro-
diguez aux interprètes utiles de la nature et de ses lois, partout où ils se trouvent,
les honneurs et les récompenses publiques; ne resserrez pas dans un cei'cle étroit
les lumières qui ne demandent qu'à s'étendre et qui ne s'acquièrent ni ne se ré-
pandent par privilège, et vous aurez fait une nouvelle conquête sur le fanatisme et
DE LA CONVENTION NATIONALE. 101
la superstition doctorale. Faites des lois qui portent la consolation et Tespérance
dans l'ame des savants et des artistes qui se sont distingues par des découvertes
utiles et e'clatantes, par des livres élémentaires géndralement adoptés, par des leçons
et des cours long-temps suivis; assurez, à tous les citoyens qui ont honoré leur vie
pai' la culture des lettres, des arts et des sciences, une subsistance qui leur épargne
la dure anxiété du besoin; récompensez largement les découvertes avantageuses
aux liommes; qu'un bâtiment simple et propre au recueillement devienne votre
prytanée, que la vieillesse des hommes qui ont éclairé et servi leurs semblables
.par une vie toute laborieuse y soit accueillie, nourrie aux dépens de l'Etat, visitée
par la jeunesse, et que ce lieu de retraite soit la plus douce jouissance pour ceux
(pie la patrie y aura appelés après des veilles utiles, et pour ceux que Tespoir d'y
arriver un jour anime déjà en les visitant et en venant profiter des dernières pensées
de ces sages. Que la plus belle récompense d'un savant, d'un poète, d'un artiste,
!!oit d'être nourri dans sa vieillesse aux frais du peuple français.
La République abonde de trésors pour l'instruction publique, soit dans les pro-
ductions de la nature, rassemblées de toutes parts dans des jardins ou des cabi-
nets nationaux, soit dans celle des arts, consacrées aux démonstrations de toutes
les branches de la physi(jue et des arts et métiers. Séparez plusieurs de ces tré-
sors, fécondez-les en ordonnant qu'ils seront également partagés dans toute la Ré-
publique; que ces portions soient offertes aux sans-culottes instruits, à qui leur
fortune ne permettrait pas d'étabhr des cabinets d'histoire naturelle, de physique,
des laboratoires de chimie, des ateliers pour y démontrer les arts; que la Répu-
blique leur prête ces moyens qui leur manquent, et qu'elle leur fournisse ainsi
les mobiles ^'^ dont ils ont besoin pour faire connaître et pour communiquer leurs
talents; que tous les hommes éclairés qui se sentent propres h la démonstration
soient appelés dans tous les points de la République, et invités à ouvrir des écoles;
que le nombre dts élèves qui leur seront fidèles, après un temps donné, soit la
mesure réelle de leur succès et de leur mérite; que les jeunes gens qu'un goût
plus ou moins décidé entraîne pour telle ou telle étude, et dont la République
doit faire servir quelque jour les talents à sa prospérité, soient libres de choisir le
professeur qui leur conviendi'a; que la Républi(jue paye elle-même les frais de
leurs cours et de leur entretien , lorsque la fortune de leurs parents ne leur suf-
fira pas pour se livrer à ces études. Alors aucune connaissance ne vous échappera,
rien ne sera inutile; il n'y aura ni choses, ni hommes parasites dans la République;
plus de rapprocl'.ements, de cor[)orations, de piivilèges dangereux pour la liberté
qui a tant de raisons d'être souj)çonneuse et liniorée; la mesure juste des talents
utiles, des connaissances nécessaires aux besoins de la République est trouvée;
il n'y a plus à craindre ni trop, ni (rop peu d'institutions, plus d'administration
qui entrave et qui ralentit, plus de surveillance ni de directoire, plus de ministère
des eludos, ])lus de sacei'doce et de doctorat à redouter. Tout est organisi^ sans
Irotlcmenl, sans concours, sans élection, sans intrigue, sans cabale, sans préfé-
rence, sans protection ni iniluences niinisléi'ielles. Les sciences et les arts devien-
nent tout h coup libres et débairassés des excroissances doctorale, acadt'uiicpie,
^'^ Fourcroy parait employer ici re mol dans li^ s'mis do viohilio-. yiuitniel , inslntwenfs.
10^2 PROCÈS-VERBAUX DU COMITÉ D'INSTRUCTION PURLIQUE
|)(Hlinites(]ue. La République française n'a plus à craindre qu'il se Corme dans son
soin, contre son unité, une République des lettres, une République des sciences,
une R('publi([ue des ai'ts, i te. ; l'égalité reprend ses droits. On ne distingue
plus les professeurs par les places qn'ils occupent, mais par les élèves qui les
suivent. Le vrai talent est récompensé, l'intrigue n'a plus de nominations h faire
ni à espérer : les inlrigants et les accapareurs de places sont repoussés; la
médiocrité reste à sa place, le vrai mérite reprend son rang; chaque homme
((ue sa conscience appelle à remplir le poste honorable d'enseigner aux autres
puise dans vses Iravanx la gloire et l'indemnité réunies. La Ihipuldiqne trouve
dans les élèves, libres comme leurs maîtres, tout ce qui lui convient d'hommes
instruits, pour remplir toutes les places militaires et civiles m^cessaires à sa
sûrelé, à son administralion, à ses manufactures, à son commerce. Elle pour-
voit même à ses besoins dans ce genre, en faisant choisir par les instituteurs des
écoles primaires et les corps administratifs un nombre fixe de jeunes gens que
leurs talents naissants, attestés par leurs premiers succès, font bientôt reconnaître
comme propres à acquérir des connaissances nécessaires pour former des géo-
mèlies, des ingénieurs, des marins, des poètes, des mus"ciens, des orateurs, des
médecins, et en les envoyant, aux frais du trésor pubhc, auprès des professeurs
que leur goût et leur choix leur indiquent.
Ajoutez à ces avantages le bienfait des livres élémentaires, non par un concours
qui exige un temps trop long et qui multiplie les difficultés, mais par un choix
fait parmi ceux qui existent dt^a; et que la rédaction de ceux qui manquent soit
confiée à des patriotes éclairés, par votre Comité d'instruction publique.
Qu'en même temps que cette organisation simple de l'instruction des sciences
et des arts aura lieu, les bibliothèques, les cabinets d'histoire naturelle, les col-
lections de tableaux, d'antiques, les jardins de botanique et tous les trésors natio-
naux des monuments de la nature et des arts, également distribués dans les dé-
partements et confiés à la garde de républicains instruits, soient exposés, tous les
jours, à la curiosité et à l'étude; que les productions du génie national frappent
partout les regards; et rien ne manquera pour l'instruction libre et indépendante,
comme elle doit être.
Avant que ce projet simple soit entièrement exécuté par le talent et le zèle pa-
triotique auxquels il sera condé, conservez provisoirement les écoles anciennes de
géométrie, de physique, de chimie, de génie, de marine, d'artillerie, de méde-
cine, de chirurgie, d'histoire naturelle, d'éloquence, de poésie, des arts d'imita-
tion, qui, si elles étaient tout à coup détruites sans remplacement, produiraient un
vide dangereux , une secousse redoutable. Entretenez-les encore jusqu'à ce que le
nombre des professeurs libres soit suffisant aux besoins delà R('publique. Attendez
le succès de l'amour de la patrie et du génie des Français, et soyez sûrs que vous
aurez bientôt atteint le but que vous vous proposez pour seconder les efforts de
tous les hommes éclairés que la France possède dans son sein, et pour répandre
toutes les connaissances qui doivent élever la nation à la splendeur et à la prospé-
rité que promettent la heauté et la richesse de son sol. et l'heureuse facilité de
ses habitants.
DE LA CONVENTION NATIONALE. 103
PROJET DE DECRET.
Articlk premier. Les citoyens éclain's dans les lettres, les sciences et les arts
sont invités à se livrer à l'enseignement, dans toute l'e'tendue de la République
française.
Art. 2. Ceux ([ui choisiront cette profession se feront inscrire dans les munici-
palités des communes où ils désireront s'y livrer.
Art. 3. Ils ne pourront le faire qu'après avoir prouvé qu'ils sont citoyens fran-
çais, et après avoir obtenu un certificat de civisme et d'une probité pure, avant
et depuis la Révolution, de leurs municipalités, ou l'appui des sociétés populaires
établies dans leur communes.
Art. /». Lorsqu'ils auront rempli cette première formalitf'.il^ feront meltre. sur
la porte de la maison où ils donnei'ont leurs leçons, un tableau portant leurs noms
et l'c'uoncé de la science ou de l'art qu'ils se proposeront de démontrer.
Art. 5. Les citoyens qui voudront se livrer à l'enseignement des sciences phy-
siques ou des arts, et à qui leur fortune ne permettra pas de former des établis-
sements de machines ou de productions naturelles et des arts, nécessaires à leurs
démonstrations, s'adresseront au Conseil exéculif, qui, d'après les certificats des
corps municipaux et des sociétés popidaires des lieux de leur résidence, leur don-
nera la jouissance d'un emplacement national et des matériaux nécessaires à leurs
leçons.
Art. 6. Il sera dressé un inventaire des objets nationaux confiés à ces citoyens,
et ils en donneront une reconnaissance au Conseil exécutif.
Art. 7. Le nombre des professeurs admis à jouir des établissements nationaux
sera proportionné à celui des habitants de la commune où ils désireront ensei-
gner, et aux besoins de la République. Il sera fixé par la Convention sur le rap-
port de son Comité d'instruction publique.
Art. 8. Les élèves ou les citoyens qui voudront assister aux leçons des profes-
seurs des sciences ou des arts seront tenus de les paver au prix i\\é ])ar ces
professeurs. Ce prix ne pourra pas excéder celui que l'on payait en 1790.
Art. 9. Les cours donnés par ces ])rofesseui's auront pour objet les sciences
physiques et mathématiques, la littérature, l'histoire, la h^gislation, la théorie et
la pratique des arts d'imitalion.
Art. 10. Les professeurs auront soin (l(> joindre à leui's (l<Muonstrations joutes
les ap|)lications uliles des sciences aux arts (pii on! pour hul <l(> conserver. Ao i\ô-
fendr(\ d'abi'iter, de vêtir et de nourrir les hoïumes, la fornialion des manufac-
tures el des ateliers, et g(^n(Talemeul tout ce cpii |)eul concourir à la prospérité
de la Républi(pie une el indivisible».
Art. 11. Les pi'ofesscMirs des sciences et des aris (MiV(M'ronl clKupu» année, à la
municipalil(' du lieu où ils seront établis, le nom des élèves (pii suivent leurs
iOh PROCÈS-VERBAUX DU COMITE D'INSTRUCTION PUBLIQUE
cours. Ces ëtats , remis aux de'parlements , seront par eux envoyés au Conseil exé-
cutif. Les portes des lieux où ils donueront leurs leçons seront ouvertes, et un
offîrier municipal assislera de temps en lemps à ces leçons. Les ju{]'es de paix au-
ronl le même droit, afin de veiller au maintien de Tordre, des mœurs, et d'être
témoins des principes de morale pure qui doivent distinguer des hommes chargés
de l'enseignement. Les sociétés populaires sont invitées à se livrer à la même sur-
veillance.
Art. 12. La République entretiendra auprès des professeurs de littérature, de
sciences et d'aris, des élèves peu fortunés choisis par les municipalités voisines,
en nombi'e sullisant pour que la nation ait toujours des sujets propres à remplir
les places nécessaires à sa défense ou h sa prospérité. Ce nombre d'élèves de la
patrie, choisis d'après leurs dispositions particulières, sera fixé par le Corps légis-
latif, sur le rapport du Comité d'instruction pubHque.
Art. 13. Le Conseil exécutif rendra compte deux fois par an, au Corps légis-
latif, de l'état des études supérieures, du noml)re d'élèves salariés auprès des pro-
fesseurs, de celui des élèves qui suivront ces cours à leurs dépens, et des sujets
les plus distingués qui les fréquentent, ainsi que des succès obtenus par les diiïé-
rents professeurs.
Art. 14. Après vingt-cinq ans d'exercice, les professeurs recevront de la Ré-
publique une pension de trois mille livres et seront logés dans les maisons natio-
nales destinées à servir de Prytanées. Ces pensions seront accordées par le Corps
législatif, sur le rapport de ses Comités d'instruction publique et des finances.
Art. 15. Le Comité d'instruction publique est chargé de faire promptement un
choix des meilleurs livres élémentaires dans les sciences et les arts utiles, d'en
faire un rapport à la Convention , et de lui proposer les réconq^enses que méri-
tent leurs auteurs , ainsi que des moyens d'en répandre promptement des exem-
plaires aux frais de la République.
Art. 16. Le même Comité comprendra dans son rapport l'état des livres élé-
mentaires qui manquent , et un choix de patriotes éclairés , pour procurer le plus
promptement possible à la République la jouissance des livres nécessaires à toutes
les parties de l'instruction.
Art. 17. 11 sera fait' promptement un inventaire de toutes les collections de
tous les produits de la nature et de l'art, et des bâtiments ainsi cp.ie des étabhsse-
ments nationaux destinés à l'instruction publique dans tout le territoire de la Ré-
publique, afin que le partage en soit fait le plus également possible entre tous
les départements , et que les sources de l'enseignement soient ouvertes de toutes
parts.
Art. 18. Pour que l'inventaire et le partage égal des collections et des éta-
blissements nationaux' utiles soient promptement exécutés, le Comité d'instruction
publique, réuni au Comité de salut public, pourra proposer à la Convention d'en-
Yoyer jusqu'à la [concurrence de dix de ses membres dans tous les départements
de la Répubhque.
DE LA CONVENTION NATIONALE. 105
Art. 19. La Convention charge son Cornilé d'instruction publique de s'occuper
sur-le-champ, et en se concertant avec les diffe'rents comite's qui doivent en con-
naître : i°des maisons qui peuvent être consacre'es, dans toute l'e'tendue de la
R('|)uhli([ue , soit aux de'monstrations des sciences et des arts , soit au rassemblement
et à la distribution des l'ichesses nationales utiles à toutes les parties de l'instruction
dans les sciences et les arts , soit au logement des professeurs qui ont bien mérite de
la patrie; 2° d'un rapport sur la situation actufdle des citoyens français qui ont
consacré leur vie à instruire les hommes, par des ouvrages, des leçons et des
découvertes utiles, et surtout h leur faire chérir la hberté, l'e'galité, afin qu'ils
soient promptement récompenses pour les services qu'ils ont rendus à la patrie.
Art. 20. Toutes les écoles actuellement subsistantes, oii l'on enseigne les
sciences et les arts, et surtout l'histoire naturelle, la médecine de l'hounne et des
animaux, le génie civil et militaire, l'artillerie, la marine, les langues étrangères,
l'histoire, la législation , l'architecture, la peinture, la sculpture et la musique,
sont maintenues jusqu'à ce qu'il en ait été autrement ordonné.
Art. 21. Le Comité d'instruction publique présentera incessainment un mode
d'examen pour reconnaître et employer à l'utilité conunune les sujets qui se des-
tinent à la mai'ine, à la médecine, à la chirurgie et à toutes les professions en gé-
néral qui exigent des connaissances exactes et positives, puisées dans les sciences,
pour faire disparaître les formes anciennes qui subsistent encore dans l'admission à
l'exercice de ces différentes pi'ofessions, pour leur en substituer de plus conformes
au génie de la liberté et de l'égalité , et pour réunir à la théorie qui sera enseignée par
les professeurs la pratique dans les places, les arsenaux, les atehers, les hôpitaux ,
et en général dans tous les établissements publics où l'expérience doit servir à con-
sacrer les principes des sciences et les rendre véritablement utiles à la République.
Art. 22. Les professeurs qui auront exercé pendant vingt-cinq ans renseigne-
ment des sciences et des arts, tous les citoyens qui auront bien mérite' de la pali'ie
parleurs travaux littéraires et leurs découvertes, et qui auront obtenu la pension
et le logement aux frais de la République, auront une place distinguée dans les
fêles et les cérémonies publiques, dans les spectacles populaires, et les jeunes
gens se lèveront à leur arrivée.
OPINION DE A.-C. TIIIBAUDEAU, MEMBRE DE LA CONVENTION NATIONALE,
SLR L'INSTRUCTION PUBLIQUE, PRONONCEE A LA SEANCE DU t (J FRIMAIRE.
De rimprinierie nalional(>, s. d. ^'\
L'instruction publique, au point de civilisation auquel le peuple français est
parvenu et au degi(' de perfeclion aïKpiel les aii> oui v[v porl(>s par 1(S dcVoii-
vertes et les ellbrls de l'indiisliMe, n'est j)as un arl aussi diflicile (pTon scndtlt' le
croire. Les savanis e( les instituteurs pai' nn'lier ne voient de moyens d instruction
^'^ Bil)liolliô(pio nationale, Le ''■ 5()H, in-8"; Musée péda^onri(|ii«\ n" i t7()S, Coiio pitVe
est annoncée dans le n" ABC du Jonninl des tlé'uUs et drx dvcrrls, oorrespondani au a S fri-
maire an M.
106 PROCÈS-VERBAUX DU COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE
pour la jpimesse que dans les classes, les livres et des établissements dispendieux;
les véritables philosopbes pensent tout autrement. L'instruction doit élre d'abord
nég^ative; l'éducation n'est que le libre développement de la nature; il s'ap;it donc
luoius de rencouragcr que dY'iupécbei' quil ne soit arrêté par les préjugés meur-
triers et les vices de nos institutions; l'art en cette matière nuit plus qu'il ne sert,
c'est lui qui hébête les enfants et déforme leur coi'ps.
Ne pei-dons jamais de vue que la socic'té a moins besoin de savants que
d'hommes forts, éclairés et vertueux; qu'une bonne éducation consiste moins en
préceptes et en un système de pédag-ogie plus ou moins ingénieux, que dans le
résultat des lois, des mœurs, des usages, dans des institutions qui rappellent sans
cesse le culte sacré de la patrie, et la nécessité des vertus morales sans lesquelles il
n'y a point de liberté.
On a déjà écrit des volumes sur cette matière dans la Convention nationale; on
a proposé et discuté divers plans, décrété et rapporté des bases, créé des commis-
sions pour les reviser : d'où vient cette versatilité? De ce que peu de personnes
ont posé les véritables principes, et qu'ils ont été toujours étouffés par les décla-
mations (les savants.
Depuis l'Assemblée constituante jusqu'à ce jour, on a cru qu'il fallait que la
luition créât dans son sein des établissements scientifiques, des corporations de
docteurs; on a cherché à multiplier les places, sans examiner s'il se trouverait
assez d'hotnmes capables de les remplir. Les projets d'éducation et d'instruction
pul)lique qu'on a mis au jour ne sont qu'une copie enluminée des collèges et des
académies rétablis avec plus de luxe et surchargés de règlements. L'esprit n'gle-
mentaire est devenu une maladie : sous le prétexte de grands systèmes, on veut
tout mettre en régie, le commerce, l'agriculture, les sciences et les arts. Tel est en
définitive le résultat des plans d'éducation présentés, depuis celui de Périgord jus-
qu'à celui de Lepeletier.
N'aura-t-on doiic jamais confiance en la liberté? N'a-t-elie donc pas déjà fait
assez de miracles, pour que l'on abandonne à son génie le soin d'instruire les
hounnes et de les rendre heureux?
L'enseignement doit être libre , si l'on veut avoir de bons maîtres et former des
citoyens dignes de la République. Le gouvernement doit seulement salarier, mais
en proportion de leur travail, les hommes qui se livreront au premier degré d'in-
struction des enfants, et non offrir des places à l'oisiveté et à l'intrigue; il doit
calculer l'emploi de ses moyens d'instruction sur les véritables besoins du peuple,
et non les prodiguer inutilement avec une profusion ruineuse poui* les finances et
dangereuse pour la liberté. Il est digne de vous , citoyens . d'adopter une marche
plus simple, plus économique et plus morale.
Comment n'a-t-on pas proposé, par exemple, à la Convention de rappeler aux
pères que c'est à eux qu'd appartient surtout de donner la première instruction à
leurs enfants; (ju'il n'y a d'exempts de ces douces fonctions, imposées par la na-
ture, que Ihomme indigent, qui est forcé de donnei" tout son temps au travail; au
lieu de se perdre dans un cercled'idées extraordinaires et de systèmes gigantesques?
Le plan présenté par le Comité, et qui n'est à peu près qu'une copie de celui
de Condorcet, me paraît plus propre à propager l'ignorance, l'erreur et les pré-
DE LA CONVENTION NATIONALE. 107
jugds, qu'à r<;pan(]rc les lumières et la \6nié. C'est un gouvernement pédago-
gique que l'on veut ainsi fonder dans le gouvernement républicain, une nouvelle
espèce de cierge', qui remplacerait d'une manière plus funeste encore les ministres
de la superstition : car tous les prêtres, depuis ceux de Mempliis et de Thèhes
jusqu'aux disciples de Jésus, ont commencé par être les dépositaires de la pliilo-
sopliie des temps primitifs; et les instituteurs qu'on vous propose sej-aient
souvent, avec leur traitement, les plus riches de la commune et deviendraient
bientôt, par leiir influence morale, ce qu'étaient les curés, des imposteurs et des
charlatans.
Le Comité veut une ccoln première '-^K c'est-à-dire un instituteur et une institu-
trice, depuis quatre cents individus jusqu'à quinze cents, ce qui en donne au
moins quatre-vingt mille pour ce premier degré d'instruction. Il veut leur assurer
à tous un traitement fixe de douze cents livres à deux mille quatre cents livres;
ce qui ferait une dépense annuelle de plus de cent millions. Il propose ensuite
une commission d'éducation par chaque district, compos('e de cinq membres; ce
qui augmente encore cette armée de pédants de deux mille sept cent cinquante
individus; ajoulez-y quatre-vingt mille magistrats des mœnrs'-\ et les profeseurs
d'inslituts, de lycées, les frais d'établissement de toutes ces écoles, etc. Je de-
Fuande à tout homme de bonne foi si, avec des institutions de cette esppce, nous
ne nous rendrions pas la fable de toute l'Europe?
Ce serait, à mon sens, une grande folie de créer plus de quatre-vingt mille
places d'instituteurs et d'institutrices, et de décréter la levée de 172,750 péda-
gogues et surveillants ^^^ pour apprendre aux enfants, quoi? à lire, à <'crire, à
compter, les droits de l'homme, la constitution et les premières notions de la
morale. On peut supposer, par aperçu, que le nombre des enfants en étal de fré-
quenter les écoles primaires serait de deux millions; ainsi chaque instituteur et
institutrice n'en aurait à peu près que vingt-cinq à instruire; et la nation lui
domierait pour ce pénible emploi un traitement de douze cents à deux mille
quatre cents livres! Et un gouvernement libre qui ne doit jamais salarier que les
hommes laborieux, vraiment utiles à la patrie, prodiguerait ainsi les tn'sors du
peuple à l'oisiveté!
Le système de créer des places fixes d'instituteurs, et d'assurer leur salaire sans
proportion avec l'étendue de leur travail, est le moyen le plus sur de n'en avoir
que de mauvais, et par conséquent une mauvaise instruction; cai' alois les hommes
ne verront plus que les places et le traitement qui y sera altaclu': ils ne seront
^'^ Lo Comité avait proposé encore des W Lp calcul est erroné: 80,000 inslilii-
écolea secondaire» dans son premier degré teurs et inslitulricos, 2,700 membres dos
<rinslriirli()ii; je ne sais s'il a icnoncé à commissions d'éducation (M '10,000 ma-
celle snperfélation de p''dan(orio. (AV/c tlo jrislrals i\i''< jno'in's ( It^ nomlni^ des ma<ps-
Thihniidetrn.) Irais (l^^ii m(Ciiis devant être Ojjal à celui
''•' be déccct du () l)iuuiaii(> (voir I. II, tics arrondissements scolaires et non à c-'iiii
p. 739) désignait sous le litre de iiki- des écoles) font 1 a ti, 760 personnes, et non
gixlrat des mœurs \o père de famillt' clii t7->.7r)0.
dans chaque connnunt^ couinx' sin'vcillaut.
108 PROCÈS-VERBAUX DU COMIîfi D'INSTRUCTION PUBLIQUE
plus stinuilds par l'ëninlalionqiii naît de la concurrence; leurs cœurs se fermeront
à l'amour de la {gloire, qui doit tout vivifier et tout ap;raudir dans une République,
parc^ (pi'ils n'auront plus ni crainle ni espcVauco. Vous verrez accourir dans ces
places, à l'aide de lintrioue, une classe d'honnues i^jnoranls, immoraux et mal-
lieureusenient encore puissants : ce sont les procureurs, les huissiers des ci-dovant
jusiices seig-neuriales, les ministres subalternes de la chicane, les sacristains et les
cliniilres (l(\s paroisses, ioiile cette vermine cpii infecte les campagnes. Voilà les
hommes (pie l'envie de oa<>;ner au moins douze cenis livres sans rien faire appel-
lerait sûrement, dans beaucoup de connmmes, à Timporlanle fonction d'instruire
la jeunesse, de préparer la réjoéndration des mœurs et de consolider le majes-
tueux édifice de la liépubliijue.
A Rome et dans la Grèce il n'existait, aux jdus beaux joui's de la philosophie
et des arts, rien de pareil à ces organisations scientifi([ues; on croyait avec raison
avoir assez fait pour les Fciences, quand on les avait environnées de liberté, d'en-
couragements et d'honneurs.
L'histoire nous apprend que la plupart des établissements publics de ce genre,
les collèges, les universités, les académies, étaient l'ouvrage des rois et des prêtres;
et l'expérience de (ous les siècles prouve que 1rs peuples chez lesquels il en existait
le plus grand nombre étaient loujours les moins instruits.
Ce système n'est-il pas effrayant pour la liberté? La Révolution vient de dé-
(ruire toutes les corporations, et on voudrait en établir une monstrueuse! une de
175,750 individus qui, embrassant, par une hiérarchie habilement combinée,
tous les ag"es, tous les sexes, toutes les parties de la République, deviendraient
infailliblement les régulateurs plénipotentiaires des mœurs, des goûts, des usages,
et parviendraient facilement par leur influence à se rendre les arbitres de la liberté
et des destinées de la nation : car remarquez comment tout cet échafaudage se lie
avec une grande magistrature des mœurs que vous aviez décrétée sans discussion.
Je dirai à ce sujet que je ne peux me faire à l'idée d'une puissance quelconque
autre que le Corps législatif, dépositaire de la surveillance et de la direction des
mœurs publiques. Ce dépôt sacré ne doit être confié à aucune corporation dans
l'Etal, il appartient essentiellement au peuple; tous les citoyens doivent concourir
à le conserver dans toute sa pureté.
L'enseignement libre n'offre aucun de ces abus , et contient une foule d'avantages.
Aussitôt que la nation aura dit : Je paierai à l'instituteur la somme de. . . . pour
chaque enfant qui suivra ses leçons , elle encourage les hommes instruits à se livrer aux
intéressantes fonctions de l'enseignement; elle donne une prime aux talents, elle
anéantit la cnpidité et l'ignorance qui ne pourront jamais soutenir la concurrence,
et elle assure h la jeunesse de bons instituteurs avec beaucoup moins de dépense.
Qu'on ne dise pas que nous sommes des Vandales. Les Grecs étaient-ils des
barbares, parce que le gouvernement n'y salariait pas les professeurs? Eh bien!
ce fut la patrie d'Homère, de Platon, de Démosthène, et de tant de grands hommes
qui valent bien nos modernes docteurs.
Je veux , autant ([ue les savants , que l'on propage l'instruction et les grandes vérités
sur lesquelles repose le bonheur du peuple; mais ils savent bien qu'il est impossible
de ramener actuellement les ténèbres et l'ignorance sur le sol de la République fran-
DE LA CONVENTION NATIONALE. 109
çaise. Les opinions sur les gouvernements, sur les re'sullals des arts, les ellets de la
physique, et la morale, sont bien change'es dans tous les pays, et continuent de
clianj'-er avec une grande rapidité. Les hommes ont élé excités à réfléchir par les
crimes dos rois, les impostures des prêtres, et tous les malheurs de Thumanité. La
nation, privée depuis quatre ans d'écoles, de collèges et de professeurs, car ils ont été
paralysés par la Révolution, a plus acquis de lumières et de connaissances que pen-
dant les siècles de la plus brillante existence des universités et des académies. Recon-
naissez, citoyens, Touvrage de la hberté; elle a brisé les entraves dont les cliarla-
iam fourrés avaient environné la raison; elle a ouvert à tous les citoyens les portes
de son temple, et le flambeau de la vérité a frappé tous les esprits de sa bienfai-
sante lumière. 11 ne vous en a rien coûté pour cela, c'est le peuple qui a tout fail.
[Jn auteur a dit : L'ignorance est d'une nature toute particulière; une fois dis-
sipée, il est impossible de la rétablir; elle n'est précisément rien de positif, mais
seulement un manque de connaissances; et quoiqu'on puisse tenir l'homme dans
l'ipnorance, on ne saurait le faire redevenir ignorant. L'esprit, en découvrant la
vérité, agit de la même manière que par le canal des yeux pour découvrir les ob-
jets. Quand une fois un objet quelconque a été aperçu, il est impossible que l'es-
prit retourne au même point où il était avant de l'avoir vu. L'on n'a pas encore
découvert la possibilité de faire désapprendre à l'homme ses connaissances, ou de
faire rétrograder ses pensées.
Cette idée m'a paru neuve; elle est juste et profonde, applicable aux peuples
comme aux individus.
Les sciences et les arts sont parvenus en France à un degré de perfection qui
peut, à la vérité, s'accroître encore, mais qui suOirait pour consolider la gloire et
la prospérité de la République; je ne vois pas par quels moyens cet état pourrait
changer, et comment l'ignorance parviendrait encore à nous couvrir de ses épaisses
lénèlues. Je pense au contraire que la nation peut, à très peu de frais, non seu-
lement conserver l'étendue de ses connaissances, mais les perfectionner encore sans
créer des académies.
Pour atteindre à ce but, laissez aux talents les moyens et surtout le besoin d'être
laborieux : ne payez point les ouvriers de la République h la journée; payez-les
tous à la tache, même les philosophes et les instituteurs, si vous voidez que le
peuple soit bien servi.
Abandonnez tout à l'influence salutaire de la liberté, à l'émulation et à la con-
currence; craignez d'étouflér Teflort du génie par des règlements, ou d'en ralentir
les progrès, en le mettant pour ainsi dire en tutelle, sous la férule d'ime corpo-
ration de pédagogues, à qui vous auriez donné pour ainsi dire le privilège exclusif
de la pensée, la n'gie des progrès de resj)rit humain, l'entreprise du perfection-
nement de la raison nationale, cpii re|)ousserait toutes l(»s V('rit('s et los, déct)uvtM'tes
([ui n'auraient pas pris naissance dans son sein (car l'aristocratie et Tiniolt'rance
se glissent bientôt dans toutes les corpoi'ations); qui exercerait une influence dan-
gereuse sur la confection des lois, leur exécution, leur inlerprt'tation, sur les
élections, (pii dicterait la pensi'e publiipuî, ri administrerait l'opinion.
Donnez une libre ciicnlation an\ sciences et aux arts; ouvrez un grand concours
aux talents; encouragiez [)ar des iécom[)enses, par la considération, pai- Imis les
110 PROCES-VERBAUX DU COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE
moyens honorables qu'un gouvernement libre doit savoir employer à pi'opos, les
lionjines deslinës à c^lentlre la sphère des connaissances Ijumaines.
Ces princrj)es sont applicables à tous les degrés d'instrnclion.
Eu un mot, ne fondez point de places d'instituteurs d'une manière fixe et régu-
lière sur tous les points de la Républicjiie; doimez à l'entreprise tous les degrés
d'inslriiciion au talent industrieux; salariez, en proportion de leur travail et du
nond)re de leurs élèves seulement, les instituteurs qui se consacreront h l'ensei-
gnement des notions premières qui sont nécessaires à tous les citoyens; aidez par
des secoiu's sagement répartis l'enfant du pauvre, dont le talent peut se développer
dans une science ou un art utile à sa patrie; récompensez honorablement la vieil-
lesse de l'instituteur; veillez à la conservation et à la réunion de tous les monu-
ments des arts, dans des édifices ouverts à tous les citoyens; laissez tout le reste
au génie de la liberté.
Empêchez que cent cinquante mille pédants dispersés dans toute la République
ne s'emparent, pour ainsi dire, de nos enfants au passage, et ne leur appliquent,
comme je ne sais quels sauvages, les mains sur les tempes, ne leur écrasent la
tête, et n'étoutfent leur bon sens.
Le plan présenté par Bouquier me paraît, sous tous les rapports, préférable à
tous ceux qui ont été imaginés jusqu'à présent; comparez -le avec celui du Comité :
l'un est sinqde, mais majestueux, facile, économique et conforme aux principes
républicains; l'autre est compliqué, pénible et dispendieux, et ressemble aux insti-
tutions monarchiques.
II n'y a qu'une objection spécieuse à faire contre ce plan, c'est qu'il pourrait
arriver que quelques campagnes restassent sans instruction; mais il n'est pas difficile
de remédier à cet inconvénient : il faut alors que le gouvernement y pourvoie; c'est
un article de règlement à faire; il doit nécessaii-ement y en avoir plusieurs de cette
espèce dans l'exécution d'un plan d'instiuction publique; mais le plan que j'appuie
n'en est pas moins le seul digne delà Convention , de la liberté et du peuple français.
Nous avons vu, par les comptes-rondus du Journal de la Montagne et du Journal de
Paris, que Thibaudeau, à la suite de ce discours, fut adjoint au Comité d'instruction
j)ul)lique. H a parlé de cet incident dans une page de ses Mémoires, dont nous avons cité
ailleurs une phrase (voir t. II, p. ao/t) et que nous reproduisons ci-après. Il dit, dans ce
passage, que le plan présenté par le Comité d'instruction publique en frimaire an n était
le plan de Lepeletier ; on sait que le principe essentiel du plan de Lepeletier, la création
de maisons d'éducation commune, avait été expressément écarté par le vote de la Conven-
tion du aS"" jour du premier mois (voir t. II, p. 678); mais le plan de Lepeletier com-
portait, lui aussi, des instituts et des lycées, comme celui de Condorcet; et à ce point de
vue on pouvait chre qu'en combattant le plan du Comité d'instruction, on combattait les
idées de Condorcet et de Lepeletier.
Voici l'extrait des Mémoires de Thibaudeau :
Deux fois le plan de Lepeletier fut présenté par le Comité d'instruction publi-
que; à chaque fois je le combattis, et il fut rejeté ^^^. Mes deux discours firent
^^) Thibaudeau avait combattu le plan de Lepeletier lorsque ce plan fut présenté en
juillet 1798; son discours, prononcé dans la séance du t" août, se trouve dans notre
tome II, p. 199.
DE LA CONVENTION NATIONALE. 1 1 1
quelque sensation, et la Convention, sur la proposition de David, m'adjoignit au
Coiiiite.
Mon système était fort simple. L'éducation domestique, un grand luxe d'in-
struction primaire, ({uelques e'tablissomenls nationaux pour renseignement des
arts et des sciences utiles, la libre conciureiice des établissements privés, limitée
seulement par une surveillance raisonnable : rr Faites naître, disais-je, dans les
parenls, par vos institutions et vos lois, un intérêt puissant à élever leurs enfants
dans Tarnour de la Républicpie. Voilà tout le secret, il n'y en a point d'autre.-
J'eus souvent occasion, dans le Comité d'instruction publique, dans ses ré-
unions a^ec celui de salut public pour cet objet, de développer et de soutenir ces
()rincipes, qui à la fin prévalurent^'^.
Le nouveau membre du Comité d'instruction publique nous a laissé, dans ses Mémoires,
dos portraits de quelques-uns de ses collè[jues; nous les reproduirons plus loin (p. ^87).
Il n'est pas sans intérêt de savoir quelle était sa pliysionomio à kd-mème à cdle épo(|ue,
(»M il siégeait an sommet de la Montagne. Baudot Ta décrite en plusieurs passages de
ses Noies historiques, dont nous extrayons ce qui suit :
On a dit que Mirabeau avait la figure d'un lion,. . . Tbibaudeau aAait le poil
et la forme d'un loup . . .
La carmagnole fut une espèce de vêtement en usage pendant la Révolution,
mais il ne fut guère porté que par les ouvriers et les prolétaires. Cependant plu-
sieurs membres de la Convention l'adoptèrent, mais en petit nombre; je ne crois
pas qu'ils fussent plus de six. Dans les six membres de la Convention qui portaient
la carmagnole, j'ai distingué particulièrement Cliabol, Thibaudeau et Granel, de
Marseille ^^^ La carmagnole consistait en une veste coupée en rond qui descendait
(u) peu au-dessous de la taille, sans habit, et un pantalon de la même étoffe. Les
membres de la Convention qui portaient cet habillement singulier l'avaient fait
l'aire en toile de matelas à carreaux bleus et blancs . . .
11 y avait à la Convention nationale un certain Omer Granet, de Marseille, qui
siégeait armé d'un bâton noueux, gros comme le bras, et vêtu à l'avenant, c'est-
à-dire dans la forme la plus sans-cidottide qu'on puisse imaginer. Cet Orner Granet
s'était intitulé \e facile 11. r Granet'^^' Nous avons vu depuis à Bruxelles ce
Granet, vêtu à la manière française du faubourg Saint-Germain, l'épée au ci^té et
eu bas de soie blancs. II était devenu chaudiellan de (^ambac('rès et introducteur
d(" Son Excellence. Dans le même temps que Granet affectait son dégoûtant cos-
tume à la Convention, un autre membre qui siégeait à coté de lui, et qui depuis
est devemi comte de l'enqjire, Thibaudeau, ce comte donc, alors sans-culolle ren-
forcé, avait riiabilude d'appuyer ses deux mains sur les (q)aules de Granel, pour
laire voir (ju'il était encore plus factieux que son collèj'ue. . .
f'^ Mémoires nur la Convention et le Di- ^*) Tallien l'a porti'c aussi.
rcctoirv , par A. -G. Thibaudeau. Paris, ('^' Le prcuoiii do l-'ariirii.r , pris par
Itaiidoiiin frèrt-s, iM'j/i , -j vol. iu-8"; t. I"', (îraufl, lijnne an l*rorés-vorl>al d > la C.on-
V- 7<^- vculion, t. \\\, p. 3i.
11^ PKOGÈS-VEUBAUX DU COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE
Thibnudcaii , qui dans le commencement de la Convention était vêtu en sans-
culolle, adopta un costume d'Albanais après le 9 thermidor; il avait de longues
moustaches, des cheveux plats et gras, des pistolets et un poignard à sa ceinture;
c'est dans ce costume semi-turc qu'il fit décre'ter l'arrestation et par suite la mise
à mort de Romme, Soubrany et autres ^^\
Rarras, do son côté, parle de Thibaudoaii, dans ses Mé)noires , à peu près dans les
mêmes termes :
Ce Granet dont je parle ^^\ ainsi qu'un certain Thibaudeau qu'on verra paraître
plus tard, étaient, à cette époque de sans-culottisme universel, les deux person-
nages les plus remarquables par le négligé et la saleté de leurs vêtements; ils ne
paraissaient plus à la Convention qu'en sabots et en j)etite veste débraillée appelée
carmagnole. Comme, après avoir affecté les goûts les plus populaires, il faut se
distinguer par d'autres servilités quand arrivent de nouveaux pouvoirs, j'ai été
peu surpris de voir dans la suite les mêmes sans-culottes de 1798, MM. Granet
et Thibaudeau, l'un connue maire, l'autre comme préfet, rivaUser d'élégance pour
porter la livrée de l'empereur, ses décorations, le chapeau à plumes, l'épée, le
jabot et les manchettes de dentelle, bas de soie et boucles d'or aux souliers. Ces
travestissements m'ont toujours inspiré le plus profond dégoût : ils m'ont paru
révéler le caractère des hommes qui se font un jeu de tout^^^
Voici le discours et le projet de décret de Michel-Edme Petit :
DISCOURS SUR LA REVISION DU DECRET POUR L^GRGANISATIÔN DES PREMIERES
ÉCOLES. FAITE PAR LE COMITE D'INSTRUCTION PUBLIQUE, ET SUR QUELQUES
NOUVEAUX SYSTÈMES D'EDUCATION, PAR MICIIEL-EDME PETIT, DEPUTE DU DEPAR-
TEMENT DE L'AISNE, MEMBRE DU COMITE D'INSTRUCTION PUBLIQUE; PRONONCE
LE 19 FRIMAIRE, L'AN DEUXIEME DE LA REPUBLIQUE FRANÇAISE.
De l'Imprimerie nationale, s. d. (*).
Citoyens ,
Un an s'est écoulé depuis que nous nous sommes occupés pour la première fois
de l'instruction publique; les idées les plus profondes , les plus savantes vous ont
été présentées : au milieu de tout cela, et dès le commencement même de la dis-
cussion, des conceptions simples ont osé se faire voir; mais l'esprit les a si bien
obscurcies sous son brillant étalage , qu'après tant et de si scientifiques combats ,
où l'on a mis à contribution tous les talents, toute la nature, nous ne savons pas
encore comment nous apprendrons à lire h nos enfants !
(1) Baudot, Notes historiques sur la temps de 1 79/1 par le député des Bouches-
Convention, etc., pages 1G6, ^91, 267, du-Rhône.
2 35. ^-'^ Barras, Mémoires, t. T', p. 152.
(^' Barras mentionne Granet à propos ^^^ Bibliothèque nationale, Le''^ Sgg ,
d'une dénonciation faite contre lui au prin- in-8°; Musée pédagogique, n° 1 1724.
DE LA CONVENTION NATIONALE. 113
J'ai plusieurs fois insisté au Comité d'instruction publique pour une revision de
la revision du décret pour les premières écoles ^^^; je désirais que nous nous réunis-
sions tous dans notre commun désir de faire le bien; que nous mêlions toutes
nos idées après avoir fixé les grands principes sur lesquels nous sommes tous
d'accord; que nous renoncions individuellement aux petits avantages de la répu-
tation; que nous fussions moins grands hommes, afin que la République fût véri-
tablement grande; je demandais à énoncer mes idées sur cette seconde revision :
le Comité m'a refusé la parole, fondé sur la nécessité d'une discussion dont la
nature est d'être publique. Je crois que le Comité a eu raison. Le plan de Bouquier
a été lu : j'ai observé que ce plan était un enfant contrefait de celui que je vous
ai présenté le i" octobre ^^^ et que vous avez accueilli avec quelque plaisir. Plu-
sieurs idées contraires ou conformes aux miennes ont été mises au jour. Voilà où
nous en sommes de cette discussion oii le sort de la République est attaché.
Je parlerai principalement de la revision; je parlerai du nouveau plan et des
idées accessoires , selon que l'occasion s'en présentera ; enfin je demanderai que
le projet de décret que je vous ai présenté vous soit relu, peut-être mettra-t-ii fin
à nos glorieuses disputes.
Je suis les divisions de la revision.
Organisation et objet des premières écoles.
ff 1 . Des premières écoles sont établies dans toute ia République.
9. Les enfants des deux sexes y sont admis dès l'âge de six ans.
3. Les pères et les mères de famille sont dirigés dans les premiers soins h
donner à leurs enfants, depuis leur naissance jusqu'à leur entrée dans les écoles,
par une instruction simple.
h. Les enfants reçoivent dans les écoles nationales l'éducation physique, in-
tellectuelle et morale la plus propre à développer en eux force et vigueur, intelli-
gence et lumières, vertus et mœurs réj)ublicaines.
5. Les garçons se livrent à la gymnastique, et particulièrement aux exercices
militaires et à la natation.
6. Ils apprennent à parler, lire, écrire la langue française.
On leur fait connaître les traits de vertus qui honorent les hommes libres de
tous les tciiq)s, de tous lieux, et particulièrement ceux qui honorent la régénéra-
tion française.
Ils acquièrent quelques notions géograpliiquesde la France.
On les conduit, par des exemples et par leui" propre expérience, à la connais-
sance des droits et des devoirs de riiomiiie en société.
^'* II ost probable que c'osl de Priil par imo mcilioii d'ordre .... '■• (\oir notre
qu'il s'agit dans le proros-verbal de la lomc II. p. 0-^7). Quant aux aiilros tonla-
séancc du (louiilo du •>.^)" jour du prcuiicr (iv(>s de Polit pour oxposer sos idoos au
mois, où on lil : trUn tuembro demande à sujet de la revision du décret sur les pre-
cornnnnii([uer un discours et un projet de mières écoles, les procès-verbaux ilu Ctuuili'
décret sur rédiicalion nationale. Le ('ouiito n'eu ont jias l'ail inouliou.
commence à rculcudre; il t'sl iulcrrouipu - Noir noire loux' II, p. ,")'ii.
III. • 8
IVIT.IUIMK X «I lOX Ul .
lu P(\OGte-VERBAUX DU COMITÉ D'IiNSTRUCTION PUBLIQUE
On leur donne les premières notions des objets naturels qui les environnent,
de leur emploi et de leur influence sur la vie de Thomme.
Ils s'exercent à Tusa^je dos nombres, du compas, du niveau, des poids et me-
sures, de la mesure du temps, du levier et de la pouHe.
On les rend souvent témoins des travaux des champs, des ateliers; ils y pren-
nent part autant que leur âge le comporle.
On enseigne en français.
L'éducation des iilles est dirigée d'après les dispositions prece'dentes, autant
que leur sexe le comporte; elles s'exercoiit plus particulièrement à la filature, à
la couture, et aux travaux qui leur sont propres. 51
Parmi toutes ces choses que les enfants apprendront, je suis fort étonné de ne
pas trouver la conslitulion fi-ançaise. Veut- on réserver cette étude pour un se-
cond degré (rinslruclion, où les sept huitièmes des enfants ne parviendront pas?
On leur apprendra les droits de l'homme? Et que sont les droits de l'homme sans
la constitution? Ils sauront tout, excepté ce qu'il est indispensable h tout Français
de savoir 1 II y a certainement oubli de la part de ceux qui ont revisé.
Sur cette organisation j'observe qu'il est fort aisé de dire dans un décret qu'un
enfîuit recevra dans les écoles nationales toute l'éducation possible ; mais doit-on
donner à penser qu'un même instituteur sera tenu de tout enseigner? On peut
être bon grannnairien, grand moraliste, profond mathématicien, et qui plus est,
homme de bien, sans savoir nager ni faire des armes. Mais si le même citoyen ne
peut pas tout enseigner, plusieurs citoyens ne seront-ils pas chargés de concourir
h l'éducation de nos enfants? Ne faut-il pas qu'il y ait, dans les communes qui en
sont susceptibles, une école de natation, et dans toutes les communes un maître
d'armes? Au lieu d'un instituteur sachant tout, vous aurez donc par chaque com-
mune un instituteur, un maître d'armes, un maître de natation : si cela n'est pas
ainsi, le décret est un leurre fait pour tromper le peuple; si cela est ainsi, dites-le,
mais changez votre système scientifique contre le système de la nature, et ne nous
étabbssez pas tant d'inutiles messieurs au sein de la République. Un soldat, et
quel est le petit village qui ne s'honore pas d'en posséder un aujourd'hui? un
soldat enseignera à faire l'exercice à nos enfants , et cela ne coûtera presque rien.
Dans les communes où il se trouve des rivières, un marinier tiendra école de na-
tation pour les enfants de l'endroit et des environs, et cela ne coûtera presque
rien; et voilà que, toutefois à l'aide de la nature et des circonstances, vous avez
trouvé pour vos enfants la plus utile application du grand mot fcgymnastique^. Je
dis à l'aide de la nature et des circonstances, car elles sont toute -puissantes ici,
et ce que l'enfant apprend le plus aisément en fait d'exercice de corps, c'est ce
qu'il voit faire et qu'on ne lui montre pas, c'est souvent ce qu'il imagine lui-
même. Demandez à l'enfant d'un fermier combien il a reçu de leçons d'équita-
tion? il ne connaît pas même ce mot : mais il saute d'un élan sur son vigou-
reux clieval, pique des deux, galope et laisse monsieur l'écuyer dans la boue,
ch(n'chant le côté du montoir. Si l'enfant veut soulever une pierre, reposez-vous
sur lui du soin de proportionner la force et la longueur du levier à la pesanteur
du poids : sans tous vos documents, il emploiera les moyens les plus propres à
réussir; il rectifiera ses idées à l'occasion de ses erreurs, et enfin, si ce qu'il a
DE LA CONVENTION NATIONALE. 115
voulu lui est impossible, il ployera devant rirrésislible nécessité, et recevra des
choses , et non pas des hommes , la plus subhme leçon de philosophie. On rend souvent
les enfants témoins des travaux des champs , des ateliers , ils y prennent part autant
que leur âge le comporte. Mais où donc est ici la scène? Est-ce bien des enfantsdes ré-
publicains français qu'on veut nous parler? On les rend souvent témoins des travaux
des champs, des ateliers; ils n'y prennent que peu ou point de part! S'ils ne voient
les travaux des champs que quand on les en rend exprès les témoins, il s'ag^it donc spé-
cialement des enfants des villes ; s'ils ne voient les atehers que quand on les y mène ,
ils ne sont donc pas fils d'ouvriers; s'ils ne prennent à ces travaux que peu ou
point de part, et selon la fantaisie de celui qui les conduit, ces travaux sont donc
étrang^ers à leurs enfantines habitudes, ils sont donc tous les enfants de paresseux
fortunés , guidés dans leur éducation par des pédants académistes ! Qu'on me réponde.
Les instituteurs projetés me chagrinent; ils n'enseigneront ni le maniement des
armes, ni Fart de la natation, ni l'équitation, ni la gymnastique dans ses phis
utiles objets : mais que de choses n'auront-ils pas encore à enseigner? Parler, lire,
écrire, les notions géographiques de la France, l'histoire des grands honnnes de
tous les pays, la connaissance des objets naturels appartenant à chaque commune,
l'emploi de ces objets, leur influence sur la vie de l'homme, l'usage des nombres,
du compas, du niveau, des poids et mesures, de la mesure du temps, du levier, de
la poulie. Bon Dieu, que de choses! Où trouverons-nous donc des maîtres en assez
grande quantité, surtout quand on aura éloigné delà concurrence tous ceux qui,
par l'éducation qu'ils ont reçue, ont plus de lumières que les autres? Un des grands
torts des gens d'esprit, c'est de croire que tout le monde en a; ils mettent toujours
leurs idées dans la tête des autres, et peuplant ainsi, à leur gré, tout un pays de
leurs pareils, ils font des utopies tout à fait divertissantes. Je leur dis ceci en pas-
sant pour qu'ils ne s'aflligent pas trop de mon apparence de chagi-in. Non, nous
ue trouverons pas assez de maîtres en état de remplir et les fonctions indi-
quées, et les conditions exigées; cela est impossible, et tant mieux; car enfin, loul
jargon scientifique à part, que voulons-nous apprendre aux enfonts dans le premier
degré d'instruction publique? A lire, à écrire, à conq)ler, les devoirs et les droits
de l'homme; nous voulons leur apprendre à devenir des républicains. Eh bien!
pour parvenir à ce premier degré d'instruction, nous n'avons pas besoin (riiommes
qui aient eux-mêmes étudié toute leur vie et la granmiaire, et les mathématiques,
et la géométrie, et la morale, etc.; ils seraient pour la plupart de très mauvais
instituteurs, et, d'ailleurs, à beaucoup d'égards, il est infiniment utile ici (pie
les maîtres apprennent en enseignant, et (pfils ne soient pas à une trop grande
distance des élèves. Il est de la nature de l'espril de monter et non pas (h^ (l(>s-
cendre; ce que nous ignorons est toujours au-dessus de nous, (>l nous |)lar!ms
généralement trop au-dessous ce que nous croyons savoir. Je croirai toujours,
moi , (ju'il est inq)ossible (ju'uu honune savant trouve le meilleur mode d'ensei-
gnement, et c'est pour cela ([ue je liens au })lau (rinsiructiou ([uejai proposf»-.
quant aux instituteurs dont nous avons besoin, les ciironstauces nous servent à
souhait. Nos savants coûteraient fort cher et ne feraient rien cjui vaille : de bons
et li'ancs rc'publicains, disposés à s'instruire en insiruisani les aiilic^s. ne nous
coûteront pi'escjue rien et reinpiironi noire bnl.
116 PROCÈS-VERBAUX DU COMITE D'INSTRUCTION PUBLIQUE
En conservant les maîtres d'e'cole sous le nom (rinstitiiteurs , après leur avoir
fait subir un examen pro'alable, en (^lal)lissant des iustiluleurs sur la demande
des conununes, nous faisons un aclc de justice que l'hunianité et FinteVêt de la
science et des mœurs exigent : mais dans ce cas-là il serait dangereux et impoli-
tique de faire aux instituteurs un sort fort différent de celui des maîtres d'e'cole
actuels. En augmentant leur aisance vous les rendriez paresseux, et la première
leçon qu'ils doivent à leurs élèves, c'est l'exemple du travail. Vous savez que
l'habitude du travail est la source de toutes les vertus l'épublicaines, et que c'est
ici , plus que ja?nais , la circonstance de sanctionuer le précepte : celui qui ne tra-
vaille point ne doit pas manger. Le travail est au corps et à l'âme ce que l'air est à
la végétation. Le goût du travail tient au goût de la simplicité, de la médiocrité;
on trouve aisément à vivre quand on ne veut que vivre, c'est ce que tout le
monde ne sait pas. Les moyens d'existence de la grande masse des hommes nous
sont tellement inconnus, qu'en suivant les règles du calcul à tant par tête, on
démontrerait, contre l'évidence, qu'il est impossible que la France nourrisse tous
ses habitants. On se persuade qu'il faut de gros revenus pour se procurer les
plaisirs sans lesquels on se regarde comme anéanti : les revenus ni les plaisirs
n'arrivent point , et l'on déchire son cœur en l'arrachant à la nature. Mais celui
que sa condition rapproche sans cesse d'elle proportionne machinalement ses
idées à ce qui l'environne; l'inquiétude du lendemain le tourmente peu, les pe-
tites occasions d'économie se succèdent, se multiplient, et quelquefois il ren-
contre du superflu sous un toit de chaume, oii tout autre ne verrait que misère et
abandon.
Inorganisation proposée par la revision est donc vicieuse en ce qu'elle n'admet
pour instituteurs que des savants qui sauront tout, et qui cependant montreront à
lire ! elle est vicieuse en ce qu'elle ne dit pas que les enfants apprendraient la
constitution dans les premières écoles ; elle est vicieuse en ce qu'elle suppose que
les enfants ne prendront que peu ou point de part aux travaux des champs,
qu'ils ne verront les ateliers qu'autant qu'on les y mènera , tandis que l'instruc-
tion publique doit surtout s'occuper des enfants des campagnes , de ceux des ou-
vriers des villes et villages , et non pas des enfants à qui leurs parents ont le
moyen de payer des précepteurs. Elle est vicieuse en ce qu'elle réduit à la mi-
sère et au désespoir vingt mille pères de famille qui, maintenant, sont maîtres
d'école.
Nombre et distribution des écoles.
Il y a un an que je m'élevai avec force contre cette nouvelle distribution des
écoles, qui ne serait en dernière analyse qu'une distribution d'ignorance sur
toute la surface de la République. Je suis étonné que l'on fasse reparaître en ce
moment celte branche d'un système d'éducation généralement proscrit aujour-
d'hui.
// y a une première école par commune de quatre cents individus, et au-dessus ,
jusqu'à quinze cents.
Il y a une école par chaque arrondissement ou la population éparsefait en somme
quatre cents individus ou plus jusqu'à quinze cents, sur demi-lieu;^ de pays.
DE LA CONVENTION NATIONALE. 117
Les arrondissements des écoles sont déterminés sans aucun égard aux limites d?s
communes , des districts et des départements.
Indëpendaniinent des mesures extraordinaires dictées par les circonstances, me-
sures indispensables au salut public, dans ce qui a rapport au mouvement du
gouvernement, il y a certainement un mauvais ge'nie qui se plaît à tout de'-
truire pour le seul plaisir d'exister aujourd'hui d'une manière différente de celle
d'hier, sans s'embarrasser si cette dernière manière d'être ne sera pas la cause
de sa destruction à lui-même. Les hommes les plus éclaire's , les plus vertueux ,
ne sont pas à l'abri de sa funeste influence; ils veulent aussi tout changer, non
pas pour être mieux, mais pour être autrement. Vous voulez instruire tous vos
enfants au moyen d'e'coles? eh bieni laissez les écoles où il y en a, et établissez-en
ou il n'y en a pas : voilà ce à quoi se rc'duit cette question des écoles primaires,
question présentée sous tant de faces diflérentes, et toujours plus embrouillée à
mesure qu'on a l'air de l'approfondir davantage. x4u lieu de perfectionner les
écoles dans les endroits oh il y en a, et d'en établir où il n"y en a pas, mesure à
laquelle il faudra bien qu'on revienne, on divise et subdivise le terrain de la
France comme les cases d'un échiquier, on arrange là-dessus les Français, et
la géométrie distribue le sentiment! F^aut-il que je sois obligé d'argumenter en-
core contre cette nouvelle division? Oui, je me sens le courage d'être tenace,
obstiné, pour rendre service à mon pays. Je répéterai toujours la même chose; je
mettrai toujours la même vérité à côté des mêmes erreurs; on jugera peut-être
à la fin.
En faisant une nouvelle division du territoire et des citoyens français, sans
avoir égard aux divisions des communes, des districts, des départements, qui ne
voit au premier coup d'œil un système politique tout nouveau substitué à celui
de la constitution; qui ne voit^'^ deux sortes de divisions, l'une constitutionnelle,
et il faudra bien qu'elle soit respectée celle-là qui a coûté tant de combats aux
amis de la République ; l'autre éducationnelle , qui met en pratique les idées les
plus opposées à la première? Il faudra donc que l'habitant des campagnes, des
villes, sache que pour les objets du gouvernement et d'administration il est de
tel arrondissement, et que, cependant, ses enfants doivent aller apprendre à lire
dans tel autre arrondissement! Gomment peut-on, avec quelque amour des
honnnes,les embarrasser ainsi dans leurs devoirs, dans leurs habitudes? Cette
considération est importante, il y en a de plus importantes encore.
ffPour la masse générale du peuple (je me répète ici), et c'est celle-là qu'on ne
veut jamais voir, c'est tout d'avoir élevé un enfant jusqu'à six ans. Je sais que
phisieurs pères et mères s'arrangent, se gênent et se passent de leurs enfiuifs
|)en(huit une heure ou deux pour les envoyer à l'école, ])arce que l'école est (huis
le village : mais si vous hi reculez seulement d'une demi-lieue, ils ne les y enver-
ront phis du tout^^^n Ne peut-on pas par hasard avoir besoin d'un enliint pendant
le tenq)s de la leçon? C'est son frère aîné qui vient do Wwmôe et cpii veut le voir
("' Dans l'oriijinal ou a iniprimé : ff(|ui (-) Passa^n^ pxirail do l'opinion do Mi-
ellé voil'?; nous avons rorriijé celle erreur cliol-Kdnio Pelil prononcée l(> iS docein-
lypo(;rapliique évidcnle. brc 179a. Voir noire louie I", p. iSi.
118 PROCKS-VERBAUX DU COMITE D'INSTRUCTION PUBLIQUE
et en jouir; c'est son père (jiii vient d'être dangereiisenienl blessé et qui réclame
ses petits soins; ce sont mille événements imprévus et qui composent la vie. Il
faudra donc que je fasse une lieue pour l'aller quérir. Mais si lui-même il se
blesse, se casse la tête, une jambe dans l'école, qui est-ce qui aura à l'instant
[)our lui les soins qu'aurait eus sa mère? qui est-ce qui suppléera à ces soins
dans un villa^oe où ses parents ne sont pas aussi bien voulus, autant aimés que
dans le leur? Je sais que les |j"rands lionnnes ne descendent pas dans ces détails;
mais je crois que s'ils s'en occupaicMit , cela ne nuirait pas à leur grandeur.
En nnmissant plusieurs communes dans un arrondissement d'une lieue de dia-
mètre où il n'y aura qu'une seule école, qui peut compter le nombre des petites
connnunes auxquelles on ôtera le maître d'école qu'elles ont déjà? Et cependant,
(piand il n'y aurait (pie vingt conmiunes dans ce cas, qu'on dise donc de quel
(Iroit on les privera d'enseignement en l'éloignant d'elles? Qui oserait seulement
parler de ce droit absiu'de après la déclaration formelle de la constitution que
rinstniction est la dette de la ^patrie envers tous les citoyens? Cet éloign^inent n'est
rien dans les grandes villes, où les rapprochements des individus n'augmentent
pas les intimités, où l'on ne voit jamais le ciel entre soi et son ami, où des rues
bien pavées olfrent toujours une route facile quoique souvent pleine de boue et
d'obscurité : mais d'un village à l'autre, mais d'un village à une ville, que d'ob-
stacles n'opposent pas à un enfant de six ans les intempéries des saisons et les
difficultés des chemins! Ce que la constitution et les droits de l'homme, ce que la
liberté et l'égalité donnent h tous les Français, le projet de décret et la revision
le leur ôtent : ce décret et la revision, en ce qui concerne la nouvelle divi-
sion, sont donc inadmissibles.
Commission d'instruction .
Pour n'avoir pas la peine d'apaiser le mouvement convulsif que causerait né-
cessairement l'établissement de la nouvelle division, les changements, les dépla-
cements, les constructions inutiles d'édifices dispendieux, les réclamations qui
s'élèveraient de tous côtés, on a imaginé une commission d'instruction. Ce que
je puis dire de cette commission, c'est qu'elle est l'invention la plus misérable
comme la plus aristocratique, qu'elle est un rouage de plus, une superfétation
dans la machine morale et politique qui l'empêchera nécessairement d'aller;
qu'elle est l'attentat le plus formel aux droits des pères et mères, aux droits des
municipalités et des conseils généraux des communes; qu'enfin c'est un pouvoir
monstrueux qui, dans la nécessité d'agir concurremment avec les mimicipahtés,
les conseils généraux des communes, les districts, les départements, les comités
de surveillance, n'agira en elfetavec aucun de ces pouvoirs constitués ou momen-
tanés, et trouvera dans l'acte même de sa naissance la mort que lui doit la raison.
Je rougirais d'entrer dans plus de détails h cet égard, et je gémis quand je pense
que le plus nécessaire comme le plus triste effort de la sagesse est de se garantir
des erreurs des gens de bien.
On ne dit pas si les mendires de cette commission, à laquelle on donne tant
de choses à faire, seront salariés. S'ils le sont, cet objet coûtera seul dix nùllions
DE LA GOINVENTION NATIONALE. 119
à la République; s'ils ne le sont pas, ils seront donc riches, et par conséquent sus-
pects d'anli-républicanisrne.
Nomination de la commission.
Je n'en parle pas.
Instituteurs et institutrices.
Que les instituteurs enseignent tous les objets dont il est question à l'article 6 de la
revision; qu'ils surveillent les enfants dans la partie essentielle de la gymnastique;
qu'il leur soit défendu de surveiller d'autre éducation que celle des élèves attachés aux
écoles nationales , et de donner des leçons particulières , c'est ce qui est de toute im-
possibilité. Ils peuvent èirc fonctionnaires publics , et ils pourraient, si on le ju-
geait nécessaire, porter une marque distinctive : il n'y a pas grand inconvénient;
mais je voudrais que ceux qui ont revisé n'eussent pas porté la haine de tout
culte jusqu'à déclarer incompatibilité entre les fonctions d'instituteur et le scv-
\ice y de quelque manière qu'on l'entende, d'un culte quelconque. Cette aveugle in-
tolérance ne s'aperçoit pas qu'elle exclut des fonctions d'instituteurs tous les
adorateurs de la divinité, qui, par quelque acte pubhc, lui rendraient habituel-
lement hommage. En vérité, l'extravagance ne saurait aller plus loin. Peut-être
ceux qui ont revisé ne voulaient-ils parler que des prêtres catholiques, protestants
ou juifs; si cela est ainsi, pourquoi ne pas le dire? Pourquoi présenter toujours
des demi-pensées dans les lois?
Nomination des instituteurs et institutrices.
Croirait-on rencontrer ici une transgression formelle des plus saintes lois de la
nature, un mépris prononcé des droits les plus chers au cœur de l'hounne? Quoi!
pour choisir celui à qui je confierai l'éducation de mon enfant, il ftiut que je
m'en rapporte à des tiers qui ne connaîtront ni mon enfant ni moi; il ft\udra
que mon choix soit dirigé, préparé par des tiers qui me donneront ou me ivïu-
seront, à leur gré, la permission d'avoir confiance en celui que j'estime! Quoi!
celui que j'estime, (pii est estimé de tous ses concitoyens , dans mon village, pour
sa probité, son civisme, ses mœurs, son aptitude et son habitude à enseigner les
enfants, ne sera pas éligiblc, parce qu'il aura déplu à messieurs de la commis-
sion; et l'on appellerait cela de la liberté! L'on me laisse de lélection ce qu'elle
a de matériel, et l'essentiel, le moral de l'élection appartiennent h une commission
cliai'gée (le vouloir pour moi : et l'on appelle cela de la liberté! Mais Je pourrais
me tromper dans mon choix ; on le dirige ou réclaire , et c'est pour le bonheur de mon
enfant, c'est pour le mien qu'on me force de bien faire?.. . Le plus arbitraire des-
potisme n'a jamais raisonné d'une autre nu\nière. Quoi! ce peu[)le, dont vou^
vantez avec raison les lumières, cessera tout à coup d'en avoir sur les objets que
la natui'e même prend soin d'éclairer pour lui! Est il rien de plus absurde (pie
celt(î supposition! Quoi! vous voulez qu'il ait encore d(»s délégués, des l'oudt's de
pouvoii', pour faire ce que personne ne peut faire aussi bien (|ue lui! cela est in-
120 PROCÈS-VERBAUX DU COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE
concevable, en xé.vïU^. Mais ce qui montre la précipitation qu'on a apportf^e dans
la revision, c'est la nécessite établie d'obtenir des certificats des comite's de sur-
veillance. On n'a pas fait attention que les comités de surveillance ne sont que
provisoires, que la constitution ne les admet pas, et que le de'cret d'organisation
d(^finitive des écoles serait à cet ép;ard encore en contradiction avec la constitu-
tion. Sous quelque point de vue que j'envisag^e la nomination proposée des insti-
tuteurs et institutrices, je ne puis l'approuver en continuant à être raisonnable.
Surveillance.
Cette surveillance, établie aussi dans mon projet de décret, est établie dans la
revision d'une manière lùen satisfaisante pour quiconque aime la vertu, et j'avoue
que l'idée du magistrat des mœurs , si ce magistrat, remplissant les fonctions les
plus importantes peut-être dans la République, n'était pas subordonné à la com-
mission d'instruction, me consolerait un moment du mallieur d'avoir tant à
blâmer.
Je ne vois pas pourquoi l'on veut que l'exécution des lois relatives aux diffé-
rentes branches de l'éducation nationale soit sous la surveillance immédiate du
Comité d'instruction publique. L'exécution des lois est, aux termes de la constitu-
tion , confiée au Conseil exécutif, et non pas à un comité. Je ne veux pas qu'un
comité soit puissant contre le vœu que la nation a exprimé dans la constitution.
Mais, dit-on, la constitution ne peut être mise aujourd'hui à exécution, et il
serait du plus grand danger pour la chose publique de substituer à l'instant le
gouvernement constitutionnel au gouvernement révolutionnaire. D'accord; mais,
dirai-je à mon tour, vous ne pouvez pas donner au peuple français des lois révo-
lutionnaires pour des lois définitives. Certes , le peuple est bien loin de désirer ,
pour le temps calme où il veut arriver, des lois faites pour les temps orageux qui
auront précédé celui-là. Vous ne pouvez donc pas, dans des lois définitives, faire
entrer des dispositions révolutionnaires, sans porter atteinte à la constitution,
sans outrager le peuple français qui l'a acceptée. Le peuple français ne consent
aux mesures révolutionnaires, a ces mesures dictées par l'instinct et non pas par
les sages lenteurs de la justice, que pour arriver à la constitution, au règne des
lois. Telle est sa volonté. L'honnête homme, le franc républicain, consent, en ce
moment difficile , a tout ce qui peut gêner la liberté naturelle ou légale , pour se
procurer enfin la liberté constitutionnelle. N'en doutons pas, s'il est un moyen,
un moyen efficace de commencer à réaliser ses espérances, c'est l'instruction pu-
blique. L'instruction publique, proclamée par vous, est le signal de la justice et
de la raison, donné au milieu du choc de toutes les passions; l'instruction pu-
blique est l'aurore du beau jour des lois : et nous commencerions par défigurer,
par outrager les lois, et les forcer au silence dans l'instruction publique!
Traitements, maisons, entretien.
Un instituteur, une institutrice par chaque commune, choisis dans le lieu
même, n'ayant, quant aux dix-neuf vingtièmes , expliqué ni Homère ni Tacite,
DE LA CONVENTION NATIONALE. 121
payés à peu près au même taux du salaire qu'ils recevaient comme maîtres
d'ëcole, sont une ide'e trop simple; il n'y a rien là de savamment complique', de
calcule pe'niblement ; il n'y a point là de nouveauté à laquelle on puisse attaclier
son nom. Mais, citoyens, la raison est bien vieille aussi; ne devrions-nous pas la
de'daigner, ne fût-ce que pour nous donner un air de jeunesse? Oh! que n'est-il
possible d'ouvrir tous les cœurs, d'approfondir les secrets de tous les esprits; on
verrait combien sont futiles et mise'rables les motifs déterminants de tous les fa-
bricants de systèmes vernisse's de nouveauté! On a rejeté l'idée de conserver les
anciens maîtres d'école, sous le nom d'instituteurs; et con)me on a mis à leurs
places, dans les lieux qu'ils n'occupaient pas, de beaux messieurs bien savants, ii
a aussi fallu leur accorder des traitements proportionnés à leur mérite. Tout cela
a été fort aisé sur le papier; mais, dans l'exécution, cela est impossible par
deux raisons, dont une seule est plus que suffisante. Je les dirai cependant
toutes deux : i ° Dans le calcul par aperçu modéré du nombre d'instituteurs exigés
par la revision, il y aura au moins, dans toute la République, tant en institu-
teurs qu'en institutrices, i3o,ooo individus employés à l'éducation; ils auront
tous étudié et la grammaire, et la géométrie, et la géographie, et l'histoire, et la
morale, etc. Or je répète qu'il est impossible de trouver ce nombre d'individus
instruits remplissant d'ailleurs toutes les conditions exigées. Je n'ai pas besoin
de prouver mon assertion, et j'en conclus que l'éducation proposée par la revision
est de toute impossibilité. Je me réjouis quand je vois que mes semblables ne peu-
vent pas se faire de mal; q° i3o,ooo individus; je ne leur donne à chacun que
1,200 livres, et voilà que le seul premier degré d'instruction coûtera i56 mil-
lions à la République. Si on y ajoute le traitement des commissaires d'éducation,
les frais des autres degrés d'instruction et l'entretien des muséums, des biblio-
thèques, des cabinets d'histoire naturelle, des jardins des plantes, objets qui
coûteront au moins quarante millions à la République, il s'en suivra que l'in-
struction publique coûterait, dans ce système, près de deux cents millions annuel-
lement, et que nous aurions partout des demi-savants chanoinisés. Or les Français
régénérés ne consentiront jamais à labourer la terre pour.de pareilles gens. Cette
éducation est donc inqiossible.
Le nouveau plan^^^ dinère du mien : i° en ce qu'il s'éloigne trop des premières
attentions que la République doit aux mœurs des pères et mères, pour leur avan-
tage, celui des enfants et le bonheur de la société; 2° en ce qu'il néglige la gym-
nastique et l'abandonne tout entière aux circonstances; 3° c'est ici que la diflVrence
est plus grande, en ce qu'il veut que l'enseignement public soit libre, c'est-à-dire
que tous ceux qui voudi'ont s'y livrer, instruits ou non des choses cpiil faut abso-
lument enseigner aux enfants, soient libres de le faire, et que, connue ces institu-
teurs, ils reçoivent une rétribution (pii commence à dix livres et s'élève jusqu'à
vingt livres par chaque enfant étudiant réellement chez eux.
1° Je crois (pie la République ne saurait employer trop de moyens pour rappeler
les maris et femmes aux devoirs, aux (égards qu'ils se doivent nnituellenuMit. (hi
^'^ C«lui de Bouqiiier.
122 PROCÈS-VERBAUX DU COMITE D'INSTRUCTION PUBLIQUE
peut rire tant qu'on voudra de mes idées antiques; mais je croirai toujours que ce
sont les bons pères qui font les bons enfants; je dirai ce que j'ai vu partout : un
mari et une femme (pii s'aiment ont toujours de bons enfants; c'est une règle géné-
rale, dont les exceptions, aflligeantes pour toute une famille, sont l'ouvrage de la
fre'quenlalion des enfants que j'appelle bien nës avec ceux dont les pères et mères
font mauvais me'nage.
ù" La partie de la gymnastique la plus indispensable à enseigner, c'est ce qui
concerne le maniement des armes et la natation. Oii l'apprendra-t-on dans le nou-
veau plan?
3° L'enseignement est libre : cela est bien dit. Mais voyons un peu comment,
])ar le nouveau ])lan, la Répuldique acquitterait sa dette la plus sacrée, celle de
rinstruclion à tous les citoyens et surtout aux enfants.
Si quoique chose doit être essentiellement public, si quelque cbose doit émi-
nemment être l'evétu du grand caractère de la volonté générale, c'est l'instruction
publique. Il ne faut pas seulement que la République se charge des frais d'instruc-
tion pour les enfants disséminés çà et là dans des demeures particulières; il faut
quelle fasse cette dépense ostensiblement; il faut qu'on la voie agir, pour que son
action excite sans effort la reconnaissance des citoyens.
La République doit commencer, en fait d'instruction, par faire connaître à tout
le monde que c'est elle-même qui enseigne. Ici l'opinion fait plus qu'ailleurs la
force de la loi ; mais , indépendamment de cette opinion si indispensable à la con-
fiance des citoyens dans la protection du gouvernement, il faut que Tinstruction
soit une, entière et commune à tous les citoyens; il faut qu'elle soit publique.
Comment sera-t-elle une, puisqu'elle n'aura aucun ensemble? Il faut qu'elle soit
une, c'est-à-dire que l'on enseigne a tous les enfants précisément les mêmes
choses, et cela au nom de la République. Cette unité d'enseignement imprime à
tout ce qu'on enseigne le vrai caractère de la volonté générale, de Tunité de la
République, qui n'a qu'une même doctrine, qu'un même dogme pour tous les ci-
toyens. Il faut qu'elle soit entière, c'est-à-dire que l'on enseigne aux enfants tout, et
non pas seulement une partie des choses que tout républicain doit savoir. 11 faut
qu'elle soit conunune, c'est-à-dire que tous les enfants la reçoivent de la même
manière, par les mêmes moyens, autant que faire se pourra. Il faut enfin qu'elle
soit publique, c'est-à-dire qu'il faut que tous les citoyens puissent assister aux
leçons et juger l'instruction, les instituteurs et les élèves.
Je demande comment la République paraîtra acquitter la dette sacrée de l'in-
struction, lorsqu'il n'y aura pas un local commun destiné à l'instruction? Comment
l'instruction pourra-t-elle être publique , lorsque chaque maître à lire , à écrire ,
rassemblera douze ou quinze enfants dans une chambre particulière? Comment un
tel maître pourrait-il porter avec quelque pudeur le titre honorable d'instituteur
public? Est-il choisi par tous les pères de la commune? Enseigne-t-il h tous les
enfants de la commune? Mais où donc est ici le garant de l'unité, de l'intégrité
de l'instruction? Où veut-on qu'un maître d'école, qui peut ne gagner que cent cin-
quante livres par an, se procure seulement les livres élémentaires de l'instruction
publique? La Rt'publique peut-elle consentir à payer ces livres pour chacun de
ceux qui voudront se livi-er à l'instruction dos enfants? Dans tout ce qu'il peut y
DE LA CONVENTION NATIONALE. 123
avoir de nouveau, par rapport à l'instruclion, faudra-t-il que le gouvornemeut
fasse parvenir à tous les maîtres d'e'coles, dont le nondjre sera indéterminé et
changera tous les jours, des proclamations, des documents, des livres? Cela est de
toute impossibilité'. Dans ce système d'enseignement libre, il n'y aura point d'en-
seignement réel, et tous les petits préjugés de l'ignorance auront beau jeu.
Pour que les enfants ])uissent apprendre, il est essentiel que ceux qui leur
montreront se livrent à l'enseignement par goût; il faut, autant que faire se
])ourra, que hors les heures de leçon ils s'étudient eux-mêmes à montrer. S'il
n'en est pas ainsi, ils montreront mal, donnant toujours trop d'un temps dont il
faudra qu'ils emploient la plus grande partie à gagner leur vie par un autre
moyen, celui-ci n'étant pas suffisant.
Ces maîtres, je suppose qu'il y en ait cinq ou six dans une comnmne de cinq
cents citoyens, tiendront école à des heures différentes, selon que cela les arran-
gera. L'enfant, allant à une école, rencontrera ses petits camarades sortant d'une
autre école pour aller jouer; il n'en sera pas plus content et la leçon n'en ira pas
mieux.
Le local d'enseignement, chez ces maîtres particuliers, ne pourra jamais êti'e
préparé ni décoré de la même manière que le serait le local d'enseignement appar-
tenant à toute la conunune. Ce maître n'aui-a pas le moyen de se procu»"er, soit
quelques statues des grands hommes, soit un exemplaire de la constitution im-
primée en ces beaux caractères qui doiment envie d'apprendre à lire. On parle
d'instruire les enfants; pourquoi ni la revision, ni le nouveau [)lan ne disent-
ils rien des moyens d'encourager les enfants à l'étude? Je soutiens, moi, quil
faut des récompenses, des prix pour les enfants; je soutiens qu'à la Répubiicjue
seule appartient de décerner ces honneurs à la raison, à la vertu naissantes. Et
quel caractère de grandeur et de protection publique donnerez-vous, je vous prie,
h des encouragements distribués entre dix ou douze enfants , dans le secret de la
chand)re du maître d'école particulier?
Les enfants sauront très bien s'entretenir entre eux des différents caractères de
leurs différents maîtres, de leurs ridicules ou de leurs perfections; il résultera de
cette conununication un di-goùt pour tel maître, une préférence pour tel autre.
Ces idées ne leur viendront que parce qu'ils sauront avoir la facilité de changer de
mattre en tourmentant un peu leurs parents; alors il n'y aura plus de la part des
enfants envers les maîtres ce respect, cette confiance machinales que leur inspire
naturellement le seul homme choisi par tous les pères pour enseigner dans la
conunune.
La République sera nécessairement lésée par cet enseignement pnHendu libre,
qui ne sera en effet qu'une source d'ignorance, d'erreurs, de fan.Uisuu^ eWo ]w
parlera pas, par la bouche des instilul(nn's |)articulier.-;, à Itnu's élèves; les (Mil'anis
n'entendront pas sa voix dès l'âge le plus tendre; ils sauront uioins ipie c'est elle
qui s'intéresse assez à eux pour subvenir aux frais de leur ('ducation, |)our leur
donner le lait n'publicaiu; ils auront moins l'idée de la volonté générait*, lunilt'
d'action, qui fait la force des honunes en société; ils n'en auront pas d'id<vs dans
leur petit nombre; il y aura parmi eux moins d'énuilatitm \)ouv bien iaii'e, et
moins de honte à êtie méchant.
124 PROCÈS -VERBAUX DU COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE
Voici donc à quoi se rdcluit le prëtendu enseignement libre : de mauvais
maîtres; point do maîtres, point d'enseignement dans les deux tiers des villages;
une éducation particulière, incoin[)lète; une éducation de chambre, où tous les
préjugés de l'ignorance, de la superstition et de l'ancien régime, peut-être, gau-
chiront l'esprit, dessécheront le cœur de nos enfants; vingt-six millions à dé-
penser, et vingt mille pères de famille à ruiner.
On me dira que si un seul instituteur se comporte bien dans une commune, il
en aura tous les enfants pour élèves. Gela est bon s'il y a assez d'enfants dans
celte commune pour lui procurer assez de dix livres; s'il en est autrement, il serait
un Socrate qu'il mourrait de faim. D'ailleurs , après ce bon maître-là , il en viendra
un autre qui ne le vaudra pas, et voilà l'instruction désorganisée.
Non, la Convention nationale ne peut ainsi livrer au hasard des circonstances
le soin des enfants de la République : ce dépôt cher et sacré lui a été confié
connue à une seconde providence.
On vous a dit que des nouvelles places d'instituteurs la République ne devait
pas faire des canonicats^'^; que les philosophes, les gens de lettres et les maîtres
devaient aussi être payés à la tâche parmi nous ^^K
Je suis loin de vouloir ridiculiser ce bon mot, j'aime trop l'esprit pour cela;
mais je ne vois pas coimnent on donnerait le nom de canonicat aux fonctions
d'instituteur, avec plus d'avantage qu'à la fonction d'administrateur de district,
de département , de ministre , de député à la Convention. Toute place soldée peut
être un canonicat; il n'y a que la manière dont on la remplit qui détermine ici la
qualité du bénéfice, et, comme rien n'est inamovible dans une République, le
peuple est toujours juge de la manière dont on remplit sa place, et c'est à lui de
chasser les chanoines.
On vous a dit encore que les instituteurs établis dans chaque commune, soumis
à (]es examens, choisis de la même manière, constitués en fonctionnaires publics,
étaient une invention digne de Louis XIV et du père Lachaise; que tous ces insti-
tuteurs allaient former un corps, une puissance pédagogique, effrayante pour le
bon sens et pour la liberté ^^^ Un plaisant, se rappelant sans doute les collèges,
après lesquels il est d'usage de crier beaucoup quand on en est sorti, a vu tout
à coup une armée de quarante-quatre mille férules dirigées contre le bonheur
pubhc ^*^
Ne pourrions-nous pas tous dire avec Juvénal : rrEt nous aussi, nous avons
reçu des férules! Et nos ctiam manum ferulœ suhducimus^^\'n Quel est celui d'entre
nous qui n'exècre pas cet abus de la force sui* la faiblesse , cette cruauté savante
qui menace pour persuader, et frappe pour avoir raison? Et ces mauvais traite-
ments, et ces corrections inventées, sans doute, par l'infâme lubricité, dont elles
sont l'infernal stimulant? Certes, si toutes ces horreurs ne disparaissaient point
de notre éducation nouvelle, ce n'est pas la peine de donner une nouvelle éducation.
Ce corps de pédagogues , où est-il , s'il n'y a aucune liaison , aucune communi-
(') Voir le discours de Fourcroy, p. 97. (*) Même discours, p. 109.
(■■) VoirlediscoursdeThibaudeau,p. 109. ^^^ 11 faut lire : Et nos ergo manum fe-
^•'') Même discours, p. 108. rulœ subduximus.
DE LA CONVENTION NATIONALE. 125
cation entre ses parties? Il ne faut pas que la peur des corps nous fasse réaliser
(les fantômes.
Je ne vois quun seul point de contact entre tous les instituteurs, c'est qu'ils
enseigneront tous la même chose; mais cela su(îit-il pour en faire une corporation,
lorsque aucun intérêt, aucun besoin, aucun devoir ne les réunit?
Il faut bien qu'ils enseignent tous la même chose pour conserver l'unité d'en-
seignement; et n'est-ce pas de cette unité que dépend la conservation du dogme
républicain? et ce dogme n'est-il pas ce que nous avons de plus précieux? Ici
l'humanité devient sévère et la raison fanatique.
On me dira que mes objections contre l'enseignement libre proposé ont autant
de force contre la liberté que je veux laisser aux pères et mères d'instruire eux-
mêmes leurs enfants. Je répondrai que cela n'est pas vrai : car dans mon ])lon,
qui est, je crois, selon la nature, il n'y aura d'instruits chez les parents que les
enfants dont les parents pourront se procurer tous les moyens d'instruction; je
réponds que dans mon plan tous les enfants seront obligés d'être en état de gagner
leur vie à quinze ans, par l'exercice d'un métier ou d'un travail quelconque; que
les jours de récréation seront les mêmes par toute la République pour tous les
enfants en général; que tous les enfants seront tenus a des concoui's pour des prix
qui leur seront distribués par les maires et othciers municipaux, dans une fête
instituée à cet effet; que, par conséquent, jamais instruction publique ne peut être
ni plus une, ni plus entière, ni plus commune à tous. Je réponds enfin qu'avec
la surveillance des pères et mères et des corps administratifs, qu'au moyen des
perfections progressives des établissements, l'enseignement doit devenir tel, dans
les écoles publiques, que les pères et mères trouveront dans la suite que leur plus
grand avantage sera d'envoyer de préférence leurs enfants dans ces écoles. Il s'agit
ici des moyens que le gouvernement doit employer pour se faire aimer des ci-
toyens : il n'y a rien k ménager pour parvenir h ce but.
C'est une chose bien affligeante qu'ayant l'intention de faire le bien, nous
soyons aussi disparates dans les moyens que nous proposons de l'opérer.
Nous voulons tous une éducation nationale gratuite; mais les uns veulent des
écoles primaires, et puis c'est tout; d'autres veulent des écoles secondaires et point
d'écoles primaires; l'un veut les écoles par comnuine; l'autre veut les écoles par
canton, c'est-à-dire (pi'il priverait les trois quarts de nos enfants de l'éducation
nationale, et dégoûterail les agriculteurs des études pour lesquelles ils n'ont déjà
que trop d'éloignement; d'autres ne veulent point d'écoles, et s'imaginent que
parce qu'ils ont tout appris par miiacle, les autres doivent tout apprendre de la
même manière. Les gens de lettres, les philosophes, n'apercevant plus les caté-
gories de l'ancienne manière d'étudier, se déclarent ouvertement contre nous,
crient à la barbarie, et nous menacent de n'avoir plus eux-mêmes dans la suite
aucun esprit à notre service; enfin, les économistes de la République pn'leudent
que le seul premier degré d'instruction, étendu, ainsi que l'égalité le demande, à
toutes les conununes, va nous ruiner: dans les exagérations de leurs craintes, ils
()orlent les frais de ce premier degré à cincjuaute millions.
Je suj)pose que cela fût ainsi, je ne m'occupe que de celle dernière idée, le
temps a fait ou fera justice des auties; je suppose (|u'il en doit coûter ciutjuante
126 PROCÈS-VERBAUX DU COMITE D'INSTRUCTION PUBUIQUE
millions à la R('j)ul)li(jiio pour lo |)roinior do^^rré d'instriidiou, et dans ce cas je
soûlions (|u*il faudrail encore établir des instituteurs dans chaque conimnne.
En efl'et, de quoi s'agil-il ici? du premier et du plus indispensable de tous les
degrës d'éducation. C'est cette première éducation qui établit parmi tous les Fran-
çais Tég-alité de ûiit; c'est elle (jui, seule, peut les garantir de toutes les erreurs
pn'judiciables à leur bonheur, à leur liberté; c'est elle que les besoins du peuple
réclament le plus impérieusement; c'est elle qui sera la base de la République,
car elle ravivera dans les cœurs et dans les esprits les vérités les plus simples et
les plus utiles, en même temps qu'elle débarrassera la morale de tout ce qu'elle
pourrait encore avoir de monarchique : et qu'est-ce que cinquante, soixante mil-
lions en comparaison du bonheur de tout un peuple? qu'est-ce que soixante mil-
lions pour fonder, dans un empire de vingt-six mille lieues carrées, la liberté,
ré<[alité? Jamais argent fut-il placé à un plus haut intérêt!
Les Français payaient en liste civile et accessoires cjuarante millions pour avoir
à leur tête un de ces animaux malfaisants et incorrigibles qu'on appelle rois; ils
payaient aux marchands de sottises scolastiques, collégiales, académiques, théo-
logiques et autres, environ trente millions; ils payaient à des jongleurs privi-
légiés, pour le seul plaisir d'être témoins de leurs divins tours de passe-passe,
environ soixante millions. Leur avilissement légal, l'entretien de leur bassesse et
de leurs préjugés lionleux leur coûtaient donc annuellement cent trente millions,
et ils l'efuseraient aujourd'hui de consacrer cinquante millions à l'acquisition de
leur véritable dignité! Non, je ne puis me le persuader; il y a plus, je crois que
c'est faire injure au peuple français que de le supposer capable de marchander les
lumières utiles aux vertus républicaines. Le peuple français le sait bien : sous le
règne du despotisme, obéir en silence aux caprices de celui qui commande, se
tenir dans un éloignement respectueux des objets du gouvernement, étaient les
principales conditions pour conserver ses biens et sa vie, et la plus crasse igno-
rance pouvait s'arranger à cela; mais sous le règne de la liberté et de l'égalité
l'obéissance est raisonnée, tout citoyen est appelé à discuter légalement la loi, à
concourir à sa formation ou à sa réformation; et certes, l'ignorance des devoirs et
des droits de l'homme, des principes de la morale et de la sociabilité, est le plus
dangereux ennemi d'une République. Dans notre nouveau système d'enseignement,
il faut que peu de citoyens puissent apprendre des futilités; mais il faut que tous
les citoyens sachent ce qui est utile : ici l'économie tuerait la liberté.
Si donc les écoles primaires doivent coûter cinquante millions, qu'importe? Si
la totalité de l'instruction publique doit coûter soixante ou soixante-dix milhons,
qu'importe encore? N'est-ce pas ici un des plus nobles emplois de la fortune pu-
blique? N'est-ce pas tout au profit immédiat du peuple français que doit tourner
cette dépense? Si nous détruisons l'ignorance, les préjugés gothiques, les hon-
teuses erreurs, les vices qui servaient de base aux trônes des rois, n'est-ce pas à
l'avantage du peuple fier et libre qui nous a envoyés ici? Si le commerce s'étend
et s'augmente, si les arts se perfectionnent, si les utiles inventions se nmlliplient,
si le génie enfante ses prodiges , si le flambeau de la j'aison et de la justice éclaire
enfin beaucoup d'esprits, si les mœurs et la vertu reparaissent dans leur auguste
simplicité, si la force du coj-ps et la vigueur de l'âme se prononcent et se déploient
DE LA CONVENTION NATIONALE. 127
au moyen de l'instruction publique, n'est-ce pas le peuple français, n'est-ce pas
la Re'publique entière qui se couvre d'une gloire immortelle? Et pouvez-vous
douter encore des sentiments du peuple à cet égard , après tant d'impératives pe'-
titions? N'entendez-vous pas de tous côtés la voix de la République, qui crie à la
Convention nationale : Je t'ai confié mes trésors et ma force; dirige lune, em-
ploie les autres; fais-moi grande par toutes les vertus, je serai toujours assez riche.
Si la totalité de l'instruction publique doit coûter soixante-dix millions, eh bien! il
vous reste encore soixante millions de bénéfice sur la superstition, sur la royauté, et
vous faites des républicains , et vous assurez ùla lîépublique une existence éternelle.
Mais je suis bien loin de croire que le premier degré d'instruction doive coûter
cinquante millions, dans mon système, qui est de conserver les maîtres d'école
actuels, sous le nom d'instituteurs, et d'en établir oii il n'y en a pas.
Je sais que nous ne pouvons calculer sur cet objet que par aperçu, et tout à
l'heure je vais indiquer un moyen simple de ne s'arrêter définitivement qu'au vrai.
II y a quarante-deux mille municipalités dans la Répuljlique. Sur ces quarante-
deux mille municipalités, il y en a tout au plus vingt mille qui aient un maitre
d'école; il y en a tout au plus cinq mille en sus qui n'en aient pas et soient
susceptibles d'en avoir. Les autres municipalités sont établies dans des villages,
dans des hameaux de vingt, trente et quarante maisons. A certains jours, le
maître d'école du village voisin va enseigner dans ces endroits : on lui donne
pour cela de petites rétributions. Les vingt mille maîtres d'école sont logés; je
suppose qu'on logeât aussi les cinq mille autres maîtres d'école, et je soutiens
qu'en leur donnant à chacun huit cents livres par an et le logement, vous leur
ferez un état suffisant pour les faire vivre. J'établis aussi vingt-cinq mille institu-
trices, à qui je donne le logement et quatre cents livres par an; vous en aurez
encore à ce prix. Je compte donc vingt-cinq mille communes à douze cents livres
par an, et je trouve une somme de vingt-quatre millions ^'^
Pour avoir une idée de ce que coûtera l'éducation dans les plus grandes villes,
voyons de combien d'instituteurs nous pouvons avoir besoin pour Paris. Sous
l'ancien régime il y avait à Paris cinquante-deux petites écoles, qu'on avait l'in-
solence d'appeler écoles de charité. Ce nombre sera encore suffisant aujourd'hui,
en y ajoutant cinquante-deux institutrices. Voilà, pour les instituteurs à douze
cents livres, 62,/ioo livres; pour les institutrices à mille livres, 52. 000 livres.
Ce calcul, a|)pli(pié à toutes les grandes villes, selon Itnir population, en n'aug-
mentant pas jusqu'à un excès de pro<ligalilé le salaire des iiistiluleuis et institu-
trices, prouve qu'il serait bien difficile d'enq)loyer, au delà des vingt-quatre mil-
lions dont j'ai parlé, six millions ])our l'cMlucation dans les grandes villes. 11 en
résulte que la totalité du premier degré d'instruction j)ubli(pie, de ctMlegré abso-
lument indispensable, coûtera au plus (renie millions, dans mon système.
Il est un moyen sinq)le d'établir les écoles primaires et de consacrer à cet ol)]et
la somme nécessaire à leur établissement et à leur entretien.
La Convention peut nommer une commission conq)oséc d'autant de membres
^'^ 11 y a là une orroiir de calcul: la soinino serait do Ironie nulliuiis. \ in<j{-quatie mil-
lions soraionl la «lôponso pouf vin[|;l milio coinimnit's souloiiioiil.
128 PnOCÈS-VERBAU\ DU COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE
qu'elle voiulra charger de correspondre direclenieiit avec les iiuinicipalilés de
toule la Ro'j)id)lique; celte coinniissiou prendra auprès des municipalités tous les
renseignements relatifs à la conservation et à l'établissement des écoles primaires,
l'étal exact des dépenses cpie causeront cette conservation et ces établissements. Sur
le rapport, appuyé de pièces, de cette commission, la Convention décrétera les
sonnnes nécessaires ou les mesures ultérieures. Tout cela peut être l'ouvrage de
deux mois. Je demande donc que cette commission soit nommée ; je demande en
outre que mon projet de décret soit relu et mis à la discussion , si l'assemblée le juge à
propos.
PROJET DE DÉCRET SUR L^EDUGATION NATIONALE.
La Convention nationale décrète ce qui suit :
[Suivent les 35 articles du projet de décret déjà présenté par Petit à la Convention le
i" oclobre 1798, et que nous avons reproduit dans notre tome II, pages 556-559. L'au-
teur n'y a fait qu'un seul changement : il a ajouté, à la fin de Tarlicle 10, ces mots : «cet
il sera établi des instituteurs dans toutes les communes qui en sont susceptibles». Il ne s'est
pas aperçu que la rédaction de l'article 16 aurait eu besoin d'être modifiée, puisque l'é-
poque fixée dans cet article comme délai pour la présentation d'un catéchisme républicain
était déjà dépassée, et il y a laissé subsister la date du 1"'' novembre, qui se trouvait dans la
rédaction primitive.]
Nous plaçons, à la suite des discours de Fourcroy, Thibaudeau et Petit, une pièce qui ap-
partient au débat de frimaire sur l'instruction publique. C'est un Plan d'éducation proposé
par Delagueulle, député du Loiret; son auteur ne l'a pas lu à la tribune de la Conven-
tion , il s'est contenté de le faire imprimer. Les divers comptes-rendus des séances de l'assem-
blée n'en parlent pas; et c'est seulement grâce à une mention qui se trouve dans les annonces
du Journal des débats et des décrets que nous avons pu déterminer la date de cette pièce :
PLAN SIMPLE, FACILE ET UNIFORME D^UNE EDUCATION REPUBLICAINE ET POPULAIRE ,
PAR DELAGUEULLE, DEPUTE PAR LE DEPARTEMENT DU LOIRET.
De l'Imprimerie nationale, s. d. (^).
Li Convention nationale s'occupe en ce moment d'organiser définitivement l'é-
ducation publique : mais, avant de se livrer à cette importante discussion, il est
une mesure préparatoire sur laquelle il serait nécessaire que la Convention s'expli-
quât, parce que c'est de cette mesure que dépendent les détemiinations ultérieures
et définitives qui doivent asseoir le plan régénérateur d'une bonne éducation.
La mesure que j'ai à proposer ne tient h aucune de ces idées abstraites dont la
plupart des plans qui nous ont été présentés se trouvent envelop])és. Elle est
simple; elle a la raison pour appui, l'évidence pour principe, et l'expérience pour
garant de son succès.
Elle consiste à mettre en action la véritable éducation comnume; la seule con-
(') Bibliothèque nationale, Le''^ 36A, de date, est annoncée dans le if /i53 du
in-S"; Musée pédagogique, n" 11756. Journal des débats et des décrets, corres-
Gette pièce, qui ne porte pas d'indication pondant au 2 5 frimaire an u.
DE LA CONVENTION NATIONALE. 129
venablo à lous les temps, à tous les âg-es; la seule applicable aux intérêts de la
société, et à chacun de ceux qui la composent. Elle a de plus cet avantage, c'est
qu'elle est susceptible d'être mise à exe'cution dès l'instant même où elle sera adop-
tée. Elle n'entraîne aucune avance, aucune mise, aucune dépense qui puisse gre-
ver la nation; car les établissements sont tous formés, les instituteurs existent. Ces
établissements, ces instituteurs sont répandus sur toute la surface de la Répu-
blique, dans tous les points du territoire; et les élèves peuvent s'y présenter avec
confiance, certains d'y recueillir les leçons qu'ils ont droit d'en attendre.
Celte mesure consiste à astreindre tous les citoyens indistinctement à apprendre,
;i un âge déterminé, un art, un métier ou profession capable de leur procurer
les moyens de subsistance.
Nous avons décrété l'égalité : nous ne voulons pas sans doute qu'elle soit un vain
nom, qu'elle demeure illusoire et sans réalité; car, dans une République démo-
cratique et populaire, la loi de l'égalité est la seule qui puisse opérer le bonheur
commun.
Rappelons-nous ces temps de despotisme et de barbarie, où la portion la plus
pure et la plus utile du peuple, colle qui vivait dans l'indigence et la médiocrité,
n'était connue que sous les qualifications odieuses et flétrissantes dliojnmes de peine,
{ïliommes de bras; comme si les jouissances et le bonheur ne devaient être que le
partage des hommes oiseux et inutiles. Hâtons-nous d'efTacer jusqu'au souvenir de
ces temps de honte et d'opprobre, et annonçons à l'univers que tous les Français
libres seront désormais des hommes de bras , et s'honoreront d'accomplir des tra-
vaux utiles à eux-mêmes, à leurs semblables et à la société entière.
Personne n'ignore que la République est en ce moment remplie d'une foule de
jeunes adolescents qui, jusqu'à présent, sont restés dans une funeste inaction.
Beaucoup de pères de famille, imbus de faux préjugés, ou entraînés par des mo-
tifs encore plus criminels, ont mieux aimé laisser leurs enfants dans un triste aban-
don [)lutôt que de les disposer h devenir des citoyens utiles par l'exercice des
arts et métiers que nécessitent les différents besoins de la société. En effet, pensez-
vous que les ci-devant nobles, les ci-devant gens de robe, de prati([ue, les riches
marchands, la plupart des bourgeois aisés répandus dans nos villes et dans nos
campngnes, se déterminent facilement à faire mettre leurs enfants en apprentissage
d'un métier ou profession, si la loi ne leur en impose l'obligation? Sans doute, ils
couvriront leur refus du prétexte apparent de la culture des sciences et des lettres,
poui' lesquelles ils diront (pi'ils destinent leurs enlants: mais je leur dirai que.
dans une république dc'mocralique, il faut plus priser les mains laborieuses et les
br.s exercés au travail que les froides et stériles conceptions de l'esprit.
Il est donc temps de prévenir les maux ([ue causerait une [)lus longue insou-
ciance; il est temps de rappeler les hommes à leurs premiers devoirs, à leurs véri-
tables intc'i'êts; il est t<Mnps de rendre à l'agricultui'e, aux ai'fs et aux j)r()fessions
utiles, cette foule de bras ([ue roi"<;ueil, ré<;oïsme, Taristocralie et la su[)erslition
lui ont enlevés, car enfin des lionnnes égaux par la nature, et assujettis aux mêmes
besoins, doivent ]);irfa<;vr les mêmes soins et s'associer aux mêmes travaux.
La loi (pie je proj)ose sera une loi de sagesse et (1(> bienfaisance^ dont la société
el If's individus ('pi-ouveroui les plus salutaires (*lVels.
lUI'IMUlKll MTIOXtlI.
130 PROCÈS -VERBAUX DU COMITÉ D'INSTRUCTION PURLIQUE
Elle sera une loi de sag'esse, parce qu'elle consacrera la loi de l'égalité; car,
quand les jeunes citoyens iront indistinctement partager les mêmes travaux de
main-d'œuvre, se confondre dans les mêmes ateliers, ils reconnaîtront que la loi de
l'égalité est commune pour tous les hommes, et que toutes les prétentions exclu-
sives doivent disparaître et s'anéantir devant elle.
Elle est encore une loi de sagesse, en ce qu'elle tend à affermir la liberté indi-
viduelle; car riiorame qui trouve dans l'exercice d'un métier des ressources assu-
rées contre le besoin et les accidents imprévus de la vie devient véritablement
indépendant et jouit de la liberté la plus illimitée.
Elle sera une loi de bienfaisance, en ce qu'elle arrachera les jeunes citoyens à
l'oisiveté qui les corrompt; car l'homme oiseux est l'ennemi de ses semblables; elle
rendra aux besoins de la société des hommes qui ne servaient qu'à la surcharger
de leur inutile existence.
VA\im l'exécution de cette loi sera, pour ceux qui l'accompliront, le creuset épu-
raloire où viendiont se fondre les préjugés de l'ancien régime; elle tirera les jeunes
citoyens de l'état d'isolement où l'orgueil les précipite; elle fera taire les haines,
l'envie, les soupçons, les injustes préventions, et elle préparera le retour de la con-
fiance envers ces hommes qui, inspirant de justes motifs de défiance, ne parvien-
dront à les faire évanouir que quand on les verra se rapprocher et se confondre
avec la masse des citoyens dans l'exercice des mêmes arts et des mêmes professions.
PROJET DE DÉCRET.
Article premier. Tous les citoyens parvenus à l'âge de douze ans seront tenus
d'apprendre un métier ou profession capable de procurer à ceux qui les exercent
les moyens de subsister.
Art. 2. Les pères, mères, tuteurs et autres personnes qui ont des enfants
confiés à leurs soins, demeureront responsables de l'inexécution de la présente
loi, chacun en ce qui les regarde, h peine d'être réputés mauvais citoyens.
Art. 3. Les pères et mères qui, par leur pauvreté notoirement connue, seront
dans l'impuissance de faire les frais de l'apprentissage de leurs enfants, s'adresse-
ront à la municipalité de leur résidence, qui en fera les avances, dont le montant
leur sera remboursé sur le produit des sous additionnels ou des contributions
assises sur les riches.
Art. II. Les actes d'apprentissage, contenant l'engagement souscrit entre l'élève
et celui qui s'engage d'enseigner, seront reçus par les officiers municipaux de la
commune sur laquelle l'instituteur est domicilié; lesdits officiers tiendront un re-
gistre ou tableau sur lequel ils inscriront les noms et âges des jeunes gens qui
entrent en apprentissage, diujuel tableau ils feront passer copie, à la fin de chaque
année, au directoire de district de leur arrondissement.
Art. 5. Les enfants des cultivateurs, et généralement tous ceux qui sont em-
ployés aux travaux de l'agriculture, ne sont point compris dans la disposition de
la présente loi.
Art. 6. La présente loi sera mise à exécution dans toutes les parties de la
DE LA CONVENTION NATIONALE. 131
République dans le mois de sa promulgation, et les municipalités seront tenues de
veiller à sa prompte et entière exécution.
Développement des motifs de la loi.
.J'ai fixé à l'âge de douze ans IVntrée en apprentissage des métiers, parce que
cette épo({ue m'a paru réunir toutes les convenances et prévenir tous les incon-
vénients ^'^
Avant douze ans, l'enfant n'aurait peut-être pas la force suffisante pour effectuer
le travail; d'ailleurs le temps qui précède cnt âge peut être consacré à recueillir
dans les écoles primaires l'instruction qui convient au premier âge. Plus tard, il
court le ris(|ue d'atteindre trop tardivement à la perfection de l'art qu'il sest
choisi, ou de se voir surpris par l'époque oii la patrie réclame de lui d'autres services.
Dans les campagnes, l'enfant, parvenu à sa douzième année, entre dans un ate-
lier de culture, en exécute les travaux, et y reste immuablement attaché.
Dans les villes, l'enfant qui, à la môme époque, s'est choisi un métier, doit à
sa quinzième anuée posséder deux avantages, la force physique et la pratique
d'une profession utile : riche de ce seul patrimoine, il peut parcourir, avec cette
sécurité que donne l'indépendance du besoin, les divers territoires de la Répu-
blique, se perfectionner dans l'exercice de son art par le rapprochement de l'expé-
rience, ajouter à ses connaissances acquises, et se créer par son active industrie
les bases d'un bonheur durable. Un cours de trois années suffit à ce genre d'in-
struction, et conduit cet enfant delà République à sa dix-huitième année. Alors, si
la patrie a des ennemis à combattre, il s'honore de marcher à sa défense; car la
République ne veut à l'avenir confier qu'à ses propres enlimts le soin de la dé-
fendre. Cet acte de dévouement accompli, il revient dans ses foyers, y fait le choix
d'une compagne vertueuse, active et laborieuse, et devient lui-même fondateur
d'une nouvelle famille dont la République se trouve enrichie.
Telle est la marche d'une éducation républicaine et vraiment populaire, je n'en
connais point d'autre; c'est le terme où toute éducation doit aboutir, et le résultat
qui doit la compléter.
Le môme plan est en grande partie applicable aux filles. En effet, toute fille
[)arvenue à sa quinzième année doit avoir appris et savoir un métier convenable à
son sexe. Dotée de cette précieuse ressource, elle peut avec confiance aspirer à
l'état de mère de famille, poui- lequel la nature l'a destinée. Si cependanl elle juj^e
plus utile d'en retarder l'époque à un âge plus avancé, elle peut ou continuer
l'exercice de sa profession, ou ap[)rendre auprès de quelque mère de famille ver-
tueuse le bon emploi du temps, en partageant avec elle les soins et les travaux do-
mestiques.
(') Les enfants des hommes libres de- tée de bonne liouro. Il pont y avdir copiMi-
vancent toujom-s en force et en facnllés dant quelques exceptions ponr certains mé-
inlollectnelles les enfants des esclaves. Voilà tiers, pour l'exercice desquels il faut une
le inolil' qui m'a déterminé à taire com- force phvsique prédominante; alors le lernie
mencer à douze ans Tapprentissafre des mé- peut être ditTéré, mais il ne doit point se
tier-s, (juis'appremient d'ailleurs avec plus de prorojjer an delà de la seizième annet>. ( A^«fe
lacililé lorsque la pialicpie eu est commen- de DeluijucuUe.)
132 PROCÈS -VERBAUX DU GOiMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE
Qu'on ne croie pas que sous un rég^iine républicain de'moci'ati([ue et populaire,
la plaie de la doniesticité })uisse conlinuer d'aflliger le coi'ps social aussi profon-
dément (prelie l'a lait jusqu'à présent. Toute mère de famille doit apprendre à se
passer de secours étrangers, et ne doit point abandonner à des mains mercenaires
les soins qui lui sont confiés. La domesticité n'est point une profession; elle ne
doit être considérée que comme un temps d'apprentissage, un genre d'instruction
pratique, oii la jeunesse peut recueillir des leçons et des exemples utiles. Cet
a])prentissage doit être de courte durée; et ce période révolu, il est d'autres soins
et d'autres devoirs dont la nature et la société inq)osent l'accomplissement.
Il est une vérité dont chacun doit être bien pénétré, c'est que, dans une répu-
blique où les fortunes doivent être très divisées, où chacun doit avoir peu, pour
que tous aient quelque chose; chez une nation d'où une horde immense de prêtres,
de fdles cloîlrées, de fournies égarées par la superstition ou dégradées par le vice,
va disparaître sans retour, il faut (|ue les mariages recouvrent leur dignité, et que
le célibat soit frappé d'une éternelle proscription. Le célibat ne fut jamais qu'un raffi-
nement de corruption, et un moyen d'assouvir plus librement de honteuses voluptés.
J'abandonne ces réflexions à la méditation des sages et des vrais amis de la
cause ])opulaire : elles ne me sont inspirées que par l'ardent désir que j'ai de voir
les hommes heureux. Ces réflexions ne sont point faites pour être livrées à la dis-
cussion des savants. Il n'appartient qu'au sentiment et à la touchante sensibilité de
les apprécier, et de demeurer convaincu que ce n'est qu'en réalisant la mesure
que je propose qu'on verra s'accélérer la régénération morale , seule capable d'o-
pérer la prospérité et l'immutabilité de la République.
Une autre pièce encore, que nous avions imprimée dans notre tome P' en la rapportant
aux débats de décembre 1792, appartient à celte discussion de frimaire : c'est l'Opinion
de Jean-]Marie Calés, député de la Haute-Garonne, intitulée De Véducation nationale. Le
catalogue de la Bibliothèque nationale place cette Opinion, avec la cote Le^* 366, entre
celle de Fourcroy sur le plan Lcpclelier (3o juillet 1793) et celle de Deleyre (juin-
juillet 1793). Nous avions, quant à nous, supposé qu'elle avait pu être lue dans la séance
du 21 décembre 1792 et qu'elle avait dû être imprimée plus tard en vertu du décret du
h juin 1798. Nous ajoutions : w Le Journal des débats et des décrets, qui annonce à leur
apparition la plupart des opinions et des rapports, ne la mentionne pasn. Nous nous étions
trompé. L'Opinion de Calés a été, dans le Journal des débats et des décrets, l'objet d'une
annonce qui nous avait échappé: cette annonce se trouve dans le n° ^65, correspondant
au 7 nivôse an n. Dans ce même numéro sont annoncés également le Rapport de David
sur la suppression du Muséum, du 28 frimaire; l'Opinion de Portiez sur l'instruction
publique, du 2 nivôse; l'Opinion d'Anacliarsis Cloots sur les spectacles; et le Rapport de
Mathieu sur la Commission temporaire des arts, du 28 frimaire.
Nous prions donc le lecteur de vouloir bien transporter, par la pensée, à celte place, à
côté du Plan d'éducation de Delagueulle, l'Opinion de Calés intitulée De l'éducation natio-
nale, qui se trouve aux pages 267-272 de notre tome I", Il est probable que cette Opinion,
comme celle de Delagueulle, n'a pas été lue à la tribune, et a été simplement distribuée
aux membres de l'assemhlée.
Pour la suite des détails sur le plan d'instruction publique, voir l'annexe B de la séance
du Comité du 28 frimaire, p. 1/16.
DE LA CONVENTION NATIONALE.
133
CENT SOIXANTE-SJIXIÈME SÉANCE.
Du 2 1 frimaire an ii. [ii décembre 1793.]
A l'ouverture de la séance, le président propose de délibérer sur la
proposition faite par quelques membres de planter en arbres utiles
et curieux le terrain compris entre l'emplacement du Comité et l'im-
primerie. Ajourné.
Un Anglais présente un projet de voitures propres à diminuer con-
sidérablement les frais de transport. Il réclame sa liberté comme artiste.
Ferry est nommé rapporteur^^^.
Un membre de la Société populaire de Vassy, département de la
Haute-Marne, envoie un manuscrit sur la Constitution de 1793.
Ajourné jusqu'à la discussion sur les livres élémentaires ^'-^
Le citoyen Moitte invite de nouveau le Comité d'instruction pu-
blique à voir le bas-relief du frontispice du Panthéon. On arrête que
le Comité s'y transportera tridi à midi ^^l
On reproduit la pétition de Mangard,généalogiste. Le Comité passe
à l'ordre du jour^^^.
Un membre présente au Comité plusieurs observations sur l'empla-
cement des bureaux de liquidation. Ajourné jusqu'à ce que le rap-
porteur se soit concerté avec le Comité d'aliénation '^\
Le citoyen Dreppe, peintre, de Liège, présente un dessin de nouveaux
signes du zodiaque. Il sera invité à le présenter à la Convention na-
tionale ^^K
''^ Cet Anglais s'appelait William New-
ton. Il sera de nouveau question de lui le
i3 nivôse (p. 280 ).
^-^ Nous n'avons pas Irouvé ce ma-
nuscrit.
'-^^ Il avait déjà été question, dans un
alinéa du procès-verbal de la séance du
Comité du 3 Irimaire, alinéa biiïé à la
minute, d'une visite au bas-relicl du fron-
ton du Pantiiéon (Voir p. 1, noie /i).
Il n'est plus j)arlé, dans les procès-vorhaux
ultérieurs, de celle visite à l'œuvre de
Moitié.
'*' La pétition de M;ui||ard a\ail (''t('
présentée dans la séance du i3 frimaire
(p. 63). 11 sera do nouveau question de
Mantrard dans la séance du () pluviôse
(p. 36o).
^•■^^ Il semble (pi'il s'agisse do la maison
dans laquelle se trouvait le cabinet Joubert
(p. 6/i) et qui était occupée par un des
bureaux de liquidation. Il S(M'a question
de cette alVaire plus explioitoniont dans le
procès- verbal do la séance du '2[\ Iri-
maire (p. i/j 1).
^''' Les procès-verbaux de la Convention
ne contiennent rien de relatif au peintre
I)reppt\
nu PROCÈS-VERBAUX DU COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE
Le citoyen Lesiir, auteur de la pièce intitulée La Veuve du Républi-
cain, lit une ode a Tarmée. Le président l'invite à en faire hommage
à la Convention nationale ^^l
Un membre fait un rapport sur les secours réclamés par le direc-
toire du département de Paris pour les instituteurs des petites écoles
tant de la ville que des deux districts ruraux. Le Comité arrête qu'il
sera proposé en son nom au Comité des finances d'accorder ces secours.
Valdruclie en est chargé ^^^.
On renvoie au Comité de législation une lettre de la municipalité
de Montivilliers, département de Seine-Liférieure, qui demande un
éclaircissement sur la loi concernant les titres et surnoms.
Un membre fait un rapport sur plusieurs découvertes du citoyen
Brodel. On passe a l'ordre du jour^^^
Autre rapport sur un ouvrage du citoyen de Cropone intitulé La
(') Lesur était , nous apprend ic Moniteur
du 9 frimaire an ii, ff un jeune homme de
la première réquisitions, auteur d'une
comédie en trois actes et en vers, La Veuve
du Républicain , qui l'ut jouée le 3 frimaire
sur le théâtre de TOpéra-Gomique national,
car Kce théâtre, maigre son nom, donne
aussi des comédies sans musique v. La
pièce, d'un caractère très patriotique, eut
un grand succès, et donna lieu, de la part
du public, à une manifestation assez rare :
ff Un spectateur, encore plein de l'enthou-
siasme qu'a excité la pièce, a proposé qu'il
fût envoyé à la Convention une députation
pour lui demander de déclarer que l'au-
teur, par son ouvrage, avait bien mérité
de la patrie. Tout l'auditoire a accueilli
cette proposition par des applaudissements
unanimes, w Et en etTet, le procès-verbal
de la séance de la Convention du lende-
main li frimaire contient ces lignes : te Des
citoyens se présentent à la barre et de-
mandent que la pièce intitulée La Veuve du
Bépublicain, ou Le Calomniateur, soit jouée
sur tous les théâtres de la République, et
que l'assemblée décrète que le citoyen
Lesur, son auteur, a bien mérité de la
patrie. Celte pétition est renvoyée au Co-
mité d'instruction publique.» (Procès-verbal
de la Convention, t. XXVJ, p. i35.) La
pétition en question se trouve dans F'',
carton 1007, n° 1906. Les procès-verbaux
du Comité n'indiquent pas qu'il se soil
jamais occupé de cette aflaire. — Ch.-
Louis Lesur, né à Guise en 1770, mort
dans cette ville en 18A9, donna en 1792
une pièce en un acte et en vers, L'apo-
théose de Bpaurepaire, et en 1798 La
Veuve du Républicain; en 1797, il publia
Les Francs , poème héroïque en dix chants.
Plus tard, il fut employé au ministère des
affaires étrangères, puis occupa, sous l'Em-
pire et la Restauration , les fonctions d'in-
specteur de la loterie de Paris. Il a publié,
à partir de 1818, un Annuaire historique
universel, revue annuelle des principaux
événements; cet Annuaire, dont il conserva
la direction jusqu'en i83o, a continué à
paraître jusqu'en 1861.
^^' La demande du directoire du dépar-
tement de Paris sera reproduite par Val-
druclie dans la séance du 27 frimaire
(p. 168). Voir plus haut, p. 67.
^^) Le mémoire de Brodel sur la ma-
nière de faire monter la fumée dans tontes
les cheminées avait été présenté au Comité
le 1" octobre 1798 (t. II, p. Sa 9), et
renvoyé à l'examen de Bailly.
DE LA CONVENTION NATIONALE.
135
pierre philosophale du ci-devant haut clergé de France. On passe à l'ordre
du jour sur cette production ^^\
On renvoie à la discussion sur les livres élémentaires un manuscrit
du citoyen Traversay intitulé Entretiens de Phocion, républicain français ,
avec ses frères de la campagne '-^l
Le citoyen De Wailly, architecte, fait passer un mémoire sur l'agran-
dissement du Théâtre- Français. Renvoyé à la commission des Six^^l
Romme est nommé rapporteur d'un mémoire sur une disposition à
donner aux églises et presbytères (*^;
La commune d'Emile prie la Convention de faire transporter au
Muséum un mausolée qui se trouve dans son enceinte. Renvoyé à la
Commission des arts^^^.
(^) Nous n'avons pas trouvé à la Biblio-
thèque nationale d'ouvrage portant ce
titre.
(2) Le manuscrit de Traversay se trouve
dans F", carton 1006, n" 1170. Il a
vingt-cinq pages, et est intitulé : Eléments
de la religion naturelle, ou Entretiens de
Phocion , républicain français , avec ses freines
de la campagne. La lettre d'envoi est datée
de Saint-Maixent (Deux-Sèvres), quintidi
de la 1" décade du mois frimaire.
^^) 11 sera de nouveau question du mé-
moire de De Wailly dans la séance du
Comité du i3 pluviôse (p. 890). La com-
mission des Six est la commission nommée
par le Comité le 3 frimaire (p. 3), et
amalgamant les commissions réunies des
fêtes nationales, de la musique et des spec-
tacles.
^*) Il est probable que le mémoire ren-
voyé à Romme est une pétition de la com-
mune de Boussy-sous-Senart ( Seine- et-
Oisc) demandant que les presbytères
fussent vendus et que les églises restassent
à la disposition des commîmes pour les
rassemblemenis des citoyens qui, les jours
de décade, iront y entoiulre prêcher la
morale et la raison. Cette pétition a été
enregistrée au Comité sous le n" 117^4
(Archives nationales, F", carton looG).
Le décret du -.^h brumaire (I. Il, p. 803)
avait chargé les Comités des finances, d'in-
struction et des secours de présenter un
projet de loi réglant la façon dont les com-
munes qui auraient renoncé au culte
pourraient disposer des églises et des pres-
bytères; ce projet n'avait pas été présenté.
Romme n'a pas fait de rapport; mais nous
verrons, le 19 pluviôse, Coupé présenter
au Comité un projet de loi laissant les églises
à la disposition des communes (p. /i33).
^^^ On trouve dans F'', carton looG,
n" 1175, une chemise portant cette men-
tion : ff Pétition de la commune d'Emile
priant la Convention de faire transporter
au Muséum un mausolée somptueux qui se
trouve dans son enceinte et qui, par la
richesse de son dessin et la perfection de
son exécution, parait propre à contribuer
aux progrès des arts, v La pièce manque,
ayant été renvoyée à la Commission des
arts. Emile est le nom qu'avait pris la com-
mune de Montmorency, en vertu d'un dé-
cret du 8 brumaire an 11. Nous n'avons
pas trouvé dans le registre des procès-ver-
baux de la Commission des arts, en frimaire
et en nivôse, de mention relative à cette
pétition. Mais le 10 pluviôse on y lit ce
qui suit : et Des citoyens de Montmorency
demandent que les objets d'art renfermés
dans leur coninume soient mis à la dispo-
sition (le la nation. Un membre observe
que la Commission des arts a d(*jà fait Tin-
ventaire desdits objets. 1 (F'"*', folio ti'i ,
136 PROCÈS-VERBAUX DU COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE
David est chargé d'examiner les mémoires suivants :
Sur un costume républicain, parle citoyen Boyé;
Lettre du minisire de l'intérieur sur la statue à élever à J.-J.
Rousseau;
La Société républicaine de Thiers demande que le ministre fasse
|)arvenir aux sociétés pojmlaires des g^ravures des martyrs de la liberté^^l
Romme est chargé d'examiner un mémoire du citoyen Renaut sur
un alphabet républicain ^2^.
Un autre mémoire sur la direction des ballons, par le citoyen Gohier,
est renvoyé à Guyton^^^
Le Comité autorise Arbogast à distribuer une centaine d'exem-
plaires du travail sur les poids et mesures ^^^^. Il charge Guy ton de se
concerter avec le Comité de salut public pour faire remettre à Dom-
bey un mètre et un grave divisés, pour les présenter confidentiellement
aux Etats-Unis d'Amérique ^^l
Lagrange communique un mémoire sur quelques difficultés qui se
présentent dans le calcul du mouvement des planètes selon le nouveau
calendrier et sur les moyens de les lever. Le Comité arrête que
Lagrange sera invité à publier ce mémoire clans la Connaissance des
temps pour 1796 (vieux style); que dans le volume de cette même
année 1796, à côté de la colonne des jours ordinaires, il y aura deux
colonnes dont l'une contiendra le nom des jours de chaque mois et la
seconde le nombre des jours écoulés depuis l'époque de la fondation
verso.) — Il ost probable que le mausolée d'une autre écriture : w 2^ section, n" 53.
dont il s'agit est celui du connétable Anne Renvoyé au Comité de salut public, le
de Montmorency, œuvre de Bullant et de 3 brumaire l'an 3. A.-C. Thibacdeau.w
Jean Goujon, dont les parties les plus (F'', carton 1006, n" 118G,)
remarquables furent en effet transportées ^^) Ce cr travail sur les poids et me-
au dépôt des Petits-Augustins , et de là au sures» est sans doute le rapport d'Arbogast
Musée du Louvre. du i**^ août 1793 ; car X Instruction sur le
^^^ David n'a pas présenté de rapport nouveau système métrique, que préparait
au Comité sur ces divers mémoires. la Commission des poids et mesures, n'était
^^' Romme n'a pas présenté de rapport. pas encore imprimée.
(^) On trouve dans les carions du Comité (^) Sur Dombey, voir p. 64. li existe
la chemise qui a contenu le mémoire de deux arrêtés du Comité de salut public,
Gohier. Elle porte cotte mention : ff Le des ai et 26 frimaire, relatifs à Dombey,
citoyen Gohier demande que le Comité et qui furent pris à la suite de la démarche
nomme des commissaires pour examiner et dont Guyton avait été chargé. Nous les
juger les moyens qu'il a trouvés de diriger donnons aux annexes, d'après la minute qui
les ballons. — Renvoyé à Guyton, ce se trouve aux Archives nationales. Pour la
21 frimaire. Ferry.» — Et sur la droite, suile,voirla séance du 29 frimaire (p. 197).
DE LA CONVENTION NATIONALE. 137
de la République française, c'est-à-dire depuis l'instant de l'équinoxf*
vrai du mois de septembre 1792 ^^\
La séance est levée à dix heures ^^^.
PIÈCES ANNEXES.
ARRÊTÉS DU COMITE DE SALUT PUBLIC RELATIFS À DOMBEY ^^^
Du 2 1 frimaire an 2'.
Le Comité de saluL publie, considérant qu'il peut être important de faire con-
naître aux peuples avec lesquels la Répuldique avait des relations le nouveau
système des poids et mesures qu'elle a adopté,
Arrête que la Commission des poids et mesures fera remeltre au citoyen
Dombey, qui pari pour l'Amérique septentrionale, un mètre en cuivre divisd et
un jrrave pareillement divisé dans la forme arrêtée pour les étalons, dont elle
portera la dépense en compte sur les fonds destinés à cette fabrication.
Fait au Comité etc. {sic).
C.-A. Prieur, R. Lindet, Billaud-Varenne, B. Barère.
Du 26 frimaire an 2^
Le Comité de salut public, considérant combien il serait intéressant que le
Congrès des États-Unis d'Amérique fùl instruit du travail du Comité d'instruction
publique sur les [)oids et mesures et de tous les ouvrages publiés par ordre de la
Convention nationale sur cette importante création.
Que le citoyen Dombey est en état de remplir une pareille mission , qu'un voyage
fait en Amérique lui a procuré des connaissances fjui peuvent être utiles h la Ré-
publique: qu'il a annoncé qu'il est prêt d'entreprendre h ses frais un second voyage
consacré au service de la patrie, dans lequel il se propose de faire valoir auprès
du Congrès des États-Unis les avantages des travaux de la Convention nationale et
de ses Comités sur les poids et mesures, de procurer l'envoi en France d'arbres,
de plantes et de graines, de résoudre une série de questions cpii lui ont été faites
par le (Comité d'instruction pul)li(pie et par la Société d'bisloire nnlun>lle, si le Co-
mité donne des ordres nécessaires [)our (pi'il loucbe à Pliiladelpliii* sa pension de
six mille livres payable en deux termes, les 1" juillet et 1" janvier de chaque
année, vieux style,
^'^ Dans sa séance an -.u)" jour du '^' (^cl alinéa no se tronve pas à la mi-
premier mois (voir l. Il, p. (")/i8), le Co- nule. Pas de signatures, ni à la minute ni
mité s'était di'jà occupé de la continuation au registre. La minute est de la main de
de la Connaissance des leinps , et des clian- Ferry.
gements qu'il y aurait à y l'aire relativement *^''' Archives nationales, AI' ii . < arloii ù-,
au nouveau style. Il si^ra de nou\ eau (pi(\s- cahier ^kjO, n"' i et -.i. La miiuil(> di'
lion de la Connaissa)icc des temps le ces deux arrêtés est do la main de
19 nivôse (p. 357). Guy ton.
138 PROCÈS-VERBAUX DU COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE
Arrête que le citoyen Dombey, corrcsponclant du Muséum d'histoire naturelle,
se rendra dans les Etats-Unis d'Amérique, qu'il s'adressera à la lég-ation à laquelle
il est recommandt^ qu'il emploiera ses talents, ses connaissances au progrès des
sciences et des arts utiles, à concourir au succès des mesures dont la lej>-ation
jug^erait à pro})os de lui confier la direction ou l'exécution ,
Arrête que la h^jation lui fera payer à Philadelphie sa pension de six mille livres
dont il jouit en France, payable en deux termes, dont le premier sera (-chu et
payable le i" janvier, vieux style, correspondant au iq nivôse prochain, ère ré-
publicaine ,
Qu'il lui sera délivré un passeport par le ministre des affaires étrangères pour
se rendre à sa destination.
C.-A. Prieur, R. Lindet, B. Barèue, Billaud-Varenne.
DE LA CONVENTION NATIONALE.
139
CENT SOIXANTE-SEPTIEME SEANCE.
Du 23 irimairc an ii. [i3 décembre 1793.]
Le président de la Commission des monuments fait passer au Comité
l'exposé des opérations de la Commission ^^\
Beauvais, imprimeur, offre d'imprimer sans bénéfice les livres él»»-
mentaires adoptés par la Convention nationale. Le Comité, sans ac-
cepter cette offre civique, arrête qu'il en sera fait mention honorable;
au procès-verbal ^^\
Sur l'observation faite par quelques membres que les livres envoyés
au Comité se perdent souvent, on arrête qu'il sera nommé un biblio-
thécaire. Le choix tombe sur Grégoire ^^^.
On renvoie au Comité d'agriculture une lettre du citoyen Piot, mé-
decin, contenant quelques observations d'agriculture et d'économie
rurale ^^^
On passe à l'ordre du jour sur une demande d'un citoyen qui con-
sulte le Comité sur l'impression de quelques gravures représentant des
faits de notre histoire.
(') L'exposé des opérations de la Com-
mission des monuments dont il est question
ici est le rapport (|ui avait été remis au
Comité d'instruction publique, en manu-
scrit, le i5 frimaire (voir ci-dessus p. 67).
Une lettre de Mulot à Mathieu, président
du Comité d'instruction publique , du 1 6 fri-
maire (Archives nationales, F''* 5), nous
apprend que , par suite d'un retard de l'im-
primeur, la délégation de la Connnission
n'avait pu se procurer, à la date du 1 5, des
exemplaires imprimés de ce rapport. Ce
sont ces exemplaires imprimés que la Com-
mission des monuments, par l'organe non
de son président, comme le dit le procès-
verbal, mais de son secrétaire, fait passer
maintenant au Comité. Nous doimons aux
annexes, A (p. i/i/i),la lettre d'envoi écrite
par iMnIot U) !<•.? Irimairc.
V Exposé succinct des trdcauj- de la Com-
mtssion des monumenls depuis son ôuddisse-
ment en novembre i'](}0 se trouve à la Mi-
bliothèque nationale. Nous en donnons une
courte analyse aux annexes, A (p. \Uh).
Quelques jours plus tard, dans la séancf
du Comité du 97, Mathieu conclura ;'i la
suppression de la Commission des monu-
ments (p. 167).
(') La lettre de l'imprimeur Beauvais est
dans K^\ carton loo8^ n° lôôg.
^^) Dans la séance du ni nivôse, il sera
décidé de former une bibliothèque à l'usage
du Comité (p. 966).
^*^ Piot, «médecin des ci-devant rois
Louis XV et Capeln, avait lait précédem-
ment la demande d'un emplacement natio-
nal pour y donner des cours gratuits, et le
Comité avait passé à l'ordre du jour sur
cette demandt' le t 7 du premier mois (t. Il ,
p. Goo). 11 \ a dans F'', carton tooH,
n" i3o(), une [tt'lilion de Plot en date du
a frimaire, olVraut d'ouvrir un cours gra-
tuit en faveiu' des élèves en médecine, chi-
rurgie cl agricultiu-e.
UO PROCKS-VERBALfX DU COMITE D1NSTI1UCTI0N PUBLIQUE
Un membre fait un rapport sur l'emplacement d'une partie des ar-
chives qui sont actuellement au ci-devant couvent des Petits-Pères. Cet
objet est renvoyé au Comité d'aliénation ^^\
On passe à la discussion des propositions renvoyées à l'examen du Go-
mité ^'-\ La discussion est interrompue pour communiquer au Comité une
lettre du directeur du cadastre, (jui demande à être autorisé à em-
prunter à la Bibliotlitupio nationale deux ouvrages dont il a besoin pour
son travail :
Paris, le 33 frimaire l'an a de la République une et indivisible.
r
Liberté. — Egalité.
LE DIRKCTEUR DU CADASTRE AU PRESIDENT DU COMITE d'iNSTRUCTION PUBLIQUE
DE LA CGMVENTION NATIONALE.
Citoyen représentant,
Je te prie, pour les mêmes motifs énonce's dans ma lettre du . . ^^^ de ce mois,
(') Voir p. 88. Il sera de nouveau ques-
tion des arcbives le 7 nivôse (p. 91/1).
^2) Cette phrase peu explicite vise évi-
demment les amendements au plan Bou-
quier, que la Convention avait renvoyés à
l'examen du Comité d'instruction publique.
Dans sa séance du 3 1 frimaire , l'assemblée ,
après avoir entendu Romme, qui avait dé-
fendu l'ancien projet du Comité, et Jay de
Sainte-Foy, qui avait parlé contre ce pro-
jet, avait accordé la priorité au plan de
Bouquier. Le soir du même jour, Bouquier
avait lu son plan au club des Jacobins, qui
en arrêta l'iftipression et la distribution. Le
32, Bouquier ayant relu à la Convention
son projet de décret, les deux premières
sections du projet avaient été adoptées,
ainsi que les Irois premiers articles de la
troisième; l'article k de la IIP section, re-
latif au traitement des instituteurs et insti-
tutrices, avait été renvoyé au Comité pour
nouvel examen; l'article 6 de cette même
section avait été transformé par l'adoption
d'un important amendement de Charlier,
portant que la fréquentation des écoles se-
rait obligatoire, et non simplement facul-
tative comme le disait le projet. Enfin, dans
la séance du 28, le reste des articles de la
IIP section avait été adopté, sauf l'article 8,
relatif aux sanctions pénales, sur lequel
avaient été présentés plusieurs amendements
qui furent renvoyés au Comité, et l'article 1 5,
renvoyé au Comité pour rédaction (Journal
de la Montagne); en outre, une disposition
nouvelle présentée par Fabre d'Eglantine,
qui fut adjoint au Comité à cette occasion
{Journal de Paris), avait été votée et devait
être intercalée dans le décret. Les sections
IV et V du plan de Bouquier, traitant du
dernier degré d'instruction et des moyens
génét aux d'instruction, ne furent pas dis-
cutées: onserappellequele Comité avait dé-
cidé , le 1 1 frimaire , que la partie du projet
relative à la première instruction serait seule
mise en discussion pour le moment.
Nous donnons aux annexes, B (p. ii6),
des extraits du procès-verbal des séances de
la Convention des 21, 22 et 38 frimaire,
accompagnés d'extraits des comptes-rendus
du Journal de la Montagne, de la Feuille du
salut puhlic , du Journal de Paris, du Moni-
teur et du Journal des déhats et des décrets.
Nous donnons aussi, d'après le Moniteur, un
extrait du compte-rendu de la séance des
Jacobins du 21 frimaire. Pour la suite, voir
la séance du Comité du 25 frimaire ( p. 1 58).
(■^) La date est restée en blanc. Voir
p. 68.
DE LA CONVENTION NATIONALE.
Ul
de rne faire autoriser par le Comité à emprunter à la Bibliothèque nationale, pour
le bureau du cadastre, les deux ouvrages suivants, savoir :
Thésaurus matheinaticus , etc., auctore Bartbol. Pitisco, nume'roté V 189.
Opus Palatinum, etc., auctore Rhetico, nume'roté V 189.
Signé Pronv.
Le Comité arrête que le garde de la Bibliothèque nationale est auto-
risé à remettre ces ouvrages à Arbogast sur son récépissé, et qu'Arbo-
(rast les remettra à Prony qui en donnera également son récépissé '^K
Piette, membre du Comité des domaines, qui avec Homme et Guy-
ton, commissaires du Comité d'instruction publique, ont (^sic) visité
le cabinet de Joubert, place des Piques n*" 21, a demandé l'avis du
(îomité sur le parti à prendre. La motion discutée, il a été arrêté
qu'il serait proposé à la Convention de rapporter le décret qui
donne congé au 1'''^ janvier 179^ (vieux style) de la maison occupée
par le bureau de liquidation, n° i3; de proroger le congé pour trois
mois, afin que l'on puisse transporter ce cabinet sans détériorer les
morceaux, et de charger en même temps son Comité d'instruction pu-
blique de chercher un local de dépôt et d'y faire transporter le ca-
binet après inventaire en l'orme de catalogue et estimation ^-l
On lit une lettre du Comité de salut public qui invite le Comité
d'instruction publique à indiquer des citoyens vertueux, patriotes et
^') Prony avait fait une première de-
mande de deux autres ()uvra{j[es (voir séance
du iT) frimaire, p. 68). Nous n'avons pas
Irouvé le récépissé qu'il a dii remettre à
Arbofjast pour les deux ouvrages mention-
nés dans la seconde demande.
^^' Voir la séance du Comité du i3 fri-
maire (p. Gfi). Un décret du 3o septembre
1793 ( Procès -veiltal de la Coiivenlion ,
l. \\l, p. 3A:i) avait autorise le diroclcur
Ifénéral de la liijuidalion à donner congé
trois mois d'avance, à partir de ce jour,
à la propriétaire de la maison siluce place
dos Picpios, n" i3, dans laipiolle étaient
installés (picUpics-uns de ses liiueaux. (les
liinciuix (1('\ aient être transportés dans la
maison Joiihcr-I , n" •> t , plac' des Pi(pies,
ainsi (pic rindi([ii(> un pas,sa|[i' du priicè^-
verbal de la séance du Comité du i3 fri-
maire. Le 7 nivôse, sur le rapport de ses
Comités d'aliénation et domaines réunis,
d'inspection de la salle et d'instruction pu-
blique, la Convention rendra un décret
prorogeant de trois mois le congé donné
à la |)ropriétaire de la maison de la place
des Pi(pies, n° i3, et cliargeant les Co-
mités ci-dessus nommés de procurer dans
le plu'^ href délai possibit; un local pour
y transporter le cabinet d'bistoire natu-
relle de la maison Joubert. \oir aux an-
nexes, C (p. 107), un extrait du procès-
verbal de la séanct^ dt' la ('ou vent ion »lu 7 ni-
vôse an 11. Il sera de nouveau (piostion du
cahiui't Joubert dans les séances du Comité
(In I ;> pluviôse (p. 388) et iln t 1 germinal
an II.
1Û2 PROCÈS-VERBAUX DU COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE
en état d'écrire sur diverses parties. On arrête que chaque membre est
invité à en former une liste et à la communiquer a la prochaine
séance ^^K
Le citoyen Hassenfratz fait passer un manuscrit du citoyen Pajoux
sur le génie des lan[}ues. Daoust est char^jé de l'examiner ^"\
Ciuyton, qui avait été chargé d'écrire au bibliothécaire de la Bibho-
thèque nationale pour demander s'il y existait un ouvrage |)ublié en
Allemagne donnant des échantillons de papiers de diverses matières, a
annoncé que le citoyen Lefèvre-Villebrune lui a envoyé cet ouvrage
ayant pour titre Jacob Christian Schâff'ers Neue Versuche^ etc., c'est-à-
dire Nouveaux essais et échantillons de papiers faits avec des plantes et autres
matières (Ratisbonne, 1766, grand in-8°, 2 parties). Il a remis sur
le bureau les deux volumes et la lettre du citoyen Lefèvre qui offre
au Comité tous les autres éclaircissements qui dépendent de lui,
même de faire traduire la nomenclature des matières dont il est parlé
dans l'ouvrage de Schâffer ^^\
^'' La lettre du Comité de salut pubiic ,
en date du 17 frimaire, est dans F^', carton
looSS n° 1687; elle est signée de Garnot
et de Prieur, Il ne sera pas question , dans
la séance suivante, de cette liste d'écrivains
patriotes. Ce sera seulement le 3 nivôse que
l'affaire reviendra à l'ordre du jour (p. 207).
(2) Nous n'avons pas trouvé le manuscrit
de Pajoux. Daoust n'a pas présenté de rap-
port.
^3) Les procès-verbaux ne nous ap-
prennent pas dans quelle séance Guyton
avait été chargé d'écrire au bibliothécaire
national. Sur celte question des papiers,
voir ci-dessus page 1 1 , note 2 , et pages h 1
et A5 , et, pour la suite, p. 197.
Lefèvre de Villebrune (1 732-1 809) , mé-
decin, philologue, orientaliste, traducteur
et commentateur d'Athénée, avait été ap-
pelé aux fonctions de bibliothécaire natio-
nal par un arrêté du ministre de l'intérieur
Paré, du i5 brumaire an 11. L'administra-
tion de la Bibliothèque royale avait subi,
depuis 1789, plusieurs changements. L'an-
cien administrateur Lenoir ayant donné sa
démission en 1789, le roi avait nommé
pour le remplacer Lefèvre d'Ormesson de
Noyseau, qui resta en fonctions jusqu'à la
chute de la royauté. Le 19 août 1792,
Roland, président du Conseil exécutif pro-
visoire , créa deux places de bibliothécaires
et les donna à Chamfort et à Carra. Ceux-
ci furent dénoncés au Comité de sûreté gé-
nérale, en juillet 1793, par un employé de
la Bibliothèque nommé Tobiesen Duby,
comme hostiles au parti montagnard; et le
Comité prit en conséquence, le 16 août,
un arrêté invitant le ministre de l'intérieur
ff à nommer aux places de la Bibliothèque
nationale des citoyens dont le patriotisme
soit éprouvé et les sentiments conformes à
la révolution du 3i mai 57; l'arrêté ajoutait
que ffles citoyens Lavicomterie , Laignelot
et Chabot sont nommés commissaires pour
présenter au ministre de l'intérieur des
savants dont le civisme soit connu , et ca-
pables de remplir les places de la Biblio-
thèque nationale w. Carra fut décrété d'ac-
cusation le 2 août comme compUce des
conspirateurs girondins. Chamfort, empri-
sonné dans les premiers jours de septembre,
fut remis en liberté bientôt après, tout en
restant soumis à la surveillance d'un gen-
darme. A peine sorti de prison , Chamfort
DE LA CONVENTION NATIONALE.
U3
Le Comité, étant informé que plusieurs objets mis sous le scellé
dans les jardins de Monceau dépérissent par l'effet même des me-
sures conservatoires, charge son président d'écrire à Tadministrateur
des domaines nationaux pour l'inviter à prendre les mesures néces-
saires pour les conserver ^^^
La séance est levée à dix heures et demie ^'^^
envoya sa démission au ministre Paré : ce-
lui-ci lui fit savoir, par une lettre en date
du 3o du premier mois, qu'il l'acceptait,
et offrit les deux places de bibliothécaire à
l'abbé Barthélémy et à Ducis. Sur leur refus,
le ministre nomma Lefèvre de Villebrune
aux fonctions de bibliothécaire national.
Voici en quels termes le Moniteur du 98 bru-
maire an II salua cette nomination : «Le
ministre de l'intérieur vient de faire un acte
de justice qui lui méritera la reconnaissance
de tous ceux qui s'appliquent aux arts et
aux sciences. Parmi cette foule de demi-
savants et de médiocres littérateurs dont
abonde Paris, il a su distinguer un homme
d'un vrai mérite, qui n'a pas peu contribué
aux progrès des arts et des sciences, et il
l'a nommé garde de la Bibliothèque natio-
nale ou, selon le style d'usage, bibliothé-
caire. C'est le citoyen Villebrune, rcconi-
mandable par sa vaste érudition et son
patriotisme. Cette nomination est d'autant
plus avantageuse, que l'on va s'occuper
d'un choix immense de livres pour cette
précieuse bibliothèque, et que le citoyen
Villebrune est l'homme le plus propre à
éclairer dans ces opérations, vu cette mul-
tiplicité de langues anciennes et modernes
qu'il entend, et les connaissances qu'il a
de presque toutes les sciences utiles. Il a
rendu de vrais services à la chimie, la phy-
sique, l'art de guérir qu'il a même exercé,
à l'histoire naturelle, la métallurgie, et sur-
tout aux mères de famille par trois ou-
vrages étrangers, suédois, anglais, italien,
qu'il a publiés dans notre langue sur les
maladies des enfants et leur éducation phy-
sique. Son Athénée a prouvé les plus pro-
fondes connaissances, et c'est un monument
qui fera époque dans les annales littéraires
de la République.» — Il sera de nouveau
question de Lefèvre de Villebrune le 5 ven-
tôse (p. AgS).
^^) L'information parvenue au Comité
lui avait été transmise par une lettre du
ministre de l'intérieur, ainsi qu'il résulte
du rapport présenté par le Comité à la Con-
vention le G nivôse. (Voir aux annexes de
la séance du 29 frimaire, p. 199.)
Dans la séance du 99 frimaire, le
Comité s'occupera de nouveau des serres
chaudes de Monceau (p. 198).
(^) Pas de signatures, ni à la minute ni
au registre. La minute est de la main d^.
Ferry. Toutefois les deux alinéas relatifs à
Piette et à Lefèvre- Villebrune sont de la
main de Guyton, et sont écrits sur deux
feuillets séparés.
U!\ PUOCÈS-VERBAUX DU COMITÉ D1NSTRUGT10N PUBLIQUE
PIECES ANNEXES.
LETTRE DE MULOT, SECRETAIRE DE LV COMMISSION DES MONUMENTS,
AU PRÉSIDENT DU COMITE D'INSTRUCTION PUBLIQUE ^^\
Paris, ce':2 3 frimaire de l'an ii de la République française une et indivisible.
Citoyen président,
J\ni\oio au Comitë l'imprimé de Pexposé que je vous ai remis au nom de la
Commission des monuments ^'^^. Je vous pi'ic d'en faire agréer un par chacun des
membres.
Quoique j'aie été deux jours malade, je me suis occupé du second travail que
vous avez demandé : je compte le lire à la Commission demain , ou au plus tard
le sextidi de cette décade, et vous le présenter à l'instant.
La récomj)ense de mon travail particulier la plus douce sera d'avoir prouvé au
Comité combien la Commission des monuments a mérité de la patrie même dans
ces derniers moments.
Fr.-V. Mulot,
Secrétaire de la Commission des monuments.
L'imprimé envoyé par Mulot est intitulé : Commission des monuments. Exposé succinct des
travaux de la Commission depuis son établissement en novembre lygo^^K C'est une pla-
quette de 34 pages in- 8°, sans date et sans nom d'imprimeur (les procès- verbaux de la
(Commission disent qu'elle fut imprimée chez Cholet-Jettefort ; voir ci-dessus, p. 70).
Son contenu ne nous apprend rien de nouveau sur l'histoire de la Commission des monu-
ments et les services qu'elle a rendus: c'est un panégyrique qui montre, chez les membres
de la Commission et en particulier chez leur secrétaire, un entier contentement d'eux-
mêmes. Un seul passage offre quelque intérêt : c'est celui qui a rapport à la destruction
des tombeaux des rois à Saint-Denis (p. 2.5 de l'imprimé); la Commission y revendique
l'honneur d'avoir présidé à leur démolition :
Dans un temps où il était permis de conserver les dépouilles des rois, elle avait
proposé de réunir à Saint-Denis ceux de leurs tombeaux qui se trouvaient épars
dans les dififérentes parties de la monarchie, et d'ofiVir ainsi l'histoire et la série de
leurs règnes par leurs tombeaux; idée vraiment philosophique.
C'était pour l'histoire et non par amour pour les rois qu'elle parlait : aussi dès
le moment où la monarchie s'est écroulée , on Ta vue ne demander que la conser-
(') Archivesnationales, F'', carton 1 008 \ ^^^ Cet exposé avait été remis en manu-
n°i543. — Une transcription de cette lettre scrit sur le bureau du Comité d'instruction
se trouve dans le registre dos copies de lettres publique le 1 5 frimaire,
de la Conunission des monuments, F"* 5. ^^^ Bibliothèque nationale, Lj' i5,in-8°.
DE LA CONVENTION NATIONALE.
l/i5
valion des seuls monuments qui pouvaient être utiles aux arts , soit à raison de la
perfection du travail, soit pour la conservation des costumes; et c'est sous la sur-
veillance de ses membres que viennent de se de'molir ces monuments de l'orgueil
et de la flatterie ^^\
Les quatre dernières pages de la plaquette sont occupées par la reproduclion du décret
de la Convenlion du 18 octobre 1793, qui réorganisa la Commission et la composa de
trenle-huit membres '2'. Les noms de ces trente-huit membres sont :
Ameillion, Barthélémy, Bréquigiiy, Camus, Dacicr, David, Debnre, Dcsmarest, D'Or-
messon, Doyen, Leblond, Masson, Mercier, Meusnier, Mongez, Morean, Mouchy, Pajou,
Poirier, Puthod de Maisonrouge, Regnault, Vandermonde, membres de l'ancienne Com-
mission des monuments;
Broussonnet, Courtois, Mulot, membres de la Commission chargée d'inventorier ie mo-
bilier de la couronne (décret du 11 août 1792) désignés par l'Assemblée législative^^', et
Boizot, Cossard, Demonier et Dufourny, membres de la même Commission désignés par
l'administration municipale;
Guylon, Barère, Dusaulx, Sergent, membres de la Convenlion, désignés par elle le
18 octobre 1792 pour compléter le nombre de trente-trois membres.
Une note de Mulot, placée à la suite du décret, indique que trois des membres nommés
le 18 octobre 1799 avaient été remplacés depuis :
Le citoyen Meusnier, mort, et le citoyen Broussonnet, ont eu pour successeurs
les citoyens Besson et Nourry, ëlus dans la forme ordinaire , à la majorité absolue
des suffrages, après une convocation ad hoc de tous les membres ^*^
Le citoyen Jollain avait été nommé préce'demment à la place du citoyen Doyen.
En conséquence, au moment de la suppression de la Commission des monuments par le
décret du 38 frimaire, la liste de ses membres était ainsi composée :
Ameilhon, Barère, Barthélémy, Besson, Boizot, Bréquigny, Camus, Cossard, Courtois,
Dacier, David, Debure, Demonier, Desmarest, D'Ormesson, Dufourny, Dusaulx, Guvton,
Jollain, Leblond, Masson, Mercier, Mongez, Moreau, Mouchy, Mulot, INourry, Pajou,
Poirier, Puthod , Regnault , Sergent et V^andermonde.
On relève sur cette liste les noms de six membres de la Convcnîion; mais deux d'entre
eux seulement prenaient encore part aux travaux de la Commission des monuments, Ser-
gent, qui en était le président, et Courtois; les autres, Barère, David, Dusaulx^*), Guvton,
avaient cesse de se considérer comme en faisant partie; leurs noms ne paraissent pas dans
les listes de présence, non plus que ceux de Camus, de Dufourny et de Leblond,
^'^ A rapprocher de la lettre de la Com-
mission des monuments au président de la
Convenlion, publiée dans notre tome II,
p. G 10.
^^' Voir le texte de ce décret dans notre
tome 1", pages 7-8.
^•^' Le (|uatrlème des membres désignés
par l'Assemblée législative, Beboul,n'a pas
été maintenu dans la Commission réorga-
nisée, probablement parce (ju'il avait (|uitté
Paris à la lin de la session de l'Assemblée.
'^*) La Convenlion avait contiruié celte
nomination par son décret du () brumaire
(voir t. 11, p. fiii). Ce même décret avait
ordonné que la Comniission présenterait à
la Convention quatre suppléants, dont deux
S(>raient pris parmi les membres de l'as-
semblée; mais cette disposition ne reçut
pas d'exécution.
^^' Dusaulx était en état d'arrestation
depuis le 3 octobre i79'^
1A6 PROCÈS-VERBAUX DU GOiMlTÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE
On lit dans les procès-verbaux de la Convention :
Scaiice du ai frimaire au ii.
Un membre ^^^ ouvre la discussion sur Tinstructiou publique, et se résume à ce
que la Gonvenliou nationale décrète la priorité pour un des projets de décrets pré-
sentés.
Un membre ''^^ demande la priorité pour le projet de décret du Comité.
Un autre ^^^ la réclame pour celui de Bouquier.
Ua Convention nationale accorde la priorité au projet de décret de Bouquier, et
en ajourne la discussion à demain midi ^'^
La discussion qui eut lieu dans celte séance n'est rapportée avec quelque détail que par
le Journal de la Montagne et le Moniteur.
Voici le compte-rendu du Journal de la Montagne :
Convention nationale, séance du 21 frimaire.
La discussion est reprise sur la priorité entre le décret revisé des écoles pri-
maires et le nouveau plan du Comité, présenté par Bouquier.
Roiume la réclame pour le premier projet, rétablit quelques faits relatifs à l'édu-
cation athénienne qu'on lui avait opposée ^^\ et s'applique à faire sentir que
décréter la liberté de l'enseignement ce serait entretenir une distinction odieuse
entre le riche et le pauvre, et laisser celui-ci dans un galetas, comme auparavant.
Tous nos efforts , dit-il, tous nos vœux doivent tendre à rendre les instituteurs pu-
blics inutiles, en procurant aux pères les lumières et le civisme nécessaires pour
former l'ame des jeunes répuWicains : mais serait-il sage de s'en reposer aujour-
d'hui sur eux de cette tache à laquelle est attaché le sort de la liberté ?
Jay Saintc-Foy s'indigne qu'on outrage ainsi la raison populaire. 11 ne voit dans
les articles revisés que le régime des universités renouvelées de l'évêque d'Autun et
de Condorcet, et dégagé de ce qu'il offrait de plus absurde. Les quarante mille
bastilles oii l'on propose de renfermer la génération naissante lui semblent la meil-
^^) Les journaux ne nous apprennent pas ^^^ 11 s'afjit sans doute du passage du
quel est le membre qui a parlé le premier discours de Thibaudeau où on lit : ffA
ce jour-là. Peut-être est-ce Petit, qui, le Rome et dans la Grèce il n'existait, aux
19 frimaire, avait été interrompu, et qui plus beaux jours de la philosophie et des
achèverait maintenant sa lecture; peut-être arts, rien de pareil à ces organisations
est-ce Bouquier. scientifiques 55; et plus loin : «Qu'on ne dise
'-^ C'est Romme. pas que nous sommes des Vandales. Les
^^) C'est Jay de Sainte-Foy. Grecs étaient-ilh des barbares, parce que le
(*) Procès -verbal de la Convention, gouvernement n'y salariait pas les proles-
t. XXVIÎ, p. lay. seurs?»
DE LA CONVENTION NATIONALE. Ul
leure ressource qu'on ait pu imaginer pour soutenir le dernier espoir (Je la tyrannie,
ou pour la ressusciter de ses cendres. Il insiste fortement en faveur de Tautorite
paternelle, que Ton ne rougit pas do transmettre à des mains mercenaires et pour
la plus grande partie h des suppôts de la chicane. Nos défenseurs, en rentrant dans
leurs foyers, s'e'crie-t-il , seront-ils bien touchés d'apprendre qu'un procureur au
Châtelet, par exemple, est chargé d'inspirer des vertus républicaines à leurs en-
fants? Gomme si les fondateurs de la liberté avaient besoin d'un tiers pour com-
muniquer à leur famille l'enthousiasme dont ils sont embrasés !
On demande de toutes parts la clôture de la discussion. La priorité est accordée,
à une grande majorité, au nouveau plan.
F. P. ^^\
La Feuille du salut public dit simplement :
Convention nationale, primidi de la 3' décade de fiimaire.
La discussion se reprend sur l'instruction publique. Après des débats assez vifs.
la priorité est accordée au plan de Bouquier; elle (sic) ajourne à demain la dis-
cussion de ce plan , dont le but est la hberté de l'enseignement.
Séance levée à quatre heures ^^\
Le Journal de Paris :
Convention nationale, séance du 21 frimaire.
Roimne, rapporteur du Comité d'instruction , a répondu au système présenté par
Thibaudeau dansl'avant-dernière séance. Le projet du Comité n'en a pas moins été
écarté, et demain la discussion s'ouvrira sur le plan d'éducation du citoyen Poul-
tier {s{c)^^\
Le compte-rendu du Moniteur est sorti de la même plume que celui du Jomnial de la
Montagne. Le voici :
Convention nationale, séance du 21 tnmaire.
Suite de la discussion sur l'instruction publique.
(4)
/^omme réclame la priorité |)0ur le premier projet du Comité diiislruclioii; il
rétablit quek|ues faits relatifs à l'éducation athénienne ({u'on lui avait opposée, et
s'np[)li(pie à faire sentir que décréter la liberté (h^ renseignement ce serait onln-
^'^ Journal de la Montagne, n" 'JQ, compU'-i'endu do la discussion du -.u iVi-
îjiî rriu)aiie an II. maiiv, dos analyses des discours de Foiu-
^-^ i\'udle du siilut public, n' iCti, croy et de Tliihaudeau, prononrés dans la
a'j frimaire an 11. séance du 19 fiimaiiv, et du plan de Bou-
'^^ Journal de Pa)is national, n" 'MiG , (piier, présentt> dans la séance du iS Iri-
•ja irimaiic an 11. maire. Nous ne reproduisons p;is ces
^*' Le Moniteur a intercalé, en lèle du analyses.
10.
1^8 PROCÈS-VERBAUX DU COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE
tenir une distinction odieuse entre le riche et le pauvre, et laisser celui-ci dans un
galetas, comme auparavant. Tous nos efforts, dit-il, tous nos vœux doivent tendre
à rendre les inslituleurs [)ul)lics inutiles, en procurant aux pères les lumières et le
civisme nécessaires pour former rame des jeunes républicains : mais serait-il sage
de s'en reposer aujourd'hui sur eux de cette tâche à laquelle est attache' le sort de
la liberté?
Jay Sa'mle-Foij s'indigne qu'on outrage ainsi la raison populaire. Il ne voit dans
les articles révisas que le régime des universités renouvelées de l'évêque d'Autun
et de Condorcel, et dégagé de ce qu'il offrait de plus absurde. Les quarante mille
bastilles où l'on propose de renfermer la g('nération naissante lui semblent la meil-
leure ressource qu'on ait pu imaginer pour soutenir le dernier espoir de la tyrannie,
ou pour la ressusciter de ses cendres. Il insiste fortement en faveur de l'autorité
paternelle, que l'on ne rougit pas de transmettre à des mains mercenaires et, pour
ia plus grande partie, à des suppôts de la chicane. Nos défenseurs, en rentrant
dans leurs foyers, s'écrie-t-il , seront-ils bien touchés d'apprendre qu'un procureur
au Chatelet, par exemple, est chargé d'inspirer des vertus républicaines à leurs
enfants? Gomme si les fondateurs de la liberté avaient besoin d'un tiers pour com-
muniquer h leur famille l'enthousiasme dont ils sont embrasés !
On demande de toutes parts la clôture delà discussion. La priorité est accordée,
à une grande majorité, au nouveau plan présenté par Bouquier.
La séance est levée à cinq heures ^^\
Enfin le Journal des débats et des décrets dit seulement :
Convention nationale , séance du -2 1 fi'imaire.
La Convention reprend la discussion sur l'instruction publique. La priorité,
mise aux voix , est accordée au plan de Rouquier, qui sera discuté demain à midi.
r^a séance est levée à quatre heures ^'^
Le député P.-J. Audouin, rédacteur du Journal universel, exprime en ces termes la
satisfaction que lui cause le vote de la Convention :
On a accordé la priorité au plan d'éducation de Bouquier. Liberté! hberté tout
entière I point de trônes pédagogiques ^^M
Le soir du 21 frimaire, Bouquier donna lecture de son plan au club des Jacobins.
Voici un extrait du compte-rendu de la séance du club, emprunté au Moniteur :
^') Moniteur du 28 frimaire an 11, p. 336. — ^^^ Journal des débals et des décrets,
if A/19, p. 3oC. — ^^^ Journal universel, n° i''i79, 22 frimaire an 11.
DE LA CONVENTION NATIONALE.
U9
SOCIETE DES AMIS DE LA LIBERTE ET DE L'EGALITE, SEANTE AUX JACOBINS.
Présidence de Fodrcroy.
Séance du 2 1 frimaire.
Bouqm'er vient communiquer à la Société le projet de décret pour l'instruction
publique, auquel la Convention a donné la priorité dans sa séance d'aujourd'hui.
Félix Lepeletier désire que ce plan soit réimprimé aux frais de la Société, et
distribué à tous ses membres. 11 demande que ce plan soit ensuite discuté, et de-
mande à cet eflet la parole pour la prochaine séance.
La Société en arrête l'impression et la distribution ^'^
Hébert ^^K Les flatteurs des rois donnèrent beaucoup d'éloges à Louis XIV parce
qu'il avait élevé des monuments à son orgueil dans des temps de calamité. Com-
bien de louanges réelles ne mérite pas la Convention, qui en élève au bonheur
du genre bumain au milieu de ses immenses travaux! Il est beau d'avoir imité
dans ses plans le trait fameux de ces Romains qui, dans des temps de crise et
d'orage, où Rome était resserrée dans ses propres murs, achetèrent à l'encan le
champ où était situé le camp de l'ennemi. La Convention de même a fixé à Valen-
ciennes le lieu où elle établira une école de génie ^^^ Ce trait est admirable, et
peint la législature actuelle. Un Romain aussi mérita que le Sénat de son pays
lui votât des remerciements pour n'avoir pas désespéré du salut de la République.
Sous ce rapport encore le décret en question est admirable. Je demande que la
Société, pour s'occuper dignement d'un objet aussi intéressant que l'instruction
publique, mette continuellement à l'ordre du jour le plan qui vient de vous être
présenté. — Adopté.
Hassenfratz voit avec peine que, tout en disant qu'on ne s'occupera point des
sciences ^*\ on admet dans l'instruction publique l'astronomie, la chimie, etc.^^^
(') Le Musée pédago^jique possède un
exemplaire de l'édition du Rapport et projet
de décret de Bouquier faite aux frais des
Jacobins (n° 1 170A).
(*) Hébert avait justement eu à passer
au scrutin préparatoire dans cette même
séance; et, en réponse à dos reproclios de
Bontabole, il venait de faire sa célèbre
déclaration de principes : ffOn m'accuse
d'athéisme, je nie formellement l'accusa-
tion Je déclare que je prêche aux
habitants des campajjnes de Hre l'Evangile.
Ce livre me paraît excellent, et il on faut
suivre toutes les maximes pour être parfait
Jacoliin; le Christ me semble le fondateur
des Sociétés populaires, n
'^^ Voir l'arlichî !\ de la sous-section
intitulée Enseignement de sciences utiles à
la sociélé (p. 60).
^*^ Le rapport de Bouquior disait : «Les
nations libres n'ont pas besoin d'une caste
de savants spéculatifs. . . Les sciences de
pure spéculation détachent de la sociélé les
iiulividus qui les cultivent, et deviennent
à la longue un poison qui ruine, énerve et
détruit les républiques, n
(^) Le projet de décret prévoit (sous-
section Enseignement de sciences utiles à la
société) l'entretien aux frais de la Républi-
<pie de (piatre observatoires (arl, 7),
et menlioiuie la chimie au nombre des
sciences que devront enseigner les officiers
de santé attachés aux maisons do lùeufai-
sance (art, 3). — Hasseiifral/, rliiniislo
ir)0 PROCÈS-VERBAUX DU COMITE D'INSTRUCTION PUBLIQUE
Dufounijj observe que ré^oalité est la base de la conslitulion et de rinslruction.
Il ne voit pas qu'on ait fonnellenient déclaré que l'égalité est le premier but vers
lequel doivent être dirip;és les pas de tous les hommes. Il veut qu'on déclare que
les entants des riches seront essentiellement les égaux des enfants des pauvres. —
On applaudit ^^^
Le 5 9 frlmairo s'ouvrit à la Coiivenlion le débat sur le plan de Bouquicr. Lo procès-
vorbal do la séance ne dit rien de la discussion qui eut lieu ce jour-là; ce fut cependant
la plus importante de celles auxquelles donna lieu le plan nouveau, puisqu'elle porta
essentiellement sur la question de l'obligation , et que Danton crut devoir intervenir
pour crrappolor les principes». Mais la presse nous renseigne. Nous donnons en premier
lieu le coinpto-roudu du Moniteur, qui est le plus complet :
Convention nationale, séance du 22 frimaire.
Suite de la discussion sur l'instruction publique.
Bouquier. Vous avez accordé hier la priorité au plan que je vous ai présenté.
[Suit la reproduction in extenso du rapport de Bouquier.]
Bouquier lit son projet de décret.
Les articles suivants sont décrétés :
[Suit le texte des articles formant la I" et la IV section du projet.]
Les opinions se trouvant partagées sur la quotité du traitement à accorder aux
instituteurs , cet article est renvoyé au Comité ^'K
La discussion s'établit principalement sur l'article portant que les pères et mères,
tuteurs et curateurs, pourront, à leur choix, envoyer leurs enfants ou pupilles
aux écoles de première instruction ^^'.
Charlier demande , par amendement , qu'au lieu de pourront il soit mis seront tenus.
Thibaudeau s'oppose à cet amendement, et s'appuie principalement sur les droits
de la nature.
Danton. Il est temps de rétablir ce grand principe, qu'on semble tous mécon-
naître : que les enfants appartiennent à la République avant d'appartenir à leurs pa-
lui-mème, n'est pas un détracteur des
sciences : il demande seulement que leur
enseignement ne fasse pas partie de l'in-
struction publique, et reste libre. C'est la
thèse de Fourcroy, de Cloots et de la
plupart des Jacobins.
^^^ Moniteur du 2 A frimaire an 11, p. 338.
— Toutes les séances du club ayant été
occupées par les opérations du scrutin épu-
ratoire jusqu'au 28 nivôse, jour où sur la
proposition de Robespierre commença la
discussion sur les crimes du gouvernement
anglais, les Jacobins n'eurent pas le temps
de discuter le plan de Bouquier, dont les
trois premières sections furent adoptées
par la Convention le 29 frimaire. Le 96,
Bouquier fut élu président du club en
ren)placement de Fourcroy.
(2) C'est l'article h de la IIP section.
^^^ Article 6 de la IIP section.
DE LA CONVENTION NATIONALE. I.Vl
renls. Personne, plus ({ue moi , ne respecte la nature. Mais l'inte'rét social exige que
là seulenieiil doivent se re'unir les afTections ^^K Qui me re'pondra que les enfants,
travaille's par l'égoïsme des pères, ne deviennent dangereux pour la Ilépublique?
Nous avons assez fait pour les affections, devons-nous dire aux parents; nous ne
vous les arrachons pas, vos enfants; mais vous ne pourrez les soustraire à l'in-
fluence nationale. Et que doit donc nous importer la raison d'un individu devant
la raison nalionale? Qui de nous ignore les dangers que peut produire cet isole-
ment perpétuel? C'est dans les écoles nationales que l'enfant doit sucer le lait
républicain. La République est une et indivisible. L'instruction publique doit
aussi se rapporter à ce centre d'unité. A qui d'ailleurs accorderions-nous cette
faculté de s'isoler? C'est au riche seul. Et que dira le pauvre, contre lequel peut-
(Hro on élèvera des serpents? J'appuie donc l'amendement proposé. (Vifs applau-
dissements. )
L'amendement est adopté.
Tlubaucleau en demande le rapport. Son opinion est vivement combattue par
Lecoinie-Puyraveau , qui fait sentir la nécessité de s'assurer de la génération future
par une instruction populaire et commune.
La discussion est interrompue par un rapport du Comité de salut public '-'\
Voici le compte-rendu du Journal de la Montagne :
Convention nationale, séance du 22 frimaire.
L'ordre du jour appelait la discussion sur le plan de Bouquier. Les articles
suivants sont adoptés :
[Suit le texte des articles formant la 1" et la 11° section du projet, et des deux pre-
miers articles de la IIP section. ]
Les opinions s'étant trouvées partagées sur le traitement à assurer aux insti-
tuteurs, cet article est renvoyé à un nouvel examen du Comité.
Une autre question a entraîné de plus vifs débats : c'est celle de savoir si les
pères et mères doivent, ou non, envoyer leurs enfants aux écoles publiques. Le
Comité s'était déterminé pour une entière liberté à cet égard.
Danton a cru devoir rappeler les principes. Les enfants , a-t-il dit, appartiennent
à la société, avant d'ap[)artenir à leur famille. Je respecte, autant qu'un autre, les
spntimonts de la nature. Mais je sais cpio toutes nos aifections doivent se fondre en
une seule, celle de la patrie, et le projet du Comité me semble conduire à un
isolement absolument contraire à l'esprit républicain.
La Convention adopte l'amendement.
F. P. '^
^'^ Cette phrase obscure paraît signifier : «Toutes nos atTeclions doivent se fondre en
ii'in!(''r('t social e\i|j[e (pie les afl'oclions aicnl niK' seule, colle de la pairie*',
ia lu''j)nl)li(pi(' pour rentre connunn. (ir -' .Uo»i7<'«r(lu a'i frimaire au 11, p. ,"^."ù).
serait réquivalenl de la version donnée par '"'' Junnuil <//• la Moiitnipte, u" ',\o,
lo Journal do la Mo»ffl//"/JC (voir plus loin) : a3 friinaiie an il.
152 PROCÈS-VERBAUX DU COMITE D'INSTRUCTION PUBLIQUE
La Feuille du snhit public dit à peu près les mêmes choses :
Convention nationale, duodi de la 3* décade de frimaire.
La discHssion i-eprend sur rinstrnction publique.
La discussion s'établit principalement sur l'article portant que les pères et
mères, tuteurs et curateurs, pourront, à leur choix, envoyer leurs enfants ou pu-
pilles au\ écoles de première iiislrnclioii. Charlier demande, par amendement,
qu'au lieu do pourront, il soit mis seront tonus, Thihaudeau s'oppose à cet amen-
dement, et s'appuie principalement sur les droits de la nature. II est temps, dit
Danton, de rétablir ce grand principe, qu'on semble tous méconnaître: que les
enfants appartiennent à la République avant d'appartenir à leurs parents. Per-
sonne plus que moi ne respecte la nature. Mais l'intérêt social exige que là seu-
lement doivent se réunir les affections. Oui me répondra que les enfants, travaillés
par l'égoïsmc des pères, ne deviennent dangereux pour la Répubhque? Nous avons
assez fait pour les affections, devons-nous dire aux parents; nous ne vous les arra-
chons pas, vos enfants; mais vous ne pourrez les soustraire à l'influence nationale.
Et que doit donc nous importer la raison d'un individu devant la raison natio-
nale? Qui de nous ignore les dangers que peut produire cet isolement perpétuel?
C'est dans les écoles nationales que l'enfant doit sucer le lait républicain. La Ré-
publique est une et indivisible. L'instruction pubhque doit aussi se rapporter à
ce centre d'unité. A qui d'ailleurs accorderions-nous cette faculté de s'isoler? C'est
au riche seul. El que dira le pauvre, contre lequel peut-être on élèvera des ser-
pents? J'appuie donc l'amendement proposé. (Vifs applaudissements.) Il est
adopté. Thihaudeau en demande le rapport. De vifs débats s'élèvent.
Danton est vivement appuyé, et surtout d'après le principe général de toutes
les répubhques. Lecointe-Puyraveau , a l'appui du raisonnement de Danton, dé-
veloppe, avec énergie, la nécessité de s'assurer de la génération future, qui pour-
rait se gangrener par l'instruction isolée.
Nous donnerons demain les articles décrétés.
La discussion est interrompue par Barère^^^
Le Journal de Paris ne dit rien de la discussion ; il analyse le plan de Bouqnier, et an-
nonce qu'il a été adopté , ce qui n'est vrai que des deux premières sections :
Convention nationale, séance du 22 frimaire.
Bouquier, dont le système sur l'organisation nationale a obtenu la priorité dans
la séance précédente, a lu son rapport et son projet de décret formant un plan gé-
néral d'instruction publique , dont les bases sont les mêmes que celles de la Consti-
tution ; la Liberté, l'Egalité, la Brièveté : voici l'extrait du rapport de Bouquier.
[Suivent des extraits assez étendus du rapport.]
Le projet présenté a été adopté ; nous le donnerons demain '^^K
('' Feuille du salut public, n° iG^, 2^ (ri- (^) Journal de Paris national, n° 3/17,
m.iire an ti. 9.3 frimaire an n.
DE LA CONVENTION NATIONALE. 153
Le Journal des débats et des décrets donne du discours de Danton une version un peu
différente de celle du Moniteur :
Convention nationale, séance du 92 frimaire.
L instruction publique ëtait à l'ordre du jour. Hier la Convention accorda la
priorité' au plan de Bouquier. Elle le discute. Plusieurs articles sont successive-
ment décrétés.
L'un d'eux porte que les pères, mères, tuteurs ou curateurs pourront à leur
choix envoyer leurs enfants ou pupilles aux écoles du premier degré d'instruction,
en observant des conditions qui sont exprimées dans les articles suivants.
Danton s'oppose à cette mesure. Il pense que nous appartenons tous à la Répu-
blique avant d'appartenir à nos parents; que nul n'est le maître de ne pas donner
d'instruction à ses enfants, ce qui arriverait si on laissait aux pères la faculté
d'envoyer ou de ne pas envoyer leurs enfants aux écoles ; que nous ne devrons la
régénération des mœurs et la destruction de tous les préjugés qu'au mélange de
tous les citoyens, qui s'opérera dans les écoles communes; que si les pères pou-
vaient garder chez eux leurs enfants , les aristocrates , les riches , les égoïstes leur
transmettraient leurs préjugés et les propageraient dans une génération que Ton
veut en garantir. Il demande que l'on soit tenu d'envoyer les enfants aux écoles
communes : cette proposition est décrétée ^'^
La discussion du plan de Bouquier continua et s'acheva dans la séance du aS.
Le procès-verbal, celte fois, contre son habitude, nous donne le détail du débat, l'in-
dication complète des articles votés et des articles renvoyés au Comité. En voici l'extrait :
Séance du 28 frimaire an 11.
On reprend la discussion sur l'instruction pubhque. Le rapporteur lit l'aiticle 8
de la troisième section , ainsi conçu :
ffCeux desdils pères, mères, tuteurs ou curateurs qui n'auraient pas rempli les
conditions ci-dessus seront tenus de payer l'instituteur ou l'institutrice en confor-
mité du tarif et à raison du nombre d'enfants ou pupilles qu'ils leur auraient conllés. «
Un membre ^^^ propose que les municipalités soient établies juges des peines à
porter contre les pères, mères, tuteurs ou curateurs qui refuseraient d'envoyer
leurs enfants ou pupilles aux écoles primaires, en fixant toutefois le maximum de
l'amende qui serait prononcée.
Un autre membre ^^^ propose de décréter que le tribunal de police correction-
nelle condamnera, pour la première fois, à une amende qui ne pourra excéder
trois cents livres; pour la seconde fois, h une amende de six cents livies, avec af-
fiche du jugement qui déclarera (pie les pères, mères, tuteurs ou curateurs doi-
vent ^'tre regardés comme ennemis de l'égalité; pour la troisième fois, à une
amende de six cents livres, par chaipie année, jusqu'à soumission à la loi, et sus-
pension de l'exercice des droits de citoyen.
^•' Journal des débats et des décrets, n" /ir)0, p. SiT). — ^*^ Nous ne savons p;is l(^ iKnn
de ce nienjbro. ^ ') Nous ne savons pas le nom de cet autre inomltre.
15^1 PROCÈS-VERB\UX DU COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE
L'assoniblëe renvoie l'article et ces différentes propositions au Comité' d'instruc-
tion pul)li(pie.
Sui' la proposilion d'un nioml)re^^\ la Convention nationale décrète que les in-
stituteurs ne pourront, sons aucun ])rétexte, tenir en pension leurs élèves en tout
ou en partie, sous peine de destilution^^\
Les arlicles 9 , 10, 11, 1 îî , 1 3 , ih et 1 5 sont adoptés ainsi qu'il suit :
rrART. 9. Lcs enfants ne pourront être installés dans les écoles qu'à six ans
r.cconiplis, et le premier jour de chaque mois^^^
ctArt. 10. Les instituteurs ou institutrices du premier degré d'instruction tien-
dront registre des noms, prénoms des enfants, et du mois où ils auront été installés
dans leurs écoles.
ff Art. 11. Ils seront payés par trimestre; et h cet effet ils seront tenus de pro-
duire à la municipalité, ou à la section, un relevé de leurs registres, fait mois
par mois, ]iorlant les noms et prénoms des enfants qui auront assisté à leurs
leçons pendant clia([ue mois. Ce relevé sera confronté avec celui de la municipalité
ou de la section; la confrontation faite, il leur sera délivré un mandat.
ff Art. 12. Ce mandat contiendra le nombre des enfants qui pendant chaque mois
auront suivi l'école de l'instituteur ou de l'institutrice, et la somme qui lui sera
due; il sera signé du maire et de deux officiers municipaux, ou de deux membres
du conseil général de la commune, ou par le président de la section et deux
membres du conseil de ladite section, et par le secrétaire.
ffART. 13. Les mandats seront visés par les directoires et payés à vue par les
receveurs des districts.
ffART. \à. Les jeunes gens qui, au sortir des écoles du premier degré d'instruc-
tion, ne s'occuperont pas du travail de la terre, seront tenus d'apprendre une
science, art ou métier utile à la société.
ffART. 15. Ceux desdits jeunes gens qui, à l'âge de vingt ans accomplis, ne se
éeront pas conformés aux dispositions de l'article ci-dessus, seront privés, pour
le reste de leurs jours, de l'exercice du plus beau de tous les droits, celui de
citoyen ^^\fl
La séance est levée à quatre heures ^^K
^') C'est Fabre d'Églanline {Journal de
Paris). Le procès-verbal ne dit pas qu'à
cette occasion Fabre fut nommé membre
du Comité : mais on trouve aux Archives
nationales (F'"', carton ioo8, n" i3i8)
une expédition du décret, en date du 28 fri-
maire , "adjoignant le citoyen I^'abre d'Églan-
line au Comité d'instruction publique».
^-^ (lelte disposition fut ajoutée à l'ar-
ticle 1 0 du titre ill.
^•■' Cet article, aiigmenté de deux autres
dispositions, fut placé, dans le décret dé-
finitif, avant l'article relatif aux sanctions
pénales, et devint l'article 8, tandis que
l'ancien article 8, amendé, devint l'ar-
ticle 9. Voir la séance du Comité du 26 fri-
maire (p. 166).
('*) L'article 1 5 sera complété encore par
deux autres dispositions. Voir la séance du
Comité du â(3 frimaire (p. i64).
•^5) IVocès - verbal de la Convention,
t. XXVII, p. 169.
DE LA CONVENTION NATIONALE. 15.")
Si le procès-verbal s'est montré plus explicite qu'à l'ordinaire, la presse, par contre,
est très sobre de détails; elle se borne à reproduire les articles adoptés, sins donner les
discussions et sans mentionner aucun nom propre, à Texceplion du Journal de Paris, au-
quel nous devons de savoir que Fabre dÉglanline fut l'auteur de la proposition tondant à
interdire aux instituteurs de tenir pension particulière, et qu'il fut, à cette occasion, nommé
membre du Comité d'instruction publique.
Voici le compte-rendu du Journal de la Montafrne :
Convention nationale, se'ance du 2.3 frimaire.
Boufjuier reprenô la suite du plan d'éducation publique. \ oici les arlicles
adoptés :
[Suit le texte des articles 5, 6 et 7 de la IIP section du projet ^'^.]
Quant à la peine à infliger aux pères, mères, tuteurs ou cuiateurs qui n'au-
raient pas rempli les conditions ci-dessus ^^^ renvoyé à un nouvel examen du Co-
mité.
[Vient ensuite le texte des articles 9, lo, 11, ijî, i3, i^i et i5 de la IIP section.]
Cet article ^^^ a été adopté sauf rédaction ^''\
Voici celui de la Feuille du salut public :
Convention nationale, tridi de la 3* décade de frimaire.
La discussion reprend sur l'instruction publicjue. Les articles suivants sont dé-
crétés :
[Suit le texte de l'article 7 de la III* section du projet.]
L'article 8, sur les peines à infliger aux pères, mères contrevenant aux articles
ci-dessus , est renvoyé au Comité.
La Convention décrète en principe que les instituteurs ne pourront tenir pension.
[Suit le texte des articles 9, 10, 11, ts, i3 et lA de la IIP section du projet ^^\]
Le Journal de Paris dit :
Convention nationale, séance du 2.3 frimaire:
La suite du plan d'éducation nationale de Bouquier a été mise à la discussion.
Plusieurs arlicles ont été décrétés; les voici :
[Suit la reproduction in extenso des (piatre articles do la V section, dos trois aiMiclos
de la IP section et des trois premiers aiticlos de la IIP section ("^]
^') Il y a ici une erreur du journaliste. (*) Feuille du salut pul)lic , n' ili'i.
Les arliclos 5 et 6 avaient éb' discutés la 9^ frimaire an ii.
veille; cVst à l'occasion de Tarticle (i (jue ^''^ Le journaliste ne veut pas dire (pio
(iliarlier avait présenté sou ametideuionl. tous ces articles aient été décrétés dans
(-) Article 8 do la III'' section. la séance du tî3 frimaire. Il avait promis
'^^ L'article i5 delà IIP section. la veille de donner dans le niimoio ilu
^*' Journid do la Montagne, n" .'? t , londomaiu lo toxl»» dos articles ailoptos
i>^» frin)airo an ii. lo «I'î.
156 PROCÈS -VERBAUX DU COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUR
Art. h. Le tarif qinl contient a été renvoyé au Comité.
[Suit le texte des articles 5, 6 et 7 de la IIP seclion.]
Art. 8. Ajourné.
[Suit le texte des articles 9, 10 et 1 1 de la IIP section.]
La Convention a renvoyé au Comité d'instruction j)ublique un principe qui ve-
nait d'èlre décrété; il porte que nul instituteur ni institutrice ne pourront tenir
une pension particulière. Fabre iVEglanline, auteur de cette motion, a été adjoint
au Comité d'instruction publique ^'^.
Le compte-rendu du Moniteur {Moniteur du 25 frimaire an n) est identique à celui du
Journal de la Montagne, sauf que Tarlicle 5 de la IIP seclion du projet ne figure pas au
nombre des articles adoptés dans la séance.
Knfin le Journal des débats et des décrets dit simplement :
Convention nationale, séance du 28 frimaire.
On reprend la discussion sur rmstruction publique; plusieurs articles sont dé-
crétés (').
On trouve dans la Feuille du salut public du 27 frimaire un article commentant le vote
du 22 frimaire, qui avait établi le principe de la fréquentation obligatoire des premières
écoles. C'est la seule manifestation d'opinion , à l'égard de celte importante question , que
nous ayons rencontrée dans les journaux; nous reproduisons cet article ci-dessous :
Instruction publique.
Jamais la France n'eût joui du bienfait précieux d'une éducation vraiment na-
tionale si la Convention n'eut pas décrété que tous les enfants recevraient une
instruction commune. Il fallait, pour arraclier les dernières racines de Parislo-
cratie et du fédéralisme, que l'égalité fût la base de l'éducation. Tout système d'in-
stitution nationale qui eût admis des distinctions et des privilèges préparait à là
France peut-être un demi-siècle de discordes civiles. Avec quelle reconnaissance
nous devons accueillir une loi sage qui va créer les mœurs publiques et former la
génération naissante aux vertus républicaines! Le patriote vertueux applaudit
avec transport à ce décret bienfaisant, parce qu'il sait que son fils appartient à la
patrie, et que c'est pour cette mère commune qu'il doit être élevé. L'aristocrate au
contraire , qui se proposait de graver dans l'âme tendre de ses enfants la haine
qu'il a jurée à la République, et qu'il voudrait éterniser, s'indigne d'une loi qui
les soustrait à sa funeste influence. Arracher, s'écrie-t-il , un fils à un père! C'est
une atrocité dont le farouche Spartiate fut seul capable. Comment, dit une mère
orgueilleuse, mes filles seront assises dans une école à côté de créatures à peine
vêtues 1 Mon fils, l'objet de ma tendresse et de mes complaisances, sera obligé de
W Journal de Paris national ^ n° 3/»8, ^^^ Journal des débats et des décrets,
a/i frimaire an 11. n" /i5i , p. 32 0.
DE LA CONVENTION NATIONALE. 157
fraterniser avec de petits sans-culottes, dont le lang^afje grossirr et les mœurs
agrestes corrompront son aimable naturel !
Homme faible ou vicieux, femme hautaine et indigne d'être mère, vous qui
n'aimez vos enfants que pour vous-mêmes, et qui voulez leur communiquer vos
faiblesses, vos passions et vos vices, sacliez donc que la patrie ne réclame vos en-
fants que pour les rendre heureux. C'est pour les purger du méconium mortel qu'ils
ont puisé dans un sein corrompu, qu'elle va leur faire sucer le lait républicain
qui donne la force et la vigueur. Un jour elle vous les rendra avec toutes les ver-
tus qui constituent des hommes libres, et ces enfants régénérés vous apprendront
à aimer une pairie qui aura plus fait pour eux que vous-mêmes. Vous leur avez
donné le jour, et ils vont recevoir d'elle l'éducation '^K
La suite et la fin de la discussion de la partie du plan de Bouquier relative au premier
de^ré d'instruction se trouve dans Tannexe G de la séance du Comité du 27 frimaire, p. 191.
On lit dans les procès-verbaux de la Convention :
Séance du 7 nivôse an 11.
ffLa Convention nationale, après avoir entendu le rapport de ses Comités d'alié-
nation et domaines réunis, d'inspection de la salle et d'instruction pubHque, dé-
crète ce qui suit :
ffARTiCLK PREMIER. Los bureaux des maîtrises et jurandes, et ceux des pensions
delà liquidation générale, qui occupent actuellement les maisons place des Piques,
n"' i3 et 17, seront transférés dans celle dépendante de la succession Joubert,
même place des Piques , n" 2 1 .
ff Art. 2. Les bureaux des plans remplaceront ceux des maîtrises et jurandes
dans ladite maison place des Piques, n° 17.
ff Art. l\. Le congé donné à la citoyenne Hamel pour les bureaux des pensions,
en exécution de la loi du 9 vendémiaire dernier ^^\ pour le 1 2 de ce mois ^'\ sera
prorogé pour le 12 germinal (1" avril prochain, vieux style).
îtArt. 5. Le Comité d'inspection de la salle et ceux d'instruction publique,
d'aliénation et domaines, sont chargés de procurer dans le plus bref délai possible
et afin que la translation dos bureaux des pensions puisse s'offecluor poui* le
\'\ germinal prochain, un local dans lequel ils feront transporter le cabinet d'his-
toire naturelle de la maison Joubert, de concert avec les héritiers Joubert fils ^*\tî
('^ Feuille du snhtt public, n" i()7, ^'' i" janvier 1796.
37 frimain» an ii. ^*^ Procès- verbal de la Cnnvenlion,
^^' 3o seplenibre 1793. t XWIII, p. li^o.
158 PROGÈS-VEHBAUX DU COMIÏK D'INSTRUCTION PUBLIQUE
CENT SOIXANTE-HUITIEME SEANCE.
Du 95 frimaire an ii. [i5 décembre 1793.]
On reprend la discussion sur les articles du projet de Bouquier
renvoyés à l'examen du Comité ^^\
Le premier de ces articles , concernant le mode de payement des
instituteurs, est adopté ainsi qu'il suit :
Dans toutes les communes de la République, il sera payé à chaque instituteur
dix-huit livres par an et a chaque institutrice quinze livres par an pour chaque
élève ^').
Le second article renvoyé à l'examen du Comité était relatif à la
peine a infliger aux pères qui refuseraient d'envoyer leurs enfants aux
écoles. La discussion s'engage sur le fond de la question, et, après
plusieurs propositions incidentes, on en vient à établir qu'il serait
plus utile de demander le rapport de l'article proposé ^^l Cette ques-
tion est mise aux voix et rejetée ^^^.
(^) L'emploi de celte tournure : rrOn re-
prend la discussion v fait voir que
c'était bien des amendements au plan Bou-
quier qu'il s'agissait dans la phrase du
procès-verbal de la séance précédente,
commentée dans la note 2 de la page 160.
(^^ Le projet de Bouquier (section III,
article h; voir p. 58) instituait une échelle
de traitements, graduée suivant le chiffre
de la population des communes, et partant
d'un minimum de dix livres pour les insti-
tuteurs et huit livres pour les institutrices,
par an et par élève , pour atteindre un maxi-
mum de vingt livres pour les instituteurs
et seize livres pour les institutrices. Le Co-
milé, comme on le voit, abandonne ici le
principe de l'échelle graduée et adopte un
chiffre unique de traitement. Lorsque la
Convention votera défmitivement l'ensemble
du décret, le 29 frimaire, elle acceptera le
chiffre proposé par le Comité pour lesinsti-
tulricps, quinze livres, mais fixera le trai-
tement des instituteurs à vingt livres par
élève, au lieu de dix-huit.
(•''^ On a vu (p. 1 5o) que, dans. la séance
de la Convention du 2a frimaire, Thibau-
deau avait vivement combattu l'amendement
de Charlier, qui rendait obligatoire, au lieu
de facullalive qu'elle était dans le projet de
Bouquier, la fréquentation des écoles du
premier degré d'instruction; et qu'une fois
l'amendement adopté à la suite d'un éner-
gique discours de Danton, Thibaudeau,
s'obstinant, revint à la charge et en de-
manda le rapport. Il est probable que c'est
lui encore qui, dans la présente séance du
Comité, a fait une dernière tentative pour
faire rejeter le principe de l'obligation.
Ce principe, une fois inscrit dans la loi,
entraînait la nécessité d'une sanction pé-
nale; deux propositions avaient été faites à
cet égard à la Convention, le 28 frimaire,
et renvoyées au Comité : l'une chargeait les
municipalités d'infliger une amende aux
délinquants; l'autre voulait qu'ils fussent
traduits devant le tribunal de police correc-
tionnelle. Les dispositions pénales aux-
quelles s'arrêta le Comité seront indiquées
dans le procès-verbal de la séance suivante.
^''^ Cette phrase d'une rédaction ohscure
DE LA CONVENTION NATIONALE.
159
La discussion est interrompue par la lecture du premier numéro
des Annales du patriotisme. La rédaction en est adoptée ^^^.
La séance est levée à dix heures et demie ^'^\
PIEGES ANNEXES.
On lit dans les procès-verbaux de la Convention :
Séance du 9.6 frimaire an ii.
ffLa Convention nationale, après avoir entendu la lecture du projet du numéro
premier des Annales du civisme et de la vertu, présenté pai" Léonard Bourdon, au
nom du Comité d'instruction publique, décrète que ce projet sera imprimé et dis-
tribué à tous ses membres.
ffElle ajourne la discussion trois jours après la distribution ^^^ »
Le Journal des débats et des décrets donne le compte-rendu suivant de la discussion à
laquelle donna lieu ce décret '-'^^ :
Convention nationale, séance du 26 frimaire.
Bourdon [Léonard) présente le premier numéro des Annales républicaines. Les
membres chargés de la rédaction ont eu pour but un choix scrupuleux des traits
qu'ils devaient citer, une grande simplicité dans la narration, et l'emploi dos e\-
si^jnilie évidemment que le Comité rejette,
non pas les propositions relatives à l'obliga-
tion et aux peines à édicler contre ceux qui
en enfreindraient le principe, mais la pro-
position de ceux qui avaient voulu que le
Comité demandât à la Convention le rap-
port de l'amendcmenl Charlier. Le rédacteur
du procès-verbal doit avoir été un adversaire
de robli<jalion; c'est ce que semble indiquer
l'emploi de cette tournure : a On en vient
à établir qu'il serait plus utile de demander
le rapport de l'article proposée.
^'^ La Convention avait renvoyé au Co-
mité, le 17 frimaire, le premier numéro
dos Annales du civisme , présenté par Gré-
goire, et avait invité le (Comité à se ren-
fermer dans le narré simple des faits. Le
Comité sub.stitna alors Léonard Bourdon à
Gré{joiro comme rapporteui-, et le chargea
de faire une nouvelle rédaction du numéro
(les prncès-verhaux du Comité ne men-
tionnent pas cette substitution; mais elle
nous est connue par le procès-verbal de la
séance de la Convention du 2 G Irimaire);
c'est donc Léonard Bourdon qui fait ici lec-
ture au Comité du premier numéro des An-
nales du patriotisme. Ce premier numéro fut
présenté le 26 frimaire à la Convention,
sous le litre d'Annales du civisme et de la
vertu; l'assemblée en ordonna l'impression
et la distribution à ses membres, et ajourna
la discussion à une séance ultérieinv. Voir
aux annexes un extrait du procès-verbal de
la séance de la Convculion du af) frimaire
an II, complété pai' un extrait du Journal
des débats et des décrets , le texte du rapjioit
de Léonard Bourdon, et la desiription du
projet de preniler nimiéro des Annales du
civisme et de la vertu. Pour la suite, voir
la séance du Comité du u) nivôse (p. :i ')/!).
'^'^' Pas (le sijjnalui-e, ni à la miinilt\ ni
au registre. La minute est di» l.i main di'
Ferry.
{^) Procès-verbal de la CouMMilion ,
t. xxvii,p. -:W).
^*^ Le Mumleur non parle pas.
160 PROGfe-Vi:RBAUX DU COMITE D'INSTRUCTION PUBLIQUE
pressions les plus convenables, afin d'être à la portée de tous les esprits. Chaque
numéro contiendra le n'cit ^^^ des premiers événements de la Révolution. Les traits
seront variés; car la monotonie est ce qu'il faut le plus éviter dans les livres élé-
mentaires. On a recueilli les actions vertueuses des corps, des individus, des vieil-
lards, des femmes, des enfants; et cela servira à mettre de la variété dans le récit.
Parmi les traits que nous citerons, dit Bourdon, il en est plusieurs dont les noms
des auteurs nous sont inconnus. Quand on a cité de belles actions guerrières, le
nom de TolTicier a été conservé , et non celui des soldats ^^K Vos commissaires ont
décidé que, dans ce cas, ils ne nommeraient personne avant qu'ils puissent
nommer tous ceux qui s'étaient illustrés : une autre marche eut eu trop de rap-
ports avec l'ancien régime. A la fin de chaque numéro ^^\ il y aura une table
alphabétique des noms de ceux qui occupent une place dans le recueil.
Bourdon lit le premier numéro.
Jullien {de la Brome) demande qu'on ne nomme dans ce recueil aucun homme
vivant.
Romme est d'avis de nommer l'auteur d'une belle action à la fin du récit. 11 y
voit un moyen de censure, au cas que ce citoyen ait démenti sa première conduite,
parce qu'on pourrait alors rapprocher de ce qu'il a fait autrefois ce qu'il fait
aujourd'hui.
Laloy demande que le premier numéro lu par Bourdon soit imprimé comme
essai. Chacjue membre pourra faire ensuite et présenter ses observations.
Cette proposition est décrétée.
Romme trouve la rédaction qu'on vient de lire trop froide. Il demande que le
Comité d'instruction publique présente un plan d'organisation pour la rédaction
du Recueil républicain.
La Convention s'en tient au décret rendu sur la motion de Laloy, et passe à
l'ordre du jour ^*^
Nous possédons le texte du rapport lu par Léonard Bourdon le 26 frimaire, en présen-
tant à la Convention les Annales du civisme et de la vertu. Il a été reproduit en télé de ce
projet de premier numéro dont la Convention ordonna l'impression et la distribution à ses
membres.
Voici ce rapport : .
Citoyens ,
Chargé, par votre Comité d'instruction publique, de la rédaction des Annales
du Civisme et de la Vertu , je ne me suis déguisé ni la difficulté d'un pareil tra-
(') Le journaliste aurait dû écrire crun des soldats. Le Comité se plaint de cette
récitw, et non crie récitn; voir ci-après le négligence. Voir ci-après le rapport de Léo-
rapport de Léonard Bourdon. nard Bourdon.
^■-^ Cette phrase signifie que ceux qui ont '^) Erreur du journaliste. Le rapport de
fait connaître au Comité des traits de vertu Léonard Ijourdon dit: rchaque trimestre»,
militaire lui ont Iransmis le nom de l'of- ^*) Journal des débats et des décrets,
ficier, en laissant souvent dans Toubli celui n" ^54, p. 36A.
DE LA CONVENTION NATIONALE. IGl
vail, ni l'élendue des obligations qu'il m'imposait, ni les talents qu'il aurait fallu
pour être à sa hauteur.
Cet ouvrage destine, d'après vos décrets, à être lu dans les assemblées popu-
laires-les jours de décade, et dans les écoles publiques, doit avoir le mérite que
l'on désire dans les livres élémentaires, vulgairement appelés classiques; il doit
présenter un bon modèle de narration: le rédacteur doit entièrement disparaître;
l'acteur seul doit être vu. Toutes réflexions doivent être bannies; les traits cités
doivent être assez bien choisis pour se louer eux-mêmes. Aucun terme hyper-
bolique, aucune expression triviale ou ampoulée ne doivent défigurer un style dont
la pureté, la simplicité et le choix des mots propres sont les qualités principales.
Nous aurions pu remphr ce numéro, et beaucoup d'autres ensuite, de récits
plus saillants; nous aurions pu y réunir un ensemble de traits tous plus héroïques
les uns que les autres; de ces traits qui provoquent d'autant plus Tadmiration
qu'ils paraissent surpasser les forces ordinaires de la nature. (L'énergie des n'pu-
blicains français, le sublime enthousiasme de la liberté, qui élève Ihomine au-
dessus de lui-même, nous garantissaient que les matériaux ne nous manqueraient
pas. ) Mais nous avons voulu ménager les jouissances de nos lecteurs : nous avons
pensé que des traits de probité, de désintéressement, dont la Convention nationale
avait entendu le récit avec intérêt, figureraient sans désavantage à coté de traits
d'héroïsme, dans des Annales dont l'objet est de présenter à la jeunesse française
le tableau des vertus de ses pères, de ses contemporains; d'exciter et d'entreten r
la sensibilité si naturelle à cet âge.
Voici la marche que nous avons suivie. Chaque numéro contiendra d'aboi-d
un récit des premiers événements de la Révolution; les différents traits de civisme
et de vertu seront variés de manière à éviter l'uniformité : tantôt ce sera un trait
de désintéressement; une action héroïque lui succédera , et sera suivie d'un senti-
ment de piété filiale.
Les actions vertueuses des corps, des individus, des vieillards, des femmes,
des enfants, tracées successivement, nous fourniront un nouveau moyen de varier
nos récits.
Nous ne regrettons qu'une chose : c'est que, parmi la multitude de traits (jue
nous avons déjà recueillis, il y en ait un grand nombre dont le nom du héros ne
nous soit pas encore parvenu. Nous avons remarqué avec peine que, iorscpril
s'agit d'un trait de vertu commun à plusieurs défenseurs de la patrie, on a eu
soin de nous transmettre le nom de l'oflicier, et que souvent on a laissé dans l'oubli
celui des soldats; nous prendrons les mesures nécessaires pour réparer cet oubli
(pii seuible tenir aux injustices de l'ancien régime, et qui est si opposé aux prin-
cipes de la Révolution. Cha([ue quartier nous donnerons une table alphabélicpie
(les noms des citoyens dont les belles actions auront ('té citées j)récédemm(Mit , et
cette table renverra au numéro sous lecpiel cha([ue trait aura ('lé cité. En atten-
dant, nous ne nommerons point rollicier, à moins que l'action ne lui soit person-
nelle, lorsque le nom des soldats ne nous sera point parvenu.
Voici le titre coiiiplol de ce projet do prciiiicr numéro, ImpriiiK' ou oxcnition du tloorol
du ;iG triuiuiro : ^ Aniialfs du civisme cl de la rcrlu. ^" i". Présenté à l;i Coinoiilioil
ni. t I
IWPU4UtltlK XAlIXNJtLI.
162 PROCÈS-VERBAUX DU COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE
nationale au nom de la section du Comité d'instruction publique char^rée de leur rédac-
tion par Léonard BounnoN, député par le départe.nent du Loiret. I.nprimées par ordre
de la (,onvont.on nalionalo. A Paris, de l'Imprimerie nationale, l'an ii (0 «
Ce nmnéro, qui est annoncé dans le n" A67 du Journal des débats H des décrets, cor-
respondant au 10 nivôse an,i, forme une brochure de., paj^es. En tète se trouve
le rapport de Léonard Bourdon; puis vient le journal proprement dit, composé de vin^t
pnranrapbos numérotés. Le premier paragraphe est le récit de la délivrance des gardes
ranca.ses enfermés à la prison de TAbbaye, en juin 1789, pour avoir refusé de tirer sur
le peuple, et rem.s en liberté par les citoyens de Paris le 3o juin; chaque numéro devait
en ellet, conlormement au programme énoncé par Léonard Bourdon, débuter par crun
récit des premiers événements de la Révolution,,; suivent dix-neuf traits de dévouement
de courage, de probité, de tolérance, de générosité, etc.
(') Bibliothèque nationale, Ln^ 38, in-8°; Musée pédagogique, n" 18893.
DE LA CONVENTION NATIONALE.
163
CENT SOIXANTE-NEUVIEME SEANCE.
(extraordinaire.)
Du 96 l'rimaire an 11. [16 décembre 179^ ^^K]
Le citoyen Camraailie Saint-Aubin adresse au Comité une comédie
ij
intitulée l'Ami du peuple ou les Intrigants démasqués^'^K Renvoyée au citoyen
Kabre d'Eglantine pour l'examiner ^^l
Le citoyen Vercheuil présente un plan économique do fêtes civiques.
Renvoyé à la commission des Six chargée de cet objet ^'*l
La pétition du citoyen Adanson est renvoyée à Fourcroy et Guyton-
Morveau ^^\
Lettre de ia section d'architecture de la Commission des mo-
numents, relative aux moyens à employer pour la conservation des
marbres qui sont dans la cour des ci-devant Petits-Augustins. Arrêté
qu'il sera écrit au ministre de l'intérieur pour suspendre jusqu'à nou-
vel ordre le déplacement de ces marbres.
Le ministre de la guerre écrit au Comité pour le consulter sur les
honneurs qui pourraient être rendus à la mémoire de Turenne, dont
les cendres reposaient à Franciade. Le Comité a passé à l'ordre du
jour.
(') Les séances régulières du Comité
avaient lieu les jours impairs de la décade.
Si une séance eut lieu le 96 frimaire, ce
tut évidemment parce que le Comité avait
hâte d'achever l'examen des articles du
projet Bouquier que la Convention lui
avait renvoyés.
(') La comédie du citoyen Camuiaille
Saint-Aubin, capitaine de la première
réquisition, seplième compafjnie, bataillon
(lu T(Miq)le, à Bar-sur-Ornaiii, ('tail un
drami' en trois actes et en vers; Tbommagc
en avait été fail à la Convention le tia fri-
maire (Procès-verbal de la (îonvenlion,
I. XXV II, p. i3o). La pièce n'est pas aux
Archives nationales, ce qui s'explique par
le renvoi à Kabrc (ri'i[i[lonfine.
(^) Fabre d'Ejjlantine avait été adjoint
au Comité par décret du 9/4 frimaire. Voir,
p. 1 50 , l'extrait du Journal de Paris.
^*) Nous n'avons pas trouvé le plan de
Vercheuil. La connu is?ion des Six est la
commission nommée le 3 frimaire pour
s'occuper des fêtes nationales, de la nui-
sique et des spectacles (p. 9 ).
^'"^ Basire et Prunc^lb^ avaient été nom-
més commissaires pour faire un rapport
sur la collection (>t les onvrajjes d'Adanson,
le 9 1 binmaire (t. II, j). 79^). Une nou-
velle pétition d'Adanson, en date du 9 3 fri-
maire, avait été renvoyée au (lomité le
9 0 frimaire. Elle se trouve aux Archives
nationales; nous eu donnons l'analyse aux
annexes.
y m PROCÈS-VERBAUX DU COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE
On reprend la discussion sur le plan d'instruction publique présenté
par Bouquicr, L'article à de la section III a été adopté en ces termes :
(1)
[Les articles 8, (j et i 5 ont été adoptés en ces termes ^^^ :]
Aht. 8. Les enfants ne seront point admis dans les écoles avant l'âge de six ans
accomplis. Ils y seront envoyés avant celui de neuf. Leurs pères, mères, tuteurs ou
curaleurs ne pourront les retirer desdites écoles que lorsqu'ils les auront fréquentées
pendant quatre années consécutives.
Art. 9. Les pères, mères, tuteurs ou curateurs qui ne se conformeraient pas
aux dispositions des articles 6 et 8 de la présente section seront dénoncés au tri-
bunal de la police correctionnelle, et, si les motifs qui les auraient empêchés de se
conformer à la loi ne sont pas reconnus valables, ils seront condamnés pour la
première fois à une amende égale au quart de leurs contributions ; en cas de ré-
cidive, l'amende sera double et les infracteurs seront regardés comme ennemis de
l'égalité et privés pendant dix ans de l'exercice du droit de citoyen. Dans ce dernier
cas le jugement sera affiché.
Art. 1 5. Ceux desdits jeunes gens qui à l'âge de vingt ans accomplis ne se seraient
pas conformés aux dispositions de l'article ci-dessus seront privés pendant dix ans
de l'exercice des droits de citoyen. Leurs pères, tuteurs ou curateurs qui auraient
concouru à Tinfraclion de la présente loi subiront la même peine.
Elle sera prononcée par la police correctionnelle sur la dénonciation qui lui en
sera faite, dans le cas où l'inexécution ne serait pas fondée sur des motifs va-
lables ^'\
La séance est levée à dix heures ^^'^
PIECE ANNEXE.
ANALYSE DE L\ PETITION D'ADANSON DU 2 3 FRIMAIRE AN II.
La seconde pétition d'Adanson se trouve aux Archives nationales, F^', carton i326,
carton où sont entassées pêle-mêle une quantité de pièces de provenance très diverse.
(') L'article n'a pas été transcrit, nia
la minute ni an registre.
(^) La ligne entre crochets est ajoutée
par nous. Le texte des articles 8, 9 et 1 5
n'a été transcrit qu'au registre. L'ordre
des articles numérotés primitivement 8 et
9 est désormais interverti. Dans le projet ,
l'article 8 était celui qui ttaitait de la pé-
nalité à infliger aux parents ou tuteurs qui
contreviendraient aux dispositions de l'ar-
licle 7; et l'article 9 était celui qui indi-
quait l'âge auquel les enfants pourraient
être aduiis dans les écoles. Maintenant la
disposition relative à l'âge d'admission,
renforcée d'autres dispositions complémen-
taires, devient l'article 8; et les disposi-
tions pénales forment l'article 9. Ce numé-
rotage se retrouvera dans le décret définitif.
^•^) Pour la suite et la fin de la discus-
sion sur le premier degré d'instruction,
voir la séance du Comité du 27 frimaire,
p. 169, note 2.
^^) Ce dernier alinéa n'est pas à la mi-
nute. Pas de signature, ni à la minute ni
au registre. La minute est de la main de
Daousl.
DE LA CONVENTION NATIONALE. 165
Elle est ainsi datée : crParis, rue Chanterelle, n° /17, 28 frimas {sic), ce qui correspond
à vendredi i3 de'ccmbre 1798, vieux stylen. Le pe'titionnaire réclame d'abocd au sujetd'un
payement qui ne lui a pas été fait : une gratification annuelle de 1,800 livres lui a été
accordée le 2^ août 1780, pour lui faciliter le loyer d'un appartement assez vaste pour
le développement de sa collection d'histoire naturelle; un décret du 27 juillet 1791 lui a
conservé celte gratification, qui a toujours été régulièrement payée jusques et v compris
l'année 1792; mais, par suite d'une douljle erreur, la gratification de l'année 1790 est
restée en souffrance; bien qu'elle ait été ordonnancée le 1" décembro 1790 au minis-
tère de l'intérieur, elle n'a pas encore été payée. Adanson expose ensuite qu'il n'est
bénéficiaire que de fftrois seules pensions : la première de i,A75 livres, accordée en 1772;
la seconde de 1,800 livres, accordée en 1780; la troisième de 3, 000 livres, accordée en
1790 : ensemble 6,276 livres». Cette somme est insuflisante pour récompenser ses longs
services, et il demande à obtenir le maximum de pension de 10,000 livres, "attribué par
un décret du aux talents distingués, aux savants, aux philosophes premier chacun
dans leur partie». En terminant, Adanson annonce qu'il se propose de faire hommage à
la Convention d'un Plan de philosophie naturelle universelle, commencé depuis cinquante-
quatre ans (en 17/10), et qui pourra former la base d'une instruction publique générale.
IGG PROCÈS-VEUBAUX DU COMITE D'INSTRUCTION PUBIJQUE
CENT SOIXANTE-DIXIEME SEANCE.
Du '^7 liiinuiie an ii. [17 décerabro 1793.]
Le citoyen Darparens fait lecture d'un manuscrit de sa composition
portant |)our titre : Principes élémentaires d'éducation républicaine. Ajourné
jusqu'à la discussion sur les livres élémentaires ^^l
La citoyenne Orelli |)résente de nouveau une pétition dans laquelle
elle réclame ou des secours ou une place dans l'instruction publique.
Cet objet n'étant pas du ressort du Comité, la pétitionnaire est ren-
voyée au Comité des secours publics ^'^l
Le président rappelle au Comité que le citoyen Thomas Rousseau,
employé à la rédaction des Annales du patriotisme, a quitté une place
de trois mille livres d'appointements dans les bureaux du iMinistère
de la guerre et qu'il est tout à fait juste de lui conserverie même trai-
tement. Le Comité arrête que son traitement sera ordonnancé, quant
à présent, sur le même pied que celui des autres employés du Comité,
et que pour le surplus il en sera référé à la Convention nationale.
Lindet est chargé de ce rapport ^^^.
Le citoyen Perny fait hommage au Comité d'un planisphère pro-
'^) Darparens s'était déjà présenté au
Comité le 1 1 frimaire (p. 62), et avait été
ajourné à quinzaine. Il fit imprimer son ou-
vrage dans ie courant de l'an 11 ; c'est une
plaquette de 9Â pages in-S", dont voici
le titre : «: Principes élémentaires d'éducation
républicaine, ouvrage dont le manuscrit a
élé lu et remis au Comité d'instruction
publique de la Convention nationale, par
le sans-culotte Darparens, né à Auch,
chef-lieu du département du Gers, habi-
tant Paris depuis le so mars 1792; à Pa-
ris, de l'imprimerie des Sans-Culottes,
rue Saint-Honoré, n° su, et se vend chez
Girardin, libraire, au Cabinet littéraire.
Palais de l'Egalité î5; Bibliothèque nationale,
Lb''^ 3590, in-S"; Musée pédagogique,
n" 11757. — La brochure comprend un
Avis à mes Frères, un Discours prélimi-
naire, puis un Catéchisme par demandes
et réponses , en sept chapitres ; elle se ter-
mine par la Déclaration des droits de
l'homme et du citoyen. — Le manuscrit
remis par Darparens au Comité est dans
F", carton 1009', n° 1771.
^■^) Il a déjà été question de la citoyenne
Orelli dans la séance du Comité du 2/1 sep-
tembre 1793 (t. II, p. A59). Le nom de
cette institutrice, qui était orthographié
Orielly sur la minute du procès-verbal du
26 septembre, est écrit Orelly sur la mi-
nute de celui-ci.
(') Dans sa séance du 9 frimaire, le
Comité avait fait à Th. Bousseau une pro-
messe formelle d'augmentation de traite-
ment (p. hh)\ maintenant on ne veut le
payer que sur le même pied que les autres
employés du Comité. En conséquence , nous
verrons Th. Kousseau donner sa démission
le 27 nivôse (p. 291 ).
DE LA CONVENTION NATIONALE.
167
jeté sur l'horizon de Paris, sur lequel il a tracé la route apparente
d'une comète qu'il a découverte. Mention honorable, et renvoi à Bou-
fuier
(1)
xMathieu fait un rapport sur la suppression de la Commission des
monuments. La rédaction du projet de décret est adoptée ^^\
David présente un pareil rapport sur la Commission du Muséum
des arts, qu'il propose de supprimer et de remplacer par un conser-
vatoire composé de douze membres. Le projet de décret est é[jalement
adopté par le Comité ^^\
■') On sait que Perny remplissait les
fonctions de directeur temporaire de l'Ob-
servatoire depuis la démission de Cassini.
Voir notre tome II, p. aaS.
(2) C'est dans la séance du 5 frimaiie
que Mathieu avait été charfré de préparer
un rapport sur la suppression proposée de
la Commission des monuments et son rem-
placement par la Commission temporairn
des arts (p. 8). Ce rapport et le projet
de décret qui l'accompagnait, adoptés par
le Comité le 97 frimaire, furent présentés
à la Convention par Mathieu le lendemain.
L'assemblée vota le projet de décret, avec
un amendement de David portant que les
travaux de la Commission des arts seraient
salariés , au lieu d'être gratuits comme le pro-
posait Mathieu. Nous donnons aux annexes,
A (p. 169), un extrait du procès-verbal de
la séance de la C>onvenlion du 28 frimaire
an II, complété par un extrait du Moniteur,
et le texie du rapport et du projet de dé-
cret présentés par Mathieu, — Pour la no-
mination des membres de la Commission,
dont le décret avait prescrit la réorganisa-
tion, et pour la fixation de l'indemnité à
leur accorder, voir les séances du Comité
des 5 , 1 5 , 1 () , 9 1 et 29 nivôse et 5 pluviôse
(pages 211, 236, 257, 2G6 , 299 et 32-3).
La Commission des nionumonls, suppri-
mée par le décret du 28 frimaire, ne dis-
parut pas immédiatement de la scène;
elle trouva moyen de j)r()l()ng(>r son exis-
tence pendant près de trois mois encoie,
sous prétexte que le décret de la Conven-
tion ne lui avait pas été olliciolloujeul no-
tifié. Elle s'autorisa d'une lettre du ministre
de l'intérieur, du 3 nivôse, et d'une lettre
de Mathieu, président du Comité d'instruc-
tion publique, du 7 nivôse, pour continuer
à tenir ses séances. Nous donnons aux an-
nexes, A (pages 181-18.5), des extraits des
procès-verbaux de ses séances des 29 fri-
maire, 3, 6 et 9 nivôse, où l'on trouvera
exposés les motifs de cette attitude, et le
texte des deux lettres mentionnées ci-dessus.
Pour la suite de ce qui concerne la Com-
mission des monuments, voir les séances
du Comité des 26 nivôse (p. 9 83) et 9 plu-
viôse (p. 36 1 ).
■•■'^ Le 17 frimaire, le Comité avait
ajourné la discussion d'un rapport que lui
présentait David en son nom personnel, et
l'avait invité à se concerter avec Mathieu
(p. 7/1). Maintenant David, d'accord sans
doute avec Mathieu, présente de nouveau
son rapport, et le Comité l'adopte. Le len-
demain 98, David en fera lecture à la
Convention à la suite du rapport de Ma-
thieu sur la Commission des monuments;
mais l'assemblée, sur la proposition de
Cambon, décrétera l'ajournement, toutou
ordomiaut TimpressioM du rapport. Le pro-
cès-verbal de la séance de la Convention
du 28 frimaire an 11 ne mentionne pas l.i
lecture du rapport de David; ce n'est (|iie
par les comptes-rendus du Moniteur ci du
Journal (les débats et des décrets <nrt'lli'
nous est comme. Nous donnons aux amux»'^.
i^p. tSÔ), un extrait du comptt^-iendu du
Moniteur, et le texte du rapport et du pro-
jet de décret de David. — Le procès-vorbal
168 PROCÈS-VERBAUX DU COMITE ^INSTRUCTION PUBLIQUE
Prunelle demande qu'il soit remis au citoyen Bardel une collection
complète des décrets des corps législatifs, afin qu'il soit en état de
former le tableau des travaux du Comité. On arrête que Prunelle
est autorisé à faire remettre au citoyen Bardel la collection qu'il de-
mande ^^K
Valdruche reproduit la demande faite par le directoire du dépar-
tement de Paris des fonds nécessaires ])our le payement des insti-
tuteurs des premières écoles. On arrête (|u'il en sera écrit au ministre
de l'intérieur. Valdruche en est chargé ^'-l
Léonard Bourdon demande qu'il soit formé dans la maison d'édu-
cation de Saint-Martin un dépôt d'objets d'art qui puisse servir a
l'instruction des Orphelins de la patrie. Le Comité arrête qu'il en sera
fait rapport à la Convention nationale. Mathieu en est chargé ^^L
Une députation des professeurs de musique est introduite. L'orateur
présente une pétition tendant à faire déposer dans la bibliothèque de
l'Institut national de musique les instruments, livres de musique, etc.,
qui se trouveront parmi les effets vendus au profit de la nation. Cette
pétition est renvoyée à la commission des Six^^^.
Olivier envoie les plans de l'emplacement qu'il destine à sa manu-
facture et des changements qu'il veut y faire. Renvoyé à Guyton et à
Homme ^^l
Ferry fait un rapport sur le manuscrit du citoyen Guibal, intitulé
du Comité dit que ie conservatoire pro-
posé par David devait se composer de douze
iDcmbres : mais ie rapport de David n'en
nomme que onze. Le douzième nom est
celui du sculpteur Dupasquier, qui s'est
trouvé omis lors de l'impression du rap-
port de David, sans doute par quelque
erreur de copiste ou accident typogra-
phique. Le Comité s'occupera de nouveau
de cette afFaire dans ses séances des i3,
19 et 21 nivôse (pages 982, 267 et 266),
et David présentera un nouveau rapport à
la Convention ie 27 nivôse (p. 278).
^^) Bardel était entré dans les bureaux
du Comité d'instruction publique, comme
commis, sous l'Assemblée législative, le
2 décembre 1791; et déjà en janvier 1792
il avait dressé, pour le Comilé, un tableau
de tous les décrets rendus jusqu'à cette
époque sur l'instruction publique (voir les
Procès-verhaux du Comité d' instruction pu-
blique de l'Assemblée législative).
(2) Voir p. i3A. Valdruche écrivit en efTet
au ministre de l'intérieur, dont la réponse
sera communiquée au Comité dans la séance
du 18 nivôse (p. 280).
(•^) Mathieu paraît avoir fait le rapport
demandé , bien que les procès-verbaux ne
le disent pas. Il sera question le 1 1 pluviôse
(p. 878) d'un décret du 19 nivôse relatif à
la maison d'éducation de Léonard Bourdon.
^^^ Il sera de nouveau question de cette
demande des professeurs de musique de
l'Institut national dans la séance du 7 ven-
tôse (p. 5oo).
(*) Pour la suite de l'affaire d'Olivier,
voir les séances des 1 9 nivôse et 2 1 plu-
viôse (pages 2 56 et 6/12).
DE LA CONVENTION NATIONALE.
169
Traité d'hydraulique théorique et pratique. Il est chargé de répondre à
l'auteur ^^l
La séance est levée à dix heures et demie ^-l
PIECES ANNEXES.
On lil dans les procès-verbaux de la Convention :
Séance <ki !^8 frimaire an ii.
rLa Convention nationale, après avoir entendu le rapport de son Comité (riii-
struction publique, décrète ce qui suit:
ff Article premier. La Commission des monuments est supprimée.
ffART. 2. Elle sera remplacée par la Commission temporaire des arts pour
l'exécution de tous les décrets concernant la conservation des monuments, des
objets de sciences et d'arts, leur transport et leur réunion dans des dépots conve-
nables.
ff Art. 3. Les Iravaux de la Commission des arts seront salariés.
ff Art. /i. Il sera , par les Comités des finances et d'instruction publique , présente
un projet de décret pour le salaire des membres de la Commission des arts.
ff Art. 5. Le Comité d'instruction publique présentera à la Convention nationale
la liste des membres de cette Commission.
ff Art. 6. Il sera nommé, pour surveiller le travail conjointement avec le Comiti'
d'instruclion publique, deux membres par le Comité des finances, deux par celui
d'aliénation, et deux par celui de commerce et d'agriculture; indépendamment de
cette surveillance officielle, tous les membres de la Convention sont invités à sui\re
toutes les opérations de la Commission.
(') Voir p. 87. Il sera de nouveau ques-
lion de Guihal lo 1 3 {jerminal an 11.
^'^' l\is de signature, ni à la minute ni
au rojjistro. La minute est de la main de
Forry. — Le Comité avait achevé, dans sa
séance de la veille, Texamon des articles du
|)lan d(î Houquier (|ui lui avaient été ren-
voyés; mais c'est seulement le ;u) IViinjun»
que la (convention put entendre la leclure
du projet de décret revu et amende. Ce fut
Hoiiquicr qui se présenta à la tribune, et
fil adopter (léUnltivcmeut l'ensemble des
trois sections du décret. Aussitôt après le
vole, siu" la proposition (Tini membre, la
Convention ordonna que le décret sur lc>
écoles primaires serait promuljju'' d'iu-
f^ence, et que le Comité d'instrui-tion pu-
blique lui présenterait, le i*"' nivôse, im
projet d'établissement des ietes civiques,
jeux et exercices nationaux. — Le procès-
vei'bal (le la séance de la Convention du
ti() lViiiiair(> u'a\;uit clé lu et adopte (jue
dans la séance (hi .") nivôse, ce lut scule-
uu'iit ce jour-là que le décret pul être
proundgué; et en elTel, dans Texenq^laire
du (b'crel luqtrimé» à l'Imprimerie exécu-
tiv(\ on lit au bas du texte : ftCt>llalionné
à rorljfiual par nous, président et sooiv-
170 PROCÈS -VERBAUX DU COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE
cf Art 7. Le Comité d'iustriiclion publique présentera incessamment h la Gon-
venlion nationale des moyens d'assurer, dans toute l'étendue de la République, la
conservation des monuments, objels d'arts et de sciences, et bibliothèques, sans
autre déplacement que celui que peut nécessiter la conservation même des objets.
ff Art. 8. La Commission des monuments remettra au Comité d'instruction pu-
blique les mémoires, notes, descriptions, catalogues, inventaires, plans d'opéra-
tions, et le registre de ses délibérations jusqu'à ce jour' ^^^
On lit ce qui suit dans le compte-rendu du Motiiteur :
Convention nationale, séance du 98 frimaire.
Mathieu, au nom du Comité d'instruction publique, fait un rapport sur la
Commission des monuments et la conservation de tous les ouvrages précieux aux
sciences et aux arts. 11 démontre que la Commission sur laquelle il présente des
vues ne peut plus subsister; il en propose la suppression. Il accuse cetle Commis-
sion d'avoir dilapidé des fonds à l'achat ou à la conservation d'objets peu précieux,
et d'avoir mis à l'exej'cice de ses fonctions une négligence coupable.
David. J'a})puie le projet de la suppression; je suis surtout d'avis qu'on la
compose d'artistes dont les talents soient bien connus. Si dans le nombre il se
trouve des représentants du peuple, ils ne recevront point de traitement; mais je
demande qu'on donne un salaire aux autres artistes qui se déplaceront. Je propose
de donner à chacun dix livres par séance.
*** Je demande que l'on décrète le principe que toutes les commissions des
arts sont supprimées, et qu'il en sera créé une de vrais artistes; ensuite on dis-
cutera le projet qui vient d'être présenté, et dont je demande l'impression, ainsi
que du rapport.
Mathieu. J'observe que le projet que je viens de présenter n'a précisément
d'autre objet que celui de supprimer ces commissions, et d'en créer une seule et
utile; que ce projet n'est que préparatoire, et que ce sera après avoir recueilli les
vues de la Commission qu'on pourra présenter son organisation et la distribution
de ses travaux.
Le rapporteur lit son projet de décret; il est discuté article par article et
adopté ^^\
taires de la Convention nationale. A Paris, cès-vorbal de la séance de la Convention
le 5 nivôse an second delà République une et du 29 frimaire an n, contenant le décret
indivisible. Commm , président ; Pellissier sur les écoles primaires, ainsi que des cx-
et A.-C. TeiBAUDEAu, aacrétaires.-n Voir à traits du compte-rendu de quelques jour-
ce sujet p. 1 96. — La disposition portant naux.
que le Comité présenterait le i" nivôse ^'^ Procès-verbal de la Convention,
un projet sur les fêtes civiques, etc., ne t. XXVIl, p. 3oi.
fut pas exécutée. — Nous donnons aux ^^^ Moniteur du 3o frimaire an 11,
annexes, C (p. 191),^ un extrait du pro- p. 36/i.
DE LA CONVENTION NATIONALE. 171
Nous roproduisons ci-après le rapport et ie projot do décret de Mathieu; nous y ajou-
tons, en notes, quelques passages extraits du Compte rendu à la Convention par la Com-
mission supprimée des monuments (voir sur cet écrit l'annexe B de la séance du 27 ven-
tôse, p. 089), dans lesquels la Commission des monuments donne des explications sur
différents faits allégués à sa charge par le rapporteur :
({APPORT FAIT A LA CONVENTION AU NOM DU COMITE D'INSTRUCTION PUBLIQUE,
PAR MATHIEU, DEPUTE, LE 28 FRIMAIRE, L'AN 2" DE LA REPLBLIQUE FRAN-
ÇAISE.
De l'Imprimerie nationale, s. d. ^'^.
Je viens, au nom du Comité d'instruction publique , vous proposer de supprimer
la Commission des monuments, et de la remplacer par la Commission temporaire
des arts.
La néglig'encc prryudiciable et constatdc de l'une, l'ulile et civique activité de
l'autre, les nombreux inconvénients de leur existence simultanée, sont les motifs
de la proposition que je suis chargé de vous présenter.
Lorsque l'Assemblée constituante prononça l'abolition des ordres religieux, elle
prit des mesures pour assurer la conservation des bibliotlièques et des collections
savantes qui leur avaient appai'tenu ^""*. Quoiqu'il y eût dans ces dépôts beaucoup
de scolastique, on peut dire qu'en général, depuis des siècles, des moines étaient
dépositaires des richesses littéraires les plus intéressantes. C'étaient des aveugles
(jui portaient un flambeau :1a nation devait s'en saisir, et des décrets furent rendus
pour faire recueillir, avec autant de soin que de méthode, les collections et les bi-
bliothèques devenues nationales.
Les émigrés nous ont aussi laissé dans cî genre une succession opulente. Ils au-
raient craint d'emporter avec eux les écrits des philosophes anciens et modernes;
c'eût été marcher avec un tribunal et se faire accompagner par des juges. Il reste
donc entre nos mains, pour Putililt' pubhque, ce qui entre leurs mains souvent
ne servait qu'à leur vanité ou à l'ornement de leurs salons.
La Révolution s'avançant, les oscillations politiques, dans leur mouvement accé-
léré, ont amené et préparé la chute de tout ce qui n'avait point ses bases dans la
nature. Le trône a été renversé, et le glaive de la loi, en frappant une tête dans
lacpielle pivotaient tous les préjugés et vivaient toutes les erreurs, a laissé sans lien
tous ces ennemis de la vérité, de la raison et du bonheur des hommes.
Si les tyrans n'ont jamais existé ([ue pour dé])ouiller les peuples, il est bien
jiisle que les peu[)les, se ressaisissant de leurs droits, se hâtent de recueillir, dans
les dépouilles du despotisme vaincu, ce qui peut end)ellir et éterniser la sictoin^
et servira la fois d'ornement, de li'ophée et d'appui à la liberti' et à l'e'galilé.
Ainsi, au 10 août lyQ'i, lorsque le courroux national foudroyait le dcrniei' de
nos tyrans, h l'instant où toutes les armoires de fer, images de la conscience des
^'^ Bibliothèque nationale. Le'" ()i 1, in-8°; Musée pédagogi(pie, n" 1 ilUv.i. — '■ Voir
les Procès-ver hau.v du Comité d'iiistrnrlinii i)nl)li(jU(' de r.\sscml>li'i' léirislutive , Introdiulitui ,
pages xiv-\vi.
172 PROCÈS-VERBAUX DU COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE
rois, s'ouvraiont, hors une seule, pour fournir eu abondance les male'rianx du
procès du despotisme et du despote, on sentit que les monuments des arts qui ne
portaient pas renq)reinte avilissante de la servitude devaient être epargne's, qu'ils
appai'tenaient à la nation et h la gloire : une Commission des monuments fut in-
stituée. Elle fut forme'e de la réunion de plusieurs Commissions analogues déjà
exislantes; divers décrels fixèrent son altrihulion ^^^; la Convention, dans ses pre-
mières séances, la confirma, et plusieurs de nos collègues furent nommés membres
de cette Commission.
Son objet était de prendre connaissance des monuments qui doivent être con-
servés pour les progrès et ia gloire des arts et des sciences, et de veiller a leur
conservation. Elle ('tait en même temps chargée de se concerter avec les Coinités
des finances, d'aliénation et d'instruction publique, afin de mettre ces Comités à
portée de présenter à la Convention nationale les projets de décret relatifs à la
distraction des monuments des arts et des sciences, du nombre dos autres effets
mobiliers; elle devait se concerter avec le Comité d'instruction publique pour la
disposition la plus convenable à établir dans ces objets, et enfin avec le ministre de
l'intérieur pour l'exécution des décrets rendus en cette matière. La loi qui a donné
une existence définitive à cette Commission est du 18 octobre 179-3 ^^K
Gomment cette Commission s'est-elle acquittée de ses travaux? Le zèle, comme
il arrive dans les établissements nouveaux ou renouvelés , a signalé ses premières
opérations, et répondit h l'esprit de vos décrets et au but de sa formation. Ses re-
lations avec le Comité d'instruction publique furent déterminées et exactement
suivies. Mais le temps vit ce zèle se ralentir; la correspondance devenue d'abord
moins active, et depuis presque nulle, attesta à votre Comité qu'il y avait des ré-
formes à faire, soit dans forganisation , soit dans la composition de la Commis-
sion.
Son organisation était insuffisante, en ce qu'elle manquait de moyens de sur-
veillance et d'exécution pour assurer dans toute l'étendue de la République
l'exactitude et l'activité des travaux auxquels elle vaquait à Paris. La partie de la
bibliographie était seule dirigée avec ensemble et d'après une instruction bien
conçue; mais votre Comité ne doit pas vous laisser ignorer qu'aujourd'hui cette
partie même est négligée, et à Paris et dans tous les départements; que cette né^
gligence a pu et peut encore donner lieu à des pertes considérables. L'organisation
de la Commission était insuffisante, en ce qu'elle n'était pas munie de membres
pour plusieurs divisions de travail importantes. La littérature, les arts, les anti-
quités y comptaient des hommes éclairés et des gens de lettres; mais les sciences
naturelles et les fortifications, ainsi que d'autres brandies, avaient été omises ou
faiblement pourvues. Attendu la diversité des objets à discerner, à inventorier, à
distraire de la vente, à conserver et à disposer pour l'instruction publique, la
Commission, bornée à certains objets et à certains lieux, ne formait pas un organe
complet.
('^ Voir dans les Procès-verbaux du Co- 11 et 16 août, et 16 et 19 septembre 1792.
mité d'instruction publique de V Assemblée ^^^ Voir le décret du 18 octobre 1792
législative, pages 180-182, les décrets des dans notre tome 1", p. 7.
DE LA CONVENTION NATIONALE. 173
De là peut-être en partie sou refroidissement; ne pouvant embrasser le tout, elle
porta moins de soins même dans ce qu'elle aurait pu faire à la rig-ueur. Son action
fut faible, comme tout ce qui est partiel; la slimuler n'eut passulli; la conq)lpter
eut été une des mesures indispensables, si d'ailleurs sa composition eût été bonne.
Votre Comité a pensé que le mérite des lumières et des talents était insuffisant,
si l'on n'y joignait un j)alriolisme très prononcé. Dans le mouvement actuel et gé-
néral, le civisme de plusieurs membres de cette Commission a paru stationnaire,
et celui de quelques-uns arriéré. Il faut aujourd'hui que tout marche de front,
hommes et choses. On sent que dans des opérations où l'oa a souvent de la sévé-
rité à manifester, de la fermeté à développer pour réserver à la République les
objets darts et de sciences, pour en (ixer le prix en présence dus intérêts op[)osés,
sans égard pour les sollicitations, il faut de la j)art de ceux qui sont appelés h ces
opérations une inllexibilité républicaine, qui ne consulte et n'écoute que léquité.
Il faut, dans des Commissions qui doivent concourir avec la Convention nationale
et avec les autorités constituées, une marche décidée et rapide, qui soit en har-
monie avec l'opinion publique.
La (Commission des monuments était chargée de faire mettre en réserve et en
dépôt tout ce qui pouvait servir à l'instruction et aux arts. Elle n'a point mani-
festé pour les recherches et les recouvrements des objets le degré de zèle et l'acti-
vité nécessaires. Aussi beaucoup de monuments appartenant à des émigrés, tels
que vases, statues, tableaux, marbres, etc., se trouvaient chez des parliculiers,
chez des notaires; des citoyens étaient, sans en avoir donné de récépissé, déposi-
taires de machines, d'instruments, de plans, de cartes qui appartiennent à la lié[)u-
blique. Pour lui assurer la restitution de tous ces objets, il ne suffît point d'une
exactitude officielle, il faut encore cette bonne volonté qui supplée, pour ainsi
dire, a tout, et que rien ne supplée, avec laquelle on mérite des éloges, sans la-
quelle on mérite des reproches. Cette heureuse et civique disposition, la Cooi-
mission des monuments ne l'a point manifestée pour la recherche des objels égai'és.
Dans ceux qui s'ofî'raient à elle, a-t-elle fait un bon choix? La voix des artistes
l'a encore accusée en ce point. Autour des monuments élevés par la servitude au
despotisme, la flatterie avait souvent joint des accessoires que pouvait épargner
un républicain; c'étaient tantôt des bas-reliefs, ouvrages des meilleurs artistes,
des colonnes; tantôt des statues de marbre, plus ou moins précieuses, destinées
souvent à retracer des vertus chères aux républicains; car en quoi consiste la flat-
terie, si ce n'est à prêter au despotisme les vertus qu'il n'a pas, les vertus qu'il
opprime? Ces accessoires, en plusieurs circonstances, ont été négligés pai- les com-
missaires des momunents. Des morceaux inléressants ont élé perdus, d'autres [>é-
riclilent et sont exposés aux saillies funesles d'un zèle, louable dans ses motifs,
mais prcyudiciable dans ses résultats. Ainsi, à Franciade, on voit dans l'église de
la ci-devant abbaye des colomies 1res précieuses de marbre blanc, au nombre de
seize, que la Commission n'a pas cru devoir comprendre dans la liste des objets
h recueillir'*^ Elle a également omis deux colonnes de porphvrc de sepi pieds
^') «Losseizo colonnes du mausolée de {jiiei- ici le rapporlonr. onl t'U' ri-lcrnies |iar
François 1"', (|ii(> vcul apparemment dési- la Commission ; on les a ilt-posées et con-
17'j PROCÈS-VERBAUX DU COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE
deux pouces de hauteur et de onze pouces de diamètre; une table de marbre,
grand antique de deux pieds de hauteur sur vingt-trois pouces de largeur, et d'autres
monuments dignes d'attention, soit pour la matière, soit pour k beauté des
formes ^'^
Des collections aussi nombreuses que rares provenant de l'émigré' Choiseul-
Goulîier, et de ses voyages dans la Grèce, emballées à Marseille, semblaient n'at-
tendre qu'un vent favorable pour aller trouver leur ancien propriétaire; un em-
bargo civique empêcha cette émigration par la suite d'une surveillance plus efficace
et plus active que celle de la Commission des moimmenls '-^K
II exislait à Versailles des morceaux d'histoire naturelle d'un grand ])rix; il
importe ici que vous sachiez, citoyens, d'abord comment ces objets se vendent, et
puis la route qu'ils prennent. L'on a vendu, environ 8,000 livres, quatre tables
de bois pétrifié qui avaient appartenu à la femme du tyran , et qui , estimées à leur
valeur, ne pouvaient l'être à une somme moindre de i5o,ooo livres, à raison de
leurs dimensions peu communes, et du travail d'art par lequel on a embelli ce
rare produit de la nature ^'^ Ces tables ont été achetées à Paris i!2,200 livres,
par deux particuliers qui se proposent, ainsi qu'ils l'ont déclaré, d'en tirer un bé-
néfice considérable. Ils ont naïvement avoué qu'ils faisaient rarement des marchés
aussi avantageux. Déjà un jardinier anglais , établi à Sèvres, était en marché et se
proposait d'en faire l'emplette, non pour lui-même, comme on peut le croire,
mais indubitablement pour ses concitoyens de la Grande-Bretagne. Une somuie de
25,000 livides était offerte par lui et refusée par les propriétaires actuels, lorsque
les commissaires chargés d'inventorier tous les objets précieux d'histoire naturelle
et autres monuments ont arrêté , pour les tables en question , le cours de la né-
servées pour être transportées au dépôt des
ci-devant Petits-Augustins, lors de la dé-
molition du tombeau. w [Compte rendu à la
(Convention par la Commission supprimée des
hionttnients,^. 6.)
(^^ rr Les deux colonnes de porphyre , et le
marbre antique, qui a environ cinq pieds de
largeur, au lieu de vingt-trois pouces, appar-
tenaient à Tautel de saint Benoît , vis-à-vis le
mausolée de François I". Tant que le culte
catholique a existé dans l'église de Fran-
ciade, la Commission n'a ni pu ni du en
arrêter Tenlèvement; mais depuis que le
culte y a été aboli, non seulement elle en
a arrêté l'enlèvement, mais elle y a joint
une statue en marbre blanc représentant
saint Benoît. •>•) [Ihid., p. 6.)
^^) La Commission des monuments ré-
pond dans son Compte rendu , trop lon-
guement pour que nous puissions repro-
duire ses explications, qu'elle s'est occupée
des collections Clioiseul-Goulfier dès le
3 3 octobre 1792, et qu'elle a encore
écrit récemment au général Cartaut à ce
sujet.
^^) cfLes commissaires de la Commission
n'ont jamais pu pénétrer dans le château
de Versailles . . Peut-on reprocher à une
Commission de ne s'être pas occupée de la
vente de meubles qu'un département l'em-
pêchait même de voir, et qu'un décret con-
servait spécialement à cie département?»
[Compte rendu à la Convention , etc., p. 26
et 26.) — Le département de Seiuo-et-
Oise avait en effet refusé aux commissaires
de la Commission des monuments l'entrée
du château, en février 1798. il exislait
deux décrets interdisant le déplacement des
objets d'art du château de Versailles, celui
du 1 9 septembre 1792 (voir Procès-verbaux
dit Comité d'instruction publique de V Assem-
blée législative, p. 383 ) et celui du 2 7 juillet
1793 (voir t. II de la présente publication,
p. 1/17).
DE LA CONVENTION NATIONALE.
175
gociation, et les effets d'un agiotage dont chaque oscillation porte à vos ennemis
des ricliesses qu ils convoitent depuis longtemps.
Sur toutes ces pertes fâcheuses, sur toutes ces ventes qui ne le sont pas moins
et qui équivalent à des pertes, la Commission des monuments est restée muette et
inactive.
Au milieu des reproches qui lui sont faits, et qu'elle s'efforce de repousser, il
est une gloire (pi' elle revendique, c'est d'avoir occasionné peu de déj)ense. II est
vrai d'abord que ses travaux étaient gratuits ; il est également constant que ses
(lé[)enses positives ont été peu de chose. C'est à la Convention nationale à peser le
mérite de cette économie. Elle a coûté beaucoup à la République, si elle a négligé
et laissé perdre beaucoup de choses précieuses ; elle lui aurait coûté bien moins
avec un zèle plus actif et moins parcimonieux.
Ainsi, avec quelques dépenses de plus, on aurait environné de précautions suf-
fisantes le transport des monuments qui se sont brisés dans le déplacement,
comme il est arrivé, sur le pont du Peuple, pour de très belles colonnes '^^
Les citoyens de cette Commission, chargés de la partie de la peinture, devaient
faire un triage, un choix. Us ont tout recueiHi,tout fait enlever, pêle-mêle, bon et
mauvais; ils ont par là encombré 1rs dépôts de la République de choses qui ne va-
laient pas les frais du transport. En même temps qu'ils surchargeaient les dépôts
d'embarrassantes inutilités, ils laissaient vendre à Passy, 3oo livres, quatre ta-
bleaux de Bourdon qui, le lendemain, ont été vendus 3,ooo livres ^^^ 11 n'est pas
hors de propos d'observer qu'il n'est au Muséum qu'un tableau d'histoire de ce
peintre ^^^ Ils ont l'ait annoncera la (Convention nationale la découverte, dans les
greniers de Saint-Lazare, d'un tableau de Raphaël valant plus de 200,000 livres,
tandis qu'il est aujourd'hui reconnu que ce n'est qu'une copie qui peut valoir
600 livres ^*^.
^^) tfCe fait parait sans fondement. Le
garde de la maison des Petits-Augushns, le
seul des gardes de dépôts qui a jusqu'à ce
moment reçu des colonnes, a attesté par
écrit qu'aucun des objets apportés dans sou
dépôt n'a été mutilé en route.» [Compte
rendu à la Convention, etc., p. 8.)
(^) frCes tableaux ont été vendus, sur
alliches, par la municipalité de Passy. La
Commission, instruite de ce fait, a sur-le-
champ écrit au département. L'enchère,
suivant le rapport fait à la Commission, a
été de i3i livres, et le marchand qui les
a achetés ne les a revendus, après la res-
tauration, que goo livres. Ces tableaux
étaient-ils réellement de Bourdon ? Cela
n'est point trop sur. . . Vu surplus, fussent-
ils de Bourdon, ils ne sont pas bons, de
l'aveu de tous ceux qui les ont vus.?) ( Ihid. ,
p. 8.)
^^) wLa Convention jugera-l-elle cette
observation faite très à propos, quand elle
saura qu'il y a quatre tableaux de ce maître
au Muséum, qu'il en est d'autres encore
provenant de la ci-devant église Notre-
Dame, ti etc. {Ibid., p. 8.) — On remar-
quera que Mathieu n'a pas dit qu'il n'y eut
au Muséum qu'un seul tableau di> Bour-
don, mais qu'il ne s'y trouvait qu'un ta-
bleau d'Iustniro de ce maître.
^■"^ «Jamais la Commission des monu-
ments n'a prononcé sur l'originalité du ta-
bleau trouvé à Saint-Lazare. Plusieui-s de
ses membres, qui ont été à Rome, connais-
sent parl'aiteuu'ut celui cpii passe pour fori-
glnal de Baphaël , et qui est au palais Bor-
ghèse. Ce fut une erreur que couiunt, par
zèle, le citoyen Barère, en annonçant cpie
l'on avait trouvé ce tableau, qu'il ntlrihua
inrine à lîiihrnu. La Commission ne l'avail
17(; PROGÈS-VKRBAUX DU COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE
Je crois en avoir dil assez, ciloyons, pour fixer voire altenlion sur le travail
aussi étendu qu'important qui avait été confié h la Commission des monuments, et
sur la manière dont elle s'en est acquittée. Vous n'hésiterez sûrement pas de pro-
noncer sa suppression. Mais aussi, par l'exposé que je vous ai soumis, vous avez
pu vous faire une idée de l'immensité de son travail , aussi indispensable qu'ur-
,o;ent, puistpi'il s'aoil d'une part de prévenir des dilapidations et des pertes, et
d'une autre d'ellecluer pour l'instruction publi([ue un prélèvement sur le mobilier
national destiné à être vendu.
Votre Comité vous propose de substituer à la Commission des monuments celle
que vous avez cliargéc d'inventorier tout le mobilier des ci-devant académies,
tous les dépôts de machines, de cartes, de plans, de manuscrits et autres objets
d'arts et de sciences, dispersés dans différents dépôts, en même temps que vous
l'avez charg-ée de veiller à ce que, pour la conservation de ces effets, ils soient
rassemblés dans un même local, autant que l'utilité publique ne s'y opposera
pas; le tout conformément aux décrets rendus le i5 et le 18 août dernier par la
Convention nationale ^^\
Pour vous déterminer à substituer cette Commission à celle des monuments,
il sullira de vous exposer sommairement ses travaux depuis sa formation. Vous
serez étonnés de tout ce qu'elle a fait dans un si court espace de temps.
Les objets qu'elle a embrassés dans son travail sont la botanique , la minéra-
logie, la zoologits Tanatomie, la physique, la chimie, les plans et fortifications,
la marine et la géog'raphie, les ponts et chaussées, les mécanicjues et métiers, les
monuments et antiquités, la peinture, la sculpture, la g'ravure et l'architecture,
les bibliothèques, les manuscrits et les dépôts littéraires.
Dans loutes ces parties, dévastes collections ont été inventoriées , sans négliger
les moindres. Ainsi, pour la botanique, la Commission a fait l'inventaire de quatre
collections nationales : 1° de celle de la ci-devant Académie des sciences; 2° de
celle du Collège de pharmacie; 3° de celle de Sainte - Geneviève ; /i" de celle des
Petit->Auguslins. Ces dépôts renferment une quantité considérable de fruits étran-
gers, de bois, de gommes, de résines, de plantes sèches ou conservées dans des
licpieurs, comme aussi des plantes peintes ou imitées d'après nature. Il a été
formé un catalogue raisonné de tous ces objets ; ils y sont désignés sous des noms
généralement connus et adoptés , disposés dans l'ordre établi au Muséum national
d'histoire naturelle. La Commission se propose de suivre le même plan pour
pas même vu alors, cl elle n'en avait en-
tendu parlor que par son secrétaire, le ci-
toyen Leblond. Lorsqu'il s'est agi d'ouvrir
le Muséum, le dépôt des Au|>uslins fut vi-
sité; le t;ibleau fut vu, le citoyen David
était présent; on le compara, de souvenir,
avec celui de Rome, et l'on ne décida rien,
sinon qu'il fallnil le placer au Muséum.
Ainsi la Commission n'a point annoncé ce
lableau comme original; elle n'a point
trompé la Convention, et, quelle qu'en soit
la valeur mercantile, ifn'a rien coûté à la
nation. » ( Compte rendu a la Convention , nie,
p. 8.) — Voir t. L', pages .3i2-3i3, le
rapport piésenté le 6 février 1798 à la
Convention par Barère au nom du Comité
crinstiMiction publique et de la Commission
des monuments. — La toile en question
doit être une copie de la Mise au tom-
lean.
(') Voir ces décrets dans notre tome II,
pages 319 et 3a 2.
DE LA CONVENTION NATIONALE. J77
toutes ies collections de botanique qui seront inventoriées, de sorte que l'on
pourra savoir, dans un instant, le nombre des individus de chaque espèce quelles
renferment. Cet arrangement uniforme et mdthodique en rendra la distribution
plus facile et plus commode, si la Convention nationale juge convenable de former
des cabinets d'histoire naturelle dans les différents départements de la République,
C3 qui ne peut être qu'infiniment utile.
L'inventaire zoologique de la ci-devant Académie des sciences est pareillement
achevé, malgré les difficultés qu'il offrait. On conçoit que l'altération produite sur
les objets par l'exsiccation ou l'immersion a rendu très difficile la nomenclature
scientifique exacte que la Commission a à cœur d'introduire dans chaque dépôt
soumis à son examen. Suivant les rapports qui lui sont faits depuis quelque temps ,
déjà plus de mille soixante-dix objets sont étiquetés, et pourront, sans nouveau
travail, se placer dans des collections imparfaites et en compléter les cadres.
Le cachet de la Commission des arts a été apposé, non sans le préalable des
inventaires et descriptions, sur des cabinets de minéralogie, renfermant beaucoup
d'objets, tous précieux sous le rapport de la science, et un assez grand nombre
sous le rapport de la valeur intrinsèque. 11 existe déjà assez de matériaux pour
ébaucher une minéralogie de la France. Observons ici que ces objets tiennent im-
médiatement à l'économie politique , et doivent éveiller la sollicitude de ceux qui
portent sur toute la République , sur ses ressources comme sur ses besoins, le re-
gard du législateur et de l'administrateur. Ainsi, la science, mal à propos consi-
dérée par quelques-uns comme une sorte de luxe, se rattache à tous les besoins
publics et particuliers, et fournit à chaque instant pour ies uns et pour les autres
des instruments et des lumières.
La physique n'a pas été suivie avec moins de zèle : l'observatoire de l'Ecole mi-
htaire, l'observatoire de Lemonnier, aux ci -devant Capucins, l'Observatoire na-
tional, le cabinet de physique du collège dit de Navarre, les deux cabinets de
physique du ci-devant roi et du ci-devant dauphin , déposés à la maison dite des
Menus-Plaisirs, les instruments de physique et de géométrie de l'Académie des
sciences, ont été tous inventoriés et exactement décrits par la Commission des arts.
Pour l'anatomie, il a fallu non seulement inventorier, mais encore disposer tout
dans un ordre méthodique; dans les objets que nous parcourons ici, la méthode
est elle seule un moyen d'inslruction; c'est une démonstration; elle est également
un moyen de conservation par la facilité des vérifications et un moyen de respon-
sabilité, dans le cas de perte des objets, lorsque la perle est réparable. C'est dans
cet esprit que la Commission a fait son travail sur les objets d'analomie déposés :
1° à la ci-devant Académie des sciences; -2° dans les salles de la ci -devant Aca-
démie de chirurgie, comprenant dans son inventaire, comme elle y était naturel-
lement conduite, beaucoup d'instruments de chirurgie appartenant à l'histoire,
en même temps qu'au perfectionnement de cet art précieux, espèce de contre-
poids du perfectionnement de l'art de dt'truire. Une partie de ces instruments avait
été déplacée et se trouvait éj)arse dans des mains particulières; la (^iOmmission des
arts, par le zèle éclairé des citoyens chargés de cette branche, les a fait renu^tlre
et restituer à la nation, à l'instruction [)ubli(jue et à l'humanité.
La chimie n'a point «'té néglij'ée; beaucoup d'objets ont él«^ i-ecueillis, tels ([ue
ni. 1-2
IHPCVIMLMC TIlTIOXAir.
178 PROGÈS-VEmîAUX DU COMITE D'INSTRUCTION PUBLIQUE
des produils cliiiniques et des mémoires relatifs aux maniifacturos , entre autres h
colle de Sèvres.
Los mécani(|uos ot métiers ont fixé d'une manière particulière l'attention de la
Commission dos arts. L'ancien gouvernement avait fait construire aux dépens du
Trésor public beaucoup (\o inacliines el d'instruments plus ou moins utiles pour
rindustrie. Il en avait fait venir ou accueilli do rélrangor. Il se trouvait dos mé-
moires très instructifs, soit dans les bureaux de l'ancienne administration du com-
merce, soit dans ceux dos ministres et particulièrement du ministre do l'intérieur,
dans les cabinets de la ci-devant Académie des sciences, de celle d'architecture,
dans les dépôts des machines, dans le mobilier des domaines nationaux, enfin
chez divers artistes ou manufacturiers dont on voulait encourager l'industrie,
pour augmenter, avec les produits industriels, la matière imposable. On a fait
riuventairo d'une partie considérable de ces dépôts. Le travail achevé dans les
bureaux de l'ancienne administration du commerce a fait découvrir de nouveaux
dépôts, dont plusieurs sont déjà sous le sceau de la Commission, et décrits avec
détail dans ses catalogues.
Des recherches fLiiles sur la marine et la géographie ont déjà donné de nom-
breux résultats, el ont été en (picli|uo sorte payées comptant par la satisfaction de
remettre entre les mains du Comité de salut public et du ministre de la guerre
des cartes très rares par leur perfection, et non moins nécessaires, des contrées
qui sont aujourd'hui le théâtre de la guerre que nous avons à soutenir contre les
tyrans coalisés. De ce nombre est une carte manuscrite, très détaillée et très
exacte, trouvée chez d'Orléans, comprenant les côtes de la France situées entre
rembouchure de la Loire et celle de la Garonne.
Le travail des bibliothèques et dépôts littéraires, tant dans notre langue que
dans les idiomes connus de tous les pays et de tous les temps , exigeait le concours
d'un grand nombre de citoyens éclairés. L'immensité des dépôts permet à peine à
cjux qui, dans la Commission des arts , sont chargés de cette partie, de la suivre
avec toute l'attention qu'elle mérite. Ce qui regarde la littérature orientale est très
avancé jusqu'à ce moment; le Comité a craint de multiplier ici les agents : ce qu'il
y a de constant, c'est que la nécessité en eût été le motif et l'excuse.
Des modèles en relief de ponts, d'écluses, de machines relatives à tous les
genres de construction, dont plusieurs sont uniques, des pièces de trait et de char-
pente, ouvrages finis avec le plus grand soin, sont déposés à l'Ecole nationale des
ponts et chaussées. La Commission en a fait l'inventaire exact; chaque pièce y est
désignée par des lettres, par des numéros, qui serviront à les classer dans un mé-
moire général qui sera incessamment achevé.
La peinture, la sculpture, la gravure et l'architecture forment les branches les
plus chargées. Rien n'a été omis pour assurer à la République les chefs-d'œuvre
des plus grands maîtres, et tous les ouvrages dignes d'être conservés dans les arts
du dessin. Les richesses immenses en ce genre, éparses chez les émigrés, après
un liiage convenable, tel qu'il est prescrit par les décrets, se réuniront dans des
musées nationaux, et olfrironL l'ensemble le plus intéressant, et pour les élèves
qui voudront se former dans les arts, et pour le peuple français, devenu seul
propriétaire de ces ouvrages du génie, comme il en a toujours été le meilleur
DE LA CONVENTION NATIOiNALE. 179
juge. C'est à cette branche que se rapportent les mesures prises par la Commis-
sion pour arrêter à Marseille les collections de Clioiseul-GoufBer prêtes à partir.
Celle de La Borde ne s'est point trouvée; on la croit passe'e en Angleterre.
Le Palais national, le palais ci-devant Bourbon, la maison de l'e'migré Du Châ-
telet, les dépôts de la ci-devant Académie de peinture, ont été inventoriés en ce
qui regarde la peinture, la sculpture, la gravure et Tarchitrcture. L'activité civique
et éclairée que Ton a portée dans celte partie a fait découvrir, chez un notaire, six
bustes de porphyre, quatre bronzes de l'Algarde et Girardon, trois tables de por-
phyre; d'autres morceaux rares sont également replacés sons la main de la nation^'^.
Les monuments et les antiquités, restes intéressants, épargnés et consacrés par
le temps, que le temps semble nous donner encore, parce qu'il ne les détruit pas,
que l'histoire consulte, que les arts étudient, que le philosophe observe, que nos
yeux aiment à fixer avec ce genre d'intérêt qu'inspirent même la vieillesse des
choses et tout ce qui donne une sorte d'existence au passé , ont été les nombreux
objets des inventaires et des recherches de la Commission des arts. Bien n'échappe
à son zèle; et ses lumières savent reconnaître le cachet de l'antique, avant d'ap-
poser le cachet conservateur.
Par l'exposé sommaire que je viens de soumettre à la Convention nationale ,
elle est a portée de juger de tous les services rendus à la Bépnblique par la Com-
mission des arts, et de tous ceux qu'elle pourra rendre d'une manière bien plus
efficace , lorsque vous aurez dégagé sa marche des entraves que mettait à ses tra-
vaux la Commission des monuments. Les deux ne peuvent subsister en même
temps; l'une a mérité des reproches, l'autre des éloges; l'une a laissé dépérir,
l'autre a recueilh et conservé.
L'aristocratie naît de la permanence des Commissions ; celle des monuments est
déjà ancienne. Dans le genre d'opérations dont elle est chargée , les négligences sont
suivies de pertes communément irréparables ; les dégradations amènent les dégra-
dations, et ne pas surveiller c'est faire beaucoup de mal. Toutes ces considérations
vous détermineront sans doute à prononcer une suppression qu'exige le bien public.
Il s'agit d'inventorier avec assez de promptitude pour ne point arrêter le mou-
vement utile des aliénations, et de conserver à la nation et à l'instruction publi(|ue
des objets précieux qui lui sont nécessaires, que peu de Français pourraient ac-
quérir, et sur lesquels nos ennemis font souffler un vent de dt'faveur pour les
acheter ou sous-aclieter à vil prix. Ces inventaires peuvent assurer à la Bépnblique
des monuments admirés et enviés par les étrangers; ils peuvent épargner par la
suite des acquisitions coûteuses. Ce travail, pour atteindre son but, doit être par-
fait, sous peine d'inutilité en lui-même, et de déprédation dans les objets.
Quoique l'on n'ait pas pour l'achèvement de ces opérations une grande latitude
(') tf Avant que la Commission des arts do six autres encore, et de six vases é<;ale-
eût donne preuve de son activité civique et iu(>nt on porpiiyre, qui faisaient partie de
éclairée, en retrouvant chez lui notaire rai(|uisi(ion lalle |iar d\\n|jivillcr, au nom
les objets dont parle le rapporteur, la Coni- du roi, à la vente de Méi^ars.*? [Compte
mission des monuments avait prévenu le reiuln à la Couvention par la (.ommtsswn
ministre de leur existence, et non seule- supprimée dex mmiuments . p. i 'i.)
ment de rexislence de ces six l)usl(^5, uiiii'-
la .
180 PROCÈS-VERBAUX DU COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE
dans les choix, du jnoins faut-ii profiter de celle que Ton a. Il n'y a donc nul
motif d'hésitiM- à supprimer la Commission des monuments, dont les membres
les [)lus recommandables ont élé depuis long^temps appelés à des fonctions pu-
bliques, ou au travail de la Commission des arts ''^
Il importe que, dans ce moment, la Convention nationale ne laisse aucun doute
sur son intention de conserver des monuments précieux, des collections utiles,
liérilag-e savant, succession instructive que toute la France réclame, et dont l'im-
mense quantité promet rétablissement d'un grand nombre de cabinets et de mu-
sées dans toute 11 République, sans préjudice d'une gi'ande collection centrale,
où tout sera ordonné et distribué avec méthode, éclairé et embelli par la méthode
elli'-mème. Il est digne de la sagesse, de la politique de la Convention nationale,
de son goût pour les arts, de vivifier toutes ces richesses, de les centupler par
cette utile et savante distribution, de les animer même au profit de l'ignorant qui
les méprise; c'est le moyen de confondre tous ces contre-révolutionnaires éhontés
qui osent se dire les amis de la hberlé et de l'égalité, et qui craignent la réverbé-
ration des lumières; qui osent se dire Français et amis de la Révolution, et qui
proposent de livrer aux llammes toutes les bibliothèques sans exception , proposi-
tion faite à Marseille par les agents de Pitt, ainsi que nous l'a certifié notre col-
lègue Granet; proposition faite à la même époque oii les mêmes agents proposaient
de brûler tous les oliviers delà Provence. Ainsi les mêmes êtres faisaient entendre,
dans Marseille indignée, ce vœu conspirateur et barbare de détruire, avec les bi-
bliothèques , Tarbre consacré par les anciens à Minerve , parce qu'il est le symbole
de la paix et de l'abondance, l'arbre formant la seule culture connue dans ces
contrées méridionales. C'est à la Convention nationale de faire aujourd'hui pour
les arts, pour les sciences, pour les progrès de la philosophie, ce que les arts, les
sciences et la philosophie ont fait pour amener le règne de la liberté : ce sont aussi
des créanciers de la Révolution et pour qui la Révolution doit tout faire. Ne per-
dons pas de vue cette idée, que les ténèbres sont une servitude; que qui s'y trouve
ne sait où marcher, qu'il recule souvent en croyant avancer; que l'ignorant s'en-
chaîne lui-même, sans le savoir, dans ses passions et dans ses erreurs; l'énergie
et les lumières, combinées dans une juste proportion, sont les véritables et seuls
éléments de la hberté républicaine.
De là, sans doute, l'attention sérieuse que vous apportez à tout ce qui est re-
latif à l'instruction publique et à la conservation de tous les objets et monuments
qui peuvent y contribuer, d'autant mieux que l'instruction donnée immédiate-
ment par les choses est préférable à celle qui est transmise par les hommes , et
dans laquelle l'autorité vient toujours affaiblir plus ou moins la lumière.
"^ Parmi les membres de la Convention chives; Dufourny était devenu président du
qui avaient fait partie de la Commission des département de Paris; Vandermonde était
monuments, seuls Sergent et Courtois pre- occupé aux travaux de la Commission des
naient encore part aux travaux de cette Com- poids et mesures. Leblond, Mongez et
mission; depuis longtemps David, Barère et Ameillion étaient entrés dans la Commis-
Guyton s'en étaient désintéressés; quant à sion des arts, à laquelle Poirier fut égale-
Dusaulx, il était en état d'arrestafion depuis ment adjoint plus tard,
le 3 octobre 1798. Camus était garde des Ar-
DE LA CONVENTION NATIONALE.
181
Pdnétré de vos principes , citoyens , le Comité d'instruction publique me charge
de vous présenter le projet de décret suivant :
PROJET DE DECRET.
La Convention nationale, après avoir entendu le rapport de son Comité din-
struclion publique, décrète ce qui suit :
Article premier. La Commission des monuments est supprimée.
Art. 2. Elle sera remplacée par la Commission temporaire des arts pour l'exé-
cution des décrets concernant la conservation des monuments et des objets de
sciences et d'arts , et leur réunion dans des dépôts convenables.
Art. 3. Les travaux de la Commission des arts seront gratuits ^*^.
Art. k. Cette Commission sera sous l'inspection immédiate du Comité d'in-
struction publique, et lui rendi'a compte, deux fois par décade, de l'état de ses
opérations ^'^^
Art. 5. Il sera nommé pour surveiller le travail, conjointement avec le Comité
d'instruction publique, deux membres par le Comité des finances, et deux membres
par le Comité des domaines ^^^
Art. 6. Le Comité d'instruction publique présentera incessamment à la Con-
vention nationale des moyens d'assurer dans toute l'étendue de la République la
conservation des monuments et bibliothèques, ainsi que la confection des cata-
logues ordonnés par les précédents décrets.
Art. 7. La Commission des monuments remettra à la Commission temporaire
des arts les mémoires, notes, descriptions, inventaires, catalogues, plans d'opé-
rations et le registre de ses délibérations jusqu'à ce jour.
Nous complétons le rapport de Mathieu par quelques extraits des procès-verbaux des
séances de la Commission des monuments, qui feront voir l'accueil que la Commission fit à ce
rapport, et l'altitude qu'elle crut devoir prendre en présence du décret de la Convention :
Le nonidi de la 3* décade du frimaire de l'an deux de la Hépublicpie française
une et indivisible.
Présents : Puthod, Jollain, L.-A. Mercier, Moreau le jeune, Ameilhon, Des-
marest; F.-A. Mulot, secrétaire.
('^ Sur la proposition do David, la Con-
vention décida, contrairement au projet de
Afathieu, que les travaux de la Coumiissioii
des arts seraient salariés. Deux ailicl(>s nou-
veaux furent introduits dans le décret, poi-
tantquclesComilésdcs finances (Md'insli-uc-
tion publique, réunis, présenteraient un
projet do dérret pour le salaire des membres
de la Commission dos arts, et que le Comité
d'instruction publicpie présenterait à la Cou-
vonlion la liste dos membres de la Com-
mi-^sion. Le projet de décret demandé sera
présenté par Malliieu au Conjité d'inslruc-
lion publl(pio le 5 pluviôse et à la Conven-
tion le 1 8 phniùse (voir pa{jes .'^îi3 et ?>'^~i).
^-) Cet article a été supprimé dans le
décret (léliuilif.
^•') Au lieu de dmix membres à nounnor
par le Comité des domaines, le décret déli-
iiitif porte : doux mend)res à nounnor par
le (Comité craliénalion et deux nioudires
par celui do commerce et d'a<;riculluro.
182 PROCÈS-VERBAUX DU GOMITI^ D'INSTRUCTION PUBLIQUE
Le citoyen Mercier prt^side.
Un membre lit dans le Journal de Paris l'annonce de la suppression de la Com-
mission.
Après cette lecture, les membres de cette Commission qui se trouvaient ras-
semblas arrêtent qu'il sera e'crit au minisire de l'intërieur pour lui demander si
l'on peut continuer de s'assembler, le décret n'étant point signifie, beaucoup
d'opérations <'tant commencées, et plusieurs des jnembres étant en mission à Ville-
AfTrancliie, Chartres, Marly, etc. ^'^
Il est arrêté que l'on n'entamera aucune opération nouvelle, crainte de s'exposer
au moindre reproche, jusqu'à la réponse du ministre, et que seulement le secré-
taire prendra note des demandes qui seront faites et des rapports remis à la
Connnission.
[La séance continue ensuite parla lecture de divers rîipports.]
Le tridi de la première décade de nivôse de l'an deux de la République française
une et indivisible.
Présents : L.-A. Mercier, Lemonnier, Moreauie jeune, Boizot, Jollain, Puthod,
Regnault, F.-A. Mulot.
Les membres qui composent la Commission des monuments, réunis en nombre
suffisant pour entendre la lecture de la réponse qu'ils attendaient du ministre de
rinlérieur, nomment pour les présider le citoyen Mercier et le citoyen Mulot pour
tenir la plume ^^\ Celui-ci leur annonce n'avoir reçu du ministre de l'intérieur
qu'une lettre relative à l'examen à faire d'un modèle de vaisseau dont le citoyen
Biron annonce l'acquisition.
Les membres arrêtent qu'il sera écrit, séance tenante, au Comité d'in-
struction publique pour lui demander la marche qu'ils doivent tenir afin qu'ils ne
soient point accusés d'avoir cessé trop subitement ou continué trop tard leurs tra-
vaux.
Sur la remarque d'un membre que, si l'on en croit les papiers publics et no-
tamment la feuille des Débats, le rapport du Comité contient contre la Commission
des inculpations graves qu'il est tout à la fois important et facile de repousser,
il est arrêté que, dans la lettre à écrire au Comité, on réclamera de sa justice la
communication du rapport afin d'y répondre d'une manière satisfaisante, si réelle-
ment ces reproches existent.
. . . Les membres se sont ajournés à sexlidi prochain , pour connaître tant la
réponse du ministre, si elle arrive, que la réponse du Comité d'instruction pu-
blique.
Voici le texte de la lettre écrite le même jour par Mulot à Mathieu, président du Comité
d'instruction publique :
^^^ La lettre écrite au ministre se trouve par le rédacteur du procès-verbal , la Com-
dans le registre des copies des lettres de la mission n'ayant plus d'existence ofTicielle
Commission, F^'* 5. et ne pouvant plus avoir de bureau régu-
^^^ C'est la formule désormais employée lièrement constitué.
DE LA CONVENTION NATIONALE. 183
3 nivôse.
Au président du Comité d'instruction publique.
Citoyen président ,
Les membres qui composaient la Commission des monuments supprime'e par
de'cret du 28 frimaire se sont asseml)iés le 9 de la S*" décade du même mois pour
aviser à ce qu'ils feraient dans les circonstances. Après avoir pris une note des rap-
ports qui ont été remis par différents d'entre eux , ils ont cru devoir écrire au mi-
nistre de l'intérieur pour connaître de lui ce qu'ils devaient faire, plusieurs de
leurs collègues étant à Ville- Affranchie, à Chartres, à Marly, en missions relatives
aux monuments, beaucoup d'opérations se trouvant commencées et beaucoup
d'autres très pressantes étant demandées.
Aujourd'hui tridi de la première décade de nivôse, les mêmes membres se sont
assemblés pour entendre la lecture de la réponse qu'ils attendaient du ministre.
N'en ayant point reçu, ils ont encore pris la note des demandes qui leur étaient
faites et des rapports commencés ; mais ils n'ont pas cru devoir entamer de nou-
velles opérations.
Cependant, pour ne point s'exposer à l'inculpation de cesser de faire ce qu'ils
auraient dû continuer, ou de continuer ce qu'ils auraient dû cesser de faire , ils
ont arrêté que je vous écrirais en leur nom pour vous inviter à les diriger dans la
marche qu'ils ont à tenir.
Comme vous avez demandé ^'^ à la Commission une note sur les difficultés qu'elle
a éprouvées dans le cours de ses fonctions , et sur les divers dépôts qui sont éta-
blis, une copie des pouvoirs donnés à ses membres et des décrets relatifs à cette
Commission, et que ce travail est sur le point d'être terminé et dans le cas
d'être présenté d'ici à trois ou quatre jours, peut-être même plus tôt, ils m'ont
chargé de vous demander encore si votre intention est qu'il vous soit remis.
Enfin les papiers publics ayant diversement cité les termes du rapporteur sur
la Commission des monuments et, suivant quelques-uns, son rapport contenant
des inculpations qu'il est impossible de croire avoir été faites, à raison de la faci-
lité qu'il y aurait à les [sic) répondre , quoique graves en apparence : ils demandent
à titre de justice de vouloir bien leur faire communiquer ce rapport, afin, s'il est
vrai que ces inculpations y soient contenues ou toute autre, d'avoir la satisfaction
d'y répondre, ce qu'ils se flattent de faire d'une manière triomphante^'^.
Nous reprenons la suite des extraits des procès-vorhaux des séances de la Commission :
Le sexlidi de la première décade du nivôse de l'an deux de la Républi(pie française
une et indivisible.
Présents : L.-A. Mercier, Regnault, Jollain, Pulhod, Lemonnier, Moreau lo
jeune, Boizot, Poirier, F.-A. Mulol.
Les membres qui composaient la Conuuission des monuments s'étant assend)lés
en nombre suflisant pour entendre la lecture de la réponse qu'ils allondaient du
^'^ Le i5 frimaire (voir p. -y 1). — (^) Archives nalionalos, F'"* 5.
184 PROCÈS-VERBAUX DU COMITE D'INSTRUCTION PUBLIQUE
ministre, onl nomiiid le citoyen Mercier pour présider et le citoyen Mulot pour
tenir la plume.
. . . Lecture est faite d'une lettre du ministre de l'intérieur en réponse à celle
qui lui avait été écrite le 29 frimaire.
Il est arrêté que celte lettre sera transcrite en entier dans le procès-verbal.
. . . Copie de la Ici Ire du niinistrc de l'intérieur :
Paris, le li" nivôse l'an y* de la République française une et indivisible.
Le minislrc de Vintérieur aux citoyens composant la Commission des monuments.
Je ne sais encore (jue par les papiers publics, aussi, la suppression de la Com-
mission des monuments, et tant cpie le décret officiel ne vous sera pas notifié vous
avez d'autant plus le droit de vous assembler que la nouvelle même de votre sup-
pression })rocbaine est un motif pour vous de uiettre à vos opérations la suite et
l'ensemble nécessaire pour vous préparer à donner h la Commission qui vous rem-
placera les renseignements dont elle aura besoin et le compte de votre gestion ; je
me repose sur votre soumission aux lois et sur votre zèle civique du soin d'em-
pêcber que cet incident ne nuise , même par le retard ou l'interruption des opé-
rations commencées, aux véritables intérêts de la République.
Park.
[La séance continue ensuite par la lecture de divers rapports.]
... La séance est ajournée au 9 nivôse.
Séance du nonidi 9 nivôse de l'an deuxième de la République française
une et indivisible.
Présents : L.-A. Mercier, Sergent , député , Lemonnier, Moreau le jeune, Poirier,
Desmarest, JoUain, F.-A. Mulot
Les membres qui composent la Commission des monuments s'étant assemblés,
en vertu de la lettre du ministre en date du 3 nivôse et insérée au procès-verbal
de la dernière séance , ont nommé le citoyen Mercier pour présider et le citoyen
Mulot pour tenir la plume.
Il est fait lecture d'une lettre du président du Comité d'instruction publique,
signée Mathieu ; cette lettre est la réponse à celle qui avait été écrite par le secré-
taire au nom des membres composant ci-devant la Commission.
Il a été arrêté : 1° que cette lettre serait insérée en entier au procès- verbal ; et
Q° que le citoyen Mulot, chargé du travail demandé par le Comité, le terminerait
le plus tôt possible.
Copie de la lettre du président du Comité d'instruction publique :
Paris, le 7 nivôse Tan 2 de la République française une et indivisible.
Le président du Comité d'instruction publique aux citoyens composant ci-devant
la Commission des monuments.
Jusqu'à la nolilication du décret, citoyens, vous ne pouvez vous dispenser d'agir.
DE LA CONVENTION NATIONALE. 185
en attendant que vous soyez relevés dans vos travaux par la Commission des arts,
sur i'avis du ministre de l'intérieur qui ne peut tarder à vous informer ofîicielie-
ment ainsi que vos collègues en mission.
Le Comité d'instruction publique espère que vous remettrez tous vos travaux ,
et il se flatte que vous terminerez ce qui est susceptible d'être promptement ter-
miné dans les exposés ou renseignements demandés.
Je m'empresse de vous communiquer, citoyens, deux exemplaires de mon rap-
port adopté par le Comité et lu à la Convention nationale. Vous pensez , d'après
les journaux, qu'il renferme des inculpations qu'il vous sera facile de réfuter vic-
torieusement.
Pour y parvenir, la Commission aura à prouver qu'elle a fait tout ce dont elle
était chargée pour la conservation des monuments et des objets des sciences et arts.
Elle aura à repousser le reproche de négligence en général , et chacun des faits en
particulier. S'il y avait eu erreur dans quelques faits, le Comité et le rapporteur
s'empresseront d'en convenir. Je me borne pour le moment à vous observer que
dans un grand nombre de mémoires et de notes qui m'ont été remis, j'ai seulement
extrait quelques faits sur lesquels il vous est libre de nous donner de nouveaux et
plus amples renseignements, s'il y a lieu.
Mathieu.
La séance est ajournée au 1 3 nivôse.
Les membres de la Commission des monuments tinrent encore cinq autres séances en
nivôse, huit en pluviôse et cinq en ventôse. A partir du i3 nivôse, le procès-verbal emploie
la formule suivante en tête de chaque séance :
Les membres qui composaient la Commission des monuments, assemblés en
vertu des lettres tant du président du Comité d'instruction publique que du mi-
nistre de l'intérieur, ont nommé le citoyen pour présider et le citoyen
pour tenir la plume.
On lit dans le Moniteur :
Convention nationale, séance du 98 frimaire.
David fait un rapport sur la réorganisation de la Commission du Muséum,
dont les membres actuels sont ou peintres qui n'en ont (|ue le nom, ou ar-
tistes sans patriotisme, ou amis de Uolaud, nominateur de ces conunissaires.
H pro[)ose d'appeler la Commission du Muséum Conservatoire du Muséum des
arts.
Sur la proposition de Camhon , la Convention décrète l'impression et l'ajourne-
meut du projet de décret présente' par David ^'^.
^"^ Mtmxtauv du 3o frimaire an 11, p. liCA.
186 PROCÈS-VERBAUX DU COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE
Voici le fexto du rapport ef du projet de décret présentés par David :
RAPPORT SUR LA SUPPRESSION DE LA COMMISSION DU MUSEUM,
PAR LE CITOYEN DAVID.
De rimpriiiierie nationale, s. d.
(1)
C'est dans le moment où tout se régénère qu'il faut aussi que le vrai talent
succède à l'impéritie et au charlatanisme, le patriotisme pur au lâche ëgoïsme, h
la faiblesse et à Tinertie.
(Test li'op permet Ire aux ennemis de la chose publique de calomnier les Français
on leur reprochant leur insouciance pour les arts, pour les sciences, pour les
lettres, pour tout ce qui doit étendre leur gloire en les faisant admirer des na-
tions , en même temps qu ils s'en font respecter par leurs armes.
Les ministres déchus et leur maître avaient senti l'une de ces vérités, et ne
laissaient })as que d'écraser l'autre par l'oubli coupable de tout ce qui pouvait lui
donner de la force.
La Convention nationale, toujours juste et puissante, a saisi toutes les occasions
de ranimer les arts appauvris, en leur donnant une direction nouvelle et des
forces proportionnées au colosse immortel qu'ils auront à soutenir.
En confiant le soin de cette direction précieuse au ministre de l'intérieur, son
intention n'a jamais été de perpétuer les abus qui la déshonoraient, mais bien
au contraire de les saper jusque dans leurs fondements.
Son intention n'a jamais été de confier la garde du Muséum à des hommes qui
ne sauraient rien moins que le garder, le soin de restaurer les monuments à des
hommes qui à peine se doutent de la peinture; à de froids mathématiciens, celui
d'en décrire les beautés.
Son intention n'a pas été que ces hommes, quand ils réuniraient assez de talents
pour remplir chaque partie de leur mission , fussent dispensés de cet amour brûlant
de la liberté sans lequel il est impossible de servir utilement ni les arts, ni la patrie.
Elle a voulu que le ministre de l'intérieur secondât ses vues en protégeant, en
aidant tous les arts, et que le ministre lui-même se pénétrât de cette utile et
grande vérité, que ce n'est pas assez d'avoir bâti le temple de la liberté, qu'il con-
vient encore à un grand peuple de l'embelUr et de l'orner d'une manière digne de lui.
Si ce principe est démontré, consacré dans toutes les pages des annales de la
Convention, il est instant d'arracher la Commission du Muséum à l'insouciance
coupable où elle est plongée, et de chercher, par de grandes vues, le moyen de
rendre tous ses ressorts à ce précieux établissement.
Il y va de la gloire de Paris; il y va de la gloire de la France entière, de toutes
parts accusée de laisser périr les immortels chefs-d'œuvre des arts. L'expérience
n'a que trop prouvé que l'ignorance, mère de tous les vices et de tous les maux,
est le plus grand obstacle au bonheur de l'espèce humaine que la Convention se
propose de fonder.
^'^ Bibliothèque nationale, Le^^ôôa, in-S". Cette pièce est annoncée dans le n° /i6.5 du
Journal des débats et des décrets, correspondant au 7 nivôse an 11.
DE LA CONVENTION NATIONALE. 187
Examinons donc quelle fut l'organisation ancienne de la Commission du Mu-
séum , et de qui elle était composée ; et si nous parvenons à prouver tout le mal
qu'elle a déjà fait aux productions du génie, on en sentira mieux la nécessité de
l'organiser d'une manière nouvelle, et de substituer à des hommes inhabiles et
intrigants des artistes éclairés et patriotes.
1° Cette Commission est à la nomination du ministre de l'intérieur.
9/ Elle est composée de six membres. Chaque membi-e est salarié à trois mille
livres par année, et est logé au Louvre comme gardien du Muséum.
3° Les membres sont :
Jollain, ancien garde des tableaux du roi;
Cossard, peintre; mais qui n'en a que le nom^'^;
Pasquter^^\ ami intime de Roland;
Rctiuvcl ) .
rr. î ceux-ci ont du talent; mais leur patriotisme est sans couleur;
Vincent ) ^
L'abbé Bossut, géomètre.
En confiant au ministre le choix de ceux qui doivent composer la Commission
du Muséum , on laisse un vaste champ à l'intrigue. L'artiste éclairé et philosophe
n'est guère propre à courir dans les bureaux des ministres pour obtenir le poste
auquel son talent l'appelle.
L'homme médiocre , au contraire , accoutumé à ramper, sait prendre toutes les
formes qui plaisent à ceux qui sont en place. Pendant que l'artiste amoureux de
son art consacre tout son temps h l'étude, l'intrigant s'agite pour se faire remar-
quer; il ne néglige aucun des petits moyens capables de séduire, et finit presque
toujours par écarter celui qui n'a que son mérite et sa franchise.
En laissant à la Convention le soin de cette nomination, d'après la présentation
du Comité d'instruction pubhque, chargé de révolulionner les arts, les inconvé-
nients n'existent plus; l'artiste franc et loyal, la basse et présomptueuse ignorance,
trouveront des juges capables de les apprécier l'un et l'autre, et le génie des arts
n'aura plus à gémir des coups funestes qui lui ont été portés jusqu'à ce jour.
Ceux qui composent la Commission actuelle ont perdu plusieurs chefs-d'œuvre
en employant des honmies inhabiles pour les réparer. Pour se convaincre de celte
vérité, il faut lire les observations sur le Muséum, publiées par les éh-angors les
plus éclairés de l'Europe dans cette partie.
Qu'on examine l'état des restaurateurs des tableaux et des personnes qu'ils ont
employées à détruire les tableaux de la Répubhque, on y verra les prix arbitraires
distiibués sans ordre, sans principes et sans base déterminée; dans de toiles
mains, plus il en coûte pour la réparation des tableaux, et plus ils sont gales ^^\
D'un autre côté, n'est-il pas honteux (jue les logements du Louvre, (pii ne
^'' Jollain et Cossard étaient tous les deux i8o6. Il sera queslion de Pasquier dans
membres de la Commission des monu- la séance du Comité du 1 5 pluviôse (pajjes
ments. .'k)3-39'i).
(^' Il s'agit de Pierre Pasquier, peintre ^''^ Nous donnons à la suite du rapport
en émail et en miniature , né à Villefrauclie , de David (]uel(|ues documents relatifs à des
près de Lyon , en 1 7^1, membre de TAca- restaurations maladroites de tahh'aux du
demie de peinture on ly^iç), mort en AIjis«'um.
188 PROCÈS-VERBAUX DU COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE
ilovraieiit être accordés qu'à des hommes d'un talent et d'un patriotisme prononcés,
n'aient été accordés par Roland et ses dignes amis qu'à leurs viles créatures et à
leurs valets ?
Que la Convention se hâte de réparer les torts de la malveillance et de l'igna-
rorie; qu'elle confie proniplemont à des artistes aussi éclairés que patriotes le soin
de conserver et de transmettre à la postérité les sublimes travaux des grands ar-
tistes de tous les pays.
C'est ainsi qu'elle rendra l'Europe entière tributaire de son génie ; et en n'offrant
aux jeunes élèves des arts que de beaux modèles , l'on verra bientôt disparaître ce
goût factice et maniéré qui a caractérisé jusqu'à présent presque tous les maîtres
de l'école française.
La Commission du Muséum des arts était répréhensible sous le rapport du
patriolisme, je vous en propose la réforme; son organisation était vicieuse, je
vous présente un mode nouveau propre à diriger et a garantir son action. Le
mot de Conunission était devenu insignifiant, parce qu'il signifiait tout; je vous
présente l'idée et la dénomination d'un Conservatoire du Muséum des arts, qui
sera sans cesse, par son nom même, rappelé à ses devoirs; son objet, qui a un
centre commun, se ramifie en plusieurs branches assez distinctes pour exiger des
hommes particulièrement éclairés dans chacune des parties principales.
Ainsi plusieurs des membres du Conservatoire seront attachés à la peinture,
plusieurs à la sculpture, quelques-uns à l'architecture, et d'autres aux antiquités,
ce qui formera quatre sections résultantes naturellement de la différence des objets.
On conçoit que ces sections travailleront séparément et en commun, selon les
divers objets qui seront renvoyés au Conservatoire par le ministre de l'intérieur.
Le ministre, de son côté, trouvera par ce moyen des artistes disponibles et prêts
à fournir les matériaux des rapports que le Corps législatif pourra lui demander.
Il me reste, citoyens, à vous dire un mot sur les motifs qui ont dirigé le choix
fait par votre Comité d'instruction publique pour composer le nouveau Conserva-
toire du Muséum des arts.
Fragonard a pour lui de nombreux ouvrages; chaleur et originalité, c'est ce qui
les caractérise; à la fois connaisseur et grand artiste, il consacrera ses vieux ans à la
garde des chefs-d'œuvre dont il a concouru dans sa jeunesse à augmenter le nombre.
Bonvoisin ; il a pour lui son talent , ses vertus , et un refus de la ci-devant Académie.
Lesueur, jeune et intéressant paysagiste , entendant très bien la tenue administra-
tive que l'on peut étabhr dans un Conservatoire. Picault, restaurateur de tableaux,
le plus entendu dans cette partie^''. Voilà, citoyens, pour la section de peinture.
Pour la sculpture nous proposons Dardel , tête active et républicaine , rempli
de talent et doué d'une heureuse imagination. Juhen; je n'en dirai qu'un mot :
il a sculpté Jean La Fontaine, et Jean La Fontaine est tout entier dans son image ^^^
^*^ Picault avait adressé le i3 frimaire, venfion de faire connaître un secret pour
au Conseil général de la commune de Paris, préserver les tableaux; son offre lut ren-
une pétition dénonçant les abus commis voyée au Comité d^instruction publique,
dans la restauration des tableaux de grauds Voir plus loin, p. 190.
maîtres. Le 17, accompagné d'une dépu- ^'^^ Ici le rapport devrait mentionner en-
lation de la commune, il oflrit à la Con- core le nom du sculpteur Dupasquier, que
DE LA CONVENTION NATIONALE. 189
En architecture, nous vous indiquerons Delannoy, artiste à la fois correct et
grand autant que ces deux qualite's peuvent se re'unir, faisant sortir le beau de
l'utile , l'ornement du sein de la simplicité' même. David Le Roy, artiste et homme
de lettres , connu par ses recherches et par ses écrits sur l'architecture civile et
navale des anciens.
Pour les antiquités, nous vous proposons Wicar, dessinateur justement célèbre,
connaisseur exerce' par le long séjour qu'il a fait en Italie , et notamment à Flo-
rence. On a gravé, d'après ses dessins, toutes les pierres antiques du Muséum de
Florence. Varon, avantageusement connu comme artiste et homme de lettres;
c'est lui qui a composé les hymnes chantés à la fête de la Réunion, le lo août; il
a fait deux voyages en Italie, afin de perfectionner son goût pour les arts; sans
toutes les persécutions qu'ont éprouvées les artistes français à Rome , il eut achevé
un ouvrage pour servir de suite aux Monumenti inediti de Winckelmann, ou-
vrage presque fini et dont la nation saura bien faire assurer la continuation.
Tels seraient les citoyens qui composeraient le Conservatoire du Muséum des
arts; nous avons jugé convenable de donner à cet établissement un secrétaire,
homme de lettre à la fois et instruit dans les arts; le citoven Serievs est celui nue
nous proposons, également recommandable par ses lumières et par son goût dans
cette partie.
Citoyens, d'après cet exposé, voici le projet de décret que votre Comité d'in-
struction publique m'a chargé de vous soumettre :
PROJET DE DÉCRET.
Article premier. La Commission du Muséum est supprimée.
Art. 2. La garde du Muséum sera confiée h un Conservatoire.
Art. 3. Il sera composé des citoyens dont la liste est annexée au présent décret '\
Art. h. En cas de vacance d'une de ses places, il sera pourvu au remplace-
ment par le Corps législatif, sur la présentation du Comité d'instruction publique.
Art. 5. Le Conservatoire du Muséum des arts sera divisé en ([uatre sections,
savoir : peinture, sculpture, architecture, antiquités.
Art. g. Le Conservatoire du Muséum sera pour l'administration soumis au
ministre de l'intérieur, et, pour la direction, sous la surveillance du Comité d'in-
struction publique.
Art. 7. II sera tenu d'exécuter tous les décrets relatifs au Muséum aux([uels il
n'est pas dérogé par la présente loi.
David proposait é{][alciiienl, ainsi qu'il ro- lo iirmlaturisle Pierre Pasipiier, iiomrnt.' à
suite du second rappoit présenté le 9-7 ni- la pa'ji; précédente.
vôsc (voir p. î^V^)). il est probable qu'une ('' La liste n'est pas annexée au j)rojel
erreur de copiste ou un accident lypo[jra- de décret ; mais les noms proposés par
pliicpie a fait omettre la phrase qui concer- David sont énnmérés dans le rapport, sauf
nall Dupasquier. — Ne pas confondre l(> celui de Dnpascpiier, omis par suite de
sculpteur Antoine-Léonard l)upas(piier avec (jnelcpie accident.
190 PR0GÈS-VI^:RHAUX du comité D'INSTRUCTION PUBLIQUE
Art. 8. La Cit)inmissioii supprimée par le prosent décret rendra son compte
d'admiiiislralion au minislrc de rinlérieur.
Art. 9. Elle remettra aux membres du Conservatoire tous étals, inventaires,
catalogues, descriptions, méjnoires, notes et registres des délibérations concer-
nant les travaux qui lui étaient contiés.
Art. 10. Il sera aflecté pour les dépenses du Conservatoire des arts un fonds
annuel, <'{;al à celui déterminé par les décrets pour l'ancienne Commission du
Muséum.
Art. 11. Chacun des conservateurs recevra un traitement égal h celui qui était
attribué à ciiacun des membres de la Commission du Muséum.
On lit dans le Moniteur :
Conseil général de la Conuuune de Paris, séance du lo frimaire.
Le citoyen Picault ^'', artiste, écrit au Conseil général pour lui dénoncer les
abus qui exi.4ent dans la restauration des tableaux de grands maîtres qui appar-
lieiment à la République; il observe que la valeur de ces tableaux se monte h plus
de soixante millions, et cpi'il en coûte plus de quarante mille livres par an pour
anéantir cette richesse inappréciable , en confiant cette réparation à des mains in-
habiles.
Cette dénonciation appuyée par plusieurs membres, le Conseil général arrête
qu'il sera fjiit une pétition à la Convention pour demander : i° la suspension de
toutes les réparations qui se font maintenant aux tableaux précieux qui se trouvent
à la possession de la République; 2° que ces tableaux ne soient contiés qu'à des
mains habiles, par la voie du concours, et d'après le mode qui sera proposé par
le Comité d'instruction publique. Quatre membres sont nommés pour présenter
cette pétition à la Convention nationale ^'\
Convention nationale , séance du 1 7 frimaire.
Une députa tion de la commune de Paris présente à la Convention le citoyen
Picaull ''^\ artiste, possesseur d'un secret pour conserver les tableaux et conserver
les chefs-d'œuvre des grands peintres.
La Convention le renvoie au Comité d'instruction publique ^''K
La pétition de Picault, proposant wun moyen pour sauver les ouvrages des grands
pciiilres?7, a été enregistrée au Comité d'instruction publique sous le n° 1876 (F'^ car-
ton 1008).
La Commission des arts, qui la première avait soulevé la question du renouvellement des
gardiens du Muséum et en avait saisi le Comité d'instruction publique par l'intermédiaire
de Lebrun (voir la séance du Comité du 5 frimaire, p. 9), continua à intervenir en atten-
dant que la Convenlion eût prononcé, et fit défense au peintre Guilleniard de continuer les
(0 Le Moniteur a défiguré le nom de Pi- ^*) Moniteur du 1 9 frimaire an n , p. 3î?o.
cault, en le transformant en Héault. Le procès-verbal de la Convention ne fait
(*) Moniteur ôi\ 1 5 frimaire an 11 , p. 3o'i. aucune mention de cet incident.
'^) Cette fois le Moniteur a écrit Picot.
DE LA CONVENTION NATIONALE. 191
travaux de restauration dont il avait été cliargé par la Commission du Muséum des arts
(dont deux membres, JoUain etCossard, nous -l'avons dit, faisaient partie de la Commission
des monuments). On lit dans le registre des procès- verbaux de la Commission des arts :
Séance du 20 nivôse, Tan 2' de la République.
Le citoyen Guillemard, qui avait été chargé de restaurer plusieurs tableaux,
demande à la Commission s'il continuera ses travaux. Il propose aussi un mode de
concours. La Commission arrête sur sa demande que les travaux de restauration
seront suspendus, et, sur le mode de concours, elle a ajourné jusqu'au moment
oii la discussion sera ouverte sur cet objet. Arrêté en outre que Lebrun vérifiera
l'état des travaux faits jusqu'à ce jour par ie citoyen Guillemard et en rendra
compte.
Séance du 26 nivôse, l'an 2" de la République.
Lebrun , chargé d'examiner l'état des travaux du citoyen Guillemard , peintre-
restaurateur, qui avait été chargé par la Conmiission du Muséum de la restau-
ration de plusieurs tableaux, lait son rapport. Il observe : 1° que conformément
à l'arrêté de la Commission, il a fait défense au citoyen Guillemard de continuer
lesdits travaux; 2° qu'il a restauré un déluge pour être {sic) du Tintoret et qui a
coûté dix-huit cents hvres de restauration, quoiqu'il ne vaille pas cinq cents livres
et qu'il est de la main de Michel Koksy, peintre flamand, etc. ^'^
Le 5 messidor an n, le Comité d'instruction publique entendra im rappo: Idc Biuapiier
sur un mode de concours pour les restaurations.
On lit dans les procès-verbaux de la Convention :
Séance du 29 frimaire an u.
On reprend la discussion sur l'instruction publique ; les articles relatifs au pre-
mier dogn; d'instruction sont entièrement terminés et adoptés ainsi qu'il suit :
ffLa Convention nationale, après avoir entendu son Comité d'instruction sur
l'organisation de l'instruction publicjue, décrète ce qui suit :
«SECTION PREMIÈRE (2^
nDe Fenscignemcnt en général.
ff Article premier. L'enseignement est libre,
ff Art. 2. Il sera fait publiquemeuL
^') Archives nationales, F'* -y, folios 17 section reiiroduiseiil sans cliangemenl le
verso et 19 recto. texte du projet de Boucpiicr (pages 57-
^*^ Les quatre articles de l.i pieinicro Ô8).
192 PROCÈS-VERBAUX DU COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE
ff Art. 3. Les citoyens et citoyennes qui voudront user de la liberté d'enseigner
seront tenus :
ffi" De déclarer à la nuniicipalité ou section de la commune qu'ils sont dans
l'intention d'ouvrir une école;
ff 2° De désig-ner l'espèce de science ou art qu'ils se proposent d'enseigner;
ffS" De produire un certificat de civismo et de bonnes mœurs, signé de la moitié
des membres du conseil g('néral de la commune, ou de la section du lieu de leur
résidence, et par deux membres au moins du comité de surveillance de la section,
on du lion de leur domicile, ou du lieu qui en est le plus voisin.
ffART. ^. Les citoyens et citoyennes qui se vouent a l'instruction et a l'enseigne-
ment de quelque art ou science que ce soit seront désignés sous le nom d'insti-
tuteur ou d'institutrice.
«SECTION IIO).
nDe la surveillance de renseignement.
ff Article premier. Les instituteurs et institutrices sont sous la surveillance im-
médiate de la municipalité ou section, des pères, mères, tuteurs ou curateurs, el
sous la surveillance de tous les citoyens.
ctArt. 2. Tout instituteur ou institutrice qui enseignerait dans son école des
préceptes et maximes contraires aux lois et à la morale républicaine sera dénoncé
par la surveillance et puni selon la gravité du délit.
ff Art. 3. Tout instituteur ou institutrice qui outrage les mœurs publiques est
dénoncé par la surveillance et traduit devant la police correctionnelle ou tout autre
tribunal compétent, pour y être jugé selon la loi.
ff SECTION m.
nDu premier degré d'instruction.
ff Article premier. La Convention nationale charge son Comité d'instruction de
lui présenter les livres élémentaires des connaissances absolument nécessaires pour
former les citoyens, et déclare que les premiers de ces livres sont les Droits de
riiomine, la Constitution, le Tableau des actions héroïques et vertueuses.
ff Art. 2 Les citoyens et citoyennes qui se borneront h enseigner à lire, à écrire
et les premières règles de l'arithmétique seront tenus de se conformer, dans leurs
enseignements , aux livres élémentaires adoptés et publiés à cet effet par la repré-
sentation nationale.
ff Art. 3. Ils seront salariés par la République, a raison du nombre des élèves
qui fréquenteront leurs écoles, et conformément au tarif compris dans l'article
suivant ^^K
^^) Les trois articles de la section 11 ro- ^'■^^ Les trois premiers articles de la sec-
produisent sans changement le texte du lion III reproduisent sans changement le
projet de Bouquier. texte du projet de Bouquier.
DE LA CONVENTION NATIONALE.
193
ffART. h. Les inslituteurs et institutrices qui ouvriront des e'coles dans les com-
munes de la République, quelle que soit leur population, recevront annuellement,
pour chaque enfant ou élève, savoir : l'instituteur, la somme de vingt livres; lin-
stitutrice, quinze livres.
ffLes communes éloignées de plus d'une demi-lieue du domicile de l'instituteur
le plus voisin, et dans lesquelles, par défaut de population, il ne s'en établirait
pas, pourront, d'après Tavis des directoires de district, en choisir un; la République
lui accordera un traitement annuel de cinq cents livres ^^K
ffART. 5. 11 sera ouvert, dans chaque municipalité ou section, un registre pour
l'inscription des noms des instituteurs et institutrices du premier degré d'instruc-
tion, et des enfants ou pupilles qui leur seront confiés par les pères, mères, tuteurs
ou curateurs ^^^
ffART. 6. Les pères, mères, tuteurs ou curateurs seront tenus d'envoyer leurs
enfants ou pupilles aux écoles du premier degré d'instruction, en observant ce qui
suit'-^).
ffART. 7. Ils déclareront à la municipalité ou section :
ffi" Les noms et prénoms des enfants ou pupilles qu'ils sont tenus d'envoyer
auxdites écoles ;
ff2° Les noms et prénoms des instituteurs ou institutrices dont ils font choix ^*^
ffART. 8. Les enfants ne seront point admis dans les écoles avant l'âge de six ans
accomplis; ils y seront envoyés avant celui de huit. Leurs pères, mères, tuteurs
ou curateurs ne pourront les retirer desdites écoles que lorsqu'ils les auront fré-
quentées au moins pendant trois années consécutives '^^.
ffART. 9. Les pères, mères, tuteurs ou curateurs qui ne se conformeraient pas
aux dispositions des articles 6, 7 et 8 de la j)résente section, seront dénoncés au
tribunal de la police correctionnelle; et si les motifs qui les auraient empêchés de
se conformer à la loi ne sont pas reconnus valables, ils seront condamnés, pour
la première fois, à une amende égale au quart de leurs contributions.
(^) L'article 6 de la section III , dans le
piojet de Bouqnier, présentait un tarif
variant do dix à vin|i[t livres par enfant ponr
les instituteurs, et de huit à seize livres par
enfant ponr les institutrices, suivant la po-
pulation des communes.
Le second alinéa de cet article n'existait
pas dans le projet de Bouquior.
(^) Conforme au texte du projet de Bou-
(juier.
^^^ Le projet do Bouquier disait : «Les
pères, mères, tuteurs ou curat(»urs pour-
ront, à leur choix, envoyer leurs enfants ou
pupillosn, etc. La (ionvention a inlrodiiil
dans cet article le principe de roi)li{falit)M ,
■ Il
en remplaçant pourront par seront tenus de.
(^^ Conforme au projet de Bouquier, saut
le remplacement de l'expression «ries en-
fants ou pupilles qu'ils sont dans l'intention
d'envoyer auxdites écoles» par celle-ci :
ff qu'ils sont tenus d'envoyer n.
^*' L'article 8 de la section III du projet
de Bouquier, relatif aux pères et mères (jui
n'enverraient pas leurs entants à l'école,
stipulait qu'ils seraient tenus de payer
quand même l'instituteur. Col article a
disparu.
L'article 8 du décret corrosj)oiul à l'ar-
ticle 9 du pi'ojot, aujfmoiilo do disposiliiHis
relatives à la duroo ilo la trequontalion.
l\ii-niMinic Xiii»\i
19/i PROCÈS-VERBAUX DU COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE
ffEii cas de récidive, Tamonde sera double, et les in Frac leurs seront regarde's
comme ennemis de Tég^alité et privés pendant dix ans de l'exercice des droits de
citoyen. Dans ce dernier cas, le jugement sera afliché^^^
wArt. 10. Les instituteurs et institutrices du premier degré d'instruction tien-
dront registre des noms et prénoms des enfants, du jour, du mois où ils auront
été admis dans leurs écoles. Ils ne pourront, sous aucun prétexte, prendre aucun
de leurs élèves en pension, donner aucune leçon particulière, ni recevoir des
citoyens aucune espèce de gratification, sous peine d'être destitués ^^^
ffART. 11. Ils seront payés par trimestre; et, à cet effet, ils sont tenus de pro-
duire h la municipalité , ou à la section, un relevé de leurs registres, fait mois par
mois , portant les noms et prénoms des enfants qui auront assisté à leurs leçons
pendant chaque mois. Ce registre sera confronté avec le registre de la municipalité
ou section. La confrontation faite, il leur sera délivré un mandat.
ff Art. 1 2. Ce mandat contiendra le nombre des enfants qui pendant chaque mois
auront suivi l'école de Tinstituteur et de l'institutrice, et la somme qui kii sera
due. Il sera signé du maire et de deux officiers municipaux ou de deux membres
du conseil de la commune, ou par le président de la section et deux membres du
conseil de ladite section, et par le secrétaire ^^\
ff Art. 13. Les mandats seront visés par les directoires et payés a vue par les
receveurs de district ^'^
ffART. 14. Les jeunes gens qui, au sortir des écoles du premier degré d'instruc-
tion, ne s'occuperont pas du travail de la terre, seront tenus d'apprendre une
science, art ou métier utile à la société ^^\
ffART. 15. Ceux desdits jeunes gens qui, à l'âge de vingt ans accomplis, ne se
seraient pas conformés aux dispositions de l'article ci-dessus , seront privés pen-
dant dix ans de l'exercice des droits de citoyen ^^\
ffLes pères, tuteurs ou curateurs qui auraient concouru à l'infraction de la pré-
sente loi subiront la même peine.
ffElle sera prononcée par la police correctionnelle, sur la dénonciation qui lui
en sera faite , dans le cas où l'inexécution ne serait pas fondée sur des motifs va-
lables ^'^.n
Sur la proposition d'un membre ,
ffLa Convention nationale décrète que les décrets rendus ^''^ sur l'organisation
(1) Cet article 9 est nouveau.
(^) La première phrase de l'article re-
produit farticie 10 du projet de Bouquier.
Les autres dispositions sont nouvelles.
(^) Les articles 11 et 12 reproduisent
le texte des articles correspondants du
projet de Bouquier.
('*) Les dispositions de cet article dif-
fèrent de celles de l'article correspondant
du projet de Boiupiier.
(^) Conforme à l'article 16 du projet
de Bouquier.
(**5 Dans le projet de Bouquier, la privation
des droits de citoyen, pour les jeunes gens
qui n'auraient pas satisfait à l'article ih,
est prononcée à perpétuité.
(') Les second et troisième ahnéas de
l'article i5 du décret sont nouveaux.
^^^ Ce pluriel est dû à un^ erreur du
rédacteur du procès-verbal.
DE LA CONVENTION NATIONALE. 195
des écoles primaires et de l'enseignement public seront promulgués sans délai,
pour que leur exécution n'éprouve aucun relard, et que le Comité d'instruction
publique présentera, primedi prochain, un projet d'établissement des fêtes ci-
viques, jeux et exercices nationaux ^^N.
Les comptes-rendus des journaux sont extrêmement sommaires. Voici celui du Journal
de la Montagne :
Convention nationale, séance du 99 frimaire.
Bouquier, organe du Comité d'instruction publique, rappelle l'attention do l'as-
semblée sur les articles ajournés de son projet, concernant les écoles du premier
degré , et fait adopter ces dispositions :
[Suit le texte des articles 9, 6, 10 (second alinéa) et i5 de la section III du décret
définitif. ]
Le décret sur l'organisation des écoles primaires sera envoyé de suite dans les
départements, afm qu'elles puissent être bientôt mises en activité ^*^
La Feuille du salut public dit :
Convention nationale, séance du 29 frimaire.
La discussion reprend sur l'instruction publique; nous donnerons demain les
articles décrétés ^^^ .
Et dans le numéro suivant :
Convention nationale.
Décrets rendus dans la séance d'hier :
[Suit le texte des articles 6, 8, 9, 10 (second alinéa) et 1 5 de la section III du dé-
cret <*).]
Le Journal de Parts :
Convention nationale, séance du 29 frimaire.
La Convention a discuté plusieurs articles sur les premières écoles ^'\
Le compte-rendu du Moniteur est identique à celui du Journal de la Montagne.
Le Journal des débats et des de'crets porte ce qui suit :
Convention nationale, séance du 29 frimaire.
Bouquier rapporte les articles de son plan sur les premières écoles , que la Con-
vention avait renvoyés au Comité d'instruction. Ils sont adoptés après une courte
discussion. Nous en donnerons le décret en entier '^^
^'^ Procès-verbal de la Convention, ^*^ Feuille du i^ahit puhlic, n" 171,
t. XX Vil, paf]fes 399-335. 1" nivôse an n.
^■^) Journal de la Montagne, n° [\'],^0 h'I- ^*^ Journal de Paris national , n° 356,
maire an ii. 3o frlmairi' au ii.
^•^) Feuille du salut public, n" 170, ("^ Journal des débats ef des drcnls,
'60 frimaire au 11. u" '107, p. 6o5.
i3.
196 PROCÈS-VERBAUX DU COMITE D'INSTRUCTION PUBLIQUE
Lo Moniteur a publié le texte complet du décret du a 9 frimaire dans son numéro du
18 nivôse an 11, sous ce litre : Rédaction du décret sur l'instruction publique, adopté dans
la séance du 5 nivôse. ,
Ce titre a fait croire à quelques personnes que le décret n'a été adopté définitivement
que le 5 nivôse (*\ et qu'il doit être désigné par la date do cette séance, et non par celle
du 29 frimaire. H n'en est rien. Le décret fut efTeclivemenl relu à la Convention le 5 ni-
vôse, parce que c'est ce jour-là que fut lu et adopté le procès-verbal de la séance du 29 fri-
maire, qui en contient le texte; mais autre chose est l'adoption d'un procès-verbal, autre
chose le vote d'un décret. Le décret sur l'enseignement en général et sur l'organisation
des écok's primaires est invariablement désigné, dans les procès-verbaux du Comité d'in-
struction pubUque, sous le nom de décret du 29 frimaire an 11, et c'est ce nom qu'il porte
dans l'histoire.
(') MM. Biichez et Roux, entre autres, sont tombés dans cette erreur [Histoire parle-
mentaire, t. XXXI, p. 257).
DE LA CONVENTION NATIONALE.
197
CENT SOIXANTE ET ONZIEME SEANCE.
Du 29 frimaire an 11. [19 décembre 1798.]
Prunelle présente au Comité au nom du citoyen Dumarais une
médaille représentant le buste de Brutus. Le Comité l'accepte et en
ordonne la mention civique dans son procès-verbal.
Le Comit(3 de commerce envoie trois mémoires sur les moyens de
fabriquer le papier et sur les matières qui peuvent y être employées.
Renvové à Guyton et a Arbogast^^l
On passe à l'ordre du jour sur une lettre du citoyen Desbayes, qui
ne contient que des déclamations inutiles^-l
Le citoyen Desforges demande une carte pour entrer au Comité.
On passe à l'ordre du jour, motivé sur ce que cette formalité n'est pas
nécessaire ^^^
Arbogast présente une instruction sur le système des poids et mesures
adopté par la République française; cette note est destinée à être re-
mise au citoyen Dombey. Le Comité l'adopte. Il arrête en outre que le
citoyen Dombey sera chargé de présenter aux Etats-Unis non seulement
un mètre entier, mais encore un quart de mètre avec ses divisions ^^l
Le citoyen Perrard rappelle au Comité un mémoire qu'il a envoyé
depuis quelques mois sur les moyens de diminuer les frais du théâtre
de l'Opéra et de le rendre plus utile. Il est renvoyé à la commission
des Six^^^.
^'' On sait que le Comité s'occupait des
questions relatives à la fahricalion du pa-
pier, et plus spécialement à la refonte des
vieux papiers, en vertu d'un décret du
12 frimaire (p. /i6). Voir de nouveaux
(lélails sur cette (question aux séances des
3, 9 et i5 pluviôse (p. Sif'i, 36a et
^-' Deshayes proposait au Comité rrde
propager sur le continent les vrais prin-
cipes républicains par des instructions n)àles
et éneq[i([uos traduites dans toutes les lan-
jjucsn. Sa lettre, en dalo du -h) irimairo,
se trouve dans F", carlou 1008, n" t3i().
^•"'' 11 s'ajTJideClioudard-Desforjes, dont
l'offre de coopérer aux travaux du Comité
est consignée au procès-verbal de la séance
du 7 frimaire (p. 36). Sa lettre, en date
du 28 frimaire , est dans F'', carton 1 008 ,
n" i3ii. Il sera de nouveau question de
lui le 3 nivôse (p. 207).
^*) Voir p. 1 36. Il sera encore une fois
question de Dombey et de sa mission dans
la séance du T) nivôse (p. 211).
<^'> Ce l^errard (ou Pérai-d) n'est pas le
même que le citoyen Pérard, de Presles,
qui avait écrit à la Convention en août
1793, au sujet des maladies des er)l"anls.
Celui-ci est un aroliilecle, dont il sera de
nouveau (juestion dans la séance du 7 ni-
198 PROCÈS -VERBAUX DU COMITÉ DINSTRUCTION PUBLIQUE
Arbo^jast rend coin])te de la mission dont il a été chargé avec
Ferry relativement aux serres chaudes de Monceau. Le Comité arrête
que les botanistes de la Commission des arts seront chargés d'aller
visiter le local et de donner leur avis sur le meilleur usage qu'on peut
en faire pour l'intérêt public ^'l
On reprend la discussion sur le plan d'instruction dans les degrés
supérieurs. On agite d'abord cette question : Y aura-t-il un degré d'in-
struction intermédiaire entre les écoles primaires et l'enseignement des
sciences? Cette discussion est ajournée à la séance suivante ^^^.
vôse (p. ai/»). Nous n'avons pas trouvé
son mémoire.
^^^ Voir la séance du a 3 frimaire ( p. l '^ 3).
La Conmiission des arts envoya dès le len-
demain à Monceau des commissaires. Le
Comité d'instruction publique saisit la Con-
vention de Taffaire le 6 nivôse, et lit rendre
un décret ordonnant le transport au Mu-
séum d'histoire naturelle de toutes les
plantes rares qui se trouvaient dans les
jardins et terrains nationaux situés dans le
département de Paris. La Commission des
arts nomma, le i5 nivôse, Vicq d'Azyr,
Richard et Lamarck pour veiller à l'exé-
cution de ce décret. Nous donnons aux an-
nexes, A (p. 199), des extraits du re-
gistre des séances de la Commission des
arts des 3o frimaire et i5 nivôse, et un
extrait du procès-verbal de la séance de la
Convention du 6 nivôse an 11.
^'^^ On sait que le plan d'enseignement
de Bouquier comprenait, outre les trois
sections qui avaient formé le décret du
99 frimaire, deux autres sections relatives
au dernier degré d'instruction et aux
moyens généraux d'instruction , que le Co-
mité n'avait pas encore discutées. Il va
maintenant s'occuper à compléter le décret
du 99 frimaire en examinant la seconde
partie du plan de Bouquier, et tout d'abord
il est arrêté par celte question : Y aura-
t-il, au delà des écoles primaires, un seul
degré supérieur d'enseignement, celui que
Bou(juier appelle le dernier degré, ou bien
y en aura-t-il deux ? La discussion de celte
importante question, renvoyée à ia séance
suivante, ne paraît pas avoir été reprise.
Coupé ramènera l'attention sur cet objet le
a 5 nivôse (p. 9 84). C'est seulement le
1 9 pluviôse qne nous verrons Bouquier ap-
porter au Comité un rapport et un projet de
décret ( p. /i 3 1 ). Mais un membre de la Con-
vention, qui ne faisait pas partie du Comité
d'instruction pubbcjue, Portiez (del'Oise),
se présenta à la tribune de l'assemblée le
9 nivôse, et y prononça un discours dans le-
quel il s'appliquait à réfuter les doctrines de
Fourcroy, de Bouquier et de Thibaudeau
sur l'enseignement supérieur, et demandait
la création, dans tous les départements,
d'écoles d'un degré supérieur aux écoles
primaires, et où les jeunes gens recevraient
les connaissances propres à les mettre en
état de remplir plus tard les emplois pu-
blics. Le discours de Portiez fut imprimé,
mais il ne donna lieu à aucune discussion;
toutefois Bouquier répondit plus tard aux
arguments de Portiez dans son rapport sur
le dernier degré d'instruction. Nous don-
nons aux annexes, B (p. 900), le discours
de Portiez, précédé d'un extrait du procès-
verbal de la séance de la Convention du
9 nivôse an 11 et d'un extrait du Moniteur.
Quant au décret qui, le 99 frimaire,
avait ordonné au Comité de présenter à la
Convention, le 1" nivôse, un projet d'éta-
blissement des fêtes civiques, jeux et exer-
cices nationaux, il ne fut pas exécuté. Le
projet de décret que préparait Mathieu
sur les fêtes décadaires ne vit le jour qu'en
ventôse (voir séance du 9 ventôse, an-
nexe B, p. 5o8).
DE LA CONVENTION NATIONALE.
199
Le citoyen Bonguyod, membre de h Convention nationale, fait lec-
ture d'un projet de fêtes civiques. Le Comité l'invite à remettre son
manuscrit à la commission char(jée de présenter ses vues sur le même
objet^*).
La séance est levée à neuf beures et demie (^^.
PIECES ANNEXES.
On lit dans le registre des procès-verbaux de la Commission des arts :
Séance du 3o frimaire, l'an 2* de la République.
Les commissaires de la section de botanique se transporteront, ce même jour
décadi 3o frimaire, à la maison dite de Mousseaux^^\ pour y examiner les objets
dont l'utilité des arts exige la conservation; ils en feront leur rapport à la pro-
chaine séance ^^^
On lit dans les procès-verbaux de la Convention :
Séance du 6 nivôse an 11.
ffLa Convention nationale, après avoir entendu le rapport de son Comité d'in-
struction publique, sur la lettre du ministre de l'intérieur, décrète que les arbres,
arbustes et plantes rares, soit iiidip;ènes, soit exotiques, qui se trouvent dans les
jardins et terrains nationaux situés à Paris, et dans l'étendue du département de
Paris, seront transférés au Jardin national des plantes.
ff Renvoie, pour le surplus des objets contenus dans la lettre du ministre de l'in-
térieur, à la Commission des arts et monuments, pour y pourvoir sans délai ^\t5
On lit dans le registre des procès-verbaux de la Commission des arts :
Séance du i5 nivôse, l'an 2* de la République.
La Commission des arts, sur l'invitation du président, nomme les citoyens Vicq
''' Bongnyod , député du Jura, avait
di'jà lait imprimer en juillet i79''^ Vlùsai
d'un calécliisme sur les droits et les devoirs
de Vliouime (voir notre toiiK» 11, j). 909).
Son projet de l'êtes civiques l'ut imprimé
eu Tau III sous ce litre : ff Opinion do
Marc-Frimrois Honguyod, député du Juia,
sur l'organisation des fêtes civiques; <le
riuq)riinerio nationale, nivôse an iii«; Hi-
bliollièque nalionalo, Le-"* 1 ^i^.î , iu-S";
Musée pédagogi(Ui(', 11° iiSm\
^^^ Pas de signature, ni à la minute ni
au registre. La minute (>st do la main de
Ferry.
'^^ On écrivait indilTéremniont Mous-
seau.v, Moticenux ou Moi.cenu.
^^' Arcliives nationales, K'"^* 7, folio 1 ."{ ,
verso. Le procès- verbal de la séance sui-
vante de la Commission (5 nivôse) ne nit>n-
1 ion ne pas de rapport des commissaires.
\'->) Pi-ooès-verbal de la Convention,
t. WVIIl, p. 11/1.
200 PROCÈS-VERBAUX DU COMITE D'INSTRUCTION PUBLIQUE
cPAzy!', Richard et Lamarck pour commissairos à l'effet de veiller à l'exe'ciition du
de'cret du G nivôse (|ui ordonne que les plantes rares, soit exotiques, soit indi-
gènes, situées à i^iris, soient transporte'es au jardin du Muséum national d'his-
toire naturelle ^'^
On lit flans ic^^ prortV\er})anx do la Convention :
St^ance du 9 nivôse an ii.
L'ordre du jour ramène la discussion sur l'instruction publique^"'.
Comme nous l'apprend le compte-rendu du Moniteur, c'est du discours de Portiez qu'il
s'ajjil dans cette phrase. Voici ce que dit ce journal :
Convention nationale , séance du 9 nivôse.
L'ordre du jour appelle la discussion sur l'instruction publique.
Portiez (de l'Oise) detnande qu'il soit établi dans tous les départements, sui-
vant le rapport de la population et les besoins des localités, des écoles publiques,
où la jeunesse française recevra des leçons sur la législation et la morale publique.
Cette proposition est ajournée '-^K
Nous donnons ci-après le texte du discours de Portiez :
INSTRUCTION PUBLIQUE, PAR L. PORTIEZ, DEPUTE DE L''OISE. SUR LES DISCOURS DE
FOURCROY, BOUQUIER ET THIBÂUDEAU. PRONONCÉE DANS LA SEANCE DU 9 NIVOSE
L'AN 'i DE LA REPUBLIQUE UNE ET INDIVISIBLE.
A Paris, de l'Imprimerie nationale, s. d. (*).
Citoyens législateurs,
Depuis quinze mois la Convention nationale est occupée d'un plan d'instruction
publique. La France , l'Europe est dans l'attente.
C'est de l'instruction publique que dépend désormais le triomphe complet de
la liberté, et l'affermissement delà Révolution.
Vous avez fondé des écoles primaires dans lesquelles les enfants apprendront à
lire, à écrire, à compter. Au sortir de ces écoles, ils sont tenus d'apprendre une
science, un art, un métier utile a la société, à peine d'être privés, pour dix ans,
de l'exercice des droits de citoyen. Quinze ans sont sonnés, que deviendra le jeune
homme?
^1) Archives nationales, F^'* 7, folio i5, ^*) BibHothèque nationale, Le^^ 618,
verso. in-8° ; Musée pédagogique , n° 1 1 70 1 . Cette
(2) Prorès-veihal do la Convention, pièce est annoncée dans le n" /iG5 du yo^rna/
t. XXVIII, p. A7. des débats et des décrets, correspondant au
^^) Moniteur du h nivôse an 11, p. 379. 7 nivôse an n.
DE LA CONVENTION NATIONALE. :>01
Sans cloute, le négociant va rappeler son fils pour l'initier dans les calculs et
lui donner l'esprit des affaires, en un mot, lui apprendre la règle d'or.
Le fils de l'agriculleur partagera avec son père les travaux de la campagne.
L'artiste , instruit par l'expérience que la perfection d'un art quelconque ne s'ob-
tient que par un travail long et opiniâtre , enseignera sa profession à son enfant.
Ces jeunes gens se livrent chacun avec ardeur à l'apprentissage de leur profes-
sion; ils y aperçoivent un moyen d'établissement.
L'âge des passions est arrivé : la patrie les compte au nombre de ses défenseurs.
Parvenus bientôt à la majorité, ils sont appelés par la loi, par les suffrages de
leurs concitoyens à remplir les fonctions de juré, d'ofEcier municipal, de juge, de
législateur.
Ce jeune homme se marie, et, en s'unissant à une famille nouvelle, il contracte
de nouvelles obligations. Epoux et père, le voilà tout entier à l'état à l'aide duquel
il doit faire vivre sa femme, ses enfants. Je parle d'un Sans culotte.
Ici je m'arrête et je demande à Bouquier oii, quand, et comment le jeune
Français aura appris à connaître les lois concernant la garde nationale, les ju-
rés, le code pénal, l'organisation des corps administratifs, la nature de leurs fonc-
tions, leur compétence, etc.; enfin, les lois familières journellement pratiquées et
nécessaires à tous les instants. Puisque tout citoyen doit, aux termes de la consti-
tution, remplir tous les emplois publics, il importe de les rendre habiles à les oc-
cuper.
Je ne parle pas de l'histoire, de la littérature, de l'éloquence, de la musique,
de la peinture, de la gravure, en un mot, de ces sciences et arts qui ont fait depuis
si longtemps la gloire de la France. On veut que tout cela ne soit pas d'une grande
utilité, d'une utihté indispensable dans une république.
Les corps administratifs et Sociétés populaires de Paris firent, il y a un mois
environ, à la barre de la Convention ^'\ par l'organe deDufourny, une pétition ten-
dant à obtenir plusieurs degrés d'instruction. Cette demande faite à la lin d'une
séance consacrée aux pétitionnaires fut convertie en motion avec beaucoup de cha-
leur par Lakanal, et non moins vivement appuyée et défendue deux jours de suite
par Fourcroy. Aujourd'hui Fourcroy se rétracte; et pour prouver qu'il a été dans
l'erreur, il nous peint les abus du régime monarchique, et nous organisons des
institutions républicaines.
frLes professeurs, placés souvent dans les chaires publiques par l'intrigue et la
bassesse, dit Fourcroy, remplissaient si mal les fonctions qiu leur étaient confiées,
que les écoles royales et gratuites étaient désertes.
rr L'adulation ^^^ continue-t-il, a pu seule créer ces idées fantastiques pour des
despotes qui étaient assez sots et assez vains pour penser que les grands ])nètes.
les grands orateurs, les savants illustres naîtraient à leur voix, en leur distribuant
annuellement quelques pièces de monnaie, en leur faisant écrire quelques billets
insolents, et en leur préparant des faulcuils académiques ^'^w
^'^ C'était le i5 soplcnibrc 1793. Voir notre tome II, p. ûo8. — ^*' Une erreur Ivpo-
f;rapln{jue a fait imprimer dans le discours de Portiez rrédiicallon-^ nii lien de rPadida-
lio^'^. — l'') Voir ci-dessus le discours de Fourcroy, pages ()(S e( <)().
202 PROCÈS-VERBAUX DU COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE
Fonrcroy, je crois h la vérité de ton récit, à l'exactitude de ta description. Tu
étais professeur, et qui plus est académicien.
Aussi n'esl-ce pas des collèges ci-devant royaux, des académies , des lycées (pie
je vous demande; eh! qu'ont donc de commun ces monuments d'orgueil''^^ avec les
inslilutious républicaines ?
Tu crains, dans l'adoption des collèg'es ou instituts, rrune espèce de sacerdoce
plus redoutable peul-étre (|ue celui que la raison du peuple vient de ren verser ^^^n.
Uassnre-toi : s'il a su abatlre l'aristocratie invétérée de plusieurs siècles, crois que,
sans user de sa toute-puissance , ce même peuple saura triompher d'une aristo-
cratie naissante, sous quelque forme qu'elle se présente.
ffBoerhaave, Linnée, Bergmann n'auraient-ils pas été^^^ de grands professeurs,
demande Fonrcroy, quand les universités de Leyde, d'Upsal et de Stockholm n'au-
raient pas existé ^"^?fl
Je })ourrais répondre peut-être négativement, car ces hommes célèbres ont
profité des lumières émanées de ces universités, et qui, comme l'air, ont une in-
iluence peu sensible, mais réelle; ils ont perfectionné leur première éducation; ils
ont bâti avec les matériaux et les instruments qu elle leur avait remis. Ils avaient
senti le prix , la nécessité et l'utilité de la science.
Est-il donc vrai à présent que nos collèges, nos universités , quelque imparfaits,
({uelque absurdes qu'ils fussent, n'aient pas servi la chose pubhque? N'est-ce pas
là qu'a été conservé religieusement le dépôt des sciences, le goût de la saine htté-
ralure? N'est-ce pas de là que des hommes studieux ont appelé, par le fruit des
veilles laborieuses, la révolution dont nous recueillons les fruits? N'est-ce pas de
ces collèges que sont sortis les amis, les intrépides défenseurs de la liberté dans nos
armées et dans toute la République?
Au surplus, je compare, dans cette occasion, Fonrcroy à un enfant qui, devenu
fort, bat sa nourrice.
rr Créer des établissements, des degrés supérieurs d'instruction, c'est, continue
Fonrcroy, peupler la République de demi-savants. . . et puis, commande-t-on au
génie et aux talents de naître pour les placer à des postes qu'on leur a destinés
d'avance ^^^î"
A entendre Fonrcroy, il faudrait tous hommes de génie pour instituteurs.
Cependant un homme de génie est souvent moins capable d'enseigner aux jeunes
gens qu'un homme d'un talent ordinaire. Il consent difficilement à descendre des
hauteurs de la science, à se rapetisser, si je puis m'exprimer ainsi, pour se mettre
à la portée des ignorants. Son imagination active s'irrite des obstacles, et a peine à
dévorer les difficultés.
Des mœurs, du patriotisme, voilà les premières qualités d'un instituteur répu-
blicain; qu'il aime le travail et qu'il veuille fortement le bien, et il sera suffisam-
ment instruit. Eh quoi! cette jeunesse qui s'endurcit aux fatigues de la guerre, ne
sera-t-ello pas une pépinière de bons instituteurs? Ils seront plus clairs dans leur
^') Expression de Fonrcroy (p. 98). — ^^^ Voir p. 97, — ^^^ Ici encore il y a une faute
d'impression dans le discours de Portiez : «auraient-ils éléw au lieu de rr n'auraient- ils pas
ctén. — ^*^ Voir p. 98. — ^"^^ Voir pages 98 et 99.
DE LA CONVENTION NATIONALE. 203
dëmonstralion , plus éloquents , plus précis que nos anciens professeurs ; ils auronl vu.
ffLes plus belles écoles, dit Bouquier, et les plus utiles, les plus simples, oii la
jeunesse puisse prendre une éducation vraiment républicaine, sont, n'en doutez
pas, les séances publiques des départements, des districts, des municipalités, des
tribunaux et surtout des sociétés populaires ''^Kn
L'assistance aux séances dont on vient de parler doit faire partie de l'instruc-
tion, mais ne la constitue pas.
Jugeons de l'avenir par le passé. Quels sont les jeunes gens qui assistaient aux
séances des corps administratifs avant leur départ pour les frontières? (Cependant
nous sommes en révolution, et les séances devraient offrir un plus grand intérêt.
Il faut l'avouer, les détails de l'administration sont fastidieux et peu propres à fixer
l'attention de la jeunesse. Les sociétés populaires, plus peuplées que toutes les
administrations, seront, dans tous les temps, d'excellentes écoles ; mais ces moyens
d'instruction n'existent pas pour tous les citoyens. Beaucoup de communes, sur-
tout dans les campagnes , n'ont pas l'avantage des sociétés populaires.
Thibaudeau, qui s'était déjà signalé dans cette discussion par la manie des so-
phismes, Thibaudeau reproduit les objections de Fourcroy. rll est impossible,
ajoute-t-il, de ramener les ténèbres de l'ignorance sur le sol de la République
française. . . L'on n'a pas encore découvert la possibilité de faire désapprendre à
l'homme ses connaissances, ou de faire rétrograder ses pensées '^^n. Cette idée,
neuve pour Thibaudeau, lui paraît juste et profonde, applicable aux peuples comme
aux individus.
Mais les individus comme les peuples ont leur décrépitude. Us oublient; aurais-
je besoin d'invoquer le témoignage de l'histoire de la Grèce et de l'Italie pour
prouver que des peuples entiers ont été tout à coup plongés dans les ténèbres de
l'ignorance? A une génération éclairée a souvent succédé une génération sauvage,
barbare.
ffLa nation privée depuis quatre ans d'écoles, de collèges et de professeurs, dit
alors Thibaudeau ^^^ (car ils ont été paralysés par la Révolution), a plus acquis de
lumières et de connaissances, que pendant les siècles de la plus brillante existence
des universités et des académies ^'^ ^^
Il ne vous en a rien coûté pour cela; mais n'en a-t-il donc rien coûté au peuple
pour apprendre et reconquérir se« droits? Il n'avait pas besoin de livres, sans doute;
il était à l'école des événements les plus extraordinaires dont les fastes do Thistoire
fassent mention. Est-il bien vrai qu'en même temps que le peuple français est de-
venu plus éclairé sur les droits des nations, il n'ait pas rétrogradé dans quelques
autres parties des sciences?
rr Abandonnez tout à Tinlluence salutaire de la liberté, continue-t-il , . . . craignez
d'étouffer l'essor du génie par des rè^»lenients^"'^.T)
Mais est-ce étouffer fessor du génie que de le diriger et (ralimenter son activité
par des leçons utiles? Craignez que sans ces précautions, celte énergie, développée
^'^ Voir le rapport de Boiupûor, p. .57. — ^^' Voir lo discours de Thibaudoau, p. it»().
— ^^^ Dans lo (liàcoiirs do Portioz, on lit «Bouquior-» an lieu do frTIiibaiidoaiH; c'ost une
faute, la citation est bien do Thibaiidoau. — ^^' Voir p. J09. — ^''^ Voir p. 109.
'20li PROGES-VERliAUX DU COMITE DINSTRUGTION PUBLIQUE
et entretenue aujourcriini par une suite d'évëuements plus intéressants les uns que
les autres, ne s'énerve avec le temps, et que cette chaleur ne s'affaiblisse au sein
(le la paix. Je compte pour beaucoup l'amour du bien général, les progrès de l'es-
piit public; mais craignez h votre tour la force d'inertie, l'isolement de l'égoïsme
et les petits calculs de l'inlérêl personnel.
La Déclaration des droits est intelligible pour tout homme dont le bon sens n'est
pas obscui'ci par les passions, parce que la Déclaration des droits est une simple
énonciation des principes éternels de justice que tout homme trouve dans son cœur.
Mais il n'en est pas de même des lois de détail du code pénal, du code civil, ou des
matières d'administration. Comment savoir si la loi est bien ou mal appliquée, si
on ne connaît pas la loi, si on ne saisit pas le véritable sens? et comment le savoir
si on ne l'a pas appris?
Il ne s'agit donc pas ici d'apprendre aux jeunes répubhcains français à combiner
des mots, h cadencer des phrases, à arrondir des périodes, mais bien d'acquérir
des connaissances réelles, des choses pratiques.
Ce n'est même pas telle science qu'il importe de donner aux jeunes gens; mais
c'est la méthode qui simplifie les opérations et ménage le temps, c'est cette aptitude
qui rend propre à tout, c'est le goût des arts et des sciences qu'il faut inspirer,
c'est le désir de connaître, de s'instruire, c'est cet amour du travail qui s'irrite et
s'enflamme, et triomphe de tous les obstacles. C'est cette application infatigable à
poursuivre la vérité; car si la liberté est placée au sommet d'une montagne qu'il
faul gravir, la vérité est cachée au fonds d'un puits, qu'il ne faut pas moins de cou-
rage pour sonder la profondeur (sic). C'est ce coup d'œil qui perce à travers les
Irails du visage composé d'un fourbe et lit dans le cœur humain; en un mot, cette
habitude de la réflexion, si nécessaire dans tous les instants de la vie, habitude
qui se contracte par l'exercice et la triture des affaires et de l'étude. Enfin cette
disposition qui fait son profit de tout, tellement que chaque objet porte à l'es-
prit un tribut d'idée utile au cœur, au sentiment.
Si vous ne formez dans tous les départements des écoles qui, rapprochées et
comme sous les mains des jeunes Français, les invitent et leur fassent une sorte de
violence pour apprendre, plusieurs départements seront privés des moyens d'in-
struction absolument indispensables. Les habitants des diverses parties de la Répu-
blique se livreront aux sciences et aux arts les plus appropriés au climat qu'ils
habitent. Dès lors, je ne vois plus cette uniformité, ce grand caractère de généra-
lité que vous portez dans toutes vos lois. Je ne vois plus cette harmonie désirable
dans cette intéressante partie, cette unité de sentiments qui doivent animer tous les
Finançais , régler leurs mœurs et diriger la conduite de l'habitant du Midi et de
l'habitant du Nord.
Ici Fourcroy et Bouquier croient voir une corporation, des espèces de canonicats,
de brevets d'immortalité. Pourquoi donc se défier du législateur et croire qu'il ne
préservera pas l'instruction publique des vices de ces créations monstrueuses? Des
instituteurs nommés par le peuple et réélus à des époques déterminées, n'ayant
aucune correspondance entre eux, ne sont pas redoutables pour la hberté. M'au-
ront-ils pas intérêt à travailler a mériter la confiance de leurs concitoyens? La loi
ne leur indiquera-t-elle pas la matière de leurs leçons, et ces leçons ne seront-elles
DE LA CONVENTION NATIONALE. 205
pas données sous les yeux du public et jugées par l'opinion? Chaque instituteur,
surveillé par tous les citoyens, ne sera-t-il pas sous la surveillance spéciale et di-
recte du Comité d'instruction publique du Corps législatif, qui, renouvelé comme
lui chaque année, ne peut rappeler \es ifothiques universités et les aristocratiques
académies 7
L'enseignement doit être libre, dites-vous. Eh! mais ne l'est-il pas de la part
des élèves? Votre fils n'a-t-il pas la liberté de choisir entre tel ou tel instituleur,
d'opter entre l'instituteur de tel ou tel département, de suivre son goût pour telle
ou telle science?
Citoyens législateurs , vous le savez , les deux extrêmes se touchent, et les mêmes
effets ont été souvent le produit de causes en apparence opposées. On vous a fait
voir dans l'établissement des lycées, des académies, l'aristocratie de l'ambition, et
l'on a eu raison. Mais croyez que si vous ne formez pas des établissements d'in-
struction autres que les écoles primaires , des charlatans , souvent seuls dans un
département, indépendants des autorités, mettront les citoyens désireux d'ap-
prendre à contribution. Ils feront payer cher à l'élève sans -culotte le privilège de
leur savoir. Et cette aristocratie d'un nouveau genre exercera une influence vérita-
blement dangereuse. Je demande qu'il y ait dans chaque département, suivant
le rapport de la population et le besoin des localités , des instituts publics , où la
jeunesse française recevra des leçons de législation et de morale publique; que
les instituteurs soient salariés par la nation; que les séances soient ])ubhques;
({ue les leçons soient les mêmes et données d'après les mêmes livres élémentaires ;
que les écoles n'aient aucun rapport entre elles, et qu'elles soient sous la direction
spéciale et directe du Comité d'instruction publique des Corps législatifs.
206 PROCÈS-VEKBAU\ DU COMITE DI^Sïl{LfGT10N PUBLIQUE
CENT SOIXANTE-DOUZIÈME SÉANCE^'l
Du 3 nivôse an ii. [38 décembre 1793.]
Le citoyen Gail fait lecture d'une pétition qu'il se propose de pré-
senter à la Convention nationale sur l'enseignement public de la
langue grecque. 11 annonce qu'il est prêt à faire imprimer deux ou-
vrages: l'un est une traduction de Xënophon, et l'autre un diction-
naire grec et français. 11 demande l'approbation et l'appui du Comité.
Le pétitionnaire est invité à présenter directement sa pétition à la
Convention nationale ^-^
Le citoyen Martin lit un extrait d'un mémoire concernant les arts
et la Commission du Muséum. Il demande un concours public pour la
restauration des tableaux appartenant à la République. Renvoyé à
David (3).
Le citoyen Dupain-Triel présente : 1° une carte de France considérée
dans les différentes bauteurs de ses plaines; 1" un mémoire sur une
hydrographie complète de la France; 3° [des] instructions élémentaires
sur les différentes opérations de la guerre; /i^une brochure intitulée:
Recherches géographiques sur les hauteurs des plaines de la France, sur les
mers et leurs côtes, etc. Ferry et Lindet sont chargés de les examiner ^^l
Des députés de la section du faubourg Montmartre font une péti-
tion relative au local destiné à l'école des trompettes, à celle du chant
et au lieu de ses séances. Prunelle est chargé de se concerter, pour cet
objet, avec un commissaire du Comité des domaines^^^
(^) Il n'y a pas eu de séance du Comité ^^^ Dupain-Triel avait déjà fait hommage
le 1" nivôse. au Comité d'un de ses ouvrages dans la
(^) J.-B. Gail (1755-1829), le célèbre séance du 16 décembre 1792 (t. I*',
helléniste, occupait depuis 1 79a la chaire de p. 162). Un rapport sur ce géographe sera
littérature grecque au Collège de France. Les fait au Comité le aS germinal an 11.
procès-verbaux de la Convention ne parlent ^^) L'École des trompettes qui existait
pas de la pétition dont il est ici question. précédemment à Paris avait été rétablie
^^) Nous ne savons pas qui est ce Martin , par un décret du i/i brumaire (Procès-
et nous n'avons pas trouvé son mémoire. verbal, t. XXIV, p. 307); elle devait
C'est peut-clrc le même qui, le 21 plu- compter cent élèves, et être installée dans
viôse, présentera au Comité un plan d'édu- un bâtiment national à désigner. Ce sont
cation nationale (p. A ^10). Sur la question les élèves de l'Ecole des trompettes qui, le
de la restauration des tableaux, voir les 1 7 germinal, se présentèrent à la barre de
rapports de David , pages 187 et 97G. la Convention pour se plaindre de leurs
DE LA CONVENTION NATIONALE. 207
Grégoire fait un rapport sur les arbres de la Liberté. Le projet de
décret qu'il propose est ajourné et renvoyé au rapporteur pour pré-
senter une nouvelle rédaction.
Le premier article est adopté en ces termes :
Le chêne est l'arbre de la Liberté ^^^
Guyton rappelle une lettre du Comité de salut public qui demande
une liste d'bommes de lettres patriotes et en état de se livrer à un
travail de rédaction. On arrête que l'on proposera Desforges, Tbié-
bault et Borrelly, sans cependant que le Comité prétende garantir
leur patriotisme ^-\
Lindet demande à être déchargé du rapport sur la mémoire du gé-
néral Dampierre. Sa demande n'est pas admise ^^l
Grégoire demande que la cérémonie de l'apotbéose de Descartes
professeurs et réclamer plus de liberté
(Procès-verbal, t. XXXV, p. 27). Le Mo-
niteur, dans le compte-rendu de cette
séance, les désij][ne par Tappellation erronée
dVélèves de TEcole de musiques, ce qui
a fait croire au rédacteur de la table du
Moniteur qu'il s'agissait des élèves de Tln-
stilul national de musique. L'école du chant
est l'École de chant et de déclamation,
ordinairement appelée l'École des Menus
(voir sur cette école les Procès-verbaux du
Comité d'instruction publique de V Assemblée
législative, pages G8 et 70). Elle était in-
stallée rue Bergère, dans le bâtiment appelé
les Menus (aujourd'hui occupé par le Con-
servatoire national de musique). La section
du faubourg Montmartre avait également
ses locaux dans le même immeuble. La
pétition adressée au Comité par celte sec-
tion était proi)ablenient une protestation
contre le placement de l'Ecole des trom-
pettes dans le bâtiment des Menus. I.e
i3 nivôse, une nouvelle démarche sera
faite auprès du Comité par la section du
faubourg Montmartre et les professeurs de
l'EfoIe de clijuit et de déclamation (p. !Vi()).
Le i() nivôse, Grégoire sera adjoint à Pru-
nelle (p. 2 05).
^') Grégoire avait présenh» une piciiiiiM'.^
fois un rapport sur les arbres de la Liberté
le 19 frimaire (p. 87). Pour la suite de
cette affaire, voir la séance du 7 nivôse
(p. 217).
^^^ C'est le 2 3 frimaire (|ue la demande
du Comité de salut public avait été com-
muniquée à celui d'instruction (p. 161).
Desforges est le littérateur Chondard-
Desforges (voir p. 34, note 2); Thiébault
et Borrelly sont les rédacteurs du Journal
de l'instruction publique (voir t. II, p. 7^1,
note 1 ; et, dans le présent volume, p. '16).
(^) Par un décret du 1" nivôse, la Con-
vention avait chargé le Comité d'instruc-
tion publique de proposer le mode d'exé-
cution du transfert des cendres de Chalier
au Panthéon, et lui avait en même temps
demandé un rapport sur la proposition,
faite par CiOufhon ce même jour, de retirer
les honneurs du Panthéon au général Dam-
pierre. Le i3 frimaire déjà (p. 66), Tho-
mas Lindet avait été choisi par le Comité
conmie rapporteur pour les honneurs à
rendre à Beauvais, Baille, Chalier et Gas-
parin, et pour le procès de la mcmolr.> de
I)ampi(>rre. Nous donnons aux annexes un
extrait du j)rocès-verl)al de la séance de la
Conv(Mili()u du 1" nivôse an ii, complété
j),!!- nu exliiiil du Moniteur.
208 PROGES-VERBAl'X DU COMITE D'INSTRUCTION PUBLIQUE
soit faite le 1 3 février (vieux style), jour de la mort de ce philosopherai
Le Comité arrête que l'on s'occupera d'abord de Dampierre, puis de
Marat et de Chalicr^^l
La séance est levée à dix heures et demie ^^l
PIEGES ANNEXES.
Un lit cans les procès-verbaux do la Convention :
Séance du i"' nivôse an ii.
Les citoyens Castaing-, Caiidy et Cei-ff, dc'putés de Commune -Affranchie, se
présentent à la barre; ils portent avec eux les cendres et le bnste du patriote
Chalier, assassiné juridiquement par les fédéralistes et les contre-révolutionnaires
de Lyon.
ff Sur la motion d'un membre ^*\ la Convention nationale décrète que les cendres
de Chalier, martyr de la liberté, seront déposées au Panthéon.
rr Renvoie au Comit(' d'instruction publique, pour proposer le mode d'exécution
et faire un récit détaillé des traits glorieux qui ont honoré la vie publique de
Chalier.
ff II sera fait mention honorable an procès-verbal du zèle et du civisme des
pétitionnaires, et leur pétition sera insérée dans le Bulletin ^^l
ff Et sur la motion d'un autre membre ^"^ tendant à ce qu'on retirât les hon-
neurs du Panthéon au général Dampierre, la Convention renvoie au même Comité
pour lui faire un rapport^'^.w
Voici le passage principal du comple-rendu que le Moniteur a publié de cet incident :
Convention nationale, séance du i"' nivôse.
Le président annonce qu'une députation de Commune-Affranchie demande à
[)résenter à la Convention les restes de Chalier, martyr de la liberté.
La députation est admise.
^^) Les honneurs du Panthéon avaient
été accordés à Descartes par un décret du
2 octobre 1798, rendu sur le rapport de
Chénier (t. II, p. 575).
^^^ Pour la suite de cette affaire en ce
qui concerne Chalier, voir la séance du
Comité du i5 pluviôse (p. SgS).
C*) Pas de signature , ni à la minute ni
au registre. La minute est de la main de
Ferry.
^*) C'est Gouthon {Monileur).
^^^ L'Adresse des sans-culottes de Com-
mune-Affranchie à la Convention se trouve
dans F'^ carton 1008, n° 1397. I^^'^ ^^^
signée: ff Castaing, député de Commune-
Affranchie w.
(*'^ D'après le Moniteur, ce serait aussi
Couthon qui aurait demandé le rapport du
décret accordant à Dampierre les honneurs
du Panthéon.
^') Procès-verbal de la Convention,
t. XXVIII, p. 16.
DE LA CONVENTION NATIONALE. 209
Couthon. ... Je demande , de plus , que vous honoriez d'une manière plus au-
thentique les restes d'un martyr de la liberté; que Ghalier reçoive les honneurs du
Panthéon; et que ce général qu'on avait cru d'abord patriote, qu'on reconnaît
aujourd'hui pour un traître, ne soit plus confondu avec les amis et les défenseurs
du peuple.
On demande le renvoi de ces propositions au Comité d'instruction publique.
Couthon. La Convention ne peut s'empêcher de rendre cet hommage à un
homme dont la vie privée est aussi recommandable que la vie publique. Citoyens,
oubhez les vivants, honorez les morts : c'est le moyen d'établir solidement la
République.
Romme. On ne doit honorer ni flétrir la mémoire d'un homme sans avoir une
connaissance exacte des faits. Je demande que le Comité d'instruction publique
soit tenu de nous faire un rapport sur Dampierre et Chalier.
Danton. La Convention nationale ne désorganisera pas le tombeau de Dam-
pierre sans connaissance de cause. Ce général eut le malheur de naître d'une
caste justement proscrite, mais il est de notoriété pubhcpie qu'il a vécu dans les
principes de l'égalité pratique. 11 a vécu avec ses laboureurs en ami , en frère :
voici un trait qui le fera connaître. Un malheureux tombe dans une rivière au
milieu de l'hiver, Dampierre se jette à la nage et lui sauve la vie. Il jouissait dans
son département de l'estime de tous les citoyens ; je ne veux conclure de là rien
de positif, mais cela suflit au moins pour vous prouver qu'il faut examiner. Certes,
si Dampierre eût voulu trahir sa patrie, il l'aurait fait lors de la défection de
Dumouriez; mais vous savez qu'alors il rallia une partie de nos troupes qu'un
traître voulait livrer à l'ennemi. Dampierre enfin est mort les armes à la main ;
ne le jugez qu'après avoir examiné froidement sa conduite. Lorsque la Convention
lui décerna les honneurs du Panthéon, je m'y opposai, parce que je ne voulais
pas que la Convention accordât un semblable honneur sans connaître les faits qui
devaient la déterminer. Je demande que la Convention charp;e son Comité d'in-
struction publique de lui faire un rapport sur les deux propositions de Couthon.
Cette proposition est adoptée ^'^
Le Journal des débats et des décrets ne mentionne que très sommairement cette partie
de la séance de la Convention.
'') Moniteur du a nivôse an u, p. 3712.
ni.
mpitmiMC «mollit.
210 PROCÈS -VERBAUX DU COMITE D'INSTRUCTION PUBLIQUE
CENT SOIXANTE-TREIZIÈME SÉANCE.
Du 5 nivôse an ii, [2 5 décembre 1793.]
Louis Poucliet, demeurant a Rouen, rue de la Vicomte, n" Ay,
envoie au Comité un mémoire sur l'uniformité des poids et mesures
décrétée par la Convention, suivi d'une table de lignes proportion-
nelles qui établissent réciproquement les rapports des nouveaux avec
les anciens, tant en quantité qu'en valeurs. Renvoyé à Arbogast, pour
en faire le rapport au Comité ^^l
(') Il s'aijit de Louis-Ézéchias Pouchet,
père de Félix-Arcliimède Poucliet, le cé-
lèbre champion de la génération spontanée,
et grand-père du naturaliste Georges Pou-
chet. Louis-Ezéchias Pouchet est né le
3i mai 1-7/48 à Gruchet, canton de Bol-
bec; il est mort à Rouen le 3o mai 1807
(nous devons ces renseignements à M. De-
mombynes, l'un des exécuteurs testamen-
taires de Georges Pouchet).
Des pièces relatives à Louis-Ezéchias
Pouchet, enregistrées au Comité sous le
n° 1 ^^7 8 , se trouvent dans F^', carton 1 1 3 5 ,
liasse Poids et mesures. Ce sont : 1° un
extrait du procès-verbal de la Société d'é-
mulation de Rouen, du 8 mai 1792 , con-
statant que Pouchet a donné lecture d'un
mémoire sur un moyen mécanique prompt
et facile de ramener toutes les mesures an-
ciennes et étrangères à la mesure commune
proposée , et renvoyant ce mémoire à l'exa-
men de quatre commissaires; 2° un rapport
favorable des commissaires , du 1 3 décembre
1793 (23 frimaire an 11); 3° deux extraits
du procès-verbal du directoire de la Seine-
Inférieiire, dont l'un, le 2 4 brumaire an 11,
constate la remise par Pouchet d'un pa-
quet scellé contenant un mémoire sur les
poids, mesures et monnaies, et d'une péti-
tion qui l'accompagne, et ajoute que l'af-
faire est renvoyée à l'administrateur com-
missaire du bureau d'instruction pour exa-
miner et faire son rapport; et dont l'autre,
du 6 nivôse an 11, mentionne le rapport
favorable de l'administrateur- et la lecture
des deux pièces indiquées au 1° et au 2",
sur quoi le directoire décide d'expédier
le tout au Comité d'instruction publique
de la Convention; W une lettre du direc-
toire de la Seine-Inférieure, du 8 nivôse
an II, transmettant au Comité les pièces
ci-dessus.
Ce n'est évidemment pas la lettre du
directoire de la Seine-Inférieure, du 8 ni-
vôse, qui a pu être lue au Comité dans la
séance du 5. Il est probable que Pouchet
avait écrit lui-même une autre lettre quel-
ques jours auparavant; mais nous ne l'avons
pas retrouvée.
Par contre, il existe de lui, dans le
même carton 11 35, une lettre portant le
n° 17Û6, datée du 9 pluviôse an 11, et dans
laquelle, après avoir rappelé son mémoire
«sur le rapprochement des anciens poids,
mesures et monnaies avec les nouveaux, au
moyen de lignes proportionnelles de son
inventions, il demande qu'on lui envoie
copie «de la collection des anciens poids et
mesures de tous les principaux marchés de
la Républiques; il offre, en outre, d'en-
voyer des renseignements sur les prix des
cotons filés, en vue de l'établissement du
tarif général de toutes les marchandises.
Cette lettre de Pouchet n'est pas men-
tionnée dans les procès-verbaux du Co-
mité.
DE LA CONVENTION NATIONALE.
211
Un membre observe que, par décret du 2g frimaire, la Convention
a cbargé le Comité d'instruction publique de nommer deux commis-
saires pour diriger et surveiller le transport à Paris des livres, mé-
moires, papiers, cartes, plans, etc., des bureaux des affaires étran-
gères de Versailles. Le Comité, prenant cet objet en considération,
confirme à cet égard les commissaires de la Commission des arts ^^^
Le Comité ayant chargé Romnie et Grégoire de préparer une série
de questions importantes pour être remise au citoyen Dombey prêt à
partir pour l'Amérique pour y voyager avec autorisation du Comité de
salut public, avec invitation à Dombey de préparer des réponses à ces
questions , Grégoire demande qu'une copie de ces questions , dont la
rédaction a été approuvée par le Comité et qui ont été remises à
Dombey, soit déposée dans les cartons du Comité et qu'il en soit fait
mention au procès-verbal. Adopté ^^^
On discute provisoirement sur la nouvelle liste à former pour la
Commission des arts, conformément au décret du ^^\ et on
arrête que la liste sera définitivement arrêtée à la prochaine séance du
Comité (^^.
(^) Le 26 frimaire, ia Convention avait
décrété ce qui suit : «Les bureaux du
département des affaires étrangères^ tant à
Versailles qu'à Paris, le bureau central des
douanes et les trois régisseurs, sont sup-
primés Tous les bureaux de ce dé-
partement seront réunis (;t distribués en
deux divisions : Première division, Douanes
nationales; seconde division. Correspondance
étrangère. 7) (Procès-verbal de la Conven-
tion, t. XXVIl, p. â5o.) Trois jours après,
Romme fil voler un second décret ordonnant
que le Comité d'instruction publique nom-
merait deux commissaires pour surveiller le
transport à Paris des livres, papiers, etc.,
existant dans les bureaux des affaires étran-
gères à Versailles. Voir aux annexes
(p. ai 3) un extrait du procès -verbal de
la séance de la (Convention du oa) iriniaire
an II , complété par un extrait du Moniteur.
■ — Il semble que, le Comité ayant rontirmé
par avance, pour colle surveillance, les
commissaires que désignerait la Commis-
sion des aiis, ralVuiie soit terminée; ce-
pendant le 17 nivôse nous verrons le Co-
mité s'en occuper de nouveau, sur l'inn-
tation de la Commission des arts, et
désigner lui-même deux commissaires,
Buache etLenglès (pages 246-2/17).
(^) Voir p. 197. La minute contient une
première rédaction de cet alinéa, qui a été
biffée, et que voici : a Grégoire et Romme
ont remis à Dombey une série de questions
qu'ils désirent que le Comité aj)prouve. Le
Comité y donne son approbation." Nous
n'avons pas trouvé la eopie des questions
remises à Dombey. — Dombey quitta la
France peu de temps après. Il fut arièté
en mci' par un corsaire, et conduit à l'île
de Montserrat (Antilles), où il moiinil.
Grégoire annoncera sa nioi-t à la Convention
le 17 vendémiaire au m, dans un rapport
sur les encouragenienls à accorder aux sa-
vants, gens de lettres et artistes.
(•'') La date du décret est restée en blanc.
C'est le décret du -.18 frimaire.
^*) Voir la séance du 17 frimaire(p. 167)0!,
pour la suili', cdlo du 1 ."> nivôse (p. •ji>6 ».
212 PROCÈS-VERBAUX DU COMITE D'INSTRUCTION PUBLIQUE
Deux membres du Comité des domaines viennent proposer au Go-
mité de s'occuper de la manière dont il est le plus avantageux à la
République de disposer des édifices qui peuvent convenir aux sociétés
populaires. Romme et Ferry sont chargés de faire sur cet objet un
rapport au Comité ^^\
Mathieu propose au Comité le projet de fêtes nationales pour chaque
décadi, qu'il était chargé de faire. On ajourne la discussion à la séance
prochaine ^^\
Le mémoire d'Achard, bibliothécaire national du département des
Bouches-du-Rhône, sur la formation d'une bibliothèque dans la ville
de Marseille, est renvoyé à Prunelle ^^^
Le citoyen Lamaisonnette, rue de la Roquette n° /12, proche le
couvent, expose au Comité que le citoyen Duderé sollicita, il y a deux
ans, un décret sur les accouchements. Lanthenas et Defrance furent
chargés de l'examen et du rapport de la pétition de ce citoyen, qui
propose un moyen d'accoucher, sans le secours du fer, dans le plus
grand nombre des cas désespérés où l'opération césarienne et la section
de la symphyse sont indiquées comme dernière ressource. Renvoyé au
Bureau de consultation ('*•.
(') Le 3 frimaire, la Convention avait
chargé les Comités d'instruction publique
et des domaines «d'examiner la question
s'il convenait que les sociétés populaires,
ainsi que les sociétés libres des arts, reçus-
sent de la nation un local pour leurs assem-
blées?? (voir ci-dessus, pajjes 1 0 et 26). Pour
la suite de cette affaire , voir la séance du
17 pluviôse (p. ^12).
(^) C'est la commission des Six, nommée
par le Comité le 3 frimaire (p. 2), qui
avait dû charger Mathieu d'élaborer ce
projet de fêtes décadaires, car les procès-
verbaux n'indiquent pas qu'il ait reçu ce
mandat du Comité. Le projet de Mathieu
sera discuté le i3 nivôse (p. 282).
^^^ Nous n'avons pas trouvé le mémoire
d'Achard. 11 sera de nouveau question de
lui dans la séance du 3 germinal an 11.
(*^ Sur Duderé-Laborde, voir la séance
du Comité du 26 juin 1798 (I. P'", p. 5o/i).
La lettre de Lamaisonnette est dans F^',
carton ioo8\ n° i6i/i; elle est accompa-
gnée d'un mémoire imprimé sur le cf nou-
veau moyen d'accoucher sans le secours du
fer», par M. Duderé de la Borde, ancien
sous-lieutenant au corps des grenadiers de
France (Paris, l'an m" de la liberté, sh p.
in-8°), et d'une pétition imprimée à la Con-
vention sur le même sujet (Paris, 1792,
5 p. in-8"). — Il sera de nouveau ques-
tion de Duderé le 26 nivôse (p. 285). —
Pas de signature à ce procès-verbal, ni
à la minute ni au registre. La minute est
de la main de Daoust. Toutefois le qua-
trième alinéa, relatif à la Commission des
arts, est d'une autre écriture (qui n'est pas
celle de Mathieu).
DE LA CONVENTION NATIONALE. 213
PIECES ANNEXES.
On lit dans les procès-verbaux de la Convention :
Séance du 29 frimaire an n.
ffSur la proposition d'un membre ^^^ la Convention nationale de'crète que le Co-
mité d'instruction publique est chaj^gé de nommer deux commissaires pour dirig^er,
surveiller le transport à Paris des livres, mémoires, papiers, cartes, plans, etc.,
des bureaux des affaires étrangères de Versailles, en exécution du décret rendu le
26 de ce mois.
f^Ces commissaires se concerteront, pour cet effet, avec le Conseil exécutif ^^^»
On lit dans le compte-rendu du Moniteur :
Convention nationale, séance du 29 frimaire.
Romme. Vous avez rendu un décret qui sup[)rime les bureaux des affaires étran-
gères qui étaient à Versailles. On y avait déposé autrefois des objets précieux, qui
s'y trouvent encore, et dont la conservation appelle tout voire intérêt. Dans le
nombre de ces objets est une collection de cartes géographiques et de plans très
précieux qui, la plupart, ont été offerts en don à la France parles envoyés des
puissances étrangères. On y remarque encore un travail sur les moyens de défendre
la terre contre la mer. Jusqu'à présent on a eu, à Versailles, le plus grand soin de
ce dépôt ; mais je demande que la Convention prenne des mesures pour faire trans-
porter ces papiers, qui y sont dans le plus grand ordre, à Paris. Je propose, en
conséquence , de cliaiger de la surveillance de ce transport la Commission des arts
que vous avez créée hier : il faut un décret pour l'y autoriser.
*** Les papiers dont Romme vous parle se rapportent uniquement à la diplo-
matie. J'ignore quel rapport il peut trouver entre eux et Tinstruction publicjue.
Quant à moi, je pense qu'il faut laisser sous la main du Conseil exécutif tous
les manuscrits qui, jusqu'à ce jour, sont restés dans ses bureaux. Je demande la
question préalable sur la motion de Romme.
Romme. La Commission a été créée non seulement pour la conservation des mo-
numents des arts, mais encore de tout ce qui se rapporte à l'histoire et à rinstruc-
tion; elle a déjà rassemblé des objets précieux qui étaient épars. et qu elle a remis
dans les dé[)ôts qui leur convenaient. 11 ne s'agit ici que d'un acte de surveillance :
si vous n'autorisez pas des hommes instruits à l'exercer, vous courez risque devoir
dilapider ou se perdre des collections du plus giand [)rix.
Le décret proposé par Romme est adopté ainsi qu'il suit^^^ :
[Suit le texte du décret déjà donné ci-dessus.]
t^) C'est Romme. — (^) Procès-verbal de la Convention, t. XWll, p. an.'), — (^) Mom-
teuv (lu 1" nivôse an 11, p. 867.
21/1 PROCÈS -VERBAUX DU COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE
CENT SOIXANTE-QUATORZIKME SEANCE.
Du 7 nivôso an Ji. [^^7 décembre 1793.]
Ferry est adjoint aux commissaires pour la surveillance de l'Obser-
vatoire. La lettre de Jeaurat leur est renvoyée ^^\
Deux membres du Comité des domaines et d'aliénation viennent
demander en son nom que le Comité d'instruction publique nomme
deux de ses membres pour examiner, de concert avec le Comité des
domaines, les titres et papiers déposés dans les archives du Louvre et
qu'il peut être important de conserver. Le Comité a nommé Prunelle
etLindet^^l
Sur la pétition de la Société libre du Point central des arts et mé-
tiers, remise par ses députés au Comité, par laquelle cette Société l'in-
vite à prendre en considération le mémoire que le citoyen Colibert,
graveur, a présenté au Comité relativement à l'établissement d'une
école de gravure, David est nommé rapporteur ^^\
Sur la lettre de ce jour de Perrard, architecte, oii il demande la
nomination d'un rapporteur relativement au mémoire sur l'Opéra qu'il
a adressé à la Convention nationale, Mathieu est nommé rapporteur ^^^
Sur la demande des administrateurs du Lycée des arts demandant
au Comité s'il ne serait pas nécessaire d'envoyer à Lyon un ou deux
commissaires artistes pour veiller soigneusement à la conservation de
chaque sorte de métier, de chaque espèce de perfectionnement dans
les diverses fabriques qui existent, vu le risque que l'on peut courir de
perdre en un instant les fds précieux d'une industrie qui a coûté
(^^ C'est Bouquier qui était chargé de
la surveillance de l'Observatoire, depuis le
iG du premier mois; les procès- verbaux
ne mentionnent pas d'autre commissaire
que lui. Il est vrai que, le 26 brumaire,
une lettre par laquelle Jeaurat demandait
un logement à l'Observatoire avait été
renvoyée à Arbogast. Il existe une nouvelle
lettre de Jeaurat, du 6 frimaire (F^', car-
ton 1006, n" 1069); c'est sans doute de
celle-là qu'il s'agit ici. Il sera de nouveau
question de Jeaurat le 5 pluviôse (p. 322).
^2) Lindet fera un rapport au Comité,
le 17 germinal, sur l'organisation des ar-
chives de la République.
^•'') Il a déjà été question d'un projet
d'école de gravure dans la séance du Co-
mité du 9 frimaire (p. US). Le rapport
de David seia fait séance tenante : voir à
la page suivante.
(*) Il a déjà été question du mémoire
de Perrard le 29 frimaire (p. 197). Ma-
thieu présentera son rapport au Comité le
i3 pluviôse (p. 389).
DE LA CONVENTION NATIONALE.
215
tant d'années de soins et de recherches, Arbogast est chargé de se
concerter avec Collot d'Herbois, l'un des représentants du peuple à
Lyon, qui se trouve en ce moment à Paris ^^l
Un membre se plaint de la négligence que le ministre de l'intérieur
apporte à l'exécution des décrets relatifs à la statue colossale du Peuple
souverain et au jury destiné à juger les grands prix de peinture,
sculpture et architecture ^'^l Le Comité a arrêté qu'il sera écrit au mi-
nistre que le local du salon de la ci-devant Académie de peinture est
suffisant en prenant les petites précautions nécessaires.
David fait le rapport sur la pétition du citoyen Golibert, graveur.
X)n a passé à l'ordre du jour^^l
^') La demande du Lycée des arts avait
été présentée au Comité ie i5 brumaire; le
Comité l'avait renvoyée à la Commission des
arts (t. II, p. 760); il en avait été de nou-
veau question le 5 frimaire (pages 11-19).
Maintenant c'estsurune invitationdela Com-
mission des arts que le Comité s'en occupe
de nouveau. Voir aux annexes, A (p. 218),
un extrait du procès-verbal de la séance
de la Commission des arts du 3o frimaire.
(^) Le décret relatif à la statue colossale
du Peuple est du 27 brumaire (t. II,
p. 806); le décret établissant la liste dos
membres du jury destiné à juger le con-
cours des prix de peinture, sculpture et
architecture est du f!.5 brumaire (t. II,
p. 829). La Société républicaine des arts
s'était déjà plainte, par une lettre de son
président, de l'inexécution de ce dernier
décret (voir p. 44). L'exposition publique
des ouvrages proposés au concours s'ouvrit
un mois plus tard, le 9 pluviôse, dans les
sîdies attenant la galerie d'Apollon, au Mu-
séum dos arts; elle dura cinq jours. Lo jury
tint sa première réunion le 17 pluviôse,
dans la salle du Laocoon; il y en eut trois
autios, les 18, 19 ot 20; à l'issue de cette
diîriiière réunion lo jury se rondil à la
Convention pour lui présenter les jeunes
artistes auxquels il avait décerné les prix
{Momleur du 21 pluviôse an 11, p. 572; le
procès-verbal do la séance du 20 ne nion-
lionne j)as le fait). Le rapport à la Con-
vention Cul lu par MouNt'l; le jiirv n'avait
pas décerné de grands prix, mais seulement
des seconds prix, et encore avait-il décidé
de n'en point accorder à la sculpture, trll
nous a été pénible, dit le rapporteur, de
n'avoir pas eu do grands prix à distribuer;
mais l'amour sacré de la patrie, qui a en-
traîné vers les frontières un grand nombre
d'artistes, pour y combattre les ennemis
de l'égalité, a diminué celui des concur-
rents, et le génie des arts a cédé sa place
un moment au génie de la liberté.» Le prix
de peinture fut décerné à Harriot, âgé de
dix-sept ans, et celui d'architecture à Pro-
tain, alors soldat dans rarfillerie. Trois
nouvelles réunions du jury eurent lieu les
26 pluviôse, 1**^01 11 ventôse, pour dis-
cuter et approuver la rédaction de ses pro-
cès-verbaux. On trouve des comptes-rendus
détaillés de ces divers réunions dans le
Journal de la Société républicaine des arts ,
do Dotournelle (bibliothèque nationale,
V 42711, in-8°). Pour la suite, voir la
séance du Comité du i5 ventôse (p. 5 4 G).
Quant à la statue colossale du Peuple,
lo ministre témoigna de son bon voidoir
en faisant recueillir les débris de monu-
ments qui devaient on former le piédestal :
voir à co sujet aux annexes, B (p. 218),
un (>xtrail du procès-verbal di' la séance
de la Connnission des arts du 20 nivôse
an II. Il sera do nouveau question do ce monu-
ment dans la séance du j j)luviôso (p. 32 4 ).
^■^' Voir la noie 3 de la page précédente.
La minute ot le registre ecrixont ici (^olintt
216 PROCÈS-VERBAUX DU COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE
Le citoyen Hanin est autorisé à continuer à fournir à Baudoin
les exemplaires du mode de division du cadran des horloges nécessaires
pour être joints à Talmanach^^l
Un membre propose que l'on autorise l'impression de ['Instruction
sur les mesures déduites de la grandeur de la terre. Arrêté qu'Arbo-
gast conférera avec la Commission des poids et mesures relativement
au nombre des exemplaires nécessaires, et que d'autres imprimeurs
pourront en faire des éditions à leurs frais ^^l
Sur la lettre de la citoyenne Randelle, mère adoptive du citoyen
Sage, le Comité passe a Tordre du jour, motivé sur ce que le Comité
de sûreté générale ne doit pas être interrompu dans sa marche révo-
lutionnaire ^-^^
Lebrun, peintre, demande des commissaires pour savoir si les
tableaux qui forment la liste jointe à sa lettre pourront convenir à
la République, et en fixer le prix dans le cas qu'elle en fît Tacqui-
sition. David et Bouquier sont nommés ^^^.
David et Fourcroy sont chargés de la direction de la fête nationale
qui a lieu décadi prochain ^^l
au lieu de Colibert; nous avons rectifié ce
lapsus.
(^) Sur Hanin, voir p. 1 1 , note i, et
p. 35.11 sera de nouveau question de Hanin
le 97 nivôse (p. 299).
(-) La Commission des poids et mesures,
créée par décret du 1 1 septembre 1798 et
substituée aux commissions de l'Académie
des sciences pour l'exécution du décret du
1*"^ août 1793, devait, en exécution de
l'article 10 de ce dernier décret, rédiger
ffun livre à l'usage de tous les citoyens,
contenant des instructions simples sur la
manière de se servir des nouveaux poids et
mesures, et sur la pratique des opérations
aritliméliques relatives à la division déci-
males. C'est de ce livre qu'il est ici ques-
tion. Pour la suite, voir la séance du
1 7 nivôse (p. 9/17).
(^) Sur Sage et la citoyenne Randelle,
voir notre tome II, p. 81 4. Il s'agit d'une
nouvelle lettre de la citoyenne Randelle,
transmise au Comité par la Commission
des arts. Voir aux annexes, C (p. 318), un
extrait du procès-verbal de la séance de la
Commission des arts du 3o frimaire.
(^) Nous n'avons pas trouvé la lettre de
Lebrun.
(^) Le h frimaire, lorsque Barère eut
annoncé à la Convention la reprise de
Toulon, l'assemblée rendit, au milieu de
transports d'enthousiasme , un décret où on
lisait, à l'article 2 : «Il sera célébré dans
toute l'étendue de la République une fête
nationale, le premier décadi qui suivra
dans chaque commune la publication du pré-
sent décret. La Convention nationale assis-
tera tout entière à cette cérémonie civique, w
Le lendemain 5 , David annonça à la Con-
vention qu'il avait préparé un projet de pro-
gramme pour la fête à célébrer à Paris le
10 nivôse; l'assemblée décida le renvoi du
projet au Comité d'instruction publique. Le
procès-verbal de la séance du Comité du 5 ne
mentionne pas la communication du projet
de David; néanmoins, le 6, celui-ci lut à
l'assemblée, au nom du Comité, un rapport
et un projet de décret qui furent adoptés.
DE LA CONVENTION NATIONALE.
217
Thorin donne des renseignements sur le combustible propre à di-
minuer la consommation du charbon de bois. Renvoyé au Bureau de
consultation ^^\
Un membre demande la radiation de toutes les inscriptions exis-
tantes qui ne sont point en langue française, et que de semblables
inscriptions soient désormais proscrites ^^^.
Un membre propose le rapport de l'arrêté qui consacrait le chêne,
comme arbre de la Liberté, pour ne pas gêner la liberté des citoyens
des communes dans le choix de ces arbres ^^'.
La séance est levée à dix heures et demie ^^l
La fête du lo nivôse, à Paris, fut très
solennelle : Chénier composa pour la cir-
constance un hymne (inséré au Moniteur du
1 0 nivôse an ii ) dont Gossec fit la musique ,
et qui fut exécuté au Champ de Mars.
Nous donnons aux annexes, D (p. 219),
un extrait du compte-rendu publié par le
Moniteur des séances de la Convention des
5,6, 7 et 9 nivôse an 11, des extraits du
procès-verbal des séances de la Convention
des 8 ventôse et 7 nivôse an 11, ainsi que
le texte du rapport et du projet de décret
lus par David le 6 nivôse.
(') On lit au registre des procès-verbaux
du Bureau de consultation, à la date du
19 nivôse an 11 : «Thorin dit avoir trouvé
une matière propre à remplacer les com-
bustibles ordinaires. Le Bureau lui nomme
pour commissaires les citoyens Berthollet,
Desaudray et Le Boy." Ces commissaires
n'ont pas présenté de rapport au Bureau,
11 sera de nouveau question de Thorin au
Conuté le 1*' pluviôse (p. 307).
(') Le i5 frimaire, Boutroue avait été
nommé rapporteur d'une j)élition deman-
dant la suppression des inscriptions latines
(p. 69). Il est probable que le membre
qui intervient ici est Grégoire : car c'est
Grégoire que nous verrons lo 19 nivôse
faire adopter au Comité un projet de dé-
cret relatif aux inscriptions des monuments
publics (p. 257).
^^^ C'est dans la séance du 3 nivôse que
Grégoire avait fait adopter au Comité l'ar-
ticle 1*' d'un projet de décret qui disait :
«Le chêne est l'arbre de la Liberté?'. Le
procès-verbal du Comité no dit pins rien
à ce sujet. Mais nous savons que la Con-
vention vota , dans lo courant de nivôse, un
décret sur les arbres de la Liberté, où il
n'est en effet pas question du chêne. Ce
décret ne figure ni au procès- verbal de
l'assemblée, ni au Moniteur; on le trouve,
sans date, parmi les «décrets omis dans
les numéros précédents^, à la fin du
n" /igi du Journal des débats et des décrets,
correspondant au ^ pluviôse an 11. Grégoire
fit imprimer plus tard, en son nom per-
sonnel, un Essai historique et patriotique
sur les arbres de la Liberté, qu'il présenta
à la Convention le 19 germinal an 11. Dans
ses Mémoires, Grégoire s'est accusé d'avoir,
ou écrivant cet Essai, «franchi les bornes
de la modération démocratique n. Nous
donnons aux annexes, E (p. 3a3), le dé-
cret sur les arbres de la Liberté, un extrait
du procès-verbal de la séance do la Con-
vention du 12 germinal an 11, un pas-
sage des Mémoires de Grégoire, et quol(|uos
extraits caractéristicjues do VEssai sur les
arbres de la Libnté.
^*' Pas (le signature, ni à la un'nute ni
au registre. La minute est de la main de
Daoust.
218 PROCÈS -VERBAUX DU COMITÉ DÎNSTRUGTIÔN PUBLIQUE
PIECES ANNEXES.
On lit dans le registre des procès-verbaux de la Commission, des arts :
Sëance (lu 3o frimaire, l'an 2" de la République. .
Lo citoyen Cbarles Desaudray, administrateur g"(^néral [du Lyce'e des arts^^'],
a écrit à la Convention nationale [en brumaire ^^^] pour la prier de faire veiller par
un ou deux artistes à la conservation de chaque sorte de métier et de chaque es-
pèce de perfectionnement que présentent les manufactures de Commune-Affran-
chie. La Connnission, après avoir entendu la lecture de la lettre du citoyen Desau-
(h"ay, qui lui avait été envoyée, arrête que le Comité d'instruction publique sera
invité à prendie en considération les sages ol^servalions que ladite lettre contient ^"^^
On lit dans le registre des procès-verbaux de la Commission des arts :
Séance du 90 nivôse, l'an 2' de la République.
Le ministre de l'intérieur demande que la Commission nomme deux de ses
membres pour faire le triage des débris gothiques qui doivent être placés sous la
statue colossale du Peuple français. La Commission nomme pour cet objet Leblond
et Lebrun.
Le citoyen Sollier, entrepreneur chargé des démolitions de monuments, est ad-
mis. II présente une autorisation du ministre de l'intérieur pour enlever les mo-
numents dont les débris doivent être placés sous la statue colossale du Peuple
français. Il demande s'il peut continuer le travail. Renvoyé aux citoyens Leblond et
Lebrun , commissaires pour cet objet ^'^
C
On lit dans le registre des procès-verbaux de la Commission des arts :
Séance du 3o frimaire, l'an 9* de la République.
Le président fait part d'une lettre de la citoyenne Randelle, mère adoplive du
citoyen Sage, professeur de minéralogie et des essais à la Monnaie, par laquelle
elle fait part du vœu de ce savant pour qu'il puisse faire son cours de minéralogie
et de docimasie à la Monnaie avec un garde pendant la durée ordinaire de ce
'•) Les mois entre crochets sont ajoutés par nous. — ^^) Voir t. II, p. 750. — ^^^ Ar-
chives nationales, F''* 7, foiio 1 1, vorso. — W Jhul,, F"* 7, folio 17, recto.
DE LA CONVENTION NATIONALE.
219
cours. La Commission des arts appuie fortement cette pétition et invite h Comité
d'instruction publique de la prendre en considération, et d'agir soit auprès du
Comité de sûreté générale, soit auprès de la Convention, pour obtenir soit l'objet
utile de la pétition, soit le prompt examen et le rapport de l'affaire du citoyen
Sage par le Comité de sûreté générale '^^
On lit dans le Moniteur :
Convention nationale, séance du 5 nivôse.
David. Citoyens, aussitôt que votre Comité de salut public vous a annoncé les
victoires que les armées de la République ont remportées sur les brigands qui dé-
fendaient Toulon, je me suis renfermé cliez moi; je vous apporte mes idées sur
la fête nationale que vous avez décrétée.
Je ne viens pas vous reproduire aujourd'hui les détails intéressants que nous a
donnés hier le Comité de salut public sur la victoire de Toulon; elle a rempli
(l'ivresse le cœur du véritable républicain. Cet événement aura tant d'influence
sur le succès de la guerre que je n'hésite pas à le regarder comme le présage heu-
reux de nos victoires: il nous rappelle nos glorieux exploits; il doit naturellement
attirer nos regards sur nos armées, qui toutes se sont couvertes de gloire. Il ne
suffit pas de chanter les succès des défenseurs de la Liberté, il faut les célébrer '^^;
il est temps que la Convention nationale apprenne à la France que sa reconnais-
sance n'a point de bornes envers les soldats de la patrie, et que ses promesses ne
sont point un vain mot.
David lit un projet de décret et le programme de la fête qui doit être célébrée
décadi prochain.
La Convention nationale en décrète le renvoi à son Comité d'instruction pu-
blique, qu'elle charge de se concerter avec David ^^^'
^') Archives nationales, F^"* 7, folio i3,
recto. — La Commission des arts s',^tait déjà
occupée de Sage dans sa séance du 2 5 bru-
maire, et avait une première fois prié le
(lomilé d'instruction publique d'intervenir
en sa laveur auprès de la Convention
(F''* 7, folio 8, verso).
^^' Co mol ff célébrer» est certainement
une faute d'impression. Si l'on rapproche ce
texte de celui que David a puhlié lui-même
et qu'on trouvera plus loin, on voit que
c'est le mot fr récompenser» qu'il faudrait
ici.
^') Moniteur du 7 nivôse au 11, p. .'}()i.
— Le procès-verhal de la séance du 5 ni-
vôse représente les choses autrement ;
d'après lui, ce no serait pas en son nom
personnel que David aurait parlé, mais
comme organe du Comité. Ou y lit : «Le
Comité d'instruction publique présente un
projet de décret relativement à la fête qui
doit être célébrée en l'honneur du succès
des armes de la République. L'assemblée
en ajourne la discussion au lendemain.»
(Procès-verbal de la Convention, t. WVIII,
p. joo.) Nous sommes disposé à croire (pu^
le l'écit du Moniteur, plus explicite , conllrmé
par le Journal des débats et des décrets
(n" 'i()3, p. 78), représente les choses
comme elles se sont réellement passées,
d'autant plus (|ue le procès-verbal de la
Convention se trouve en définit pivcisé-
nient au sujet du décret relatif à cette fêle
pour la rp[)rise de Toulon, décret qu'on
220 PROCÈS- VERBAUX DU COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE
Convention nationale, séance du 6 nivôse.
David, au nom du Comité d'instruction publique, présente le plan de la fête
nationale qui doit avoir lieu décadi prochain, et fait adopter le décret suivant :
ffARTicLE PREMEER. La prise de Toulon et toutes les victoires remportées dans
cette campagne seront célébrées par une fête nationale.
ctArt. 2. Cette fête aura lieu dans chaque commune le décadi après la publica-
tion du présent décret.
ffÂRT. 3. Les citoyens blessés dans les combats auront une place distinguée dans
cette fête ^'N.
La Convention renvoie à son Comité des finances la proposition faite par Da-
vid de doter les filles des citoyens morts pour la patrie ^^\
La disposition portant que les fdles des citoyens moris pour la patrie seraient dotées
par la République formait i'arlicle h du projet de décret présenté par David au nom du
Comité , ainsi que cela ressort du procès-verbal de la séance de la Convention du 7 nivôse.
Le procès-verbal de la Convention du 6 nivôse ne fait aucune mention du projet de
décret lu par David au nom du Comité d'instruction publique, dont les trois premiers
articles furent adoptés et le quatrième renvoyé au Comité des finances. Cette omission fut
réparée deux mois plus lard. On lit en effet ce qui suit au procès-verbal du 8 ventôse :
Séance du 8 ventôse an n.
Un membre expose que dans le procès-verbal de la séance du 6 nivôse on a
oublié d'insérer les trois premiers articles d'un décret présenté par le Comité d'in-
struction publique, pour faire ordonner la célébration d'une fête nationale en
l'honneur de la reprise de Toulon : il donne lecture de ces trois premiers articles.
La Convention les adopte ^^^ et décrète qu'ils seront rétablis dans le procès-
verbal de la séance d'aujourd'hui , en ces termes ;
ffLa Convention nationale, après avoir entendu le rapport de son Comité d'in-
struction publique, décrète :
fr Article premier. La reprise de Toulon et les autres victoires remportées par
les armées de la République dans le cours de cette campagne seront célébrées
par une fête nationale.
oublia d'insérer dans le procès-verbal du
6 nivôse, et qui dut être rétabli, deux
mois plus tard, dans celui du 8 ventôse.
^') La rédaction que donne le Moniteur
de ces trois premiers articles du décret pré-
sente quelques différences avec la version
officielle, qu'on trouvera plus loin. Cela
s'explique par le fait que le rédacteur du
Moniteur fut obligé de saisir au vol le texte
du décret, celui-ci n'ayant pas été imprimé
dans le Feuilleton ni inséré au procès-
verbal.
(^) Moniteur du 8 nivôse an n, p. 896.
(^) L'emploi de cette formule est dû à
uue inadvertance du secrétaire. La Con-
vention n'avait pas à «adopter 75 les trois
articles, puisqu'ils avaient été adoptés le
6 nivôse.
DE LA CONVENTION NATIONALE. 221
ffART. 2. Celte fête aura lieu dans toute Tétendue de la République, le premier
décadi qui suivra la publication du présent décret dans chaque commune.
ffART. 3. Les soldats qui ont versé leur sang pour la République auront une
place distinguée dans cette fête ^^Kn
Dans la séance du 7 nivôse, un membre proposa que rarlicle U du projet fût remplacé
par une disposition nouvelle dont il fit lecture, et dont la rédaction fut renvoyée au
Comité d'instruction publique; et deux autres membres, revenant sur cet article /i, pro-
posèrent d'en préciser et d'en étendre les dispositions. Le Moniteur ne parle pas de cet
incident; mais voici ce qu'en dit le procès-verbal :
Séance du 7 nivôse an 11.
Un membre propose, au lieu de l'article U du décret sui- la fête nationale qui
doit avoir lieu décadi procbain^^', la rédaction suivante :
ffLes noces des défenseurs de la République blessés dans les combats seront cé-
lébrées les décadis dans les communes où ils se trouvent, en présence des auto-
rités constituées. «
Cette rédaction est renvoyée au Comité d'instruction publique ^^^
Un membre propose de faire participer à la reconnaissance nationale les filles
des citoyens morts en défendant la patrie, en leur donnant, à titre de dot, une
pension de cinq cents livres. Un autre membre propose d'étendre cet acte de jus-
tice a tous les orpbelins des défenseurs morts dans les combats. La Convention
nationale renvoie ces propositions à l'examen du Comité des finances, qui en fera
incessamment un rapport ^*'.
Il est probable que le 8 nivôse le Comité d'instruction publique présenta une rédaction
définitive de l'article h , et que le décret fut alors adopté dans son ensemble; mais le pro-
cès-verbal et les journaux ne mentionnent pas ce détail.
Enfin, le 9 nivôse, un membre signala une omission faite par David dans le programme
(pi'il avait élaboré pour la fête : il avait oublié d'associer la flotte aux honneurs rendus aux
armées de la République. C'est le Moniteur qui nous fait connaître cet incident; voici son
compte-rendu :
Convention nationale, séance du 9 nivôse.
*** Dans la fête que célèbre demain la comnume de Paris, et h laquelle doit
assister la Convention, quatorze chars doivent ligurer les quatorze armées de la
République. David a omis la reprtfsentation de l'armée navale , et cependant elle
n'a pas moins bien mérité de la patrie , en concourant à la défense de nos ports et
de nos côtes. Je demande que cette omission soit réparée.
David. Cet oubli a été de ma part bien involontaù'o; il n'a fallu que m'en faire
^'^ Procès- verbal de la Convention, patrit^ seraient dotées par la République,
t. XXXII, p. a88. ^'^ Le Comité moditia cette rédaction,
(^^ Cet article /i , renvoyé la veille au comme on le verra plus loin (p. j-ia).
Comité des finances, perlait, comme on l'a ^*^ Procès-verbal de la Convention,
vu, que les filles des citoyens morts pour la t. XXVlll, pages id6,i-J7.
22^2 PROCÈS -VERBAUX DU COMITE D'INSTRUCTION PUBLIQUE
apercevoir pour qu'il lût re'paré. Il y a chez Pache un vaisseau ofl'erl d'abord h
Pe'tion , mais purifié depuis en passant dans les mains d'un maire patriote. On le
portera à la fêle, avec cette inscription : Armée navale. (On applaudit ^'^)
Voici le texte du rapport de David :
RAPPORT FAIT PAR DAVID, AU NOM DU COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE, EN
MÉMOIRE DES VICTOIRES DES ARMEES FRANÇAISES, ET NOTAMMENT A L'OC-
CASION DE LA PRISE DE TOULON.
De l'Imprimerie nationale, s. d.^^^
Je ne viens point reproduire ici les détails si intéressants que vous a donnés
hier votre Comité de salut public sur la victoire de Toulon; elle a rempli d'ivresse
tous les cœurs répubhcains^^^ Cet événement est si grand, il aura tant d'influence
sur le sort de la guerre, que nous l'avons considéré comme le présage de toutes
les victoires; il réveille surtout en nous le souvenir de nos succès passés ; il attire
nos regards sur toutes les armées de la République; il n'en est aucune qui ne se soit
couverte de gloire. II est temps de célébrer nos triomphes; il ne suffit pas de
chanter les exploits des braves défenseurs de la liberté, la nation doit les consa-
crer par des récompenses. Quelle que soit la carrière qui nous reste à parcourir,
que la distribution de ces récompenses commence aujourd'hui ^*\ et que la justice
nationale apprenne h l'Europe entière que la patrie n'est pas un vain nom, ni la
reconnaissance nationale une promesse impuissante et stérile.
PROJET DE DÉCRET.
Article premier. La reprise de Toulon et les autres victoires remportées par
les armées de la République dans le cours de cette campagne seront célébrées
par une fête nationale.
Art. 2. Cette fête aura lieu dans toute l'étendue de la République , le premier
décadi qui suivra la publication du présent décret dans chaque commune.
Art. 3. Les soldats qui ont versé leur sang pour la République auront une
place distinguée dans cette fête.
Art. U. La Convention nationale invite les corps administratifs et officiers mu-
nicipaux à honorer les noces des filles qui choisiront pour époux les défenseurs de
la République blessés dans les combats ^^^
^^^ Moniteur du i o nivôse an n , p. /io3. ^*^ Cette phrase fait évidemment allusion
^-) Bibliothèque nationale, Le'^GaS, à l'article /i du projet primitif, qui dotait
in-8\ les filles des citoyens morts pour la patrie.
^^) On voit que ce rapport est la repro- Cette disposition ayant disparu du décret,
duction pure et simple des paroles pronon- la phrase n'a plus de raison d'être,
cées par David le 5 nivôse, et publiées '^^' Cet article est celui qui a été sub-
déjà par le Moniteur avec quelques dillé- stitué, le 7 nivôse, à l'article primitif pro-
rences de rédaction. • posé par David et qui dotait les filles des
DE LA GONVEIVTION NATIONALE.
223
A la suite du décret vient le programme de la fête, que nous ne reproduisons pas: il
est accompagné des paroles de l'hymne composé par Chénier^^^.
Le Journal des débats et des décrets donne, sans date, le décret ci-après sur les arbres
de la Liberté , qui ne se trouve pas au procès-verbal de la Convention :
ffLa Convention nationale décrète que, dans toutes les communes de la Re'pu-
blique française oiî l'arbre de la liberté aurait péri, il en sera planté un d'ici au
1 " germinal. Elle confie cette plantation et son entretien aux soins des bons citoyens,
afin que dans chaque commune l'arbre de la liberté fleurisse sous l'égide de la
liberté française ^^^ fl
On lit dans les procès-verbaux de la Convention :
Séance du 1 2 germinal an 11.
Le représentant du peuple Grégoire ofire à la Convention nationale un Essai
historique et patriotique sur les arbres de la Liberté. Mention honorable , insertion
au Bulletin, renvoi au Comité de salut public ^'^
On lit à ce sujet dans les Mémoires de Grégoire :
Plusieurs objets nouveaux avaient attiré l'attention du Comité , qui m'avait chargé
de les traiter : tels (|ue les inscriptions des monuments publics, les dénominations
topographiques, l'établissement de fermes expérimentales, et un ouvrage sur les
arbî^es de la Liberté où, dans (juelques phrases, j'ai franchi les bornes de la mo-
dération démocratique; mais la haine de la royauté les dictait ^''^. La Chétardie, en
citoyens morts en défendant la patrie. La
rédaction du nouvel article avait été ren-
voyée au Comité d'instruction publique,
qui lui a fait subir des modifications.
^'^ Le Moniteur a publié le raj)porl de
David et le programme de la fête dans son
numéro du 1 1 nivôse; il avait déjà inséré
l'hymne de Chénier dans son nnméro du
10 nivôse. H y a (pieiquos dilTérenccs entre
le texte de l'hymne, tel que l'a donné le
Moniteur, et la version injpriuiéc dans la
pièce ollicielle à la suite du rapport, en
particulier dans la dernière stroplie.
^^) Journal des débats et rfe.s décrets , 1 1" /k| 1
(correspondant au d pluviôse an 11), p. /i8.
^'^ Procès-verbal de la Convention ,
t. XXXIV, p. 3 18.
^''^ D'après une note d'Hippolyte Carnot ,
Grégoire aurait essayé, dans sa vieillesse,
de rejeter la responsabilité de ces passages
sur uno main étrangère qui les aurait in-
troduits à son Insu dans son texte. «Gré-
goire, dit H. Carnot, signale dans cet
ouvrage, comme dans plusieurs de ses dis-
cours, des altérations et inlcrpolafioiis (pii,
selon lui, sont le lait dos commis auxquels
la correction des épreuves était confiée, r»
{Mémmrcs do (irégoire, introduction , p. 85 ,
note.) Mais dans l'extrait de ses Mémoires
quo nous transcrivons, Grégoire, on le
voil^ n'a pas recours à en putril sul»leiliige,
et se recoiuuu't netleniont l'aulenr des pas-
sages qu'il condamne.
224 PROCÈS-VERBAUX DU COMITÉ ^INSTRUCTION PUBLIQUE
pareil cas, so serait jiislifié en disant : ffQiielqiie sagesse qu'on ait, elle ne suffît
pas pour vivre tranquillement avec des fous^^^w
VEssai de Grégoire parut au commencement de germinal, sous ca iitre : vEssai Itisto-
rique et patriotique sui' les arbres de la Liberté, par Grégoire, membre de la Convention
nationale; à Paris, chez Descnne, libraire, maison Égalité; chez Bleuet et chez Firmin
Didol, libraires, rue de Thionville; an ii' de la République française;?' petit in- 12 de
68 pages ^*). Les passages où Grégoire reconnaît avoir «franchi les bornes de la modé-
ration ?? se trouvent dans le chapitre vi et dernier, intitulé : ff Réflexions civiques sur l'arbre
de la Liberté î5. Voici quelques extraits de ce chapitre :
Tout ce qui est royal ne doit figurer que dans les archives du crime. La des-
truction d'une b(5te féroce, la cessation d'une peste, la mort d'un roi, sont pour
riiumanilé des motifs d'allëgresse. Tandis que par des chansons triomphales nous
célébrons l'époque oii le tyran monta sur l'échafaud, l'Anglais avili porte le deuil
anniversaire de Charles premier, l'Anglais s'incHne devant Tibère et Séjan : mais
la liberté plane sur les montagnes de l'Ecosse ^^^; les ombres de Sidney, de Pym et
de Hampden errent autour des défenseurs de l'éternelle justice.
Quoique le Parlement britannique soit vendu a l'iniquité', c'est peut-être de son
sein même que s'échappera le signal d'une révolution nouvelle; car il renferme
quelques philosophes amis de la vertu et des droits du peuple. Ah I qu'ils ne se
découragent point; qu'ils aient une marche intrépide et concertée; la massue de la
vérité est en leurs mains; avec elle ils terrasseront les brigands de la cour de Saint-
James et planteront sur les cadavres sanglants de la tyrannie Yarbre de la Liberté,
qui ne peut prospérer s'il n'est arrosé du sang des rois.
La main impure de Capet avait déshonoré un arbre planté dans le jardin na-
tional au nom de la liberté qu'il voulait assassiner : la Convention nationale a
autorisé les jeunes orphehns des défenseurs de la patrie à le renverser pour lui en
substituer un autre ^'^ . . .
L'arbre de la Liberté s'élève sur les sommets des Alpes; un jour il ombragera
le front sourciUeux de l'Apennin; l'Italie relèvera sa tête humiliée, et le siècle nou-
veau qui va naître sera sans doute l'époque de son réveil. Les peuples tourneront
alors leurs regards affectueux vers la France , vers la France qui venge leurs droits
et proclame leur imprescriptible souveraineté. Alors ils courront aux armes pour
exterminer jusqu'au dernier rejeton de la race sanguinaire des rois, et l'arbre de
la Liberté, indigène parmi nous sous tous les rapports, s'acclimatera dans des con-
trées lointaines, et couvrira de ses rameaux les rives du Bosphore et celles de la
Neva.
^•) Mémoires de Grégoire, 1. 1", p. 35g. ^''^ Allusion à la Convention britannique
^"^^ Bibliothèque nationale, Li^^jg, in- réunie à Edimbourg en novembre et dé-
13. L'un des exemplaires de la Biblio- cembre 1798, sous la présidence de M ar-
thèque (celui qui est broché) porte cette garot.
dédicace de la main de l'auleur ; te Pour la ^*) Décret du 3 pluviôse. (Note de Gré-
bibliotèque (sic) nationale. Grégoire.» goire.)
DE LA CONVENTION NATIONALE.
22i
CENT SOIXANTE-QUINZIEME SEANCE.
Du 9 nivôse an ii. [29 décembre 1793.]
Azémar, au nom des propriétaires et concessionnaires d'une mine
de fer très riche située dans la commune de la Voulte, district de
Goiron , département de l'Ardèche , demande à être autorisé à faire faire
dans la fonderie du Creusot, département de Saône-et- Loire, l'essai
en grand de cette mine de fer. Renvoyé au Comité d'agriculture ^'^
Vincent, élève et successeur de Cartier, soumet au Comité l'examen
de son oïnomètre, instrument destiné à connaître la pesanteur spéci-
fique des sels, vins et eaux-de-vie, pour arrêter la cupidité des mar-
chands de vins. Renvoyé aux commissaires des poids et mesures ^^^
Desaudrav invite les membres du Comité à la onzième assemblée
[)ublique du Lycée des ar(s, destinée à célébrer la prise du port de la
Montagne (ci-devant Toulon); il rappelle dans le post-scriptum une
pétition par lui faite à la Convention nationale. Le Comité passe à
l'ordre du jou'r^^^
La Société populaire et le corps constitué de la commune d'Argen-
teuil demandent l'établissement d'une société d'agriculture dans
chaque département ou district. Renvoyé au Comité d'agriculture ^^\
Darrieux et Saulnier, rue de Lancri, n"' 3 et 5 , auteurs de la
Journée du 10 août ijg^, écrivent qu'ils craignent que l'Opéra ne
trouve des moyens d'éluder la représentation de cette pièce, qu'ils di-
sent être connue de Danton, Merlin de Thionville et autres députés.
^^) Nous n'avons trouvé aucun détail sur
cette demande et sur la suite qui a pu lui
être donnée.
^^^ Dans une annonce insérée dans le
Moniteur du aS avril 1791, Vincent, «élève
et successeur de M. Cartier'7, apprend
au public que, «par un travail assidu île
près de quatre ans, il a non seulemeni
perfectionné les aréomètres à eau-de-vie,
mais encore découvert: le moyen de faire
des oino/nèires ou pèse-vins, propres à faire
connaître le plus ou moins d'esprit contenu
dans los vins... Ils se vendent à Paris
chez l'auteur, rue de la Harpe, près celle
Saint-Séverin, maison du marchand épicier,
à la Téle-Noire, n" h. y)
^^^ Nous ne savons quelle est la pétition
de Desaudrav à laquelle il est fait ici allu-
sion. Il s'ajjit sans doute d'une demande de
suI>V(Mili()n eu laveur du Lyci'e des ai'Is. Sur
Desaudrav, voii' ci-dessus p. 28, note :i.
^'^ La petit ion de la connnune d'Ar<pMi-
teuil a\ait été présentée à la (Àmvenlion le
iG frimaire (Procès- verbal, I. WVll.
p. 10). Mous n'avons pas Irtune ctMle pièce
aux Archives naiiiinales.
m.
1 .>
lurmuinii ^«Il
226 PROCÈS -VERBAUX DU COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE
Ils désirent que le Comité donne des ordres pour la faire jouer. Ren-
voyé au Comité de salut public ^^\
Le Maignan propose un plan d'éducation pour les jeunes citoyennes,
suivant celui de notre Constitution. Jay est rapporteur ^^\
Le général de brigade La Roche, chef de l'état-major de l'armée
des Pyrénées Occidentales, transmet un trait de courage digne d'être
consigné dans les Annales du civisme. La lettre, renvoyée par le Co-
mité de salut public au Comité, est renvoyée à la commission des An-
nales du civisme ^^\
Sur la motion d'un membre, l'on met aux voix la question sui-
vante : les meilleures méthodes d'apprendre aux enfants i** a lire,
2** à écrire, 3° à compter doivent-elles être les premiers objets dont on
doive s'occuper pour les écoles primaires? L'affirmative est adoptée.
On propose encore d'exposer au Comité les bases d'après lesquelles
doivent être composés non seulement les méthodes ci-dessus, mais
encore les ouvrages qui doivent guider les instituteurs et les mères
dans les parties respectives d'éducation qui leur sont confiées ^^\
Guyton et Fourcroy sont chargés de proposer au Comité les moyens
les plus convenables d'enterrer les corps qui, dans la Vendée et ail-
leurs, ne l'ont point été et qui, faute d'inhumation, pourraient causer
desé| idémies^^^.
La séance a été levée à dix heures et demie ^^\
^^) Guillaume Saulnier, auteur drama-
tique, a écrit de nombreux opéras. La
Journée du lo août , qu'il fit en collabora-
tion avec Darrieux, est un «drame en
quatre actes et en prose, mêlé de chants
et de déclamations (Quérard). Nous n'avons
rien trouvé sur cette affaire.
(-^ Le plan d'éducation de la citoyenne
Le Maignan avait déjà été présenté au Co-
mité le 2 1 du premier mois (t. II, p. 6o8).
(•^^ Nous n'avons pas trouvé la lettre de
La Roche.
^*^ Le Comité ne s'était plus occupé des
livres élémentaires depuis sa séance du
1 1 brumaire (t. II, p. 798), dans laquelle
Romme et Basire avaient été nommés com-
missaires pour faire un rapport dès la séance
suivante, décision qui resta inexécutée. La
discussion sera continuée le 1 9 nivôse (p. 2 56).
^^^ Romme avait proposé à la Convention,
la veille, que le Comité d'instruction publique
fût chargé d'indiquer les précautions à pren-
dre pour l'enterrement des cadavres dans la
Vendée, afin d'éviter les maladies conta-
gieuses. Cette question n'est pas revenue à
l'ordre du jour du Comité. Le 20 ventôse,
à l'occasion d'une lettre adressée à la Con-
vention, l'assemblée chargera le Comité de
salut public de prendre d'urgence les me-
sures nécessaires. Voir aux annexes \n\
extrait du Journal des débats et des décrets
(compte-rendu de la séance de la Convention
du 8 nivôse an 11) , et un extrait du procès-
verbal de la séance de la Convention du
ao ventôse an 11.
^''^ Cet alinéa n'est pas à la minute. Pas
de signature, ni à la minute ni au registre.
La minute est de la main de Daoust.
DE LA CONVENTION NATIONALE. 227
PIEGES ANNEXES.
On lit dans le Journal des débats et des décrets :
Convention nationale , séance du 8 nivôse.
Hier, au moment où la Convention reçut la nouvelle du grand nombre de morts
que les brigands laissaient sur les chemins , partout où les re'publicains les atteignent,
un membre demanda que l'on prît des mesures pour faire enterrer ces cadavres
et ne pas exposer la France aux effets dangereux de leur corruption. Cette propo-
sition fut renvoyée au comité de santé.
Un citoyen qui était placé dans les tribunes écrit aujourd'hui pour inviter la
Convention à ne pas détourner ses regards de cet objet im{)ortant.
Bourdon (de l'Oise). Le 1 4 juillet, dans le premier combat de la liberté contre
le despotisme, nous avons tué six mille hommes ^^K Leurs cadavres ont été mis en
terre, et il n'en est pas résulté de contagion. Je demande l'ordre du jour. On
prendra sûrement les mêmes mesures.
Monmayon. Je demande l'ordre du jour motivé sur la loi qui enjoint aux corps
administratifs de prendre dans ces circonstances toutes les précautions nécessaires.
Homme. L'objet dont on vous occupe est de la plus haute importance. Si vous
abandonnez les soins que l'on réclame à des personnes peu éclairées , il n'est pas
douteux qu'il n'en résuite des maladies contagieuses. Les gens de l'art sont parvenus
a des procédés simples et sûrs, pour empêcher qu'il n'arrive de pareils malheurs.
Je demande que le Comité d'instruction publique soit chargé de les consulter, et
d'indiquer dans un court délai les mesures à prendre. J'ose assurer que la Conven-
tion nationale en sera satisfaite.
Cette proposition est décrétée ^^\
On lit dans les procès-verbaux de la Convention :
Séance du 9o ventôse an ii.
On lit une lettre qui annonce que, sur les frontières, il existe un grand nombre
de corps des Prussiens et des Autrichiens, qui sont si mid enterrés (\\\l\ peine ils
sont couverts de terre.
On observe qu'il existe aussi un grand nombre de brigands dans la Vendée, qui
ne sont pas sufTisamnient enterrés.
On demande que l'extrait de cette lettre, et les observations (jui viennent d'être
faites sur le gi'and nombre de cadavres ([ui se trouvent dans la V(Mi(lt'e, soient
renvoyés au Comité de salut public, pour prendre au plus tôt les mesures nc'ces-
caires afin de prévenir les elfets du mauvais air que peut occasionner l'exhalaison
de ces cadavres.
La Convention ordonne ce renvoi ^^K
^*) Le compte-rendu du Moniieurdiû, : w II y eut six mille hommes tuésr. — t-) Journal des
débats et des décrets , n" 4 ()5 , p. i o3 . — ^'^ Procès-verbal de la Convenlion , I . \ \ \ 11 1 , p. i 7 'i .
1.) .
228 PROCÈS-VERBAUX DU COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE
CENT SOIXANTE-SEIZIÈME SÉANGE^'^
Du i3 nivôse an ii. [a janvier 1796.]
De la Rue, notaire, rue du Four-Saint-Germain, envoie, avec la
lettre qu'il écrit au Comité, la notice des ouvrages qu'il lui soumet,
compris sous les titres suivants :
1" Registre des pratiques ou Minutes des notaires;
ti° Idées sur les lois qui défendent les avantages entre maris et femmes;
3° Projet sur les institutions;
/i" Décret et tarif du droit d'enregistrement;
b" Analyse et dictionnaire de la Constitution de iJQi ;
G° Précis de la Constitution de lygS ;
-y" Tables de réduction mécanique des tarifs.
La mention honorable en est arrêtée, ainsi que le dépôt dans la bi-
bliollièque duComité^'^^.
Rapport d'Arbogast d'une pétition lue à la barre de la Convention
nationale, faite par les Sociétés populaires de Rourg-l'Egalité, de Vitry,
Thiais et (îhoisy-sur-Seine, afin : 1° que le décret sur l'éducation
nationale soit rapporté, et le projet de Lepeletier-Saint-Fargeau
adopté; 2° que les autorités constituées soient renouvelées et com-
posées dorénavant de sans-culottes qui recevront une indemnité. Le
Comité passe à l'ordre du jour sur ces deux premiers objets. Sur le
troisième, qui est le changement du nom du Port-à-l'Anglais en celui
de Port-Marat, le Comité en arrête le renvoi à Mailly et à Romme, l'un
membre du Comité de division, l'autre d'instruction publique ^^l
^') Le Comité n'a pas eu de séance le
1 1 nivôse , probablement à cause de la fête
célébrée la veille.
'^' Sur La Rue, voir ci-dessus, p. 1 1.
^^^ L'adresse à la Convention, par les
Sociétés populaires du Bourg de l'Égalité ,
de Vitry, Thiais, et de Choisy-sur-Seine , se
trouve dans F^', carton 1006, n° J009.
La pièce n'est pas datée. Le passage relatif
à l'éducation est ainsi conçu : w Elles (les
Sociétés populaires) vous engagent en outre
de rapporter le décret sur l'éducation na-
tionale volontaire, et d'adopter le projet
de Lepeletier de Saint-Fargeaun.
On voit ici constituer une commission
spéciale pour l'examen des demandes des
communes qui désirent changer du nom ,
composée d'un représentant du Comité de
division et d'un représentant dn Comité
d'instruction publique. Il sera question de
nouveau de cette commission à l'occasion
du départ de Romme, dans la séance du
Comité du 17 pluviôse (p. A 12).
DE LA CONVENTION NATIONALE.
229
Bailly fait un rapport au sujet de la demande de Dumont de Val-
daiou, d'après lequel le Comité arrête qu'il sera proposé à la Conven-
tion : 1° que ce citoyen continuera de jouir sur le trésor public de la
pension de deux mille livres dont il est en jouissance; 2° que provi-
soirement et jusqu'il l'organisation définitive des hospices de bienfai-
sance, il jouira de l'indemnité de quinze cents livres pour le logement
destiné à recevoir et à traiter les blessés, et d'une pareille somme de
quinze cents livres pour fournir le linge et les médicaments néces-
saires aux citoyens indigents, lesquelles sommes seront prises sur
les fonds de secours et de gratifications; 3° qu'il sera payé sur ces
fonds les arrérages qui lui sont dus et les avances qu'il a faites depuis
le i^*" janvier i-ygo^^l
Des députés de la section du faubourg Montmartre et les commis-
saires des professeurs de l'Institution nationale de chant et de déclama-
tion lisent un mémoire qui est renvoyé à la commission des Six , qui a déjà
un plan relatif aux localités qui ont rapport à l'objet de ce mémoire ^^l
^') Le 29 brumaire, Bailly (qui n'était
plus membre du Comité depuis le 6 oc-
tobre) avait déjà fait adopter au Comité
un projet de décret sur la pension et Tin-
demnilé à accorder à Dumont-Valdajou
(t. II, p. 866). Il proposait déjà qu'il lui
fût alloué une somme annuelle de cinq
mille livres. Nous avons trouvé à la Biblio-
thèque nationale (Le^^ôg/i, in-8") une
pièce intitulée : r^ Rapport sur le traitement
du citoyen Dumont-Valdajou , présenté au
nom des Comités des finances et d'instruc-
tion publique, par L. Bailly, député par
le département de Seine-et-Marne; lu à la
séance du i5 frimaire « (le procès-veibal
de la séance de la Convention du i5 fri-
maire an II ne mentionne pas cette lec-
lure). Le rapporteur y explique que Du-
mont-Valdajou, ffconnu, depuis plus de
trente ans, comme cliirurffieii-renoueur,
par ses succès dans l'art do |juérirji, trailo
{jratuilemenl tous les indijjeiils et leur
fournil les médicaments et le lin^je néces-
saires au liailcmenl ; pour ctî molif, l'an-
cien {jouvornenienl lui avait accordé une
pension de deux mille livres, une indem-
nité aiuniclle de quinze» cents livres poui-
l'aider à payer le loyer de la maison oc-
cupée par lui, et une seconde indemnité
de deux mille livres pour payement du linge
et des médicaments employés. Cette pen-
sion et ces indemnités ne sont plus payées
depuis 1790; le rapporteur propose que la
pension de deux mille livres soit rétablie;
et que provisoirement, jusqu'à l'organisa-
tion définitive des hospices de bienfaisance,
les deux indemnités 'pour loyer et pour
frais de linge et de médicaments soient
maintenues, en réduisant toutefois la se-
conde à quinze cents livres au lieu de deux
mille. Ce sont ces propositions que Bailly
présente maintenant au Comité, qui les
avait déjà entendues le 39 brumaire. Il nous
paraît (|uo la date du î 5 frimaire, doiniée
dans le titre de la pièce ci-dessus connue
celle de la séance de la Convention où le
rap|)ort lut présenté, est erronée. Ce rap-
poit est annoncé pour la premièn» lois
dans le n" 691 du Journal des débals el des
décrets, correspondant au '1 j)luviôse an 11.
La (îonvenlion \ot<M'a, le 3 pluviôse an 11,
le projet do décret présenté j)ar lùiilly
(Procès-verltal. t. \\\, p. :\^).
^-> Il s'afrll de ralVairt» dont le ('omilé
230 PROCÈS-VERBAUX DU COMITE D'INSTRUCTION PUBLIQUE
Chevalier, arcliitecte, rue des Maçons, if 26, expose des titres ap-
puyas par un manuscrit et son grand livre de plans et dessins, qu'il
dépose sur le bureau comme des ouvrages propres à donner du poids
au désir qu'il manifeste d'être porté sur la liste des membres de la
Commission des arts. Renvoyé a Bouquier^^\
Le président lit une lettre du ministre de la guerre, en date du 1 2
de ce mois, relative à l'école de Liancourt appelée Ecole des enfants
de l'armée. Coupé en est nommé le rapporteur ^^l
William Newton, Anglais détenu à Paris, a écrit à Ferry une lettre
dont il fait le rapport au Comité. Cette lettre et les pièces jointes sont
relatives à l'invention de voitures et chariots qui, dit-il, peuvent être
tirés par moins de chevaux que les voitures qui sont en usage. Il en
conclut qu'il faut le considérer comme artiste et non comme Anglais.
Le Comité passe à l'ordre du jour'^'.
Un mémoire de Pencelet sur l'instruction militaire est présenté
au Comité, qui charge Ferry et Daoust de lui en faire le rapport ^^^.
Valdruche est chargé de faire au Comité un rapport sur la lettre du
ministre de l'intérieur du i3 nivôse et les états qui l'accompagnent,
adressés au président du Comité, relativement à l'état des revenus des
lieux ci-devant destinés à l'entretien des écoles de Paris et des deux
districts ruraux de ce département ^^^.
Cointeraux, professeur d'architecture rurale, rue du Faubourg-
Saint-Honoré, n'' 108, envoie le plan d'un pisé et demande que l'on
fasse connaître à la patrie toutes ses découvertes. Grégoire et Ferry
sont chargés du rapport^''^.
avait déjà eu à s'occuper le 3 nivôse
(p. 206). Pour ia suite, voir p. 9 55.
^'^ Bouquier fera le 28 nivôse son rap-
port sur la demande de Chevalier (p. 278).
^^^ Sur l'école de Liancourt, voir notre
tome I", p. A 2 , et notre tome II , pages 6 2 2 et
63 /i. Nous n'avons pas trouvé la lettre du
niinislre de la guerre. Coupé fera un rapport
le 21 nivôse (p. 267). Il résulte du projet
de décret que présenta Coupé au Comité
que, depuis le 9 septembre 1798, c'est-
à-dire depuis le vote du décret supprimant
les écoles militaires, la paye des élèves de
Liancourt avait été suspendue. C'est là ce
qui avait déterminé la démarche de Mo-
rieux dont il est parlé dans les procès-
verbaux des séances des 2 3 et 27 du pre-
mier mois, et ce qui motiva la lettre du
ministre de ia guerre.
^^'> La demande de Newton avait été
présentée au Comité le 2 1 frimaire (p. 1 33).
^^) Nous n'avons pas trouvé ce mémoire.
^^^ Valdruche avait été chargé d'écrire
au ministre de l'intérieur dans la séance
du 27 frimaire (p. iG8). Nous n'avons pas
trouvé la réponse du ministre de l'intérieur
du i3 nivôse. Le rapport de Valdruche
sera présenté le 29 nivôse (p. 298).
^•"^ 11 avait été question de Cointeraux
pour la dernière fois dans la séance du
DE LA CONVENTION NATIONALE. 231
Le citoyen Heaume présente l'analyse d'un petit livre qu'il a fait
pour les enfants. Cet ouvrage sera placé dans le carton des livres élé-
mentaires ^^^
Sur la motion de s'occuper instantanément des fêtes nationales, le
Comité renvoie cet objet à la prochaine séance ^-l
Les membres du Comité commissaires pour les poids et mesures
ont fait rapport qu'à la séance d'hier de la Commission il leur avait été
donné connaissance du retard apporté à l'exécution des marchés des ci-
toyens Fourché et Fortin ^"^^ de la part de l'architecte du Louvre, sur le
fondement qu'il ne pouvait permettre aucun changement sans un ordre
du ministre, quoique les artistes se soient soumis par leur marché
à remettre les choses en l'état qu'ils les auront prises.
Les commissaires ont annoncé qu'ils avaient écrit au citoyen Se-
vestre, l'un des préposés de l'architecte et qui leur avait été désigné
comme ayant eu part à ladite opposition, de se rendre au Comité.
Le citoyen Sevestre introduit et entendu sur tous les articles, le
Comité a arrêté que le ministre de l'intérieur serait invité à donner à
tous les agents de l'administration les ordres nécessaires pour que les
employés à la confection des étalons aient la pleine jouissance du local
qui leur a été accordé pour lesdiles opérations, avec faculté d'y faire
les dispositions qu'elles exigent , à la charge , exprimée dans leur marché ,
de laisser le tout en l'état qu'il leur aura été remis.
Sur ce qui a été observé par les mêmes commissaires que le citoven
Haùy, élu secrétaire de ladite Commission des poids et mesures, ne pou-
vait remplir les fonctions de cette place avec l'exactitude et l'assiduité
qu'exige la correspondance habituelle avec les artistes et ouvriers, s'il
Comité du ii brumaire (t. II, p. 799). II nous verrons dans ce même procès-verbal
sera de nouveau parlé de lui le 7 plu- Mathieu lire son projet sur les fêtes natio-
viôse (p. 336). nales.
^'^ L'imprimeur Heaume avait fait boni- ^^^ On trouvera des détails sur les Ira-
mage à la Convention, le 16 frimaire, vaux exécutés par Fourché, balancier-
d'uu tressai d'instruction à mettre entre les ajusteur, et par Fortin, constructeur d'in-
rr)ains des jeunes élèves de la patrie " struments de pliysique, pour le compte do
( Procès- verbal de la Convention, t. XX Vil , la Commission des poids et mesures, et sur
p. Sa). L'envoi de Heaume se trouve en- les projets d'installation do cette Com-
rcfrislré sous le n°i3GA (F '^ carton 1 008"); mission dans les anciens locaux de l'Aca-
mais la pièce manque; la chemise indique demie française, de l'Académie desiuscrip-
qu'elle a été crrenvoyée au carton des lions et de l'Académie d'architecture, au
livres élémentaires n. Louvre, au tome VI des OKinrcs de Lavoi-
^-> Malgré ce renvoi à la séance suivante, sier, pages (17 '1-675 et 6S6-6<jo.
232 PROCÈS-VERBAUX DU COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE
ne lui était indiqué un lieu où il pût se retirer et même trouver au
besoin un lit, le Comité a arrêté que le ministre de l'intérieur serait
invité de lui procurer incessamment ces facilités, et a chargé son pré-
sident d'adresser au ministre expédition du présent arrêté ^^).
Mathieu est adjoint à David sur sa demande pour aller au (comité
des finances relativement au Conservatoire du Muséum des arts'^l
Mathieu lit le projet sur les fêtes nationales qu'il a rédigé. Les trois
premiers articles en sont ado()tés. On arrête que les fêtes des événe-
ments les plus mémorables de la Révolution seront célébrées aux épo-
ques correspondantes aux journées où ces événements se sont passés ^^l
Séance levée à onze heures et demie ^^l
^^^ La réponse du ministre de l'inlé-
rieur sera communiquée au Comité le 19
nivôse (p. 9 56).
^^^ Lorsqu'il avait présenté à la Conven-
tion, le a 8 frimaire (p. 1 85), son projet de
décret sur l'établissement d'un Conserva-
toire du Muséum des arts, David avait
«omis un préliminaire indispensable ?% à
savoir de prendre l'avis du Comité des
finances. Cambon avait en conséquence fait
prononcer l'ajournement du projet, pour
que le Comité des finances pût l'examiner.
Pour la suite de ce qui concerne le Muséum
des arts, voir la séance du 21 nivôse
(p. 966).
^^) Voir la séance du 5 nivôse (p. 919).
La discussion sur le projet de Mathieu
continuera le 21 nivôse (p. 967). Le texte
de ce projet se trouve aux annexes de la
séance du Comité du 9 ventôse, p. 5o8.
^^^ Pas de signature, ni à la minute
ni au registre. La minute est de la main
de Daoust, Toutefois les quatre alinéas re-
latifs aux poids et mesures, pages 28 1-
982, sont de la main de Guyion et sont
écrits sur un feuillet séparé.
DE LA CONVENTION NATIONALE.
233
CENT SOIXANTE-DIX-SEPTIEME SÉANCE.
Du i5 nivôse an ii. [^i janvier 179^-]
Un membre observe que Lavoisier, trésorier de la Commission des
poids et mesures, étant en arrestation, les fonds, les machines, les
papiers qui sont chez lui sous le scellé cessent d'être utiles à la chose
publique. Le Comité arrête que Guyton et Fourcroy se rendront à ce
sujet au Comité de sûreté générale ^^^
(') Voir, sur le décret d'arrestation rendu
le h frimaire contre ies anciens fermiers
généraux, la séance du 5 frimaire (p. 9,
note 6). La qualification, donnée à Lavoi-
sier par ie rédacteur du procès- verbal,
trde trésorier de la Commission des poids
et mesures» n'était plus exacte : dès le
18 frimaire, la Commission avait nommé
Coulomb pour le remplacer dans ces fonc-
tions. Nous avons trouvé aux Archives na-
tionales la lettre par laquelle la Commission
avisa le ministre de l'intérieur Paré de ce
remplacement.
En vertu d'un arrêté du Comité de sû-
reté générale du 28 frimaire, autorisant
le porteur «à s'adjoindre tel nombre des
membres des Comités de surveillance, à se
transporter sans délai dans les maisons sises
à Paris et à la campagne , appartenant ou
occupées par les ci-devant fermiers géné-
raux, et apposer les scellés sur tous les
meubles et effets, distraction faite des linges
et habillements nécessaires à l'usage ordi-
naire des personnes qui y ont droit», deux
membres du Comité de surveillance de la
section des Piques , Philippon et Moulonnot,
apposèrent ies scellés dans l'appartement
que Lavoisier occupait à Paris, boulevard
de la Madeleine, le 27 frimaire, en pré-
sence de M"" Lavoisier; douze jours plus
lard, ils se transportèrent à la maison de
oanq)agne que Lavoisier possédait à Fré-
cliiue (Loir-et-Cher), et y procédèrent éga-
lement à l'apposition des scellés le 1 1 ni-
vôse. Le procès-verbal de cette opération se
trouve aux Archives nationales, F', carton
h'j']0 (ancien ^707).
La Commission des poids et mesures
écrivit le 28 frimaire au Comité de sûreté
générale pour réclamer la mise en liberté
de Lavoisier, en faisant observer «qu'il était
urgent qu'il pût être rendu aux travaux
importants qu'il a toujours suivis avec
autant de zèle que d'activité». Le Comité de
sûreté générale passa à l'ordre du jour sur
cette demande le 39.
Trois jours après la démarche de la
Commission des poids et mesures, le Co-
mité des assignats et monnaies intervenait
à son tour, cette fois auprès du Comité de
salut public, et demandait, par une lettre
en date du i"" nivôse, que Lavoisier fût
autorisé à travailler dans son laboratoire. Le
Comité de salut public ne crut pas devoir
accéder à cette demande; mais, comme la
lettre du Comité des assignats faisait ol>-
server que les travaux de la Commission des
poids et mesures se trouvaient interrompus
par suite de la détention de Lavoisier, il
décida de réorganiser sur-Ic-champ cette
Commission en l'épurant: par un arrête en
date du 3 nivôse, après avoir pris l'avis
des membres du Comité d'instruction pu-
blique formant la section dos poids et me-
sures, il raya de lu liste des uiouibres de la
Connnission les noms de Borda, Lavoisier,
Lapluce, Coulomb, Rrissou et Delauibre,
eu invitant cries membres restants à la Com-
mission des poids et mesures à faire ron-
Uiu'lre au plus tôt au Comité de <alut public
23/i PROCÈS-VEnBAUX DU COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE
Les (Ic'pulësde la section de Marat sont admis (^^. Ils présentent une
quels sont les hommes dont elle a un besoin
indispensable pour la continuation de ses
travaux». Les membres icslants étaient La-
|jian<;e, "Montjo, Haiiy, Yandeiiuonde, Mé-
c'hain, et lîerthollet (ce dernier avait été
adjoint à la Commission, sur la demande
de celle-ci , par un arrêté du Conseil exé-
culii provisoire en date du 2 5 brumaire).
Sur leur proposition — conformément à
l'arrêté du 3 nivôse — Hassenfralz, Prony
et Buacbe leur furent adjoints; nous n'avons
pas trouvé l'arrêté du Comité de salut public
qui compléta ainsi la Commission; mais
nous savons que telle fut bien sa composition
après l'épuration : cette indication nous est
fournie par un rapport manuscrit sur le
traitement deHaûyfait, au commencement
de thermidor an ii, à Payan- Dumoulin,
ie commissaire de la Commission executive
de l'instruction publique, par Grandjean,
rrchargé provisoire du contentieux dans la
partie centrale?); on y lit : «Les membres
qui ont été conservés dans cette Commission
par l'arrêté du Comité de salut public du
3 nivôse portant suppression des citoyens
Borda, Lavoisier, Laplace, Coulomb, Brisson
et Delambre, et les membres nommés pour
leur remplacement, sont aujourd'hui : les
citoyens Lagrange, Monge, Haiiy, Vander-
monde, Méchain (Grandjean ne nomme
pas Berlhollet; celui-ci par conséquent ne
faisait plus partie de la Commission en
thermidor) , Hassenfratz , Prony et Buache.5)
(Archives nationales, F^^ carton 1288.) La
Commission choisit aussitôt Hassenfratz
comme président; Haûy conserva les fonc-
tions de secrétaire, Berthollet fut trésorier.
Ce fut cette Commission réorganisée qui
réclama les fonds, les machines et les pa-
piers placés sous les scellés chez Lavoisier.
Les membres du Comité d'instruction pu-
blique formant la section des poids et me-
sures, Fourcroy et Guyton-Morveau (Ar-
bogast en faisait partie aussi, mais son nom
n'apparaît pas dans cette circonstance),
furent chargés par le Comité de faire une
démarche auprès du Comité de sûreté gé-
nérale. Ils y allèrent sur-le-champ, et séance
tenante le Comité de sûreté générale prit
un arrêté autorisant le Comité d'instruction
publique à nommer des commissaires pour
procéder à la levée des scellés chez Lavoisier
(voir au présent procès -verbal, p. 2 35).
L'opération fut faite le 19 nivôse, en pré-
sence do Lavoisier, extrait pour la circon-
stance de l'hôtel des Fermes où il était
détenu, de Guyton et Fourcroy, membres
du Comité d'instruction publique, de Dupin
et Jac, membres de la (Commission des ci-
devant trois compagnies de finances, de
Vandermonde et Berthollet, membres de la
Commission des poids et mesures, de Phi-
lippon et Moutonnet, commissaires de la
section des Piques. Lavoisier profita de l'oc-
casion pour retirer on même temps une
partie de ses papiers personnels.
Nous donnons aux annexes, A (p. 2 36),
une lettre écrite le 22 frimaire au ministre
de l'intérieur par la Commission des poids
et mesures, pour lui annoncer la nomination
faite, le 18 frimaire, de Coulomb comme
trésorier; la lettre écrite par la Commission
des poids et mesures au Comité de sûreté
générale le 28 frimaire; la lettre écrite par
le Comité des assignats et monnaies au Co-
mité de salut public le 1" nivôse; l'arrêté
du Comité de salut public du 3 nivôse,
épurant et réorganisant la Commission des
poids et mesures; l'arrêté du Comité de
sûreté générale du i5 nivôse, autorisant la
levée des scellés chez Lavoisier; et deux
procès-verbaux de levée et réapposition
des scellés chez Lavoisier, du 19 nivôse,
relatifs, le premier, au retrait des objets
appartenant à la Commission des poids et
mesures, le second au retrait par Lavoisier
de divers papiers personnels. Toutes ces
pièces sont inédites.
Le procès-verbal de l'inventaire des etfols
et papiers extraits de l'appartement de La-
voisier le 19 nivôse ne fut déposé au Comité
d'instruction publique que dans sa séance
du 29 ventôse (voir p. 6o3).
l^) La section du Théâtre-Français avait
DE LA CONVENTION NATIONALE. 235
pétition dont l'objet est de presser l'établissement de l'Opéra au Théâtre-
Français; ils montrent au Comité les plans que cette section a fait faire
pour prouver qu'il existe des moyens de faire avec économie une salle
propre à l'Opéra dans celle du Théâtre-Français. Leur pétition, qui
contient différents motifs d'accueillir leur demande, est renvoyée à la
commission déjà chargée de cet objet^^^
La Société populaire de Nemours ^'-), au dé[)artement de Seine-et-
Marne, demande l'établissement dans cette ville, chef-lieu de district,
d'une bibliothèque nationale formée des livres qui se trouvent dans les
ci-devant châteaux de plusieurs émigrés, qu'ils exposent y être en assez
grand nombre pour remplir cet objet sans frais. A celte occasion, on
passe à l'organisation provisoire de bibliothèques districales. La pro-
position est adoptée. Coupé est nommé rapporteur ^^l
Romme est invité à faire le plus tôt possible son rap|)ort sur la ré-
clamation de Desmarest, qui réclame de nouveau la propriété de la
carte minéralogique d'Auvergne, dans sa lettre adressée à Arbogast^^^
Guyton et Fourcroy, qui se sont rendus au Comité de sûreté géné-
rale, en vertu de l'arrêté (article i^' de ce procès-verbal), font lecture
de l'arrêté que ce Comité leur a remis ^^\ qui porte que le Comité d'in-
struction publique est autorisé aux fins de sondit arrêté à nommer des
commissaires pour faire lever les scellés apposés chez Lavoisier. Guyton
et Fourcroy sont nommés, lesquels se conformeront audit arrêté du
Comité de sûreté générale.
Marcel, Lorin, Ygonel, comme instruits dans l'art d'écrire aussi
vite que la parole, présentent la Déclaration des droits de l'homme et
la Constitution écrites en caractères sténographiques, et demandent
pris, après le lo août 1799, le nom de ^^^ Un projet de décret sur rorjjanisalion
section de Marseille, qu'elle avait ensuite des bibliothèques do district sera lu par
échangé, après l'assassinat de Marat, contre Coupé dans la séance suivante (p. aAS).
le nom de section de Marat. ^^^ Dans la séance du 97 du premier
(') La demande de la translation de rO- mois (I. Il, p. 633), il avait été donné
péra dans la salle du Théâtre-Français avait . connaissance d'une première réclamation
été faite à la Convention le 90 brumaire de Dosniarost rotative à une carte topogra-
par Chaumetto au nom du Conseil {jénéral phicjue do la Bretagne. Nous n'avons pas
de la comnmne; la section de Marat avait trouvé la lettre adressée à Arbogast. Pour
appuyé cette requête. Voir notre lonio II, la siiilo dt» rolto alVairo, voir la séanco du
|)agos 86A ot 865. La question no rovionJra 17 nivôse (p. ^r'i6).
à Tordre du jour que le 1" germinal an 11. ^^^ Cet arrêté du Comité do sùrolé giMn'v
(^) Nous n'avons pas trouvé la pétition raie se trouve aux annexes, A, n" ;') (p. a. U)).
do la Société populaire d(' Nomoui's.
236 PROCÈS-VERBAUX DU COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE
une place c^ parmi les journalistes qui puisent dans la Convention les
lumières qu'ils répandent sur toute la France ??. Cette demande, ren-
voyée au Comité par la Convention, est renvoyée au Comité de salut
public et subsidiairement à celui des inspecteurs de la salle ^^\
Deltufo, rue des Deux-Portes Saint-Sauveur, n*' 9, présente une pé-
tition portant la date du ^'-^ de ce mois; elle est renvoyée au Comité
de salut public. Il signe comme Tun des rédacteurs-traducteurs des
séances de la Convention, et demande à être employé, en observant
que lui et ses ouvriers ont été mis en réquisition, le 9 septembre,
par le Comité de sûreté générale ^^l
Le Comité s'occupe de la formation de la liste des membres qui
doivent composer la Commission des arts; il est arrêté que tous de-
vront présenter des certificats de civisme pour être admis ^'^l
La séance est levée à onze beures et demie (^^.
PIECES ANISEXES.
DOCUMENTS CONCERNANT LAVOISIER ET LA COMMISSION DES POIDS ET MESURES.
1.
LA COMMISSION DES POIDS ET MESURES À PARE, MINISTRE DE L'INTERIEUR ^®\
Paris, c? «2 frimaire an 2^ de la République française une et indivisible.
Citoyen ministre ,
La Commission des poids et mesures t'informe qu'elle a nommé , dans sa séance
du 18 frimaire, le citoyen Coulomb, l'un de ses membres, pour remplacer le
^'^ l\ n'est plus question de la demande
de ces trois sténographes dans les procès-
verbaux du Comité.
'^^ La date est restée en blanc à la mi-
nute et au registre.
^^> Deltufo est cet imprimeur dont il a
été question dans la séance du 19 frimaire
(p. 87). Sa pétition se trouve aux Archives
nationales. Nous la donnons aux annexes,
B (p. a/43). Elle contient des renseignements
intéressants sur le service de traduction que
le pétitionnaire avait tenté d'organiser.
Par arrêté du 28 pluviôse, le Comité de
salut public chargea Deltufo de l'impres-
sion de douze mille exemplaires de chaque
numéro du Recueil des actions héroïques
(voir p. 33a ).
^*) Le Comité avait commencé à s'occuper
de la formation de cette liste le 5 nivôse
(p. ail); il continuera le 19 (p. 267).
^^) Le dernier alinéa se trouve à la mi-
nute comme au registre. Pas de signature,
ni au registre ni à la minute. La minute est
de la main de Daoust.
(•^^ Archives nationales, F^^, carton
1289.
DE LA CONVENTION NATIONALE. 237
citoven Lavoisier dans les fonctions de tre'sorier. Elle t'accuse en même temps la
réception du double, que tu lui as envoyé', du marché conclu avec le citoyen
Portin pour la fabrication des centicades. Elle s'occupe de te mettre à portée de
fournir la quantité de cuivre nécessaire et s'assurera auparavant, par des essais,
qu'il n'y entre aucun mélange de plomb.
Borda, président; Haûit, secrétaire.
%
EXTRAIT DU REGISTRE DES DELIBERATIONS DE LA COMMISSION DES POIDS ET MESURES,
DU 98 FRIMAIRE, L'AN 2* DE LA REPUBLIQUE FRANÇAISE UNE ET INDIVISIBLE^'^.
La Commission des poids et mesures considérant que dans les circonstances
actuelles, oii elle est obligée de faire des vérifications très nombreuses d'étalons
de toutes les espèces de poids et mesures , en exécution des différents décrets de
la Convention nationale, la présence du citoyen Lavoisier, l'un de ses membres,
lui devient nécessaire par le talent particulier qu'a ce citoyen pour tout ce qui
exige de la précision; que d'ailleurs les travaux qu'il a commencés sur la détermi-
nation des poids et sur la dilatalion des métaux se trouvent interrompus par son
absence, et qu'il faudrait qu'un nouveau commissaire les recommençât en entier;
qu'enfin il serait d'une très grande difficulté de pouvoir le remplacer relativement
aux différents objets dont il s'est occupé, a pensé qu'il {sic) croit de son devoir de
représenter au Comité de sûreté générale combien il est urgent que ce citoyen
puisse être rendu aux travaux importants qu'il a toujours suivis avec autant de
zèle que d'activité.
Borda, président; Haïiy, secrétaire '''\
Et au-dessous, sur la même feuille :
Vu l'extrait ci-dessus :
Le Comité de sûreté générale, considérant que le citoyen Lavoisier est porté
sur la liste des ci-devant fermiers généraux mis en état d'arrestation en exécution
du décret de la Convention nationale, passe h l'ordre du jour.
Ce 29 frimaire l'an y' de la République française une et indivisible.
M. Bayle, Panis, Lavicomterie, Elie Lacoste, Dubarran,
Vadier, Voulland, Guffroy ^''.
En lélc de la feuille, en marge, à gauche, se lit le titre suivant, d'iuie autre écriture :
Arrêté du Comité de sûreté générale portant refus de la demande en liberté
faite en faveur du citoyen Lavoisier.
A droite, d'une autre écriture : rc Reçu le 9 niv6se?5.
Et au-dessous, encore d'une autre écriture, ces mots ou abréjjé : «tRoçu à la h* rôgiou.
N" 3o8tî.75
Enfin, dans le blanc qui se trouve entre le titre de l'Extrait du registre des délibérations
^'^ Archives nationales, F', carton ^1770 (;\nrieu 'i7r)7). — '*^ ('et oxirail est do la main
de Haiiy. — ('^^ Les signatures sont autograj)lios. l/;irn'to o>t (li> la nuin <lo Moyso Raylo.
238 PROCÈS-VERBAUX DU COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE
de la Commission dos poids ol mesures et le lexte de cet extrait, sont écrits ces mois, en-
core d'une autre main : w Arrêté du Comité de sûreté générale??. Et sur la même ligne, à
droite : cr Section des Piques??.
3.
LE COMITÉ DES ASSIGNATS ET MONNAIES DE LA CONVENTION NATIONALE
AUX 1\EP1U:SENTANTS DU PlîUl'LE COMPOSANT LE COMITÉ DE SALUT PUBLIC ^^^
Paris, {(" 1*' nivôso, l'an 2 de la Ropnl)liquc une ol indivlsihlc.
Vous nous invitez, citoyens collègues, par votre lettre du 99 frimaire en
re'ponse h la nô're du 90, à examiner ce (pi'exi^]^ent les intdrêts de la Républi({ue
relativement à la fabrication des assignats métallicjues suspendue par l'arrestation
de plusieurs membres dont les travaux sont ne'cessaires à cette fabrication.
[Le Comité expose d'abord qu'on a arrêté un membre de la Commission des monnaies, le
directeur de la Monnaie et l'architecte, et qu'on a apposé les scellés sur la caisse et sur
])lusieurs "ateliers. 11 demande que ces trois fonctionnaires soient autorisé? à continuer leur
travail, cron pnMiant toutes les mesures que l'on croira convenables pour s'assurer de leurs
personnes??, et qu'en tous cas les scellés soient levés. Il passe ensuite à un second objet,
qui se trouve en souffrance par suite de l'arrestation de Lavoisier ; ]
La pièce de cinq de'cimes est prêle à être fabriquée : les flaons sont découpés.
Sous quatre ou cinq jours on peut en avoir fabriqué pour 5o,ooo livres; mais nos
opérations sont encore suspendues pour la délivrance qui doit en être faite. Elle
doit avoir lieu en poids de grave, conformément aux décrets de la Convention
nationale. Il faut donc que Tatelier monétaire de Paris ait les poids de grave qui
lui sont nécessaires. Cependant Fopération de la Commission des poids et mesures
se trouve suspendue par Parrestation du citoyen Lavoisier (comme ci-devant fer-
mier géne'ral), chargé des opérations les plus délicates et nécessaires sur la fabri-
cation de ces poids. Prenez telle mesure que vous croirez convenable à l'égard de
ce citoyen ; mais son intelligence et son travail sont nécessaires pour la continua-
tion des travaux des poids et mesures. Il faut qu'il puisse travailler dans son labo-
ratoire et à la Commission des poids et mesures, d'après les observations de la
Commission des poids. S'il n'y a pas de faits graves sur son compte, faites en sorte
que l'activité soit promptement rendue aux travaux dont il est chargé, avec toutes
les mesures de sûreté que vous croirez d'ailleurs convenables.
Vous voyez que notre travail sur les assignats métalliques et sur les poids et
mesures se trouve interrompu à l'instant même où nous touchions à son terme.
Nous vous indiquons ce qui arrête nos opérations. Prenez les mesures les plus
promptes pour leur rendre l'activité nécessaire aux intérêts de la République.
Les membres du Comité des assignats et monnaies.
Pelletier , président.
(•) Archives nationales, AF 11, carton 67, cahier 696, n" 3.
DE LA CONVENTION NATIONALE. 230
ARRETE DO COMITE DE SALUT PCBLIC^^\
Du 3 nivôse an 2'.
Le Comité' de salut public, considérant combien il importe à l'amélioration de
l'esprit public que ceux qui sont chargés du g-ouvernement ne délèguent de fonc-
tions ni ne donnent de missions qu'à des hommes dignes de confiance par leurs
vertus républicaines et leur haine pour les rois, après s'en être concerté avec les
membres du Comité d'instruction publique occupés spécialement de l'opération
des poids et mesures, arrêtent que Borda, Lavoisier, Laplace, Coulomb, Brisson
et Delambre cesseront à partir de ce jour d'être membres de la Commission des poids
et mesures, et remettront de suite avec inventaire, aux membres restants, les in-
struments, calculs, noies, manuscrits, et généralement tout ce qui est entre leurs
mains de relatif à l'opération des mesures. Arrête en outre que les membres res-
tants à la Commission des poids et mesures feront connaître au plus tôt au Comité
de salut public quels sont les hommes dont elle a un besoin indispensable pour la
continuation de ses travaux, et qu'elle fera part en même temps de ses vues sur
les moyens de donner le plus tôt possible l'usage des nouvelles mesures à tous les
citoyens en profitant de l'impulsion révolutionnaire.
Le ministre de l'intérieur tiendra la main à l'exécution du présent arrêté.
Les membres du Comité de salut public.
C.-A. Prieur, B. Barère, Carxot, Billaud-Vare.nne, W. Lindet.
5.
expédition D'UN ARRÊtÉ DD COMITE DE SÔRETÉ GÉNÉRALE ^''\
Du i5 nivôse, 2' année répubhcaine.
Sur la demande des membres du Comité d'instruction publique , dont l'objet
est de faire lever les scellés apposés chez le citoyen Lavoisier, à raison des opéra-
tions commencées sur les poids et mesures ,
Le Comité arrête que le Comité d'instruction publique est autorisé à nommer
des commissaires pour fîûre lever les scellés a|)posés chez Lavoisier, alin d'en ex-
traire les papiers , les machines , les sommes dont il est dé[)osilaire , les objets re-
latifs aux opérations dont le Comité (Kinstruction publique est chargé. Les com-
missaires s'adjoindront le nombre de leurs collègues pris dans les Comités de la
Convention qui doivent concourir avec eux h l'objet dont s'agit, et deux mt^mbres
de la Commission des poids et mesures. Ils procéderont en présence de Lavoisier.
A cet elTcît, le concierge de la maison où Lavoisier est détenu le représentera sui*
la ré(piisition qui lui en sera faite au nom des commissaires du Comité d'instiuc-
tion publique. Il restera pendant l'opération sous la garde d'un ou de deux gen-
('^ Archives nafioiialos, AFii, carlon 07, caliior ^J9<), n° h. La inimité est de la main de
Prieur. — (•'> Archives mUionales, F', carlon ^770 (aïK-len h-^'ô']).
2/40 PUOGKS-VERBAUX DU COMITE D'INSTRUCTION PUBLIQUE
(larmes, el, les reclicirlies effectue'es, il sera reinte'gré , et les scellés apposés de
nouveau sur ses elFels.
Signe' ; Dubarran, Amar, Vadier, Jagot, Lavicomterie.
6.
procès-verbal de l\ levée de scelles pour tirer de chez le citoyen lavoisier
LES effets appartenant A LA COMMISSION DES POIDS ET MESURES
(')
Ce jourcriiui dix et neuf nivôse an deux de la République française une et indi-
visible. Eu vu de l'arrêté du Comité de sûreté générale de la Convention natio-
nale du (piinze courant, el d'après la demande faite par celui d'instruction pu-
blique tendanle à obtenir la levée des scellés apposés chez le citoyen Lavoisier, h
raison des opérations commencées sur les poids et mesures et à l'effet d'en extraire
les machines, les sommes dont il était dépositaire, les papiers et objets relatifs
aux opérations dont ledit Comité d'instruction publique est chargé. Nous citoyens
représentants du peuple Guyton et Fourcroy, membres dudit Comité d'instruction
publi([ue, Dupin et Jac, membres de la Commission des ci-devant trois compagnies
de finances, à nous adjoints les citoyens Vandermonde et Berthollet ^^\ membres de
la Commission des poids et mesures , nous étant transportés et réunis a dix heures
du malin dudit jour, à la maison dudit citoyen Lavoisier, située boulevard de
la Magdeleine, avons trouvé ce dernier rendu dans ladite maison sous la garde
de deux gendarmes, en vertu de la réquisition faite par nous au commandant de
la force armée le jour d'hier, et en présence des citoyens Moutonnet et Philippon ,
commissaires de la section des Piques, il a été de suite procédé à l'examen des
scellés apposés sur la porte à gauche du salon donnant sur le jardin, lesquels ont
été trouvés intacts, et de suite ayant été levés, nous sommes entrés dans ledit
salon et cabinet y attenant. Ledit citoyen Lavoisier étant entré avec nous dans les-
dites pièces, il nous a représenté ;
1° Le journal des dépenses qu'il a faites ainsi que des recettes pour la Com-
mission des poids et mesures;
2° Onze quittances des dépenses faites depuis le i"'' vendémiaire dernier et
qui n'ont point été employées encore dans son compte. Lesdites quittances montent
ensemble à la somme de six mille quatre-vingt dix et neuf livres;
3° Différents mémoires d'expériences sur la fusion du platine, faites chez le ci-
toyen Séguin, montant à sept cent vingt et sept livres;
li° La somme de sept mille quatre cent cinquante et trois livres en assignats,
(') Archives nationales, F^^ carton ii35, connaissances le rendent d'autant plus né-
liasse Poids et mesures, n° a 9 52. cessaire à la Commission qu'il est commis-
(^^ La (Commission des poids et mesures saire des monnaies, que la Commission a
avait demandé, par une lettre du 19 du perdu le citoyen Tillet qui occupait la
premier mois, sifjnée de Borda comme pré- même place, et que les travaux de la Com-
sident et de Haùy comme secrétaire, adres- mission embrassent plusieurs parties du
sée à Paré, ministre de Tintérieur, qu'en système monétaire?:. A cette lettre est
remplacement de Tillet (mort eu 1799), le joint, dans le carton des Archives qui la
n)inistrp nommât Bertliullet . dont ries renlérme, un rapport au (Conseil exécutif
DE LA CONVENTION NATIONALE. ±M
laquelle somme, ainsi que les pièces ci-contre énoncées, ont été remises audit
citoyen Berthollet, trésorier de ladite Commission des poids et mesures, qui s'en
est chargé;
5° Sept boîtes de fer blanc contenant du platine brut pesant, y compris les
boîtes, trois cent deux marcs trois onces . ^ demie, sur laquelle quantité le citoyen
Lavoisier a déclaré qu'il lui en appartenait quelques livres, ce qui sera établi
d'après le compte définitif qu'il rendra à la Commission des poids et mesures;
6° Un carton , contenant différents mémoires et pièces relatifs à ladite Comnjissioii.
Ledit citoyen Lavoisier ayant déclaré qu'il n'y avait plus d'effets appartenant
à ladite Conmiis ion dans lesditcs pièces, nous sommes partis et les scellés ont été
apposés de nouveau par lesdits commissaires dudit Comité révolutionnaire de la
section des Piques requis à cet effet.
Nous étant transportés dans le cabinet de physique dudit citoyen Lavoisier, il
nous a représenté :
1° Deux thermomètres à mesure sur planche de cuivre, divisés eu cent parties
par mètre;
2° Un poids de trente et deux marcs en cuivre provenant des cabinets do la
ci-devant Académie, qui n'est point exactement divisé;
3° Un appareil destiné à mesurer la force du papier, construit sous l'inspection
de la Commission établie pour faire les recherches pour la fabrication des assignats;
A" Un centicade en bois de noyer avec cercles de cuivre;
5° Un cylindre creux de cuivre jaune destiné à déterminer la pesanteur du
mètre cube d'eau distillée;
6" Trois grands bocaux de verre, dont deux à couvercle de bois, destinés poui-
le même usage ;
7° Une grande bouteille contenant de l'eau distillée deux fois pour le^ mêmes
cxj)ériences ;
8° Un quart de mètre en cuivre divisé en millimèlres;
9° Trois thermomètres divisés en parties décimales.
Puis ledit citoyen Lavoisier nous a fait voir à Pextréniité du jardin de ladite
maison deux bornes en pierre, placées aux frais de la Commission à A8 pieds en-
viron de distance l'une do l'autre et fondées sui' un massif de maçonnerie. Et il a
déclaré que la distance de ces deux bornes ayant été rigoureusement déterminée
avec les mêmes règles qui doivent servir à la mesure du degn' du méridien, el
ayant servi d'ailleurs à des expériences sur la dilatation du platine, nous avons
pensé qu'il était plus à propos de les laisser en place jus([u'au moment où ladite
Commission des poids et mesures jugera à propos de les l'aire retirei*.
provisoire, si'jné do Paré; ce rappoii est trouvé la niinii(eaMlo[|raphe dans les papiips
révolu de l'approbation du Conseil, en dale de rilluslre savant. {Lavoisier, par K. Gni-
du a5 Itrumaire, portant la signature de maux, p. m/j'i.) Après rarrèlé du Comité
Boucliolle, président. (Arcliiv(>s nationales, de saint publie du .'i nivôse, qui épura la Coni-
F'-, c.arlon i^î8().) — La lettre de la Coni- mission (voir ci-dessus p. y-'i»)"!, Berlliollel
mission a été rédigcie par Lavoisier, connue lut élu trésorier en remplacement de (ion-
iMMis l'apprend M. (!rinian\, ipii en a rc- loml».
III . I ()
2^2 PROGÈS-VEllBAUX DU COMITÉ DMNSTHIJCTÏON PUBLIQUE
Ledit citoyen Lavoisier nous a déclaré en outre qu'il est propriétaire des effets
suivants qu'il a déposés dans le local occupé par ladite Commission :
1° Une grande balance et les dépendances, construite par Fortin, pesant jus-
qu'à 2 5 livres;
2° Une autre balance construite par Meynie^l'aîné , pesant jusqu'à une livre;
3° Une balance d'essai du même auteur; lesdites trois balances dans leurs cages
sous verre.
Ledit citoyen Lavoisier ayant déclaré qu'il n'avait point d'autres effets apparte-
nant h ladite Connnission que ceux ci-dessus énoncés, ledit citoyen Bertliollet
s'en est cbargé en sadite qualité de membre et de trésorier de la même Commis-
sion, et nous avons clos le présent procès-verbal en présence desdits citoyens Mou-
tonnel et Pliilippon, commissaires de la section des Piques, qui ont signé avec
nous et les citoyens BertboUet et Vandermonde ;
Une expédition dudit procès-verbal ayant été remise à ces derniers pour rester
à la Commission des poids et mesures, une autre au citoyen Lavoisier qui a signé
aussi avec nous pour lui servir de décharge , ce dernier ayant été de suite recon-
duit par les deux gendarmes au ci-devant hôte! des Fermes pour continuer à y
être en état d'arrestation conformément au décret de la Convention.
L.-B. GuYTON, FouRGROY, DopiN le jeune, Jac, Vandkrmonde, Berthollet,
Lavoisier, Veilipvo^ , commissaire , Moutonnet, commissaire.
Oii lit à la fin de la pièce : ff A mettre sous les yeux du Comité à la prochaine séanoe«.
— En télé, dans la marge, celle indication : crA déposer dans les cartons. 29 ventôse,
ViLLAR, président, w
7.
procès-verbal de levée des scellés chez lavoisier ^^\
[Ce procès-verbal, relatif au retrait par Lavoisier, le ig nivôse, de divers papiers lui
appartenant, est placé à la suite du procès-verbal d'apposition des scellés chez Lavoisier, à
son domicile de Paris, le 27 frimaire, et à sa maison de campagne de Fréchine le 1 1 nivôse. J
Ce dix-neuf nivôse, en vertu d'un arrêté des Comités de sûreté générale et
d'instruction publique delà Convention nationale , en date des i5 nivôse et 17 du-
dit mois^^^ nous nous sommes transportés dans la maison du citoyen Lavoisier,
boulevard de la Magdeleine, à l'effet de lever le scellé apposé sur la porte à gauche
en entrant dans l'antichambre, et le citoyen Lavoisier en a extrait des mémoires
de physique et de chimie destinés à l'impression, différentes pièces relatives à sa
déclaration à femprnnt volontaire, plusieurs registres manuscrits d'expériences,
et nous avons clos ledit procès-verbal et nous avons signé.
Moutonnet, Lavoisier, Philippon, coinmissaire.
^^) Archives nationales, F^ carton A770 rendre chez Lavoisier ne fut libellé que le
(ancien '^757). 17, bien que ces deux membres eussent
^^) Ceci semble indiquer que l'arrêté du reçu cette mission dans la séance du i5
Comité d'instruction publique donnant à (voir ci-dessus, p. 235).
Guyton et à Fourcroy la mission de se
i
DE LA CONVENTION NATIONALE. 2^1 3
PÉTITION DK DELTUFO ^^K
Paris, ce. . . ^^> ]Nivos(«'c) l'an deuxième de la République une et indivisible.
Citoyen représentant,
11 m'est impossible de le parler assez longtemps au Comité de ^'^
cependant pour obtenir de loi ce que je désire , il faut présenter à ta mémoire des
faits : lis donc et sers-moi , si tu crois devoir le faire; ou réponds-moi , si tu ne veux
pas te charger de ma cause.
Faits.
Lors des Assemblées constituante et législative, je conçus le projet de faire pas-
ser dans les pays étrangers, chaque jour de com^rier, les traductions des discours
les plus marquants et des décrets qui furent rendus.
Les moyens que j'employai furent, dans le temps, détaillés par François de
Neufchâteau. Les toiles imprimées , les gazes , les modes même , tout fut mis en
usage, et finalement je parvins à avoir une correspondance qui fut utile et qui
Teùt été davantage sans le zèle indiscret de Fauchet qui me nomma en pleine as-
semblée et détruisit, par cela seul, toutes les ressources dont je m'étais assuré.
A l'époque de la mort du tyran, je traduisis et j'imprimai différentes Opinions :
j'en appelle à la mémoire de Saint-Just, à qui j'ai montré celle de Mailhe traduite
et imprimée en langue espagnole; j'en appelle enfin à la justice de quelques Co-
mités auxquels j'adresse pareille lettre, et je te demande, à toi représentant, ton
appui pour obtenir trois choses :
1° D'être présenté à la nouvelle Commissions"^ pour laquelle je te prie d'apos-
tiller la présente;
2° Une indemnité pour réparer les pertes trop fortes que j'ai faites;
3° De me faire donner de l'occupation par le Comité dont tu es membre, et
de le souvenir que, le 9 se[)tembre dernier, le Comité de sûreté générale de la
Convention nationale me manda ainsi que tous mes ouvriers, et qu'après les avoir
enregistrés pour les occuper, ils sont, comme moi, depuis ce moment en réquisi-
tion réelle, et, comme moi, sans ouvrage.
Un décret de l'Assemblée législative m'a accordé quatre places dans son en-
ceinte, pour faciliter mes travaux et ceux de mes collègues; plusieurs autres dé-
crets ont confirmé cette faveur.
J'ai instruit l'Assemblée des inleiligencos qu'avaient parmi nous la femme du
tyran espagnol et son premier ministre Florida-Blancn.
^') Archives nationales, F", carton loo8^ ^'^^ Le nom du Clomifé a été laissé on
n° ik(jU. Cette pétition est une circulaire blanc.
imprimée, destinée à être remise aux meni- ^*^ Il s'agit, comme l'indique un autre
bres de dilTérenls Comités. passade, qui^ l'on trouvera plus loin, d'une
S''^ Le quantième est resté en blaiir. (iommission de traduction.
16.
Wi PROCES-VERBAUX DU COMITE D'INSTRUCTION PUBLIQUE
J'ai remis au Comité de surveillance les lettres orig'inales qui leur étaient adres-
sées: le Comité m'en fit faire la traduction sur-le-champ et ordonna l'arrestation
de l'agent porlide qui les servait.
Vin{}t mentions honorables se firent en ma laveur, sous le nom collectif de
réducteurs-traducteurs des séances de la Convention nationale.
On nomma une Commission de traduction; Grégoire, Dentzel, Riilil, etc., en
furent membres^''. Je fus mandé à cette occasion par le ministre de la justice; son
successeur, qui a connaissance du fait, s'en rappelle assez pour me renvoyer au-
jourd'hui à la nouvelle Commission ^'^
On fixa (les honoraires pour mes collègues et moi, à raison de six mille livres,
à la charge de corriger les épreuves de nos traductions. Les trois premiers mois
devaient nous être payés le i" janvier 1798; mais, avant cette époque, plusieurs
des membres de cette Commission partirent poni' différenis départements et tout
resta sans exécution.
Ton concitoyen , Deltufo,
Vun des rédacteurs- traducteurs
des séances de la Convention nationale ,
rue des Deux-Portes-Saint-Sauveur, n° 9.
^'' Celle Commission de traduction avail gnements sur la créatio 1 et la composition
été créée par un décret de décembre 1798. de la nouvelle Commission de traduction
(-^ Nous n'avons pas trouvé de rensei- dont il est ici question.
DE LA CONVENTION NATIONALE. 2/i5
CENT SOIXANTE-DIX-HUITIÈME SÉANCE.
Du 17 nivôse an 11. [6 janvier 179^.]
Une députation du collège de l'Egalité est introduite. Elle remet
une pétition dans laquelle elle se plaint de la disposition qu'en con-
séquence d'un décret les préposés du département de Paris font de
la maison de cet établissement pour en faire une maison d'arrêt pro-
visoire. Il est arrêté de nommer un rapporteur, qui dès demain
demandera à la Convention la suspension de l'effet du décret qui
donne lieu à la plainte. Mathieu est nommé^^l
La Société populaire de Rebais, district de Rozoy, département de
Seine-et-Marne, avertit que sa commune contient tout ce qui convient
à l'établissement d'une école nationale ; qu'il y avait une ci-devant
école militaire qui fournit un local avantageux sous différents rapports.
La pétition est renvoyée au carton qui renferme les pièces de ce genre,
sur lesquelles il doit être prononcé lors de l'exécution du décret à in-
tervenir sur les degrés supérieurs d'instruction publique ^-l
Julien-David Le Roy expose, dans sa lettre du 16, que la situation
de la France et de l'Angleterre a, dans ce moment, une grande ana-
logie avec celle de Carthage et de Rome, lorsque la première couvrait
la Méditerranée de ses vaisseaux et que les Romains avaient, dit Po-
lybe, à peine quelques faibles barques; qu'il a décrit dans un de ses
ouvrages cet état de Rome et de Carthage. Il envoie au Comité un
exemplaire de cet ouvrage pour chaque membre du Comité. On
(') Un décret du 8 frimaire, rendu sur naents??, (Procès-verbal de la Convention,
lo rapport des Comités d'aliénation, do- t. XXVI, p. 906.) Mathieu n'eut pas \\
maines et finances, avait autorisé le rai- porter devant la Convention la plainte du
nistre de l'intérieur cf à disposer des anciens collège de l'Egalité : une solution fui
collèges Duplessis et de l'Egalité, situés adoptée par le Comité séance tenante,
rue Saint- Jacques, ainsi que des sémi- comme on le verra à la page 9Û8. 11
naires, en cas d'insuffisance, pour y faire sera de nouveau question, le 99 nivôse
transférer, conformément à l'article 0 du (p. ••96), du projet de former une maison
décret du 1 2 septembre dernier, tons les d'arrêt dans le collège de l'Egalité,
gens suspects actuellement détenus dans ^''^ L'école militaire de Rebais avait été
ditférentes prisons de la commune de Paris, supprimée, avec les autres établissements
(Ml faisant préalablement faire par experts, du môme genre, par le décret du 9 sep-
ouvriers et architectes, la visite desdils tembre t79''^- Voir notre tome II. pages
collèges, pour constater l'étal des bâti- .■?7r)-38().
2A6 PROCÈS-VEPxBAUX DU COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE
arrête une mention honorable, et le président est chargé d'écrire àJ.-D.
Le Roy(^).
Romme, nommé rapportem' de Desmarest, ne s'étant pas présenté
au (lomité, on arrête qu'il lui sera envoyé l'arrêté qui l'en nomme
rapporteur ^-l
Le Comité de sûreté générale adresse une lettre en caractère in-
connu, avec invitation d'en faire connaître le contenu. Le (Comité
cliarge Boutroue d'en faire le rapport (''^.
Couturier oiïre Jes animaux de la ménagerie de Versailles au nom
des représentants du peuple qui sont dans cette commune. On demande
une réponse; le président est chargé de faire une réponse portant au-
torisation^^).
Le citoyen Verhelst, sculpteur, donne à la Convention le plan d'un
temple de la Constitution. Mathieu est chargé du rapport ^^l
Le citoyen Guérin, professeur d'hydrographie, qui se plaint de la
grande disproportion d'appointements qui existe entre les professeurs,
demande que les écoles d'hydrographie soient munies de livres et d'in-
struments. Prunelle est nommé rapporteur ^''l
Un membre rappelle le décret de la Convention nationale du 29
^^) La lettre de Julien-David Le Roy se
trouve dans F^^ carton ioo8\ n° 1626. Il
avait déjà envoyé au Comité (séance du 5 oc-
tobre 1793; voir t. II, p. 570) le manuscrit
d'un Cours historique d'architecture ancienne.
Le décret du 27 nivôse fera de lui un des
membres du Conservatoire du Muséum des
arts (p. 27,3). Dans la séance du 1" germi-
nal an II, on le verra solliciter une augmen-
tation de sa pension.
^^^ Voir p. 235. Cet alinéa ne se trouve
qu'à la minute. Le 97 nivôse (p. 999), on
verra Mathieu figurer comme rapporteur de
l'afTaire Desmarest, à la place de Romme.
^^^ Cet alinéa ne se trouve qu'à la mi-
nute. Boutroue remettra la lettre déchiffrée
dans la séance suivante (p. 9 55).
' Nous n'avons pas trouvé la lettre de
Couturier. Les animaux qui existaient à la
ménagerie de Versailles étaient un lion , un
couagga ou zèbre, un bubale, et tm chien,
ami du lion (Despois, Le Vandalisme révo-
lutionnaire, p. 99). On a vu que, dès le
ik brumaire, la commune de Paris avait
fait conduire au Muséum d'histoire natu-
relle un certain nombre d'animaux, qu'on
avait laissés provisoirement dans les cages
appartenant à leurs propriétaires, et que, le
17 frimaire. Desfontaines avait écrit au
Comité d'instruction publique au sujet de
l'installation d'une ménagerie (t. II, pages
81 6-891 ). Le 3 pluviôse, les professeurs du
Muséum présenteront au Comité un projet
tendant à la création définitive d'une mé-
nagerie dans l'établissement (p. 3i5).
^^^ Le procès-verbal de la séance du
Comité du 1" octobre 1793 (t. Il, p. 59 5)
mentionne déjà, à peu près dans les mêmes
termes, le projet de Verhelst et son renvoi
à Mathieu. Ce projet n'eut pas de suite.
Verhelst en présentera encore un autre le
i3 prairial an 11.
^^^ La même pétition avait déjà été pré-
sentée au Comité le 1" octobre 1793 et ren-
voyée à Prunelle (t. Il, p. 525). Il en sera
de nouveau question le 1 " pluviôse ( p. 3o6).
DE LA CONVENTION NATIONALE.
%l\l
frimaire qui charge le Comité de nommer deux commissaires pour
diriger et surveiller le transport à Paris des livres, mémoires, papiers,
cartes, plans, etc., des bureaux des affaires étrangères de Versailles,
en exécution du décret du 26 précédent, et qui ordonne que les com-
missaires se concerteront à cet effet avec le Conseil exécutif. Sur cette
proposition, deux commissaires sont nommés, Buache et Langlès '^'.
Le Comité arrête que son président écrira au ministre de l'intérieur
pour le hâter de donner à l'Imprimerie nationale executive au Louvre
l'ordre de tirer six mille exemplaires de l'Instruction de la Commission
des poids et mesures, sur les mesures déduites de la grandeur de la
terre, dans le cas où il jugerait que ce nombre, trouvé nécessaire par
la Commission, est convenable pour son objet; et dans le cas où il
en jugerait autrement, il adressera sans délai ses observations an
Comité ^2^.
^^) Sur l'origine de cette affaire, voir la
séance du Comité du 5 nivôse (p. 211).
La Commission des arts avait, dans sa
séance du 1 0 nivôse , pris l'arrêté suivant :
ffLe Comité d'instruction publique est in-
vité à désigner les citoyens qui doivent, en
conformité du décret du îîq frimaire, sur-
veiller le transport à Paris des livres, mé-
moires, caries, plans des bureaux des af-
faires étrangères à Versailles.» (F"*7,
folio i5, recto.) Pour la suite, voir la
séance du Comité du 21 nivôse (p. 26/1).
^^) Voir p. 216. On sait que l'article 10
du décret du 1" août 1798 avait chargé
l'Académie des sciences — remplacée le 1 1
septembre, pour l'exécution de ce décret,
par la Commission temporaire des poids et
mesures — de rédiger wun livre à l'usage
de tous les citoyens, contenant des instruc-
tions simples sur la manière de se servir
des nouveaux poids et mesures, et sur la
pratique des opéralions arillini('tiques, re-
latives à la division décimale '■>. La (Com-
mission des poids et mesures confia la ré-
daction de cet ouvrage à son secrétaire
llaùy. Nous n'avons pas Irouvé la lettre par
laquelle la (îomu)is>iou dut annoncer au
Coniilé d'instruction publi(jue (|iie le manu-
scrit de rrrlnslrnclion sur les mesures dé-
duites de la grandeur de la terre» élail
achevé. Le chiffre de six mille exemplaires
fut jugé plus tard insuffisant par la Com-
mission; dans une lettre au ministre de
l'intérieur en date du 18 pluviôse, signée
par Hassenfratz comme président et Haùy
comme secrétaire (Archives nationales, F^^.
carton 1289), elle demanda qu'il fût porté
à vingt mille. Le 1 2 germinal , r//js?r/u'-
tion était imprimée, et la Commission put
en envoyer un exemplaire au Comité de
salut public (Georges Pouchet, Les sciences
pendaiitla Terreur, 2*éd., p. 89, note a ). Une
circulaire imprimée (Archives nationales,
ihid.), adressée aux administrateurs de dis-
trict , le 2 5 germinal , par Hermann , « chargé
provisoire des fonctions de ministre de
l'intérieur», leur annonça l'envoi, en (rois
exemplaires, de cette Instruction, en les
invitant à la faire réimprimer. Voici le
titre complet de l'ouvrage de lîaiiy : rr/;j-
slruction sur les mesures déduites de la fp'nn-
dcur de la terre, unifortnc.t pour toute la
République, et sur les calculs relatifs à leur
division décimale, par la Commission tem-
poraire des poids et mesures républicains,
en exécution des décrets de la (Convention
nationale. Kdilion originale. A l'aris, de
rinipriiueri(> nationale executive du Lou-
vre, an 11'' de la Hépubliquo une et indi-
visible.» C'est un volume in-S" de xxmi -
MS PHOCh:S-VKHUAlJX DU COMITK D'INSTRUCTION PUBLIQUE
(]ou|)é fait la lecture du projet de décret relatif à la formation des
bibliothèques districales, dont il a été chargé dans la séance précé-
dente^i^
Deux membres du Comité des domaines et d'aliénation proposent,
au nom de leur comité, une manière de former une maison d'arrêt
r
dans le collè^je de l'Egalité sans nuin» à sa destination sous le rapport
d(» l'instruction. Le Comité l'adopte et charge son président d'écrire en
conséquence au ministre de l'intérieur^-^
Le Comité, sur le rapport de ses commissaires nommés pour les
nouvelles dénominations des rues et des villes ^'^\ arrêt(^ l'impression des
vues communiquées j)ar la municipalité de Paris sur le changement
des noms des rues de cette ville ^'^^.
996 pages, avec 1 :î tal)les de réduction e!
une planche de figures. (Bibliothèque iia-
lionale, V /j'^q/io, in-8"; Musée pédago-
gique, n" 8899.) (^ette Instniclioii est an-
noncée dans le Moniteur du :? 1 germinal
an 11; mais l'annonce vise une réimpres-
sion faite à l'imprinjerie de Marchand ,
rue Loîistailot, ci-devant des Fossés-Saint-
Victor, n" Sa. Un avertissement placé à la
fin dn Discours préliminaire mentionne '^u
ces termes deux autres publications de la
Commission des poids et mesures : cr Indé-
pendamment du présent ouvrage, la Com-
mission on publie dans ce moment un
second, où le même sujet est traité difle-
remment, d'une manière plus courte et
plus élémentaire, ainsi que l'indique le
titre que porte cet ouvrage, (V Instruction
abrégée sur les mesures déduites de la gran-
deur do la terre. Ces deux Instructions se-
ront suivies incessamment d'une troisième,
qui n'offrira qu'un précis du système, et
qu'on imprimera partie en format in-S",
pour être distribuée, et partie en forme
(ralliche, pour rester exposée à la vue de
tous les citoyens dans les lieux pubhcs.75
\^ Instruction abrégée sur les mesures déduites
de la grandeur de la terre (Bibliothèque
nationale, V içidli(), in-8") est un volume
in-8° de i''i8 pages, avec des tables. Quant
au précis qui devait être imprimé tant en
format in-8" qu'en alïiche, nous ne l'avons
pas trouvé.
Le So nivôse, la Commission des poids
et mesures se présenta à la Convention, et
Vlonge lut en son nom une adresse an-
nonçant que la confection des étalons serait
bientôt achevée, et que ÏInstruclion sur
les nouvelles mesures et un abrégé de cette
Instruction étaient sous presse. La (con-
vention décréta l'impression de l'Adresse
de la Commission , et son renvoi au Comité
d'instruction publique. Nous donnons aux
annexes un extrait du compte-rendu de la
séance de la Convention du 3o nivôse an 11,
emprunté au Journal des débats et des dé-
crets, et le texte de l'Adresse de la Com-
mission des poids et mesures.
Il sera de nouveau question de Vïnstruc-
fion dans la séance du Comité du 1" floréal
an II.
(^^ Le projet de décret de (joupé se
trouvera au procès-verbal de la séance du
Comité du i*' pluviôse (p. 3o8).
^^5 Voir p. 3 45, note 1. Pour la suite,
voir la séance du 29 nivôse (p. 296).
^^^ Il s'agit sans doute de Bomme et de
Mailly; voir séance du i3 nivôse (p. 228).
^'*^ Les «vues communiquées par la mu-
nicipalité de Paris sur le changement des
noms des rues de cette ville 77 sont un rap-
port présenté par Avril, l'un des adminis-
trateurs des travaux publics, an Conseil
général de la commune. On trouvera celte
pièce aux annexes de la séance du Comité
du 2 5 nivôse (p. 286).
DE LA (:ONVEiNTIO> NATIONALE. 2Zi9
La séance est levée à onze heures ^^l
PIECES ANNEXES.
On lit dans le Journal des débats et des décrets :
Convention nationale, séance du 3o nivôse.
Une députation de la Commission dos poids et mesures se présente. Monge
[jorte la parole. Il rend compte des travaux de cette Commission , dont il est
membre.
[Suit iino analyse de l'adresse Ino par Mon^je.]
Le président ^^\ Tout ce qui tend à donner au peuple français des mœurs, des
usages, un langage dignes de sa régénération, à l'aire disparaître les bases d'un
odieux régime, a droit d'intéresser la Convention nationale, et ne pouvait être
confié qu'à de vrais républicains. Elle voit avec satisfaction l'activité et le zèle avec
lesquels la Commission des poids et mesures travaille à faire jouir promptement
la République des avantages que ses décrets ont voulu lui assurer, en faisant cesser
cette divLTsilé de mesures qui fatiguait les citoyens et servait la mauvaise foi. En
donnant à ses nouvelles mesures une base invariable, prise dans la nature, la
France offre à l'Europe un exemple qui ne peut manquer de liàter, par le respect
qu'imprimeront toujours les lumières de la pbilosopliie, cette révolution, qu'appelle
déjà si puissamment le sentiment de la liberté.
L'impression du compte -rendu est décrétée, et la Convention le renvoie au
Comité d'instruction publique ^^^
Voici le texte de l'adresse lue par Monge au nom de la Commission :
ADRESSE DE LA COMMISSION DES POIDS ET MESURES X LA CONVENTION NATIONAL''.
De ITraprimorie nalionale, s. d. ^*^
Citoyens législateurs,
La Commission temporaire des poids et mesures, substituée^ à la ci-devant Aca-
démie des sciences [)ar votre décret du mois de septembre i7()3, qui vient d'être
régénérée par le Comité de salut public, vient vous rendre compte des travaux
qu'elle a faits depuis cinq mois et de ceux aux((uels, depuis sa régénération, elle
^'^ Ce dernier alinéa n'i'st pas à la nii- (•''^ Journal des di-'uits et des décnUs .
nule. Pas de si|fnalure, ni à la minute ni n''/i87, p. /l'i'i.
au re(jislre. La miiuife est de la main de ^^' Ril»li()lliè(pu' nationale. Le'''' (k")/» ,
Daousl. in-S".
(^^ C'est David.
250 PROCÈS-VERBAUX DU COMITE D'INSTRUCTION PUBLIQUE
se livre avec une nouvelle activité, pour faire jouir le peuple français de Tunifor-
mité si (lesiree dans les poids et dans les mesures.
Près de trois ans ont été employés par les commissaires de la ci-devant Acadé-
mie des sciences pour rédiger le plan du travail, pour faire exécuter les instruments
nécessaires à la détei-mination de la longueur du quart du méridien terrestre,
pour faire de nombreuses expériences sur la longueur du pendule, pour mesurer
la (lilalation des métaux, pour recliei'cher avec toute la précision nécessaire les
poids d'un volume donné d'eau distillée, au moyen duquel, des étalons de me-
sures linéaires, seront déduits les étalons de poids.
Depuis le i" septembre ^^\ les bases du travail général étant bien assises, la Com-
mission s'est occupée de régler les formes des divers étalons , de déterminer la méthode
de les vérifier. Elle a fait avec les ouvriers les devis nécessaires pour la construction
des étalons; les marchés sont passés avec le ministre de l'intérieur; tous les artistes
sont en pleine activité; leurs ateliers sont garnis d'ouvriers; des machines ingé-
nieuses, imaginées par plusieurs d'entre eux, vont servir à multiplier bientôt les
étalons avec l'économie du temps et la justesse nécessaire dans une si belle opération.
Des membres de la Commission surveillent toutes les entreprises , et s'occupent
sans relâche de l'examen des poids et mesures. D'autres sont chargés de la rédac-
tion et de l'impression de trois ouvrages qui doivent faire connaître les soins pris
pour la perfection de cette grande opération. L'un de ces ouvrages exposera la
base du travail de la Commission, le rapport de ce travail avec les nouvelles me-
sures, et la mélhode destinée à simphfier les calculs qu'elles exigeaient ^^^
L'autre sera un abrégé de cette instruction, destiné à l'usage de tous les ci-
toyens ^^^ 11 ne comprendra que les résultats les plus généraux et les bases indis-
pensables à tous les hommes pour faii-e usage des poids et mesures répubhcaines.
Ces deux premiers ouvrages sont terminés; ils sont sous presse en ce moment.
Le troisième offrira la collection de tous les mémoires et de tous les rapports
relatifs à l'ensemble des opérations qui ont servi à déterminer l'unité des poids et
mesures ; la description et les dessins de toutes les machines imaginées pour par-
venir à ce but; le détail des calculs que ce travail a exigés, et la manière dont on
a profité de toutes les connaissances physiques pour se garantir des erreurs d'ob-
servation" et pour vérifier tous les résultats, en sorte que, dans tous les temps, on
puisse facilement et sûrement les retrouver, en répétant , avec les soins convenables,
les expériences qui les ont fournis.
Ce dernier ouvrage, qui offrira l'historique exact de toutes les expériences, de
toutes les recherches , aura deux parties. L'une contiendra tout ce qui a rapport à
la première époque du travail qui a pour base la détermination actuelle et comme
provisoire de l'unité des poids et mesures, fondée sur les observations faites au
nord et au midi de la France, pour déterminer la quantité de l'aplatissement de la
terre. L'autre partie présentera la seconde époque, la détermination précise et dé-
^'^ C'est par inadvertance que Mongo ^^^ C'est V Instruction sur les wesuros <lé-
donne ici la date du i" septembre, le dé- duites de la grandeur de la terre.
cret qui a constitué la Commission étant ■"'^ C'est V Instruction abrégée sur les me-
dii 1 1 septembre 1793. sures déduites de la grandeur de la terre.
DE LA CONVENTION NATIONALE. 251
fmitive de cette unité qui aura lieu, lorsque Tare terrestre compris entre Barce-
lone et Dune-Libre sera entièrement mesure ^'^
Nous pouvons assurer qu'il n'y aura entre l'unité provisoire de mesure, donnée
par les anciennes observations dont nous sommes obligés de nous servir en ce
moment, et l'unité définitive fondée sur les nouvelles opérations, qu'une différence
trop légère pour en retarder plus longtemps la jouissance.
Pour obtenir ce dernier résultat, chercbé et trouvé au milieu même du bruit de
nos armes victorieuses, des membres de la Commission continuent la mesure de
l'amplitude et de la longueur de l'arc du méridien compris entre Barcelone et
Dune-Libre. Mais, tandis qu'on achève de perfectionner cette mesure et de déter-
miner, avec une précision inconnue jusqu'ici aux autres peuples de la terre, l'unité
précise qui sera déposée dans les étalons destinés à servir de type général et à
être conservés par la Convention nationale, nous avons senti qu'il était indispen-
sable de s'occuper sur-le-champ des moyens de distribuer le plus promptement
possible les nouveaux poids et les nouvelles mesures dans toute l'étendue de la
République. Bientôt, législateurs, ce bienfait va être répandu également, sous vos
auspices, sur tous les citoyens; bientôt leurs yeux ne seront plus choqués de ces
poids et de ces mesures anciennes qui retracent encore des restes odieux des temps
et des choses souillés par les tyrans. Des mesures et des poids républicains vont
incessamment remplacer les anciens. La Commission vient d'appeler à cette utile
et pressante construction tous les artistes en état d'y coopérer; elle va leur fournir
les premiers étalons de ces mesures et de ces poids républicains; elle se charge de
les guider dans leur travail , d'en vérifier les premiers résultats , et de les mettre à
portée de les vérifier eux-mêmes , avec l'exactitude convenable. Tous les décadis, un
membre de la Commission leur expose, dans une leçon publique, les vérités et les
principes qui doivent les guider dans leurs opérations. Le commerce va donc jouir
bientôt des premiers fruits d'un travail dont aucune nation n'a encore tenté et ne pou-
vait même concevoir l'espérance de donner l'exemple. La République française aura
la gloire d'avoir fait, en quelques années, ce que des peuples éclairés n'ont encore
pu faire, et la liberté comptera ce travail parmi les bienfaits qu'elle répand sur
les hommes. L'uniformité des poids, des mesures et des calculs dans toute la Ré-
pubhque fera disparaître toutes les difficultés qui entravaient les échanges et
favorisaient si souvent la mauvaise foi. La détermination de ces poids et de ces
mesures, prise dans la nature et, par là, dég.igée de tout arbitraire, sera doréna-
vant fixe, immuable et inaltérable, comme la nature elle-niênie. L'arithmétique,
simplifiée par le calcul décimal, rendra toutes les opérations du commerce et de
la comptabilité beaucoup plus faciles et plus sures. Réduite à ce qu'il v a de plus
simple, elle sera à la portée de tout le monde; tous les entants la sauront, et ce
sera encore une cause de moins d'inc'jyalilo parmi les hommes. La France, déjà si
distinguée par les progrès d(^ ses habitants dans les sciences et dans les arts, a
d'ailleurs été favorivsée par la nature pour le succès de ce grand travail. Elle seule,
|)armi les nations, |)résente une position avantageuse pour la mesure exacte de l'arc
(lu nH'i'idien. Cet arc y est cou[)é en deux parli(s à peu près éjjales, par le oo' pa-
'•' I/(Mivr;i{j(' (loiil il s'agit ici os| i'(>sl(', croyoïis-iioiis, à l'clal de jn-ojtM.
252 PROGÈS-VERRAUX DU COMITÉ D'INSTRUCTION PURLIQUE
rallèlc (le la nouvelle division du cercle et le /»5' de l'ancienne. Les deux extrémités
de cet arc, se reposant sur le bord de la mer, donnent un niveau invariable.
La mesure de cet arc, qui exige tant de soins et de temps, ne donnera sans
doute qu'un petit degré de précision de plus que les mesures anciennes; mais ces
opérations étaient dignes du peuple français, qui doit en tout servir de modèle à
tous les peuples, et par la précision des calculs, et par celle des instruments
qu'on y a employés. Les résultats qu'elles donneront laisseront toutes les nations
dans l'impossibilité de faire jamais mieux. La Commission régénérée des poids et
mesures a regardé comme un de ses premiers devoirs de présenter aux fondateurs
de In République l'état de ses travaux, et de vous faire connaître le zèle des ré-
public;n'ns qui la composent. Sa marche révolutionnaire, comme celle de tout ce
que vous laites pour assurer la Révolution, ne connaîtra plus aucun obstacle; et
elle prouvera que l'union des sciences et des arts, animés par un ardent républi-
canisme, doit contribuer à cimenter le bonheur du peuple auquel vous consacrez
fous vos travaux.
DE LA CONVENTION NATIONALE.
253
CENT SOIXANTE-DIX-NEUVIEME SEA.^CE.
Du 19 nivôse an 11. [8 janvier 1796.]
Sans écrit au Comité pour [)resser le rapi)orl de sa pétition au
sujet des enfants qui tombent en convulsion. Fourcroy est invité à le
faire ^^l
Prunelle est nommé rapporteur de l'ouvra^je sur la grammaire que
Péchigny, directeur d'une maison d'instruction publique, demeurant à
Chinon, adresse au Comité ^-^
Les professeurs et élèves de l'Ecole nationale d'Alfort réclament en
faveur de Chabert, détenu. Il est arrêté qu'il sera écrit au Comité de
sûreté générale ^^l
Hauchecorne, professeur de philosophie au collège ci-devant des
Ouatre-Nations, expose que la suppression des classes le met dans
l'impossibilité de subsister; il demande au Comité de faire statuer sur
son sort par la Convention nationale, et décider s'il a droit à un traite-
ment ou gratification. Lindet rapporteur ^'l
Le Comité renvoie à Arbogast la lettre de Laval, ingénieur méca-
nicien, rue Neuve-des-Pctits-Champs, n*" 89, auteur de diverses ma-
chines ^^l
Petit est nommé rapporteur de la lettre du ministre de l'intérieur
du 19 de ce mois, au sujet de Fattory dont il transmet au Comité le
mémoire ^^K
('' Fourcroy avait été noniui»* rapporleuf
de la pétition de Sans le ;î& bruinaiie
(l. H, p. 89/i). Il présentera son rapport
le 2t nivôse (p. 26/1).
^'^^ Dans la séance du 1*' octobre 1793
(t. II, p. SaS), le Comité avait renvoyé à
Sieyès l'examen d'ouvrages élémentaires
présentés par Pécliifjiiy (dont le nom a été
écrit incorrectement Véchimj par le rédac-
teur du procès-verbal de ce jour-là). L'envoi
de la grammaire de Pécbigny a été enre-
gistre au (loniilc sous le 11" 1788 (F*',
carton 1009'); '"'''^ ^^^ cliomisc qui ren-
lermait la pièce est vide. Prunelle piéson-
loia son rapj)ort le i3 pluviôse (p. .389).
'•'') Il ne sera plus ((ueslion de cotte
affaire.
^''^ Nous n'avons pas trouvé la lettre de
Haucliecorno.
^^^ Nous n'avons pas trouvé la lettre de
Laval.
^^^ Nous n'avons pas trouvé le mémoire
de Fattory, ni la lellrt» du ministre de l'in-
térieur. Fattory, vieillard de plus de
quatre-vingt-cinq ans, était concierge et
garde du cabinet des machines de l'Aca-
démie des sciences. Le Comité arrêtera le
19 messidor an 11 de proposer une mesure
en sa laveur. La Couunission dos arts>'était
occiipei' (le FattiMV d'S le 19 Si-p-
25^ PROCÈS-VERBAUX DU COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE
On arrête que le petit ouvrage intitulé Le Premier Livre républicain,
pour préparer â l' instruction publique les enfants des deux sexes, avec
la lettre d'envoi de son auteur, le citoyen Macarel, rue Saint-Sauveur,
n"55. . .(')
On renvoie au président, pour y répondre, la lettre de Cabley, rue
de Beauvais, n" 5i, au sujet de changements dans l'orthographe ^'^^
On lit une lettre du ministre de l'intérieur du 17 nivôse, par ta-
(piello il instruit le Comité qu'il vient, d'après son arrêté du i3^^^,
d'écrire au citoyen Hubert, inspecteur architecte des bâtiments de la
République , pour qu'il ait à faire constater par le citoyen Sevestre
l'état du local où les commissaires des poids et mesures doivent établir
leurs ateliers pour la fabrication des étalons ^^^.
Derubigny adresse au Comité une lettre en date du 18 de ce mois
pour le consulter relativement à la ci-devant église de Saint-Médard ,
qu'il paraît désirer voir de nouveau affectée au culte catholique. On
prononce l'ajournement ^^\
11 sera écrit pour avoir le renvoi exact au Comité, des décrets de la
Convention nationale.
Charles La Roque, de la commune de Saint-Antonin, gendarme, a
fait une action qui paraît digne d'être recueillie dans les Annales du
civisme. La Société populaire de cette ville la fait passer au Comité,
qui la renvoie à la section des Annales des faits civiques ^^'\
Léonard Bourdon propose au Comité de déterminer le nombre des
exermplaires de différents formats des Annales des faits civiques qu'il
convient de faire tirer. Il est chargé d'en conférer avec le Comité de
correspondance '^''K
lembre 1798; on lit dans le registre de ses anx ateliers où doivent être fabriqués les
procès-verbaux :ff On propose de conserver le étalons des poids et mesures (p. 2 3 1-2 3 9).
traitement de Faltory, âgé de quatre-vingt- ^^^ La lettre du ministre de l'intérieur
cinq ans etjqui travaille depuis quarante est dans F'', carton 1008^, n" i582.
ans. Cette proposition est notée pour mé- ^^^ Nous n'avons pas trouvé la lettre de
moire. jj (F^' * 7, folio 2, verso.) Derubigny.
'^' La phrase est restée inachevée. Nous ^'') Nous n'avons pas trouvé la lettre de
n'avons pas trouvé l'ouvrage de Macarel ni la Société populaire de Saint-Antonin.
sa lettre. ^') On sait qu'un projet de premier
^"^^ Dansla séance du 19 ventôse (p. 556), numéro des Annales du civisme et de la
le même Cabley présentera un manuscrit vertu avait été imprimé et distribué aux
sur la grammaire. membres de la Convention en exécution du
^■'^ C'est-à-dire d'après l'arrêté du Co- décret du 26 frimaire (voir p. 109). Le
mité du i3 nivôse, relatif au local destiné 11 nivôse, Léonard Bourdon voulut faire
DE LA CONVENTION NATIONALE. ^J55
Le Comité arrête :
1° Que les lettres et autres pièces adressées au Comité seront exac-
tement enregistrées avant d'être mises sur le bureau;
2° Qu'il sera placé vingt-quatre cartons dans Ja salle des bureaux
sur chacun desquels sera écrit le nom d'un membre du Comité; les
pièces renvoyées à un rapporteur seront soigneusement déposées
dans le carton sur lequel se trouvera son nom ''^\
Il sera fait deux papiers à l'usage du Comité : l'un pour les lettres,
l'autre pour les extraits, ({ui seront chargés d'une vignette distinctive
du Comité et des mots imprimés qui annoncent l'usage auquel chacun
de ces papiers est destiné.
Les députés de la section du faubourg Montmartre se présentent
relativement à la demande qu'ils ont faite au Comité le i3 nivôse.
Prunelle et Grégoire se concerteront avec le Comité des domaines et
la section ^^l
Boutroue, chargé de déchiffrer une lettre que le Comité de sûreté
générale avait envoyée au Comité d'instruction publique à cet effet, la
remet déchiffrée sur le bureau; elle est renvoyée au Comité de sûreté
générale ^^\
Duboyet Langlès^'^, correcteurs de l'Imprimerie nationale executive
du Louvre ^^\ demandent à se présenter au Comité. Ils sont admis et
discuter ce projet à l'assemblée; mais ce fut
seulement le 1 3 qu'elle trouva le temps de
s'en occuper. Le Comité avait, dans l'in-
tervalle, substitué au titre d'Annales du
civisme et de la vertu celui de Recueil des
actions héroïques et civiques des repu blicains
français. La Convention approuva la rédac-
tion qui lui était proposée, et décréta (jue
le Recueil serait imprimé en deux foiniats
différents, en placards et en cahiers,
Le rédacteur du procès-verbal du Comité
désigne ici le ikcueil par un titre de sa
faron, Annales des laits oivitpies, qui n'a
pas de caractère officiel.
Nous donnons aux ainieves, A (p. !>58),
un extrait du complo-rendu de la séance de la
Convention du i i nivôse an ii, emprunté au
Moniteur; un extrait du procès-verbal de la
séance de la (iOnventioii du i.'5 nivôse an ii,
et la descriplion du premier numéro du
Recueil des actions héroïques et civiques des
républicains français.
Pour la suite, voir la séance du 2 5 ni-
vôse (p. a83).
(^^ Le nombre de vingt-quatre carton>
indi([ue que le Comité se considérait tou-
jours comme devant être réglementaire-
ment composé de vingt-quatre membres.
-^ Voir p. -jog, et, pour la suite,
p. 3C5.
(•'> Voir ci-dessus p. a'jG,
'^''^ Duboy de Lavcrne ( i7r)5-i8oi»),
correcleur à l'Imprimerie du Louvre, avait
remplacé Anisson-Dnperron comme direc-
teur de cette imprimerie. Langlès, égale-
ment correcteur à la même iniprimerie,
était le garde-interprète des maïuiscrits
orientaux de la Bil)liothè(|ue nationale,
professeur supj)K'iin( au Collège de France.
''•'^ L'Imprimerie nationale executive est
256 PROCES-VERBAUX DU COMITE DINSTKUCTION PUliLIQUE
lisent une pétition relative à l'organisation de l'imprimerie destinée
exclusivement, par le décret du lA frimaire sur l'établissement du
gouvernement révolutionnaire, à l'impression du Bulletin des lois. Ils
observent que le citoyen Anisson, directeur de l'Imprimerie nationale,
a proposé au Comité de salut public de remettre entre ses mains, avec
la démission de sa place, tout ce qui forme sa propriété personnelle
dans le fonds de l'Imprimerie nationale executive sur estimation d'ex-
perts ; que sa proposition a été agréée. Us exposent que les caractères
arabes, grecs, persans, arméniens, syriaques, hébreux, enfin tous les
caractères étrangers, sont inutiles à l'imprimerie du Bulletin des lois;
qu'il serait avantageux de séparer en conséquence l'Imprimerie na-
tionale en deux sections: l'une consacrée au Bulletin des lois, l'autre
à la partie savante et littéraire ^'l Fourcroy et Arbogast sont nommés
rapporteurs de cette pétition ^-^l
On adjoint Prunelle à Romme pour le rapport de l'affaire d'Olivier^^^
Il sera écrit au Comité de salut public pour l'engager à prendre les
mesures nécessaires pour enrichii' la nation des caractères rares qui
se trouvent à Spire ^^\
11 sera écrit aux représentants du peuple à Versailles relativement
à l'état des ouvrages de sculpture en marbre que les représentants du
peuple Lacroix et Musset ont requis le citoyen Dejoux d'exécuter ^^l
il est arrêté que les mêmes commissaires qui seront chargés des
programmes des livres élémentaires présenteront aussi des vues sur
le mode de concours et les récompenses à décerner ^""l
l'ancienne Imprimerie royale, installée au
Louvre, et dont Anisson-Duperron était le
directeur. 11 ne faut pas la confondre avec
rétablissement de Baudouin, qui portait
aussi le non; d'Imprimerie nationale, mais
qui était spécialement aflecté à l'impres-
sion des travaux des assemblées.
(^^ L'article 2 de la section I" du décret
du 1^ frimaire sur le gouvernement révo-
lutionnaire dit : « 11 y aura une imprimerie
exclusivement destinée à ce Bulletin [des
lois] , et une Commission composée de
quatre membres pour en suivre les épreuves,
et pour en expédier Tenvoi. Cotte Com-
mission, dont les membres seront person-
nellement responsables de la négligence et
des retards dans l'expédition, est placée
sous la surveillance immédiate du Comité
de saint public. 55
^'^"1 Arbogast présentera un projet de dé
cret au Comité le 5 ventôse (p. Agù).
^'^) Voir p. 168 et, pour la suite, la
séance du 21 pluviôse (p. A/12).
^*) La réponse du Comité de salut public
sera lue dans la séance du 7 pluviôse
(p. 336).
^^) Celle affaire reviendra à l'ordre du
jour le 5 pluviôse (p. 326).
^•^^ Voir la séance du 9 nivôse (p. 236).
Le 27 nivôse, Grégoire présentera au Co-
mité un projet de programme pour la con-
fection des livres élémentaires (p. 29a).
DE LA CONVENTION NATIONALE.
'257
Le Comité arrête que la continuation du calcul de la Connaissance
des temps est renvoyée à la Commission des poids et mesures ; celle
Commission est invitée adonner à cet ouvrage toute la perfection que
rend possible l'état actuel des sciences astronomiques et nautiques, de
manière à rendre la Connaissance des temps préférable à l'Almanacb
nautique ^^^ et aux Ephémérides publiées par les différentes nations de
l'Europe (2).
Le Comité arrête de plus que la Commission des poids et mesures
est invitée d'envoyer son avis sur le désir qu'ont témoigné plusieurs
membres du Comité Je faire composer un catalogue complet d'étoiles
fixes, dont les positions seraient calculées d'après la nouvelle division
du cercle, ainsi que de diviser la sphère céleste par bandes [)arallèles
et par fuseaux et de rendre superflue la manière de grouper les étoiles
suivant les constellations en usage.
Il arrête que le présent arrêté sera envoyé à la Commission des poids
et mesures (^^.
Le Comité s'occupe de la formation de la liste des membres qui
doivent composer la Commission des arts. Le Comité arrête que ceux
qui seront désignés pour former la Commission du Muséum national
feront partie de la Commission des arts^^l
Grégoire est chargé de présenter à la Convention le [)rojet de dé-
cret suivant :
Article premier. Les inscriptions de tous los monuments publics seront désor-
mais en langue française.
Art. 2. Toutes les inscriptions des monuments antiques seront conservées.
Art. 3. Dans les monuments modernes, les inscriptions qui ne sont pas
consacrées à la royauté ou à la féodalité seront également conservées ^^^
^') C'est le Nautical Almanac, publié
par l'Observatoire de Greenwich.
^^) Le Comité s'était occupé de la Con-
naissance des temps dans ses séances du iU)
du prcmior mois (t. II, p. ()'i8) ot du
ai frimaire (p. t,"{(3). Pour la suite, voir
la séance du i"" venl(')So (p. '177).
^^^ Le vœu renvoyé à la Commission dos
poids et mesures n'a pas reçu d'exécution.
La division décimale n'a pas été appli(|uce
A la spluTo céleste; le ffroupement dos
éloiles par constellations n'a pas été aban-
donné, ot il n'a pas été entrepris do cala-
lofjue d'étoiles dans los conditions indiquées
ci-dossiis.
'*' Voir la séance du 1 5 nivôse (p. a 36),
et celle du ai nivôse (p. 366).
^'■'^ Voir les séances du Comité des 1 5 fri-
maire (p. ()()) ot 7 nivôso (p. -117). l-e
projet de décrol fui piésenté à la Conven-
tion par Gré(joire le ai nivôse, et adoplo
sans discussion. ( Procôs-vorbal do la (îou-
III.
I«PKI1I[KII K^TlOilALE.
258 PU0CÈS-V;^:RBAUX du comité D'INSTRUCTION PUBLIQUE
On renvoie à Villar l'examen du manuscrit d'une nouvelle traduc-
tion de Justin, adressée au Comité par Monnaye, son auteur^^^
La séance a été levée à dix heures et demie ^-^l
VlkcES ANNEXES.
Le procès verbal de la s('anco de la Convention du 1 1 nivùsc an ii ne parle pas de Li
tentative de Léonard Boiu^doii pour obtenir que rassemblée discutât ce jour-là le projet de
premier numéro des Annales du civisme et de la vertu. Mais voici ce que le Monitew^ nous
apprend à ce sujet :
Convention nationale, séance du ii nivôse.
Léonard Bourdon observe que îe premier numéro des Annales de la vertu a été
imprimé et distribué; il propose de le soumettre sur-le-champ à la discussion; il
est prêt à répondre aux observations que l'on pourrait faire.
On lui représente que la séance est destinée aux ])étitionnaires^^^
Le lendemain, la question des Annales ne vint pas à l'ordre du jour; ce fut seulement
1(3 1 3 que Léonard Bourdon obtint la parole pour proposer un projet de décret. On lit dans
les procès-verbaux de la Convention :
Séance du i3 nivôse an u.
Un menibre du Comité d'instruction publique propose le décret suivant, qui est
adopté par la Convention :
rf La Convention nationale décrète que les numéros du Recueil des actions héroïques
cl civiques des républicains français seront envoyés en placards et en cahiers aux
municipalités, aux armées, aux sociétés populaires et à toutes les écoles de la
République; qu'ils seront lus publiquement les jours de décade, et que les institu-
teurs serout (enus de les faire apprendre à leurs élèves ^''^'i
Ce décret paraît avoir été adopté sans discussion, car le Moniteur (du ih) Ta enregistré
purement et simplement.
En substiturint au tilro d'Annales du civisme et de la vertu celui de Recueil des acticns
veniion, t. XXIX, p. i6o). Nous donnons
aux annexes, B (p. 960), le texte du rapport
lu par Grégoire à l'appui du décret.
^'^ Cet alinéa ne se trouve qu'à la mi-
nule. La traduction de Justin avait été
présentée par son auteur à la Convention
le 28 septembre 1798. (Procès-verbal de
la Convention, t. XXI, p. 191.) H sera de
nouveau (pieslion de cet ouvrage le 7 ven-
lose (p. /199).
^*^ Cet alinéa n'est pas à la miuutL'. Pas
de signatures, ni à la minute ni au regisire,
La minute est de la main de Daoust.
(^^ Moniteur du i3 nivôse an 11, p. ^11, 5.
— Il n'y avait pas eu de séance la veille,
1 0 nivôse , à cause de la fête pour célébrer la
reprise de Toulon. La séance du décadi
étant réglementairement consacrée aux pé-
titionnaires, il avait fallu remplacer celle-ci
en recevant les pétitionnaires le primidi 1 1 .
^'*) Procès- verbaux de la Convention,
t. XXVTII, p. 382.
DE LA CONVENTION NATIONALE. 259
léroïques et civiques , le Comité d'instruction publique no fit quo reprendre une appellation
déjà eu)ployéepar le procès-verbal de la Convention du 17 frimaire, qui avait désigné cette
publication par le nom de Recueil des traits héroïques et civiques (voir ci-dessus p. 71).
Le premier numéro du Recueil des actions héroïques et civiques ne fut imprimé qu'à la
fin du mois de nivôse, le Comité n'ayant arrêté définitivemc;,t le chififre du tirage que dans
sa séance du 27. \oici le titre complet de ce numéro, lel que le porte l'édition in-S" : ?•/?►-
cueil (les actions hérciques et civiques des républicains français. N" 1". Présenté à la Conven-
tion nationale, au nom de son Comité d'instruction publique, par Léonard Dolrdon, dé-
puté par le département du Loiret. Imprimé par ordre de la Convention nationale. A Pcri«.
de l'Imprimerie nationale, l'an 11.» 2/1 pages ^'^
En l'-ite du numéro, après une page de titre, est réimprimé (pages 3 et A) le rappo, l
lu par Léonard Bourdon le 26 frimaire, avec deux ou trois changements de rédaction Fans
importance. Un alinéa nouveau a été ajouté à la fin de ce rapport; le voici :
Nous invitons les fonctionnaires publics h nous seconder de tout leur pouvoir,
à nous faire parvenir toutes les actions vertueuses dont ils auront connaissance, et
surtout à nous instruire des noms des citoyens <!ont ces actions sont la propriété,
et, autant qu'il sera possible, de la date pre'cise de chaque trait.
Vient ensuite (p. 5) le décret du i3 nivôse, dans le texte duquel un mot a été changé.
Tandis que le texte otTiciel, donné par le procès-verbal de la Convention, dit, en parlait
dos numéros du Recueil, que wles instituteurs seront tenus de les faire apprendre à leui-s
élèves», la version imprimée sous le ])alrona;;e du Conu'té d'instruction publique allénui'
l'obligatioM imposée aux écoliers; elle porte : cries instituteurs seront tenus de les faire
lire à leurs élèves 77.
A la suite du décret, en note, on a placé l'observation suivante:
L'intention delà Convention nationale, en de'crétant l'envoi de ce recueil à toutes
les écoles de la République, a e'té de donner à tous les jeunes citoyens un livre
élémentaire de morale, qui, substitué aux catéchismes, raix livres bleus dont on
obscurcissait leur imajO^ination, et avec le secours desquels on les préparait h Le.--
clavage, en les éloignant de la v.'rilé, put leur inspirer une généreuse t'inulation,
et les enflammer du désir d'imiter les vertus des fondateurs de la Républi<|ue.
Les instituteurs rendront ce recueil encore plus utile à leurs élèves, si, en le leur
faisant lire, ils leur donnent quelques explications, soit sur la signilicaîion des
mois, soit sur la position des lieux; et s'ils ks mettent à portée de discourir cntro
eux sur le degré deslinie cjiie chacun croira devoir accorder à c'.aque trait.
Les \ingt paragraphes qui composent le corps du numéro (pages G à n'i) sont la repio-
duftion, mot pour mol, de ceux qui étaient contenus ilans le projet du 3 G frimaire; \v.\
^'' Bibliothèque nationale, Ln- 89, in-8". n)ières pages, comme dans l'édition de la
Le Mus('e pédagogique possède (u° 1 1 7O9) Hililiothècpie nationale; le litre de départ
une autre édition, sortie aussi des presses est également placé à la [lage (î , et les vingt
de l'Imprimerie nationale, et égalenicnt p:,ragraphes lniiu;nit le corps du unuicm
in-S", de ce même numéio, d'iuie ini- ()cciq)!'ut les pages 0 à -m). Nous n'avois
pression plus con)pacte; la brochure n'a j»as rencontré d'exccnplaire de i'édilion • n
que 20 pages au lieu de tî'!; le titre, !»• placard,
rappoi't , le déciet occupent les cinij pi(ï-
•260 PROCÈS-VERBAUX DU COMITE D'INSTRUCTION PUBLIQUE
seul changement a été l'ait : on a placé, en tète de chaque paragraphe, la date de l'action
racontée.
A la page 6, au-dessous du titre de départ placé au haut de la page, se lit cette ligne,
donnant la date à laquelle est censé paraître le numéro : kio nivôse, l'an a de la Répu-
blique une et indivisible. r) Détail curieux, et qu'il importe de signaler pour mettre en garde
le lecteur, le décret de la Convention, qui a été rendu le i3 nivôse, est daté, comme le
numéro lui-même, du lo nivôse^^^ : soit qu'il n'y ait là qu'une simple inadvertance, soit
que le rédacteur, ayant choisi pour son numéro la date du lo, se soit cru autorisé à anti-
dater le décret. Cette erreur sur la date du décret se trouve reproduite dans tous les numé-
ros ultérieurs où le décret a été réimprimé.
RAPPORT SUR LES INSCRIPTIONS DES MONUMENTS PUBLICS, PAR LE CITOYEN GRE-
GOIRE. SÉANCE DU 2 1 NIVOSE L'AN 2 DE LA REPUBLIQUE UNE ET INDIVISIBLE.
SUIVI DU DÉCRET DE LA CONVENTION NATIONALE.
De l'Imprimerie nationale, s. d. (^).
Vous avez chargé voire Comitë d'instruction publique de vous faire un rapport
sur le genre d'idiome qui doit être adopté pour les inscriptions des monuments
publics. Cette question, vivement débattue dans le siècle dernier, resta indécise.
La difficulté, renouvelée il y a dix ans, doit êtj-e résolue sous l'empire de la
liberté ; et comme les défenseurs officieux des langues antiques allèguent en leur
faveur des arguments spécieux, permettez-moi quelques observations courïes et
péremptoires.
[Suivent quelques pages où Grégoire expose les motifs qui doivent faire adopter, pour
les inscriptions des monuments publics, l'usage de la langue française. Los autres peuples
se servent du latin; mais ce n'est pas une raison pour faire de même. Les Grecs, eux,
employèrent leur idiome national. Notre langue, dira-t-on, est fille du latin; «mais cette
paternité n'anéantit pas nos droits». Le latin devient barbare sous notre plume quand nous
voulons exprimer dans la langue de Virgile des choses qui n'existaient pas de son temps et
pour lesquelles cette langue n'a pas de termes. C'est bien à tort que l'on prétend que notre
langue manque d'énergie, d'harmonie; il n'en est rien, et l'inscription du Panthéon fran-
çais est un modèle de simplicité éloquente. Du reste, notre langue s'épurera encore et
s'enrichira; relie recouvrera son antique naïvelé; elle acquerra les tours hardis qui lui
manquent^. Mais il faut «que les écrivains qui réunissent le talent et le courage opposent
une digue à ce débordement de pamphlets, où la grossièreté, j'ai presque dit l'infamie
du style, le dispute à celle du sentiment. . . Il faut qu'ils tonnent contre cette habitude de
propos immondes, dont la contagion a gagné même un grand nombre de femmes. . ,
Cette dégradation du langage, du goût et de la morale est vraiment contre-révolutionnaire,
^'^ Comme nous l'avons déjà dit, il n'y verbal de la Convention, t. XXVIII,
a pas eu de séance de la Convention le p. i8o, note.)
10 nivôse an II, à cause de la fête destinée ^^^ Bibliothèque nationale, Le'* aôaô,
à célébrer la prise de Toulon. (Voir Procès- in-8°.
DE LA CONVENTION NATIONALE. 261
car elle tend à nous flétrir aux yeux des étrangers.?? Suil un éloge de la langun françaisCj
qui étendra toujours plus son domaine.]
Leibiiitz voulait un idiome universel , qui fût le lien commun des connaissances
humaines. Son désir commence à se réaliser : notre lang-ue, reconnue pour celle
de la raison, par sa clarté, deviendra, par nos principes, celle de la liberté. Ne
lui faisons donc pas Toutrag-e de la repousser de nos monuments, tandis qu'elle
reçoit les sufifi-ag-es de l'Europe. Nous sommes loin de déprécier celle de ces an-
tiques républicains dont nous chérissons la mémoire; mais qui pourrait désirer
sous aucun rapport d'être Grec ou Romain, lorsqu'il est Français?
Quant aux monuments actuels, la Convention nationale a sagement ordonné la
destruction de tout ce qui portait l'emp-einte du royalisme et de la féodalité.
Les beaux vers de Borbonius, inscrits sur la porte de l'Arsenal, n'ont pas dû
trouver grâce : ils étaient souillés de mythologie, et la poésie doit se contenter
désormais des richesses de la nature; surtout ils étaient souillés par la flatterie en-
vers un tyran (Henri IV) trop longtemps vanté par les Français, et dont la pré-
tendue bonté, comparée à celle des autres despotes, n'est que dans le rapport de
la méchanceté à la scélératesse.
A ces mesures de sagesse, la Convention nationale doit en joindre d'autres, pour
assurer la conservation des inscriptions antiques dont le temps a respecté l'exis-
tence.
Les décrets reii.lus à cet égard paraissent insuffisants, et l'on ne peut inspirer
aux citoyens trop d'horreur pour ce vandalisme ^^^ qui ne connaît que la destruction.
Les monuments antiques sont des médailles sous une autre forme; ils doivent
être conservés dans leur totalité; et quel est l'homme sensé qui ne frémit pas à la
seule idée de voir porter le marteau sur les antiquités d'Orange ou de Nîmes?
Quant à ceux du moyen âge et des temps modernes, dont les inscriplions ne pré-
sentent rien de coniraire aux principes de l'égalité et de la liberté, ils doivent
être également conservés; ils suppléent souvent aux archives par les faits dont ils
sont dépositaires; ils fixent les époques de l'histoire : les détruire serait une perle;
les traduire serait une espèce d'anachronisme; ce serait les dénaturer sans utilité
comme sans motif, et vous réprimerez sans doute la barbarie contre-révolution-
naii'e qui voudrait nous appauvrir en nous déshonorant.
Chaque citoyen pourra toujours donner carrière à son goût et à son génie dans
ses propriétés particulières. Là il associera, si bon lui semble, la langue du Tasse
à celle de Virgil(>, quoique l'on doive espérer de voir les artistes perdre nuMne
l'habitude de joindre le mot hl'mfecit h leurs noms, au bas de leurs ouvrages.
Mais pour les monuments publics, comme pour les monnaies, le peuph» fran-
çais ne doit admetli'ci que l'idiome national. Il faut que les murs, le marbre et
l'airain parlent à (eus les sans-culottes contemporains et futurs le langage de la
hberté.
''^ C'est ici (|ue Ton voit parnitr»' pour la proniit're fois, oroyons-nous, ce mot di^ Tvan-
(ialisme?? (jue Grégoire s'est glorillé d'avoir créé [Ménitiires , t. 1", p. ir'i.')), et (pii ftait
destiné à faire loi'tuno après le 9 llierniidor.
20:2
P.OC!>S-VKnBAUX DU COMITÉ D'INSTIIUCTION PUBLIQUE
DÉCRET PORTANT QUE TOUTES LES INSCRIPTIONS DES 3I0NUMENTS PUBLICS
SERONT DÉSORMAIS EN LANGUE FRANÇAISE.
r.1 a Convention nationale, après avoir entendu le rapport de son Comité din-
strncfion publique, dëcrèle ce cpd suit :
;• A«T,cLE PREMIER. Les inscriptions de tous les monuments publics seront désor-
niOH en laii^one française. ' '
- \rt. 2. Toutes les inscriptions des monuments antiques seront conservées.
. A.T r,. Dans les nionumenls modernes, les inscriptions qui ne sont pas consa-
ci, es a la royauté et a la féodaliié seront également conservées..
DE LA CONVENTION NATIONALE.
263
CENT QUATRE-VINGTIEME SÉANCE.
Du 9 1 nivôse an ii. [lo janvier 179^.]
Présidence de Thomas Lindet.
TiiiBAUDEAU et BouTROUE, Secrétaires.
Fourcroy fait un rapport sur la pétition du citoyen Stephanopoli
qui réclame la récompense qui lui est due, d'après l'avis du Bureau
de consultation, pour la découverte du vermifuge connu sous le nom
de coralline de Corse. Le Comité adopte le projet de décret proposé par
le rapporteur. Il arrête, en outre, qu'il sera proposé à la Convention
nationale d'interdire au ministre de l'intérieur le droit de refuser aux
artistes les récompenses qui leur seront attribuées par le Bureau de
consultation des arts^^l
(^' Fourcroy avait été nommé rapporteur
(]e la pétition de Stephanopoli le 1 5 bru-
maire (t. II, p. 7^17). Le projet de décret
adopté par le Comité l'ut présenté à la Con-
vention le 26 nivôse : il accordait à Ste-
phanopoli une somme de huit mille livres,
à titre de récompense pour avoir introduit
sur le territoire français l'usage du vermi-
fuge connu sous le nom d'Helminthocor-
ihon; l'assemblée renvoya la proposition
au Comité des linauccs. (Procès-verbal,
t. XXIX, p. 2 G 5.) Celui-ci éleva des objec-
tions et, le 29 nivôse, Stephanopoli alla
exposer au Bureau de consultation «les
nouvelles difficultés qui s'opposent au paye-
ment de ia récompense qui lui a été adjugée
par le Bureau». Le Bureau r chargea les
membres qu'il avait anciennement nommés
pour s'occuper de l'allaire de cet artiste de
continuer leurs démaicbes auprès des Co-
mités de la Convention 75. Le 9 pluviôse,
sur une lettre de Stephanopoli, les com-
missaires du Buieau décident d'aller le
soir même au Comité des finances, (jui doit
s'occuper de l'allaire. Le ik pluviôse, les
commissaires rapportent au Bureau que la
principale difliculté vient de ce que le Co-
mité des liuaures pens;iit que les objets
déjà connus et antérieurs à la Révolution
n'étaient pas susceptibles de récompenses
nationales. Le Bureau constate qu'il ré-
sulte de l'article -2 de la lui du 1 2 septembre
1791 que les objets non lécompensés an-
térieurement à la loi sont susceptibles de
recevoir une récompense, et que Stepha-
nopoli n'a pas été récompensé antérieure-
ment, 11 arrête «qu'il sera délivré à Dimn
Stephanopoli un extrait de son procès-
veibal de ce jour pour lui servir de témoi-
gnage auprès du Comité des finances, alin
qu'il puisse obtenir la récompense qui lui
a été assignée conformément à la loii.
(Registre manuscrit des procès-verbaux du
Bureau de consultation.)
11 parait (]ueDiu)0 Stephanopoli ne réus-
sit pas, malgré tout, à obtenir le payement
de ces huit mille livres. Trois ans plus
lard, en l'an v, il entreprit un voyage en
Grèce, en compagnie d'un de ses neveux,
Nicolo Stoj)liauopoli; il avait obteiui à cet
cH'el, du gouvernement français, une mis-
sion rrelative aux arts'?; en outre, à sou
passage à iMilan, le général Bonaparte lui
remit, le la thermidor an v, une lettre
destinée au bey de Mania. Le récit de ce
voyago, rédigé parSoi'ioys, a élé itnpriir.é
26/4 PROCI^S-VERBAUX DU COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE
Le même inonibre fait un rapport sur le travail et les manuscrits
(lu citoyen Sans relativement au traitement des paralytiques par l'é-
leclricité positive et des enfants en convulsion par l'électricité négative;
il propose au Comité un projet de décret pour faire imprimer et dis-
tribuer aux départements les méthodes de Sans et pour faire aug-
menter la pension de ce citoyen, qui a travaillé utilement pour l'hu-
manité pendant plus de trente ans. Après une discussion étendue sur
cet objet, le Comité arrête : i" qu'il sera nommé hors de son sein une
commission chargée d'examiner la découverte du citoyen Sans et d'en
faire son rapport au Comité; 9° quant à la récompense réclamée par
le rapporteur en faveur de ce citoyen, le Comité l'ajourne jusqu'au
moment où il s'occupera des secours et indemnités à accorder aux
fTQns de lettres, savants et artistes ^^l
Le citoyen Rubigny, ancien prisonnier de la Bastille, présente des
observations sur le commerce, l'agriculture, les arts, et fait (juelques
réclamations. Le président l'assure, au nom du Comité, que son mé-
moire sera pris en considération ^-l
Le citoyen Buache, membre de la Commission des arts, rappelle ;)u
en l'an viii, sous ce titre : w Voyage do Dimo
et Nicolo Stepltanopoli en Grèce pendant les
années v et vi {i -Qj et l 'jgS v. st.), d'après
deux missions, dont l'une du gouvernement
français, et Vautre du général en chef Bo-
naparte. Rédigé par un des professeurs du
Prytanée. A Paris, de rimprinierie de
Guilleminet. Anviii.n 2 vol. in-S". (Biblio-
thètjue nationale, J 2 161 3.) A son retour,
Dimo Slephanopoli, ayant perdu la vue,
sollicita de nouveau des secours du gouver-
nement. Nous avons trouvé aux Archives
nationales, F'^ carton 11 38, un rapport
fait au ministre de l'intérieur par le bu-
reau des dépenses (5^ division), en vendé-
miaire an VII, où il est proposé d'accorder
(jiiatre mille cinq cents trancs à Dimo Ste-
plianopoli, qui est atteint de cécité, à
compte sur les indemnités à lui promises
pour la teinture en noir à Técorce de chêne,
et la découverte des vertus de THelmintho-
corthon. Au rapport sont annexées les pièces
suivantes : un rapport imprimé, du 98
avril 1792, de Carpentier et Pelletier au
Bureau de consultation, relatif à la substi-
tution de Técorce de chêne à la noix de
galle; une délibération du Bureau de con-
sultation, du 10 avril 1793, proposant
d'attribuer à Dimo Slephanopoli une ré-
compense de huit mille livres pour l'Hel-
ininthocorthon; un arrêté de ce même Bu-
reau, du 29 floréal an m, constatant que
cette récompense n'a pas été payée; et un
arrêté, sans date, signé Ginguené, au nom
de la Commission executive de l'instruction
pid)lique, portant que ladite récompense
sera ordonnancée sur les fonds disponibles.
Nous donnons aux annexes, A (p. 267).
un extrait de la préface du Voyage de Dim-)
et Nicolo StepJianopoli en Grèce.
('' Voir la séance du 19 nivôse (p. 2 53).
Il sera de nouveau question de Sans dans
la séance suivante (p. 279).
(^) Ce citoyen Rubigny est évidemment
le mêma que le Derubigny de la séance
précédente (p. 206). Nous n'avons pas
trouvé son mémoire.
DE LA CONVENTION NATIONALE.
265
Comité qu'il est instant de s'occuper des moyens de faire transporter
à Paris le dépôt des archives des affaires étrangères qui est à Ver-
sailles. On charge le président d'écrire pour cet objet aux représen-
tants du peuple qui sont actuellement à Versailles, et de les inviter à
prendre les mesures nécessaires^^).
Le citoyen Sarrette propose des vues sur les moyens de faire im-
primer et d'envoyer promptement aux corps administratifs les hymnes
patriotiques destinés à être chantés dans les fêtes nationales. On
arrête : i" qu'il sera fourni pour cet objet un local dans les domaines
nationaux; 2° quant aux moyens d'exécution, Guyton est chargé de
les concerter avec le Comité de salut public ^'-^
Grégoire rappelle que le rapport fait à la Convention nationale sur
l'institution des sourds et muets a été renvoyé au Comité d'instruction
publique, il demande qu'il soit nommé un rapporteur. Thibaudeau
est nommé ^•^).
On passe au renouvellement du bureau du Comité. Lindet est
nommé président. Les deux secrétaires sont Thibaudeau et Boulroue.
Grégoire fait son rapport sur la commission dont il avait été chargé
relativement au local des séances de la section du faubourg Mont-
^') Buache et Langlès avaient élé nom-
més commissaires pour le transport des
archives du département des affaires étran-
gères de Versailles dans la séance du 17
nivôse (p. 9^7). Pour la suite de cette
affaire, voir la séance du 2 5 nivôse (p. 9 83).
^^) Pour la suile de celle affaire, voir la
séance du 27 nivôse (p. 292).
'^) Un rapport et un projet de décret
sur l'organisation des établissements pour
les sourds-muets indigents avait été pré-
s'^nté à la (îonvenlion, peu de temps aupa-
ravant, par Maignet, au nom du Couillé
des secours publics. Le procès-verbal de
rassemblée n'ayant pas monlionné le dé-
pôt de ce docmncnl , et les journaux n'en
parlant pas non plus, nous ne savons pas
(piel jour il fut présenté; mais la mise en
vente du rapport etdu proji'l dculécret étant
aimonoée dans le nuuKTo fi^^ll du Journal
des débittx et <hs décréta , (pii coiTcspond an
i() nivôse an ii, nous pouvons en conclure
que ces pièces avaient dû être communi-
quées à la Convention dans la première
moitié de nivôse. Nous voyons, en outre,
par le procès-verbal du Comité, que la
Convention les renvoya à l'examen du Co-
mité d'instruction publitjue. Nous donnons
aux annexes, B (p. 268), des extraits de ce
rapport de Maignet.
Un second document relatif aux sourds-
muets fut publié peu après, poin* servir
de suite au raj)port de Maignet : c't'st le
comple-i'fndu d'une séance tenue à Tota-
biissemeiil des sourds-niU(Ms, par Sicai-d et
ses aides, en présence «les membri"^ du
Comité des secours publics. Celte pièct^ est
annoncée dans le numéro 'i()3 du Journal
des déliât a et dn décrets, correspondant nu
6 pluviôse an ii. Nous en donnons égal--
nient dos extraits aux annexes (p. -x'x).
Poni- la suite df cette alVaire, voir la
séance (lu Coniil'' du 7 plnviè-^e (11. i^i<7).
266 PROCÈS-VERBAUX DU COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE
martre. Le Comité arrête qu'on s'en référera entièrement à l'avis du
Comité des domaines^^l
D'après quelques observations communiquées par Grégoire sur
Tadministration du Muséum des arts, Mathieu propose de nommer,
dans le sein du Comité, quatre membres chargés d'inspecter cet éta-
blissement. Arbogast pense que cette inspection ne doit pas être
oflTicielle, afin de ne pas faire retomber sur le Comité une responsa-
bilité qui ne doit peser que sur les agents du Conseil exécutif. Après
quelque discussion, la proposition de Grégoire est adoptée, et l'on
arrête (pi'il sera nommé quatre commissaires ; le choix tombe sur
ThibauJeau, Boutroue, Grégoire et Prunelle ^-^.
PruneHe demande qu'il soit formé une bibliothèque à la disposition
du Comité. Cette idée est étendue par quelques membres qui proposent
d'établir près du lieu des séances du Corps législatif une bibliothèque
à l'usage de tous les députés. Mathieu pense que la proposition doit
être restreinte dans les limites indiquées par Prunelle. Son opinion
est adoptée. Grégoire, Arbogast et Thibaudeau sont chargés de pro-
poser les moyens d'exécution et un projet de règlement pour la tenue
des livres f^^.
Mathieu communique une note de Romme qui demande la parole
pour la séance de tridi sur les trois premiers mois de Y Annuaire du
cultivateur. Adopté ^^l
Le même membre propose ensuite de compléter le travail sur la
Commission des arts. On arrête qu'il sera formé trois listes des ci-
toyens désignés pour former cette commission et qu'elles seront
^'^ Voir la séance du 19 nivôse (p. 255).
^•^ il s'anjissait, comme nous i'apprend
le procès-verbal de la séance du Comité
du 11 pluviôse (p. 376), oii Grégoire et
les autres commissaires présentèrent leur
rapport, de la position des pooles établis
au Muséum des arts, qui avait paru offrir
quelques dangers.
Le 97 nivôse, David présf^nta à la Con-
vention un second rapport sur la création
du Conservatoire du Muséum (voir ci-
dessus séance du 27 frimaire, p. 167, et
annexe B, p. 180, et séance du i3 nivôse,
p. 932); celte fois le projet de décret fut
adopté. Nous donnons aux annexes, C
(p. 973), un extrait du procès-verbal de
la séance de la Convention du 27 nivôse
an II, et le texte du rapport de David lu
dans cette séance.
^^^ Dans la séance du 11 brumaire, on
avait déjà proposé la création d'une biblio-
thèque pour les membres de la Convention
(t. II, p. 799). Il sera de nouveau question
de la bibliothèque à Tusage du Comité le
1^'' pluviôse (p. 309).
^*' Voir la séance du 7 frimaire (p. 36)
Pour, la suite, voir lo séance snivanlo
(p. 980).
DE LA CONVENTION NATIONALE 267
adressées aux différents comités de la Convention qui doivent coopérer
à ce travail ^^l
On reprend la discussion sur les fêtes décadaires. On adopte cet
article du projet présenté par Mathieu :
Il y aura des fêtes révolutionnaires qui perpétueront le souvenir des événements
les plus remarquables de la Révolution ^'K
L'importance de la matière détermine le Comité à l'ajourner à la
séance suivante ^^'.
Coupé fait un rapport sur l'école militaire de Liancourt ; il est in-
vité h. rédiger un projet de décret et à le présenter à la prochaine
séance ^'^l
La séance est levée à dix heures et demie ^^).
R.-T. Lîndet'").
PIECES ANNEXES.
On lit ce qui suit ('ans la préface (p. xi) du Voyage de Dimo et Nicolo Stephanopoli en
Grèce pendant les années v et vi ^'^ :
Dimo est un de ces hommes rares, dont les découvertes ont agrandi le do-
maine delà chimie et de la médecine; outre celle des vertus du Lemithochorton ^''\
il a trouvé moyen de teindre les étoffes de laine et de soie en employant une ma-
tière très commune, Técorce de chêne, qui donne un noir lustré et solide, sans
altérer la qualité de la laine. . . (Voyez, à la fin du Voyage, le rapport du ciloveii
Leblanc, administrateur du département de la Seine, relatif à cette découverte, et
à la couronne décernée à Dimo^°\)
Ce n'était point assez, pour Dimo, d'avoir consacré la majeure partie de ses
jours à dérober aux plantes des secrets salutaires h l'espèce humaine, d'avoir reçu
î'' Voir la séance précédente (p. 957) ^'') Cette signalure ne se trouve qu'an
et, pour la suite, celle du 29 nivôse registre. La minule osl (li> la tnain île Mu-
(p. 999). thiou, qui a lenu la plume ([uoique n'étant
^^> Cette disposition avait déjà été adop- pas secrétaire,
lée en principe le i3 nivôse (p. 989). ^'^ Bibliothèque nationale, J 9iGi3,
^''^ Voir, pour la suite, la séance du in-8°.
3 pluviôse (p. 3i5). ^'^ Sur cette orlho<jraphe, voir notre
^'*' Voir la séance an i3 nivôse (p. '.i^o) tome 11, pages \ho et suivantes,
et, pour la suite, celle du '^•\ nivôse '"> Ce rapport était adressé au Lycée des
(p. 9H0). arts, (jiii (It'cerna une couronne à Dimo
^*' Ce dernier alinéa se trouve à la mi- Slrpliimopoli dans une de ses séances pu-
nute comme au regislre. Llicpies.
268 PROCKS-VERBAUX DU COMITÉ FIINSTRUGTION PUBLIQUE
dos mt^dailles, dos roiironnos, dos roconiponses, Iniit do Tancion quo du nouveau
gouvernoinonl; au Irailonionl des corps, il a joint celui des esprits. A peine la Ré-
volution eul-elle éclate' parmi nous, qu'il Tenibrassa de tontes ses forces, non dans
iVspoir d'y trouver le moindre avantage pour sa fortune, mais uniquement par
princij)e, et par cet amour de la liberté héréditaire chez tous les descendants des
Sparliates^''. Buonaparle faisait un si grand cas de ses lalents et de son intégrité ,
qu'il ne trouva point d'honnne plus propre à être son oi'gnne auprès des hommes
les plus libres de la ten-e; aussi dit-il dans sa lettre au chef des Maïnotes, en lui
recommandant ses envoyés : rr S'ils n'ont point fait jusqu'ici de grandes choses, c'est
qu'ils ne se sont point trouvés sur un grand théâtre -n.
RAPPORT KT PROJET DE DECRET SUR L'ORGANISATION DES ETABLISSEMENTS POUR
LES SOURDS-MUETS INDIGENTS, DÉCRÈTES LE 9 8 JUIN DERNIER, PAR MAIGNET,
DÉPUTÉ DU DÉPARTEMENT DU PUY-DE-DOME, AU NOM DU COMITÉ DES SECOURS
PUBLICS.
De l'Imprimerie nationale, s. d. ^^^
[Le 98 juin 1798, le Comité des secours publics avait fait voler à la Convention un décret
relatif aux secours à accorder aux citoyens dans Tindigence. Les articles 26 à 33 du
deuxième paragraphe du titre F", qui étaient relatifs aux sourds-muets, furent renvoyés au
Comité : la Convention se borna à décréter en principe qu'il y aurait divers établissements
dans plusieurs points de la République, à Tinstar de celui de Paris, et elle renvoya au Co-
mité des secours pour lui présenter un projet de décret d'après ce principe. (Procès-verbal
•(le la Convention, t. XIV, p. ^07.) (Test en exécution de ce décret que le Comité des se-
cours présenta six mois plus tard, en nivôse an [i, par l'organe de ]\Iaignet, le rapport et
le projet de décret que nous analysons ici.
Le rapporteur propose que les établissements pour les sourds-muets indigents soient au
nombre de six. Deux existent déjà, à Paris et à Bordeaux; il en serait créé quatre autres,
qu'on placerait à Rennes, Clermout-Ferrand, Grenoble et Nancy. Il serait en outre institué
à Paris une école centrale pour l'instruction des citoyens qui se consacreront à l'éducation
des sourds-muets; elle serait formée dans l'enceinte de la maison où sera placé l'établisse-
ment de Paris; cette école pourrait recevoir vingt élèves; le cours y serait de trois ans.
L'institution d'une école centrale, destinée à répandre la méthode d'enseignement de
Sicard, est le trait essentiel du plan présenté par Maignet; c'est sur ce point que se con-
centrera le débat, c'est ce projet d'école qui soulèvera l'opposition du Comité d'instruction
[)ublique. Nous reproduisons, par conséquent, les passages du rapport de Maignet qui y
sont relatifs.]
. . . La méthode employc'e pour rendre ces infortunés à la société est encore
pour ainsi dire à sa naissance; peu de personnes en connaissent les principes: il en
-') Dimo Stephanopoli appartenait à la in- 8". — Cette pièce est annoncée dans
colonie grecque établie en Corse au le numéro /173 <lu Journal des déhnls et
xvii' siècle. des décrets, correspondant au 16 nivôse
^-) Bibliothèque nationale, Le^^ ^79 ^ ^^ ^'^
DE LA CONVENTION NATIONALE. 269
est encore moins qui se soient adonnées à pratiquer an art aussi utile qu'il est
étonnant.
il ne faut pas se dissimuler que ce défaut d'instituteurs ne permettra pas, de
quelque temps, d'ouvrir tous les établissements que vous allez décréter; il faudra
que les instituteurs commencent à se former, avant que l'on puisse leur confier des
élèves. . . Il faudra donc un centre commun, où se réuniront ceux qui se destine-
ront à une profession aussi honorable, (^ette école centrale formera une espèce de
noviciat, non plus du genre de ceux qu'inventèrent la superstition et l'inutilité,
mais de l'espèce de ceux que créèrent l'humanité et le désir d'apprendre à se rendre
utile à ses semblables.
Et pourquoi l'art de secourir efficacement le sourd-muet serait-il la seule science
abandonnée au hasard? La chirurgie, la médecine n'ont-elles pas leurs écoles pri-
maires? chaque profession n'exige-t-elle pas un apprentissage?. . . Que l'on ne
dise pas que nous voulons créer une nouvelle espèce d'académie, d'université,
lorsqu'on détruit celles qui existaient. Et nous aussi, nous avons applaudi au décret
qui a fait disparaître ces enfants de l'orgueil et de l'oisiveté; et nous aussi, nous
avons désiré que l'on débarrassât les sciences des maillots que les préjugés leur
avaient donnés; nous avons désiré qu'on laissât prendre au génie son essor; nous
savons qu'il fuit la gêne et qu'il ne se développe qu'avec la hberté. Mais, citoyens,
nous parlons ici d'une science qui ne fait que de naître; c'est une plante qu'il faut
s'empresser de porter dans la serre, crainte que le grand air ne la tue. Admettons
auprès d'elle tous ceux cpii désirent la connaître, encourageons le cultivateur qui
se présentera pour la soigner; mais gardons-nous bien de l'abandonner à elle seule ,
ou de la négliger assez pour qu'elle soit confiée aux premières mains qui voudront
l'élever; nous risquerions bientôt de la perdre. Commençons du moins à nous
assurer quelques rejetons; propageons les éh-ments de cette science; formons quel-
ques instituteurs qui nous rassurent sur la perle prématurée des dépositaires des
premiers principes, et, après avoir obtenu ces avantages, nous pourrons faire dis-
paraître sans danger une école qui aura produit tout le bien que nous en atten-
dions. Tels sont les motifs qui ont fait regarder à votre Comité comme absolument
indispensable l'établissement d'une école centrale, pour y former des instituteurs.
Cette école, citoyens, pour être vraiment utile, doit être placée à coté d'un de
nos établissements; la science qui doit y être enseignée se con^pose, comme nous
vous l'avons dit ailleurs ^'\ de principes et de jeux scéniques. Pour que celui (jui
en étudie la théorie puisse en saisir tous les développements, il faut qu'il ait con-
tinuellement à côté de lui des sujets sur lesquels il puisse faire Tessai de ce qu'il
vient d'a[)pren(lre, il faut ([u'il acquière tout à la fois et les principes et Tusap^e de
pratiquer. Ce n'est que par ce moyen qu'il pourra, en entrant dans l'établissement
oii vous l'appellerez, donner à l'enseignement la célérité et la perfection dont il auia
besoin pour que tous les instants dont se composent les huit années que vous con-
sacrerez à r('du('aliou (lu sourd- nuiet soient utilenuMil employés, poui" (pie |)arlout
elle puisse marcher d'un pas é<;al.
Votre Comité a cru que c'était dans cette ville qu'il fallait l'établir. Paris est le
^'^ Dans le rapport du 'J 8 juin 1 79!^ sur rori^ains ilioii dos secours publics, pa-jos 'io-/j 1 .
^70 PROCte-VERBAUX DU COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE
berceau où na(juit ce nouveau genre (rinstruction, Paris posséda longtemps le seul
ëlablissenient ([ue créa la philanthropie; il est encore, pour ainsi dire, unique,
puisque celui que vous avez décrété pour la ville de Bordeaux est à peine organisé.
Ici se Irouvent réunis et les instituteurs et les ateliers nécessaires aux élèves; ici se
trouveront toujours, dans un degré de perfection où Ton ne ])ourra de longtemps
allcindj(> partout ailleui's, les arts et les sciences (jui peuvent concourir à perfec-
tionner rinstruction des sourds-muets. C'est donc ici où il faut appeler ceux qui
voudront se consacrer à une étude aussi intéressante, afin qu'ils trouvent, pour leur
propre instruction, les facilités les plus grandes.
Dans cette école centrale, les leçons seiont publi(fues; non seulement les élèves
auront le droit d'y assister, le public y sera également admis. Son œil agrandit tout;
sa présence amène le talent et double le zèle de celui qui voit devant lui son juge.
En formant cette école centrale, vous trouverez dans l'homme que vous placerez
à la léte un surveillant général; ce sera lui qui, chargé de l'inspection de tous les
établissements que vous allez disséminer sur la surface de la République, sera
chai'gé de rendre partout le secours que vous allez offrir à ce nouveau genre de
malheureux le plus complet possible ; tout sera par lui ramené à cette uniformité
qui apportera partout la même masse de bonheur. . .
L'école centrale sera composée d'un inspecteur principal et d'un inspecteur par-
ticulier; tous les deux seront alternativement occupés à l'instruction des élèves.
L'inspecteur particuHer en sera seul chargé pendant l'absence de l'inspecteur prin-
cipal, qui sera tenu tous les ans de faire la visite des établissements particuliers.
Chaque établissement aura un directeur, un adjoint principal, deux adjoints se-
condaires, deux j'épétiteurs surveillants, deux maîtresses surveillantes pour ks
personnes de leur sexe , un chef d'atelier et un maître d'écriture. C'est la formation
de celui qui existe à Paris, et que vous avez consacrée en décrétant l'organisation
de celui de Bordeaux.
. . . L'inspecteur général sera tenu de présenter au Corps législatif un plan général
d'instruction, et de déterminer par un règlement général les fonctions attribuées à
chaque instituteur; il se concertera pour cela avec le Comité d'instruction pu-
blique.
. . . Votre Comité, qui a pris l'engagement de visiter de temps à autre tous les éta-
blissements créés en faveur de l'humanité, s'est transporté dans celui des sourds-
muets; il y a vu avec un intérêt bien grand les succès vraiment surprenants que
les instituteurs ont obtenus; mais il s'est convaincu que l'emplacement occupé par
les sourds-muets pouvait les retarder. La maison des ci-devant Célestins avoisinant
l'Arsenal est continuellement fréquentée par les ouvriers appartenant à la manu-
facture d'armes; la circulation de ces ouvriers dans la maison est un sujet de dis-
traction pour le sourd-muet, et met un empêchement aux exercices et aux prome-
nades qui leur sont nécessaires, parce que les lieux qui sont consacrés à ces
amusements sont toujours occupés par ces ouvriers ou par des matériaux nécessaires
à leur genre d'occupation. D'ailleurs ce terrain est d'une valeur inappréciable, et
est sans cesse désiré par le ministre de la guerre. Il peut lui être facilement cédé,
en transportant l'institut des sourds-muets dans le ci-devant séminaire de Saiiil-
Magloire. Ce lieu avait été auliefois destiné à ces malheureux; mais dans un temps
DE LA CONVENTION NATIONALE. ^71
où loiit cédait à l'idée de faire des prêtres, l'évéque de Paris le choisit pour y
établir un sc'minaire, et les sonrds-muets furent jetés à l'extrémité de Paris. Main-
tenant que la raison s'est fait entendre et qu'elle a rendu désormais inutile une pa-
reille institulion , que la Convention cède cette maison aux sourds-muets, et elle
aura fait tout à la fois et leur bonheur et celui de la nation ^^''.
[Le projet de décret qui suit le rapport contient soixante-quatorze articles.]
La visite à rétablissement des sourds-mucls, dont il est fjuestion ci-dessus, fit l'objel
d'un compte-rendu qui fut présenté à la Convention pour servir de suite au rapport de Mai-
gnet ^'^^ Nous en donnons ci-après des extraits :
COMPTE RENDU A LA CONVENTION NATIONALE DE CE QUI S'EST PASSE \ L'ETABLISSE-
MENT DES SOURDS-MUETS, DANS LA SÉANCE TENUE EN PRESENCE DES MEMBRES DU
COMITÉ DES SECOURS PUBLICS : PRESENTE AU NOM DE CE COMITE, POUR SERVIR DE
SUITE AU RAPPORT DE MAIGNET SUR LES SOURDS-MUETS.
De rimprin)crie nationale, s. d. ^^K
... Le Comité a voulu s'assurer par lui-même jusqu'à quel point cette nou-
velle espèce de secours pourrait être utile à celui à qui on allait l'offrir.
Il arrêta qu'il se transporterait dans l'établissement qui est sous la direction du
citoyen Sicard; son premier soin fut de laisser ignorer et aux instituteurs, et aux
élèves, sa délibération, ainsi que le jouroii elle serait exécutée.
. . , Que n'étiez-vous tous présents, citoyens, à cette séance, pour partager la
satisfiiction que nous éprouvions à mesure que les développements acquéraient plus
d'intérêt! Nulle demande n'arrêtait le citoyen Massieu, un dos élèves du citoyen
Sicard. Les réponses les plus ingénieuses et les plus justes étaient autant d'images
qui peignaient au naturel la chose qu'il présentait; certes les amis de la monarchie
auraient eu à rougir eux-mêmes du rôle qu'ils jouent eous un roi, s'ils avaient lu
la définition que Massieu donna à cette question : Qu'était un roi?
... Le Comité a engagé le citoyen Massieu de transcrire lui-même et de vous
présenter le tableau d'une partie de cette séance . . . V^ous verrez , dans les quatre
tableaux que le citoyen Massieu nous a remis, et que nous faisons inq)rimer à la
suite de ce compte, le langage sinq)le de l'homme de la nature. Vous admirerez
sans doute, comme nous, riieureux moyen de faire passer dans l'àme du sourd-
muet les idées les plus abstraites et les plus métaphysiques, et vous désirerez,
(') Li' transfert de rétablissemenl dos feuille, on lit colle li|jno : Compte irmlu
sourds-muets de Pancien séminaire de Saint- par Mniinul sur rétablissement des sourds et
Majjloire fut olfoclivoment ordonné par un muets.
décret du i>5 pluviôse an ii. ^-^^ nibliollièquo nafionalo, Le-^^ G^o,
^'"^ (îe compte-rendu a clé également ré- in V', avec plusieius lid)li\ui\. — Coite
digé par Maignet, bien que le titre de la pit'oe est annoncoo dans le mnuéro 'u)3 du
pièce ne Tindique pas. En otrol, au bas de Jouriml dm d<''>uts et des décrets, coires-
la page, à l'endroit où se trouve le cliitVre po.idanl au G pluviôse an n.
appelé en typo(i;raphif^ la ffsi|;natiu'
("1 ao la
27:> PROCKS-VERBAUX DU COMITÉ DINSTRUGTION PUBLIQUE
ainsi que nous, que tous ceux qui se destinent à l'intéressante l'onction de former
des lioinnies viennent apprendre, de celui que la nature a coîidanine a ne jamais
parler, l'art d'dnoncer ses pensées avec la rigoureuse justesse de la saine logique
et de la plus parfaite grammaire.
Ainsi, en fondant une école centrale pour l'instniclion des maîtres qui se con-
sacrent à l'instruction des sourds-muets, la Convention ne borne pas son bienfait
à cette classe infortunée; elle offre à tous les instituteurs les seuls moyens d'acqué-
rir de grandes lumières dans l'art si dilIicUe de l'enseignement : témoins des efforts
qu'il faut faire et des procédés toujours nouveaux qu'il faut imaginer pour faire
passer dans l'esprit des ('lèves les grands principes de raison universelle et la méta-
physique du langage, ils se convaincront que l'art analytique, qui exige tant de
justesse dans l'esprit , est le seul moyen pour faire parvenir au perfectionnement
de la raison et à la conquête détentes les connaissances humaines; ils y appren-
dront le grand danger d'exercer la mémoire autrement qu'en lui confiant ce que
l'intelligence a cherché et compris, et que par conséquent la mémoire ne doit ê(re
qu'un satellite attaché auprès de la raison qu'il ne doit jamais précéder. Les sourds-
muets ne savent rien par cœur, et ils répondent sur tout; c'est que leur instituteur
n'est que leur égal et jamais leur maître, qu'ils ne pensent et ne parient jamais
d'après lui, mais bien d'après eux; c'est enfin qu'on ne leur apprend aucune
science, mais qu'ils les refont toutes. Ce sera donc avoir bien mérité de l'humanilé
entière que d'avoir assuré à la postérité, qui déjà s'apprête à juger nos travaux,
la conservation d'une méthode qui peut être étendue à toutes les parties, à tous
les genres d'instruction; ce sera avoir rempli le grand devoir d'un législateur qui ,
dans ses institutions, doit faire en sorte qu'elles se prêtent un mutuel appui, et
qu'elles tendent à se perfectionner les unes par les autres.
Trois tableaux (et non pas quatre, comme le dit le Compte rendu) dressés, les deux
premiers par Massieu, le troisième par Périer, sont joints au compte-rendu, ainsi que
des explications de ces tableaux, rédigées, les deux premières , par Sicard, et la troi-
sième par Périer. Voici les titres de ces annexes :
N° 1. Tableau analytique pour conduire les sourds-muets à l'intelligence des
actions voir, regarder, fixer, considérer, pénétrer, examiner et comparer, par Jean
Massieu, sourd-muet, élève de Sicard et répétiteur à l'institution de Paris.
N° 1 bis. Explication du tableau analytique des premières opérations de l'âme,
par analogie avec celles de l'organe de la vue , par Sicard.
N° 2. Procédé aoaly tique pour conduire les sourds-muets à l'intelligence des
actions voir, regarder, fixer, pénétrer, considérer, examiner et comparer, par Mas-
sieu, sourd-muet, élève de Sicard et répétiteur à l'institution de Paris.
]N° 3. Procédé synthétique pour conduire les sourds et muets à l'intelligence de
la pensée de lien et de la qualité passive dans le radical actif, de la règle d'appo-
sition de l'objet, du service et de la nécessité des prépositions, par Périer, élève
du citoyen Sicard.
Explication du second tableau analytique (tableau portant le N" 2), par Sicard.
Explication du troisième tableau , par Périer.
DE LA CONVENTION NATIONALE. 273
On lit dans les procès-verbaux de la Convention :
Séance du 27 nivôse an 11.
ffLa Convention nationale, après avoir entendu le rapport du Comité d'instruc-
tion publique ^^\ décrète :
ff Article premier. La Commission du Muséum est supprimée.
«Art. 2. La garde du Muséum sera confiée à un Conservatoire.
rr Art. 3. 11 sera composé des citoyens dont la liste est annexée au présent décret.
ffART. 4. En cas de vacance d'une des places, il sera pourvu au remplacement
par le Corps législatif.
wArt. 5. Le Conservatoire du Muséum des arts sera divisé en quatre sections,
savoir : peinture, sculpture, architecture, antiquités.
ffART. 6. Le Conservatoire du Muséum des arts sera, pour l'administration,
soumis au ministre de l'intérieur; et pour la direction, sous la surveillance du Co-
mité d'instruction publique.
ffART. 7. Il sera tenu d'exécuter tous les décrets relatifs au Muséum, auxquels
il n'est pas dérogé par la présente loi.
ffART. 8. La Commission supprimée par le présent décret rendra son compte
d'administration au ministre de l'intérieur.
ffART. 9. Elle remettra aux membres du Conservatoire tous états, inventaires,
catalogues, descriptions, mémoires, notes et registres des délibérations, concer-
nant les travaux qui lui étaient confiés.
ffArt. 10. Il est attribué à chacun des membres du Conservatoire une indemnité
annuelle de deux mille quatre cents livi es et le logement.
ffART. 11. Douze mille livres seront consacrées aux dépenses annuelles et ma-
térielles du Muséum, à la charge d'en rendre compte au ministre de l'intérieur.
ffART. 12. En exécution des deux articles précédents, la trésorerie tiendra à la
disposition du ministre de l'intérieur la somme de trente-six mille livres.
n Liste des membres qui doivent composer le Conservatoire du Muséum des arts.
ff Pem/t/re. Fragonard, Bonvoisin, Lesueur, Picault.
nScutpture. Dardel, Dupas([uicr.
(t Architecture. David Le Roy, Lannoy^"^
n Antiquités. Wicar, Varon ^^\v
^'^ Ce rapport fut présenté par David (Moniteur). — ^^' La vérilablo roiiiii> du nom do
cet architecte est Delannoy. — ^'^ Procès-verbal de la Convention, I. \\l\, p. 278.
m. iS
nix PROGt:S-VERBAUX DU COMITE DINSTRUGTION PUBLIQUE
Voici le to\le du rapport de David :
SECOND RAPPORT SUR LA NECESSITE DE LA SUPPRESSION DE LA COMMISSION
DU MUSÉUM, FAIT AU NOM DES COMITES D'INSTRUCTION PUBLIQUE ET DES
FINANCES, PAR DAVID, DEPUTE DU DEPARTEMENT DE PARIS, DANS LA SEANCE
DU 27 NIVÔSE, L'AN II DE LA REPUBLIQUE FRANÇAISE.
De rimprimerie nationale, s. d.^'^.
Dans mon rapport pour la suppression de la Commission du Muséum el sur
rétablissement d'un Conservatoire actif de ce précieux dé[)ôt, je vous ai exposé
avec quelques détails les motifs qui appuyaient cette double proposition.
Je vous ai indiqué les vices des choLx qui avaient été faits, et, pour en préparer
de meilleurs, je vous ai présenté, au nom de votre Comité d'instruction publique,
des artistes, la plupart victimes de l'orgueil académique^ La liste a été imprimée
et cJiacun de vous a pu peser le mérite des candidats. A mesuie que le jugement
des arts sera plus souvent et plus immédiatement exercé par le peuple, le peuple
saura mieux apprécier les artistes; il fixera ses idées sur le mérite de chacun d'eux,
et il assignera lui-même les rangs avec celte impartiale et sévère équité qui le
cd[ractérise ; le peuple n'oubliera jamais les artistes qui travaillent pour la liberté;
sa reconnaissance garantit sa justice.
Au moment où la Révolution commence à s'établir dans les arts , et promet à
la République des chefs-d'œuvre dignes d'elle, il importe que tous les emplois
que peut offrir cette carrière , plus honorable que lucrative , soient de préférence
donnés et à des talents distingués qui ont subjugué l'opinion, et à ceux que la
médiocrité académique honorait encore de ses dédains et repoussait loin de ses
fauteuils.
11 a fallu, dans le choix qui vous a été soumis, avoir égard à l'objet des tra-
vaux du Conservatoire qui vous a été proposé : ce sont ces diverses considérations
réunies qui ont déterminé votre Comité d'instruction publique dans la formation
de la liste des artistes citoyens à préposer à la garde de nos chefs-d'œuvre ; aussi
a-t-on cru devoir motiver chacun des choix, afin que l'ensemble put devenir l'ou-
vrage de la Convention nationale et l'expression de sa volonté.
S'il est un artiste, s'il est un homme à talent qui pense avoir à se plaindre de
ne pas voir son nom inscrit sur cette liste, nous lui dirons : rr Tu es artiste, nous
n'avons pas eu la pensée de te fermer la carrière. Si tu n'es point admis à l'emploi
honorable de garder les plus belles productions des arts, tu n'es point exclu de
l'honneur d'en augmenter le nombre. 51 S'il est parmi les membres de l'ancienne
Commission du Muséum un homme qui voie une injustice dans son exclusion,
nous lui dirons : fr Tu es homme à talent, venge-toi par tes ouvrages; embellis
le Muséum; rentres-y par des chefs-d'œuvre w.
Lorsque je vous ai fait mon rapport sur cette ancienne Commission , j'avais
omis un préliminaire indispensable, par vous sagement arrêté, afin de ne pro-
noncer légèrement aucune dépense. L'économie honore les représentants du
(') Bibliothèque nationale, Le^^ 653, in-S".
DE LA CONVENTION NATIONALE. 275
peuple : le (rësor public est le fruit de ses sueurs et de ses victoires; pourrait-il
être administré avec une circonspection trop sévère? Aussi sur l'observation de
Cambon et d'après votre décret, de concert avec le Comité d'instruction publi([ue,
je me suis retiré au Comité des finances, et là, par la discussion de quelques
articles relatifs tant à la dépense qu'à l'objet de l'établissement, ce projet sest
affermi sur ses bases, et a reçu quelques modifications dont je dois vous rendre
compte. Douze membres, dans ce projet, formaient le Conservatoire, en y com-
prenant un secrétaire homme de lettres ^'^ Le désir d'empêcher la prédominance
d'un seul dans chacune des sections qui doivent le composer avait déterminé à
augmenter un peu le nombre des membres; condition toujours nécessaire pour
donner à tout établissement des formes libres et faire résulter la liberté du balance-
ment même des opinions.
Le Comité des finances, sans trop s'écarter de ce principe, ayant désiré une
réduction dans le nombre, nous avons fait le sacrifice du secrétaire, et d'un des
membres pour une des branches communément moins chargée ^^^. Le Conserva-
toire sera donc réduit à dix membres , pour ce qui concerne la peinture, la sculp-
ture, l'architecture, et tous les monumenls déposés au Muséum, commission
toujours prête à fournir des renseignements au Corps législatif, au Comité d "in-
struction publique et au ministre de l'intérieur, toujours active pour mettre en
ordre et ranger dans un bel ensemble tous les chefs-d'œuvre que les émigrés ne
méritaient pas de conserver, et qu'ils ont laissés à la nation, aussi digne de les
posséder que capable de les apprécier.
Au lieu de trois mille livres que votre Comité d'instruction publique vous avait
d'abord proposées, une indemnité de deux mille quatre cents livres a paru à
votre Comité des finances suffisante pour chacun des artistes conservateurs ; il a
cru par cette mesure se tenir également éloigné d'une parcimonie mal entendue
et d'une prodigalité préjudiciable aux finances. Une somme de vingt-quatœ mille
livres serait en conséquence affectée aux membres du Conservaloire, et une somme
de douze mille livres aux dépenses matérielles du Muséum, à la charge par le
Conservatoire de rendre compte au ministre de l'intérieur de l'emploi de ces douze
mille livres; ce qui formera un fonds de trente-six mille livres, fonds modique, vu
l'importance de son objet.
Ne vous y trompez pas, citoyens, le Muséum n'est point un vain rassemble-
ment d'objets de luxe ou de frivolité, qui ne doivent servir qu'à satisfaire la
curiosité. 11 faut qu'il devienne une école importante. Les instituteurs y conduiront
leurs jeunes élèves; le père y mènera son fi!s. Le jeune homme, à la vue des pro-
ductions du génie, sentira naître en lui le genre d'art ou de science au(jucl l'appela
la nature. 11 en est tenq)S, législateurs, arrêtez Tiguorance au milieu de sa
^') Sur ce chiffre de douze, voir p. 1C7, pour les antiquités; et de Serioys, coniiiic
note 3, et p. 188, note 9. Lcsdouze nouis secrétaire.
étaient ceux de Fra,'jonard, Bonvoisin, ^^^ C'est de la sculpture qu'il s'a<[il. Les
Lesueur et Picault, pour la peinture; de observations du Comité des finances ayant
Dardel, Julien o\ I)uj);isquier, pour la eu pour résultat de taire ré(luir(> le nou)bre
sculpture; de Delaîuioy et David Le floy, des membres de celte section à deux, ce
pour l'architecture; de \\i(ar et Varon, fut Julien qui lut éliminé.
iS.
27G PROGÈS-VERBAUK DU COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE
course; oncliaînez ses mains, sauvez le Muséum, sauvez des productions qu'un
souffle peut anéantir, et (pie la nature avare ne reproduirait peut-être jamais.
Une nég-lijO-ence coupable a porté des coups funestes aux monuments de Tart^'^ ;
je ne prétends pas vous offrir ici Fénuinération complète des désastres qu'ils ont
essuyés : vous détourneriez vos reg"ards de ce fameux tableau de Rapliaël, que
n'a pas craint de profaner une main lourde et barbare. Entièrement relouché, il a
perdu tout ce qui le disting-uait non seulement des autres maîtres de son école,
mais de Raphaël même : j'entends son coloris subHme.
Vous ne reconnaîtrez plus l'Antiope : les glacis, les demi-teintes, en un mot
tout ce qui caractérise particulièrement le Corrège el le met si fort au-dessus des
plus grands })eintres, tout a disparu. La Vierge du Guide (vulgairement appelée
la Couseuse) n'a point été nettoyée, mais usée.
Vous chercherez le Moïse foulant aux pieds la couronne de Pharaon, très beau
tableau du peintre philosophe, du Poussin, et vous ne trouverez plus qu'une
toile abîmée de rouge et de noir, perdue de restauration.
Le port de Messine, ce chef-d'œuvre d'harmonie, oii le soleil de Claude Lorrain
éblouissait les regards, n'offre plus qu'une couleur terne de brique, et perd par
conséquent tout ce charme , cette magie qui appartiennent exclusivement à Claude
Lorrain : son brillant ouvrage est dégradé à tel point qu'il ne reste que la gravure
pour nous consoler de sa perte.
Je vous parlerai de Vernet : les barbares ! Ils l'ont déjà cru assez ancien pour
le gâter. Tous ses ports (tableaux de fraîche date) sont déjà rentoilés, brûlés,
couverts par la crasse d'un vernis qui dérobe aux yeux le mérite que les amateurs
recherchent en lui.
Je rougirais de vous citer une foule de tableaux étalés sans choix et comme
pour insulter au public; tableaux attribués aux plus grands maîtres, et qui n'en
sont que des copies.
C'est ainsi quon accable les Poussin, les Dominiquin, Raphaël même, de quan-
tité de productions qui ne méritent pas de voir le jour et ne servent qu'à propager
le mauvais goût et l'erreur.
Je ne dis rien d'un petit nombre de vases étrusques et de quelques bustes d'une
grande beauté qu'on a cachés sous des tables et dans des lieux obscurs. 11 semble
qu'on leur ait reproché un misérable asile au sein du Muséum, où ils sont plus
cachés qu'exposés. Mais ce n'est rien encore. Vous ignorez , citoyens , vous et moi-
même tout le premier, qui ne les ai jamais pu voir, que la République possède
une immense collection de dessins des plus grands maîtres. Eli bien ! à peine si
l'on sait où ils sont. Cachés dans les portefeuilles des vds satrapes à qui nos
tyrans en avaient autrefois confié la garde, c'est en Italie qu'il fallait aller ap-
prendre des étrangers mêmes qu'ils existent en France : on les dérobait avec in-
quiétude aux regards des artistes et du peuple , comme si l'on eût craint que les
^'' Comme le montre ce qui va suivre, droits qui abîment les tableaux; la négli-
l'îg-nora/îce qui menace le Muséum, et contre gence est celle de l'ancienne Commission
laquelle David invoque l'intervention des du Muséum, qu'il avait déjà dénoncée dans
législateurs, est celle des restaurateurs mala- son premier rapport.
DE LA CONVENTION NATIONALE. 277
sublimes conceptions des grands hommes n'eussent rivalise de puissance avec le
génie si jaloux des despotes.
Pour pre'venir ces funestes abus, pour placer tout sous IVeil vivifiant du peuple ,
et éclairer chaque objet de la publicité et de la portion de gloire qu'il peut ré-
clamer, pour établir enfin dans le Muséum un ordre digne des choses qu il ren-
ferme, ne négligeons rien, citoyens collègues, et n'oublions pas que la culture
des arts est un moyen de plus d'imposer à nos ennemis. Lorsque au milieu des
inquiétudes inséparables de la liberté dans une république naissante, on vient
porter dans vos âmes et sur vos fronts la joie que doivent inspirer les victoires de
nos armées sur toutes nos frontières, et les triomphes de nos légions contre tous
les despotes coalisés, vos regards alors semblent se porter avec complaisance sur
les beaux-arts, également faits pour embellir la paix et décorer les pompes triom-
phales. Dans les mouvements expansifs et les civiques aflections qui vous pénè-
trent, vous sentez que de grands événements doivent laisser naturellement d'im-
mortels souvenirs, et par conséquent des monuments qui attestent à l'univers et
à la postérité les grandeurs du peuple français; vous voudriez dans ces instants
heureux répandre sur tout l'éclat de nos victoires et tout embellir des rayo[is de
la gloire et du bonheur : eh bien ! c'est toujours de cette hauteur (pie vous devez
considérer le domaine des arts, pour imprimer à toutes vos lois, dans cette partie,
un grand caractère qui aille k son tour inspirer des victoires. C'est dans ce sublime
mouvement que vous avez voulu décerner à quatorze armées à la fois, et en un
même jour, les honneurs d'un triomphe mérité, dont le peuple était en même
temps l'ornement et l'objet. C'est alors que la hberté sourit à vos efTorts et au zèle
ardent de tous les républicains qui défendent le territoire de la France.
Restons, citoyens, à la hauteur de ces brillants succès : remplissons nos des-
tinées; marchons à de nouveaux triomphes, nos guerriers le veulent ainsi.
Un heureux mouvement semble de lui-même faire avancer le char de la victoire
et de la Révolution : continuons de le diriger; que nos ennemis tombent et (jue le
peuple nous bénisse. Pleins de ces idées, et abandonnant les procès-verbaux et les
détails à ceux qui croient que les compilations sont des annales, écrivons, à la
manière des anciens, notre histoire dans des monuments; qu'ils soient grands et
immortels comme la Ré[)ublique que nous avons fondée; et que le génie des arts,
conservateur des ouvrages sidjlimes que nous possédons, soit on même temj)s un
génie créateur et enfante de nouveaux chefs-d'œuvre.
PROJET DE DÉCRET.
[Suit le Icxlo (lu (ItVrcI , (jui a (''(('' icitriHlull plus liant.]
278 PROCÈS-VERBAUX DU COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE
CENT QUATRE-VINGT ET UNIEME SEANCE.
Du 93 nivôse an ii. [la janvier 179^.]
Boiiquier fait le rapport de la demande du citoyen Chevalier, ar-
chitecte, tendant à être admis au nombre des membres de la Com-
mission des arts. On passe à l'ordre du jour, motivé sur ce que la liste
est compléterai
La municipalité de Paris demande l'état des commis du Comité.
Arrêté que le chef des bureaux représentera l'état nominatif des commis
employés dans le Comité avec l'époque de variation de leurs appointe-
ments et de l'admission de chacun d'eux ^'^l
On introduit une députation des artistes de l'Opéra, qui demande
un pronqit rapport sur la pétition qu'ils ont présentée relativement à
la liquidation de leurs pensions viagères. Le Comité arrête que les
deux commissaires nommés, Chénier et Mathieu, se concerteront à cet
égard avec le Comité de liquidation ^^\
Mathieu fait un rapport sur une lettre du Comité de salut public,
qui demande des livres pour la Commission des armes. Arrêté : i°que la
lettre sera renvoyée à la Commission des arts; 2° qu'il sera écrit au
Comité pour l'informer de ce qui a déjà été fait^^l
(^) Voir ia séance du i3 nivôse, p. 280;
et , pour la suite , celle du 2 5 nivôse , p. 2 8 ^1 .
(2) L'état des commis sera présenté dans
la séance du 37 nivôse (p. 292).
(^) Nous ne connaissons d'autre pétition
des artistes de l'Opéra que celle du a 4 no-
vembre 1 792, dont il n'a été question qu'une
seule fois dans les procès-verbaux du Co-
mité (voir notre tome 1", pages 9a et 98).
C'est probablement de celle-là qu'il s'agit
ici. Cette pétition avait été remise à Ché-
nier comme rapporteur le 20 février 1793.
^*) Un décret du 2 A frimaire avait or-
donné la nomination d'une Commission
formée de six membres de la Convention,
pour prendre connaissance de la fabrication
des armes, salpêtres et poudres, et rendre
compte à l'assemblée, chaque primidi,
de la situation de ces différents travaux
(Procès-verbal de la Convention, t. XXVII,
p. 181). Il ne faut pas confondre cette
Commission, de simple surveillance, avec
la Commission des armes et poudres, qui
devint un des rouages du pouvoir exécutif ;
celle-ci ne fut instituée que plus tard, par
le décret du 1 3 pluviôse, et n'entra en fonc-
tions que le 1" ventôse.
Rappelons d'autre part qu'une des sec-
tions du Comité de salut public, créée après
le décret du 28 août 1798, portait le nom
de «section des armes» ou de ce bureau
des armes 17 (exactement cr bureau de la fa-
brication extraordinaire des armes n ). Carnot
et Prieur de la Côte-d'Or en étaient les
chefs, et ils étaient secondés par une com-
mission de savants dont faisaient partie
entre autres Cuyton-Morveau, Fourcroy,
Hassenfratz, Monge et Berthollet. C'est
DE LA CONVENTION NATIONALE.
279
On donne lecture de la lettre du ministre de l'intérieur qui adresse
au Comité l'état de distribution des fonds accordés pour récompenses
par le Bureau de consultation des arts. Le Comité nomme Grégoire
pour rapporteur ^^l
Par suite de la délibération du 2 1 concernant la découverte du
citoyen Sans, le Comité nomme commissaires à l'examen de son pro-
cédé les citoyens Corvisart, Portai et Halle ^^j^
Lettre du Comité de la section du Muséum, qui adresse un ouvrage
relatif à l'instruction. Grégoire est nommé rapporteur ^^l
Il sera écrit au Comité révolutionnaire de la section de l'Unité pour
avoir des renseignements sur le patriotisme de Mongez^^^.
évidemment cette r section des armes» du
Comité de salut public, et non point la
Commission de surveillance instituée par le
décret du 2 ^ frimaire , qui est ici désignée
sous le nom de «Commission des armes»,
et pour laquelle on den)ande les livres; en
effet, nous verrons plus loin , le 3 pluviôse,
le Comité de salut public faire de nouveau
une demande du même genre , et cette fois
la demande est bien pour la ce section des
armes» (voir p. 3i5).
La Commission des arts avait déjà reçu
de son côté, par l'intermédiaire du ministre
de l'intérieur (lettre du 1 1 nivôse), wla de-
mande de la Commission extraordinaire des
armes, d'une bibliothèque et d'un labora-
toire de chimie garni d'instruments de phy-
sique propres à suivre les expériences utiles
à l'objet important qui occupe cette Com-
mission» (F''* 7, folio i5 , verso). Le 20 ni-
vôse, la Commission des arts répond au
ministre qu'il peut disposer de divers in-
struments qu'elle désigne. Le 28 nivôse,
nouvelle lettre du ministre réclamant les
livres et instruments demandés; le 3o, la
Commission des arts lui répond qu'elle a
mis le plus grand einpressenieut à satis-
faire aux désirs de la Commission des armes.
(Ibid., folio 19, verso.)
(') Cette lettre du ministre de l'inlérieur
était adressée au Comité en oxoculion du
décret du i.'5 frimaire, que nous avons
mentionné dans la note ',\ d(> la page 73.
Elle avait été enregistrée sous le n" 1619
(F^^ carton 1008''); mais la pièce n'est
pas en place. L'état adressé par le ministre
est un document imprimé donnant le ta-
bleau des récompenses décernées sur l'avis
du Bureau de consultation, du 19 no-
vembre 1791 au 1" janvier 1793; il en
existe des exemplaires dans les archives du
Conservatoire des arts et métiers. Le procès-
verbal de la séance du 17 ventôse (p. 062)
mentionne de nouveau une lettre du mi-
nistre de l'intérieur transmettant la suite de
cet état des récompenses.
^^^ Voir p. 26/1. Le rapport sur la ni('>-
thode de Sans sera présenté par les trois
commissaires le a5 ventôse (p. 569).
^'■''^ La lettre du comité de la section du
Muséum, en date du 19 nivôse, se trouve
dans F^', carton 1008*, n° 1611 ; elle an-
nonce que ce comité présente au Comité
d'instruction publique trun petit ouvrage
qui lui paraît mériter l'honneur de servir
à l'instruction qiii doit avoir lieu au temple
de la Raison, ci-devant église Saint-Gor-
niain?i. L'ouvrage manque. Grt'goire n'a
pas présenté de rapport.
^*) Mongez devait être inscrit sur la liste
des membres de la Commission des arts
(voir séance du 5 pluviôse, p. 323); c'est
pour(|uoi le Comité demande des ronsei-
gnenuMils sur sou patriotisme. Mong<v. li-
gure sur la liste des membres adoptée par
le Comité le f) jihiviôse; mais on ne le
280 PROCÈS-VERBAUX DU COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE
Le Comité renvoie à la Commission des poids et mesures un ou-
vrage du citoyen Couret sur le rapport des mesures de grains ^^K
Romnio fait lecture de l'explication des productions de la nature
dont le nom est inscrit a côté de chaque jour du calendrier national ^^l
Coupé présente un projet de décret concernant les enfants des
défenseurs de la patrie élevés à l'école de Liancourt. Ce projet est
ainsi conçu :
Article premier. L'école dite des Enfants de l'armée, formée à Liancourt, dépar-
tement de rOise, est maintenue provisoirement jusqu'à l'organisation effective des
secours publics.
Art. 2. Le ministre de la guerre enverra au Comité d'instruction publique
la liste nominative des cent-soixante enfants qui doivent s'y trouver, et de ceux qui
se présenteraient en sus pour y être admis, avec le nom de leurs départements.
Art. 3. Il lui remettra aussi une indication des améliorations ou change-
ments actuellement nécessaires s'il s'en trouve, pour le plus grand avantage des
enfants à qui la nation doit ce secours.
Art. h. Le Comité d'instruction publique en rendra compte à la Convention na-
tionale.
Art. 5. La paye de chaque élève, suspendue depuis le 9 septembre dernier
(vieux style), leur sera soldée, à dater de cette époque, à raison de i5 sols par
jour.
Art. 6. Il sera remis au ministre de la guerre une somme de 2^,000 livres pour
continuer les aliments provisoires ^^^
Ce projet est arrêté par le Comité.
Le citoyen Lamarche adresse au Comité deux exemplaires d'un ou-
vrage intitulé : EjupUcation et usages du planisphère céleste, etc. Mention
de l'hommage de ce citoyen ^^V
trouve plus sur la liste définitive telle qu'elle nances, mais il se trouva des opposants,
fut votée par la Convention le 18 pluviôse Après discussion, un projet nouveau, pré-
(voir p. 828). sente par Bezard, fut substitué au projet
(^^ Il est assez probable qu'il s'agit du des deux Comités : il n'avait que deux ar-
publiciste Couret de Villeneuve, d'Orléans ticles, reproduisant à peu près les disposi-
(1769-1806), qui s'est occupé quelquefois tions des articles i*"" et 5 du projet de Coupé,
de questions agricoles. Voir comme pièce annexe un extrait du
(2) Voir les séances des 7 frimaire procès-verbal de la séance de la Conven-
(p. 36) et 21 nivôse (p. 266); pour la tion du 2 5 nivôse an 11.
suite, voir celle du 11 pluviôse (p. 876). ^^^ La lettre d'envoi de l'ouvrage de
^^^ Voir la séance précédente (p. 267). Lamarche se trouve dans F^'', carton ioo8\
Ce projet de décret fut présenté par Coupé n° i6o3; mais l'ouvrage lui-même n'est
à la Convention le 20 nivôse au nom des pas en place. Pour la suite, voir la séance
Comités d'instruction publique et des fi- du 27 nivôse (p. 291).
DE LA CONVENTION NATIONALE. 281
Lettre du citoyen Boncerf sur le dessèchement des marais. Renvoi
au Comité d'agriculture.
Lettre de la Société républicaine de l'Isle-Dieu. Renvoyé à Ferry,
chargé de ce qui est relatif aux écoles d'hydrographie '''^K
Lettre de De Sacy, député de la Haute-Garonne. Fourcroy est nom-
mé rapporteur ^^'.
Lettre du citoyen Arnaud. Le Comité passe à l'ordre du jour^^^.
Lettre du ministre des affaires étrangères portant envoi du calen-
drier de la myriade. Arbogast est chargé de la communiquer à la
Commission des poids et mesures ^^^
Lettre de l'agent national près le district de Béziers portant envoi
d'un discours prononcé dans le temple de la Raison. Renvoyé à la
(iOmmission de correspondance de la Convention nationale.
Les administrateurs du district de Toul adressent au Comité dix
exemplaires d'un ouvrage intitulé : Réjlexmis sur Féducation, par les
professeurs du Collège national de Toul. Remis au carton des livres
élémentaires ^^l
R.-T. LiNDET '').
PIÈCE ANNEXE.
On lit dans les procès-verbaux de la Convention :
Séance du 26 nivôse an 11.
Un membre ^'\ au nom des Comités d'instruction publique et des finances, fait
un rapport relatif à la conservation provisoire de l'école des Enfants de Tarmée
établie à Liancourt, déparlement de l'Oise, et propose un décret en six articles.
La discussion s'engage; plusieurs membres demandent l'ajournement; d'antres
pensent qu'il ne doit être traité qu'avec le plan général d'instruction. Lu membre ^'*^
('> La lettre de la Société républicaine (*) Ce calendrier de la myriade élait
des Amis de la liberté el de Pégalité de Tœuvre d'un Suédois, nommé Brandol.
risie-Dieu (ile d'Yeu), en date du 1" ni- Nous n'avons pas trouvé la lettre du mi-
vôse, demandant un professeur d'hydrojjra- nistre. Voir la séance du «u pluviôse
phie, se trouve aux Arcbives nationales, (p. hlii).
D xxxviii, carton ni, liasse 37; elle a été ^^' Nous n'avons pas trouvé cet ouvra^je.
enregistrée sous le n" iGoO. Cet alinéa ne figure qu'au registre.
^') Nous n'avons pas trouvé la lettre de (*) Cette signature ne se tron\e t|ir;ui
De Sacy. registre. La minute est de la main de Hou-
(') 11 est probable qu'il s'agit du même troue.
Arnaud dont le nom ligure dt'jà dans \o. ''') C'est Coupé,
procès-verbal du i" octobre 179H (t. 11, ^"^ Ci'esl Bezard [Moiiileur).
p. 5a5).
282 PROCÈS-VERBAUX DU COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE
présente un nouveau projet; la priorité lui étant accordée, il est décrété en ces
tenues :
rrLa Convention nationale, après avoir entendu le rapport de ses Comités d'in-
struction publi(pie et des linanccs réunis, décrète :
ff Article puEMn:R. I/école dite dos Enfants de l'armée, établie à Liancourt, dé-
parlement de rOise, est maintenue provisoirement jusqu'à l'or^janisation effective
des secours publics.
rrAnT. 2. La paye de chaque élève sera portée à quinze sous par jour au lieu
de dix, et l'arriéré leur sera payé sur ce pied^'^^
(1) Prori's-verbal de la Convention, tome XXTX , p. 2/j3.
DE LA CONVENTION NATIONALE,
283
CENT QUATRE-VINGT-DEUXIEME SEANCE.
Du a 5 nivôse an ii. [ih janvier 1796.]
On remet sur le bureau l'épreuve du rapport fait au Conseil général
(le la commune de Paris, imprimé en vertu d'un arrêté du Comité.
Renvoyé aux citoyens Grégoire et Mathieu ^^\
Le citoyen Buache, meml)re de la Commission des arts, est intro-
duit ; 11 fait lecture d'un rapport sur l'état du dépôt des papiers des
affaires étrangères étant h Versailles. Ce rapport est renvoyé à la Com-
mission des arts (-).
La section chargée de la rédaction du Recueil des actions héroïques
demande combiefi: il faudra en faire tirer d'exemplaires. Le Comité
arrête que Bourdon lui présentera les bases de son calcul, après en
avoir conféré avec les inspecteurs de la salle ^^^
Lettre du ministre de l'intérieur du 2,3 nivôse relativement aux
scellés apposés sur les papiers du citoyen Mulot, secrétaire de la Com-
mission des monuments supprimée par décret de la Convention na-
tionale, chargé en cette qualité de papiers qui doivent être remis au
Comité d'instruction publique et dont le dépôt est à la maison de
Nesle (^).
Il sera écrit au Comité de sûreté générale pour lui demander de
faire lever les scellés en présence des deux membres de la Commission
des arts. Le Comité nomme à cet effet les citoyens Naigeon et Leblond.
Arrêté en outre que le citoyen Naigeon sera provisoirement substitué
au citoyen Mulot pour la conservation des papiers, mémoires, etc.,
(') Voir la séance du 17 nivôse (p. a68). Commission des monuments, \o Comllé do
Nous donnons aux annexes, A (p. 986), le
texte de ce rapport. Le 7 pluviôse (p. 337),
Gré{joIre présentera au Comité un rap-
port et un projet de décret sur le même
sujet.
('5 Voir la séance du îu nivôse (p. 2 05),
et, pour la suite, celle du 93 pluviôse
(p. /.5i).
(•'') Voir la séance du 19 nivôse (p. 9 5'i),
et, pour la suite, celle du 97 nivôse
(p. 999).
^*^ A la suite de la suppression de la
siireté générale ordonna d'apposer les scel-
lés sur les papiers de Mulot , mesure qui
mettait la Conunission dans Timpossibililé
d'opérer la remise au Comité d'instruc-
tion j)ul)li(jue des rejjistn^s, calalo|jues,
inventaires, etc., prescrite par l'article 8
du décret du 98 frimaire. La lettre du
ministre est aux Archives nationales; nous
la donnons aux annexes, R (p. 988). Pour
la suite de ce (pii conceriu» la ("oumiission
des monuments, voir la séance du ('oniité
du 9 pluviôse (p. 3()i).
^84 PROCÈS-VERBAUX DU GOiMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE
dont il s'agit ; l'arrêté sera envoyé au ministre de l'intérieur pour être
notifié au citoyen Naigeon ^^\
Lettre du citoyen Prévôt, du 2 4 nivôse, relative à la faculté qu'a-
vaient les artistes d'emprunter les dessins qui se trouvent dans les bi-
bliothèques nationales. Renvoyé au citoyen Coupé, rapporteur^^l
Lettre du citoyen Lenoir, garde du Dépôt des monuments, du 26 ni-
vôse. Renvoyé au citoyen David, qui en conférera avec les inspecteurs
de la salle ^^^^
Lettre du citoyen Chevalier. Le Comité passe à l'ordre du jour sur
sa demande, attendu qu'il n'y a pas de suppléants à la Commission des
arts. Le Comité arrête en outre que ce citoyen peut retirer les trois
volumes de dessins par lui déposés au Comité ^'^K
Coupé demande que la prochaine séance du Comité soit consacrée
à la discussion du second degré d'instruction publique. Cette propo-
sition est arrêtée ^^l
Mathieu donne lecture au Comité d'une instruction sur la manière
d'inventorier et de conserver, dans toute l'étendue de la République,
tous les objets qui peuvent servir à l'histoire et à l'enseignement. Le
Comité arrête : 1° que ce rapport sera imprimé en m-li" ; 2° que l'im-
primeur conservera ses planches. Et Mathieu est chargé de faire le
rapport à la Convention nationale ^^\
(1) Il sera de nouveau question de Nai-
geon , comme gardien du dépôt de la mai-
son de Nesle, dans la séance du 21 plu-
viôse (p. Uhii).
(^) Nous n'avons pas trouvé la lettre de
Prévôt.
W Nous n'avons pas trouvé la lettre de
Lenoir. Il sera de nouveau question de
lui le 29 nivôse (p. 299).
^*) La lettre de Chevalier, dans laquelle
il exprime le désir d'être nommé membre
suppléant de la Commission des arts, la
liste des membres titulaires étant com-
plète , et demande qu'on lui permette
ff d'emporter ses trois livres dont il a con-
tinuellement besoinw, se trouve dans F'',
carton 1008*. n° 1687. Voir les séances
des i3 et 28 nivôse (pages 280 et 278).
^^^ Le jour même où avait été voté le
décret du 29 frimaire, le Comité avait
abordé la question des degrés supérieurs
d'instruction. Le plan de Bouquier ne
prévoyait, au delà du premier degré , qu'un
degré supérieur unique, qu'il appelait le
tf dernier degré d'instruction 77. Or, le 29 fri-
maire, le Comité s'était demandé s'il ne
faudrait pas établir un degré intermédiaire
entre les écoles primaires et l'enseigne-
ment des sciences (p. 198). La discussion
avait été ajournée à la séance suivante,
mais n'avait pas été reprise. Aujourd'hui,
nous voyons de nouveau le Comité fixer à
la prochaine séance le débat sur le second
degré d'instruction publique; et cette fois
encore, en dépit de cette décision, un
mois presque entier s'écoulera avant que
la question ne revienne à l'ordre du jour.
Voir la suite à la séance du 19 pluviôse
(p. ^81).
(") L'instruction que Mathieu, en sa
DE LA CONVENTION NATIONALE.
285
Le citoyen Merlino, commissaire du Comité des secours publics,
invite le Comité d'instruction publique a nommer un commissaire
dans son sein pour, conjointement avec lui, faire examiner par des
rrens de l'art si les instruments du citoyen Dudcré peuvent aider la
nature dans les accouchements laborieux et dispenser de se servir du
forceps et autres instruments de ce genre. Fourcroy est nommé par le
Comité ^1^.
Lettre du citoyen Dufresne, membre de la Société d'histoire natu-
relle, relative aux treillages de fer qui peuvent être utiles à la construc-
tion d'une ménagerie au Jardin des plantes. Arbogast est nommé rap-
porteur ^-\
La séance est levée h onze heures ^^l
R.-T. LiNDET '■'^K
(jualité de président de la Commission des
arls, présente ici au Comité, est la célèbre
K Instruction sur la manière d'inventorier et
de conserver, dans toute l'étendue de la Ré-
publique, tous les ohjets qui peuvent servir
aux arts, aux sciences et à l'enseignement,
proposée par la Commission temporaire
des arts et adoptée par le Comité d'in-
struction publique de la Convention natio-
nales. Cette instruction avait été rédi^jée
sous la direction de Vicq d'Azyr, qui avait
reçu à cet effet mandat de la Commission
des arts dès le lo brumaire; la Commis-
sion l'avait disculée, amendée, et finale-
ment adoptée dans sa séance du 5 nivôse;
nous donnons aux annexes, C (p. 289),
tout ce que contiennent les procès-verbaux
des séances de la Commission des arts sur
l'élaboration de ce document.
M. Eujjène Despois, dans son Vanda-
lisme révolutionnaire, dit (p. 296) que
celle Instruction fut publiée «dans les pre-
miers jours de janvier 179^" (ce qui cor-
respond à la seconde décade de nivoso
an II). (4'est une erreur : l'arrêté du Co-
mité ordonnant l'impression est bien du
20 nivôse (i 6 janvier); mais celte impres-
sion demanda près de deux mois; elle
n'élait pas encore aclievée le 10 ventôse,
jour oii le Comité décida que ïlnstniction
serait signée par son président, le prési-
dent de la Commission des arls, et les
deux secrétaires du Comité (voir plus loin
p. 5'j5).
Les procès-verbaux de la Convention ne
nous disent pas qu'un rapport ait été pré-
senté à l'assemblée sur cet objet.
(') Voir la séance du 5 nivôse (p. ai a).
(^) Nous n'avons pas trouvé la lettre de
Dufresne. Arbogast n'a pas présenté de
rapport au Comité, mais il a dû conférer
sur la question avec la Commission des
arts, car celle-ci s'en est occupée dans ses
séances des 5 et 1 0 pluviôse. Voir aux
annexes, D(p.a9o), des oxlraits dos procès-
verbaux de ces deux séances.
^•'^) Ot alinéa n'est pas à la minute.
^*' Celle signature ne se trouve (ju'au
registre. La minute est de la main de Bou-
Iroue.
286 PROCÈS-VERBAUX DU COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE
PIECES ANNEXES.
RAPPORT AU CONSEIL GENERAL DE LA COMMUNE DE PARIS SUR QUELQUES MESURES A
PRENDRE EN CHANGEANT LES NOMS DES RUES. IMPRIME EN VERTU DE L\VRRETÉ
DU COMITÉ DMNSTRUCTION PUBLIQUE DU 1 7 NIVOSE LUN 2^ DE LA REPUBLIQUE
FRANÇAISE UNE ET INDIVISIBLE.
De rimprimeric nationale, s. d.
(').
Les noms de la plupart des rues de Paris sont ou barbares, ou ridicules, ou
patronymiques. En ge'néral ils sont insignifiants, et leur ensemble ne pre'sente
aucun motif.
Il vous a été proposé de les changer partiellement. Nous avons mis sous vos
yeux un projet qui les changerait tous, et ferait de la commune de Paris une
( spèce de tableau ge'ographique de la Re'publique française. Vous en avez consacré
le principe par votre arrête du ^^\ et si jusqu'ici quelques sections
et plusieurs citoyens ont exprimé différentes vues, il semble que le plus grand
nombre adopte le plan qui fait de Paris une carte géographique de la France.
Dès que vous avez eu manifesté votre vœu à cet égard , nous avons mis la main
à l'œuvre, et nous allons vous soumettre quelques difficultés qui arrêtent le
travail :
i"* Plusieurs noms de villes, sous l'ancien régime, étaient devenus des noms
patronymiques; tels sont les noms d'Orléans, de Clermont, etc. Ces homonymes de
noms d'hommes sont en grand nombre. Nous ne croyons pas que ce soit un motif
pour les rejeter de la nouvelle nomenclature, où, grâce aux salutaires réformes de
la Révolution , ils ne serviraient qu'à rappeler des abus qu'elle a anéantis ;
2° Quelquefois des hommes en place ont eu la gloriole de donner leur nom à
des cités. Telle est Arpajon, dont le nom primordial était Châtre. On peut con-
sulter cette commune, qui ne sera peut-être pas fâchée de reprendre son pre-
mier nom;
3° Plusieurs cités ont des noms de saint et de sainte. Le Comité de division
s'occupe d'y en substituer d'autres. Nous désirons qu'il soit choisi dans le sein du
Conseil deux membres chargés de solliciter auprès de ce Comité l'accélération de
son travail ^^^ avec prière de nous le communiquer quand il sera terminé. Nous
souhaitons encore qu'il soit observé aux membres de ces comités, auxquels notre
projet doit être communiqué, qu'il est bien essentiel, pour en faciliter l'usage,
^') Bibliothèque nationale, Le^^ 6/16, ^^^ La date est restée en blanc.
in-8". Ce rapport, ainsi que nous l'apprend ^^^ Le décret porte que sous deux mois
une note de Grégoire qu'on Irouvera plus les cités ou communes proposeraient les
loin (p. 3/12, note 5), a été rédige par noms qu'elles veulent porter. (iVo/e <ie/Wi'
Avril. ginal.)
DE LA CONVENTION NATIONALE. 287
que les noms des rues soient simples, composes, autant que faire se peut, d'un
seul mot, et quen conséquence les noms des communes seraient plus aisés a em-
ployer, à retenir, si celte môme simplicité les accompagnait ;
h° De même qu'à Paris il se rencontre plusieurs rues d'un même nom , plu-
sieurs communes en ont de semblables. Il arrive de là que les lettres sont souvent
mal adressées; que l'étendue du dessus d'une lettre ne suffit pas à la prolixité de
l'adresse; que celui qui n'a pas une connaissance particulière de la topographie
des lieux ne peut reconnaître celui dont il est question; que le commerce en
souffre, et que les habitants des grandes communes sont dans une ignorance par-
faite sur la géographie de leur patrie. Des noms simples, des noms uniques,
pareront à tous ces inconvénients.
Nous allons maintenant vous donner une idée du projet dont vous avez adopté
le principe par votre arrêté du
Paris est composé d'environ neuf cents rues, trente quais, douze ponts, vingt-
huit passages, cours ou ci -devant cloîtres, vingt-six places, vingt halles ou
marchés , de neuf enclos oii l'on passe , que d'oisifs moines possédaient , et de plus
de cent culs-de-sac.
Voici la distribution que nous nous proposons d'en faire :
Les angles des quais porteront les noms des départements de VEst^^'^ et de
ïOuest; ceux des anciens boulevards, les noms des départements du Nord et du
Midi.
Les encoignures des rues porteront les noms des communes de la République ,
suivant l'angle que forme la prolongation de telle rue sur la méridienne ou sur la
perpendiculaire.
Plusieurs ponts et places sont déjà nommés. On continuera de leur imposer des
noms qui éternisent la Révolution.
Les culs~de-sac prendront le nom des communes environnant Paris, selon le
principe adopte pour les rues.
Nous réservons l'ancienne cité ou île de Paris , qui déjà s'embellit , et s'em-
bellira encore, pour placer à ses angles nombreux les noms de ceux qui auront
bien mérité de la patrie : ils pourront y figurer à côté des noms de ces hommes
dont la vie a été un bienfait pour l'univers.
Après avoir employé ce qu'il sera possible de ces noms respectables , les rues
qui resteront porteront des noms de nombres en attendant que celui d'un patriote
vertueux y soit placé.
H paraît qu'il y a un motif dans ce projet, puisque les citoyens, à peine sortis
de l'enfance, sauront par routine (prune rue porte une telle inscription ])aiTe
que sa direction, en tournant le dos au centre de la cit<', est la même (pie vA\o de
la cité dont elle porte le nom, ou à peu près; ou parce (pi'elle est consacrée ù la
mémoire d'un grand homme.
On sait qu'il n'y a pas de route droite; les montagnes et les rivières en sont
cause. Ainsi, les directions des rues ne seront |)as routières, mais à vol tfoiseau,
ou prises sur la méridienne, c'est-à-dire géographiquemenl.
^'^ L'orlyinal porte : wdu Smh: c'csl mit' Liiid' d'i m pression évidente.
288 PROCÈS-VERBAUX DU COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE
On conçoit, d'aprcs cet exposé, que le changement des inscriptions devient
total, au moins dans les tables (sic); et qu'il est impossible, par exemple, de
mêler aucun nom d'homme ou de choses dans la partie destinée à former l'espèce
de carte dont il s'agit.
Ainsi, ce projet une fois adopté, il faut que les sections consentent à voir trans-
férer ailleurs les noms qu'elles ont déjà donnés à quelques rues.
Il est utile que le Comité de division se prête à cet ordre de choses et veuille
bien nous conuuuniquer son travail, et que, pour éviter la confusion, toutes nou-
velles dénominations de rues, etc., soient suspendues à compter de l'époque oii le
travail sera définitivement entrepris.
LETTRE DU MIMSTRE DE L'INTERIEUR AU COMITE D^NSTRUCTION PUBLIQUE (^''.
Paris, le 2 3 nivôse an 2 de la République française une et indivisible.
Le ministre de l'intérieur au président du Comité d'instruction publique.
La Commission des monuments, supprimée par le décret du 28 frimaire, m'in-
forme en ce moment que le scellé vient d'être apposé sur les papiers du citoyen
Mulot, son secrétaire, chargé en cette quahté des registres, mémoires, délibéra-
tions, notes, descriptions, catalogues et inventaires qu'elle doit, selon l'article 8
du décret, remettre au Comité d'instruction publique. Elle me représente que ce
scellé arrête les opérations dont elle s'occupait pour la remise qui lui est ordonnée,
et elle m'invite à prendre sur cet objet des mesures qui puissent faire cesser l'in-
terruption du travail définitif dont elle s'occupait.
Ce scellé ayant été mis en vertu d'un arrêté du Comité de sûreté générale dans
la maison de Nesle où existe le dépôt des objets de sciences et d'arts retirés du
mobilier des émigrés et confiés à la garde du citoyen Mulot, j'ai jugé que dans
cette circonstance je n'avais d'autre parti à prendre que d'en rendre compte au
Comité d'instruction publique tant sous le rapport de l'exécution du décret du
28 frimaire que sous celui de la sûreté de ce dépôt à laquelle il convient de pour-
voir par le remplacement du garde.
Pour ce qui regarde le scellé sous lequel se trouvent les papiers, registres et
renseignements concernant les travaux de la Commission des monuments, le Co-
mité jugera sans doute convenable d'inviter le Comité de sûreté générale à les en
faire retirer par les commissaires qui ont été chargés de l'apposer, en y appelant
deux membres de la Commission temporaire des arts.
Mais quant à la nomination d'un nouveau garde, comme il me paraîtrait devoir
être pris aujourd'hui dans la Commission temporaire des arts formée par le Co-
mité d'instruction publique, j'ai cru devoir soumettre entièrement au Comité le
choix de ce remplacement , qui mérite d'autant plus son attention que le dépôt de
la maison de Nesle renferme des collections précieuses dont le triage a été fait
(1)
Arcliives nationales, F^', carton 1008'', n° 1689.
DE LA CONVENTION NATIONALE. 289
dans le mobilier d'ëmig-rés en vertu des décrets du 92 et ^k octobre 1792 ,et qui
n'ont e'të réunis dans ce dépôt provisoire que pour faire cesser les frais de gardien-
nage de ces objets dans les maisons où ils avaient été annotés par la Commission
des monuments.
Paré.
On lit en marge de la pièce : «Il sera écrit au Comité de sûreté générale pour l'inviter à
faire lever les scellés en présence des citoyens Naigeon et Leblond, membres de la Com-
mission des arts nommés par le Comité d'instruction publique. Le citoyen Naigeon sera
provisoirement substitué au citoyen Mulot pour la conservation des papiers dont il s'agit.
L'arrêté sera envoyé au minisire de l'intérieur pour être notifié au citoyen Naigeon.
9 5 nivôse.»
On lit dans le registre des procès-verbaux de la Commission des arts :
Séance du 10 brumaire, l'an 2" de la République.
Le citoyen Vicq d'Azyr est nommé pour rédiger une Instruction; les notes lui
seront remises à la prochaine séance.
Séance du 20 brumaire, l'an 2' de la République ^^
Les commissaires chargés de présenter un plan à l'effet d'organiser un travail
dans tous les départements pour faire connaître les objets dont s'occupe la Com-
mission des arts à Paris, font part de ce plan par le citoyen Vicq d'Azyr. La lec-
Inre du plan a été suivie d'une discussion qui a déterminé la Commission à arrêter
que les trois premiers commissaires ^^\ joints aux citoyens Hassenfratz et Dunouy
qui ont présenté des vues nouvelles, offriront un nouveau plan conforme aux
observations qui ont été proposées.
Séance du 25 brumaire, l'an 2' de la République.
Le citoyen Vicq d'Azyr, chargé par la Commission de rédiger une nouvelle
Instruction générale, sur les inventaires qui doiv; nt être faits dans tous les dépar-
lements, fondra dans son ouvrage la première Instruction envoyée aux corps
administratifs ^^\ Les administrateurs de districts se concerteront avec les sociétés
populaires pour nommer trois commissaires bons républicains qui procéderont aux
divers inventaires.
('^ Il n'y a pas eu de séance de la Com- ^-' La «première Instructions csl sans
mission le i5 brumaire. doute celle que l'ancienne Counnissioii des
^-* Le nom seul de Vic(| d'Azyr a été uioiunnenls avait envoyée aux déparle-
menlionné dans le procès-verbal de la inents à lii lin de 1790; voir à ce sujet
séance du 10 brumaire; la nominalioti des rinlroduclion des Procès-verhau.r du CV
deuv antres connnissaircs, qui eut lieu pro- inili' </'i/j,s7r»c//()/< pnhliijne de l'Assemblée
lialilement en nièine lemps ([ue la sienne, Iripshttwc , p. \iv.
n'a pas été indirpiée antérieurement.
III. 19
IWfMULME !IAtlOMk.l.
i290 PROCÈS-VERBAUX DU COMITE D'INSTRUCTION PUBLIQUE
Séance du 5 nivôse, l'an 2' de la République.
Le citoyen Vicq d'Azyr lit un rapport sur les mesures à prendre pour procéder
â l'inventaire et assurer la conservation des objets précieux qui se trouvent dans
les divers départements. La Commission arrête que le lapport sera présenté au
Comité d'inslruction publique avec les amendements que les membres de la Com-
mission auront remis au citoyen Vicq d'Azyr ^'^
On lit dans le registre des procès-verbaux de la Commission des arts :
Séance du 5 pluviôse, l'an 9" de la République.
Sur la proposition d'un de ses membres, la Commission arrête que les scellés
seront apposés par le citoyen Ricbard, l'un de ses membres, sur des grilles en fer
placées à la maison Maupeou, rue de l'Université, et que le Comité d'instruction
publique sera invité à considérer si cet objet ne serait pas utile pour la ménagerie
à former au Muséum national d'bistoire naturelle.
Séance du 10 pluviôse, l'an 9* de la République.
Le président écrira au Comité de salut public pour lui demander d'autoriser la
Commission des arts à faire transporter à Paris les grillages de la ménagerie de
Versailles ^^K
(^) Archives nationales, F^'* 7, folios 7 ^^' Archives nationales, F'^* 7, lolios 21
reclo el verso , 8 verso et 1 h verso. verso et 2 â recto.
DE LA CONVENTION NATIONALE.
291
CENT QUATRE-VINGT-TROISIEME SEANCE.
Du 97 nivùse an 11. [16 janvier 179^1.]
Le président donne lecture au Comité d'une lettre du citoyen Tho-
mas Rousseau, par laquelle ce citoyen donne sa démission de la place
de secrétaire de la commission chargée de recueillir les traits de ci-
visme. Le Comité nomme Léonard Bourdon pour conférer avec les Co-
mités des inspecteurs de la salle et des finances à l'effet de procurer au
citoyen Rousseau des appointements égaux à ceux qu'il recevait dans
les bureaux de la guerre ^'l
Pétition des instituteurs des écoles gratuites de Paris. Renvoyé à
Vaidruche , rapporteur ^-l
Lettre du citoyen Lamarche, du 27 nivôse, qui demande au Comité
son approbation d'un ouvrage sur la carte du ciel. Le Comité passe à
l'ordre du jour ^^l
Lettre de Couturier, régisseur du domaine, etc., du 28 nivôse,
concernant l'établissement des écoles primaires à Versailles. Renvoyé
au ministre de l'intérieur.
Le président donne lecture d'un extrait des délibérations de la sec-
tion du Contrat social, qui annonce au Comité que les ouvrages de
Marat ne sont point encore déposés à la Bibliothèque nationale. Ren-
voyé au bibliothécaire, qui instruira le Comité s'il a des fonds à sa
disposition pour faire l'acquisition de ces ouvrages ^*l
Le Comité arrête que Baudouin, imprimeur de la Convention na-
tionale, est autorisé à tirer cent cinquante exemplaires des vues sur les
nouvelles dénominations des rues d(^ Paris pour être envoyés h la
conmiune
deP
ans
(5)
^'^ Voir les séances des 9 frimaire
(p. A3) et 27 frimaire (p. 166). Lindel ,
qui avait été nommé rapporteur, ne parait
point s'être occupé de Ja] question, l^our
la suite, voir la séance du 1" |)luviùse
(p.3o6).
^"^ Voir la séance du 1 .{ nivùso ( p. a3o).
H send)le «jue les instituteurs de Paris, las
des lenteurs du (lomilé, avaient adressé à
la Convention une nouvelle pétition; nous
ne l'avons pas trouvée. Four la suite, voir
la séance du ;»9 nivôse (p. Î29S).
^'^ Voir la séance du -.',3 nivôse (p. 'jSo).
(*^ Nous n'avons pas trouvé la n^ponse
que Lefèvre-\ illebiune, bibliothécaire na-
tional, dut laire au Comité à ce sujet.
^*' Voir la séance du «jô nivùse (p. a 83),
et l'annexe \ d<> celle M'anct» (|). «jSt^).
M»
292 PROCÈS-VERBAUX DU COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE
Lettre du citoyen Desmarest, du 26 nivôse, relative à la carte vol-
caniquc d'Auver^jne. Renvoyé a Mathieu, rapporteur ^^l
Lettre du Comité révolutionnaire de la section du Panthéon fran-
çais, du 28 nivôse, relative à un écrit du citoyen Dubertrand, ayant
pour titre Droits de rJionime et du citoyen, etc. Le Comité passe à
l'ordre du jour.
Pétition du citoyen Hanin, graveur, à fin de payement des fourni-
tures qu'il a faites à l'Imprimerie nationale. Le citoyen Mathieu est
nommé rapporteur '^^.
Grégoire fait lecture au Comité du programme qui doit être
proposé aux savants pour la confection des livres élémentaires à Tu-
sage des écoles de la République. Ce rapport est suivi d'un projet de
décret; après quelques débats, cet objet est ajourné ^^l
Guyton fait un rapport sur la demande du citoyen Sarrette rela-
tive à l'impression de la musique des hymnes et autres chants patrio-
tiques. Ajourné à la prochaine séance ^^^.
Mémoire du citoyen Strack concernant la quadrature du cercle. Le
Comité passe à l'ordre du jour^^l
Bourdon fait son rapport sur le nombre d'exemplaires du Recueil
des actions héroïques qui doivent être envoyés dans les départements
tant en cahiers qu'en placards. Le Comité arrête que le nombre sera
de quatre-vingt mille exemplaires en cahiers, et vingt mille en pla-
cards ^^\
Le citoyen Léger, secrétaire commis du Comité, présente, suivant
l'arrêté du 28 nivôse, le tableau des secrétaires commis du Comité,
de leurs appointements, etc., demandé par la municipahté de Pa-
^'^ Voir la séance du 17 nivôse (p. 266).
C'est Romme qui avait élé primitivement
désigné comme rapporteur de la réclama-
lion de Desmarest. Mathieu, qui le rem-
place, entretiendra le Comité de celte af-
faire le 19 ventôse (p. 557).
^^^ Voir la séance du 7 nivôse (p. 316)
et celle du 29 nivôse (p. 296).
^^^ Les commissaires des livres élémen-
taires, nommés le 11 brumaire (t. II,
p. 728), étaient Romme et Basire. Gré-
goire avait élé désigné comme successeur
de Basire, à une date que n'indiquent pas
les procès-verbaux du Comité. La question
avait déjà été discutée les 9 et 19 nivôse
(p. 926 et 2 56). Pour la suite, voir la
séance du 29 nivôse (p. 298).
^*' Voir la séance du 2 1 nivôse (p. 266),
et celle du 29 nivôse (p. 299).
^^^ Dans la séance du 17 prairial an 11,
il sera question d'un citoyen Strack, patriote
raayençais, qui est probablement le même
que celui-ci.
^•^^ Voir la séance du 2 5 nivôse ( p. 288).
Le 5 pluviôse (p. 826), Léonard Bourdon
présentera au Comité le second numéro du
Recueil des actions héroïques et civiques des
républicains français.
m
DE LA CONVENTION NATIONALE. 293
ris^^l Le Comité arrête que son président certifiera cet état en ce qui
concerne les appointements et les époques.
La séance est levée à onze heures ^^K
R.-T. LiNDET ^'\
(•) Voir la séance du 28 nivôse (p. 978). — (2) Cet alinéa n'est pas à la minute. —
(•*" Cette signature ne se trouve qu'au registre. La minnfc est do la main de Boulroue.
29^4 PROGÈS-VERBAIIX DU COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE
CENT QUATRE-VINGT-QUATRIÈME SÉANCE.
(extraordinaire.)
Du 29 nivôse an 11, avant midi. [18 janvier 179'i.]
(lopic (l'une lettre an ministre de l'intérieur :
Le Comité crinstriiction publique te donne communication d'un arrêté pris par
les représentants du peuple dans le département de Seine-et-Oise pour le transport
des chevaux de Marly. Il paraît, d'après la réponse du Comité des inspecteurs de
la salle, que tu as passé quelque marché pour cette opération. Le Comité d'in-
struction publique attend de toi une réponse sur l'existence de ce marché et sur
son exécution. Dans le cas où tu n'aurais passé aucun marché, et dans celui où ce
marché serait résihé par défaut d'exécution de la part de l'entrepreneur, le Comité
d'instruction publique me charge de te dire qu'il regarde l'arrêté des représen-
tants du })euple de ce jour comme indiquant le moyen le plus sûr et le plus écono-
mique
(M
R.-T. LlNDET^'^
PIECES ANNEXES.
On lit clans los procès-verbaux de la Convention :
Séance du 26 nivôse an 11.
ffSur la proposition d'un membre ^^^ la Convention nationale décrète que les
travaux commencés à l'entrée de la cour de la maison nationale pour y placer les
chevaux de marbre de Marly seront suspendus, et que le Comité d'instruction
publique fera un rapport sur cet objet.
n Elle décrète en outre qu'à l'avenir le Comité des inspecteurs de la salle ne
pourra donner aucun ordre pour des dispositions nouvelles à faire autour de la
maison nationale qu'après s'être concerté avec le Comité d'instruction publique,
et sur un décret de la Convention ^*\«
^^) Les représentants du peuple en com-
mission à Marly étaient Treilhard , Auguis
et Enlart. Un décret de la Convention du
26 nivôse nous apprend que ie Comité des
inspecteurs de la salle avait résolu de faire
placer les célèbres chevaux de Marly, de
Coustou, à rentrée de la cour du palais
des Tuileries; le décret, rendu sur les obser-
vations de David et de Danton, ordonna
que le Comité d'instruction publique serait
préalablement consulté et ferait un rapport
à ce sujet.
Nous donnons aux annexes un extrait
du procès-verbal de la séance de la Con-
vention du 26 nivôse an 11 , et un extrait du
compte -rendu du Journal des débats et
des décrets. Pour la suite de cette affaire,
voir la séance du Comité du 21 pluviôse
(p. /i/ii).
(^^ Cette signature ne se trouve qu'au
registre. La minute est d'une main que nous
n'avons pu déterminer.
^•'') C'est David [Journal des débats et dos
décrets ).
(4) Procès -verbal de la Convention,
t. XXIX, p. 965.
DE LA CONVENTION NATIONALE. 295
Le Moniteur ne parle pas de cet incident. Mais voici en quels termes le Journal den déhats
et des décrets en rend compte :
Convention nationale, séance du 26 nivôse.
Il y avait à Marly deux groupes d'hommes et de chevaux pre'cipux par la
perfection de leur exécution. On élevait des piédestaux dans les avenues de la
Convention pour y placer ces deux groupes. David observe qu'il serait plus con-
venable de les mettre à l'entrée des Champs-Elysées pour servir de pendant au
Mercure et à la Renommée qui sont aux deux côtés du Pont tournant. Sa propo-
sition est appuyée.
Homme demande que le Comité d'instruction publique soit consulté là-dessus.
Danton. Je propose à la Convention de décréter que toutes les fois qu'il s'agira
d'arts et de dépenses, le Comité des inspecteurs de la salle ne puisse rien faire
sans consulter le Comité d'instruction publique, et en vertu d'un décret de la
Convention nationale ^^^
[Suit le texte du décret déjà reproduit ci-dessus.]
'') Journal des débats et des décrets, n" /i83, p. 379.
296 PROCÈS-VERBAUX DU COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE
CENT QUATRE-VIJNGT-GINQUIÈME SÉANCE.
Du 29 nivôse an 11. [18 janvier 1794.]
Le citoyen Hanin demande que le Comité lui délivre un mandat
de la somme de 1,87/1 livres pour la valeur de dix mille exemplaires
du rapport des nouvelles heures avec les anciennes pour être joints à
rAlmanacli d'instruction publique ^^', qu'il a fournis à Baudouin, im-
primeur de la Convention, suivant l'arrêté du Comité. Le Comité
arrête que le mandat lui sera délivré ^^^
Un professeur du collège Egalité est admis; il fait le tableau des
besoins urgents de cet établissement, qui ne peut plus se soutenir à
défaut de fonds. Mathieu est nommé rapporteur de cette pétitionnai
On donne lecture d'une lettre du département de Paris relative
aux inconvénients qui résulteraient du changement du collège de
(^) Le registre porte : t TAlmanach répu-
blicain 7), ce qui est plus correct.
(^> Voir la séance du 27 nivôse (p. 992)
et, pour la suite, celle du 9 pluviôse
(p. 36o).
'•^^ Le collège de TEgalilé avait à plu-
sieurs reprises entretenu le Comité de ses
besoins : voir les séances des 1 5 juin (t. I",
p. ^95), 23 juillet (t. II, p. i36) et
26 juillet 1793 (t. Il, p. 1^9). L'ar-
ticle 12 du décret du 8 mars 1793 avait
prescrit un mode provisoire de payement
pour les traitements des professeurs : les
fonds nécessaires à ce payement devaient
être, pour le premier trimestre de 1793,
non pas fournis par la trésorerie nationale,
mais pris cr sur le produit des contributions
publiques n (t. P', p. 3/i/i); le décret du
5 mai sur les bourses stipula en outre que
la dépense des bourses serait acquittée
conformément au décret du 8 mars (t. l",
p. /iio). Le décret du k septembre 1793
prorogea le mode de payement qui, aux
termes du décret du 8 mars, n'était appli-
cable qu'au premier trimestre de 1793, et
disposa que les fonds nécessaires au paye-
ment des traitements et des bourses conti-
nueraient provisoirement à être pris sur le
produit des contributions publiques (t. If,
p. 36o). Mais, dans l'inteivalle, un décret
du 7 août avait établi un régime excep-
tionnel en faveur des collèges de Paris : il
avait ordonné qu'une somme de 3 07,6 5 2
livres 2 sols 6 deniers serait mise par la
trésorerie nationale à la disposition du
ministre de l'intérieur pour la dépense des
collèges de Paris jusqu'aux vacances, c'esl-
à-dire jusqu'en juillet 1793 (t. II, p. 196).
Pour les dépenses ultérieures de ces col-
lèges, à partir du 1" juillet, une question
importante se posait : continuerait-on à les
couvrir par le procédé indiqué au décret
du 7 août, ou bien en reviendrait-on, pour
le département de Paris comme pour les
autres , au mode de payement prescrit par
les décrets du 8 mars, du 5 mai et du
h septembre? Le Comité d'instruction pu-
blique, de concert avec celui des finances,
résoudra la question dans le sens d'un
retour au décret du 8 mars. Voir la séance
du f) pluviôse (p. 3 2/1).
DE LA CONVENTION NATIONALE.
297
l'Égalité en une maison d'arrestation. Cette lettre est renvoyée aux
Comités d'aliénation et domaines ^^^.
La pétition du citoyen Rousseau, artiste, qui a présenté à la Con-
vention le plan et les divisions d'un nouveau méridien, est renvoyée à
la Commission des poids et mesures (^^.
La citoyenne Desmoulins fait hommage au Comité d'un ouvrage
ayant pour titre : Etrennes poétiques et morales dédiées à la Convention ni-
tionale^^K
Les ingénieurs en instruments de mathématiques qui ont présenté
une pétition à la Convention nationale pour partager les travaux de
la fabrication des poids et mesures sont admis. Après qu'ils se sont
expliqués sur l'objet de leur pétition, le Comité a arrêté qu'ils sont in-
vités à se retirer devant la Commission des poids et mesures, à laquelle
il sera écrit pour les entendre et en rendre compte au Comité.
Un membre demande :
1° Que l'on affiche dans l'antichambre du Comité l'arrêté qui fixe
les jours auxquels les pétitionnaires doivent être admis ;
2° Que les séances du Comité soient ouvertes à l'avenir à six heures
du soir.
Ces propositions sont adoptées.
Un membre demande que l'on s'occupe des moyens de rendre la
salle des séances de la Convention plus saine et plus favorable aux
'^') La lettre du département de Paris
ayant été renvoyée aux Comités d'aliénation
et des domaines, nous ne l'avons pas
trouvée. Ces deux Comités s'en tinrent à
la solution dont il a été parlé dans la
séance du 17 nivôse (p. aA8), qui per-
mettait, selon eux, cfde former une maison
d'arrêt dans le collège de Tlilgalité sans
nuire à sa destination sous le rapport de
l'instruction p. On choisit, pour le convertir
en prison, un des bâtiments du collège,
suirisamment isolé des autres, celui du
Belvédère, dans la cour du bassin. Les
autres bâtiments restèrent occupés par les
boursiers et leurs professeurs, et les classes
ne furent pas interrompues. L'auteur d'une
Histoire du collège Louis-le-Crand {Var\s,
18^1.')), M. Kmoud, prél(Mid (p. -.î^S) (pie
ce fut dans la prison du collège de rKgalité
que Robespierre fut d'abord amené le
9 thermidor, mais que le geôlier refusa
de le recevoir, ce qui obligea les gen-
darmes à le conduire à la prison du
Luxembourg, d'où il s'évada. Cette histoire
est complètement apocryphe : Robespierre
fut conduit directement au Luxembourg;
ce fut le concierge du Luxembourg qui
refusa de le recevoir, sur un ordre douut'
secrètement par le Comité de sûreté géné-
rale; et du Luxembourg le prisonnier fut
dirigé sur l'administration de police, quai
des Orfèvres.
^^) La pétition de Rousseau avait été
enregistrée au Comité sous le n° i335 (F'',
carton looS); la pièce n'est pas en place.
^•'^ Il sera de nouvt'an (jucstion di" la
citoyenne Dc^smoulins le n pluviôse
(p., Vu).
298 PROCÈS-VERBAUX DU COMITE D'INSTRUCTION PURLIQUE
membres et au peuple. Le Comité charge les citoyens David et Val-
druclie de cet objet ^^^
Valdruclie fait le rapport de la pétition des instituteurs des écoles
du dé[)artement de Paris. Chargé de se concerter à cet égard avec le
Comité des finances, il dit que ce Comité a trouvé les états envoyés
par le minisire de l'intérieur insuffisants, parce qu'ils ne contiennent
point le tableau des sommes provenant des fondations destinées aux
('coles qui ont été versées dans le Trésor public. Le Comité arrête
qu'il sera écrit de nouveau au ministre de l'intérieur pour qu'il four-
nisse ces états ^^^.
Grégoire fait un rapport sur le concours à ouvrir sur les livres élé-
mentaires; il présente un projet de décret ^^^ La discussion est ou-
verte, et il est adopté ainsi qu'il suit :
Article premier. Un concours est ouvert jusqu'au i " messidor prochain pour
des ouvrages sur les objets suivants :
1° Instruction sur la conservation des enfants depuis la grossesse inclusivement
et sur leur éducation physique et morale depuis la naissance jusqu'à Tépoque de
leur entrée dans les écoles nationales ;
9° Instructions pour les instituteurs nationaux sur l'éducation physique et mo-
rale des enfants ;
3° Méthodes pour apprendre à lire et à écrire, ces deux objets traités ensemble
ou séparément ;
k° Notions sur la grammaire française ;
5° Instructions sur les premières règles d'arithmétique et de géométrie pra-
tique.
Des instructions sur les nouvelles mesures et leurs rapports aux anciennes les
plus généralement répandues entreront dans les livres élémentaires d'arithmétique
qui seront composés pour les écoles (art. 1 1 du décret du i" août dernier) ;
6" Instruction élémentaire sur la morale républicaine ;
'' Cette proposition n'eut pas de suite; 5 ventôse an ii, et un extrait du procès-
mais le 5 ventôse la Convention chargea verbal de la séance de la Commission des
le Comité des inspecteurs de la salle d'exa- arts du to ventôse. Cette affaire viendra à
miner les moyens d'améliorer racoustique l'ordre du jour de la séance du Comité
de la salle des séances; la Commission des d'instruction publique du 7 germinal an n.
arts et la Société républicaine des arts ^^^ Voir la séance du i3 nivôse (p. aSo)
furent chargées d'étudier cette question. et, pour la suite, celle du 5 pluviôse
Voir aux annexes, A (p. 3oi), un extrait du (p. 822 ).
procès-verbal de la séance de la Convention du ^^^ Voir In séance du 27 nivôse (p. 29??).
DE LA CONVENTION NATIONALE.
299
7° Instruction sur les principaux phénomènes et sur les productions les plus
usuelles de la nature.
Art. 2. Les auteurs adresseront leurs ouvrages à la Convention nationale et
ne se feront connaître qu'après le jugement.
Art. 3. Des re'compenses nationales seront dëcernëes aux auteurs des ou-
vrages qui auront été' jugés les meilleurs.
Art. k. Le Comité d'instruction publique présentera un rapport sur l'orga-
nisation d'un jury destiné à juger du mérite des ouvrages envoyés au concours et
sur les récompenses à décerner '^'^
Le citoyen Lenoir, garde du dépôt provisoire des monuments,
adresse au Comité la note des objets entrés dans ce dépôt depuis le
1 9 jusqu'au 29 nivôse. Renvoyé a la Commission des arts^'-^
Mathieu présente un projet de décret sur l'organisation de la Com-
mission temporaire des arts et le traitement des membres. La discus-
sion est ouverte, et il est adopté. Mathieu se concertera à ce sujet
avec le Comité des finances ^'^\
Le citoyen Prélong adresse au Comité un recueil de pièces patrio-
tiques^^).
Le citoyen Chamoulaud adresse au Comité six exemplaires d'une
petite brochure ayant pour titre : Thermomètre moral du génie et des
talents ^^K
Guyton a fait le rapport suivant du projet ])résenté le 9 1 de ce mois
par le citoyen Sarrette, commandant de la musique de la garde nalio-
(^) Ce projet de décret ne se trouve
qu'au registre. Son texte est identique à
celui du décret que la Convention votera
le 9 pluviôse, sauf qu'à l'article 1", dans
le décret définitif, deux sujets d'()uvra{][es
ont été ajoutés : des notions sur la géo-
graphie, en conséquence d'tnie proposition
faite au Comité le 5 pluviôse (p. Saa),
et une instruction élémentaire sur l'agri-
culture et les arts de promièro utilité. Pour
la suite, voir la séance du 1*" pluviôse
(p. 3o5).
*^' Voir- p. îî8/i. Il sera de nouveau
question de Lenoir le 1" germinal an 11.
(3) Voir la séance du ai nivôse (p. 'i6()).
Le projol do di'crot de Malliiou sr lrou\i^
au procès- verbal de la séance du 5 plu-
viôse (p. 3a 3).
'^'^^ Nous n'avons pas trouvé le recueil
de Prélong.
^^^ Sur Chamoulaud, voir la séance du
Comité du 17 brumaire (t. II, p. 771).
Chamoulaud avait présente à la Convention,
le 5 nivôse, un nouvel ouvrage intitulé
Thermomètre moral du frénie et <hs talents,
qui fut renvoyé au (-omilé d'instruction
publique. Le uiamiscrit dt^ col ouvra^re st»
trouve aux Archives nationales, ainsi qu'un
exeu)plaire imprimé, accou)pagué d'une
lettre d'envoi. Voir aux annexes. W (p. 3oa).
Il sera encore question de Chamoulaud le i"
et \o () phiviôse (|>a}fos ^oT). .'^(i()(M .'{f)o).
300 PROCÈS-VERBAUX DU COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE
nale parisienne, pour l'impression et l'envoi à tous les districts des
hymnes et chants patriotiques composés pour les fêtes nationales :
Les professeurs de musique de la garde nationale parisienne se sont réunis
pour former le [)lan de cetto entreprise. Son principal objet est de mettre les ci-
toyens de tous les départements à portée de prendre part aux cérémonies civiques
que les événements amènent dans le lieu des séances de la représentation nationale;
d'enlretenir dans toutes les parties de la République le goût et Tenvie de cet art,
destiné à être le signal des combats et l'expression des élans d'un grand peuple
vers la liberté et le bonheur de l'humanité; de répandre en conséquence et de
porter dans tous les districts les morceaux de musique les plus propres h la solen-
nilé dos fêtes nationales , à entretenir l'esprit public, à échauffer le patriotisme
et à remplir utilement les jours périodiques de repos dans lesquels une longue
habitude de réunion sous les étendards de la superstition appelle un remplace-
ment plus conforme aux principes et aux progrès de notre heureuse Révolution.
Plusieurs comnumes en ont déjà formé le vœu et même quelques-unes en ont écrit
directement à la musique nationale parisienne.
Pour atteindre ce but , la Société des professeurs se propose de donner chaque
mois une livraison qui contiendra une symphonie, un hymne ou chœur patrio-
tique, une marche militaire, un rondeau ou pas redoublé, et au moins une chan-
son patriotique, ce qui formera un cahier de 5o à 60 pages d'impression.
Ils espèrent que même en réduisant le prix de l'abonnement à 60 livres pour
l'année et se chargeant des frais de location des bâtiments nécessaires à cet établis-
sement du moins jusqu'à l'organisation d'un Institut national, il pourra se trouver
un excédent de recettes qui leur donnera les moyens de fournir quelques secours
aux veuves et aux enfants des artistes, en leur restituant ainsi les bénéfices de leurs
compositions que les marchands de musique recueilleraient exclusivement, et les
dispensera de réclamer de la nation une subsistance qu'elle ne pourrait refuseï* à
leur indigence.
Mais quelque intérêt qu'inspire cette entreprise, quelque avantage qu'elle pro-
mette, la Société a senti que s'il fallait attendre que les souscriptions volontaires
fussent en assez grand nombre pour assurer seulement les premiers frais, le succès
pourrait être incertain ou du moins l'exécution tellement ralentie que ce serait
sacrifier l'effet que l'on a droit d'en attendre dans l'époque présente de la Révolu-
tion; ce qui a déterminé la Société à soumettre ses vues au Comité, afin que, dans
le cas oii il les approuverait, il prît les moyens qu'il jugerait les plus propres à
en hâter la réussite.
Ce rapport entendu , le Comité convient de l'utilité des vues présentées
par la Société des professeurs de musique et surtout de faire circuler
promptement dans toute la République les chants consacrés aux fêtes
nationales; considérant néanmoins que l'organisation de ces fêtes n'est
point encore décrétée, qu'après que la Convention nationale aura
DE LA CONVENTION NATIONALE.
301
régie certains objets elle pourra s'occuper de l'Institut national de
musique, et qu'ainsi le plan présenté ne semble exiger une prompte
décision que sous le rapport des mesures révolutionnaires de la pro-
pagation et de l'accroissement de l'esprit républicain, arrête que le
rapport sur cet objet sera inscrit au registre et qu'il en sera envoyé
extrait au Comité de salut public '^^
R.-T. LlNDET ^'K
PIECES ANNEXES.
A
On lit dans les procès-verbaux de la Convention :
Séance du 5 ventôse an ii.
La diflicultë que plusieurs pétitionnaires avaient éprouvée à se faire entendre
donne lieu à une motion d'ordre.
Un membre demande que les commissaires inspecteurs soient tenus de faire un
[)rornpt rapport sur les moyens de rendre cette salle plus favorable à la voix et à
la transmission des sons.
Cette proposition est décrétée ^^K
(') Toute la lin du procès-verbal, à
partir de Talinéa commençant par ces
mots a Guyton a fait le rapport. . . n, ne se
trouve qu'au registre. — Sur le projet
d'une publication musicale périodique,
présenté par Sarrclte, voir les séances des
31 et 27 nivôse (pages 266 et 292). Après
le rapport de Guyton-Morveau, les musi-
ciens de la garde nationale, constitués en
société d'actionnaires pour faire graver et
vendre à leur compte le futur journal,
donnèrent, à la dale du 5 pluviôse, un
pouvoir écrit à Sarrelle pour Irailcr en
leur nom ce et proposer au (îomité de salut
public d'abonner à ce journal les cinq cent
cinquante districts de la Ilépui)li(ju(',
moyennant une somme de treiilo-trois mille
livres par année, nous engageant à foin-nlr
pour chaque district une livraison le pre-
mier de chaque mois, sans inlerruption, à
compter du premier germinal an deuxiôme
(le la lV'pul)li(pu''5. ( Airhives nationales,
AKii ()7, cahier fnfA , n" 17.) Sarretlc
adressa au Comité de salut public, le
2.3 pluviôse, une lettre contenant la pro-
position qu'il était chargé de faire (Ar-
chives nationales, Ibid., n° i8). Quatre
jours plus tard, le a6, le Comité prit un
arrêté par lequel il acceptait cette proposi-
tion pour le terme d'une année, à compter
du 1" germinal an 11. Nous donnons aux
annexes, C (p. 3o3), le texte de l'arrêté du
Comité de salut public, copié sur la mi-
nute, et quelques indications bibliogra-
phiques sur le recueil publié par la Société
des artistes musiciens de la garde nationale
de Paris, une lois par mois, à partir de
germinal an 11, sous le titre de Musique à
Vusofrc (les fêles fiadoiwlcH, recueil qui
n'eut (jue douze inunéros.
(-^ (lellc signature ne se trouve qu'au
registre. La minute est de la main de
Coupé.
■•'^' Pi-oc(''s- verbal de la ('onvtMilion,
t. \\\ll, p. .71).
30^ PKOCfe-VERBAUN. DU COMITE D'INSTRUCTION PUBLIQUE
Le Comité dos inspecteurs prit, le 8 ventôse, un arrêté invitant la Comminie des arts
(c'est-à-dire la Société populaire et républicaine des arts) à se réunir à la Commission
des arts pour aviser aux moyens de rendre la salle de la Convention saine et commode,
et plus propre à transmettre les sons. La (Commission des arts désijjna comme commissaires,
dans sa séance ilu lo ventôse, (lliarles, Vicq d'Azyr, Berlhollet, Monge et Le Roy; et une
députafion de la Société populaire des arts ayant été introduite, les commissaires convinrent
de se réunir le surlendemain pour conférer avec les membres de cette Société (F^'*7,
folios 33 verso et 3^! verso).
Le manuscrit de Touvrage présenté à la Convention par Cliamoulaud le 5 nivôse se
trouve aux Archives nationales, F'^ carton ioo8^ n'' iA6o. Il est intitulé:
Thermomètre moral du génie et des talents, présenté à la Convention nationale
par F. Chamoulaud, auteur d'une Invention propi'e à perfectionner les digues de
h Hollande ^'\ d'un plan pour la re'géne'ration des mœurs en France, de celui d'un
établissement national d'humanité, etc., etc. ^"l Paris, ce primidi i" décade, ni-
vôse, an 2° de la République française une et indivisible.
En marge de la pièce on lit : rr Renvoyé au Comité d'instruction publique. Pellissikr,
secrétaire. 5 nivôse.^ Et plus bas : «Du i3 pluviôse. Passé à l'ordre du jour. Boutroue, se-
crétaire. ?5
Dans la même chemise se trouve un exemplaire imprimé du Thermomètre moral. C'est
une brochure de i6 pages, portant les indications suivantes : ccA Paris, chez l'auteur, rue
de la Verrerie, près celle des Coquilles, n° i3i ; chez Prault, Rondonneau et C'% au dé-
pôt des lois, place de la Réunion, ci-devant Carrousel; chez Desenne, Jardin Egalité, n"* i
et a ; et les marchands de nouveautés. '^ Au-dessus du titre on lit cette ligne en majuscules :
rr Seconde colonne d'une Républiqueii. L'explication de cette ligne bizarre se trouve dans une
jiote placée au bas de la page i3, et que voici : «Une a" édition de la première colonne
d'une République, la Régénération des mœurs, paraîtra dans quelques jours, avec des dé-
veloppements très intéressants, et se trouvera chez les mêmes libraires w.
La brochure est accompagnée d'une lettre d'envoi, ainsi datée : «Paris, ce Octodi (sic)
nivôse, a^ année delà République française une et indivisible?'.
^'^ L'auteur a demandé à la Convention
nationale la nomination de quatre commis-
saires-ingénieurs, pour examiner et con-
stater cette invention, si importante pour
l'humanité et l'honneur du nom français.
Sa demande a été renvoyée au Comité de
salut public. Son rapport est attendu. {l\ote
de Chamoulaud.) — H y a aux Archives na-
tionales, D xxxvni, carton m, liasse 38,
une lettre de Chamoulaud du 9 frimaire
an II, eniegistréc au Comité d'instruction
publique sous le n° 11 (ii, dans laquelle
il sollicite un prompt rapport sur cette in-
vention relative aux digues de la Hollande.
(^^ Le citoyen Chamoulaud a offert à la
nation, depuis huit mois, en divers genres ,
cinq plans utiles que la Convention natio-
nale a honorés de ses suffrages. {Note de
Chamoulaud.) — Outre le Thermomètre
moral et les trois autres ouvrages ou plans
mentionnés dans le litre ci-dessus, Cha-
moulaud avait encore présenté à la Conven-
tion, le i5 avril 1793, un plan pour accé-
lérer l'extinction des pensions accordées
aux citoyens et citoyennes ci-devant liés par
des vœux. (Procès-verbal de la Convention,
t. IX, p. a6/i.)
DE LA CONVENTION NATIONALE. :J03
AIIRETE DU COMITE DE SALUT PUBLIC RELATIF A LA PUBLICATION MENSUELLE, PAR
LES ARTISTES DE LA MUSIQUE DE LA GARDE NATIONALE DE PARIS, DE LIVRAISONS
CONTENANT DE LA MUSIQUE À L'USAGE DES FETES NATION ALES ^^^.
Du 27 pluviôse an 11.
Le Comité de salut public , vu la dëlibe'ration du Comité d'instruction publique
en date du 29 nivôse dernier, relativement à un projet des artistes composant la
musique de la garde nationale de Paris , qui se proposent de faire graver des airs
patriotiques et d'en répandre chaque mois des livraisons dans toute la République,
considérant que cette entreprise , indépendamment des vues d'utilité qu'elle pré-
sente par rapport à l'art musical, comme objet d'instruction publique, est une
mesure imporlante sous les rapports révohuionnaires, en ce qu'elle tend à amé-
liorer l'esprit public par la propagation des hymnes et chants républicains, à exci-
ter par là le courage des défenseurs de la patrie, en même temps qu'elle fournira
aux fêtes civiques, que l'on ne saurait trop multiplier, un des moyens qui en fait
le principal ornement et qui influe très efficacement sur leur eifel moral; vu.
d'autre part, les conditions d'association et d'abonnement proposées parles artistes
musiciens de la garde nationale de Paris ;
Arrête :
1° Qu'il sera remis à la société de ces musiciens un mandat sur la trésorerie
nationale de la somme de trente-trois mille livres, pour les aider dans l'entreprise
qu'ils veulent faire pour répandre de la musique patriotique;
2° Qu'ils seront tenus pendant une année entière de donner chaque mois au
Comité de salut public, et à compter du 1" germinal prochain, cincj cent cin-
quante exemplaires de la livraison de musique qu'ils publieront, laquelle devi'a
contenir une symphonie, une hymne ou chœur, une marche militaire, un rondeau
ou pas redoublé, et au moins une chanson patriotique: le tout formant un cahier
de cinquante à soixante [)ages d'impression^^';
3° Ces exemplaires seront distribués dans tous les districts par le Comité de
salut pubhc, afin qu'ils puissent y servir dans les fêtes civiques, et de manière à
les mettre à la portée du plus grand nombre des citoyens.
C.-A. Prieur, Barère, Collot d'Herbois, Carnot, Billaid-
Varenne, Saint- Just.
^^) Archives nationales, AK H ,caiion G7, Prieur) : ^Observez que chaque cahier ne
cahier ^98, n°i5. coulera (pie 5 livres à la Ht>pul)liquo, ce
(-^ Ou lit au bas de la pièce la note sui- ([iii lail Go livres par au pour les livraison>
vante qui se rapporte à cet alinéa, et (pii à donner à ciiacun des dislricls".
est de la mèuie uiaiii cpie la minute de Au-dessous, d'une aiilre eciiliuc: -liellc
Parrêté (c'est-à-dire de la nialu de C.-A. note n'es! pas à copitM ".
30/i PROCÈS-VERBAUX DU COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE
Le preniler iiiiinéro du recueil entrepris par les musiciens de la garde nationale de Paris
et subventionné par le Comité de salut public parut le ao germinal, sous le litre de Mu-
si(ine à Vusai^o des fêles nationales, et ce jour-là Gossec en présenta lui-même un exem-
plaire à la (lonvonlion (Procès-verbal, t. XXXV, p, io5). Les numéros suivants parurent de
mois eu mois durant une année; mais, à l'expiration du marché passé le 26 pluviôse an 11
avec le Comité de salut public, le traité d'abonnement no fut pas renouvelé. La publication
n'eut donc qu'un au d'existence et ne compta que douze numéros.
La Bibliothèque nalionale possède les six premiers numéros de la Musique à l'usage
(les/êtes nationales (Vm", 7019-7024); on trouve la collection complète à la bibhothèque
du (lonsorvaloire national de musique. Voici la reproduction du lilrc imprimé sur la cou-
verture de chaque numéro :
UNITÉ.
INDIVISIBILITÉ DE LA RÉPUBLIQUE.
LIBERTÉ, ÉGALITÉ, FRATERNITÉ
OU LA MORT.
Musique à l'usage des fêtes nationales,
A Paris, Du magasin des Editeurs Musiciens de la Garde Nationale Parisienne,
rue Joseph, Section de Brutus.
Parmi les morceaux symphoniques et les chœurs contenus dans les six premiers numé-
ros, les plus remarquables sont les suivants :
N° 1. Germinal.
Ouverture pour instruments à vent, par Catel, de la musique de l'arme'e pari-
sienne. Exe'cutée dans le temple à [sic) la Raison, le 90 frimaire an 9* de la Ré-
publique.
Chœur patriotique, exécuté h la translation de Voltaire au Panthe'on français
en 1791. Paroles de Voltaire, musique de Gossec.
N"/!. Messidor.
Hymne à l'Etre Suprême, adopté par le Comité de salut public, et chanté à la
lête du 20 prairial. Par Th. Desorgues, musique de Gossec.
N° 5. Thermidor.
Hymne à la Nature, par Varon, musique de Gossec. Exécuté à ia fête de la
Réunion du 10 août, an i" de la République française, station sur l'emplace-
ment de la Bastille , au lever de l'aurore.
Hymne à la Victoire sur la bataille de Fleurus, par Lebrun, musique de Catel.
Chanté au Concert du peuple, le 16 messidor an ^^ de la République française.
N" 6. Fructidor.
Le Chant du départ, hymne de guerre, parM.-J. Chénier, musique de Méhul.
DE LA CONVENTION NATIONALE.
305
CENT QUATRE-VINGT-SIXLEME SEANCE.
Du 1*" pluviôse. [90 janvier 179/I.]
Grégoire lit son rapport sur les livres élémentaires qui doivent être
employés dans l'instruction primaire. Il est adopté, après avoir discuté
la manière la plus convenable de distribuer des récompenses aux au-
teurs de ceux de ces ouvrages qui n'auront pas. atteint la perfection
désirée ^^\
Le citoyen Jussieu père propose à la Convention nationale des
vues pour l'établissement de jeux décadaires. Mathieu est chargé du
raj)port ^~K
Le citoyen Goupilleau, de Montargis, a fait hommage à la Conven-
tion d'une machine qu'il croit propre à suppléer aux canaux et rivières,
même aux voitures. Sur le renvoi au Comité, Ferry est nommé rap-
porteur ^^l
La lettre de Chamoulaud , qui désirerait être indiqué à la Convention
nationale comme commissaire pour l'exécution de son plan pour la régé-
nération des mœurs en France, est renvoyée à Grégoire et à Mathieu ^^•.
Mention honorable de l'envoi que fait J.-B. Lélu de la musique
d'un hymne à la patrie '^\
^') Voir la séance du ag nivôse (p. 298).
Il paraît que dans la séance précédente
Grégoire s'était borné à présenter le projet
de décret, et que ce fut seulement le i"plu-
viôse qu'il communiqua au Comité son rap-
port. Ce rapport fut lu à la Convention le
o pluviôse, et ajourné. L'assemblée le dis-
cuta dans la séance du y pluviôse. On
trouvera le texte de ce document aux an-
nexes de la séance du Comité du g ylu-
viôse, D (p. 36 A).
^^^ La lettre de Jussieu avait clé enregis-
trée au Comité sous le n" i53G (E'\ carlon
1008''); elle n'est pas en place, l/analyse
écrite sur la chemise nous apprend (pie Jus-
sieu, outre des jeux décadaires, j)ropo8ait
l'établissement dt; gyrïinases. ÎNous ne sa-
vons pas (|iti es! ce Jussieu : ce n'es! pas
Tilluslre holanisie Antoine-Laurent de Jus-
sieu, qui de 1790 à 1792 avait été membre
de la municipalité de Paris, car le procès-
verbal l'appelle Jussieu père , et Antoine-
Laurent de Jussieu n'était pas encore marié
en 179^1. Il sera de nouveau question de
Jussieu et de son projet pour les décades
le 3 5 ventôse (p. ^lig).
(^^ Nous n'avons rien trouvé aux Archives
sur la machine de Goupilleau de Montar-
gis. Le rapport de Ferry a été présenté
séance tenante (voir à la page 307).
^*) Sur Chamoulaud, voir page tigg. Nous
n'avons pas trouvé sa lettre. Le plan de Cha-
moulaud pour la régénération des mœurs,
au moyen de dénominations morales données
aux rues et places, est l'un de ceux que
mentionnera Grégoire dans le rapport <pi il
présentera au (ioniitt' le 7 pluviôse (j). 337).
^^^ La hUlre du nuisicien Lélu, en date
m.
IVIrnilil.Mt NAIIUNALK.
30G PROCES -VERBAUX DU COMITE D'INSTRUCTION PUBLIQUE
Les officiers municipaux de la commune de Libreville adressent au
Comité un ouvrage imprimé du citoyen Rauxin, intitulé Instruction
sociale du républicain, sur lequel ils demandent que le Comité porte son
jugement. Villar est chargé d'en faire le rapport ^^^
Roux-Martin, agent national du district d'Aix, adresse au Comité
six abdications de sacerdoce. L'administration du département de la
Lozère lui envoie l'abdication de son ci-devant évêque, du directeur
de son séminaire et de deux de ses vicaires généraux. Toutes ces pièces
sont renvoyées a Prunelle (^^.
Arrêté que les commissaires de la section du Comité chargés de re-
cueillir les faits civiques rédigeront l'attestation que désire le citoyen
T. Rousseau, qui a rempli d'une manière satisfaisante les fonctions de
secrétaire de cette section ^'^\
On propose que le secrétaire des bureaux du Comité recueille
chaque jour, dans le Feuilleton de la Convention njTtionale, les décrets
qui concernent le Comité d'instruction publique. La proposition est
adoptée, et il est arrêté, de plus, que ces décrets seront transcrits
sur un registre ou cahier qui sera remis à chaque séance sur le bu-
reau ^'-^\
On charge Ferry des pétitions et rapports concernant les écoles
d'hydrographie; en conséquence, la pétition du citoyen Guérin, dont
Prunelle avait été chargé, est renvoyée à Ferry ^^^.
Le citoyen Bruley, colon de Saint-Domingue, adresse au Comité
un mémoire relatif à la cochenille; il a établi à Saint-Domingue une
nopalerie; ses efforts ont été justifiés par des succès, et les essais de
teinture qu'il a faits prouvent que nous pouvons nous affranchir du
joug espagnol et nous dispenser de laisser sortir de la République une
somme annuelle de neuf millions pour nous procurer de la cochenille.
du 9 5 frimaire, se trouve dans F*', carton
looS^, n° 1079.
^') Nous n'avons pas trouvé la lettre des
officiers municipaux de Libreville (Charle-
ville) ni Touvrage de Rauxin envoyé par
eux. Voir la suite à la séance du 3 pluviôse
(p. 3i/i).
^^^ Ces diverses pièces ne sont plus aux
Archives.
^^^ Voir la séance du 27 nivôse (p. 291)
et, pour- la suite, celle du 9 pluviôse
(p. *36o).
^''^ Une décision analogue, concernant
les décrets rendus sur Tinstruction publique,
avait déjà été prise le i5 frimaire (p. 67).
^^^ Voir les séances dui5 octobre (t. 11,
p. 525) et du 17 nivôse (p. 266). C'est
dans la séance du 1 5 frimaire que Ferry
avait été chargé , avec Ronime, du rapport
sur les écoles d'hydrographie (p. 68).
DE LA CONVENTION NATIONALE.
307
L'objet du mémoire du citoyen Bruley paraît de la plus grande im-
portance pour la prospérité de nos colonies et pour celle de la métro-
pole. Le Comité nomme pour rapporteurs Guyton et Fourcroy, avec
invitation de faire au plus tôt leur rapport ^^^
Ferry, qui avait été chargé dans cette séance du rapport concernant
la machine du citoyen Goupilleau, de Montargis ^^\ expose au Comité
que l'auteur n'a pas assez expliqué sa machine. Il s'est presque unique-
ment occupé d'en montrer les avantages, et il a oublié de la décrire. Au
reste, il paraît avoir plus de bonne volonté que de lumières en méca-
nique. Sa machine, telle qu'on la peut comprendre, ne vaut rien.
Je pense ^^^ cependant qu'il faut donner à l'auteur le moyen de faire
prononcer des hommes de l'art sur le mérite de ce qu'il présente
comme une découverte, et le renvoyer au Bureau de consultation
des arts pour donner son avis au Comité d'instruction pubUque. Le
Comité passe à l'ordre du jour.
Le Comité passe également à l'ordre du jour sur la nouvelle péti-
tion du citoyen Thorin relativement à la manière de convertir la tourbe
en charbon par l'analyse ^'^\
Coupé fait le rapport dont il avait été chargé sur les bibliothèques
districales. Il lit un projet de décret pour être présenté à la Conven-
tionnel Il est discuté, et le Comité arrête ([u'il sera proposé tel qu'il
suit :
^') On trouve des détails sur la nopalerie
de Bridcy dans la note 1 7 du Rapport sur
les moyens d'améliorer l'agriculture en
France, lu par Grégoire à la Convention
le i3 du premier mois (t. II , p. A 76). Nous
n'avons pas trouvé le mémoire de Bruloy,
Le 17 ventôse, Bruley fut dénoncé à la
Convention par Duiay comme contre -ré-
volutionnaire, et emprisonné; il ne lut re-
mis en liberté que par décret du 16 bru-
maire an III. Le i5 (loréal an m, une
députation du Lycée des arts appela l'atten-
tion de la Convention sur le service qu'avait
rendu Bruley en acclimatant la cochenille à
Saint-Domingue.
^-^ Voir à la page 3o5.
^'^' Le présent alinéa a été rédigé par
Ferry lui-même sur un feuillet à part, et
intercalé ensuite dans le procès-verbal :
ainsi s'explique l'emploi du discours di-
rect.
^^) Voir la séance du 7 nivôse (p. 217).
(5) Voir p. '2 '18. Ce projet fut présenté par
Coupé à la Convention le a pluviôse. L'as-
semblée di'cida rimpression du rapport et
l'ajournement. Le 8 pluviôse, le décret fut
discuté et adopté avec plusieurs modifica-
tions; ([uatre articles nouveaux y furent
ajoutés, tandis que le dernier arlicle( art. 10
du projet) fut supprimé; enfin le 9 plu-
viôse eut lieu la seconde lecture du décret.
Nous donnons aux annexes (p. 3oc)) des ex-
traits des procès-verbaux des séances d»^ la
Convenliondes a,8el9 pluviôse an 11, ainsi
(pie le rapport do Coupé. Nous y joignons
une lettre anonyme adressée au (lomité et
dénonçant des dilapidations commises au
détriment de certaims bibliothèques.
ao.
308 PROCÈS-VERBAUX DU COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE
PROJET DE DECRET.
Article premier. Aussitôt après la publication du présent décret, les adminis-
trations de distiict qui seraient encore en retard feront former, conformément aux
instructions envoyées aux départements, un inventaire exact de tous les livres
et manuscrits qui composent les bibliothèques des ci-;]evant corps et cotnniunautés
ecclésiastiques et des émigrés, ensemble des objets d'histoire naturelle, des instru-
ments de physique, de mécanique, des antiques, médailles, pierres gravées, etc.,
qui leur appartenaient, et en feront parvenir une copie au département et une
autre au Comité d'instruction publique.
Art. 2. Elles choisiront parmi les édifices nationaux situés dans leur arrondis-
sement un emplacement convenable pour y établir une bibliothèque publique;
elles en enverront au département l'indication , avec le devis estimatif de la dépense
nécessaire pour recevoir la bibliothèque.
Art. 3. Les administrations de département les feront parvenir dans le mois au
Comité d'instruction publique, avec leur avis sur l'emplacement proposé et la com-
position des bibliothèques de leurs districts.
Art. li. Les bibliothèques des grandes communes, celles qui étaient publiques,
sont maintenues , et il n'y-sera rien innové quant à présent.
Art. 5. Les parties doubles et multipliées qui pourraient s'y trouver seront
réunies aux autres collections provenant des ci-devant communautés religieuses
et des maisons des émigrés dans chaque district, pour en composer la biblio-
thèque, suivant le décret qui sera rendu à cet égard sur le rapport du Comité d'in-
struction publique.
Art. 6. En conséquence de l'article i", il sera sursis à toute vente de livres
provenant des émigrés et de tous autres objets rares et instructifs énoncés au
même article.
Art. 7. Aussitôt après que la composition de chaque bibhothèque de district
aura été déterminée, il en sera formé un catalogue exposable aux yeux du public,
et il en sera envoyé une copie pour être déposée au district, et une autre au
Comité d'instruction publique.
Art. 8. Les livres, manuscrits, plans, tableaux et autres objets rares énoncés
dans l'article i", que les citoyens pourraient donner et léguer, seront placés dans
la bibliothèque et ajoutés à son catalogue.
Art. 9. Le bâtiment servant h chaque bibliothèque sera entretenu des deniers
pubhcs; l'administration, la police appartiendront à la municipalité des lieux.
Art. 10. La garde des bibliothèques de district sera confiée à un bibliothé-
caire aux appointements de douze cents livres. Il répondra de ce dépôt, et il le
tiendra ouvert au public selon le règlement qui en sera fait par la municipalité.
DE LA CONVENTION NATIONALE. 309
Prunelle est chargé du rapport des vues que Chamoulaud a présen-
tées à la Convention sous le tilre de Thermomètre moral du génie et des
talents ^^\
L'on observe qu'il serait infiniment utile d'établir une bibliothèque
à l'usage du Comité dans une partie de la salle où sont les bureaux.
L'on convient qu'elle ne peut être mieux placée que dans la plus voi-
sine des pièces donnant sur la cour et qui y communique. On nomme
en conséquence Guyton et Fourcroy pour en conférer avec les Comités
de salut public et des inspecteurs de la salle ^~K
R.-T. LlNDET ^'\
PIÈGES ANNEXES.
On lit dans ies procès-verbaux de la Convention :
Séance du 2 pluviôse an n.
Un membre fait un rapport au nom du Comité d'instruction publique ^*^ sur la
nécessité de former dans chaque district des bibliothèques et des cabinets d'his-
toire naturelle, des livres et monuments provenant des ci-devant maisons reli-
gieuses et des émigrés.
L'impression du rapport et l'ajournement sont décrétés ^^\
Voici le texte du rapport de Coupé (de l'Oise) :
RAPPORT SUR LES BIBLIOTHÈQUES NATIONALES, PAR J.-M. COUPÉ (dE L'OISe).
De l'Imprimerie nationale, s. d. ^^^
Citoyens,
Votre Comité d'instruction publique m'a chargé de venir appeler votre attention
sur les bibliothèques nationales. Des Sociétés populaires expriment un vœu qui
devient général , d'établir dans chaque district une bibliothèque publique; les fonds
en sont amassés depuis des siècles, et ils sont dignes de Teinie de toute l'Europe.
Les cloîtres ont sauvé de la destruction de l'empire romain et de la barbarie ce
qu'il a été possible des productions savantes de l'antiquité; ils y ont ajouté celles
des siècles suivants, et ces temps d'ignorance et d'erreur n'ont pas été les moins
^'^ Voir la séance du 39 nivôse (p. 999). conlenani le rapport de Ferry sur la ina-
Le rapport de Prunelle sera présenté le chine de Goupilloau de Montargis est de
i3 pluviôse (p. •'589). la main do Foriy, sur un ftMiilIel à part.
'^^ Voir la séance du ai nivôse (p. aCG) ^'^^ Ce rapport Cul fait par Coupé (de
et, pour la suite, celle du 37 pluviôse POlso).
(p. /i65). ^*) Procès -verbal clt> la Convention,
^^^ Cette signature ne se trouve qu'au t. X\\, p. ^îT).
registie. La minute est de la main de ^'" Bibliothèque ualionale, Le''' 67;') ,
Daoust, ancien secrétaire. Toutefois l'alinéa in-8".
310 PROCÈS-VERBAUX DU COMITE D'INSTRUCTION PUBLIQUE
féconds. Il y aura sans don le boanconj) à réformer dans ces amas informes; mais
il existe un fond précieux qu'un sa^je discornement saura conserver.
Ces antiques dépôts se grossissent encore de bibliothèques particulières délais-
sées par les émigrés, de collections d'histoire naturelle, d'instruments de physique,
de mécanique, de médailles, d'antiques.
Ces trésors littéraires, ainsi amassés et répandus dans chaque département,
restent encore la plupart entassés sans ordre, connue des matériaux bruts; ils dé-
périssent ou sont exposés aux dilapidations. H est temps de les dis[)oser ])our une
grande destination , et d'en faire jouir tous les citoyens.
La loi sur la vente du mobUier des énn'gcés oi'donne que leurs bibliothèques
seront transport('es au chef-lieu du département; une autre loi ordonne aussi d'y
transporter les bibliothèques des maisons religieuses, pour y former de tout cet
ensemble une bibliothèque départementale. Ce n'est point î^ssez : les l)ibliothèques
princi|)ales des grandes communes, celles qui étaient publiques, doivent sans
doute y êtro maintenues; mais il s'y trouve des parties doubles et multiples que
l'on peut en séparer. Dans la même ville il existe souvent plusieurs bibliothèques;
il n'est pas de district qui n'en compte plusieurs , soit dans les ci-devant maisons
religieuses, soit dans celles des émigrés. Ce sont ces différentes collections htté-
raires que votre Comité d'instruction publique vous propose de rapprocher, et
d'en composer une bibliothèque dans chaque district, afin de mettre, autant qu'il
est possible, tous les citoyens à portée d'aller s'instruire.
Il croit qu'il sera du plus grand avantage pour la chose publique de placer une
bibliothèque à côté de la Société populaire principale de chaque district. La litté-
rature, les sciences doivent s'allier aux vertus civiques, unir leurs travaux et con-
courir ensemble à la gloire et à la prospérité de la République.
Vous avez décrété que l'enseignement est libre : il suffit de mettre le génie de
la liberté dans cette grande carrière. Chaque bibliothèque publique doit devenir
l'école de tous les citoyens , leur présenter le tableau des siècles et des nations , et
les agrandir de tous les travaux et de toutes les pensées de l'esprit humain.
PROJET DE DÉCRET.
[Suit le projet de décret en dix articles, dont le texte est identique à celui qui figure
dans le procès-verbal du Comité.]
Le projet de décret fut discuté dans la séance du 8 pluviôse, et plusieurs dispositions
nouvelles y furent ajoutées, en sorte que le nombre des articles, qui était de dix, se trouva
porté à (,feize. La rédaction en fut adoptée définitivement dans la séance du lendemain.
Voici l'extrait du procès- verbal de ces deux séances :
Séance du 8 pluviôse an u.
On entend un rapport du Comité d'instruction publique.
ffLa Convention nationale, après avoir entendu le rapport de son Comité d'in-
struction publique, décrète :
DE LA CONVENTION NATIONALE. 311
ff Article premier. Aussitôt après la publication du présent décret, les admi-
nistrations de district, en conséquence des instructions ci-jointes, feront dresser
un recolement des inventaires qu'elles ont dû faire des livres et manuscrits des
ci-devant corps et communautés ecclésiastiques, et de ceux quelles sont tenues
de faire encore des livres des émigrés, ainsi que des condamnés dont les biens
sont confisqués, ensemble des objets d'histoire naturelle, des instruments de phy-
sique, de mécanique, des antiques, médailles, pierres gravées, tableaux, dessins,
gravures, plans, cartes et autres monuments des arts et d'instruction qui leur
appartenaient, en feront parvenir une copie au département et une au Comité
d'instruction publique ^'^
ccArt. 2. Les administrations de district proposeront, parmi les édifices natio-
naux situés dans leur ari'ondissement, un emplacement convenable pour y établir
une bibliothèque publique; elles en enverront au département l'indication, avec
le devis estimatif de la dépense nécessaire pour recevoir la bibliothèque et les
autres objets désignés dans l'article i"'^\
ffART. 3. Les administrations de département les feront parvenir, dans le mois,
au Comité d'instruction publi({ue, avec leur avis sur l'emplacement proposé et la
composition des bibhothèques de leurs districts '^^
ffART. h. Les bibliothèques des grandes communes, celles qui étaient publi-
ques, sont maintenues : il n'y sera rien innové quant à présent; seulement elles
fourniront l'inventaire de tous les livres et autres monuments qui les composent
au Comité d'instruction publique^'^
ff Art. 5. Les parties doubles et répétées qui pourraient s'y trouver sont réunies
aux autres collections provenant des ci-devant corps et communautés ecch'sins-
liqucs des émigrés et condamnés de chaque district, pour en composer la biblio-
thèque suivant le décret qui sera rendu à cet égard, sur le rapport du Comité
d'instruction publique ^^'.
ffART. 6. En conséquence de l'article i", il sera sursis h toute vente de livres
provenant des émigrés, et de tous autres objets rares et monuments instructifs
énoncés au même article ^''^
frAfiT. 7. Tous les dépôts publics des monuments des arts, et les établissements
d'instruction publique existants, sont pareillement maintenus quant à présent^' .
rrART. 8. Pour procédei' aux inventaires et recoloments de catalogues prescrits
parles articles précédents, les administrations de district nonunoront des com-
missaires hors de leur sein, en se concertant avec les Sociétés populaires ^''^
^') Article i" du projet, avec quelques (s) article .') du projet, avec de légers
changoinenls. cliangemenis.
^-) Article 9. du projet, avec, quelques ■••) Article () du projet, sans clian|;e-
chaii{jements. n.enl, saut riulercalalioii liu mot -uioiiu-
'•^' Article 3 du projet, sans clian|jenienl. uitMits'n.
^"^ Article fi du projet, f.a dernière t') Arlioie nouveau,
phrase, à pai-lir du mot tseulemenl^, esl ^"^ Article nouveau,
nouvelle.
312 PROCÈS-VERBAUX DU COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE
ffÂRT. 9. Ces commissaires se conformeront, pour ces opérations, à Tin-
striiction qui sera adressée aux districts par le Comité d'instruction publiijue :
leur travail sera terminé dans quatre mois, à compter de la publication du présent
décret; et l'indemnité quils recevront des administrations de district ne pourra
pas excéder cinq livres par jour ^'^
ffART. 10. Pour détermine!' eutin les livres, les objets rares, les monuments
des arts et d'instruction publique qui seront définitivement conservés dans chaque
bibliol!iè(pie, ou qui devront être transportés d'un dépôt dans un autre, aliénf's
ou supprimés, le Comité d'instruction publique présentera à la Convention na-
tionale un projet de décret sur la formation d'une commission temporaire, à qui
ce travail sera confié ^^^.
ffART. 11. Aussitôt après que la composition de chaque bibliothèque de district
aura été déterminée , il en sera formé un catalogue exposable aux yeux du pubhc;
il en sera envoyé une copie pour être déposée au district, et une autre au Comité
d'instruction publique ^^^
ffART. 12. Les livres, manuscrits, plans, tableaux et autres objets rares énoncés
dans l'article i", que les auteurs et les autres citoyens pourraient donner ou léguer,
seront placés dans la bibliothèque et ajoutés à son catalogue ^*^
ffART. 13. Les bâtiments servant à chaque bibliothèque, ainsi qu'aux établis-
sements existants d'instruction })ublique, seront entretenus des deniers publics :
l'administration et la police réglementaire appartiendront à la municipalité des
Heux, sous la surveillance de l'administration de district ^'^^'i.
Séance du 9 pluviôse an 11.
Un membre donne lecture d'un décret rendu dans la séance d'hier, au nom du
Comité d'instruction publique.
La rédaction est adoptée ^''^
Le rapport de Coupé avait parlé de dilapidations auxquelles étaient exposées les biblio-
thèques et les collections, restées pour la plupart «entassées sans ordre, comme des ma-
tériaux brutsî). Une lettre anonyme, adressée au Comité peu de temps après l'adoption
du décret, confirme cette assertion du rapporteur, en dénonçant des actes commis par
des commissaires peu consciencieux dans la Meuse et dans la Marne. Nous la reproduisons
ci -après :
AUX CITOYENS MEMBRES DU COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE
DE LA CONVENTION NATIONALE, À PARIS.
Citoyens ,
Je viens de lire dans les gazettes votre projet de décret sur les bibhotlièques ;
^^) Article nouveau. ^^> Article 9 du projet, avec quelques
(■2) Article nouveau. additions. L'article 10 du projet a été sup-
^^) Article 7 du projet, sans change- primé. — Procès-verbal de la Convention ,
ment. t. XXX, p. 188.
(*) Article 8 du projet, avec un léger ^•'^ Procès-verbal de la Convention,
changement. t. XXX, p. 30^.
DE LA CONVENTION NATIONALE. 313
eh bien, je vous dirai qu elles ont étd toutes dilapidées tant dans ies maisons re-
ligieuses que chez les émigrés par les commissaires.
Si vous aviez des mouchards dans la ville d'Etain , déparlement de la Meuse,
on en trouverait de l'abbaye de Ghâtillon, ordre de Cîteaux; les commissaires ont
eu bien autres choses, etc., mais la plupart se Irouvent encore aujourd'hui
membres du district. Surtout le procureur-syndic, qui est très riche.
A Colmey, district de Longwy, département de la Moselle, envoyez un mou-
chard demander après nn nommé Ilobillard, qui n'y est point depuis longtemps;
des malles y sont, il a des livres qui appartenaient à l'abbaye de Saint-Pierre de
Chalons-sur-Marne. Voilà comme les livres ont été dispersés. Salut.
P. S. Faites dans la République quelque acte semblable, on en découvrira bien
d'autres^^^
^') Archives nationales, F", carton 1708, n° 1881. Cette pièce, sans si^jnalure, ne porte
aucune indication de heu ni de date.
31 /j PROCÈS-VERBAUX DU COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIOUE
CENT QUATRE-VINGT-SEPTIEME SEANCE.
Du 3 pluviôse an ii. [^i,-?, janvier 179-'!. |
On l'ait lecture de la pétition faite par le citoyen Dlor^je, écrite à
la Convention nationale et renvoyée par décret du 2 pluviôse. Thibau-
deau est nommé rapporteur ^^l
Lettre du citoyen Groslain, conimissaire du Comité révolutionnaire
de la section de l'Indivisibilité, du 3 pluviôse, relative à une pendule
existante chez Nicolaï. Le Comité nomme rapporteur Prunelle, qui en
conférera avec la Commission des arts^'-l
Lettre du citoyen Hutin, qui envoie des échantillons de papier fait
avec des papiers écrits et imprimés. Guyton est nommé rapporteur ^^l
Pétition du citoyen Jacques Cusack, Américain, tendant à obtenir
la naturalisation en France. Renvoi de cette pétition au Comité de lé-
gislation ^^l
Villar fait le rapport d'un ouvrage intitulé Instruction sociale, par
Rauxin, et de la lettre de la municipalité de Libreville. Le rapporteur
présentera un projet de réponse à cette municipalité^^).
^') Le peintre Diorge, fc directeur dos
cabinets de peinture et sculpture et de l'é-
cole gratuite de dessin de Berguesî), avait
obtenu de la Convention, le 17 frimaire,
qu'elle acceptât la dédicace de la gravure
d'un tableau représentant la bataille de
Hondschoote. Le i5 nivôse, Diorge offrit
à l'assemblée, qui accepta de nouveau,
l'hommage de son tableau lui-même et
proposa d'entreprendre une série de ta-
bleaux de batailles ; cette offre fut renvoyée
au Comité d'instruction publique. Enfin le
9 pluviôse, sur la motion d'un membre,
l'assemblée renvoya une seconde fois au
Comité d'instruction publique la pétition
présentée par Diorge le 1 5 nivôse ( Procès-
verbal de la Convention, t, XXX, p. 2/t).
On trouve aux Archives nationales un im-
primé adressé par Diorge au Comité d'in-
struction publique et à la Convention: nous
en donnons des extraits aux annexes, A
( p. 3 1 5 ). Sur le rapport fait à la Convention
par Thibaiideau le 27 pluviôse, l'assemblée
décida de passer à l'ordre du jour sur la péti-
tion de Diorge. Nous donnons aussi aux an-
nexes des extraits du procès-verbal des séances
de la Convention des 28 et 27 pluviôse, un
extrait du Journal des débats et des décrets ,
et un extrait des Mémoires de Thibaudeau.
^'^) La lettre relative à la pendule trouvée
chez Nicolaï a été enregistrée sous le
n° 1659 (F'^ carton 1008^); elle n'est pas
en place.
(^^ Sur la question du papier, voir
page 197. La lettre de Hutin a été enre-
gistrée sous le n°i73i (F'\ carton 1009^);
la pièce manque, ayant été renvoyée à la
Commission des arts. Le rapport de Guyton
sur les procédés de Hutin sera présenté le
9 pluviôse (p. 3C2).
(^^ Voir la séance du 9 frimaire (p. /i3).
(^) Voir la séance du 1" pluviôse (j). 3 06)
et, pour la suite, celle du i3 pluviôse
(p. 389)-
DE LA CONVENTION NATIONALE.
315
Ouvrage sur les moutons. Coupé est nommé rapporteur ^^^.
Sur la demande des professeurs du Muséum d'histoire naturelle
tendante à l'établissement d'une ménagerie, le Comité nomme Four-
croy rapporteur ^^l
Mathieu fait un rapport sur les fêtes nationales ^^^.
Lettre du Comité de salut public du 3 pluviôse, par laquelle il
demande qu'il soit remis à la section des armes un exemj)laire de VEn-
cijclopédie méthodique. Le Comité arrête que la section des dé|)ôts litté-
raires de la Commission des arts fera remettre cet exemplaire à la
section des armes dans le plus bref délai et sous récépissé. Renvoi**, à
cet effet, la lettre et le présent arrêté au citoyen Langlès, membre de
la section des dépôts littéraires ^''^
R.-T. LlNDET^').
PIÈCES ANNEXES.
La pétition imprimée adressée par le peintre Dlorge au Comité d'instruction publicjue ,
lue à la Convention le i pluviô-îe, existe aux Archives nationales (F'", carton 1008') en
deux exemplaires enregistrés l'un sous le n" iCSa , l'autre sous le n° i658. Ce second exem-
plaire est celui qui fut présenté à la Convention : il porte en tète ces mots écrits par un secré-
taire : «Renvoyé au Comité d'instruction publique par décret du 9 pluviôs?». Et plus bas :
«Tbibaudoau, rapporteurs.
Nous reproduisons les principaux passages de cet imprimé, qui sort de l'Imprimerie des
86 départements et du Journal de la Montagne, rue Faubourg-Poissonnière, n" 3 (in-8°
de 8 pages).
LE CITOYEN DLORGE AUX CITOYENS MEMBRES COMPOSANT LE COMITE D'INSTRLCTION
PUBLIQUE DE LA CONVENTION NATIONALE, ET À TOUS SES CONCITOYENS.
Le citoyen Dloi'ge, connu à Paris par fliiïéronts ouvrages, dirocleur des cabinets
de peinture et de scul[)ture (établis à Bergues par le directoire du (!é|)ai'temenl du
Nord, et de Técole gratuite de dessin (pi'en 1791 il institua dans la même ville.
^'^ Nous n'avons pas trouvé cet ouvrage
sur les moutons. C'est peut-être le livre
bien connu de Daubenton.
l') Voirp. y/i6. Une pièce intitulées Projet
d'ai'licles pour l'établissement d'une ména-
gerie au Muséum d'histoire naturelloT^ avait
été enregistrée au Comité sous le n" i()57
(F'', carton 1008*); elle n'est pas en plan».
Nous l'avons rel roux iMMlans 1(» carton 1 -itK),
el nous (loinions aux annexes, M ( |). .{1 () ),
les articles en question. Il sera de nouveau
question du projet de ménagerie le 7 ven-
tôse (p. 5oi) et le a 7 lloreal an 11.
^''^ Voir la séance du a 1 nivôse (p. 267)61,
pour la suite, celle du i(> pluviôse (j). 699).
' Voir la séance du '.\'.\ nivôse (p. 97^).
Nous donnons la lettre du Comité de salul
jiublic aux annexes, (] (p. .390 V
'^ Celte «^ignaliu'e ne se trouve qu'au !•»'-
gislrc. La miuuloestde la main vie Houlrotie.
316 PROCÈS-VERBAUX DU COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE
sous les auspices du Conseil gênerai de la commune, s'est trouvé à la bataille
d'Honscolle (s/c), le 8 septembre dernier, pour en faire le dessin. Il vient d'en
peindre le tableau, qui représente, avec la plus grande vérité, la situation de l'at-
taque, et du massacre qui s'en est suivi. . . Il n'a point oublié nos braves gen-
darmes qui ont commencé l'affaire avec leur impétuosité ordinaire, suivis parles
intrépides sans-culottes, par les chasseurs, et la belle colonne de troupes de ligne.
Tous ensemble, à travers des marais inondés, et qui paraissaient impraticables,
ont pénétré sur le derrière de l'armée ennemie : manœuvre qui décida, et de la
victoire , et du sort de cette campagne en Flandre. On voit dans le lointain la fuite
des vaincus.
Ce tableau a été présenté à la Convention nationale, le 17 frimaire, par l'ar-
tiste, à qui l'assemblée a fait l'accueil le plus favorable; elle a bien voulu agréer
la dédicace de la gravure de ce tableau, qu'il lui a offerle de la part du Conseil
général de la commune de Bergues, et qui sera gravé par un habile artiste.
Après cet exposé vient la reproduction de l'adresse lue par Dlorge, la seconde fois
qu'il se présenta à la Convention pour demander à être chargé de peindre une série de ta-
bleaux militaires :
Copie de l'adresse lue par le citoyen Dlorge le i5 nivôse.
Citoyens représentants,
Envoyé vers vous le 17 frimaire par la commune de Bergues, que j'habite, j'ai
eu l'avantage flatteur de vous offrir, en son nom , la dédicace de la gravure du
tableau de la mémorable bataille d'Honscoote, tableau dont, j'ose le dire, la vérité
augmente l'intérêt, puisque je l'ai dessiné dans le moment même de l'action,
dont les dangers, que j'étais fier de partager, n'ont fait qu'enhardir mon pinceau
civique.
Déjà, citoyens représentants, vous avez dignement récompensé l'intention de
l'artiste, en agréant cette dédicace. Encouragé par ce premier succès, j'ose espérer
que vous voudrez bien accepter l'offrande de ce tableau, en original, que j'ai soi-
gneusement conservé pour en faire hommage à la République.
J'ose espérer encore que votre patriotisme comblera mes vœux en recevant l'en-
gagement que je contracte solennellement de déposer sur l'autel de la patrie tous
les tableaux que je forai dans ce même genre, auquel je suis jaloux de consacrer
sans partage mes faibles talents.
Je n'entreprendrai pas de développer l'utilité et le but moral d'une aussi pré-
cieuse collection , puisque j'ai le bonheur de parler à des républicains montagnards
qui sentent comme moi combien il importe de soutenir l'émulation de nos braves
guerriers, en laissant à la postérité des monuments qui seront, pour ainsi dire,
autant de cartes géographiques de leurs hauts faits immortels . . . Cette idée élec-
trise mon âme , enflamme mon génie : je brûle du désir d'obtenir la permission de
me livrer à ce genre de[|travail. Dites un mot, législateurs, et je vole à l'instant au
poste où mon cœur m'appelle . . .
Dlorge.
DE LA CONVENTION NATIONALE. 317
Cette adresse a obtenu les plus vifs applaudissements. La Convention a accepté
le tableau, en a (sic) ordonné l'insertion au Bulletin, et le renvoi au Comité d"in-
sîruction publi(|ue qui est chargé de faire un rapport sur l'autorisation demandée.
L'artiste a été admis aux honneurs de la séance.
Viennent ensuite trois pafjes intitulées Observations particulières du citoyen Dlorge, dans
lesquelles l'auteur disserte sur les nombreux avantages que doit présenter son projet. A la
fin de la brochure, p. 8, on lit cet avis :
Nota. On souscrit pour la gravure du Tableau de la bataille d'Honscoote,
moyennant 2 A livres, à l'adresse et aux conditions portées dans le prospectus.
La souscription est également ouverte au Bureau d'agence et correspondance
expéditives, rue du Gros-Chenet, n° 7.
Il n'avait pas été fait mention, au procès-verbal de la Convention, des deux démarches
faites par Dlorge auprès de l'assemblée en frimaire et en nivôse. L'artiste obtint que celte
omission fût réparée. On lit, en effet, ce qui suit au procès- verbal de la séance du 2.3 plu-
viôse an II :
Sur la proposition d'un membre ,
ffLa Convention décrète que le décret du i3 frimaire ^'\ portant qu'elle accep-
tait la dédicace de la gravure du tableau représentant la bataille d'Honscoot {sic),
peint par le citoyen Delorge (s«c), ladite gravure dédiée par la commune de
Bergues; et celui du 16 nivôse ^'\ portant acceptation de l'hommage du tableau,
aussi avec mention honorable et insertion au Bulletin, seront rétablis dans les pro-
cès-verbaux à ces deux époques ^'\ ri
Le 97 pluviôse, sur le rapport de Thibaudeau, la Convention rendit le décret suivant :
ffLa Convention nationale, après avoir entendu le rapport de son Comité d'in-
struction publique sur la pétition du citoyen Delorge [sic), peintre, tendante à être
autorisé à suivre les armées en cette qualité, décrète qu'il n'y a pas lieu à déli-
bérer ^^Kn
Le Journal des débats et des décrets donne du rapport de Thibeaudeau l'analyse qui suit :
Convention nationale, séance du 27 pluviôse.
La Convention avait renvoyé au Comité d'instruction publicjue l'examen de la
pétition du citoyen Delorges {sic), qui lui avait fait don d'un tableau représentant
(') Ce chiffre est erroné, ha petit ii)n de (-) Chilfrc également erroné. Li pcli-
Dlorge, imprimée par ses sohis et dislrl- lion de Dhwge (htnuc la date du i .") ni-
buéc par lui-même, indl([uo la date du vôse.
17 frimaire. Le Moniteur, qui a meu- (') Procès -verbal de la (a)n\iMitlou ,
lionne la première démarche de Dlorge à t. \\\1, [>. iSf). — Les tlcuv ilt'crt'l->
la barre de la (îonvenlloii, commet lui n'ont pas été rétablis dans les procès-ver-
aussi une erreur en la plaçant au ûo hl- Itaux des séances indiquées,
maire {Moniteur du aa frimaire an ii . ^^^ i*rocès-verbal de la (louvenliou .
p. o.'li). I. \\\l, |.. nyS.
318 PUOCÈS-VERBAUX DU COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE
la bataille d'Hondscoole, et lai demandait la permissioii d'être attache' aux arme'es
connue peintre de batailles; il motivait sa demande sur l'avantage qui ro'sulterait
pour la patrie de placer, comme des modèles , sous les yeux des citoyens français,
les traits d'iu^roïsme et de bravoure qui immortalisent nos frères d'armes dans les
combats qu'ils livrent aux satellites des despotes.
Tlu'haudcin , rapporteur du Comité, annonce qu'après avoir examine le tableau
de Delorges, on a reconnu quil appartenait aux temps barbares oh. la nature était
méconnaissable dans l'imitation que l'on en faisait; rien n'y a paru laisser (sic) les
traces du moindre talent, ni composition, ni dessin, ni coloris, ni goût; en tout
on n'a trouvé dans l'artiste que des dispositions négatives, l^e Comité, d'ailleurs,
a considéré qu'aucune loi ne défendait aux peintres de suivre les armées, pour
Y choisir des sujets. En conséquence, il propose de passer à l'ordre du jour sur la
pétition de Delorges.
La Convention adopte le décret ^^^
Tliibaudeau lui-même , dans ses Mémoires , a consacré à Dlorge une page que nous re-
j)i'oduisous ci-après :
Nous étions bien assaillis [au Comité d'instruction publique] par une tourbe de
oens qui croyaient suppléer à la médiocrité de leurs talents par la chaleur de leur
patriotisme; mais nous ne nous laissions point imposer par leurs clameurs. Par
exemple, un citoyen D. . . , directeur des arts à Bergues , avait apporté à Paris un
1res mauvais tableau de sa composition, représentant la bataille d'Hondscoote , et
demandait à e'tre chargé de suivre les armées pour peindre les batailles. C'était
lout sinqilement une spéculation financière. Sa demande fut renvoyée au Comité
d'instruction pubhque; je fus chargé d'en faire le rapport. Je n'épargnai pas la mé-
diocrité de l'artiste, quoiqu'il l'eût mise sous la protection de son répubhcanisme;
et, quanta son projet, je le combattis par les considérations suivantes, qui déter-
minèrent la Convention à le rejeter :
ff Ce serait se faire une bien petite idée de la plus étonnante des révolutions, que
de croire qu'il appartient à la peinture d'en perpétuer le souvenir. L'existence de
la patrie , cette nouvelle république fondée , la face de la Fiance changée par la puis-
sance du peuple et par vos lois; les champs de bataille, les fleuves, les mers, teints
du sang de vos ennemis, tous ces lieux témoins de nos exploits; voilà les monu-
ments de notre gloire! Malheur à nous si la mémoire s'en perd dans la postérité!
C'est que nous aurons perdu notre énergie, avili nos triomphes et dégradé nos
travaux. Croit-on qu'alors de frivoles peintures feraient revivre ce que nous au-
rions éteint nous-mêmes par nos propres fautes ?, Entretenons nos armées, hono-
rons leurs victoires en les utilisant; consolidons la Réj)ublique par de bonnes lois
et de bonnes mœurs ^^'.t?
') Journal des débats et des décrets, 11° 51/1 , p. 089. — ^-^ Thibaudeau, Mémoires, t. 1"',
P- 77-
DE LA COxWENTION NATIONALE. 319
PROJET DWKTICLES POUR L'ETABLISSEMENT D'UNE MENAGERIE
AU MUSÉUM D'HISTOIRE NATURELLE ^^1'.
[La première page et une partie de la seconde page du manuscrit contiemient uu
préambule exposant la nécessité de créer une ménagerie. Viennent ensuite les liuil ai licles
ci-après, sous la forme d'un projet de décret à présenter à la Convenlion :]
i" La ménagerie de Versailles sera supprimée; les animaux qu'elle contient
seront transportés incessamment au Muséum d'histoire naturelle, et toutes les dé-
penses de celte ménagerie cesseront à partir du
^^ 11 sera formé une ménagerie dans l'enceinte du Muséum d'histoire natu-
relle.
3° Les professeurs du Muséum seront chargés de l'organisation et de la sur-
veillance de l'établissement, ainsi que du choix des employés au service des ani-
maux.
li° Les fonds ci-devant affectés à l'entretien de la ménagerie de Versailles se-
ront appli({ués à l'entretien de celle du Muséum et versés dans les Jiiains du lr(>
sorier, à dater du
5° 11 sera remis à la disposition du ministre de l'intérieur une somme de
5o,ooo livres pour être employée aux frais de construction de la ménagerie du
Muséum.
6° Le ministre de l'intérieur sera autorisé à faire remettre au Muséum tous les
objets et matériaux existant dans les diverses ménageries et autres dépôts faisant
partie de la propriété nationale, et nécessaires j)our l'établissement de la nouvelle
ménagerie.
7° Les professeurs du Muséum feront procéder, sous l'inspection du Comité
d'instruction publique, à la construction de ladite ménagerie dans le lieu qui aura
été choisi à cet effet ; ils feront aussi construire promptement des loges provisoires
pour les animaux déjà existants au ^Muséum, ou qui pourront y être amenés avant
le complément des travaux de la ménagerie.
o„ ( Le ministre de l'intérieur } , i , i i m • -
o < X ^ 1^ !'• . ,• II- est cnaree de statuer dennitivement
( Le liOmite d mstrucdon publique \ "
sur les indemnités à accorder aux propriétaires de quelques animaux envoyés au
Muséum par la municipalité de Paris ^^^
La pièce ne porte ni date ni signature. On lit sur la première pnge, en marge : rFour-
croy, rapporteur ?\
Elle a conune chemise une autre fouille, de giaïul foi-mal, avec uu eu-téle inipriuu». cl
sur laquelle on lit ce qui suit :
^'^ Archives nationales, K'^, cailon iîmj, u' idôy. — ^ Ndir i. l|, pages Sni d
suivantes.
320 PHOCÈS-VERBAUX DU COMITE D'INSTRUCTION PUBLIQUE
Extrait du registre des délibérations du Comité d'instruction publique,
ce 3 pluviôse de Van 3* de la République française une et indivisible.
Sur la cloinande des profcsseiu's du Musëuin d'hisloire naturelle tendante à l'éta-
blisseniont dune nidnagerie, le Comité nonnnc Foureroy rapporteur.
Pour copie conforme :
R.-T. LiNDET.
c
LETTRE DU COMITE DE SALUT PUBLIC À CELUI D'INSTRUCTION PUBLIQUE ^^^.
COMITÉ
DE SALUT PCBLIC
, , I^aris, le quiiilidi 3 pluviôse de la i" aiiuée de la République
Bureau des poudres ^ .-t'-ii
^ , ,. une Cl indivisible,
et salpêtres.
Le Gomitë de salut public de la Convention nationale
au Comité d'instruction publique.
Nous vous j)rions de nous faire parvenir le plus tôt que vous pourrez un exem-
plaire de VEncfjclopédie méthodique pris parmi ceux qui doivent s'être trouvés en
grand nombre chez les émigrés et de le faire remettre à la section des armes où
l'on a un besoin fréquent de consulter cet ouvrage.
Les membres du Comité de salut public,
Carnot, C.-A. Prieur.
Au bas de la pièce on lit : "L'exemplaire demandé a été fourni )5.
(') Arcbives nationales, F*', carton 1009^ n" 17G'.
DE LA CONVENTION NATIONALE.
321
CENT QUATRE-VINGT-HUITIEME SEANCE.
Du 5 pluviôse an ii. [2^ janvier 179^.]
Mémoire des citoyens Auger, sculpteur, et Sobre, architecte, relatif
à la confection d'un jardin géographique. Mathieu est nommé rappor-
leur^i^
Pétition du citoyen Macquart relative a un cabinet à l'Ecole des
mines. Mathieu est nommé rapporteur ^'^^.
Pétition du citoyen Linger relative aux récompenses militaires.
Celte affaire est ajournée ^^l
('' Le projot relatif à la transformation
du parterre du Luxembourg en une carte
géographique de la France avait été pré-
senté à la Convention le 1" pluviôse, dans
la séance du soir (Procès-verbal de la Con-
vention, t. XXX, p. 21). Il fut enregistre au
Comitésous ien" 1718 (F^', carton 1009'),
mais la pièce n'est pas en place. On lit sur
la chemise : crLes citoyens Sobre, Auger et
Aupenot proposent un plan de la surface
immense de la République, qu'on pourrait,
disent-ils, exécuter dans le jardin ci-devant
de Luxembourg». Et plus bas : cr Remis au
carton de Mathieu w.
^^^ La pétition de Macquart se trouve
dans F", carton toog^ n° 1722 : il y
expose qu'il a remis au Comité de liquida-
tion, en 1790, des pièces relatives à un
cabinet déposé à l'Ecole des mines par
ordre du gouvernement, cr Aujourd'hui ce
Comité exige qu'avant le 1" février, ancien
style, on fournisse les pièces à l'appui de
la demande en liquidation formée par ce
citoyen. Il ne peut satisfaire sur ce point,
parce que le Comité d'instruction publique,
qui a chargé la Commission des arts de
faire un rapport sur ce cabinet, n\i j)as
encore été à portée de prendre un parti siu-
cet objet. Mac(juait prie le Comité de vou-
loir bien faire droit à sa demande en lo
mettant à même de terminer celte alVaire,
ou de remettre à la liquidation les preuves
qu'il a fait ce quiMépendait de lui pour y
parvenir.» La pièce est dutée du 5 plu-
viôse 1798 {ùc\ A cotte pétition est joint
un rapport de Lelièvre. membre delà Com-
mission des arts, du 2 octobre 179'^. —
Dès le 22 septembre 1798, la Commission
des arts avait renvoyé à sa section d'his-
toire naturelle, pour rapport, l'afTaire du
cabinet Macquart, ainsi que celle de la col-
lection Palrin (sur Patrin, voir les Procès-
verbaux (la Cotnité d' instruction publique de
la Législative, au mot Patrin); le 5 plu-
viôse, elle entendit un rapport de sa section
de minéralogie sur le cabinet Macquart,
«déposé dans le local du cabinet de miné-
ralogie à la Monnaie», et arrêta de «ren-
voyer au Comité d'instruction publique pour
prendre une détermination sur cet objet ^i
(F''* 7, folio 21, verso).
Le rapport de Mathieu sera présenté au
Comité le 7 pluviôse (p. 338).
^^' La pétition de Linger se trouve dan-?
F'", carton 1009', n" 1709. Elle est datée
du 3 pluviôse. Le pétitionnaire propose de
d('cerner aux défenseurs de la patrie qui
se seront signalés par des actions héroïques
et lemarqiiablos inie espèce île carte ri-
vii[U(' ([ui serai! ;\itachée à une branoho de
laurier (connue à réchanlillon) avec un
ruban tricolore scellé du cachet de la Con-
vention. Cette idée, dit-il, lui a t'ti' inspirée
par le spi'rtacle (l(>s gendarmes de i-eleni'
2 I
IMI-ItlMI r.ll KAriOlALI.
32i> PROG!^:S-VERBA[J\ DU COMITE DINSTRUGTION PUBLIQUE
Coupé fait un rapport sur la demande du citoyen Ferlus relative à
des maisons d'éducation. Le Comité passe à l'ordre du jour^^^
Le même membre fait un rapport sur un arrêté du département de
la Côtc-d'Or relatif au maintien de la liberté des opinions religieuses
dans l'éducation publi([ue. Le Comité passe à l'ordre du jour, motivé
sur ce que cet arrêté est dans les principes de la liberté ^^L
Un citoyen fait hommage au Comité d'une petite brochure intitulée :
Licre des principes de la langue française , etc. Mention de l'hommage.
Un membre demande que dans le nombre des livres élémentaires
on met(e les notions géographiques. Adopté ''^^.
Lettre du citoyen Jeaurat, du 5 pluviôse. Bouquicr est nommé rap-
porteur ^'^^
Lettre des administrateurs du département de Paris, du 5 pluviôse,
relative aux secours à accorder aux instituteurs des petites écoles. Ren-
voyé à Valdruche, rapporteur. Le Comité l'invite à conférer sans délai
avec le Comité des finances pour obtenir à ces citoyens un secours
provisoire ^^\
Lettre des officiers municipaux de Noyers, département de l'Yonne,
du 2 pluviôse. Le Comité passe à l'ordre du jour^'^^
delà Vcndéo, à qui le président, dans la
séance du i" pluviôse, a distribué des
feuilles de laurier. Un modèle de la dé-
coration proposée est joint à la pétition.
On lit en marâtre de la pièce : «Renvoyé au
Comité d'instruction publique le ^i pluviôse
l'an 2°. Bassal, secrétaire. -ii Et plus bas :
ff.Ajournén. — Ce Linger est peut-être le
même qu'im Linge:% commissaire des ar-
tistes réunis de Lyon, qui a présenté une
pétition à la Convention en août 1798.
( Cotte pétition a été imprimée et se trouve à
la Bibliothèque nationale, Le-^*' 2.^87, in-Zi".)
^^^ La pétition du citoyen Ferlus (Dom
Ferlus, directeur de l'école de Sorèze) avait
été enregistrée sous le n" 10 /ii (F^'', carton
1006). La pièce manque. Sur la cbemise
on lit : «Le citoyen Ferlus, fondateur de
l'école de Sorèze, sollicite de la Convention
nationale les moyens de la soutenir". Et
plus bas : «Renvoyé à Coupé?). Sur l'école
de Sorèze, voir notre tome II, pages 298 et
3o8.
^^^ L'arrêté du département de la Côte-
d'Or, qui remontait au mois de brumaire,
avait été enregistré au Comité sous le
n" 1111 (F^^ carton 1006). La pièce n'est
pas en place.
^^) Voir à la séanca du 29 nivôse (p. 298)
le projet de décret sur les livres élémen-
taires. Pour la suite, voir la séance du 9 plu-
viôse (p. 362).
^^) Nous n'avons pas trouvé cette lettre
de Jeaurat. Voir la séance du 7 nivôse
(p. 21 A) et, pour la suite, celle du 9 plu-
viôse (p. 36o).
(^' Nous n'avons pas trouvé la lettre du
département de Paris. Voir la séance du
29 nivôse (p. 298) et, pour la suite, celle
du 7 pluviôse (p. 335).
(**) Les officiers municipaux de Noyers
demandaient s'ils pouvaient conserver la
place de membre du comité de surveillance
a leur curé, marié depuis six semaines. La
lettre est aux Archives nationales, F'',
carton 1009^ n" 171/1.
DE LA CONVENTION NATIONALE. 323
Mathieu fait un rapport sur les salaires à attribuer aux membres
de la Commission provisoire des arts^^^; il présente un projet de décret
ainsi conçu :
Article premier. Les membres de la Commission temporaire des arts définiti-
vement instituée pour inventorier et faire mettre en dépôt pour i'inslruction pu-
blique les livres, instruments, machines et autres objets de sciences et arts, sont
les citoyens dont les noms suivent :
Pour inventorier les collections d'histoire naturelle, de botanique, de zoologie et
de minéralogie, les citoyens Richard, Lamarck, Thouin ,Desfontaiiies, Gillet-Lau-
mont, Besson , Lelièvre , Nitol;
Pour inventorier les instruments de physique, d'astronomie et autres, les ci-
toyens Fortin , Charles, Lenoir, Dufourny, Janvier, horloger;
Pour inventorier les dépôts et laboratoires de chimie, les citoyens Pelletier,
Vauquelin, Leblanc, Berthollet;
Pour inventorier les cabinets d'anatomie, les citoyens Thillaye, Fragonard, ana-
tomiste, Vicq d'Azyr, Gorvisart , Portai;
Machines d'arts et métiers, les citoyens Mollard, Hassenfralz, Vandermonde:
La marine, cartes imprimées et manuscrites , les citoyens Adet, Monge. Buache;
Plans, machines de guerre et fortifications, les citoyens Beuvelot. Dupuis-Torcy ;
Antiquités et médailles, les citoyens Leblond, Mongoz;
Les bibliothèques, les citoyens Langlès, Ameilhon, Barrois aîné. Poirier;
Peinture et sculpture, les citoyens Naigeon, Lesueur;
Plans, machines, ponts et chaussées : Prony, Rauch, Plessis, Chambéry;
Instruments de musique anciens, étrangers : Sarrette et Bruni.
Art. 2. Ceux d'entre eux qui ne touchent point de traitement pour d'autres fonc-
tions ou emplois publics recevront une indemnité de deux mille livres, à raison de
cent livres par mois et de huit cents livres à la fin de leur travail.
Art. 3. Ceux qui en toucheraient une moindre pour un autre travail pourront
opter pour celle fixée pour les membres de la Commission temporaire des arts.
Art. li. La Commission terminera dans l'année le travail dont elle est chargée.
Art. 5. Chacun des membres de la Connnission sera tenu de se munir d'un
certificat de civisme.
Le Comité approuve ce projet, et cependant il invite le rapporteur
à conférer avec le Comité des finances pour la radiation de la fin de
l'article 9 ainsi exprimée : à raison de cent livres par mois et de huit
cents livres â la fin de leur travail ^^^K
('^ Voir la séance du îîq nivôse (p. 999). y a (jiiohpies dinércnccs oiilre Ir projet de
f"^) Le projet de (h'cret lut présenté à la décret et le ilécr'! délliiilif. I/arlicIe ^i du
Convention pai- Malliien le iS pluviôse, et projet a disparn; l'article .") e4 devenu Tar-
voté par elle après une courte discussion. Il ticio i ; une disposition nouvelle . adjoi^jnant
ai .
32 i PROCES -VEllBAUX DU|G0MITE DUNSTRUGTION PUBLIQUE
David observe que le décret de la Convention nationale qui appelle
les artistes au concours pour présenter des modèles du monument
qui doit être élevé sur la place du pont National n'a pas été connu
des artistes. Le Comité charge David de présenter à la Convention
nationale le projet de décret suivant :
PROJET DE DÉCRET.
Le concours sera ouvert à partir de la publication du présent décret; il sera clos
au. . . , etc., etc. ^^\ (Nota. David donnera le projet.)
r
Mathieu fait un rapport sur la pétition du collège de l'Egalité. Le
Comité arrête le projet suivant:
La Convention nationale, après avoir entendu le rapport des Comités d'instruc-
lion publique et des finances, réunis, sur la pétition du collège de l'Egalité pour
obtenir les fonds ne'cessaires à ses dépenses ,
Considérant : i° Que le décret rendu le 7 août 1798 (vieux style), par lequel
il est dit qu'il serait tenu par la trésorerie nationale à la disposition du ministre
de rintérieur une somme de 807,552 livres 2 sols 6 deniers, est dérogatoire au
mode général établi par les décrets tant du 8 mars sur les collèges que du 5 mai
de l'année 1798 (vieux style) sur les salaires et pensions des professeurs et sur
les bourses et autres établissements d'enseignement public ;
2" Qu'il importe que les collèges et établissements nationaux d'instruction pu-
blique existant à Paris soient assujettis au mode établi par les décrets ci-dessus
mentionnés ;
Décrète qu'il sera pourvu aux besoins desdits collèges conformément aux lois
du 8 mars et du 5 mai concernant les boursiers, les professeurs et les maisons
consacrées à l'éducation publique ^^K
à la Commission les membres du Conser-
vatoire du Muséum des arts, forme Tar-
ticle 5 du décret. Les noms des membres
de la Commission sont les mêmes au projet
et au décret définitif, à deux exceptions
près : le nom de Mongez a disparu du
décret, sans doute parce que la section de
r Unité n'avait pas fourni des renseignements
favorables sur son patriotisme (voir la séance
du Comité du 28 nivôse, p. 279)', et le
nom de Lcsueur a été remplacé par celui
de l'architecte Hubert. Le Moniteur (n° du
28 pluviôse an 11) place par erreur le vote
du décret à la séance du 22 pluviôse.
Nous donnons aux annexes, A (p. 827),
un extrait du pi ocès-vorhal de la séance de
la Convention du 18 pluviôse an 11, con-
tenant le décret. Quant au rapport dont
Mathieu fit précéder la lecture du projet de
décret, il n'a pas été imprimé, et nous n'en
possédons pas le texte.
^*) Voir la séance du 7 nivôse (p, 21 5).
Le projet de décret n'a pas été transcrit,
David ayant sans doute négligé de le re-
mettre au secrétaire. Ce projet n'a pas été
présenté à la Convention. Pour la suite, voir
la séance du Comité du 3 floréal an 11.
^-) Voir la séance du 29 nivôse (p. 296).
Ayant à opter entre deux systèmes pour ac-
quitter les dépenses des collèges de Paris ,
celui du décret du 7 août 1798 et celui
des décrets du 8 mars et du 5 mai, les Co-
I
DE LA CONVENTION NATIONALE.
325
Lettre de la Commission des poids et mesures du . .^^^ pluviôse, par
laquelle cette Commission annonce que le marché proposé par le citoyen
mités d'instruction publique et des finances
choisirent ce dernier. Les considérants du
projet de décret nous donnent les raisons
de cette décision : le système du décret du
7 août était dérogatoire au mode général
établi par les décrets antérieurs; et il im-
portait de ne pas accorder aux collèges de
Paris le privilège d'un régime exceptionnel ,
mais de les assujettir au mode établi,
comme ceux des autres déparlements.
Lorsque le projet de décret fut présenté à
la Convention le i3 pluviôse, les considé-
rants furent supprimés, soit qu'on les eût
jugés inutiles, soit qu'on voulût éviter de
rappeler le souvenir du décret du 7 août.
L'article unique du décret fut adopté avec
un léger changement de rédaction. Nous
donnons aux annexes B (p. 33o), un
extrait du procès-verbal de la séance de la
Convention du 1 3 pluviôse an 11. Le décret
du 1 3 pluviôse abrogeait implicitement celui
du k septembre 1793, c'est-à-dire mettait
fin au régime provisoire pendant lequel les
directoires de district avaient été autorisés à
payer directement les dépenses des collèges
sur le produit des contributions publiques.
D'ailleurs le décret même du k septembre
avait assigné un terme très rapproché à ce
provisoire, en ordonnant que dans deux mois
pour tout délai les corps administratifs au-
raient à faire parvenir au ministre de l'in-
térieur les états des dépenses des collèges,
c'est-à-dire à se conformer aux piescriplions
des articles 1 1 et 1 3 du décret du 8 mars.
L'effet immédiat du décret du i3 plu-
viôse fut de faire mettre à la disposition du
dt'partemeiit de Paris, par le ministre (l(>
l'intérieur, les sommes nécessaires pour
couvrir les dépenses des collèges de Paris
(traitements des professeurs et enlnMien
des boursiers) pour les deux derniers tri-
mestres de 1793. Nous en avons la preuve
dans une lettre de llerman, cliatgé provi-
soirement des lonctionsdu ministre de Tin-
térieur, au Comité de salut public, en date
du 2 1 germinal an n , (jui constate que le
ministre de l'intérieur a, en exécution de
ce décret, ordonné le versement des fonds
nécessaires dans la caisse du receveur du
département. Toutefois, le payement des
professeurs pour le quatrième trimestre,
échu le 1 1 nivôse an II (3 1 décembre 1793),
dont l'état s'élevnit à 6o,3:î5 livres, souf-
frit quelques difificultés, parce que, pendant
ce trimestre, l'enseignement avait été in-
terrompu dans les collèges de Paris en ver-
tu d'un arrêté du département; et il en fut
de même pour les trimestres de l'année
1796; mais les objections soulevées par le
Comité des finances furent écartées, et un
arrêté du Comité d'instruction publique du
22 frimaire an m autorisera la Commission
executive de l'instruction publique à ordon-
nancer, sur les fonds misa sa disposition,
le payement des sommes dues aux profes-
seurs des collèges de Paris. Il sera question,
dans la séance du Comité du 5 floréal an 11 ,
des difficultés relatives au payement des
traitements des professeurs des collèges.
Nous avons trouvé aux Archives natio-
nales, dans une note rédigée pour la (Com-
mission executive de l'instruction publique,
en vendémiaire an iv, par Champagne,
principal du collège de l'Egalité, des ren-
seignements précis sur le nombre et la si-
tuation des boursiers des collèges de Paris,
pendant les années 1791 à 1790. Nous les
résumons aux aimexes, B (p. 33o).
Dans le même carton des Archives nous
avons rencontré une lettre des adnn'nistra-
leurs du district de Bordeaux au ministre
do l'intérieur, du 10 gerniiiiid an 11, (|ui
réclame le payement des professeurs du col-
lège de Bordeaux pour la période allant au
1*' octobre 1793 à la fin de ventôse an n;
à celle lettre est joint un élat des prolesseiu-s
et de ce (jui est dû à cliacim d'eux. Les
documents qui piMivonl nous renseigner sur
la aitualiou des collèges eu l'an 11 sont des
plus rares; aus^i reproduisons- nous celle
pièce à l'annexe B (p. 33 1 ).
^^) Le quanlièuïe est resté en blanc.
326 PUOGÈS-VEnBAUX DU COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE
Haupt pour les dix livres de platine à raison de 5o livres le marc peut
être accepté ^^l
Le Comilé approuve ce marché et arrête que le président en in-
struira la Commission des poids et mesures.
Prunelle fait un rapport sur l'état des ouvrages de sculpture en
marbre exécutés par le citoyen Dejoux, sculpteur statuaire, d'après
les ordres des représentants du peuple Delacroix et Musset, ouvrages
dont le prix est porté à à,5oo livres.
Le Comité pense que le prix porté audit état peut être accordé au
citoyen Dejoux ; charge en outre son président de répondre aux citoyens
Musset et Delacroix en leur renvoyant l'état apostille ^^\
Bourdon fait lecture du second numéro du Recueil des actions hé-
roïques des républicains français ^^^l
Lettre de la Société républicaine des arts de Paris ^*\
^'^ La lettre de la Commission des poids
et mesures avait été enregistrée au Comité
sous le II" 1710 (F^^ carton 1009^); elle
n'est pas en place.
^■^^ Voir ia séance du 19 nivôse (p. 2 5G).
^^) Voir p. 392. Le second numéro du
Recueil des actions Jiéroïques et civiques des
républicains français porte la date du 1" ven-
tôse. Les procès-vorbaux de la Convention
ne disent pas si, comme le premier, il a été
lu à l'assemblée ; le Moniteur n'en parle pas
non plus. Mais il existe un arrêté du Comité
de salut public, du 28 pluviôse, qui en
fixe le tirage à cent cinquante mille exem-
plaires. Nous donnons aux annexes, C
(p. 332), le texte de l'arrêté du Comilé
de salut|public,'"el la description de ce se-
cond numéro.
(*) Cette lettre est probablement la pé-
tition présentée à la Convention par la So-
ciété républicaine des arts le 28 nivôse
pour demander à l'assemblée ffde détruire
le monstre de l'intriguer, de façon que '^\q
talent seul, soutenu par un civisme sans re-
proche, obtienne la préférence:^. La pièce
se trouve dans F^', carton 1009^ n° 1777-
— Les deux derniers alinéas de ce pro-
cès-verbal ne se trouvent qu'à la minute, et
ils ont été biffés. Pas de signature, ni à la
minute ni au registre. La minute est de la
main de Boutroue.
— Nous devons placer ici le récit d'un
incident qui fut soulevé dans la séance de la
Convention du 5 pluviôse, et qui nous ren-
seigne sur la manière dont étaient obser-
vées les prescriptions du décret du 3 du
second mois, interdisant de détruire ou mu-
tiler les livres, gravures, objets d'art, etc.,
sous prétexte de faire disparaître les signes
de royauté ou de féodalité. Camille Des-
moulins s'était plaint de l'arrestation de
son beau-père, chez qui des commissaires
de section avaient cru découvrir des objets
portant des emblèmes proscrits; et Bour-
don (de l'Oise) avait demandé que le Comité
de sûreté générale fit sous trois jours un
rapport sur cet acte d'cr oppressions. Danton
s'opposa à ce qu'un privilège de priorité fût
accordé au beau-père de Camille Desmou-
lins; il fit observer rr qu'une révolution ne
peut se faire géométriquement^ ; que les Co-
mités révolutionnaires pouvaient commettre
des erreurs, mais qu'il fallait se garder de
toute mesure qui risquerait d'atténuer une
sévérité nécessaire; enfin il proposa qu'au
lieu de s'occuper d'un fait particulier, la
Convention demandât à ses Comités de sû-
reté générale et de salut public un rapport
DE LA CONVENTION NATIONALE.
327
PIECES ANNEXES.
On lit dans les procès-verbaux de la Convention :
Séance du 18 pluviôse an 11.
Un membre ^^^ a la parole au nom des Comités réunis des finances et d'instruc-
tion publique. Il propose un mode d'org^anisation pour la Commission temporaire
des arts, un mode d'indemnité pour ceux de ses membres qui ne sont point d'ail-
leurs chargés de fonctions puljli(|ues.
Un membre témoigne son élonnement de ce que la condition des certificats de
civisme ne soit point exigée par le projet.
Un autre membre déclare que le choix de l'assemblée est un équivalent hono-
rable et suffisant d'un certificat de civisme; qu'au surplus, il ne s'agit point ici de
fonctions politiques, mais d'un simple travail de commission et passager comme
elle.
Le rapporteur fait observer que la condition du certificat de civisme fait partie
du pi'ojet de décret qu'il a présenté, qu'ainsi les observations du premier opinant
sont sans objet.
ffLa Convention nationale, après avoir entendu le rapport des Comités réunis
d'instruction publique et des finances, décrète ce qui suit :
ff Article premier. Les membres de la Commission temporaire des arts, adjointe
au Comité d'instruction publique, ot chargée d'inventorier et de réunir dans des
dépôts convenables les livres, instruments, machines et autres objets de sciences et
arts, propres à l'instruction publique, sont les citoyens dont la liste suit :
frPour inventorier les collections d'histoire naturelle, de botanique, de zoologie
et de minéralogie, les citoyens Richard, Lamarck, Thouin, Desfontaines, Gillet-
Laumont, Besson, Lelièvre, Nitot;
ffPour inventorier les instruments de physique, d'astronomie et autres, les ci-
toyens Fortin, Charles, Lenoir, Dufourny, Janvier, horloger;
général «sur les moyens de rendre justice
à toutes les victimes dos mesures et arres-
tations arbitraires, sans nuire à Tacliondu
gouvernement révolufionnairen. Ronjme in-
tervint alors dans le débat pour dénoncer
des abus qui se seraient commis dans la sec-
tion de Beaurepain», où dis estampes au-
raient été conlisquées sous prétexte qu'elles
portaient les empreintes de la royauté.
La dénonciation l'aile par Honunc pro-
voqua des réponses du Comité révolution-
naire (\o la section de Beaurepaire et du
Comité de sm'veiilance du département de
Paris, qui fuient lues dans la séance du
7 pluviôse et dont la Conveulion ordonna
l'insertion au Bulletin. Ces réponses mon-
trèrent que Romme avait été mal informé,
et qu(!les conunissaires incrimiut's n'avaient
point conllsqué des œuvres d'art, mais des
poitrails de la famille royale. Nous doimons
aux annexes, D (p. 3;?3), des extraits du
Moinleur relatils à cet incidonl.
(') C'est Mathieu.
328 PROCÈS-VERBAUX DU COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE
ffPoiir invrnlorier les dépôts et laboratoires de chimie, les citoyens Pelletier,
Vaiiquelin, Leblanc, Berthollet;
ff Ponr inventorier les cabinets d'anatomie , les citoyens Thillaye , Fragonard , ana-
tomisle, Vicq d'Azyr, Corvisart, Portai;
rr Ponr inventorier tontes les machines d'ai'ts et métiers appartenantes à la Rëpn-
l)liqne, les citoyens Mollard, llassenfratz , Vandermonde;
ff Ponr inventorier les objets qui concernent la marine et les cartes imprimées ou
manuscrites de géop,raphie , les citoyens Adet, Monge, Buache;
ffPoui- inventorier les plans , macliines]de ^onerre et tout ce qui concerne les for-
tifications, les citoyens Beuvelot, Dupuis-Torcy;
ffPonr inventorier les antiqnités et médailles, le citoyen Leblond^'^;
ffPour inventorier les bibliothèques, diriger et snrveiller la confection des cata-
logues, les citoyens Langlès , Ameilhon, Barrois l'aîné, Poirier;
ffPour inventorier tout ce qui tient à la peinture et à la sculpture, le citoyen
Naigeon ^^^; pour rarchiteclure, le citoyen Hubert ^^';
rrPour inventorier les plans, machines, modèles, et tout ce qui est relatif aux
ponts et chaussées, les citoyens Prony, Ranch, Plessis, Chambéry;
ffPour inventorier les instruments de musique, anciens, étrangers, ou les plus
rares par leur perfection entropies instruments connus et modernes, les citoyens
Sarrette et Bruni ^*^
ff Art. 2 Les citoyens chargés de ces divers inventaires seront tenus de se munir
de certificats de civisme.
n-ART. 0. Chacun des membres composant la Commission temporaire des arts
sera indemnisé à raison de deux mille livres par an.
ffART. [U Ceux de ses membres qui reçoivent un salaire pour d'autres travaux
pubhcs ou emplois seront tenus d'opter.
ffART. 5. Les membres du Conservatoire du Muséum national font partie de la
Commission temporaire des arts ^^\ m
^^) Le nom de Mongez, qui figurait sur
lo projet de décret à côté de celui de Le-
blond, a disparu; voir à ce sujet la note 6
de la page 979. Mongez était membre de la
Commission des monuments,
(^) A côté du nom de Naigeon , le projet
de décret portait celui de Lesueur, qui ne
figure plus à cette place, parce qu'il est
compris parmi les memJjres du Conserva-
toire du Muséum des arts, qui font de
droit partie de la Commission en vertu de
l'article 5.
(3' Le projet de décret n'indiquait [pas
de commissaire pour l'architecture.
^''^ La Commission dos arts décida le
i5 ventôse de faire imprimer la liste de
ses membres. Cette liste définitive, qu'on
trouvera page 5o2, ne contient plus les
noms de Chambéry et de Sarrette.
^^^ Procès-verbal de la Convention ,
t. XXXI, p. 59. LeMonitew^ place à tort ce
décret à la fin de la séance du 9 a plu-
.viôse. • — Les membres du Conservatoire
du Muséum des arts sont Fragonard, Bon-
voisin, Lesueur, Picault, pour la peinture;
Dardel , Dupasquier, pour la sculpture;
David Le Roy, Lannoy, pour l'architecture;
Wicar et Varon, pour les médailles et an-
tiquités.
DE LA CONVENTION NATIONALE. 329
La Commission des monuments avait fourni cinq de ses membres à la Commission des
arts. Ce sont d'une part Dnfourny, Vandcrmonde et Lehlond , qui depuis longtemps avaient
cessé de prendre part aux travaux de la Commission des monuments (Leblond joua un rôle
considérable dans la nouvelle Commission des arts, où il fut désigné le 20 pluviôse pour
remplir les fonctions d'agent); d'autre part Ameilhon et Poirier, qui restèrent fidèles à la
Commission des monuments jusqu'au bout, et qui n'en furent pas moins placés dans la
Commission des arts, section de bibliograpliie.
Il est intéressant de comparer la liste des membres de la Commission des arts, telle que
la donne le décret du 18 pluviôse, avec celle des commissaires nommés en août et sep-
tembre 1798 par le ministre de l'intérieur, que nous avons donnée au tome 11, page ôoq.
Ce rapprocbement fait constater ce qui suit :
La nouvelle Commission comprend douze sections, comme l'ancienne : la section d'ar-
chitecture a été réunie à celle de peinture et de sculpture, mais d'autre part une nouvelle
section a été créée, celle des instruments de musique;
Dans la section d'histoire naturelle, Brongniart a été remplacé par Lamarck; Besson et
Nitot ont été ajoutés;
Dans celle de physique, l'horloger Berthoud a été remplacé par l'horloger Janvier; Du-
fourny a été ajouté^');
Dans celle de chimie, Adet (transféré à la section de marine et géographie) a été rem-
placé par Pelletier:
Dans celle d'analomie, Fragonard a été ajouté;
Dans celle des machines d'arts et métiers, Dunouy a été remplacé par Vandermonde^^' ;
Dans celle de marine et géographie, Adet, précédemment de la section de chimie, de-
vient le collègue de Monge et de Buache;
Dans celle des fortifications, Simonne et Ybert sont remplacés par Beuvelot et Dupuis-
Torcy (3).
Dans celle des antiquités, Mongez (membre de la Commission des monuments) a disparu
pour cause d'incivisme;
Dans celle des dépôts hltéraires (bibliographie), Domergue et Dorat-Cubières ont dis-
paru; Langlès, Barrois et Poirier les remplacent;
Dans celle de peinture, sculpture et architecture (réunies), Lebrun a disparu, ainsi
que Désarnod et Gilbert; ces deux derniers sont remplacés par Hubert;
Dans celle des ponts et chaussées, Plessis et Chambéry sont ajoutés;
La section des instruments de ^usique, de nouvelle création, comprend Sarrette *^ et
Bruni ;
Enfin les membres du Conservatoire du Muséum des arts, adjoints à la Commission,
l'augmentent de dix noms, que nous avons rappelés dans la note 5 de la page 828.
^" Dufourny avait été proposé au Co- ^^' Mandar, (|ui a\ait été adjoint ul lé-
mité d'instruction publique par la Com- nourement àcellesection(voir t. Il , p. 617),
mission des arts elle-même, le i5 nivôse avait quitté Paris.
(F''* 7, folio 16, recto). ^*' Siu-relte avait été proposé par la Com-
^^^ Vandermonde avait été proposé par mission des arts le ô nivôse (F''* 7, folio j /j.
la Commission des aris en même leuq)s verso).
que Dufourny, le 1 5 nivôse.
330 PROCÈS -VERBAUX DU COMITE D'INSTRUCTION PUBLIQUE
On lit dans les procès-verbaux de la Convention :
Séance du i3 pluviôse an ii.
Au nom des Comités d'instruction publique et des finances, un membre fait
adopter le décret ci-après :
rrLa Convention nationale, après avoir entendu le rapport des Comités d'in-
struction publique et des finances sur la pétition du coUèg^e de l'Egalité pour ob-
tenir les fonds nécessaires à ses dépenses;
r Décrète qu'il sera ])ar le département de Paris pourvu aux besoins des col-
lèges de Paris conformément aux lois, et notamment à celles du 8 mars et du
5 mai derniers (vieux style), concernant les boursiers, les professeurs, et les
maisons consacrées à l'éducation publique ^'N.
Des renseignements sur les boursiers des collèges de Paris nous sont fournis par une
note de Champagne, principal du collège de l'Egalité, rédigée en vendémiaire an iv ^-).
Nous les résumons ci-après :
Au mois d'octobre 1791, il y avait huit cents boursiers dans les dix collèges de Paris :
environ cinq cents, Agés de moins de dix-huit ans, suivaient les classes d'humanités; les
trois cents autres, plus Agés, étaient attachés aux études spéciales des facultés de droit, de
médecine et de théologie : cent cinquante environ, parmi ceux-ci , étudiaient la théologie;
un pareil nombre était réparti entre les études de droit et celles de médecine. Vers la fin
de 1791, la nomination aux bourses fut suspendue.
Les trois cents boursiers des études supérieures continuèrent et achevèrent leurs cours,
de sorte qu'en l'an iv leurs bourses se trouvaient toutes vacantes.
Quant aux cinq cents boursiers des classes d'humanités, le plus grand nombre d'entre
eux étaient encore dans les collèges au 1" octobre 1798, époque à laquelle l'enseignement
fut suspendu par le département de Paris jusqu'à l'organisation d'un enseignement nou-
veau qui ne fut pas mis en activité. Néanmoins dans quelques collèges l'enseignement
continua, mais, dit Champagne, won n'osa plus y enseigner qu'à la dérobées. Survint la
réquisition, qui conduisit aux armées les boursiers âgés de plus de dix-huit ans, au
nombre d'environ deux cent cinquante; leurs bourses leur furent expressément conservées
par des décrets spéciaux. Il en demeura donc deux cent cinquante à Paris : les plus âgés
d'entre eux, une centaine environ, se livrèrent à l'étude de la médecine ou des mathéma-
tiques, ou bien reçurent des places dans différentes administrations; sur les cent cinquante
pins jeunes, environ quatre-vingts rentrèrent dans leurs familles, renonçant au bénéfice de
leur bourse, pour se vouer à différentes professions; les autres, restés dans les collèges
ou chez leurs parents, attendirent le moment où l'enseignement serait remis en activité
pour reprendre leur cours d'études.
^') Procès-verbal (\o la Convention, t. XXX, p. 3o8. — (^' Archives nationales, F'',
carton 1 1/1 3.
DE LA CONVENTION NATIONALE. 331
Voici la lettre des administrateurs du district de Bordeaux dont il est question dans la
note 2 de ia page 32 4 :
Bordeaux, le i3 germinal l'an 2^
Les administrateurs du district de Bordeaux faisant provisoirement les fonctions
du département du Bec-d'Ambès au ministre de l'intérieur.
Citoyen ,
Le décret delà Convention nationale du 8 mars 1798 (vieux style) en déclarant
domaines nationaux les biens formant la dolatioi des collèges, des bourses et de
tous autres établissemenls d'instruction publique, sous quelque dénomination
qu'ils soient, a mis à la charge do la nation les traitements des professeurs et
instituteurs, etc.
L'article 1 1 dit que les fonds nécessaires seront fournis par la trésorerie natio-
nale, d'après l'état de dépense qui sera envoyé par les corps administratifs au
ministre de l'intérieur.
Jusqu'à présent, ces fonds ont été pris sur le produit des contributions publi-
ques et délivrés sur les ordonnances des directoires de district, conformément à
l'article 12; à la vérité cette faculté était bornée au premier trimestre de 1798;
aussi pour ramener à exécution les dispositions de ce décret, nous t'adressons
l'état nominatif des professeurs actuellement en activité au collège de Bordeaux,
avec le traitement alloué à cbacun d'eux dans les proportions déterminées par
l'article 10, et ce qui leur revient tant pour deux mois vingt-un jours du tri-
mestre de vendémiaire, que pour celui de nivôse maintenant échu'' ; tu voudras
bien donner des ordres afin que le montant de cet état nous parvienne le plus tôt
possible; tu sentiras comme nous qu'il est instant que cette dette soit acquittée,
et elle ne peut l'être que lorsque nous aurons reçu les fonds que nous te de-
mandons.
Salut et fraternité.
Rey, Viette, R. Meyere.
(ÙOMBERBY, secrétdirp.
A cette lettre est joint l'état suivant, donnant les noms des professeurs on activité au
collège de Bordeaux, et l'indication des sommes dues à chacun d'eux :
^') Voici comment les administrateurs au ao décembre; ce trimestre no comprend
établissent leur compte : le trimestre d'oc- donc (jue d(Miv mois et vingt et un jours
tobre, ou trimestre de vendémiaire, a (les vingt i^t mi premiers jours d'octohro,
commencé le 1" octobre, mais, par suite plus les mois do l»i-umairo et do tVimaire).
du changement du calendrier, il a tallu bo trimestre de nivôse comprend nivôso,
l'arrêter à la lin de frimairo, c'ost-à-diio pluviôse et ventôse.
332 PROCÈS -VERBAUX DU COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE
DEPAllTEMEINT
DU BEC DVVMBÈS.
.DISTRICT
DE BORDEAUX.
Etal des professeurs actuellement en activité au collège national
de Bordeaux, avec la fixation de leur traitement et le mon-
tant de ce qui est dû à chacun, tant pour 2 mois 21 jours
du trimestre d'octobre que pour celui de nivôse.
NOMS
DES PAIITIES
prenantes.
GulLHB.
DUPAC. .
Alibkrt.
pKnLUS.
Lanoix..
ÂnAM. .
ClIALBET
D0PLEI\,
GENRK DES FONCTIONS
ou DES SERVICES.
Professeur de physique et mathématiques,
Idem
Professeur d'éloquence politique, etc. . . .
Idem
Professeur de grammaire
Idetn
Suppléant des classes
Portier du colli-ge
Totaux ,
MONTANT DES TRAITEMENTS
ou SALAIRES
par
année.
i,8oott
1,800
1,800
i,8oo
1,600
1,600
i,5oo
5oo
ia,4oo
par
quartier.
Aoott
/i5o
/ifjO
Zi5o
Aoo
Aoo
375
3,100
pour
2 mois
et ai jours.
^o5ltoo'
/lo5 00
Zio5 00
/io5 00
36o 00
36o 00
337 10
112 10
3,790 00
TOTAL
de
CE QUI EST DÛ
à chacun.
8551+00'
855 00
855 00
855 00
760 00
760 00
71a 10
a37 10
Arrêté par nous, administrateurs du district de Bordeaux, faisant les fonctions
de département dans notre ressort, le 98 ventôse, an deuxième de la Bépublique
française une et indivisible.
Mille, Monville, Viettk.
CoMBERRY, secrétaire.
On lit en marge de la pièce: «3* division, 19 germinal. N° 6168.» Et au-dessous:
«R. 20 germinal. Grandjëan.w
Voici le texte de Tarrété du Comité de salut public relatif à l'impression du Recueil des
actions héroïques :
Du 28 pluviôse an 11.
(Présents : Coutbon, B. Barère, Carnot, C.-A. Prieur, Billaud-Varenne, Saint-
Just, Robespierre, R. Lindet, Jeanbon Saint-André, Collot d'Herbois.)
Le Comité de salut public arré.'e qu'il sera tiré cent cinquante mille exem-
plaires de cliaque numéro du Recueil des actions héroïques et civiques des républi-
cains français , présenté a la Convention nationale au nom du Comité d'instruction
publique.
Les administrations de département sont autorisées à les faire réimprimer selon
le besoin des administrés.
Les inspecteurs de la salle distribueront une partie de ce travail à l'imprimerie
DE LA CONVENTION NATIONALE. 333
des Orphelins des défenseurs de la patrie réunis à la Société' des Jeunes Français ,
et au citoyen Deltul'o^' . Les Orphelins des deTenseurs de la patrie en imprime-
ront douze mille exemplaires, et le citoyen Deltufo la même (quantité' ''.
La page de titre du second numéro du Recueil des actions héroïques et civiques des répu-
blicains français, dans les exemplaires sortis des presses de rimprimerie nationale, est
exactement semblable à celle du premier, sauf que les mots N" II ont été substitués à ceux
de N" r\ Il semble qu'on ait utilisé la même composition. Aussi la présence, dans le titre
de ce second numéro, des mots : Présenté à la Convention nationale, qui se trouvaient dans
le titre du n° i, n'est-ello pas à nos yeux une preuve que le n" 2 ait été réellement lu à
la Convention; elle s'explique tout naturellement par le fait qu'on n'a riiîn voulu changer
à la disposition du titre. D'ailleurs, le numéro étant imprimé en vertu d'un décret de la
Convention et distribué à ses membres, on pourrait dire à la rigueur qu'il lui était présenté.
Ce numéro, pour les exemplaires tirés à l'Imprimerie nationale, forme une brochure
de 28 pages in-8''"^^^ Au verso de la page de titre se trouve une Chanson républicaine sur
le salpêtre, en quatre couplets. Le titre de départ est placé à la page 3; il porte la date
du 1" ventôse. Le corps du numéro se compose de vingt-huit paragraphes, qui occupent
les pages 3 à 26; la date de l'action racontée figure en tête de chaque paragraphe, à l'ex-
ception des deux derniers. Les pages 27 et 28 sont occupées par une Chanson en huit
couplets, consacrée à célébrer «l'autel de la Patrie n, et qui doit se chanter sur l'air Du
serin qui te fait envie.
Le Musée pédagogique possède un exemplaire ^^^ de l'édition de ce second numéro sor-
tie des presses de l'imprimeur Deltufo, édition faite on vertu de l'arrêté du Comité de
salut public. L'indication de l'imprimerie est ainsi libellée : «A Paris, Imprimerie natio-
nale des rédacteurs-traducteurs des séances de la Convention nationale, rue des Deux-
Portes-Bon-Conseil, n" S.-n Le nombre des pages de cette édition est de 82 au lieu de 28.
On lit dans le Moniteur :
Convention nationale, séance du 5 pluviôse.
Homme. Je demande la parole pour un fait qui regarde les arts. Une de'noncia-
lion a été faite à la Convention ^'^^; si elle était seule et isolée, elle ne devrait pas
s'en occuper; mais je sais que, dans la section de Beauropaire, des personnes se
disant munies d'ordres du Comité de sûreté générale sont entrées chez un mar-
chand d'estampes, ont enlevé plusieurs gravures, sous prétexte qu'elles por-
taient les empreintes de la royauté. Vous savez, citoyens, qu'un décret met sous
la protection des lois tous les objets qui inlt'ressent les ai'ts. Je dcMuando que le
(jomité de sûreté générale poursuive les personnes qui se sont dites porteui's de
ces ordres.
(') Sur Deltufo, voir l'annexe B de la (*^ Musée pédagogique, n" 187G0.
séance du if) nivôse, p. ^^li'S. '■*' C'est la dénonciation faite par Ca-
'^^ Archives nationales, A F* il, '17. mille Dosnioiilins, relative à l'arn-slalion
^^^ Bibliothèquonalionale,Ln-3(), in-8°; de son l)oau-pôre et à la conlisoation ile
Musée pédagogique, n" 1 J 770. tlivers livrt^s et objets saisis chez celui-ci.
33/i PROCÈS -VERBAUX DU COMITE D'INSTRUCTION PUBLIQUE
Les nroposilions de Danton''^ et de Roniine sont renvoye'cs aux Comités réunis
de salut public et de sûretd ^^-énerale^^^.
Convention nationale, séance du 7 pluviôse.
Le Comité révolutionnaire de la section de Beaurepaire
au président de la Convention nationale.
Le 6 pluviôse, Tan 9. de la République une et indivisible.
Le Comité de surveillance et révolutionnaire de la section régénérée de Beau-
repaire ayant été inculpé le 5 })luviôse,il t'envoie, pour sa justification, copie de la
lettre du Comité de surveillance du département de Paris au Comité de sûreté
générale, et t'invite d'en donner lecture à la Convention.
Copie de la lettre du Comité de surveillance du département de Paris, séant
rue de la Convention nationale, n" 18, vis-à-vis Saint-Rocli :
Le Comité de surveillance du département de Paris aux représentants du peuple
composant le Comité de sûreté générale de la Convention nationale.
Le 6 pluviôse, l'an 9 de la République une et indivisible.
Citoyens, plusieurs marchands de gravures ont été dénoncés au Comité, et des
perquisitions faites chez eux il est résulté que les uns étaient des conspirateurs,
les autres de lâches corrupteurs des mœurs; le tribunal révolutionnaire a fait jus-
tice des premiers, la pohce correctionnelle des seconds.
Romme a annoncé à la Convention cpie, dans la section de Beaurepaire, on
avait violé le décret de la Convention, en enlevant des gravures sous prétexte
qu'elles portaient des emblèmes de la royauté.
Chez Basset, Enault, Rapilly, Dieu, Lelong et Joubert on a fait perquisition,
et chez tous on a trouvé, non pas des emblèmes de la royauté, mais des malles
de rois, reines, dauphins, etc. On n'a pas pensé que, quand les statues ont
tombé sous les bras vigoureux d'un peuple libre, on dût respecter comme chefs-
d'œuvre de fart de petits roitelets bien soigneusement cachés, et dont les planches
étaient scrupuleusement conservées. Voilà ce que nous avons fait sur la section de
Beaurepaire. Pas un paysage, pas une estampe autre que les ci-dessus men-
tionnées, n'ont été saisis. Nous respectons les arts, mais non les tyrans.
Nous vous prévenons de ces faits qui peuvent éclairer votre religion.
Signé : Les membres du Comité , Marchand, Moessard,
Clémence, Lécrivain, Guigne jeune, Chery.
Pour copie conforme :
Brun , secrétaire-greffier.
La Convention ordonne l'insertion de cette lettre au Bulletin ^^\
^'' Danton avait proposé que les Comités arrestations arbitraires, sans nuire à facti-
de s.ilut public et de sûreté générale fissont vile du gouvernement révolutionnaire,
un rapport sur les moyens de rendre jus- '-^ Moniteur à\\ 6 pluviôse an 11, p. 5o8.
ticc à toutes les victimes des mesures et ^^) Moniteur an 8 pluviôse an 11, p. 5i6.
DE LA CONVENTION NATIONALE.
335
CENT QUATRE-VINGT-NEUVIEME SEANCE.
Du 7 pluviôse an ii. [36 janvier 179^.]
Le Comité approuve le désir que les Or[)helins des défenseurs de la
patrie lui ont témoigné de placer le buste du jeune Barra auprès de
l'arbre de la Liberté qu'ils ont été autorisés par la Convention natio-
nale d'élever dans le jardin des Tuileries; charge Léonard Bourdon
de se concerter à cet égard avec le Comité des inspecteurs de la
salle (1^
Les instituteurs des petites écoles de Paris se présentent; après avoir
été entendus, le Comité arrête que, vu l'absence de Valdruche, rap-
porteur de cette affaire, et l'urgence des besoins où se trouvent ces
citoyens, qui ont continué leurs fonctions essentielles sans recevoir la
rétribution qui leur est due, il nomme Léonard Bourdon pour rap-
porteur, à l'effet de se concerter avec le Comité des linances pour sol-
liciter le payement de ce qui est dû aux instituteurs des petites écoles
de Paris à litre de secours provisoire ^^^
(^) C'est la première fois que le nom
de Barra paraît dans les procès-verbaux du
Comité. La mort de Joseph Barra avait été
annoncée à la Convention dans la séance du
2 5 frimaire, par la lecture d'une lettre de
Tadjudatit-général Desmarres, commandant
la division de Brossuire, écrite de Gliolet, le
18 frimaire, et adressée au ministre de la
guerre; la Gonvontion, émue par le récit
de la noble conduite de cet enfant, avait
voté sur le champ un secours de trois mille
livres et une pension via^^ère de mille li-
vres à la mère ([u'il laissait sans ressources.
Treize jours [)lus tard, le 8 nivôse, Robes-
pierre proposa de décerner à Barra les
hoimeurs du Panthéon, et Barère demanda
que le portrait du jeune héros fût placé
dans toutes les écoles primaires; les deux
propositions furent décrétées. Nous don-
nons aux annexes, A (p. «^Sq), des (>\lrails
du procès-vei'bal des séances de la (îouveii-
linn des 9 5 frimaire et 8 nivôse an 11. —
Les Orphelins des défenseurs de la pairie
sont des élèves de l'institution dirigée par
Léonard Bourdon; ils avaient, le 3 pluviôse,
obtenu de la Convention l'aulorisalion de
renverser un arbre de la liberté planté
par Louis XVI dans le jardin des Tuileries,
et d'en planter un autre à sa place. Voir
aux annexes, B (p. 3^o), un extrait du
procès-verbal de la séance de la Convention
du o pluviôse an 11, En ce ([ui concerne le
buste de Barra, voir la suite à la séan-e
du Comité du a 5 pluviôse (p. /161).
^2) Voir la séance précétiente (p. 3a a).
Les négociations de Léonard Bourdon avec
le Comité dos (iuances alioutirout à la ré-
daction d'un proj(4 de décret qui lut pié-
seuté à la Convention le 'i veniôse et volé
par elle. Il pourvoyait au paiement des ar-
rérages dus aux iustituteui's et institutrices
non seulement du département de Paris,
mais de toute la France, et accordait,
pour toute l'amK'e i7()-> et pour Tamice
i7()'i juscpi'au 'j aviil [\') germinal), une
auguicnlalicn de traitement jusiju'à concur-
336 PROCÈS-VERBAUX DU COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE
Sur la proposition d'un de ses membres, pour prendre connais-
sance de l'école connue sous le litre des Jeunes Français , de concert avec
les commissaires du Comité de salut public, [le Comité dési^jne]^^^
Fourcroy, Matbieu, Daoust, Ferry et Grégoire ^'-^.
Le citoyen Coinleraux adresse au Comité un prospectus d'une expé-
rience pour économiser le bois de chauffage , et de souscription pour
un journal. Le Comité arrête que ce prospectus sera placé dans la
salle des bureaux exposé à la vue, et nomme Daoust pour rapporteur
de tout ce qui concerne Cointeraux^^^^.
Le président fait donner lecture d'une lettre du Comité de salut
public sous la date du 6 pluviôse, en réponse à celle du président du
Comité d'instruction publique, relativement aux monuments litté-
raires^^^. Après cette lecture, le Comité arrête :
i** Que la lettre du Comité de salut public restera annexée au
procès-verbal de ce jour ^^^;
2° Que son président écrira aux représentants près les armées du
Rhin et de la Moselle, ainsi qu'à ceux qui sont près toutes les ar-
mées françaises des frontières, pour les inviter à donner des ordres
pour que les monuments qui intéressent la littérature et les arts dans
les villes des ennemis de la République soient soignés, réservés, et
adressés au Comité d'instruction publique ^^l
Le président fait part au Comité du décret du 7 pluviôse, qui lui
renvoie soixante-six médailles en cuivre représentant l'effigie de plu-
ronce de quatre cents livres dans les com-
munes d'une population moindre de cinq
mille âmes, et de six cents livres dans
celles d'une population plus élevée, pour
les insliluleurs et instilulrices dont le trai-
tement n'alleignail pas ces chiffres. Nous
donnons aux annexes , C ( p. 3 /i 1 ), un extrait
du procès-verbal de la séance de la Conven-
tion du A ventôse an 11.
^''^ Les mots entre crochets sont ajoutés
par nous.
^^) Voir p. 168. Il s'agit de l'institut
de Léonard Bourdon, établi au ci-devant
prieuré Saint-Martin, et dans lequel étaient
placés les Orphelins des défenseurs de la
patrie. Il sera de nouveau question de cet
inslilul h' i i pluviôse (p. 378).
^■'^ Voir la séance du i3 nivôse (p. 280)
et, pour la suite, celle du 17 germinal
an II.
^''^ La lettre du président du Comité
d^instruclion publique avait été écrite en
exécution d'un arrêté pris le 19 nivôse
(p. 2 56); elle était relative à des carac-
tères rares qui se trouvaient à Spire.
^^) En dépit de cet arrêté, la lettre du
Comité de salut public n'est pas annexée
au procès-verbal. Mais nous pouvons néan-
moins en donner le texte d'après la mi-
nute, qui nous a été obligeamment si-
gnalée par M. Aulard. Voir aux annexes, I)
(p. 3^2).
^*^) Il sera de nouveau question de cet
objet le 7 ventôso (p. Soo).
DE LA CONVENTION NATIONALE.
337
sieurs ci-devant rois de France, adressées par la municipalité de Cha-
rolles. Le Comité renvoie les soixante-six médailles à la Commission
des arts^i^.
Grégoire donne lecture d'un rapport et d'un projet de décret sur
les noms à donner aux rues, culs-de-sac et places des communes; il
présente trois bases pour ces noms :
1° Les noms de départements, de districts et de communes;
9° Ceux des hommes qui ont bien mérité des nations ou de la
patrie ;
3° Ceux des vertus républicaines, etc.
La discussion s'ouvre ; diverses idées sont présentées, telles que celle
d'étendre le projet sur les dénominations à donner aux communes,
telle encore celle de former une nomenclature générale de noms pour
les rues et places applicable à toutes les communes de la République.
Le Comité ajourne la discussion de cet objet, et arrête que le projet
de Grégoire sera imprimé par ordre du Comité d'instruction publique ^^^.
Le président fait part d'une lettre du 6 pluviôse qui lui est adressée
par le citoyen Sicard, instituteur des sourds et muets, par laquelle il
invite le Comité à prendre connaissance de ses travaux et de l'Ecolft
des sourds et muets. Le Comité, après la lecture de cette lettre,
nomme les citoyens Thibaudeau, Lindet, Coupé, Grégoire, Daoust
et Mathieu pour se transporter le 1 1 pluviôse à l'Ecole des sourds
et muets (^l
^') La lettre de la municipalité de Gha-
rolles, qui avait été lue à la Convention
le morne jour (Procès-verbal, t. XXX,
p. 162), se trouve dans F^', carton 1009',
^^^ Grégoire avait clé nommé, le a 5
brumaire, rapporteur d'un plan de Cb;i-
moulaud concernant des dénominations mo-
rales à donner aux rues, et il avait déjà
présenté un rapport le 27 brumaire (t. II,
pages 826 et 833). Invité à crdonnor de
nouveaux développements à ses idéesn, il
continua sou travail, en profitant du rap-
port présenté par Avril au Conseil général
de la commune ( voir séances des 1 7 et 2 5 ni-
vôse, pages a/i8 et 983). Nous donnons aux
annexes, E (p. 3^i2 ), des extraits du rapport
de Grégoire, qui, bien qu'imprimé par
ordre du Comité , ne fut jamais présenté à la
Convention.
^^) On a vu (séance du 21 nivôse,
p. 260) qu'un projet de décret du Comité
des secours publics sur les sourds-muets
avait été renvoyé à l'examen du Comité
d'instruction pulilique. La lettre de Sicard
se trouve aux Arcbives nationales. Nous la
donnons aux annexes, F (p. 'iUli).
Le 9 pluviôse, le projet de décret du
Comité (les secours vint à l'ordre du jour
de l'assemblée. La (iOnviMilion, au lieu
d'adopter le projet, en ordonna la revision
et prescrivit (pi'elle serait l'aile par les Co-
mités tl'inslruclinn pidiliquo, des linances,
et des secours, réunis. Lo i3 pluviôse,
lU.
2 3
IMPIUMI niK ^«TlOlJtlI.
338 PROCÈS-VERBAUX DU COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE
Le Comité d'instruction publique, après avoir entendu le rapport
de la Commission des arts et celui d'un de ses membres sur la de-
mande du citoyen Mac(juart, médecin naturaliste, à l'effet d'obtenir
une pension viagère do la somme de quatre mille livres pour lui tenir
lieu d'indemnité tant pour les frais d'un voyage entrej)ris par ordre du
gouvernement, que pour ses travaux, et la collection de minéraux rap-
portée par lui en France, déclare que cette demande lui paraît fondée
et aiTcte que le pétitionnaire se pourvoira devant le liquidateur gé-
néral suivant les formes usitées ^^l
Fcrrv fait un rapport sur la pétition du citoyen tioliberger de Vau-
senville, qui demande des avances qui le mettent en état de faire
valoir pour l'avantage de la République un nouvel art de rayer le
papier, dont il est l'inventeur. Ce nouvel art, dit le rapporteur, déjà
approuvé par la ci-devant Académie des sciences et pour l'exercice
duquel le citoyen Rohberger avait obtenu un brevet d'invention,
présente en effet des moyens prompts et fort économiques pour
fabriquer toute espèce de papier rayé. L'inventeur l'a poussé très
loin, et peut-être complété en imaginant plusieurs outils aussi simples
que commodes pour fabriquer ses châssis, mouler et tailler ses tire-
lignes, etc. Le Comité renvoie le citoyen Rohberger au Rureau de consul-
tation des arts, qui est chargé de donner son avis sur la récompense
qui peut être due à ce citoyen pour ses découvertes dans les arts ^^\
La séance est levée à onze heures et demie ^^^.
R.-T. LlNDET^'^^
Raffron îut à la tribune un discours dans
lequel il combaltait vivement le plan du
Comité des secours publics et critiquait la
méthode de Tabbé Sicard, dont Maiguet
s'était lait le panégyriste. Nous donnons
aux annexes, F (p. 3^5), un extrait du
procès-verbal de la séance de la Convention
du 9 pluviôse an ii et un extrait du compte-
rendu du Journal des débats et des décrets;
un extrait du compte-rendu du Moniteur,
pour la séance du i3 pluviôse, et le texte
du discours de Ratlron. — Pour la suite,
voir la séance du 3 ventôse, p. /i85.
^') Voir la séance du 5 pluviôse (p. Sai).
— La minute contient le commencement
d'une première rédaction de cet alinéa du
procès-verbal, qui a été biffée et remplacée
par la rédaction actuelle. Voici le passage
biffé : «Mathieu fait un rapport sur la col-
lection du citoyen Macquart , médecin natu-
raliste, qui a voyagé par ordre de l'ancien
gouvernement. La discussion ouverte sur
cet objet, le Comité arrête. . . n (la suite
manque ).
^^^ Voir la séance du 1 5 frimaire (p. 69 ) ,
où l'art de rayer le papier, dont Rohberger
était l'inventeur, est désigné sous le nom
de ffgammographie». Pour la suite, voir la
séance du 17 ventôse (p. 553).
^^) Cet alinéa ne se trouve pas à la mi-
nute.
^*^ Cette signature ne se trouve qu'au
DE LA CONVENTION NATIONALE.
339
PIECES ANNEXES.
On lit dans les procès-verbaux de la Convention :
Séance du 26 frimaire an 11.
Le rapporteur du Comitë de salut public/'^ donne lecture de plusieurs de'pêches
qui annoncent qu'auprès de Cholet, après trois heures de combat, on a détruit
un rassemblement de brigands. Parmi ces dépêches, une lettre du ministre de la
guerre recommande à la nation la mère d'un enfant qui a montré le plus grand
courage, et a mieux aimé mourir que de livrer deux chevaux qu'il conduisait.
Sur la motion d'un membre, la Convention a rendu le décret suivant :
ffLa Convention nationale, après avoir entendu la lecture de la lettre du citoyen
Desmarres, commandant la division de Bressuire, écrite de Cholet le 18^^^ fri-
maire au ministre de la guerre , décrète que la lettre qui fait mention de la bra-
voure, du dévouement et de la piété fihale du jeune Joseph Barra, de la com-
registre. La minute est de la même main
que les quatre premiers alinéas du procès-
verbal du 19 frimaire. Toutefois l'alinéa
relatif à Rohberger, écrit sur un feuillet à
part, est de la main de Ferry.
— Nous devons mentionner ici un décret
important qui fut rendu le 8 pluviôse sur
un rapport présenté par Barère au nom
du Comité de salut public. C'est le décret
que le procès-verbal de l'assemblée ap-
pelle le « décret sur les idiomes n ; il or-
donne que, dans les dix jours, un institu-
teur de langue française sera établi dans
chaque commune de campagne des dépar-
tements du Morbihan, du Finistère, des
Côtes-du-Nord et de la partie de la Loire-
Inférieure dont les habitants parlent bas-
breton; il prescrit enraiement, à l'article r^,
la même nomination d'un instituteur de
langue française dans les communes des
campagnes du Haut et Bas-Hhin, de la Corse
et des parties des déparlements de la Mo-
selle, du Nord, du Mont-Terrible, des
Alpes-Maritimes, et des Basses-Pyrénées,
dont les habitants parlent des idiomes
étrangers. Le décret fut volé apros nue
courte discussion, dans laquelle un membre
proposa (pic la mesure lût généralisée,
c'est-à-dire qu'elle fut étendue à tous les
départements où il était tait usage d'un
patois. Barère répondit que la chose était
impossible, faute d'hommes et faute de
temps; d'ailleurs les patois proprement dits
n'ont pas empêché de connaître la langue
nationale : si elle n'est pas bien parlée là
où ils existent, elle est du moins facilement
entendue; le législateur ne doit des insti-
tuteurs de langue qu'aux pays où un idiome
étranger règne exclusivement, et qui se
trouvent, par ce fait, comme séparés delà
grande famille. Le 1 3 , un membre demanda
que les dispositions du décret du 8 fussent
étendues au département des Pyrénées-
Orientales; la proposition fut renvoyée au
Comité de salut public. Le 3o, Barère fil
voter un article additionnel qui étendait les
dispositions du décret aux déparlements
des Pyrénées-Orientales et de la Meurlhe.
Nous donnons aux annexes, G (p. 3.'i8),
des extraits du procès-verbal des séances
de la (Convention des 8, i3 et 3o j)luviôse.
le texte du rapport de Barère du 8 plu-
viôse, un extrait du Journal de» débats it
des décrets donnant la tliscussion du 8 plu-
viôse, ot un extrait du Monitoar donnant
le discours pi-ononcé par Barère le 3o plu-
viôse.
U) C'est Barère (Momteur).
^'^ Le procès-verbal imprimé porte 8 au
lieu de 18 : c'est une faute d'impression.
jj
3/iO PROCÈS-VERBAUX DU COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE
miine de Palaiseau, district de Versailles, sera insensé dans ie procès-verbal ^'^ et
dans le Bulletin.
rrElle accorde à lu citoyenne juère du jeune Barra une pension viag^ère de mille
livres et une somme de trois mille livres payable sur-le-cliamp ^"\ ii
Séance du 8 nivôse an ii.
Un membre ^^^ observe qu'entre les belles actions qui ont e'clale dans la guerre
de la Vendée, la nation entière doit distinguer celle du jeune Barra, comme of-
frant h la fois le plus beau modèle de l'amour de la patrie et de la piété filiale. Il
demande que, pour exciter dans les jeunes cœurs Tamour de la gloire, de la pa-
trie et de la vertu, pour préparer d'autant mieux les prodiges que va opérer la
génération naissante, et pour apprendre à nos ennemis à désespérer de soumettre
un peuple chez qui les plus sublimes vertus datent de l'âge le plus tendre, les
honneurs du Panthéon soient décernés à Joseph Barra ; que celte cérémonie soit
prompte et j)ompeuse; que le génie des arts l'embellisse, et que David soit chargé
d'en donner le plan.
Un autre membre ^*^ demande que tous les artistes et graveurs concourent à
retracer les traits de ce jeune martyr de la liberté, et qu'un exemplaire soit placé
dans chaque école primaire.
La Convention applaudit à ces diverses propositions , et le décret suivant est rendu :
ffLa Convention nationale décerne les honneurs du Panthéon au jeune Barra.
David est chargé de donner ses soins à l'embellissement de celte fête nationale.
ffLa gravure qui représentera l'action héroïque de Joseph Barra sera faite aux
frais de la République, d'après un tableau de David ^^\ et un exemplaire, envoyé
par la Convention nationale, sera placé dans chaque école primaire ^'^^ 51
Le 21 nivôse fut lue à la Convention une nouvelle lettre de i'adjudant-général Desmarres,
donnant des indications sur l'attitude dans laquelle Barra devrait être représenté par David.
{Moniteur du 22 nivôse an n.)
On lit dans les procès-verbaux de la Convention :
Séance du 3 pluviôse an 11.
Une députation de jeunes Orphelins des défenseurs de la patrie se présente à la
(*) Malgré le décret, la lettre de I'adju-
dant-général Desmarres n'est pas au procès-
verbal ; elle n'a été insérée qu'au Bulletin.
Le Moniteur l'a publiée aussi.
(^) Procès -verbal de la Convention,
t. XXVIl, p. 218.
^^^ C'est Robespierre (Moniteur).
(''^ C'est Barèrc (Moniteur).
(^) Le Moniteur nous apprend que David,
après que Robespierre eut prononcé son
nom, s'était écrié : c:Ce sont de telles ac-
tions que j'aime à retracer. Je remercie la
nature de m'avoir donné quelques talents
pour célébrer la gloire des héros de la Ré-
publique ; c'est en les consacrant à cet usage
que j'en sens surtout le prix.« (Moniteur
du 10 nivôse an n, p. ^o3.)Le tableau ainsi
promis ne fut jamais exécuté.
^®) Procès -verbal de la Convention,
t. XXVlII,p. ik%.
DE LA CONVENTIOiN NATIONALE.
3M
barre, et demande en leur nom à être autorisée à renverser l'arbre de la liberté
planté par le tyran dans le jardin national, et à en planter un autre.
Un membre '^^ demande que cette proposition soit décrétée, et que l'assemblée
nomme deux commissaires pour assister à celte cérémonie civique.
Un membre ^^' demande l'insertion de celte pétition et de la réponse du prési-
dent au Bulletin. Il annonce que le jeune citoyen Lalour, qui a porté la parole, a
fait une campagne entière et a été blessé de deux coups de feu, et que son père
a été fusillé par les rebelles de Lyon.
L'assemblée décrète ces propositions, ordonne l'insertion au Bulletin, avec men-
tion honorable, de la pétition et de la réponse, et de la conduite républicaine du
jeune Latour; et renvoie au Comité des inspecteurs de la salle pour fournir un
arbre en remplacement.
Les deux commissaires sont Léonard Bourdon et Fourcroy ^^^
On lit dans les procès-verbaux de la Convention :
Séance du h ventôse an ii.
Un membre ^*\ au nom des Comités d'instruction publique et des finances, pro-
pose un projet de décret relatif aux instituteurs et institutrices des petites écoles,
qui , après discussion , est adopté dans les termes suivants :
ffLa Convention nationale, ouï le rapport de ses Comités d'instruction publique
et des finances , décrète ce qui suit :
ff Article premier. Les arrérages dus jusqu'au i5 germinal prochain ^^^ aux in-
stituteurs et institutrices des petites écoles, dont les salaires étaient acquittés en
tout ou en partie sur les revenus des fabriques et autres biens mis à la disposition
de la nation, ainsi que sur ceux des octrois et autres droits ou établissemenls sup-
primés, seront payés, sur les ordonnances des corps administratifs, comme les
créances au-dessous de huit cents livres ^^^
rrART. 2. Les instituteurs ou institutrices dont le traitement fixe ou casuel
<•' C'est Diihem [Moniteur).
(2) C'est Hicliai-d [Monileuv).
^^) Procès -verbal do la Conveiilioii,
t. XXX, p. 79.
''') C'est Léonard Bourdon [Mouileiir).
Le Monitenv nous apprend ([uc béoiiaid
Bourdon, avant de donner lertnrc^ du |)ro-
jet de décret, annonça à la (ïonvcntlon
que «les écoles primaires seraient or[;ani-
sées au 1*' [jerniinal proclialu".
^*^ Le i5 gerniinal an n correspondait
au h avril i79'i. Le dôcrel jjarantissail donc
le payement, en plus de Tannée i79<5, du
premier quartier de 179^».
^*) Un décret du 20 novembre 179*^
avait prescrit que cries reconnaissances dé-
finitiv(>s de toutes les créances qui n'excé-
deraient pas le montant de huit cents livres,
et qui seraient délivrées par les directoires
<ie deparlciiKMil , conlormemenl à la loi du
1 -l septembre 1791, seraient acquittées par
le leceveur du district du cliet-lleu du dé-
j)arlemenl, sur les fonds qui lui seraient
laits par la caisse de Texlraortlinaire, d'après
les états desdites leconnaissances, qui se-
ront adressés douilles à radininislralioii de
cette caisse par les ilirecloires", (^Procès-
verbal de la Convention, I. 111, p. ahù.)
3/J2 PROCÈS -VERBAUX DU COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE
ne s'élève pas à quatre cents livres clans les comniiines qui ont une population
moindre de cinq mille âmes, ou à six cents livres dans les autres, recevront une
augmentation de traitement pour toute l'année 1798, et jusqu'au i5 germinal,
jusqu'à due concurrence.
ff Abt. o. Les fonds de cette augjnentation de traitements seront faits dans la
commune, par la voie des sols additionnels au rôle des contributions foncière et
mobilière de 1793, et l'avance par les dix plus forts contribuables, sur le man-
dat des olliciers municipaux.
crÂRT. U. Les salaires des instituteurs ou des institutrices des écoles primaires
qui ne seraient point organisées conformément à la loi du 99 frimaire ^'\ au 1 5 ger-
minal procbain, seront acquittés sur les biens des administrateurs chargés de l'exé-
cution de ladite loi ^"^\n
D
LETTRE DU COMITE DE SALUT PUBLIC A CELUI D'INSTRUCTION PUBLIQUE ^^\
6 pluviôse an n.
Le Comité de salut public, citoyens collègues, ne pense point qu'il soit néces-
saire de s'adresser à lui pour ordonner l'emploi des monuments de littérature ou
de typographie qui peuvent se trouver à Worms, à Spire ou à Mayence. C'est a
vous à prendre à cet égard les mesures que votre sagesse et votre amour pour la
chose publique pourront vous suggérer.
Salut et fraternité.
E
SYSTÈME DE DÉNOMINATIONS TOPOGRAPHIQUES POUR LES PLACES, RUES, QUAIS, ETC. ,
DE TOUTES LES COMMUNES DE LA REPUBLIQUE, PARLE CITOYEN GREGOIRE, IMPRIME
PAR ORDRE DU COMITE D'INSTRUCTION PUBLIQUE.
De rimprimerie nationale, s. d. (*).
[Grégoire rappelle que plusieurs pétitions ont demandé un système régulier de déno-
minations lopographiques pour les places publiques, rues, quais, etc., de tontes les com-
munes. Déjà celle de Paris s'en est occupée ^^); quelques-unes ont effectué des réformes ,
totales ou partielles.
11 développe des considérations générales sur la nécessité et l'utilité de celte réforme, et
cite de nombreux exemples historiques. Puis il analyse divers systèmes proposés.]
Le premier est, à quelques modifications près, celui que Teisserenc déve-
loppa dans sa Géographie parisienne imprimée en 175/1.
^^^ Le procès-verbal imprimé laisse la ^'') Bibliothèque nationale, Le^^ 6A7,
date en blanc. Mais celte date est donnée in-S".
par le texte du décret tel qu'il se trouve ^^' Rapport etc., par le citoyen Avril,
au Feuilleton. {Note de Grégoire.) C'est cette note qui
(ï) Procès -verbal de la Convention, nous a appris le nom de l'auteur du Rap-
t. XXXll, p. 160. port au Conseil général de la commune de
(') Archives nationales, AF II, carton 37, Paris sur quelques mesures à prendre en
cahier laS. changeant le nom des rues.
DE LA CONVENTION NATIONALE. 3^3
[C'est le sysième exposé dans le rapport au Conseil général de la commune de Paris.]
Préfère-t-on des denoininalions empruntdos de choses qui par leur nature
sont invariables? L'agriculture, le commerce, les arts et métiers, surtout les vertus
et la Révolution, sont des sources abondantes oii Ton peut puiser. Daus un pays
que la nature, les convenances et la politique ont destirié particulièrement à deve-
nir cultivateur et manufacturier, telles de nos communes auraierit, par exemple, la
place de Yagriculture. Ce serait un centre dont les rues seraient les rayons; elles
rappelleraient la charrue, le versoir, la herse, le Jléau, \e rouleau, \a gerbe, etc.
Toutes les rues aboutissantes à la place du commerce en retraceraient par leurs dé-
nominations les attributs
... Si aux rapports tirés des objets physiques, on veut substituer des rap-
ports résultant d'objets moraux, donnons à une place le nom d'une vertu prin-
cipale; les vertus les plus connexes à celle-là communiqueront leurs noms aux
rues adjacentes. A la place de la Justice aboutiront les rues de la Sévérité, de V Im-
partialité, de la Loi, etc^'\ Autoiu* de V Humanité seront re'parties la Bienveillance ,
V Hospitalité , la Générosité, la Bonne foi, etc Mais, dira-t-on, le but moral
sera manqué, parce que ces dénominations, devenues trop familières, n'auront
plus de prise sur le cœur. On peut rétorquer cet argument contre tous les systèmes,
et dès lors il est nul: avec de telles objections on nous conduirait à sup[)rimer les
emblèmes de la liberté, que nous devons au contraire multiplier.
. . . Dans les faits immortels de notre Re'volution, dans nos succès, nous trou-
verons des sujets pour embellir toutes les places. Leurs dénominations, combinées
avec celles des rues adjacentes, formeront un abrège historique. Pourquoi la place
des Piques ne serait-elle pas avoisinée par les rues du Patriotisme , du Courage , du
10 Août, du Jeu de paume , etc.? N'est-il pas naturel que de la place de la Bévolu-
tion on aborde la rue de la Constitution, qui conduirait h celle du Bonheur? . . .
Ceci conduit à examiner s'il ne serait pas utile de donner à des places, à des mo-
numents publics, des noms d'hommes distingués, soit de ceux que celte commune
aurait vu naître dans son sein, soit de philosophes, de républicains célèbres
Les grandes comnuuie^ en réalisant un sysième de dénominations, le'serveraient
peut-être quelques rues sous la sinqile indication d'un uuméro, h cùlé duquel on
lirait: Qui la nommera? Ce serait Tanuonce dune espèce de concours ouvert aux
talents et aux vertus, et ces idées sont digues d'un peuple libre ^'\
Actuellement réunissons dans un tableau raccourci la série de nos idées.
Les dénominations peuvent être géographiques, historiques, révolutionnaires,
ou empruntées dos verlus, de l'agriculture, du commerce, des sciences, des arts,
et des honunes qui les ont illustrés
Si la plupart des grandes connnunes tiennent à l'uniformité rigoureuse d'un
système, il faudra se résoudre à (juelques sacrifices. Ainsi dans l'Inpotlièse que
^'^ C'est ri(l«'>o du citoyen Cliauioulaud , ^-^ Telle est aussi l'opinion que le citoyen
dans une j)elile hrociiurc inliliilét' : Plmi Avril a consignée dans son rapport, [IS'ote
pour la n''i>L'u(''r(ili()ii th's nm'urs en trnnre. de Uréfi^ttre.)
{Note de Grégoire. )
Uii PROCÈS -VERBAUX DU COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE
Paris adoptât un plan gc^o^i^rapbique , les mes de Lille et de Thionville céderaient
à d'autres mieux orientées leurs noms qui se reporteraient ailleurs.
Mais il est possible qu'une commune ait des motifs plausibles pour désirer le
maintien de certaines dénominations de lieux qui ont été la scène d'un ëvënement
mémorable, qui ont été le berceau ou l'asile d'un grand homme, etc.
Et pourquoi s'asservir à un système exclusif, dont l'exécution, répétée dans
quarante-quatre mille communes, établirait une fatigante monotonie? Il subirait
d'ailleurs d'irrésistibles changements, à mesure qu'on percerait des rues nouvelles;
et dans une conunune telle que Paris, qui a neuf cents rues, le besoin de la
variété est plus sensible.
Au lieu d'un système unique, laissons donc à l'esprit, au goût, au sentiment,
la faculté de choisir entre ceux que l'on propose, d'en combiner les éléments, d'en
féconder les principes, de les approprier aux localités, et d'en assortir les résultats
de la manière la plus avantageuse.
Qu'il nous suffise de proposer aux citoyens des projets d'une exécution facile,
peu dispendieuse, dont le but est vraiment moral, vraiment patriotique, et pour
l'exécution comptez sur un peuple sensible , qui obéit à la voix de la patrie avec
autant de zèle lorsqu'elle invite que lorsqu'elle commande.
En conséquence, votre Comité vous propose de décréter seulement :
crQue la présente instruction sera envoyée à toutes les communes de la Répu-
blique , avec invitation à s'y conformer. »
LETTRE DE L'ABBE SIGARD AU COMITE D'INSTRUCTION PUBLIQUE (^^.
Paris, ce 6 pluviôse, an 3* de la République française une et indivisible.
Citoyens représentants ,
Il vient d'être présenté a la Convention par le Comité de secours pubhcs un
nouveau plan d'organisation pour des écoles à fonder dans la Répubhque en faveur
des sourds-muets. Il contient aussi le projet d'établissement d'une école centrale
oii viendraient se former les maîtres qui se destineraient à suivre ce genre de tra-
vail. Ce plan est trop important, il peut influer trop utilement sur l'instruction
publique en général pour qu'il ne soit pas soumis à votre Comité.
C'est donc maintenant de vous, citoyens, que la nation doit attendre l'examen,
le perfectionnement et l'exécution de vues qui non seulement doivent porter la
consolation dans un si grand nombre de familles, mais encore enrichir la Répu-
blique de vrais instituteurs, et leur fournir des procédés lumineux et certains
pour parcourir avec succès la carrière si difficile de l'enseignement. L'école cen-
trale surtout pourra devenir l'école de tous les maîtres. Venez vous en convaincre,
citoyens^ en consacrant une troisième fois quelques heures de ce temps que vous
employez avec tant de zèle au^bonheur de la génération présente et des généra-
(') Arcliives nationales, F^', cailon 1009', "" ^7^9*
DE LA CONVENTION NATIONALE. 365
lions futures. Vous ne refuserez pas cette faveur à celui qui a déjà reçu de vous
les encouragements les plus flatteurs.
Salut et fraternité.
L'instituteur des sourds-muets,
SiCARD.
Susrriplion : «Aux citoyens représentants du peuple français, membres du Comité
d'instruction publique».
On lit en marge : ffLe Comité a pris un arrèlé par lequel il nomme des commissaires
pour aller à Técole des sourds et muets. Le 7 pluviôse. n
On lit dans les procès-verbaux de la Convention :
Séance du 9 pluviôse an 11.
Rapport du Comité des secours publics : le projet de décret est renvoyé à l'exa-
men des Comités d'instruction publique , des finances et des secours publics réunis ^^K
On lit dans le Journal des débats et des décrets :
Convention nationale, séance du 9 pluviôse.
Au nom du Comité des secours publics, un membre'^^ fait lecture d'un projet
de décret en quarante-trois ^^^ articles sur l'organisation de plusieurs institutions
pour l'éducation des sourds et muets.
Jeanbon Saint- André demande la question préalable sur ce projet, qu'il trouve
difliis et trop complet. Cette loi , dit-il , me paraît plus avantageuse pour les insti-
tuteurs que pour les institués; elle établit d'ailleurs une hiérarchie organique,
toujours dangereuse dans un Etat libre; elle éveille la cupidité des instituteurs;
elle est tellement volumineuse, enfin, qu'on pourrait croire que la moitié des
citoyens de la République est composée de sourds et muets.
Le rapporteur observe que l'objet du rapport est de la plus grande importance,
puisque le nombre des sourds et muets s'élève dans la République à plus de quatre
mille; que cependant le nombre des instituts est fixé à six pour toute la Répu-
blique, et le nombre des instituteurs à vingt seulement : d'oii il résulte que la
dépense pour cet objet no peut êlre considérable. Il termine par déclarer que si le
projet est volumineux, c'est que le Comité avait cru utile d'y insérer les détails
des règlements indispensables pour l'organisation de ces institutions.
Thibaudeau demande le renvoi du projet aux Comités d'instruction j)ul)lique el
des finances, pour être rapporté avec le projet d'organisation générale de Tiu-
slruction publi([ue, avec lequel il pense (|ue cette loi a nn(» analogie naturelle.
Le rapporteur consent au renvoi.
^*) Procès- verbal de la Convention, ^^^ Ce clnlfre est dû à une erreur du
I. XXX, p. ao8. Nous avons donné des jouriinlisle : le projet de décret conlenait
extraits du rapport du Comité des secours soixante-cjuatorzc articles et non quaranle-
p. 'î08. trois.
(«^ C'est Maijriiot.
346 PROCÈS -VERBAUX DU COMITE D'INSTRUCTION PUBLIQUE
Jeanhon Saint-André obsorvo quo c'est la niatièro qu'il faut renvoyer aux Co-
mités (rinslruclion et des finances : autrement ce serait leur donner une très
mauvaise base que de leur envoyer pour canevas le projet de loi du Comité de
secours. Il croit qu'ils n'en peuvent avoir de meilleure que les principes.
Le renvoi esl de'creté^''.
La lecture laite par RallVon dans la séance du i3 pluviôse n'est pas mentionnée par le
procès-verbal; mais elle est indiquée dans le compte-rendu du Journal des débats et des
décrets, dont voici l'extrait :
Convention nationale, séance du i3 pluviôse.
Rajfron présente à la Convention quelques observations sm' l'organisation des
institutions à établir dans la Républi([ue en laveur des citoyens sourds et muets.
La Convention ordonne l'impression du travail de RafTron, et le renvoie à
Texamon du Comité d'instruction publique, pour on (?tre fait rapport dans le plan
{{énéral cpfil esl chargé de présente]* ^^\
Voici le texte du discours de Raffron :
OBSERVATIONS SUR LES ÉTABLISSEMENTS PROPOSES PAR LES COMITES DE SECOURS ET
D'INSTRUCTION PUBLIQUE (^^, EN FAVEUR DES SOURDS-MUETS. SEANCE DU 1 3 PLU-
VIOSE L'AN II.
De rimprimerie nationale, s. d. ^*).
Citoyens ,
Je ne pense pas qu'il faille tant d'apprêts pour satisfaire à ce que la nation doit
aux sourds-muets, et procurer à ces êtres maltraités par la nature les secours dont
ils ont réellement besoin. Il s'agit ici de secours, je le pense et dois le penser ainsi,
et rien de plus. Avant de former une entreprise , il faudrait bien connaître le but
qu'on se propose, tâcher de l'atteindre, et surtout ne pas le dépasser, car alors il
est plus difficile d'y arriver.
11 me semble que l'on tombe précisément dans cet inconvénient par rapport aux
établissements projetés pour les sourds-muets. Vous voulez leur donner des se-
cours : en cela vous satisfaites à l'humanité et au devoir. Mais dans les mesures
que vous prenez pour cet eff'et , vous paraissez vous occuper au moins autant de
la grandeur de cet établissement que de son utilité réelle pour ceux qui en sont
l'objet. Vous voulez que l'on publie par toute la terre la victoire que vous avez
remportée suc la nature, en faisant des savants de ceux à qui elle avait rendu très
difficiles les moyens de communiquer leurs pensées. Certes, vous dépassez le but
que vous vous étiez proposé : ce ne sont plus là des secours.
^^) Journal des débats et des décrets, projet du Comité des secours eût été ren-
n" A96. p. 193. voyé au Comité d'instruction publique déjà
^^) Journal des débats et des décrets, en nivôse, ce dernier n'avait rien proposé
n°5oo, p. 176. encore.
^3) Ces mots fret d'instruction publique» (*) Bibliothèque nationale, Le ^'^ 683,
sont une erreur de RafTron. Rien quo le in-S".
DE LA CONVENTION NATIONALE. 347
D'abord examinons avec quelques détails et sans prévention l'état des sourds-
muets. Je crois pouvoir les partager en deux classes; savoir, ceux qui sont nés dans
l'aisance : ceux-là n'ont certainement pas besoin de secours. Ils sont contents de
vivre au sein de leurs familles; ils ne manquent de rien, leurs parents pourvoient
à tous leurs besoins, étant eux-mêmes dans l'aisance. Il n'est pas douteux que les
sourds-muets de cette classe préfèrent leur situation, à vivre, éloignés de leurs pa-
rents, dans des maisons communes, qui (je vous en demande pardon) ressemblent
beaucoup à des couvents. Ils y seront assujettis à une gène, à une contrainte qu'ils
ne connaissent pas, à la règle des exercices communs, à l'assiduité aux leçons qui
doivent orner leurs esprits de sciences dont ils n'ont que faire, et les mettre au
rang des savants, dont la République n'éprouve pas disette.
Viennent les pauvres : pour ceux-ci, il faut leur donner la nourriture, l'babit,
le logement, et les commodités de la vie; leur enseigner les droits et les devoirs
de l'homme en société, autant que cela sera possible; leur apprendre les métiers
pour lesquels ils auront de l'aptitude. Ces métiers, où ils réussiront (car ils ont
une grande dextérité), leur procureront de l'aisance et les sauveront de Tennui.
Mais il ne faut pas leur vendre ces bienfaits par un tourment habituel, pour leur
apprendre la grammaire, la syntaxe, la géométrie, l'histoire, etc. L'abbé de l'Epée
avait des élèves capables de soutenir une thèse de tht'ologie. J'en ai vu un chez lui
à qui il avait appris à répondre la messe. Son parler, talent ridiculement artificiel ,
n'a point obtenu mon admiration. Chercher la perfection dans ce genre, ce serait
courir après une chimère. Ils sont nés muets, ils mourront muets. Ainsi le veut In nature.
Je vous prie d'observer que l'institution académique du citoyen Sicard , succes-
seur de l'abbé de l'Epée et héritier de sa réputation, ne doit pas paraître, quand
on l'examine attentivement, comme j'ai fait, aussi merveilleuse qu'on la juge au
premier abord. L'abbé de l'Epée a formé une grammaire pour les sourds-muets,
en recueillant tous les gestes inventés par les sourds-muets eux-mêmes , pour se
communiquer leurs pensées. Il a recueilli tous ces divers signes, et en a composé
un corps de doctcine qui a paru étonnant, qu'il a grossi de réflexions métaphy-
siques, qu'il a perfectionné, si l'on veut : mais au fond, il a peu inventé.
Les sourds-muets avant l'abbé de l'Epée n'étaient pas si savants théologiens
peut-être, mais ils se comnmnicpiaient assez facilement leurs pensées, ainsi qu'à
ceux avec lesquels ils vivaient. J'atteste ce lait, dont j'ai été plusieurs fois témoin
en France et en pays ('tranger. Ils ont une langue à eux ; c'est la première (pii
ait existé parmi les hommes, la langue des signes, qui rend si expressives nos
langues parlées.
Ce sont les sourd-smuets qui ont été leurs premiers grammairiens. Réfléchissez-y,
et vous serez de mon avis.
Il est agréable, je l'avoue, et même commode de se livrer à radmiration, cpii
est une source de jouissances, que nous [)rocure souvent une esp«'Mv de délirt^ ou
l'ignorance. Le sage admire peu : il a moins de ces jouissances, mais plus de rec-
titude dans l'esprit.
Les sourds-muets ([ue j'ai connus possé(lai<'nt très bien \cuv o-vi\u)n\iùir des
signes, cpioicpie l'abbt'; de ILpée n'eut point encore établi son école.
Contentons-nous de ce qui est vraisemblable. Ne nous obstinons pas à \ouloir
3/i8 PROCÈS-VERBAUX DU COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE
brillantei- tout coque nous touchons, el à donner le poli de l'acier fin au soc delà
cliaiTue. N'oublions pas que ce sont des secours que nous administrons; que des
secours se donnent à ceux qui sont dans le besoin. Laissons les sourds-muets qui
ont le nécessaire dans leurs familles, ils y seront beaucoup mieux que dans vos
établissements. Saciilions l'e'clat à l'ulililé réelle. N'employons pas h la vanité un
argent qui servira mieux à soulager les vrais nécessiteux, jusqu'à ce que nous
ayons j)U amener les choses au point de réduire, de diminuer considérablement
cette plaie du corps social, qui est une charge énorme pour l'Etat (la dette des
secours), en mettant la presque totalité des citoyens à portée de vivre dans une
médiocrité aisée, du fruit de leurs travaux, et que nous ayons pu les affranchie de
rhumiliation inhérente à la mendicité. Tout homme qui mendie, hors le cas d'ac-
cident, est dégradé de l'état de citoyen; et sans avoir étabh une académie de sourds-
muets, nous aurons bien mérité de la patrie.
Je conclus à ce que l'établissement proposé pour les sourds-muets se réduise à
des secours pour ceux d'entre eux qui sont indigents.
Ces observations doivent s'étendre à l'institution des aveugles, dirigée par le
citoyen Haûy.
Raffron.
On lit dans les procès-verbaux de la Convention :
Séance du 8 pluviôse an ii.
Rapport du Comité de salut public sur les idiomes.
ffLa Convention nationale, après avoir entendu le rapport du Comité de salut
public , décrète :
ff Article premier. Il sera établi dans dix jours, à compter du jour delà pubhca-
tion du présent décret, un instituteur de langue française dans chacjue commune
de campagne des départements du Morbihan, du Finistère, des Côtes-du-Nord,
et dans la partie de la Loire-Inférieure dont les habitants parlent l'idiome appelé
bas-breton.
ffART. 2. 11 sera procédé à la même nomination ^^^ d'un instituteur de la langue
française dans chaque commune de campagne des départements du Haut et Bas-
Rhin, dans le département de Corse, dans la partie du département de la Moselle,
d 1 département du Nord^^\ du Mont-Terrible, des Alpes-Maritimes et des Basses-
Pyrénées, dont les habitants parlent un idiome étranger ^^^
^'^ Le délai de dix jours, imparti pour fut introduit dans l'article à la suite d'une
les départements bretons à l'article précé- observation faite par Merlin (de Douai). Le
cèdent, nous semble implicitement indiqué, projet du Comité de salut public ne visait
pour les départements que mentionne l'ar- que quatre idiomes étran^jers, le bas-breton,
ticle 2 , par l'expression «la même nomina- l'allemand, le basque et l'italien : Merlin
tionr». Voir la note a de la page SBg. y fit ajouter le flamand.
(^^ Le nom du département du Nord, ^^^ Nous donnons le texte de cet article,
comme on le verra plus loin (p. 356), non d'après le procès-verbal imprimé, qui
DE LA CONVENTION NATIONALE. 3/j9
ff Art. 3. Il ne pourra être choisi aucun instituteur parmi les ministres d'un
culte quelconque, ni parmi ceux qui auront appartenu à des castes ci-devant pri-
vilégiées; ils seront nommés par les représentants du peuple, sur l'indication faite
par les sociétés populaires.
ctArt. h. Ils seront tenus d'enseigner tous les jours la langue française et la dé-
claration des droits de Tliomme alternativement '^^ à tous les jeunes citoyens des
deux sexes, que les pères, mères et tuteurs sont obligés d'envoyer dans les écoles
publiques.
ffLes jours de décade ils donneront lecture au peuple et traduiront vocalement
les lois de la République, en préférant celles qui sont analogues à l'agriculture et
aux droits des citoyens.
cfART. 5. Les instituteurs recevront du trésor public un traitement de mille cinq
cents livres par an, payables à la fin de chaque mois, à la caisse du district, sur
le certificat de nisidence donné par la municipalité, et d'assiduité et de zèle à leurs
fonctions, donné par l'agent national près chaque commune.
ffLes sociétés populaires sont invitées à propager l'établissement des clubs pour
la traduction vocale des décrets et des lois de la République, et à multiplier les
moyens de faire connaître la langue française dans les campagnes les plus reculées.
Le Comité de salut public est chargé de prendre à ce sujet toutes les mesures qu'il
croira nécessaires ^^\ n
Voici le texte du rapport lu par Barère à l'appui de ce décret :
RAPPORT ET PROJET DE DECRET PRESENTES, AU NOM DU COMITE DE S.VLUT PUBLIC,
SUR LES IDIOMES ETRANGERS ET L'ENSEIGNEMENT DE LA LANGUE FRANÇAISE , PAR
B. BARÈRE, DANS LA SEANCE DU 8 PLUVIOSE, L'AN DEUXIEME DE LA REPUBLIQUE.
De l'Imprimerie nationale, s. d. ^^\.
Citoyens ,
Les tyrans coalisés ont dit : L'ignorance fut toujours notre auxiliaire la plus puis-
sante; maintenons l'ignorance, elle fait les fanatiques, elle multiplie les contre-
révolutionnaires. Faisons rétrograder les Français vers la barbarie ; servons-nous
des peuples mal instruits, ou de ceux qui parlent un idiome différent de cehii de
l'instruction publique.
Le Comité a entendu ce complot de l'ignorance et du despotisme.
Je viens appeler aujourd'hui voire attention sur la plus belle langue de l'Eu-
rope, celle qui la première a consacré franchement les droits de l'homme et du ci-
toyen, celle (jui est chargée de Iransmetti-e au moiido les plus sublimes pensées de
la hberté, et les plus grandes spéculations de la [)olili([uo.
esl incorrect à cot eiulroil, mais d'après le rempruntons au lo\lo du projet de Ba-
projet qui suit le rapport de Baièro. rère.
^'^ Le mot cfaltcrnativementn, (pii pa- ^*' Procès-verbal do la Convenlioii .
rait indiquer la séparation des sexes pour t. X\\, p. iç)i.
rcusel(jneniont, ne se trouve pas dans le ^^^ Bibliotiièqu'^ nalicuialo. Le • •'' (>73,
texte donné par le procès-verbal; nous iu-S"; Musco peda^jogicpie, n" G3()r'.
350 PROCES-VERBAUX DU COMITE D'INSTRUCTION PUBLIQUE
Lonolemps elle fut esclave, elle flatta les rois, corrompit les cours et asservit
les peuples; lonp;temps elle fut déshonorée clans les écoles, et mensongère dans les
livres de rcnincation publique; astucieuse dans les tribunaux, fanatique dans
les temples, barbare dans les diplômes, amollie parles poètes, corruptrice sur les
théâtres, elle semblait attendre, ou plutôt désirer, une plus belle destinée.
V'purée enfin, et adoucie par quelques auteurs dramatiques, ennoblie et bril-
lante dans les discours de quelques orateurs, elle venait de reprendre de l'énergie,
de la raison et de la liberté sous la plume de quelques philosophes que la persé-
cution avait honorés avant la Révolution de 1789.
Mais elle paraissait encore n'appartenir qu'à certaines classes de la société; elle
avait pris la teinte des distinctions nobiliaires; et le courtisan, non content d'être
distingué par ses vices et ses déprédations, cherchait encore à se distinguer, dans
le même pays, par un autre langage. On eût dit qu'il y avait plusieurs nations
dans une seule.
Cela devait exister dans un gouvernement monarchique, où l'on faisait ses
preuves pour entrer dans une maison d'éducation, dans un pays où il fallait un
certain ramage pour être de ce qu'on appelait la bonne compagnie, et où il fal-
lait siffler la langue d'une manière particulière pour être un homme comme il
faut.
Ces puériles distinctions ont disparu avec les grimaces des courtisans ridicules
et les hochets d'une cour perverse. L'orgueil même de l'accent plus ou moins pur
ou sonore n'existe plus, depuis que des citoyens rassemblés de toutes les parties
de la République ont exprimé dans les assemblées nationales leurs vœux pour la
liberté, et leurs pensées pour la législation commune. Auparavant c'étaient des es-
claves brillants de diverses nuances; ils se disputaient la primauté de modes et de
langages. Les hommes libres se ressemblent tous, et l'accent vigoureux de la
liberté et de l'égalité est le même, soit qu'il sorte de la bouche d'un habitant des
Alpes ou des Vosges, des Pyrénées ou du Cantal, du Mont-Blanc ou du Mont-Ter-
rible, soit qu'il devienne l'expression des hommes dans des contrées centrales,
dans des contrées maritimes , ou sur les frontières.
Quatre points du territoire de la République méritent seuls de fixer l'attention
du législateur révolutionnaire , sous le rapport des idiomes qui paraissent le plus
contraires à la propagation de l'esprit public, et présentent des obstacles à la con-
naissance des lois de la Répubhque et à leur exécution.
Parmi les idiomes anciens, velches, gascons, celtiques, visigoths, phocéens ou
orientaux qui forment quelques nuances dans les communications des divers ci-
toyens et des pays formant le territoire de la République, nous avons observé (et
les rapports des représentants se réunissent sur ce point avec ceux de divers agents
envoyés dans les départements ) que l'idiome appelé bas-breton , l'idiome basque ,
les langues allemande et italienne ont perpétué le règne du fanatisme et de la su-
perstition, assuré la domination des prêtres, des nobles et des praticiens, empêché
la Révolution de pénétrer dans neuf départements importants, et peuvent favoriser
les ennemis de la France.
Je commence par le bas-breton. 11 est parlé exclusivement dans la presque tota-
lité des départements du Morbihan, du Finistère, des Côtes du-Nord, une partie
DE LA CONVENTION NATIONALE. 351
d'ille-et- Vilaine ^'\ et dans une grande partie de la Loire-Infe'rieure. Là , l'ig-norance
perpétue le joug impose' par les prêtres et les nobles; là, les citoyens naissent et
meurent dans l'erreur : ils ignorent s'il existe encore des lois nouvelles.
Les habitants des campagnes n'entendent que le bas-breton ; c'est avec cet in-
strument barbare de leurs pense'es superstitieuses que les prêtres et les intrigants
les tiennent sous lem' empire, dirigent leurs consciences, et empêchent les citoyens
de connaître les lois et d'aimer la République. Vos travaux leur sont inconnus, vos
efforts pour leur affranchissement sont ignorés.
L'éducation pulilique ne peut s'y établir, la régénération nationale y est impos-
sible. C'est un fédérahsme indeslriictible, que celui qui est fondé sur le défaut de
communication des pensées; et si les divers déparlements, seulement dans les cam-
pagnes , parlaient divers idiomes , de tels fédéralistes ne pourraient être corrigés
qu'avec des instituteurs, des maîtres d'école, et dans plusieurs années seulement.
Les conséquences de cet idiome, trop longtemps perpétué et trop généralement
parlé dans les cinq départements de l'Ouest, sont si sensibles que les paysans (au
rapport de gens qui y ont été envoyés) confondent le mot loi et celui de religion
à un tel point que, lorsque les fonctionnaires pubh'cs leur parlent des lois de la
République et des décrets de la Convention, ils s'écrient dans leur langage vul-
gaire : Est-ce qu'on veut nous faire sans cesse changer de religion ?
Quel machiavélisme dans les prêtres, d'avoir fait confondre la loi et la religion
dans la pensée de ces bons habitants des campagnes! Jugez, par ce trait particulier,
s'il est instant de s'occuper de cet objet. Vous avez ôté à ces fanatiques égarés
l'empire des saints, par le calendrier de la République; ôtez-leur l'empire des
prêtres par l'enseignement de la langue française.
Dans les départements du Haut et du Bas-Rhin, qui a donc appelé, de con-
cert avec les traîtres, le Prussien et l'Autrichien sur nos frontières envahies?
N'est-ce pas l'habitant des campagnes qui parle la même langue que nos ennemis,
et qui se croit ainsi bien plus leur frère et leur concitoyen, que le frère et le conci-
toyen des Français qui lui parlent une autre langue et qui ont d'autres habitudes?
Le pouvoir de l'identité du langage a été si grand qu'à la retraite des Alle-
mands, plus de vingt mille honnues des campagnes du Bas -Rhin sont énugrés.
L'empire du langage et de l'intelligence qui régnait entre nos ennemis d'Alle-
magne et nos concitoyens du département du Bas-Rhin est si incontestable qu'ils
n'ont pas été arrêtés dans leur émigration par lout ce que les honunes ont de plus
cher, le sol qui les a vus naître, leurs dieux pénates et les terres (ju'ils avaient
fertilisées. Les différence des conditions, l'orgueil a produit la première émigra-
tion qui a donné à la France des milliards; la différence du langage, le défaut
d'éducation , l'ignorance ont [)roduit la seconde émi<[i'atiou qui laisse presque tout
un département sans cultivateurs. C'est ainsi que la coiitie-ré\olution s'est établie
sur quelques frontières en se réfugiant dans les idiomes étrangers ou barbares que
nous aurions dii faire disparaître.
Vers une a»itie extrémité de la Républicjue est un peuple neuf cpioique antique,
un peuple pasteur et navigateur, ([ui ne fut jamais ni esclave ni maître, (jue
'i'
Liî tlôcrot ne parle pas dMllo-ol-\ iiuino.
352 PROCÈS-VERBAUX DU COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE
César ne put vaincre au milieu de sa course triomphale dans les Gaules, que l'Es-
pagne ne put atteindre au milieu de ses l'évolulions, et que le despotisme de nos
despotes ne put soumettre au joug des intendants, je veux parler du peuple
basque. Il occupe rexlrémité des Pyrénées occidentales qui se jette dans TOcéan.
Une langue sonore et imagée est regardée chez eux comme le sceau de leur ori-
gine et l'héritage transmis [)ar leurs ancêtres. Mais ils ont des prêtres, et les
prêtres se servent de leur idiome pour les fanatiser; mais ils ignorent la langue
française et la langue des lois de la République. 11 faut donc qu'ils l'apprennent, car
malgré la didérence du langage ot malgré leurs prêtres, ils sont dévoués à la Répu-
bli(|ue qu'ils ont déjà défendue avec valeur le long de la Bidassoa et sur nos escadres.
Un autre département mérite d'attirer vos regards, c'est le département de
Corse. Amis ardents de la liberté, quand un perfide Paoli et des administrateurs
fédéralistes ligués avec des prêtres ne les égarent pas , les Corses sont des citoyens
français; mais depuis quatre ans de révolution, ils ignorent nos lois, ils ne con-
naissent pas les événements et les crises de notre liberté.
Trop voisins de l'Italie, que pouvaient-ils en recevoir? Des prêtres, des indul-
gences, des adresses séditieuses, des mouvements fanatiques. Pascal Paoli, Anglais
par reconnaissance, dissimulé par habitude, faible par son âge, Italien par prin-
cipe, sacerdotal par besoin, se sert puissamment de la langue italienne pour per-
vei'tir fesprit public, pour égarer le peuple, pour grossir son parti; il se sert
surtout de l'ignorance des habitants de Corse qui ne soupçonnent pas même
l'existence des lois françaises, parce qu'elles sont dans une langue qu'ils n'enten-
dent pas.
Il est vrai qu'on traduit depuis quelques mois notre législation en italien; mais
ne vaut-il pas mieux y établir des instituteurs de notre langue que des traduc-
teurs d'une langue étrangère?
Citoyens, c'est ainsi que naquit la Vendée; son berceau fut l'ignorance des lois,
son accroissement fut dans les moyens employés pour empêcher la Révolution d'y
pénétrer, et alors les dieux de l'ignorance, les prêtres réfrac taires , les nobles
conspirateurs, les praticiens avides et les administrateurs faibles ou complices
ouvrirent une plaie hideuse dans le sein de la France : écrasons donc l'ignorance,
étabhssons des instituteurs de langue française dans les campagnes.
Depuis trois ans les assemblées nationales parlent et discutent sur l'éducation
publique, depuis longtemps le besoin des écoles primaires se fait sentir : ce sont
des subsistances morales de première nécessité que les campagnes vous deman-
dent; mais peut-être sommes-nous encore trop académiques et trop loin du
peuple , pour lui donner les institutions les plus ada])tées à ses plus pressants besoins.
Les lois de l'éducation préparent à être artisan, artiste, savant, littérateur, lé-
gislateur et fonctionnaire public; mais les premières lois de l'éducation doivent
préparer à être citoyen ; or, pour être citoyen, il faut obéir aux lois, et pour leur
obéir, il faut les connaître. Vous devez donc au peuple l'éducation première, qui
le mette à portée d'entendre la voix du législateur. Quelle contradiction présentent
à tous les esprits les départements du Haut et du Bas -Rhin, ceux du Morbi-
han, du Finistère, d'Ille-et-Vilaine, de Loire -Inférieure, des Côtes-du-Nord,
(les Basses-Pyrénées et de Corse? Le législateur parle une langue que ceux qui
DE LA CONVENTION NATIONALE. 353
doivent exécuter et obëir n'entendent pas. Les anciens ne connurent jamais de
contrastes aussi frappants et aussi dang-ereux.
Il faut populariser la langue, il faut détruire cette aristocratie de langage qui
semble établir une nation polie au milieu d'une nation barbare.
Nous avons révolutionné le gouvernement, les lois, les usages, les mœurs, les
costumes, le commerce et la pensée même; révolutionnons donc aussi la lanpue
qui est leur instrument journalier.
Vous avez décrété l'envoi des lois à toutes les communes de la République;
mais ce bienfait est perdu pour celles des départements que j'ai indiqués. Les
lumières portées à grands frais aux extrémités de la France s'éteignent en y arri-
vant, puisque les lois n'y sont pas entendues.
Le fédéralisme et la superstition parlent bas-breton; l'émigration et la liaine
de la République parlent allemand; la contre-révolution parle l'italien, et le fana-
tisme parle le basque. Brisons ces instruments de dommage et d'erreur.
Le Comité a pensé qu'il devait vous proposer, comme mesure urgente et révo-
lutionnaire, de donner à chaque commune de campagne des départements dési-
gnés un instituteur de langue française, chargé d'enseigner aux jeunes personnes
des deux sexes, et de lire chaque décade à tous les autres citoyens de la com-
mune les lois, les décrets et les instructions envoyés par la Convention. Ce sera
à ces instituteurs de traduire vocalement ces lois, pour une intelligence plus fa-
cile dans les premiers temps. Rome instruisait sa jeunesse en lui apprenant à lire
dans la loi des douze tables. La France apprendra à une partie des citoyens la
langue française, dans le livre de la déclaration des droits.
Ce n'est pas qu'il n'existe d'autres idiomes plus ou moins grossiers dans d'autres
départements; mais ils ne sont pas exclusifs, mais ils n'ont pas empêché de con-
naître la langue nationale. Si elle n'est pas également bien parlée partout, elle est
du moins facilement entendue. Les clubs, les sociétés patriotiques, sont des écoles
primaires pour la langue et pour la liberté; elles suffiront pour la faire connaître
dans les départements où il reste encore trop de vestiges de ces patois, de ces jar-
gons maintenus par l'habitude et propagés par une éducation négligée ou nulle.
Le législateur doit voir d'en haut, et ne doit ainsi apercevoir que les nuances
très prononcées, que les différences énormes; il ne doit des instituteurs de langue
qu'au pays qui, habitué exclusivement à un idiome, est, pour ainsi dire, isolé et
séparé de la grande famille ^^^.
Ces instituteurs n'appartiendront à aucune fonction de culte quelconque : point
de sacerdoce dans l'enseignement public; de bons patriotes, des hommes éclairés ,
voilt^ les premières qualités nécessaires pour se mêler d'éducation.
Les sociétés populaires indiqueront des candidats : c'est de leur soin, c'est des
villes que doivent sortir ces instituteurs, c'est par les représenlanis du peu[)le en-
voyés pour établir le gouvernement révolutionnaire qu'ils seront choisis.
Leur traitement sera payé par le trésor public. La République doit l'instruction
^') Cet alinéa a prohahloincnl été njoTiU' par Rarùi-e, après coiij), on réponse à la pro-
position qui avait été faite à la Couveiilion de généraliser la mesure proposée. Voir pins
loin, p. 35G.
ni. .j3
354 PROCÈS -VERBAUX DU COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE
élt^mentnire à tous les citoyens; leur trnilement n'éveillera pas la cupidité; il
doit satisfaire aux besoins d'un homme dans les campagnes; il sera de quinze
cents francs ^'^ par année. L'assiduité prouvée par les autorités constituées sera la
caution de la République dans le payement qu'elle fera à ces instituteurs qui vont
remplir une mission plus importante qu elle ne paraît d'abord. Ils vont créer des
hommes à la liberté, attacher des citoyens h la patrie, et préparer l'exécution des
lois en les faisant connaître.
Cette proposition du Comité aura peut-être une apparence frivole aux yeux des
hom'mes ordinaires, mais je parle à des législateurs populaires, chargés de prési-
der à la plus belle des révolutions que la politique et l'esprit humain aient encore
éprouvées.
Si je parlais à un despote, il me blâmerait; dans la monarchie même, chaque
maison, chaque commune, chaque province, était en quelque sorte un empire sé-
paré de mœurs, d'usages, de lois, de coutumes et de langages. Le despote avait
besoin d'isoler les peuples, de séparer les pays, de diviser les intérêts, d'empêcher
les communications, d'arrêter la simultan.'ité des pensées et l'identité des mouve-
ments. Le despotisme maintenait la variété des idiomes; une monarchie doit res-
sembler à la tour de Babel; il n'y a qu'une langue universelle pour le tyran,
celle de la force, pour avoir l'obéissance, et celle des impôts, pour avoir de l'argent.
Dans la démocratie, au contraire, la surveillance du gouvernement est confiée
à chaque citoyen; pour le surveiller, il faut le connaître, il faut surtout en con-
naître la langue.
Les lois d'une République supposent une attention singulière de tous les ci-
toyens les uns sur les autres, et une surveillance constante sur l'observation des
lois et sur la conduite des fonctionnaires publics. Peut-on se la promettre dans la
confusion des langues, dans la négligence de la première éducation du peuple,
dans l'ignorance des citoyens?
D'ailleurs, combien de dépenses n'avons-nous pas faites pour la traduction des
lois des deux premières Assemblées nationales dans les divers idiomes parlés en
France, comme si c'était à nous à maintenir ces jargons barbares et ces idiomes
grossiers qui ne peuvent plus servir que les fanatiques et les contre-révolutionnaires.
Laisser les citoyens dans l'ignorance de la langue nationale , c'est trahir la pa-
trie, c'est laisser le torrent des lumières empoisonné ou obstrué dans son cours;
c'est méconnaître les bienfaits de l'imprimerie; car chaque imprimeur est un insti-
tuteur public de langue et de législation.
Laisserez-vous sans fruit, sur quelque partie du territoire, cette belle invention
qui multiplie les pensées et propage les lumières, qui reproduit les lois et les dé-
crets, et les étend dans huit jours sur toute la surface de la République; une in-
vention qui rend la Convention nationale présente à toutes les communes, et qui
seule peut assurer les lumières, l'éducation, l'esprit public et le gouvernement
démocratique d'une grande nation?
Citoyens, la langue d'un peuple Hbre doit être une et la même pour tous.
<') Nous avons ici un des rares exemples de l'emploi du mol franc dans le sens de livre)
en dérogation au décret du 17 frimaire an 11. Voir tome II, p. 667, note 1.
DE LA CONVENTION NATIONALE. 355
Dès que les hommes pensent, dès qu'ils peuvent coaliser leuis pensées, l'em-
pire des prêtres, des despotes et des intrigants louche à sa ruine.
Donnons donc aux citoyens l'instrument de la pensée publique , l'agent le plus
sûr de la Re'volution , le même langage.
Eh quoil tandis que les peuples étrangers apprennent sur tout le globe la
langue française, tandis que nos papiers publics circulent dans toutes les ré-
gions; taudis que le Journal universel '^^^ et le Journal des Hommes libres ^^' sont
lus chez toutes les nations d'un pôle à l'autre, on dirait qu'il existe en France six
cent mille Français qui ignorent absolument la langue de leur nation , et qui ne
connaissent ni les lois, ni la Révolution, qui se font au milieu d'eux?
Avons l'orgueil que doit donner la prééminence de la langue française depuis
qu'elle est républicaine , et remplissons un devoir.
Laissons la langue italienne consacrée aux délices de l'harmonie et aux expres-
sions d'une poésie molle et corruptrice.
Laissons la langue allemande, peu faite pour des peuples libres ,jusqu'àceque le
gouvernement féodal et militaire , dont elle est le plus digne organe , soit anéanti.
Laissons la langue espagnole pour son inquisition et ses universités, jusqu'à ce
qu'elle exprime l'expulsion des Bourbons qui ont détrôné les peuples de toutes les
Espagnes.
Quanta la langue anglaise, qui fut grande et libre le jour qu'elle s'enrichit de
ces mots : la majesté du peuple, elle n'est plus que l'idiome d'un gouvernement
tyrannique et exécrable , de la banque et des lettres de change.
Nos ennemis avaient fait de la langue française la langue des cours : ils l'avaient
avilie. C'est à nous d'en faire la langue des peuples , et elle sera honorée.
11 n'appartient qu'à une langue qui a prêté ses accents à la liberté et à l'égalité;
à une langue qui a une tribune législative et deux mille tribunes populaires, qui
a de grandes enceintes pour agiter de vastes assemblées , et des théâtres pour cé-
lébrer le patriotisme; il n'appartient qu'à la langue qui, depuis quatre ans, se
fait lire par tous les peuples; qui décrit à toute l'Europe la valeur de quatorze ar-
mées; qui sert d'instrument à la gloire de la reprise de Toulon, de Landau, du
Fort-Vauban et à l'anéantissement des armées royales, il n'appartient qu'à elle de
devenir la langue universelle.
Mais cette ambition est celle du génie de la liberté; il la remplira. Pour nous,
nous devons à nos concitoyens , nous devons à raffermissement de la r\é[)ublique ,
(le faire parler sur tout son territoire la langue dans laquelle est écrite la déclara-
tion des droits de l'homme.
Voici le projet de décret :
PROJET DE DÉCRET.
[Suit un dôcret on ciu(j arliclos, dont le texte est identique, sauf de léiTÔres difTéronces
indiquées en note, à celui du décret voté, que nous avons donné p. 3'i8.]
'') Lo Jourtxd univei'sel était rédi{jé par 1\-J. Audouin, député de Seine-et-Oise. —
^'^ Le Journal des liomines libres de Ions les poys elait rédigé par Charles Diivid, députe
d'Ille-el-Vilaine.
35G PROCES-VERBAUX DU COMITE D'INSTRUCTION PUBLIQUE
On lit dans le Journal des débats et des décrets :
Convention nationale , séance du 8 pluviôse.
Barere fait un rapport sur les moyens de l'cmedier aux inconve'nients qui nais-
sent de quel(pic> idiomes trop ^o-énéralemcnl reçus dans telle ou (elle partie de la
République et très dilTérents de la lan^fue nationale. Il cite le bas-breton, l'alle-
mand, ritalien et le basque. Il fait sentir l'impossibilité d'éclairer une portion du
peuple lorsqu'elle ne peut l'être que par des canaux dont la corruption jusqu'à ce
jour n'a pas été équivoque. Le Comité propose d'établir dans les départements où
l'on ne parle pas généralement le français plus ou moins modifié, des instituteurs
de langue française. Ils auront i,5oo livres d'appointemeuls. Le rapport de
Barère renferme des idées précieuses sur la nécessité de l'uniformité du langage
chez un peuple libre. Nous promettons à nos lecteurs de le leur donner en en-
tier.
Merlin (de Douai) observe que dans deux districts du département du Nord on
ne parle que flamand. Il demande un article additionnel pour cet objet ^*\
On voudrait généraliser cette mesure ^^^
Barere fait observer que le Comité , dans la proposition qu'il a faite , a eu l'in-
tention de faire quelque bien. Mais , dit-il , vous voulez faire un si grand bien que
vous n'obtiendrez aucun heureux résultat. La mesure généralisée exige un temps
et une masse d'hommes si considérable que nous ne pourrions , aussi tôt que nous
le désirons, remplir l'objet que nous nous proposons. Ce dont nous avons essen-
tiellement besoin aujourd'hui, c'est qu'il ne se forme pas une nouvelle Vendée
dans la ci-devant Bretagne, où, comme nous le verrons dans les rapports de Ri-
chard et Choudieu, les prêtres ont exercé la plus cruelle influence en ne parlant
que le bas-breton. Ce dont nous avons besoin, c'est de repeupler un district du
département du Bas-Rhin, que des émigrés ont entraîné, parce qu'ils parlaient
aux habitants leur langage, et se servaient de ce moyen pour les égarer. Ce dont
nous avons besoin , c'est que Paoli n'opère pas la contre-révolution en Corse par
les moyens que lui en offre la langue italienne, qu'on parle uniquement dans cette
île. Enfin , ce dont nous avons besoin , c'est de mettre à l'abri du fanatisme le
peuple basque , qui est patriote , mais que des ennemis de la liberté pourraient
(^) Le déparlement du Nord a été in-
tercalé dans le texte de l'article a du dé-
cret. *
(^) La réponse de Barère montre ce
qu'il faut entendre par cr généraliser cette
mesure». On proposait évidemment que
des instituteurs de langue française fussent
établis dans tous les départements où il
existait des patois. Un alinéa du rapport
de Barère (voir p. 353), qui paraît avoir
été ajouté après coup, contient également
une réponse à cette proposition; le rap-
porteur y explique que les patois ne sont
pas exclusifs, qu'ils n'ont pas empêché de
connaître la langue nationale; que si elle
n'est pas également bien parlée partout,
elle est du moins facilement entendue; et
que les clubs, les sociétés patriotiques,
suffisent pour en répandre l'usage général
dans les déparlements où restent encoi-e
trop de vesliges de ces patois maintenus
par l'habitude et le manque d'éducation.
I
SI
DE LA CONVENTION NATIONALE.
357
corrompre en lui déguisant les vrais principes. Voilà les quatre objets principaux
qu'a saisis le Comité de salut public.
Le décret est adopté ^^K
M. Becq de Fouquières rattache au rapport de Barère sur les idiomes étrangers et l'en-
seignement de la langue française quelques vers d'André Chénier, que nous reproduisons à
titre de curiosité :
AUX MUSES (^).
On dit que le dédain froid et silencieux
Devint une ardente colère,
Lorsque le Moniteur vous eut mis sous les yeux
Le sot fatras du sot Barère :
Qu'au pliœbus convulsif de l'ignare pédant,
De honte et de terreur troublées ,
Votre front se souvint de ce Thrace impudent.
Qui vous eût toutes violées.
On dit plus : mais je sais combien chez nos plaisants
Grâce, pucelage et faconde
Exposent une belle à des bruits médisants ;
Ils veulent que sur cet immonde
Vous ayez, mais tout bas, aux effroyables sons
D'apostrophes trop masculines.
Joint : pied-plat, gredin, cuistre, et d'autres maudissons
Peu faits pour vos lèvres divines;
Dignes de lui, d'accord ; mais indignes de vous.
Ces gens n'ont point votre langage.
N'apprenez point le leur. Un ignoble courroux
Justifie un ignoble outrage ^^^
Ces vers ont été publiés pour la première fois dans l'édition de M. Gabriel de Cbénier
(Lemerre, 187 A, t. II, p. 2o3), où ils sont placés parmi les satires. M. Becq de Fou-
quières a jugé que ce morceau devait étic classé parmi les ïambes, à cause do son rvthnie;
et il a écrit à son sujet le commentaire suivant :
Ces vers ont été composés dans les derniers jours du mois de janvier 179A
(4)
(0 Journal des débats et des décrets,
n° /195, p. 102.
(^) Ce litre : Au.t Muses est de la création
de M. Bocq de Fon(]uiôres; il n'existe pas
dans l'édilion do M. Gabrivl do Clionior. il
est cPailleurs conforme au sens de la pièce,
comnio h; montre l'allusion lailo par lo poète
au Tlirace Pyrèno, qui avait essayé do violer
les M uses.
^•''^ Les Musos auxquelles s'adresse ici
André Cliônlor sont évidemment do jeunes
damos de sa connaissance qui, après la loc-
Ime du Moniteur, auraient, au rapport de
corlains r plaisanls", fait pleuvoir sur Ba-
rèri> dos ôpilliètos dicti'os par ini counoux
(pio lo poôle ([iialilio lui-in(''me il'- ignoble r).
^^^ Ceci est do la part do M. Becq do Fou-
(piières une simple supposition; mais elle
est très vraisemblable, car on no voit pas à
(piol autre rapport do Bai'èro (juo celui sur
358 PROCÈS -VERBAUX DU COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE
Dans la séance du 7 pluviôse ^^\ la Convention avait vote un décret excellent et
qni devait avoir toute l'approbation d'André Chénier, puisqu'il établissait un in-
stituteur dans toutes les communes des départements où la langue française était
[)eu répandue. Malheureusement ce décret avait été précédé d'un long discours de
Barère, empliaticpie et pédant, semé de sottises, en formelle opposition d'ailleurs
avec l'esprit du décret. André Chénier ne pouvait supporter les fautes de goût; et
plusieurs phrases de Barère blessèrent en lui l'écrivain, le poète, le lettré; il les
considéra comme un outrage aux Muses. Le discours de Barère fut dès le soir même
ti'ailé fort dédaigneusement dans tous les cercles de Paris; mais, quand il parut
dans le Moniteur du 9 pluviôse, les gens de goût accueilUrent avec colère certains
passages qui maltraitaient les sociétés polies. Il suffira de citer les deux suivants :
ffll faut populariser la langue, avait dit Barère, il faut détruire cette aristocratie du
langage qui semble établir une nation polie au milieu d'une nation barbare. Nous
avons révolutionné le gouvernement, les lois, les usages, les mœurs, les costumes,
le commerce , et la pensée même ; révolutionnons donc aussi la langue , qui en est
l'instrument journalier. « Ce que voulait dire Barère valait mieux sans doute que
ce qu'il avait dit ; c'est contre le bon goût surtout qu'il avait péché. André Ché-
nier vengea les neuf sœurs outragées, dans cet ïambe qu'il leur adressa.
On sait que Barère était député des Hautes-Pyrénées ; il est possible que ce soit
cette circonstance qui ait rappelé à la mémoire d'André Chénier l'histoire racontée
par Ovide [Mélam. V, 27A) de ce Thrace nommé Pyrène {Pyreneus) qui avait
voulu violer les Muses ^^'.
Le décret du 8 pluviôse fut complété quelques jours plus tard par un article additionnel
qui en étendait les dispositions aux déparlements des Pyrénées-Orientales et de la Meurthe.
Voici ce que contient à ce sujet le procès-verbal de la Convention :
Séance du i3 pluviôse an 11.
Un membre ^^^ demande que les dispositions de la loi du 8 pluviôse, sur les
idiomes, soient étendues au département des Pyrénées-Orientales.
Le renvoi de cette proposition au Comité de salut public est décrété ^''K
Séance du 3o pluviôse an n.
ffLa Convention nationale, après avoir entendu le rapport de son Comité de
les idiomes étrangers pourraient se ratta-
cher les vers d'André Chénier.
^^) Lapsus de M. Becq de Fouquières; il
faut Hre rdu 8 pluviôse??. M. Louis Moland
a reproduit celte erreur dans son édition
des Œuvres 'poétiques d'André Chénier (Pa-
ris, Garnier, i883), t. II, p. 290.
^^* Documents nouveaux sur André Ché-
niei' et examen critique de la nouvelle édition
de ses œuvres, par Becq de Fouquièiies
(p. 339). — André Chénier habitait à ce
moment Versailles, où il vivait, disent les
biographies, «dans le silence et l'étuden. Il
ne fut arrêté que le 17 ventôse an u, et son
arrestation, comme on le sait, fut due à une
circonstance tout à fait fortuite.
^^^ Nous ne connaissons pas le nom de ce
membre, le Moniteur n'ayant pas mentionné
l'incident.
^*) Procès-verbal de la Convention, t. XXX,
p. 293.
DE LA CONVENTION NATIONALE. 359
salut public ^'^ décrète, comme article additionnel à la loi du 8 pluviôse, pre'sent
mois, sur les idiomes étrangers et l'enseignement de la langue française, qu'il
sera établi un instituteur de la langue française dans chaque commune de la partie
du département de la Meurthe dont les habitants parlent un idiome étranger, et
dans les communes du département des Pyrénées-Orientales qui parlent exclusi-
vement le catalan.
rrCes nominations seront faites de la même manière et dans le délai prescrit ^*^
pour les départements des Haut et Bas-Rhin , de la Moselle et autres dénommés en
ladite loi^'^»»
Le Moniteur résume de la façon suivante les paroles prononcées par Barère en présentant
l'article additionnel ci-dessus :
Convention nationale, séance du 3o pluviôse.
Barère. La loi du 8 pluviôse , sur les idiomes étrangers et renseignement de la
langue française, est incomplète en ce qu'on n'y a pas compris le département de
la Meurthe et celui des Pyrénées-Orientales, dont plusieurs communes ont besoin
d'instituteurs de la langue française.
Une partie de ce département [de la Meurthe] est composée de communes des
ci-devant provinces de Lorraine allemande et d'Alsc;ce,qui forment aujourd'hui une
grande partie du district de Dieuze, et près des deux tiers de celui de Sarrebourg,
dont les habitants n'entendent et ne parlent que la langue allemande, où l'instruc-
tion des écoles ne s'est jamais faite qu'en cette langue, de même que les délibéra-
tions et autres actes des municipalités, et où le département est obligé de faire
parvenir les lois traduites en allemand.
Les habitants de plusieurs communes des Pyrénées-Orientales parlent exclusi-
vement le catalan, cet idiome de nos ennemis fanatiques. Nous vous proposons de
faire disparaître encore ces traces de barbarie et d'envoyer des instituteurs à ces
citoyens qui ne savent pas parler encore la langue de la liberté.
Il est donc nécessaire d'étendre le bienfait de la loi du 8 pluviôse sur celte partie
des déparlements de la Meurthe et des Pyrénées-Orientales. Décrétons, par un
article additionnel, qu'il y sera nommé des instituteurs de la langue française,
comme on l'a fait pour les départements de la Moselle , du Bas-Rhin et autres dé-
nommés au décret.
Cette proposition est adoptée en ces termes ^*^ :
[Suit le texte du décret, déjà reproduit ci-dessus.]
Sur l'origine probable du rapport de Barère et du décret du 8 pluviôse, voir p. /j/jo,
note II , et p. /i/»/j , annexe A.
^'^ Il avait été présenté par Barère {Mo- menis énumérés à l'article a du décret du
niteur). 8 pluviôse.
^-' Cette pliraso indique que le délai de ^'^ Procès-verbal de la Convention,
dix jours, imparti pour K-s (li'parlomonts t. XWI, p. 30)'].
bretons, l'était également pour les déparle- (*) Moniteur du a ventôse an ii, p. 6i3.
360 PROCÈS -VERBAUX DU COMITE D'INSTRUCTION PUBLIQUE
CENT QUATRE-VINGT-DIXIEME SEANCE.
Du 9 pluviôse an ii. [28 janvier 179^.]
Le citoyen Chamoulaud adresse un ouvrage ayant pour titre Moyen
facile défaire servir les beaux-arts dans le moment actuel à raffermissement
de la liberté. Grégoire est nommé rapporteur ^^^
Le ministre de la justice adresse des observations sur le mode de
changement de prénom. Petit est nommé rapporteur ''^l
Le citoyen Mangard présente le plan d'un établissement qu'il se
propose de faire pour l'éducation de la jeunesse depuis l'âge de neuf
ans jusqu'à dix-huit ans sous le titre d'Institut patriotique. Coupé est
nommé rapporteur ^^l
Un membre observe que le citoyen Thomas Rousseau, homme de
lettres, secrétaire-rédacteur de la commission des faits civiques, s'est
acquitté des fonctions de cette place avec un zèle patriotique et des
talents qui justifient le suffrage de la Société des jacobins à son égard.
Le Comité, convaincu de la vérité des faits énoncés concernant le ci-
toyen Rousseau, arrête qu'il en sera fait mention dans son procès-
verbal et que l'extrait lui en sera délivré ^^l
Lettre du citoyen Jeaurat, qui demande à rentrer à l'Observatoire
pour le récompenser de ses longs travaux. Renvoyé à Rouquier^^l
Le citoyen Hanin prie le Comité de lui faire délivrer un mandat
(') Chamoulaud avait déjà présenté au
Comité trois autres ouvrages (voir t. II,
p. 771, et dans le présent volume p. 299).
Grégoire n'a pas présenté de rapport.
^^^ Nous n'avons pas trouvé la lettre du
ministre de la justice. Petit n'a pas présenté
de rapport.
(^^ Sur Mangard, voir la séance du i3
frimaire (p. 63). Son plan à' histitut pa-
triotique avait été présenté le 8 pluviôse à
rassemblée, qui l'avait renvoyé au Comité
(le procès- verbal de la Convention n'en
parie pas; mais nous savons ce détail par
une pétition de la section du Mont-Blanc,
dont il sera question à la séance du Comité
du i3 ventôse, p. 538). Ce plan a été enre-
gistré sousie n° 1726 (F", carton 1009^);
mais la pièce manque, et la chemise porte
cette mention : rLe pétitionnaire a retiré
son plan». Le rapport de Coupé sera pré-
senté dans la séance du 1 1 pluviôse
(p. 377).
^^^ Voir la séance du 1" pluviôse
(p. 3o6). Il sera de nouveau question de
Th. Rousseau le 17 germinal an 11.
''^^^ La lettre dont parle cet alinéa est
sans doute celle dont il a déjà été question
au procès-verbal du .5 pluviôse (p. 322).
Pour la suite, voir la séance du 19 ven-
tôse (p. 555).
DE LA CONVENTION NATIONALE.
361
pour la troisième livraison de dix mille exemplaires du rapport des
nouvelles heures avec les anciennes. Renvoyé à Mathieu ^^^
Lettre du citoyen Famin , professeur de physique , qui demande qu'on
lui fasse délivrer un microscope solaire appartenant au ci-devant duc
d'Orléans, dont il se servait pour ses expériences. Le Comité passe à
l'ordre du jour ^^\
Lettre du citoyen Lalande, professeur d'astronomie, qui se plaint
de ce que l'armée révolutionnaire occupe maintenant les appartements
affectés ci-devant à l'astronome auprès de l'observatoire de l'Ecole mi-
litaire. Un membre demande qu'on examine la question de savoir
s'il n'est pas utile d'établir deux observatoires. Ferry est nommé rap-
porteur de cette affaire ^-^l
Le citoyen Lebrun ^^^ adresse un rapport sur la manière dont on pro-
cédera dans les maisons où la nation n'a qu'une portion, pour le
prélèvement des objets utiles à l'instruction publique. Le citoyen Villar
est nommé rapporteur, en se concertant avec les commissaires du
Comité des domaines chargés de cette partie ^^l
Un membre propose qu'il soit écrit à la Commission des monu-
ments pour qu'elle vienne à la séance de tridi prochain rendre compte
de ses travaux ^^l
^^) Voir p. 296. Une lettre de Hanin,
réclamant le payement de dix mille exem-
plaires de son tableau de concordance des
heures, avait été enregistrée sous le n" 1 728
(F'", carton 1009'). La pièce n'est pas en
place. Pour la suite, voir la séance du
1 1 pluviôse (p. 378).
^^^ La lettre de Famin est aux Archives
nationales; nous la donnons aux annexes,
A (p. 363). Pour la suite, voir la séance du
1 1 pluviôse (p. 376).
^^) La lettre de Lalando, en date du
29 nivôse, sollicitant la concession d'un
logement pour le citoyen Le François, as-
tronome à Tobservaloire de l'Ecole mili-
taire, avait été adressée à la (loinmission
des arts, qui, le 3o nivôse, l'avait renvoyée
au Comité d'inslrucfion pul)li<jue (>n l'in-
vitanl à la prendre en coiisidf'ralion (F'"*,
folio 19, verso). Colle lettre se Iroiivi*
dans F'', rarlon 1009', n" 17'.î9. Miclu'I-
Jean -Jérôme Le François de Lalande
(1766-1839) était le neveu du célèbre as-
tronome, dont le nom patronymique était
Le François. Il sera question d'une nou-
velle demande de Le François le 29 plu-
viôse (p. ^70).
^*^ Le citoyen Lebrun est le peintre Le-
brun, qui fut membre de la Comnn'ssion
des arts juscju'au 1 5 pluviôse (voir p. 892 ).
^*) Voir la suite à la séance du 29 plu-
viôse (pages liGg-lt'jo).
^"^ Celte proposition avait été certaine-
ment inspirée à son auteur par un arrêté de
la Commission des aris, pris quelques jours
auparavant : voir aux annexes, B (p. 363),
un extrait du procès-verbal de la séance de
la Commission des arts du 3o nivôse. La pro-
position, sous cette forme, n'eut pas île
suite. Mais le 1 i pluviôse nous vei'rons
(p. 376) le ('onillé déciller irecrin^ an mi-
nistre de i'inleritMU' pour le prier de rt'-
362 PROCES -VERBAUX DU COMITE D'INSTRUCTION PUBLIQUE
Guyton a fait le rapport de la découverte du citoyen Hutin, par
laquelle il a converti en papier neuf des échantillons de papier écrits.
Le Comité la renvoie à la Commission des arts, et arrête qu'il sera
écrit au citoyen lïutin pour l'engager à fournir un mémoire détaillé
de ses procédés ^^^.
Un membre demande qu'il soit nommé un rapporteur pour pré-
senter un projet de décret sur la formation d'un jury pour juger les
livres élémentaires dont le programme a été décrété par la Conven-
tion, et sur la fixation des récompenses à accorder aux auteurs. Thi-
baudeau est nommé rapporteur ^'^^.
Une députation du Bureau de consultation des arts est admise;
elle ])ropose qu'il soit autorisé à proposer des récompenses pour
les artistes qui en mériteraient et qui n'en auraient pas demandé.
Cette proposition est adoptée; Fourcroy est nommé rapporteur pour
la présenter à la Convention ^^^l
Coupé propose de revoir toutes les lois faites sur le Bureau de
consultation des arts, de manière qu'il se borne à vérifier le mérite
des artistes, et que ce ne soit plus le ministre de l'intérieur, mais la
Convention nationale, qui décrète les récompenses sur le rapport du
Comité d'instruction publique. La proposition est ajournée ^^^
clamer lui-même à la Commission des mo-
numents le compte-rendu de ses travaux.
^^' Voir la séance du 3 pluviôse (p. 3 1 k).
La Commission des arts s'occupa de Hutin
le 20 pluviôse, et le renvoya aux commis-
saires déjà nommés pour examiner les
procédés de refonte du papier. Voir aux
annexes, G (p. 36/i), un extrait du procès-
verbal de la séance de la Commission des
arts du 20 pluviôse an 11.
(-) Voir p. 33 2. Le rapport et le projet de
décret sur les livres élémentaires (voir les
séances des 29 nivôse et 1" pluviôse,
pages 398 et 3o.5), lus à la Convention
par Cr^goire le 3 pluviôse, revinrent à
l'ordre du jour dans la séance de l'assem-
blée du 9 , où le pi ojet de décret fut voté
avec une addition. Nous donnons aux an-
nexes, D (p. 3 6/1), des extraits du procès-
verbal dos séances de la Convention des 3
et 9 pluviôse an ii, et le texte du rapport
de Grégoire. — Le programme du con-
cours pour les livres élémentaires une fois
adopté, il restait au Comité, aux termes de
l'article k du décret, à présenter un rap-
port sur l'organisation du jury et sur les
récompenses à décerner. Tbibaiideau, dé-
signé comme rapporteur, présentera un
projet de décret au Comité le 1 1 messidor
an II.
^^) Fourcroy n'a pas, à notre connais-
sance, présenté cette proposition à la Con-
vention. La demande du Bureau de consul-
tation avait son origine dans le désir de
récompenser les travaux métrologiques du
mathématicien Paneton. Nous donnons aux
annexes , E ( p. 872), des extraits du procès-
verbal des séances du Bureau de consultation
des 9 et i/i pluviôse an 11.
Il sera de nouveau question du Bureau
de consultation dans la séance suivante
(p. 375.)
^^) Celte proposition n'est pas revenue à
l'ordre du jour.
DE LA CONVENTION NATIONALE. 363
La séance est levée à dix heures et demie ^^^.
R.-T. Lindet(').
PIECES ANNEXES.
LETTRE DE FAMIN AU COMITE D'INSTRUCTION PUBLIQUE
(3)
Aux citoyens membres du Comité d'instruction publique.
Citoyens,
Depuis dix ans je donne à mes frais chaque hiver des cours gratuits de phy-
sique expérimentale pour les citoyens peu fortunés de la capitale. La Convention
nationale m'ayant autorisé par un décret à les donner cette année comme les pré-
cédentes dans mon même local, maison ci-devant Egalité, je l'ai ouvert il v a six
semaines, et il est suivi avec assiduité. Mais un obstacle vient s'opposera mes
intentions patriotiques. J'avais depuis treize ans un microscope solaire dont le ci-
devant duc d'Orléans m'avait laissé la jouissance, vu que j'ai instruit ses enfants
dans la physique. Ses créanciers me l'ont redemandé pour le vendre avec ses autres
effets. Mais tous ces effets ont été mis depuis sous le scellé de la nation. C'est donc
à vous que je m'adresse, citoyens, pour vous observer que ce microscope m'est ab-
solument nécessaire pour faire mes expériences sur la lumière. Je vous demande
donc que vous daigniez ordonner qu'il me soit remis pour l'instruction publique à
laquelle je me livre. En levant cet obstacle à mon travail, j'ose croire que vous
remplirez les vues bienfaisantes de la nation protectrice des sciences et des citoyens
qui les cultivent sans autre intérêt que celui du bien public.
P.-N. Famin, professeur de 'physique expérimentale ,
maison nationale ci-devant d'Egalité.
La pièce ne porte aucune date. On lit en marge: ff Ordre du journ.
B
On lit dans le registre des procès-verbaux de la Commission des arts :
Séance du 3o nivôse, l'an 2* de la République.
Le président ouvre la séance; un membre observe que la Commission des mo-
numents, supprimée par décret du. . . ^^', continue ses fonctions avec plus d'aclivité
qu'elle n'en avait avant sa suppression. La Commission des arts arrête que le
^'^ Gel alinéa n'est pas à la minute. (') Archivesnationales.F'', carloii 1009',
t*) Cette signature ne se trouve qu'au n"i7ao.
registre. La minute est de la main de Tlii- ^*^ La date a été laissée en l)l;tMC. (Tost
bandeau. le a8 frimaire an 11.
364 PROCES -VERBAUX DU COMITE D'INSTRUCTION PUBLIQUE
Comité d'inslruclion publique est invité à mander les membres de la ci-devant
Commission des monuments pour leur demander de préparer leurs comptes et
de donner l'état de leurs employés ^^^.
On lit dans le registre des procès-verbaux de la Commission des arts :
Séance du 20 pluviôse, l'an 2* de la République.
La Commission renvoie aux commissaires précédemment nommés pour véri-
fier les moyens d'effacer soit les caractères imprimés, soit ceux écrits à la main,
de dessus le papier, une lettre du citoyen Hutin, juge du tribunal du district de
Soissons, sous la date du 3o nivôse ^^^.
On lit dans les procès-verbaux de la Convention :
Séance du 3 pluviôse an 11.
Un membre du Comité d'instruction publique fait un rapport et présente un
projet de décret dont l'assemblée ordonne l'impression et l'ajournement.
La séance est levée à trois heures et demie ^^\
Voici le texte du rapport de Grégoire :
RAPPORT SUR L'OUVERTURE D'UN CONCOURS POUR LES LIVRES ELEMENTAIRES DE LA
PREMIÈRE ÉDUCATION. SEANCE DU 3 PLUVIOSE, L'AN SECOND DE LA REPURLIQUE
UNE ET INDIVISIBLE.
De rimprimerie nationale, s. d. ^^^.
Le corps social doit veiller à sa conservation et au bonheur des individus qui le
composent.
Pour assurer son existence et son bonheur, il faut que ses membres jouissent
de leurs droits et s'acquittent de leurs devoirs.
(^^ Archives nationales, F ''* 7, folio 19,
verso.
(^J Ibid., folio 2 5, verso. — Les commis-
saires précédemment nommés sont Pelletier
et Hassenfratz : voir ci-après, p. 896, un
extrait du procès-verbal de la séance du
10 pluviôse an n de la Commission des
arts.
^^) Procès-verbal de la Convention,
t. XXX , p. 82. — Quoique l'objet auquel
se rapporte ce projet de décret ne soit pas
indiqué, c'est très certainement du rapport
de Grégoire sur les livres élémentaires
qu'il s'agit. Ce rapport fut lu le 3 plu-
viôse, ainsi que constate le libellé de son
litre. Le Journal des débats et des décrets
mentionne cette lecture dans son compte-
rendu de la séance, que nous donnons plus
loin (p. 370). Le Moniteur la place par
erreur au U pluviôse.
W Bibliothèque nationale, Le ^^ 669,
in-8.
DE LA CONVENTION NATIONALE. 365
Comment jouiront-ils de ceux-là, comment rempliront-ils ceux-ci, s'ils ne les
connaissent? Celte connaissance est l'objet de Téducation, qui seule peut donner
les lumières et les vertus indispensables au maintien de la société. Ainsi l'éducation
est dans toutes ses branches soumise à l'autorité tutélaire du gouvernement,
comme un moyen sans lequel il ne pourrait atteindre son but; car un peuple igno-
rant et corrompu n'aurait jamais qu'une liberté précaire.
Si, comme personne n'en doute, le gouvernement doit non seulement procurer
au peuple des subsistances, mais encore veiller à ce qu'elles ne soient point alté-
rées , son obligation devient plus étroite au moral , puisque le poison du vice et
des préjugés est le plus grand fléau d'un Etat.
De là il résulte que tous les citoyens ont un égal intérêt à ce que personne
n'élève mal ses enfants, comme à ce qu'il ne nourrisse pas des animaux féroces
pour les lancer dans la société. De là naît une responsabililé réciproque des pères
envers la patrie , de la patrie envers tous les membres de la grande famille. Cette
responsabilité fait partie de la garantie sociale.
L'éducation doit harmoniser avec les principes constitutionnels , car toutes les
institutions doivent être ramenées à l'unité; et lorsqu'un gouvernement est comme
le nôtre fondé sur les vrais principes, il esl dans l'ordre immuable des choses qne
les intérêts des parents, des enfants et de la patrie coïncident, et que les affections
indestructibles de la nature soient toujours compatibles avec la meilleure existence
du corps social.
Quoique les parents aient sur leurs enfants un droit inné et antérieur à toute
organisation pohlique, leur autorité doit se coordonner au bien général, et se
fondre dans l'intérêt public; lorsqu'ils dérogent à ce devoir, coupables envers la
société, ils sont punissables par elle, parce que le droit de punir dérive du droit
de sûreté.
Pour s'épargner la douleur d'avoir des crimes à punir et des abus à extirper,
la sagesse ordonne de les prévenir; ce principe paraît avoir échappé à tous les lé-
gislateurs, car il n'est aucun peuple qui n'ait plus de lois répressives que de lois
rémunératrices; la France régénérée doit, au contraire, se hâter d'atteindre un
ordre de choses tel que la patrie ait peu de peines à infliger et beaucoup de ré-
compenses à décerner; et certes l'on ne compromet pas la vérité en assurant (pie,
si la théorie et la pralique de l'éducation étaient portées au point de perfection
dont elles sont susceptibles, un code criminel serait presque inutile.
Le peuple français a dépassé les autres peuples; cependant le régime détestable
dont nous secouons les lambeaux nous tient encore à grande distance de la nature;
il reste un intervalle énorme entre ce que nous sommes et ce (jne nous pourrions
être. Hâtons-nous de combler cet intervalle; reconstituons la natnre humaine en
lui donnant une nouvelle lrem[)e. Il faut que l'éducation publique s'enq)are de la
génération qui naît, qu'elle aille trouver l'enfuit sur le sein de sa mère, dans les
bras de son père, pour partager leur tendresse et l'éclairer. La sollicitude de la
patrie commence à l'époque où le développement d'un germe nouveau promet au
corps social un nouvel individu.
Ainsi le premier livre ('lémenlaire doit embrasser la période ijui s'écoule depuis
le commencemeiit de la grossesse jusqu'à l'âge d'environ six ans, époque à laquelle
366 PROCÈS-VERBAUX DU GOMlTt: DINSTRUGTION PUBLIQUE
iVnlanl passera dans les e'coles nationales. Cet ouvrage doit tracer d'une manière
claire et précise le devoir des pères, des mères et des nourrices.
La Convention nationale n'entend prononcer qu'avec peine le mot de nourrice.
Elle dprouve un sentiment douloureux en apprenant que les registres de l'an der-
nier du bureau des recommandaresses présentent encore, pour Paris seulement,
près de six mille entants qui n'ont pas suce' le lait maternel, sans compter un
nombre supérieur, peut-être, tant de ceux qui ont été portés aux enfants trouvés,
(pie de ceux qui ont été envoyés en nourrice sans passer par l'intermédiaire de
Yun ou l'autre de ces dépôts. On n'annonce rien de neuf en disant que l'impossi-
bilité pliysique ou morale peut seule dispenser une mère d'allaiter son enfant;
mais il faut que désormais l'opinion publique flétrisse celles qui, foulant aux pieds
un devoir sacré, ne donnent à la patrie un nouvel individu que pour se hâter de
l'abandonner à des mains mercenaires.
Une foule d'individus naissent estropiés ou le deviennent dans l'enfance; il est
des contrées où la constitution physique est tellement altérée, qu'on y chercherait
en vain une seule de ces belles formes qui servaient de modèles aux statuaires an-
tiques. Des méilecins ont calculé à quatre mille le nombre des maladies auxquelles
l'homme est sujet, et les tables de mortalité prouvent que la moitié des enfants
périt avant l'âge de huit ans.
Celte destruction anticipée d'êtres que la nature destinait à remplir la carrière
de la vie a communément sa source dans le libertinage, l'ignorance, l'imprudence
et les préjugés des parents, surtout des mères, à qui toutes les relations de la na-
ture et de l'habitude donnent une influence plus immédiate sur la formation phy-
sique et morale des enfants.
Les abus du maillot et du berçage sont encore loin d'être anéantis. Il est une
foule d'usages invétérés dont l'effet inévitable est de faire périr les enfants, et d'al-
térer leur complexion; tels sont la malpropreté qui appelle, pour ainsi dire, tous
les ravages des maladies cutanées ; les nourritures qui , empâtant l'estomac , en
détruisent les ressorts; les habillements serrés, qui exercent une comprevssion fu-
neste; l'insouciance, qui, abandonnant des enfants à leurs cris immodérés, les
expose aux hernies; l'imprudence, qui leur cause des terreurs capables de pro-
duire l'épilepsie. C'est une vérité de fait que la plupart des sujets affectés de ce
mal l'ont contracté dans l'enfance pour les causes que l'on vient d'indiquer.
L'ouvrage que l'on demande doit donc tracer des règles de conduite pour le
temps de la grossesse, des couches, de l'allaitement et du sevrage; il doit par-
courir toutes les phases de l'enfance dans ce qui concerne la nourriture, les habits,
le sommeil , la veille , l'exercice , les accidents , les maladies ; combattre les abus et
leur substituer les méthodes les plus propres à conserver l'enfant en développant
sa croissance et ses forces.
En passant à l'éducation morale , on doit commencer par écarter deux erreurs.
La première est de penser, avec Diderot et quelques autres écrivains, que la
nature fait des méchants. L'effet de ce fatalisme décourageant est d'étouffer l'ému-
lation, d'ôter le prix à la vertu, de justifier le crime, et de fournir aux parents
lâches, aux instituteurs corrompus, des prétextes dont ils ne manquent pas de se
prévaloir pour s'assurer l'impunité. Quand il s'agit de vertus, le père qui dit :
DE LA CONVENTION NATIONALE. * 367
Cet enfant ne fera jamais rien; Tenfant qui dit : Cela est plus fort que moi, sont
deux êtres coupables; on ne peut trop inculquer cette vc^rilé atteste'e par l'expé-
rience : l'homme est en grande partie le produit de son éducation, et, comme l'a
dit Jean-Jacques : cr L'homme est bon; les hommes sont méchants t.
La seconde erreur est de croire qu'avant l'âge d'environ sept ans, l'enfant est
insusceptible d'être dirigé vers le bien. Il est incontestable que, dans un âge
plus tendre, il généralise déjà ses notions, puisqu'il sait classer par genres et par
espèces diverses productions de la nature et des arts; son esprit rassemble des
idées abstraites, et sa mémoire en recueille les signes, puisqu'il apprend sa
langue. Son caractère commence à se former, dit un écrivain, dès que ses yeux
sont ouverts; déjà le feu de quel![ues passions l'agite; il s'irrite par les obstacles,
il manifeste de l'opiniâtreté. Plus tard on acquiert des connaissances, mais à cet
âge on contracte des habitudes, et dans le reste de la vie on ne fait guère que les
garder.
Chez le méchant, elles sont la source de ses crimes et du malheur de ses sem-
blables. Un homme que l'on menait au supplice disait : rrCe n'est pas le juge, c'est
ma mère qui m'envoie à l'échafaudu. Chez le juste, elles sont la source des souve-
nirs les plus chers, des jouissances les plus douces et des vertus les plus pures. 11
est dilïicile, impossible peut-être, qu'un homme ne soit pas vertueux quand il ne
peut se rappeler sans attendrissement qu'aux époques les plus reculées de sa vie,
un père, une mère se privaient du sommeil pour assurer le sien; qu'ils retran-
chaient sur leur nécessaire pour lui donner le superflu, et que peut-être en tra-
vaillant à son bonheur ils ont trouvé la maladie qui les a conduits au tombeau.
Puisque l'âme d'un enfant est disposée à recevoir toutes sortes d'impressions,
et que celles du premier âge prolongent leurs effets sur toute la durée de la vie, il
faut stimuler et diriger le zèle des parents, afin qu'ils épient avec une sainte im-
patience le moment où les premières étincelles de la réflexion éclaireront les
caresses du sentiment, pour planter dans l'âme d'un enfauLle germe de toutes les
vertus. Les quakers des États-Unis de l'Amérique sont tellement persuadés de ces
principes que, quand un entretien familier s'établit entre eux et des inconnus, il
n'est pas rare qu'ils débutent par ces mots : Quelle a été ta première éducation? Us
sentent qu'il est dangereux de tolérer les écarts des enfants sous prétexte de leur
extrême jeunesse , parce qu'une faute légère produit bientôt un vice, et que celui
qui a fini par assassiner avait peut-être conunencé par voler une pomme '^
Les parents eux-mêmes, par leurs discours, rendent un enfant vindicatif en
^^^ Le Moniteur, qui a reproduit le rap- quelques idées morales, brise les œufs et
port de Grégoire, en le plaçant par erreur le nid d'un oiseau, et Ton ne sent pas la
à la séance du U pluviôse, en a supprimé nécessité de le détourner d'une action (jui
quelques passages, mais donne d'autre part arrête la reproduction des êtres, qui fait
deux passagiîs qui ne se trouvent pas dans deux maliiouieux, el dont les eflets répolt's
le document tel ([u'il a élé imprime à l'im- endurcissent iusensihlomenl le cœur, à loi
primerie nationale. C'est ainsi (ju'à cet point cpTil se complaît à lourmeiilt>r les
endroit il intercale la phrase suivante : animaux: et relui ([ui man(|ii(> iriinmanilé
«Par exemple, on n'attache aucune im- envers les animaux sera cruel envers les
porlance à ce c|u'un enfant, qui a déjà hommes. ^^
3G8 PKOGÈS-VEllBAUX DU COMITÉ DINSTRUGTION PUBLIQUE
l'ail torisant à frapper la pierre contre laquelle il s'est heurté. Ils le forment au
mensonge et à l'orgueil en lui disant qu'on cesse crêtre beau quand on pleure; de
là résulte qu'un enfant vêtu de drap se préfère déjà à son camarade habillé de
bure ou de toile. Voilà la première brèche à l'égahté et un premier pas vers le
despotisme. Ces assertions paraîtront moins paradoxales si l'on saisit la chaîne des
intermédiaires qui les unissent.
Il avait raison, cet ancien qui recommandait un grand respect pour l'enfance.
Ce qu'on dit devant un enfant n'est presque jamais sans conséquence; lors même
qu'il parait exclusivement livré à ses jeux, il vous entend; son imagination re-
cueille tout, sa mémoire conserve tout; et, si les effets ne se développent pas à
l'instant, lorsque les crises de la puberté feront fermenter les passions, il se rap-
pellera ce propos infâme débité en sa présence avec cet air de mystère qui éveille
sa curiosité : un mot aura préparé le naufrage de son innocence.
L'honnne a pour se guider la raison et l'exemple; et, comme l'âge et l'expé-
rience n'ont point encore mûri la raison de l'enfant, la nature lui a donné le goût
de l'imitation. N'ayant point d'exemples publics, il ne peut se modeler que sur les
exemples domestiques. La conduite des parents est un livre toujours ouvert dans
lequel il lit celle qu'il doit tenir. Et comment prétendre qu'un enfant soit vertueux
quand ceux qui l'entourent ne le sont pas? Deviendra-t-il un homme véridique
quand en bien comme en* mal on lui manque de parole? Acquerra-t-il le sentiment
de la justice quand, au lieu de le reprendre, de le châtier avec le calme de la
raison, c'est en se livrant à des colères qui sont toujours proportionnées non pas
à la grièveté de la faute , mais à la perte ou au désagrément qu'on éprouve? Et l'on
vient se plaindre que des enfants sont d'une dépravation précoce : le ruisseau est
impur, parce que la source est empoisonnée^*^.
Ces faits établissent d'une manière péremptoire la nécessité de faire des instruc-
tions soit pour les parents, qui tiennent leur mission de la nature, soit pour les
instituteurs, qui l'ont reçue de la loi, puisqu'ils doivent tour à tour pétrir le
caractère de l'enfant, l'imprégner de mœurs républicaines, en sorte que, vivant
dans l'atmosphère de la vertu, il l'aspire par tous les sens. Hâtons-nous donc de
mettre en main, aux parents et aux instituteurs, non pas des ouvrages volumi-
neux, mais des méthodes simples que les esprits peu cultivés puissent saisir, que
leur mémoire puisse facilement retenir, et qui, en leur montrant le but, les
éclairent des lumières nécessaires pour l'atteindre.
En traçant le cadre que l'on doit remplir, nous avons marqué les écueilsà éviter;
nous présentons les problèmes à résoudre, sans préjuger aucune solution, afin de
laisser aux auteurs la plus grande latitude.
Lire, écrire et parler la langue nationale sont des connaissances indispensables
à tout citoyen. L'unité de la République commande l'unité d'idiomes, et tous les
Français doivent s'honorer de connaître une langue qui désormais sera par excel-
lence celle du courage , des vertus et de la liberté.
(^) Le Moniteur ajoute ici : qu'un enfant soit vertueux quand ceux qui
ff Une contagion physi(|ue el morale l'entourent ne le sont pas, c'est exiger qu'il
s'exhale de Thomme corrompu. Prétendre touche de la boue sans en être souillé, r)
DE LA CONVENTION NATIONALE. 369
Les dMnients du calcul, de l'arpenlag-e, du toise', sont e'g-alenient indispen-
sables; et qu'on ne s'effraye pas d'entendre parler pour l'enfant de ge'ome'trie pra-
tique. Il en saisira plus facilement les principes que les règles de la syntaxe. Ainsi,
des instructions sur la mesure du temps, sur les mesures linéaires, celles de
superficie et de poids, doivent faire |)artie des ouvrages classiques.
Des notions géographiques doivent entrer dans la série des livres élémentaires.
Nous devons encore mettre l'enfant à portée d'apprécier les objets que la nature
reproduit sans cesse sous ses yeux et avec lesquels il a des rapports journaliers et
nécessaires. On ne peut lui donner que des notions, mais en le plaçant sur la voie
il aura la facilité d'y marcher lorsque l'âge et les circonstances développeront son
goût et ses talents.
La Convention nationale a décrété que la Déclaration des droits, la Constitution
et les Annales du civisme formeraient les premiers ouvrages classiques. Pour en
développer l'esprit, une instruction sur la morale républicaine est également né-
cessaire. La patrie acquitte sa dette envers le citoyen en lui faisant connaître ses
droits et ses devoirs. Alors commence la dette du citoyen, qui doit user de ses
droits et remplir ses devoirs pour le bonheur de sa pairie.
.lusqu'ici, la plupart des livres élémentaires ont été très médiocres, parce qu'ils
étaient le fruit de la médiocrité. Le génie (pii forme des conceptions hardies, qui
enfante des ouvrages sublimes, qui saisit un grand ensemble, est seul capable de
présenter des analyses où l'on trouve tout ce qui compose les éléments d'une
science, et de les approprier aux facultés des individus auxquels on les destine.
Ces ouvrages sont de la plus grande importance, puisqu'ils ont pour objet de
vulgariser les hautes théories , de les rendre usuelles par leur application aux besoins
deia société, qu'ils doivent, pendant des siècles, concourir à la régénération d'une
postérité républicaine, et consolider par les vertus la liberté conquise par le cou-
rage.
Les livres proposés au concours n'offrent pas tous la même difficulté : c'est
d'après cette considération et celle du mérite intrinsèque des ouvrages que les re-
présentants du peuple détermineront le genre et l'étendue des récompenses. Tous
les citoyens qui ont médité sur l'éducation sont tributaires de la patrie. Une belle
carrière est ouverte aux talents républicains. La Convention nationale éprouvera
la plus douce satisfaction en couronnant leurs efforts; car cette époque sera un jour
de triomphe sur l'ignorance et les préjugés.
PROJET DE DECRET.
La Convention nationale, après avoir entendu le rapport de son Comité d'in-
struction publique, décrète ce qui suit :
Article premier. Un concours est ouvert jusqu'au i" messidor prochain pour
des ouvrages sur les objets suivants :
i" Instructions sur la consorvation dos enfants, depuis la grosses>e iiU'hisi\o-
ment, et sur leur éducation [)liysique et morale, depuis la naissance jusqu'à
l'époque de leur entrée dans les écoles nationales.
III. 9^
iMi'niwi nir > u ion (i t .
370 PROCÈS -VERBAUX DU COMITE D'INSTRUCTION PUBLIQUE
ù" Instructions pour les instituteurs nationaux, sur i'e'ducation physique et mo-
rale des enfants.
3° Méthode pour apprendre à hre et à écrire ; ces deux objets traités ensemble
ou séparément.
k° Notions sur la grammaire française.
5° Instructions sur les premières règles d'arithmétique et de géométrie pra-
tique, rr Des instructions sur les nouvelles mesures et leurs rapports aux anciennes,
le plus généralement répandues, entreront dans les livres élémentaires d'arithmé-
tique qui seront composés pour les écoles nationales. w (Article ii du décret du
i" août dernier.)
6° Notions sur la géographie.
7" Instructions sur les principaux phénomènes et sur les productions les plus
usuelles de la nature.
8° Instructions élémentaires sur la morale républicaine.
Art. 2. Les auteurs adresseront leurs ouvrages à la Convention nationale, et ne
se feront connaître qu'aptes le jugement.
Art. 3. Des récompenses nationales seront décernées aux auteurs des ouvrages
qui auront été jugés les meilleurs.
Art. à. Le Comité d'instruction publique présentera un rapport sur l'organisa-
tion d'un jury destiné à juger du mérite des ouvrages envoyés au concours, et sur
les récompenses a décerner.
On ht dans le Journal des débats et des décrets :
Convention nationale, séance du 3 pluviôse.
Grégoire, au nom du Comité d'instruction publique, fait un rapport relatif à la
pétition présentée par le département de Paris , sur les encouragements et les in-
structions à donner aux femmes mères d'enfants naturels ^^^ : il propose un concours
et des récompenses pour des ouvrages sur la première éducation physique et mo-
rale des enfants.
La Convention ordonne l'impression du rapport et du projet de décret ^'^\
Le rapport ayant été imprimé et distribué , la question revint à Tordre du jour le
^^^ Nous ne connaissons pas la pétition
du département de Paris dont il est ici
question; nous n'en avons pas trouvé la
mention dans les procès-verbaux de la
Convention. Les procès-verbaux du Co-
mité, séances des 39 nivôse et 1*'" pluviôse,
n'y font aucune allusion, et le rapport lui-
même n'en parle pas : il semble pourtant
que s'il avait été destiné à donner satis-
faction à une pétition de ce genre, Gré-
fjoire l'aurait dit explicitement. D'autre
part, il ne nous parait pas complètement
invraisemblable d'admettre que les déve-
loppements donnés dans le rapport à ce
qui concerne la grossesse et l'allaitement
aient pu être motivés par cette pétition,
dont nous ne connaissons l'existence que
par le compte-rendu du Journal des débats
et des décrets.
(^) Journal des débats et des décrets,
n" 690, }). 39.
DE LA CONVENTION NATIONALE. 371
9 pluviôse , et l'assemblée adopta le projet de décret , avec quelques changements et addi-
tions. Voici l'extrait du procès-verbal :
Séance du 9 pluviôse an 11.
ffLa Convention nationale, après avoir entendu le rapport de son Comité' d'in-
struction publique, décrète ce qui suit :
ff Article PREMIER. Un concours"^ est ouvert jusqu'au 1" messidor prochain pour
des ouvrages sur les objets suivants :
ffi° Instruction sur la conservation des enfants, depuis la grossesse inclusive-
ment, et sur leur éducation physique et morale depuis la naissance jusqu'à l'époque
de leur entrée dans les écoles nationales : ces deux objets traités ensemble ou sé-
parément ^'^ ;
ff2" Instructions pour les instituteurs nationaux, sur l'éducation physique et mo-
i-ale des enfants;
ffS" Méthode pour apprendre à lire et à écrire: ces deux objets traités ensemble
ou séparément;
nli° Notions sur la grammaire française;
ff 5° Instruction sur les premières règles d'arithmétique et de géométrie pratique.
Des instructions sur les nouvelles mesures et leurs rapports aux anciennes , le plus
généralement répandues, entreront dans les livres élémentaires d'arithmétique qui
seront composés pour les écoles nationales. (Article 11 du décret du 1" août der-
nier);
ffô" Notions sur la géographie ;
ff7° Instructions sur les principaux phénomènes et sur les productions les plus
usuelles de la nature;
ffS" Instructions élémentaires sur la morale républicaine;
ffQ" Instructions élémentaires sur l'agriculture et les arts de première utilité :
[ces deux objets ^^^] traités ensemble ou séparément ^*^
ff Art. 2. Les auteurs adresseront leurs ouvrages h la Convention nationale, et
ne se feront connaître qu'après le jugement.
«tArt. 3. Des récompenses nationales seront décernées aux auteurs des ouvrages
qui auront été jugés les meilleurs.
ffAfiT. à. Le Comité d'instruction pubhque présentera un rapport sur Torgani-
sation d'un jury destiné à juger du mérite des ouvrages envoyés au concours, et
sur les récompenses à décorner.
ffLe rapport et le présent décret seront insérés au Bulletin ^'^^ '^
*^^ Le procès-verbal imprimé porte, par mots, omis par erreur dans le procès-vor-
suite d'une faute d'impression, ff cours n au bal impriuK».
lieu de ff concours ?i. ^*^ Cet alinéa «'sl nouveau.
^') Ce dernier membre de phrase est ^*^ Cet alinéa est nouveau. — Procès-
nouveau, verhiil ilo |;i CointMiliou , t. \\\. p. -i i o.
'■' C'est [ïou> ipu ajouloub ces trois
37:2 PROCÈS -VERBAUX DU COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE
Le Moniteur relate comme suit l'adoption du décret :
Convention nationale, séance du 9 pluviôse.
Grégoire soumet à la délibération le projet de décret sur la confection des livres
élémentaires, tel qu'il a été proposé dans la séance du h (sic) pluviôse.
Ce projet de décret est adopté en ces termes '^^ ;
[Suivent les quatre articles du décret.]
On lit dans les procès-verbaux du Bureau de consultation des arts et métiers ^^^ :
Séance du 9 pluviôse an 11.
Les citoyens Hassenfratz et Lagrange , au nom de la Commission des poids et
mesures, consultent le Bureau pour savoir s'il est possible de présenter à son
jugement les travaux métrologiques du citoyen Paneton, travaux très connus,
dont Lauteur est dans Tindigence et ne paraît nullement disposé à se présenter au
Bureau en remplissant les formalités ordinaires.
Un membre fait un rapport verbal sur le mérite supérieur de l'ouvrage du ci-
toyen Paucton; et, après une discussion approfondie sur l'utilité dont cet ouvrage
a été pour les opérations relatives aux nouveaux poids et mesures , le Bureau
nomme pour commissaires les citoyens Lagrange , Hassenfratz , Servières , Halle ,
et les charge de solliciter auprès des Comités d'instruction publique et de salut
public un article additionnel à la loi. Cet article autoriserait le Bureau à aller au
devant des artistes et de tous les hommes instruits qui , par leurs travaux et leurs
ouvrages , auraient éminemment contribué au progrès des arts , mais qui , par mo-
destie ou par des considérations particulières, ne se présenteraient pas au Bureau.
Séance du 16 pluviôse an 11.
Les commissaires nommés par le Bureau pour solliciter auprès des Comités
d'instruction publique et de salut public un article additionnel à la loi rendent
compte des démarches qu'ils ont faites auprès du Comité d'instruction publique.
Ce Comité a adopté la proposition de demander à la Convention un article addi-
tionnel à la loi du 12 septembre 1791 ; cet ai'ticle autoriserait le Bureau à aller
au devant des artistes qui ne se présentent point pour participer aux récompenses ,
et qui ont éminemment contribué au progrès des arts. Le citoyen Fourcroy, membre
du Comité d'instruction puhlique , a été chargé par ce Comité de faire un rapport
à ce sujet.
(*) Moniteur du 11 pluviôse an 11, p. 598. — ^'^^ Second registre manuscrit des procès-
verbaux du Bureau de consultation. (Conservatoire des arls et métiers.)
DE LA CONVENTION NATIONALE.
373
CENT QUATRE-VINGT-ONZIEME SEANCE.
Du 1 1 pluviôse an ii. [3o janvier 179^».]
Le citoyen Bertlielot fait hommage à la nation de cinq manuscrits
contenant des détails topographiques sur le ci-devant Dauphiné et
pays adjacents; en faisant cet hommage, il prie le Comité de lui
donner une lettre de recommandation auprès du département de Paris
tendant à lui faire obtenir dans la gendarmerie une place d'officier.
Le Comité a arrêté qu'il recevait le don du citoyen Berthelot, et que
son président écrirait en son nom au département pour appuyer la
demande de ce citoyen ^^K
Sur la proposition d'un membre relativement à l'envoi à faire des
numéros des Annales des actions héroïques, le Comité arrête qu'ils
seront envoyés aux autorités constituées, aux municipalités et aux
sociétés populaires ^^K
Sur la proposition d'un membre sur la question de savoir s'il serait
utile d'établir un théâtre pour la déclamation dans la maison d'édu-
cation des Orphelins des défenseurs de la patrie, le Comité, en ayant
reconnu l'utilité, autorise la Commission des arts, en exécution du dé-
cret du 19 nivôse, à procurer à cet établissement un petit théâtre pro-
venant de la ci-devant liste civile ou des émigrés ^^^
Vu la troisième livraison, faite par le citoyen Hanin au citoyen
Baudouin, imprimeur de la Convention, de dix mille exemplaires de
la gravure d'un cadran contenant le rapport des nouvelles heures avec
les anciennes, pour être joints à l'Almanach d'instruction publique
^^) Voir la séance du 5 frimaire, p. ifî.
f^) Le décret du i3 nivôse (p. iiôS),
porte que les numéros du Becueil des actions
héroïques et civiques seront envoyés rraux
municipalités, aux armées , aux sociétés po-
pulaires et à toutes les écoles de la Uépu-
bliquen. On ne voit pas bien coniment Ic^
Comité a pu prendre, sur celte question,
un airètt' qui ï(;stri'i|jiiait les dispositions
du décret de la (lonvenliou.
^^^ Le 7 pluviôse (p. 33G), le Comité
avait nommé cinq commissaires pour
«prendre connaissance 'i de l'école dirigée
par Léonai'd Bourdon. Aous n'avons pas
trouvé de décret en date du k) nivôsedont
les dispositions puissent s\\ppli(pier à cotte
afl'aire. Dès le a5 nivôse, la Connnission
des arts s'était occupée de fournira la mai-
sou d'éducation de Léonard Bourdon les
colleclions (jui pouvaient être utiles aux
('ii'vt^s: voir aux annexes, A ^p. ^77), uu
extrait du procès-verbal do la séance de la
Connnission des arts du -j'ô nivôse an 11.
37/t PROCÈS -VERBAUX DU COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE
arrête qu'il sera payé audit citoyen Hanin la somme de 1,875 livres
par le (Comité des inspecteurs de la salle ^^l
Un membre propose de confier un manuscrit portant nombre de
corrections faites au Dictionnaire de la langue française au citoyen
*-^ qui voudrait entreprendre une nouvelle édition de cet ou-
vrage. Sur cette proposition, le Comité arrête que les citoyens Coupé
et Grégoire examineront le manuscrit dont il s'agit et feront un rapport
relatif à l'avantage qui pourrait résulter d'une nouvelle édition du Dic-
tionnaire de la langue française ^^\
Lettre du citoyen Sérane portant envoi d'une brochure intitulée
Catéchisme du citoyen, etc. Ferry est nommé rapporteur ^^l
(^) Voir la séance du 9 pluviôse (p. 36 1)
et, pour la suite, celle du 27 pluviôse
(p. U66).
^2) Le nom est resté est blanc , à la mi-
nute et au registre.
^^^ Au sujet du manuscrit delà nouvelle
édition du Dictionnaire de TAcadémie fran-
çaise, voir dans notre tome II, p. 3a6, les
deux lettres de Tabbé Morellet à Romme
et l'extrait des Mémoires de Tabbé Morellet.
Le nom du citoyen qui voulait entreprendre
une nouvelle édition du Dictionnaire est
resté en blanc : c'est à lui sans doute que
Lakanal fait allusion dans son rapport du
premier jour complémentaire de l'an m,
où il dit : «Il y a plus de six mois qu'un
homme de lettres connu , lié avec toute l'an-
cienne Académie , avait offert au Comité de
se charger de ce travail (la revision de l'exem-
plaire corrigé du Dictionnaire). Cette pro-
position n'eut point alors de suite; il l'a
renouvelée dans ces derniers temps, au
nom du libraire Smits, patriote liégeois,
qui vient de donner une superbe édition de
la traduction de Sénèque; presque au
même instant le libraire Maradan, connu
aussi par de belles entreprises, a présenté
au Comité une pétition pour le même objet.
Le Comité l'a engagé à se concerter avec
l'homme de lettres auteur des premières
propositions : ils se sont vus, et le résultat
de cette entrevue est une compagnie formée
par les deux libraires Smits et Maradan,
avec un riche libraire étranger, v L'homme
de lettres qui présenta au Comité d'instruc-
tion publique, au nom du libraire Smits,
le a thermidor an m , la proposition d'édi-
ter l'exemplaire corrigé du Dictionnaire de
l'Académie, n'est autre que Carat. Si c'est
lui dont le nom a été laissé ici en blanc au
procès-verbal, Lakanal a évalué d'une façon
trop vague et peu exacte l'intervalle écoulé
entre la première proposition de Carat et
le rapport du premier jour complémentaire
de l'an m, en employant l'expression crplus
de six moisw ; c'est «plus de dix-neuf moisn
qu'il fallait dire.
Un décret rendu à la suite du rapport
de Lakanal autorisa la publication proje-
tée. Maradan s'étant retiré de l'entreprise,
l'édition fut faite sous le nom de Smits et
Compagnie, en a volumes petit in-folio;
l'impression ne fut terminée qu'en l'an vu.
Voici le titre de la publication: Dictionnaire
de l'Académie française , revu , corrigé et
augmenté par l'Académie elle-même; cin-
quième édition; à Paris, chez J.-J. Smits et
C'^ imprimeurs libraires, rue de Tournon,
n° 11 33, faubourg Germain; l'an vu delà
République. — Il sera de nouveau question
du Dictionnaire de l'Académie dans la
séance du 21 pluviôse (p. 6/n).
^^^ 11 a déjà été parlé de Sérane dans
notre tome II, p. 22. On trouve dans F^^
carton 1008*, n° i633, la lettre par la-
quelle Sérane annonçait l'envoi de son
Catéchisme. 11 sera de nouveau question de
cet ouvrage le 1 1 floréal an ii.
DE LA CONVENTION NATIONALE. ' 375
Lettre close portant pour suscription: Procédé chimique pour fondre
l'argenterie. Renvoyé au Comité des finances.
Un membre propose de demander au ministre des affaires étran-
gères la collection de tous les actes, lois, décrets, etc., qui ont été
traduits en différentes langues jusqu'à ce jour, et de l'inviter à faire
parvenir ce qui sera traduit par la suite. Adopté. Le Comité arrête
en conséquence que son président écrira à cet effet au ministre des
affaires étrangères ^^^
Un autre membre propose de demander au Bureau de consultation
des arts la collection de tous les rapports qu'il a fait imprimer jusqu'à
ce jour et qu'il fera imprimer par la suite. Adopté. Le président lui
écrira à cet effet ^^^.
Lettre de la Société des jacobins, du 8 pluviôse, relative aux
appointements des instituteurs de l'Ecole de musique. Renvoyé à
Mathieu, rapporteur ^^l
Guyton présente une brochure intitulée Second chant de la Côte-d'Or
pendant la guerre de la Liberté, etc., par Baillot. L'examen en est ren-
voyé à Guyton et à Léonard Bourdon, qui en feront leur rapport ^'^^
Grégoire et les autres commissaires nommés pour examiner la
position des poêles qui ont été établis au Muséum font le rapport de
(1^ La réponse du ministre des affaires p. 109), sanctionné le 27, les professeui's
étrangères sera communiquée le 17 pluviôse de l'Ecole de chant et de déclamation
(p. Ail). avaient continuée toucher leurs traitements;
^^^ Le procès -verbal de la séance du et ils les louchèrent jusqu'au moment où
19 pluviôse du Bureau de consultation men- l'École fut fondue dans le Conservatoire de
tionne la lettre écrite par le Comité d'in- musique organisé parle décret du i6ther-
struction publique, et nous fait connaître midor an m. On trouve aux Archives na-
la réponse qui y fut faite. Voir aux annexes, tionales, F", carton 1991, plusieurs man-
B (p. 378). L'état des récompenses accor- dats de payement pour les traitements de
déesdu 1" janvier 1798 jusqu'au commen- ces professeurs en l'an 11 et en l'an m.
cément de l'an 11 , annoncé dans la réponse ^*^ L'ouvrage de Baillot avait été présenté
du Bureau, sera transmis au Comité par le le même jour à la Convention, qui l'avait
ministre de l'intérieur dans la séance du renvoyé au Comité d'instruction publique,
17 ventôse (p. 55i). pour examiner s'irmérilail d'être imprimé
^^) La lettre de la Société des Jacobins el envoyé dans toute la République el aux
avait été enregistrée sous le n" 17H7 (K'\ armées. 11 fut enregistré sous le if 178Ô
carton 1009*); mais la pièce n'est pas en (F'", carton 1009'), mais la pièce manque,
place. C'est sans doute des professeurs de Voir aux annexes, C (p. '^79), un extrait
l'Kcole des Menus qu'il s'agit ici. En vertu du procès-verbal de la séance de la Con-
du décret de l'Assenibléo législalivf du vention du 1 1 pluviôse an 11. 11 sera de
aa mai 1799 (Voir Pfocès-vpibaux du Co- nouveau question des C/ui/Ws Jf la Càte-d'Or
mité d'inslructio» puhliqncdr la [j'irinldlive, le 99 ventôse (p. 598).
376 PROCES -VERBAUX DU COMITE D1NSTRUCTI0N PUBLIQUE
leur visite ^^l II en résulte que, pour le présent, il n'y a pas de dan-
ger, attendu que l'hiver est avancé; mais que, pour l'année prochaine,
il faudra prendre quelques mesures de précaution.
Sur la proposition de Roninie, le Comité arrête qu'il sera imprimé
deux mille exemplaires in-8° de V Annuaire du cultivateur ^-\
Le président écrira au ministre de l'intérieur pour le prier de faire
rendre à la Commission des monuments compte de ses travaux; il
sera invité en outre de faire passer ce compte au Comité d'instruction
publique ^^l
Le citoyen Famin est introduit; il demande que le Comité lui fasse
remettre un microscope solaire dépendant de la succession du ci-
devant duc d'Orléans, microscope dont iL avait l'usage depuis dix ans
et qui lui est nécessaire pour continuer le cours gratuit de physique
expérimentale qu'il donne au public. Le même citoyen fait hommage
au Comité d'un ouvrage dont il est auteur, intitulé Cours abrégé de
physique expérimentale. Mention honorable de l'hommage. Le Comité
charge Mathieu de prendre des renseignements à cet égard ^^\
Le Comité arrête que les jours auxquels il admettra les pétition-
naires seront les primedi et quintidi.
Lettre du Comité de salut public, du li pluviôse, par laquelle il pro-
(^) Voir la séance du 31 nivôse (p. 966). vilait donc la Commission à obéir au dé-
^-^ Voir la séance du 28 nivôse (p. 280) cret. Celle-ci répondit que le ministre se
et, pour la suite, celle du 1^' ventôse trompait en prétendant que le décret du
(p. A77). 28 frimaire avait été notifié, et que cette
^^) Voir la séance du 9 pluviôse (p. 36 1). notification n'avait jamais eu lieu; et elle
Le ministre de l'intérieur écrivit en effet continua de s'assembler en attendant la ré-
à la Commission des monuments une lettre ponse du ministre. Cette réponse n'arriva
dont celle-ci prit connaissance le i3 plu- que le i3 ventôse. ]\ous donnons aux an-
viôse; mais il n'y parlait que des papiers nexes, D (p. 879), des extraits des procès-
qui se trouvaient chez Mulot. La Commis- verbaux de la Commission des monuments,
sion répondit qu'elle venait de recevoir ces séances des 9, i3, 16, 19 et 29 pluviôse,
papiers, et qu'elle les remettrait à qui il 3, 6 et 9 ventôse; et des lettres de la Com-
appartiendrait. Puis les choses en restèrent mission au président de la Convention
là jusqu'au 99 pluviôse, jour où la Commis- (19 pluviôse) et au ministre de l'intérieur
sion prit connaissance d'une nouvelle lettre (i3 et 29 pluviôse). Pour la suite, voir la
du ministre : celui-ci exprimait son éton- séance du Comité du 9 ventôse (p. 5o5).
nement que la Commission continuât de ('') Dans la séance précédente (p. 36i),
s'assembler après que le décret de sup- le Comité avait passé à l'ordre du jour sur
pression lui avait été notifié, et annonçait la demande de Famin. Celui-ci revient à la
que le Comité d'instruction publique lui char^je en se présentant en personne. Pour
avait enjoint rde hâter par tous les moyens la suite, voir la séance du i3 pluviôse
do rirjueur l'exécution de la loir»; il in- (p. 889).
DE LA CONVENTION NATIONALE.
377
pose au Comité d'instruction publique plusieurs questions à résoudre.
Lindet et Mathieu sont nommés rapporteurs ^^l
Le citoyen Fourcroy expose que le citoyen Coquebert, professeur
d'agriculture au Lycée républicain, demande à emprunter les instru-
ments d'agriculture appartenant à la nation et qui sont déposés chez
le citoyen Lefebvre, ci-devant agent de la Société d'agriculture. Le
Comité autorise le citoyen Lefebvre à prêter ces instruments au ci-
toyen Coquebert, sous son récépissé et à la charge par lui de les
remettre aussitôt qu'il n'en aura plus besoin pour son cours d'agri-
culture ^^l
Coupé fait le rapport de la demande du citoyen Mangard relative
à un établissement d'instruction publique. Le Comité passe à l'ordre
du jour, motivé sur la loi qui rend libre l'instruction publique '-^K
U.-T. Lindet '*^
PIÈCES ANNEXES.
On lit dans le registre des procès-verbaux de la Commission dos arts :
Séance du 25 nivôse, l'an oJ de la République.
Les citoyens Vicq d'Azyr, Richard et Lamarck [sont] nommés commissaires
pour examiner les objets d'instruction publi([ue qui pounaieni convenir à la mai-
son d'éducation des élèves de la patrie située au ci-devant prieuré de Saint-Mar-
tin-des-Champs. On propose de s'occuper d'un plan d'organisation générale pour
composer les collections d'objets et d'instruments propres à l'instruction. La Com-
mission arrête : 1° Que chacune de ses sections formera un tableau : i° des livres
élémentaires, 2" des objets et instruments, 3° des lieux oii on pourrait les trou-
(') La lettre du Comité de salut public
demandait à celui d'instruction des ronsei-
{jnemenls destinés à entrer dans une Iii-
strucliou générale qu'il se proposait (ren-
voyer aux administrateurs des déparlemonis
et dos districts et aux agents nationaux.
Cette lettre est aux Archives nationales;
nous la donnons aux annexes, E (p. 38G}.
Lindet présentera un projet d'instruction
le 9.5 pluviôse (p. /161).
^"^ La Sooi«'»té (l'agricultHre (voir sur
rolto s<)riét(' notro toino 1'', p. /ji 1) jvjuf
été comprise dans le décret du 8 août 179.'^
qui supprimait les académies. Nous avons
donné (t. Il, p. '^'^ï)) l'indication do plu-
sieurs lettres de Lefebvre relatives aux tra-
vaux de celte société.
^''' Voir la séance du 9 pluviôse (p. 3 60).
11 sera de nouveau question de Mangaixl le
1.3 ventôse (p. 538).
^*^ Celte signature ne se trouve qu'au
registre. La minute est de la main de Rou-
lrou(\ saut les cIiki premiers alint>as. (jui
sont (Tune autre écriture.
378 PROCÈS -VERBAUX DU COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE
ver, ou dos moyens de so les procurer: — 9° Qiu) le travail de chaque section
sera remis aux trois commissaires ci-dessus désignés ^^K
On lit dans les procès-verbaux manuscrits du Bureau de consultation dos arts et mé-
tiers ^^) :
Sëanco du 1 9 ])luviôse an 11.
Le président fait lecture d'une lettre du Comité d'instruction publique par
Inquollo ce Comité demande au Bureau la collection de ses mémoires imprimés.
Après une assez longue discussion, le Bureau arrête que son président fera à ce
Comité une réponse conçue en ces termes :
ffLe Bureau de consultation a reçu, aujourd'hui 19, la lettre en date du i3 plu-
viôse, par laquelle le Comité d'instruction publique lui demande un exemplaire
de la collection imprimée de ses rapports.
ffll n'y a jusqu'à présent d'imprimé d'une manière authentique que le tableau
des récompenses distribuées depuis le 19 novembre 1791 jusqu'au i"" janvier
1793. Le Bureau s'empresse de l'envoyer au Comité.
ffOn li'availle en ce moment à faire dresser aussi l'état des récompenses accor-
dées depuis le 1" janvier 1793 jusqu'au 1'' vendémiaire de la 9^ année de la
République. Aussitôt qu'il sera achevé, le Comité en recevra un exemplaire.
cfA l'égard de la collection que demande le Comité, le Bureau n'en a fait im-
primer aucune, n'ayant aucun fonds destiné à cet objet. Il en est une, fort incor-
recte et très incomplète, dont l'éditeur est le citoyen Chemin. Il ne l'est qu'en
vertu de la permission générale donnée aux imprimeurs de prendre communication
des rapports faits au Bureau. Ce citoyen n'a pas même présenté aux auteurs les
épreuves de leurs rapports imprimés, malgré l'invitation qui lui en avait été faite par
plusieurs membres du Bureau. Certains rapports n'y sont imprimés que par extraits.
ff Néanmoins, comme plusieurs exemplaires de cette collection incomplète ont
été déposés au secrétariat, le Bureau s'empresse d'en envoyer un au Comité d'in-
struction publique , en le priant d'observer qu'il ne se rend garant ni de l'exac-
titude de l'édition, ni de la justesse des réflexions qui y ont été ajoutées.
rfOn ne pourrait remédier à ces défauts qu'en aflectant des fonds particuliers
à l'impression d'une collection authentique, surveillée par le Bureau lui-même, et
qui pourrait remplir, relativement aux arts, un grand objet d'utihté. Le Bureau
soumet cette réflexion à la sagesse du Comité.
ffSi le Comité désire d'ailleurs avoir une idée exacte et complète des travaux du
Bureau de consultation, il lui propose d'en faire faire une copie entièrement con-
forme aux rapports déposés au secrétariat. Il attendra , pour faire commencer ce
travail, la réponse du Comité. t^
Le Bureau invite les commissaires qui ont rédigé le tableau imprimé des ré-
compenses nationales à s'occuper de la suite de ce travail.
W Archives nationales, F''* 7, folio 18, verso. — ^^^ Archives du Conservatoire des arts
et métiers.
DE LA CONVENTION NATIONALE. 379
On lit dans les procès-verbaux de la Convention :
Séance du 1 1 pluviôse an ii.
Un membre ^^^ pre'sento un ouvrag-e intitulé Second chant de la Côie-d' Or pen-
dant la guerre de la Liberté, récité le i o nivôse par Pierre Baillot : il annonce
qu'il contient plusieurs traits dignes d'être inscrits dans les annales civicjues; il
en demande le renvoi au Comité d'instruction publique, et fait la motion qu'il
soit cliargé d'examiner si cet ouvrage, très propre à entretenir le sentiment'"' de
la liberté, à donner l'idée des fêtes qui conviennent à des républicains, ne mérite
pas l'impression et l'envoi dans toute la République et' aux armées.
Cette motion est renvoyée, avec l'exemplaire présenté, au Comité d'instruction
publique ^^\
D
Ainsi qu'on Ta vu , la Commission des monuments continuait ses fonctions, en alléguant
que le décret du 28 frimaire ne lui avait pas encore été notifié; et à chacune de ses
séances ^*^ elle avait soin de constater en tète du procès-verbal que ses assemblées avaient
lieu en vertu de la lettre du ministre de l'intérieur du 3 nivôse et de celle du président
du Comité d'instruction publique du 7 nivôse. Son secrétaire, Mulot, ne venait plus aux
séances, pour des motifs tirés de ses «raffaires personnelles n; il avait en outre donné sa
démission de gardien du dépôt de la maison de Nesle; mais, chose singulière, le suc-
cesseur que le Comité d'instruction publique lui avait nommé, Naigeon, ne pouvait obtenir
qu'il fût procédé au recolement des objets renfermés dans ce dépôt. Les membres de la
Commission des monuments paraissent n'avoir eu aucunement rinlention préméditée d'é-
luder les prescriptions du décret du 28 frimaire; mais, formalistes à l'excès, ils exigeaient
que les choses fussent faites selon tous les rites adminisiralifs; et,, blessés des reproches
qui leur avaient été adressés dans le rapport de Mathieu , ils n'étaient pas fâchés de con-
stater que le ministre et le Comité d'instruction publique se rendaient, à leur égard, cou-
pables d'omissions ou de négligences qui leur paraissaient justifier leur altitude.
Voici ce que nous lisons dans les procès-verbaux de leurs séances des 9 ot i3 pluviôse :
Séance du 9 pluviôse de l'an deuxième de la Ré|)ublique française
une et indivisible.
Présents: L.-A. Mercier, Moreau le jeune, Putbod, Jollain, Lenionnier, ^ccvc-
taire, Ameilbon, vice-secrétaire.
^') C'est probablement Guy ton-Morveau; ^*' Depuis sa séance du (j nivôse (voir
ce fut lui qui, le même soir, présenta l'ou- p. 186), la Conunission des nionumenls
vrage au Comité. s'était réunie les i3, iG, îîS, 26 et -ir)
^'^* Le procès-verbal imprimé porte ffser- nivôse. Ku pluviôse elle se réunit les 3,
ment T» au lieu de ff sentiment î7 ; nous avons 0, 9, i3, iG, 19, ti3 et 29 du mois,
corrigé celte faute d'impression. En ventôse, les 3, G, 9, i3 et i(') du
^•''' Procès -verbal de la Convention, mois.
t. XXX, p. 2/19.
380 PROCÈS -VERBAUX DU COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE
Les membres qui composaient la Commission des monuments, assemblés en
vertu des lettres tant du président du Comité d'instruction publique que du mi-
nistre de rintérieur, ont nommé le citoyen Mercier président et le citoyen Ameilhon
secrétaire.
11 a été arrêté que l'on écrirait au président de la Convention au sujet de la
continuation des séances de la Commission ^^^
... Le citoyen Poirier a fait part à l'assemblée qu'il avait les cartes de dépouil-
lement dont il avait besoin pour tirer quelques notes, et qu'il les rapporterait in-
cessamment.
Séance du i3 pluviôse de l'an deux de la République française
une et indivisible.
Présents : L.-A. Mercier, Desmarest, Poirier, Putliod, Moreau le jeune , Jollain ,
Lemonnier, secrétaire, Ameilhon, vice-secrétaire.
[Mercier préside, Ameilhon tient la plume.]
... Le citoyen Poirier renouvelle la promesse de remettre à la Commission,
si elle subsiste encore , ou à la Commission temporaire des arts , les cartes de dé-
pouillements relatifs aux sciences, belles-lettres et arts commencés en 1790^^^.
Le citoyen Leblond s'est présenté pour communiquer une lettre du ministre de
l'intérieur qui le chargeait conjointement avec le citoyen Naigeon de retirer les
papiers de la Commission qui pourraient se trouver sous les scellés apposés sur les
papiers du citoyen Mulot ^^^ ; et, sur la réponse qui lui a été faite que le citoyen Mulot
venait de renvoyer tous les papiers qu'il avait à la Commission, il s'est retiré.
Lecture d'une lettre du ministre de l'intérieur à la Commission relativement
au même objet. Il sera écrit au ministre que le scellé n'est point sur les papiers
du citoyen Mulot, et qu'il a renvoyé aujourd'hui ce qui lui restait des papiers de
la Commission ^^\
Voici le texte de la lettre écrite par la Commission au ministre :
i3 pluviôse.
La Commission des monuments au citoyen ministre de l'intérieur.
Citoyen ministre,
Le citoyen Leblond s'est présenté aujourd'hui à notre séance et nous a commu-
niqué ta lettre relative aux papiers de la Commission qui étaient entre les mains
(^' Il n'a pas été donné suite à cette dé-
cision ce jour-là. La question reviendra le
19 pluviôse.
^^^ C'est là Torigine du rr Rapport sur la
remise à la Commission temporaire des
arts des cartes du dépouillement des ou-
vrages imprimés ou manuscrits, commencé
à la Commission des monuments en 1 790^,
présenté par Poirier au Comité d'instruc-
tion publique à la date du i5 messidor
an H, et qui fut imprimé par ordre de ce
Comité à la suite de la seconde édition de
V Instruction sur la manière d'inventorier, etc.
^•^) Voir la séance du Comité d'instruc-
tion publique du 20 nivôse, p. 2 83.
e^^ Archives nationales, F"* h.
DE LA GOiNVENTJON NATIONALE. 381
du citoyen Muiot, lettre absolument conforme à celle que tu nous as adresse'e sur
le même objet. En réponse, nous te prévenons que Mulot venait de nous faire pas-
ser tous ceux de ses papiers qu'il avait et qui vont être re'unis aux autres pour
être remis à qui il appartiendra dès que nous en aurons reçu l'avis officiel ' .
Nous continuons par des extraits des procès-verbaux des séances des i G et 19 pluviôse :
Séance du 16 pluviôse de l'an deuxième de la République française
une et indivisible.
Présents: L.-A. Mercier, Poirier, Desmarest, Puthod, Moreau le jeune, Boizot,
JoUain, Lemonnier, secrétaire, Ameilhon, vice-secrétaire.
[Mercier préside, Ameilhon lient la plume.]
. . . Lecture d'une réponse au rapport du Comité d'instruction publi(jue : cette
réponse a été lue et adoptée ^^^
Séance du 19 pluviôse l'an 2^ de la République française
une et indivisible.
Présents: L.-A. Mercier, pi-ésident, Puthod, Moreau le jeune, Poirier, Boizot,
Ameilhon, vice-secrétaire.
[Mercier préside, Ameilhon lient la plume.]
... Un membre a fait part a l'assemblée qu'il avait ouï dire que l'on accusait
la Commission de se perpétuer dans ses fonctions; il a ajouté qu'il regardait
comme très important de faire connaître sur ce point les vrais sentiments de
la Commission, qui ne continue ses opérations que par le zèle le plus désinté-
ressé, et d'après les lettres du Comité d'instruction publique et du ministre. En
conséquence il a proposé d'en écrire directement au président de la Convention
nationale. La proposition a été appuyée, discutée, adoptée, et le président i\
été chargé de faire partir séance tenante la lettre proposée à la Convention ^^\
Voici le texte de cette lettre à la Convention :
I 9 pluviôse.
La Commission des monuments au président de la Convention nationale.
Citoyen président.
La Convention nationale a supprimé, par son décret du -28 frimaire, la Com-
mission des monuments : les membres qui la composaient, jaloux en tout temps
de montrer leur respect pour la loi, voulaient cesser leurs fonctions, lorscju'une
^'^ Archives nationales, F'^* 5. sera lue do nouveau dans la séance de la
^'^ Celle réponse au rapport de Mathieu Commission du -U) pliiviôso.
— peut-être avec quelques modifications — (-^^ Archives nationales, F'" * -i.
382 PROCÈS -VERBAUX DU COMITE D'INSTRUCTION PUBLIQUE
lettre du président du Comité d'instruction publique en date du 7 nivôse, dont
copie est ci-jointe, les prévient qu'il est de leur devoii' de rester à leur ^hcc jusqu'à
la nolijicalion officielle du décret.
Le niinisti-e de l'intérieur, par sa lettre du 3 nivôse, dont copie est ci-jointe éga-
lement, en réponse à celle de la Commission, leur avait imposé la même obliga-
tion de continuer leurs assemblées et leurs travaux jusqu'à l'expédition officielle
du décret. Comme depuis trois ans les littérateurs et les artistes qui composent la
Commission ont consacré gratuitement et avec zèle tout leur temps , et qu'ils ne
peuvent jamais être soupçonnés de n'écouter que leur intérêt en continuant des
opérations qui les ont arrachés à leurs cabinets et à leurs ateliers, ils ont regardé
comme un devoir rigoureux de ne pas cesser de s'assembler en attendant la noti-
fication du décret; mais ils demandent qu'enfin les successeurs que la Convention
leur a donnés soient seuls chargés de la conservation des objets de sciences et arts.
Peut-être bientôt les accuserait-on de vouloir se perpétuer dans cette Commission
au mépris de vos décrets, tandis qu'ils attendent avec impatience le moment oii
on les rendra à leur solitude.
Salut et fraternité ^^\
Nous ne savons pas si cette lettre fut lue à la Convention; les procès-verbaux de l'as-
semblée n'en font aucune mention. En tout cas, le président de la Convention n'y fit pas
de réponse, ainsi que le constate la lettre de la Commission des monuments au mi-
nistre de l'intérieur qu'on trouvera ci-après.
La Commission se réunit le 28 pluviôse, sans que sa séance offre de particularité à
noter. Mais la séance du 29 pluviôse est importante:
Séance du 529 pluviôse l'an deuxième de la République française
une et indivisible.
Présents : L.-A. Mercier, président; Moreau le jeune, Lemonnier, Jollain, Poi-
rier, Puthod, Regnault, Ameilhon, vice-secrétaire, Boizot, secrétaire d'office.
[Mercier préside; Boizot tient la plume.]
. . . Lecture est faite d'une lettre du ministre de l'intérieur en date du 26 de ce
mois, par laquelle il annonce d'abord qu'il a fait notifier à la Commission le décret
de la Convention qui la supprime et la remplace par la Commission temporaire
des arts , et lui fait remarquer conséquemment que ses fonctions ont dû cesser de-
puis cette notification . . .
En outre, sur la représentation de la Commission temporaire des arts que la
Commission des monuments continuait ses fonctions , que des ouvriers recevaient
encore des pouvoirs de cette Commission supprimée , il ajoute que la Commission
nouvelle ne peut agir par le défaut de remise de registres, d'inventaires et de
plans.
Enfin, après avoir dit que deux lettres du Comité d'instruction pubhque lui
avaient manifesté sa surprise de ce que la Commission des monuments n'avait point
^'^ Archive? iialionalc'^. F'' *5.
DE LA CONVENTION NATION.^E. 383
remis à ia Commission temporaire des arts, conformément à l'article 8 du de'cret
du 28 frimaire, ses archives, et lui enjoignaient de hâter par tous les moyens de
rigueur Texécution de la loi, il annonce que le citoyen Naigeon est successeur du
citoyen Mulot, sur la démission que ce dernier a donnée de sa place, mais qu'il
n'en peut prendre possession sans un recolement général fait sur l'inventaire; qu'il
a nommé deux commissaires pour faire la vérification du dépôt; qu'il est à propos
que la Commission des monuments en nomme deux pareillement.
Il termine en invitant la ci-devant Commission à prendre de telles mesures,
d'après sa lettre, pour remplir le vœu du décret et celui du Comité d'instruction
publique , qu'elles puissent incessamment l'affranchir de tout reproche.
Les membres qui composaient la Commission supprimée des monuments , à la
lecture de cette lettre, n'ont pu s'empêcher de manifester leur surprise d'autant
mieux fondée qu'ils n'avaient reçu aucune lettre, soit du ministre, soit du Comité
d'instruction pubhque. Ils ont arrêté conséquemnient que séance tenante il serait
écrit au ministre de l'intérieur. . .
Lecture a été faite du compte rendu à la Convention nationale et servant de ré-
ponse au rapport du Comité d'instruction publique. Ledit compte rendu est adopté :
il est arrêté qu'il sera imprimé incessamment, et que le citoyen Mercier se char-
gera de veiller à ce que l'édition soit faite le plus promptement possible. Il en sera
tiré douze cents exemplaires, de même fonnat que l'exposé des travaux de la Com-
mission déjà imprimé ^^K
Voici le texte de la lettre écrite par la Commission au ministre de Tintérieur :
99 pluviôse.
Les membres de la Commission supprimée des monuments
au citoyen ministre de l'intérieur.
Citoyen ministre ,
Par ta lettre du 9 5 pluviôse, à laquelle nous répondons à l'instant oii elle nous
parvient, tu nous mandes nous avoir notifié le décret de suppression, et que toutes
nos fonctions ont dû cesser depuis cette notification. Tu ajoutes que d'après ce
décret, qui exige de nous la remise au Comité d'instruction publique de tous nos
papiers, tu ne nous as autorisés qu'à terminer seulement celles de nos opérations
qui ne pourraient être suspendues sans inconvénient, etc. Nous n'avons pas reçu,
citoyen ministre, cette notification, non plus que les instructions qui l'accompa-
gnaient. Conséquemment à l'ancienne lettre par laquelle tu nous avais mandé que
nous devions continuer jusqu'à cette notification du décret, nous avons donc con-
tinué de nous assembler trois fois par décade». A chaque sc'ance, nous attendions
avec la plus vive impatience cette notification annoncée. Dans les intervalles, nous
t'avons écrit quatre lettres au moins sur différents objets; toutc^s nos lettres sont
restées sans réponse de ta part. Co silence nous affectait d'anlani plus (pie nous
^'^ Arcliivos nationales, F" * A. — Ct» comptf^-rpiulu ini|triino l'iil prôsonlô ;ui Coinilô
(luns sa séanr»' du 'i-y ventôse: voir p. 585.
38/i PROCÈS -VERBAUX DU COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE
craignions prëcisémeut ce qui est arrivé, que l'on ne nous accusât de continuer
nos travaux, lors même que tu nous en avais prescrit la continuation jusqu'à la
notification du de'cret.
Dans cette pensée, et informés que l'on murmurait sur cette continuation, tout
involontaire qu'elle fût de notre part, quelques-uns d'entre nous s'étant présentés h
tes bureaux on leur avait dit plus d'une fois que nous recevrions incessamment
des lettres que nous ne recevions pas; nous prîmes le parti, il y a quinze jours,
d'écrire au président de la Convention elle-même , de lui exposer notre situation
d'après ton ancienne lettre et celle du Comité d'instruction publique , dont nous
lui envoyâmes copie; mais nous n'avons pas plus reçu réponse de la Convention
que de toi-même.
Voilà exactement ce qui s'est passé, citoyen ministre; juge après cela s'il est né-
cessaire d'user à notre égard de moyens de rigueur pour l'exécution de la loi. En-
voie-nous le décret et les instructions dont tu en as accompagné la notification ;
que cette lettre soit ici tridi prochain que nous nous assemblerons pour en faire
lecture, et cette séance sera la dernière, parce que tu voudras bien en même temps
nous faire savoir le jour et l'heure où. sera faite la remise de tous nos papiers au
Comité d'instruction publique.
Le président de ce Comité a dit nous avoir écrit plus d'une fois pour l'exécution
du décret de notre suppression. Nous n'avons pas plus reçu de lettre de ce Comité
que de toi et du président de la Convention, malgré nos sollicitations.
Par quelle fatalité cela est-il arrivé? Nous l'ignorons. Les lettres sont-elles restées
dans les bureaux? ou quelques malveillants les ont-ils interceptées pour nous
nuire ou dans d'autres vues ? C'est ce que nous ignorons encore. Mais il est aisé de
vérifier que ces lettres ne nous sont pas parvenues ni en commun ni à aucun de
nous en particulier. A qui ont-élles été remises? Le jour, l'heure? C'est ce qu'il
est aisé de constater. Mais il est dur pour des gens qui , après trois ans entiers de
travaux gratuits pour la chose pubhque, ne soupirent qu'après leur retraite,
voyant que leurs services ne sont plus agréables , il est dur qu'on leur reproche de
ne pas faire ce qu'ils désirent le plus ardemment. Est-il possible de supposer que
nous ayons seulement pensé à éluder la loi qui nous supprime ! L'idée serait sotte
de notre part : elle est et elle a été constamment aussi loin de nous qu'elle devait
l'être. Nous te répétons que nous ne soupirons qu'après notre retraite et qu'aus-
sitôt que tu nous auras écrit, citoyen ministre, nous exécuterons le décret avec
la soumission convenable à des républicains et le plus promptement possible. Nous
n'emporterons dans nos retraites , avec la satisfaction d'avoir rempli notre mission
le mieux que nous avons pu, que la douleur de n'être plus jugés utiles, comme
ci-devant, malgré le dévouement le plus entier et le plus soutenu.
Nous t'observons en finissant, citoyen ministre, que le citoyen Mulot, pour des
affaires personnelles et qui n'ont aucun trait à la Commission , a cru ne pouvoir
paraître dans nos séances depuis fort longtemps ; que notre commis-grefïier Cos-
sart nous a quittés lors de l'émission du décret, en sorte que nous nous sommes
trouvés sans secrétaire et sans commis-greffier : ce qui nous a empêchés de faire
tout ce que nous aurions désiré. Nous observons encore que quand nous t'avons
mandé que les scellés étaient sur nos registres et ceux de nos papiers qui étaient
DE LA CONVENTION NATIONALE. 385
entre les mains du citoyen Mulot ^^\ c'est qu'on nous l'avait dit ainsi; mais que nous
nous sommes empresses de rectifier cette méprise involontaire dès que nous avons
été instruits que les scellés n'avaient pas été mis à l'hôtel de Nesle , mais seulement
à sa demeure particulière que nous ne connaissons pas ^^K
Le procès- verbal du 29 pluviôse nous apprend qu'aussitôt cette lettre écrite séance te-
nante, trois commissaires, Moreau, Lemonnier et Puthod, furent désignés pour la porter
au minisire. Ils rendirent compte de leur mission dans la séance suivante. Nous donnons
encore des extraits du procès-verbal des séances des 3 , 6 et 9 ventôse :
Séance du tridi trois ventôse de l'an deux de la République française
une et indivisible.
Présents : L.-A. Mercier, président, Moreau le jeune, Lemonnier, Puthod, Des-
marest, Jollain, Poirier. Boizot, faisant fonction de secrétaire.
[Mercier préside, Boizot tient la plume.]
. . . L'un des commissaires a fait rapport que le ministre auprès duquel ils s'é-
taient rendus, pour remphr la mission dont ils avaient été chargés par la Commis-
sion , après avoir fait lecture de la lettre dont ils étaient porteurs , a fait appeler le
premier commis de la division qui est chargée de ce qui concerne les arts , lequel
s'est trouvé absent. Qu'alors le ministre a promis de faire une réponse pour ce
jourd'hui tridi ainsi qu'il y était invité.
... On fait lecture du compte rendu par le citoyen Mulot au ministre de l'in-
térieur de tout ce qu'il a fait à la maison de Nesle en qualité de garde du dépôt
sous l'inspection de la Commission. La lecture de ce compte-rendu a été entendue
avec la plus grande satisfaction. Le citoyen Mulot y développe les vues les plus
sages et les plans les mieux raisonnes soit pour l'arrangement, soit pour la con-
servation des différents objets gardés dans ce dépôt; en sorte qu'il a paru à la
Commission que ce compte pouvait servir de modèle aux gardes des dépôts de
cette espèce ; en conséquence il a été arrêté que la Commission témoignerait au ci-
toyen Mulot sa satisfaction sur la manière dont il a rempli la place de garde du
susdit dépôt; même qu'elle l'invitera à envoyer son compte-rendu au Comité d'in-
struction publique en même temps qu'au ministre de l'intérieur, et encore à en mul-
tiplier les copies par la voie de l'impression, consentant que mention y soit faite de
l'approbation de la Commission ^^K
. . . Les membres ont prolongé la séance pour attendre la réponse du ministre,
laquelle n'étant pas arrivée, ils ont arrêté (ju'il serait écrit de nouveau au mi-
nistre ... La lettre a été écrite séance tenante.
(') Voir à ce sujet la lettre du ministre (^) Le compte rendu par Mulot de sa
au Comité d'instruction publique, du •j3ni- <«vslion du dt''[)ôt do Noslo n'a pas été im-
vôso, p. a88. primé : du moins no l'avons-nous pas trouvé
^^) Archives nationales, F''*" 5. à la Hiltliolhôque nationale.
III. j.)
I u l' n I u 1. 1. 1 1; X \ I I
386 PROCÈS -VERBAUX DU COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE
Séance du sextidi 6 ventôse de Tan deuxième de la République française
une et indivisible.
Présents ; L.-A. Mercier, Desmarest, Poirier, Jollain, Moreau le jeune. [La
signature de Boizot manque à la liste de présence, bien que ce soit lui qui ait fait
fonction de secrétaire.]
[Mercier préside, Boizot tient la plume.]
... La lettre écrite par les membres de la Commission supprimée au citoyen
ministre de l'intérieur n'a point encore eu de réponse. Il sera constaté au procès-
verbal qu'elle a été portée par le citoyen Bardet, remise dans l'antichambre du mi-
nistre d'oii elle lui a été portée sur-le-champ.
Cette lettre et la précédente se trouvant sans réponse, la Commission reste tou-
jours dans l'attente de la notification du décret de suppression, et ses membres se
réunissent ainsi que le lui ont prescrit le Comité d'instruction publique et le ministre
de l'intérieur lui-même.
Lecture d'une lettre du citoyen Mulot qui remercie la Commission du suffrage
qu'elle a bien voulu donner à son compte-rendu.
Séance du nonidi 9 ventôse de l'an deux de la République française
une et indivisible.
Présents : L.-A. Mercier, Moreau le jeune, Jollain, Lemonnier.
[Mercier préside, Lemonnier tient la plume.]
... A l'ouverture de la séance, il ne s'est point encore trouvé de réponse de la
part du ministre de l'intérieur ^^\
Pour la suite des extraits des procès-verbaux des séances de la Commission des monu-
ments, voir l'annexe D de la séance du 9 ventôse (p. 528) et l'annexe A de la séance du
i3 ventôse (p. 589).
LETTRE DU COMITE DE SALUT PUBLIC A CELUI D'INSTRUCTION PUBLIQUE^^).
Paris, le h pluviôse, an second de la République une et indivisible.
Les représentants du peuple français, membres du Comité de salut public,
aux citoyens représentants, membres du Comité d'instruction publique^^\
Citoyens et chers collègues ,
La plupart des autorités constituées de la Répubhque ont fait au Comité beau-
coup de questions concernant le gouvernement révolutionnaire.
('^ Archives nationales, F"^'* 4. tinée à tous les comités de la Convention;
(2) Archives nationales, F ^', carton 1006, les mots : instruction publique, dans cette
n" 1721. suscription, ont été ajoutés d'une autre
(^^ Celte lettre est une circulaire des- main.
I
DE LA CONVENTION NATIONALE. 387
Pleins de confiance en vos lumières , convaincus , d'ailleurs , de votre sollicitude
pour tout ce qui inte'resse ce nouveau gouvernement provisoire, nous avons cru
devoir vous fournir l'occasion de lui donner toute la vigueur, toute l'activité qu'il
comporte.
Nous vous invitons, en conséquence, au nom de ce que nous avons de plus
cher ; au nom de la Patrie, à faire le plus promptement possible un travail par-
ticulier sur les différentes questions que vous trouverez ci-jointes.
Vous voudrez bien nous présenter vos vues; elles guideront les nôtres dans
l'instruction générale que nous nous proposons de faire.
C'est ainsi, chers collègues, qu'en ne laissant aucuns doutes sur les moyens
d'assurer l'exécution de la loi du i/î frimaire, nous aurons concouru, tous en-
semble, au bonheur que promet à nos concitoyens un gouvernement dont l'idée
seule a déjà fait pâlir d'effroi, et précipitera bientôt dans le néant, les traîtres et
les conspirateurs.
Salut et fraternité.
Les membres chargés de la correspondance ,
Billaud-Varenne, Gollot d'Herbois.
A cette lettre est jointe la pièce suivante :
Comité d'instruction publique.
Les administrations des départements et des districts, les agents nationaux
demandent une instruction qui fixe leur compétence sur les objets d'administration
dont le détail est ci-après, afin de distinguer les lois révolutionnaires :
Instruction publique;
Payement des boursiers des collèges ;
Bibliothèques ;
Monuments.
Les administrations de district auront- elles des imprimeries pour la réimpres-
sion des lois?
On lit en marge : r. Ajourné à la prochaine séance le 7 pluviôse de l'an 3.» — «Ajourné
le 9 pluviôse à la prochaine séance. w — « Mathieu et Lindet rapporteurs.» — «Le 1 1 flo-
réal l'an 2' (le la République. Plaichard. Répondu.»
2.) .
388 PROCÈS -VERBAUX DU COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE
CENT QUATRE-VINGT-DOUZIEME SEANCE.
Du i3 pluviôse an ii. [i*' lévrier 179^1.]
Lettre de la Société des Jacobins portant extrait de celle du maire
de la commune de la ^^\ Villar est nommé
rapporteur ^^^
Pétition de la veuve Villain, dont le fils est mort au siège de Va-
lenciennes. Renvoyé à la commission des faits héroïques, qui fera
passer incessamment cette pétition au Comité de liquidation.
Lettre du citoyen Lémane, représentant du peuple près les armées
du Rhin et de la Moselle, portant envoi de celle du général de bri-
gade Vachot, du 3 pluviôse. Renvoyé à la commission des faits hé-
roïques ^^l
Lettre du directeur général de la liquidation , du 1 2 pluviôse. Ren-
voyé à Guyton, rapporteur ^^^
Lettre du citoyen Beffara, commissaire de police de la section du
Mont-Blanc. Renvoyé à Mathieu, rapporteur (^^.
Pétition du citoyen Barbier, invalide, du 10 pluviôse, tendant à ce
que la nation fasse imprimer ses ouvrages. Le Comité passe à l'ordre
du
jour
(6)
^^^ Le nom de la commune, laissé en
blanc dans le registre, est indéchiffrable
sur la minute.
^^) Nous n'avons pas trouvé cette lettre
de la Société des Jacobins.
'^^^ Nous n'avons pas trouvé la lettre du
représentant Lémane, ni celle du général
Vachot.
^^) Il s'agit du cabinet Joubert (voir les
séances des i3 et 28 frimaire, pages 6h
et lAi). La lettre de Denormandie, direc-
teur général provisoire de la liquidation,
priant le Comité d'instruction publique
de faire évacuer promptement le cabinet
d'histoire naturelle de la maison Joubert
afin de pouvoir y transporter les bureaux
des pensions, avait été enregistrée sous le
n° 1791 (F^^, carton 1009^); ^^^^ ^^ che-
mise cil se trouvait la pièce, et à laquelle
nous avons emprunté l'indication de son
contenu, est vide. Pour la suite de cette
affaire , voir la séance du 1 1 germinal an n.
^^) Il s'agit de Louis-François Beffara
(1751-1838), l'auteur du Dictionnaire de
V Académie royale de musique, en sept vo-
lumes; il fut commissaire de police du
quartier de la Ghaussée-d'Antin pendant un
quart de siècle, sous les divers régimes
qui se succédèrent de 1792 à 1816. Nous
n'avons pas trouvé sa lettre. Le renvoi à
Mathieu semble indiquer qu'elle était rela-
tive à quelque fête. Il sera de nouveau
question de lui le 29 ventôse (p. 699).
^^^ Nous n'avons pas trouvé la lettre de
Barbier.
DE LA CONVENTION NATIONALE.
389
Rapport fait par Prunelle sur l'ouvrage intitulé Thermomètre moral
du génie et des talents, par le citoyen Ghamoulaud. Le Comité passe à
l'ordre du jour^^^.
Prunelle fait un rapport sur la pétition du citoyen Péchignx , di-
recteur de la maison d'institution à Chinon, et d'un ouvrage présenté
par ce citoyen intitulé De la grammaire. Le Comité arrête la mention
honorable (^^.
Lettre du citoyen Rauch, du i3 pluviôse ^^l Renvoyé à la Commis-
sion des arts.
Rapport fait par Villar sur un ouvrage du citoyen Rauxin ayant
p our titre Instruction sociale du répuhhcam, etc., adressé au Comité par
la Société [)opulaire de Mézières et Libreville'^).
Mathieu fait un rapport sur la pétition du citoyen Laurent, natu-
raliste entomologiste. Arrêté que le président écrira aux professeurs
du Muséum d'histoire naturelle pour les engager à procurer une place
au citoyen Laurent; arrêté en outre qu'il sera écrit à ce citoyen pour
l'informer de la détermination prise par le Comité ^^l
Mathieu fait un rapport sur la demande qu'a faite le citoyen
Famin, à l'effet d'obtenir à titre de prêt un microscope solaire. Le
Comité passe à l'ordre du jour^^^.
Sur la proposition de Mathieu, le Comité arrête que les plans du
citoyen Perrard pour l'établissement de l'Opéra au local du ci-devant
^*^ Voir la séance du -29 nivôse (p. 999).
Il sera de nouveau question de l'ouvrage
de Ghamoulaud le 1" germinal an 11.
^-) Voir la séance du 19 nivôse (p. !î53).
11 sera de nouveau question do Péclilgny le
37 prairial an 11.
') Rauch était momhre de la Commis-
sion des arls, section desponls et chaussées.
Il se trouvait en mission à Nancy, et avait
été remplacé momentanément dans la
Commission des aits, dès le i5 frimaire,
par Plessis, sous-chof de la division du
cadasire et transports, Connnission des
subsistances (F" * 7, folio 1 1, reclo).
^*^ Voir les séances des i"" et 3 pluviôse
(pnges 3o6 et 3i/i).
^'* Voir la séance du 17 friniaii-e
(p. 7 A). Le rapport de Villai- se trouvait
dans F^", carton 1 1 /i 3 ; M. Georges Pouchet
l'y avait vu, et nous apprend que le rap-
porteur désapprouvait l'opuscule de Rauxin ;
il disait : «On n'y trouve pas ce qui carac-
térise un bon livre élémentaire : la régu-
larité du plan, l'exactitude des définitions,
la justesse des pensées et la correction du
style. 7> (G. PoucuKT, Les sciences pendant la
Teneur, 2' éd., p. tio, note i.) Le carton
1 i/j3 ayant été remanié, nous n'avons pu
remettre la main sur ce rapport, malgré
nos recherches.
^•^^ Voir la séance du 1 1 pluviôse
(|). 37 G). Après avoir ainsi passé à Tordre
du jour une seconde fois, le ("ouiité se ra-
visera le 1 9 pluviôse et accordera à Fauiiu
l'objet de sa demande (p. 'i3i).
,00 PROCÈS-VEnBAUX DU COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE
390 rnuuEiC rx'^ûPnr*; et au elle
et du citoyen WaïUy'^'. r.-T. LindetW.
, , „ ni W Celte signature ne se tronve qu'au
,„ Sur P;.--^. J-^: ^-:î;t;?el reg^tre. U n,.nute est de la n.a.n de Bou-
vôso (p. a>'0' ^^ ^"^ •■ troue.
2 1 frimaire (p. i35).
DE LA CONVENTION NATIONALE.
391
CENT QUATRE-VINGT-TREIZIEME SEANCE.
Du i5 pluviôse an ii. [3 lévrier 179^.]
Grégoire propose qu'on nomme trois commissaires chargés de
prendre connaissance de l'état actuel de la Bibliothèque nationale,
de ses règlements, du travail relatif aux manuscrits, des améliorations
dont elle est susceptible. Cette proposition est adoptée. Les citoyens
Coupé, Prunelle et Grégoire sont nommés commissaires pour cet
objet(^).
Grégoire propose de nommer deux commissaires chargés de fra-
terniser avec la commission du Muséum des plantes. Cette proposition
est adoptée. Guyton et Boutroue sont nommés commissaires ^-^
Lettre de la citoyenne Masson, qui fait part au Comité de son
procédé pour la refonte des papiers imprimés et écrits. Renvoyé à
Guyton ^^l
(') Le 28 germinal an 11, des rapports
de Villebrune, de Bellissen et de Mancel
seront renvoyés à ces trois commissaires.
^^^ A plusieurs reprises, le Comité avait
nommé des commissaires chargés de s'oc-
cuper du Muséum d'histoire naturelle. Le
i5 juin 179.3, Arbogast et Lanthenas
avaient été désignés comme commissaires
pour la formation d'une bibliothèque (t. l",
p. /igô); le 22 août, Grégoire avait été
chargé de suppléer Lanthenas ( t. II , p. 33 /i) ;
le 10 septembre, Lakanal avait reçu le
mandat d'assister tous les quinze jours à
l'assemblée des professeurs pour rr frater-
niser avec eux» (p. 891); le 21 brumaire,
Basire et Prunelle avaient été chargés de
missions spéciales, concernant la ména-
gerie et d'autres questions (p. 79'i); le 19
frimaire, Romme avait remplacé Basire
(p. 89 du piésent volume); enfin, le 3 plu-
viôse, Fourcroy avait été nommé l'apporleur
de la question de la ménagerie (p. 3i5).
La proposition de Grégoire consiste à nom-
mer des conmiissaires investis, comme Pavait
été précédemment Lakanal, d'un mandat
général, et chargés de «fraternisera avec
les professeurs; l'expression de «commis-
sion du Muséum des plantes « est évidem-
ment un lapsus du rédacteur du procès-
verbal : c'est l'assemblée des professeurs
qu'il a voulu désigner. Les deux com-
missaires nommés le i5 pluviôse n'ont
rien fait; c'est Arbogast et Fourcroy que
nous verrons en floréal charges des rela-
tions avec le Muséum. Il sera de nouveau
question du Muséum d'histoire naturelle
le 1 7 pluviôse (p. ^ 1 3 ).
(^^ Voir les séances des 5 et 9 frimaire
(p. 1 1, note 2 , pages 61 et AT) ). Nous avons
déjà parlé d'une lettre de la citoyenne Mas-
son, enregistrée au Comité, en septembre
1793, sous le n" 9/17 (F'", carton ioo5^).
La Commission desai-ts, de sou côté, s'était
occupée du procédé de la citoyenne Masson ,
sui- la demande do la municipalité do Paris :
voir aux annexes, A (p. 895), un extrait des
procès-verbaux des séances de la Commis-
sion des arts des a5 nivôse et 10 pluviôse
an M. Pour la suite, voir la séance du
Comité du 29 pluviôse (p. ^70).
392 PROCÈS -VERBAUX DU COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE
Lettre du citoyen Lebrun, qui donne sa démission de membre de
la Commission des arts. La démission est ado[)tée^^^.
Lettre du Comité de salut public, qui invite le Comité à s'occuper
de l'exécution du décret du i 2 frimaire relatif à la découverte de
diverses mines^^^, et de celui du 1 2 frimaire relatif au procédé à suivre
pour faire disparaître l'écriture et l'impression de dessus le parchemin
et le papier^^^. Renvoyé a Guyton.
Pétition du citoyen Sergent, qui propose de confier l'impression
des livres élémentaires à une imprimerie surveillée par le Comité
d'instruction publique, et qui demande à être chargé de ce travail. Le
Comité passe à l'ordre du jour^^^.
Lettre du citoyen Rozet, libraire, qui adresse un mémoire en
forme de conversation au sujet de la suppression des signes de pro-
priété royale sur les livres de la Bibliothèque nationale de Paris. Pru-
nelle est nommé rapporteur ^^^.
(^) Le peintre Lebrun faisait partie de
îa Commission des arls, telle qu'elle avait
été constituée par le ministre de l'intérieur
en exécution du décret du 12 août 1798
(voir notre tome II, p. 5io). Dans le projet
de réorganisation de cette Commission, lu
par Mathieu au Comité le 5 pluviôse
(p. 323), le nom do Lebrun ne figurait
pas au nom dos membres conservés. Cette
omission fut l'occasion d'un incident assez
vif dans la séance de la Société répu-
blicaine des arls du i3 pluviôse : Lesueur
proposa d'exclure Lebrun de la Société , et
celle-ci arrêta de déléguer trois de ses
membres auprès du Comité d'instruction
publique pour prendre des informations.
Cet incident décida Lebrun à envoyer au
Comité une lettre par laquelle il demandait
à ne pas être compris dans la liste des
membres de la Commission des arls qui
devait être présentée à la Convention.
Cette lettre a été enregistrée sous le
n° 1609 (F^', carton 1008^)'; mais elle
n'est pas en place, et nous ne la connais-
sons que par l'analyse écrite sur la chemise.
Nous donnons aux annexes, B (p. SgS), un
extrait du compte-rendu de la séance du
i3 pluviôse an 11 de la Société républicaine
des arts, publié par le Journal de la Société
républicaine des arts.
(^) Nous n'avons pas trouvé cette lettre
du Comité de salut public. Voici le pas-
sage du procès-verbal de la séance de la
Convention du la frimaire an 11 qui ren-
ferme le décret en question : crUn membre
fait part à la Convention nationale d'une
découverte de mine de fer, de cuivre et de
plomb faite par le citoyen Guiraut, chi-
miste, du département de l'Aveyron. La
Convention décrète qu'il sera fait mention
honorable du zèle du citoyen Guiraut, et
renvoie sa pétition et sa découverte au Co-
mité d'instruction publique, pour en faire
son rapport, w (Procès-verbal de la Con-
vention, t. XXV, p. 317.)
(3) Yoir séance du 9 frimaire , annexe A
(p. ^6).
(*) Sergent avait déjà présenté une
autre pétition, relative à l'établissement
d'une imprimerie pour le département de
la guerre (t. 11, p. 365). Sa nouvelle pé-
tition se trouve dans F^', carton ioo9\
n° 1793.
^*) Nous n'avons pas trouvé la lettre de
Rozet, mais nous donnons aux annexi^s, C
(p. 396), des extraits de son mémoire, in-
DE LA CONVENTION NATIONALE.
393
Le Comité arrête que Grégoire est autorisé à faire tirer cent exem-
plaires du rapport sur la nouvelle dénomination des rues^^^
Lettre des instituteurs de l'Ecole des sourds et muets de Bordeaux,
qui demandent une modification du décret rendu sur cet établisse-
ment par la Convention; ils adressent un mémoire. Thibaudeau est
nommé rapporteur (^).
Le citoyen Perier, professeur à l'Établissement des sourds et
muets, est admis; il présente divers mémoires et tableaux sur la mé-
thode adoptée dans cet enseignement. Renvoyé à Thibaudeau ^^^.
L'ode sur la campagne de 1798, composée par le citoyen Legrand
de Laleu, offerte à la Convention, est renvoyée à Villar^*^
On donne lecture de l'adresse de Bernascon et Lauras relative à
Chalier^^l Le Comité nomme Lindet pour faire un rapport sur ce
martyr de la liberté, conformément au décret du ^^'\
et lui renvoie cette pétition.
Des membres du Conservatoire du Muséum des arts sont admis; ils
demandent que le Comité nomme trois commissaires pour être présents
à la remise des états, inventaires et objets d'art commis à la garde
tituié Conversation familièi'e entre un homme
de lettres et un libraire, ainsi qu'un article
de La Harpe, dans le Mercure français, relatif
à cette brochure. Nous faisons précéder ces
pièces de la reproduction (intégrale pour
l'une, par extraits pour l'autre) de deux
brochures sur la même question, écrites
par Renouard , dont l'intervention a été
mentionnée dans la séance du 29 du pre-
mier mois (t. II, p. 65o). Pour la suite,
voir la séance du i3 ventôse (p. 537).
^^) Voir la séance du 7 pluviôse (p. 387).
^^) Le décret du 19 mai 1798 sur
l'école des sourds-muets de Bordeaux se
trouve dans notre tome I", p. /ii6. Nous
n'avons pas trouvé la lettre en question;
il paraît, d'après le rapport de Thibaudeau
du 11 ventôse (p. ôr^f)), que l'établisse-
ment de Bordeaux ])roteslait contre le pro-
jet de créer à Paris uno école centrale pour
y former des instituteurs. Unt* nouvelle
lettre des instituteurs de l'établissement de
Bordeaux sera lue au (Comité le 3 messidor
an II.
^■*) Sur Perier, voir I. Il, p. (iS'i. Il
existe dans F^\ carton 1009^ n° 1919,
une pétition de Perier, demandant qu'on
lui confère à l'institution des ?ourds-rauets
de Paris la place de professeur, qu'il a
occupée jusque-là gratuitement.
^^) Legrand de Laleu, architecte de la
commune de Paris, avait présenté cette
ode à la Convention le â6 nivôse (Procès-
verbal delà Convention, t. XXIX, p. aC'j).
Nous n'avons pas trouvé la pièce.
^*^ L'adresse de Bernascon et Lauras
avait été lue à la Convention le 7 pluviôse.
Voir aux annexes, D (p. /io8), un extrait
du procès-verbal de la séance de la (Con-
vention du 7 pluviôse, complété par des
extraits du procès-verbal des séances des
16 nivôse et 5 pluviôse an ii, où furent
votés des décrets chargeant le Comité d'in-
struction publique de faire un rapport sur
les Mioy<Mis (rext'culer en bronze les monu-
ments (If la Ucvolulion. Il sera de nou\enu
(lucslioii (le Bernascon et Lauras le n i ger-
minal au II.
^"^ C'est le décret du i" nivôse. Voir ci-
dessus, séance du 3 nivôse, annexes (p. 1108).
39/1 PROCÈS -VERBAUX DU COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE
de la commission du Muséum, et afin d'obtenir l'extraction des pa-
piers relatifs au Muséum qui se trouvent sous les scellés apposés chez
le citoyen Pasquier^^^. Le Comité nomme David, Mathieu et Prunelle
pour s'occuper de ces deux objets ^'^^.
Un membre de la Société populaire des arts est admis; il commu-
nique un arrêté qui porte nomination de commissaires pour se rendre
au Comité d'instruction publique et vérifier si le citoyen Lebrun a été
renvoyé de la Commission des arts. Il lui a été répondu que le Comité
avait reçu ce soir la démission du citoyen Lebrun ^•^^.
Le Comité nomme Lindet pour faire un rapport sur la mort glo-
rieuse du maire de Fougères, fusillé le i5 brumaire par les brigands
de la Vendée; l'écharpe de ce martyr de la liberté est déposée au
Comité (^).
Sur le rapport de David, le Comité arrête qu'il sera écrit au citoyen
Hubert, architecte, pour qu'il ait à présenter ses comptes de la fête
du 10 août^^l
Un ouvrage ayant pour titre Le manuel des jeunes républicains, ou
Eléments d'instruction à l'usage des jeunes élèves des écoles primaires, est
renvoyé à l'examen de Bouquier^^l
La séance a été levée à dix heures et demie ^"^l
(') Pasquier était membre de l'ancienne
commission du Muséum. Le premier rap-
port de David le qualifiait d'ami intime de
Roland (voir p. 187).
(^) Pour la suite, voir la séance du 9 5
pluviôse (p. A 60) et celle du 99 ventôse
(p. 595).
(3) \q[y ci-dessus la note 1 de la p. 892.
L'arrêté de la Société populaire des arts
avait été enregistré sous le n° 1610 (F",
carton 1008''). La pièce manque; la che-
mise qui la contenait porte cette mention ;
tf Extrait du procès -verbal de la Société
populaire et républicaine des arts, séante
au Muséum national, au sujetjdu citoyen
Lebrun n. Et en marge : « Terminer».
'' On trouvera aux annexes, E (p. 'iog),
un extrait du procès-verbal de la séance de
la Convention du h pluviôse an 11 , relatif
au maire de Fougères. L'écharpe du maire,
enregistrée au Comité sous le n" 179^,
fut déposée dans l'armoire du Comité;
quant à la lettre du Conseil général de la
commune de Fougères, elle ne fut trans-
mise au Comité que quelques jours plus
tard, et fut enregistrée sous le n° 1985
( F ^^ carton 1009^); mais la pièce n'est pas
en place. — L'écharpe du maire de Fou-
gères a aujourd'hui disparu des Archives
nationales, où elle a été recherchée sur
nos indications, mais sans résultat.
(^) L'architecte Hubert avait été l'or-
donnateur de la fêle du 10 août 1798.
Les comptes demandés seront présentés le
5 ventôse (p. AgS).
(^) Nous n'avons pas trouvé cet ouvrage.
^'^ Ce dernier alinéa n'est pas à la mi-
nute. Pas de signature, ni à la minute ni
au registre. La minute est de la main de
Thibaudeau.
DE LA CONVENTION NATIONALE. 395
PIÈCES ANNEXES.
On Ut dans le registre des procès-verbaux de la Commission des arts :
Séance du 26 nivôse, l'an 2' de la République.
La municipalité de Paris écrit à la Commission pour prévenir qu'elle a beau-
coup de papiers inutiles qui auraient été brûlés s'il n'avait pas été annoncé que la
citoyenne Masson avait un procédé pour effacer soit les caractères écrits , soit ceux
imprimés; elle observe qu'elle est obligée de les faire garder pour les garantir du
feu des malveillants. La Commission arrête que la section de chimie lui présentera
un rapport sur cet objet à la prochaine séance ^'^
Séance du 10 pluviôse, l'an 2* de la République.
Les citoyens Pelletier et Hassenfratz remettent sur le bureau des observations
courtes et précises sur le procédé employé par la citoyenne Masson pour blanchir
le papier. Le président écrira au Comité de salut public et a la municipalité de
Paris sur la méthode d'enlever l'impression sans dénaturer le papier comme le fait
la citoyenne Masson. Les citoyens Hassenfratz et Pelletier sont chargés de pour-
suivre auprès du Comité de salut public la composition et la publication d'un petit
ouvrage sur l'art de blanchir le papier avec la soude ^^\
SOCIETE POPULAIRE ET REPUBLICAINE DES ARTS.
Séance du 1 3 pluviôse an 11.
Le citoyen Lesueur, peintre, avance que Lebrun, peintre et marchand de ta-
bleaux, a été renvoyé de la Commission des arts , et que nous ne pouvons le garder
à cause de cela dans la Société. Celui-ci nie le fait , et ajoute que même dans ce
moment, il a une mission à remplir pour cette même Conunission des arts. L'as-
semblée, n'étant pas éclairée, nomme Détournelle, Desoria, Eynard, pour s'en in-
former auprès du Comité. Un membre inculpe ensuite Lebrun d'avoir dit (jue les
peintres ne se connaissaient pas en tabh'aux. Celui-ci n'poiid ([u'il n'a jamais voulu
dire cela, qu'il avait composé deux écrits sur ce sujet, où il rendait justice aux
peintres, quant à la connaissance parfaite des beautés d'un labloau, mais non à
celle lactique de marchand, qui reconnaît au giain de la loilo, au ton des cou-
leurs, de quel auteur est l'ouvrage, bon ou mauvais, talent, dit-il, bien inférieur à
^'^ Lo rapport n'a été lait que le 10 plu- ^"^^ Archives nationales, F'"* 7, folios iS
viôse, recto ol a a recto.
396 PROCÈS -VERBAUX DU COMITÉ D'INSTRUCTION PURLIQUE
cette connaissance des beautés d'une production qui fait admirer l'ouvrage, sans
considérer si c'est un maître flamand ou italien, copie ou original.
Je ne rapporterai pas ici tout ce qui a e'té dit sur ie compte de la citoyenne
Lebrun ^^^ ni ce que son époux a dit pour sa défense, les arts n'y gagneraient rien,
et tout ici est pour les arts. C'est aux citoyens qui connaissent les personnages à
s'en tenir à ce qu'ils en pensent ^^\
La question de la suppression des armoiries sur la reliure des livres de la Bibliothèque
nationale, qui est ramenée à Tordre du jour par la brochure du libraire Rozet, avait déjà
occupe la Convention en brumaire (t. II, pages 65o, G5;î , 656, 658). Depuis la publication
de notre tome II, nous avons trouvé deux pièces qui permettent de mieux préciser la na-
ture de rintcrvention d'Antoine-Augustin Renouard dans cette circonstance. Ce sont deux
écrits de sa plume, publiés l'un le 2 5 du premier mois de l'an n, et l'autre le a du second
mois, et que nous allons reproduire, par extraits pour le premier, intégralement pour le
second.
Le décret du 1 8 du premier mois, complétant ceux du i" août et du A juillet 1798
relatifs à l'etTacement des armoiries et signes de la royauté sur les monuments publics et
les maisons , avait été interprété par la Commission des monuments comme devant s'ap-
pliquer également aux livres. Nous avons vu qu'elle s'était préoccupée de rechercher le
meilleur moyen pour faire disparaître les armoiries qui se trouvaient sur la couverture des
livres de la Bibliothèque nationale, et l'estampille royale qu'ils portaient à l'intérieur.
Instruit de ces projets, Renouard, pour en prévenir l'exécution, rédigea à la hâte un mé-
moire qu'il intitula Observations de quelques patriotes sur la nécessité de conserver les mo-
numents de la littà'ature et des arts, et qu'il fit imprimer (chez Didot, d'après Quérard).
cfDans les vingt-quatre heures, ses Observations furent rédigées, imprimées, et répandues
avec la même rapidité dans tous les établissements publics et littéraires de Paris, et à la
Convention pour chacun de ses membres. Cet écrit, qui pouvait perdre M. Renouard et
MM. Arm. Charlemagne et Chardin, qui avaient consenti à joindre leurs signatures à la
sienne, produisit un effet inespéré, et, sur la motion d'ordre de Thibault et de Chénier,
il fut renvoyé au Comité d'instruction publique. w (Biographie universelle et portative des
contemporains ) de Rabbe et Luneau de Boisjolin, article Renouard.) Nous devons faire ob-
server que le Moniteur, en rapportant les discours prononcés par Thibault et Chénier dans la
séance du 1" jour du second mois, ne fait aucune mention de la brochure de Renouard ^^).
Cette brochure avait été adressée directement par son auteur au Comité d'instruction
publique, qui s'en occupa dans sa séance du 29 du premier mois. Ce que la Convention
renvoya au Comité, ce n'est pas l'écrit de Renouard, c'est la motion faite par Chénier.
Quoi qu'il en soit, voici les principaux passages des Observations de Renouard :
(1) M""' Lebrun avait quitté la France en p. 60. Bibliothèque nationale, V /12711,
octobre 1789, et s'était rendue en Italie. in-S".
En pluviôse an 11 elle se trouvait à Vienne, ^^^ 11 l'annonce avec éloge dans son nu-
d'où elle alla à Berlin, puis à Saint- Pé- méro du 12 frimaire an 11, en ajoutant :
tersbourg. ccLa Convention nationale a depuis sanc-
^^^ Journal de la Société républicaine des tienne par un décret les principes énoncés
arts, rédigé par Détournelle, architecte, dans cet écrit estimables.
DE LA CONVENTION NATIONALE. 397
OBSERVATIONS DE QUELQUES PATRIOTES SUR LA NECESSITE DE CONSERVER
LES MONUMENTS DE LA LITTERATURE ET DES ARTS ^^\
A Paris, l'an deuxième de la République française une et indivisible.
... Ce n'était pas assez d'avoir proscrit les titres de noblesse , d'avoir détruit
les signes extérieurs de la féodalité et de l'esclavage; il fallait poursuivre ces
monstres hideux jusque dans leurs derniers retranchements. Aussi la Convention
a-l-elle rendu un décret fort sage lorsqu'elle a ordonné la destruction de tous les
vestiges de féodalité, même dans l'intérieur des maisons. . . Mais prenons garde
de faire plus que n'a voulu le législateur : il a porté une loi populaire, une loi
bienfaisante; gardons-nous de faire une loi barbare, une loi. . . destructive des
monuments des sciences et des arts . . .
Quelques personnes, animées d'un zèle plus ardent qu'éclairé, ont cru que celte
loi prononçait aussi la destruction de tout ce qui dans les livres, estampes, statues,
(ableaux, médailles, etc., conservait quelques traces de féodalité, ({uelques restes
(le cette basse adulation dont les vils courtisans ont toujours enivré leurs stupides
maîtres. Ici je m'arrête, et j'ose à peine envisager le précipice effroyable dans lequel
des fourbes et des méchants voudraient engager des patriotes ardents à précipiter
tout ce qui est du ressort de l'instruction et des connaissances humaines . . .
Examinons un peu où nous conduirait ce délire une fois qu'on lui aurait lâché
la bride. Si vous arrachez les armoiries qui se trouvent à l'extérieur de beaucoup
de livres , certes vous ne pouvez laisser subsister celles qui dans la plupart de ces
livres décorent ou plutôt surchargent la première page. Il faut en outre faire main
basse sur toutes les dédicaces. La fleur de lis, qui, par un pur effet de l'habitude,
était un ornement continuellement employé dans toutes nos imprimeries , devra
donc entraîner la destruction de toutes les pages sur lesquelles elle se trouvera
placée, soit en fleuron, soit en vignette, ou autrement; et certes plus des deux
tiers de nos livres sont balafrés de celle insignifiante et ridicule empreinte. Le pri-
vilège du roi qui se trouve dans la plupart des livres ne sera-t-il pas aussi une
cause de proscription?
Très certainement , ce pas une fois fait , vous ne pouvez laisser subsister aucun
des livres dans lesquels les rois sont ou flattés, ou au moins dépeints avec une cer-
taine complaisance pour le plus souvent forcée. Il faut brûler tous les livres d'his-
toire, parce que jusqu'alors l'histoire n'a malheureusement été que celle des rois. . .
Sera-t-il possible de faire grâce à l'excellent discours sur l'Histoire universelle, à
ce chef-d'œuvre de l'immortel et éloquent Bossuet?
[L'auteur passe en revue les principaux écrivains français, dont aucun ne pourra trouver
{jràce : Fénclon, Racine, Molièic, Hoileau, La Kontaint», Voltaire, n- qui sera puni des mé-
nagements qu'il fut obligé de prendre pour faire circuler ses productions liardiosi, et
Rousseau, cfà qui la Révolution française doit plus encore peul-élre qu'à Voltairen, Celte
d(ïstruclion ferait la joie des Anglais; crils seraient charmés do voir détruire ou bouleverser
(" BiblioUitMiuo nationale, Lb" 853, in-8".
398 PROCÈS-VERBAUX DU COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE
notre Bibliothèque nationale, ce monument unique qu'ils ne peuvent contempler sans pal-
piter d'envie et de ragen. Renouard continue ainsi :]
A entendre certains hommes, rien n'est plus facile que d'arracher les ëcussons
qui se trouvent sur un grand nombre de livres ^'^ Mais examinez donc que par
une telle opération vous dégradez les volumes , qu'ensuite il faudra arraclier aussi
les fleurs de lis que les relieurs ont presque constamment employe'es pour orne-
ments; que, dans la seule Bibliothèque nationale, il y a plus de cent mille volumes
ainsi habille's; que tous les assignats, tous les e'cus du monde entier ne pourraient
réparer le dommage qui résulterait d'une pareille dévastation; que si vous y ajoutez
les autres bibliothèques publiques , celles de tous les particuliers, vous aurez plu-
sieurs milliards de volumes qu'il vous faudra déshabiller, et même mutiler. Et en
vérité à qui aura profité tout ce bouleversement? en quoi aurez-vous servi la cause
de la liberté? Si vous arrachez les fleurs de lis et autres décorations extérieures,
rien ne pourra, ainsi que je l'ai dit plus haut, dispenser d'arracher des livres tout
ce qui est royal ou féodal, et conséquemment de les détruire à peu près tous?
[Quant aux estampes, peintures, médailles, etc., continue Renouard , faut-il les mutiler
ou les détruire parce qu'il s'y trouve des armoiries, ou parce qu'ils «retracent des événe-
ments tenant aux rois ou à leur détestable alentour???]
En vérité, nous ressemblerions un peu trop à ces chrétiens fanatiques qui, dans
les premiers siècles de l'Eglise, détruisaient les précieux ouvrages des Phidias,
des Praxitèle, des Protogène, parce qu'ils représentaient des Apollon, des Cybèle,
des Jupiter et autres dieux du paganisme.
Et quand tout sera détruit, quels modèles, quels objets de comparaison trou-
vtront les artistes pour perfectionner leur goût, enflammer leur génie? 11 est abso-
lument impossible de faire que ce qui a été n'ait pas existé. Toujours on se sou-
viendra qu'il y a eu des rois; leur scélératesse est gravée d'une manière ineffaçable
dans la mémoire de quiconque mérite le nom d'homme. Conservons, Français ré-
publicains, conservons la mémoire de ces monstres , mais pour mieux les abhorrer,
pour tenir un poignard toujours prêt à plonger dans le sein du premier audacieux
qui tenterait d'usurper le pouvoir suprême, de celui qui serait assez lâche pour
laisser entrevoir que les Français pourraient supporter un nouveau joug. Mais
gardons-nous de céder aux impulsions désordonnées d'une fougue dévorante, qui
ne nous laisserait que d'inutiles regrets , et dont les bruyantes expéditions n'auraient
^^^ N'a-t-on pas été jusqu'à dire que pour instant de ceux qui sont chers et précieux,
avoir souffert une mutilation de quelques de ces chefs-d'œuvre qui honorent la
pages un livre n'en serait pas moins un France, tel livre valant quatre à cinq cents
livre? Avec des raisonneurs de cette force livres lorsqu'il est entier et bien complet,
le seul parti à prendre est de se taire. Mais n'en vaut plus que quinze si on en arrache
quiconque n'est pas entièrement dépourvu * un seul feuillet. Quelle perte incalculable
des moindres connaissances sait très bien ne ferait-on pas éprouver à la France, au
que la mutilation déprécie totalement un grand contentement de ses jaloux ennemis!
livre quel qu'il soit; et, pour parler un (Note de Renouard.)
DE LA CONVENTION NATIONALE. 399
en rien servi la cause de la sainte, de la sublime liberté^ qui toujours fut et sera
toujours l'amie, la protectrice des arts, des sciences et du génie.
Paris, le 25' du i" mois, l'an 2"°' de la République française une et indi-
visible.
Ant.-Augustin Renouard, Chardin, Charlemagne fils.
L'auteur de l'article de la Biographie universelle des contemporains prétend, on l'a vu,
que cet écrit «pouvait perdre MM. Renouard, Arm. Charlemagne et Chardin n. Or non
seulement le Comité d'instruction publique l'accueillit avec la plus grande faveur, mais
quelques mois plus tard, en messidor, c'est-à-dire au moment où le régime de la Terreur
était à son apogée, la Commission des arts proposa la réimpression de la brochure de
Renouard. Voici ce qu'on lit, en effet, dans les procès-verbaux de ses séances :
Séance du 20 germinal, l'an 2' de la République.
Le citoyen Renouard transmet à la Commission un imprimé intitulé Observa-
tions de quelques patriotes sur la nécessité de conserver les monuments de la littérature
et des arts.
Séance du 26 messidor, l'an 2* de la République.
Richard fait un rapport sur l'ouvrage intitulé Observations de quelques patriotes
sur la nécessité de conserver les monuments de la littérature et des arts. La Commis-
sion, vu l'utilité de cette petite brochure dans laquelle sont proposés les moyens de
sauver le berceau de la liberté universelle de l'abîme de la barbarie où le crime et
l'ignorance s'efforcent de l'entraîner, arrête que les citoyens Chardin, Renouard et
Charlemagne fils seront invités à assister h la prochaine séance; et que le Comité
d'instruction publique sera invité à faire tirer un plus grand nombre d'exemplaires
de cet ouvrage, qui ne peut être trop répandu, vu son utilité pour l'instruction
publique; et comme cet ouvrage embrasse plus particulièrement les productions
littéraires , ces citoyens seront invités à s'étendre , par un supplément , sur les ob-
jets d'arts et de sciences en général.
Séance du 5 thermidor, l'an 2 ° de la République.
Les citoyens Renouard et Chardin, auteurs d'un ouvrage intitulé Observations
de quelques patriotes, etc. , sont introduits à la séance. Le président les accueille fa-
vorablement au nom de la Commission, et les invite à traiter, dans un supplé-
ment, les parties d'arts sur lesquelles ils ne se sont point assez étendus. Varon est
nommé pour se concerter avec eux et remplir l'objet que se propose la Commis-
sion. Ces citoyens sont invités à assister à la séance ^^K
Mais revenons au premier mois de Tan 11 et à l'impression produite par la brochure de
Renouard au moment même de son apparition. Le procès-veibal de la séance du Comité'
d'instruction publique du ag du premier mois nous dit que Renouard avait di'inanilé à
conférer sur cet objet avec le Comité, et que Mathieu avait été chargé de la conléreuce.
Comme nous allons le voir, Renouard devait se rendre au Comité le 5 du second mois,
^'^ Archives nationales, F''* 7, l'olios 5a verso, 1^7 roclo, 1 -iô recto.
ûOO PROCÈS -VERBAUX DU COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE
mais le 3 , après avoir lu dans un journal le compte-rendu de la séance de la Convention
du 1", il écrivit au Comité la lettre suivante, qui fut imprimée par ses soins, sans indi-
cation d'imprimeur, comme l'avaient été ses Observations :
AU COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE ^^\
Je devance le rendez- vous que vous m'aviez donnd pour samedi 5^^^, parce que
je lis dans la feuille du soir que vous êtes charges de présenter aujourd'hui la
rëdaclion du décret sur les armoiries en ce qui concerne les livres.
Gardez-vous, je vous prie, d'imaginer qu'il soit possible, qu'il soit utile de
chercher à détruire tout ce qui reste de la féodalité ou du nom royal sur les livres,
estampes et autres objets de ce genre. Ne considérons en ce moment que la
Bibliothèque nationale : ou vous feriez couper les écussons avec un fer tranchant,
pour les remplacer par des morceaux de peau qu'il serait impossible de bien
adapter; ou vous feriez appliquer une pièce de peau sur l'écusson; ou enfin vous
essaieriez de faire disparaître l'or par le moyen de l'eau régale. Ce dernier expé-
dient laisserait sur la peau l'empreinte des fleurs de lis , des couronnes ; et les deux
premiers seraient aussi longs h exécuter que leur résultat serait peu satisfaisant, et
les livres resteraient absolument dégradés. Il y aurait en outre à enlever les LL
couronnées dont sont chargés les dos de presque tous les volumes.
Il serait encore plus impraticable de détruire entièrement toutes ces reliures
écussonnées pour les faire rétablir à neuf. D'abord veuillez réfléchir que tous les
relieurs de France ne pourraient faire ce travail en plusieurs années; que le ma-
rocain est d'une rareté extrême, qu'il vaut de hb à 5o livres la peau; que celte
opération extravagante en aurait bientôt quintuplé le prix. Le veau et la basane
sont proportionnellement aussi rares et aussi chers. Songez en outre que depuis
plusieurs siècles, les meilleurs relieurs ont continuellement travaillé à décorer et
enrichir ce dépôt précieux. Il faut être artiste dans ce genre pour faire de bons
ouvrages. On peut mettre en réquisition plusieurs milliers d'hommes pour tra-
vailler à forger des armes destinées à exterminer les tyrans ; plus ou moins par-
fait, leur travail n'en est pas moins utile; mais ramassez sans choix des ouvriers,
jnêrne parmi le petit nombre des relieurs, vous aurez bientôt consommé la ruine
de la Bibliothèque. Je sais très bien que des hommes instruits doivent considérer
le contenu et non l'habillement des livres : mais enfin faut-il détruire les chefs-
d'œuvre de reliure qui sont une partie si intéressante de la richesse nationale? Si
absolument il fallait ne faire aucun cas des accessoires qui rendent un livre re-
commandable sous un autre rapport que celui de leur contenu, il faudrait n'avoir
dans la Bibliothèque nationale qu'un seul Virgile, qu'un seul Horace, tandis qu'il
y en a plusieurs centaines ; les uns des premières éditions , ou imprimés sur
vélin; d'autres sont précieux par leur élégante impression, par de belles gra-
vures , ou enfin par une reliure riche et magnifiquement établie. Je soutiens que
si on veut rhabiller les livres ou placarder les écussons, on gâtera toutes ces ra-
(^) Bibliothèque nationale, Lb" 871, ^^^ C'est le samedi 26 octobre, corres-
in-S". pondant au 5" jour du second mois.
DE LA CONVENTION NATIONALE. kO\
retës si intéressantes; on mettra la BilJiollièque dans un dérang-enient et un dés-
ordre absolu; les livres les pins précieux seront abimés ou volés; et, après avoir
passé bien du temps à cet inutile et désastreux travail , on sera obligé d'y renon-
cer par lassitude. Heureux seront les pauvres livres qui n'auront pas eu le triste
avantage d'avoir été ou aperçus, ou peut-être même convoités par les travailleurs!
Nous avons tant de fripons et de voleurs publics, que je serais assez porté à
croire que quelques hommes avides fondent l'espoir d'un grand bénéfice sur les
réparations ou plutôt sur les dégradations qu'on cherche à provoquer dans la
Bibhothèque nationale. Que savons-nous si les Anglais n'essaient pas de nous faire
escamoter par ce moyen quelques-unes de nos raretés littéraires?
Il ne serait pas moins ridicule qu'inutile de barbouiller l'estampille intérieure.
Le placard dont vous souilleriez le volume pour cacher cette empreinte éterni-
serait le souvenir des vains efforts que vous auriez faits pour la détruire. D'ailleurs
pour cette seule opération il n'en faudrait pas moins tenir tous les volumes un à
un, employer beaucoup de temps, beaucoup dépenser; et tout cela pour rien,
moins que rion.
Je vous prie donc avec la plus vive instance de représenter à la Convention qu'il
est nécessaire de ne rien changer aux livres de la Bibliothèque nationale. Mainte-
nant on y relie tous les livres avec les lettres B. N. entrelacées; l'estampille porte
Bibliothèque Nationale. Laissons tout ce qui existait antérieurement, puisque nous
ne pourrions rien changer sans tout détruire.
Ant.-Aug. Renocard.
Le 2* du 9' mois, l'an 2* de la République française.
Le décret du 3 du second mois, rendu sur le rapport de Romme '^^^ parut avoir tranché
la question dans le sens souhaité par Renouaid, puisqu'il défendit de ff mutiler ou altérer
en aucune manière, sous prétexte de faire disparaître les signes do féodalité ou de royauté,
les livres imprimés ou manuscrits, etc.».
Cependant le ministre de l'intérieur, Paré, s'était, avant ce décret, occupé de la ques-
tion. 11 avait demandé à im libraire de Paris, Rozet, un mémoiro sur la possibilité d'enle-
ver les emblèmes royaux empreints sur les livres de la Bibliothèque nationale, sans en-
dommager les volumes. Rozet, après s'être concerté avec deux relieurs, Bradel et Petit ^^,
présenta au ministre, le 1" jour du second mois, le mémoire demandé, accompagné
d'une soumission par laquelle les deux relieurs s'offraient de faire l'opération dont il s'agit
ponr la somme d'un million de livres. Mais le surlendemain lut volé le décret, et Paré,
n'osant plus agir, renvoya Rozet et ses deux associés à Ronime, président du Comité
(') La Bingrapliie universelle et portative notre tome 11, p. 6G-^4, où le rapport de
des contemporains dit (pic rrM. Renouard, Homme a été abrégé et où le décret e>t date
qui craignait (pie le (h'cret conservateur du k brumaire.
ne circidàt avec une lenteur perfide, le fit ^'^ Petit, comme on le verra plus loin,
imprimer lui-même à ses frais, et arracha avait déjà, peu de temj)s auparavant, enlevé
ainsi, dans les départements, plusii^urs mo- les armoiries royales qui se trouvaient sur
numents à la fureur du vandalisme^. L'im- la reliure des atlas du dépôt de la marine,
pression faite aux frais de Renouard est et y avait substitué les embK'uies do la Rt>-
sans doute cette édition du décicl du 'À du publi(pie.
second mois que nous avons sijjnalce dans
III. iT)
lufi.iui nit. MiioNtLi.
402 PROCÈS-VERBAUX DU COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE
d'instruction publique. Le mémoire de Rozet, avec la soumission, fut remis à Romme ie
19 brumaire; le président du Comité répondit à Rozet en invoquant le décret du 3 , et ie
libraire n'insista pas.
Mais il parait qu'en pluviôse Rozet crut pouvoii' revenir à la charge. H lit alors impri-
mer, sous la forme d'un dialogue, ses idées sur la question, et le récit de ce qui s'était
passé. Sa brochure est cuiieuse et instructive, et nous en reproduisons ci-après les princi-
paux passages :
COiNVERSATIO.N FAMILIERE ENTRE UN HOMME DE LETTRES ET UN LIBRAIRE, SUR LE
PROJET DE SUPPRIMER LES ARMOIRIES ET AUTRES MARQUES DE PROPRIETE FEO-
DALE, EMPREINTES SUR LA RELIURE DE TOUS LES LIVRES DE LA BIBLIOTHEQUE
NATIONALE.
S. L n. dA'K
Le libraire. J'ai éié plusieurs fois à la Bibliothèque nationale, oii j'avais
quelques livres à parcourir. . . J'en sors même actuellement, et je suis toujours
chagrin de voh' qu'on ne s'empresse pas d'anéantir tous les signes de despotisme
dont ils sont couverts.
L'homme de lettres. Oh! oh! est-ce que tu tiendrais encore au projet de publier
les idées que tu avais sur cela , et dont tu m'as déjà parié ? Je croyais que tu les
avais abandonnées, et que tu restais tranquille là-dessus?
Le libraire. Comment tranquille! Lorsque je vois abolir de toutes parts dans
la République les marques de la royauté, et que la nation, justement indignée au
ressouvenir du joug sous lequel elle a gémi si longtemps, voudrait, s'il était pos-
sible, en eflàcer jusqu'aux moindres traces, lorsque l'empressement unique et
merveiUeux qu'on a apporté à l'exécution de quelques décrets rendus en consé-
quence justifie si bien le vœu général , je serais tranquille spectateur de l'inaction
ou du retard que l'on met à expulser toutes les souillures qui entourent chaque
parcelle du dépôt le plus vaste et le plus précieux que nous ayons de toutes les
connaissances humaines !
[L'homme de lettres rappelle qu'en ce qui concerne les livres de la Bibliothèque, on a
fait une invitation à tous les savaiils, aux chimistes, aux relieurs d'aller examiner au Louvre
plusieurs livres empreints sur le plat de la reliure, au dos, ou estampillés sur ie titre inté-
rieur, des armoiries marquant la propriété ci-devant royale, et de s'occuper des moyens
de les enlever sans nuire à la reliure ni au corps du volume ^^\]
Le libraire. Cela est vrai. Mais à peine cette invitation a-t-elle été publique que
les diflicultés se sont élevées de toutes parts. Elles étaient accompagnées de pré-
textes si sj)écieux et si imposants qu'il en résultait une apparence d'impossibilité
absolue d'exécuter le vœu de la nation à cet égard. On a d'abord commencé par
faire entrevoir qu'il en coûterait plus de quatre milhons à la République, pour ce
qui concerne les livres seuls de la Bibhothèque nationale. . . Je ferai voir qu'il y
a au moins les trois quarts de celte somme à retranche!'. On prétendait encore
(1)
Bibliothèque nationale, Q76/1 , in-S". — '-' Voir notre tome 11, p. 65/i.
DE LA CONVENTION NATIONALE. /î03
qu'il ^tait impossible rloter les armoiries ni autres marques de féodalité' de dessus
le plal de la reliure des livres, sans ôter en même temps toutes celles qui peuvent
se ti'ouver imprimées ou gravées sur le tilre ou dans le corps du volume.
L'homme de lettres. Gomment! Mais cela est fou! 11 s'en ensuivrait (sic) une
nuitilation et une dégradation monstrueuses des ouvrages les plus importants.
Le libraire. Hé bien, on a soutenu cette assertion dans une petite brochure
qu'on a publiée à ce sujet^^', et l'on ajoutait que si ces mutilations s'effcctuaifnt, tel
livre du prix de cinq cents francs n'en vaudrait pas désormais douze ou quinze.
L'homme de lettres. Parbleu , voilà une vérité bien nouvelle qu'on nous apprend
là! Qui donc pourrait en douter?
[Ensuite, les deux interlocuteurs tombent d'accord que, selon les lermos mi-mes du
décret du 3 brumaire, on doit supprimer ce qui peut être oté sans causer aucun dommafjf.
Il s'agit donc «d'ôter simplement les armoiries et emblèmes royaux qui existent sur la
reliure, ainsi que l'estampille qui est empreinte sur le titre de chaque volume. Ce sont là
les deux seules et uniques marques qui constataient en quelque sorte la domination féodale
et les actes de propriété que les rois voulaient exercer sur tous ces volumes. Ptir consé-
(juent, ce n'est que de la suppression de ces deux sortes de marques dont on doit s'occuper,
parce qu'elles sont ostensiblement injurieuses à la nation et contradictoires avec l'égalité et
la liberté qu'elle a recouvrées au prix de son sang.n]
L'homme de lettres. 11 y a cinq ou six mois au plus que dans le dépôt général
des cai'tes de la marine, on a supprimé les armoiries, ci-devant royales, (pii
étaient sui* la reliure de tous les volumes d'atlas, pour y substituer les nouvelles
marques et emblèmes de la Piépublique.
Le libraire. J'ai été témoin d'une partie de l'opération; elle a été faite très
adroitement par le citoyen Petit, relieur, sans toucher nullement à lintérieur des
volumes. Les signes royaux (jui sont peints et gravés sur les cartes gt'ographiques
contenues dans ces atlas sont restés dans leur entier, pai-ce qu'en ellél il n'aurait
pas été possible de les faire disparaître sans nmtiler et altérer les cartes.
L'homme de lettres. Hé bien! où est donc l'empêchement que la même opération
ne se fasse sur les livres de la Bibliothèque nationale?
Le libraire. On a parlé de quatre milhons; il est constant que deux des pr, uiiers
relieurs de Paris, les citoyens Petit et Bradel, ont fait leurs soumissions pour le
quart seulement de cette somme, entre les mains du citoyen Paré, ministre de
l'intérieur, et que copie collationnée et signée des mêmes relieurs a ensuite été
remise au citoyen Uoiimie, (h'pulé à la Convention, et pour lors président du
Comité de l'instruction publiijue.
L'homme de lettres. Bon , voilà d»jà trois millions Ao moins : ne serait-il pas
permis de soupçonner (ju'on aurait osé en imposer' an Comit('? Mais je ne sa\ais
})as qu'on eiit fait celte soumission, qui est assez ini|)orlanle, et qui devait cer-
tainement faire ouvrir les yeux. Dis-moi quand et à propos (l«» qnoi elle esl venm»:
tu ne me contes pas tout?
t*^ H s'agit des Observations do ilenouard.
liOh PROGÈS-VEKBAUX DU COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE
Le libraire. Dans le courant du mois vendémiaire passé, le ministre Paré, qui
s'occupe constanunent de tout ce qui peut contribuer à la gloire et à l'avantage de
la nation, me demanda un mémoire sur la possibilité d'ôter les signes royaux
dont il s'agit, sans endommager les volumes et aux moindres frais possible. Je fus
aux informations, et, après un examen de toutes choses, conjointement avec les
deux relieurs ci-dessus, je lui présentai, le premier brumaire suivant, uu détail de
toutes les opérations à faire, et à la suite duquel étaient les soumissions de ces
deux artistes. Mais pendant cet intervalle, les excès des mal intentionnés devinrent
si fréquents et si odieux, les craintes, les clameurs des savants et de tous les ama-
teurs de livres se manifestèient d'une manière si vive, (|ue le Comité crut devoir
se déterminer à solliciter le décret en question, qui fut rendu dans la séance du
3 brinnaire, trois jours après la présentation de mon mémoire, et tout parut
arrêté. Le citoyen Paré ne pouvant plus alors s'occuper de cette entreprise, dont il
aurait bien voulu illustrer son ministère, nous fumes renvoyés au citoyen Romme,
auquel le mémoire, suivi des soumissions, fut remis le 12 du même mois; mais
il était trop tard, le décret était public, le citoyen Romnre me l'objecta; je n'in-
sistai pas davantage. Cependant d n'a pas trouvé mauvais que je publiasse mes
réflexions, si elles étaient sages et bien fondées : voilà au juste où nous en
sommes.
L'homme de lettres. Ah ! je ne savais point tout cela ... Et faudrait-il beaucoup
de tem])s pour terminer entièrement la besogne?
Le libraire. Quatre ou cinq ans au plus, et peut-être moins.
L'homme de lettres. Ce serait donc à peu près deux cent mille livres qu'il en
coûterait à la République, pour chacune de ces cinq années. Parbleu, à peine
s'apercevrait-on de cette dépense; et ce serait bien l'offenser, comme tu l'as dit,
que de la croire retenue par un obstacle si peu digne de sa grandeur, de sa puis-
sance et de ses moyens!
Le libraire. Si tu veux, je vais te démontrer en peu de mots la facilité de toute
l'opération. Je te prouverai qu'elle ne saurait durer plus longtemps, et que la
dépense ne pourrait guère être plus forte.
L'homme de lettres. Tu me feras plaisir. J'aime beaucoup à voir les preuves de
ce qu'on avance, ma conviction en devient plus certaine.
Le libraire. La Bibliothèque nationale, comme je te l'ai dit, est composée de
près de trois cent mille volumes. Il en est peu qui ne soient couverts d'abord des
armoiries sur le plat de la reliure , ensuite des chiffres royaux sur le dos de chaque
volume, et puis encore estampillés sur le titre intérieur par une empreinte, en
encre rouge, des trois fleurs de lis couronnées avec ces mots à l'entour : Biblio-
thèque DU Roi.
L'homme de lettres. Je sais cela.
Le libraire. On peut, sans touchera la reliure , enlever les parties couvertes
seulement des armoiries ou chiffres, et y substituer des morceaux de peau des
mêmes grandeurs, soit en veau, mouton, maroquin ou parchemin, sur lesquels
seront empreintes les devises ou emblèmes relatifs à la liberté du peuple français
et à l'unité de la République. Ces morceaux, préparés et amincis d'avance, seront
placés et collés avec art; un (ilet cachera la jointure; l'application de l'or, l'em-
DE LA CONVENTION NATIONALE. /i05
preinte du fer chaud, et tout le reste du travail se feront ensuite de la même ma-
nière que lorsqu'on applique des armoiries au dos ou sur le plat d'un livre.
I/homme de lettres. Et l'estampille, qui est empreinte en encre rouge huileuse
sur le titre de chaque volume, comment s'y prendra-t-on pour l'enlever sans mu-
tilation ? Cela ne me paraît pas aisé.
Le libraire. Aussi ne l'enlèvera-t-on pas; mais on peut, après l'avoir légèrement
grattée, la couvrii* tout simplement, avec du pain à cacheter, d'un morceau de
papier blanc, sur lequel on appliquera avec un timbre sec le cachet de la Répu-
blique, en forme de scel qui constatera d'autant plus la propriété nationale, la
fera reconnaître et empêchera qu'on n'en abuse par le respect qu elle inspirera.
L'homme de lettres. Ha, ha ! ton idée n'est pas mauvaise. Ce sera comme le
scel des actes des notaires et autres.
Le libraire. Telle est simplement la nature du travail à faire pour parvenir au
but qu'on se propose, travail qui ne devient immense qu'à raison du nombre pro-
digieux de volumes qui l'occasionne.
[Le libraire explique ensuite comment on disposerait, dans quelques parties des bâtiments
adjacents à la Bibliothèque, un local suffisant pour contenir quarante ou cinquante ouvriers
et ouvrières. On n'aurait à craindre ni désordre ni gaspillatje; il y aurait un inspecteur
chargé de vérifier l'estampille de cliaque volume, et deux registres doubles sur lesquels
chaque livraison serait inscrite avec les cotes du catalogue; les enlèvements de volumes se-
raient faits avec ordre, par corps d'armoires et par tablettes. Quant au changement d'une
bonne édition avec une mauvaise, cela est de toute impossibilité; et le libraire explique
en détail pourquoi. ]
L'homme de lettres. Il est bon cependant d'observer qu'il y a des livres dont
les armoiries, indiquant le cabinet dont ils proviennent, font connaître le nom du
propriétaire curieux auquel ils ont appartenu. Ces armoiries sont regardées
comme une espèce de tradition qui, d'avance, constate en quelque sorte l'excel-
lence et la rareté de l'édition, la beauté de l'impression, le choix du papier, la soli-
dité de la reliure , tout ce qui peut enfin contribuer à la perfection d'un livre.
Tels sont ceux du comte d'Hoym, du duc de la Vallière, et d'autres. Les biblio-
manes prisent beaucoup ces sortes de livres, et l'on en trouvera vraisemblablement
plusieurs à la Bibliothèque nationale. Ne serait-il pas imprudent de supprimer ces
signes extérieurs, quoique féodaux, car ce serait détruire l'authenticité apparente
du mérite qu'on leur attribue ?
Le libraire. Aussi n'y touchera-t-on point; la suppression [)rojetée ne devant
uniquement s'offectuer que sur les marques extérieures de rovaulé, et non sur
dautres.
[Suit l'éloge des lalenls de Bradcl, «neveu du lameux de Rome'^, et i\\} Pclil, noIiiMir
de la marine, tout aussi bon aitiste et non moins honnélei.]
Enfin, il est une considération digne d'altirer les regards des représentants de
la nalion c'est qu'en su|)[)rimant actuellement tous les signes de servitude
et de domination qui existent sur les livres dr la Hibliothè(pie nationale, pour v
/lOG PROCÈS -VERBAUX DU COMITE D'INSTRUCTION PUBLIQUE
substituer ceux de la liberté et de notre nouvelle constitution républicaine , cette
ojK^ralion sera forcement suivie d'une espèce de raccommodage des volumes qui
pourraient se trouver écorne's aux encoig-nures, ou défectueux d'une autre manière.
Ceux dont la vétusté et le dépérissement exigeraient une reliure entière ou une
simple couverture nouvelle, seraient reliés ou recouverts à neuf. Ces travaux,
ainsi que le soin d'un nettoiement et d'une nouvelle polissure générale de tous les
volumes quelconques, leur donneraient, en les restaurant ainsi, un air de fraî-
cbcur qui pourrait contribuer à leur conservation pendant plus de trois siècles,
sans y toucher autrement ({ue par les soins annuels ou journaliers ordinairement
en usage dans la Bibliothèque.
Uhomme de lettres. Il me vient une idée : si tu pouvais te bien rappeler notre
conversation, tu n'aurais qu'à la mettre par écrit et la faire imprimer; cela suf-
firait.
Le libraire. Parbleu, ton idée est excellente, et de ce pas je cours la mettre à
exécution. Adieu, citoyen.
L'hoiniite de lettres. Adieu , sans-culotte.
Plus curieux encore que la brochure de Rozet est l'article qui lui fut consacré par
La Harpe dans le Mercure français du 97 pluviôse, t. P"", p. 948^^), Nous le reproduisons
ci-après :
NOUVELLES LITTERAIRES.
Conversation familière entre un homme de lettres et un libraire, etc. Brocliurc in-S", chez
les marchands de nouveautés.
Il n'est personne, que je sache, qui n'ait approuvé le projet de faire disparaître
de la terre de liberté les anciens emblèmes delà servitude : c'était une conséquence
immédiate de la fondation d'une République; et les armoiries en sculpture, les
tourelles, les ponts-levis, les créneaux et tout cet appareil de guerre qui n'ap-
partient qu'aux forteresses de l'Etat, étaient encore plus ridicules qu'odieux, puis-
qu'ils n'otfraient que des signes de ce qui n'était plus , et semblaient attester une
domination féodale qu'on avait détruite : les laisser subsister, c'eut été tolérer une
insulte publique à la liberté.
Mais il s'est élevé beaucoup de réclamations contre la suppression des armoi-
ries sur les livres. Cette suppression cependan! , à la considérer en elle-même, et
telle qu'elle devait être, n'était encore qu'une conséquence tout aussi juste de ce
même principe d'unité auquel nous devons tout rapporter. Elle n'a pu donner
lieu à la censure et aux plaintes que parce que. dans les premiers moments, 1rs
intentions des législateurs ont été mal comprises et mal remplies; car il semble
qu'il y ait un malheureux esprit d'exagération qui épie les dispositions les plus
sages pour les gâter, et cet esprit est encore plus souvent l'ouvrage de la perfidie
que celui de l'ignorance.
(^) Mercure français, historique, politique et littéraire, par une société de patriotes.
Bibliothèque nationale, Le ^/jo, in-8°.
DE LA CONVENTION NATIONALE. Zi07
C'est le sujet de cette brochure, qui paraît être d'un excellent citoyen et d'un
homme instruit, et avoir été rédigée dans les bureaux du ministre de l'intérieur.
L'objet en est beaucoup plus important qu'on ne le croirait peut-être au premier
aspect, et tous les patriotes doivent désirer que les vues de l'auteur ne restent pas
sans exécution. C'est ce qui nous eng-ago à en parler ici.
Il retrace d'abord les excès où l'on s'est porté tiès arbitrairement.
[Suit une citation de la brochure.]
... En effet, il importe fort peu qu'un particulier ait chez lui des livres où se
trouvent les blasons moiiarcliiques, qui sont là aussi indifférents que les armoiries
d'Angleterre, d^* Hollande ou d'Allemagne; cela indique seulement que tel livre
a été imprimé à Paris, à Londres ou à Amsterdam : c'est une enseigne; et ce n'est
pas la peine de disputer là-dessus. Mais ce qui n'est point du tout indifférent, c'est
que tous les livres de la Bibliothèque nationale soient extérieurement couverts des
emblèmes de la royauté et des marques mensongères d'une propriété illusoire.
puisque en effet ces livres n'ont jamais appartenu qu'à la nation. Certes, il n'y a
point de républicains dont les yeux ne soient blessés de cette insultante bigarrure.
Notre Bibliothèque est un monument public, national; elle doit en porter les ca-
ractères, et c'est une contradiction choquante, une vraie monstruosité que le fron-
tispice du bâtiment porte îe nom de la nation , et que les livres portent les livrées
royales. Voilà sur quoi se récrie l'auteur, et il a grande raison :
Et sapit, et mecum facit, et Jove judicat œquo.
Encore une fois, on ne peut trop insister ici sur la différence capitale qui existe
en ce genre entre ce qui est public et ce qui est particulier
Les gens qui veulent toujours rendre le bien plus difficile à faire qu'il ne l'est
ont objecté d'abord qu'il en coûterait quatre millions pour opérer cette destruction.
Je réponds d'abord que nous ne sommes pas à quatre millions près quand il s'agit
d'une opération j)ubhque, vraiment républicaine et qui intéresse flionneur na-
tional. Mais l'auteur fait mieux; il prouve que celte dépense n'excédera pas un
million, lequel, réparti en quatre années que durera le travail, forme une somme
annuelle fort peu considérable. Les citoyens Bradei et Petit, relieurs, ont fait leur
soumission, pour un milhon, entre les mains du ministre de l'intérieur, et voici
de quelle manière ils se proposent de procéder : ce détail doit intéresser tous les
bons citoyens.
[Suit une citation de la brochure.]
. . . Tous les amis ardents d'une Bépubli(pie dont les destinées j)araissent s'affermir
et s'embellir tous les jours doivent joindre leurs vœux à ceux de fauteur et aux
nôtres, pour que la Convention rende un décret qui achève de donnera ce beau
monument (la Bibliothèque) toute la dignité des formes républicaines. Ij rst dt'jà
bien différent de ce qu'il était : le temps n'est plus où on en conliail la oai(l(> oi
l'inspection à unJ('ronie Bignon, qui ne voyait (f usc(^tle |)lace (pie vinj^t Miil!(M''eus
de revenu, et à qui le ministre son [)ai'ent disaii si <;aieni(Mit : rrMon cousin, voilà
une belle occasion pour apprendre à lire^: plaisanterie qui, pour le dire en pas-
408 PROCÈS -VERBAUX DU COMITE D'INSTRUCTION PUBLIQUE
sanl, tombait autant sur le gouvernement qui donnait la place, que sur le Je'rôme
qui la recevait. La Bibliothèque est aujounUuii confuse à un homme des plus sa-
vants de l'Europe et des mieux savants, qui joint le patriotisme aux lumières, et
qui doit être aussi choque' que personne des enveloppes royales qui déshonorent
ces matériaux immortels, avec lesquels nous avons élevé l'édifice de la liberté.
On lit dans les procès-verbaux do la Convention :
Séance du 7 pluviôse an 11.
Les citoyens artistes Bernascon et Lauras font hommage h la Convention d'un
imprimé contenant une parlie des belles actions (pii ont illustré la vie du grand
honune Chalicr, et de son buste, modelé d'api es nature, le 17 juillet dernier à
(rois heures du malin, lendemain de son exécution. Ils demandent d'être autorisés
à le modeler en bronze, afin que les traits de ce vertueux républicain passent à la
postérité la plus reculée.
Mention honorable, insertion au Bulletin et renvoi au Comité d'instruction pu-
blique ^^^
Le 16 nivôse, à l'occasion de la présentation d'un buste de Chalier par le sculpteur
Beauvallet , la Convention , sur la proposition de Romme, avait chargé le Comité d'instruc-
tion publique de faire un rapport sur les moyens d'exécuter en bronze les monuments de
la Liberté, et les bustes des grands hommes. Voici l'extrait du procès-verbal :
Séance du 1 6 nivôse an 11.
Beauvallet, sculpteur, fait hommage à la Convention du buste en plâtre de
Chalier. pour faire pendant à celui de Marat.
Mention honorable.
Sur la proposition d'un membre, la Convention décrète que le Comité d'instruc-
tion publique lui fera un rapport sur les moyens de faire exécuter en bronze les
monuments de la Liberté qui peuvent en être susceptibles, ainsi que les bustes des
grands hommes qui ont péri victimes de la Révolution ^^\
Le Journal des débats et des décrets rend compte en ces termes de l'incident :
Convention nationale, séance du 16 nivôse.
Beauvallet, artisîe, offre à la Convention le buste de Chalier. II s'est attaché à
retracer l'image de ce vertueux républicain. On applaudit vivement. La Convention
accepte l'offrande, et décrète, sur la proposition de Romme, qu'il en sera fait une
mention honorable au procès-verbal.
Romme. C'est avec le bronze que nous fondons la République : c'est avec le
bronze que nous devons transmettre à la postérité l'image de ses défenseurs. Tout
^'^ Procès-verbal de la Convention, ^^^ Procès-verbal de la Convention,
t. XXX, p. 157. t.XXVlII, p. 3i/i.
DE LA CONVENTION NATIONALE. Û09
patriote doit véritablement s'ëtonner que nos monuments éieve's en ihonneur de
la liberté ne soient encore qu'en terre ou en plâtre. Je demande que le Comité
d'instruction publique soit chargé de présenter un projet de loi sur la fonte en
bronze des monuments dont nous avons décrété l'érection. — Applaudi.
Le renvoi au Comité d'instruction publique est décrété ^^'.
Dix-neuf jours plus tard, un nouveau décret réitéra l'invitation adressée au Comité de
s'occuper des moyens de faire exécuter en bronze les monuments do la Révolution. Il s'agis-
sait cette fois d'un buste do Lepeletier présenté par le sculpteur Bouillet :
Séance du 5 pluviôse an ii.
Le citoyen Bouillet, artiste, offre à la Convention le buste de Michel Lepeletier,
sous le costume antique.
Mention honorable, insertion au Bulletin.
Un membre ^^^ propose, et la Convention rend le décret suivant :
ffLe Comité d'instruction publique est chargé d'examiner si le buste de Lepele-
tier, présenté par Bouillet, n'est pas préférable à ceux qui ont déjà été présentés à
la Convention, pour être coulé en bronze, ainsi que les bustes des autres martyrs
de la liberté. Le Comité est chargé de faire incessamment son rapport sur les
moyens d'exécuter en bronze les monuments de la Révolution ^^\ ^^
E
On lit dans les procès-verbaux de la Convention :
Séance du A pluviôse an ii.
Le Conseil général de la commune de Fougères, département d'Ille-et-Vilaine,
écrit à la Convention que Nicolas-François-Roch Lesueur, maire de cette commune,
a été fusillé le i5 brumaire parles brigands de la Vendée; que s'il n'avait pas été
revêtu de la première magistrature de cette commune, et qu'il n'en eût pas rempli
les devoirs avec tout le zèle d'un vrai républicain , il respirerait encore; il demande
que son écharpe, qu'il envoie, soit suspendue aux voûtes du Panthéon, et que son
nom soit inscrit sur la liste des martyrs de la liberté.
La Convention nationale décrète mention honorable du dévouement de ce géné-
reux citoyen, et renvoie la lettre de la commune de Fougères au Comilé d'instruc-
tion publique ^"^
On trouve dans les cartons du Comité d'instruction publique (Archives nationales, F",
carton 1009', n° 179^1) une chemise portant cette mention :
f
ff Echarpe du maire de Fougères, fusillé le t5 brumaire ()ar les rebelles kV^ la
Vendée. »
Au-dessous on lil : rDoposéo dans rarmoii-o du C,()milt> lo 1 (> jiliiviùso''.
^'^ Joiinml des dobalf, et des dc-vels, ' Procès- \orl)al do la (àjuvonlion,
nVi-yS, p. ;^'}î. I. \X.\, p. 110.
^^' Les journaux ne nous apprennent pas '*^ Procès-verbal \\{' la (^nno.ntioii ,
lo nom de ce membre. t. XXX, p. 8S.
/ilO PROCÈS -VERBAUX DU COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE
La lettre du Conseil général delà commune de Fougères fut enregistrée sous le n° igSô.
La pièce manque ; la chemise qui la contenait porte cette mention :
Le Conseil g(^n(^i'al de la commune de Fougères, dëparlemenlderille-et-Vilaine,
demande que le nom de Nicolas-François-Roch Lesueur, maire de cette commune,
qui a éié fusille le i5 brumaire par les rebelles de la Vendée, soit inscrit sur la
liste des marlyrs delà liberté, et que son écharpe soit suspendue aux voûtes du
Panthéon français.
Au-dessous, on lit : «L'écharpe est dans l'armoire du fond'7. — Et plus bas : r Renvoyé
à Lindct. 5(7 pluviôse. J.-M. Coupé (de TOise), secrétaire.-^
DE LA CONVENTION NATIONALE.
un
CENT QUATRE-VINGT-QUATORZIEME SEANCE.
Du 17 pluviôse an 11. [5 février 1796.]
Le citoyen Richer fait hommage au Comité d'un ouvrage qui a pour
titre Catéchisme de la Constitution française. Le (]omitë en arrête la men-
tion honorable ^^K
Le citoyen Perrot présente au Comité ses FAans civiques et raisonnes,
imprimés par arrêté de la commune de Passy. Mention honorable au
procès-verbal ^^l
Le ministre des affaires étrangères fait passer au Comité un certain
nombre d'exemplaires des différents actes , décrets , procès-verbaux , etc. ,
rjui, d'après les décrets de la Convention nationale, ont été traduits
dans les diverses langues. Le citoyen Grégoire fera un raj)[)ort sur l'en-
voi du ministre ^^l
Le Comité renvoie à la Commission des arts une lettre du citoyen
Pinson, chirurgien en chef de l'hôpital militaire du Repentir à Fran-
ciade. L'objet de ladite lettre est l'entretien du cabinet d'anatomie du
ci-devant duc d'Orléans ^^\
Le citoyen Martin, municipal, se plaint d'avoir été destitué de son
^'^ Richer avait présenté précédemment,
le 18 août 1793, une pétition demandant
que la République fil imprimer son ouvrage
intitulé : La vie des plus célèbres marins fran-
çais. Sa pétition du 1 8 août et la lettre
d'envoi de son Catéchisme , datée du 1 5 plu-
viôse, se trouvent dans F^', carton ioo5^
n° 91 0, et carton 1009^ n" 1799 (le 6a-
téchisme manque). Il sera de nouveau ques-
tion de Richer le 5^7 pluviôse (p. /»66) et
le 1" messidor an 11.
^^^ La lettre d'envoi de Perrot, datée du
16 pluviôse, est dans F'^ carton 1009',
n° 19/41 (l'ouvrafi^e manque).
^^^ Le Comité avait décidé, le 11 plu-
viôse, de demander au ministre des affaires
étrangères la colloclion des actes, lois, dé-
crets, etc., traduits en dillérentos langues
(p. 375). La réponse du ministre osl dans
F", carton 1009-, n° a 1^5; les exem-
plaires envoyés n'y sont pas joints. Grégoire
a présenté son rapport le 91 pluviôse
(p. A62).
('"' On trouve dans F'% carton ii3o,un
certain nombre' de pièces relatives à ce
cabinet d'anatomie. La Commission des
arts, dans sa séance du ao pluviôse an 11,
décida que l'otTrc de Pinson serait acceptée;
qu'il serait invité à coopérer au déplacement
des objets du cabinet du ci-devant d'Or-
léans, à transporter au Muséum d'histoire
naturelle les pièces d'anatomie artilicielle
dont il étail l'autour, et à rt^parer celles qui
en auraient boi^oin. wA l'égard des offres
faites par Pinson do vendre à la nation son
cabinet, la Conunission charge la section
d'anatoniie de lui faire un rapport sur cet
objet. n (F'"* 7, folio -iG, verso.) 11 sera de
nouveau question do Pinson dans la séance
du (iomilo du 17 germinal an 11.
Z.l!> PROCÈS-VERBAUX DM COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE
emploi (l'instituteur, et remplacé par le ci-devant curé de la commune.
Le Comité passe à l'ordre du jour (^'.
Le citoyen VVandelaincourt annonce au Comité qu'il vient d'arrêter
l'impression bien avancée de la seconde partie de l'abrégé de son His-
toire naturelle. Coupé de l'Oise est nommé rapporteur ^-\
D'après une lettre écrite par le Comité de salut public, un membre
propose d'examiner la question de savoir si la nation procurera des
salles d'assemblée a toutes les sociétés populaires des différentes com-
munes. Coupé de l'Oise est nommé rapporteur ^^K
Le Conseil général de la commune de Paris fait part au Comité d'un
trait de civisme qui honore un jeune citoyen nommé Foliot. Renvoyé
à la section des actions vertueuses ^'^\
Un membre du Comité de division ^^^ observe au Comité d'instruction
publique que le citoyen Romme, chargé de présenter, de concert avec
lui, un plan de dénominations à donner aux différentes communes de
la République, est sur le point d'aller en commission '^^ et que son
absence retardera beaucoup trop le travail attendu depuis longtemps.
(') La lettre de Martin a été enregistrée
sous le n" 1770 (F^^ carton 1009'); elle
n'est pas en place.
^2) Le représentant VVandelaincourt , dont
les publications sont énumérées dans notre
tome II, p. 908, avait continué à user des
presses de T Imprimerie nationale. Il venait
de faire distribuer à la Convention un nou-
veau volume. Sur une observation présentée
par Thibaudeau à l'assemblée le lA plu-
viôse, le Comité avait été chargé d'examiner
s'il était à propos de laisser à chaque repré-
sentant rla faculté de consacrer par l'im-
pression ses rêveries w. C'est à la suite de
cet incident que Wandelaincourt écrivit au
Comité la lettre ici mentionnée, qui fut
enregistrée sous le n° 1790 (F^', carton
1009^); elle n'est pas en place, mais la
chemise qui la contenait en donne l'analyse
suivante : ff Lettre du citoyen Wandelain-
court témoignant au Comité d'instruction
publique le rogret de n'avoir pas réussi dans
la composition de plusieurs livres élémen-
taires que son désir d'être utile lui avait
fait entreprendrez. Coupé n'a pas présenté
de rapport. Voir, aux annexes, A (p. Ai A),
un extrait du Moniteur (compte-rendu de la
séance de la Convention du tA pluviôse).
^^' Voir la séance du Comité du 5 nivôse,
p. 212. Un nouveau décret, du 9 nivôse^
avait chargé les Comités d'instruction pu-
bUque et des finances, réunis, d'examiner,
sous le double rapport politique et financier,
s'il serait convenable cr d'accorder un local
dans les bâtiments nationaux aux sociétés
populaires, ainsi qu'aux sociétés des arts».
(Procès-verbal de la Convention, t. XXVIII,
p. 16A.) Nous donnons, aux annexes, B
(p. Al 5), la lettre du Comité de salut pu-
blic, en date du i3 pluviôse, lettre qui
vise le décret du 3 frimaire. C'est sans
doute à la suite du mandat donné à Coupé
dans la présente séance que celui-ci pré-
sentera au Comité, le 19 pluviôse (p. A 33),
un projet de décret laissant aux communes
la faculté de disposer des églises.
^^^ Nous n'avons pas trouvé cette pièce.
^^) Ce doit élre Mailly. Voir la séance du
i3 nivôse, p. 228.
(^) L'arrêté du Comité de salut public
DE LA CONVENTION NATIONALE.
un
Le Comité, au défaut du citoyen Romme, nomme pour commissaires
les citoyens Grégoire et Villar.
Le citoven Petit achève la lecture d'un rapport suivi d'un projet de
décret et tendant à solliciter le rapport du décret déjà rendu sur l'éta-
blissement des écoles primaires ^^^. Le Comité observe que le citoyen
Petit peut demander par motion d'ordre à la Convention nationale
qu'elle veuille entendre sa réclamation. Le Comité délibérera sur le
plan du citoyen Petit, si un décret de la Convention le lui ordonne^-'.
Après une mûre délibération sur les récompenses dues aux talents
qui se sont distingués dans la carrière des sciences et des arts, Gré-
goire, chargé d'un rapport sur cette question importante, présentera
un projet de décret à la prochaine séance ^^l
Au nom de la Commission des arts, section de botanique, Mathieu
dépose sur le bureau le catalogue des plantes du Muséum d'histoire
naturelle ^^^. Le Comité arrête que Mathieu informera la Convention de
la remise dudit catalogue, qui est une preuve du zèle et de l'activité
qui envoya Romme en mission dans la Dor-
dogne et les départements circonvoisins est
du 2 4 pluviôse. Cette phrase du procès-
verbal montre que les décisions du Comité
de salut public, en matière d'envoi de re-
présentants en mission, n'étaient prises
qu'après entente préalable avec les inté-
ressés.
^'^ La rédaction de cette phrase indique
que Petit avait commencé la lecture de son
rapport dans une auli-e séance. Cette lecture
n'a pas été mentionnée dans les procès-
verbaux des séances précédentes.
^^^ Petit donna lecture à la Convention
de son discours et de son projet de décret
dans la séance du 37 pluviôse ; l'assemblée
vota la question préalable. Le Moniteur ne
parle pas de cet incident. Le procès-verbal
le mentionne en ces termes : ff Un men)bre
prononce un discours sur l'instruction pu-
blique, et présente un projet de décret
relatif à ce sujet. La (juestion préalable est
pr-oposée et admise sur le tout.?? (i*rocès-
verbal de la Convention, t. XXXI, p. 3oo.)
Nous donnons aux annexes, C (p. ^lO),
le texte du discoiu's et du projet de tlocret
de Petit, qui ont été imprimés par l'auteur.
('^ C'est le 20 juillet 1 798 que le Comité
avait nommé Grégoire rapporteur d'une
proposition tendant à accorder des récom-
penses nationales aux savants et gens de
lettres (t. II, p. 85). Le 3 septembre, sur
le rapport de Grégoire, le Comité avait
arrêté les bases d'un projet de décret sur
la matière (t. II, p. 356). Depuis ce mo-
ment, il ne s'était plus occupé de la ques-
tion. Mais l'article A d'un décret rendu le
i3 frimaire, sur la proposition des Comités
de liquidation et de Texamen des comptes,
chargea le Comité d'instruction publicpie
de se faire rendre compte, par le ministre
de l'intérieur, Tcle l'emploi dos sonnnes
accordées pour l'encouragement dos arts
utiles, le genre des inventions, le nom de
leurs auteurs, la récompense accordée à
chacun d'eux. Le Comité d'instruction en
fera son rapport à la Convention.'^ tl'esl ce
décret (pii tit ronio|li-t> à Tordro du jour
la (jueslion dos récompenses, connue le
montre une lettre du Comité de salut public,
dont il est parlé à la séance suivante. \oir
la suite à la séance du 19 pluviôse (p. 'i3a ).
t*' Voir j), 391. Nou>^ n'avons pas trouvé
ce catalogue.
Al/4 PROCES -VERBAUX DU COMITE D'INSTRUCTION PUBLIQUE
que les administrateurs dudit Muséum ont mis jusqu'ici dans leurs
travaux.
Le citoyen Beurtau vient, au nom de la section du Contrat social,
présenter un ouvrage de sa composition sur l'instruction militaire. Le
citoyen Daoust est nommé rapporteur ^^\
Le citoyen Mailly, peintre en émail, présente au Comité un projet
t^ pour faire revivre l'art de la peinture en émail et encourager les ar-
tistes de ce genre w. Mention honorable ^^l
Le citoyen Viel Saint-Maur, ingénieur militaire, demande à être
employé ^^\
R.-T. LlNDET^^).
PIÈGES ANNEXES.
Oa lit dans le Journal des débats et des décrets :
Convention nationale, séance du i/» pluviôse.
Thibaudcau. Je tiens à la main la distribution de ce jour et j'y trouve un vo-
lume in-8° d'environ cinq cenls pages, sous le titre de Plan de l' organisation de
Vinstniction publique, par Wandelaincourt^^\ imprimé par ordre de la Convention.
Je me rappelle, en efFel, qu'il fut de'crété par la Convention qu'il serait permis à
chacun de ses membres de faire imprimer ses vues sur le meilleur mode d'organi-
sation de l'instruction publique ^'^K Cette disposition était sage, mais elle a été mal
interprétée par Wandelaincourt, qui, compilant le cours d'éducation de Dupont
de Nemours, l'histoire universelle, l'histoire naturelle, nous offre aujourd'hui,
dans un volume de cinq cents pages, la sixième suite de son plan^'^; ce qui en
^^^ Nous n'avons pas trouvé cet ouvrage.
(2) Il a déjà été question de Mailly le
6 février 1798 (voir t. P', p. 3i5), Nous
n'avons pas trouvé le projet dont il s'agit.
Il sera de nouveau parlé de Mailly le 1 5 mes-
sidor an H.
^^> II sera de nouveau question , avec plus
de détails , de la demande de l'ingénieur Viel
dans la séance du 21 pluviôse (p. /^/ji ).
(*) Cette signature ne se trouve qu'au
registre. La minute est de la main de Villar,
qui ne sera pourtant élu secrétaire que le
ai pluviôse.
^^) Le titre exact des publications de
Wandelaincourt était : Instruction publique
et Suite du plan d'instruction publique pré-
senté par A.-H. Wandelaincourt.!] avait aussi
fait paraître une autre série intitulée Plan
d'éducation publique et Suite du plan d'édu-
cation publique, en trois volumes, ainsi
qu'un volume intitulé Eléments de morale.
^^^ C'est le décret du h juin 179'^ : voir
notre tomel", p. h'jli.
^'^ Le volume dont parle Thibaudeau
estcelui qui conlicni V Abrégé d'histoire na-
turelle, qui est en effet le sixième de la sé-
rie Plan d'i7istrucfîon publique. Ce volume
n'a que 260 pages, et non 5oo; mais avec
la seconde partie, qui était sous presse , et
dont ce l'impression était bien avancées
(d'après ce que Wandelaincourt fit savoir
lui-même au Comité, ainsi que le constate
DE LA CONVENTION NATIONALE. /il 5
suppose d'autres; et j'ignore, quant à moi . où s'arrêtera cette ëtoiinante fe'condité.
Gomme j'ai l'intime conviction que l'intention de la Convention ne fut, dans le
principe, que d'éclairer les opérations du Comitf' par la réunion des lumières, et
non de consacrer par l'impression les rêveries philanthropiques de ses membres,
je demande le rapport du décret qui a permis de pareilles impressions.
Charlier. Je m'y oppose; ce n'est point ici le cas du rapport du décret; l'abus
d'une loi utile n'en prouve pas le danger. Wandelaincourt, au lieu de vues, vous
fait distribuer un extrait indigeste et volumineux de l'histoire, de l'histoire naturelle
et fies moralistes. Décrétez le renvoi de son recueil au Comité d'instruction pu-
blique , pour examiner s'il ne serait pas juste de faire supporter par Wandelain-
court les frais de son impression, sauf à lui à vendre son ouvrage aux amateurs;
et je doute qu'il en trouve un grand nombre. Voilà la marche que vous devez
suivre; mais maintenez votre décret : j'en fait la motion expresse.
Levasseur demande que désormais aucun membre ne puisse faire imprimer des
opinions de ce genre sans, au préalable, avoir déposé son manuscrit au Comité
d'instruction publique, et avoir obtenu son attache.
Morisson observe qu'il existe deux décrets distincts : l'un qui permet l'impres-
sion des vues de différents membres sur l'éducation publique ; le second qui auto-
rise Wandelaincourt à faire imprimer son plan d'organisation ''^\ Wandelaincourt
a abusé de cette faveur, dit Morisson. Je demande que ce second décret soit rapporté.
On demande le renvoi du tout au Comité d'instruction publique. Décrété -'^^
Wandelaincourt, qui avait lait partie du Comité d'instruction publique de janvier à
juin 1793, y rentra vers ie milieu de l'an m; mais il ne recommença pas ses publications
pédagogiques, brusquement arrêtées par l'intervention de Thibaudeau.
B
LETTRE DU COMITE DE SALUT PUBLIC AU COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE ^^K
Un décret du 3 frimaire vous charge d'un rapport sur la question de savoir s'il
convient que les sociétés populaires reçoivent de la nation un local pour leurs
assemblées.
Le Comité de salut public vous invite à lui faire part si Tordre do vos travaux
vous a encore permis de vous occuper de ce travail vraiment intéressant pour tous
les patriotes français.
Salut et fraternité.
Billaud-Varenne, Coli.ot d'Herbois.
Paris, le i3 pluviôse l'an 2* de la Uépublique.
le procès- verbal), il paraît probable que '"' Journal des débats rt <l<'s tlrcrets ,
VAbrt'iré d'histoire naturelle eut alti;int les n" 5oi, p. u)a.
dimensions indiquées par Thibaudeau. ^'' Archives nationales, F", carton 1 3a6 ,
^^^ Nous n'avons pas trouvé ce second n" iSo3.
décret, spécial ;\ Wandelaincourt.
/rl6 PUOCÈS -VERBAUX DU COMITE D'INSTRUCTION PUBLIQUE
On lit en marge : ffCoupé rapporteur. Villar, secrétaire. -n Et plus bas, de la main de
Coupe : ff Remis au Comité de salut public, selon sa demande, entre les mains de Collot
d'IIerbois».
DISCOURS SUR LA NKCRSSITK l)K RAPPORTER LK DECRET DU 3o FRIMAIRE^'^ RELATIF
À L'ORGANISATION DU PREMIER DEGRE D'INSTRUCTION, PAR MIGHEL-EDME PETIT,
DÉPUTÉ DU DÉPARTEMENT DE L'AISNE, MEMBRE DU COMITE D'INSTRUCTION PU-
BLIQUE, PRONONCÉ LE 2 7 PLUVIOSE, L'AN 11° DE LA REPUBLIQUE FRANÇAISE,
UNE ET INDIVISIBLE.
V* Hérissant, impr. , rue de la Parcheminerie ^'^^
Citoyens,
L'ordre du jour amène la discussion sur l'établissement du deuxième degré d'in-
struction, comme si le premier degré' d'instruction était établi; cependant je puis
(lire aujourd'hui ce que je disais avant que ie décret du 3o frimaire [sic) fut rendu ,
nous ne savons pas encore comment nos enfants apprendront à lire; car ce décret est
inexécutable. Il est inexécutable, car il contient des dispositions contradictoires;
car il offre autant d'exceptions qu'il impose d'obligations; car il tue l'enseigne-
ment et le resserre dans des chambres tout en disant qu'il sera public; car il
ruine vingt-cinq mille pères de famille en pure perte, et causerait 80 millions au
moins de dépense annuelle à la République.
Je demande le rapport de ce décret, et je propose d'y substituer une loi dont
les bases sont prises dans les [)rincipes dont nous sommes tous d'accord, dans des
vérilés dont nous serons bientôt convenus.
Les idées que je dois vous soumetti-e , je les ai communiquées au Comité d'in-
struction publique. Il les a accueillies quant au fond; mais les couleurs ne lui en
ont pas paru assez rembrunies à certains égards ^^^ Je croyais d'abord avoir en-
tendu celte observation, je crois que je me suis trompé : vous jugerez entre le
Comité et moi, et la postérité nous jugera tous.
L'article i"" de la première section du décret du 3o frimaire {sic) porte: ff L'en-
seignement est libre n, c'est-à-dire qu'il est permis à tout citoyen de se livrer à l'en-
seignement; tel est l'esprit de cet article; je ne crois pas que l'on puisse nier cela.
Eh bien, dans la section troisième de ce même décret, il est dit, article 6 : ffLes
pères, mères, tuteurs et curateurs seiont tenus d'envoyer leurs enfants ou pu-
pilles aux écoles du premier degré d'instructiomi ; article 9 : ffCeux des pères,
mères, etc., qui ne se con^rmeraient pas aux dispositions des articles 6, etc., et
dont les excuses ne seront pas jugées valables, seront condamnés, pour la pre-
mière fois, à une amende égale au quart de leurs contributions; eu cas de réci-
(^^ C'est le décret du 29 frimaire que natnrée par quelque faute d'impression,
l'orateur désigne ainsi. signifie probablement que l'autour juge
(^) Bibliothèque nationale, Le^^ 219/1, •^"'^P favorablement, au gré du Comité, les
in-8°. anciens instituteurs qu'il voudrait con-
'3) Cette phrase, si elle n'est pas dé- server.
DE LA CONVENTION NATIONALE. 417
dive, rameude sera double, et les infracteurs seront regardes comme ennemis de
l'égalité, et privés pendant dix ans de l'exercice du droit de citoyen, jugement al-
fiché". V enseiirnemenl est libre! Cette phrase sera toujours sonore pour des oreilles
ré{)ublicaines; les pères et mères , etc. , seront forcés d'envoyer leurs enfants à l'école
publique, cette obligation a quelque chose de raisonnable aux yeux de ceux qui
sont prêts à tout sacrifier à l'égalité; mais voyons si ces deux propositions, -l'en-
seignement est librc«, et rrles pères et mères, etc., seront forcés, sous des peines
infamantes, d'envoyer leurs enfants aux écoles publiques 75, ne sont pas absolu-
ment contradictoires.
Le mot enseignement est pris ici dans toute l'étendue de son acception; ainsi,
nous entendons par enseignement libre autorisé le droit d'ouvrir école, d'ensei-
gner à un, deux, trois, quarante, deux mille enfants. Pour que l'enseignement
soit libre dans le sens du décret, il faut que tout homme, toute femme jouisse du
droit d'enseigner à un, deux, trois, quarante, deux mille enfants quelconques.
Aux termes du décret, tout homme, toute femme, ont donc le droit d'enseig4ier en
général à tous les enfants quelconques : cela est incontestable; mais si nul père,
nulle mère, aucun tuteur ni curateur, ne peuvent eux-mêmes avoir le droit d'ensei-
gner à leurs enfants, s'ils sont contraints d'envoyer leurs enfants chez l'institu-
teur, et ce sous peine de dégradation civique, aux termes du décret, il s'ensuit
qu'aux termes du décret tout hoiume n'a pas le droit d'enseigner à tout enfant
quelconque; aux termes du décret, l'enseignement est donc libre, et aux termes
du décret l'enseignement n'est donc pas libre. Première disposition contradictoire du
décret.
On me répond ici par une distinction beaucoup plus plaisante que subtile : on
me dit qu'aux ternies du décret tout homme peut bien enseigner aux enfants des
autres, mais non pas aux siens. C'est mettre une absurdité à la place d'une con-
tradiction. La contradiction est frappante; reste à prouver Tabsurdilé. Une chose
est absurde lorsqu'elle est contraire au sens comnmn : et quoi de plus contraire
au sens commun que de supposer que celui qui sera en état d'enseigner aux en-
fants des autres ne pourra pas instruire les siens? Le droit d'instruire soi-même
ses enfants, surtout lorsqu'il s'agit de leur montrer à lire et à écrire, n'est qu'une
petite partie du droit d'instruire les enfants des autres. Qui instruit les enfants des
autres, fait le plus; qui n'instruit que ses enfants, fait le moins : comment donc
refuserait-on une petite partie à celui à qui on accorde le tout? ()uoi ! la loi me
jugera capable d'instruire tous les enfants d'une commune, et cette même loi me
défendra d'inslruire mon enfant! Est-il rien de plus incroyable?
D'autres défenseurs du dticret me disent que le déci'ct ne contraint pas les in-
slituleurs qui ont des enfants de les envoyer étudier ailleurs que cheZ' euv. Cela est
faux; car le décret dit que cries pères et mères, etc., enverront Ifurs enfants chez
rinstituteur«, ce qui suppose un déplacement de l'enfant, une sortie de la maison
palernelle; or, celui cpii <[arde son enfant chez lui ne le dt'place pis, ne l'envoie
pas ailleurs; les institut(3urs ne peuvent donc pas plus (pie les aiidvs citovens in-
struire chez eux leurs enfants, aux termes du (h'crol; mais je veux cpie cela soit
ainsi dans l'esprit du décret : dans ce cas-là ou cn'e un privilèt^|e [)()ur les in^lilu-
leurs, et qu'arrivera-t-il? c'est ([ue tout homme va se faire insliluleui-, toute
111. 37
IMPKIUIMC MATIO^.tlt.
/il8 PROCÈS -VERBAUX DU COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE
femme va se faii'e institutrice, afin de jouir du privilège d'instruire soi-même son
enfant; et nous verrons alors comment on s'y prendra pour détruire ce privilège
naturel, que la plus louable finesse aura recouvré!
Je dis que tout homme, toute femme, auront la facilité de jouir de ce privilège,
et cela est incontestable, aux termes du décret; car, pour être instituteur ou insti-
tutrice, il sullit de déclarer qu'on est dans rinienlion d'ouvrir une école, et de dési-
gner r espèce de science ou art que Von veut enseigner, de produire un certificat de ci-
visme et de bonnes mœurs. Point d'examen sur la science ; point de nécessité d'avoir
un local sain, propre et commode; point d'obligation d'enseigner annuellement à
tel nombre d'enfants; rien de tout cela : par conséquent liberté tout entière de
se faire instituteur public, même lorsqu'on n'aurait ni feu ni lieu et qu'on ne
saurait ni A ni B.
Si donc les instituteurs n'ont pas, aux termes du décret, le droit d'instruire
eux-mêmes leurs enfants, le décret consacre une absurdité pour étayer une con-
tradiction; s'ils ont ce droit, ce que je suis porté à croire malgré le texte du dé-
cret, le décret est encore illusoire; car il donne un privilège qui devient le privi-
lège de tout le monde.
On me dit encore que l'obligation d'envoyer ses enfants à l'école publique n'est
point contradictoire avec le droit de les instruire chez soi; car il est très possible de
les envoyer à l'école pendant deux heures , et de les garder le reste du temps.
A cela je réponds que les législateurs qui savent que, dans certains cas, la con-
trainte est nulle, ne doivent point employer la contrainte dans ces cas-là; car il
en résulte toujours le plus grand mal dans une République, je veux dire le mépris
d'une loi abusive; je réponds que cette idée d'éviter la loi tout en s'y soumettant en
apparence peut bien être une astuce civique dans une monarchie; mais que, dans
une République, elle est un outrage fait à la volonté générale; je réponds enfin
que le répubhcoin doit obéir à la loi sans se permettre d'en faire des commen-
taires à son profit.
Je le sais bien, avec toutes vos contraintes prétendues lacédémoniennes, vous
ne parviendrez pas plus en France à arracher aux pères et mères leurs en-
fants, qu'à faire jeter dans les apolhètes, dans un puits, ceux de ces petits inno-
cents qui sont nés faibles ou mal sains, qu'à faire danser toutes nues, dans les
fêtes publiques, nos pudibondes jeunes filles; qu'à faire chanter, à coups de fouet,
des épithalames aux célibataires, ainsi que cela se pratiquait à Sparte. On ne veut
jamais convenir que tous les peuples, non plus que tous les hommes, ne sont pas
également disposés aux mêmes goûts , aux mêmes habitudes , et l'on nous tue avec
des livres dont on ne connaît que quelques passages , ou qu'on ne veut pas nous
citer tout entiers. On dit bien que les vieillards Spartiates trouvaient une saveur
délicieuse au brouet noir, espèce de mets vraiment détestable; mais on ne dit pas
que, dans leur jeunesse, ils étaient obligés de voler leur dîner, sous peine de
mourir de faim; qu'ils se baignaient journellement dans l'Eurotas, et ne se cou-
chaient que sur des nattes de roseaux et de chardons. Je sais que l'amour maternel,
qui est fort comme la nature, trouvera bien moyen d'éviter vos lois, dites coactives,
et vous le savez vous-mêmes. Mais si cela est ainsi, et si vous en convenez, vous
convenez donc aussi que votre loi permet et défend.
DE LA CONVENTION NATIONALE. ^419
On me dit enfin, car il faut que je réponde à tout, que forcer les enfants d'aller
aux écoles publiques présente un moyen de réunion pour les enfants , qui d'ailleurs
peuvent être élevés cJiez leurs parents.
Mais i" je nie l'existence des écoles publiques dans le sens du décret, en sorte
que véritablement cette réunion n'aura pas lieu; 9° je soutiens que cette réunion,
qui sera peut-être de deux, trois ou quatre enfants, dont les uns iront franche-
ment à l'école avec l'envie d'apprendre, et les autres, plus savants peut-être que
les maîtres, et toujours disposés à les ridiculiser, n'iront à Técole que par sima-
grée civique , est ce qu'on peut imaginer de plus monstrueusement opposé à l'en-
seignement; car, d'un côté, elle fera tort aux bonnes dispositions des enfants qui
voudraient apprendre ; et d'un autre, elle donnera tous les vices de l'orgueil à ceux
qui savent déjà. Et n'avons-nous pas mille autres moyens de réunion pour les en-
fants; et le législateur doit-il donc faire exprès une mauvaise loi pour obtenir de
bonnes habitudes sociales?
On peut et l'on ne peut pas instruire ses enfants soi-même , deuxième disposition
contradictoire du décret. Tout à l'heure je vais examiner quels sont ceux qui,
en dernière analyse, jouiront du droit de se faire instituteurs de leurs enfants :
suivons les dispositions contratlictoires ou inexécutables du décret.
Le décret dit, article 9. , première section : ff L'enseignement sera fait publique-
ment «.
Si chacun peut se faire instituteur à raison de vingt livres par chaque enfant,
certes il y aura une quantité prodigieuse d'instituteurs, on ne peut ])as nier
cela. S'il y a une quantité prodigieuse d'instituteurs, il est bien impossible que
chacun de ces instituteurs soit à portée de recevoir du matin au soir le public chez
lui, et le public n'aura ni le temps ni la commodité d'aller dans tous les différents
logis où il y aura des instituteurs pour assister aux leçons. Ce n'est pas tout;
l'heure des leçons n'étant pas fixée par la loi, cha([ue instituteur ]iourra fermer
sa porte à tout venant, sous prétexte que ce n'est pas là l'heure de la leçon. Cette
heure, il l'indiquera pour demain à telle portion du jour; pour après-demain à
telle autre portion du jour; et je ne vois pas même pourquoi, avec la liberté indé-
finie de l'enseignement, il n'aurait pas le droit de n'enseigner que de nuit. On
peut rire de cette id('e : moi j'y trouve quelque chose de très sérieux et une inti-
nité d'avantages, dont le plus inappréciable serait de préparer les enfants à deve-
nir des hommes dans l'obscurité, à n'avoir peur de rien, à se débarrasser de tous
les fantômes physiques et moraux, à juger sainement de tous les objets après les
avoir vus dans le blanc et dans le noir. Je suis instituteur , et je ne veux enseigner
que de nuit; car le jour exj)Ii(pie les objets qu'il montre, et c'est la nuit qu'il im-
porte (fètre s:»vaut : ipii est-ce qui m'empêchera de me livrer à mon système que
je trouve utile, et que Lycurguc adoptait en partie? Dans ce cas-là, tous les ci-
toyens et citoyennes de la connuuue abandonneront-ils gaiement hua- lit, j)our
vérifier si eu effet je suis un phil()S()[)he ou un fou ?
Qu'on me dise donc comment l'enseignement pourra se donner publicniement
dans le système du décret? Pour moi, il nùst impossible de reconnaître ici au-
cun des caractères de la publicité. Une nudtitude prodigieuse de maîtres; une
quantité innombrable de petits réduits, d;ms chacun desquels il v aui-a tout au
37.
h^O PROGI^S -VERBAUX DU COAUTE D'INSTRUCTION PUBLIQUE
plus un, dcu\ ou trois enfants. Point d'assistants aux leçons, que d'ailleurs chaque
instituteur donnera à des heures toutes différentes, le secret le plus absolu sur les
succès ou sur les fautes des eiifanls; rien ])()ur exciter leur émulation (ju'une
petite honte de conscience, et de la gloire à huis-clos; point d'exercices publics,
point de jeux, point de promenades, point de concours ])ubhcs, pohit de récom-
penses décernées publiquement; encore ime fois, jesoutiens que celte espèce d'en-
seignement n'a rien, absolument rien de public.
D'après les dispositions du décret, ce grand adverbe publiquement ne signifie
donc rien de ce qu'il présente à la foi publique. Au lieu d'un enseignement ywe7
publiquement, vous aurez un enseignement donné dans le parliculier, dans le
téte-à-léle, vous aurez une éducation de chambre : en faut-il davantage pour tuer
l'enseignement ?
L'enseignement sera public et renseignement ne sera pas public , troisième disposi-
tion contradictoire du décret.
Outre ces dispositions contradictoires, ce décret contient des dispositions con-
traires à la loi, à la Constitution, à la politique, à la sage économie qui doit dis-
penser la fortune publique.
1° Il impose à tout citoyen et citoyenne, au cas d'infraction de la loi, la peine
d'une amende égale au quart de la contribution ; et cependant une multitude de
citoyens, et de bons citoyens, ne payent point de contribution!
2° Il prononce dans le même cas récidivé la peine de la dégradation civique
contre les femmes, et cependant les femmes ne jouissent point du droit de citoyen,
aux termes de la Constitution 1
3° Il impose l'obligation définitive d'obtenir des certificats des comités de sur-
veillance, et cependant les comités de surveillance ne sont que provisoires!
k" Il est de la bonne politique d'intéresser le plus grand nombre d'individus
au maintien des lois; et cependant, avec trois mots de loi, il réduit au désespoir
vingt-cinq mille pères de famille! ce sont les maîtres d'école actuellement exis-
tants dans chaque conunune.
5° L'économie, qui doit dis})enser la fortune publique, ne l'emploie qu'à des
objets réels ou d'utilité publique; elle les paye pour les avoir; et cependant il fait
payer l'absurde ignorance qu'au moyen du premier degré d'instruction il va ré-
pandre sur notre territoire, plus de quatre-vingts millions par an!
Je crois qu'en voilà assez pour démontrer que ce décret doit être rapporté.
Cependant je veux encore faire voir que ce décret, qui semble consacrer l'enseigne-
ment forcé, et qui, en même temps, offre à tout homme la facihté d'être l'insti-
tuteur particuher de son enfant, est peut-être la loi la plus favorable au riche, à
l'aristocrate.
De deux dispositions contradictoires qui se rencontrent dans une loi, chacun
adopte toujours la plus conforme à ses intérêts, à ses desseins : ainsi, chacun se
fera le précepteur de ses enfants, et sera encore payé pour cela par la Répu-
blique.
Et qu'on ne me dise pas qu'il sera possible d'obvier à cet inconvénient, en
forçant ceux qui se seront donnés pour instituteurs d'instruire d'autres enfants que
les leurs; car vous n'avez aucun moyen de coaction dans ce cas-là; et vous en
DE LA CONVENTION NATIONALE. /iâl
auriez, que vous ne pourriez les employer, à moins rjue d'être les ennemis jure's
(le toute science dans les enfants que vous voudriez faire instruire.
Certainement ceux à qui il sera le plus facile de se faire eux-mêmes instituteurs
de leurs enfants sont les riches, les aristocrates. En effet, un riche qui aura reçu
de l'dducation se présentera avec avanlag-e à la commun^, au comité de surveil-
lance, et en ohtiendra le certificat ne'cessaire pour être instituteur: tandis que ce
même cerliticat sera refusé au pauvre qui en saura bien assez pour montrer à lire,
mais qui n'aura pas cette éloculion, ces manières, cet entregent qui séduiront
longtemps encore ceux qui donnent les certificîits. Voici donc une loi portée contre
les aristocrates, et qui ne frappera que les patriotes! voici donc encore une
loi portée contre les riches, et qui ne frappera que les pauvres! voici donc les
principaux inconvénients que le décret voulait faire disparaître de Téducation,
encouragés, consacrés par ce décret! voici donc l'aristocratie, le royalisme, ia su-
perstition en mesure de combiner leurs poisons, et de les répandre dans la Répu-
blique !
On me dira que les instituteurs seront forcés par la surveillance de faire ap-
prendre les livres élémentaires. Cela est bon, si la surveillance peut avoir lieu à
l'égard de chaque instituteur, (juand tout homme sera instituteur; mais je veux
que cela soit, alors tels enfants apprendront bien la lettre de vos livres, et l'on
leur insinuera l'esprit tout contraire à cette lettre : ils seront répu])licains en pa-
roles pendant tout le jour, et le soir ils réciteront la prière pour le roi!
Et pourquoi toutes ces contradictions, ces inconséquences, ces absurdités dans
une institution de la plus haute importance? Il faut le dire aussi, les circonstances
ont été impérieuses : la Convention nationale, longtem|)s arrêtée dans sa marche,
dans les grandes opérations que la République attendait, s'est trouvée tout à coup
pressée, si je puis le dire, par le pouvoir et par la nécessité de tout faire: et l'in-
struction publique fut un des objets que notre impatience ne livrait jamais assez
tôt au peuple français. Peuple! c'est notre zèle pour ton bonheur et pour ta gloire
qui nous a fait errer un moment, et tu n'as pas une send)lable faute à reprochera
aucun de ceux qui furent tes rois. C'est ainsi que la discussion de cet objet, (pii
exigeait toutes les lenteurs de la sagesse, cette discussion n'a pas pu être entière,
profonde, suivie avec constance.
Quoi qu'il en soit, que mettrons-nous à la place du décret du 3o frimaire {sic)'l
Nous le trouverons bientôt en écartant de la discussion tout ce qui lui est étranger,
tout ce dont nous sommes d'accord relativement à l'instruction publique et à l'éduca-
tion. Nous convenons tous que l'instruction publicpie com|)rond la morale pul)li(pi(\
l'action du gouvernement sur les citoyens (|uanl aux moyens qu'il doit emplovtu'
pour se faire aimer d'eux, les fêtes, les cérémonies publicjues, enlin l'éducation
des enfants.
Par rapport à l'éducation des enfants, nous convenons que les soins de la Répu-
blique doivent s'(>ten(lre jus(pi'aux pères et mères; que les ])ères et mèivs cpii ont
des mœurs sont les |)his [)ro[)res à élever des enfants qui seront un jour dt s t;ens
de bien; qu'en rapprochant les enfants de la nature nous en ferons plus aisément
des républicains; que», |)our les ra[)[)rocher de la nature, il faut encourajyer les
mères à les allaiter elles-mêmes; que ce seul moyen suflirail pour (MiIrcItMiii- dans
422 PROCÈS -VERBAUX DU COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE
les mi^naji^es les sentiments les plus chers au cœur de riioniine; que los pères et
mères doivent ëlever leurs enfants dans Tamour du travail et de la simplicité, dans
riiorrour du mensonge, des rois et do tout pouvoir arbitraire; qu'il faut des livres
ëlëmenlaires destines à rinstruclion dos pères et mères, à celle dos enfants, à celle
dos instilutours; qu'il faut que tous nos enfants apprennent à lire, à e'crire, h
compter, h manier les armes, à nager; qu'ils soient tous en état de gagner leur
vie par un travail quelcon(pie à l'âge de vingt ans; qu'enlin l'enseignement doit
être gratuit et public; voilà ce dont nous sommes tous d'accord. Mais l'onseigne-
mont doit-il olre libre? doit-il être forcé? voilà ce sur quoi nous différons d'opi-
nions faute de nous otre expliqués : expliquons-nous donc.
Si nous adoptons la liberté indéfinie de l'enseignement, voyons ce qui en
résultera. Je l'ai dit, tout homme et même tout ignorant pourra alors se faire
instituteur, et dépensera en pure porte l'argent de la République. Tout homme
pourra se faire instituteur; et l'aristocrate et le superstitieux pourront donner au
moins par leurs exemples, c'est la meilleure manière d'enseigner, des leçons d'aris-
tocratie et de fanatisme. Alors il va y avoir une quantité prodigieuse d'instituteurs
et par conséquent une prodigieuse diversité dans les heures de leçons, dans les
jours de congé, dans la manière d'enseigner, dans les soins qu'on aura des en-
fants, dans les exemples qu'on leur mettra sous les yeux, etc., et, comme je le
disais aussi, il n'y aura aucun caractère de publicité dans l'enseignement. J'ajoute
que cet enseignement, ainsi livré au caprice de chacun, ne présentera aucun en-
semble qui en garantira l'unité qui lui est si essentielle, aucune idée de nécessité
publique pour les enfants. Il faut aller à V école ; car voilà riieure : vois-tu? tous les
camarades qui y vont. Cet argument beaucouj) plus fort qu'on ne pense , et qui
peut avoir de si grandes conséquences pour toute la vie, vous perdez l'occasion de
le faire. La langue française, dont il est si important d'étendre l'usage dans sa
pureté, cette langue restera encore un jargon dans plusieurs parties de la France;
vous aurez encore des Gascons vers la Garonne et des Allemands vers le Rhin.
Les néologies les plus barbares vont s'introduire dans cette langue destinée sans
cela à étie la langue de l'univers. Ce seul objet mérite la plus sérieuse attention,
et le dessein do populariser la langue française , dessein que vous venez d'adopter^^\
rentre dans ma pensée, surtout quand je vois que d'une administration à l'autre
on ne s'entend pas, tant le français est négligé; su]'tout quand je vois jusque dans
la rédaction même de nos décrets se glisser les fautes les plus impardonnables
telles que ce solécisme : renseignement sera fait publiquement. On fait le prône;
mais on donne l'enseignement ou l'instruction. La langue française doit gagner à
la Révolution, puisqu'elle se nettoie de toutes les expressions de la bassesse roya-
liste. Eh bien! je vous proteste, moi, qu'elle deviendra ])ientôt inintelligible si la
présomptueuse ignorance veut l'enseigner; et sans doute ce serait ici un petit
inconvénient si ceux qu'il entraîne après soi n'étaient pas incalculables; si les
hommes pouvaient s'entendre entre eux en parlant un langage différent, si les
habitudes civiles, et le gouvernement qui en résulte, si la moralité même pou-
vaient être absolument les mêmes pour des hommes qui se servent seulement de
('^ Allusion au décret du 8 pluviôse (p. 368).
DE LA CONVENTION NATIONALE. Un
dialectes différents; si enfin le pur idiome de la liberté ne devait pas préparer la
liberté du monde.
Dans tous les objets d'enseignement pour un grand peuple dont le gouverne-
ment est un et indivisible, il doit y avoir un premier modèle, un prototype à la
vue duquel toute émulnlion s'excite et s'encourage : où sera-t-il ce modèle, si
chacun peut en tout définir le beau, le bon, le juste, le convenal)le, llisité à sa
mode! et si déjà vous êtes menacés d'avoir beaucoup de peine à trouver vingt-cinq
à trente mille instituteurs qui aient assez de sagacité pour saisir oii ils sont ce bon,
ce beau, combien n'y aurait-il pas plus d'obstacles à trouver dix millions de ces
instituteurs privilégiés? Les livres élémentaires seront là? A la bonne heure : mais
qui me répond la que tous ceux qui se feront instituteurs pourront se les procurer
et les entendre ?
Pour toutes ces raisons, il nous est donc impossible d'adopter la liberté indéfinie
de l'enseignement.
Devons-nous adopter l'enseignement généralement forcé? l'enseignement forcé
par des peines infamantes? Oui, si vous pouvez donner des entrailles à tous les
instituteurs; oui, si vous pouvez fermer vos oreilles et vos cœurs aux cris de la
nature qui réclamerait contre votre barbare institution; oui, si vous pouvez faire
qu'en toutes circonstances les instituteurs soient plus instruits que les pères;
oui, si vous pouvez donner brusquement h tous les enfants les mêmes habiludos
physiques et morales, et s'il n'est pas de la sagesse, de la République de faire
quelque attention à la manière différente dont ils ont été élevés jusqu'à ce jour;
oui enfin, si vous vouiez tuer dans nos enfants la moitié de la génération fu-
ture. Mais, comme il n'y a pas une seule de ces suppositions qui ne fasse horreur
ou pitié, il s'ensuit que nous ne devons pas adopter l'enseignement généralement
forcé.
Que faire donc? Que fîiire? Trouver dans l'état présent des choses des movens
de le perfectionner, et ne pas s'obstiner à chercher la panacée des vices de notre
présente éducation dans une généralité métaphysique, dans un grand principe,
((ui, connue tout autre, pris selon toute son étendue, aboutit aux abîmes de l'ab-
surdité. 11 faut que l'enseignement soit libre de manière seulement à être utile à
la Ré[)ublique, de manière à ne pas cesser d'être enseignement; il faut que l'édu-
cation soit doucement forcée; et c'est à nous, législateurs, d'allier dans celle
grande circonstance une violence agréable avec une liberté (pii plaîl. Pour par-
venir à ce but, commençons par ne pas confondre les termes. LenscigiuMneiit
n'est pas l'éducation. L'enseignement dont il est ici question est la manière de
donner à nos eiifants la science jugée nécessaire pour devenir des hommes libres.
Il se rapporte directement aux lumières de i'espril.
L'éducation républicaine est l'art naturel el social de s'occuper des «Mifanis,
même avant leur naissance, de les soigner, pour ainsi dire, dans rendu-yon de
l'espèccî, de faciliter leur V(Muie au monde, de [)ourvoir à tous l«»urs bt'soins, de
|)rotéger le dév(^loppement de leui's forc(^s, de Iimii- adresse, dr concouiir avec la
nature au perfectionnement de k'urs organes, ii lout ce (pii piuil liuir (ionin-r l<^s
habitudes franches de la liberh'. L'éducation , connue on v(u(, so ra|)porle plus
parliculièr(Mnent au corps (juà I'espril de r(Md"an( ; ol il serait bien à souhaiter (pie
im PROCES -VERBAUX DU COMITE D'INSTRUCTION PUBLIQUE
les pères et mères n'oubliassent jamais celte vérité si importante aux enfants
qu'avant d'avoir de res])ril il faut premièrement avoir un corps.
Ces défiuitions de l'éducation et de l'ensei}}nement, une fois adoptées, nous
aideront à trouver les v('ril('s (juc nous cherchons.
Si J'édiicatiou se rapporte ])lus particulièeinenl au physique des enfants, et
doit s'en saisir dès avant leur naissance, le concours des pères et mères, celui des
mères surtout, est indispensable à l'éducation ; c'est la nature qui dit cela; cela est
donc vrai. Les pères et mères ne doivent point élre éloi^jnés de l'éducation de
leurs enfants; car la nature nous dit encore (pie, tandis ([ue l'homme, plus fort,
plus robuste que la femme, travaille pour j]-agner le pain comnum du ménaj^-e,
la femme, plus faible, mais aussi pourvue d'ini tact plus délicat, plus douce
dans ses manières, plus ostensiblement sensible, plus adroitement adroite, pro-
dip;ue à leurs enfants des soins qui les acquittent tous deux de la ])lus charmante
des obligations.
L'éducation qui connaît par pratique toutes les dispositions de l'enfant, qui
épie ses goûts et ses habitudes , qui se moditie selon ses besoins particuliers , qui
saisit le premier battement de son cœur, et dirige en quelque sorte son indivi-
dua1il(', ne peut pas être générale, uniforme, absolument semblable pour tous
les enfants.
L'éducation donne à l'enfant les premières notions et quelques idées de ce
qu'il devra apprendre dans, la suite par l'enseignement. Elle lui donne ces idées
ne fût-ce que par les occasions qu'ont les enfants de voir sans cesse leur père
remplir les devoirs de ciloyen, ne fût-ce que par le plaisir d'imiter qui leur est
si naturel. Ne les voit-on pas aujourd'hui faire l'exercice du fusil avec un bâton,
battre la caisse sur tout ce qu'ils ont à leur disposition, se ranger et marcher
comme des soldats ? Les mères sont toujours là tremblantes qu'il n'arrive quelque
accident; et c'est ainsi que celui dont le bras vigoureux repoussera un jour les
ennemis de la République croît et s'élève par elle sous les yeux de la nature.
On peut donc seulement éclairer l'éducation par quelques instructions relatives
à l'enseignement; mais les principaux objets, les soins essentiels de l'éducation
appartiennent aux pères et mères. Comment donc l'éducation pourrait-elle être
forcée? cela est impossible.
Si l'enseignement est la manière de donner aux enfants la science jugée néces-
saire pour devenir des hommes libres, il y a distinction à faire entre l'enseigne-
ment et son objet. Sans doute, tout ce qui constitue la science de l'homme libre
doit être absolument commun à tous les citoyens de la République. Ici point d'ex-
ceptions, point de grâces, nuls égards : punissez par le mépris public et par la
nullité celui qui, à un certain âge, ne connaîtra ni les devoirs ni les droits du
citoyen; cela est bon, juste et avantageux à la République et à l'individu même
que l'on force, malgré lui, d'être un homme. Là où l'ignorance est un crime,
l'intérêt pubhc, la volonté générale interrogent pour s'assurer de la science : mais,
si je suis instruit, que vous importe comment je le suis devenu? Que vous im-
porte, dès que je sais les livres élémentaires, la Constitution, que j'aie conunencé à
les apprendre hier ou aujourd'hui, par la fin ou par le frontispice? Si j'ai une mé-
moire tout au rebours des autres, est-ce ma faute? et, dans un pays libre, ne
DE LA CONVENTION NATIONALE. ^25
(levez-vous pas respecter mon individuelle liberté qui choisit ses meilleurs moyens
d'obe'ir à la loi ? C'est de mes lumières que vous avez besoin et non pas des dif-
férentes routes que mon esprit a parcourues pour s'éclairer.
L'enseignement aura toujours été bon, quand tous les citoyens seront instruits.
Vous devez donc laisser à chacun la liberté d'apprendre conmie bon lui semble;
mais vous devez vous assurer que tous les citoyens sont instruits : il est de votre
devoir de faire en sorte que tous aient également la facilité de s'instruire; car
l'instruction est la dette de la patrie envers tous les citoyens. Voici donc à quoi se
réduit la question de l'enseignement, par rapporta tous les citoyens en général :
1° La Républi{jue doit salarier des instituteurs pour tous les enfants dont les pères
n'ont pas la facilité de procurer l'enseignement : laisser par conséquent subsister
et perfectionner les écoles dans les endroits oii il y en a, et en établir dans les
endroits où il n'y en a pas; 9° Laisser à chacun le droit naturel d'instruire son
enfant a sa manière; 3" La République doit s'assurer qu'en effet les enfants, élevés
de quelque manière que ce soit, sont instruits; et, pour parvenir à cette certitude,
elle a les examens qu'il faut que chacun subisse avant de jouir du droit de citoyen.
Ces examens sont des moyens simples, qui peuvent être employés à certains jours
dont on ferait des fêtes dans les communes. C'est en effet pour la République un
sujet de joie que l'occasion d'augmenter le nombre de ses enfants.
Si vous voulez, comme cela est juste, confondre tous les enfants, les accou-
tumer à fraterniser, établir entre eux l'égalité de droits par l'égahté de fait,
instituez des concours pour des récompenses qui seront décernées à tous les en-
fants; que les jours de congé, de récréation, soient les mêmes pour tous; qu'ils
se livrent tous ensemble à des jeux communs, sous les yeux des pères et mères
de famille. Indiquez des rendez-vous, et je vous garantis cpie l'aristocrate, tou-
jours soigneux de la forme, y enverra ses enfants les prenners. Que vous inq)or-
tent les motifs du père? Amusez les enfants aujourd'hui, promettez-leur du plaisir
pour la prochaine décade, et bientôt leurs jeunes cœurs appartiendront à la Répu-
blique.
Si l'on veut ajouter, à ces moyens de les confondre, les moyens tirés delà
science du gouvernement, faites que la meilleure instruction, celle qui sera le
plus profitable aux enfants, soit celle que l'on donnera dans les écoles publiques.
Ne négligez lien pour la propreté, l'entretien, la décoration même de ces écoles,
bannissez-en les mauvais traitements, dont on en accable depuis si longtenq)s
l'enfance, et vous verrez bientôt les pères s'empresser d'y envoyer leurs enfants.
L'enseignement doit donc être lihrc dans ses moyens, et il ne doit ])as être
libre dans son objet. Il doit être libre en ce que chacun doit avoir le droit d'in-
struire lui-même ses enfants. 11 ne peut pas être libre, en ce cpi'il n'est j)as indif-
férent à la Républicjue que les enfants arrivés à un certain âge ne sachent que
telle ou tell(» chose; et si la R('publi(pie doit prendre (pit'Kpies mesures poui"
forcer les par.Mits à envoyer leuis enfants à IVcole publicpie, ces mesui"(^s doivent
être celles de la douceur, de la persuasion, el nyn pas celle d'une contrainte ridi-
cule et bai'bare avec des Français.
Citoyens, c'est de la réunion des vérités (pu» j(^ viens de dire aux vérités tlont
nous sonmies tous d'acconl sui* l'inslruclion publiipie, siu* l't^ducation . sin* l'en-
/i26 PROGKS-VERBAUX DU COMITE D'INSTRUCTION PUBLIQUE
seignement, ({ue se forme à mes yeux le seul système d'enseignement qui con-
vienne à la R('[)ubliquo.
J'observe que, par raj)|)ortà l'instruction publique qui, flans nos circonstances ,
est rensemble des moyens que le gouvornomeiil doit enq)loyer pour se faire aimer
des hommes, toutes nos pensées sont, pour ainsi dire, en réquisition.
J'observe que, [)ar rap[)ort à l'dducation , les livres éle'mentaires que vous avez
décrétés à l'usage des pères et mères mettront probablement en évidence tout
le physique de l'éducation, et même sa moralité, ensorte qu'il semble que nous ne
devions phis nous occuper que du matériel de l'enseignement; cependant je
ne crois pas que l'on puisse séparer tout à fait l'enseignement de son but moral,
et c'est dans cet esprit que j'ai conçu plusieurs articles du projet de décret que je
vous présente.
J'observe encore que mon système, qui consiste à laisser les écoles où il y en a,
et à en établir où d n'y a pas, qui garantit pour toute la République l'unité, la
publicité, la généralité commune de l'instruction, qui laisse aux pères et mères
le droit d'instruire eux-mêmes leurs enfants, et cependant réunit tous les enfants
(juelconques, de manière à en faire de vi'ais républicains; qui est d'une exécution
d'autant plus facile qu'il est aux trois quarts exécuté; qui arrache à la misère et
au déses|)oir vingt-cinq mille pères de famille; qui enfin établit la seule liberté
raisonnable de l'enseignement, ne coûtera pas à la République la moitié fie ce
(pie coûterait, s'il était possible de l'exécuter, le décret que j'ai combattu.
PROJET DE DÉCRET.
La Convention nationale rapporte son décret du 3o frimaire (.S2c) relatif à l'or-
ganisation de l'instruction publique, et, déclarant à tous les Français cjue les prin-
cipaux devoirs des parents envers leurs enfants sont de leur inspirer tle bonne
heure le goût du travail et de la simplicité, le courage des actions vertueuses,
l'amour de la République, l'horreur du mensonge, de l'ignorance qui mène à
l'esclavage, la haine des rois et tle tout pouvoir arbitraire, elle décrète ce qui
suit :
Article premier. Les écoles publif|ues actuellement existantes dans chaque
commune seront conservées, et il en sera établi de semblables dans toutes les
communes ou sections de communes qui en seront susceptibles.
Art. 2. Il sera pourvu par la Convention nationale, sur les demandes et obser-
vations des communes, à ce que les bâtiments destinés à ces écoles soient sains et
commodes.
Art. 3. Il y aura dans chaque commune ou flans chaque section de commune
qui en seront susceptibles une école publique pour les garçons et une école pu-
blique pour les filles.
Art. U. Les enfants ne seront ploint admis dans les écoles pubhques avant l'âge
de six ans, et ils y seront envoyés avant l'âge de huit ans.
Art. 5. On enseignera dans ces écoles aux enfants mâles à lire, à écrire, à
DE LA CONVENTION NATIONALE. 427
comptci'; on leur fera apprendre les livres e'Ie'menLaires destine's à leur usage et la
Constitution de la République française.
Art. 6. On enseignera aux filles à lire, à écrire, à compter, à coudre, à filer,
et elles apprendront les livres élémentaires destinés à leur usage.
Art. 7. Toutes corrections physiques sont expressément bannies des écoles,
quelles qu'elles soient, et même des maisons d'apprentissage.
Art. 8. Jl y aura dans chaque commune ou section de commune un instituteur
pubhc et une institutrice; l'instituteur sera logé et recevra, en outre, un traitement
proportionné à celui des anciens maîtres d'école. L'institutrice sera logée et recevra
en outre un traitement de trois cents livres par an.
Art. 9. La proportion du nombre de citoyens pour l'établissement d'une école
publi([ue sera celle des communes les moins peuplées de celles où il y a déjà de
ces sortes d'établissements.
Art. JO. Il sera pourvu à l'enseignement dans les plus petites communes, soi!
en y établissant des instituteurs à raison de cinq cents livres par an, soit on accor-
dant à l'instituteur public de la commune la plus voisine un traitement de surcroît,
pour aller, à des jours fixés selon les commodités locales, enseigner dans ces com-
munes.
Art. 11. Ceux des maîtres d'école actuellement existants qui voudront être
conservés avec le titre d'instituteurs, et ceux qui se destineront à cette fonction,
seront tenus de subir devant la municipalité et le Conseil général de la comnume
un examen sur tout ce ({u'ils devront enseigner aux enfants. 11 eu sera de même
pour les institutrices.
Art. 12. Les instituteurs et les institutrices seront nommés par la municipalité,
sur la présentation de la majorité absolue des pères de famille, et leur examen
aura lieu entre la présentation et la nomination.
Art. 13. Les instituteurs et les institutrices sont sous la surveillance inmiédiate
des municipahtés , et sous la surveillance des citoyens.
Art. 1/i. Ceux des instituteurs ou institutrices qui se permettraient des mauvais
traitements envers leurs élèves seront destitués par la numicipalit(\ sur le témoi-
gnage de deux pères de famille.
Art. 15. Ceux des instituteurs ou institutrices qui enseigneraient des maximes
contraires aux lois et à la morale ré[)ublicaine seront punis connue contre-n'volu-
lionnaires, ainsi que ceux qui outrageraient les mœurs publi(|ues.
Art. 16. Dans chaque commune ou section de connnuiie, lui ciloyen choisi [)ar
la nmnici pâli té enseignera aux gaiçons le numiement des armes, et, à certains
jours marqués, tous les enfants de la comnume, élevés quelque part <[ue ce soil,
feront les exercices ensemble.
Art. 17. 11 sera aussi ('(abli une école de natation dans clia([ue coiniiiunc (|iii
en sera susceptible.
/i28 PROCÈS -VERBAUX DU COMITE D'INSTRUCTION PUBLIQUE
Art. 18. 11 sera dislribné annuelloinent des prix aux enfants de tous les citoyens
sans oxce])tion. (|in, dans quelque école que ce soit, au jugement de la majorité
absolue des pères de famille, ayant fait des progrès dans leurs études, auront eu
le phis d'assidu it(> au ti'avail ou aux exercices de corps, relatifs à l'agriculture ou
aux iiiéliers (Tulililé première.
Ces prix consisteront en livres élémentaires et exemplaires de la Constitution,
et, dans une fête instituée h cet effet, les enfants les recevront du maire de la
comnume. Ceux qui auront mérité pour prix un exemplaire de la Constitution
le recevront en mettant un genou en terre [)our marquer le respect dû à la loi.
Il y aura aussi des [)rix pour les tilles qui auront, au jugement des mères de
famille recueilli par la munici|)ali(é, montré le plus d'application aux travaux
de leur sexe, qui se seront rendues le plus utiles à leurs mères où à leurs parents.
(iCS prix consisteront en ajustements simples , en tourets, en rouets h filer, etc.;
ils leur seront délivrés en présence de la nmnicipalité, par la plus Agée des mères
de famille.
Art. 19. Les jours de congé ou de récréation seront les mêmes pour toute la
République, autant que les localités le permettront, et tous les enfants élevés soit
aux écoles, soit chez leurs parents, soit chez des instituteurs particuliers, seront
confondus ensemble ets'occu[)erontdejeux communs sous la surveillance des pères ,
mères, tuteurs, curateurs et instituteurs.
Art. 20. Ceux des pères, mères, tuteurs, curateurs ou instituteurs qui, sans
excuse jugée légitime par la municipalité, n'enverraient point leurs enfants ou leurs
élèves soit aux exercices militaires, soit aux concours pour les prix, soit aux dis-
tributions de ces mêmes prix , soit enfin aux récréations publiques , seront déclarés
suspects et traités comme tels.
Art. 21. Tout jeune homme, riche ou pauvre, qui, à l'âge de vingt ans ac-
comphs, ne sera pas en état de gagner sa vie par un travail quelconque, à moins
qu'il n'y ait eu pour lui impossibilité physique, ne sera point inscrit sur la liste
des citoyens. Il en sera de même de ceux qui, au même âge, seraient dans l'igno-
rance absolue de la Déclaration des droits et de la Constitution française. Les uns
et les autres seront privés pour dix ans de l'exercice du droit de citoyen, et ne
pourront être réhabilités qu'après s'être mis en état d'obéir à la loi.
Art. 22. Il est permis h tout citoyen d'établir et d'organiser des maisons d'en-
seignement, d'ouvrir des cours, etc., pourvu qu'il donne ses leçons en public.
Art. 23. Il sera nommé, par la Convention nationale et dans son sein, une
Commission de huit membres, chargée spécialement de l'exécution du présent dé-
cret; celle Commission correspondra directement avec les municipalités pour
prendre tous les renseignements relatifs à la conservation ou à l'établissement des
écoles primaires, et, sur son rapport, il sera définitivement statué par la Conven-
tion nationale.
DE LA CONVENTION NATIONALE. /i29
CENT QUATRE-VINGT-QUINZIÈME SÉANCE.
Du 19 pluviôso ;»n 11. [7 levrior 179'».]
Le citoyen Aubry est admis; il présente au nom de la Société po-
pulaire de la Ferté-sur-Aube un projet sur les fêtes décadaires; il en
donne lecture. Il est renvoyé à iMatliieu ^^K
Romme présente un projet de décret pour faire autoriser le ministre
de l'intérieur à faire transférer au Louvre la pendule qui est aux ci-
devant Menus, par le citoyen Janvier, après qu'il l'aura décimalisée.
Ce projet est adopté :
Le ministre de l'intérieur est chargé de faire placer dans un lieu apparent du
Vieux Louvre riiorlog-e construite par Janvier, qui est dans TEcole do doclanialion,
rue Poissonnière, après qu'elle aura été décimalisée pai- son auteur. Le Comité
d'instruction publique veillera à l'exécution prompte de ce décret ^^^
Le même membre présente un projet de décret pour appeler tous
les artistes de la République à concourir pour la solution de plusieurs
questions relatives à l'organisation décimale des montres et des pen-
dules :
Article premier. Les artistes de la République sont appelés à concourir pour la
solution des questions suivantes :
Première question. Quelle est l'organisation la plus simple, la plus solide, la
moins coûteuse à donner aux montres de poche, aux pendules, aux horloges,
pour mesurer ensemble ou séparément les différentes parties du jour (|ui, par le
décret du h frimaire, est divisé en dix heures, chaque heure en dixièmes, centièmes,
millièmes et dix-millièmes? Et quelle est la meilleure manière de les indi(pier, soit
par le cadran, soit par la sonnerie ?
Deuxième queslioit. Quel est le changement le plus prompt, le plus simple, le
plus sur et le moins coûteux à faire aux anciennes montres, pendules, hoiloges,
^'^ Nous n'avons pas trouvé le projet de 91; rassemblée passa à Tonliv du jour,
la Société populaire do la Ferté-sui'-Aulte. ff motivé sur ce que le Couiité d'instruction
Mathieu présentera au Comité un projet puldique est autorisé à taire ce qu'il pro-
de décret le 9 ventôse (p. 5o5). posen (Procès-verhal de la Convention,
^'^ Le texte de co projet de décret no I. \\\l, p. i'M\). Il sera de nouveau parlé
li{fure (pi'au registi-e. Il lut présoult' par de» rii«>rlo|n' des MtMui>< le -U) pluviôse
llonnne à la Convention le surlendeuiaiu [\). !i(nj).
'i30 PROCÈS -VERBAUX DU COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE
pour leur faire marquer à la fois ranciemie et la nouvelle division du joui-, ou seu-
lement la nouvelle division?
Art. 2. La première question comprend la détermination du nombre le plus
convenable de vibrations à faire battre au rc'gulateur, pour donner au mouvement
une marclie uniforme et constante, et atténuer, autant qu'il est possible, les causes
de variations.
Dans la solution de ces questions, on n'aura ëgard qu'au temps moyen.
Art. 3. Le concours sera ferme au i^' messidor prochain.
Art. h. Les mémoires, plans, calculs, modèles, mouvements ou pièces d'horlo-
gerie destinés au concours seront envoyés au Comité d'instruction publique.
Art. 5. Sur la présentation de ce Comité, la Convention, après l'ouverture du
concours, nommera un jury pour le juger, et fixera par un décret le mode du juge-
ment.
Art. 6. Les quatre concurrents qui, au jugement du jury, auront le mieux ré-
solu les questions proposées, recevront, selon le mérite de leurs inventions, savoir :
le premier 3,ooo livres; le deuxième 2,5oo livres; le troisième 2,000 livres; le
quatrième i,5oo livres, à prendre sur les fonds destinés à l'encouragement des
arts.
Art. 7. Ces quatre concurrents seront en outre chargés de construire chacun
une horloge à grande sonnerie ; ces quatre horloges seront examinées et estimées
par un nouveau jury; celle qui sera jugée la meilleure, sous le rapport de l'art,
sera placée au-dessus de la Maison nationale consacrée aux séances des repré-
sentants du peuple , les trois autres dans les édifices publics qui seront indiqués par
un décret ^^^.
Art. 8. La Convention, sur le rapport de son Comité d'instruction publique,
statuera ultérieurement sur les moyens de faire profiter promptement toute la Ré-
publique des résultats de ce concours.
Art. 9. Les objets envoyés au concours seront, après le jugement, rendus à
ceux à qui ils appartiennent, sur la demande qu'ils en feront ^^^.
('^ Par un décret du à juillet 1798
(voir t. II, p. 368), la Convention avait
déjà ordonné de placer dans le pavillon de
l'Unité une horloge de Lepaute, et d'instal-
ler dans la salle de ses séances une pendule
du même artiste.
(^) Le texte de ce projet de décret ne
figure qu'au registre. L'origine du concours
pour la meiliourc manière de décimaliser
les montres et liorloges anciennes se trouve
dans un décret du 5 octobre, ordonnant la
construction d'une pendule décimale. Le
Comité avait nommé le même jour Ronune
et Arbogast commissaires pour rédiger le
programme d'un concours entre les artistes
(t. II, p. 570). La question revint à l'ordre
du jour ie 16 du premier mois (p. 597).
Le 8 frimaire, à l'occasion de l'envoi, par
l'horloger Firstenfelder, d'une montre dé-
cimale, la Convention chargea le Comité
d'examiner s'il serait utile d'ouvrir un con-
cours «pour appeler l'attention des artistes
sur la nouvelle division du jour 57 , et Romme
fut nommé rapporteur. Le projet de décret
DE LV CONVENTION NATIONALE.
^31
Un membre demande que le Comité s'occupe de la composition
d'un livre élémentaire à l'usage des marins; le Comité arrête que les
citoyens Bouquier etBoutroue sont nommés commissaires pour s'occuper
de cet objet ^^'.
Mathieu propose d'accorder au citoyen Famin l'objet de sa de-
mande ^^\ vu le décret rendu qui l'autorise à continuer son cours
gratuit de physique à la maison dite d'Egalité^^l Sur ce motif, le Co-
mité adopte la proposition, en la renvoyant pour l'exécution à la
Commission des arts ^*l
Le citoyen Delisle fait hommage d'un ouvrage intitulé Calcul des
décimales appliqué aux différentes opérations du commerce, etc. Le Comité
arrête que cet ouvrage sera déposé dans sa bibliothèque et qu'ex-
trait du procès-verbal sera envoyé au citoyen Delisle.
Bouquier donne lecture d'un rapport et d'un projet de décret sur
les degrés supérieurs d'instruction publique; la discussion est ajournée
à la prochaine séance ^^K
transcrit ci-dossus et adopté par le Comité
lïil présenté par liomme, ie surlendemain
ai, à la Convention qui l'adopta sans chan-
gement. (Procès-verbal de la Convention,
t. XXXI, p. i3o.) A partir de ce moment,
le Comité va commencer à recevoir des
modèles de monties et d'horloges qui lui
seront envoyés pour le concours.
('^ Dans la séance du 12 pluviôse, Jean-
bon Saint- André , de retour de Brest , avait
présenté à la Convention un rapport sur la
mission dont il avait été cliargé avec Prieur
de la Marne pour la réorganisation de la
flotte. Sur sa proposition, la Convention, le
16 pluviôse, adopta quatre décrets, dont
le premier était relatif à rétablissement d'un
cours d'instruction sur les vaisseaux de la
République. Nous donnons, à l'annexe A
(p. fi^h), quelques indications sur le rap-
port de Jeanbon Saint-André, avec le texte
du décret sur les instituteurs de la marine
C'est en exéculion de co. décret que le
(îomité d'instruclion publi([ue s'occupe, le
19 pluviôse, de la conq)osilion d'un livre
élémentaire à l'usage des marins. Pour la
suite, voir la séance du 1Î7 pluviôse (p. 'iGG).
^'■•^ \ oir la séance du 1 ',\ [)luviôse ( p. 389).
(^) Ce décret est mentionné dans la lettre
de Famin, que nous avons reproduite p. 363.
(*) Voir aux annexes, B (p. /i38), des
extraits du registre des procès-verbaux de
la Commission des arts, 20 et -20 pluviôse
an II.
(''^ Le 2 5 nivôse (p. a8^), le Comité
avait décidé de s'occuper «dans sa prochaine
séancen du second degré d'instruction pu-
blique. Un mois presque entier s'était écoulé
sans qu'il en eût été question de nouveau. Le
projet présenté maintenant par Bouquier
sur les degrés supérieurs d'instruction pu-
blique est de même ajourné ff à la prochaine
S(''aiice»; le sujet, néanmoins, ne reviendra
à Tordre du jour que le •^ 1 ventôse (p. ôOo ).
Le plan de Bouquier sur le second (ou
dernier) degré d'instruction ne nous a pas
été conservé sous la forme où il fut pré-
senté le 19 pluviôse, mais seulement sous
celle qu'il reçut au sortir des discussions du
Comili' dans les séances des m, aii et ao
ventôse, et des négociations avec le Comité
de salut public et celui des finances, et
sous la([uelle il fut présenté à la Convention
le '2'\ germinal. ( \ Oii' ce projet de décret et
le rappoit ([ui le précède à la page hj \ du
/i32 PROCES-VERBAUX DU COMITE D'INSTRUCTION PUBLtOUE
La Nouvelle méthode de musique vocale, etc., est renvoyée à Val-
flruche ^'l
Lettre de la Commission des poids et mesures qui demande la levée
(les scellés apposés dans l'atelier du citoyen Fourché sur difîerents
MiodMes et manuscrits appartenanl à la ci-devant Académie d'archi-
tecture, et le transport de ces objels. lienvoyé à ia Commission des
arts (2).
Le citoyen Carré adresse au Comité des réflexions sur la base du
nouveau système des poids et mesures. Renvoyé aux commissaires des
poids et mesures ^-^l
Lettre du Comité de salut public qui invite le Comité à s'occuper
des primes et encouragements, conformément au décret du 1 3 frimaire.
Le Comité renvoie cette lettre à Grégoire et l'autorise à se concerter
avec les commissaires des autres comités à cet égard ^^\
Une hymne composée par le citoyen Maurice, secrétaire du Comité
d'agriculture, sur la prise de Toulon, est renvoyée à Valdruche ^^K
Le citoyen Carpent soumet ses vues pour former un établissement
propre à assurer l'existence des nourrices qui journellement viennent
chercher des enfants, et propose un plan de nourriture salubre pour
les enfants. Renvoyé à Grégoire ^""l
présont volume.) En comparant le plan du ^''^ La lettre de Carré n'est pas dans les
a 6 germinal aux sections IV et V de celui cartons du Comité.
que Bouquier avait présenté au Comité dès ^*) Nous n'avons pas trouvé la lettre du
le 1 1 frimaire (voir p. 56), on voit que Comité de salut public. Voir la séance du
le projet du ii frimaire contenait déjà tout 17 pluviôse (p. ^i3), et, pour la suite,
l'essentiel, et que les seules parties ajou- celle du 21 pluviôse (p. kk3).
lées à ce projet primitif sont une section ^^' L'hymne composé par Maurice avait
relative au clioix des instituteurs des sciences été présenté à la Convention le 7 nivôse
et arts, une autre sur les récompenses, et (Procès-verbal, t. XXVIll, p. 110). Cet
une autre sur le traitement des instituteurs hymne, avec la lettre d'envoi datée du
du dernier degré d'instruction. Quant au 7 nivôse, se trouve dans F^', carton 1708,
rapport qui accompagne le plan du 2/1 ger- n° i8^3. Une note signée de Plaichard
minai, la rédaction de ce document peut nous apprend que la «mention civique»
être restée celle-là même que Bouquier lut fut accordée à cet hymne le 17 prairial
au Comité du ig pluviôse; cette hypothèse an 11 (le procès-verbal n'en dit rien),
est confirmée par un détail relevé plus loin ^^^ Nous n'avons pas trouvé de pièce
(p. 572, note 1). émanant de Carpent. Le 2 5 pluviôse (p. /i 59)
^^) Valdruche n'a pas présenté de rap- il sera de nouveau parlé de Carpent et de
port sur cette méthode, dont l'auteur n'est son projet, comme s'il n'en avait pas été
pas nonnné. question précédemment et si Grégoire
^^^ Nous n'avons pas trouvé la lettre de n'avait pas été nouimé rapporteur,
la Commission des poids et mesures.
DE LA CONVENTION NATIONALE.
/i33
Le citoyen Grancher adresse un mémoire sur l'embellissement de
la ville de Paris. Renvoyé à Prunelle '^l
Le citoyen Perrin, directeur des postes de Verdun, envoie un dis-
cours qu'il a prononcé sur le mode à adopter par ceux qui veulent
changer de nom. Renvoyé à Petit ^^K
Coupé présente un projet de décret tendant à laisser à la disposition
des communes les églises ^^l Le projet est adopté, à la charge qu'il se
concertera avec les Comités de division et des domaines ^''^.
Lettre de Renouard, officier municipal de Paris, qui fait part de
plusieurs difficultés sur l'exécution de la loi du ^^> relative aux
écoles primaires. Renvoyé à Bouquier^''^
Le Comité arrête qu'il sera nommé un commis adjoint au secrétaire
de la Commission des arts, qui le présentera au Comité ^"^K
R.-T. LlNDET^**).
(') Le mémoire de Grancher a élc en-
registré au Comité sous le n° iCo/i (F^',
carton 1008^); la pièce manque. Le 27 plu-
viôse (p. A65) il en sera question de nou-
veau.
^^) Le discours (imprimé) de Perrin,
ff prononcé dans le temple de la Raison w, se
trouve dans F'^ carton 1708, n" iSSg.
Petit n'a pas présenté de rapport.
(^) Voir la séance précédente (p. 612),
où Coupé avait été nommé rapporteur pour
la question des locaux à accorder aux So-
ciétés populaires. La question de la desti-
nation à donner aux é^jlises avait déjà été
abordée le 21 frimaire, ctRomme avait été
désigné comme rapporteur (p. i35); mais
il n'avait pas présenté de rapport.
^'*^ Pour la suite, voir la séance du
20 pluviôse (p. /iGo).
^^^ La date a été laissée en blanc, tant
au registre qu'à la minute. C'est de la loi
du 29 frimaire qu'il s'agit.
^^^ Nous n'avons pas trouvé la lettre de
Renouard. Une nouvelle lettre adressée au
Comité sur le même sujet par des ofliciers
municipaux de Paris sera lue le 1 3 ventôse
(p. 537).
(') Il nous paraît que l'expression de
ff secrétaire de la Commission des arlsn dé-
signe ici le fonctionnaire que la Commis-
sion allait choisir dans son sein quelques
jours plus tard, le a 5 pluviôse , en lui don-
nant le titre d'agent. Le titre de secrétaire
de la Commission fut réservé, à partir du
25 pluviôse, à un membre du Comité
d'instruction publique, délégué par ce Co-
mité (voir la séance du Comité du 20 plu-
viôse, p. ^59). Quant au commis adjoint
à l'agent, il sera désigné par le Comité,
le 9 ventôse, en la personne d'Oudry
(p. 5oG).
^*) Cette signature ne se trouve qu'au
registre. La minute est de la main de Tiii-
baudeau.
III.
•jS
lUIT.IULMS XAIIOMLC.
UU PROCÈS -VERBAUX DU COMITE D'INSTRUCTION PUBLIQUE
ANNEXES.
A
On lit dans les procès-verbaux de la Convention :
Séance du i 2 pluviôse an n.
Joanhon Saint- André' , tant en son nom (ju'en celui de Prieur de la Marne ,
rend compte à la Convention dos opéiations qu'ils ont faites en qualité de repré-
sentants du peuple dans les départements maritimes de la République.
La Convention ordonne l'impression de leur rapport.
Il lui communique un arrêté pris à Brest le 27 vendémiaire dernier, relatif à
rétablissement d'un cours d'instruction sur les vaisseaux de la République, et
deuiande que cet arrêté soit converti en loi générale.
Sa demande, appuyée, est décrétée, sauf rédaction; et à cet effet l'arrêté est
renvoyé au Comité de salut public.
Le même membre communique trois autres arrêtés des i3 brumaire, 9 et i5
nivôse; il en demande la confirmation. Décrété.
(Ces quatre décrets ont été définitivement adoptés le 16 pluviôse^^^)
Le rapport de Jeanbon Saint-André a été imprimé sous ce titre : Rapport des repré-
sentants du peuple envoyés à Brest et a'iprès de l'armée navale, par Jeanbon Saint-André;
de rimprimerie nationale, s. d. Il se trouve à la Bibliothèque nationale, Le^^6i, in-8°.
Voici le passage de ce rapport qui a trait à l'établissement d'instituteurs à bord des
vaisseaux de la flotte :
La trabison de Toulon, l'incendie d'Huningue et des magasins de Lorient, les
mècbes phospboriques de la Vendée, l'audace des fédéralistes des villes de com-
merce qui attaquaient la représentation nationale et demandaient en secret un
maître à l'Angleterre, vous avaient fait sentir la nécessité de surveiller vos côtes,
et de mettre vos établissements marifimes à l'abri des invasions combinées des en-
nemis du dedans et du dehors. Vous étiez environnés des crimes de Pitt ; il fallait
que votre active sollicitude les déjouât. Vous envoyâtes à Brest les citoyens Bréard
et Trébouart(').
Vous aviez alors une flotte de vingt-deux vaisseaux dans la rade de Quiberon.
C'était la dernière espérance de la patrie sur les mers. Les travaux languissaient
dans tous les ports; la malveillance enclouait tous les bras; si la flotte périssait,
la France était eflacée, au moins pour quelque temps, du catalogue des puis-
sances maritimes; et le gouvernement anglais, coalisé avec les rebelles de la
Vendée, pouvait vomir sur votre territoire des légions ennemies pour seconder
le fanatisme de ses alliés.
^') Procès-verbal de la Convention, t. XXX, p. 280. — ^^^ Décret du a5 août 1793.
DE LA CONVENTION NATIONALE. U^b
L'esprit public du département du Finistère en général, et celui de la com-
mune de Brest en particulier, n'était pas propre à dissiper les alai*mes des amis
delà patrie. Le fédéralisme y avait jeté des racines profondes; il se montrait avec
audace; il paraissait compter sur le succès ou l'impunité de ses crimes; et tout
porte à croire que, malgré le mystère qu'il mettait dans ses démarches, il n'en
poursuivait pas moins ses projets avec vigueur.
C'est au milieu de ces écueils que vos collègues avaient à marcher, dans un
pays où le fanatisme des campagnes leur présentait sans cesse de nouveaux dan-
gers; au milieu d'un peuple qu'une langue inconnue du reste de la République
sépare de vous , qui connaît à peine vos lois , qui adoi-e ses prêtres , et qui porte
dans ses erreurs cette ténacité de caractère qui le distingue parliculièroment.
Bréard et Tréhouart luttèrent heureusement pendant quelque temps contre
ces difficultés; mais les semences de la rébellion avaient été jetées sur la flotte;
elles y avaient germé, et bientôt elles se développèrent d'une manière effrayante.
Le Comité de salut public pensa qu'il fallait renforcer la commission, en lui ad-
joignant deux membres pris dans son propre sein. Prieur (de la Marne) et moi
reçûmes l'ordre de partir (3o septembre), et vous approuvâtes cette mesure par
un décret.
La flotte avait mouillé dans la rade de Brest avant notre arrivée. Nos collègues
avaient pris les premières précautions que commandait la prudence : quelques
vaisseaux étaient consignés; un certain nombre d'indiviilus avaient été mis en état
d'arrestation ; plusieurs procès-verbaux avaient été recueillis ; et l'un de nos pre-
miers devoirs devait être de porter la lumière dans cette conspiration ténébreuse,
ourdie contre la liberté, et dans laquelle ceux qui paraissaient les plus séditieux
n'étaient certainement pas les plus coupables.
Pour les bien connaître, nous voulûmes voir tous les équipages et chercher
dans nos entretiens avec eux, et jusque dans la physionomie des marins, cette
vérité qui se dérobe si souvent aux yeux de l'homme public. Nous visitâmes suc-
cessivement tous les vaisseaux; nous parlâmes le langage sévère qu'exigeait la
circonstance, et, mêlant aux reproches l'expression de la fraternité, nous lais-
sâmes à chacun la faculté de sa propre justification et la hberté d'articuler les
faits dont il avait connaissance. Notre objet fut rempli, et nous eûmes la satis-
faction de voir, dès le premier moment, que la flotte n'était pas perdue pour la
République, le plus grand nombre des ofliciers vanter sa honne conduite, hseflorts
que chacun avait faits pour apaiser la sédition; ils avaient presque tous, à les
entendre, bien mérité de la patrie. Le matelot, plus sim[)le, avoua sa faute, re-
connut son erreur, et nous demanda avec cette ardeur (pie la nature ins[)ire les
moyens et l'occasion de la réparer. Ce repentir si vrai, si naïvement exprimé,
nous prouva qu'à la mer comme à terre le vrai patriotisme est le [)nrtage des
hommes peu fortunés, qui servent la patrie sans prétention et sans orgueil.
Notre route fut dès lors tracée; il nous fut démonlré que la justice naliouale
n'aurait qu'à punir quelques chefs, auteurs ou complices de la trahison. \ous
connaissez, citoyens, les d('tails de nos opi-rations à cet égard: ils sont consignés
dans l(^ rap[)ort que nous avons fait imprimer à IJresl, (^l dont il a (Ur tMivoyé
des exemplaires à la Convention nationale et au Comité de salut public. Des
98.
hZ(j PROCÈS -VERBAUX DU COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE
traîtres ont été livrés au tribunal révolutionnaire; des officiers suspects d'aristo-
cratie ou d'intrigue ont été destitués; et la flotte a été purgée avec tout le soin
qu'il nous a été possible d'apporter dans un épurement aussi important et aussi
nécessaire . . .
En réfléchissant sur les causes qui avaient concouru à produire les mouvements
de l'escadre, nous vîmes facilement que l'ignorance des marins y avait contribué
pour beaucoup. Ces hommes, perpétuellement errants d'un hémisphère à l'autre,
ne peuvent pas participer aux bienfaits de l'éducation, et de là vient qu'ils sont
aussi plus A\ciles à tromper. Un reste de fanatisme, fruit de cette même ignorance,
régnait k bord de la flotte. Quelques-uns se rappelaient qu'ils avaient eu autrefois
des aumôniers, et ils avaient la faiblesse de les regretter. Nous pensâmes qu'il était
nécessaire de détruire ce préjugé. Mais , convaincus que l'erreur d'opinion résiste
à la force et cède à la raison, nous osâmes proposer à ces hommes simples et
bons le choix entre ces aumôniers et des instituteurs; ils ne balancèrent pas. Le
matelot sentit l'avantage d'avoir sous ses yeux son fils, de surveiller sou éducation
et de penser que l'égalité n'était plus désormais un vain mot, puisque la patrie
offrait à tous ie moyen de se rendre capables de la servir dans tous les grades.
Nous arrêtâmes donc qu'il serait mis sur chacun des vaisseaux de la Répubhqiie,
de vingt canons et au-dessus, un instituteur chargé de donner aux mousses et
aux jeunes novices des leçons de lecture, d'écriture, de calcul et d'hydrographie.
Cette mesure fut reçue avec des transports de reconnaissance, et son utilité est
trop évidente pour que la Convention nationale, après avoir examiné notre arrêté,
n'en fasse pas une loi générale et permanente pour toute la marine de la Répu-
blique.
La nécessité de faire promptement des matelots nous suggéra l'idée d'établir
aussi une école de matelotage sur chaque vaisseau. Les matelots gabiers furent
désignés pour être, dans cette partie, les instituteurs des novices; des récom-
penses furent promises au zèle et h la bonne volonté des uns, des encourage-
ments à la docilité et à l'application des autres.
D'autres dispositions non moins bienfaisantes furent successivement arrêtées.
Elles sont relatives à la propreté, à la bonne tenue, aux adoucissements qu'on
doit procurer à des hommes libres , lorsque luttant à la fois contre la violence de
deux éléments terribles, ils sont à la fois exposés à l'intempérie des airs et aux
périls de la mer. Tout ce que nous ordonnâmes à cet égard n'était que juste;
mais il tendait à prouver aux matelots français que le temps était enfin arrivé où
l'on s'occupait sérieusement du soin de rendre leur condition meilleure.
Voici le texte du décret sur les instituteurs de la marine, proposé par Jeanbon Saint-
/\ndré le 12 pluviôse, et inséré au procès-verbal de la séance du 16 pluviôse an 11 :
ffLa Convention nationale décrète :
ff Article premier. II sera établi à bord de tous les vaisseaux de la République,
de vingt canons et au-dessus, un instituteur chargé de donner aux jeunes citoyens
embarqués à bord de ces mêmes vaisseaux des leçons de lecture, d'écriture, de
DE LA CONVENTION NATIONALE. 437
calcul, et même, autant que faire se pourra, de leur enseigner les premiers élë-
mcnts de la théorie de la navigation.
rrART. 2. Ces instituteurs seront salariés par la nation, et recevront, savoir :
quatre-vingts livres à bord dos vaisseaux de ligne et soixante livres à bord des
frégates, par mois; ils mangeront à la gamelle des officiers, et il sera passé pour
cet effet le même traitement.
ffART. 3. Les instituteurs rassembleront leurs élèves deux fois par jour, aux
heures et dans les lieux qui seront jugés les plus convenables par le commandant
du vaisseau.
ffART. k. Les mousses et les novices dont l'âge n'excéderait pas dix-huit ans
seront tenus de suivre, toutes les fois que leur service leur permettra, le cours
d'instruction établi à bord des vaisseaux; et, à l'égard des marins d'un âge plus
avancé, ils auront la faculté de participer aux mêmes instructions, aux heures où
ils ne seraient pas de service, sans quelles puissent, sous aucun prétexte, leur être
refusées.
ffART. 5. Il sera fait incessamment une édition soignée de la Déclaration des
droits de l'homme et de l'acte constitutionnel, auxquels seront ajoutés des notes
explicatives et simples, et des traits historiques choisis de préférence parmi les
actions des défenseurs de la liberté.
ff Art. 6. Le lieutenant en pied à bord de chaque vaisseau de la République, ou
celui qui en remplit les fonctions , est spécialement chargé de veiller à ce que les
instituteurs remplissent leurs devoirs; il pourra les censurer, même publiquement
en présence de l'équipage, de leur négligence; il en fera la dénonciation, à son
retour dans les ports, au ministère de la marine, et ceux des instituteurs qui n'au-
ront pas rempli leurs devoirs seront destitués de leur emploi et privés d'embarquer
à l'avenir sur aucun des vaisseaux de la République.
ffAflT. 7. Ceux des mousses, novices ou matelots qui, dans l'instruction à bord
des vaisseaux, auront manifesté une application et des talents qui les rendent
propres à servir la patrie dans des grades plus élevés, en recevront une attestation
de Tétat-major et de r('qui[)age du vaisseau, à la suite d'un examen qu'ils auront
subi en leur présence à la fin de la campagne. Copies de ces attestations, colla-
tionnées par les employés civils, seront envoyées au ministre de la marine, qui
admettra les sujets au rang des élèves de la marine, suivant le degré de leur ca-
pacité, et leur fera suivre le cours d'instruction établi dans les ports. Dès lors, les
citoyens deviendront susceptibles de tous les grades, en subissant les examens
prescrits par la loi.
ffART. 8. Nul ne pourra, néanmoins, êtie admis par le ministre au rang d'élève
de la marine (pi'il n'ait préablement acquis la connaissance des premiers élé-
ments de la théorie de la navigation.
ffART. 9. Les citoyens (pii désireront remplir les places d'instituteurs à bord dos
vaisseaux feront inscrire leurs noms, leur âge, le lieu de leur naissance et de leur
/j38 PROCÈS-VERBAUX DU COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE
domicile , sur un tableau qui sera dressé à cet effet au bureau de la marine du port
où devra se faire l'armement.
ffART. 10. Les instiluteui's devront être d'une capacité suffisante, de mœurs
pures. Ils justifieront de leur certificat de civisme; ils ne pourront être reçus en
lenr qualité à bord des vaisseaux s'ils n'ont manifesté un attaclicment ferme et
sincère aux principes de la République. Aucun ministre d'un culte quelconque
ne pourra être admis pour occuper cette place.
ff Art. 1 1. Pour le choix et la nomination de ces inslituteurs, il sera formé avant
l'embarquement un conseil formé du capitaine, du lieutenant, du maître d'équi-
page, et de trois matelots, pères de famille. Ce conseil, pour cette fois seulement,
ou, à l'avenir, quand il s'agira d'un nouvel instituteur qui n'aurait pas navigué en
cette qualité, examinera le sujet proposé, et constatera, par une déclaration écrite
et signée, sa capacité.
ffART. 12. L'employé civil de la marine ne pourra inscrire au rôle d'équipage
un instituteur qui n'aurait pas navigué en cette qualité , s'il n'est muni de la dé-
claration mentionnée en l'article précédent.
ffART. 13. Dans le cas où il se présenterait, par la suite, des instituteurs qui
auraient navigué, le conseil désigné en l'article 9 choisira, parmi ceux qui ne
seront pas employés, celui qu'il jugera à propos; et il en dressera pareillement
déclaration, qui sera mise sous les yeux de l'employé civil, afin que ce citoyen
puisse être inscrit au rôle d'équipage.
ffART. là. Les livres élémentaires pour la lecture, les papiers, plumes et encre
seront fournis par l'administration de la marine, sur les états présentés par l'in-
stituteur, et arrêtés par le lieutenant de vaisseau '^^Kn
On lit dans le registre des procès-verbaux de la Commission des arts :
Séance du 20 pluviôse, l'an 2" de la République.
Après la lecture d'une lettre du 18 pluviôse, adressée par le citoyen Famin,
professeur de physique, au Comité d'instruction publique, et que ce Comité a
renvoyée à la Commission des arts, la Commission renvoie au (jomité d'instruction
publique le même objet en lui observant que l'instrument demandé par le citoyen
Famin est une lunette achromatique, d'autant plus précieuse que, dans ce moment,
les substances dont on fait ces verres se tirent d'Angleterre et manquent absolu-
ment ^^K
^^) Procès - verbal de la Convention, arts s'étant aperçue dans l'intervalle qu'elle
t. XXXI, p. 9. s'était méprise sur la nature de l'instru-
^^) L'objet ne fut pas renvoyé au Comité ment dont Famin demandait à conserver
d'instruction pujjlique, la Commission des l'usage.
DE LA CONVENTION NATIONALE. A39
Séance du 2 5 pluviôse, l'an 2" de la République.
Sur la demande , faite précédemment par le citoyen Famin , d'un instrument de
physique qu'on croyait d'abord être une lunette achromatique, on observe que cet
instrument n'est qu'un microscope solaire; et il est arrêté qu'on peut en accorder
l'usage au citoyen Famin sur son récépissé ^'\
(" Archives nationales, F''* 7, folios 96 recto et 26 bia recto.
àUO PROCÈS-VERBAUX DU COMITE D'INSTRUCTION PUBLIQUE
CENT QUATRE-VINGT-SEIZIÈME SÉANCE^".
Du 21 pluviôse an ii. [9 février 179^1.]
Le citoyen M. . ., de la section du Muséum, offre un ouvrage inti-
tulé Les Droits de l'homme et du citoyen mis en vers français pour lapins
grande facilité des jeunes gens ^^^\
Un ouvrage intitulé Programme d'une cérémonie en l'honneur de l'Ega-
lité, de la Liberté et de la Raison, propre à être exécutée à tous les décadis
dans toutes les communes de la République ^ est renvoyé à Mathieu ^^\
Le Comité de salut public fait passer au Comité un projet d'adresse
aux communes et aux sociétés populaires de la République, par Urbain
Domergue, sur la langue française. Renvoyé à Grégoire ^^^.
Le citoyen Ducreux, artiste, réclame le logement qui lui avait été
accordé par décrets de l'Assemblée constituante et de la Convention.
Sa pétition est renvoyée à Prunelle ^^^.
Le citoyen Martin présente un plan d'institution d'une musique
et d'éducation nationale. Renvoyé à Valdruche ^^\
Les ouvriers et artistes de la Manufacture nationale des tapisseries
dite des Gobelins demandent qu'il soit décrété que des portraits de
Lepeletier et Marat seront accordés à ladite manufacture pour être
exécutés en tapisserie. Renvoyé à Thibaudeau ^^'.
(') La minute du procès- verbal de cette
séance manque. Nous donnons le texte du
registre.
^^) Nous n'avons pas trouvé cet ouvrage.
(•■') Cet ouvrage anonyme (imprimé) se
trouve dans F", carton 1009^ n° 1987.
^^) Cette pièce intéressante se trouve dans
les cartons du Comité. Nous la donnons aux
annexes, A(p. ^i^/i). C'est évidemment dans
ce projet de Domergue que Barère a puisé
i'idée de son rapport du 8 pluviôse; ce pro-
jet n'a pas du élre étranger non plus à la
rédaction du rapport sur «la nécessité et les
moyens d'anéantir les patois et d'universa-
liser l'usage de la langue françaises, que
Grégoire présentera au Comité le 9 prairial
an II. Il sera de nouveau question de Do-
mergue dans les séances des 1 7 ot 2 1 ven-
tôse, pages 553 et 559.
(^^ Joseph Ducreux (1737-1809), né à
Nancy, peinlre et graveur, élève de Latour,
avait reçu sous l'ancien régime le titre de
rt premier peintre de la reine w. Au salon de
1 793 , il exposa les portraits de Robespierre
ot de Coulhon. La pétition de Ducreux
a été enregistrée sous le n° i852 (F'^ car-
ton 1703). Elle n'est pas en place. Pour
la suite, voir la séance du 27 pluviôse
(p. /465).
^^) Nous n'avons pas trouvé le plan de
Martin.
(') La pétition des employés et ouvriers
de la manufacture des Gobelins avait été
présentée à la Convention le 20 nivôse
(Procès-verbal, t. XXLX, p. 93). Elle se
trouve dans F^^, carton 1008*, n° 1628.
Elle est accompagnée d'une délibération de
la section du Finistère, en date du 5 fri-
DE LA CONVENTION NATIONALE.
4Zil
La citoyenne Desmouiins, auteur des Etrennes poétiques et morales,
demande des secours. Sa pétition est renvoyée à Villar^^^.
Le citoyen Grosbert, directeur de l'arsenal de Meulan, écrit au Co-
mité relativement au transport des groupes de Marly et aux difficultés
qui se présentent. Le Comité arrête qu'il sera écrit à Grosbert qu'il
ait à exécuter l'arrêté des représentants du peuple, ainsi qu'au ministre
de l'intérieur pour l'en prévenir ^^^
Le citoyen Viel, ingénieur, auteur de plusieurs ouvrages, demande
un secours provisoire qui le mette en état de les faire imprimer.
Ajourné, quant à l'examen des ouvrages, jusqu'à l'ouverture du con-
cours, et renvoyé, pour le secours, au Comité des secours publics ^^^.
Le citoyen Morellet écrit qu'il adresse au Comité quelques cabiers
du travail de l'Académie sur la langue française qui manquaient et
qu'il a trouvés cbez plusieurs ci-devant académiciens. Ces cabiers com-
mencent au mot Catholiquement et finissent au mot Encens^^K
Le ministre des affaires étrangères adresse au Comité une lettre
sur le calendrier de M. Henry Brandel, Suédois. Renvoyé à Arbo-
gast ^^\
Le citoyen Despréaux adresse plusieurs questions sur les biblio-
thèques. Ordre du jour motivé sur la loi du 8 pluviôse ^''l
maire, demandant l'exocution on tapisserie
(les Gobelins des bustes de Lepeletier et de
Marat. Pour la suite de cette afTaire, voir
la séance du 17 floréal an 11.
^'^ Voir la séance du 99 nivôse (p. -2Ç)']).
^^^ Voirla séance extraordinaire du ag ni-
vôse (p. 29/1). Nous n'avons pas trouvé
la lettre de Grosbert. La Commission des
arts s'occupa de la question le 3o pluviôse,
à propos d'une lettre des commissaires du
Conseil exécutif du 37, et approuva la me-
sure d'un nouveau devis demandé par le
ministre de l'intérieur à Grosbert (F"* 7,
folio 3o, verso). Un arrêté du Comité de
salut public du .j floréal ordonnera dt> placer
lesclu'vaux de Marly à l'entrée des Cbamps-
Klysées : on le trouvera dans noire tome IV,
aux annexes de la séance du 3 floréal.
^•''' Voir p. /ii/i. La lettre de Viol a été
enregistrée sous le n" 1709 liin (F'\ car-
Ion 1809'); ^^^6 n'est pas en place.
'''^ 11 est probable que l'envoi fait par
Morellet eut lieu à la suite de quelcjue
réclamation faite par Grégoire et Coupé,
nommés commissaires le 1 1 pluviôse pour
s'occuper de la question d'une nouvelle
édition du Dictionaire do l'Académie (voir
p. 37A). Nous donnons aux annexes, B
(p. A 6 8), la lettre do Morollet.
^•'*) V^oir la séance du a3 nivôse (p. 981).
La lettre du ministre des affaires étran-
gères a été enregistrée sous le n" 1607
(F'^, carton 1008^). Elle n'est pas on place.
L'analyse écrite sur la cliemiso qui avait
contenu la pièce dit : fLetlre du ministre
des alVairos étrangères demandant qu'on
lui fasse passoi- l'Almanacli do la mvriado
du consul Mrandol , Suotlols. (pTil a onvo\é
au (îomito et dont il a oublié do pitMulie
copio'7.
^"^ La lettre de Desproaux se trouve dans
F'^ carton ioo8\ n" 1606.
Mi^ PROCÈS -VERBAUX DU COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE
Lo citoyen Dutrone adresse au Gomitë un rapport fait à l'Assemblée
législative sur rorganisation de l'instruction publique dans les colonies,
relative aux cultures et manufactures. Renvoyé à Bouquier^^^.
Grégoire demande qu'on dépose à la Bibliothèque nationale et aux
Archives de la Convention un exemplaire des ouvrages relatifs à la
Révolution traduits en langue étrangère. La proposition est adoptée ^^^
Prunelle fait un rapport et présente un projet de décret sur la fabri-
cation du minium du citoyen Olivier; le projet est adopté, et Prunelle
se concertera néanmoins avec les Comités de commerce, d'aliénation
et des finances (*^^.
Mathieu propose qu'il soit écrit par le Comité au ministre de l'in-
térieur pour qu'il ait à prendre tous les moyens pour établir la res-
ponsabilité du citoyen Naigeon, nouveau gardien du Dépôt de la
maison de Nesle, en en faisant constater l'état. Cette proposition est
adoptée (^).
Le citoyen Buache, membre de la Commission des arts, écrit au
Comité pour lui faire passer sa démission. Elle est acceptée ^^l
(^) Le rapport (imprimé) qu'envoyait
Dutrone, et qui est joint à sa lettre, avait
été rédigé par Queslin , au nom des Comités
colonial, d'instruction publique et d'agri-
culture de l'Assemblée législative, à propos
de mémoires que Dutrone avait présentés
à l'Assemblée constituante. La lettre deman-
dait que le Comité d'instruction publique
se concertât avec le Comité de marine pour
présenter les conclusions de ce rapport à la
Convention. La lettre et le rapport se trou-
vent dans F^', carton ]7o3,n° 1876. Pour
la suite de cette affaire , voir la séance du
91 ventôse (p. 56o).
^^'> Voir la séance du 17 pluviôse
(p. 611).
(3) Voir la séance du 19 nivôse (p. 256)
et, pour la suite, celle du 9 prairial an 11.
^^^ Naigeon avait remplacé Mulot comme
gardien du dépôt de la maison de Nesle :
voir la séance du 26 nivôse (p. 288). La
proposition do Mathieu est motivée par le
fait que Naigeon n'avait pas encore pu
opérer le recolement des objets déposés à
la maison de Nesle, par suite des lenteurs
de Mulot et de la Commission des monu-
ments (voir p. 879, annexe D).
^^^ Le décret nommant les membres de
la Commission des arts, voté parla Con-
vention le 18 pluviôse (voir p. 827), portait
(art. 2) que les membres de la Commission
seraient tenus de se munir de certificats de
civisme. C'est cette disposition qui détermina
Buache à donner sa démission. Nous repro-
duisons sa lettre aux annexes, C (p. 4/18). La
Commission des arts fit une démarche au-
près du Comité d'instruction pubhque pour
l'inviter à prendre en considération les
services de Buache (voir aux annexes, C,
un extrait du procès-verbal de la séance de
la Commission des arts du 2 5 pluviôse
an 11); mais le Comité ne pouvait aller à
rencontre d'une disposition formelle du dé-
cret. Buache parvint sans doute à se pro-
curer le certificat de civisme exigé : car,
malgré la démission qu'il avait donnée, les
procès-verbaux de la Commission des arts
nous le montrent continuant à siéger dans
la Commission comme si rien ne s'était
passé.
DE LA CONVENTION NATIONALE.
as
Léonard Bourdon fait lecture d'un projet de lettre écrite à la mu-
nicipalité de Montbard au sujet du tombeau de BufTon; il est adopté ^^^
On procède au renouvellement du bureau. Bouquier est nommé
président, Coupé et Villar sont nommés secrétaires.
La discussion est ouverte sur le mode d'exécution du décret rendu
hier sur les encouragements et récompenses à donner aux arts et
sciences. Bourdon propose qu'il soit nommé une section de trois mem-
bres pour s'occuper de cet objet et en faire rapport dans huit jours.
Cette proposition est adoptée. Bourdon, Grégoire et David sont
nommés commissaires à cet effet ^^\
La Société populaire et républicaine des arts dénonce une annonce
insérée dans le n" 39-7 des Petites Arches et un projet d'un nouveau
culte. Renvoyé à Mathieu ^^'.
(^) Une lettre de Buffon fils, que nous
avons trouvée dans les papiers du Comité,
donne des renseignements sur cette affaire ,
dont les procès-verbaux antérieurs n'ont
pas parlé. Il paraît que la nmnicipalité
de Montbard avait exhumé les restes de
BufTon, nous ne savons pour quel motif.
Prévenu du fait par le fils du défunt, le
Comité avait aussitôt chargé deux commis-
saires d'aller au Comité de saiut public
pour lui demander d'intervenir. L'un de ces
deux commissaires était Léonard Bouidon.
Le 3 pluviôse, Buffon fils se rendit au
Comité d'instruction publique pour s'in-
former du résultat de la démarche faite;
n'y ayant pas rencontré Léonard Bour-
don, il écrivit dans les bureaux mêmes du
Comité une lettre au président, Thomas
Lindet. Nous donnons cette lettre aux an-
nexes, D (p. hkcj).
^^) Le décret de la Convention du
90 pluviôse, rendu sur une pélition du
Lycée des arts, portait qu'à l'avenir tous
les arts, aussi bien les beaux-arts que les
arts mécaniques, pniticipeiaienl aux n'com-
penses et aux encourageinenls, et avait
chargé le Comité d'Instruction pubUcjue de
proposer le mode d'exécution. Ce décret,
que nous donnons aux annexes, E (p. ^i5o ) ,
ajoutait aux arts mécani(jues, déjà encou-
ragés par l'institution du Bureau do con-
sultation des arts et métiers, et aux sciences
et lettres, visées par le projet qu'avait
adopté le Comité d'instruction publique le
3 septembre 1793 (t. II, p. 356), les
beaux-arts qui, jusqu'alors, n'avaient reçu
d'autres récompenses que les bourses accor-
dées à l'occasion des concours de peinture ,
sculpture et architecture. Pour la suite,
voir la séance du 17 germinal an 11.
^^^ Nous n'avons pas trouvé la lettre de
la Société républicaine des arts. Le n° 397
des Petites AJJiches ne contient aucune an-
nonce à laquelle puisse s'appliquer la dé-
nonciation dont il est ici question. Il est
probable que nous sommes en présence
d'une bévue de l'employé qui a transcrit
sui- le registre le procès-verbal (dont la
minute n'existe plus), et qui aura amalgamé
deux alinéas dilléronts en un seul, en
supprimant la fin du premier et le com-
mencement du second.
La veille -jo pluviôse, la Société répu-
blicaine des arts avait présenté à la Con-
vention une adresse concernant les anciens
élèves de rAcadéniie do Franco à Home,
(fvictimes infortunées du fanatisme et de la
rage ullramontaine, revenues au sein de
leur patrie à travers mille dangers ''; elle
avait «invoqué la vengeance nationale
contre les traîtres et quelques vils artistes
([ui ont proie un serment exécrablt^ à
Lxlxti PROCÈS -VERBAUX DU COMITE D'INSTRUCTION PUBLIQUE
Le citoyen Thillaye écrit au Comité pour demander a étro autorisé
à mettre en ordre et à soigner le cabinet des écoles de cliirurgie gra-
tuitement, et qu'il soit rendu public. Le Comité arrête qu'il sera écrit
au ministre de l'intérieur pour qu il ait à s'occuper de cet objet et qu'il
présentera Thillaye au ministre ^^l
Le citoyen Langlès, membre de la Commission des arts, donne sa
démission de cette place ; elle est acceptée ^-l
R.-T. Ltndet.
PIECES ANNEXES.
ADRESSE AUX COMMUNES ET AUX SOCIETES POPULAIRES
DE LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE, PAR URBAIN DOMERGUE (^).
Citoyens ,
La Convention nationale, en organisant l'instruction que réclame le premier
âge, a laissé aux Sociétés populaires le soin de compléter l'instruction républicaine.
La connaissance de la langue française entre nécessairement dans cette instruction
complémentaire. Je propose d'y initier l'adolescence et l'âge mûr par des moyens
simples, infaillibles, presque gratuits et propres à la répandre dans tous les points
de la République.
L'étude de la langue nationale est devenue un besoin pour tous les citoyens,
parce que tous les citoyens sont appelés par les droits de l'homme et par la con-
stitution à des emplois où il faut parler et écrire. Sous l'ancien régime, on voyait
quelques liommes, après avoir appris le français avec du latin, vexateurs en
Louis XVilw; elle avait dénoncé nommé-
ment Ménageot, Fabre de Montpellier,
Corneille, Gouffier, Tierce père et fils,
Doyen, et demandé «qu'il lui fût permis
de brûler quelques portraits de ces mons-
tres et plusieurs tableaux, produits de leur
génie corrompue. (Procès-verbal de la Con-
vention, t. XXXI, p. io3.) — On trouve
le texte de cette adresse et des détails sur
la discussion qu elle souleva au sein de la
Société républicaine des arts dans le Journal
de la Société républicaine des arts, pages i o3
et 12 1. C'est évidemment à cette adresse
que s'appliquent les premiers mots de l'a-
linéa : cfLa Société populaire et républi-
caine des arts dénonce . . .ri
^^) La lettre de Thillaye se trouve dans
F", carton 1708, n° 1877. Thillaye était
membre de la Commission des arts, section
d'anatomie. Il sera de nouveau question de
lui le 1 7 ventôse (p. 55 1).
^^' La lettre de Langlès se trouve dans
F'^ carton 1 708, n" 1878. Le motif allégué
par Langlès est que rrla stricte régularité
de ses fonctions à la Bibliothèque nationale
et au Collège de France ne pourrait
s'accorder avec les travaux de la Commis-
sion».
(^) Archives nationales , F^', carton 1 708,
n° 187 A. Celte adresse est de la main d'un
copiste, excepté le post-scriptwn.
DE LA CONVENTION NATIONALE. hkù
surplis ou en robe de la foule illettrée, troubler les consciences par l'erreur, ou
dévorer les fortunes par la fraude.
Aujourd'hui que tous les emplois sont avoués par la raison , fondés sur la justice;
aujourd'hui que l'ouvrier, que l'agriculteur, que tous les citoyens doivent sur-
veiller les autorités dans les Sociétés populaires, qu'ils peuvent être préposés à
l'exécution des lois dans les administrations, à leur confection dans la représenta-
tion nationale, pouvant tous marcher au môme but, ils doivent avoir les mêmes
moyens pour l'atteindre. Et quel moyen plus efficace que la connaissance de notre
idiome; par elle, nous avons une prononciation pure, sorte de musique qui pré-
pare l'esprit aux idées, et l'ame aux impressions; une construction correcte qui
mène à la clarté par l'ordre; une orthographe saine ([ui rend lisible à tous ce qui
a été écrit pour tous. Trop souvent les dissonnances dans la prononciation, la vio-
lation de rorthogra[)he, l'obscurité des constructions, détruisent Teflet d'une
pensée qui eût été utile à la patrie , arrêtent un mouvement oratoire qui eût pro-
duit un mouvement civique. Les peuples esclaves sont condamnés au silence : la
parole, mère et fille de la liberté, est le partage et l'amour des peuples libres. Qui
de vous, ignorant les principes de notre langue, n'a pas désiré mille fois d*y être
initié? qui de vous, initié dans ces principes, n'a pas désiré de s'y perfectionner?
Quand le besoin ne vous en imposerait pas la loi, vous la recevriez de l'orgueil
républicain; l'homme libre doit faire bien tout ce qu'il fait, et vaincjueur de
l'homme esclave en force, en courage, en vertu, il doit être son vain(|ueur en
connaissances.
A de si justes motifs se joint un point de vue pohtique qui doit fixer l'attention
de la représentation nationale : les lois écrites en français ne sont point entendues
par les sections de la République qui parlent allemand, comme dans le Haut et le
Bas-Rhin , italien, comme en Corse , provençal , languedocien , basque, bas-breton ,
comme dans un grand nombre de départements. 11 est bien dilficile d'être réuni
d'opinions quand on est séparé par le langage. Et que dirai-je des mœurs qui
sont les lois en action, des mœurs supplément et colonne des lois? Les départements
limitrophes des étrangers, de nos ennemis, communi([uent avec eux par un
idiome commun, puisent dans leurs écrits, dans leur commerce, des erreurs (jui
déshonorent la raison , des principes qui tuent la liberté. C'est de là que le despo-
tisme astucieux a jeté ces semences de poison dont le développement a menacé de
mort l'œuvre immortelle de notre régénération. N'en doutons pas, Pitt a fait entrer
la difTf'rence de nos dialectes dans ses moyens de contre-révolution. C'est à l'aide des
ténèbres qu'elle répand, de la confusion qu'elle sème, que It^ ministre de George,
l'Arimane des despotes, a fomenté les brigandages de la \endée, rinlame trahison
des Toulonnais, les oscillations de Marseille, la défection de la Corse. Le peu[)le
parisien est resté constamment fidèle, parce qu'il n'a jamais cessé d'entendre la
voix des représentants du peuple français. Tous enfants de la même famille, nous
(levons tous avoir la même pensée, être nuis parle même sentiment. Que ! hunne
des Marseillais, que les chants palrioti(|ues, aiguillon des citoyens dans le sein des
connnunes, terreur des ennemis dans nos camps, puissent enllannner lous les
cœurs de l'amour de la liberté, de l'orient à l'occident, du sn<l au midi. ElVacons
les jargons, comme nous avons ellacé les provinces, La Kt>publi(jU(>, uneci iiulixi-
liUiJ PROCÈS-VERBAUX DU COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE
sible dans son territoire, dans son système politique, doit être une et indivisible
dans son langage.
Un moyen ([ui a paru simple, efficace et peu dispendieux pour propager la con-
naissance de notre idiome, est de publier périodiquement un cours de langue
française contenant :
i" La granunaire française ëlëmentaire, simplifiée, avec des exemples tirés des
droits de l'homme, de la constitution républicaine, des meilleurs auteurs en mo-
rale et en poiifique, suivie de la nomenclature des mots à difficultés, familles de
mots, ot des homonymes. Celle partie, dégagée de toutes les difficultés et de toutes
les erreurs de la routine collégiale, sera écrite d'un style si clair, et présentée sous
un jour si lumineux, qu'il sera impossible à l'intelligence la plus ordinaire de ne
pas la saisir. Les exemples, en éclairant les préceptes, porteront dans les esprits
la connaissance des droits; dans les cœurs, l'amour des devoirs. La nomenclature
des mots à difficultés, les familles de mots, les homonymes, sont des moyens
rapides de conquérir l'usage que les autres moyens ne font acquérir que lente-
ment.
2° Un vocabulaire des mots usuels et de ceux qu'a enfantés la Révolution, où
il y aura des définitions logiques, une prononciation exacte, une prosodie sûre,
le sens propre et le sens figuré, la synonymie, la classification, l'orthographe de
l'usage et les réformes que sollicite la l'aison.
Ce vocabulaire, précieux sous tous les aspects, le sera surtout par la justesse
des définitions. La connaissance de la vraie signification des mots donne de la rec-
titude à l'esprit, et prévient toutes les erreurs qui naissent du langage.
Erreurs logiques, erreurs grammaticales, erreurs politiques, danger a chaque
page, à chaque mot, tels sont tous nos lexiques depuis le Richelet portatif jusqu'au
grand dictionnaire des quarante immortels dont l'heureuse mort a délivré la langue
des chaînes où elle languissait esclave , pauvre , sans honneur et sans courage. Fai-
sons un dictionnaire républicain, avoué par la raison, par le goût, parla saine poli-
tique, où, chaque mot peignant une idée juste, l'œil du Français ne soit plus blessé
en lisant ces définitions académiques : Le roi est le souverain, le citoyen est Vhahilant
d'une ville; marquis, baron, comte, duc, prince, sont des termes de dignités. Un m
est un usurpateur, un tyran, l'oppresseur de la liberté publique. Un citoyen est un
membre de la cité, du souverain. Marquis, baron, comte, duc, prince, sont des
expressions jadis inventées par l'orgueil, adoptées par la bassesse, maintenant
effacées par le niveau de l'égalité et reléguées sur la scène pour devenir un objet de
dérision ou d'horreur.
3" La grammaire raisonnée, pour les personnes qui veulent approfondir cette
science.
Cette partie est le développement philosophique de la grammaire élémentaire.
Elle motive les changements révolutioimaires que j'ai opérés dans le système gram-
matical. Elle est digne des méditations de l'instituteur, de l'écrivain, de l'orateur,
du philosophe.
A" La solution des différentes difficultés qu'on peut proposer sur la langue
écrite ou parlée. Ainsi, une solution donnée en fiiveur d'un seul profite à tous:
de tous les points de la Républirj[ue, mille questions viennent converger en un seul
DE LA CONVENTION NATIONALE. UM
point, d'où la lumière part en faisceau pour être distribuée à tous cea\ qui l'ai-
inent.
Cette partie est piquante par la curiosité, agre'able par la variété, instructive
sans appareil ; en forçant à remonter à des principes inconnus, à tracer des règles
nouvelles, elle enrichit de morceaux précieux l'édifice de la grammaire.
5° Le commentaire grammatical d'un auteur célèbre.
Les autres parties renferment l'explication des principes, celle-ci en présente
l'application. J'examinerai et les fautes qui sont échappées aux grands écrivains et
les beautés dont ils ont enrichi la langue. Jean-Jacques, Voltaire, Buffon, Racine,
nos plus beaux génies comparaîtront devant nos lecteurs, (]ui leur pardonneront
quelques taches effacées par tout l'éclat du talent. Mes remarques seront respec-
tueuses, par égard pour les grands hommes; raisonnées, pour être plus utiles;
également éloignées et du ton de l'école, et de celui des académies, pour [n'être]
ni sèches, ni fausses.
6° Le recueil des meilleurs morceaux d'éloquence et de poésie, avec des notes
didactiques. Tout ce que l'éloquence républicaine enfantera de beau, tout ce que
notre poésie régénérée, fidèle au goût, inspirée par le génie, offrira d'images, de
sentiments, de pensées fortes, consigné dans cette partie de l'ouvrage, élèvera
l'âme, enflammera le cœur, nourrira l'esprit du lecteur républicain. Des préceptes
interjetés marqueront la route que suit le talent, les écueils qu'il doit éviter, et.
faisant passer de l'admiration à l'imitation des chefs-d'œuvre , nous verrons éclore
une nouvelle race de Démosthènes et de Tyrtées aussi supérieurs en verve à nos
petits orateurs en rabat et à nos petits poètes de ruelle que les fiers habitants de
la Montagne le sont en énergie à ces hommes dégradés qui voulaient un maître.
Citoyens, l'ouvrage que j'entreprends est difficile, immense. Mais je puise mon
courage dans vingt-cinq ans de méditations sur notre idiome, je le puise dans le
besoin qu'éprouve mon cœur d'être utile à tous les Français; je le puise dans le
noble espoir d'élever notre langue à la hauteur du peuple qui la parle; je le puise
dans la certitude de coopérer à l'unité de langage, comme nos législateurs ont
opéré l'unité de gouvernement et de législation, et dans la certitude plus flatteuse
encore de pouvoir, par la propagation de notre langue, ce conducteur ('leclrique
(le la liberté, de l'égalité, de la raison, contribuer à la régénération politique de
l'Europe.
P. SJ^^ — L'adresse qu'on vient de lire contient un plan dont l'exécution jxnit
être inliniment utile aux écoles de langue française que vient de faire décider le
Comité de salut public ^^\ l--a j)artie élémentaire sera traitée spécialement pour ceux
([ui ne savent pas le français. Dans la partie des questions h résoudre, on lèvera
toutes les difficultés que les instituteurs pourront rencontrer dans renseignement,
on indiquera tous les moyens de remplir le plus tôt et le mieux possible l'esprit
d'un décret aussi moral que j)olitique. Le vocabulaire est d'une nécessité assez évi-
dente; nous avons de nouvelles idées, une nouvelle langue, il nous faut absolu-
ment de nouvelles définitions, un dictionnaire nouveau.
^'^ Ce poslscripiutn est do la main do l)ouior{][uo. — ^^^ Doirot du S j>lii\iôsi>; voli"
p. 'iliH.
'm PROCÈS-VI^RBAUX DU COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE
On lit, en marge, de la main de Prieur (de la Côle-d'Or) : cr Renvoyé au Comité d'in-
slrucfion publique par celui de salut public pour avoir son avis. 17 pluviôse an 2. C.-A.
PniEUR, B. Barère. » Et plus loin : «Renvoyé à Grégoire??.
LETTRE DE MORELLET AU PRESIDENT DU COMITE D'INSTRUCTION PUBLIQUE '^\
Au citoyen président du Comité d'instruction publique.
Citoyen président
Au mois de septemb. dernier le citoyen Romme alors président du comité
d'instruction publicpie m'aiant demandé le travail de l'académie francoise sur
la lang-ue je lui ai envoyé l'exemplaire imprimé du dictionaire sur lequel sont
les corrections qu'elle destinoit à servir à l'édition qu'elle preparoit. il mnnquoit
à l'exemplaire quelques cabiers emportés par les académiciens qui y travail-
loient elles eux. je prévins le citoyen Romme que j'allois faire mes dibgences
pour les recouvrer, je les ai retirés en effet de chès quelques uns de nos anciens
confrères et en particulier de cbès le feu m"' de Beauveau. je m'empresse de vous
les envoyer pour les joindre au corps de l'ouvrage, salut et fraternité.
A. MoRELLET.
le iG Pluviôse rue du faub. st Hon. n" 83.
On lit sur la chemise: «Le 1" cahier commence à la page 267 jusqu'à 278. Le -2^ de-
puis 676 jusqu'à 616.»
C
LETTRE DE BUACHE AU PRESIDENT DU COMITE DMNSTRUCTION PUBLIQUE ^^\
Paris, 9 1 pluviôse, Tan 2* de la République française une et indivisible.
Au citoyen président du Comité d'instruction publique.
Citoyen ,
Je te prie de faire agréer au Comité d'instruction publique la reconnaissance la
plus vive de ma part pour les marques de confiance dont il m'a honoré, et en
même temps tous mes regrets de me voir dans l'impossibilité de remplir ses vues.
La Convention nationale exige un certificat de civisme des membres de la Com-
mission des arts, et dans les circonstances présentes où des malveillants ont cher-
ché à former sur moi une opinion défavorable, je ne puis me hasarder à deman-
der un certificat, par la raison que s'il m'était refusé je serais regardé alors comme
(') Archives nationales, F^', carton 1708, n° 1882. — Nous conservons pour cette
pièce l'ortliographe de roriginal. — ^-^ Archives nationales, F^^, carton 1708, n° 187^.
1
DE LA CONVENTION NATIONALE. Iili9
un homme suspect et incarce'rë sur-le-champ. Je l'aurais obtenu bien certaine-
ment avant mon admission dans la Commission des arts; mais l'exactitude avec la-
quelle j'en ai rempli les fonctions et mon zèle pour la chose pubhque m'ont fait
des ennemis dangereux dont je dois craindre la vengeance. J'en ai e'prouvé déjà
les plus funestes effets, et h l'exception de la liberté j'ai tout perdu. Je remplissais
avec satisfaction la commission dont j'étais chargé, et c'est avec la plus grande
peine que j'y renonce, et me vois obligé de donner ma démission.
J'enverrai à la première séance de la Commission des arts le reste des inven-
taires que j'ai faits, et tous les renseignements que j'ai pu me procurer jusqu'à ce
jour.
Salut et fraternité.
Blache.
On lit dans le registre des procès-verbaux de la Commission des arts :
Séance du sS pluviôse, l'an 2* de la République.
Un membre ayant observé que la Commission des arts s'assemble pour la [)re-
mière fois depuis son organisation conformément au décret du ^'\ demande
qu'il soit fait un appel des membres qui la composent. L'appel fait, un membre
de la section de marine et de géographie ^^^ observe que le citoyen Buache, son
collègue dans cette partie, ayant donné sa démission, les travaux attribués à la
section de marine et de géographie seraient sans activité, parce que demeurant
chargé seul de ces travaux ^^\ il était très occupé d'ailleurs pour le service public.
[La Commission arrête qu'il sera écrit à Buache pour l'inviter à conlinuer ses travaux jus-
qu'à ce qu'il soit remplacé. Elle arrête en outre qu'il sera écrit au Comité d'instruction
publique. ]
11 sera écrit au Comité d'instruction publique pour l'inviter à prendre en consi-
dération les services de ce citoyen qui, par son zèle, son activité et ses connais-
sances a mérité les suffrages de ses collègues ^*^
LETTRE DE BUFFON FILS AU PRÉSIDE^T DU COMITE D'INSTRUCTION PUBLIQUE ^^^
Le 3 pluvios lan second de la République fraucoise une et Indivisible.
Le citoyen léonard Bourdon, mavoit dit de me rendre ce soir ici . citoven , el
de le demander pour être instruit de la décision que le Comité de salut public, a
prise sur la demande faite j)ar les deux commissaires qua nonunés le (^iomite diu-
(') La date a été laissée en blanc. C'est le (*^ Archives nationales, F'"* 7, lolio
décret du 18 pluviôse an n. aG his, vorso.
('^ (î'est sans doute Mongc, collè^jue de ^-'^ Archives nationales, F'", carton ioo8\
Buache dans cette section. n" iGr)G. Nous conservons l'orlliograplie cl
^^^ Mais Adel appartenait également à la ponctuation de l'original,
la même section.
m.
•'9
lUrilIlil.Ml. NAIlUTIJILt
/i50 PROCÈS -VERBAUX DU COMITE D'INSTRUCTION PUBLIQUE
struction publique, pour demander une lettre a la municipalité de Montbard, afin
que elle respectât le tombeau de mon père; et remit son corps dans un autre cer-
cueil de plomb ou de pierre, comme jl ny est pas jose te prier citoyen de vouloir
bien men jnsti'uire et je te te'moigne ici ma sensibilité sur la manière honorable
et affectueuse avec la qu'elle tu as repondu a ma demande, le jour ou je me suis
présenté au Comité.
BCFFON ^^K
On lit en marge : «A représenter à la procliaino séance». — Au dos de la lettre se lit
cette suscriplion : «Citoyen Lindet, Président du Comité d'instruction publique de la Con-
vention nationale 55. Et au-dessus : wLu».
On lit dans les procès-verbaux de la Convention :
Séance du 20 pluviôse an u.
Pétition des citoyens composant le Lycée des arts ^"^K
rfSur la proposition d'un membre, la Convention nationale décrète qu'il sera
accordé, sur la déclaration d'un jury, des récompenses et des encouragements a
tous les arts, tant à ceux connus sous la dénomination de beaux-arts qu'à ceux
qu'on qualifiait d'arts mécaniques.
ff Renvoyé au Comité d'instruction publique, pour proposer incessamment le
mode d'exécution ^^K -n
t') On sait que G.-L.-M, Leclerc de But- '^^ Nous n'avons pas trouvé cette péti-
lon fut arrêté quelque temps après, et lion aux Archives nationales.
que, impliqué dans l'affaire de la conspi- ^^^ Procès -verbal de la Convention,
ration des prisons, il fut condamné à mort t. XXXI, p. io3.
le 22 messidor.
DE LA GOiNVENTlON NATIONALE.
UM
CENT QUATRE-VINGT-DIX-SEPTIEME SÉANCE.
Du 23 pluviôse an ii. [ii lévrier 179^^.]
Présidence de Bouquier.
CoDPÉ et ViLLAR, secrétaires.
Le citoyen Romme a présenté de la part du citoyen Firstenfelder
une montre décimale pour le concours proposé par la Conventions^',
et elle a été déposée sur le bureau sous le n" i et le cachet du Comité.
Elle a deux cadrans, un en dix parties d'un côté, et un autre en douze
parties ou heures de l'autre. Sur ce cadran est écrit Martin Firstenfelder,
et elle est accompagnée du reçu du citoyen Soulavie, résident de la
République à Genève ^'^^
Le ministre des affaires étrangères envoie l'état de la bibliothèque
qui était entre les mains du ci-devant jurisconsulte des affaires étran-
gères, pour servir aux commissaires chargés d'en faire et surveiller le
transport de Versailles à Paris ^^^
Sur la demande formée par le citoyen Hébert, directeur des théâtres
de Rochcfort et de la Rochelle, pour que le Comité d'instruction pu-
blique écrive aux représentants du peuple de lui faire rendre la salle
de spectacle occupée par la Société populaire, le Comité passe à
l'ordre du jour^^l
Le Comité de salut public écrit au Comité d'instruction pour que
des mémoires sur la fabrication des cuirs de Russie, qui se trouvent
dans les papiers de Juigné, soient conservés et lui soient remis par le
citoyen Buache. Le Comité d'instruction publique arrête, en outre,
que le citoyen RerthoUet en fera rexam(în et en fera faire une copie
pour remettre au Comité d'instruction publique ^^l
('^ Le décret instituant ce concours est
du a 1 pluviôse. Voir la séance du 1 9 plu-
viôse, p. /i3o, note 2.
(^) Sur Firstenfelder, voir la séance du
9 frimaire (p. A a).
(^) Voir la séance du 2 5 nivôse (p. 283).
Nous n'avons pas trouvé la lettre du mi-
nistre. Le 22 pluviôse, la Convention avait
volé un décret ordonnant Tinslallation du
dépôt des ailaires étranjjères de Versailles
dans la maison Beaujon (Elysée-Bourbon);
ce décret fut rapporté le 2/1 (Procès-verbal,
t. XXXI, pa/jes i()2 et 216).
^*^ Nous n'avons pas trouvé la lettre
d'Héborl.
(''^ La maison de l'éniijfrt' Jiii'jné, située
quai Voltaire (quai Mala(piais), devait être
évacuée à bref délai pour être remise à
l'adminislration des armes et mnnllions de
{juerre. Instruite de la chose, la Commis-
'■^9
452 PROCÈS-VERBAUX DU COMITE DINSTRUCTION PUBLIQUE
Arrêté que la Commission des arts est chargée d'écrire aux repré-
sentants du peuple et d'avoir recours à eux pour l'exécution du décret
du 3 1 pluviôse ^^^ sur l'enlèvement des modèles d'armes fait à Stras-
bourg par l'émigré . . . ^-\
Le Comité a nommé deux commissaires, Arbogast et Mathieu, pour
aller examiner un globe de 9 pieds de diamètre commencé rue de la
Barouillère, près la barrière de Vaugirard, et lui rendre compte de
l'état où il se trouve ^^^
Un membre propose d'écrire au ministre de l'intérieur pour qu'il
donne l'ordre de faire remettre en place et à la disposition de la na-
sion des arts décida, le 30 pluviôse, d'in-
viter le Comité de salut public à faire
retirer de cette maison certains papiers
relatifs à la fabrication du cuir de Russie,
ainsi que dos cartes et plans. Le Comité
prit aussitôt un arrêté (22 pluviôse), dont
une expédition fut adressée au Comité d'in-
struction publique. Nous donnons aux an-
nexes, A (p. A 53), un extrait du procès-
verbal de la séance de la Commission des
arts du 20 pluviôse, l'arrêté du Comité de
salut public du 22 pluviôse, et une lettre
de l'administration des armes et munitions
de guerre à la Commission des arts, rela-
tive à l'évacuation de la maison de Juigné,
du 25 ventôse.
(^) La minute porte erronément 2 2 plu-
viôse , et le registre 1 2 pluviôse.
^'^) Le nom de l'émigré est resté en blanc ,
tant au registre qu'à la minute. C'est Nadal.
Le procès-verbal de la Convention ne
contient pas le décret du 2 1 pluviôse relatif
à un enlèvement de modèles d'armes fait à
Strasbourg. Mais le Moniteur supplée à cette
omission. Nous donnons aux annexes, B
(p. 655), un extrait du compte-rendu du
Moniteur.
(^) Le globe terrestre dont il est ici
question est celui de dom Berge vin. Com-
mencé en 1786, sous le ministère de
M. de Vergennes, ce globe était déjà assez
avancé en 1788, année oii l'Académie des
sciences fut cbargée par M. de Montmorin
de l'examiner et entendit à son sujet un
rapport rédigé par Buacbe. Le 3 mars 1 790,
un traité intervint entre dom Bergevin et
le département des affaires étrangères, au
sujet des dépenses nécessitées par ce travail
(procès-verbal de la séance du Comité d'in-
struction publique du 12 fructidor an ni).
Un des premiers objets dont s'occupa la
Commission des arts, en septembre 1798,
fut l'achèvement de cette intéressante en-
treprise. C'est certainement sur Tinitiative
de la Commission des arts que le Comité
d'instruction publique désigna des commis-
saires pour aller rue de la Barouillère et
lui faire un rapport.
Le globe de Bergevin fut achevé en
l'an III. Originairement destiné au châ-
teau de Versailles, puis promis au Mu-
séum d'histoire naturelle, il fut, sur la pro-
position de la Commission executive de
l'instruction publique, déposé dans la bi-
bliothèque publique des Quatre-Na lions
(bibliothèque Mazarine); depuis 188 5, il
se trouve dans le musée de l'Observatoire
de Paris, dont il forme une des pièces les
plus remarquables.
Nous donnons aux annexes, C (p. 656),
des extraits d'une lettre de M. de Montmorin
à l'Académie des sciences, et du rapport de
Buache, empruntés à un travail de M. Er-
nest Maindron publié en 1887; ainsi que
des extraits des procès-verbaux des séances
de la Commission des arts des 8 et 22 sep-
tembre 1793.
Il sera de nouveau question du globe de
Bergevin dans la séance du Comité du
i"" terminal an 11.
DE LA CONVENTION NATIONALE.
UdV)
tion tous les catalogues et les pièces contenues au portefeuille d'Angi-
viller, et objets qu'il pourrait avoir chez lui, à Versailles ou h Paris,
appartenant à la nation (^^.
Le Comité a arrêté de faire imprimer la méthode du citoyen Sicard,
pour l'instruction des sourds et muets, au nombre de deux mille ^'^^
La séance est levée à dix heures et demie.
J.-M. Coupé (de l'Oise), secrétaire
(3)
PIECES ANNEXES.
On lit dans le registre des procès-verbaux de la Commission des arts :
Séance du 20 pluviôse, l'an 2" de la République.
Un membre a observé qu'il s'est trouvé dans les papiers de l'émigré Juigné , en
sa maison, quai de Voltaire, quelques mémoires manuscrits sur la Russie, oii
Juigné avait été ambassadeur. Parmi ces papiers, on a remarqué trois ou quatre
pièces qui présentent des recherches intéressantes sur la manière de faire le cuir
de Russie, et elles ont été mises à part pour être conservées et communiquées au
Comité de salut public. Sur le rapport exposé ci-dessus, la Commission des arts
a arrêté qu'il en serait rendu compte au Comité de salut public, et que ces manu-
scrits, ainsi que les cartes et plans, seraient retirés de la maison de Juigné, qu'il
'•') Charles-Claude de la Billarderie,
comte d'Angiviller, avait été surintendant
des bâtiments du roi, et membre de l'Aca-
démie des sciences. Les comptes présentés
par lui en 1790 ayant paru fort exagérés,
un décret de l'Assemblée constituante,
rendu sur le rapport de Camus, le 10 juin
1791, ordonna la saisie de ses biens. Il se
réfugia alors en Allemagne, où il mourut
en 1810.
Il ne faut pas le confondre, comme on
le fait souvent, avec Flaliaut de la Billar-
derie, maréchal do canjp, qui fut inten-
dant du Jardin du roi après Bulfon, jus-
(pi'en soptond)re 1791. Flahaul de la
Billarderie, né le 1 tî avril 172/1, d'après
un document des Archives nationales ( F",
carton 1^39), fut gtiilloliné à Ai ras en
l'an II. 11 fut le père du comte do Flahaul,
général du premier empire , pair de France ,
et sénateur du second empire. Sa veuve, par
un second mariage, devint M"* de Souza.
Il est question à plusieurs reprises, dans
les procès-verbaux de la Commission des
arts, des objets et papiers divers provenant
du comte d'Angiviller. La Commission des
monuments en avait dressé l'inventaire, et
avait forme dans la maison d'Angiviller
un dépôt de cartes. Voir aux annexes, D
(p. /i58), un extrait de V Exposé sncciiict
des travaux de la Commission des monu-
ments, et un extrait du procès-verbal de la
séance de la Commission des arts du -jo ven-
tôse an H.
(-^ Celte décision du Comité ne paraît
pas avoir été exécutée. Nous avons cheivhé
inutilement à la Bibliothèque nationale une
Méthode de Sicard pour l'instruction des
sourds-muets, (pii aurait été inipriiiiée en
Tan 11 ou en l'an m.
^■'^ Signature de la minute, qui »^st de
la main de Coupé.
/t5/i PR0CI>S-VERBA[1X DU COMITF. D'INSTRUCTION PIJBfJQUE
est instant d'évacuer, et transportés à la maison de Nesle. Elle a chargé les citoyens
Leblond et Biiache de ce transport ^^^
La minute de l'arrêlo pris h surlendemain par le Comité de salut public, en consé-
quence de la communication faite par la Commission des arts, est de la main de Prieur
(de la Côte-d'Or) et ne porte d'autre signature que la sienne. Nous en donnons le texte
ci-dessous :
Le Comité de salut public, instruit que dans les papiers de Juigné se trouvent
des mémoires sur la i'ohrication des cuirs do Russie, considérant combien il est
précieux de recueillir promptement tout ce qui peut avancer et favoriser la fabri-
cation des cuirs, et craiguant que dans le déménagement rapide qui se fait de la
maison Juigné ces papiers ne se trouvent confondus avec un grand nombre d'autres
et ne puissent être retrouvés au moment du besoin,
Arrête :
Que le citoyen Buaclie est chargé de faire remettre au Comité de salut public,
section des armes, les mémoires relatifs à la fabrication des cuirs de Russie, qui
se trouvent parmi les papiers de Juigné , et que le Comité d'instruction publique
sera prévenu de cette mesure.
Les membres , etc.
2 expéditions : i pour le Comité d'instruction pubhque ; i pour Buache , aux
du Louvre.
Paris, le 32 pluviôse an 2".
C.-A. Prieur (').
galeries du Louvre.
Une expédition de cet arrêté se trouve dans les cartons du Comité d'instruction publique
(F", carton 1708, n° 1889); elle porte en tête la mention : «Comité de salut public.
Bureau de la fabrication extraordinaire des armes?? ; elle ne contient que le dispositif de
Tarrèté, sans les considérants, et elle indique, comme ayant «signé à l'original)?, c'est-
à-dire au registre, Robespierre, Carnot, C.-A. Prieur, Barère, Billaud-Varenne et
R. Lindet.
Nous avons trouvé, dans un carton de la série F^', une lettre adressée le mois suivant
à la Commission des arts par l'administration des armes et munitions de guerre, qui devait
prendre possession de la maison de Juigné, et qui insistait pour que l'évacuation en fût
opérée le plus promptement possible. Voici cette pièce :
Administration
conservatoire des armes
et munitions de guerre , • r./ ii- • i- • -i-i
de la République ^" ^^ ventôse 1 an 2" de la liepublique une et nidivisible.
L'administration me charge, citoyens, de vous inviter à ordonner que la biblio-
thèque et le cabinet d'histoire naturelle soient évacués au plus tôt, l'intention du
^ Archives nationales, F^'*7,foHo 26 6es, ^-) Archives nationales, AF 11, carton 67,
recto. cahier Zjgo, pièce 6.
DE LA CONVENTION NATIONALE.
/i55
Comitë de salut public ëtant que nous ayons à notre disposition et le plus prompte-
ment possible la jouissance de cette localité.
Al. Berger.
Suscription : c: Aux citoyens membres composant la Commission des arts et monuments
publics séante au ci-devant Collège des Qualre-Nations^'^»
On lit sur la pièce : rr Renvoyé à la section des dépôts littéraires et d'iiistoire naturelle,
3o ventôse. Vill.vp. , secrétaire '^^"i .
Et au-dessous, d'une autre écriture : «Renvoi à la section des armes du Comité de salut
public pour savoir dans quelle maison est établie cette Commissions^'. 3o ventôse. rî
La main d'un employé de la section des armes a écrit, en réponse à cette demande, l'in-
dication ci- après, qu'il a placée au-dessous de la signature AL Berger : r A l'Arsenal , maison
ci-devant Montbaré??.
Enfin, en marg-e, on lit ces mots, qui se rapportent à la fflocalitéTi dont l'évacuation est
demandée et qui n'est pas désignée clairement dans le texte de la lettre : «-Quai Malaquais,
maison ci-devant Juigné ^''^w.
On lit dans le Moniteur :
Convention nationale, se'ance du 21 pluviôse.
Rûhl. Il existait dans l'arsenal de Strasbourg une collection très précieuse de
modèles de toutes les armes relatives à Tartillerie. Cette collection a été emportée
en partie par Nadal, lorsqu'il a émigré par la protection de Dietrich, qui a enfin
expié ses crimes sous le glaive de la loi^^^ Mais il est intéressant de rétablir cette
collection. J'atteste le témoignage de notre collègue Romme, qui Ta vue et admirée.
Je demande donc que le Comité d'instruction publique avise aux moyens de réparer
cette perte.
Le renvoi au Comité d'instruction publique est décrété ^®\
(') L'auteur de cette lettre a confondu
la Commission des arts et celle des monu-
ments, croyant qu'elles ne faisaient qu'un.
C'est la Commission des monuments qui
siégeait au collège des Quaire-Nations. La
Commission des arts avait ses locaux à
l'hôtol de Brionne, à côté du Comité d'in-
struclion publique.
S-) Vlllar signe ici comint; secrétaire do
la (Commission des arts. Il remplit ces
fonctions pendant le mois de ventôse, con-
formément à l'arrêté du Comité d'instruc-
tion publique du 90 pluviôse (voir p. A.^x)),
disposant (juo le président et le secrétaire
du Comité, à l'expiration de leur charge,
rempliraient pendant le mois suivant les
fonctions do président et de secrétaire de
la Commission dos aits.
(^^ C'est-à-dire l'administration des armes
et munitions de guerre.
(*) Archives nationales, F'", carlon 1 0/18.
S*) Dielrich , ancien maire de Strasbourg ,
avait été condamné à mort, le 8 nivôse, par
le tribunal révolutioiuiaire, comme cou-
pal)io d'avoir eu des inlolligencoset pratiqué
des manœuvres avec los oiniemis inloriours
et extérieurs de la République. Nadal était
l'inspecliHu- de l'arsenal de Strasbourg
[Journal des dcbats et des décrets).
S") Moniteur du -^S pluviôse an u , p. 579.
^50 PROCES-VERBAUX DU COMITE ^INSTRUCTION PUBLIQUE
Dans un article paru dans la Revue scientifique dn 7 mai 1887, ^'- Ernest Maindron a
publié divers documents, retrouvés par lui à la bibliothèque Mazarine et aux archives de
l'Académie des sciences, relatifs au {rjobe terrestre construit par dom Bergevin de 178^
à 1794. Nous reproduisons ci-après quelques extraits de ces documents.
L'Iutrodiiclion d'une description manuscrite de ce globe, conservée à la bibliothèque
Mazarine (n° 3G88, in-/i°), nous apprend que le plan en fut proposé en 178/4 au comte
de Vergennes, ministre des affaires étrangères, par le géographe Le Clerc. Le comte de Ver-
gennes mit sous les yeux du roi un mémoiie exposant l'utilité de ce travail, et Louis XVI
donna l'ordre do l'exécuter.
11 lut statué tf que le globe serait terminé en deux ans : qu'il serait placé à Versailles, afin
qu'il pût être utile à Monseigneur le dauphin et qu'il l'eût sous les yeux. . . ; que dom
Bergevin, religieux de l'ordre de Saint-Bernard, serait chargé de l'exécution mécanique du
globe et de la description des moyens employés dans sa composition interne et externe;
qu'il aurait pour collaborateurs dans la partie géographique MM. Le Clerc et Robert de
Vaugondy?^.
Quatre ans plus tard, le globe était presque entièrement achevé (le délai de deux ans,
fixé poui" la terminaison du travail, avait été bien vite reconnu insuffisant). Le comte
de Montmorin, successeur de Vergennes, écrivit alors à Condorcet, secrétaire perpétuel de
l'Académie des sciences, le 17 février 1788, une lettre où on lit ce qui suit :
M. l'abbé Bergevin m'informe que l'ouvrage tire à sa fin ; mais avant que d'en
permettre l'exposition publique, j'ai pense' que ce monument devait être soumis
à l'examen de commissaires de l'Académie des sciences ; c'est même le vœu de
dom Bergevin.
J'ai à vous prier, pour cet effet, monsieur, de vouloir bien engager l'Académie
des sciences à nommer des commissaires pour examiner le nouveau globe et en
faire leur rapport à la Compagnie. L'atelier de dom Bergevin est établi dans une
maison où il loge, rue Barouillère, faubourg Saint-Germain. Lorsque je serai
instruit de vos dispositions à ce sujet, je l'en informerai, en lui recommandant
d'aller se concerter avec vous, monsieur, et de concourir, en ce qui le concerne,
à la vérification projetée , dont je me propose de rendre compte à Sa Majesté.
Les commissaires nommés par l'Académie des sciences furent Lalande , Buache et Cbabert.
Leur rapport, rédigé par Buache, fut présenté deux mois après, le 19 avril. Nous en dé-
tachons les passages suivants ;
Nous, commissaires nommés par l'Académie , avons examiné un globe terrestre,
de huit pieds de diamètre, ordonné par le roi et exécuté sous les auspices du mi-
nistre des affaires étrangères par dom Bergevin, religieux de l'ordre de Citeaux. . .
Ce globe devait être de neuf pieds de diamètre , suivant le projet arrêté et la
soumission de dom Bergevin ^'^; mais, après plusieurs essais et en considérant les
(') Ceci explique pourquoi, dans le procès-verbal du Comité d'instruction publique, il est
question d'un globe de neuf pieds.
DE LA CONVENTION NATIONALE. /j57
(iiflTicuUés qu'il y aurait à le placer dans un lieu convenable, le ministre le réduisit
à huit pieds.
Le premier soin de dom Bergevin fut de donner à son globe la plus grande
solidité; et il fut secondé dans cette partie par M. Bergevin, architecte, son frère,
qui y employa toutes les ressources d(; l'art.
[Suit une description minutieuse de la charpente intérieure du globe, exécutée en bois,
consolidée par des pièces de cuivre, et recouverte de lames de cuivre.]
Cette charpente a été exposée en plein air aux chaleuis de Tété et a éprouvé les
rigueurs et l'humidité de deux hivers, sans qu'on y ait aperçu aucun dérangement.
On a mis sur le globe vingt à vingt-cinq couches d'une couleur jaune préparée
à l'huile et au vernis, et que les peintres appellent couleur de préparation; et
lorsque cette couleur a été bien durcie à l'air, on l'a poncée avec des pierres ponces
fines On a peint ensuite le globe avec du blanc de céruse préparé à l'huile
et au vernis, et on y a mis encore trente couches très claires; on l'a laissé ensuite
à l'air pendant un été, et, lorsque l'on a été assuré que la peinture était sèche,
on l'a polie au chiffon avec la pierre ponce broyée sur un marbre , et ensuite au
tripoli.
C'est dans cet état que dom Bergevin a entrepris d'y tracer la géographie; après
différents essais qu'il a faits sur la manièi'e d'y décrire les objets, il s est déterminé
à les graver dans la peinture même et à appliquer dans les tailles le plus beau
noir d'imprimerie qu'il a pu se procurer. . . Les montagnes sont faites au pinceau;
elles se distinguent d'une manière frappante. . . Il ne reste, pour terminer ce globe,
(pj'à y ajouter les deux couleurs ([ui distinguent les terres et les mers, avec le
vernis qui doit recouvrir le tout. On ne l'a pas fait, afin de pouvoir y appliquer les
changements, correclions et additions qui paraîtraient convenables après l'examen
des matériaux géographiques que l'auteur a employés . . .
Un petit globe de seize pouces de diamètre, qui est le modèle du grand et qui
est terminé dans toutes ses parties, nous a mis à portée d'entrevoir ce que serait
ce dernier lorsque l'on y aurait mis la dernière main.
On lit ce qui suit dans le registre des procès-verbaux de la Commission des arts :
Séance du 8 septembre 1798.
Globe de Bergevin à continuer; modèle à retirer de la maison des aiîaires
étrangères ^'^ Tliouin annonce que ce globe avait été destiné au Muséum d'histoire
naturelle.
Séance du 99 septembre 1798.
La section de la marine remet un procès-verbal sur le glob»» de B(M*gevin et sur
le globe du citoyen Vlentelle ^'\ Déposé au carton ^^\
^'^ Ce uio(l(M(' est le potil {jlobc de seize nati()nale,el se Ironvodans la salie des «globes
pouces dont parle le rapport de Huache. (voir VEnuta et Addenda en tète du pré-
'^^ Sur le gIoi)e de Mentelle, voir notre sent volume),
tome II, p. .5-^7. Le globe de Mentelle a ^^^ Archives nationales, F'"* 7. folios 1
été acquis en 1877 par la Bibliothèque verso et 3 verso.
/i58 PROCES -VERBAUX DU COMITE D1NSTRUGTI0N PUBLIQUE
La Commission des monuments, dans VExposé succinct des travaux de la Commission
(p. 9 de cet Exposé), parle du soin qu'elle a pris de recueillir des cartes géographiques et
de les réunir en un dépôt dans la maison d'Angiviller :
Lo d(q)ôt qui se forme à rancienne demeure de l'émigré' d'Angiviller, sous la
surveillance de la Commission, sous la garde d\m de ses membres, peut prouver
le zèle de la Commission à cet égard. Elle ne s'est pas bornée à réunir ainsi toutes
les cartes qu'elle a pu découvrir; elle a voulu, par une communication facile, se-
conder les travaux des auteurs de l'Atlas national, dont l'ouvrage sera si utile à la
République '^^K
On lit dans le registre des procès-verbaux de la Commission des arts :
Séance du 20 ventôse, l'an 9.' de la République.
Il est arrêté que les sections respectives vérifieront, avec l'inventaire qui doit être
remis par la ci-devant Commission des monuments, les objets de sciences et d'arts
de la maison de l'émigré d'Angiviller, et procéderont ensuite à leur transport
dans les dépôts nationaux, ainsi qu'il conviendra ^^^
(^) Sur VAtlas national et ses auteurs, ^^^ Archives nationales, F'^* 7, folio 38
voir pages /i63-464. verso.
DE LA CONVENTION NATIONALE.
A59
CENT QUATRE-VINGT-DIX-HUITIEME SEANCE.
Du a5 pluviôse an ii. [i3 février 179^.]
Le citoyen Mathieu rend compte de ce qui s'est passé à la séance
de la Commission des arts, qui a eu lieu ce matin quintidi. Ladite
Commission a choisi pour son secrétaire-commis le citoyen Lehlond;
elle demande que le Comité d'instruction puhlique ratifie cette élec-
tion. Le président met la proposition aux voix; elle est adoptée ^^l On
arrête en même temps que le président et le secrétaire de la Commis-
sion des arts seront pris dans le sein du Comité. L'un et l'autre, après
avoir rempli leurs fonctions respectives pendant un mois dans le
Comité, iront les continuer dans la Commission des arts pendant le
mois su i vaut ^^l
Il sera fait une liste des membres qui peuvent être présentés a
la Convention nationale pour être adjoints au Comité d'instruction
pubHque^^l
Le citoyen Carpent présente ses vues pour former un établissement
^'' Sur la nomination d'un secrétaire-
commis, ou commis adjoint au secrétaire,
que la Commission des arts avait été in-
vitée à présenter, voir la séance du Comité
du 19 pluviôse (p. /i33). Ce secrétaire-
commis reçut de la Commission le titre
à'' agent. Nous donnons aux annexes, A
(p. /iôa), un extrait du procès-verbal de la
séance de la Commission des arts du 2 5 plu-
viôse, relatif à la nomination de Leblond
en qualité d'agent.
^^^ Cette phrase signifie que le président
et le secrétaire du Comité, à l'expiration
de leurs fonctions, rempliront pendant le
mois suivant celles de président et de se-
crétaire de la Commission des arts. Et en
effet, nous voyons que Lindet, président
sortant du Comité, devient président de la
Connnission dos arts : c'est lui ([ui signera
en cette qualité Vlustructiou sur la ma-
nière (l'inreiitoricr, etc., publiée dans le
courant de vcnlôse.
^'^ Lorsqu'un comit*' trouvait insulîisant
le nombre de ses membres, il devait en
aviser le Comité de salut public, et lui in-
diquer ceux des représentants qu'il désirait
se voir adjoindre; le Comité de salut public
proposait alors à la Convention les aug-
mentations qu'il jugeait nécessaires {^ote
du Comité de salut publie relative ait.v dif-
férents comités de la Convention, dans noire
tome II, p. 780). Une première fois déjà,
le Comité d'instruction publique avait usé
de ce moyen pour se compléter, et six mem-
bres lui avaient été adjoints le 1 1 brumaire.
Maintenant il se trouvait de nouveau privé
d'un certain nombre de ses membres, par
l'arrestation de Basire de Cloots, de Fabre,
et l'envoi en mission de Romme ; Guyton et
Fourcroy allaient voir presque tout loin*
temps réclamé pai- l'Kcole des armes et
poudres, dont les cours s'ouvraient le
i" ventôse. La liste des noms qui liu-tMil
adoptés pour être présentés à la Conven-
tion est aiuiexée au procès-verbal di> la
séance suivante (p. /iGG).
A60 PROCES -VERBAUX DU COMITE D'INSTRUCTION PUBLIQUE
propre à assui'cr l'existcînce des nourrices qui viennent chaque jour
chercher des enfants, et propose pour les enfants un plan de nourri-
ture saluhre. Ajourné à la prochaine séance ^^^.
Le citoyen Coupé fait un rapport au nom du Comité d'instruction
puhlique et de celui des domaines, réunis, sur la destination des ci-
devant églises et autres hàtiments possédés par des corporations par-
ticulières supprimées et restés vacants. Le Comité arrête que le ré-
sultat des délibérations prises par lesdits comités sera présenté au
Comité de salut public ^'^^.
Le Conservatoire du Muséum des arts est introduit. Un membre,
au nom de ses collègues, rend compte des premiers travaux de cette
commission. Il résulte de son rapport déposé sur le bureau qu'il lui
a été impossible jusqu'ici de procéder à des inventaires complets. Le
Comité prendra cet objet en grande considération ^'^^.
Le citoyen Grégoire propose de faire un rapport sur l'exécution de
la loi du 28 nivôse ^'^^ relative au concours qui doit être ouvert pour la
composition des livres élémentaires. Ajourné à la séance prochaine ^^l
Les administrateurs au département de police de la commune de
Paris donnent avis au Comité qu'ils ont reçu trois voitures de papier
imprimé en feuilles. Le citoyen Guyton-xMorveau est nommé rap-
porteur ^^\
(■' Voir p. hS'2. H sera de nouveau ques-
tion de Carpent le 9 floréal an 11.
^^> Voir la séance du 19 pluviôse (p. 433).
Le 5 ventôse (p. A93), Coupé rendra
compte de la remise laite par lui de ce
projet de décret au Comité de salut public.
Une disposition identique à celle du projet
de Coupé se trouve dans le plan de Bou-
quier : voir p. 60 (article 9 de la section IV)
et p. 570 (article 2 de la première section).
Le projet de décret préparé par Coupé n'a
pas été, à notre connaissance, présenté à
la Convention; mais les votes de l'assem-
blée dans les séances des i5 et 2 5 ventôse,
interprétant le décret du 2 5 brumaire, dé-
clarèrent que ce décret donnait aux com-
munes la faculté de disposer des presbytères
et des én;lises (voir p. bh^, note 1).
(^) Voir la séance du i5 pluviôse (p. Sc)k)
et, pour la suite, celle du 2 7 pluviôse (p. 466).
^*^ Date erronée ; le décret est du 9 plu-
viôse.
^^) Le décret du 9 pluviôse (article h)
avait chargé le Comité de présenter un rap-
port sur l'organisation d'un jury chargé de
juger les ouvrages envoyés au concours.
Déjà Tliibaudeau avait été nommé rap-
porteur le 9 pluviôse (p. 36a). Bien que
le Comité ajourne ici la question crà la
prochaine séance^^, il ne s'en occupera que
le 1 1 messidor an 11.
^**) Il est probable que les trois voitures
de papier imprimé envoyées au départe-
ment de la police de la commune conte-
naient du papier destiné à la refonte. (Voir
à ce sujet la lettre de la municipalité de
Paris lue à la Commission des arts le 2 5 ni-
vôse, p. 395). Dans ce cas, il était natu-
rel de renvoyer l'affaire à Guyton, chargé
depuis frimaire du rapport sur cette ques-
DE LA CONVENTION NATIONALE.
AGI
Le citoyen Sarrette envoie sa démission de membre de la Commis-
sion des arts; elle est acceptée. Le choix du successeur de Sarrette
est ajourné (^l
Les inspecteurs de la salle invitent le Comité à surveiller la con-
sommation de bois qui se fait dans ses bureaux. Renvoyé au citoyen
Mathieu, inspecteur du Comité.
Le Comité s'occupera dans la séance prochaine des mesures à
prendre pour maintenir la propriété des artistes , violée par les
contrefacteurs (^^
Le Comité de division fait passer au Comité d'instruction publique
un extrait du registre de ses délibérations, séance du 19 pluviôse. Il
demande qu'on lui procure toutes les géographies anciennes et mo-
dernes, le grand Atlas national, et les autres cartes géographiques.
Renvoyé à la Commission des arts ^^\
David est chargé de se transporter au Comité des inspecteurs de la
salle pour l'engager à ne prendre aucune détermination sur le place-
ment du buste du jeune Barra avant de connaître un plan général
sur les œuvres d'art, que doit présenter le citoyen Cambon à la Con-
vention nationale ^^l
Le président lit une lettre du Comité de salut public sur plusieurs
questions que ledit Comité a déjà fait passer au Comité d'instruction
publique ^^^. Le Comité adopte le projet d'instruction proposé par Lindet
lion. Voir la suite à la séance du 1 7 ven-
tôse (p. 55 1).
('^ La démission de Sarrette paraît avoir
été motivée, comme on le verra plus loin,
par ses occupations à l'Institut national de
musique. Voir la suite à la séance du
5 ventôse (p. àgh).
^'-^ Cette décision du Comité fut prise à
la suite d'un décret rendu par la Convention
le a 1 pluviôse. Voir aux annexes , B ( p. /i 6 9) ,
un extrait du procès-verbal de la séance de
la Convention du ai pluviôse an 11, avec
quelques indications complémentaires em-
pruntées au Moniteur. La (jueslion re-
viendra à l'ordre du jour le 1 1 ventôse
(p. 53o), à l'occasion d'un projet présenté
par la Société républicaine des arts.
^•'') La lellie du Coinilé de division lui
lue à la Commission des ai Is le 3o pluviôse.
Nous donnons aux annexes, C (p. A63 ), un
extrait du procès-verbal de la séance de la
Commission de ce jour, et des indications
bibliographiques sur VAtlas national.
^'') Voir p. 335. Le plan auquel il est
fait ici allusion et (|uo devait présenter
Cambon est sans doute un plan de déco-
ration de la salle des séances. Nous ne
croyons pas qu'il ait été présenté.
^*) Cette lettre, enregistrée au Comité
sous le n" 197^1 (F^", carton 1009M, n'est
pas en place; le contenu en est ainsi résumé
sur la chemise : cr Lettre du Comité de salut
public demandant au Comité d'instruction
publicjue de lui faire parvenir sous trois
jours la solution des questions qu'il lui a
posées sur le gouvernement révolution-
n;iire'>. Il s'ngil des (juestions posées dans
la lettre du 'i pluviôse (voir p. 376).
^62 PROCÈS -VERBAUX DU COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE
relatif aux questions insérées dans la note du Comité de salut public
sur les objets concernant l'instruction publique, les bourses, collèges,
bibbothèques, monuments et imprimeries, destiné pour les autorités
constituées qui doivent seconder l'activité du gouvernement révolution-
naire. Il sera fait mention dans ladite instruction de la loi concernant
les instituteurs dans les départements fanatisés (^^. Il en sera tiré deux
copies : l'une pour être envoyée au Comité de salut pubHc, l'autre
pour être déposée aux archives du Comité d'instruction pubbque^^l
La séance est levée à dix heures et demie ^-^^
PIlÈCES ANNEXES.
On Ht daDS ie registre des procès-verbaux de la Commission des arts :
Séance du 26 pluviôse, Tan 2' de la Re'publique.
Il est arrêté qu'il sera nommé un agent chargé delà correspondance de la Com-
mission des arts, et d'ouvrir toutes lettres et paquets adressés à la Commission,
afin de faire parvenir à ses différentes sections les avis d'après lesquels il faudrait
procéder à l'examen et inventaire des objets relatifs aux sciences et aux arts qui
doivent être mis en réserve dans les maisons ecclésiastiques supprimées , dans celles
des émigrés, et dans les maisons ci-devant royales. Le citoyen Leblond est nommé
pour remplir cette fonction ^^^
On lit dans les procès- verbaux de la Convention :
Séance du 21 pluviôse an n.
Un membre demande que le Comité d'instruction publique présente, sous huit
jours , à la Convention nationale un rapport et un projet de décret contenant des
mesures capables d'assurer aux autem'S des productions des arts leur propriété , et
à prévenir le délit des contrefaçons.
Renvoyé au Comité d'instruction pubhque ^^K
(^^ C'est le décret du 8 pluviôse, (p. 3 A 8.) Villar, excepté l'alinéa sur le projet d'in-
('^^ Le projet d'instruction rédigé par struction en réponse à une noie du Comité
Lindet eût été fort intéressant à con- de salut public; cet alinéa, qui se trouve
naître. Nous ne l'avons malheureusement sur une feuille à part, est de la main de
pas retrouvé. Voir la suite de cette affaire Thomas Lindet.
à la séance du 1" ventôse (p. ^76). ^^^ Archives nationales, F^^^* 7, fol. 97, r°.
(^) Pas de signature, ni à la minute ni ^^^ Procès-verbal de la Convention,
au registre. La minute est de la main de t. \\Xl,p. 128.
DE LA CONVENTION NATIONALE. ^63
Le Moniteur contient à ce sujet des détails intéressants, que nous reproduisons ci-après :
Convention nationale , se'ance du 2 1 pluviôse .
***. Je viens dénoncer à la Convention un attentat commis aux droits de pro-
priëtd^'^ Voici les faits. Le citoyen Besché, sculpteur en plâtre, domicilié dans la
commune de Moulins, a moule' Tanne'e dernière le buste de Brutus; depuis quelques
jours son fils est arrivé à Paris pour y faire des acquisitions : il est rencontré par
Liénard, aussi sculpteur en plâtre, et arrêté par lui sous prétexte que son père,
ayant acheté Tannée dernière le buste de Brutus, l'avait contremoulé, et avait ainsi
fait un grand tort à sa fortune. Après l'avoir retenu plusieurs jours en chartre privée ,
Liénard traîne Besché fils chez un juge de paix , qui l'a autorisé à le retenir chez
lui jusqu'à ce qu'il lui ait remis quatre cents livres, somme à laquelle le juge de
paix l'a condamné pour avoir contremoulé l'ouvrage dont Liénard se dit être l'au-
teur. Vous voyez, citoyens, qu'au mépris de toutes les lois Liénard retient chez
lui un citoyen. Je demande que le Comité de sûreté générale prenne connaissance
de cette affaire, et que la liberté soit rendue au jeune Besché.
David. Je m'étonne de voir Liénard se plaindre d'une chose qu'il a faite lui-
même toute sa vie ; car il ne fait que contremouler les ouvrages des meilleurs ar-
tistes. Je demande que le Comité d'instruction publique soit chargé de vous présenter
une loi qui consacre d'une manière certaine les propriétés des artistes, et empêche
de pareils frelons de dévorer le miel des abeilles. Je demande que la liberté soit
rendue au fils Besché.
Lacroix. L'assemblée ne peut pas décréter la mise en liberté d'un homme qui
n'est pas détenu dans une maison d'arrêt. II est inouï qu'un homme en tienne un
autre en chartre privée de sa seule autorité. Je demande que le Comité de sûreté
générale soit saisi de cette affaire. Il fera justice de ce particulier.
Couthon. La détention d'un innocent prolongée d'un instant est un malheur
public. Je demande que le Comité soit chargé de s'en occuper siu^-le-champ.
Toutes ces propositions sont décrétées ^^K
On lit dans le registre des procès -verbaux de la Commission des arts :
Séance du 3o pluviôse, l'an 2° de la B(>pul)lique.
On renvoie aux sections des dépôts littéraires, de marine et de g<'ogiapliit'. la
demande faite par le Comité de division d'atlas et d'ouvrages de géographie choisis
parmi ceux qui proviennent du mobilier des émigrés ^^^
\j Atlas national, mentionné par le procès-verbal du Comité d'instruction publique, avait
été entrepris en 1790 par une association d'injrénicnrs géograpbes, sous la dinHlioii do
^'^ L'expression est inexacte: c'est un frai- ('-* Moiiitvurdix ao pluviôse ;ni 11 , p.jycj.
tentât contre la liberté individuelles qu'il '^ Archives nationales, F'"*" 7, tolioay,
fallait dire, ainsi que le monlic la suite. recto.
^6Zi PROCÈS-VEUBAUX DU COMITÉ D'INSTRUCTION PURLIQUE
Diimez. l.es bureaux de la pnblicalioii, situés d'abord rue Serpente, furent transférés en
1791 rue de la Harpe, n" 26. Les autein^s avaient reçu des encouragements du Comité
de constitution de l'Assemblée constituante et de la commune de Paris [Moniteur du
19 mai 1790). L'ingénieur Dumez était membre du (Conseil {jénérai de la commune et
administrateur des subsistances; mis hors la loi le 9 thermidor avec ses collègues, il fut
guillotiné le 1 1 . A celle date, la publication de Y Atlas national était complètement achevée f^\
La Ribliotlièque nationale en possède un exemplaire relié, dont voici le titre :
Atlas national de France, contenant la lopographie de tous les départements
qui composent la Republique française; par une société d'ingénieurs français. A
Paris, chez Dumez, directeur de cet Atlas, rue de la Harpe, n" 26, et chez Aubry,
libraire, rue Raillct, n" 2. L'an 11* de la République française, une et indivisible.
De l'imprimerie de Roisle, rue Haute-Feuille, n° 21 ^^\
Après la mort de Dumez, plusieurs autres éditions de son atlas, revisé et augmenté,
furent faites sous la direction de Ciianlaire, qui avait été l'un de ses collaborateurs, et par
le nom duquel la publication fut désormais désignée. Le nom du véritable auteur disparut
complètement, — on devine pourquoi, — et il est si bien oublié qu'à la Bibliothèque na-
tionale V Atlas national de l'an 11 n'est connu que sous la désignation d'w Allas de Chan-
lairew, en dépit du titre qui porte en toutes lettres le nom de Dumez.
'^•) Le procès-verbal de la séance de la Comité d'instruction publique, et que leur
Commission des arts du 5 messidor an u lettre fut renvoyée à la Commission,
nous apprend que les auteurs de l'i^f /as na- ^^) Bibliothèque nationale, section des
tional firent hommage de leur ouvrage au cartes et plans, C 3868.
DE LA CONVENTION NATIONALE
465
CENT QUATRE-VI?JGT-DIX-NEUVIEME SEANCE.
Du 37 pluviôse an 11. [i5 février l'jgti.]
Un membre fait lecture d'un mémoire du citoyen Grancher, con-
tenant des vues sur les embellissements à faire dans Paris. Mention
civique, et arrêté que ce mémoire sera remis dans les cartons du Go-
mité (1).
Un membre ayant fait le rapport sur la réclamation faite par le ci-
toyen Ducreux, peintre, d'un logement au Louvre qui lui avait été
accordé en qualité d'artiste, le Comité a arrêté que le président écrira
au ministre de l'intérieur pour savoir les motifs qui ont fait accorder
un logement au pétitionnaire et ceux qui l'empêcheraient maintenant
d'en jouir ^^l
Un membre du Gomité des inspecteurs de la salle étant venu de-
mander que le Gomité d'instruction arrêtât la description et le modèle
du nouveau sceau de la République française ^^), le Gomité a arrêté que
le sceau de la République représentera un homme nu d'une stature
colossale, appuyé d'une main sur sa massue et tenant de l'autre la
figure de la Liberté et de l'Egalité; le piédestal sera composé des débris
du trône et de l'autel; sous ses pieds sera cette inscription : Le Peuple
français, et sur le fond seront inscrites ces lettres : R. F. U. L, c'est-à-
dire la République française une et indivisible. David et Romme ont été
nommés commissaires et chargés de se concerter avec le graveur pour
l'exécution (^l
D'après l'arrêté du Gomité de salut public pour l'établissement
d'une bibliothèque à l'usage des différents comités, Arbogast, Mathieu
et Grégoire sont nommés commissaires pour se concerter avec les in-
specteurs de la salle pour la composition et l'établissement de cette
bibUothèque auprès du Gomité d'instruction publique ^^^
('^ H a déjà élé quoslion de ce mémoire
le 19 pluviôse (p. A 33).
'^^ Voir la séance diitî i pluviôse (p. l\t\o)
et, pour la suite, relie du 3 ventôse
(p. /)85).
(') Voir dans notre tonio II la noie '1 de
a page 79/1 (séance du âi brumaire), et
le décret du a 8 brumaire {Ihid., p. 811).
^*) Pour la suite, voir la séance du
5 venlôse (p. /193).
(^) L'arrêté du (]omilé de salut public,
en date du -a'S pluviôse, avait eu pour ori-
gine le projet du Comité d'in>;truclion pu-
blique d'établir uue bibliothèque à son
III.
lUI-niUtt.lK ^iTIOlJkL..
466 PROCÈS-VERBAUX DU COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE
Mathieu observe que I'oq avait omis dans un des derniers procès-
verbau.v l'arrêté de compte du citoyen Hanin montant à 1,8-75 livres
pour la quatrième livraison d'exemplaires contenant le rapport des
nouvelles heures avec les anciennes, pour être joints à l'Almanach
d'instruction publique. Le Comité arrête qu'il sera inséré dans le
procès-verbal de la séance de ce jour^^\
Les membres composant le Conservatoire des arts^^^ étant venus dé-
poser qu'ils désiraient que leurs fonctions fussent exactement définies,
et représenté que leurs occupations ne leur permettaient pas de se
livrer en même temps à celles de la Commission des arts, le Comité
a arrêté qu'il examinera s'il est utile d'augmenter le nombre des mem-
bres de la Commission temporaire des arts dans quelques-unes de ses
sections.
En exécution du décret qui ordonne qu'il sera composé à l'usage
des marins une instruction et un recueil des traits de vertu des
hommes de mer^^^ le Comité a arrêté qu'il sera proposé à Thiébault,
Richer et Turpin de rédiger cet ouvrage dans le mois^'^^
Liste des membres à adjoindre au Comité d'instruction publique '^''K
1. LoNQÏJEUE, député d'Eure-et-Loir.
2. Plaiciiard-Choltière.
3. Veau de Launay, d'Iudre-et-Loire.
usage (voir la séance du 1" pluviôse,
p. 809). Nous donnons aux annexes le texte
de cet arrêté, dont une expédition se trouve
dans les cartons du Comité d'instruction
publique, et un extrait du procès-verbal
de la séance de la Commission de arts du
2 5 pluviôse. Pour la suite, voir la séance
du Comité du 1" ventôse (p. ^76).
^^^ Une troisième livraison de dix mille
exemplaires de la gravure du cadran de
Hanin, au prix de 1,875 livres, a été in-
scrite au procès-verbal du 11 pluviôse
( p. 3 7 3). Voir la suite à la séance du 1 5 ven-
tôse (p. 565).
^^'' Par cf Conservatoire des arts '5, le
procès-verbal entend les membres du Con-
servatoire du Muséum des arts ou Musée
du Louvre. Voir la séance du 25 pluviôse
(p. 660). L'article h du décret du 32 plu-
h. Galèis.
5. BoDiN, chirurgien, d'Indre-et-Loire.
6. Dufay, député de S -Domingue.
viôse disait : «Les membres du Conserva-
toire du Muséum national font partie de la
Commission temporaire des arts».
(^) Décret du 16 pluviôse, article 5.
Voir p. ^137.
^*) Thiébault est l'ancien professeur de
l'Académie militaire de Berlin (voir t. II,
p. 7^1, note 1); Richer est l'homme de
lettres dont il est question au procès-verbal
du 17 pluviôse, auteur de l'ouvrage ma-
rmscrit La vie des plus célèbres marins fran-
çais (p. Ail); Turpin est l'historien qui sol-
licitait des secours depuis un an (voir t. Y\
p. 356). Pour la suite, voir la séance du
29 ventôse (p. 600).
^^) Voir la séance du 25 pluviôse, p. ^ôg.
Cette liste se trouve s(u' un papier à part,
qui n'est pas de la main de Coupé, et qui
est rattaché à la minute du procès-verbal
- DE LA CONVENTION NATIONALE.
La séance est levée à onze heures.
/»67
J.-M. Coupé (de l'Oise), secrétaire '-^K
COMITE
DE SALUT PUBLIC.
Bureau
de ia fabrication
extraordinaire
des armes.
PIECES ANNEXES.
ARRETE DU COMITE DE SALUT PUBLIC RELATIF A L\ FORMATION
D'UNE BIBLIOTHÈQUE PRES DU COMITK D'INSTRUCTION PL-
f2\
BLIQUE
Vu Tarrêté du Comité d'instruction publique du i" de ce mois, qui charge les
citoyens Guyton et Fourcroy de communiquer au Comité de salut public le projet
d'établir près du Comité d'instruction publique une bibliothèque qu'il serait facile
de composer d'articles choisis dans les bibhothèques d'émigrés et des étabhssements
supprimés, et qui mettrait à la portée des Comités des Hvres dont ils ont besoin
journellement, et particulièrement ceux qui traitent des arts qu'il importe de ré-
pandre et de perfectionner comme moyen de force et de prospérité de la Répu-
bhque ;
Le Comité, considérant que la collection qu'il a désiré avoir sous sa main et
dans le lieu même de ses séances ne pourrait remplir entièrement l'objet pro-
posé; qu'il a chaque jour besoin des grands Recueils de physique, mécanique, etc.,
et, dans le moment actuel, des Transactions de la Société de Londres; que les grands
ouvrages qui n'existent que dans très peu de bibhothèques sont la plupart sous les
scellés, ou dans des dépôts fermés, et ne peuvent ainsi être consultés par les geu^
de l'art employés par le Comité ;
Considérant enfin que ces livres mis dans un dépôt particidier, sous la surveil-
lance immédiate du Comité d'instruction publique, n'en seront que plus sûrement
et mieux conservés pour l'usage auquel la Convention nationale jugera à propos de
les destiner définitivement;
Arrête qu'il sera incessamment formé dans le local du Comité d'instruction
publique une collection des meilleurs ouvrages sur les objets relatifs aux travaux
des différents Comités de la Convention nationale;
Que le Comité d'instruction publi([ue donnera en conséquence tous les ordres
nécessaires, et fera lever les scellés sous lesquels pourraient se trouver les iu-tides
indiqués, afin d'en faire distraction ;
par un si^jno clo renvoi. En niar{je de ce
papier on lit : a Cette liste sera pn-sentée
au Comité le 97 pluviôse pour ôlrc discu-
lécn. Au bas de la liste se (rouve celle an-
notation : ffSera la présente liste jointe au
procès-verbal du ^7 pluviôse. J.-M. Coopk,
secrétaire. «
Voir la suite à la séance du 1" ventôse
(p. '.7G).
('^ Si|pialure de la minute, qui est de
la main de (^oupé, excepté l'alinéa conte-
nant la liste des membres à adjt)indro au
Comité.
^*' Arclnve> nationales, F'", carton i3oG.
3o
/i68 PROCES-VERBAUX DU COMITE D'INSTRUCTION PUBLIQUE
Renvoie au Comitë des inspecteurs de la salle pour les dispositions à faire dans
ies salles destinées à recevoir ladite collection.
A Paris, le 28 pluviôse l'an 2 de la République une et indivisible.
Signé au registre : Robespierre, Garnot, Barhire, Goothon, C.-A. Prieur,
Jeanbon Saint-André, R. Lindet, Billadd-Varenne.
Pour extrait : Carnot, C.-A. Prieur, B. Barère, Billaud-Varenne.
La pièce porto comme adresse : «Au Comité d'instractioii publique, à Paris??, avec uu
timbre contenant les mots : te Comité de salut public. Sextidi.w
On lit dans le registre des procès-verbaux de la Commission des arts :
Séance du 25 pluviôse, l'an 2* de la République.
Le citoyen Grégoire invite la Gominission à s'occuper de la demande faite [)ar
les Comités de salut public et d'instruction pubbque de bibliotbèque destinée à
leur usage. La section des dépôts littéraires est cbargée de se concerter sur cet
objet avec le Comité d'instruction publique ^^K
^') Archives nationales , F^'* 7, folio 27, recto.
DE LA CONVENTION NATIONALE.
àQ9
DEUX CENTIEME SEANCE.
Du 29 pluviôse an 11. [17 février 179^4-]
Le citoyen Biron ayant offert un modèle de vaisseau, le Comité a
arrêté que cette offre serait notifiée au Comité de salut public pour
qu'il puisse décider s'il veut se le procurer pour son usage particulier '^\
Coupé est chargé de la question renvoyée au Comité d'instruction
j.ublique par décret de la Convention, s'il ne convient pas de laisser
dans les districts les bibliothèques toutes formées qui s'y trouvent ^^l
Des pièces et papiers appartenant au procès-verbal que Basire de-
vait rédiger lorsqu'il était secrétaire de la Convention ayant été pré-
sentés sur le bureau du Comité, Petit a été nommé rapporteur pour
les constater et inventorier, et en faire le rapport ^-^^
Arbogast est nommé commissaire pour faire décimaliser et placer
convenablement l'horloge de Janvier qui est aux Menus ^^^.
Bouquier est chargé de présenter à la prochaine séance une in-
struction sur l'exécution de la loi qui établit l'instruction publique
des enfants ^^^
Sur les difficultés qui peuvent s'élever dans les maisons des émigrés
(') H n'est plus question de Biron dans ^^) Bouquier ne se pressa pas de rédiger
les procès-verbaux. Une lettre de lui avait cette instruction, destinée à servir de rè-
été enregistrée sous le n° 2ao5 (F'', car-
ton 1010^); elle n'est pas en place. La che-
mise en donne le sommaire suivant : rr Bi-
ron envoie la note des objets relatifs à la
marine dont il fait honimafje à la Bépu-
bli(]ue. — Benvoyé à la Commission des
arts le 27 ventôse."
^^^ Le décret dont il s'agit avait été
rendu le 27 pluviôse, en même temps
qu'un autre relatif aux bibliothèques des
ports. Nous donnons ces deux décrets aux
annexes, A (p. ^171). La question revien-
dra dans la séance du 9 ventôse (p. 5o5).
^^) Il avait déjà été question des papiers
de Basire dans la séance du 17 frimaire
(p. 7/1). Polit, chargé d'exuininer ces pa-
piers, procédera à cet examen séance te-
nante (voir à la page /171).
^*) Voir la séance du 19 pluviôse (p. ^i:u)).
glement organique au décret du 29 fri-
maire. Le 8 germinal, le Comité l'invitera
de nouveau à la présenter dans le plus
bref délai possible. Le 11 germinal, il lui
adjoindra Thibaudcau. Le 21 floréal, il
arrêtera que Bouquier et Thibaudeau fe-
ront d.ms le plus bref délai possible un
rapport sur les moillours moyons à prendre
pourl'organisaiionde Tinstruction publique.
Malgré 1(^ désir qu'avait le Comité de voir
ses d(Hix commissaires lui présenter le pro-
jet demandé, l'instruction ne parait pas
avoir été jamais rédigée. Mais nous verrons
désormais renvoyer à Bouquier, puis à Bou-
quier et à Tliibau(l(\iu , toutes les demandes
adressées au (iomité, et elles sont noni-
brciisi^s, au sujet de l'interprétation du ik'-
cret du :u) frimaire.
MO PROCÈS -VERBAUX DU COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE
ou autres où la nation se trouve n'avoir de droits que pour une portion
quelconque, arrêté que Villar se concertera avec le Comité des do-
maines pour en faire son rapport au Comité d'instruction publique ^^\
Arrêté que le ministre de l'intérieur se concertera avec la Commis-
sion des arts pour accorder au citoyen Le François ^2), astronome, la
pendule et le compteur ^^^ cjui se trouvent dans l'observatoire de la
ci-devant Ecole militaire ^^l
Le citoyen Guyton ayant fait le rapport de la proposition faite par
la citoyenne Masson pour remanier le papier écrit et imprimé et le
faire servir de nouveau, le Comité a arrêté que le rapporteur écrira à
[a citoyenne Masson pour l'engager à exposer sa proposition telle
qu'elle puisse être adoptée, et mise à exécution ^^\
Des commissaires de la Société des Cordeliers étant venus apporter
une note des œuvres de Marat pour en faire l'impression en faveur
de sa veuve, le Comité a arrêté que la liste totale des ouvrages de
Marat lui serait remise avec les intentions de sa veuve à la prochaine
séance ^^\
(') Voir la séance du 9 pluviôse (p. 36i)
et, pour la suite, celle du 11 ventôse
(p. 53i.)
f2) La minute et le registre portent Fran-
çois; c'est une erreur commise par le se-
crétaire Coupé.
(3) Coupé, qui avait mal saisi l'objet de
la pétition, avait écrit : «la pendule inti-
tulée le Compteur, qui se trouve... 55 A
cette rédaction provenant d'un malentendu,
nous avons substitué celle qu'indique le
contenu de la pétition de Le François.
(*) Il a déjà été question de Le Fran-
çois le 9 pluviôse (p. 36 1); son oncle La-
iande avait écrit au Comité en sa faveur.
La nouvelle pétition de Le François avait
été enregistrée sous le n° 1965 (F", car-
ton 1009^); elle n'est pas en place, ayant
été renvoyée au ministre de l'intérieur. En
voici l'analyse, d'après la chemise : wPéti-
tion du citoyen Le François, demandant
une autorisation pour la remise d'une pen-
dule en bois de rose et d'un compteur à
demi-secondes, réclamés par les héritiers
du citoyen Dagelet, et signalant dans l'in-
ventaire l'omission d'une lunette méri-
dienne et d'un héiiomètre». La Commis-
sion des arts s'occupa de la demande de
Le François dans sa séance du ao ventôse;
on lit dans son procès-verbal de ce jour :
«Le citoyen François réclame des instru-
ments de physique et d'astronomie : il est
arrêté que la section de physique fera l'in-
ventaire de tous ces instruments déposés
dans le lieu indiqué par le citoyen Fran-
çois, après quoi il sera tenu de s'adresser
au département pour réclamer ceux qui lui
appartiendraient». (F^'* 7, folio 37, verso.)
(5) Voir la séance du i5 pluviôse
(p. 391) et, pour la suite, celle du 3 ven-
tôse (p. hSh).
^^) Le Club des Cordeliers avait décidé
le 22 nivôse de présenter à la Convention
une pétition demandant la réimpression des
ouvrages de Marat. Cette pétition fut pré-
sentée le 3o nivôse, et renvoyée au Comité
d'instruction publique. Nous donnons aux
annexes, B (p. ^72), un extrait du Moni-
teur relatif à la proposition faite aux Corde-
liers le 22 nivôse, un extrait du procès-
verbal de la séance de la Convention du
3o nivôse an 11, et un extrait du Moniteur
DE LA CONVENTION NATIONALE.
471
Le citoyen Petit, nommé commissaire pour examiner les pièces
étiquetées rt procès-verbaux du secrétariat de Basire », a fait cet examen
sur le bureau séance tenante. Il est résulté de cet examen que ces
pièces sont au nombre de deux cent vingt-trois pétitions, motions
faites à la Convention, etc., et qu'il n'y a aucun procès-verbal de
dressé des séances de la Convention. Petit a été chargé de remettre
le tout au Comité des décrets ^^\
La séance est levée à onze heures.
J.-M. GoDPÉ^').
PIÈCES ANNEXES.
On lit dans les procès-verbaux de la Convention :
Séance du 27 pluviôse an 11.
ffLa Convention nationale décrète que les bibliothèques rassemblées dans les
divers ports de la République, et formées d'ouvrages relatifs à la théorie, à la
pratique vi à l'histoire de la navigation , les dépôts des cartes de géographie et
d'hydrographie, les instruments de mathématiques, de navigalion et autres
dépôts de la même nature, rassemblés dans l'objet de favoriser l'instruction des
marins, les progrès et le perfectionnement de l'art nautique, sont exceptés de la
loi du 8 pluviôse ^^^ qui ordonne le rassemblement, dans les chefs-lieux de dis-
trict, de tous les ouvrages appartenant aux arts et aux sciences. 11 ne sera rien
innové à l'égard de tous ces objets, qui demeureront dans les lieux où ils sont
déposés, sous la surveillance et la responsabilité des agents préposés à leur con-
servation ^''\ ti
donnant le texte de la pétition des Cordo-
liers. Au moment où les Cordeliers se pla-
çaient ainsi sous le patronage do Marat,
Fabre d'Kglanlino publiait une brocliure
intitulée Portrait de Mnrat, dans laquelle,
après un éloge de l'Ami du peuple qui ne le
cède en rien aux hyperboles do la pétition
cordelière, il niollait en garde contre rrles
fourbes qui s'intitulent de ce nom célèbres.
Nous donnons égaloment aux annexes, B,
quelques extraits de Técril de Fabre.
Pour la suite, voir la séance du 3 ventôse
(p. 685).^
(') Voir ci-dessus, p. AGç), nolo 3.
^^) Signature de la mhiute, qui est de
la main do Coupé.
(^^ Le procès-verbal imprimé porte, par
erreur, «la loi du i/i pluviôses; nous avons
rétabli la date exacte. Le décret sur les bi-
bliothèques de district fut voté dans la
séance du 8 pluviôse.
^*) Voici à quel propos ce décret lit
rendu. Romme avait lait observer que le
décret ordonnant qu'il sciait formé une
bibliolhèquo dans rha(juo chof-lieu de dis-
trict pourrait nuire à un établissement
formé à Rocholort par Lequinio et Lai-
gnelot, où ils avaient réuni dos ouvrages
de navigation; il demandait une excoplion
en faveur de rot ('tablissemenf. Jeanbon
Saint-André proposa alors de généraliser
cotio oxcoption. {Moniteur du iî() phniôse
an M, p. Ooi bis.)
/i72 PROCÈS -VERBAUX DU COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE
Un membre ^^' propose de comprendre dans la même exception les communes
de la République qui ne sont pas chefs-lieux de district, et qui renferment des
établissements de nature h demander la conservation des livres, cartes, plans,
dossiers, modèles, instruments, machines, qui peuvent leur être relatifs.
La Convention renvoie cette proposition au Comité d'instruction publique,
pour présenter mi rapport dans le plus court délai ^^^
On lit dans le Moniteur :
Société des Amis de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen,
dite Club des Cordeliers.
Séance du 22 nivôse.
Un membre se plaint de ce que les écrits immortels de l'Ami du peuple , qui
ont formé et consolidé la République parmi nous, restent ensevelis et ignorés.
Marat, ajoute-t-il, a légué à ses héritiers une ample moisson de gloire; mais il ne
leur a pas laissé de fortune. Il serait utile à la République que Ton fît réimprimer
ses ouvrages, et qu'on engageât la Convention pour souscrire pour un très grand
nombre d'exemplaires, et que le bénéfice de l'édition fût abandonné aux parents
de Marat.
Hébert et Momoro sont chargés de rédiger à ce sujet une pétition à la Con-
vention nationale ^^^
On lit dans les procès-verbaux de la Convention :
Séance du 3o nivôse an 11.
Les citoyens membres de la Société des Cordeliers demandent que la Conven-
tion nationale décrète l'impression des ouvrages de Marat, dont le dépôt précieux
est entre les mains de sa veuve; que le tirage en soit en grand nombre, afin de
répandre la vérité par toute la Répubhque. La veuve de ce martyr de la liberté,
partageant les sentiments de tous ses vrais amis, invite les législateurs à rendre
cet ouvrage en quelque sorte une propriété nationale. rrNous vous y invitons
aussi, ajoutent-ils, au nom de Marat lui-même, qui n'a cessé de travailler au mi-
lieu des poignards pour le bien de la patrie, et qui ne nous a laissé que des
vertus à imiter, n
Mention honorable, insertion au Bulletin, renvoi au Comité d'instruction
publique ^*\
<^) Nous ne savons pas qui est ce membre; le Moniteur ne parle pas de cette propo-
sition.
(2) Procès-verbal de la Convention, t. XXXI, p. 297.
^^) Moniteur du 26 nivôse an 11, p. A62.
(*) Procès-verbal de la Convention, t. XXIX, p. 3^o.
DE LA CONVENTION NATIONALE. A73
Voici le texte intégral de la pétition des Cordeliers, tel qu'il a été imprimé dans le
Bulletin de la Convention :
Les citoyens composant la Sociëtd des Cordeliers, de'positaires du cœur de
Marat, leur véritable ami, sont introduits.
Vorateur. Législateurs, les Amis des Droits de l'homme et du citoyen, les
frères de Marat, se présentent à la barre du Sénat français, avec le cœur de ce
martyr de la liberté dont ils sont dépositaires. C'est dans cette enceinte qu'il a
fait tonner la voix de la vérité, trembler les traîtres et les intrigants. Ce cœur
tout brûlant pour la liberté en a soutenu avec courage les principes sacrés; il les
a développés dans ses immortels écrits, où les citoyens doivent puiser les exem-
ples de toutes les vertus républicaines et les règles de leurs devoirs.
Marat, en mourant pour son pays, n'a hiissé que des vertus à imiter : la
vérité, longtemps étouffée, est tout entière dans ses écrits; c'est l'héritage qu'il a
légué à une épouse vertueuse et patriote comme lui.
Les Amis des Droits de l'homme sentent combien la patrie peut avoir besoin
de ses ouvrages; ils savent, et vous le savez vous-mêmes, législateurs, quels
efforts la faction liberticide a faits pour en arrêter la circulation et pour étouffer
sa voix. Pour réparer à cet égard les crimes de cette faction, pour réparer aussi
ceux de l'infâme ministre Roland, qui, afin de pervertir plus facilement l'opinion
publique, étouffait dans les départements la vérité que Marat semait à flots dans
ses écrits, il est du devoir de la République de propager ses ouvrages, de les re-
mettre entre les mains des jeunes citoyens, afin qu'ils y apprennent de bonne
heure leurs droits et leurs devoirs envers la patrie, afin qu'ils y voient les trames
que leurs pères ont été obligés de combattre et de déjouer pour assurer leur
liberté, afin qu'ils sachent qu'il faut se dévouer entièrement et s'oublier soi-
même pour être digne d'elle.
Nous vous demandons donc, législateurs, au nom de la patrie, au nom des
principes immuables de la liberté, que vous décrétiez l'impression des ouvrages
de Marat, dont le dépôt précieux est entre les mains de son épouse; que vous en
ordonniez le tirage à grand nombre, afin de répandre par toute la République la
vérité. La citoyenne Marat vous fait la même demande ; c'est à celte épouse ver-
tueuse que nous devons une partie des ouvrages de l'Ami du peuple, et ce dépôt
précieux lui appartient à bien des titres : car lorsque son dévouement pour la
patrie le lui fit accueillir au moment où il allait succomber à son inforlune et
(|u'il était dans l'impossibilité de continuer à travailler pour la patrie, elle sa-
crifia sa fortune et ses soins pour le lui rendre.
Les écoles primaires trouveront dans ces écrits les éléments d'un cours de mo-
rale républicaine; tous les citoyens, la règle de leur conduite; la Répubii(pie, les
bases de son élablissement et la garantie de ses droits et de son existence.
L'épouse de Marat, partageant les sentiments de tous les vrais amis de la
liberté, vous invite, législateurs, à rendre on (piehpie sorte cet ouvrage une j)ro-
priélé nationale. Nous vous y invitons aussi au nom de Marat lui-même, (pii n'a
cessé de travailler au milieu des poignards pour le bien de la patrie, ot (pu,
comme nous venons de vous le dire, ne nous a laissé que des vertus à imiter.
/j7/i TROCÈS -VER BAUX DU COMITÉ D'INSTRUCTION PURLIQUE
Les pdlitionnaires sont admis aux honneurs de la séance au milieu des applau-
dissements, et leur pétition renvoyée au Comité d'instruction publique ^'^
Le Portrait de Mnrat , par Fabro d'Efjlantine, avait paru le 16 nivôse, d'après une
indication fournie par le Moniteur '^^K Voici h; litre complet de celle pièce curieuse :
PORTRAIT DE MARAT, PAR P.-F.-N. FABRE D"'ÉGLANTINE , REPRESENTANT DU PEUPLE,
DÉPUTÉ DE PARIS A LA CONVENTION NATIONALE.
Ils ont fait le semblant; moi j'y vais tout de bon.
Régnier.
A Paris, cbez Maradan, libraire, rue du Gimelière-Saint-André-des-Arts, n° 9.
Seconde année de la Républiques^).
Au bas de la dernière page (p. a^) se lit le nom de l'imprimeur : ce De l'imprimerie de
(Irapeiel, rue Saint-Jean-de-Beauvais, n° 36n.
L'auteur déclare, en débutant, que tout le monde a voulu parler de Marat, sans l'avoir
bien connu, et en lui prêtant souvent des vues qui n'étaient pas les siennes; il est résulté,
de ces dires inexacts et intéressés, «non pas un portrait, mais une défiguration complète».
Fabre promet, lui, un portrait ressemblant :
Moi, qui ai vu de près Marat, qui l'ai bien connu; moi, qui, depuis le
ik juillet 1789, l'ai observé et étudié avec attention et constance, à peu près
comme j'ai observé et étudié tous les hommes de la Révolution française, de tous
les partis, et en proportion des moyens qu'ils m'ont offerts de les observer, je
vais essayer de peindre ce martyr de la liberté , au physique et au moral.
Le Portrait de Marat n'est pas un panégyrique sans réserves; il y a des restrictions
dans l'éloge :
Marat avait de l'orgueil , quelquefois une vanité folle , et même , si l'on peut
s'exprimer ainsi, une fatuité politique. Ces défauts avaient chez Marat une source
louable et un principe généreux, plutôt qu'une forme séduisante. . . L'événement
venait-il à justifier sa façon de voir et d'agir (et cela est souvent arrivé), il n'est
pas étonnant que l'accomplissement de sa prédiction et son triomphe lui donnas-
sent de l'orgueil. . . De là s'ensuivaient quelques petits accès de fatuité, que j'ap-
pelle politique, puisqu'elle n'avait de rapport qu'à la patrie : mais comme il avait
un esprit juste et un bon esprit, ces petites échappées ne duraient qu'un in-
stant ... il était toujours le premier à les réprimer et à rentrer dans sa bonhomie
naturelle, car il en avait.
S^) Bulletin de la Convention, 3o ni- ne pouvait pas être mieux peint que par
vôse an 11. l'auteur du Philinle de Molière. yy [Moniteur
(2) «Pans, 17 nivôse. — Il a paru hier du 18 nivôse an 11.)
une brochure intitulée PoHmii </e Mam^ ^-'^ Bibliothèque nationale, Ln^iSAoa,
par Fabre d'Egluntinc. L'Ami du peuple in-8°.
DL LA GONVEMION NATIONALE. /i75
11 avait plus que de la bonhomie , ajoute Fabre : il avait de la piideur, aussi rien ne
l'indignait plus que Timpudence. Il avait aussi de la naïveté.
Cette naïveté dérivait en partie de sa forte sensibilité et de sa faiblesse; car si
tous les hommes faibles ne sont pas sensibles , tous les hommes sensibles sont plus
oîi moins faibles , mais ils le sont. rrLes coquins, disait souvent Marat, me peignent
cruel; mais qu'ils se trompent l» Oui, Marat était fortement sensible, et Marât
était très faible. Puisqu'il était naïf, sensible et faible , Marat devait être crédule ,
et il l'était. Par ces qualités, apanage d'un bon naturel, que de maux les traîtres
ont faits à la patrie ! . . . Sa faiblesse et sa crédulité étaient des conséquences de
son bon naturel, et il n'en faut imputer l'abus qu'aux méchants, dont le projjre
est de convertir en poison les sources les plus pures.
Voici la conclusion du Portrait :
. . . Marat, enfin, avait du génie, de l'esprit, de l'érudition et du goût, de
grandes vertus, quelques défauts, mais point de vices. Il fut patriote excellent,
révolutionnaire intrépide. S'il est arrivé quelque mal par lui, la faute en est à ses
ennemis et aux traîtres : nul n'a voulu plus que lui le salut de la patrie ; peu lui
ont rendu de plus grands services : on baptise de son nom les patriotes malgré
eux; si le sentiment reste à ses mânes, peut-être beaucoup de fourbes s'intitu-
leront de ce nom célèbre malgré lui. Marat a bien mérité de la patrie, et la pos-
térité se souviendra religieusement de lui partout où l'amour do l;i Liboit*' sera
une passion.
476 PROCÈS -VERBAUX DU COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE
DEUX CENT ET UNIEME SEANCE
Du i" ventôse an ii. [19 février 179^1.]
Une députalion de la Société populaire et républicaine des arts est
admise à la séance , et fait hommage au Comité du premier numéro
dun journal de peinture, sculpture, architecture et gravure. Le Co-
mité arrête qu'il sera remis à ladite Société un exemplaire du Journal
des actions vertueuses ^^^.
Le citoyen Pochon réclame un tableau qu'il a déjà offert au Comité
de l'Assemblée législative , et auquel il se propose de donner un certain
degré d'énergie qui lui manque. Le tableau sera remis au citoyen
Pochon (^l
Sur la proposition de Grégoire, le Comité arrête que le nom du
citoyen Bourgain, député de Paris, sera .inséré dans la liste qui doit
être présentée au Comité de salut public et qui a pour objet l'adjonc-
tion de quelques membres au Comité d'instruction publique ^^\
Un membre propose de délibérer sur l'emplacement d'une bi-
bliothèque dans le Comité. On arrête que les commissaires déjà
nommés à cet effet présenteront par écrit le plan donné par Lindet ^^l
Le Comité de salut public demande une réponse aux questions
(ju'il a envoyées au Comité d'instruction publique. Arrêté que l'in-
struction rédigée par Lindet sera remise audit Comité ^^K
^^^ Le journal présenté ici au Comité
d'instruction publique était rédigé par Tar-
chitecle Détournelle. Nous donnons aux
annexes, A (p. ^79), quelques indications
bibliograpliiqu.es.
(2) Pochon, homme de loi, avait ofl'ert
à l'Assemblée législative, le 97 décembre
1791, un tableau «représentant l'ensemble
et l'image entière de la constitution fran-
çaise», et demandait que ffla copie de ce
tableau servît de frontispice à la constitution
française n. Voir les Procès-verbaux du Co-
mité ir instruction publique de la Législative.
Pour la suite , voir la séance du 1 5 ventôse
(p. 5/18).
(^^ Voir la séance du 27 pluviôse
(p. ^66) et, pour la suite, celle du 3 ven-
tôse (p. liHh).
^^^ Le sens de cet alinéa est celui-ci :
Un membre, qui est Lindet, propose de
délibérer sur l'emplacement à choisir pour
la bibliothèque qui doit être créée auprès
du Comité d'instructiori publique, à l'usage
des différents comités, et présente un plan.
Ce plan est renvoyé aux commissaires
nommés le 27 pluviôse, Arbogast, Mathieu
et Grégoire (p. A 66). Le plan de Lindet
sera inséré au procès-verbal du 5 ventôse
(p. /190).
^^) Voir la séance du 2 5 pluviôse (p. /162).
La réponse rédigée par Lindet ne parut pas
suffisante au Comité de salut public, car
DE LA CONVENTION NATIONALE.
lill
Sur la demande du citoyen Battellier, représentant du peuple à
Sèvres, le Comité permet auv artistes de la manufacture de porcelaine
de déplacer du Muséum des arts les bustes des grands hommes pour
les exécuter en porcelaine. Le citoyen Battellier présidera au déplace-
ment des bustes avec toutes les précautions que sa sagesse lui dictera ^^K
Vu l'absence du citoyen Méchain, astronome, chargé du calcul de
h Connaissance des temps , Bouquier^^^ propose de remplacer ledit citoyen
Méchain. Le Comité, sur l'observation faite que, par un de ses précé-
dents arrêtés, la Commission des poids et mesures est chargée de la
continuation de la Connaissance des temps, passe à l'ordre du jour ^^l
Le Comité arrête, après avoir pris connaissance des épreuves de la
Connaissance des temps pour 1796, que la Commission des poids et
mesures, déjà chargée de la continuation de cet ouvrage, est autorisée
à faire les frais d'impression nécessaires pour que les noms des saints
et autres de l'ancien régime disparaissent dudit ouvrage, afin de le
républicaniser le plus possible. La Commission ne négligera rien pour
en accélérer la publication ^^\
Le Comité arrête que l'inspecteur du Comité fera l'emplette d'une
édition complète des œuvres de Mably pour l'usage du Comité de salut
public et des divers comités qui peuvent en avoir besoin.
Sur la proposition de Romme, le Comité arrête que V Annuaire du
cultivateur sera imprimé au Louvre ^^\
Le citoyen Romme ayant demandé que le commis Brunard l'ac-
compagnât en qualité de secrétaire pour la mission qu'il va remplir
nous le verrons revenir à la charge dans la
séance du 1 1 floréal an 11.
(*) Nous n'avons pas trouvé la lettre de
Battellier ici mentionnée. Mais il en existe
une autre, du 16 nivôse an 11, enregistrée
sous le n° 17^9 (F", carton 1009^), dans
laquelle Battellier annonce que l'inspecteur
de la manufacture de Sèvres remettra au
Comité une porcelaine représentant la Li-
berté assise et accoudée sur l'arche consti-
tutionnelle.
^^) BoiKiuier était commissaire spécial
do l'Observatoire.
^^^ Voir la séance du 19 nivôse (p. '^^)']).
^*) 11 est de nouveau question de la
Connamance des temps dans ce même
procès-verbal , à la page suivante. Pour la
suite, voir la séance du 5 ventôse (p. /196).
^^) C'est-à-dire à flmprimerie nationale
executive. Voir la séance du 1 1 pluviôse
(p. 876), et, pour la suite, celle du 1.) ger-
minal an II. — Dans la séance de la Con-
vention de la veille, 3o pluviôse, Bomme,
au moment de partir pour sa mission en
Dordognc, avait tait hommage à l'assemblée
de VAnnuaire du cultivateur, qui n'était tMi-
core que manuscrit. La Convention décréta
l'impression de l'ouvnige ot sa réimpres-
sion dans chaque département, pour (pi'im
exemplaire en put »"'tre envoyé à chaque
commune, ^ous donnons aux annexes, B
(p. '180). un extrait du compte-rondu fait
/Î78 PROCÈS -VERBAUX DU COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE
dans la Dordogne et autres départements voisins, le Comité arrête
que ledit Brunard suivra le citoyen Romme en qualité de secrétaire ^^^.
Les professeurs de l'Observatoire de la République sollicitent une
augmentation de traitement et la permission d'acheter un nouvel
instrument du citoyen Haupoix. Duhem est nommé rapporteur ^^^.
Le citoyen Bcrtin présente une seconde édition du Système de sténo-
graphie. Renvoyé au Bureau de consultation des arts ^^\
Le président du Comité invitera le Comité de sûreté générale à
ordonner la levée des scellés apposés chez le citoyen Cassini, à l'effet
d'en retirer les manuscrits relatifs à la Connaissance des temps, calculés
pour les années 179^ et 1796 (vieux style). Le Comité de sûreté
par le Moniteur de la séance de la Conven-
tion du 3o pluviôse an 11, ainsi que des in-
dications bibliographiques sur ïAunuaire
du cultivateur.
(') La mission de Romme lui fut conférée
par un arrêté du Comité du salut public
du ak pluviôse an 11, lui ordonnant de se
rendre rrdans le département de la Dor-
do[jne et autres circonvoisins, où se trouvent
les fors de la qualité convenable, pour y
former tous les établissements de fonderie
et forerie que la localité comporte, y donner
à ceux déjà existants toute l'étendue dont
ils sont susceptibles, suivant les vues qui
sont développées dans l'instruction qui lui
sera remise, et de manière que sous deux
mois, au plus tard, tous les établissements
possibles soient dans la plus grande acti-
vités. Un second arrêté, du 5 ventôse, lui
donna pouvoir cr pour l'organisation du gou-
vernement révolutionnaire, l'épuration des
autorités constituées, etc., dans la ville
d'Angoulême et le département de la Cha-
rente, à la condition de se concerter avec
le représentant du peuple spécialement
envoyé dans ce département». Romme
partit de Paris le 5 ventôse, avec quatre
personnes (deux commissaires du Comité
de salut public, Gillet et Lamotte, et deux
secrétaires). Il se rendit d'abord à Angou-
lême, ensuite à Périgueux. Sa mission dura
sept mois ; il ne rentra à Paris que le A ven-
démiaire an m. Il a publié un rapport
sur sa mission, daté tlu 10 pluviôse an m
(Bibliothèque nationale, Le ''^ 109, in-8°).
^''^> Duhcm, qui était membre du Comité
depuis le 1 1 brumaire, figure ici pour la
première fois au procès-verbal (voir plus
loin la note a de la page hSà). — Nous
n'avons pas trouvé la lettre des profes-
seurs de l'Observatoire. L'ingénieur Jean
Haupoix, âgé de trente-deux ans, demeu-
rant à Paris, rue Bourg-i'Abbé, n" 60,
avait présenté dès 1799 au Bureau de con-
sultation des arts et métiers une lunette
équatoriale perfectionnée; le Bureau, sur
le rapport de Coulomb, Lagrange et Borda,
lui avait décerné, en 1793, une récom-
pense de 5,000 livres, formant le médium
de lai" classe, et devait, après avoir en-
tendu un nouveau rapport, lui accorder,
le lA ventôse, une seconde récompense de
1,000 livres, «pour compléter le maximum
de la i""* classe v ( Registre général du Bureau
de consultation, folio bh). La Commission
des arts, de son côté, eut à s'occuper de
l'instrument de Haupoix dans sa séance
du 3 2 septembre 1798. Nous donnons aux
annexes, C (p. /182), un extrait du procès-
verbal de la séance du 20 mars 1798 du
Bureau de consultation, et un extrait du
procès-verbal de la séance du 22 septembre
1798 de la Commission des arts. — Il sera
de nouveau question de la pétition des pro-
fesseurs de l'Observatoire dans la séance du
5 ventôse (p. ^95).
^^) Sur Bertin , voir la séance du 1 5 avril
t798(t. r, p.AiH).
DE LA CONVENTION NATIONALE.
/i79
générale sera prié en même temps de permettre que ledit citoyen
Cassini remette lui-même les manuscrits, lesquels seront portés à la
Commission des poids et mesures ^^^
Le citoyen Laverne^^^, directeur temporaire et commissaire envoyé
de l'Imprimerie executive, étant venu exposer qu'il était question de
faire l'inventaire et l'estimation des presses et des caractères que l'on
devait transporter de cette imprimerie dans celle du Bulletin des lois,
le Comité a arrêté qu'il serait renvoyé à la Commission des arts pour
qu'elle nommât un commissaire qui se concerterait avec ceux du Co-
mité pour surveiller cet inventaire et cette estimation des presses et
des caractères, et distinguer ce qui appartient à la nation et ce qui
peut appartenir au directeur ^'^K
La séance est levée à dix heures et demie ^^^
PIECES ANNEXES.
Le Jowmalde la Société républicaine des arts, rédigé par Détournelle, architecte, et dont
le premier numéro fut présenté au Comité d'instruction publique le i" ventôse, n'était pas,
comme son titre pourrait le faire croire, l'organe officiel de la Société républicaine des
arts, mais une publication particulière, dont le rédacteur était seul responsable.
L'exemplaire de la Bibliothèque nationale (V /42711, in-S"), ainsi que les autres exem-
plaires que nous connaissons, ne comprennent que les six numéros des mois de ventôse,
germinal et floréal (892 pages). Au bas de la dernière page on lit : Fin du premier volume.
Nous ne croyons pas qu'il existe une suite.
Ce journal contient entre autres : l'histoire de la fondation de la Société républicaine des
^'^ Voir au présent procès-verbal, p. ^177.
Pour la suite, voir la séance du 28 ventôse
(p. 563).
W C'est Duboy de Laverne, dont il a
déjà été question dans la séance du 19 ni-
vôse (p. 2.^).^)).
^^^ C'est-à-dire à Anisson-Duperron ,
l'ancien directeur. Il est probable que c'est
ii cette démarche de Duboy do Laverne que
se rattache une pièce qui avait été enre-
gistrée sous le n" 1966 {¥^\ carton 1009'),
et qui n'est plus en place : c'est une lettre
des commissaires nationaux de l'envoi des
lois, ffavertissani le Comité de l'existence
à l'Imprimerie nationale d'objets précieux
pour les sciences et les arts, et lui denuin-
dant de nommer un expert pour les exa-
miner». Celte lettre fut renvoyée à la Com-
mission dos art>^, qui iioinma trois commis-
saires pour effectuer le départ des objets
relatifs aux arts et aux sciences dans l'im-
priniorio nationale executive : voir aux
annexes, D (p. /18I)), un extrait du procès-
verbal de la séance de la Commission des
arts du .') vonlôse an 11. Il sera de nouveau
(juestion do Tlmprimerie executive le 5 ven-
tôse (p. A 9 6 ) .
^*) Pas de signature, ni à la minute ni
au registre. La mirnito est i\o la main de
Villar, oxcoplé l'alinoa relatif à Diihoy de
Laverno, (jui est de colle de Coupé.
680 PKOGÈS-VERBAUX DU COMITE D'INSTRUCTION PUBLIQUE
arts, avec le texte de son règlement; le compte-rendu des sept séances du Jury des arts
(du 1 7 pluviôse au 1 1 ventôse), et celui des séances du Club révolutionnaire des arts, fondé
par les membres de ce jui'y après Tachèvement de leurs travaux; et le compte-rendu des
séances de la Société républicaine des arts, à partir du 3 pluviôse.
On lit dans le Moniteur :
Convention nationale, séance du 3o pluviôse.
Romme. Je viens vous faire Fliommage d'un ouvrage que le Comité d'instruc-
tion publique a jugé digne d'être mis parmi les livres élémentaires que vous pré-
parez pour l'usage de la République: c'est Y Annuaire du cultivateur ^^\ Tous les
objets qui se rapportent au premier des arts utiles, à l'agriculture, y sont déve-
loppés de la manière la plus claire, la plus précise, la plus multiple, et sans
phrases. On y a recueilli, avec talent et exactitude, les vérités consacrées par
l'expérience : point de système , point de théorie , point d'opinions particulières ;
tout y est vérité, tout y est substantiel. Je me plais à rendre ici un hommage
solennel aux auteurs de cet ouvrage précieux.
Je demande à être autorisé à mettre à la tête de ï Annuaire du cultivateur ^^'\
dont vous décréterez sûrement l'impression, une note qui constate l'approbation
qu'y donne le Comité d'instruction publique. Je demande, en outre, qu'il soit
imprimé et tiré au nombre d'exemplaires égal à celui des districts, qui le feront
réimprimer pour l'envoyer aux communes.
La Convention adopte les propositions de Romme, ainsi qu'il suit :
ff La Convention nationale, sur la proposition d'un membre, décrète :
ff Article premier. V Annuaire du cultivateur sera imprimé à Paris, sous la sur-
veillance du Comité d'instruction publique, au nombre de deux mille exemplaires,
pour être distribués aux représentants du peuple et aux corps administratifs de la
République.
ff Art. 2. L'ouvrage sera réimprimé dans le chef-lieu de chaque département,
sous la surveillance de l'administration , pour être envoyé à chaque commune.
(^) VAnnuaire du cultivateur est men-
tionné cinq fois dans les séances du Co-
mité d'instruction publique antérieures au
3o pluviôse an ii : le ai* jour du premier
mois (t. II, p. 609), le 7 frimaire (p. 36
du présent volume), le 21 nivôse (p. 266),
le 28 nivôse (p. 280), et le 11 pluviôse
(p. 376); mais nulle part les procès-
verbaux n'indiquent que l'ouvrage ait été
placé par le Comité au nombre des livres
élémentaires. Toutefois, puisque Romme
le déclare ici à la Convention, il faut bien
admettre que cette décision a réellement
élé prise, probablement le jour (11 plu-
viôse) 011 le Comité vota l'impression de
l'ouvrage.
(^^ Le Moniteur a imprimé ici ff VAnnuaire
républicain-)-) an lieu de VAnnuaire du culti-
vateur; nous rectifions cette erreur du
journaliste. Le mot républicain ne figure
pas dans le titre de l'ouvrage.
DE LA CONVENTION NATIONALE. 481
ff Art. 3. Les noms des citoyens qui ont concouru à Y Annuaire du cultivateur
seront imprimes flans le titre de l'ouvrage comme un liomma(je dû au zèle, au
dévouement qu'ils ont montré en communiquant les vérite's utiles qu'une longue
expe'rience leur a fait acquérir ^^^n
V Annuaire fut imprimé à l'Imprimerie nationale executive du Louvre; mais comme
Romme n'était pas là pour surveiller cette impression, elle fut très mal exécutée : quand le
volume fui achevé, on s'aperçul qu'un mois entier avail été oublié. Romme, de retour de
sa mission, signala le fait au Comité d'instruction publique le 6 frimaire an m, et celui-ci
décida que l'impression serait aussitôt recommencée. Nous n'avons pas trouvé d'exemplaires
du premier tirage : l'édition a dû probablement être détruite. Les exemplaires existants
appartiennent à la réimpression.
Voici le titre de l'ouvrage :
Annuaire du cultivateur pour la troisième année de la République, présenté le So plu-
viôse de l'an if à la Convention nationale , qui en a décrété l'impression et l'envoi,
pour servir aux écoles de la République, par G. Romme, représentant du peuple.
Les citoyens qui ont concouru à ce travail, en communiquant les vérités utiles qu'ils
doivent à leur expérience et à leurs méditations, sont : Cels, Vilmorin, Thouin, Par-
mentier, Dubois, Desfontaines, Laraarck, Préaudaux, Leièvre, Boulier, Cbabert,
Flandrin, Gilbert, Daubenton, Richard et Mollard.
A Paris, de l'Imprimerie nationale des lois, an m' de la République
(2).
En tète du volume est une estampe formant frontispice, dessinée par Le Barbier l'aîné,
gravée par L.-M. Halbon : elle représente Gincinnatus rentrant dans sa chaumière après la
victoire. Au-dessous de la gravure sont ces vers :
* Quand des tyrans ligués la horde fut vaincue ,
Il déposa son arme et reprit la charrue.
L'explication détaillée de ce frontispice forme les pages 3 et /i. A la page 5 se lit l'-ltc/-
(issemcnt suivant :
Peu de jours avant la présentation de cet ouvrage à la Convention nationale,
II. Romme est parti pour une mission ((ui a duré sept mois. Dans rinq)ression qui
a (Hé faite pendant son absence, Prairial a été omis en entier, et plusieurs fautes
graves se sont glissées dans les autres mois. Le Comité d'instruction publique, sur
le compte ({ui lui en a été rendu, a arrêté, le G frimaire de l'an troisième, la
réimpression de l'ouvrage, dont plusieurs articles ont été retouchés, quelques-uns
refaits en entier; on y a ajouté luie table des pesanteurs spéciliques, une explica-
tion de quelques mots [)eu usités de V Annuaire , et une table al|)hal)éli([iie.
(') Moniteur du -j ventôse au n, p. GiO. Voir aussi Procès-vtM'bal do la C.onvonlio:! ,
t. XXXI, p. .'iG'.î. — ^2' Bibliothèque nationale, S i3/iij, n. iUi. a, in-S',
tui'niMritic > \Tioi \i ( .
482 PROGÈS-VEKBAUX DU COMITÉ DlNSTRUCTfON PUBLIQUE.
Vient enstiile un Discours préliminaire, qui occupe les pages 7 à 18. Puis commence,
avec une pagination nouvelle, V Annuaire proprement dit, qui comprend les parties sui-
vantes :
Pages 1-3, Décret de la Convention du 3o pluviôse an 11 ;
Pages 3-7, Instruction sur l'annuaire républicain ;
Pages 8-9 0, Tableau des douze mois, avec l'indication du lever et du coucher du soleil
et «le la lune;
Pages 31-980, Notices sur les plantes, minéraux, animaux et instruments qui figurent
à chacun des jours de l'année, chaque mois formant une division spéciale;
Pages 381-288, Tableau des pesanteurs spécifiques;
Pages 989-806, Explication do quelques mots de V Annuaire;
Pages 307-3 15, Table alphabétique.
On lit dans les procès-verbaux inédits du Bureau de consultation, des arts et métiers,
à la date du 90 mars 1798 :
Les commissaires du citoyen Haupoix^^^ font le rapport de la machine d'obser-
vations astronomiques de cet artiste.
Le Bureau de consultation , après mûre délibération , adopte l'avis de ses com-
missaires en ces termes :
ff Le Bureau de consultation des arts et métiers, après avoir entendu le rapport
fait par ses commissaires sur l'instrument équatorial présenté par le citoyen Hau-
poix; considérant que cet artiste a fait preuve de beaucoup de talent et d'habileté,
tant dans la disposition de toutes les parties de son instrument que dans leur exé-
cution , et qu'il l'a rendu susceptible de plusieurs genres d'observations en substi-
tuant au cercle de déclinaison un cercle astronomique à lunettes mobiles; consi-
dérant encore que les travaux qui ont pour objet le perfectionnement des
instruments d'astronomie exigent beaucoup de temps, d'essais et de dépenses, est
d'avis, conformément à la loi du 12 septembre 1791, que le citoyen Haupoix
mérite, quant à présent, le médium de la première classe des récompenses natio-
nales, c'est-à-dire 5, 000 livres; se réservant le Bureau de compléter à ce jeune
artiste le maximum de la première classe, lorsque, l'instrument du citoyen Haupoix
ayant été soumis à l'observation, il en sera rendu compte au Bureau ^^^n
Le lA ventôse an 11, le Bureau émit un nouvel avis tendant à accorder à Haupoix une
seconde récompense de mille livres «pour compléter le maximum de la première classe 55.
On Ht dans le registre des séances de la Commission des arts, à la date du a 2 sep-
tembre 1798 :
Les sections de physique et de mécanique se concerteront pour prendre connais-
sance d'un instrument équatorial chez Opoix {sic) et qui lui appartient, pour
voir si cela ne serait pas utile à la nation ^^^
^^) Ces commissaires étaient Coulomb, Lagrange et Borda. — ^-^ Regislre des procès-
verbaux du Bureau de consultation des arts et métiers. — ^-^^ Archives nationales, F^'*7,
foho U , recto.
DE LA CONVENTION NATIONALE. /i83
On lit dans le registre des procès-verbaux de la Commission des arts :
Séance du 5 ventôse, l'an -2" de la Bépiihlique.
La Commission de Tenvoi des lois fait savoir que [elle est] chargée par le Comité
de salut public de traiter avec le citoyen Anisson, directeur de l'Imprimerie natio-
nale executive, de ses propriétés dans ladite impiimerie. Les citoyens Mollard,
Barrois, Langlès sont nommés commissaires pour prendre connaissance des seuls
objets relatifs aux arts et aux sciences dans celte imprimerie , et pour en effectuer
le départ^').
('^ Archives nationales, F " * 7, folio 33, recto.
/i84 PROCÈS-VERBAUX DU COMITE D'INSTRUCTION PUBLIQUE
DEUX CENT DEUXIEME SEANCE.
Du 3 ventôse an ii. [ai février 1^79 'i. j
On fait lecture d'une lettre à la citoyenne Masson pour l'engager
à exprimer suffisamment la proposition qu'elle a annoncée d'un pro-
cède pour faire servir le papier écrit et imprimé pour suppléer au
chiffon. La lettre est envoyée ^^\
On fait la proposition de demander au Comité de salut public une
adjonction de huit membres pour le Comité d'instruction publique.
Cette proposition est arrêtée ^'^\
Le citoyen Scrieys offre au Comité ses Décades républicaines. Le
Comité a nommé Prunelle pour lui en faire un rapport ^^l
(^) Voir la séance du 2 9 pluviôse ( p. 6 7 0 )
et, pour la suite, celle du 28 ventôse
(p. 564).
^^) Une liste de six membres à ajouter
au Comité avait été présentée le 27 plu-
viôse : elle comprenait les noms de Lon-
qûeue, Plaichard-Choîtière, Veau de Lau-
nay, Gales, Bodin et Dufay. Le 1" ventôse,
sur la proposition de Grégoire , un septième
nom, celui de Bourgain, y avait été ajouté.
Le total des membres adjoints à proposer
au Comité de salut public est maintenant
porté à huit; nous ignorons qui est le
huitième.
Les procès-verbaux de la Convention ne
contiennent pas, de ventôse à thermidor,
de décret adjoignant des membres au Co-
mité d'instruction publique. 11 en résulte
que Tadjonction de nouveaux membres eut
lieu en vertu d'un simple arrêté du Co-
mité de salut public. Il paraît que dans les
derniers mois qui précédèrent le 9 ther-
midor, le Comité de salut public avait fini
par nommer directement les membres qui
devaient compléter les comités. Voir à ce
sujet aux annexes, A (p. /i 8 7), un fragment
d'un rapport fait par Barère à la Convention
ie 1 4 thermidor an 11.
Dès le 5 ventôse , nous verrons Plaichard-
Choîtière siégeant au Comité d'instruction
publique et nommé rapporteur d'une affaire
en remplacement de Bomme (p. 698 ). Le
nom de Plaichard-Choîtière est du reste le
seul, parmi les sept noms nouveaux mis eu
avant le 27 pluviôse et le 1" ventôse, qui
paraisse dans les procès-verbaux du Comité;
les autres candidats proposés ne semblent pas
être entrés au Comité d'instruction publique.
Par contre , deux noms de membres du Co-
mité qui, jusqu'alors, n'avaient pas pris
part à ses travaux, figurent dans les procès-
verbaux à partir de ventôse : ceux de Duhem
(nommé membre dès le 1 1 brumaire an 11,
mentionné pour la première fois le 1" ven-
tôse) et de Duval (nommé membre dès le
i 5 du premier mois , mentionné pour la
première fois le 5 ventôse).
On trouve dans les Mémoires de Thibau-
deau quelques pages consacrées aux prin-
cipaux membres qui formèrent le Comité
d'instruction publique pendant l'hiver et le
printemps de l'an 11 , jusqu'au 9 thermidor.
Nous donnons ces pages aux annexes, B
(p. 487).
^^) Le 18 pluviôse, le littérateur Se-
rieys avait offert à la Convention, qui en
avait agréé l'hommage, le prospectus d'une
publication intitulée Décodes républicaines.
Voir aux annexes, C (p. ^89), un extrait
du procès-verbal de la séance de la Con-
DE LA CONVENTION NATIONALE.
485
On propose d'arrêter que toutes les minutes de lettres et de rap-
ports seront numérotées. Arrêté.
Le citoyen Momoro, député par la Société des Cordeliers, est
venu porter la parole au sujet de l'édition des œuvres de Marat^^^,
annonçant qu'une partie de la famille de cet illustre défenseur de
la liberté consentait à abandonner à sa veuve tous ses manuscrits, et
qu'elle se proposerait de se charger de l'impression, désirant que la
Convention voulût bien souscrire. Ajourné à la prochaine séance, où
la citoyenne veuve Marat doit se présenter elle-même ^^\
Sur la lettre du ministre de l'intérieur qui demande l'avis du Co-
mité sur un logement accordé au Louvre au citoyen Ducreux, peintre,
on a demandé et arrêté l'ajournement ^^K
Les citoyens Brisset et Famin étant venus apporter un essai de chaus-
sure de cordes et matières communes pour les citoyens de l'intérieur
qui auraient donné leurs souliers à nos braves défenseurs, le Comité,
en applaudissant à leur zèle, a cru devoir les renvoyer au Comité des
marchés.
Un membre du Comité des secours publics est venu donner com-
munication d'un rapport à faire à la Convention et d'un projet de
décret portant établissement de plusieurs nouvelles écoles pour les
sourds et muets. Les deux écoles de Paris et de Bordeaux ayant paru
suffisantes quant à présent, il a été proposé de les perfectionner et de
les diriger vers l'industrie en particulier; et la question préalable a été
demandée sur les autres écoles proposées, et adoptée ^^^.
vention du 18 pluviôse an 11. Les Décades
républicaines , ou Histoire abrégée de la Répu-
blique française, par une Société do Sans-
culottes, à Paris, de rimprimorie de la So-
ciété Tiiypo{jrapliique (sic) des Trois Amis,
parurent en livraisons tous les décadis, de-
puis le 9 0 pluviôse an 11 jusqu'au milieu
de l'an m. La collection comprend qua-
rante-deux numéros de 36 pages, formant
sept volumes. (Bibliotliè([ue nationale,
Lc^8i5, petit in- 12.) L'ouvrage porte en
épigraphe ces mots empruntes à un rap-
port fait au nom du Comité de salut public :
ffPid)liez et répande/, j)arlout vos succès,
pour en obtenir de nouveaux. H.vnKRE.rj A
partir du tome V, c'est-à-dire de Pan m , le
nom de Barère disparait. — Il sera de nou-
veau question des Décades républicaines le
i3 ventôse (p. 587).
^'^ Voir la séance du 29 pluviôse (p. ^71).
Momoro était à ce moment président de
la Société des Cordeliers.
^"-) Voir la suite à la séance du 7 ven-
tôse (p. /199).
^^) Voir la séance du t? 7 pluviôse ( p. ItGh)
et, pour la suite, celle du ai germinal an 11.
(*) Voir les séances des a t nivôse ( p. tîOri)
et 7 pluviôse (p. 337). Le membre du Co-
mité des secours publics qui vient conunu-
ni(|uer un projet de décret est piobabhMneiil
Roger Ducos, cai* c'est ce dernier que
l'on verra, le 11 ventôse, présenter à la
/i86 rnOCÈS -VERBAUX DU COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE
Les citoyens Duboy-Laverne et Langlès, correcteurs de l'Impri-
merie executive, sont venus pour offrir au Comité un petit recueil inti-
tulé Le manuel du républicain , en ces termes :
Citoyens législateurs,
L'Imprimerie nationale executive du Louvre gémit depuis longtemps sous le
poids des travaux (radminislralion , dont l'urgence toujours extrême n'est guère
favorable à la perfection typographique. Elle a taché de dérober quelques instants
k ses veilles pour l'exécution soignée d'un recueil qui présentât sous un très petit
format les objets dont la connaissance et l'usage journalier sont essentiels à un ré-
publicain. L'hommage de ce Manuel était dû au Comité d'instruction publique,
puisqu'il est en grande partie le résultat de ses travaux. Nous nous empressons
de venir le lui présenter, et de le prier de jeter un regard protecteur sur un éta-
blissement qui, rendu exclusivement, selon sa destination primitive, aux sciences
et aux arts, peut sous les auspices de la liberté contribuer à leur donner un nouvel
essor.
Nous nous occupons en ce moment de la fonte d'un caractère beaucoup plus
petit, au moyen duquel nous espérons faire circuler dans les pays étrangers les
principes de la liberté et de l'égalité sous un format qui trompera la surveillance
la plus active des despotes et de leurs agents.
A Paris, le 3 ventôse, l'an 2' de la République une et indivisible.
Signé : Duboy-Laverne, correcteur, L. Langlès, correcteur
de ladite Imprimerie pour les langues orientales ^^\
Le Comité a approuvé ce travail, avec mention civique, et leur a
témoigné toute sa satisfaction pour la perfection typographique de ce
petit recueil ^^l
Convention un nouveau rapport sur ce
sujet. Le Comité des secours publics per-
sistait à proposer que le nombre des éta-
blissements de sourds-muets fût porté à six ;
le Comité d'instruction publique , au con-
traire, émit l'avis que les établissements
de Paris et de Bordeaux devaient suffire :
toutefois, celte opinion ne passa qu'à une
voix de majorité, à ce que nous apprend
le rapport de Roger Ducos du 1 1 ventôse.
Thibaudeau, l'un des commissaires dési-
gnés le 7 pluviôse pour visiter l'école des
sourds-muets de Paris, présentera le 7 ven-
tôse au Comité (p. 5oo)un projet de décret
sur les bases arrêtées dans la séance du 3.
(^) La lettre de Duboy de Laverne et
Langlès est jointe en original à la minute
du procès-verbal.
^^^ Le Manuel du républicain est une pla-
quette de format minuscule, de 1 16 pages,
contenant la Constitution précédée de la
Déclaration des droits de l'homme et du
citoyen, le calendrier républicain pour
l'an H , précédé des décrets et de l'instruc-
tion y relatifs, une notice sur le nouveau
système des poids et mesures, et le décret
du 1 II frimaire sur le gouvernement révo-
lutionnaire. En voici le titre exact : ^^ Ma-
nuel du i^épublicain , contenant l'Acte consti-
tutionnel, r Annuaire du nouveau calendrier
l'épublicain , avec toutes les tables, etc. A
Paris, de l'Imprimerie nationale executive
DE LA CONVENTION NATIONALE. hSl
Le président ayant fait lecture de la pétition du citoyen Dominique-
Antoine Rosa, le Comité a renvoyé la pétition au Comité des secours
puLlics^^l
La séance est levée à onze heures ^^\
PIÈCES ANNEXES.
On lit dans le Moniteur :
Convention nationale, séance du i^ thermidor an n.
Barère. . . Le travail que je suis chargé de vous présenter au nom du Comité
de salut public a pour objet une autre délégation de pouvoirs dont la Convenfioii
nationale ne doit pas se dessaisir, soit pour l'intérêt de son autorité, soit poui- lin-
térct du peuple; cependant, d'après les intentions perfides du dictateur, et par ses
manœuvres dans l'assemblée, il vous avait fait décréter que le Comité de salut
public nommerait tous les membres des comités; opération difficile, pénible,
odieuse, et tendante à avilir la représentation nationale, et à défavoriser les membres
du gouvernement aux yeux mêmes de leurs collègues '-^K
Le décret du i3 septembre 1798 (voir t. II, p. 596) avait simplement donné au Comité
de salut public le droit de présenter des listes de candidats pour les comités, la nomination
étant réservée à la Convention. 11 parait, d'après le langage tenu le 16 thermidor par Ba-
rère, que l'assemblée avait fini par ne plus s'occuper en rien des nominations, et par
laisser le Comité de salut public agir discrétionnairement. Mais nous ne connaissons pas de
décret par lequel la Convention se soit foi-mellement dessaisie de son autorité en cette ma-
tière en faveur du Comité de salut public. Il n'y a eu du reste, jusqu'au 9 thermidor, aucun
renouvellement intégral des comités, après celui qui eut lieu en exécution du décret du
i3 septembre; les comités sont restés les mémos, sauf quelques démissions ol dos adjonc-
tions de membres, comme celle qui fut faite pour le Comité d'instruction publique le
11 brumaire (t. II, p. 73 1).
On lit dans les Mémoires de Tliibeaudeau :
Une fois membre du Comité d'instruction publique, je m'occupai avec assiduité
du Louvre. An -3" de la République. Se (p. ^19/1), un projet de décret relatif à colto
trouve au dépôt dos lois, place do la Réu- proposition.
nlon, ci -devant du Grand (iarrousol.?^ ^' Nous n'avons pas trouvé la pétition
(Hihliothôque nationale, Lh''', 3373.) Du- <lo Rosa.
boy de Laverne ot banglôs avaiont fait, le ^"^^ Pasde signature, ni à l;i n)innte, ni an
19 nivôse (p. aaT)), une démarciio auprès registre. La minute ost do la main do (iiuijié.
du Comité pour (l(>numdei' qu'il tût créé, saut l'alinéa sur Domini(pie-Antoino Rosa,
à l'imprimerie du Louvre, une section ré- qui parait »Hre do la main ilu président.
servéo à l.i partie^ sjivaiit(> ol littéraire. Ar- ^-'^ Moniloiir du 1 ."> tliMuiidoi- an 11,
bogast prcsonlora au Comité, le 5 voiitôs-? p. 1291.
Zi88 PROCÈS -VERBAUX DU COMlTi: D'INSTRUCTION PUBLIQUE
des diverses parties dont il était chargé, et je passais dans la bibliothèque qui y fut
e'tabîie tout le lemps que nie laissaient les séances de la Convention.
Il ëtait en général com])osé d'hommes modérés, car il y avait là fort peu d'in-
fluence à exercer sur les personnes et d'occasion déjouer un grand rôle dans la
politique. Les lenq)s n'élaieut guère favorables pour proposer et faire réussir des
plans utiles; on s'y occupait donc principalement à donner des secours et des en-
couragements aux hommes de lettres, aux savants et aux artistes que les circon-
stances réduisaient à la misère, à opposer une digue aux dévastations du vanda-
lisme, et à conserver cette masse considérable de richesses scientifiques et d'objets
d'art, que la suppression des maisons religieuses et la confiscation des biens
d'émigrés avaient mise dans les mains de la nation.
L'abbé Grégoire fut un des membres du Coinilé qui y développa le plus de zèle
et rendit le plus de services : on connaît ses rapporls, ils étaient courageux pour
le temps. C'était un vrai républicain, actif, laborieux et désintéressé. Quoique
prêtre et fidèle à son état, lorsque tant d'autres l'abjuraient, il était anssi ennemi
du fanatisme que du despotisme et de toute espèce de tyrannie.
Parmi les autres membres du Comité se trouvaient :
Le peintre David, la gloire d'une école qui avait eu Vien pour créateur. Il avait
la dictature des arts. Par son talent, nul autre n'en était plus digne Ses élèves se
faisaient remarquer comme lui par l'exagération de leur patriotisme; et la plupart
de leurs compositions en étaient empreintes. Ils se distinguaient aussi par ce cos-
tume du moyen âge, dont on voulut, un instant, faire le costume national. On a
reproché à David d'avoir, par jalousie, persécuté quelques artistes. Je ne m'en suis
jamais aperçu. 11 y en avait un petit nombre qui tenait à l'aristocratie, moins par
opinion que par reconnaissance, car la Révolulion régnait dans tous les ateliers.
Comme patriole, David a pu leur être contraire; comme artiste, la supériorité de
son talent ne pouvait le rendre accessible au sentiment d'une basse rivalité. La
diiïbrmité de ses traits et une certaine rudesse de manières ne prévenaient pas en
sa faveur; mais dans l'intimité il avait de la simplicité et de la bonhomie.
Fourcroy ; il tenait le sceptre des sciences naturelles et physiques, comme David
celui des arts; de plus, dans la société parleur facile; à la tribune, orateur
agréable, et à l'école, professeur presque sans égal. Républicain ardent, irritable,
mais éclairé, il fut aussi accusé d'avoir précipité vers Véchafaud, ou laissé périr
des savants qui, comme lui, étaient au premier rang dans la carrière. Je voyais
Fourcroy tous les jours : il avait de l'amitié pour moi; jamais je ne lui surpris
une parole ni un sentiment capable d'ébranler la haute estime que j'avais, autant
pour son caractère moral que pour ses grands talents. Je n'ai connu de lui que de
nombreux services rendus aux sciences et à ceux qui les cultivaient.
Duhem, médecin, fameux par la violence de ses cris dans la Convention. 11 ne
les épargnait pas non plus dans le Comité. Il dit, un jour qu'on y citait J.-J. Rous-
seau, que c'était un aristocrate et un fanatique, et que s'il eût encore vécu c'eût été
un homme bon à guillotiner. Heui'eusement, les hommes de ce tempérament
n'étaient pas communs au Comité.
Edme Petit; il avait une grande franchise, et disait, sur les choses et sur les
hommes, des vérités toutes crues qui contrastaient fortement avec les opinions ré-
DE LA CONVENTION NATIONALE.
liS9
gnantes. On les lui pardonnait en faveur de son originalité. C'était un homme de
bien, un adorateur passionné de J.-J. Rousseau, de sa personne et de ses écrits.
Il affectait dans ses manières et ses expressions cette rudesse qu'on est convenu ,
par un contresens, de prendre pour l'enseigne de la philosophie.
Plaichard-Choltière , bon et brave homme, qui dormait depuis le commence-
ment jusqu'à la (in des séances ^^^: probablement le plus sage, et sans contredit le
plus heureux de nous tous.
Léonard Bourdon, que l'on appela ensuite Léopard, et qui s'occupait par-dessus
(out de faire fleurir sa maison d'éducation aux dépens des autres établissements de
celte espèce.
La plupart de nos travaux étaient obscurs, car ils se bornaient à empêcher, au-
tant que possible, le mal et la destruction. Le Comité avait le surveillance de tous
les établissements scientifiques et de l'instruction, des collections et dépôts. Nos
occupations n'avaient point d'amertume, nous n'avions affaire qu'à des livres, des
tableaux, des statues, des hommes do lettres, des artistes et des savants. Nous
étions journellement en rapport avec des hommes du premier mérite, tels que
Daubenton, Lagrange, Monge, Prony, Corvisart, Pernardin de Saint-Pierre, etc.
Les uns par patriotisme, les autres pour éviter la proscription, tous par amour
des sciences et des arts, nous apportaient le tribut de leur zèle et de leurs lu-
mières
A-')
On lit dans les procès-verbaux de la Convenlion :
Séance du 18 pluviôse an 11.
Le citoyen Serieys, commis aux bibliothèques nationales, envoie à la Conven-
lion le prospectus des Décades républicaines , et la prie d'accepter deux exemplaires
(le chaque livraison pour être déposés dans ses archives. La Convenlion acco[)te
l'offrande, décrète la mention honorable et le renvoi au Comité d'instruction pu-
blique ^='^.
^') Plaichard-Clioltière fut secrétaire du
Goniilé à partir du îî() venlôso jnscju'au
17 fructidor. Pendaiil son secrétariat, les
procès-voi'baux, jusqu'alors très souiuiaires,
deviennent beaucoup plus détaillés, énu-
niéranl avec une minutie fastidieuse toutes
les lettres et pétitions rorues par le Comité.
Il est assez difficile de concilier celle acti-
vité de Plaichard comme secrétaire avec
l'assertion dn 'riiii)audeau (|ui le montre
dormant pendant les séances.
^-' Thibaudeau , Mémoires, 1. 1", p. 73-77.
i'») Procès-verbal de la r.onvention,
t. XWI, p. 'm.
Û90 PROCÈS -VERBAUX DU COMITE D'INSTRUCTION PUBLIQUE
DEUX CENT TROISIÈME SÉANCE
Du 5 venlose an ii. [28 février 179^.]
Le citoyen Grégoire présente, au nom du citoyen Lavoye, impri-
meur en taille-douce, un cahier de différentes écritures gravées. Le
Comité, rendant justice à la beauté de ce travail, arrête que cet ou-
vrage sera rendu au citoyen Lavoye et qu'il en sera fait mention au
procès-verbal pour y recourir au besoin dans le cas où il s'agirait des
livres élémentaires ^^\
Le citoyen Lindet fait au Comité le rapport des dispositions à faire
dans les pièces dépendantes du local du Comité d'instruction publique
pour l'emplacement d'une ])ibliothèque à y fonder pour l'usage des
membres de la Convention nationale ('^^. Le Comité, ayant adopté le
plan proposé, a arrêté qu'il sera inscrit au procès-verbal et qu'il sera
communiqué aux inspecteurs de la salle.
Projet d'emplacement pour la bibliothèque dont la formation a été arrêtée par le Comité
(l instruction publique , et dont le Comité de salut public demande la plus prompte
exécution^^K
1 . La bibliothèque sera placée dans les deux premières pièces d'entrée du (jO
mité d'instruction publique.
2. La porte d'entrée située au bas de l'escalier qui conduit au Comité de sûreté
générale sera fermée à demeure.
3. La porte entre les deux premières pièces sera enlevée et l'ouverture sera
libre , mais la cloison qui sépare les deux pièces subsistera.
U. Les cloisons en bois et grillages seront enlevés.
5. Le poêle sera déplacé et mis dans la pièce qui est actuellement la deuxième.
6. La porte qui communique à la salle des secrétaires sera replacée de ma-
nière qu'elle sera désormais en sens opposé, c'est-à-dire dans les appartements
destinés à la bibliothèque.
7. Il sera établi des rayons en planches dans les deux pièces ci-dessus désignées,
du haut en bas, espacés diversement pour les in-foHo, in-quarto et in-douze, suj'
les trois côtés de chacune des deux pièces.
8. Il y aura une échelle à l'usage de la bibliothèque.
^^^ Le procès-verbal de la sé-ance sui- ^^^ Voir la séance du 1" ventôse (p. ^76).
vante (p. 5oi) enregistre le don fait par /'') Cette pièce est sur une feuille vo-
Lavove au Comité de ses modèles d'écriture. lante annexée à la minute.
DE LA CONVENTION NATIONALE. A9i
9. Il y aura une table et quelques chaises dans chacune des deux pièces.
10. Il sera ouvert une porte d'entrée de la cour dans la pièce occupe'e par les
commis à la place de la fausse fenêtre.
11. En dedans de la salle des commis, il sera fait un tambour. On pourra em-
ployer la porte dont le déplacement a été indiqué ci-dessus.
Conservation de la bibliothèque.
1. Il sera nommé un commis garde de la bibliothèque.
2. Le garde de la bibliothèque tiendra un catalogue où seront inscrits tous les
livres, cartes, plans et autres effets qui pourront y être déposés.
3. Le recolement en sera fait tous les mois par deux commissaires du Comité
d'instruction publique.
à. Le garde de la bibliothèque sera responsable dés livres et autres effets qui
auraient été enlevés.
5. La bibliothèque sera ouverte tous les jours depuis neuf heures du malin jus-
qu'à trois heures, et depuis six heures jusqu'à dix heures du soir, pour les
membres du corps législatif seulement; nulle autre personne n'y sera admise.
6. Aucun hvi'e, carte, plan ou autre pièce déposée, ne pourra être déplacé de
la bibliothèque sinon sur le mandat d'un comité de l'assemblée nationale. Le garde
de la bibliothèque sera tenu de veiller sous sa responsabilité au rétablissement des
pièces qui auront été ainsi déplacées. A[)rès un recolement, les mandats de d<'pla-
cement ne pourront plus valoir de décharge, si les hvres ou effets déplacés n'ont
pas été rétablis.
7. Le garde de la bibliothèque sera employé pour les écritm-es du Comité d'in-
struction publique ^^^
Le citoyen Lindet ayant fait le rapport de la proposition faite par la
Commission dos arts de racheter quatre tables de bois pétrifié, montées
en acier poli et bronze doré, vendues et provenant de la ci-devani
reine, le Comité a arrêté que le rapporteur se concerterait avec le
Comité des finances pour proposer un projet de décret a ce sujet ^-\
Lindet rend compte d'une proposition faite d'acheter le cabinet
d'histoire naturelle de la citoyenne d'Orcv et une partie de sa bi-
bliothèque qui concerne l'histoire naturelle. Le Comité arrête de
^'^ Il sera encore question de la biblio- ciiper de la question, el avait ronctii an
thèque des Coinilos paj^os /j()r) et /196. raciiat des quatre tahlos. Voir aux atinoxes,
(■■') Sur CCS tables (1(; l)ois pétrifié, voir A (p. '197 ), dos extraits des procès-verbaux
la séance du 19 Irimaire (p. 88), et le des séances de la Coumùssion dos if) el
rapport de Mathieu sur la suppression de 3o pluviôse. Pour la suite de celte affaire,
la (loinuiissiou des uionuiuents (annexe A voir la séance du Comité du 19 jjiTinitial
de la séance du «j'y frimaire, p. 17^1). I.a au 11.
Conunissiou des arts avait continué à s'oc-
/192 PROCÈS -VERBAUX DU COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE
prendre des informations sur le prix des objets proposés et sur le
montant de sa dette ^'^
Le citoyen Hanin présente au concours pour les montres qui doivent
indi(iuer les nouvelles heures une montre de son invention ^^\ Le Co-
mité, après l'avoir admise et fait numéroter, a arrêté de faire inscrire
au procès-verbal cotte description qu'il en donne lui-même :
Sur le moiivenicnt ordinaire d'une montre est appliqué un cadran portant
l'ancienne et la nouvelle heure; dans la circonfc'rence du cercle la plus extérieure
du cadran sont gravées cinq cents divisions indiquant, au moyen des chiffres, le
nombre des minutes composant chaque heure décimale. Au-dessous de ces divisions
sont rangés cinq chiffres se partageant également chacun cent minutes, lesquels
forment ensemble le même espace de la durée de douze heures anciennes. Mais
connue les cinq heures dont on vient de parler ne forment que la moitié de l'es-
pace de la journée et qu'il est très nécessaire de compter sans interruption depuis
une jusqu'à dix heures, c'est pourquoi on trouvera cinq autres chiffres placés au-
dessous de ces premiers, d'une couleur différente, afin de distinguer les heures du
jour et celles de la nuit. Le centre du cadran représente la division des anciennes
heures avec ses minutes.
Une aiguille, surmontée d'une pique, s'élève à la hauteur du cercle le plus ex-
térieur du cadran et sert à indiquer la nouvelle heure et l'ancienne et à déterminer
eu même temps la concordance de ces divisions respectives au moyen de son
ravon ^^K
Un inventaire de divers objets rares et précieux provenant de
Castries ^^^ ayant été présenté au Comité pour décider de l'usage et
du placement de ces divers objets, le Comité a nommé le citoyen Ma-
thieu pour lui en faire le rapport ^^\
Les citoyens Daguerre et Lignereux demandent que la Commission
des arts soit autorisée à faire transporter ailleurs les objets précieux
(') La veuve et les héritiers de Gigot
d'Orcy, ancien receveur général des tinances
à Chàloiis, se trouvaient débiteurs du trésor
pour une certaine somme; la veuve propo-
sait de s'acquitter en cédant la Libliothèquo
et le cabinet d'histoire naturelle de son mari.
Voir aux annexes, B (p. ^97), des extraits
des procès-verbaux des séances de la Com-
mission des arts des 10 et i5 frimaire et
3o pluviôse an n. Pour la suite, voir la
séance du Comité du 1 1 ventôse (p. 53o).
^^) Le concours pour la décimalisation
des montres et pendules avait été ouvert
parmi décret du ai pluviôse (séance du
Comité du 19 pluviôse, p. ^29).
^•'') Cette description de la montre de
Hanin ne se trouve qu'au registre.
^'^) Il s'agit du maréchal de Castries,
émigré, chez qui on avait saisi une im-
portante collection d'objets intéressant l'art
militaire.
^^5 Pour la suite, voir la séance du
19 ventôse (p. 557).
DE LA CONVENTION NATIONALE.
493
déposés chez eux par la ci-devant reine. Le Comité a arrêté de ren-
voyer à la Commission des arts pour s'arranger à l'amiable avec les
citoyens Daguerre et Lignereux sur les frais de garde qui leur con-
viennent et d'indiquer un local propre à les déposer ^^^
Le citoyen Romme ayant déposé sur le bureau un rapport sur les
bras artificiels, le Comité a nommé Plaichard pour lui en faire le
rapport '^^
Les maire et officiers municipaux de la commune de Versailles
avant présenté une pétition tendant à obtenir la liberté du citoyen
La Rive qu'ils désirent avoir pour instituteur, le Comité la renvoie
au Comité de sûreté générale.
Le citoyen Coupé rend compte au Comité de la remise faite par
lui au Comité de salut public du projet de décret sur les divers usages
et établissements civils des communes ^^^ avec l'avis des Comités des fi-
nances, des domaines et des secours publics ^^^
Le ministre de l'intérieur ayant écrit au Comité sur la collection
des machines du citoyen Pelletier et le local à lui accorder, le Comité
renvoie à la Commission des arts^^l
Le Comité a renvoyé à David ce qui concerne le dessin et l'exécu-
tion du sceau de la République ^''^
Un membre ayant proposé d'admettre le citoyen Villebrune pour
la Commission des arts, cette proposition a été arrêtée, et le citoyen
C' La lettre de Daguerre et Lignereux
avait été enregistrée sous le n° 1989 (F^^,
rarlon 1009'); ^^'^ a'vSi^^ été transmise au
Comité par la Commission des arts. Celle-
ci, chargée de terminer l'affaire, décida de
répartir les objets déposés chez Daguerre
et Lignereux entre le Muséum des arts et
le Musénm d'histoire nalurcllo. Voir aux
annexes , G ( p. /i 9 8 ) , des extraits des procès-
verbaux des séances de la Commission des
arts des 3o pluviôse et 2 5 ventôse an 11.
^^^ Il s'agit évidemment de l'invention
de Legros, dont Romme avait été nonmié
lapporlenr le 19 brumaire (t. II, p. 785).
Homme avait (juitlé Paris ce jour-là même
5 ventôse (voir p. 678, note 1). IMaichard,
qui le remplace comme rapporteur, est un
des nouveaux njembrcs qui vonaicMit d'être
adj(ùnts au Connh'.
(^^ Nous reproduisons textuellement la
phrase telle qu'elle se trouve à la minute
et qu'elle a été transcrite au registre. Voir
la séance du a 5 pluviôse (p. 660).
^*) La mention de l'avis des Comités des
finances et des secours publics peut (aire sup-
poser que le projet de décret de Coupé ré-
pondait non seulement à la demande laite
par le Comité de salut public (voir séance
du 17 pluviôse, p. ûia), mais à l'injonc-
tion contenue dans le décret du «^ 5 brumaire
(t. II, p. 803).
^*' Sur la collection de machines de Pel-
lelit'r, voir la st'ance du Comité du •>- août
et le décret du 3o août 1793 (t. ll,p.3/iG).
^*^ Voir la séance du 'J7 plnviôse(p. /i65)
et, pour la suite, colli' du 7 ventôse
(p. '199).
494 PROCÈS -VERBAUX DU COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE
Villebrune sera admis lorsqu'il s'agira d'une addition à la Commis-
sion (les arts^^\
Le même membre propose qu'il soit également indiqué un artiste
musicien pour remplacer Sarrette, qui a donné sa démission : il de-
mande qu'il soit nommé un commissaire. Duval est nommé ^^\
Diiïcrents faits héroïques sont renvoyés à Léonard Bourdon ^^l
Un membre ^'^^ propose un projet de décret à communiquer au Co-
mité de salut public sur la conversion de l'Imprimerie executive en
Imprimerie nationale des arts. Le projet de décret a été arrêté ainsi
qu'il suit :
PROJET DE DÉCRET ^^^.
La Convention nationale, ouï le rapport de ses Comités de saint public et d'in-
struction publique, décrète :
Article premier. L'Imprimerie nationale executive du Louvre est convertie en
Imprimerie nationale des arts.
^'^ Sur Lefèvre de Villebrune, bibliothé-
caire national, voir la note 3 de la page
1^9. La proposition d'adjoindre Villebrune
à la Commission des arts venait de cette
Commission elle-même ; on lit dans le re-
gistre de ses séances, à la date du 3o plu-
viôse : ffll est arrêté que le citoyen Ville-
brune sera proposé au Comité d'instruction
publique pour être adjoint à la section des
dépôts littéraires dans la Commission. » ( F^'*
7, folio 98, verso.) Il sera de nouveau
question de Villebrune le 29 ventôse (p. 596).
(2) YQÎf. ja séance du 2 5 pluviôse ( p. 46 1 ).
La démission de Sarrette ne fut pas main-
tenue, et Duval ne présenta personne pour
le remplacer. Toutefois Sarrette ne siégea
effectivement dans la Commission des arts
qu'à partir du 3o floréal. En effet, arrêté
le 5 germinal, sur une dénonciation qui
l'avait signalé comme hébertiste, il ne fut
relâché que le ai floréal, en vertu d'un
arrêté du Comité de sûreté générale. A la
date du 3o floréal an 11, on lit dans le
registre des procès-verbaux de la Commis-
sion des arts : rc Le citoyen Sarrette , membre
de la Commission, section de musique,
s'excusant de n'avoir pu encore prendre
part aux délibérations de la Commission,
parce que ses occupations à l'Institut na-
tional de musique l'en avaient empêché,
demande à être associé aux travaux de la
Commission. Adopté.» (Archives nationales,
F^' * 7, folio 80 , verso.)
La question des relations à établir entre
la Commission des arts et l'Institut national
de musique sera soulevée dans la séance
suivante (p. 5 00). — Duval paraît ici pour
la premièrefois comme membre du Comité:
voir la note 2 de la page kSd.
^^) Le troisième numéro du Recueil des
actions héroïques et civiques était en prépa-
ration. Il sera lu au Comité par Léonard
Bourdon le 9 germinal an 11.
^^^ C'est Arbogast, l'un des rapporteurs
nommés le 1 9 nivôse (p. 266); voir la note
qui suit. Voir aussi les pages ^79 et /180.
^^^ Ce projet de décret se trouve sur une
feuille volante annexée à la minute. Sur la
minute même, on lit à cette place, entre
parenthèses, les mots : trici le projet d'Ar-
bogasi?7. — Il ne fut pas donné suite à ce
projet. Mais le 12 nivôse an m un arrêté
du Comité chargera la Commission executive
de l'instruction publique de faire un rap-
port sur les caractères français et étrangers
provenant de la ci -devant imprimerie du
Louvre ; ce rapport sera présenté au Comité
le 1*' brumaire an iv.
DE LA CONVENTION NATIONALE.
495
Art. 2. L'inventaire ge'ne'ral de la riche collection des caractères français et
étrangers composant ladite imprimerie sera rendu public par la voie de Timpres-
sion.
Art. 3. Les Comités de salut public et d'instruction publique sont autorisés à
y faire imprimer aux frais de la nation les ouvrages qu'ils jugeront utiles aux
arts, aux sciences et à l'instruction publique en général, sur les fonds qui seront
destinés pour ces objets.
Art. h. La Convention nationale autorise ses Comités de salut public et d'in-
struction publique de régler l'organisation de cet ('tablissement, de fixer les
appointements des citoyens qui y seront employés , afin de ne pas interrompre
l'activité pour ce qui peut concerner les arts.
Un membre ayant rendu compte des mémoires et travaux de l'ar-
chitecte Hubert, qui a ordonné la fête du lo août dernier, le Comité a
arrêté qu'il lui serait accordé la somme de 20,000 francs^^^.
Le ministre de la guerre ayant envoyé des faits héroïques, ils ont
été renvoyés a L. Bourdon ^~K
Le Comité a chargé Duhem de lui faire un rapport sur l'augmenta-
tion des honoraires des astronomes et l'achat d'un nouvel instrument
astrologique ^^^ du citoyen Haupoix^^^.
Le Comité a arrêté que son président écrira au citoyen Ameilhon^^^
pour qu'il envoie au Comité d'instruction publique les livres ([ui lui
seront demandés pour y former le dépôt qui servira de bibliothèque
aux divers Comités de la Convention nationale ^^^
(') Voir la séance du i5 pluviôse (p. 896)
et, pour la suite, celle du 11 ventôse
(p. 53o).
(2) Voir la note 3 de la page précédente.
^^^ Ce mot est écrit ainsi tant au registre
qu'à la minute.
^*> Voir la séance du 1*' veniôso, où
Duhem avait déjà été nommé rapporteur
(p. ^78), et, pour la suite, celle du 17
ventôse (p. 55 i).
^*^ Ameilhon, membre de la Commis-
sion des arts, faisait partie de la section
de cette (lonnnission chargée d'inventorier
les bibliothèques,
^^^ En vertu de cette décision, Ameilhon
fit parvenir au Comité un nombre assez
considéiablc d'oiiviages de toute u.ilure. 11
existe aux Archives nationales (MM HyS)
un registre intitulé Journal de lu hihlio-
thèque du Comité d'instniction publique. Ce
registre contient, sur ses 71 premières
pages, la liste des ouvrages remis au Co-
mité pour sa bibliothèque, par Ameilhon
pour la plupart, et aussi par quelques
autres , Poirier, Buache , Barrois , Lefèvre-
Villebrune, etc., du 1 1 xenlôse an 11 au
l 'i fructidor an m. Le 95 ventôse an in,
la bibliothèque s'accroît des tr livres et bro-
chures dont il a été fait hommage à la na-
tion pendant le cours des Assemblées
constituante, législative et conventionnelle,
remis au Comité d'instruction publique en
exécution du décret du 3 ventôse an 3'^.
Dans la seconde partie du registre se trouve ,
sur cinq feuillets, la liste des ouvrages
prêtés, du -H) pluviôse an 11 au () ventôse
au III.
/i96 PROCÈS -VERBAUX DU COMITÉ D7NSTRUCTI0N PUBLIQUE
Le Comité d'instruction publique, après avoir pris connaissance de
la Table en 3o pages de la différence des méridiens entre Paris et les
principaux lieux de la terre, déjà imprimée depuis plusieurs mois dans
la Connaissance des temps pour i -y <^ 5, dans laquelle Table il se trouve
des noms de villes de la République qui ont été changés depuis,
passe à l'ordre du jour motivé sur ce que la Table a été imprimée
avant que ces changements de noms aient eu lieu, arrête en con-
séquence qu'elle pourra paraître telle qu'elle est imprimée, pour cette
fois seulement ^^l
Sur la proposition du commissaire inspecteur du Comité d'instruc-
tion publique, le Comité arrête que le citoyen Baston est nommé gar-
dien de la bibliothèque du Comité et, comuie tel, chargé d'en dresser
le catalogue, comme aussi de tenir état de tous les livres ou volumes
demandés par le Comité de salut public ou autres, sous la surveillance
des membres du Comité chargés de la formation de la bibliothèque ^-K
Sur la proposition du même membre , amendée par un autre
membre, le Comité arrête que l'un des deux commis de la section des
Annales du civisme, moins occupée, remplacera provisoirement le ci-
toyen Baston dans son précédent travail.
Une membre ayant proposé de changer la fleur de lis qui sur les
cartes indique le Nord , Grégoire est chargé de se concerter avec
Buache à cet égard.
La séance est levée à dix heures et demie ^^^.
11) Voir la géance d u i ^' ventôse ( pages /i 7 7
et II'] S) et, pour la suite, celle du 26 flo-
réal an II.
^- 11 sera de nouveau question de la bi-
bliothèque du Comité le 99 germinal an ii.
^•^^ Pas de signature, ni à la minute ni
au registre. La minute est de la main de
Coupé. Les articles du plan de Lindet rela-
tif à la bibliothèque sont sur une feuille à
part, de la main de Lindet. Le projet de
décret sur une Imprimerie nationale des
arts est sur une feuille à part, de la main de
Duboy de Laverne, avec corrections d'Ar-
bogast. L'alinéa relatif à la lettre à écrire
à Ameilhon pour qu'il envoie des livres est
de la main de Grégoire. Enfin les deux
alinéas relatifs au commis Baston sont de
la main de Mathieu, sur un feuillet à part.
DE LA CONVENTION NATIONALE. 497
PIECES ANNEXES.
A
On lit dans le registre des procès-verbaux de la Commission des arts :
Séance du i5 pluviôse, Tan 2* de la Re'publique.
Sur la proposition du citoyen Romme^'\ les citoyens Besson et Nitot sont nommés
commissaires à l'effet de prendre, de concert avec le ministre de l'intérieur, des
mesures pour remettre dans les mains de la nation les tables de bois pétrifié ven-
dues au ci-devant château de Versailles, Lesdits commissaires ne traiteront avec
les possesseurs actuels des tables qu'après en avoir fait leur rapport à la Commis-
sion des arts.
Séance du 3o pluviôse, l'an 5' de la République.
Le citoyen Besson lit un rapport sur quatre tables de bois pétrifié , montées en
acier poli et bronze doré, dont il a été autorisé, conjointement avec le citoyen
Nitot, à faire l'estimation. Cette estimation, ainsi que l'indemnité à accorder aux
acquéreurs , est approuvée |)ar la Commission , qui les autorise à accélérer l'acqui-
sition de ces tables pour le compte de la nation ^^^
On lit dans le registre des procès-verbaux de la Commission des arts :
Séance du 10 frimaire, l'an a* de la République.
La citoyenne Gigot d'Orcy propose de vendre son cabinet et sa bibliothèque à la
nation. Des commissaires nommés par chaque section respective se transporteront
le 1 9 frimaire chez la citoyenne d'Orcy pour inventorier son cabinet et sa biblio-
thèque , sur lesquels ils feront un rapport à la Commission.
Séance du i5 frimaire, l'an 2* de la République.
Sur le rapport des commissaires chargés d'examiner le cabinet et la bibliothèque
de la citoyenne Gigot d'Orcy, la Commission arrête que, vu l'importance de ces
deux objets, aussi intéressants par leur ensemble ([ue par leur beauté, le prix en
sera préalablement constaté par tous les renseignements ({ue so procurera le ci-
toyen Prunelle "^^ afin que le Comité d'instruction publi(pieen sollicite l'acquisition
auprès de la Convention nationale dans un rap[)()rt bien motivé.
^*) Nous ne savons pas à quoi titre Romnie ^^^ Prunelle était l'un dos trois membres
prend part aux délihéralions de la Com- désignés le '2'S brumaire par lo Comité
uiission, à moins que ce ne soit en vertu d'inslnirtioii pul)li([no «rpour assislor au
du décret du iT) août 1793 (t. II, p. 3 19). travail de la Commission des arts". (\oii-
^^^ Archives nationales, F^'* 7, folios a6 t. II, p. 8i5.)
recto et 3o verso.
ni. '.\:\
/i98 PROCÈS-VERBAUX DU COMITE D'INSTRUCTION PUBLIQUE
Séance du 3o pluviôse, l'an 2* de la République.
Un membre du Comité' des finances propose d'acquérir pour la nation le cabinet
d'histoire naturelle de la citoyenne d'Orcy. 11 y trouve un double avantage, en ce
que la citoy(>nne d'Oi'cy est débitrice à la nation , et que le cabinet qu'elle propose
de céder, à dire d'experts, présente dans ses différentes parties une masse d'objets
qu'il serait difficile de réunir. On observe qu'il a déjà été pris des mesures pour
l'acquisition de ce cabinet, que des membres de la Commission en ont fait leur
rapport qui a été communique' au Comité d'instruction publique. On ajoute que
ce cabinet est accompagné d'une bibliothèque précieuse dont on doit faire inces-
samment la vente. Il est arrêté qu'on renouvellera les instances de la Commission
auprès du Comité, en l'invitant de joindre à l'acquisition de ce cabinet la partie de
la bibliothèque qui concerne l'histoire naturelle ^'^.
G
On lil dans In registre des procès-verbaux de la Commission des arts :
Séance du 3o pluviôse, l'an 2' delà République.
Le citoyen Besson lit un rapport sur des effets précieux appartenant à la ci-
devant reine, déposés chez les citoyens Daguerre et Lignereux. 11 propose à la
Commission d'approuver la pétition qui est contenue dans ce rapport, et le renvoi
au Comité d'instruction pubhque. Adopté ^^^
Conformément à l'arrêté du Comité d'instruction publique du 5 ventôse, la Commission
des arts négocia avec Daguerre et Lignereux, et, après avoir convenu des frais de garde
qui leur seraient payés, prit un arrêté concernant le placement des objets déposés chez
eux :
Séance du 25 ventôse, l'an 2' de la Répubhque.
Il est arrêté que les objets indiqués seront transportés au Muséum des arts pour
faire choix de ceux qui conviennent à ce Muséum, et renvoyer les autres à celui
d'histoire naturelle ^^\
(^) Archives nationales, F'^* 7, fohos 10, recto et verso, et 29, verso. — ^^^ Archives na-
tionales, F^'* 7, folio 3i, peclo. — ^^) Ibid., folio Ai, recto.
DE LA CONVENTION NATIONALE.
^99
DEUX CENT QUATRIEME SEANCE.
Du 7 veiilôs ' an II. [2.') février 179'!.]
Lettre du citoyen Sergent qui en adresse une du citoyen Pouilin,
accompagnée de deux pièces de vers. Renvoyé à Bouquier, rappor-
teur (1).
Pétition du citoyen Monnaye qui adresse à la Convention nationale
une traduction de Justin et demande que cet ouvrage soit rangé au
nombre des livres classiques. Arrêté qu'il n'y a pas lieu à délibérer ^2^.
La proposition du sceau de la République est renvoyée à David, qui
se concertera avec les artistes qui doivent l'exécuter ^-^l
La citoyenne veuve Marat étant venue proposer de faire imprimer
les ouvrages et manuscrits de Marat, et demandant que la Convention
veuille bien souscrire pour un certain nombre d'exemplaires, le Co-
mité arrête qu'il sera nommé un rapporteur qui, d'après l'aperçu de la
dépense, proposera à la Convention une souscription ^'^\
Il sera écrit parle président au ministre de l'intérieur pour donner
des pouvoirs conçus dans les termes proposés par sa lettre ci-jointe ^^^
et il lui sera envoyé la liste des membres de la Commission des arts
avec leur adresse.
Rapport à faire sur l'empreinte des monnaies. Renvoyé à Mathieu '^^K
. (') Nous n'avons pas trouvé les lettres
de Sergent et de I*oiillin. Bouquier n'a pas
présenté de rap{)ort.
^■^) Voir la séance du 19 nivôse (p. a.58).
Il y a dans F•^ carlon loo8^ n" i583,
une lettre de Monnaye, du 'îG ventôse,
dans laquelle il demande qu'on lui fasse
coruiaîlre les motifs pour lesquels le Comité
a prononcé Tordre du jour sur sa demande
d'impression de sa traduction de Justin.
^^^ Le procès-veibal de la séance du
5 ventôse (p. A93) conlicnl déjà cette
môme indication du renvoi à David, Il ne
sera plus parlé de celte alïain'.
(''^ Voir la séance du 3 ventôse (p. /jS."))
et, pour la suite, celle du ii ventôse
(p. 53o).
'*) La lettre dont il est ici question n'est
pas, comme cette phrase incorrecte semble
le dire , une lettre du ministre de l'intérieur,
mais bien la lettre du président, soumise
par lui à l'approbation du Comité. Cette
lettre, qui devrait être insérée au procés-
verbal, n'y a pas été jointe. Il s'agit de
pouvoirs destinés aux membres de la Com-
mission des arts. Nous donnons aux annexes,
A (p. 5oi), des extraits des procès -ver-
baux des séances de la (lommis^ion des arts,
des a5 pluviôse, 5 et tT) ventôse an 11.
^"^ Le décret du -jS brumaire avait cliarj^é
les (lomltés d'instruction publiipie et des
monnaies, réunis, de rassembler dans une
seule loi tous les décrets rendus jiiscju'à ce
jour sur les monnaies (voir t. 11, p. 81 1 ).
C'est sans doute en exécution de ce décret
que Mathieu est chaigé du rapport.
,,'\
500 PROCÈS -VERBAUX DU COMITE D'INSTRUCTION PUBLIQUE
Thibaudeau lit un rapport sur les établissements d'instruction pour
les sourds et muets, suivi du projet de décret suivant; adopté ^^l
Observations sur les objets d'art et autres objets à conserver par les
troupes françaises dans les pays qu'elles parcourent. Renvoyé à Bou-
tiuier
(2)
4
Arrêté qu'il sera fait une convocation générale de tous les membres
du Comité pour discuter le sujet des fêtes décadaires la séance pro-
cbaine ^^l
Les professeurs de musique de la garde nationale demandent que
tous les instruments de musique des émigrés soient réunis par la
Commission des arts, et qu'd soit procédé par un jury composé de gens
de Fart. Renvoyé à la commission chargée de statuer sur le tout^^^.
Un artiste annonce un projet de moulins. Renvoyé au Bureau de
consultation des arts pour avoir son avis^'^^.
^^^ En regard de cet alinéa, on lit en
marge, à la minute : «Le projet est entre
les mains de Tiiibaudeau?^ Voir la séance
du 3 ventôse (p. 685). Dans la séance du
9, le projet de Thibaudeau reviendra à
l'ordre du jour et sera complété (p. 5o6).
(2) Voir la séance du 7 pluviôse (p. 336 ).
Il parait probable qu'il s'agit ici d'observa-
tions présentées par la Commission des arts.
Celle-ci, en elTet, s'était occupée de la
question le 5 ventôse ; on s'était plaint que
les monuments des arts, en pays ennemi,
fussent souvent détruits, et que, dans les
déparlements, le travail de conservation ne
fût pas effectué avec toutes les lumières et
toute l'activité désirables ; on avait proposé
qu'il fût envoyé des agents de surveillance;
que les ingénieurs fussent aussi chargés de
ce soin, autant que les travaux qui leur
sont propres n'en souffriraient point, et que
«cette indication fût énoncée dans la lettre
à écrire aux représentants du peuple près
les arméesw. La proposition fut adoptée.
Voir aux annexes, B (p. boh), un extrait
des procès-verbaux des séances de la Com-
mission des arts, 5 ventôse an 11.
^^) Mathieu, nommé rapporteur, avait
présenté un projet qui avait été lu et discuté
dans les séances des 5, i3 et 21 nivôse; il
avait ensuite lu, le 3 pluviôse, un rapport.
Dans la séance du 9 ventôse (p. 5o5) eut
lieu la discussion annoncée.
^*^ La demande des professeurs de mu-
sique de la garde nationale avait été enre-
gistrée sous le n° 2019 (F^', carton 1009^).
La pièce manque; mais en voici le résumé,
d'après la chemise : wLes professeurs com-
positeurs de la musique de la garde na-
tionale parisienne demandent que les fonc-
tions des membres de la Commission
temporaire des arts se bornent à inventorier
et faire mettre en dépôt tous les objets re-
latifs à la musique et appartenant à la Ré-
publique, et qu'il soit formé un jury de
musiciens pour faire le choix des morceaux
de musique et des instruments qui auront
été rais en dépôts. On lit au-dessous : rr Ren-
voyé à la Commission des arts, le 7 ventôse n.
Le Comité de salut public prit lui-même
l'affaire en mains, et, deux mois après,
donna satisfaction au désir exprimé par
l'Institut national de musique , en autorisant
les commissaires de celui-ci à faire un choix
des meilleurs instruments de musique qui
se trouvaient dans les maisons nationales
et parmi les meubles d'émigrés. Voir aux
annexes, C (p. 5o/i), l'arrêté du Comité de
salut public du 7 floréal an 11.
(^) Il est probable qu'il s'agit d'un moulin
inventé par Durand (voir t. II, p. 595).
DE LA CONVENTION NATIONALE.
501
Renvoyé à Mathieu pour les dépenses faites par le musicien Sarrette
d'acquisition d'instruments ^^K
Renvoyé pour le concours des livres élémentaires un atlas du ci-
toyen Desnos, géographe ^^l
Le président est chargé d'écrire au ministre de l'intérieur pour
qu'il obtienne le décret demandé par le citoyen Daubenton ^^K
Le citoyen Lavoyeprie le Comité d'agréer l'hommage de ses deux
volumes in-folio de modèles d'écriture. Le Comité accepte le don et
arrête que la mention honorable sera consignée dans le yjrocès-verbal ^^l
La séance est levée à dix heures et demie '^^K
PIECES ANNEXES.
A
On lit dans le registre des procès-verbaux de la Commission des arts :
Séance du 25 pluviôse, l'an 2* de la République.
Les pouvoirs donnés par le ministre de l'intérieur aux membres de la Commis-
sion des arts^"' ne paraissant pas suffisants, les citoyens Vicq d'Azyr etLelièvre
sont nommés pour rédiger un projet de nouveaux pouvoirs qui sera présenté au
Le 6 ventôse, Durand, déjà rr honoré des
suffrages de la Convention nationale pour
l'invention de ses moulins à bras et à ma-
nège», s'était présenté à la barre de l'as-
semblée pour lui annoncer rr qu'il venait
d'inventer la mécanique d'un fléau à battre
le blé, qui, à l'aide de deux hommes,
donnera trente-six mille coups de fléau
dans une heure ti ; l'objet avait été renvoyé
aux Comités d'agriculture, de commerce,
des finances et de salut public. (Procès-
verbal de la Convention, t. XXXII, p. aao.)
Une pièce r(>lative à cette invention avait
été enregistrée sous le n" 290/1 (F", car-
ton 1010'). Elle manque; en voici le ré-
sume : ffLes administrateurs dos moulins
Durand prient le Comilé d'envoyer des
commissaires pour assister à l'épreuve d'un
moulin à manège construit j»oin' la com-
mune de Versailles '\ Sur la chemise, on lit
cette note : «Renvoyé à la Commission des
arts, le 97 ventôse?^. Mais le procès-verbal
du 37 veutùse ne parle pas de Durand et de
son moulin.
^^^ Mathieu fera un rapport à ce sujet
le 29 ventôse (p. 600).
^2) V Atlas méthodique et élémentaire de
géographie et d'histoire était l'œuvre d'une
association de géographes. Desnos , libraire ,
ff ingénieur-géographe de Sa Majesté da-
noise n, qui en était l'acquéreur et l'éditeur,
en avait fait hommage à la Convention, le
28pluviôse(Procès-verbal,t. XXXI,p. 309).
Cet allas, enregistré sous le n° 1971 (F'^,
carton 1009^), a été «déposé à la bibho-
llièque du Comité le i3 ventôse'?.
^^^ 11 est probable qu'il s'agit du projet
de décret relatif à la création d'une ména-
gerie (pages 3i5 et 319). Pour la suite,
voir la séance du 27 floréal an 11.
^*^ Voir la séance précédente (p. A 90).
^*) Pas de signature, ni à la minute ni
au registre. La minute est de la main de
Coupé, sauf les deux premiers alinéas, (jui
sont de Boutroue, et celui sur Lavoye, qui
est de Grégoire.
^"^ Voir un spécimen de ces pouvoirs
dans notre tome II, p. 5o8.
502 PROCKS-VERBAUX DU COMITE D'INSTRUCTION PUBLIQUE
ministre. Il est arrête' qu'il sera e'crit aux citoyens qui ont cesse' d'être membres
de la Commission des arts pour les engager h renvoyer les pouvoirs dont ils sont
numis.
Séance du 5 ventôse, l'an 9/ de la République.
Lecture d'un projet de nouveaux pouvoirs h obtenir du ministre de l'intérieur
pour les membres de la Commission, afin de simplifier leurs opérations. Le Co-
mité d'instruction publique sera invité à engager le ministre à expédier sous cette
("orme les pouvoirs dont il s'agit. A la lettre écrite au ministre sera jointe la liste
des membres de la Commission des arts.
Séance du 1 5 ventôse , l'an 2" de la République.
L'impression de la liste des membres de la Commission est arrêtée ^'^
Voici cette liste, que nous avons retrouvée à la Bibliothèque nationale :
Liste des membres composant la Commission temporaire des arts,
adjointe au Comité d'instruction publique.
(S. 1. n, d., et sans nom d'imprimeur (-'.)
CLASSES. NOMS. DEMEURES.
N° I.
Histoire naturelle.
Zoologie
Botanique.
Minéralogi
Richard Rue Copeau, n° 53 1.
^ * * \ Lamarck Au Muséum d'histoire naturelle.
Thouin Au Muséum d'histoire naturelle.
Desfontaines Au Muséum d'histoire naturelle.
Gillet-Laumonl Cloître Saint-Benoît, n° 36ij.
Besson Rue du Goq-Saint-Honoré, n° 129.
Lelièvre A la Monnaie, rue Guénégaud, n° 1682.
Nitot (Etienne) Pont du Peuple, au coin de la place Thion-
ville.
N" II. / Fortin Place Chalier.
Charles Au Louvre.
Physique I Lenoir Rue Basse-des-Ursins , n° 2.
Dufourny A l'Arsenal, maison des Poudres.
Janvier Cour du Louvre.
Chimie
N° III. l Pelletier Rue Jacob, n° 1 1 90.
Vauquelin Rue des Boucheries.
Leblanc A l'Arsenal, maison des Poudres.
Berthollet Maison de la Monnaie.
(^^ Archives nationales, F^'* 7, folios 28 Les noms do Chamhe'ry et de Sarrelte ont
recto, 22 verso, et 87 recto. — La liste qui disparu (la démission de Sarrelte ne fut
ut imprimée en vertu de la décision du que momentanée; il rentra à la Coramis-
i5 ventôse nous montre la Commission di- sion le 3o floréal); à part ces deux sup-
visée en quatorze sections, la peinture, l'ar- pressions, la liste est identique à celle que
ch'teclure et la sculpture ayant été sépa- donne le décret du 18 pluviôse (p. 827).
rées et formant chacune une section spéciale. ^^^ Bibhothèque nationale , Le '"' 1 1, in-A°.
DE LA CONVENTION N \TIONALE. 503
CLA88B8. NOMS. DEMEL'RES.
N" IV. / Thillaye Aux p]coles de chirurgie.
\ Fragonard (Honoré). Rue de la Tissanderie, n° 27.
Analomie / Vicq d'Azyr Au Louvre.
Corvisai t Rue d'Enfer, n" i A9.
Portai Rue Pavée-des-Ar(s, n° 6.
N" V.
Machines, arts et nfié-
tiers
MoHard Rue de Charonne, n" 31.
llassonfralz Quai Voltaire, n" h.
Vandermonde Rue de Charonne, n° 2 a.
N° \ I. i Adct Maison de la Marine.
Géographie | Monge Rue des Pelits-Auguslins, n" aS.
( Buaciie Galeries du Louvre, n° 5.
N" VIL
Machines de guerre, ( Bcuvelol Rue de Seine, faubourg S*-Germain, n" li.
fortifications ( Dupuis Rue de la Jussienne, n" 19.
N" VIÏL ( Leblond Collège des Quatre-Nations.
Médailles et antiquités I Varon Au Conservatoire.
( Wicar Au Conservatoire.
N° IX. / Langlès Place Thionville, n" i3.
n-, ,. , . 1 Ameilhon Rue ci-devant des Prètres-Sainl-Paul, n" 87.
Bihlioffraphie 'r.-.- /-w-ii • «
' ' I Barrois aine Quai des Augustins, n 19.
( Poirier A la ci-devant abbaye de Saint-Germain-des-
Prés, n^Hoa.
N" X. / Naigeon aîné Au Dépôt national, rue de Beaune.
Fragonard Au Conservatoire.
Peinture / Bonvoisin Au Conservatoire.
Losueur Au Conservatoire.
Picault Au Conservatoire.
N" XL l Hubert Place du Vieux-Louvre.
Architecture } Lannoy^' Au Conservatoire.
Le Roy (David) Au Conservatoire ou au Louvre.
N" XH.
Sculpture. . . .
Dupasquier Au Conservatoire.
Dardel Au Conservatoire.
N" XIII. ( Prony Maison de Toulouse.
Ponts et chaussées.. . } Raucli Maison des Ponts et Chaussées.
( Plessi> Rue de Bussy, près celle de Seine.
N" \1V.
Instruments do inu- j
sique anciens et , Bruni Rue de Cléry, n° 67.
étrangers )
Agent Leblond (^.oll^ge des Quatre-Nafions.
^'^ La forme véritable du nom (>sl Dvlanmni.
504 PROCÈS -VERBAUX DU COMITÉ DINSTRUCTION PUBLIQUE
On lit dans le registre des procès-verbaux de la Commission des arts :
Séance du 5 ventôse, l'an 2' de la République.
La proposition d'inviter le Comité d'instruction publique à écrire aux repré-
sentants du peuple est mise aux voix et adoptée; et la Commission arrête que le
Comité d'instruction publique est invité à écrire aux représentants du peuple pour
les engager à faire prendre toutes les mesures conservatoires par les citoyens
éclairés qu'ils pourront choisir à cet effet ^^\
ARRETE DU COMITE DE SALUT PUBLIC RELATIF AUX INSTRUMENTS DE MUSIQUE
A DISTRAIRE DE LA VENTE DU MOBILIER APPARTENANT A LA NATION ^^\
Du 7 floréal an 11.
(Présents : B. Barère, Carnot, Cou thon, Collot d'Herbois, C.-A. Prieur, Billaud-
Varenne, Robespierre, Saint- Just, B. Lindet.)
Le Comité de salut public charge l'agent national du département de Paris de
se concerter avec trois commissaires de l'Institut national de musique pour exa-
miner les divers instruments de musique qui se trouvent dans les maisons natio-
nales et parmi les meubles d'émigrés.
Il fera faire par les trois commissaires de l'Institut un choix des meilleurs in-
struments des maîtres les plus célèbres; ils seront distraits de la vente dumobiher
appartenant à la nation ; il en sera fait un double inventaire , signé de l'agent na-
tional du département et des trois commissaires de l'Institut national de musique.
^1^ Archives nationales, F'''* 7, folio ')i recto. — ^^^ Archives nationales, AF*ii, /|8.
DE LA CONVENTION NATIONALE.
505
DEUX CENT CINQUIEME SEANCE.
Du 9 ventôse an ii. [37 février 179'i.J
Ajourné, jusqu'après des renseignements à prendre sur son civisme,
la proposition de correspondre faite au Comité par le citoyen Amée,
qui va au Canada ^^\
Questions proposées et envoyées par Bentabole au Comité. Ajour-
nées (^^.
Un décret de la Convention pour l'exception à accorder aux com-
munes qui ne sont pas chefs-lieux de district, à l'effet de conserver la
bibliothèque qui s'y trouverait déjà '^^K
Le Comité d'instruction publique, après avoir entendu et discuté le
plan de fêtes nationales et décadaires présenté par Mathieu ^'^ arrête
que pour mûrir son opinion particulière et, à cette fin, pressentir l'opi-
nion publique, le plan du rapporteur sera imprimé et distribué aux
membres de l'assemblée, le Comité se réservant de le soumettre à une
discussion nouvelle, dans un court délai, pour en être ensuite pré-
senté un rapport définitif et complet en son nom à la Convention
nationale ^^\
f') Deux lettres d'Amée avalent été enre-
{jistrées sous le n° 2o59(F^', carton 1009-);
elles manquent. Voici le résumé de ces
deux pièces : « 1° Amée partant pour l'Amé-
rique septentrionale, où il va diriger la
culture d'une propriété, otTro d'y entrete-
nir une correspondance utile à la Répu-
blique; 2° lettre d'Amée du. . . germinal,
qui rappelle l'objet de sa pétitions. Sur la
chemise on lit en outre ces deux notes :
«Ajourné le 9 ventôse jus(]u'après des ren-
seignements sur le civisme dn pétition-
naire».— cfFourcroy rapporteur, le 07 giM--
minal.n Le procès-verbal du 97 germinal
ne parle pas d'Amée.
^''^' 11 s'agit d'une lettre du représentant
Bentabole au Comité de salut public, datée
de Nogent, le 93 pluviôse, et relative à
l'érection de Temples de la raison dans toutes
les couununesde la Répid)lique. Un extrait
de cette lettre (copie), envoyé par le Co-
mité de salut public à celui d'instruction
publique, a été enregistré sous le n" 9o55
(F'^ carton 1009-). Nous donnons cet ex-
trait aux annexes, A (p. 007).
^^) C'est un décret du 97 pluviôse, qui
(bargeait le Comité de présenter à bref dé-
lai un rapport sur cette exception (voir la
séance du Comité du 99 pluviôse, p. AG9).
Le procès-verbal indique ici que le Comité
a dû s'occuper de cette question. Il n'a pas
été présenté à la Convention de rapport
spécial sur ce sujet; mais il se trouve traité
dans le rapport général sur la biMiographie,
que (îrt'goiro lera à l'assemldée le 99 ger-
minal (voir séance du ai germinal an i\).
^*) Voir p. 5oo
^^) Nojis donnonsaux annexes, B(]).Ô0(S),
le plan de letes nationales présiMitt» par Ma-
tliieu, tel qu'il lut impriint' (pie|(|U(>s jours
506 PROCÈS -VER BAUX DU COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE
Arrêté que le rapporteur sur les sourds et muets proposera dans son
projet de décret de faire nommer à l'avenir les instituteurs des établis-
sements de Paris et de Bordeaux sur la présentation du Comité d'in-
struction publique, en conservant toutefois les instituteurs actuels ^^l
Sur la proposition du commissaire inspecteur du Comité d'instruc-
tion publique, le Comité arrête : i" que le citoyen Oudry^-^, commis à
la bibliographie, sera appelé dans la salle du secrétariat pour y tra-
vailler comme secrétaire commis de l'agent de la Commission des
arts; ^° que le citoyen Oudry sera remplacé à la bibliographie par le
citoyen Labenne ^^\ anciennement attaché comme commis au Comité
d'instruction et contre qui il n'exista jamais de sujet de plainte, dont
l'exactitude au contraire fut jugée digne d'éloge.
Arbogast est chargé de se concerter avec le Comité des finances
pour la somme nécessaire au citoyen Desfontaines pour faire graver
les plantes qu'il a observées sur le mont Atlas ^''^
Le citoyen Duval est adjoint à la section de la bibliographie ^^\
Arrêté qu'il sera écrit par le président du Comité au ministre de
l'intérieur pour que l'ancienne Commission des monuments remette à
la nouvelle'''^ ses comptes et procès-verbaux sans différer ^^l
après. Le 1 1 germinal an ii, le Comité
autorisera Mathieu à se concerter avec le
Comité de salut public au sujet de ce plan.
(') Voir p. 5oo. Nous donnons aux an-
nexes, C (p. 5i3), le texte du rapport et
du projet de décret de Thibaudeau sur les
sourds-muels. Nous le faisons précéder du
rapport de Roger Ducos sur le même objet
(voir la séance du 3 venlôse, p. ^4 85), et
d'un extrait du procès-verbal de la séance
de la Convention du 1 1 ventôse an ii, oii
les deux rapports furent lus et l'ajourne-
ment de la discussion décrété. Nous y joi-
gnons un extrait des Mémoires de Thibau-
deau relatif à Sicard. Pour la suite de cette
affaire, voir au tome IV la séance du Co-
mité du 8 germinal an ii (annexe).
^^) Il a déjà été question du commis Ou-
dry en brumaire (voir tome II, pages 7^2
et 833). C'est sur la demande de la Com-
mission des arts que le Comité désigne ici
un commis pour travailler sous la direction
de l'agent de la Commission des arts sur)
la nomination de Leblond comme agent,
voir la séance du a 5 pluviôse, p. ^59).
Nous donnons aux annexes, D (p. 628), un
extrait du procès-verbal de la séance de la
Commission des arts du 5 ventôse an n.
^•^' Sur Labenne, voir les Procès-verbaux
du Comité d'instruction publique de l'Assem-
blée Jéi'islative , Table.
(*) Il est question du botaniste Desfon-
taines et des planches de son ouvrage dans
une lettre écrite par Lavoisier au Comité
le 10 août 1793 (t. II, p. 3i/i). Pour la
suite, voir la séance du 27 ventôse (p. 585).
(^) Cette section se composait de Jay,
Prunelle et Mathieu (voir t. II, p. 606).
^'^^ C'est-à-dire à la Commission des
arts.
W Voir la séance du 1 1 pluviôse (p. 376).
Dans les extraits que nous avons donnés
des procès-verbaux de la Commission des
monuments, nous en sommes resté à la
séance du 9 ventôse (p. 386). La Com-
mission attendait toujours que le minisire
DE LA CONVENTION NATIONALE.
507
Le citoyen Gence, de la section Ghalier, présente des vues sur les
fêtes publiques et leur application à la fête de Marat. Mention hono-
rable (1).
La séance est levée à dix heures ^^l
PIECES ANNEXES.
EXTRAIT DE LA LETTRE DU CITOYEN BENTABOLE, REPRESENTANT
DU PEUPLE A NOGENT, LE 2 3 PLUVIOSE 2^ ANNEE, AU COMITE DU SALUT PUBLIC ^"^1
i" question. La Convention dëcrëtera-t-elle l'érection d'un Temple de la Rai-
son dans toutes les communes de la République ? Et cette question n'est point in-
différente dans un moment où l'on veut atteindre la superstition , puiscpie l'érection
d'un temple dédié à toute autre chose qu'à l'Etre-suprême peut présenter aux
malveillants des moyens de supposer aux yeux des ignorants une espèce do nou-
veau culte, et que tout au moins il y a des raisons politiques de ne point précipiter
cette mesure , si elle est bonne.
2" question. La Convention décrétera-t-elle que la nation abandonnera dans
chaque commune une église supprimée, ou un domaine national quelconque,
pour en faire un Temple de la Raison? Il y a lià.ooo communes; chaque local ne
valût-il que 3,ooo livres, cela ferait une dépense pour le fisc de 182 millions.
Signé : Rentabole.
Pour extrait conforme.
On lit en marge : «Registre n" 26 a. w — « Renvoyé au Comité d'instruction publique
par le Comité de salut public le huit ventôse 2" année de la République, ^j Et plus bas :
«Ajourné, 9 ventôse. J.-M. Coupé, secrétaire. r>
lui notifiât officiellemont le décret du 98 fri-
maire. Cette notification arriva enfin, et
fut lue à la Commission le i3 ventôse;
séance tenante la (Commission écrivit au
Comité d'instruction publique poui- le prier
d'envoyer des commissaires avec mandat
d'aller recevoir les papiers de la Connnission
dans le lieu de ses séances. Nous donnons
aux annexes, E (p. 598), un extrait du
procès-verbal do la séance de la Commis-
sion des monuments du i3 ventôse, et sa
lettre au Comité du miMue jour. Pour la
suite, voir la séance du Comité du 1 3 ven-
tôse (p. 536).
(') La brochure de Gence avait été enre-
gistrée sous le n" ;M)5/j (F'^, carton 1009-);
elle n'est pas en place.
^^^ Pas de signature , ni à la minute ni au
registre. La minute est delà main de (-oupé,
sauf l'alinéa sur le plan de fêles natiouides
et décadaires, et celui sur les commis Oudry
et Labenne, qui sont de la main de Matliieu.
(•'*^ Archives nationales, F", carton 1 no()',
if 2 055.
508 PROCÈS -VERBAUX DU COMITE D'INSTRUCTION PUBLIQUE
PROJET DE FETES NATIONALES, PRESENTE AU NOM DU COMITE D'INSTRUCTION PUBLIQUE,
PAR MATHIEU, DÉPUTÉ DU DÉPARTEMENT DE L'OISE.
A Paris, de rimprimerie nationale, Tau ii de la République ^^^
kNous voulons remplir los vœux do la nature, accomplir les
destins de l'liumar)ité, tenir les promesses de la philosophie,
absoudre la providence du lonjf rèjjne du crime et de la ty-
rannie. Que la France, jadis illustre parmi les pays esclaves,
éclipsant la gloire de tous les peuples libres qui ont existé, de-
vienne le modèle des nations, l'efl'roi des oppresseurs, la conso-
iation des opprimés, l'ornement de l'univers, et qu'en scellant
notre ouvrage de notre sang, nous puissions voir au moins
briller l'aurore de la félicité universelle. . . Voilà notre ambi-
tion , voilà notre but.w
( Rappo7't fait au nom du Comité de salut public ,
par Maxirailien 11obespierre(^'. )
Article premier. La Pu^piiblique fi'anraise colc^brera tous les quatre ans la fête
de la Révolution à laquelle elle doit son établissement. Cette fête sera le dernier
jour de Tannée sextile, et la dernière des Sans-Culotides.
Art. 2. Elle célébrera, tous les ans, les événements et les époques les plus mé-
morables de la Révolution. Cinq fêtes sont instituées pour les rappeler aux Fran-
çais.
Art. 3. Ces fêtes seront: i° le ih judlet 1789; 2° le 10 août 1792 et 1798;
3° le 6 octobre 1789; A" le 21 janvier 1798; 5° le 3i mai. Elles auront lieu aux
époques correspondantes dans l'ère républicaine.
Art. h. Tous les décadis de l'année seront consacrés à des fêtes nationales dans
toute la République, sans préjudice des Sans-Culotides, maintenues par le présent
décret.
Art. 5. Ces fêtes, instituées sous les auspices de l'Etre-suprême , auront pour
objet de réunir tous les citoyens, de leur retracer les droits et les devoirs de
l'bomme en société, de leur faire chérir la natin-e et toutes les vertus sociales.
Art. 6. Les fêtes décadaires seront célébrées dans l'ordre porté au tableau an-
nexé au présent décret.
Art. 7. Ces réunions fraternelles et périodiques auront lieu dans les édifices
nationaux consacrés à un culte public, à l'époque du 1" vendémiaire.
(') Bibliothèque nationale. Le ^^ 788, (^^ Ce passage est extrait du rapport du
in -8°; Musée pédafjo^rlque , n° 1 iSaî-^ 17 pluviôse an n sur les principes de mo-
Cette pièce est annoncée dans le n°b^6 du raie politique qui doivent diriger la Con-
Journal des débats et des décrets, corres- vention nationale dans radministration
pondant au 19 ventôse an ii. intérieure de la République.
DE LA CONVENTION NATIONALE. 509
Art. 8. Ces édifices seront tous appeie's Temples de la Raison.
Art. 9. Aucun homrae ne pourra être exclu du temple de la Raison, hors le
cas de trouble effectif par lui provoque.
Art. 10. La peine de ceux qui négligeront d'assister aux fêtes nationales sera
dêtre regardés par leurs concitoyens comme indifférents sur les principes de
l'égalité républicaine.
Art. 11. Chaque municipahté aura la direction et la police des fêtes, et veil-
lera à ce que le plus grand ordre soit maintenu avec les formes douces qui carac-
térisent et dirigent les faciles mouvements d'un peuple libre.
Art. 112. Nul citoyen ne pourra porter la parole dans les discours civiques ou
moraux des fêtes nationales , s'il n'est marié ou veuf, hors l'exception portée dans
l'article i6.
Art. 13. Nul citoyen ne pourra avoir la parole deux décadis de suite dans la
tribune du temjde de la Raison.
Art. là. Les conseils généraux des communes détermineront à l'avance le
citoyen qui sera chargé de l'instruction.
Art. 15. Les citoyennes seront appelées une fois dans l'année à cette fonction:
ce sera le jour de la fête qui a pour objet, aux termes de la Constitution, les hon-
neurs et les consolations dus au malheur.
Art. 16. Les jeunes gens non mariés seront appelés une fois dans l'année à la
même fonction : ce sera le jour de la fête consacrée à honorer la vieillesse.
Art. 17. Les discours civiques n'excéderont pas la durée d'un quart d'heure.
Art. 1 8. Ils seront analogues au sujet de chaque fête.
Art. 19. L'orateur ne pourra être interrompu par des discussions, sous pré-
texte d'erreur dans son opinion. S'il abusait de la tribune, on pourra en porter
une plainte fraternelle à la municipalité.
Art. 20. Dans le cas d'un abus notable dans ce genre, l'orateur sera privé
expressément , pour trois années , de l'honneur de monter à la tribune.
Art. 21. Il sera ouvert un concours pour la composition des discours ou in-
structions philosophiques et patriotiques que l'on pourra lire chatpie décadi dans
les communes où il ne se trouverait aucun citoyen qui eût la confiance de monter
à la tribune pour instruire ses concitoyens.
Art. 22. La Conveuliou nationale, sur le rapport de son Comilé d'instruction
publique, fera publier les meilleurs essais (pii lui seront adressés dans ce genre.
Art. 23. Un concours est pareillement ouv(M*t pour les hymnes et chants natio-
naux.
Art. 2^f. Le pi'ix de ces divers concoui's scu'a une couronne de chêne.
Art. 2,""). Elle sera décernée [)ar li!s représentants du [)eupie à rauleur, soit de
510 PROCÈS-VERBAUX DU COMITÉ DMNSTRUCTION PUBLIQUE
ia meilleure instruction, soit de la plus belle hymne, soit de la plus belle mu-
sique.
Art. 26. Les hymnes et chants nationaux seront placés au rang des livres e'ié-
mentaires et des objets d'exercice pour les écoles.
Art. 27. Les instituteurs et institutrices sont tenus de conduire leurs élèves au
temple de la Raison aux jours des fêtes nationales.
Art. 28. Indépendamment de l'hymne de chaque fête, il en sera composé une
comnume à tous les décadis , destinée à célébrer, dans un petit nombre de slrophes,
l'Etre-suprême , la nature, les vertus publiques et privées chères aux républi-
cains.
Art. 29. L'article 27 de la Déclaration des droits ainsi conçu : Que tout individu
qui usurperait la souveraineté soit à l'instant mis â mort par les hommes libres, sera,
par le génie des poètes républicains, mis en beaux vers et chanté en chœur, chaque
décadi, par tous les Français, sur tous les points de la France et à la même
heure. Cette heure sera annoncée par le tambour dans tous les corps-de-garde,
par le canon dans toutes les places frontières, dans tous les ports et dans toutes
rades.
Art. 30. Aucun hymne ne pourra être définitivement adopté pour les fêtes
nationales qu'après avoir été admis par le Corps législatif.
Art. 31. Les hymnes et chants nationaux seront les mêmes dans toute la Répu-
blique.
Art. 32. 11 ne pourra y être apporté aucun changement qu'en vertu d'un
décret.
Art. 33. 11 n'y a point de fêtes locales annuelles; il peut y avoir des fêtes de
circonstance.
Art. 34. Les municipalités, soit des villes, soit des campagnes, pourront,
lorsque le temps le permettra , célébrer les fêtes nationales dans des heux cham-
pêtres.
Art. 35. Une partie des jours consacrés aux fêtes sera employée à des exer-
cices militaires et de gymnastique, lesquels seront terminés par des danses et
divertissements au choix des citoyens.
Art. 36. Tous les musiciens prêteront le charme de l'harmonie aux fêtes natio-
nales ; ils sont tous invités à former pour la République des élèves dans cet art.
Art. 37. Les peintres, sculpteurs et tous les artistes français sont invités à
seconder de tous leurs talents le perfectionnement et l'embelhssement des fêtes
nationales.
Comme annexe au projet de décret est imprimé, sur un feuillet hors texte, le tableau
suivant :
DE LA CONVENTION NATIONALE.
511
FETES NATIONALES DE LA REPUBLIQUE FRANÇAISE.
FETE QUADRIEiNNALE DE LA REVOLUTION FRANÇAISE,
LE DERNIER JODR DE L'ANNEE SEXTILE.
FETES ANNUELLES.
REVOLUTIONNAIRES.
Le lU Juillet 1789. — Le 1 0 Août 1792. — Le 6 Octobre 17^9.
Le 21 Janvier 1793. — Le 3i Mai 1798.
SANS-CULOTTIDES.
r De la Vertu. — 2° Du Génie. — 3° Du Travail. — U° De l'Opinion.
5° Des Récompenses.
DECADAIRES.
VElNDEMIAinE.
A la Nature.
A l'Amour
fraternel.
A VAutomne
A ^^
à l'Age viril.
BUUMAIRE.
l'Agriculture.
Au
Malheur honoré
et consolé.
Aux Martvrs
de
la liberté.
FRIMAIRE.
A la Société.
A la Famille.
Aux Vicloirea
nationales.
NIVOSE.
A l'Industrie.
Au
Patriotisme.
A V Hiver
et à la Sagesse ,
fruit des années.
PLUVIOSE.
la Navigation.
A rHéroïsme.
Aux Peuples
alliés.
VENTOSE.
A la Vérité.
la Bienveillance
universelle.
Au Mariage.
GERMINAL.
A l'Humanité.
A l'Ai
Au Printemps
et il l'Knfauce.
FLOREAL
A la Raison.
A la Fidélité
conjug;ili'.
Au Courage
PRAIRIAL.
A l'Égalité.
A l'Amour
paternel.
A la (Jloirc,
MESSIDOR.
A la Liberté.
A l'Amour
maternel.
A Vlùè
ol
ù lu Jeunesse.
THERMIDOR.
Au\ Droits
de l'homme
en société.
V la Piété
liliale.
A la Lovaulé.
FRLCTIDOR.
la Constitution.
A l'Adoption.
A l'Kleclricitô
512 PI{OCf:S-VERB\UX DU COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE
Le ] 1 gonninal an ii, un mois après l'arrêté qui ordonnait Timpression du projet de
décret présenté par Mathieu, le Comité d'instruction publique prit îe nouvel arrêté suivant :
ff Mathieu est. autorisé à se concerter avec le Comité de salut public pour le
projet de décret sur les fêtes nationales, -n
Le résultat de ce concert fut que le Comité de salut public retint le projet, pour s'en
réserver l'initiative, et chargea Robespierre de préparer un rapport sur cet objet. Telle fut
l'origine du fameux rapport du 18 floréal crsur les rapports des idées religieuses et morales
avec les principes républicains, et sur les fêtes nationales??.
Le décret du 18 floréal, dout l'article i^'" disait : «Le peuple français reconnaît l'exis-
tence de l'Etre-suprème et l'immortalité de l'àme??, institua, par son article 7, trente-six
fêtes décadaires. Les titres de vingt-et-une de ces fêtes sont empruntées au projet de Ma-
thieu, comme on va le voir. Nous reproduisons ci-après cet article 7, en écrivant en italiques
celles des fêtes dont les titres figurent déjà dans le projet de décret de Mathieu :
ffART. 7. Elle (la République française) célébrera, aux jours dedécadis, les
fêtes dont rénuméralion suit :
A i'Être-supréme et à Ia Nature ^^K
Au Genre humain.
Au Peuple français.
Aux Bienfaiteurs de l'humanité.
Aux Martyrs de la liberté.
A la Liberté et à VEgalité^'\
A la République.
A la Liberté du Monde.
A Y amour de la Patrie ^^^ .
A la haine des tyrans et des traîtres.
A la Vérité.
A la Justice.
A la Pudeur.
A la Gloire et à ITmmortalité.
A l'Amitié.
A la Frugalité.
Au Courage.
A la Bonne foi ^'^^
(^^ Le projet du Comité d'instruction
publique disait simplement «à la Naturen,
et ne consacrait aucune fête spécialement
à l'Etre-suprême; mais il ne faudrait pas
chercher là une omission voulue et signifi-
cative , comme l'a fai t xM. G. Pouchet , puisque
dans ce même projet les fêtes décadaires
sont toutes ^instituées sous les auspices de
l'Etre-suprême 57 (article 5).
(^J Robespierre réunit ici on une seule
deux fêtes qui sont distinctes l'une de
l'autre dans le projet de Mathieu.
(•'') Le projet de Mathieu disait r Patrio-
tisme" au lieu d'Amour de la Patrie.
A V Héroïsme.
Au Désintéressement.
Au Stoïcisme.
A V Amour.
A la Foi conjugale^^K
A VAm.our paternel.
A la Tendresse maternelle ^^h
A la Piété filiale.
A Y Enfance ^'^K
A la Jeunesse.
A
A Y Age viril.
A la Vieillesse ^^K
Au Malheur.
A r Agriculture.
A Vîndiistrie.
A nos Aïeux.
A la Postérité.
Au Bonheur, w
^^' Le projet de Mathieu disait w Loyautés
au lieu de Bonne foi.
^^^ Le projet disait ce Fidélité conjugale??.
('') Le projet disait rc Amour maternel??.
^'^' Dans le projet de Mathieu, les fêtes
consacrées aux quatre âges sont en même
temps consacrées aux saisons : le Prin-
temps et l'Enfance, l'Été et la Jeunesse,
l'Automne et l'Age viril, l'Hiver et la
Vieillesse (la Sagesse).
(*) Le projet de Mathieu se sert ici d'une
périphrase : au lieu de dire la Vieillesse, il
dit cfla Sagesse, fruit des années??.
DE LA CONVENTION NATIONALE. 513
On lit dans les procès-verbaux de la Convention :
Séance du 1 1 ventôse an ii.
L'ordre da jour appelait la discussion sur les établissements publics relatifs aux
sourds-muets. Les Comités des secours et d'instruction publique ayant été divisés
d'avis sur cette matière, les rapporteurs de ces deux Comités ^'^ présentent successi-
vement leurs projets de décrets.
La Convention nationale décrète l'impressio!! des deux rapports et l'ajournement
de la discussion ^^^
Voici le texte du rapport de Roger Ducos :
RAPPORT ET PROJET DE DECRET SUR L'ORGANISATION DES ETABLISSEMENTS POUR
LES SOURDS-MUETS, D'APRES LES DECRETS DES 28 JUIN DERNIER ( VIEUX STYLE)
ET 9 PLUVIÔSE, PAR ROGER DUCOS, DEPUTE PAR LE DEPARTEMENT DES LANDES,
AU NOM DU COMITÉ DES SECOURS PUBLICS.
De l'Imprimerie nationale, s. d. (^).
Citoyens ,
Au nom de votre Comité des secours publics , je viens de nouveau fixer votre
attention , réveiller votre sollicitude en faveur de cette classe d'êtres infortunés qui
ont le plus à gémir des caprices et des rigueurs de la nature, les sourds-muets de
naissance.
Jusqu'ici vous vous êtes occupés de secourir l'indigence, de tendre une main
généreuse à l'Iiumanité souffrante, de vivifier l'instruction; en un mot, de tout ce
que chaque individu a droit d'exiger de la grande société dont il est membre ; mais
les sourds-muets réclament une institution particulière; et cette institution, j'ose
le dire, sera une des plus sublimes qu'ait fondées un peuple libre, humain et
philosophe. Les Français doivent tout vaincre, jusqu'aux écarts mêmes de la na-
ture.
Citoyens, vous avez renvoyé à la revision de vos Comités des secours publics,
d'instruction pubhquc et des finances, un projet de décret que celui des secours
vous présenta, le 9 pluviôse, sur cet objet iiiq)ortant.
Les Comités d'instruction publique et des finances ont été d'avis qu'on devait
maintenir les deux étabhssenients formés dans les villes de Paris et de Bordeaux ^*\
en donnant de l'extension aux avantages ([ue doit en retirer la République; mais
ils croient inutile d'en augincnler le nond)re.
^'' Roger Diicos et Tliihaudeau. — ^'-^ Procès-verbal de la Converilioii , l. \\\Ii , p. liSn.
— ^■'^ Bil)liol!i('(jue nalionalo, Le^" 7 1 ^1, in-S"; Musée pédagogique, n" 1 1 G() 1 . — (♦) C«*lle
opinion n'a passé (pie (Piiiic voix au (loniilô (riiisiruction |)nl)liqiie. ( .'Vo/c (/c //()/< r Diu-nn.)
m. 33
IMfKi tii r.ii: «irioxttr.
51/t PROGi:S-VERBAUX DU COMITÉ D'INSTRUCTION PUP,LIQUE
Votre Comité des secours a e'té d'une opinion contraire : il a cru qu'il vous de-
vait compte de ses motifs; votre de'cret lui a fait un devoir de vous les communi-
quer, d'autant que vous avez déjà consacré ^^^ le principe qu'il soutient; que vous
devez ou rapporter le décret, ou en accueillir les conséquences qui ne doivent pas
rester indécises.
Oui, citoyens, malgré ce qui a été observé et imprimé contre le premier projet
de décret, le Comité des secours a pensé qu'il était nécessaire, non seulement de
conserver, mais même d'étendre les établissements pour les sourds-muets; il n'a
pas cru que ces êtres malheureux fussent indignes d'être dég-rossis et cultivés, parce
que la nature aura rendu leur éducation plus pénible et leur existence moins
utile : il a, au contraire, cru que l'état du sourd-muet méritait toute l'attention
du gouvernement, parce que c'est l'être le plus moralement infirme, parce que
tout être pensant, quelles que soient sa structure, sa couleur ou son organisation,
doit jouir des droits et des bienfaits du g-ouvernement français, sous lequel il a au
moins eu le bonheur de naître , et que c'est une obligation de lui en faciliter les
moyens.
L'art d'apprendre à parler aux sourds-muets n'est pas moderne. Depuis long-
temps des amis de Thumanité s'étaient appliqués à donner la vie sociale à ces êtres
malheureux. Ces hommes rares eurent même quelque succès qui les fit admirer
de leur siècle, parce que jusqu'alors le sourd-muet, faute des moyens d'instruc-
tion, n'avait olfert qu'une monstruosité de la nature, un être à charge à la société;
mais leur méthode était incomplète et tombée même dans loubli par le peu d'élèves
qu'elle était parvenue à former.
Un nouveau génie , que la nature semble avoir décidément accordé en réparation
de ses torts, a enfin découvert une méthode plus simple et plus heureuse; et déjà
la nation française en a ressenti l'utile expérience par le nombre des sourds-muets
qui ont été éduqués dans les établissements de Paris et de Bordeaux.
Aussi cette partie intéressante de l'enseignement public a été prise dans la plus
grande considération par la première législature. Un décret du -21 juillet 1791
(vieux style) accorda une protection spéciale en faveur de l'étabhssement des
sourds-muets, déclara que le nom de Lépée, premier fondateur de cet étabUsse-
ment, serait placé au rang de ceux qui ont le mieux mérité de l'humanité et de
la patrie, fixa le local, régla la dépense annuelle de l'établissement de Paris, le
seul qui existait encore sous l'approbation du gouvernement.
Il s'en était formé un second dans la ville de Bordeaux : vous lui avez accordé
la même protection, les mêmes secours, puisque, par un décret du 19 mai 1793
(vieux style), vous lui avez aussi assigne un local, et réglé son administration à
l'instar de celui de Paris.
Il y a malheureusement des sourds-muets partout, et, dans quelques autres
lieux de la République, la philanthropie, si fort refroidie aujourd'hui dans le cœur
des riches, y soutenait quelque petite institution de ce genre, comme elle avait
soutenu celles de Paris et de Bordeaux avant que le gouvernement les adoptât.
Vous avez voulu y étendre le même bienfait; vous décrétâtes en principe, le
(') Par le décret du 28 juin 1793.
DE LA CONVENTION NATIONALE. 515
98 juin 5 ^u'il y aurait plusieurs établissements semblables sur divers points de la
République, et renvoyâtes au Comité des secours pour vous présenter un projet
de décret d'après ce principe; et c'est ce décret du 98 juin ou que vous devez rap-
porter, ou dont vous devez décréter les conséquences.
Enfin les besoins impérieux de la patrie ayant nécessité la réunion du local et
bâtiments occupés par les sourds-muets à l'arsenal de Paris, loin de vous livrer à
l'indifférence sur le sort de ces êtres malheureux, vous vous êtes empressés d'auto-
riser vos Comités des secours et d'aliénation, par décret du 2 5 pluviôse, à les
faire transférer au local du ci-devant sf-minaire de Saint-Magloire ^''.
Citoyens, vous ne savez pas rétrog-rader (juand il s'ag-it de bienfaisance, ou
plutôt de payer une dette nationale à chacpie citoyen. Vous ne le voudrez pas,
quoi qu'on vous ait déjà dit à cette tribune, quoi qu'on puisse vous dire encore
contre le principe que vous avez consacré.
Ce n'est pas en confondant le sourd-nuiet avec les autres élèves de la patrie que
vous parviendrez à lui donner l'instruction que vous avez promise à tou>^. Cehii
qui n'entend ni ne peut être entendu a besoin d'une instruction extraordinaire pour
laquelle il faut même former des instituteurs particuliers; il faut créer à cet être
parasite un langage pour le conduire à la connaissance du nôtre : un mécanisme
ingénieux, des exercices purement scéniques, dont peu d'hommes tiennent encore
les ressorts, suppléent au mode, aux leçons d'enseignement ordinaire, forcent l'œil
à suppléer a la privation de l'ouïe et de la parole, font germer le jugement et la
raison, et préparent au sourd-muet tout le bonheur dont il peut jouir, et dont il
ne doit pas être privé.
Ce n'est pas en vous bornant aux deux seuls établissements qui existent, que
vous mettrez tous les sourds-muets à même de recevoir l'inslruction qu'ils ont
aussi le droit d'exiger. Ceux d'une partie du nord et du midi seraient les seuls qui
en profiteraient; et quand vous voudriez faire les frais pour les tourner tous vers
ces deux points, outre une foule d'inconvénients qui s'y opposent et que vous
pressentez, ces deux établissements seraient encore insuflîsants pour quatre mille
sourds-muets (pi'on compte au moins dans la République.
Ainsi, abandonner les sourds-muets au cours de l'instruction générale serait
les priver de toute instruction et les abandonner à lem* malheur; comme ne pas
mullipher les établissements qui, seuls, peuvent la leiu* procurer, serait enlever
à la presque totalité la faveur (ju'on accorderait à quehpies-uns et que l'humanité
et la société réclament également pour tous.
On a reproché au Comité des secours de vouloir Iture des sourds-muets des sa-
vants ^^\ lorsque la nature les avoués, dit-on, à la nullité, et que de simples secoiu's
dans leurs familles devraient leur suffire.
Non, votre Comité ne cherche pas plus à en faire des savants, que vous ne
cherchez vous-mêmes à faire des savants de tous les autres élèves (pii participeront
à l'instruction générale que vous avez décrétée; mais il veut en laiie des honnnes,
il veut les porter au degré de perfectionnement dont ils sont susceptibles, pour
(') Voir Procès-verbal (lo la Convonfion, (*) Voir le discours de HaUroiulii i .S |)lii-
t. XXXI, p. 263. viôse, p. 'Mii).
51G PROCÈS-VEriBAUX DU COMITÉ D'INSTRUCTION PUPJJQUE
n'être pas étrangers à la société dont ils sont membres. Or, quand on considérera
que, par le genre d'éducnlion que Ton confère au sourd-muel, on parvient à iui
ftiire tout conqirendre, à le faire idéer avec justesse, à communiquer sa pensée,
soit |)ar le geste, soit par Técritui'e, certes on conviendra que les bienfaits de la
nation ne seront pas perdus : on ira plus loin, on conviendra que tout homme
qui a acquis la faculté de penser, de méditer, peut devenir aussi savant qu'un
autre; car on n'a besoin pour cela que des yeux pour lire, et de l'intelligence
pour concevoir et approfoiidir.
D'ailleurs, peut-on dire que la nature ait voué les sourds-muets à la nullité,
lorsque dans ses combinaisons, dans ses productions les plus opposées par leurs
effets, elle a placé le remède à côté du mal; lorsque, dans sa sagesse profonde,
elle a inspiré les moyens de tourner les facultés dont elle a privé les sourds-muets
au profit de celles qu'elle leur a laissées?
Abandonner les sourds-muets dans leur famille, avec des secours! Mais n'a-t-
on pas rélléchi que c'est tuer la moralité du sourd-muet, pour qui une famille,
sans moyens d'instruction, s'habitue d'étouffer des sentiments d'affection auxquels
il est incapable de correspondre; en qui une famdle s'habitue à ne voir qu'un être
sauvage, barbare, un fléau domestique, ou , si l'on veut qu'elle fit l'essai de quelques
moyens d'instruction, qui ne pourrait en user que de 1res imparfaits, incapables
de tourner au profit personnel du sourd-nmet, de manière à le dégager de la
charge de sa famille, dont il ne sera pas moins l'éternel rebut?
Je le demande même , si une famille quelconque ne peut se captiver (sic) à donner
par elle-même l'insti'uction aux enfants doués de tous les sens, s'il faut des insti-
tuteurs et une instruction commune, que doit-on espérer qu'elle fera pour le
sourd-muet? Et pourtant pourquoi celui-ci sera-t-il différemment traité que les
autres? Est-ce parce qu'il est plus malheureux? Est-ce parce qu'il a plus besoin
de secours ou de moyens particuliers pour acquérir une éducation à laquelle l'ex-
périence prouve qu'il est capable de parvenir?
On nous annonce que l'instituteur Sicard s'occupe de la composition d'un livre
élémentaire, à l'aide duquel tout citoyen sera en état d'instruire les sourds-muets;
mais combien n'existe-t-il pas de livres élémentaires pour l'instruction des autre
élèves, et quelle est pourtant, je le répète, la famille qui se voue à instruire les
enfants? Pourrait-on d'ailleurs l'exiger? Ce ne sera pas l'agriculteur, l'homme de
métier, car il a besoin de tout son temps pour pi'ocurer du pain à sa famille :
saura-t-ii d'ailleurs user du livre élémentaire qu'on annonce? L'art d'instruire doit
avoir ses maîtres; et la République le reconnaît, puisqu'elle les donne pour tous
et les paye pour les indigents.
Citoyens, reportez-vous à cette idée humaine et politi<{ue, que quand un seul
membre de la société souffre, toute la société souffre, et vous n'hésiterez pas de
faire participer sans distinction tous les enfants de la patrie au bienfait de l'instruc-
tion : car je ne crois pas le sourd-muet plus nul pour la Répubhque que le boi-
teux, le perclus, l'infirme, etc. Faites-les instruire tous, vous le devez, et chacun
sera en état, de manière ou d'autre, de s'industrier pour lui et de conférer son
contingent à l'utilité commune.
Abandonner les sourds-muets avec de simples secours! Mais n'a-t-on pas encore
DE LV CONVENTION NATIONALE. 517
refléchi que ce serait se déclarer contre l'intérêt matériel de la République? En
eflt't, l'éducation du sourd-muet se termine à l'âge de seize ans, et plus tôt, s'il est
assez instruit, et tout secours finit avec elle : au lieu que si l'éducation proposée
lui manquait, il faudrait le secourir toute sa vie. Avec son éducation, le sourd-
muet peut gagner sa vie : sans une éducation, il sera toujours à charge à sa fa-
mille et à la République.
Or, qu'on calcule le bénéfice qu'y retrouvera le trésor public. 11 existe quatre
mille Fourds-muets au moins ^'^, qu'il faudrait annuellement secouih*, lorsque le
trésor public n'aura qu'à subvenir à la dépense de six maisons, où d'ailleurs les
élèves indigents auront seuls l'éducation gratuite.
Et les sourds-muets appartinssent-ils tous à des familles indigentes, ne serait-
ce pas un motif de plus pour ne devoir pas calculer les moyens d'en former des
hommes capables de concevoir leurs droits et d'en jouir? Ces moyens sont les éta-
blissements proposés. Parcourez les siècles passés qui, comparativement au nôtre,
ont aussi produit des sourds-muets : vous y apercevrez sans doute quelque pro-
dige que la nature a opéré jusque dans ses monstruosités mêmes; mais combien
de milliers d'hommes perdus pour eux et pour la société! Pounjuoi? Parce qu'ils
étaient abandonnés, faute de moyens d'instruction. Réparez donc ce malheur pour
l'avenir, aujourd'hui que tout s'offre à vous pour tout régénérer.
On vous a dit que les sourds-muets des familles riches préféreront vivre avec elles
dans l'aisance, et que c'est tourmenter ceux des familles pauvres comme ceux des
riches , que de les enfermer dans des maisons communes.
Je réponds qu'un pareil raisonnement supposerait aux sourds-muets, dont la
pensée est absolument inactive, des jouissances morales que la seule éducation
peut leur acquérir; et celte supposition n'est certainement pas admissible, car je
n'ai jamais cru aux idées innées. Je réponds qu'il faudrait conclure du raisonne-
ment objecté, que l'éducation serait un tourment pour tous les enfants quelconques;
car ils sont bien rares ceux qu'elle ne gène, à qui elle ne répugne pas, juscjuà ce
que la raison soit assez exercée pour leur en faire sentir le besoin : dès lors il fau-
drait donc repousser tout système d'éducation. Je réponds qu'un de nos grands
principes est que tous les enfants appartiennent à la patrie, qui doit s'en saisir
pour les tourner à son profit : aussi, quoique la Convention nationale n'ait pas
décrété des maisons comnunies pour l'instruction générale, elle a néanmoins voulu
qu'elle fut un devoir pour tous, c'est-à-dire que les pères et mères seraient tenus
de la donner à leurs enfants, et ensuite un métier. Je réponds que de ce qu'il
n'est pas possible d'utdiser les sourds-muets à la faveur de Tinstruction générale,
^'^ Le Goiiillé des secours a invité les duquel il résulte qu'il y a quarante sourJ>-
(léparlemcnls à faire un recensement des muets. Dans le seul dislticl d(> Gronohlo,
sourds-inuels de naissance qui peuvent se déparleinent de l'Isère, il y a citiqnaule-
Irouver dans leur ressort, avec (lt''si<pialion quatre sourds-muets. Il y a lieu île croire
de sexe et d'àfre, et de lui en adresser les le noini)re de ces èlres malheureux bien
étals : la j)lupart oui n'-pondu (\\C\U s'en considéraMe. C'est la faute des départe-
occupaient. ments si la Convention n'en a pas la ccrli-
Dans le département du (iers, deux dis- tude. {l\'ote de lioi>er Ducos.)
tricls, sur six, ont seulement envoyé l'étiil,
518 PROCÈS -VERBAUX DU COMITE D'INSTRUCTION PUBLIQUE
la })alne doit, autant par humanité que par obligation, s'en saisir et leur donner
une éducation forcée. Le nombre heureusement médiocre de ces malheureux est
une raison de plus pour déterminer leur réunion dans des maisons communes,
jusqu'au complément de leur éducation. Je réponds enfin que c'est dans leurs
propres iamilles (pie les sourds-muels éprouveront des tourments; mais que par
l'instruction, (|ui ne leur coûte ([u'unc gène momentanée, vous les en mettrez à
l'abri le reste de leur vie.
On nous a encore dit que la première langue fut celle des signes , que nous ne
devons pas nous obstiner à doimer le poli de l'acier fin au soc de la charrue ^^^
Fausse similitude : car où a-t-on puisé la certitude que les signes aient été notre
|)remier langage? Ne nous a-t-on pas dit aussi que le premier honnne avait parlé?
Pour moi, citoyens, je considère ce qui existe; les hommes parlent, et nous de-
vons, autant qu'il est possible, rapprocher de nous, de nos relations sociales, ceux
à qui la nature en a ravi deux éléments indispensables : or l'instruction proposée
remplit ce grand objet; et sans elle, je le répète, vous abandonnez quatre mille
êtres sauvages à la merci de leur malheur, à une profonde nullité; vous les arra-
chez à l'utilité commune, pour laquelle vous voulez pourtant que chaque citoyen
reçoive une instruction ^^\
Citoyens, ce sont des hommes qui sollicitent, non pas le poli, le degré supérieur
d'une éducation scientifique, mais leur portion aux droits de tous. On compare
les sèurds-rauets au soc de la charrue , mais vous savez bien que ce soc ne devient
incisif que par la trempe de l'acier; l'instruction sera donc aussi au sourd-muet
ce qu'est l'acier au soc de la charrue.
D'ailleurs, n'avez-vous pas des exemples de la supériorité même des talents à
la({uelle le sourd-muet est capable d'atteindre? L'art de la peinture, de la sculp-
ture en compte parmi ses amateurs. Le 28 pluviôse, vous vîtes à votre barre l'ar-
tiste Desenne, sourd-muet, vous offrir, par l'organe d'une citoyenne, le buste de
Mucius Scévola , qu'il a sculpté : le même vous avait offert les bustes de Lepele-
lier et Marat. Dans le Muséum national on admire les tableaux du peintre Grégoire ,
également sourd-muet. L'expérience de ce perfectionnement moral se vérifie en-
core dans l'établissement de Paris, où Jean Massieu, sourd-nmet, est répétiteur,
et duquel le premier tableau analytique joint au compte rendu à la Convention
nationale par son Comité des secours ^^^ est l'ouvrage. Enfin, combien n'en voit-on
pas dans les imprimeries , qui paraissent plus spécialement fixer le goût des sourds-
muets, car seize sourds-muets sont sortis de l'école de Paris en état de gagner leur
vie dans cette partie; vous en trouverez dans les imprimeries nationales. Un autre
est tourneur, un autre chapeliei-, un autre jardinier- pépiniériste, un autre fabri-
cant de petites étoffes; d'autres dessinateurs, sculpteurs; quinze filles travaillent à
la couture, quelques-unes brodent : voilà le produit de cette première école, où
^^) Voir le discours de Raffron du i3plu- semblables, de les instruire, de les utiliser
viôse (p. 368). pour eux et la société dans laquelle ils
(2^ Les sourds-muets peuvent avoir un doivent d'ailleurs vivre, non pas réunis,
langage à eux (les bêtes ont ie leur); mais mais divisément. {J\ote de Roger Ducos.)
ce n'est que pour eux. 11 s'agit de leur ac- , ^''^ Voir ci-dessus, p. a 7 2.
quérir celui de la communication avec leurs
DE LA CONVENTION NATIONALE. 519
il y en a dans ce moment qui montrent les plus grandes dispositions pour l'écri-
ture et le calcul.
Ces exemples sont encore trop rares, il est vrai, mais c'est par la rareté des
moyens d'enseignement : ce n'est surtout que depuis que l'établissement pour les
sourds-muets a été fondé à Paris , et que des sociétés de bienfaisance en ont essayé
avec succès à Bordeaux et ailleurs, qu'on a vu sortir des citoyens utiles de la classe
des sourds-muets. Massieu a été formé à l'établissement de Bordeaux , où son col-
lègue Bodonnet est aussi répétiteur.
On ne doit donc pas douter de la possibilité d'utiliser les sourds-muets, et pour
eux et pour la République. Il est même à remarquer que les métiers, les arts d'imi-
tation surtout, leur conviennent, et doivent peut-être exclusivement leur être in-
spirés : il est d'expérience que c'est leur goût dominant; et dès Jors, combien les
ateliers et les manufactures n'y gagneront-ils pas! Vous pouvez y acquérir des
milliers d'ouvriers de plus.
Mais pour parvenir à ce grand avantage, il faut commencer par dégrossir le
sourd-muet; il faut l'instruction, et il la lui faut particulière pour qu'elle lui soit
utile. Citoyens, n'en doutez pas : les établissements que vous nous avez chargés de
vous proj)oser feraient un grand vide dans la carrière que vous parcourez, si vous
ne vous empressiez de les consacrer; la postérité, qui doit recueillir l'avantage
complet de la Révolution, vous les demande. Ce n'est pas seulement une grande
dette que vous acquitterez h la philanthropie, mais vous exécuterez un grand
principe de la Constitution.
ff L'instruction est le besoin de tous : la société doit favoriser de tout son pou-
voir les progrès de la raison publique, et mettre l'instruction à la portée de tous
les citoyens. 71 (Droits de l'homme, art. xxn.)
ffLa Constitution garantit à tous les Français une instruction commune. ^^ (Con-
stitution, art. cxxn.)
Cependant, si tous ces motifs, si vos propres principes ne pouvaient convaincre
ceux qui auraient conçu quelque système contraire, je leur dirais : Allez h l'éta-
blissement des sourds-muets, vous y trouverez la réponse h toutes les dilTicultés
que vous vous créez; vous les abandonnerez, parce que vous voulez le bien de la
société et le bonheur de vos semblables.
Citoyens, après que toutes ces réflexions ont convaincu voire Comité de la né-
cessité d'étendre les étabhssements pour les sourds-muets, il s'est livré à l'examen
du projet de décret dont vous avez ordonné la revision: il a pivssenti que vous
aviez dû l'imjirouver, parce ([u'on y avait réuni plusieurs articles régie mon t:\ires,
créé Irop de fonctionnaires, projjosé de trop forts traitements, et enfm incliné à
reproduire ces corporations scolaslicpies ([ue vous avez an(>anties; il a rectilié ces
quatre causes de réjection présumées du premier [)rojel : voici les bases ulté-
rieures qu'il vient vous soumettre.
Qu'il y ait six établissements [)oin' tout le territoire de la Rt'publique, conqiris
les deux déjà en activilf» dans les comnunies de Paris et de Bordeaux; le nombre
ne peut en être; moindre^ sui* un territoire aussi étendu et aussi [)opuleu\ que la
France : vous auriez même beau donner de l'extension à ceux de Paris et de Bor-
deaux, ils ne sauraient suflire, ils ne sauraient sn[)pl(>er à la justice, au besoin de
520 PROCÈS -VERBAUX DU COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE
rapprocher rinslruclion des élèves , comme vous rapprochez les maisons d'hospice
du malheureux^''.
Le placement et l'arrondissement de ces six établissements est fixé par le tableau
suivant :
Pa
ris
Tableau des communes ou il sera établi des
avec celui des départements compris dans
semenis,
Paris.
Nord.
Ardennes.
Aisne.
Pas-de-Calais.
Somme.
Oise.
Marne.
Seino-et-Marno.
Aube.
Seine-et-Oise.
Yonne.
Loiret.
Eure-et-Loir.
Eure.
Seine-Inférieure.
Loir-et-Cher.
Indre-et-Loire.
Bec-d'Ambès.
Basses-Pyrénées.
Hautes-Pyrénées.
Ariège.
Pyrénées-Orientales.
Aude.
Bordeaux... <; Haute-Garonne.
Tarn.
Gers.
Landes.
Lot-et-Garonne.
Dordogne.
Charente.
\
écoles pour l'éducation des sourds-muets j
r arrondissement de chacun de ces établis-
i Charente-Inférieure.
Bordeaux...) Vienne.
{Suite.) ] Deux-Sèvres.
\ Vendée.
Calvados.
Orne.
Sarthe.
Maine-et-Loire.
Mayenne.
Rennes. . . . < Manche.
Loire-Inférieure.
Ille-et-Vilaine.
Morbihan.
Côtes-du-Nord.
Finistère.
Puy-de-Dôme.
Indre.
Cher.
Nièvre.
Saône-et-Loire.
Allier.
Creuse.
Haute-Vienne.
Corrèze.
Rhône.
Loire.
Haute-Loire.
Cantal.
Lot.
Aveyron.
Lozère.
Clerinont.
"^ On a dit qu'il fallait au moins éluder
de fonder les quatre établissements proposés
jusqu'à ce qu'on fût certain s'ils seront né-
cessaires; mais leur nécessité, leur utilité
est déjà démontrée. Veut-on donc attendre
que les bâtiments nationaux convenables
soient vendus, pour que la République en
acquière ou en fasse construire à gros frais?
{Note de Roger Dncos.)
DE LA CONVENTION N\TION.\LE.
521
Grenob'o. .
Isère.
Ain.
Mont-Blanc.
Ardèche.
Dronie.
Ilaulos-Alpos.
Alprs-Mai'ilinios.
HpTauIt.
Gard.
Basses- Alpes.
Var.
Bouches (In-Bhone
Vaucluse.
Corse.
\ancv
/ Meurlhe.
Meuse.
Moselle.
Bas-Rhin.
Haut-Rhin.
Vosges.
Haute-Saône.
Haute-Marne.
Côte-d^Or.
Doubs.
Jura.
Mont-Terrible.
Qu'il y ait dans chaque établissement quatre instituteurs qui le dirigeront al-
ternativement, un économe et deux surveillantes : ce nombre de fonctionnaires
nous a paru sulHre, et ne devait pas non plus être moindre; il faut bien quatie
instituteurs pour quatre-vingts à ([uatre-vingt-dix élèves sourds-muets que vous
aurez au moins dans chaque établissement : à celui de Paris vous avez dans ce
moment cinquante élèves, et le nombre en serait bien supérieur si les places gra-
tuites n'y étaient bornées; car il y a des demandes pour cinquante-trois de plus
(il n'y a que vingt-quatre places gratuites). 11 faut donc quatre instituteurs; il
faut de plus un économe cliargé du détail de la dépense; et comme les sourds-
iuuets des deu\ sexes sont admis à l'institution, la moralité, les soins différents
qu'exigent les filles, rendent également les deux surveillantes indispensables.
Votre Comité a encore cru qu'outre le logement qu'auraient ces fonctionnaiies
dans les établissements, il fallait tellement les fixer auprès d'élèves qui ont besoin
d'une conduite singulièrement suivie, que la même table, les mêmes mets fussent
communs à tous : cette disposition de votre décret sera à la fois utile et républicaine.
Vous n'auriez rien fait ponr cette institution, si vous négligiez les moyens in-
faillibles de la pcrpéluer; il faut donc former de nouveaux instituteurs. Votre Co-
mité propose qu'il y ait deux places dans chaque établissement pour les citoyens
([ui voudront ac([uérir les connaissances nécessaires pour [)arvenir nu\ places
d'instituteurs.
11 vous propose de mettre ces établissements sous la surveillance des directoires
de district, et à Paris sous celle de la municipalité (n'y ayant pas de district);
mais le Conseil exécutif aura la surveillance sur tous. Ces établissements exigeant
des rapports d'autant plus étendus que leur arrondissement est considérable, il a
])aru (pie le moyen de les simplifier ('tait d'inveslir de leur surveillance les direc-
toires iU) district.
Le Comit(' vous propose encore un moyen de melliv promptement en ad i vile
les quati'e établisscMuents à organiser: c'est d\ appeler les inslituleuis (jui s(M-oiit
surabondanls à Paris et à Bordeaux, ainsi ([ue tous l 's citoyens cpii se sonl livrés
h cette sorte d'institution; car il en est (pii ont consacrt' \ouv (emps à oMIe ('Inde.
522 PROCÈS-VERBAUX DU COMITE D'INSTRUCTION PUBLIQUE
et qui oui espéré qu'un moment viendrait où un gouvernement bienl'aisanl ren-
drait leur talent utile à riuimanité.
Le règlement pour le régime intérieur, le choix des ateliers nécessaires à Pin-
struction des sourds-muets , seront laissés à la direction et aux soins des directoires
de district, sous Papprobalion du Conseil exécutif.
Comme l'indigence a seule droit aux secours de la nation, on obligera à payer
pension les familles des sourds-muets que les directoires de district jugeront en
avoir les moyens suflisants. Les aspirants à devenir instituteurs, qui auront des
moyens, payeront aussi leur pension.
On établit un ordre pour la reddition des comptes et pour référer de la situation
des établissements au Corps législatif.
Le Comité vous propose de fixer l'âge de six ans pour l'admission des sourds-
muets dans les établissements, et seize pour leur sortie, h moins que le perfec-
tionnement de leur instruction permette qu'ds soient plus tôt rendus à leurs
familles ou livrés à l'apprentissage de quelque art, métier ou à l'agriculture, seloti
le goût qu'ils auront manifesté. Mais, citoyens, je Fai déjà annoncé, la loi doit
user, à l'égard des sourds-muets, du droit que la patrie a sur tous ses enfants: il
doit y avoir obligation à les confier aux établissements. La Ré|)ublique ne peut
loléi-er que des enfants qui ont besoin d'une instruction extraordinaire pour sur-
monter le tort que la nature leur a fait en soient privés; elle ne doit pas tolérer,
autant qu'il est possible, qu'aucun citoyen ne lui soit pas ulile.
Enfin votre Comité vous propose d'accorder à chaque sourd-muet indigent, à sa
sortie de Pétabhssement, les moyens de se livrer à Papprentissage de Part ou mé-
tier qu'ils auront choisi : c'est un dernier secours que vous leur devez, autant
pour ne pas rendre leur instruction infructueuse dans leur intérêt personnel , que
pour remplir le grand but de les utiHser définitivement au profit de la société.
C'est à ces bases , citoyens , que le Comité a circonscrit son travail : il les a résu-
mées en douze articles, au lieu de soixante-quatorze qu'en contenait le premier
projet de décret. 11 a ensuite examiné le traitement que vous deviez accorder aux
instituteurs, à Péconome et aux surveillantes. Il a considéré qu'en réglant leur trai-
tement vous deviez réfléchir que ces fonctionnaires, fixés dans de grandes villes , ne
seront pas, comme dans Pancien régime, des célibataires; qu'ils doivent donc re-
trouver dans le prix de leur travail quelque ressource qu'ils doivent à leur famille
et qu'ils pourraient lui procurer par d'autres genres d'occupations.
En conséquence le Comité vous propose d'assigner à chacun des instituteurs
deux mille quatre cents livres; à Péconome mille huit cents livres, et à chacune
des surveillantes huit cents livres.
Voici le projet de décret :
[Nous ne reproduisons pas les douze articles du projet de dérrot, le contenu en ayant
déjà été indiqué dans le rapport. |
DE LA CONVENTION NATION \LE. 523
Voici le texln du rapport et du projet de décret présentés par Thiltaudeau :
RAPPORT SUR LES SOURDS-MUETS, AU NOM DU COMITE D'INSTRUCTION PUBLIQUE,
PAR THIBAUDEAU, DEPUTE DE LA VIENNE.
De l'Imprimerie nationate, s. d. ^'^
Le Comité des secours publics a présente à la Convention un rapport et un
projet de décret en soixante-quatorze articles, sur l'établissement et l'organisation
des écoles de sourds-muets. Ce projet a été renvoyé à la revision des Comités
réunis de secours, d'instruction publique et des finances.
Ils ont été divisés sur une (juestion principale; celle de savoir si on se borne-
rait, quant à présent, à juaintenir les deux écoles existantes à Paris et a Bordeaux.
Le Comité des secours a pensé qu'il fallait en créer quatre nouvelles; votre Co-
mité d'instruction publique oroit que les deux établissements actuels suffiront , au
moyen de quelques dispositions particulières.
11 est vrai que la Convention avait décrété en principe, le 28 juin dernier, qu'il
y aurait divers établissements pour les sourds-muets dans plusieurs points de la
République; mais ce décret l'ut rendu sans discussion, à la fin de la loi sur l'orga-
nisation des secours publics; et il faut toujours examiner, avant de fonder de nou-
veaux établissements, s'ils sont nécessaires.
S'il ne s'agissait de traiter cet objet que sous le rapport des secours, il n'y au-
rait point de difficulté; car la loi rendue pour tous les citoyens français serait
commune aux sourds-muets.
Mais il s'agit d'instruction, d'écoles et d'enseignement à donner aux sourds-
muets; il serait inutile de chercher à émouvoir la pitié ou la justice de la nation
envers des individus qui sont membres de la même famille : l'instruction est la
dette de la société et le besoin de tous les hommes. Le bénéfice de ce principe est
pour les sourds-muets comme pour les autres citoyens ; ils ont même un droit de
plus à la bienveillance de la patrie , puisqu'ils sont malheureux. Ainsi , je ne pense
pas que , lorsqu'il existe dans une société des moyens de réparer les torts de la na-
ture envers des êtres qu'elle a pour ainsi dire mutilés, il se trouve un seul homme
qui s'oppose aux progrès d'une méthode qui aurait pour objet de rendre les sourds-
muets utiles à eux-mêmes et à la société , de perfectionner leurs facultés morales ,
et de les rendre citoyens.
Il faut donc examiner rapidement l'état de l'enseignement donné aux sourds-
muets, les progrès «pi'il a laits, les résultats qu'il a produits, et quels sont ceux
qu'on peut en al tendre.
L'abbé de l'Epée, inventeur de l'art d'instruire les sourds-muets, a été précédé
sans doute par quelques philosophes de divers pays, qui avaient (essayé, mais sans
de grands succès, de rendre à eux-mêmes et à la société cette portion d'individus
(jue la nature semblail en avoir séparés. Lui seul trouva l'art de donner une sorte
de coi'ps aux idées abstraites, et de les peindre aux yeux par des signes manuels,
pour en fain; j)asser la valeui' dans l'esprit. Tels furent ses premiers essais. En-
''^ Bibliothèque nationale, Le''* 681, in-8".
52/1 PROnfe-VERBAUX DU COMITK D'INSTRUCTION PUBLIQUE
coiirag-é par ladiniration que devait exciter ce premier succès, il fit une seconde
tentative moins heureuse, il essaya d'assujettir aussi à des signes physiques les
règles de notre grammaire; mais il oublia qu'il avait affaire à un peuple tout neuf,
sé|)aiv do tons les autres; il n'e'tudia pas assez la grammaire des signes (pii leur
élairnl j)ropres; et les sourds-muets, dresse's parlailement à un simple mécanisme,
(écrivaient, sous la dictée des signes, des pages entières au gré des spectateurs;
mais ils n'étaient que copistes : ils lisaient des yeux ce qu'on écrivait, comme des
écoliers de cinquième lisaient Gicéron et Tacite; ils connaissaient même la valeur
des mots, conime ces écoliers entendraient les mots de Gicéron , si on les leur tra-
duisait, mais ils ne connaissaient auciuie règle de langage; ils ne comprenaient
aucune phrase, ils n'en faisaient jamais d'eux-mêmes.
Tel était à peu près l'état de cet enseignement à la mort de son inventeur. Ge
résultat était plus curieux qu'utile; mais il en était de cette précieuse découverte
comme de toutes celles que fait l'esprit humain : il n'y avait que le temps et l'expé-
rience qui pussent la perfectionner ; et quels que soient les progrès qu'aient faits les
successeurs de l'Epée, il eut le mérite d'inventer, de vaincre les premières dif-
ficultés, et il n'en doit pas moins être placé parmi ce petit nombre d'hommes qui,
sous le despotisme, ont bien uK'rité do l'iiumanité.
Aujourd'hui, à l'aide de la théorie de Sicard, réduite en pratique, les élèves
comprennent non seulement les mots de notre langue, mais ils rendent leurs idées
dans cette langue; ils décomposent les périodes les plus compliquées, répondent à
toutes les questions qu'on leur fait par écrit, comme nous répondons à toutes
celles que l'on nous fait de vive voix. H n'y a de différence entre eux et nous que
celle qu'il y a entre des absents léduits à se communiquer par écrit. Encore
riionune qui entend et qui parle, sans même connaître le langage des signes, peut
s'entretenir avec les sourds-muets : il suffit pour cela de former des lettres, de les
figurer en l'air comme on les tracerait sur le papier; et le sourd-muet, qui les
voit faire, en fait des mots et des phrases, et répond de la même manière. Le
sourd-muet peut donc lire nos livres, s'instruire de nos usages, et connaître nos
lois et nos mœurs : tous ceux qui ont vu les leçons données aux sourds-muets, et
qui ont conversé avec le sourd-muet Massieu, conviendront de cette vérité.
Je sais bien , comme l'ont dit quelques membres , que le sourd-muet qui n'a
pas reçu Finstruction d'après la méthode Sicard n'est pas aussi sauvage qu'on vou-
drait le faire croire, qu'il est propre aux travaux de la campagne, à quelques mé-
tiers et surtout aux arts d'imitation; mais le sourd-muet dans cet état ne peut
guère communiquer qu'avec les hommes parmi lesquels il vit habituellement; il
ne peut connaître les lois, il a beaucoup de peine à gérer ses affi.ires, à se dérober
à l'astuce, à l'injustice, en un mot il n'est jamais qu'imitateur.
Il ne s'agit pas de le rendre savant, mais de perfectionner sa raison et son in-
telligence, de lui apprendre à comparer les objets, à en tirer des résultats, à con-
naître la nature des êtres et les lois de la République.
Et si, comparaison faite d'un sourd-muet qui a reçu l'instruction avec le sourd-
muet dans l'cUat de nature, le premier ressemble, à la parole près, à l'homme
civilisé, et que le second en soit encore à une grande distance, qui peut s'opposer
à ce que le gouvernement ne propage cette instruction? Quelle raison de morale
DE LA CONVENTION NATIONALE. 525
ou de justice pourrait motiver une telle opinion, tandis que si l'institut des sourds-
muets n'était encore qu'un objet de pure curiosité, on pourrait même en deman-
der sous quelques rapports la conservation.
L'utilité de l'institut des sourds-muets étant démontrée, il faut examiner si
les établissements actuellement existants sont suffisants, ou s'il faut eu fonder
d'autres.
Votre Comité des secours publics en proposait six [)our toute la Iiéj)ubiique,
c'est-à-dire quatre nouveaux, puisqu'il en existe actuellement un ù Paris et un à
Bordeaux. Il proposait en outre l'établissement d'une école centrale pour y former
des instituteurs.
L'organisation de l'école centrale présentait encore une de ces idées académi({ues
que vous avez tant de fois proscrites; c'était une espèce de centre auquel devaient
aboutir toutes les autres écoles de la République, et duquel des inspecteurs de-
vaient sortir pour la parcourir. La simple publicité de ce projet avait déjà excité
de la jalousie entre l'instituteur de Bordeaux et celui de Paris ^''' : ainsi votre Co-
mité n'a })as hésité à le rejeter.
Il est un moyen plus simple et plus efficace de remplir le même but. Sicard
travaille à un ouvrage qui contiendra la théorie et la méthode de son enseignement;
il va initier la société entière dans un art qu'une sorte de charlatanisme avait aussi,
dans le principe, entouré de mystères; et il assure que sa théorie est d'une si
grande évidence, qu'U ne faudra, pour la comprendre et la réduire en pratique,
qu'une intelhgcnce commune. Ainsi, les honunes tant soit peu instruits pourront
élever eux-mêmes leurs enfants , ou bien il se trouvera des citoyens qui , sous les
auspices de la liberté de l'enseignement, ouvriront des écoles; et on n'aura plus à
craindre, quand cette méthode sera publique, la disette des instituteurs, ou ({ue
l'inventeur emporte son secret dans la tombe. Les étrangers, dit-on, nous ont envié
cette découverte. Eli bieni avec l'ouvrage de Sicard, ils seront sur ce point aussi
riches que nous : tout ce qui tend au perfectionnement des individus et à la pro-
spérité des nations appartient à l'humanité tout enlière.
Quelles ont été les bases du Comité des secours publics, lorsqu'il a proposé réta-
blissement de six écoles de sourds et muets dans la République?
C'est une assertion fondée sur la tradition; il a supposé qu'il pourrait y avoir
environ quatre mille sourds-muets dans la République.
Mais il l'a dit sur la foi de Sicard; Sicard, sur la foi de l'Epée, et l'Epée, sur je
ne sais quelles données. La vérité, c'est qu'on n'a jamais eu que des notions très
imparfaites sur le nombre de ces infortunés. 11 semblerait cependant que, daus
l'organisation actuelle du gouvernement, il n'y aurait rien de plus facile ' .
Mais jusqu'à ce que cette connaissance soit acquise, il est vraisemblable que
les deux écoles actuellement subsistantes à Paris et à Bordeaux sont suffisantes
pour l'instruction des sourds-muets.
(^^ Voir p. 393. l'ansse, et il y a tout lien do croire qu'il n'y
^^' On a (les étals envoyés par quelques en a point , ou peu, dans la plupart des dé-
districts et départements, et Ton en concliil paiienuiils qui n'ont point produit ilélats.
(ju'ils renferment tous le même nombre de {Note de Thibniideau.)
sourds-muets. C'est une base absolument
520 PROCÈS -VERBAUX DU COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE
Il n'y a, dans ce moment, qu'environ qualre-vingts élèves dans ces deux écoles,
el on peut y en recevoir un plus grand nombre.
Si Toxpérience en démontrait rinsuffisance , alors le Corps législatif sérail tou-
jours à temps pour en établir de nouvelles.
Mais il est inutile do créer des établissements dont la nécessité n'est pas dé-
montrée, et lorsqu'il n'y aurait pas même assez d'instiluteurs pour y enseigner,
ni d'enfants pour les suivre. Le Comité des secours publics ne propose même
quaire nouveaux (établissements que comme des pierres d'attente, jusqu'à ce qu'il
y ait des maîtres formés.
C'est un étrange moyen de former les hommes que de leur offrir à l'avance
des places : au moins est-il douteux qu'il convienne à une République. Au surplus ,
avant de multiplier ces écoles , il faut en connaître davantage les résultats ; et quand
il sera démontré, par des exemples communs, que cet enseignement est utile au
perfoctionnemont de l'espèce , le gouvernement sera toujours en état de le propa-
ger davantage.
Il faut bien en général rapprocher du peuple les secours qui lui sont dus; mais
il y a un moyen d'empêcher que l'éloignement ne rende ce secours illusoire : c'est
que la République fasse venir à ses frais, dans les écoles, les sourds-muets de
toutes les parties de son territoire.
L'Assemblée constituante avait ébauché la bienfaisance nationale envers ces mal--
heureux; elle n'avait établi, dans l'école de Paris, que vingt-quatre places gra-
tuites; la Convention, par son décret du ^^\ n'en avait établi que le même
nombre dans l'école de Bordeaux.
Cette disposition est vraiment intéressante : il faut que tous les sourds-muets
de la République soient appelés à partager ce bienfait. II suffit pour cela d'un lo-
gement assez étendu pour les recevoir.
Il ne faut pas craindre le trop grand rassemblement d'enfants, car l'instruction
eu est beaucoup meilleure.
Il faut établir la municipalité surveillante sur l'administration économique de la
maison ;
Et une agence, comme le propose le Comité des secours.
Mais il faut diriger principalement l'enseignement vers la pratique des arts et
métiers, et rendre ainsi les sourds-muets utiles a eux-mêmes et à la société; car
si l'enseignement n'en faisait que des machines curieuses pour amuser le public,
le gouvernement ne devrait pas le protéger d'une manière aussi spéciale.
II y a une imprimerie dans l'école de Paris ; il en est déjà sorti plusieurs sourds-
muets. Deux sont actuellement à l'Imprimerie nationale ou des assignats; deux à
celle de Pain, cloître Saint-Honoré; deux à celle de la veuve Hérissant; et il en
est qui travaillent à l'imprimerie de l'école.
On peut y étabhr d'autres ateliers, tels que la menuiserie, la tisseranderie , la
fabrication d'étoffes, etc.
Votre Comité pense qu'au moyen de ces nouvelles mesures , vous concilierez à
la fois ce qu'exigent les principes d'économie que vous devez apporter dans tous
^^^ C'est le décret du i sj mai 1798. Voir notre tome 1*", p. à il*.
DE LA CONVENTION NATIONALE. 527
les élablissenients publics, et ce que vous devez de secours et d'instruction aux
sourds-muets.
PROJET DE DÉCRET.
Article premier. Les deux écoles de sourds et muets, actuellement existantes
à Paris et à Bordeaux , sont conservées.
Art. 2. Les sourds-muets y sont envoyés, entretenus et élevés aux frais de la
République, depuis ï'dge de liuit ans jusqu'à dix-huit; ils seront tous vêtus et
nourris de la même manière , et recevront en sortant une somme équivalente à
une année de leur pension ^'^
Art. 3. L'éducation des sourds-muets sera principalement dirigée vers les
arts et métiers : en conséquence les municipalilés veilleront à ce qu'il soit formé
(les ateliers dans chaque école. Le produit du travail des sourds-muets tournera
au profit de l'établissement.
Art. h. Tout ce qui concerne l'arrangement intérieur des écoles, les dépenses,
l(^s comptes, l'établissement des ateliers, l'achat des matières, la vente des mar-
chandises qui y sont ouvrées, les nominations aux places autres que celles d'in-
stituteurs, et tout ce qui est étranger à l'enseignement, est confié a une agence
composée de quatre citoyens et quatre citoyennes nommés et renouvelés dans les
formes et dans les temps indiqués par la loi du 28 juin dernier, sous la sui'veil-
lance de la municipalité et des corps administratifs.
Art, 5. Il y aura dans chaque école :
Un premier instituteur aux appointements de 6,000 livres.
Un second instituteur a, 6 00
Deux instituteurs adjoints, chacun â.ooo
Un économe. . i,5oo
Un maître d'écriture 800
Deux répétiteurs, chacun 600
Deux gouvernantes, chacune 600
Un chef d'atelier i,aoo
Ils y auront le logement; l'économe, les deux répétiteiu*s et les deux gouver-
nantes y seront en outre nourris , à la même table et des mêmes mets que les
élèves.
Art. 6. Les instituteurs actuellement existants sont conservés; ils seront
nommés à l'avenir par la représentation nationale.
Art. 7. L'agence présentera aux corps administratifs chargés de le vérifier
l'état des sommes nécessaires pour la nourriture et l'entrelien ch^s sourds-nniets,
et toutes les dépenses de rétablissement. Le Corps législatif en décrétera les
fonds.
^'^ Il y en a qui pensent (pie les enfants des riches devraient payer pension : r\>>l une
question à examiner, (ISolo (le TInhnndeau.)
528 PHOCÈS-VKRIUUX DU COMITE D'INSTRUCTION PUBLIQUE
AuT. 8. La CoiiveiUion décrète un concours jusqu'au premier nivôse de l'an m,
|)our la l'odaclion d'une grammaire el autres livres élémentaires relatifs à Tensei-
{>nemeut des sourds-muets, d'après les formes prescrites par le décret du cj plu-
viôse.
Il est. assez piquant de transcrire, à la suite de ce rapport si élogicux pour Sicard,
la pa^jc que Tiiibaudeau a consacrée dans ses Mémoirea à l'instituteur des sourds-muets. La
voici :
L'école des sourds-muets était dirigée par l'abbé Sicard, originaire ih Bor-
deaux : au fond, ennemi de la Révolution, mais, courtisan adroit, il suivait se
plier aux circonstances. On lui reprochait aussi d'être très intéressé, un peu
charlatan , et de briller d'un éclat emprunté au génie modeste de l'abbé de TEpée ,
son prédécesseui' et son maître. L'abbé Sicard eut beaucoup de peine à se sauver
de la Terreur. 11 ne dut son salut cjuà plusieurs membres du Comité , qui ne le
trouvaient pas bien dangereux comme personnage politique , et sui'tout à l'inipos-
sibihté où l'on croyait être alors de le remplacer. 11 est assez singulier que cette
considération pût l'emporter sur la raison d'Etat de ce temps-là, à laquelle on
avait sacrifié des hommes aussi précieux et des établissements non moins utiles.
Mais celui des sourds et muets était ])opulaire et en faveur, sans doute pai*ce
qu'il avait pour objet de faire participer par l'art , aux dons communs et les p'us
nécessaires de la nature, des êtres malheureux à qui elle les avait refusés^''.
D
On lit diuis le rep^istre des procès-verbaux de la Commission des arts :
Séance du 5 ventôse, l'an st^ de la République.
11 sera adjoint à l'agent un commis qui résidera dans les salles du Comité
d'instruction pubhque : il fera un tableau des inventaires dressés par les dilfé-
l'entes sections delà Commission. 11 y sera joint celui des inventaires dressés par
la ci-devant Commission des monuments, aussitôt qu'elle aura rendu ses comptes
et remis ses papiers ^^\
E
On lit ' ns le registre des procès-verbaux de la Commission des monuments :
Séance du i o ventôse de l'an deux de la République française
une et indivisible. ' \
Présents : L.-A. Mercier, Poirier, DesFnarest, Lemonnier, Jollain, Moreau le
jeune, Regnault.
[Mercier préside, Lemonnier lient la plume.]
. . . Lecture est faite de deux lettres du ministre de l'intérieur, en date des g et
^'^ Thibaudeal, Mémoires, l. V, p. 78. — ^^'> Archives nationales, F 1^*7, folio 01, verso.
DE LA CONVENTION NATIONALE. 529
1 1 ventôse. Par la première, le ministre demande l'envoi [de deux commissaires à
la maison de Nesle pour opérer avec des commissaires de la Commission tempo-
raire des arts le recolement des effets qui y sont déposés. Par la seconde, le mi-
nistre notifie officiellement le décret de suppression de la Commission.
D'après cette lecture il est arrêté qu'il sera écrit au ministre de l'intérieur :
i" Que, pour répondre à sa demande de commissaires pour le recolement de l'a
maison de Nesle, les citoyens Lemonnier et Moreau vont se rendre au dépôt;
2° que la Commission écrirait au Comité d'instruction publique pour lui demander
le jour et l'heure où il serait possible de remettre tous les papiers de la Com-
mission conformément à l'article 8 du décret et opérer la consommation de sa
suppression ordonnée par la loi du 28 frimaire.
Ces deux lettres sont écrites sur-le-champ par le président '^\
Voici la lettre écrite au Comité d'instruction publique :
i3 ventôse.
Au président et aux membres du Comité d'instruction publique.
Nous venons enfin de recevoir du ministre de l'intérieur la communication
officielle du décret du 28 frimaire qui a prononcé notre suppression. Sans aucun
délai nous nous empressons de vous prier de nous indiquer le jour et l'heure de
la remise de nos papiers et registres, ordonnée par l'article 8 du décret. Comme
la masse de ces papiers ne laisse pas que d'être considérable , il serait peut-être
convenable que vous nommassiez des commissaires pour venir recevoir ces pa-
piers dans le lieu de notre séance avec pouvoir de nous en donner décharge. Pour
cela nous désirerions que vous voulussiez bien nous faire savoir dans notre séance
du 16 de ce mois le jour et l'heure où vos commissaires viendraient faire cette
opération, afin que tout ceci fut terminé dans le plus court délai, comme nous
le désirons très vivement et pour obéir au décret de la Convention ^^^
Pour la suite des extraits des procès-verbaux des séances de la Commission des monu-
ments, voir l'annexe A de la séance du i3 ventôse (p. 538).
(') Archives nationales, F^'^/j. — ('-' Archives nationales, F''*5.
m. 3'i
mpRiutnii: XATiovjiii:.
530 PROCÈS-VERBAUX DU COMITE D'INSTRUCTION PUBLIQUE
DEUX CENT SIXIEME SEANCE.
Du 11 veotôse an ii. [i" mars 179 ^1.]
Arrêté que les citoyens Prunelle et David se concerteront pour ré-
gler ce qui sera accordé à l'architecte Huhert et aux entrepreneurs,
pour les décorations de la fête du 10 août dernier ^^l
Projet de règlement pour assurer la propriété des artistes et gens de
lettres, présenté par la Société populaire des arts. Renvoyé à David ^'^^
La citoyenne veuve d'Orcy présente une pétition pour obtenir un
décret qui ordonne l'acquisition pour la République du cabinet d'his-
toire naturelle de son mari, et d'en faire l'examen. Petit est nommé
rapporteur ^^^
Sur la proposition de nommer dans le Comité les rapporteurs à
tour de rôle, le Comité passe à l'ordre du jour.
Le citoyen Momoro, commissaire nommé par la section Marat et
le club des Gordeliers, donne au Comité la note des ouvrages qui
doivent composer l'édition des œuvres de l'Ami du peuple, avec les
détails et l'aperçu de la dépense. Le Comité arrête que le rapporteur,
^^) Voir la séance du 5 ventôse (p. AgS)
et, pour la suite, celle du 17 ventôse
(p. 552).
W Voir la séance du 25 pluviôse
(p. Ii6i). Le projet de règlement présenté
par la Société républicaine des arts avait
été enregistré sous le n° 3070 (F^', carton
1009^); la pièce manque. David ne paraît
pas s'être occupé de la question : c'est Ma-
thieu que nous en verrons chargé par la
suite (séances du 19 ventôse, p. 555,
9 5 ventôse et 1" germinal).
^^) Voir la séance du 5 ventôse (p. ^91).
La veille, 10 ventôse, la Commission des
arts avait arrêté d'envoyer séance tenante
une députation au Comité des finances
pour lui rappeler que le lendemain devait
avoir lieu la vente des biens meubles pro-
venant de la succession Gigot d'Orcy; plu-
sieurs membres du Comité d'instruction
publique se joignirent à la députation, qui
revint bientôt après annoncer qu'un sursis
à la vente avait été décrété (F^' * 7, folio 34,
verso). En effet, ce même jour 10 ventôse,
la Convention, sur la proposition du Co-
mité des finances, rendit un décret ordon-
nant de surseoir à la vente. Deux autres
décrets furent votés à la suite : l'un ren-
voyant au Comité d'instruction publique la
proposition faite par Jean De Bry de prohiber
toute sortie de livres du territoire de la
République; l'autre chargeant le Comité de
salut public de prendre des mesures pour
empêcher l'exportation des objets pouvant
intéresser les arts. Nous donnons aux an-
nexes , A ( p. 5 3 2 ) , d'après le procès-verbal de
la Convention et le Moniteur, le texte de ces
trois décrets et le compte-rendu de la dis-
cussion. Pour la suite de l'affaire Gigot
d'Orcy, voir la séance du 1 7 ventôse ( p. 5 5 1 ) ,
et, pour la question de la prohibition de la
sortie des livres, celle du i3 ventôse
(p. 538).
DE LA CONVENTION NATIONALE.
531
après s'être concerté avec le Comité des finances, fera à la Convention
la proposition d'accorder les avances énoncées pour cette entreprise ^^^.
Petit lit un rapport et un projet de décret sur la suppression de
l'Ecole militaire, la levée du scellé de son administration et l'inven-
taire de ses papiers. Adopté ^^l
Villar lit un projet de décret sur les objets provenant des émigrés
et dont la nation n'est propriétaire qu'en partie. Adopté '-^^
Sur la représentation faite par un membre de la nécessité de
prendre connaissance des opérations faites par la Commission des arts
de Versailles, le Comité a arrêté qu'il serait écrit à l'administration
du département de Seine-et-Oise, et qu'il lui sera fait à ce sujet un
certain nombre de questions auxquelles elle sera avertie de répondre
dans le plus court délai ^^l
(^^ Voir la séance du 7 ventôse (p. A 99)
et, pour la suite, celle du 21 ventôse
(p. 559).
(^) Voir dans notre tome I", pages 3 1 9
et3ai, la pétition des administrateurs de
la Fondation de l'École militaire. Une dé-
cision du Conseil exécutif du 28 novembre
1792 avait supprimé l'Ecole militaire, et
les scellés avaient été apposés le 6 février
1793 sur les registres de l'ancienne admi-
nislrallon; mais l'article 2 du décret du
18 juin 1793 ordonna la levée de ces
scellés (t. I", p. A 67). Malgré ce décret,
les registres restèrent sous les scellés, et
les administrateurs ne purent rendre leurs
comptes. La décision du Conseil exécutif
était attaquée comme illégale par les admi-
nistrateurs, qui prétendaient qu'un décret
seul pouvait supprimer la Fondation; or
ce décret n'était pas intervenu; celui du
9 septembre 1793 avait supprimé aies
écoles militaires», c'est-à-dire les collèges
011 étaient reçus les élèves de la Fondation
de l'Ecole militaire; mais de la Fondation
même le décret n'avait rien dit, parce que
le rapporteur la croyait déjà légalement
supprimée (en etlet, la lettre do Xavier
Audouin du 6 août 1793 disait : «Cet éta-
blisseujent n'existe plus » ; voi r notre tome II ,
p. 37H).
lue pt'iition des adiiiiiiisli'.ilciirs d'
la Fondation, présentée à la Convention
en brumaire, fut renvoyée au Comité d'in-
struction publique; elle y fut enregistrée
sous le n" 1126 (F^', carton 1006; la pièce
manque); ce fut cette pétition qui donna
lieu au rapport de Petit. Le rapport fut pré-
senté à la Convention le 16 ventôse, et
l'assemblée vota le projet de décret qui
l'accompagnait. Ni le procès-verbal de la
Convention ni les journaux ne font mention
de ce décret; mais le rapport de Polit, im-
primé par ordre de l'assemblée, existe, et
le procès-verbal de la séance du Comité
d'instruction publique du 17 ventôse dit
expressément (p. 55]) que TEcolo militaire
vient d'être «supprimée par un décret 71,
ce qui implique l'adoption du projet pré-
senté à la Convention la veille. Nous don-
nons aux annexes, B (p. 533), le texte du
rapport et du projet de décret lus par
Petit.
^•^) Cet alinéa n'existe qu'à la minute.
Voir la séance du 39 pluviôs(> (j). A 70). La
question reviendra à l'ordre du jour le
5 messidor an 11.
^*^ La réponse de l'administration de
Seine-et-()ise a été enregistrée sous le
n° 9i3G(F''', carton io(u/); elle manque.
Km voiri le résumé : «Le présidonl du dé-
partoment de Soiuo-el-Oiso fait lonnailre
;hi Comité les moyens employés pour léunir
3'i
532 PROCÈS-VEIIBAUX DU COMITE D'INSTRUCTION PUBLIQUE
La séance est levée à dix heures et demie ^^^.
PIÈCES ANNEXES.
On Ut dans le Moniteur (^) :
Convention nationale, séance du lo ventôse.
Monnot, au nom du Comité des fmances, propose le projet de de'cret suivant :
ffLa Convention nationale, après avoir entendu son Comité' des fmances, dé-
crète qu'il est sursis à toute vente de bibliothèque ou autres biens annoncés et
alîicliés par la veuve et héritiers de Gigot d'Orcy, ci-devant receveur général des
finances à Châlons, jusqu'après l'apurement du compte à rendre par ladite veuve
et héritiers des sommes qu'ils peuvent redevoir au trésor public ; charge le ministre
des contributions publiques de faire exécuter le présent décret, v
Grégoire. J'appuie d'autant plus le projet du Comité que les étrangers, ne
pouvant vaincre la République par la force des armes, cherchent à la déshonorer
en lui enlevant les monuments des arts dont elle est enrichie. C'est ainsi qu'on a
déjà fait passer chez nos ennemis et jusqu'en Russie des manuscrits très précieux.
Jean De Bry. Ce que vient de dire le préopinant doit exciter la surveillance la
plus active de la part de la Convention. Je demande que vous décrétiez en prin-
cipe la prohibition de la sortie des hvres hors du territoire de la Répubhque.
On demande le renvoi au Comité d'instruction publique.
Grégoire. J'entends dire autour de moi qu'il faut des distinctions dans cette
mesure, à l'égard des livres qui peuvent propager les principes sacrés de la Révo-
lution française. Certes, ceux-là ne sauraient être trop répandus. Il ne s'agit ici
que des manuscrits et des éditions rares et précieuses.
La proposition de Jean De Bry est adoptée avec le projet de décret du Comité
des finances :
cfEt sur la proposition faite par un membre de prohiber toute sortie de livres
du territoire de la République jusqu'à la paix , la Convention renvoie à son Comité
d'instruction publique pour lui faire un rapport dans la séance de demain ^^^w
dans un dépôt convenable tous les objets de
sciences et arts qui se sont trouvés dans les
maisons d'émigrés de son ressorte. La che-
mise porte cette note : v. Renvoyé à l'agent
de la Commission des arts, 28 ventôse.
J.-M. Coupé, secrétaire.-/) Le procès-verbal
de la séance du 28 ventôse ne mentionne
pas ce renvoi. — Pour la suite de ce qui
conrorne la Commission des aris de Ver-
sailles, voir la séance du 8 germinal an n.
''^ Pas de signatine, ni à la minute ni
au registre. La minute est de la main de
Coupé.
^2) Voir aussi le procès-verbal de la Con-
vention, t. XXXIl, p. 386.
^•'^) Le Moniteur et le procès-verbal pla-
cent ce second décret plus haut à la suite
du décret proposé par le Comité des
finances, comme second alinéa. Il nous a
paru préférable de l'en séparer pour le re-
mettre à sa place naturelle.
DE LA CONVENTION NATIONALE. 533
Thibault. H faut que la Convention sache qu'il s'est forme à Paris une pre'ten-
due commission de l'étranger qui se dit autorisée du Comité de salut public pour
acheter des objets de luxe et les faire passer hors de la République. Cette Com-
mission a formé un fonds de cinquante millions pour cette entreprise. Je voudrais
d'abord savoir si le Comité de salut public a donné réellement cette autorisation,
et ensuite je désirerais que la Commission du Muséum '^ examinât si , parmi les
objets achetés par ces entrepreneurs, il n'y en a pas qui puissent contribuera orner
le Muséum. Je demande donc le renvoi de mon observation au Comité de salut
public et à la Commission du Muséum.
Ce renvoi est décrété ^^^ :
ffLa Convention nationale décrète que le Comité de salut public prendra toutes
les mesures convenables pour empêcher l'exportation des objeîs qui peuvent inté-
resser les arts et enrichir le Muséum national ^^^ ?)
RAPPORT ET PROJET DE DECRET PRESENTES, AU NOM DU COMITE D'INSTRUCTION
PUBLIQUE, PAR MICHEL-EDME PETIT, LE 1 6 VENTOSE, L'AN II DE LV REPU-
BLIQUE UNE ET INDIVISIBLE.
De l'Imprimerie nationale, s. d. (*).
ÉCOLE MILITAIRE.
Citoyens ,
Vous avez renvoyé à votre Comité d'instruction publique une pétition des ad-
ministrateurs de l'Ecole militaire de Paris.
Cet établissement, réservé par l'Assemblée constituante, non supprimé par
aucun décret de l'Assemblée législative, ni par aucun de vos décrets, a été sup-
primé par une décision du Conseil exécutif du 28 novembre 1792. En consé-
quence de cette décision arbitraire, les scellés ont été apposés, conformément aux
ordres du ministre de la guerre, sur les archives de l'administralion, par un ci-
toyen nommé par ledit ministre à cet effet, et nommé en outre par le même mi-
nistre a l'effet de veiller à la conservation des bâtiments, meubles, etc., et de faire
tout ce qui pourrait être utile à la République. Le neveu de ce citoyen a été nommé
par lui gardien du scellé : ce citoyen , noimné conservateur de cette maison im-
mense, s'y est logé; il a pris possession de tout sans inventaire |)r(^'alal)lo; et
grand nombre d'effets très précieux, tels que les meubles de la chapelle, une
très grande quantité de fer, de plomb, de cuivre, de fonte, qui existaient dans les
magasins en décembre 1792, un superbe tapis de pied servant à la salle du
^'^ L'oraleur désigne pai* celle exprès- la (^oiivenlioii le texte île ce décret, qui
sion le ConserNaloire du ]\lus(''imi des aris. n'est pas reproduit par le Moniteur.
^'^ Moniteur du \ 9. venlôse an 11 , j). ()55. ^*' liibliolliècpie na(ionali\ Ij-^'^ ■70.')^
^•''* Nous empruntons au procès-verbal de in-S"; Musée podago^l(pie, u' iiGô*».
534 PROCÈS -VERBAUX DU COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE
conseil, sont disparus; toutes les cloisons intérieures des bâtiments à droite, ainsi
que les boiseries, ont éié détruites. Un passage donnant sur le Champ de la Révo-
lution, passage que les administrateurs avaient fait supprimer, pour empêcher
que Ton n'emportât les etlets de la maison, a été rétabh. Les jardins, dont les
seuls légumes avaient été estimés trois cents livres, ont été loués par le citoyen con-
servateur à un jardinier, à condition de rendre tous les fruits au conservateur, et d'ap-
provisionner sa maison de légumes. C'est ainsi que cette maison, dont le mobilier
était immense, présente aujourd'hui de tous côtés le délabrement, le désordre et
la misère.
L'administration qui, en décembre 1792, avait porté au Trésor national une
somme de un million neuf cent mille hvres, malgré toutes les dépenses et améliora-
tions qu'elle avait faites , cette administration dont la gestion avait été celle de l'intelli-
gence, de réconomie et de la probité, qui avait remis au conservateur tous les inven-
taires du mobilier alors existant, l'administration reçut du ministre de la guerre une
lettre qui lui disait que ses fonctions étaient sans objet, qu'elles cesseraient au
bout de trois jours, et cependant lui enjoignait de tenir ses registres de comptabi-
lité prêts pour le 1" décembre (remarquez que les papiers et registres de l'admi-
nistration étaient sous le scellé du citoyen devenu conservateur, et qu'ils y sont
encore, malgré votre décret du 18 juin dernier); et cependant cette lettre enjoi-
gnait à l'administration de donner l'état nominatif des administrateurs, des em-
ployés, des pensions accordées sur les fonds de la Fondation, des élèves qui sont
dans les collèges à la charge de la Fondation, avec une note instructive sur la
famille de chacun, enfin l'état des élèves placés dans les corps et qui jouissent de
la pension de deux cents livres; et cependant le ministi-e de la guerre, le directeur
général de la hquidation |)our ce qui regarde les employés de la loterie supprimée,
les entrepreneurs de bâtiments, les ouvriers, les fournisseurs qui ont besoin de
mémoires arrêtés, et tous les locataires des maisons et terrains dépendants de la
Fondation , ont été et sont encore aujourd'hui avec l'administration dans une cor-
respondance active et forcée, correspondance d'autant plus pénible que l'admi-
nistration n'a dans ce moment à sa disposition qu'une partie de ses registres et
papiers! L'administration est plus occupée pour concourir à la suppression illé-
gale de cette maison qu'elle ne l'était pour y entretenir l'ordre et l'économie.
Tous les faits que je viens d'articuler résultent des pièces et renseignements
que je tiens. Je vous propose donc , au nom du Comité d'instruction publique , le
projet de décret suivant :
PROJET DE DÉCRET.
La Convention nationale, après avoir entendu le ra[)port de son Comité d'in-
struction publique, décrète ce qui suit:
Article premier. L'École militaire de Paris, n'ayant pas été comprise dans les
décrets portant suppression de pareils établissements, est supprimée par le présent
décret.
Art. 2. Les scellés apposés sur les archives seront levés sans délai.
Art. 3. li sera fait par un commissaire du Conseil exécutif, contradictoirement
DE LA GONVENTlOiN NATIONALE. 535
avec les ci-devant administrateurs de l'Ecole militaire, un inventaire des registres,
papiers et titres qui se trouveront sous le scelle.
Art. à. Seront seulement remis aux administrateurs les registres de compta-
bilité et les pièces relatives au compte qu'ils ont à rendre.
Art. 5. Les administrateurs seront tenus de présenter leur compte au ministre
de la guerre, dans deux mois, à compter du jour de la clôture dudit inventaire;
et les appointements dont ils jouissaient leur seront alloue's en dépense jusqu'au
jour de la présentation de leur compte.
Art. 6. Les pièces déposées au Comité d'instruction publique et relatives aux
dilapidations qui pourraient avoir eu lieu dans le mobilier de l'Ecole militaire, de-
puis le mois de décembre 1 792 jusqu'à ce jour, seront remises au Comité de sûreté
générale qui, conjointement avec le Comité des domaines, s'occupera de cet objet
pour en faire un rapj)ort à la Convention nationale , dans le plus bref délai.
536 PROCÈS -VERBAUX DU COMITE D'INSTRUCTION PUBLIQUE
DEUX CENT SEPTIEME SEANCE
Du i3 ventôse an ii. [3 mars 179^.]
Un manuscrit intitule Géographie universelle et politique est présenté
pour le concours des livres élémentaires : il est coté n° 1 et déposé au
Comité.
Un membre propose de nommer deux commissaires spécialement
chargés de recevoir, enregistrer et donner récépissé de tous les manu-
scrits de livres élémentaires proposés au concours, et un commis qui
consignera les récépissés, et que ces manuscrits soient déposés dans
une armoire à trois clefs. Arrêté.
Les deux commissaires nommés sont Lindet et Villar, et le commis
est Baston ^^\
Le citoyen Morin offre au Comité un ouvrage de sa composition,
intitulé Mécanisme de la nature. Le Comité en ordonne mention au
procès-verbal ^^\
La Commission des monuments supprimée ayant écrit au Comité
pour répondre à la demande qui lui a été faite de rendre ses comptes,
un membre propose que le président écrira à cette Commission pour
qu'elle se rende à sa séance du 1 7 de ce mois au soir, avec le registre
de ses délibérations et le bordereau de ses papiers ou inventaires,
l'état de tous ses agents ou employés. Arrêté ^^\
(^) Nous voyons prendre ici les premières
mesures d'exécution pour le concours des
livres élémentaires décrété le 8 pluviôse. Il
faut noter, toutefois, qu'avant la réception
du manuscrit de la Géographie naturelle et
politique, sans nom d'auteur, qui reçoit le
n° 1, le Comité avait déjà accueilli pour le
concours deux autres ouvrages : les modèles
d'écriture, de Lavoye (5 et 7 ventôse,
pages 690 et 5oi), et V Atlas méthodique et
élémentaire , de Desnos (7 ventôse, p. 5oi).
— Aucun des nombreux ouvrages envoyés
pour le concours et cotés à partir du 1 3 ven-
tôse ne se retrouve dans les cartons du Co-
mité.
(^^ Enregistré sous le n" igSa (F^', car-
ton 1009^), ^^^^^ qu'un autre ouvrage
du même auteur, intitulé Calendrier per-
pétuel. Le premier de ces ouvrages n'est
pas en place.
(^5 Voir la séance du 9 ventôse (p. 5o6).
La lettre de la Commission des monu-
ments, dui3 ventôse (p. 599), demandait
au Comité de nommer des commissaires pour
recevoir les papiers de la Commission dans
le lieu de ses séances. Ces commissaires se-
ront désignés le 1 7 ventôse. La Commission
des monuments, invitée à se rendre à la
séance du Comité du 17, et à y apporter ses
registres , reçut communication de cet arrêté
le 1 6 , et chargea trois de ses membres d'al-
ler, le lendemain , au Comité d'instruction
DE LA CONVENTION NATIONALE. 537
Un membre propose que le président écrira au ministre de Finté-
rieur pour savoir de lui la raison du retard de l'envoi de la loi qui
supprime la Commission des monuments. Arrêté '^^.
Le Comité nomme les citoyens Plaichard, Duhem, Guyton et Four-
croy en qualité de commissaires pour aller se concerter avec le Comité
de la guerre pour la nomination du Conseil de santé '^^
Un plan d'une place de la Révolution et d'un temple à la Liberté et à
la Vérité, à Montpellier, est présenté au Comité. La lettre qui annonce
cet envoi a été lue à la Convention le 8 ventôse. Déposé au Comité ^^\
Le citoyen Brazier présente au Comité deux modèles d'écriture pour
servir au concours. Déposé et coté ^^\
Deuxième numéro des Décades républicaines présentées au Comité,
Renvoyées à Prunelle ^^\
Sur la demande du citoyen Rozet, relative à ce qu'il a proposé
d'effacer l'empreinte royale sur les volumes de la Bibliothèque natio-
nale , le Comité passe à l'ordre du jour, motivé sur le décret qui or-
donne qu'il n'y sera pas touché ^^\
Un membre propose de choisir, dans la Commission des arts, une
section particulière pour discerner et examiner les manuscrits qui
s'inventorient dans tous les dépôts supprimés et chez les émigrés, et
en être responsables. Ajourné ^"^l
Lettre de la municipalité de Paris sur l'établissement des écoles
primaires. Renvoyé à Bouquier^^l
publique , munis des pièces demandées.Voir, ^^) La lettre lue à la Convention le 8 vén-
aux annexes, A (p. BSg), un extrait du lôse est du représentant Boisset (Procès-
procès-verbal de la séance de la Commis- verbal de la Convention, t. XXXII, p. 277).
siou des monuments du i6 ventôse an 11, Nous n'avons trouve ni la lettre, ni le plan,
séance qui fut la dernière. (*) La lettre de Brazier et son ouvrage,
Pour la suite, voir la séance du Comité VArt d'écrire simplifé, ont été enregistrés
du 17 ventôse, p. 552. sous le n" âo63 (F'\ carton 1009*); lettre
(') La réponse que dut faire le ministre et ouvrage ne sont pas en place,
de l'intérieur n'est pas mentionnée dans les ^^^ C'est l'ouvrage périodique de Serieys :
procès-verbaux ultérieurs, et nous ne l'avons voir la séance du 3 ventôse (p. 'i85). Il en
pas retrouvée. sera de nouveau question le .') gerujinal an u.
^^' Le a8 ventôse, les Comités réunis de ("' Voir la séance du i5 pluviôse (p. 892)
la guerre, d'instruction publique et do la et, pour la suite, cellodu 5 germinal an 11.
marine proposeront à la Convention une '-"^ Le 19 ventôse (p. 557), "" arrêté
liste de trois cent soixante ofTiciers de santé, prescrira à la Connnission les mesures à
pour former la Connnission de santé. (Pro- prendre relativement aux manuscrits,
cès-verbal de la Convention, t. WXIU, ^'*' Déjà, le 19 pluviôse (p. /i33), le
p. A 18.) Comité avait entendu la lecture d'une lettre
538 PROGÈS-VERBVUX DU COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE
Sur une pétition de la section du Mont-Blanc pour un local de
gymnase et d'institut à accorder au citoyen Mangard, le Comité passe
à l'ordre du jour, motivé sur ce que le pétitionnaire peut s'adresser à
roux qui sont chargés de ces locations. Quant à la seconde partie de la
mémo pétition, tendante à faire confier au citoyen Mangard les livres
qui sont sous les scellés dans l'étendue de la section du Mont-Blanc,
le Comité ajourne jusqu'au travail général sur les bibliothèques na-
tionales ^^^
Arrêté qu'il ne sera point fait à la Convention nationale de rap-
port sur le commerce et l'exportation des livres , attendu la loi sur cette
matière et les mesures prises par le Comité de salut public ^'^K
Un membre propose de nommer, en conséquence du décret du
ventôse, deux commissaires pour assister à la levée des scellés ap-
1 1
crun oiîicior municipal de Paris, relative à
des difficultés dans rexécution de la loi du
99 frimaire. La lettre lue le i3 ventôse,
enregistrée sous le n° 2077 (F^\ car-
ton 1009^), était une lettre de rappel;
elle manque. En voici le résumé : «Les
officiers municipaux administrateurs des
établissements publics de Paris demandent
une solution sur diff*érentes observations
faites au Comité , relativement à l'exécution
de la loi du 99 frimaire sur l'instruction
publique en ce qui concerne la commune
de Paris «. On lit sur la chemise : «Renvoyé
à Bouquier le i3 ventôse 55.
^^) Le Comité avait déjà reçu, le 9 plu-
viôse (p. 36o), le plan d'un établissement
d'éducation présenté par Mangard, et avait
passé à l'ordre du jour le 1 1 pluviôse
(p. 877). La pétition de la section du
Mont-Blanc fut présentée à l'assemblée le
i3 ventôse (le procès-verbal de la Con-
vention ne la mentionne pas) et renvoyée
au Comité , où elle fut enregistrée sous le
n° 9062 (F^', carton 1009^). Dans cette
pièce, sans date, les pétitionnaires rap-
pellent que Mangard a présenté à la Con-
vention, qui l'a renvoyé au Comité d'in-
struction publique le 8 pluviôse, le plan
d'un Institut patriotique ou Ecole élémen-
taire des sciences, arts et métiers utiles au
service de la patrie. Ils demandent qu'on
accorde à Mangard, pour y installer son
Institut, une maison située rue de Pro-
vence, n° 18, contre un loyer de 6,000 li-
vres; et que les livres appartenant à la
nation, dans l'étendue de la section, soient
confiés à Mangard jusqu'à l'organisation
des bibliothèques nationales. On lit en
marge : cr Renvoyé au Comité d'instruction
publique le treize ventôse l'an deux de la
République. Oudot, secrétaire t^ ; et plus
bas : ff L'ordre du jour sur la première par-
tie, l'ajournement sur la seconde. i3 ven-
tôse. J.-M. Coupé, secrétaire.n
^'^) La Convention avait chargé le Comité ,
le 10 ventôse, de lui faire un rapport sur
une proposition de Jean De Bry, tendant à
prohiber la sortie des livres (voir p. 532).
Comme l'assemblée avait en même temps
chargé le Comité de salut public de prendre
des mesures pour empêcher l'exportation
des objets pouvant intéresser les arts, le
Comité d'instruction publique estima qu'un
rapport sur la question serait superflu. Ce-
pendant, le 19 ventôse, la question sera
renvoyée à Grégoire (p. 556). Nous don-
nons aux annexes, B (p. 5Ao), im arrêté
du Comité de salut public du 20 ventôse
et une délibération du Conseil exécutif
provisoire du 92 ventôse, relatifs à ces
mesures.
DE LA CONVENTION NATIONALE.
539
posés sur (les caisses de médailles déposées à la Trésorerie. Les deux
commissaires nommés sont Villar et Prunelle ^^^.
Le département de Paris ayant envoyé au Comité une lettre origi-
nale de Charles IX à Charles de Louviers ^^^ pour le récompenser de
l'assassinat du connétable de Mouy ^^\ Grégoire est chargé de vérifier ce
qui concerne la mort du connétable de Mouy, et d'en donner connais-
sance à la Convention ^^\
La séance est levée à dix heures et demie ^^\
PIECES ANNEXES.
On lit dans le registre des procès-verbaux de la Commission des monuments :
Séance du 1 6 ventôse de l'an deux de la République française une et indivihle.
Présents : L,-A. Mercier, Lemonnier, Boizot, Moreau le jeune, Jollain, F.-A.
Mulot, secrétaire ^'^l
[Mercier préside, Lemonnier tient la plume.]
... Un membre observe que dans la dernière lettre du ministre de rinlérienr
à la Commission ^'\ il dit : rrJe persiste à regarder comme une noliiicalion for-
melle ma lettre du 1 5 nivôse par laquelle je vous ai annoncé l'envoi qui m'a été
^'^ 11 s'agit d'un déciet en 2 a articles,
rendu, le 1 1 ventôse, sur le rapport du
Comité des finances, relatif à l'emploi à
faire des diamants, pierres précieuses,
perles et autres bijoux déposés à l'admi-
nistration des domaines nationaux, et de
tous les objets de cette nature appartenant
à la nation ; les articles ao et ai concernent
des dispositions particulières concernant des
caisses de médailles déposées à la trésorerie.
Nous donnons le texte de ces articles aux
annexes, G (p. 5/ti).
('^) Le rédacteur du procès-verbal a mal
désigné l'objet de cette lettre de Cbarles IX ,
qui n'est pas adressée à Cbarles de Louviers,
mais au duc d'Alençon. H faut lire : «une
lettre originale de Cbarles IX au duc d'Alen-
çon, lui ordonnant de donner le collier de
son ordre à Cbarles de Louviers pour le
récompenser 75, etc.
^•') Mouy n'était pas connétable ; c'était
un des cbefs du parti buguenol ; il rem-
plissait les fonctions de gouverneur de Mort.
L'erreur commise ici par le rédacteur du
procès-verbal a été empruntée par lui à la
lettre d'envoi écrite par le département de
Paris, où se trouve employée l'expression
inexacte de rr connétable de Mouy 71.
^*' Grégoire commuiii([ua le document à
la Convention le lendemain, 1 '1 >entôse.
L'assemblée vota le dépôt à la lUbliotbèque
nationale de la lettre de Cbarles IX et de
celle du département de Paris qui raccom-
pagnait. Voir, aux annexes, L) (p. D^ii),
le texte de ces deux pièces, avec un extrait
du Moniteur.
^^) l^as de signature, ni à la minute ni
au registre. La minute est de la main de
Coupé.
(•'^ Mulot avait cessé d'assister aux
séances de la Commission depuis le 9 ni-
vôse; il ne réparait que dans cette séance,
qui est la dernière.
^') (]elle du 11 ventôse; voir p. ÔaH.
bhO PROCÈS-VERBAUX DU COMITE D'INSTRUCTION PUBLIQUE
fait le 9 de cette loi, en vous invitant conformément à l'article 8 de remettre dans
le plus bref délai au Comité d'instruction les mémoires, notes, etc.« L'opinant
ajoute qu'il est essentiel de constater que cette lettre du 1 5 nivôse n'est point
parvenue à la Commission ; en conséquence on fait l'examen des lettres du mi-
nistre de l'intérieur reçues dans le cours de nivôse par la Commission , et l'on
trouve qu'il ne nous est parvenu (jue deux lettres de ce ministre durant le cours
de ce mois. Tune datée du 3 et l'autre du 98, en sorte que la lettre du i5 allé-
guée par le ministre est sans doute restée dans ses bureaux. En conséquence, la
Commission décide que le fait sera consigné dans le procès-verbal d'aujourd'hui.
. . . Lettre du président du Comité d'instruction publique par laquelle, en ré-
ponse à celle de la Commission du 1 3 de ce mois , il nous invite à nous présenter
le 1 7 dans la séance du soir avec le registre de nos délibérations , le bordereau de
nos papiers et inventaires et le tableau des agents employés par nous, La matière
mise en délibération , il est arrêté que trois membres de la Commission supprimée
se rendront demain 17 a l'invitation du Comité, munis des pièces demandées.
Ces commissaires sont les citoyens Desmarest, Moreau et Lemonnier, qui sont
chargés de demander au Comité de déterminer le mode d'exécution de l'article 8
du décret de suppression.
. . . Ajourné au nonidi prochain pour connaître la réponse du Comité aux com-
missaires ^^^
On lit dans le registre des arrêtés du Comité de salut public :
Du 2 0 ventôse an 11.
(Présents : B. Barère, Carnot, C.-A. Prieur, Couthon, Collot d'Herbois, Saint-
Just et R. Lindet.)
Le Comité de salut public , en exécution du décret de la Convention du 1 0 de
ce mois pour empêcher l'exportation des objets qui peuvent intéresser les arts et
enrichir le Muséum national, arrête :
Que le Conseil exécutif provisoire donnera sur-le-champ les ordres et prendra
toutes les mesures nécessaires, soit auprès des armées, soit aux domaines, soit
dans les ports, pour empêcher toute exportation, par toutes les frontières , de
livres, tableaux et autres ouvrages cjui tiennent au perfectionnement des arts, et
au complément du Muséum et de la Bibliothèque nationale.
Le Conseil exécutif provisoire rendra compte dans trois jours au Comité des
mesures qu'il aura prises pour l'exécution du présent arrêté.
Du 2 A ventôse an 11.
(Présents : B. Barère, Carnot, C.-A. Prieur, Collot d'Herbois, Couthon, Ro-
bespierre, Billaud-Varenne, Saint- Just et R. Lindet.)
Vu la délibération du Conseil exécutif provisoire du 2 2 ventôse , dont la teneur suit :
(^^ Archives nationales, F''* A. — La Commission des monuments n'a pas donné suite
à sa décision de se réunir encore le 19 ventôse; la séance du 16 a été la dernière.
DE LA CONVENTION NATIONALE.
541
ff Lecture faite de l'aiTeté du Comité de salut public portant qu'il sera donné
des ordres pour empêcher toute exportation de livres , tableaux et autres ouvrages
qui tiennent au perfectionnement des arts, au complément du Muséum et de la
Bibliothèque nationale ;
ffLe Conseil arrête que toutes les demandes qui lui seront présentées à l'effet
d'autoriser l'envoi à l'étranger des livres, manuscrits, tableaux , cartes, gravures,
médailles et généralement tous ouvrages qui tiennent aux arts, seront renvoyées
tant au directeur de la Bibliothèque nationale qu'au Conservatoire du Muséum , qui
jugeront du mérite des objets dont l'exportation est demandée et feront leur rap-
port au Conseil de ceux dont la sortie peut être permise et de ceux qu'il est inté-
ressant de conserver.
crLe présent arrêté sera soumis à l'approbation du Comité de salut pubUc.
rrPour ampliation conforme au registre.
ff Signé : Desaugier, secrétaire par intérim. «
Approuvé par le Comité de salut public ''^
EXTRAIT D'UN DECRET DU 1 1 VENTOSE AN II, RENDU SUR LE RAPPORT DU COMITE
DES FINANCES, ET RELATIF À L'EMPLOI DES DIAMANTS, PIERRES PRECIEUSES,
PERLES ET AUTRES BIJOUX ARPARTENANT \ LA NATION, AINSI QU'À DES CAISSES
DE MÉDAILLES DEPOSEES À LA TRESORERIE.
ctArt. 20. Les Comités des finances et d'instruction nouimerout deux membres
|)Our enlever les scellés apposés sur des caisses contenant des médailles, qui sont
déposées à la trésorerie nationale.
ff Art. 21. Ils feront un inventaire des effets qui s'y trouveront. Ils feront porter
au cabinet des médailles celles qui seront dans le cas d'être conservées , et à la
Monnaie de Paris celles qui devront être fondues ^*\«
On lit dans le Moniteur ^^'^:
Convention nationale , séance du i h venlose.
Grégoire. Votre Comité d'instruction })iibliqiio m'a chargé de vous faire un
rapport relatif à une lettre que viennent de lui adresser les adiuinislrateurs du
^') Archives nationales, AFii*, ^17. (convention, t. WMll, p. 10; coUii-ci ne
^"^ Procès-verhal de la Convention, donne ([u'iin résumé du contenu de la
t. XXXII, p. 37 A. lettre de Charles IX, et non le texte com-
^^^ Voir aussi le procès-verhal de la plet des doux pièces.
5/i2 PROCÈS -VERBAUX DU COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE
(Idpartenienl de Paris, en lui envoyant une lettre originale d'un des anciens tyrans
de la France. Voici ces lettres :
Les administrateurs composant le département aux citoyens représentants du peuple
composant le Comité d'instruction publique de la Convention nationale.
Paris, le i3 ventôse, l'an a*.
Nous vous envoyons, citoyens reprc^sentants , l'original d'une lettre d'un des
Nérons de la France, de Charles IX; elle est adressée à son frère le duc d'Alençon ,
et datée du lo octobre iSôq ; il y annonce qu'il vient de donner le collier de son
ordre à Charles de Louviers, seigneur de Moureviel^^^ pour le récompenser de
l'assassinat du connétable de Mouy^^^ Cette pièce nous a paru un titre précieux
pour déposer de la profonde scélératesse des tyrans qui ont gouverné la France ,
et pour fortifier dans l'esprit d'un peuple qui a recouvré sa liberté la juste hor-
reur due au gouvernement monarchique , qui comble de faveurs et de récompenses
les crimes les plus atroces commis pour l'intérêt personnel du despote. Nous nous
empressons de déposer dans vos mains ce monument de crime et d'infamie , nous
reposant sur vous pour en faire l'usage le plus propre à fortifier l'amour du répu-
blicanisme.
(Suivent les signatures.)
Lettre du roi Charles IX.
Mon frère , pour le signalé service que m'a fait Charles de Louviers , seigneur
de Moureviel^'\ présent porteur, étant celui qui a tué Mouy de la façon qu'il
vous dira , je vous prie , mon frère , de lui bailler de ma part le collier de mon
ordre , ayant été choisi et élu par les frères compagnons dudit ordre pour y être
associé, et faire en sorte qu'il soit, par les manants et habitants de ma bonne
ville de Paris, gratifié de quelque honnête présent selon ses mérites; priant Dieu,
mon frère , qu'il vous tienne en sa sainte et digne garde.
Écrit au Plessis-lès-Tours , le lo^ jour d'octobre 1869.
Votre bon frère ,
Charles.
Au dos : A mon frère le duc d'Alençon.
Je suis allé vérifier à la Bibliothèque nationale les faits et l'écriture. Les faits
sont très exacts; il y a plus ; c'est qu'après avoir lâché le coup de pistolet à Mouy,
le sieur de Moureviel ^"^ redoutant la vengeance de son fils , le roi lui donna deux
de ses gardes ; ce qui n'empêcha pas le fils de Mouy de tuer cet assassin dans la
^^^ Le Moniteur a imprimé Montrevel; viel. Les historiens appellent généralement
le procès-verbal de la Convention, Mon- ce personnage Maurevel ou Maurevert.
réveil; le Journal des débats et des décrets, ^^^ Sur le titre de connétable donné à
Monireveil.L'd lettre originale de Charles IX tort à Mouy, voir la note 3 de la p. 589.
porte, d'après M. Henri Bordier [Histove (^) Voir In note 1 ci-dessus.
de I ronce de Bordier et Cliarton), Moure- '^^ Voir la note 1 ci-dessus.
DE LA CONVENTION NATIONALE.
543
rue Saint-Denis, au milieu de ses gardes. Quant à l'écriture, elle est incontesta-
blement de- Charles IX. Ainsi, comme la publicité de cette lettre peut servir à
augmenter encore l'horreur du peuple pour les rois , je demande l'insertion de ces
deux lettres au Bulletin et leur dépôt à la Bibliothèque nationale ^^^
Ces deux propositions sont décrétées ^^^
^^) Le Moniteur a imprimé par erreur :
trieur dépôt aux Archives nationales n. Nous
avons rectifié d'après le procès-verbal de
la Convention, qui dit : rfLa Convention
nationale décrète l'insertion de cette lettre
et de celle du département de Paris an
Bulletin; elle en ordonne de plus le dépôt
parmi les manuscrits de la Bibliothèque
nationale^. Le Journal des débats et des
décrets ne commet pas la faute dans la-
quelle est tombé le Moniteur.
Nous avons demandé la lettre de
Charles IX du lo octobre iSôg à la Bi-
bliothèque nationale , déparlement des ma-
nuscrits, oii il nous a été déclaré que, vu
l'absence de registre d'entrée pour les pièces
déposées à la Bibliothèque pondant la Ré-
volution, il ne serait pas possible, sans de
longues recherches, de retrouver ce docu-
ment. Mais il existe une preuve que la pièce
en question est bien réellement au nombre
des manuscrits conservés dans ce dépôt :
c'est le l'ait que M. Henri Bordier a pu re-
produire cette lettre royale, avec l'ortho-
graphe de l'original, dans ['Histoire de
France qu'il a publiée en collaboration avec
M. Edouard (îharlon (t. 11, p. 78); il avait
donc eu le document sous les yeux,
^■^) Moniteur du i5 ventôse an u,
p. 668.
Uh PROCÈS-VERBAUX DU COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE
DEUX CENT HUITIÈME SÉANCE.
Du i5 ventôse an ii. [5 mars i79^».]
Le Comité arrête qu'il sera écrit au citoyen Ameilhon pour l'inviter
à faire passer à la Bil)llolhè(jue nationale deux exemplaires des vo-
lumes lik, 45 et 46 des Mémoires de l'Académie des inscriptions,
qui sont imprimés, mais pas encore publiés ^^^
Arrêté qu'il sera écrit au directeur de l'Imprimerie nationale exe-
cutive pour qu'il envoie à la Bibliothèque nationale un exemplaire
des 3* et 4^ volumes des Notices des manuscrits de la Bibliothèque
nationale, rédigées parles savants que le gouvernement en avait char-
gés; et sur la proposition d'examiner s'il serait à propos que sur le
dépôt des livres appartenant à la nation , qui sont dans les magasins
de l'Imprimerie nationale executive, on en envoyât un exemplaire
dans la bibliothèque de chaque district, le Comité arrête que le cata-
logue de ce dépôt sera envoyé à la section de bibliographie du Comité
d'instruction publique pour faire partie du catalogue général des livres
appartenant à la nation, qui les répartira dans les divers établissements
publics ('^^
Sur l'avis du comité révolutionnaire de la section de l'Homme-
Armé , au sujet de la galerie et du cabinet d'histoire naturelle du ci-
toyen Poissonier, qui sont sous le scellé , et auxquels on avait cou-
tume d'avoir recours pour des cours d'instruction, le Comité arrête
qu'il sera écrit au Comité de sûreté générale, et qu'il témoignera sa sa-
(^) Cet alinéa est sur un papier à part,
annexé à la minute. La minute porte une
première rédaction, moins explicite, de ce
même alinéa. Après l'avoir remplacée par
la seconde, Coupé a oublié de biffer la pre-
mière, en sorte que le copiste a transcrit
sur le registre les deux alinéas sans s'aper-
cevoir que le premier faisait double emploi
avec le second. Voici la première rédaction ,
que nous n'avons pas cru devoir mainte-
nir dans le texte : «Le Comité arrête de faire
passer les trois derniers volumes de l'Acadé-
mie des inscriptions à la Bibliothèque natio-
nale, et d'en charger le citoyen Ameilhon».
(^^ La section de bibliographie, à la-
quelle Duval avait été adjoint le 9 ventôse
(p. 5o6), va prendre une activité nouvelle :
elle réclame des catalogues dont elle a be-
soin (voir aussi 27 ventôse, p. 586); elle
réorganise le bureau des commis, en éli-
minant Domergue, dont les vues ne s'ac-
cordaient pas avec celles du Comité ( 1 7 ven-
tôse, p. 553); enfin Grégoire, invité le
1"' germinal à rédiger ses idées sur ia bi-
bliographie, présentera le 22 germinal
an H un rapport à la Convention.
DE LA CONVENTION NATIONALE.
oao
tisfaction au comité révolutionnaire de i'Homme-Armé pour sa vigi-
lance ^^\
Arrêté qu'il sera accordé 1,8-75 livres pour la cinquième livraison
d'une gravure sur le rapport des nouvelles heures avec les anciennes -^
Le Comité arrête que des membres pris dans son sein se trans-
porteront dans les dépôts de la guerre, de la marine et autres dépôts
publics, qu'ils y prendront des renseignements sur l'état actuel de ces
divers dépôts et sur leur organisation; qu'ils j)résenteront au Comité
un rapport sur l'amélioration dont ces établissements peuvent être
susceptibles et sur le parti le plus avantageux qu'on peut en tirer pour
la défense de la patrie, les progrès de l'esprit public, le perfectionne-
ment des arts, et la prospérité de la République. Le Comité nomme
quatre commissaires, savoir Petit, Grégoire, Boutroue et Thibau-
deau ^^\
Arrêté que le 17 de ce mois, lorsque la Commission des arts^^^ se
rendra au Comité, il sera procédé à la reconnaissance des papiers.
Le président du Comité d'instruction publique, celui de la Commis-
sion des arts et les deux secrétaires du Comité signeront l'instruction
rédigée par la Commission des arts et qui doit être envovée aux auto-
rités constituées pour la conservation des monuments des arts et des
bibliothèques ^^K
(') La lettre du comité révolutionnaire
de la section de i'Hornme-Armé, en date
du i3 ventôse, enregistrée sous le n" 2126
(F", carton 1009^), nous apprend que
Poissonicr était un ancien conseiller d'Etat;
en procédant à son arrestation , le comité
révolutionnaire avait pris la précaution de
faire apposer les scellés sur la galerie et le
cabinet d'histoire naturelle qui se trouvaient
à son domicile.
('^^ Il s'agit du ta])loau gravé parHauin.
Voir la séance du 97 pluviôse (p. A 00) et,
pour la suite, celle (lu 29 ventôse (p. 098).
^'^ Gomme nous l'apprend une pièce qui
se trouve dans les cartons du Comité (F '^
carton 1009', n" tuAo), cette décision du
Comité l'ut prise à l'occasion d'un rapport
présenté à la Conmiission toinporairc dos
arts par David Le Roy, et intitulé : Obser-
vation Hur le liiu qu'on doit clioisir pour le
m.
(lép(k de marine et de diverses machines. Le
Roy y proposait que la collection de petits
bâtiments fût placée sur la Seine, en face
de la terrasse des Tuileries; les cartes, ma-
nuscrits, etc., seraient déposés dans un hôtel
d'émigré. Comme l'indiquent les annota-
tions écrites sur la pièce, ce rapport fut ren-
voyé par la Connnission dos arts au Coniité
d'instruction publique le i ô ventôse ; le
jour même, le Comité le renvoya aux com-
missaires désignés ci-dessus. Lue note fi-
nale» ajoute: «Ordre du jour, 19 ventôso.
I.-AL Coupé, secrétaire. n Le procès-verbal
(In 19 ventôse no dit rien.
^^^ Il y a ici un lap^^us évident du seciu'-
taire : il tant lire «la Commission dos nio-
nnnionls'i.
^'•'^ VInstruction sur la manière d'invento-
rier et de ctntserver, dans toute retendue de
la llrpuldique, tous les objets qui peuvent
3J
i|ii'i\iui:i>it !iiiio:«itt.
5/i6 PROCÈS -VERBAUX DU COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE
Les membres du jury des arts étant venu apporter leur jugement
motivé sur les prix, le Comité a arrêté qu'il sera imprimé au nombre
de quatre mille exemplaires, et que les citoyens Naigeon, Allais et Le-
sueur surveilleront l'impression ^^^
Le citoyen Joly présente des observations sur la matière première du
papier. Renvoyé à Guyton ^^K
La Société de Soisy-Marat demandant à faire usage de son église et
aervir aux arts , aux sciences et renseigne-
ment avait été lue au Gomilc le 90 nivôse
par Mathieu (p. a8^). Le même jour, le
Comité en avait décidé l'impression dans
le loruiat in-6°. L'impression étant main-
tenant sur le point d'être achevée , le Co-
mité décide quelles sont les signatures à
placer à la fin de cette pièce. L'' Instruction ,
formant une brochure in-6° de 70 pages,
parut quelques jours après (le Journal des
débats et des décrets l'annonce dans son
n" 562, correspondant au 2 5 ventôse);
conformément à la décision du Comité,
elle est signée de la manière suivante :w Le
président de la Commission des arts, Th.
Lindkt; le président du Comité, Bouquier
aine; les secrétaires, Villar, Coupé 55. Nous
connaissons deux exemplaires de cette pre-
mière édition : l'un à la bibliothèque du
musée Carnavalet, l'autre à la bibliothèque
du Musée pédagogique, qui l'a acquis à
la vente de la collection Charles Renard,
à Caen. La Bibliothèque nationale ne pos-
sède que des exemplaires d'une seconde édi-
tion faite quatre mois plus tard , et qui con-
tient, à la suite de V Instruction, p. 71, un
«Rapport sur la remise à la Commission
temporaire des arts des cartes du dépouil-
lement des ouvrages imprimés ou manu-
scrits, commencé à la (Commission des mo-
numents en 1790,7? signé Poirier et daté
du i5 messidor an 11. (Voir la séance du
Comité du 1 5 messidor an 11.) Nous donnons
aux annexes des extraits du procès-verbal
de la séance de la Commission des arts du
3o ventôse, relatifs à la distribution de Vln-
struction, ainsi que des indications sur cette
Instruction, et une analyse de son contenu.
^'^ Voir la séance du 7 nivôse, p. 2i5,
note 2. Dans sa réunion du 11 ventôse,
le jury des arts avait chargé quatre com-
missaires, Allais, Nepveu, Naigeon et Le-
sueur, de porter au Comité la minute et le
cahier des opinions et des procès- verbaux
du jury. Les procès -verbaux du jury des
arts furent imprimés à l'Imprimerie natio-
nale en une brochure de 90 pages in-S",
qu'on trouve à la Bibliothèque nationale,
V 50079, in-S". Cette brochure ne porte
pas de titre d'ensemble; au haut de la pre-
mière page on lit : Procès-Verbal de la pre-
mière séance du Jury des arts , nommé par
la Convention nationale, et assemblé dans
une des salles du Muséum , en vertu des dé-
crets des g et a5 jours (sic) de brumaire
an II de la République française une et indi-
visible, pour juger les ouvrages de peinture,
sculpture et architecture mis au concours
pour obtenir le prix. Séance ouverte à une
heure, le ij pluviôse. Au haut de la page 5
on lit : Procès-verbal de la seconde séance
du Jury des arts, le 18 pluviôse. Au haut de
la page ào : Procès-verbal de la troisième
séance du Jury des arts, le ig pluviôse. Le
jury des arts s'étant constitué, après l'achè-
vement de ses travaux, en Club révolu-
tionnaire des arts, nous verrons le 1*'' flo-
réal an II le Comité d'instruction publique
arrêter que mille exemplaires de l'opinion
motivée du jury seront remis à ce Club, et
que les trois mille autres seront remis à
la Commission des arts pour être distri-
bués dans les diverses communes de la
République.
^^^ La lettre de Joly, capitaine à la suite
du 10^* régiment, avait été enregistrée
sous le n" 2012 bis (F", carton 1009'^).
Elle manque.
DE LA CONVENTION NATIONALE.
547
presbytère pour des établissements civils, le Comité passe à l'ordre du
jour motivé sur un décret qui laisse cette faculté aux communes ^^l
Les citoyens Fourcbard et Ballet, instituteurs de Joinville, réclament
leurs honoraires. Renvoyé à Léonard Bourdon ^-^.
Le Comité d'instruction publique, après avoir entendu un rapport
de la Commission temporaire des poids et mesures sur la nécessité de
prendre des mesures révolutionnaires pour accélérer la fabrication des
poids et mesures dans toute l'étendue de la République , et en approu-
(') La pétition de la Société populaire
de Soisy-Marat, en date du 26 nivôse,
avait été présentée à la Convention dès le
28 nivôse (Procès-verbal de la Convention ,
t. XXIX, p. 297); elle est enregistrée sous
le n° 1780 (F", carton. 1009'); elle de-
mande la concession de la ci-devant église
avec le presbytère pour y former des éta-
blissements utiles : école, cliambre de com-
mune, temple de la Raison, et local pour
les séances de la Société populaire. Le dé-
cret visé par le Comité est sans doute celui
du 20 brumaire, portant que cries presby-
tères et paroisses situés dans les communes
qui auront renoncé au culte public, ou leurs
produits, seront destinés pour subvenir au
soulagement de Thumanité souffrante et à
l'instruction publiques (Voir notre tome II,
p. 863). On a vu que Coupé avait élaboré
un projet de décret ffsur la destination des
ci-devant églises et autres bâtiments pos-
sédés par des corporations particulières sup-
primées et restés vacants n (p. A60), et
que ce projet se trouvait entre les mains
du Comité de salut public.
D'où vient que le Comité d'instruction,
après avoir attendu un mois et demi, s'oc-
cupe aujourd'hui de la pétition de la So-
ciété populaire de Soisy-Marat? Probable-
ment parce que, le matin mémo, la Con-
vention , ayant à s'occuper d'une pétition des
citoyens de la commune de Mont-Saint-Père
demandant wque la maison ci-devant pres-
bytérale leur lût accordée pour leur servir
de maison d'éducationn , avait décidé <rde
passer à l'ordre du jour sur la demande en
conce sion du presbytère , motivé sur \o dé-
cret qui déclare que toutes ces maisons
appartiennent aux j habitants, et qu'ils en
peuvent disposer» (Procès-verbal de la
Convention, t. XXXIII, p. 38).
Il faut remarquer ici que, si la Conven-
tion et le Comité passent simplement à
l'ordre du jour sur les pétitions des muni-
cipalités ou des sociétés qui demandent à
disposer des églises et des presbytères pour
en faire des temples de la Raison et des
écoles, par le motif qu'un décret a déjà ac-
cordé cette faculté, l'assemblée n'agit pas de
même à l'égard dos sociétés populaires qui
sollicitent la concession d'une ci -devant
église comme local pour y tenir leurs séances ;
pour ce cas spécial il faut un décret particu-
lier, et l'autorisation n'est accordée qu'à titre
provisoire : ainsi, le 26 ventôse, la Conven-
tion rendra un décret portant que «rla So-
ciété populaire de Richemont est autorisée
à jouir provisoirement de son ancien tem-
ple, jusqu'à ce qu'il lui ait été accordé un
autre local», et un autre décret qui rac-
corde à la Société populaire do Montreuil
la jouissance provisoire de sa ci -devant
église»; tandis que dans la même séance,
sur la pétition de la Société populaire de
Rry-sur-Oise ([ui demande la jouissance de
sa ci-devant église pour en faire un temple
de la Raison, elle passe à l'ordre du jour,
tf motivé sur la loi qui accorde cette liberté»
(Procès-verbal de la Con\enlion, t. XXXIII,
pages 35 1 et 359 ).
A rapprocher de la lettre do Bontabole
(p. 507) ot du rapport de Bouquier sur
le dernier degré d'instruction (p. 57?.,
lignes Uo-Uq).
^-^ Il sera do nouveau question do cotte
réclamali» • lo mj venlôso (p. .")i)9).
33.
5/i8 PROCÈS -VERBAUX DU COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE
vant les propositions de la Commission, renvoie au Comité de salut
public l'examen de cette question, et l'invite à demander au nom des
deux Comités réunis un décret à la Convention pour charger spéciale-
ment le Comité de salut public de l'exécution de toutes les mesures
nécessaires à la prompte jouissance du bienfait de l'uniformité des
poids et mesures républicains. Le Comité d'instruction publique charge
Guyton et Fourcroy de se transporter au Comité de salut public pour
lui faire connaître cet arrêté ^^^.
Arrêté qu'il sera délivré un extrait du procès- verbal au citoyen
Pochon pour le présenter à la Commission des arts au sujet de sa
machine '*^^.
Sur la demande du citoyen Veuzel, qui annonce une façon de fleurs
artificielles, le Comité arrête que cette proposition sera renvoyée aux
botanistes du Jardin des plantes, et nomme à cet effet le citoyen
Plaichard(3).
Un arrêté du Comité de l'Opéra est présenté au Comité pour an-
noncer ['Ecole du patriotisme ^^^.
Séance levée à dix heures et demie ^^\
(') Dans sa remarquable étude Les sciences
pendant la Terreur, Georges Pouchet a écrit
ce qui suit (p. 89 de la 2' édition) : «La
construction des étalons pour les départe-
ments était en retard. Le 21 pluviôse, le
Comité de salut public, considérant qu'il
importe de favoriser par tous les moyens la
fabrication des nouvelles mesures, accepte
la proposition faite par un certain nombre
d'ouvriers de se réunir à cet efTet; il met à
leur disposition une maison du cloître Notre-
Dame ; enfin il décide qu'on leur avancera ,
sons caution, une somme de 26,000 francs.
Mais cette caution même devient une diffi-
culté; les ouvriers ne la trouvent pas; c'est
un nouveau retard. Le Comité décide alors
{Il ventôse) que les 26,000 francs seront
avancés aux artistes, à charge à eux d'en
justifier l'emploi. (Archives nationales, F^^
carton i289).w II est probable que le
rapport présenté au Comité d'instruction
par la Commission des poids et mesures,
ffsur la nécessité de prendre des mesures
révolutionnaires pour accélérer la fabri-
cation des poids et mesures dans toute
l'étendue de la République», proposait de
faire dans les départements quelque chose
de semblable à ce qui venait d'être orga-
nisé à Paris. La Commission avait déjà in-
sisté sur l'urgence de s'occuper des moyens
de distribuer le plus promptement possible
les nouveaux poids et les nouvelles mesures,
dans l'adresse lue à la Convention le 3o ni-
vôse (p. 361, lignes i3-i6). Nous n'avons
pas trouvé de décret de la Convention char-
geant le Comité de salut public de la mis-
sion que le Comité d'instruction proposait
de lui confier.
(^) Voir la séancedu i"ventôse(p./i76).
(^^ Nous n'avons pas trouvé la lettre de
Veuzel.
(*) Nous n'avons pas trouvé cet arrêté.
^^^ Pas de signature, ni à la minute ni
au registre. La minute est de la main de
Coupé, sauf les alinéas suivants, portés sur
des feuillets séparés : le premier, qui est
de la main de Grégoire ; celui qui est rela-
tif à la nomination de quatre commissaires
DE LA CONVENTION NATIONALE. 549
PIÈCES ANNEXES.
On lit dans le registre des procès-verbaux de la Commission des arts :
Séance du 3o ventôse, l'an a' de la République.
Il est arrêté que l'agent se rendra a l'Imprimerie nationale pour savoir si l'envo
du nombre des exemplaires de l'Instruction de la Commission, destinés pour le
ministre de l'inlérieur, a été efifectué.
. . .Sur la demande de l'agent du district de Bourg de l'Egalité, relativement à
différents objets déposés à Montrouge, il est arrêté qu'il sera écrit à cet agent
pour savoir de lui : i" s'il a reçu le décret du . . ^^^ pluviôse concernant la conser-
vation des objets de sciences et d'arts; 2° s'il a reçu l'Instruction de la Commission
des arts; 3° s'il connaît dans son district des citoyens capables de faire lexamen et
un choix des objets à conserver, etc. ^^^
L'Instruction, publiée par la Commission des arts forme une brochure de 70 pafjes in-^",
sous ce litre : k Instruction sur la manière d'inventorier et de conserver, dans toute l'étendue de
la Républif/ue , tous les objets qui peuvent servir aux arts, aux sciences et à l'enseignement,
proposée par la Commission temporaire des arts, et adoptée par le Comité d'instruction
publique de la Convention nationale; à Paris, de l'Imprimerie nationale, l'an second de la
RépubHque^^^n.
Les six premières pages forment une introduction générale sur la nécessité de recueillir
et de conserver les objets utiles à l'instruction publique, et sur le rôle assigné à la Com-
mission des arts. Viennent ensuite, pages 7-1 1 : I, le tableau des sections de la Commission
(les arts, avec l'indication des lettres dislinctives affectées à chacune d'elles; II, le tableau
des collections et dépôts à inventorier par la Commission des arts dans le département de
Paris, avec l'indication des signes distinclifs affectés à chacun d'eux; 111, des exemples
d'étiquettes à placer sur les objets inventoriés; IV, le plan des divisions principales d'un
cahier d'inventaires; V, le plan des divisions principales d'un catalogue méthodique. Les
pages 19-1 5 indiquent le travail à faire dans les départements, à l'exemple de celui qui se
fait à Paris, et les moyens de l'exécuter. Les pages iG-GT) sont consacrées à des réflexions
sur chacune des sections de la Commission, avec des instructions prali(|ues sur le mode de
procéder à l'égard des inventaires , catalogues et mesures de conservation qui concernent
qui doivent se transporter dans les dépôts "' Le chiflVe du quantième a été laissé
de la guerre, delà marine, etc., qui est en blanc. C'est le déciot du 18 pluviôse,
aussi de la main de Grégoire (la dernière ^'-^ Archives nationales, F'"* 7, folio /ia
phrase, contenant les noms des commis- recto et verso.
saires, est de Coupé); celui sur le rapport ^■'^ Bihiiothèque tlu musée (]arnavalet,
de la Connnission des poids et mesures n° 9()355 ; Musée pédagogi(jue, n" i 8706'.
relatif à l'accélération de la fabrication des — Cette priMuière édition est aimoncée
poids et niesures, qui nous paraît être delà dans le n" 56 tî du Jourmd dos délais et
main de Fourcroy (siiuf les deux dernières drs décrets, correspondant au a5 \entôse
lignes contenant les noms des commissaires, an 11.
qui sont de (.oupé).
550 PROCÈS -VERBAUX DU COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE
chacune d'entre elles. Enfin les pages 67-70 renferment des réflexions générales sur la
nécessité de conserver et de protéger les monuments des arts, réflexions qui se terminent
par l'analyse des décrets de la Convention du 18 du premier mois et du 3 brumaire.
Les sections de la Commission des arts et les lettres distinctives qui leur sont aflectées
sont les suivantes, d'après le tableau de la page 7 :
Histoire nalurefle, A (Minéralogie, A 1 ; Botanique, A a; Zoologie, A 3^'^);
Physique, B;
Chimie, G;
Anatomie, médecine, chirurgie, D;
Mécanique, arts et métiers, E;
Géographie et marine, F;
Fortifications, génie militaire. G;
Antiquités, H;
Dépôts littéraires, 1;
Peinture et sculpture, L;
Architecture, M;
Musique, MM;
Ponts et chaussées, M,
Soit en tout quinze grandes divisions, la première section étant divisée en trois sous-
sections.
La seconde édition de V Instruction ^^\ faite à la fin de messidor an 11, outre qu'elle con-
tient, à la suite de V Instruction proprement dite, un Rapport de Poirier (pages 71-87) et
un Errata (p. 88), présente dans la disposition du texte un certain nombre de diflerences
avec la première édition. Les pages 7 à 1 3 ont été remaniées : le tableau des collections
et dépôts à inventorier, formant le paragraphe II et allant de la page 7 à la page 10, a été
désinlerligné de manière à occuper moins de place que dans la première édition ^^^ ; l'es-
pace gagné de la sorte a permis de donner des dimensions un peu plus grandes aux mo-
dèles d'étiquettes de la page 10 et aux modèles des divisions principales d'un cahier
d'inventaires et d'un catalogue méthodique de la page 11. A la page 55, la seconde édi-
tion contient une note relative aux manuscrits, qui ne se trouve pas dans la première, et
que voici : tr Pour mettre la Commission des arts en état de juger le siècle des anciens
manuscrits, l'on pourrait en figurer le titre et deux ou trois lignes, soit par une exacte
imitation de l'écriture, soit en les calquant??. Pour faire de la place à cette note, il a fallu
remanier légèrement de la page bli à la page 58. Enfin les quatre notes du bas de la
page 70 ont été recomposées en autres caractères. A part ces différences purement typo-
graphiques, l'ouvrage est resté le même : il n'a pas été fait de changements dans le texte.
^') Dans l'impiimé original, la zoologie '-^^ Ce tableau contient, dans l'une et
a été placée avant la botanique, et porte la l'autre édition, une faute restée inaperçue
lettre A 2 ; tandis que la botanique , placée la des correcteurs : page 9, ligne 36 de la
dernière, porte la lettre A 3. Cette erreur est première édition (ligne 21 de la seconde
signalée dans un errata qui se trouve à la fin édition), on lit : « Globe de Bergerin, rue
de la seconde édition de V Instruction, 1^. 88. de la Barouillière w, au lieu de « Globe de
^^' Bibliothèque nationale. Le ^^ 711, Bergevin 7i.
in-û°.
DE LA CONVENTION NATIONALE.
551
DEUX CENT NEUVIEME SEANCE.
Du 17 ventôse an 11. [7 mars 179^-]
ViHar se concertera avec Petit pour prendre, soit au bureau de la
guerre, soit à l'Ecole militaire supprimée par un décret, tous les ren-
seignements nécessaires concernant l'administration de ladite école et
les dilapidations qu'elle a éprouvées ^'^
Duhem remplacera Petit qui était chargé d'un rapport relatif à la
pétition présentée à la Convention nationale par la citoyenne Gigot
d'OrcyC^).
Guyton-Morveau fera un rapport sur une lettre écrite au Comité
par les administrateurs au département de police et qui a pour objet
trois voitures de papiers en feuilles imprimées ^^K
On renvoie au Comité de sûreté générale une lettre du citoyen
Thillaye, membre de la Commission des arts, lequel a reçu ordre du
comité révolutionnaire de sa section de se rendre à la caserne des
Carmes, rue de Vaugirard. Le président écrira au même Comité pour
l'instruire de la conduite du citoyen Thillaye dans ladite Conimission ,
et de son exactitude à seconder le ministre de l'intérieur pour la partie
relative aux arts^^^.
(') Voir la séance du 1 1 ventôse (p. 53 1).
Celte expression du procès-verbal : wl'E-
cole mililairo supprimée par un décrets,
nous apprend (|ue le projet de décret pré-
senté par Petit à la Convention le iG ven-
tôse, et portant que cri' École militaire de
Paris, n'ayant pas été comprise dans les dé-
crets portant suppression de pareils établis-
sements, est supprimée par le présent
décret», avait été adopté (comme nous
l'avons déjà dit, le procès-verbal de l'as-
semblée n'en parle pas). Il sera (pieslion,
dans la séance du 25 messidor an 11, dos
élèves des ci-devant écoles militaires.
W Voir la séance du 1 1 ventôse (p. 53o ).
Dubem présentera son rapport an Comité
le 5 {jerminal an 11.
^'' Voir la séance du a 5 pinviôso
(p. AGi ). Le rapport do (iuyion sur ce point
spécial se trouve probablement compris
dans celui qu'il fera au Comité le 97 ven-
tôse (p. 585) sur la refonte des papiers.
(*) Sur Thillaye, voir la séance du
31 pluviôse (p. likli). La Commission des
arts s'occupa de son côté do faire rendre la
liberté à Thillaye : le ao ventôse, sur une
lettre de celui-ci, annonçant qu'il est en
état d'arrestation dans la caserne des
Carmes, rue de Vaugirard, (^lle arrête que
son président écrira au Comité de sûreté
générale, et qu'une députai ion se rendra
auprès du comité révolutionnaire do la sec-
tion delMucius Sctnola; le a5, elle éciit une
nouvelle lettre au Comité do sùrolé «jéné-
rale pour demander t qu'il soit prononcé
de suite sur les motifs qui ont provoqué
l'arrcstalion Ac Thillaye, afm que s'il n'est
pas coupable il soit rendu promptomenl à
552 PROCÈS -VERBAUX DU COMITE D'INSTRUCTION PUBLIQUE
Trois députés de la ci-devant Commission des monuments se pré-
sentent au Comité pour lui rendre compte de leurs opérations et re-
mettre sur le bureau les registres de leurs délibérations^^^ Les mêmes
députés se présenteront encore le 2 i de ce mois et apporteront avec
eux tous les papiers et inventaires qui leur ont été demandés en vertu
du décret portant suppression de la Commission des monuments ^^\
Le ministre de l'intérieur fait passer au Comité le tableau des ré-
compenses adjugées par le Bureau de consultation des arts et métiers.
Renvoyé à Grégoire ^^'.
Les mémoires du citoyen Hubert, chargé de diriger les travaux re-
latifs à la fête du 10 août, sont renvoyés au ministre de l'intérieur
pour être examinés, apurés et ordonnancés (^^.
Les deux commissaires nommés par décret du. . .^^^ et chargés de
faire un rapport sur le projet d'un nouvel aérostat présenté par le ci-
toyen Second déposent sur le bureau leurs observations. Il résulte
des conclusions des deux commissaires que le projet de Second ne peut
être exécuté, vu l'insuffisance des moyens proposés par l'auteur^^'l
ses Ira vaux w. (F^^* 7, folios 38 recto et
tio verso.) Pour la suite de cette aiTaire,
voir la séance du Comité du 29 ventôse
(p. 59M.
^^^ Ces députés, Desmarest, Moreau et
Lemonnier, venaient pour obéir à- un ar-
rêté du Comité pris le 1 3 ventôse (p. 536).
La Commission des monuments avait dé-
cidé de se réunir de nouveau le 19 ventôse,
rr pour comiaître la réponse du Comité à ses
commissaires 5^ Mais cette réunion n'eut
pas lieu; les membres de la Commission
comprirent qu'ils ne pouvaient continuer
plus longtemps à s'assembler, d'autant
plus qu'ils s'étaient dessaisis du registre de
leurs procès-verbaux, remis sur le bureau
du Comité d'instruction publique. Grégoire
et Arbogast furent cbargés (voir p. 56a)
d'aller recevoir les papiers de la Commis-
sion des monuments; ils rendront compte
de leur mandat le 2 3 ventôse (p. 569).
(-' Les députés de la Commission des
monuments ne reviendront que le 2 3 ven-
tôse (p 56a).
^•■^^ Une lettre du ministre de l'intérieur,
transmettant l'état imprimé des récompenses
décernées depuis le 19 novembre 1791 au
1" janvier 1798, avait déjà été renvoyée à
Grégoire le 2 3 nivôse (p. 979). Cette fois
il s'agit de l'état promis dans la lettre du
Bureau do consultation du 19 pluviôse (voir
p. 378). Nous n'avons pas trouvé ce nouvel
état dans les cartons du Comité. Pour la
suite, voir la séance du 3 germinal an n.
'-'^^ Voir la séance du 1 1 ventôse (p. 53o).
Une réclamation de Hubert sera mentionnée
au procès-verbal du 9 prairial an 11.
^^^ La date du décret a été laissée en
blanc tant au registre qu'à la minute. Il
faut lire : wpar décret du 2 5 du premier
moisw.
^''^ Jean-Louis Second, député de l'A-
veyron, était un homme de loi, et n'avait
par conséquent pas de connaissances spé-
ciales en physique et en mécanique. Il n'en
avait pas moins inventé, croyait-il, un moyen
de diriger les ballons, et la Convention,
sur sa demande, avait désigné, le 20 du
premier mois, Guyton-Morveau et Fourcroy
comme commissaires pour examiner son
DE LA CONVENTION NATIONALE.
553
Le citoyen Roliberger, inventeur de la gammofjraphie, fait plusieurs
demandes en faveur de son art. Renvoyé au Comité des inspecteurs de
la salle (Il
La Société populaire de Poitiers envoie un extrait du registre de ses
séances, relatif à une fête civique. Le citoyen Denesle, membre de
cette société, fait hommage au Comité de quelques couplets analogues
à ladite fête. Renvoyé à Mathieu ^~K
Sur la proposition d'un membre, il est arrêté que tous les commis
attachés au Comité d'instruction publique seront tenus de présenter
un certificat de civisme et de rendre compte de leur conduite révolu-
tionnaire depuis 1789.
Domergue quittera sa place de premier commis à la biJiliogra-
phie^^l
Les commissaires de la section de bibliographie rendront compte
du travail de tous les commis.
projet et en faire le rapport. (Voir p. 3,
note 8, et p. 7.) Le rapport do Fourcroy et
(juyton se trouve dans F^', carton 1705,
n° a33i.
^') Sur Rohberger de Vausenville, voir
la séance du 7 pluviôse (p. 338). L'inven-
teur de la gammographie avait été renvoyé
au iîureau de consultation des arts et mé-
tiers. On lit dans les procès-verbaux de ce
Hureau, séance du 19 pluviôse : «Le Co-
mité d'instruction publique envoie au Bu-
reau les papiers du citoyen Vausenville,
auteur de l'art gammographique. Le Bui-eau
décide qu'il ne peut s'occuper de cette af-
faire, le citoyen Vausenville ayant acquis
lin brevet d'invention pour Tobjet qu'il
présente aujourd'liui.77 Bobbergcr, en con-
séquence, revint à la cliarge auprès du
Comité, et demanda de nouveau : « i° que
le brevet d'invention qu'il avait obtenu fût
exécuté conl'ormément à la loi du 17 janvier
1791; 2° des avances |)()ur mettre son art
en activité, sous le contrôle d'un agent
nommé par la Convention; 3" à être em-
ployé comme rayeur-régleur des registres
du gouvernement, se faisant fort d'écono-
miser à la nation plus de 3oo,()0() livres
par an; V' im logouicnl vaste et commode
où il pût établir ses travaux n. La pétition
de Robberger, enregistrée sous le if 9060
(F^', carton 1009-), manque; la cbemise
porte cette note : « Renvoyé au Comité des
inspecteurs de la salle, 17 ventôse. Villar,
secrétaire. n Mais cette même cbemise ren-
ferme encore un extrait du procès-verbal
du Bureau de consultation du 1 9 pluviôse
et une lettre d'envoi de cet exltail, signée
par Laplace comme vice-président , du 6 ven-
tôse an II.
^'-) Nous n'avons pas trouvé l'envoi de la
Société populaire do Poitiers ni les couplots
de Denesle. Donesle, ilirecteur- démon-
strateur du Jardin des plantes de Poitiers,
avait déjà écrit à deux reprises au Comité,
le 19 janvier 1798 (F'", carton loo'i,
n" 336) et le 5 nivôse an 11 (F", carton
ioo8\ n°* i5Go et i565); il sera de
nouveau question de lui le T) prairial an 11.
^•'^ Voir p. Vio. Nous ne saxons pas au
juste los niolils (jui engagèrent le Comité
à (b'cidoi- le renvoi do Domergue. Une lettre
de celui-ci, qu'on IrouNOra aux annexes do
la séance du tîi ventôse (p. 5Co), semble
indi(pier qu'il s'était élevé des dis-^ontimonls
outre lui ot les comnussaires de la soclioii
de bibliograpbie au sujet du plan à suivre.
55^ PROCÈS -VERBAUX DU COMITÉ D'INSTRUCTION PURLIQUE
Il sera accorde un logement au garçon de bureau de la section de
bibliographie, après en avoir conféré avec le Comité des inspecteurs
de la salle ^^'.
Sur le rapport de Duhem, le Comité arrête le projet de décret sui-
vant :
1 ° A compter de la date du présent décret, le traitement annuel des professeurs
astronomes de la République sera porté à la somme de 2,5oo livres.
9." Le ministre de l'intérieur est chargé d'acquérir le nouvel instrument éqna-
lorial ou lunette ])arallactique du citoyen Haiipoix, et d'en payer la valeur siu' les
fonds destinés à ravancement des arts^'^^
La séance est levée à onze heures ^^^
^•) Voir la suite de ce qui concerne il s'agissait d'estimer la valeur de la lunette
la bibliographie à la séance du ;î3 ventôse de Haupoix. Voir la séance du 19 ventôse
(p. 56^. (p. 558).
^^^ Voir les séances des 1*'" et 5 ventôse (■'') Cet alinéa n'est pas à ta minute,
(pages 678 et ^96 ). Le projet de décret Pas de signature, ni à la minute ni au
de Duhem dut encore être modifié sur un registre. La minute est de la main de
point avant d'être présenté à la Convention : Villar.
DE LA CONVENTION NATIONALE. 555
DEUX CENT DIXIÈME SÉANCE.
Du 19 ventôse an 11. [9 mars 179^.]
Le citoyen Belair prosente au Comité un mémoire imprimé sur la
suppression des jachères. Mention honorable ^^K
Le citoyen Jeaurat, astronome, envoie au Comité l'indication de ses
travaux astronomiques, avec cinq estampes représentant des instru-
ments astronomiques ('^^. Renvoyé aux citoyens Arbogast et Mathieu pour
faire un rapport général sur les savants qui avaient des pensions sur
les caisses des académies et sur ce qu'il convient de leur accorder pour
les secourir et indemniser ^^\
Le citoyen Brisson annonce un aimant armé qui était à Versailles
destiné à l'instruction des enfants de Capet. Renvoyé à la Commission
des arts ^^\
Le citoyen Maget, ancien chirurgien de marine, demande une pen-
sion. Renvoyé au Comité de liquidation ^^l
Mandar demande, par l'organe du ministère de la marine, une gra-
tification pour une traduction d'un voyage anglais. Renvoyé à Jay
Sainte-Foy pour examiner cet ouvrage ^^^
(1) C'est ie général Julienne-Belair (voir gens de lettres et artistes reviendra à l'ordre
t. II, p. 21 A). Le mémoire a été enregis- du jour le 17 germinal an 11, et ce sera
tré sous le n° 3187 (F'', carton 1009^ la Grégoire qui continuera à être chargé do
pièce manque). Belair avait fait hommage à cette affaire.
la Convention, le 6 ventôse, d'un ouvrage (*) Voir comme annexe (p. 558) un ex-
sur l'agriculture (Procès-verbal, t. XXXII, trait du procès-verbal de la séance do la
p. 923). Il sera question d'un nouveau mé- Commission des aris du aô ventôse an 11.
moire de Belair le 3 germinal an 11. (5) Philbert Maget . ancien chirurgien-
(2) Voir la séance du 9 pluviôse (p. 36o) major de la marine, demandait une pen-
et, pour la suite, celle du 1 3 messidor an II. sion et envoyait un ouvrage intitulé VArt
(■'^ Le rapport dont sont chargés ici Ar- de guérir radicalement les hei^nies. La péti-
bogast et Mathieu, et qui concerne unique- tion et l'ouvrage avaient été enregistrés
ment les savants qui avaient des pensions sous le n° :ui8 (F'', carton 1009-); ils
sur les caisses des académies, parait dis- manquent. On ht sur la chemise : çrHecotn-
tinct du rapport général sur les encoura- mandé par le citoyen Valdruchc. — Ren-
gements à donner aux arIs et aux sciences, voyé au Ciomilé de licpiidation , 19 ven-
confié le 21 pluviôse à Léonard Bourdon, tôse. J.-M. Coipk, secrétaire. r>
Grégoire et David (p. A/i3). Toutefois nous ("^^ Thcophilo Mandar, homme de lettres,
ne verrons pas Arbogast et Mathieu pré- traducteu!- de divers livres anglais, avait
senior de rapport particulier. La question lait honunage à la Convention, lo -.19 jau-
dos secours et récompenses aux savants, vier 179^, d'un ouvrage Sur les rapports
556 PROCÈS-VERBAUX DU COMITE D'INSTRUCTION PUBLIQUE
La proj)osition faite à la Convention d'empécher la sortie des livres
hors du sein de la République est renvoyée à Grégoire ^'l
La commune de Brioude envoie les procès-verbaux de la fête qu'elle
a célébrée sur la prise de Toulon. Renvoyé à Mathieu ^^'.
Observation de la commune de Tain'^^ sur le changement du mot
de maire. Renvoyé à Grégoire ^'^\
Viliar est nommé rapporteur d'un manuscrit sur une grammaire
du citoyen Cabley ^^\
Mathieu est nommé rapporteur sur des articles additionnels à la loi
contre les contrefaçons des ouvrages de musique ^^\
Stain réclame la médaille pour les commissaires des assemblées
primaires. Renvoyé aux commissaires de la salle (''^
La commune de Castel-Sarrasin demande à changer de nom. Ren-
voyé à la commission chargée de ces demandes ^^^.
des insurrections avec la liberté et la prospé-
rité des empires (F^', carton loo/i , n" Sga ).
^'ous l'avons vu plus tard membre de la
Commission des arts, rédigeant un rap-
port sur le cabinet du général Monlalem-
bert (t. Il, p. 517). Il était maintenant
juge au tribunal de Porrentruy, départe-
ment du Mont-Terrible. Dans la séance de
la Convention du 28 nivôse avait été lue
une lettre de l'adjoint au ministre de la
marine demandant une gratification de six
cents livres en faveur de Mandar, pour sa
traduction du Voya^re en retour de l'Inde en
Europe, par terre, de Thomas Hovvell;
l'assemblée renvoya la lettre aux Comités
des finances et d'instruction publique; elle
a été enregistrée sous le if 2121 (F'^,
carton 1009^; la pièce manque). Le 18 plu-
viôse, jMandar écrivit de Delémont deux
lettres au Comité, pour le prier de pres-
ser le rapport sur la gratification, et pour
lui demander l'envoi de tous les imprimés
de ses travaux, attendu qu'il s'occupe d'un
travail sur l'instruction publique (F'', car-
ton 170.3, n° 1896); à ces lettres est joint
un numi'ro du Journal de France politique
et littéraire, contenant un compte-rendu de
la séance de la Convention du 28 nivôse.
Pour la suite, voir la séance du Comité du
9 germinal an 11.
^'^ Le i3 ventôse (p. 538), le Comité
avait décidé de ne pas faire de rapport sur
cette proposition.
^^) Ces procès-verbaux ont été enregistrés
sous le n° 2107 (F^^ carton 1009^); les
pièces manquent.
^^^ La minute et le registre écrivent à
tort: cfd'Etainn.
^^^ La Société populaire de Tain, dis-
trict de Valence (Drôme), dans une lettre
du 6 pluviôse lue à la Convention le 18 plu-
viôse (Procès -verbal, t. XXXI, p. /ii),
faisait observer que le nom de maire rap-
pelait le temps de la tyrannie, et elle en
demandait un autre plus républicain. Cette
lettre est enregistrée sous le n° 2108 (F'',
carton 1009-). Pour la suite, voir la séance
du 1" germinal an 11.
(^) Une lettre de Cabley, sur des chan-
gements à faire dans l'orthographe, avait
déjà été renvoyée à Mathieu le 19 nivôse
(p. 25/1).
'•^^ Voir la séance du 1 1 ventôse (p. 53o)
et, pour la suite, celle du 26 ventôse
(p. 069).
^'^ La réclamation de Stain a été enre-
gistrée sous le n" 2090 (F^', carton 1009^);
la pièce manque.
^^) La lettre de la commune de Castel-
Sarrazin, qui demandait à s'appeler Mont-
DE LA CONVENTION NATIONALE. 557
La Société populaire de Metz demande le rapport du décret (jui or-
donne une fête à l'occasion du supplice du dernier tyran. Petit rap-
porteur ^^^.
Les citoyens André et Gabriel Boudeville étant venus annoncer au
Comité d'instruction publique un moyen nouveau d'arrêter les incen-
dies et surtout ceux occasionnés par l'artillerie sur les vaisseaux ou
villes assiégées, le Comité d'instruction publique les a renvoyés au
Comité de salut public, section des armes, pour lui en donner com-
munication sans délai ^^l
Le citoyen Mathieu est chargé de rendre compte au Comité de la
carte volcanique d'Auvergne ; et la nation exercera son droit sur ce tra-
vail du citoyen Desmarest par le prélèvement de mille exemplaires ^^^
Sur le rapport fait par Mathieu concernant une lettre du citoyen
directeur du Dépôt de la guerre, sur le dépôt provenant de l'émigré
Casiries ^^^ après discussion le Comité arrête : i" que l'inventaire en-
voyé par Calon n'est pas suffisamment détaillé, vu la destination et
l'importance des objets; 2° que la Commission des arts est chargée de
préparer un travail sur la manière la plus convenable de recueillir,
d'inventorier, de classer et répartir les différents manuscrits ou papiers
trouvés chez les émigrés et, en général, dans les domaines nationaux-;
3° que les manuscrits précieux, dans les circonstances actuelles, pour
l'attaque ou la défense des places, seront mis à la disposition du Comité
de salut public.
La Commission des arts prendra les moyens propres à parvenir a la
découverte de tous les manuscrits importants ({ui sont dispersés chez
les différents particuliers et à exciter sur ce point l'attention de tous
ceux qui pourront avoir des renseignements ^^^
Sarrazin, a été lue à la Convention le carton looç)-); la p'n'HO manque: ello est
17 pluviôse (Procès-verbal, t. XXXI. p. 19); mentionnée dans Tctat de la centurie, joint
elle a été enregistrée sous le n" ao8i (F^^ au carton.
carton 1009-); la pièce n'est pas en place. ^'^ La découverte des frères Boudeville
Une nouvelle demande de celle comnmne sera do nouveau présentée au Comité le
parviendra au Comité le 5 {jermiual au 11. 7 tloréal an n.
^'' Le décret ordonnant que Tanuivcr- ^-^^ Voir la séance du 37 nivôse (p. j^a)
saire de IVxérution de Louis XVI serait ce- et, pour la suite, colle du -j^ ventôse
l('l)ré toutes les années avait été l'oiidu par (p. 3G8).
la Convention le 0. pluviôse, à la suite ^*) Voir la séance du 5 ventôse (p. '19-^ ).
(Tune pétilion de la Société des Jacobins. (^' Voir, au sujet des manuscrits, la pro-
La pélition i\o la Société jmpulairo do Metz position déjà faite le i3 ventôse (p. r)o7 ), et,
avait été enregistrée sous le n" :uo:j (F'', poin- la suite, la séance du 19 lloréal an 11.
558 PROCÈS -VERBAUX DU COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE
Duval est chargé du rapport sur l'ouvrage du musicien Durieu ^^\
Arbogast et Duliem sont chargés de se concerter avec Lagrange
|)()ur l'estimation de l'instrument astronomique équatorial du citoyen
Haupoix (-L
Séance levée à dix heures ^^\
PIECE ANNEXE.
On lil dans le registre des procès-verbaux de la Commission des arts :
Séance du 25 voiitôse, l'an 2* de la République.
Le ciloyeri Besson ayant consulté le Comité d'instruction publique sur l'usage
qu'il doit faire d'un aimant armé, provenant du mobilier du ci-devant roi, un
membre de la section de physique est chargé de le recevoir, et de le placer dans
le cabinet de la ci-devant Académie des sciences ^^^
'*^ Diirien avait présonté le 19 pluviôse
à la (Convention, qui l'avait renvoyé au
(jomilé, un ouvrage sur une nouvelle mé-
thode de musique vocale (Procès-verbal,
t. XXX, p. 217). Le 93 pluviôse, le Co-
mité chargea Valdruche de l'examen de
cet ouvrage; le procès-verbal du Comité
n'en dit rien, mais nous comiaissons le fait
par une note de Coupé, qui se trouve en
marge d'une lettre écrite ce même jour
par Durieu au président du Comité (F'',
carton 1708, n° 1891). Il n'est plus ques-
tion de Durieu dans les procès-verbaux;
les annotations portées sur la chemise qui
contenait une autre lettre de lui (F^^, car-
ton loioS n° 3608) nous apprennent que
cette dernière lettre fut lue au Comité le
9 germinal an 11 et que le ai germinal
Durieu relira lui-même sa pétition et son
ouvrage, par le motif que ce si cet ouvrage
était destiné à concourir, un autre pour-
rait s'en approprier le mériten.
i^^) Voir la séance du 1 7 ventôse (p. 556)
et, pour la suite, celle du 2 5 ventôse
(p. 570).
(^^ Pas de signature, ni à la minute ni
au registre. La minute est de la main dq
Coupé, sauf l'alinéa sur l'émigré Castries,
qui est de la main de Mathieu.
(*^ Archives nationales, F"* 7, folio 89,
verso.
DE LA CONVENTION NATIONALE.
559
DEUX GEAT ONZIEME SÉA>CE^".
Du 2 1 ventôse an ii. [i i mars 179^.]
Le citoyen Momoro vient apporter des renseignements sur l'édition
des œuvres de Marat. Il est invité à les communirjuer au citoyen Lindet,
rapporteur de cette affaire, et à se concerter avec lui^'^\
Mathieu, inspecteur du Comité, est chargé d'examiner les papiers
qui se trouvent à l'entrée du Comité; et, après l'examen, de les ren-
voyer, s'il le juge à propos, aux inspecteurs de la salle '^l
Lettre de Domergue, renvoyée aux commissaires préposés à la biblio-
graphie pour en rendre compte au Comité ^^^
(•) Cette séance est la dernière qui sur le
rejjistre porle un numéro d'ordre ; à partir
d'ici, le copiste du Comité s'est abstenu de
donner ce genre d'indication. L'écart entre
notre numérotage et celui du registre est , de-
puis la séance du 1 7* jour du premier mois
(voir t. Il, p. 598), de quatre unités; la
séance du 2 1 ventôse est désignée sur le re-
gistre comme la deux cent septième. Nous
continuerons à donner jusqu'au bout aux
séances un numéro d'ordre, cette indication
pouvant avoir son utilité,
(^^ Voir la séance du 1 1 ventôse (p. 53o),
où le Comité avait pris un arrêté chargeant
son rapporteur de se concerter avec le Co-
mité des finances et de proposer à la Con-
vention d'accorder les avances nécessaires
pour la publication des œuvres de Marat.
Momoro n'eut pas le temps de se concerter
avec Lindet, car, deux jours plus tard, il
était arrêté comme conspirateur. A la date
du 21 ventôse, après un conflit passager
entre les Cordeliers et les Jacobins, l'union
entre les deux clubs paraissait rétablie
(séance des Cordeliers du lA ventôse : dis-
cours de Carrier et d'Hébert, provoquant à
l'insurrection; séance des Jacobins du iG:
discours conciliant de Collot d'Iloibois;
séance des (^ordelieis du 17 : députation
(les Jacobins aux (Cordeliers, conduite par
(iollol (THerbois, explications l'écinrotpics
et serment d'union ; séance des Jacobins
du 9.9^ : députation des Cordeliers aux
Jacobins, nouvelles assurances de frater-
nité); mais le 28 ventôse, Saint-Just lisait
à la Convention son rapport sur la wconju-
ration ourdie contre le peuple français et
sa liberté», et la nuit suivante Ronsin,
Vincent, Hébert, Momoro étaient arrêtés.
Ils furent guillotinés le 4 germinal avec
Anacbarsis Clools et quelques autres. —
La question de la publication des œuvres
de Marat reviendra à l'ordre du jour le
2 5 messidor an 11.
(^) Il ne s'agit pas ici des trois voitures
})leines de papiers imprimés dont il a été
question dans les séances des 20 pluviôse
et 17 ventôse (pages 660 et 53 1). Comme
la suite le montre, ce no sont pas des
papiers destinés à la refonte, puiscpi'ils
seront en partie déposés dans des cartons.
(Voir la séance du a5 ventôse, p. 370).
^*^ Nous donnons aux annexes la lettre
lie Domergue. L!n arrêté du Comité pris le
17 ventôse (p. o;)'i) avait or(b)nnê que
ff Domergue quitterait sa place de premier
commis à la bibrKtgrapliie-i. Dans la séance
(lu '\',\ (p. 56'! ), le (ion)ilé rêgleia la (pies-
tion des ajipoinlemenls dus à Domergue,
nommera Bardcl comme son remplaçant,
et ado])tera un rè|[lement poin- l'ordie du
travail de la Mbliogiapbie. Dans celle du
560 PROCÈS -VERBAUX DU COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE
r
Etat des livres du district de Marennes propres à être remis en ma-
tières. Renvoyé a la bibliographie.
Députation de la section des Piques pour consulter le Comité sur un
mode d'exécution des écoles primaires. Arrêté que ce mode sera renvoyé
pour le concours.
Précis sur la canne à sucre, mémoires sur le sucre et vin de canne à
sucre, sur l'indigo, etc., présenté par le citoyen Dutrone. Renvoyé
au Comité des colonies et d'agriculture ^^^.
Le citoyen Gadolle présente une brochure sur l'instruction de la
jeunesse ^^\
Le citoyen Bouquier fait lecture de son projet sur l'enseignement
des sciences. La discussion est ajournée à la prochaine séance ^^^.
Le citoyen Mathieu a proposé de reconnaître nationale la pro-
priété. . . ('^^
La séance est levée à onze heures ^^K
PIECE ANNEXE.
LETTRE D'URBAIN DOMERGUE AU COMITE D^INSTRUCTION PUBLIQUE
(6)
Piimidi, 2 1 ventôse, Tan deux de la République une et indivisible.
Citoyens ,
J'ai reçu avec soumission l'arrêté qui m'ordonne de quitter ma place. Je ne
l'avais pas demandée; le Comité, qui m'avait compris dans la liste des auteurs des
ouvrages élémentaires ^'\ me la donna pour me retenir à Paris, d'oià l'on me rappe-
lait pour remplir une chaire de langue française. Son intention était qu'en surveil-
27 ventôse (p. 587), il passera à l'ordre du
jour sur la demande de Domergue de con-
server une partie du logement qu'il occu-
pait.
^^^ Voir la séance du 2 1 pluviôse (p. A/12)
et celle du 3 messidor an n.
^^) La lettre de Gadolle, ci-devant in-
stituteur, se trouve dans F'^ carton 1009^,
11° 2169. Sa brochure est intitulée Obser-
vations sur Véducation publique. Il en avait
déjà fait hommage à la Convention par
lotire du 18 décembre 1792 (F^', carton
] 00/i , n" 30/4).
'^^ Bouquier avait, dès le 19 pluviôse
(p. ASi), In au Comité un rapport et un
projet sur les degrés supéiieurs d'instruc-
tion publique; la discussion en avait été
ajournée. Pour la suite, voir la séance du
23 ventôse (p. 563).
^'*) Ce commencement de phrase ne fe
trouve qu'à la minute. Après ces mots, le
secrétaire a écrit, entre parenthèses : «pla-
cer ici sa rédaction '•> ; mais il a négligé de
remplir la lacune.
^^^ Pas de signature, ni à la minute ni
au registre. La minute est de la main do
Coupé.
^•^^ Archives nationales , F", carton 1703
(dans la chemise marquée 187'! bis).
('' Voir t. Il, p. 21C
DE LA CO^JVENTION NATIONALE. 561
iant le travail bibliographique , je ne perdisse pas de vue le travail particulier qu'on
attendait de moi.
J'ai rempli cette double tâche, autant que je l'ai pu; et, pour me renfermer
dans la bibliographie, l'étude que j'ai faite des choses et des hommes m'a per-
suadé :
1° Que le plan qu'on suit est vicieux, et ne conduira que par un très long
chemin au but que l'on se propose, comme je l'ai exposé dans un rapport que jai
fait au Comité, il y a environ deux mois ^^';
2° Que les hommes employés à la bibliographie doivent être soumis à un
règlement qui fixe et les heures du travail et le nombre des cartes à dépouiller;
3° Que, chaque décade, le chef du bureau doit rendre compte aux membres
composant la section bibliographique de la conduite des préposés et du résultai
du travail.
C'est depuis mon rapport, sur iequd on espérait de jour en jour qu'd serait
statué, que les bibliographes, incertains si l'on suivrait l'ancienne marche, ou si
l'on adopterait le nouveau plan, ont vu ralentir leur zèle. Ce n'est pas à moi qui
ai le malheur d'avoir encouru la disgrâce du Comité à inculper personne.
Mais en quittant ma place, je forme un vœu que je supphe le Comité de ne pas
rejeter, c'est de coopérer à la rédaction du plan à suivre, du règlement et de la
nouvelle instruction motivée qu'il convient de publier et d'envoyer à tous les
directoires de département et de district.
La perte de ma place m'afflige; mais je ne serai pas inconsolable, si le travail
important de la bibliographie peut tirer, au moment de ma retraite, quelque avan-
tage de mon expérience et de mes observations.
Urbain Domergde.
P. S. Sur le point de rétablir la Société des amateurs de la langue française ^"\
je désire que le Comité me laisse la jouissance d'une pièce conliguë aux bureaux ,
pièce qui leur est inutile et m'est indispensable, ainsi que d'un cabinet sur le
derrière. Une institution dont le but est de rendre la langue de la liberté plus
accessible à tous et plus digne de notre régénération me parait devoir intéresser le
Comité d'instruction publique.
SuscrlpLion :
Aux citoyens composant le Comité d'instruction publiipie, à Paris.
En marge : rrRonvoyé aux commissaires de la bihliographlo pour en rendre compte au
Comité. 9 1 ventôse. J.-AL Counî, secrétaire. n — rrOrdre du jour, 37 ventôse.''
(') Il s'agit sans doute du rapport sur la ('-^ Cette Société, fondée eu 1791, avait
bibliographie générale, présonié par Do- publié jxMulanl un an le Jotimal de la
mergue au Comité le 3 1 brumaire. Voir ce laiifriie française , suite do celui (pie Do-
docnment au tome II , p. 79."). Mais il y avait meigue avait publié à byou sous le même
quatre mois, et non deux, que ce ra[)[)ort titre de 178^1 à 1791.
avait été fait.
III.
36
iHi<riyinir. x»tiox\ii.
562 PROCÈS -VERBAUX DU COMITE D'INSTRUCTION PUBLIQUE
DEUX CENT DOUZIEME SEANCE.
Du 23 ventôse an u. [ i3 mars 179^.]
Grégoire rend compte de la réception des papiers de la Commission
des monuments supprimée, dont il avait été chargé avec Arbogast^^^; et
ayant demandé qu'il fut donné un récépissé de ces papiers et registre
à cette (Commission, le Comité passe à l'ordre du jour motivé sur ce
que cela avait déjà été arrêté.
Un membre propose ^'-^ : i"* que les députés de la Commission des
monuments soient admis à la séance; 2° qu'il leur soit donné acte du
dépôt de leur registre de délibérations; 3" que leur registre soit clos et
arrêté ; à° qu'il leur soit demandé s'ils ont rendu compte au ministre de
l'intérieur de leur administration et de l'emploi des fonds à eux destinés.
Cette demande leur ayant été faite, ils ont répondu qu'ils rendraient
ce compte au ministre de l'intérieur.
Les mêmes commissaires autorisés à donner décharge à la ci-devant
Commission des monuments de ses papiers le sont aussi à leur donner
décharge du registre de ses séances ^^^.
Note concernant des monuments précieux existant à Sceaux,
(^) Le procès-verbal de la séance n'a pas
parlé de la mission confiée à Grégoire et à
Arbogast; mais le texte du présent procès-
verbal montre clairement que les deux com-
missaires avaient dû être nommés le 17,
et s'étaient rendus au local de la Commis-
sion des monuments pour y recevoir les
papiers.
(-) On lit à la minute le commencement
d'une première rédaction biffée, qui est
ainsi conçue : cr Mathieu propose de de-
mander à la Commission qu'elle rende
compte. . . n L'alinéa qui a pris place dans
le procès-verbal , au lieu de la rédaction
inachevée du secrétaire , est de la main de
Mathieu, et se trouve sur un feuillet séparé.
^^'> Conformément à la proposition faite
plus haut, que le registre des délibérations
de la Commission des monuments, déposé
le 17 ventôse sur le bureau du Comilé, fût
clos et arrêté, et que les commissaires Gré-
goire et Arbogast en donnassent décharge à
la Commission, les lignes suivantes furent
écrites séance tenante dans le registre , de
la main de Grégoire, immédiatement après
le procès-verbal de la séance de la Com-
mission du 16 ventôse :
w Aujourd'hui vingt-trois ventôse Tau
second de la République une et indivi-
sible, les citoyens soussignés, membres du
Comité d'instruction publique , chargés par
lui de vérifier et de clore le présent re-
gistre, ayant pris connaissance dudit re-
gistre, et barré tous les blancs, ont clos le
registre après avoir reconnu qu'il était
composé de deux cent septante-deux pages,
la page cent nonante-un étant double, et
intercalée. Fait au Comité d'instruction
publique les jour et an ci-dessus. Grégoire,
Ahbogast.-"
DE LA CONVENTION NATIONALE.
563
remise par les membres de la ci-devant Commission des monuments.
Renvoyée à la Commission des arts.
Liste des émigrés dont on a reçu les effets à la maison de Nesle par la
ci-devant Commission des monuments. Renvoyée à la Commission des arts.
Un membre ^^^ propose : i° qu'il soit tenu des cartons pour la corres-
pondance des départements, relativement aux travaux de la Commission
des arts; 2° qu'il soit tenu note par ordre de date, sur un registre, des
pièces formant cette correspondance.
Trait de bravoure de Groslaire. Renvoyé à Bourdon ^'^K
Bouquier reprend la lecture de son projet d'enseignement des
sciences ^^\ Il est discuté article par article.
Un membre propose que le Comité d'instruction publique se con-
certe avec le Comité de salut public pour charger nominativement les
savants les plus propres à composer les livres élémentaires destinés à
l'instruction publique, et que l'indication de ces savants sera faite à la
prochaine séance ^^^.
Un membre propose de nommer des commissaires pour assister à
la levée des scellés apposés sur les papiers de Cassini; le Comité
(') Ce membre est Mathieu. L'alinéa a
été rédigé par lui, ot se trouve sur un
feuillet séparé, écrit de sa main.
(2) Voir p. 59^1.
(•■'^ La minute porte ici, entre paren-
thèses, cette note du secrétaire : «Il sera
inscrit à la finw. Mais le projet de Bouquier
n'a pas été transcrit; la discussion d'ail-
leurs n'en a été achevée que dans la séance
suivante. Voir p. 56o.
^*^ Il nous paraît probable que la propo-
gillon faite ici s'applique non aux livres élé-
mentaires destinés aux premières écoles,
puisque la composition de ces livres avait
été mise au concours par le décret du g plu-
viôse, mais à la composition dos livres des-
tinés au dernier degré d'instruction. Déjà en
décembre 179a, Arbogast, dans son liap-
port sur la composition des livres élémentaires
destinés à l'instruction publique , avait pio-
posé ce mode do composition. Il disait :
«Votre Comité a cru devoir vous proposer de
charger diroctomont les hommes les plus
éclairésdo la composition des ouviages pour
les instituts, et d'ouvrir un concours pour
ceux des écoles primaires et secondaires.?)
(Voir notre tome I", p. 97.) Fourcroy éga-
lement, dans son discours du 19 frimaire,
avait proposé que, pour l'enseignement des
sciences et des arts, on se procurât les
livres élémentaires «non par un concours
qui exige un temps trop long et qui mul-
tiplie les difficultés, mais par un choix fait
parmi ceux qui existent déjà, et que la ré-
daction de ceux qui manquent lut confiée
à (les patriotes éclairés, par le Comité d'in
struction publique??. (Voir le présent vo-
lume, p. 10a.)
Le membre qui venait de faire au Co-
mité la proposition relatée par le procès-
verbal — c'est probabloment Arbogast ou
Fourcroy — demandait que la désignation
dos savants charg<''s de l'édigor h>s livres élé-
mentaires eût li»Hi dès la séance suivante.
Mais celte motion n'eut pas do suite pour
le moment; elle était en contradiction tant
avec le (h'crfl du 9 pluviùso qu'avec le plan
présente par lioutpiiei'. Le projet de détTol
.)!(
564 PROCÈS -VERBAUX DU COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE
nomme Arbogast et Proiiy, d'après l'arrêté du Comité de sûreté géné-
rale (').
Un membre ^'^^ propose de faire accorder à la citoyenne Masson un
supplément de gratification pour son procédé sur les papiers, et de
proposer un concours pour tous les ouvriers qui, pendant un temps
donné, indi(|ueront des procédés analogues à ceux de la citoyenne
Masson ; il demande à être autorisé à se concerter avec la Commission
des approvisionnements et à proposer à la prochaine séance un projet
de décret a cet égard. Arrêté ^^^
Labenne recevra ses honoraires du jour de son admission (^^, et Do-
mergue jusqu'au jour de l'arrêté qui lui a été signifié sur la cessation
de ses travaux ^^^.
Un membre ^^'^ propose un projet de règlement pour Tordre du tra-
vail de la bibliographie; il est arrêté ainsi qu'il suit :
do Bouquier sur le dernier degré d'instruc-
tion contenait en effet la disposition sui-
vante (article 3 de la section P^) : r? Elle (la
Convention) charge son Comité d'instruc-
tion de faire choix des livres élémentaires
existants des diverses sciences et arts qui
doivent concourir à la perfection de l'in-
struction publique, et d'accélérer par i a
voie du concours la composition de ceux
qui manquent ^1. Ce fut seulement après le
9 thermidor, quand le plan de Bouquier
eut été écarté, qu'on verra le Comité re-
noncer au système du concours , et désigner,
le i" brumaire an m, neuf savants ou
hommes de lettres qu'il charge de rédiger
les livres élémentaires suivants : livre élé-
mentaire de morale républicaine (Bernar-
din de Saint-Pierre); éléments de calcul et
de géométrie (Lagrange); éléments d'his-
toire (Garât); éléments de lecture et d'é-
criture (Sicard); éléments de grammaire
(Pougens); éléments d'histoire naturelle
(Daubenton); explication des droits de
l'homme et de la constitution (Volney);
description et usage des instruments de
l'industrie de l'homme (Monge); éléments
des principaux phénomènes de la nature
(Haiiy). Le concours ouvert par le décret
du 9 pluviôse an ii pour la composition de
neuf livres élémentaires destinés aux pre-
mières écoles n'en fut pas moins maintenu;
et un certain nombre des ouvrages présentés
à ce concours seront couronnés en l'an iv.
^^^ Voir la séance du i" ventôse (p. ^79).
Cassini avait été arrêté comme suspect le
a6 pluviôse, sur une dénonciation venue du
comité révolutionnaire de Beauvais (Oise).
Une expédition de l'arrêté du Comité de
sûreté générale , en date du 21 ventôse, est
jointe à la minute du procès-verbal ; l'arrêté
porte que les scellés seront levés cren pré-
sence de Cassini et en celle de deux citoyens
préposés par le Comité d'instruction pu-
blique et par le comité révolutionnaire de
sa section 55.
(-) Ce membre est Guylon-Morveau,
ainsi que le fait voir le procès-verbal de
la séance du 97 venlôse (p. 585).
(^^ Voir la séance du 3 ventôse (p. ^84)
et, pour la suite, celle du 27 ventôse
(p. 585).
^^) Labenne avait été nommé cammis à
la bibliographie le 9 ventôse (p. 5 06).
(^) L'arrêté destituant Domergue est du
17 ventôse (p. 553).
(") C'est Grégoire ; le projet de règlement
qui va suivre, et dont l'original est joint
à la minute du procès-verbal , est de sa main.
DE LA CONVENTION NATIONALE. 565
Article premier. Il y aura à la bibliographie un commis chargé de la division
et distribution des cartes et de leur vérification journalière. Il entretiendra avec
tous les districts de la République une correspondance active, qui sera toujours
signée par les députés commissaires de la bibliographie; il tiendra un état exact
des lettres écrites ou reçues, ainsi que des paquets de cartes reçus et renvoyés.
Art. 2. II enverra journellement une notice du travail de chaque jour aux com-
missaires de la bibliographie, qui en rendront compte le primedi de chaque dé-
cade au Comité.
Art. 3. Tous les citoyens employés h la bibliographie s'y rendront à huit heures
précises du matin et n'en sortiront qu'à trois heures après-midi. Une demi-heure
est accordée pour le déjeuner.
Art. tx. Les bureaux de la bibliographie seront fermés à trois heures ; après
cette époque nul ne pourra y rentrer, excepté le citoyen charg(' de vérifier les cartes.
Art. 5. Nul ne pourra s'occuper dans le local de la bibliographie de choses
étrangères à son travail ; on n'y pourra recevoir de visites.
Art. 6. Les cent mille feuilles qui sont le résultat des dépouillements dt^'à faits
seront épurées et corrigées.
Art. 7. Chacun des citoyens chargés du dépouillement des cartes en dépouillera
au moins cent par jour.
Art. 8. Ceux qui seront chargés des manuscrits, à défaut de travail, aideront
ceux qui seront chargés de l'épuration des dépouillements déjà faits.
Art. 9. Il ne sera plus apposé sur aucun ouvrage les lettres V ou G pour dési-
gner les ouvrages à vendre ou à garder.
Art. 10. La manière d'opérer sera développée dans une instruction approuvée
par le Comité d'instruction publique et qui servira de règlement pour cet objet.
Art. 11. Il y aura un garçon de bureau logé près de la bibliographie.
Art. 12. Le citoyen Bardel est chef de la bibliographie.
instruction sur la manière de procéder au dépouillement des cartes^^^.
On copie sur des feuilles les titres écrits sur les cartes.
Manière uniforme de faire cette transcription.
On écrit au haut de la feuille, à l'extrémité gauche et en lettres rondes, le nom
de l'auteur et ses prénoms, entre deux crochets.
On écrit encore au haut de la feuille et vers le milieu le nom de la classe : r)il)lio-
graphie, Sciences ou Théologie ou Jurisprudence , à la(|U('llt> l'ouvrage apparlieiit.
Si Touvrage est anonyme, on met à la place du nom d'auteur le nom île la
^'^ Celte Inslriicfion ne se (rouvo pns ;"i la niiiiule. Dans le rogislro, le lopislo l'a placée
au procos-veibal do la séance du 1^7 veniôso. Sa place nalurollo nous parail ôiro ici, à la
suite ilu Uùjjlouieut.
566 PROCÈS -VERBAUX DU COMITÉ D'INSTRUCTION PURLIQUE
classe, par exemple: Histoire, et vers le milieu de la page, à la même hauteur,
le nom de la section, comme histoire ancienne, histoire moderne, ou même le nom
d'un article de la section, comme histoire de France, histoire d'Italie, d'Espagne,
d' Allemagne , etc.
Au-dessous du nom de l'auteur ou de la classe, à la distance de trois ou quatre
lignes, on écrit en chiffres arabes la date de l'impression.
Plus bas, et à la distance d'environ quinze lignes du haut de la page et à l'ex-
trémité gauche, on écrit le titre sans interhgne.
Le nom de l'auteur est toujours mis au commencement du titre , en caractères
un peu plus gros que le reste. Il est souligné. Les prénoms sont placés à la suite,
entre deux crochets. Dans les titres anonymes, le mot principal, c'est-à-dire le
mot qui indique la nature et la qualité de l'ouvrage, est souligné.
Le nom de l'auteur, mis au haut de la page, est toujours au nominatif. 11 est
encore au nominatif au commencement du titre, excepté dans les titres grecs et
latins où l'on peut le laisser au génitif, suivant le sens de la phrase.
Ce qui est écrit dans le titre et à la suite du titre appartient à tous les exem-
plaires de la même édition. C'est pourquoi les conditions essentielles et intiin-
sè(]ues doivent seules être indiquées au bas du titre. Ces conditions premières
sont le numéro de Vannée, le nom de ville, le nom d'imprimeur, le caractère
gothique ou en lettres iwides, etc., la forme intérieure du livre, comme papier
réglé, etc., ]e format et le nombre des volumes.
Lorsque le nombre des volumes est indiqué sur la carte, il faut, avant de
l'écrire au bas du titre, être sûr que l'ouvrage est complet. Car si l'ouvrage
n'était pas complet il ne faudrait pas écrire ce nombre au bas du titre, mais seu-
lement à la suite du numéro du département, du district et du dépôt littéraire où
existe cet exemplaire incomplet. Si le nombre des volumes était plus que complet,
c'est-à-dire s'il indiquait outre un exemplaire complet un ou plusieurs volumes
d'un second exemplaire, il ne faudrait écrire au bas du titre que le nombre des
volumes de l'exemplaire complet, et mettre le nombre des volumes dépareillés à
la suite des caractères qui indiquent le dépôt httéraire où se trouvent ces volumes.
Dans ce dernier cas, on écrit deux fois les caractères indicatifs, une fois pour
l'exemplaire complet , et la seconde fois pour l'exemplaire incomplet.
Les conditions importantes comme vélin grand papier, marge large, fig.,
cartes, etc., mais qui n'appartiennent pas nécessairement à tous les exemplaires
de l'édition, sont mentionnées à la suite des numéros et lettre qui indiquent le
dé|)ôt littéraire où se trouve l'exemplaire.
Les conditions extérieures, telles que : relié, broché , couverture en bois, en carton,
en parchemin, en veau , en basane, en maroquin; incomplet, dépareillé , délabré, etc.,
ne sont jamais mises au bas du titre, mais elles affectent uniquement l'exemplaire
auquel elles appartiennenL
Après avoir écrit le titre, on copie ce qui se trouve au bas de la carte, c'est-à-
dire le numéro du département, et les noms du district, delà commune et du
dépôt littéraire. On y ajoute le numéro qui indique le rang de l'ouvrage dans le
dépôt. Ce numéro est toujours sur la carte, à la tête du titre.
Cette indication se fait au-dessous du titre pour toutes les bibliothèques du
DE LA CONVENTION NATIONALE. 567
60* département ^^\ et au revers de la feuille pour les bibliothèques de tous les
autres ddpartemenfs. Pour cet effet, la page du revers est divisée en trois parties
égales par deux lignes verticales ; les d^pai tements depuis 1 jusqu'à 3o sont mis
dans la première colonne, depuis 3o jusqu'à 60 dans la deuxième, et depuis
60 jusqu'à 86 dans la dernière. Lorsqu'une colonne est remplie, on e'crit le titi-e
sur une autre feuille et l'on opère de la même manière.
On observe dans le classement des feuilles un ordre constant et régulier.
Pour classer les feuilles qui ne sont pas anonymes, on suit l'ordre alphabétique
des noms d'auteur.
Si plusieurs auteurs ont le même nom , on suit pour les classer entre eux l'ordre
alphabétique des prénoms ; et si les prënoms sont aussi les mêmes, on suit Tordre
alphabétique des noms de profession, de pays, etc.
Dans le classement des ouvrages d'un même auteur, on ne consulte pas la
[ nature ^^^] des ouvrages, mais l'ordre des dates. Les éditions sans date sont placées
les premières en dessus, ensuite les plus anciennes éditions, etc.
Le classement des ouvrages anonymes se fait par ordre de matières. Les feuilles
d'une classe sont divisées en autant de paquets qu'il y a de sections dans cette
classe ; chacun de ces paquets est encore divisé en autant d'autres qu'il y a d'ar-
ticles dans la section; enfin, ces derniers paquets sont subdivisés autant de fois
qu'il y a de paragraphes dans chaque article. Quand on est parvenu à la dernière
division, on range par ordre de date les feuilles de chaque paquet, il est facile
après cela d'intercaler une nouvelle feuille ; si j'ai par exemple l'ouvrage anonyme
intitulé : Uart de conserver sa santé, Leyde, de Graaff, 1 68-2 , t volume in-i q , je
le place à la classe 3, Sciences et Arts, section V, de la Médecine, arl. 3, Traités
sin/ruliers, S 2, Hygiène, entre les années 1681 et i683.
On ne transcrit pas toutes les cartes.
Lorsqu'on a déjà copié le titre d'un ouvrage et qu'il se trouve sur une nouvelle
carte un exemplaire du même ouvrage, imprimé dans la inêiiie année, dans la
même ville, par le înême imprimeur, avec les mêmes caractères , dans la même forme
intérieure et dans \q même format , c'est-à-dire un exemplaire de la même édition,
on copie seulement sur la feuille ce qui se trouve écrit au bas de la carte, avec le
n° d'ordre et les conditions extérieures s'il y en a.
Toutes les fois qu'une des conditions essentielles est différente, on fait une nou-
velle feuille. Ainsi on fera une nouvelle feuille si la date, le caractère, les noms de
ville et iX imprimeur étant les mêmes, \q format est différent, etc.
On est convenu de regarder comme étant du même format les in- 1-2 et les
in-S", les in- 16 et les in-18 , les in-sâ et les in-3a.
Les différences dans la nature du papier, dans la rehure, etc., ne constituant pas
une différence d'échlion, ne suffisent pas j)our déterminer à l'aire une nouvelle
^'' Lo Go" département, dans l'ordro al- ^"'^ Le nianuscril, qui est do la main
pliabétlqiie, est lo départoinenl (]o Paris (si d\\u copislo, porte «Irihiine'i. \oiis avons
Ton nn lait pas eniror on complo les ilô- snhslilué à celle expression ininlolli'jihlo
parlenionls dos Alpos-Mariliinos, du Mont- celle que le contexte noUvS a seiublé indi-
Blaiic ol (lu Moiil -Toriililc, chm-s (h^pitis (jium".
l'ouverturo de la session do. la Convoiilion).
568 PROCÈS -VERBAUX DU COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE
feuille. Ainsi, on ne fait pas une nouvelle feuille parce qu'un exemplaire est im-
primé sur vélin et l'autre sur papier; parce que Tun est avec figures et l'autre
sans figures; l'un complet et l'autre incomplet; l'un relié et l'autre broché, l'un en
parchemin et l'autre en maroquin , etc.
On fait autant de feuilles différentes qu'il y a d'exemplaires sans date.
Manuscrits.
Les procédés pour le dépouillement et le classement des manuscrits sont les
mêmes que pour les imprimés.
Vérificateiirs.
Les détails de cette instruction indiquent toutes les fautes qui sont à corriger
dans les anciennes fouilles.
Le citoyen Bardel, chef de la bibliographie, est chargé, sous sa responsabilité,
de tenir la main à l'exécution des dispositions contenues dans la présente instruc-
tion et de celle des règlements faits pour la bibliographie en date du 28 ventôse
présent mois.
Sur la proposition d'un membre, il est arrêté qu'il sera demandé
au citoyen Desmarest ce qu'il reste à faire pour la gravure de la carte
minéralogique de l'Auvergne, les frais nécessaires pour cet achève-
ment, dans quel délai il peut promettre au Comité la publication de
l'ouvrage qui doit accompagner [la carte] ^^l
Le Comité a arrêté que deux de ses membres, Guyton et Fourcroy,
sont ses commissaires auprès du Comité de salut public pour conférer
avec lui pour toutes les mesures d'instruction qui pourront coïncider
avec les opérations générales [du gouvernement, qu'il leur sera ad-
joint', selon les rapports particuliers, un ou plusieurs membres du
Comité, et tjue Bouquier, d'abord,' ira concerter avec "^eux son projet
d'enseignement des sciences au Comité de salut public ^^l
Séance levée ^^l
^1) Cet alinéa ne se trouve qu'à la mi-
nute. Par un lapsus, le secrétaire a écrit
ainsi la fin de la phrase^: «la publication
de l'ouvrage qui doit accompagner l'ou-
vrage n. II faut évidemment lire : «qui doit
accompagner la carte 75. Sur la carte de Des-
marest, voir la séance du 19 ventôse
(p. 557) et, pour la suite, celle du i3 ger-
minal an II.
(^^ La discussion du projet de Bouquier
n'est pas encore achevée. Elle ne sera termi-
née que dans la séance suivante (p. 669).
^^) Pas de signature, ni à la minute
ni au registre. La minute est de la main
de Coupé, sauf l'alinéa qui contient les
quatre propositions faites par Mathieu au
sujet de la Commission des monuments,
et celui qui contient deux propositions du
même membre au sujet de la correspon-
dance avec les départcmenis, relativement
aux travaux de la Commission des arts;
ces alinéas, portés sur des feuillels séparés,
sont de la main de Mathieu.
DE LA CONVENTION NATIONALE.
560
DEUX CENT TREIZIEME SEANCE.
Du 95 ventôse an ii. [i5 mars 179^.]
Bouquier reprend la lecture de son projet d'enseig^nement des
sciences ^^l
Trois commissaires médecins, nommés pour examiner la proposition
faite par le citoyen Sans d'employer l'électricité négative pour la gué-
rison des maladies convulsives des enfants^'-), en font le rapport, et il
est arrêté qu'il en sera fait mention au procès-verbal, ainsi que de la
satisfaction du Comité ^^l
Un citoyen présente une note sur les propriétés musicales et sur
les moyens d'arrêter les contrefaçons. Uenvové à Mathieu ^^^
Les citoyens Lépine et Niquet présentent au Comité les tableaux
gravés des principaux événements de la Révolution française, depuis
l'Assemblée des notables en 1787. Renvoyé à David pour lui en faire
le rapport ^^^.
Le ministre de l'intérieur notifie au Comité l'envoi des décrets des
8 et 27 pluviôse sur les bibliothèques nationales ^^^.
Le citoyen Trouville, ingénieur, vient offrir au Comité un projet
d'hydraulique naturelle. Renvoyé à Mathieu ^^^.
Le citoyen Jussieu vient proposer des idées pour la célébration des
décades. Renvoyé à Mathieu ^^\
^'^ Voir la suite an premier alinéa de
la page suivante.
^'^^ Voir la séance du a 3 nivôse (p. 279).
^^) Le rapport des commissaires Corvi-
sart, Halle et Portai avait été enregistré au
Comité sous le n° 2191 (F^', carton 1009^),
mais il n'est pas en place. Une note écrite
sur la chemise nous apprend que ce docu-
ment a été renvoyé à la rlenxiéme section
du Comité le 1 1 brumaire an m. Il sera
de nouveau question do Tabbé Sans le
9 1 floréal an 11.
^*) Mathieu avait été nommé, le 1 9 ven-
tôse, rapporteur pour les articles addi-
tionnels à la loi contre les contrefaçons des
ouvrages de musi(pie (p. 556).
^■'^ La leltiv do Lépiiio et iNiquol avait
été enregistrée au Comité sons le n" 2188
(F^^ carton 1009-); elle manque. 11 sera
de nouveau question des gravures de Lépine
et Niquet le 5 floréal an 11.
^^) Le décret du 8 pluviôse est celui (pii
institue les bibliothèques de district; le dé-
cret du 27 pluviôse est celui qui excopte
les bibliothèques des ports dos dispositions
du décret du 8. La lettre du ministre avait
été enregistrée au Comité sous le 1° 2190
(F^', carton 10 09-); elle manque.
^'^ Nous n'avons pas trouvé la lettre de
Trouville. Pour la suite, voir la séance ilu
27 ventôse (p. 586).
^*' Sur Jussieu, voir la séance du 1" plu-
viôse (p. 3o5). Lo malin mémo du aô \on-
lôse, admis à la barro do la Cun\onlion,
570 PROCÈS -VERBAUX DU COMITE D'INSTRUCTION PUBLIQUE
Le projet d'enseignement de Bonquier ayant été discuté article par
article, il a été arrêté qu'il serait communiqué aux Comités des finances
et de salut public, et ensuite proposé à la Convention nationale ^^\
Il a été nommé trois commissaires, Buache, Prony et Lagranpe,
pour l'examen et l'acquisition de l'instrument astronomique du citoyen
Haupois^'-^.
Il a été arrêté qu'il serait désigné six commis pour la transcription
des inventaires de la (Commission des arts ^^\
Mathieu fait un rapport sur une masse de papiers qui étaient à
l'entrée du Comité. Il est arrêté qu'il les fera déposer les uns dans les
cartons, par ordre de matières, et le reste servira à faire des enve-
loj)pes ^'^l
Jnssieu avait fait loc'ure friine pétition
(iaiis laquelle, dit le procès-verbal, il pré-
seiilait «diverses vues sur l'instruction pii-
liiiquen ; l'assemblée lui accorda les hon-
neurs de la séance, et décréta le renvoi au
Comité d'insiruclion publique. ( Procès -
verbal delà Convention, t. XXXIII, p. 366.)
C'est bien de celte pétition qu'il est ici
question. La pièce avait été enregislrée au
Comité d'insiruction publique (F'^, car-
ton too9^ n° 2189), mais elle manque.
La chemise qui l'a contenue porte l'indi-
cation suivante : crJussieu présente un mé-
moire sur la célébration dos décades dans
la campagne. Mathieu, rapporteur, 26 ven-
tôse. îi Le ai germinal, sur le rapport d'un
membre (Mathieu, sans doute), frle mé-
moire du citoyen Jussieu sur les fêtes dé-
cadaires est adressé au Comité de salut
pubhc, qui a annoncé un rapport et un
grand travail sur cet objet?'». Ce mémoire
fui donc au nombre des matériaux que Ro-
bespierre put utiliser pour le projet de dé-
cret présenté par lui le 18 floréal.
'"^ Voir p. r)63. C'est dans cette séance
que le Comité termine la discussion du projet
de décret de Bouquier sur le dernier degré
d'instruction, projet qui, après avoir été
communitjué au Comité des tinances et à
celui de salut public, sera présenté à la Con-
vention le 26 germinal an 11. C'est ici, par
conséquent, qu'il nous paraît convenable de
placer le texte de ce document et celui du
rapport qui le précède. Nous le donnons
aux annexes, A (p. 671).
(2) Voir la séance du 19 ventôse (p. 558)
et, pour la suite, celle du 5 germinal an n.
^^^ La Commission des arts avait arrêté,
le i5 ventôse, que la section des dépôts
littéraires serait autorisée à prendre six
commis intelligents, aux appointements de
dix-huit cents livres, pour la confection des
inventaires des bibliothèques, et un garçon
de bureau, également aux appoinlemenis
de dix-huit cents livres; le 20 ventôse,
pour l'exécution de son arrêté du i5, elle
décida que le Comité d'instruction publique
serait invité à choisir lui-même ces six com-
mis (F^^* 7, folios 37 recto et 39 recto).
On verra, dans la séance du Comité du
1 9 germinal an 11 , trois commis seulement ,
Guibourest, Thibaudeau jeune et -leannet,
désignés pour le travail de transcription des
inventaires de la Commission des arts.
Nous plaçons ici aux annexes, B(p. 58 1),
des extraits du Règlement de la Coinmission
des aris, élaboré par une commission nom-
mée le 3o frimaire, discuté à plusieurs re-
prises jusqu'au 2 5 ventôse, et adopté définiti-
vement ce jour-là ; nous les faisons précéder
d'extraits des procès- verbaux des séances de
la Commission des 3o frimaire, 5, i5 et
3o pluviôse, 10, 20 et 25 ventôse.
^^^ Voir la séance du 21 ventôse (p. 559).
DE LA CONVENTION NATIONALE. 571
La séance est levée à onze heures ^^\
PIÈCES ANNEXES.
A
RAPPORT ET PROJET DE DECRET SUR LE DERNIER DEGRE DMNSTRUGTION ,
PAR G. BOUQUIER, PRESENTES AU NOM DU COMITE D'INSTRUCTION PUBLIQl E.
De rimprimerie nationale, s. d.^^'.
Ea consacrant la liherlc de i'onscignenient, ia Gonvenlion nalionalo a rendu
hommage aux droits imprescriptibles de l'homme.
Elle devait ouvrir des sources fécondes d'instruction , des sources dont les eaux
salutaires fussent pures comme la nature, brillantes comme la liberté, douces
comme l'égahté. Pouvait-elle mieux remplir ce devoir qu'en appelant aux hono-
rables fonctions d'instituteur et d'institutrice les citoyens et citoyennes qui, j)ar
leur civisme et leurs bonnes mœurs, ont mérité la confiance du peuple?
Elle ouvre la libre carrière de l'enseignement. Pouvait-elle employei* un moyen
plus vaste, plus grand, plus elïicace pour répandre l'instruction sur la surface
entière de la République?
Par sa loi du 99 frimaire, en organisant l'enseignement des connaissances que
les enfants sont susceptibles d'acquérir, et qui, perfectionnées, doivent former de
vrais républicains, des citoyens utiles à leur pays, la Convention n'a rempli
(ju'une partie de sa tâche relative a l'instruction. H lui reste à procurer à la jeu-
nesse des moyens de perfectionner ces premières connaissances, et d'acquérir les
notions relatives à l'organisation du gouvernement démocratique, que le peuple
a adopté avec tant d'enthousiasme , et qu'il défend avec tant de force , d'énergie ,
de courage et d'intrépidité.
L'instruction ne nous a paru susceptible d'êlre considérée que sous deux rap-
ports : sous celui des connaissances indispensables aux citoyens, et sous celui des
connaissances nécessaires à la société.
L'idée d'établir des écoles secondaires ou intermédiaires, consacrées à ren-
seignement des lois^^\ et à je ne sais quelles autres sciences pour lescjuolles il parai!
(]ue les savants de l'ancien régime conservent encore une afTeclion particulièie, a
été (h^jà produite plusieurs fois; une pareille idée, émanée sans doute du rei-veau
de (juelque ci-d(îvant professeur d'université, nous a paru, pour no rien dire de
plus, subversive des institutions républicaines, dont les bases simples doivent être
[)rises dans la nature.
Mettre en avant une pareille proposition, n'est-ce pas incontestablement vouloir
^'^ Pas de signature, ni à la minute ni au des débats et des décrets , corrospondaul au
roijislrc. La miuulc est (le la luain de Coupé. a^i goiiuiual an ii.
^'^' Hihliolhr(|ue nalionalo, Le'"' 7()0, ^'^^ Allusion au distours prouonco par
iii-8"; Muscc pô(lago{ji(pi(', n" 1 1 700. Cclto Porlicz à la Convonliou le :i nivôse : voir
pièce est annoncée dans le n" 57 1 du Journal p. tîoo.
572 PROCES-VERBAUX DU COMITE D'INSTRUCTION PUBLIQUE
faire revivre ces établissements gothiques, où une jeunesse immorale perdait un
temps pre'cieux à entasser péniblement dans son cerveau des connaissances toujours
futiles et souvent perfides, des connaissances qu'elle e'tait forcée d'oublier lorsque
son intérêt ou son goût lui inspirait le désù* d'acquérir des connaissances utiles?
N'est-ce pas vouloir organiser de nouveaux corps académiques, établir de nou-
veaux repaires de savants où les égoïstes spéculatifs puissent encore s'isoler impu-
nément de la société et y nourrir l'aristocratie pédagogique, tout aussi funeste que
celle du pouvoir arbitraire de la naissance et des richesses ?
Proposer l'établissement de chaires de lois , c'est vouloir ressusciter la chicane
et son cortège, que la raison, la philosophie et la liberté ont écrasé de leur triple
massue; c'est vouloir créer une Sorbonne do légistes, dont les docteurs fourrés ou
non fourrés parviendraient bientôt à substituer aux lois leurs opinions hétéroclites;
c'est vouloir livrer encore une fois le peuple à la voracité des ci-devant procureurs
ou avoués qui ne manqueraient pas de s'enrôler dans cette nouvelle basoche pour
y recommencer, sous l'égide de la loi, la spoliation des malheureux plaideurs.
Citoyens, la Révolution a pénétré jusqu'aux entrailles de la terre pour en extraire
le sal[)être! Des murs de collège, d'université, d'académie, pourraient-ils l'ar-
rêter dans sa marche rapide? Non, sans doute; elle les renversera; elle pénétrera
dans ces antres de la déraison; elle en chassera l'immoralité, l'erreur, le mensonge,
la superstition, l'ignorance et l'orgueil; elle renversera ces chaires où l'intéj'êt pro-
fessait avec impudence l'art meurtrier de la chicane, sous le titre imposant de
science des lois.
Les lois doivent être simples, claires et en petit nombre; elles doivent être telles
que chaque citoyen puisse les porter toujours avec soi.
Ainsi, loin d'établir des écoles de lois, la Convention nationale doit interdire,
sous de fortes peines, toute espèce de paraphrases, interprétation, glose et com-
mentaire.
Les sociétés populaires, constamment occupées aujourd'hui à briser les trames
des tyrans coalisés, à déjouer leurs complots, à surveiller les malveillants, à pour-
suivre les fripons, à dénoncer les conjurations; les sociétés populaires, lorsque le
torrent de la Révolution aura englouti les ennemis de la liberté, n'étant plus en
surveillance permanente, s'occuperont, dans le sein de la paix, de l'étude des lois,
des sciences et des arts. C'est alors qu'elles deviendront pour la jeunesse de vrais
lycées républicains où l'esprit humain se perfectionnera dans toute espèce d'art et
de science.
Favorisons donc l'établissement des sociétés populaires dans les communes où,
soit faute de local, soit faute de moyens pécuniaires, il ne s'en est pas encore
formé. Le fanatisme avait un temple dans chacune de ces communes. Que
ces temples deviennent ceux de la liberté, de l'instruction, de la propagation des
lois et des mœurs républicaines. Décrétez que les édifices de la superstition actuel-
lement abandonnés, et qui le seront dans la suite, aj)partiennent aux communes;
et par ce décret vous aurez beaucoup fait pour l'instruction publique '^K
(^) Le décret du 9 5 brumaire accordait c'est ce qui ressort des votes de la Conven-
déjà en partie ce que demandait Bouquier: tioii des i5 et a 5 ventôse, au sujet des de-
DE LA CONVENTION NATIONALE. 573
Ce ne sont pas les mœurs qui font le gouvernement, c'est le gouvernement qui
fait les mœurs. Cette vérité, dès longtemps reconnue, vous est de nouveau de'mon-
tréepar les effets de la Révolution, et par la hauteur prodigieuse à laquelle le gou-
vernement républicain que vous avez décrété , et que le peuple français a consacré
par sa sanction, a tout à coup élevé l'esprit public.
L'égoïsme, enfant naturel de la monarchie, avait, sous le règne des tyrans,
isolé tous les citoyens : l'intérêt individuel était le régulateur suprême de leurs
actions. A peine avez-vous posé sur les débris du trône du despotisme, et sur la
tombe du dernier de nos tyrans, les bases du gouvernement démocratique, que
le flambeau de la raison, de la philosophie éclaire tous les points de la surface de
la République, l'ignorance s'enfonce dans ses sombres cavernes, le fanatisme dis-
paraît, l'erreur fuit devant la vérité.
Les Français habitant dans l'enceinte d'une même commune ignoraient réci-
proquement leur existence politique et même leur existence physique. Le toc-
sin de la Révolution vient frapper leurs oreilles; il révedle dans leurs âmes le sen-
timent de la liberté, les pénètre de la nécessité de s'unir pour vaincre les tvrans,
et, dans un clin d'œil, vingt-cinq milhons d'égoïstes isolés ne forment plus qu'une
immense famille de frères et d'amis.
C'est par une fréquenlation constamment soutenue, par une communication non
interrompue d'idées, que les esprits s'éclairent, que les âmes s'élèvent, que les
vertus héroïques se déploient.
Est-ce de nos écoles gothiques où des docteurs en b;)nnet carré n'enseignaient
d'autre science que celle d'obscurcir la raison par le raisonnement, de substituer,
aux idées simples qui naissent de la contemplation de la nature, des idées méta-
physico-mystiques; est-ce de ces écoles qu'a jailli ce feu pati-iotique qui porte les
citoyens à se dépouiller de leur nécessaire pour secourir la République? Est-ce
dans ces écoles que nos citoyennes ont appris à faire le sacriflce de leurs bijoux,
de leurs modes pour subvenir aux besoins des défenseurs de la liberté ? Est-ce
dans ces écoles qu'elles ont appris que la vertu est la plus belle, la plus riche parure
(le leur sexe? Est-ce dans les antres des atqui et des ergo qu'une foule de héros,
morts dans les combats, avaient appris à haïr les tyrans, à adorer lu liberté, à mourir
pour la patrie? Est-ce enfin dans ces antres que le jeune Barra puisa ce courage hé-
roïque qui, en le rendant le modèle éternel delà jeunesse r('publicaine. Ta conduit
au Panthéon? Non, sans doute : le germe de ces vertus sublimes était dans le ecvur
de ces héros généreux, et l'enthousiasme de la liberté pouvait seul lui donner fessur.
Les véritables écoles des vertus, des mœurs et des lois républicaines, sont dans
les sociétés populaires, dans les assemblées de sections, dans les fêtes décadaires,
dans les fêtes nationales et locales, les banquets civiques et les théâtres. C'est là
que la jeunesse acquei'ra, [)Our ainsi dire sans travail, la connaissance de ses droits
et (le ses devoirs, qu'elle puisera des sentiments pro[)res à (^lever son âme à la
liauteur des vertus l'épublicaines; c'est là (ju'elle apprendra qu'il est graml, (pi'il
n);m(los di^ lii coiiumiin' de Monl-Sainl-Père roncessioti dos églisos aux sociclés popu-
ol de la S()ci(''l('' j)()piilaii(> de nry-sut-Oisc laites pour y tenir leui"s séaiU'S n'eluit pas
(p. 567, note 1). Mais l.i (pieslion de la encore Iraiicliée.
57A PROCÈS-VERBAUX DU COMITE D'INSTRUCTION PUBLIQUE
est beau de se dévouer pour Je salut de la patrie, qu'il est sublime de mourir pour
elle I Pendant le cours de noire Révolution , la Socie'té des Jacobins de Paris a pro-
duit elle seule plus d'héroïsme, plus de vertus que n'en ont offert pendant des
siècles tous les établissements scientifiques de l'Europe.
Par votre loi du fîQ frimaire, vous avez rempli vos obligations envers les ci-
toyens, en mettant l'instruction nécessaire à tous à la portée de tous : il ne vous
reste , à cet égard , qu'à organiser l'enseignement des sciences nécessaires à la société.
Le but de cet enseignement est de trouver en tous temps des citoyens assez
instruits pour exercer utilement les diverses fonctions relatives au salut, au bon-
heur de la société, à l'intérêt commun de la République. Vous atteindrez ce but en
établissant, aux frais de la nation, des instituteurs éclairés dont le zèle patriotique
propage, avec l'activité républicaine , l'art d'administrer des secours à l'humanité
souffrante, aux défenseurs de la patrie, blessés dans les combats en exterminant
les monstres qui cherchent à dévorer la liberté, aux animaux que l'homme a ren-
dus les compagnons de ses travaux pénibles, et dont les services sont presque inap:
préciables; l'art de tenir dans un état respectable de défense les places frontières
de la République, d'en repousser l'ennemi, en lançant sur ses cohortes merce-
naires la foudre des hommes libres; la science d'entretenir nos routes, nos canaux,
nos rivières, nos ponts, et d'ouvrir les communications nécessaires aux opérations
de notre commerce; l'art de perfectionner la navigation, et de rendre formidable
la marine de la Répubhque; l'art, enfin, d'exploiter les mines, d'extraire les mé-
taux du sein de la terre, et de les employer aux besoins du peuple et à la défense
de sa souveraineté.
Ces établissements doivent être placés suivant les différentes indications de la
nature. Ce n'est pas sur le Puy-de-Dôme qu'on doit établir des hydrographes; ce
n'est pas dans les bruyères des Landes qu'on doit enseigner l'art d'attaquer, de
défendre, de fortifier une place; ce n'est pas dans des contrées désertes qu'on doit
placer des instituteiu-s de santé, des artistes vétérinaires. Si on nous objectait
qu'en fixant ainsi dans certaines communes l'enseignement gratuit des sciences
utiles à la société, cet enseignement ne serait pas à la portée de tous, nous répon-
drions qu'il ne doit pas l'être .
En effet, est-ce à la République à procurer, à ses frais, à chacun des individus
qui la composent, une instruction dont les résultats peuvent donner à ceux qui se
la procurent des moyens particuliers de parvenir aux places ou d'agrandir lem'
fortune, par l'exercice de leurs talents? Non, sans doute : la République, nous
l'avons déjà dit, ne doit à ses enfants que l'enseignement gratuit des sciences qui
leur sont nécessaires pour exercer les droits du citoyen et en remplir les devoirs.
En répandant sur toute l'étendue de son territoire l'enseignement gratuit de ces '^^
sciences, la République française a seule plus fait que tous les États libres dont
l'histoire nous a transmis les lois, les mœurs et les usages. La Grèce, qui porta
les sciences, et surtout les arts, à un si haut degré de j)erfection, ne salaria ja-
mais l'instruction. Cependant il sortit de son sein une foule de savants et d'artistes
(') Dans rimprimé original, on lit r renseignement gratuit des sciencesw; la correction
que nous avons laite nous paraît nécessaire à la clarté du sens.
DE LA CONVENTION NATIONALE. 575
qui , en honorant leur patrie et leur siècle , ont mérité la reconnaissance de la pos-
térité dont ils ont été longtemps les modèles.
En mettant à la portée de tous l'instruction nécessaire à tous, la République
s'est donc acquittée de sa dette envers ses enfants; en proclamant la liberté de
l'enseignement de toute espèce d'art et de science, elle a procuré à tous des
moyens multipliés de se livrer, à cet ég-ard, à leurs penchants divers; d'ailleurs,
le projet de décret que nous vous présentons contient des dispositions favorables
aux citoyens à qui la nature, pour leur tenir heu de richesse, a dispensé celte
heureuse aptitude qui aplanit le sentier des sciences, et qui distingue presque tou-
jours les favoris de Minerve des esclaves de Plutus.
Nous croyons donc qu'il est essentiel de placer l'enseignement des différentes
sciences utiles à la société dans les communes de la République qui, par leur po-
sition, se prêtent le plus à en accélérer le succès.
C'est auprès des hospices ou maisons de bienfaisance, dans les grandes com-
munes de la République , que doivent être placés les instituteurs de santé.
C'est dans les places fortes que le génie militaire , l'art des mines et de l'ar-
tillerie doivent être enseignés.
C'est dans les places maritimes que les hydrographes doivent donner des leçons
des sciences propres à former des marins et à perfectionner la navigation.
C'est enfin dans les communes les plus populeuses de la République qu'on
doit étabhr des moyens généraux pour la propagation des arts et des sciences
dont la culture, sans être absolument nécessaire à la société, ne contribue p:.s
moins au lustre, à l'éclat, a la splendeur du gouvernement.
D'après ces considérations puisées dans la nature, et relatives à l'enseignement
des sciences nécessaires à la société, votre Comité d'instruction publique m'a chargé
de vous présenter le projet de décret suivant :
PROJET DE DÉCRET RELATIF AU DERNIER DEGRE D'INSTRUCTION.
SECTION PREMIERE.
Moyens de propager l'inslruclion.
Article premier. La réunion des citoyens en assemblées de communes, de sec-
tions, et en sociétés populaires, les théâtres, les jeux ciNicfues, les ('vohilions mili-
taires, les fêtes nationales et locales, font partie du dernier degré irinslruction
publique.
Art. :2. Pour faciliter la réunion des citoyens en sociétés populaires, la célé-
bration (les fêtes nationales et locales, l'exécution des jeux civicpies, des évolutions
militaires, et la représentation des pièces [)atriotiques, la Convention déclare cpie
les églises, les maisons ci-dev<mt curial(\s acludlement abandonnées, el (|ui le se-
ront dans la suit(\ appartiennent aux comnunies.
Art. 3. Elle charge son Comité d'instruction de faire choix des li\res ('knieu-
taires existants des diverses sciences cl arts qui doivent concourir à la perfcclion
de l'inslruclion publicjue, et d'accélérer par la voie du concours la composition de
ceux qui mancjuent.
576 PllOGÈS -VERBAUX DU COMITÉ DINSTRUGTION PUBLIQUE
SECTION II.
Dos sciences et arts dont l'enseignement sera salarié par la République.
Article premier. Dans chacune des communes de Lille, MeLz, Strasbourg,
Besançon, Bourg-es, Montpellier, Toulouse., Bordeaux et Brest, il sera établi sept
instituteurs de santd qui seront tenus de donner en langue française des leçons
publiques , savoir :
1° D'anatomie et physiologie ^'^
2" De botanique et matière médicale.
3° De chimie et pharmacie.
li° De chirurgie.
5" D'accouchements, des maladies des l'emmcs et des enfants.
G" Do pathologie thérapeutique.
7° De médecine clinique.
Art. 2. Cet établissement sera double pour la commune de Paris.
Art. 3. Il y aura de plus dans cette commune, auprès de chacune des maisons
publiques destinées aux traitements des maladies des enfants, de celles des hommes
dont Tesprit est aliéné, et au traitement des maladies vénériennes, un officier de
santé chargé de donner aux élèves le résultat de toutes ses observations sur tout
ce qui peut contribuer au soulagement de l'humanité dans ces affections.
Art. II. Indépendamment des instituteurs vétérinaires actuellement en activité,
il en sera établi un dans chacune des communes ci-après , savoir :
A Arras , A Toulouse ,
A Nancy, A Bordeaux,
A Dijon, A Bourges,
A Poitiers, A Rennes,
A Avignon, A Gaen.
A Aurillac,
Art. 5. Il sera établi un instituteur de génie et mines, et un d'artillerie, dans
chacune des places fortes de la République ci-après, savoir :
A Lille, A Perpignan,
A Metz, A Bayonne,
A Strasbourg, A Brest,
A Besançon, A Paris.
Au Port-la-Montagne ,
Art. 6. Ges instituteurs militaires enseigneront publiquement les sciences né-
cessaires à former des ingénieurs, mineurs et artilleurs, d'après les livres élémen-
taires qui leur seront délivrés à cet effet.
Art. 7. La partie du génie relative aux ponts et chaussées ne sera enseignée
qu'à Paris : trois instituteurs seront chargés de cet enseignement.
(') L'imprimé original porte «philosophie» : nous avons corrigé cette faute d'irupression.
DE LA CONVENTION NATIONALE. 577
Art. 8. Quatre observatoires seront établis dans la République :
Le premiei' à Paris: qualr*^' astronomes y seront attachés.
Le second à Strasbourg",
Le troisième à Brest,
Le quatrième à Marseille.
Deux astronomes seront attachés à chacun de ces trois observatoires.
Akt. 9. Les astronomes de la République sont tenus de former des élèves pour
les observations astronomiques et météorologiques, pour les calculs de la connais-
sance des temps, et autres ouvrages tendant à perfectionner la navigation.
Art. 10. Il y aura un hydrographe dans chaque port de la République; il y
eiiseignera publiquement les sciences nécessaires aux marins.
Art. 11. Usera établi dans la commune de Paris un instituteur de minéralogie
et un de métallurgie.
Art. 12. La Commission chargée des relations de la liépublique avec l'étranger
sera tenue d'entretenir auprès de chacun de ses agents dans les contrées asiatiques
([uatre jeunes gens destinés à y ac(|uérir la connaissance dos langues de ces con-
trées.
Art. 13. Les différents instituteurs ci-dessus désignés pour remplir le dernier
degré d'instruction seront salariés par la République.
Art. 1 A. L'enseignement libre des sciences et arts non désignés par le présent
décret n'est pas aux frais de la République.
Art. 15. Les enfants qui auraient des dispositions bien prononcées pour quelque
art ou science dont l'enseignement est ou n'est pas salarié par la République, et
dont ils ne seraient pas à portée de pouvoir profiter, si leurs parents sont reconnus
[.ar le conseil général de leur commune liors d'étal de subvenir à leur instruclion.
obtiendront, pour trois années seulement, un secours d'encouragement qui leur
sera déliviv année par ann('e. suivant le mode et aux conditions énoncés dans une
des sections ci- a près.
SECTION m.
Du choix des inslilu leurs des sciences et arts dont lenseigw.imjnt est salarié
pur ht Hépuhlinne.
Article premilir. Les instituteurs des sciences et arts dont renseignement est
salarié [)ar la Répulilique seront élus par des jurys.
Art. 2. Ces jurys seront composés chacun de quarante mendjres. Leui* forma-
lion se fera publicpiement.
Art. 3. Le jury auquel sera conli(' le choix des instituteurs de santé, de l'art
vétérinaire, de minéralogie, de mélallui'g'e et d'Iiydn^graphie. sera formé h la [)lu-
rolilé relative des voix, par les administrateurs de district réunis aux citoyens des
conununes où ces établissements seront placés.
Art. h. Les ingénieurs, mineurs et artilleurs de tout gra(!e, en gai nisitn dau>
les places fortes de la R<'[)ubli(pie où doivent iMre établis les instituteurs des sciences
in. '.\-j
IMIMllMI ME !IAII(l>l tl r
578 PROCÈS-VERBAUX DU COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE
relatives au j<»-énie, mines et ai-tillerie, formeront, à la pluralité relative des voix,
le jury qui doit les choisir.
Art. 5. Les jurys feront leurs élections [)ubliquement, et à la majorité absolue.
Ils émettront leur vœu à haute voix.
Art. g. Il sera fait double du procès-verbal d'élection; l'un sera déposé au secré-
tariat de la municipalité, et l'autre envoyé à la Commission d'instruction publique.
Art. 7. L'expédition du procès-verbal d'élection sera le titre de l'instituteur élu.
Art. 8. La Commission d'instruction , sur les dénonciations qui pourraient lui
être faites contre un ou plusieurs instituteurs ci-dessus, après avoir vérifié les
faits, en ordonnera, s'il y a lieu, le remplacement par élection, conformément au
présent décret.
Art. 9. Les quatre astronomes, actuellement en exercice à l'observatoire de la
République à Paris, sont maintenus comme observateurs et instituteurs des sciences
astronomiques.
Art. 10. Sur la présentation du Comité d'instruction publique, la représenta-
lion nationale nommera les six astronomes qui doivent être établis dans les obser-
vatoires désignés à l'article 8 , section II.
SECTION IV.
Moyens généraux d'instruction.
Article premier. Indépendamment des établissements fixés par le décret du
8 pluviôse ^'\ il y aura dans les grandes communes de la République une bibliothèque
et un cabinet d'instruments de physique expérimentale, par chaque section de
population de cinquante mille âmes. Il y aura de plus, auprès de chaque hospice
ou maison de bienfaisance, un jardin destiné à la culture des plantes usuelles.
Art. 2. Ces établissements seront ouverts au public. Le conseil géiiéral de la
commune déterminera le mode de publicité.
Art. 3. Les citoyens qui cultivent quelque art ou science relatif à ces établisse-
ments y seront admis chaque jour.
Art. h. Les citoyens qui désireraient ouvrir des cours de physique expérimen-
tale ou d'histoire naturelle, et qui n'auraient pas les objets et instruments néces-
saires à cet effet, pourront, sous leur responsabihté , et du consentement du conseil
général de la commune, donner publiquement leurs leçons dans les cabinets na-
tionaux.
Art. 5. Ces établissements nationaux sont sous la surveillance immédiate des
municipalités.
Art. 6. Il sera établi dans chacun d'eux un ou plusieurs surveillants, aux frais
de la République.
('^ C'est le décret instituant les bibliotlièques de district. Voir p. 3io.
DE LA CONVENTION NATIONALE. 579
Art. 7. Ces surveillants seront élus conformément à l'article 3 de la section III.
Art. 8. Ils seront chargés, sous leur responsabilité, de la conservation des
objets confiés à leur garde, sous peine d'être poursuivis comme dilapidateurs du
trésor public.
SECTION V.
Des récompenses.
Artiglk premier. Tout instituteur d'art ou science, salarié ou non salarié par la
République, qui, à compter du jour de la publication du présent décret, justifiera
avoir enseigné pendant l'espace de vingt ans, obtiendra de la République une pen-
sion annuelle de deux mille livres pendant le reste de ses jours -'^
Art. 2. Toute institutrice du premier degré d'instruction seulement qui, à
compter de l'époque ci-dessus, justifiera avoir enseigné pendant vingt ans, obtien-
dra une pension annuelle de mille livres pendant le reste de ses jours.
Art. 3. Tout instituteur ou institutrice du premier degré d'instruction seule-
ment ((ui, à compter de l'époque ci-dessus, justifiera avoir enseigné pendant dix
ans, obtiendra, s'il continue, indépendamment du salaii-e accordé par la loi du
a() frimaire, une gratification annuelle.
Cette gratification sera de deux cents livres pour l'instituteur et de cent livres
pour l'institutrice : elle leur sera payée jusqu'à ce qu'ils aient obtenu la pension ac-
cordée par les deux premiers articles de la présente section.
Art. U. Pour obtenir les pensions et gratifications ci-dessus, les instituteurs et
institutrices seront tenus de justifier de leur enseignement année par année, par
lin certificat délivré dans les mêmes formes que les certificats de civisme et visé
par le district.
Art. 5. Les trois décadis de fructidor seront, dans chaque commune ou section
de commune de la République, consacrés à l'examen des jeunes élèves de toutes
les écoles.
Art. g. Cet examen sera fait publiquement.
Art. 7. Les autorités constituées y assisteront.
Art. 8. Les citoyens et citoyennes auront la faculté d'interroger les jeunes élèves
des deux sexes, d'après les livres élémentaires à l'usage de chaque degré d'in-
struction.
Art. 9. Sur l'avis du conseil général de la commune (|ui, à cet effet, sasso-
ciera quatre citoyens pères de famille choisis parmi les plus instruits, le plus iigé
des pères et la plus agét* des mères distribueront à chacun des deux jeunes élèves
de chaque sexe des premières écoles qui auront })aru les mieux instruits un prix
d'émulation dont la valeur ne pourra excéder la somme de six li\res.
^'' Kii r;i[)proclianl cet arlicle du second ceiiv du (ItM'iiit'i- tlo|jre, ilaus colli» dosi-
alinéa de rarticle 3 de colle section, on [jnalioii générale: w Tout instituteur d'art
voit que les instituteurs du premier de|jré ou science^,
«rinstruction sont compris, aussi bien (juc
37.
580 PROCES-VERBAUX DU COMITE D'INSTRUCTION PUBLIQUE
Art. 10. Les prix d'éinulation des écoles du dernier degré (rinslruction serout
des couronnrs de chêne.
Art. 11. Ln distribution des |)rix se fera le jour de la fèlo dos Récompenses.
Art. \Î1. Les instituteurs et institutrices salariés par la nation ne pourront
prendre leurs vacances que dans le mois vendémiaire. Ce mois ^cra payé à ceux
des premières écoles sur le nombi-e d'élèves du mois précédent.
Art. 13. Outre les prix ci-dessus, les jeunes gens désignés ai'ticle i5, section II,
qui, d'après l'examen ci- dessus, auront été reconnus avoir des dispositions bien
prononcées pour un art ou science, salarié on non salarié, et <jui témoigneiaient
le désir de s'y perfectionner, s'ils veulent obtenir le secours d'encouragement
mentionné audit article i5, seront tenus de se présenter, à leur choix, devant un
instituteur de cet art ou science. Ils seront examinés de nouveau par cet instituteur,
et les quatre citoyens choisis par le conseil général de la connnune du lieu de la
résidence dudit instituteur.
Si les jeunes candidats, après ce second examen, sont jugés avoir les dispo-
sitions qu'ils avaient manifestées dans le premier, ils obtiendront une somme de
huit cents livres pour une année.
Si à la tin de cette année il conste par un nouvel examen qu'ils ont fait des
progrès satisfaisants, ils obtiendront une paredie sonnne pour une seconde année.
lis l'obtiendront enfin pour la troisième, après avoir subi les mêmes épreuves.
Art. Ih. Les pensions et gratifications accordées par l'article A ci-dessus se-
ront acquittées par les trésoriers de district, sur le vu des certificats exigés des pen-
sionnaires de la Répubhque,
Art. 1 5. Les sommes destinées au piix d'émulation seront délivrées par les
percepteurs des contributions des communes sur un récépissé des municipahtés;
ces récépissés seront reçus pour comptant par les trésoriers de district.
Art. 16. Les secours d'encouragement accordés par l'article i3 de la présente
section seront acquittés par le trésorier de district du lieu du domicile des pères,
mères, tuteurs ou curateurs des jeunes gens qui les auront obtenus, sur le vu du
certificat de l'instituteur et des citoyens qui les auront examinés, ledit certificat
visé par la municipalité du lieu de la résidence de l'instituteur et des examinateurs.
SECTION VI.
Du traitement des inslituteurs du dernier degré d'instruction.
Article premier. Le traitement annuel de chaque astronome, observateur et
instituteur, est fixé à la somme de trois mille livres.
Art. 2. Celui de chaque instituteur de santé, à trois mille cinq cents livres.
Art. 3. Celui de chaque instituteur vétérinaire, à deux mille cinq cents livres.
Art. /i. Celui de chaque instituteur de génie, mines et artillerie, à trois mille
cinq cents livres.
DE LA CONVENTION NATIONALE. 581
Art. 5. Celui de chaque instituteur de génie relatif aux ponts et chaussées, à
trois mille cinq cents livres.
Art. 6. Celui de chacjue instituteurd'hydrograpliie,àdeux mille cinq cents livres.
Art. 7. Celui de cha(|uo instituteur ih minéralogie et métallurgie, à trois mille
cinq cents livres.
Art. 8. Celui des surveillants des établissements publics mentionnés en la sec-
tion IV, à deux mille livres dans les communes d'une population de cinquante
mille âmes et au-dessus, et h quinze cents livres dans les communes d'une popula-
tion au-dessous.
Art. 9. Les instituteurs et institutrices, salariés ou non salariés, ne pourront,
sous quelque prétexte (jue ce soit, obtenir de logement dans les bâtiments natio-
naux.
On lit dans le registre des procès-verbaux de la Commission des arts :
Séance du 3o frimaire, l'an 2' de la Républicjue.
Le président fait part à la Commission du décret du q8 frimaire portant sup-
pression de la Conmnission des monuments. Après la lecture, sur la proposition
d'un membre, la Commission désigne les citoyens Leblond, Lebrun et Vicq d'Azyr
comme commissaires pour présenter un règlement relatif aux travaux de la Com-
mission.
Séance du 5 pluviôse, l'an 2* de la République.
Vicq d'Azyr fait lecture d'un projet de règlement relatif à la Commission des
arts; il est adopté par la Commission avec quelques amendements.
Séance du i5 pluviôse, l'an 9.' de la République.
F^a séance prochaine commencera par la lecture du règlement que Vicq d'Azyr
est chargé de présenter h la Commission ^'\
Séance du 3o pluviôse, l'an y* de la Républi([ue.
On fait lecture du projet de règlement pour la Commission des arts. 11 est arrêté
qu'il en sera fait deux copies, déposées dans les bureaux du Comité d'instruction
pnbli({ue, pour être comnumiquées aux membres de la Commission.
Séance du 10 ventôse, l'an 2' de la Républi([ue.
On reprend la lecture du projet dt^ règlement. La discussion s'ouvre sur chacun
des articles. Il est adopté, à l'exception de (piehpies articles dont l'examen est
ajourné.
Séance du 20 ventôse, l'an 2' delà Républi([ue.
On continue la lecture du rè|;lement : il <\st adopte', sauf la rédaction du dernier
article, concernant les entrepreneurs et l'inspecteur.
^'^ Celle Iccinro iront lien que It^ Wo pluviôse.
582 PROCftS-VERBVUX DU COMITÉ D'INSTRUCTION PURUTOUE
Se.'ince du 25 ventôse, Tan 2' de la République.
On fait lecture du dernier article du règlement : il est adopte' ^^'.
Le Règlement de la Commission des arts comprend vingt-sept articles, compldtés par dix
articles additionnels concernant les manuscrits. Nous reproduisons ci-après celles dos dis-
positions de co règlement qui font connaître l'organisation intérieure de la Commission :
RÈGLEMENT DE LA COMMISSIO TEMPORAIRE DES ARTS,
ADJOINTE AU COMITE D'INSTRUCTION PUBLIQUE.
De l'Imprimerie nationale, s. d.^- .
Article premier. La Commission temporaire des arts sera divisée en treize sec-
lions , ainsi qu'il suit :
Histoire naturelle, Physique , Chimie, Analomie , Mécanique , (léographie et Marine,
Fortifications et Génie militaire. Antiquités, Dépôts littéraires , Peinture et Sculpture,
Architecture, Musique, Ponts et chaussées '^^K
Art. 2. La Commission continuera de s'assembler dans les salles du Comité
d'instruction publique , tous les quintidi et décadi , à neuf heures et demie précises
du matin, pendant l'hiver, et à huit heures et demie précises du matin, pendant
les autres saisons.
Art. 3. Chaque membre é'*rira son nom, en entrant, sur un registre de pré-
sence, lequel sera arrêté et signé, h la fin de chaque séance, par le président.
Art. II. La séance s'ouvrira par la lecture du procès-verbal de la séance précé-
dente. Chaque section rendra compte ensuite des travaux dont elle est spécialement
chargée.
Art. 5. Le président el le secrétaire de la Commission temporaire des arts
seront nommés par le Comité d'instruction publique, et toujours parmi les
membres de ce Comité.
Art. 6. Le Comité d'instruction publique nommera parmi les membres de la
Commission temporaire des arts un agent qui sera chargé de faire exécuter tout
ce qui sera porté sur les plumitifs des séances, de diriger le bureau, d'en survriller
la correspondance, de recevoir les lettres adressées à la Commission, et de faire
<'^ Archives nationales, F^'* 7, folios 1.8 compte quatorze, et le décret du 18 plu-
recto, 21. verso, 2.5 recto, 3o recto, viôse (voir p. 827) seulement douze. Ces
3^ verso, 89 recto, Ai verso. différences viennent de ce que le décret
^'^ Bibliothèque nationale. Le ^^ 698, réunit la peinture, la sculpture et Tarchi-
in-8°. tecture en une seule section, tandis que la
(•'') Le Règlement, de même que 17/*- Liste des membres en ïail trois sections à\i-
struction sur la manière d'inventorier, divise férentes , et le Règlement deux sections , en
la Commission en treize sections, tandis réunissant la peinture et la sculpture,
que la Liste des membres (voir p. .5o2j en
DE L\ CONVENTION NATIONALE. 583
parvenir à chacune de ses sections, ou à chacun de ses membres, les lettres ou avis
qui pourront les concerner.
Art. 7. Le bureau de la Commission temporaire des arts sera établi dans une
des salles qui sont destinées au logement du Comité d'instruction publique. Il y
aura plusieurs armoires ferme'es, pour y déposer les registres, les inventaires et
les papiers qui devront être conservés avec le plus de soiu. Les papiers moins
précieux y seront distribués avec ordre dans des cartons, et plusieurs commis y
travailleront sous la surveillance de l'agent de la Commission des arts.
. . . Art. 10. Chaque section remettra, le 2 5' jour de chaque mois, un état de
ses travaux à l'agent de la Commission, lequel en dressera un tableau général dont
il sera [donné] lecture dans la séance suivante à la Commission assemblée; et ce
tableau sera présenté chaque mois, par deux commissaires, au Comité d'instruc-
tion publique.
. . . Art. 1^. Les mannscrits seront recueillis et placés dans une section parti-
culière du local destiné aux dépôts littéraires, où il en sera fait un dépouillement et
un inventaire général. Tous les manuscrits qui seront jugés propres à donner des
renseignements utiles pour la défense de la République seront mis à part; il en
sera dressé un état, et ils seront remis au Comité de salut public, qui les fera
déposer dans un lieu à sa convenance, et qui en nommera le gardien.
. . . Art. 18. Des lieux de dépôts provisoires seront indiqués oii, pour éviter
les frais de gardien, les objets d'arts et de sciences , relatifs à l'instruction publique,
provenant soit des maisons d'émigrés, vSoit de celles des conspirateurs, soit des
ci-devant églises et des maisons ci-devant religieuses, seront transportés et réunis.
Ces dépôts seront divisés en six classes . . .
Les Articles additionnels au rèfrlement de la Commission temporaire des arts, concernant
les manuscrits , sont le développement de Tarlicle i6 du lièglement. On trouve Torigine de
cet article i^i et des articles additionnels dans un arrêté pris par le Comité d'instruction
publique le 19 ventôse (p. 567), portant que les manuscrits précieux pour l'attaque ou la
défense des places seraient mis à la disposition du Comité de salut public; et que la Com-
mission des arts préparerait un travail sur la manière la plus convenable de recueillir,
d'inventorier, de classer et répartir les divers manuscrits trouvés chez les émigrés et en
général dans les domaines nationaux.
Il est probable que c'est aux Af-ticles additionnels que se rapportent les deux mentions
ci-dessous, qui figurent dans les procès-verbaux de la Commission des arts à une date à
laquelle le Règlement était déjà adopté :
S(*ance du 5 germinal. Tan -i' de la Hé|)ubliqne.
On achève la lecture du règlement. Il est adopf*'. Il (sl arn'l(' ipiOn en pres-
sera l'impression.
Séance du 10 germinal, l'an 9" de la l{(q)ubli(pi(\
Le citoyen Vicq d'Azyi- lail im rapport sui' les mesures à prendre pour réta-
blissement d'un dépôt des niaïuiscrits e( sur 1(MU* clnssilication. Adopt(\ En consé-
584 PROaVS-VRHHAUX DC C,)M,TK D'.NST.UCT.ON PUBL-OUF
Los dix Articles additionnels porlenl on «.,1...
pour les manuscrits, ,„e les mLus Us .:::•' I ■"'] "''' "" ''^P"' P^visoi,.
co p,;o„„or (,-,a„e, ils seronl .-épanis, p», ordrode Z A "'"",' 5»°' " ''™"""'"- ^P-'
raison, pour qu'elles en fass.nl Te nm „ et .In^, , ' "' ''' '''''™' "l^ '» f^ ™-
■uanuscrils ,„i sont de leur ressort ' ' "' ''"'■' ""^* '"' ^" 'lassiliealio,, ,|e,
A ia suite du «,,_, , .,,, ,,,,,„, ^,,.^,„,,,,^,^ ^^ ,^^^ ^ ^^^ ^^^^^^^^^^^ ^^^^^^^^^
ArcJjives nationales K i; * ^ r i- ,
l'unaies, 1^ ^, iolios/17 f-Pclo, 5i rorto.
i
DE L\ CONVENTION NATIONALK. 585
DEUX CENT QUATORZIEME SEANCE.
Du '?.'] venlôso an ii. [ i -y mais 179'!.]
Prësi lence de Villar.
DuHEM et Plaighard, secrétaires.
Le citoyen Desfontaines, botaniste, est venu montrer au Comité
les planches gravées de sa collection du mont Atlas, au nombre de
soixante. Le Comité a trouvé ce travail supérieurement exécuté; et
comme ses moyens sont épuisés, et qu'il reste encore une partie do
son herbier à terminer, le Comité a chargé Arbogast d'en confc'rer
avec le Comité des finances sur les avances qu'il conviendrait de faire
à ce citoven pour cet objet ^^\
La commission formée par les Comités de division et d'instruction
publique pour le travail du changement des noms de certaines com-
munes de la République, ayant eu besoin de cinq secrétaires commis,
et ayant proposé le citoyen Joseph Rossigneux, choisi le 5 ventôse.
Antoine Colasson du 6 ventôse, Jacques Coutot du 8 ventôse, Da-
guier du c) ventôse, J. -François Millot du lo ventôse, le Comité a
adopté ce choix, cl il a été arrêté de leur faire délivrer leurs mandats
en commun par les Comités de division et d'instruction pubUque--^^
Le citoyen Guyton communique au Comité le projet de décret con-
cernant la refonte des papiers imprimés et la récom[)ense à accorder
à la citoyenne Masson , inventrice du procédé. Le projet est adopté ^^\
Le citoyen Mathieu propose une liste de commis pour la bibliogra^
phie, savoir : Delormel, Villars, Carpentier, Roullier, Desnos et Re-
naud. Arrêté qu'ils sont admis, en leur déclarant la nécessité de pro-
duire leur certificat de civisme.
*'^ Voir laséanco du 9 vonlùse (|i. ^oO) Lo projet sur la reloiito des papi(>rs im-
ol, pour la suite, colle du ;i5 ijorminal ail II. piiinos el la nM'ompense à accorder à la
^•^' Sur la commission formée de mem- citoyenne ^fasso^ lut prt'senlé à la Con-
l)res des Comités de division et d'instruc- venlion le () |jerniinal. Nous en donnons le
tion j)ul)liqiie pour le clian{jement des texte aux annexes, A (p. 58-). Il sera de
noms des communes, voir la séance du nouveau (pieslion de la cilovt>nne Masson
i3 nivôse (|). 2;?8). dans la seaiici» du (imnite du 1 i jjerniinal
^^^ Voir la séance du tî8 ventôse ( j). .')()'! ). ^u 11.
586 PR(X:ÈS -VERBAUX DU COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE
On fait le scrutin pour la nomination du président du Comité. La
majorité a été pour Viliar.
Ensuite, le scrutin ponr les secrétaires a donné la majorité pour
Duliem et Plaicliard ^^^
Plaichard est nommé rapporteur sur la demande du citoyen (^otte
de conserver sa demeure à Mont-Emile ^'-l
Les vingt exemplaires du compte de la Commission des monu-
ments, présentés au Comité, seront remis aux membres de la (Com-
mission des arts^^l
Le Comité arrête qu'il sera écrit au directeur de l'Imprimerie natio-
nale executive pour qu'il envoie au Comité d'instruction publique :
1° Un exemplaire de la partie du droit imprimée, mais non encore
publiée, du catalogue de la Bibliotbèque nationale;
q"* a la section de la bibliograpbie qui est au Louvre, un exem-
plaire complet de tout ce qui est imprimé du catalogue de la Biblio-
thèque nationale, y compris la partie mentionnée dans l'article
précédent ^^^
(*' En marge de la minute du procès-
verbal, le secrétaire qui tenait la plume a
écrit une liste comprenant huit noms, et a
noté en regard le nombre des voix re-
cueillies par les divers candidats aux fonc-
tions de secrétaires. Voici la reproduction
de cette lisle :
Grégoire
Boutroue
Daoust I
Duhem 1
Plaichard
Coupé
Duval
Viliar.
^'-' Le Père Coite (17^0-181 5), physicien
et astronome, avait la jouissance d'un lo-
gement et d'un jardin dans l'ancienne
maison àbs Oratoriens, à Montmorency. Il
avait demandé à en conserver l'usage wpour
y continuer ses observations météoro-
logiques?), par une pétition qui fut lue à
la Convention le 20 ventôse; l'assemblée
renvoya au Comité d'instruction publique
et à la Commission des arts. (Procès-
verbal de la Convention, t. XXXIII,
p. 1G8.) La Commission des arts s'occupa
le jour même de la pétition de Cotte, et
chargea îe physicien Charles d'en faire un
rapport pour le Comité d'instruction pu-
blique (F''* 7, folio 38, recto). Pour la
suite , voir la séance du Comité du 2 1 ger-
minal an II.
C'est la ville de Montmorency qui est ici
désignée sous le nom de Mont-Emile (un
décret de la Convention du 8 brumaire
au II avait ordonné que Montmorency por-
terait désormais le nom à'' Emile).
^^' Il s'agit du compte-rendu imprimé
dont il est question dans le procès-verbal
de la séance de la Commission des monu-
ments du 39 pluviôse (voir p. 383). Voir
aux annexes, B (p. 689), un extrait du re-
gistre de la Commission des arts, séance du
3o ventôse an 11.
Le Compte rendu à la Convention natio-
nale par la Commission supprimée des mo-
numents se trouve à la Bibliothèque
nationale; nous en donnons des extraits aux
annexes, B.
'''^ Ce second alinéa se trouve à la mi-
nute seulement. Sur le registre , le copiste
a, par inadvertance, fondu les deux alinéas
en un seul, en plaçant après les mots trdu
DE L\ CONVENTION NATIONALE. 587
Les citoyens Renaud, Passan, Lagrenier, députes de la section des
Lombards, viennent exposer le désir qu'elle aurait de pouvoir mettre
en culture les jardins incultes de son arrondissement. Le Comité ap-
prouve son zèle et en fait mention au procès-verbal ^^^
Sur la demande du citoyen Domergue de conserver une partie du
logement qu'il occupe à la bibliographie , le Comité passe à Tordre du
jour. Au surplus, le Comité exprime le désir que le citoyen Domergue
continue ses utiles travaux sur le génie et les progrès de la langue
française ^'^l
Sur la proposition de Mathieu, chargé de plusieurs rapports, Gu\-
ton est nommé rapporteur de la pétition du ritoyen Trouville^^^
Séance levée à onze heures.
Vn.LAR, président. Plaichard, sécréta ire ^\
PIECES ANNEXES.
On lit dans les procès-verbaux de la Convention :
Séance du 6 germinal an it.
Un membre '*\ au nom du Comité d'instruction publique, présente un projet
de décret relatif à la refonte des papiers imprimés, dont le brulement a été sus-
pendu par le décret du i 9 frimaire '-'^K
La discussion s'ouvre sur l'article 2 .
Un membre demande qu'il soit rejeté, parce que les entrepreneurs, comme les
inventeurs, ne sont pas tenus de dévoiler leur secret. Il pense que l'article 3 est
suffisant.
Le rapporteur répond que la pensée de tout inventeur est mise en réquisition
[)our le service de la Réj)ublique; mais que la rédaction de l'article rî ne contra-
rie pas les vues du préopinant.
catalogue de la Bibliothèque nationale», ^*' Voir la lettre do Domergue plus haut,
((ui terminent le premier alinéa, los mois p, 5Go.
qui lermiupnt le socoTid : ry compris la '^'^ Voir la st'ancedu 'JO vonlc>se(p. ."ilit)).
parlio menlionnéo dans Tai-licle préci'- ^^^ Ces si|jnaliin>s uo sont (pi'au rogislrc.
(lenl^\ La inimilt', sans signature, esl de la main
^' La rédaction de cet alinéa osl celle de d(» (loupé, sauf l'alinéa relatif à Domergue,
la minute. La rédaction du regisli'c ne cpii est do la main d(» (îrégoiro.
mentionne pas les noms des trois députés, •'') ("est (îuyIon-Morveau ( A/f);iiVc»r).
et dit simplement : «Des députés d(> la ^'^ \oir le décret du i u frimaire p. 6l).
section des Lomhardsn.
588 PROCÈS-VERBAUX DU COMITÉ D'INSTRUCTION PUBUIQUE
La Convenlion adopte ie projet de ddcrol ainsi qu'il suit :
frUa Convontion nationale, après avoir entendu le rapport de ses Comités de
salut public el d'instrnclion publique ,
rr Considérant que les pa[)iers imprimés, dont le brùlement a été sus[)endu par
le décret du i 9. frimaire, dans l'espérance d'en retrouver la matière, commencent
à former dans quelques connnunes un encombrement qu'il est urjjeni de faire
cesser par une destination définitive, décrète ce qui suit :
ff Article premier. Dans les deux décades qui suivront la publication du présent
décret, tous ceux qui se proposent de former des établissements pour la refonte
des papiei's inq)rimés dont lasupj)ression a été ou sera ordonnée seront tenus de le
déclarer à la Commission des subsistances et ap})rovisionnements, d'indiquer l'éten-
due qu'ils entendent donner à celte fabrication, et l'époque à laquelle elle sera
en activité.
ff Art. 2. Les entrepreneurs feront connaître à ladite Commission les procédés
et matières qu'ils veulent y employer.
ff Art. 3. Ils ne pouiTont se servir de potasse, salin, cendre gravelée, védasse,
cendre de bois, ni d'aucune espèce d'alcali végétal, qu'en donnant préalablement
à tout emploi la déclaration de la quantité, et se soumettant de reverser dans les
afiiiieries de salpêtre, immédiatement après leur opération, toute la quantité dii-
dil alcali qui aura passé dans leurs chaudières, sauf le déchet de cinq centièmes
au plus, qui sera vérifié par l'aréomètre.
ff Art. k. Les entrepreneurs seront autorisés à se faire délivrer, par les conseils
généraux des communes , les papiers imprimés mis en dépôt en exécution du dé-
cret du iQ frimaire, à la charge par eux de les faire dénaturer ùnmédiatement
après le transport, et d'en foire dresser acte en présence d'un mendîre du conseil
général de la commune du lieu de l'établissement.
ffART. 5. Dans le cas oii il ne se présenterait aucun entrepreneur dans le délai
fixé par l'article i", ou que ceux qui se présenteraient n'annonceraient pas des
movens suffisants pour atteindre et consommer la quantité mise en réserve, la
Commission des subsistances et approvisionnements fera rédiger et publier, sans
délai, une instruction sur ce nouvel art, pour le mettre à la portée des citoyens
qui voudraient se livrer à ce genre d'industrie.
ffART. 6. Ladite Commission ordonnera, s'd est nécessaire, des essais en grand;
elle pourra même établir des ateliers à la proximité des dépôts les plus considé-
rables, où les opérations seront portées au point de dénaturer lesdits papiers im-
primés pour mettre en délivrance la pâte qui en proviendra , laquelle sera préala-
blement séchée à la presse, pour en prévenir l'altération.
ffART. 7. La Commission est chargée de faire examiner si les papiers couverts
d'écritures, devenus inutdes ou dont la suppression aurait été ordonnée, sont de
même susceptibles d'être remis en pâte.
ffART. 8. Il est accordé à la citoyenne Masson une somme de trois mille cinq
DE LA CONVENTION NATIONALE. 589
cenls livres. (|ui lui sera payée [)ar la Ire'soreiie nationale sur les fonds destinés à
rencouragement des arls, en considération des travaux (ju'elle a faits pour parve-
nir à la refoule des [)apiers imprimés.
"•A HT. 9. L'insertion au Bulletin du présent décret tiendra lieu de publication ''. »
B
Ou iil dans le regislie des pi'ocès-verbaiix de la Commission des arts :
Séance du 3o ventôse, l'an 2' de la République.
Lecluie de la lettre du citoyen Moreau qui annonce que la Commission sup-
primée des monuments a clos ses séances. Les exemplaires de la réponse de ladit<î
Connnission au raj)port du citoven Mathieu , joints à cette lellre. son! rlistribués
aux mendjres de la Commission des arts "^'.
Voici le litre complet de la réponse de la Commission des monumenis au rapport de
Mathieu, dont il est question ci-dessus :
COMPTE RENDU À LA CONVENTION NATIONALE PAR LA COMMISSION SUPPRIMEE DES
MONUMENTS, ET SERVANT DE REPONSE AU RAPPORT DU COMITE D'INSTRUCTION
PUBLIQUE.
De l'imprimerie de Brosselard, quai ci-devant Conli, n" 1878 ^^\
Ce compte-rendu débute ainsi :
Le Comité d'instruction publique, par le ra|)port qu'il a présenté le 28 Iri-
luaire à la Convention nationale, et qui a fait prononcer la suppression de la
Commission des monuments, a grièvement inculpé les membres qui la conqjo-
saient: l'honneur les force à repousser ces inculpations.
Le Comité, sui'pris sans doute, les a puisées dans des notes inexactes qiu lui
avaient été fournies. Ces républicains inculpés vont rétablir les é[»oques et les
faits; et ils se llattent qu'en terminant des fonctions entreprises par le seul amour
«le la pati'ie, remplies avec un zèle toujours soutenu, et j)lus ardent même à l'in-
stant où il était h; plus calomnié, sans aucun émolument, et eu sacriliant tout, inté-
lèls et plaisirs, ils ii'«Mnporteront pas du moins dans leurs retraites les reproches
accablants d'une négligence et d'une ignorance désastreuses, et surtout d'un inci-
visme honteux pour eux, coupable aux yeux des patriotes, et pernicieux à la chose
publique.
Ils parleront, sans vouloii" olfenser |)ersonne, avec la sim[)li(ifé de 1 lionnne vrai
et la franchise du républicain.
'' Procès-verbal de la Convention , I. \\\l\, j). \h'A. — - Archives nationales, K'"*;,
ibiio fivi , recto. — ' Bihliothè(|ue nationale, Lj ' i 0.
590 PROCÈS-VERBAUX DU COMITE D'INSTRUCTION PUBLIQUE
Après celte iiilroduclioii, la Coiiimissioii des nionuiiierils se livie, pendant ia pages, à
une réfutation détaillée du rapport de Mathieu ; les pajjes sont divisées en deux colonnes :
celle de gauche, intitulée liapporl, contient des passages empruntés au rapport de Mathieu;
celle de droite, intitulée Wépnnsp au rapport, donne, en i-egard, les explications de la Com-
mission, généralement beaucoup plus longues que le texte des passages auxquels elles ré-
pondent. La (iOnnnission des monuments passe successivement en revue sa création, son
organisation, sa réorganisalion en 179*^; elle répond aux reproches d'insuffisance, de ci-
visme arriéré; puis elle examine l'un après l'autre divers faits que Mathieu avait allégués à
sa charge, et se justifie quelquefois rd'une manière triomphantes, comme elle l'avait pro-
mis dans sa lettre au président du Comité d'instruction publique du 3 nivôse (voir p. i83
du présent volume). Nous avons placé en note, au bas des pages consacrées à la repro-
duction du rapport de Mathieu (pages 171-180), les principales rectifications contenues
dans cette réponse de la Commission des monuments.
Nous extrayons de cette brochure un passage qui cou lient un exposé intéressant des
origines de la Commission des monuments et des changements successifs apportés à son
organisation (pages 3-6 de la brochure):
Le i3 octobre 1790, TAsseiiiblée coiislituaiile iviidit un décret par lequel les
directoires de département, et, à Paris, la municipalité, étaient tenus de veiller à
la conservation des églises et des maisons devenues domaines nationaux, et d'en
dresser des états pour être envoyés au Comité d'aliénation. La municipalité de
Paris devait s'associer, pour éclairer sa surveillance, des membres choisis de dif-
férentes académies.
En vertu de ce décret, la municipalité de Paris nomma une commission par-
ticulière, composée des citoyens Vandermonde et Desmarest, de l'Académie des
sciences; Barthélémy, Ameilhon, Leblond, de l'Académie des belles-lettres;
Doyen et Mouchy, de l'Académie de peinture et sculpture, et Masson, ancien
orfèvre.
De son côté, le Comité d'aliénation de l'Assemblée nationale avait formé une
commission de savants pour s'occuper d'un travail concernant la recherche des
monuments relatifs aux sciences, aux lettres et aux arts. Cette commission comp-
tait, parmi ses membres, plusieurs de ceux qui composaient la commission mu-
nicipale. Elle tint sa première séance le 8 novembre 1790, dans les salles de la
Bibholhèque des Quatre-Nations. Dans cette séance, elle s'organisa, fixa le plan
de ses travaux, et en détermina la répartition entre ses membres.
Dans une séance tenue au Comité d'aliénation, le 38 novembre, vingt jours
après son installation, le président du Comité d'aliénation proposa, pour sim-
plifier le travail et éviter un double emploi, de réunir à la commission qu'il avait
formée la commission municipale, ce qui fut arrêté; et le 6 décembre cette réu-
nion s'opéra.
Alors la Commission se trouva composée des citoyens Ameilhon , Barthélémy,
Bréquigny, Dacier, David, Debure,Desmarets, Doyen, Leblond, Masson, Mercier,
Mongez, Mouchy, Pajou, Poirier, Vandermonde, auquel fut adjoint le citoyen
P uthod- Maisonrouge .
Le nombre des membres , tenus de prouver la prestation de leur serment ci-
vique, s'accrut successivement des citoyens Boizot, Ormesson, Dufourny, Camus,
DE LA CONVENTION NATIONALE. 591
Meusnier, Lemonnier, jN'Ioreau et Regnault. Le 21 mai 1792, il fut lixé à vin^t-
trois, et le mode des élections fut détermine ''.
Le lendemain de la conquête du trône, le 1 1 août 1792, l'Assemblée législa-
tive créa une autre Commission composée de huit membres, dont quatre choisis
par la Commission extraordinaire de l'Assemblée, et quatre nommés par l'admi-
nistration municipale , [qui] devaient , réunis ensemble , faire les lecherches , di-esser
inventaire du mobilier de la couronne, jirincipalement des tableaux, statues, mo-
numents relatifs aux beaux-arts, et procéder au recolement des effets inventoriés
au Garde-meuble.
Les membres nommés par l'Assemblée législative furent les citoyens Reboul,
Broussonnet, Courtois et Mulot. Ceux que la municipalité choisit furent les citoyens
David, Cossard, Dufourny et Restoul.
Le 16 septembre, cette Commission créée le 16 août précédent fut réunie à
celle qu'avait formée l'Assemblée constituante; et un décret du 18 octobre, rendu
par la Convention nationale, fixa le nombre des membres à trenle-trois, que com-
plétèrent les citoyens Guyton, Barère, Dusaulx et Sergent, pris dans le sein de la
Convention elle-iuême.
Tels furent l'établissement et les accroissements de la Commission des monu-
ments.
Au reproche adressé à la Commission par Mathieu, que «le civisme de quelques-uns de
ses membres avait paru arriérée, voici la réponse laite par le Compte rendu (p. i.")) :
Le vrai patriote est celui qui se consacre et se dévoue tout entier au service de
la patrie; celui qui scrupuleusement et avec le zèle le plus désintéressé remplit
celle des fonctions que la République lui a confiée. La Counnission ne connaît
aucun de ses membres qui soit en arrière dans l'exécution de ses devoirs.
Voici enlin la conclusion (pages UU et Ub) .
La reconnaissance d'une grande nation est Tàme des vertus publiques. Dans
un autre temps, les membres de la Connnission des monuments eussent [)u en
demander des témoignages en vrais républicains; il leur sulîit aujourd'hui d'avoir
rempli leurs devoirs envers la Répubhque; mais ils n'ont pas du laisser sans ré-
ponse des inculpations consignées dans un rapport, devenu public, d'après \oqur\
leur sup[)ression a été décrétée.
La Commission n'eût jamais sollicité bassement des éloges. Des républicains,
des artistes qui idolâtrent les chefs-d'œuvre, sont assez récompensés par ce ([u'ils
ont fait pour la nation, qui les avait honorés de sa conliauce, et par la seule \ue
^'' La pièce jusllficalive u" q contient, à vinijf-trois; il «'st arrêt»» que les élections
ce sujet, l'extrait suivant des procès-ver- des membres de la Connnission s(» feront
baux de la (Commission: «Il est arrêté que dorénavant au scrutin,. . . que le membre
le nombre des membres de la Commission élu justifiera th» la prestation de son ser-
restera fixé, comme il Test maintenant, à nient civicpie-'.
59^2 PROCÈS-VERIUUX DU GOMITK D'INSTRUCTION PURLÏQUE
des ouvrages siiMimes qu'ils on! conservés; mais la juslice est un besoin pour eux.
Le peuple veut ([u'on la lasse à lous : ses représentants ont le même désir; ce ne
sera donc pas inutilement que la Commission des monuments demande que le
Comité ([ui Ta attacjuée dans Topinion puhlicpie lui i-ende justice, suivant la pro-
messe de son président ^'\ en face de la Convcnlion où cette Commission a été si
injustement et si grièvement maltraitée.
Les qnaloi'ze dorniôrcs j);ifjes de la brociiuro sont occupées par un certain nombre de
pièces juslilicatives, {groupées sous ce titre :
cf Pièces à Tappui du compte rendu par la Commission supprimée des monuments 71.
(^^ Dans sa lettre du 7 nivôse en réponse par le capporlfur. Comme il a été dit plus
à celle que la Con)n)lssion des monuments haut, nous avons placé au bas des pa^jes du
lui avait adressée le 3 (voir ci-dessus, rapport de Mathieu (pages 171-180), en
p. i85), Mathieu avait écrit : «S'il y avait notes, les passages du Compte rendu où la
eu erreur dans quelques laits, le Comité et (Commission dis monunionls rectifie un cer-
le rajjporlt'ur s'(>nipr(>sseront d'en con- tain nonibie df laits allégués par le rap-
venir?7. Aucune rectification ne lut publiée porteur el (pi'elle déclare inexacts.
DE LA CONVENTION NATIONALE.
593
DEUX CENT QUINZIEME SEANCE.
Du ^9 ventôse an ii. [19 mars 179A.]
Le citoyen Giraud adresse au Comité d'instruction publique (quelques
exemplaires d'un ouvrage intitulé : Réflexions sur les laines de France.
Renvoyé à Coupé ^^^.
Le citoyen La Chabeaussière présente au Comité un ouvrage intitulé :
Catéchisme républicain, philosophique et moral. Coupé est nommé rappor-
teur de cet ouvrage ^*^^
Le citoyen Le Marquant l'aîné écrit au Comité la lettre suivante :
Je n'ai ni ia santé, ni les talents que demandent les respectables fonctions d'in-
stituteur public. Mais si ces raisons ne me permettent pas de me présenter au
concours ouvert par la Convention nationale , je ne lui en dois pas moins l'hom-
mage d'une idée que j'ai crue heureuse. Le travail ci-joint en rend compte. Si le
Comité le juge digne d'être présenté à la Convention, son approbation est la pkis
flatteuse récompense que je désire, comme le titre de citoyen utile est le plus beau
que je connaisse.
Le Marquant l'aîné.
(^) Nous n'avons pas trouvé l'onvrage de
(îiraud.
^-) Ange-Etieniie-Xavier Poisson de La
Chabeaussière (1752-1820), né et mort à
i^aris, fils d'un avocat, était destiné d'abord
à l'état ecclésiastique; s'en étant dégoûté,
il servit comme officier dans les gardes du
corps du comte d'Artois, puis se consacra
aux lettres et devint auteur dramatique.
Quoiqu'il eût épousé une marquise, il se
montra partisan de la Révolution, et fut
employé dans les bureaux du ministère de
l'intérieur, 3" division. Dénoncé en nivôse
an II comme ayant donné asile à Julien de
Toulouse, il fut, malgré ses dénégations,
arrêté et enfermé aux Madeloniiettcs. Il
travaillait alors à la composition d'un caté-
chisme en quatrains, et ce fut de sa prison
qu'il en adressa ie manuscrit au Comité
d'instruction publique. La Chabeaussière ne
sortit de prison ([u'api'ès le 9 thermidor.
Son Catéchisme républicain lut imprimé on
l'an ni , et placé au nombre des livres d'édu-
cation à l'usage des écoles primaires j)ar la
loi du 1 1 germinal an iv. Devenu plus
tard l'un des quatre administrateurs du
Théâtre des arts (Opéra), La Chabeaus-
sière ne conserva ces fonctions qu'un an ;
il avait été accusé de malversations, mais
fut acquitté en nivôse an vu. Il collabora
quelque temps à la Décade. Membre de
nombreuses sociétés Httéraires, il se pré-
senta sans succès à l'Académie française
en 1819. En 1 8 1 ^ , il était redevenu roya-
liste. La lettre de La Chabeaussière se
trouve aux Archives nationales; nous en
donnons le texte aux annexes, A (p. Go A).
A trois reprises, en germinal an 11, nous
verrons le Comité s'occuper encore de
La Chabeaussière et de son Catéchisme;
le 9, il en confie l'examen à Villar; le 17,
il passe à l'ordre du jour; le 9,3, il ren-
voie l'ouvrage au concours des livres élé-
mentaires.
111.
:\s
IMI-niULML >AIIU^il.l..
594 PROCÈS -VERBAUX DU COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE
Renvoyé à la Commission des poids et mesures ^^l
Le citoyen Gail , professeur de littérature , écrit au Comité la lettre
suivante :
Pour la traduction de mon Xénophon, je suis obligé d'aller tous les jours à la
Bibliothèque nationale. Tous les jours je perds et fais perdre à un ami une heure
et demie en course. Si je pouvais collationner chez moi deux excellents manuscrits,
j'éviterais une perte de temps considérable. Voudrais-tu bien, citoyen président,
enjiager le Comité d'instruction de la Convention [à écrire] en ma faveur au garde
des manuscrits, et à lui demander qu'il me les confie '^^K
L'ordre du jour ^^\
Le citoyen Thillaye écrit au Comité pour le prier de s'intéresser
pour lui auprès de la section de Mutins Scevola, solliciter son interro-
gatoire. Renvoyé à Bouquier^^^.
On présente un rapport du citoyen Albert sur les bains médicinaux
du quai d'Orsay, Renvoyé a Duhem ^^\
Le citoyen Viallon envoie un mémoire sur une division des heures,
la seule qui puisse rapprocher l'ancienne manière de compter le temps.
Renvoyé à la Commission des poids et mesures ^^K
Le comité révolutionnaire de la section de l'Indivisibilité envoie le
récit d'un trait héroïque du citoyen Groslaire. Renvoyé à Léonard
Bourdon ^''l
('^ Le travail de Le Marquant ue se
trouve pas dans les cartons du Comité.
^-^ La lettre de Gail a été enregistrée sous
le n° 3 2 53 (F^', carton loio^).
^^^ Le copiste qui a transcrit le prorès-
verbal sur le registre , au lieu de donner le
texte même de la lettre de Gail, tel qu'il
ligure à la minute , l'a résumé , et a rédigé
de la façon suivante l'alinéa relatif à cette
affaire :
trLe citoyen Gail, professeur de litté-
rature, écrit au Comité au sujet de deux
manuscrits qui se trouvent dans la Biblio-
thèque nationale et dont il a besoin pour
continuer sa traduction de Xénophon; on
observe que ces manuscrits ne peuvent en
aucun cas être déplacés, et le Comité passe
à l'ordre du jour.?7
^*) Voir la séance du 17 ventôse (p. 55 1)
et , pour la suite , celle du 1 9 germinal an 11.
^^^ Il a été question d'Albert et de ses
bains dans la séance du 19 septembre 1798
(t. II, p. A38). Nous n'avons pas trouvé le
rapport renvoyé à Duhem.
^'^^ Le mémoire de Viallon, enregistré
sous le n° 2226, n'est pas à sa place aux
Archives nationales. Nous avons trouvé dans
le carton 11 35 de la série F^^, liasse Poids
et mesures , un rapport fait sur ce mémoire
par Lagrange à la Commission des poids et
mesures, le 6 germinal, avec une lettre de
réclamation de Viallon adressée au Comité
à la date du lA germinal, lettre dont il
sera question à la séance du 31 germinal
an n. Wous donnons aux annexes , B (p. 6o5),
des extraits du rapport de Lagrange et de
la lettre de Viallon.
(') Il a déjà été question du trait de
bravoure de Groslaire au procès-verbal du
a3 ventôse (p. 5G3). La lettre du comité
DE LA CONVENTION NATIONALE.
595
Le président du département de Seine -et- Oise prie le Comité
d'éclairer l'administration sur l'espèce de contradiction qu'il trouve
entre deux articles de la loi du 29 frimaire relative à l'établissement
des écoles primaires. Renvoyé à Boucjuier ^^K
Féraud, représentant du peuple à l'armée des Pvrénées Occiden-
tales, envoie un arrêté relatif à un vieillard d'Oloron. Renvoyé à
Mathieu (2).
Foussedoire, représentant du peuple dans les départements des
Vosges et du Haut-Rhin, envoie copie d'un arrêté qu'il a pris pour la
rédaction et la distribution d'une feuille périodique dite Feuille villa-
geoise. Vu par le Comité ^^\
La Société populaire de Nemours apprend à la Convention que le
citoyen Paulinier a recueilli chez lui, et s'est chargé d'élever comme
son propre fils, un enfant de douze ans abandonné à quelques lieues
de cette commune par un officier français. Vu par le Comité '^'^K
Strophes à la Convention sur l'abolition de l'esclavage, par un
anonyme. Villar nommé rapporteur ^^\
Le ministre de l'intérieur invite le Comité d'instruction publique à
engager celui de sûreté générale à faire lever les scellés apposés chez
le citoyen Pasquier. Duhem nommé rapporteur ^^^
La Société populaire de Brie- sur- Hières observe que quelques
communes fêtent les décadis et les ci-devant dimanches. Cet abus
est préjudiciable à l'agriculture; elle demande qu'on y remédie, et
que l'instruction publique soit promptement organisée. Vu par le
Comité ^'^\
révolutionnaire de la section de l'Indivisi-
bililé avait été enregistrée au Gorailé sous
le n" -2176 (F'^ carton 1009"); elle n'est
pas en place.
^') Cette lettre avait été enregistrée au
Comité sous le n° 3 1 77 ( F", carton 1 009'') ;
elle n'est pas en place.
(^^ L'arrêté de Féraud avait été enre-
gistré au Comité sous le n° 2178 (F^^, car-
ton 1009-) ; il n'est pas on place. L'analyse
de lu pièce, écrite sur la chemise qui la
contenait, nous apprend que le vieillard
d'Oloron était âgé de cent dix ans.
(•'') L'arrêté de Foussedoire est dans F'^
carton 1009^ n"rU75. La louille périodique
dont il s'agit devait être rédigée en français
et en allemand.
^'^^ La lettre de la Société populaire de
Nemours, en date du 8 pluviôse, a" année,
est dans F^', carton 1009-, n" 9i8/i.
^^^ Ces strophes , datées du 9 pluviôse l'an
second, sont dans F'", carton 1 009-, n" 'j 1 86.
(") La lettre du ministre de l'intérieur
est dans F'", carton 1009'^ n° 12191). Les
scellés apposés chez Pasquier (voir pages 39 3-
39^1 ) doivent être levés pour qu'on puisse
cr distraire de la masse des papiers de ce ci-
toyen ccu\ relatifs à la comptabilité do la Com-
mission supprimée du Muséum'? (dos arts).
^') La pétition de la Société populaire de
38 .
596 PROCI>S -VERBAUX DU COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE
Le ministre de i'intérieur soumet à l'aveu du Comité d'instruction
publique la demande que lui fait le citoyen Richard, mécanicien, de
partager les fonctions du citoyen Faltory, concierge et garde du ca-
binet de la ci-devant Académie des sciences. Renvoyé à la Commission
des arts ^^\
La Société populaire de Gray livre à la vengeance nationale une dé-
libération de la Société populaire de Moulins et une adresse au Comité
de salut public. Renvoyé a Boutroue ^-\
Le citoyen Launeau , agent national près le district d'Autun , instruit le
Comité de la dilllculté d'organiser l'instruction publique dans son arron-
dissement. 11 ne se présente point d'instituteurs. Renvoyé à Bouquier ^•^^.
Le citoyen Kosmann, médecin à Neuf-Brisach, envoie la recette
d'un traitement pour les lièvres putrides et malignes. Renvoyé à Plai-
chard et à Duhem ^'*^-
Les administrateurs du département de la Haute-Marne envoient un
arrêté du district de Langres qui supprime le traitement des supérieur
et vicaires [du séminaire^^^] de ce département. Vu par le Comité ^''l
Le citoyen Villebrune , bibliothécaire national, envoie des observa-
tions sur le commerce de la librairie française. Renvoyé à Grégoire ^''^
Brie-su r-Hières est dans F^'', carton 1009',
n" 21 85.
^'^ Voir, au sujet de Fattory, la séance
du 19 nivôse (p. 2 53).
^'^) La lettre de la Société populaire de
Gray-sur-Saône, datée delà première décade
de ventôse de l'an 2*, est dans F^', carton
1009-, n" 9197. Elle est adressée au Co-
mité de salut public, auquel la Société
dénonce «un libelle imprimé qu'elle a reçu
de la Société populaire de Moulins^^ Ce
«libelle 55 est un imprimé de dix pages
dans lequel la Société populaire de Moulins
demande au Comité de salut public de pro-
poser à la Convention le rapport du décret
du 18 frimaire, qui favorise le fanatisme.
La lettre avait été renvoyée au Comité
d'instruction publique par celui de salut
public, à la date du 21 ventôse. Nous don-
nons aux annexes, C (p. 607), la lettre
de la Société populaire de Gray et l'im-
primé de la Société populaire de Moulins.
(^) La lettre de Launeau avait été enre-
gistrée sous le n° 2209 (F^^ carton 1009*),
elle n'est pas en place.
^''^ La lettre de Kosmann avait été en-
registrée sous le n° 2212 (F^^, carton
1 009^) ; elle n'est pas en place.
'^) Ces deux mots ne sont ni à la minute
ni au registre ; nous les empruntons à la
lettre même des administrateurs de la
Haute-Marne, pour compléter le sens.
(•^^ La lettre des administrateurs de la
Haute-Marne, datée du 21 ventôse de la
2* année républicaine, est dans F'', car-
ton loo9^ n" 221 3. Cette lettre n'annonce
pas la suppression du traitement ; elle dit
simplement que le directoire du district de
Langres cf propose 55 cette suppression.
(') Voirp. àç)d. Le mémoire de Villebrune
est dans F^', carton loioS n° 2216. Gré-
goire , nommé rapporteur, ne s'en occupa pas
et fut remplacé, le 2 3 messidor an 11, par
Mathieu. Après le 9 thermidor, le Comité
arrêta, dans sa séance du 1 1 fructidor, que
crie manuscrit intitulé Considérations sur la
I
DE L\ CONVENTION NATIONALE.
597
Le citoyen Bonnier envoie un projet de Prière du républicain. Vu
par le Comité ^^\
La commune des Landes , district de Blois, demande une instruction
sur l'exécution de la loi du 29 frimaire relative à l'organisation des
écoles primaires. Renvoyé à Bouquier ^-'.
La commune du Creusot demande qu'on l'autorise à faire construire
aux frais de la République un temple à la Raison dans son enceinte.
Vu par le Comité ^•^^.
La Société des Jacobins envoie copie d'une lettre que lui ont écrite
les citoyens Muller et Neef, qui ont trouvé un remède contre la
maladie des chevaux nommée morve ; ils demandent que des commis-
saires soient chargés d'examiner et juger l'efficacité de ce remède. Plai-
chard et Duhem nommés rapporteurs ^'^K
Le conseil général de la commune de Soissons envoie un arrêté
relatif aux fêtes décadaires. Renvoyé à Mathieu ^^'.
Sur le plan d'éducation de Lepeletier, par un anonyme. Renvoyé à
Bouquier ^^\
Le citoyen Lenioine envoie un mémoire sur cette question : Y a-t-il
eu du fédéralisme à Toulouse? Renvoyé au Comité de sûreté générale ^'l
Le citoyen Pocholle envoie un mémoire intitulé : Moyen d'extirper
et d'anéantir à jamais toute espèce de superstition et de fanatisme. Renvoyé
aLindet^s).
lihraij'ie serait renvoyé à l'auteur, par l'in-
termédiaire (lu citoyen Lehlond, agent de
la Commission temporaire des arts'7. Mal-
gré cette décision , le mémoire est resté dans
les cartons du Comité. Nous le donnons
ci-après aux annexes, D (p. 619).
^'' La «Prière du républicainr" , de Bon-
nier, est dans F", carton 1010', n° 2a 17.
Le manuscrit est daté de Daclié par Mon-
félimar, 6" ventôse.
^') La lettre de la commune des Landes
a été enregistrée sous le n" atii fi (F'", car-
ton 1010^); elle n'est pas en place.
(^^ La lettre de la commune du Creusot ,
datée du 9 ventôse de l'an deux, est dans
F", carton 1010*, n" ^21 5.
^*^ La lettre envoyée par la Société des
Jacobins a été enregistrée sous \o n° 'i-n i
( F'", cai'lon 1010') ; elle n'est pu'^ (Mi j)lan>.
Plaichard et Duhem étaient médecins l'un
et l'autre.
(•'') L'arrêté de la commune de Soissons
a été enregistré sous le n° 2921 (F'', rai'-
ton 1010'); il n'est pas en place.
-^) Ce mémoire d'un anonyme sur le plan
de Lepeletier, enregistré sous le n" 2222,
et qui devrait être dans le carton 1010'
de la série F'", se trouve dans le carton 1 3 1 8
de cette série.
^'^ Le mémoire de Lemoine, enregistré
sous le n° 22^3 (F'", carton 1010'), n'est
pas en place , ayant été envoyé au Comité
de sûreté générale.
^*'' Pocholle, de la Seine-lnféi'ieure, après
avoir été en mission dans rillo-et-Vilaine,
était rentré à la Convention en frimaire.
Baudot lui a consacré une page caractéris-
li(]ui' : ffQui ('tait ce Pocholle? Un membre
598 PROCÈS-VERBAUX DU COMITE D'INSTRUCTION PUBLIQUE
La Société populaire do Charolles, après quelques réflexions sur le
désœuvrement et l'ennui des citoyennes des campagnes qui n'ont plus,
pour se réunir le décadi dans le chef-lieu de leurs communes, les motifs
qui les y attiraient le dimanche, demande que chaque municipalité de
la campagne soit autorisée à employer le jour de décadi une somme
pour procurer des délassements aux citoyennes des campagnes ^^\
Bourdon (Léonard) a lu quelques passages d'un ouvrage intitulé :
Les chants de la Cote-d'Or pendant la guerre de la Liberté. Lindet est ad-
joint à Bourdon pour faire un nouveau rapport sur cet ouvrage ^-l
Le Comité arrête qu'il sera payé à Hanin la somme de 1,875 livres
pour la sixième livraison des gravures pour le calendrier ^^\
Un citoyen demande pour Greive, employé par le Comité de sûreté
générale, la commission de faire à Lucienne la recherche des papiers
appartenant à la conspiration Du Barry et propres à fournir des maté-
riaux à l'histoire ^^l Le Comité passe à Tordre du jour sur la demande
et néanmoins arrête, vu l'importance de l'objet civiquement désigné à
de la Convention nalionaie, ci-devani ora-
torien, ayant un pied dans TÉglise et l'autre
dans le monde. Pendant la session il était
amphibie, souvent au Marais et quelquefois
aux pieds de la Montagne. Il assistait peu
aux séances, vivant plus avec les comédiens
qu'avec ses collègues ; il amusait les actrices
avec des madrigaux ... On comprend qu'un
patriote de cette force n'avait pas une
grande influence à la Convention nationale.
Quand le temps fut venu d'employer toutes
les inutilités pour faire du mal , il se vengea
du peu d'importance qu'il avait eu dans le
lemps du bien; il fut réacteur à Tours et
dans quelques départements de la Bre-
tagne, et, pour mettre le comble à toute
sa malfaisance, il proposa à la Convention,
le veille du i3 vendémiaire, de désarmer
les patriotes, c'est-à-dire de mettre la Con-
vention elle-même sous le joug des sections
royalistes. r (Baudot, Noteshistoriqiies sur la
Convention, etc., p. 299.) Le mémoire de
PochoUe sur le moyen d'extirper la super-
stition et le fanatisme, qui avait été enre-
gistré sous le n° 222^1 (F^', carton 1010^),
n'est pas en place : c'est regrettable, car
ce document aurait présenté de l'intérêt.
'') La pétition de la Société populaire de
Charolles est dans F^^ carton 1 o 1 o\ n° 2 2 2 5.
Elle avait été renvoyée au Comité par la
Convention le ai pluviôse. Une note de la
main de Villar nous apprend, ce que ne dit
pas le procès- verbal , que le- Comité a passé
à l'ordre du jour.
^^^ Il a été question une première fois de
l'ouvrage de Baillot, Chants de la Cote-d^Or,
le 1 1 pluviôse (p. 376).
^^^ Voir la séance du 1 5 ventôse (p. î)li^))
et, pour la suite, celle du 9 messidor
an II.
^'') La lettre de Greive, citoyen des Etats-
Unis d'Amérique, datée de Louveciennes,
29 nivôse an 11, est dans F^', carton
1708, rf 1800. Le pétitionnaire y dit
qu'ayant une connaissance exacte de beau-
coup de papiers existant dans la maison
appartenant ci-devant à la Du Barry, très
intéressants pour l'histoire, et d'une biblio-
thèque digne d'être conservée, il demande
que dans le cas où ses connaissances dans
ce genre pourraient être utiles, les repré-
sentants Lacroix et Musset veuillent bien
l'employer dans le classement qu'ils en
pourraient faire.
DE LA CONVENTION NATIONALE.
599
sa surveillance, qu'il sera écrit à l'administration du district de Ver-
sailles pour l'inviter à faire passer au Comité d'instruction publique,
dans le plus court délai, l'inventaire des papiers et de tous les objets de
sciences et arts et histoire naturelle existant à Lucienne, et à se confor-
mer dans la confection de cet inventaire à l'Instruction de la Commis-
sion des arts adoptée par le Comité d'mstruction publique, (juo le dis-
trict doit avoir reçue du ministre de l'intérieur ^^^.
Sur la pétition des citoyens F. Fourchard et J.-G. Ballet, instituteurs
de la commune de Joinville, tendante à être payés de la somme de
deux cents livres attachée à leurs fonctions et payable sur la succession
de la ci-devant demoiselle de Guise, dont les biens appartiennent au-
jourd'hui à la nation, le Comité passe à l'ordre du jour motivé sur le
décret de la Convention en date du .... '^^ qui ordonne que le traite-
ment des instituteurs sera payé, comme les créances au-dessous de
huit cents livres, par les corps administratifs, et que le traitement pour
l'année 1798 jusqu'au i5 germinal, époque de l'organisation des
écoles primaires, sera au minimum de quatre cents livres. Léonard
Bourdon est nommé rapporteur ^^\
Le citoyen Beffara, commissaire de police de la section ^'^' du Mont-
Filanc, met sous les yeux du Comité un ouvrage de vingt années de
travail sur l'Opéra national. Benvoyé à la Commission des arts ^^K
La municipalité de Liancourt, district de Gournai (s/c], représente
que le souvenir du dimanche est perpétué par les époques des marchés
qui se tiennent encore les lundis, mardis, etc. Benvoyé au Comité
d'agriculture et du commerce.
Le citoyen Olivier entretient le Comité de la nécessit('^ de remplacer
promptement les curés par des instituteurs de morale. Benvov»' a
Bo
uquier
(6)
^'^ La réponse du département de Seine-
et-Oisesera lue dans la séance du 9 germinal
an II.
^^^ La date a été laissée en blanc. Cesl
le décret du à ventôse an 11; voir ci-dessu*^
p. 3Ai.
^•^^ Voir p. 5/17. La lettre écrite par Four-
chard et Ballet avait été enregistrée sous li>
n" 1981 (F^', carton 1009'); elle n'est pas
en place.
^*^ La minute et le registre portent
ff commission rî au lieu de ffseclioni: cVst
un lapsus quo nous avons corrigé.
■'■ Sur Bcilara , voir la note 5 de la p. 388.
On avait enregistré au Comité, sous le n" 1 789
(F'', carton 1009 '), une lettre annonçant
son Dictionnaiie de l'Opéra; la pièce man-
que, et les procès-vorbaux n'en ont pas
lait mention. Il revient ici à la charge. Il
sera de nouveau question de BelTara et de
son ouvrage le •?.'] messidor an 11.
''^ La lettn' d'Olivier, datt'e do \idai.
600 l>nOCI^:S-VERB4lJX DU COMITE D'INSTRUCTION PUBLIQUE
Le Comité d'instruction publique, après avoir entendu la pétition
des citoyens Tliiébault, Turpin et Richer, passe à l'ordre du jour et
arrête : i" qu'il sera envoyé auxdits citoyens un exemplaire de la loi du
1 6 pluviôse concernant l'Instruction des jeunes élèves de la marine;
2° qu'ils seront invités à remplir isolément et promptement la tâche
qui leur a été imposée ^^^
'Mathieu fait un rapport sur les réclamations du citoyen Sarrette,
commandant la musique de la garde nationale parisienne ^^\ Il expose
que cet institut, dont l'utilité est généralement reconnue, dont la Con-
vention a déjà sanctionné l'établissement sans avoir réglé encore le
mode de son organisation, a reçu une extension dont les frais sur-
passent ceux que la commune de Paris peut y employer; que les ser-
vices que rend et que peut rendre cet institut aux armées de la Répu-
blique, en leur fournissant des musiciens, motivent et justifient cette
extension, et qu'en attendant que le Comité ait pu adopter un projet
sur l'organisation de cet institut, il est utile que le gouvernement, par
mesure propre à développer l'esprit public, vienne au secours de l'in-
stitut par une somme en supplément à celle que lui paye la commune
de Paris, et de plus en remboursant au citoyen Sarrette les avances
faites depuis le mois brumaire jusqu'au i*"' ventôse. Sur la proposition
du rapporteur, le Comité arrête, vu l'utilité de l'institut pour les ar-
mées et les fêtes nationales : i° le remboursement de la somme de
^1,570 livres 1 1 deniers au citoyen Sarrette, pour avances par lui faites
jusqu'au i^"" ventôse; 2° le payement supplémentaire d'une somme de
1,200 livres par mois à partir du mois ventôse ; 3° que le Comité de
salut public sera invité à se faire rendre compte de l'emploi de ladite
somme de 1,200 livres; 4" que le citoyen Sarrette, indépendamment
des supplémentaires portés au nombre de treize, justifiera du complet de
la musique de la garde nationale parisienne au Comité de salut public (^).
Extraits d'une lettre écrite au Comité de salut public par l'agent na-
près le Mesle- sur-Sarthe, 12 ventôse trouve dans F", carton 101 oS n° 2 9 56. La
an 2% se trouve dans F", carton ioio\ question reviendra à Tordre du jour le
n° 2219. 1" germinal an 11.
''^ Voir la séance du 27 pluviôse (^^ Voir la séance du 7 ventôse (p. 5oi).
(p. /i66). La lettre, en date du 22 ventôse, ^^^ La musique de la garde nationale
par laquelle Turpin, Thiébault et Richer parisienne comprenait, au moment 011
soumcllent leur plan pour la rédaction de elle obtint de la Convention, le 18 brumaire
l'Instruction à Tiisage des jonnesmarins, se an ii, d'être érigée en Institut national de
DE ].V COiWENTION NATIONALE.
601
tional d'Étampes en date de la dernière décade de nivôse et enregistrée
an bureau de l'action sous le n" i 2.53. L'ordre du jour^^l
musique, le personnel suivant : un com-
mandant avec le grade de capitaine (Sar-
rette); un lieutenant maître de musique
(Gossec); un sous-maitre de musique (Le-
fèvre); un sergent-major secrétaire (Viny);
trois sergents, trois caporaux, trente pro-
fesseurs de première classe, dix professeurs
(le deuxième classe, et huit professeurs de
troisième classe; en tout cinquante-huit
personnes, dont les traitements réunis
s'élevaient à la somme de 52,5oo livres.
Cette somme était payée par la ville de
Paris, ainsi que le loyer (3,ooo livres par
an) de la maison portant le n" 1 1 de la rue
Saint-Joseph, section de Brulus, occupée
par les musiciens. Mais, à la date du i" fri-
maire, treize « supplémentaires « avaient
été adjoints aux cinquante-huit membres
de l'ancien corps de musique, savoir deux
compositeurs (Lesueur et Méhul) et onze
professeurs de première classe (dont quatre
pour les instruments à cordes); leurs trai-
tements s'élevaient ensemble à i2,35o li-
vres. (Voir la liste nominative des membres
de l'Institut national de musique, avec l'in-
dication de leurs traitements , dans B. Sar-
rette et les origines du Conservatoire natio-
nal de musique et de déclamation, de
M. Constant Pierre, 1895, pages 36 etSa.)
C'est à l'adjonction des treize supplémen-
taires que Mathieu fait allusion lorsqu'il
dit que l'Institut «a reçu une extension
dont les frais surpassent ceux que la com-
mune de Paris peut y employer». Les
A, 670 livres 1 1 deniers à remboursera Bar-
rette comprenaient essentiellement Irois
mois de traitement, frimaire, nivôse et
pluviôse, payés ou dus aux supplémen-
taires; et les 1,900 livres mensuelles que
l'arrêté du Comité propose d'accorder sont
destinées presque in tégralemen t au payement
ultérieur du traitement de ces supplémen-
taires.
Le Comité de salut public, au(juel cet
arrêté fut conimunicjué, le sanctionna par
l'arrêté suivant en date du h lloréal an ii :
cfLe Comité de salut public, vu le rapport
et l'arrêté du Comité d'instruction publique
du 29 ventôse dernier, relatifs à la néces-
sité d'accorder des sommes pour soutenir
l'établissement de l'Institut national de
musique décrété par la Convention , arrête
que, conformément aux conclusions dudit
rapport, il sera remis au commandant de
la musique do la garde nationale pari-
sienne, ou à celui qui le représente, un
mandat sur la trésorerie de la somme de
A, 570 livres, en remboursement des dé-
penses qu'il a faites pour l'entretien de l'In-
stitut, et un second mandat pour toucher
1,200 livres chaque mois, pendant un an,
à compter du 1" ventôse dernier, et dont
la destination doit être de faire un supplé-
ment au payement des artistes attachés à
l'Institut. Le compte de l'emploi de ces dif-
férentes sommes sera rendu à la Commis-
sion de l'instruction publique, qui demeure
chargée de la surveillance de cet objet.»
(Archives nationales, AF 11* , ^18; et aussi
F'', carton 1 291, n° i58.)
Le payement des 1,900 livres men-
suelles eut lieu régulièrement jusqu'en mes-
sidor an II, date à laquelle il fut interrompu
à cause de l'épuisement du crédit de
5o millions, sur lequel étaient délivrées les
ordonnances du Comité de salut public. Le
26 brumaire an m, un arrêté du Comité
d'instruction publique porta remède à cotte
interruption, en ordonnant que l'Institut
national de musique toucherait l'arriéré et
le courant , sur les tonds mis à la disposi-
tion de la Commission executive de l'in-
struction publique. L'arriéré, c'est-à-dire
les mois de thermidor ot fructidor an ii,
fut j)avé par un mandat expédié lo 7 fri-
maire an m (F'"', carton 1291, n° i58).
C'est par erreur que M. Constant Pierre
a dit, dans l'ouvrage cité ci-dessus (p. 7t>,
note), (jue lo payement des 1,200 livres
mensuelles allouées aux nuisicions r n'ont
pas lion immt'diatomont'^.
^'> On tromo ro{ extrait di> lettre dan-^
602 PROCÈS -VERBAUX DU COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE
Le citoyen Henri Knapp , gazeticr aliemand, du pays de Wurtemberg,
annonce qu'il va continuer sa feuille périodique en allemand sous la
surveillance des autorités constituées ^^l
La section de la Fraternité de la commune de Reims fait part des
traits de désintéressement de quatre citoyens qu'elle a armés et envoyés
combattre contre les tyrans. Renvoyé à L. Bourdon ^^^
Le citoyen Degaulle, détenu aux Ecossais, envoie ses idées sur la
motion qui a été faite et renvoyée au Comité de salut public de desti-
tuer tous les nobles des emplois militaires. Prunelle nommé rappor-
teur ^^\
La commune de Cliampagnole voudrait être autorisée à se former
une bibliothèque publique des exemplaires doubles de tous les ouvrages
qui se trouveraient dans les maisons religieuses ou des émigrés de son
district. Renvoyé à Coupé ^^^.
Le citoyen Basset observe que les livres élémentaires anglais sont ce
qu'il y a de meilleur en ce genre ; il engage la Commission des arts à
les recueillir et demande h être employé à les rechercher. Renvoyé
à Grégoire '^-'K
La commune delà Réunion, district de Decise, envoie le procès-
verbal de la fête qu'elle a célébrée à l'occasion de la prise de Toulon.
Vu par le Comité ^*'^.
Le citoyen Perrier, horloger, envoie le plan d'un nouveau cadran,
F'', carton 1708, n" 18^2. Il est accom-
pagné d'un imprimé intitulé : Extrait
du registre des délibérations du directoire
du district d'Etampes, séance publique du
sa nivôse de Van deuxième. Cet imprimé
contient une Adresse de l'agent national du
district d'Etampes, destinée à w extirper les
dernières fibres du fanatisme??. Nous don-
nons aux annexes, E (p. 619), l'extrait de
la lettre, ainsi que le texte de l'imprimé.
('^ La lettre de Knapp a été enregistrée
saus le n" 2218 (F^^ carton 1010^); elle
n'est pas en place. La chemise porte cette
annotation :cr Renvoyé au Comité de sûreté
générale, 99 ventôse. Villar.»
'^^ La lettre de la section de la Frater-
nité, de Reims, a été enregistrée sous le
n° 2 9 10 (F", carton 1010'); elle n'est pas
en place.
^■^) La lettre de Degaulle, datée du
7 ventôse an 2*, est dans F^', carton l909^
n^gigS.
^^) La lettre de la commune de Cham-
pagnole a été enregistrée sous le n" 919G
(F^', carton 1009^); elle n'est pas en
place.
^^^ La lettre de Basset a été enregistrée
sous le n° 9196 (F^^, carton 1009-); elle
n'est pas en place. Le 5 thermidor an 11 , la
proposition de Basset sera renvoyée au jury
des livres élémentaires.
^''^ Le procès-verbal envoyé par la com-
mune de la Réunion a été enregistré sous
le n° 2182 (F^^ carton 1009^). La pièce
n'est pas en place, et la chemise qui la
contenait a disparu; mais cette pièce est
mentionnée sur l'état manuscrit joint au
carton.
DE LA CONVENTION NATIONALE. 603
fait des observations et demande des éclaircissements sur le concours
ouvert au Comité pour indiquer le moyen le plus court et le moins
coûteux d'appliquer aux montres et aux pendules un cadran conforme
à la nouvelle division du jour. Renvoyé à la Commission des poids et
mesures ^^\
La Société populaire de Wazemmes demande le Recueil des actions
héroïques et envoie son règlement. Renvoyé à Bourdon ^-\
Procès-verbal des citoyens Guyton et Fourcroy, membres du Comité
d'instruction publique, Dupin et Jac, membres de la Commission des
ci- devant trois compagnies de finances, de l'inventaire fait par eu\
des effets et papiers dans la maison et en présence du citoyen Lavoisier.
le 19 nivôse^^^, l'an g*" de la République une et indivisible. A déposer
dans le carton ^^^.
ViLLAR, président. Plaichard, secrétaire ^^K
^'^ Nous n'avons pas trouvé la lettre de
Perrier.
(^) La lettre de la Société populaire de Wa-
zemmes a été enregistrée sous le n° 2180
(F^', carton 1009^); ^^^^ "'^^*^ P^^ ^" place.
(^) La minute et le registre portent
f ventôse» au lieu de «nivôse»; c'est un
simple lapsus.
^*^ Nous avons donné, aux annexes de
la séance du i5 nivôse, A (p. 2^0), le texte
du procès -verbal de la levée des scellés
chez Lavoisier, du 19 nivôse, dont il est
ici question. On ne nous dit pas pourquoi
cette pièce ne fut déposée au Comité d'in-
struction publique qu'après plus de deux
mois écoulés. Elle avait été remise d'abord
aux deux membres de la Commission des
poids et mesures présents h l'opération,
Berlhollet et Vandermonde. Probablement
Guyton et Fourcroy, commissaires délégués
par le Comité, s'avisèrent, au bout de quel-
que temps, que la place de cette pièce était
plutôt dans les cartons du Comité d'in-
struction publique que dans ceux de la
Commission des poids et mesures, o\ se la
firent remettre par la Commission.
'■'^ Ces signatures sont celles du registre ;
pas de signature à la minute. La minute
est de la main de Plaichard. — Ce procès
verbal est le premier qui ait été rédigé par
Plaichard -Choltière, élu secrétaire dans
la séance précédente; c'est lui qui tiendra
la plume désormais, sauf de rares excep-
tions, pendant plus plus de cinq mois, jus-
qu'au 1 7 fructidor. Avec lui — on a pu le
remarquer par ce premier spécimen — les
procès - verbaux du Comité vont changer
de forme : très sommaires jusqu'ici, ne
mentionnant que les principaux points de
l'ordre du jour, — et souvent même pas-
sant sous silence des objets très importants,
— ils vont devenir minutieusement com-
plets, et s'encombrer de i'énumération
d'une foule d'affaires minuscules, au milieu
desquelles les questions essentielles seront
comme noyées. Plaichard met tout sur le
même plan, et les communications les plus
insignifiantes de correspondants obsciu-s,
les demandes banales de solliciteurs, occu-
peront dans ses procès-verbaux presque
toute la i)Iace.
60^1 PHOGKS-VRRBAllX DU COMITK DMINSTIUICTION PUBLIQUE
PIECES ANNEXES,
LETTRE DE LA GHABRAUSSIERE AU COMITE D'INSTRUCTION PUBLIQUE ('l
Aux représentants du peuple composant le Comité d'instruction publique.
Toujours détenu, sans savoir pourquoi et sans le mériter, j'ai été obligé, ci-
toyens, de continuer, sans autre secours que celui de mon cœur et de ma mémoire,
l'ouvrage élémentaire, mais philosophique et moral, dont je vous avais entretenu ^^\
C'est aux législateurs choisis que la Convention elle-même a chargés de l'intéres-
sante mission de fonder l'instruction publique sur les bases républicaines de la
raison et de la vérité que je dois lo premier hommage de ce nouveau catéchisme;
je désire qu'il paraisse revêtu de votre approbation, et je le soumets à vos lu-
mières. Je n'ai point eu la prétention d'en faire un objet de concours; assez d'autres
vont s'élancer dans la carrière que vous avez ouverte aux jeunes athlètes, et il ne
convient pas à un lutteur déjà vieux de s'y montrer. Daignez seulement protéger
cet essai, qui n'est que le prélude d'une plus grande entreprise. Je croirai avoir
atteint mon but, si vous le jugez digne de quelque attention. Au cas où vous
daigneriez m'honorer d'une réponse, voulez-vous bien me la faire parvenir aux
bureaux de la 3' division du ministère de l'intérieur, où je la recevrai quand les
nombreuses affaires du Comité de sûreté générale lui auront enfin permis de s'as-
surer que, victime d'une manœuvre odieuse et de la vengeance particulière d'un
scélérat intrigant qui me calomnie, jamais patriote plus irréprochable ne fut plus
injustement détenu.
Salut et fraternité. La Chabeaussijîre.
On lit en marge : «Coupe, rapporteur, 29 ventôse. '1 — El plus bas: frRenvoyé au con-
cours, a 3 germinal. Plaichard.?^
Sur la chemise qui contient la pièce est écrite l'analyse suivante :
ffLe citoyen La Chabeaussière, détenu, offre au Comité de salut public, qui renvoie à
celui d'instruction, un exemplaire de son ouvrage intitule : Catéchisme républicain, philo-
sophique et moral.
■■ «Renvoyé à Villar.
tf Renvoyé au carton de réserve le 5^7 messidor.?^
Cette analyse indique que La Chabeaussière avait également écrit une lettre au Comité de
salut public, qui l'avait renvoyée à celui d'instruction publique. Mais cette lettre manque,
tandis que celle que contient la chemise est bien réellement adressée au Comité d'instruc-
tion publique. Le Catéchisme (manuscrit) qui accompagnait la lettre manque aussi.
^') Archives nationales, F'", carton 1706, n" 2860. — ^^' Le nom de La Chabeaussière
n'a pas figure jusqu'ici dans les procès-verbaux du Comité.
DE LA CONVENTION NATIONALE. 605
EXTRAITS D'UN RAPPORT FAIT A LA COMMISSION DES POIDS ET MESURES REPURLICAI.NES
PAR LE CITOYEN LAGRANGE, DANS LA SEANCE DU 8 GERMINAL, AN 2'^ DE LA RÉpL-
RLIQUE FRANÇAISE, UNE ET INDIVISIBLE, SUR UN MEMOIRE DU CITOYEN VIALLON 'l
Laijraiige expose d'abord la proposition faite par Vialioii. Avec la division dn jour on
dix heures, les heures sont trop longues; en outre, la division de Theure en cent minutes
est trop grande, il est peu commode de compter les minutes jusqu'à cent. Viallon propose
,donc de diviser le jour en vingt heures, l'heure en cinquante minutes, et la minute en
cent secondes, La division en vingt heures se rapproche davantage de l'ancienne. Avec
la division proposée, le système décimal est conservé, puisque le jour se trouve divisé en
mille minutes, et ensuite en cent mille secondes, comme dans la division adoptée; pour
l'adaptation des horloges et des montres, on ne comptera les heures que jusqu'à dix, en
recommençant ensuite, comme on rompt;iit deux lois douze dans ranrienne division; tout
se réduira donc à changer les cadrans.
Lagrange répond ce qui suit :
ffJ*observe d'abord qrte, dans la mesure du temps, le système de'cimal est hoau-
coup moins important pour les besoins de la vie que dans toutes les autres me-
sures; car, à Texception des astronomes, personne n'a jamais de grands calculs à
faire sur les heures, minutes et secondes, à moins que ce ne soit dans la sobition
(le quelques problèmes particuliers. Ainsi on peut dire que l'introduction de l'échelle
décimale dans les mesures du temps est plutôt fondée sur des raisons de conve-
nance, de simplicité et d'uniformité que sur les grands motifs d'utilité générale
qui ont fait adopter cette échelle dans la mesure de toutes les autres quantités.
Mais, puisque la division décimale du jour a été consacrée par un décret, la Gom-
nnssion des poids et mesures ne peut que désirer qu'elle soit maintenue, parce
qu'elle complète le système de numération décimale que la Commission a adopté
comme le plus propre à faciliter et simplifier toutes les opérations arithmétiques :
d'ailleurs il faut remarquer que la division décimale du jour, décrétée par la Con-
vention, ne prescrit pas absolument que les heures, qui constituent la première
division du jour en dix parties, soient immédiatement divisées en cent parties, ce
qui pourrait être en effet peu commode pour les usages de la société; rien ireni-
péche de diviser d'abord les heures décimales en dixièmes, et ces dixièmes en
autres dixièmes, et ainsi de suite : cette division est même plus conforme au sys-
tème général de division, en prenant le jour pour l'unité [)rincipale de la mesure
du temps; et la Convention l'a adoptée expressément dans le décret relatif au
concours pour la meilleure construction des montres et des horloges. Or il est
visible que la première division des heures eu dixièmes est très convenable aux
besoins de la société, et qu'elle ne s'écarte que très peu de l'usage reçu de ooinjiler
par heures et quarts d'heure; car chacun de ces dixièmes répond à i V qV de
^'^ Archives nationales, K'\ caitori ii."i."> n" J'JuI).
606 PROCÈS -VERBAUX DU COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE
l'aiicieune division, et par conséquent à très peu près à un quart d'heure, qui est
la plus petite division usitée jusqu'à présent dans la société. Ainsi les inconvénients
(|ue paraît présenter la division décimale du jour sont plus apparents que réels, et
cette division réunit au contraire tous les avantages que l'on y peut désirer, tant
poui- les besoins de la vie que pour les calculs astronomiques. Il serait seulement à
souhaiter, ce me semble , que pour éviter toute ambiguïté , et pour mettre le plus
de clarté et de simplicité dans la mesure du temps, on changeât la dénomination
d'heures, de minutes, de secondes, etc.; les noms de déci-jour, centi-joiir, etc.,
porteraient leur signification avec eux, et seraient d'ailleurs semblables à ceux qu'on
a adoptés dans la division du mètre ; mais il serait surtout essentiel d'avoir une
manière abrégée d'exprimer les parties des deux premières divisions du jour, par
exemple A et 5 , ou A sur 5 , ou etc., pour désigner quatre déci-jour et cinq centi-
jour, on bien /»5 en passant tout de suite aux centièmes de jour. J'observerai même
que la division du jour en cent parties étant suffisante pour les besoins ordinaires
de la vie, on pourrait ne mettre dans les montres communes qu'une seule aiguille
avec un cadran divisé en cent parties, ce qui les rendrait plus simples et moins
sujettes à se déranger : on en mettrait deux dans les montres destinées à donner
une division du jour plus précise , et la seconde aiguille marquerait alors sur le
même cadran les dix-millièmes de jour, qui répondent à 8",64. Enfin dans les
montres où l'on voudrait avoir une division répondante aux anciennes secondes,
on pourrait mettre une troisième aiguille beaucoup plus courte que les autres , et
qui marquerait les cent-millièmes parties du jour répondantes à 5i"^8A, dans la
circonférence d'un petit cercle divisé seulement en dix parties. «
Au rapport de Lagrange est jointe une lettre de Vialion au président du Comité, du
ik germinal. Vialion y dit qu'il a assisté à la séance de la Commission où le rapport de La-
grange a été fait, et il cherche à en réfuter les conclusions. Il insiste surtout sur deux points :
que c'est trop de dix divisions dans une heure : wces dix divisions seront bien difliciies à
marquer pour les sonneries, il faudra plusieurs timbres et de grands changements dans les
mouvements»; et qu'avec son système à lui, wdans la plupart des horloges de campagne,
il suffira de peindre les cadrans en dix heures au lieu des douze heures actuelles». Il ajoute
en post-scriptum : r Je crois devoir prévenir le Comité que le citoyen Pingre, dont on connaît
les talents astronomiques, pense que les deux décimales, que je propose dans une révolu-
tion diurne, conviennent également au peuple et à l'astronomie». Il signe : «Viallon,
bibliothécaire de Geneviève».
On lit en marge : rr Ordre du jour sur la lettre du citoyen Vialion et adoption du rapport
du citoyen Lagrange fait à la Commission des poids et mesures. 21 germinal. Plaichard.»
DE LA CO.WENTION NATIONALE. ' 607
c
LETTRE DE LA SOCIÉTÉ POPULAIRE DE GUAY AU COMITE DE SALUT PUBLIC '-^^
Gray, le i" décadi de Venlôse de l'an ^2" de la République une et indivisible.
Département de la Haute-Saône.
Aux représentants du peuple composant le Comité de salut public.
Citoyens représentants,
La Société montagnarde et révolutionnaire de cette commune, guidée par l'es-
prit des lois et la saine raison, croit devoir livrer à votre surveillance et à la ven-
geance nationale le libelle anonyme ci-joint qu'elle a reçu timbré de Moulins , per-
suadée que vous parviendrez à découvrir l'antre où s'est forgé ce nouveau poignard
de l'aristocratie.
Salut et fraternité.
Bard , président.
VuiLLEMOT, secrétaire. Gautherot, secrétaire.
En tête de la pièce se lit l'enregistrement du Comité de salut public : TReçu ik ventôse.
Enreg. n" 227.W
En marge : «Renvoyé au Comité d'instruction publique, 20 ventôse l'an 3 de la Répu-
blique une et indivisible».
Le cf libelle anonyme n est un Extrait des registres et délibérations de la Société populaire
de Moulins, séance du 17 nivôse an n, suivi d'une Adresse au Comité de salut public,
formant un imprimé de 1 0 pages. Nous le reproduisons ci-après :
EXTRAIT DES REGISTRES ET DÉLIBÉRATIONS ET ADRESSE DE LA SOCIÉTÉ POPULAIRE
DE MOULINS AU COMITE DE SALUT PUBLIC. SÉANCE DU DIX-SEPT MVOS (sic),
L'AN SECOND DE LA REPUBLIQUE FRANÇAISE, UNE ET INDIVISIBLE.
A Moulins, de l'imprimerie nationale de G. Boutonnet, imprimeur
du département de l'Allier (-).
EXTRAIT DES REGISTRES ET DELIBERATIONS DE LA SOCIETE POPULAIRE DE MODLINS.
Séance du ij nivos (sic), ra)i a" de la République française , une et indivisible.
Un des secrétaiiTS monte à la tribune et lail lecture d'une lettre écrite de Bt»-
sançon par un volontaire du délacbenient de la première réquisition de l'Allier,
dans hupielle ce brave sans-culotte expose à ses père et mère que le fanatisme
exerce plus que jamais son empire à Luzy, Auluu et autres connnunes par où son
'') Archives nationales, F", carton ioo()-, n" 2197. — (*^ Sur la j)a!j«' (K> lilr.- ou a
ocril rrs moU : ffRoiiIroiio, r;ipj);)i'liMn', 'H) vi'iiiôse l'an •j"'?.
608 PROCES-VERBAUX DU COMITE D'INSTRUCTION PUBLIQUE
détachement vient de passer; que Lebeaupin, commandant de ce détachement, a
ëte' traduit dans la maison d'arrêt de Besançon, parce que plusieurs de ses frères
d'armes avaient chanté dans une église ce couplet philosophique :
Sols enfants de rilalic,
Qu'un prêtre tient en ses mains,
L'ombre de Brutus vous crie
De redevenir Romains.
Allez, arrachant l'étolo
De votre sacré tyran,
Rebâtir le Capilolc
Des débris du Vatican.
El qu'enlin il s'était vu assaillir, ainsi que tous ses braves camarades, par une
foule innombrable de fanatiques de tout sexe et de tout âge, qui, en présence
même des officiels municipaux revêtus de leurs écharpes, avaient poussé la scélé-
ratesse, l'horreur et l'infamie jusqu'à dire d'un ton menaçant et avec toutes les
fureurs de la rage : nAh! puisse le premier boulet de nos ennemis exterminer des
protestants , des dévastateurs et des impies tels que vous, n
Saisi, transporté d'indignation, le président se lève, comme involontairement
et malgré lui : en philosophe éclairé, il i*emonte à la source, et tonne avec une
sainte colère contre les horreurs et les atrocités dont il vient d'entendre le récit,
et, sur ses observations non moins judicieuses qu'éloquentes et énergiques, la So-
ciété arrête, d'une voix unanime, qu'il sera écrit, sur-le-champ ^^\ tant à la Société
mère des Jacobins et au ministre de la guerre qu'au Comité de salut public et à
la Convention nationale, pour demander justice en faveur de Lebeaupin et ven-
geance contre les fanatiques et les contre-révolutionnaires qui avaient violé le droit
des gens et commis un crime de lèse-nation, en privant de sa liberté ce généreux
défenseur de îa patrie.
Républicains, continue le président, je ne sais si je m'abuse, mais il me semble
que le décret du 18 frimaire et la proclamation du Comité de salut public aux
autorités constituées, sous la date du 98 nivos (sic) dernier ^^\ loin d'avoir atteint
leur objet, ont rallumé les torches du fanatisme et aiguisé ses poignards.
Ce trait de lumière ayant frappé tous les esprits, un membre demande la pa-
role, et, l'ayant obtenue, s'explique en ces termes :
ff Frères et amis, d'après la lettre dont vous venez d'entendre la lecture et les
faits affligeants qui y sont consignés, j'avoue avec le président, qui a fait passer
dans nos âmes toute l'indignation dont la sienne est pénétrée , que la malveillance,
la superstition et le fanatisme ont effectivement souri au décret de la Convention
nationale et à l'adresse du Comité de salut public sur la liberté des cultes; mais il
est essentiel de vous observer, et je vous prie d'être intimement convaincus que
^') Ces lettres ont été écrites sur le bu- autorités constituées, montre que ie procès-
reau , adoptées à l'unanimité et envoyées verbal de la séance de la Société populaire
de suite. {Note de V original.) de Moulins ( qui avait eu lieu le 17 nivôse)
^^) Ce membre de phrase, où il est parlé a été rédigé postérieurement au 28 nivôse.
de l'adresse du Comité de saint public aux
DE LA CONVENTION NATIONALE. 609
nos législateurs n'ont eu d'autre intention, sans doute, que celle de com[)atir à la
faiblesse de quelques individus ignoi-ants, sots, cre'dules et superstitieux.
ffPour vous, frères et amis, qui, depuis l'instant à jamais me'morable de notre
heureuse re'volulion, n'avez cessé d'être ce que vous êtes aujourd'hui, c'est-à-dire
hommes français et n'publicains; vous qui avez écrit depuis peu à Fouché, ce lé-
gislateur si recommandable par son génie, son héroïsme et ses vertus, que toutes
les religions sont filles de l'erreur, de rinq)osture, de la superstition, du fanatisme
et de la tyrannie; vous qui savez, ainsi que Lequinio et tous les sages de la
terre, que les cultes n'ont été inventés que par les fourbes, les charlatans et les des-
[)otes; vous aussi qui avez la sagesse et le bon esjH'it de ne croire qu'à ces vérités
éternelles et fondamentales qui tombent sous nos sens, et que la raison seule peut
admettre; hâtez-vous, pour votre gloire, et plus encore pour l'instruction et le
bonheur de l'espèce humaine, hâtez-vous d'apprendre à vos concitovens, vos amis
et vos frères, qu'un vrai républicain ne doit avoir d'autre religion que celle de la
nalure, ni pratiquer d'autre culle que celui de la liberté.
•tNos législateurs républicains ont si bien reconnu de quelle inqmrtance il était
de propager ces principes éternels et sacrés dont le développement est dans \os
cœurs, (pi'après avoir interdit toutes disputes théologiques, ces représentants,
dignes de l'être, ont invité tous les bons citoyens, au nom de la patrie, à pro-
noncer des discours ou à faire des lectures philosophiques , tant aux sociétés po-
pulah'cs que dans les tenqjlcs de la raison.
ffC'est en vertu d'une invitation aussi sage que j'ai cru devoir consacrer quelques
instants à extraire, de nos écrivains célèbres, les passages qui m'ont paru les plus
propres à fixer votre attention et à défanatiser les peuples.
ffPour atteindre et parvenir, s'il est possible, à un but aussi désirable, je com-
mencerai par jeter un coup d'œil succinct et rapide sur les religions et les cultes,
dont peut-être il ne serait plus question aujourd'hui dans aucun de nos départe-
îiients, si le décret du 18 frimaire, rendu sur la motion de Robespierre, n'en eut
permis l'exercice et consacré la liberté.
ffJe ferai voir, en second lieu , ce qu'ont été les prêtres dans tous les temps, et ce
qu'ils seraient encore, si le flambeau de la raison tardive qui commence à nous
éclairer enfin, malgré les efforts impuissants que l'on fait pour l'éteindre, n'eut
contraint ces êtres faux, menteurs et perfides à abjurer leurs erreurs et à renon-
cer, pour jamais, à leur vil et méprisable métier de charlatan.
rr J'examinerai, en troisième lieu, pourquoi tous ces imj)osteui's sacrés ont in-
venté le [)aradis, l'enfer, le purgatoire et tous ces contes i-idicuh^s, honteux, déplo-
rables et funestes, qui ont fait et font encore aujourd'hui, chez presque Ions les
peuples de la terre, le malheur, l'épouvante et l'eflroi de la majeure partie des
pauvres humains.
rrJe vous préscutei'ai , en quatrième lieu, le tableau horrible et dé'ioùlant, mais
exact et (idèle, du nojubre des victimes immohies aux s(uds noms de Moïse, Jésus
et Mahomet.
ffEnlin, frères et amis, je prouvei'ai , JMS(|n"au dernier deort' (i"('\i(lence, que la
religion de la nature est la seul(M]u'un être raisonnable puisse admetire et pralicpiei".
ffEn attendani, rc'publicains, (pie je [)ass(> au (hneloppemeni di' nu^s preuves.
m. .H)
l\ll-MUir.ll. >\TIO>iLl.
610 PROCES-VERBAUX DU COMITE D'INSTRUCTION PUBLIQUE
je demande premièrement que nous prêtions tous aujourd'hui, et sans desempar/r,
le serment aug-uste et solennel cpie voici :
nJc jure de maintenir, de tout mon pouvoir, l'unité et V indivisibilité de la llcpu-
blique; je jure en outre de reconnaître pour mon frère tout homme juste et vraiment
ami de fhumanké , quels que soient sa couleur, sa taille et son pays; je jure aussi de
n'avoir jamais d'autre religion que celle de la nature; d'autre temple que celui de la
raison; d'autres autels que ceux de la patrie; d'autres i)rêtres que nos législateurs ;
ni d'autre culte que celui de la liberté, de l'égalité et de la fraternité.
ffJe demande en second lieu, si vous adoptez mon serment et ma motion, que
vous fassiez imprimer le procès-verbal d'une séance aussi mémorable , et que vous
en adressiez des exemplaires à toutes les sociétés des Jacobins , pour que nos con-
citoyens, nos amis et nos frères connaissent, dans tous les départements de la Ré-
publique, notre profession de foi en matière de religion, de morale et de politique.
ffJe demande enfin, frères et amis, que nous fassions une adresse au Comité
de salut public pour l'inviter, au nom de la raison et de la philosophie, à proposer
à la Convention nationale le rapport de son décret relatif à la liberté des cultes, i
Ces différentes motions ayant été appuyées, mises aux voix, et accueillies una-
nimement, le président a prononcé le serment en entier, et tous les membres ont
ensuite monté à la tribune [)our le prêter individuellement, et chacun à leur tour.
La séance a été terminée par des chansons patriotiques.
ADRESSE
DE LA SOCIÉTÉ POPULAIRE DE MOULINS AU COMITÉ DE SALUT PUBLIC.
Les philosophes anciens et modernes ont pensé qu'il était de l'intérêt du genre
humain d'enchaîner toutes les nations par les liens de la tolérance et de la frater-
nité; et c'est d'après une doctrine aussi belle et aussi sage que la Convention na-
tionale a rendu son décret du 1 8 frimaire , relatif à la liberté ces cultes.
En pronmlguant une pareille loi, l'intention de nos législateurs était sans doute
d'unir plus que jamais tous les Français par ces doubles liens de la tolérance et de
la fraternité; mais par malheur l'événement a trompé leur attente et la nôtre.
Instruits par l'expérience , nous aurons donc aujourd'hui le courage et la fran-
chise de vous dire que s'il se manifeste depuis peu des mouvements pour cause de
religion , ce n'est pas seulement au machiavélisme artifcieux des 'puissances étran-
geres^^^ qu'il faut en imputer la cause, mais au décret du 18 frimaire dont, par
une fausse et perfide interprétation, les ennemis de la chose pubhque se servent
tous les jours pour allumer les torches de la guerre civile. Ah ! législateurs , c'est
au nom de la raison , de la philosophie et du sang de nos frères prêt à couler en-
core, peut-être, pour des chimères, des extravagances et des impostures, que
nous W)us prions d'inviter la Convention nationale à rapporter son décret relatif à
la liberté des cultes, ou, disons mieux, à arracher de la main des fanatiques et
des anti-révolutionnaires le poignard à deux tranchants dont ces scélérats se flattent
(') Les mots en italiques sont extraits de l'adresse du Comité de salut public du
28 nivôse.
DE U CONVENTION NATIONALE. 611
aujouj'd'hiii, plus que jauiais, de Irapper les patriotes et les sages qu'ils traiteot
iiiipunénient de scélérats, de protestants et (Piiupies.
Législateurs, si vous voulez sincèrement (eli! conunent pourrions-nous » n dou-
ter?) que le fanatisme ne soit plus qu'un squelette qui, réduit cha^juc jour en poussière ,
tombe naturellement et sans efforts'^', il faul, de toute nécessité, que non seulement
vous lassiez un rapport pour inviter l'auguste aréopage à annuler son décret, mais
encore que vous soyez vous-mêmes assez grands pour avouer à la France , à l'Eu-
rope et à l'univers entier que vous avez commis involontairement une grande er-
reur, lorsque vous avez annoncé, dans votre adresse du 98 nivos [sic) aux auto-
rités constituées, que la liberté des cultes devait être l'objet de la sollicitude des
fonctionnaires publics et, plus particulièrement encore, des agents nationaux '^K
Législateurs, nous osons vous le dire avec cette franchise austère et républicaine
qui caractérise de vrais sans-culottes: Il n'y a pas un instant à perdre; hâtez-vous,
prononcez, exercez les plus beaux de vos droits, celui de vous réformer vous-
mêmes : eh! quelle gloire vous en recueillerez! car ce n'est pas de proposer des
décrets inliniment sages qui vous fait mériter toute notre admiration : une foule de
rapports sages, éloquents et sublimes, dépose en faveur de votre génie, de votre
sagesse et de votre suprême équité; mais ce qui nionlrera que vous êtes supérieui-s
aux autres et à vous-mêjnes, c'est que, trop grands j)our j)rendre le change sur
ce qui honore \éritablement l'honnne, vous aurez autant de satisfaction à vous
dédire que de regret de vous être trompés. Voilà les exemples qu'il sied à des lé-
gislateurs, tels que vous et nos représentants, de donner au monde, et ([ue nous
attendons avec confiance de votre amoui' pour TluKuanité.
Que la Convention nationale raj)porte son décret relatif à la libcrli* des cultes:
quelle ell'ace jusqu'au dernier vestige de la loi ou, pour mieux dire, de la capu-
cmade connue sous le nom de constitution civile du clergé; qu'elle ordonne la dé-
molition de tous les clochers, qui sont autant de signes de ralliement pour le
fanatisme, la superstition et l'idolâtrie; qu'elle s'oppose, sous les peines les plus
sévères, à toutes les cérémonies religieuses; et nos législateurs acquerront, ainsi
que vous, de nouveaux droits à notre reconnaissance, parce que c'est alors, mais
alors seulement, (pie nous n'aurons plus rien à craindre des restes impurs du fa-
natisme, et que nous aurons le; bonheur, ])our rappeler ici vos expressions pitto-
resques et énergiques, (renq)êclier ce monstre, non moins hideux qu'exécrable,
d'exhaler ses miasmes pestilentiels et orageux qui, en inondant r atmosphère politique,
porteraient en tout lieu la contagion et la mort.
^'^ Les mots en italiques, ici et dans le lions, venir au secours de rintligenl , soti-
roslf de la pfige, sont extraits de l'adresse la<jor riuniianilé sDullrante et faire enfni
du Clonillé de salut public du ;>8 nivôse. le honlieur du peuple : lels sont les soûls
'-"^^ Surveiller jour et nuit rexéculion des et grands objets faits pour fixer la sollici-
lois, et surtout de celles relatives au inaxi- Inde des agents nationaux et de tous les
iniim, déjouer Tinlrigue, {)unir la nialveil- lonclioniiaires publics; quant aux reli-
lance, aviser aux moyens de procurer les ijions et aux cultes, de pareilles sottises ne
denrées de première nécessité, vivifier les doivent être robjot ipie de leur dérision,
établissements utiles, en former de non- di» leur mépris et de leur pitié. (.Vofc </<•
veaux, ouvrir et faciliter des connnuiiica- Vori^uiaL)
3o.
612 PROCftS-VERBAUX DU COMITE D'INSTRUCTION PUBLIQUE
Nota. Celte adresse et le procès-vei-bal qui la précède ont été rédigés par douze
commissaires que la Société a choisis et nommés à cet effet.
Robespierre^ fora allusion à celle adresse de la Société po[)ulaire de Moulins dans la
séance des Jacobins du 9 3 prairial [Moniteur du 2 (S piairial an 11).
nOîNSIDERATIONS SUR LK C.OMMKHCK I)K LV LIBKAIini:,
PAU LEFÈVRE DK VILLEBHUNE ^ '^.
Pour me faire comprendre, je dois définir les expressions que je veux em-
ployer.
1. Le libraire manufacturier est celui qui inqirime lui-même ou fait imprimer,
et dont le commerce consiste à fabriquer ou faire fabri(pier des livres soit d'auteurs
vivants, soit d'auteurs morts dont il fait de nouvelles éditions.
2. Le libraire est celui qui vend des livres imprimés par d'autres que lui, et
dont le travail consiste uniquement à varier pour le conniierce son fonds de ma-
gasin. On peut encore distinguer le libraire marchand de nouveautés du libraire
bibliomane.
3. Le commissionnaire en librairie, sans avoir de magasin de livres en pi'o-
priété, se charge de les procurer aux libraires et aux consommateurs sous un
bénéiice quelconque.
Ce premier exposé indique déjà des bases différentes pour leur commerce et des
relations très distinctes avec l'opinion publique ainsi qu'avec l'organisation sociale.
De la librairie mannfacluriere , levier d' industrie.
La librairie manufacturière est un levier d'industrie, dès lors un commerce
utile au corps social, puisqu'elle offre un moyen de subsistei' a plusieurs de ses
membres. Aussi plus elle acquiert d'extension, plus elle occupe de bras, plus elle
vivifie la société. Sans cette librairie l'imprimeur, le manufacturier de papier, tous
les ai'ts qui fournissent aux genres divers de consommation qui en résultent, tels
que fondeurs de caractères, relieurs, manqueraient de moyens de subsistance. Sous
ce point de vue la librairie est un métier utile. Elle l'est encore plus pour les Fran-
çais que pour aucun autre peuple, car leur langue est plus généralement adoptée,
les hommes instruits de tous les pays la parlent, et nulle part ailleurs on ne
trouve cette réunion d'hommes éclairés dont les productions soient généralement
désirées par tous les peuples. Et notre langue, rendue encore plus générale par le
véhicule de la librairie , augmentera tous les jours cette prépondérance de notre
République. Donc la librairie manufacturière, en même temps qu'elle occupe beau-
coup de bras, devient pour la France une branche d'exportation d'objets manufac-
turés dont la quantité doit encore augmenter et qui peut avoir la progression la
(•) Archives nationales, F ^^ carton 1009*, n" 2216.
DE LA CONVENTION NATIONALE. 613
plus rapide sans parvenir à aucun maximum qui nous fasse e'prouver de pénurie.
Or tout commerce d'exportation d'objets manufacture's est utile, car il favorise la
population en ajoutant aux moyens de subsistance. Enfin le commerce d'exporta-
tion de la librairie a sur les autres un avantage, c'est qu'il augmente, par l'exten-
sion de l'usage de noti-e langue, la pre'dominance que notre République doit con-
server sur l'esprit des esclaves qui nous entourent.
Stagnation de la librairie manufacturière ; ses causes.
La librairie manufacturière a nécessairement éprouvé une diminution d'activité
pendant la Révolution.
1° Moins d'ac([iiéreurs; beaucoup d'êtres inutiles formaient faslueusement des
bibliothèques qu'ils ne savaient pas lire. Incapables d'être républicains, ils ont fui
le sol où l'on ne connaît de distinction que celle des vertus.
2" Ceux qui s'instruisaient et lisaient pour s'instruire, absorbés par la défense
de la patrie ou par des places qu'ils occupent, ne lisent pas ou lisent beaucoup
moins.
3° L'interruption du commerce avec les pays armés contre nous qui a fermé
cette branche d'exportation.
k" Les entraves imposées au commerce avec les pays neutres.
Les livres sont une espèce de luxe pour beaucoup d'individus ; ils les achètent
par oisiveté, par caprice : un prix trop considérable les elTraye. Aussi les libraires
des pays neutres, à qui on veut imposer la loi de payer nos livres en denrées de
première nécessité nullement abondantes chez eux, et qui ne peuvent pas non plus
les payer en monnaie de leur pays, vu l'état où l'agiotage des hommes d'argent a
porté le change, n'achètent plus de nos livres, craignant de ne pouvoir les re-
vendre, ou tlu moins leurs demandes en sont infiniment ralenties.
Inconvénients de cette stagnation.
Ne considérons pas l'intérêt individuel de chacun des libraires manufacturiers;
portons nos regards sur l'intérêt général.
La librairie manufacturière occupe beaucoup de bras, vivifie plusieurs arls qui
en dépendent, procure un moyen de subsistance à beaucoup de familles et fournit
un objet d'exportation d'articles manufacturés, avantage précieux, puisqu'il décide
la balance du commerce en notre faveur.
Mais la stagnation des manufactures de livres, outre ([u'(»lle plonge dans le be-
soin ou déplace beaucou[) de familles, a d'aulr.s inconvénients.
D'autres maïuifactures s'élèveront et s.» vivifieront hors de nos frontières, d'autres
écoulements se formeront, et les étrangers, habitués à m' plus tirer de livi(S de
France, ou en fabriqueront et dès lors n'en tireront plus même à Tépocpie de la
paix, ou por'lei'oiil leurs <|ouls vers les productions littéraires d'une auti'e langue.
Une trop lon};ue inleriaiption ('ans celte branche inq)ortant(^ d'industrie ijue les
circonstances donnaient aux français sera suivie d'un arjéanlissement total :
1° Parce (pie les peuples élranjjers ne f(M'ont [)lus de demandes;
6U PROCES-VERBAUX DU COMITE D'INSTRUCTION PUBLIQUE
3° Parce que les citoyens qui avaient choisi ce genre d'iiiclustrie se porteront
vers des occupations qui puissent les nourrir.
De la librairie manufacturière , levier politique.
Il est important à la nation française que ses principes révolutionnaires se pro-
pag-ent au delà de ses frontières, car alors les peuples divers (pii Tenlourent, im-
prègnes de liberté, résisteront davantage aux trames perfides de leurs tyrans. Il
sufîit d'indiquer cette considération frappante.
De la librairie inanufacluriere , levier moral.
Considérons un moment le libraire comme un manufacturier ordinaire. Son tra-
vail augmente ou diminue en proportion des demandes qu'il reçoit, et le genre sur
lequel il porte son industrie est celui dont on lui demande le plus. Quand les rê-
veries scolasti(|ues occupaient les esprits, elles devenaient l'objet de ses spécula-
tions; la jurisprudence a eu son tour; les mémoires, les traductions de l'anglais,
ont successivement été le genre dont le plus grand succès décidait le choix. Mais
en même temps que la fantaisie du moment déterminait son genre d'industrie,
lui, par les ouvrages dont il inondait sa patrie, réagissait sur ses concitoyens, en-
racinaii dans un plus grand nombre de cerveaux les rêveries ou les futilités vers
lesquelles le torrent du moment dirigeait quelques meneurs d'opinion. Voilà le
rapport moral du libraire avec la morahlé publique. Lorsque le caprice de la
mode se portait \ers un genre d'études desfrucleur de la raison ou vers des lec-
tures immorales, la librairie répandait ce venin dans toutes les classes de la so-
ciété, et l'immoralité de la cour sous l'ancien régime refluait jusqu'aux confins
reculés du pays. Alors il n'existait aucun esprit national; le libraire obéissait au
désir du gain et ne voyait que cela. Combien il était déchu depuis les Elzevir, les
Estienne , etc. !
L'instruction révolutionnaire qui doit accélérer la foruiation de l'esprit public
et hâter la maturation de la liberté, en quelque sorte, comme la serre-chaude accé-
lère la maturité du fruit et le délivre plus tôt des dangers qui accompagnent sa
croissance, l'instruction révolutionnaire doit s'emparer d'un levier moral aussi
puissant. Mais elle le doit en combinant par des mesures réfléchies la liberté du
manufacturier et les bénéfices qui doivent récompenser son industrie avec l'in-
fluence qu'il a sur l'esprit public. Elle doit utiliser la librairie manufacturière, la
faire concourir h l'avancement de l'esprit public, ne point perdre de vue la partie
commerciale comme objet d'exportation et d'influence extérieure.
Relations de la librairie manufacturière avec le gouvernement.
0\x l'esprit public est formé, ces relations sont nécessairement nulles : car les
demandes des consommateurs, qui dirigent le libraire dans le choix de ses entre-
prises, se trouvent d'accord avec les vues du gouvernement, et, par consécpient,
son mtérêt mercantile coïncide avec l'intérêt national. Mais là où l'esprit public
DE LA CONVENTION NATIONALE. 615
n'est pas encore formd, ii est h craindre que les goûts des consommateurs imbus
d'iddes antérieures ne soient pas d'accord avec Tesprit national; dès lors l'intérêt
mercantile du libraire ne coïncide pas avec l'intérêt national, et des relations entre
le libraire manufacturier et le gouvernement deviennent nécessaires, jusqu'au mo-
ment où cette circonstance n'existe plus.
Quelles doivent être ces relations? La prohibition d'ouvrages contraires aux
principes républicains est indispensable dans le gouvernement n-volutionnaire. Mais
il est d'autres ouvrages tellement ternes qu'ils sont inutiles pour le développement
des esprits : on ne peut les défendre pour cela seul. Les ouvrages de ce genre
forment la grande majorité de ceux (jui s'impriment : ils sont les plus recherchés,
par cela même qu'ils sont nuls et en cela au niveau de la grande majorité des têtes
organisées sous l'ancien régimie. On ne peut pas les défendre, puiscju ils ne sont
qu'inutiles et que sous le point de vue manufacturier ils occupent des bras en
attendant que des têtes plus fortement organisées rendent les bons livres plus com-
muns.
L'intérêt commercial porte le libraire manufacturier vers ces ouvrages parce
qu'ils ont un plus grand nombre de lecteurs. Dans le nombre de ces livres sont les
compilations, les extraits, presque tous les romans, les esprits , etc., qui odi'ent
aux têtes vides un savoir aisé au moyen duquel des compagnies de sols s'ad-
mirent mutuellement. Le libraire n'est point coupable de se livrer à ce genre de
manufacture où son industrie est récompensée par des bénéfices, puisque ces
livres n'ont d'autre vice que d'être inutiles, mais la patrie doit offrir au libraire
une compensation qui balance à ses yeux les bénéfices qu'il sacrifierait au plus
grand avantage de sa patrie.
Quel doit être cet avantage?
1° Récompense civique au libraire qui dans le cours de l'année a publié le plus
grand nombre d'ouvrages utiles. Et ce nombre doit être estimé non point par la
quantité absolue, mais par la quantité relative, savoir : le hbraire qui, sur quatre
ouvrages, en a publié deux utiles, aura bien mieux mérité de la patrie que celui
qui sur dix en aura publié quatre. Dès lors le libraire sentira le besoin d'être in-
struit pour mieux faire son choix, et de la classe de simple manufacturier il s'élè-
vera à une espèce de magistrature d'opinion qui devrait être sa place naturelle
dans la société, si la conduite de beaucoup et aussi leur ignorance ne les avait
pas déplacés.
Quant à la manière de juger quels ouvrages sont réputés utiles et aux détails
d'organisation , cela exigerait divers dévelop])ements. Je me borne à proposer le
principe.
9° La Convention ayant décrété qu'il sera formé une bibliothècpie nationale
dans chaque chef-lieu de district, on pourrait ajouter à la récompense honorili(jue
l'acquisition d'exemplaires des ouvrages jugeas utih^s pour les j)lacer dans ces bi-
bliothèques. Cette mesure, (pii servirait d'encouragfMnent au libraire, servirait en
même temps de prompt véhicule des principes utiles en mettant les ouvrages
choisis dans des dépôts publics où ils peuvent fixer l'esprit incertain de jeunes gens
désireux de s'instruiieelcpii viennent y puiser des conseils et déterminer leur choix.
Par cette organisation des enc()ui'a<';ements, le conunerce conserve touf(^ la lilxM'té
gk; pi{oci>s-vrj{BAU\ du comité d'instruction publique
(loiil il a besoin pour so vivifier, et le gouvernement, par une action coiislanle '
mais nullement onéreuse, fait dévier la tendance des esprits de leur ancienne nul-
!it(> vers des "objets plus utiles. Le libraire qui sentira que l'estime [)ublique devient
sa récompense mellra plus de choix dans ses entrepi'ises et se livrera moins à ces
spéculations pécuniaires qui ne contribuent en rien au pei-lbctionncment de Fes^
prit humain.
Cette plus grande sévérité dans le choix des hvres de la part du libraire rendra
h d'aulres travaux plus utiles des hommes nés sans talents qui com|)llent, ressassent
des id('es d'autrui, dont ils font dos volumes pour vivre, et l'écrivain doué d'un
vrai talent, sûr de Irouvei* des libraires qui l'apprécient, ne craindra plus de se
livrer à des travaux un peu longs, mais dont il sera dédommagé par la plus grande
perfection de son travail. On ne verra plus, au scandale d'un siècle éclairé, des
libraii'cs mettre au rabais les méditations de l'homme ti talent et leur préférer les
insipides productions d'hommes ineptes dont les écrits se traînent au niveau d'une
foule d'acquéreurs. Comme manufacturier, ce libraire n'est point blâmable, pnis([ue
ces derniers ouvrages sont davantage demandés, et que le débit lent, quelquefois
retardé pendant nombre d'années, de l'autre, l'exposerait à des pertes. Mais c'est
au gouvernement à combiner des encouragements qui décident le libraire en faveur
de l'ouvrage utile. Malheur alors à celui que rap[)ât d'un plus grand gain sédui-
rait davantage que l'estime publique ! bientôt l'opinion en ferait justice, car l'estime
est tout sous un régime républicain.
Des propriétés d'auteur.
Semblables à ces hommes dont d'anciens conteurs ont parlé qui, n'ayant chacun
qu'une jambe, devaient s'unir pour marcher, les auteurs et les libraires devraient
être des frères unis; et de mauvaises institutions sociales les avaient séparés. Au-
cune loi ne garantissait aux auteurs leur propriété; dès lors ils étaient hvrés à
toute la rapacité des libraires, et quelquefois opposaient à leurs vexations des
vexations semblables.
Les lois sur la propriété d'auteur et contre les contrefaçons ayant donné des
bases solides aux relations mutuelles des auteurs et des libraires, elles deviendront
plus justes, et l'auteur sera assuré de recueillir les fruits de ses peines. Mais ce n'est
pas tout. La République prendra nécessairement un ascendant marqué en Europe :
au'elle en protite pour consacrer davantage ce principe en unissant tous les peuples
par le lien commun d'un accord qui proscrive les contrefaçons faites d'un pays à
un autre. Chaque nation y trouvera son avantage pour ses livres nationaux, et, en
même temps cjue l'avantage de lous s'y trouvera, la propriété de l'auteur, récom-
pensé de ses peines, sera entièrement assurée. Tout homme laborieux gagne sa
subsistance par un travail journaher; l'auteur seul travaille plusieurs années pour
recueillir son bénéfice lorsque son livre paraîtra. Contrefaire son ouvrage, c'est
donc lui enlever tout ce qu'il aurait dû gagner dans l'espace de tenqDs qu'il a mis
à perfectionner son travail. Et un gouvernement ne doit pas plus de proteclion à
un homme de son pays qui contrefait un livre imprimé dans un autre pays qu'il
n'en doit à celui qui a été voler chez ses voisins. Le crime est le même; mais il
DE LA CONVENTION NATIONALE. 617
s'agissait des auteurs, et les gouvernemenls corrompus mettaient bien peu d'im-
portance au sort d'un auteur qui vivait de son travail : ils ne s"occui)aient que de
celui qui substituait les anticliambres et les boudoirs à son cabinet de méditation.
Quittons ces vues de détail, pour nous occuper de vues plus géne'rales. Il est de
l'intérêt d'une nation de concentrer en elle le plus grand nombre d'hommes in-
struits, qui y forment un foyer de lumière, germe d'un développement général des
esprits. Non point qu'il faille encourager ces fanloccinis incrustés dans les (juarante
fauteuils d'où ils propageaient le vide et la nullité dans les têtes françaises , mais
bien ces hommes utiles dont les progrès concourent au bien génc'ral. C'est en en-
courageant les hommes instruits que les Anglais ont perfectionné chez eux l'agri-
culture, les arts et le conmierce. Mais les récompenses nationales ne doivent atteindre
que l'auteur mûri par fage: trop jeune elles l'énervent au moral, comme les ré-
compenses de la beauté l'énervent au physique. Une fois mûri, les récompenses
deviennent moins un véhicule pour lui que pour la race qui se forme autour de
lui, qui le contemple et qui brûle dc^à d'obtenir de semblables honneurs. Principe
essentiel à méditer : les récompenses doivent encore moins agir comme véhicule
sur celui qui les reçoit que sur celui qui les voit distribuer.
Ainsi donc, jusqu'à l'époque de ces récompenses, compagnes du repos, l'auteur
doit trouver dans son travail le fruit de ses peines : pour qu'il le trouve, il faut
que son bénéfice lui soit assuré par des institutions en vigueur, et que ses relations
avec le hbraire deviennent des relations fraternelles et non des relations de cor-
saires; cela doit ôlre une suite des institutions proposées pour vivifier la librairie.
Du commerce d'échange.
Sous ce point de vue encore, la librairie manufacturière est un commerce utile
à la nation française , car le nombre des livres étrangers qu'elle consonmie n'écjui-
vaut pas à celui des livres qu'elle exporte; dès lors la balance doit être renqjlie soit
en argent ou en deniers, et nos besoins déterminent plutôt l'entrée des articles bruts
que celle des articles manufacturés. En échange de nos livres, le Nonl peut nous
fournir des goudrons, des chanvres pour cordages, enfin des cires, jiiscpi'au mo-
ment où nos récoltes nous suthront.
Mais pour que les échanges puissent avoir lieu, il faut que leurs objets aient des
valeurs similaires ou à peu près similaires. Le commerce d'échanjje, (pii est le vrai
c;)minerce, ne pourra s'établir d'une manière stable qu'après ranéantissement des
combinaisons du change; l'amilication de l'agiotage dont on a voulu faire im élé-
ment essentiel du coimnerce, ce qui n'est pas. Et c'est en cela (pie l'an-èté ipii
restieint le commerce de la France avec les pays neutres h des échanges occa-
sionne une gêne moment;uiée dans le commerce : c'est que les changes sont tous
les jours rendus plus défavorables à la France par les cond)iuais()ns des agioteurs
et les nouvelles <les alarmistes. Mais C(^tte (Miorme disp;\ril('» du change anéantie
par l:i consolidation finale de notre Ih'vohiliou, le connneire d'tVhantjc, (|ui fst
peut-être nuisible momentanc'inent aux vrais intérêts de la pitric, deviendra natu-
rellement, entre les mains de conunei'çants insti-nils. nn nioxen d*an»;nienltM- à
1 infini l'exjjortation de nos livr(»s mamd'acturés.
618 PROCÈS-VERBAUX DU COMITÉ D INSTRUCTION PUBLIQUE
De la librairie.
La lihi-airio siniplo est un véliiculo do la librairio maniifncliirière; plus il so forme
(le vciuieurs, plus lo uonibro des cousoiniualeuis au^iiionie, car uu plus grand
nombre d'individus ont l'objet sous les yeux et sont tentés de racquërir. Ce libraire,
purement marchand des livres que le manufacturier met au jour, n'a de relation
avec le gouvernement que par sa surveillance de police sur les objets mis en vente,
De In librairie bibliomane.
Outre le marchand de nouveautés, il existe un autre genre de libraire, c'est
celui qui n'exerce son industrie que sur des livres rares ou précieux dont les édi-
tions eont épuisées.
Ou ces livres, sans oiïi'ir un intérêt assez grand pour en permettre une édition
nouvelle, contiennent des vérilés qu'il est utile de conserver comme livres à con-
sulter; ou ce sont simplement des éditions choisies devenues rares, mais dont le
pru d'exemplaires est recommanoable par la correction et la beauté du travail.
Sous ces deux points de vue, il est de l'intérêt national de conserver ses richesses
on ce genre; dès lors la bibliomanie doit être considérée sous un point de vue
bien différent de la librairie manufacturière.
Plus le manufacturier exporte, plus il vivifie le commerce, puisqu'il alimente
dos ci!o\ eus occupés à des arls divers. Il exporterait dix , cinquante , cent mille exem-
plaires de l'ouvrage qu'il manufac'ure sans rien enlever à la France; an contraire,
il v fernit rentrer des articles utiles en échange direct et même en échanere indirect
ir
lange
par h bdance naturelle du commerce.
Le bibliomane au contraire qui exporte des livres enlève réellement un objet de
prix à sa patrie et lui fait supporter une perte d'autant plus grande que ces édi-
tions rares et précieuses peuvent moins être remplacées, puisqu'il n'en existe qu'un
nombre déterminé. Dès lors les mêmes motifs pour lesquels je voudrais encourager
l'exportation des livres manufacturés m'engagent à croire que l'exportation des
livres rares est plutôt nuisible qu'utile. Elle ne peut être avantageuse qu'à quelques
individus qui s'occupent spécialement de ce commerce, mais l'intérêt général doit
l'enqjorter sur l'intérêt particulier. Au lieu que la librairio manufjicturière, par ses
exportn lions, vivifie plusieurs arts, alimente un grand nombre de citoyens et sous
tous les points de vue est avantageuse à la nation.
La pièce n'a pas à? si<rnaiiire.
Elle est ronfoniio dans une double cliemise. Sur la première chemise, on lit celte indi-
calion : r Le cifoyoîi Viîlehrune, bibliothécaire national, envoie des observations sur le com-
merce de la lihrairie françaiseï^. Et an-dessous : tf Renvoyé à Grégoire, 29 ventôse. Villar,
■préùdent.n
Sur la seconde chemise, on lit : ce Considérations sur la librairie. Renvoyées à Mathieu,
28 messidor, Plaicijvrd.i-»
Et sur la pièce mémo : rI»envoyc à l'auteur par i'inlei'médinire du citoyen Leblond,
agent do la Commission temporaire des arts, onze fructidor. Plaichaud.^i
DE LA CONVENTION NATIONALE. 619
EXTRAIT D'UNE LETTRE ECRITE AU COMITE DE SALUT PUBLIC PAR L'AGENT NATIONAL
DU DISTRICT D^ÉTAMPES, EN DATE DE LA DERNIERE DÉCADF, DE NIVOSE, ET ENRE-
GISTREE AU BUREAU DE LWCTION SOUS LE N° lîio3 ^^K
Je VOUS envoie des exemp'aires (rune adresse aux communes pour extirper les
dernières fibres du fanatisme. Je vous rendrai compte de l'effet qu'elle aura pro-
duit.
Pour extrait conforme.
On lit en marge : f Renvoi au Comité d'instruction publique le 17 pluviôse Tan a de la
République une et indivisible. BiLLArD-\ arenne.-» Et plus bas : -L'ordie du jour, 29 ven-
tôse. V j LLAR , président. •>
ha pièce qui accompagne cette lettre est un imprimé de six papes, que nous reprodui-
sons ci-après :
LIBERTÉ. ÉGALITÉ.
EXTRAIT
Oa REGISTRE DES DÉLIBÉRATIONS DU DIRECTOIRE DD DISTRICT D'ÉT\MPES.
Spnncfi fi/hli'quc du s-? nivôse d? l'an deuxième de la République une et indivisihle.
L'agent national a proposé à l'administration une adresse aux communes.
Le Conseil ge'ne'ral, adoptant les mesures indiquées par Tagent national, arrête
que son discours sera transcrit sur ses registres, qu'il sera imprinu» et envoyé
aux Sociétés populaires de ce district, aux communes et à la Con\ontion na-
tionale.
Suit la teneur de l'adresse :
L'AGENT NATIONAL PRES LE DISTRICT D'ETAMPES A LV\DMIMSTR\TION.
De (ouïes les parties du district le peuple demande la lumière : apercevant à
travers les nuages de la superstition, dont le fanatisn;e l'avait enveloppé, la route
du bonl.eur. il demande un guide : nous (pii sommes ses magistrats, nous (pi'il a
placés là pour régir ses intérêts, hatons-nous de lui porler le llambeau de la rai-
son : ce flambeau, semblable au soleil, portera une lumière Nivitiante qui don-
nera nu peuple la force de briser les liens dans lesquels il gémit encore, et dont il
aspire depuis si longtemps à être dégagé.
Réduisons au silence ces bomines hypocrites (pii, se couvrant du mascpie de la
vertu, parle:it sans cesse de la liberté du culte, pour abuser les gens faibles; ces
liommes, (jui j;ulis tournant en ridicule les momeiies inventées pnr les prêtres, af-
fectent aujourd'hui un attachement inviolable à ce cpi'ils appellent la religion de lt'U'"S
•^ Archives nationales, F", carton 170.'^, n" iS/i-j.
620 PROGKS-VERBAÏIX DU COMITÉ D'INSTRUCTION PURUIOUE
pères; meltons à (Idcoiivert la vilaine aino de ces hommes perfides, (pii veuleut
avec le mot de religion metlre la division entre des frères, et les faire poignarder
les uns parles antres. Disons à nos concitoyens (jue lenrs vrais amis, ceux qui
aiment la religion de lenrs pères, sont ceux qni praticpient les vertus sociales, ceux
qni s'occnpent sans i-elache du bonlienr de tous. 11 n'est pas besoin de dire en
qnoi consiste le bonheur. Tonthonune (pii descend dans son cœur y reconnaît que
pour être heureux, il faut vivre unis, il faut saci'ifier ses opinions particulières à
l'intérêt général.
Un peuple qui est entré en révolution pour reconquérir sa liberté et reprendre
la jouissaïu'e des droits inqirescriptibles de Fégalité, dont il a été dépouillé, ne voit
que la patrie: il sacrifie tout, son existence même, à la patrie.
Qui ne reconnaît à ces traits les citoyens du district d'Etampes; ils ont tout fait
pour la Révolution; rien ne leur a conté : la patrie a-t-elle appelé ses enfants pour
la défendre contre ses ennemis du dehors et du dedans, à l'instant se sont formés
les bataillons; tous ont demandé des armes cl la présence deFennemi pour le com-
battre; les citoyens qui étaient retenus dans leurs foyers soit par la faiblesse de
l'âge, soit par les soins domestiques dus à leurs familles, soit pour les besoins in-
térieurs de la Répubhque, se sont empressés à l'envi de fournir pour nos braves
défenseurs, et pour les fra's de la guerre, de l'argent, des souliers, des chenu'ses,
des bas, du vieux linge pour les blessés, et enfin tous les objets uliles aux
armées.
Après tant de sacrifices pour le bonheur, indiquons à nos concitoyens le dernier
pas, et ils le feront. Disons-leur :
Citoyens nos frères,
Vous qui avez tout fait pour la patrie, vous mettrez la dernière main à son
bonheur en faisant le dernier effort qu'elle attend de vous; vous avez reconnu que
les prêtres étaient des imposteurs, que leur ministère n'était qu'un ministère de
mensonge et d'erreur; vous déclarez que vous ne voulez vous attacher qu'à la
vraie religion, celle dictée par la raison et qui commande la vertu; soyez consé-
(|uents dans votre marche : quand on reconnaît qu'un homme a tiompé, on doit
rejeter tout ce qui vient de lui. Abjurez donc les môraeries que les prêtres ont in-
ventées, et auxquelles ils ont donné pompeusement le nom de cérémonies reli-
gieuses. Cessez l'exercice public, dans les églises, d'un culte trop longtemps privi-
légié et dont les prêtres ont si cruellement abusé dans la Vendée : que chacun
exerce c'.ez lui le culte qu'il croit le meifieur.
Vous reconnaissez tous que chacun est libre d'adopter le culte qui lui plaît.
Vous ne pouvez révoquer en doute que chaqu? citoyen a un droit égal d'exercer
son culte dans l'église, puisqu'elle appartient à tous. Jugez actuellement, si chacun
allait en même temps dans l'église, exercer publiquement son culte, quel effet
cela produirait, et s'il n'en résulterait pas les plus grands maux. Ne venez pas
nous objecter que dans votre commune tout le monde est du même avis en religion ,
vous n'en savez rien, et il suffit d'un seul homme qui ne le soit pas, pour troubler
la paix d'une commune, s'il voulait user du droit qu'il a.
Une autre considération non moins puissante et qui vous déterminera : ce sont
DE LA CONVENTION NATIONALE. 621
l<3s pnUi'cs (|ui, par leurs agents, vous excitent à continuer l'exercice public du
culte; ils disent, ces ennemis de la paix et du bonheur du peuple : Tant que le
peuple restera attaché aux cërëmonies religieuses, nous le tenons entre nos mains.
Il s'ennuiera de faire l'office sans prêfre. Il trouvera que l'office sans prêtre n'a
pas autant de mérite. Au premier moment favorable nous nous pre'senterons. il
nous accueillera, et une fois que nous le tiendrons nous lui mettrons des cliaiiies
si pesantes, et nous les riverons si bien, qu'il ne pourra jamais s'en dégager.
Au nom de la patrie, au nom de la liberté reconquise, au nom de l'égalité qui
s'établit, au nom de vos intérêts les plus chers, cessez l'exercice public d'un culte
qui bientôt vous replongerait dans l'esclavage; il serait la source des plus grands
maux; infailliblement il ferait naître parmi vous la discorde, cette ar.Mie dont nos
ennemis ont fait un si cruel usage contre nous à Lyon, à Toulon, et sans laquelle
les Français seraient invincibles.
Que vos églises deviennent les temples de la raison; que clicque décade, le
mutin, les citoyens s'y rassemblent pour s'instruire des lois et des év(''nemenls de
la guerre; que là chacun s'occupe du grand intéi'êt de la Républiipie. Oiiand (oui
le peuple aura les yeux ouverts sur ceux à qui il confie le gouverneinrnt de llùat
et le commandement des armées, personne n'osera le tromper, ou , si (piel([u"un i\
la témérité de le tenter, ses projeis seront déjoués à l'instant, et la voiigoance na-
tionale en fera justice. Que, le soir, les citoyens se rassemblent encore dans le
Temple de la Raison, pour y célébrer par des chants patrioliques, des jeux et des
danses, le succès des armes de la République.
Que vos cloches ne sonnent plus que pour annoncer aux citoyens qu'on va s'as-
sembler dans le Templn de la Raison, s'y occuper des grands intérêts do la Répu-
blique, ou de l'intérêt particulier de la commune; elles vous seront encore utiles
pour annoncer à vos voisins les accidents imprévus qui pourraient survenir, et
pour vous assurer de leur part un secours prompt et réciproque.
Bargx-Delisle.
Pour expédition : Seringk, vice-président.
Cros.mer. secrétaire.
A Etainpes, chez Dupré, imprimeur du district.
m
APPENDICE
NOTE SUR LAKANAL ET SA MISSION A BERGERAC.
Lakanal était sorti du Comité d'instruction publique pour aller en mission à Ber{{(»rac,
où l'avait envoyé le décret collectif du 17 du premier mois, relatif à la levée extraordinaire
de chevaux; il resta dans la Dordogne jusqu'après le 9 thermidor, sauf deux courts voyages
à Paris en nivôse et en germinal.
Donc, pendant plus de dix mois, Lakanal ne prit aucune part aux travaux du Comité -'"',
H n'est pas sans intérêt d'indiquer les dates essentielles (pii marquent l'eniploi de son
temps durant celte période.
Le i3 brumaire an 11, il écrit de Bergerac à la Convention qu'il y a, tout près de cette
ville, une manufacture d'armes qui peut devenir un établissement de la plus haute impor-
tance : il propose de lui donner, en faisant couvrir les dépenses par les «valets de couin
du département, un développement considérable. «Ln mot, et je fonde à Bergerac, sans
qu'il en coûte une obole à la République, la plus belle de ses manufactures d'armes. n
Le ah brumaire, à la lecture de cette lettre, la Convention décrète l'établissement d'une
manufacture d'armes à Bergerac et charge Lakanal de s'en occuper.
Mais le 27 brumaire, la Convention décrète que la mission des représeiitanls du peuple
pour la levée extraordinaire de chevaux prendra fin le 10 frimaire, et qu'un représentant
du peuple sera envoyé auprès de chaque armée pour y procéder à l'enregistrement des
militaires et autres citoyens pour le service des troupes à cheval, et à l'encadrement des
chevaux dans les différentes armes : Lakanal est désigné pour se rendre à l'armée de l'Ouest,
Le 5 frimaire, Lakanal écrit de Bergerac à la Convention qu'il espère en peu de mois
justifier la confiance que l'assemblée lui accorde en le chargeant de suivre l'établissement
d'une manuAicture d'armes, et envoyer le premier fusil sans tirer un sol du trésor na-
tional. En même temps il déclare abjurer la prêtrise et le traitement que les lois y ont
attaché.
Cette lettre fui lue à la Convention le i3 frimaire; l'assemblée la renvoya au Comité
de salut public et en ordonna l'insertion au Bulletin.
Comme nous l'avons dit dans notre tome 11 (p. 791), la lettre du 5 frimaiie ne fui
insérée que par extraits au Bulletin du i3 frimaire; les rédacteurs, après avoir n-prodifil
les détails relatifs à la manufacture d'armes, ont omis les paragraphes iclalils aux [)r.Mre>
et à l'abjuration. Mais ces paragraphes — nous nous en sommes aper(,"u depuis — furent
imprimés un mois plus taid, dans le Bulletin du 19 nivôse. Nous les reproduisons ici. pour
compléter les pièces relatives aux abjiu'ations des membres du Comité d'iuslructiou [ui-
bli(|ue que nous avons données dans notre lonie II :
^'^ 11 faut excepter un projet de décret ([u'il piesenl;i à la (A>u\eiili(»n le nS germinal
an 11, sur une colonne à ériger au Panthéon (mi counneniorarKui de h journée du n> aoùl
62/i APPENDICE.
Article de la lettre du ciloyen Lahanal , représentant du peuple dans les départements
de la Dordogne y du Bec d'Ambès, du Lot et de Lot-et-Garonne '•^^ omis dans la
séance du u3 frimaire.
raul-il que je vous parle des prêtres? Agréez pour mon excuse plus d'un mil-
lier pesanl de bel argent retire' de leurs mains. La vieille idole du fanatisme n'était
qu'à demi brisée par quatre ans de Révolution; des femmes ici encensaient encore
ses ponq)eux accoulremenls. J'ai senti que le trésor public [)ouvait encore se rem-
j)lir de ces précieuses futilités, qui nourrissaient dans (pielques âmes le sommeil
(le la raison el le pouvoir du sacerdoce. Je vous envoie trois riches malles de vases,
autrefois sacrés. Je dois avouer que, par un effort qui tient du prodige, dociles à
ma i'('quisilion, les curés sont venus eux-mêmes restituer les escroqueries du men-
son{;e et les ont accompagnc'es, les uns de leurs boucles, les autres des galons des
bahifs dont ils s'allublaient dans leurs jiieuses mascarades. Un d'eux, digne d'être
un boinme libre, après m'avoir appo?'té son ci-devant calice, a emprunté d'un
ministre protestant les va^es de verre de son culte. J'ai tout fait pour connaître
riiiq)ression que j)ouvait produire, au moins en secret, mon opération financière,
( t je me suis convaincu (pi'elle a obtenu un assentiment unanime.
A propos de prêtres, qu'il me soit pej'uiis de dire deux mots de moi.
Dans le cours de la maladie la plus grave que j'aie essuyée de ma vie, on me
fit passer, un beau matin, à travers toutes les mômeries sacerdotales, depuis ce
qu'on appelait la confirmation , jusqu'au dornier période de l'bypocrisie bumaine,
le sacerdoce. G'esl peu, dans la vie, de n'être qu'un jour malade d'esprit et de
corps. Depuis, j'ai été exécré par tous les bourreaux eu étole, tant anciens que du
nouveau style. La députation de l'Ariège, à laquelle j'appartiens, attestera qu'ils
ont employé vainement des mesures tortionnaires pour me faire sacrifier au men-
songe. Je n'ai jamais messe, confessé, etc., etc. Ainsi, je n'ai jamais été prêtre, et
tout ce qui concerne cette borde de jongleurs est étranger à mon ame franche et
loyale. Je prie la Convention nationale de regarder cette démarche de ma part,
moins comme une abjuration de la prêtrise et du traitement que les lois y oui
attaché, que comme une justification des principes que j'ai toujours professés.
Lakanal ^^K
La députation de l'Ariège atteste ces faits.
Pourquoi les rédacteurs du Bulletin ont-ils, après coup, dans le numéro du 19 nivôse,
pliblié celte dernière partie de la lettre de Lakanal? G'esl évidemnient Lakanal lui-même,
de passage à Paris à celte date, qui leur a demandé de le faire.
Le C frimaire, le lendemain du jour où il avait écrit à la Convention la lettre dont il
^') Le décret du 17 du premier mois comme nous l'avons dit (t. II, p. 791),
sur la levée extraordinaire des chevaux avait n'est pas aux Archives nationales. M. Aulard
attribué à Lakanal la treizième circonscrip- l'a retrouvé au Ministère de la guerre el a
lion , formée des quatre départements de publié le texte complet de la lettre dans le
la Gironde, de Lot-et-Garonne, du Lot et Recueil des actes du Comité de salut pu'Jic,
de la Dordo|jne. avec la correspondance oj/icielle des repré-
<'-^î L'original de cette lettre de Lakanal, sentants en mission, etc., t. VllI, p. 7o3.
APPENDICE. 6:>5
vient d'être question, Lakanal reçut le décret du 97 brumaire. Aussitôt il écrivit de nou-
veau à rassemblée, pour lui demander s'il devait obéir au décret du 2/1 brumaire et rester
à Bergerac, ou à celui du 27 et partir pour l'armée de l'Ouest.
Chose assez singulière, la lettre du 6 parvint à Paris un jour avant celle du 5. Elle fut
lue à la Convention dans la séance du 1 2 frimaire , et l'assemblée décréta que Lakanal res-
terait à Bergerac.
Cependant Lakanal se rendit à Paris au commencement de nivôse. Ce vovage fut mo-
tivé par une dénonciation qui avait été faite contre lui : c'est du moins ce qui résulte de
la lettre suivante, écrite de Paris par Lakanal (sans date), qu'on trouve dans une brochiue
de M. F. Clamageran •') :
ÉGALITÉ. LIBERTÉ. FRATERNITÉ.
PAI\ AUX SANS-GCLOTTES, GDERRE AUX MESSIEURS!
Lakanal, représentant du peuple, à ses frères de la Société populaire de Bergerac.
Mes bons amis,
Les Comités de salut public et de sûreté générale ne veulent recevoir aucune
espèce de justification de ma part que lorsque mes ennemis auront démontré qu'ils
ont fait plus de bien que moi au peuple, et plus de mal aux messieurs, aux roya-
listes, etc., etc. J'ai eu beaucoup de peine à obtenir indulgence pour mes accu-
sateurs.
Voici la réponse que nous allons leur faire, m'ont dit, en m'embrassant, les
membres du Comité de salut public : nous soupçonnons que la Rochelle et Roche-
fort ont des intelligences avec les ennemis de la République ; nous avons besoin
d'y envoyer un montagnard pur et patriote. Tu es délégué pour remplir celte mis-
sion délicate.
L'arrêté qui me délègue est signé de l'unanimité des membres des deux Comités
réunis de sûreté générale et de salut public.
Je serais parti, mais les douze commissaires chai'gés de l'épuration de la So-
ciété des Jacobins viennent de me nommer pour un des épuraleurs qui doivent réor-
ganiser celte société célèbre. Je suis donc encore pour quebpics jours à Paris ^'K
'') Le conventionnel Lakanal, son admi- sages ond)ai'rassauls : celui-ci en est un. Les
nistration dans le département de la Dor- commissaires chargés de répuralion des Ja-
dogne , par F. Clamageran, ancien rédac- cobins, nommés le 6 frimaire, étaient au
leur en chef da Républicain de la Dordogne ; nombre de quinze, non de douze (la liste
in-16, Paiis, Armand Le Chevalier, 187G. donnée par le Moniteur contient mémo seize
— Celte lettre et quelques autres, (jui sont noms au lieu de quinze). Il lauilrait sup-
également reproduites dans la brochure ci- poser (juo (juelques-uns de c^s couuiiis-
dessus, ont été publiées pour la première saires avaient démissionné, qu'il n'en ros-
fois en i845, dans le Journal de liergerac , lait (pie douze; que pour se compléter ils
par l'auteur anonyme d'un article écrit à étaient autorisés à recourir au procède «le
l'occasion de la mort de Lakanal, cpii dl- la cooptation, et (pi'ils s'étaient on cousé-
sait en avoir eu les originaux entre les (pience adjoint Lakanal. Mais il e-^l singu-
uiuins. Que sont devenus ces originaux? lier (pie h's coiuptes-reudiis des stMuces 'le
Nous l'ignorons. la Société des Jacobins ne mentionnent pos
^^^ Cette lettre contient plusieurs pas- une seule fois le nom de Lakanal ; non seu-
III. '10
iMi>MUi«ii: xttioxiLr.
62G APPENDICE.
J'ai reçu l'ordre exprès du Comitd de salut public de revenir dans le départe-
ment de la Dordogne et autres environnants. Toutes les Sociétés populaires, toutes
les administrations princi[)ales m'ont demandé. Je ne vous dirai pas l'accueil favo-
ral)le que je reçois ici de tous les amis sincères du peuple. Mes antagonistes m'ont
préparé des jouissances bien voluptueuses, en me forçant à me rendre à Paris. Ils
croyaient me perdre, les pauvres gens ! Ils ne ressemblent pas mal à ces taupes
qui, remuant un coin de jardin, croient bouleverser le monde.
Je vous embrasse cbaudcment.
Lakanal.
Le 7 nivôse, Lakaual paraît à la tribune de la Convention, et y fait son rapport sur la
levée extraordinaire de chevaux [Journal des débats et des décrets, n''AG5, p. 102; Moni-
teur Au 9 nivôso, p. 398). Le même jour le Comité de salut public prenait un arrêté (men-
tionné dans la lettre ci-dessus) portant que Lakanal retournerait dans le département de
la Dordogne pour l'exécution du décret du 1 ^ frimaire sur le gouvernement révolution-
naire et pour continuer les opérations relatives à la fabrication des armes ('). Le lendemain,
un autre arrêté du même Comité spécifia diverses dispositions relatives au recrutement des
ouvriers de la manufacture d'armes de Bergerac ^^).
Le 9 nivôse, le grand arrêté collectif qui désignait cinquante-buit représentants pour
établir le gouvernement révolutionnaire dans les départements attribuait à Tallien, Tsa-
beèu et Lakanal les départements du Bec-d'Ambès et de la Dordogne ^^\ Quant à l'arrêté
des Comités de salut public et de sûreté générale réunis, qui délègue Lakanal dans la
Charente-Inférieure pour y rempHr une mission «délicate??, arrêté dont il est question
dans la lettre de Lakanal, il n'existe pas aux Archives nationales.
Le même jour, 9 nivôse, Lakanal paraît encore une fois à la Convention. Un citoyen,
envoyé par les autorités constituées de Ribérac, s'était présenté à la barre pour demander
des subsistances. Lakanal affirma que ce n'était pas là le vrai motif de la mission du dé-
légué; il se plaignit des obstacles qu'il avait rencontrés à Bergerac, et dénonça Limousin,
ancien membre de la Législative. La dénonciation de Lakanal et la pétition du délégué de
Bibérac furent renvoyées au Comité de sûreté générale.
Lakanal était de retour à Bergerac peu de jours après. Il adressait de là, le 28 nivôse,
à la municipahté de Périgueux une lettre publiée par M. Glamageran, pour lui demander,
entre autres, si les secours publics étaient organisés, si les écoles primaires étaient en ac-
tivité (*\ et s'il serait facile de fonder à Périgueux une maison d'économie rurale et une
bibliothèque populaire.
Vers la fin de germinal, Lakanal se trouve de nouveau à Paris, et présente à la Con-
vention, le 28, un projet de décret sur une colonne à ériger au Panthéon à la mémoire
des citoyens morts pour l'égahté le 10 août 1792 , projet déjà arrêté par le Comité d'in-
lement il n'est pas indiqué comme ayant ^'^ Aulard, Recueil des actes du Comité
fait partie des commissaires épurateurs, de salut public, t. IX, p. 689.
mais son nom ne figure pas même parmi ^-^^ Ibid., p. 721.
ceux des députés qui ont passé à l'épura- ^^^ Ibtd., p. 7^6.
tion. Lakanal ajoute qu'il restera quelques ^^^ La municipalité répondit qu'elle
jours de plus à Paris, à cause des fonctions n'avait pas encore reçu le décret du 29 fri-
que la Société des Jacobins lui a con- maire, mais qu'en vertu d'un arrêté du rc-
fiées : or l'épuration fut une opération présentant Roux-Fazillac, du 21 frimaire,
fort longue, qui se prolongea jusqu'en les instituteurs avaient commencé leurs
ventôse. cours le ai (frimaire ou nivôse?).
APPENDICE. 627
struction publique le 9 septembre 1798 (voir notre tome II, p. 370). Mais il retourne en-
suite à Borgerar, pour y séjourner encore près de quatre mois. Ce sera seulement le 91 ther-
midor qu'il fera sa rentrée définitive à la Convention nationale et au Comité d'instruction
publique.
II
M. Constant Pierre, dans son livre B. Sarrette et les origines du Conservatoire national
de musique et de déclamation (Paris, Delalain, 1890), dit qu'il a inutilement cherché aux
Archives nationales, dans les cartons contenant les pièces annexes des procès-verbaux ma-
nuscrits de la Convention (G 377-280) , la pétition présentée à la Convention le 18 bru-
mnire an 11 par les musiciens de la garde nationale, mais qu'il en a par bonheur découvert
une copie dans le carton Dxxxvni, 2, ce qui lui a permis de publier le texte de ce docu-
ment important pour l'histoire des origines du Conservatoire. Si M. Pierre n'a pas trouvé
la pièce qu'il cherchait, c'est qu'elle n'est pas en effet dans la série C; elle se trouve dans
F'^ carton 1007, n" 1275 : c'est l'original même de la pétition, portant les signatures
autographes de Gossec et Sarrette, et l'ordre de renvoi au Comité d'instruction publique
signé Merlin. Elle est accompagnée d'une autre pièce, la délibération du Conseil général
de la commune de Paris, en date du 1^ brumaire, arrêtant qu'une députation du Conseil
accompagnera les musiciens de la garde nationale à la Convention le 1 8 brumaire : cette
seconde pièce détermine la date de la séance du Conseil général dans laquelle les musiciens
vinrent annoncer leur intention de présenter une pétition à la Convention et prièrent les
représentants de la commune de les appuyer.
Le texte publié par M. Pierre présente, dans les premiers alinéas, plusieurs fautes graves,
dues sans doute à des erreurs de copie. En outre, le dixième alinéa a été complètement
remanié; les onzième, douzième, treizième, quatorzième et quinzième alinéas ne se trouvent
pas dans le document original, et ont été ajoutés après coup.
Nous reproduisons ci-après le texte do la pétition originale et celui de la délibération du
Conseil général, ces deux documents n'ayant pas été donnés dans notre tome II :
GARDE COMMUNE DE PARIS.
NATIONALE.
Corps
de musique. Le octodi (sic) a'"" de Brumaire l'au second de la Républi([ue Irançaise.
LE CORPS DE MUSIQUE DE LA GARDE NATIONALE PARISIENNE
À LA CONVENTION NATIONALE.
Représentants du peuple,
Le corps de musicpie de la g-ai'de nationale parisienne, formé par la réunion
des [)rcniiers artistes de rKuroj)e, dans le g-enre des inslrument^ à vent, sollicite
l'élablisseincMil d'un Institut national de nnisique, dans lequel, sous les auspices
de la Répul)li(pie, ces menues artistes puissent accroître et perpétuer les connais-
sances que Pélude leur a l'ait ac((uérir.
L'inléret public, intimement lié à celui des arts, n'clamt* impérativement v\ leiii*
faveur la protection nationale.
628 APPENDICE.
Il doit s'aiieanlii' enfin, cet engourdissement honteux, dans lequel ils lurent
plongés par la lulle impuissante et sacrilège du despotisme contre la liberté.
Elle est victorieuse î son triomphe doit être dans nos fastes Tépoque assurée de
la renaissance des beaux-arts dont elle est l'essence.
L'un d'eux qui, dans les combats, soutient et anime par ses accents l'énergie
(les défenseurs de l'égalité, la musique, ornera ce triomphe, et dans le calme bien-
faisant de la paix en célébrera le souvenir.
L'âme des Français, rendue à sa grandeur première, ne doit plus être amollie
par des sons efféminés dans des salons, ou dans des temples consacrés par Timposture.
La divinité de la République est la Liberté, son temple est l'Univers; c'est sous
la voûte céleste que doit se célébrer son culte. Nos places publiques seront désor-
mais nos salles de concert.
Le corps de musique de la garde nationale se présente sous deux aspects prin-
cipaux d'utilité : Institut national , et exécution dans les fêtes publiques. Sous le rap-
port de l'instruction, le résultat obtenu depuis dix mois, dans l'essai de l'école de
musique, formée sous les auspices de la municipalité , indique suffisamment ce qu'un
établissement de ce genre, développé par de plus puissants moyens, peut devenir.
C'est dans le sein de cet Institut national que se formeront les artistes si néces-
saires à l'exécution des fêtes nationales ; placés au centre de la République , trois à
quatre cents musiciens, distribués dans les fêtes qui y sont célébrées, y imprime-
ront le caractère et l'énergie. Ils se répandront successivement dans tous les points
de la République; les départements, comme le point central, auront aussi leurs
moyens d'exécution, pour solenniser les époques mémorables de notre régénéra-
tion. Alors la nation formera plus facilement les corps de musique qui animent aux
combats nos phalanges républicaines.
L'art de la musique sera conservé par l'émulation. Ce n'est point ici un rassem-
blement académique, stagnant dans la boue de l'ignorance et de la présomption;
c'est une réunion fraternelle et active d'artistes travaillant de concert sans jalousie,
et n'étant dirigés que par le désir de porter au dernier degré les connaissances de
leur art.
Formé de soi-même au milieu des orages de la Révolution , et régi par les prin-
cipes sacrés de la liberté et de l'égalité , le corps de musique de la garde natio-
nale, remphssant avec zèle ses devoirs civiques, a néanmoins su cultiver son art
et se rendre digne d'obtenir de la confiance nationale une place dans l'instruction
publique.
Au nom du corps de musique de la garde nationale parisienne ;
GossEC , maure de musique du corps. Sarrette , commandant.
Octodi a""* de brumaire , an deuxième de la République une et indivisible.
On lit en marge : «Renvoyé au Comité d'instruction publique le 18 Brumaire Tan 2 de
la Rép. fr. — Merlin.» Et au haut de la pièce : «Instruction publique, 18 brumaire. Re-
mise le 1 a ou 1,') au carton.»
A la pétition est joint, sur une autre feuille, l'extrait du registre des délibérations du
Conseil général. Voici celte seconde pièce :
APPENDICE. G29
COMMUNE DE PARIS.
Paris, le k" jour de la 9* décade du mois Brumaire de l'an second
de la République française une et indivisible.
Extrait du registre des délibérations du Conseil général.
Le Conseil géiërai, après avoir enlendu une dëputalion des citoyens artistes des
sections armées de Paris, laquelle a présenté une pétition tendante à ce que le
Conseil nommât une députalion pour accompag^ner cesdils artistes à la Convention
à l'effet de demander que l'établissement de la musique de la force armée de Paris
devînt un établissement national ; considérant qu'à toutes les époques de la Ré-
volution, ces artistes ont donné des preuves non équivoques de leur civisme et de
leur dévouement à la commune de Paris, déclare que les citovens arlistes des sec-
tions armées de Paris ont bien méiité de la commune, et, faisant droit à leur péti-
tion, arrête qu'une députation du Conseil général accompagnera lestlits artistes à
la Convention le dix-huitième jour de brumaire de l'an 2" de la Réj)ubliqiie.
Signé : Ldbix, vice-président ;
DoRAT-CuBii:RES , secrétttire-grejîer adjoint.
Pour extrait conforme :
DoRAT-CuBiiîRES , secrélaire-grpjipr.
ni
Parmi les communes qui changèrent de nom en l'an 11, on cile fréquemment celle de
Saint-Maximin (Var), qui adopla le nom de Marathon ('). Barras rapporte (Mémoires, t. I",
p. 118) que Lucien Bonaparte, alors garde-magasin dans cette ville, rdonl il était la ter-
reur et l'orateur perpétuel à la Société populaires, fut l'instigateur de ce cbangement de
nom. Nous avons retrouvé (^) la pétition que la Société populaire de Saint-Maximin adressa
à ce sujet à la Convention le 95 brumaire, et qui fut ronvoyée au Comité d'iiistrurlion
publique le 21 frimaire; cette pétition n'est mentionnée ni dans les procès-verbaux do l'as-
semblée, ni dans ceux du Comité.
Voici cette pièce :
De Saint-Maximin, le a 5 brumaiie l'an y
de la République une et indivisible.
Représentants ,
Vous avez décrété que les villes qui portent des noms superstitieux devaient en
clianger.
^'^ Le nom de Marathon l'ut clioisi éga- renvoyée au Comilé d'inslruclion pul>li(|ue
lement par une autre comuunie, celle de porto la date du i() briiuiairenn 11 i^Arcliives
Caslillonnès( Lot-et-Garonne): sow Procès- nationales, K '', carton 1 007, n" t-j;;^).
verbaux de la Convention, t. XVIH , p. 'Sh\. ^*) Arcbives nationales, F'", carton t 008 ,
La pétition des habitants de Caslillonnès, n" i3/ii.
630 APPENDICE.
Les sans-culottes de Saint-Maximin ont toujours saisi avec avidité tout ce qui
peut contribuer à ia ruine des préjuges religieux et royalistes : à la voix de Bar-
ras , les trésors qui entouraient les restes de la Magdeleine et de ses amis s'ache-
minent déjà vers votre barre.
Vous nous faites penser au nom que nous portons; et soudain, prompts à
suivre la voix sacrée de la Montagne, nous prenons celui d'un de ses plus fermes
pitons.
Marathon est le nom que nous avons pris : ce nom sacré nous rappelle la plaine
athénienne qui devint le tombeau de cent mille satellites: mais il nous rappelle avec
encore plus de douceur la mémoire de l'Ami du peuple. Maral est tombé victime
des fédéralistes et des intrigants. Puisse le nom que nous prenons contribuer à
éterniser ses vertus et son civisme.
Nous attendons votre sanction; et nous finissons par inviter à sévir contre ceux
d'entre vous qui pourraient encore témoigner de inodérantisme : les traîtres I ils
nous prêchaient la loi . . . Et c'était en nous la prêchant qu'ils dirigeaient les poi-
gnards de la mort dans le sein de notre ami.
Gastaud, vtce-préstdenl ;
Bertin, secrétaire;
Ricard , secrétaire.
On ht en haut de la pièce : «Reçu le 19 frimaire de l'an 2% n" gSGon. Et en marge :
«Renvoyé au Comité d'instruction publique par celui des pétitions, le 21 frimaire l'an 9
de la Répnbhque. Jay.w
Lucien Bonaparte, qui était président de la Société populaire, n'a pas signé : mais il
n'en est pas moins probable que, comme le dit Barras, il a été le véritable auteur de la
pétition.
IV
jNous avons trouvé dans les cartons du Comité d'instruction publique la lettre sui-
vante ^^\ dont il n'est fait aucune menlion dans les procès-verbaux de ce Comité.
Cette lettre, relative à une mission en Corse, est signée Buonarroti et Buonaparte.
Philippe Buonarroti avait été chargé en juillet 1798 d'une mission dans les départements
corses par le Conseil exécutif provisoire; il fut arrêté par les insurgés lyonnais, et, une
fois remis en liberté, se rendit dans le Midi. Joseph Bonaparte, qui avait fait un voyage
à Paris en juin 1798, fut adjoint à Buonarroti, soit dès cette époque, soit plus tard en
nivôse. L'expédition qu'on avait projeté d'envoyer en Corse éprouva des retards, par suite
du siège de Toulon d'abord, puis par diverses circonstances. Au moment oîi fut écrite la
lettre qu'on va lire, Buonarroti et Joseph Bonaparte étaient occupés, à Toulon, à surveiller
les armements préparatoires. (Voir Iung, Bonaparte et son temps, tome 11, p. AaS.)
Voici cette pièce curieuse :
^') Archives nationales, F", carton 1708, n" 1880.
APPENDICE. 631
Au Pott do la Montagne, le 3' pluviôse an 2
de la République une et indivisible.
Les commissaires du Conseil executif en Corse approuve's par le Comité
de salut public,
Au Comité d'instruction publique de la Convention nationale.
Nous venons d'écrire au ministre de Tintérieur j)our un objet qui intéresse es-
sentiellement les départements de l'île de Corse.
Il est désormais notoire que la maladie des Corses est l'ignorance ; il n'y a jamais
eu dans l'île de Corse d'autres bibliotbèqnes que celles des couvents, où on ne
peut absolument trouver que des livres de théologie et quelques anciens; les par-
ticuliers n'ont pas le goût des livres, et pas même un bon magasin de livres
n'existe en Corse.
La trahison des Toulonnais et des rebelles de Marseille met à la disposition de
la nation une quantité de bons livres : nous avons vu dans cette circonstance une
occasion favorable pour l'instruction des départements où nous sommes envoyés,
et nous avons demandé aux représentants du peuple qui sont ici de faire faire un
choix de ces livres et d'en ordonner le transport en Corse pour y établir des bi-
bliothèques.
Ces représentants, tous deux Corses (Saliceti et Moltedo), nous ont paru
craindre qu'on ne vît dans une pareille démarche une affection partielle (sic) pour
leur pays natal, et nous ont semblé désirer que cette mesure fut adoptée par un
pouvoir supérieur.
Il est superflu de vous démontrer l'utilité de notre demande : la Corse est le
pays le plus ignorant de la Répubhque et celui qui a le moins de moyens d'in-
struction; si l'on veut y consolider la hberté et le rendre véritablement français,
il faut que les lumières y arrivent par torrents.
Cette occasion ne se présentera pas de longtemps ; lorsque les livres dont nous
parlons seront perdus ou auront eu une disposition quelconque, il deviendra né-
cessaire de dépenser une forte somme pour donner à la Coi'se des bibliothèques,
qui aujourd'hui coûteraient fort peu.
Cette idée entre dans le plan que vous venez de présenter à la Convention na-
tionale : nous vous prions de vous concerter avec le ministre de l'intérieur et le
Comité de salut public, pour la faire adopter.
Salut et fraternité.
BUONAIIUOTI. RlONAPAHTF.
La pièce est d'une anire main «jue rollc des deux signalaiies. Eilenoporlo auriif)i> anno-
lalion on marge.
Le 5 pluviôse an 11, Tlu'MM'sia (ïabarrus, ri-devant comtesse de Fonlenay, avait tTiil à
un meuibrc du (lomilé do salut piddic pour lui onvoyor im Discours sur l'éducation . com-
posé par elle et lu dans le 'rouipio (\o la Uaisoii , à i^)rdi'aux. lo 10 uivôso; ou uumuo toiup^,
632 APPENDICE.
elle sollicitait, au nom du représentant Ysabeau, un service au sujet de l'acquisition d'un
bien national, le prieuré de Saint-Paul, qu'Ysaheau désirait acheter. Nous ne savons pas
quel est le menibro du Comité de salut public auquel la lettre de Thérésia Cabarrus était
adressée.
Cette lettre fut renvoyée, à cause du Discours sur l'éducation qui l'accompagnait, au
Comité d'instruction publi(|ue, à la date du 19 pluviôse. Les procès-verbaux du Comité
d'instruction publique n'on^lonl pas mention; la lettre et la brochure ne furent pas re-
mises à un rapporteur, mais simplement enregistrées sous le n° 1660 et placées dans les
cartons du Comité, où nous les avons retrouvées (F", carton 1008'').
La lettre est d'une écriture fine, nette et menue. Nous conservons l'orthographe et la
ponctuation de l'original :
Bordeaux, ce 5 pluvios L'an deux.
Huit mois d'absence, et mille circonstances en détruisant la Société du pavillon
laboissière auront sûrement anéanti le faible souvenir d'une ancienne Connais-
sance, vous aurez oublié les jeux que votre esprit embellissoit et celle qui y ap-
plaudissoit; . . les absents ont toujours tort à dit je ne sais qui , moi qui n'aime pas
les on dit je veux vous empêcher de prononcer cette sentence , et de peur que las
de me lire sans me deviner vous n'en portiez une plus sévère, je me hatte de vous
dire que la griffonneuse se nomme Cabarrus Fontenay, et qu'elle à eu L'avantage
de vous voir souvent chez la cit. Jully — une gageure à gagner ma fait faire un
discours sur L'éducation je prends la liberté de vous L'envoyer, Lu par un de vos
collègues au temple de la raison qui ce jour là céda sa place à L'indulgence , il va
reclamer la votre, si le nombre et L'utilité de vos occupations vous permettent de
jetler les yeux sur cet essai d'une plume mal taillée —
le citoyen Isabeau en me chargeant ainsi que ie citoyen Tallien de le rappeler
à votre souvenir, veut aussi que je sois son avocat près de vous pour L'acquisition
du prieuré de S' paul. . . jai eu beau lui représenter qu'indiscrette et importune
j'aurois peut-être besoin de son nom pour me faire excuser, il à fallu prendre la
plume. . . et vous dire assez mai ce quil ma très bien expliqué. . . le prieuré
convient à son âge, à ses goûts; vous combleriez ses vœux sa félicité en lui cédant
un bien qui ne peut ajoutter a la votre, et. . . mais en voila assez si vous y con-
sentez et trop si vous devez refuser = recevez de nouveau mes excuses pour cet
indéchiffrable griffonnage croyez à L'estime et aux sentiments fraternels
de Therèsia-CABARKus-FoNTENAY.
Vous demander deux mots de réponse seroit peut être beaucoup, mais veuillez
vous ressouvenir Citoyen, qu'Isabeau compte^sur un, et que par L'autre vous obli-
geriez infiniment votre importune.
On lit en tête le luiméro d'enregistrement du Comité de salut pubHc :ff6. R., n° 55^o».
A droite : «R. le i3 pluviôse?'.
En marge : cf Renvoi au Comité d'instruction publique le 19 pluviôse l'an 2 de la Ré-
publique une et indivisible. Collot d'Herbois, Billaud-Varemse.»
La brochure est un petit in-8° de huit pages, imprimé à Bordeaux, chez Jean-Baptiste
Cavazza, rue des Ayres, n" â, près du Grand-Marché. L'exemplaire des Archives nationales
APPENDICE. G33
porte en marge quelques corrections faites de la main de l'auteur, rectifiant des erreurs
typographiques. Voici le contenu de cet opuscule, auquel Tallien a sans doute collaboré :
DISCOURS SUR L'ÉDUCATIO^', PAR LA CITOYEMVE TIIKRESIA CABARRUS-FOMEN A Y,
Lu dans la séance tenue au Temple de la Raison de Bordeaux , le premier décadi du
mois de nivôse , jour de la Fête nationale, célébrée à l'occasion de la reprise de
Toulon par les armes de la République , imprimé d'après la demande des citoyens
réunis dans ce Temple.
Sans prétendre remplir avec g-ioire la taclie pénible que je m'impose, comptant
pins sur l'indulgence de mes auditeurs que sur mes moyens, je vais essayer de
tracer l'esquisse rapide d'un plan d'éducation pour ia jeunesse; je vais jeter au ha-
sard quelques idées; heureuse si, par le sacrifice de mon amour-propre, je j)eux
mériter les suffrages des âmes sensibles et des bons citovens.
Beaucoup d'auteurs ont paru dans cette carrière difficile ; beaucoup de philo-
sophes célèbres se sont occupés de former à la vertu de jeunes élèves que leurs
sages leçons devaient éclairer, mais aucuns d'entre eux n'étaient à la hauteur des
événements qui se succèdent aujourd'hui; presque tous resserrés par d'antiques
préjugés, influencés par eux, n'ont pu laisser prendre à leur imagination cet essor
vers la vérité, qui peut seul former des héros; je dis plus, des hommes faits pour
habiter une République. Ce flambeau sublime, nommé Raison, ne jetait plus
qu'une faible lueur; le génie était entravé, enchaîné par le despotisme; les vertus
qui constituent le grand homme étaient étouffées dès leur naissance; le vice seul
triomphait. Pour qui auraient-ils écrit? Et comment auraient-ils pu écrire? <rLes
enfants, disait le sage Locke , doivent être propres à être élevés avant que l'on
puisse songer à leur éducation. r>
La première doit être physique, consacrée seulement à cette partie de leur exis-
tence, et si leurs jeunes cerveaux sont propres parleur souplesse à recevoir toutes
sortes d'impressions, poui-quoi fatiguer leur imagination de choses qui ne sont
pas à leur portée? Pourquoi ensevelir leurs idées dans une foule de mots (pi'ils ne
comprennent pas? Pourquoi, contrariant la nature, chercher à greffer sur ces
jeunes arbrisseaux des plantes étrangères, dont la sève trop forte entraîne la des-
truction de ce nouvel essai d'habitudes nuisibles ;i l'humanité?
Mères de famille, respectez, chérissez le titre (]ue la nature vous donne; rem-
plissez avec une exactitude scrupuleuse les devoirs qu'elle vous impose envers vos
enfants; rappelez -vous qu'une mère insouciante et cou[)able est une calamit('
publique, que la société doit punir de tout son mépris, que c'est un monstre
([u'elle doit extraire de son sein; ressouvenez-vous qu'il n'est point de détails, de
soins qui ne soit précieux pour cet a}';e, où tout, jusipi'à l'existence, est un tra\ail:
n'accablez point leur triste et stérile enfance des fatras d'un régime proscrit par
la philosophie, et dont le tenq)s a tin* une juste ven};eance; nonriissez les jeunes
tètes de toutes les idées relatives h l'état de l'homme; ([ue toutes celles qui peuvent
leur servir un jour de principe et de nw^lhod»' pour une condnih> irréprochable
s'y gravent en cai-actèi'es ardents et ineffaçables, et vous aurez créé le thermomètre
6U APPENDICE.
de leur bonheur pour l'âge où vous serez obliges de les éloigner de l'asile oii vous
abritiez leur débile jeunesse.
Alors devra commencer réellomont le plan do leur éducation : que ce soit loin
du toit paternel; que des mains avides et mercenaires ne soient point chargées de
rinslriiction de cette pépinière nombreuse et faible; que ce soit un litre à l'estime,
et que dans le siècle de la régénération philosophique, les agents vertueux, chargés
de l'éducation publi(jue, soient considérés et respectés comme les principes de
vertu qui peuvent embellir la société et la maintenir.
Oh vous! zélateurs généreux dont la tache pénible est semée d'épines, que rien
ne vous rebute; ayez, après le choix que vos concitoyens auront fait de vos lu-
mières, de vos talents, et surtout de vos vertus, ce courage impassible, si néces-
saire dans l'état glorieux que vous devez embrasser; que vos élèves soient vos en-
fants, mais aussi soyez leurs pères tendres; consultez l'inchnation de leurs cœurs,
qu'aucune dissimulation n'environne encore ; et quand une fois vous aurez connu
ce dédale , dans lequel la sagesse s'égare souvent elle-même par ses tardives re-
cherches, dirigez vos instructions particulières vers le point où vous apercevrez
des dispositions; que l'enfant trouve en vous [non] un juge, mais un ami; qu'il ait
besoin de vous avouer ses fautes , pour se débarrasser d'un poids funeste qui entrave
la vertu; que vos sages conseils l'y ramènent, qu'il se sente soulagé, et que la
douceur seule le gouverne : loin d'une cohorte républicaine toutes les punitions qui
abrutissent l'enfance, qui l'asservissent honteusement, et qui la forcent à une dis-
sinmlation coupable et naturelle, pour éviter un châtiment mérité, dont l'aveu de
sa faute ne saurait la préserver.
Evitez aux enfants de ce régime nouveau toutes les formules scolastiques et pédan-
lesque; que le latin, cette langue sublime, il est vrai, dans ses beautés, ne soit pas
cependant un principe exigé dans l'éducation de nos jeunes élèves; qu'ils apprennent
d'abord le langage correct de leur pays; que l'on ait soin de leur prononciation;
qu'ils s'énoncent en public avec grâce et facilité; qu'ils y rendent leurs idées sans
pompe et sans luxe,- la simplicité et la précision étant les compagnes de la fran-
chise; que tous les exercices du corps soient protégés, et que dans ce nouveau
système, l'adresse, le courage et la vertu soient les seuls objets d'égards, de ré-
compenses et de distinctions ; que tous les enfants, sans exceptions , soient envoyés
dans les écoles publiques; ils appartiennent à l'Etat avant d'être à leurs parents; que
la disposition aux talents soit accueillie et protégée, sans toutefois être insultante
pour ceux que la nature a traités avec moins de faveur. Tous les exercices du
corps, les manœuvres militaires, une lutte même à laquelle présideraient de sages
directeurs , tout ce qui peut entretenir enfin la souplesse et la force ; voilà ce qui doit
former de jeunes soldats , des républicains , des défenseurs de la liberté , des hommes.
Instituteurs, mêlez-vous aux jeux de vos disciples, comme vous piésidez à leurs
travaux; qu'une douce paix accompagne vos regards moins sévères; soyez-y leurs
modèles, mais n'opposez point d'entraves à leurs simples amusements. Après les
jouissances de cet âge heureux, viennent les études plus sérieuses de l'adoles-
cence; elles doivent prendre un caractère plus grave, plus majestueux, rappeler à
l'homme qu'il doit acquérir ce nom , pour ne pas être classé parmi les usurpateurs
de ce titre imposant.
APPENDICE. 635
Sybarites étrangers, que votre mollesse fatale ne reparaisse plus dans l'enceinte
re'gf^nérée de ma patrie: que des vêtements simples et modest'^s habituent la jeu-
nesse à fuir le luxe, comme l'ennemi des mœurs et de la dignité re'publicaine; que
la France suffise à ses besoins; que les bras endurcis à tous les travaux contribuent
à son inde'pendance, à sa culture, à Taccroissement de ses richesses et de ses pro-
ductions; nous verrons alors renaître le siècle de la philosophie, de la justice, de
la fraternité, et l'Europe etonne'e applaudira du moins à cette combinaison phi-
lanthropique, si tous ses peuples n'ont pas le courage de l'imiter; l'honneur seul
alors gouvernera les hommes; cette vertu, masque habituel de toutes les erreurs,
de tous les e'garements, j'ai presque dit d ' tous les vices, brill -ra pour lors de tout
son éclat. Sages directeurs de nos gymnases, ménagez ce tissu de sensibilité et
d'orgueil : sacliez que ce sont les deux lisières qui soutiennent tous les âges et qui
étayent le bonheur d'une manière durable; elles sont les deux supports de ces
jeunes rameaux dont vous cultivez les fleurs; elles périront, si vous ne les protégez ;
ces deux nuances qui n'appartiennent qu'à Thonnue digne de porter ce nom , con-
servez-les avec soin quand vous les rencontrez , ce sont les vertus avec lesquelles
on peut former un être digne de tout; l'une d'elles, isolée, peut créer un monstre,
un tyran; réunies, elles donnent le jour à un héros; celui qui les possède est un
coursier fougueux que le frein doit dompter, mais qu'il ne doit pas réduire.
Heureuse sensibilité! toi qui fais le charme de la vie, qui peux seule réparer
les maux que tu causes, viens épanouir les cœurs de nos jeunes athlètes, et si la
fierté guide leurs pas vers la gloire , arrête quelquefois ses nobles élans [)our (juils
sachent que, sans toi, il n'est point de gloire ou de bonheur véritable.
Liberté sacrée, échauffe leurs cœurs; que les deux hémisphères retentissent de
tes accents; que ta statue remplace partout celle des tyrans et des suborneurs qui
l'ont si longtemps sacrifiée à leurs passions et à leurs criminelles entreprises; que
tes feux brillants pénètrent jusque dans les plus affreux climats; que là même, la
nature multiplie ses ressources pour rendre aux êtres sensibles le bénéfice de ton
influence céleste : déjà tous les peuples veulent fléchir le genou vers ton (lis(pie
éclatant; comme à l'aurore d'un beau jour, l'ombre et le soleil luttent encore dans
nos campagnes azurées , mais la partie faible de ce tableau magicjue disparaissant
bientôt, il ne reste plus, devant l'œil étonné, que le triomphe complet de la lumière.
Loin de nous aussi tous les préjugés religieux que le despotisme inventa, et
que le charlatanisme sacerdotal prêcha pendant tant de siècles , en riant lui-même
de cette doctrine puérile et fastidieuse. Directeurs de la jeunesse, menez vos jeunes
«'lèves voir le lever de la brillante aurore; que le soleil les étonne à son coucher;
que le cœur, à ce spectacle im[)osant, é[)rouve un mouvement d'admiration, et que
d'eux-mêmes ils fléchissent le genou devant le Créateur de la nature; lîi, point
d'enthousiasme, point de sectaires adroits à exalter leui* débile cerveau; qu'ils
])rient, qu'ils versent des larmes de joie; (pie leur Cd'ui- attendri, e\lasi(', envoie
à la divinih', sans aucune formule d'habitude, les hommages de sa reconnaissance
et de son admiration, ceux-là seuls sont agréables à TEtre-suprème. Bientôt leur
imagination soit du sommeil de l'enfimce; ils sentent leur glorieuse destination . ils
ont besoin de la gloire, et leur cceur, «pie rien n'a rétnVi, les y entraîne sur les
ailes du génie.
036 APPENDICE.
Mais tout passe, la fraîcheur de la jeunesse, celle de la beauté'; semblables à la
rose, elles brillent et se flétrissent : les g-énérations rapides des faibles mortels
ressemblent aux feuilles qui tombenl dans les forêts h la fin de l'automne; c'est
pour cette saison de la vie qu'il faut se pre'parer des consolations, qu'il faut in-
struire la jeunesse; forte de son éclat, elle reg^arde souvent avec mépris ceux qui
leur (sic) ont donné le jour; ils ne prévoient pas qu'ils sont dans celle classe qui peut
parvenir à cet âge respectable, quand l'honneur vous y a conduit; ils ne songent
pas qu'ils auront besoin de leurs semblables, s'ils arrivent jamais à cette époque
où l'homme, en décroissant, accumule ses besoins. Instituteurs, je n'ai plus qu'un
mol à vous dire : vous arrivez à la vieillesse avant les élèves que vous formez, ap-
prenez-leur h la respecter; que des cheveux, blanchis dans le respect des lois,
soient l'objet de leur vénération; que dans les fêtes publiques ils aient une place
distinguée; que dans un siège ils soient entourés des bras de nos jeunes Spartiates;
ces glorieux, ers généreux défenseurs de la Liberté, donneront encore des exemples
de courage; les Nestors de la régénération moderne offriront à nos guerriers les
cicatrices honorables dont ils seront couverts; ils leur inspireront l'amour de la
Patrie, la haine de la servitude, des tyrans, et après avoir rempli leur carrière
avec honneur, ils attendront sans murmure et sans efi'roi l'heure qui doit les sé-
parer de leurs neveux , dont ils auront obtenu l'estime et les regrets.
Il existe une autre édition de ce Discours, d'un format un peu plus petit. Cette édition,
qui a douze pages, ne porte pas de nom d'imprimeur; les fautes d'impression de l'édition
de Bordeaux y ont été corrigées. 11 est probable que cette réimpression a été faite à Paris.
C'est cette seconde édition que Ton trouve à la Bibliothèque nationale (Lb^'*3626, in-8").
Le Musée pédagogique en possède aussi un exemplaire (n" 11760).
M""' d'Abranlès a raconté dans ses Mémoires une anecdocte relative à la lecture du dis-
cours de Thérésia Cabarrus dans le temple de la Baison à Bordeaux. Nous transcrivons
ci-dessous le passage :
Étant un jour à Bordeaux, elle fit un discours sur des matières assez abstraites,
et propre à être lu en manière de sermon , comme alors cela se faisait assez sou-
vent. Elle n'eut pas le courage de le lire elle-même, et pria M. Jullien de le lire
à sa place; mais elle assista à la séance, dont les auditeurs étaient bien plus attentifs
à la regarder qu'à écouter le débit lourd et ennuyeux de celui qui lisait son discours.
Elle portait un habit d'amazone, en casimir gros bleu, avec des boutons jaunes, et
le collet et les parements en velours rouge; sur ses beaux cheveux noirs, alors
coupés à la Titus, et bouclés tout autour de sa tête, dont la forme était parfaite,
était posé, un peu de côté, un bonnet en velours écarlate, bordé de fourrure. Elle
était admirable de beauté dans ce costume. Par intervalle, elle témoignait de l'hu-
meur en faisant une petite moue, parce que le lecteur ne lisait pas comme son
oreille d'auteur l'aurait voulu. Aussi le décadi suivant alla-t-elle à la même église
des Récollets, et lut-elle elle-même son discours^".
^'^ Mémoires de M""" la duchesse d'Abrantès, t. II, p. îî3^j; Paris, Ladvocat, t83i.
APPENDICE. 637
11 y a dans ce récit une grosse erreur. Ce n'est pas Julllen '' qui a pu lire le discour.",
de Thérésia Cabarrus; en nivôse, il était dans le Morbihan, et il ne se rendit à Bordeaux
qu'en germinal. Toutefois ce n'est pas, croyons-nous, à l'auteur des Mémoires qu'on doit
imputer la méprise : il ne s'agit probablement que d'une simple faute commise par un co-
piste ou par l'imprimeur. Au lieu de Jullien, il faut évidemment lire Tallien, et sans doute
c'est bien ce nom qu'avait écrit M'"* d'Abrantès '^^
Ml
QUELQUES IDÉES SUR LES ARTS , SUR LA NECESSITE DE LES ENCOURAGER, SUR LES
INSTITUTIONS QUI PEUVENT EN ASSURER LE PERFECTIONNEMENT, ET SUR DIVERS
ÉTABLISSEMENTS NÉCESSAIRES A L'ENSEIGNEMENT PUBLIC, ADRESSEES \ LA CON-
VENTION NATIONALE ET AU COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE, PAR BOISSV-
D'ANGLAS, DÉPUTÉ DU DEPARTEMENT DE L'ARDECHE.
De l'Imprimerie nationale ^^^
Parmi les iuslitutions politiques desliiiées à cimenter de plus en plus l'édifice de
la liberté nationale, celles qui peuvent influer sur l'esprit humain, et, en étendant
les lumières de la raison, ciéer ou régénérer les mœurs publi(|ues, sans lesqucllej
tout g-ouvernement n'a qu'une existence momentanée et précaire; celles doul le
résultat doit être nécessairement d'accroître la prospérité de l'empire , d'étendre et
de fortifier son influence sur les autres nations ses rivales, et de préparer dans le
corps social lui-même de nouveaux moyens d'en conserver l'organisation et l'in-
dépendance; celles-là, dis-je, doivent attirer essentiellement les reg-ards d'une
réunion d'hommes appelés à compléter la régénération d'un grand pcu|)le, à créer
pour les siècles et pour l'univers, et à mettre en action le véritidde système de la
félicité pubhque, enfin à empêcher qu'aucune des chaînes déjà brisées, dont les
tyrans de la terre s'étaient servis pour consolider leur domination, ne puisse jamais
être renouée.
La Convention nationale, fidèle à la plus sacrée de ses obligations, a déjà posé
les premières bases de l'enseignement public, et pourvu aux premiers besoins de
la génération qui va naître. Bientôt les premiers élénients de ce qu'il faut savoir
seront l'apanage de cette jeunesse encore naissante, qui doit recueillir tous les
fruits de la révolution qui s'achève, et jouir de tous les bienfaits d'une liberté dont
la conquête ne lui aura point coûté de sacrifices. Bientôt un homme absolument
dépourvu de connaissances ne se rencontrera pas plus sur notre sol (|u'un esclave
ou qu'un tyran. Gloire soit rendue à jamais à ceux ([ui ont pensé que sans un bon
(') Marc-Antoine Jullien, dit de l^iris , diio par un reprcsonlanl. Ce représentant
commissaire du Comité de salut public ne pouvait être (juc Tallien.
dans les départements de l'Ouest et du ^^ Hibliotlièque nationale, Le '^"* (uj;,
Sud-Ouest. C'est le fds de Jullien do la in-8"; Must'e pédagogiqu.', n" i iG'i;. C»Mfe
Drôme. j)ièce est annoncée dans le n' 5t.') du Joitr-
'^'^^ «Lu par un de vos collègues '', dit uni des débats et de» décrets , corrospoudant
Thérésia Cabarrus dans sa lettre : c'est-à- au -.'8 pluviôse au ii.
638 APPENDICE.
système crinstruclioii publique, il ne pouvait y avoir de liberté; que le fanatisme
et l'ignorance étaieni, entre les mains des despotes, une arme toujours redou-
table , et que la base de tout bon gouvernement étant la vertu et la pratique de
tous les devoirs sociaux, le plus sûr moyen de rendre les hommes meilleurs, et
consé(|uennnenl plus dignes de la liberté, était do les éclairer et de les instruire.
Mais il ne suflit pas , sans doute , de généraliser et de répandre les lumières de
cette instruction première qui , comme la chaleur de la nature , doit se propager
dans toutes les parties du corps social , pour les rajeunir et les vivifier : il faut
encore pré|)arer pour resj)rit humain tous les moyens de développement et de
perloclion aux(piels il est susceptible' d'atteindre; alors la carrière du législateur
s'ag-randit; alors ses augustes fonctions l'élèvent à une hauteur surnaturelle; ce
n'est pas seulement pour ses contemporains qu'il médite, c'est pour les siècles; ce
n'est pas une seule nation qu'il organise, c'est la terre entière; son influence
s'étend sur la postérité; ses bicnf^iits appartiennent à l'univers, dont il prépare et
ratlVanchissement et le bonheur : c'est alors qu'il a véritablement dérobé, comme
Prométhée, le feu sacré de la divinité, et qu'il va, comme elle, régénérer et em-
bellir In nature.
Pénétrons-nous donc de nos devoirs, de notre puissance et de nos moyens,
calculons nos richesses, apprécions notre position, et voyons ce qu'il nous reste à
faire.
Ce n'est pas un peuple nouveau que nous sommes chargés d'organiser, ce n'est
pas de petites peuplades éparses çà et là sur la terre, séparées entre elles, isolées
des autres nations, n'ayant et ne voulant avoir aucune influence sur leur existence
politique, sur leur gouvernement et sur leurs mœurs, sans opulence, sans in-
dustrie, sans luxe et sans grandes villes, et formées d'honmies accoutumés à peu
de besoins et nés avec des mœurs simples et pures : c'est un vieux peuple dont
il faut assurer la régénération ; c'est une nation composée de vingt-cinq millions
d'hommes, longtemps façonnée à tous les genres de tyrannie, et devenue libre en
un jour par le seul élan de son courage et par le seul résultat des progrès de sa
raison; c'est un amas d'hommes actifs, industrieux et éclairés, pour qui l'instruc-
tion est un besoin , le luxe une passion naturelle , les connaissances de l'esprit une
source intarissable de richesses, dont les arts ont fait longtemps les délices et la
gloire, et du sein de laquelle partent sans cesse, comme d'un foyer, tous les rayons
qui doivent éclairer le monde; c'est une nation que son industrie et ses talents ont
placée au premier rang de celles qui couvrent la terre, et qui depuis un siècle
entier exerce sur elles, par ses talents et par son langage, une sorte de suzeraineté
morale de laquelle nulle encore n'a pu s'afij-anchir; c'est un peuple, enfin, nom-
breux et serré, occupant le plus riche territoire de TEurope, possédant de vastes
et opulentes cités, des colonies et de riches établissements dans les quatre parties
du monde , à la fois commerçant et agricole , et formé d'hommes généreux , humains ,
vifs, sensibles et paisibles, qui ne veulent être ni conquérants ni guerriers, ni
usurpateurs ni esclaves, mais se maintenir dans l'enceinte de leurs frontières, au
sein du bonheur et de la liberté.
11 ne s'agit donc pas de leur enseigner à se passer, mais à jouir; d'organiser
pour eux la pauvret»;, mais l'opulence; de leur enlever tout ce qui rend les autres
APPENDICE. 639
nations tributaires de leur empire, mais (raccroîtrc et de multiplier tous leurs
moyens d'influence sur elles; de les condamner à végéter dans un cercle étroit
d'occupations et de travaux, mais de leur ouvrir toutes les carrières de imagi-
nation et du génie, et de diriger leur application et leurs veilles vers tout ce qui
peut agrandir la sphère de nos connaissances, opui-er et forlifier notre raison,
reculer les bornes de l'esprit humain, et par là les maintenir à cette hauteur où la
révolution les élève.
Le despotisme en expirant a laissé à la France j'égénérée un superbe et vaste
héritage qu'elle ne saurait répudier sans honte. Il lui a restitué, pour les siècles
et pour l'univers, l'immense dépôt de toutes les connaissances humaines, le ré-
sultat de tous les talents de l'espi-it, le produit de toutes les créations du génie.
C'est dans ses mains que sont, pour ainsi dire, réunies et fixées, connue en un
seul et unique faisceau, toutes les lumières qui ont pu jaillir jus([u ici du choc de
toutes les pensées, et de fensemhle de toutes les méditations. Elle doit donc aux
nations qui lui succéderont un jour de leur tiansmottrc dans toute son inté'p-iff'
cet inappréciable dépôt. Elle leur doit de ne pas arrêter, par une coupable in-
différence , la marche et les progrès de l'esprit humain , et de faire pour la posté-
rité ce que les siècles passés ont fait pour elle. 11 faut que le despotisme, dont
l'orgueil encourageait et protégeait les arts qui devaient enseigner à le détruire,
soit à cet ég-ard surpassé par la liberté, lors même que celle-ci ne peut être détor-
minéc que par l'amour du bien public.
Mais il est, et il faut bien le dire, il est au sein des richesses, de quelque genre
qu'elles soient, une sorte d'indifférence qui résulte de la satiété, et qui nous rend
prqsque insensibles aux objets que nous possédons : et si ces richesses aj)partien-
nent à l'esprit, si leur existence est, pour d'autres hommes que nous, un titre
d'honneur et de gloire; à cette inditïérence qui naît de la possession, se joint le
dédain qui naît de la jalousie : alors la médiocrité, qui ne peut rien produire,
outrage les productions qui la blessent; et loin de jouir en paix des trésors qu'elle
ne peut accroître, mais dont elle pourrait faire son bonheur, elle cherche à les
anéantir, et croit se venger des grands hommes qu'elle ne saurait atteindre, en
dédaignant le fruit de leuis travaux et en s'efforçant de diminuer la reconnaissance
qui leur est due.
C'est ce sentiment destructeur qui ose conspirer encore au milieu de nous,
contre la conservation des arts, de leurs chefs-d'œuvre et de leurs préceptes; qui
veut en arrêter les progrès, et qui semble ne s'attacher qu'à replonger la terre, et
surtout la France, dans les ténèbres de cette ignoi'ance barbare dont la succession
lente, mais sûre, des méditations de l'esprit, a su farracher pour notre bonheur.
Il n'est pas rare en effet d'entendre dire au milieu de nous : A ({uoi snrcnl mcorc
aujourd'hui ces arts et ces sciences que Von vante? et pourquoi ce pruplv , qui se ré-
génère après avoir brisé pour Jamais toutes 1rs chaînes dr son <'sclara<ir, rrstrrait-il
assujetti à tous ers besoins factices de iànie qui naissent des arts et du lud'c? Qu'im-
portent les talents de r imagination pour celui qui sait élre libre? L'austérité répu-
blicaine doit les repousser loin d'elle : tls ornairnt la cour des despotes ; ils Irur aidaient
à charger leurs sujets de fers , et leurs adulations corruptrices étaient une barrière
impénétrable aux plaintes des infortunés soumis à leur puissance : ils étairut des nistru-
6/i0 APPENDICE.
umits de Itjrannie entre les mains de nos oppresseurs : il faut donc les détruire tous,
de peur quils ne conspirent encore contre la liberté, en amollissant le courage de ceux
qui doivent la dcfcudrc.
ffTii veux èlre libre, peul-on rëpondre, et lu veux anéantir les sciences et les
arts, et tu repousses de tes institutions tout ce qui peut élever et nourrir Tâme,
tout ce qui peut ag-randir la sphère de Fesprit humain ! x4pprends que la liberté
est produite par ce même enthousiasme qui crée les conceptions du génie, comme
elle est mise en théorie et en pratique , comme elle est garantie et conservée par
la philosophie et par les lumières de la raison. Considère les descendants de Mil-
tiade et d'Aristide; ils ne sont devenus les esclaves du plus insolent despotisme
(praprès avoh' vu périr leurs arts, leurs temples, leurs divinités et leurs jeux;
qu'après avoir laissé détruire leurs statues et leurs tableaux, leurs poètes et leurs
philosophes. C'a élé en ne voulant que l'Alcoran, en proscrivant à la fols, comme
des objets anti-religieux et inutiles, tous les ouvrages de sculpture et de peinture,
en s'opposant à l'introduction de cet art divin qui multiplie à l'infini toutes les
pensées du génie, que les sectateurs de Mahomet ont banni, peut-être pour ja-
mais, la liberté de sa terre natale, et courbé la moitié du monde sous le joug de
sa tyrannie : Omar, en disant que l'Alcoran suffisait, et en brûlant le plus vaste
dépôt qu'aient eu les connaissances humaines, a retardé de dix siècles l'aurore
de la liberté, et de plusieurs milliers d'années peut-être l'universalité de son em-
pire. Penses-tu que celui qui dirait la même chose de notre immortelle déclara-
tion des droits ne serait pas aussi coupable? penses-tu qu'il ne préparerait pas
le prompt oubli de cette même déclaration , s'il voulait resserrer, dans les trente-
cinq articles qu'elle conlient, le cercle entier des méditations humaines? Ils sont
sublimes, ces articles; mais l'Alcoran aussi renferme les préceptes de l'éternelle
justice, sans laquelle il n'est point de liberté; et cependant l'Alcoran est, dans les
mains des despotes qui l'enseignent à leurs esclaves, un impénétrable rempart
contre les efforts de cette même liberté qu'ils redoutent. «
Ah! redisons-le sans cesse, et ne nous lassons point de le répéter, c'est le des-
potisme qui a besoin des ténèbres; mais la hberté, toute rayonnante de gloire, ne
peut subsister qu'environnée de toutes les lumières qui peuvent éclairer les
hommes : c'est pendant le sommeil des peuples que la tyrannie peut s'établir et
se naturaliser au milieu d'eux; c'est pendant la nuit de Tignorance que se forgent
et que se rivent les chaînes qu'elle leur prépare. Cet instinct sacré qui, à Taspect
des beautés de l'univers, appelle, entraîne l'homme de génie et le tourmente de
l'impérieux besoin d'en créer des imitations nouvelles, est aussi celui qui fait em-
braser l'homme généreux et sensible de l'ardent désir d'être libre, et qui, l'ar-
rachant à l'indolence et à l'oisiveté par le sentiment de la dignité de son être, le
force de se ressaisir des droits sacrés qu'il a reçus de la nature.
Les fondateurs de la liberté d'un grand peuple doivent donc aussi cultiver et
encourager les sciences et les arts, comme l'un des moyens de conserver leur
propre ouvrage; mais ils le doivent encore à cause de leur influence sur les mœurs
et le caractère des nations qui les accueillent; et enfin, parce qu'appelés à créer ou
à développer toutes les sources de la félicité publique et toutes les causes du
bonheur particulier, ils ne peuvent manquer de les chérir pour les jouissances
APPENDICE. GM
qu'ils procurent, et pour les consolations qu'ils oiïrenl. Ce n'est ])as sans doule
un objet peu digne de ceux qui sont appelés à balancer et à fixer la destine'e des
hommes, que des institutions qui peuvent, par leur résultat, faire couler quelques
gouttes d'ambroisie dans la coupe amère de notre existence.
Les arts en effet sont à la vie ce que les (leurs sont à la nature; ils l'embellissent
de tout leur éclat, et font oublier, par le charme (juils versent sur elle, les amer-
tumes dont elle est si oïdinairement semée; ils adoucissent les mœurs de ceux
qui les cultivent, et les rendent plus dignes d'institutions sociales, fondées sur la
philanthropie et l'égalité; ils tempèrent cette sorte d'âpreté farouche qui s'unit aux
vertus républicaines, et ils changent en une surveillance ])his douce cette jalouse
méfiance C[ui suit la conquête de la liberté.
Après les grandes révolutions qui régénèrent les empires, en occasionnant j)armi
les peuples de longues et violentes secousses, il existe encore, comme après les
bouleversements ()liysiques du globe, des oscillations [)lus ou moins prolongées,
qui retardent le rétablissement de l'ordre ordinaire des choses; pendant ce tem[)s
le besoin du l'epos est pour beaucoup (Thommes le seul sentiment qui subsiste
encore, tandis que pour beaucoup d'autres le besoin de l'agitation , contracté pendant
a tourmente, prend la place du désir de la paix, sans laquelle on ne [)eut bit'u
goûter les fruits bienfaisants que la liberté doit produire.
L'amour et la culture des arts arrachent les uns à celte inactive insensibilité, et
dirigent l'enthousiasme et l'exaltation des autres vers des objets où la clialeiu- et
l'activité de l'âme puissent se développer sans danger, et trouver à la fois un ali-
ment et des résultats dignes d'elle. Ils entretiennent et tempèrent ce mouvement
vital, dont l'absence du corps politique, ou la trop grande rapidité serait une cause
également sûre de destruction et de mort. Ils détournent les citoyens, par une
suite d'occupations et de jouissances, de cette soif des conquêtes, de ce caractère
belhqueux et guerrier, le plus grand écueil qu'ait à craindre un peuple (jui s'est
armé tout entier pour repousser de nombreux ennemis, et dont la victoire a cou-
ronné les entreprises; et ils les arrachent en même temps, et par les mêmes moyens,
h cette léthargique apathie qui n'est ni le calme d'un peuple heureux et bien orga-
nisé, ni l'immobilité majestueuse d'une nation forte et puissante, mais le sonnneil
de la nature et i'avant-coureur de l'esclavage.
Les arts répandent avec profusion tous leurs bienfnits sur ceux qui les aiment;
ils marchent environnés de l'union et de la concorde : leurs divinil('s mêlent au
laurier ([ui les ombrage l'olivier de la fralei-nité, cl leur front serein et riant
semble être l'asile éternel du boidieur et de la paix; elles versent de leurs mains
bienfaisantes un baume consolateur sur toutes les blessures, et semblent ne se
présenter aux humains que pour resserrer de plus «mi plus les liens sacrés (pu li s
unissent. Les arts tempèrent et étouffent tous les germes de division : ils rap-
prochent, en les unissant pai* les mêmes goûts et les mêmes travaux, ceux tpie des
différences d'opinion et de sentiment ont pu éloijjner les uns des autres, l^^s dis-
sensions intestines que font naître les grandes crises polili(|ues, les restes des [)arlis
ou des factions, les haines publicpies devenues des ressenlimenls particuliers, les
sujets de discorde (pii n'ont |)u s'anivintir tout à fait devant finlérêt sacré de la
patrie, finissent par disparaître au sein d'occupations bienfaisantes et douces dont
III. M
6^2 APPENDICE.
le charme est égalemeni senti par tous; et il ne reste, au lieu d'elles, que cette
émulation do g-loire qui agrandit encore la carrière où elle se montre.
Cultivez donc les arts et les sciences, peuple géne'reux et sensible , devant lequel
se sont bi'isées toutes les chaînes de la tyi'annie; c'est au flambeau de la philo-
sophie et de la raison que s'est allumé parmi vous le feu divin du patriotisme,
entretenez-le au lieu de l'éteindre; et ne dédaignez pas des lumières dont le ré-
sultat a été votre bonheur. Débarrassé des liens qui g-ênaient tous vos mou-
vements, vous avez pris l'attitude fière d'un peujde qui connaît la dignité de son
être et la sainteté de ses droits, et vous avez étonné les autres nations de la
terre. Qu'allez-vous faire, maintenant que les despotes qui les asservissent, forcés.
de fuir loin de vos frontières et de reconnaître votre indépendance, vont vous
laisser cet heureux loisir nécessaire h la consolidation et au perfectionnement des
institutions nouvelles? Vous naissez dans l'ordre politique de l'univers, et il vous
observe avec inquiétude, pour savoir quelle sera la place que vous y prendrez, et
quel sera le caractère dont vous voudrez vous investir. Cependant vous n'avez
que le choix ou d'être un peuple industrieux et agricole, éclairé et paisible; ou
de faire de la guerre votre passion et votre métier. Voulez-vous, au lieu d'être
heureux, porter la terreur au bout du monde? voulez-vous être craint et redouté?
voulez-vous asservir la terre, et régner sur elle par la victoire? iMais un gouver-
nement comme le vôtre, mais les principes sur lesquels il est établi, ne s'alhent
point avec le désir des conquêtes : il est un empire saint que vous pouvez exercer
sans crime, et dont le sceptre est dans vos mains; c'est celui de la raison. Vous
avez été sous le despotisme le peuple le plus éclairé de l'univers , soyez-le encore
avec la liberté. Rendez les autres nations tributaires , non de votre autorité poli-
tique, non de votre gouvernement, mais de vos talents et de vos lumières; et
forcez-les à vous être soumises par le sentiment de vos bienfaits; il existe une dic-
tature pour les peuples , dont le joug ne répugne point à ceux qui se courbent
sous lui : c'est la dictature du génie; appelez donc le génie au milieu devons;
naturalisez-le sur votre territoire, afin d'exercer sou propre empire et de régner
par son influence; qu'il trouve des temples parmi vous, et que les peuples qui
vous environnent y viennent l'adorer et le servir.
Ainsi , vous conserverez sur la terre la seule suprématie compatible avec la véri-
table liberté , avec vos institutions paisibles, avec le bonheur qu'elles vous pro-
mettent : celle de l'opinion.
Ainsi , vous subjuguerez les nations , sans que vos succès puissent coûter une
seule larme : vos mœurs paisibles et douces seront bientôt celles de l'Europe; vos
arts seront ceux des autres peuples; ils viendront en puiser parmi vous les pré-
ceptes et les leçons, et vous ne les leur donnerez qu'imprégnés, si je puis parler
ainsi, des principes de cette liberté que l'univers attend de vous. Laissez aux des-
potes sanguinaires le désir de régner par les armes; il est une force pour vous
dont l'effet est bien plus puissant et l'attrait plus irrésistible, c'est celle de la per-
suasion; c'est celle qui, lorsque les Tartares eurent conquis le plus vaste empire
de TAsie, les força de se naturaliser sur son territoire, et d'adopter les mœurs et
les usages du peuple qu'ils venaient de vaincre , dont ils se montrèrent ainsi moins
les conquérants que la conquête : ce sera par elle que vous pourrez réaliser ces
APPENDICE. 6/i3
projets de République uuiverselle , sans cjue les bases de vos institutions en puis-
sent être blessées; ce sera par elle que l'on verra tous les hommes, sinon français
et assujettis à vos lois, du moins, et ce qui est la même chose, frères et libres, et
fidèles à tous vos principes.
Si donc vous voulez conserver l'empire dont le sceptre vous est remis , la gloire
qui vous est particulière, l'influence qui vous est propre; si vous voulez être dans
l'univers tout ce que vous y pouvez être; si vous voulez achever l'ouvrage que
vous avez si glorieusement entrepris, et faire, pour le reste du monde, ce que
vous avez fait pour vous; si vous voulez porter partout une lumière salutîiire et
sainte, dont les rayons puissent bannir à jamais tous les despotes et leurs satellites,
encouragez, accueillez, honorez les sciences, la philosophie et les arts : (|ue toutes
vos lois les favorisent ou les respectent; que leurs tre'sors soient vos plti< pré-
cieuses richesses, et que les travaux qui les doivent produire soient placés par vous
au premier rang des services rendus à la patrie. Que l'éclat des arts se réfléchisse
sur tous les actes de votre gouvernement; qu'il onibelhsse toutes vos fêtes, orne
toutes vos cérémonies, s'associe à toutes vos institutions; et ({ue le talent de vos
artistes s'agrandisse encore par l'usage que vous en saurez faire; que l'enseigne-
ment soit partout; que l'émulation naisse de toutes parts, et que la gloire puisse
répandre ses plus précieuses faveurs sur tout homme qui en sera digne.
[Boissy d'Anglas parle ensuite du rôle que les arts ont joué dans la vie nationale des
Grecs et des récompenses qu'ils y obtenaient. Que la France républicaine imite la Grèce;
qu'elle organise des fêtes nationales qui seront tout à la fois celles des talents et de la
liberté; que des prix publics soient décernés chaque année à toutes les vertus et à tous les
talents; que tout respire, chez les Français, l'amour des talents et des arts :]
. . .Que vos heux publics, vos places, vos édifices, étalent, à tous les regards,
les plus beaux traits d'héroïsme et de courage , consacrés par les nuiins du génie ;
que l'on y retrouve à chaque instant quelque belle action retracée, ou le souvenir
de quelques grands hommes gravé sur l'airain ou le marbre; que l'ame du jeune
citoyen vienne s'embraser à leur aspect de ce feu divin qui élève riiomnic au-dessus
de lui-même , en le pénétrant du désir sacré de surpasser ce qu'il admire. Montrez-
nous les images des premiers martyrs de la liberté, des généraux ([ui ont défendu
notre territoire, des grands écrivains qui ont éclairé le monde et illustré la uni ion
française : que Rousseau y paraisse environné d'un groupe de mères et (reufants
devenus heureux [)arlui, ou dictant aux nations de la terre le vrai code de la li-
berté; que Voltaire y ridiculise encore le fanatisme et l'orgueil des rois, on prépa-
rant ainsi par ses écrits l'alfianchissement des j)euples; que la philosophie et que
la raison y reconnaissent leurs héros et la science ses disciples; que tous les hommes
justement célèbres, justement investis de l'admiration des âges, y reparaissent
ressuscites par le génie et par les arts, et que cette muette éloquence leur prépare
des successeurs et des énudes: n'en bannissez point Fc'uelou, il doit se retrouver
aussi dans TÉlysée des talents; n'en baimissez poini Fénelon, doni l'Aïue hieniai-
sante et douce aurait chéri vos institutions lépuhlicaines, et ([ui condwillil aussi le
lanatisme et l'hypocrisie en faisani ainu^r la loli'rance. Pardonnez-lui d'avoir élevé
le lils d'un des|)ole, en songeant cpie, nudgrt' les vices de la plus dépravée de
6li!i APPENDICE.
toutes les cours, que, malgré les prestiges d'uue royauté criminelle et justement
abhorrée, il voulait en faire un homme de bien; songez que si son génie n était
pas mûr pour la liberté, il Pétait au moins ])our la bienfaisance et pour la justice;
et que ne pouvant, par le lort de son siècle bien plus que par le sien propre,
rappeler le peuple aux sentiments et h Texercice de ses droits et de sa dignité na-
turelle, il s'efforça du moins d'alléger par ses inmiorlels préceptes le fardeau de la
tyrannie qui devait encore peser sur lui. N'en l)annissez point les autres grands
hommes, ses contenqiorains et ses amis; leur gloire à la vérité semble s'être ré-
fléchie sur le front du plus insolent de vos despotes, et avoir illustré une mémoire
qui ne devait être qu'odieuse; mais par la réunion de leurs chefs-d'œuvre ils ont
honoré la nation française, hâté les progrès de la raison, et accéléré, par Pimpul-
sion qu'ils ont donnée à l'esprit humain , la chute des tyrans et la naissance de la
liberté.
Vous consacrerez plus d'une fois les jeux de la scène à acquitter la reconnais-
sance du peuple, en évoquant par leur prestige les grands hommes que vous avez
perdus, en retraçant avec toute leur pompe ces grandes actions nationales qui
devront vivre dans la postérité, et qui, appartenant aux grandes époques de votre
histoire, seront doublement chères a vos concitoyens. Que la carrière dramatique
s'agrandisse par Pemploi que vous en saurez faire, et la direction que vous lui
donnerez ; que le théâtre s'épure et se régénère à votre voix : consacrez-y tout ce
qui mérite d'être présenté comme un modèle à l'imitation des gens de bien; tout
ce qui peut élever, corriger, perfectionner les mœurs, et former le cœur par les
plaisirs de l'esprit et de l'âme ; que le peuple y vienne en foule puiser des leçons
et des exemples, et recueillir, sous la forme de l'amusement et de la récréation,
toute Pinstruction que vous trouverez utile de faire retomber sur lui. Surveillez-en
Padministration et la conduite ; qu'il soit dans vos mains un moyen toujours efficace
de régénération et d'enseignement: mais n'en abandonnez point l'influence à
l'ignorance ou au hasard. Songez avec quelle force on agit sur les hommes assem-
blés quand, après les avoir réunis par Paîtrait du plaisir, on sait exciter en eux
toutes les passions de Pâme, éveiller Pimagination, faire naître l'enthousiasme;
quand on peut diriger l'opinion publique suivant son intérêt ou son désir; quand
on peut disposer à son gré de l'émotion , du ridicule ou de l'horreur. Empêchez que
la médiocrité ne souille de ses productions le temple où doivent essentiellement
briller celles de Pesprit et du génie, de peur qu'elles ne corrompent le goût, en
présentant de faux modèles au jeune talent qui veut s'instruire, et au spectateur
qui veut apprendre à le juger; empêchez surtout que la hcence et que la dépra-
vation des mœurs ne s'y reproduisent jamais. Toutes les représentations drama-
tiques doivent être des leçons de morale, les théâtres des écoles de vertu; et vous
laisseriez profaner vos plus belles institutions, si vous souffriez qu'elles fussent
déshonorées par la moindre apparence du vice.
En considérant le théâtre comme l'un de vos établissements les plus propres à
perfectionner Porganisation sociale, et à rendre les hommes plus vertueux et plus
éclairés, vous ne consentirez pas qu'il soit uniquement l'objet de spéculations finan-
cières, mais vous en ferez aussi une entreprise nationale: ainsi le peuple tout entier
I
APPENDICE. 6/i5
jouira de ses avantages; ainsi son influence sur l'amélioration de nos mœurs sera
aussi rapide que certaine; ainsi la parcimonie de l'intérêt particulier n'en dimi-
nuera point la majesté, et n'en rétrécira pas le cercle. Que ce soit là Tun des
principaux objets de votre magnificence publique, du luxe de votre gouvernement,
des profusions de voire richesse: que la splendeur de vos jeux dramatiques réflé-
chisse sur celle du peuple, et atteste tout à la fois et l'opulence de la nation fran-
çaise, et la pureté de ses goûts, et la délicatesse de ses mœurs. Ainsi vous agran-
direz encore la carrière où l'esprit humain peut s'élever à une plus grande hauteur,
et se développer avec le plus de force; ainsi vous ofl'rirez au peuple une source
toujours renaissante d'instruction et de plaisir; ainsi vous formerez à votre gré le
caractère national, en le façonnant à la vertu par le charme de l'amusement, et à
la bienfaisance et à l'humanité par le spectacle et l'expression des plus doux sen-
timents de la nature.
Conservez les monuments des arts, des sciences et de la raison: ils attestent à
la fois et perpétuent les l'ichesses de l'esprit immain; ils fixent au milieu de vous
et naturalisent sur votre territoire le résultat des plus belles conceptions du gé-
nie, et des plus profondes méditations de l'étude; leur éclat doitendjellir vos cités,
et se réfléchir sur la République entière; leurs beautés doivent être au milieu
d'elle une parure nationale; mais ils sont l'apanage des siècles, et non votre pro-
priété particulière: vous n'en pouvez disposer que pour en assurer la conservation.
Le temps, qui les a respectés, a voulu qu'ils fussent gardés religieusement pour
les âges qui doivent vous suivre; et la moindre négligence de votre part serait à
la fois un sacrilège et la violation d'un dépôt. Le hasard qui les a rassemblés sur
votre terre n'a pas voulu vous en faire un pur don, mais les confier à votre garde : ils
appartiennent aux artistes qui doivent s'enflammer à leur aspect; à riiomuie de
génie qui ose espérer un jour d'en reproduire les perfections; ils ap|)artiennpnt
au talent de tous les pays et de tous les siècles, comme l'Antinoiis, rApolh)n, le
Laocoon, et les tableaux de Raphaël; comme les restes sacrés du temple de Thésée,
de celui d'Héliopolis, ou les ruines impérissables de Persépolis et de Palmyre. Dé-
fendez au temps et à l'ignorance d'y porter une main coupable. Qu'ils soient tou-
jours au milieu de vous le type sacré du génie et le modèle do<. talents; (juils
soient non seulement conservés, mais réunis; et que leur ensendjie oflre sans cesse
à l'admiration des hommes, par le spectacle des plus brillantes productions di'
l'esprit humain, tout ce qui peut avertir le plus sûrement de son étendue et d»' sa
puissance.
Les arts, on ne peut tro[) le redire, ont besoin de l'appui les uns des autres,
pour se développer et s'agrandir : c'est de leur réunion et de leur ensend)le (pie
naît l'afTeimissement de leur empire; mais cette réunion ne peut s'elTecluer utile-
ment (|ue dans un seul point, qui devi(>nt le rendez-vous géïKM-al du génie, et où
chaque talent aj)j)orte au faisceau comunui le tribut de toutes ses forces, le secours
de toute sa puissance, les trésors de toutes ses dirouvertes. Alors toutes les con-
quêtes faites sur l'ignorance par l't'lude cl par la nu'dilation (l«'\itiment com-
munes; alors rinfluence de l'imagination s'étend et se développe; alors le génie,
agrandi par ces rc'sultats, verse iudilVérriiHucnt (oui l'éclal de sts ronct'ptiouN sur
6/16 APPENDICE.
tous les arts et sur tous les talents, qui s'enrichissent (également de ses bienfaits. Le
trône du gënie, le seul que vous ne vouliez pas renverser, ne peut subsister que
dans un seul lieu, quoique son règne soit universel; et la nature des choses,
comme l'intcTet de la nq)ubli(|ue, ont dgaloment marque' sa place à côt(5 du sanc-
tuaire des lois, et do ceux qui sont spc^cialcment chai'gos d'organiser et de main-
tenir toutes les institutions sociales. La France entière a les yeux fixe's sur le point
où vont se rattacher dans un centre commun tous les fds du gouvernement; les
trompettes de la renommée y sont toutes rdunies : où le génie établirait-il donc le
chef-lieu de son empire, si ce n'était dans cet endroit même? Sa place est indis-
ponsablement là où il peut éli'c le plus promptement et le plus efficacement
aperçu; là d'où sa gloire peut s'élancer avec le plus de rapidité pour s'étendre
sur tout l'univers ; là où ses conceptions peuvent attirer le plus aisément possible
les regards et les encouragements; là, en un mot, où il peut rassembler, avec le
moins de temps et de contrariétés, beaucoup de juges, beaucoup de secours et
beaucoup de gloire. Que Paris donc soit la capitale des arts; qu'il retrouve, dans
l'avantage inestimable d'être l'asile de toutes les connaissances humaines et le dépôt
de tous les trésors de l'esprit, une nouvelle splendeur plus éclatante que celle qu'il
retirait de son luxe, de ses plaisirs factices et de tous les abus qui formaient, en
quelque sorte, sa dot et son patrimoine; il doit être l'école de l'univers, la métro-
pole de la science humaine , et exercer sur le reste du monde cet empire irrésistible
de l'instruction et du savoir. Que le génie y trouve partout ses instituteurs et ses
modèles , tout ce qui consacre sa gloire et prépare son développement , tout ce qui
assure son influence et son action ; que toutes les carrières de l'enseignement y
soient ouvertes; que tous les chemins de la gloire y soient indiqués, que l'artiste
y rencontre partout ce qui peut exciter son enthousiasme et offrir un but à ses
travaux.
C'est à Paris sans doute qu'il faut établir le dépôt sacré de toutes les connais-
sances humaines , et la réunion des résultats les plus précieux de l'imagination et
du génie; c'est à Paris qu'il faut rassembler tous les monuments des sciences et des
arts, dont l'ensemble est si nécessaire à leur perfectionnement, et dont l'étude peut
seule former le dernier degré de l'instruction publique ; c'est là qu'il faut organiser
pour les siècles et pour l'univers l'école suprême de l'homme; et si l'on embrasse
comme moi toute la grandeur de cette institution , si l'on est frappé , comme je le
suis, de l'immensité de ses développements et de ses parties, si l'on daigne calculer
toute l'influence que peut avoir sur la gloire et la prospérité du peuple français et
sur l'amélioration du corps social cette véritable encyclopédie de l'enseignement,
on sentira sans peine que ce n'est pas trop qu'une ville aussi vaste pour lui servir
d'asile, qu'un empire aussi puissant, aussi étendu et aussi riche pour l'alimenter
de ses secours. C'est ici que toute économie doit s'anéantir devant des motifs d'un
ordre supérieur; c'est ici que toute mesquinerie serait un larcin, et toute épargne
déplacée une atteinte à la fortune publique, dont les dispensateurs ne sont pas tou-
jours sages quand ils ne dépensent pas, mais bien quand ils dépensent à propos;
c'est ici que l'on peut réclamer l'abondance et la profusion, la magnificence et le
luxe, et que rien de ce qui peut accélérer les effets que l'on se propose ne saurait
être rejeté , quoique sacritice qu'il enlraîne.
I
APPENDICE. 6Zi7
Le génie, qui doit présider à un établissement consacré uniquement à son culte,
réclame tous les secours et toutes les dépenses; qu'il les ol^tienne. Il veut réunir
autour de lui tous les monuments qui altostent sa gloire et servent d'exemple à ses
leçons; appelez-les d'un bout de la France à l'autre. Il a besoin du concours de
tous les bommes, dont il a inspiré lui-même les conceptions et les travaux, et qui
peuvent le plus efficacement reproduire les préceptes qu'ils en ont reçus; faites-les
chercher par toute la terre; que yos bienfaits les fixent au milieu de vous, les na-
turahsent sur votre territoire, les dédommagent de tous les sacrifices (ju'ils peuvent
vous faire, et prouvent à l'univers que la France est la véritablo patrie des talents
et du mérite.
Vous avez ouvert un Muséum; rassemblez-y soigneusement tout ce que la Répu-
blique renferme déjà de chefs-d'œuvre, tous ceux que produiront vos artistes, ceux
que vous pourrez enlever aux nations voisines et arraclier avec de l'or à leur igno-
rance ou à leur avarice. Enrichissez, par des accroissements de tous les jours, cet
autre dépôt plus spécialement consacré aux merveilles de la nature; qu'il soit
nombreux, grand, magnifique et vrai comme elle, et que la terre entière s'em-
presse d'y venir déposer ses trésors, ses singularités, ses productions et tous les
titres de son histoire; qu'il soit les archives du globe, et que rien de ce (pii est sur
sa surface, dans ses entrailles, dans les éléments qui le coriq^osent, ne puisse y
être cherché vainement. Envoyez dans toutes les parties du monde des artistes et
des savants interroger les secrets de la nature et vous apporter ses plus étonnantes
richesses : voilà les concpiêtes dignes de vous; voilà celles dont vous devez être
insatiables; l'univers ne peut vous les disputer, il est sous la dépendance du génie
et du travail, et l'un et l'autre sont dans vos mains. Cent dépôts divers du même
genre existent sur votre territoire, mettez-les tous à contribution, demandez-leur
tout ce que vous ne réunissez pas, mais laissez-leur ce que vous avez dt^à, car
l'accaparement n'est pas l'opulence, et vous n'aspirez pas à une jouissance exclu-
sive.
Vous possédez une immense bibliothèque : c'est le plus vaste d('[)ôl (pi'aient eu
les connaissances humaines; cependant beaucoup de livres y manquent encore;
qu'ils y soient placés le plus tôt possible, et que la France, du moins, n'en renferme
pas un seul qu'on ne soit sûr de l'y trouver. N'écoutez |)as ceux qui vous diront
qu'il faut en bannir au conti-aire la plupart de ceux (pii existent et qui, en s'api-
toyant sur l'excès de nos richesses littéraires, font bien voii* qu'elles sont pour eux
une véritable pauvreté; n'écoutez pas ceux ([ui vous diront ipie lors(jue la raison
et les lumières de l'esprit ont pris la place de l'ignorance et des |)r('jugés, il faut
anéantir tout ce qui peut rappeler les jours de l'erreur, en perpétuant ses docu-
ments. Une telle doctrine n'est autre chose qu'un syslt'me de barbarie et de té-
nèbres. Sans doute, il faut régénérer les sciences; sans doute, il faut changer les
bibliolhèques; mais ce n'c^st pas par des destructions, ce n'est pas en bi-ùlant les
livres que vous leur en substituerez de meilleurs; c'est «mi jum léclionn.iiit les
sciences qui y sont ensei|;ii(rs, c'est en améliorant les résultat-^ de la nuMlilation
et de l'étude, c'est en créant des llK'orics nouvidles plus luiniuiMises ci plus sa{i^es,
c'est en éclairant par vos découvertes les j)rocé(lés de vos artistes cl lis opinions
de vos savants. On ne peut, soyez-en bien surs, tuer un livre (pieu en taisant un
6'i8 ^ APPENDICE.
meilleur; mais alors il n'esl pas nécessaire d'employer coatre lui le fer et le feu; il
périt de lui-mtMiio, (tiule de lecteurs, et s'anéantit incessamment dans l'éternelle
nuit de l'oubli. Tout livre que Ton ne lit pas a cessé d'être, et il est inutile alors
que vous cliercliiez à le détruire ; celui que l'on lit encore ne vous appartient
point; c'est une propriété de l'esprit sur laquelle vous n'avez aucun droit. Je sais
bien qu'il est des sciences qui, grâce à la sublimité de nos institutions nouvelles,
ont disparu de dessus la terre, ])Our ne s'y montrer jamais. Elles étaient les filles
de l'ig-norance et de l'erreur, et le Ihunbeau de la raison les a dissipées, comme le
jour chasse les ténèbres. Ce n'est pas pour elles que je réclame : je ne veux pas
(pi'on les ressuscite; mais qu'on ne \iole pas leur tombeau, de peur qu'on n'y en-
sevelisse avec elles des objets dignes de nos regrets. Je m'en rapporte bien plus à l'in-
térêt de ceux qui lisent, qu'à toutes vos réformes bibliographiques; c'est parce que je
suis bien certain que nul n'ira perdre son temps à étudier les dogmes d'une science
qui n'est plus, (pie je ne vois aucun inconvénient à en laisser subsister les livres,
jusqu'à ce que le tenq)s lui-même les ait enveloppés dans ses destructions succes-
sives. S'il n'y a rien de bon dans ces livres, croyez qu'on ne les ouvrira jamais; et
alors quel mal feront-ils? Mais s'il y avait dans un seul d'entre eux une seule idée
qui put être ulile au bonheur de l'homme, qui pût accélérer le développement de
son esprit ou étendre le cercle de son instruction, ah! sans doute, en y portant la
ilamme, vous auriez commis un attentat dont les siècles ne vous laveraient pas.
Que de livres ont péri depuis la renaissance des lettres et la découverte de l'impri-
merie! et ce qu'il y a de consolant, c'est qu'il n'en a péri aucun dont la perte soit
regrettable; et ce qu'il y a de précieux, c'est que les bons livres sont abondants,
tandis que les mauvais sont rares. Il ne faut donc pas des mesures coercitives pour
opérer ce scrutin épuratoire des bibliothèques : mais il y a le temps et la poslérité
qui peuvent l'eiïectuer sans danger; et il faut s'en l'apporter à eux seuls.
Et à qui conlieriez-vous la direction de cette réforme? qui investiriez-vous de
cette magistrature suprême des pensées? Gréeriez-vous, comme je crois l'avoir en-
tendu proposer, une commission pour vous en présenter le travail, ou pour l'ar-
rêter définitivement? Mais alors de quels membres la composeriez-vous? Quel
serait l'homme assez habile, assez profond, assez raisonnable, assez dégagé des
préjugés, assez peu morose pour pouvoir distinguer dans l'immensité des livres
ceux qu'il faut conserver de ceux que l'on doit anéantir? Quel serait celui dont le
coup d'œil serait assez juste , ou le jugement assez fait , pour pouvoir découvrir dans
l'innombrable collection de tous les répertoires de la science humaine ceux qui
sont les enfants de l'erreur et ceux qui le sont de la vérité? Quel serait l'homme
assez audacieux ou assez profondément éclairé pour assigner des bornes plus ou
moins rapprochées aux méditations de l'esprit humain? Qui oserait lui dire : Ceci
n'est pas de ton domaine, et tu dois renfermer tes études, tes recherches et tes
travaux dans le cjrcle plus ou moins vaste que je suis chargé de te tracer? Qui
oserait tirer la ligne hors de laquelle tout devrait être détruit, et en deçà de la-
quelle tout pourrait subsister encore? Une commission pour circonscrire les
sciences, pour élaguer l'arbre de ses méditations, pour placer une barrière éter-
nelle entre l'erreur et la vérité! une commission d'hommes, bon Dieu! Ah! le con-
cile de Trente aussi, lui qui du moins prétendait à l'infaiUibilité, avait créé une
(
APPENDICE. 6/i9
commission pour un objet presque semblable et décrt^té, comme on vous le ])ro-
pose, un index des livres et des pensées; mais la postérité a cassé ses décrets et
la raison s'en est moquée.
Nul homme sans doute, nulle réuiiion d'hommes ne peuvent se charger de celle
fonction surhumaine; c'est au temps, qui démolit en silence, à compléter par ses
destructions, comme par ses découvertes, le grand ouvrage de la régénération do
l'esprit humain; c'est à lui seul, c'est à la voix des siècles, c'est à la raison uni-
verselle et tardive, c'est à l'instinct de l'intérêt particuher à distinguer ce qu'il faut
apprendre de ce qu'il faut repousser loin de son entendement et de sa mémoire.
Le temps seul met tout à sa place : il est supérieur à toutes les pn'lentions de
l'amour-propre et de la vanité, à l'orgueil des courtes el fausses lumières, aux
petites passions de l'âme; il prononce lard, sans doute, niais il [)rononce d'une
manière sûre, et ses arrêts sont irrévocables; attendez-les donc avec respect, et
sans oser les devancer; attendez-les, et méfiez- vous de toutes ces propositions
extravagantes qui ne sont faites que par le désir d'une célébrité vainement bri-
guée : c'est la vanité seule qui les dicte. On croit s'agrandir soi-même en provo-
quant des destructions : on croit se montrer supérieur à tout ce qu'on abat ou
qu'on dédaigne; et l'on se hisse avec fierté sur les décombres dont en s'entoure,
comme un enfant monte sur une table afin de paraître plus grand. On croit se
donner un vernis de philosophie et de supériorité scientifique en témoignant son
mépris pour les livres et pour tout ce que les autres savent, et Ton veut masquer
sous cette morgue la médiocrité dont la conscience nous accable. Mais vous n'en
serez pas dupes, citoyens; un tel charlatanisme ne peut en im[)oser un seul in-
stant à la raison qui vous inspire et à la sagesse qui vous conduit. Vous ajouterez,
h tous vos bienfaits envers l'humanité, celui de vous préserver même de l'hono-
rable désir d'atteindre à un perfectionnement qui ne peut être votie ouvrage.
Vous croirez avoir fait assez en faisant retentir de tous les côtés la voix sacrée
de l'enseignement, et en améliorant dans une organisation nouvelle toutes ses
parties et toutes ses méthodes. Vous croirez avoir fait assez en obtenant des bons
esprits de tous les pays ces livres élémentaires, dont le but doit être d'é[)urer les
principes en simphfiant les procédés , et qui , par la direction qu'ils donneront aux
premiers pas de l'inexpérience et de la jeunesse, assureront la continuité de leur
marche dans la carrière que vous leur ouvrez; ils prépareront la maturité de la
réflexion à distinguer dans cette immensité d'ouvrages, dont l'amas vous elfraye,
ce qui doit être rejeté, des choses véritablement précieuses dont la conservation
intéresse la gloire de l'empire et peut influer sur le bonheur des hommes. \ uns
croirez avoir fait assez en ap|)elanl sur toutes les productions (pie l'on veut j)ro-
scrire l'œil vigilant de cette critique exercée qui , comme l'a dit un écrivain |)hilo-
soi[à\e , juffc les ovvrages, les talents et les sièeles, et donne au génie toute sa gloire,
en détruisant l'autorité de ses défauts. Ses décisions devront être les seules écou-
tées, les seules souveraines et définitives; mais soil (pielles condamnent à un éter-
nel oubli, soit qu'elles ordomient la vie en investissant de la gloire, vous ne
devrez confier qu'au temps el à elles-mêmes le soin de les exécuter. Ainsi nous
substituerez, aux torches de l'incendie que l'on nous j)ropost' d'allnmer. le s«Md
flambeau de l'inslruction : ainsi se formera au milieu de vous la gloiitMiso collt'c-
650 APPENDICE.
tion de nos richesses littéraires; ainsi s'épureront sans danger les dépôts sacrés
qui les contiennent : elles gagneront par le choix ce qu'elles perdront par le
nomhro; la nation saura ce qu'elle possède, et, dans ce qu'elle possède, ce qui
mérite son allenlion; ainsi, sans lui l'ion ôter, vous cliasserez tout le superflu qui
l'eniharrasse; vous accroîtrez ses véritables trésoj's, en lui facihtant les moyens
(l'on user; et, en rapprochant de ses études le but auquel elles doivent tendre,
vous les améliorerez en les rendant aussi plus faciles. Les bons écrivains vous de-
vront d'être mieux goûtés; les autres de ne pas mourir tout entiers; et la recon-
naissance universelle des peuples éclairés par vous associera vos noms à ceux des
grands hommes que vos institutions auront fait naître.
11 me serait facile sans doute d'appuyer par de nouveaux développements tout
ce que je viens de vous dire ; mais je n'ai pas besoin d'insister. Songez seulement ,
ajouterai-je encore, que si vous laissez entamer une seide fois le plus petit dépôt
de la science, vous livrez h l'esprit de système l'entière destruction de tous; son-
gez que celui qui aura proscrit aujourd'hui, avec raison si l'on veut même, une
branche de nos connaissances , sera remplacé demain par celui qui l'aurait con-
servée mais qui en aurait rejeté une autre, qu'il se hâtera d'anéantir dès qu'il en
aura le pouvoir; qu'ainsi de système en système, de suppressions en suppressions,
et toujours guidé par le désir d'opérer des réformes éclatantes et nouvelles, et
toujours dirigé par ce sentiment qui fait que les hommes sont plus flattés de ce
qu'ils détruisent qu'honorés de ce qu'ils créent, on arrivera, en définitive, au ren-
versement de la dernière pierre de cet édifice magnifique , élevé par le génie et les
sciences, au faîte duquel s'est placé de lui-même le trône éclatant de notre
liberté.
La muette éloquence des monuments et des chefs-d'œuvre élève l'âme et
agrandit la sphère de l'imagination et de l'esprit : mais elle ne suffit pas à l'in-
struction : il lui faut encore des démonstrations animées et en action; il lui faut
des leçons vivantes; et les beautés, comme les préceptes des arts, ne peuvent être
abandonnés à la contemplation silencieuse de ceux qui sont appelés par le génie
à en étudier les secrets et à en reproduire un jour les perfections. Il doit exister
dans le sanctuaire des talents une sorte d'initiation et de mystère, et dans leur
temple un sacerdoce chargé d'en enseigner le culte. Le feu du génie est comme
celui que les Romains consacraient à la divinité protectrice de leurs remparts : il
doit être alimenté sans cesse, et brûler sous la garde non interrompue de déposi-
taires choisis par lui. Le dépôt de la science s'accroît et se développe par l'ensei-
gnement; et c'est en simplifiant ses procédés et ses méthodes, pour les rapprocher
de l'entendement de tous les hommes , que l'on acquiert et que l'on fixe ses plus
précieux résultats.
A côté de tous ces trésors de l'imagination et du génie , de la méditation et de
l'étude, dont Paris présentera l'ensemble à l'admiration de l'Europe entière, seront
donc ceux plus précieux encore d'un enseignement universel ; ceux sans lesquels
les premiers ne sont rien, mais qui aussi ne sont rien sans eux; et qui, en s'ap-
puyant sur la réunion immortelle de toutes les collections de la science et des arts,
apprennent à les mettre en œuvre , savent ordonner l'emploi de leurs richesses et
sont la lumière et le fil qui dirigent dans les sentiers de leur labyrinthe. Vous
APPENDICE. 651
appellerez autour de vous les hommes de qui les sciences elles arts peuvent obte-
nir le plus de lumières, quels que soient, comme je Tai déjà dit, leur patrie et le
territoire qui les a vu naître. Le gënie et les talents appartiennent à tous les pays :
leurs trésors sont destinés au peuple qui s'en montre le plus digne, en les hono-
rant le mieux; et puisque l'invincible loi de la nature ne vous permet de diriger
votre choix que sur le présent qui s'échappe et qui dans sa course rapide peut
être si difficilement saisi; puisque vous ne pouvez demander ni aux siècles qui ne
sont plus, ni à ceux qui ne sont pas encore, le tribut de leurs grands hommes, et
que, forcés de disputer à la faux de la mort le mérite dont vous devez vous enri-
chir, il ne vous est permis d'embrasser dans vos lecherches que la durée d'un
éclair, du moins vous en dédommagerez -vous en ne leur assignant daulres
limites que les bornes mêmes du monde. Bientôt votre terie, fertilisée par rinlluence
de la liberté, et par tous les bienfaits de vos institutions régénératrices, n'aura
plus rien à enlever aux autres nations ; bientôt vous aurez irrévocablement saisi
la première place parmi les peuples éclairés, et on ne vous la disputera plus.
L'institut national que vous créerez, soit que vous le nommiez Acadcmio ou
Lycée, soit que, pour réhabiliter un nom devenu presque odieux, vous le nommiez
Université, offrira dans ses détails toutes les branches de l'enseignement public,
et dans son ensemble le plus haut degré de la science humaine. 11 faut que tout
ce que les hommes savent y soit enseigné dans la plus haute perfection. 11 faut
que tout homme y puisse apprendre à faire ce que tous les hommes de tous les
pays, embrasés du feu du génie, ont fait et peuvent faire encore. Il faut que cet
ëtabhssement honore non la France seule, mais l'humanité tout entière, en
l'étonnant par le spectacle de sa puissance et le développement de sa force. Cette
universalité de savoir serait, sans doute, une chimère, s'il ne s'agissait (pie de
quelques hommes pris au hasard et dans un espace nécessairement circonscrit;
mais il s'agit du rassemblement et de l'élite de tous les hommes instruits de la
terre, de l'extrait, si je puis parler ainsi, de tout l'univers savant; et par une telle
réunion de science, de talents et d'habileté, il est impossible, sans doute, de ne pas
arriver au plus parfait résultat des produits de l'esprit humain , au dernier terme
de l'instruction et du savoir.
Je ne vous présenterai point ici l'organisation n'glementaire de cet asile indes-
tructible de toutes nos connaissances : votre Comité d'instruction publi([ue. plus
accoutumé que je ne le suis à mûrir des résultats et à balancer des systèmes de
législation et d'enseignement, doit être chargé de ce travail; il en ordonnera
toutes les parties ; il en combinera les divers rapports; et, dis[)osant avec méthode
tous les matériaux de ce grand édifice, il en sera le véritable architecte. Je n ai
point oublié, d'ailleurs, que je n'ai voulu vous soumettre cpie cpielques idées et
non l'ensemble d'un projet; j'aurais besoin, pour leur donner plus d'accord, de
les élaborer moi-même par l'étude et par la réilexion. J'ajouterai, néanmoins, (pie
cette superbe institution doit être l'école (l(»s savants, non moins (pie celle des
élèves, et le dépôt de la science autant cpie celui de renseignement; que ce doit
être tout 5 la fois le temple de la gloire, |)()ui- (vux cpii y seront appelés après
avoir parcouru quelques-uns des sentiers du g('nie, et la carrière où s'exerceront
les athlètes, excités par sa voix puissante. 11 existait des académies qui end); as-
652 APPENDICE.
saient dans leur minion tout renchaînement des méditations luiniaines; vous les
avez sagement supprimées : leur régime n'était pas assez libre pour subsister sous
votre gouvernement, et leur manière d'exister se ressentait trop du temps et des
auteurs de leur naissance; l'esprit de corps les avait souillées de ses poisons, en
substituant ses pn'jugés rt sa morgue à la recherche et à l'amour de la science;
il semblait les avoir changées en des institutions établies pour arrêter les progrès
des lumières et de la raison , et pour offrir un asile sur aux anciennes habitudes
de l'orgueil et aux vieilles routines de l'erreur; elles tendaient à anéantir l'émnla-
tion par l'injustice, et à glacer renlhousiasme par une application pédantesque et
sèche des règles instituées pour faciliter l'clfort du génie; enfin elles ôtaient au
vrai talent l'énergie dont il ne peut se passer, en l'accoutumant à la dépendance
et aux sollicitations, et en circonscrivant la gloire, à laquelle il a un droit incontes-
table, dans les limites d'une coterie. Mais vous en reprendrez, sans doute, pour
le reporter dans vos nouveaux établissements, tout ce qui pouvait faciliter le déve-
loppement des forces morales et prêter un appui quelconque à l'accélération de
nos lumières. Vous conserverez ces conférences périodiques entre des hommes ha-
biles et versés dans les mêmes sciences, dont le résultat doit être d'accroître les
l'ichesses de l'imagination et de l'esprit, et de diriger le vol du génie vers le but
!e plus utile et le plus sûr; vous encouragerez ces travaux communs, desquels
jailHssent, avec une force doublement active, tous les rayons qui doivent éclairer
le monde; vous ordonnerez ces jugements et ces récompenses, qui encourageront
les jeunes artistes, et maintiendront la pureté du goût et des bons principes, en
forçant les savants eux-mêmes, qui devront les appliquer dans leurs décisions, à
ne jamais les perdre de vue. Vous n'arrêterez que peu de statuts; et, la carrière
une fois ouverte, vous laisserez au génie et au talent le soin d'y marcher à leur
gré. Us ne veulent pas d'entraves; et si quelque chose doit être libre, c'est la mé-
thode et les formes de l'enseignement, qui appartiennent au domaine sacré de la
pensée et de l'intelligence humaine : appelez autour de vous les savants et les
ai'tistes; offrez -leur des encouragements et des récompenses, des institutions
publiques et la hberté, et vous aurez assez fait: chacun ensuite ne manquera pas de
se tracer lui-même la route qu'il devra suivre, d'enseigner tout ce qu'il sait, et
de l'enseigner en adoptant les moyens les plus sûrs de s'honorer par beaucoup de
succès. C'est en associant la gloire des artistes au perfectionnement des arts eux-
mêmes et de leur enseignement, que vous l'atteindrez de la manière la plus
prompte et la plus sûre; c'est en associant le peuple tout entier à cette gloire des
artistes que vous la rendrez plus certaine et plus durable et que vous rendrez son
éclat plus brillant. Ainsi la liberté doit honorer les arts qui doivent l'embellir;
ainsi l'instruction, qui est l'une de ses plus fermes bases, est aussi l'un de ses plus
excellents résultats; ainsi toutes les institutions politiques, fondées sur la raison
et les droits de tous, se défendent les unes les autres, se prêtent l'appui de leur
force et s'embellissent de leur parure mutuelle. Honorez, récompensez, encoura-
gez et cultivez les arts et les sciences, et vous affermissez de plus en plus l'édifice
de la liberté publicpie; consolidez la hberté, et les lettres et les sciences se fixeront
au milieu du peuple généreux et sensible qui aura su la conquérir et la dé-
fendre.
APPENDICE. 653
Mais en élevant le temple des arts à côte' de celui des lois, en considérant le
ge'nie comme une magistrature nationale et suprême, associé en quelque sorte à
l'exercice de la puissance du peuple, et la dominant même par son influence sur
l'opinion, sur les mœurs, et sur la direction de l'esprit public; en plaçant les ar-
chives de l'intelligence humaine h côté de celles du gouvernement social, vous ne
voudrez point déshériter les autres portions de l'empire du bienfait de Tinslruc-
tion et de la facilité de l'enseignement. L'enseignement habituel et jouinalier doit
être partout, et à ia portée de tous ceux qui veulent le recevoir et s'enrichir de ses
résultats. Si l'éducation du génie ne peut se compléter que dans un seul lieu, celle
de l'esprit et de la raison doivent se trouver à portée de tous ceux qui sont ap[)elés
à en recueillir les trésors , c'est-à-dire de tous les citoyens. Les monuments qui
leur appartiennent doivent être rassemblés à côté d'elle, et prépara tous les genres
d'instructions qui n'ont pas besoin de la réunion de tous les chefs-d'œuvre et de
tous les talents. L'enseignement doit être d'autant plus rapproché qu'il doit at-
teindre un plus grand nombre d'hommes ; l'instruction doit être d'autant plus
éparse qu'elle est plus superficielle et à la portée de plus de monde; j)artout elle
doit avoir en surface ce qui lui manque en profondeur; et moins on peut apprendre
de choses, plus il faut pouvoir les obtenir sans les acheter par des déplacements.
A mesure que le cercle de l'instruction s'agrandit, celui de l'enseignement se res-
serre : il finit par se terminer en un seul point, où aboutissent tous les rayons,
comme ceux de l'astre du jour se réunissent autour de son disque, duquel ils re-
partent pour éclairer le monde et vivifier toute la nature.
Ainsi après avoir offert dans les écoles primaires tout ce qu'il est défendu, sous
peine d'être esclave, à un ciloyen d'ignorer; ce qui, formant le premier anneau de
la chaîne de nos connaissances, est aussi la base du vaste édifice de finstruclion
et du savoir; ce qui est étranger à toutes les choses qui, dans les arts, appar-
tiennent aux spéculations et aux combinaisons du génie, parait, sinon investi d'un
grand éclat, du moins appuyé sur toutes les certitudes dont l'entendement humain
peut avoir la démonstration ^^\ il faut sans doute continuer à diriger la raison et
l'esprit dans la carrière qui leur est ouverte, et organiser les établissements où ils
peuvent puiser l'instruction qui leur est propre. Leur méditation et leur (Hude ont
besoin de modèles et de guides; elles ne peuvent être abandonuj'es à elles-mêmes
sans être exposées à errer sans fil au milieu d'un labyrinthe inextricable et à y
périr de lassitude et d'épuisement, apiès avoir tenté d'en parcourir toutes les
issues. Mais ce qui doit leur être enseigné est encore loin d'appartenir au perfec-
tionnement des connaissances humaines et au développement de toutes les facultés
de notre intelligence : il ne s'agit pas encore de créer des savants, mais des
hommes instruits; de dévoiler tous les secrets du talent et de montrer a les mettre
en œuvre, mais d'apprendre à jouir des fruits heureux de ses conceptions et ii les
^•^ Nous reproduisons texluollcnienl ce! le étranger h tontes les choses qui, dans les
phrase dovonuo ininlellijjihio, probahiomoiil arts, appnrlionnont aux sporulation** et aux
par suite d'une faute cfiiupression <pii a in- oouihinaisonsdu ijiMiie, parait , sinon investi
Iroduit à tort le mot est devant le mot étran- d'un grand éclat , du moins appuyé sur toutes
ger. Nous pensons qu'on doit lire : ffce qui , les certitudes. . . n
654 APPENDICE.
apprécier avec justesse ; c'esl réducatioii de l'esprit qu'il faut achever, et non celle
du génie; c'est un second pas qu'il faut faire faire à l'ëtude dans la route de l'in-
struclioii; ou, si Ton veut, un point intermédiaire qu'il faut fixer entre l'ig-norance
bannie par l'enseignement des premières écoles, et le complément de toutes les
connaissances rassemblées dans le dépôt suprême et central dont Paris doit être
l'asile.
On a proposé d'établir une école secondaire ou collège dans chaque district;
d'autres ont pensé qu'il suffirait d'en créer une pour chaque département; d'autres
enfin ont désiré qu'il y en eût cent ou environ dans toute l'étendue de la République,
en les distribuant en raison combinée de la proximité relative des grandes villes
et de la masse de leur population. J'adopterai assez volontiers ce dernier avis; outre
qu'il me paraît mieux remplir les intentions que doivent avoir les législateurs en
organisant les établissements de ce genre, celles de leur donner toute la splendeur
dont ils sont susceptibles, par la facilité d'y réunir le plus d'hommes de mérite et
un plus grand nombre d'élèves, il a l'avantage de s'affranchir de la circonscription
des limites départementales, dont la trop stricte application dans l'organisation des
institutions sociales accoutume les citoyens à se considérer comme appartenant à
une section de l'empire plutôt qu'à une autre, et à ne trouver leur patrie que dans
la portion de territoire qui leur offre l'espèce de gouvernement et de protection
[)ublic[ue dont l'effet est le plus journalier.
Il y a trop de districts pour qu'on puisse fixer dans chacun d'eux un établisse-
ment secondaire : cette multitude de collèges, en organisant une armée de profes-
seurs, tendrait nécessairement à appeler dans ces importantes places la médiocrité
parasite et ambitieuse qui se présente avec tant d'assurance, et à rendre ainsi
presque nuls tous les avantages que la nation et les générations futures doivent
recueillir d'un enseignement bien organisé. A force de vouloir tout enseigner par-
tout, on n'enseignerait rien nulle part; et au lieu des ressources et de l'éclat que
peuvent donner aux instituts du second ordre leur établissement dans les villes et
leurs distances respectives, on n'obtiendrait que des chaires sans élèves, ou des
élèves sans professeurs dignes de les instruire. Il a fallu multiplier presque à l'in-
fini les écoles primaires, parce cjue, d'une part, il est facile de trouver des insti-
tuteurs capables d'enseigner ce que l'on y professe , et que , de l'autre, tous les jeunes
citoyens devant y être appelés sans distinction, et n'y en ayant aucun qui ne soit
apte à recevoir l'instruction qui y est donnée, il a bien fallu rapprocher d'eux
cette sorte d'institut usuel , dont le grand avantage est de porter partout les pre-
mières lumières, comme le soleil répand ses rayons dans les lieux les plus reculés
de la nature. Mais dans les établissements secondaires , dont la nécessité n'est pas
aussi absolue, dont l'enseignement, étant plus perfectionné, suppose dans les pro-
fesseurs un degré de mérite peu commun, il peut n'être pas très aisé d'en remplir
convenablement les places, et consécjuemment très politique de les multiplier sans
nécessité. L'essentiel dans ce degré d'instruction est moins d'apprendre que d'ap-
prendre bien. Le peu d'habileté des maîtres est plus nuisible que leur absence
totale: car alors les préjugés remplacent les lumières; et il se trouve qu'au lieu de
créer des établissements pour l'ulifité de l'instruction , on en fonde pour le main-
tien de l'erreur et pour le développement du faux savoir.
APPENDICE. 655
Je ne tracerai pas ici l'organisation de ces établissements secondaires : c'est,
comme je l'ai dit à propos de l'institut national, au Comité d'instruction pu-
blique qu'un pareil travail est confié; il ne doit pas seulement embrasser des rè-
glements intérieurs , ou une législation purement administrative , mais le système
général et complet de l'enseignement public, et présenter cet enchaînement mé-
thodique et uniforme qui, dans l'édifice de l'instruction, doit lier et assortir toutes
les parties et donner à chacune d'elles le rang, l'importance et l'étendue qui leur
sont propres. Un tel ouvrage doit être les résultats des méditations les plus pro-
fondes, et le produit de la philosophie et de la raison, et surtout de l'absence de
tous les préjugés. Quant à moi, j'ai suffisamment indiqué ([uclle était la base sur
laquelle je croyais qu'il fallait le fonder, en disant ({ue si rétablissement central et
suprême était destiné à former des savants, celui-ci ne l't'lait qu'à faire des
hommes instruits; et c'est pour cela surtout que j'ai désiré que l'on prît toutes les
précautions possibles pour empêcher que la médiocrité ne s'y établît h la place du
vrai mérite, de peur que, présomptueuse dans ses vues et incapable de les réaliser,
elle ne crût plus digne d'elle de former des demi-savants, et ne donnât ainsi à la
France l'espèce d'hommes la plus dangereuse, la plus véritablement ennemie des
sciences et des arts, et la plus opposée à leurs progrès.
L'institut national s'étant saisi de la première place de l'enseignement public,
ayant réuni autour de lui tous les monuments des arts et des sciences et tout ce qui
atteste et fixe le haut degré où l'esprit humain est parvenu par ses connaissances,
les instituts secondaires doivent réunir tout ce qui reste; et certes, leur domaine
est encore assez vaste pour devoir flatter l'émulation de ceux qui seront appelés à
le mettre en œuvre. Les monuments d'un intérêt local et particulier, ou dont les
doubles existent déjà dans le dépôt central , doivent être rassemblés et conservés
autour d'eux; ils doivent être répartis entre eux suivant leur nature et les besoins de
chacun. Ainsi dans les dépôts , par exemple , qui sont destinés plus particulièrement à
l'histoire naturelle, on doit trouver peu de ces choses qui appartiennent aux grandes
révolutions de la nature et qui, apportées de l'extrémité du monde, ont été la
conquête des voyageurs, mais beaucoup de celles qui intéressent les pays où l'in-
stitut est établi. Toutes les suites recueilHes dans le département même, ou dans les
environs, y seront placées; on y verra tout ce qui a rapport à l'agricultuie ou îi
l'industrie du pays, tout ce qui peut les développer et les améliorer, ou en fixer
les résultats; tout ce qui peut enseigner aux citoyens à s'enrichir des productions
du sol sur lequel ils vivent. On y conservera la collection de tous les objets de nn-
néralogie qui attestent la richesse du pays même et peuvent en favoriser l'accrois-
sement; et le savant qui viendra visiter ces contrées trouvera, si je puis parler
ainsi, auprès de leur institut national, la table des matières de son voyage.
Il est nécessaii-e de créer un système général de bibliographie nationale, et d'ar-
rêter un plan de répartition |)our tous les livres (pii apparlienneul à la Répu-
blique. Ces richesses sont immenses, et la désertion ('ou|)able des lâches emu'niis
de notre liberté a remis entre les mains de la nation uii(> masse de trésors litté-
raires véritablement inappréciable; c'est aux di'positaires de sa [)uissance à faire
tourner cette conquête nationale au plus grand bien des sciences et des arts. Il
faut d'abord qu'un nombre suffisant d'e\em[)laii'es de tous les lisres soit dejiosé à
630 APPENDICE.
la bibliollièiiiie de la nation: nous l'avons considérée comme les archives élernelles
de l'esprit humain, il faut donc qu'elle soit complète. Il faut ensuite que le surplus
soit dislril)ué avec ordre et niélhode mire les cent établissements secondaires; et,
comme les livres usuels sont heureusement les plus communs, il sera facile d'avoir
partout des bibliothèques suflisamment nondjrcuKes et sutlisaniment assorties.
Ainsi chaque établissement du second ordre aura autour de lui tout ce qui peut
faciliter l'enseignement dont il sera chargé de distribuer les trésors. Ainsi chaque
professeur pourra s'enrichir lui-même de toutes les richesses déjà acquises, et
donner une nouvelle vie à Tinstruclion qui lui sera confiée. Ainsi le jeune homme
(pii voudra s'instruire , et développer jusqu'à un certain point les talents qu'il aura
reçus delà nature, le pourra faire sans trop s'éloigner de ses foyers; et si la science
[)roprement dite n'est remise qu'en des mains dignes d'en faire fructifier le dépôt,
l'instruction plus générahsée sera l'apanage de tous les citoyens de la République
pour lesquels elle pourra avoir quelques charmes. Vous environnerez ces établis-
sements secondaires de toutes les institutions que vous croirez les plus propres à
exciter l'émulation et le goût du savoir, à favoriser les progrès de l'étude, à faire
reconnaître les hommes que la nature, en leur départissant le génie, aura appelés
aux plus hautes destinées. L'instruction sera gratuite; elle est une dette de la so-
ciété, et ce n'est pas l'acquitter que de la vendre : c'est à la nation à subvenir à
ses dépenses; et si l'on songe combien peu il en coûte pour entretenir et salarier
des savants, on sentira qu'il fallait que les despotes sentissent bien tout le mal que
les progrès de la raison devaient leur faire, puisqu'ils ont si peu contribué à en
accélérer la marche, et qu'ils ont fait si rarement de la dotation du savoir un des
objets de leur magnificence et de leur éclat.
Telles sont, citoyens, les vues que j'ai cru devoir vous offrir; sans doute, elles ne
contiennent rien de neuf; mais il peut être bon de recneilhr et de fixer même ce
qui a été dit, quand ce qui a été dit peut être utile. Arrivé au terme où nous
sommes, il s'agit moins de présenter des idées nouvelles que d'en présenter de
bonnes; et je croirai avoir beaucoup fait si j'ai pu attirer les regards de ceux qui
sont plus habiles que moi sur les objets importants dont je me suis occupé. Chacun
doit son tribut à la masse de nos résultats politiques; et n'avoir à donner qu'une
pite ne doit pas être une raison pour ne rien offrir.
Paris, 25 pluviôse. Tan 2 de la République française une et indivisible.
TABLE DES MATIÈRES.
Pagos.
Introduction i
Errata et Addenda pour les tomes I, II et III des Procès-verbaux du Comité d'in-
struction publique de la Convention nationale cxin
Liste alphabétique des conventionnels, ministres, généraux, publioistcs, menlionnés
pour la première fois dans ce volume cxxi
PROCÈS-VERBAUX DU COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE.
157' SÉANCE, 3 frimaire an 11 [28 novembre 1798] 1
Annexes :
A. Lettre du syndic de la maison nationale des Invalides au Comité d'instruc-
tion publique, le 3 frimaire de l'an 2* h
B. Pièces relatives à la décoration extérieure du Panthéon : Extraits do deux
Rapports de Quatremère de Quincy au directoire du département de Paris,
1791 et an II 5
Conseil général de la commune de Paris, 2a brumaire an 11 (protestation
contre le projet de placer sur la coupole du Panihéon une statue colos-
sale de la Renommée, modelée par Dejoux) : extrait du Journal de la
Montagne 6
C. Extrait du procès-verbal de la Convention, 20* jour du premier mois de l'an
deuxième (Second annonce qu'il a trouvé le moyen de diriger les aéro-
stats; Guyton-Morveau et Fourcroy chargés de l'examen du projet) 7
i58' SKANCE, 5 frimaire an 11 [26 novembre 1798] 8
Annexes :
A. Extrait du registre des j)i'ocès-verbaux de la Connnission des arts, 5 frimaire
an II (déplacement projeté des collections occupant le cabinet de la ci-
devant Académie des sciences) 1 3
B. lîidicalions sur les premières séances de la Commission dos arts, du i''so|>-
tembre 1798 au 5 frimaire an 11; le conflit avec la Comnn'ssion dos mo-
numents; extraits du registre des procès-vorbnux de la Commission ib'S
arts, 1*' septembre, 8 octobre, 26 brumaire, 5 frimaire l 'i
C. Exposé des décrets rendus au sujel do la forme générale, du !>7 mars 1791
au 27 septembre 1 798 1 (>
Extrait du procès-verbal do la (^)nvo^lion, '1 frimaire au 11 (décret ordon-
nant l'urreslatiou dos ci-devani formieis généraux, inlendanls et rece-
veurs généraux dos liuanct's) 17
Extrait du compte-rondt» du ./otinml dea drlmls et dea (h'ciils tS
m. àa
lUrKIHtdK Sltl<>>tl>.
658 TABLE DES MATIERES.
Lettre de Lavoisier à la Convention nationale, 5 frimaire an ii 19
Extrait du procès-verbal de la Convention, 3 mars 1798 (décret portant
qu'à l'avenir on ne lira à la tribune que les lettres des ministres et celles
des commissaires) 20
Lettre de Lavoisier au Comité de sûreté générale, 6 frimaire an 11 no
Extraits du Journal des débats et des décrets et du procès-verbal de la Con-
vention, relatifs à des décrets rendus dans les séances des 10, 12 et 91
frimaire an 11 20
D. Extrait des délibérations do la Société réj)ublicaine des arts, séance du sex-
lidi de la troisième décade de brumaire de l'an deux (nomination d'une
députation de quatre membres pour aller demander au Comité d'instruc-
tion publique la continuation de la jouissance des salles de la ci-devant
Académie de peinture) 26
Extrait du procès-verbal de la Convention, 3 frimaire an 11 (décret char-
geant les Comités d'instruction publique et des domaines d'examiner si
les sociétés populaires et les sociétés libres des arts doivent recevoir de la
nation un local pour leurs assemblées) 26
Arrêté du Comité des inspecteurs relatif au concours pour la décoration
d'une pendule, 1 3 nivôse an 11 27
E. Extrait du procès-verbal de la Convention, 5 frimaire an 11 (députation du
Lycée des arts, inventions de la citoyenne Masson et du machiniste Kock). 27
Extrait du compte-rendu du Moniteur 27
F. Pétition présentée à la Convention le 21 brumaire an 11 par le Comité cen-
tral des sociétés populaires (demande d'une loi portant qu'un citoyen ne
sera plus tenu de contribuer au salaire des prêtres auxquels il ne croit pas). 28
Extrait du procès-verbal de la Convention, 21 brumaire an 11 (présentation
de la pétition du Comité central des sociétés populaires) 29
Extrait du compte-rendu du Moniteur 3o
Pétition présentée à la Convention le 5 frimaire par la commune de Paris
(demande de livres pour l'enfance) 3 1
Autre pétition présentée à la Convention le 5 frimaire par la commune de
Paris (demande que les prêtres soient exclus de toute espèce de fonctions
publiques) 32
Extrait du procès-verbal de la Convention, 5 frimaire an 11 (présentation des
pétitions de la commune de Paris) 32
Extrait du compte-rendu du Journal des débats et des décrets 32
169* SÉANCE, 7 frimaire an u [27 novembre 1793] 36
Annexes :
A. Extrait du procès-verbal de la Convention, 6 frimaire an 11 (décret chargeant
le Comité d'instruction publique de faire un rapport sur les fêtes natio-
nales, et fixant au second primidi de frimaire l'ouverture de la discus-
sion sur l'instruction publique) 36
Extrait du compte-rendu du Motiiteur (discours de Danton) 37
Extrait du compte-rendu du JoMrna/ des débats et des décrets (discours de
Danton) 38
f
TABLE DES MATIÈRES. 051)
B. extrait du procès-verbal de la Convention, 21 avril et 8 soptemlire i7(j.">
(hommage fait par Geriet d'un ouvrage; réclamation de Gerlet) 39
C. Extrait du registre des procès-verbaux de la Commission des arts, 26 sep-
tembre 1793 (cabinet Joubcrt) ko
D. Extrait du procès-verbal de la Convention, G frimîiire an ii (lettre de Loqui-
nio et Laignelot, sur la destruction des monuments du fanatisme à Ro-
chefort; le Comité d'instruction publique est chargé de faire un rapport
sur l'avantage ou l'inutilité politique de ces destructions) 60
160* SÉANCE, 9 frimaire an 11 [29 novembre 1793] /41
Annexes :
A. Extraits du rapport présenté au Bureau de consultation des arts et métiers,
le 5 septembre 1793, sur les procédés de Brongniart et de M"* Masson
pour la refonte des papiers imprimés ou manuscrits 'i5
Extrait du procès-verbal de la Convention, 19 frimaire an 11 (décret pres-
crivant de conserver sous scellés les parchemins, livres et papiers donnés
pour être brûlés, jusqu'à ce que la Convention ail prononcé sur leur des-
tination, sur le rapport du Comité d'instruction publique) ^6
Fragments d'une adresse de la Commission des subsistances et approvisionne-
ments aux patriotes, sur l'économie dans l'usage du papier : extrait du
Moniteur 67
B. Extrait du procès-verbal de la Convention, 8 frimaire an 11 (Martin Firsten-
feldcr, de Carouge, envoie une montre décimale; décret chargeant le Co-
mité d'instruction publique d'examiner s'il est utile d'ouvrir un concours
entre les artistes au sujet de la nouvelle division du jour) ^7
C. Extrait du procès-verbal de la Convention, 10 brumaire an 11 (pétition de
Nalbec pour que le tutoiement soit rendu obligatoire; la Convention se
borne à ordonner l'insertion de la pétition au Bulletin) à'j
Extrait du compte-rendu du Moniteur 68
Convention nationale, séance du 21 brumaire an 11 (Basire demande une
loi prescrivant le tutoiement; l'assemblée passe à l'ordre du jour) : ex-
trait du Moniteur /i 9
D. Extrait du procès-verbal de la Convention, 26 brumaire an 11 (pétition de
Cusack, demandant le titre de citoyen français) \)n
E. Lettre de Janvier, mécanicien-astronome, au président de la Convention,
envoyant un mémoire njlalif à une machine à marées, 2.5 juillet «793. . ^o
F. Lettre de Daguey, auteur du Tableau des droits de Thonmie, au Comité
d'instruction publique, 9 frimaire an 2" 5o
jCi" séance, 1 1 frimaire an 11 [i" décembre i79''{J Ô2
Annexes :
A. Extrait du procès-verbal de la Convention, 10 frimaire nu 11 (les dépult's
dos autorités constituées du Vaucluse apporli'iit le ( crur île (jasparin). . . .'>.")
Extrait du comj)to-ren(hi du Moniteur (proposition de porter le cœur de
dasparin au Panlht'on renvoyée au Comité d'instruction publi(|ue) 55
B. HapporI et projet de décret formant un plan gênerai d'instruction publiipie.
600 TABLE DES MATIÈRES.
par G. Bouqiiior, meml)re do la Convention nationale et du Comilé
d'instruction. Imprimés par ordre du Comité; do l'Imprimerie na-
tionale 50
C. Extrait du reijistre des procès-verbaux de la Commission des arts, 20 frimaire
an H (monuments dont la mutilation était projetée par la municipalité
d'Auleuil) 62
1 Ga* SÉANCE , 1 3 frimaire an 11 [ 3 décembre 1 798 ] 63
Annexes :
Extrait du procès-verbal de la Convention, 7 brumaire an 11 (pétition de
Mang^ard pour que l'étude de l'ancien lanjjajjc français devienne une branche
de l'instruction publique) 05
Texte de la pétition de Man^jard : extrait du Bulletin de la Convention. . . 05
Extrait du compte-rendu du Moniteur (proposition de Grégoire) 60
i03' SÉANCE, i5 frimaire an 11 [5 décembre 1798] O7
Annexes :
A. Extraits du registre des procès-verbaux de la Commission des monuments,
du 3^ jour de la 1"^ décade du 2* mois de l'an deuxième au sextidi de
la seconde décade de frimaire de l'an deux (rédaction et présentation d'un
rapport sur les travaux de la Commission, demandé par le Comité d'in-
slruction publique) C9
B. Extrait du procès-verbal de la Convention, 2 frimaire an 11 (renvoi au Co-
mité d'instruction publique de la proposition d'effacer toutes les inscrip-
tions latines) 71
C. Extrait du procès-verbal de la Convention, 17 frimaire an 11 (lecture, par
Grégoire, du premier numéro du Recueil des traits héroïques et civiques;
renvoi de ce numéro au Comité , pour qu'il présente une nouvelle rédac-
tion ) , 71
Extrait du compte-rendu du Journal des débats et des décrets 7a
1 64* SÉANCE , 1 7 frimaire an 11 [7 décembre 1 793 ] 78
Annexes :
A. Extrait du registre des procès-verbaux de la Commission des arts, i5 fri-
maire an II (collection d'insectes de Laurent) 76
B. Instruction publique : Spectacles. Opinion d'Anacliarsis Cloots, membre du
Comité d'instruction publique; de l'Imprimerie nationale, nivôse, l'an
deuxième de la République 76
Robespierre fait décider la radiation de la liste des Jacobins de tous les
nobles, banquiers et étrangers; en conséquence, Clools est rayé, 22 fri-
maire an II 82
La Convention décrète que tous individus nés en pays étrangers sont exclus
du droit de représenter le peuple français, 5 nivôse an 11 82
Arrêté du Comité de sûreté générale, ordonnant l'arrestation de Thomas
Paine et d'Anacharsis Cloots, 7 nivôse an 11 83
C. Extrait d'un mémoire de Lavoisier relatif à la division décimale de la livre
de compte, suivi d'un projet de décret 83
1
TABLE DES MATIÈRES. 661
Extrait du procès-verbal de la Convention, 17 frimaire an 11 (décret voté
sur le rapport du Comité des assijjnals et monnaies, disi^ant la livre de
compte en décimes et centimes) 85
i65* SÉANCE, 19 frimaire an 11 [9 décembre 1793] 87
Annexes :
A. Convention nationale , séance du 1 a frimaire an 11 (pétition de Rollin d'Étain
pour l'adoption d'un système frdouzimaln de numération) : extrait du
Moniteur qo
B. Extraits du registre des procès-verbaux de la Commission des arts, 10 et 1 5
frimaire an 11 (tables de bois pétrifié vendues à des particuliers) 91
G. Ouverture de la discussion sur l'instruction publique , séance de la Conven-
tion du 18 frimaire an 11 (Romme donne lecture du travail de revision
des décrets; Bouquier lit son projet de décret précédé de l'exposé des
motifs) 02
Extraits des comptes-rendus du Journal de la Montairne, de la Feuille du
salut public, du Journal de Paris, du Moniteur et du Journal des déhats
et des décrets q g
Extrait du procès-verbal de la Convention, 19 frimaire an 11 (suite de la
discussion sur l'instruction publique : Fourcroy lit un rapport et un pro-
jet de décret sur l'enseignement libre des sciences et des arts; discours
de Thibaudeau; discours de Petit) 9,')
Exiraits des comptes-rendus du Journal de la Montagne (ailionciion de Thi-
baudeau au Comité d'instruclion publique), de la Feuille du salut public,
du Journal de Paris, du Moniteur et du Journal des débats et des décrets. 9')
Rapport et projet de décret sur l'enseignement libre des sciences et des arts,
par Fourcroy, député du département de Paris ; de l'Imprimerie nationale. 97
Opinion de A.-C. Thibaudeau, membre de la Convention nationale, sur
l'instruction publique, prononcée à la séance du 19 frimaire; de l'Im-
primerie nationale 1 oô
Extrait dos Mémoires de Thibaudeau, relatif à son adjonction au Comité
d'instruction publique le 19 frimaire 110
Extraits des Notes historiques de Baudot et des Mémoires do Rarras, relatifs
à Thibaudeau 111
Discours sur la révision du décret pour l'organisation des premières écoles,
faite par le Comité d'instiuction publi'pie, et sur quobpies nouveaux
systèmes d'éducation, par Michol-Eduie Petit, député du doparlemont
de l'Aisne, membre du Comitt' d'instruclion publicpio; proiKtnn'' le 19
frimaire, l'an denxièuio de la Républitpie Iraiiçaiso; de ITmprimerie
nationale 11a
Plan simple, facile et uniforme (ruiic éducation n'-publicaine et populaire,
par Dehigueullo, (b'-putc* par le di'parlemonf du Loirt>t ; do rimprimcrie
nationale 1 a8
Rectification au snji^l i\o l'Opinion de Jean-Marie Calés, député de la Hauto-
Garonuo (Do rodiicaliou nationale), (jui a ('lé placée au tonu* l", pagos
QG7-ti7'j, ol qui appartient nu dob.il Ac Irininiro an 11 t !^J
662 TABLE DES MATIÈRES.
166" SÉANCE , 9 1 frimaire an 11 [ 1 1 décembre 1 798 ] 1 33
Annexes :
Arrêtés du Comité de salut public relatifs à Dombey, 21 et 26 frimaire
«n II i3^
167" SÉANCE, 93 frimaire an 11 [i3 décembre 1798] 189
Annexes :
A. Lettre de Mulot, secrétaire de la Commission des monuments, au président
du Comité d'instruction publique, 22 frimaire de l'an 11 1/4 4
Analyse de V Exposé succinct des travaux de la Commission des monuments
depuis S071 établissement en novembre ijQO ihk
B. Extrait du procès-verbal de la Convention, 21 frimaire an 11 (suite de la
discussion sur l'instruction publique : discours de Romme, de Jay de
Sainte-Foy; la priorité est accordée au projet de Bouquier) 1/16
Extrait des comptes-rendus du Journal de la Montagne, de la Feuille du
salut public , du Journal de Paris, du Moniteur, du Journal des débats et
des décrets et du Journal universel ; 166
Société des Jacobins, séance du 21 frimnire an 11 (Bouquier communique
son projet de décret sur l'instruction publique; la Société en arrête
l'impression et la distribution) : extrait du Moniteur 169
Suite de la discussion sur l'instruction publique, séance de la Convention
du 22 frimaire an 11 (adoption des i"^" et 11* sections et de plusieurs articles
de la 111° section du projet de Bouquier; l'article h de cette section est
renvoyé au Comité ; discussion sur l'article 6 , amendement de Charlier
établissant l'obligation scolaire, discours de Thibaudeau, de Danton,
de Lecointe-Puyraveau , adoption de l'amendement) i5o
Extraits des comptes-rendus du Moniteur, du Journal de la Montagne, de
la Feuille du salut public, du Jouj^al de Paris et du Journal des del)ats
et des décrets 1 5o
Extrait du procès-verbal de la Convention, 28 frimaire an 11 (suite de la
discussion sur l'instruction publique : débat sur l'article 8 de la m" sec-
tion du projet de Bouquier; il est renvoyé au Comité d'instruction pu-
blique ; adoption des articles 9a i5) i53
Extraits des comptes-rendus du Journal de la Montagne (adjonction de
Fabre d'Églantine au Comité d'instruction publique), du Moniteur et
du Journal des débats et des décrets 1 55
Article de la Feuille du salut public, du 37 frimaire, sur l'adoption de l'a-
mendement de Charlier 1 56
C. Extrait du procès-verbal de la Convention, 7 nivôse an 11 (décret relatif au
transfert du cabinet Joubert dans un autre local) 107
168* SÉANCE, 25 frimaire an 11 [i5 décembre 1798]. i58
Annexes ;
Extrait du procès-verbal de la Convention, 26 frimaire an 11 (présentation
par Léonard Bourdon d'une nouvelle rédaction du premier numéro des
Annales du civisme et de la vertu ; l'impression de ce projet est ordonnée). 1 09
TABLE DES MATIÈRES. 663
Extrait du compte-rendu du Journal des débats et des décrets i ôg
Rapport lu par Léonard Bourdon le 2G frimaire : extrait du projet de pre-
mier numéro des Annales du civisme et de la vertu i Go
Analyse de ce projet de premier numéro 1 Gi
169* SÉANCE, extraordinaire, 26 frimaire an 11 [1 6 décembre 1793] i63
Annexe :
Analyse d'une pétition d'Adanson, du 28 frimaire an 11 16/i
170' SÉANCE, 97 frimaire an II [ 1 7 décembre 1798] ifiC
Annexes :
A. Exlrait du procès-verbal de la Convention, 98 frimaire an 11 (décret rendu
sur le rapport de Mathieu, supprimant la Commission des monuments
et la remplaçant par la Commission temporaire des arts) iGg
Extrait du conipte-rendu du Moniteur 1 -jo
Rapport fait à la Convention, au nom du Comité d'instruction publique
[sur la suppression de la Commission des monuments et son remplace-
ment par la Commission temporaire des arts], parlMathiou, député, le
a8 frimaire, l'an 2" de la République française; de l'Imprimerie na-
tionale 171
Extraits du registre des procès-verbaux de la Commission des monuments,
29 frimaire, 3, 6 et 9 nivôse an 11 (avec lettres du ministre de l'intérieur,
du 8 nivôse, et du président du Comité d'instruction publique, du 7 ni-
vôse, autorisant la Commission à continuer de s'assembler jusqu'à la
notification ollicielle du décret de suppression, et lettre de la Commission
au Comité d'instruction publique, du 3 nivôse an 11) 181
B. Convention nationale, séance du 28 frimaire an 11 (rappoit et projet de dé-
cret présentés par David sur la réorganisation do la Commission du Mu-
séum des arts sous le nom de Conservatoire; impression et ajournement
décrétés) : extrait du Moniteur 1 85
Rapport sur la suppression de la Commission du Muséum , par le citoyen
David; de l'Imprimerie nationale 186
Conseil général de la commune de Paris, séance du i3 frimaire, et Con-
vention nationale , séance du 17 frimaire an 11 (proposition de Picault
relative aux restaurations de tableaux) : extrait du Moniteur 190
Extraits du registre des procès-verbaux de la Coumiission des arts, 20 et
26 nivôse an 11 (défense faite à Guiliemard do continuer ses travaux de
restauration de tableaux du Muséum des arts) 191
C. Exlrait du procès-verbal de la Convenlion, 29 frimaire an 11 (suite de la
discussion sur rinstiuclion publique : adoption des articles non encore
votés, relatifs au premier degn'' d'iiislruction; texte complet dos trois
sections du décret; décret ordonnant la promulgation immédiate du dis-
cret rondii sur l'organisation d(>s écoles primaires et de renseignomenl
public, et chargeant le Comilc' (rinstruction de présenter le 1" nivôse un
projet d'établissement des fêtes civicpies, jeux et exercices nationaux). . 191
Extraits des comptes-rendus du Johmat de la Monlnirne, de la F(!>hi//c (/u
salut public, du Journal de l'ai-is e| i\n Journal des débats et des décrets. 19.)
66/» TABLE DES MATIERES.
Observalion sur la date du 5 nivôse , donnée par le Moniteur du 1 8 ni-
vôse an II comme celle de l'adoption du décret du 29 frimaire 1 q6
171" SÉANCE, 39 frimaire an n [19 décembre 1793] 19-^
Annexes :
A. Extrails du regisire des procès-verbaux de la Commission des arts, 3o fi-i-
inaire et i5 nivôse au 11, cl du procès-verbal de la Convention, G ni-
vôse an II (commissaires envoyés à Monceau; décret pour le transport au
Jardin national des plantes de toutes les plantes rares qui se trouvent
dans les jardins et terrains nationaux du département de Paris; com-
missaires nommés pour surveiller l'exécution dé ce décret) 199
B. Extrait. du procès- verbal de la Convention, 2 nivôse an 11 (suite de la discus-
sion sur l'instruction publique : discours de Portiez) 200
Extrait du compte-rendu du Moniteur 200
Instruction publique, par L. Portiez, député de l'Oise. Sur les discours de
Fourcroy, Bouquier et Tliibaudoau. Prononcée dans la séance du 2 ni-
vôse l'an 2 de la République une et indivisible; de l'Imprimerie natio-
nale «ÎOO
1 72" SÉANCE, 3 nivôse an 11 [23 décembre 1793] 206
Annexes :
Extrait du procès-verbal de la Convention, 1" nivôse an 11 (des députés
de Lyon apportent les cendres de Chalier, leur dépôt au Panthéon est
décrété ; le Comité d'instruction publique est chargé de proposer le mode
d'exécution , et de faire un rapport sur la motion de retirer les honneurs
du Panthéon au général Dampierre) 308
Extrait du compte-rendu du Moniteur 208
173' SÉANCE, 5 nivôse an 11 [aô décembre 1793] 210
Annexes :
Extrait du procès-verbal de la Convention, 29 frimaire an 11 (décret char-
geant le Comité d'instruction pu])lique de nommer deux commissaires
pour surveiller le transport à Paris des livres et papiers des bureaux des
affaires étrangères de Versailles) 2 1 3
Extrait du compte-rendu du Moiiiteur 2i3
1 7 k' SÉANCE , 7 nivôse an 11 [27 décembre 1793] 21 ^4
Annexes :
A. Extrait du registre des procès -verbaux de la Commission des arts, 3o fri-
maire an II (commissaires à envoyer à Commune-Affranchie) 218
B. Extrait du registre des procès-verbaux de la Commission des arts, 20 nivôse
an II (commissaires nommés pour le triage des débris gothiques à placer
sous la statue colossale du Peuple) 218
C. Extrait du registre des procès-verbaux de la Commission des arts, 3o fri-
maire an II (démarche en faveur du minéralogiste Sage) 218
D. Convention nationale, séances du 5 nivôse (projet de décret présenté par
David pour la célébration d'une fête à l'occasion de la reprise de Toulon ;
TABLE DES MATIKRES. 665
renvoi du projet au Comité d'instruction publique) et du G nivôse an ii
(projet de décret sur le même sujet, présenté par David au nom du Co-
mité d'instruction publique) : extrait du Moniteur 919
Extrait du procès-verbal do la Convention, 8 ventôse an 11 (texte du décret
voté le 6 nivôse, et oublié au procès-verbal de ce jour, ordonnant la célé-
bration d'une fête à l'occasion de la reprise de Toulon) 920
Extrait du procès-verbal de la Convention, 7 nivôse an 11 (amendements
proposés au projet de décret relatif à la fête à célébrer- à l'occasion de la
reprise de Toulon) 031
Convention nationale, séance du 9 nivôse an 11 (addition proposée au pro-
gramme de cette fête) : extrait du Moniteur aa 1
Rapport fait par David, au nom du Comité d'instruction publique [le G ni-
vôse an II], en mémoire des victoires des armées françaises, et notam-
ment à l'occasion de la prise de Toulon; de riniprimorie nationale. ... •?.-^.?.
E. Décret sur les arbres de la Liberté (sans date) : extrait du Journal des débats
et des décrets 2 'i .'>
Extrait du procès-verbal de la Convention, 12 germinal an 11 (Grégoire
offre son Essai historique et patriotique sur les arbres de la Liberté).. . . 2 2.3
Extrait des Mémoires de Grégoire relatif à cet Essai 2->.'>
Indications bibliographiques sur cet Essai; extrait du chapitre vi •?.-?.'[
175* SÉANCE, 9 nivôse an 11 [29 décembre 1798] , 22.')
Annexes :
Convention nationale, séance du 8 nivôse an 11 (le Comité d'instruction
publique est chargé d'indiquer les précautions à prendre pour l'inhuma-
tion des cadavres dans la Vendée, afin de prévenir les épidémies): extrait
du Journal des débats et des décrets 227
Extrait du procès-verbal de la Convention, 20 ventôse an 11 (le Comité de
salut public est chargé de prendre des mesure-; pour prévenir les effels
que pourraient produire les exhalaisons des nombreux cadavres insulTi-
samment enterrés, sur les frontières et on Vendée) 227
176' SEANCE, i3 nivôse an 11 [2 janvier 179^»] 228
177* SÉANCE, i5 nivôse an 11 [^1 janvier 179^] 233
Annexes :
A. Documents concernant Lavoisier et la Commission des poids et mesures :
Lettre de la Commission des poids et mesures à Paré, ministre de l'inté-
rieur, pour annoncer la nomination de Coulomb comme trésorier, en
remplacement de Lavoisier, 22 frimaire an 2*" ù'U\
Extrait du registre des délibérations de la Commission dos poids et nn^
sures, 98 frimaire, l'an 2% adressé au Comité de sûreté générale, en vue
d'obt(Miir (juo Lavoisier soit rendu à ses travaux; et airèlé du Comité de
sûreté générale, du 29 frimaire l'an 2', passant à l'ordi'e du jour sur
celle demande 2.^7
Kxlrait iViino. lettre dti Coniiti' des assignais et imwniaies au Comil»' d«»
salut public, signalant rinlerrnjilion du travail dv^ poiils el mesures
666 TABLE DES MATIERES.
causée par l'arrestation de Lavoisier, et demandant que ce citoyen soit
rendu à ses travaux s'il n'y a pas de faits graves sur son compte, i" ni-
vôse , l'an 2 2 3 S
Arrêté du Comité de salut public, portant que Borda, Lavoisier, Laplace,
Coulomb, Brisson et Delambre cesseront d'être membres de la Commission
des poids et mesures; et que les membres restants feront connaître au
Comilé de salut puhlic quels sont les hommes dont la Commission a un
besoin indispensable pour la continuation de ses travaux, 3 nivôse an a*. 989
Arrêté du Comité de sûreté générale, autorisant le Comité d'instruction
publique à nommer des commissaires pour faire lever les scellés apposés
chez Lavoisier, afin d'en extraire les papiers, etc., relatifs aux opérations
dont ce Comité est chargé, 1 5 nivôse, a" année républicaine qSq
Procès-verbal de la levée do scellés pour tirer de chez le citoyen Lavoisier
les effets appartenant à la Commission des poids et mesures, le 19 nivôse
an II 2/10
Procès-verbal de levée des scellés chez Lavoisier, pour le retrait fait par lui
de divers papiers lui appartenant, le 19 nivôse an 11 2^2
B. Pétition de Deltufo, du mois de nivôse an 11, demandant à être occupé
comme imprimeur, et rappelant les services rendus par lui comme em-
ployé de la Commission de traduction 268
178* SÉANCE, 17 nivôse an 11 [6 janvier 179^1] 2^5
Annexes :
Convention nationale, séance du 3o nivôse an 11 (présentation par la Com-
mission des poids et mesures d'une adresse lue par JMonge, et réponse
du président) : extrait du Journal des débats et des décrets 2/49
Adresse de la Commission des poids et mesures à la Convention nationale;
de rimpriraerie nationale 2 ^19
179* SÉANCE, 19 nivôse an 11 [8 janvier 179^] -^58
Annexes :
A. Convention nationale, séance du 11 nivôse an 11 (Léonard Bourdon de-
mande que l'assemblée s'occupe du premier numéro des Annales du
civisme et de la vertu; l'objet est ajourné) : extrait du Moniteur 2 58
Extrait du procès-verbal de la Convention, i3 nivôse an 11 (décret relatif
au Recueil des actions héroïfjues et civiques des républicains français) . . . 2 58
Analyse du premier numéro du Recueil des actions héroïques et civiques
des républicains français 259
B. Rapport sur les inscriptions des monuments publics, par le citoyen Gré-
goire. Séance du 21 nivôse l'an 2 de la République une et indivisible.
Suivi du décret de la Convention nationale; de l'Imprimerie nationale.
(Extraits.) 260
180' SÉANCE , 2 1 nivôse an 11 [1 0 janvier 1 79A ] 2G8
Annexes :
A. Extrait de la préface du Voyage de Dimo et Nicolo Stephanopoli en Grèce pen-
dant les années v et vi [par Serieys]; Paris, an viii 267
TABLE DES MATIERES. GG7
B. Rapport et projet do décret sur Tor^^anisation des établissements pour les
sourds-muets indi{jents, décrétés le 28 juin dernier, par Maignet , dé-
puté du département du Puy-de-Dôme, au nom du Comité des secours
publics. De rimprimerio nationale. (Exliaits.) oGH
Compte rendu à la Convention nationale de ce qui s'est passé à rétablis-
sement des sourds-muets, dans la séance tenue en présence des membres
du Comité des secours publics : présenté au nom de ce Comité, pour
servir de suite au rapport de Maignet sur les sourds-muets. De l'Inipri-
merie nationale. (Extraits.) q-j 1
C. Extrait du procès-verbal de la Convention, 9,7 nivôse an 11 (décret supprimant
la Commission du Muséum et créant le Conservatoire du Muséum des arts). 273
Second rapport sur la nécessité de la suppression de la Commission du
Muséum, fait au nom des Comités d'instruction publique et des finances,
par David, député du département de Paris, dans la séance du 27 ni-
vôse, l'an II de la République française; de l'Imprimerie nationale. ... 276
181' SKANCK, 28 nivôse an 11 [12 janvier 179*'»] 27H
Annexe :
Extrait du procès-verbal de la Convention, 95 nivôse an 11 (projet de dé-
cret proposé par Coupé, sur l'école des enfants de l'armée à Liancourt;
autre projet de décret sur le même objet, présenté par Bezard, atlopté). 281
183" SÉANCE, 25 nivôse an 11 [ih janvier 1 79*^1] a88
Annexes :
A. Rapport au Conseil général de la commune de Paris sur quelques mesures
à prendre en changeant les noms des rues [par Avril]. Imprimé en vertu
de l'arrêté du Comité d'instruction publique du 17 nivôse Tan 2" de la
République française une et indivisible; de l'Imprimerie nationale. . . . a8(»
B. Lettre du ministre de l'intérieur Paré au Comité d'instruction publique,
relative aux scellés apposés sur les papiers de Mulot, secrétaire de la Com-
mission des monuments, 28 nivôse an 2 588
C. Extrait du registre des procès-verbaux de la Commission des arts, 10, 20
et 25 brumaire et 5 nivôse an 11 (rédaction, par Vicq d'Azyr, d'une
Instruction sur les inventaires à faire dans les départements) 289
D. Extraits du registre des procès-verbaux de la Commission des arts, 5 et
10 pluviôse an 11 (grillages pour la ménagerie du Muséum) 290
i83" SÉANCE, 27 nivôse an 11 [iG janvier 179^1] ^9*
i8iÇ|* SÉANCE, extraordinaire, 29 nivôse an 11, avant midi [18 janvier 179''] ^9'i
Annexes :
Extrait du procès-verbal de la Convention, 26 nivôse an \i (décret onlon-
nant la suspension des travaux connuenccs à rentrée de la coin- du
palais des Tuileries pour y placer les chevaux de Marly) 09'!
Extrait du compte-rendu du Journal des délmts vt des dirrcts 29;)
i85" SÉANCE, 29 nivôse an 11 [ 18 janvier 1 79/1 ] '^96
Annexes :
A. Extrait du jjrocès-vtM'bal de la CointMition , .') ventôse an 11 (les iiisptM-ti'urs
668 TABLE DES MATIERES.
de la sallo sont chargés d'étudier les moyens d'améliorer l'acouslique de
la salle des séances); et résumé d'un passage du procès-verbal de la
séance de ia Commission des arts du lo ventôse 3oi
B. Analyse du Thermomètre moral du nénie cl des talents, de Chamoulaud ,
présenté à la Convention lo 5 nivôse an ii 3oa
C. Arrêté du Comité do salut public, relatif à la publication mensuelle, par
les artistes do la musique de la garde nationale de Paris, de livraisons
contenant do la musique à l'usage des fêtes nationales, 97 pluviôse
an II 3o3
Indications bibliographiques sur lo recueil périodique intitulé Musique à
l'usage des fêles nationales 3o^
1 80*" SÉANCE, 1" pluviôse an 11 [ 20 janvier 1 79 A] 3o5
Aimoxes:
Extrait du procès-verbal de la Convention, a pluviôse an 11 (rapport de
Coupé sur la formation do bibliothèques de dlslrict; impression et ajour-
nement décrétés) 309
Rapport sur les bibliothèques nationales [9 pluviôse an 11], par J.-M. Coupé
(de l'Oise); de l'Imprimerie nationale 309
Extraits du procès-vorbal de la Convention, 8 pluviôse (décret sur la for-
mation des bibliothè([ues de disli'ict) et 9 pluviôse an 11 (adoption de
la rédaction de ce décret) 3 1 0
Lettre anonyme adressée au Comité d'instruction publique, dénonçant des
dilapidations de livres dans la Meuse et la Marne 3i '?
1 87* SÉANCE , 3 pluviôse an 11 [22 janvier 179^] 3 1 A
Annexes :
A* Pétition du peintre Dlorge, adressée au Comité d'instruction publique, re-
lative à son tableau de la bataille d'Hondschoote. (Extraits.) 3i 5
Extrait du procès-verbal de la Convention, 2 3 pluviôse an 11 (rétablisse-
ment des décrets des i3 [17] frimaire et 16 [i5] nivôse, oubliés au
procès-verbal, et portant acceptation de ia dédicace et de l'hommage
du tableau de Dlorge ) 817
Extrait du procès-verbal de la Convention, 27 pluviôse an 11 (décret rendu
sur le rapport de Tbibaudeau, portant qu'il n'y a pas lieu à délibérer
sur ia pétition do Dlorge, qui demandait à être autorisé à suivre les ar-
mées en quaUté de peintre de batailles) 317
Extrait du compte-rendu du Journal des débats et des de'crets 317
Extrait des Mémoires de Tbibaudeau, relatif à Dlorge 3 1 8
B. Projet d'articles pour i'élalilissement d'une ménagerie au Muséum d'his-
toire naturelle, présenté par les professeurs du Muséum, s. d 319
C. Lettre du Comité de salut public à celui d'instruction pubHque, demandant
un exemplaire de V Encyclopédie méthodique pour la section des armes,
3 pluviôse de la 2' année 320
TABLE DES MATIÈRES. 669
i88' SÉANCE, 5 pluviôse an ii [a^ janvier 179^4] 821
Annexes :
A. Extrait du procès-verbal de la Convention, 18 pluviôse an u (dfkret, rendu
sur le rapport de Mathieu, relatif au salaire des membres de la Com-
mission temporaire des arts) 827
Comparaison entre la liste des membres de la Commission des arts, d'après
le décret du 18 pluviôse, et celle des commissaires nommés en août et
septembre 1798 par le ministre de l'intérieur 829
B. Extrait du procès-verbal de la Convention, i3 pluviôse an 11 (décret por-
tant qu'il sera pourvu aux besoins des collèges de Paris conformément
aux lois des 8 mars et 5 mai 1798) 83o
Analyse d'une note de Champagne, principal du collège de l'Egalité, rela-
tive aux boursiers des collèges de Paris 33o
Lettre des administrateurs du district de Bordeaux réclamant le payement
des professeurs du collège de Bordeaux pour la période du 1" octobre
1798 au 3o ventôse an 11 83 1
C. Arrêté du Comité de salut public relatif à l'impression du Recueil des actions
héroïques et civiques des républicains français , a 8 pluviôse an ii 882
Analyse du second numéro du Recueil des actions héroïques et civiques des
républicains français ( i*"^ ventôse an 11) 333
D. Convention nationale, séances du 5 pluviôse (Romme se plaint que dans la
section de Beaurepaire on ait enlevé, chez un marchand d'estampes, des
gravures sous le prétexte qu'elles portaient les empreintes delà royauté)
et du 7 pluviôse an 11 (lettre du Comité révolutionnaire de la section de
Beaurepaire au président de la Convention, expliquant (pi'on a saisi,
non des gravures portant dos emblèmes de la royauté, mais des malles
remplies de portraits du roi, de la reine et du dauphin) : extrait du
Moniteur 383
189" SÉANCE, 7 pluviôse an n [26 janvier 179^*] 335
Annexes :
A. Extraits du procès-verbal de la Convention, a5 frimaire (annonce de la mort
héroïque de Joseph Barra; pension accordée à sa mère) et 8 nivôse anii
(décret décornant les honneurs du Panthéon à Joseph Barra, et ordon-
nant que la gravure représentant Taclion héroi(|ue do Barr'a, à exécuter
d'après un lahleau de David, sera placée dans chaque école primaire). 889
B. Extrait du procès-verbal de la Convention, 3 phiviô^^e au 11 (les Orphelins
des défenseurs de la patrie sont autorisés à renverser l'arbro do la Li-
berté planté par le tyran dans le jardin national, et à on phuilor un
autre) 3/jo
C. Extrait du procès-vorbal i\v la Couvonllon, h ventôse an 11 (décret, rendu
sur le rapport do Léonard Bourdon, proscrivant le mode de payement
dos arrérages dus jusqu'au if) germinal aux instituteurs et institutrices
dos petites écoles) 3.'i 1
I). Lettre du Comité de salut public à celui trinstruclion publique, relative
aux monuments de filtératui"o ou de l\p(i;fi'a|ilii(' (|iii pi'in.Mil se trointM-
à VVoruïs. Spire et Mayeuco, (i pluviôse a:i ti 3Vi
670 TABLE DES MATIERES.
E. Système de dénominations lopofjrapliiquos pour les places, rues, quais, etc.,
de toutes les communes de la Republique, par le citoyen Gré^joire, im-
primé par ordre du Comité d'instruction publique; de ITmprimcrie na-
tionale. (Extraits.) 3/i^
F. Lettre de l'abbé Sicard au Comité d'instruction publique, l'invitant à visiter
l'école des sourds-muets, 6 pluviôse an 2* 3/jZi
Extrait du procès-vorbal do la Convention, 9 pluviôse an 11 (projet de dé-
cret présenté par le Comité dos secours publics sur les écoles do sourds-
muets, renvoyé aux Comités d'instruction publique et des tinancos). . . 3/i5
Extrait du compte-rendu du Journal des débats et des décrets 3/i5
Convention nationale , séance du i3 pluviôse an 11 (RafTron combat le projet
du Comité des secours publics) : extrait du Journal des débats et des dé-
crets 3/16
Observations sur les établissements proposés par les Comités des secours et
d'instruction publique en faveur des sourds-muets [par RalTron]. Séance
du i3 pluviôse l'an 11 ; de l'Imprimerie nationale 3/16
G. Extrait du procès-verbal de la Convention, 8 pluviôse an 11 (décret, rendu
sur le rappport de Rarère , établissant des instituteurs de langue fran-
çaise dans les communes de campagne des départements dont les habi-
tants parlent un idiome étranger) 3/i8
Rapport et projet de décret présentés, au nom du Comité de salut public,
sur les idiomes étrangers et l'enseignement de la langue française, par
R. Rarère, dans la séance du 8 pluviôse, l'an deuxième de la Répu-
blique; de l'Imprimerie nationale 3/19
Extrait du compte-rendu du Journal des débats et des décrets 356
Vers d'André Chénier écrits à propos du rapport de Rarère 307
Extraits du procès-verbal de la Convention, i3 et 3o pluviôse an 11 (dé-
cret additionnel à celui du 8 pluviôse sur les idiomes étrangers) 358
Discours de Rarère à l'appui du décret ci-dessus, séance du 3o pluviôse :
extrait du Moniteur 359
190* SÉANCE, 9 pluviôse an 11 [28 janvier 179*^] 36o
Annexes :
A. Lettre de Famin au Comité d'instruction publique, s. d 363
R. Extrait du registre des procès-verbaux de la Commission des arts, 3o ni-
vôse an II (le Comité d'instruction publique est invité à demander ses
comptes à la Commission des monuments, qui continue ses fonctions
malgré le décret de suppression) 363
C. Extrait du registre des procès-verbaux de la Commission des arts, 20 plu-
viôse an II (lettre de Hulin, annonçant un procédé pour effacer les ca-
ractères imprimés ou écrits sur le papier) 36/i
1). Extrait du procès-verbal de la Convention, 3 pluviôse an 11 (Grégoire pré-
sente un rapport et un projet de décret sur un concours à ouvrir pour
les livres élémentaires de la première éducation : impression et ajourne-
ment décrétés) 36^^
Rapport sur l'ouveiture d'un concours pour les livres élémentaires de la
TABLE DES MATIÈRES. 671
première éducation [par Grégoire]. Séance du 3 pluviôse, l'au s»'Coiid
de la République une et indivisible; de rimprimerie nationale 3(^1
Extrait du compte-rendu du Journal des débats et des décrets 3-^0
Extrait du procès-ver])al de la Convention, 9 pluviôse an 11 (adoption du
décret sur le concours à ouvrir pour la composition de neuf ouvrages
élémentaires, et texte de ce décret) '.]- \
Extrait du compte-rendu du Moniteur y- a
E. Extrait des procès-verbaux du Bureau de consultation des arts et métiers,
9 et 1^ pluviôse an 11 (le Bureau demande d'èlre autorisé à aller au-
devant des artistes et savants qui ne se présentent pas pour participer
aux récompenses) . . . . , S-^a
191* SÉANCE, 11 pluviôse an 11 [3o janvier 179AJ 373
Annexes :
A. Extrait du registre des procès-verbaux de la Commission des arts, 2 5 nivôse
an H (commissaires nommés pour former des collections à Tusage de la
maison d'éducation de Léonard Bourdon) 377
B. Extrait des procès-verbaux du Bureau de consultation, séance du 19 plu-
viôse an II (lettre au Comité d'instruction publique, relative à l'état
des récompenses décernées par le Bureau, etc.) 378
C. Extrait du procès-verbal de la Convention, 11 pluviôse an 11 (présentation
d'un ouvrage intitulé Second chant de la Côte-d' Or pendant la guerre de
la Liberté) 379
D. Extraits du registre dos procès-verbaux de la Commission des monuments,
séances des 9, i3, 16, 19, 29 pluviôse, 3, G et 9 ventôse an ii (la
Commission attend que le ministre de l'intérieur lui notifie officiellement
le décret du 28 frimaire); lettres de In Commission au président de la
Convention, 19 pluviôse, et au ministre de l'intérieur, i3 et .29 plu-
viôse 379
E. Lettre du Comité de salut public à celui d'instruction publique, transmet-
tant un questionnaire à remplir, en vue de la ré«laction d'une Instruc-
tion sur le gouvernement révolutionnaire, U pluviôse an second 386
192* SÉANCE, i3 pluviôse an 11 [1" février 1796] 388
193^ SÉVNGE, i5 pluviôse an 11 [3 février 179^1 1 391
Annexes :
A. Extraits du registre des procès-verbaux de la Commission des arts, 20 ni-
vôse et 10 pluviôse an n (examen du procédé de la citoyenne Masson
pour blancbir le papier) 390
B. Société républicaine des arts, extrait du compte-rendu de la séance du
i3 pluviôse an 11 (affaire Lebrun) : extrait du Journal de la Société ré-
publicaine des arts 39.)
C. Documents relatifs à la question de la suppression dos armoiries sur les
livres do la Bibliotbèquo nutionalo :
Observations de quolques patriotes sur la nécessité de conserver les ma-
niunonts de la littérature et des arts. Signé : Anl.- \ugustin HtMioiiard,
G72 TABLE DES MATIERES.
Chardin, Charlemagne fils. Paris, le 2 5* du i" mois, l'an 2*; publié
sans nom d'imprimeur. (Extraits.) 897
Extraits do registre des procès - verbaux de la Commission des arts,
20 germinal, 25 messidor et 5 thermidor an 11 (proposition de réim-
primer les Observations de quelques patriotes) 899
Au Comité d'instruction publique. Signe : Ant.-Aug. Renonard. [Lettre re-
lative à l'enlèvement des armoiries sur les livres de la Bibliothèque na-
tionale.] Le 2* du 2* mois, l'an 2*; publié sans nom d'imprimeur. . . . /»oo
Conversation familière entre un homme de lettres et un libraire, sur le
projet de supprimer les armoiries et autres marques de propriété féo-
dales, empreintes sur la reliure de tous les livres de la Bi!)liotlièque na-
tionale [par Rozet, libraire, pluviôse an 11]. S. 1. n. d. (Extraits.) /iO'2
Article de La Harpe rendant compte de la brochure ci-dessus de Rozet :
extrait du Mercure français du 27 pluviôse an 11 /loG
D. Extraits du procès-verbal de la Convention, 7 pluviôse (hommage d'un
buste de Chalier par Bernascon etLauras), 16 nivôse (décret chargeant
le Comité d'instruction publique de faire un rapport sur les moyens de
faire exécuter en bronze les monuments de la liberté et les bustes des
grands hommes) et 5 pluviôse an 11 (décret renouvelant au Comité d'in-
struction publique la demande de ce rapport) /108
Extrait du compte -rendu du Journal des débats et des décrets, séance du
lO nivôse /108
E. Extrait du procès-verbal de la Convention, /i pluviôse an 11 (envoi, par la
commune de Fougères, de l'écharpe de son maire, Lesueur, fusillé le
i5 brumaire par les brigands de la Vendée) /109
Analyse de la lettre du Conseil général de la commune de Fougères ^110
19/»" SÉANCE, 17 pluviôse an II [5 février 179^] ^11
Annexes :
A. Convention nationale, séance du lû pluviôse an 11 (Thibaudeau, à propos de
l'impression d'une suite du Plan d'instruction publique de Wandelain-
court, demande le rapport du décret du k juin 1798): extrait du Jour-
nal des del)ats et des décrets àiU
B. Lettre du Comité de salut public à celui d'instruction publique, l'invitant
à présenter le rapport demandé par un décret du 3 frimaire, sur la ques-
tion de savoir si les sociétés populaires doivent recevoir de la nation un
local pour leurs assemblées, i3 pluviôse l'an 2* ^i5
C. Discours sur la nécessité de rapporter le décret du 3o [29] frimaire relatif
à l'organisation du premier degré d'instruction, par Michel-Edme Petit,
député du département de l'Aisne, membre du Comité d'instruction
publique, prononcé le 27 pluviôse, Tan 11^ de la République française,
une et indivisible; V Hérissant, impr /it6
195* SÉANCE, 19 pluviôse an 11 [7 février 179^1] ^129
Annexes :
A. Extrait du procès- verbal delà Convention, 12 pluviôse an 11 (Jeanbon Saint-
André présente un rapport sur ses oj)éralions dans les départements ma-
ritimes de la République; décret proposé sur les instituteurs de la maiine). Ix^h
TABLE DES MATIÈHES. 673
Rapport des représentants du peuple envoyés à Bre>t el aupr.js de rarinée
navale, par Jeanbon Saint- André; de rinipriinerie nationale. (Ex-
traits.) 63 'i
Extrait du procès-verbal de la Convention, iG pluviôse an ii (texte du dé-
cret sur les instituteurs de la marine) 630
B. Extraits du registre des procès-verbaux de la Commission des arts, 20 et
25 pluviôse an 11 (demande, par Famin, de conserver l'usage d'un micro-
scope solaire appartenant au ci-devant duc d'Orléans) k'i>i
196* SÉANCE, 2 1 pluviôse an 11 [9 février 179''! ] 660
Annexes :
A. Projet d'adresse aux communes et aux sociétés populaires de la République
française , par Urbain Domergue , s. d Vi 4
B. Lettre de Tabbé Morellet au président du Comité d'instruction publique,
annonçant Tenvoi des feuilles qui manquaient à l^exemplaire du Dic-
tionnaire de TAcadémie française remis à Rommeen septembre 1793 et
portant des corrections en vue d'une nouvelle édition, i(\ pluviôse. . . . A'j8
C. Lettre de Buaclie au président du Comité d'instruction publique, annon-
çant qu'il ne peut accepter sa nomination de membre de la nouvelk*
Commission des arts, 2 1 pluviôse l'an 2*, cl extrait du rej^islre des séances
de la Commission des arts, 25 pluviôse an 11 (annonce de la démission
de Buacbe, regret exprimé par Monge; démarcbe auprès du Comité). . . A68
D. Lettre de Buffon fils au président du Comité d'instruction publique, rela-
tive au tombeau de son père, 3 pluviôse l'an second 669
E. Extrait du procès-verbal de la Convention, ao pluviôse an ii (décret por-
tant qu'il sera accordé des récompenses et encoiiragenienls à tous les
arts, tant aux beaux-arts qu'aux arts mécaniques) /jôo
197* sicANCE. 23 pluviôse an 11 [1 1 février 179^1] 'l'it
Annexes:
A. Extrait du registre des procès-verbaux de la Commission des arts, 10 plu-
viôse an II (mémoires relatifs à la fabrication du cuir de Russie, trouvés
dans les papiers dcJuigné, signalés au Comité de salut public); arrtMé
du Comité de salut public relatif à ces mémoires, lia pluvitise an ii*;
lettre de l'administration des arn)es et munitions de guern^ à la Com-
mission des arts, 2 5 ventôse l'an 9' 6.') 3
B. Convention nationale, séance du 21 pluviôse an 11 (Rùlil signale la porte
d'une collection de modèles d'arlillerio qui existait à l'arsenal do
Strasboiu'g) : extrait du Moniteiw 4ôâ
C. Extraits, empruntés à un article de M. Ernest Maindron, d'urn? lettiv du
comte de Montmorin à l'Académie des sciences, 17 février 1788, el
d'un rapport de Buaclie à cette Académie, u) avril 1788, relatifs au
globe teriestre de dom Bergcviu A J6
Extraits du registre des procès-verbaux de la C*ommission des arts-, 8 el
22 septembre »7y3 (gloires do Bergevin el de Menlc4le) h^-j
D. Exlraii de VErposé succinct </e« Irnvtntr de la Commission </«i monumeud
(dt'pôl de cartes fcMiué elie/ d' Vngiviller) «'l du rogisto» de^ pr\Kès-ver-
111. A3
lUMiiutiii; ait\o>àir.
iMh TABLE DES MATIÈRES.
btiux de la Commission des ails, 9o ventôse an ii (vérification des objets
de sciences et d"'arls de la maison de fémigré d'Angiviller) «... 458
J98* si';a>ce, 9 0 pluviôse an 11 [ i3 février 179/1]. 459
Annexes :
A. Extrait dn registre des procès-verbaur' dé la Commission des arts, aB plu-
viôse an 11 (nomination de Leblond tommeiigent de la Commission).. . /iôa
B. Kxtrail du procès-vêrBal de la Convention, 21 pluviôse an li (le Comité
d'instruction publique est invité à présenter»- sous huit jours un projet
de décret pour prévenir la contrefaçon des productions des arts) 46a
Extrait du compte-rendu du Moniteur 463
C. Extrait du registre des procès-verbaux'de la Commission des arts, 3o plu-
viôse an II (demande d'atlas et d'ouvrages de géographie faite par le Co-
mité de division) , ». * 463
Détails bibliographiqups sur V Atlas national de Dumez 464
J99* SÉANCE, 27 pluviôse an ii [ i5 février 1794].. ., 465
Annexes:
Arrêté du Comité de salut public relatif à la formation d'une bibliothèque
près du Comité d'instruction publique, 23 pluviôse l'an 9 467
Extrait du registre des procès-verbaux de la Commission des arts, 26 plu-
viôse an II (formation d'une bibliothèque à Pusage des Comités) 468
aoo' SÉANCE, 29 pluviôse an 11 [ 17 février 179^1].:^ 469
Annexes :
A. Extrait du procès-verbal de la Convention, 27 pluviôse an 11 (exception au
décret du 8 pluviôse sur les bibliothèques, en faveur des bibliothèques
des ports) 471
B. Société des Cordeliers, séance du 92 nivôse an 11 (afrélé portant qu'il sera
fait une pétition à la Convention pour la réimpression des écrits de Ma-
rat) : extrait du Monite.ir é ».»... 47 a
Extrait du procès-verbal de la Convention, 3o nivôse an 11 (pétition pfé-
senté^ par la Société des Cordeliers, pour la réimpression des écrits de
Marat, renvoyée au Comité d'instruction piiblique) 472
Texte de la pétition de la Société des Cordeliers : extrait du Bulletin de la
Convention 473
Extraits du Portrait de Marat (16 nivôse), par Fabre d'Eglanline 474
201' SÉANCE, 1" ventôse an 11 [ 19 février 1794] 476
Annexes:
A. Détails bibliographiques sur le Journal de la Société républicaine des arts,
de Détournelle 479
B. Convention nationale, séance du 3o pluviôse an 11 (décret, rendu sur la
proposition de Romme, relatif à l'impression de Y Annuaire du cultiva-
teur) : extrait du Moniteur 48o
Détails bibliographiques sur V Annuaire du cultivateur pour la troisième année
de la République 48 1
TABLE DES MATIÈRES. \ïrrb
C. Extraits des procès-verbaux du Bureau de consul la ùon, 20 mars 1793,. ei '
du registre des procès-verbaux de la Commission des arls, 22 septembre -
1793 (instrument équalorial de Haupoix) iiS''à
D. Extrait du registre des procès-verbaux de la Commission des arts, 5 ven-
tôse an II (nomination de commissaires pour le dépari des objets relalifs
aux arts et aux sciences existant à l'Imprimerie nationale executive). . . 683
209* SÉANCE, 3 veniôse an ii [ 2 i février 1 796] ^ 684
Annexes :
A. Convention nationale, séance du 16 thermidor an 11 (rapport de Bârère,
proposant le rapport du décret qui avait conféré au Comité de salut pu-
blic le droit de nommer les membres des Comités) : extrait du Moni-
teur 687
B. Extrait des Mémoires de Tbibaudeau, relatif à divers membres du Comité
d'instruction publique (Grégoire, David-, Fouroroy, Duliem, Pelit, Plai-
chard-Chollière, Léonard Bourdon) 687
C. Extrait du procès-verbal de la Convention, 18 pluviôse an 11 (Serie\s fait
hommage du prospectus de ses Décades républicaines) 689
2o3' SÉ4RCB, 5 ventôse an 11 [23 février 1796 | 690
Annexes :
A. Extraits du registre des procès-verbaux de la Commission des arls. i5 et
3o pluviôse an 11 (tables de bois pétrifié) 697
B. Extraits du registre des procès-verbaux de la Commission des arts, 10 et
i5 frimaire et 3o pluviôse an 11 (cabinet et bibliothèque Gigot d'Orcy). 697
C. Extraits du registre des procès- verbaux de la Commission des arts, 3o plu-
viôse et 2 5 veniôse an 11 (objets précieux provenant de la reine, déposes
chez Daguerre et Lignereux) , 698
206* SÉANCE, 7 ventôse an 11 [26 février 179'»] 699
Annexes :
A. Extraits du registre des procès-verbaux de la Commission des arts, 2b plu-
viôse, 5 et i5 ventôse an 11 (demande de nouveaux pouvoirs au mi-
nistre de l'intérieur, par l'intermédiaire du Comité d'instruction pu
blique; impression de la lisle des membres de la Commission) joi
Liste des membres composant la Commission temporaire des arts, adjointe
au Comité d'instruction publique; sans nom d'imprimeur 5oa
B. Extrait du registre des procès-verbaux de la Commission des arls, 5 veniôse
an II (le Comité d'instruction publique est invité à écrire aux repré-
sentants en mission de prendre des mesures conservatrices à r»'gard dos
objets d'arts et de sciences) .'10 '1
C. Arrêté du' Comité de salut public relatif aux instruments de musique à
distraire de la vente du mobilier appartenant à la nation, 7 lloroal
an II .') o '1
floo' SÉANCE, 9 ventôse an 11 [27 février 1796] r)t).')
Annexes :
A. Extrait d'une lettre de Bentabole, reprt^senlant du peuple à .N'ogo.nt, h»
a3 pluviôse îi* annéo , au Comité d»^ salut public 107
676 TABLE DES MATIEUES.
B. Projet de fêles nalioiiales, presenlé an nom du (jOiiiilé d'inslruclion pii-
l)lique, par Malliieii, député du département de TOise [veniôse an u];
de rimprimeric nationale, Tan ii 5o8
Comparaison entre le projet de Mathieu et le décret présenté par Robes-
pierre au nom du Comité de salut public le 18 floréal 5ia
C. Extrait du procès-verbal de la Convention, 11 ventôse an 11 (rapports sur
les établissements de sourds-muets, présentés par Uoger Ducos cl par
Thibaudeau ) 5i 3
Rapport et projet de décret sur l'organisation des établissements pour les
sourds-muels, d'après les décrets des 98 juin dernier (vieux style) et
9 pluviôse, par Roger Ducos, député par le département des Landes,
au nom du Comité des secours publics; de l'Imprimerie nationale 5i3
Rapport sur les sourds-muels, au nom du Comité d'inslruclion publique,
par Thibaudeau, députe do la Vienne; de l'Imprimerie nationale .... 5a3
Extrait des Mémoires de Thibaudeau relatif à Sicard 598
D. Extrait du registre des procès-verbaux de la Commission des arts, 5 ventôse
an II (arrêté portant qu'il sera adjoint à l'agent un commis résidant
dans les salles du Comité d'instruction publique) ,^38
E. Extrait du registre des procès-verbaux de la Commission des nionuments,
i3 veniôse an u (notification du décret du 98 frimaire par le ministre
de l'intérieur), et lettre au Comité d'instruction pnblicjue demandant
que des commissaires viennent recevoir les papiers de la Commission,
1 3 ventôse 628
aoC SÉANCE, 1 1 ventôse an 11 [ 1" mars 1 79'»] • ....,.,. • . . r ^3q
Annexés :
A. Cor^vention nationale, séance du 10 veniôse an 11 (décret suspendant la
vente de la bibliothèque de Gigot d'Orcy; décret demandant un rapport
au Comité d'instruction publique sur la proposition de prohiber la sortie
des livres; décret chargeant le Comité de salut public de prendre des
mesures pour empêcher l'exportation des objets intéressant les arts) :
extrait du Moniteur et du procès-verbal 53a
B, Rapport et projet de décret [sur l'Ecole militaire] présentés, au nom du
Comité d'instruction publique, par Mfchel-Edme Patil, le 16 veniôse,
l'an II de la République une et indivisible; de ITmprimerie nationale . . 533
307' SÉANCE, i3 veniôse an 11 [3 mars 179^»] 536
Annexes :
A. Extrait du registre des procès-ver'baux de la Commission des monumenls,
16 ventôse an II (commissaires nommés pour aller au Comité d'instruc-
tion publique, le 17, remettre les papiers de la Commission) 589
B. Arrêté du Comité de salut public, 20 ventôse, et délibéi^ation du Conseil exé-
cutif provisoire, 92 ventôse an 11, approuvée par le Comité le 9/1 ven-
tôse, pour empêcher l'exporlation des livres, tableaux, etc., qui peuvent
servir à compléter la Bililiothèque nationale et le Muséum des arts.. . . bkû
C. Extrait d'un décret du 11 veniôse an 11, rendu sur le rapport du Comité
des finances, et relatif à l'emploi des diamants, pierres précieuses, perles
TARLE DES MATIÈRES. 677
cl autres bijoux apparlenaiil à la notion , ainsi qu'à des caisses de mé-
dailles déposées à la trésorerie 5 i i
D. Convention nationale, séance du i/i ventôse an ii (Gré[;oire présente une
leltrc de Charles IX , du lo octobre 1669, accordant une récompense à
Moureviel [Maurevel ou Maurevert] pour l'assassinat de Mouy, lettre
envoyée par le déparlement de Paris) : extrait du Moniteur 56 1
208* SÉANCE, i5 ventôse an n [5 mdrs 179^] 5^^
Annexes :
Extraits du registre des procès- verbaux de la Commission des arts, 3o ven-
tôse an H (distribution de V In'struction sur la mauièi'e d'inveittorier, etc.). 5 '«9
Analyse de V Instruction aur la manière d'inventorier- et de conserver, dans
toute retendue de la République , tous les objets qui peuvent servir aux
arts, aux sciences et à V enseignement; de rinjprimerie nationale. DifTé-
rences entre les deux éditions de cette Instruction 569
309* SÉANCE, 17 ventôse an 11 [7 mars 179'»] 55i
2 1 o* SÉANCE, 19 ventôse an n [9 mars 1 7,9'! ] , 555
Annexe :
Extrait du registre des procès-verbaux de la Commission des arts, 25 ven-
tôse an II (aimant armé provenant du mobilier du roi) 558
21 i* SÉANCE, 91 ventôse an n [1 1 mars 179^1] 559
Annexe :
Lettre d'Urbain Domergue au Comité d'iiistruction publique, relative à l'ar-
rêté qui le révoquait de sa place de premier commis à la bibliographie,
2 1 ventôse l'an deux 56o
2 1 2' SÉANCE, 28 ventôse an ii [1 3 mars 1 79A ] 50:1
21 3' SÉANCE, 25 ventôse an II [1 5 mars 179'»] ^69
Annexes :
A. Rapport et projet de décret sur le dernier degré d'instruction, par G. Bou-
quier, présentés au nom du Comité d'instruction publique; de l'Impri-
merie nationale 571
B. Extraits du registre des procès-verbaux de la Commission des arts, 3o fri-
maire, 5. i5 et 3o pluviôse, 10, 90 et a5 ventôse, 5 et i5 germinal
dn II (discussion et adoption du Règlement de la Commission) 5Si
Extraits du Règlement de la Commission temporaire des arts , adjointe au Co-
mité d'instruction puldique; de rimprimorio nationale 58-j
ar^" SÉANCE, 27 ventôse aii 11 [17 mars 179'!] 585
Annexes :
A. Extrait du procès-verbal de la Convention, G germinal an 11 (docrtt volé
sur le rapport de Guyton-Morveau, sur la refonte des papiei-s imprimes). 087
jB; Extrait du registre des procès-verbaux de la Commission des arts, 3o ven-
tôse an II (lettre de Moreau annonçant (juc la Commission des monuments
a clos ses séances; exemplaires de la rt'ponse au rapport de Mathieu dis-
tribués AUX membres de la ('ommission (l»'s arts) 58<j
678 TABLE DES MATIERES.
Extraits du Compte rendu à la Convention nationale par' la Cominission sup-
primée des monuments ; de l'imprimerie de Brosselard 58q
3 1 5* sÉANCs, 39 ventôse an 11 [19 mars 179/i] 098
Annexes :
A. Lettre de La Chabeaussière, détenu, au Comité d'instruction publique, s. d.
[ventôse] 60^
B. Extraits sur le rapport fait à k Commission des poids et mesures républicaines
par le citoyen Lagranjje, dans la séance du 8 germinal, an a* de la
République française une. et indivisible, sur un mémoire du citoyen
Viallon 6o5
C. Lettre de la Société populaire de Gray au Comité de salut public, pour dé-
noncer un imprimé émané de la Société populaire de Moulins, 10 ven-
tôse an H 607
Extrait des registres et délibérations de la Société populaire de Moulins,
1 7 nivôse an 11 607
Adresse de la Société populaire de Moulins au Comité de salut public. ... 610
D. Considérations sur le commerce de la librairie, par Lefèvre de Villebrune,
s. d. [ ventôse ] 619
E. Extrait d'une lettre écrite au Comité de salut publie par l'agent national du
district d'Étampes, en lui envoyant une adresse aux communes du dis-
trict pour extirper les dernières fibres du fanatisme, 3o nivôse an 11. . 619
Extrait du registre des délibérations du directoire du district d'Etampes,
s 2 nivôse an 11 619
Adresse de l'agent national près le 'district d^Étampes aux communes 619
APPENDICE. ^
L Note sur Lakanal et sa mission à Bergerac *.......► 698
IL Texte de la pétition présentée à la Convention le 1 8 brumaire an n par le
corps de musique de la garde nationale parisienne pour demander la
création d'un Institut national de musique. 627
Texte de la délibération du Conseil général de la commune de Paris, du
i4 brumaire an 11, portant qu'une députation du Conseil accompagnera
les musiciens de la garde nationale parisienne à la Convention 629
IIL Pétition de la Société populaire de Saint-Maximin- ( Var-) à la Convention,
pour demander que le nom de la commune de Saint-Maximin soit changé
en celui de Marathon, 25 brumaire an 11 629
IV. Lettre de Philippe Buonarroti et de Joseph Bonaparte au Comité d'instruc-
tion publique, demandant qu'un choix soit fait parmi les livres apparte-
nant à la nation à Toulon et à Marseille, pour établir des bibliothèques
en Corse; Port de la Montagne, 3 pluviôse an 11 63o
V. Lettre de Thérésia Cabarrus-Fontenay à un membre du Comité de salut
public, annonçantl'envoi d'un discours sur l'éducation; Bordeaux, 5 plu-
viôse an ir 63 1
Discours sur l'éducation, par la citoyenne Thérésia Cabarrus-Fontenay,
TABLE DES MATIÈRES. 679
lu dans la séance tenue au temple de la Raison de Bordeaux le pre-
mier décadi du mois de nivôse, jour de la fcle nationale célébrée à
1 occasion de ïa reprise de Toulon par les armes de la République-
Bordeaux, chez Jean-Baptiste jCavazza _ ' go,
VI. Quelques idées sur les arts, stir la nécessité de les encouraijor sur les
msïitulions qui peuvent en assurer le perfectionnement, et' sur divers
établissements nécessaires à l'enseignement public, adressées à la Con-
vention nationale et au Comité d'instruction publique, par Boissy d'An-
^las, député du département de TArdèche; de l'Imprimerie nationale
[pluviôse an ii]. (Extraits.) ^ g^
7?
/