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Full text of "Procès-verbaux du Comité d'instruction publique de la Convention nationale. Publiés et annotés par J. Guillaume"

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in  2010  witli  funding  from 

University  of  Ottawa 


Iittp://www.arcliive.org/details/procsverbauxdu03fran 


COLLECTION 


DK 


DOCUMENTS  FNÉDITS 

SUR  u'hisïoirh:  de  frange 


PLBLIKS   r.VH    LES   SOINS 


DU  MINISTRE  DE  [;I^  STIUCTIO  \   PLBLIQUK 


Vm-  .invir  111  (l;il<'  «In  i  •?  juin  1889.  le  Ministre  de  rinstriictioii  publique  et 
tics  l»p;iii\-;iils  a  onloinu'  la  publication,  dans  la  collection  des  documents  hislo- 
ncpifs  iiit'dih  ivlalils  à  la  R(>volutiun  do  1789,  des  Procès-verbauœ  du  Comité  d'in- 
sirtu'tioit  j>uh/l/iiic  de  /"  ('oiirp)tiio)i  nationale,  par  M.  .1.- Guillaume. 

Tai-  aiivU'  en  dale  <lii  <s  août  189-2,  M.  F. -A.  Adlard,  membre  du  Comité  des 
lra\au\  historiques  o\  s(ientili([nes,  a  été  chargé  de  surveiller  cette  publication 
m  qualité  de  toiuriiissaii-e  responsable,  en  remplacement  de  iM.  Courcelle-Seneuh, , 
décéilé. 


SE  TROUVE  A  PARIS 
A   LA  LIBRAIRIE  ERNEST  LEROUX, 

RUE  BONAPARTE,  28. 


i 


PROCÈS-VERBAUX 


DU 


COMITÉ   D'INSTRUCTION   PUBLIQUE 
DE  LA  CONVENTION  NATIONALE 


PUBLIES  ET  A.MNOTES 


PAR 


M.   J.   GUILLAUME 


TOME  TROISIEME 

1"  FRIMAinE  AN  II  (21   NOVEMBRE  1793)  -  30  VENTÔSE  AN  II 

(20  MARS  1794) 


PARIS 

IMPRIMERIE  NATIONALE 


^ 


in 


;/ 


9  h'i 


iM  DCCG  \GV1I 


A  44 
-t.  3 


INTRODUCTION. 


Ce  troisième  volume  contient  les  procès-verbaux  de  cinquante- 
neuf  séances  du  Comité  d'instruction  publique  de  la  Convention 
nationale,  du  3  frimaire  au  29  ventôse  an  11  (28  novembre 
1798-19  mars  1  79^). 

On  y  verra  la  présentation  du  plan  général  d'instruction 
publique  de  Bouquier,  dont  la  première  partie,  adoptée  par 
la  Convention,  est  devenue  le  décret  du  99  frimaire  an  n  sur 
l'enseignement  en  général  et  sur  l'organisation  du  premier 
degré  d'instruction;  et  dont  la  seconde  partie,  ajournée  d'abord, 
puis  discutée  et  complétée  par  le  Comité  en  ventôse,  formera 
un  projet  de  décret  sur  le  dernier  degré  d'instruction  qui  sera 
présenté  à  la  Convention  le  26  germinal,  mais  sur  lequel  aucun 
débat  ne  sera  ouvert. 

La  première  partie  de  cette  Introduction  fait  connaître  le 
personnel  du  Comité  d'instruction  publique  pendant  les  quatre 
mois  qui  remplissent  ce  volume. 

La  seconde  partie  est  consacrée  à  l'exposé  de  ce  qui  concerne 
le  plan  général  d'instruction  :  écliec  du  système  de  la  majorité 
du  Comité,  renouvelé  de  Condorcet  et  défendu  par  Romme; 
discussion  et  adoption  des  trois  premiers  titres  du  plan  Bouquier, 
qui  forment  le  décret  du  29  frimaire;  vote  des  décrets  du 
8  pluviôse  sur  les  idiomes,  du  9  phiviôse  sur  les  livres  élé- 
mentaires; mise  en  vigueur  de  la  nouvelle  organisation  des 
écoles  du  premier  degré  d'instruction  par  le  décret  du  k  ven- 
tôse; préparation  d'un  projet  de  décret  sur  le  dernier  de<;ré 
d'instruction. 

Dans  la  troisième  partie,  (juebjues  indications  sonl  données 

in.  A 


lUPRIVinir     KlTIO<I4LI. 


„  INTRODUCTION. 

sur  los  iuilios  (|iieslioiis  (jui  ont  occupé  le  Comité  pendant  celte 

période. 

Eidiii,  dans  la  <pialriénie,  outre  des  détails  sur  les  docu- 
nieiils  irarchives  où  nous  continuoiis  à  puiser,  nous  donnons, 
coiiime  couipléuient  à  nos  deux  premiers  volumes,  un  rensei- 
oiKMiKMil  que  nous  n'avions  pu  y  faire  figurer  :  les  noms  des 
rédacteurs  —  autant  que  nous  avons  pu  les  déterminer  — 
des  cent  cinquante-six  procès-verbaux  publiés  dans  les  tomes  I 
el  II.  Quant  aux  procès-verbaux  qui  composent  le  présent 
lonie  III,  la  mention  du  nom  du  rédacteur  est  placée  en  note 
à  la  fin  de  chacun  d'eux. 

I 


Sur  les  vingt-quatre  membres  qui  furent  désignés  pour  com- 
poser le  Comité  d'instruction  publique  réorganisé  par  les  dé- 
crets des  1 5  et  1 7  du  premier  mois ,  il  en  est  sept  qui  n'ont 
jamais  siégé  ou  qui  n'ont  siégé  que  très  peu  de  temps,  soit  que 
leurs  travaux  dans  d'autres  comités  les  aient  empêchés  d'ac- 
cepter leur  nomination ^^^,  soit  que  des  missions  les  aient  tenus 
éloignés  de  Paris,  ou  pour  toute  autre  raison  :  ce  sont  Jullien 
de  la   Drôme  ^^),  Laignclot,  Bo,  Audouin  (^),  Gay-Vernon  ('^^ 


^'^  On  pouvait  cependant  faire  partie 
de  deux  comités  à  la  fois  (en  dépit  de 
l'article  i"  du  chapitre  vni  du  règle- 
mont  intérieur  de  la  Convention,  voté 
le  28  septembre  1792;  voir  l'Intro- 
duction du  tome  I",  p.  n)  ;  ainsi  David, 
qui  ne  cessa  pas,  jusqu'en  thermidor, 
dYHro  un  membre  très  assidu  du  Go- 
mité  d'instruction  publique,  était  en 
même  temps  membre  du  Comité  de 
sûreté  générale. 

^^'  Jullien  do  la  Dromc  fut  nommé, 
dans   la  séance  du  Comité  du  19  du 


premier  mois,  membre  de  la  section 
chargée  de  recueillir  les  traits  héroïques; 
mais  ensuite  son  nom  ne  figure  plus 
dans  les  procès-verbaux. 

^^^  Audouin  fut  nommé  l'un  dos  se- 
crétaires du  Comité  le  19  du  premier 
mois ,  et  il  en  remplit  les  fonctions  ce 
jour-là,  et  peut-être  jusqu'au  9.b;  son 
nom  cesse  ensuite  de  paraître  dans  les 
procès-verbaux. 

^*^  Gay-Vernon  fut  nommé,  comme 
Audouin,  l'un  des  secrétaires  le  19  du 
premier  mois,  et  en  remplit  les  fonc- 


m 


INTRODUCTION. 

Moyse  Bayle  et  Poiis  de  Verdun  ^^^;  les  noms  de  ces  sept  repré- 
sentants ne  paraissent  dans  aucun  des  procès-verbaux  contenus 
dans  le  présent  volume.  Un  huitième,  Duval  d'Ille-et-Vilaine, 
ne  prend  part  aux  travaux  du  Comité  qu'à  partir  de  ventôse 
(séance  du  5  ventôse).  Quant  aux  six  membres  nommés  le 
11  brumaire,  l'un  d'eux,  Basire,  fut  mis  en  état  d'arrestation 
le  27  brumaire (^^;  un  autre,  Duhem,  se  trouve  dans  le  même 
cas  que  Duval  :  il  paraît  n'avoir  pas  assisté  aux  réunions  du 
Comité  pendant  les  quatre  premiers  mois  qui  suivirent  sa  no- 
mination; son  nom  est  mentionné  au  procès-verbal  pour  la 
première  fois  en  ventôse  (séance  du  i^""  ventôse). 

Voici  les  noms  des  membres  du  Comité  —  au  nombre  de 
vingt  —  désignés  tant  par  les  décrets  des  1 5  et  17  du  premier 
mois  que  par  celui  du  1 1  brumaire,  qui  siègent  au  moment  où 
s'ouvre  le  mois  de  frimaire  : 


David. 

Jay  de  Sainte-Foy. 

Bouquier. 

Giiyton-Morveau. 

Fourcroy. 

Arbogast. 

Mathieu. 

Boutroue. 

Vaidruche. 

Coupé  de  rOise. 


Romme. 

Tliomas  Lindel. 

Prunelle. 

Grégoire. 

Michel-Edme  Petit. 

Léonard  Bourdon. 

Daoust. 

Ferry. 

Anacharsis  Cloots. 

Villar. 


On  peut  distinguer,  au  point  de  vue  de  hi  conq)ositioii  du 


tiens  jusqu'au  3  du  second  mois;  son 
nom  cesse  ensuite  de  paraître  dans  les 
procès-verbaux. 

^'^  Pons  de  Verdun  fut  nonuné,  dans 
la  sdance  du  1  (j  du  [)rcini('r  mois, 
membre  de  la  section  cliargde  de  re- 


cueillir les  trails  liéroïques;  mais  en- 
suite son  nom  ne.  ligure  |)liis  dans  les 
procès-Yorbau\. 

^"^-  On  sait  (pio  Basin*  fui  guilloliiK' 
lo  i()  gerininai  avec  Danton  vl  ses  co- 
accusées. 


V. 


,v  INTRODUCTION. 

Coinilc',  dans  les  quatre  mois  Je  frimaire,  nivôse,  pluviôse  et 
ventôse,  deux  périodes  :  la  première  allant  jusqu'à  la  fin  de 
plu\iôse,  la  seconde  ])artant  du  commencement  de  ventôse, 
pour  se  prolouijei",  au  delà  des  limites  du  présent  volume, 
jus(pren  fi'uclidor. 

Deux  membres  nouveaux  furent  adjoints  au  Comité  dans  le 
courant  de  frimaiie  :  Thibaudeau,  par  décret  du  i  9  frimaire,  à 
la  suite  du  discours  qu'il  prononça  contre  la  revision  faite  par 
le  (]omi(é  d'instruction  publi(|ue;  et  Fabre  d'Eglantine,  par 
décret  du  28  frimaire,  à  la  suite  de  la  proposition  faite  par  lui, 
et  adoptée  par  la  Convention,  d'interdire  aux  instituteurs  de 
tenir  pension  particulière.  Thibaudeau  deviendra,  à  partir  de 
])luviôse,  un  des  membres  les  plus  actifs  du  Comité  et  l'un  de 

r 

ses  rapporteurs  habituels;  Fabre  d'Eglantine,  lui,  n'est  men- 
tionné au  procès-verbal  que  d'une  seule  séance,  celle  du  26  fri- 
maire :  il  ne  fit  du  reste  partie  du  Comité  que  pendant  un  mois, 
ayant  été  arrêté  par  ordre  du  Comité  de  sûreté  générale  dans 
la  nuit  du  28  au  2  4  nivôse  (^^. 

Le  Comité  se  trouva  ainsi  pendant  quelc|ue  temps,  du 
19  au  28  frimaire,  composé  de  vingt  et  un  membres,  puis, 
du  28  frimaire  au  6  nivôse,  de  vingt-deux  :  les  vingt  membres 
qui  figurent  dans  la  liste  ci-dessus,  plus  Thibaudeau  et  Fabre. 

Anacharsis  Cloots,  expulsé  des  Jacobins  le  22  frimaire  comme 
étranger,  cessa  de  faire  partie  du  Comité  en  vertu  du  décret 
du  6  nivôse,  qui  excluait  de  la  Convention  les  citoyens  nés  en 
pays  étranger;  le  7  nivôse,  il  fut  mis  en  état  d'arrestation  par 
ordre  du  Comité  de  sûreté  générale  ^'^\ 

Après  l'exclusion  de  Cloots  et  avant  l'arrestation  de  Fabre, 

^''  Fabre  d1%iantine  fui  guillotiné        le   h   germinal  avec  Hébert,  Rousin, 
avec  Daiitou  et  ses  coaccusés.  Vincent,  etc. 

^''  Anacharsis  Cloots  fut  guillotiné 


INTRODUCTION. 


c'est-à-dire  du  6  au  28  nivôse,  le  Comité  se  trouva  composé 
de  vinfft  et  un  membres,  savoir  : 


David. 

Jay  de  Saintc-Foy. 

Bouquier. 

Guyton-Morvoau. 

Fourcroy. 

Arbogast. 

Mathieu. 

Boutroue. 

Valdruche. 

Coupé  de  rOise. 

Romme. 


Thomas  Liiidet. 

Prunelle. 

Gre'goire. 

Michel-Edme  Petit. 

Léonard  Bourdon. 

Daoust. 

Ferry. 

Villar. 

Thibaudeau. 

Fabre  d'Eglantine. 


Du  28  nivôse  à  la  fin  de  pluviôse,  le  Comité  ne  compta 
plus  que  vingt  membres,  ceux  qui  figurent  dans  la  liste  ci- 
dessus,  moins  Fabre. 


Le  5  ventôse,  Romme,  envoyé  à  Angouleme  et  à  Périgueux 
par  deux  arrêtés  du  Comité  de  salut  public  des  ih  pluviôse  et 
5  ventôse,  quitta  Paris  pour  une  absence  qui  dui^a  sept  mois. 

Au  moment  où  celui  qui  avait  été  l'âme  du  Comité  d'in- 
struction publique  pendant  la  période  la  plus  importante  de 
l'année  1798,  du  commencement  d'août  jusqu'en  frimaire, 
disparaît  de  la  scène,  on  voit  entrer  au  Comité  cinq  membres 
que  nous  allons  énumérer. 

Le  2  5  pluviôse,  le  Comité  avait  décidé  de  proposer  à  la 
Convention  de  lui  adjoindre  un  certain  nombre  de  membres  : 
le  Comité  d'instruction  publique,  en  effet,  malgré  l'adjonction  de 

r 

Thibaudeau  et  de  Fabre  d'Eglantine,  ne  s'était  jamais  trouvé, 
depuis  le  mois  d'octobre,  compter  les  vingt-quatre  membres 
auxquels  il  avait  droit.  On  a  vu  qu'il  s'était  composé  successi- 
vement, de  frimaire  à  la  fin  de  pluviôse,  de  vingt,  de  vingt 


VI 


INTRODUCTION. 

et  lin,  de  vinort-deiix,  de  vingt  et  un,  et  de  nouveau  de  vingt 
membres;  le  départ  annoncé  de  Romme  allait  le  réduire  à 
dl\-n(Mif.  Le  Comité  ibi'ina,  le  97  pluviôse  et  le  i^^'  ventôse, 
une  liste  de  sept  candidats ^^^  qu'il  proposait  à  rassemblée  de 
lui  adjoindie  :  c'étaient  Lonqueue,  Plaicbard-Gholtière,  Veau 
de  Launay,  Calés,  Bodin,  Diifay  et  Bourgain.  Les  procés-ver- 
baiix  de  la  Convention  ne  nous  disent  rien  de  l'accueil  qui  fut 
fail  à  cette  [)roposition;  mais  les  procès-verbaux  du  Comité 
mentionnent,  à  partir  du  5  ventôse,  Plaichard-Choltière  comme 
membre  du  Comité  d'instruction  publique;  quant  aux  six  autres 
candidats,  leurs  noms  paraissent  avoir  été  écartés,  car  on  ne  les 
rencontre  jamais  dans  les  procès-verbaux  du  Comité  ^^\  11  est 
probable  que  le  Comité  de  salut  public,  auquel  la  liste  avait 
dû  être  soumise,  lui  avait  refusé  son  approbation,  n'acceptant 
que  le  nom  de  Plaicbard-Choltière;  ce  fut  sans  doute  ce  Comité 
qui  intervint  pour  faire  rentrer  au  Comité  d'instruction  pu- 
bli(|ue  Duval  et  Duhem,  qui  jusqu'alors  n'avaient  pas  pris  part 
à  ses  travaux. 

En  effet,  le  i^""  ventôse,  on  voit  Duhem  (élu  le  11  bru- 
maire) prendre  séance  pour  la  première  fois;  et  le  5  ventôse 
c'est  le  tour  de  Duval  (élu  le  1 5  du  premier  mois). 

Deux  autres  noms  figureront  en  germinal,  chacun  une  fois. 


^'^  Il  manquait  au  Comité  cinq 
membres;  on  ne  voit  pas  bien  pour- 
quoi il  demandail  qu'il  lui  en  fût  adjoint 
sept.  Peut-être  deux  membres,  parmi 
les  dix-neuf  qui  le  composaient ,  avaient- 
ils  exprimé  le  désir  d'être  remplacés. 

'"'  Quatre  des  six  candidats  étaient 
des  hommes  nouveaux  :  Lonqueiie, 
h'  su[)pléant  d'Eure-et-Loir,  admis  à 
siéger  le  lA  juillet  1798  en  rempla- 
cement (le  Pélion;  Bour(]ain,  5*  sup- 
pliant de  Paris,   admis   à   siéger   le 


27  brumaire  en  remplacement  de  Phi- 
lippe  Egalité;  Veau  de  Launay,  9*  sup- 
pléant d'Indre-et-Loire,  admis  à  siéger 
le  1 6  nivôse  en  remplacement  de  Potier  ; 
Dufay,  député  de  Saint-Domingue, 
admis  le  1 5  pluviôse.  Calés ,  député  de 
la  Haute-Garonne ,  avait  publié  en  fri- 
maire une  Opinion  sur  l'éducation 
nationale.  Bodin,  député  d'Indre-et- 
Loire  ,  chirurgien ,  était  un  représentant 
obscur,  qui  avait  voté  contre  la  mort 
du  roi. 


INTRODUCTION.  vu 

dans  les  procès-verbaux  du  Comité  d'instruction  publique  :  celui 
de  Boucher  Saint-Sauveur,  le  i3  germinal,  et  celui  de  Riilil, 
le  9  3  germinal;  et  la  façon  dont  ils  sont  mentionnés  indique 
que  ces  deux  représentants  font  partie  du  Comité  (^^.  Il  faut 
admettre  qu'ils  ont  du  y  être  adjoints  au  commencement  de 
ventôse,  en  même  temps  que  Plaichard-Choltière;  et  ainsi  se 
trouve  complété  le  chiffre  réglementaire  de  vingt-quatre 
membres  (^^. 

En  conséquence,  après  le  départ  de  Romme,  l'entrée  en 
activité  de  Duval  et  de  Duhem,  l'adjonction  de  Plaicliaid- 
Choltière,  de  Boucher  Saint-Sauveur  et  de  Riilil,  voici  quelle 
fut  la  composition  du  Comité  d'instruction  publique  : 


David. 

Jay  de  Sainte-Foy. 

Bouquier. 

Guyton-Morveau. 

Fourcroy. 

Arbogast. 

Mathieu. 

Boutroue. 

Valdruche. 

Coupé  de  l'Oise. 

Thomas  Lindet. 

Prunelle. 

''^  Le  procès-verbal  de  la  si^nce  du 
Comitd  du  i3  ^j^erminal  an  n  dit  :  rrLe 
citoyen  Sutières  adresse  à  Saint-Sauveur, 
membre  du  (iOmité,  ses  réllcxions  sur 
did't^renls  objets.  Le  Comité  les  renvoin 
à  Grégoire,  n  Lo,  procès-verbal  du  9. 3  ger- 
minal dit  :  ffUn  citoyen  envoie  au  Co- 
mité des  cbansons  palrioli(pies  en  alle- 
mand. Le  Comité  les  renvoie  à  noire 
collègue  Riilil  pour  son  avis  sur  la  tra- 
duction (pion  propose. T) 


Grégoire. 

Michel-Edme  Petit. 

Léonard  Bourdon. 

Daoust. 

Ferry. 

Villar. 

Thibaudeau. 

Duvai  d'Ille-et-Vilaine. 

Duhem. 

Plaichard-Choltière. 

Boucher  Saint-Sauveur. 

Ruhl. 

^^'  Boucher  Saint-Sauveur  avait  été 
membre  du  Comité  de  sûreté  générale, 
mais  s'en  était  retiré  à  une  date  (pie 
nous  n'avons  pu  préciser  ;  Uiihl ,  mend)rr 
aussi  du  Comité  de  sûreté  générale  et 
qui  y  resia  jus([u'en  IVuclidor,  avait  fait 
partie,  cUi  ()  juillet  au  iC)  septembre 
1793,  de  la  Commission  d'inslrucliou 
j)ubli(pieou  Commission  des  Six,  dont 
il  avait  été  le  président.  (Voir  i'inlro- 
duclion  du  l.  11.  pages  xvi  (^l  \xxu.) 


viir  INTRODUCTION. 

11  n'y  eut  pas  de  nouvelles  modifications  dans  la  composition 
du  Comité  jusqu'au  9  fructidor  an  u,  date  à  laquelle  il  sera 
renouvelé. 

Voici  quels  furent,  pendant  la  ])ériode  qui  va  du  commen- 
cement de  frimaire  à  la  lin  de  ventôse  an  n,  les  présidents  et 
les  secrétaires  du  Comité  : 

Du  11  brumaire  au  19  frimaire:  Guyton-Morveau ,  prési- 
dent; Mathieu  et  Basire^^^,  secrétaires; 

Du  19  frimaire  au  91  nivôse  :  Mathieu,  président;  Daoust 
et  Ferry,  secrétaires; 

Du  21  nivôse  au  21  pluviôse  :  Thomas  Lindet,  président; 
Tliibaudeau  et  Boutroue,  secrétaires; 

Du  21  pluviôse  au  27  ventôse  :  Bouquier,  président;  Coupé 
de  l'Oise  et  Villar,  secrétaires; 

Du  27  ventôse  jusqu'en  fructidor  an  n  :  Villar,  président; 
Duhem  et  Plaichard-Choltière,  secrétaires. 

Le  Comité  s'était  divisé,  le  19  du  premier  mois,  en  six 
sections,  qui  furent  ainsi  composées  : 

i*"  Bibliographie  :  Jay  de  Sainte-Foy,  Prunelle,  Mathieu. 
Il  semble  que  cette  section  garda  la  même  composition  pendant 
tout  l'hiver  de  l'an  u.  Duval  y  fut  adjoint  le  9  ventôse.  Le 
2  3  ventôse ,  on  voit  Grégoire  proposer  et  faire  adopter  un  nou- 
veau règlement  pour  l'ordre  du  travail  de  la  bibliographie;  nous 
en  concluons,  sans  que  le  procès-verbal  l'indique,  qu'il  avait 
été  également  adjoint  à  cette  section.  Les  bureaux  de  la  biblio- 
graphie étaient  au  Louvre; 

s""  Poids  et  mesures  :  Fourcroy,  Arbogast,  Guy  ton.  La  dési- 

^'^  Basire  n'a  rddigc^  aucun  procès-        resta  seul  secrétaire  du  27  brumaire 
verbal.  Comme  il  a  déjà  été  dit,  il  fut        au  19  frimaire, 
arrêté  dès  le   27  brumaii'e;  Mathieu 


INTRODUCTION.  ix 

gnation  de  Foiircroy  et  d'Arbogast  comme  commissaires  remon- 
tait déjà  au  6  août  lygS  (t.  II,  p.  2/11); 

3°  Education  nationale  :  Fourcroy,  Coupé  de  l'Oise ,  Grégoire , 
Petit,  Jay  de  Sainte-Foy,  Mathieu.  Cette  section  ne  paraît  pas 
s'être  occupée  de  l'élaboration  d'un  plan  d'éducation  :  le  plan 
présenté  au  Comité  le  1 1  frimaire  est  l'œuvre  personnelle  de 
Bouquier; 

A^  Inventaire  des  objets  utiles  aux  arts  :  Bouquier,  David, 
Arbogast,  Thomas  Lindet,  Boutroue.  Trois  autres  membres 
furent  adjoints  à  cette  section  le  28  brumaire  :  Mathieu,  Pru- 
nelle et  Villar; 

B""  Becueil  des  traits  héroïques  :  Audouin,  Gay-Vernon, 
Pons  de  Verdun,  Jullien  de  la  Drôme,  Léonard  Bourdon.  Le 
1 1  brumaire ,  une  nouvelle  formation  de  cette  section  fut  de- 
mandée :  les  membres  élus  furent  Daoust,  Grégoire  et  Basire. 
Le  i3  frimaire,  Thomas  Lindet  fut  adjoint  à  la  section,  évi- 
demment en  remplacement  de  Basire.  Après  le  mauvais  accueil 
que  fit,  le  17  frimaire,  la  Convention  au  projet  de  Feuille  de 
morale  rédigé  par  Grégoire,  ce  dernier  se  retira,  et  fut  rem- 
placé par  Léonard  Bourdon; 

6^  Pétitions  :  les  secrétaires. 

D'autres  commissions  spéciales  furent  encore  formées.  Ce 
sont  les  suivantes  : 

Muséum  d'histoire  naturelle  :  Le  2 5  juin,  Lanthenas  et 
Arbogast  avaient  été  désignés  comme  commissaires  pour  la 
formation  de  la  bibliothèque  du  Muséum;  le  22  août,  Grégoire 
devint  suppléant  de  Lanthenas.  Le  10  septembre,  Lakanal  fut 
nommé  commissaire  spécial  du  Muséum,  et  conserva  ces  fonc- 
tions jusqu'à  son  départ  (17  du  premier  mois).  Le  21  bru- 
maire, Basire  et  Prunelle  furent  désignés  comme  commissaires 
pour  la  ménagerie;  le   19  frimaire,  Homme  remplaça  Basire. 


X  INTRODUCTION. 

Enlin,   \o   iF)  pluviôse,  Giiyton  et  Boutroiie  furent  nommés 
crconnnissaires  ('liar|]és  de    fraterniser   avec  le   Muséum  des 

plantes  17  ; 

Observatoire  :  Après  le  départ  de  Lakanal,  qui  avait  été 
cliarijé,  par  la  Commission  des  Six,  des  fonctions  d'inspecteur 
de  rOhseiNatoire,  le  Comité  d'instruction  publique,  auquel  la 
Comuiission  avait  été  réunie,  donna,  le  16  du  premier  mois, 
Bou(niier  pour  successeur  à  Lakanal.  Arbogast  fut  également 
chargé,  le  9.5  brumaire,  de  s'occuper  de  l'Observatoire,  à  l'oc- 
casion d'une  réclamation  de  l'astronome  Jeaurat.  Et,  le  7  nivôse. 
Ferry  fut  rr  adjoint  aux  commissaires  pour  la  surveillance  de 
l'Observatoire  77; 

Fêtes  nationales,  musique  et  spectacles  :  Le  3  frimaire,  le 
Comité  réunit  en  une  seule  commission,  sous  le  nom  de  Com- 
mission des  Six(^\  les  trois  commissions  distinctes  qui  avaient 
été  formées  le  21  brumaire  pour  la  musique,  le  27  pour  les 
spectacles  et  le  29  pour  les  fêtes  nationales.  La  commission 
unique  fut  composée  de  Romme,  David,  Fourcroy,  Mathieu, 
Bouquier  et  Cloots.  Après  l'exclusion  de  Cloots  de  la  Conven- 
tion et  du  Comité,  il  ne  fut  pas  remplacé  dans  la'commission. 
Ce  fut  Mathieu  qui  fut  chargé  des  fonctions  de  rapporteur  sur 
la  question  des  fêtes  nationales; 

Mise  en  ordre  des  écrits  et  manuscrits  :  Le  7  frimaire,  Villar 
et  Prunelle  furent  chargés  rrde  mettre  en  ordre  tous  les  écrits 
et  manuscrits  du  Comité  n  ; 

Changement  de  nom  des  communes  :  Le  17  brumaire,  sur 
la  demande  présentée  par  un  membre  du  Comité  de  division, 
Romme  fut  désigné  pour  conférer  avec  ce  Comité  sur  la  prépara- 
tiou  des  bases  d'un  système  de  nomenclature  pour  les  communes. 

'*^  Ne  pas  confondre  cette  Commis-  mission  des  Six  nommée  le  6  juillet 
sion  (les  Six,  chargée  des  fêtes,  de  la  ^793  pour  présenter  un  plan  d'édu- 
musique  et  des  spectacles ,  avec  la  Com-        cation  nationale. 


INTRODUCTION.  xi 

Le  i3  nivôse,  le  procès-verbal  nous  apprend  que  le  Comité  de 
division  avait  de  son  côté  désigné  un  de  ses  membres,  Mailly, 
pour  s'occuper  avec  Romme  de  la  question  du  changement  des 
noms  des  communes.  Le  17  pluviôse,  sur  la  demande  de  Mailly, 
le  Comité  d'instruction  publique  remplaça  Romme,  sur  le  point 
d'aller  en  commission,  par  Grégoire  et  Villar; 

Encouragements  et  récompenses  à  donner  aux  arts  et  aux 
sciences  :  Pour  l'exécution  d'un  décret  rendu  à  ce  sujet  le 
20  pluviôse,  le  Comité  nomma  commissaires,  le  21,  Léonard 
Bourdon,  Grégoire  et  David; 

Livres  élémentaires  :  Le  11  brumaire,  Romme  et  Basire 
avaient  été  nommés  commissaires  pour  faire  un  rappoi't  sur  la 
nature  et  l'étendue  du  travail  de  la  commission  qui  serait  char- 
gée de  l'examen  des  livres  élémentaires.  Les  deux  commis- 
saires ne  présentèrent  pas  de  rapport.  Le  27  nivôse,  on  voit 
Grégoire  faire  au  Comité  un  rapport  concluant  à  l'ouverture 
d'un  concours.  Après  l'adoption  du  projet  de  Grégoire,  devenu 
le  décret  du  9  pluviôse,  le  Comité  nomma  le  i3  ventôse  deux 
commissaires,  Lindet  et  Villar,  chargés  de  recevoir  et  enre- 
gistrer tous  les  manuscrits  de  livres  élémentaires  présentés  au 
concours  ; 

Commissaires  auprès  du  Comité  de  salut  public  :  Le  28 
ventôse,  le  Comité  décida  que  deux  de  ses  membres  seraient 
ses  commissaires  auprès  du  Comité  de  salut  public,  rr pour 
conférer  avec  lui  pour  toutes  les  mesures  d'instruction  qui 
peuvent  coïncider  avec  les  opérations  générales  du  gouverne- 
ment i?,  et  qu'il  leur  serait  adjoint,  rr  selon  les  rapports  particu- 
liers, un  ou  plusieurs  membres  du  Comité  ti.  Les  commissaires 
désignés  furent  Guylon  et  Fourcroy;  et  le  premier  objet  dont 
ils  eurent  à  s'occuper  étant  le  projet  de  décret  de  Bouquier  sur 
le  dernier  degré  d'enseignement,  Bouquier  leur  fut  adjoint. 

Il  reste  à  parler  encore  de  trois  rcofliciers^-»  du  Comité,  l'in- 


XII  INTRODUCTION. 

specteiir,  le  bibliotliécaire  et  le  commissaire  à  la  Commission 
centrale. 

L'inspecteur  était  charge  de  fonctions  administratives  impor- 
tantes, et  en  particulier  de  la  surveillance  des  commis  et  des 
soins  matériels  relatifs  au  local  où  siégeait  le  Comité.  Le  28  du 
premier  mois,  le  Comité  avait  choisi  deux  inspecteurs,  Mathieu 
et  Gay-Vernon.  Après  que  Gay-Vernon  eut  cessé  de  faire  partie 
(lu  Comité,  Mathieu  demeura  seul  inspecteur;  il  conserva  ses 
fonctions  jusqu'en  fructidor. 

Ce  fut  le  2  3  frimaire  que,  rrsur  l'observation  faite  par 
quelques  membres  que  les  livres  envoyés  au  Comité  se  perdent 
souvent  1?,  un  bibliothécaire  fut  désigné  en  la  personne  de  Gré- 
goire. Lorsqu'un  arrêté  du  Comité  de  salut  public  du  28  plu- 
viôse eut  décidé,  sur  la  proposition  faite  par  le  Comité  d'instruc- 
tion publique  le  i^""  pluviôse,  qu'il  serait  créé,  auprès  du 
Comité  d'instruction  publique,  une  bibliothèque  à  l'usage  des 
diflérents  comités,  Arbogast,  Mathieu  et  Grégoire  furent  nom- 
més commissaires  pour  l'établissement  de  cette  bibliothèque; 
Lindet  leur  fut  adjoint  le  1"*  ventôse.  Un  gardien  fut  choisi, 
le  5  ventôse,  en  la  personne  du  commis  Baston,  et  placé  sous 
la  surveillance  des  commissaires  ci-dessus  désignés. 

Quant  au  membre  qui  avait  à  représenter  le  Comité  au 
sein  de  la  Commission  centrale,  chargée  de  dresser  l'ordre  du 
jour  des  séances  de  la  Convention,  ce  fut,  jusqu'à  la  nouvelle 
organisation  du  Comité  en  fructidor  an  n,  Thomas  Lindet, 
désigné  le  27  brumaire. 

Nous  ajouterons  ici  quelques  détails  que  nous  fournissent  les 
procès-verbaux  sur  les  habitudes  du  Comité  et  sur  quelques 
dispositions  d'ordre  intérieur. 

On  sait  que  le  Comité  d'instruction  publique  était  installé  à 
riiôtel  de  Brionne,  au  rez-de-chaussée;  le  Comité  de  sûreté 


INTRODUCTION.  mu 

générale  et  le  Comité  de  division  siégeaient  aussi  dans  ce  même 
hôtel  ^^K  Les  séances  s'ouvrent  à  6  heures  du  soir  (décision  du 
29  nivôse);  elles  ont  lieu  les  jours  impairs  de  la  décade;  les 
pétitionnaires  sont  admis  les  primidis  et  les  quintidis  (décision 
du  1 1  pluviôse).  Le  mobilier  paraît  avoir  été  des  plus  som- 
maires: le  1 1  frimaire,  le  Comité  décide  crde  faire  construire 
des  armoires  fermant  à  clei-n.  La  salle  des  séances  était  chauffée 
par  une  cheminée  économique  à  la  Desarnod  (t.  II,  p.  ^91); 
mais  les  commis  semblent  avoir  employé  parfois  pour  leur 
usage  de  trop  grandes  quantités  de  combustible  :  le  2  5  plu- 
viôse, les  inspecteurs  de  la  salle  invitent  le  Comité  a  à  sur- 
veiller la  consommation  de  bois  qui  se  fait  dans  ses  bureaux  ii. 
Il  est  dressé  dans  le  secrétariat  un  tableau  des  renvois  et  dis- 
tributions à  chaque  membre  (décision  du  i5  frimaire).  Dans 
la  salle  des  bureaux  sont  placés  vingt-quatre  cartons  sur  cha- 
cun desquels  est  écrit  le  nom  d'un  membre  du  Comité;  les 
pièces  renvoyées  à  un  rapporteur  sont  déposées  dans  le  carton 
qui  porte  son  nom  (décision  du  19  nivôse).  Les  lettres  et 
autres  pièces  adressées  au  Comité  sont  exactement  enregistrées 
avant  d'être  mises  sur  le  bureau;  les  minutes  des  lettres  et 
des  rapports  sont  numérotées  (décisions  des  19  nivôse  et  3  ven- 
tôse). Le  Comité  a  beaucoup  de  peine  à  réunir  en  colleclion, 
pour  son  usage,  le  texte  de  tous  les  décrets  relatifs  à  l'instruc- 
tion publique;  il  s'occupe  de  la  chose  à  plusieurs  reprises  :  il 
arrête  qu'il  sera  dressé  un  tableau  général  et  méthodique  de 
tous  les  décrets  rendus  par  le  Corps  législatif  sur  Tinslructiou 
publique  (i5  frimaire);  il  charge  de  ce  soin  le  commis  Bardel. 
qui  avait  déjà  fait  un  travail  semblable  ou    l'jiyi^''^;  on  écril 

^^^  On  Iroiivo  quel(|iios  dolails  sur  la  ^'^   Voir  les  Proccs-vt'rbau.v  du   Co~ 

disposition  des  locauv  dans  les  articles  mile  d'inslvucùon  publique  de  T Assemblée 

du  Projet  d' emplacement  pour  la  biblio-  législative,  p.  87. 
thèque,  p.  ^190  du  prissent  volume. 


XIV  INTRODUCTION. 

|)()iii'  obtenir  le  renvoi  exact  des  décrets  de  la  Convention 
(kj  nivôse);  on  arrête  enfin  que  le  secrétaire  des  bureaux 
recueillera  chaque  jour,  dans  le  Feuilleton  de  la  Convention, 
les  décrets  (|ui  concernent  le  Comité  d'instruction  publique,  et 
((lie  ces  décrets  seront  transcrits  sur  un  registre  qui  sera  remis 
à  chaque  séance  sur  le  bureau  (i^""  pluviôse).  Le  ii  ventôse, 
un  ui(Mn])re,  trouvant  sans  doute  que  la  préoccupation  de  la 
compétence,  dans  le  choix  des  rapporteurs,  aboutissait  à  faire 
choisir  ceux-ci  dans  un  cercle  trop  restreint,  demanda  qu'à 
l'avenir  les  rapporteurs  fussent  nommés  à  tour  de  rôle  :  mais 
le  Comité,  sagement,  passa  à  l'ordre  du  jour  sur  cette  propo- 
sition. 

II 

On  a  vu  que,  le  i^""  octobre  lygS,  Romme  avait  présenté  à 
la  Convention,  au  nom  de  la  Commission  d'éducation  natio- 
nale, un  Projet  de  décret  sur  les  écoles  nationales  où  étaient 
posées  les  bases  d'une  organisation  nationale  de  l'instruction 
publique.  L'instruction  y  était  divisée  en  deux  parties,  l'une 
relative  aux  besoins  de  chaque  citoyen,  l'autre  aux  besoins 
de  la  société  entière.  La  première  partie  de  l'instruction,  celle 
qui  est  relative  aux  besoins  de  chaque  citoyen,  devait  être 
donnée  dans  des  écoles  nationales  distribuées  en  trois  degrés  : 
les  premières  écoles  de  l'enfance,  les  secondes  écoles  de  l'en- 
fance, et  les  écoles  de  l'adolescence  ou  troisièmes  écoles.  Cette 
première  partie  de  l'instruction  était  obligatoire  :  tout  indi- 
vidu, depuis  l'âge  de  six  ans,  devait  être  inscrit  dans  les  écoles 
nationales.  La  seconde  partie  de  l'instruction,  celle  qui  est  rela- 
tive aux  besoins  de  la  société  entière,  devait  être  donnée  dans 
des  écoles  spéciales. 

Maintenu  dans  les  fonctions  de  rapporteur  par  le  Comité 
d'instruction  piii^lique  après  sa  réorganisation  le  i5  du  pre- 


INTRODUCTION.  xv 

mier  mois  (6  octobre),  Romme  apporta  à  la  tribune  de  ras- 
semblée, le  28  du  premier  mois,  un  projet  de  décret  sur  les 
premières  écoles  :  c'était  un  commencement  d'exécution  du  plan 
dont  les  bases  avaient  été  exposées  le  1  "  octobre.  Les  huit  articles 
de  ce  projet  furent  votés  le  3o  du  premier  mois;  et,  dans  les 
séances  des  5,  7  et  9  brumaire,  plusieurs  séries  d'articles  addi- 
tionnels, présentés  aussi  par  Romme,  furent  également  adoptés. 
L'ensemble  de  ces  articles  constituait  une  véritable  loi  organique 
sur  les  premières  écoles.  Romme  fondit  en  un  décret  unique  les 
quatre  décrets  du  3o  du  premier  mois  et  des  5,  7  et  9  bru- 
maire, et  en  fit  approuver  l'arrangement  par  le  Comité  le 
i3  brumaire.  Mais  ce  n'était  là  que  la  réalisation  de  la  pre- 
mière partie  du  plan  que  le  Comité  se  proposait  d'exécuter  :  il 
restait  à  faire  voter  à  la  Convention  un  décret  sur  les  secondes 
écoles  de  l'enfance,  un  décret  sur  les  écoles  de  l'adolescence  ou 
troisièmes  écoles,  et  un  décret  sur  les  écoles  spéciales.  Avant 
que  le  Comité  eut  pu  s'occuper  de  ces  trois  dernières  parties 
du  plan,  un  opposant.  Coupé  de  l'Oise,  obtint  de  la  Conven- 
tion, le  i4  brumaire,  un  vote  qui  remettait  en  question  toute 
la  besogne  déjà  faite  et  approuvée  par  l'assemblée  :  il  fut  décidé 
qu'une  revision  du  décret  sur  les  premières  écoles  serait  faite 
par  une  Commission  de  six  membres,  à  la  nomination  du  Co- 
mité de  salut  public.  Cette  Commission  fut  désignée  le  2  5  bru- 
maire; mais  elle  paraît  être  restée  complètement  inactive  (^^. 
Craignant  de  voir  son  œuvre  compromise  ou  même  détruite  par 
les  commissaires  reviseurs,  le  Comité  d'instruction  publi([ue, 
dans  cet  intervalle,  avait  demandé  et  obtenu,  le  19  brunuiire, 
d'être  chargé  de  faire  de  son  côté  une  revision  du  décret;  sans 
rien  changer  au  fond  même  des  dispositions,  il  se  hàla  de  revoir, 
• 

^'^  Sur  la  composi lion  (le  celte  coin-  mis  à  on  proposer  les  membres,  \()ii- 
mission,  ci  sur  le  peu  (rempressomenl  l'Inlroduclion  de  noire  lome  II,  pa<j('s 
que  le   Comité  de   salut   public  avait         vlvu-l. 


XVI  INTRODUCTION. 

une  fois  encore,  le  travail  de  coordination  déjà  exécuté  par 
Ronnne,  et,  dès  le  27  brumaire,  il  fut  en  mesure  de  pré- 
senl(M'  i\  la  Convention  la  Revision  du  décret  pour  l'organisation 
des  prcmièi'cs  écoles. 

Ce  travail  du  Comité,  imprimé  par  ses  soins,  a  été  repro- 
duit dans  notre  tome  II,  page  869.  Nous  n'avons  donc  pas  à 
en  analyser  les  soixante-huit  articles.  Mais  il  est  intéressant  de 
constater  (juils  reproduisent,  en  les  améliorant  sur  plusieurs 
points,  les  dispositions  essentielles  du  projet  de  décret  sur  les 
écoles  primaires  dont  Lanthenas  avait  été  le  rapporteur  en  dé- 
cend)re  1792,  et  cjui  s'était  inspiré  du  plan  de  Condorcet.  Les 
principales  dilïérences  par  lesquelles  les  décrets  de  brumaire, 
coordonnés  dans  la  Revision,  se  distinguaient  du  projet  de  dé- 
cembre 1795  étaient  les  suivantes  :  le  programme  des  pre- 
mières écoles  qui,  dans  le  projet  de  179^,  se  réduisait  à  la 
lecture,  à  Técriture,  aux  règles  de  l'arithmétique,  et  aux  pre- 
mières connaissances  morales,  naturelles  et  économiques,  avait 
reçu  un  développement  avantageux  par  l'introduction  de  la 
gymnastique  pour  les  garçons,  des  travaux  manuels  pour  les 
garçons  et  les  fdles,  des  éléments  de  la  géographie  de  la  France, 
de  traits  de  vertu  tirés  de  l'histoire  universelle,  de  notions  des 
sciences  naturelles,  de  connaissances  pratiques  relatives  à  l'ar- 
pentage, à  la  mécanique,  aux  poids  et  mesures (^^;  —  le  trai- 
tement des  instituteurs,  que  le  projet  de  1792  fixait  à  six  cents 
livres  au  minimum  et  quatorze  cents  au  maximum,  devait  être 

^*^  Ce  programme ,  contenu  dans  les  suivre  immëdiatement  la   ligne:   rrlls 

articles /i  à  8  de  la  jRcvîs/ow,  est  repro-  apprennent   à  parler,   lire,   écrire  la 

duit  à  la  page  85o  de  notre  tome  II.  langue   française^i,  est   ainsi   conçu  : 

Nous  devons  signaler  une  faute  d'im-  rrOn  leur  fait  connaître  les   traits  de 

pression  commise  dans  celte  re])roduc-  vertu  qui  honorent  les  hommes  libres 

tion  et  que  nous  prions  le  lecteur  de  de  tous  les  temps,  de  tous  lieux,  et 

conigoi"  :    le   second   alinëa  de  Tar-  particulièrement  ceux  qui  honorent  la 

ticle  6  a  étë  omis.  Cet  alinéa,  qui  doit  régénération  française 55. 


INTRODUGTlOiN.  xvn 

de  douze  cents  livres  au  minimum  et  de  deux  mille  quatre  cents 
au  maximum;  celui  des  institutrices  ,au  lieu  de  cinq  cents  livres 
au  minimum  et  de  douze  cents  au  maximum,  devait  êtie  de 
mille  livres  au  minimum  et  de  deux  mille  au  maximum;  — 
le  projet  de  1792  prévoyait  un  enseignement  religieux,  mnis. 
pour  garantir  la  neutralité  de  l'école  j  stipulait  que  crtout  ce  qui 
concerne  les  cultes  religieux  ne  serait  enseigné  que  dans  les 
temples Ti;  il  ajoutait:  rrles  ministres  d'un  culte  quelconque  ne 
pourront  être  admis  aux  fonctions  de  l'enseignement  public, 
dans  aucun  degré,  qu'en  renonçant  à  toutes  les  fonctions  de 
leur  ministère  Ti;  dans  les  décrets  de  brumaire  an  n,  toute  men- 
tion d'un  enseignement  religieux  a  disparu,  et  cinq  articles  (ar- 
ticles 26,  27,  36,  5 0  et  5i  de  la  Révision)  interdisent  formel- 
lement l'enseignement  public  non  seulement  aux  ministres  d'un 
culte  quelconque  en  activité  de  service,  mais  encore  aux  ci-de- 
vant nobles,  aux  ecclésiastiques  qui  n'auraient  pas  abjuré  so- 
lennellement et  ne  seraient  pas  mariés,  aux  femmes  ci-devant 
nobles,  aux  ci-devant  religieuses  non  mariées.  11  faut  mentionner 
encore  un  point  important  sur  lequel  la  législation  de  brumaire 
s'écarte  du  projet  de  l'année  précédente  :  le  projet  de  1792  con- 
tient un  titre  (titre  III)  intitulé  :  rr  Dispositions  particulières  pour 
les  pays  oii  la  langue  française  n'est  pas  d'un  usage  familier  au 
peuple T);  les  articles  de  ce  titre  disent  que,  dans  les  départe- 
ments où  la  langue  allemande  s'est  conservée  et  dans  ceux  où 
l'on  parle  un  idiome  particulier,  l'enseignement  se  fera  en  même 
temps  en  langue  française  et  dans  l'idiome  du  pavs,  alle- 
mand ou  autre;  le  décret  du  5  brumaire,  au  contraire,  porte 
cette  disposition,  reproduite  par  la  Révision  (article  7)  :  rr  L'en- 
seignement se  fait  partout  en  langue  française ^\  Le  nouveau 
Comité  d'instruction  allirmait  ainsi  la  volonté  de  la  Conven- 
tion de  ne  reconnaître  qu'à  la  seule  langue  nationale  droit  de 
cité  dans  l'école  publique;  mais  il  avait  négligé  d'indiquer  les 

m.  B 

iMfniwrr.ii:    <i.«t  loijki  r. 


.^viii  INTRODUCTION. 

moyens  pratiques  d'assurer  re\écution  de  cette  résolution;  le 
Comité  de  salut  publir  reconnaîtra  trois  mois  plus  tard  la  né- 
cessité d'intervenir,  et  il  fera  voter  à  la  Convention  un  décret 
spécial,  le  déci-el  du  (S  pluviôse  an  n,  établissant  un  instituteur 
(le  langue  française  dans  chaque  commune  des  départements 
où  la  population  parle  un  idiome  étranger. 

En  chargeant  le  Comité  d'instruction  publique  de  faire  la 
re vision  du  décret  sur  les  premières  écoles,  la  Convention  avait 
fixé  au  i""'"  frimaire  la  discussion  du  décret  revisé.  Toutefois, 
bien  que  le  Comité  d'instruction  publique  fût  prêt,  cette  dis- 
cussion ne  s'ouvrit  pas  au  jour  annoncé.  L'assemblée  ne  pou- 
vait pas  toujours  se  conformer  à  l'ordre  du  jour  qu'elle  s'était 
fixé  elle-même.  Mais  le  6  frimaire,  à  l'occasion  d'une  pétition 
présentée  par  la  section  de  Mutins  Scevola,  demandant  que  la 
Convention  s'occupât  incessamment  de  l'organisation  de  l'in- 
struction publique,  elle  décréta  que  rda  discussion  définitive 
sur  l'instruction  publique  était  fixée  au  1 1  frimaire,  sans  autre 
retard  '>\ 

Le  lendemain  7,  le  Comité  décida  rcde  considérer  l'ensemble 
de  l'éducation  nationale  ^t.  Ceci  indique  qu'à  ses  yeux  la  discus- 
sion qui  allait  s'ouvrir  le  1 1  devait  porter  non  seulement  sur 
les  premières  écoles,  —  le  vote  du  décret  revisé  semblait  ne 
devoir  être  qu'une  simple  formalité,  puisque  la  Convention 
en  avait  déjà  adopté  précédemment  toutes  les  dispositions  en 
détail,  —  mais  sur  tout  l'ensemble  de  l'instruction  publique. 
Aussi  le  Comité  s'apprête -t-il  à  soumettre  à  la  Convention  la 
question  du  mode  d'organisation  à  donner  aux  degrés  supé- 
rieurs d'instruction  :  il  arrête  que  Romme,  d'une  part,  et  Four- 
croy,  de  l'autre,  feront  chacun  de  leur  côté  un  exposé  de  leurs 
idées  sui'  la  question  des  degrés  supérieurs  d'instruction  pu- 
blique. Les  idées  de  Romme,  nous  les  connaissons  :  ce  sont 


1 


INTRODUCTION.  xix 

celles  qu'il  a  consignées  dans  le  projet  de  décret  du  i'^'  octobre, 
l'orpanisation  des  degrés  supérieurs  d'instruction  faite  par 
l'Etat  lui-même.  Quant  aux  idées  de  Fourcroy,  le  discours 
qu'il  prononcera  le  19  frimaire  en  contiendra  l'exposé  :  en  op- 
position à  Romme  et  à  Condorcet,  il  combattra  rrles  plans  d  in- 
stituts et  de  lycées,  tant  de  fois  reproduits  sous  différentes 
formes  11,  qui  conduiraient  à  la  constitution  d'une  corporation 
de  savants  et  d'artistes,  rr d'une  espèce  de  sacerdoce  plus  redou- 
table peut-être  que  celui  que  la  raison  du  peuple  vient  de  ren- 
verser oi;  il  cherchera  à  démontrer  que,  dans  une  république, 
l'enseignement  des  sciences  et  des  arts  doit  rester  libre,  et  être 
livré  à  la  concurrence  privée  :  c'est  la  thèse  déjà  soutenue  en 
juin  et  juillet  1798  par  Sieyès  et  Daunou. 

Le  9  frimaire,  le  Comité  arrête  que,  le  1 1,  Romme,  désigné 
comme  rapporteur  du  décret  revisé  sur  les  pi'emières  écoles, 
demandera  à  la  Convention  le  renvoi  de  la  discussion  au  lende- 
main 12,  crpour  laisser  au  Comité  le  temps  de  fixer  quelques 
bases  11.  Cette  phrase  semble  indiquer  que  le  Comité  savait 
qu'un  contre-projet  s'élaborait  dans  son  propre  sein  et  allait  lui 
être  présenté;  il  prévoyait,  en  conséquence,  un  débat  qui 
pourrait  avoir  pour  résultat  de  modifier  les  bases  du  décret 
relatif  aux  écoles  primaires.  Conformément  au  désir  du  Comité , 
la  Convention  accorda  le  renvoi  demandé  :  et  ce  fut  un  délai 
non  pas  de  vingt-quatre  heures,  mais  de  plusieurs  jours,  qui 
parut  nécessaire. 

Le  contre-projet  fit  son  apparition  au  jour  môme  fixé  ])ri- 
mitivement  pour  l'ouverture  à  la  Convention  de  la  discussion 
sur  l'instruction  pubh'que.  Le  11  frimaire  au  soir,  un  membre 
du  Comité,  Boucpiiei',  apportait  à  ses  collè|>ucs  un  ])lan  nou- 
veau qui  embrassait  tout  l'ensemble  de  l'éducation  nationale, 
et  (jui  i-enversait  C()nqilètem(Mit  les  bases  précédemment  adop- 
tées. Bouquier  avait-il  agi  sous  rins])ii'ati()n  de  quehprun .  ou  son 


B. 


x^  INTRODUCTION. 

plan  rliiit-il  sou  œuvre  porsouueHe?  Ou  pourrait  supposer,  à 
cause  il'uu  détail  dout  nous  parlerons  plus  loin  (p.  xxxvu),  qu'il 
était  roi'<jane  de  Robespierre  :  nous  ne  le  croyons  pas,  car  Ro- 
bespierre uY'tait  pas  partisan  de  la  doctrine  qui  voulait  aban- 
(b)inuu'  à  findustrie  privée  les  degrés  supérieurs  d'instruction, 
cl,  dans  son  piojet  de  décret  du  29  juillet  1798  (t.  II,  p.  161), 
il  avait  maintenu  les  instituts  et  les  lycées.  Nous  sommes  dis- 
])osé  à  croire  que  Boucpiier  est  bien  Fauteur  du  plan  présenté 
par  lui  :  sans  doute  les  idées  qui  en  forment  la  base  ne  lui  ap- 
partenaient pas  en  propre,  c'étaient  celles  d'un  grand  nombre 
(le  nuMubres  de  l'assemblée,  aussi  bien  de  modérés  comme  Du- 
rand-Maillane,  Masuyer,  Sieyès,  Daunou,  que  de  montagnards 
comme  Chabot,  Coupé  de  l'Oise,  Fourcroy,  Tliibaudeau, 
Cloots;  mais  d  n'existe  pas  de  raison  sérieuse  pour  lui  contester 
la  paternité  du  projet  de  décret,  rédigé  en  formules  laconiques, 
qui  emporta,  dès  son  ap))arition,  l'adhésion  d'une  partie  du 
Comité  d'instruction  publique ,  de  la  Société  des  Jacobins  tout 
entière,  et  de  la  presque  unanimité  de  la  Convention  (^^. 


^^)  Dans  notre  article  Convention,  du 
Dictionnaire  de  pédagogie  (publié  en 
1879),  nous  avions  supposé  que  Bou- 
(juier  faisait  partie  de  la  Commission 
de  re vision  nommée  par  le  Comité  de 
salul  public  le  20  brumaire,  et  que  ce 
fut  au  nom  de  cette  Commission ,  et  non 
du  Comité  d'instruction  publique ,  qu'il 
présenta  son  plan  à  la  Convention,  le 
1 8  frimaire.  Dans  cette  hypothèse ,  Bou- 
qiiior  aurait  été  l'organe  de  la  politique 
du  Comité  de  salut  public,  en  opposi- 
tion au  système  soutenu  par  le  Comité 
d'instruction  publique.  C'était  là  une 
erreur  complète  :  Bouquier  ne  faisait 
pas  partie  de  la  Commission  de  revision 
(composée,  ainsi  que  nous  l'avons  dé- 


couvert en  1 89/i ,  de  Robespierre, Dan- 
ton, Granet,  Trullard,  Charles  Duval 
et  Bonnier),  et  celle-ci,  comme  on  l'a 
vu  dans  notre  tome  11,  n'a  élaboré 
aucun  plan  ;  Bouquier  était  membre  du 
Comité  d'instruction  publique ,  et  c'est 
avec  l'autorisation  et  au  nom  de  ce  Co- 
mité qu'il  a  présenté  son  plan  à  la  Con- 
vention en  concurrence  avec  les  articles 
revisés  pi'ésentés  par  Romme.  Ce  qui 
nous  avait  induit  en  erreur,  c'est  cette 
phrase  que  le  Journal  de  l' instruction  pu- 
blique met  dans  la  bouche  de  Romme 
(séance  de  la  Convention  du  18  fri- 
maire) :  ffLe  Comité  a  fait  son  travail  ; 
il  l'a  fait  imprimer,  on  vous  l'a  distri- 
bué. J" ignore  si  la  Commission  [de  re- 


INTRODUCTION.  xîf 

Le  Plan  général  d'instruction  publique  de  Boiiquier  compre- 
nait cinq  sections. 

Dans  la  première,  rc De  l'enseignement  en  générale,  il  posait 
les  principes  :  L'enseignement  est  libre;  il  sera  fait  publique- 
ment; les  citoyens  et  citoyennes  qui  voudront  user  de  la  liberté 
d'enseigner  sont  tenus  de  faire  une  déclaration  à  la  munici- 
palité et  de  produire  un  certificat  de  civisme;  les  citoyens  et 
citoyennes  qui  se  vouent  à  l'enseignement  de  quelque  art  ou 
science  que  ce  soit  seront  désignés  sous  le  nom  d'instituteur 
ou  d'institutrice. 

La  seconde  section,  ce  De  la  surveillance  de  l'enseignement  ti, 
place  les  instituteurs  et  institutrices  sous  la  surveillance  de  la 
municipalité,  des  pères  et  mères,  et  de  tous  les  citoyens. 

La  troisième   section,   crDu  premier  degré   d'instruction r , 

définit  ce  premier  degré  en  le  limitant  è  la  lecture,  à  l'écriture, 

et  aux  premières  règles  de  l'aritbmétique.  Les  instituteurs  et 

vision]  a  fait  le  sien;  mais  un  de  ses        étrange  négligence,  doit  être  iiiterpréte'e 

tout  autrement  ;  par  les  mois  un  de 
ses  membres f  il  a  voulu  dire  ffun  des 
membres  du  Comité".  Malheureuse- 
ment notre  méprise  a  été  copiée  par 
d'autres;  l'opinion  s'est  accréditée,  par 
notre  faute,  chez  ceux  qui  depuis  une 
quinzaine  d'années  ont  écit  sur  les 
plans  d'instruction  publique  de  la  Révo- 
lution, que  le  plan  de  Bouquior  était 
celui  de  la  Commission  de  revision, 
qu'il  représentait  le  système  du  Co- 
mité de  salut  public:  et  nous  avons  eu 
le  regret  de  trouver  tout  récenunent, 
une  fois  de  plus,  cotlo  lâcheuse  erreur 


membres  en  a  fait  un,  dont  nous  avons 
ordonné  l'impression,  et  qui  vous  a  été 
aussi  distribué.»  Les  mots  vn  de  ses 
membres  nous  avaient  paru  signifier 
ffun  des  membres  de  la  Commission  de 
revision  »  ;  comme  nous  ne  connaissions 
pas  les  noms  des  membres  de  cette 
Commission ,  et  que  nous  n'avions  pas 
encore  eu  entre  les  mains  les  procès- 
verbaux  du  Comité  d'instruction  pu- 
blique, qui  nous  eussent  appris  que  c'est 
au  Comité  lui-même  que  le  plan  de  Bon- 
quier  fut  présenté  le  1 1  frimaire,  nous 
avions  admis  sans  hésitation  que  Rou- 
quier  était  l'organe  de  la  Gonunission 
de  revision  nonnnée  par  le  Comité  de 
salut  public.  11  est  clair  pour  tout  le 
monde,  à  cette  heure,  que  la  phrase 
du  joui'ualisie,  cpii  est  d'ailh'urs  d'une 


matérielle  dans  un  ouvrage  comme 
ï Histoire  ijénvrale  de  MM.  L.wisse  et 
Rambaud  \y[.  \\\\,  p.  5^11,  rlia|)ilre 
Créations  scolaires  cl  scicntijitiu.s  de  la 
Révolution,  par  M.  A.  Mai.rt). 


XXII  INTRODUCTION. 

institutrices  qui  ouvriront  des  écoles  du  premier  degré  seront 
tenus  de  se  conformer  dans  leur  enseignement  aux  livres  élé- 
mentaires qui  seront  adoptés  par  la  représentation  nationale; 
les  premiers  de  ces  livres  sont  les  Droits  de  l'homme,  la  Con- 
stitution, le  Tableau  des  actions  héroïques  ou  vertueuses  ^i). 
Les  instituteurs  et  institutrices  du  premier  degré  d'instruction 
ne  recevront  pas  de  l'étribution  de  leurs  élèves  :  ils  seront 
salariés  par  la  République,  à  raison  du  nombre  des  élèves  qui 
fréquenteront  leurs  écoles,  et  seront  payés,  par  trimestre,  par 
le  percepteur  de  la  commune.  Les  parents  et  tuteurs  seront 
libres  d'envoyer  ou  de  ne  pas  envoyer  leurs  enfants  ou  pupilles 
aux  écoles  du  premier  degré  d'instruction  ;  ds  déclareront  à  la 
municipalité  les  noms  des  enfants  ou  pupilles  qu'ils  seront  dans 
l'intention  d'envoyer  à  ces  écoles,  et  les  noms  des  instituteurs 
ou  institutrices  dont  ds  auront  fait  choix.  Les  enfants  ne  pour- 
ront être  envoyés  aux  écoles  qu'à  partir  de  l'âge  de  six  ans. 
Les  jeunes  gens  qui,  au  sortir  des  écoles  du  premier  degré,  ne 
s'occuperont  pas  du  travail  delà  terre,  seront  tenus  d'apprendre 
une  science,  art  ou  métier  utile  à  la  société;  ceux  qui,  à  l'âge 
de  vingt  ans,  ne  se  seraient  pas  conformés  à  cette  disposition, 
seront  privés  pour  le  reste  de  leurs  jours  de  l'exercice  du  droit 
de  citoyen.  Ainsi,  liberté  pour  chacun  d'ouvrir  une  école,  sans 
être  tenu  de  produire  aucun  titre  de  capacité;  plus  de  restric- 
tion excluant  les  ci-devant  nobles,  les  ci-devant  prêtres  ou  reli- 
gieuses n'ayant  pas  renoncé  à  leur  caractère  et  non  mariés; 
enseignement  primaire  gratuit,  mais  non  obligatoire;  salaire 
des  instituteurs  et  institutrices  payé  par  l'État  au  prorata  du 
nombre  des  élèves  inscrits  dans  chaque  école. 

^^^  C'est  le  Recueil  des  actions  héroï-  raître  qu'en   nivôse ,  qui   est  de'signé 

qucs  et  civiques  des  républicains  français ,  sous  ce  titre  de  rr  Tableau  des  actions 

dont  la  cre'ation  était  déjà  décidée,  mais  x     héroïques  ou  vertueuses n. 
dont  le  premier  numéro  ne  devait  pa- 


INTRODUCTION.  xxm 

La  quatrième  section,  rcDu  dernier  degré  d'instruction t), 
énumère,  comme  faisant  partie  du  second  degré  d'instruction 
publique,  les  sociétés  populaires,  les  théâtres,  les  jeux  civiques, 
les  évolutions  militaires,  les  fêtes  nationales  et  locales.  Le 
Comité  d'instruction  fera  choix  des  livres  élémentaires  existants 
des  diverses  sciences  et  accélérera  la  composition  de  ceux  qui 
manquent.  En  outre,  pour  l'enseignement  public  de  sciences 
utiles  à  la  société,  la  République  salarie  un  certain  nombre 
d'instituteurs  :  oiiiciers  de  santé,  instituteurs  de  génie,  artil- 
lerie, sape  et  mine,  ponts  et  chaussées,  astronomes  et  hydro- 
graphes. L'enseignement  libre  des  sciences  et  arts  non  désignés 
ci-dessus  n'est  pas  aux  frais  de  la  République;  néanmoins  un 
secours  annuel  sera  accordé  aux  jeunes  gens  qui  auraient  des 
dispositions  bien  prononcées  pour  quelque  art  ou  science  dont 
l'enseignement  n'est  pas  salarié. 

Enfin  la  cinquième  section,  cr Moyens  généraux  d'instruc- 
tiom^,  énumère  les  établissements  nationaux  d'instruction  en- 
tretenus par  la  République  dans  les  communes  les  pkis  popu- 
leuses :  bibliothèques,  muséums,  cabinets  d'histoire  naturelle, 
cabinets  d'instruments  de  physique,  jardins  pour  la  culture  des 
plantes  usuelles.  Ces  établissements  seront  ouverts  au  public 
deux  fois  par  décade,  et  tous  les  jours  aux  citoyens  qui  se  livrent 
à  quehjue  étude  particulière. 

Le  plan  se  termine  par  un  aperçu  des  dépenses  annuelles  : 
Boiiquicr  les  évalue  à  vingt-six  millions  pour  le  ])remier  degré 
d  instruction,  à  deux  millions  pour  le  dernier  degré,  à  deux 
millions  pour  les  moyens  généraux  d'instruction,  soit  un  total 
de  trente  millions. 

Le  procès-verbal  d(^  la  séance  du  Comité  du  i  t  frimaire, 
dans  sa  sécheresse,  ne  nous  donne  pas  de  détails  sur  Fetlet  (juc 
produisit  la  bruscpie  j)résenlati()n   i]\\   |)Ian   di^   l)()U(|ui(M'  :  on 


xviv  INTRODUCTION. 

(leviiie  cependant,  entre  les  lignes,  le  mouvement  de  surprise 
el.  cIhv,  (|uol(|U('s-nns,  de  déplaisir  qu'il  dut  exciter,  cr Rou- 
tinier, dit  le  procès-verbal,  lit  un  plan  d'instruction  publique. 
Ce  plan  est  discuté;  on  demande  une  seconde  lecture;  elle  se 
fait  et  domie  lieu  à  de  nouvelles  explications.  On  demande  par 
motion  d'ordre  que  la  discussion  se  borne  à  la  première  in- 
struction. Celle  demande  adoptée,  on  examine  la  première 
partie^'),  -ii 

A  la  fin  de  la  séance,  après  l'épuisement  de  l'ordre  du  jour, 
le  Comité  revient  encore  au  plan  de  Bouquier,  sur  lequel  il 
était  nécessaire  qu'une  décision  lût  prise.  On  eût  pu,  si  ce  plan 
eût  mécontenté  la  majorité  des  membres,  l'écarter  par  la  ques- 
tion préalable,  comme  on  l'avait  fait  pour  une  proposition 
])résentée  précédemment  par  Michel-Edme  Petit  (voir  p.  1 1  3 
du  présent  volume).  Mais  Bouquier  avait  évidemment  les  sym- 
pathies du  plus  grand  nombre;  aussi  le  résultat  de  la  délibé- 
ration est-il  consigné  en  ces  termes  au  procès-verbal  :  crLe 
Comité  arrête  que  les  deux  plans,  savoir  le  projet  revisé,  et 
celui  de  Bouquier,  seront  présentés  à  la  Convention,  et  que  celui 
de  Bouquier  sera  imprimé  par  ordre  du  Comité  i?. 

L'impression  du  projet  de  Bouquier  fut  laite  sur-le-champ  à 
rimprimerie  nationale  (de  Baudouin).  En  tête  du  projet  de 
décret,  l'auteur  avait  placé  un  court  préambule,  qu'il  avait 
[)robablement  lu  au  Comité,  et  qui  était  destiné  à  servir  de 
rapport  et  d'exposé  des  motifs. 

Le  18  frimaire  s'ouvrit  enlin  à  la  Convention  le  grand  débat 
deux  fois  renvoyé  depuis  le  i'^'  du  mois.  Le  procès- verbal  de 
l'assemblée,  chose  singulière,  est  muet  sur  ce  point;  seuls,  les 
journaux  nous  renseignent.  Comme  l'avait  décidé  le  Comité, 

^''  C'est-à-dire  les  trois  premières  sections. 


INTRODUCTION.  xxv 

Romme  et  Bouquier  se  présentèrent  successivement  à  la  tri- 
bune. 

Romme,  après  avoir  constaté  que  de  tous  les  points  de  la  Ré- 
publique un  cri  unanime  appelait  l'organisation  des  écoles  pri- 
maires, donna  lecture  de  la  Revision  du  décret,  telle  que  le 
Comité  d'instruction  l'avait  adoptée  le  9.7  brumaire;  il  rappela 
qu'une  Commission  particulière  avait  aussi  été  chargée  de  faire 
la  revision  du  décret  :  rrLe  Comité,  dit-il,  a  fini  son  travail; 
j'ignore  si  la  Commission  a  fait  le  siem^;  puis  il  annonça  qu'un 
nouveau  plan  avait  été  proposé  au  Comité  par  un  de  ses 
membres,  que  ce  plan  allait  être  communiqué  à  la  Convention, 
et  que  l'assemblée  aurait  à  décider  si  elle  accorderait  la  priorité 
au  décret  revisé  ou  au  plan  nouveau. 

Bouquier,  ensuite,  lut  son  rapport  et  son  projet  de  décret: 
rrVous  avez  chargé  votre  Comité  d'instruction,  dit-il  en  débu- 
tant, de  reviser  le  décret  relatif  à  l'organisation  des  premières 
écoles.  Il  a  rempli  sa  tâche;  mais  en  s'en  acquittant,  il  a  vu 
que  le  grand  problème  de  l'organisation  de  l'instruction  pu- 
blique pouvait  être  résolu  de  plusieurs  manières,  et  il  s'est 
déterminé  à  vous  présenter  un  nouveau  plan  :  un  plan  simple, 
naturel,  facile  à  exécuter;  un  plan  qui  proscrivît  à  jamais  toute 
idée  de  corps  académique,  de  société  scientifique,  de  hiérar- 
chie pédagogique;  un  plan  enfin  dont  les  bases  fussent  les  mêmes 
que  celles  de  la  constitution  :  la  liberté,  l'égalité,  la  brièveté,  -n 
L'orateur  s'élevait  ensuite  contre  les  sciences  de  pure  spécula- 
tion, qui  détachent  de  la  société  les  individus  qui  les  cultivent: 
il  expliquait  que  la  République  voulait  des  hommes  agissants, 
vigoureux,  robustes,  laborieux,  éclairés  sur  leurs  droits  et  leurs 
devoirs;  et  pour  former  de  pareils  hommiîs,  la  Révolution  avait 
merveilleusement  servi  la  patrie,  en  créant,  par  le  seul  fail 
du  réveil  du  peuple  et  de  la  con([uête  de  la  liberté,  les  institu- 
tions les  plus  propres  à  instruire  la  jeunesse. 


XXVI  INTRODUCTION. 

rQu  avons-nous  besoin  d'aller  chercher  loin  de  nous  ce  que  nous  avons 
sous  les  yeux?  Citoyens,  les  plus  belles  écoles,  les  plus  utiles,  les  plus 
simples,  où  la  jeunesse  puisse  prendre  une  éducation  vraiment  républi- 
caine, sont,  n  en  doutez  pas,  les  séances  publiques  des  départements,  des 
districis,  des  municipalités,  des  tribunaux  et  surtout  des  sociétés  popu- 
laires. C'est  dans  ces  sources  pures  que  les  jeunes  gens  puiseront  la  con- 
naissance de  leurs  droits,  de  leurs  devoirs,  des  lois  et  de  la  morale  répu- 
blicaine; c'est  en  maniant  les  armes,  c'est  en  se  livrant  aux  exercices  de 
la  garde  nationale,  c'est  en  s'accoutumant  au  travail,  en  exerçant  un  art 
ou  métier  pénible,  que  leurs  membres  deviendront  souples,  que  leurs 
forces  se  développeront,  qu'ils  perfectionneront  leurs  facultés  physiques. 
Tout  leur  présentera  des  moyens  d'instruction  :  ils  en  trouveront  au  sein 
de  leurs  familles,  ils  en  trouveront  dans  les  livres  élémentaires  que  vous 
allez  publier,  ils  en  trouveront  enfin  dans  les  fêtes  nationales  que  vous 
allez  instituer.  D'après  cet  exposé  rapide,  on  doit  voir  clairement  que  la 
Révolution  a,  pour  ainsi  dire  d'elle-même,  organisé  l'éducation  publique 
et  placé  partout  des  sources  inépuisables  d'instruction.  N'allons  donc  pas 
substituer  à  cette  organisation,  simple  et  sublime  comme  le  peuple  qui 
la  crée,  une  organisation  factice  et  calq^uée  sur  des  statuts  académiques 
qui  ne  doivent  plus  infecter  une  nation  régénérée.  Conservons  précieu- 
sement ce  qu'ont  fait  le  peuple  et  la  Révolution;  contentons- nous  d'y 
ajouter  le  peu  qui  y  manque  pour  compléter  l'instruction  publique.  Ce 
complément  doit  être  simple  comme  l'ouvrage  créé  par  le  génie  de  la 
Révolution.  75 

Après  avoir  entendu  les  deux  rapporteurs  du  Comité,  la 
Convention  ajourna  la  discussion  au  lendemain. 

Le  1  9  frimaire,  ce  fut  Fourcroy^^^  qui  monta  le  premier  à  la 
tribune  pour  exposer,  comme  le  Comité  l'en  avait  chargé  le  7, 
ses  idées  sur  l'enseignement  libre  des  sciences.  crUn  membre, 


^'^  Le  Moniteur  donne  l'analyse  du  iionnaire  de  pédagogie,  ce  discours  à  la 

discours  de  Fourcroy,  ainsi  que  de  celui  date  du  21.  Les  deux  discours  ont  été 

(le  Thibaudeau,  au  début  du  compte-  imprimés    à    ITmprimerie    nationale, 

rendu  de  la  discussion  de  la  séance  mais  celui  de  Fourcroy  ne  porte  pas  de 

du  21  frimyire,  ce  qui  nous  avait  fait  date,  tandis  que  celui  de  Thibaudeau 

placer,  dans  Turliclc  Convention  du  Die-  est  daté. 


1 


ÏNTRODUCTION.  xxvii 

dit  le  procès-verbal  de  la  Convention,  fait,  au  nom  du  Comité, 
un  rapport  sur  le  degré  supérieur  de  l'instruction.  ti 

Le  rapport  de  Fourcroy  développait,  non  sans  éloquence, 
des  principes  analogues  à  ceux  que  Bouquier  avait  formulés  la 
veille.  Il  signalait  avec  force  les  inconvénients  et  les  dangers 
des  corporations  enseignantes,  l'insuffisance  des  chaires  pu- 
bliques et  salariées,  et  montrait,  dans  la  liberté  de  l'enseigne- 
ment, dans  la  concurrence  et  l'émulation  des  savants,  la  con- 
dition même  de  la  vie  scientifique  et  du  progrès. 

ff  Dans  les  différents  plans  d'instruction  publique  qui  ont  été  présentés 
jusqu'ici  à  la  Convention  nationale,  —  disait-il, —  il  a  toujours  été  parlé 
de  plusieurs  degrés  supérieurs  d'enseignement  (^^  ;  et  c'est  sans  doute  parce 
que  l'on  a  craint  qu'il  ne  s'établit  ainsi  des  corporations  dont  l'influence 
pourrait  devenir  funeste  à  la  liberté,  qu'aucun  de  ces  plans  n'a  encore 
été  adopté.  Supposons,  en  effet,  plusieurs  centaines  d'instituts  et  quelques 
dizaines  de  lycées  disséminés,  comme  on  le  proposait,  sur  toute  la  surface 
de  la  République.  Introduisons,  comme  on  le  voulait  encore,  pour  l'or- 
ganisation de  ces  établissements,  des  relations  intimes  entre  eux,  des 
rassemblements  multipliés  et  un  centre  de  direction,  de  correspondance 
et  de  mouvement;  n'est-il  pas  évident  que,  dans  cette  machine  ainsi 
montée,  non  seulement  seront  rassemblées  les  gothiques  universités  et 
les  aristocratiques  académies,  mais  encore  qu'elle  en  présentera  un  amas 
beaucoup  plus  considérable  qu'il  n'était  lorsqu'on  a  senti  la  nécessité  de 
détruire  ces  institutions  royales?...  Une  objection  aussi  forte  encore, 
c'est  que  solder  tant  de  maîtres,  créer  tant  de  places  inamovibles,  c'est 
reformer  des  espèces  de  canonicats,  c'est  donner  à  des  citoyens  des  brevets 
(l'immortalité;  c'est  refroidir  et  peut-être  même  éteindre  le  génie;  c'est 
permettre  enfin  à  des  professeurs  privilégiés  de  faire  à  leur  gré  des  leçons 

^^^  Trois  mois  auparavant,  Fourcroy  du  département  et  de  la  nuuiicipalilé 

élaitlui-mémepartisnnderoriianisation  de  Paris,  [)ortant  ([u'il  y  aurait,  au- 

des  degrés  supérieurs  d'enseigiinneut;  dessus  dos  écoles  primaires,  liois  degrés 

le  16  septembre,  il  avait  chaleureuse-  |)rogrrssifs  (rinsiruction  (t.  Il,  p.  ho.'.]). 

ment  détendu,  contre  Coupé  de  TOise,  Portiez  de  l'Oise  le  lui  rappellera  dans 

Chabot,  Fabrc  (rh^ghuUine  et  Cambon,  son  discours  du  -2  nivôse, 
le  décret  rendu  la  veille  à  la  demande 


XXVIII  INTUODUCTION. 

IVoiflos  (jue  r<''miila(i()ii  ou  le  besoin  do  la  gloire  n'inspire  plus.  .  .  Ici, 
ronune  dans  (outes  les  autres  parties  des  gouvernements  républicains,  la 
libellé  (>sl  le  preiniei'  el  le  [)liis  sui'  mobile  des  grandes  choses.  Chacun 
doit  avoii-  le  droit  de  choisir  poui"  j)ro(esseurs  ceux  dont  les  lumières, 
fart  de  démonirer,  lout,  jusqu'au  son  de  voix,  au  gesie,  sont  les  plus 
conlormes  à  ses  goùls.  Laisser  laire  est  ici  le  grand  secret  et  la  seule  roule 
(les  succès  les  plus  certains.  .  .  N'avons-nous  pas  sous  les  yeux  la  preuve 
«jiie  les  professeurs,  placés  souvent  dans  les  chaires  publiques  par  Tin- 
lii«;iie  el  la  bassesse,  remplissaient  si  mal  les  fonctions  qui  leur  étaient 
contiées,  que  les  e'coles  royales  et  gratuites  étaient  désertes,  tandis  que 
des  écoles  particulières,  et  payées  plus  ou  moins  chèrement,  réunissaient 
la  foule  des  hommes  studieux?  Les  rois  ont  plus  cherché  leur  vaine  gloire, 
en  fondant  des  chaires  et  des  universités,  qu'ils  n'ont  songé  à  éclairer 
les  hommes.  .  .  Je  dois  répondre  maintenant  aux  objections  et  aux  diffi- 
cultés que  l'on  a  faites  contre  le  projet  de  renoncer  à  organiser  et  surtout 
à  multiplier  les  étabHssements  d'enseignement  des  sciences  et  des  arts. 
Ceux  qui  croient  à  la  nécessité  de  ces  établissements  voient  dans  leur 
prompte  création  un  moyen  certain  de  former  des  hommes  instruits, 
d'occuper  utilement  pour  la  République  ceux  qui  le  sont  déjà,  et  d'en- 
gager par  l'espérance  de  places  honorables  un  plus  grand  nombre  de 
citoyens  à  se  livrer  à  l'étude  profonde  des  sciences  et  des  arts.  Sans  cet 
appât  offert  aux  talents  par  la  République,  ils  craignent  que  les  sciences 
elles  arts  ne  soient  négligés;  ils  voient,  dans  les  instituts  et  les  lycées, 
des  séminaires  sans  cesse  peuplés  de  citoyens  éclairés.  Mais  cette  opinion 
est-elle  fondée  sur  des  bases  bien  solides?  Peut-on  se  dissimuler  qu'en 
créant  tout  à  coup  un  grand  nombre  de  places  de  professeurs,  on  ouvre 
la  porte  aux  spéculations  en  ce  genre,  comme  elle  l'était  autrefois  aux 
b'nélices  ecclésiastiques?  N'esl-il  pas  présumable  qu'il  se  formerait  une 
loule  d'hommes  médiocres,  lorsque  des  jeunes  gens  n'auraient  en  vue, 
en  se  livrant  à  l'étude  des  sciences  et  des  arts,  que  d'obtenir  une  place 
qu'ils  regarderaient  comme  le  terme  de  leurs  travaux?.  .  .  Ne  craignez 
])as,  législateurs,  la  barbarie  dont  on  vous  menace,  quand  vous  appelez 
de  toutes  parts  les  arts  à  créer  des  chefs-d'œuvre,  les  sciences  à  servir  la 
patrie  ;  quand  surtout  vous  accueillerez  tous  les  moyens  qu'on  vous  pro- 
posera d'aller  au-devant  du  mérite  caché,  du  talent  modeste,  de  récom- 
penser les  découvertes  utiles;  quand  vous  distinguerez  par  de  justes  in- 
demnités  les   hommes  qui  se   sont  voués  sans  ambition  h  l'instruction 


INTRODUCTION.  xxi.x 

publique.  Mais  évitez  de  former  des  corporations,  de  créer  des  privilèges, 
de  jeter  des  entraves  au  génie  impatient  de  toute  chaîne,  de  faire  naiire 
un  nouveau  sacerdoce  plus  à  craindre  que  Tancien.  .  .  Faites  des  lois  qui 
portent  la  consolation  et  Tespérance  dans  Tâme  des  savants  et  des  artistes 
qui  se  sont  distingués  par  des  découvertes  utiles  et  éclatantes,  par  des 
livres  élémentaires  généralement  adoptés,  par  des  leçons  et  des  cours 
longtemps  suivis;  assurez  à  tous  les  citoyens  qui  ont  honoré  leur  vie  par 
la  culture  des  lettres,  des  arts  et  des  sciences,  une  subsistance  qui  leur 
épargne  la  dure  anxiété  du  besoin  :  que  la  plus  belle  récompense  d'un 
savant,  d'un  poète,  d'un  artiste,  soit  d'être  nourri  dans  sa  vieillesse  aux 
frais  du  peuple  français.  .  .  Que  les  jeunes  gens  qu'un  goût  plus  ou  moins 
décidé  entraîne  pour  telle  ou  telle  étude  soient  libres  de  choisir  le  pro- 
fesseur qui  leur  conviendra  ;  que  la  République  paye  elle-même  les  frais 
de  leurs  cours  et  de  leur  entrelien,  lorsque  la  fortune  de  leurs  parents 
ne  leur  suffira  pas  pour  se  livrer  à  ces  études.  .  .  Ajoutez  à  ces  avantages 
le  bienfait  des  livres  élémentaires,  non  par  un  concours  qui  exige  un 
temps  trop  long  et  qui  multiplie  les  difficultés,  mais  par  un  choix  fait 
parmi  ceux  qui  existent  déjà,  et  que  la  rédaction  de  ceux  qui  manquent 
soit  confiée  à  des  patriotes  éclairés,  par  votre  Comité  d'instruction  pu- 
blique. .  .  Avant  que  ce  projet  simple  soit  entièrement  exécuté,  conservez 
provisoirement  les  écoles  anciennes  de  géométrie,  de  physique,  de  chimie, 
de  génie,  de  marine,  d'artillerie,  de  médecine,  de  chirurgie,  d'histoire 
naturelle,  d'éloquence,  de  poésie,  des  arts  d'imitation,  qui,  si  elles  étaient 
tout  à  coup  détruites  sans  remplacement,  produiraient  un  vide  dangereux, 
une  secousse  redoutable.  .  .  Attendez  le  succès  de  l'amour  de  la  patrie  et 
du  génie  des  Français,  et  soyez  sûrs  que  vous  aurez  bientôt  atteint  le 
but  que  vous  vous  proposez,  t? 

A  la  suite  de  ce  i^appoii  venait  un  projet  de  décret  en  vingt- 
deux  articles,  qu'on  trouvera  à  la  page  i  o3  du  prosent  volume. 
Ce  projet  ne  fut  pas  discuté,  mais  quelques-unes  de  ses  dis- 
positions ont  passé  dans  le  projet  de  décret  sur  le  dernier  degré 
d'instruction  que  Bouquier  présentera  au  Comité  le  2  5  ventôse 
an  n. 

Après  Fourcroy,  Tliibaudeau  prononça  un  discours  dirige 
contre  tous  les  projets  précédenniient  présentés;  sa  conclusion 


x\.v  INTRODUCTION. 

l'ut  que  le  plan  ilo  Bou(juier,  seul,  donnait  satisfaction  aux  vrais 
priucipes. 

fr Depuis  rAssoniblcic  constituante  jusqu'à  ce  jour,  on  a  cru  qu'il  fallait 
(liic  la  nation  crdàt  dans  son  sein  des  e'tablissemenls  scientifiques,  des 
corporations  de  docteurs.  Les  projets  d'éducation  et  d'instruction  publique 
(ju'on  a  mis  au  jour  ne  sont  qu'une  copie  enluminée  des  collèges  et  des 
académies  rétablis  avec  plus  de  luxe  et  surchargés  de  règlements.  L'esprit 
réglementaire  est  devenu  une  maladie  :  sous  le  prétexte  de  grands  sys- 
tèmes, on  veut  tout  mettre  en  régie,  le  commerce,  l'agriculture,  les  sciences 
et  les  arts.  Tel  est,  en  définitive,  le  résultat  des  plans  d'éducation  pré- 
sentés, depuis  celui  de  Périgord  jusqu'à  celui  de  Lepeletier  ^^^ .  .  .  Le  plan 
présenté  par  le  Comité,  et  qui  n'est  à  peu  près  qu'une  copie  de  celui  de 
Ciondorcet,  me  paraît  plus  propre  à  propager  l'ignorance,  l'erreur  et  les 
préjugés,  qu'à  répandre  les  lumières  et  la  vérité.  C'est  un  gouvernement 
pédagogicjue  que  l'on  veut  ainsi  fonder  dans  un  gouvernement  républicain, 
une  nouvelle  espèce  de  clergé,  qui  remplacerait  d'une  manière  plus  funeste 
encore  les  ministres  de  la  superstition;  les  instituteurs  qu'on  vous  propose 
seraient  souvent,  avec  leur  traitement,  les  plus  riches  de  la  commune, 
et  deviendraient  bientôt,  par  leur  influence  morale,  ce  qu'étaient  les 
curés,  des  imposteurs  et  des  charlatans.  .  .  Le  système  de  créer  des  places 
fixes  d'instituteurs,  et  d'assurer  leur  salaire  sans  proportion  avec  l'étendue 
de  leur  travail,  est  le  moyen  le  plus  sûr  de  n'en  avoir  que  de  mauvais; . .. 
vous  verrez  accourir  dans  ces  places,  à  l'aide  de  l'intrigue,  une  classe 
d'hommes  ignorants,  immoraux  et  malheureusement  encore  puissants  :  ce 
sont  les  procureurs,  les  huissiers  des  ci-devant  justices  seigneuriales,  les 
ministres  subalternes  de  la  chicane,  les  sacristains  et  les  chantres  des 
paroisses,  toute  cette  vermine  qui  infecte  les  campagnes.  .  .  L'enseigne- 
ment libre  n'offre  aucun  de  ces  abus,  et  contient  une  foule  d'avantages. 
Aussitôt  que  la  nation  aura  dit  :  rr  Je  payerai  à  l'instituteur  la  somme 
frde  ...  pour  chaque  enfant  qui  suivra  ses  leçons  7?,  elle  encourage  les 
hommes  instruits  à  se  livrer  aux  intéressantes  fonctions  de  l'enseignement, 
et  elle  assure  à  la  jeunesse  de  bons  instituteurs  avec  beaucoup  moins  de 


^^^  On  sait  que  le  plan  de  Lepeletier  dorcet.  Tliibaudeau  avait  combattu  le 
comportait  trois  degrés  supérieurs  d'in-  plan  de  Lepeletier  dans  la  séance  du 
slniction,  empruntés  au  plan  de  Con-         1"  août  (t.  H,  p.  199). 


1 


INTRODUCTION.  xxxi 

dépense.  Qu'on  ne  dise  pas  que  nous  sommes  des  Vandales.  Les  Grecs 
ëtaient-ils  des  barbares,  parce  que  le  gouvernement  n'y  salariait  pas  les 
professeurs?.  .  .  Un  auteur  a  dit:  rr L'ignorance  est  d'une  nature  toute  par- 
er ticulière;  une  fois  dissipée,  il  est  impossible  de  la  rétablir;  et  quoiqu'on 
ff puisse  tenir  l'homme  dans  l'ignorance,  on  ne  saurait  le  faire  devenir 
fc  ignorant.  L'on  n'a  pas  encore  découvert  la  possibilité  de  faire  désap- 
ff  prendre  à  l'homme  ses  connaissances ,  ou  de  faire  rétrograder  ses  pensées,  n 
Cette  idée  m'a  paru  neuve;  elle  est  juste  et  profonde,  applicable  aux 
peuples  comme  aux  individus.  .  .  Abandonnez  tout  à  l'influence  salutaire 
de  la  liberté,  à  l'émulation  et  à  la  concurrence;  craignez  d'étouffer 
l'effort  du  génie  par  des  règlements,  ou  d'en  ralentir  les  progrès,  en  le 
mettant  pour  ainsi  dire  en  tutelle,  sous  la  férule  d'une  corporation  de 
pédagogues,  à  qui  vous  auriez  donné  pour  ainsi  dire  le  privilège  exclusif 
de  la  pensée,  la  régie  des  progrès  de  l'esprit  humain,  l'entreprise  du 
perfectionnement  de  la  raison  nationale .  .  .  Donnez  une  libre  circulation 
aux  sciences  et  aux  arts  ;  laissez  aux  talents  les  moyens  et  surtout  le  besoin 
d'être  laborieux  :  ne  payez  point  les  ouvriers  de  la  République  à  la  jour- 
née; payez-les  tous  à  la  tâche,  même  les  philosophes  et  les  instituteurs, 
si  vous  voulez  que  le  peuple  soit  bien  servi.  Salariez,  en  proportion  de 
leur  travail  et  du  nombre  de  leurs  élèves  seulement,  les  instituteurs  qui 
se  consacreront  à  l'enseignement  des  notions  premières  qui  sont  néces- 
saires à  tous  les  citoyens;  aidez  par  des  secours  sagement  répartis  l'enfant 
du  pauvre,  dont  le  talent  peut  se  développer  dans  une  science  ou  un  art 
utile  à  sa  patrie;  récompensez  honorablement  la  vieillesse  de  l'instituteur; 
veillez  à  la  conservation  ou  à  la  réunion  do  tous  les  monuments  des  arts 
dans  des  édifices  ouverts  à  tous  les  citoyens;  laissez  tout  le  reste  au  génie 
de  la  liberté.  .  .  Le  plan  présenté  par  Bouquier  me  paraît,  sous  tous  les 
rapports,  préférable  à  tous  ceux  qui  ont  été  imaginés  jusqu'à  présent; 
comparez-le  avec  celui  du  Comité  :  l'un  est  simple,  mais  majestueux, 
facile,  économique  et  conforme  aux  principes  républicains;  l'autre  est 
compliqué,  pénible  et  dispendieux,  et  ressemble  aux  institutions  monar- 
chiques. 75 

Le  discours  de  Thibaudeau  eut  beaucoup  de  succès.  Sur  la 
proposition  de  David,  la  Gouvenliou  décida  que  sou  auteur 
serait  adjoint  au  Comité  d'instruction  ])ublique. 

Un  troisième  orateur  prit  la  pai'ole  dans  celte  séance  :  ce 


XXX,,  lîNTRODUCTlON. 

lui  Mirhel-Ecline  Pelil.  H  se  plaignit  qu'on  ne  l'eût  pas  écouté 
jusque-là  : 

ffOos  concoptions  simples  ont  osé  se  faire  voir;  mais  Tesprit  les  a  si 
bien  obscurcies  sous  son  brillant  étalage,  qu'après  tant  et  de  si  scienti- 
li([ues  conibats,  où  l'on  a  mis  à  contribution  tous  les  talents,  toute  la  na- 
ture, nous  ne  savons  pas  encore  comment  nous  apprendrons  à  lire  à  nos 
cnlanls!  J'ai  plusieurs  fois  insisté  au  Comité  d'instruction  publique  pour 
une  revision  de  la  revision  du  décret  pour  les  premières  écoles  :  le  Comité 
m'a  refusé  la  parole.  Le  plan  de  Bouquier  a  été  lu  ;  j'ai  observé  que  ce 
plan  était  un  enfant  contrefait  de  celui  que  je  vous  ai  présenté  le  i^""  oc- 
lobie  ('^,  et  que  vous  avez  accueilli  avec  quelque  plaisir.  Voilà  oij  nous  en 
sommes  de  celte  discussion  où  le  sort  de  la  République  est  attaché. -n 

Petit  critique  d'abord  les  dispositions  du  décret  revisé  :  le 
programme  des  premières  écoles  lui  paraît  trop  ambitieux; on 
ne  trouvera  pas  d'instituteurs  capables  d'enseigner  tant  de 
choses;  pour  lui,  il  s'en  tient  au  plan  d'instruction  qu'il  a  pro- 
posé, et  qui  consiste  à  conserver,  sous  le  nom  d'instituteurs, 
les  maîtres  d'école  qui  existent  déjà,  et  à  établir  des  écoles 
dans  les  communes  où  il  n'y  en  a  pas  encore,  rr  Au  lieu  de  per- 
fectionner les  écoles  dans  les  endroits  où  il  y  en  a,  et  d'en 
établir  où  il  n'y  en  a  pas,  mesure  à  laquelle  il  faudra  bien 
qu'on  revienne,  on  divise  et  subdivise  le  terrain  de  la  France 
comme  les  cases  d'un  échiquier,  on  arrange  là-dessus  les  Fran- 
çais, et  la  géométrie  distribue  le  sentiment!  Faut-il  que  je 
sois  obligé  d'argumenter  encore  contre  cette  nouvelle  division? 
Oui,  je  me  sens  le  courage  d'être  tenace,  obstiné,  pour  rendre 
service  à  mon  pays.  11  II  reproche  au  décret  revisé  de  contenir, 
à  l'égard  des  cultes,  une  disposition  équivoque  :  cr  Je  voudrais 
que  ceux  qui  ont  revisé  n'eussent  pas  porté  la  haine  de  tout 
culte  jusqu'à  déclarer  incompatibilité  entre  les  fonctions  d'in- 

^'^  Voir  notre  tome  II,  p.  5/ii. 


à, 


INTRODUCTION.  îxmii 

stituteur  et  le  service,  de  quelque  manière  qu'on  F  entende,  d'un 
culte  quelconque.  Cette  aveugle  intolérance  ne  s'aperçoit  pas 
qu'elle  exclut  des  fonctions  d'instituteurs  tous  les  adorateurs 
delà  divinité  qui,  par  quelque  acte  public,  lui  rendraient  ha- 
bituellement hommage.  Peut-être  ceux  qui  ont  revisé  ne  vou- 
laient-ils parler  que  des  prêtres,  catholiques,  protestants  ou 
juifs;  si  cela  est  ainsi,  pourquoi  ne  pas  le  dire???  En  outre,  le 
projet  du  Comité  serait  beaucoup  trop  dispendieux  :  rr  L'instruc- 
tion publique  coûterait,  dans  ce  système,  près  de  deux  cents 
millions  annuellement,  et  nous  aurions  partout  des  demi- 
savants  chanoinisés.  Or  les  Français  régénérés  ne  consentiront 
jamais  à  labourer  la  terre  pour  de  pareilles  gens,  -n  Quant  au 
plan  de  Bouquier,  il  ne  produirait  que  des  résultats  illusoires; 
tous  ceux  qui  voudraient  se  livrer  à  l'enseignement,  instruits 
ou  non  des  choses  qu'il  faut  absolument  enseigner  aux  enfants, 
seraient  libres  de  le  faire,  et  recevraient  pour  cela  une  rétri- 
bution de  la  République;  mais  il  faut  que  l'instruction  soit  une, 
entière  et  commune  à  tous  les  citoyens,  il  faut  qu'elle  soit 
publique  :  or  où  serait  le  garant  de  l'unité,  de  l'intégrité  de 
l'instruction?  comment  l'instruction  serait-elle  publique,  si  elle 
n'est  pas  donnée  dsyis  un  local  commun ,  si  chaque  maître  ras- 
semble douze  ou  quinze  enfants  dans  une  chambre  particulière? 
et  dans  les  petites  communes,  comment  un  instituteur  volon- 
taire songerait-il  à  ouvrir  une  école ,  si  la  rétribution  qu'il  doit 
recevoir  est  insuffisante  à  le  faire  vivre  ? 

fr Voici  donc  à  quoi  se  réduit  le  prétendu  enseignement  libre:  de  mau- 
vais maîtres,  point  de  maîtres,  point  d'ensei[jnement  dans  les  deux  tiers 
des  villages;  une  éducation  particulière,  incomplète;  une  éducation  de 
chambre,  oii  tous  les  préjugés  de  Tignorance,  de  la  superstition  et  de 
l'ancien  régime,  peut-être,  gauchiront  Fesprit,  dessécheront  le  cœur  de 
nos  enfants.  Non,  la  Convention  nationale  ne  peut  ainsi  livrer  au  hasard 
des  circonstances  le  soin  des  entants  de  la  Uépublique.  ^ 

III.  c 

IHI-RIHLKII     llTIOliLI 


xxxiv  INTRODUCTION. 

11  faut  que  chaque  commune  ait  sou  école  réunissant  tous  les 
curants;  il  faut  que  l'instituteur  soit  un  fonctionnaire  public, 
nommé  par  la  municipalité  et  ayant  subi  un  examen.  Petit  se 
mo(jue  des  craintes  manifestées  par  Fourcroy,  qui  cr  a  dit  que  des 
nouvelles  places  d'instituteurs  la  République  ne  devait  pas 
faire  des  canonicats^^^s  par  Thibaudeau,  déclarant  que  les 
iustituteurs  rr allaient  former  une  puissance  pédagogique  ef- 
fiaNanle  pour  la  liberté ^-j,  et  s'imaginant  voir  en  eux  crune  ar- 
mée de  quarante-quatre  mille  férules  dirigées  contre  le  bon- 
heur public  11.  Il  insiste  pour  que  la  Convention  ne  se  laisse  pas 
arrêter  par  l'objection  tirée  de  la  dépense  qu'occasionnerait 
l'organisation  des  écoles  primaires  :  rr  Qu'est-ce  que  cinquante, 
soixante  millions,  en  comparaison  du  bonheur  de  tout  un 
peuple  ?T)  Mais  Petit  ne  croit  pas  que  la  dépense  atteigne  ce 
chiffre;  dans  son  système,  le  premier  degré  d'instruction  pu- 
blique coûterait  au  plus  trente  millions,  ce  La  Convention  paut, 
nommer  une  commission  composée  d'autant  de  membres 
qu'elle  voudra,  chargés  de  correspondre  directement  avec  les 
municipalités  de  toute  la  République;  cette  commission  prendra 
auprès  des  municipalités  tous  les  renseignements  relatifs  à  la 
conservation  et  à  l'établissement  des  écoles  primaires,  l'état 
exact  des  dépenses  que  causeront  cette  conservation  et  ces  éta- 
blissements. Sur  le  rapport,  appuyé  de  pièces,  de  cette  com- 
mission, la  Convention  décrétera  les  sommes  nécessaires  ou  les 
mesures  ultérieures.  Tout  cela  peut  être  l'ouvrage  de  deux 
mois.  •»  En  terminant.  Petit  reproduisait  le  projet  de  décret 
qu'il  avait  déjà  proposé  le  i*^'"  octobre. 

La  discussion  fut  interrompue  par  l'arrivée  d'une  lettre  de 

^'^  Fourcroy  avait  parlé  dos  profes-  dit  que  si  Ton  adoptait  le  plan  du  Go- 

seurs  des  degrés  supérieurs  d'inslruc-  mite',    les    instituteurs    seraient    ffdes 

lion ,  et  non  des  instiluleui-s.  On  reinar-  demi-savants  clianoinisésn. 
quera  d'ailleurs  que  Petit  lui-même  a 


INTRODUCTION.  xxxv 

Fouquier-Tinviile,  annonçant  le  suicide  de  l'ancien  ministre 
Clavière.  Elle  ne  put  continuer  le  lendemain,  qui  était  un  dé- 
cadi; mais  elle  fut  reprise  le  surlendemain,  21  frimaire.  Ce 
jour-là  devait  être  tranchée  la  question  de  priorité. 

Romme  la  réclama  pour  le  projet  présenté  par  lui;  répon- 
dant à  Thihaudeau,  qui  avait  dit  que  chez  les  Grecs  le  gouver- 
nement ne  salariait  pas  les  professeurs,  il  rc rétablit  quelques 
faits  relatifs  à  l'éducation  athénienne  qu'on  lui  avait  oppo- 
sées; et  il  mit  l'assemblée  en  garde  contre  le  danger  de  se 
laisser  éblouir  par  des  formules  comme  celle  de  cr  liberté  de 
l'enseignement  11  ;  sans  doute,  il  fallait  espérer  qu'un  jour  vien- 
drait où  les  instituteurs  publics  seraient  inutiles,  et  où  tous  les 
pères  seraient  assez  éclairés  et  assez  pénétrés  de  leurs  devoirs 
pour  donner  eux-mêmes  à  leurs  fils  l'éducation  républicaine; 
mais  serait-il  sage  de  s'en  reposer  dès  maintenant  sur  eux  de 
cette  tâche  à  laquelle  était  attaché  le  sort  de  la  liberté?  rr Dé- 
créter la  liberté  de  l'enseignement,  ce  serait  entretenir  une 
distinction  odieuse  entre  le  riche  et  le  pauvre,  et  laisser  celui-ci 
dans  un  galetas,  comme  auparavant.  •)? 

On  n'écouta  Romme  que  d'une  oreille  distraite;  la  majorité 
(le  l'assemblée  avait  été  séduite  par  les  déclarations  de  Bou- 
quier,  qui  lui  avait  montré  rrla  liberté,  l'égalité,  la  brièxeté" 
comme  formant  les  bases  de  son  plan.  Un  partisan  du  ])laii 
nouveau,  Jay  de  Sainte-Foy,  ministre  protestant  et  membre 
(lu  Comité (^^,  monta  à  la  tribune  et  y  répéta  les  arguments 
déjà  donnés  l'avant-veille  par  ïhibaudeau  :  rr  Jay,  dit  lnJournid 
(le  la  Montagne,  s'indigne  ([u  on  outrage  ainsi  la  raison  popu- 

^'^  C'est  ce  m(?nîo  Jay  qui,  lo  sur-  lo  renouvellement  du  Coniilt^  de  salut 

lendemain  28,  prenant  la  parole  au  public,  et  obtint  (pie  ce  Comitt'  tùl  de 

nom  des  députés  montagnards,  lit  rap-  nouveau    proro|];é   pour  un  mois  dans 

porter   un   décret  voté   la   veille   pour  ses  i'onctions. 


xxvvi  INTRODUCTION. 

laire^'l  II  ne  voit  dans  les  articles  revisés  que  le  régime  des 
uiiivei'silés  renouvelées  de  Téveque  d'Autun  et  de  Gondorcet, 
et  dégagé  de  ce  ([u'il  offrait  de  plus  absurde.  Les  quarante 
mille  bastilles  où  l'on  propose  de  renfermer  la  génération  nais- 
sante lui  semblent  la  meilleure  ressource  qu'on  ait  pu  imaginer 
poiii"  soutenir  le  dernier  espoir  de  la  tyrannie,  ou  pour  la  res- 
susciter de  ses  cendres.  11  insiste  fortement  en  faveur  de  l'au- 
torité paternelle,  que  l'on  ne  rougit  pas  de  transmettre  à  des 
mains  mercenaires  et  pour  la  plus  grande  partie  à  des  suppôts 
de  trahison.  crNos  défenseurs,  en  rentrant  dans  leurs  foyers, 
s'écrie-t-il,  seront-ils  bien  touchés  d'apprendre  qu'un  procureur 
au  Châtelet,  par  exemple,  est  chargé  d'inspirer  des  vertus  ré- 
publicaines à  leurs  enfants?  Comme  si  les  fondateurs  de  la  li- 
berté avaient  besoin  d'un  tiers  pour  communiquer  à  leur  famille 
Teniliousiasme  dont  ils  sont  embrasés  !  -n 

Après  cette  fougueuse  harangue,  on  demanda  de  toutes  parts 
la  clôture  de  la  discussion;  la  clôture  prononcée,  la  priorité  fut 
accordée,  à  une  grande  majorité,  au  plan  de  Bouquier,  et  la 
Convention  ajourna  la  discussion  au  lendemain  à  midi. 

Le  soir,  à  la  Société  des  Jacobins,  Bouquier  donna  lecture 
de  son  projet  de  décret,  qui  fut  accueilli  avec  enthousiasme. 
Sur  la  proposition  de  Félix  Lepeletier,  la  Société  décida  que  ce 
plan  serait  réimprimé  à  ses  frais  et  distribué  à  tous  ses  mem- 
bres. Hébert  fit  l'éloge  de  l'esprit  qui  animait  le  décret;  Has- 
senfratz  et  Dufourny,  tout  en  formulant  quelques  réserves  de 
détail,  s'associèrent  à  l'approbation  générale.  Cinq  jours  plus 
tard,  le  26  frimaire,  Bouquier  était  élu  président  des  Jacobins, 
succédant  à  Fourcroy,  pour  une  période  de  quinzaine  :  ce  vote 
montre   combien  les   idées  dont  son   plan   d'éducation    était 

^'^  C'esl-h-dire  qu'on  signale ,  comme        libre  concurrence  pour  une  distribution 
Ronune,  le  pe'ril  qu  il  y  aurait  à  s'en        suflisante  de  l'enseignement, 
remettre  à  l'initiative   privée  et  h  la 


INTRODUCTION.  xxxvii 

l'expression  répondaient  en  ce  moment  au  sentiment  domi- 
nant. 

11  serait  exagéré  d'attribuer  la  faveur  avec  laquelle  fut  reçu 
le  plan  de  Bouquier  à  ce  fait,  qu'en  autorisant  tous  les  citoyens, 
sans  exception,  à  se  vouer  à  l'enseignement  public,  il  rouvrait  la 
porte  aux  j>rêtres  et  aux  religieuses  qu'avait  écartés  le  précé- 
dent projet  du  Comité.  Toutefois,  il  paraît  probable  que  cette 
circonstance  fut  un  des  motifs  qui  lui  rallièrent  une  partie  des 
conventionnels  et  des  Jacobins.  Il  ne  faut  pas  oublier  que,  le 
27  brumaire,  un  rapport  fait  par  Robespierre  au  nom  du  Co- 
mité de  salut  public  avait  dénoncé  ceux  qui  voulaient  se  servir 
du  mouvement  anti-religieux  pour  faire  la  contre-révolution; 
que  le  i^""  frimaire,  aux  Jacobins,  le  même  Robespierre,  après 
avoir  pris  la  défense  de  la  liberté  des  cultes  et  exprimé  son 
aversion  pour  l'athéisme,  qu'il  déclarait  ce  aristocratique  ti,  avait 
fait  décider  l'épuration  du  club;  que,  le  16  frimaire,  la  Con- 
vention avait  voté  un  projet  de  décret  présenté  la  veille  par 
Barère,  pour  assurer  le  libre  exercice  des  cultes;  et  que,  le 
22  frimaire,  Analcharsis  Cloots  allait  être  exclu  des  Jacobins, 
dont  il  avait  été  le  président  du  2 1  brumaire  au  1 1  frimaire. 

La  discussion  sur  le  plan  de  Bouquier  s'ouvrit  le  22  fri- 
maire, comme  la  Convention  l'avait  décidé.  Les  sections  I  et  II 
furent  adoptées  sans  débat,  ainsi  que  les  trois  premiers  articles 
de  la  section  III.  Sur  l'article  k  de  cette  section,  relatif  à  la 
quotité  du  traitement  à  accorder  aux  instituteurs,  les  opinions 
se  trouvèrent  partagées;  quelques  membres  demandèrent  que 
le  traitement  fût  uniforme  pour  tous  les  instituteurs (*^;  l'article 

^'^  Dans  le  projet  de  Bouquier,  les  an  et  par  élève  pour  les  instituleurs,  ol 

Iraitemcnls  ëtaicnt  graduels  d'apiès  le  de  huit  h  seize  livres  pour  les  instilii- 

chiiïre  de  la  population  des  conunuucs  :  triées. 
r(^chelle  allait  de  dix  h  vingt  livres  par 


,,,viii  INTRODUCTION. 

(il!  i(Mn()V('   à   lin   iionvol  examon  du    Comité.  L'article    5   lui 

ii(lo[)té  sans  débat. 

L'article   G   donna  Heu  à    une   importante   discussion.    Le 
projet  de  Bouquier  n'imposait  nnllement  aux  parents  Fobliga- 
lion  d'envoyer  leurs  enfants  à  l'école.  Le  montagnard  Gbarlier 
en  lit  l'observation,  et  demanda  que  la  rédaction  de  Bouquier: 
cf  Les  pères,  mères,  tuteurs  ou  cm'diieuïs pourront,  à  leur  choix, 
envoyer  leurs  enfants  ou  pupilles  aux  écoles  du  premier  degré 
d'instruction*)?,  fût  remplacée  par  celle-ci  :  crLes  pères,  mères, 
tuteurs  ou   curateurs  seront  tenus  d'envoyer  leurs  enfants  on 
pupilles  aux  écoles  du  premier  degré  d'instructiom?.  Tliib:ai- 
deau  combattit  cette  proposition,  en  invoquant  les  droits  de 
la  nature.  Danton,  alors,  pi'it  la  parole  pour  cr  rappeler  les  prin- 
cipes i%  qui  lui  semblaient  singulièrement  méconnus  par  cette 
disposition  du  projet  de  Bouquier  et  j)ar  son  défenseur  Tlii- 
baudeau.    rr Les  enfants,    dit-il,   appartiennent   à    la   société, 
avant  d'appartenir  à  leur  famille.  Je  respecte,  autant  qu'un 
autre,  les  sentiments  de  la  nature.  Mais  je  sais  que  toutes  nos 
affections  doivent  se  fondre  en  une  seule,  celle  de  la  patrie,  et 
le  projet  me  semble  conduire  à  un  isolement  absolument  con- 
traire à  l'esprit  républicain,  i-j  L'intervention  de  Danton  amena 
le   triomphe   de   l'amendement  de  Gbarlier,  qui  fut  adopté. 
Mais  Tbibaudeau,  insistant,  essaya  de  faire  revenir  la  Conven- 
tion sur  son  vote.  crDe  vifs  débats  s'élèvent,  dit  la  Feuille  du 
salut  public.  Danton  est  vivement  appuyé,  et  surtout  d'après  le 
principe  général  de  toutes  les  républiques.  Lecointe-Puyraveau, 
à  ra])pui  du  raisonnement  de  Danton,  développe  avec  énergie 
la  nécessité  de  s'assurer  de  la  génération  future,  qui  pourrait  se 
gangrener  par  l'instruction  isolée.  La  discussion  est  interrompue 
par  Barère^^^.  •)? 

''^  Barère  venait  lire,  au  nom  du  Comité  de  salut  public,  un  rapport  sur  la 
situation  de  Marseille. 


INTRODUCTION.  xxxix 

Le  vote  du  22  frimaire,  qui  établit  l'obligation,  pour  tous 
les  parents,  d'envoyer  leurs  enfants  à  l'école  commune,  fut 
commenté  en  ces  termes  par  la  Feuille  du  salut  public,  dans  sou 
numéro  du  27  : 

rr  Jamais  la  France  neût  joui  du  bienfait  précieux  d'une  éducation 
vraiment  nationale,  si  la  Convention  neût  pas  décrète'  que  tous  les  enfants 
recevraient  une  instruction  commune.  .  .  Le  patriote  vertueux  applaudit 
avec  transport  à  ce  décret  bienfaisant,  parce  qu'il  sait  que  son  Ois  appar- 
tient à  la  patrie,  et  que  c'est  pour  cette  mère  commune  qu'il  doit  être 
élevé.  L'aristocrate  au  contraire,  qui  se  proposait  de  [jraver  dans  l'àme 
tendre  de  ses  enfants  la  haine  qu'il  a  jurée  à  la  République,  s'indigne 
d'une  loi  qui  les  soustrait  à  sa  funeste  influence.  .  .  Homme  faible  ou 
vicieux,  femme  hautaine  et  indigne  d'être  mère,  sachez  que  la  patrie  ne 
réclame  vos  enfants  que  pour  les  rendre  heureux.  Un  jour  elle  vous  les 
rendra  avec  toutes  les  vertus  qui  constituent  des  hommes  libres,  et  ces 
enfants  régénérés  vous  apprendront  à  aimer  une  patrie  qui  aura  plus  fait 
pour  eux  que  vous-mêmes.  75 

Le  lendemain  28,  à  la  reprise  de  la  discussion,  l'article  7  de 
la  section  III,  disposant  que  les  parents  et  tuteurs  auraient  à 
déclarer  à  la  municipalité  les  noms  des  enfants  ou  pupilles 
qu'ils  enverraient  aux  écoles,  et  les  noms  des  instituteurs  dont 
ils  auraient  fait  clioix,  fut  adopté;  mais  l'article  8,  relatif  à  la 
peine  à  infliger  aux  pères,  mères,  tuteurs  et  curateurs  qui  n'au- 
raient pas  rempli  les  conditions  de  l'article  7,  fut  renvoyé  au 
Comité  :  il  s'agissait,  en  effet,  le  principe  de  l'obligation  ayant 
été  décrété,  de  compléter  l'article  8  par  des  dispositions  concer- 
nant les  parents  et  tuteurs  qui  refuseraient  d'envoyer  leurs 
enfants  ou  pupilles  aux  écoles  primaires;  un  membre  proposait 
que  les  peines  dont  les  délinquants  devaient  être  punis  fussent 
prononcées  par  la  municipalité;  un  autre  membre  voulait 
charger  de  cet  oUice  le  tribunal  de  |)olice  correctionnelle.  Les 
articles  9  et  10  furent  adoptés,  avec  une  dis|)osition  nouNoIlt* 
proposée  par  Fabre  d'Eglantine,  interdisant  aux  instituteurs 


x,^  INTRODUCTION. 

de  prendre  leurs  élèves  en  pension,  de  donner  aucune  leçon 
particulière,  et  de  recevoir  aucune  espèce  de  gratification.  A 
C('ltt'  occasion,  la  Convention  décida  l'adjonction  de  Fabre  au 
Comité  (Tinstruction  publique.  Les  quatre  articles  suivants 
(ti  i\  lA)  de  la  section  III  furent  ensuite  adoptés  sans  autre 
clian<Tement  que  de  légères  modifications  de  forme.  Sur  le  der- 
nier article  (article  i5),  plusieurs  amendements  furent  pro- 
posés :  la  privation  des  droits  civiques,  prononcée  contre  les 
infracteurs  de  l'article  li,  devait  être  réduite  à  dix  ans  au  lieu 
d'être  perpétuelle,  et  cette  peine  devait  s'étendre  aux  parents 
et  tuteurs;  ces  amendements  furent  adoptés,  sauf  rédaction. 
L'assemblée  attendit  ensuite,  pour  continuer  le  débat,  que  le 
Comité  lui  présentât  de  nouveau  les  articles  qui  lui  avaient 
été  renvoyés. 

Le  Comité  s'occupa  de  ces  articles  dès  le  28  frimaire  au  soir; 
mais  il  n'y  put  consacrer  qu'un  moment,  et  la  discussion  fut  ren- 
voyée à  la  séance  suivante.  Le  25,  l'article  4  de  la  section  III, 
relatif  aux  traitements,  fut  remanié  conformément  aux  propo- 
sitions faites  à  la  Convention  :  l'échelle  graduée  fut  supprimée, 
et  remplacée  par  un  payement  uniforme  de  dix-huit  livres  par 
élève  pour  les  instituteurs,  et  de  quinze  livres  pour  les  insti- 
tutrices. Sur  l'article  6  il  y  eut  un  vif  débat;  les  adversaires  du 
principe  de  l'obligation  firent  une  dernière  tentative  :  ils  de- 
mandèrent que  le  Comité  proposât  à  la  Convention  de  revenir 
sur  le  vote  émis  par  elle,  et  de  rapporter  l'amendement  de 
Charlier.  La  question  ayant  été  mise  aux  voix,  les  partisans 
de  l'obligation  se  trouvèrent  avoir  la  majorité  dans  le  Comité; 
Tliibaudeau  et  ses  amis  durent  renoncer  définitivement  à  l'es- 
poir de  réussir.  Le  temps  manqua  pour  achever  le  2  5  l'examen 
des  articles  à  reviser,  et  le  Comité  se  réunit  le  lendemain  en 
séance  extraordinaire  :  dans  cette  séance,  le  texte  de  l'article  4 
delà  section  III  fut  définitivement  arrêté;  l'article  8  fut  rem- 


INTRODUCTION.  xli 

placé  par  une  disposition  infligeant  aux  parents  ou  tuteurs 
qui  contreviendraient  aux  prescriptions  relatives  à  l'envoi  des 
enfants  à  l'école  une  amende  prononcée  par  le  tribunal  de 
police  correctionnelle;  cette  disposition  devint  l'article  9;  l'an- 
cien article  9,  augmenté  de  deux  dispositions  nouvelles,  dont 
l'une  permettait  de  difl'érer  jusqu'à  l'âge  de  neuf  ans  le  mo- 
ment de  l'inscription  des  enfants  à  l'école,  et  dont  l'autre  fixait 
à  quatre  années  consécutives  le  minimum  de  la  fréquentation 
scolaire,  devint  l'article  8;  enfin  l'article  i5  fut  remanié  con- 
formément aux  amendements  adoptés  par  la  Convention  le  28. 

Ce  fut  seulement  le  29  frimaire  que  la  Convention  entendit, 
par  l'organe  de  Bouquier,  la  lecture  des  articles  renvoyés  au 
Comité;  elle  les  adopta  dans  leur  nouvelle  forme,  avec  trois 
modifications  :  le  traitement  des  instituteurs  fut  élevé  à  vingt  li- 
vres par  élève  et  par  an  au  lieu  de  dix-huit;  l'inscription  des 
enfants  à  l'école  ne  put  être  difi'érée  que  jusqu'à  l'âge  de  huit 
ans  au  lieu  de  neuf;  et  la  durée  de  la  fréquentation  obligatoire 
fut  réduite  à  trois  années  au  lieu  de  quatre. 

Une  disposition  importante  fut  en  outre  ajoutée,  nous  ne 
savons  sur  l'initiative  de  quel  membre,  à  l'article  k  de  la  sec- 
tion III  :  il  fut  décidé  que  les  communes  dans  lesquelles  il  ne 
s'établirait  pas  d'instituteurs,  et  qui  seraient  éloignées  de  plus 
d'une  demi-lieue  du  domicile  de  l'instituteur  le  plus  voisin, 
pourraient,  sur  l'avis  du  directoire  de  district,  en  choisir  un, 
et  que  la  République  lui  accorderait,  non  pas  une  somme  va- 
riable et  proportionnelle  au  nombre  de  ses  élèves,  mais  un 
traitement  fixe  et  annuel  de  cinq  cents  livres. 

Les  trois  premières  sections  du  plan  de  Bouquier  se  trou- 
vèrent ainsi  entièrement  adoptées;  et  pour  (jue  rexécution  des 
articles  relatifs  aux  premières  écoles  n'éprouvât  aucun  retard, 
la  Convention,  sur  la  pro|)Osilion  d'un  membre  dont  nous  no 


xMi  INTRODUCTION. 

savons  pas  1(^  nom,  (l(''cida  que  ces  trois  sections  seraient  pro- 
mu lijnres  sur-Ie-cliamp,  sans  attendre  que  les  deux  dernières 
sections  eussent  elé  discutées.  Ces  trois  sections  formèrent  le 
«Ircret  du  -kj  frimaire  an  n  sur  Toq^anisation  de  l'instruction 
publi(|ue  et  sur  le  premier  degré  d'instruction. 

Le  SOU'  même,  le  Comité  s'occupa  de  l'examen  de  la  seconde 
partie  du  plan  de  Bouquier.  On  agita  cette  question  :  rc  Y  aura- 
t-il  un  degré  d'instruction  intermédiaire  entre  les  écoles  pri- 
maires et  l'enseignement  des  sciences? ii  Le  plan  de  Bouquier 
ne  prévoyait,  au  delà  des  écoles  primaires,  qu'un  degré  unique 
d'instruction  qu'il  appelait  le  rr  dernier  degré  i7.  Les  partisans  de 
rancien  plan  du  Comité,  comme  Honmie  et  Arljogast,  auraient 
voulu,  au  contraire,  que  la  République  oi'ganisât  toute  la  série 
des  degrés  d'instruction ,  depuis  l'école  primaire  jusqu'aux  études 
les  plus  élevées.  La  discussion,  sur  laquelle  le  procès-verbal  ne 
nous  donne  qu'une  indication  sommaire,  n'aboutit  pas  à  une 
décision  et  fut  ajournée. 

Après  le  vote  du  décret  du  29  frimaire  sur  les  premières 
écoles,  la  Convention  avait,  sur  la  proposition  du  membre  qui 
avait  fait  voter  la  promulgation  immédiate  du  décret,  ordonné 
que  le  Comité  lui  présenterait,  le  primidi  suivant  (i*^"*  nivôse), 
un  projet  d'établissement  des  fêtes  civiques,  jeux  et  exercices 
nationaux.  C'était  une  façon  de  mettre  à  l'ordre  du  jour  l'or- 
ganisation du  dernier  degré  d'instruction,  puisque  le  plan  de 
Bouquier  déclarait  que  cries  jeux  civiques,  les  évolutions  mi- 
litaires, les  fêtes  nationales  et  locales,  font  partie  du  second 
degré  d'instructiomi.  Mais  le  projet  de  décret  sur  les  fêtes  na- 
tionales, dont  le  Comité  s'occupait  depuis  le  commencement  de 
frimaire,  était  loin  d'être  achevé.  Il  ne  fut  pas  possible  a  la 
Convention  d'ouvrir  le  1^  nivôse  le  débat  annoncé.  Le  0,  elle 
entendit,  sur  la  question  de  l'instruction  publique,  un  discours 


INTRODUCTION.  xmu 

(le  Portiez  de  l'Oise,  où  ce  députe  insistait  pour  qu'à  défaut 
des  trois  degrés  supérieurs  d'instruction,  promis  le  1 5  septembre 
par  un  décret  qui  avait  été  suspendu  le  lendemain  (^\  la  Con- 
vention organisât  au  moins  des  instituts  publics  où  la  jeu- 
nesse recevrait  des  leçons  de  législation  et  de  morale  publique. 
Portiez  relevait  vivement  les  paradoxes  émis,  dans  la  discussion 
des  jours  précédents,  par  Bouquier  et  par  ses  deux  principaux 
alliés,  Fourcroy  et  Thibaudeau. 

crJe  demande  à  Bouquier  où,  quand  el  comment  le  jeune  Français  aura 
appris  à  connaîlre  les  lois  concernant  la  garde  nationale,  les  jurés,  le 
code  pe'nal,  l'organisation  des  corps  administratifs,  la  nature  de  leurs 
("onctions,  leur  compétence,  etc.;  enfin  les  lois  familières  journellement 
pratiquées  et  nécessaires  à  tous  les  instants?.  .  .  Les  corps  administratifs 
el  sociétés  populaires  de  Paris  firent,  il  y  a  un  mois  environ  ^^',  à  la  barre 
de  la  Convention,  par  Torgane  de  Dufourny,  une  pétition  tendant  à  obtenir 
plusieurs  degrés  d'instruction.  Cette  demande  faite  à  la  fin  d'une  séance 
consacrée  aux  pétitionnaires  fut  convertie  en  motion  avec  beaucoup  de 
chaleur  par  Lakanal,  et  non  moins  vivement  appuyée  et  défendue  deux 
jours  de  suite  par  Fourcroy.  Aujourd'hui  Fourcroy  se  rétracte,  el,pour 
prouver  qu'il  a  été  dans  l'erreur,  i|  nous  peint  les  abus  du  régime  monar- 
chique :  et  nous  organisons  des  institutions  républicaines.  .  .  Est-il  donc 
vrai  que  nos  collèges,  nos  universités,  (juelque  imparfaits,  quelque  ab- 
surdes qu'ils  fussent,  n'aient  pas  servi  la  chose  publique'?  N'est-ce  pas  là 
qu'a  été  conservé  religieusement  le  dépôt  des  sciences,  le  goût  de  la  saine 
littérature  ?  N'est-ce  pas  de  là  que  des  hommes  studieux  ont  appelé,  par  le 
fruit  des  veilles  laborieuses,  la  révolution  dont  nous  recueillons  les  fruits? 
N'est-ce  pas  de  ces  collèges  que  sont  sortis  les  amis,  les  intrépides  défen- 
seurs de  la  liberté  dans  nos  armées  et  dans  toute  la  République ("'L  .  . 
Thibaudeau,  qui  s'était  déjà  signalé  dans  cette  discussion  par  la  manie 

^'^  Voir  noire  tome  II,  pages  /io8  "^  Comparez  avec  Téloge  des  col- 

et  suivantes.  léges  fait  ])ar  Robespierre  le  18  juin 

^''^   Il  y  avait  plus  di^  trois  mois  :  la  179^  (t.  I",  l>-  -^o'!,  note  q),  et  j)ar 

•pétition  avait  été  pn^sentée  le  i5  sep-  Danlonle  iSaoùt  suivant(t.  II,  p. •378'>. 

lembre.  Portiez  parlait  le  as»  décembre  Camille  Desmoulins  avait  écrit  ce  qui 

(a  nivôse).  suit  dans  son  Ilisloirc  dc^  lirixsotins  : 


xLiT  INTRODUCTION. 

des  sophisinos,  Thibaiidoau  reproduit  ies  objections  de  Fourcroy.  cfll  est 
rr  impossible,  ajoule-t-il,  de  ramener  les  ténèbres  de  l'ignorance  sur  le  sol 
rde  la  République  française.  L'on  n'a  pas  encore  de'couvert  la  possibilité  de 
rr  faire  désapprendre  à  Thomme  ses  connaissances,  ou  de  faire  rétrograder 
ffses  pensées.w  Cette  idée,  neuveponr  Tbibaudeau,  lui  paraît  juste  et  pro- 
fonde, applicable  aux  peuples  comme  aux  individus.  Mais  ies  individus, 
comme  les  peuples,  ont  leur  décrépitude.  Ils  oublient;  aurais-je  besoin 
d'invoquer  le  témoignage  de  l'histoire  de  la  Grèce  et  de  l'Italie  pour  prou- 
ver que  des  peuples  entiers  ont  été  tout  à  coup  plongés  dans  les  ténèbres 
de  l'ignorance îi? 

Portiez  ne  défend  point  ies  académies,  qu'on  a  eu,  dit-il, 
raison  de  détruire  ;  il  ne  voudrait  pas  d'une  corporation  péda- 
gofjique  qui  monopoliserait  la  science;  les  craintes  manifestées 
à  cet  égard  lui  paraissent  d'ailleurs  chimériques.  Il  répond  à 
Fourcroy  : 

crTu  crains,  dans  l'adoption  des  collèges  ou  instituts,  rune  espèce  de 
fr  sacerdoce  plus  redoutable  peut-être  que  celui  que  la  raison  du  peuple 
(T  vient  de  renverser^?.  Rassure-toi  :  s'il  a  su  abattre  l'aristocratie  invétérée 
de  plusieurs  siècles,  crois  que,  sans  user  de  sa  toute-puissance,  ce  même 
peuple  saura  triompher  d'une  aristocratie  naissante,  sous  quelque  forme 
qu'elle  se  présente  .  .  .  Fourcroy  et  Bouquier  croient  voir  une  corporation, 
des  espèces  de  canonicats ,  des  brevets  d'immortalité.  Pourquoi  donc  se  défier 
du  législateur  et  croire  qu'il  ne  préservera  pas  l'instruction  publique  des 
vices  de  ces  créations  monstrueuses?  Des  instituteurs  nommés  par  le 
peuple  et  réélus  à  des  époques  déterminées,  n'ayant  aucune  correspon- 
dance entre  eux,  ne  sont  pas  redoutables  pour  la  liberté.  Chaque  institu- 
teur, surveillé  par  tous  les  citoyens,  ne  sera-t-il  pas  sous  la  surveillance 

ffLes  premiers   républicains  qui  pa-  et  sous  le  règne  des  Claude  et  des  Vitel- 

rurenl  en  1789  étaient  des  jeunes  gens  lius  ;  gouvernement  insensé ,  qui  croyait 

qui,  nourris  de  la  lecture  de  Cicéron  que  nous  pourrions   nous  passionner 

dans  les  collèges,  s'y  étaient  passionnés  pour  les  pères  de  la  patrie  du  Capitole, 

pour  la  liberté.  On  nous  élevait  dans  sans  prendre  en  horreur  les  mangeurs 

les   écoles  de  Rome  et   d'Athènes  et  d'hommes  de  Versailles,  et  admirer  le 

dans  la  fierté  de  la  république,  pour  passé  sans  condamner  le  présent,  ulte- 

vivre  dans  Tubjeclion  de  la  monarchie  riora  mirari,  prœsentia  secuturos,r) 


INTRODUCTION.  xlv 

spéciale  et  directe  du  Comité  d'instruction  publique  du  Corps  législatif, 
qui,  renouvelé  comme  lui  chaque  année  (^^,  ne  peut  rappeler  les  gothiques 
universités  et  les  aristocratiques  académies  ?  n 

Et  Portiez  conclut  ainsi  :  cf  Je  demande  qu'il  y  ait  dans 
chaque  département,  suivant  le  rapport  de  la  population  et  le 
besoin  des  localités,  des  instituts  publics,  où  la  jeunesse  fran- 
çaise recevra  des  leçons  de  législation  et  de  morale  publique; 
que  les  instituteurs  soient  salariés  par  la  nation;  que  les  séances 
soient  publiques;  que  les  leçons  soient  les  mêmes  et  données 
d'après  les  mêmes  livres  élémentaires;  que  les  écoles  n'aient 
aucun  rapport  entre  elles,  et  qu'elles  soient  sous  la  direction 
spéciale  et  directe  du  Comité  d'instruction  publique  des  Corps 
législatifs  T). 

La  proposition  de  Portiez  fut  ajournée,  et  ne  vint  jamais  en 
discussion;  mais,  en  ventôse,  Bouquier  consacrera  une  partie  du 
rapport  qui  devait  précéder  le  projet  de  décret  sur  le  dernier 
degré  d'instruction  à  réfuter  l'idée  de  Portiez,  qualifiée  par  lui 
de  (f  subversive  des  institutions  républicaines  t?. 

Les  fêtes  nationales  devant  faire  partie  intégrante  du  plan 
d'instruction  publique,  la  Commission  des  Six,  constituée  le 
3  frimaire  (voir  ci-dessus,  p.  x),  hâta  le  dépôt  de  son  rap- 
port sur  cette  question,  et  Mathieu,  en  son  nom,  présenta  au 
Comité,  le  5  nivôse,  un  ce  projet  de  fêtes  nationales  pour  chaque 
décade  i\  La  discussion  de  ce  projet  par  le  Comité  commença 
le  i3  nivôse,  pour  continuer  le  21  nivôse  et  le  3  pluviôse; 
elle  aboutit  le  9  ventôse,  comme  nous  le  verrons  plus  loin 
(p.  Lxxvni),  à  l'adoption  d'un  plan  que  le  Comité  fit  imprimer 
et  distribuer  pour  cr pressentir  l'opinion  publiques.  La  Conven- 
tion, malgré  la  volonté  formelle  qu'elle  avait  exprimée  le  29  fri- 
maire, ne  put  donc  mettre  à  l'ordre  du  jour,  pendant  la  période 

^'^  Aux  termes  de  la  consiilutiou  de  1793,  le  Corps  législatif  de  la  Uépublitpie 
ne  devait  être  élu  que  pour  un  an. 


UM  INTRODUCTION. 

à  JjHjiu'He  est  consacré  le  présent  volume,  la  question  de  l'or- 
oanisalion  des  fêles  nationales  décadaires. 

Aussitôt  que  le  décret  du  29  frimaire  sur  le  premier  degré 
d'instruction  eut  été  promulgué,  les  districts  et  les  municipali- 
tés durent  s'occuper  d'organiser  les  écoles  primaires  conformé- 
ment à  la  nouvelle  loi;  les  citoyens  et  citoyennes  qui  désirèrent 
user  de  la  liberté  d'enseigner  durent  être  invités  à  faire  auprès 
des  autorités  municipales  la  déclaration  de  leur  intention  d'ou- 
vrir une  école,  en  produisant  un  certificat  de  civisme  et  de 
bonnes  mœurs.  Pourtant  les  choses  traînèrent  en  longueur, 
presque  partout,  pendant  près  de  trois  mois. 

Pour  s'expliquer  ces  lenteurs,  il  faut  se  rappeler  d'abord  que 
le  célèbre  décret  du  1 4  frimaire  sur  le  gouvernement  révolu- 
tionnaire provisoire,  décret  destiné  à  assurer  une  prompte  et 
rigoureuse  exécution  des  lois,  avait,  en  réorganisant  les  auto- 
rités locales,  porté  momentanément  le  trouble  dans  les  admi- 
nistrations. On  sait  que  ce  décret  supprimait  les  conseils  gé- 
néraux ,  les  présidents  et  les  procureurs-syndics  de  département, 
et  enlevait  toute  part  dans  l'exécution  des  lois  révolutionnaires 
aux  directoires  de  département;  la  surveillance  et  l'exécution  de 
ces  lois  et  des  mesures  de  gouvernement,  de  sûreté  générale  et 
de  salut  public,  dans  les  départements,  était  attribuée  exclu- 
sivement aux  districts,  à  la  charge  d'en  rendre  compte  exacte- 
ment, tous  les  dix  jours,  aux  Comités  de  salut  public  et  de  sûreté 
générale,  les  procureurs-syndics  de  district,  les  procureurs  de 
communes  et  leurs  substituts  étaient  supprimés,  et  remplacés 
par  des  fonctionnaires  appelés  ^^  agents  nationaux  ii ,  spécialement 
chargés  de  requérir  et  de  poursuivre  l'exécution  des  lois^^^;  les 
fonctions  des  agents  nationaux  devaient  être  exercées  par  les 

^'^  A  Paris,  les  fonctions  du  district  élaient  attribuées  au  département,  comme 
étant  devenues  incompatibles,  par  cette  nouvelle  organisation,  avec  les  opéra- 


INTRODUCTION.  xlmi 

citoyens  qui  occupaient  à  ce  moment  les  places  de  procureurs- 
syndics  de  district,  de  procureurs  de  communes  et  de  leurs 
substituts,  à  l'exception  de  ceux  qui  seraient  dans  le  cas  d'être 
destitués;  la  liste  définitive  des  agents  nationaux  des  districts, 
après  épuration  faite,  devait  être  soumise  à  la  Convention  pour 
être  approuvée;  celle  des  agents  nationaux  des  communes  de- 
vait être  soumise  au  district  de  leur  circonscription  et  approuvée 
par  lui;  la  Convention  remplaçait  elle-même  les  agents 
nationaux  des  districts  et  des  communes  qui  n'auraient  pas 
été  approuvés.  Les  représentants  du  peuple  dans  les  dépar- 
tements étaient  chai'gés  d'assurer  et  d'accélérer  l'exécution 
du  décret  du  i4  frimaire,  comme  aussi  d'achever  sans  retard 
l'épuration  complète  de  toutes  les  autorités  constituées,  et  de 
rendre  un  compte  particulier  de  ces  deux  opérations  à  la  Con- 
vention, avant  la  fin  de  nivôse.  Malgré  toute  la  célérité  appor- 
tée dans  l'organisation  du  gouvernement  révolutionnaire  pro- 
visoire, le  délai  fixé  par  le  décret  fut  atteint  dans  plus  d'un 
département  avant  que  l'épuration  des  anciennes  autorités  et 
la  mise  en  activité  des  autorités  nouvelles  fût  entièrement 
achevée.  Aussi  conçoit-on  aisément  que  les  mesures  prescrites 
pour  l'exécution  du  décret  sur  le  premier  degré  d'instruction 
n'aient  pu  être  prises  sur-le-champ,  et  que  des  lenteurs  se 
soient  produites. 

11  faut,  d'autre  part,  se  rappeler  aussi  que  dans  un  très 
grand  nombre  de  communes  il  existait  déjà  des  écoles  en  acti- 
vité; le  résultat  du  décret  du  29  frimaire  devait  être  simple- 
ment, pour  ces  communes-là,  de  transformer  le  Iraitement  fixe 
de  l'ancien  instituteur  en  un  traitement  proportionnel  au  nombre 
des  élèves,  sans  rien  changer  en  réalité  à  l'organisation  de 
l'école;  aussi,  là  où  il  n'y  avait  pas  de  création  nouvelle  à  faire, 

lions  de  la  municipalilë  (pidcédeininerit,  celait  la  inimicipaliL'  parisieiiiio  (jui  exer- 
çait les  fondions  de  district). 


xLviii  INTRODUCTION. 

dut-on  être  porté  à  regarder  le  décret  comme  exécuté,  du  mo- 
ment que  rinstituteur  continuait  ses  leçons. 

Les  deux  membres  du  Comité  de  salut  public  spécialement 
cbargés  de  la  correspondance  avec  les  autorités  constituées 
pour  Texécution  du  décret  du  1 4  frimaire  sur  le  gouvernement 
révolutionnaire,  Billaud-Varenne  et  Collot  d'Herbois,  réso- 
lurent, au  commencement  de  pluviôse,  de  rédiger  une  instruc- 
tion générale  destinée  à  répondre  aux  nombreuses  questions 
qu'on  adressait  de  toutes  parts  au  Comité.  En  conséquence,  par 
une  circulaire  en  date  du  4  pluviôse,  ils  invitèrent  tous  les 
comités  delà  Convention  à  leur  transmettre,  dans  le  plus  bref 
délai,  un  travail  particulier  sur  un  certain  nombre  de  points 
spéciaux  :  le  Comité  d'instruction  publique,  pour  sa  part,  dut 
présenter  ses  vues  sur  l'instruction  publique  en  général,  sur  le 
payement  des  boursiers  des  collèges,  les  bibliothèques,  les  mo- 
numents, les  imprimeries  de  district  pour  la  réimpression  des 
lois.  Le  Comité  d'instruction  publique  nomma  Thomas  Lindet  et 
Mathieu  rapporteurs,  le  1 1  pluviôse;  ce  fut  le  26  seulement 
que  Lindet  —  pour  obéir  à  une  nouvelle  lettre  de  Billaud  et  de 
Collot,  demandant  une  réponse  cr sous  trois  jours o)  —  présenta 
un  projet  d'instruction  que  le  Comité  adopta;  cette  instruction 
ne  fut  transmise  au  Comité  de  salut  public  que  le  i^"*  ventôse  ^^l 

En  même  temps,  le  Comité  de  salut  public  intervenait  di- 
rectement dans  les  questions  d'instruction  publique  en  faisant 
voter  à  la  Convention,  le  8  pluviôse,  une  mesure  révolution- 
naire. Barère  lut  ce  jour-là  un  rapporter  sur  les  idiomes  étran- 

^'^  Il  fut  fait  deux  copies  de  l'instruc-  ne  les  avons  pas  trouvées.  Nous  ne  sa- 

tioii  rédigée  par  Lindet,  i'une   pour  vous  pas  si  l'instruction  générale  que 

être  envoyée  au  Comité  de  salut  public,  Billaud  et  Collot  se  proposaient  de  ré- 

l'autre  pour  être  déposée  aux  archives  diger  a  été  envoyée, 
du  Comité  d'instruction  publique.  Nous 


INTRODUCTION.  xlix 

gers  et  l'enseignement  de  la  langue  française  i?,  qui  commençait 
ainsi  :  ce  Les  tyrans  coalisés  ont  dit  :  L'ignorance  fut  toujours 
notre  auxiliaire  la  plus  puissante;  .  .  .  servons-nous  des  peuples 
mal  instruits,  ou  de  ceux  qui  parlent  un  idiome  diiïérent  de  celui 
de  l'instruction  publique.  Le  Comité  a  entendu  ce  complot  de 
l'ignorance  et  du  despotisme,  n  Et  après  avoir  passé  en  revue 
les  départements  où  les  populations  ne  faisaient  pas  usage  de 
la  langue  française,  et  oij  les  ennemis  de  la  Révolution  profi- 
taient de  cet  état  de  choses  pour  entretenir  la  méfiance  et  fo- 
menter la  guerre  civile,  il  concluait  ainsi  :  rcLe  fédéralisme  et 
la  superstition  parlent  bas-breton;  l'émigration  et  la  haine  de 
la  République  parlent  allemand;  la  contre-révolution  parle 
l'italien,  et  le  fanatisme  parle  le  basque.  Rrisons  ces  instru- 
ments de  dommage  et  d'erreur,  -ii  Un  décret  adopté  à  la  suite  du 
rapport  ordonna  que  dans  un  délai  de  dix  jours  il  serait  établi 
un  instituteur  de  langue  française  dans  toutes  les  communes 
des  départements  du  Morbihan,  du  Finistère,  des  Côtes-du- 
Nord,  de  la  Loire-Inférieure  (^^,  du  Haut-Rhin,  du  Ras-Rhin, 
de  la  Corse,  de  la  Moselle,  du  Nord,  du  Mont-Terrible,  des 
Alpes- Maritimes,  et  des  Rasses-Pyrénées,  dont  les  habitants 
parlent  un  idiome  étranger  (^^;  ces  instituteurs  devaient  rece- 
voir un  traitement  annuel  de  quinze  cents  livres;  ils  devaient 
non  seulement  enseigner  la  langue  française  aux  élèves  des 
écoles  primaires,  mais  encore,  tous  les  jours  de  décade,  donner 
lecture  au  peuple  des  lois  de  la  République,  en  les  traduisant. 
Un  article  spécial  disait  qu'aucun  de  ces  instituteurs  ne  pour- 
rait être  clioisi  parmi  les  ministres  d'un  culte   quelconque,  ni 

^'^  Le  d(^j)arlcinont  crille-et-Vilaiiio,  ^"'   Los  (leparleinonls  des  l\rén(^'es- 

([ui  étnil, ex[)resscmeiit  incnlioiuKWIaiis  OricMilalos   el    do    la    Mourlhe    ruiont 

le  i'a|)|)()rl  de  Barère,  ne  (ig'iire  pis  an  ajoulos  à  la  lislo  par  h»  d»H'ret  com- 

(h'ciet,  par  suite  d'iuio  omission  sans  plomen taire  du  oo  [)luviose. 
doute  involontaire. 

Ml.  D 


lUI'l   l  \ll  I  I 


L  INTKODUGTION. 

parmi  conx  (jiil  aiiiaieiil  appartenu  à  des  castes  ci-devant  pri- 
vilé[;iées  :  rr  point  de  sacerdoce  dans  l'enseignement  public i?, 
a\ail  (lit  Barère;  ils  devaient  être  nommés  par  les  représen- 
tanls  du  ])ciiple  en  mission,  sur  l'indication  faite  par  les  sociétés 
po|)ulaires.  Ce  décret,  qui  aurait  rendu  d'inappréciables  ser- 
vices s'il  avait  pu  être  sérieusement  exécuté,  demeura  malheu- 
reusement lettre  morte. 

Nous  nous  sommes  demandé  quelle  circonstance  pouvait 
avoir  décidé,  en  pluviôse  plutôt  qu'en  n'importe  quel  autre  mois, 
le  Comité  de  salut  public  à  faire  présenter  à  la  Convention  le 
rapport  de  Barere.  11  n'existe  rien,  dans  les  événements  poli- 
tiques, qui  ait  du  appeler  l'attention  d'une  façon  plus  spéciale, 
à  ce  moment  précis,  sur  les  inconvénients  qu'offrait  l'emploi 
d'idiomes  particuliers  dans  certains  départements.  Nous  croyons 
avoir  trouvé  l'explication  du  fait.  Le  grammairien  Urbain  Do- 
mergue,  toujours  préoccupé  de  son  idée  de  publier  un  cours 
de  langue  française,  avait  communiqué  au  Comité  de  salut 
public,  en  manuscrit,  un  projet  d'Adresse  aux  communes  et  aux 
sociétés  populaires,  oii  il  expliquait  le  plan  de  son  cours  et  les 
avantages  que  la  Bépublique  en  retirerait  ;  et  il  insistait  à  ce  pro- 
pos sur  le  danger  que  présentait,  dans  certaines  régions  de  la 
France,  l'usage  des  langues  étrangères  et  des  dialectes,  alle- 
mand, italien,  provençal,  languedocien,  basque,  bas-breton. 
cf  N'en  doutons  pas,  écrivait-il,  Pitt  a  fait  entrer  la  différence  de 
nos  dialectes  dans  ses  moyens  de  contre-révolution.  Ce  point 
de  vue  politique  doit  fixer  l'attention  de  la  représentation  na- 
tionale. Effaçons  les  jargons,  comme  nous  avons  effacé  les  pro- 
vinces, n  Domergue  a-t-il  simplement  copié  Barère,  ou  bien  est- 
ce  Barere  au  contraire  qui  a  copié  et  amplifié  Domergue?  Il 
s'agit  de  savoir  lequel  des  deux  a  écrit  le  premier.  L'Adresse 
de  Domergue  n'est  pas  datée,  mais,  à  en  juger  par  la  phrase 
crCe  point  de  vue  doit  fixer  l'attention   de  la   représentation 


INTRODUCTION.  li 

nationale  1?,  la  rédaction  en  est  antérieure  au  décret  du  8  plu- 
viôse. Le  projet  de  Domergue,  muni  d'un  post-scriptum  écrit 
par  l'auteur  après  le  vote  du  décret  du  8  pluviôse,  a  été  ren- 
voyé au  Comité  d'instruction  publique  par  celui  de  salut  public, 
à  la  date  du  1 7  pluviôse  ^^K 

Dès  le  9  nivôse,  le  Comité  d'instruction  publique  avait  com- 
mencé à  s'occuper  des  livres  élémentaires  pour  le  premier  degré 
d'instruction,  auxquels  les  instituteurs  et  institutrices  allaient 
être  tenus  de  conformer  leur  enseignement,  et  que  le  décret 
du  29  frimaire  le  chargeait  de  présenter;  il  décida  qu'il  y  avait 
lieu  de  publier  des  ouvrages  contenant  les  meilleures  méthodes 
d'apprendre  aux  enfants  à  lire,  à  écrire  et  à  compter,  et  d'autres 
ouvrages  destinés  à  guider  les  instituteurs  et  les  mères  dans 
les  parties  respectives  d'éducation  qui  leur  sont  confiées.  Le 
19  nivôse,  il  arrêta  que  pour  la  composition  de  ces  ouvrages 
il  serait  ouvert  un  concours.  Le  27,  Grégoire,   qui  avait  été 
désigné  comme  rapporteur,  lut  un  projet  de  décret  qui  fut  dis- 
cuté et  adopté  par  le  Comité  le  i'^''  pluviôse.  Deux  jours  après, 
le  3  pluviôse,  Grégoire  lisait  son  rapport  à  la  Convention,  qui 
en  ordonnait  l'impression  et  l'ajournement.  La  discussion  eut 
lieu  à  l'assemblée  le  9  pluviôse;  le  décret  adopté  ordonna 
l'ouverture  d'un  concours,  jusqu'au  i^""  messidor  suivant,  pour 
les  ouvrages  ci-après  :   i"*  Instruction  sur  la  conservation  des 
enfants,  depuis  la  grossesse  inclusivement,  et  leur  éducation 
physique  et  morale  de])uis  la  naissance  jusqu'à  l'époque  de  leur 
entrée  dans  les  écoles  nationales;   ^'^  Instruction  pour  les  in- 
stituteurs nationaux,  sur  l'éducation  physique   et  morale  des 
enfants;  S""  Méthode  pour  apprenth'e  à  lire  et  à  écrire;  ^i*"  No- 
tions sur  la  grammaire  française;  r)°  Instruction  sur  les  pre- 

^''   Voii'  [).  W»  (lu  |)rcsonl  volume. 


LU  INTRODUCTION. 

inières  rè{;les  daritlimétique  et  de  géométrie  pratique,  et  sur 
les  nouvelles  mesures;  G''  Notions  sur  la  géographie;  7"*  Instruc- 
tions sur  les  principaux  phénomènes  et  sur  les  productions  les 
plus  usuelles  de  la  nature;  8"  Instruction  élémentaire  sur  la 
morale  répuhlicaine;  9°  Instruction  élémentaire  sur  l'agricul- 
ture et  les  arts  de  première  utilité.  Cette  éimmération  de  livres 
élémentaires,  il  laut  le  remarquer,  élargissait  singulièrement 
le  ])rogramme  du  premier  degré  d'instruction,  que  le  décret 
du  99  friuiaire  semblait  limiter  à  la  lecture,  à  l'écriture  et  à 
l'arithmétique. 

Le  soir  même  du  9  pluviôse,  le  Comité  chargea  Thibaudeau 
de  préparer  un  projet  de  décret  sur  la  formation  du  jury  pour 
juger  les  livres  élémentaires  qui  seraient  envoyés  au  concours, 
et  sur  les  récompenses  qui  seraient  accordées  aux  auteurs.  Thi- 
baudeau ne  présentera  son  rapport  que  beaucoup  plus  tard, 
en  messidor;  mais,  sans  attendre  que  la  question  du  jury  fût 
résolue,  le  Comité  commença  à  recevoir  les  ouvrages  qui  lui 
étaient  adressés  :  le  premier  reçu  (i3  ventôse),  un  manuscrit 
intitulé  Géographie  universelle  et  politique,  fut  remis  à  la  garde  de 
deux  commissaires  chargés  de  donner  récépissé  de  tous  les 
manuscrits  qui  seraient  envoyés  pour  le  concours,  et  de  les 
déposer  dans  une  armoire  à  trois  clefs. 

Dans  le  courant  de  pluviôse,  Michel-Edme  Petit  fit  lecture 
au  Comité  d'instruction  publique  d'un  discours  suivi  d'un  pro- 
jet de  décret  tendant  à  obtenir  le  rapport  du  décret  rendu  sur 
le  premier  degré  dinstruction.  Petit,  persuadé  que  le  décret 
Bouquier  ne  pouvait  pas  fonctiormer,  insistait  de  nouveau  pour 
l'adoption  de  son  propre  plan  déjà  présenté  deux  fois  inutile- 
ment, le  1"*  octobre  et  le  19  friuiaire.  Le  Comité  consentit  à 
entendre  le  travail  de  Petit,  mais  non  à  le  discuter.  crLe  citoyen 
Petit,  dit  le  procès-verbal  du  17  pluviôse,  peut  demander  par 


INTRODUCTION.  un 

motion  d'ordre  à  la  Convention  nationale  qu'elle  veuille  entendre 
sa  réclamation.  Le  Comité  délibérera  sur  le  plan  du  citoyen 
Petit  si  un  décret  de  la  Convention  le  lui  ordonne,  ii  En  consé- 
quence, Petit  lut  son  discours  à  la  Convention  dans  la  séance  du 
27  pluviôse;  l'assemblée,  sans  se  laisser  toucher  par  l'argumen- 
tation de  cet  opiniâtre  opposant,  écarta  sa  proposition  par  la 
question  préalable.  Il  faut  reconnaître  que,  malgré  le  dédain 
dont  témoigne  l'attitude  de  la  Convention,  il  y  avait  dans  les  ob- 
jections présentées  par  Petit  plus  d'une  observation  juste.  Il 
faisait  ressortir  qu'il  était  contradictoire  de  déclarer  l'enseigne- 
ment libre  et  de  forcer  en  même  temps  les  parents  à  envoyer 
leurs  enfants  dans  une  école  publique,  au  lieu  de  leur  per- 
mettre de  les  garder  chez  eux  s'ils  le  préféraient.  Et  en  même 
temps  ce  décret,  qui  semblait  consacrer  l'envoi  forcé  des  enfants 
à  l'école,  offrait  à  tout  homme,  par  une  autre  contradiction,  la 
facilité  d'être  l'instituteur  particuher  de  son  enfant,  puisqu'il  lui 
reconnaissait  la  liberté  d'enseigner.  En  outre,  aux  termes  du 
décret,  l'enseignement  devait  être  fait  publiquement;  mais,  en 
réalité,  de  petites  écoles  où  des  mstituteurs  réuniraieiit  chacun 
une  demi-douzaine  d'enfants,  peut-être,  n'auraient  aucun  des 
caractères  de  la  vraie  publicité.  Ce  décret  est  la  loi  la  plus  fa- 
vorable au  riche,  à  l'aristocrate  :  car  ceux  à  qui  il  sera  le  plus 
facile  de  se  faire  eux-mêmes  instituteurs  de  leurs  enfants  sont 
les  riclies;  un  riche  qui  aura  reçu  de  l'éducation  se  présentera 
avec  avantage  à  la  commune,  au  comité  de  surveillance,  et  en 
obtiendra  le  certificat  nécessaire  pour  être  instituteur.  Les  in- 
stituteurs, dit-on,  seront  forcés  par  la  surveillance  de  faiie  ap- 
prendre les  livres  élémentaires  :  soit;  les  enfants  apprendront 
bien  la  lettre  des  livres,  mais  on  leur  insinuera  l'esprit  tout 
contraire  à  cette  lettre.  Conclusion  :  il  est  impossible  d'adopter 
la  liberté  indéfinie  de  l'enseignement;  impossible  aussi  d'ad()|)tor 
l'enseignement  généralement  forcé;  il  faut  retrouver  dans  félal 


Liv  INTRODUCTION. 

présent  des  choses  des  moyens  de  le  perfectionner,  et  ne  pas 
s'obstiner  à  cliercher  la  panacée  des  vices  de  notre  présente 
éducation  dans  une  généralité  métapliysique,  dans  un  grand 
principe  qui,  comme  tout  autre,  pris  selon  toute  son  étendue, 
aboutit  aux  abîmes  de  Tabsurditéi^ 

Pour  faciliter  l'orgamsation  des  écoles  primaires,  le  Comité 
chargea  Bouquier,  le  taj  pluviôse,  de  rédiger  une  instruction 
sur  l'cxéculion  du  décret  du  59  frimaire.  L'objet  parut  sans 
doute  dillicile  à  Bouquier,  car  il  ne  s'acquitta  point  de  sa  tâche; 
le  1 1  germinal,  le  Comité  lui  adjoindra  Thibaudeau. 

Une  autre  mesure  allait  avoir,  pour  la  mise  en  vigueur  du 
décret  du  99  frimaire,  une  portée  décisive  :  c'est  le  décret  du 
4  ventôse.  Ce  décret,  qui  a  jusqu'ici  passé  inaperçu,  a  une 
importance  capitale  dans  l'histoire  des  écoles  pendant  la  Révo- 
lution :  il  marque  la  fin  de  la  période  purement  délibérante, 
l'entrée  dans  la  période  d'application  pratique. 

L'occasion  de  ce  décret  fut  une  pétition  des  instituteurs  des 
petites  écoles  de  Paris,  de  Franciade  et  du  Bourg-de-l'Egalité; 
ils  demandaient  le  payement  de  leur  traitement  arriéré,  en 
souffrance  à  la  suite  du  décret  du  8  mars  1798  sur  la  vente 
des  biens  formant  la  dotation  des  collèges  et  de  tous  autres  éta- 
blissements d'instruction  publique.  Cette  pétition,  présentée  au 
Comité  le  5  frimaire,  appuyée  le  9  par  une  lettre  du  ministre 
de  l'intérieur,  le  1 5  par  une  députation  du  Comité  central  de 
bienfaisance  de  Paris,  donna  lieu  à  de  longues  négociations 
entre  le  Comité  d'instruction  publique,  celui  des  finances,  le 
directoire  du  département  de  Paris  et  le  ministère  de  l'intérieur  : 
il  s'agissait  de  déterminer  les  revenus  des  biens  autrefois  afl'ectés 
à  l'entretien  des  écoles  de  Paris  et  des  deux  districts  ruraux, 
et  d'obtenir  que  le  Comité  des  finances  consentît  à  proposer 
\k\  vote  d'un  secours.  Enfin,  le  7  pluviôse,  une  députation  des 


INTRODUCTION.  lv 

instituteurs  se  présenta  au  Comité  pour  demander  qu'on  en 
finît;  et  celui-ci,  rrvu  l'urgence  des  besoins  où  se  trouvent  ces 
citoyens  qui  ont  continué  leurs  fonctions  essentielles  sans  re- 
cevoir la  rétribution  qui  leur  est  due-)-),  chargea  séance  te- 
nante Léonard  Bourdon  crde  se  concerter  avec  le  Comité  des 
finances  pour  solliciter  le  payement  de  ce  qui  est  dû  aux  in- 
stituteurs des  petites  écoles  de  Paris,  à  titre  de  secours  provi- 
soire ii.  Il  fallut  encore  près  d'un  mois  avant  que  le  Comité  d'in- 
struction publique  eût  pu  se  mettre  d'accord  avec  celui  des 
finances  sur  la  teneur  du  projet  de  décret  à  présenter  à  l'as- 
semblée; mais  enfin,  le  4  ventôse,  sur  le  rapport  de  Léonard 
Bourdon,  la  Convention  adopta  le  décret  suivant,  réglant  pour 
toute  la  Bépublique,  et  non  pas  seulement  pour  les  instituteurs 
du  département  de  Paris,  le  mode  de  payement  des  traitements 
arriérés  et  la  façon  dont  s'opérerait  la  transition  entre  l'ancien 
régime  aboli  par  le  décret  du  8  mars  lygS  et  le  nouveau  ré- 
gime institué  par  le  décret  du  29  frimaire.  Voici  les  termes  de 
cet  important  décret  : 

La  Convention  nationale,  ouï  le  rapport  de  ses  Comités  d'instruction 
publique  et  des  finances,  décrète  ce  qui  suit  : 

Article  premier.  Les  arrérages  dus  jusqu'au  i5  germinal  prochain  ^^^ 
aux  instituteurs  et  institutrices  des  petites  écoles,  dont  les  salaires  étaient 
acquittés  en  tout  ou  en  partie  sur  les  revenus  des  fabriques  et  autres  biens 
mis  à  la  disposition  de  ta  nation,  ainsi  que  sur  ceux  des  octrois  et  autres 
droits  ou  établissements  supprimés,  seront  payés  sur  les  ordonnances  des 
corps  administratifs,  comme  les  créances  au-dessous  de  huit  cents  Uvres^-). 

Art.  2.  Les  instituteurs  ou  institutrices  dont  le  traitement  lixo  ou  ra- 

^'^  Le  i5  g-orminol  an  11  correspon-  cédant  pas  huit  cents  livres  étaient  ac- 

«lait  an  h  avril  lyc^A.  Le  décret  j^aran-  quittées  ])ar  le  receveur  du  district  du 

tissait  donc  le  payoniont,  en  plus  de  chef-liiu  du  dt'parlenient,  sur  l»'s  fonds 

l'année  1793,  du  premier  cpiai'tier  de  faits  par  la  caisse  de  Textraordinaliv. 

179^1.  (Décret  du  20  novendire  179*^.) 

^^"^  Les  créances  sur  le  trésor  iTex- 


Lvi  INTRODUCTION. 

siiel  ne  s'élovc  pas  à  quatre  cents  livres  dans  les  communes  qui  ont  une 
population  moindre  de  cinq  mille  âmes,  ou  à  six  cents  livres  dans  les 
autres,  recevront  une  augmentation  de  traitement  pour  toute  Tannée  1798, 
et  jusqu'au  i5  {jerminal,  jusqu'à  due  concurrence. 

Art.  3.  Les  fonds  de  cette  augmentation  de  traitement  seront  faits 
dans  la  commune,  par  la  voie  des  sols  additionnels  au  rôle  des  contri- 
butions foncière  et  mobilière  de  1798,  et  l'avance  par  les  dix  plus  forts 
contribuables,  sur  le  mandat  des  olliciers  municipaux. 

Art.  /i.  Les  salaires  des  instituteurs  et  institutrices  des  écoles  primaires 
qui  ne  seraient  point  organisées  conformément  à  la  loi  du  29  frimaire  au 
i5  germinal  procbain,  seront  acquittés  sur  les  biens  des  administrateurs 
cbargés  de  l'exécution  de  ladite  loi. 

Ainsi  le  décret  ne  se  contentait  pas  de  mettre  à  la  charge  du 
trésor  public  le  payement  intégral  de  tous  les  arrérages  dus 
aux  instituteurs  et  aux  institutrices^^);  il  accordait  à  ceux  dont 
les  traitements  n'atteignaient  pas  quatre  cents  livres  dans  les 
petites  communes  et  six  cents  livres  dans  les  grandes  le  paye- 
ment de  ces  arrérages  sur  le  pied  d'un  traitement  généreuse- 
ment majoré  à  ce  chiffre.  En  outre,  il  fixait  au  i5  germinal  le 
terme  fatal  à  partir  duquel  les  traitements  seraient  désormais 
payés  en  conformité  des  dispositions  du  décret  du  29  frimaire, 
c'est-à-dire  à  raison  de  vingt  livres  par  élève  et  par  an  pour  les 
instituteurs  et  de  quinze  livres  pour  les  institutrices;  et,  en  ajou- 
tant que,  dans  les  écoles  primaires  qui,  à  cette  date,  ne  seraient 
pas  organisées  conformément  au  nouveau  régime, les  traitements 
ff  seraient  acquittés  sur  les  biens  des  administrateurs ^i,  il  assu- 
rait une  prompte  exécution,  dans  la  France  entière,  de  l'orga- 

('^  Cette  solution  délinitive  était  en  de  Saint-Germain-des-Prés,  Saint-Tho- 

contradiction   avec  la  doctcine  précé-  mas-d'Aquin,  et  autres,  d'adresser  leurs 

demment  adoptée  par  le  Comité  d'in-  réclamations  à  la  municipalité  de  Paris , 

strucliou  publique,  lorsqu'il  avait  ré-  cr attendu  que  les  frais  des  petites  écoles 

pondu  le  26  juillet  1798  (voir  t.  Il,  doivent  faire  partie  des  charges  locales 

p.  i/»9)  aux  instituteurs  des  paroisses  de  chaque  commune  de  la  République». 


INTRODUCTION.  lvii 

nisation  nouvelle  donnée  au  premier  degré  d'instruction.  Et,  en 
effet,  la  statistique  faite  à  trois  mois  de  là,  en  prairial,  mon- 
trera les  écoles  primaires  en  activité  selon  le  nouveau  mode, 
à  partir  du  i5  germinal  an  n. 

Deux  décades  auparavant,  la  Convention  avait  par  un  autre 
décret  réglé  la  question  des  dépenses  des  collèges  de  Paris.  Le 
y  août  1793,  elle  avait  accordé  une  somme  de  807,552  livres 
9  sols  6  deniers  pour  la  dépense  des  collèges  de  Paris  jusqu'aux 
vacances  de  1793.  Sur  une  nouvelle  demande  de  fonds  faite  le 
Î29  nivôse  par  le  collège  de  l'Egalité,  le  Comité  d'instruction 
publique  eut  à  examiner  si  l'on  continuerait  à  couvrir  les  dé- 
penses des  collèges  de  Paris  par  le  procédé  indiqué  au  décret 
du  7  août,  ou  bien  si  l'on  reviendrait,  pour  le  département  de 
Paris,  au  mode  de  payement  prescrit  par  les  décrets  du  8  mars 
et  du  5  mai  1798,  mode  qui  n'avait  pas  cessé  d'être  appliqué 
à  l'égard  des  autres  départements.  D'accord  avec  le  Comité  des 
finances,  il  opta  pour  cette  dernière  solution;  en  conséquence, 
le  i3  pluviôse,  sur  le  rapport  de  Mathieu  parlant  au  nom  des 
deux  Comités  réunis,  la  Convention  vota  un  décret  portant  que 
le  département  de  Paris  aurait  à  pourvoir  aux  besoins  des  col- 
lèges de  Paris  conformément  aux  lois,  et  notamment  à  celles  du 
8  mars  et  du  5  mai  précédents.  A  la  suite  de  ce  décret,  le  mi- 
nistre de  l'intérieur  ordonna  le  versement,  dans  la  caisse  du 
receveur  du  département  de  Paris,  des  fonds  nécessaires  pour 
couvrir  les  dépenses  des  collèges  de  Paris  pendant  les  deux  der- 
niers trimestres  de  1793.  Les  dépenses  de  179^1  seront  payées 
de  la  même  façon. 

Quant  aux  dépenses  des  collèges  des  départements,  elles 
continuèrent  à  être  régulièrement  payées  par  la  trésorerie  na- 
tionale, d'après  les  états  fournis  par  les  corps  administratifs 
au  ministre  de  l'intérieur  (et  plus  tard  à  la  Commission  execu- 
tive), ainsi  ([ue  l(^  montre  une  lettre  des  administrateurs  du 


Lviii  INTRODUCTION. 

district  de  Bordeaux  en  date  du  i3  germinal  an  n,  que  nous 

doinions  p.  33 1 . 

Nous  avons  vu  que,  dès  le  29  frimaire,  le  Comité  d'instruc-. 
lion  j)nl)li(jue  avait  mis  à  son  ordre  du  jour  l'examen  de  la  se- 
conde partie  du  plan  de  Bouquier.  Mais  les  débats  auxquels 
devait  donner  lieu  cet  important  objet  n'avaient  pu  être  abordés 
siir-le-cliamp.  Le  26  nivôse,  Coupé  de  l'Oise  demanda  et 
obtint  que  la  procbaine  séance  du  Comité  fût  consacrée  à  cette 
discussion.  Bouquier,  sans  doute,  n'avait  pas  achevé  de  revoir 
et  de  coordonner  son  projet;  car  la  discussion  annoncée  n'eut 
pas  lieu.  Ce  fut  seulement  le  19  pluviôse  qu'il  donna  lecture  au 
Comité  d'un  rapport  et  d'un  projet  de  décret,  dont  l'examen  fut 
renvoyé  à  une  séance  ultérieure.  Cet  examen  eut  lieu  dans  les 
séances  du  Comité  des  2 1 ,  sS  et  26  ventôse.  Après  que  le  projet 
eut  été  discuté  article  par  article,  on  décida  qu'il  serait  commu- 
niqué aux  Comités  des  finances  et  de  salut  pubbc,  et  ensuite  pro- 
posé à  la  Convention  nationale.  A  cette  occasion,  le  Comité  d'in- 
struction publique  arrêta  (23  ventôse)  qu'à  l'avenir  deux  de 
ses  membres,  Guy  ton  et  Fourcroy,  seraient  ses  commissaires 
permanents  auprès  du  Comité  de  salut  public  crpour  conférer 
avec  lui  sur  toutes  les  mesures  d'instruction  qui  pourraient 
coïncider  avec  les  opérations  générales  du  gouvernement^?,  et 
qu'il  leur  serait  adjoint,  selon  les  rapports  particuliers,  un  ou 
plusieurs  membres  du  Comité;  Bouquier,  d'abord,  fut  désigné 
pour  aller  avec  eux  au  Comité  de  salut  public  conférer  de  son 
projet.  Cette  décision  n'a  rien  que  de  très  naturel.  Le  Comité  de 
salut  public  était  le  centre  du  gouvernement;  s'il  se  concertait 
avec  les  autres  comités  pour  coordonner  leurs  travaux  et  leur 
imprimer  une  direction  conforme  à  la  politique  générale  dont 
il  était  le  représentant,  il  n'y  avait  pas  là,  de  sa  part,  usur- 
pation de  pouvoir,  comme  ont  semblé  le  croire  certains  histo- 


INTRODUCTION.  ux 

riens,  mais  exercice  de  sa  fonction  naturelle;  les  autres  comités, 
loin  de  protester  et  de  manifester  un  amour-propre  mal  en- 
tendu, comme  s'ils  se  sentaient  mis  en  tutelle  et  qu'ils  le 
souffrissent  impatiemment,  recherchent  spontanément  ce  con- 
cert, et  ont  soin  de  consulter  le  Comité  de  salut  public  toutes 
les  fois  qu'ils  ont  à  proposer  des  mesures  ayant  une  portée 
générale. 

Le  projet  de  Bouquier,  après  qu'il  eut  été  communiqué  aux 
Comité  de  salut  public  et  des  finances,  et  approuvé  par  eux, 
sera  présenté  à  la  Convention  le  2  4  germinal.  Mais  il  appartient 
au  mois  de  ventôse,  car,  après  la  séance  du  2  5  ventôse  dans  la- 
quelle le  Comité  d'instruction  publique  l'adopta,  il  n'en  est 
plus  question  dans  les  procès-verbaux  de  ce  Comité.  C'est  donc 
dans  le  présent  volume  que  nous  avons  dû  le  placer  (p.  Byi). 

Dans  le  plan  général  que  Bouquier  avait  présenté  au  Comité 
le  1 1  frimaire,  les  dispositions  relatives  au  dernier  degré  d'in- 
struction et  aux  moyens  généraux  d'instruction  formaient  la  sec- 
tion IV  (quinze  articles)  et  la  section  V  (six  articles).  Ces  dispo- 
sitions avaient  reçu ,  depuis,  un  développement  considérable: 
le  Projet  de  décret  relatif  au  dernier  degré  d'instruction  est  divisé 
en  six  sections  et  ne  comprenait  pas  moins  de  soixante  et  un 
articles. 

La  première  section,  rr Moyens  de  propager  Tinstruction t) , 
reproduit  avec  quelques  changements  les  trois  premiers  articles 
de  la  section  IV  du  projet  du  1  1  frimaire. 

Le  seconde  section ,  rr  Des  sciences  et  arts  dont  l'enseignement 
sera  salarié  par  la  République  i^,  correspond  aux  douze  articles 
suivants  de  cette  section  IV;  mais  l'énumération  rudimeiilaire 
du  projet  du  1  1  frimaire  a  reçu  d'importants  développonu  nts. 
La  République  crée  dix  écoles  de  santé,  dont  neuf  devaient 
avoir  sept  cr  instituteurs ii;  la  dixième,  celle  de  Paris,  devait  en 
avoir  quatorze,    sans  compler   les  olliciers  de  sa  nié  al  tachés 


Lx  INTRODUCTION. 

aux  maisons  publiques  destinées  au  traitement  des  maladies 
des  enfants,  des  maladies  des  aliénés,  et  des  maladies  véné- 
riennes. Indépendamment  des  instituteurs  vétérinaires  déjà  en 
activité,  il  en  est  établi  un  dans  onze  communes  nouvelles.  Un 
instituteur  de  génie  militaire  et  un  instituteur  d'artillerie  sont 
établis  dans  neuf  communes,  dont  Paris;  cette  dernière  ville 
doit  avoir  en  outre  une  école  des  ponts  et  cbaussées,  avec  trois 
instituteurs.  Des  quatre  observatoires  de  la  République,  trois, 
ceux  de  Strasbourg,  de  Brest  et  de  Marseille,  doivent  être 
pourvus  chacun  de  deux  astronomes;  celui  de  Paris  doit  en  avoir 
(juatre;  ces  astronomes  sont  tenus  de  former  des  élèves.  Dans 
chaque  port  il  doit  y  avoir  un  hydrographe.  A  Paris  seront  éta- 
blis un  instituteur  de  minéralogie  et  un  de  métallurgie.  Enfin 
la  Commission  chargée  des  relations  de  la  République  avec 
l'étranger  ^^^  sera  tenue  d'entretenir  auprès  de  chacun  de  ses 
agents  dans  les  contrées  asiatiques  quatre  jeunes  gens  destinés 
à  y  acquérir  la  connaissance  des  langues  de  ces  contrées.  La 
durée  du  secours  accordé  aux  enfants  pauvres  qui  auraient  des 
dispositions  pour  quelque  art  ou  science  est  limitée  à  trois 
années. 

La  troisième  section,  rrDu  choix  des  instituteurs  des  sciences 
et  arts  dont  l'enseignement  est  salarié  par  la  République^?, 
dispose  que  les  instituteurs  des  sciences  et  des  arts  seront  élus 
par  des  jurys  de  quarante  membres.  Le  jury  auquel  est  confié 
le  choix  des  instituteurs  de  santé,  de  l'art  vétérinaire,  de  miné- 
ralogie, de  métallurgie,  et  d'hydrographie,  sera  désigné  par  les 
administrateurs  du  district  réunis  aux  citoyens  des  communes 
où  ces  établissements  seront  placés.   Celui  auquel  est  confié 

^''  L'emploi    de   celte    expression,  sente  à  la  Convention,  le  2 4  germinal, 

remplaçant  celle  de  rr ministre  des  af-  les  ministères  avaient  été  supprimés  et 

faires  étrangères ti  ,  \ient  de  ce  qu'au  remplaces  par  des  commissions  exé- 

moment  où  le  projet  de  décret  fut  pré-  ciitives  (décret  du  12  germinal). 


INTRODUCTION.  lxj 

le  choix  des  instituteurs  des  sciences  relatives  au  génie  mili- 
taire, aux  mines  et  à  l'artillerie,  sera  désigné  par  les  ingénieurs, 
mineurs  et  artilleurs  de  tout  grade  en  garnison  dans  les  places- 
fortes  où  les  écoles  doivent  être  établies  ^^\  Les  astronomes  seront 
choisis  directement  parla  représentation  nationale,  sur  la  pré- 
sentation du  Cpmité  d'instruction  publique. 

La  quatrième  section,  rr Moyens  généraux  d'instructiomi , 
reproduit,  avec  quelques  changements  et  additions  sans  im- 
portance, les  dispositions  de  la  section  V  du  projet  du  1 1  fri- 
maire. 

La  cinquième  section,  rr  Des  récompenses  t?,  est  entièrement 
nouvelle.  Elle  traite  des  pensions  et  gratifications  accordées 
aux  instituteurs  et  institutrices  de  tout  ordre,  aussi  bien  du 
premier  degré  d'instruction  que  du  dernier,  des  prix  d'émula- 
tion à  décerner  aux  élèves,  et  des  secours  d'encouragement  que 
pourront  obtenir  les  jeunes  gens  pauvres.  Tout  instituteur  et 
toute  institutrice  du  premier  degré  d'instruction  qui,  à  compter 
de  la  publication  du  décret,  justifiera  avoir  enseigné  pendant 
dix  ans,  obtiendra,  s'il  continue,  indépendamment  du  salaire 
accordé  par  la  loi  du  29  frimaire,  une  gratification  annuelle 
fixée  à  deux  cents  livres  pour  l'instituteur  et  à  cent  livres  pour 
l'institutrice.  L'instituteur  tant  du  premier  que  du  second  degré 
d'instruction,  qu'il  soit  ou  non  salarié  par  la  République,  ob- 
tiendra, s'il  justifie  avoir  enseigné  pendant  vingt  ans  à  compter 
de  la  publication  du  décret,  une  pension  annuelle  de  deux 
mille  livres.  Toute  institutrice  du  premier  degré  d'instruction 
qui  aura  enseigné  pendant  vingt  ans  obtiendra  une  pen- 
sion annuelle  de  mille  livres.  Les  trois  décadis  de  fructidor 
seront,  dans  chaque  commune,  consacrés  à  l'c^xamen  public  des 
élèves  de  toutes  les  écoles;  dans  les  premières  écoles  les  deux 

'^^  Lo  projet  tic  di'cret  ne  parle  pas  du  jury  destine'  à  choisir  les  instituteurs  de 
IV'Cole  des  pont-;  (^t  chaussées  de  Paris. 


Liu  INTRODUCTION. 

jeunes  élèves  de  chaque  sexe  qui  auront  paru  les  mieux  instruits 
recevront  un  prix  d'émulation  dont  la  valeur  ne  pourra  excéder 
la  somme  de  six  livres;  les  prix  d'émulation  des  écoles  du  der- 
niei'  de(;ré  d'instruction  seront  des  couronnes  de  chêne.  Le 
mois  de  vendémiaire  sera  consacré  aux  vacances  des  instituteurs 
et  institutrices  salariés  par  la  nation.  Les  jeunes  gens  qui,  après 
examen,  auront  été  recoinius  avoir  des  dispositions  bien  pro- 
noncées pour  un  art  ou  pour  une  science,  que  l'enseignement 
en  soit  ou  non  salarié  par  la  nation,  et  qui  témoigneraient  le 
désir  de  s'y  perfectionner,  obtiendront  un  secours  d'encourage- 
ment de  huit  cents  livres  pour  une  année;  si,  à  la  fin  de  cette 
année,  un  nouvel  examen  témoigne  qu'ils  ont  fait  des  progrès 
satisfaisants,  ils  obtiendront  pareille  somme  pour  une  seconde 
année,  et,  après  une  nouvelle  épreuve ,  pour  une  troisième. 

La  sixième  section  enfin,  crDu  traitement  des  instituteurs 
du  dernier  degré  d'instruction  ii ,  fixe  à  trois  mille  livres  le  trai- 
tement des  astronomes;  celui  des  instituteurs  de  santé  à  trois 
mille  cinq  cents;  celui  des  instituteurs  vétérinaires  à  deux 
mille  cinq  cents;  celui  des  instituteurs  de  génie,  mines  et  ar- 
tillerie, à  trois  mille  cinq  cents;  celui  des  instituteurs  de  génie 
relatif  aux  ponts  et  chaussées,  à  trois  mille  cinq  cents;  celui 
des  instituteurs  d'hydrographie,  à  deux  mille  cinq  cents;  celui 
des  instituteurs  de  minéralogie  et  de  métallurgie,  à  trois  mille 
cinq  cents;  celui  des  surveillants  des  établissements  publics 
mentionnés  dans  la  section  IV,  à  deux  mille  ou  à  quinze  cents, 
selon  la  population  des  communes. 

Dans  le  rapport  placé  en  tête  du  projet  de  décret,  Bouquier 
reprend  la  formule  déjà  employée  par  Romme  dans  son  rap- 
port du  20  décembre  1792,  et  reproduite  ensuite  dans  le 
Ih'ojet  de  décret  sur  les  écoles  nationales  du  i^""  octobre  1798.  fc L'in- 
struction, dit  Bouquier,  ne  nous  a  paru  susceptible  d'être  con- 
sidérée que  sous  deux  rapports  :  sous  celui  des  connaissances 


INTRODUCTION.  lxiu 

indispensables  au  citoyen,  et  sous  celui  des  connaissances  né- 
cessaires à  la  société.  ->-)  Les  connaissances  nécessaires  à  tous 
sont  données  par  les  premières  écoles  organisées  par  le  dé- 
cret du  29  frimaire;  elles  seront  complétées  et  perfectionnées 
par  la  participation  aux  séances  des  sociétés  populaires,  des 
assemblées  de  communes  et  de  sections,  par  les  théâtres,  les 
jeux  civiques,  les  évolutions  militaires,  les  fêtes,  rr Favorisons, 
ajoute  Bouquier,  l'établissement  des  sociétés  populaires  dans 
les  communes  où,  soit  faute  de  local,  soit  faute  de  moyens 
pécuniaires,  il  ne  s'en  est  pas  encore  formé.  Le  fanatisme  avait 
un  temple  dans  chacune  de  ces  communes.  Que  ces  temples 
deviennent  ceux  de  la  liberté,  de  l'instruction,  de  la  propaga- 
tion des  lois  et  des  mœurs  républicaines.  Décrétez  que  les  édi- 
fices de  la  superstition  actuellement  abandonnés,  et  qui  le  se- 
ront dans  la  suite,  appartiennent  aux  communes;  et  par  ce 
décret  vous  aurez  beaucoup  fait  pour  l'instruction  publique,  t) 
11  reste  à  organiser  ensuite  l'enseignement  des  sciences  néces- 
saires à  la  société,  afin  cr de  trouver  en  tout  temps  des  citoyens 
assez  instruits  pour  exercer  utilement  les  diverses  fonctions 
relatives  au  salut,  au  bonheur  de  la  société,  à  l'intérêt  commun 
de  la  République  17.  A  cet  effet,  il  faut  établir,  aux  frais  de  la 
nation,  des  instituteurs  chargés  d'enseigner  gratuitement  un 
certain  nombre  de  sciences  et  d'arts  nécessaires,  en  plaçant  les 
établissements  où  cet  enseignement  doit  être  donné  dans  les 
communes  qui,  par  leur  position,  se  prêtent  le  plus  à  en  assurer 
le  succès.  Ainsi,  d'une  part,  enseignement  des  écoles  primaires, 
complété  par  les  sociétés  populaires,  les  fêtes,  etc.;  d'autre 
part,  enseignement  des  écoles  spéciales  :  à  cela  doit  se  borner 
la  tâche  de  l'État. 

Le  rapporteur  prend  très  vivement  à  partie  Portiez  de  l'Oise 
et  son  discours  du  2  nivôse  :  rr  L'idée  d'établir  des  écoles  secon- 
daires ou  inteiinédiaires,  (Ht-il,   consacrées  à  l'enseignement 


LMv  INTRODUCTION. 

dos  lois  et  à  je  ne  sais  quelles  autres  sciences  pour  lesquelles 
il  paraît  que  les  savants  de  l'ancien  régime  conservent  encore 
une  ailection  particulière,  a  été  déjà  produite;  une  pareille 
idée,  émanée  sans  doute  du  cerveau  de  quelque  ci-devant  pro- 
fesseur d'université,  nous  a  paru,  pour  ne  rien  dire  de  plus, 
subversive  des  institutions  républicaines,  dont  les  bases  simples 
doivent  être  prises  dans  la  nature.  Proposer  l'établissement  de 
chaires  de  lois,  c'est  vouloir  ressusciter  la  chicane  et  son  cor- 
lùge,  c'est  vouloir  créer  une  Sorbonne  de  légistes;  c'est  vouloir 
livrer  encore  une  fois  le  peuple  à  la  voracité  des  ci-devant  pro- 
cureui's  ou  avoués  qui  ne  manqueraient  pas  de  s'enrôler  dans 
cette  nouvelle  basoche  pour  y  recommencer,  sous  l'égide  de  la 
loi,  la  spoliation  des  malheureux  plaideurs.  .  .  Les  lois  doivent 
être  simples,  claires  et  en  petit  nombre;  elles  doivent  être 
telles  que  cbaque  citoyen  puisse  les  porter  toujours  avec  lui. 
Ainsi,  loin  d'établir  des  écoles  de  lois,  la  Convention  nationale 
doit  interdire,  sous  de  fortes  peines,  toute  espèce  de  para- 
phrase, interprétation,  glose  et  commentaire  ^^^  oi  Bouquier 
affirme  que,  grâce  aux  sociétés  populaires,  aux  assemblées  de 
sections,  aux  fêtes  décadaires,  etc. ,  la  jeunesse  acquerra,  ce  pour 
ainsi  dire  sans  travail  ■)?,  la  connaissance  de  ses  droits  et  de  ses 
devoirs.  La  République  doit  mettre  les  jeunes  citoyens  à  même 
ff  d'acquérir  les  notions  relatives  au  gouvernement  démocra- 

^^^  Condorcet  avait  répondu  par  premières  lois  de  tous  les  peuples  ont 
avance  à  cette  argumentation  de  Bou-  ëte'  simples;  aucun  n'a  imaginé  de 
quier,  dans  une  note  de  l'e'dition  de  faire  un  me'tier  particulier  de  la  fonc- 
1798  de  son  Rapport  sur  l'organisa-  tion  de  les  interpréter,  de  les  expliquer; 
tion  générale  de  l'instruction  publique  :  et  partout  les  lois  sont  devenues  com- 
ffOn  se  tromperait,  disait-il,  si  on  pliquées,  et  tous  les  pays  ont  été  dé- 
croyait qu'on  puisse  affranchir  un  vastes  par  la  race  dominatrice  et  per- 
peuple  de  la  tyrannie  artificieuse  des  fide  des  gens  de  loi..  .  .  Une  instruc- 
légistes,  en  lui  donnant  des  lois  tion  générale,  en  se  perfectionnant 
simples  et  claires,  en  n'y  établissant  sans  cesse,  est  le  seul  remède. « 
pas  une  classe  d'hommes  de  loi.  Les 


INTRODUCTION.  liv 

tique  11.  Quant  à  une  instruction  plus  étendue,  rr dont  les  résul- 
tats peuvent  donner  à  ceux  qui  la  reçoivent  des  moyens  par- 
ticuliers de  parvenir  aux  places  ou  d'agrandir  leur  fortune  par 
l'exercice  de  leurs  talents  ti,  est-ce  à  la  République  à  la  pro- 
curer à  ses  frais  à  chacun  des  individus  qui  la  composent? 
Non,  sans  doute;  ceux  qui  voudront  des  maîtres  pour  se  per- 
fectionner dans  les  sciences  et  les  arts  les  payeront.  C'est  là, 
qu'on  le   remarque,  le   système  déjà  défendu   par  Sieyès  et 
Daunou,  et  qui  forme  la  base  du  projet  de  décret  pour  l'éta- 
blissement de  l'instruction  nationale  présenté  par  Lakanal  le 
96  juin  1793.  cfLe  Comité,  disait  Sieyès,  s'est  borné  à  faire 
payer  par  la  bourse  commune  l'instruction  commune  à  tous. 
Ce  changement  (au  plan  de  Condorcet)  ne  doit  point  alarmer 
les  amis  des  sciences  et  des  arts.  Dans  un  pays  comme  le  nôtre, 
oij  la  culture  de  l'esprit,  des  lettres,  des  sciences  et  arts  a  fait 
tant  de  progrès  et  occupe  un  si  grand  nombre  de  personnes, 
il  n'est  point  à  craindre  de  voir  dessécher  les  sources  des  con- 
naissances supérieures,  des  professions  savantes  et  des  talents 
distingués.  On  peut  s'en  rapporter  sur  tout  cela  à  l'industrie 
particulière.  Il  De  même  Bouquier  disait  :  ce  En  mettant  à  la 
portée  de  tous  l'instruction  nécessaire  à  tous,  la  République 
s'est  donc  acquittée  de  sa  dette  envers  ses  enfants;  en  procla- 
mant la  liberté  de  l'enseignement  de  toute  espèce  d'art  et  de 
science,  elle  a  procuré  à  tous  des  moyens  multipliés  de  se  livrer, 
à  cet  égard,  à  leurs  penchants  divers.  Elle  a  ainsi  plus  fait  que 
tous  les  Etats  libres  dont  l'histoire  nous  a  transnns  les  lois,  les 
mœurs  et  les  usages.  La  Grèce,  qui  porta  les  sciences  et  surloiil 
les  arts  à  un  si  haut  degré  de  perfection,  ne  salaria  jamais 
l'instruction.  Cependant  il  sortit  de  son  sein  une  foule  de  sa- 
vants et  d'artistes  (|ui,  imi  honorant  leur  patrie  et  leur  siècle, 
ont  méi'ité  la  reconnaissance  de  la   postérité  dont  ils  on!  vie 
longtemps  les  modèles,  -n 

m.  E 


i,xvi  INTRODUCTION. 

Mentionnons,  pour  lorniincr  ce  cliapitre,  un  arrêté  pris  à 
Brest  le  ^^7  du  premier  mois,  par  les  représentants  Jeanbon 
Sainl-André  et  Prieur  de  la  Marne,  membres  du  Comité  de 
salul  |)iiblic,  et  transformé  en  décret  [général. le  16  pluviôse, 
établissant  un  cours  d'instruction  à  bord  des  vaisseaux  de  la 
Hépublique.  cr  En  rédécliissant  sur  les  causes  qui  avaient  con- 
couru à  produire  les  mouvements  de  l'escadre  ('^,  disait  Jean- 
bon  Sainl-André  dans  le  rapport  fait  par  lui  à  la  Convention 
le  1-2  pluviôse,  nous  vîmes  facilement  que  l'ignorance  des 
marins  y  avait  contribué  pour  beaucoup.  Ces  hommes,  per- 
pétuellement errants  d'un  hémisphère  à  l'autre,  ne  peuvent 
pas  participer  aux  bienfaits  de  l'éducation,  et  de  là  vient  qu'ils 
sont  aussi  plus  faciles  à  tromper.  Un  reste  de  fanatisme,  fruit 
de  cette  même  ignorance,  régnait  à  bord  de  la  flotte.  Quel- 
ques-uns se  rappelaient  qu'ils  avaient  eu  autrefois  des  au- 
môniers, et  ils  avaient  la  faiblesse  de  les  regretter.  Nous  pen- 
sâmes qu'il  était  nécessaire  de  détruire  ce  préjugé.  Mais, 
convaincus  que  l'erreur  d'opinion  résiste  à  la  force  et  cède  à  la 
raison,  nous  osâmes  proposer  à  ces  hommes  simples  et  bons 
le  choix  entre  ces  aumôniers  et  des  instituteurs;  ils  ne  balan- 
cèrent pas.  Le  matelot  sentit  l'avantage  d'avoir  sous  ses  yeux 
son  fils,  de  surveiller  son  éducation  et  de  penser  que  l'égalité 
n'était  plus  désormais  un  vain  mot,  puisque  la  patrie  offrait  à 
tous  le  moyen  de  se  rendre  capable  de  la  servir  dans  tous  les 
grades.  Nous  arrêtâmes  donc  qu'il  serait  mis  sur  chacun  des 
vaisseaux  de  la  République,  de  vingt  canons  et  au-dessus,  un 
instituteur  chargé  de  donner  aux  mousses  et  aux  jeunes  novices 
des  leçons  de  lecture,  d'écriture,  de  calcul  et  d'hydrographie. 

^^^  Il  s'agissait  d'une  tentative  de  re-  comprimée  par  les  deux  membres  du 

bellion  de  la  flotte  mouillée  à  Brest,  Comité  de  salut  public  que  celui-ci  s'é- 

tentative  fomentée  en  septembre  1793  tait  bâté  d'envoyer  auprès  de  l'armée 

par   quelques  officiers    royalistes,    et  navale. 


INTRODUCTION.  lxvii 

Cette  mesure  lïit  reçue  avec  des  transports  de  reconnaissance, 
et  son  utilité  est  trop  évidente  pour  que  Ja  Convention  natio- 
nale, après  avoir  examiné  notre  arrêté,  n'en  lasse  pas  une  loi 
générale  et  permanente  pour  toute  la  marine  de  la  République,  -n 
Le  décret  du  1 6  pluviôse  ne  se  borna  pas  à  établir  des  institu- 
teurs à  bord  des  navires  de  la  (lotte;  il  ordonna  qu'il  serait  fait 
incessamment,  à  l'usage  des  marins,  une  édition  soignée  de  la 
Déclaration  des  droits  de  l'homme  et  de  la  Constitution,  aux- 
quelles seraient  ajoutés  des  notes  ex])licatives  et  des  traits  his- 
toriques choisis  de  préférence  parmi  les  actions  des  défenseurs 
de  la  liberté.  Ce  fut  le  Comité  d'instruction  publique  qui  eut 
à  s'occuper  de  la  rédaction  de  ce  petit  recueil. 

III 

En  dehors  du  plan  général  d'instruction  publique,  bien 
d'autres  travaux  importants  occupèrent  les  séances  du  Comité 
de  frimaire  à  la  fin  de  ventôse  an  n. 

Commençons  par  les  écoles  et  les  maîtres.  Nous  avons  parlé 
déjà  de  la  pétition  des  instituteurs  des  petites  écoles  de  Paris, 
de  Franciade  et  du  Bourg-de-l'Egalité,  présentée  au  Comité  le 
5  frimaire,  et  qui  fut  l'occasion  du  décret  du  4  ventôse;  nous 
n'y  reviendrons  pas.  La  municipalité  de  Paris  s'adressa  à  deux 
reprises  au  Comité  (séances  du  19  pluviôse  et  du  i3  ventôse) 
pour  lui  faire  part  de  rr plusieurs  dilhcultés  sur  l'exécution  du 
décret  du  'jg  frimaire^*).  On  voit,  le  29  ventôse,  le  département 
de  Seine-et-Oise,  l'agent  national  du  district  d'Autun,  la  com- 
mune des  Landes  (district  de  Blois)  réclamer  aussi  des  expli- 
cations et  des  instructions.  Quant  aux  collèges,  un  seul,  celui  de 
l'Egalité,  à  Paris,  occupe  h'  Comité  :  les  préposés  du  départe- 
ment avaient,  en  vertu  d'un  décret,  disposer  d'une  partie  des 
bâtiments  de  ce  coUège  pour  v\\  taire  une  maison  de  détention 

B. 


Lxviii  INTRODUCTION. 

pour  les  suspects;  le  Comité  décide  de  demander  à  la  Coiiventiou 
la  suspension  de  l'elFet  du  décret;  mais  le  Comité  des  domaines 
ayant  proposé  un  moyen  de  ce  former  une  maison  d'arrêt  dans  le 
collè<je,  sans  nuire  à  sa  destination  sous  le  rapport  de  l'instruc- 
tion i^  le  Comité  d'instruction  publique  adopte  ce  moyen  (17  ni- 
vôse). Une  autre  pétition  du  même  collège  donne  lieu  au  décret 
du  1.*]  pluviôse,  déjà  mentionné.  Une  demande  de  secours  du 
citoyen  Ferlus  (Dom  Ferlus),  principal  du  collège  de  Sorèze, 
est  écartée  par  l'ordre  du  jour  (nn  secours  de  vingt-quatre 
mille  livres  avait  déjà  été  accordé  au  collège  de  Sorèze  par 
décret  du  20  août  1793).  Un  rapport  est  préparé  (i5  frimaire) 
pour  l'amélioration  du  sort  des  professeurs  d'hydrographie. 
L'école  des  enfants  de  l'armée,  à  Liancourt,  était  dans  une 
position  ci'itique  depuis  le  décret  du   9  septembre  qui  avait 
supprimé  les  écoles  militaires  :  la  paye  des  élèves  avait  été  sus- 
pendue; à  la  demande  du  ministre  de  la  guerre,  le  Comité 
intervint;  il  fit  voter,  le  26  nivôse,  le  maintien  provisoire  de 
l'école  jusqu'à  l'organisation  effective  des  secours  publics,  et 
une  somme  de  vingt-quatre  mille  livres  fut  allouée  au  ministre 
pour  rr  continuer  les  aliments  provisoires  i\  La  Fondation  de 
l'Ecole  militaire  de  Paris  se  trouvait,  depuis  novembre  1792, 
dans  une  situation  anormale  :  on  avait  oublié  de  la  supprimer 
par  décret,  les  registres  et  papiers  étaient  placés  sous  les  scellés, 
et  les  administrateurs  ne  pouvaient  rendre  leurs  comptes;  sur 
le  rapport  du  Comité,  présenté  par  Petit,  un  décret  (16  ven- 
tôse) régularisa  la  situation,  en  ordonnant  la  levée  des  scellés 
et  la  suppression  de  l'établissement^^).  Enfin  l'établissement  de 
Léonard  Bourdon,  la  Société  des  jeunes  Français,  où  étaient 
reçus  les  orphelins  de  la  patrie,  occupe  à  plusieurs  reprises 

^'^  Le  rapport  de  Micliel-Ediue  IV.liL        verbaux  de  la  Convenliou,  ni  parle 
el  le  décret  qui  lut  vole'  en  conformité        Moniteur. 
ne  sont  mentionnés  ni  par  les  procès- 


INTRODUCTION.  lxix 

]e  Comité  :  Léonard  Bourdon  demande,  le  27  frimaire,  que 
divers  objets  d'instruction,  provenant  du  mobilier  confisqué 
chez  les  émigrés,  soient  mis  à  la  disposition  de  ses  élèves; 
la  Convention  accorde  la  demande  le  19  nivôse,  et  la  Com- 
mission des  arts  s'occupe  du  choix  des  objets;  le  7  pluviôse, 
•le  Comité  désigne  cinq  de  ses  membres  pour  aller  visiter  la 
Société  des  jeunes  Français,  et  le  1 1,  à  la  suite  de  cette  visite, 
ayant  reconnu  l'utilité  d'établir  dans  cette  maison  d'éducation 
un  théâtre  pour  la  déclamation,  il  autorise  la  Commission  des 
arts  à  procurer  à  l'établissement  rrun  petit  théâtre  provenant 
de  la  ci-devant  liste  civile  ou  des  émigrés  i?. 

En  exécution  d'un  décret  voté  à  l'occasion  des  articles  26 
à  33  du  deuxième  paragraphe  du  titre  P""  du  décret  du  28  juin 
1793  sur  les  secours  à  accorder  aux  citoyens  dans  l'indigence, 
le  Comité  des  secours  publics  présenta  à  la  Convention,  en 
nivôse  an  n,  un  projet  de  décret  sur  l'instruction  des  sourds- 
muets  :  ce  projet  prévoyait  la  création  de  six  établissements 
nationaux  (dont  deux  existaient  déjà,  à  Paris  et  à  Bordeaux), 
et  d'une  école  centrale  placée  à  côté  de  l'établissement  de  Paris 
pour  y  former  des  instituteurs.  Le  projet  du  Comité  des  secours, 
accompagné  du  compte-rendu,  écrit  sur  le  ton  d'un  panégy- 
rique enthousiaste,  d'une  visite  faite  par  ce  Comité  à  l'établis- 
sement dii'igé  par  Sicard,  fut  renvoyé  à  l'examen  du  Comité 
d'instruction  publique.  Celui-ci  y  opposa,  ainsi  qu'à  un  nouveau 
rapport  fait  par  Roger  Ducos,  un  contre-projet  qui  fut  lu  à  la 
Convention  par  ïhibaudeau  le  1 1  ventôse  :  ce  contre-projet  se 
bornait  à  conserver  les  établissements  de  Paris  et  de  Bordeaux, 
et  repoussait,  conmie  rr  une  de  ces  idées  académiques  que  la 
Convention  avait  tant  de  fois  proscrites-)?,  la  proposilioii  d'or- 
ganiser une  école  centrale.  Le  rapport  de  Thibaudeau,  fort  élo- 
gieux  pour  Sicard,  montrait  néanmoins  le  parti  bien  arrêté  de 
tenir  la  dra'jée  haute  à  l'insinuant  abbé  qui  avait  su  se  faire, 


Lxx  INTRODUCTION. 

des  rapporteurs  du  Comité  des  secours,  des  preneurs  si  naïfs.  La 
question  fut  ajournée;  elle  ne  devait  recevoir  de  solution  défi- 
nitive que  le  iG  nivôse  an  ni.  Sur  les  vives  réclamations  de 
l'étaMisseinent  de  Paris,  qui  se  plaignait  que  le  local  des  ci- 
devant  Célestins,  près  de  l'Arsenal,  où  il  était  logé,  fût  un 
obstacle  aux  progrès  des  élèves,  un  décret  du  2  5  pluviôse  an  u 
ordonna  le  transfert  de  l'établissement  dans  l'ancien  séminaire 
de  Saint-Magloire ,  rue  Saint-Jacques. 

La  plus  grosse  des  questions  qui  aient  agité  les  esprits  pen- 
dant les  quatre  mois  auxquels  correspond  le  présent  volume 
est  celle  des  cultes.  Le  mouvement  de  déchristianisation,  dont 
nous  avons  rappelé  les  origines  dans  l'Introduction  du  tome 
précédent,  continue  durant  cette  période,  pour  aboutir,  un  peu 
plus  tard,  après  des  tâtonnements  divers,  à  l'organisation  d'un 
essai  de  religion  civile  (décret  du  18  floréal  an  n).  11  y  eut  un 
moment,  au  début  du  mouvement,  où  le  Comité  de  salut  public 
montra  quelques  méfiances  devant  certaines  manifestations  de 
la  libre-pensée  parisienne,  et  crut  devoir  mettre  en  garde  la 
Convention  et  l'opinion  publique  contre  les  intrigues  des  contre- 
révolutionnaires  (rapport  de  Robespierre  sur  la  situation  poli- 
tique de  la  République,  27  brumaire;  discours  de  Robespierre 
aux  Jacobins,  i'^'"  et  8  frimaire;  Réponse  de  la  Convention  na- 
tionale aux  manifestes  des  rois  ligués  contre  la  République, 
adoptée  le  i5  frimaire;  décret  sur  le  libre  exercice  des  cultes, 
16-18  frimaire);  cette  politique  du  Comité  de  salut  public  fut 
aussitôt  comprise  :  elle  reçut  l'adhésion  presque  unanime  des 
républicains,  en  particulier  celle  des  autorités  communales  de 
Paris,  comme  le  prouve  l'histoire  de  l'arrêté  voté  le  3  frimaire  par 
le  Conseil  général  de  la  commune  en  l'absence  du  maire  Paclie 
et  du  procureur  de  la  commune  Chaumette  (qui  se  trouvaient  en 
ce  moment  à  la  séance  du  Comité  d'instruction  publique  pour 


INTRODUCTION.  lxxi 

y  traiter  de  la  translation  de  l'Opéra  et  de  l'organisation  des 
fêtes  nationales).  Cet  arrêté,  rédigé  par  des  mains  maladroites, 
contenait  des  dispositions  contraires  à  la  Déclaration  des  droits  : 
il  prohibait  le  libi*e  exercice  des  cultes,  et  semblait  interdire 
aux  prêtres  l'exercice  de  tout  métier  et  de  toute  profession 
quelconques.  Chaumette  fit  rapporter  ces  dispositions  violentes; 
et,  sur  sa  demande,  le  Conseil  général  déclara,  le  y  frimaire, 
ff  qu'il  n'entendrait  jamais  empêcher  les  citoyens  de  louer  des 
maisons,  de  payer  leurs  ministres,  pour  quelque  culte  que  ce 
fûtr);  mais  qu'en  même  temps  ce  il  ferait  respecter  la  volonté 
des  sections  qui  avaient  renoncé  au  culte  catholicjue  pour  ne 
reconnaître  que  celui  de  la  raison,  de  la  liberté  et  des  vertus 
républicaines  ^^^  n.  C'est  la  même  déclaration  qu'on  retrouve  dans 
le  décret  des  16-18  frimaire,  qui  rr défend  toutes  violences  ou 
mesures  contraires  à  la  liberté  des  cultes  ii,  mais  qui  en  même 
tem])s  rr  n'entend  pas  fournir  à  qui  que  ce  soit  aucun  prétexte 
d'inquiéter  le  patriotisme  et  de  ralentir  l'essor  de  l'esprit  pu- 
blic, ni  improuver  ce  qui  a  été  fait  jusqu'à  ce  jour  en  vertu  des 
arrêtés  des  représentants  du  peuple :t.  Quelques  protestations, 
néanmoins,  se  firent  entendre  contre  cette  affirmation  lésolue 
du  droit  de  tous  les  citoyens  à  pratiquer  paisiblement  leur  culte. 
Au  sein  du  Conseil  général  de  la  commune  de  Paris,  divers 
membres  prétendirent  que,  lorsque  la  Convention  avait  fait  les 
articles  de  la  Déclaration  des  droits  qui  garantissaient  le  libre 
exercice  des  cultes,  réelle  n'avait  pas  prévu  la  marche  rapide  des 
lumières it;  et  que,  rrsi  les  adhérents  des  diverses  sectes  reli- 
gieuses pouvaient  louer  des  édifices  pour  y  exercer  leur  religion , 

^'^  Nous  avons  fait  le  rccil  détaillé  qu'a   publiée   la    revue   la   Rcvoltilion 

(le  cet  incident  mal  coinui,  et  jns({n'ici  française,  org-ane  de  la  Société  de  This- 

dénaturé  par  les  lécils  des  historiens,  (oiie  de  la  U«'voluli()n,  danssesnuint'ros 

dans  une  élude  intitulée  :  La  Hbv.rlè  des  {\c  juin  et  juillet  1  SyO. 
cultes  et  le  Comité  d'insiruction  inddiijue^ 


Lxxii  INTRODUCTION. 

le  fanatisme  inoinenianément  comprimé  reprendrait  une  nou- 
velle vigneun\  Quelques  représentants  en  mission  exprimèrent 
la  crainte  que  le  décret  des  16-18  frimaire  ne  fût  exploité  par 
les  ennemis  de  la  Révolution  comme  un  désaveu  de  la  cam- 
pagne entreprise  par  les  patriotes  en  faveur  de  la  raison  ^'l  Plu- 
sieurs sociétés  populaires  se  montrèrent  mécontentes,  et  nous 
publions,  à  la  page  607  de  ce  volume,  une  délibération  de  la 
Société  de  Moulins ,  en  date  du  1 7  nivôse,  demandant  le  rapport 
du  décret  des  1  6-1 8  frimaire  qui,  cf  loin  d'avoir  atteint  son  objet, 
a  rallumé  les  torches  du  fanatisme  et  aiguisé  ses  poignards ^^ 

Au  nombre  des  opposants  avait  dû  naturellement  se  trouver 
le  très  militant  pliilosoplie  Gloots.  Une  ce  Opinions?  sur  les  spec- 
tacles, qu'il  fit  imprimer  à  la  fin  de  frimaire  comme  membre  du 
Comité  d'instruction  publique,  lui  servit  d'occasion  pour  faire 
une  fois  de  plus  sa  profession  de  foi;  il  y  disait  :  ce  On  a  écrit 
des  volumes  pour  savoir  si  une  république  d'athées  pourrait 
exister.  Je  soutiens,  moi,  que  toute  autre  république  est  une 
chimère.  iî  Et  dans  une  note,  —  note  qui  doit  avoir  été  écrite 
après  la  mémorable  séance  des  Jacobins  où  il  fut  exclu  de  la 
Société,  —  il  ajoutait,  visant  son  ennemi  Robespierre  et  tout  le 
Comité  de  salut  public  :  ce  Si  j'étais  un  fripon,  je  déclamerais 
contre  l'athéisme  ;  car  un  masque  religieux  sied  bien  aux 
traîtres;  si  j'étais  un  intrigant,  je  cajolerais,  j'encenserais  les 
personnages  éminemment  influents.  Il  y  a  tel  comité  qu'on 
prendrait  pour  l'OEil-de-bœuf  de  Versailles,  grâce  à  nos  nou- 
veaux courtisans  tarés,  à  nos  charlatans  qui  s'affligent  de  l'en- 

^'^  Lequinio   écrivait   de  Rochefort  sont  laissé  abattre,  et  il  a  enhardi  les 

au  Comité  de  salut  public,  Je  1*'  plu-  aristocrates  à  tel  point  que  Ton  a  été 

viôse  :  ffCe  décret,  quoique  très  con-  contraint,  en  plusieurs  endroits,  d'em- 

forine  aux  principes,  a  failli  occasion-  ployer  la  force  armée  pour  étouffer  ou 

ner  les  plus  grands  maux  dans  tous  les  arrêter  les  insurrections.  ^  (Lettre  pu- 

d('partements  d'alentour;  les  patriotes,  bliéepar  M.  Aulard  dans  la  Bévolution 

qui  n'en  conq)renaient  pas  l'esprit,  se  française  d'octobre  1896.) 


Lxxiri 


INTRODUCTION. 

terrement  du  charlatanisme.  .  .  Les  intrigants,  désespérés  du 
progrès  universel  de  la  raison,  se  préparaient  à  mettre  de  nou- 
veau le  reste  de  la  République  aux  prises  avec  la  commune  cen- 
trale ,  avec  le  chef-lieu  sauveur  :  heureusement  que  Paris  a  eu  la 
prudence  d'attendre  le  signal  donné  par  les  départements  pour 
renverser  la  marmite  du  diable  !i?  Il  osait  même  dire  :  rrlNous 
avons  vu  depuis  le  commencement  de  la  Révolution  beaucoup 
d'hommes  passer  du  Capitole  à  la  roche  Tarpéienne.  Rrissol 
détruit,  nous  verrons  d'autres  personnages  demeurer  en  ar- 
rière de  la  raison  publique,  -n  Notons  toutefois  que  Gloots  lui- 
même  reconnaissait  la  nécessité  de  la  tolérance  :  ce  La  tolé- 
rance est  un  mal  nécessaire  dans  les  circonstances  actuelles.  La 
politique  nous  commande  de  tolérer,  jusqu'à  nouvel  ordre,  les 
imposteurs  sacrés.  Chaque  commune,  à  cet  égard,  doit  se 
consulter  elle-même  et  voir  si  la  raison  y  est  en  force  :  c'est 
une  affaire  de  police  locale  ^^^.')i 

Par  une  cf  Adresse  ->•>  aux  autorités  constituées  sur  la  marche  à 
imprimer  au  gouvernement  révolutionnaire,  en  date  du  28  ni- 
vôse, le  Comité  de  salut  public  crut  nécessaire  de  bien  pié- 
ciser  la  ligne  de  conduite  que  les  agents  nationaux  devaient 
suivre  à  l'égard  des  cultes.  11  dit  à  ces  magistrats  : 

rLa  liberté  des  cultes  doit  être  Tobjet  de  votre  sollicitude.  La  politique 
ne  marche  pas  sans  la  tolérance...   Ne   caressons  point  les   préju^jés; 


^'^  L'expulsion  de  Gloots  des  Jaco- 
bins, le  Q2  frimaire,  est  un  incident 
dont  il  ne  faudrait  pas  exagérer  la 
portée.  Elle  est  une  preuve  de  l'aninio- 
silé  (préprouvaient  a  son  endroit  Ro- 
bespierre, Camille  Desmoulins,  et 
bien  d'autres;  mais  elle  n'indique  pas 
que  les  Jacobins  aient  voulu  rolro- 
jfrader  et  désavouer  une  ccilaine  ()oli- 
tùpie.    La  veille,    Hébert   élait    sorti 


triomphant  de  l'épreuve  de  l'épuration  ; 
et  le  2  9  ,  en  même  temps  que  Clools, 
trois  autres  membres  du  Comité  d'in- 
struction pul)li(pie  furent  également 
frapp('s  d'exclusion  :  Coupé  de  l'Oise 
connue  fanatique,  pour  avoir  blànu'  le 
mariaj'e  des  prélres;  Daoust,  commo 
noble;  et  Duheni ,  pour  avoir  défendu 
Custine  et  alljupié  Paclie. 


LXXIV 


INTRODUCTION. 


mais,  loin  de  les  allaquer  de  front,  qu'ils  s'évanouissent  devant  le  flam- 
beau (le  la  liaison!  Faisons-le  luire  aux  yeux  de  tous.  Voyez  Tinstruction 
s'avancer  à  (jiands  pas,  l'esprit  public  s'agrandir,  le  jour  de  la  vérité 
percer  tous  les  nuages.  .  .  Il  ne  reste  donc  plus  qu'à  laisser  grossir  ce 
lorrent  de  lumière;  il  balayera  les  préjuge's.  Bientôt  le  fanatisme  n'aura 
plus  d'aliments;  à  le  bien  prendre,  ce  n'est  déjà  plus  qu'un  squelette  qui, 
réduit  cbaque  jour  en  poussière,  doit  insensiblement  tomber  sans  effort 
et  sans  bruit  ^^L  .  .  i? 


Nous  ne  croyons  pas  qn'on  puisse  dire  que  i'attitude  et  la 
volonté  de  ia  Convention,  qui,  le  '^o  brumaire,  s'était  rendue 
an  tenq)le  de  la  Raison  pour  y  célébrer  avec  le  peuple  parisien 
la  iete  de  la  Liberté,  aient  changé  dans  les  quatre  mois  qui 
suivirent.  Elle  a,  le  16  brumaire,  reconnu  le  droit  des  com- 
munes de  supprimer  les  paroisses;  le  21  brumaire,  elle  a  en- 
tendu une  pétition  du  Comité  central  des  Sociétés  populaires 
de  Paris,  demandant  l'abolition  du  salaire  des  prêtres,  et  en  a 
ordonné  l'insertion  au  Bulletin  avec  mention  honorable  pour 
ff préparer  l'esprit  public ii;  le  2  frimaire,  elle  a  accordé  une 
pension  aux  prêtres  qui  abdiqueraient,  tout  en  refusant  de  tou- 
cher aux  décrets  garantissant  le  traitement  des  prêtres  qui  conti- 
nueraient leurs  fonctions;  le  5  frimaire,  elle  entend  une  pétition 
de  la  commime  de  Paris  ^^^  demandant  que  les  prêtres  soient 
exclus  de  tonte  espèce  de  fonctions  publiques,  et  la  renvoie  au 
Comité  d'instruction  publique ^^l  Et  l'on  voit,  pendant  les  mois 
de  frimaire  à  ventôse ,  les  communes  continuer  à  renoncer  au 


^'^  Cette  Adresse  du  Comité  de  salut 
public,  dont  le  texte  est  donné  par  le 
Moniteur  du  i  6  pluviôse  an  ii ,  fut  lue 
dans  la  séance  du  Conseil  général  de  la 
commune  de  Paris  du  12  pluviôse; 
elle  y  fut  vivement  applaudie,  et  le 
Conseil  en  vota  l'impression  et  l'envoi 
aux  quaniute-huil  seclions. 


(^^  Faite  en  exécution  de  l'arrêté  du 
3  frimaire  dont  il  a  élé  parlé  plus 
haut  (p.  Lxxi). 

(^^  Le  Comité  ne  fit  aucun  rapport 
sur  cette  question.  Il  paraît  probable 
que  les  chefs  du  gouvernement  révolu- 
tionnaire ne  jugèrent  pas  à  propos  de 
faire  voter  une  mesure  générale  de  ce 


LXXV 


INTRODUCTION. 

culte  public,  à  consacrer  leurs  églises  et  leurs  presbytères  à 
l'instruction  et  à  la  bienfaisance  ^^^  ;  les  ecclésiastiques  de  toute 
religion  continuer  à  se  déprêtriser;  les  populations  continuer 
à  célébrer  des  fêtes  en  l'honneur  de  la  Raison  ou  de  l'Etre- 
suprême,  et  réclamer  une  organisation  régulière  de  fêtes  déca- 
daires; et  les  autorités  constituées,  appuyées  par  la  plupart  des 
représentants  en  mission ,  continuer  à  prendre  des  mesures  pour 
rr combattre  le  fanatisme ti  et  cr répandre  les  lumières^.  Nous 
publions  dans  ce  volume  (p.  619)  une  Adresse  de  l'agent  na- 
tional du  district  d'Etampes  aux  communes  de  son  ressort, 
datée  du  22  nivôse,  où  l'on  voit  clairement  quel  esprit  anime 
les  administrations  républicaines.  crVous  avez  reconnu,  dit  ce 
magistrat,  que  les  prêtres  étaient  des  imposteurs.  Cessez  doue 
l'exercice  public,  dans  les  églises,  d'un  culte  trop  longtemps 
privilégié  :  que  chacun  exerce  chez  lui  le  culte  qu'il  croit  le  meil- 
leur. Que  les  églises  deviennent  les  temples  de  la  Raison;.  .  . 
que  vos  cloches  ne  sonnent  que  pour  annoncer  aux  citoyens 
qu'on  va  s'assembler  dans  le  temple  de  la  Raison,  s'y  occuper 
des  grands  intérêts  de  la  République  ou  de  l'intérêt  particulier 
de  la  commune.")?  Le  Comité  de  salut  public,  qui  allait  à  co 


genre.  La  Sociétd  des  Jacobins,  de 
même,  qui  décida  roxclusioii  de  son 
sein  de  tous  les  étrang-ers,  nobles  el 
banquiers,  refusa  d'appliquer  cet  ostra- 
cisme aux  prêtres  (26  frimaire).  Mais 
les  prêtres  n'en  furent  pas  moins  ex- 
clus, par  des  décrets  spéciaux,  de  cer- 
taines catégories  de  fonctions  publi- 
(|ues.  Si  le  décret  du  99  frimaire,  en 
proclamant  la  liberté  de  renseignement, 
leconnaît  implicitement  aux  prêlres, 
comme  à  tous  les  citoyens,  le  droit 
théorique (renseigner(en  en  subordon- 
nant toutefois  rexercicc  à   l'obtcnlion 


d'un  certificat  de  civisme  et  de  bonnes 
mœurs),  les  décrets  des  8  et  16  plu- 
viôse, dus  à  rinitiative  directe  du  Go- 
mité  de  salut  public,  disent  formelle- 
ment que  fraucun  ministre  d'un  cidte 
quelconque  fl  ne  pourra  être  nommé  in- 
stituteur de  langue  française  dans  les 
écoles  créées  par  le  décret  du  8 ,  ni  insti- 
tuteur à  bord  des  navires  de  la  tlolle. 

^'^  lies  procès-verbaux  des  séances 
de  la  Convention  débutent  chacpie  jour, 
jus(pr(Mi  thermidor,  pai*  up.e  énumera- 
tion  des  communes  qui  ont  renoncé  au 
cult(>  public. 


Lxxvi  INTRODUCTION. 

inonioni  envoyer  lui-même  aux  autorités  constituées  son  Adresse 
du  28  nivôse,  dut  sans  doute  juger  que  cet  agent  national 
avait  bien  interprété  Tesprit  du  décret  des  .16-18  frimaire, 
])uis((ue  Billaud-Varenne  transmit,  le  17  pluviôse,  le  document 
d'Etamj)es  au  Comité  d'instruction  publique. 

Les  procès-verbaux  du  Comité  d'instruction  publique,  de 
frimaire  à  ventôse,  nous  montrent  ce  Comité  désireux  d'éviter, 
autant  que  possible,  de  s'occuper  de  questions  d'ordre  purement 
religieux,  et  s'inspirant  toujours  du  principe  formulé  dans  sa 
déclaration  du  1  7  du  premier  mois  :  ce  Le  gouvernement,  étranger 
à  tous  les  cultes,  n'a  pas  le  droit  de  s'immiscer  dans  leur  régime; 
il  doit  se  borner  à  les  protéger  tous,  en  leur  assurant  le  libre 
exercice  de  leurs  droits.  ii  (Voir  t.  II,  p.  602.) 

Ainsi,  le  3  frimaire,  l'administrateur  de  la  Maison  nationale 
des  militaires  invalides  cr  consulte  le  Comité  sur  la  question  de 
savoir  comment  il  se  comportera  vis-à-vis  des  invalides  qui  de- 
mandent qu'on  dise  la  messe  les  jours  de  dimanche  ^0;  le  Comité 
estime  que  la  chose  ne  le  regarde  pas,  et  passe  à  l'ordre  du 
jour.  Le  19  nivôse,  il  prend  connaissance  d'une  lettre  que  lui 
a  adressée  un  certain  Derubigny  ce  pour  le  consulter  relative- 
ment à  la  ci-devant  église  de  Saint-Médard,  qu'il  paraît  désirer 
voir  de  nouveau  affectée  au  culte  catholique  i?;  le  Comité  pro- 
nonce l'ajournement.  Le  5  pluviôse.  Coupé  de  l'Oise  fait  un 
rapport  rrsur  un  arrêté  du  département  de  la  Côte-d'Or  relatif 
au  maintien  de  la  liberté  des  opinions  religieuses  dans  l'édu- 
cation publique T);  le  Comité,  en  passant  à  l'ordre  du  jour,  le 
motive  rrsur  ce  que  cet  arrêté  est  dans  les  principes  de  la  li- 
berté ii.  Il  continuée  enregistrer  les  abdications  de  prêtres  qui 
lui  sont  envoyées  en  exécution  des  décrets  des  19  et  28  bru- 
maire ;  mais,  malgré  les  termes  exprès  du  décret  du  19,  il  ne 
semble  pas  qu'il  ait  songé  à  cr  prendre  des  mesures  pour  les 
faire  servir  soit  à  Thistoire  de  la  Révolution,  soit  à  l'instruction 


INTRODUCTION. 


LXXVIl 


i)ul)lique')7,  comme  Romme  l'avait  demandé.  H  s'occupe,  pour 
obéir  à  un  décret  du  3  frimaire,  de  la  question  de  savoir  si  les 
sociétés  populaires  doivent  recevoir  de  la  nation  un  local  pour 
leurs  assemblées.  L'ex-curé  Coupé  de  l'Oise  rédige  un  projet 
de  décret  retendant  à  laisser  à  la  disposition  des  communes 
les  églises  11  (19  pluviôse).  La  question,  soumise  ensuite  à 
l'examen  du  Comité  de  salut  public,  reste  en  suspens ^^^  Enlin 
le  Comité  prépare,  en  exécution  d'un  décret  du  i5  brumaire 
(t.  II,  p.  75*2),  un  plan  de  iétes  nationales  et  décadaires,  et 
par  là  il  répond  à  un  vœu  plus  d'une  fois  exprimé  non  seule- 
ment par  les  hommes  politiques,  mais  par  les  sociétés  popu- 
laires et  les  autorités  municipales  (^^.  Ce  plan,  élaboré  par  une 
commission  de  six  membres  dont  Mathieu  fut  le  rapporteur,  fut 


^'^  Le  projet  de  décret  de  Bouqiiier 
sur  le  dernier  degrd  d'instruction  con- 
tient un  article  déclarant  que  les  églises 
et  maisons  curiales  abandonnées  appar- 
tiennent aux  communes,  qui  pourront 
en  disposer  crpour  facililer  la  réunion 
des  citoyens  en  sociétés  populaires ,  la 
célébration  des  fêtes  nationales  et  lo- 
cales, l'exécution  des  jeux  civiques,  des 
évolutions  militaires,  et  la  représen- 
tation des  pièces  patriotiques^.  Quant 
à  la  question  de  la  transl'oi'mation  des 
('glises  en  temples  de  la  Raison,  elle 
avait  déjà  été  tranchée  par  le  décret  du 
95  brumaire  (voir  t.  II,  p.  863); 
toutes  les  fois  qu'une  municipalité 
adresse  une  pétition  à  la  Convention 
pour  être  autorisée  à  faire  de  son 
église  et  de  son  presbytère  un  temple  de 
la  liaison  et  une  école,  rassemblée  passe 
à  l'ordre  du  jour,  par  le  motif  qu'un 
décret  a  déjà  accordé  cette  facuitt'. 
11  faut  noter    toutefois,  connue  sym- 


ptôme d'opinion ,  une  lettre  adressée 
le  q3  pluviôse,  de  Nogent,  au  Comité 
de  salut  public  par  le  représentant  Ben- 
tabole,  et  renvoyée  au  Comité  d'in- 
struction publique,  lettre  où  ce  dé- 
puté fait  observer  qu'il  peut  y  avoir 
des  inconvénients  à  ériger  partout 
des  tem[)les  de  la  Raison ,  parce  que 
ffl'érection  d'un  temple  dédié  à  toute 
autre  chose  qu'à  l'Etre-suprême  peut 
présenter  aux  malveillants  des  moyens 
de  supposer  aux  yeux  des  ignorants 
une  espèce  de  nouveau  culte 'i  ;  et  qu'en 
outre,  si  la  nation  abandonnait  dans 
chaque  commune  une  église  snp- 
primée,  ou  un  domaine  national  quel- 
conque, pour  en  faire  un  tenq)le  de 
la  Raison,  cela  représenterait  une 
gi'osse  somme  :  cril  y  a  /i-^1,000  oom- 
nuuies;  chaque  local  ne  valùt-il  que 
3,000  livres,  cela  ferait  une  dépense 
pour  le  lise  de  i3*j  millions 7^. 

^*'    \insi,  1.'  -Àij  ventôse,  le  Comité 


Lxxviii  INTRODUCTION. 

inipritiié  en  vertu  d'un  airélé  du  9  ventôse,  pour  être  distribué 
aux  membres  de  la  Convention,  afin  crde  pressentir  l'opinion 
publique T).  Il  instituait,  outre  les  rr sans-culotides ii  créées  par 
le  décret  du  3  du  premier  mois,  cinq  grandes  fêtes  annuelles 
et  trente-six  fêtes  décadaires  :  cfces  fêtes,  instituées  sous  les 
auspices  de  l'Etre-suprême,  auront  lieu  dans  les  édifices  natio- 
naux consacrés  à  un  culte  public;  ces  édilices  seront  tous  ap- 
pelés leniples  de  la  Raison-n;  il  devait  être  ouvert  un  concours 
pour  la  composition  de  discours  ou  instructions  philosophiques 
el  politiques  propres  à  être  lus  dans  les  fêtes  décadaires,  et 
pour  la  composition  d'hymnes  et  chants  nationaux.  Le  1 1  ger- 
minal, le  Comité  d'instruction  publique  autorisera  Mathieu  à 
se  concerter  avec  celui  de  salut  public  pour  le  projet  de  décret 
sur  les  fêtes  nationales  :  le  résultat  de  ce  concert  sera  que  le 
Comité  de  salut  public  retiendra  le  projet,  pour  s'en  réserver 
l'initiative ,  et  chargera  Robespierre  de  préparer  un  rapport  sur 
cet  objet.  Telle  fut  l'origine  du  fameux  rapport  du  18  floréal 
rr  sur  les  rapports  des  idées  religieuses  et  morales  avec  les  prin- 
cipes républicains,  et  sur  les  fêtes  nationales (^^?. 

La  même  Commission  des  Six  qui  avait  eu  à  préparer  un 


prend  connaissance  d'une  pétition  de 
la  Société  populaire  de  Cliarolles  qui , 
r  après  quelques  réflexions  sur  le  dés- 
œuvrement et  Tennui  des  citoyennes 
des  campagnes  qui  n'ont  plus ,  pour  se 
réunir  le  décadi  dans  le  chef-lieu  de 
leurs  communes,  les  motifs  qui  les  y 
attiraient  le  dimanche,  demande  que 
chaque  municipalité  de  la  canqîagne 
soit  autorisée  à  employer  le  jour  de 
décadi  une  somme  pour  procurer  des 
délassements  aux  citoyennes  des  cam- 
pagnes «. 

^'^   ï.e  décret   du    18   floréal,    dont 


l'article  1"  dit  :  frLe  peuple  français 
reconnaît  l'existence  de  l'Etre-su- 
prême et  l'immortalité  de  l'amen,  in- 
stitue, par  son  article  7,  trente-six  fêtes 
décadaires.  Les  titres  de  vingt  et  une 
de  ces  fêtes  sont  empruntés  au  projet 
du  Comité  d'instruction  publique.  Dans 
un  travail  publié  en  1878,  Georges 
Pouchet  avait  signalé  à  tort  un  pré- 
tendu antagonisme  entre  le  Comité 
d'instruction  pubhque  et  Robespierre, 
à  propos  de  ce  projet;  nous  avons, 
dans  une  note  de  la  seconde  édition 
du  travail    de    Pouchet,    rectifié    les 


INTRODUCTION.  lxxii 

projet  de  décret  sur  les  fêtes  avait  à  s'occuper  aussi  des  théâtres. 
On  se  rappelle  qu'un  décret  du  2  5  brumaire,  rendu  sur  la 
proposition  de  Fabre  d'Eglantine,  avait  chargé  le  Comité  d'in- 
struction publique  de  présenter  un  projet  sur  le  moyen  de 
rendre  nationaux  les  théâtres,  vu  leur  influence  dans  l'éduca- 
tion publique.  Cloots  fit  au  Comité,  le  17  frimaire,  un  rapport 
concluant  à  la  négative:  il  repoussait  la  fondation  de  théâtres 
prétendus  nationaux.  Le  Comité  ne  se  prononça,  pas,  et  Cloots 
fit  imprimer  son  Opinion  pour  être  distribuée  à  la  Convention  : 
cet  opuscule,  dont  nous  avons  déjà  parlé  plus  haut  (p.  Lxxn), 
contient  non  seulement  sur  la  question  religieuse,  mais  sur  celle 
de  la  liberté  de  l'industrie  et  du  rôle  de  l'État,  sur  celle  de 
l'éducation,  des  choses  fort  intéressantes.  rcLe  peuple  français, 
y  lit-on,  n'exige  de  ses  administrateurs  que  du  pain  et  le  Bul- 
letin. Nous  saurons  bien  nous  procurer  le  reste  sans  que  le  gou- 
vernement s'en  môle.  Laissez  faire  l'industrie  ])articulière;  il  en 
est  des  théâtres  comme  de  la  boulangerie  :  le  gouvernement  doit 
simplement  veiller  à  ce  qu'on  n'empoisonne  ni  le  corps  ni  l'es- 
prit, à  ce  que  l'on  débite  une  nourriture  saine.  ->•>  Et,  appliquant 
le  même  principe  à  l'instruction  en  général ,  il  ajoute  :  rr  Partout 
oii  l'on  voudra  s'instruire,  il  se  présentera  des  instituteurs,  sans 
l'intervention  du  gouvernement.  .  .  Voici  la  règle  du  bon  sens  : 
tout  établissement  dont  tous  profitent  est  aux  frais  de  la  na- 
tion. J'en  conclus  que  nous  établissions  des  écoles  militaires, 
des  écoles  de  musique  et  d'équitation,  des  écoles  de  marine  et 
de  médecine,  des  bibliothèques  publiques,  des  cabinets  de  Jjhy- 
sique,  des  laboratoires  de  chimie,  des  jardins  de  botani([ue, 
si  toutefois  une  fîrande  nation  libre  a  besoin  d'un  décret  [nmv 


b' 


erreurs   malérielles  (ju'il    avail   coin-  roctions  |)ar  J.  Giillaime:  l\»ris,   au 

mises  sur  ce  poinl  [Les  Sciences  peu-  siège  de  la  Soci(^lo  de  riiistoire  de  la 

dant  la  Terreur,  par  G.  Vovchet; '■2' Mi-  Hévolulioii  iVauçaise,  1896,  pagos  ai 

lion,  avec  avertissemenl ,  noies  el  cor-  ci  -i-j). 


Lxxx  INTRODUCTION. 

posséder  toul  ce  que  riiidustrie  humaine,  loul  ce  que  l'ému- 
lation universelle  oITre  naturellement  aux  hommes  civilisés.  Je 
pense  que  les  écoles  naîtront  partout  avec  l'aisance  des  familles 
et  la  liherté  des  individus.  .  .  L'éducation  doit  circuler  comme 
toute  autre  marchandise  :  ce  que  nous  décréterions  là-dessus 
serait  momentané,  comme  nos  mesures  révolutionnaires  du 
viaximum  et  de  la  réquisition.  Vous  aurez  d'excellents  maîtres 
et  d'excellents,  disciples,  et  dans  une  juste  proportion  pour 
chaque  faculté,  en  abandonnant  cette  branche  de  commerce  à 
la  sollicitude  des  parents  et  à  l'œil  sévère  du  public,  n 

Sous  le  rapport  purement  administratif,  le  Comité  eut  à 
s'occuper  à  plusieurs  reprises  de  la  demande  de  la  commune 
de  Paris,  qui  désirait  voir  transférer  l'Opéra  sur  la  rive  gauche, 
dans  le  bâtiment  du  Théâtre-Français,  qu'un  arrêté  du  Go- 
mité  de  salut  public  avait  fermé  le  3  septembre  1798;  la  ques- 
tion ne  sera  tranchée  qu'en  germinal,  par  le  Comité  de  salut 
public. 

L'Institut  national  de  musique,  dont  la  formation  avait  été 
décidée  par  le  décret  du  18  brumaire  (^^  n'était  pas  encore 
organisé  :  il  ne  le  sera  qu'en  thermidor  an  m,  sous  le  nom  de 
Conservatoire  de  musique,  par  la  réunion  des  musiciens  de 
la  garde  nationale  parisienne  et  des  professeurs  de  l'école  des 
Menus.  Mais  le  Comité  d'instruction  publique  est  en  relations 
suivies  avec  les  musiciens  de  la  gaj'de  nationale  parisienne;  il 
approuve,  le  -29  nivôse,  le  projet  présenté  par  leur  chef  Sar- 
relte  d'une  publication  musicale  mensuelle,  et  en  recommande 
l'adoption  au  Comité  de  salut  public  (qui  le  sanctionne  par  un 

'^^  Nous  donnons,  dans  l'Appondice  Paris,  du  ik  brumaire,  portant  qu'une 

du  présent  volume,  le  texte  de  la  pe'li-  députation  de  ce  Conseil  accompagne- 

tion  lue  à  la  Convention  le  18  bru-  rait  les  musiciens  de  la  garde  nationale 

maire  par  Sarrclte,  et  la  délibération  a  la  barre  de  la  Convention  le  18. 
du  Conseil  général  de  la  commune  de 


INTRODUCTION.  lsxxi 

arrête  du  siy  pluviôse);  il  accueille,  le  7  ventôse,  le  vœu  que 
les  instruments  de  musique  provenant  des  émigrés  soient  exa- 
minés par  un  jury  compétent,  et  que  ceux  qui  auront  été  mis  à 
part  soient  distraits  de  la  vente  du  mobilier  appartenant  à  la 
nation  (vœu  sanctionné  par  un  arrêté  du  Comité  de  salut  pu- 
blic du  7  floréal);  enfin  il  arrête,  le  29  ventôse,  de  faire  al- 
louer à  ces  musiciens  une  subvention  mensuelle  supplémentaire 
de  douze  cents  livres  (arrêté  confirmé  par  le  Comité  de  salut 
public  le  4  floréal).  En  outre,  il  intervient  (3  nivôse)  dans  un 
conflit  relatif  à  l'usage  du  bâtiment  dit  des  Menus,  rue  Ber- 
gère, où  était  installée,  de])uis  sa  fondation,  l'Ecole  de  chant 
et  de  déclamation,  où  la  section  du  faubourg  Montmartre  avait 
également  le  local  de  ses  séances,  et  où  il  était  question  de 
placer  l'Ecole  des  trompettes.  Le  Comité  d'instruction  pu- 
blique se  concerte  avec  celui  des  domaines  pour  chercher  une 
solution;  l'affaire  traîne  en  longueur,  et  sera  finalement  portée 
devant  le  Comité  de  salut  public.  Celui-ci,  par  un  arrêté  du 
98  floréal  an  n,  tranchera  la  question  :  l'arrêté  décida  que  la 
maison  nationale  dite  des  Menus  servirait  désormais  pour  l'In- 
stitut national  de  musique  établi  par  le  décret  du  18  brumaire, 
et  que  le  Comité  des  domaines  pourvoirait  à  ce  que  la  section 
du  faubourg  Montmartre  pût  s'installer  dans  une  autre  imùson 
nationale. 

La  Commission  des  poids  el  mesures  s'occupail,  depuis  plus 
de  deux  mois,  des  travaux  relatifs  à  la  confection  des  étalons, 
lorsque  le  décret  du  /i  frimaire,  ([ui  ordonna  l'arrestation  des 
fermiers  généraux  (^),  la  priva  de  son  trésorier  Lavoisier.  Nous 
avons  Irouvé  la  lettre  (jue  cehii-ci  adi'essa,  le  5  frimaire,  à  la 
Convention  pour  demandei'  à  iTêlre  pas  compris- dans  le  de- 

^'^  On  li'ouvera,  aux  [)a{»os  i()--).()  du  prisent  \olunu\  la  reproiluilion  des  dé- 
bats de  la  Convention  relatifs  à  Tarrestation  des  fermiers  généraux. 

III.  r 


Lxxxii  INTHODUCTION. 

cret^^);  celte  Iclliv,  lue  le  matin,  fut  renvoyée  au  Comité  d'in- 
sti'iiclion  |)nl)li(jne,  qui,  dans  sa  séance  dn  soir,  passa  à  l'ordre 
du  iour^-l  Lavoisier  s'était  d'abord  caché;  après  quelques  jours 
d'hésitation,  il  se  résolut  à  obéir  au  décret,  et  se  constitua  pri- 
sonnier le  8  frimaire.  La  Commission  des  poids  et  mesures  le 
remplaça  dans  ses  fonctions  de  trésorier  par  Coulomb,  le  i8 ,  et 
dix  jours  plus  tard,  le  28,  décida  qu'une  démarche  serait  faite 
pour  réclamer  sa  mise  en  liberté;  elle  représenta  au  Comité 
de  sûreté  générale  rr  comhien  il  était  urgent  que  ce  citoyen  pût 
être  rendu  aux  travaux  importants  qu'il  a  toujours  suivis  avec 
autant  de  zèle  que  d'activités;  mais  ce  Comité,  cr considérant 
que  le  citoyen  Lavoisier  est  porté  sur  la  liste  des  ci-devant  fer- 
miers généraux  mis  en  état  d'arrestation  en  exécution  du  dé- 
cret de  la  Convention  nationale  11 ,  ne  put  que  passer  à  l'ordre 
du  jour,  comme  l'avait  fait  le  Comité  d'instruction  publique. 
De  son  côté,  le  Comité  des  assignats  et  monnaies  avait  signalé 
au  Comité  de  salut  public,  le  28,  le  retard  qu'apportait  à  la 
fabrication  des  cr  assignats  métalliques  s  (c'est-à-dire  de  la  mon- 
naie de  bronze)' l'arrestation  de  plusieurs  citoyens  dont  les  tra- 
vaux étaient  nécessaires  à   cette  fabrication;  le   i^"*  nivôse >  il 

^'^  Nous  avons   communique  cette  le  décret  du  h  finmaire;  le  Comité  de 

lettre  à  M.  Ed.  Grimaux,  pour  qu'il  pût  sûi^eté  générale,  obéissant  au  décret, 

Tinsérer  dans  la  seconde  édition  (i8()6)  avait  décerné  le  jour  même  un  mandat 

âa  son  Yiwre  Lavoisier.  d'arrêt  contre  lui,  et  il  n'appartenait 

^'^  On  s'est  étonné  (voir  entre  autres  pas  au  Comité  d'instruction  publique 
le  Lrtyoîs/er  de  M.  Ed.  Grimaux,  2^  éd.,  d'en  empêcher  l'exécution.  La  même 
p.  270)  que  le  Comité  d'instruction  chose  se  produisit  le  7  nivôse ,  à  propos 
publique  ait  passé  à  l'ordre  du  jour,  d'une  demande  d'intervention  en  fa- 
sans  que  personne  proposât  qu'une  ex-  veur  du  minéralogiste  Sage ,  arrêté  en 
ception  fut  faite  en  faveur  de  Lavoisier.  vertu  de  la  loi  des  suspects;  le  Comité 
C'est  qu'on  ne  réfléchit  pas  que  le  Co-  d'instruction  publique  passa  à  l'ordre 
mité  d'instruction  publique  ne  pouvait  du  jour,  ff  motivé  sur  ce  que  le  Comité 
que  s'incliner  devant  un  décret  formel  de  sûreté  générale  ne  doit  pas  être  in- 
de  la  Convention  :  Lavoisier  avait  été  terrompu  dans  sa  marche  révolution- 
fermier  général,  il  était  compris  dans  naire^  (p.  216  du  présent  volume). 


INTRODUCTION.  lxkxiii 

demanda  expressément  qu'un  membre  de  la  Commissiou  des 
monnaies,  ainsi  que  le  directeur  de  la  Monnaie,  l'architecte,  et 
le  citoyen  Lavoisier,  qui  se  trouvaient  tous  quatre  en  état  d'ar- 
restation, fussent  autorisés  à  continuer  leur  travail,  rr  avec  toutes 
les  mesures  de  sûreté  que  l'on  croira  d'ailleurs  convenables  t. 
Le  Comité  de  salut  public  refusa  d'admettre  qu'il  y  eut  des 
hommes  dont  il  fût  impossible  de  se  passer;  rr  après  s'être  con- 
certé avec  les  membres  du  Comité  d'instruction  publique  oc- 
cupés spécialement  de  l'opération  des  poids  et  mesures ii  (Arbo- 
gast,  Fourcroy  et  Guyton),  au  lieu  de  prendre  une  mesure 
exceptionnelle  en  faveur  de  Lavoisier,  il  décida,  tout  au  con- 
traire, par  un  arrêté  en  date  du  3  nivôse,  d'éliminer  de  h\ 
Commission  des  poids  et  mesures  six  membres  qui  ne  lui  pa- 
rurent pas  ce  dignes  de  confiance  par  leurs  vertus  républicaines 
et  leur  haine  pour  les  roisii,  Borda,  Lavoisier,  Laplace,  Cou- 
lomb, Brisson  et  Delambre,  et  de  demander  aux  membres  res- 
tants ffde  faire  connaître  au  plus  tôt  au  Comité  de  salut  public 
quels  sont  les  hommes  dont  la  Commission  a  un  besoin  indis- 
pensable pour  la  continuation  de  ses  travaux  ('^^.  Hassenfratz, 
Prony  et  Buache  furent  désignés;  et  la  Commission  des  poids 
et  mesures,  réorganisée,  et  composée  de  Lagrange,  Monge, 
Haûy,  Vandermonde,  Méchain,  Berthollet,  Hassenfratz,  Prony 
et  Buache,  se  présenta  le  3o  nivôse  à  la  barre  de  la  Conven- 
tion; Monge  y  lut  une  adresse  dans  laquelle  la  Commission 
ce  rendait  compte  des  travaux  qu'elle  avait  faits  depuis  ciiu] 
mois,  et  de  ceux  auxquels,  depuis  vsa  régénération,  elle  se 
livrait  avec  une  nouvelle  activité i^.  Une  impulsion  nouvelle, 
en  effet,  venait  d'être  donnée  aux  opérations  des  |)oids  ol  me- 
sures; les  marchés  ])oui'  la  confection  des  élalons,  après  (h» 
longs  retards,  avaient  enlin  élé  coiudus  avec  le  balancier-ajns- 

^'^  Voir,  [)our  tous  ces  l'alls,  les  pièces  in^liles  que  nous  publions  pa^i's  tî.'U) 
a/iQ  du  prissent  volume. 


Lxxxiv  INTRODUCTION. 

teiir  Fourché  et  le  coiislnictcur  Fort  in;  Je  Coinile  d'iiistnic- 
tiou  |)ul)li([iie  était  intervenu  (i3  nivôse)  pour  lever  les  diffi- 
cultés qu'op])osai(  rarcliitecte  du  Louvre  à  l'inslallation  des 
aleliei's;  il  avait  lait  mettre  à  la  disposition  de  Haiiy,  secrétaire 
(le  la  Commission,  un  local  où  celui-ci  pût  travailler  cr  et  môme 
trouver  au  besoin  un  liti?;  il  avait  obtenu  que  les  fonds,  les 
machines  et  les  papiers  qui  se  trouvaient  sous  les  scellés  chez 
Lavoisiei"  fussent  remis  à  la  Commission  (l'opération  fut  faite 
le  i()  nivôse,  en  présence  de  Lavoisier,  par  les  soins  de  Four- 
croy  et  de  Guyton,  avec  l'autorisation  du  Comité  de  sûreté 
générale;  nous  en  publions,  p.  260,  le  procès-verbal  inédit); 
il  avait  arrêté  (17  nivôse)  que  Ylnstî^iction  sur  les  mesures  dé- 
duites de  la  grandeur  de  la  terre,  dont  Haûy  venait  d'achever  la 
rédaction,  serait  tirée  à  l'Imprimerie  nationale  executive  du 
Louvre  à  six  mille  exemplaires  (nombre  qui,  en  pluviôse,  fut 
porté  à  vingt  mille).  En  même  temps,  le  Comité  chargeait  la 
Commission  des  poids  et  mesures  de  la  continuation  du  calcul 
de  la  Connaissance  des  temps  (précédemment  confié  à  Cassini), 
en  l'invitant  crà  donner  à  cet  ouvrage  toute  la  perfection  que 
rend  possible  l'état  actuel  des  sciences  astronomiques  et  nau- 
tiques ^i  (19  nivôse);  il  lui  demandait  un  avis  ce  sur  le  désir 
qu'ont  témoigné  plusieurs  membres  du  Comité  de  faire  com- 
poser un  catalogue  complet  d'étoiles  fixes,  dont  les  positions 
seraient  calculées  d'après  la  nouvelle  division  du  cercle,  ainsi 
que  de  diviser  la  sphère  céleste  par  bandes  parallèles  et  par 
fuseaux  et  de  rendre  superflue  la  manière  de  grouper  les  étoiles 
suivantles  constellations  en  usage •)?  (19  nivôse).  Enfin  (i5  ven- 
tôse) il  invite  le  Comité  de  salut  public  à  réclamer,  au  nom 
des  deux  comités,  un  décret  qui  chargerait  le  Comité  de  salut 
public  de  reprendre  des  mesures  révolutionnaires  pour  accélérer 
la  fabrication  des  poids  et  mesures  dans  toute  l'étendue  de  la 
République  i\ 


INTRODUCTION.  lxxxv 

Aux  travaux  relatifs  au  nouveau  système  des  poids  et  me- 
sures se  rattache  l'ouveriure  d'un  concours  pour  la  construction 
de  montres  et  horloges  décimales.  La  Convention  chargea,  le 
8  frimaire,  à  l'occasion  de  l'envoi  d'une  montre  décimale  exé- 
cutée par  l'horloger  Firstenfelder,  de  Carouge,  en  Savoie,  le 
Comité  d'instruction  puhlique  de  lui  faire  un  rapport  sur  la 
question.  Ce  rapport  fut  présenté  par  Romme  à  la  Convention 
le  2  1  pluviôse,  et  le  concours  fut  déclaré  ouvert  jusqu'au 
i"^""  messidor  an  n;  les  artistes  furent  invités  à  résoudre  les 
questions  suivantes  :  cr  Quelle  est  l'organisation  la  plus  simple, 
la  plus  solide,  la  moins  coûteuse  à  donner  aux  montres  de 
poche,  aux  pendules,  aux  horloges,  pour  mesurer  ensemble  ou 
séparément  les  différentes  parties  du  jour  qui,  par  le  décret  du 
i  frimaire,  est  divisé  en  dix  heures,  chaque  heure  en  dixièmes, 
centièmes,  millièmes  et  dix-millièmes?  Quel  est  le  change- 
ment le  plus  prompt,  le  plus  simple,  le  plus  sûr  et  le  moins 
coûteux  à  faire  aux  anciennes  montres,  pendules,  horloges, 
pour  leur  faire  marquer  à  la  fois  l'ancienne  et  la  nouvelle  di- 
vision du  jour,  ou  seulement  la  nouvelle  division  ?ii 

Nous  avons,  dans  l'Introduction  du  tome  précédent,  parlé 
de  la  rivalité  qui  s'était  manifestée  entre  la  Commission  des 
monuments  et  la  Commission  des  arts,  rivalité  qui  devait 
ahoulir  à  la  suppression  de  la  Commission  des  monuments. 
C'est  le  '>.8  fr'imaire  que  la  Convention,  sur  le  rapport  présenté 
par  Mathieu  au  nom  du  Comilé  d'instruclion  publique,  rendit 
uu  décret (')  portant  que  la  Commission  des  monuments  était 

^'^  Chose  renian[ual)lo  :  à   co  iiio-  lueiils  est  de  n'avoir  pas  apportt^  assez 

ment  où,  selon  la  légende,  les  l'cvolii-  de  zèle  à  préserver  de  la  deslruction 

lionnaires  n'auraient  song('   (pi'à   dé-  et  à  recueillir  des  œuvres  d'ail ,  ni^nie 

liuire  avec  une  haine  aveujjle  lout  ce  d'un   caractère    monarchique    cl    reli- 

qni  restait  du  passé,  le  reproche  for-  g-ieux.    Voir   le    rapport  de   Malhieu, 

mule  contre  la  Connnission  des  nionu-  p.  i-j',)  du  présent  volume. 


Lxxxv,  liNTRODUGTlON. 

supprimée,  et  serait  remplacée  par  la  Commission  des  arts 
pour  rexécution  de  tous  les  décrets  concernant  la  conservation 
des  monuments  et  des  objets  de  science  et  d'art;  et  que  le  Co- 
mité d'instruclioii  pul)li(pie  ])résentei'ait  à  la  Convention  la  liste 
des  membres  de  la  Commission  des  arts,  et,  de  concert  avec 
le  Comité  des  finances,  un  projet  de  décret  pour  le  salaire  des 
membres  de  cette  Commission.  En  attendant  que  la  liste  défi- 
nitive des  membres  de  la  Commission  des  arts  eût  pu  être 
dressée,  celle-ci  demeura  provisoirement  composée  des  per- 
sonnes que  le  ministre  de  l'intérieur  avait  désignées  en  août 
et  septembre  1793.  Elle  montrait  autant  d'activité  que  la 
Commission  des  monuments,  dans  les  derniers  mois  de  son 
existence,  avait  montré  de  laisser-aller  et  d'impéritie;  dès  le 
2  5  nivôse,  elle  put  présenter  au  Comité  d'instruction  publique 
le  texte  de  la  célèbre  Instruction  sur  la  manière  d'inventorier  et  de 
conserver  dans  toute  Vétendue  de  la  République  tous  les  objets  qui 
peuvent  servir  aux  arts,  aux  sciences  et  à  renseignement  (dont 
l'impression  ne  fut  achevée  qu'à  la  fin  de  ventôse). 

La  formation  de  la  liste  des  membres  de  la  Commission  des 
arts  occupa  plusieurs  séances  du  Comité  d'instruction  publique 
pendant  le  mois  de  nivôse;  elle  fut  achevée  le  26  nivôse 
et,  après  entente  avec  le  Comité  des  finances,  présentée  à  la 
Convention  le  18  pluviôse;  le  décret  de  ce  jour  confirma  les 
choi^  faits  par  le  Comité,  et  alloua  aux  membres  de  la  Com- 
mission un  traitement  de  deux  mille  livres  par  an.  La  Commission 
resta  placée  sous  l'autorité  immédiate  du  Comité  d'instruction 
publique;  elle  s'assemblait  dans  les  salles  de  ce  Comité,  hôtel 
de  Brionne,  tous  les  quintidis  et  décadis,  le  matin;  son  prési- 
dent et  son  secrétaire  furent  pris  dans  le  sein  du  Comité  :  rrl'un 
et  l'autre,  dit  le  procès-verbal  du  Comité  du  2  5  pluviôse,  après 
avoir  rempli  leurs  fonctions  respectives  pendant  un  mois  dans 
le  Comité,  iront  les  continuer  dans  la  Commission  des  arts 


INTRODUCTION.  lixxvii 

pendant  le  mois  suivant r).  En  vertu  de  cette  décision,  Lindet, 
président  sortant  du  Comité ,  devint  président  de  la  Commission 
des  arts  à  partir  du  2  5  pluviôse;  il  fut  ensuite  remplacé,  le 

27  ventôse,  par  Bouquier,  qui  du  21  pluviôse  au  27  ventôse 
avait  présidé  le  Comité  d'instruction.  La  Commission  des  arts 
eut,  en  outre,  un  cr agent ii,  choisi  par  le  Comité,  chargé  de 
faire  exécuter  les  décisions  de  la  Commission ,  et  qui  fut  l'anti- 
quaire Leblond.  Le  règlement  de  la  Commission,  rédigé  par 
Vicq  d'Azyr,  fut  discuté  par  elle  dans  le  courant  de  ventôse, 
et  adopté  définitivement  le  26  ventôse. 

La  Commission  des  monuments  avait  accepté  de  fort  mauvaise 
grâce  la  mesure  qui  prononçait  sa  dissolution.  Sous  le  prétexte 
que  le  décret  du  28  frimaire  ne  lui  avait  pas  été  officiellement 
notifié,  elle  continua  de  se  réunir  pendant  près  de  trois  mois 
encore,  en  échangeant  une  interminable  correspondance  avec 
le  ministre  de  l'intérieur  et  le  Comité  d'instruction  publique; 
elle  chargea  son  secrétaire,  l'ex-abbé  Mulot,  de  rédiger  une 
réponse  au  rapport  de  Mathieu,  afin  de  justifier  la  Commission 
du  reproche  de  négligence;  cette  réponse  fut  imprimée  à  la  fin 
de  ventôse  sous  le  titre  de  Compte  rendu  à  la  Convention  nationale 
par  la  Commission  supprimée  des  monuments,  et  servant  de  réponse 
au  Comité  d'instrudioii  publique.  La  notification  du  décret  du 

28  frimaire  ayant  enfin  été  faite  dans  toutes  les  formes  à  la 
Commission  des  monuments  par  le  ministre  de  l'intérieur, 
celhî-ci  consentit  à  se  dissoudre  et  à  remettre  ses  papiers  au 
Comité  d'instruction  pul)li(|ue;  elle  tint  sa  dernière  séance  le 
16  ventôse.  Elle  ne  complail  plus  à  ce  moment  (juo  quehjues 
membres  sans  gi'ande  notoriété;  les  six  membres  de  la  ConviMi- 
tion  qui  en  avaient  fait  ])artie,  Barère,  Courtois,  David,  Du- 
saulx,  Guyton  et  Sei'gcMit,  avaioiil  cessé  de  prendre  |)arl  à  ses 
travaux;  cin(j  de  ses  membi'es  étaient  devenus  nu^mbres  di»  la 
Commission    des    ai*ls,    Leblond,    Dufourny,    Vandermonde, 


ÎAWVIII 


INTRODUCTION. 

Aiiieilhoii  cl  ro\-l)(Mi(k1ic(iii  Poirier;  il  ne  restait  guère  que 
Mercier,  Lemonuier,  Boizot,  Moreau  le  jeune,  Jollain,  et 
Mulot,  qui  assistèrent  seuls  à  la  dernière  séance. 

Le  même  jour  où  Malliieu  faisait  prononcer  à  la  Convention 
la  suppression  de  la  Commission  des  monuments,  David  taisait 
un  rappoi'l  concluant  à  la  suppression  de  la  Commission  du 
Muséum  des  arts,  qu'avait  nommée,  en  1792,  le  ministre 
|{oland^^\  et  à  son  remplacement  par  un  Conservatoire  choisi 
par  la  Conveirlion  elle-même.  Un  second  rapport  l'ut  présenté 
par  David  le  27  nivôse.  Ces  deux  documents  contiennent  des 
détails  curieux  sur  les  restaurations  maladroites  faites  par  les 
ordres  de  la  Commission  du  Muséum,  sur  le  peu  de  jugement 
et  de  goùl  qui  avait  présidé  au  choix  des  tableaux  exposés, 
sur  les  trésors  artistiques  que  l'ignorance  de  l'administration 
tenait  enfouis  loin  de  la  vue  du  public,  etc.  Le  décret  du  'J7  ni- 
vôse composa  le  Conservatoire  du  Muséum  des  arts  de  Frago- 
nard,  Bonvoisin,  Lesueur  et  Picault,  pour  la  peinture;  Dardel 
et  Dupasquier,  pour  la  sculpture;  J.~D.  Leroy  et  Delannoy, 
pour  l'architecture;  Wicar  et  Varon,  pour  les  antiquités. 

Ija  Société  républicaine  des  arts,  formée  après  que  la  Com- 


^'^  Elle  se  composait  de  Jollain, 
Cossard,  Pasqiiier,  Renard,  Vincent  et 
Tex-abbë  Rossiit.  C'était  le  peintre  Le- 
brun ,  de  la  Commission  des  arts ,  qui , 
le  5  frimaire,  avait  appelé'  l'attention 
du  Comité  sur  les  abus  qui  se  commet- 
taient au  Muséum  des  arts ,  et  sur  la 
nécessité  de  placer  en  d'autres  mains 
l'administration  de  cet  établissement. 
Le  i3  frimaire,  sur  une  dénonciation 
du  peintre  Picault,  le  Conseil  général 
de  la  commune  de  Paris  avait  décidé 
de  faire  une  pétition  pour  demander  la 
suspension  immédiate  de  toute  restau- 


ration des  tableaux  du  Muséum,  parce 
que  ces  restaurations  étaient  faites  par 
des  mains  ignorantes,  rrll  est  instant, 
dit  David  dans  son  rapport  du  9  8  fri- 
maire, d'arracher  la  Commission  du 
Muséum  à  l'insouciance  coupable  oii 
elle  est  plongée,  et  de  chercher,  par  de 
grandes  vues,  le  moyen  de  rendre  tous 
ses  ressorts  à  ce  précieux  établissement. 
Il  y  va  de  la  gloire  de  Paris  ;  il  y  va  de 
la  gloire  de  la  France  entière ,  de  toutes 
parts  accusée  de  laisser  périr  les  im- 
mortels chefs-d'œuvre  des  arts,  n 


INTRODUCTION.  Lxxm 

miine  des  arts  eut  été  dissoute  par  ie  décret  du  8  brumaire,  se 
donna  beaucoup  de  mouvement  pendant  i'hiver  de  l'an  ii;  et  le 
Journal  de  la  Société  républicaine  des  arts,  fondé  le  i^'"  ventôse 
par  l'architecte  Détournelle,  nous  la  montre  s'occupant  de 
toutes  les  mesures  propres  à  encourager  la  prospérité  des 
beaux-arts.  Elle  s'assemblait  au  Louvre,  salle  du  Laocoon.  On 
la  voit  presser,  auprès  du  Comité  d'instruction  publi(jue,  la 
mise  en  activité  du  jury  des  arts,  nommé  le  2 5  brumaire  par 
la  Convention  (voir  t.  II,  p.  829).  L'exposition  publique  des 
ouvrages  proposés  au  concours  pour  les  prix  de  peinture ,  sculp- 
ture et  architecture  s'ouvrit  le  9  pluviôse  dans  les  salles  atte- 
nant la  galerie  d'Apollon;  le  jury  tint  quatre  séances,  du  17 
au  20  pluviôse,  et  à  l'issue  de  sa  derriière  réunion  alla  pré- 
senter à  la  Convention  les  jeunes  artistes  auxquels  il  avait  dé- 
cerné les  prix.  Les  procès-verbaux  des  séances  du  jury  des  arts 
furent  imprimés  à  quatre  mille  exemplaires,  par  arrêté  du  Co- 
mité d'instruction  publique,  et  distribués  par  les  soins  de  la 
Commission  des  arts. 

A  plusieurs  reprises,  David  réclame  l'exécution  du  décret  du 
27  brumaire  relatif  à  l'érection  d'une  statue  colossale  du  Peuple, 
mais  ce  sera  seulement  en  floréal  qu'il  obtiendra  du  Comité  de 
salut  public  un  arrêté  lui  donnant  satisfaction.  • 

Le  décret  du  19  juillet  1793  pour  la  garantie  du  droit  de 
propriété  des  écrivains,  musiciens,  peintres  et  dessinateurs 
avait  été  trouvé  insuflisant.  Sur  une  proposition  de  David  à  la 
Convention  (21  pluviôse),  sur  une  pétition  des  mouleurs  à  la 
Convention  (7  ventôse),  et  sur  une  pétition  adressée  au  Comité 
par  la  Société  républicaine  des  arts  (11  ventôse),  le  Comité 
d'instruction  publi([ue  s'occupa  de  préparer  un  décret  addi- 
tionnel; Mathieu  fut  nonnné  rap])orteur. 

Le  soin  de  la  conservation  de  tout  ce  (|ui  |)(mi1  iiiléresser 
les  sciences,  les  lettres  et  les  arts  est  un  des  principaux  objets 


xc  INTRODUCTION. 

qui  occupent  le  Comité,  dont  la  Commission  des  arts  est  l'auxi- 
liaire inlalij]al)le.  Citons  entre  autres,  à  ce  propos,  les  démarches 
faites  aupi'és  des  représentants  du  peuple  à  Commune-Affran- 
chie (l^yon)  pour  la  conservation  des  monuments  et  des  ma- 
chines industrielles  (5  frimaire,  7  nivôse);  les  négociations  re- 
hatives  au  ti-ansfert  du  cahinct  d'histoire  naturelle  de  Joubert 
(7,  i3  et  2  3  frimaire),  au  rachat  de  tables  en  bois  pétrifié  qui 
avaient  appartenu  à  la  reine  (19  frimaire,  5  ventôse);  les  me- 
sures prises  pour  le  transport  au  Muséum  des  arts  du  mausolée 
d'Anne  de  Montmorency  (21  frimaire),  pour  la  sauvegarde 
des  serres  de  Monceau  (28  frimaire);  Tintervention  du  Comité 
auprès  du  Comité  de  salut  public  pour  obtenir  que  les  objets 
intéressant  la  littérature  et  les  arts^^^,  dans  les  villes  prises  par 
les  armées  de  la  République,  fussent  soignés,  réservés,  et 
adressés  au  Comité  d'instruction  pubhque  (19  nivôse,  7  plu- 
viôse); les  instructions  données  pour  le  transport  à  Paris  des 
chevaux  de  Marly  (29  nivôse,  21  pluviôse),  pour  l'achèvement 
du  globe  terrestre  de  dom  Bergevin  (21  pluviôse);  la  répar- 
tition d'objets  précieux  ayant  appartenu  à  la  reine  entre  le  Mu- 
t^éum  des  arts  et  le  Muséum  d'histoire  naturelle  (5  ventôse); 
la  recherche  d^un  local  pour  le  cabinet  de  physique  de  Pelletier 
(5  ventôse);  lesursis  à  la  vente  du  cabinet  d'histoire  naturelle 
et  de  la  bibliothèque  de  Gigot  d'Orcy  (10  ventôse);  la  conser- 
vation du  cabinet  Poissonier  (i5  ventôse);  la  réorganisation  des 
dé])ôts  de  la  guerre  et  de  la  marine  (i5  ventôse);  les  mesures 
prises  pour  recueillir,  classer  et  répartii'les  manuscrits  trouvés 
chez  les  émigrés  (19  ventôse). 

Les  ouvriers  de  la  manufacture  des  Gobelins  avaient  demandé 
par  une  pétition  à  la  Convention,  le  20  nivôse,  qu'il  fût  exécuté 
une   reproduction  en  tapisserie  des  tableaux  de  David  repré- 

^^^  Il  s'agissait  en  particulier  de  caractères  rares  qui  se  trouvaient  à  Spire. 


INTRODUCTION.  xci 

serilant  Lepelelier  et  Marat.  Le  Comité  voit  là  une  occasion  de 
ff  tirer  la  inariufoctiire  des  Gobelins  de  son  en^jourdissenient 
et  de  la  remettre  en  activité i?;  il  renvoie  ia  pétition  à  Tliibau- 
deau,  qui  fera  un  rapport  à  l'assemblée  le  2  1  floréal.  La  manu- 
facture de  Sèvres,  de  son  côté,  est  autorisée  rrà  déplacer  du 
Muséum  des  arts  les  bustes  des  grands  bonimes  pour  les  exé- 
cuter en  porcelaines  (i^'"  ventôse). 

Le  2  frimaire,  la  Convention  avait  renvoyé  au  Comité  d'in- 
struction publique  la  proposition  faite  par  un  membre  de  faire 
eiïacer  toutes  les  inscriptions  latines.  Le  Comité  délibéra  sur  la 
question,  et  le  21  nivôse  Grégoire  présenta  en  son  nom  à  la 
Convention  un  projet  de  décret  qui  fut  adopté  :  il  portait  que 
les  inscriptions  des  monuments  publics  seraient  désormais  en 
lan{;ue  française;  mais  il  ajoutait  que  toutes  les  inscriptions  des 
monuments  antiques  seraient  conservées,  et  que,  dans  les  mo- 
numents modernes,  les  inscriptions  qui  n'étaient  pas  consacrées 
à  la  royauté  et  à  la  féodalité  seraient  également  conservées. 
C'est  dans  le  rapport  qui  précédait  ce  décret  que  Grégoire  a, 
pour  la  première  fois,  employé  lexpression  de  ff  vandalisme  i?. 
ffOn  ne  peut,  dit-il,  inspirer  au  citoyen  trop  d'borreur  pour  ce 
vandalisme,  qui  ne  connaît  que  la  destruction;  les  monuments 
antiques  doivent  être  conservés  dans  leur  totalité ii;  mais,  ajoute 
le  ra])porteur,  ff  quant  aux  monuments  actuels,  la  Convention 
nationale  a  sagement  ordonné  la  destruction  de  tout  ce  (jui 
portait  l'empreinte  du  royalisme  et  de  la  féodalité:  les  beaux 
vers  de  Borbonius,  inscrits  sur  les  portes  de  l'Arsenal,  n'ont  pas 
di\  trouver  grâce  :  ils  étaient  souillés  de  mythologie;  surtout 
ils  étaient  souillés  par  la  flatterie  envers  un  tyran  (Henri  \\  ) 
li'op  longtemps  vanté  par  les  Français,  et  dont  la  prétendue 
bonté,  conq)arée  à  celle  des  autres  despotes,  n'est  (jue  dans  le 
rapport  de  la  méchanceté  à  la  scélératesse  i*». 

A  ce  ([ui  précède  se  rattache  la  conservation  des  livres  et 


xcH  INTRODUCTION. 

l'organisation  des  bihliotlièques.  Nous  avons  reproduit  dans  ce 
volume  (pages  397-/106)  des  pièces  intéressantes  se  rattachant 
au  décret  du  S*"  jour  du  second  mois ,  qui  détendit  de  mutiler  ou 
altérer  en  aucune  manière,  sous  prétexte  de  faire  disparaître 
les  signes  de  féodalité  ou  de  royauté,  les  livres  imprimés  ou 
manuscrits,  les  gravures  et  dessins,  etc.  :  ce  sont  les  Observa- 
lions  de  quelques  patriotes  sur  la  nécessité  de  conserver  les  momimeiils 
de  la  littérature  et  des  arts,  portant  les  signatures  d'Antoine- 
Augustin  Renouard,  Chardin  et  Charlemagne  fils  (publiées 
le  '2  5  du  premier  mois),  et  une  lettre  (imprimée)  adressée  par 
Renouard  au  Comité  d'instruction  publique  (du  9.  du  second 
mois),  ainsi  qu'une  brochure  du  libraire  Rozet  intitulée  :  Con- 
versation familière  entre  un  homme  de  lettres  et  un  patriote,  sur  le 
projet  de  supprimer  les  armoiries  et  marques  de  propriété  féodale , 
empreintes  sur  la  reliure  de  tous  les  livres  de  la  Bibliothèque  natio- 
nale (publiée  en  pluviôse).  La  brochure  de  Rozet,  dont  La  Harpe 
fit  l'éloge  dans  le  Mercure,  résume  les  arguments  de  ceux  qui 
regardaient  les  armoiries  et  l'estampille  ce  Ribliothèque  du 
Roi-)!,  empreintes  sur  la  reliure  et  le  titre  intérieur  des  livres 
de  la  Bibhothèque  nationale,  comme  injurieuses  à  la  nation, 
et  qui  proposaient  des  moyens  pratiques  de  les  enlever  à  peu 
de  frais  et  sans  détériorer  les  volumes.  Bien  que  le  projet  de 
Rozet  eut  d'abord  reçu  l'approbation  du  ministre  de  l'intérieur 
Paré,  et  que  la  brochure,  selon  La  Harpe,  eût  été  rédigée  dans 
les  bureaux  du  ministère,  le  Comité  ne  se  laissa  point  persua- 
der; le  i3  ventôse,  il  passa  à  l'ordre  du  jour  sur  la  proposition 
rr  d'effacer  l'empreinte  royale  sur  les  livres  de  la  Bibliothèque 
nationale  17,  en  motivant  son  vote  rrsur  le  décret  qui  ordonnait 
qu'il  n'y  serait  pas  touché  17.  Par  contre,  Topuscule  de  Re- 
nouard, Chardin  et  Charlemagne  fils,  que  le  Comité  avait  ac- 
cueilli avec  la  plus  grande  faveur  au  moment  de  son  appari- 
tion, reçut  plus  tard,  en  outre,  les  sufi'rages  de  la  Commission 


INTRODUCTION.  xciii 

des  arts,  à  laquelle  ses  auteurs  le  présentèrent  en  germinal; 
et  la  Commission  décidera  (26  messidor)  d'inviter  le  Comité 
d'instruction  publique  ce  à  faire  tirer  un  plus  grand  nombre 
d'exemplaires  de  cet  ouvrage,  qui  ne  peut  être  trop  répandu, 
vu  son  utilité  pour  l'instruction  publique ti. 

La  Bibliothèque  nationale  était  placée,  depuis  brumaire, 
sous  la  direction  du  savant  Lefèvre  de  Villebrune,  le  traduc- 
teur d'Athénée,  que  le  ministre  Paré  avait  nommé  bibhothé- 
caire  après  l'arrestation  de  Carra  et  la  démission  de  Chamfort, 
et  sur  le  refus  de  l'abbé  Barlhélemy  et  de  Ducis^^^.  De  fré- 
quents rapports  ont  lieu  entre  la  Bibliothèque  et  le  Comité 
d'instruction  pubhque  :  celui-ci  intervient  pour  faire  prêter  des 
livres  à  Prony,  directeur  du  cadastre  (i5  et  28  frimaire); 
mais  il  refuse  de  permettre  à  l'helléniste  Gail  d'emporter  chez 
lui  deux  précieux  manuscrits  de  Xénophon  (29  ventôse);  sur 
la  demande  de  la  section  du  Contrat  social,  il  invite  le  biblio- 
thécaire à  faire  l'acquisition  des  ouvrages  de  Marat  (27  ni- 
vôse); il  nomme  trois  commissaires.  Coupé,  Prunelle  et 
Grégoire,  qu'il  charge  de  prendre  connaissance  de  l'état  de  la 
Bibliothèque,  de  ses  règlements,  du  travail  relatif  aux  manu- 
scrits, des  améliorations  dont  elle  est  susceptible  (1  5  pluviôse); 
il  fait  envoyer  à  la  Bibliothèque  divers  ouvrages  d'érudition 
qu'elle  ne  possède  pas  (  1 5  ventôse). 

Une  pétition  de  la  Société  populaire  de  Nemours  fut  l'occasion 
(i5  nivôse)  d'un  projet  de  création  de  bibliothèques  crdislri- 
calesTi.  Ce  projet  fut  présenté  par  Coupé  de  l'Oise,  au  nom  du 


^'^  rrLa  Bihliolliùqiie,  c'crit  La  Harpe  (p.  61 1?)  iiii  niéinoifp  inc'dit  de  Lelevrc 

dans  \e  Mercure ,  o.sl  aujounriuii  cou-  de   \  illebmiie,    inlilule   Considéralioiift 

fide  h  un  honune  des  plus  savants  de  sur   le  commerce  de  la  librairie,   cjue 

TEurope  et   des  mieux  savants,   qui  celui-ci  (it  parvenir  an  (iOniiti^  din- 

joint    le    pnlriolisnie    aux.    lumières.  i  slruction  pul)li(pie  le -.ui  ventôse. 
Nous  publion^^  d:uis  le  pressent  voluuie 


xciv  INTRODUCTION. 

CoiiiiU''  (riiisii'uctioii  piil)li([ne,  à  la  Convention,  qui  en  fil  le 
décret  du  9  ])luviôse,  établissant  ^ine  bibliolliéque  publique 
dans  cbaque  district,  sans  préjudice  de  celles  qui  existaient 
déjà  dans  les  oraiules  communes. 

Pendant  l'hiver  de  l'an  n,  le  travail  des  commis  employés 
au  bureau  de  la  bibliograpliie  (j)lacé  au  Louvre)  semble  s'eti-c 
ralenti.  Leur  chef,  Domergue,  avait  pi'ésenté,  le  21  brumaire, 
un  projet  de  réforme  du  plan  suivi,  qu'il  déclarait  vicieux 
(voir  t.  Il ,  p.  79f>)  ;  niais  le  Comité  ne  statua  rien  sur  la  ques- 
tion. Brusquement,  après  quatre  mois,  le  17  ventôse,  un  ar- 
rêté ordonna  que  Domergue  cesserait  ses  fonctions  (^^.  Nous  ne 
savons  pas  le  motif  exact  de  cette  décision;  mais  il  semble,  à 
lire  la  lettre  que  Domergue  écrivit  au  Comité  le  21,  qu'on 
tiouva  qu'il  donnait  trop  de  temps  à  ses  travaux  personnels  et 
pas  assez  à  ses  fonctions  officielles.  Il  est  probable  que  l'adjonc- 
tion de  Duval  à  la  section  de  bibliographie,  qui  eut  lieu  le 
9  ventôse,  et  celle  de  Grégoire,  qui  suivit  de  près  celle  de 
Duval,  ne  furent  pas  étrangères  à  cette  mesure.  A  partir  de  ce 
moment,  le  travail  de  la  bibliographie  prend  une  activité  nou- 
velle; un  nouveau  règlement  rédigé  par  Grégoire  est  adopté 
(28  ventôse),  Bardel  est  nommé  chef  du  bureau  en  rempla- 
cement de  Domergue,  six  nouveaux  commis  sont  désignés,  et 
bientôt  Grégoire  présentera  à  la  Convention,  le  22  gei'minal, 
un  rapport  sur  la  réorganisation  du  service  bibliograpliique. 

Notons  le  projet  communiqué  au  Comité  le  1 1  pluviôse  (par 
Garât)  d'une  nouvelle  édition  du  Dictionnaire  de  l'Académie 
française,  pour  laquelle  l'éditeur  eut  utilisé  les  corrections  re- 
mises au  Comité  en  août  et  septembre  1798  par  l'abbé  Morel- 
let,  directeur  de  l'Académie.  Le  Comité  chargea  Coupé  et  Gré- 
goire de  lui  faire  un  ra|)port  à  ce  sujet.  Le  2  1  pluviôse,  Morellet 

^^'  Déjà,  lors  de  la  réorganisation  de  la  Commission  des  arts  par  le  décret  du 
18  pluviôse,  Domergue  avait  cessé  de  faire  partie  de  la  nouvelle  Commission. 


INTRODUCTION.  icv 

fit  parvenir  au  président  du  Comité  les  cahiers  manquanls  du 
Dictionnaire  corrigé.  Mais  la  question  resta  en  suspens  jusqu'à 
la  fin  de  l'an  m,  époque  où  Lakanal  fit  voler  à  la  Convention 
(décret  du  premier  jour  complémentaire)  l'autoi'isation  de- 
mandée par  les  libraires  Smits  et  Maradan. 

Sur  Tordre  de  la  Convention  (lo  ventôse),  le  Comité  d'in- 
struction publique  dut  proposer  des  mesures  pour  empeclier 
toute  sortie  de  livres  du  territoire  national  jusqu'à  la  paix,  afin 
de  déjouer  les  manœuvres  des  étrangers,  qui,  disait  Grégoire, 
crue  pouvant  vaincre  la  République  par  la  force  des  armes, 
cherchent  à  la  déshonorer  en  lui  enlevant  les  monuments  des 
arts  dont  elle  est  enrichie;  on  a  déjà  fait  passer  chez  nos  enne- 
mis des  manuscrits  très  précieux  i^.  Le  Comité  de  salut  public 
fut  en  même  temps  chargé  de  prendre  des  mesures  convenables 
pour  empêcher  l'exportation  des  objets  qui  pourraient  enrichir 
le  Muséum  des  arts.  Le  Comité  de  salut  public  fit  agir  le  Comité 
exécutif,  et  celui-ci  ordonna,  le  29  ventôse,  que  toutes  les 
demandes  qui  lui  seraient  présentées  à  l'effet  d'autoriser  l'envoi 
à  l'étranger  des  livres,  manuscrits,  tableaux,  cartes,  gravures, 
médailles,  et  généralement  tous  ouvrages  qui  tiennent  aux  arts, 
seraient  renvoyées  tant  au  directeur  de  la  Bibliothèque  na- 
tionale qu'au  Conservatoire  du  Muséum  des  arts,  qui  feraient 
leur  rap])orl  au  Conseil  des  objets  dont  la  sortie  pourrait  être 
autorisée.  Ces  mesures  rendirent  inutile  le  rapport  demandé 
au  Comité  d'instruction  publique. 

La  disette  de  papier  fut  une  des  plus  grandes  préoccupations 
de  la  France  pendant  la  crise  révolutionnaire.  La  Commission 
des  subsistances  et  approvisionnements  pubha  en  frimaire  an  n 
un  appel  aux  ])atriotes  pour  les  exhortei'  à  économiser  h*  pa- 
pier, en  les  enga<;eant  à  ne  pas  se  permettre  f  usage  des  huiillos 
doubles  en  blanc,  à  ne  jamais  mettre  sous  enveloppe  les  lettres 
sinq)les,  à  j)rélérer,  pour  rnn[)ression,  le  formai  in-oclaM).  Va\ 


xcvi  INTRODUCTION. 

nieine  temps,  on  cliercluiit  des  procédés  poiii'  la  rr reloiitcn')  des 
vieux  papiers  :  les  ])rocès-verbaux  du  Comité  meritioniieut  celui 
de  la  citoyenne  Masson,  par  lequel  elle  blancliissait  les  papiers 
écrits  et  imprimés,  et  en  formait  des  pâtes  propres  à  la  nou- 
velle fabrication  du  papier;  celui  de  Hutin,  jujje  au  tribunal 
de  Soissons,  qui  avait  aussi  trouvé  un  moyen  d'effacer  les  carac- 
tères écrits  ou  imprimés;  les  savants  Pelletier  et  Hassenfratz, 
membres  de  la  Commission  des  arts,  indiquent  à  cette  Commis- 
sion (lo  pluviôse)  une  métliode  rr d'enlever  l'impression  sans 
dénaturer  le  papier,  comme  le  fait  la  citoyenne  Masson -i^;  ils 
sont  chargés  rr  de  poursuivre  auprès  du  Comité  de  salut  public 
la  composition  et  la  publication  d'un  petit  ouvrage  sur  l'art  de 
blanchir  le  papier  avec  la  soude ^i.  Le  127  ventôse,  Guyton,  rap- 
porteur, présente  au  Comité  un  projet  de  décret  accordant  à  la 
citoyenne  Masson  une  récompense  de  trois  mille  cinq  cents  livres , 
et  réglant  les  conditions  dans  lesquelles  devront  être  formés  les 
établissements  pour  la  refonte  des  papiers  imprimés. 

Le  Muséum  d'histoire  naturelle  continue  à  se  développer. 
Sa  bibliothèque  est  créée  depuis  juin  1790,  sa  ménagerie  de- 
puis brumaire.  Les  quelques  animaux  de  la  ménagerie  de  Ver- 
sailles y  sont  amenés  en  nivôse,  ceux  de  la  ménagerie  du  duc 
d'Orléans  au  Baincy  en  ventôse;  des  grilles  de  fer  existant 
dans  divers  immeubles  nationaux  sont  mises  en  réserve  pour 
être  utilisées;  un  projet  de  décret  pour  l'établissement  définitif 
delà  ménagerie,  allouant  une  somme  de  cinquante  mille  livres 
pour  les  frais  de  cette  construction,  est  présenté  au  Comité  le 
3  pluviôse  par  Daubenton,  directeur  temporaire.  Le  catalogue 
des  plantes  de  l'établissement  est  remis  au  Comité  le  17  plu- 
viôse. Le  Comité  d'instruction  publique  montre  le  j)lus  vil' 
intérêt  ])our  tout  ce  qui  concerne  le  progrès  des  sciences  na- 
turelles; il   obtient  du  (Comité  de  salut  public  des  arrêtés  qui 


1 


INTRODUCTION.  xcvn 

pourvoient  aux  besoins  les  plus  urgents  du  Muséum  :  une 
somme  de  quarante  mille  livres  (arrêté  du  8  ventôse)  permet 
de  commencer  la  construction  d'un  amphithéâtre;  et  bientôt 
on  commence  également  la  constructioTi  de  la  ménagerie.  Un 
rapport  que  présentera  Thibaudeau  à  la  Convention  le  20  fri- 
maire an  m  retrace  en  ces  termes  l'activité  des  professeurs  du 
Muséum  pendant  le  courant  de  l'an  n  :  cr  L'établissement  des 
cours,  qui  fournissent  cinq  cents  leçons  par  an ,  offre  l'ensemble 
le  plus  vaste  et  le  plus  complet  d'enseignement  sur  toutes  les 
branches  d'histoire  naturelle,  l'application  immédiate  de  toutes 
les  sciences  naturelles  à  l'agriculture,  au  commerce  et  aux  arts. 
Les  cours  ont  été  suivis  avec  beaucouj)  d'assiduité.  La  biblio- 
thèque, ouverte  maintenant  tous  les  jours,  renferme  la  plus 
grande  partie  des  ouvrages  écrits  sur  l'histoire  naturelle,  et  la 
riche  collection  de  peintures  de  plantes  et  d'animaux,  qui  s'ac- 
croît par  les  travaux  d'artistes  choisis  au  concours;  et  les  étu- 
diants peuvent  y  voir,  ainsi  que  dans  les  herbiers,  les  plantes 
qui  n'existent  pas  dans  le  jardin.  On  double  maintenant,  au 
moyen  d'un  étage  supérieur,  les  galeries  d'histoire  naturelle, 
pour  y  espacer  les  objets  et  mettre  en  évidence  ceux  que  le 
défaut  de  local  a  forcé  de  reléguer  dans  les  magasins.  r> 

Le  Comité  continue  à  s'occuper  également  de  l'Observa toiro. 
Les  professeurs-astronomes  le  tiennent  au  courant  de  leurs 
travaux  :  Perny  lui  signale  une  comète  qu'il  a  découMule 
('27  frimaire);  ils  demandent  l'autorisation  d'acheter  une  lu- 
nette parallactique  construite  par  Haupoix,  et  sollicitent  en 
même  temps  une  augmentation  de  traitement  (1'''  ventôse);  le 
Comité  prépare  un  projet  de  décret  accordant  l'autorisation 
demandée  et  portant  le  traitement  des  astronomes  à  deux  milh* 
cin(j  cents  livres. 

Anisson-DupeiTon,  ancien  directeur  de  rhnprimerie  royale 
du  Louvi'e  (devenue  l'Imprimerie  nationale  exécuti\e),  avait 

Ml.  ,. 

IMPRIMEIUK    XATIOXtir. 


xcviii  INTRODUCTION. 

proposé  au  gouvernement,  qui  avait  accepté,  de  lui  céder,  sur 
estimation  d'experts,  tout  ce  qui  formait  sa  propriété  person- 
nelle dans  cette  imprimerie.  Duboy  de  Laverne  et  Langlès 
eurent  l'idée  de  faire  distraire  les  caractères  arabes,  grecs, 
persans,  arméniens,  syriaques,  hébreux,  etc.,  pour  former  une 
imprimerie  savante  et  littéraire,  distincte  de  celle  qui  allait 
être  consacrée  au  Bulletin  des  lois.  Le  Comité  agréa  cette  idée,  et 
entendit,  le  5  ventôse,  un  projet  de  décret  rédigé  par  Arbogast, 
convertissant  l'Imprimerie  executive  du  Louvre  en  Imprimerie 
nationale  des  arts.  Il  ne  fut  pas  donné  suite  à  ce  projet  pour  le 
moment,  et  la  question  ne  sera  reprise  qu'en  nivôse  an  m. 

Romme  fit  décider  par  le  Comité  (7  frimaire)  la  publication 
d'un  Annuaire  du  cultivateur,  auquel  collaborèrent  des  savants 
distingués  et  des  hommes  pratiques.  Ce  volume  put  être  pré- 
senté en  manuscrit  le  3o  pluviôse  à  la  Convention,  qui  en  or- 
donna l'impression  à  Paris  à  deux  mille  exemplaires,  destinés 
à  être  distribués  aux  représentants  du  peuple  et  aux  corps  ad- 
ministratifs, et  la  réimpression  dans  le  chef-lieu  de  chaque 
département. 

Le  Bureau  de  consultation  des  arts  et  métiers  n'a  pas  cessé 
de  s'assembler  régulièrement  et  d'examiner  les  demandes  de  ré- 
compense soumises  à  son  jugement (^).  Il  choisit  successivement 
pour  présidents  Lavoisier  (élu  le  2  octobre  1793)  et  Cousin 
(élu  le  4  nivôse (^^).  On  le  voit,  le  9  pluviôse,  envoyer  au  Co- 
mité une  députation  pour  solliciter  un  article  additionnel  à  la 
loi  du  12  septembre  1791  :  cet  article  eût  autorisé  le  Bureau 
à  décerner  de   sa  propre  initiative  des   récompenses  à  des 

^^^  On  trouve,  dans  les  registres  exis-  Borda  l'a  remplacé  rrjusqu'à  ce  que  le 

tant  au  Conservatoire  des  arts  et  mé-  temps  de  nommer  un  président  fût  aj*- 

tiers,  les  procès-verbaux  des  séances  du  rivé«.  Cousin  se  trouvant,  lui  aussi,  en 

Bureau  jusqu'au  ^9  ventôse  an  11;  la  état  d'arrestation,  a  été  remplacé  pen- 

suite  manque.  dant  tout  le  temps  de  sa  présidence  par 

^^^  Après  l'arrestation  de  Lavoisier,  Laplace ,  vice-président. 


INTRODUCTION.  xcii 

hommes  méritants  qui  n'auraient  pas  cru  devoir  en  solliciter. 
La  question  des  récompenses  et  des  pensions  aux  savants  et 
aux  gens  de  lettres,  qui  avait  occupé  le  Comité  à  plusieurs  re- 
prises (voir  t.  II,  pages  85  et  356),  revient  à  l'ordre  du  jour 
le  17  et  le  21  pluviôse,  mais  ne  reçoit  pas  encore  de  solution. 

A  l'énumération   qui  précède  des  principaux  actes  du  Co- 
mité d'instruction  publique,  nous  ajouterons,  pour  terminer: 
la  publication  des  deux  premiers  numéros  dii  Recueil  des  actions 
héroïques  et  civiques  des  républicains  français ,  rédigés  sous  la  di- 
rection de  Léonard  Bourdon,  et  portant  la  date  du  10  nivôse 
et  du  i^*"  ventôse;  —  l'examen  de  projets  d'aérostats  dirigeables 
présentés  par  Second  et  par  Gohier;  —  la  recherche  d'un  local 
pour  l'installation  de  divers  dépôts  faisant  partie  des  Archives 
nationales;  le   transport   à   Paris    des   papiers   et  cartes   des 
bureaux  du  département  des  affaires  étrangères,  précédem- 
ment à  Versailles  (décret  du  29  frimaire);  —  la  formation 
d'une  commission  chargée  de  recevoir  les  demandes  de  chan- 
gement de  nom  faites  par  les  communes  (nivôse);  —  la  visite 
du  bas-relief  destiné   au   fronton   du    Panthéon,   œuvre  du 
sculpteur  Moitte  (frimaire);  —  l'examen  des  propositions  d'ac- 
corder les  honneurs  du  Panthéon  à  Descartes,  à  Gasparin,  à 
Chalier,  à  Pierre  Baille,  et  de  les  retirer  à  Dampierre;  la  glo- 
rification de  Josepli  Barra,  à  qui  la  Convention  avait  décerné 
sur  la  proposition  de  Robespierre  les  lionneurs  du  Panthéon, 
et  dont  le  portrait,  d'après  un  tableau  que  David  s'était  engagé 
c\  peindre,  devait  être  placé  dans  toutes  les  écoles  primaires 
(décret  du  8   nivôse);  —  la   remise  au  naturaliste   Dombey 
(nivôse)  d'instructions  relatives  i\  son  voyage  projeté  en  Amé- 
ricpie;  —  la  suite  donnée  à  une  lettre  de  la  Société  des  Jaco- 
bins (8   ])hiviôse),    insistant  pour   \v  |)ayenient    réguher   des 
traitements  des  professeurs  de  flicolo  de  niusi(|ue  des  Mcims 

0. 


c  INTRODUCTION. 

(traitements  que  les  professeurs  continuèrent  à  toucher  jus- 
qu'au moment  où  TEcoie  fut  fondue  dans  le  Conservatoire  de 
musi(|ue  en  l'an  ni);  —  un  rapport  rédigé  par  Bailly  de  Juilly 
pour  le  maintien  de  la  pension  accordée  au  chirurgien  Dumont 
de  Valdajou,  avec  un  projet  de  décret  conforme  (voté  le  3  plu- 
viôse); —  les  négociations  relatives  aux  moyens  de  faire  graver 
la  carte  des  volcans  d'Auvergne,  œuvre  du  minéralogiste  Des- 
marest;  —  l'intervention  du  Comité  auprès  de  la  municipalité 
de  Monthard,  qui  avait  cru  pouvoir  disposer  du  cercueil  en 
plomh  renfermant  les  restes  de  BulTon  (21  pluviôse);  —  la 
discussion  d'un  rapport  sur  les  arbres  de  la  Liberté,  dû  à  Gré- 
goire, aboutissant  à  la  simple  pubhcation  par  celui-ci,  en  ger- 
minal, d'un  opuscule  sur  ce  sujet,  opuscule  célèbre  par  les 
intempérances  de  langage  qu'on  y  relève;  —  des  études  entre- 
prises pour  l'amélioration  de  la  salle  des  séances  de  la  Conven- 
tion sous  le  rapport  de  l'hygiène  et  celui  de  l'acoustique,  études 
qui  seront  continuées  en  germinal;  —  des  conférences,  en  ven- 
tôse, avec  une  délégation  du  club  des  Cordehers  et  avec  la 
veuve  de  Marat,  en  vue  de  la  publication,  aux  frais  de  la  Répu- 
blique, des  œuvres  complètes  du  ce  martyr  de  la  liberté  i?;  la 
question  sera  renvoyée  au  Comité  de  salut  public  le  3  thermi- 
dor; —  la  formation,  de  concert  avec  les  Comités  de  la  guerre 
et  de  la  marine,  de  la  liste  des  membres  du  Conseil  de  santé 
(ventôse),  etc. 

Nous  avons  donné  dans  un  Appendice  quelques  pièces  qui 
n'eussent  pu  être  placées  dans  les  annexes  des  séances  du  Co- 
mité. Ce  sont  :  un  passage  de  la  lettre  écrite  par  Lakanal  à  la 
Convention  le  5  frimaire,  passage  omis  dans  l'extrait  publié 
au  Bulletin  du  i3  frimaire,  et  qui  contient  son  abjuration  de 
la  prêtrise;  —  le  texte  inédit  de  la  pétition  présentée  à  la  Con- 
vention le  18  brumaire  par  les  musiciens  de  la  garde  natio- 
nale parisienne;  —  une  pétition  (aS  brumaire)  de  la  Société 


INTRODUCTION. 


CI 


populaire  de  Saint-Maximiii  (Var),  dont  Lucien  Bonaparte  était 
le  président,  demandant  que  cette  commune  fut  autorisée  à 
changer  son  nom  en  celui  de  cr  Marathomi  ;  —  une  lettre  de 
Buonarroti  et  de  Joseph  Bonaparte  au  Comité  d'instruction 
publique,  écrite  de  Toulon  le  3  pluviôse,  proposant  qu'il  fut 
fait  un  choix  de  bons  livres  parmi  ceux  qui  avaient  été  trouvés 
chez  les  rebelles  de  Toulon  et  de  Marseille ,  et  que  le  gouver- 
nement en  ordonnât  le  transport  en  Corse  pour  y  établir  des 
bibliothèques;  —  une  lettre  (5  pluviôse)  de  Thérésia  Cabar- 
rus,  ci-devant  comtesse  de  Fontenay,  à  un  membre  du  Comité 
de  salut  public  dont  nous  ne  savons  pas  le  nom  (probable- 
ment Barère),  accompagnant  l'envoi  d'un  exemplaire  imprimé 
du  Discours  sur  ïéducation  rédigé  par  elle  et  lu  au  Temple  de 
la  Baison  de  Bordeaux,  le  lo  nivôse;  —  enfin  des  extraits 
d'une  brochure  de  Boissy  d'Anglas,  intitulée  Quelques  idées  sur 
les  arts,  sur  la  nécessité  de  les  encourager,  sur  les  institutions  qui 
peuvent  en  assurer  le  perfectionnement,  et  sur  divers  établissements 
nécessaires  à  F  enseignement  public,  imprimée  à  la  fin  de  pluviôse  ^^\ 

Les  procès-verbaux  du  Comité  d'instruction  publique  nous 
apportent  à  peine,  de  loin  en  loin,  un  écho  de  la  tempête  qui 


^'^  Cet  ouvrage  d'un  des  chefs  prin- 
cipaux de  la  ff  Plaine  «  est  intéressant  à 
étudier.  L'auteur  expose  entre  autres 
les  avantages  que  procurerait  la  créa- 
tion d'établissements  secondaires.il  re- 
commande, après  Talleyrand,  la  créa- 
lion  d'un  grand  établissement  central 
(rensei{;-nement  supérieur,  d'un  ffin- 
slitut  national,  où  tout  ce  que  les 
lionunes  savent  serait  enseigné  dans 
la  plus  liaule  pcrreclionfl.  Il  Iraile 
longuement  de  la  culture  des  beaux- 
arts,  des  lettres  et  des  sciences,  des 


fêtes  nationales,  des  théâtres.  Les  idées 
exprimées  par  Boissy  d'Anglas  pa- 
raissent avoir  été  conformes  en  plus 
d'un  point  à  celles  de  certains  mend)res 
du  Comité  de  salut  public,  entre  autres 
Harère  et  Hobespierre  (se  reporter  aux 
arrêtés  que  prendra  le  Comité  de  salut 
public  eii  lloréal  pour  l'encouragement 
des  beaux-arts,  ainsi  qu'au  rapport  de 
Robespieri'e  du  1 8  lloréal  sur  h^s  fêtes 
nationales,  rapport  à  roccasion  (hupiel 
lioissy,  dans  une  nouvelle  brochure, 
conq)arera  Robespierre  à  Orphée). 


Cl  IiNTRODUCTlON. 

gronde  au  deliors.  Nous  n'avons  pas  à  retracer  l'histoire  poli- 
tique (les  quatre  mois  que  comprend  le  présent  volume;  mais 
ce  serait  une  grave  lacune  (jue  de  ne  pas  rappeler  ici,  d'un 
mot,  quels  événements  glorieux  ou  tragiques  sont  contempo- 
rains des  paisibles  travaux  du  Comité.  C'est  dans  cette  période 
que  se  placent  l'expédition  des  Vendéens  au  delà  de  la  Loire, 
leur  défaite  et  leur  écrasement  au  Mans  (29-28  frimaire)  et 
à  Savenay  (3  nivôse),  et,  sur  le  Rhin,  la  reprise  des  lignes 
de  Weissembourg  et  le  déblocus  de  Landau  (6  nivôse).  En 
même  temps,  la  lutte  entre  les  hébertistes  et  les  dantonistes 
s'accentue  et  devient  de  plus  en  plus  acharnée;  les  uns  et  les 
autres,  tout  en  s'entredéchirant,  font  au  Comité  de  salut  public 
une  guerre  tantôt  sourde,  tantôt  ouverte  :  à  la  fin  de  ventôse, 
les  deux  Comités  de  salut  public  et  de  sûreté  générale  se  dé- 
cident à  frapper  à  la  fois  les  chefs  des  cr  exagérés  i?  et  les  chefs 
des  fr  indulgents  1^  ^^K 

IV 

Nous  avons,  dans  le  présent  volume,  apporté  une  modifi- 
cation à  notre  manière  de  donner  la  cote  de  certains  cartons 
des  Archives  nationales. 

Lorsque  nous  avons  commencé  la  publication  des  procès-ver- 
baux du  Comité  d'instruction  publique  de  la  Convention,  nous 
avions  reçu  l'avis  que  l'administration  des  Archives  nationales  se 
proposait  de  procéder  à  un  nouveau  classement  des  pièces  de  la 
sous-série  F^^  appartenant  à  la  période  de  l'Assemblée  consti- 
tuante, de  l'Assemblée  législative  et  de  la  Convention  nationale. 
Ces  pièces  devaient  être  placées  dans  des  cartons  qui  recevraient 

^^^  Le  rapport  de  Sainl-Just  contre  Fabred'Eglantine,  etc. ,  est  du  q 6  ven- 
tes hëberlistes  est  du  28  ventôse;  celui  tôse;  cetui  de  Saint-Just  contre  Danton 
d'Amar  sur  l'affaire  Chabot,  Delaunay,        et  ses  co-accusés  est  du  1 1  germinal. 


INTRODUCTION.  cm 

un  numérotage  nouveau,  partant  du  chiffre  looi.  Les  cartons 
à  numéroter  F^''  looi  jusqu'à  F^"^  io3o  seraient  réservés  à  la 
Constituante  et  à  la  Législative;  les  pièces  appartenant  à  la 
période  de  la  Convention  seraient  placées  dans  des  cartons  qui 
recevraient  les  numéros  F^"^  io3i  et  suivants,  chacun  des  car- 
tons devant  contenir  cent  pièces.  On  sait  (voir  l'Introduction 
de  notre  tome  P"",  p.  lxx-lxxi)  que  les  pièces   adressées   au 
Comité  d'instruction  publique  étaient  enregistrées  à  leur  arrivée 
dans  les  bureaux  et  recevaient  un  numéro  d'ordre.  Les  pièces 
enregistrées  d'octobre  1792a  fructidor  an  n^^^  forment  une  suite 
d'environ  i,3oo  numéros,  et  sont  dispersées  aujourd'hui  dans 
des  cartons  portant  des  cotes  souvent  très  distantes  les  unes  des 
autres;  beaucoup  d'entre  elles  n'ont  pas  encore  été  retrouvées. 
L'intention  de  l'administration  des  Arcliives  était  de  placer  ces 
pièces,  par  groupes  de  cent,  comme  nous  l'avons  dit,  dans 
des  cartons  nouveaux  :  le  carton  F^''  io3i  aurait  été  réservé  à 
la  centaine  1-100,  le  carton  F^^  io32  à  la  centaine  101-200, 
le  carton  F^^  io33  à  la  centaine  2oi-3oo,  et  ainsi  de  suite. 
Nous  avions  cru  bien  faire  d'adopter  ces  nouvelles  cotes, 
purement  théoriques  puisque  le  remaniement  projeté  des  car- 
tons n'avait  pas  encore  été  exécuté;  et  au  lieu  d'indiquer  le  nu- 
méro actuel  du  carton  où  la  pièce  se  trouvait  réellement,  nous 
avons  donné  le  numéro  à  venir,  celui  que  devait  recevoir  le 
carton  où  la  pièce  serait  placée  lors  du  nouveau  classement. 
Toutefois,  certaines  pièces  qui  n'avaient  pas  été  enregistrées 
au  Comité,  et  qui  par  conséquent  ne  devaient  pas  être  placées 
dans  les  cartons  réservés  aux  pièces  portant  un  numéro  d'en- 
registrement, ne  pouvaient  pas  recevoir  une  cote  cr  tliéoriquei^; 
pour  permettre  de  retrouver  une  pièce  de  ce  genre,  il  fallait 

^'^  A  partir  de  iruclidor  an  11,  le  lions  en  lcs([ueIlos  \o.  Coniilo  so  par- 
Coinil(^  adopta  un  autre  système  de  ta^jea  alors  cul  son  emqj^islicnKMilspe- 
nuijiérotage  :  chacune  des   trois  sec-         cial. 


civ  INTKODUGTION. 

indiquer  la  cote  réelle  du  carton  qui  la  renferme  à  cette  heure  : 
car  il  était  impossible  de  prévoir  quelle  cote  pourrait  recevoir 
le  carton  nouveau  dans  lequel  elle  serait  transportée  un  jour. 
Afin  d'établir  niu^  distinction  qui  ne  permît  aucune  confusion 
entre  les  cotes  tluîoriques  de  l'avenir  et  les  cotes  donnant  les 
numéros  réellement  portés  par  les  cartons  à  l'heure  actuelle, 
nous  avions,  dans  ce  dernier  cas,  ajouté  à  côté  du  chiffre  de  la 
cote  le  mot  ancien  :  ainsi  le  carton  qui  contient  le  mémoire  de 
Domergue  sur  la  bibliographie,  reproduit  dans  notre  tome  II, 
p.  795,  a  été  désigné  comme  le  carton  F^^  1079  ancien,  pour 
le  distinguer  du  carton  futur  F^"'  1079  qui  devait  recevoir  un 
jour  les  pièces  portant  les  numéros  d'enregistrement  de  4, 801 
à  4,900;  le  carton  où  se  trouvent  les  pièces  relatives  aux  aca- 
démies analysées  dans  notre  tome  II,  pages  32/1-026,  s'appela 
F^''  1094  ancien;  le  carton  qui  renferme  les  minutes  des  procès- 
verbaux  du  Comité  d'octobre  1792  à  germinal  an  u  s'appela 
F'^  1  32 1  ancien;  le  carton  où  nous  avons  trouvé  diverses  pièces 
relatives  à  l'Observatoire  et  à  la  Commission  des  arts  (t.  II, 
pages  678  et  509)  s'appela  F^''  i326  ancien,  etc. 

Or  il  est  arrivé  que  l'administration  des  Archives  natio- 
nales a  décidé  d'étendre  à  l'ensemble  des  papiers  de  l'instruc- 
tion publique  une  opération  qui  ne  devait  tout  d'abord  s'ap- 
pliquer qu'aux  documents  de  la  période  révolutionnaire.  Cette 
opération  de  classement  général  se  poursuit  actuellement,  mais 
elle  est  encore  fort  éloignée  de  son  terme.  Nous  avons  pensé, 
dès  lors,  qu'il  devenait  inutile  d'employer  plus  longtemps  des 
cotes  qui  ne  correspondaient  pas  à  la  réalité.  Nous  avons  donc 
cessé,  dans  le  présent  volume,  de  nous  servir,  pour  les  pièces 
enregistrées,  de  cotes  théoriques  se  rapportant  à  un  déplace- 
ment futur;  nous  avons  donné,  à  la  place,  les  cotes  réelles  des 
cartons  où  ces  pièces  sont  actuellement  placées;  et  nous  avons 
en  outre  cessé  d'écrire  le  mot  ancien  à  côté  du  numéj'o  de  cer- 


INTRODUCTION.  cv 

tains  cartons,  puisqu'il  n'y  avait  plus  de  distinction  à  faire  entre 
les  cotes  théoriques  et  les  cotes  réeHes,  et  que  toutes  les  cotes 
données  dans  ce  volume  sont  rc réelles^. 

Pour  que  le  lecteur  puisse  retrouver  facilement  aux  Archives 
les  pièces  qui  ont  été  mentionnées  dans  les  tomes  I  et  II 
avec  des  cotes  ce  théoriques  t?  de  cartons,  nous  croyons  devoir 
placer  ci-dessous  le  tableau  de  la  correspondance  entre  les 
cotes  théoriques  des  cartons  futurs,  cotes  que  nous  avons  em- 
ployées dans  ces  deux  volumes,  et  les  cotes  réelles  des  cartons 
où  sont  encore  aujourd'hui  les  pièces.  Nous  donnons  cette 
correspondance  seulement  pour  les  douze  premières  centaines 
des  pièces  enregistrées,  les  seules  qui  aient  été  utilisées  dans 
nos  tomes  I  et  II  : 

NUMÉROS  COTES  THEORIQUES  COTE^  REELLES 

D'ENRECISTBEMBNT  DES  CAPTONS  FUTIBS  (leS 

des  pièces.  employées  dans  les  tomes  I  et  IF.         cartons  actuels. 

1-  100 io3i  1001 

101-  200 1032  1002 

201-  300 io33  ioo3 

301-  /jOO io3/i  100^1 

^01-  500 io35  loo/i'^ 

501-  600 io36  ioo/i2 

601-  700 io37  1004^ 

701-  800 io38  1005^ 

801-  900 io39  ioo5' 

901-1000(1) io/io  ioo5-^ 

1001-1100 lo/ii  ioo6 

1101- 1200  (^) 10^2  looG 

Au  moyen  de  ce  tableau,  il  sera  facile  de  retrouver  la  cote 
réelle  du  classement  actuel  des  Archives.  Ainsi,  la  j)ièce  dési- 
gnée sous  la  cote  théorique  F^''  io3(j,  n*'  8()5  (t.  II,  p.  6/17) 
a  pour  cote  réelle  F^^  ioo5\  n*"  8()5. 

^'^  Le  ri"  1000  csl  dans   le  carton  ^'^   Lo  n"   laoo  est  dans'  le  cailon 

F'"'  looG.  F"  1007.  •' 


en  INTRODUCTION. 

Nous  avons,  dans  le  présent  volume,  en  dehors  des  sources 
auxquelles  nous  avons  recouru  jusqu'ici,  utilisé  des  documents 
nouveaux.  Ce  sont  :  i""  les  registres  de  la  Commission  dès 
monuments  (registre  des  procès-verbaux,  F^^*4,  et  registre 
des  copies  de  lettres,  F^"^*  5);  Q^'le  premier  registre  des  procès- 
verbaux  de  la  Connnission  des  arts,  F^"^*  7.  Nous  eussions  désiré 
pouvoir  consulter  le  registre  des  procès-verbaux  de  la  Com- 
mission des  poids  et  mesures;  mais  il  ne  nous  a  pas  été  pos- 
sible de  le  découvrir. 

On  trouvera  dans  ce  volume  une  innovation  :  nous  avons 
indiqué,  à  la  suite  de  chacun  des  procès-verbaux  du  Comité, 
le  nom  du  rédacteur  de  la  minute,  qui,  généralement,  n'est 
pas  signée. 

Au  début  de  notre  publication,  nous  n'avions  pu  songer  à 
fournir  un  pareil  renseignement;  mais,  après  quelques  années 
passées  à  manier  les  papiers  des  Archives  nationales,  les  écri- 
tures de  la  plupart  des  membres  du  Comité  d'instruction  pu- 
blique nous  sont  devenues  familières.  Nous  pouvons  donc 
maintenant  donner  aussi,  et  nous  le  faisons  ci-après,  cette 
même  indication  pour  la  presque  totalité  des  cent  cinquante- 
six  procès  verbaux  contenus  dans  les  deux  premiers  volumes 
de  ce  recueil. 


Nonis  des  rédacteurs  des  procès-verbaux  des  séances  du  Comité  d'instruction  publique , 
du  i5  octobre  ijg^  au  3p  brumaire  an  11. 

Les  procès-verbaux  des  six  premières  séances,  du  i5  au  o/i  octobre, 
sont  de  la  main  de  Gorsas^^^,  sauf  celui  du  19  octobre,  qui  paraît  une 
copie  faite  par  un  commis. 

^''  Gorsas  et  Manuel  sont  nommés  remplacement  de  Manuel,  qui  avait 
secrétaires  le  1 5  octobre  1 792.  Le  26  oc-  envoyé  sa  démission  de  membre  du 
tobre  Mathieu  est  nommé  secrétaire  en        Comité.    Mathieu  avait    déjà   rédigé, 


INTRODUCTION.  cvii 

Ceux  des  séances  suivantes,  du  26  octobre  au  17  novembre  (de  la  7* 
à  la  26®),  sont  de  la  main  de  Mathieu,  excepté  celui  du  27  octobre 
(û"  séance),  qui  est  de  la  main  de  Foucbé  (ce  procès-verbal  est  entière- 
ment consacré  à  la  transcription  d'un  projet  de  décret  présenté  par  ce 
représentant). 

Celui  du  19  novembre  (27^  séance)  est  de  deux  mains  :  nous  n'avons 
pu  déterminer  quel  est  le  membre  qui  a  tenu  la  plume  le  premier  (ce 
n'est  ni  l'un  ni  l'autre  des  deux  secrétaires  Mathieu  et  Massieu^^^);  le 
membre  qui  lui  a  succédé  est  Romme. 

La  minute  du  procès-verbal  du  20  novembre  (28^)  manque. 

Celui  du  21  novembre  (29**)  est  de  la  main  de  Romme. 

Celui  du  22  novembre  (Bo")  est  de  deux  mains  :  la  première  est  celle 
de  Foucbé,  la  seconde  est  celle  de  Romme. 

Ceux  des  28  et  2  4  novembre  (3i*  et  32")  sont  de  la  main  de  Mathieu. 

Ceux  des  26  et  27  novembre  (33®  et  3 4'')  sont  de  la  main  de  Romme. 

Celui  du  3o  novembre  (35®)  est  de  la  main  de  Villar. 

Ceux  des  1*',  i4  et  i5  décembre  (36®  à  38®)  sont  de  la  main  de 
Romme. 

Celui  du  18  décembre  (89®)  est  de  deux  mains  :  la  première  est  celle 
qui  a  déjà  écrit  le  début  du  procès-verbal  du  19  novembre,  la  seconde 
est  celle  de  Romme. 

Ceux  des  20  et  21  décembre  (4o®  et  /ii®)  sont  de  la  main  de  Romme. 

Ceux  des  22,  2/1  et  28  décembre  (A 2®  à  Uk^)  sont  de  la  main  de 
Prieur  de  la  Côte-d'Or^'^l 

Celui  du  26  janvier  1798  (45*)  est  de  la  main  de  Chénier  pour  les 
cinq  premiers  alinéas;  le  reste  est  de  la  main  de  Mathieu. 

Celui  du  U  février  (46®)  est  de  la  main  de  Mathieu. 

Celui  du  5  février  (^7®)  est,  pour  la  première  partie,  de  la  main  de 
Mathieu,  et  pour  les  trois  derniers  alinéas  de  celle  de  Chénier. 

Celui  du  6  février  (48®)  est,  pour  le  commencement,  d'une  main  qui 
nous  est  inconnue,  et  pour  le  reste  de  la  main  de  Mathieu. 

sans  doute  en  l'absence  de  Corsas,  le  ont  été   plusieurs  fois    suppléés    par 

procès-verbal  de  la  séance  du  sS  oc-  Ronune,  Villar,  et  un  inconnu, 
tobrc.  (')  Prieur  de  la  Côte-d'Or  et  Ciiénier 

^'^  Mathieu  (confirmé  dans  ses  fonc-  sont  secrétaires  à  partir  du  a  1  (h'cenihre. 

lions)  et  Massion  sont  secrétaires  du  Prieur  est  remplacé   par   Malliifui    !«» 

iG  novembre  an  •a  décembre,  mais  ils  9,5  janvier  1  793. 


cvm  INTRODUCTION. 

Celui  du  8  lévrier  (^9*")  est  de  la  main  de  Mathieu,  sauf  le  dernier 
alinéa,  qui  est  de  Fouchë. 

Celui  du  1 1  février  (50")  est  d'une  main  qui  nous  est  inconnue. 

Ceux  des  i3  et  i5  lévrier  (21^  et  52**)  sont  de  la  main  de  Mathieu. 

Celui  du  18  février  (53")  est  de  la  main  de  Romme. 

Ceux  des  20  et  22  février  (54°  et  55°)  sont  de  la  main  de  Baudin^^). 

Ceux  des  28  et  26  février  (56"  et  57")  sont  de  la  main  de  Daunou. 

Celui  du  28  février  (58°)  est  de  la  main  de  Baudin  pour  les  trois  pre- 
miers alinéas  et  le  dernier,  et  de  la  main  de  Daunou  pour  les  trois  alinéas 
du  milieu. 

Celui  du  2  mars  (59°)  est  de  la  main  de  Daunou. 

Ceux  des  5,  6  et  12  mars  (60^  à  62°)  sont  de  la  main  de  Baudin. 

Celui  du  ik  mars  (63°)  est  de  la  main  de  Daunou,  sauf  le  troisième 
alinéa,  qui  est  de  Mathieu.  , 

Celui  du  16  mars  (6/*°)  est  de  la  main  de  Baudin. 

Celui  du  19  mars  (65°)  est  de  la  main  de  Daunou  pour  les  quatre  pre- 
miers alinéas;  le  reste  est  de  la  main  de  Villar^'^^. 

Celui  du  2  3  mars  (66°)  est  d'une  main  nouvelle,  probablement  celle 
de  Bancal,  sauf  trois  alinéas  qui  sont  de  Villar  (sur  l'école  de  la  Flèche, 
sur  Romme  et  le  télégraphe,  et  sur  une  pièce  dramatique;  ce  dernier 
alinéa  est  sur  une  feuille  à  part  et  fait  double  emploi),  et  un  alinéa  qui 
est  de  Lanthenas  (sur  Laugier). 

Celui  du  26  mars  (67°)  est  de  la  main  de  Yillar. 

Celui  du  28  mars  (68°)  est  probablement  de  la  main  de  Bancal. 
.     Celui  du  3o  mars  (69°)  est  de  la  main  de  Daunou. 

Celui  du  2  avril  (70°)  est  d'une  main  qui  nous  est  inconnue. 

Celui  du  9  avril  (71'')  est  de  la  main  de  Mathieu,  refaisant  fonctions  de 
secrétaires. 

Celui  du  i5  avril  (72°)  est  de  la  main  de  Baudin  pour  le  premier 
alinéa,  de  la  main  de  Daunou  pour  le  reste. 

La  minute  des  procès-verbaux  des  16  et  2  3  avril  (78°  et  7/1°)  manque. 

Celui  du  26  avril  (75°)  est  de  la  main  de  Martinel^^l 

Celui  du  27  avril  (76°)  est  de  la  main  de  Villar. 

^'^  Baudin  et  Daunou  sont  secrétaires  du  1 8  février  au  1 9  mars  1798.  —  ^^^  Villar 
et  Bancal  sont  secrétaires  du  19  mars  au  9  5  avril.  —  ^^^  Martinel  et  Lakanal  sont 
secrétaires  du  25  avril  au  21  mai. 


INTRODUCTION.  en 

Celui  du  U  mai  (77")  est  de  la  main  de  Martinel. 

La  minute  de  celui  du  7  mai  (78")  manque. 

Celui  du  9  mai  (79®)  est  de  la  main  de  Mathieu  pour  les  deux  pre- 
miers alinéas,  de  celle  de  Che'nicr  pour  le  reste;  Tarticle  relatif  à  Popin- 
court  est  de  la  main  de  Daunou. 

Celui  du  1 1  mai  (80*^)  est  de  la  main  de  Martinel,  sauf  le  dernier  aline'a, 
écrit  par  une  main  que  nous  ne  connaissons  pas. 

Ceux  des  ili  et  i5  mai  (81^  et  82^)  sont  de  la  main  de  Lakanal. 

Celui  du  21  mai  (83^)  est  de  deux  mains  différentes,  qui  doivent  être 
celles  d'Izoard  et  de  Giroust(^). 

La  minute  du  procès-verbal  du  23  mai  (84^)  manque. 

Celui  du  26  mai  (85^)  est  d'une  seule  des  deux  mains  ci-dessus,  soit 
Izoard,  soit  Giroust. 

Les  minutes  des  procès-verbaux  des  28  mai  et  6  juin  (86^  et  87^) 
manquent. 

Celui  du  1 1  juin  (88®)  est  d'une  des  mains  qui  ont  rédigé  le  procès- 
verbal  du  21  mai  (celle  qui  n'a  pas  écrit  la  minute  du  26  mai). 

Celui  du  i5  juin  (89®)  est  d'une  main  qui  nous  est  inconnue. 

Celui  du  9  2  juin  (90®)  est  également  de  deux  mains  inconnues  ^^^ 

Celui  du  26  juin  (91**)  est  d'une  main  inconnue,  avec  un  alinéa  de 
Lanthenas  (sur  Duderé-Laborde). 

Celui  du  27  juin  (92®)  est  de  la  main  de  Daunou. 

Celui  du  2  juillet  (93^)  est  d'une  main  inconnue. 

Celui  du  3  juillet  (9 4®)  est  d'une  main  inconnue,  différente  de  la  pré- 
cédente. 

Celui  du  /i  juillet  (96®)  est  de  plusieurs  mains,  dont  Daunou.  Le  dernier 
alinéa  paraît  être  de  la  main  d'Arbogast. 

Ceux  des  6  et  9  juillet  (96*^  et  97'')  sont  de  la  main  de  Lanthenas. 

Celui  du  1 1  juillet  (98'')  est  d'une  main  qui  nous  est  inconnue. 

Celui  du  18  juillet  (99")  est  de  la  main  de  Lanthenas,  avec  un  alinéa 
d'une  autre  main  (sur  Brochard). 

Ceux  dos  20  et  28  juillet  (100''  et  101*')  sont  de  la  main  de  Lan- 
llienas. 

Celui  du  25  juillet  (102®)  est  d'une  main  inconnue;  les  deux  projets 

''^  Izoord  et  Giroust  sout  secrétaires  ^*^  Lanthenas  (M    Daunou   soni  se- 

<lu  -il  mai  au  -io.  juin.  créloires  du  ùvi  juin  an  1"  août. 


ex  INTRODUCTION. 

de  décret  qui  y  sont  intercales  sont  de  la  main  de  leurs  auteurs,  David  et 
Gre'ijoire. 

Celui  du  2G  juillet  (io3*')  est  de  la  main  de  Lanthenas. 

Celui  du  3o  juillet  (106'')  est  d'une  main  inconnue;  le  dernier  alinéa 
est  de  la  même  main  que  le  procès-verbal  du  26  juin. 

La  minute  du  procès-verbal  du  i*""août  (io5*)  manque. 

Celui  du  2  août  (106^)  est  de  la  main  de  Lanthenas,  avec  deux  alinéaà 
de  la  main  d'un  des  nouveaux  secrétaires,  Albouys  ou  Prunelle (^^. 

La  minute  du  procès-verbal  du  3  août  (107°)  manque. 

Ceux  des  6  août  avant  midi  et  après  midi  (108*'  et  log*')  sont  du  se- 
crétaire qui  a  écrit,  avec  Lanthenas,  le  procès-verbal  du  2  août. 

La  minute  et  la  copie  du  procès-verbal  du  7  août  (1 10^)  manquent. 

Celui  du  i3  août  (1 1 1®)  est  de  plusieurs  mains,  toutes  inconnues. 

La  minute  de  celui  du  i5  août  (112^)  manque. 

Ceux  des  17  et  20  août  (11 3^  et  ii/i^)  sont  de  la  même  main  que  les 
procès-verbaux  du  6  août. 

Les  minutes  de  ceux  des  21  et  2/1  août  (1 15®  et  116^)  manquent. 

Celui  du  27  août  (117®)  est  de  la  même  main  que  ceux  du  6  août,  avec 
quelques  ajoutés  d'autres  écritures. 

Les  minutes  des  procès-verbaux  des  29  et  3i  août,  3  et  7  septembre 
(1 1 8^  à  121^)  manquent. 

Celui  du  9  septembre  (122*^)  est  de  plusieurs  mains  inconnues. 

Ceux  des  10,  12  et  ik  septembre  (i2  3''  à  126'')  sont  de  la  main  de 
Fourcroy  ^^\ 

Celui  du  17  septembre  (126^)  est  de  la  même  main  que  celui  du 
3  juillet. 

Ceux  des  1 9  et  2 1  septembre  (1 27^  et  128^)  sont  de  la  main  de  Fourcroy. 

Celui  du  fik  septembre  (129^)  est  de  la  main  de  Fourcroy,  sauf  les 
trois  premiers  alinéas,  qui  sont  d'une  main  inconnue. 

La  minute  du  procès-verbal  du  26  septembre  (i3o®)  manque. 

Celui  du  28  septembre  (i3i^)  est  de  la  main  de  Fourcroy. 

Celui  du  i^""  octobre  (i32^)  est  de  la  main  de  Fourcroy  pour  la  pre- 
mière partie,  et  de  la  main  de  Villar  pour  le  reste  '^l 

^'^  Albouys  et  Prunelle  sont  secré-  ^^^  Villar  et  Lanthenas  sont  secré- 
taires du  1"  août  au  3  septembre.  taires  du  1*'  octobre  jusqu'au  i5  du 

^^^  Fourcroy  et  David  sont  secrétaires  premier  mois, 
du  3  septembre  au  1*'  octobre. 


INTRODUCTION.  en 

Ceux  des  5  et  6  octobre  (i33^  et  i3/i'')  soat  de  la  main  de  Viliar. 

Celui  du  16  du  premier  mois  (135")  est  de  la  main  de  Grégoire  pour 
le  début,  et  d'une  main  inconnue  pour  le  reste. 

Celui  du  17  du  premier  mois  (i36")  est  de  la  main  de  iMathieu. 

Celui  du  19  du  premier  mois  (i37°)  est  de  la  main  de  P.-J.  Audouin, 
Tun  des  nouveaux  secre'taires  (^^. 

Les  minutes  des  procès-verbaux  des  21,  2  3  et  26  du  premier  mois 
(i38^  à  i/io^)  manquent. 

Celui  du  27  du  premier  mois  (i4i®)  est  de  la  main  de  Gay-Vernon, 
le  second  des  nouveaux  secrétaires,  pour  les  trois  premiers  et  les  quatre 
derniers  alinéas;  les  dix  alinéas  du  milieu  sont  d'une  main  inconnue. 

Celui  du  29  du  premier  mois  (iÙ2^)  est  de  la  main  de  Gay-Vernon. 

La  minute  du  procès-verbal  du  1"  du  second  mois  (i53")  manque. 

Celui  du  3  du  second  mois  {ihli^)  est  de  la  main  de  Gay-Vernon. 

Celui  du  5  du  second  mois  (i^5^)  est  de  la  main  qui  a  écrit  les  dix 
alinéas  du  milieu  du  procès-verbal  du  27  du  premier  mois. 

Ceux  des  9,  11,  i3,  i5,  17,  19,  21,  23,  26,  27  et  29  brumaire 
(1/16"  à  i5G")  sont  de  la  main  de  Mathieu  ("'^). 

Ces  renseignements,  que  nous  regrettons  de  n'avoir  pu 
donner  tout  à  fait  complets,  forment,  pour  notre  tome  P'  et 
notre  tome  II,  un  supplément  dont  la  place  la  plus  naturelle 
nous  a  paru  être  à  la  fin  de  cette  Introduction. 

Il  nous  reste,  en  terminant,  à  remercier  toutes  les  personnes 
qui  nous  ont  aidé  de  leur  obligeant  concours,  et  à  exprimer 
toute  notre  reconnaissance  à  M.  F.-A.  Aulard,  professeur  à 
l'université  de  Paris,  qui  a  bien  voulu  continuer  à  suivre  notre 
publication  en  qualité  de  commissaire  responsable. 

J.  Guillaume. 


^'^  Audonin  et  Gay-Vernon  sont  se-  ^""^  Mathieu  et  Basire  sont  secrélairos 

crclaires  (hi   19  du  premier  mois  au         du  11  brumaire  au  19  frimaire  (Basire 
11  brumaire.  a  élé  arrêté  le 'jy  brumaire). 


ERRATA  ET  ADDENDA. 


I.  Pour  le  lome  P'  des  Proces-verhanx  du  Comité  d'imlruction  publique 
de  la  Convention  nationale. 

INTRODUCTION. 

Pa(je  xsviii,  lignes  i3-i5.  —  Au  lieu  de  :  Ce  sont  peut-être  Portiez  et  Calès,  qui  ont  fait 
imprimer  plus  tard  des  «opinions'5  se  rallachant  effectivement  à  celle  discussion, 
lire  :  L'un  d'eux  est  peut-être  Portiez,  qui  a  fait  imprimer  en  juillet  1798  une  Opi- 
nion se  rattachant  à  cette  discussion. 

i\ige  XXXI,  ligne  9.  —  Supprimer  les  mots  :  de  Calès. 

Même  p<ige,  lignes  i^j-i5.  — Au  lieu  de  :  Celles  de  Portiez  et  de  Calès  paraissent  ê(re 
des  discours  réellement  prononcés  devant  l'assemblée,  lire:  Celle  de  Portiez  paraît 
être  un  discours  réellement  prononcé  devant  l'assemblée. 

Même  page,  lignes  21-29.  —  Supprimer  tout  l'alinéa. 

Page  XXXV,  ligne  2.  —  Au  lieu  de  :  Que  le  Comité  me  propose,  lire  :  Que  le  Comité  vous 
propose. 

Page  Lix,  ligne  iG.  —  Supprimer  les  mots  :  de  Calès. 

Page  Lxxii,  ligne  3.  —  Au  lieu  de  :  vingt-six,  lire  :  trente-deux. 

Même  page,  ligne  5.  —  An  lieu  de  :  quarante-huit,  lire  :  quarante-deux. 

LISTE  DES  CONVENTIONNELS,  ETC. 

Page  Lxxxi\,  article  Romme,  lignes  11  et  i  2  de  l'article.  —  Lire  :  décrété  d'arrestation 
le  1"  prairial  an  m,  décrété  d'accusation  le  2  prairial. 

I*age  xc,  article  Rilltl,  ligne  /i  de  la  colonne  de  gauche.  —  Intercaler  les  mots  :  membre 
du  Comité  d'instruction  publique  de  ventôse  à  fructidor  an  11,  ot  lire  ensuite  {W^^ncs  h 
et  5)  :  décrété  d'arrestation  le  1"  prairial  an  m,  décrété  d'accusation  le  8  prairial. 

Page  xci,  article  Thuriot  de  la  Rozière,  lignes  1  et  2  de  la  colonne  de  gauche.  —  Au  lieu 
de  :  en  1829,  /tre  :  ic  20  juin  1829  (d'après  Bandot). 

PROCÈS-VERBAUX  DU  COMITE   D'INSTRUCTION   PUBLIQUE. 

Page  i3i,  note  2.  —  Supjn-imcr  celle  note  et  la  remptacer  par  celle-ci  :  Le  décret  dont 
parle  ici  Durand-Maillanc  ne  lut  rendu  que  le  'i  juin  1798  (voir  p.  67/1  du  présent 
volume);  l'auteur  avance  donc  un  fait  inexact  en  allirmant  que  ce  fut  au  cours  do 
l'impression  de  sa  brochure  que  la  Convention  déci  éla  le  rond)oursemonl  en  (|ues- 
lion.  Il  est  facile  de  comprendre  pourquoi  Durand-Maillane  prétend  que  ce  décret 
intervint  ccdans  le  cours  de  l'impression  «  :  c'est  ((u'Ilcberl  révéla,  lors  du  procès  des 
Girondins  (voir  la  note  ([ui  suit),  que  la  brochure  avait  été  payée  avec  l'argent  du 
ministre  de  l'intérieur,  et  fournit  ainsi  la  preuve  (jiuî  Durand-Maillane  était  l'un 
des  députés  subsciilioiuiés  par  Holand.  Durand-Maillane,  «pie  ci'Hi'  révélation  met 
dans  l'embarras,  cherche  à  faire  croire  que,  s'il  rcnit  de  l'argent  de  Roland,  ce  fut 

m.  Il 

lUI'niULriI     XtTIOMLl. 


cxiv  ERRATA  ET   ADDENDA. 

en  exécution  (Tnn  décret  de  la  Convention,  el  qu'il  n'y  eut  là  qu'un  simple  rembour- 
sement :  il  est  donc  obligé,  pour  rendre  son  explication  plausible,  de  falsifier  la  date 
du  décret,  et  de  le  représenter  comme  rendu  au  cours  de  l'impression  de  sa  bro- 
chure, c'est-à-dire  eu  décembre  1792. 

Même  page,  après  la  note  2.  —  Ajouter  une  troisième  note  ainsi  conçue  (en  plaçant  l'appel 
de  note  à  la  ligne  1  7  du  texte,  après  le  mot  impressions)  :  ^^^  Voici  le  texte  de  la  dépo- 
sition d'Hébert  (5  brumaire  an  11)  :  rcll  est  constant  que  Roland  payait  des  libelles 
et  les  Opinions  des  membres  du  côte  droit,  et  je  vais  à  cet  égard  citer  une  anecdote 
qui  m'est  personnelle.  Un  députe  de  la  Convention  nationale  vint  un  jour  chez  moi 
pour  faire  imprimer  une  Opinion  qu'il  avait  prononcée;  quand  celte  Opinion  fut  im- 
primée et  qu'il  fut  question  de  payer,  il  me  dit  qu'il  attendait,  pour  le  faire,  que 
Louvet,  que  tout  le  monde  sait  être  l'agent  de  Roland,  lui  remît  des  fonds.  Ce  député 
est  Durand  de  Maillane."  [Moniteur.)  L'explication  que  Durand-Maillane  donne  du 
fait  révélé  par  Hébert  est  contiedilo  par  ses  propres  paroles.  11  déclare  qu'il  paya 
Hébert  avant  l'époque  où  celui-ci  fut  élu  substitut  (l'élection  d'Hébert  est  du  92  dé- 
cembre 1 792  ),  et  il  ajoute  :  «  Je  lui  dis ,  en  le  payant,  que  cet  argent  me  serait  rendu 
par  l'Étatn.  En  parlant  ainsi  à  Hébert,  Durand-Maillane  ne  pouvait  pas,  comme  il  le 
prétend,  lui  «donner  la  nouvelle»  d'un  décret  qui  ne  fut  voté  que  le  à  juin  1798  : 
il  a  dû  tout  simplement  lui  faire  l'aveu  —  qui  ne  semblait  pas  compromettant  à  cette 
époque,  où  Hébert  recevait  lui-même  du  ministre  de  l'intérieur  des  offres  de  sub- 
vention (voir  Mo)nteur,  procès  des  Girondins,  séance  du  h  brumaire)  —  que  les  frais 
d'impression  de  sa  brochure  seraient  payés  par  Roland.  La  déposition  d'Hébert  nous 
paraît  donc  confirmée  par  la  tentative  même  que  fait  Durand-Maillane  pour  en  dé- 
naturer la  portée. 

Page  263,  ligne  9.  —  Au  lieu  de  :  Six  opinions,  lire  :  Cinq  opinions. 

Même  page,  ligne  11.  —  Supprimer  les  mots  :  de  Calés. 

Même  page,  ligne  12.  —  Au  lieu  de  :  les  trois  premières,  lire  :  les  deux  premières. 

Pages  267-272.  —  L'opinion  de  Cales,  intitulée:  De  l'Éducation  nationale,  doit  être  reportée 
au  tome  III,  p.  î3a. 

Page  267,  noie  1.  —  Supprimer  les  g  dernières  lignes  de  cette  note,  et  les  remplacer  par 
celles-ci  :  L'Opinion  de  Calés  est  annoncée  dans  le  n°  /i65  du  Journal  des  débats  et 
des  décrets,  correspondant  au  7  nivôse  an  11.  Cette  Opinion  fut  donc  suscitée  par  la 
discussion  du  décret  du  29  frimaire  an  11. 

Page  3i3,  avant  la  note  1.  —  Ajouter  au  bas  de  la  page  iine  première  note  {en  plaçant 
l'appel  de  note  à  la  ligne  â  du  texte,  après  les  mots  :  deux  cent  mille  livres)  ainsi 
conçue  :  Sur  ce  tableau  et  sur  l'erreur  commise  par  Barère,  voir  dans  notre  tome  HI, 
p.  175,  note  4,  un  extrait  du  Compte  rendu  à  la  Convention  par  la  Commission  sup- 
primée des  monuments. 

Page  363 ,  note  3.  —  A  la  fin  de  la  note,  ajouter  ces  mots  :  Pour  la  suite,  voir  la  séance  du 
26  février  (p.  366). 

Page  366,  note  3.  —  Supprimer  cette  note,  et  la  remplacer  par  celle-ci  .-Pour  la  suite, 
voir  la  séance  du  19  mars  (p.  393). 

Page  671,  note  1.  —  A  la  fin  de  la  note,  ajouter  ces  mots  :  Nous  avons  retrouvé  un  exem- 
plaire imprimé  du  Tableau  de  l'enseignement  public  divisé  en  quatre  degrés,  arrêté  par 
le  Comité  d'instruction  publique  le  a8  mai  l'jgS,  et  nous  l'avons  placé  dans  l'Appen- 
dice de  notre  tome  II,  p.  89.5. 

Page  /i72,  note,  ligne  12  de  la  colonne  de  droite.  —  Supprimer  le  nom  de  Calés. 


ERRATA  ET  ADDENDA.  cxv 

Page  U'jU,  après  la  note  2.  —  Ajouter  au  las  de  la  page  une  note  2  *"'  {en  plaçant  l'ap- 
pel de  note  à  la  ligne  i3  du  texte,  après  les  mots  :  déjà  imprimées)  ainsi  conçue  : 
Cette  phrase  signifie  que  les  représentants  qui  avaient  fait  imprimer  leur  Opinion 
à  leurs  frais  seraient  remboursés.  Deux  d'entre  eux  se  trouvaient  dans  ce  cas,  Rude! 
(voir  p.  292)  et  Lanthenas  (voir  p.  877).  Quant  à  Durand-Maillane,  dont  TOpinion 
avait  été  imprimée  chez  Hébert  en  décembre  1792,  les  frais  d'impression  de  sa  bro- 
chure avaient  été  payés  par  le  ministre  Roland  (voir  p.  i3i,  notes  2  et  3). 

Page  557,  ligne  3o.  —  A  lajîn  de  la  ligne,  ajouter  le  mot  :  ne. 

II.  Pour  le  tome  II  des  Procès-verbaux  du  Comité  d'imtruclion  publique 
de  la  Convention  nationale. 

INTRODUCTION. 

Page  XIV,  ligne  22.  —  Au  lieu  de  :  Le  16*  jour  du  premier  mois  de  Tan  deuxième  (7  oc- 
tobre), lire  :  Le  19'  jour  du  premier  mois  de  Tan  deuxième  (10  octobre). 

Page  XLi ,  lignes  8-9.  —  Au  lieu  de  :  Dès  le  i*'  octobre,  une  dépulation  des  sociétés  po- 
pulaires vint  demander  la  prompte  mise  en  jugement  de  Brissot  et  de  ses  complices, 
lire  :  Dès  le  lendemain  26  septembre,  siu'  la  motion  d'un  député  dont  le  Moniteur 
ne  dit  pas  le  nom,  la  Convention  ordonna  que  «l'acte  d'accusation  contre  Brissot  et 
ses  complices  fût  présenté  le  lendemain  à  midi 75  (ce  qui  n'eut  pas  lieu,  le  Comité  de 
sûreté  générale  ne  s'étant  pas  trouvé  en  mesure);  le  1"  octobre,  une  députation 
de  la  Société  des  Jacobins  vint  réclamer  la  prompte  mise  en  jugement  de  Brissot  et  de 
ses  complices. 

> 

Page  XLVii,  ligne  la.  —  Au  lieu  de  :  la  proportion,  lire  :  la  proposition;  et  au  lieu  de  : 
appuyé ,  lire  :  appuyée. 

Page  Lviii,  ligne  8.  —  Api^ès  :  Talleyrand,  placer  un  appel  de  note;  et  au  bas  de  la  page 
ajouter  la  note  suivante  :  C'était  Talleyrand  lui-même  qui  avait  sollicité  de  Lavoisier 
des  critiques  en  vue  d'une  réimpression  de  son  rapport,  réimpression  ordonnée  par 
l'Assemblée  législative.  La  lettre  de  Talleyrand  à  Lavoisier  a  été  publiée  par  M.  Ed. 
Grimaux  dans  son  volume  Lavoisier,  p.   2/17. 

Page  Lxix,  ligne  5.  —  Au  lieu  de  :  le  lendemain,  lire  :  le  surlendemain. 

Page  Lxx,  lignes  18-22.  —  Supprimer  depuis  leè  mots  :  Lorsque,  par  application.  .  .  jus- 
qu'aux mots  :  pour  les  faire  lever,  et  remplacer  les  mots  supprimés  par  ceux-ci  :  En 
exécution  du  décret  du  5  juin  1793,  qui  avait  ordonné  d'apposer  les  scellés  «sur  les 
caisses  et  papiers  de  tous  les  ci-devant  fermiers  généraux??,  les  scellés  avaient  été  mis, 
à  une  date  que  nous  n'avons  pu  préciser  (peut-être  dès  le  mois  de  juin),  sur  la  porte 
du  laboratoire  de  Lavoisier  et  sur  celle  de  son  cabinet  ;  grâce  à  l'inlorvontion  du 
Comité  d'instruction  publique,  ces  scellés  sont  levés  le  11  septembre  (tandis  (pi'ils 
restaient  apposés  chez  les  autres  fermiers  généraux),  et  le  secrétaire  greflier.  .  .  etc. 

Page  Lxxiii,  ligne  11.  —  Ati  lieu  de  :  29  frimaire,  lire  :  28  frimaire. 
Page  Lxxvi ,  note.  —  Au  lieu  de  :  p.  lxxxviii  ,  lire  :  p.  lxxxix. 

Page  Lxxxi,  ligne  21.  —  Au  lieu  de  :  et  la  nuisi(juo  do  la  garde  nationale  l'avait  apprise, 
lire  :  et  les  musiciens  de  la  garde  nationale  ravaionl  apprise. 

Page  Lxxxvi,  ligne  16.  —  Au  lien  de  :  M.  Fressinet,  lire  :  M.  Fraissinel. 


cxvi  ERRATA  ET  ADDENDA. 

ERRATA   ET   ADDENDA. 

Page  Lxxxix,  ligne  2.  —  Au  lieu  de  :  Page  xli,  lire  :  Page  lxi. 

Page  xo,  lignes  i3  et  16.  —  Supprimer  ces  deux  lignes. 

Même  page,  les  deux  dornièi'cs  lignes.  —  Ces  deux  lignes  doivent  être  supprimées  et  rem- 
placées par  celles-ci:  Page  /»  79 ,  dernière  ligne  du  lexle  avant  la  fin,  et  p.  680, 
ligne  3.  —  Au  lieu  de  :  marquis  do  la  Billardière,  lire  :  marquis  de  la  Billarderie. 

LISTE   DES  CONVENTIONNELS,    ETC. 

Page  xci,  article  Albitte,  ligne  5  de  l'article.  —  Ajouter  les  mots  :  décre'té  d'arrestation  le 
1"^  prairial  an  m. 

Page  xcii,  article  Boucher,  ligne  7  de  l'article.  —  Ajouter  les  mots:  membre  du  Comité 
d'instruction  publique  de  ventôse  à  fructidor  an  11. 

Page  xcv,  article  Duhem,  i"  ligne  de  la  colonne  de  gauche,  —  Ajouter  les  mots  :  Adjoint 
au  Comité  d'instruction  publique  le  1 1  brumaire  an  11. 

Même  page ,  article  Du  Roy,  lignes  8  et  9  de  l'article.  —  Remplacer  ces  lignes  par  celles-ci  : 
Décrété  d'arrestation  le  1"  prairial  an  m,  décrété  d'accusation  le  3  prairial,  se  frappa 
d'un  couteau  après  sa  condamnation  à  mort  le  99  prairial,  et,  comme  il  respirait  en- 
core, fut  guillotiné  le  même  jour. 

Pa'gexcviii,  article  Jullien{de  Paris),  ligne  8  de  l'article.  —  Au  lieu  de  .-emprisonné  après 
le  9  thermidor,  lire  :  emprisonné  le  28  thermidor  an  ir. 

Page  CI,  article  Prieur  {de  la  Marne),  dernière  ligne  de  la  colonne  de  droite,  et  p.  en, 
première  ligne  de  la  colonne  de  gauche.  —  Remplacer  les  mots  :  Décrété  d'accusation 
le  1"  prairial  an  m,  par  ceux-ci  :  Décrété  d'arrestation  le  1"  prairial  an  m,  décrété 
d'accusation  le  2  prairial,  s'évada  dans  la  nuit  du  1  0  prairial. 

Page  cm,  article  Valdruche,  les  deux  dernières  lignes  de  l'article,  —  Supprime*^  les  mots  : 
La  date  et  le  lieu  de  sa  mort  sont  inconnus ,  et  les  remplacer  par  ceux-ci  :  Banni 
en  1816,  mort  en  exil  à  Liège,  le  11  avril  1829  (d'après  Baudot). 

PROCÈS-VERBAUX   DU  COMITE   D'INSTRUCTION   PUBLIQUE. 

Page  2 II,  note  1,  ligne  6  de  la  note.  —  Au  lieu  de  :  Ricard,  lire  :  Ricord. 
Page  27/1,  ligne  20,  et  note  6,  1'*  ligne.  —  Au  lieu  de  :  Jay  de  Sainte-Foix,  lire  :  Jay  de 
Sainte-Foy. 

Page  295,  note  2.  —  Ajouter  à  cette  note  les  lignes  suivantes  :  Brutus  Dudevant,  membre 
du  directoire  du  district  de  Nérac,  par  pétition  en  date  du  5  nivôse  an  11,  a  demandé 
une  place  de  garde  des  antiques  ou  de  directeur  dans  le  Musée  national.  (Archives 
nationales,  F",  carton  ioo8\  n°  1570.) 

P.  357,  avant  la  note  1.  —  Ajouter  au  bas  de  la  page  une  première  note  {en  plaçant  l'appel 
de  note  à  la  ligne  a3  du  texte,  après  les  mots  :  ne  se  serait  montré  pour  rien  au 
monde)  ainsi  conçue  :  Yicq  d'Azyr  «se  montrai  au  contraire,  et  se  donna  beaucoup 
de  mouvement.  Il  écrivit  le  19  août  au  président  de  la  Convention,  au  nom  de  la 
Société  d'histoire  naturelle,  en  lui  envoyant  un  mémoire  (voir  ci-après,  p.  572).  Il 
écrivit  de  nouveau  le  2  3  août  au  président  de  la  Convention,  au  nom  de  la  Société 
de  médecine,  puis  le  i'"  septembre  à  Romme,  et  rédigea  plusieurs  mémoires  (voir  ci- 
dessus,  p.  32  5,  n"'  12  à  17).  Nommé  membre  de  la  Commission  des  arts,  il  en  fut 
la  cheville  ouvrière  pendant  toule  la  Terreur  (voir  notre  tome  III). 


ERRATA  ET  ADDENDA.  cxvii 

Patfe  2'dU,  note  3.  —  A  la  fin  do  la  note,  ajouter  ces  mots  :  On  trouve  aux  Archives  na- 
tionales, F",  carton  1227,  la  minute  de  deux  lettres  du  ministre  de  Tinlérieur  à 
Chamfort  et  à  Ameilhon,  relatives  à  la  formation  de  la  bibliothèque  du  Muséum 
d'histoire  naturelle,  avec  les  réponses  de  l'un  et  de  l'autre  en  date  des  2 3  et  aA  août 
1793. 

Pape  337,  note  3  ,  b'gne  3  de  la  colonne  de  droite.  —  Au  lieu  de  :  monétaire,  lire  :  nu- 
méraire. 

Page  352 ,  note  1,  première  ligne.  —  Au  lieu  de  :  Nous  n'avons  pas  trouvé  le  mémoire  de 
Gombaud-Lachèze,  lire  :  Le  mémoire  de  Gombaud-Lachèze  est  aux  Archives  nationales 
(Dxxxviii,  carton  m,  h^),  avec  une  lettre  du  ministre  Paré,  du  3  septembre  1793. 

Page  365,  note  2.  —  Supprimer  la  dernière  phrase  de  la  note,  depuis  :  Il  sera  de  nouveau 
question  de  Pérard. 

Pape  37/1 ,  note  2.  —  Supprimer  lajîn  de  la  note,  depuis  :  Nous  avons  recherché  ce  décret, 
et  remplacer  le  passage  supprimé  par  celui-ci  : 

C'est  une  erreur.  11  n'y  a  pas  eu  de  décret  spécial,  et  postérieur  à  celui  du  5  juin 
1793,  qui  ait  ordonne  l'apposition  des  scellés  sur  les  crpapiers  particuliers»  des  fer- 
miers généraux  et  autres  financiers.  La  disposition  dont  il  s'agit  se  trouve  dans  l'ar- 
ticle 1"  du  décret  du  5  juin,  ainsi  conçu  :  «Les  scellés  seront  à  l'instant  apposés,  à 
la  requête  et  diligence  des  procureurs  syndics  de  tous  les  départements  de  la  Répu- 
blique, sur  les  caisses  et  les  papiers  de  tous  les  ci-devant  fermiers  généraux,  receveurs 
généraux  et  particuliers  des  finances,  receveurs  ou  régisseurs  des  domaines.  .  .  elc.n. 
Mais  nous  ignorons  à  quelle  date  eut  lieu  l'exécution  de  ce  décret  en  ce  qui  concerne 
Lavoisier  :  si  ce  fut  dès  le  mois  de  juin,  ou  seulement  en  septembre.  Si  la  lettre  de 
Lavoisier  au  Comité  d'instruction  publique  s'était  retrouvée,  elle  nous  aurait  sans 
doute  renseignés  sur  ce  point. 

Pourquoi,  si  les  scellés  avaient  été  apposés  chez  lui  (sur  la  porte  de  son  laboratoire 
et  de  son  cabinet)  dès  le  mois  de  juin,  Lavoisier  a-t-il  attendu  au  9  septembre  pour 
saisir  de  la  question  le  Comité  d'instruction  publique?  La  réponse  serait  fort  simple  : 
Lavoisier,  étant  un  ancien  fermier  général,  n'avait  aucune  raison  légale  à  invo([uer 
pour  empêcher  que  le  décret  du  5  juin  lui  fut  appliqué.  Aussi  dut-il  se  soumettre 
sans  réclamer.  Mais,  trois  mois  après  le  vote  de  ce  décret,  une  Commission  tempo- 
raire allait,  sur  l'initiative  de  Lavoisier  lui-même,  être  constituée  pour  achever  le  tra- 
vail des  poids  et  mesures;  le  Comité  d'instruction  publique  avait  lommencé,  le  7  sep- 
tembre, la  discussion  du  projet  de  décret  y  relatif:  or  cette  Commission  allait  avoir 
besoin  des  instruments  et  des  manuscrits  qui  se  trouvaient  sous  les  scellés  chez  Lavoi- 
sier; ce  dernier,  tout  naturellement,  dut  prévenir  le  Comité  que  ,  pour  pouvoir  mettre 
à  la  disposition  de  la  future  Commission  les  objets  destinés  au  travail  des  poids  et 
mesures  déposés  chez  lui,  il  serait  nécessaire  d'aller  les  prendre  sous  les  scellés  placés 
à  la  porte  de  son  laboratoire  et  à  celle  de  son  cabinet. 

L'arrêté  qui  fut  rendu  le  soir  même  par  le  Comité  do  sûreté  générale  à  la  requoit* 
du  Comité  d'instruction  publique  ne  parle  eu  efl'ct  que  de  cette  opération;  mais  • 
détail  important,  et  ([ue  l'équité  commande  de  faire  remarquer  —  Romnie  et  Foui- 
croy  prirent  sur  eux  d'aller  plus  loin  :  ils  firent  examiner  par  les  commissaires  civils  do 
la  section  des  Piques,  qui  les  accompagnaient,  tous  les  papiers  contenus  dans  le  ca- 
binet sur  la  porte  duquel  les  scellés  avaient  été  mis;  et,  leur  ayant  fait  constatei'  (pio 
ces  papiers  n'oflVaient  rien  de  suspect,  ils  obtinrent  que  les  scellés  fussent  définilive- 
mont  levés  cIk^z  Lavoisier  dès  le  1  1  septembre.  Celui-ci  fut  donc  l'objcl  d'iui  traite- 
ment excoptioimel  et  d'une  faveur  spéciale,  grâce  au  Comité  d'instruction  pul>li((uo; 
car,  chez  les  autres  fermiers  généraux,  les  scellés  restèrent  apposés  jusqu'au  moujout 


cxviii  ERRATA  ET  ADDENDA. 

où  le  décret  du  2/1  septembre  1798  ordonna  qu'ils  seraient  levés  par  mesure  géné- 
rale. 

Page  875,  note  2.  —  Supprimer  les  cinq  dernières  lignes  de  la  note,  et  les  remplacer  par 
celles-ci  :  Ce  projet  de  décret  est  l'origine  du  décret  du  28  germinal  an  11  (voir  notre 
tome  IV). 

Page  878,  ligne  35.  —  Au  lieu  de  :  Rozay,  lire  :  Rozoy. 

Page  A53,  noie  a.  —  A  la  fin  de  la  note,  ajouter  ce  qui  suit  :  Une  copie  de  celte  lettre, 
qui  est  datée  du  21  septembre  1798,  se  trouve  aux  Archives  nationales  (Dxxxviii, 
carton  m,  A 2). 

Page  527,  lifTnos  3 h  et  85.  —  Suppnmer  ces  deux  lignes,  et  les  remplacer  par  ce  qui  suit  : 
Le  globe  de  Mentello,  à  double  enveloppe,  dont  l'une  en  relief,  est  depuis  1877  la 
propriété  de  la  Bibliothèque  nationale,  qui  en  a  fait  l'acquisition,  pour  le  prix  de 
5oo  francs,  de  M.  Sanis,  géographe  :  il  est  déposé  dans  la  salle  des  globes,  oii  se 
trouvent  également  les  deux  globes  colossaux  de  Coronelli.  Malheureusement  les 
globes  de  Coronelli,  celui  de  Mentelle,  et  plusieurs  autres,  sont  aujourd'hui  invisibles  : 
on  les  a  enfermés  dans  une  carapace  en  planches,  et  cet  état  de  choses  menace,  faute 
des  fonds  nécessaires  pour  procéder  à  un  aménagement  nouveau,  de  se  prolonger 
indélinimenl. 

Page  C08,  noie  1,  ligne  7  de  la  note.  —  Au  lieu  de  :  Cournaud,  lire  :  Cournand. 

Page  623,  note  1,  ligne  li.  —  Supprimer  la  fin  de  la  note,  depuis  les  mots  :  Elle  devait 
avoir  pour  objet,  et  la  remplacer  par  ce  qui  suit  :  Elle  avait  pour  but  d'obtenir  des  fonds 
pour  l'école  de  Liancourt,  ou  Ecole  des  enfants  de  l'armée.  A  la  suite  du  vote  du  dé- 
cret du  9  septembre  1798  supprimant  les  écoles  mihtaires,  la  paye  des  élèves  de  Lian- 
court avait  été  suspendue.  Grégoire  a  été  remplacé  comme  rapporteur  par  Prunelle 
le  37  du  premier  mois. 

Page  63 à,  note  a.  —  Supprimer  la  première  phrase  de  la  note,  jusqu'aux  mots  :  voir 
p.  880,  et  la  remplacer  par  celle-ci  :  La  pétition  du  collège  de  Liancourt  est  celle 
qu'avait  présentée  Morieux  et  dont  le  rapport  avait  d'abord  été  confié  à  Grégoire 

(p.  62a). 

Page  65o,  note  8,  ligne  8  de  la  colonne  de  gauche.  —  A  la  fin  de  l'alinéa,  ajouter  ce  qui 
suit  :  On  trouvera  dans  notre  tome  III,  aux  annexes  de  la  séance  du  i5  pluviôse 
an  II,  des  extraits  des  Observations  de  quelques  patriotes  sur  la  nécessité  de  conserver 
les  monuments  de  la  littérature  et  des  arts,  brochure  imprimée  sous  la  signature  d'An- 
toine-Augustin Renouard,  de  Chardin,  et  de  Charlemagne  fils,  et  le  texte  d'une  lettre 
imprimée  adressée  par  Renouard  au  Comité  d'instruction  publique  à  la  date  du  2 
du  2"  mois. 

Page  666,  note  1.  —  A  la  fin  de  la  note ,  ajouter  ce  qui  suit  :  Cette  édition  est  probable- 
ment celle  qui  fut  faite  aux  frais  de  Renouard ,  et  dont  il  se  hâta  d'envoyer  par  la 
posle  des  exemplaires  dans  les  départements.  Voir  notre  tome  III,  p.  601,  note  i. 

Page  667,  note  1,  ligne  8  de  la  colonne  de  droite.  —  Au  lieu  de  :  29  brumaire,  lire  : 
28  brumaire.  Supprime^'  ensuite  les  mots  placés  entre  parenthèses ,  jusqu'au  point. 

Page  737,  note  A.  —  A  la  fin  de  la  note,  ajouter  ce  qui  suit  :  On  a  enregistré  au  Comité 
sous  le  n°  1  972  un  autre  envoi  de  Robert  Robin,  une  nouvelle  montre  décimale  à  ré- 
pétition. Cet  envoi  a  été  transmis  à  la  Commission  des  poids  et  mesures.  (Archives 
nationales,  F^',  carton  1009^) 

Page  728,  lignes  1  et  6.  —  Au  lieu  de  :  Peterson,  lire  :  Pettersson. 


ERRATA  ET  ADDENDA.  cxix 

Même  page,  note  i.  —  A  la  a'  ligne  de  la  note,  au  lieu  de  :  Peterson,  lire  :  Peltersson. 
Après  ce  mot,  supprimer  la  fin  de  la  note ,  et  la  remplacer  par  ce  qui  suit  :  Son  ma- 
nuscrit est  aux  Archives  nationales  (F^',  carton  1008,  n"  i3oi).  H  est  intitulé  : 
Prénotions  de  l'instruction  publique,  qui  peuvent  servira' un  livre  élémentaire  dans  Védu- 
cation  des  enfants,  soumises  à  l'approbation  de  la  Convention  nationale,  par  Nicolas 
Petlersson,  Suédois. 

Page  7^9,  note  5.  —  A  la  fin  de  la  note,  ajouter  ce  qui  suit  :  La  réclamation  du  commis 
Oudry,  sans  date  et. sans  numéro  d'enregistrement,  se  trouve  aux  Archives  nationales 
(F^',  carton  i326). 

Pape  7^6,  note  3.  —  A  lafin  de  la  note,  supprimer  les  mots  :  La  pièce  manque,  et  les 
remplacer  par  ceux-ci  :  La  pièce  se  trouve  dans  F'',  carton  i3a6;  elle  est  datée  du 
3o  juillet  1793. 

Page  7^7,  note  3,  ligne  11.  —  A  la  fin  de  la  ligne,  ajouter  ce  qui  suit  :  Les  pièces  se 
trouvent  sous  la  cote  Dxxxvni,  carton  m,  35,  n"  1011. 

Page  750,  note  h.  — Remplacer  les  deux  premières  lignes  de  la  note  par  celles-ci:  La  lettre 
du  district  de  Gompiègne,  datée  du  27  du  premier  mois,  se  trouve  aux  Archives  na- 
tionales, F^^  carton  1226,  n"  985. 

Page  771,  note  2 ,  lignes  2  et  3.  —  Au  lieu  de  :  Dans  la  séance  du  17  pluviôse  an  11,  lire  : 
Dans  les  séances  des  i3  nivôse  et  17  pluviôse  an  11. 

Pagf  791,  note  3.  —  A  la  fin  de  la  note,  ajouter  ce  qui  suit  :  Le  passage  de  la  lettre  de 
Lakanal  omis  au  Bulletin  du  i3  frimaire  a  été  imprimé  un  mois  plus  tard,  dans  le 
Bulletin  du  19  nivôse  an  Ji.  On  en  trouve  le  texte  dans  notre  tome  III,  Appendice, 
p.  62/1.  L'original  de  cette  lettre,  qui  porte  la  date  du  5  frimaire,  a  été  retrouvé  par 
M.  Aulard  au  Minislère  de  la  guerre  (voir  Recueil  des  actes  du  Comité  de  salut 
public,  etc.,  t.  VIII,  p.  703 ). 

Page  792,  note  2.  —  A  lafin  de  la  note,  ajouter  ce  qui  suit  :  Sur  Campnias  et  la  ma- 
chine de  Marly,  voir,  dans  le  Moniteur  du  3  prairial  an  11 ,  le  compte-rendu  de  la 
séance  de  la  Convention  du  3o  floréal  an  11. 

Page  800,  note  3.  —  Supprimer  cette  noie  et  la  remplacer  par  celle-ci  :  L'orateur  de  la 
députation  est  Sarrette,  commandant  de  la  musique  de  la  garde  nationale  parisienne. 

Même  page,  note  /i ,  première  ligne.  — •  Au  lieu  de  :  Vers  la  fin  de  179^^,  lire  :  P.ir  un 
arrêté  du  Conseil  général  de  la  commune  de  Paris  en  date  du  9  juin  1792. 

Môme  page,  note  h.  —  A  lafin  de  la  note,  ajouter  ce  qui  suit  :  On  trouve  aux  Archives 
nationales,  F^^  carton  1007,  n°  1275,  Toiiginal  de  la  pétition  du  t8  brumaire,  si- 
gné Sarrette  et  Gossec,  avec  la  délibération  du  Conseil  général  do  la  commtnie  à 
l'appui,  du  1/1  brumaire.  Ces  pièces  sont  imprimées  dans  notre  tome  III,  Appendice, 
p.  627. 

Page  801,  note  1.  —  Rédiger  cette  note  ainsi  :  C'est  encore  Sarrette,  comme  le  fiiit  voit'  lo 
compto-rendu  du  Journal  des  débats  et  des  décrets,  qui  va  suivre. 

Page  826,  fin  de  la  note  7  de  la  p.  820.  —  A  lafin  de  la  note,  ajouter  ce  qui  suit  :  On 
trouve  aux  Archives  nationales  (F*',  carton  1320,  n"  io53)  une  lettre  do  la  Société 
républicaine  des  arts,  du  1  A  brumaire  an  11,  (|iii  envoie  la  liste  de  ses  men)bres,  en 
réponse  à  une  lettre  du  Comité  d'instruction  publique  en  date  du  10  biumaire. 

Page  829,  après  la  note  1.  —  Ajouter  une  noie  1''''  (en  plaçant  l'appel  de  note  à  la  ligne  ù't 
du  texte,  colonne  de  gauche,  à  côté  du  nom  de  Cietti)  ainsi  conçue  :  Le  Moniteur  écrit 
ce  nom  Scietty.  Dans  la  liste,  donnée  par  lui,  dos  membres  du  Conseil  géuéral  de  la 


cxx  ERRATA  ET  ADDENDA. 

communo  guillolinés  le  i  «î  thermidor,  on  lit  :  trP.  Scietly,  Agé  de  quarante-deux  ans, 
i)é  on  Lonibardie,  pointro,  rue  do  Monlreuilw.  {Moniteur  du  8  fructidor  an  ii.) 

Page  85o,  ligne  5.  —  Au  commencement  de  la  ligne,  le  chiffre  5  doit  être  remplacé  par  le 
chiffre  h. 

Même  page,  ligue  lo.  —  Après  cette  ligne  iiUercaler  l'alinéa  suivant,  qui  a  été  omis  : 

On  leur  fait  connaître  les  traits  de  vertu  qui  lionorent  les  hommes  libres  de  tous 
les  temps,  de  tous  lieux,  et  particulièrement  ceux  qui  honorent  la  régénération  fran- 
çaise. 

Page  866,  avant  la  note  i.  — Ajouter  au  bas  delà  page  mie  première  note  (en  plaçant  l'ap- 
pel de  note  à  la  fia  du  premier  alinéa  di  texte)  ainsi  conçue  :  Le  citoyen  Dumoutier, 
qui  présente  la  pétition  de  Villers-Coltorels,  n'est  autre  que  le  littérateur  Demous- 
tier,  l'auteur  des  Lettres  à  Emilie  sur  la  mjjthologie.  M.  Edmond  Dreyfus -Brisac  a 
publié,  dans  la  Revue  internationale  de  Te  iseignement  du  i5  avril  189^1,  deux  lettres 
adressées  ,de  Paris  par  Demoustier  au  Conseil  général  de  la  commune  de  Villers-Cot- 
terets,  en  date  des  28  cl  3o  brumaire  an  11;  il  y  raconte  comment  il  a  conféré  avec 
Romme,  t^citoyen  aussi  modeste  qu'il  est  instruit?) ,  et  comment  il  a  été  ensuite  admis 
à  la  séance  du  Comité  d'instruction  publique. 

Page  907,  hgne  12.  —  Au  lieu  de  :  in-/i°,  /ire  ;  in-8°. 

TABLE  DES   MATIERES. 

Page  929,  ligne  7  d'en  bas.  —  Au  bout  de  la  ligne,  au  lieu  de  :  621,  lire  :  5ao. 

III.  Pour  le  présent  volume. 

Page  826,  note  3,  lignes  6-7.  —  Au  lien  de  :  Le  Moniteur  n'en  parle  pas  non  plus,  lire: 
Mais  le  Moniteur  du  22  pluviôse  an  11  nous  apprend  que  la  lecture  en  fut  faite  à  la  Conven- 
tion par  Léonard  Bourdon  dans  la  séance  du  20  pluviôse. 

Page  hhS,  note  1,  ligne  7.  —  Au  lien  de  :  Nous  ne  ne  savons  pour  quel  motif,  lire  : 
Pour  faire  fondre  le  cercueil  en  plomb  dans  lequel  ils  étaient  contenus. 

Page  466,  ligne  19,  et  p.  48/i,  note  2,  lignes  S-h.  —  Au  lieu  de  :  Lonqiieue,  lire  : 
Lonqueùe. 


LISTE  ALPHABÉTIQUE 


DES 

CONVENTIONNELS,  MINISTRES,  GÉNÉRAUX,  PUBLICISTES 

MENTIONNÉS  POUR  Li  PREMII:RE  FOIS 

DANS  LE  PRÉSENT  VOLUxME  ^'\ 


AcGDis  (Pierre- Jean -Baptiste),  né  à 
Mc'lle  (Deux-Sèvres)  en  17/^» 3  (d'après  le 
Dictionnaire  des  Parlementaires),  capitaine 
(le  dragons,  démissionnaire  en  1789,  pré- 
sident du  tribunal  de  district  de  Melle,  dé- 
puté des  Deux-Sèvres  à  la  Législative  et  à 
la  Convention,  vota  contre  l'appel  au  peuple 
cl  contre  la  mort  du  roi,  membre  du  Co- 
mité de  salut  public  après  le  9  thermidor, 
mort  à  Melle  le  17  février  1810. 

AvniL,  membre  du  Conseil  général  de 
la  commune  de  Paris  au  10  août  1792, 
adminisfraleur  des  travaux  publics.  Devenu 
plus  taid  administrateur  des  hospices,  il  fut 
destitué  en  germinal  an  vu  {Moniteur). 

Barbeau  du  Barran.  Voir  Dubarran. 

Barras  (  Paul  -  François  -  Jean  -  Nicolas , 
vicomte  de),  né  à  Fox-Amphoux  (Var)  le 
20  juin  1755,  ofiicier  aux  Indes,  puis  dé- 
missionnaire, administrateur  du  départe- 
ment du  Var,  membre  du  haut-jury  d'Or- 
léans, député  suppléant  du  Var  à  la 
Convention,  appelé  à  siéger  dès  Touvcrture 
de  rassend)lée  en  remplacement  de  Did)ois 
(le  Crancé  (pii  avait  opté  pour  los  Ardennos, 
vola  contre  raj)pel  au  peuple  et  pour  la 
mort  du  roi;  chef  de  la  force  armée   le 


9  thermidor  an  11,  membre  du  Comité  de 
sûreté  générale,  chef  de  la  force  armée  le 
i3  vendémiaire  an  m,  non  compris  dans 
la  loi  de  1816  contre  les  régicides,  moi  t 
à  Chaillot  (Seine)  le  29  janvier  1829. 

Baudot  (Marc-Antoine),  né  à  Digoin 
(Saône-et-Loire)  en  1760,  médecin  àCha- 
rolles,  député  suppléant  de  Saône-el-Loire 
à  la  Législative,  appelé  à  siéger  en  rem- 
placement de  Desplaces  le  1  o  juillet  1 79-.? , 
député  de  Saône-et-Loire  à  la  Convention, 
vota  contre  l'appel  au  peuple  et  peur  la 
mort  du  roi,  décrété  d'arrestation  le 
*  28  prairial  an  m,  parvint  à  s'échapper, 
amnistié  le  h  brumaire  an  iv,  banni  en 
181G  comme  régicide,  mort  à  Moulins  le 
a3  mars  1887. 

BoDiN  (Pierre-Joseph- François),  né  le 
2  mars  17A8,  chirurgien  à  Limeray 
(Indre-et-Loire),  député  d'Indi'e-et-Loiro 
à  la  Convention,  vota  contre  Tappel  au 
peuple  et  contre  la  mort  du  roi,  mort  à 
Blois  en  1809. 

BouRGAiN  (Denis-Guillaume),  né  à  Pa- 
ris le  9 A  janvier  1701,  artiste,  députe 
suppléant  de  Paris  à  la  ConvtMitiou,  admis 
à  siéger  le  27  brumaire  an  11  en  reuiplace- 


'"'  Pour  les  noms  qui  no  so  trou\ciit  pas  sur  C(Hlc  lislo,  consulter  los  listes  déjà  publiéos  dans 
notre  torao  1",  pafjes  lxxvu-xci,  et  dans  notre  tonio  II,  paijos  xc.i-cmi. 


C.VXII 


LISTE  ALPHABÉTIQUE  DES  CONVENTIONNELS,  ETC. 


ment   de   Louis-Philippe   Égalité,  mort  à 
Paris  le  19  oclobre  1810. 

Clavièhe  (Klionne),  né  à  Genève  le 
37  janvier  1735,  quitta  en  1781?  sa  ville 
natale,  où  il  avait  été  un  des  cliels  du  parti 
dos  «représenlantsn  ,  pour  s'établir  à  Paris, 
financier  distingué,  ministre  des  contribu- 
tions publiques  en  mars  179a  dans  le  cabinet 
girondin,  destitué  le  i3  juin  avec  Roland 
et  Servan,  redevenu  ministre  le  10  août, 
décrété  d'arrestation  le  2  juin  1798,  dé- 
crété d'accusation  le  9  juin,  se  tua  dans  sa 
prison  le  18  frimaire  an  11  en  apprenant 
qu'il  allait  être  traduit  au  tribunal  révolu- 
tionnaire. 

Courtois  (Edme-Bonaventure),  né  à 
Troyes  le  10  juillet  170/1,  receveur  du 
district  d"Arcis-sur-Aube,  député  de  i'Aube 
à  la  Législative  et  à  la  Convention,  vola 
contre  l'appel  au  peuple  et  pour  la  mort  du 
roi,  chargé  après  le  9  thermidor  du  rap- 
port sur  les  papiers  de  Robespierre, 
membre  du  Comité  de  sûreté  générale 
après  le  9  thermidor,  banni  en  1816, 
mort  en  exil  à  Bruxelles  le  6  décembre 
1816. 

CuBiÈREs  (Michel,  abbé,  puis  chevalier 
de),  dit  Dorât- Cubièr es ,  né  à  Roquemaure 
le  27  septembre  1762,  destiné  d'abord  à 
la  carrière  ecclésiastique,  exclu  du  sémi- 
naire de  Saint-Sulpice,  se  consacra  aux 
lettres  et  au  théâtre;  devint  Tarai  et  le  dis- 
ciple du  poète  Dorai  ;  se  rangea  parmi  les 
partisans  de  la  Révolution,  joignit  alors 
à  son  nom  celui  de  Dorât,  devint  au 
10  aoûl  1793  grefTier  adjoint  de  la  com- 
mune de  Paris;  à  la  suite  du  décret  du 
a 8  germinal  an  11  ordonnant  aux  ci-devant 
nobles  de  s'éloigner  de  Paris,  doima  sa 
démission  le  29  germinal  (il  n'était  pas 
réellement  noble,  mais  avait  porté,  sans  y 
avoir  droit,  le  titre  de  chevalier),  et  se  re- 
tira à  Avon  près  Fontainebleau;  mort  à 
Paris  le  2  3  août  1820. 

Defrance  (Jean-Claude),  né  à  Vassy 
(Haute-Marne)  le  7  novembre  17  A  a,  mé- 
decin à  Rozoy-en-Brie ,  député  de  Seine-et- 
Marne  à  la  Convention,  s'abstint  de  voter 


sur  l'appel  au  peuple  et  vota  contre  la  mort 
du  roi;  mort  à  Nantes  le  6  janvier  1807. 

Delagueulle  de  (iOiNCEs  (René-Louis), 
né  le  i5  avril  1786  (d'après  le  Diction- 
naire des  Parlementaires ,  qui  ne  donne  pas 
d'indication  de  lieu),  procureur  du  roi  à 
Orléans,  président  du  tribunal  de  district 
de  cette  ville ,  député  du  Loiret  à  la  Con- 
vention, vota  contre  l'appel  au  peuple  et 
pour  la  mort  du  roi;  la  date  et  le  lieu  de  sa 
mort  sont  inconnus. 

Delaunay  dit  d'Angers,  l'aîné  (Joseph), 
né  à  Angers  le  2/1  décembre  1762,  avo- 
cat, commissaire  du  roi  près  le  tribunal  de 
district  d'Angers,  député  de  Maine-et- 
Loire  à  la  Législative  et  à  la  Convention, 
vota  contre  l'appel  au  peuple  et  pour  la 
mort  du  roi,  décrété  d'arrestation  le 
28  brumaire  an  11  pour  l'affaire  de  la  falsi- 
fication d'un  décret  relatif  à  la  Compagnie 
des  Indes,  décrété  d'accusation  le  26  ven- 
tôse an  II,  guillotiné  le  16  germinal  an  11. 

De  Sacy  (Claude -Louis -Michel),  né  à 
Fécamp  en  1766,  se  fixa  à  la  Gardelle 
(Haute -Garonne),  commandant  d'un  ba- 
taillon de  la  garde  nationale  du  district  de 
Muret,  député  de  la  Haute-Garonne  à  la 
Convention,  vota  contre  l'appel  au  peuple 
et  pour  la  mort  du  roi,  mort  en  vendé- 
miaire an  III. 

Desmarres  d'Estimauville  de  Beaumon- 
CBEL  (Jean-Baptiste),  né  à  Pont-1'Evêque 
(Calvados)  le  8  mai  1760,  servit  aux  Indes 
de  J778  à  1783,  retourna  aux  Indes  en 
1785,  y  devint  major  aux  cipayes,  puis 
rentra  définitivement  en  France  et  se  fixa 
à  Palaiseau  en  1790.  En  septembre  1792, 
fut  nommé  adjoint  aux  adjudants  généraux 
du  camp  de  Meaux;  le  26  juin  1798,  ad- 
judant général  à  l'armée  des  côtes  de  Brest, 
chargé  du  commandement  de  Bressuire; 
mis  en  arrestation  en  nivôse  an  11  comme 
prévenu  d'intelligences  avec  l'ennemi,  con- 
damné à  mort  par  la  Commission  militaire 
d'Angers  le  1 1  pluviôse,  guillotiné  le  len- 
demain. (Renseignements  extraits  de  La 
Vendée  patriote  de  M.  Ch.-L.  Chassin ,  t.  II , 
p.  552 ,  note  3,  et  t.  III ,  p.  37G,  note  2.) 


LISTE  ALPHABÉTIQUE  DES  CONVENTIONNELS,  ETC.         cxxiii 


DORAT-CUBIÈRES.  Voir  CUBIÈRES. 

DoRiG.NY  (L.-F.),  membre  du  Conseil 
général  de  la  commune  de  Paris  au 
10  août  1792,  mis  hors  la  loi  le  9  ther- 
midor et  guillotiné  le  1 1  thermidor  an  11. 

DuBARRAN  (Joseph -Nicolas  Barbeau-), 
né  à  Magnan  (Gers)  le  3  juillet  1761, 
procureur  général  syndic  du  département 
du  Gers,  député  du  Gers  à  la  Convention, 
vota  contre  l'appel  au  peuple  et  pour  la 
mort  du  roi,  membre  du  Comité  de  sûreté 
pénérale,  décrété  d'arrestation  le  9  prai- 
rial an  III,  amnistié  le  h  brumaire  an  iv, 
banni  en  1816,  mort  en  Suisse  le  16  mai 
1816. 

Décos  (Pierre-Roger),  né  à  Montfort 
(Landes)  le  25  juillet  17^7,  avocat  à  Dax, 
procureur  syndic  de  Dax,  puis  président 
du  tribunal  criminel  du  département  des 
Landes,  député  des  Landes  à  la  Conven- 
tion, vota  contre  l'appel  au  peuple  et  pour 
la  mort  du  roi ,  membre  du  Comité  des 
secours  publics,  banni  en  1816,  mort 
d'une  chute  de  voiture  dans  les  environs 
d'Ulm  (Wurtemberg)  le  16  mars  1816. 

DuFAY  (Louis-Pierre),  né  à  Paris  en 
1753,  greffier  au  tribunal  du  Cap  (Saint- 
Domingue),  député  de  Saint-Domingue  à 
la  Convention,  admis  à  siéger  ie  i5  plu- 
viôse an  II,  mort  à  une  date  inconnue. 

DuMEZ  (P.),  ingénieur,  membre  du  Con- 
seil général  de  la  commune  de  Paris  au 
10  août  179'î,  administrateur  des  subsis- 
tances, auteur  de  VAllan  national,  mis 
hors  la  loi  le  9  thermidor  et  guillotiné  le 
10  thermidor  an  11. 

Ddnouy  (Jean -Honoré),  membre  du 
Conseil  général  de  la  commune  de  Paris 
au  10  août  1799,  membre  de  la  Commis- 
sion des  arts  en  septembre  1793,  expulsé 
du  Conseil  général  le  i3  frimaire  an  n 
ffpour  avoir  tenu  des  propos  insultants 
contre  le  peuples. 

DrpiN  le  jeune  (André),  dit  aussi  Dtipin 
de  lieaumont  y  né  à  l*aiis  le  7  mars  i7''i'i, 
contrôleur  général  surnuméraire  des  fermes, 
député  do   l'Aisne  à  la  Convention,    vota 


contre  l'appel  au  peuple  et  contre  la  mort 
du  roi,  membre  de  la  Commission  des 
trois  compagnies  de  finance  (27  septembre 
1793),  décrété  d'arrestation  le  9.2  thermi- 
dor an  m  ,  amnistié  le  ^  brumaire  an  iv, 
banni  en  1816,  mort  à  Marcinello  près 
Fleurus  (Belgique)  le  18  novembre  i833. 

E.NLART  (Nicolas-François-Marie),  né  à 
Montreuil-sur-Mer  le  20  mars  1760,  avo- 
cat, administrateur  du  déparlement  du 
Pas-de-Calais,  puis  président  du  district 
de  Montreuil,  député  du  Pas-de-Calais  à 
la  Convention,  vota  contre  l'appel  au  peuple 
et  contre  la  mort  du  roi,  mort  à  Montreuil- 
sur-Mer  le  25  juillet  i842. 

EoDEs  (J.-P.),  membre  du  Conseil  gé- 
néral de  la  commune  de  Paris  au  10  août 
1792,  mis  hors  la  loi  le  9  thermidor  et 
guillotiné  le  1 1  thermidor  an  11. 

Férald  (Jean),  né  à  Arreau  (Hautes- 
Pyrénées)  le  21  mai  176/j,  député  des 
Hautes -Pyrénées  à  la  Convention,  vota 
contre  l'appel  au  peuple  et  pour  la  mort 
du  roi,  tué  dans  la  journée  du  i*""  prairial 
an  III. 

FiQUET  (Jean-Jacques),  né  à  Soissons 
le  2  février  17^7,  procuréur-syndic  du 
district  de  Soissons,  député  de  l'Aisne  à 
la  Législative  et  à  la  Convention,  vota  contre 
l'appel  an  peuple  et  ponr  la  mort  du  roi, 
membre  du  Comité  des  inspecteurs  de  la 
salle,  non  compris  dans  la  loi  de  1816 
contre  les  régicides,  mort  le  2^  mai  i8a/j. 

FouQuiER  DE  TiNviLLE  (  Antoine-Queutiu), 
né  à  Hérouel  (Aisne)  en  17^7,  procureur 
au  Cliàtelet  avant  la  Révolution,  substitut 
de  l'accusateur  public  près  le  tribunal  cri- 
minel extraordinaire  (i3  mars  1793), 
puis  accusateur  public  en  litie,  renvo\é 
devant  le  tribunal  révolutionnaire  par  dé- 
cret du  i/j  thermidor  an  11,  condamne  à 
mort  le  17  floival  an  m  et  guillotiné  le  len- 
demain. 

Gadot,  membre  du  Conseil  général  de 
la  connnune  de  Paris  au  10  août  1792. 
Pas  de  renseignements. 


CXXIV 


LISTE  ALPH ABKT1(}UE  DES  CONVENTIONNELS,  ETC. 


J.vc  (Jacques),  lié  à  Qiiissac  (Gard)  le 
28  jiiillel  17 AT),  avocat,  élu  député  du 
Tiers  aux  Klals-'jénéraux  pai"  la  sénécliaus- 
sée  de  Aloulpellioi",  député  du  Gard  à  la 
Convention,  vola  pour  Tappel  au  peuple 
cl  pour  la  mort  du  roi,  membre  de  la 
Commission  des  Irois  compagnies  de  fi- 
nance (a  7  septembre  1793  ),  mort  en  1  81  G. 

Lacoste  (Klie),  né  à  Monlignac  (l)or- 
dognc)  à  uue  date  inconnue,  médecin, 
administrateur  ilu  département  de  la  Dor- 
do<jue ,  député  de  la  Dordogne  à  la  Légis- 
lative et  à  la  Convention,  vota  contre  l'ap- 
pel ou  peuple  et  pour  la  mort  du  roi, 
membre  du  Comité  de  sûreté  générale, 
décrété  d'arrestation  le  i3  prairial  an  m, 
amnistié  le  li  brumaire  an  iv,  mort  à  Mon- 
lignac  en  i8o3. 

LAMARLiiÎRE  (Antoine-Nicolas,  comte  de  ), 
né  à  Crépy,  près  Meaux,  en  17^6,  avant 
la  Révolution  lieutenant  du  roi  et  com- 
mandant de  la  ville  et  citadelle  de  Mont- 
pellier, maréchal  de  camp  en  1791,  au 
printemps  de  1792  lieutenant  général 
commandant  en  chef  Tarmée  du  Rhin; 
ensuite  connnandant  une  division  dans  far- 
mée  de  Belgique  sous  Dumouriez,  puis, 
en  1793,  chaigé  d'un  commandement  à 
l'armée  du  ^^()rd,  traduit  au  tribunal  révo- 
lutionnaire par  décret  du  3i  juillet  1798 
comme  prévenu  de  complot,  condamné  à 
mort  et  guillotiné  le  G  frimaire  an  11. 

Lecleuc,  membre  du  Conseil  général  de 
la  commune  de  Paris  au  10  août  1792, 
membre  du  Comité  de  surveillance  de  la 
commune.  Pas  de  renseignements. 

Legraxd  (P. -J.),  membre  du  Conseil 
général  de  la  commune  do  Paris  au  10  août 
1792,  président  de  ce  Conseil,  mis  hors  la 
loi  le  9  thermidor  et  guillotiné  le  1 1  ther- 
midor an  II. 

LoNQUEi^E  (Louis),  né  le  9 G  janvier  1718 
(d'après  l'acte  de  baptême  publié  par  M.  Kus- 
cinski),  professeur  au  collège  de  Chartres, 
député  suppléant  d'Lure-et-Loir  à  la  Con- 
vention, admis  à  siéger  le  1 /i  juillet  1793 
en  remplacement  de  Pétion,  mort  à  Paris 
le  18  frimaire  an  m. 


LousTALLOT  (Elysée),  né  en  décembre 
17G1  à  Saint  -  Jean -d'Angély,  avocat  à 
Bordeaux,  vint  à  Paris  au  commencement 
de  1789,  et  rédigea  les  Révolutions  de  Pa- 
ris, de  l'imprimeur  Prudhomme,  du 
1 ''1  juillet  1789  au  commencement  de  sep- 
tembre 1790,  mort  à  Paris  le  19  sep- 
tembre 1790. 

LuniN  (J.),  membre  du  (Conseil  général 
de  la  commune  de  Paris  au  10  août  1  792, 
vice-président  de  ce  Conseil,  puis  substitut 
de  l'agent  national ,  mis  hors  la  loi  le  9  ther- 
midor et  guillotiné  le  1 1   thermidor  an  11. 

]Maignet  (Etienne- Christophe),  né  à 
Ambert  (Puy-de-Dôme)  le  9  juillet  1768, 
avocat,  administrateur  du  département  du 
Puy-de-Dôme,  député  du  Puy-de-Dôme  à 
la  Législative  et  à  la  Convention,  \oiA contre 
l'appel  au  peuple  et  pour  la  mort  du  roi, 
membre  du  Comité  des  secours,  décrété 
d'arrestation  le  16  germinal  an  m,  amnis- 
tié le  /i  brumaire  an  iv,  banni  en  181G, 
mort  à  Ambert  le  38  octobre  i83/j. 

Mailly-Chateal'renaud  (Antoine,  mar- 
quis de),  né  à  VesouHe  95  novembre  17^2, 
secrétaire  de  Voltaire  à  Ferney,  puis  avocat 
à  la  cour  des  comptes  de  Dole,  élu  député 
suppléant  de  la  noblesse  aux  Etats-géné- 
raux par  le  bailliage  d'Aval,  appelé  à  siéger 
le  20  juin  1790  en  remplacement  de  Le- 
zay-Marnésia ,  président  de  l'administration 
de  la  Haute-Saône,  administrateur  de 
Saône-et-Loire,  député  de  Saône-et-Loire  à 
la  Convention ,  vota  contre  l'appel  au  peuple 
et  pour  la  mort  du  roi,  membre  du  Co- 
mité de  division ,  non  compris  dans  la  loi  de 
181G  contre  les  régicides,  mort  à  Fran- 
chevelle  (Haute-Saône)  le  12  juin  1819. 

Merlin  dll  de  Douai  (Philippe- Antoine), 
né  à  Arleux  (Nord)  le  3o  octobre  175/1, 
avocat,  élu  député  du  Tiers  aux  États-gé- 
néraux par  le  bailliage  de  Douai,  prési- 
dent du  tribunal  criminel  du  Nord,  dé- 
puté du  Nord  à  la  Convention,  vola  contre 
l'appel  au  peuple  et  pour  la  mort  du  roi, 
membre  du  Comité  de  législation,  puis  du 
Comité  de  salut  public  après  le  9  thermi- 
dor, banni  en  181 5,  mort  à  Paris  le  21  dé- 
cembre i838. 


LISTE  ALPHABETIQUE  DES  CONVENTIONNELS,  ETC. 


cxxv 


MEnuNO  (Jean -Marie -François),  né  à 
Lyon  le  1 1  décembre  1787,  homme  de  ioi 
à  Trévoux,  juge  au  tribunal  de  district  de 
Trévoux,  député  de  TAin  à  la  Convention, 
vola  contre  l'appol  au  peuple  et  pour  la 
mort  du  roi,  membre  du  Comité  des  se- 
cours, mort  à  Lyon  le  10  décembre  i8o5. 

MoNNEL  (Simon- Edme),  né  à  Bricon 
(Haute-Marne)  le  27  octobre  17^7,  curé 
de  Valdelancourt  en  Champagne,  élu  dé- 
puté du  clergé  aux  Etals-généraux  par  le 
bailliage  de  Chaumont-en-Bassigny,  député 
de  la  Haute-Marne  à  la  Convention ,  vola 
contre  l'appel  au  peuple  et  pour  la  mort  du 
roi,  banni  en  1816,  mort  en  exil  à  Con- 
stance (grand-duché  de  Bade)  le  3o  no- 
vembre 182a. 

Mdsset  (  Joseph-Malhurin),  né  en  175/i , 
eu  Bretagne,  d'après  le  Dictionnaire  des 
parlementaires ,  à  Machecoul  d'après  M.  Kus- 
cinski,  curé  de  Falleron  (Vendée),  député 
de  la  Vendée  à  la  Législative  et  à  la  Con- 
vention, vota  contre  l'appel  au  peuple  et 
pour  la  peine  de  mort,  banni  en  1816, 
mort  en  Belgique  en  1828  (d'après  le  Dic- 
tionnaire des  parlementaires). 

Paine  (Thomas),  né  à  Thetford  (Angle- 
terre) le  29  janvier  1787,  se  fil  connaître 
comme  publiciste,  se  rendit  en  Amérique 
en  1775,  et  y  vécut  une  dizaine  d'années, 
retourna  ensuite  en  Angleterre,  où  il  fut 
condamné  en  1791  pour  son  livre  les  Droits 
de  l'homme,  passa  en  Fiance,  et  fut  élu 
député  à  la  Convention  par  les  départe- 
ments de  l'Aisne,  de  l'Oise,  du  Pas-de- 
Calais  et  du  Puy-de-Dôme,  opta  pour  le 
Pas-de-Calais,  vota  contre  l'appel  au  peuple 
et  contre  la  mort  du  roi;  expulsé  de  la  Con- 
vention en  môme  temps  que  Cloots  comme 
né  en  pays  étranger  (décret  du  6  nivôse 
an  iij,  emprisonné  en  vertu  d'un  arrêté  du 
Comité  de  sùrelé  générale  du  7  nivôse 
au  II,  remis  en  liberté  en  brumaire  an  m, 
rappelé  i\  la  Convention  le  18  frimaire 
an  III,  mort  à  New  York  le  8  juin  1809. 

Panis  (Ktii'iinc-Jean),  né  on  Périgord 
en  1707,  avocat  à  i*aris,  membre  du  Co- 
mité de  surveillance  de   la   commune  du 


10  août,  député  de  Paris  à  la  Convention, 
vota  contre  l'appel  au  peuple  et  pour  la 
mort  du  roi,  membre  du  Comité  de  sùrelé 
générale,  décrété  d'arrestation  le  8  prairial 
an  III,  amnistié  le  t\  brumaire  an  iv,  ex- 
cepté en  1816  du  bannissement  prononcé 
contre  les  régicides,  mort  à  Paris  le 
22  août  i839. 

Pelletier  (Jacques),  né  à  Lignières 
(Cher)  en  1700,  procureur,  avocat,  puis 
lieutenant  de  police  à  Romorantiii,  juge 
suppléant  à  Bourges,  député  suppléant  du 
Cher  à  la  Convention,  appelé  à  siéger  des 
le  début  de  la  session  en  remplacement 
de  Torné,  vota  pour  l'appel  au  peuple  et 
pour  la  mort  du  roi,  membre  du  Comité 
des  assignats  et  monnaies,  banni  en  1816, 
autorisé  à  rentrer  en  France  en  1818 ,  mort 
à  Bourges  en  1889. 

PocHOLLE  (  Pierre  -  Pomponne  -  A  médée  ) , 
né  à  Dieppe  le  3o  septembre  176'!,  pro- 
fesseur dans  un  collège  de  l'Oratoire  à  An- 
gers jusqu'en  1790,  retourna  ensuite  dans 
sa  ville  natale,  maire  de  Dieppe,  député 
suppléant  de  la  Seine-Inférieure  à  la  Lé- 
gislative, député  de  la  Seine-Inférieure  à  la 
Convention,  vola  contre  l'appel  au  peuple 
et  pour  la  mort  du  roi,  membre  du  Comité 
de  marine,  banni  en  1816,  mort  à  Paris 
le  5  juin  i83i. 

QuENET  (J.-M.)i  marchand  de  bois, 
membre  du  Conseil  général  de  la  commune 
de  Paris  au  lo  août  1792,  mis  hors  la 
loi  le  9  thermidor  et  guillotiné  lo  10  ther- 
midor an  II. 

Renard,  membre  du  Conseil  général  de 
la  commune  de  Paris  au  10  août  1792, 
connnissaire  dans  les  départements  envi- 
ronnant Paris.  Pas  de  ronseignemenls. 

Renoiard,  membre  du  Conseil  général 
de  la  commune  de  Paris.  Pas  do  ronseigne- 
menls. 

RicuALD  (Hyacinthe),  né  à  Faucon 
(Bassos-Alpos)  le  3t  docombre  1757,  clore 
de  notaire,  puis  cominorçanl  à  Versailles, 
maire  de  Versailles,  député  suppléant  de 
Seiue-et-Oise    ù  la    Coiivontion,    ajipolé   à 


CXXVI 


LISTE  ALPHABÉTIQUE  DES  CONVENTIONNELS,  ETC. 


siéger  en  remplacement  de  Kersaint  le 
92  février  1798,  mort  à  Versailles  le 
22  avril  1837. 

RiCHOo  (Louis- Joseph),  né  à  Bouillé- 
Lorct  (Doux-Sèvres)  le  1 5  janvier  17^18, 
avocat  aux  Andolys,  administrateur  du  dis- 
trict des  Andelys,  maire  de  Gisors,  députe 
de  l'Eure  à  la  Convention,  vota  pour  l'appel 
au  peuple  et  contre  h  mort  du  roi,  décrété 
d'accusation  le  3  octobre  1798  sur  la  pro- 
position de  Du  Roy  {Moniteur;  le  procès- 
verbal  de  la  séance  ne  mentionne  pas  son 
nom  :  ce  nom  ne  figure  ni  dans  la  bsfe  in- 
sérée à  l'article  1"  du  décret  rendu  sur  la 
proposition  du  Comité  de  sûreté  générale, 
ni  dans  l'état  nominatif  des  7 A  protesta- 
taires annexé  à  l'article  k  ) ,  rappelé  le  1 8  fri- 
maire an  m ,  mort  à  Thouars (Deux-Sèvres) 
le  5  janvier  1  889. 

Sacy  (de).  Voir  De  Sacy. 

SouBRANY  (Pierre-AmableDE),  né  àRiom 
le  i5  septembre  175a,  officier  au  régi- 
ment de  Royal-Dragon,  démissionnaire 
en  1789,  maire  de  Riom,  député  du  Puy- 
de-Dôme  à  la  Législative  et  à  la  Conven- 
tion ,  vota  contre  l'appel  au  peuple  et  pour 
la  mort  du  roi,  décrété  d'arrestation  le 
1"  prairial  an  m,  décrété  d'accusation  le 
2  prairial,  se  frappa  d'un  couteau  après 
sa  condamnation  à  mort  le  29  prairial,  et, 
comme  il  respirait  encore,  fut  guillotiné 
le  même  jour. 

SoiLAViE  (L'abbé  Jean-Louis  Giraud-), 
né  à  I.argenlière,  dans  le  Vivarais,  en  1751 
ou  175a,  vicaire  général  du  diocèse  de 
Châlons,  accepta  la  constitution  civile  du 
clergé,  se  maria,  fut  nommé  en  mai  1798 
résident    de    la    République    française    à 


Genève,  révoqué  le  17  thermidor  an  11, 
incarcéré,  amnistié  en  l'an  iv,  mort  en 
mars  i8i3. 

Tallien  (Jean-Lambert),  né  à  Paris  le 
a3  janvier  1767,  clerc  de  procureur,  puis 
prote  à  l'imprimerie  du  Moniteur,  secré- 
taire-greffier de  la  commune  de  Paris  au 
10  août  1793,  député  de  Seine-et-Oise  à 
la  Convention,  vota  contre  l'appel  au  peuple 
et  pour  la  mort  du  roi,  membre  du  Comité 
de  défense  générale,  membre  du  Comité 
de  salut  public  après  le  9  thermidor,  com- 
pris dans  la  loi  de  1816  contre  les  régi- 
cides, obtint  un  sursis;  mort  à  Paris  le 
10  novembre   1820. 

Tréfiouart  (Bernard -Thomas),  dit  de 
Beaulieu,  né  à  Saint-Malo  le  1  h  janvier 
175A,  officier  de  marine,  maire  de  Saint- 
Malo,  administrateur  du  département 
d'Ille-et-Vilaine,  député  suppléant  d'ille- 
et-Vilaine  à  la  Convention,  adjoint  au  mi- 
nistre de  la  marine,  admis  à  siéger  le 
li  août  1798  en  remplacement  de  Lanjui- 
nais,  mort  à  une  date  inconue. 

Vead  de  Ladnay  (Pierre-Louis-Athanase), 
né  à  Tours  le  28  octobre  1761,  avocat, 
député  suppléant  d'Indre-et-Loire  à-  la 
Convention,  admis  à  siéger  le  9  nivôse 
an  II  en  remplacement  de  Potier,  mort  à 
Tours  le  8  janvier  181  A. 

ViLLERs  (François -Toussaint),  né  à 
Rennes  le  26  janvier  17^9,  curé  de  Saint- 
Philbert-de-Grandlieu,  président  du  dépar- 
tement de  la  Loire-Inférieure,  député  de 
la  Loire-Inférieure  à  la  Convention,  vota 
contre  l'appel  au  peuple  et  pour  la  mort 
du  roi,  membre  du  Comité  de  commerce, 
mort  à  Nantes  le  i5  novembre  1807. 


PROCES-VERBAUX 

])U 

COMITÉ  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

DE  LA  CONVENTION  NATIONALE 


PROCÈS-VERBAUX 


DU 


COMITÉ  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 
DE  LA   CONVENTION  NATIONALE. 


043:<=. 


CENT   CINQUANTE-SEPTIÈME   SÉANCE^'^ 

Du  3  frimaire  an  ii.  [28  novembre  1793.] 

Le  citoyen  administrateur  de  la  Maison  nationale  des  militaires 
invalides  consulte  le  Comité  d'instruction  publique  sur  la  question  de 
savoir  comment  il  se  comportera  vis-à-vis  des  invalides  qui  demandent 
qu'on  dise  la  messe  les  jours  de  dimanche ^^l  On  demande  l'ordre  du 
jour^^^;  il  est  adopté  ^^^l 

Lettre  de  la  Commission  des  poids  et  mesures  sur  le  jaugeage  des 
tonneaux ^"^l  Le  Comité  arrête  qu'il  sera  écrit  à  ce  sujet  au  Comité  de 
marine  parle  président,  et  que  les  trois  membres  du  Comité  d'inslruc- 
lion  publique  chargés  de  suivre  les  travaux  de  la  Commission  des 
j)oids  et  mesures  ^^^  le  seront  aussi  de  solliciter  du  Comité  de  marine  la 
recherche  des  papiers  demandés. 


(''  11  n'y  a  pas  eu  de  séance  du  Comité 
le  1"  frimaire. 

^'-^  Voir  aux  annexes,  A  (p.  /i),  la  lettre 
de  Lcclionard,  syndic  de  la  maison  na- 
tionale des  Invalides,  en  date  du  3  frimaire 
an  II. 

^')  Ici  la  minute  ajoute  ces  mois,  ([ui 
ont  été  bilTés  :  «motivé  sur  la  liberté  des 
cultesn. 

^*'  Après  cet  alinéa,  la  minute  porle 
Talinéa  suivant,  qui  a  été  biffé  : 

«Ciré{joiro  demande  qu'il  soit  nommé 
des  commissaires  pour  visiter  le  fronlon  du 
Panthéon  français.  Rommo  demandi^  (|u'il 
soit  fait  une  invitation  aux  patriotes  et 
amateurs  des  arts  de  visiter  ce  monument. 


sans  nomination  officielle.  La  proposition 
de  Romme  est  adoptée.» 

Nous  donnons  aux  annexes,  B  (p.  5), 
quelques  détails  sur  les  travaux  qui  s'exé- 
cutaient pour  la  décoration  du  Panthéon, 
sous  la  direction  de  Qnatremère  de  Quincy. 

11  sera  question,  dans  la  séance  du 
m  frimaire,  d'une  invitation  adressée 
directement  par  le  sculpteur  Moitte  au 
Comité  (p.  i33). 

^^'  L'article  5  d'un  décret  du  1"  du  se- 
cond mois  avait  ciiar<jé  la  Commission  des 
poids  et  mesures  de  t  perfectionner  le  jau- 
{j(\i|^e  des  tonneaux  et  antres  vases,  ainsi  que 
celui  des  vaissean\i.  Voir  I.  Il,  p.  (")3y. 

^•"^   Arhogast ,  Kourcroy  et  ('union. 


iNlrniutnii:    >«iii 


2         PROCÈS -VERBAUX  DU  COMITÉ  FINSTRUCTIO?^  PUBLIQUE 

Une  (léputation  de  la  municipalité  de  Paris  est  admise.  Elle  de- 
mande 1°  que  l'on  s'occupe  de  la  translation  de  l'Opéra  au  Luxem- 
bourg (^^;  !2°  que  l'on  organise  des  fêtes  nationales;  3"  que  l'on  fasse  le 
rapport  le  plus  promptement  possible ^-^  On  discute  ces  propositions, 
et  l'on  y  ajoute  celle  de  réunir  en  une  seule  toutes  les  commissions 
déjà  formées  pour  les  fêtes  nationales,  pour  la  musique,  ])our  les 
spectacles  ^^K  Toutes  ces  propositions  sont  adoptées.  Les  commissions 
réunies  forment  un  commissariat  composé  des  citoyens  Romme,  Da- 
vid, Fourcroy,  Mathieu,  Bouquieret  Gloots^^^. 

Le  procureur  de  la  Commune  sollicite  également  l'attention  du 
Comité  sur  Futilité  de  border  les  routes  d'arbres  fruitiers,  de  monuments 
agréables,  de  pierres  milliaires  républicaines,  et  d'abris  pour  les  voya- 
geurs; sur  la  nécessité  de  destiner  une  somme  à  l'embellissement  du 
temple  de  la  Raison,  et  au  déplacement  des  objets  ci-devant  consacrés 
à  la  superstition.  On  discute  ces  deux  demandes,  sans  rien  arrêter.  La 
discussion  sera  continuée  à  une  autre  séance  ^^l 


(•^  C'est-à-dire  dans  ia  salle  du  Théâ- 
tre-Français (Odéon),  située  dans  le  quar- 
tier du  Luxembourg.  Cette  question  spéciale 
avait  été  renvoyée  par  la  Convention,  le 
a 5  brumaire,  à  l'examen,  non  du  Comité 
d'instruction  publique,  mais  des  Comités 
des  domaines  et  de  salut  public  (voir  notre 
tome  II,  p.  863,  note  t,  et  p.  865). 

(^^  Le  Comité  d'instruction  publique 
avait  été  chargé  par  la  Convention  le  26  bru- 
maire, à  la  suite  de  la  pétition  de  ia 
Commune  de  Paris  relative  au  transfert 
projeté  de  l'Opéra ,  de  faire  un  rapport  sur 
les  théâtres  en  général.  D'autre  part,  le 
i5  brumaire,  il  avait  reçu  le  mandat  de 
présenter  incessamment  un  rapport  «sur 
les  fêtes  que  le  peuple  français  doit  célébrer 
les  jours  de  décade^)  (voir  t.  II,  pages  702 
et  863). 

(^)  La  Commission  pour  les  fêtes  natio- 
nales, désignée  le  29  brumaire,  était  for- 
mée de  David  et  de  Romme  (voir  t.  II, 
p.  867).  La  Commission  pour  la  musique 
(ou,  plus  exactement ,  la  Commission  char- 
gée de  conférer  avec  les  musiciens  de  la 
garde  nationale),  désignée  le  21  brumaire, 
était  formée  de  Basire  et  de  Mathieu  (t.  II, 


p.  793);  mais  Basire  venait  d'être  arrêté 
par  ordre  du  Comité  de  sûreté  générale  le 
27  brumaire.  Enfin  la  Commission  pour 
les  spectacles,  désignée  le  27  brumaire, 
était  formée  de  Valdruchc  et  d'Anacharsis 
Cloots(t.  II,  p.  835). 

(^^  Ce  commissariat  comprend  deux 
noms  nouveaux,  ceux  de  Fourcroy  et  de 
Bouquier,  remplaçant  Basire  décrété  d'ar- 
restation, et  Valdruche,  qui  sans  doute 
n'avait  pas  accepté  sa  nomination  le 
27  brumaire.  Les  six  commissaires  seront 
à  plusieurs  reprises,  dans  les  procès- 
verbaux,  désignés  sous  le  nom  de  com- 
mission des  Six. 

(""^  Cette  discussion  n'a  pas  été  reprise. 
A  cette  visite  faite  au  Comité  d'instruction 
publique  par  une  députation  de  la  muni- 
cipalité de  Paris  se  rattache  un  petit  incident 
caractéristique.  Le  lendemain  à  frimaire, 
à  la  séance  du  Conseil  général  de  la  com- 
mune, Chaumette  se  plaignit  en  ces  termes 
de  l'inefficacité  des  mesures  votées  contre 
la  prostitution  des  rues  :  crVous  avez  pris 
des  mesures  relativement  aux  filles  et 
femmes  de  mauvaise  vie.  Eh  bien,  hier, 
en  revenant  du  Comité  d'instruction  pu- 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  3 

On  demande  un  rapporteur  pour  Béhénam.  Daoustest  nommé  ^^^ 

Daoust  fait  un  rapport  sur  un  essai  de  morale  dont  l'examen  lui  a 
été  confié.  Le  Comité  passe  à  l'ordre  du  jour^^^ 

Le  Comité  de  salut  public  invite  le  Comité  d'instruction  publique  à 
nommer  un  citoyen  capable  de  juger  des  inventions  et  machines  de 
guerre.  La  demande  est  ajournée  ■^^. 

Un  citoyen  demande  à  proposer  des  vues  sur  les  fêtes  nationales. 
Renvoyé  à  la  première  séance  et  au  commencement  de  cette  séance  ^^^. 

Un  citoyen  qui  a  servi  comme  serrurier  près  de  Louis  Capet  fait  une 
réclamation  d'une  somme  qu'il  dit  lui  être  due.  Ferry  est  rapporteur  ^^^. 

Romme  lit  une  lettre  d'un  citoyen  contenant  un  projet  d'ouvrage 
en  quatre  parties  distinctes  :  i°  la  royauté;  a"  la  noblesse;  3"  le 
parlement;  II"  le  clergé  ^^K 

On  reprend  la  discussion  sur  la  manufacture  de  minium  de  Bercy. 
GuYton-Morveau  est  nommé  commissaire^"^. 

Guyton  fait  un  rapport  sur  un  projet  communiqué  par  Rûhl  pour 
envoyer  des  corps  incendiaires  chez  l'ennemi  à  l'aide  d'un  ballon. 
L'objet  est  renvoyé  au  Comité  de  salut  public ^^^ 


blique  de  la  Convention,  le  maire,  Hébert 
et  moi ,  nous  rencontrâmes  plusieurs  de  ces 
femmes  sur  la  section  des  Gard  es- Fran- 
çaises. ?5  [Journal  de  la  Montagne,  n°  i3, 
G'  jour  du  troisième  mois.  ) 

H  faut  rappeler  aussi  que  c'est  pendant 
que  Cliaumelte  était  au  Comité  d'instruction 
publique,  avec  Pache  et  Hébert,  que  le 
Conseil  général  de  la  commune,  à  Tinsli- 
{jation  des  conseillers  Dunouy,  Quenet ,  Ga- 
dotetEudes  [Moniteur  des  1 5  et  2  5  frimaire 
an  II),  prit  le  fameux  arrêté  du  3  frimaire 
relatif  aux  prêtres,  dont  Chaumette  et  le 
maire  empêchèrent  le  lendemain  l'impres- 
sion, et  que  le  Conseil  {jénéral  rapporta 
deux  ou  trois  jours  plus  lard  à  la  demande 
du  procureur  de  la  commune. 

^''  La  pétition  do  Béhénam  avait  été 
présentée  dans  la  séance  du  Comité  du 
cinquième  jour  du  second  mois,  et  la 
(hscusslon  avait  été  ajournée  (t.  II ,  p.  7 1 5 ). 
Daoust  n'a  pas  présenté  de  rapport. 

^'^)  Cet  essai  de  morale  dont  l'exanien 
avait  été  confié  à  Daoust  n'a  pas  été  men- 


tionné dans  les  procès-verbaux  antérieurs. 

^^)  La  lettre  du  Comité  de  salut  public, 
datée  du  29  brumaire  an  11  et  portant  les 
signatures  de  Carnot  et  de  C.-A.  Prieur, 
se  trouve  aux  Archives  nationales ,  D  xxxviu , 
carton  m,  liasse  89,  if  1110.  On  lit  en 
marge  :  rr Ajourné.  Mathieu.')  Il  ne  sera 
plus  question  de  cette  demande. 

(*^   Voir  la  séance  suivante  (p.  10). 

(^)  Nous  n'avons  pas  trouvé  cette  récla- 
mation dans  les  papiers  du  Comité.  Nous 
ne  pensons  pas  qu'il  s'agisse  ici  du  serru- 
rier Gamain,  dont  la  pétition  ne  fut  pré- 
sentée à  la  Convention  que  le  8  floréal 
an  II,  par  l'intermédiaire  du  représentant 
Musset.  Ferry  n'a  pas  présenté  de  rapport 
au  Comité. 

('')   Nous  n'avons  pas  trouvé  cotte  lettre. 

^''  Dans  la  séance  pnH'odoiite,  Ciii\lt)n 
et  Homme  avaient  déjà  été  désignés  connue 
conimissaires  (voir  t.  H,  p.  8G7).  Pour  la 
suit(>,  voir  la  séance  du  5  frimaire  (p.  9). 

(*'  C-'ost  la  troisième  fois  ipie  le  Comité 
d  histruction  [)ul)lit[uo  s'occupe  dos  ballons 


1 . 


U         PROCÈS-VERBAUX  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 
La  séance  est  levée  à  di\  heures  un  quart ^^l 


PIECES    ANNEXES. 


LETTRE  DU   SY^D1C   DE   LA   ftlAlSON   NATIONALE  DES   INVALIDES  ^^^ 

Paris,  le  3  frimaire  de  i*aii  2"  de  la  République  une  et  indivisible. 

Le  siiidic  de  la  maison  nationale  des  militaires  invalides  aux  citoyens  membres 
du  Comité  d'instruction  de  la  Convention  nationale. 

Citoyens,  la  maison  nationale  militaire  des  invalides  renfermant  dans  son  sein 
plusieurs  individus  infirmes  soit  par  leur  grand  âge  ou  les  blessures  qu'ils  ont  re- 
çues en  déffendant  la  patrie,  sont  venus  (sic)  réclamer  une  messe,  n'étant  point 
encor  élevés  à  la  hauteur  de  cet  sublime  philosophie  qui  détruit  tous  les  abus  de 
l'ancien  régime. 

Dimanche  dernier  (vieux  stile)  27  brumaire  il  sont  venus  en  grande  partie  de- 
mander comme  à  l'ordinaire  les  trois  messes  je  mi  suis  opposé  et  j'ai  consenti  a  ce 
qu'il  en  soit  dite  une  basse  à  7  heures  sans  être  sonnée ,  dont  ils  ont  paru  satisfaits 
et  y  ont  assisté  en  très  grand  nombre, 

Le  28  et  29  brumaire  suivant,  le  Comité  révolutionnaire  de  la  section  des  In- 
vahdes  m'ayant  demandé  dans  son  sein  pour  me  demander  des  explications  a  l'égard 
de  cette  messe  qui  a  été  dite,  j'ai  repondu  a  toutes  leurs  observations  en  leur 
faisant  connaître  qu'il  y  avoit  du  danger  de  s'y  opposer  formellement  dans  ce  mo- 
ment, 

Leur  intention  paroit  encore  manifester  le  désir  d'avoir  une  basse  messe  pour 
demain,  et  il  paroit  que  si  on  leur  accorde  il  en  demanderont  une  pour  tous  les 
jom^s. 


et  de  leur  emploi  dans  les  opérations  mili- 
taires. La  première  fois,  il  avait  eu  à 
examiner  une  invention  de  Lamanon,  qui 
prétendait  avoir  trouvé  le  moyen  de  diriger 
les  aérostats  (voir  les  séances  du  1 3  août  et 
du  3  septembre,  t.  II,  pages  a8i  et  358). 
La  seconde  fois,  il  s'agissait  d'un  procédé 
analogue,  dû  à  un  membre  de  la  Conven- 
tion, Second,  député  de  l'Aveyron;  les  pro- 
cès-verbaux du  Comité  n'en  ont  pas  encore 
parlé,  parce  que  les  commissaires  chargés 
de  l'examen,  Guyton-Morvcau  et  Fourcroy, 
furent  nommés  cette  fois  non  par  le  Co- 
milé,  mais  directement  par  l'assemblée 
(Voir  aux  annexes.  G,  un  extrait  du  pro- 
cès-verbal  de  la  Convention  du  2  5*  jour 


du  premier  mois  de  l'an  deuxième)  ;  Guyton 
et  Fourcroy  feront  leur  rapport  au  Comité 
le  17  ventôse  (voir  p.  552).  Enfin,  au- 
jourd'hui, c'est  Rûhl,  de  retour  de  sa  mis- 
sion dans  la  Marne  et  la  Haute -Marne, 
qui  apporte  un  projet  nouveau.  Ce  projet 
ayant  été  renvoyé  au  Comité  de  salut 
public ,  il  n'en  sera  plus  question  dans  les 
procès-verbaux  du  Comité. 

(^)  Ce  dernier  alinéa  n'existe  pas  à  la 
minute.  Pas  de  signature,  ni  à  la  minule 
ni  au  registre.  La  minute  est  de  la  main 
de  Mathieu. 

(^)  Archives  nationales,  F^^  carton  1006 , 
n°  1 1 36.  Nous  conservons  l'orthographe  de 
cette  pièce  curieuse. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  5 

Je  demande  donc  citoyens  législateurs  que  vous  veuiliies  bien  m'inslruire  de  la 
conduite  que  je  dois  tenir  à  cet  égard. 

Salut  et  fraternité. 
Lechenard. 

On  lit  en  marge  de  la  pièce  :  «Ordre  du  jour,  le  3  frimaire». 


Les  travaux  d'achèvement  et  de  décoration  de  la  nouvelle  église  Sainte-Geneviève,  de- 
venue le  Panthéon ,  avaient  été  placés  en  1 791  par  le  déparlement  de  Paris  sous  la  direction 
de  Quairemère  de  Quincy.  Gelni-ci  avait  aussitôt  proposé  de  remplacer  par  un  fronton 
nouveau  celui  qui  décorait  Téglise,  et  d'ériger  au  sommet  de  la  coupole  une  statue  colos- 
sale, suhsliluée  h  la  lanterne  et  à  la  croix  qui  la  terminait.  Il  s'était  exprimé  en  ces  termes 
dans  son  prcmior  Rapport  au  département  (')  : 

rrLe  fronton,  dégagé  de  l'insipide  ramas  de  nuages,  d'anges  et  de  rayons  qui 
n'offusquent  que  la  raison,  l'ecevrait  l'image  de  la  Patrie  sous  la  forme  d'une  femme 
vêtue  d'une  longue  robe  et  accompagnée  de  symboles  qui  caractérisent  la  France. 
Debout,  et  au  milieu  du  fronton,  les  deux  bras  étendue ,  elle  tiendrait  de  chaque 
main  une  couronne.  A  sa  gauche,  le  Génie,  sous  la  forme  d'un  jeune  homme  ailé, 
saisirait  la  couronne,  tandis  que,  de  l'autre  côté,  la  Vertu,  sous  l'emblème  plus 
modeste  d'une  jeune  fille ,  semblerait  l'attendre  ;  les  attributs  des  vices  et  des 
passions  terrassés  occuperaient  la  partie  rampante  du  fronton.»  (P.  26.) 

Et  plus  loin  : 

«Vous  penserez  sans  doute,  Messieurs  ,  que  le  signe  caractéristique  du  christia- 
nisme et  de  ses  temples  ne  doit  pas  surmonter  l'édifice  civique  que  vous  consacrez 
à  la  Patrie. . .  Rien  ne  terminerait  d'une  manière  plus  heureuse  la  coupole  qu'une 
statue  colossale  qui,  moins  haute  que  la  lanterne  actuelle,  redonnerait  à  la  masse 
du  dôme  le  caractère  que  cet  allongement  prodigieux  d'un  édifice  qui  l'écrase  lui 
fait  perdre.»  (P.  97.) 

Qualromèi-e  fit  confier  l'exéciition  du  fronton  à  Moitié  (voir,  dans  notre  volume  Prncès- 
verbaux  du  Comiu-  d'imtruction  publique  de  la  Législative,  p.  283,  note  1,  une  proloslation 
de  deux  sociétés  d'artisles,  motivée  sur  ce  qu'il  n'y  avait  pas  eu  do  concours),  et  fit  charger 
Dejoux  d'exécuter,  pour  la  coupole,  une  statue  colossale  de  la  Renommée. 

Dans  son  troisième  Rapport  au  déparlomenf,  daté  du  second  mois  de  l'an  n  ^^\  Quaire- 
mère put  annoncer  que  Moitié  avait  terminé  son  travail  : 


•')   Rapport  mr  rédifcc   dit    de  Sainte-  coittinucs  nu  achevés  au    Pautléon  franç.xis 

Geneviève ,  fart  au  directoire  du  département  depuis  le  dernier  compte,   rendu  le   17  «0- 

de  Paria  par  M.  Ou  VTREMi^iUE  Ql;I^cY.  A  Paris,  vemhre  1  jga  ,  et  sur  Vétai  actuel  du  nionu- 

di^riuiprimorieroyale,  i79i.(HihIio'liè<pie  ment,  le  dou.vii'nie  jour  du  second  nmis  de 

nationale,  Ll)'"  iGf),  in-V.)  /\,/j  -y  de  la   Républujue  française ,  une  et 

^^'>   Rapport  fait  au  directoire  du  dépar-  iiuiivisible,  par  Antoine  QiATnKMKRK,  com- 

tement  de  Pans  snr  les   travaux  entrepris,  missoire   du    département  îx   la  direction    et 


6         PROCÈS-VERBAUX  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

ffUn  modèle. .  .  fat  cxdciUd  par  Moitié  dès  1791.  L'opération  du  rëincrustoment 
onlior  dans  lo  tympan  du  fi'onlon  se  fit  sur  les  dimensions  de  ce  modèle  :  dès  179^? , 
il  liit  possible  de  IVbaucher  sur  la  pierre  ;  enfin  l'acUvité  de  ces  travaux  a  été  telle 
que  cet  onvraj^e,  le  plus  orand  en  ce  g-enre,  et  peut-être  le  seul  de  son  espèce  cpii 
existe  chez  les  peuples  modernes,  est  entièrement  achevé. « 

La  décoration  exléricure  du  monument  devait  être  complétée,  sous  le  péristyle,  par 
cinq  bas-reliofs  et  six  statues  colossales,  bes  bas-reliefs,  confiés  à  cinq  arfistes  difTérents, 
devaient  représenter  :  celui  du  milieu,  la  Déclaration  des  droits  (Boicliot);  ceux  du  côlé 
droit  (côté  f^auche  du  spectateur),  l'Instruction  publique  (Lesueur)  et  la  nouvelle  Juris- 
prudence (Roland);  ceux  du  côté  [|auche,  le  Dévouement  patriofiqne  (Cbaudet)  et  fem- 
pire  de  la  Loi  (ForUn).  Les  statues  devaient  représenter  la  Pbilosophie  (Cbaudet),  la  Loi 
(Roland),  la  Force  sous  l'emblème  d'Hercule  (Bojcbot),  un  guerrier  mourant  dans  les 
bras  de  la  Patrie  (Masson),  la  Liberté  (Lorta),  l'Égalité  (Lucas). 

A  l'égard  de  la  statue  de  la  Renommée  destinée  à  la  coupole,  Quatremère  disait  : 

ffLa  lanterne  a  disparu  depuis  l'année  dernière,  et  l'on  construit  maintenant  le 
piédestal  sur  lequel  doit  se  placer  le  colosse  dont  Dejoux  fait  le  modèle.  .  .  Le 
demi-globe  sur  lequel  la  Renommée  a  le  pied  forme  la  voûte  d'une  petite  chambre 
circulaire,  percée  de  douze  petites  croisées  propres  aux  observations. 51 

C'était  sur  le  vœu  de  l'Académie  des  sciences  que  Quatremère  avait  songé  à  ufiliser  le 
piédestal  du  colosse  pour  en  faire  un  petit  observatoire  astronomique.  Il  annonçait  en  outre 
qu'aussitôt  le  modèle  de  Dejoux  terminé,  la  statue  serait  fondue  en  bronze  par  l'habile 
technicien  Getty. 

L'idée  de  placer  l'œuvre  de  Dejoux  au  sommet  du  Panthéon  rencontra  dans  l'opinion 
publique  une  vive  opposition.  Dans  le  compte-rendu  de  la  séance  du  Conseil  général  de 
la  commune  de  Paris  du  23  brumaire  an  11  donné  par  le  Journal  de  la  Montagne,  on  lit 
le  passage  suivant  : 

ff Le  procureur  de  la  commune  représente  au  Conseil  que  Quatremère  a  fait 
[faire]  une  statue  colossale  extrêmement  ridicule ,  qui  doit  être  placée  au-dessus  de 
Sainte-Geneviève.  Le  Conseil  arrête  que  l'on  donnera  connaissance  à  la  Convention 
de  l'existence  de  cette  statue,  afin  d'empêcher  qu'elle  ne  déshonore  un  si  beau  mo- 
nument ^'\w  .  , 


Le  7  nivôse  an  n,  le  Conseil  général  entendit  le  rapport  des  commissaires  qu'il  avait 
chargés  d'examiner  la  statue  de  la  Renommée.  Le  modèle,  dirent  les  commissaires,  n'an- 
nonce ni  génie  ni  talent  de  la  part  de  l'artiste.  Il  fut  décidé  qu'on  demanderait  au  direc- 
toire du  département  la  suspension  de  la  confection  de  cette  statue. 

Le  modèle  de  Dej-oux,  qui  avait  vingt-sept  pieds  de  hauteur,  resta  longtemps  exposé 

admhmtralion  du    Panthém  françah.   Im-  (Ribliothèque  nationale,  Lb'*"  997,  in-8\) 
])rimé  par  ordre  du  directoire.  A  Paris,  de  ■')  Journal  de  la  Montagne  du  a^i*  jour 

l'imprimerie   de    Ballard,    imprimeur   du  du  second  mois  de  l'an  deuxième» 
département  de  Paris,  rue  dos  Mathurins. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  7 

dans  les  ateliers  de  la  ville  de  Paris,  au  Roule;  il  y  était  encore  en  l'an  iv  {Moniteur  du 
16  brumaire  an  iv);  mais  la  statue  ne  fut  jamais  coulée. 

Quant  au  fronton  de  Moitte,  qui  passait  pour  un  chef-d'œuvre,  on  sait  que  la  Restau- 
ration le  fit  détruire. 


On  lit  dans  les  procès-verbaux  de  la  Convention  : 

Séance  du  26*  jour  du  premier  mois  de  Tan  deuxième. 

Un  autre  membre  annonce  que,  croyant  avoir  trouvé  le  moyen  de  diriger  à 
volonté  les  aérostats  dans  les  airs,  il  demande  que  la  Convention  veuille  bien 
nommer  des  commissaires  qui  examinent  ses  procédés  et  sa  découverte,  pour  en 
faire  le  rapport  avec  la  prudence  que  l'importance  du  secret  exigera. 

Cette  proposition  est  décrétée  comme  il  suit  : 

ffLa  Convention  nationale,  après  avoir  entendu  le  citoyen  Second ,  un  de  ses 
membres^  sur  un  projet  de  direction  des  globes  a(TOstatiques,  pour  Texamen 
duquel  il  demande  des  commissaires,  nomme  le  citoyen  Giiyton-Morveau  et  le 
citoyen  Fourcroy  pour  examiner  ledit  projet  et  en  faire  le  rapport  ^^K-n 

(')  Procès-verbal  de  la  Convention,  t.  XXIfl,  p.  117. 


8         PROCÈS-VERBAUX  DU  COMITE  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 


CENT   CINQUANTE-HUITIEME   SEANCE. 

Du  5  frimaire  an  ii.  [26  novembre  1798.] 

La  Commission  des  arts,  par  l'organe  de  trois  de  ses  membres, 
expose  au  Comité  d'instruction  publique  la  nécessité  de  conserver 
dans  l'ancien  local  de  l'Académie  des  sciences  les  machines  et  objets 
curieux  qui  s'y  trouvent,  et  d'en  empêcher  le  déplacement  projeté;  en 
maintenant  ces  objets  dans  les  lieux  où  ils  sont,  il  s'agit  de  chercher 
un  local  convenable  pour  recevoir  un  dépôt  considérable  destiné 
à  faire  partie  des  Archives  nationales.  Les  trois  membres  ci-  dessus 
mentionnés  annoncent  qu'ils  sont  chargés  de  se  concerter  avec  l'archi- 
tecte Vignon  pour  le  choix  d'un  emplacement;  ils  demandent  l'ad- 
jonction d'un  représentant  du  peuple  pris  dans  le  sein  du  Comité. 
Cette  demande  est  adoptée;  Mathieu  est  nommé,  et  le  rendez-vous  est 
fixé  pour  le  lendemain  huit  heures  et  demie  du  matin  '^^. 

En  présence  des  députés  de  la  Commission  des  arts,  un  membre 
expose  qu'il  est  instant  de  prononcer  ou  la  suppression  de  la  Commis- 
sion des  arts,  ou  la  suppression  de  la  Commission  des  monuments, 
l'une  et  l'autre  ne  pouvant  subsister  en  même  temps,  et  se  croisant 
dans  leur  marche.  Plusieurs  autres  membres  demandent  la  su[)pres- 
sion  de  la  Commission  des  monuments.  On  arrête  la  nomination 
d'un  rapporteur;  Mathieu  est  nommé ^^^. 


(^^  Voir,  pour  la  suite  de  ia  question 
relative  à  remplacement  des  Archives,  la 
séance  du  19  frimaire  (p.  88).  Le  rejjistre 
des  procès-verbaux  de  la  Commission  des 
arts  (Archives  nationales,  F^'*,  7)  donne 
au  sujet  de  cet  incident  des  détails  que 
nous  plaçons  aux  annexes,  A  (p.  i3).  Les 
trois  délégués  de  la  Commission  étaient 
Langlès,  Lebrun  et  Mollard. 

(^)  Dans  la  séance  du  17"  jour  du  pre- 
mier mois,  un  membre  du  Comité  avait 
proposé  la  fusion  de  la  Commission  des 
arts  et  de  la  Commission  des  monuments 
(voir  1. 11,  p.  600);  maintenant  une  mesure 
plus  radicale  est  proposée,  la  suppression 


de  la  Commission  des  monuments.  Cette 
dernière  Commission  avait  donné  depuis 
plusieurs  mois  de  nombreux  sujets  de  mé- 
contentement, qui  sont  exposés  en  détail 
dans  le  rapport  lu  à  la  Convention  le  28  fri- 
maire par  Mathieu  au  nom  du  Comité  d'in- 
struction publique,  rapport  présenté  au 
Comité  le  27  frimaire  (voir  p.  167). 

Nous  donnons  aux  annexes,  B  (p.  1/1), 
des  extraits  du  registre  des  procès-verbaux 
de  la  Commission  des  arts  (1"  septembre, 
3  octobre,  9 5  brumaire  et  5  frimaire), 
relatifs  aux  débuts  de  cette  Commission  et 
à  son  conflit  avec  la  CommivSsion  des  mo- 
numents. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE. 


Romme  et  Guyton  rendent  compte  de  leur  mission  à  Bercy -^^  et  du 
danger  qu'ils  ont  cru  attaché  à  l'existence  d'une  fabrique  de  minium 
dans  cet  endroit  dans  la  forme  actuelle.  Guyton  est  invité  à  rédiger 
un  projet  de  décret  de  concert  avec  Villers,  du  Comité  de  commerce ^^^ 

Lebrun,  membre  de  la  Commission  des  arts,  fixe  l'attention  du 
Comité  sur  les  gardiens  du  Muséum  ^^\  Mathieu  est  chargé  d'en  pré- 
senter le  renouvellement  lorsqu'il  fera  son  rapport  sur  la  Commission 
des  monuments.  David  est  adjoint  a  Mathieu  pour  ce  rapport ^^^ 

Lnvoisier  adresse  au  Comité  une  pétition  pour  n'être  pas  compris 
dans  le  décret  d'arrestation  contre  les  fermiers  généraux  comme 
n'ayant  pas  été  chargé  de  la  comptabilité  de  la  ferme  générale;  comme 
étant  aujourd'hui  chargé  des  travaux  de  la  Commission  des  poids 
et  mesures.  Le  Comité  passe  a  l'ordre  du  jour^^^. 


(•)   Voir  ci-dessus  p,  3. 

(^'  Le  7  frimaire,  Guylon-Morveau  pré- 
senta à  la  Convention,  an  nom  des  Comités 
d'instruction  publique  et  de  commerce,  un 
projet  de  décret  qui  lut  adopté,  et  qui  in- 
terdisait à  Olivier  de  continuer  sa  fabrica- 
tion à  Bercy.  (Procès-verbal  de  la  Con- 
vention,!. XXVI,  p.  188.)  Le  rapport  de 
Guyton  se  trouve  au  Monileur  du  10  fri- 
maire an  II  (p.  28a),  qui  le  place  par  erreur 
à  la  séance  du  8  frimaire.  Le  17  frimiire, 
un  nouveau  décret,  rendu  sur  le  rapport  do 
Villers  parlant  au  nom  des  Comités  d'agri- 
culture et  de  commerce,  retira  à  Olivier  le 
brevet  d'invention  qui  lui  avait  élé  accordé 
par  le  Conseil  exécutif  le  aC  juin  1793, 
comme  contraire  à  l'article  16  de  la  loi  du 
3o  décembre  1  790.  Le  Monitetiv  du  ;u  fri- 
maire an  II  place  par  erreur  ce  décret  à  la 
séance  du  19  frimaire. 

Il  sera  de  nouveau  ([uestlon  d'Olivier  dans 
laséancedu  Comité  du  27frimaire  (p.  i(38). 

<•''  Il  s'a|>it  des  couse  valeurs  du  musée 
du  Loiivic. 

^*'  David  a  présenté  au  Comité  un 
rappoii  à  ce  sujet  le  17  frimaire  (p.  7'i). 

^^'  Le  6  frimaire,  sui-  la  proposition  de 
Bourdon  (de  l'Oise),  la  (îonvenlion  avait 
décréttî  (pie  los  anciens  leruiicrs  |j('ii('M'aii\ 
seraient  uiis  en  état  d'ai  rcsialion,  et  (pTiis 
/Seraient    tenus   de    rendre    leurs    comptes 


dans  le  délai  d'un  mois.  Lavoisier,  qui  rem- 
plissait les  fonctions  de  trésorier  de  la  Com- 
mission temporaire  des  poids  et  mesures 
et  celles  de  membre  du  Bureau  de  con>^ul- 
tation  des  arts  et  métiers  (dont  il  était  en 
ce  moment  le  président),  put  croire  que 
ce  décret  ne  s'appliquait  pas  à  lui.  Le  5  fri- 
maire, il  écrivit  à  la  Convention  pour  de- 
mander s'il  était  compris  dans  la  loi  qui 
ordonnait  l'arrestation  des  anciens  fermiers 
généraux.  La  Convention,  qui  reçut  la 
lettre  le  jour  même,  la  renvoya  au  Comité 
d'instruction  publique,  et  celui-ci  ne  put 
faire  que  passer  à  l'ordre  du  jour,  car  le 
texte  du  décret  était  formel  :  il  portait  (pie 
rrtoiis  les  ci-devant  fermiers  généraux  se- 
raient mis  en  état  d'arrestation  dans  la 
même  maison 'i.  Lavoisier  s'était  réfugié 
cliez  iMi  aiu'len  bulssler  de  l'Académie  des 
sciences,  Lucas,  qui  babilalt  encore  au 
Louvre;  le  lendemain  G  Iriuiaiit',  il  érriNit 
une  nouvelle  lettre,  cette  lois  au  Coinili' 
de  sûreté  générale  :  il  y  (>\primait  le  di'sir 
de  n'être  pas  emj)risonné  aviM'  les  feruiit>rs 
g('Mi('>raux,  mais  d'êliv  siiuplemeut  place 
reu  état  d'arrestation  sous  la  garde  de  deux 
de  ses  fr.Tes  sans-culottes '^.  Il  est  |)robable 
(pie  le  Comité  d(>  sùn^té  géiu'ralt'  ne  le- 
poudit  pas  à  ('(«tte  lt>ttre.  Coiujireuaiit  (pi'il 
était  inutile  d'insister  davantage,  et  oou- 
llanl  d'ailleurs  dans  l'issue  des  poui'suil(^s 


10       PROCÈS-VERBAUX  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

Un  citoyen  lit  un  projet  de  fêtes  nationales ^^^  Il  est  interrompu 
dans  cette  lecture,  et  le  Comité  passe  à  l'ordre  du  jour. 

La  Société  républicaine  des  arts  communique  un  arrêté  par  lequel 
elle  sollicite  d'être  autorisée  à  continuer  de  tenir  ses  séances  dann 
l'ancienne  salle  de  la  ci-devant  Académie  de  peinture.  Elle  demande 
en  même  temps  que  le  Comité  d'instruction  publique  propose  à  la 
Convention  nationale  de  faire  accorder  les  encouragements  par  le 
jury  national  déjà  nommé  pour  le  concours '"-^l 

La  députation  se  retire,  et  les  objets  de  la  demande  sont  discutés  :  la 
discussion  est  fermée,  et  l'on  admet  Tajournement,  motivé  sur  le  renvoi 
fait  par  la  Convention  nationale  au  Comité  d'instruction  publique  delà 
question  de  savoir  s'il  doit  être  accordé  définitivement  des  emplacements 
nationaux  aux  sociétés  libres  d'artistes  et  aux  sociétés  populaires ^^l 

Hanin,  chargé  d'un  travail  qui  a  pour  objet  de  représenter  le  rap- 
port des  nouvelles  heures  avec  les  anciennes,  présente  le  résultat  de 


en  reddition  de  comptes,  Lavoisier  alla  le 
8  frimaire  se  constituer  prisonnier  dans  la 
maison  de  Port-Libre. 

Nous  donnons  aux  annexes,  C  (p.  16), 
un  expose  des  décrets  rendus  au  sujet  de 
la  ferme  générale,  du  27  mars  1791  au 
97  septembre  1798  ;  un  extrait  du  procès- 
verbal  de  la  séance  de  la  Convention  du 
ti  frimaire  an  11,  complété  par  un  extrait 
du  compte-rendu  du  Journal  des  débats  et 
des  décrets  ;  ia  lettre  de  Lavoisier  à  la  Con- 
vention, dont  nous  avons  retrouvé  l'original 
dans  les  cartons  du  Comité  d'instruction  pu- 
blique ;  un  extrait  du  procès-verbal  de  la 
séance  de  la  Convention  du  3  mars  1798; 
la  lettre  de  Lavoisier  au  Comité  de  sûreté 
générale,  qui  se  trouve  aux  Archives  na- 
tionales ;  et  des  extraits  du  Journal  des  dé- 
bats et  des  décrets  et  du  procès-verbal  de  la 
Convention  relatifs  à  des  décrets  rendus  dans 
les  séances  des  10,  12  et  21  frimaire  an  11. 

11  sera  de  nouveau  question  de  Lavoisier 
dans  la  séance  du  Comité  du  i5  nivôse 
an  II  (p.  2  33).  En  outre  on  trouvera,  à 
l'annexe  C  de  la  séance  du  17  frimaire  (p.  83), 
des  extraits  d'un  mémoire  de  Lavoisier  re- 
latif à  la  division  décimale  de  la  livre  de 
compte,  mémoire  où  le  Comité  des  assi- 


gnats et  monnaies  a  puisé  les  éléments  du 
décret  du  1 7  frimaire  an  11. 

^^^  11  s'agit  évidemment  des  «vues  sur 
les  fêtes  nationales ?7  qu'un  citoyen  avait 
demandé  à  soumettre  au  Comité  dans  la 
séance  précédente  (p.  3). 

(^)  Sur  ia  Société  républicaine  des  arts, 
voir  notre  tome  II,  p.  820,  note  7.  Nous 
donnons  aux  annexes,  D  (p.  26),  l'arrêté 
pris  par  celte  société,  et  communiqué  au 
Comité  d'instruction  publique.  11  sera  de 
nouveau  question  de  la  Société  républi- 
caine des  arts  dans  la  séance  du  Comité  du 
9  frimaire  (p.  à^).  Nous  plaçons  dans  la 
même  annexe  D  un  arrêté  du  Comité  des 
inspecteurs,  du  i3  nivôse  an  11,  publié 
par  le  Moniteur,  et  i-elatif  au  concours  pour 
la  décoration  d'une  pendule,  que  le  décret 
du  h  juillet  1798  avait  chargé  la  Com- 
mune des  arts  de  juger. 

(■')  Cette  question  avait  été  en  effet  ren- 
voyée par  la  Convention,  le  3  frimaire,  à 
l'examen  des  Comités  d'instruction  publique 
et  des  domaines.  Voir  aux  annexes,  D,  un 
extrait  du  procès-verbal  de  la  séance  de  la 
Convention  du  3  frimaire  an  11.  La  ques- 
tion reviendra  à  l'ordre  du  jour  dans  la 
séance  du  Comité  du  5  nivôse  (p.   212). 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE. 


11 


son  travail  destiné  à  être  joint  au  nouvel  alraanach'^^.  Le  Comité,  en 
arrêtant  mention  honorable  du  zèle  du  citoyen,  renvoie  sa  demande 
à  Romme  nommé  rapporteur. 

La  demande  du  Lycée  des  arts  est  soumise  au  Comité.  Bouquier  est 
rapporteur  ^'^l 

Un  membre  demande  qu'il  soit  écrit  par  le  président  du  Comité  au 
ministre  de  l'intérieur  pour  lui  exposer  l'instante  nécessité  de  termi- 
ner promptement  les  marchés  pour  la  confection  des  étalons ^^^. 

Un  membre  rappelle  au  Comité  l'envoi  qui  lui  a  été  fait  par  le  citoyen 
La  Rue,  notaire,  rue  du  Faubourg-Saint-Germain,  d'une  mécanique 
de  réduction  pour  les  poids  et  mesures  décrétés.  Le  Comité  arrête  la 
mention  honorable ^'*^. 

Bouquier  fait  un  rapport  sur  des  manuscrits  annoncés  comme  im- 
portants en  politique  sous  le  rapport  de  la  défense  du  territoire  na- 


('^  11  a  déjà  été  question,  dans  la  séance 
du  37"  jour  du  premier  mois  (t.  II, 
p,  63'i),  de  ce  tableau  de  concordance 
des  heures  décimales  avec  les  heures  an- 
ciennes, exécuté  par  Hanin  sous  la  forme 
d'un  cadran.  Nous  avons  reproduit  ce  ta- 
bleau à  la  page  899  bis  de  notre  tome  IL 
Pour  la  suite,  voir  p.  35. 

(^)  Le  jour  même,  la  Convention  avait 
renvoyé  au  Comité  d'instruction  publique 
l'examen  de  deux  inventions  que  lui  avait 
présentées  le  Lycée  des  arts  :  l'une,  de  la 
citoyenne  Masson,  Avait  pour  objet  l'efTace- 
menl ,  sur  le  papier  imprimé,  des  couleurs 
et  empreintes  qui  s'y  trouvaient;  l'autre, 
du  mécanicien  Kock,  était  une  machine 
destinée  à  la  réduction  et  à  la  contention 
des  fractures  des  membres  inférieurs.  Le 
procédé  de  la  citoyenne  Masson  pour  la 
refonte  des  vieux  papiers  sera  mentionné 
dans  la  séance  du  Comité  du  9  frimaire 
(p.  /il),  en  mémo  temps  que  celui  de 
Rronguiart,  puis  présenté  directement  au 
Comité  par  son  auteur  deux  mois  plus  tard 
(séance  du  1 5  pluviôse;  voir  p.  391).  L'in- 
vention de  Kock  sera  présonlée  au  Comité  (|ua- 
Ire  mois  plus  lard  (séance  du  i3  germinal). 

Il  ne  nous  |)arail  pas  (]U(>  la  demande 
du  Lycée  ait  rapport  à  ces  doux  inventions. 
Déjà  dans  la  séance  du  Comité  du  1.')  br»i- 


maire  (voir  t.  II,  p.  7.50),  il  avait  été  pré- 
senté une  demande  du  Lycée  des  arts  pro- 
posant qu'il  fût  nommé  une  commission 
chargée  de  recueillir  à  Lyon  toutes  les  ma- 
chines d'arts  et  métiers.  C'est  peut-être  cette 
demande  qui  est  de  nouveau  présentée  au 
Comité  dans  sa  séance  de  ce  jour.  Dans  ce 
cas,  le  membre  que  nous  verrons  un  peu 
plus  loin  (p.  19.)  proposer  d'écrire  aux  re- 
présentants du  peuple  en  mission  à  Lyon  se- 
rait Bouquier,  qui  séance  tenante  aurait  fait 
son  rapport  sur  la  demande  du  Lycée  des  arts. 

Voir  aux  annexes,  E  (p.  97),  un  extrait 
du  procès-verbal  de  la  séance  de  la  Conven- 
tion du  5  frimaire  an  11,  ainsi  qu'un  extrait 
du  Moniteur, 

('^  Le  décret  du  1"  jour  du  deuxième 
mois,  sur  la  construction  des  étalons  des 
poids  et  mesures,  avait  chargé  (art.  3)  le 
ministre  de  l'intérieur  de  passer,  avec  les 
artistes  et  chefs  d'atelier  choisis  par  la 
Commission  des  poids  et  nn>sure^,  les 
marchés  nécessaires  pour  (|ue  celle  con- 
struction s'elTecluàt  le  plus  prompt (Muenl 
possible.  (Voir  ce  décret  au  t.  11,  p.  637.) 

('^  Dans  la  séance  du  n  t*"  jom- du  pre- 
mier mois  (I.  Il,  p.  607),  La  Rue  avait 
ofTiM't  au  Comitt'  un  «cadran  reducleui'^. 
Il  sera  de  nouvt\ui  (picslion  de  lui  le  i3  ni- 
vôse (p.  a  a  8). 


12       PROCES -VERBAUX  DU  COMITE  DINSTRUCTION  PUBLIQUE 

tional  (le  l'attaque  des  pays  voisins.  Le  Comité  passe  à  Tordre  du  jour^^L 

Un  membre  propose  qu'il  soit  écrit  par  le  Comité  d'instruction  pu- 
blique aux  représentants  du  peuple  a  Lyon,  pour  les  inviter  à  réserver 
pour  l'instruction  publique  les  monuments  qui  peuvent  y  être  utiles 
dans  (lommune-  Vllranchie ^~\ 

Le  président  lit  une  lettre  du  ministre  de  l'intérieur  qui  commu- 
nique au  Comité  la  proposition  de  perpétuer,  par  la  peinture  et  par  la 
gravure,  les  principales  scènes  et  décorations  qui  ont  servi  à  la  fête  du 
10  août.  L'objet  est  renvoyé  aux  citoyens  David  et  Bouquier  qui  en 
feront  un  rapport ^*^'. 

Les  instituteurs  de  Franciade,  du  Bourg  de  l'Egalité  et  de  Paris 
demandent  un  traitement.  Ferry  est  rapporteur^'l 

Le  citoyen  P]tlinger,  l'un  des  principaux  agents  de  la  manufacture 
de  Sèvres,  présente  au  Comité  des  réclamations  sur  des  persécutions 
qu'il  éprouve;  il  offre  en  même  temps  deux  morceaux  de  son  travail. 
Prunelle  est  nommé  rapporteur^^^. 


(')  Il  s'agit  sans  doute  des  manuscrits 
de  Berllietot  concernant  le  Dauphiné,  dont 
il  a  été  question  dans  les  séances  du  28° 
jour  du  premier  mois  et  du  19  brumaire 
(t.  II,  pages  628  et  788).  Il  sera  de  nouveau 
question  de  Berthelot  dans  la  séance  du 
11  pluviôse  an  11  (p.  878). 

(2^  Voir  la  note  9  de  la  page  11.  On 
sait  que  la  Convention  avait  décrété,  le 
21*  jour  du  premier  mois,  que  cela  ville  de 
Lyon  serait  détruites.  Mais  le  décret  lui- 
mi'me  expliquait  que  la  destruction  ordon- 
née ne  devait  pas  être  absolue,  et  y  ap- 
portait les  restrictions  suivantes  :  wTout  ce 
qui  lut  habité  par  les  riches  sera  démoli; 
il  ne  restera  que  la  maison  du  pauvre, 
les  habitations  des  patriotes  égorgés  ou 
proscrits ,  les  édifices  spécialement  employés 
à  rindustrie,  et  les  monuments  consacrés  à 
l'humanité  et  à  Vinstruction  publique.  La 
réunion  des  maisons  conservées  portera  dés- 
ormais le  nom  de  V  il  le- AJfranchie.v  {9  rocès- 
vcrbal  de  la  Convention,  t.  XXIII,  p.  19.) 

La  proposition  d'intervenir  pour  assurer 
la  conservation  des  monuments  etmachines 
existant  à  Lyon  sera  de  nouveau  laite  au 
Comité  dans  sa  séance  du  7  nivôse  (p.  2 1  /i  ). 


(^)  David  et  Bouquier  n'ont  pas  présenté 
de  rapport.  Un  arrêté  du  Comité  de  salut 
public,  du  5  floréal  an  11,  appellera  les  ar- 
tistes à  concourir  pour  ce  l'exécution  des 
monuments  en  bronze  et  en  marbre  qui 
doivent  retracer  à  la  postérité  les  époques 
glorieuses  de  la  Bévolulion  française,  qui 
ont  été  représentées  dans  la  fête  de  la  Ré- 
union du  10  août  dernier  (vieux  style)«. 

^^^  Nous  n'avons  pas  trouvé  la  pétition 
présentée  par  les  instituteurs  de  Paris, 
Saint-Denis  et  Bourg-la-Reine.  Dans  la 
séance  du  9  frimaire,  nous  verrons  (p.  l\li) 
cette  demande  appuyée  par  une  lettre  du 
ministre  de  l'intérieur,  et  un  autre  rappor- 
teur désigné  en  la  personne  de  Valdruche. 

^^)  Nous  n'avons  pas  trouvé  la  pétition 
d'Etlinger.  Prunelle  n'a  pas  présenté  de 
rapport.  Le  registre  des  procès-verbaux  de  la 
Commission  des  arts  nous  apprend  que,  le 
2  9  septembre,  Besson,  Mongez ,  Berthollet 
et  Naiwon  avaient  été  charnues  de  se  rendre 
à  la  manufacture  de  Sèvres  pour  y  prendre 
des  renseignements.  Le  26,  ils  firent  leur 
rapport,  dont  la  conclusion  était  :  «  Cette 
manufacture  est  une  corporation  qu'il  faut 
changer.  11  faudra  nommer  des  administra- 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE. 
La  séance  est  levée  à  onze  heures  ^^^ 


13 


PIEGES  ANNEXES. 


On  lit  dans  le  registre  des  procès-verhaux  de  la  Commission  des  arts  : 

Séance  du  5  frimaire,  l'an  2*  de  la  République. 

Un  membre  annonce  que  le  ministre  de  l'intérieur  ayant  chargé  Vignon,  ar- 
chitecte, de  chercher  un  emplacement  national  pour  contenir  un  dépôt  destiné  à 
faire  partie  des  Archives  nationales,  cet  architecte  a  désigné  le  local  du  cabinet  de 


teursw. (Archives nal., F''*  7,  folio  4, recto.) 
(')  Ce  dernier  alinéa  n'existe  pas  à  la 
minute.  Pas  de  siijnatiircs,  ni  à  la  minute 
ni  au  registre.  La  minute  est  de  la  main 
de  Mathieu. 

—  Nous  devons  mentionner  ici  un  fait 
dont  le  procès-verbal  ne  dit  rien.  Ce  même 
jour  5  frimaire,  une  délégation  du  Conseil 
général  de  la  commune  de  Paris  avait  pré- 
senté à  la  Convention,  en  exécution  d'un 
arrêté  pris  le  3  frimaire,  une  pétition  de- 
mandant que  les  prêtres  fussent  écartés  wde 
toute  espèce  de  fonctions  publiques,  de 
toutes  administrations,  et  de  toute  direction 
de  manufacture  d'armes  ou  autres  pour  le 
service  de  la  Républiques.  Cette  pétition 
fut  renvoyée  par  l'assemblée  au  Comité 
d'instruction  publique;  elle  existe  en  ori- 
ginal dans  les  papiers  du  Comité,  F  '', 
carton  1007,  n"  1221.  Le  Comité  semble 
ne  s'être  jamais  occupé  de  cette  affaire. 

Le  renvoi  au  Comité  de  la  pétition  du 
Conseil  général  do  la  commune  de  Paris 
était  la  conséquence  d'un  décret  voté  par 
la  Convention  le  2  1  bi umaire.  Ce  join-là , 
le  Comité  central  de.;  sociétés  populaires  de 
Paris  avait  présenté  une  pétition  qui  avait 
reçu  l'approbation  du  Conseil  général,  des 
sections,  et  de  la  Société  des  Jacobins,  et 
qui  demandait  (pie  rcnul  citoyen  ne  fût 
plus  leiui  de  contribuer  au  salaire  des 
prêtres,  auxquels  il  ne  croit  pas??.  Sur  la 
proposition  de  (Chabot,  qui  lit  observer  qu'il 
convenait  de  préparer  l'esprit  public  à  cette 
mesure  oX  (lallendrecpin  toiiles  lesseclions 
de  la  Hépublicjue  eussent  émis  leur  vœu,  la 


Convention  décida  que  la  pétition  serait 
insérée  au  Bulletin  avec  la  mention  la  plus 
honorable,  et  renvoyée  aux  Comités  des  fi- 
nances et  d'instruction  publicjue,  '^où  de- 
vront s'adresser  toutes  les  pétitions  qui  sui- 
vront celle-là n.  Tburiot  fit  voter,  en  outre, 
que  le  Comité  des  finances  présenterait 
sous  huit  jours  un  projet  de  décret  pour 
accorder  des  secours  aux  prêtres  qui  au- 
raient renoncé  à  leurs  fonctions  ecclésias- 
tiques. Et  en  conséquence,  le  2  frimaire, 
un  décret  fut  effectivement  rendu  à  cet  effet. 

Dans  la  même  séance  du  5  frimaire,  la 
Convention  avait  entendu  encore  cinq  autres 
pétitions  du  Conseil  général  de  la  commune 
de  Paris  {Journal  des  débats  et  des  décrets), 
dont  l'une  demandait  des  livres  pour  l'oii- 
fance.  Celte  dernière  pétition  fut  aussi  ren- 
voyée au  Coniité  d'mstruction  publique, 
qui  ne  nomma  pas  de  rapporteur.  La 
question  des  livres  élémentaires  viiMulra 
à   l'ordre  du  jour    le   9   nivôse  (p.  2  a  G). 

Nous  donnons  aux  annexes,  F  (p.  38), 
le  texte  de  la  pétition  du  Comité  central 
des  sociétés  populaires  (extrait  de  IM/Wi- 
Fédéraliste) ,  un  extrait  du  procès-verbal 
de  la  séance  de  la  Convention  du  ■>  1  hru- 
maire,  et  le  comple  rendu  de  la  discu>sion 
qui  suivi!  la  leclure  de  cette  pétition  (ex- 
trait du  Moniteur)-,  le  texte  des  deux  peli- 
tions  de  la  commune  de  Paris,  sur  les 
livres  pour  l'enfance  et  sur  l'exclusion  des 
prêtres  des  fondions  publi(jues,  ainsi  (pi'uu 
extrait  du  piooès-vcrlial  de  la  seiuice  du 
5  Irimaire  et  du  coiiii)le-rendu  du  Jounidl 
des  dvjuts  et  des  décrets. 


U       PROCÈS -VERBAUX  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

la  ci-devant  Académie  dos  sciences,  déjà  occupé  et  rempli  par  des  objets  de  science 
et  d'arts,  inventoriés  par  la  Commission.  11  expose  l'inconvénient  du  déplacement 
pour  ces  objets.  La  Commission  arrêle  que  trois  commissaires  pris  dans  son  sein 
se  concerteront  avec  l'arcbitectc  pour  le  choix  d'un  autre  local ,  et  que  le  Comité 
d'instruction  ])ublique  sera  invité  à  nommer  aussi  un  de  ses  membres  pour  cet 
objet.  Langlès,  Lebrun  et  Mollardsont  nommés  commissaires;  ils  sont  invités  à  se 
taire  assister  des  commissaires  du  département  ^^\ 


Le  re{][istre  des  procès-verbaux  de  la  Commission  des  arts  nous  permet  d'assister  aux  dé- 
buts de  celte  Commission,  et  nous  donne  quelques  indications  sur  sa  rivalité  avec  la  Com- 
mission dos  monuments  ^^^. 

Nous  avons  montré,  dans  le  tome  précédent,  comment,  cf d'après  le  vœu  des  représen- 
tants du  peuple  chargés  par  le  décret  du  i5  août  de  diriger  et  surveiller  l'exécution  du 
décret  du  lan,  le  ministre  de  l'intérieur  Paré  avait  nommé,  dans  les  derniers  jours  d'août, 
trente-six  commissaires  divisés  en  douze  sections,  qu'il  chargea  de  procéder  traux  inven- 
taires de  tous  objets  d'arts  ou  de  sciences  provenant  des  dépôts  des  académies  et  sociétés 
supprimées  ou  de  tous  autres,  susceptibles  de  servir  à  l'instruction  publiques  (t.  II,  p.  5o8). 

La  première  réunion  des  commissaires  eut  lieu  le  i"  septembre;  et  voici  le  compte- 
rendu  qu'en  donne  le  registre  : 

Première  séance,  du  i*'  septembre  1798 ,  l'an  2*  de  la  République  fi^ançaise 

une  et  indivisible. 

Arrêté  que  la  Commission  des  inventaires  ^^^  n'ira  que  dans  les  départements 
de  Paris  et  de  Seine-et-Oise. 

Arrêté  qu'il  n'y  aura  dans  chaque  voyage  hors  de  Paris  que  trois  commissaires 
de  chaque  section  au  plus. 

Arrêté  que  chaque  section  de  la  Commission  aura  un  cachet  portant  pour  lé- 
gende Instruction  nationale  et  de  plus  la  lettre  qui  est  attachée  à  chaque  section  ^*^ 
Les  artistes  en  peinture  sont  chai^gés  de  faire  faire  les  cachets  et  d'en  fournir  douze 
jeudi  prochain. 

On  continuera  d'entendre  les  explications  des  membres  des  sections  relatives  au 
travail  de  l'inventaire  '^^K 


^^)  Archives  nationales,  F  ^'*  7,  folio  9, 
recto. 

(^)  Ce  registre  ne  donne,  pour  les 
premières  séances  de  la  Comnjission, 
que  des  notes  tout  à  fait  sommaires,  in- 
diquant brièvement  les  décisions  prises; 
mais  après  quelrpic  temps  les  comptes- 
rendus  deviennent  plus  développés,  et  se 
transforment  en  véritables  procès -ver- 
baux. 


(^^  Le  nom  de  w  Commission  des  arts?? 
ne  paraît  qu'à  la  quatrième  séance,  celle 
du  1 2  septembre. 

^'')  Voir  t.  II,  p.  509,  la  Liste  des  com- 
missaires chargés  de  faire  l'inventaire  des 
objets  nationaux  utiles  à  l'instruction  pu- 
blique; on  verra  que  chaque  section  est 
désignée  par  une  lettre  de  l'alphabet,  de  A 
àL. 

(5)  pi'*  7,  folio  1,  recto. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  1 5 

Dès  la  troisième  séance,  le  8  septembre,  nous  voyons  que  la  Commission  a  un  prési- 
dent (la  section  de  mtkaniqne  demande  l'aide  de  Desmarest;  le  président  de  la  Com- 
mission est  chargé  de  lui  écrire);  mais  on  ne  nous  dit  pas  son  nom,  et ,  comme  il  n'a  pas 
été  parle  de  son  élection,  on  doit  supposer  qu'il  avait  été  désigné  par  le  ministre  de 
l'intérieur,  ou  par  les  délégués  du  Comité  d'instruction  publique  nommés  le  20  août 
(David,  Romme,  Fourcroy,  Mathieu  et  Lejeunc). 

Le  12  septembre,  chiq  nouveaux  membres  sont  présentés,  Pelletier,  Lamarck,  Mandar, 
Rolland  et  Langlès.  Le  même  jour,  des  commissaires  du  département  de  Paris,  admis 
dans  la  salle  de  la  Commission,  sont  instruits  par  le  président  de  l'entrave  que  les  scellés 
mis  par  le  département  sur  les  dépôts  nationaux  d'instruction  publique  apportent  aux  tra- 
vaux de  la  Commission  des  arts.  Ils  sont  invités  à  la  seconder  de  tout  leur  zèle. 

Le  3  octobre  il  est  question  pour  la  première  fois  de  la  Commission  des  monuments  : 

Sëance  du  3  octobre  1798,  l'an  2"  de  la  République  française 

une  et  indivisible. 

On  parle  des  pouvoirs  compare's  et  relatifs  de  la  Commission  des  monuments  el 
de  la  Commission  des  arts.  On  rappelle  les  décrets.  On  trouve  rpie  les  deux  Com- 
missions se  confondent  dans  leur  besogne  et  leurs  fonctions,  ([u'ii  est  nécessaire 
de  les  réunir.  Pour  y  parvenir  on  arrête  :  1°  que  la  Commission  des  monuments 
fera  une  histoire  abrégée  de  ses  travaux  ;  3°^'^  que  ces  deux  pièces  seront  envoyées 
au  Comité  d'instruction  publique  pour  faire  la  matière  d'un  rapport  sur  la  néces- 
sité de  la  réunion  ^'^  des  deux  Commissions  *^\ 

Cinq  jours  plus  tard,  le  17  du  premier  mois  (8  octobre),  le  Comité  d'instruction  pu- 
blique s'occupe  à  son  tour  de  la  Commission  des  monuments.  Le  procès-verbal  dit  :  ffUn 
membre  appelle  l'attention  du  Comité  sur  les  questions  :  1°  de  savoir  s'il  n'est  point  à  propos 
de  réunir  la  Commission  des  arts  et  celle  des  monuments,  et  2"  de  distribuer  et  répartir  les 
monuments  et  collections  d'art  entre  les  déparlements.  L'objet  est  ajourné  à  la  prochaine 
séance,  n  La  question  n'est  revenue  en  réalité  à  l'ordre  du  jour  du  Comité  que  le  5  frimaire. 

Toutefois,  dans  sa  séance  du  19  du  premier  mois,  le  Comité  d'instruction  publique  dé- 
cide de  constituer  dans  son  sein  une  section  fccliargée  de  l'inventaire  des  objets  utiles  aux 
arts»,  et  la  compose  de  cinq  membres,  qui  sont  Bouquier,  David,  Arbogast,  Lindet,  Bou- 
troue. 

Le  20  brumaire,  le  registre  des  procès-verbaux  de  la  Commission  des  arts  nous  apprend  le 
nom  du  président  de  la  Commission  :  ce  président,  ce  n'est  pas  un  des  mombies  de  la 
Commission,  c'est  un  membre  du  Comité  d'instruction  publique,  Mathieu.  Le  28  brumaire, 
sur  la  proposition  d'un  de  ses  mend)res,  le  Comité  décide  «([u'il  sera  ajoute  trois  membres 
aux  commissaires  déjà  nommés  pour  assister  au  travail  de  la  Connnission  des  arls-i;  les  trois 
membres  qu'il  choisit  à  cet  elfet  sont  Mathieu,  Prunelle  et  Villar. 

Le  2  5  brumaire,  nouvelle  mention  de  la  Commission  des  monuments  dans  le  registre 
de  la  Commission  des  arts  : 

^'^   11  y  a  ici  une  lacune  dans  le  registre,  porte  le  mot  crsection"i,  (jui  ne  veut  riou 

I me  phrase  qui  devait  former  lecra"»  a  été  dire,  ^ous  avons  rétabli  le  mot  exigé  par 

omise.  le  sens. 

^^'  Au    lieu   de    wréunion^,   le  registre  ^^'   F  "*  7,  folio  5,  verso. 


16       PROCÈS-VERBAUX  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

Séance  du  2  5  brumaire,  i'an  2"  de  la  République. 

Plusieurs  abus  s'élanl  glissés  dans  les  opérations  de  la  Commission  des  monu- 
ments, on  arrête  que  le  Comité  d'instruction  publique  sera  prié  d'y  remédier.  Le 
Comité  d'instruction  publique  sera  invité  à  l'aire  un  prompt  rapport  sur  le  sort  de 
la  Connnission  des  monuments  ^'^ 

Enfin  le  5  IVimairc,  la  Commission  de»  aits  décide  d'inviter  de  nouveau  le  Comité  d'in- 
struction publique  à  intervenir  : 

Séance  du  5  frimaire,  l'an  2*  de  la  République. 

Plusieurs  membres  se  plaignent  des  obstacles  apportés  par  la  Conmiission  des 
monuments  aux  travaux  de  la  Commission  des  arts.  La  Commission  des  arts  arrête 
que  le  Comité  d'instruction  publique  sera  de  nouveau  invité  à  faire  cesser  ces  ob- 
stacles par  une  organisation  plus  complète  soit  de  la  Commission  des  arts ,  soit 
de  celle  des  monuments ^^^. 

On  a  vu  que  le  Comité  désigna  Mathieu  comme  rapporteur.  Ce  choix  était  significatif: 
le  rapport  confié  au  président  de  la  Commission  des  arts  ne  pouvait  conclure  qu'à  la  sup- 
pression de  la  Commission  des  monuments. 


L'Assemblée  constituante  avait  prononcé,  le  37  mars  1791,  la  suppressio.i  de  la  ferme 
générale  et  la  résiliation,  à  dater  du  1"  juillet  1789,  du  bail  consenti  à  Mager,  prête- 
nom  des  fermiers  généraux.  Une  commission  établie  par  les  fermiers  généraux  eux-mêmes 
fut  chargée  de  la  liquidation  de  la  ferme,  et  dut  avoir  terminé  ses  opérations  au  1"  jan- 
vier 1793.  La  liquidation  n'ayant  pas  été  achevée  à  la  date  fixée,  un  décret  du  5  juin 
1798,  rendu  sur  la  proposition  d'Osselin,  supprima  la  ^commission  établie  par  les  anciens 
fermiers  généraux  pour  rendre  les  comptes  de  la  ferme  générale  ",  et  ordonna  que  les 
scellés  fussent  apposés  sur  la  caisse  et  les  papiers  de  cette  commission,  ainsi  que  sur  ceux 
de  tous  les  ci-devant  fermiers  généraux,  receveurs  généraux  et  particuliers  des  finances, 
receveurs  bu  régisseurs  des  domaines,  et  de  tous  les  comptables  ou  receveurs  des  deniprs 
pubUcs,  sous  quelque  dénomination  que  ce  fût,  qui  n'avaient  pas  rendu  leurs  comptes 
on  n'avaient  pas  payé  le  montant  de  leurs  débets  :  étaient  exceptées  du  décret  les  caisses  des 
receveurs  actuellement  en  exercice.  C'est  en  vertu  de  ce  décret ,  sans  doute ,  que  furent  apposés 
sur  le  laboratoire  et  le  cabinet  de  Lavoisier  les  scellés  dont  les  commissaires  du  Comité  d'in- 
struction publique, Rommc  et  Fourcroy,  obtinrent  la  levée  le  11  septembre  (t.  H,  p.  87 A). 
Le  26  septembre,  un  nouveau  décret,  rendu  sur  la  proposition  des  Comités  des  finances 
et  de  l'examen  des  comptes,  ordonna  que  la  commission  établie  pour  la  liquidation  de  la 
régie  générale  serait  supprimée  comme  l'avait  été  celle  de  la  ferme  générale,  mais  que  les 
scellés  apposés  en  vertu  du  décret  du  5  juin  seraient  levés,  et  que  les  membres  des  trois 
anciennes  compagnies  de  finances  (ferme  générale,  régie  générale  et  administration  des 
domaines)  seraient  tenus  solidairement  de  la  reddition  de  leurs  comptes,  et  devraient  les 
rédiger  et  les  présenter  au  bureau  de  la  comptabilité,  savoir  :  les  anciens  fermiers  géné- 
raux et  régisseurs  généraux,  jusqu'au  1"  avril  179^,  et  les  anciens  administrateurs  des 

0)  F^'*  7,  folio  8,  recto.  —  ^''^  Fi'*7,  folio  9,  recto. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  17 

domaines  jusqu'au  i"  juillet  suivant.  Trois  jours  plus  tard,  le  27  septembre,  le  repré- 
sentant Dupin  ayant  fait  connaître  à  la  Convention  que  plusieurs  anciens  employés  de  la 
ferme  générale ,  Landon-Vernon ,  Châteauneuf,  Gaudot,  Mottet  et  Jacquart,  offraient  «de 
procurer  des  connaissances  sur  les  abus  commis  par  les  ci-devant  trois  compagnies  de 
finances»,  un  décret  ordonna  que  ces  cinq  citoyens  assisteraient  à  la  levée  des  scellés, 
qu'ils  cf  pourraient  examiner  tous  les  papiers  des  administrations  et  les  comptes  des  baux 
de  David,  Salzard  ot  Mager,  afin  de  donner  la  preuve  de  toutes  les  malversations  qui  au- 
raient été  otfectuécsTi,  et  (jue  cos  citoyens  seraient  surveillés  par  deux  membres  de  la 
Convention,  désignés  par  le  Comité  de  l'examen  des  comptes.  Les  deux  commissaires  que 
choisit  le  Comité  de  l'examen  des  comptes  pour  cette  surveillance  furent  Dupin  et  Jac.  Us 
formèrent,  avec  les  cinq  réviseurs  placés  sous  leur  surveillance,  la  cr Commission  des  ci- 
devant  trois  compagnies  de  finances». 

Les  choses  en  étaient  là  lorsque  le  k  frimaire,  à  l'occasion  d'un  rapport  fait  parle 
Comité  des  finances  sur  une  des  dispositions  du  décret  du  2/1  septembre,  Bourdon  (de 
l'Oise)  proposa  que  les  fermiers  généraux  fussent  mis  en  état  d'arrestation  et  fussent 
tenus  de  rendre  leurs  comptes  dans  le  délai  d'un  mois  (le  décret  du  2k  septembre  leur 
avait  accordé  six  mois,  jusqu'au  1"  avril  179^1)-  ^^^^  motif  avait  poussé  Bourdon  (de 
l'Oise)  à  faire  celte  proposition?  Ni  le  procès-verbal  de  la  Convention,  ni  les  comptes- 
rendus  des  journaux  ne  nous  l'apprennent;  mais  on  trouve  une  indication  h  ce  sujet  dans 
le  rapport  que  présenta  Dupin  à  la  Convention  le  16  floréal  an  11.  Voici  en  effet  ce  qu'on 
lit  dans  ce  rapport  : 

Si  ies  ci-devant  fermiers  généraux  n'avaient  pas  attendu  avec  impatience  le 
retour  de  Tancieu  régime,  auraient-ils  différé  pendant  dtux  ans^'^  à  obéir  à  vos 
décrets ^^^  en  s'occupant  sérieusement  de  la  reddition  de  leurs  comptes?  Ici  ce 
sont  les  commissaires  liquidateurs  ^^^  qui  sont  très  coupables.  C'est  cette  résistance 
à  la  loi  qui  a  déterminé  la  Convention  à  rendre,  le  h  frimaire,  un  décret  de  ri- 
gueur contre  eux. 

La  proposition  de  Bourdon  fut  votée,  et,  sur  la  motion  d'un  membre,  la  mesure  fut 
étendue  aux  intendants  des  finances  et  aux  receveurs  généraux  des  finances.  Voici  l'ex- 
trait du  procès-verbal  de  la  Convention  : 

Séance  du  h  frimaire  an  11. 

On  propose  de  faire  mettre  en  état  d'arrestation  les  fermiers  généraux,  et  de 
décréter  que,  si  dans  un  mois  ils  n'ont  pas  rendu  leurs  comptes,  ils  seront  punis 
de  mort  comme  retenlionnaires  de  deniers  publics;  plusieurs  opinants  parlent  sur 
cette  matière,  et  la  Convention  rend  le  décret  suivant  : 

ffLa  Convention  nationale  décrète  que  tous  les  ci -devant  fermiers  généraux 
seront  mis  en  élat  d'arrestation  dans  la  même  maison;  que  leurs  papiers  y  seront 
Iransférés,  et  que  leurs  comptes  seront  prêts  dans  un  mois;  à  faute  de  quoi,  la 
Convention  prononcera  contre  euv  ce  ([u'au  cas  apparti(MKlra. 

^'^   C'est-à-dire    depuis     le     déiiot    du  ^.-j  mars   1791,  avait   (Ué  rendu  par  l'As- 

37  mars  1791  jiisipi'au   décret  du  ">  juin  sond)l(''e  consliluanle. 
1793.  ^•'''  C'est-à-dii'e  les  uuMuhros  île  la  rom- 

^^)  cfVos  décrets»   est  une  inadvertance  mission  de  Tupiidalion   nouunée  en  1791 

(II'  rédaction  :  le  premier  (h'crel ,  celui  du  j)ar  les  fermiers  généraux  ou\-m  Mnt>s. 

III.  a 


18       PROCÈS -VERBAUX  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 


ffLe  ministre  de  la  justice,  la  municipalité'  de  Paris,  sont  chargés  d'exécuter  le 
présent  décret  dans  le  jour.  i 

Sur  la  proposition  d'un  membre  d'étendre  les  dispositions  du  décret  qui  vient 
d'être  porté  contre  les  i'ermiers  généraux  sur  tous  les  intendants  et  les  receveurs 
généraux  des  finances, 

ffLa  Convention  nationale  adopte  cette  proposition,  et  décrète  que  tous  les  in- 
tendants et  les  receveurs  généraux  des  finances  seront  mis  en  état  d'arrestation, 
pour  y  rendre  leur  compte  dans  un  mois  pour  tout  délai  '^^Kv 

Le  Journal  des  débats  et  des  décrets  rend  compte  en  ces  termes  de  cette  partie  de  la 
séance  : 

Convention  nationale ,  séance  du  ^  frimaire. 

Un  membre,  au  nom  du  Comité  des  finances,  présente  un  projet  de  décret  qui 
se  rapporte  sous  certains  points  de  vue  aux  fermiers  généraux  ^^^ 

Bourdon  {de  l'Oise)  piofite  de  cette  occasion  pour  représenter  que  les  ci-devant 
fermiers  généraux  u  ont  pas  encore  rendu  leurs  comptes.  Il  propose  de  les  mettre 
tous  en  état  d'arrestation,  et  de  décréter  que  si  dans  un  mois  ils  n'ont  pas  rendu 
leurs  comptes ,  ils  seront  punis  de  mort  comme  détenteurs  de  deniers  publics. 

Thiiriol  ramène  la  discussion  au  projet  de  loi  qui  vient  d'être  présenté. 

Il  est  adopté  avec  un  amendement  proposé  par  Thuriot. 

Un  membre  annonce  qu'il  fera  dans  trois  jours  un  rapport  dont  il  résultera  que 
la  ferme  générale  est  une  bande  de  Cartouches  bien  organisée  ^■^^. 

Bourdon  reproduit  sa  motion. 

Thuriot  propose  de  fixer,  pour  le  lieu  de  l'arrestation ,  les  bureaux  où  se  ren- 
daient les  fermiers  généraux  pour  tenir  leurs  assemblées. 

L'arrestation  ainsi  modifiée  est  décrétée. 

Un  membre  demande  que  les  ci-devant  intendants  des  finances ,  leurs  subdélé- 
gués, et  les  receveurs  généraux  des  finances,  soient  compris  dans  la  même  caté- 
gorie, et  arrêtés  comme  les  fermiers  généraux. 

Montant  appuie  cette  proposition,  seulement  en  ce  qui  regarde  les  intendants  et 
les  receveurs  généraux  des  finances  :  à  l'égard  des  subdélégués ,  il  demande  qu'il 
n'en  soit  point  question  dans  le  décret;  c'est  aux  Comités  révolutionnaires  à  en 
faire  justice  à  la  Répubhque. 

Bichoux'^^  voudrait  que  les  administrateurs  des  domaines  ne  fussent  point  oubhés. 


(1)  Procès- verbal  de  la  Convention, 
t.  XXVI,  p.  i3(). 

(^)  Ce  projet  de  décret  disait  que  la  sur- 
séance  prononcée  par  l'article  lA  du  dé- 
cret du  2^i  septembre  1798,  concernant 
l'exécution  des  jugements  déjà  rendus  contre 
les  ci-devant  compagnies  des  finances,  était 
levée  envers  les  employés  et   autres  per- 


sonnes ayant  des  titres  valables  contre  eux. 

^^)  Ce  membre  est  probablement  Dupin. 

(*)  Ce  nom  est  évidemment  défiguré  par 
une  faute  d'impression.  Il  ne  s'agit  pas  de 
Richou,  député  de  l'Eure,  qui  avait  été  dé- 
crété d'accusation  le  3  octobre  1798.  C'est 
probablement  Richaud,  député  de  Seine- 
et-Oise. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  19 

Un  autre  membre  demande  qu'il  en  soit  de  même  pour  les  régisseurs  ge'ne'raux. 

Clauzel  fait  la  même  proposition  àl'e'gard  des  administrateurs  de  la  Compagnie 
des  Indes. 

Un  membre  demande  le  renvoi  de  tout  ce  ([ui  a  rapport  aux  administrateurs 
comptables  au  Comité  des  finances. 

Montant  insiste  pour  que  du  moins  les  intendants  et  les  receveurs  généraux  des 
finances  soient  provisoirement  mis  en  état  d'arrestation. 

Cette  dernière  proposition  est  décrétée  et  ^ort  ap[)lau(lie.  Les  autres  propositions 
sont  renvoyées  au  Comité  des  finances  ^^K 

Voici  la  pétition  de  Lavoisier  dont  il  est  question  au  procès-verbal  du  Comité  (p.  9). 
Elle  est  adressée  non  au  Comilé,  comme  le  dit  le  procès-verbal,  mais  à  la  (Convention  natio- 
nale : 

LAVOISIER  À   LA  CONVENTION    NATION ALE  ^■-^. 

Représentants  du  peuple, 

Lavoisier,  de  la  ci-devant  Académie  des  sciences,  a  quitté  la  ferme  générale  il  y  a 
environ  trois  ans.  Appelé  à  cette  époque  à  la  place  de  commissaire  de  la  trésorerie 
nationale,  il  a  principalement  contribué  h  en  former  l'organisation.  11  est  main- 
tenant commissaire  national  des  poids  et  mesures  et  membre  du  Bureau  de  con- 
sultation des  arts  et  métiers. 

11  est  de  notori<3té  publique  qu'il  ne  s'est  jamais  mêlé  des  affaires  générales  de 
la  ferme,  qui  étaient  conduites  par  un  comité  peu  nombreux  nommé  par  le 
ministre ,  et  d'ailleurs  les  ouvrages  qu'il  a  publiés  attestent  qu'il  s'est  toujours 
occupé  principalement  des  sciences. 

Il  n'est  point  du  nombre  des  commissaires  qui  ont  été  nommés,  en  exécution 
des  décrets,  pour  la  reddition  des  comptes  de  la  ferme  générale;  on  ne  peut  donc 
le  rendre  responsable  du  retard  qu'on  reproche  à  cette  commission.  D'après  cela  il 
ne  croit  pas  qu'il  puisse  être  compris  dans  la  loi  qui  ordonne  que  les  fermiers 
généraux  seront  mis  en  état  d'arrestation,  jusqu'à  la  reddition  de  leurs  comptes. 
Dans  le  doute,  il  prie  la  Convention  nationale  de  lui  faire  connaître  si  son  intention 
est  ([u'il  s'occupe  des  comptes  de  la  ferme  générale,  travail  auquel  il  se  croit  peu 
j)ropre;  ou  s'il  doit  continuer  ij  remplir  ses  fonctions  dans  la  Commission  des  poids 
et  mesures,  pour  lacjuelle  il  a  travaillé  jusqu'ici  avec  zèle  et  il  ose  le  dire  a\ec 
([uelque  utilité. 

Ce  quintidi  frimaire ,  l'an  second  de  la  République  française  une  et  indivisible. 

Lavoisieu. 

On  lit  en  marge  de  la  pièce  :  r  Renvoyé  au  (lomilé  d'instruction  pul)li([ue.  Fhkci>f..'> 
—  Et  plus  bas  :  «Passé  à  Tordre  du  jour.   Matuiei  ,  secrétaire. v 

^'^  Journal  des  débats  et  des  décrets,  n"  h'.^-A,  p.  (iç).  Le  Moniteur  ne  donne  ipie  la 
proposition  de  Bourdon,  et  ne  l'eproduit  pas  la  dis-iission  (]ui  a  suivi.  —  -^  Vrrliives  iia- 
liouales,  K'\  cailon  ii.S."),  n"  i  i ''kj. 

a. 


20       PROGÈS-VERBAUX  DU  COMITE  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

La  letlro  do  Lavoisior  n'est  pas  monlionnéc  au  procès-verbal  de  la  séance  de  la  Conven- 
tion du  5  IVlnialre.  Elle  ne  fut  pas  lue  à  rassemblée,  pas  plus  que  ne  l'étaient  les  autres 
pièces  du  même  genre;  un  décret  du  3  mars  1798  en  avait  décidé  ainsi.  Voici  ce  décret  : 

Séance  du  3  mars  1793. 

rrUu  secrélaii'o  propose,  et  la  Convention  niilionale  décrète,  qu'à  l'avenir  on  lira 
scu'enient  à  la  tribune  les  lettres  des  ministres  et  celles  des  commissaires,  et  que 
toutes  les  autres  pièces  seront  renvoyées  au  Comité  des  pétitions  ^'^a 

Toutefois,  comme  on  vient  de  le  voir,  la  lettre  de  Lavoisier  ne  passa  pas  par  riiitermé- 
diaire  du  Comité  des  pétitions;  elle  fut  renvoyée  directement  au  Comité  d'instruction  pu- 
blique par  l'un  des  secrétaires  de  l'assemblée,  Frécine. 

Le  lendemain,  Lavoisier  écrivit  la  lettre  suivante  au  Comité  de  sûreté  générale  : 

LETTRE   DE  LAVOISIER  AU   COMITE   DE  SURETE   GENERALE  '^"K 

Anx  citoyens  représentants  du  peuple  composant  le  Comité  de  sûreté  générale 
de  la  Convention  nationale. 

Citoyens  représentants, 

Lavoisier,  de  la  ci-devant  Académie  des  sciences ,  est  chargé  par  les  décrets  de 
la  Convention  nationale  de  concourir  à  l'établissement  des  nouvelles  mesures 
adoptées  par  la  Convention  nationale. 

D'un  autre  côté,  un  décret  nouvellement  rendu  ordonne  qne  les  fermiers  géné- 
raux seront  renfermés  dans  une  maison  d'arrêt  pour  travailler  à  la  reddition  de 
leui's  comptes;  il  est  prêt  de  s'y  rendre,  mais  il  croit  auparavant  devoir  demander 
auquel  de  ces  décrets  il  doit  obéir. 

Le  Comité  de  sûreté  générale  concilierait  l'exécution  des  deux  décrets  si,  provi- 
soirement, il  ordonnait  que  Lavoisier  demeurera  en  état  d'arrestation  sous  la  garde 
de  deux  de  ses  frères  sans-culottes.  11  observe  qu'il  y  a  trois  an^  qu'il  n'est  plus 
fermier  général ,  et  que  sa  personne  et  toute  sa  fortune  garantissent  sa  responsa- 
bilité morale  et  physique. 

Ce  sextidi  frimaire,  l'an  ri^  de  la  République  une  et  indivisible. 

Lavoisier. 

Nous  croyons  devoir  donner  encore  les  extraits  suivants  du  procès-verbal  de  la  Conven- 
tion et  du  Journal  des  débals  et  des  décrets,  qui  font  connaître  la  suite  des  mesures  prises 
par  l'assemblée  à  l'égard  des  fermiers  généraux  et  autres  membres  des  Irois  Compagnies 
de  finances,  ainsi  que  des  intendaiits  des  finances  et  des  receveurs  généraux  des  finances  : 

Convention  nationale,  séance  du  10  frimaire. 

A  l'ouverture  de  la  séance ,  Dupiii  représente  que  parmi  les  ci-devant  financiers 
qui  ont  été  mis  en  arrestation  en  vertu  de  la  loi ,  il  y  en  a  un  qui  a  rendu  ses 

(')  Procès-verbal  de  la  Convention,  t  VU,  p.  69.  —  -'^  Archives  nationales,  F',  carton  /'1770 
(ancien  ^i']^']). 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  21 

comptes  en  1787,  qui  a  son  quitus  de  la  Cliambre  des  comptes,  qui  est  excellent 
palriole,  et  le  seul  que  l'on  ait  arrêté  parmi  ceux  qui  avaient  la  même  qualité 
que  lui.  Comme  Dupin  est  porteur  du  quitus,  il  demande  la  mise  en  liberté  du 
citoyen  dont  il  atteste  le  patriotisme. 

Voull/iHcl.  II  n'est  pas  douteux  que  les  financiers  qui  ont  rendu  leurs  comptes, 
et  dont  L  s  comp'es  ont  été  apurés,  ne  doivent  être  remis  en  liberté;  plusieurs 
peuvent  se  Irouver  dans  la  même  catégorie  que  celui  dont  on  nous  entretient.  Je 
demande  le  renvoi  aux  Comités  de  sûreté  générale  et  des  finances,  pour  présenter 
un  projet  de  loi  généi'ale. 

Thuriot  demande  si  Dupin  est  membre  de  la  Commission  chargée  de  reviser  les 
comptes,  et  si  ses  collègues  ont  donné  leur  assentiment  à  la  mise  en  liberté  qu'il 
propose. 

La  discussion  so  prolonge.  La  Convention  décrète  le  renvoi  aux  Comités  des 
Hnances  et  de  sûreté  générale,  pour  faire  un  rapport  séance  tenante  : 

rrSur  la  demande  faite  au  nom  du  citoyen  Passi,  qui,  ayant  rendu  ses  comptes 
on  1787,  pour  l'exercice  des  années  178/1  et  1786,  et  produisant  un  quitus  en 
bonne  forme  de  la  ci-devant  Chambre  des  comptes  de  Paris,  avec  un  crrtificat  des 
commissaires  de  la  comptabilité,  qui  atteste  que  ce  citoyen  est  quiUe  envers  la  na- 
tion, réclame  sa  liberté,  prétendant  que  la  loi  du  -i  frimaire  ne  peut  lui  être  ap- 
pliquée ; 

ffLa  Convention  nationale  renvoie  au  Comité  des  finances  cette  demande,  pour 
en  faire  un  rapport,  séance  tenante,  et  proposer,  s'il  y  a  lieu,  une  mesure  géné- 
rale ^^Kr) 

Un  membre  du  Comitii  des  finances  fait,  au  nom  des  Comités  des  finances  et  de 
sûreté  générale ,  le  rapport  dont  on  l'avait  chargé  au  commencement  de  la  séance. 
Il  [)ropose  de  mettre  en  liberté  les  intendants  et  les  receveurs  généraux  des 
fmances  dont  les  comptes  ont  été  rendus  et  apurés. 

Rcubell  propose,  par  amendement,  de  mettre  en  arrestation  à  leur  place  ceux 
qui  ont  apuré  leurs  comptes. 

La  discussion  s'engage;  Montaut  demande  une  seconde  lecture.  On  la  fait.  Il 
demande  l'ordre  du  jour  sur  le  projet  de  loi:  il  le  motive  sur  ce  que  les  apura- 
leurs  des  conq)tes  étaient  eux-mêmes  intéressés  à  la  dilapidation  de  la  forlune 
publ!([ue.  C'est  au  peuple,  dit-il,  que  les  comptes  de  tous  doivent  être  rendus;  il 
faut  non  seulement  que  les  comptes  soient  rendus,  mais  encore  que  ceux  qui  ont 
pris  restituent. 

La  Convention  passe  à  l'ordre  du  jour  ^'\ 

Séance  du  l 'i  frimaire  an  11. 
Un  membre  ^^^  fait  un  rappui't  au  nom  de  la  Commission  des  ci-devant  trois 

(')   Nous  oniprunloiis  lo  lexlc  de  œ  dé-  ^-^   Journal    des    débats    et    des  dérrets , 

(Met  an  |)io(ès-veil);il  de  la  Convention,  le  n"  /i38,  pa[jes  i.33  et  187. 
Jour.'ial  des  débats  et  des  décrets  ne  Payant  ^^^  (Test  Dnpin.  [Journal  des  dé' ats    et 

pas  reproduit.  des  décrets.) 


±2       PKOGÈS-VF^RBAUX  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

cofTijinoiiios  de  finances,  à  la  suite  duquel  il  propose  et  l'assemblée  adopte  les 
trois  projets  de  dt^cret  suivants  : 

ffLa  Convenlion  nationai(\  sur  le  rapport  de  la  Commission  des  ci-devant  trois 
compa[jiiies  de  linancos,  décrète  : 

f^  Article  premier.  Les  ci-devant  fermiers  g-e'ne'raux  et  régisseurs  g('néraux  des 
aides  seront  tenus  de  \erser  sous  quinzaine  au  tre'sor  public,  savoir  : 

rLes  lermiers  gén-raux,  la  somme  de  356, 5o3  livres  3  sous  h  deniers,  à  la- 
([uelle  s'(^lève  la  moilié  de  cette  somme,  revenante  à  Augeard  et  Alliot,  émigrés; 
et  Lautre  moitié  pour  la  représentation  de  l'amende  prononcée  par  l'article  k  de 
la  loi  du  -iS  août  1792  ; 

ffLes  régisseurs  généraux,  la  somme  de  81^,288  livres  17  sous  8  deniers,  tant 
pour  ce  qui  a  été  louché  et  reste  h  toucher  pour  le  compte  de  Prost  de  Grange- 
Blanche,  émigré,  que  pour  le  montani  de  l'amende  encourue  par  la  disposition  de 
la  loi  précitée. 

ff  Art.  2.  L'agent  du  trésor  public  veillera  sur  ce  rétabhssement,  dont  il  rendra 
compte  à  la  Convenlion. ^^ 

cfLa  Convention  nationale,  sur  le  rapport  de  la  Commission  des  trois  compa- 
gnies de  finances ,  décrète  ce  qui  suit  : 

rf  Article  premier.  Les  cautions  des  baux  de  Mager,  Kallendrin  et  Poinsignon 
rétabliront  dans  le  trésor  public,  d'après  la  division  qui  suit,  la  somme  de 
28/1, 60O  livres  i5  sous  6  deniers,  employée  soit  en  deniers-clairs,  soit  en  comes- 
tibles distribués  à  titre  d'étrennes  aux  intéressés  dans  lesdits  baux  ou  autres  indi- 
vidus, depuis  le  1"  décembre  1789. 

ctArt.  2.  La  ci-devant  ferme  générale  est  comprise  daîis  cette  restitution  pour 
168,1 3 /i  livres  5  sous  6  deniers; 

ffLa  ci-devant  régie,  pour  6/1,690  livres  10  sous; 
ffL'administration  des  domaines,  seulement  1,782  livres. 

ff  Art.  3.  La  Convention  nationale  charge  l'agent  du  trésor  public  de  veiller  au 
maintien  du  décret  du  27  novembre  1  789,  et  à  la  suite  du  recouvrement  partiel 
ordonné  par  le  présent  décret,  n 

(f Articles  additionnels  aux  lois  des  22  et  37  août  ijg^- 

ffLa  Convention  nationale,  sur  le  rapport  de  la  Commission  des  trois  compa- 
gnies de  finances,  décrète  ce  qui  suit  : 

ff  Article  premier.  Les  trois  compagnies  de  finances  connues  sous  les  dénomi- 
nations de  fermiers  généraux,  régisseurs  généraux  des  aides,  droits  y  joints,  ad- 
ministrateurs généraux  des  domaines,  sont  assimilées  aux  sociétés  d'actionnaires  en 
ce  qui  concerne  l'exécution  des  lois  des  22,  27  août,  17  septembre,  28  novembre 
1792  ,  et  18  juillet  1793. 

ff  Art.  2.  En  conséquence,  elles  verseront,  sous  quinzaine  de  la  pubhcation  du 
présent  décret,  dans  le  trésor  national,  le  cinquième  de  toutes  les  sommes  qu'elles 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE. 


23 


se  sont  réparties  ou  pourront  se  répartir  on  bénéfices,  intérêts  de  fonds  et  rem- 
boursement de  capitaux  provenant  de  l'exploitation  des  trois  derniers  baux  ou 
traités  de  régies  de  David,  Salzar  I,  Mag-er,  Clavel,  Kallendrin,  René  et  Poinsi- 
gnon,  depuis  le  99  août  1799  jusqu'à  l'entier  épuisement  de  ce  qui  leur  revient  à 
raison  de  ces  différents  exercices. 

rr  Art.  3.  L'agent  du  trésor  public  est  spécialement  cliargé  de  surveiller  ce  réta- 
blissement, et  fie  justifier  dans  le  mois  à  la  Convention  nationale  de  l'objet  de  ces 
recouvrements  ^^^.n 

Convention  nationale,  séance  du  21  frimaire. 

On  lit  un  grand  nombre  d'adresses.  .  .  Dans  le  nombre  est  une  pétition  fies 
fermiers  généraux,  dont  le  plus  grand  nombre  est  réuni  dans  la  maison  du  ci- 
devant  Port-Royal;  ils  se  plaignent  de  ce  qu'on  les  tient  séparés  de  leurs  papiers 
qui  sont  aux  Fermes,  et  dans  l'impossibilité  d'obéir  à  la  loi  f|ui  leur  ordonne  de 
rendre  leurs  comptes;  ils  représentent  que  déjà  une  grande  partie  du  temps  qui 
leur  est  accordé  pour  y  travailler  s'est  écoulée,  et  qu'il  n'est  pas  possible  qu'on 
leur  fusse  porter  la  peine  d'une  faute  qui  n'est  pas  la  leur.  Ils  demandent  à  la  Con- 
vention de  les  réunir  à  leurs  papiers,  pour  qu'ils  puissent  travailler  et  exécuter  la 
loi. 

Monnel.  Je  demande  l'ordre  du  jour  sur  cette  pétition.  C'est  pour  la  troisième 
fois  que  les  ci- devant  fermiers  généraux  s'adressent  à  nous^^^  :  la  loi  est  faite  à  biu* 
égard;  elle  doit  être  exécutée;  vous  l'avez  déjà  tlécidé,  en  passant  à  l'ordre  du 
jour  ^^\  Je  vous  le  propose  de  nouveau  :  d'ailleurs,  ce  n'est  point  un  compte  géné- 
ral que  les  fermiers  généraux  doivent  rendre:  mais  un  compte  individuel;  ainsi 
leur  réclamation  pour  être  réunis  aux  papiers  de  la  ferme  est  absolument  vaine. 

Bourdon  (de  VOisc).  La  Convention  ne  peut  pas  détourner  ses  regards  de  des- 
sus cette  pétition;  ce  fut  sur  ma  proposition  que  fut  rendue  la  loi  qui  est  aujour- 
fl'hui  l'objet  de  la  pétition  des  ci-devaiit  fermiers  généraux;  l'intention  do  la  Con- 
vention, cojjune  la  mienne,  fut  alors  de  mettre  ces  citoyens  à  même  de  rendre 
leurs  comptes,  de  leur  flonner  les  moyens  de  le  faire  le  plus  tôt  possible,  et  dans 
le  délai  indiqué  par  la  loi  :  si  cette  intention  n'a  pas  été  remplie,  il  faut  qu'elle  le 
soit.  Mon  collègue,  le  prt^opinant,  a  fait  une  observation  qui  n'est  pas  juste  :  il 
croit  f[uc  les  fermiei's  généraux  doivent  un  compte  particulier,  et  c'est  précisé- 
ment le  contraire.  Je  demantle  le  renvoi  de  la  pétition  au  Comit('  des  finances,  qui 
fera  incessamment  un  rapport. 


^''  Procès -vprhal  de  la  Convention, 
I.  XXVI,  p.  3o8. 

^**  Monnel  compte  sans  doute,  connue 
la  première  en  date,  la  pétition  de  Passi 
ptésenléo  par  Dupin  le  10  frimaire,  bien 
(](!(»  Passi  ne  tût  pas  lerniicr  'jctuMal.  La 
socondc  pétition  était  celle  qui  fut  adressée 
à  la  C/Ouvcnlioii  le  13  frimaire  j)ar  les  ler- 
niiers    généraux,    pour  demander   à    ("'tr(> 


transfères  à  l'hôtel  des  Fermes,  où  ils 
travailleraient  à  rèlablissement  de  leurs 
comptes;  celle  pétition,  qui  n'est  men- 
tionnée ni  par  le  procès-verbal  de  la  Con- 
vonfiou  ni  pai"  les  journaux,  fut  ivnvoyée 
par  le  [)iesi(ient  au  Comité  des  linances  sans 
(juo  l'assemblée  prît  de  décision  {Lovoisier, 
j)ar  K.  G  ni  M  AUX,  p.  37'!). 
(^'   be  10  frimaire. 


U       PROCÈS-VERBAUX  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

Thuriol.  Il  me  semble  que  nous  pourrions  sur-le-champ  prendre  une  mesure 
définitive.  J'ai  lu  le  décret  qui  fut  rendu;  et,  quoique  Bouidou  eût  exprimé  le 
vœu  de  l'aire  l'éunir  les  fermiers  généraux  à  leurs  papiers  ^'\  cette  disposition  n'est 
point  dans  la  loi.  Il  serait  fort  simple  de  rendre  pour  cela  un  décret  particulier,  et 
(rordomier  que  les  fermiers  généraux  seront  réunis  h  leurs  papiers,  dans  la  mai- 
son des  Fermes. 

Bourdon  [de  l'Oise).  J'insiste  sur  le  renvoi  que  j'ai  demandé  pour  un  motif  que 
Thuriot  sentira  tout  à  Theure.  Sans  doute,  il  serait  ridicule  et  barbare  de  sup- 
poser que  la  Convention,  en  ordonnant  farrestation  des  fermiers  généraux  pour 
leur  faire  rendre  leurs  comptes,  eût  voulu  les  mettre  dans  l'impossibilité  d'y  tra- 
vailler. Cependant,  il  faut  observer  que  les  Fermes  sont  ouvertes  de  toutes 
parts  ^".  et  nous  ne  voulons  pas  non  plus  que  les  fermiers  puissent  échapper  à  la 
reddition  de  leurs  conq)tes.  Ainsi,  nous  pouvons  charger  le  Comité  des  finances  et 
celui  de  sûreté  générale  de  faire  au  plus  tôt  un  rapport  sur  les  mesures  conve- 
nables pour  amener  la  plus  prompte  exécution  de  la  loi. 

Le  renvoi  est  décrété. 

Un  membre  fait  un  rapport  sur  le  citoyen  Passi,  détenu  comme  ci-devant  agent 
de  finances.  Le  Comité  ^^^  s'est  assuré  que  ce  citoyen  n'a  été  que  le  commis  de  la 
veuve  d'un  financier,  pour  rendre  le  compte  de  son  mari;  que,  d'ailleurs,  ce 
compte  s'est  trouvé  parfaitement  juste,  et  que  la  Chambre  des  comptes  a  donné 
le  quitus.  Il  propose  la  mise  en  liberté  du  citoyen  Passi. 

Ce  projet  de  loi  donne  lieu  à  Camhon  de  faire  sentir  la  nécessité  d'établir  un 
mode  prompt  de  comptabilité.  Il  demande  que  le  Comité  de  l'examen  des  conques 
s'occupe  d'en  présenter  un;  et,  s'il  ne  le  peut  pas,  Cambon  s'en  occupera  lui- 
même  et  soumettra  ses  vues  à  la  Convention.  Quant  au  décret  qui  vient  d'être 
présenté,  il  pense  que  la  Convention  perdrait  beaucoup  de  temps  si  elle  voulait 
prononcer  sur  loules  les  réclamations,  en  exception  à  la  loi  générale.  Il  propose 
de  renvoyer  cette  affaire  aux  Comités  de  sûreté  générale  et  de  l'examen  des 
comptes  réunis,  qui  seront  autorisés,  celui-ci  à  prononcer  sur  l'apurement  des 
comptes,  et  l'autre,  sur  les  mises  en  liberté,  en  vertu  de  la  haute  police  qui  lui 
est  confiée. 

Montant.  J'appuie  la  motion  de  Cambon;  la  Convention  a  déjà,  sur  ces  objets, 
souvent  passé  à  Tordre  du  jour.  Il  faudra  bien  examiner  si  les  fermiers  généraux 
ont  volé  ou  non;  mais  pour  cela,  je  vous  soumets  la  proposition  d'établir  quel- 
ques bases  générales.  Il  faudrait  exiger  que  chaque  financier  établît  positivement 
([uelle  était  sa  fortune  au  moment  où  il  esL  entré  dans  la  finance;  cela  e'tant  une 
fois  établi,  on  verra  que  ces  individus  ont  acquis  des  millions  :  alors,  on  statuera 

•-•  C'est  Thuriot  lui-même  qui,  d'après  n'étant  pas  clos,  les  fermiers  généraux  ne 

le  compte-rendu  du  Journal  des  débats  et  s'y  trouveraient  pas  en  état  de  détention. 

e?es  (iecrefs,  avait  fait  cet  amendement  à  la  ^^^  C'est    le    Comité   de    l'examen   des 

proposition;  voir  ci-dessus,  p.  t8.  comptes,  comme  l'indiquent  les  termes  du 


(2) 


C'est-à-dire  que  l'hôtel  des  Fermes         décret  rendu  à  la  fin  de  la  discussion. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  25 

le  gain  légitime  qu'ils  auraient  pu  faire,  et  je  suis  convaincu  (|ue  ces  mesures 
feront  rentrer  dans  le  Trésor  public  au  moins  Aco  millions. 

Merlin  (de  Thionville)  appuie  les  propositions  de  Gambon  et  de  Monlaut. 

CArtrfc  développe  celle  de  Gambon.  Sans  doute,  dit-il,  si  Passi  n'a  élé  que  le 
commis  d'une  veuve,  il  doit  être  mis  en  liberté.  Mais  Gambon  vous  a  parfaite- 
ment fait  sentir  qu'il  était  possible  que  Passi  ne  fût  {)as  sans  quelques  caractères 
(!e  suspicion,  et  c'est  dans  ce  sens  qu'il  a  demandé  le  renvoi  au  Gomité  de  sûreté 
générale. 

Cambon  affirme  que  c'est  là  sa  motion,  et  demande  qu'elle  soit  généralisée. 
Décrété. 

Cambon.  Je  profite  de  cette  circonstance  pour  vous  faire  part  de  ce  qui  se  passe 
maintenant  à  l'égard  des  fermiers  généraux.  La  Gommission  que  vous  avez  char- 
gée d'en  examiner  les  comptes^''  a  déjà  fait  au  Gomité  des  finances  un  rapport, 
qui  annonce  la  rentrée  dans  les  coffres  de  la  nation  d'environ  cinq  cents  millions  qui 
ont  été  volés,  et  que  l'on  fera  bien  restituer  aux  voleurs.  On  piouvera  à  la  Réj)u- 
biique  que  si  beaucoup  de  geus  ont  fait  de  grandes  fortunes,  c'est  parce  qu'ils 
pouvaient  faire  de  gros  vols,  parce  que  les  contrôleurs  généraux  et  leurs  valets  de 
chambre  dilapidaient  sans  mesure  la  fortune  publique.  Tout  sera  discuté,  et  vous 
aurez  une  décision.  Mais,  conmie  on  a  voulu  faire  croire  que  le  Gomité  des  fi- 
nances et  la  Gonvention  nationale  jugeaient  sans  examiner  tout  ce  qui  regardait 
les  financiers,  comme  les  fermiers  généraux  vous  assaillaient  de  pétitions  pour 
être  réunis  à  leurs  papiers,  et  que  votre  intention  est  qu'ils  le  soient,  je  demande 
que  les  Gomités  de  sûreté  générale  et  de  l'examen  des  comptes  soient  uniquement 
chargés  de  statuer  et  d'accélérer  la  reddition  des  comptes. 

Bourdon  repnîsente  qu'il  l'a  fait  décréter  ce  matin. 

Thuriot  observe  qu'on  n'a  fait  que  demander  un  rapport  aux  Gomités,  et  que 
Cambon  propose  qu'ils  soient  autorisés  à  réunir  les  comptables  à  leurs  papiers;  il 
demande  que  l'autorisation  soit  décrétée  ^^\ 

ffSur  la  motion  d'un  membre,  la  Convention  nationale  décrète  : 

ff  Article  prkmier.  Le  renvoi  du  projet  de  décret  du  Comité  de  rexamen  des 
comptes  aux  Comités  de  sûreté  générale,  des  finances,  et  de  Texamen  des  comptes, 
réunis,  pour  statuer  définitivement  sur  la  mise  en  liberté  du  citoyen  Passi,  si  ses 
comptes  sont  rendus,  et  s'il  n'existe  contre  lui  aucune  cause  de  suspicion  ou  (riu- 
civisme. 

frART.  2,  Les  Comités  de  sûreté  générale,  de  l'examen  des  comptes  et  des  fi- 
nances, réunis,  statueront  délinitivement  sur  la  mise  on  liberté  des  citovens  comp- 
tables dont  les  comptes  auront  été  rendus,  pourvu  rpi'il  n'existe  point  contre  eux 
de  causes  de  suspicion  ou  d'incivisme. 

^'^  La  Commission  composée  do  Diipiii  ol  Jac,  auxquels  ('talent  adjoints  nw\  auricns 
employés  (lo  la  fermi\  —  ^'^  Journal  (I<s  drhdts  et  drs  décrets,  n"  Vk),  i>a{;os  •j().>  et  -ujS. 


26        PROGKS-VERBAUX  DU  COMITE  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

frART.  o.  Les  mêmes  Comit(^s  siatiieront  aussi  sur  les  diverses  pélilions  qui  ont 
été  présentées  par  les  ci-devant  fermiers  généraux,  qui  demandent  à  être  trans- 
férés dans  une  maison  nationale,  où  ils  pourront  rendre  leurs  comptes  et  ré- 
pondre aux  diverses  demandes  qui  leur  seront  faites  par  la  Commission  chargée 
de  siu*veiller  leur  ancienne  comptabilité  de  gestion  ^'^n 

Le  même  jour,  le  (iOmilé  de  sûreté  {jonérale  prenait  un  arrête  conforme  aux  décisions 
do  la  Conveuliou,  en  chargeant  Dupin  et  Jac  de  s'entendre  avec  le  département  de 
Paris,  pour  faire  aménager  eu  prison  Taucieu  hôtel  des  Fermes,  et  d'y  faire  transférer 
ensuite  les  fermiers  généraux  détenus  à  Port-Royal. 

La  translation  eut  lieu  le  5  nivôse. 


EXTRAIT    DES  DELIBERATIONS   DE    LA    SOCIETE  REPUBLICAINE    DES   ARTS^-^ 

Séance  du  sextidi  de  la  troisième  décade  de  brumaire  de  l'an  deux 
de  la  République  française  une  et  indivisible. 

Ladite  Société  a  nommé  une  députation  de  quatre  membres  pris  dans  son  sein 
pour  se  reiulre  au  Comité  (Linstruction  publique  pour  l'inviter  à  écrire  au  ministre 
de  Lintérieur  d'autoriser  les  artistes  de  ladite  Société  à  continuer  les  assemblées 
des  arts  dans  les  salles  de  la  ci-devant  Académie  de  peinture. 

Les  membres  de  la   députation  sont:  Petit -Coupret,   Chaudet,   Tourcaty  et 

Balzac  ^'\ 

Pour  extrait  conforme  à  l'original  : 

Gilbert,  secrétaire. 

On  lit  en  marge  :  «Ajournement  motivé.  Mathieu,  i-- 

Et  sur  la  chemise  :  tcAjournement  motivé  sur  le  décret  de  la  Convention  qui  renvoie 
au  Comité  d'instruction  publique  la  question  de  savoir  s'il  doit  être  accordé  des  emplace- 
ments nationaux  aux  sociétés  populaires  et  d'artistesw. 

On  lit  dans  les  procès-verbaux  de  la  Convention  : 

Séance  du  3  fiimaire  an  ii. 

La  Société  populaire  de  Dourdan  demande  que  la  Convention  nationale  accorde 
en  propriété  à  toutes  les  sociétés  populaires  un  local,  soit  domanial,  soit  com- 
munal. 

Un  membre  demande  que  les  Comités  d'instruction  publique  et  des  domaines 
soient  chargés  d'examiner  la  question  de  savoir  s'il  convient  que  les  sociétés  popu- 

^^)  Nous  empruntons  le  texte  di  ce  dé-  ^^^  Le  sculpteur  Chaudet,    le    graveur 

cret  au  procès-verbal  de  la  Convention,  le  Tourcaty  (dont  le  procès-verbal  de  la  Con- 

Journal  des  débats  et  des  décrets  ne  l'ayant  vention  écrit  le  nom  Turcati)  et  l'architecte 

pas  reproduit.  Balzac  figurent  sur  la  liste  du  jury  des 

(^)  Archives  nationales,  F^^  carton  1  oo6,  arts,  nommé  le  25  brumaire  (voir  noire 

n°  1101.  tome  II,  p.  829). 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  27 

lairos,  ainsi  que  les  sociétés  libres  des  arts,  reçoivent  de  la  nation  un  local  pour 
leurs  assemble'es. 

Cette  proposition  est  décrétée  ^'^ 

Nous  plaçons  ici  un  ari-êté  du  Comité  des  inspecteurs  de  lu  salle,  du  i3  nivôse  an  ii, 
relatif  au  concours  ouvert  pour  la  décoration  d'une  pendule  décimale  par  le  décret  du 
h  juillet  1793,  concours  dont  le  jugement  devait  être  confié  à  la  Commune  des  arts 
(t.  Il,  p.  368).  Après  la  suppression  de  la  Commune  des  arts  parle  décret  du  8  brumaire 
(t.  IJ,  p.  670),  il  lallut  aviser  à  un  autre  moyen  de  juger  le  concours  :  d'où  rarréié  pris 
par  le  Comité  des  inspecteurs  de  la  salle. 

• 

ARRÊTÉ  DU   COMITÉ   DES   INSPECTEURS,  DU    l\\    NiVÔSE  AN  II. 

Le  Comité  d'inspection  arrête  que  les  citoyens  artistes  qui ,  conformément  au 

décret  du ^"'\  se  proposent  de  concourir  pour  la  décoration  de  la  pendnle  qui 

sera  placée  dans  la  salle,  feront  apporter  au  Comité  leurs  modèles  et  esquisses,  à 
compter  du  qo  nivôse;  qu'ils  feront  placer  sur  des  chevalets  leurs  modèles,  dans 
la  salle  qui  sépare  le  salon  de  la  Liberté  de  la  première  salle,  pour  y  rester  exposés 
jusqu'après  le  jugement. 

Le  dépôt  devra  être  fait  dans  le  courant  de  la  décade  jusqu'au  3o  nivôse,  après 
quoi  il  n'en  sera  plus  reçu. 

Les  citoyens  Fiquet  et  Sergent  sont  chargés  de  recevoir  les  morceaux  pré- 
sentés. 

Robin,  président '-^K 

E 

On  lit  dans  les  procès-verbauï  de  la  Convention  : 

Séance  du  5  frimaire  an  11. 

Une  députation  du  directoire  du  Lycée  des  arts  présente,  au  nom  de  la 
citoyenne  Masson,  un  procédé  pour  la  refonte  et  la  fabrication  des  vieux  papiers; 
et,  au  nom  du  machiniste  Kock,  une  machine  propre  à  opérer  le  prompt  rétablis- 
sement des  jambes  cassées. 

Le  citoyen  Gaullai'd  de  Saudray,  l'orateur,  offre  les  arrérages  de  sa  pension. 

La  Convention  renvoie  l'offre  des  arrérages  de  la  pension  au  Comité  des 
finances,  et  ce  qui  est  relatif  aux  procédés  du  papier  et  à  la  machine  du  citoyen 
Kock  est  renvoy<'  au  Comité  d'instruction  publique  ^^^ 

On  lit  dans  le  Moniteur  : 

Convention  nationale,  suite  de  la  stsuice  du  ï^  frimaire. 

Une  députation  du  Lycée  des  aris  est  admise  à  la  barre. 

Dcsaudrai),  orateur.  Citoyens  b'gislateurs,  hier  le  Lyci'e  des  arts  a  tenu  sa  séance 

^')  Procès-verhid  de  la  Convention,  I.  XXVI,  p.  \'y^.  —  ^*'  I,a  date  du  décret  a  t-l.' 
laissée  on  blanc  au  Moniteur.  —  (')  Moniteur  du  17  niv()^e  an  11.  p.  'i.3o.  —  ^*'  Prorè«<- 
verbal  de  la  (lonvontion,  t.  XXVI,  p.  5». 


28       PROGES-VEUBAUX  DU  COMITE  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

])ul)lif]iio.  Plusieurs  ropn^sonlants  flu  peuple  et  (liffdrenls  membres  de  la  munici- 
pnlilé  y  oui  assisté;  ils  oui  été  léuioius  des  prix  qu'oui  remporlës  deux  découverles 
uliles.  L'uue  de  ces  découvertes,  doul  la  citoyeune  Masson  est  l'auleur,  tend  à 
l'aiie  disparaître  les  couleurs  et  empreintes  (jui  sont  sur  le  papier:  la  seconde, 
du  ciloyen  Leco([^'\  serrurier,  doune  la  facililé,  au  moyen  d'une  machine  qu'il 
a  iineiilée,  à  une  personne  qui  aurait  cm  le  malheur  de  se  casser  la  jambe,  de 
se  panser  sans  aucuns  si^cours  élrangers.  Je  laisse  h  la  Convention  le  soin  d'ap- 
précier Tulilité  de  ces  découvertes. 

Citoyens,  pour  prix  de  mes  services,  l'Assemblée  nationale  m'a  accordé  une 
pension  de  mille  livres;  qu'il  me  soit  permis  d'en  faire  hommage  h  la  République. 

On  demande  la  mention  honorable  de  celte  offrande. 

Danton.  Il  faut  d'abord  savoir  si  la  p?nsion  dont  fail  hommage  le  citoyen  Desau- 
dray  est  celle  ([ue  lui  lit  donner  La  Fayette,  pour  avoir  travaillé  avec  lui  h  l'or- 
ganisation conlre-révolutionnaire  de  la  garde  nationale;  car  si  c'était  celte  pension, 
la  nation  ne  lui  devrait  aucun  remerciement^''.  Quant  aux  découvertes,  je  demande 
que  la  Convention  charge  ses  Comités  de  les  examiner. 

La  Convention  nationale  charge  son  Comité  des  finances  de  prendre  des  ren- 
seignements sur  la  ])ension  dont  fait  hommage  le  citoyen  Desaudray,  et  décrète  la 
mention  honorable  des  découvertes  qui  lui  sont  présentées  ^^^ 


Voici,  d'après  YAnti-Fédéraîiste ,  le  texte  de  la  pétition  présentée  à  la  Convention  le 
lî  1  l)riimaire  par  le  Comité  cc^ntral  des  sociétés  populaires  : 

Législateurs, 

Voici  ce  que  les  commissaires  du  Comité  central  des  sociétés  populaires  vien- 
nent vous  dire  au  nom  de  la  raison. 

L'immortelle  Déclaration  des  droits  de  l'homme  et  du  ciloyen  garantit  la  liberté 
des  opinions  et  des  cultes;  par  conséquent,  elle  proscrit  loule  religion  dominante  : 

('^  Le  procès-verbal  de  la  Convention,  de  Saudray,  devenu  M.  Desaudray,  et  une 

qui  écrit  Kock  et  non  Lccoq,  donne  la  vé-  pension  de  deux  mille  livres  au  marquis 

ritable  tonne  du  nom.  de  la  Salle,  devenu  M.  Lasalle.  Ajoutons 

^'^   Danton  ne  se  trompait  pas.  Le  che-  que,  le  19  mars  1791,  le  même  Desau- 

valier  de  Saudray,    qui  écrivait  alors  son  dray,  qui  avait  repris  pour  la  circonstance 

nom  en  deux  uiots,  avait  été  nommé,  le  son  nom  patronymique   Charles  Gaulard, 

1 '1  juillet  17B9,  par  l'assemblée  des  élec-  avait  communiqué  aux  Comités  militaire 

leurs  de  Paris,  commandant  en  second  de  et  de  constitution,  pour  être  présenté  à 

la  milice  bourgeoise  ou    (jardc  natiouale,  l'Assemblée  nationale,  un  «Plan  d'organisa- 

dont  le  marquis  de  la  Salle  venait  d'être  tion   générale  de  la  force   publique  dans 

nommé  commandant  en  chef;  etIeSo  sep-  l'intérieur  du  royaumes;  ce  crPlan^^,  im- 

tambre    1791,   dans   sa    dernièrr»  séance,  primé  chez  le  libraire  Buisson,  rue  Haute- 

r Assemblée  constituante,  sur  la  proposition  feuille,  est  annoncé  dans  le  Montreur  du 

de  Ballly   et  de  Lafayette,   avait    accordé  3o  avril  1791. 
une  pension  de  mille  livres  au  chevalier  l-^)  Mom7eur  du  7  frimaire  an  11,  p.  269. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  29 

cesl-à-dire  toute  secte  privilcgie'e ,  salariée  des  deniers  de  ia  République  à  lexclu- 
sion  de  toute  autre. 

Il  est  bien  temps ,  sans  doute ,  de  ne  plus  gager  d'inlermédiaire  entre  d^s  hommes 
libres  et  le  dieu  des  hommes. 

Les  sections  et  les  sociétés  populaires  de  Paris,  ci-après  désignées,  vous  de- 
mandent un  décret,  sauvegarde  des  consciences,  une  loi,  puisqu'il  en  faut  une 
encore,  par  laquelle  un  citoyen  ne  soit  plus  tenu  de  contribuer  au  salaire  des 
prêtres,  auxquels  il  ne  croit  pas. 

Que  ceux  qui  ont  encore  foi  aux  augui'es  les  paient;  mais  pourquoi  assujettir 
plus  longtemps  à  ce  liibul  honteux  le  franc  républicain,  qui  n'a  d'autre  r.'ligion 
que  le  culte  de  la  liberté  et  Tamour  de  la  patrie? 

Il  est  temps  de  renoncer  à  salarier  le  mensonge  et  le  fanatisme.  D(^à  toute  So- 
ciété populaire  ferme  ses  portes  à  l'individu  flétri  du  nom  de  prêtre;  toute  fonction 
publique  lui  est  interdite  ^'^  ;  il  ne  lui  reste  plus  d'autre  ressource  que  d'abjurer  un 
métier  vil  et  dangereux,  pour  embrasser  telle  autre  profession  dont  il  n'ait  pas  à 
rougir. 

La  République  est  une  ruche  qui  se  refuse  à  entretenir  des  frelons  incommodes, 
paresseux  et  perfides. 

Ce  pas  de  fait,  législateurs,  vous  aurez  la  gloire  d'avoir  porté  le  dernier  coup 
au  fanatisme  sacerdotal,  et  vous  aurez  encore  une  fois  bien  mérité  de  la  patrie '"\ 

Le  procès-verbal  do  la  Convention  rend  compte  en  ces  termes  de  la  présentation  de  celle 
pétition  : 

Séance  du  a  i  brumaire  an  ii. 

Des  députés  commissaires  du  Comité  central  de  cinquanle-six  sociétés  popu- 
laires de  Paris  ^''  demandent  l'abolition  du  traitement  des  prêtres.  Que  ceux  qui 
ont  encore  foi  aux  augures  les  paient;  mais  pourquoi  asservir  à  ce  tribut  honteux 
un  républicain  qui  n'a  d'autre  dieu  que  la  vertu  et  son  pays? 

La  Convention  décrète  l'insertion  au  Rulletin  avec  mention  honorable  ^\ 

Le  procès-verbal  n'ajoute  pas  que  la  pétition  fui  renvoyée  aux  Comités  des  finances  et 
d'instruction  publique,  et  que  ces  Comités  furent  eu  outre  chargés  de  recevoir  tr toutes  les 
pétitions  qui  suivraient  celle-là n.  Ce  détail  ne  nous  est  connu  que  par  les  journaux. 

Voici  ce  qu'on  lit  dans  le  compte-rendu  du  Moniteur  : 

(')  Cette  aflirmation  était  inexacte,  car  et  5oi,    18    et    19   brumaire,   et    par    le 

le  5  frimaire  le  Conseil  (général  delà  corn-  Journal  de  la  Montaf^ne,  n"   i()i,   'o  hru- 

mune  (le  Pai'is  présentera  nue  pétilion  jionr  maire.  Nous  avons  cherclié   innti!(Mn(Mil  la 

réclamer  précisément  Tadoplion  de  la  me-  pièce  on<jiuaie  aux  Archives  ualionalos. 

sure  qui  est  représentée  ici   comme  déjà  ^^^  La  Société  des  Jacobins  avait  donné 

prise.  son   adhésion  lbrn)elle  dans  sa   st'anro  du 

^^'   Anli-Fc(l('rnl,'nte,  n"  hq,  «n  hrmnairc  18  brumair;'. 

an  M.  Cette  pétition  a  été  publiée  aussi  pa:-  ^^'   Procès- v(il)al     de     la    Convention, 

\c  Journal  desdéhalu  et  de  lacorrcupoiidnnrc  I.  \\\',  p.    i5i. 
delà  Société  des  Jncohiiis  :  Déitats,  u'"  h'<U) 


30        PROGÈS-VEKBAUX  DU  COMITE  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

Convention  nationaie,  séance  du  21  brumaire. 

On  îidniet  à  la  barre  une  dcputation  des  sections  et  sociétés  populaires  de 
Paris. 

L'orateur  de  la  députation.  T^f^jO-islateurs,  voici  ce  que  les  commissaires  du  Co- 
mité central  des  sociétés  populaires  et  des  sections  de  Paris  ^^^  au  nombre  de  cin- 
([uanle-six,  viennent  vous  dire.  [Suit  un  résumé  de  la  pétition,  avec  mention  des 
applauilissements  de  rassemblée.] 

Chabot.  Il  appartenait  à  la  commune  de  Paris ,  qui  a  toujours  devancé  les  dé- 
partements dans  toutes  1rs  mesures  révolutionnaires,  de  leur  donner  encore  ce  bel 
exemple.  Je  ne  ferais  pas  dilïiculté  di*  dire  que  la  majorité  des  départements  est 
prête  à  adopter  ce  système.  Mais  le  législateur  ne  doit  rien  précipiter.  Quand 
toutes  les  sections  de  la  République  auront  émis  leur  vœu,  alors  nous  pourrons 
prouoncei*.  II  est  temps  que  le  culte  de  la  raison  et  de  la  loi  prenne  la  place  de 
toutes  les  superstitions  ;  mai  >  il  faut  préparer  l'esprit  public  :  le  moyen  de  le  faire 
est  d'insérer  cette  pétition  au  Bulletin,  avec  la  mention  la  plus  honorable,  et  de  la 
renvoyer  aux  Comités  des  (inanc  s  et  d'instruction  publique,  oii  devront  s'adresser 
toutes  les  pétitions  qui  suivront  celle-là. 

Tliuriot.  Assez  et  trop  longtemps  la  République  a  soldé  l'armée  du  fanatisme 
et  de  l'erreur.  Si  l'homme  philosophe  était  vindicatif,  il  pourrait  dire  au  prêtre  : 
rr Nous  t'assurons  les  richesses  que  tu  nous  as  promises  après  la  mort,  dans  le  pa- 
radis. 1  (On  rit  et  on  applnudit.)  Mais  l'humanité  est  la  vertu  du  philosophe;  le 
prêtre  est  un  homme,  il  est  donc  son  frère;  aidons-le  à  s'éclairer,  et  n'empêchons 
pas,  en  le  réduisant  au  désespoir,  les  progrès  de  la  vérité.  Vengeons-nous,  par  le 
bien  que  nous  lui  ferons,  du  mal  qu'il  nous  a  fait.  Je  demande  qu'en  attendant 
i'époque  où  l'opinion  publique  sera  bien  prononcée,  le  Comité  des  finances  soit 
chargé  de  présenter,  sous  huit  jours,  un  projet  de  décret  pour  accorder  des  secours 
aux  prêtres  qui ,  n'ayant  pas  de  ressources ,  renonceraient  à  leurs  fonctions  ecclé- 
siastiques. 

Les  propositions  de  Chabot  et  de  Thuriot  sont  décrétées  ^^\ 

Malgré  le  décret  formel  de  la  Convonlion,  consigné  nu  procès-verbal,  la  pétition  du 
Comité  central  des  sociétés  populaires  ne  fut  pas  insérée  au  Bulletin.  Y  eut-il  un  simple 
oubli,  ou  l'omission  fut-ello  voulue? 

Quant  au  projet  de  décret  demandé  au  Comité  des  tinanccs,  il  tut  distribué  à  la  Con- 
vontion  le  1"  frimaire,  et  discuté  le  a.  Ce  projet  accordait  une  pension  tant  aux  évéques, 
curés  et  vicaires  qui  avaient  abdiqué  ou  abdiqueraient  leur  état  et  leurs  fonctions  qu'à 
ceux  qui,  du  consentement  de  leur  commune,  conserveraient  lem'  caractère.  La  pension 
accordée  à  ceux  qui  resteraient  prêtres  et  continueraient  à  exercer  les  fonctions  ecclésiastiques 
était  plus  forte  que  celle  accordée  aux  autres.  Ce  projet  souleva  de  vives  critiques.  Un 
membre  proposa  l'ordre  du  jour,  motivé  sur  ce  que  la  nation  ne  devait  de  secours  qu'aux 

^^^  Le  sens  de  cette  phrase  est  :  wLes  approuvée  parles  sections,  aussi  bien  que 

commissaires  du  Comité  central  des  sociétés  par  les  sociétés  populaires, 

populaires,  et  les  commissaires  des  sections  ^^^  Moniteur    du    îB    brumaire   an    ii, 

de  Paris. 5)   La  pétition   avait  été  en  effet  p.  iiÔ. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  31 

infirmes.  Merlin  de  Thionville  blàraa  la  différence  faite  entre  les  prêtres  qui  abdiquaient 
et  ceux  qui  n'abdiquaient  pas,  et  demanda  que  ceux  (jui  continueraient  à  enseigner  le 
mensonge  et  l'erreur  ne  fussent  pas  mieux  traités  que  ceux  qui  renonceraient  à  leur  état. 
Cambon  proposa  l'ajournement  du  projet  jusqu'au  i*""  janvier  (sic) ,  et  le  maintien  du  trai- 
tement des  ministres  du  culte  catholique,  tel  qu'il  avait  été  réglé  par  les  décrets  anté- 
rieurs, jusqu'à  cette  époque.  Danton,  de  retour  d'Arcis-sur-Aube  depuis  la  veille,  combattit 
ceux  qui  demandaient  le  rejet  en  bloc  du  projet  de  décret  :  ffSi  un  prêtre  n'a  pas  de  quoi 
exister,  dit-il,  que  voulez-vous  qu'il  devienne  ?  11  faut  qu'il  meure,  qu'il  aille  à  la  Vendée, 
ou  qu'il  se  déclare  au  dedans  votre  irréconciliable  ennemi.»  Levasseur  de  la  Sarthe  in- 
sista pour  que  des  secours  fussent  accordés  aux  prêtres  qui  abdiqueraient,  afin  de  favoriser 
les  abjurations.  Le  projet  fut  discuté  ensuite  article  par  article.  On  supprima  le  mot  de 
pension  et  on  le  remplaça  par  celui  de  secours;  les  deux  premiers  articles,  réglant  les  se- 
cours accordés  aux  prêtres  qui  avaient  abdiqué  ou  abdiqueraient  (800  livres  par  an,  s'ils 
avaient  moins  de  cinquante  ans;  1,000  livres,  s'ils  avaient  de  cinquante  à  soixante-dix  ans; 
i,;^oo  livres,  s'ils  avaient  plus  de  soixante-dix  ans),  furent  adoptés.  On  y  ajouta,  comme 
article  3,  la  disposition  proposée  par  Cambon  :  rrLe  quartier  commencé  le  1"  octobre,  et 
(|ui  finira  au  i*"" janvier  prochain,  sera  payé  sur  le  pied  actuel».  Quant  aux  prêtres  qui  n'ab- 
di([ueraient  pas,  Thuriot  émit  l'avis  qu'il  n'était  pas  convenable  d'en  parler;  la  Convention 
se  rangea  à  celte  opinion,  et  passa  à  l'ordre  du  jour  sur  le  reste  du  projet,  laissant  par  con- 
séquent les  choses  en  l'état  pour  les  prêtres  qui  conserveraient  le  caractère  ecclésiastique. 

A  l'égard  de  la  pétition  faite  le  5  frimaire  par  le  Conseil  général  de  la  commune  de 
Paris  pour  demander  que  les  prêtres  fussent  exclus  de  toutes  les  fonctions  pubhques,  elle 
fut  faite  en  exécution  du  fameux  arrêté  du  3  frimaire,  dont  nous  avons  parlé  dans  l'Intro- 
«luction  de  ce  volume.  Colle  qui  demandait  des  livres  pour  l'enfance,  et  qui  fut  présentée 
en  même  temps,  fut  faite  en  exécution  d'un  arrêté  du  18  brumaire.  Voici  le  texte  de  ces 
deux  pièces,  dont  nous  avons  retrouvé  les  originaux  aux  Archives  nationales,  dans  les  cai - 
tons  du  Comité  d'instruction  publique  : 

PÉTITION  DE   LA  COMMUNE   DE  PARIS   À  LA  CONVENTION   NATIONALE  ^^l 

Quintidi  frimaire,  l'an  11"  de  la  République  française. 
Législateurs , 

La  restitution  que  vous  avez  faite  au  peuple  de  ses  droits  im[)i'escriplibles  et 
inaliënables  a  éveille'  sa  raison ,  et  ce  réveil  a  été  terrible.  A  hi  chute  (4  à  la  pro- 
scription des  tyrans  a  succédé  inopinément,  et  avec  la  rapidité  de  la  foudre,  celle 
du  fanatisme  et  de  la  superstition.  Le  peuple  adopte  partout  et  avec  enthousiasme 
le  culte  de  la  raison  et  de  la  vérité.  Mais,  législateurs,  si  la  raison  frappe  niainle- 
nanl  nos  yeux,  il  n'en  est  pas  de  même  de  nos  enfants.  En  atlendant  (pie  \olie 
sag(!  décret  concernant  Tinstitulion  do  la  première  enfance  [)uisse  être  en  vigueur, 
nous  venons  vous  demander  au  plus  tôt  des  livres  pour  cet  âge  si  init'ressanl. 
Vous  ne  souffrirez  pas  plus  longtemps  (pie  nos  enfants  sucent  le  [)oison  du  inrn- 
soiige,  ipiand  nous  buvons  à  longs  traits  le  neclar  dans  la  coupe  de  la  véril('. 

Leguand.  prcfiident  de  la  commune, 
DuNOi'v.   Henvhd,    Lkci.kkg,   DoiUGW. 

^'^   Archives  nationalos,  [•'',  carton   1007,  n"  iMtut. 


32        PROGÈS-VEllBAUX  DU  COMITÉ  D^INSTRUCTION  PUBLIQUE 

On  lil  (M)    inai'jjf  :    fcReiivoi  au  Comité  (rinsLriicliou  puhli([iiL',  ce  5  frimaire.  Piiilip- 

PJÎALX.71 


PÉTITION   DE   LA  GOMMU.NK   DE   PARIS   À    LA    CONVENTION  NATIONALE  ^'J. 

L(|}isla  leurs, 

Ees  idoles  du  fanatisme,  de  la  superslilion  et  du  mensonge  sont  pour  jamais 
brisées.  Si  la  nalloii  jusie  cl  bienfaisante  vient  au  secours  de  ceux  cju'on  appelle 
prêtres  pour  leur  fournir  des  aliments  lorsqu'ils  seront  dans  les  termes  de  la  loi, 
le  bonbeur  public  et  la  Irisle  expérience  du  passé  veulent  impérieusement  qu'on 
écarte  ces  orp;anes  de  Tastuce,  de  l'imposture  et  du  mensonge  de  toute  espèce  de 
fonclions  publiques,  de  toutes  administrations,  et  de  toute  direction  de  manufac- 
ture d'armer  ou  autres  pour  le  service  de  la  [République.  Tel  est  le  vœu  que  nous 
venons  vous  soumettre. 

Legrand,  président  de  la  commune, 
DuxouY,  Reîsard,  Leclv.rc,  Dorignv. 

On  lil  en  marge  :  te  Renvoi  au  Comité  d'instruction  publique.  Paris,  ce  5  frimaire  Tan 
deux.  PniLipPEADX.w 

Le  procès-verbal  de  la  Convention  mentionne  en  bloc  les  diverses  demandes  présentées 
par  le  Conseil  général  de  la  commune  de  Paris,  en  ces  termes  : 

Séance  du  5  frimaire  an  ii. 

La  commune  de  Paris  se  présente  à  la  barre;  après  avoir  félicité  la  Convention 
de  ses  immortels  travaux,  elle  fait  plusieurs  demandes  qui  sont  renvoyées  aux  Co- 
mités d'instruction  publique,  des  finances,  des  secours  publics  et  de  législa- 
lion  (^). 

Le  Journal  des  débats  et  des  décrets  nous  fait  connaître  le  détail  de  ces  demandes  de  la 
commune.  Voici  son  compte-rendu  : 

Convention  nationale ,  séance  du  5  frimaii'e. 

Une  dépulalion  de  la  commune  de  Paris  se  présente  à  la  barre  ;  elle  lit  une  pétition 
qui  se  divise  en  six  parties.  La  commune  demande  :  i°  un  livre  élémentaire  pour 
l'éducation  des  enfants;  â°  une  attention  particulière  sur  l'administration  des  bôpi- 
taux  ;  3"  l'exclusion  des  prêtres  de  toutes  les  fonclions  publiques;  h°  des  secours  pour 
les  familles  des  ouvriers  étrangers  qui  ont  été  renfennés  en  exécution  de  la  loi,  et 
dont  le  travail  seul  noiu'rissait  les  femmes  et  les  enfants;  5"  la  réclusion  delà  {)!)S- 
térité  du  tyran  dans  telle  prison  qu'il  plaira  d'indiquer,  pour  y  être  li'aitée  comme 

^'^  Archives  nationales,  F^',  cu)  Ion  1007,  ^^^  Procès- verbal    de    la     Convenlion, 

n"  ia2i.  I.  XXVt,  p.  153. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  33 

les  autres  détenus  et  élevée  dans  les  mœurs  austères  du  républicanisme,  et  l'envoi 
d'Elisabeth  au  tribunal  révolutionnaire;  6°  un  décret  qui  ordonne  aux  citoyens 
qui  se  sont  retirés  à  la  campagne  de  rentrer  dans  les  villes  où  ils  ont  leur  domi- 
cile. La  Convention  prendra  tous  ces  objets  en  considération  ^^K 

De  ces  six  demandes,  le  Moniteur  ne  mentionne  que  les  deux  dernières,  qui  furent, 
dit-il,  renvoyées  au  Comité  de  salut  public. 

('^  Journal  de$  débats  et  des  décrets,  n°  /(33,  p.  8^. 


lUi'hiuiniL    Maiu>\<ii. 


U       PROCÈS-VEnBAUX  DU  COMITE  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

CENT  CINQUANTE-NEUVIÈME  SÉANCE. 

Du  7  frimaire  an  ii.  [27  novembre  1798-] 

Boutrouc  est  nommé  rapporteur  de  la  pétition  des  Enfants  aveugles, 
Lakanal,  d'abord  rapporteur,  étant  absent  (^^. 

Fourcroy  présente,  au  nom  du  citoyen  Desforges,  un  mémoire 
contenant  des  moyens  d'exécution  pécuniaires  pour  un  plan  déjà  offert 
parle  même  citoyen ^'-^ 

Sur  la  motion  d'un  membre,  le  Comité  arrête  que  Villar  et  Pru- 
nelle seront  chargés  de  mettre  en  ordre  tous  les  écrits  et  manuscrits 
du  Comité. 

On  revient  sur  la  lettre  du  citoyen  Desforges.  Elle  se  résume  en  trois 
demandes  :  i  °  il  réclame  ses  deux  premiers  mémoires  pour  continuer 
son  travail;  2°  il  déclare  n'avoir  point  refusé  de  participer  aux  tra- 
vaux du  Comité,  ainsi  que  l'offre  lui  en  avait  été  faite;  3°  il  sollicite 
de  l'emploi  pour  un  jeune  homme  plein  de  talent.  Le  Comité  arrête 
qu'il  sera  écrit  par  le  président  au  citoyen  Desforges  pour  le  remercier 
de  son  zèle,  et  lui  annoncer  qu'il  accepte  l'offre  civique,  désintéressée 
et  précieuse  qu'il  lui  fait  de  coopérer  aux  travaux  du  Comité,  lorsqu'il 
se  présentera  des  rédactions  importantes  i\  faire (^^. 

Le  citoyen  Beaurieu  vient  présenter  un  plan  d'enseignement  élé- 
mentaire; il  demande  l'approbation  du  Comité  et  se  retire  ^^^. 

(^^   Voir  la   séance  du   i'"' octobre  1798  ptihlique  deux  jours  avant  l'arrestation  de 

(t.  II,  p.  523).  Basire,  alors  secrétaire  du  Comité,   et  de- 

(2)  Le  littérateur  P.-J.-B.  Choudard-  meure  sous  ses  scellés  jusqu'au  mois  Messi- 
Desforges  (17/16-1806)  avait  déjà  offert  dor,  an  deuxième  de  la  République  une  et 
au  Comité  le  prospectus  d'un  ouvrage  de  indivisible;  Paris,  Vatar  et  Ass.  (abrévia- 
sa  composition  intitulé  :  Tableau  historique  tion  de  Associés),  in-8%  62  pages.  (Musée 
et  politique  de  tous  les  empires ,  de  lotîtes  pédagogique,  n°  6897^)  Basire  ayant  été 
les  monarchies ,  de  toutes  les  dynasties ,  de  arrêté  le  27  brumaire,  le  plan  de  Desforges 
toutes  les  républiques  et  de  toutes  les  formes  avait  dû  être  présenté  au  Comité  le  25; 
de  gouvernement,  depuis  Nembrod  jusqu'à  mais  les  procès-verbaux  du  Comité  n'en 
nos  jours,  qui  lut  enregistré  sous  le  n°287  ont  pas  fait  mention. 
{Notice  des  pièces  adressées  on  renvoijées  au  ^^^  Il  sera  de  nouveau  question  de  Des- 
Comilé  d'instruction  publique,  Archives  forgesdans  ]aséancedu29frimaire(p.  197). 
nationales).  Quant  au  cf Plan"  dont  il  est  ici  ^''^  Ce  plan  d'éducation  de  Beaurieu 
question,  son  auteur  le  fit  imprimer  avait  déjà  été  soumis  au  Comité  le  7  sep- 
plus  tard  sous  ce  titre  :  Plan  d'éducation  tembre  (t.  Il,  p.  365),  et  renvoyé  à  l'exa- 
générale   présenté   au    Comité  d'instruction  meu  de  Romme  et  de  Boutroue,  qui  n'a- 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE. 


35 


Une  motion  d'ordre  est  faite,  c'est  de  considérer  l'ensemble  de  l'é- 
ducation nationale.  On  s'arrête  à  cet  objet.  11  est  ajourné  à  primidi 
prochain,  et  l'on  arrête  que  Romme,  d'une  j)art,  et  Fourcroy,  de 
l'autre,  seront  chargés  de  faire  le  même  jour  un  exposé  de  leurs  idées 
sur  la  question  des  degrés  supérieurs  d'instruction  publique^^^. 

Romme  est  autorisé  à  terminer  avec  Hanin  sur  le  prix  des  gra- 
vures dont  il  a  été  chargé  par  le  Comité--^. 

Le  citoyen  Gerlet  fait  une  réclamation  d'un  manuscrit  en  six  vo- 
lumes; il  demande  une  indemnité  si  l'objet  est  égaré.  Renvoyé  aux 
citoyens  Prunelle  et  Villar^^^ 

Le  citoyen  Laporte  demande  la  levée  du  sursis  apporté  par  un  dé- 
cret à  la  construction  de  sa  maison.  L'objet  est  renvoyé  au  Comité 
d'aliénation  ^^^. 

Guyton  et  Romme  commissaires  pour  la  rédaction  du  décret  con- 
cernant le  déplacement  du  cabinet  Joubert^^^ 


valent  pas  présenté  Hc  rapport.  11  sera  de 
nouveau  question  de  Beaurieu  dans  la  séance 
du  20  floréal  an  ii. 

(^^  Dans  sa  séance  de  la  veille ,  6  frimaire , 
la  Convention,  après  avoir  entendu  une  pé- 
tition des  enfants  de  la  section  de  Mulius 
Scevola,  avait  fixé  au  second  primidi  de 
frimaire  la  discussion  définitive  sur  l'in- 
struction publique.  A  cette  occasion ,  Danton , 
rentré  à  Paris  le  i"  frimaire  après  trente- 
huit  jours  d'absence,  avait  demandé  l'orga- 
nisation des  fêtes  nationales,  et  le  Comité, 
qu'un  décret  du  i5  brumaire  avait  déjà 
chargé  de  présenter  un  rapport  sur  cet 
ol)j(!t,  avait  de  nouveau  reçu  mandat  de  s'en 
occiq)er  incessamment.  Nous  donnons  aux 
annexes,  A  (p.  3 6),  un  extrait  du  procès-ver- 
bal de  la  séance  de  la  Convention  du  6  fri- 
niiiire  an  ii,  ainsi  cpio  des  extraits  du  Mo- 
m1<'iir(i[  (\n  Journal ilcH  déhats  et  des  décrets. 

La  phrase  du  procès-verbal  du  Comité  : 
ffl'on  arrête  que  Romme,  d'une  part,  et 
Kourrroy,  de  l'autre,  seront  charges  de 
lairc  le  mk'uh' jour  im  exposé  de  Icmu-s  idées 
sur  la  ([uestion  des  degrés  supérieurs  de 
rinsiructiou  publupie^,  doit  s'entendre 
d'un  exposé  lait  à  la  tribune  de  la  Conven- 
tion, et  non  au  sein  du  Comité.  Dans  les 


séances  suivantes  du  Comité,  en  effet,  il 
n'est  question  d'aucun  exposé  de  ce  genre: 
par  contre,  à  la  Convention,  une  fois  ia  dis- 
cussion sur  l'instruction  publique  ouverte 
(le  i8  frimaire)  par  un  rapport  de  Romme, 
Fourcroy  prononça  (le  19)  un  discours  sur 
les  degrés  supérieurs  de  l'instruction. 

^-)   Voir  p.  10,  et,  pour  la  suite,  p.  216. 

(^^  Le  citoyen  Gerlet,  maître  de  pension  , 
avait  présenté  à  la  Convention,  le  ai  avril 
1798,  un  ouvrage  manuscrit  en  six  volumes, 
intitulé  :  Encijclopcdie  ou  connaissances 
nécessaires  aux  jeunes  gens,  qui  fut  renvoyé 
au  Comité  d'instruction  publique.  En  sep- 
tembre, il  écrivit  à  l'assemblée  pour  récla- 
mer ce  manuscrit;  sa  réclamation,  lue  le 
8  septembre,  fut  également  renvoyée  au  Co- 
mité. Nous  donnons  aux  annexes,  B  (p.  89) , 
diîs  extraits  du  procès-verbal  des  séances 
de  la  Convention  des  21  avril  el  8  septem- 
bre 1798.  La  lettre  par  laquelle  Gerlet 
réclamait  son  manuscrit  se  trouve  dans  F'', 
carton  100.^,  n"  80 1.  11  sera  de  nouveau 
([ueslion  de  Gerlet  le  19  floréal  an  11. 

(*^  Sur  Laporte ,  voir  les  séances  des  i  u 
sepfeuibie  1793  et  11  brumaire  {[.  II. 
pages  ik)o  et  728). 

^^'^   Comme  rindi(jue  le  rapport  présente 


3. 


36       PnOGi:S -VERBAUX  DU  COMITE  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

D'Aoust  présente  les  coiniTiis  dont  a  fait  choix  la  section  chargée  de 

la  rédaction  des  traits  de  vertu.  Ces  commis  sont  les  citoyens  Uous- 

* 
seau,  homme  de  lettres,  Soyer  et  Héluin.  Ils  sont  agréés ^^^ 

Romme  soumet  au  Comité  des  idées  sur  la  dénomination  du 
Panthéon. 

Le  même  membre  expose  ensuite  ses  vues  sur  un  calendrier  destiné 
au  cultivateur^'-^ 

La  séance  est  levée  à  dix  heures  un  quart ^"^l 


PIECES  ANNEXES. 


On  lit  dans  les  procès-verbaux  de  la  Convention  : 

Séance  du  6  frimaire  an  n. 

Les  jeunes  enfants  de  la  section  de  Mutins  Scevola  viennent  presser  la  Conven- 
tion d'organiser  au  plus  tôt  l'instruction  pubh'que,  dont  le  besoin  devient  chaque 
jour  plus  imminent.  Ne  reculez  pas,  disent-ils,  phis  longtemps  l'époque  heureuse 
de  notre  régénération;  vous  serez  bénis  de  nos  pères  qui  sont  aux  frontières,  et 
auxquels  vous  avez  promis  de  vous  occuper  de  nous;  vous  serez  bénis  de  nos  parents , 
de  nos  amis  qui  nous  accompagnent,  et  de  nous,  qui  transmettrons  vos  noms  à  la 
postérité  la  plus  reculée. 

par   Guylon-Morveau  dans  la  séance    du  prcmiçre  ^partie  deV Annuaire  du  cultivateur 

Comité  du  i3  frimaire  (p.   6h),  il  s'agit  dans  la  séance  du  28  nivôse  an  ii  (p.  280). 
d'une  collection  d'histoire  naturelle  prove-  ^^^  Ce  dernier  alinéa  n'existe  pas  à  la 

nant  de  la  succession  de  Joubert,  collection  minute.  Pas  de  signatures,  ni  à  la  minute 

dont  on  proposait  le  déplacement  afin  d'in-  ni  au  registre.  La  minute  est  de  la  main  d3 

stnilor  les  bureaux  de  liquidation  dans  la  Mathieu.  —   Dans  la   séance  de  la  Con- 

maison  où  cette  collection  se  trouvait.  vention  de  la  veille,  à  propos  d'une  lettre 

La  Commission  des  arts  s'était  déjà  oc-  dans  laquelle  Lequinio  et  Laignelot  annon- 

cupée  de  la  succession  Joubert  :  voir  aux  çaient  qu'à  Rochefort  les  monuments  de  la 

annexes,  C  (p.  Ao),  un  exirait  du  procès-  superstition,  livres,  images,   etc.,  avaient 

verl)al  de  sa  séance  du  26  septembre  1798.  été  livrés  aux  flammes,   le  Comité  d'in- 

^^^    Dans    la    séance   du    29    brumaire  struclion  publique  avait  été  chargé  de  pré- 

(  t.  II,  p.  867),  (jrégoire  avait  demandé  que  scnter,  le    lendemain,    un    rapport    Tsur 

Th.  Rousseau,  nommé  commis  chargé  de  la  l'avantage  ou  l'inutilité  politique  de  ces  des- 

rédaclion  de  la    Feuille  de  morale,  fût  as-  IruclionsT^.  Ce  rapport  n'a  pas  été  fait,  et 

sisté  de  deux  autres  commis.  les  procès-verbaux  du  Comité  ne  nous  di- 

(^^  Il  s'agit  de  V Annuaire  du  cultivateur,  sent  pas  qu'il  se  soit  occupé  de  la  ques- 

dont  la  première  idée  avait  été  soumise  au  lion.  Nous  donnons  aux  annexes,  D  (p.  Ao), 

Comité  le  21*  jour  du  premier  mois  (t.  II,  un  extrait  du  procès-verbal  de  la  séance 

p.  609).  Romme  présentera  au  Comité  la  de  la  Convention  du  6  frimaire  an  h. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE. 


37 


Le  président ^'^  donne  l'accolade  fralernelle  aux  jeunes  orateurs  de  la  dëputation. 

L'assenihMe  de'crète  la  mention  honorable  de  leurs  vœux,  l'insertion  au  Bulletin, 
et  fixe  au  second  primidi  ^^^  du  mois  frimaire,  sans  autre  retard,  la  discussion 
définitive  sur  l'instruction  publique  ^^K 


ffLa  Convention  nationale  décrète  : 

ff  Article  premier.  Que  le  Comité  d'instruction  publique  lui  fera  incessamment 
un  rapport  sur  l'organisation  des  fêtes  nationales,  leurs  époques  et  les  lieux  où 
elles  seront  célébrées. 

ff  Art.  2.  Que  la  discussion  définitive  sur  l'instruction  publique  est  fixée  au  se- 
cond primidi^*^  du  mois  frimaire,  sans  autre  retard  ^^U. 

Voici  le  compte-rendu  de  l'incident  d'après  le  Moniteur,  qui  nous  fait  connaître  l'interven- 
tion de  Danton  : 

Convention  nationale,  séance  du  6  frimaire. 

Une  députation  de  la  section  de  Mutins  Scevola  accompagne  les  jeunes  enfants 
de  cette  seclion,  qui  viennent  demander  que  la  Convention  s'occupe  incessamment 
de  l'organisation  de  l'instruction  publique.  Un  jeune  enfant  commence  le  récit  de 
l'histoire  de  Mutins  Scevola. 

L'assemblée  applaudit  aux  heureuses  dispositions  de  ce  jeune  républicain. 

Danton.  Dans  ce  moment  où  la  superstition  succombe  pour  faire  place  h  la  raison , 
vous  devez  donner  une  centralité  à  l'instruction  publique ,  comme  vous  en  avez 
donné  une  au  gouvernement  ^"^  Sans  doute  vous  disséminerez  dans  les  déparlements 
des  maisons  où  la  jeunesse  sera  instruite  dans  les  grands  principes  d^  la  raison  et 
de  la  liberté;  mais  le  peuple  enlier  doit  célébrer  les  grandes  actions  qui  auront 
honoré  notre  Révolution.  11  faut  qu'il  S9  réunisse  dans  un  vaste  temple,  et  je  demande 

^'^  C'est  Romme.  texte  de    tous  les  décrets  rendus  dans   la 

(^^  Le  procès-verbal  porte  décadi  au  lieu  séance,  au  nombre  de  neuf;  celui  qui  a  été 

de  pnmidi  :  c'est  une  faute  évidente  que  rendu  à  l'occasion  de  la  pétition  dos  enfanLs 

nous  rectifions.   Le  décadi  était  consacré  de  la  section  de  Mutins  Scevola  s'y  trouve 


aux  pétitionnaires,  et  non  aux  grandes 
discussion"^.  Le  procès-verbal  du  Comité  du 
9  frimaire  (voir  p.  /ia)  constate  expressé- 
ment que  le  décret  du  6  avait  fixé  la  dis- 
cussion sur  l'instruction  publique  à  fxpri- 
viidi  prochainv;  les  journaux  (Moniteur, 
Journal  des  débats  et  des  décrets)  indiquent 
»'|fiilenieul,  coninio  date  fixée  pour  Pouvor- 
liuc  de  la  discussion,  le  primidi  do  la  sc- 
condi'  (li'rade.  Les  mots  ff  seconde  décade  •^ 
S)  seront  transformés,  sous  la  pluujo  du  rô- 
dacleur  du  procès-verbal  de  la  Convention , 
en  cenx  de  wsorond  décadi n. 

^•^^   Le  procès -verbal  donne  plus  loin  lo 


une  seconde  fois,  comme  on  va  le  voir, 
précédé  d'un  article  relatif  aux  fètos  na- 
tionales. 

^'^  Lo  procès-verbal  porte  encore  ici 
décadi  au  lieu  de  primidi. 

(5)  I>rocès-vorbal  de  la  Convention, 
t.  XWl,  pajjes  1  GS,   171. 

^"'  Allusion  à  la  discussion  du  projot  do 
déorol  pr  sonto  par  Iiillaud-\  an'iuio,  au 
nom  du  Comité  de  salut  puMic,  sur  Toi- 
ganisalion  d'un  {^^ouvornomonl  pro\ ivoire 
et  révoluliomiairo,  discussion  <jui  avait 
conunoncé  dans  la  séance  du  W  frimairo. 


38        PROCES -VERBAUX  DU  COMITE  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

que  les  arlisles  los  ])liis  distinoïK's  concourent  pour  Vélévalion  de  cet  édifice,  où  à 
un  jour  indi(|ué  seront  célébrés  des  jeux  nationaux.  Si  la  Grèce  eut  ses  jeux  olym- 
pi(jues ,  la  France  solennisera  aussi  ses  jours  sans-culoLtides.  Le  peuple  aura  des  fêles 
dans  lesquelles  il  oITrira  de  l'encens  à  l'Etre-suprême,  au  maître  de  la  Nature;  car 
nous  n'avons  pas  voulu  anéantir  la  superstition  pour  établir  le  règne  de  l'alliéisme. 
Citoyens,  que  le  berceau  de  la  liberté  soit  encore  le  centre  des  léles  nationales. 
Je  demande  que  la  Convention  consacre  le  Champ  de  Mars  aux  jeux  nationaux, 
(pfclle  ordonne  d'y  élever  un  temple  où  les  Français  puissent  se  réunir  en  gi'and 
nombre.  Cette  réunion  alimentei'a  l'amour  sacré  de  la  liberté  et  augmentera  les 
ressorts  de  l'énergie  nationale;  c'est  par  de  tels  établissements  que  nous  vaincrons 
l'univers.  Des  enfants  vous  demandent  d'organiser  l'instruction  publique;  c'est  le 
pain  de  la  raison,  vous  le  leur  devez;  c'est  la  raison,  ce  sont  les  lumières  qui  font 
la  guerre  aux  vices.  Notre  Révolution  est  fondée  sur  la  justice,  elle  doit  être  conso- 
lidée par  les  lumières.  Donnons  des  armes  à  ceux  qui  peuvent  les  porter,  de  l'in- 
struction à  la  jeunesse ,  et  des  fêtes  nationales  au  peuple. 

Cambon.  Persoime  ne  peut  s'opposer  à  la  proposition  de  Danton,  parce  que 
nous  voulons  tous  l'unité  de  la  République;  et  cette  unité  ne  peut  avoir  lieu  sans 
l'unité  dans  l'instruction,  dans  les  lumières.  Je  demande  que  le  principe  soit 
décrété. 

Thuriot.  Sans  doute  il  faut  des  fêtes  nationales;  elles  sont  propres  à  entretenir 
l'amour  sacré  de  la  liberté  dans  le  cœur  de  tous  les  Français  ;  mais  ce  tpie  demande 
Danton  est  fait.  Le  Comité  d'instruction  publique  est  chargé  de  vous  présenter  ses 
vues  sur  cet  objet  ^^\ 

Ce  qui  doit  fixer  votre  attention,  c'est  l'organisation  de  l'instruction  publique. 
La  France  enlière  vous  le  demande;  on  ne  vous  présente  pas  une  seule  pétition 
où  ce  vœu  ne  soit  exprimé.  Citoyens,  si  déjà  les  écoles  primaires  étaient  en  activité, 
si  des  instituteurs  animés  du  bien  public  enseignaient  les  grands  principes  de  la 
raison  et  de  la  morale,  les  pîus  zélés  défenseurs  de  la  liberté  ne  seraient  pas  si  atro- 
cement calomniés,  des  monstres  ne  tentei'aient  pas  de  désunir  des  amis  liés  par  un 
égal  amour  pour  le  peuple.  Je  demande  que  le  primidi  de  la  deuxième  décade, 
l'organisation  de  l'instruction  publique  soit  mise  à  la  discussion. 

La  proposition  de  Tburiot  est  décrétée ,  et  celle  de  Danton  est  renvoyée  au 
Comité  d'instruction  publique  ^"^ 

Le  Journal  des  débats  et  des  décrets  rend  compte  de  la  même  discussion  en  ces  termes  : 

Convention  nationale,  séance  du  6  frimaire. 

La  section  de  Mutins  Scevola  se  présente  à  la  barre.  L'orateur  demande  que 
les  écoles  primaires  soient  définitivement  organisées.  Deux  jeunes  républicains,  qui 

(')   Danton  avait  demandé  et  obtenu  de  semblée  que  le  i*'' frimaire.  Il  n'avait  donc 
la  Convention,   le   ai*  jour   du   premier  pas  connaissance  du  décret  du    i5    bru- 
mois,  un  congé  pour  aller  à  Arcis-sur-Aube  maire,  rendu  pendant  son  absence, 
rétablir  sa  santé,  et  il  n'était  rentré  à  l'as-  ^""^  Moniteur  du  8  frimaire  an  n,  p.  372. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  39 

paraissent  imbus  des  principes  du  [)lus  pur  patriotisme, adressent  la  même  pétition 
à  la  Convention.  Le  pre'sident  leur  rdpond  et  leur  donne  Taccolade  fraternelle. 

Danton.  Il  faut  à  l'institution  puldique  de  la  centiaiité  comme  au  gouverne- 
ment. On  a  parlé  d'élever  des  monuments  (pu  montrent  a  la  postérité  la  grandeur 
du  génie  qui  a  fait  la  Révolution;  sans  doute  il  en  faut;  mais  je  demande  expres- 
sément que  les  artistes  les  plus  distingués  concourent  pour  l'élévation  d'un  temple, 
où  les  Français  se  réuniront,  à  un  jour  donné.  Si  la  Grèce  eut  ses  jeux  olympiques, 
la  France  célébrera  avec  un  plus  grand  éclat  encore  se-;  jours  sans-culotlides.  Je 
propose  à  la  Convention  de  consacrer  le  Cliamp  de  Mars  aux  jeux  nationaux,  et 
de  le  faire  disposer  de  manière  que  les  Français  puissent  s'y  réunir  en  très  grand 
nombre.  La  solennité  des  fêtes  que  vous  instituerez,  l'aflluence  du  peuple  qui  s'y 
rendra,  l'énergie  et  le  caractère  qui  s'y  développeront,  tout  concourra  à  inspirer 
l'amour  de  la  liberté. 

On  vous  demande  d'organiser  l'instruction  publique  :  des  pères  vous  en  conjurent 
pour  leurs  enfants.  Les  enfants  le  sollicitent  eux-mêmes  ;  l'instruction ,  c'est  le  pain 
de  la  raison  :  vous  le  leur  devez. 

Hâtons  de  tout  notre  pouvoir  les  progrès  de  l'esprit  public.  Nous  avons  entrepris 
la  plus  belle  révolution.  Elle  se  fondera  par  la  raison  et  la  justice;  et  nous  établirons 
l'une  et  l'autre  en  les  déifiant  pour  aijisi  dire,  en  leur  consacrant  un  tem[)le  public 
et  en  marchant  avec  rapidité  vers  l'établissement  de  la  médiocrité,  qui  est  la 
source  du  bonlieur  privé,  comme  elle  est  une  cause  sûre  de  la  durée  des  répu- 
bliques. Donnons-donc  des  armes  à  ceux  qui  peuvent  les  porter,  de  l'instruction  à 
la  jeunesse,  et  des  fêtes  centrales  à  la  nation. 

Plusieurs  membres  parlent  sur  cette  question.  Lccointe-Pui/raveau  çt  Thuriot 
insistent  sur  l'imprjrtance  des  institutions  qui  resserrent  les  nœuds  de  la  fraternité 
et  de  l'amitié.  Ils  appuient  la  proposition  de  Danton. 

Coupé  demande  que  la  Convention  s'occupe  incessamment  de  la  discussion  sur 
l'organisation  de  l'instruction  publique. 

La  Convenlioii  divise  la  proposition  de  Danton:  elle  l'envoie  au  Comité  d'instruc- 
tion publique  tout  ce  qui  se  rapporte  aux  fêtes  nationales.  Elle  décrète  (prelle 
s'occupera  primdi  [sic)  prochain  de  la  discussion  sur  l'organisation  définitive  de 
l'instruction  ^''. 


On  lit  dans  los  procès-verbaux  de  la  (iOnvenlion  : 

S('ancc  du  dimanche  9,1  avril  1793. 

Le  citoyen  (îerlet  fait  honnnage  d'un  ouvrage  sur  l'éducation  publicpie.  Renvoyé 
au  Comité  d'instruction  publique  ^"^ 

(')    Journal  des  (U'hala  cl  dex  drcrotii ,  i\"  '\'.\^  ,  j).  ()().  -—  '"    Pn)cès-viM'l);il  ^]o  l;i  ('(niv.'ii- 
Hon,l.  X,  p.  ST). 


AO        PROCÈS-VERBAUX  DU  COMITE  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

Séance  du  dimanche  8  septembre  1798. 

La  rdclamaiion  du  citoyen  Gerlet,  relative  à  un  manuscrit  par  lui  dépose  au 
Comité  d'insti'uction  publique,  est  renvoyée  à  ce  môme  Comité -'^ 

C 

On  lit  dans  le  registre  des  procès-verbaux  de  la  Commission  des  arts  : 

Séance  du  26  septembre  i7<)3,  l'an  2^  de  la  Républi(pie  française 

une  et  indivisible. 

La  section  d'histoire  naturelle  rend  compte  des  démarches  relatives  à  la  succes- 
sion de  Joubert.  La  nation  étant  créancière,  la  section  a  mis  les  scellés,  et  fait  un 
procès- verbal  qui  a  été  lu  ^^K 


On  lit  dans  les  procès-verbaux  de  la  Convention  : 

Séance  du  6  frimaire  an  n. 

Les  représentants  du  peuple  Lequinio  et  Laignelot  écrivent  de  Rochefort,  le 
1  "  frimaire  : .  .  .  Le  jour  de  la  décade  a  vu  livrer  aux  flammes  tous  les  monu- 
ments de  la  superstition  :  chacun  apportait  au  bûcher  ses  livres  d'église  ;  les  juifs 
mêmes,  qui  renoncent  à  la  ridicule  attente  de  leur  messie,  en  ont  augmenté  la 
masse  ;  elle  était  si  considérable  que  le  feu  allumé  à  midi  n'était  pas  encore  éteint 
le  lendemain  à  dix  heures. 

La  Convention  décrète  l'insertion  de  cette  lettre  au  Bulletin  ;  et ,  sur  la  motion 
de  plusieurs  membres,  que  le  Comité  d'instruction  publique  lui  fera  demain  un 
rapport  sur  l'avantage  ou  l'inutilité  politique  de  ces  destructions  ^^^ 

^')  Procès- verbal  de  la  Convention,  t.  XX,  p.  198.  —  ^^^  Archives  nationales,  F^'*7, 
folio  h,  recto.  —  ^^^  Procès  -  verbal  de  la  Convention,  t.  XXVI,  p.  i63. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE. 


U\ 


CENT    SOIXANTIEME   SEANCE. 

Du  9  frimaire  an  ii.  [99  novembre  1  793.] 

Grégoire  fait  part  au  Comité  d'une  lettre  du  bibliothécaire  de  Mar- 
seille ^^^  qui  se  plaint  des  propositions  exagérées  et  dangereuses  par 
lesquelles  plusieurs  individus  demandent  indéfiniment  de  brûler  tous 
les  livres  comme  inutiles  ou  funestes ^'^^.  Grégoire  propose  que  ces  in- 
dividus et  ceux  qui  répandront  dépareilles  idées  soient  traités  comme 
suspects  et  enfermés.  Romme  propose,  et  cette  proposition  est  appuyée, 
que  les  volumes  jugés  inutiles  soient  jetés  dans  la  cuve  suivant  le  pro- 
cédé de  la  citoyenne  Masson  ou  celui  du  citoyen  Brongniart^^^.  Four- 
croy  est  nommé  rapporteur  ^'*^ 


(^)  Le  bibliothécaire  de  Marseille  était 
Claude-François  Achard  (1753-1809).  II  a 
déjà  été  question  de  lui  dans  la  séance  du 
Comité  du  1  5  juin  1793  (voir  1. 1",  p.  A95). 
Nous  n'avons  pas  trouvé  la  lettre  d'Achard. 

(2)  Dans  son  rapport  du  28  frimaire  sur 
la  suppression  de  la  Commission  dos  mo- 
numents, Mathieu  parle  de  la  proposition 
de  brûler  les  bibliothèques,  faite  à  Mar- 
seille par  des  conlre-révolulionuaires.  Voir 
plus  loin,  p.  180. 

('*'  Le  procédé  de  la  citoyenne  Masson 
(voir  la  note  9  de  la  paj^e  11)  et  celui 
du  citoyen  Brongniart,  pour  la  refonte  des 
papiers  imprimés ,  avaient  élé  présentés  par 
leurs  auleurs  au  Bureau  de  consultation 
des  arts  et  métiers  dès  Tannée  179^3.  Après 
avoir  procédé,  en  août  1792,  à  des  oxj)é- 
riences  comparatives  sur  la  valeur  des  doux 
procédés,  le  Bureau  avait  accordé  à  chacun 
des  deux  inventeurs,  à  la  suite  d'un  rapport 
présenté  le  5  septeujbre  par  les  commis- 
saires Silvestre,  Pelletier,  Parmentier  et 
Desmarest,  nne  récompense  de  2,5oo  li- 
vres. Voir  aux  annexes,  A  (p.  A 5),  quelques 
détails  sur  ces  procédés,  extrails  des  rojjistros 
manuscrits  du  Bureau  de  consultation. 

La  ciloyt'mic  Masson  avait  adressé  uikî 
pétition  demandant  «qu'où  établisse  untî 
papeterie  nationale  où  seront  reblanchis  les 


vieux  papiers  inutiles  qui  encombrent  les 
bureaux77.  La  pièce,  enregistrée  au  Comité 
sous  le  11°  9^7  (F^',  carton  ioo5-),  n'est 
pas  en  place,  ayant  été  renvoyée  à  Guylon; 
d'après  le  numéro  d'enregistrement,  elle 
doit  avoir  été  reçue  en  septembre  1793. 
Le  libraire  Ronouard  avait  envoyé  de  son 
côté  au  Comité,  en  brumaire,  un  mémoire 
dont  nous  possédons  l'analyse  suivante  :  rrLe 
c.  Renouard  pense  qu'au  lieu  de  brûler  à 
grands  Irais  les  titres  féodaux  ou  autres  pa- 
piers ou  livres  devenus  inutiles,  il  faudrait 
les  faire  pourrir  dans  des  cuves;  la  pâte  de 
papier  pourrait  servir  à  en  fabriquer  de 
nouveau,  et  celle  du  parchemin  se  vendrait 
très  bien  aux  manufacturiers  qui  en  fout  de 
la  colle?i.  La  pièce,  enregistrée  au  Comité 
sous  le  n°  1 1  5/i(F'",  carton  1006),  n'est  pas 
en  place;  l:i  chemise  qui  l'a  contenue  porte 
cette  annotation  :  cr Renvoyé  à  Fourcroy?^. 
('*'  Fourcroy  n'a  pas  présenté  de  rapport , 
et  fut  remplacé  par  Gu\ton,  sans  que  les 
procès-verbaux  mentionnent  celte  suksli- 
tntion.  —  Cette  question  de  la  refonte  des 
papiers  imprimi's  donna  lieu,  troi>^  jouis 
j)lus  tard,  le  1 -^  frimaire,  à  un  di'ciet  en- 
joignant aux  uuM)ici[)alités  et  aux  corps  ad- 
mmistratils  de  rassembler  dans  de^  di'pots 
les  parchemins,  livi'oset  papiers  qui  seraient 
donnés  pour  être  brûlés,  jusqu'à  ce  (pie  la 


^i2        PROCES-VERBAUX  DU  COMITE  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

Rommc  présente  une  montre  décimale  renvoyée  au  Comité  par  dé- 
cret portant  que  l'on  examinera  s'il  est  utile  qu'il  soit  ouvert  un  con- 
cours j)our  la  meilleure  manière  de  décimaliser  une  montre  ancienne 
et  (pie  la  montre  envoyée  sera  admise  au  concours,  s'il  a  lieu.  Romme 
est  nommé  rapporteur  ^^\ 

On  rappelle  qu'un  décret  fixe  à  primidi  prochain  la  discussion  sur 
le  projet  revisé  des  écoles  primaires;  le  Comité  arrête  que  Romme  sera 
rapporteur.  Il  demandera  le  renvoi  de  la  discussion  à  duodi,  pour 
laisser  au  Comité  le  temps  de  fixer  quelques  bases  ^-l 

Opoix,  membre  de  la  Convention,  adresse  quelques  réflexions  au 
Comité  sur  le  tutoiement.  Il  demande  qu'il  ne  soit  usité  que  dans  le 
langage  officiel  et  vis-à-vis  des  autorités  ^^\ 


Convention  eût  prononcé  sur  leur  destina- 
tion. Guyton-Morveau ,  prenant  ia  place  de 
Fourci'oy,  rappela  à  celle  occasion  que  ia 
Convention  avait  renvoyé  (le  5  frimaire, 
voir  p.  97)  au  Comité  d'instruction  pu- 
bli.que  Texamen  des  procédés  proposés  pour 
le  nettoyage  des  vieux  papiers.  Voir  aux  an- 
nexes, A  (p.  A6),  un  extrait  du  procès-ver- 
bal de  la  séance  de  la  Convention  du  1  9  fri- 
maire, et  des  extraits  d'une  adresse  de  la 
Commission  des  subsistances  et  approvision- 
nements aux  patriotes  sur  les  économies  qu'il 
devient  nécessaire  d'apporter  dans  la  con- 
sommation du  papier.  Guylon  entretiendra 
le  Comité  de  la  question  des  papiers  dans  la 
séance  du  98  frimaire  (p.  1^12).  Il  sera  de 
nouveau  question  du  procédé  Masson  dans 
la  séance  du  Comité  du  i5  pluviôse  an  11 
(p.  391). 

^*'  A'ous  donnons  aux  annexes,  B(p.  ^17), 
un  extrait  du  procès-verbal  de  la  séance  de  la 
Convention  du  8  frimaire  an  11,  contenant 
le  décret  dont  il  est  ici  question  :  on  y  voit 
que  la  montre  décimale  était  envoyée  par 
Martin  Firstenfelder,  horloger,  demeurant 
à  Garouge,  département  du  Mont-Blanc. 
Le  rapport  de  Romme  a  été  présente  au 
Comité  le  19  pluviôse  an  11  (p.  A99).  Il 
sera  de  nouveau  question  de  la  montre  dé- 
cimale de  Firstenfelder  dans  la  séance  du 
Comité  du  sS  pluviôse  (p.  65i). 

(^)  Sur  le  décret  fixant  au  second  pri- 


midi de  frimaire  l'ouverture^^de  la  discus- 
sion sur  rinslruction  publique,  voir  la 
note  1  de  la  page  3.5  et  l'annexe  A  de  la 
séance  du  7  frimaire  (p.  36). 

Ni  les  procès-vorbaux  de  la  Convention 
ni  les  comptes -rendus  des  journaux  ne 
parlent  de  la  demande  de  renvoi  que 
Romme  avait  été  chargé  de  faire.  Mais  cette 
demande  fut  certainement  présentée,  et 
l'assemblée  dut  accorder  un  délai  plus 
éloigné  encore  que  ne  l'avait  désiré  le  (Co- 
mité, car  la  discussion  ne  s'ouvrit  que  le 
1 8  frimaire. 

^^^  Opoix  était  député  de  Seine-et-Marne. 
Nous  n'avons  pas  trouvé  ses  Réflexions  sur 
le  tutoiement,  ni  en  manuscrit,  ni  en  im- 
primé. 

La  question  du  tutoiement  avait  été  sou- 
levée par  une  pétition  présentée  à  la  Con- 
vention le  10  brumaire.  Quelques  jours 
plus  tard,  le  2  1  brumaire,  Basire  avait  pro- 
posé de  rendre  le  tutoiement  obligatoire; 
mais,  sur  l'observation  de  Thuriot,  la  Con- 
vention avait  passé  à  l'ordre  du  jour.  Nous 
donnons  aux  annexes,  C  (|p.  67),  im  extrait 
du  procès-verbal  de  la  séance  de  la  Conven- 
tion du  10  brumaire  an  11,  complété  par  un 
extrait  du  compte-rendu  du  Moniteur;  et, 
pour  ce  qui  concerne  la  proposition  faite 
par  Basire  le  21  brumaire,  proposition  qui 
n'est  pas  mentionnée  par  le  procès-verbal, 
un  extrait  du  Moniteai'. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE. 


43 


Un  membre  adresse  un  catéchisme  de  morale ^^^.  Renvoyé  au  temps 
où  il  sera  cjuestion  des  livres  élémentaires. 

Cusack^^^  l'Américain,  demande  le  titre  de  citoyen  français.  Coupé 
est  rapporteur. 

Le  citoyen  Janvier  adresse  une  réclamation  pour  une  machine  ser- 
vant au  calcul  des  marées.  Ferry  est  rapporteur  ^^\ 

Un  membre  du  Comité  d'aliénation  vient  conférer  avec  le  Comité 
d'instruction  publique  sur  une  pétition  de  Clareton^^^  et  sur  le  cabinet 
de  Joubert  ^^\ 

On  présente  une  méthode  pour  former  des  élèves  dans  Tart  de  la 
gravure.  David  est  rapporteur  ^^^ 

Thomas  Rousseau  demande  que  son  indemnité  soit  fixée  par  le  Co- 
mité. 11  a  quitté  une  place  des  bureaux  de  la  guerre.  Sur  la  désigna- 
tion des  Jacobins,  il  s'est  présenté  pour  travailler  à  la  rédaction  des 


^^)  Un  manuscrit  intitulé  Catéchisme 
rfipitllicain  avait  été  enregistré  sous  le 
n"  iiST)  (F'\  carton  1006);  mais  la  pièce 
n'est  pas  en  place,  et  la  chemise  qui  la 
contenait  porte  cette  note  :  «Renvoyé  à 
Petit  5\ 

(^^  La  pétition  de  Cusack  avait  été  ren- 
voyée au  Comité  d'instruction  publique  par 
la  Convention  le  36  brumaire.  La  pièce  a 
été  enregistrée  sous  le  n°  n3i  (F'', 
carlon  1006);  mais  elle  n'est  pas  en  place. 
Il  sera  de  nouveau  question  de  Cusack  dans 
la  séance  du  Comité  du  3  pluviôse  an  11 
p.  3i/j). 

Nous  donnons  aux  annexes,  D  (p.  5o), 
un  extrait  du  procès-verbal  de  la  séance  de 
la  (ioiivenlion  du  a  G  brtunairo  an  11. 

(^)  Janvier,  mécanicien-astronome,  avait 
été  chargé  en  1789  de  construire  pour  le 
compte  du  gouvernement  une  macliine  à 
calculer  les  marées.  Les  payements  par 
acompte  qu'il  devait  recevoir  ayant  été  in- 
terrompus, il  suspendit  la  construction  do 
sa  macliine  à  la  tin  de  1791.  En  juillet 
1793,  il  adressa  à  la  Convention  un  mé- 
moire pour  exposer  sa  situation  et  de- 
mamler  des  tonds  en  vue  de  la  continua- 
tion de  son  travail,  (ie  mémoire  se  trouve 
aux  Archives  nationales;  nous  en  donnons 


l'analyse  à  l'annexe  E  (p.  5o),  ainsi  que 
le  texte  de  la  lettre  adressée  par  Janvier 
au  président  de  la  Convention. 

(*)  En  ce  qui  concerne  Clareton ,  il  s'agit 
évidemment  de  l'exécution  du  décret  du 
6  juillet  1793,  qui  avait  accordé  à  ce  nmsi- 
cien,  dans  un  domaine  national  non  suscep- 
tible de  vente  ou  de  location ,  un  emplace- 
ment pour  y  donner  des  leçons  puliliques. 
Voir  la  séance  du  Comit  >  du  '1  juillet,  an- 
nexe A  (t.  II,  p.  11).  Dans  la  séance  de  la 
Convention  du  90*  jour  du  premier  mois, 
Amelot ,  administrateur  des  domaines  natio- 
naux, ayant  rappelé  la  promesse  laite  à 
Clareton,  l'assemblée  avait  passé  à  l'oidre 
du  jour.  (Procès-verbal  de  la  Convention, 
t.  XXII,  p.  a53.) 

^•■^^  Il  a  été  question  du  cabinet  de  Jou- 
bert dans  la  séance  précédente;  il  en  sera 
parlé  de  nouveau  dans  celle  du  i3  frimaire 
(p.  6/,). 

^••^  Celte  méthode  pour  former  des  élèves 
graveuis,  à  ce  (jue  nous  apprend  le  procès- 
verbal  de  la  séance  du  Connté  du  7  nivùse 
an  II  (p.  îii/j),  avait  été  présentée  par  le 
graveur  Coliberl.  Nous  n'a\ons  pas  lioiivt' 
la  pièce  aux  Archives  nationales.  Il  sera  de 
nouveau  question  de  cette  alfairc  dans  la 
séance  du  7  nivùse. 


àli       PROGES-VERBAU\  DU  COMITE  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

Annales  du  civisme.  lïomme  de  lettres,  appelé  comme  tel,  il  ne  peut 
être  traite  comme  un  simple  commis,  ayant  surtout  dos  charges  de 
famille.  Le  Comité  arrête  que  lorsque  la  section  sera  en  état  de  don- 
ner au  public  son  premier  numéro,  elle  sera  autorisée  à  demander  pour 
le  citoyen  Thomas  Rousseau  la  continuation  du  traitement  dont  il 
jouissait  dans  les  bureaux  de  la  guerre  ^'l 

Le  ministre  de  l'intérieur  demande  une  somme  pour  les  instituteur- 
et  institutrices  des  petites  écoles  de  Paris.  Valdruche  est  rapporteur, 
et  la  lellrc  lui  est  renvoyée  ^-\ 

Un  membre  de  la  Société  républicaine  des  arts  se  plaint  de  l'inexé- 
cution du  décret  qui  nomme  un  jury  national  ^^l  Le  président  écrira 
au  ministre  de  l'intérieur. 

Le  citoyen  Daguey^^^  présente  un  nouveau  tableau  de  la  Déclaration 
des  droits  de  l'homme.  Ce  tableau  est  plus  simple.  Le  Comité  aj)plau- 
dit  à  son  zèle  et  arrête  qu'il  en  sera  fait  mention  honorable  à  son  pro- 
cès-verbal ^^l 

Il  sera  écrit  par  le  président  aux  rédacteurs  du  Journal  d'in- 
struction publique  pour  les  remercier  au  nom  du  Comité  d'instruction 


.ubl 


mue 


(G) 


^^'>  Voir  sur  Thomas  Rousseau  et  sa  no- 
minalion  en  qualité  de  rédacteur  des  An- 
nales du  civisme  les  séances  des  19  et 
29  brumaire  (t.  II,  pages  788  et  867)  et 
celle  du  7  frimaire  (à  la  page  36  du  pré- 
sent volume).  Il  sera  de  nouveau  ques- 
tion de  lui  dans  la  séance  du  27  frimaire 
(p.  166). 

(^)  Nous  n'avons  pas  trouvé  cetle  lettre 
du  ministre  de  Tintérieur.  Dans  sa  eéance 
du  5  frimaire,  le  Comité  avait  roçu  une 
pétition  des  instituteurs  de  Paris,  de  Saint- 
Denis  et  de  Bourg -la -Reine,  et  l'avait 
renvoyée  à  Ferry  (voir  p.  la).  Poui'  la 
5uite  de  cette  affaire,  voir  la  séance  du 
i3  frimaire  (p.  63). 

(•')  Le  président  de  la  Société  républi- 
caine des  arts,  Th.  Bienaimé,  avait  écrit 
au  Comité,  à  la  date  du  7  frimaire,  pour 
lui  demander  de  presser  l'exécution  du  dé- 
cret de  la  Convention  (du  95  brumaire) 
sur  la  formation  du  jury  dos  arts.  La  lettre 
de  Bienaimé   se  trouve  dans   F'\  carton 


1006,  n°  11 58.  Il  sera  de  nouveau  ques- 
tion de  l'exécution  du  décret  dans  la  séance 
du  Comité  du  7  nivôse  an  11  (p.  21 5). 

^''^  Sur  Daguey,  voir  notre  tome  II, 
note  3  de  la  page  868. 

(^)  La  note  de  Daguey,  relative  à  ce  tableau 
plus  simple,  existe  aux  Archives  nationales. 
Nous  la  donnons  plus  loin  aux  annexes, 
F  (p.  5o). 

^^'  Les  rédacteurs  du  Journal  de  l'in- 
struction publique  furent,  pour  les  trois 
premiers  tomes  de  ce  recueil,  Thiébault  et 
Borrelly;  à  partir  du  tome  IV,  Borrelly  con- 
tinua seul.  Il  est  probable  que  les  rédac- 
teurs du  jouinal  avaient  fait  hommage  au 
Comité  de  leurs  trois  premiers  tomes, 
comme  ils  avaient  déjà,  le  28  septembre 
1793,  fait  hommage  à  la  Convention  elle- 
même  de  leur  tome  I"  (Procès-ver- 
baux delà  Convention,  I.  XXI,  p.  289). 
Dans  une  note  d'un  article  sur  cries  jeux, 
les  comlials  et  les  fêtes  chez  les  Grecs?^ 
qui  se  trouve  au  lome  IV  du  Journal  de 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  Uh 

La  séance  est  levée  à  dix  heures  et  demie  ^^^ 


PIECES  ANNEXES. 


On  lit  ce  qui  suit  dans  le  rapport  présenté  au  Bureau  de  consultation  des  arts  et  mé- 
tiers, le  5  septembre  1792,  par  Silvestre,  Pelletier,  Parmentier  et  Dcsmarest,  commissaires 
chargés  d'examiner  les  procédés  de  Brongniartet  de  M"^  Masson  pour  la  refonte  des  papiers 
imprimés  ou  manuscrits  : 

RAPPORT  CONCERNANT  M.   BRONGNIART   ET  M^^*"  MASSON 

Messieurs,  lorsque  au  mois  d'avril  [179-2]  le  ministre  de  l'inlérieur  vous  pria 
d'examiner  la  découverte  de  M.  Brong^niart,  qui  vous  fit  passer  des  morceaux  de 
pâte  de  papier  très  blanche  qu'il  avait  obtenue  avec  des  papiers  imprimés,  cet  ar- 
tiste n'avait  pas  rempli  les  formalités  prescrites  par  la  loi;  mais  depuis  cette  époque 
M.  Brongniart  a  fourni  les  pièces  nécessaires,  savoir  :  1°  son  certilicat  do  résidence; 
9°  le  certificat  des  administrateurs  composant  le  directoire  du  département  de 
Paris.  M.  Brongniart  ne  nous  a  pas  remis  de  mémoire  instructif  sur  ses  procédf's, 
mais  il  a  opéré  devant  nous  de  manière  que  par  notre  rapjjort  nous  pourrons  vous 
faire  connaître  ses  droits  aux  récompenses  nationales. 

Le  minisire  de  l'intérieui"  vous  a  depuis  adressé  le  mémoire  d'un  anonyme  qui 
assurait  avoir  découvert  un  moyen  très  simple  pour  blanchir  les  papiers  écrits  et 
imprimés,  et  en  former  des  pate.î  propres  à  la  nouvelle  fabrication  de  papier  :  le 
ministre  vous  disait,  dans  la  lettre  d'envoi,  qu'il  pensait  qu'il  serait  utile  que  les 
commissaires  pour  cet  objet  lissent  l'examen  comparatif  des  procédés  de  M.  Bron- 
gniart et  de  ceux  de  l'anonyme. 

L'anonyme,  Messieui's,  s'est  fait  connaître  pour  se  conformer  à  lu  loi  :  c'est 
M"'  Masson,  qui  a  fourni  les  pièces  suivantes 

[Le  rapport  entre  ensuite  dans  des  détails  su.-  la  façon  dont  il  a  été  procédé  aux  expé- 
riences comparatives  des  deux  procédés  :  ] 

l'instruction  publique,  p.  987,  Borrelly  cite  qucr  de  conduire  vos  recherches  sur  cet  tm- 

nn  passage  de  la  lettre  de  remerciement  portant  ohjet.n 

écrite  le   1  1    fiimaire  par  le  président  du  Ou  trouve  aux  .\rc!iives  naliouales  une 

Comité  d'insliuclioii  pul)li(jue  en  exécution  pétition   d(^  Borrelly,   en  date  du   ^5   mai 

de  Tarrètc  pris  dans  la  séance  du  9.  \  oici  'TO*^-'    P'*'"'    demander    un   emploi   (F'^ 

celte  noie  :  carton  loo/i-,  n°  093),  et  un  mémoire  sur 

ffDans   la   lettre   qui    m'a   été  écrite  le  rinslruclion  publique  adressé  à  la  Conveu- 

1  I  frimaire,  au  nom  du  Comité  d'instruc-  tion  par  Tliiehaull  à  la   date  du  9  juillet 

tion  |)ul)li(pie,  par  (îuyion    de  IMorveau,  1798  (K'",  carton  ioo5,  n"787). 

son  présidiMil,  il  (^st  dit:  Los  fraudes  in-  ''   Ce  dernier  alinéa  nVsf   pas  à  la  mi- 

stttuttons  et  les  J'clcs  nafionules  ouvrent   un  mile.  Pas  île  signatures,  ni  à   la  minute  ni 

nonveuu  chatnp  à  cas  utiles  anahises;  l'ex-  au  registre    La  minule  est  de   la   main  tie 

cellent  esprit  qui  vous  dirige  ne  peut  niun-  Mathieu. 


46        PROCÈS -VERBAUX  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

.  .  .  Chacun  d'eux  a  prépare  à  sou  particulier  sa  pâle  on  présence  de  nos  com- 
missaires. M.  Brougniart  a  opcM'é  chez  lui,  et  M"*"  Masson,  n'ayant  pas  de  labora- 
toire, a  prépar('  sa  pâte  chez  l'un  de  nos  commissaires.  Les  pâles  étant  préparées, 
les  commissaires  se  sont  réunis  à  M.  Brongniart  et  h  M"*  Masson,  et  se  sont  en- 
suite réunis  à  Essonnes  à  la  manufacture  de  papiers  de  M.  Didot,  qui  a  bien  voulu 
nous  procurer  la  lacililé  de  faire  fabriquer  dans  son  atelier  des  papiers  avec  les 
pâtes  que  nous  avions  à  soumettre  à  la  fabrication. 

Nous  résumons  ci-après  la  partie  essentielle  des  deux  procédés,  que  le  rapport  expose 
dans  tous  leurs  détails. 

Brongniart  fait  tremper  le  papier  dans  l'eau,  l'y  laisse  vingt-quatre  heures;  ensuite  il 
l'ail  fnstM"  (le  la  chaux  dans  son  poids  d'eau,  la  passe  dans  un  tamis,  et  la  mélange  dans 
une  chaudière  avec  la  pâle  de  papier  qu'on  fait  chauffer.  La  pâle  est  ensuite  bien  lavée, 
puistrailéeparracidoniuriatique  oxygéné;  on  laisse  en  digestion  pendant  vingt-quatro  heures, 
puis  on  l'ail  un  second  hivage  par  le  même  moyen ,  et  la  pâte  se  trouve  alors  devenue  blanche. 

M"'  Masson  fait  tremper  le  papier  dans  de  l'eau  de  rivière  pendant  douze  heures;  puis 
le  papier  est  mis  sur  le  feu  dans  une  grande  chaudière  avec  assez  d'eau  pour  former  une 
pâte  claire;  on  y  ajoute  de  la  potasse,  on  fait  bouillir  une  heure,  et  on  laisse  jusqu'au  len- 
demain; on  lave  ensuite  la  pâle  à  grande  eau.  M"°  Masson  propose  également  d'enlever 
l'encre  d'écriture  :  son  procédé  consisterait  à  employer  de  l'acide  vitrolique  ;  il  est  déjà 
connu. 

Le  rapport  conclut  en  proposant  d'accorder  à  Brongniart  et  à  M'^*  Masson  le  médium 
de  la  seconde  classe  des  récompenses,  soit  à  chacun  deux  mille  cinq  cents  Hvres. 

On  ht  dans  les  procès-verbaux  de  la  Convention  : 

Séance  du  1 2  frimaire  an  11. 

Un  secrétaire  lit  une  pétition  tendant  à  consacrer  les  vieux  parchemins  pour 
faire  des  gargousses ,  et  le  papier  des  livres  proscrits  à  faire  des  cartouches. 

Un  membre  ^^^  observe  que  l'art  est  parvenu  à  faire  disparaître  de  dessus  le  par- 
chemin et  le  papier  toute  trace  d'écriture  et  d'impression  et  à  rendre  à  des  usages 
dignes  de  la  République  une  matière  qu'une  grande  consommation  rend  chaque 
jour  plus  précieuse.  Les  procédés  proposés  pour  cet  objet  ont  été  renvoyés  au 
Comité  d'instruction  pubhque  pour  en  faire  un  rapport  ^'^. 

cfLa  Convention  nationale  renvoie  la  pétition  au  Comité  d'instruction  publique. 
Elle  décrète  que  les  municipahtés  et  les  corps  administratifs  sont  tenus  de  rassem- 
bler dans  des  dépôts  et  de  mettre  sous  les  scellés  les  parchemins,  livres  et  papiers, 
manuscrits  et  imprimés,  qui  seraient  donnés  librement  pour  être  brûlés,  jusqu'à 
ce  que  la  Convention  ait  prononcé  sur  leur  destination ,  sur  le  rapport  de  son 
Comité. 

ffLe  présent  décret  ne  déroge  point  à  celui  relatif  à  la  conservation  des  livres  et 
papiers  qui  intéressent  l'histoire ,  les  arts  et  l'instruction ,  quoiqu'ils  portent  quel- 
ques signes  de  féodalité. 

'•^  C'est  Guylon-Morveau  (Moniteur). —  ^^'  Dans  la  séance  du  5  frimaire.  Voir  ci-dessus 
p.  27. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  hl 

ffLe  présent  décret  sera  inséré  dans  le  Bulletin  pour  servir  de  [)uljlica- 
tion('^« 

Le  Moniteur  du  19  frimaire  an  n  contient  une  pièce  intitulée  La  Commission  des  subsis- 
tances et  approvisionnements  de  la  République  aux  patriotes ,  où  on  lit  ce  qui  suit  : 

...  La  Commission  a  fixé  son  attention  sur  les  moyens  d'apporter  dans  l'emploi 
du  pa[)ier,  dont  la  consommation  devient  de  plus  en  plus  considérable,  une  éco- 
nomie importante. 

Patriotes,  c'est  avec  une  entière  confiance  dans  votre  zèle  à  seconder  tout  ce 
qui  lient  à  l'utilité  gcmérale  que  la  Commission  vous  invile  : 

1°  A  ne  pas  vous  permettre  l'usage  de  feuilles  doubles  en  blanc; 

9."  A  préférer,  pour  l'impression,  le  format  iii-octavo; 

o"  y\  ne  jamais  mettre  sous  enveloppe  les  lettres  simples; 

lx°  A  recueillir  et  conserver  avec  soin  tous  ceux  de  vos  papiers,  manuscrits  ou 
imprimés  qui,  ne  pouvant  être  utiles  tels  qu'ils  sont,  pourront  le  devenir  convertis 
en  papier  blanc  ou  gris .  .  . 

B 

Ou  lit  dans  les  procès-verbaux  de  la  Convention  : 

Séance  du  8  frimaire  an  11. 

Martin  FirstenfeLler,  horloger,  demeurant  à  Carouge,  déparlement  du  Mont- 
Blanc,  envoie  au  concours  qu'il  suppose  exister,  afin  de  prendre  date,  une  montre 
à  deux  faces,  l'une  présentant  l'ancienne  division  du  jour,  l'autre  la  nouvelle.  Cette 
montre  est  accompagnée  d'un  certificat  de  Soulavie,  résident  de  France  à  Genève, 
et  un  autre  de  la  municipalité  de  Carouge. 

Sur  la  proposition  d'un  membre , 

rfLa  Convention  nationale  décrète  la  mention  honorable  du  zèli^  de  ce  citoyen, 
et  charge  son  Comitcî  d'instruction  publique  d'examiner  s'il  est  utile  d'ouvrir  un 
concours  pour  appeler  l'attention  des  artistes  sur  la  nouvelle  division  du  jour,  et 
quel  doit  être  le  mode  de  ce  concours  ^'Kr> 


On  lit  dans  les  procès-verbaux  de  la  Convention  : 

Séance  du  10  brumaire  an  11. 

Le  citoyen  Nalbec^'^  demande  que  tous  les  citoyens  soient  tenus,  sous  peine 
d'être  i('putés  suspects  et  ti'ailés  comme  tels,  de  renoncer  dans  les  conversations  et 
lapports  (lo  tout  genre  entre  eux  à  la  formule  mensongère,  avilissante  |)our  celui 

^'^  Procès-verbal  delà  Convention,  L  WVI,  p.  .'{il). — -  '-^  Procès-vcM'bal  (!•'  la  (loiivoii- 
Uon,  l.  WVI,  [).  -joi.  —  ^"'^  Nous  n'avons  pu  Iniuvci' amun  ronsei^nenioul  sin*  ce  citoyen 
Nalbec. 


/48        PROCÈS-VERBAUX  DU  COMITE  D^INSTRUCTION  PUBLIQUE 

qui  remploie,  et  llalieiisc!  ])Our  cAm  aiu|uel  elle  s'adresse,  de  vous,  qui  désigne 
plusieurs  [)ers()uiies  alors  cpfil  ne  s'ajpl  que  d'un  seul,  el  qu'il  dil  élre  une  iaute 
de  langage,  en  même  teni[)s  (jue  c'est  une  contravention  formelle  au  principe  de 
l'e'galité  en  politique. 

Celle  pétition  est  convertie  en  motion  par  un  membre;  il  s'engage  h  ce  sujet 
une  lé{»ère  discussion,  qui  se  termine  par  un  décret  portant  que  la  pétition  du 
citoyen  Nalbec  sera  insérée  au  Bulletin,  avec  une  invitation  à  tous  les  ciloyens  à 
n'user  dans  leur  langage  que  d'expressions  propres  à  pénétrer  tous  les  esprits  du 
principe  inunuable  de  l'égalité  ^'^ 

On  lit  dans  le  Moniteur  : 

Convention  nationale,  séance  du  lo  brumaire. 

Une  députation  des  Sociétés  populaires  de  la  ville  de  Paris  demande  que  tous 
les  individus  qui  ont  quitté  les  villes  où  ils  étaient  domiciliés  pour  aller  habiter 
leurs  châteaux,  soient  tenus,  ainsi  que  ceux  qui  sont  inutiles  à  la  culture  de  la 
terre,  de  rentrer  dans  les  villes,  sous  peine  d'être  regardés  comme  suspects  et 
traités  comme  tels. 

Cette  pétition  est  renvoyée  au  Comité  de  sûreté  générale. 

Un  membre  de  fa  députation,  prenant  ensuite  la  parole.  Citoyens  représentants, 
les  principes  de  notre  langue  doivent  nous  être  aussi  chers  que  les  lois  de  notre 
République. 

Nous  distinguons  trois  personnes  pour  le  singulier,  et  trois  pour  le  pluriel; 
et,  au  mépris  de  cette  règle,  l'esprit  de  fanatisme,  d'orgueil  et  de  féodalité  nous  a 
fait  contracter  l'habitude  de  nous  servir  de  la  seconde  personne  du  pluriel  lorsque 
nous  parlons  a  un  seul.  Beaucoup  de  maux  résultent  encore  de  cet  abus;  il  oppose 
une  barrière  à  l'intelligence  des  sans-culottes;  il  entretient  la  morgue  des  pervers 
et  l'adidation,  sous  le  prétexte  du  respect,  éloigne  les  principes  des  vertus  fra- 
ternelles. Ces  observations  communiquées  k  toutes  les  sociétés  populaires ,  elles  ont 
arrêté,  à  l'unanimité,  que  pétition  vous  serait  faite  de  nous  donner  une  loi  portant 
réforme  de  ces  vices.  Le  bien  qui  doit  résulter  de  notre  soumission  à  ces  principes 
sera  une  preuve  première  de  notre  égalité,  puisqu'un  homme  quelconque  ne  pourra 
plus  croire  se  distinguer  en  tutoyant  un  sans-culotte,  lorsque  celui-ci  le  tutoiera  ,et 
de  là  moins  d'orgueil,  moins  de  distinction,  moins  d'inimitiés ,  plus  defamiharilé 
apparente,  plus  de  penchant  à  la  fraternité,  conséquem ment  plus  d'égalité. 

Je  demande,  au  nom  de  tous  mes  commettants,  un  décret  portant  que  tous  les 
républicains  français  seront  tenus  à  l'avenir,  pour  se  conformer  aux  principes  de 
leur  langage  en  ce  qui  concerne  la  distinction  du  singulier  au  pluriel,  de  tutoyer 
sans  distinction  ceux  ou  celles  à  qui  ils  parleront  en  seul ,  à  peine  d'être  déclarés 
suspects,  comme  adulateurs,  et  se  prêtant  par  ce  moyen  au  soutien  de  la 
morgue ,  qui  sert  de  prétexte  à  l'inégalité  entre  nous  ^"'. 

(')  Procès-verbal     de     la     Convention,  Convention,  qui  a  reproduit  la  pétition  de 

t.  XXIV,  p.  a 96.  Nalbec,  est  exactement  le  même  que  celui 

^-)  Le  texte  donm';  pur  le  Bulletin  de  la         du  Moniteur. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  li'J 

Philippeanx.  Je  (lomaiide  la  mention  honorable  de  celte  adresse  et  l'insertion 
au  Ikilletin.  L'approbation  solennelle  que  lui  donnera  Tassemble'e  sera  une  invita- 
tion qui  éipn'vaudra  à  un  dëcrel,  et  tous  les  citoyens  s'empresseront  d'adopler  ce 
langage  fraternel. 

Basire.  Une  invitation  ne  suiRt  pas;  il  faut  un  décret,  qui  imprimera  aux  ci- 
tovens  un  caractère  analogue  à  notie  régime  républicain,  et  duquel  il  résultera  de 
grands  avantages. 

Ckarlier.  Je  voudrais,  si  cela  pouvait  faire  l'objet  d'un  décret,  (jue  par  le  mot 
vous  on  désignât  un  aristocrate,  comme  on  le  fait  par  le  mot  monsieur. 

La  proposition  de  Philippeauv  est  décrétée  ^'^ 

Quuiil  ù  la  proposition  faite  par  Basire  à  la  séance  du  91  brumaire,  proposition  que  ne 
mentionne  pas  le  procès-verbal  de  cette  séance,  voici  comment  le  Moniteur  rend  compte  de 
l'incident  : 

Gonventioi)  na'ionale,  séance  du  21  brumaire. 

Basire.  La  Convention  a  reçu  des  adresses  par  lesquelles  on  lui  demandait 
d'ordonner  le  tutoiement.  La  Convention  n'a  pas  cru  devoir  en  faire  une  loi. 
Cependant  il  est  certain  que  bien  des  enfants  n'osent  pas  tutoyer  leurs  pères  et 
mères;  il  est  certain  que  les  domestiques  craignent  de  tutoyer  ceux  qu'ils  servent; 
il  est  certain  que  dans  les  lieux  publics  cet  usage  coûte  à  beaucoup  de  personnes, 
et  peut  même  entraîner  quelqu  s  inconvénients,  exciter  des  querelles.  11  faut  pour- 
tant, après  la  fête  de  la  liaison,  (jue  tous  les  citoyens  se  désaccoutument  de  ce  vous 
ridicule  et  servile.  Je  demande  que  la  Convention,  au  lieu  d'une  invitation,  fasse 
une  loi  formelle. 

Thuriot.  Je  m'oppose  à  cette  mesure.  Si  tout  le  monde  élait  à  la  hauteur  des 
révolutions,  on  pourrait  adopter  la  proposition  de  Basire.  Mais  je  crois  ([uo  dans 
ce  moment,  loin  d'éviter  les  inconvénients  dont  il  parle,  on  donnerait  lieu  aux  per- 
sécutions. L'amitié  s'est  toujours  tutoyée.  Ce  langage  fraternel  a  dii  être  adopté 
sans  peine  par  les  amis  de  l'égalité.  Mais  il  est  des  hommes  qui  s'étonnent  de  toute 
innovation  contraire  à  leurs  vieilles  et  petites  idées.  Laissons  donc  mûrir  celle-ci, 
iinj)rimons-la  dans  l'opinion  })ub!ique;  quand  la  raison  aura  fait  assez  de  progrès, 
alors  rendons  ce  décret.  On  sait  bien  que  le  vous  est  absurde,  que  c'est  une  fiiute 
conlre  la  langue  de  parlera  une  personne  comme  on  parlerait  à  deux,  à  plusieurs; 
mais  aussi  n'(  sl-il  pas  contraire  à  la  liberté  de  prescrire  aux  citoyens  la  manière 
dont  ils  doivent  s'exprimer?  Ce  n'est  pas  un  crime  do  parler  mal  le  fiançais.  Je 
demande  qu'en  rendant  honnniige  aux  principes,  en  reconnaissant  la  fîiculté  qu'ont 
tous  les  citoyens  de  se  tutoyer,  la  Convention  passe  néanmoins  à  l'ordre  du  joui'. 

li'ordre  du  jour  est  adopté  ^'K 

^'*  Mom(c:ir    ilii    1  •>     Itrmn  lire    an     11,  ^^^    Moniteur    du    •»;)     Itruniairo    an    11, 

|>.     171.  I».     '2  1Ô. 


50.       PROCÈS-VERBAUX  DU  COMITÉ  DINSTRUCTION  PUBLIQUE 


On  lit  dans  les  procès-verbaux  de  la  Convention  : 

Sëance  du  26  brumaire  au  11. 

Le  citoyen  Cusack,  né  dans  les  Etats-Unis  de  l'Amérique  Septentrionale,  a  quitté 
sa  patrie  pour  combattre  sous  le  drapeau  de  la  liberté;  il  a  été  fait  prisonnier, 
mais  il  a  eu  le  bonlieui"  de  briser  ses  chaînes  et  celles  de  cinq  citoyens  français ,  et 
demande  pour  récompense  Thonneur  d'être  roçxi  citoyen  français. 

Cette  pétition  est  renvoyée  au  Comité  d'instruction  publique  '^^K 


LETTRE  DE  JANVIER  AU  PRESIDENT  DE  LA  CONVENTION  (^^. 

République  indivisible,  le  26  juillet  1793. 
Citoyen  président, 

J'ai  l'honneur  de  vous  adresser  un  mémoire  concernant  une  grande  machine  à 
marées  que  je  suis  chargé  d'exécuter  pour  le  gouvernement;  je  vous  prie  de  faire 
renvover  ce  mémoire  au  Comité  d'instruction  publique  pour  statuer  sur  ma  de- 
mande. 

Agréez,  citoyen  président,  les  salutations  fraternelles  el  respectueuses  de  voti-e 

concitoyen. 

A.  Janvier,  mécanicien- astronome ,  au  Louvre. 

En  marge  :  «Renvoyé  au  Comité  d'instruction  publique.  Tuirion.  Le  37  juillet.n 

A  cette  lettre  est  joint  le  mémoire  qu'elle  annonce.  Janvier  y  expose  qu'il  a  dû  inter- 
rompre la  construction  de  sa  machine  faute  de  payement.  Il  demande  le  remboursement  de 
ses  dépenses,  et  des  fonds  pour  achever  son  travail.  Le  mémoire  est  accompagné  d'un 
extrait  des  registres  de  l'Académie  des  sciences,  an  ik  février  1789,  contenant  l'éloge  du 
plan  de  la  machine  à  construire. 


LE  CITOYEN  DAGUEY,  AUTEUR  DU  TABLEAU  DES  DROITS  DE  L'HOMME,  OFFRE  DE  LIVRER 
A  5o  SOLS  CHAQUE  TABLEAU,  ET  DE  GRAVER  AU  MEME  PRIX  CELUI  DE  L'ACTE 
CONSTITUTIONNEL  (^). 

Le  Comité  d'instruction  publique,  à  qui  j'ai  présenté  le  tableau  des  Droits  de 
l'homme  gravés  en  gros  caractères,  a  déjà  jugé  mon  ouvrage.  Il  sait  à  présent  s'il 

^^)  Procès-verbal     de     la  Convention,              (■*)  Archives  nationales,  F^'', carton  looG, 

t.  XXV,  p.  958.  11°    ii65.  Le  titre  que   nous   donnons    à 

^^^  Archives     nationales,  F^',     carton         la  pièce  est  celui  qui  est  écrit  sur  la  che- 

ioo^\  n"'  600-700.  mise. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  51 

peut  être  piacé  dans  les  écoles  primaires  pour  l'utilitë  de  l'instmctioii  publique. 
Le  prix  pourrait  peut-être  l'arrêter. 

Pour  lever  ces  obstacles,  j'observe  d'une  part  au  Comité  qu'il  est  possible  d'en 
diminuer  beaucoup  le  prix  en  dépouillant  ce  tableau  des  ornements,  et  que  de 
l'autre  je  me  réduirai  au  plus  mince  bénéfice. 

En  conséquence,  je  propose  au  Comité,  s'il  arrête  cette  fourniture,  de  ne  mettre 
au  tableau  d'autre  décoration  que  les  couleurs  nationales  en  encadrement,  le  fais- 
ceau et  le  bonnet  de  la  liberlé,  conformément  au  modèle  ci-joint,  et  alors  le  prix 
du  tableau  ne  sera  que  do  cinquante  sols. 

Dans  le  cas  où  le  Comité  croirait  convenable  de  placer  dans  les  écoles  primaires 
l'Acte  constitutionnel,  comme  pendant  des  Droits  de  l'homme ,  j'offre  d'en  faire 
graver  le  tableau  au  même  prix  et  dans  toutes  les  mêmes  dimensions  que  celui  des 
Droits  de  l'homme,  si  ce  n'est  que  les  caractères  seront  moins  gros,  à  cause  du 
plus  grand  nombre  d'articles. 

Le  9  frimaire  an  9^ 

(Pas  de  signature.) 


5i        14{0Cfe-VKl{BALJ\  DU  COMlTli;  I)  INSPRUCTION  PUBl.lQUE 


CENT  SOIXANTE  ET  UNIEME  SEANCE. 

Du   1  1   rriiiiaire  aii  ii.  [  i"'  <'écoinl)ie  1793.  | 

Le  citoyen  Darpareiis  demaiuli^  à   iaire  mw  leclure  d'un  onvra^j;^ 
éléincnlaire.  L'objet  est  remis  à  quinzaine*''. 

Bouquier  lit  un  plan  d'instruction  pul)lique  'l  (]e  plan  est  discuté;  on 


(')  La  lecUiro  du  niamiscrl  de  Darpa- 
rens  (qui  s'y  intitule  wle  sariS-ciilollc  Dar- 
parens,  né  à  Auch'i)  a  été  faite  dans  la 
séance  du  27  frimaire  (p.  iGG). 

(-)  H  est  assez  dilllciic  de  s'expliquer 
rintervenlion  inattendue  de  Bouquier, 
membre  assez  obscur  du  Comité,  qui  ne 
s'était  signalé  encore  que  par  la  com- 
position d'une  sans-culottidc  laite  en  colla- 
boration avec  Moline  (voir  t.  II,  p.  6A8), 
et  d'un  quatrain  pour  mettre  au  bas  de  la 
gravure  du  tableau  de  Marat  peint  par  David 
(voir  t.  Il,  p.  8/10),  et  qui  vient  foutà  coup 
présenter  à  ses  collègues  un  plan  d'instruc- 
tion publique  reposant  sur  des  bases  entiè- 
rement nouvelles.  Ce  plan,  qu'un  vote  de  la 
Convention  allait  substituer  brusquement  à 
celui  du  Comité,  était-il  l'œuvre  personnelle 
de  Bouquier,  ou  celui-ci  n'était-il  que  le 
porte-voix  d'une  ou  de  plusieurs  poisonna- 
lités  influentes?  11  est  assez  diflicile  de  ré- 
pondre à  celte  question.  Les  idées  qui  sont  à 
ia  base  du  projet  de  décret  de  Bouquier  ne 
lui  appartenaient  sans  doute  pas  en  propre, 
et  l'écho  qu'elles  trouvèrent  aussitôt  dans 
la  majorité  de  la  Convention  montre  assez 
(pi'elles  étaient ,  en  quelque  sorte ,  dans  l'air; 
mais  nous  sommes  porté  à  croire  qu'il  eut 
le  mérite  d'en  trouver  la  formule,  qui  se  ré- 
sume en  ces  trois  dispositions  fondamen- 
tales :  «L'enseignement  est  libre.  —  Il  est 
fait  publiquement,  sous  la  surveillance  des 
autorités  et  des  citoyens. —  Les  citoyens  et  ci- 
toyennes qui  se  vouent  à  l'enseignement  sont 
salariés  par  la  République,  à  raison  du  nombre 
des  élèves  qui  fréquentent  leu.s  écoles. '^ 

On  pourrait  se  demander  si  Bouquier 
Ji'esl  pas  loi'gane  de  la  (Commission  nommée 


le  2.^  brumaire,  sur  la  présentation  du  Co- 
mité do  salut  public,  pour  reviser  le  décret 
sur  les  premières  écoles  concurremment  avec 
le  Comité  d'instruction  publique?  Nous  ne 
le  croyons  pas.  Et  nos  raisons  sont,  d'abord  , 
que  le  nom  de  Bouquier  ne  se  trouve  pas 
parmi  ceux  des  six  membres  de  la  Commis- 
sion (voir  t.  II,  p.  827  )  ;  et,  en  second  lieu, 
que  nulle  part,  ni  dans  les  procès-verbaux 
du  Comité,  ni  dans  ceux  de  la  Convention, 
ni  dans  les  comptes-rendus  de  la  presse, 
Bou(|uier  ne  nous  est  présenté  comme  par- 
lant au  nom  de  la  Commission  nommée  le 
2  5  brumaire  :  au  début ,  il  parle  en  son  nom 
personnel  ;  et  plus  tard  ,  après  c[ue  la  prio- 
lilé  a  été  accordée  par  la  Convention  à  son 
projet,  il  nous  apparaît  comme  l'organe  du 
Comité  d'instruction  publique  lui-même. 

Si  Bouquier  n'avait  joué  jusqu'alors  à 
la  Convention  qu'un  rôle  assez  effacé,  la 
présentation  de  son  plan  d'instruction  pu- 
blique allait  le  mettre  en  relief.  11  fut  porté, 
le  26  frimaire,  à  la  présidence  des  Jaco- 
bins, ou  il  succéda  à  Fourcroy. 

Gabriel  Bouquier,  né  à  Terrasson  (Dor- 
dogne)  le  10  novembre  1789,  était  fils 
d'un  commissaire  de  l'intendance  de 
Guyenne.  Après  avoir  fait  de  bonnes  études 
au  collège  de  Brive,  il  se  consacra  tout  en- 
tier à  la  poésie  et  à  la  peinture,  fit  deux 
séjours  assez  longs  à  Paris  à  partir  de  1 765 , 
et  se  lia  avec  Joseph  Vernet,  Greuze,  Jean- 
teau;  il  voyagea  ensuite  en  Italie  de  1776 
à  1779,  s'y  occupa  d'archéologie,  s'y  lia 
avec  David,  et  se  fit  recevoir  membre  de 
l'Institut  de  Bologne  et  de  l'Académie  des 
Arcades  de  Rome.  Rentré  dans  sa  ville 
natale  en    1780,  il  se    maria,    et   devint 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE. 


53 


demande  une  seconde  lecture;  elle  se  fait  et  donne  lieu  à  de  nouvelles 
explications.  On  demande  par  motion  d'ordre  que  la  discussion  se 
borne  h  la  première  instruction.  Cette  demande  adoptée,  on  examine 
la  première  partie  ^^^ 

Un  membre  demande  que  le  commissaire  inspecteur  du  Comité  ^'-^ 
soit  chargé  de  faire  construire  des  armoires  fermant  à  clef.  Arrêté. 

Une  boîte,  que  l'on  dit  renfermer  le  cœur  de  Gasparin,  est  renvoyée 
à  la  garde  du  commissaire  inspecteur^^l 


subdolofi^ué  do,  l'intendance  de  Guyenne, 
sans  cesser  de  s'occuper  de  beaux-arts; 
l'Académie  de  peinture  de  Bordeaux  l'ad- 
mit dans  son  sein  en  1787.  Dès  le  début 
de  la  Révolution,  il  prit  chaleureusement 
parti  pour  la  cause  populaire;  ce  fut  lui 
qui  rédigea,  en  mars  1789,  le  cahier  des 
T plaintes,  doléances  et  remontrances  des 
habitants  de  Terrasson 77.  En  1791,  il  écri- 
vit un  mémoire  sur  l'injuste  assiette  de 
l'impôt,  et  publia  un  Poème  .séculaire  dédié 
aux  amis  de  la  Constitution.  Le  sufTrage 
de  ses  concitoyens  l'appela  aux  fonctions 
de  juge  du  canton  de  Terrasson,  et  en 
Sf^ptembre  1792  il  fut  élu  i'un  des  dix  dé- 
pulf's  de  la  Dordogne  à  la  Convention,  où 
(lès  le  premier  moment  il  siégea  parmi  les 
montagnards,  à  côté  de  son  ami  David. 
M.  le  D'  Galy,  ancien  directeur  du  Musée 
départemental  de  la  Dordogne,  s'est  rendu 
accpiéreur  en  1  8GG ,  à  la  mort  de  la  seconde 
fille  de  Bouquier,  de  tous  les  papiers  do 
celui-ci  et  de  sa  collection  de  dessins  et  de 
tableaux;  il  a  publié  l'année  suivante  une 
notice  intitulée  :  G.  Bouquier,  député  à  la 
Convention  nationale,  peintre  de  mnrineii  et 
de  ruines,  membre  de  l'Institut  de  liolofrue, 
de  l'Académie  des  Arcades  de  Home,  de  l'Aca- 
démie  de  peinture  de  Bordeaux;  notes  sur 
létal  de  la  peinture  en  France  et  en  Italie  à 
lu  fin  du  xvii'^  siècle.  (Avec  un  portrait  de 
Bouquier.)  Par  le  D'  E.  Galv.  PériguiMix, 
imprimerie  Dupont  et  C'°,  1867,  in-8";  Bi- 
bliolliè(|ue  national)»,  Ln-',  2/ii8().  (î'est  à 
C(>tl('  notice  que  nous  avons  (Muprinilé  les 
détails  qui  précèdent. 

Les  papiers  de   Bouquier,  qui,  après  la 
mort  du  D"   Galv,  étaient  restés  entre  les 


mains  de  son  fils,  M.  Paul  Galy  fdécédé  en 
1895),  ont  été  vendus  par  celui-ci  à 
M.  Collinet,  et  rachetés  par  la  bibliothèque 
de  Périgueux.  ^la  s  parmi  ces  papiers  ne 
se  trouve  pas  le  manuscrit  des  Rejlr xi ons  sur 
la  Révolution,  dont  le  D''  Galy  avait  cité 
un  passage  dans  sa  brochure  de  1867  (voir 
notre  t.  II,  p.  860). 

('^  Le  plan  de  Bouquier,  tel  qu'il  fut 
présenté  au  Comité  d'instruction  publique, 
et  imprimé  ensuite  par  ordre  du  Comité 
pour  être  soumis  à  la  Convention  (voir 
aux  annexes,  p.  56),  se  composait  de 
cinq  sections,  portîint  les  titres  suivants  : 
«I.  De  l'enseignement  en  général.  —  11. 
De  la  surveillance  de  l'enseignement.  — 

III.  Du    premier    degré   d'instruction.   — 

IV.  Du  dernier  degré  d'instruction.  En- 
seignement des  sciences  utiles  à  la  société. 
—  V.  Moyens  généraux  d'instruction.  77  La 
décision  du  Comité,  de  se  limiter  à  l'exa- 
men de  la  première  partie,  doit  s'entendre 
des  (rois  ])remières  sections. 

(^)  C'est  Mathieu. 

(■^^  Gasparin,  député  de^  Roudus-du- 
Bhône,  membre  du  Comité  de  salut  public 
du  13  juin  au  a^i  juillet  1793,  avait  été 
envoyé  en  mission  à  rarniée  des  Alpes 
et  à  Toulon.  La  Convention  avait  roçu  le 
!î7  brumaire  la  nouxelle  de  sa  mort;  le 
10  frimaire,  une  députation  des  Sociétés 
populaires  d'Orange  et  d'Avignon,  et  de 
l'adminislraliou  du  tlt^partemeiit  de  Aau- 
cluse,  vint  appcu'ler  à  rasseud)lee  le  ocvur 
de  ce  représentant.  La  pioposilion  de  dépo- 
ser le  cœur  de  Gasparin  au  Panllieoii.  taile 
par  un  député,  fut  rernoy(>e  au  Comité 
d'instruction   j>id>li(|ue.  Voir  auv  annexes. 


5'i        PIIOCÈS-VERBAUX  DU  COMITE  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

Un  meiiibre  propose  qu'il  soit  nommé  trois  commissaires  pour  ré- 
diger un  plan  de  fête  de  Marat,  dans  laquelle  le  cœur  de  Gasparin 
pourra  être  en  même  temps  porté  au  Panthéon ^^l  Adopté.  David, 
Homme  et  Jay  Sainte-Foy  sont  nommés (^). 

Le  président  expose  que  Dombey  est  sur  le  point  de  partir  pour 
les  Etats-Unis  d'Amérique.  Il  expose  qu'il  peut  singulièrement  servir 
l'instruction  publique  en  France  par  ses  connaissances  multiples  sur- 
tout en  histoire  naturelle;  que  par  ses  relations,  il  peut  procurer 
beaucoup  de  renseignements  intéressants.  Il  demande  qu'il  soit  en 
conséquence  remis  au  citoyen  Dombey  une  instruction  analogue  au 
vœu  du  (iOmité.  Cette  disposition  est  arrêtée.  Grégoire  et  Romme 
sont  chargés  de  dresser  cette  instruction  (^^. 

Un  mémoire  sur  un  monument  de  la  commune  d'Auteuil  est  ren- 
voyé à  la  Commission  des  arts^*l 

Le  Comité  arrête  que  les  deux  plans,  savoir  le  projet  revisé  et 
celui  de  Bouquier,  seront  présentés  à  la  Convention,  et  que  celui  de 
Bouquier  sera  imprimé  par  ordre  du  Comité  ^^l 


A  (p.  55),  un  extrait  du  procès-verbal  de 
la  séance  de  la  Convention  du  lo  frimaire 
an  II ,  complété  par  un  extrait  du  Moniteur. 
H  sera  de  nouveau  question  de  Gasparin 
dans  la  séance  suivante  du  Comité  (p.  6/i  ). 

('^  Un  décret  du  ak  brumaire  avait  ac- 
cordé à  Marat  les  honneurs  du  Panthéon, 
et  avait  chargé  le  Comité  d'instruction  pu- 
blique de  présenter  le  plan  de  la  cérémo- 
nie. Il  avait  été  confirmé  par  un  second  dé- 
cret en  date  du  5  frimaire.  (Voir  ces  décrets 
dans  notre  tome  II,  pages  887  et  Hkt.) 

(^)  Dans  la  séance  suivante  du  Comité, 
Thomas  Lindet  est  adjoint  à  ces  trois  com- 
missaires en  qualité  de  rapporteur  (p.  6A). 

(^)  Le  naturaliste  Joseph  Dombey  (né  à 
Mâcon  en  17A2,  mort  dans  Tile  de  Mont- 
serrat,  Antilles,  en  179^),  connu  entre 
autres  par  son  exploration  du  Pérou  (  1778- 
178A),  se  disposait  en  ce  moment  à  repar- 
tir pour  un  nouveau  voyage.  Le  procès- 
verbal  de  la  séance  de  la  Convention  du 
7  frimaire  an  11  mentionne  son  nom, 
à  l'occasion  d'une  offrande  patriotique,  dans 
les  termes  suivants  :  crLe  citoyen  Dombey, 
qui  a  toujours  vécu  sur  les  hautes   mon- 


tagnes d'Europe,  avec  les  sauvages  du  Chili 
et  du  fleuve  des  Amazones,  olTre  à  la  Ré- 
publique quatre  pièces  d'or  et  un  assignat 
de  cinquante  livres  pour  les  frais  de  la 
guerre.  Mention  honorable,  insertion  au 
Bulletin. w  (Procès-verbal  de  la  Convention, 
t.  XXVI,  p.  179).  Usera  de  nouveau  ques- 
tion de  Dombey  dans  la  séance  suivante  du 
Comité  (p.  6h). 

('^  La  Commission  des  arts  s'occupa ,  dans 
sa  séance  du  ao  frimaire,  du  mémoire  pré- 
senté par  la  municipalité  d'Auteuil,  que  le 
Comité  lui  avait  renvoyé.  Voir  aux  annexes, 
C  (p.  62),  un  extrait  du  registre  de  ses 
séances. 

(^^  Le  plan  de  Bouquier  fut  imprimé  en 
effet  par  ordre  du  Comité,  et  distribué  à  la 
Convention  dans  le  courant  de  la  seconde 
décade  de  frimaire.  Quant  au  plan  révisé, 
œuvre  de  la  majorité  du  Comité,  et  plus 
particulièrement  de  Romme,  il  avait  été 
imprimé  aussi  en  exécution  d'une  décision 
prise  le  27  brumaire,  et  nous  l'avons  déjà 
reproduit  (voir  notre  tome  II,  p.  8/19). 
Nous  donnons  aux  annexes,  B  (p.  56),  le 
texte  du  plan  de   Bouquier,  tel   qu'il  est 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  55 


PIECES  ANNEXES. 


On  lit  dans  les  procès- verbaux  de  la  Convention  : 

Séance  du  i  o  frimaire  an  ii 

Les  citoyens  Arnoiis,  administrateur  du  département  de  Vaucluse,  et  Fabre, 
procureur  de  la  commune  de  Gamaret,  se  présent  nt  à  la  Convention,  en  qualité 
de  de'putds  des  autorités  constituées  du  département  de  Vaucluse  ;  ils  apportent  le 
cœur  du  brave  Gasparin,  notre  collègue,  mort  à  la  suite  de  ses  pénibles  travaux, 
qu'ils  déposent  sur  l'autel  de  la  patrie .  .  . 

Mention  bonorable,  et  insertion  au  Bulletin  ''^K 

Le  Moniteur  ajoute  les  détails  suivants  : 

Convention  nationale,  séance  du  lo  frimaire. 

Une  députation  des  Sociétés  populaires  d'Orange,  d'Avignon,  et  de  l'administra- 
tion du  déjiartement  de  Vaucluse,  est  admise. 

L'orateur.  Citoyens  roprésenlants,  nous  venons  exprimer  dans  le  sein  do  la  Con- 
vention nos  regrets  sur  la  mort  d'un  des  plus  intrépides  défenseurs  du  peuple. 
Gasparin,  entièrement  dévoué  à  la  liberté,  est  mort  victime  de  son  zèle.  On  a  re- 
cueilli avec  soin  les  paroles  qu'il  prononra  en  rendant  le  dernier  soupir;  elles 
donneront  une  idée  de  son  courage  et  de  son  ardent  amour  pour  la  liberté,  et  de 
sa  haine  contre  les  traîtres  et  les  ennemis  de  la  République  :  Marchons  tous, 
disait-il,  sous  les  murs  de  Toulon;  ça  ira,  la  République  triomphera.  Tous  les 
patriotes  ont  versé  des  larmes  sur  la  tombe  de  Gasparin;  nous  avons  tous  pensé 
que  sa  mémoiie  vous  était  chère,  et  ([ue  vous  recevriez  avec  plaisir  ses  précieux 
restes;  nous  vous  apportons  son  cœur  :  qu'il  soit  placé  sur  le  sommet  de  la  Mon- 
tagne; les  patriotes,  en  le  voyant,  se  rappelleront  ce  qu'ils  doivent  à  la  R('pu- 
blique,  et  seront  animés  du  même  zèle  pour  sps  inti'réts.  (On  applaudit.) 

Le  président ''^K  Eu  recueillant  avec  un  soin  religieux  les  restes  d'un  iidèle  repré- 
sentant du  [)euple,  d'un  vrai  républicain,  vous  donnez  une  preuve  de  votre  patrio- 
tisme. La  Convention  vous  remercie  de  votre  zèle;  elle  reçoit  avec  un  vif  iulérêl 
l'olTtande  que  vous  lui  faites,  et  vous  invite  aux  honneurs  de  la  séance. 

***.  Le  cœur  de  Gasparin  vous  est  apporté;  lorsqu'il  était  anim(\  il  bi'ùlait  du 
plus  pur  patriotisme.  Je  demande  qu'il  soit  porté  au  i*antli('ou  français. 

Cette  proposition  est  renvoyée  au  Comité  d'instruction  puhlicpie  ^^\ 

conicmi  (iuitdans  lu  pièce  oriijinalç  (|iii  lut  de  sijpialuros,  ni  à  la  uiiniilo  ni  au  ro|pstre. 

distrilméo  à  la   Convention,    que   dans  la  La  minute  est  de  la  main  de  Matliiou. 
réimprossion  qui  fut  lallo  par  aiivté  de  la  '^     i^rocôs- vorhal    de     la    Con\ontimi. 

Société  dos  Jacobins,  <ln  21  IVimairo.  \.  WVI,  p.  •u'ÎS. 

Pour  la  suite,  voir  la  séance  du  u)  tri-  *•*)   C'est  Rommc. 

maire,  p.  8().  (')   Moniteur     du     11     iViniaitv     an     n, 

—  Le  présent  procès-vci-bal  ne  jiorlc  |)as  p.    •87. 


q6        PROri:S -VERBAUX  DU  COMITE  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 


RAPPORT  ET  PROJET  DE  DECRET  FORMANT  UN  PLAN  GENERAL  D-'INSTUUCTION  PU- 
BLIQUE, PAR  0.  ROUQUIER,  MEMRRE  DE  LA  CONVENTION  NATIONALE  HT  DU 
COMITÉ  DUNSTRUCTION.    IMPRIMES   PAR  ORDRE   DU  COMITE. 

Do  rimprimerie  nationale,  s.  d.  '"'. 
Citoyens , 

Vous  avez  cl)ar,fï'(^  votre  Comité  d'instruction  de  reviser  le  de'cret  relatif  à  l'or^ja- 
nisation  dos  premières  écoles.  Il  a  rempli  cette  tâche;  mais  en  s'en  acquittant,  il  a 
vu  que  le  grand  problème  dp  l'organisation  de  Finstruclion  publique  pouvait  être 
résolu  de  ])lusieurs  manières,  et  il  s'est  déterminé  à  vous  présenter  un  nouveau 
plan:  nn  plan  simple,  naturel,  facile  à  exécuter;  un  plan  qui  proscrivît  à  jamais 
toute  idée  de  corps  académique,  de  société  scientifique,  de  hiérarchie  pédagogique; 
un  [)lan  enfin  dont  les  bases  fussent  les  mêmes  que  celles  de  la  constitution  :  la 
liberti',  l'égalité,  la  brièveté. 

Le  premier  de  tous  les  arts  utiles  qu'un  gouvernement  républicain  doit  honorer 
est  celui  de  l'agriculture;  et  les  citoyens  qui  l'exercent  sont,  en  tout  temps,  ceux 
qui ,  les  premiers ,  ont  bien  mérité  de  la  patrie. 

Les  rations  libres  n'ont  pas  besoin  d'une  caste  de  savants  spéculatifs,  dont  l'es- 
prit voyage  constamment,  par  des  sentiers  perdus,  dans  la  région  des  songes  et 
des  chimères.  Les  sciences  jde  pure  spéculation  détachent  de  la  société  les  individus 
qui  les  cultivent,  et  deviennent  à  la  longue  un  po'son  qui  mine,  énerve  et  détruit" 
les  républiques. 

Au  peuple  qui  a  conquis  la  liberté,  il  ne  faut  que  des  hommes  agissants,  vigou- 
reux, robustes,  laborieux;  des  hommes  éclairés  sur  leurs  droits,  sur  leurs  devoirs. 

On  parvient  h  former  de  tels  hommes  en  exerçant  la  jeunesse  à  des  travaux,  à 
des  arts  dont  l'exécution,  en  développant  les  forces,  donne  de  la  souplesse,  de  la 
dextérité;  et  en  mettant  sous  les  yeux  des  lois  simples  et  sages,  de  grands  exemples 
à  suivre,  de  grands  modèles  à  imiter. 

Le  muscadin  crève  dans  une  première  campagne,  ou,  au  premier  coup  de  fusil, 
crie,  en  fuyant.  Sauve  qui  peut,  tandis  que  le  jeune  homme  exercé  dès  l'enfance  à 
des  travaux  pénibles,  étayant  son  courage  de  sa  force,  devient  bientôt  un  excellent 
soldat.  Sa  vigueur  brave  les  fatigues  de  la  guerre  ;  son  courage  affronte  les  périls. 
Il  repousse  l'ennemi,  il  garantit  sa  patrie  du  joug  de  toute  domination,  et  devient 
par  sa  valeur,  sa  constance,  sa  fermeté,  son  dévouement,  le  modèle  du  vrai  répu- 
blicain. 

C'est  donc  à  former  de  tels  hommes  que  nous  devons  nous  attacher.  Et  la  Révo- 
lution ne  nous  a-t-elle  pas  déjà  merveilleusement  servis  a  cet  égard?  Jetons  un 
coup  d'œil  rapide  sur  la  nation  française.  Voyons  ce  qu'elle  était  avant  la    Révo- 

^*^  fiibliothèqne  nationale,  Lo^^  600,  des  presses  de  Tlmprimerie  des  86  dépar- 
in-8";  Musée  pédagogique,  n"  1170^1.  —  tements,  où  fut  faite  la  réimpression  votée 
L'exemplaire  du  Musée  pédagogique  sort         par  la  Société  des  Jacobins. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  57 

liition;  voyons  ce  qu'elle  esl  aujourrriuii.  liidolenle,  apathique,  insouciante  à 
l'excès,  les  sciences  futiles,  les  arts  frivoles  lui  tenaient  lieu  de  tout.  Elle  portait 
les  feîs  de  la  tyrannie  sans,  pour  ainsi  dire,  en  sentir  le  poids;  à  peine  connaissait- 
elîelenom  de  liberté.  Il  a  fallu  que  les  tyrans  anthropopliaf]es  qui  la  mutilaient 
depuis  tant  de  siècles  l'aient  arradK'e,  h  foi'ce  d'excès,  de  cruautés  et  de  noir- 
ceuis,  des  bras  du  sommeil  léthargique  où  le  de<^potisme  l'avait  plongée.  Mais 
l'heure  du  réveil  arrive;  le  tocsin  de  la  liberté  retentit  au  loin;  la  nation  se  lève, 
reprend  sa  puissance,  et,  dans  un  clin  d'œii,  un  peuple  d'esclaves  devient  nn 
p.'uple  de  héros.  Les  bastilles  sont  ren\ersées,  les  satrapes  tremblent,  la  nation 
organise  son  pouvoir,  les  sociétés  populaires  sont  formées,  la  voix  de  la  raison  se 
fait  entendre,  chaque  ciloyen  devient  soldat,  l'amour  de  la  liberté  s'empare  de 
tons  les  cœurs,  et  les  conrluit  d'un  pas  rapide  à  la  hauteur  du  républicanisme. 

Tels  sont  les  effets  miraculeux  qu'a  produits  notre  Révolution;  tels  sont  les 
moyens  dont  elle  a  fait  usage. 

Qu'avons-nous  donc  besoin  d'aller  chercl.'er  loin  de  nous  ce  que  nous  avons 
sous  nos  yeux?  Citoyens!  les  plus  belles  écoles,  les  plus  utiles,  les  plus  simples, 
cil  la  jeunesse  puisse  prendre  une  éducation  vraiment  républicaine,  sont,  n'en 
doutez  pas,  les  séances  publiques  des  départements,  des  districts,  des  municipa- 
lités, des  tribunaux,  et  surtout  des  sociét('s  populaires.  C'est  dans  ces  sourcf  s  pures 
que  les  jeunes  gens  puiseront  !a  connaissance  de  leurs  droits,  de  leurs  devoirs,  des 
lois  et  de  la  morale  républicaine;  c'est  en  maniant  les  armes,  c'est  en  se  livrant 
aux  exercices  de  la  garde  nationale,  c'est  en  s'accoutumant  au  travail,  en  exerçant 
un  art  ou  métier  pénible,  que  leurs  membres  deviendront  souples,  que  leurs  forces 
se  développeront,  qu'ils  perfectionneront  leurs  facultés  physiques.  Tout  leur  pré- 
sentera des  moyens  d'instruction  :  ils  en  trouveront  au  sein  de  leurs  familles,  ils 
en  trouveront  dans  les  livres  élémentaires  que  vous  allez  publier,  ils  en  trouveront 
enfin  dans  les  fêtes  nationales  que  vous  allez  instituer. 

D'après  cet  exposé  rapide,  on  doit  voir  clairement  que  la  Révolution  a,  pour 
ainsi  dire  d'elle-même,  organisé  l'éducation  publique  et  placé  partout  des  sources 
inépuisables  d'instruction. 

N'allons  donc  pas  substituer  à  cette  organisation,  simple  el  sublime  connue  le 
peuple  (jui  la  crée,  une  organisation  factice  et  calquée  sur  des  statuts  acadc'uiicjues 
qui  ne  doivent  plus  infecter  une  nation  régénérée.  Conservons  précieusement  ce 
qu'ont  fait  le  peuple  el  la  Révolution;  contontons-nous  d'y  ajouter  le  peu  (pu  v 
inan(pie  pour  comph'ter  l'instiuclion  publique.  Ce  complément  doit  être  sim|)le 
connue  Touvrage  créé  pai*  le  gt'ui^^  de  In  Ih'volution.  Nous  allons  vous  en  pi'ésen- 
ter  le  projet. 

PL\N  GKXKRAL  D'INSTRUCTION  PI  RIJOIF:. 


SECTU)\    PHKAIII.RK. 

De  l'cnset'ipiOHrnt  en  ficnérnl. 

Articlk  pnKMii;n.   1/enseignemenl  ps|  libre. 
Airr.  a.    Il  sera  fut  publi(piement. 


58        PnOGI<:S-VERBAUX  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

Art.  3.  Les  citoyens  et  ciloyennes  qui  voudront  user  de  la  liberté  d'enseigner 
seront  ti^us  : 

i"  De  déclarer  à  la  municipalité,  ou  à  la  section  de  la  commune,  qu'ils  sont 
dans  l'intenlion  d'ouvrir  une  école; 

û°  De  désigner  l'espèce  de  science  ou  art  qu'ils  se  proposent  d'enseigner; 

3"  De  produire  un  cei'tificat  de  civisme  et  de  bonnes  mœurs,  signé  de  la  moitié 
des  membres  du  conseil  général  de  la  commune,  ou  do  la  sec! ion  du  lieu  de  leur 
résidence,  et  par  deux  mi^mbres  au  moins  du  comité  de  surveillance  de  la  section, 
ou  du  lieu  de  leur  domicile,  ou  du  lieu  qui  en  est  le  plus  voisin. 

Art.  /i.  Les  citoyens  et  citoyennes  qui  se  vouent  à  l'instruction  ou  à  l'enseigne- 
ment de  quelque  art  ou  science  que  ce  soit  seront  désignés  sous  le  nom  d'insti- 
tuteur ou  d'institutrice. 

SECTION   II. 

De  la  surveillance  de  l'enseignement. 

Article  premier.  Les  instituteurs  et  institutrices  sont  sous  la  surveillance  immé- 
diate de  la  municipalité  ou  section,  des  pèr^^s,  mères,  tuteurs  et  curateurs,  et 
sous  la  surveillance  générale  de  tous  les  citoyens. 

Art.  2.  Tout  instituteur  ou  tnstiiutrice  qui  enseignerait  dans  son  école  des 
préceptes  ou  maximes  contraires  aux  lois  et  h  !a  morale  républicaine  sera  dénoncé 
par  la  surveillancr',  et  puni  selon  la  gravité  du  délit. 

Aux.  3.  Tout  instituteur  ou  institutrice  qui  outrage  les  mœurs  publiques  est 
dénoncé  par  la  surveillance,  et  traduit  devant  la  police  correctionnelle  ou  tout 
autre  tribunal  compétent,  pour  y  être  jugé  suivant  la  loi. 

section  m. 
Du  premier  degré  d'instrnction. 

Article  premier.  La  Convention  nationale  charge  son  Comité  d'instruction  de 
lui  présenter  les  livres  élémentaires  des  connaissances  absolument  nécessaires  pour 
former  les  citoyens,  et  déclare  que  les  premiers  de  ces  livres  sont  les  Droits  de 
l'homme,  la  Constitution,  le  Tableau  des  actions  héroïques  ou  verîueuses. 

Art.  2.  Les  citoyens  et  citoyennes  qui  se  borneront  à  enseigner  à  lire,  à  écrire, 
ot  les  premières  règles  de  l'arithmétique,  seront  tenus  de  se  conformer  dans  leurs 
enseignements  aux  livres  élémentaires  adoptés  et  publiés  à  cet  effet  par  la  repré- 
sentation nationale. 

Art.  3.  Ils  seront  salariés  par  la  Répubhque,  à  raison  du  nombre  des  élèves 
([ui  fréquenteront  leurs  écoLs,  et  conformément  au  tarif  compris  dans  l'article 
suivant. 

Art.  U.  Les  instituteurs  et  institutrices  du  premier  degré  d'instruction,  qui  ou- 
vriront des  écoles  dans  les  communes  d'une  population  de  trois  cents  à  trois  mille 
âmes,  recevront  annuellement  de  la  République,  pour  chaque  enfant  ou  élève, 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  59 

savoir  :  rinstiluteur,  la  somme  de  dix  livres;  l'institutrice,  celle  de  huit  livres  par 
cliaque  élève. 

Ci,  de       3oo    à       3,ooo 10  livres     8  livres. 

—  3,000    à       6,000 1  •?     —        9     — 

—  6.000     à     1 8,000 1  '1      —      19      — 

—  j  8,000     à     36,000 16     —      1  ■>      — 

—  36,000     il     y9,ooo 18      —      1  J      — 

—  72,000     à  tîi6,o()o  ^''  et  iiu-dessus 9.0     —      16 

Art.  5.  Il  sera  ouvert  dans  chaque  municipalité  ou  section  un  registre  pour 
rinscription  des  noms  des  inslituteurs  et  institutrices  du  premier  degré  dinstruc- 
tion,  et  des  enfants  ou  pupilles  qui  leur  seront  confiés  par  les  pères,  mères,  tu- 
teurs ou  curateurs. 

Art.  6.  Les  pères,  mères,  tuteurs  ou  curateurs  pourront,  à  leur  choix,  envoyer 
leurs  enfants  ou  pupilles  aux  écoles  du  premier  degré  d'instruction ,  en  observant 
ce  qui  suit. 

Art.  7.  Ils  seront  tenus  de  déclarer  à  leur  municipalité  ou  section  : 
1°  Les  noms  et  prénoms  des  enfants  ou  pupilles  qu'ils  sont  dans  lintention  d'en- 
voyer ttuxdites  écoles; 

2"  Les  noms  et  prénoms  des  instituteurs  ou  institutrices  dont  ils  font  choix. 

Art.  8.  Ceux  desdils  pères,  mères,  tuteurs  ou  curateurs,  qui  n'auraient  pas 
rempli  les  conditions  ci-dessus,  seront  tenus  de  payer  l'instituteur  ou  rinstitulrice. 
en  conformité  du  tarif  et  à  raison  du  nombre  d'enfants  ou  pupilles  qu'ils  leur  au- 
raient confiés. 

Art.  9.  Les  enfants  ne  pourront  être  installés  dans  les  écoles  qu'à  l'âge  de  six 
ans  accomplis ,  et  le  premier  jour  de  chaque  mois. 

Art.  10.  Les  inslituteurs  ou  institutrices  du  premier  degré  d'instruction  ùn\- 
dront  registre  des  noms  et  prénoms  des  enfants  et  du  mois  où  ils  auront  été  installés 
dans  leurs  écoles. 

Art.  11.  Ils  seront  payés  par  trimestre;  et,  à  cet  efiet,  ils  seront  tenus  de  pro- 
duire à  la  municipalité  ou  à  la  section  un  relevé  de  leurs  registres,  lait  mois  par 
mois,  portant  les  noms  et  prénoms  d(\s  enfants  qui  auront  assistt'  à  leurs  leçons 
pendant  cliaque  mois.  Ce  relevé  sera  confronté  avec  le  registre  de  la  numicipalité 
on  de  la  section.  La  confrontation  faite,  il  leur  sera  délivré  un  mandat. 

Art.  12.  Ce  mandat  contiendra  le  nombre  des  enfants  (|ui,  pendant  cluupie 
mois,  aui'onl  suivi  l'école  de  l'instituteur  ou  de  l'instilulrice,  et  la  somme  (pii  lui 
sera  due.  Il  sera  si{;né  du  maire  el  de   deux  officiers  municipaux  ou   de  deux 

^'^  Ce  chiflre  de  a  t  /i,()()()  ne  lorrcspoiid  siis%  qui  a  Tair  de  sijjnifier  qm^lque  chose, 

à  rien:  le(loul)ledp  7'i.o()()  s»M'ail  i/i'i,()oo;  n(>  pivsonft»  eu  ivaliU»  aticim   sons  salisfai- 

lo  Iripln  serait  :>iG,ooo.  Il  doit   y  avoir  là  saul  ;  il  l'allail  diiv  siiMplomenl  :  «au-di'ssiis 

une  (aille  (Timpressioii.  V.n  oulrr,  loiilc  la  de  7 11,000 t'. 
hjjnc  :  ffdo  711,000  û  im '1,000  ot  au-de»- 


()()        l'ROGI^:S-VERBAUX  DU  COMITÉ  iriNSTPiUCTION  PUBUOUE 

membres  du  conseil  .<»('ii('i'al  de  la  commune,  on  par  le  prc^sident  de  la  section,  et 
(Ien\  mend)i'cs  du  conseil  de  ladite  section,  et  par  le  secivtaire. 

y\RT.  13.  Les  mandats  seron!  j)ay(^s  à  vue  j)ar  les  percepteurs  de  la  contribution 
foncière  ou  mobilière  de  la  conniiune  ou  section,  et  seront  passes  en  compte  aux- 
dits  percepteurs  par  les  receveurs  de  disirict. 

Art.  1^.  Les  jeunes  gens  ([ui,  au  sortir  des  écoles  du  premier  degré' d'instruc- 
tion, ne  s'occuperont  pas  du  travail  de  la  leri'e,  seroni  tenus  d'apprendre  une 
science,  art  on  métier  utile  à  la  société. 

AiiT.  15.  Ceux  desdits  jeunes  gens  qui,  h  l'âge  de  vingt  ans  accomplis,  ne  se 
sei'ont  pas  couformi^s  aux  dispositions  de  Tarlicle  ci-dessus,  seront  privés  pour  le 
l'esté  de  leui'S jours  de  Texercice  du  plus  beau  de  tous  les  droits,  celui  de  citoyen. 

SKCTION   IV. 

Du  di'mier  d^o-rr  d'iuslruclion. 

Auticlk  prkmikr.  Li  rJiinion  des  citoyens  en  sociétés  populaires,  les  théâtres, 
les  jeux  civiques,  les  évolutions  militaires,  les  fêtes  nationales  et  locales,  font  partie 
du  second  degré  d'instructio  i  publique. 

Art.  2.  Pour  faciliter  la  réunion  des  sociétés  populaires,  la  célébration  des 
fêtes  nationales  et  locales,  des  jeux  civiques,  des  évolutions  militaires,  et  la  repré- 
renlation  des  pièces  patriotiques,  la  Convention  déclare  que  les  églises  et  maisons 
ci- -evant  curiales,  actuellement  abandonnée >,  appartiennent  aux  communes. 

Art.  3.  Elle  charge  son  Comité  d'instruction  de  faire  choix  des  livres  élémen- 
taires existants  des  diverses  sciences  qui  doivent  concourir  à  la  perfection  de  l'in- 
struction publique,  et  d'accélérer  la  composition  de  ceux  qui  nous  manquent. 

Enseignement  de  sciences  utiles  a  la  société. 

Article  premier.  Il  y  raira  des  ofïiciers  de  santé  dans  chaque  hospice  ou 
maison  de  bienfaisance  de  la  Pu'publique, 

Art.  2.  Leur  nombre  sera  proportionné  h  celui  des  malades  qui  sont  annuelle- 
ment Iraitt'S  dans  chacune  de  ces  maisons. 

Art.  3.  Les  officiers  de  santé  auprès  dune  maison  de  bienfaisance  sont  tenus 
de  donner  des  leçons  publiques  de  médecine,  de  chirurgie,  de  botanique,  de 
chimie,  d'accouchemeiit. 

Art.  h.   Il   sera  établi  des  instituteurs  de  génie,  d'artillerie,   sape  et  mine, 
dans  les  quatre  places  de  \^  Pu'publique  ci-après;  savoir  : 
A  Lille,  deux  instituteurs  d'artillerie,  sape  et  mine; 
A  Valenciennes ,  deux  de  génie; 
A  Perpignan,  doux  d'artillorio,  sape  et  mine; 
A  Bayonne,  deux  de  génie. 

Art.  5.  Ces  instituteurs  militaires  enseigneront  publiquement  les  sciences  né- 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  61 

cessaires  à  former  des  inge'iiieurs,  artilleurs,  sapeurs  etmiueurs,  d'après  les  livres 
élénieiilaires  qui  leur  seront  délivrés  à  cet  effet. 

Akt.  6.  i^a  partie  du  génie  relative  aux  ponts  et  chaussées  ne  sera  enseig-née 
qu'à  Paris;  trois  instituteurs  seront  chargés  de  cet: enseignement. 

Art.  7.  Quatre  observatoires  seront  établis  dans  la  République  : 

Le  premier  à  Paris  :  quatre  astronomes  y  sont  attachés; 

Le  deuxième  à  Strasbourg; 

Le  troisième  à  Brest; 

Le  quatrième  à  Marseille. 

Deux  astronomes  seront  attachés  à  chacun  de  ces  trois  observatoires. 

Art.  8.  Les  astronomes  de  la  République  sont  tenus  de  former  des  élèves  pour 
les  observations  astronomiques  et  météorologiques,  pour  les  calculs  de  la  comiîiii^ 
sauce  des  temps,  et  autres  ouvrages  tendant  à  perfectionner  la  navigation. 

Art.  9.  Il  y  aura  un  hydrographe  dans  chaque  port  de  la  Iiépublique;  il  y  en- 
seignera publiquement  les  sciences  nécessaires  aux  marins. 

Art.  10.  Les  diiïérenis  instituteurs  ci-dessus  désignés  pour  remplir  l;-  dernier 
degré  d'instruction  seront  salariés  par  la  République. 

Art.  11.  L'enseignement  libre  des  sciences  et  arls  non  désignés  par  le  présent 
décret  n'est  pas  aux  frais  de  la  Pu'publique. 

Art.  ^2.  Néanmoins  les  jeunes  gens  qui  auraient  des  dispositions  bien  pro- 
noncées pour  quelque  art  ou  science  dont  l'enseignement  n'est  pas  salarié  poui'- 
ront,  sur  l'attestation  de  l'instituteur  qui  leur  aura  donné  les  premiers  éléments 
(lesdits  arls  et  sciences,  et  sur  celle  du  conseil  général  de  la  comnuine  ou  section, 
oblenii",  dans  les  cas  seulement  où  ils  appartiendront  à  des  parents  hors  d'état  de 
fournir  au  d(!veloppement  de  leurs  heureuses  dispositions,  un  secours  annuel  den  - 
couragement  pendant  un  nombre  d'années  déterminé. 

SECTION   V. 

Moyens  généraux  d'instruction. 

Article  premikr.  Il  sera  formé  dans  chaque  chef-lieu  des  comnmnes  les  plus 
p)pulenses  de  la  République  une  bibliothèque,  un  nuiséum,  un  cabinet  d'histoire 
nalin-elle,  un  cabine!  d'instrmnenlsde  pliysi([ue  ex[)(Minientale,  et,  auprès  de  cluu[ue 
hos[)ice,  un  jardin  pour  la  culture  des  pinntfs  usuelles. 

Art.  2.  Ces  établissements  seront  ouvei'ts  au  public  (!eu\  fois  par  dt-rade. 

Art.  o.  Les  citoyens  ([ui  cultivent  ([uel  pie  art  ou  science  relatifs  à  ces  l'tablis- 
semenls  y  seront  aihnis  cha([ue  jour,  en  pn'sfMitant  leur  carie  rivi([iie. 

Art.  h.  Les  citoyens  (pii  désireraient  ouvrir  des  cours  de  [)hysi(pi(>  expi'iinien- 
tale  (lu  d'histoire  naturelle,  et  qui  n'auraient  pas  les  moyens  de  se  procurer  le> 
objets  et  instruments  i^écessaii'es  à  cet  elfet,  pourront,  sous  leur  responsabiiiU'  el 
du  consenlemcMit  de  la  nmiuVipalili'  et  du  conseil  général  de  la  eunnnnie.  do;inei' 
leurs  leçons  dans  les  cabinets  nationaux. 


62        PROCÈS-VERBAUX  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

Art.  5.  Ces  établissements  nationaux  sont  sous  la  surveillanco  immédiate  des 
municipalités. 

Art.  ().   Il  sera  établi  dans  chacun  d'eux  un  surveillant  paiiiculier,  aux  liviis  de 
la  République. 

A'perçu  général  des  dépenses  annuelles,  nécessaires  ponr  l'exécution 

du  plan  proposé. 

Premier  dejjré  (Tinslruction !2(), 000,000 

Dernier  degré  (rinstructioii 'j, 000, 000 

Moyens  généraux  d'instruction •^,000,000 

Total 3o, 000, 000 

Pour  la  suite,  voir  l'annexe  G  de  la  séance  du  Comité  du  19  IHinaire,  p.  9a. 


On  lit  dans  le  registre  des  procès-verbaux  de  la  Commission  des  arts  : 

Séance  du  20  frimaire,  l'an  2^  de  la  République. 

D'après  le  rapport  de  la  section  de  peinture,  la  Commission  des  arts,  adjointe 
au  Comité  d'instruction  publique,  ayant  pris  connaissance  des  motifs  des  récla- 
mations portées  dans  le  mémoire  présenté  par  la  municipalité  d'Auteuil,  ne  peut 
que  l'engager  à  laisser  les  ornements  antiques  dont  ces  bâtiments  sont  décorés , 
attendu  quils  n'ont  rien  de  relatif  aux  objets  de  féodalité  et  de  royauté,  et  qu'au 
contraire  ce  sont  des  monuments  antiques  moulés  à  Rome  et  propres  à  faire  fleurir 
les  ornements  de  bon  goût  qui  doivent  être  souvent  employés  dans  l'architecture  ^'^. 

'^'   Archives  nationales,  F''*  7,  foiio  13,  recto. 


DE  LA  GOiNVENTION  NATIONALE. 


63 


CENT   SOIXANTE-DEUXIEME  SEANCE. 

Du  i3  frimaire  ami.  [3  décembre  1798.] 

Le  citoyen  Raffron  vient  communiquer  des  observations  au  Comité 
sur  les  sans-culottides.  Il  expose  que  l'accumulation  de  ces  fêtes  a  des 
inconvénients  à  une  époque  où  les  travaux  champêtres  ne  permet- 
traient pas  aux  citoyens  des  campagnes  d'y  prendre  part.  11  propose 
de  répartir  ces  fêtes  sur  toute  Tannée,  à  différentes  époques.  Ce  plan 
est  accueilli,  et  examiné.  L'auteur  est  prié  de  le  déposer  sur  le  bureau, 
et  invité  à  en  conférer  avec  Romme  sous  le  rapport  du  calendrier,  et 
avec  les  commissaires  des  fêtes  nationales  quant  à  la  répartition  des 
sans-culottides  ^^\ 

Valdruche  fait  un  rapport  sur  une  réclamation  des  instituteurs  tant 
de  la  commune  de  Paris  que  des  deux  districts  ruraux  du  département. 
On  fait  diverses  propositions;  on  arrête  que  le  rapporteur  en  confé- 
rera avec  le  Comité  des  llnances'-l 

Villar  fait  un  rapport  sur  une  réclamation  du  citoyen  Mangard 
qui  a  demandé  l'établivSsement  d'une  école  de  langue  française  an- 
cienne pour  faciliter  l'étude  des  anciens  monuments  et  refaire  l'his- 
toire sur  la  vérité.  Il  expose  les  titres  littéraires  de  Mangard,  et  ses 
longs  travaux  suivis  d'une  excessive  indigence.  Il  propose  qu'il  soit 
écrit  par  le  président  soit  à  l'auteur,  soit  au  Comité  de  liquidation 
sur  l'auteur;  on  fait  d'autres  propositions.  Un  membre  observe  qu'il 
est  quelques  vérifications  à  faire  sur  le  [)étitionnaire;  il  demande  en 
conséquence  l'ajournement.  L'ajournement  est  adopté ^^^ 


'^^  Neuf  mois  plus  tard,  par  un  décret 
du  9  fructidor  an  11,  la  Convention  sup- 
prima ies  lètes  qui  devaient  avoir  lieu  pen- 
dant les  quatre  premiers  jours  sans-culot- 
tides, et  ne  conserva  que  celle  du  cinquième 
et  dernier  jour. 

^*)  Valdruche  avait  été  nommé  rappoi'- 
teur  dans  la  séance  du  9  Irimaire  (p.  4A), 
en  reuiplaccment  de  Feny  qui  avait  été 
désigné  d'iihord  (le  5  frimaire,  p.  la). 
Pour  la  suilc,  voir  la  séance  du  1.^)  frimaire 
(p.  07). 


^^)  Dans  sa  séance  du  28  septembre,  le 
Comité  avait  reçu  de  Mangard  une  pétition 
relative  à  une  réor<][anisation  de  la  section 
des  manuscrits  à  la  Bibliothèque  nationale 
et  à  la  création  d'une  école  de  langue  fran- 
çaise anciiMuie,  pétition  accompagnée  d\iu 
mémoire explicatifol  (l'un  tahlt\ui  comparalil 
de  la  langue  aux  différents  siècles  (voir  t.  II, 
p.  .J  i  a  ).  Grégoire ,  nommé  rapporteur,  avait 
présenté  le  5  octobre  des  conclusions  favo- 
rablesà  Mangard  (voir  t.  H  ,p.  Ô7  1).  (it^hii-ci, 
admis  à  la  barre  do  la  Convention  le  7  hni- 


G^i        PUOGKS-VERBAUK  DU  COMITE  IVINSTHUCTION  PUBLIQUE 


(ir('<>oir«' 


lit  le  |)roini(M'  numéro  de  la  Feuille  morale.  Il  contient  deux 
sur  Loustallot;  2"sui'  Lej)eletier.  On  discute  la  forme  et  le 


articles  :  i 

fond.  On  demande  (]uel(|ues  modifications,  sauf  lesquelles  le  numéro 

est  adopté^'^  On  demande  un  troisième  rédacteur.  Lindet  est  nommé -^ 

Ronnne  lit  une  instruction  pour  Dondjey  prêt  à  partir  pour  les 
Etats-Unis  d'Améri(|ue^"'l 

Guyton  fait  un  rapport  sur  le  cabinet  Joubert,  (ju'il  dit  être  d'un 
très  grand  prix  et  exiger  beaucoup  de  ménagements  dans  le  transport. 
On  discute  cet  objet;  de  la  discussion  il  résulte  que  les  bureaux  de 
liquidation  ne  peuvent  se  transporter  à  la  maison  Joubert,  ni  les  ob- 
jets d'histoire  naturelle  en  être  déjdacés  dans  un  aussi  court  esj)acede 
temps.  Guyton  est  nommé  rap[)orteur  pour  se  concerter  avec  le 
Comité  des  domaines^^^. 

On  demande  qu'il  soit  nommé  un  rapporteur  pour  les  honneurs  à 
rendre  à  Beauvais,  Pierre  Baille,  Chalier,  Gasparin  mort  dans  le 
cours  de  ses  travaux,  et  sur  le  procès  de  la  mémoire  de  Dampierre. 
Lindet  est  nommé  rapporteur  ^"^. 


maire ,  y  fit  lecture  de  sa  pétition ,  dont  l'in- 
sertion au  Bulletin  fut  ordonnée.  (Voir  aux 
ainiexes,  p.  65,  un  extrait  du  procès-verbal 
de  la  séance  de  la  Convention  du  7  brumaire 
an  II,  complété  par  un  extrait  du  Moniteur, 
et  le  texie  do  la  pétition  de  Mangard,  ex- 
trait du  Bulletin.)  La  réclamation  de  Man- 
^ard  dont  il  est  ici  question ,  et  que  nous 
n  avons  pas  trouvée  aux  Archives  nationales, 
paraît  avoir  été  relative,  non  à  son  projet 
d'école,  mais  à  une  demande  de  secours.  Il 
sera  de  nouveau  question  de  Man|jard  dans 
la  séance  du  21  frimaire  (p.  i33). 

(^^  Ce  premier  numéro  sera  lu  une  se- 
coiide  fois  par  Gré^joire  à  la  séance  suivante 
du  Comité.  Cotte  fois,  le  rédacteur  du  pro- 
cès-verbal l'appellera  crie  premier  numéro 
des  Annales  du  civisme»  (p,  68). 

(-)  La  Commission  de  rédaction  de  la 
Feuille  de  morale  avait  été  nommée  par  le 
Comité  le  11  brumaire  (voir  t,  11,  p.  728). 
Elle  S3  composait  de  trois  membres,  Daoust, 
Grégoire  et  Basiro.  Une  place  était  vacante 
depuis  l'arrestation  de  Basiro  (27  bru- 
maire), d'où  la  nomination  de  Thomas 
Lindet. 


^^^  Voir  la  séance  du  1 1  frimaire  (p.  bh) 
et,  pour  la  suite,  celle  du  21  (p.  i36). 

('^^  Voir  la  séance  du  9  frimaire  (p.  A3). 
Un  nouveau  rapport  sur  le  cabinet  Joubert 
a  été  présenté  dans  la  séance  du  2  3  frimaire 
(p.  1/11  ). 

^^)  Nous  avons  déjà  parlé  (t.  Il,  p.  628, 
note  5  )  de  Beauvais  et  de  Pierre  Baille ,  (pi'on 
croyait  alors  avoir  été  tous  deux  mis  à  mort 
par  les  Anglais  à  Toulon  (on  sait  que  la  nou- 
velle n'était  exacte  qu'en  ce  qui  concerne  le 
second).  La  Convention,  dans  sa  séance  du 
3  frimaire,  avait  accordé  une  pension  de 
quinze  cents  livres  à  la  mère  de  Pierre 
Baille  (Procès -verbal  de  la  Convention, 
t.  XXVI,  p.  61).  La  mémoire  de  Chalier, 
guillotiné  par  les  conire-révolutionnairos  de 
Lyon  le  16  juillet  1793,  venait  d'être  l'objet 
d'éclatants  hommages  à  Ja  commune  de 
Paris  et  aux  .lacobins;  et  la  Convention, 
dans  sa  séance  du  1 1  frimaire ,  avait  entendu 
la  lecture  d'une  lettre  des  représentants 
Fouché  et  Collot  d'Herbois  annonçant  l'en- 
voi dos  restes  du  démocrate  lyonnais  (Pro- 
cès-verbal de  la  Gonventioa,  t.  XXVI, 
p.  282).  Sur  Gasparin,  voir  p.  53,  note  2. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  65 

La  séance  est  levée  à  dix  heures^^^ 

PIÈCES    ANNEXES. 

On  lit  dans  les  procès-verbaux  de  la  Convention  : 

Séance  du  7  brumaire  11. 

Le  citoyen  Mangard,  admis  à  la  barre,  prononce  un  discours  dans  le(j[uel  il  lait 
sentir  la  nécessité  d'étudier  l'ancien  langage  français,  pour  le  perfeclionneaient 
de  l'histoire,  et  sur  les  moyens  d'en  rendre  l'étude  plus  facile  qu'elle  ne  l'a  été 
jusqu'à  présent. 

Il  fait  hommage  à  la  Convention  d'un  mémoire  dans  lequel  sont  dévelo[)pés  ses 
principes  et  d'un  tableau  comparatif  des  langues  des  xii*,  xm\  \i\\  xv',  xvi^  xvu' 
et  xvuf  siècles. 

Le  président  applaudit  au  zèle  du  pétitionnaire,  reçoit  son  hommage  et  l'invite 
aux  honneurs  de  la  séance. 

La  Convention  ordonne  que  la  pétition  du  citoyen  Mangard  sera  insérée  au 
Bulletin,  et  renvoie  le  tout  au  Cojnité  d'instruction  publique,  pour  en  faire  un 
prompt  rapport  ^"^ 

La  pétition  de  Mangard  a  été  insérée  au  Bulletin  de  la  Convention  à  la  date  du  8  bru- 
maire. En  voici  le  texte  : 

Représentants  du  peuple, 

Vous  avez  établi  la  République;  le  fondement  sur  lequel  elle  doit  reposer  pour 
être  inébranlable,  c'est  la  vertu:  c'est  donc  à  former  des  hommes  vertueux  ([ue 
doit  tendre  l'instruction  publique.  Pas  de  préceptes,  beaucoup  d'exemples.  Mais 
conservera- t-on  la  vieille  habitude  de  n'aller  chercher  des  modèles  de  vertu  (pie 
cliez  les  Grecs  et  les  Romains,  comme  si  notre  sol  n'en  avait  jamais  produit?  Oui, 
sous  le  règne  même  de  l'oppression ,  la  France  fut  fertile  en  héros  dignes  d'être 
républicains.  Etudions  donc  de  préférence  l'histoire  de  notre  nation,  mais  défions- 
nous  des  livres  modernes. 

Dès  que  le  despotisme  eut  asservi  les  lettres,  dès  le  conunencement  du  règne  de 
François  P',  peu  d'écrivains  osèrent  dire  la  vérité.  La  plupart  se  firent  adulateurs, 
ne  rougirent  pas  de  lui  substituer  le  mensonge.  Des  mains  saciilèges  altérèrent  et 
corronq)irent  tous  les  livres  anciens  qui  pouvaient  rappeler  au  peuple  le  souvenir 
(le  sa  puissance  et  de  ses  imprescriptibles  droits.  Parmi  des  milliers  d'alléralions 

Quant  au  général  Dampierre,  tué  le  8  mai  La  question  reviendra  à  Tordre  du  jour 

1798    h   Tallaquc   des    bois    do  Raisuies,  dans  la  séance  du  .3  nivôse  au  n  (p.  207). 

près  Valouciennes,  la  Convention  lui  avait  (')  Ce  dernier  alinéa  n'existe   pas  à   la 

accordé  les  honneurs  du  Pantlié()n  par  un  minute.  Pas  de  sigualures,  ni  à  la  minute 

décret  rendu  le  ti  du  même  mois;  mais  ni  au  registre.  La   minute  est  de  la  ninin 

la  rumeur  pid)li(jue  commençait  à  accuser  de  Mathieu. 

Dampierre  d'avoir  été  d'inlellig.'uce  avec  >-'   Procès- verbal     de     la     Convention, 

Cusline.  I.  \\l\ ,  p.   1  -o. 


im-niui  nit    >aii(|\aic. 


66        PROCES-VERBAUX  DU  COMITE  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

de  ce  genre,  je  n'en  citerai  qu'une,  mais  singulièrement  remarquable.  Vers  l'an- 
ne'e  ii5o  on  écrivait,  en  1689  ou  imprimait  librement  cette  maxime  :  ffCelui 
qui  a  commis  au  crime  capital,  quel  qu'il  soit,  le  roi  même,  doit  subir  le  supplice 
au(piel  il  aura  h6  condamné  par  les  juges  et  par  les  citoyens v.  Eu  faisant  réimpri- 
mer, ou  i55/i  et  i586,  le  livre  (Tristan  de  Léonais,  1.  i,  cliap.  x)  où  elle  se 
trouve,  Jean  Mangin  eut  l'audace  d'établir  précisément  l'inverse  :  ff Quiconque, 
dit-il,  commettait  homicide, /ors  (excepté)  le  souverain  seigneur,  qui  était  Mérovée, 
pour  quelque  cas  que  ce  fut,  il  hii  fallait  souffrir  mortw. 

Rocouroz  donc  aux  sources,  aux  monuments  purs  et  intacts.  La  Bibliothèque 
nationale  q\\  rcuferme  un  dépôt  iuiiuiment  précieux.  J'ai  employé  trente-trois  an- 
nées à  la  recherche  et  à  la  vérification  de  ceux  qui  sont  conservés  dans  d'autres 
dépôts  et  qui  peuvent  y  être  réunis.  Je  puis  vous  dire  qu'avec  de  pareils  matériaux 
il  sera  facile  de  faire  une  bonne  histoire,  qui,  comme  celle  de  Tacite,  sera  en 
même  temps  un  cours  de  morale  et  de  politique.  Vous  faire  sentir  la  nécessité 
d'avoir  recours  aux  anciens  monuments  pour  trouver  la  vérité,  c'est  vous  con- 
vaincre de  celle  d'en  entendre  et  par  conséquent  d'en  étudier  l'idiome  ;  cette  étude , 
qui  peut  être  rendue  très  facile ,  serait  d'ailleurs  utile  au  progrès  des  lettres ,  et 
propre  à  enrichir  notre  langue  moderne  d'une  nudtitude  de  termes  énergiques 
qui  n'ont  pas  été  remplacés,  et  qui  méritent  bien  de  revoir  le  jour. 

Les  différents  objets  que  je  viens  de  faire  passer  rapidement  sous  vos  yeux  sont 
développés  dans  un  mémoire  que  j'ai  l'honneur  de  vous  présenter.  J'y  ai  joint  un 
tableau  comparatif  des  langages  de  chaque  siècle,  depuis  le  moment  où  l'on  a 
commencé  à  écrire  en  français  jusqu'à  ce  jour. 

Daignez,  législateurs,  en  agréer  l'honmiage,  et  approuver,  eu  faveur  du  mo- 
tif, le  zèle  qui  m'a  porté  à  venir  interrompre  un  instant  vos  travaux  pour  vous 
proposer  de  faire  de  l'étude  de  notre  ancien  langage  une  branche  de  l'instruction 
publique,  pour  le  perfectionnement  de  l'histoire  et  les  progrès  des  lettres,  et  de 
vous  occuper  en  même  temps  de  l'organisation  de  la  Bibliothèque  nationale,  sur- 
tout du  dépôt  des  manuscrits,  afin  que  la  nation  entière  puisse  plus  promptement 
jouir  des  richesses  immenses  enfouies  dans  ce  trésor. 

Le  Moniteur,  en  rendant  compte  de  la  pétition  de  Mangard,  nous  apprend  que  ce  fut 
Grégoire  qui  en  proposa  l'insertion  au  Bulletin  : 

Le  citoyen  Mangard,  admis  à  la  barre,  prononce  un  discours  dans  lequel  il  fait 
sentir  la  nécessité  et  indique  les  moyens  de  faire  une  bonne  histoire  nationale, 
qui  soit  eu  même  temps  un  cours  de  moiale  et  de  politique. 

Grégoire.  Je  demande  cjue  la  Convention,  en  agréant  l'hommage  offert  par  ce 
laborieux  citoyen,  ordonne  l'insertion  de  sa  pétition  au  Bulletin.  On  ne  peut  trop 
faire  connaître  au  peuple  tout  ce  qui  rappelle  la  bassesse  de  nos  anciens  écrivains, 
la  turpitude  dos  courtisans  et  les  forfaits  des  rois. 

La  proposition  de  Grégoire  est  décrétée  ^'\ 

('^  Momfewr  du  8  l>ruiiiaire  au  11 ,  p.    i56. 


DE  LA   CONVENTION  NATIONALE. 


67 


CENT   SOIXANTE-TROISIEME   SEANCE. 

Du  i5  frimaire  an  ii.  [5  décembre  179^.] 

Un  membre  du  Comité  central  de  bienfaisance  de  Paris  vient  ap- 
puyer la  réclamation  déjà  faite  par  les  instituteurs  et  institutrices  du 
département  de  Paris.  Ce  citoyen  se  retire.  On  discute  la  demande,  et 
l'on  persiste  dans  l'arrêté  déjà  pris;  Valdruche  consultera  le  Comité 
des  finances  sur  les  décrets  existants  en  cette  matière ^^^. 

Un  membre  propose  :  i''  qu'il  soit  dressé  un  tableau  général  et  mé- 
thodique de  tous  les  décrets  rendus  par  le  Corps  législatif  sur  l'in- 
struction publique;  2°  qu'il  soit  dressé  dans  le  secrétariat  un  tableau 
des  renvois  et  distributions  à  cbaque  membre.  Arrêté. 

Le  commissaire  inspecteur  propose  d'augmenter  le  nombre  des 
commis  par  la  nomination  d'un  nouveau  commis,  vu  l'augmentation 
des  travaux  et  leur  urgence.  Il  désigne  le  citoyen  Baston-Lacroix, 
qui  a  ses  titres  civiques  en  règle,  et  qui  a  de  la  littérature.  Ce  citoyen 
est  admis  ^^l 

Le  président  lit  une  lettre  de  la  Commission  centrale.  On  observe 
que  dans  les  divers  renvois  faits  aux  divers  comités,  beaucoup  de  pièces 
ne  sont  pas  remises,  ou  le  sont  lentement.  On  arrête  que  Lindct  sera 
chargé  de  préparer  une  mesure ^'^^. 

La  Commission  des  monuments  est  introduite,  et  l'un  des  membres 
fait  un  rapport  sommaire  sur  ses  travaux;  il  promet  un  rapport  plus 
détaillé  et  de  l'exactitude  dans  la  correspondance  de  chaque  mois.  Il 
remet  le  rapport  sur  le  bureau  ^^l 


(^)  Cet  arrêté  avait  été  pris  à  la  séance 
précédente  (p.  C3).  Valdruche  a  présenté 
son  rapport  au  Comité  le  ai  frimaire 
(p.  i34). 

('^^  Une  première  proposition  de  nom- 
mer Baston  à  une  place  de  commis  avait 
été  faite  dans  la  séance  du  5  octobre  l'jÇ)'.) 
(I.  II,  p.  568). 

^'*^  11  n'est  plus  (pieslion  de  cet  objet  dans 
les  procès-verbaux. 

'*)  Cette  démarche  de  la  Commission 
des    monunKMits   était    faite    eu    exécution 


d'une  décision  prise  par  le  Comité  d'in- 
struction publique  le  91  du  premier  mois. 
Le  Comité  lui  avait  fait  écrire  pour  qu'elle 
rendît  compte  de  ses  opérations  (voir  t.  II, 
p.  607);  comme  on  le  volt,  la  Commission 
mit  peu  d\Mnpressement  à  deféror  à  celle 
invitation,  puisqu'elle  lidssa  s'écoultM-  un 
mois  et  demi  avant  de  présenter  le  rapport 
([ui  lui  était  demandé. 

Nous  donnons  aux  annexes,  A  (p.  (i()\  des 
extraits  des  procès-verbaux  des  séances  de 
la  (!onHui>^sion  dt^s  n)onumeiits.  relatifs  à  I.1 


5. 


68        PROCÈS-VERBAUX  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

Gré^joirc  propose  de  lire  à  la  Convention  nationale  le  premier  nu- 
méro des  Annales  du  civisme  ^^l  La  discussion  sur  cette  proposition  est 
interrompue  par  une  députation  de  l'Institution  des  enfants  aveugles; 
ils  viennent,  ayant  pour  interprèle  un  de  leurs  instituteurs,  demander 
au  Comité  d'instruction  publique  de  s'intéresser  pour  faire  rendre 
la  liberté  à  un  de  leurs  maîtres  arrêté  par  mesure  de  sûreté  géné- 
rale pour  un  écrit  accusé  d'incivisme.  Il  dépose  l'écrit  et  se  retire; 
deux  membres  soiH  nommés  pour  en  faire  un  rapport.  Ce  sont  David 
et  Bouquier^'-'. 

Un  membre  du  Comité  de  marine  vient  proposer  des  améliorations 
pour  le  sort  des  professeurs  d'hydrograpbie.  Romme  et  Ferry  sont 
chargés  de  faire  un  prompt  rapport ^^). 

Prony  demande  d'être  autorisé  à  demander  deux  ouvrages  impor- 
tants de  la  Bibliothèque  nationale.  Le  Comité  autorise  à  cet  effet  Ar- 
bogast  qui  les  retirera  en  son  nom,  et  prendra  un  récépissé  particulier 
de  Prony  (^^ 

Sarrette  demande  au  Comité  d'instruction  publique  de  faire  déclarer 
en  état  de  réquisition  expresse  les  citoyens  composant  la  musique  de 
la  garde  nationale  de  Paris  et  pour  rester  auprès  de  la  force  armée. 
On  propose  de  charger  un  commissaire  d'en  conférer  avec  le  Comité 
de  salut  public.  Guyton  est  nommé  pour  cet  effet  ^^l 

demande  du  Comité  et  à  la  préparation  du  Boaqiiier  f.^ra   un  rapport  à  la  séance 

rapport,  dont  la  rcdaclion  avait  élé  confiée  à\i  17  frimaire  (p.  78). 

à  Mulot,  secrétaire  de  la  Commission.  ^''^  Les  procès-verbaux  n'indiquent  pas 

Il  sera  de  nouveau  qmslion  du  rapport  si  le  rapport  demandé  a  été  déposé.  Il  sera 

de  Mulot  dans  la  séance   du    Comité   du  de  nouveau  question  des  professeurs  d'hy- 

2  3  frimaire  (p.  189).  drographie  le  17  nivôse  (p.  2^6). 

(')  C'est  le  journal  qui  dans  le  procès-  ^^^  Il  s'agit  de  l'ingénieur  Prony  (1765- 

verbal  de  la  séance  précédente  du  Comité  1889),  directeur  du  cadastre,    plus  tard 

est  appelé    crie    premier    numéro    de    la  membre  de  l'Institut,  professeur  à  l'Ecole 

Feuille  morale»  (p.  6/1).  Ce  numéro  fut  lu  polytechnique  et  directeur  de  l'Ecole  des 

en  effet  par  Grégoire  à  la  Convention  le  ponts  et  chaussées.  Son  récépissé,  daté  du 

17  frimaire,   et  le  procès-verbal  de  l'as-  16  frimaire,  est  dans  les  cartons  du  Comilé 

semblée  l'appelle  d'un  autre  nom  encore,  (F"',    carton    1007,   n"   1277).  Les  deux 

le  ff premier  numéro  du  Recueil  des  traits  ouvrages  empruntés  sont   :   Trigonomdria 

héroïques  et  civiques n.  britannica,  de  Gellibrand,  Gouda,  i633, 

(^i   L'instituteur  arrêté  s'appelait  Yersin  et  Tables  of  the  products  andpowers,  etc., 

(voir  p.  78).  Quanta  l'écrit  incriminé  d'in-  de  Charle.  Hulton,  Londres,  1781.  11  sera 

civisme,  dont  le  titre  n'est  pas  indiqué,  nous  de    nouveau    question   de   Prony   dans    la 

n'avons  pu  le  trouver  :1e  nom  de  Yersin  ne  séance  du   28   frimaire  (p.  1/10). 

figure  pas  sur  les  fiches  du  catalogue  de  la  ^^'  Le  résultat  de  la  démarche  de  Guyton 

Bibliotiièquc  nationale.  auprès  du  Comité  de  salut  public  n'est  pas 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE. 


09 


Ferry  est  rapporteur  d'une  pétition  sur  la  g^ammop^raphie-^l 

Boutroue  est  rapporteur  d'une  pétition  sur  la  suppression  des  in- 
scriptions latines  (^^. 

Grégoire  reprend  la  lecture  de  sa  feuille.  La  rédaction  en  est  ap- 
prouvée ^^\ 

La  séance  est  levée  à  dix  heures  et  demie^^l 

PIÈCES  ANNEXES. 


On  lit  ce  qui  suit  dans  le  registre  des  procès- verbaux  des  séances  de  la  Commission  des 
monuments  : 

Le  3' jour  de  la  i'  décade  du  2*  mois  de  l'an  deuxième  de  la  République  fran- 
çaise une  et  indivisible^^'. 


indiqué  dans  les  procès-verbaux  ultérieurs; 
mais  nous  savons  d'autre  part  que  la  ré- 
quisition sollicitée  dut  avoir  lieu,  puisque 
le  a 9  ventôse  nous  verrons  le  Comité  d'in- 
struction publique  arrêter  que  Sarrette, 
en  éclian|j;^  duno  subvention  qui  lui  est 
accordée,  rc justifiera  du  complet  de  la  mu- 
sique de  la  garde  nationale  parisienne  au 
Comité  de  salut  public»  (p,  600).  Ajoutons 
que  M.  Constant  Pierre  a  signalé  la  men- 
tion, sur  un  état  de  dépenses  de  l'Institut 
national  de  musique  arrêté  le  3o  frimaire 
an  III  (Archives  nationales,  F",  carton 
1291),  de  l'impression  décent  réquisitions 
à  la  date  du  27  frimaire  an  11.  (Constant 
Pierre,  IL  Sarrelte  et  les  oriirines  du  Con- 
servatoire national  de  musique  et  de  décla- 
viation,  1895,  p.  53,  note  3.) 

^''  Il  s'agissait,  comme  nous  l'apprend 
le  procès-verbal  de  la  séance  du  Comité 
du  7  pluviôse  an  11,  d'un  procédé  pour 
rayer  le  papier  à  musi([ue,  inventé  par  le 
cilOjen  Rohbcrgcr  de  Vauseiiville.  Nous 
n'avons  pas  trouvé  cette  pétition.  Ferry 
présentera  son  rapport  dans  la  séance  du 
7  pluviôse  (p.  338). 

'"■'  Celte  question,  soulevée  dans  la 
séance  de  la  Convention  du  2  frimaire, 
avait  été  renvoyée  à  l'examen  du  Comité. 
Elle  reviendra  à  l'ordre  du  jour  dans  les 


séances  du  Comité  des  7  et  19  nivôse  an  11 
(pages  217  et  257).  Nous  donnons  aux  an- 
nexes, B  (p.  71),  un  extrait  du  procès- 
verbal  de  la  séance  de  la  Convention  du 
2  frimaire  an  11. 

(^)  Il  faut  croire  que  tous  les  membres 
du  Comité  n'avaient  pas  approuvé  la  rédac- 
tion présentée  par  Grégoire;  cnr  loreqiie 
celui-ci,  le  surlendemain  17  frimaire,  fit 
lecture  à  la  Convention  de  ce  numéro,  ce 
fut  un  membre  du  Comité,  Romme ,  qui  de- 
manda et  obtint  le  rejet  de  celte  rédaction. 
Voir  aux  annexes,  C(p.  71),  un  extrait  du 
procès-verbal  de  la  séance  de  la  Conven- 
tion du  17  frimaire  an  11,  complété  par  un 
extrait  du  Jour.ial  des  débats  et  des  décrets. 

Le  Comité  entendra,  dans  si  séance  du 
25  frimaire  (p.  159),  une  nouvelle  rédac- 
tion (due  à  Léonard  Bourdon)  du  pn^iiier 
numéro  des  Annales  du  civisme,  (pie  le 
procès-verbal  désignera  cette  fois  sous  le 
titre  d'rr Annales  du  patriolisuier^. 

'*^  Ce  dernier  alinéa  n'existe  pas  à  la 
minute.  Pas  de  signatures,  ni  à  la  minute 
ni  au  registre.  La  minute  est  de  la  mniu 
do  Matliieu. 

^^'  Nous  conservons,  pour  la  manière  de 
dater  chaque  séance,  les  formules  (mm- 
ployées  par  le  secri'taire,  formules  qui  va- 
rient d'une  séance  à  l'autre. 


70        PROGl^S -VERBAUX  DU  COMITE  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

Présents  :  Sergent,  président;  Desmarest,  Jollain,  Regnault,  Barthélémy, 
Masson,  Bréquigny,  Boizot,  Anieilhon,  L.-A.  Mercier,  Lemonnier,  Moreau  le 
jeune,  P.  Cossard;  T.-.A.  Mulot,  secrétaire. 

Le  citoyen  Sergent  remplit  les  fonctions  de  président. 

Le  citoyen  Roninie  écrit  à  la  Commission  des  monuments  pour  lui 

(lemnnd(>r,  au  nom  du  Comité  d'instruction  publique,  l'exposé  de  ses  travaux. 
Ajourné  à  la  prochaine  séance. 

Le  sixième  jour  du  second/  ois  de  l'an  deuxième  de  la  République  française 
une  et  indivisible. 

Présents  :  Sergent,  Boizôl,  Jollain,  Debure  l'aîné,  Moreau  le  jeune,  L.-A.  Mer- 
cier, Masson,  Ameilhon,  Regnault;  F.-A.  Mulot,  secrétaire. 

Le  citoyen  Mercier,  vice-président,  en  l'absence  du  citoyen  Sergent  ^^\  en  remplit 
les  fonctions. 

La  réponse  à  faire  au  citoyen  Romme,  relative  au  tableau  de  nos  tra- 
vaux demandé  par  lui  au  nom  du  Comité  d'instruction  pubhque,  ayant  été  ajournée 
à  cette  se'ance,  la  Commission  arrête  que  son  secrétaire  annoncera  au  citoyen 
Romme  qu'au  premier  jour  ce  travail  sera  présenté ,  qu'un  aperçu  n'en  donnerait 
point  une  idée  suffisante,  et  que  ses  commissaires  s'en  occupent  avec  ardeur  ^^^. 

Le  nonidi  de  la  3'  décade  du  Brumaire  de  l'an  deux  de  la  République  française. 

Présents  :  Bréquigny,  Masson,  L.-A.  Mercier,  Jollain,  Poirier,  Moreau  le  jeune, 
Boizot,  Desmarest,  Lemonnier,  Ameilhon,  Vandermonde;  F.-A.  Mulot,  secrétaire. 

Le  citoyen  Mercier  préside  en  l'absence  du  citoyen  Sergent. 

Le  citoyen  Mulot,  secrétaire,  donne  lecture  du  commencement  de  son 

travail  sur  l'esquisse  générale  des  opérations  de  la  Commission.  Ce  travail  est 
goûté ,  et  la  Commission  lui  enjoint  d'insérer  l'approbation  qu'elle  lui  donne  dans 
le  procès-verbal. 

Le  tridi  3  frimaire  de  l'an  2  de  la  Répubhque  française  une  et  indivisible. 

Présents  :  Desmarest,  Moreau  le  jeune,  Lemonnier,  L.-A.  Mercier,  Jollain, 
Poirier,  Boizot,  Masson,  Debure  l'aîné,  Regnault,  Ameilhon;  F.-A.  Mulot,  secré- 
taire. 

Le  citoyen  Mercier  préside. 

Le  citoyen  Mulot  fait  lecture  de  son  travail  complet  sur  les  opérations 

de  la  Commission.  La  Commission  l'approuve,  charge  le  citoyen  Mulot,  secrétaire, 
d'en  confier  l'impression  au  citoyen  Cholet-Jettefort,  et  de  faire  tirer  à  i,5oo  exem- 
plaires. 

Le  secrétaire  est  chargé  d'avertir  tous  les  membres,  par  une  circulaire,  de  se 
trouver  au  nonidi  prochain  pour  nommer  les  commissaires  qui  se  rendront  au 
Comité  d'instruction  publique  pour  lui  présenter  ce  travail. 

(^^  Sergent  n'est  arrivé  qu'une  fois  la  le  7  du  second  mois,  est  transcrite  au  re- 
aéance  cominoncée.  gislre  de  copies  de  lettres  de  la  Commis- 

^^^  La  lettre  écrite  à  Romme,  par  Mulot,  sion,  F^'*  5. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  71 

Le  nonidi  de  la  première  dëcade  du  frimaire  de  l'an  deux  de  la  Re'publique  fran- 
çaise une  et  indivisible. 

Présents  :  Desmarest,  Kegnault,  Boizot,  Courtois,  député,  Moreau  le  jeune, 
Jollain,  Bréquigny,  Masson,  L.-A.  Mercier,  Lemonnier,  Sergent,  président,  Poi- 
rier, Debure  l'aîné;  F.-A.  Mulot,  secrétaire. 

Le  citoyen  Sergent  préside. 

La  Commission  nomme  pour  aller  présenter  au  Comité  d'instruction 

publique,  le  5\jour  de  la  9J  décade  du  frimaire,  l'exposé  de  ses  travaux,  1rs 
citoyens  Lemonnier,  Moreau,  Desmarest,  Poirier,  Boizot,  Masson,  et  Mulot,  secré- 
taire; elle  invite  à  les  accompagner  ceux  de  ses  membres  à  qui  leurs  occupations 
le  permettront,  et  le  secrétaire  préviendra  le  Comité. 

Le  sextidi  de  la  seconde  décade  de  frimaire  de  l'an  deux  de  la  République  fran- 
çaise une  et  indivisible. 

Présents  :  L.-A.  Mercier,  Moreau  le  jeune,  Lemonnier,  Debure  l'aîné,  Poirier. 
Sergent,  Masson,  Ameilhon,  Boizot;  F.-A.  Mulot,  secrétaire. 

Le  citoyen  Mercier  préside  ^'\ 

Le  secrétaire  rend  compte  à  la  Commission  de  ce  qui  s'est  passé  au 

Comité  d'instruction  publique,  lorsqu'on  lui  a  présenté  l'exposé  de  son  travail 
depuis  son  établissement,  et  des  demandes  qui  ont  été  faites  par  le  président  : 
i"  d'une  copie  des  pouvoirs  donnés  aux  membres;  -2°  d'une  copie  des  décrets 
relatifs  à  la  Commission;  3"  d'une  note  sur  les  diflicultés  que  la  Commission  a 
rencontrées.  Le  citoyen  Mulot  est  chargé  de  faire  ce  travail  ^*\ 


On  lit  dans  les  procès-verbaux  de  la  Convention  : 

Séance  du  fî  frimaire  an  ii. 

Un  membre  demande  que  l'inscription  qui  se  trouve  sur  plusieurs  édifices  dans 
la  ville  de  Dol  :  Beligio  et  justitia  œtcrna  urbisfatd  ,  soit  effacée. 

La  Convention  nationale  décrète  cette  proposition ,  et  (juo  cette  inscription  sera 
remplacée  par  des  légendes  civiques;  renvoie,  au  surplus,  au  Comité  (rinslruction 
publi(|ue  la  proposition  de  faire  effacer  toutes  les  inscriptions  latines  ^^\ 

C 

On  lit  dans  los  prorAs-vorbaiix  (l<^  la  (-onvoiilioii  : 

Séance  du  i  7  lriMuiir<'  an  11. 
Un  membre  du  Comité  d'instruction  pul)li(pie  '''  lit  un  prenii«M'  ninnéro  du  lî»'- 

^'^   Le  président  SerpenI  |)r(>ii(l  la  pn'si-  i')   Procrs- voi-l>al     (lt>    la     ('.(iinoiitidii , 

douce  nii  [xmi  plus  lard,  à  son  arrivôo  à  la  I.  WVl,  p.  Wô. 

si^'ance.  t')   (Test  Gn^froiro  {Journal  des  drhals  et 

^'^  Archives  nalionnles,  K''*  /«.  des  dérrels). 


7*2        PROCÈS-VERBAUX  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

ciieii  dos  Iraifs  lioroiquos  cl  civiques  ^^^  en  exécution  d'un  précédent  décret.  La  Con- 
vonlion  nationale  renvoie  ^'^  ce  numéro  h  son  Comité,  et  décrète  qu'il  se  renfermera 
dans  le  narré  simple  des  faits,  et  qu'il  lui  présentera  un  nouvel  essai ^^\ 

On  lit  dans  le  Journal  des  débats  et  des  décrets  : 

Convention  nationale,  séance  du  17  frimaire. 

Gr€(yoirc  fait  un  court  raj)porl  sur  l'édition  des  Annales  de  la  République.  De 
toutes  parts,  des  pères  de  famille  et  des  instituteurs  la  demandent  au  Comité  d'in- 
struction, qui  s'en  est  occu})é,  et  vient  soumettre  le  premier  numéro.  Il  en  pa- 
raîtra un  par  décade.  En  l'ocueillant  les  ti'ails  d'héroïsme  et  de  civisme  qui  doivent 
^'Ire  transmis  à  la  postérité,  le  Comité  d'instruction  a  eu  souvent  à  regretter  de  ne 
pas  savoir  les  noms  des  ciloy(Mis  qui  en  sont  les  auteurs.  Il  s'est  attaché  à  n'ad- 
mettre que  des  faits  autlienli(pies.  Quoique  les  réflexions  soient  absolument  bannies 
de  cet  ouvrage  par  sa  forme  et  par  son  objet,  le  Comité  a  cru  que  la  Convention 
ai)prouverait  une  courte  introduction,  dont  il  a  jugé  à  propos  de  faire  précéder  le 
premier  numéro.  Le  rapporteur  demande  aussi  s'il  ne  serait  pas  convenable  d'in- 
terronq)re  quelquefois  le  récit  par  quelque  phrase  sententieuse,  ou  même  par  un 
couplet;  car  les  chansons  gravent  mieux  dans  l'esprit  les  pensées  qu'on  y  veut 
faire  germer. 

Grégoire  lit  l'introduction  et  le  premier  numéro  ^'^\ 

Homme  s'oppose  à  la  forme  de  la  rédaction.  Il  pense  que  dans  un  recueil  qui 
sera  lu  par  tous  les  Français,  et  que  les  enfants  devront  conserver  dans  leur  mé- 
moire, l'on  ne  doit  pas  dire  :  Un  tel  était  un  homme  vertueux,  mais  raconter  sim- 
plement les  actes  de  vertu  qui  l'ont  illuslré.  Il  demande  le  renvoi  au  Comité,  pour 
faire  une  nouvelle  rédaction  d'après  les  vues  qu'il  vient  d'énoncer. 

Thuriot,  pour  accélérer  et  seconder  la  publicité  des  Annales  républicaines,  pro- 
pose de  les  rédiger  très  brièvement,  et  de  les  imprimer  en  forme  d'affiches,  pour 
être  placardées  comme  le  Bulletin. 

La  Convention  renvoie  le  premier  numéro  au  Comité  d'instruction  publique,  et 
décrète  qu'il  lui  présentera,  dans  un  court  délai,  un  plan  pour  l'organisation  et 
la  rédaction  des  Annales  républicaines,  011  chaque  trait  héroïque  ou  civique  sera 
rapporté  simplement  et  sans  aucune  réflexion  ^^^. 

^*)  Le  titre  employé  ici  par  le  procès-  '^^  Procès- verbal     de    la    Convention, 

verbal    de   la   Convention   deviendra    plus  t,  XXVII,  p.  h']. 

tard,  avec  une  légère  modification,  le  titre  ^*'  Le  texte  de  cette  introduction  et  de 

définitif  de  la  pidjlicalion  (voir  plus  loin,  ce   projet  de  premier  numéro  ne  nous  a 

p.  259).  pas  été  conservé. 

(^^  Snrla  proposition  de  Rommo  (yoMrnrt/  ^^^  J^nrnaldesdébatsetdesdécrcls,  n  "  '1  'i5, 

des  débats  et  des  décrets).  p.  287. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE. 


73 


CENT   SOIXANTE-QUATRIEME    SEANCE. 

Du  17  frimaire  an  11.  [7  décembro  179-3.] 

Bouquier  fait  un  rapport  sur  le  citoyen  Yersin,  instituteur  des 
Enfants  aveugles ^^^;  il  a  examiné  une  brochure,  motif  de  l'accusation 
d'incivisme  faite  contre  Yersin.  Il  propose  l'ordre  du  jour.  L'ordre  du 
jour  est  adopté. 

Lanthenas  fait  un  rapport  sur  une  pétition  du  citoyen  Dufour  qui 
demande  qu'il  soit  prononcé  sur  le  mérite  d'une  découverte  pour 
guérir  de  la  folie (■^^.  Le  rapporteur  propose  de  renvoyer  la  demande  au 
Bureau  de  consultation  en  l'autorisant  a  s'adjoindre  des  hommes 
éclairés  dans  l'art  de  guérir.  Lanthenas  dépose  les  pièces;  l'objet  est 
discuté.  On  propose  :  i°  de  nommer  dans  le  sein  du  Comité  un  ou 
plusieurs  commissaires,  autorisés  à  s'adjoindre,  s'ils  le  jugent  conve- 
nable, des  médecins;  2°  de  renvoyer  au  mode  général  des  récom- 
penses, et  à  la  décision  sur  le  système  des  fêtes,  la  demande  d'être 
renvoyé  au  Bureau  de  consultation;  3°  que  les  mêmes  commissaires 
fassent  un  rapport  sur  la  meilleure  organisation  du  Bureau  de  con- 
sultation des  arts^-^^;  /i°  d'examiner  si  le  décret  rendu  aujourd'hui 
par  la  Convention  sur  le  rapport  du  Comité  de  commerce  suffit  aux 
intérêts  des  inventeurs  ^'l  Coupé  et  Bouquier  sont  conunissaires. 


f''  Sur  cet  iusiiluleur  des  Enfants  aveu- 
gles ,  voir  le  procès-verbai  de  la  séance  pré- 
cédente (p.  68). 

^^*  Lanthenas  avait  été  nommé  rappor- 
teur dans  la  séance  du  i*'"  octobre  (voir 
t.  11,  p.  Sao).  11  n'était  plus  membre  du 
Comité  depuis  le  i5  du  premier  mois;  mais 
un  décret  de  l'Assemblée  nationale  autori- 
sait ceux  qui  avaient  été  chargés  d'un  tra- 
vail à  le  rapporter  eux-mêmes,  bien  ([u'ils 
ne  fissent  plus  ])ar'lie  du  Conrilé  au  nom 
duquel  ils  parlaient  (voir  t.  II,  p.  iSg, 
note  3). 

^•''^  Déjà,  dans  la  séance  du  Comité  du 
19  brumaire  (t.  Il,  j).  78/1),  trois  commis- 
snircs,  Guyton,  Homme  et  David,  avaient 
été  chargés  de  préparer  un  pr'ojel  de  réor- 


ganisation du  Bureau  de  consultation  des 
arts  et  métiers;  mais  ils  n'avaient  pas  pré- 
senté de  rapport.  Le  i3  frimaii'e,  sur  le 
rapport  de  Portiez  (de  l'Oise),  parlant  au 
nom  des  Comités  de  iicpiidaliou  et  de  Texa- 
rrien  des  comptes,  la  Convention  a\ait  rendu 
un  décret  où  se  trouvait  la  disposition  sui- 
vante :  «Le  Comité  d'instruction  j)ublique 
se  fera  rendre  compte,  par  le  ministre  de 
l'inléi'ieiu',  de  remploi  des  soniun  s  accor'- 
dées  pour  l'encour'ajjiMneiit  îles  ar'ts  utiles, 
le  genre  des  inventions,  le  nom  de  leurs 
aulcur-s,  et  la  recompense  accordée  à  chacun 
d'eux.  Le  Comit('  d'instruction  publique  (Mi 
fera  son  rapport  à  la  Convention.''  (^Procès- 
verbal  de  la  Convention,  t.WVI,  p.  335.) 
^*)   Il  s'agit  ilu  décret  annulant  le  |ii"e\el 


l'i        PROCKS-VRRBVUX  DU  COMITE  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

Le  citoyon  Lauronl,  qui  a  fait  des  travaux  curieux  sur  les  insectes, 
se  présente  au  Comité  avec  des  tableaux  encadrés,  sous  verre,  d'in- 
sectes conservés.  Il  demande  à  être  employé  dans  un  cabinet  d'bistoire 
naturelle^  ou  musée  national.  Le  président  lui  promet,  au  nom  du  Co- 
mité, le  plus  vif  intérêt  dans  l'examen  de  ses  procédés  pour  l'instruc- 
tion et  la  (lémonslration  d'une  branche  importante  d'histoire  natu- 
relle. Le  pétitionnaire  se  retire.  Fourcroy  est  nommé  rapporteur^^^ 

David  fait  un  rap[)ort  sur  la  Commission  du  Muséum  et  propose  un 
projet  de  décret.  La  discussion  est  ajournée,  et  le  rapporteur  invité  à  se 
concerter  avec  Mathieu,  chargé  du  rapport  sur  la  Commission  des  arts  ^'^\ 

Ronnne  expose  que  Basire  a  laissé  au  Comité  ses  pièces  de  secré- 
taire de  la  Convention  nationale.  Elles  seront  envoyées  sous  cachet 
au  Comité  des  procès-verbaux ^-^^ 

Dorez  fait  une  pétition  pour  l'examen  de  ses  procédés  curatifs  des 
cancers.  Renvoyé  a  Coupé  et  Bouquier^'^l 


d'Olivier.  Les  principes  développés  dans  le 
rapport  lu  par  Villers  au  nom  du  Comité 
d'agricullure  et  de  commerce  pouvaient 
paraître  préjudiciables  aux  intérêts  des  in- 
venteurs. Le  rapporteur  avait  dit  en  effet  : 
ffDans  une  république,  Thomme  doit  à  sa 
patrie  jusqu'à  sa  pensée  ;  et  celui  qui  peut 
la  servir  par  une  découverte  utile  ne  doit 
pas  avoir  un  privilège  exclusif  de  génie. 
Si  la  manière  d'opérer  du  citoyen  Olivier 
est  plus  parfaite  que  les  autres,  sans  un 
brevet  d'invention  il  obtiendra  facilement 
la  préférence,  et  sera  sufllsamment  dé- 
dommagé de  ses  peines  et  de  ses  soins.  57 
(  Moniteur.  ) 

Dans  la  séance  du  9  pluviôse,  la  ques- 
tion de  la  réorganisation  du  Bureau  de 
consultation  occupera  de  nouveau  le  Comité 
(voir  p.  362). 

'^^  Laurent  avait  été  renvoyé  au  Comité 
par  la  Commission  des  arts,  à  laquelle  il 
s'était  d'abord  adressé.  Voir  aux  annexes,  A, 
un  extrait  du  registre  de  la  Commission  des 
arts,  séance  du  i.5  frimaire. 

Un  rapport  sur  la  pétition  de  Laurent 
sera  présenté  au  Comité  dans  sa  séance  du 
i3  pluviôse  an  11,  non  par  Fourcroy,  mais 
par  Mathieu  ( voit*  p.  389). 


^')  Dans  la  séance  du  Comité  du  5  fri- 
maire, Lebrun,  membre  de  la  Commission 
des  arts,  avait  çcfixé  l'attention  du  Comité 
sur  les  gardiens  du  Muséum  17;  Mathieu 
avait  été  chargé  d'en  proposer  le  renouvel- 
lement lorsqu'il  ferait  son  rapport  sur  la 
Commission  des  monuments,  et  David  avait 
été  adjoint  à  Mathieu  pour  ce  rapport 
(p.  9).  Maintenant  David  présente  un  rap- 
port en  son  nom  personnel,  semble-t-il  ; 
aussi  le  Comité  l'invite-t-il  à  se  concerter 
avec  Mathieu.  Le  37  frimaire,  David  pré- 
sentera de  nouveau  son  rapport  (p.  167). 

^^)  Basire  avait  été  arrêté  le  37  brumaire 
en  même  temps  que  Chabot  et  Delaunay, 
par  ordre  des  Comités  de  salut  public  et  de 
sûreté  générale.  Los  papiers  laissés  par  lui 
au  Comité  d'instruction  publique  ne  furent 
pas  envoyés  au  Comité  des  procès-verbaux 
en  frimaire,  car  il  en  sera  question  de  nou- 
veau le  29  pluviôse  (p.  A  69). 

^*)  Dorez,  ancien  chirurgien  de  l'hôpital 
militaire  du  Cap-Français,  île  Saint-Do- 
mingue, prétendait  avoir  inventé  un  topique 
contre  le  cancer.  On  rencontre  dans  le  Mo- 
niteur, à  plusieurs  reprises,  des  annonces 
relatives  à  son  procédé.  Sa  pétition  est  dans 
F'^  carton  1007,  n°  1222. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE. 


75 


Anarcharsis  Clootsfait  un  rapport  sur  les  spectacles  et  le  degré 
d'influence  ou  de  surveillance  que  peut  ou  doit  se  réserver  la  nation 
sur  ce  levier  d'opinion.  On  propose  sur  ce  sujet  diverses  opinions. 
Les  uns  demandent  la  liberté  indéfinie,  d'autres  proposent  une 
direction,  un  théâtre  gratuit,  et  un  choix  de  pièces  républicaines 
dont  les  auteurs  obtiendraient  des  couronnes  civiques.  La  question  est 
ajournée  ^^l 

La  séance  est  levée  à  onze  heures  un  quart (^^. 


PIECES  ANNEXES. 


On  lil  dans  le  rogislre  des  procès-verbaux  de  la  Comnmission  dos  arts  : 

Séance  du  i5  frimaire,  l'an  9."  de  la  République. 

Le  citoyen  Besson  dépose  sxxr  le  bureau  un  mémoire  et  une  collection  d'insectes 
parfaitement  conservés;  le  citoyen  Laurent,  chirurgien,  est  auteur  de  cette  précieuse 


(^)  Anacliarsis  Cloots  avait  proparé  son 
rapport  sur  les  spectacles  en  exécution 
d'un  arrêté  du  Comité  qui  l'avait,  le 
97  brumaire,  nommé  commissaire,  avec 
Vaidruclie,  à  la  suite  du  décret  du  2.5  bru- 
maire chargeant  le  Comité  d'examiner  les 
moyens  do  rendre  les  Ihéàtres  nationaux  et 
utiles  à  la  République  (voir  t.  II,  pages  835 
et  863). 

L'ajournement  prononcé  le  17  frimaire 
par  le  Comité  se  trouva  être  indéfini.  En 
effet,  Cloots,  exclu  cinq  jours  plus  tard,  le 
2  9  frimaire,  de  la  Société  des  Jacobins 
(qu'il  avait  présidée  du  20  bruuïaire  au 
10  frimairo),  à  cause  de  sa  qualité  d'é- 
tranger, se  vit  bientôt  après  exclu  do  la 
Convention  ello-méme  (décrets  des  5  et 
6  nivôse),  puis  fut  mis  en  étal  d'arrestation 
(arrêté  du  Comité  do  sùieté  gcnoralo  en 
date  du  7  nivôse),  et  cessa  en  consé(iuence 
do  faire  partie  du  Comité  d'iristruclion  pu- 
bli(juo.  Mais,  avant  colto  dalo,  son  projet 
de  rapport  avait  été  livré  à  l'impression, 
sous  ce  titre  :  Instruction  pnbUqne.  Spec- 
tacles. Opinion  (l'AnacImrsis  ('.lonts,  membre 
du  Comité  d'insiruction  publique.  La  distri- 


bution en  eut  lieu  à  la  (Convention  le  6  ni- 
vôse (Georges  Avenel,  Anacharsis  Cloots, 
t.  II,  p.  396).  Nous  reproduisons  celte 
pièce  aux  annexes,  B  (p.  76  ),  en  la  faisant 
suivre  d'un  court  résumé  (d'après  le  Journal 
de  la  Montagne)  de  la  séance  des  Jacobins 
du  22  frimaire  où  fut  prononcée  l'exclusion 
de  Cloots,  et  d'extraits  du  procès-verbal  des 
séances  de  la  Convention  des  5  et  ()  fri- 
maire an  II,  complétés  par  des  extraits  du 
Moniteur. 

^■-^  Ce  dernier  alinéa  n'existe  pas  à  la 
minute.  Pas  de  signature,  ni  à  la  minute 
ni  au  registre.  La  minute  est  de  lu  main  de 
Mathieu. 

—  Le  17  frimaire,  la  Convention  avait 
adopté  un  décret  portant  (jne  la  livre  de 
compte  serait  à  l'avtMiir  divisée  en  décimes 
et  cenlimes.  La  rédaction  de  ce  décret  avait 
<Hé  préparée  par  Lavoisier,  peu  de  temps 
avant  son  arroslalion.  Nous  donnous  aux 
anu<>xes,  C  (p.  8.'>).  un  extrait  d'un  \uô- 
nwwo  de  Lavoisier  (jui  a  été  |nil>lit''  jku" 
M.  E.  Crimaux  d'après  la  minute  auto- 
graphe, et  un  exilait  du  procès-verbal  de  la 
séance  de  la  Convention  du  1 7  frimairo  an  11. 


76        PROCÈS -VERBAUX  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

colleclion.  Le  Coniild  d'inslruction  piihliqno  sora  prie  do  l'exaininer  elde  délibérer 
sur  reiicoura[»eiiieiil  dû  au  ciloyon  Laurent  ^'^. 


INSTUUCTION   PUBLIQUE  :   SPECTACLES.  OPINION   D'ANAGIIARSIS  CLOOTS, 
MEMIJHK  DU   COMITÉ  D'INSTRUCTION    PUBLIQUE. 

A  Paris,  do  l'iniprimor-ie  nnlioiialo,  nivùse,  Tan  deuxième  de  la  République'^). 

Citoyens, 

Vous  avez  renvoyé  à  votre  Comité  une  question  importante  :  ffLes  spectacles  ou 
leur  influence  dans  l'éducation  publique  peuvent-ils  être  livrés  à  des  spéculations 
particulières  et  privées?  quel  est  le  moyen  de  les  rendre  nationaux  et  utiles  à  la 
liberté  et  au  bonheur  de  la  République ?57 

Cette  question  ne  serait  pas  neuve ,  si  le  nouvel  ordre  des  choses  n'était  pas  ab- 
solument nouveau.  Vainement  fouillerons-nous  dans  ranti([uité;  ni  l'orient,  ni 
l'occident,  ni  les  anciens,  ni  les  modernes,  ne  peuvent  servir  de  modèle  à  la  Ré- 
publique une  et  indivisible.  Une  nation  d'honnnes  égaux  qui  professent  les  prin- 
cipes universels  n'exista  jamais  que  sur  le  sol  de  la  ci-devant  France. 

Il  importe  à  un  gouvernement  aristocratique  de  faire  le  commerce  exclusif  des 
matières  premières  dont  se  fabrique  l'opinion  publique.  Le  monopole  des  écoles  et 
des  lemples  et  des  théâtres  fut  de  tout  temps  le  secret  de  l'Etat  chez  les  aristocrates 
sacrés  et  profanes.  Les  Grecs  et  les  Romains,  les  Vénitiens  et  les  Génois  auraient 
été  moBsacrés  par  leurs  nombreux  esclaves ,  si  les  terreurs  religieuses  et  les  men- 
songes tragiques  et  comiques  n'avaient  pas  aveuglé  et  amusé  une  multitude  sans 
principes  et  sans  mœurs.  11  faut  des  saturnales,  des  bacchanales,  des  théâtres 
privih»gi('s,  des  farceurs  laïques  et  ecclésiastiques  dans  un  pays  oij  les  gouvernants 
sont  tout  et  les  gouvernés  rien.  Aussi  le  carnaval  de  Venise  dure-t-il  six  grands 
mois  de  l'année  ;  et  les  jours  de  fête  chez  les  païens  et  chez  les  chrétiens  fournissent 
une  longue  nomenclature  grotesque.  Il  faut  des  fêtes  séduisantes  et  des  prédications 
sophisti(jues  à  des  esclaves  qui  travaillent  pour  autrui  ;  mais  des  hommes  qui  tra- 
vaillent pour  eux-mêmes  se  reposent  quand  ils  sont  las,  mangent  fjuand  ils  ont 
faim,  dansent  quand  bon  leur  semble.  Pas  d'autre  sermon  a  nos  sans-culottes  que 
la  de'claration  des  droits,  d'autre  culte  que  la  pratique  des  préceptes  constitu- 
tionnels, d'autre  temple  que  la  section  ou  le  club,  d'autre  théâtre  que  la  nature, 
qui  nous  invite  à  danser  la  farandole  sous  un  chêne  séculaire. 

Lire,  écrire,  chifl'rer,  voilà  pour  l'instruction;  la  joie  et  un  violon,  voilà  pour 
les  spectacles.  Le  peuple  romain  demandait  à  ses  maîtres  panem  et  circenses,  du 

(')  Archives  nationales,  F''*  7,  folio  11,  Celte  pièce  est  annoncée  dans  le  n"  ^65 

recto.  du  Journal  des  débats  et  des  décrets,  cor- 

^^^' Bibliothèque    nationale,    Le-**    619,  respondant  au  7  nivôse  an  n. 
in-8°;   Musée  pédaijojjique,  n"  ii7'i8.  — 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  11 

pain  et  des  spectacles.  Le  peuple  français  n'exige  de  ses  administrateurs  que  du 
pain  et  le  Bulletin.  Nous  saurons  bien  nous  procurer  le  reste  sans  que  le  gouver- 
nement s'en  mêle.  La  nation  ne  doit  entretenir  que  les  e'tablissements  dont  la  cité 
de  France  tout  entière  profite  ;  or  il  est  impossible  que  plus  de  dix  à  douze 
communes  aient  des  théâtres  supportables  ;  le  reste  de  la  France  chanterait  sur  la 
pelouse,  pendant  que  vos  acteurs  de'clumeraient  sur  les  planches.  Non,  non,  le 
soleU  luit  pour  tout  le  monde,  et  ceux  qui  pre'féreront  les  amusements  d'un  salon 
aux  re'cre'ations  champêti-es  n'ont  qu'à  se  donner  ce  plaisir  en  payant  leurs  entrées. 
Laissez  faire  l'industrie  particulière  ;  il  en  est  des  théâtres  connue  de  la  boulan- 
gerie :  le  gouvernement  doit  simplement  veiller  à  ce  qu'on  n'empoisonne  ni  le 
corps  ni  l'esprit,  à  ce  que  l'on  débite  une  nourriture  saine. 

L'instruction  est  une  étoffe  de  première  nécessité  dans  un  pays  libre ''^  Peu  de 
Français  savaient  lire  sous  l'ancien  n-gime,  et  |)our  cause  :  tous  les  Français 
sauront  lire  sous  le  nouveau  régime,  et  pour  cause.  Lu  cordonnier  ne  s'établit  pas 
dans  un  canton  où  l'on  ne  veut  que  des  sabots;  et,  partout  où  Ion  voudra  s'in- 
struire, il  se  présentera  des  instituteurs ,  sans  l'intervention  du  gouvernement.  Et 
d'ailleurs,  chaque  père  de  famille  sera  un  maître  d'école  lorsque  la  nation  nauia 
plus  les  cicatrices  de  l'esclavage ,  lorsqu'une  génération  d'iionmies  nés  libi'es  aura 
remplacé  la  génération  des  affranchis.  Chaque  localité  pourvoira  un  jour  aux  in- 
structions et  aux  agréjnenls  qui  lui  conviendront  le  mieux,  sauf  au  Corps  légis- 
latif à  faire  les  honneurs  de  la  République  dans  la  commune  centrale,  dans  le 
chef-lieu  universel. 

Voici  la  règle  du  bon  sens  :  tout  établissement  dont  tous  profitent  est  aux  frais 
delà  nation.  Un  pont,  une  chaussée  à  deux  cents  lieues  de  ma  demeure,  une  école 
de  génie  qui  ne  fournirait  que  deux  cents  ingénieurs,  seront  nationaux;  pendant 
qu'un  théâtre  qui  contiendrait  trois  mille  spectateurs  sera  tout  au  plus  com- 
munal :  car  le  grand  théâtre  de  la  guerre  et  de  la  circulation  intéresse  la  nation 
entière;  mais  le  petit  théâtre  de  la  comédie  n'a  d'influence  que  sur  les  aiualeurs 
de  quelques  conununes  commerçantes.  Il  ne  s'agit  pas  ici  d'amuser  une  républi(pie 
en  miniature,  une  poignée  d'aristocrates  corinthiens  ou  athéniens. 

L'industrie  des  particuliers  et  la  surveillance  des  magistrats  seront  inlinimcnt 
plus  avantageuses  que  la  fondation  de  ces  théâtres  prétendus  nationaux,  doni  le 
sacerdoce  pèsera  sur  la  nation,  pour  le  passe-temps  des  oisifs.  L'i  nouvelle  relijyion 
salariée  serait  plus  injuste  que  la  première;  car  au  moins  pouvait-on  j.voir  un(î 
messe  bien  conditionnée  dans  le  moindre  village;  mais  je  d('fie  une  commune  au- 
dessous  de  vingt  mille  âmes  d'avoir  une  i)onne  troupe  de  comédiens  ordinaires  du 
peuple.  J'avais  proposé  des  évêques  and)ulautsà  l'Assemblée  constituante  :  je  res- 
pecte ti'()[)  la  Convention  nationale  |)our  lui  proposer  des  ti't'teaux  ambulants.  Nos 
deux  premières  assemjjh'es  avaient  un  Coinil('  ecclésiaslicpie,  loyer  de  toutes 
les  intrigues  mystiques  ;  j'espère  que  la  Convention  n'aura  jamais  un  Comité  des 

(')   J'ai  vu  dernièrcmoiil  aux   (lliainps-  loiiani  Iciii-  /ôlt».  "^V/oj/c/i ,  iiio  icpoiuhiviil 

Elysécs  deux  jeimos  ndiin-nilollcs  rouchés  ces  cnlaiils.   on   n'est  pas  libre  sans  cela.v 

sur  riiorlx;  uvoc,  un  livre  à  la  main  ;  ils  v\)o-  Nous  cnànn^s  tous  tiois  à  (uo-lôlc  :   I  iVe  la 

laicnt  leurs  lellrcs,  en  se  scivant  nuiluellc-  lli'imblitiiie I  [Mole  <i\\n<iihinsis  CInots.) 
ment    do    répélileurs.   Je  nrapproclie    eu 


78       PROGÈS-VERBAUK  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

variëtds  ainusauies,  foyer  de  toutes  les  intrigues  actives  et  passives,  centre  impur 
(le  toutes  les  coulisses  confidentielles.  Moins  le  gouvernement  aura  de  places  à 
donner,  et  mieux  le  souverain  sera  servi  par  ses  mandataires  ;  or,  le  projet  des 
spectaclos  nationaux  crëe  un  état-major  infiniment  utile  à  des  législateurs  intrigants. 
La  religion  dominante  des  comédiens  profanes  serait  pire  que  la  religion  domi- 
nante des  conukiiens  sacrés. 

La  propagande  des  droits  de  l'homme  doit  se  présenter  pure  et  sans  tache  à 
l'univers  étonné.  Ce  n'est  pas  en  apportant  à  nos  voisins  des  dieux  étrangers  que 
nous  faciliterons  leur  conversion  ;  ce  n'est  pas  en  élevant  autel  contre  autel  que 
nous  relèverons  leurs  fronts  prosternés.  La  nullité  des  cultes  choque  moins 
que  la  plus  légère  hérésie.  La  nature  est  comme  le  soleil,  il  ne  lui  faut  ni  prêtres 
ni  vestales  pour  entretenir  la  lumière.  Quand  nous  étions  hérétiques  constitution- 
iiellement,  nous  avions  une  armée  de  cent  mille  prêtres  qui  livraient  bataille  et 
aux  prêtres  du  pape  et  aux  ministres  de  Calvin.  Nous  écrasions  un  sacerdoce  an- 
cien sous  ini  sacerdoce  nouveau  ;  nous  forcions  toutes  les  sectes  à  soudoyer  un 
culte  soi-disant  national  ;  nous  étions  d'autant  plus  abhorrés  en  Europe  par  les 
catholi(jues  et  par  les  protestants,  que  nous  prétendions  être  de  la  famille  chré- 
tienne. L'attraction  de  nos  bases  politiques  éprouvait  un  obstacle  dans  la  répulsion 
(le  notre  croyance  religieuse.  Mais  enfin  la  vérité  triomphe;  les  malveillants  ne  dé- 
tourneront pas  nos  voisins  du  joug  des  droits  de  l'homme ,  sous  prétexte  d'un  joug 
l'eligieux  qui  n  existe  plus.  11  n'y  a  rien  de  tel  en  fait  de  religion  que  de  se  pré- 
senter table  rase  devant  un  monde  abusé.  Chacun  combinera  son  régime  spirituel 
à  sa  guise,  jusqu'à  ce  que  l'ascendant  invincible  de  la  raison  lui  apprenne  que 
l'être  suprême,  l'être  éternel,  c'est  la  nature  incréée,  incréable,  et  que  la  provi- 
dence, c'est  la  société  des  hommes  libres  et  égaux.  Cette  providence  souveraine 
console  les  affligés,  récompense  les  bons  et  punit  les  méchants.  Elle  ne  fait  point 
de  passe-droits  comme  la  providence  des  fripons  et  des  dupes.  Il  ne  faut  pas 
d'autre  dieu  au  genre  humain  libre  que  lui-même.  Ce  dieu  ne  coûtera  ni  une 
obole,  ni  une  larme,  ni  une  goutte  de  sang.  Ce  dieu  a  promulgué,  du  sommet  de 
la  montagne,  des  lois  tracées  à  grands  caractères  sur  les  tables  de  la  nature. 
L'orient  et  l'occident  les  entendront  sans  interprètes ,  ni  commentaires ,  ni  miracles. 
Tous  les  rituels  seront  déchirés  à  l'aspect  du  rituel  de  la  raison.  La  raison  détrône 
et  les  rois  de  la  ten-e  et  les  rois  du  ciel.  Point  de  royalisme  là-haut  si  nous  voulons 
conserver  la  République  ici-bas. 

On  a  écrit  des  volumes  pour  savoir  si  une  république  d'athées  pourrait  exister. 
Je  soutiens,  moi,  que  toute  autre  république  est  une  chimère.  Admettre  un  roi 
dans  le  firmament ,  c'est  introduire  dans  nos  murs  le  cheval  de  Troie ,  qu'on  adore 
le  jour  et  qui  vous  dévore  la  nuit  ^'^. 

^'^  L'époque  dernière,  décisive  de  la  Ré-  voir  porter  des  fruits  en  automne.  Plusieurs 

volution,  est  une  preuve  frappante  de  la  causes  ont  accéléré  la  rrjaturité  du  peuple 

répugnance  du  peuple  en  masse  pour  les  indivisible,  sans  en  excepter  riiypocrisie  du 

abstractions  métaphysiques.  Cette  guérison  dévot  Necker,   du  dévot  Roland,  du  dévot 

morale  a  paru  subite  aux  esprits  superfi-  Brissot,    trois    imposteurs    qui    insistaient 

ciels;  njais  ceux  qui  ont  vu  fleurir  un  arbre  beaucoup  sur  l'haportance  des  opinions  reli- 

au  printemps  ne  sont  pas  étonnés  de  lui  ^jeuses.  Remarquez  bien  qu'à  chaque  pas  rc- 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE. 

Un  rêveur,  dans  son  cabinet,  peut  se  pre'server  des  conse'quences  de  la  folie 


voliitionnairn  du  peuple,  il  y  a  des  fourbes 
qui  crient  que  tout  est  perdu.  L'abbé  Maury 
allribuait    à   des  macliinalions  élrangères 
noire  rupture  avec  le  clergé  romain.  L'anéan- 
tissement de  la  noblesse  était  une  déclara- 
lion  de  (juerre  universelle,  selon  Malouet, 
qui  fei{jnait  d'ignorer  (pie  la  guerre  avait 
commencé  le    19   juillet   1789,   au    pont 
tournant  des   Tuileries.    L'abolition  de   la 
royauté  devait  rompre  toute  relation  en  Ire 
la  France  et  les  autres  nations,  disaient  les 
reviseurs.  Le  supplice  de  Capel  allait  faire 
rouler  le  inonde  entier  sur  la  piteuse  yans- 
culotlerie,  selon  la  cabale  Buzotiiie.  Malbeur 
a    l'univers,    s'écriait  Barbaroux,  si    vous 
sonnez  le  tocsin  sur  l'inviolable  coté  droit 
de  la  Convention  nationale  !  On  répète  au- 
jourd'hui le  même  langage;  heureusement 
que  Paris  a  eu  la  prudence  d'attendre  le 
signal    donné  par  les  départements   pour 
renverser  la  marmite  du  diable.  Les  intri- 
ganls,  désespérés  du  progrès  universel  de 
la  raison,  se  préparaient  à  mettre  de  nou- 
veau le  reste  de  la  République  aux  prises 
avec  la  commune  centrale,   avec  le  chef- 
lieu  sauveur.  On  était  sur  le  point  de  pu- 
blier une  nouvelle  édition  des  Lettres  édi- 
fiantes de  M*"*  Roland  aux  Parisiens.  Mais 
le  coup  électri(jue  de  la  raison  est  si  prompt 
d'un  bout  de  la  France  à  l'autre,  que  la 
cabale  est  étouiïée  dans  sa  naissance.  On 
se  préparait  à  prouver  mathématiquement 
que  le  nouveau  calendrier  a  été  dicté  par 
le  roi  de  Prusse;  que  tous  les  philosophes 
sont  à  la  solde  du  roi  de  Bohême,  comme 
la  Montagne,  les    Jacobins,   les    Parisiens 
relaient  avant  le  3i  mai,  au  dire  des  fédé- 
ralistes défunts.   Aujourd'hui  la  doublure 
des  Brissotins  ne  rougit  pas  d'assurer  que 
les  révolutionnaires  du  3 1  mai  ayant  manqué 
leur  coup  au  printemps  voulaient  donner 
en  automne  un  coup  de  jarnac  avec  la  bat- 
terie d'église.  Les  continuateurs  de  VlUs- 
loire  rolamline  auront  le  sort  de  la  plupart 
des   continuateurs,  d'autant   plus    que    le 
nombre  des  gobe-mouches  diminue  à  vue 
d'oeil  :  les  dupes  uomrisseut  les  fripons. 
Si  j'étais  un  IVipon,  je  déclamerais  contre 


l'athéisme;  car  un  masque  religieux  sied 
bien  aux  traîtres.  Si  j'étais  un  intrigant,  je 
cajolerais,    j'encenserais    les    personnages 
éminemment  influents  :  je  serais  leur  ami, 
leur  conseil,  leur  ombre,  le  complaisant  dii 
leurs  amis,  mâles  et  femelles.  Il  y  a  tel  co- 
mité qu'on  prendrait  pour  V Œil-de-bœuf  à^ 
Versailles,  grâce  à  nos  nouveaux  courtisans 
tarés,  à  nos  charlatans  qui  s'alfligeiit  de  l'en- 
terrement du  charlatanisme.  Je  suis  debout 
au  milieu  de  tous  les  pièges  du  dedans  et 
du  dehors,  en  ne  voulant  que  ce  que  veut 
le  sans-culotte  du  coin.  C'est  en  in'identi- 
fiant  avec  les  groupes,  avec  le  fonnn,  que 
ma  philosophie  a  pris  une  consistance  iné- 
branlable. Je  suis  sur  de  moi  depuis  que 
je  suis  sur  du  peuple.  Nous  avons  vu  depuis 
le  commencement  de  la  Révolution  beau- 
coup d'hommes  passer  du  Capitole  à  la  Roche 
tarpéienne.  Carthage  détruite,  Rome  tomba 
en  défaillance  :  Brissot  détruit,  nous  verrons 
d'autres  personnages  demeurer  en  arrière 
de  la  raison  publique.  Quant  à  moi,  je  reste 
au  parterre  avec  mon  tablier,  mes  sabots  et 
mon  bonnet  gras.  Je  triompherai  avec  la 
sans-culotterie ,  ou  je  périrai  avec  elle.  Mon 
secret,  c'est  de  n'en  pas  avoir;  ma  vertu, 
c'est  mon  instinct  révolutionnaire.  La  na- 
ture m'inspire  ;  je  parle,  j'agis,  j'écris  sous 
sa    dictée.    Ne   flagornons    personne,  pas 
même  le  ipei\p\e  français ,  à  qui  je  dis  tous 
les  jours  qu'il  n'est  pas  le  souverain ,  qu'il 
n'exerce  la  souveraineté  du  genre  humain 
que  provisoirement.  Admirez  le  bon  esprit 
de  ce  peuple^  ;  il  adopte  sagement  des  prin- 
cip;^s  qui  somirlent  blesser  son  amour-propre, 
pendant  que  le  moindre  roitelet  aucpiel  on 
disputerait  sa  domination  ferait  mourir  sur 
le  champ  le  téméraire  apôtre  de  la  vérité 
une  et  indivisible.  Varistocrntie  est  fédéra- 
liste, locale,  isolée  :  la  sans-culattorie  n'est 
ni  frau<;;iis(\  ni  anglaise;  elle  est  cosmopo- 
lite,  linivorselle.  Paitout  où  l'on   ivjettcra 
cçs   données  incontestables,    dites   que   le 
peuple  n'est  pas  libre,   un   préjugé   quel- 
conque le  tyrannise.  La  liberté  ne  souiVre 
aucun  préjugé,  comme  la  santé  no  soulVre 
aucune  maladie.  (A'o(f  d'Anacharsts  Cloota.) 


80        PU0CÈS-VEI{1V\U\  DU  COMITE:  D'INSTRUCTIOiN  PUBLIQUE 

platonique;  mais  un  peuple  théiste  devient  ne'cessaireinent  révélationiste ,  c'est-à- 
dire  l'esclave  des  préIres,  des  intermédiaires  entre  Dieu  et  lui,  des  me'decins  d'une 
âme  damnable.  La  déification  amène  la  génuflexion.  Le  Nil,  fleuve,  coule  tout 
seul;  le  Nil,  dieu,  marche  avec  un  coi'tè'je.  La  nature,  charmante  par  elle-Fiieine, 
perdrait  beaucoup  par  une  superlétalion  cabalisticjue.  Le  soi-disant  ihéos  gâte  le 
très  réel  cosmos.  L'erreur  n'embellit  pas  la  beauté.  En  déviant  d'un  pouce,  on 
perd  l)ientôt  de  vue  la  ligne  droite.  En  créant  gratuitement  un  fantôme,  rien 
n'empêche  de  nudtiplier  à  Tinfini  tous  les  farfadets  imaginables.  L'intolérance  de 
la  vérité  proscrira  un  jour  le  nom  même  de  iemplo ,  f ami  m ,  d'où  le  fîinatisme  lire 
son  étvmologie.  Les  édifices  ([ue  les  comnumes  choisiront  pour  leurs  fêtes  civiques 
ou  (h'cadiques  seront  appelés  maisons  d'inslruction.  Le  peuple  souverain  est  es- 
sentiellement raisonnable;  il  ne  voudra  jamais  ni  astrologie,  ni  théologie;  il  ne 
souffrira  pas  que  des  jongleui's,  des  diseurs  de  bonne  aventure,  des  mystificateurs, 
des  enj(Meurs,  des  empoisonneurs  maniaques,  escamotent  aux  bonnes  femmes  et 
aux  grands  enfants  un  salaire  qui  n'est  dû  qu'aux  ouvriers  utiles  et  honnêtes. 
Nous  verrons  incessamment  la  royauté  céleste  à  son  tour  condamnée  par  le  tri- 
bunal révolutionnaire  de  la  Raison  victorieuse;  car  la  Vérité,  assise  sur  le  trône 
de  la  Nature,  est  souverainement  intolérante.  L'astre  du  jour  fait  disparaître  tous 
les  météores,  tous  les  feux-follets  nocturnes.  La  tolérance  est  un  mal  nécessaire 
dans  les  circonstances  actuelles.  La  politique  nous  commande  de  tolérer,  jusqu'à 
nouvel  ordre,  les  imposteurs  sacrés.  Chaque  commune,  à  cet  égard,  doit  se  con- 
sulter elle-même  et  voir  si  la  raison  y  est  en  force  :  c'est  une  affaire  de  police 
locale.  La  République  des  droits  de  rhomme,  à  proprement  parler,  n'est  ni  théiste 
ni  athée;  elle  est  nihiliste.  L'invocation  du  législateur  à  je  ne  sais  quel  fantôme 
suprême  est  un  hors-d'œuvre  absurde;  c'est  affirmer  sacerdotalement  la  réalité 
d'un  être  sans  longueur,  ni  largeur,  ni  profondeur;  c'est  donner  un  exemple 
funeste,  c'est  ouvrir  la  boîte  de  Pandore. 

L'instinct  populaire  sera  désormais  la  boussole  des  publicistes  :  le  législateur 
profitera  de  la  grande  découverte  de  l'infaillibilité  du  genre  humain  régénéré. 
Partons  de  ce  principe,  et  nous  n'emprunterons  pas  du  ci-devant  clergé  une  insti- 
tution vicieuse,  en  nationalisant  les  spectacles.  Le  culte  des  théâtres  était  trop 
utile  aux  aristocrates  des  républiques  superstitieuses  de  la  Grèce  pour  que  ce 
régime  puisse  convenir  à  une  vaste  république  de  philosophes.  Et  tout  ce  que  l'on 
nous  raconte  de  ces  immenses  rassemblements  d'auditeurs  dans  des  salles  aussi 
vastes  que  le  Champ  de  Mars  me  paraît  très  illusoire  ;  car  un  Stentor  ne  se  ferait 
pas  entendre  du  haut  de  l'autel  de  la  patrie.  Hérodote  lisait  son  ouvrage  des 
JSeuf  Muses  à  des  sénateurs  qui  l'écoutaient  d?  près,  et  en  présence  d'une  foide 
qui  remplissait  les  dernières  banquettes  sans  rien  entendre.  Les  drames  de  la 
Grèce  se  donnaient  gratis  à  des  citadins  privilégiés ,  parce  que  le  travail  des  es- 
claves ne  coûtait  rien  aux  aristocrates,  qui  se  divertissaient  aux  dépens  du  genre 
humain.  Mais,  dans  la  république  de  l'égalité,  cliacun  ne  doit  contribuer  qu'à  ce 
dont  il  profite  directement  ou  indirectement.  Or,  il  y  a  impossibihté  physique  et 
morale  de  donner  kf  comédie  à  trente  millions  de  laboureurs,  de  vignerons,  de  bû- 
cherons, etc.  La  plupart  n'en  voudront  point,  et  le  petit  nombre  qui  goûterait  ce 
plaisir  factice  ne  se  contenterait  pas  d'un  misérable  tréteau  forain. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  81 

J'en  conclus  que  nous  élal)Iissions  des  écoles  militaires,  des  écoles  de  musique 
et  d'ëquilation,  des  c^coles  de  marine  et  de  médecine,  des  bibliothèques  publiques, 
des  cabinets  de  physique,  des  laboratoires  de  chimie,  des  jardins  de  botanique  ; 
si  toutefois  une  grande  nation  libre  a  besoin  d'un  décret  pour  posséder  tout  ce 
que  Tindustrie  humaine,  tout  ce  que  l'ëmulation  universelle  offre  naturellement 
aux  hommes  civilisés.  Je  pense  que  les  écoles  naîtront  partout  avec  l'aisance  des 
familles  et  la  liberté  des  individus.  Déjà  on  sait  lire  et  écrire  dans  beaucoup  d'en- 
droits où  l'alphabet  était  inconnu  avant  la  Révolution  ;  déjà  le  peuple  nous  a 
prouvé  que  toutes  les  superstitions  disparaissent  en  ouvrant  le  livre  de  la  nature 
avec  la  clef  des  clroils  de  lliomme.  Très  certainement  nos  écoles  constitutionnelles 
auront  le  sort  de  nos  églises  constitutionnelles  :  le  concours  des  talents,  avec  la 
surveillance  du  magistrat,  sera  préférable  aux  préddections  législatives.  L'éduca- 
tion doit  circuler  comme  toute  autre  marchandise  :  ce  que  nous  décréterions  là- 
dessus  serait  momentané  comme  nos  mesures  révolutionnaires  du  ma.ximum  et  de 
la  réquisition.  Vous  aurez  d'excellents  maîtres  et  d'excellents  disciples,  et  dans 
une  juste  proportion  pour  chaque  faculté,  en  abandonnant  cette  branche  de  com- 
merce à  la  sollicitude  des  parents  et  à  l'œil  sévère  du  public.  Vous  placerez  les 
orphehns  ingénieux  chez  les  instituteurs  les  plus  célèbres  ;  l'agriculture  et  les  arts 
mécaniques  serviront  de  pensionnat  à  la  plupart  des  enfants  de  la  patrie  :  on 
apprendra  à  lire  comme  on  apprend  à  parler,  sans  sortir  de  chez  son  père  ou  de 
chez  son  tuteur. 

Quoi  qu'il  en  soit  des  écoles  abécédaires  et  autres  fondations  scolastiques,  il 
est  démontré  qu'une  troupe  de  comédiens  ne  saurait  être  nationale.  Le  Comité, 
selon  moi,  en  attendant  son  travail  sur  les  solennités  civiques,  devrait  vous  pro- 
poser le  décret  suivant  : 

ff  La  Convention  nationale,  ayant  entendu  le  rapport  de  son  Comité  d'instruction 
pubhque  sur  la  question  des  spectacles  dramatiques  nationaux,  passe  à  l'ordre 
du  jour,  n 

Anacharsis  Cloots, 
Cultivateur,  et  député  du  département  de  l'Oise. 


La  Société  dos  Jacobins  avait  décidé,  le  i"  frimaire,  sur  la  pioposition  de  Robespierre , 
qu'il  serait  luit  un  scrutin  é[)iiraloire  à  la  tribune,  «pour  reconnaître  et  chasser  tous  les 
agents  des  puissances  étrangères  qui  se  seraient  introduits  dans  la  Sociétén.  C'était  Cloots 
iui-iiiènie  qui  occupait  le  fauteuil  de  la  présidence  dans  la  séance  où  lut  adoptée  cette  pro- 
position,  qui  le  visait  personnellement.  Il  présidait  encore  lorsque,  le  G,  furent  élus  les  com- 
missaires cliargés  de  préparer  le  travail  de  l'épuration.  Ce  n'est  que  le  lo  qu'il  fut  remplacé 
à  la  présidence  par  Fourcroy.  Le  2a  ,  la  Société  tint  une  séance  extraordinaire,  spécialement 
consacrée  à  rc[)uralion  de  ceux  de  ses  membres  ipji  étaient  représentants  du  peuple.  IMii- 
sieurs  meudtres  du  (îoniilé  d'instruction  pul)li([ue  se  trouvèrent  du  nond»ri>  de  ceux  qui 
curent  à  aflVonter  le  scrutin  épurutoirc ce  jour-là.  Coupé  (de  l'Oise)  fut  exclu,  sur  la  mntidu 
de  Kabre  d'Kglanline,  comme  entaché  diî  fanatisme.  David  et  Ij-onard  iiourdou  frsortlrent 
purs  du  creuset  des  épreuvesn,  Daoïist  était  un  ancien  marcpiis  :  il  fut  r;iyé.  Duliem  fut  re- 
jeté sur  la  motion  de  Kobespierro,  (pil  reproduisit  contre^  lui  frfjuelijues  inculpations  |;ravesn 
auxquelles  le  député  incrimint'  ne  répondit  pas  d'iine  numièn'  sati^ijaisanle.  Miiliu  «  ,^  fut  le 
tom*  de  Cloots.  On  sait  coinnuMit  Robespierre,  [rouant  la  |tati>l  -.  lui  rcprorli.i  sa  iialion.!- 

III.  I) 


IUI'IMUI.I>IK     >A1  l'>^  tl  I  . 


^■Hliii!    i^. 


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-  •♦  rendu 

-ge: 

^'■^  f^*^ni  ^  ^  'lamain  s'ea- 

.•(  k  laM«M|D-  'athéisme 

'-''»*  «ont  le»ii-;--     marquisde 

..'Jb  de«  talons  r  -^s  qu'on  ne 

'io  projH  de  décrel  qui  t  adopté,  et 

'  lotis  les  gëix'i     et  officiers 

'  i'-/v,  lloucbard,  ;isi  que  «les 

'  '"""1  lividti»  i/révenu*  d#»  trahison  el  de  cornu, ice  avec  les 

'   '    ''il"  iiiM'i».  A  \ii  lin  d»»  la  M»ance,  Barère  pi  a  parolr';ce 

'"'  III  1  <••!  roiiiMM*  nue  iniiiun»  «jiie  RoIum  '  ,![  oubliée 

!  !  .  j         ,,|  ,|,,,.  |,,||(  iiiiIhIiIii  h/.  ,.,,  pays  ,.(  ,,  ^         I  exclu  du 

il» Mil  iIm  innii^aiiiiliii    lu  |itiii|iUi  hun^m-».   Hun'n»  fui  n|)))nv«>  par  Bourdon      l'Oise)  et 

iliMlolinlti    1.1  loiitli'iMiiiM   0,  iliitiiol   lit   KJMM'rxT  (pi'rn  (l«»civUnl  qu'au  "ne 

I ''  '    t  "  '  "'"•  I"  ptMt|ili>  litiii^ain,  lu  (idiivriition  n'aynii  sans  doute  i  ùs- 

>iiai  tiililoo  M  iiv  i|ui  i»'\  liMininiMil;  ol  il  lit  \i»ler  la  dis^'  :e  : 

m  |wi>a  i^hiiiiffiiiii,  «|iii  Monl  orlitollom^nt  membres  4e  b  C ventioD  na- 

'  loe  4e  «•  deîib  ioQs:  leurs 


^    ,.v.,.U». 

ae  BoSr^^tMrre,  GiArt  i^fr    et  Barère, 


^^» 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  83 

Dès  le  lendemain  7  nivôse,  l'arrêté  ci-après  <lu  Comité  de  sûreté  générale  venait  don- 
jr  au  décret  sa  véritable  signification  : 

Du  7  nivôse,  Tan  second  de  la  République  française,  une  et  indivisible. 

Le  Comité  arrête  que  les  nommés  Thomas  Paine  et  Anacharsis  Cloots ,  ci-devant 
r()utés  à  la  Convention  nationale,  seront  saisis  et  traduits  par  mesure  de  sûreté 
jiiérale  dans  une  maison  d'arrêt;  qu'examen  sera  fait  de  leurs  papiers;  que  ceux 
ni  pf)urront  se  trouver  suspects  seront  mis  sous  les  scellés  et  apportés  au  Comité 
'  sûreté  générale; 

(îharge  les  citoyens  Martin  et  Lamy,  porteurs  du  présent,  de  son  exécution, 
iquei  effet  il  requerra  les  autorités  civiles ,  et ,  si  besoin  est ,  la  force  armée. 

Les  représentants  du  peuple,  membres  du  Comité  de  sûreté [réiiérale  : 

M.  Bayle,  Voullaîvd,  Jagot,  Vadier,  Ahar,  Elie  Lacoste,  Guffrov, 
Louis  (du  Bas-Rhin),  Lavicomterie,  Panis''^ 


Nous  avons  vu,  dans  notre  tome  11,  que  le  Comité  d'instruction  publique  avait  eu  à 
occuper  à  plusieurs  reprises,  de  concert  avec  le  Comité  des  assignats  et  monnaies,  de 
verses  questions  relatives  à  la  réforme  du  système  monétaire.  Le  décret  dui"  30611798 
■ait  élabli  comme  unité  monétaire  le  franc  d'argent,  pesant  la  centième  partie  du  grave 
•'est-à-dire  10  grammes);  mais,  en  attendant  que  le  nouveau  système  pût  être  mis  en 
gueur,  l'ancienne   livre  de  compte,  maintenue  provisoirement,  lut  divisée  en  décimes 

centimes  par  le  décret  du  96  août,  qui  ordonna  la  frappe  de  pièces  de  1  décime,  de 

centimes  et  de  t  centime,  pour  remplacer  les  pièces  de  2  sous,  1  sou,  G  deniers  et  3  de- 
lers.  Un  nouveau  décret,  du  16  du  premier  mois,  modifiant  la  nomenclature  établie  par 

décret  du  1"  août,  décida  que  la  pièce  d'argent  pesant  le  centième  du  grave  porterait 

nom  de  républicaine  et  non  celui  de  franc,  et  que  le  nom  de  franc  serait  réservé  à  la 
lèce  d'or  du  même  poids;  ce  décret,  ajoutons-le,  ne  reçut  jamais  d'appliralion,  et  lut 
)rogé  un  an  et  demi  plus  tard  par  celui  du  11  ventôse  an  m,  qui  arrcMa  définitivement 
s  noms  des  unités  du  système  décimal  des  poids  et  mesures. 

Mais,  malgré  le  décret  du  a4  août,  les  administrations  et  les  particuliers  continuaient 
compter  par  livres,  sous  et  deniers.  La  Commission  des  poids  et  mesures  dut  proposer  au 
omité  des  assignats  et  monnaies  de  faire  rendre  un  nouveau  décret  plus  explicite,  et  de 
ibiior  en  même  temps  une  table  de  réduction  pour  faciliter  les  calculs  de  conversion  des 
)us  et  deniers  en  décimes  et  centimes.  Ce  fut  Lavoisierqui  se  chargea  de  préparer  un  projet 
(^  rapport,  suivi  d'un  projet  de  décret,  qu'il  transmit  à  Loysel,  membre  du  Comité  des 
^signais  et  monnaies.  M.  Grimanx  a  publié  ce  document,  d'après  la  minute  autograpbe, 
i  tome  VI  des  Œuvres  de  Lavoisier,  sous  le  titre  dV Éclaircissements  historiques  sur  les 
lesiires  des  anciensTi. 

Le  projet  de  rapport  débute  par  des  considérations  sur  les  mesures  employées  par  les 
nciens;  Lavoisier,  adoptant  les  idées  chimériques  de  Bailly,  admet  qu'un  peuple  inconnu  , 


^'^  Cet  arrêté  a  été  copié   sur  l'origi-  Avenel,  qui  en  a  publié  le  texte  dans  son 

al,  aujourd'bui  détruit,  aux  arclii\t's  de  livre /l;mc/Kïr.«»w  C/'»ofs  (Pari«<,  t  8t)5  ),  t.  II , 

I  Préfecture  de  police,   par   M.   Georges  p.  335. 

G. 


8i>        PHOCI>S-VERBAU\  DU  GOMITL:  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

lilé  étrangère,  ses  cent  mille  livres  de  rente,  ses  «opinions  extra vngantes7>,  son  wobstina- 
tion  à  parler  d'une  république  universelle»,  et  surtout  la  part  qu'il  avait  prise  à  la  cf mas- 
carade pliilosoj)lii([ue'i  du  17  brumaire,  à  l'abdication  de  l'évéque  Gobel.  nl\  est,  dit  à 
ce  sujet  Robespierre,  une  troisième  crise  dont  M.  Cloots  pourra  se  vanter,  mais  ce  ne  sera 
que  devant  des  imbéciles  ou  des  fripons.  Je  veux  parler  du  mouvoment  contre  le  culte, 
mouvement  qui,  mûri  par  le  temps  et  par  la  raison,  eût  pu  devenir  excellent,  mais  dont 
la  violence  pouvait  entraîner  les  plus  grands  malbeurs,  et  qu'on  doit  atlribuer  aux  calculs 
de  l'aristocralie^'  .■'1  Déjà,  dnns  le  numéro  3  du  Vieux  Corddier,  paru  le  20  frimaire, 
c'est-à-dire  deux  joints  avant  la  séance  des  Jacobins,  Camille  Desmoulins  avait  représenté 
Clools  comme  un  agent  de  la  politique  prussienne  et  des  intrigues  contre-révolutionnaires. 
Après  le  discours  de  Robespierre,  la  proposition  de  rayer  de  la  liste  des  Jacobins  tous  les 
nobles,  banquiers,  et  étrangers,  fut  faite  et  adoptée,  sans  que  personne  eût  tenté  de  dé- 
fendre Cloots. 

Un  décret  excluant  de  la  représentation  nationale  tous  les  individus  nés  en  pays  étran- 
gers lut  lendu  par  la  Convention  le  5  nivôse;  mais  la  rédaction  n'en  ayant  été  définitive- 
ment votée  que  le  lendemain ,  ce  décret  se  trouve  dans  le  procès-verbal  de  la  séance  du  6 
(Procès-verbal  de  la  Convention,  t.  XXVIII,  p.  11 3). 

Lo  Moniteur  nous  apprend  dans  quelles  circonstances  le  décret  avait  été  proposé  et  rendu 
dans  la  séance  du  5.  Robespierre  venait  de  lire,  au  nom  du  Comité  de  salut  public,  son 
rapport  crsur  les  principes  du  gouvernement  révolutionnaire w,  où  se  trouvait  ce  passage: 
cfRien  ne  ressemble  plus  à  l'apôtre  du  fédéralisme  que  l'apôtre  intempestif  de  la  Répu- 
blique une  et  universelle'--'.  L'ami  des  rois  et  le  procureur  généial  du  genre  humain  s'en- 
tendent assez  bien.  Le  fanatique  couvert  de  scapulaires  et  le  fanatique  qui  prêche  l'athéisme 
ont  entre  eux  beaucoup  de  rapports.  Les  barons  démocrates  sont  les  frères  des  marquis  de 
Coblentz,  et  quelquefois  les  bonnets  rouges  sont  plus  voisins  des  talons  rouges  qu'on  ne 
pourrait  le  penser, 77  Le  rapport  se  terminait  p.r  un  projet  de  décret  qui  fut  adopté,  et 
qui  invitait  l'accusateur  public  à  faire  juger  incessamment  tous  les  généraux  et  officiers 
prévenus  de  complicité  avec  Dumouiiez,  Custine,  Lamarlière,  Houchard,  ainsi  que  «les 
éti'angers,  banquiers  et  autres  individus  prévenus  de  trahison  et  de  connivence  avec  les 
rois  ligués  contre  la  République  françaisej^.  A  la  fin  de  la  séance,  Rarère  prit  la  parole;  ce 
fut  lui  qui  proposa,  en  le  présentant  comme  une  mesure  que  Robespierre  avait  oubliée 
dans  son  rapport,  le  décret  portant  que  tout  individu  né  en  pays  étranger  était  exclu  du 
droit  de  représenter  le  peuple  français.  Barère  fut  appuyé  par  Bourdon  (de  l'Oise)  et 
Bentabole.  Le  lendemain  6,  Thuriot  fit  observer  qu'en  décrétant  qu'aucun  étranger  ne 
pourrait  représenter  le  peuple  français,  la  Convention  n'avait  sans  doute  pas  entendu  lais- 
ser siéger  dans  l'assemblée  ceux  qui  s'y  trouvaient;  et  il  fit  voter  la  disposition  suivante  : 
ff  Les  citoyens  nés  en  pays  étrangers,  qui  sont  actuellement  membres  de  la  Convention  na- 
tionale, ne  pourront,  à  compter  de  ce  jour,  participer  à  aucune  de  ses  délibérations;  leurs 
suppléants  seront  appelés  sans  délai  par  le  Comité  des  décrets 55. 


(^)  Moniteur  du  96  frimaire,  p.  3^i5.  — 
La  note  que  Clools  a  ajoutée  à  son  Opinion 
sur  les  spectacles  (voir  ci-dessus,  p.  78) 
est  une  réponse  indirecte  aux  inculpations 
de  Robespierre,  et  aussi  an  discours  que 
celui-ci  avait  prononcé  le  i*""  frimaire. 

^^)  Le  Moniteur  a  imprimé,  par  inadver- 
tance :  ffde  la  République  une  et  indivi- 
sililev.  Il  reçut  à  ce  sujet,  du  Comité  de  sa- 
lut public,  une  lettre  rectificative,  signée 


de  Robespierre,  CoUot  d'Herbois  et  Rarère, 
qui  parut  dans  son  numéro  du  10  nivôse, 
et  oii  il  est  dit  que  le  Moniteur  a  substitué 
aux  mots:  «la  République  une  et  univer- 
selle n ,  qui  sont  ceux  du  texte,  une  version 
inexacte,  et  II  est  étrange,  ajoute  la  lettre, 
que,  par  une  faute  d'impression,  le  Moni- 
teur fasse  prêcher  le  fédéralisme  au  Comité 
de  salut  public  et  à  la  Convention  qui  a 
adopté  le  rapport,  w 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  83 

Dès  le  iendeinairi  7  nivôse,  l'arrêté  ci-après  du  Comité  de  sûreté  générale  venait  don- 
ner au  décret  sa  véritable  signification  : 

Du  7  nivôse,  l'an  second  de  la  République  française,  une  et  indivisible. 

Le  Comité  arrête  que  les  nommes  Thomas  Paine  et  Anacharsis  Cloots,  ci-devant 
dëpute's  à  la  Convention  nationale,  seront  saisis  et  traduits  par  mesure  de  sûreté 
g(M)érale  dans  une  maison  d'arrêt;  qu  examen  sera  fait  de  leurs  papiers;  que  ceux 
qui  pourront  se  trouver  suspects  seront  mis  sous  les  scellés  et  apportés  au  Comité 
de  sûreté  générale; 

Charge  les  citoyens  Martin  et  Lamy,  porteurs  du  présent,  de  son  exécution, 
auquel  effet  il  requerra  les  autorités  civiles,  et,  si  besoin  est,  la  force  armée. 

Les  représentants  du  peuple,  membres  du  Comité  de  sûreté  (générale  : 

M.  Bayle,  Voulland,  Jagot,  Vadier,  Amar,  Elie  Lacoste,  Guffrov, 
Louis  (du  Bas-Rhin),  Lavicomterie,  Panis''^ 


Nous  avons  vu ,  dans  notre  tome  11 ,  que  le  Comité  d'instruction  publique  avait  eu  à 
s'occuper  à  plusieurs  reprises,  de  concert  avec  le  Comité  des  assignais  et  monnaies,  de 
diverses  questions  relatives  à  la  réforme  du  système  monétaire.  Le  décret  du  1"  août  1793 
avait  établi  comme  unité  monétaire  \e  franc  d'argent,  pesant  la  centième  partie  du  grave 
(c'est-à-dire  10  grammes);  mais,  en  attendant  que  le  nouveau  système  pût  être  mis  en 
vigueur,  l'ancienne  livre  de  compte,  maintenue  provisoirement,  fut  divisée  en  décimes 
et  centimes  par  le  décret  du  q/j  août,  qui  ordonna  la  (rappe  de  pièces  de  1  décime,  de 
5  centimes  et  de  t  centime,  pour  remplacer  les  pièces  de  9  sous,  1  sou,  6  deniers  et  3  de- 
niers. Un  nouveau  décret,  du  16  du  premier  mois,  niodifiant  la  nomenclature  établie  par 
le  décret  du  1"  août,  décida  que  la  pièce  d'argent  pesant  le  centième  du  grave  porterait 
le  nom  de  républicaine  et  non  celui  de  franc,  et  que  le  nom  de  franc  serait  réservé  à  la 
pièce  d'or  du  même  poids;  ce  décret,  ajoutons-le,  ne  reçut  jamais  d'application,  et  fut 
abrogé  un  an  et  demi  plus  tard  par  celui  du  11  ventôse  an  m,  qui  arrêta  définitivement 
les  noms  des  unités  du  système  décimal  des  poids  et  mesures. 

Mais,  malgré  le  décret  du  a4  août,  les  administrations  et  les  particuliers  continuaient 
à  compter  par  livres,  sous  et  deniers.  La  Commission  des  poids  et  mesures  dut  proposer  au 
Comité  des  assignats  et  monnaies  de  faire  rendre  un  nouveau  décret  plus  explicite,  et  de 
publier  en  même  temps  une  table  de  réduction  pour  faciliter  les  calculs  de  conversion  des 
sous  et  deniers  en  décimes  et  centimes.  Ce  fut  Lavoisierqui  se  chargea  de  préparer  un  projet 
de  rapport,  suivi  d'un  projet  de  décret,  qu'il  transmit  à  Loysel,  membre  du  Comité  des 
assignats  et  monnaies.  M.  Grimau\  a  piiblit»  ce  document,  d'après  la  ininuti'  autographe, 
au  tome  VI  des  Œuvres  de  Lavoisier,  sous  le  titre  dVKcIaircissements  historiques  sur  les 
mesures  des  ancieMS?^. 

Le  projet  de  rapport  débute  par  des  considérations  sur  les  mesures  employées  par  les 
anciens;  Lavoisier,  adoptant  les  idées  chimériques  de  Bailly,  admet  qu'un  peuple  inconnu  , 

^'^  Cet  arrêté  a  été   copié   sin-  l'origi-  Avenel,  (jui  en  a  publié  le  texte  dans  sou 

nal,  aujomd'lmi  détruit,  aux   archi\t's  de  livre  .Imic/Kirsw  C/w/s  (Paris,  t  8G5  ),  t.  Il , 

la  Préfecture  de  police,  par   M.  Georges  p.  335. 

6. 


S\       PUOCKS-Vi:UBAU\  DU  COMITE  D'JNSTUUCTION  PUBLIQUE 

d'une  antiquilé  1res  reculée,  ovr.it  iniagiué  et  exécuté  un  système  métrique  déduit  des  di- 
mensions de  la  terre,  et  que  les  uiiilcs  itinéraires,  stades  et  coudées,  dont  se  servaient  ies 
E'jypliens  et  les  Grecs,  leur  avaient  été  transmises  j)ar  ce  peuple  à  une  époque  antérieure 
à  lout  ce  que  fliistoire,  à  tout  ce  que  la  tradition  nièuie  nous  a  conservé.  Mais  lea 
Egyptiens  et  les  Grecs  eurent  le  tort  de  ne  pas  lier  leur  système  de  mesures  à  leur  système 
de  numération,  c'est-à-dire  de  ne  pas  diviser  leurs  unités  en  parties  décimales.  Les  sys- 
tèmes employés  par  les  Romaius  et  par  les  Chinois  présentent  également  des  défectuosités 
de  divers  genres.  Lavoisier  iii-rive  enstiile  à  la  France,  et  rappelle  en  quelques  mots  les  bases 
du  nouveau  système  métrique.  Mais  ce  système  a  besoin  d'un  complément  nécessaire  :  la 
livre  de  compte  doit  être,  elle  aussi,  ramenée  à  la  division  décimale.  Ici  nous  laissons  ia 
parole  à  Lavoisier  : 

Ainsi  parmi  ies  peuples  qui  se  sont  occupés  avec  le  plus  de  succès  de  i'ëlabiis- 
sement  d'un  système  de  mesures ,  plusieurs  ont  fait  une  partie  de  ce  qu'il  y  avait 
à  faire,  plusieurs  ont  exécuté  quelques  parties  du  plan  général;  mais  il  était  ré- 
servé à  la  nation  française  et  à  la  ci-devant  Académie  des  sciences,  à  la  Commis- 
sion qui  lui  a  succédé ,  d'embrasser  l'ensemble  de  cette  vaste  opération .  .  . 

Mais  il  reste  encore  à  la  Convention  un  dernier  pas  à  faire  pour  mettre  le  com- 
plément à  son  ouvrage;  en  vain  aurait-elle  adopté  un  système  métrique  aussi 
parfait  quil  le  peut  être,  en  vain  aurait-elle  relié  les  divisions  monétaires  à  ce 
système  général;  ce  travail  perdrait  la  plus  grande  partie  de  son  utilité  si  la  livre 
de  compte  continuait  d'être  divisée  en  9^10  parties,  c'est-à-dire  en  90  sols  et  le 
sol  en  1 2  deniers.  Il  ne  faut  pas  perdre  de  vue  que  presque  tous  les  résultats  des 
conventions  sociales  se  réduisant  à  des  recettes  ou  à  des  dépenses ,  l'embarras  de 
l'ancien  système  métrique  renaîtrait  à  chaque  instant  si  l'on  était  obligé  de  tout 
multiplier  ou  de  tout  diviser  par  les  fractions  actuelles  de  ia  livre  de  compte, 
c'est-à-dire  par  des  deux-cent-quarantièmes  parties  de  l'unité. 

Dès  le  1 9  janvier  dernier,  les  commissaires  des  poids  el  mesures  s'exprimaient 
ainsi  dans  un  rapport  qui  leur  avait  été  demandé  par  ia  Convention  (nous  rap- 
porterons leurs  propres  expressions)  ^^^  : 

C'est  l'exécution  de  ce  vœu  formé  depuis  longtemps  par  la  Commission  des 
poids  et  mesures,  et  renouvelé  bien  des  fois,  que  votre  Comité  des  assignats  et 
monnaies  vous  présente  aujourd'hui ,  après  s'être  concerté  avec  votre  Comité  des 
linances;  l'instruction  indiquée  par  l'Académie  sur  la  manière  de  convertir  les 
sols  et  les  deniers  en  parties  décimales,  c'est-à-dire  en  décimes  et  en  centimes, 
est  faite,  ainsi  que  la  table  qui  contient  les  réductions,  et  nous  les  joignons  au 
rapport.  Il  ne  nous  reste  donc  plus  cpi'à  vous  présenter  un  projet  de  décret  : 

PROJET  DE    DÉCRET. 

La  Convention  nationale,  après  avoir  entendu  le  rapport  de  ses  Comités  des 
linances  et  des  assignats  et  monnaies,  et  d'instruction  pubhque,  considérant  que 
la  division  en  parties  décimales  des  poids,  des  mesures  et  des  monnaies  ne  rem- 
phra  encore  qu'incomplètement  son  objet,  si  la  livre  nominale  ou  Uvre  île  compte 

t')   La  cilaliotj  a  été  laissée  en  Liane  dans  le  manuscrit  de  i^avoisier. 


DE  \A  CONVENTION  NATIONALE.  85 

nMtait  divisée  de  la  même  manière,  el  qu'il  ne  manque  plus  que  ce  complément 
])our  donner  au  système  métrique  adopté  par  la  Convention  le  degré  de  perfec- 
tion et  d'utilité  dont  il  est  susceptible,  décrète  ce  qui  suit  : 

Ar.TiCLE  PREMIER.  A  complcp  du  jour  de  la  publication  du  présent  décret,  la 
livre  de  compte  ou  livre  nominale,  au  lieu  d'être  divisée  en  ao  sols  et  cbaque  sol 
en  1Î2  deniers,  le  sera  en  lo  décimes  et  chaque  décime  en  lo  centimes. 

Art.  2.  Les  comptes  des  dépenses  publiques  de  toute  espèce  de  la  présente 
année,  seconde  de  la  llépublique  française,  au  lieu  d'être  rendus,  comme  par  le 
passé,  en  livres,  sols  et  deniers  tournois,  le  seront  en  livres,  décimes  et  cen- 
times. 

Art.  3.  Tous  les  marchés  qui  seront  passés  h  compter  du  i"  du  sixième  mois 
(le  la  présente  année  ^'',  par  les  fournisseurs  et  entrepreneurs  de  la  République, 
seront  pareillement  stipulés  en  livres,  décimes  et  centimes. 

Art.  h.  Les  ordonnateurs  des  dépenses  publiques  et  la  Commission  de  la  tré- 
sorerie nationale  adresseront  dans  le  délai  d'un  mois  à  tous  leurs  ag-ents  une 
instruction  sur  la  manière  d'employer  celte  nouvelle  division  de  l'unité  monétaire. 
Cette  instruction  sera  par  eux  concertée  avec  la  Commission  des  poids  et  mesures. 
Il  y  sera  joint  un  tarif  pour  réduire  en  décimes  et  en  centimes  les  sols  et  les  de- 
niers ^^\ 

Le  Comilé  des  assignats  el  monnaies  adopta  le  projet  de  décret  de  Lavoisier,  en  fondant 
l'article  i"  avec  l'article  3,  en  ajoutant  un  article  nouveau  relatif  aux  comptes  de  Tannée 
courante,  et  en  remplaçant  les  dispositions  de  l'arlicle  A,  relatives  à  l'inslruclion  et  à  la 
table  de  réduction,  par  des  dispositions  équivalentes  renfermées  dans  deux  articles  nouveaux. 
Le  projet,  qui,  dans  le  plan  de  Lavoisier,  devait  être  présenté  à  la  Convention  au  nom  de 
trois  comités,  ceux  des  finances,  des  assignats  et  monnaies,  et  d'instruction  publique,  fui 
présenté  le  17  frimaire  par  le  Comité  des  assignais  et  monnaies  seul.  Il  fut  adopté  sans 
opposition.  Voilà  l'extrait  du  procès- verbal  de  la  Convention  : 

Séance  du  17  frimaire  an  11. 

Un  membre  du  Comilé  des  assignats  et  monnaies  ^^^  propose ,  et  l'assemblée 
adopte  le  décret  suivant  : 

ffLa  Convention  nationale,  aprè-i  avoir  entendu  le  rapport  de  son  Comité  des 
as  ignats  et  monnaies,  décrète  : 

ff  Article  PREMIER.   A  compter  du  i""^  germinal ^*^  de  l'année  actuelle,  deuxième 

(''   (îes  mots  nous  permellenl  de  fixer  la  ^^^   \jO  Journal  ({os  dé  ats  et  des  décretx, 

date  à  laquelle  Lavoisier  n'digea  ce  projet:  (pii  a  reproduit  le  décret  dans  son  n°  'i66 

ce  l'ut  après  le  vote  du  calendrier  répid)li-  (p.    a");)),    n'inditiue    pas   le   nom   de    ce 

caln  (5  orlohrt"  179'^),  niais  avant  le  vole  membre.  Le  Moniteur  ne  mentionne  pas  ce 

de  la  nomenclature  des  mois  (3  du  second  décret. 
mois —  9/1  octobre).  (^)  Le  1"  ncrminal   concspond   au  -1" 

(-'    OFjiivrea   de   fjovoisirr,    t.    VI.   pages  du  sixième  mois»  du   projet  <!e  décret  de 

098-70.").  Lavoisier. 


cS6        PROCÈS-VRRBAUX  DU  COMITE  D'INSTRUCTION  PURLIQUE 

(le  la  R('pul)liqiie,  Ions  los  marrlK's  qui  seront  passés  avec  les  fonrnissenrs  et  en- 
Irepreneurs  de  la  République  seront  stipulés  en  livres,  décimes  et  centimes '^^K 

frART.  2.  Les  conipt(!s  dos  dépenses  publiques  de  toute  espèce,  de  la  présente 
année  et  des  suivantes,  au  lieu  d'être  rendus,  connue  par  le  passé,  en  livres,  sols 
et  deniers  tournois,  le  seront  en  livres,  décimes  et  centimes  ^'^K 

ff  Art.  3.  Dans  la  reddition  des  comptes  des  dépenses  publiques  pour  la  présente 
année,  la  réduction  des  sols  et  deniers  en  décimes  et  centimes  sera  faite  par  émar- 
gement à  la  lin  de  chaque  chapitre  de  recette  ou  de  dépense,  conformément  à  la 
table  annexée  au  présent  décret  ^^\ 

ff  Art.  li.  La  Convention  nalionale  charge  la  Commission  des  poids  et  mesures 
de  rédiger  une  instruction  pour  l'explication  de  cette  table  ^''\ 

ff  Art.  5.  Le  Conseil  exécutif  fera  imprimer  et  publier  l'instruction  rédigée  par 
la  Conunission  des  poids  et  mesures,  11  l'enverra,  avec  la  table  de  n'duetion ,  h 
loules  les  autorités  constituées  delà  République.  (Voyez  le  tableau  ci-joint) '^^^i 

La  table  de  réduction  annoncée  par  l'article  5  dn  décret  est  jointe  au  procès-verbal  de 
la  Convention;  elle  est  intitulée  :  Table  pour  convertir  les  sous  et  deniers  de  la  livre  numé- 
raire en  décimes  et  centimes  de  la  même  livre. 

Il  n'a  pas  été  publié  d'instruction  spéciale  pour  l'explication  de  celte  table.  Mais  17«- 
struct'ion  sur  les  mesures  déduites  de  la  grandeur  de  la  terre,  rédigée  par  Haûy  au  nom  de 
la  (Commission  des  poids  et  mesures,  dont  le  Comité  d'instruction  publique  ordonna  l'im- 
pression le  17  nivôse  (voir  p.  2/17),  et  qui  parut  en  germinal,  donna  tous  les  éclaircisse- 
ments nécessaires  au  sujet  des  opérations  arithmétiques  à  exécuter  avec  les  livres,  décimes 
et  centimes. 

^^^  Cet  article  1*'  reproduit  l'article   3  ('')  Le  projet  de  rapport  de  Lavoisier  di- 

du  projet  de  Lavoisier  et  y  ajoute  la  dis-  sait  que  l'instruction  était   faite  et  qu'elle 

position    énoncée   dans  l'article  1"  de    ce  était  jointe  au   rapport.   Cet  article  et  le 

projet.  suivant  remplacent  l'article  h  du  projet  de 

^-'   Cet   article  reproduit  l'article   9  du  Lavoisier. 

projet  de  Lavoisier.  (-^^   Procès-verbal     de     la     Convention, 

(•^)   Article  nouveau.  t.  XXVII,  p.  /i 7. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE. 


CENT   SOIXANTE-CINQUIÈME    SÉANCE. 

Du  19  frimaire  an  11.  [  9  décembre  1793.] 

Présidence  de  Mathieu. 
Daoust,  Fkrry,  secrétaires. 

Le  président  fait  part  au  Comité  de  l'envoi  fait  par  le  citoyen 
Guibal,  ingénieur  bydraulicien,  d'un  ouvrage  manuscrit  qui  a  pour 
titre  :  Traité  (f  hydraulique,  théorique  et  pratique.  Ferry  est  nommé  rap- 
|)orteur^^^ 

Le  Lycée  des  arts  adresse  plusieurs  exemplaires  de  son  programme ^-l 

La  commune  de  Paris  adresse  au  Comité  la  liste  des  renonciations 
de  plusieurs  prêtres  aux  fonctions  du  sacerdoce  ^^\ 

Deltufo  adresse  au  Comité  plusieurs  exemplaires  d'un  avis  aux 
femmes  ^^\ 

Grégoire  fait  un  rapport  sur  les  arbres  à  consacrer  à  la  Liberté 
dans  toutes  les  communes.  On  propose  différentes  espèces;  on  s'arrête 
au  chêne,  en  observant  qu'il  vient  lentement.  On  désirerait  que  pro- 
visoirement, et  pour  le  moment,  on  plantât  des  espèces  plus  hâtives. 
Ces  deux  idées  combinées  forment  le  résultat  de  la  discussion,  et  le 
Comité  arrête  que  Grégoire  sera  chargé  de  faire  une  instruction  ^^\ 


(')  Nous  n'avons  pas  trouvé  te  manuscrit 
(le  Guil)al.  Kerry  a  présonlé  son  rapport 
dans  la  séance  du  'î-y  frimaire  (p.  1G8). 

(^)  Nous  n'avons  pas  trouvé  ce  pro- 
gramme. 

'•'')  Dans  sa  séance  du  96  brumaire,  le 
Conseil  général  de  la  commune  de  Paris 
avait  décidé  rqu'à  l'avenir  il  ne  recevrait 
aucunes  leltres  de  prêtrise,  mais  que,  con- 
formément aux  décrets,  les  citoyens  qui 
voudraient  faire  de  pareils  dépôts  se  reti- 
reraient au  secrétariat  pour  les  faire  enre- 
(jistrer  sur  un  rej^istre  destiné  à  cet  eflof-^. 
[JoiD-iifil  (le  la  Moiilairiip ,  n"  .') ,  îiS"  jour 
du  second  mois.)  (l'est  donc  un  extrait  de 
ce rcjjisire,  pour  la  pi'riodcalianl  dii  !i()  bru- 
maire jusqu'au  1;')  frimaire,  probablement, 
que  la  comnume  de  Paris  adresse  ici  au 
Comité.  Nous  n'avons  pas  ln)n\(''  aux  Ar- 


chives cette  liste  de  renonciations  aux  fonc- 
tions du  sacerdoce. 

^'*)  Nous  n'avons  pas  trouvé  cet  avis. 
Dellufo  était  un  imprimeur  qui  employait 
des  femmes  dans  son  établissement.  Dans 
les  séances  des  9  et  1 1  prairial,  il  sera 
question  de  lui,  et  des  avantajjes  que  peut 
offrir  l'emploi  des  femmes  en  lypograpjiie. 
Le  i3  nivôse  (p.  a3()),  le  Comité  s'occu- 
pera d'une  pétition  de  ce  même  Deltufo. 

'^)  Il  est  probable  qu'il  faut  chercher 
l'origine  de  ce  rapport  de  Grégoire  dans 
une  j)élition  de  la  Société  populaire  du 
canton  de  Chantilly,  dont  l{a>ire  a\ait  été 
nommé'  rapporteur  le  i5  brumaire  (voir 
l.  Il,  p.  7")o).  (îr('goire  a  présenté  un  nou- 
veau raj)p<)rl  dans  la  séance  du  l\  tjivôse 
(p.  Î107). 


88        PROCKS-VERHAUX  DU  COMITE  D1NSTIUICTÎ0N  PURIJOUE 

Arbognst  fait  un  ra|)])ort  sur  des  pétitions,  cnlro  autres  sur  celle  du 
citoyen  Jioilin,  lendant  a  faire  changer  le  système  de  numération  ,et  à 
suLsliluer  le  système  duodécimal  au  système  décimal ^^l  Cet  objet  se 
discute,  et  le  Comité  arrête  que  la  Commission  des  poids  et  mesures 
sera  invitée  à  déduire  dans  l'instruction  qu'elle  publiera  les  motifs  de 
la  préférence  donnée  au  système  décimal  ^^^\ 

Le  Comité  procède  au  renouvellement  de  son  bureau.  Mathieu  est 
nommé  |)résident;  les  deux  nouveaux  secrétaires  sont  Daoust  et  Ferry. 

Une  députation  de  la  Commission  des  arts  est  introduite;  elle  pré- 
sente une  pétition  relative  à  la  liberté  des  cultes  et  à  la  suppression 
des  signes  du  culte  calholi(|ue.  Après  quelque  discussion,  cette  péti- 
tion est  renvoyée  à  Romme,  qui  est  chargé  d'en  faire  le  rapport  à  la 
prochaine  séance ^^^ 

Le  président  communique  au  Comité  une  lettre  du  ministre  de 
l'intérieur  relative  a  l'emplacement  des  archives.  Mathieu  est  chargé 
de  continuer  cette  affaire  ^'^\ 

Le  président  informe  ensuite  le  Comité  que  deux  tables  très  pré- 


(^)  La  pétition  do  Roliin  avait  été  pré- 
sentée à  la  Convention  le  i  2  frimaire.  Le 
procès- vftrbal  de  rassemblée  ne  la  mentionne 
pas,  mais  elle  est  reproduite  i//  pxtensoi^av 
le  Moniteur;  nous  en  donnons  le  texte  aux 
annexes,  A  (p.  go),  d'après  ce  journal.  L'ori- 
{jinal  se  trouvait  dans  F^',  carton  1007, 
II"  1  "TiOAj  ;  mais  il  n'existe  plus  (jue  la  chemise, 
la  pièce  ayant  été  rendue  au  pétitionnaire. 

^■^)  ^Instruction  sur  les  mesures  déduites 
de  la  grandeur  de  la  terre,  uniformes  four 
laute  la  République ,  et  sur  les  calculs  rela- 
tifs à  leur  division  décimale ,  par  la  Commis- 
sion temporaire  des  poids  et  mesures  répu- 
blicaines,  qui  parut  en  ^«j^erminal ,  contient 
enelTct,  dansson  Discours  préliminaire,  nn 
exposé  détaillé  des  motifs  qui  doivent  faire 
conserver  l'arithmétique  décimale,  au  lieu 
de  lui  substituer  l'arithmétique  duodéci- 
male, ainsi  que  l'avaient  propose  plusieurs 
citoyens.  Sur  celte  Instruction,  voir  la 
séance  du  17  nivôse  (p.  9''i7). 

^^^  Nous  n'avons  pas  trouvé  aux  Archives 
nationales  la  pétition  présentée  ce  jour-là 
par  la  Commission  des  arts;  il  n'eu  est  pas 


question  dans  le  registre  des  procès-verbaux 
de  cette  Commission;  et  Romme  n'ayant  pas 
fait  le  rapport  dont  il  était  chargé,  nous  ne 
connaissons  pas  l'objol  exact  de  la  demande 
formulée  par  la  dépulaliou.  D'après  ce  que 
nous  savons  de  l'esprit  qui  animait  la  Com- 
mission dos  arts,  il  est  probable  qu'il  s'agis- 
sait de  préserver  de  la  destruction  des  ob- 
jets d'art  qui  avaient  été  enlevés  des  églises 
par  des  communes  ayant  renoncé  au  culte 
catholique.  C'est  ainsi  que  le  10  frimaire 
el!e  avait  entendu  un  rapport  de  Lamarck, 
cliargé  par  elle  de  faire  desceller  deux 
Jurandes  valves  de  Chama  gigas  qui  ser- 
vaient de  bénitiers  dans  l'église  Saint-Sul- 
pice,  et  de  les  faire  transporter  au  Muséum 
d'histoire  naturelle.  (Registre  des  procès- 
verbaux  de  la  Commission  des  arts,  folio  1  o , 
verso.  Le  rapport  de  Lamarck  se  trouve 
dans  F'",  carton  1229.) 

^*)  Voir  la  séance  du  .5  frimaire  (p.  8). 
Nous  n'avons  pas  trouvé  celte  lettre  du  mi- 
nistre de  l'intérieur.  Il  sera  de  nouveau 
question  des  archives  le  2.3  frimaire 
(p.  lAo). 


DE  LA  CONVENTION'  NATIONALE. 


89 


cieuses  de  bois  pëtrifié  ont  élé  achetées  à  vil  prix  par  un  jardinier 
anglais.  Il  demande  que  l'on  propose  de  suspendre  la  vente  de  ces 
effets.  Ajourné  jusqu'au  rapport  sur  la  Commission  des  arts^'^. 

Lettre  du  ministre  de  l'intérieur  relative  au  Muséum  ^^^  et  à  la  pro- 
chaine exposition.  David  est  nommé  rapporteur. 

Un  membre  lit  une  lettre  du  curé  de  Quingey  qui  annonce  qu'il  est 
marié  et  qu'il  renonce  à  ses  fonctions.  Il  se  plaint  de  ce  que  le  Comité 
de  surveillance  de  Quingey  l'ait  fait  incarcérer  comme  s'étant  élevé 
contre  la  révolution  du  3i  mai.  Renvoyé  au  ministre  de  la  justice. 

Un  membre  propose  de  nommer  un  nouveau  commissaire  à  la  place 
de  Basire  pour  l'emplacement  de  la  ménagerie  ^^^.  Romme  est  nommé. 

Un  membre  communique  à  l'assemblée  des  observations  sur  l'en- 
seignement des  langues  orientales.  Renvoyé  à  l'organisation  des  degrés 
supérieurs  d'instruction  publique  ^^\ 

Le  Comité  arrête  qu'immédiatement  après  l'organisation  des  écoles 
primaires  un  de  ses  membres  sera  chargé  de  proposer  à  la  Convention 
nationale  de  s'occuper  inmiédiatement  des  établissements  d'instruction 
relatifs  à  la  défense  de  la  République  (^^. 


(^'  L'histoire  de  ces  tables  (il  y  en  avait 
quatre  et  non  pas  deux)  est  racontée  tout 
au  lonjT  dans  le  rapport  présenté  à  la  Con- 
vention le  98  frimaire  par  Mathieu.  (Voir 
p.  17^.)  L'afTairo  avait  élé  l'envoyée  au  Co- 
mité par  la  Commission  des  arts,  qui  s'en 
était  occupée  le  10  et  le  t5  frimaire.  Nous 
donnons  aux  annexes,  B  (p.  91  ),  <les  ex- 
traits du  registre  de  la  Commission. 

Il  on  sera  de  nouveau  question  au  Co- 
mité, le  5  ventôso  (voir  p.  ^491). 

'^'^^  11  s'a{}it  du  musée  du  Louvre ,  sur  l'or- 
[jnnisalion  duquel  David  avait  un  rapport  à 
faire  (voir  p.  7/1,  nolsj  -2).  Nous  n'avons 
pas  trouvé  la  lettre  du  ministre. 

(■')  Basire  avait  élé  nommé  commissaire 
dans  la  séance  du  ;i  1  brumaire. 

(''^  \jO  mrndtre  cpii  parle  de  ron-;ei{jne- 
nienl  des  lanjjuos  orientales  doit  ('tro  Gi"é- 
{{oire  ou  iMalhieu.  Tous  deux  avaient  été 
cliarjjés,  le  3  septeud)re,  de  faire  au  (Co- 
mité un  rapport  sur  cet  objet,  à  la  suite 
d'une  pétition  présentée  par  Barrolier  et 
Langlès.  Voir  t.  II,  p.  '.\')f). 


^'^  La  discussion  sur  l'instruction  pu- 
blique s'était  enfin  ouverte  la  veille  à  la 
Convention.  La  cr Revision  du  décret  pour 
rorjranisation  des  premières  é.^oles,  faite 
pai'  le  Comitéd'instruction  publiques, avait 
été  lue  à  la  tribune  par  Romme;  après  quoi 
le  projet  de  décret  rédifré  par  Bouquier  avait 
élé  lu  à  son  tour.  Ce  n'est  pas  par  le  pro- 
cès-verbal de  la  séance  de  la  CiOuvenliou  du 
18  frimaire  que  nous  connaissons  ces  laits, 
car  il  est  absolument  muet  à  cet  éjjard; 
mais  les  complos-rendus  de  la  presse  sup- 
pléent en  partie  à  son  silence  ;  malboureu- 
semenl  ils  sont  bien  incomplets  et  parfois 
manifestement  im^xacts.  Nous  donnons  aux 
annexes,  C  (p.  9a  ),des  extraits  du  Journal 
de  la  Mofil<i{rne,  de  la  Feuille  du  salut  pu- 
blie,  du  Joui-iutl  <le  Paris ,  du  Moniteur,  et 
du  Journal  des  tléhals  et  des  dé.  rets  . 

Le  lendemain  19  conuncMiça  le  ilebat. 
Fourcroy,  (pie  le  Comité  avait  chargé,  dans 
sa  séance  «lu  7  frimaire  (voir  p.  .Sô),  de 
faire  à  la  Convention,  conciuM-iMument  avec 
Ronunc,  un  exposé  de  ses  idées  sur  la  (pies- 


90        PROCES-VERBAUX  DU  COMITE  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 
Séance  levëe  à  dix  heures  ^^^ 

PIECES  ANNEXES. 


On  lit  dans  le  Moniteur  : 

Convention  nalionalo,  séance  du  12  frimaire. 

Rollin  {d'Et(iin)y  admis  à  la  barre.  Représentants,  si  la  Révolution  n'était  pas 
complète,  son  but  serait  manqué. 

Ce  serait  en  vain  que  la  nation  aurait  frappé  de  grands  coups  pour  détruire  les 
tyrannies  et  les  abus,  si  vous  ne  remplissez  la  tâche  plus  difiicile  d'en  extirper  h 
fond  les  racines,  je  veux  dire  les  superstitions  et  les  préjugés;  si  vous  n'abolissez 
jusqu'à  ces  routines  défectueuses  qui,  dans  les  sciences  et  les  arts,  s'opposent 
sans  cesse  aux  progrès  de  Ja  raison,  du  génie  et  des  talents;  eu  un  mot,  si  vous 
ne  faites  de  grandes  et  utiles  réformes  en  tout  genre. 

Il  ne  faut  pas  les  faire  à  demi. 

Si  la  Convention  n'admet  que  celles  marquées  au  coin  de  la  perfection;  si, 
dans  tout  ce  qu'elle  fait,  elle  a  l'ambition  louable  de  ne  pas  laisser  à  d'autres  l'es- 


tion  des  degrés  supérieurs  d'instruction 
publique,  lut  un  rapport  sur  i'enseigno- 
ment  libre  des  sciences  et  des  arts,  suivi 
d'un  projet  de  décret.  Tliibaudeau  parla 
ensuite  en  laveur  du  plan  de  Bouquier;  il 
reproduisit  contre  le  plan  du  Comité,  «qui 
n'est  à  pou  près  qu'une  copie  de  celui  de 
Condorcetw,  les  objections  qu'avaient  for- 
nuilées  autrefois  Durand-Maillane  et  Ma- 
suyer,  et  après  eux  Sieyès,  Daunou  et  plu- 
sieurs autres;  il  eut  un  grand  succès,  et, 
sur  la  proposition  de  David,  la  Convention 
l'adjoignit  au  Comité  d'instruction  publique. 
Enfin  Michel -Edme  Petit  commença  la 
lecture  d'un  discours  dans  lequel  il  com- 
battait à  la  fois  le  plan  revisé  du  Comité 
et  celui  de  Bouquier,  et  proposait  le  sien 
propre.  La  discussion  fut  alors  interrompue. 
Cette  fois,  le  procès-verbal  fait  mention 
de  la  discussion.  En  outre,  les  trois  dis- 
cours prononcés  ce  jour-là  ont  été  imprimés. 
Nous  ne  sommes  donc  pas  réduits,  pour 
cette  séance,  aux  seuls  comptes-rendus  des 
journaux.  On  trouvera  aux  annexes  (p.  96) 
un  extrait  du  procès-verbal  de  la  séance 
de  la  Convention  du  19  frimaire  an  11,  les 
comptes-rendus    des    cinq   journaux   déjà 


nommés  ci-dessus,  et  le  texte  des  discours 
de  Fourcroy  (p.  97),  de  Tliibaudeau 
(p.  io5)  et  de  Petit  (p.  112).  Nous  y  don- 
nons en  outre  un  passage  des  Mémoires  de 
Thibaudeau  relatif  à  sa  nomination  comme 
membre  du  Comité  d'instruction  publique 
(p.  110),  et  quelques  passages  des  Notes 
historiques  de  Baudot  et  des  Mémoires  de 
Barras,  concernant  Thibaudeau  (p.  111). 

Nous  complétons  cette  annexe  par  la 
reproduction  (p.  1  28)  d'un  Plan  (V éducation 
de  Delagueulle,  député  du  Loiret,  qui  fut 
imprimé  et  distribué  à  cette  date,  et  par 
une  rectification  (p.  182)  relative  à  l'Opi- 
nion de  Calés,  qui  appartient  à  cette  dis- 
cussionet  non  aux  débats  dedécembre  1 792. 

Pour  la  suite,  voir  la  séance  du  Comité 
du  28  frimaire,  p.  iho. 

^^)  Ce  dernier  alinéa  se  trouve  à  la  mi- 
nute aussi  bien  qu'au  registre.  Pas  de  si- 
gnatures, ni  à  la  minute,  ni  au  registre. 
Les  quatre  premiers  alinéas  sont  d'une  main 
inconnue,  qui  a  tenu  la  plume  jusqu'à  l'ar- 
rivée de  Mathieu.  Les  trois  alinéas  qui 
suivent  sont  de  la  main  de  Mathieu.  Puis, 
après  le  renouvellement  du  bureau,  le 
reste  du  procès-verbal  est  écrit  par  Ferry. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  91 

noir  de  faire  mieux,  je  lui  pre'dis  hardiment  qu'en  travaillant  pour  la  Re'publique 
elle  aura  la  gloire  d'être  l'institutrice  des  nations. 

C'est  sous  cet  aspect  que  j'envisage  ses  opérations. 

J'admire  entre  autres  le  plan  vaste  et  simple  de  la  refonte  générale  des  poids, 
mesures  et  des  monnaies. 

J'avais  prévu,  comme  un  autre,  qu'on  en  chercherait  la  base  dans  la  nature, 
et  qu'elle  pourrait  être  prise  sur  quelque  dimension  vraie  ou  pre'sumée  du  globe; 
mais  j'étais  loin  de  penser  qu'on  y  ferait  entrer  la  division  décimale. 

Le  plan  me  paraît,  en  ce  point,  non  pas  fautif,  mais  susceptible  d'une  plus 
grande  perfection,  nécessaire  pour  en  faire  adopter  l'usage  universellement. 

J'ai  cherché  le  moyen  de  lui  donner  cette  perfection;  je  crois  l'avoir  ti'ouvé,  et 
je  viens  en  faire  hommage  h  la  Convention. 

Ce  moyen  a  un  objet  plus  étendu,  celui  d'étabhr  un  nouveau  système  de 
numération,  de  changer  nos  séries,  de  les  rendre  plus  divisibles,  en  nondjres  en- 
tiers, et  par  là  de  dinn'nuer  beaucoup  la  fréquence  des  fractions  continuellement 
gênantes  dans  le  commerce  ordinaire  de  la  vie  civile,  et  qui  sont  comme  les  épines 
du  calcul  dans  les  grandes  opérations  d'arithmétique. 

Pour  cela  il  ne  faut,  selon  moi,  qu'ajouter  à  nos  dix  chiffres  deu.T  chiffres  nou- 
veaux qui  exprimeront  d'une  manière  simple  les  nombres  composés  dix  et  onze. 
Cela  produira  d'autres  combinaisons,  de  nouvelles  séries  de  douze  au  limi  de  dix  : 
de  manière  que  douze  douzaines  feront  le  cent,  que  douze  fois  douze  douzaines 
feront  le  mille,  ainsi  du  reste;  d'où  il  résultera  un  calcul  douzinial(.s/c),  préférable 
à  notre  calcul  décimal,  puisqu'il  aura  les  avantages  de  celui-ci  sans  en  avoir  les 
inconvénients,  et  qu'appliqué  au  système  des  poids  et  mesures  et  des  monnaies,  il 
en  rendra  la  divisibilité  en  nombres  entiers  plus  grande,  plus  appropriée  à  nos 
besoins  journaliers,  et  partant  [)lus  commode. 

Je  ne  veux  pas  en  être  cru  sur  parole.  Voilà  mes  observations  écrites.  Je 
demande  qu'elles  soient  envoyées  au  Comité  d'instruction  et  à  l'Académie  (sic); 
que  je  sois  admis  à  l'examen  qui  en  sera  fait  pour  y  donner  plus  de  développe- 
ment s'il  en  est  besoin,  et  qu'il  en  soit  fait  un  rapport  à  la  Convention. 

Animé  en  bon  citoyen  du  seul  désir  d'être  utile,  je  me  llatte  de  quelque 
espérance  de  succès.  S'il  arrivait  que  je  fusse  trompé  dans  mon  attente,  la  pui-eté 
de  mes  vues  m'en  consolerait  et  serait  mon  excuse. 

La  Convention  renvoie  ces  observations  au  Comité  d'instruction  publicjue,  et 
admet  les  pétitionnaires  aux  honneurs  de  la  séance ^^^ 


0(1  lit  dans  \o.  registre  dos  procès-verbaux  de  la  Commission  des  arts  : 

Séance  du  lo  frimaire,  l'an  2*  de  la  Hi'publiipie. 

Des  tables  de  bois  pétrifié  ont  été  vendues  à  des  particuliers  par  la  Coininission 
de  Versailles.  Les  citoyens  Nitot,  Lebrun  et  Besson  constateront  le  prix  de  racipii- 


^''  Moniteur  du  \h   (fi  ma  ire  an  ii,  p.  '.u)9. 


92        PROCfe-VElilUUX  DU  COMITE  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

sitio:i,(HfiMT»n!  un  rapporl  sur  la  qdcslion  do  savoir  :  i°  si  les  inténlts  de  h  nation 
ont  clé  ltS(s  dan^  le  marché;  2"  si  lesdiles  labiés  doivent  être  rachetées. 

Séance  du  10  friniaiie,  Tan  2'  de  la  République. 

Les  citoyens  Nitot  et  Lebrun  déposent  sur  le  bureau  le  procès-veriial  qu'ils  ont 
dressé  de  concert,  conrorménient  à  raii'élé  pris  dans  la  séance  précé(U^nle,  con- 
cernant les  tables  de  bois  péli'ilié  achetées  par  les  citoyens  Fabre  et  Sophy.  Le 
Comité  d'instruction  publique  sera  prié  de  délibérer  sur  cette  affaire,  qui  mérite 
d'être  prise  en  considération  ^'\ 


La  discussion  sur  rinstniclion  publique,  que  io  décrot  du  19  brumaire  avait  fixée  au 
1"  IVinuirt',  cl  qui  avait  clé  renvoyée  onsuile  (voir  p.  8.5,  note  1  )  au  1 1  frimaire,  ne 
s'ouvrit  (|u<'  le  18  frimaire.  Ce  jour-là,  Romme  donua  ieclure,  au  nom  du  Comité  d'in- 
struction [)ubiique,  du  travail  de  revision  dos  décrets  fall  parle  Comité  et  imprimé  par  ses 
ordres  (voir  ce  travail  dans  notre  tome  II,  p,  8A9);  il  annonça  en  même  temps  qu'un 
autre  membre  du  Comité,  îîouquier,  avait  préparé  un  ])ian  nouveau,  dont  le  Comité  avait 
c'jTalement  ordonné  l'impression.  Bouquier  se  présenta  ensuite  à  la  tribune,  et  lut  les  ar- 
ticles de  son  projet  ainsi  que  l'exposé  des  motifs.  Après  ces  deux  lectures,  la  Convention 
ajourna  la  discussion  au  lendemain. 

Le  procès-verbal  de  la  Convention  du  18  frimaire  ne  dit  rien  des  lectures  faites  par 
Romme  et  par  Rouquier.  Nous  ne  les  connaissons  que  par  les  comptes-rendus  des  jour- 
naux, dont  nous  transcrivons  ci-après  les  plus  importants. 

Nous  commençons  par  le  Journal  de  la  Montagne,  dont  le  compte-rendu,  signé  des  ini- 
tiales F.  P. ,  est  celui  qui  nous  donne  les  renseignements  les  plus  précis  et  les  plus  complets  : 

Convention  nationale,  séance  du  18  frimaire. 

Bomme  annonce  que  de  tous  les  points  de  la  République  un  cri  unanime  appelle 
Torg'anisation  des  écoles  primaires.  Il  soumet  la  rédaction  des  <Mticles  décrétés  à 
cet  égard,  et  invite  la  Convention  à  entendre  un  nouveau  projet  du  Comité,  pour 
discuter  de  suite  celui  qui  aura  oblenu  la  priorité. 

Bouquier,  membre  de  ce  Comité,  prend  la  parole  :  Vous  avez,  dit-il,  chargé 
votre  Comité  de  reviser  le  décret  relatif  à  l'organisation  des  premières  écoles.  H  a 
rempli  cette  tâche,  mais  en  s'en  r.cquittant  il  a  vu  que  le  grand  problème  de  l'or- 
ganisation de  l'instruction  publique  pourrait  être  résolu  de  plusieurs  manières,  et 
I  s'est  déterminé  à  vous  présenter  un  nouveau  plan. 

[Suit  la  reproduction  textuelle  de  l'exposé  des  motifs  du  plan  de  Bouquier  jusqu'aux 
mots:  ff Contentons-nous  d'y  ajouter  le  peu  qui  manque  pour  compléter  l'instruction  pu- 
bliquew.] 

Le  plan  dirigé  d'après  ces  réflexions  sera  discuté  demain,  si ,  comme  il  est  vrai- 
semblable, il  obtient  la  priorité. 

F.  P.  ^'\ 

Wi  F*'* 7,  folios  10  recto  et  10  verso.  —  (''  Journal  de  la  Modagne,  n"  26,  19' jour  dn 
troisième  mois. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  93 

Voici  la  très  courte  mention  qu'on  trouve  dans  la  Feuille  du  salut  public  : 

Convention  nationale,  octidi  de  la  •?.'  décade  de  frimaire. 

Bomvie,  au  nom  du  Cojnilé  d'instruction  publique,  présente  la  revision  laite 
du  décret  sur  les  premières  écoles.  Ln  projet  est  mis  en  concurrence  par  Uou- 
Unier  (sic).  La  Convention  ajourne  à  demain  midi  la  décision  sur  la  priorité ^'^ 

I.e  Journal  d«  Paris,  moins  exact,  ne  parle  que  de  Romme,  et  passe  sous  silence  la 
lecture  faite  par  Bouquier  : 

Convention  nationale,  séance  du  18  frimaire. 

Romme,  organe  du  Comité  d'instruction  publique,  après  avoir  invité  la  Con- 
vention à  s'occuper,  toute  affaire  cessante,  de  l'éducation  nationale  que  toute  la 
France  réclame  impérieusement  depuis  longtemps,  relit  la  revision  du  décret  pour 
l'organisation  des  premièi'es  écoles,  faite  par  ce  Comité,  conformément  au  décret 
(lu  19  brumaire,  qui  ordonne  que  la  discussion  sera  ouverte  le  1"  frimaire,  soit 
sur  le  travail  du  Comité,  soit  sur  celui  de  la  commission  nommée  pour  le  même 
sujet. 

La  discussion  est  ouverte  ^'^ 

Le  Moniteur,  comme  le  Journal  de  Paris,  omet  ce  qui  concerne  Bouquier.  Voici  son 
compte-rendu  : 

Convention  nationale,  séance  du  18  frimaire. 

Bomme,  au  nom  du  Comité  d'instruction  publique.  C'est  l'instruction  pul)lique 
(jui  m'appelle  à  cette  tribune.  De  toutes  parts  on  la  demande,  et  on  la  demande 
impérieusement.  Tous  les  départements  sont  mûrs  pour  les  leçons  que  vous  vou- 
lez leur  donner.  11  faut  donc  vous  occuper  de  cet  objet,  toute  affaire  cessante. 
Vous  avez  décrété  les  premières  écoles,  et  vous  avez  cliargé  une  Connnission  par- 
ticulière de  faire  la  revision  de  ce  décret,  en  même  temps  que  le  Comité  ferait  de 
son  côté  la  même  opération.  Le  Comité  a  fini  son  travail;  j'ignore  si  la  Commis- 
sion a  fait  le  sien.  Je  demande  que  la  Convention  entende  la  rédaction  de  ces  revi- 
sions afin  d'accorder  la  priorité  à  l'une  d'elles. 

Bomme  fait  la  lecture  des  articles.  L'assemblée  ajourne  la  discussion  à  demain  ^'\ 

(iuaiit  au  Journal  des  débats  et  des  décrets,  il  a  voulu  être  complot;  mais  il  a  commis 
plusieurs  erreurs.  11  a  transformé  le  nom  de  Bouquier  en  Lindet^'^^;  et  il  s'est  imaijiné  que 
ce  Bou(juier-Lindct,  qui  présentait  un  plan  nouveau,  était  un  membre  de  la  Commission  do 
r('\isioii.  Voici  son  compte-rendu  : 

(')  Feuille  du  salut  public, u"  iï)(.^,  \i)  ïvï-  toriété,  il  élail  naturel  que  les  jouru;ilistes 

maire  an  ii.  lussent  exposés  à  cou)mellre  des  uu'prises  à 

^-^  Journal  de  Paris  national,  if  'Mi'A ,  son  eodroil.  Ou  ;>  vu  (|uo  la  Feuille  du  s(dut 

11)  IVimaiie  an  ii.  public  ccvii  son  nom />(^*//;/jiV/-.  Ley(M/rM<// </«■ 

"   Moniteur  du  v.o  Iriujairean  ii,  p.  .'ii!.').  Paris,  dans  son  com|)le-rei)du  di}  la  séaiin' 

**'  Comme  Bouquier  n'avait  aucmie  no-  du  19 frimaire,  l'appelle  Poullur.LAiuliteur 


94        PROCES-VERBAUX  DU  COMITE  D'I^ISTRUCTION  PUBLIQUE 

Convention  nationale,  séance  du  18  frimaire. 

Eomme.  C'est  l'instruction  piibli(j[iie  qui  m'appelle  aujourd'hui  à  la  tribune.  On 
vous  la  demande  de  toutes  parts.  Il  est  donc  de  votre  devoir  de  vous  en  oc- 
cuper. 

Vous  avez  décrëtë  l'institution  des  premières  dcoles.  Vous  avez  ordonne  ensuite 
qu'une  Commission  révisât  le  décret  qui  avait  été  rendu.  La  Commission  a  été 
nommée.  Le  décrel  lui  fut  remis  le  lendemain.  Vous  chargeâtes  aussi  votre  Comité 
de  reviser  de  son  côté  la  loi,  afin  que  vous  puissiez  déterminer  votre  choix  entre 
les  deux  travaux  revisés.  Le  Comité  a  fait  son  travail.  Il  l'a  fait  imprimer;  on  vous 
l'a  distribué.  J'ignore  si  la  Commission  a  fait  le  sien;  mais  un  de  ses  membres  en 
a  fait  un^^\  dont  nous  avons  ordonné  l'impression,  et  qui  vous  a  aussi  été  distri- 
bué. Nous  allons  vous  faire  successivement  la  lecture  de  ces  deux  plans ,  et  vous 
discuterez  sur  la  priorité. 

Romme  lit  la  loi  revisée  par  le  Comité. 

Lindet^^\  membre  de  la  Commission,  lit  un  plan,  après  en  avoir  développé  les 
bases. 

L'ajournement  de  la  discussion  est  fixé  à  demain  midi  ^^\ 

Dans  la  séance  du  lendemainig  frimaire,  avant  que  la  discussion  commençât,  Fourcroy 
présenta  un  rapport  sur  les  degrés  supérieurs  de  l'inslruclion,  —  ou,  pour  conserver  la 
formule  employée  par  lui,  sur  renseignement  libre  des  sciences  et  des  arts,  —  suivi  d'un 
projet  de  décret.  Le  Comité,  dans  sa  séance  du  7  frimaire  (voir  p.  35),  Pavait  autorise  à 
(aire  à  la  Convention  l'exposé  de  ses  idées  sur  ce  sujet.  Puis  Thibaudeau,  attaquant  l'ancien 
plan  de  Condorcet,  dont  celui  du  Comité  n'était  qu'une  reproduction,  prononça  un  plai- 
doyer en  faveur  de  l'enseignement  libre  et  recommanda  l'adoption  du  plan  de  Bouquier. 
Son  discours  eut  du  succès,  et  la  Convention,  sur  la  proposition  de  David,  Tadjoignit  au 
Comité  d'instruction  publique.  Ensuite ,  Michel-Edme  Petit  commença  la  lecture  d'un  long 
mémoire  divise  en  deux  parties  :  la  première  était  consacrée  à  la  critique  du  projet  du 
Comité,  la  seconde  à  la  critique  du  plan  de  Bouquier;  il  terminait  par  un  projet  de  dé- 
cret en  trente-cinq  articles ,  contenant  des  dispositions  analogues  à  celles  qu'il  avait  déjà 
proposées  dans  son  discours  du  1"  octobre  (voir  t.  II,  p.  56 1).  Petit  ne  put  pas  achever  sa 


national  l'appelle  successivement  Voultier 
et  Poultier.  Il  n'y  a  rien  d'étonnant  à  ce 
que  le  Journal  des  débats  et  des  décrets  l'ait 
confondu  avec  Thomas  Lindet,  qui  était 
aussi  membre  du  Comité  d'instruction  pu- 
blique. 

^^)  Bouquier  n'était  pas  membre  de  la 
Commission  de  revision;  c'est  en  qualité  de 
meml^re  du  Comité  d'instruction  publique 
qu'il  rédigea  son  plan,  présenté  par  lui  au 
Comité  le  1 1  frimaire.  Il  faut  donc  lire  : 
«Mais  un  des  membres  du  Comité  en  a 
fait  un?-!.  L'erreur  commise  par  le  Journal 
des  débats    et  des    décrets   nous   avait  fait 


écrire  en  1879,  dans  notre  premier  travail 
sur  l'instruction  publique  pendant  la  pé- 
riode conventionnelle  (  Dictionnaire  de  pé- 
dagogie, aii\c\e  Convention)^  que  Bouquier 
était  un  des  six  membres  de  la  Commis- 
sion de  revision  et  parlait  en  son  nom; 
nous  ne  connaissions  pas  alors  la  hste  de 
ces  six  membres,  qui  a  été  publiée  pour  la 
première  fois  en  189/1  dans  le  tome  II  des 
Procès-verbauœ  du  Comité  d'instruction  pu- 
blique delà  Convention,  p.  827. 

^2)  Voir  la  note  h  de  la  page  précédente. 

(•■')  Journal  des  débats  et  des  décrets, 
nVi/j6,p.  2/18. 


DE  LA  GOiSVENTlON  NAÏlOiNALE.  95 

leclure,  interrompue  par  une  lettre  de  Fouquier-Tinville  qui  annonçait  ie  suicide  de  Gla- 
vière.  La  suite  de  la  discussion  fut  renvoyée  à  une  autre  séance. 

Le  procès-verbal  de  la  Convention  mentionne  cette  (bis  le  débat.  Voici  comment  il  s'ex- 
prime : 

Séance  du  19  frimaire  an  11. 

La  discussion  s'ouvre  sur  l'instruction  publique.  Un  membre ^^^  fait,  au  nom 
du  Comité'  d'instruction,  un  rapport  sur  le  degré  supérieur  de  l'instruction. 

Un  membre  ^'^^  demande  la  prioritt'  pour  le  plan  de  Bouquier  sur  celui  du 
Coiiiité. 

La  discussion  est  interrompue  ^^^  par  la  lecture  d'une  lettre  de  Fouquier,  accu- 
sateur public  près  le  tribunal  révolutionnaire,  qui  annonce  que  Glavière,  ci-devant 
ministre  des  contributions  publiques,  qui  devait  être  jugé  ce  matin,  s'est  fait  jus- 
tice en  se  tuant  lui-même  la  nuit  dernière  ^*^ 


Nous  donnons  pour  cette  séance,  comme  pour  la  précédente,  les  comptes-rendus  publiés 
par  la  presse.  Voici  celui  du  Journal  de  la  Montagne  : 

Convention  nationale,  séance  du  19  frimaire. 

L'ordre  du  jour  appelle  la  discussion  sur  l'éducation  nationale.  Fourcroy  com- 
munique un  plan  pour  l'organisation  de  l'instruction  du  second  degré. 

Thibaudeau  s'élève  avec  cbaleur  conti'c  les  divers  systèmes  présentés  successi- 
vement depuis  Périgord  jusqu'à  Lepeletier,  tcMidant  tous  à  reproduire,  sous  d'autres 
noms,  la  hiérarcbie  pédagogique,  dont  la  Révolution  a  fait  justice.  Le  projet  re- 
\isé  de  Romme  lui  semble  entaché  du  même  défaut;  et  il  demande  la  priorité 
pour  celui  de  Bouquier,  comme  plus  conforme  au  génie  républicain,  et  plus  éco- 
nomique en  même  temps. 

Petit  n'approuve  ni  l'un  ni  l'autre,  et  propose  la  question  préalable.  L'arrivée 
de  Rarère  interrompt  la  série  de  ses  objections  "^  Son  discours,  et  les  deux  pré- 
cédents, seront  imprimés.  Thibaudeau  est  adjoint  au  Comité  d'instruction  pu- 
blique. 

F.  V^'^l 

La  Feuille  du  salut  public  dit  simplement  : 

Convention  nationale,  nonidi  de  la  ^^  décade  de  frimaire. 

La  discussion  s'ouvre  sur  l'instruction  publique.  Elle  est  pres([ue  aussitôt  inter- 
rompue par  une  lettre  de  l'accusateur  public  du  ti'ibunal  révolutioimnire  ^"^ 

"^  C'est  Fourcroy.  cès-verbal,  ce  fut  une  lettre  de  Fouquier- 

'*^  C'est  Thibaudeau.  Tinville  cpii  interrompit  la  lecture  de  Petit. 

^'^  A  ce  mouïent  Petit  avait  commencé  ^^^  Journal  de  ta  Monlagne,  n"  «27  (nu- 
la  lecture  d'un  discours.  mérotc  20  par  suite  d'une  laute  d'impres- 

''*)   Procès- verbal     de    la    (]()iiventiou,  sion) ,  '.u»' jour  du  troisit-me  mois. 

t.  XXVll ,  p.  s;}.  ("^   FeuHlc  du  salulpublic ,  n"  i(3o ,  jo  IVi- 

^'•^  C'est  une  errein-.  Comme  dit  le  pro-  maire  an  11. 


98       PROCÈS-VERBAUX  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

s'îunéliorer  pnr  les  préférences  continuées  que  supposent  les  places  accordées  peut- 
être  au  mérite,  mais  qui  doivent  devenir  tôt  ou  lai'd,  pour-  les  titulaires,  mono- 
tones et  laslidieuses,  par  l'assurance  même  de  ne  pas  les  perdre?  Comment  se 
persuader  qu'un  homme  qui  l'emporte  aujourd'hui  sui*  les  autres,  par  l'étendue 
de  son  savoir,  et  sui'tout  par  la  manière  de  communiquer  ses  connaissances,  Fem- 
poi'tera  constamment;  et  pounpioi  refuser,  à  ceux  qui  veulent  apprendre,  le 
droit  de  choisir  l\  leur  ^>ré  pour  maîtres  les  hommes  qui,  entrant  pour  la  piemière 
fois  dans  la  carrière  de  l'enseignement,  y  montrent  tout-à-coup  un  mérite  supéi'ieur 
à  celui  des  professeurs  inamovibles,  dont  le  talent  se  ralentit,  ou  s'éteint,  ou  reste 
stalionnaire?  Ici,  comme  dans  toutes  les  autres  parties  des  gouvernements  répu- 
blicains, la  libellé  est  le  premier  et  le  plus  sûr  mobile  des  grandes  choses.  Chacun 
doit  avoir  le  droit  de  choisir  pour  professeurs  ceux  dont  les  lumières,  l'art  de 
démontrer,  tout,  jusqu'au  son  de  voix,  au  geste,  sont  les  plus  conformes  à  ses 
goûts.  Laisser  faire  est  ici  le  grand  secret  et  la  seule  roule  des  succès  les  plus 
certains. 

Les  grands  établissements  d'instruction  des  sciences  et  des  arts  créés  par  les 
rois  renferjnent-ils  partout  les  sujets  les  plus  éminents,  et  est-ce  en  créant  de 
grandes  places  qu'on  crée  de  grands  hommes?  Boerhaave,  Linnéus,  Bergmann, 
n'auraient-ils  pas  été  de  grands  professeurs,  quand  les  universités  de  Leyde, 
d'Upsal  et  de  Stockholm  n'auraient  pas  existé?  Pour  citer  des  exemples  plus  près 
de  nous,  n'avons-nous  pas  sous  nos  yeux  la  preuve  que  les  professeurs,  placés 
souvent  dans  les  chaires  publiques  par  l'intrigue  et  la  bassesse,  remplissaient  si 
mal  les  fonctions  qui  leur  étaient  confiées,  que  les  écoles  royales  et  gratuites 
étaient  désertes,  tandis  que  des  écoles  particulières,  et  payées  plus  ou  moins  chè- 
rement, réunissaient  la  foule  des  hommes  studieux?  Si  les  établissements  d'instruc- 
tion publique  salariés  par  la  nation  avaient  pu  satisfaiie  tous  les  besoins  des  étu- 
diants, comment  les  professeurs  particuliers  et  enseignant  chez  eux  pour  une 
rétribution  plus  ou  moins  forte  auraient-ils  pu  se  soutenir,  et  vivre  assez  honora- 
blement de  leur  travail  pour  assurer  à  leur  vieillesse  une  existence  aisée?  Les  rois 
ont  plus  cherché  leur  vaine  gloire,  en  fondant  des  chaires  et  des  universités,  qu'ils 
n'ont  songé  à  éclairer  les  hommes  :  les  collèges  entretenus  à  grands  frais,  les 
écoles  publiques,  n'étaient  souvent  que  des  monuments  de  l'orgueil  des  despotes 
qui  achetaient  ainsi  à  peu  de  frais  les  louanges  de  leurs  contemporains;  et  pour 
quelques  hommes  illustres  qui  occupaient  passagèrement  ces  places,  elles  étaient 
presipie  toutes  le  patrimoine  et  l'héritage  de  la  médiocrité. 

Je  n'ai  point  épuisé,  à  beaucoup  près,  les  objections  qu'on  peut  faire  contre  le 
danger  ou  les  inconvénients  des  corporations  enseignantes  pour  les  degrés  supé- 
rieurs d'instruction;  je  pourrais  encore  faire  voir  que  créer  de  nombreux  établis- 
sements en  ce  genre,  conmie  on  l'a  proposé,  c'est  p^eupler  la  République  de  demi- 
savants'^',  comme  on  l'avait  peuplée  autrefois  de  séminaristes  et  de  moines;  c'est 
faire  renaître  tout  à  coup  cet  espiit  de  corps  que  la  liberté  a  dû  anéantir  sans 
retour.  Je  pourrais  faire  observer  cju'en  salariant  même  assez  chèrement  des  pro- 

^'^  tçCes  demi-savants  15  sont,  non  les  élèves,  mais  les  aspirants  aux  places  do  profes- 
seurs :  voir  p.  91),  lignes  27  el  suivantes. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  99 

fesseurs  de  sciences  dans  les  degrés  supérieurs,  c'est  ôler,  aux  homraps  qu'un  long 
travail  et  un  goût  décidé  pour  l'étude  appellent  à  remplir  cette  fonction  dans  la 
socié'té,  l'espérance  d'étendre  assez  leur  gain  annuel  pour  y  trouver  les  nioyrns  de 
subsister  dans  tous  les  temps  et  de  pourvoir  aux  dépenses  utiles  que  leur  amour 
pour  les  sciences  les  porte  à  consacrer  pour  leur  perfectionnement.  Qu'on  ne  perde 
pas  de  vue  que  le  plus  grand  nombre  des  c'iaires  pour  les  sciences  et  les  arts  n'é- 
taient payées  qu'à  raison  de  douze  ou  quinze  cents  livres  par  an,  et  qu'un  pro- 
fesseur se  trouvait  forcé,  pour  vivre,  ou  d'accaparer  les  places,  ou  de  sp  livrer  à 
l'enseip^nement  particulier,  ou  d'embrasser  d'autres  occupations  lucratives,  qui 
ôtaient  nécessairement  à  ses  leçons  publiques  l'intérêt,  le  charme  et  jusqu'au  temps 
qui  devait  leur  appartenir. 

Je  dois  répondre  maintenant  aux  objections  et  aux  difificultés  que  l'on  a  faites 
contre  le  projet  de  renoncer  à  organiser  et  surtout  à  multiplier  les  établissements 
d'enseignement  des  sciences  et  des  arts.  Ceux  qui  croient  à  la  nécessité  de  ces  éta- 
blissements voient  dans  leur  prompte  création  un  moyen  certain  de  former  des 
hommes  instruits,  d'occuper  utilement  pour  la  République  ceux  qui  le  sont  déjà, 
et  d'engager  par  l'espérance  de  places  honorables  un  plus  grand  nombre  de  ci- 
tovens  à  se  livrer  à  l'étude  profonde  des  sciences  et  des  arts.  Sans  cet  appât  offert 
aux  talents  par  la  République,  ils  craignent  que  les  sciences  et  les  arts  ne  soient 
négligés,  et  ne  perdent  de  l'éclat  que  les  Français  leur  ont  donné  depuis  une  cin- 
quantaine d'années  surtout;  ils  voient,  dans  les  instituts  et  les  lycées,  des  sémi- 
naires sans  cesse  peuplés  de  citoyens  éclairés.  C'est  sans  doute  l'intérêt  public  et 
le  désir  de  voir  les  sciences  et  les  arts  fleurii*  dans  la  République  française  qui  a 
fait  naître  cette  opinion.  Mais  est-elle  fondée  sur  des  bases  bien  solides?  Peut-on  se 
dissimuler  qu'en  créant  tout  à  coup  un  grand  nombre  de  places  de  professeurs,  on 
ouvre  la  porte  aux  spéculations  en  ce  genre,  comme  elle  l'était  autrefois  aux  béné- 
fices ecclésiastiques?  N'est-il  pas  présumable  qu'il  se  formerait  une  foule  d'hommes 
médiocres,  lorsque  des  jeunes  gens  n'auraient  en  vue,  en  se  livrant  à  l'étude  des 
sciences  et  des  arts,  que  d'obtenir  une  place  qu'ils  regarderaient  comme  le  ternie 
de  leurs  travaux?  Est-ce  là  le  noble  but  qui  doit  seul  engager  des  hommes  à  s'oc- 
cupf  r  exclusivement  de  l'étude  des  sciences  et  des  arts?  Oublie-t-on  que  le  feu  qui 
dévore  les  hommes  studieux  ne  s'allie  point  avec  toutes  les  idées  d'intérêt  et  de 
fortune,  et  peut-on  croire ([uc  la  République  française  manquera  de  savants  et  d'ai- 
tistes,  parce  ({u'elle  n'adoptera  pas  tous  les  instituts  et  les  lycées  dont  on  a  voulu 
l'inonder?  Commande-t-on  au  génie  et  aux  talents  de  naître  pour  les  placer  à  des 
postes  qu'on  leur  a  destinés  d'avance?  L'adulation  a  pu  seule  créer  ces  idées  fan- 
tastiques pour  des  despotes  à  qui  on  ne  parlait  ([ue  de  gloire,  de  protection  et  de 
protégés,  et  ([ui  étaient  assez  sots  et  assez  vains  pour  j)enser  (]ue  les  grands 
poétfvs  les  granils  orateurs,  les  savants  illusti(>s,  les  ai-listes  ct'lèbres  naîtraient  ii 
leur  voix,  en  leur  distribuant  annuellement  (pielques  pièces  de  monnaie,  en  leur 
faisant  écrire  quehpies  billets  insolents,  et  pu  leur  préparant  des  fauteuils  acadé- 
miques. Au  lieu  de  fonder  des  chaires  nouvelles  pour  les  talents,  récompensez 
ceux  qui  en  ont  arcpiis  et  pncourajjez  ceux  (pii  en  veulent  acquérir.  Les  places  ne 
(eronl  januiis  les  lionnnes,  mais  les  honuues  se  feront  à  eux-mêmes  des  places.  La 
lh'[)ubliquc  française  est  assez  grande,  assez  riche,  assez  juste,  pour  étendre  ses 


100      PROCÈS-VERBAUX  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

biciilails  sur  tous  ceux  qui  Vhouoreut  et  qui  la  servcut  par  leurs  taleuls.  Ne  crai- 
jjiicz  p'.is,  législateurs,  la  barbarie  dont  ou  vous  uicnace,  quaud  vous  ap[)elez  de 
toutes  parts  les  arts  à  créer  des  cliofs-d'œuvre,  les  sciences  à  servir  la  patrie; 
quand  surtout  vous  accueillerez  tous  les  moyens  qu'on  vous  proposera  d'aller  au 
devant  du  mérite  caché,  du  talent  modeste,  de  récompenser  les  découvertes  utiles 
([ui  ont  pour  but  l'avantage  commun;  quand  vous  distinguerez  par  de  justes  in- 
denmités  les  lionunes  qui  se  sont  voués  sans  ambition  à  l'instruction  publique. 
Mais  évitez  de  former  des  corporations,  de  créer  des  privilèges,  de  jeter  des  en- 
traves au  génie  impatient  de  toute  chaîne,  de  faire  naître  un  nouveau  sacerdoce 
plus  à  craindre  que  l'ancien.  Il  est  d'autres  moyens  d'appeler  les  citoyens  à  l'in- 
struclion  dans  tous  les  genres,  de  faire  éclore  tous  les  germes  des  talents  utiles  à 
la  société,  de  former  des  hommes  éclairés  dans  toutes  les  j)arties  nécessaires  à  la 
défense,  au  soutien  de  nos  droits,  et  à  la  prospérité  de  la  République.  La  nation 
a  besoin  d'ingénieurs  civils  pour  la  construction  de  ses  routes,  des  ponts,  des  ca- 
naux; d'ingénieurs  militaires  pour  la  défense  de  ses  places;  d'artilleurs  pour  se 
rendre  redoutable  à  ses  ennemis;  de  marins  pour  faire  fleurir  son  commerce  et 
faire  respecter  son  pavillon  tricolore;  d'astronomes,  de  mécaniciens  et  de  géo- 
mètres pour  guider  ses  marins  sur  la  route  des  mers,  pour  augmenter  et  perfec- 
tionner ses  manufactures  en  tout  genre,  pour  tirer  un  grand  parti  des  phénomènes 
et  des  forces  même  de  la  nature;  d'orateurs  pour  défendre  les  droits  du  peuple; 
de  poètes,  d'historiens,  de  musiciens,  de  peintres,  de  sculpteurs,  d'architectes, 
pour  célébrer  ses  victoires  et  ses  vertus,  pour  organiser  ses  fêtes  publiques,  pour 
retracer  tous  ses  triomphes ,  pour  consacrer  des  monuments  à  l'utilité  et  la  gloire 
publique.  Il  lui  faut  des  médecins  et  des  chirurgiens  pour  soulager  les  hommes 
soudrants  et  adoucir  les  maux  de  la  guerre,  des  épidémies,  des  localités;  des  bo- 
tanistes, des  minéralogistes,  des  physiciens,  des  zoologistes,  des  chimistes,  pour 
connaître  les  productions  naturelles  de  son  sol,  de  ses  colonies,  et  en  tirer  un  plus 
grand  parli. 

Toutes  ces  connaissances  immédiatement  utiles  h  un  grand  peuple,  qui  les  a  déjà 
portées  plus  loin  que  toutes  les  autres  nations  de  l'Europe,  ne  doivent  point  être 
négligées  dans  la  plus  belle  des  républiques;  tous  ceux  qui  les  cultivent  avec  succès 
doivent  être  aidés  et  soutenus  par  la  puissance  nationale.  L'art  de  les  communi- 
quer, de  les  transmettre;  l'art  même  de  les  perfectionner  ou  d'en  fournir  les 
moyens  à  ceux  qu'un  goût  naturel  y  porte  impérieusement;  enfm,  l'art  d'en  donnei* 
les  portions  nécessaires  pour  l'exercice  des  diverses  professions  qui  les  exigent, 
doit  être  protégé  et  favorisé  par  le  génie  républicain.  Mais  ce  ne  sera  point  par 
l'établissement  d'instituts  et  de  lycées  nombreux,  par  la  création  de  beaucoup  de 
places  inamovibles,  par  des  associations  monacales  ou  académiques,  que  cette  fa- 
veur, que  cette  protection  nationale  étendront  leurs  bienfaits  sur  les  sciences  et  les 
arts.  Ne  formez  point  d'institutions  privilégiées,  rendez  au  génie  toute  la  latitude 
de  pouvoir  et  de  liberté  qu'il  réclame;  proclamez  ses  droits  imprescriptibles;  pro- 
diguez aux  interprètes  utiles  de  la  nature  et  de  ses  lois,  partout  où  ils  se  trouvent, 
les  honneurs  et  les  récompenses  publiques;  ne  resserrez  pas  dans  un  cei'cle  étroit 
les  lumières  qui  ne  demandent  qu'à  s'étendre  et  qui  ne  s'acquièrent  ni  ne  se  ré- 
pandent par  privilège,  et  vous  aurez  fait  une  nouvelle  conquête  sur  le  fanatisme  et 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  101 

la  superstition  doctorale.  Faites  des  lois  qui  portent  la  consolation  et  Tespérance 
dans  l'ame  des  savants  et  des  artistes  qui  se  sont  distingues  par  des  découvertes 
utiles  et  e'clatantes,  par  des  livres  élémentaires  géndralement  adoptés,  par  des  leçons 
et  des  cours  long-temps  suivis;  assurez,  à  tous  les  citoyens  qui  ont  honoré  leur  vie 
pai'  la  culture  des  lettres,  des  arts  et  des  sciences,  une  subsistance  qui  leur  épargne 
la  dure  anxiété  du  besoin;  récompensez  largement  les  découvertes  avantageuses 
aux  liommes;  qu'un  bâtiment  simple  et  propre  au  recueillement  devienne  votre 
prytanée,  que  la  vieillesse  des  hommes  qui  ont  éclairé  et  servi  leurs  semblables 
.par  une  vie  toute  laborieuse  y  soit  accueillie,  nourrie  aux  dépens  de  l'Etat,  visitée 
par  la  jeunesse,  et  que  ce  lieu  de  retraite  soit  la  plus  douce  jouissance  pour  ceux 
(pie  la  patrie  y  aura  appelés  après  des  veilles  utiles,  et  pour  ceux  que  Tespoir  d'y 
arriver  un  jour  anime  déjà  en  les  visitant  et  en  venant  profiter  des  dernières  pensées 
de  ces  sages.  Que  la  plus  belle  récompense  d'un  savant,  d'un  poète,  d'un  artiste, 
!!oit  d'être  nourri  dans  sa  vieillesse  aux  frais  du  peuple  français. 

La  République  abonde  de  trésors  pour  l'instruction  publique,  soit  dans  les  pro- 
ductions de  la  nature,  rassemblées  de  toutes  parts  dans  des  jardins  ou  des  cabi- 
nets nationaux,  soit  dans  celle  des  arts,  consacrées  aux  démonstrations  de  toutes 
les  branches  de  la  physi(jue  et  des  arts  et  métiers.  Séparez  plusieurs  de  ces  tré- 
sors, fécondez-les  en  ordonnant  qu'ils  seront  également  partagés  dans  toute  la  Ré- 
publique; que  ces  portions  soient  offertes  aux  sans-culottes  instruits,  à  qui  leur 
fortune  ne  permettrait  pas  d'étabhr  des  cabinets  d'histoire  naturelle,  de  physique, 
des  laboratoires  de  chimie,  des  ateliers  pour  y  démontrer  les  arts;  que  la  Répu- 
blique leur  prête  ces  moyens  qui  leur  manquent,  et  qu'elle  leur  fournisse  ainsi 
les  mobiles  ^'^  dont  ils  ont  besoin  pour  faire  connaître  et  pour  communiquer  leurs 
talents;  que  tous  les  hommes  éclairés  qui  se  sentent  propres  h  la  démonstration 
soient  appelés  dans  tous  les  points  de  la  République,  et  invités  à  ouvrir  des  écoles; 
que  le  nombre  dts  élèves  qui  leur  seront  fidèles,  après  un  temps  donné,  soit  la 
mesure  réelle  de  leur  succès  et  de  leur  mérite;  que  les  jeunes  gens  qu'un  goût 
plus  ou  moins  décidé  entraîne  pour  telle  ou  telle  étude,  et  dont  la  République 
doit  faire  servir  quelque  jour  les  talents  à  sa  prospérité,  soient  libres  de  choisir  le 
professeur  qui  leur  conviendi'a;  que  la  Républi(jue  paye  elle-même  les  frais  de 
leurs  cours  et  de  leur  entretien ,  lorsque  la  fortune  de  leurs  parents  ne  leur  suf- 
fira pas  pour  se  livrer  à  ces  études.  Alors  aucune  connaissance  ne  vous  échappera, 
rien  ne  sera  inutile;  il  n'y  aura  ni  choses,  ni  hommes  parasites  dans  la  République; 
plus  de  rapprocl'.ements,  de  cor[)orations,  de  piivilèges  dangereux  pour  la  liberté 
qui  a  tant  de  raisons  d'être  souj)çonneuse  et  liniorée;  la  mesure  juste  des  talents 
utiles,  des  connaissances  nécessaires  aux  besoins  de  la  République  est  trouvée; 
il  n'y  a  plus  à  craindre  ni  trop,  ni  (rop  peu  d'institutions,  plus  d'administration 
qui  entrave  et  qui  ralentit,  plus  de  surveillance  ni  de  directoire,  plus  de  ministère 
des  eludos,  ])lus  de  sacei'doce  et  de  doctorat  à  redouter.  Tout  est  organisi^  sans 
Irotlcmenl,  sans  concours,  sans  élection,  sans  intrigue,  sans  cabale,  sans  préfé- 
rence, sans  protection  ni  iniluences  niinisléi'ielles.  Les  sciences  et  les  arts  devien- 
nent tout  h  coup  libres  et  débairassés  des  excroissances  doctorale,  acadt'uiicpie, 

^'^   Fourcroy  parait  employer  ici  re  mol   dans  li^  s'mis  do  viohilio-.  yiuitniel ,  inslntwenfs. 


10^2      PROCÈS-VERBAUX  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PURLIQUE 

|)(Hlinites(]ue.  La  République  française  n'a  plus  à  craindre  qu'il  se  Corme  dans  son 
soin,  contre  son  unité,  une  République  des  lettres,  une  République  des  sciences, 
une  R('publi([ue  des  ai'ts,  i  te.  ;  l'égalité  reprend  ses  droits.  On  ne  distingue 
plus  les  professeurs  par  les  places  qn'ils  occupent,  mais  par  les  élèves  qui  les 
suivent.  Le  vrai  talent  est  récompensé,  l'intrigue  n'a  plus  de  nominations  h  faire 
ni  à  espérer  :  les  inlrigants  et  les  accapareurs  de  places  sont  repoussés;  la 
médiocrité  reste  à  sa  place,  le  vrai  mérite  reprend  son  rang;  chaque  homme 
((ue  sa  conscience  appelle  à  remplir  le  poste  honorable  d'enseigner  aux  autres 
puise  dans  vses  Iravanx  la  gloire  et  l'indemnité  réunies.  La  Ihipuldiqne  trouve 
dans  les  élèves,  libres  comme  leurs  maîtres,  tout  ce  qui  lui  convient  d'hommes 
instruits,  pour  remplir  toutes  les  places  militaires  et  civiles  m^cessaires  à  sa 
sûrelé,  à  son  administralion,  à  ses  manufactures,  à  son  commerce.  Elle  pour- 
voit même  à  ses  besoins  dans  ce  genre,  en  faisant  choisir  par  les  instituteurs  des 
écoles  primaires  et  les  corps  administratifs  un  nombre  fixe  de  jeunes  gens  que 
leurs  talents  naissants,  attestés  par  leurs  premiers  succès,  font  bientôt  reconnaître 
comme  propres  à  acquérir  des  connaissances  nécessaires  pour  former  des  géo- 
mèlies,  des  ingénieurs,  des  marins,  des  poètes,  des  mus"ciens,  des  orateurs,  des 
médecins,  et  en  les  envoyant,  aux  frais  du  trésor  pubhc,  auprès  des  professeurs 
que  leur  goût  et  leur  choix  leur  indiquent. 

Ajoutez  à  ces  avantages  le  bienfait  des  livres  élémentaires,  non  par  un  concours 
qui  exige  un  temps  trop  long  et  qui  multiplie  les  difficultés,  mais  par  un  choix 
fait  parmi  ceux  qui  existent  dt^a;  et  que  la  rédaction  de  ceux  qui  manquent  soit 
confiée  à  des  patriotes  éclairés,  par  votre  Comité  d'instruction  publique. 

Qu'en  même  temps  que  cette  organisation  simple  de  l'instruction  des  sciences 
et  des  arts  aura  lieu,  les  bibliothèques,  les  cabinets  d'histoire  naturelle,  les  col- 
lections de  tableaux,  d'antiques,  les  jardins  de  botanique  et  tous  les  trésors  natio- 
naux des  monuments  de  la  nature  et  des  arts,  également  distribués  dans  les  dé- 
partements et  confiés  à  la  garde  de  républicains  instruits,  soient  exposés,  tous  les 
jours,  à  la  curiosité  et  à  l'étude;  que  les  productions  du  génie  national  frappent 
partout  les  regards;  et  rien  ne  manquera  pour  l'instruction  libre  et  indépendante, 
comme  elle  doit  être. 

Avant  que  ce  projet  simple  soit  entièrement  exécuté  par  le  talent  et  le  zèle  pa- 
triotique auxquels  il  sera  condé,  conservez  provisoirement  les  écoles  anciennes  de 
géométrie,  de  physique,  de  chimie,  de  génie,  de  marine,  d'artillerie,  de  méde- 
cine, de  chirurgie,  d'histoire  naturelle,  d'éloquence,  de  poésie,  des  arts  d'imita- 
tion, qui,  si  elles  étaient  tout  à  coup  détruites  sans  remplacement,  produiraient  un 
vide  dangereux ,  une  secousse  redoutable.  Entretenez-les  encore  jusqu'à  ce  que  le 
nombre  des  professeurs  libres  soit  suffisant  aux  besoins  delà  R('publique.  Attendez 
le  succès  de  l'amour  de  la  patrie  et  du  génie  des  Français,  et  soyez  sûrs  que  vous 
aurez  bientôt  atteint  le  but  que  vous  vous  proposez  pour  seconder  les  efforts  de 
tous  les  hommes  éclairés  que  la  France  possède  dans  son  sein,  et  pour  répandre 
toutes  les  connaissances  qui  doivent  élever  la  nation  à  la  splendeur  et  à  la  prospé- 
rité que  promettent  la  heauté  et  la  richesse  de  son  sol.  et  l'heureuse  facilité  de 
ses  habitants. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  103 


PROJET    DE  DECRET. 

Articlk  premier.  Les  citoyens  éclain's  dans  les  lettres,  les  sciences  et  les  arts 
sont  invités  à  se  livrer  à  l'enseignement,  dans  toute  l'e'tendue  de  la  République 
française. 

Art.  2.  Ceux  ([ui  choisiront  cette  profession  se  feront  inscrire  dans  les  munici- 
palités des  communes  où  ils  désireront  s'y  livrer. 

Art.  3.  Ils  ne  pourront  le  faire  qu'après  avoir  prouvé  qu'ils  sont  citoyens  fran- 
çais, et  après  avoir  obtenu  un  certificat  de  civisme  et  d'une  probité  pure,  avant 
et  depuis  la  Révolution,  de  leurs  municipalités,  ou  l'appui  des  sociétés  populaires 
établies  dans  leur  communes. 

Art.  /».  Lorsqu'ils  auront  rempli  cette  première  formalitf'.il^  feront  meltre.  sur 
la  porte  de  la  maison  où  ils  donnei'ont  leurs  leçons,  un  tableau  portant  leurs  noms 
et  l'c'uoncé  de  la  science  ou  de  l'art  qu'ils  se  proposeront  de  démontrer. 

Art.  5.  Les  citoyens  qui  voudront  se  livrer  à  l'enseignement  des  sciences  phy- 
siques ou  des  arts,  et  à  qui  leur  fortune  ne  permettra  pas  de  former  des  établis- 
sements de  machines  ou  de  productions  naturelles  et  des  arts,  nécessaires  à  leurs 
démonstrations,  s'adresseront  au  Conseil  exéculif,  qui,  d'après  les  certificats  des 
corps  municipaux  et  des  sociétés  popidaires  des  lieux  de  leur  résidence,  leur  don- 
nera la  jouissance  d'un  emplacement  national  et  des  matériaux  nécessaires  à  leurs 
leçons. 

Art.  6.  Il  sera  dressé  un  inventaire  des  objets  nationaux  confiés  à  ces  citoyens, 
et  ils  en  donneront  une  reconnaissance  au  Conseil  exécutif. 

Art.  7.  Le  nombre  des  professeurs  admis  à  jouir  des  établissements  nationaux 
sera  proportionné  à  celui  des  habitants  de  la  commune  où  ils  désireront  ensei- 
gner, et  aux  besoins  de  la  République.  Il  sera  fixé  par  la  Convention  sur  le  rap- 
port de  son  Comité  d'instruction  publique. 

Art.  8.  Les  élèves  ou  les  citoyens  qui  voudront  assister  aux  leçons  des  profes- 
seurs des  sciences  ou  des  arts  seront  tenus  de  les  paver  au  prix  i\\é  ])ar  ces 
professeurs.  Ce  prix  ne  pourra  pas  excéder  celui  que  l'on  payait  en  1790. 

Art.  9.  Les  cours  donnés  par  ces  ])rofesseui's  auront  pour  objet  les  sciences 
physiques  et  mathématiques,  la  littérature,  l'histoire,  la  h^gislation,  la  théorie  et 
la  pratique  des  arts  d'imitalion. 

Art.  10.  Les  professeurs  auront  soin  (l(>  joindre  à  leui's  (l<Muonstrations  joutes 
les  ap|)lications  uliles  des  sciences  aux  arts  (pii  on!  pour  hul  <l(>  conserver.  Ao  i\ô- 
fendr(\  d'abi'iter,  de  vêtir  et  de  nourrir  les  hoïumes,  la  fornialion  des  manufac- 
tures el  des  ateliers,  et  g(^n(Talemeul  tout  ce  cpii  |)eul  concourir  à  la  prospérité 
de  la  Républi(pie  une  el  indivisible». 

Art.  11.  Les  pi'ofesscMirs  des  sciences  et  des  aris  (MiV(M'ronl  clKupu»  année,  à  la 
municipalil('  du   lieu  où  ils  seront  établis,  le  nom  des  élèves  (pii  suivent  leurs 


iOh       PROCÈS-VERBAUX  DU  COMITE  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

cours.  Ces  ëtats ,  remis  aux  de'parlements ,  seront  par  eux  envoyés  au  Conseil  exé- 
cutif. Les  portes  des  lieux  où  ils  donueront  leurs  leçons  seront  ouvertes,  et  un 
offîrier  municipal  assislera  de  temps  en  lemps  à  ces  leçons.  Les  ju{]'es  de  paix  au- 
ronl  le  même  droit,  afin  de  veiller  au  maintien  de  Tordre,  des  mœurs,  et  d'être 
témoins  des  principes  de  morale  pure  qui  doivent  distinguer  des  hommes  chargés 
de  l'enseignement.  Les  sociétés  populaires  sont  invitées  à  se  livrer  à  la  même  sur- 
veillance. 

Art.  12.  La  République  entretiendra  auprès  des  professeurs  de  littérature,  de 
sciences  et  d'aris,  des  élèves  peu  fortunés  choisis  par  les  municipalités  voisines, 
en  nombi'e  sullisant  pour  que  la  nation  ait  toujours  des  sujets  propres  à  remplir 
les  places  nécessaires  à  sa  défense  ou  h  sa  prospérité.  Ce  nombre  d'élèves  de  la 
patrie,  choisis  d'après  leurs  dispositions  particulières,  sera  fixé  par  le  Corps  légis- 
latif, sur  le  rapport  du  Comité  d'instruction  pubHque. 

Art.  13.  Le  Conseil  exécutif  rendra  compte  deux  fois  par  an,  au  Corps  légis- 
latif, de  l'état  des  études  supérieures,  du  noml)re  d'élèves  salariés  auprès  des  pro- 
fesseurs, de  celui  des  élèves  qui  suivront  ces  cours  à  leurs  dépens,  et  des  sujets 
les  plus  distingués  qui  les  fréquentent,  ainsi  que  des  succès  obtenus  par  les  diiïé- 
rents  professeurs. 

Art.  14.  Après  vingt-cinq  ans  d'exercice,  les  professeurs  recevront  de  la  Ré- 
publique une  pension  de  trois  mille  livres  et  seront  logés  dans  les  maisons  natio- 
nales destinées  à  servir  de  Prytanées.  Ces  pensions  seront  accordées  par  le  Corps 
législatif,  sur  le  rapport  de  ses  Comités  d'instruction  publique  et  des  finances. 

Art.  15.  Le  Comité  d'instruction  publique  est  chargé  de  faire  promptement  un 
choix  des  meilleurs  livres  élémentaires  dans  les  sciences  et  les  arts  utiles,  d'en 
faire  un  rapport  à  la  Convention ,  et  de  lui  proposer  les  réconq^enses  que  méri- 
tent leurs  auteurs ,  ainsi  que  des  moyens  d'en  répandre  promptement  des  exem- 
plaires aux  frais  de  la  République. 

Art.  16.  Le  même  Comité  comprendra  dans  son  rapport  l'état  des  livres  élé- 
mentaires qui  manquent ,  et  un  choix  de  patriotes  éclairés ,  pour  procurer  le  plus 
promptement  possible  à  la  République  la  jouissance  des  livres  nécessaires  à  toutes 
les  parties  de  l'instruction. 

Art.  17.  11  sera  fait' promptement  un  inventaire  de  toutes  les  collections  de 
tous  les  produits  de  la  nature  et  de  l'art,  et  des  bâtiments  ainsi  cp.ie  des  étabhsse- 
ments  nationaux  destinés  à  l'instruction  publique  dans  tout  le  territoire  de  la  Ré- 
publique, afin  que  le  partage  en  soit  fait  le  plus  également  possible  entre  tous 
les  départements ,  et  que  les  sources  de  l'enseignement  soient  ouvertes  de  toutes 
parts. 

Art.  18.  Pour  que  l'inventaire  et  le  partage  égal  des  collections  et  des  éta- 
blissements nationaux' utiles  soient  promptement  exécutés,  le  Comité  d'instruction 
publique,  réuni  au  Comité  de  salut  public,  pourra  proposer  à  la  Convention  d'en- 
Yoyer  jusqu'à  la  [concurrence  de  dix  de  ses  membres  dans  tous  les  départements 
de  la  Répubhque. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  105 

Art.  19.  La  Convention  charge  son  Cornilé  d'instruction  publique  de  s'occuper 
sur-le-champ,  et  en  se  concertant  avec  les  diffe'rents  comite's  qui  doivent  en  con- 
naître :  i°des  maisons  qui  peuvent  être  consacre'es,  dans  toute  l'e'tendue  de  la 
R('|)uhli([ue ,  soit  aux  de'monstrations  des  sciences  et  des  arts ,  soit  au  rassemblement 
et  à  la  distribution  des  l'ichesses  nationales  utiles  à  toutes  les  parties  de  l'instruction 
dans  les  sciences  et  les  arts ,  soit  au  logement  des  professeurs  qui  ont  bien  mérite  de 
la  patrie;  2°  d'un  rapport  sur  la  situation  actufdle  des  citoyens  français  qui  ont 
consacré  leur  vie  à  instruire  les  hommes,  par  des  ouvrages,  des  leçons  et  des 
découvertes  utiles,  et  surtout  h  leur  faire  chérir  la  hberté,  l'e'galité,  afin  qu'ils 
soient  promptement  récompenses  pour  les  services  qu'ils  ont  rendus  à  la  patrie. 

Art.  20.  Toutes  les  écoles  actuellement  subsistantes,  oii  l'on  enseigne  les 
sciences  et  les  arts,  et  surtout  l'histoire  naturelle,  la  médecine  de  l'hounne  et  des 
animaux,  le  génie  civil  et  militaire,  l'artillerie,  la  marine,  les  langues  étrangères, 
l'histoire,  la  législation ,  l'architecture,  la  peinture,  la  sculpture  et  la  musique, 
sont  maintenues  jusqu'à  ce  qu'il  en  ait  été  autrement  ordonné. 

Art.  21.  Le  Comité  d'instruction  publique  présentera  incessainment  un  mode 
d'examen  pour  reconnaître  et  employer  à  l'utilité  conunune  les  sujets  qui  se  des- 
tinent à  la  mai'ine,  à  la  médecine,  à  la  chirurgie  et  à  toutes  les  professions  en  gé- 
néral qui  exigent  des  connaissances  exactes  et  positives,  puisées  dans  les  sciences, 
pour  faire  disparaître  les  formes  anciennes  qui  subsistent  encore  dans  l'admission  à 
l'exercice  de  ces  différentes  pi'ofessions,  pour  leur  en  substituer  de  plus  conformes 
au  génie  de  la  liberté  et  de  l'égalité ,  et  pour  réunir  à  la  théorie  qui  sera  enseignée  par 
les  professeurs  la  pratique  dans  les  places,  les  arsenaux,  les  atehers,  les  hôpitaux , 
et  en  général  dans  tous  les  établissements  publics  où  l'expérience  doit  servir  à  con- 
sacrer les  principes  des  sciences  et  les  rendre  véritablement  utiles  à  la  République. 

Art.  22.  Les  professeurs  qui  auront  exercé  pendant  vingt-cinq  ans  renseigne- 
ment des  sciences  et  des  arts,  tous  les  citoyens  qui  auront  bien  mérite'  de  la  pali'ie 
parleurs  travaux  littéraires  et  leurs  découvertes,  et  qui  auront  obtenu  la  pension 
et  le  logement  aux  frais  de  la  République,  auront  une  place  distinguée  dans  les 
fêles  et  les  cérémonies  publiques,  dans  les  spectacles  populaires,  et  les  jeunes 
gens  se  lèveront  à  leur  arrivée. 

OPINION   DE   A.-C.  TIIIBAUDEAU,    MEMBRE  DE  LA  CONVENTION   NATIONALE, 
SLR     L'INSTRUCTION     PUBLIQUE,     PRONONCEE     A     LA     SEANCE     DU     t  (J     FRIMAIRE. 

De  rimprinierie  nalional(>,  s.  d.  ^'\ 

L'instruction  publique,  au  point  de  civilisation  auquel  le  peuple  français  est 
parvenu  et  au  degi('  de  perfeclion  aïKpiel  les  aii>  oui  v[v  porl(>s  par  1(S  dcVoii- 
vertes  et  les  ellbrls  de  l'indiisliMe,  n'est  j)as  un  arl  aussi  diflicile  (pTon  scndtlt'  le 
croire.  Les  savanis  e(  les  instituteurs  pai'  nn'lier  ne  voient  de  moyens  d  instruction 

^'^  Bil)liolliô(pio  nationale,  Le  ''■  5()H,  in-8";  Musée  péda^onri(|ii«\  n"  i  t7()S,  Coiio  pitVe 
est  annoncée  dans  le  n"  ABC  du  Jonninl  des  tlé'uUs  et  drx  dvcrrls,  oorrespondani  au  a  S  fri- 
maire an  M. 


106       PROCÈS-VERBAUX  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

pour  la  jpimesse  que  dans  les  classes,  les  livres  et  des  établissements  dispendieux; 
les  véritables  philosopbes  pensent  tout  autrement.  L'instruction  doit  élre  d'abord 
nég^ative;  l'éducation  n'est  que  le  libre  développement  de  la  nature;  il  s'ap;it  donc 
luoius  de  rencouragcr  que  dY'iupécbei'  quil  ne  soit  arrêté  par  les  préjugés  meur- 
triers et  les  vices  de  nos  institutions;  l'art  en  cette  matière  nuit  plus  qu'il  ne  sert, 
c'est  lui  qui  hébête  les  enfants  et  déforme  leur  coi'ps. 

Ne  pei-dons  jamais  de  vue  que  la  socic'té  a  moins  besoin  de  savants  que 
d'hommes  forts,  éclairés  et  vertueux;  qu'une  bonne  éducation  consiste  moins  en 
préceptes  et  en  un  système  de  pédag-ogie  plus  ou  moins  ingénieux,  que  dans  le 
résultat  des  lois,  des  mœurs,  des  usages,  dans  des  institutions  qui  rappellent  sans 
cesse  le  culte  sacré  de  la  patrie,  et  la  nécessité  des  vertus  morales  sans  lesquelles  il 
n'y  a  point  de  liberté. 

On  a  déjà  écrit  des  volumes  sur  cette  matière  dans  la  Convention  nationale;  on 
a  proposé  et  discuté  divers  plans,  décrété  et  rapporté  des  bases,  créé  des  commis- 
sions pour  les  reviser  :  d'où  vient  cette  versatilité?  De  ce  que  peu  de  personnes 
ont  posé  les  véritables  principes,  et  qu'ils  ont  été  toujours  étouffés  par  les  décla- 
mations (les  savants. 

Depuis  l'Assemblée  constituante  jusqu'à  ce  jour,  on  a  cru  qu'il  fallait  que  la 
luition  créât  dans  son  sein  des  établissements  scientifiques,  des  corporations  de 
docteurs;  on  a  cherché  à  multiplier  les  places,  sans  examiner  s'il  se  trouverait 
assez  d'hotnmes  capables  de  les  remplir.  Les  projets  d'éducation  et  d'instruction 
pul)lique  qu'on  a  mis  au  jour  ne  sont  qu'une  copie  enluminée  des  collèges  et  des 
académies  rétablis  avec  plus  de  luxe  et  surchargés  de  règlements.  L'esprit  n'gle- 
mentaire  est  devenu  une  maladie  :  sous  le  prétexte  de  grands  systèmes,  on  veut 
tout  mettre  en  régie,  le  commerce,  l'agriculture,  les  sciences  et  les  arts.  Tel  est  en 
définitive  le  résultat  des  plans  d'éducation  présentés,  depuis  celui  de  Périgord  jus- 
qu'à celui  de  Lepeletier. 

N'aura-t-on  doiic  jamais  confiance  en  la  liberté?  N'a-t-elie  donc  pas  déjà  fait 
assez  de  miracles,  pour  que  l'on  abandonne  à  son  génie  le  soin  d'instruire  les 
hounnes  et  de  les  rendre  heureux? 

L'enseignement  doit  être  libre ,  si  l'on  veut  avoir  de  bons  maîtres  et  former  des 
citoyens  dignes  de  la  République.  Le  gouvernement  doit  seulement  salarier,  mais 
en  proportion  de  leur  travail,  les  hommes  qui  se  livreront  au  premier  degré  d'in- 
struction des  enfants,  et  non  offrir  des  places  à  l'oisiveté  et  à  l'intrigue;  il  doit 
calculer  l'emploi  de  ses  moyens  d'instruction  sur  les  véritables  besoins  du  peuple, 
et  non  les  prodiguer  inutilement  avec  une  profusion  ruineuse  poui*  les  finances  et 
dangereuse  pour  la  liberté.  Il  est  digne  de  vous ,  citoyens .  d'adopter  une  marche 
plus  simple,  plus  économique  et  plus  morale. 

Comment  n'a-t-on  pas  proposé,  par  exemple,  à  la  Convention  de  rappeler  aux 
pères  que  c'est  à  eux  qu'd  appartient  surtout  de  donner  la  première  instruction  à 
leurs  enfants;  (ju'il  n'y  a  d'exempts  de  ces  douces  fonctions,  imposées  par  la  na- 
ture, que  Ihomme  indigent,  qui  est  forcé  de  donnei"  tout  son  temps  au  travail;  au 
lieu  de  se  perdre  dans  un  cercled'idées  extraordinaires  et  de  systèmes  gigantesques? 

Le  plan  présenté  par  le  Comité,  et  qui  n'est  à  peu  près  qu'une  copie  de  celui 
de  Condorcet,  me  paraît  plus  propre  à  propager  l'ignorance,  l'erreur  et  les  pré- 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  107 

jugds,  qu'à  r<;pan(]rc  les  lumières  et  la  \6nié.  C'est  un  gouvernement  pédago- 
gique que  l'on  veut  ainsi  fonder  dans  le  gouvernement  républicain,  une  nouvelle 
espèce  de  cierge',  qui  remplacerait  d'une  manière  plus  funeste  encore  les  ministres 
de  la  superstition  :  car  tous  les  prêtres,  depuis  ceux  de  Mempliis  et  de  Thèhes 
jusqu'aux  disciples  de  Jésus,  ont  commencé  par  être  les  dépositaires  de  la  pliilo- 
sopliie  des  temps  primitifs;  et  les  instituteurs  qu'on  vous  propose  sej-aient 
souvent,  avec  leur  traitement,  les  plus  riches  de  la  commune  et  deviendraient 
bientôt,  par  leiir  influence  morale,  ce  qu'étaient  les  curés,  des  imposteurs  et  des 
charlatans. 

Le  Comité  veut  une  ccoln  première '-^K  c'est-à-dire  un  instituteur  et  une  institu- 
trice, depuis  quatre  cents  individus  jusqu'à  quinze  cents,  ce  qui  en  donne  au 
moins  quatre-vingt  mille  pour  ce  premier  degré  d'instruction.  Il  veut  leur  assurer 
à  tous  un  traitement  fixe  de  douze  cents  livres  à  deux  mille  quatre  cents  livres; 
ce  qui  ferait  une  dépense  annuelle  de  plus  de  cent  millions.  Il  propose  ensuite 
une  commission  d'éducation  par  chaque  district,  compos('e  de  cinq  membres;  ce 
qui  augmente  encore  cette  armée  de  pédants  de  deux  mille  sept  cent  cinquante 
individus;  ajoulez-y  quatre-vingt  mille  magistrats  des  mœnrs'-\  et  les  profeseurs 
d'inslituts,  de  lycées,  les  frais  d'établissement  de  toutes  ces  écoles,  etc.  Je  de- 
Fuande  à  tout  homme  de  bonne  foi  si,  avec  des  institutions  de  cette  esppce,  nous 
ne  nous  rendrions  pas  la  fable  de  toute  l'Europe? 

Ce  serait,  à  mon  sens,  une  grande  folie  de  créer  plus  de  quatre-vingt  mille 
places  d'instituteurs  et  d'institutrices,  et  de  décréter  la  levée  de  172,750  péda- 
gogues et  surveillants  ^^^  pour  apprendre  aux  enfants,  quoi?  à  lire,  à  <'crire,  à 
compter,  les  droits  de  l'homme,  la  constitution  et  les  premières  notions  de  la 
morale.  On  peut  supposer,  par  aperçu,  que  le  nombre  des  enfants  en  étal  de  fré- 
quenter les  écoles  primaires  serait  de  deux  millions;  ainsi  chaque  instituteur  et 
institutrice  n'en  aurait  à  peu  près  que  vingt-cinq  à  instruire;  et  la  nation  lui 
domierait  pour  ce  pénible  emploi  un  traitement  de  douze  cents  à  deux  mille 
quatre  cents  livres!  Et  un  gouvernement  libre  qui  ne  doit  jamais  salarier  que  les 
hommes  laborieux,  vraiment  utiles  à  la  patrie,  prodiguerait  ainsi  les  tn'sors  du 
peuple  à  l'oisiveté! 

Le  système  de  créer  des  places  fixes  d'instituteurs,  et  d'assurer  leur  salaire  sans 
proportion  avec  l'étendue  de  leur  travail,  est  le  moyen  le  plus  sur  de  n'en  avoir 
que  de  mauvais,  et  par  conséquent  une  mauvaise  instruction;  cai'  alois  les  hommes 
ne  verront  plus  que  les  places  et  le  traitement  qui  y  sera  altaclu':  ils  ne  seront 

^'^   Lo  Comité  avait  proposé  encore  des  W  Lp  calcul  est  erroné:  80,000  inslilii- 

écolea  secondaire»  dans  son  premier  degré  teurs  et  inslitulricos,   2,700  membres  dos 

<rinslriirli()ii;  je  ne  sais  s'il  a   icnoncé  à  commissions   d'éducation   (M    '10,000   ma- 

celle  snperfélation  de  p''dan(orio.  (AV/c  tlo  jrislrals  i\i''<  jno'in's  (  It^  nomlni^  des  ma<ps- 

Thihniidetrn.)  Irais  (l^^ii   m(Ciiis  devant    être  Ojjal   à  celui 

''•'   be  déccct  du  ()  l)iuuiaii(>  (voir  I.  II,  tics  arrondissements  scolaires  et  non  à  c-'iiii 

p.    739)  désignait  sous   le    litre   de   iiki-  des  écoles)  font  1  a ti, 760  personnes,  et  non 

gixlrat  des  mœurs   \o   père  de    famillt'  clii  t7->.7r)0. 
dans  chaque  connnunt^  couinx'  sin'vcillaut. 


108      PROCÈS-VERBAUX  DU  COMIîfi  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

plus  stinuilds  par  l'ëninlalionqiii  naît  de  la  concurrence;  leurs  cœurs  se  fermeront 
à  l'amour  de  la  {gloire,  qui  doit  tout  vivifier  et  tout  ap;raudir  dans  une  République, 
parc^  (pi'ils  n'auront  plus  ni  crainle  ni  espcVauco.  Vous  verrez  accourir  dans  ces 
places,  à  l'aide  de  lintrioue,  une  classe  d'honnues  i^jnoranls,  immoraux  et  mal- 
lieureusenient  encore  puissants  :  ce  sont  les  procureurs,  les  huissiers  des  ci-dovant 
jusiices  seig-neuriales,  les  ministres  subalternes  de  la  chicane,  les  sacristains  et  les 
cliniilres  (l(\s  paroisses,  ioiile  cette  vermine  cpii  infecte  les  campagnes.  Voilà  les 
hommes  (pie  l'envie  de  oa<>;ner  au  moins  douze  cenis  livres  sans  rien  faire  appel- 
lerait sûrement,  dans  beaucoup  de  connmmes,  à  Timporlanle  fonction  d'instruire 
la  jeunesse,  de  préparer  la  réjoéndration  des  mœurs  et  de  consolider  le  majes- 
tueux édifice  de  la  liépubliijue. 

A  Rome  et  dans  la  Grèce  il  n'existait,  aux  jdus  beaux  joui's  de  la  philosophie 
et  des  arts,  rien  de  pareil  à  ces  organisations  scientifi([ues;  on  croyait  avec  raison 
avoir  assez  fait  pour  les  Fciences,  quand  on  les  avait  environnées  de  liberté,  d'en- 
couragements et  d'honneurs. 

L'histoire  nous  apprend  que  la  plupart  des  établissements  publics  de  ce  genre, 
les  collèges,  les  universités,  les  académies,  étaient  l'ouvrage  des  rois  et  des  prêtres; 
et  l'expérience  de  (ous  les  siècles  prouve  que  1rs  peuples  chez  lesquels  il  en  existait 
le  plus  grand  nombre  étaient  loujours  les  moins  instruits. 

Ce  système  n'est-il  pas  effrayant  pour  la  liberté?  La  Révolution  vient  de  dé- 
(ruire  toutes  les  corporations,  et  on  voudrait  en  établir  une  monstrueuse!  une  de 
175,750  individus  qui,  embrassant,  par  une  hiérarchie  habilement  combinée, 
tous  les  ag"es,  tous  les  sexes,  toutes  les  parties  de  la  République,  deviendraient 
infailliblement  les  régulateurs  plénipotentiaires  des  mœurs,  des  goûts,  des  usages, 
et  parviendraient  facilement  par  leur  influence  à  se  rendre  les  arbitres  de  la  liberté 
et  des  destinées  de  la  nation  :  car  remarquez  comment  tout  cet  échafaudage  se  lie 
avec  une  grande  magistrature  des  mœurs  que  vous  aviez  décrétée  sans  discussion. 
Je  dirai  à  ce  sujet  que  je  ne  peux  me  faire  à  l'idée  d'une  puissance  quelconque 
autre  que  le  Corps  législatif,  dépositaire  de  la  surveillance  et  de  la  direction  des 
mœurs  publiques.  Ce  dépôt  sacré  ne  doit  être  confié  à  aucune  corporation  dans 
l'Etal,  il  appartient  essentiellement  au  peuple;  tous  les  citoyens  doivent  concourir 
à  le  conserver  dans  toute  sa  pureté. 

L'enseignement  libre  n'offre  aucun  de  ces  abus ,  et  contient  une  foule  d'avantages. 
Aussitôt  que  la  nation  aura  dit  :  Je  paierai  à  l'instituteur  la  somme  de.  .  .  .  pour 
chaque  enfant  qui  suivra  ses  leçons ,  elle  encourage  les  hommes  instruits  à  se  livrer  aux 
intéressantes  fonctions  de  l'enseignement;  elle  donne  une  prime  aux  talents,  elle 
anéantit  la  cnpidité  et  l'ignorance  qui  ne  pourront  jamais  soutenir  la  concurrence, 
et  elle  assure  h  la  jeunesse  de  bons  instituteurs  avec  beaucoup  moins  de  dépense. 

Qu'on  ne  dise  pas  que  nous  sommes  des  Vandales.  Les  Grecs  étaient-ils  des 
barbares,  parce  que  le  gouvernement  n'y  salariait  pas  les  professeurs?  Eh  bien! 
ce  fut  la  patrie  d'Homère,  de  Platon,  de  Démosthène,  et  de  tant  de  grands  hommes 
qui  valent  bien  nos  modernes  docteurs. 

Je  veux ,  autant  ([ue  les  savants ,  que  l'on  propage  l'instruction  et  les  grandes  vérités 
sur  lesquelles  repose  le  bonheur  du  peuple;  mais  ils  savent  bien  qu'il  est  impossible 
de  ramener  actuellement  les  ténèbres  et  l'ignorance  sur  le  sol  de  la  République  fran- 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  109 

çaise.  Les  opinions  sur  les  gouvernements,  sur  les  re'sullals  des  arts,  les  ellets  de  la 
physique,  et  la  morale,  sont  bien  change'es  dans  tous  les  pays,  et  continuent  de 
clianj'-er  avec  une  grande  rapidité.  Les  hommes  ont  élé  excités  à  réfléchir  par  les 
crimes  dos  rois,  les  impostures  des  prêtres,  et  tous  les  malheurs  de  Thumanité.  La 
nation,  privée  depuis  quatre  ans  d'écoles,  de  collèges  et  de  professeurs,  car  ils  ont  été 
paralysés  par  la  Révolution,  a  plus  acquis  de  lumières  et  de  connaissances  que  pen- 
dant les  siècles  de  la  plus  brillante  existence  des  universités  et  des  académies.  Recon- 
naissez, citoyens,  Touvrage  de  la  hberté;  elle  a  brisé  les  entraves  dont  les  cliarla- 
iam fourrés  avaient  environné  la  raison;  elle  a  ouvert  à  tous  les  citoyens  les  portes 
de  son  temple,  et  le  flambeau  de  la  vérité  a  frappé  tous  les  esprits  de  sa  bienfai- 
sante lumière.  11  ne  vous  en  a  rien  coûté  pour  cela,  c'est  le  peuple  qui  a  tout  fail. 

[Jn  auteur  a  dit  :  L'ignorance  est  d'une  nature  toute  particulière;  une  fois  dis- 
sipée, il  est  impossible  de  la  rétablir;  elle  n'est  précisément  rien  de  positif,  mais 
seulement  un  manque  de  connaissances;  et  quoiqu'on  puisse  tenir  l'homme  dans 
l'ipnorance,  on  ne  saurait  le  faire  redevenir  ignorant.  L'esprit,  en  découvrant  la 
vérité,  agit  de  la  même  manière  que  par  le  canal  des  yeux  pour  découvrir  les  ob- 
jets. Quand  une  fois  un  objet  quelconque  a  été  aperçu,  il  est  impossible  que  l'es- 
prit retourne  au  même  point  où  il  était  avant  de  l'avoir  vu.  L'on  n'a  pas  encore 
découvert  la  possibilité  de  faire  désapprendre  à  l'homme  ses  connaissances,  ou  de 
faire  rétrograder  ses  pensées. 

Cette  idée  m'a  paru  neuve;  elle  est  juste  et  profonde,  applicable  aux  peuples 
comme  aux  individus. 

Les  sciences  et  les  arts  sont  parvenus  en  France  à  un  degré  de  perfection  qui 
peut,  à  la  vérité,  s'accroître  encore,  mais  qui  suOirait  pour  consolider  la  gloire  et 
la  prospérité  de  la  République;  je  ne  vois  pas  par  quels  moyens  cet  état  pourrait 
changer,  et  comment  l'ignorance  parviendrait  encore  à  nous  couvrir  de  ses  épaisses 
lénèlues.  Je  pense  au  contraire  que  la  nation  peut,  à  très  peu  de  frais,  non  seu- 
lement conserver  l'étendue  de  ses  connaissances,  mais  les  perfectionner  encore  sans 
créer  des  académies. 

Pour  atteindre  à  ce  but,  laissez  aux  talents  les  moyens  et  surtout  le  besoin  d'être 
laborieux  :  ne  payez  point  les  ouvriers  de  la  République  h  la  journée;  payez-les 
tous  à  la  tache,  même  les  philosophes  et  les  instituteurs,  si  vous  voidez  que  le 
peuple  soit  bien  servi. 

Abandonnez  tout  à  l'influence  salutaire  de  la  liberté,  à  l'émulation  et  à  la  con- 
currence; craignez  d'étouflér  Teflort  du  génie  par  des  règlements,  ou  d'en  ralentir 
les  progrès,  en  le  mettant  pour  ainsi  dire  en  tutelle,  sous  la  férule  d'ime  corpo- 
ration de  pédagogues,  à  qui  vous  auriez  donné  pour  ainsi  dire  le  privilège  exclusif 
de  la  pensée,  la  n'gie  des  progrès  de  resj)rit  humain,  l'entreprise  du  perfection- 
nement de  la  raison  nationale,  cpii  re|)ousserait  toutes  l(»s  V('rit('s  et  los,  déct)uvtM'tes 
([ui  n'auraient  pas  pris  naissance  dans  son  sein  (car  l'aristocratie  et  Tiniolt'rance 
se  glissent  bientôt  dans  toutes  les  corpoi'ations);  qui  exercerait  une  influence  dan- 
gereuse sur  la  confection  des  lois,  leur  exécution,  leur  inlerprt'tation,  sur  les 
élections,  (pii  dicterait  la  pensi'e  publiipuî,  ri  administrerait  l'opinion. 

Donnez  une  libre  ciicnlation  an\  sciences  et  aux  arts;  ouvrez  un  grand  concours 
aux  talents;  encouragiez  [)ar  des  iécom[)enses,  par  la  considération,  pai-  Imis  les 


110      PROCES-VERBAUX  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

moyens  honorables  qu'un  gouvernement  libre  doit  savoir  employer  à  pi'opos,  les 
lionjines  deslinës  à  c^lentlre  la  sphère  des  connaissances  Ijumaines. 

Ces  princrj)es  sont  applicables  à  tous  les  degrés  d'instrnclion. 

Eu  un  mot,  ne  fondez  point  de  places  d'instituteurs  d'une  manière  fixe  et  régu- 
lière sur  tous  les  points  de  la  Républicjiie;  doimez  à  l'entreprise  tous  les  degrés 
d'inslriiciion  au  talent  industrieux;  salariez,  en  proportion  de  leur  travail  et  du 
nond)re  de  leurs  élèves  seulement,  les  instituteurs  qui  se  consacreront  h  l'ensei- 
gnement des  notions  premières  qui  sont  nécessaires  à  tous  les  citoyens;  aidez  par 
des  secoiu's  sagement  répartis  l'enfant  du  pauvre,  dont  le  talent  peut  se  développer 
dans  une  science  ou  un  art  utile  à  sa  patrie;  récompensez  honorablement  la  vieil- 
lesse de  l'instituteur;  veillez  à  la  conservation  et  à  la  réunion  de  tous  les  monu- 
ments des  arts,  dans  des  édifices  ouverts  à  tous  les  citoyens;  laissez  tout  le  reste 
au  génie  de  la  liberté. 

Empêchez  que  cent  cinquante  mille  pédants  dispersés  dans  toute  la  République 
ne  s'emparent,  pour  ainsi  dire,  de  nos  enfants  au  passage,  et  ne  leur  appliquent, 
comme  je  ne  sais  quels  sauvages,  les  mains  sur  les  tempes,  ne  leur  écrasent  la 
tête,  et  n'étoutfent  leur  bon  sens. 

Le  plan  présenté  par  Bouquier  me  paraît,  sous  tous  les  rapports,  préférable  à 
tous  ceux  qui  ont  été  imaginés  jusqu'à  présent;  comparez -le  avec  celui  du  Comité  : 
l'un  est  sinqde,  mais  majestueux,  facile,  économique  et  conforme  aux  principes 
républicains;  l'autre  est  compliqué,  pénible  et  dispendieux,  et  ressemble  aux  insti- 
tutions monarchiques. 

II  n'y  a  qu'une  objection  spécieuse  à  faire  contre  ce  plan,  c'est  qu'il  pourrait 
arriver  que  quelques  campagnes  restassent  sans  instruction;  mais  il  n'est  pas  difficile 
de  remédier  à  cet  inconvénient  :  il  faut  alors  que  le  gouvernement  y  pourvoie;  c'est 
un  article  de  règlement  à  faire;  il  doit  nécessaii-ement  y  en  avoir  plusieurs  de  cette 
espèce  dans  l'exécution  d'un  plan  d'instiuction  publique;  mais  le  plan  que  j'appuie 
n'en  est  pas  moins  le  seul  digne  delà  Convention ,  de  la  liberté  et  du  peuple  français. 

Nous  avons  vu,  par  les  comptes-rondus  du  Journal  de  la  Montagne  et  du  Journal  de 
Paris,  que  Thibaudeau,  à  la  suite  de  ce  discours,  fut  adjoint  au  Comité  d'instruction 
j)ul)lique.  H  a  parlé  de  cet  incident  dans  une  page  de  ses  Mémoires,  dont  nous  avons  cité 
ailleurs  une  phrase  (voir  t.  II,  p.  ao/t)  et  que  nous  reproduisons  ci-après.  Il  dit,  dans  ce 
passage,  que  le  plan  présenté  par  le  Comité  d'instruction  publique  en  frimaire  an  n  était 
le  plan  de  Lepeletier  ;  on  sait  que  le  principe  essentiel  du  plan  de  Lepeletier,  la  création 
de  maisons  d'éducation  commune,  avait  été  expressément  écarté  par  le  vote  de  la  Conven- 
tion du  aS""  jour  du  premier  mois  (voir  t.  II,  p.  678);  mais  le  plan  de  Lepeletier  com- 
portait, lui  aussi,  des  instituts  et  des  lycées,  comme  celui  de  Condorcet;  et  à  ce  point  de 
vue  on  pouvait  chre  qu'en  combattant  le  plan  du  Comité  d'instruction,  on  combattait  les 
idées  de  Condorcet  et  de  Lepeletier. 

Voici  l'extrait  des  Mémoires  de  Thibaudeau  : 

Deux  fois  le  plan  de  Lepeletier  fut  présenté  par  le  Comité  d'instruction  publi- 
que; à  chaque  fois  je  le  combattis,  et  il  fut  rejeté ^^^.  Mes  deux  discours  firent 

^^)  Thibaudeau  avait  combattu  le  plan  de  Lepeletier  lorsque  ce  plan  fut  présenté  en 
juillet  1798;  son  discours,  prononcé  dans  la  séance  du  t"  août,  se  trouve  dans  notre 
tome  II,  p.  199. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  1 1 1 

quelque  sensation,  et  la  Convention,  sur  la  proposition  de  David,  m'adjoignit  au 
Coiiiite. 

Mon  système  était  fort  simple.  L'éducation  domestique,  un  grand  luxe  d'in- 
struction primaire,  ({uelques  e'tablissomenls  nationaux  pour  renseignement  des 
arts  et  des  sciences  utiles,  la  libre  conciureiice  des  établissements  privés,  limitée 
seulement  par  une  surveillance  raisonnable  :  rr Faites  naître,  disais-je,  dans  les 
parenls,  par  vos  institutions  et  vos  lois,  un  intérêt  puissant  à  élever  leurs  enfants 
dans  Tarnour  de  la  Républicpie.  Voilà  tout  le  secret,  il  n'y  en  a  point  d'autre.- 

J'eus  souvent  occasion,  dans  le  Comité  d'instruction  publique,  dans  ses  ré- 
unions a^ec  celui  de  salut  public  pour  cet  objet,  de  développer  et  de  soutenir  ces 
()rincipes,  qui  à  la  fin  prévalurent^'^. 

Le  nouveau  membre  du  Comité  d'instruction  publique  nous  a  laissé,  dans  ses  Mémoires, 
dos  portraits  de  quelques-uns  de  ses  collè[jues;  nous  les  reproduirons  plus  loin  (p.  ^87). 
Il  n'est  pas  sans  intérêt  de  savoir  quelle  était  sa  pliysionomio  à  kd-mème  à  cdle  épo(|ue, 
(»M  il  siégeait  an  sommet  de  la  Montagne.  Baudot  Ta  décrite  en  plusieurs  passages  de 
ses  Noies  historiques,  dont  nous  extrayons  ce  qui  suit  : 

On  a  dit  que  Mirabeau  avait  la  figure  d'un  lion,.  .  .  Tbibaudeau  aAait  le  poil 
et  la  forme  d'un  loup .  .  . 

La  carmagnole  fut  une  espèce  de  vêtement  en  usage  pendant  la  Révolution, 
mais  il  ne  fut  guère  porté  que  par  les  ouvriers  et  les  prolétaires.  Cependant  plu- 
sieurs membres  de  la  Convention  l'adoptèrent,  mais  en  petit  nombre;  je  ne  crois 
pas  qu'ils  fussent  plus  de  six.  Dans  les  six  membres  de  la  Convention  qui  portaient 
la  carmagnole,  j'ai  distingué  particulièrement  Cliabol,  Thibaudeau  et  Granel,  de 
Marseille  ^^^  La  carmagnole  consistait  en  une  veste  coupée  en  rond  qui  descendait 
(u)  peu  au-dessous  de  la  taille,  sans  habit,  et  un  pantalon  de  la  même  étoffe.  Les 
membres  de  la  Convention  qui  portaient  cet  habillement  singulier  l'avaient  fait 
l'aire  en  toile  de  matelas  à  carreaux  bleus  et  blancs .  .  . 

11  y  avait  à  la  Convention  nationale  un  certain  Omer  Granet,  de  Marseille,  qui 
siégeait  armé  d'un  bâton  noueux,  gros  comme  le  bras,  et  vêtu  à  l'avenant,  c'est- 
à-dire  dans  la  forme  la  plus  sans-cidottide  qu'on  puisse  imaginer.  Cet  Orner  Granet 

s'était  intitulé  \e  facile  11. r  Granet'^^' Nous  avons  vu  depuis  à  Bruxelles  ce 

Granet,  vêtu  à  la  manière  française  du  faubourg  Saint-Germain,  l'épée  au  ci^té  et 
eu  bas  de  soie  blancs.  II  était  devenu  chaudiellan  de  (^ambac('rès  et  introducteur 
d("  Son  Excellence.  Dans  le  même  temps  que  Granet  affectait  son  dégoûtant  cos- 
tume à  la  Convention,  un  autre  membre  qui  siégeait  à  coté  de  lui,  et  qui  depuis 
est  devemi  comte  de  l'enqjire,  Thibaudeau,  ce  comte  donc,  alors  sans-culolle  ren- 
forcé, avait  riiabilude  d'appuyer  ses  deux  mains  sur  les  (q)aules  de  Granel,  pour 
laire  voir  (ju'il  était  encore  plus  factieux  que  son  collèj'ue.  .  . 

f'^   Mémoires  nur  la  Convention  et  le  Di-  ^*)  Tallien  l'a  porti'c  aussi. 

rcctoirv ,    par    A. -G.    Thibaudeau.     Paris,  ('^'   Le    prcuoiii    do    l-'ariirii.r ,    pris  par 

Itaiidoiiin  frèrt-s,  iM'j/i  ,  -j  vol.  iu-8";  t.  I"',  (îraufl,  lijnne  an  l*rorés-vorl>al  d  >  la  C.on- 

V-  7<^-  vculion,  t.  \\\,  p.  3i. 


11^      PKOGÈS-VEUBAUX  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

Thibnudcaii ,  qui  dans  le  commencement  de  la  Convention  était  vêtu  en  sans- 
culolle,  adopta  un  costume  d'Albanais  après  le  9  thermidor;  il  avait  de  longues 
moustaches,  des  cheveux  plats  et  gras,  des  pistolets  et  un  poignard  à  sa  ceinture; 
c'est  dans  ce  costume  semi-turc  qu'il  fit  décre'ter  l'arrestation  et  par  suite  la  mise 
à  mort  de  Romme,  Soubrany  et  autres  ^^\ 

Rarras,  do  son  côté,  parle  de  Thibaudoaii,  dans  ses  Mé)noires  ,  à  peu  près  dans  les 
mêmes  termes  : 

Ce  Granet  dont  je  parle  ^^\  ainsi  qu'un  certain  Thibaudeau  qu'on  verra  paraître 
plus  tard,  étaient,  à  cette  époque  de  sans-culottisme  universel,  les  deux  person- 
nages les  plus  remarquables  par  le  négligé  et  la  saleté  de  leurs  vêtements;  ils  ne 
paraissaient  plus  à  la  Convention  qu'en  sabots  et  en  j)etite  veste  débraillée  appelée 
carmagnole.  Comme,  après  avoir  affecté  les  goûts  les  plus  populaires,  il  faut  se 
distinguer  par  d'autres  servilités  quand  arrivent  de  nouveaux  pouvoirs,  j'ai  été 
peu  surpris  de  voir  dans  la  suite  les  mêmes  sans-culottes  de  1798,  MM.  Granet 
et  Thibaudeau,  l'un  connue  maire,  l'autre  comme  préfet,  rivaUser  d'élégance  pour 
porter  la  livrée  de  l'empereur,  ses  décorations,  le  chapeau  à  plumes,  l'épée,  le 
jabot  et  les  manchettes  de  dentelle,  bas  de  soie  et  boucles  d'or  aux  souliers.  Ces 
travestissements  m'ont  toujours  inspiré  le  plus  profond  dégoût  :  ils  m'ont  paru 
révéler  le  caractère  des  hommes  qui  se  font  un  jeu  de  tout^^^ 

Voici  le  discours  et  le  projet  de  décret  de  Michel-Edme  Petit  : 

DISCOURS  SUR  LA  REVISION  DU  DECRET  POUR  L^GRGANISATIÔN  DES  PREMIERES 
ÉCOLES.  FAITE  PAR  LE  COMITE  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE,  ET  SUR  QUELQUES 
NOUVEAUX  SYSTÈMES  D'EDUCATION,  PAR  MICIIEL-EDME  PETIT,  DEPUTE  DU  DEPAR- 
TEMENT DE  L'AISNE,  MEMBRE  DU  COMITE  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE;  PRONONCE 
LE   19  FRIMAIRE,  L'AN   DEUXIEME  DE   LA  REPUBLIQUE    FRANÇAISE. 

De  l'Imprimerie  nationale,  s.  d.  (*). 

Citoyens , 

Un  an  s'est  écoulé  depuis  que  nous  nous  sommes  occupés  pour  la  première  fois 
de  l'instruction  publique;  les  idées  les  plus  profondes  ,  les  plus  savantes  vous  ont 
été  présentées  :  au  milieu  de  tout  cela,  et  dès  le  commencement  même  de  la  dis- 
cussion, des  conceptions  simples  ont  osé  se  faire  voir;  mais  l'esprit  les  a  si  bien 
obscurcies  sous  son  brillant  étalage ,  qu'après  tant  et  de  si  scientifiques  combats , 
où  l'on  a  mis  à  contribution  tous  les  talents,  toute  la  nature,  nous  ne  savons  pas 
encore  comment  nous  apprendrons  à  lire  h  nos  enfants  ! 

(1)  Baudot,    Notes    historiques    sur     la  temps  de  1 79/1  par  le  député  des  Bouches- 

Convention,  etc.,  pages   1G6,   ^91,    267,  du-Rhône. 
2  35.  ^-'^   Barras,  Mémoires,  t.  T',  p.  152. 

(^'   Barras  mentionne  Granet  à   propos  ^^^    Bibliothèque   nationale,   Le''^    Sgg , 

d'une  dénonciation  faite  contre  lui  au  prin-  in-8°;  Musée  pédagogique,  n°  1 1724. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  113 

J'ai  plusieurs  fois  insisté  au  Comité  d'instruction  publique  pour  une  revision  de 
la  revision  du  décret  pour  les  premières  écoles  ^^^;  je  désirais  que  nous  nous  réunis- 
sions tous  dans  notre  commun  désir  de  faire  le  bien;  que  nous  mêlions  toutes 
nos  idées  après  avoir  fixé  les  grands  principes  sur  lesquels  nous  sommes  tous 
d'accord;  que  nous  renoncions  individuellement  aux  petits  avantages  de  la  répu- 
tation; que  nous  fussions  moins  grands  hommes,  afin  que  la  République  fût  véri- 
tablement grande;  je  demandais  à  énoncer  mes  idées  sur  cette  seconde  revision  : 
le  Comité  m'a  refusé  la  parole,  fondé  sur  la  nécessité  d'une  discussion  dont  la 
nature  est  d'être  publique.  Je  crois  que  le  Comité  a  eu  raison.  Le  plan  de  Bouquier 
a  été  lu  :  j'ai  observé  que  ce  plan  était  un  enfant  contrefait  de  celui  que  je  vous 
ai  présenté  le  i"  octobre  ^^^  et  que  vous  avez  accueilli  avec  quelque  plaisir.  Plu- 
sieurs idées  contraires  ou  conformes  aux  miennes  ont  été  mises  au  jour.  Voilà  où 
nous  en  sommes  de  cette  discussion  oii  le  sort  de  la  République  est  attaché. 

Je  parlerai  principalement  de  la  revision;  je  parlerai  du  nouveau  plan  et  des 
idées  accessoires ,  selon  que  l'occasion  s'en  présentera  ;  enfin  je  demanderai  que 
le  projet  de  décret  que  je  vous  ai  présenté  vous  soit  relu,  peut-être  mettra-t-ii  fin 
à  nos  glorieuses  disputes. 

Je  suis  les  divisions  de  la  revision. 

Organisation  et  objet  des  premières  écoles. 

ff  1 .  Des  premières  écoles  sont  établies  dans  toute  ia  République. 

9.  Les  enfants  des  deux  sexes  y  sont  admis  dès  l'âge  de  six  ans. 

3.  Les  pères  et  les  mères  de  famille  sont  dirigés  dans  les  premiers  soins  h 
donner  à  leurs  enfants,  depuis  leur  naissance  jusqu'à  leur  entrée  dans  les  écoles, 
par  une  instruction  simple. 

h.  Les  enfants  reçoivent  dans  les  écoles  nationales  l'éducation  physique,  in- 
tellectuelle et  morale  la  plus  propre  à  développer  en  eux  force  et  vigueur,  intelli- 
gence et  lumières,  vertus  et  mœurs  réj)ublicaines. 

5.  Les  garçons  se  livrent  à  la  gymnastique,  et  particulièrement  aux  exercices 
militaires  et  à  la  natation. 

6.  Ils  apprennent  à  parler,  lire,  écrire  la  langue  française. 

On  leur  fait  connaître  les  traits  de  vertus  qui  honorent  les  hommes  libres  de 
tous  les  tciiq)s,  de  tous  lieux,  et  particulièrement  ceux  qui  honorent  la  régénéra- 
tion française. 

Ils  acquièrent  quelques  notions  géograpliiquesde  la  France. 

On  les  conduit,  par  des  exemples  et  par  leui"  propre  expérience,  à  la  connais- 
sance des  droits  et  des  devoirs  de  riiomiiie  en  société. 

^'*   II    ost  probable    que  c'osl    de  Priil  par  imo  mcilioii  d'ordre .... '■•  (\oir  notre 

qu'il    s'agit   dans    le    proros-verbal    de    la  lomc  II.  p.  0-^7).  Quant  aux  aiilros  tonla- 

séancc  du  (louiilo  du  •>.^)"  jour  du  prcuiicr  (iv(>s  de   Polit    pour  oxposer  sos  idoos   au 

mois,  où  on  lil  :  trUn  tuembro  demande  à  sujet  de  la  revision  du  décret  sur  les  pre- 

cornnnnii([uer  un  discours  et  un  projet  de  mières  écoles,  les  procès-verbaux  ilu  Ctuuili' 

décret  sur  rédiicalion  nationale.  Le  ('ouiito  n'eu  ont  jias  l'ail  inouliou. 
commence  à  rculcudre;  il  t'sl  iulcrrouipu  -     Noir  noire  loux'  II,  p.  ,")'ii. 

III.  •  8 

IVIT.IUIMK      X  «I  lOX  Ul  . 


lu      P(\OGte-VERBAUX  DU  COMITÉ  D'IiNSTRUCTION  PUBLIQUE 

On  leur  donne  les  premières  notions  des  objets  naturels  qui  les  environnent, 
de  leur  emploi  et  de  leur  influence  sur  la  vie  de  Thomme. 

Ils  s'exercent  à  Tusa^je  dos  nombres,  du  compas,  du  niveau,  des  poids  et  me- 
sures, de  la  mesure  du  temps,  du  levier  et  de  la  pouHe. 

On  les  rend  souvent  témoins  des  travaux  des  champs,  des  ateliers;  ils  y  pren- 
nent part  autant  que  leur  âge  le  comporle. 

On  enseigne  en  français. 

L'éducation  des  iilles  est  dirigée  d'après  les  dispositions  prece'dentes,  autant 
que  leur  sexe  le  comporte;  elles  s'exercoiit  plus  particulièrement  à  la  filature,  à 
la  couture,  et  aux  travaux  qui  leur  sont  propres. 51 

Parmi  toutes  ces  choses  que  les  enfants  apprendront,  je  suis  fort  étonné  de  ne 
pas  trouver  la  conslitulion  fi-ançaise.  Veut- on  réserver  cette  étude  pour  un  se- 
cond degré  (rinslruclion,  où  les  sept  huitièmes  des  enfants  ne  parviendront  pas? 
On  leur  apprendra  les  droits  de  l'homme?  Et  que  sont  les  droits  de  l'homme  sans 
la  constitution?  Ils  sauront  tout,  excepté  ce  qu'il  est  indispensable  h  tout  Français 
de  savoir  1  II  y  a  certainement  oubli  de  la  part  de  ceux  qui  ont  revisé. 

Sur  cette  organisation  j'observe  qu'il  est  fort  aisé  de  dire  dans  un  décret  qu'un 
enfîuit  recevra  dans  les  écoles  nationales  toute  l'éducation  possible  ;  mais  doit-on 
donner  à  penser  qu'un  même  instituteur  sera  tenu  de  tout  enseigner?  On  peut 
être  bon  grannnairien,  grand  moraliste,  profond  mathématicien,  et  qui  plus  est, 
homme  de  bien,  sans  savoir  nager  ni  faire  des  armes.  Mais  si  le  même  citoyen  ne 
peut  pas  tout  enseigner,  plusieurs  citoyens  ne  seront-ils  pas  chargés  de  concourir 
h  l'éducation  de  nos  enfants?  Ne  faut-il  pas  qu'il  y  ait,  dans  les  communes  qui  en 
sont  susceptibles,  une  école  de  natation,  et  dans  toutes  les  communes  un  maître 
d'armes?  Au  lieu  d'un  instituteur  sachant  tout,  vous  aurez  donc  par  chaque  com- 
mune un  instituteur,  un  maître  d'armes,  un  maître  de  natation  :  si  cela  n'est  pas 
ainsi,  le  décret  est  un  leurre  fait  pour  tromper  le  peuple;  si  cela  est  ainsi,  dites-le, 
mais  changez  votre  système  scientifique  contre  le  système  de  la  nature,  et  ne  nous 
étabbssez  pas  tant  d'inutiles  messieurs  au  sein  de  la  République.  Un  soldat,  et 
quel  est  le  petit  village  qui  ne  s'honore  pas  d'en  posséder  un  aujourd'hui?  un 
soldat  enseignera  à  faire  l'exercice  à  nos  enfants ,  et  cela  ne  coûtera  presque  rien. 
Dans  les  communes  où  il  se  trouve  des  rivières,  un  marinier  tiendra  école  de  na- 
tation pour  les  enfants  de  l'endroit  et  des  environs,  et  cela  ne  coûtera  presque 
rien;  et  voilà  que,  toutefois  à  l'aide  de  la  nature  et  des  circonstances,  vous  avez 
trouvé  pour  vos  enfants  la  plus  utile  application  du  grand  mot  fcgymnastique^.  Je 
dis  à  l'aide  de  la  nature  et  des  circonstances,  car  elles  sont  toute -puissantes  ici, 
et  ce  que  l'enfant  apprend  le  plus  aisément  en  fait  d'exercice  de  corps,  c'est  ce 
qu'il  voit  faire  et  qu'on  ne  lui  montre  pas,  c'est  souvent  ce  qu'il  imagine  lui- 
même.  Demandez  à  l'enfant  d'un  fermier  combien  il  a  reçu  de  leçons  d'équita- 
tion?  il  ne  connaît  pas  même  ce  mot  :  mais  il  saute  d'un  élan  sur  son  vigou- 
reux clieval,  pique  des  deux,  galope  et  laisse  monsieur  l'écuyer  dans  la  boue, 
ch(n'chant  le  côté  du  montoir.  Si  l'enfant  veut  soulever  une  pierre,  reposez-vous 
sur  lui  du  soin  de  proportionner  la  force  et  la  longueur  du  levier  à  la  pesanteur 
du  poids  :  sans  tous  vos  documents,  il  emploiera  les  moyens  les  plus  propres  à 
réussir;  il  rectifiera  ses  idées  à  l'occasion  de  ses  erreurs,  et  enfin,  si  ce  qu'il  a 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  115 

voulu  lui  est  impossible,  il  ployera  devant  rirrésislible  nécessité,  et  recevra  des 
choses ,  et  non  pas  des  hommes ,  la  plus  subhme  leçon  de  philosophie.  On  rend  souvent 
les  enfants  témoins  des  travaux  des  champs ,  des  ateliers ,  ils  y  prennent  part  autant 
que  leur  âge  le  comporte.  Mais  où  donc  est  ici  la  scène?  Est-ce  bien  des  enfantsdes  ré- 
publicains français  qu'on  veut  nous  parler?  On  les  rend  souvent  témoins  des  travaux 
des  champs,  des  ateliers;  ils  n'y  prennent  que  peu  ou  point  de  part!  S'ils  ne  voient 
les  travaux  des  champs  que  quand  on  les  en  rend  exprès  les  témoins,  il  s'ag^it  donc  spé- 
cialement des  enfants  des  villes  ;  s'ils  ne  voient  les  atehers  que  quand  on  les  y  mène , 
ils  ne  sont  donc  pas  fils  d'ouvriers;  s'ils  ne  prennent  à  ces  travaux  que  peu  ou 
point  de  part,  et  selon  la  fantaisie  de  celui  qui  les  conduit,  ces  travaux  sont  donc 
étrang^ers  à  leurs  enfantines  habitudes,  ils  sont  donc  tous  les  enfants  de  paresseux 
fortunés ,  guidés  dans  leur  éducation  par  des  pédants  académistes  !  Qu'on  me  réponde. 
Les  instituteurs  projetés  me  chagrinent;  ils  n'enseigneront  ni  le  maniement  des 
armes,  ni  Fart  de  la  natation,  ni  l'équitation,  ni  la  gymnastique  dans  ses  phis 
utiles  objets  :  mais  que  de  choses  n'auront-ils  pas  encore  à  enseigner?  Parler,  lire, 
écrire,  les  notions  géographiques  de  la  France,  l'histoire  des  grands  honnnes  de 
tous  les  pays,  la  connaissance  des  objets  naturels  appartenant  à  chaque  commune, 
l'emploi  de  ces  objets,  leur  influence  sur  la  vie  de  l'homme,  l'usage  des  nombres, 
du  compas,  du  niveau,  des  poids  et  mesures,  de  la  mesure  du  temps,  du  levier,  de 
la  poulie.  Bon  Dieu,  que  de  choses!  Où  trouverons-nous  donc  des  maîtres  en  assez 
grande  quantité,  surtout  quand  on  aura  éloigné  delà  concurrence  tous  ceux  qui, 
par  l'éducation  qu'ils  ont  reçue,  ont  plus  de  lumières  que  les  autres?  Un  des  grands 
torts  des  gens  d'esprit,  c'est  de  croire  que  tout  le  monde  en  a;  ils  mettent  toujours 
leurs  idées  dans  la  tête  des  autres,  et  peuplant  ainsi,  à  leur  gré,  tout  un  pays  de 
leurs  pareils,  ils  font  des  utopies  tout  à  fait  divertissantes.  Je  leur  dis  ceci  en  pas- 
sant pour  qu'ils  ne  s'aflligent  pas  trop  de  mon  apparence  de  chagi-in.  Non,  nous 
ue  trouverons  pas  assez  de  maîtres  en  état  de  remplir  et  les  fonctions  indi- 
quées, et  les  conditions  exigées;  cela  est  impossible,  et  tant  mieux;  car  enfin,  loul 
jargon  scientifique  à  part,  que  voulons-nous  apprendre  aux  enfonts  dans  le  premier 
degré  d'instruction  publique?  A  lire,  à  écrire,  à  conq)ler,  les  devoirs  et  les  droits 
de  l'homme;  nous  voulons  leur  apprendre  à  devenir  des  républicains.  Eh  bien! 
pour  parvenir  à  ce  premier  degré  d'instruction,  nous  n'avons  pas  besoin  (riiommes 
qui  aient  eux-mêmes  étudié  toute  leur  vie  et  la  granmiaire,  et  les  mathématiques, 
et  la  géométrie,  et  la  morale,  etc.;  ils  seraient  pour  la  plupart  de  très  mauvais 
instituteurs,  et,  d'ailleurs,  à  beaucoup  d'égards,  il  est  infiniment  utile  ici  (pie 
les  maîtres  apprennent  en  enseignant,  et  (pfils  ne  soient  pas  à  une  trop  grande 
distance  des  élèves.  Il  est  de  la  nature  de  l'espril  de  monter  et  non  pas  (h^  (l(>s- 
cendre;  ce  que  nous  ignorons  est  toujours  au-dessus  de  nous,  (>l  nous  |)lar!ms 
généralement  trop  au-dessous  ce  que  nous  croyons  savoir.  Je  croirai  toujours, 
moi ,  (ju'il  est  inq)ossible  (ju'uu  honune  savant  trouve  le  meilleur  mode  d'ensei- 
gnement, et  c'est  pour  cela  ([ue  je  liens  au  })lau  (rinsiructiou  ([uejai  proposf»-. 
quant  aux  instituteurs  dont  nous  avons  besoin,  les  ciironstauces  nous  servent  à 
souhait.  Nos  savants  coûteraient  fort  cher  et  ne  feraient  rien  cjui  vaille  :  de  bons 
et  li'ancs  rc'publicains,  disposés  à  s'instruire  en   insiruisani  les  aiilic^s.  ne   nous 
coûteront  pi'escjue  rien  et  reinpiironi  noire  bnl. 


116      PROCÈS-VERBAUX  DU  COMITE  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

En  conservant  les  maîtres  d'e'cole  sous  le  nom  (rinstitiiteurs ,  après  leur  avoir 
fait  subir  un  examen  pro'alable,  en  (^lal)lissant  des  iustiluleurs  sur  la  demande 
des  conununes,  nous  faisons  un  aclc  de  justice  que  l'hunianité  et  FinteVêt  de  la 
science  et  des  mœurs  exigent  :  mais  dans  ce  cas-là  il  serait  dangereux  et  impoli- 
tique  de  faire  aux  instituteurs  un  sort  fort  différent  de  celui  des  maîtres  d'e'cole 
actuels.  En  augmentant  leur  aisance  vous  les  rendriez  paresseux,  et  la  première 
leçon  qu'ils  doivent  à  leurs  élèves,  c'est  l'exemple  du  travail.  Vous  savez  que 
l'habitude  du  travail  est  la  source  de  toutes  les  vertus  l'épublicaines,  et  que  c'est 
ici ,  plus  que  ja?nais ,  la  circonstance  de  sanctionuer  le  précepte  :  celui  qui  ne  tra- 
vaille point  ne  doit  pas  manger.  Le  travail  est  au  corps  et  à  l'âme  ce  que  l'air  est  à 
la  végétation.  Le  goût  du  travail  tient  au  goût  de  la  simplicité,  de  la  médiocrité; 
on  trouve  aisément  à  vivre  quand  on  ne  veut  que  vivre,  c'est  ce  que  tout  le 
monde  ne  sait  pas.  Les  moyens  d'existence  de  la  grande  masse  des  hommes  nous 
sont  tellement  inconnus,  qu'en  suivant  les  règles  du  calcul  à  tant  par  tête,  on 
démontrerait,  contre  l'évidence,  qu'il  est  impossible  que  la  France  nourrisse  tous 
ses  habitants.  On  se  persuade  qu'il  faut  de  gros  revenus  pour  se  procurer  les 
plaisirs  sans  lesquels  on  se  regarde  comme  anéanti  :  les  revenus  ni  les  plaisirs 
n'arrivent  point ,  et  l'on  déchire  son  cœur  en  l'arrachant  à  la  nature.  Mais  celui 
que  sa  condition  rapproche  sans  cesse  d'elle  proportionne  machinalement  ses 
idées  à  ce  qui  l'environne;  l'inquiétude  du  lendemain  le  tourmente  peu,  les  pe- 
tites occasions  d'économie  se  succèdent,  se  multiplient,  et  quelquefois  il  ren- 
contre du  superflu  sous  un  toit  de  chaume,  oii  tout  autre  ne  verrait  que  misère  et 
abandon. 

Inorganisation  proposée  par  la  revision  est  donc  vicieuse  en  ce  qu'elle  n'admet 
pour  instituteurs  que  des  savants  qui  sauront  tout,  et  qui  cependant  montreront  à 
lire  !  elle  est  vicieuse  en  ce  qu'elle  ne  dit  pas  que  les  enfants  apprendraient  la 
constitution  dans  les  premières  écoles  ;  elle  est  vicieuse  en  ce  qu'elle  suppose  que 
les  enfants  ne  prendront  que  peu  ou  point  de  part  aux  travaux  des  champs, 
qu'ils  ne  verront  les  ateliers  qu'autant  qu'on  les  y  mènera ,  tandis  que  l'instruc- 
tion publique  doit  surtout  s'occuper  des  enfants  des  campagnes ,  de  ceux  des  ou- 
vriers des  villes  et  villages ,  et  non  pas  des  enfants  à  qui  leurs  parents  ont  le 
moyen  de  payer  des  précepteurs.  Elle  est  vicieuse  en  ce  qu'elle  réduit  à  la  mi- 
sère et  au  désespoir  vingt  mille  pères  de  famille  qui,  maintenant,  sont  maîtres 
d'école. 

Nombre  et  distribution  des  écoles. 

Il  y  a  un  an  que  je  m'élevai  avec  force  contre  cette  nouvelle  distribution  des 
écoles,  qui  ne  serait  en  dernière  analyse  qu'une  distribution  d'ignorance  sur 
toute  la  surface  de  la  République.  Je  suis  étonné  que  l'on  fasse  reparaître  en  ce 
moment  celte  branche  d'un  système  d'éducation  généralement  proscrit  aujour- 
d'hui. 

//  y  a  une  première  école  par  commune  de  quatre  cents  individus,  et  au-dessus , 
jusqu'à  quinze  cents. 

Il  y  a  une  école  par  chaque  arrondissement  ou  la  population  éparsefait  en  somme 
quatre  cents  individus  ou  plus  jusqu'à  quinze  cents,  sur  demi-lieu;^  de  pays. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  117 

Les  arrondissements  des  écoles  sont  déterminés  sans  aucun  égard  aux  limites  d?s 
communes ,  des  districts  et  des  départements. 

Indëpendaniinent  des  mesures  extraordinaires  dictées  par  les  circonstances,  me- 
sures indispensables  au  salut  public,  dans  ce  qui  a  rapport  au  mouvement  du 
gouvernement,  il  y  a  certainement  un  mauvais  ge'nie  qui  se  plaît  à  tout  de'- 
truire  pour  le  seul  plaisir  d'exister  aujourd'hui  d'une  manière  différente  de  celle 
d'hier,  sans  s'embarrasser  si  cette  dernière  manière  d'être  ne  sera  pas  la  cause 
de  sa  destruction  à  lui-même.  Les  hommes  les  plus  éclaire's ,  les  plus  vertueux , 
ne  sont  pas  à  l'abri  de  sa  funeste  influence;  ils  veulent  aussi  tout  changer,  non 
pas  pour  être  mieux,  mais  pour  être  autrement.  Vous  voulez  instruire  tous  vos 
enfants  au  moyen  d'e'coles?  eh  bieni  laissez  les  écoles  où  il  y  en  a,  et  établissez-en 
ou  il  n'y  en  a  pas  :  voilà  ce  à  quoi  se  rc'duit  cette  question  des  écoles  primaires, 
question  présentée  sous  tant  de  faces  diflérentes,  et  toujours  plus  embrouillée  à 
mesure  qu'on  a  l'air  de  l'approfondir  davantage.  x4u  lieu  de  perfectionner  les 
écoles  dans  les  endroits  oh  il  y  en  a,  et  d'en  établir  où  il  n"y  en  a  pas,  mesure  à 
laquelle  il  faudra  bien  qu'on  revienne,  on  divise  et  subdivise  le  terrain  de  la 
France  comme  les  cases  d'un  échiquier,  on  arrange  là-dessus  les  Français,  et 
la  géométrie  distribue  le  sentiment!  F^aut-il  que  je  sois  obligé  d'argumenter  en- 
core contre  cette  nouvelle  division?  Oui,  je  me  sens  le  courage  d'être  tenace, 
obstiné,  pour  rendre  service  à  mon  pays.  Je  répéterai  toujours  la  même  chose;  je 
mettrai  toujours  la  même  vérité  à  côté  des  mêmes  erreurs;  on  jugera  peut-être 
à  la  fin. 

En  faisant  une  nouvelle  division  du  territoire  et  des  citoyens  français,  sans 
avoir  égard  aux  divisions  des  communes,  des  districts,  des  départements,  qui  ne 
voit  au  premier  coup  d'œil  un  système  politique  tout  nouveau  substitué  à  celui 
de  la  constitution;  qui  ne  voit^'^  deux  sortes  de  divisions,  l'une  constitutionnelle, 
et  il  faudra  bien  qu'elle  soit  respectée  celle-là  qui  a  coûté  tant  de  combats  aux 
amis  de  la  République  ;  l'autre  éducationnelle ,  qui  met  en  pratique  les  idées  les 
plus  opposées  à  la  première?  Il  faudra  donc  que  l'habitant  des  campagnes,  des 
villes,  sache  que  pour  les  objets  du  gouvernement  et  d'administration  il  est  de 
tel  arrondissement,  et  que,  cependant,  ses  enfants  doivent  aller  apprendre  à  lire 
dans  tel  autre  arrondissement!  Gomment  peut-on,  avec  quelque  amour  des 
honnnes,les  embarrasser  ainsi  dans  leurs  devoirs,  dans  leurs  habitudes?  Cette 
considération  est  importante,  il  y  en  a  de  plus  importantes  encore. 

ffPour  la  masse  générale  du  peuple  (je  me  répète  ici),  et  c'est  celle-là  qu'on  ne 
veut  jamais  voir,  c'est  tout  d'avoir  élevé  un  enfant  jusqu'à  six  ans.  Je  sais  que 
phisieurs  pères  et  mères  s'arrangent,  se  gênent  et  se  passent  de  leurs  enfiuifs 
|)en(huit  une  heure  ou  deux  pour  les  envoyer  à  l'école,  ])arce  que  l'école  est  (huis 
le  village  :  mais  si  vous  hi  reculez  seulement  d'une  demi-lieue,  ils  ne  les  y  enver- 
ront phis  du  tout^^^n  Ne  peut-on  pas  par  hasard  avoir  besoin  d'un  enliint  pendant 
le  tenq)s  de  la  leçon?  C'est  son  frère  aîné  qui  vient  do  Wwmôe  et  cpii  veut  le  voir 

("'   Dans  l'oriijinal  ou  a  iniprimé  :  ff(|ui  (-)   Passa^n^  pxirail  do  l'opinion  do  Mi- 

ellé voil'?;  nous  avons  rorriijé  celle  erreur  cliol-Kdnio  Pelil  prononcée  l(>  iS  docein- 

lypo(;rapliique  évidcnle.  brc  179a.  Voir  noire  louie  I",  p.  iSi. 


118      PROCKS-VERBAUX  DU  COMITE  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

et  en  jouir;  c'est  son  père  (jiii  vient  d'être  dangereiisenienl  blessé  et  qui  réclame 
ses  petits  soins;  ce  sont  mille  événements  imprévus  et  qui  composent  la  vie.  Il 
faudra  donc  que  je  fasse  une  lieue  pour  l'aller  quérir.  Mais  si  lui-même  il  se 
blesse,  se  casse  la  tête,  une  jambe  dans  l'école,  qui  est-ce  qui  aura  à  l'instant 
[)our  lui  les  soins  qu'aurait  eus  sa  mère?  qui  est-ce  qui  suppléera  à  ces  soins 
dans  un  villa^oe  où  ses  parents  ne  sont  pas  aussi  bien  voulus,  autant  aimés  que 
dans  le  leur?  Je  sais  que  les  |j"rands  lionnnes  ne  descendent  pas  dans  ces  détails; 
mais  je  crois  que  s'ils  s'en  occupaicMit ,  cela  ne  nuirait  pas  à  leur  grandeur. 

En  nnmissant  plusieurs  communes  dans  un  arrondissement  d'une  lieue  de  dia- 
mètre où  il  n'y  aura  qu'une  seule  école,  qui  peut  compter  le  nombre  des  petites 
connnunes  auxquelles  on  ôtera  le  maître  d'école  qu'elles  ont  déjà?  Et  cependant, 
(piand  il  n'y  aurait  (pie  vingt  conmiunes  dans  ce  cas,  qu'on  dise  donc  de  quel 
(Iroit  on  les  privera  d'enseignement  en  l'éloignant  d'elles?  Qui  oserait  seulement 
parler  de  ce  droit  absiu'de  après  la  déclaration  formelle  de  la  constitution  que 
rinstniction  est  la  dette  de  la  ^patrie  envers  tous  les  citoyens?  Cet  éloign^inent  n'est 
rien  dans  les  grandes  villes,  où  les  rapprochements  des  individus  n'augmentent 
pas  les  intimités,  où  l'on  ne  voit  jamais  le  ciel  entre  soi  et  son  ami,  où  des  rues 
bien  pavées  olfrent  toujours  une  route  facile  quoique  souvent  pleine  de  boue  et 
d'obscurité  :  mais  d'un  village  à  l'autre,  mais  d'un  village  à  une  ville,  que  d'ob- 
stacles n'opposent  pas  à  un  enfant  de  six  ans  les  intempéries  des  saisons  et  les 
difficultés  des  chemins!  Ce  que  la  constitution  et  les  droits  de  l'homme,  ce  que  la 
liberté  et  l'égalité  donnent  h  tous  les  Français,  le  projet  de  décret  et  la  revision 
le  leur  ôtent  :  ce  décret  et  la  revision,  en  ce  qui  concerne  la  nouvelle  divi- 
sion, sont  donc  inadmissibles. 

Commission  d'instruction . 

Pour  n'avoir  pas  la  peine  d'apaiser  le  mouvement  convulsif  que  causerait  né- 
cessairement l'établissement  de  la  nouvelle  division,  les  changements,  les  dépla- 
cements, les  constructions  inutiles  d'édifices  dispendieux,  les  réclamations  qui 
s'élèveraient  de  tous  côtés,  on  a  imaginé  une  commission  d'instruction.  Ce  que 
je  puis  dire  de  cette  commission,  c'est  qu'elle  est  l'invention  la  plus  misérable 
comme  la  plus  aristocratique,  qu'elle  est  un  rouage  de  plus,  une  superfétation 
dans  la  machine  morale  et  politique  qui  l'empêchera  nécessairement  d'aller; 
qu'elle  est  l'attentat  le  plus  formel  aux  droits  des  pères  et  mères,  aux  droits  des 
municipalités  et  des  conseils  généraux  des  communes;  qu'enfin  c'est  un  pouvoir 
monstrueux  qui,  dans  la  nécessité  d'agir  concurremment  avec  les  mimicipahtés, 
les  conseils  généraux  des  communes,  les  districts,  les  départements,  les  comités 
de  surveillance,  n'agira  en  elfetavec  aucun  de  ces  pouvoirs  constitués  ou  momen- 
tanés, et  trouvera  dans  l'acte  même  de  sa  naissance  la  mort  que  lui  doit  la  raison. 
Je  rougirais  d'entrer  dans  plus  de  détails  h  cet  égard,  et  je  gémis  quand  je  pense 
que  le  plus  nécessaire  comme  le  plus  triste  effort  de  la  sagesse  est  de  se  garantir 
des  erreurs  des  gens  de  bien. 

On  ne  dit  pas  si  les  mendires  de  cette  commission,  à  laquelle  on  donne  tant 
de  choses  à  faire,  seront  salariés.  S'ils  le  sont,  cet  objet  coûtera  seul  dix  nùllions 


DE  LA  GOINVENTION  NATIONALE.  119 

à  la  République;  s'ils  ne  le  sont  pas,  ils  seront  donc  riches,  et  par  conséquent  sus- 
pects d'anli-républicanisrne. 

Nomination  de  la  commission. 

Je  n'en  parle  pas. 

Instituteurs  et  institutrices. 

Que  les  instituteurs  enseignent  tous  les  objets  dont  il  est  question  à  l'article  6  de  la 
revision;  qu'ils  surveillent  les  enfants  dans  la  partie  essentielle  de  la  gymnastique; 
qu'il  leur  soit  défendu  de  surveiller  d'autre  éducation  que  celle  des  élèves  attachés  aux 
écoles  nationales ,  et  de  donner  des  leçons  particulières ,  c'est  ce  qui  est  de  toute  im- 
possibilité. Ils  peuvent  èirc  fonctionnaires  publics ,  et  ils  pourraient,  si  on  le  ju- 
geait nécessaire,  porter  une  marque  distinctive  :  il  n'y  a  pas  grand  inconvénient; 
mais  je  voudrais  que  ceux  qui  ont  revisé  n'eussent  pas  porté  la  haine  de  tout 
culte  jusqu'à  déclarer  incompatibilité  entre  les  fonctions  d'instituteur  et  le  scv- 
\ice y  de  quelque  manière  qu'on  l'entende,  d'un  culte  quelconque.  Cette  aveugle  in- 
tolérance ne  s'aperçoit  pas  qu'elle  exclut  des  fonctions  d'instituteurs  tous  les 
adorateurs  de  la  divinité,  qui,  par  quelque  acte  pubhc,  lui  rendraient  habituel- 
lement hommage.  En  vérité,  l'extravagance  ne  saurait  aller  plus  loin.  Peut-être 
ceux  qui  ont  revisé  ne  voulaient-ils  parler  que  des  prêtres  catholiques,  protestants 
ou  juifs;  si  cela  est  ainsi,  pourquoi  ne  pas  le  dire?  Pourquoi  présenter  toujours 
des  demi-pensées  dans  les  lois? 

Nomination  des  instituteurs  et  institutrices. 

Croirait-on  rencontrer  ici  une  transgression  formelle  des  plus  saintes  lois  de  la 
nature,  un  mépris  prononcé  des  droits  les  plus  chers  au  cœur  de  l'hounne?  Quoi! 
pour  choisir  celui  à  qui  je  confierai  l'éducation  de  mon  enfant,  il  ftiut  que  je 
m'en  rapporte  à  des  tiers  qui  ne  connaîtront  ni  mon  enfant  ni  moi;  il  ft\udra 
que  mon  choix  soit  dirigé,  préparé  par  des  tiers  qui  me  donneront  ou  me  ivïu- 
seront,  à  leur  gré,  la  permission  d'avoir  confiance  en  celui  que  j'estime!  Quoi! 
celui  que  j'estime,  (pii  est  estimé  de  tous  ses  concitoyens ,  dans  mon  village,  pour 
sa  probité,  son  civisme,  ses  mœurs,  son  aptitude  et  son  habitude  à  enseigner  les 
enfants,  ne  sera  pas  éligiblc,  parce  qu'il  aura  déplu  à  messieurs  de  la  commis- 
sion; et  l'on  appellerait  cela  de  la  liberté!  L'on  me  laisse  de  lélection  ce  qu'elle 
a  de  matériel,  et  l'essentiel,  le  moral  de  l'élection  appartiennent  h  une  commission 
cliai'gée  (le  vouloir  pour  moi  :  et  l'on  appelle  cela  de  la  liberté!  Mais  Je  pourrais 
me  tromper  dans  mon  choix  ;  on  le  dirige  ou  réclaire ,  et  c'est  pour  le  bonheur  de  mon 
enfant,  c'est  pour  le  mien  qu'on  me  force  de  bien  faire?..  .  Le  plus  arbitraire  des- 
potisme n'a  jamais  raisonné  d'une  autre  nu\nière.  Quoi!  ce  peu[)le,  dont  vou^ 
vantez  avec  raison  les  lumières,  cessera  tout  à  coup  d'en  avoir  sur  les  objets  que 
la  natui'e  même  prend  soin  d'éclairer  pour  lui!  Est  il  rien  de  plus  absurde  (pie 
celt(î  supposition!  Quoi!  vous  voulez  qu'il  ait  encore  d(»s  délégués,  des  l'oudt's  de 
pouvoii',  pour  faire  ce  que  personne  ne  peut  faire  aussi  bien  (|ue  lui!  cela  est  in- 


120      PROCÈS-VERBAUX  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

concevable,  en  xé.vïU^.  Mais  ce  qui  montre  la  précipitation  qu'on  a  apportf^e  dans 
la  revision,  c'est  la  nécessite  établie  d'obtenir  des  certificats  des  comite's  de  sur- 
veillance. On  n'a  pas  fait  attention  que  les  comités  de  surveillance  ne  sont  que 
provisoires,  que  la  constitution  ne  les  admet  pas,  et  que  le  de'cret  d'organisation 
d(^finitive  des  écoles  serait  à  cet  ép;ard  encore  en  contradiction  avec  la  constitu- 
tion. Sous  quelque  point  de  vue  que  j'envisag^e  la  nomination  proposée  des  insti- 
tuteurs et  institutrices,  je  ne  puis  l'approuver  en  continuant  à  être  raisonnable. 

Surveillance. 

Cette  surveillance,  établie  aussi  dans  mon  projet  de  décret,  est  établie  dans  la 
revision  d'une  manière  lùen  satisfaisante  pour  quiconque  aime  la  vertu,  et  j'avoue 
que  l'idée  du  magistrat  des  mœurs ,  si  ce  magistrat,  remplissant  les  fonctions  les 
plus  importantes  peut-être  dans  la  République,  n'était  pas  subordonné  à  la  com- 
mission d'instruction,  me  consolerait  un  moment  du  mallieur  d'avoir  tant  à 
blâmer. 

Je  ne  vois  pas  pourquoi  l'on  veut  que  l'exécution  des  lois  relatives  aux  diffé- 
rentes branches  de  l'éducation  nationale  soit  sous  la  surveillance  immédiate  du 
Comité  d'instruction  publique.  L'exécution  des  lois  est,  aux  termes  de  la  constitu- 
tion ,  confiée  au  Conseil  exécutif,  et  non  pas  à  un  comité.  Je  ne  veux  pas  qu'un 
comité  soit  puissant  contre  le  vœu  que  la  nation  a  exprimé  dans  la  constitution. 

Mais,  dit-on,  la  constitution  ne  peut  être  mise  aujourd'hui  à  exécution,  et  il 
serait  du  plus  grand  danger  pour  la  chose  publique  de  substituer  à  l'instant  le 
gouvernement  constitutionnel  au  gouvernement  révolutionnaire.  D'accord;  mais, 
dirai-je  à  mon  tour,  vous  ne  pouvez  pas  donner  au  peuple  français  des  lois  révo- 
lutionnaires pour  des  lois  définitives.  Certes ,  le  peuple  est  bien  loin  de  désirer , 
pour  le  temps  calme  où  il  veut  arriver,  des  lois  faites  pour  les  temps  orageux  qui 
auront  précédé  celui-là.  Vous  ne  pouvez  donc  pas,  dans  des  lois  définitives,  faire 
entrer  des  dispositions  révolutionnaires,  sans  porter  atteinte  à  la  constitution, 
sans  outrager  le  peuple  français  qui  l'a  acceptée.  Le  peuple  français  ne  consent 
aux  mesures  révolutionnaires,  a  ces  mesures  dictées  par  l'instinct  et  non  pas  par 
les  sages  lenteurs  de  la  justice,  que  pour  arriver  à  la  constitution,  au  règne  des 
lois.  Telle  est  sa  volonté.  L'honnête  homme,  le  franc  républicain,  consent,  en  ce 
moment  difficile ,  a  tout  ce  qui  peut  gêner  la  liberté  naturelle  ou  légale ,  pour  se 
procurer  enfin  la  liberté  constitutionnelle.  N'en  doutons  pas,  s'il  est  un  moyen, 
un  moyen  efficace  de  commencer  à  réaliser  ses  espérances,  c'est  l'instruction  pu- 
blique. L'instruction  publique,  proclamée  par  vous,  est  le  signal  de  la  justice  et 
de  la  raison,  donné  au  milieu  du  choc  de  toutes  les  passions;  l'instruction  pu- 
blique est  l'aurore  du  beau  jour  des  lois  :  et  nous  commencerions  par  défigurer, 
par  outrager  les  lois,  et  les  forcer  au  silence  dans  l'instruction  publique! 

Traitements,  maisons,  entretien. 

Un  instituteur,  une  institutrice  par  chaque  commune,  choisis  dans  le  lieu 
même,  n'ayant,  quant  aux  dix-neuf  vingtièmes ,  expliqué  ni  Homère  ni  Tacite, 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  121 

payés  à  peu  près  au  même  taux  du  salaire  qu'ils  recevaient  comme  maîtres 
d'ëcole,  sont  une  ide'e  trop  simple;  il  n'y  a  rien  là  de  savamment  complique',  de 
calcule  pe'niblement ;  il  n'y  a  point  là  de  nouveauté  à  laquelle  on  puisse  attaclier 
son  nom.  Mais,  citoyens,  la  raison  est  bien  vieille  aussi;  ne  devrions-nous  pas  la 
de'daigner,  ne  fût-ce  que  pour  nous  donner  un  air  de  jeunesse?  Oh!  que  n'est-il 
possible  d'ouvrir  tous  les  cœurs,  d'approfondir  les  secrets  de  tous  les  esprits;  on 
verrait  combien  sont  futiles  et  mise'rables  les  motifs  déterminants  de  tous  les  fa- 
bricants de  systèmes  vernisse's  de  nouveauté!  On  a  rejeté  l'idée  de  conserver  les 
anciens  maîtres  d'école,  sous  le  nom  d'instituteurs;  et  con)me  on  a  mis  à  leurs 
places,  dans  les  lieux  qu'ils  n'occupaient  pas,  de  beaux  messieurs  bien  savants,  ii 
a  aussi  fallu  leur  accorder  des  traitements  proportionnés  à  leur  mérite.  Tout  cela 
a  été  fort  aisé  sur  le  papier;  mais,  dans  l'exécution,  cela  est  impossible  par 
deux  raisons,  dont  une  seule  est  plus  que  suffisante.  Je  les  dirai  cependant 
toutes  deux  :  i  °  Dans  le  calcul  par  aperçu  modéré  du  nombre  d'instituteurs  exigés 
par  la  revision,  il  y  aura  au  moins,  dans  toute  la  République,  tant  en  institu- 
teurs qu'en  institutrices,  i3o,ooo  individus  employés  à  l'éducation;  ils  auront 
tous  étudié  et  la  grammaire,  et  la  géométrie,  et  la  géographie,  et  l'histoire,  et  la 
morale,  etc.  Or  je  répète  qu'il  est  impossible  de  trouver  ce  nombre  d'individus 
instruits  remplissant  d'ailleurs  toutes  les  conditions  exigées.  Je  n'ai  pas  besoin 
de  prouver  mon  assertion,  et  j'en  conclus  que  l'éducation  proposée  par  la  revision 
est  de  toute  impossibilité.  Je  me  réjouis  quand  je  vois  que  mes  semblables  ne  peu- 
vent pas  se  faire  de  mal;  q°  i3o,ooo  individus;  je  ne  leur  donne  à  chacun  que 
1,200  livres,  et  voilà  que  le  seul  premier  degré  d'instruction  coûtera  i56  mil- 
lions à  la  République.  Si  on  y  ajoute  le  traitement  des  commissaires  d'éducation, 
les  frais  des  autres  degrés  d'instruction  et  l'entretien  des  muséums,  des  biblio- 
thèques, des  cabinets  d'histoire  naturelle,  des  jardins  des  plantes,  objets  qui 
coûteront  au  moins  quarante  millions  à  la  République,  il  s'en  suivra  que  l'in- 
struction publique  coûterait,  dans  ce  système,  près  de  deux  cents  millions  annuel- 
lement, et  que  nous  aurions  partout  des  demi-savants  chanoinisés.  Or  les  Français 
régénérés  ne  consentiront  jamais  à  labourer  la  terre  pour.de  pareilles  gens.  Cette 
éducation  est  donc  inqiossible. 

Le  nouveau  plan^^^  dinère  du  mien  :  i°  en  ce  qu'il  s'éloigne  trop  des  premières 
attentions  que  la  République  doit  aux  mœurs  des  pères  et  mères,  pour  leur  avan- 
tage, celui  des  enfants  et  le  bonheur  de  la  société;  2°  en  ce  qu'il  néglige  la  gym- 
nastique et  l'abandonne  tout  entière  aux  circonstances;  3°  c'est  ici  que  la  diflVrence 
est  plus  grande,  en  ce  qu'il  veut  que  l'enseignement  public  soit  libre,  c'est-à-dire 
que  tous  ceux  qui  voudi'ont  s'y  livrer,  instruits  ou  non  des  choses  cpiil  faut  abso- 
lument enseigner  aux  enfants,  soient  libres  de  le  faire,  et  que,  connue  ces  institu- 
teurs, ils  reçoivent  une  rétribution  (pii  commence  à  dix  livres  et  s'élève  jusqu'à 
vingt  livres  par  chaque  enfant  étudiant  réellement  chez  eux. 

1°  Je  crois  (pie  la  République  ne  saurait  employer  trop  de  moyens  pour  rappeler 
les  maris  et  femmes  aux  devoirs,  aux  (égards  qu'ils  se  doivent  nnituellenuMit.  (hi 

^'^  C«lui  de  Bouqiiier. 


122      PROCÈS-VERBAUX  DU  COMITE  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

peut  rire  tant  qu'on  voudra  de  mes  idées  antiques;  mais  je  croirai  toujours  que  ce 
sont  les  bons  pères  qui  font  les  bons  enfants;  je  dirai  ce  que  j'ai  vu  partout  :  un 
mari  et  une  femme  (pii  s'aiment  ont  toujours  de  bons  enfants;  c'est  une  règle  géné- 
rale, dont  les  exceptions,  aflligeantes  pour  toute  une  famille,  sont  l'ouvrage  de  la 
fre'quenlalion  des  enfants  que  j'appelle  bien  nës  avec  ceux  dont  les  pères  et  mères 
font  mauvais  me'nage. 

ù"  La  partie  de  la  gymnastique  la  plus  indispensable  à  enseigner,  c'est  ce  qui 
concerne  le  maniement  des  armes  et  la  natation.  Oii  l'apprendra-t-on  dans  le  nou- 
veau plan? 

3°  L'enseignement  est  libre  :  cela  est  bien  dit.  Mais  voyons  un  peu  comment, 
])ar  le  nouveau  ])lan,  la  Répuldique  acquitterait  sa  dette  la  plus  sacrée,  celle  de 
rinstruclion  à  tous  les  citoyens  et  surtout  aux  enfants. 

Si  quoique  chose  doit  être  essentiellement  public,  si  quelque  cbose  doit  émi- 
nemment être  l'evétu  du  grand  caractère  de  la  volonté  générale,  c'est  l'instruction 
publique.  Il  ne  faut  pas  seulement  que  la  République  se  charge  des  frais  d'instruc- 
tion pour  les  enfants  disséminés  çà  et  là  dans  des  demeures  particulières;  il  faut 
quelle  fasse  cette  dépense  ostensiblement;  il  faut  qu'on  la  voie  agir,  pour  que  son 
action  excite  sans  effort  la  reconnaissance  des  citoyens. 

La  République  doit  commencer,  en  fait  d'instruction,  par  faire  connaître  à  tout 
le  monde  que  c'est  elle-même  qui  enseigne.  Ici  l'opinion  fait  plus  qu'ailleurs  la 
force  de  la  loi  ;  mais ,  indépendamment  de  cette  opinion  si  indispensable  à  la  con- 
fiance des  citoyens  dans  la  protection  du  gouvernement,  il  faut  que  Tinstruction 
soit  une,  entière  et  commune  à  tous  les  citoyens;  il  faut  qu'elle  soit  publique. 
Comment  sera-t-elle  une,  puisqu'elle  n'aura  aucun  ensemble?  Il  faut  qu'elle  soit 
une,  c'est-à-dire  que  l'on  enseigne  a  tous  les  enfants  précisément  les  mêmes 
choses,  et  cela  au  nom  de  la  République.  Cette  unité  d'enseignement  imprime  à 
tout  ce  qu'on  enseigne  le  vrai  caractère  de  la  volonté  générale,  de  Tunité  de  la 
République,  qui  n'a  qu'une  même  doctrine,  qu'un  même  dogme  pour  tous  les  ci- 
toyens. Il  faut  qu'elle  soit  entière,  c'est-à-dire  que  l'on  enseigne  aux  enfants  tout,  et 
non  pas  seulement  une  partie  des  choses  que  tout  républicain  doit  savoir.  11  faut 
qu'elle  soit  conunune,  c'est-à-dire  que  tous  les  enfants  la  reçoivent  de  la  même 
manière,  par  les  mêmes  moyens,  autant  que  faire  se  pourra.  Il  faut  enfin  qu'elle 
soit  publique,  c'est-à-dire  qu'il  faut  que  tous  les  citoyens  puissent  assister  aux 
leçons  et  juger  l'instruction,  les  instituteurs  et  les  élèves. 

Je  demande  comment  la  République  paraîtra  acquitter  la  dette  sacrée  de  l'in- 
struction, lorsqu'il  n'y  aura  pas  un  local  commun  destiné  à  l'instruction?  Comment 
l'instruction  pourra-t-elle  être  publique ,  lorsque  chaque  maître  à  lire ,  à  écrire , 
rassemblera  douze  ou  quinze  enfants  dans  une  chambre  particulière?  Comment  un 
tel  maître  pourrait-il  porter  avec  quelque  pudeur  le  titre  honorable  d'instituteur 
public?  Est-il  choisi  par  tous  les  pères  de  la  commune?  Enseigne-t-il  h  tous  les 
enfants  de  la  commune?  Mais  où  donc  est  ici  le  garant  de  l'unité,  de  l'intégrité 
de  l'instruction?  Où  veut-on  qu'un  maître  d'école,  qui  peut  ne  gagner  que  cent  cin- 
quante livres  par  an,  se  procure  seulement  les  livres  élémentaires  de  l'instruction 
publique?  La  Rt'publique  peut-elle  consentir  à  payer  ces  livres  pour  chacun  de 
ceux  qui  voudront  se  livi-er  à  l'instruction  dos  enfants?  Dans  tout  ce  qu'il  peut  y 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  123 

avoir  de  nouveau,  par  rapport  à  l'instruclion,  faudra-t-il  que  le  gouvornemeut 
fasse  parvenir  à  tous  les  maîtres  d'e'coles,  dont  le  nondjre  sera  indéterminé  et 
changera  tous  les  jours,  des  proclamations,  des  documents,  des  livres?  Cela  est  de 
toute  impossibilité'.  Dans  ce  système  d'enseignement  libre,  il  n'y  aura  point  d'en- 
seignement réel,  et  tous  les  petits  préjugés  de  l'ignorance  auront  beau  jeu. 

Pour  que  les  enfants  ])uissent  apprendre,  il  est  essentiel  que  ceux  qui  leur 
montreront  se  livrent  à  l'enseignement  par  goût;  il  faut,  autant  que  faire  se 
])ourra,  que  hors  les  heures  de  leçon  ils  s'étudient  eux-mêmes  à  montrer.  S'il 
n'en  est  pas  ainsi,  ils  montreront  mal,  donnant  toujours  trop  d'un  temps  dont  il 
faudra  qu'ils  emploient  la  plus  grande  partie  à  gagner  leur  vie  par  un  autre 
moyen,  celui-ci  n'étant  pas  suffisant. 

Ces  maîtres,  je  suppose  qu'il  y  en  ait  cinq  ou  six  dans  une  comnmne  de  cinq 
cents  citoyens,  tiendront  école  à  des  heures  différentes,  selon  que  cela  les  arran- 
gera. L'enfant,  allant  à  une  école,  rencontrera  ses  petits  camarades  sortant  d'une 
autre  école  pour  aller  jouer;  il  n'en  sera  pas  plus  content  et  la  leçon  n'en  ira  pas 
mieux. 

Le  local  d'enseignement,  chez  ces  maîtres  particuliers,  ne  pourra  jamais  êti'e 
préparé  ni  décoré  de  la  même  manière  que  le  serait  le  local  d'enseignement  appar- 
tenant à  toute  la  conunune.  Ce  maître  n'aui-a  pas  le  moyen  de  se  procu»"er,  soit 
quelques  statues  des  grands  hommes,  soit  un  exemplaire  de  la  constitution  im- 
primée en  ces  beaux  caractères  qui  doiment  envie  d'apprendre  à  lire.  On  parle 
d'instruire  les  enfants;  pourquoi  ni  la  revision,  ni  le  nouveau  [)lan  ne  disent- 
ils  rien  des  moyens  d'encourager  les  enfants  à  l'étude?  Je  soutiens,  moi,  quil 
faut  des  récompenses,  des  prix  pour  les  enfants;  je  soutiens  qu'à  la  Répubiicjue 
seule  appartient  de  décerner  ces  honneurs  à  la  raison,  à  la  vertu  naissantes.  Et 
quel  caractère  de  grandeur  et  de  protection  publique  donnerez-vous,  je  vous  prie, 
h  des  encouragements  distribués  entre  dix  ou  douze  enfants ,  dans  le  secret  de  la 
chand)re  du  maître  d'école  particulier? 

Les  enfants  sauront  très  bien  s'entretenir  entre  eux  des  différents  caractères  de 
leurs  différents  maîtres,  de  leurs  ridicules  ou  de  leurs  perfections;  il  résultera  de 
cette  conununication  un  di-goùt  pour  tel  maître,  une  préférence  pour  tel  autre. 
Ces  idées  ne  leur  viendront  que  parce  qu'ils  sauront  avoir  la  facilité  de  changer  de 
mattre  en  tourmentant  un  peu  leurs  parents;  alors  il  n'y  aura  plus  de  la  part  des 
enfants  envers  les  maîtres  ce  respect,  cette  confiance  machinales  que  leur  inspire 
naturellement  le  seul  homme  choisi  par  tous  les  pères  pour  enseigner  dans  la 
conunune. 

La  République  sera  nécessairement  lésée  par  cet  enseignement  pnHendu  libre, 
qui  ne  sera  en  effet  qu'une  source  d'ignorance,  d'erreurs,  de  fan.Uisuu^  eWo  ]w 
parlera  pas,  par  la  bouche  des  instilul(nn's  |)articulier.-;,  à  Itnu's  élèves;  les  (Mil'anis 
n'entendront  pas  sa  voix  dès  l'âge  le  plus  tendre;  ils  sauront  uioins  ipie  c'est  elle 
qui  s'intéresse  assez  à  eux  pour  subvenir  aux  frais  de  leur  ('ducation,  |)our  leur 
donner  le  lait  n'publicaiu;  ils  auront  moins  l'idée  de  la  volonté  générait*,  lunilt' 
d'action,  qui  fait  la  force  des  honunes  en  société;  ils  n'en  auront  pas  d'id<vs  dans 
leur  petit  nombre;  il  y  aura  parmi  eux  moins  d'énuilatitm  \)ouv  bien  iaii'e,  et 
moins  de  honte  à  êtie  méchant. 


124      PROCÈS -VERBAUX  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

Voici  donc  à  quoi  se  rdcluit  le  prëtendu  enseignement  libre  :  de  mauvais 
maîtres;  point  do  maîtres,  point  d'enseignement  dans  les  deux  tiers  des  villages; 
une  éducation  particulière,  incoin[)lète;  une  éducation  de  chambre,  où  tous  les 
préjugés  de  l'ignorance,  de  la  superstition  et  de  l'ancien  régime,  peut-être,  gau- 
chiront l'esprit,  dessécheront  le  cœur  de  nos  enfants;  vingt-six  millions  à  dé- 
penser, et  vingt  mille  pères  de  famille  à  ruiner. 

On  me  dira  que  si  un  seul  instituteur  se  comporte  bien  dans  une  commune,  il 
en  aura  tous  les  enfants  pour  élèves.  Gela  est  bon  s'il  y  a  assez  d'enfants  dans 
celte  commune  pour  lui  procurer  assez  de  dix  livres;  s'il  en  est  autrement,  il  serait 
un  Socrate  qu'il  mourrait  de  faim.  D'ailleurs ,  après  ce  bon  maître-là ,  il  en  viendra 
un  autre  qui  ne  le  vaudra  pas,  et  voilà  l'instruction  désorganisée. 

Non,  la  Convention  nationale  ne  peut  ainsi  livrer  au  hasard  des  circonstances 
le  soin  des  enfants  de  la  République  :  ce  dépôt  cher  et  sacré  lui  a  été  confié 
connue  à  une  seconde  providence. 

On  vous  a  dit  que  des  nouvelles  places  d'instituteurs  la  République  ne  devait 
pas  faire  des  canonicats^'^;  que  les  philosophes,  les  gens  de  lettres  et  les  maîtres 
devaient  aussi  être  payés  à  la  tâche  parmi  nous  ^^K 

Je  suis  loin  de  vouloir  ridiculiser  ce  bon  mot,  j'aime  trop  l'esprit  pour  cela; 
mais  je  ne  vois  pas  coimnent  on  donnerait  le  nom  de  canonicat  aux  fonctions 
d'instituteur,  avec  plus  d'avantage  qu'à  la  fonction  d'administrateur  de  district, 
de  département ,  de  ministre ,  de  député  à  la  Convention.  Toute  place  soldée  peut 
être  un  canonicat;  il  n'y  a  que  la  manière  dont  on  la  remplit  qui  détermine  ici  la 
qualité  du  bénéfice,  et,  comme  rien  n'est  inamovible  dans  une  République,  le 
peuple  est  toujours  juge  de  la  manière  dont  on  remplit  sa  place,  et  c'est  à  lui  de 
chasser  les  chanoines. 

On  vous  a  dit  encore  que  les  instituteurs  établis  dans  chaque  commune,  soumis 
à  (]es  examens,  choisis  de  la  même  manière,  constitués  en  fonctionnaires  publics, 
étaient  une  invention  digne  de  Louis  XIV  et  du  père  Lachaise;  que  tous  ces  insti- 
tuteurs allaient  former  un  corps,  une  puissance  pédagogique,  effrayante  pour  le 
bon  sens  et  pour  la  liberté ^^^  Un  plaisant,  se  rappelant  sans  doute  les  collèges, 
après  lesquels  il  est  d'usage  de  crier  beaucoup  quand  on  en  est  sorti,  a  vu  tout 
à  coup  une  armée  de  quarante-quatre  mille  férules  dirigées  contre  le  bonheur 
pubhc  ^*^ 

Ne  pourrions-nous  pas  tous  dire  avec  Juvénal  :  rrEt  nous  aussi,  nous  avons 
reçu  des  férules!  Et  nos  ctiam  manum  ferulœ  suhducimus^^\'n  Quel  est  celui  d'entre 
nous  qui  n'exècre  pas  cet  abus  de  la  force  sui*  la  faiblesse ,  cette  cruauté  savante 
qui  menace  pour  persuader,  et  frappe  pour  avoir  raison?  Et  ces  mauvais  traite- 
ments, et  ces  corrections  inventées,  sans  doute,  par  l'infâme  lubricité,  dont  elles 
sont  l'infernal  stimulant?  Certes,  si  toutes  ces  horreurs  ne  disparaissaient  point 
de  notre  éducation  nouvelle,  ce  n'est  pas  la  peine  de  donner  une  nouvelle  éducation. 

Ce  corps  de  pédagogues ,  où  est-il ,  s'il  n'y  a  aucune  liaison ,  aucune  communi- 

(')   Voir  le  discours  de  Fourcroy,  p.  97.  (*)  Même  discours,  p.  109. 

(■■)   VoirlediscoursdeThibaudeau,p.  109.  ^^^  11  faut  lire  :  Et  nos  ergo  manum  fe- 

^•'')  Même  discours,  p.  108.  rulœ  subduximus. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  125 

cation  entre  ses  parties?  Il  ne  faut  pas  que  la  peur  des  corps  nous  fasse  réaliser 
(les  fantômes. 

Je  ne  vois  quun  seul  point  de  contact  entre  tous  les  instituteurs,  c'est  qu'ils 
enseigneront  tous  la  même  chose;  mais  cela  su(îit-il  pour  en  faire  une  corporation, 
lorsque  aucun  intérêt,  aucun  besoin,  aucun  devoir  ne  les  réunit? 

Il  faut  bien  qu'ils  enseignent  tous  la  même  chose  pour  conserver  l'unité  d'en- 
seignement; et  n'est-ce  pas  de  cette  unité  que  dépend  la  conservation  du  dogme 
républicain?  et  ce  dogme  n'est-il  pas  ce  que  nous  avons  de  plus  précieux?  Ici 
l'humanité  devient  sévère  et  la  raison  fanatique. 

On  me  dira  que  mes  objections  contre  l'enseignement  libre  proposé  ont  autant 
de  force  contre  la  liberté  que  je  veux  laisser  aux  pères  et  mères  d'instruire  eux- 
mêmes  leurs  enfants.  Je  répondrai  que  cela  n'est  pas  vrai  :  car  dans  mon  ])lon, 
qui  est,  je  crois,  selon  la  nature,  il  n'y  aura  d'instruits  chez  les  parents  que  les 
enfants  dont  les  parents  pourront  se  procurer  tous  les  moyens  d'instruction;  je 
réponds  que  dans  mon  plan  tous  les  enfants  seront  obligés  d'être  en  état  de  gagner 
leur  vie  à  quinze  ans,  par  l'exercice  d'un  métier  ou  d'un  travail  quelconque;  que 
les  jours  de  récréation  seront  les  mêmes  par  toute  la  République  pour  tous  les 
enfants  en  général;  que  tous  les  enfants  seront  tenus  a  des  concoui's  pour  des  prix 
qui  leur  seront  distribués  par  les  maires  et  othciers  municipaux,  dans  une  fête 
instituée  à  cet  effet;  que,  par  conséquent,  jamais  instruction  publique  ne  peut  être 
ni  plus  une,  ni  plus  entière,  ni  plus  commune  à  tous.  Je  réponds  enfin  qu'avec 
la  surveillance  des  pères  et  mères  et  des  corps  administratifs,  qu'au  moyen  des 
perfections  progressives  des  établissements,  l'enseignement  doit  devenir  tel,  dans 
les  écoles  publiques,  que  les  pères  et  mères  trouveront  dans  la  suite  que  leur  plus 
grand  avantage  sera  d'envoyer  de  préférence  leurs  enfants  dans  ces  écoles.  Il  s'agit 
ici  des  moyens  que  le  gouvernement  doit  employer  pour  se  faire  aimer  des  ci- 
toyens :  il  n'y  a  rien  k  ménager  pour  parvenir  h  ce  but. 

C'est  une  chose  bien  affligeante  qu'ayant  l'intention  de  faire  le  bien,  nous 
soyons  aussi  disparates  dans  les  moyens  que  nous  proposons  de  l'opérer. 

Nous  voulons  tous  une  éducation  nationale  gratuite;  mais  les  uns  veulent  des 
écoles  primaires,  et  puis  c'est  tout;  d'autres  veulent  des  écoles  secondaires  et  point 
d'écoles  primaires;  l'un  veut  les  écoles  par  comnuine;  l'autre  veut  les  écoles  par 
canton,  c'est-à-dire  (pi'il  priverait  les  trois  quarts  de  nos  enfants  de  l'éducation 
nationale,  et  dégoûterail  les  agriculteurs  des  études  pour  lesquelles  ils  n'ont  déjà 
que  trop  d'éloignement;  d'autres  ne  veulent  point  d'écoles,  et  s'imaginent  que 
parce  qu'ils  ont  tout  appris  par  miiacle,  les  autres  doivent  tout  apprendre  de  la 
même  manière.  Les  gens  de  lettres,  les  philosophes,  n'apercevant  plus  les  caté- 
gories de  l'ancienne  manière  d'étudier,  se  déclarent  ouvertement  contre  nous, 
crient  à  la  barbarie,  et  nous  menacent  de  n'avoir  plus  eux-mêmes  dans  la  suite 
aucun  esprit  à  notre  service;  enfin,  les  économistes  de  la  République  pn'leudent 
que  le  seul  premier  degré  d'instruction,  étendu,  ainsi  que  l'égalité  le  demande,  à 
toutes  les  conununes,  va  nous  ruiner:  dans  les  exagérations  de  leurs  craintes,  ils 
()orlent  les  frais  de  ce  premier  degré  à  cincjuaute  millions. 

Je  suj)pose  que  cela  fût  ainsi,  je  ne  m'occupe  que  de  celle  dernière  idée,  le 
temps  a  fait  ou  fera  justice  des  auties;  je  suppose  (|u'il  en  doit  coûter  ciutjuante 


126      PROCÈS-VERBAUX  DU  COMITE  D'INSTRUCTION  PUBUIQUE 

millions  à  la  R('j)ul)li(jiio  pour  lo  |)roinior  do^^rré  d'instriidiou,  et  dans  ce  cas  je 
soûlions  (|u*il  faudrail  encore  établir  des  instituteurs  dans  chaque  conimnne. 

En  efl'et,  de  quoi  s'agil-il  ici?  du  premier  et  du  plus  indispensable  de  tous  les 
degrës  d'éducation.  C'est  cette  première  éducation  qui  établit  parmi  tous  les  Fran- 
çais Tég-alité  de  ûiit;  c'est  elle  (jui,  seule,  peut  les  garantir  de  toutes  les  erreurs 
pn'judiciables  à  leur  bonheur,  à  leur  liberté;  c'est  elle  que  les  besoins  du  peuple 
réclament  le  plus  impérieusement;  c'est  elle  qui  sera  la  base  de  la  République, 
car  elle  ravivera  dans  les  cœurs  et  dans  les  esprits  les  vérités  les  plus  simples  et 
les  plus  utiles,  en  même  temps  qu'elle  débarrassera  la  morale  de  tout  ce  qu'elle 
pourrait  encore  avoir  de  monarchique  :  et  qu'est-ce  que  cinquante,  soixante  mil- 
lions en  comparaison  du  bonheur  de  tout  un  peuple?  qu'est-ce  que  soixante  mil- 
lions pour  fonder,  dans  un  empire  de  vingt-six  mille  lieues  carrées,  la  liberté, 
ré<[alité?  Jamais  argent  fut-il  placé  à  un  plus  haut  intérêt! 

Les  Français  payaient  en  liste  civile  et  accessoires  cjuarante  millions  pour  avoir 
à  leur  tête  un  de  ces  animaux  malfaisants  et  incorrigibles  qu'on  appelle  rois;  ils 
payaient  aux  marchands  de  sottises  scolastiques,  collégiales,  académiques,  théo- 
logiques et  autres,  environ  trente  millions;  ils  payaient  à  des  jongleurs  privi- 
légiés, pour  le  seul  plaisir  d'être  témoins  de  leurs  divins  tours  de  passe-passe, 
environ  soixante  millions.  Leur  avilissement  légal,  l'entretien  de  leur  bassesse  et 
de  leurs  préjugés  lionleux  leur  coûtaient  donc  annuellement  cent  trente  millions, 
et  ils  l'efuseraient  aujourd'hui  de  consacrer  cinquante  millions  à  l'acquisition  de 
leur  véritable  dignité!  Non,  je  ne  puis  me  le  persuader;  il  y  a  plus,  je  crois  que 
c'est  faire  injure  au  peuple  français  que  de  le  supposer  capable  de  marchander  les 
lumières  utiles  aux  vertus  républicaines.  Le  peuple  français  le  sait  bien  :  sous  le 
règne  du  despotisme,  obéir  en  silence  aux  caprices  de  celui  qui  commande,  se 
tenir  dans  un  éloignement  respectueux  des  objets  du  gouvernement,  étaient  les 
principales  conditions  pour  conserver  ses  biens  et  sa  vie,  et  la  plus  crasse  igno- 
rance pouvait  s'arranger  à  cela;  mais  sous  le  règne  de  la  liberté  et  de  l'égalité 
l'obéissance  est  raisonnée,  tout  citoyen  est  appelé  à  discuter  légalement  la  loi,  à 
concourir  à  sa  formation  ou  à  sa  réformation;  et  certes,  l'ignorance  des  devoirs  et 
des  droits  de  l'homme,  des  principes  de  la  morale  et  de  la  sociabilité,  est  le  plus 
dangereux  ennemi  d'une  République.  Dans  notre  nouveau  système  d'enseignement, 
il  faut  que  peu  de  citoyens  puissent  apprendre  des  futilités;  mais  il  faut  que  tous 
les  citoyens  sachent  ce  qui  est  utile  :  ici  l'économie  tuerait  la  liberté. 

Si  donc  les  écoles  primaires  doivent  coûter  cinquante  millions,  qu'importe?  Si 
la  totalité  de  l'instruction  publique  doit  coûter  soixante  ou  soixante-dix  milhons, 
qu'importe  encore?  N'est-ce  pas  ici  un  des  plus  nobles  emplois  de  la  fortune  pu- 
blique? N'est-ce  pas  tout  au  profit  immédiat  du  peuple  français  que  doit  tourner 
cette  dépense?  Si  nous  détruisons  l'ignorance,  les  préjugés  gothiques,  les  hon- 
teuses erreurs,  les  vices  qui  servaient  de  base  aux  trônes  des  rois,  n'est-ce  pas  à 
l'avantage  du  peuple  fier  et  libre  qui  nous  a  envoyés  ici?  Si  le  commerce  s'étend 
et  s'augmente,  si  les  arts  se  perfectionnent,  si  les  utiles  inventions  se  nmlliplient, 
si  le  génie  enfante  ses  prodiges ,  si  le  flambeau  de  la  j'aison  et  de  la  justice  éclaire 
enfin  beaucoup  d'esprits,  si  les  mœurs  et  la  vertu  reparaissent  dans  leur  auguste 
simplicité,  si  la  force  du  coj-ps  et  la  vigueur  de  l'âme  se  prononcent  et  se  déploient 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  127 

au  moyen  de  l'instruction  publique,  n'est-ce  pas  le  peuple  français,  n'est-ce  pas 
la  Re'publique  entière  qui  se  couvre  d'une  gloire  immortelle?  Et  pouvez-vous 
douter  encore  des  sentiments  du  peuple  à  cet  égard ,  après  tant  d'impératives  pe'- 
titions?  N'entendez-vous  pas  de  tous  côtés  la  voix  de  la  République,  qui  crie  à  la 
Convention  nationale  :  Je  t'ai  confié  mes  trésors  et  ma  force;  dirige  lune,  em- 
ploie les  autres;  fais-moi  grande  par  toutes  les  vertus,  je  serai  toujours  assez  riche. 

Si  la  totalité  de  l'instruction  publique  doit  coûter  soixante-dix  millions,  eh  bien!  il 
vous  reste  encore  soixante  millions  de  bénéfice  sur  la  superstition,  sur  la  royauté,  et 
vous  faites  des  républicains ,  et  vous  assurez  ùla  lîépublique  une  existence  éternelle. 

Mais  je  suis  bien  loin  de  croire  que  le  premier  degré  d'instruction  doive  coûter 
cinquante  millions,  dans  mon  système,  qui  est  de  conserver  les  maîtres  d'école 
actuels,  sous  le  nom  d'instituteurs,  et  d'en  établir  oii  il  n'y  en  a  pas. 

Je  sais  que  nous  ne  pouvons  calculer  sur  cet  objet  que  par  aperçu,  et  tout  à 
l'heure  je  vais  indiquer  un  moyen  simple  de  ne  s'arrêter  définitivement  qu'au  vrai. 

II  y  a  quarante-deux  mille  municipalités  dans  la  Répuljlique.  Sur  ces  quarante- 
deux  mille  municipalités,  il  y  en  a  tout  au  plus  vingt  mille  qui  aient  un  maitre 
d'école;  il  y  en  a  tout  au  plus  cinq  mille  en  sus  qui  n'en  aient  pas  et  soient 
susceptibles  d'en  avoir.  Les  autres  municipalités  sont  établies  dans  des  villages, 
dans  des  hameaux  de  vingt,  trente  et  quarante  maisons.  A  certains  jours,  le 
maître  d'école  du  village  voisin  va  enseigner  dans  ces  endroits  :  on  lui  donne 
pour  cela  de  petites  rétributions.  Les  vingt  mille  maîtres  d'école  sont  logés;  je 
suppose  qu'on  logeât  aussi  les  cinq  mille  autres  maîtres  d'école,  et  je  soutiens 
qu'en  leur  donnant  à  chacun  huit  cents  livres  par  an  et  le  logement,  vous  leur 
ferez  un  état  suffisant  pour  les  faire  vivre.  J'établis  aussi  vingt-cinq  mille  institu- 
trices, à  qui  je  donne  le  logement  et  quatre  cents  livres  par  an;  vous  en  aurez 
encore  à  ce  prix.  Je  compte  donc  vingt-cinq  mille  communes  à  douze  cents  livres 
par  an,  et  je  trouve  une  somme  de  vingt-quatre  millions ^'^ 

Pour  avoir  une  idée  de  ce  que  coûtera  l'éducation  dans  les  plus  grandes  villes, 
voyons  de  combien  d'instituteurs  nous  pouvons  avoir  besoin  pour  Paris.  Sous 
l'ancien  régime  il  y  avait  à  Paris  cinquante-deux  petites  écoles,  qu'on  avait  l'in- 
solence d'appeler  écoles  de  charité.  Ce  nombre  sera  encore  suffisant  aujourd'hui, 
en  y  ajoutant  cinquante-deux  institutrices.  Voilà,  pour  les  instituteurs  à  douze 
cents  livres,  62,/ioo  livres;  pour  les  institutrices  à  mille  livres,  52. 000  livres. 
Ce  calcul,  a|)pli(pié  à  toutes  les  grandes  villes,  selon  Itnir  population,  en  n'aug- 
mentant pas  jusqu'à  un  excès  de  pro<ligalilé  le  salaire  des  iiistiluleuis  et  institu- 
trices, prouve  qu'il  serait  bien  difficile  d'enq)loyer,  au  delà  des  vingt-quatre  mil- 
lions dont  j'ai  parlé,  six  millions  ])our  l'cMlucation  dans  les  grandes  villes.  11  en 
résulte  que  la  totalité  du  premier  degré  d'instruction  j)ubli(pie,  de  ctMlegré  abso- 
lument indispensable,  coûtera  au  plus  (renie  millions,  dans  mon  système. 

Il  est  un  moyen  sinq)le  d'établir  les  écoles  primaires  et  de  consacrer  à  cet  ol)]et 
la  somme  nécessaire  à  leur  établissement  et  à  leur  entretien. 

La  Convention  peut  nommer  une  commission  conq)oséc  d'autant  de  membres 

^'^  11  y  a  là  une  orroiir  de  calcul:  la  soinino  serait  do  Ironie  nulliuiis.  \  in<j{-quatie  mil- 
lions soraionl  la  «lôponso  pouf  vin[|;l  milio  coinimnit's  souloiiioiil. 


128       PnOCÈS-VERBAU\  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

qu'elle  voiulra  charger  de  correspondre  direclenieiit  avec  les  iiuinicipalilés  de 
toule  la  Ro'j)id)lique;  celte  coinniissiou  prendra  auprès  des  municipalités  tous  les 
renseignements  relatifs  à  la  conservation  et  à  l'établissement  des  écoles  primaires, 
l'étal  exact  des  dépenses  cpie  causeront  cette  conservation  et  ces  établissements.  Sur 
le  rapport,  appuyé  de  pièces,  de  cette  commission,  la  Convention  décrétera  les 
sonnnes  nécessaires  ou  les  mesures  ultérieures.  Tout  cela  peut  être  l'ouvrage  de 
deux  mois.  Je  demande  donc  que  cette  commission  soit  nommée  ;  je  demande  en 
outre  que  mon  projet  de  décret  soit  relu  et  mis  à  la  discussion ,  si  l'assemblée  le  juge  à 
propos. 

PROJET  DE  DÉCRET  SUR  L^EDUGATION   NATIONALE. 

La  Convention  nationale  décrète  ce  qui  suit  : 

[Suivent  les  35  articles  du  projet  de  décret  déjà  présenté  par  Petit  à  la  Convention  le 
i"  oclobre  1798,  et  que  nous  avons  reproduit  dans  notre  tome  II,  pages  556-559.  L'au- 
teur n'y  a  fait  qu'un  seul  changement  :  il  a  ajouté,  à  la  fin  de  Tarlicle  10,  ces  mots  :  «cet 
il  sera  établi  des  instituteurs  dans  toutes  les  communes  qui  en  sont  susceptibles».  Il  ne  s'est 
pas  aperçu  que  la  rédaction  de  l'article  16  aurait  eu  besoin  d'être  modifiée,  puisque  l'é- 
poque fixée  dans  cet  article  comme  délai  pour  la  présentation  d'un  catéchisme  républicain 
était  déjà  dépassée,  et  il  y  a  laissé  subsister  la  date  du  1"''  novembre,  qui  se  trouvait  dans  la 
rédaction  primitive.] 

Nous  plaçons,  à  la  suite  des  discours  de  Fourcroy,  Thibaudeau  et  Petit,  une  pièce  qui  ap- 
partient au  débat  de  frimaire  sur  l'instruction  publique.  C'est  un  Plan  d'éducation  proposé 
par  Delagueulle,  député  du  Loiret;  son  auteur  ne  l'a  pas  lu  à  la  tribune  de  la  Conven- 
tion ,  il  s'est  contenté  de  le  faire  imprimer.  Les  divers  comptes-rendus  des  séances  de  l'assem- 
blée n'en  parlent  pas;  et  c'est  seulement  grâce  à  une  mention  qui  se  trouve  dans  les  annonces 
du  Journal  des  débats  et  des  décrets  que  nous  avons  pu  déterminer  la  date  de  cette  pièce  : 

PLAN  SIMPLE,  FACILE  ET  UNIFORME  D^UNE  EDUCATION   REPUBLICAINE  ET  POPULAIRE  , 
PAR  DELAGUEULLE,   DEPUTE   PAR  LE   DEPARTEMENT  DU   LOIRET. 

De  l'Imprimerie  nationale,  s.  d. (^). 

Li  Convention  nationale  s'occupe  en  ce  moment  d'organiser  définitivement  l'é- 
ducation publique  :  mais,  avant  de  se  livrer  à  cette  importante  discussion,  il  est 
une  mesure  préparatoire  sur  laquelle  il  serait  nécessaire  que  la  Convention  s'expli- 
quât, parce  que  c'est  de  cette  mesure  que  dépendent  les  détemiinations  ultérieures 
et  définitives  qui  doivent  asseoir  le  plan  régénérateur  d'une  bonne  éducation. 

La  mesure  que  j'ai  à  proposer  ne  tient  h  aucune  de  ces  idées  abstraites  dont  la 
plupart  des  plans  qui  nous  ont  été  présentés  se  trouvent  envelop])és.  Elle  est 
simple;  elle  a  la  raison  pour  appui,  l'évidence  pour  principe,  et  l'expérience  pour 
garant  de  son  succès. 

Elle  consiste  à  mettre  en  action  la  véritable  éducation  comnume;  la  seule  con- 

(')  Bibliothèque  nationale,  Le''^  36A,  de  date,  est  annoncée  dans  le  if  /i53  du 
in-S";  Musée  pédagogique,  n"  11756.  Journal  des  débats  et  des  décrets,  corres- 
Gette  pièce,  qui  ne  porte  pas  d'indication         pondant  au  2  5  frimaire  an  u. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  129 

venablo  à  lous  les  temps,  à  tous  les  âg-es;  la  seule  applicable  aux  intérêts  de  la 
société,  et  à  chacun  de  ceux  qui  la  composent.  Elle  a  de  plus  cet  avantage,  c'est 
qu'elle  est  susceptible  d'être  mise  à  exe'cution  dès  l'instant  même  où  elle  sera  adop- 
tée. Elle  n'entraîne  aucune  avance,  aucune  mise,  aucune  dépense  qui  puisse  gre- 
ver la  nation;  car  les  établissements  sont  tous  formés,  les  instituteurs  existent.  Ces 
établissements,  ces  instituteurs  sont  répandus  sur  toute  la  surface  de  la  Répu- 
blique, dans  tous  les  points  du  territoire;  et  les  élèves  peuvent  s'y  présenter  avec 
confiance,  certains  d'y  recueillir  les  leçons  qu'ils  ont  droit  d'en  attendre. 

Celte  mesure  consiste  à  astreindre  tous  les  citoyens  indistinctement  à  apprendre, 
;i  un  âge  déterminé,  un  art,  un  métier  ou  profession  capable  de  leur  procurer 
les  moyens  de  subsistance. 

Nous  avons  décrété  l'égalité  :  nous  ne  voulons  pas  sans  doute  qu'elle  soit  un  vain 
nom,  qu'elle  demeure  illusoire  et  sans  réalité;  car,  dans  une  République  démo- 
cratique et  populaire,  la  loi  de  l'égalité  est  la  seule  qui  puisse  opérer  le  bonheur 
commun. 

Rappelons-nous  ces  temps  de  despotisme  et  de  barbarie,  où  la  portion  la  plus 
pure  et  la  plus  utile  du  peuple,  colle  qui  vivait  dans  l'indigence  et  la  médiocrité, 
n'était  connue  que  sous  les  qualifications  odieuses  et  flétrissantes  dliojnmes  de  peine, 
{ïliommes  de  bras;  comme  si  les  jouissances  et  le  bonheur  ne  devaient  être  que  le 
partage  des  hommes  oiseux  et  inutiles.  Hâtons-nous  d'efTacer  jusqu'au  souvenir  de 
ces  temps  de  honte  et  d'opprobre,  et  annonçons  à  l'univers  que  tous  les  Français 
libres  seront  désormais  des  hommes  de  bras ,  et  s'honoreront  d'accomplir  des  tra- 
vaux utiles  à  eux-mêmes,  à  leurs  semblables  et  à  la  société  entière. 

Personne  n'ignore  que  la  République  est  en  ce  moment  remplie  d'une  foule  de 
jeunes  adolescents  qui,  jusqu'à  présent,  sont  restés  dans  une  funeste  inaction. 
Beaucoup  de  pères  de  famille,  imbus  de  faux  préjugés,  ou  entraînés  par  des  mo- 
tifs encore  plus  criminels,  ont  mieux  aimé  laisser  leurs  enfants  dans  un  triste  aban- 
don [)lutôt  que  de  les  disposer  h  devenir  des  citoyens  utiles  par  l'exercice  des 
arts  et  métiers  que  nécessitent  les  différents  besoins  de  la  société.  En  effet,  pensez- 
vous  que  les  ci-devant  nobles,  les  ci-devant  gens  de  robe,  de  prati([ue,  les  riches 
marchands,  la  plupart  des  bourgeois  aisés  répandus  dans  nos  villes  et  dans  nos 
campngnes,  se  déterminent  facilement  à  faire  mettre  leurs  enfants  en  apprentissage 
d'un  métier  ou  profession,  si  la  loi  ne  leur  en  impose  l'obligation?  Sans  doute,  ils 
couvriront  leur  refus  du  prétexte  apparent  de  la  culture  des  sciences  et  des  lettres, 
poui'  lesquelles  ils  diront  (pi'ils  destinent  leurs  enlants:  mais  je  leur  dirai  que. 
dans  une  république  dc'mocralique,  il  faut  plus  priser  les  mains  laborieuses  et  les 
br.s  exercés  au  travail  que  les  froides  et  stériles  conceptions  de  l'esprit. 

Il  est  donc  temps  de  prévenir  les  maux  ([ue  causerait  une  [)lus  longue  insou- 
ciance; il  est  temps  de  rappeler  les  hommes  à  leurs  premiers  devoirs,  à  leurs  véri- 
tables intc'i'êts;  il  est  t<Mnps  de  rendre  à  l'agricultui'e,  aux  ai'fs  et  aux  j)r()fessions 
utiles,  cette  foule  de  bras  ([ue  roi"<;ueil,  ré<;oïsme,  Taristocralie  et  la  su[)erslition 
lui  ont  enlevés,  car  enfin  des  lionnnes  égaux  par  la  nature,  et  assujettis  aux  mêmes 
besoins,  doivent  ]);irfa<;vr  les  mêmes  soins  et  s'associer  aux  mêmes  travaux. 

La  loi  (pie  je  proj)ose  sera  une  loi  de  sagesse  et  (1(>  bienfaisance^  dont  la  société 
el  If's  individus  ('pi-ouveroui  les  plus  salutaires  (*lVels. 


lUI'IMUlKll      MTIOXtlI. 


130      PROCÈS -VERBAUX  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PURLIQUE 

Elle  sera  une  loi  de  sag'esse,  parce  qu'elle  consacrera  la  loi  de  l'égalité;  car, 
quand  les  jeunes  citoyens  iront  indistinctement  partager  les  mêmes  travaux  de 
main-d'œuvre,  se  confondre  dans  les  mêmes  ateliers,  ils  reconnaîtront  que  la  loi  de 
l'égalité  est  commune  pour  tous  les  hommes,  et  que  toutes  les  prétentions  exclu- 
sives doivent  disparaître  et  s'anéantir  devant  elle. 

Elle  est  encore  une  loi  de  sagesse,  en  ce  qu'elle  tend  à  affermir  la  liberté  indi- 
viduelle; car  riiorame  qui  trouve  dans  l'exercice  d'un  métier  des  ressources  assu- 
rées contre  le  besoin  et  les  accidents  imprévus  de  la  vie  devient  véritablement 
indépendant  et  jouit  de  la  liberté  la  plus  illimitée. 

Elle  sera  une  loi  de  bienfaisance,  en  ce  qu'elle  arrachera  les  jeunes  citoyens  à 
l'oisiveté  qui  les  corrompt;  car  l'homme  oiseux  est  l'ennemi  de  ses  semblables;  elle 
rendra  aux  besoins  de  la  société  des  hommes  qui  ne  servaient  qu'à  la  surcharger 
de  leur  inutile  existence. 

VA\im  l'exécution  de  cette  loi  sera,  pour  ceux  qui  l'accompliront, le  creuset  épu- 
raloire  où  viendiont  se  fondre  les  préjugés  de  l'ancien  régime;  elle  tirera  les  jeunes 
citoyens  de  l'état  d'isolement  où  l'orgueil  les  précipite;  elle  fera  taire  les  haines, 
l'envie,  les  soupçons, les  injustes  préventions,  et  elle  préparera  le  retour  de  la  con- 
fiance envers  ces  hommes  qui,  inspirant  de  justes  motifs  de  défiance,  ne  parvien- 
dront à  les  faire  évanouir  que  quand  on  les  verra  se  rapprocher  et  se  confondre 
avec  la  masse  des  citoyens  dans  l'exercice  des  mêmes  arts  et  des  mêmes  professions. 

PROJET    DE    DÉCRET. 

Article  premier.  Tous  les  citoyens  parvenus  à  l'âge  de  douze  ans  seront  tenus 
d'apprendre  un  métier  ou  profession  capable  de  procurer  à  ceux  qui  les  exercent 
les  moyens  de  subsister. 

Art.  2.  Les  pères,  mères,  tuteurs  et  autres  personnes  qui  ont  des  enfants 
confiés  à  leurs  soins,  demeureront  responsables  de  l'inexécution  de  la  présente 
loi,  chacun  en  ce  qui  les  regarde,  h  peine  d'être  réputés  mauvais  citoyens. 

Art.  3.  Les  pères  et  mères  qui,  par  leur  pauvreté  notoirement  connue,  seront 
dans  l'impuissance  de  faire  les  frais  de  l'apprentissage  de  leurs  enfants,  s'adresse- 
ront à  la  municipalité  de  leur  résidence,  qui  en  fera  les  avances,  dont  le  montant 
leur  sera  remboursé  sur  le  produit  des  sous  additionnels  ou  des  contributions 
assises  sur  les  riches. 

Art.  II.  Les  actes  d'apprentissage,  contenant  l'engagement  souscrit  entre  l'élève 
et  celui  qui  s'engage  d'enseigner,  seront  reçus  par  les  officiers  municipaux  de  la 
commune  sur  laquelle  l'instituteur  est  domicilié;  lesdits  officiers  tiendront  un  re- 
gistre ou  tableau  sur  lequel  ils  inscriront  les  noms  et  âges  des  jeunes  gens  qui 
entrent  en  apprentissage,  diujuel  tableau  ils  feront  passer  copie,  à  la  fin  de  chaque 
année,  au  directoire  de  district  de  leur  arrondissement. 

Art.  5.  Les  enfants  des  cultivateurs,  et  généralement  tous  ceux  qui  sont  em- 
ployés aux  travaux  de  l'agriculture,  ne  sont  point  compris  dans  la  disposition  de 
la  présente  loi. 

Art.  6.  La  présente  loi  sera  mise  à  exécution  dans  toutes  les  parties  de  la 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  131 

République  dans  le  mois  de  sa  promulgation,  et  les  municipalités  seront  tenues  de 
veiller  à  sa  prompte  et  entière  exécution. 

Développement  des  motifs  de  la  loi. 

.J'ai  fixé  à  l'âge  de  douze  ans  IVntrée  en  apprentissage  des  métiers,  parce  que 
cette  épo({ue  m'a  paru  réunir  toutes  les  convenances  et  prévenir  tous  les  incon- 
vénients ^'^ 

Avant  douze  ans,  l'enfant  n'aurait  peut-être  pas  la  force  suffisante  pour  effectuer 
le  travail;  d'ailleurs  le  temps  qui  précède  cnt  âge  peut  être  consacré  à  recueillir 
dans  les  écoles  primaires  l'instruction  qui  convient  au  premier  âge.  Plus  tard,  il 
court  le  ris(|ue  d'atteindre  trop  tardivement  à  la  perfection  de  l'art  qu'il  sest 
choisi,  ou  de  se  voir  surpris  par  l'époque  oii  la  patrie  réclame  de  lui  d'autres  services. 

Dans  les  campagnes,  l'enfant,  parvenu  à  sa  douzième  année,  entre  dans  un  ate- 
lier de  culture,  en  exécute  les  travaux,  et  y  reste  immuablement  attaché. 

Dans  les  villes,  l'enfant  qui,  à  la  môme  époque,  s'est  choisi  un  métier,  doit  à 
sa  quinzième  anuée  posséder  deux  avantages,  la  force  physique  et  la  pratique 
d'une  profession  utile  :  riche  de  ce  seul  patrimoine,  il  peut  parcourir,  avec  cette 
sécurité  que  donne  l'indépendance  du  besoin,  les  divers  territoires  de  la  Répu- 
blique, se  perfectionner  dans  l'exercice  de  son  art  par  le  rapprochement  de  l'expé- 
rience, ajouter  à  ses  connaissances  acquises,  et  se  créer  par  son  active  industrie 
les  bases  d'un  bonheur  durable.  Un  cours  de  trois  années  suffit  à  ce  genre  d'in- 
struction, et  conduit  cet  enfant  delà  République  à  sa  dix-huitième  année.  Alors,  si 
la  patrie  a  des  ennemis  à  combattre,  il  s'honore  de  marcher  à  sa  défense;  car  la 
République  ne  veut  à  l'avenir  confier  qu'à  ses  propres  enlimts  le  soin  de  la  dé- 
fendre. Cet  acte  de  dévouement  accompli,  il  revient  dans  ses  foyers,  y  fait  le  choix 
d'une  compagne  vertueuse,  active  et  laborieuse,  et  devient  lui-même  fondateur 
d'une  nouvelle  famille  dont  la  République  se  trouve  enrichie. 

Telle  est  la  marche  d'une  éducation  républicaine  et  vraiment  populaire,  je  n'en 
connais  point  d'autre;  c'est  le  terme  où  toute  éducation  doit  aboutir,  et  le  résultat 
qui  doit  la  compléter. 

Le  môme  plan  est  en  grande  partie  applicable  aux  filles.  En  effet,  toute  fille 
[)arvenue  à  sa  quinzième  année  doit  avoir  appris  et  savoir  un  métier  convenable  à 
son  sexe.  Dotée  de  cette  précieuse  ressource,  elle  peut  avec  confiance  aspirer  à 
l'état  de  mère  de  famille,  poui-  lequel  la  nature  l'a  destinée.  Si  cependanl  elle  juj^e 
plus  utile  d'en  retarder  l'époque  à  un  âge  plus  avancé,  elle  peut  ou  continuer 
l'exercice  de  sa  profession,  ou  ap[)rendre  auprès  de  quelque  mère  de  famille  ver- 
tueuse le  bon  emploi  du  temps,  en  partageant  avec  elle  les  soins  et  les  travaux  do- 
mestiques. 

(')  Les  enfants  des  hommes  libres  de-  tée  de  bonne  liouro.  Il  pont  y  avdir  copiMi- 

vancent  toujom-s  en    force  et  en  facnllés  dant  quelques  exceptions  ponr  certains  mé- 

inlollectnelles  les  enfants  des  esclaves.  Voilà  tiers,  pour  l'exercice  desquels  il  faut  une 

le  inolil'  qui  m'a  déterminé  à   taire  com-  force  phvsique  prédominante;  alors  le  lernie 

mencer  à  douze  ans  Tapprentissafre  des  mé-  peut  être  ditTéré,  mais  il  ne  doit  point  se 

tier-s,  (juis'appremient  d'ailleurs  avec  plus  de  prorojjer  an  delà  de  la  seizième  annet>.  (  A^«fe 

lacililé  lorsque  la  pialicpie  eu  est  commen-  de  DeluijucuUe.) 


132      PROCÈS -VERBAUX  DU  GOiMITÉ  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

Qu'on  ne  croie  pas  que  sous  un  rég^iine  républicain  de'moci'ati([ue  et  populaire, 
la  plaie  de  la  doniesticité  })uisse  conlinuer  d'aflliger  le  coi'ps  social  aussi  profon- 
dément (prelie  l'a  lait  jusqu'à  présent.  Toute  mère  de  famille  doit  apprendre  à  se 
passer  de  secours  étrangers,  et  ne  doit  point  abandonner  à  des  mains  mercenaires 
les  soins  qui  lui  sont  confiés.  La  domesticité  n'est  point  une  profession;  elle  ne 
doit  être  considérée  que  comme  un  temps  d'apprentissage,  un  genre  d'instruction 
pratique,  oii  la  jeunesse  peut  recueillir  des  leçons  et  des  exemples  utiles.  Cet 
a])prentissage  doit  être  de  courte  durée;  et  ce  période  révolu,  il  est  d'autres  soins 
et  d'autres  devoirs  dont  la  nature  et  la  société  inq)osent  l'accomplissement. 

Il  est  une  vérité  dont  chacun  doit  être  bien  pénétré,  c'est  que,  dans  une  répu- 
blique où  les  fortunes  doivent  être  très  divisées,  où  chacun  doit  avoir  peu,  pour 
que  tous  aient  quelque  chose;  chez  une  nation  d'où  une  horde  immense  de  prêtres, 
de  fdles  cloîlrées,  de  fournies  égarées  par  la  superstition  ou  dégradées  par  le  vice, 
va  disparaître  sans  retour,  il  faut  (|ue  les  mariages  recouvrent  leur  dignité,  et  que 
le  célibat  soit  frappé  d'une  éternelle  proscription.  Le  célibat  ne  fut  jamais  qu'un  raffi- 
nement de  corruption,  et  un  moyen  d'assouvir  plus  librement  de  honteuses  voluptés. 

J'abandonne  ces  réflexions  à  la  méditation  des  sages  et  des  vrais  amis  de  la 
cause  ])opulaire  :  elles  ne  me  sont  inspirées  que  par  l'ardent  désir  que  j'ai  de  voir 
les  hommes  heureux.  Ces  réflexions  ne  sont  point  faites  pour  être  livrées  à  la  dis- 
cussion des  savants.  Il  n'appartient  qu'au  sentiment  et  à  la  touchante  sensibilité  de 
les  apprécier,  et  de  demeurer  convaincu  que  ce  n'est  qu'en  réalisant  la  mesure 
que  je  propose  qu'on  verra  s'accélérer  la  régénération  morale ,  seule  capable  d'o- 
pérer la  prospérité  et  l'immutabilité  de  la  République. 

Une  autre  pièce  encore,  que  nous  avions  imprimée  dans  notre  tome  P'  en  la  rapportant 
aux  débats  de  décembre  1792,  appartient  à  celte  discussion  de  frimaire  :  c'est  l'Opinion 
de  Jean-]Marie  Calés,  député  de  la  Haute-Garonne,  intitulée  De  Véducation  nationale.  Le 
catalogue  de  la  Bibliothèque  nationale  place  cette  Opinion,  avec  la  cote  Le^*  366,  entre 
celle  de  Fourcroy  sur  le  plan  Lcpclelier  (3o  juillet  1793)  et  celle  de  Deleyre  (juin- 
juillet  1793).  Nous  avions,  quant  à  nous,  supposé  qu'elle  avait  pu  être  lue  dans  la  séance 
du  21  décembre  1792  et  qu'elle  avait  dû  être  imprimée  plus  tard  en  vertu  du  décret  du 
h  juin  1798.  Nous  ajoutions  :  w  Le  Journal  des  débats  et  des  décrets,  qui  annonce  à  leur 
apparition  la  plupart  des  opinions  et  des  rapports,  ne  la  mentionne  pasn.  Nous  nous  étions 
trompé.  L'Opinion  de  Calés  a  été,  dans  le  Journal  des  débats  et  des  décrets,  l'objet  d'une 
annonce  qui  nous  avait  échappé:  cette  annonce  se  trouve  dans  le  n°  ^65,  correspondant 
au  7  nivôse  an  n.  Dans  ce  même  numéro  sont  annoncés  également  le  Rapport  de  David 
sur  la  suppression  du  Muséum,  du  28  frimaire;  l'Opinion  de  Portiez  sur  l'instruction 
publique,  du  2  nivôse;  l'Opinion  d'Anacliarsis  Cloots  sur  les  spectacles;  et  le  Rapport  de 
Mathieu  sur  la  Commission  temporaire  des  arts,  du  28  frimaire. 

Nous  prions  donc  le  lecteur  de  vouloir  bien  transporter,  par  la  pensée,  à  celte  place,  à 
côté  du  Plan  d'éducation  de  Delagueulle,  l'Opinion  de  Calés  intitulée  De  l'éducation  natio- 
nale, qui  se  trouve  aux  pages  267-272  de  notre  tome  I",  Il  est  probable  que  cette  Opinion, 
comme  celle  de  Delagueulle,  n'a  pas  été  lue  à  la  tribune,  et  a  été  simplement  distribuée 
aux  membres  de  l'assemhlée. 

Pour  la  suite  des  détails  sur  le  plan  d'instruction  publique,  voir  l'annexe  B  de  la  séance 
du  Comité  du  28  frimaire,  p.  1/16. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE. 


133 


CENT    SOIXANTE-SJIXIÈME    SÉANCE. 

Du  2  1  frimaire  an  ii.  [ii  décembre  1793.] 

A  l'ouverture  de  la  séance,  le  président  propose  de  délibérer  sur  la 
proposition  faite  par  quelques  membres  de  planter  en  arbres  utiles 
et  curieux  le  terrain  compris  entre  l'emplacement  du  Comité  et  l'im- 
primerie. Ajourné. 

Un  Anglais  présente  un  projet  de  voitures  propres  à  diminuer  con- 
sidérablement les  frais  de  transport.  Il  réclame  sa  liberté  comme  artiste. 
Ferry  est  nommé  rapporteur^^^. 

Un  membre  de  la  Société  populaire  de  Vassy,  département  de  la 
Haute-Marne,  envoie  un  manuscrit  sur  la  Constitution  de  1793. 
Ajourné  jusqu'à  la  discussion  sur  les  livres  élémentaires  ^'-^ 

Le  citoyen  Moitte  invite  de  nouveau  le  Comité  d'instruction  pu- 
blique à  voir  le  bas-relief  du  frontispice  du  Panthéon.  On  arrête  que 
le  Comité  s'y  transportera  tridi  à  midi  ^^l 

On  reproduit  la  pétition  de  Mangard,généalogiste.  Le  Comité  passe 
à  l'ordre  du  jour^^^. 

Un  membre  présente  au  Comité  plusieurs  observations  sur  l'empla- 
cement des  bureaux  de  liquidation.  Ajourné  jusqu'à  ce  que  le  rap- 
porteur se  soit  concerté  avec  le  Comité  d'aliénation  '^\ 

Le  citoyen  Dreppe,  peintre,  de  Liège,  présente  un  dessin  de  nouveaux 
signes  du  zodiaque.  Il  sera  invité  à  le  présenter  à  la  Convention  na- 
tionale ^^K 


''^  Cet  Anglais  s'appelait  William  New- 
ton. Il  sera  de  nouveau  question  de  lui  le 
i3  nivôse  (p.  280 ). 

^-^  Nous  n'avons  pas  Irouvé  ce  ma- 
nuscrit. 

'-^^  Il  avait  déjà  été  question,  dans  un 
alinéa  du  procès-verbal  de  la  séance  du 
Comité  du  3  Irimaire,  alinéa  biiïé  à  la 
minute,  d'une  visite  au  bas-relicl du  fron- 
ton du  Pantiiéon  (Voir  p.  1,  noie  /i). 
Il  n'est  plus  j)arlé,  dans  les  procès-vorhaux 
ultérieurs,  de  celle  visite  à  l'œuvre  de 
Moitié. 

'*'   La   pétition    de    M;ui||ard    a\ail    (''t(' 


présentée  dans  la  séance  du  i3  frimaire 
(p.  63).  11  sera  do  nouveau  question  de 
Mantrard  dans  la  séance  du  ()  pluviôse 
(p.  36o). 

^•■^^  Il  semble  (pi'il  s'agisse  do  la  maison 
dans  laquelle  se  trouvait  le  cabinet  Joubert 
(p.  6/i)  et  qui  était  occupée  par  un  des 
bureaux  de  liquidation.  Il  S(M'a  question 
de  cette  alVaire  plus  explioitoniont  dans  le 
procès- verbal  do  la  séance  du  '2[\  Iri- 
maire (p.  i/j  1). 

^'''  Les  procès-verbaux  de  la  Convention 
ne  contiennent  rien  de  relatif  au  peintre 
I)reppt\ 


nu      PROCÈS-VERBAUX  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

Le  citoyen  Lesiir,  auteur  de  la  pièce  intitulée  La  Veuve  du  Républi- 
cain, lit  une  ode  a  Tarmée.  Le  président  l'invite  à  en  faire  hommage 
à  la  Convention  nationale  ^^l 

Un  membre  fait  un  rapport  sur  les  secours  réclamés  par  le  direc- 
toire du  département  de  Paris  pour  les  instituteurs  des  petites  écoles 
tant  de  la  ville  que  des  deux  districts  ruraux.  Le  Comité  arrête  qu'il 
sera  proposé  en  son  nom  au  Comité  des  finances  d'accorder  ces  secours. 
Valdruclie  en  est  chargé  ^^^. 

On  renvoie  au  Comité  de  législation  une  lettre  de  la  municipalité 
de  Montivilliers,  département  de  Seine-Liférieure,  qui  demande  un 
éclaircissement  sur  la  loi  concernant  les  titres  et  surnoms. 

Un  membre  fait  un  rapport  sur  plusieurs  découvertes  du  citoyen 
Brodel.  On  passe  a  l'ordre  du  jour^^^ 

Autre  rapport  sur  un  ouvrage  du  citoyen  de  Cropone  intitulé  La 


(')  Lesur  était ,  nous  apprend  ic  Moniteur 
du  9  frimaire  an  ii,  ff  un  jeune  homme  de 
la  première  réquisitions,  auteur  d'une 
comédie  en  trois  actes  et  en  vers,  La  Veuve 
du  Républicain ,  qui  l'ut  jouée  le  3  frimaire 
sur  le  théâtre  de  TOpéra-Gomique  national, 
car  Kce  théâtre,  maigre  son  nom,  donne 
aussi  des  comédies  sans  musique  v.  La 
pièce,  d'un  caractère  très  patriotique,  eut 
un  grand  succès,  et  donna  lieu,  de  la  part 
du  public,  à  une  manifestation  assez  rare  : 
ff  Un  spectateur,  encore  plein  de  l'enthou- 
siasme qu'a  excité  la  pièce,  a  proposé  qu'il 
fût  envoyé  à  la  Convention  une  députation 
pour  lui  demander  de  déclarer  que  l'au- 
teur, par  son  ouvrage,  avait  bien  mérité 
de  la  patrie.  Tout  l'auditoire  a  accueilli 
cette  proposition  par  des  applaudissements 
unanimes,  w  Et  en  etTet,  le  procès-verbal 
de  la  séance  de  la  Convention  du  lende- 
main li  frimaire  contient  ces  lignes  :  te  Des 
citoyens  se  présentent  à  la  barre  et  de- 
mandent que  la  pièce  intitulée  La  Veuve  du 
Bépublicain,  ou  Le  Calomniateur,  soit  jouée 
sur  tous  les  théâtres  de  la  République,  et 
que  l'assemblée  décrète  que  le  citoyen 
Lesur,  son  auteur,  a  bien  mérité  de  la 
patrie.  Celte  pétition  est  renvoyée  au  Co- 
mité d'instruction  publique.»  (Procès-verbal 


de  la  Convention,  t.  XXVJ,  p.  i35.)  La 
pétition  en  question  se  trouve  dans  F'', 
carton  1007,  n°  1906.  Les  procès-verbaux 
du  Comité  n'indiquent  pas  qu'il  se  soil 
jamais  occupé  de  cette  aflaire.  —  Ch.- 
Louis  Lesur,  né  à  Guise  en  1770,  mort 
dans  cette  ville  en  18A9,  donna  en  1792 
une  pièce  en  un  acte  et  en  vers,  L'apo- 
théose de  Bpaurepaire,  et  en  1798  La 
Veuve  du  Républicain;  en  1797,  il  publia 
Les  Francs ,  poème  héroïque  en  dix  chants. 
Plus  tard,  il  fut  employé  au  ministère  des 
affaires  étrangères,  puis  occupa,  sous  l'Em- 
pire et  la  Restauration ,  les  fonctions  d'in- 
specteur de  la  loterie  de  Paris.  Il  a  publié, 
à  partir  de  1818,  un  Annuaire  historique 
universel,  revue  annuelle  des  principaux 
événements;  cet  Annuaire,  dont  il  conserva 
la  direction  jusqu'en  i83o,  a  continué  à 
paraître  jusqu'en  1861. 

^^'  La  demande  du  directoire  du  dépar- 
tement de  Paris  sera  reproduite  par  Val- 
druclie dans  la  séance  du  27  frimaire 
(p.  168).  Voir  plus  haut,  p.  67. 

^^)  Le  mémoire  de  Brodel  sur  la  ma- 
nière de  faire  monter  la  fumée  dans  tontes 
les  cheminées  avait  été  présenté  au  Comité 
le  1"  octobre  1798  (t.  II,  p.  Sa 9),  et 
renvoyé  à  l'examen  de  Bailly. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE. 


135 


pierre  philosophale  du  ci-devant  haut  clergé  de  France.  On  passe  à  l'ordre 
du  jour  sur  cette  production  ^^\ 

On  renvoie  à  la  discussion  sur  les  livres  élémentaires  un  manuscrit 
du  citoyen  Traversay  intitulé  Entretiens  de  Phocion,  républicain  français , 
avec  ses  frères  de  la  campagne  '-^l 

Le  citoyen  De  Wailly,  architecte,  fait  passer  un  mémoire  sur  l'agran- 
dissement du  Théâtre- Français.  Renvoyé  à  la  commission  des  Six^^l 

Romme  est  nommé  rapporteur  d'un  mémoire  sur  une  disposition  à 
donner  aux  églises  et  presbytères  (*^; 

La  commune  d'Emile  prie  la  Convention  de  faire  transporter  au 
Muséum  un  mausolée  qui  se  trouve  dans  son  enceinte.  Renvoyé  à  la 
Commission  des  arts^^^. 


(^)  Nous  n'avons  pas  trouvé  à  la  Biblio- 
thèque nationale  d'ouvrage  portant  ce 
titre. 

(2)  Le  manuscrit  de  Traversay  se  trouve 
dans  F",  carton  1006,  n"  1170.  Il  a 
vingt-cinq  pages,  et  est  intitulé  :  Eléments 
de  la  religion  naturelle,  ou  Entretiens  de 
Phocion ,  républicain  français ,  avec  ses  freines 
de  la  campagne.  La  lettre  d'envoi  est  datée 
de  Saint-Maixent  (Deux-Sèvres),  quintidi 
de  la  1"  décade  du  mois  frimaire. 

^^)  11  sera  de  nouveau  question  du  mé- 
moire de  De  Wailly  dans  la  séance  du 
Comité  du  i3  pluviôse  (p.  890).  La  com- 
mission des  Six  est  la  commission  nommée 
par  le  Comité  le  3  frimaire  (p.  3),  et 
amalgamant  les  commissions  réunies  des 
fêtes  nationales,  de  la  musique  et  des  spec- 
tacles. 

^*)  Il  est  probable  que  le  mémoire  ren- 
voyé à  Romme  est  une  pétition  de  la  com- 
mune de  Boussy-sous-Senart  (  Seine- et- 
Oisc)  demandant  que  les  presbytères 
fussent  vendus  et  que  les  églises  restassent 
à  la  disposition  des  commîmes  pour  les 
rassemblemenis  des  citoyens  qui,  les  jours 
de  décade,  iront  y  entoiulre  prêcher  la 
morale  et  la  raison.  Cette  pétition  a  été 
enregistrée  au  Comité  sous  le  n"  117^4 
(Archives  nationales,  F",  carton  looG). 
Le  décret  du  -.^h  brumaire  (I.  Il,  p.  803) 
avait  chargé  les  Comités  des  finances,  d'in- 


struction et  des  secours  de  présenter  un 
projet  de  loi  réglant  la  façon  dont  les  com- 
munes qui  auraient  renoncé  au  culte 
pourraient  disposer  des  églises  et  des  pres- 
bytères; ce  projet  n'avait  pas  été  présenté. 
Romme  n'a  pas  fait  de  rapport;  mais  nous 
verrons,  le  19  pluviôse,  Coupé  présenter 
au  Comité  un  projet  de  loi  laissant  les  églises 
à  la  disposition  des  communes  (p.  /i33). 

^^^  On  trouve  dans  F'',  carton  looG, 
n"  1175,  une  chemise  portant  cette  men- 
tion :  ff  Pétition  de  la  commune  d'Emile 
priant  la  Convention  de  faire  transporter 
au  Muséum  un  mausolée  somptueux  qui  se 
trouve  dans  son  enceinte  et  qui,  par  la 
richesse  de  son  dessin  et  la  perfection  de 
son  exécution,  parait  propre  à  contribuer 
aux  progrès  des  arts,  v  La  pièce  manque, 
ayant  été  renvoyée  à  la  Commission  des 
arts.  Emile  est  le  nom  qu'avait  pris  la  com- 
mune de  Montmorency,  en  vertu  d'un  dé- 
cret du  8  brumaire  an  11.  Nous  n'avons 
pas  trouvé  dans  le  registre  des  procès-ver- 
baux de  la  Commission  des  arts,  en  frimaire 
et  en  nivôse,  de  mention  relative  à  cette 
pétition.  Mais  le  10  pluviôse  on  y  lit  ce 
qui  suit  :  et  Des  citoyens  de  Montmorency 
demandent  que  les  objets  d'art  renfermés 
dans  leur  coninume  soient  mis  à  la  dispo- 
sition (le  la  nation.  Un  membre  observe 
que  la  Commission  des  arts  a  d(*jà  fait  Tin- 
ventaire  desdits  objets.  1  (F'"*',  folio  ti'i  , 


136       PROCÈS-VERBAUX  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

David  est  chargé  d'examiner  les  mémoires  suivants  : 

Sur  un  costume  républicain,  parle  citoyen  Boyé; 

Lettre  du  minisire  de  l'intérieur  sur  la  statue  à  élever  à  J.-J. 
Rousseau; 

La  Société  républicaine  de  Thiers  demande  que  le  ministre  fasse 
|)arvenir  aux  sociétés  pojmlaires  des  g^ravures  des  martyrs  de  la  liberté^^l 

Romme  est  chargé  d'examiner  un  mémoire  du  citoyen  Renaut  sur 
un  alphabet  républicain ^2^. 

Un  autre  mémoire  sur  la  direction  des  ballons,  par  le  citoyen  Gohier, 
est  renvoyé  à  Guyton^^^ 

Le  Comité  autorise  Arbogast  à  distribuer  une  centaine  d'exem- 
plaires du  travail  sur  les  poids  et  mesures  ^^^^.  Il  charge  Guy  ton  de  se 
concerter  avec  le  Comité  de  salut  public  pour  faire  remettre  à  Dom- 
bey  un  mètre  et  un  grave  divisés,  pour  les  présenter  confidentiellement 
aux  Etats-Unis  d'Amérique  ^^l 

Lagrange  communique  un  mémoire  sur  quelques  difficultés  qui  se 
présentent  dans  le  calcul  du  mouvement  des  planètes  selon  le  nouveau 
calendrier  et  sur  les  moyens  de  les  lever.  Le  Comité  arrête  que 
Lagrange  sera  invité  à  publier  ce  mémoire  clans  la  Connaissance  des 
temps  pour  1796  (vieux  style);  que  dans  le  volume  de  cette  même 
année  1796,  à  côté  de  la  colonne  des  jours  ordinaires,  il  y  aura  deux 
colonnes  dont  l'une  contiendra  le  nom  des  jours  de  chaque  mois  et  la 
seconde  le  nombre  des  jours  écoulés  depuis  l'époque  de  la  fondation 

verso.)  —  Il  ost  probable  que  le  mausolée  d'une  autre  écriture  :  w 2^  section,  n"  53. 

dont  il  s'agit  est  celui  du  connétable  Anne  Renvoyé  au   Comité   de   salut  public,   le 

de  Montmorency,  œuvre  de  Bullant  et  de  3   brumaire  l'an    3.    A.-C.   Thibacdeau.w 

Jean    Goujon,    dont  les  parties  les   plus  (F'',  carton  1006,  n"  118G,) 

remarquables  furent  en  effet  transportées  ^^)   Ce    cr travail  sur   les  poids    et   me- 

au  dépôt  des  Petits-Augustins ,  et  de  là  au  sures»  est  sans  doute  le  rapport  d'Arbogast 

Musée  du  Louvre.  du  i**^  août  1793  ;  car  X Instruction  sur  le 

^^^  David  n'a  pas  présenté  de  rapport  nouveau  système  métrique,  que  préparait 

au  Comité  sur  ces  divers  mémoires.  la  Commission  des  poids  et  mesures,  n'était 

^^'  Romme  n'a  pas  présenté  de  rapport.  pas  encore  imprimée. 

(^)  On  trouve  dans  les  carions  du  Comité  (^)   Sur  Dombey,  voir  p.   64.    li  existe 

la  chemise  qui  a  contenu  le  mémoire  de  deux  arrêtés  du  Comité  de  salut  public, 

Gohier.    Elle   porte   cotte    mention  :  ff  Le  des  ai  et  26  frimaire,  relatifs  à  Dombey, 

citoyen   Gohier   demande   que   le    Comité  et  qui  furent  pris  à  la  suite  de  la  démarche 

nomme  des  commissaires  pour  examiner  et  dont  Guyton  avait   été  chargé.    Nous  les 

juger  les  moyens  qu'il  a  trouvés  de  diriger  donnons  aux  annexes,  d'après  la  minute  qui 

les   ballons.     —    Renvoyé    à   Guyton,    ce  se  trouve  aux  Archives  nationales.  Pour  la 

21  frimaire.  Ferry.»  — Et  sur  la  droite,  suile,voirla  séance  du  29  frimaire  (p.  197). 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  137 

de  la  République  française,  c'est-à-dire  depuis  l'instant  de  l'équinoxf* 
vrai  du  mois  de  septembre  1792  ^^\ 
La  séance  est  levée  à  dix  heures  ^^^. 


PIÈCES    ANNEXES. 
ARRÊTÉS    DU    COMITE     DE    SALUT    PUBLIC    RELATIFS   À    DOMBEY  ^^^ 

Du  2  1  frimaire  an  2'. 

Le  Comité  de  saluL  publie,  considérant  qu'il  peut  être  important  de  faire  con- 
naître aux  peuples  avec  lesquels  la  Répuldique  avait  des  relations  le  nouveau 
système  des  poids  et  mesures  qu'elle  a  adopté, 

Arrête  que  la  Commission  des  poids  et  mesures  fera  remeltre  au  citoyen 
Dombey,  qui  pari  pour  l'Amérique  septentrionale,  un  mètre  en  cuivre  divisd  et 
un  jrrave  pareillement  divisé  dans  la  forme  arrêtée  pour  les  étalons,  dont  elle 
portera  la  dépense  en  compte  sur  les  fonds  destinés  à  cette  fabrication. 

Fait  au  Comité  etc.  {sic). 

C.-A.  Prieur,  R.  Lindet,  Billaud-Varenne,  B.  Barère. 

Du  26  frimaire  an  2^ 

Le  Comité  de  salut  public,  considérant  combien  il  serait  intéressant  que  le 
Congrès  des  États-Unis  d'Amérique  fùl  instruit  du  travail  du  Comité  d'instruction 
publique  sur  les  [)oids  et  mesures  et  de  tous  les  ouvrages  publiés  par  ordre  de  la 
Convention  nationale  sur  cette  importante  création. 

Que  le  citoyen  Dombey  est  en  état  de  remplir  une  pareille  mission ,  qu'un  voyage 
fait  en  Amérique  lui  a  procuré  des  connaissances  fjui  peuvent  être  utiles  h  la  Ré- 
publique: qu'il  a  annoncé  qu'il  est  prêt  d'entreprendre  h  ses  frais  un  second  voyage 
consacré  au  service  de  la  patrie,  dans  lequel  il  se  propose  de  faire  valoir  auprès 
du  Congrès  des  États-Unis  les  avantages  des  travaux  de  la  Convention  nationale  et 
de  ses  Comités  sur  les  poids  et  mesures,  de  procurer  l'envoi  en  France  d'arbres, 
de  plantes  et  de  graines,  de  résoudre  une  série  de  questions  cpii  lui  ont  été  faites 
par  le  (Comité  d'instruction  pul)li(pie  et  par  la  Société  d'bisloire  nnlun>lle,  si  le  Co- 
mité donne  des  ordres  nécessaires  [)our  (pi'il  loucbe  à  Pliiladelpliii*  sa  pension  de 
six  mille  livres  payable  en  deux  termes,  les  1"  juillet  et  1"  janvier  de  chaque 
année,  vieux  style, 

^'^  Dans  sa  séance  an  -.u)"  jour  du  '^'  (^cl  alinéa  no  se  tronve  pas  à  la  mi- 
premier  mois  (voir  l.  Il,  p.  (")/i8),  le  Co-  nule.  Pas  de  signatures,  ni  à  la  minute  ni 
mité  s'était  di'jà  occupé  de  la  continuation  au  registre.  La  minute  est  de  la  main  de 
de  la  Connaissance  des  leinps ,  et  des  clian-  Ferry. 

gements  qu'il  y  aurait  à  y  l'aire  relativement  *^'''   Archives  nationales,  AI'  ii .  <  arloii  ù-, 

au  nouveau  style.  Il  si^ra  de  nou\ eau  (pi(\s-  cahier    ^kjO,    n"'    i    et   -.i.    La  miiuil(>  di' 

lion     de     la    Connaissa)icc    des    temps    le  ces    deux    arrêtés     est     do    la     main     de 

19  nivôse  (p.  357).  Guy  ton. 


138      PROCÈS-VERBAUX  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

Arrête  que  le  citoyen  Dombey,  corrcsponclant  du  Muséum  d'histoire  naturelle, 
se  rendra  dans  les  Etats-Unis  d'Amérique,  qu'il  s'adressera  à  la  lég-ation  à  laquelle 
il  est  recommandt^  qu'il  emploiera  ses  talents,  ses  connaissances  au  progrès  des 
sciences  et  des  arts  utiles,  à  concourir  au  succès  des  mesures  dont  la  lej>-ation 
jug^erait  à  pro})os  de  lui  confier  la  direction  ou  l'exécution , 

Arrête  que  la  h^jation  lui  fera  payer  à  Philadelphie  sa  pension  de  six  mille  livres 
dont  il  jouit  en  France,  payable  en  deux  termes,  dont  le  premier  sera  (-chu  et 
payable  le  i"  janvier,  vieux  style,  correspondant  au  iq  nivôse  prochain,  ère  ré- 
publicaine , 

Qu'il  lui  sera  délivré  un  passeport  par  le  ministre  des  affaires  étrangères  pour 
se  rendre  à  sa  destination. 

C.-A.  Prieur,  R.  Lindet,  B.  Barèue,  Billaud-Varenne. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE. 


139 


CENT   SOIXANTE-SEPTIEME   SEANCE. 

Du  23  irimairc  an  ii.  [i3  décembre  1793.] 

Le  président  de  la  Commission  des  monuments  fait  passer  au  Comité 
l'exposé  des  opérations  de  la  Commission  ^^\ 

Beauvais,  imprimeur,  offre  d'imprimer  sans  bénéfice  les  livres  él»»- 
mentaires  adoptés  par  la  Convention  nationale.  Le  Comité,  sans  ac- 
cepter cette  offre  civique,  arrête  qu'il  en  sera  fait  mention  honorable; 
au  procès-verbal  ^^\ 

Sur  l'observation  faite  par  quelques  membres  que  les  livres  envoyés 
au  Comité  se  perdent  souvent,  on  arrête  qu'il  sera  nommé  un  biblio- 
thécaire. Le  choix  tombe  sur  Grégoire  ^^^. 

On  renvoie  au  Comité  d'agriculture  une  lettre  du  citoyen  Piot,  mé- 
decin, contenant  quelques  observations  d'agriculture  et  d'économie 
rurale  ^^^ 

On  passe  à  l'ordre  du  jour  sur  une  demande  d'un  citoyen  qui  con- 
sulte le  Comité  sur  l'impression  de  quelques  gravures  représentant  des 
faits  de  notre  histoire. 


(')  L'exposé  des  opérations  de  la  Com- 
mission des  monuments  dont  il  est  question 
ici  est  le  rapport  (|ui  avait  été  remis  au 
Comité  d'instruction  publique,  en  manu- 
scrit, le  i5  frimaire  (voir  ci-dessus  p.  67). 
Une  lettre  de  Mulot  à  Mathieu,  président 
du  Comité  d'instruction  publique ,  du  1 6  fri- 
maire (Archives  nationales,  F''*  5),  nous 
apprend  que  ,  par  suite  d'un  retard  de  l'im- 
primeur, la  délégation  de  la  Connnission 
n'avait  pu  se  procurer,  à  la  date  du  1 5,  des 
exemplaires  imprimés  de  ce  rapport.  Ce 
sont  ces  exemplaires  imprimés  que  la  Com- 
mission des  monuments,  par  l'organe  non 
de  son  président,  comme  le  dit  le  procès- 
verbal,  mais  de  son  secrétaire,  fait  passer 
maintenant  au  Comité.  Nous  doimons  aux 
annexes,  A  (p.  i/i/i),la  lettre  d'envoi  écrite 
par  iMnIot  U)  !<•.?  Irimairc. 

V Exposé  succinct  des  trdcauj-  de  la  Com- 
mtssion  des  monumenls  depuis  son  ôuddisse- 
ment  en  novembre   i'](}0   se  trouve  à   la  Mi- 


bliothèque  nationale.  Nous  en  donnons  une 
courte  analyse  aux  annexes,  A  (p.  \Uh). 

Quelques  jours  plus  tard,  dans  la  séancf 
du  Comité  du  97,  Mathieu  conclura  ;'i  la 
suppression  de  la  Commission  des  monu- 
ments (p.  167). 

(')  La  lettre  de  l'imprimeur  Beauvais  est 
dans  K^\  carton  loo8^  n°  lôôg. 

^^)  Dans  la  séance  du  ni  nivôse,  il  sera 
décidé  de  former  une  bibliothèque  à  l'usage 
du  Comité  (p.  966). 

^*^  Piot,  «médecin  des  ci-devant  rois 
Louis  XV  et  Capeln,  avait  lait  précédem- 
ment la  demande  d'un  emplacement  natio- 
nal pour  y  donner  des  cours  gratuits,  et  le 
Comité  avait  passé  à  l'ordre  du  jour  sur 
cette  demandt'  le  t  7  du  premier  mois  (t.  Il , 
p.  Goo).  11  \  a  dans  F'',  carton  tooH, 
n"  i3o(),  une  [tt'lilion  de  Plot  en  date  du 
a  frimaire,  olVraut  d'ouvrir  un  cours  gra- 
tuit en  faveiu'  des  élèves  en  médecine,  chi- 
rurgie cl  agricultiu-e. 


UO      PROCKS-VERBALfX  DU  COMITE  D1NSTI1UCTI0N  PUBLIQUE 

Un  membre  fait  un  rapport  sur  l'emplacement  d'une  partie  des  ar- 
chives qui  sont  actuellement  au  ci-devant  couvent  des  Petits-Pères.  Cet 
objet  est  renvoyé  au  Comité  d'aliénation  ^^\ 

On  passe  à  la  discussion  des  propositions  renvoyées  à  l'examen  du  Go- 
mité  ^'-\  La  discussion  est  interrompue  pour  communiquer  au  Comité  une 
lettre  du  directeur  du  cadastre,  (jui  demande  à  être  autorisé  à  em- 
prunter à  la  Bibliotlitupio  nationale  deux  ouvrages  dont  il  a  besoin  pour 

son  travail  : 

Paris,  le  33  frimaire  l'an  a  de  la  République  une  et  indivisible. 

r 

Liberté.  —  Egalité. 

LE  DIRKCTEUR   DU   CADASTRE   AU  PRESIDENT  DU   COMITE  d'iNSTRUCTION  PUBLIQUE 

DE   LA   CGMVENTION  NATIONALE. 

Citoyen  représentant, 
Je  te  prie,  pour  les  mêmes  motifs  énonce's  dans  ma  lettre  du  .  .  ^^^  de  ce  mois, 


(')  Voir  p.  88.  Il  sera  de  nouveau  ques- 
tion des  arcbives  le  7  nivôse  (p.  91/1). 

^2)  Cette  phrase  peu  explicite  vise  évi- 
demment les  amendements  au  plan  Bou- 
quier,  que  la  Convention  avait  renvoyés  à 
l'examen  du  Comité  d'instruction  publique. 
Dans  sa  séance  du  3 1  frimaire ,  l'assemblée , 
après  avoir  entendu  Romme,  qui  avait  dé- 
fendu l'ancien  projet  du  Comité,  et  Jay  de 
Sainte-Foy,  qui  avait  parlé  contre  ce  pro- 
jet, avait  accordé  la  priorité  au  plan  de 
Bouquier.  Le  soir  du  même  jour,  Bouquier 
avait  lu  son  plan  au  club  des  Jacobins,  qui 
en  arrêta  l'iftipression  et  la  distribution.  Le 
32,  Bouquier  ayant  relu  à  la  Convention 
son  projet  de  décret,  les  deux  premières 
sections  du  projet  avaient  été  adoptées, 
ainsi  que  les  Irois  premiers  articles  de  la 
troisième;  l'article  k  de  la  IIP  section,  re- 
latif au  traitement  des  instituteurs  et  insti- 
tutrices, avait  été  renvoyé  au  Comité  pour 
nouvel  examen;  l'article  6  de  cette  même 
section  avait  été  transformé  par  l'adoption 
d'un  important  amendement  de  Charlier, 
portant  que  la  fréquentation  des  écoles  se- 
rait obligatoire,  et  non  simplement  facul- 
tative comme  le  disait  le  projet.  Enfin,  dans 
la  séance  du  28,  le  reste  des  articles  de  la 
IIP  section  avait  été  adopté,  sauf  l'article  8, 


relatif  aux  sanctions  pénales,  sur  lequel 
avaient  été  présentés  plusieurs  amendements 
qui  furent  renvoyés  au  Comité,  et  l'article  1 5, 
renvoyé  au  Comité  pour  rédaction  (Journal 
de  la  Montagne);  en  outre,  une  disposition 
nouvelle  présentée  par  Fabre  d'Eglantine, 
qui  fut  adjoint  au  Comité  à  cette  occasion 
{Journal  de  Paris),  avait  été  votée  et  devait 
être  intercalée  dans  le  décret.  Les  sections 
IV  et  V  du  plan  de  Bouquier,  traitant  du 
dernier  degré  d'instruction  et  des  moyens 
génét aux  d'instruction,  ne  furent  pas  dis- 
cutées: onserappellequele  Comité  avait  dé- 
cidé ,  le  1 1  frimaire ,  que  la  partie  du  projet 
relative  à  la  première  instruction  serait  seule 
mise  en  discussion  pour  le  moment. 

Nous  donnons  aux  annexes,  B  (p.  ii6), 
des  extraits  du  procès-verbal  des  séances  de 
la  Convention  des  21,  22  et  38  frimaire, 
accompagnés  d'extraits  des  comptes-rendus 
du  Journal  de  la  Montagne,  de  la  Feuille  du 
salut  puhlic ,  du  Journal  de  Paris,  du  Moni- 
teur et  du  Journal  des  déhats  et  des  décrets. 
Nous  donnons  aussi,  d'après  le  Moniteur,  un 
extrait  du  compte-rendu  de  la  séance  des 
Jacobins  du  21  frimaire.  Pour  la  suite,  voir 
la  séance  du  Comité  du  25  frimaire  ( p.  1  58). 

(■^)  La  date  est  restée  en  blanc.  Voir 
p.  68. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE. 


Ul 


de  rne  faire  autoriser  par  le  Comité  à  emprunter  à  la  Bibliothèque  nationale,  pour 
le  bureau  du  cadastre,  les  deux  ouvrages  suivants,  savoir  : 

Thésaurus  matheinaticus ,  etc.,  auctore  Bartbol.  Pitisco,  nume'roté  V  189. 

Opus  Palatinum,  etc.,  auctore  Rhetico,  nume'roté  V  189. 

Signé  Pronv. 

Le  Comité  arrête  que  le  garde  de  la  Bibliothèque  nationale  est  auto- 
risé à  remettre  ces  ouvrages  à  Arbogast  sur  son  récépissé,  et  qu'Arbo- 
(rast  les  remettra  à  Prony  qui  en  donnera  également  son  récépissé  '^K 

Piette,  membre  du  Comité  des  domaines,  qui  avec  Homme  et  Guy- 
ton,  commissaires  du  Comité  d'instruction  publique,  ont  (^sic)  visité 
le  cabinet  de  Joubert,  place  des  Piques  n*"  21,  a  demandé  l'avis  du 
(îomité  sur  le  parti  à  prendre.  La  motion  discutée,  il  a  été  arrêté 
qu'il  serait  proposé  à  la  Convention  de  rapporter  le  décret  qui 
donne  congé  au  1'''^  janvier  179^  (vieux  style)  de  la  maison  occupée 
par  le  bureau  de  liquidation,  n°  i3;  de  proroger  le  congé  pour  trois 
mois,  afin  que  l'on  puisse  transporter  ce  cabinet  sans  détériorer  les 
morceaux,  et  de  charger  en  même  temps  son  Comité  d'instruction  pu- 
blique de  chercher  un  local  de  dépôt  et  d'y  faire  transporter  le  ca- 
binet après  inventaire  en  l'orme  de  catalogue  et  estimation  ^-l 

On  lit  une  lettre  du  Comité  de  salut  public  qui  invite  le  Comité 
d'instruction  publique  à  indiquer  des  citoyens  vertueux,  patriotes  et 


^')  Prony  avait  fait  une  première  de- 
mande de  deux  autres  ()uvra{j[es  (voir  séance 
du  iT)  frimaire,  p.  68).  Nous  n'avons  pas 
Irouvé  le  récépissé  qu'il  a  dii  remettre  à 
Arbofjast  pour  les  deux  ouvrages  mention- 
nés dans  la  seconde  demande. 

^^'  Voir  la  séance  du  Comité  du  i3  fri- 
maire (p.  Gfi).  Un  décret  du  3o  septembre 
1793  (  Procès -veiltal  de  la  Coiivenlion  , 
l.  \\l,  p.  3A:i)  avait  autorise  le  diroclcur 
Ifénéral  de  la  liijuidalion  à  donner  congé 
trois  mois  d'avance,  à  partir  de  ce  jour, 
à  la  propriétaire  de  la  maison  siluce  place 
dos  Picpios,  n"  i3,  dans  laipiolle  étaient 
installés  (picUpics-uns  de  ses  liiueaux.  (les 
liinciuix  (1('\ aient  être  transportés  dans  la 
maison  Joiihcr-I ,  n"  •>  t ,  plac'  des  Pi(pies, 
ainsi  (pic   rindi([ii(>  un  pas,sa|[i'  du   priicè^- 


verbal  de  la  séance  du  Comité  du  i3  fri- 
maire. Le  7  nivôse,  sur  le  rapport  de  ses 
Comités  d'aliénation  et  domaines  réunis, 
d'inspection  de  la  salle  et  d'instruction  pu- 
blique, la  Convention  rendra  un  décret 
prorogeant  de  trois  mois  le  congé  donné 
à  la  |)ropriétaire  de  la  maison  de  la  place 
des  Pi(pies,  n°  i3,  et  cliargeant  les  Co- 
mités ci-dessus  nommés  de  procurer  dans 
le  plu'^  href  délai  possibit;  un  local  pour 
y  transporter  le  cabinet  d'bistoire  natu- 
relle de  la  maison  Joubert.  \oir  aux  an- 
nexes, C  (p.  107),  un  extrait  du  procès- 
verbal  de  la  séanct^  dt'  la  ('ou  vent  ion  »lu  7  ni- 
vôse an  11.  Il  sera  de  nouveau  (piostion  du 
cahiui't  Joubert  dans  les  séances  du  Comité 
(In  I  ;>  pluviôse  (p.  388)  et  iln  t  1  germinal 
an  II. 


1Û2      PROCÈS-VERBAUX  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

en  état  d'écrire  sur  diverses  parties.  On  arrête  que  chaque  membre  est 
invité  à  en  former  une  liste  et  à  la  communiquer  a  la  prochaine 
séance  ^^K 

Le  citoyen  Hassenfratz  fait  passer  un  manuscrit  du  citoyen  Pajoux 
sur  le  génie  des  lan[}ues.  Daoust  est  char^jé  de  l'examiner  ^"\ 

Ciuyton,  qui  avait  été  chargé  d'écrire  au  bibliothécaire  de  la  Bibho- 
thèque  nationale  pour  demander  s'il  y  existait  un  ouvrage  |)ublié  en 
Allemagne  donnant  des  échantillons  de  papiers  de  diverses  matières,  a 
annoncé  que  le  citoyen  Lefèvre-Villebrune  lui  a  envoyé  cet  ouvrage 
ayant  pour  titre  Jacob  Christian  Schâff'ers  Neue  Versuche^  etc.,  c'est-à- 
dire  Nouveaux  essais  et  échantillons  de  papiers  faits  avec  des  plantes  et  autres 
matières  (Ratisbonne,  1766,  grand  in-8°,  2  parties).  Il  a  remis  sur 
le  bureau  les  deux  volumes  et  la  lettre  du  citoyen  Lefèvre  qui  offre 
au  Comité  tous  les  autres  éclaircissements  qui  dépendent  de  lui, 
même  de  faire  traduire  la  nomenclature  des  matières  dont  il  est  parlé 
dans  l'ouvrage  de  Schâffer  ^^\ 


^''  La  lettre  du  Comité  de  salut  pubiic , 
en  date  du  17  frimaire,  est  dans  F^',  carton 
looSS  n°  1687;  elle  est  signée  de  Garnot 
et  de  Prieur,  Il  ne  sera  pas  question ,  dans 
la  séance  suivante,  de  cette  liste  d'écrivains 
patriotes.  Ce  sera  seulement  le  3  nivôse  que 
l'affaire  reviendra  à  l'ordre  du  jour  (p.  207). 

(2)  Nous  n'avons  pas  trouvé  le  manuscrit 
de  Pajoux.  Daoust  n'a  pas  présenté  de  rap- 
port. 

^3)  Les  procès-verbaux  ne  nous  ap- 
prennent pas  dans  quelle  séance  Guyton 
avait  été  chargé  d'écrire  au  bibliothécaire 
national.  Sur  celte  question  des  papiers, 
voir  ci-dessus  page  1 1 ,  note  2 ,  et  pages  h  1 
et  A5 ,  et,  pour  la  suite,  p.  197. 

Lefèvre  de  Villebrune  (1 732-1 809) ,  mé- 
decin, philologue,  orientaliste,  traducteur 
et  commentateur  d'Athénée,  avait  été  ap- 
pelé aux  fonctions  de  bibliothécaire  natio- 
nal par  un  arrêté  du  ministre  de  l'intérieur 
Paré,  du  i5  brumaire  an  11.  L'administra- 
tion de  la  Bibliothèque  royale  avait  subi, 
depuis  1789,  plusieurs  changements.  L'an- 
cien administrateur  Lenoir  ayant  donné  sa 
démission  en  1789,  le  roi  avait  nommé 
pour  le  remplacer  Lefèvre  d'Ormesson  de 


Noyseau,  qui  resta  en  fonctions  jusqu'à  la 
chute  de  la  royauté.  Le  19  août  1792, 
Roland,  président  du  Conseil  exécutif  pro- 
visoire ,  créa  deux  places  de  bibliothécaires 
et  les  donna  à  Chamfort  et  à  Carra.  Ceux- 
ci  furent  dénoncés  au  Comité  de  sûreté  gé- 
nérale, en  juillet  1793,  par  un  employé  de 
la  Bibliothèque  nommé  Tobiesen  Duby, 
comme  hostiles  au  parti  montagnard;  et  le 
Comité  prit  en  conséquence,  le  16  août, 
un  arrêté  invitant  le  ministre  de  l'intérieur 
ff  à  nommer  aux  places  de  la  Bibliothèque 
nationale  des  citoyens  dont  le  patriotisme 
soit  éprouvé  et  les  sentiments  conformes  à 
la  révolution  du  3i  mai  57;  l'arrêté  ajoutait 
que  ffles  citoyens  Lavicomterie ,  Laignelot 
et  Chabot  sont  nommés  commissaires  pour 
présenter  au  ministre  de  l'intérieur  des 
savants  dont  le  civisme  soit  connu ,  et  ca- 
pables de  remplir  les  places  de  la  Biblio- 
thèque nationale w.  Carra  fut  décrété  d'ac- 
cusation le  2  août  comme  compUce  des 
conspirateurs  girondins.  Chamfort,  empri- 
sonné dans  les  premiers  jours  de  septembre, 
fut  remis  en  liberté  bientôt  après,  tout  en 
restant  soumis  à  la  surveillance  d'un  gen- 
darme. A  peine  sorti  de  prison ,  Chamfort 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE. 


U3 


Le  Comité,  étant  informé  que  plusieurs  objets  mis  sous  le  scellé 
dans  les  jardins  de  Monceau  dépérissent  par  l'effet  même  des  me- 
sures conservatoires,  charge  son  président  d'écrire  à  Tadministrateur 
des  domaines  nationaux  pour  l'inviter  à  prendre  les  mesures  néces- 
saires pour  les  conserver  ^^^ 

La  séance  est  levée  à  dix  heures  et  demie  ^'^^ 


envoya  sa  démission  au  ministre  Paré  :  ce- 
lui-ci lui  fit  savoir,  par  une  lettre  en  date 
du  3o  du  premier  mois,  qu'il  l'acceptait, 
et  offrit  les  deux  places  de  bibliothécaire  à 
l'abbé  Barthélémy  et  à  Ducis.  Sur  leur  refus, 
le  ministre  nomma  Lefèvre  de  Villebrune 
aux  fonctions  de  bibliothécaire  national. 
Voici  en  quels  termes  le  Moniteur  du  98  bru- 
maire an  II  salua  cette  nomination  :  «Le 
ministre  de  l'intérieur  vient  de  faire  un  acte 
de  justice  qui  lui  méritera  la  reconnaissance 
de  tous  ceux  qui  s'appliquent  aux  arts  et 
aux  sciences.  Parmi  cette  foule  de  demi- 
savants  et  de  médiocres  littérateurs  dont 
abonde  Paris,  il  a  su  distinguer  un  homme 
d'un  vrai  mérite,  qui  n'a  pas  peu  contribué 
aux  progrès  des  arts  et  des  sciences,  et  il 
l'a  nommé  garde  de  la  Bibliothèque  natio- 
nale ou,  selon  le  style  d'usage,  bibliothé- 
caire. C'est  le  citoyen  Villebrune,  rcconi- 
mandable  par  sa  vaste  érudition  et  son 
patriotisme.  Cette  nomination  est  d'autant 
plus  avantageuse,  que  l'on  va  s'occuper 
d'un  choix  immense  de  livres  pour  cette 
précieuse  bibliothèque,  et  que  le  citoyen 
Villebrune  est  l'homme  le  plus  propre  à 
éclairer  dans  ces  opérations,  vu  cette  mul- 
tiplicité de  langues  anciennes  et  modernes 
qu'il  entend,  et  les  connaissances  qu'il  a 


de  presque  toutes  les  sciences  utiles.  Il  a 
rendu  de  vrais  services  à  la  chimie,  la  phy- 
sique, l'art  de  guérir  qu'il  a  même  exercé, 
à  l'histoire  naturelle,  la  métallurgie,  et  sur- 
tout aux  mères  de  famille  par  trois  ou- 
vrages étrangers,  suédois,  anglais,  italien, 
qu'il  a  publiés  dans  notre  langue  sur  les 
maladies  des  enfants  et  leur  éducation  phy- 
sique. Son  Athénée  a  prouvé  les  plus  pro- 
fondes connaissances,  et  c'est  un  monument 
qui  fera  époque  dans  les  annales  littéraires 
de  la  République.»  —  Il  sera  de  nouveau 
question  de  Lefèvre  de  Villebrune  le  5  ven- 
tôse (p.  AgS). 

^^)  L'information  parvenue  au  Comité 
lui  avait  été  transmise  par  une  lettre  du 
ministre  de  l'intérieur,  ainsi  qu'il  résulte 
du  rapport  présenté  par  le  Comité  à  la  Con- 
vention le  G  nivôse.  (Voir  aux  annexes  de 
la  séance  du  29  frimaire,  p.  199.) 

Dans  la  séance  du  99  frimaire,  le 
Comité  s'occupera  de  nouveau  des  serres 
chaudes  de  Monceau  (p.  198). 

(^)  Pas  de  signatures,  ni  à  la  minute  ni 
au  registre.  La  minute  est  de  la  main  d^. 
Ferry.  Toutefois  les  deux  alinéas  relatifs  à 
Piette  et  à  Lefèvre- Villebrune  sont  de  la 
main  de  Guyton,  et  sont  écrits  sur  deux 
feuillets  séparés. 


U!\       PUOCÈS-VERBAUX  DU  COMITÉ  D1NSTRUGT10N  PUBLIQUE 


PIECES  ANNEXES. 


LETTRE  DE  MULOT,    SECRETAIRE  DE  LV  COMMISSION  DES  MONUMENTS, 
AU   PRÉSIDENT   DU  COMITE   D'INSTRUCTION   PUBLIQUE  ^^\ 

Paris,  ce':2  3  frimaire  de  l'an  ii  de  la  République  française  une  et  indivisible. 

Citoyen  président, 

J\ni\oio  au  Comitë  l'imprimé  de  Pexposé  que  je  vous  ai  remis  au  nom  de  la 
Commission  des  monuments  ^'^^.  Je  vous  pi'ic  d'en  faire  agréer  un  par  chacun  des 
membres. 

Quoique  j'aie  été  deux  jours  malade,  je  me  suis  occupé  du  second  travail  que 
vous  avez  demandé  :  je  compte  le  lire  à  la  Commission  demain ,  ou  au  plus  tard 
le  sextidi  de  cette  décade,  et  vous  le  présenter  à  l'instant. 

La  récomj)ense  de  mon  travail  particulier  la  plus  douce  sera  d'avoir  prouvé  au 
Comité  combien  la  Commission  des  monuments  a  mérité  de  la  patrie  même  dans 
ces  derniers  moments. 

Fr.-V.  Mulot, 
Secrétaire  de  la  Commission  des  monuments. 

L'imprimé  envoyé  par  Mulot  est  intitulé  :  Commission  des  monuments.  Exposé  succinct  des 
travaux  de  la  Commission  depuis  son  établissement  en  novembre  lygo^^K  C'est  une  pla- 
quette de  34  pages  in- 8°,  sans  date  et  sans  nom  d'imprimeur  (les  procès- verbaux  de  la 
(Commission  disent  qu'elle  fut  imprimée  chez  Cholet-Jettefort ;  voir  ci-dessus,  p.  70). 
Son  contenu  ne  nous  apprend  rien  de  nouveau  sur  l'histoire  de  la  Commission  des  monu- 
ments et  les  services  qu'elle  a  rendus:  c'est  un  panégyrique  qui  montre,  chez  les  membres 
de  la  Commission  et  en  particulier  chez  leur  secrétaire,  un  entier  contentement  d'eux- 
mêmes.  Un  seul  passage  offre  quelque  intérêt  :  c'est  celui  qui  a  rapport  à  la  destruction 
des  tombeaux  des  rois  à  Saint-Denis  (p.  2.5  de  l'imprimé);  la  Commission  y  revendique 
l'honneur  d'avoir  présidé  à  leur  démolition  : 

Dans  un  temps  où  il  était  permis  de  conserver  les  dépouilles  des  rois,  elle  avait 
proposé  de  réunir  à  Saint-Denis  ceux  de  leurs  tombeaux  qui  se  trouvaient  épars 
dans  les  dififérentes  parties  de  la  monarchie,  et  d'ofiVir  ainsi  l'histoire  et  la  série  de 
leurs  règnes  par  leurs  tombeaux;  idée  vraiment  philosophique. 

C'était  pour  l'histoire  et  non  par  amour  pour  les  rois  qu'elle  parlait  :  aussi  dès 
le  moment  où  la  monarchie  s'est  écroulée ,  on  Ta  vue  ne  demander  que  la  conser- 

(')  Archivesnationales, F'', carton  1 008 \  ^^^  Cet  exposé  avait  été  remis  en  manu- 

n°i543. —  Une  transcription  de  cette  lettre  scrit  sur  le  bureau  du  Comité  d'instruction 

se  trouve  dans  le  registre  dos  copies  de  lettres  publique  le  1 5  frimaire, 

de  la  Conunission  des  monuments,  F"*  5.  ^^^   Bibliothèque  nationale,  Lj'  i5,in-8°. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE. 


l/i5 


valion  des  seuls  monuments  qui  pouvaient  être  utiles  aux  arts ,  soit  à  raison  de  la 
perfection  du  travail,  soit  pour  la  conservation  des  costumes;  et  c'est  sous  la  sur- 
veillance de  ses  membres  que  viennent  de  se  de'molir  ces  monuments  de  l'orgueil 
et  de  la  flatterie  ^^\ 

Les  quatre  dernières  pages  de  la  plaquette  sont  occupées  par  la  reproduclion  du  décret 
de  la  Convenlion  du  18  octobre  1793,  qui  réorganisa  la  Commission  et  la  composa  de 
trenle-huit  membres '2'.  Les  noms  de  ces  trente-huit  membres  sont  : 

Ameillion,  Barthélémy,  Bréquigiiy,  Camus,  Dacicr,  David,  Debnre,  Dcsmarest,  D'Or- 
messon,  Doyen,  Leblond,  Masson,  Mercier,  Meusnier,  Mongez,  Morean,  Mouchy,  Pajou, 
Poirier,  Puthod  de  Maisonrouge,  Regnault,  Vandermonde,  membres  de  l'ancienne  Com- 
mission des  monuments; 

Broussonnet,  Courtois,  Mulot,  membres  de  la  Commission  chargée  d'inventorier  ie  mo- 
bilier de  la  couronne  (décret  du  11  août  1792)  désignés  par  l'Assemblée  législative^^',  et 
Boizot,  Cossard,  Demonier  et  Dufourny,  membres  de  la  même  Commission  désignés  par 
l'administration  municipale; 

Guylon,  Barère,  Dusaulx,  Sergent,  membres  de  la  Convenlion,  désignés  par  elle  le 
18  octobre  1792  pour  compléter  le  nombre  de  trente-trois  membres. 

Une  note  de  Mulot,  placée  à  la  suite  du  décret,  indique  que  trois  des  membres  nommés 
le  18  octobre  1799  avaient  été  remplacés  depuis  : 

Le  citoyen  Meusnier,  mort,  et  le  citoyen  Broussonnet,  ont  eu  pour  successeurs 
les  citoyens  Besson  et  Nourry,  ëlus  dans  la  forme  ordinaire ,  à  la  majorité  absolue 
des  suffrages,  après  une  convocation  ad  hoc  de  tous  les  membres ^*^ 

Le  citoyen  Jollain  avait  été  nommé  préce'demment  à  la  place  du  citoyen  Doyen. 

En  conséquence,  au  moment  de  la  suppression  de  la  Commission  des  monuments  par  le 
décret  du  38  frimaire,  la  liste  de  ses  membres  était  ainsi  composée  : 

Ameilhon,  Barère,  Barthélémy,  Besson,  Boizot,  Bréquigny,  Camus,  Cossard,  Courtois, 
Dacier,  David,  Debure,  Demonier,  Desmarest,  D'Ormesson,  Dufourny,  Dusaulx,  Guvton, 
Jollain,  Leblond,  Masson,  Mercier,  Mongez,  Moreau,  Mouchy,  Mulot,  INourry,  Pajou, 
Poirier,  Puthod ,  Regnault ,  Sergent  et  V^andermonde. 

On  relève  sur  cette  liste  les  noms  de  six  membres  de  la  Convcnîion;  mais  deux  d'entre 
eux  seulement  prenaient  encore  part  aux  travaux  de  la  Commission  des  monuments,  Ser- 
gent, qui  en  était  le  président,  et  Courtois;  les  autres,  Barère,  David,  Dusaulx^*),  Guvton, 
avaient  cesse  de  se  considérer  comme  en  faisant  partie;  leurs  noms  ne  paraissent  pas  dans 
les  listes  de  présence,  non  plus  que  ceux  de  Camus,  de  Dufourny  et  de  Leblond, 


^'^  A  rapprocher  de  la  lettre  de  la  Com- 
mission des  monuments  au  président  de  la 
Convenlion,  publiée  dans  notre  tome  II, 
p.  G 10. 

^^'  Voir  le  texte  de  ce  décret  dans  notre 
tome  1",  pages  7-8. 

^•^'  Le  (|uatrlème  des  membres  désignés 
par  l'Assemblée  législative,  Beboul,n'a  pas 
été  maintenu  dans  la  Commission  réorga- 
nisée, probablement  parce  (ju'il  avait  (|uitté 
Paris  à  la  lin  de  la  session  de  l'Assemblée. 


'^*)  La  Convenlion  avait  contiruié  celte 
nomination  par  son  décret  du  ()  brumaire 
(voir  t.  11,  p.  fiii).  Ce  même  décret  avait 
ordonné  que  la  Comniission  présenterait  à 
la  Convention  quatre  suppléants,  dont  deux 
S(>raient  pris  parmi  les  membres  de  l'as- 
semblée; mais  cette  disposition  ne  reçut 
pas  d'exécution. 

^^'  Dusaulx  était  en  état  d'arrestation 
depuis  le  3  octobre  i79'^ 


1A6       PROCÈS-VERBAUX  DU  GOiMlTÉ  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 


On  lit  dans  les  procès-verbaux  de  la  Convention  : 

Scaiice  du  ai  frimaire  au  ii. 

Un  membre ^^^  ouvre  la  discussion  sur  Tinstructiou  publique,  et  se  résume  à  ce 
que  la  Gonvenliou  nationale  décrète  la  priorité  pour  un  des  projets  de  décrets  pré- 
sentés. 

Un  membre  ''^^  demande  la  priorité  pour  le  projet  de  décret  du  Comité. 

Un  autre  ^^^  la  réclame  pour  celui  de  Bouquier. 

Ua  Convention  nationale  accorde  la  priorité  au  projet  de  décret  de  Bouquier,  et 
en  ajourne  la  discussion  à  demain  midi  ^'^ 

La  discussion  qui  eut  lieu  dans  celte  séance  n'est  rapportée  avec  quelque  détail  que  par 
le  Journal  de  la  Montagne  et  le  Moniteur. 

Voici  le  compte-rendu  du  Journal  de  la  Montagne  : 

Convention  nationale,  séance  du  21  frimaire. 

La  discussion  est  reprise  sur  la  priorité  entre  le  décret  revisé  des  écoles  pri- 
maires et  le  nouveau  plan  du  Comité,  présenté  par  Bouquier. 

Roiume  la  réclame  pour  le  premier  projet,  rétablit  quelques  faits  relatifs  à  l'édu- 
cation athénienne  qu'on  lui  avait  opposée  ^^\  et  s'applique  à  faire  sentir  que 
décréter  la  liberté  de  l'enseignement  ce  serait  entretenir  une  distinction  odieuse 
entre  le  riche  et  le  pauvre,  et  laisser  celui-ci  dans  un  galetas,  comme  auparavant. 
Tous  nos  efforts ,  dit-il,  tous  nos  vœux  doivent  tendre  à  rendre  les  instituteurs  pu- 
blics inutiles,  en  procurant  aux  pères  les  lumières  et  le  civisme  nécessaires  pour 
former  l'ame  des  jeunes  répuWicains  :  mais  serait-il  sage  de  s'en  reposer  aujour- 
d'hui sur  eux  de  cette  tache  à  laquelle  est  attaché  le  sort  de  la  liberté  ? 

Jay  Saintc-Foy  s'indigne  qu'on  outrage  ainsi  la  raison  populaire.  11  ne  voit  dans 
les  articles  revisés  que  le  régime  des  universités  renouvelées  de  l'évêque  d'Autun  et 
de  Condorcet,  et  dégagé  de  ce  qu'il  offrait  de  plus  absurde.  Les  quarante  mille 
bastilles  oii  l'on  propose  de  renfermer  la  génération  naissante  lui  semblent  la  meil- 

^^)  Les  journaux  ne  nous  apprennent  pas  ^^^  11   s'afjit  sans  doute  du  passage  du 

quel  est  le  membre  qui  a  parlé  le  premier  discours   de  Thibaudeau    où   on    lit  :  ffA 

ce  jour-là.  Peut-être  est-ce  Petit,  qui,  le  Rome  et  dans  la   Grèce  il   n'existait,  aux 

19  frimaire,  avait  été  interrompu,  et  qui  plus  beaux  jours  de  la  philosophie  et  des 

achèverait  maintenant  sa  lecture;  peut-être  arts,    rien    de   pareil    à   ces   organisations 

est-ce  Bouquier.  scientifiques 55;  et  plus  loin  :  «Qu'on  ne  dise 

'-^  C'est  Romme.  pas  que  nous  sommes  des    Vandales.   Les 

^^)   C'est  Jay  de  Sainte-Foy.  Grecs  étaient-ilh  des  barbares,  parce  que  le 

(*)  Procès -verbal     de    la    Convention,  gouvernement  n'y  salariait  pas  les  proles- 

t.  XXVIÎ,  p.  lay.  seurs?» 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  Ul 

leure  ressource  qu'on  ait  pu  imaginer  pour  soutenir  le  dernier  espoir  (Je  la  tyrannie, 
ou  pour  la  ressusciter  de  ses  cendres.  Il  insiste  fortement  en  faveur  de  Tautorite 
paternelle,  que  Ton  ne  rougit  pas  do  transmettre  à  des  mains  mercenaires  et  pour 
la  plus  grande  partie  h  des  suppôts  de  la  chicane.  Nos  défenseurs,  en  rentrant  dans 
leurs  foyers,  s'e'crie-t-il ,  seront-ils  bien  touchés  d'apprendre  qu'un  procureur  au 
Châtelet,  par  exemple,  est  chargé  d'inspirer  des  vertus  républicaines  à  leurs  en- 
fants? Gomme  si  les  fondateurs  de  la  liberté  avaient  besoin  d'un  tiers  pour  com- 
muniquer à  leur  famille  l'enthousiasme  dont  ils  sont  embrasés  ! 

On  demande  de  toutes  parts  la  clôture  de  la  discussion.  La  priorité  est  accordée, 
à  une  grande  majorité,  au  nouveau  plan. 

F.  P.  ^^\ 

La  Feuille  du  salut  public  dit  simplement  : 

Convention  nationale,  primidi  de  la  3'  décade  de  fiimaire. 

La  discussion  se  reprend  sur  l'instruction  publique.  Après  des  débats  assez  vifs. 
la  priorité  est  accordée  au  plan  de  Bouquier;  elle  (sic)  ajourne  à  demain  la  dis- 
cussion de  ce  plan ,  dont  le  but  est  la  hberté  de  l'enseignement. 

Séance  levée  à  quatre  heures  ^^\ 

Le  Journal  de  Paris  : 

Convention  nationale,  séance  du  21  frimaire. 

Roimne,  rapporteur  du  Comité  d'instruction ,  a  répondu  au  système  présenté  par 
Thibaudeau  dansl'avant-dernière  séance.  Le  projet  du  Comité  n'en  a  pas  moins  été 
écarté,  et  demain  la  discussion  s'ouvrira  sur  le  plan  d'éducation  du  citoyen  Poul- 
tier  {s{c)^^\ 

Le  compte-rendu  du  Moniteur  est  sorti  de  la  même  plume  que  celui  du  Jomnial  de  la 
Montagne.  Le  voici  : 

Convention  nationale,  séance  du  21   tnmaire. 
Suite  de  la  discussion  sur  l'instruction  publique. 


(4) 


/^omme  réclame  la  priorité  |)0ur  le  premier  projet  du  Comité  diiislruclioii;  il 
rétablit  quek|ues  faits  relatifs  à  l'éducation  athénienne  ({u'on  lui  avait  opposée,  et 
s'np[)li(pie  à  faire  sentir  que  décréter  la  liberté  (h^  renseignement  ce  serait  onln- 

^'^   Journal    de  la    Montagne,     n"    'JQ,           compU'-i'endu  do   la  discussion  du    -.u   iVi- 

îjiî  rriu)aiie  an  II.  maiiv,  dos  analyses  des  discours  de  Foiu- 

^-^   i\'udle    du  siilut   public,    n'     iCti,          croy  et  de  Tliihaudeau,  prononrés  dans  la 

a'j  frimaire  an  11.  séance  du  19  fiimaiiv,  et  du  plan  de  Bou- 

'^^  Journal   de  Pa)is    national,  n"  'MiG ,          (piier,  présentt>  dans  la  séance  du  iS  Iri- 

•ja  irimaiic  an  11.  maire.     Nous    ne     reproduisons     p;is     ces 

^*'   Le  Moniteur  a  intercalé,  en   lèle  du  analyses. 

10. 


1^8      PROCÈS-VERBAUX  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

tenir  une  distinction  odieuse  entre  le  riche  et  le  pauvre,  et  laisser  celui-ci  dans  un 
galetas,  comme  auparavant.  Tous  nos  efforts, dit-il,  tous  nos  vœux  doivent  tendre 
à  rendre  les  inslituleurs  [)ul)lics  inutiles,  en  procurant  aux  pères  les  lumières  et  le 
civisme  nécessaires  pour  former  rame  des  jeunes  républicains  :  mais  serait-il  sage 
de  s'en  reposer  aujourd'hui  sur  eux  de  cette  tâche  à  laquelle  est  attache'  le  sort  de 
la  liberté? 

Jay  Sa'mle-Foij  s'indigne  qu'on  outrage  ainsi  la  raison  populaire.  Il  ne  voit  dans 
les  articles  révisas  que  le  régime  des  universités  renouvelées  de  l'évêque  d'Autun 
et  de  Condorcel,  et  dégagé  de  ce  qu'il  offrait  de  plus  absurde.  Les  quarante  mille 
bastilles  où  l'on  propose  de  renfermer  la  g('nération  naissante  lui  semblent  la  meil- 
leure ressource  qu'on  ait  pu  imaginer  pour  soutenir  le  dernier  espoir  de  la  tyrannie, 
ou  pour  la  ressusciter  de  ses  cendres.  Il  insiste  fortement  en  faveur  de  l'autorité 
paternelle,  que  l'on  ne  rougit  pas  de  transmettre  à  des  mains  mercenaires  et,  pour 
ia  plus  grande  partie,  à  des  suppôts  de  la  chicane.  Nos  défenseurs,  en  rentrant 
dans  leurs  foyers,  s'écrie-t-il ,  seront-ils  bien  touchés  d'apprendre  qu'un  procureur 
au  Chatelet,  par  exemple,  est  chargé  d'inspirer  des  vertus  républicaines  à  leurs 
enfants?  Gomme  si  les  fondateurs  de  la  liberté  avaient  besoin  d'un  tiers  pour  com- 
muniquer h  leur  famille  l'enthousiasme  dont  ils  sont  embrasés  ! 

On  demande  de  toutes  parts  la  clôture  delà  discussion.  La  priorité  est  accordée, 
à  une  grande  majorité,  au  nouveau  plan  présenté  par  Bouquier. 

La  séance  est  levée  à  cinq  heures  ^^\ 

Enfin  le  Journal  des  débats  et  des  décrets  dit  seulement  : 

Convention  nationale ,  séance  du  -2 1  fi'imaire. 

La  Convention  reprend  la  discussion  sur  l'instruction  publique.  La  priorité, 
mise  aux  voix ,  est  accordée  au  plan  de  Rouquier,  qui  sera  discuté  demain  à  midi. 
r^a  séance  est  levée  à  quatre  heures  ^'^ 

Le  député  P.-J.  Audouin,  rédacteur  du  Journal  universel,  exprime  en  ces  termes  la 
satisfaction  que  lui  cause  le  vote  de  la  Convention  : 

On  a  accordé  la  priorité  au  plan  d'éducation  de  Bouquier.  Liberté!  hberté  tout 
entière  I  point  de  trônes  pédagogiques  ^^M 

Le  soir  du  21  frimaire,  Bouquier  donna  lecture  de  son  plan  au  club  des  Jacobins. 
Voici  un  extrait  du  compte-rendu  de  la  séance  du  club,  emprunté  au  Moniteur  : 

^')  Moniteur  du  28  frimaire  an  11,  p.  336.  —  ^^^  Journal  des  débals  et  des  décrets, 
if  A/19,  p.  3oC.  —  ^^^  Journal  universel,  n°  i''i79,  22  frimaire  an  11. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE. 


U9 


SOCIETE  DES   AMIS   DE   LA   LIBERTE   ET   DE   L'EGALITE,  SEANTE  AUX  JACOBINS. 

Présidence  de  Fodrcroy. 

Séance  du  2 1  frimaire. 

Bouqm'er  vient  communiquer  à  la  Société  le  projet  de  décret  pour  l'instruction 
publique,  auquel  la  Convention  a  donné  la  priorité  dans  sa  séance  d'aujourd'hui. 

Félix  Lepeletier  désire  que  ce  plan  soit  réimprimé  aux  frais  de  la  Société,  et 
distribué  à  tous  ses  membres.  11  demande  que  ce  plan  soit  ensuite  discuté,  et  de- 
mande  à  cet  eflet  la  parole  pour  la  prochaine  séance. 

La  Société  en  arrête  l'impression  et  la  distribution  ^'^ 

Hébert  ^^K  Les  flatteurs  des  rois  donnèrent  beaucoup  d'éloges  à  Louis  XIV  parce 
qu'il  avait  élevé  des  monuments  à  son  orgueil  dans  des  temps  de  calamité.  Com- 
bien de  louanges  réelles  ne  mérite  pas  la  Convention,  qui  en  élève  au  bonheur 
du  genre  bumain  au  milieu  de  ses  immenses  travaux!  Il  est  beau  d'avoir  imité 
dans  ses  plans  le  trait  fameux  de  ces  Romains  qui,  dans  des  temps  de  crise  et 
d'orage,  où  Rome  était  resserrée  dans  ses  propres  murs,  achetèrent  à  l'encan  le 
champ  où  était  situé  le  camp  de  l'ennemi.  La  Convention  de  même  a  fixé  à  Valen- 
ciennes  le  lieu  où  elle  établira  une  école  de  génie ^^^  Ce  trait  est  admirable,  et 
peint  la  législature  actuelle.  Un  Romain  aussi  mérita  que  le  Sénat  de  son  pays 
lui  votât  des  remerciements  pour  n'avoir  pas  désespéré  du  salut  de  la  République. 
Sous  ce  rapport  encore  le  décret  en  question  est  admirable.  Je  demande  que  la 
Société,  pour  s'occuper  dignement  d'un  objet  aussi  intéressant  que  l'instruction 
publique,  mette  continuellement  à  l'ordre  du  jour  le  plan  qui  vient  de  vous  être 
présenté.  —  Adopté. 

Hassenfratz  voit  avec  peine  que,  tout  en  disant  qu'on  ne  s'occupera  point  des 
sciences ^*\  on  admet  dans  l'instruction  publique  l'astronomie,  la  chimie,  etc.^^^ 


(')  Le  Musée  pédago^jique  possède  un 
exemplaire  de  l'édition  du  Rapport  et  projet 
de  décret  de  Bouquier  faite  aux  frais  des 
Jacobins  (n°  1 170A). 

(*)  Hébert  avait  justement  eu  à  passer 
au  scrutin  préparatoire  dans  cette  même 
séance;  et,  en  réponse  à  dos  reproclios  de 
Bontabole,  il  venait  de  faire  sa  célèbre 
déclaration  de  principes  :  ffOn  m'accuse 
d'athéisme,  je  nie  formellement  l'accusa- 
tion  Je  déclare  que  je  prêche  aux 

habitants  des  campajjnes  de  Hre  l'Evangile. 
Ce  livre  me  paraît  excellent,  et  il  on  faut 
suivre  toutes  les  maximes  pour  être  parfait 
Jacoliin;  le  Christ  me  semble  le  fondateur 
des  Sociétés  populaires,  n 

'^^   Voir    l'arlichî  !\    de   la   sous-section 


intitulée  Enseignement  de  sciences  utiles  à 
la  sociélé  (p.  60). 

^*^  Le  rapport  de  Bouquior  disait  :  «Les 
nations  libres  n'ont  pas  besoin  d'une  caste 
de  savants  spéculatifs.  .  .  Les  sciences  de 
pure  spéculation  détachent  de  la  sociélé  les 
iiulividus  qui  les  cultivent,  et  deviennent 
à  la  longue  un  poison  qui  ruine,  énerve  et 
détruit  les  républiques,  n 

(^)  Le  projet  de  décret  prévoit  (sous- 
section  Enseignement  de  sciences  utiles  à  la 
société)  l'entretien  aux  frais  de  la  Républi- 
<pie  de  (piatre  observatoires  (arl,  7), 
et  menlioiuie  la  chimie  au  nombre  des 
sciences  que  devront  enseigner  les  officiers 
de  santé  attachés  aux  maisons  do  lùeufai- 
sance    (art,  3).    —  Hasseiifral/,    rliiniislo 


ir)0       PROCÈS-VERBAUX  DU  COMITE  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

Dufounijj  observe  que  ré^oalité  est  la  base  de  la  conslitulion  et  de  rinslruction. 
Il  ne  voit  pas  qu'on  ait  fonnellenient  déclaré  que  l'égalité  est  le  premier  but  vers 
lequel  doivent  être  dirip;és  les  pas  de  tous  les  hommes.  Il  veut  qu'on  déclare  que 
les  entants  des  riches  seront  essentiellement  les  égaux  des  enfants  des  pauvres.  — 
On  applaudit  ^^^ 

Le  5  9  frlmairo  s'ouvrit  à  la  Coiivenlion  le  débat  sur  le  plan  de  Bouquicr.  Lo  procès- 
vorbal  do  la  séance  ne  dit  rien  de  la  discussion  qui  eut  lieu  ce  jour-là;  ce  fut  cependant 
la  plus  importante  de  celles  auxquelles  donna  lieu  le  plan  nouveau,  puisqu'elle  porta 
essentiellement  sur  la  question  de  l'obligation ,  et  que  Danton  crut  devoir  intervenir 
pour  crrappolor  les  principes».  Mais  la  presse  nous  renseigne.  Nous  donnons  en  premier 
lieu  le  coinpto-roudu  du  Moniteur,  qui  est  le  plus  complet  : 

Convention  nationale,  séance  du  22  frimaire. 
Suite  de  la  discussion  sur  l'instruction  publique. 
Bouquier.  Vous  avez  accordé  hier  la  priorité  au  plan  que  je  vous  ai  présenté. 

[Suit  la  reproduction  in  extenso  du  rapport  de  Bouquier.] 


Bouquier  lit  son  projet  de  décret. 
Les  articles  suivants  sont  décrétés  : 

[Suit  le  texte  des  articles  formant  la  I"  et  la  IV  section  du  projet.] 

Les  opinions  se  trouvant  partagées  sur  la  quotité  du  traitement  à  accorder  aux 
instituteurs ,  cet  article  est  renvoyé  au  Comité  ^'K 

La  discussion  s'établit  principalement  sur  l'article  portant  que  les  pères  et  mères, 
tuteurs  et  curateurs,  pourront,  à  leur  choix,  envoyer  leurs  enfants  ou  pupilles 
aux  écoles  de  première  instruction  ^^'. 

Charlier  demande ,  par  amendement ,  qu'au  lieu  de  pourront  il  soit  mis  seront  tenus. 

Thibaudeau  s'oppose  à  cet  amendement,  et  s'appuie  principalement  sur  les  droits 
de  la  nature. 

Danton.  Il  est  temps  de  rétablir  ce  grand  principe,  qu'on  semble  tous  mécon- 
naître :  que  les  enfants  appartiennent  à  la  République  avant  d'appartenir  à  leurs  pa- 


lui-mème,  n'est  pas  un  détracteur  des 
sciences  :  il  demande  seulement  que  leur 
enseignement  ne  fasse  pas  partie  de  l'in- 
struction publique,  et  reste  libre.  C'est  la 
thèse  de  Fourcroy,  de  Cloots  et  de  la 
plupart  des  Jacobins. 

^^^  Moniteur  du  2  A  frimaire  an  11,  p.  338. 
—  Toutes  les  séances  du  club  ayant  été 
occupées  par  les  opérations  du  scrutin  épu- 
ratoire  jusqu'au  28  nivôse,  jour  où  sur  la 


proposition  de  Robespierre  commença  la 
discussion  sur  les  crimes  du  gouvernement 
anglais,  les  Jacobins  n'eurent  pas  le  temps 
de  discuter  le  plan  de  Bouquier,  dont  les 
trois  premières  sections  furent  adoptées 
par  la  Convention  le  29  frimaire.  Le  96, 
Bouquier  fut  élu  président  du  club  en 
ren)placement  de  Fourcroy. 

(2)  C'est  l'article  h  de  la  IIP  section. 

^^^   Article  6  de  la  IIP  section. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  I.Vl 

renls.  Personne,  plus  ({ue  moi ,  ne  respecte  la  nature.  Mais  l'inte'rét  social  exige  que 
là  seulenieiil  doivent  se  re'unir  les  afTections  ^^K  Qui  me  re'pondra  que  les  enfants, 
travaille's  par  l'égoïsme  des  pères,  ne  deviennent  dangereux  pour  la  Ilépublique? 
Nous  avons  assez  fait  pour  les  affections,  devons-nous  dire  aux  parents;  nous  ne 
vous  les  arrachons  pas,  vos  enfants;  mais  vous  ne  pourrez  les  soustraire  à  l'in- 
fluence nationale.  Et  que  doit  donc  nous  importer  la  raison  d'un  individu  devant 
la  raison  nalionale?  Qui  de  nous  ignore  les  dangers  que  peut  produire  cet  isole- 
ment perpétuel?  C'est  dans  les  écoles  nationales  que  l'enfant  doit  sucer  le  lait 
républicain.  La  République  est  une  et  indivisible.  L'instruction  publique  doit 
aussi  se  rapporter  à  ce  centre  d'unité.  A  qui  d'ailleurs  accorderions-nous  cette 
faculté  de  s'isoler?  C'est  au  riche  seul.  Et  que  dira  le  pauvre,  contre  lequel  peut- 
(Hro  on  élèvera  des  serpents?  J'appuie  donc  l'amendement  proposé.  (Vifs  applau- 
dissements. ) 

L'amendement  est  adopté. 

Tlubaucleau  en  demande  le  rapport.  Son  opinion  est  vivement  combattue  par 
Lecoinie-Puyraveau ,  qui  fait  sentir  la  nécessité  de  s'assurer  de  la  génération  future 
par  une  instruction  populaire  et  commune. 

La  discussion  est  interrompue  par  un  rapport  du  Comité  de  salut  public  '-'\ 

Voici  le  compte-rendu  du  Journal  de  la  Montagne  : 

Convention  nationale,  séance  du  22  frimaire. 

L'ordre  du  jour  appelait  la  discussion  sur  le  plan  de  Bouquier.  Les  articles 
suivants  sont  adoptés  : 

[Suit  le  texte  des  articles  formant  la  1"  et  la  11°  section  du  projet,  et  des  deux  pre- 
miers articles  de  la  IIP  section.  ] 

Les  opinions  s'étant  trouvées  partagées  sur  le  traitement  à  assurer  aux  insti- 
tuteurs, cet  article  est  renvoyé  à  un  nouvel  examen  du  Comité. 

Une  autre  question  a  entraîné  de  plus  vifs  débats  :  c'est  celle  de  savoir  si  les 
pères  et  mères  doivent,  ou  non,  envoyer  leurs  enfants  aux  écoles  publiques.  Le 
Comité  s'était  déterminé  pour  une  entière  liberté  à  cet  égard. 

Danton  a  cru  devoir  rappeler  les  principes.  Les  enfants ,  a-t-il  dit,  appartiennent 
à  la  société,  avant  d'ap[)artenir  à  leur  famille.  Je  respecte,  autant  qu'un  autre,  les 
spntimonts  de  la  nature.  Mais  je  sais  cpio  toutes  nos  aifections  doivent  se  fondre  en 
une  seule,  celle  de  la  patrie,  et  le  projet  du  Comité  me  semble  conduire  à  un 
isolement  absolument  contraire  à  l'esprit  républicain. 

La  Convention  adopte  l'amendement. 


F.  P.  '^ 

^'^  Cette  phrase  obscure  paraît  signifier  :  «Toutes  nos  atTeclions  doivent  se  fondre  en 

ii'in!(''r('t  social  e\i|j[e  (pie  les  afl'oclions  aicnl  niK'  seule,  colle  de  la  pairie*', 
ia    lu''j)nl)li(pi('   pour   rentre    connunn.   (ir  -'    .Uo»i7<'«r(lu  a'i  frimaire  au  11,  p.  ,"^."ù). 

serait  réquivalenl  de  la  version  donnée  par  '"''  Junnuil    <//•    la    Moiitnipte,    u"    ',\o, 

lo  Journal  do  la  Mo»ffl//"/JC  (voir  plus  loin)  :  a3  friinaiie  an  il. 


152       PROCÈS-VERBAUX  DU  COMITE  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

La  Feuille  du  snhit  public  dit  à  peu  près  les  mêmes  choses  : 

Convention  nationale,  duodi  de  la  3*  décade  de  frimaire. 

La  discHssion  i-eprend  sur  rinstrnction  publique. 

La  discussion  s'établit  principalement  sur  l'article  portant  que  les  pères  et 
mères,  tuteurs  et  curateurs,  pourront,  à  leur  choix,  envoyer  leurs  enfants  ou  pu- 
pilles au\  écoles  de  première  iiislrnclioii.  Charlier  demande,  par  amendement, 
qu'au  lieu  do  pourront,  il  soit  mis  seront  tonus,  Thihaudeau  s'oppose  à  cet  amen- 
dement, et  s'appuie  principalement  sur  les  droits  de  la  nature.  II  est  temps,  dit 
Danton,  de  rétablir  ce  grand  principe,  qu'on  semble  tous  méconnaître:  que  les 
enfants  appartiennent  à  la  République  avant  d'appartenir  à  leurs  parents.  Per- 
sonne plus  que  moi  ne  respecte  la  nature.  Mais  l'intérêt  social  exige  que  là  seu- 
lement doivent  se  réunir  les  affections.  Oui  me  répondra  que  les  enfants,  travaillés 
par  l'égoïsmc  des  pères,  ne  deviennent  dangereux  pour  la  Répubhque?  Nous  avons 
assez  fait  pour  les  affections,  devons-nous  dire  aux  parents;  nous  ne  vous  les  arra- 
chons pas,  vos  enfants;  mais  vous  ne  pourrez  les  soustraire  à  l'influence  nationale. 

Et  que  doit  donc  nous  importer  la  raison  d'un  individu  devant  la  raison  natio- 
nale? Qui  de  nous  ignore  les  dangers  que  peut  produire  cet  isolement  perpétuel? 
C'est  dans  les  écoles  nationales  que  l'enfant  doit  sucer  le  lait  républicain.  La  Ré- 
publique est  une  et  indivisible.  L'instruction  pubhque  doit  aussi  se  rapporter  à 
ce  centre  d'unité.  A  qui  d'ailleurs  accorderions-nous  cette  faculté  de  s'isoler?  C'est 
au  riche  seul.  El  que  dira  le  pauvre,  contre  lequel  peut-être  on  élèvera  des  ser- 
pents? J'appuie  donc  l'amendement  proposé.  (Vifs  applaudissements.)  Il  est 
adopté.  Thihaudeau  en  demande  le  rapport.  De  vifs  débats  s'élèvent. 

Danton  est  vivement  appuyé,  et  surtout  d'après  le  principe  général  de  toutes 
les  répubhques.  Lecointe-Puyraveau ,  a  l'appui  du  raisonnement  de  Danton,  dé- 
veloppe, avec  énergie,  la  nécessité  de  s'assurer  de  la  génération  future,  qui  pour- 
rait se  gangrener  par  l'instruction  isolée. 

Nous  donnerons  demain  les  articles  décrétés. 

La  discussion  est  interrompue  par  Barère^^^ 

Le  Journal  de  Paris  ne  dit  rien  de  la  discussion  ;  il  analyse  le  plan  de  Bouqnier,  et  an- 
nonce qu'il  a  été  adopté ,  ce  qui  n'est  vrai  que  des  deux  premières  sections  : 

Convention  nationale,  séance  du  22  frimaire. 

Bouquier,  dont  le  système  sur  l'organisation  nationale  a  obtenu  la  priorité  dans 
la  séance  précédente,  a  lu  son  rapport  et  son  projet  de  décret  formant  un  plan  gé- 
néral d'instruction  publique ,  dont  les  bases  sont  les  mêmes  que  celles  de  la  Consti- 
tution ;  la  Liberté,  l'Egalité,  la  Brièveté  :  voici  l'extrait  du  rapport  de  Bouquier. 

[Suivent  des  extraits  assez  étendus  du  rapport.] 
Le  projet  présenté  a  été  adopté  ;  nous  le  donnerons  demain  '^^K 

(''  Feuille  du  salut  public,  n°  iG^,  2^  (ri-  (^)  Journal  de  Paris   national,  n°  3/17, 

m.iire  an  ti.  9.3  frimaire  an  n. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  153 

Le  Journal  des  débats  et  des  décrets  donne  du  discours  de  Danton  une  version  un  peu 
différente  de  celle  du  Moniteur  : 

Convention  nationale,  séance  du  92  frimaire. 

L  instruction  publique  ëtait  à  l'ordre  du  jour.  Hier  la  Convention  accorda  la 
priorité'  au  plan  de  Bouquier.  Elle  le  discute.  Plusieurs  articles  sont  successive- 
ment décrétés. 

L'un  d'eux  porte  que  les  pères,  mères,  tuteurs  ou  curateurs  pourront  à  leur 
choix  envoyer  leurs  enfants  ou  pupilles  aux  écoles  du  premier  degré  d'instruction, 
en  observant  des  conditions  qui  sont  exprimées  dans  les  articles  suivants. 

Danton  s'oppose  à  cette  mesure.  Il  pense  que  nous  appartenons  tous  à  la  Répu- 
blique avant  d'appartenir  à  nos  parents;  que  nul  n'est  le  maître  de  ne  pas  donner 
d'instruction  à  ses  enfants,  ce  qui  arriverait  si  on  laissait  aux  pères  la  faculté 
d'envoyer  ou  de  ne  pas  envoyer  leurs  enfants  aux  écoles  ;  que  nous  ne  devrons  la 
régénération  des  mœurs  et  la  destruction  de  tous  les  préjugés  qu'au  mélange  de 
tous  les  citoyens,  qui  s'opérera  dans  les  écoles  communes;  que  si  les  pères  pou- 
vaient garder  chez  eux  leurs  enfants ,  les  aristocrates ,  les  riches ,  les  égoïstes  leur 
transmettraient  leurs  préjugés  et  les  propageraient  dans  une  génération  que  Ton 
veut  en  garantir.  Il  demande  que  l'on  soit  tenu  d'envoyer  les  enfants  aux  écoles 
communes  :  cette  proposition  est  décrétée  ^'^ 

La  discussion  du  plan  de  Bouquier  continua  et  s'acheva  dans  la  séance  du  aS. 
Le  procès-verbal,  celte  fois,  contre  son  habitude,  nous  donne  le  détail  du  débat,  l'in- 
dication complète  des  articles  votés  et  des  articles  renvoyés  au  Comité.  En  voici  l'extrait  : 

Séance  du  28  frimaire  an  11. 

On  reprend  la  discussion  sur  l'instruction  pubhque.  Le  rapporteur  lit  l'aiticle  8 
de  la  troisième  section ,  ainsi  conçu  : 

ffCeux  desdils  pères,  mères,  tuteurs  ou  curateurs  qui  n'auraient  pas  rempli  les 
conditions  ci-dessus  seront  tenus  de  payer  l'instituteur  ou  l'institutrice  en  confor- 
mité du  tarif  et  à  raison  du  nombre  d'enfants  ou  pupilles  qu'ils  leur  auraient  conllés.  « 

Un  membre  ^^^  propose  que  les  municipalités  soient  établies  juges  des  peines  à 
porter  contre  les  pères,  mères,  tuteurs  ou  curateurs  qui  refuseraient  d'envoyer 
leurs  enfants  ou  pupilles  aux  écoles  primaires,  en  fixant  toutefois  le  maximum  de 
l'amende  qui  serait  prononcée. 

Un  autre  membre  ^^^  propose  de  décréter  que  le  tribunal  de  police  correction- 
nelle condamnera,  pour  la  première  fois,  à  une  amende  qui  ne  pourra  excéder 
trois  cents  livres;  pour  la  seconde  fois,  h  une  amende  de  six  cents  livies,  avec  af- 
fiche du  jugement  qui  déclarera  (pie  les  pères,  mères,  tuteurs  ou  curateurs  doi- 
vent ^'tre  regardés  comme  ennemis  de  l'égalité;  pour  la  troisième  fois,  à  une 
amende  de  six  cents  livres,  par  chaipie  année,  jusqu'à  soumission  à  la  loi,  et  sus- 
pension de  l'exercice  des  droits  de  citoyen. 

^•'  Journal  des  débats  et  des  décrets,  n"  /ir)0,  p.  SiT).  —  ^*^  Nous  ne  savons  p;is  l(^  iKnn 
de  ce  nienjbro.  ^  ')  Nous  ne  savons  pas  le  nom  de  cet  autre  inomltre. 


15^1       PROCÈS-VERB\UX  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

L'assoniblëe  renvoie  l'article  et  ces  différentes  propositions  au  Comité'  d'instruc- 
tion pul)li(pie. 

Sui'  la  proposilion  d'un  nioml)re^^\  la  Convention  nationale  décrète  que  les  in- 
stituteurs ne  pourront,  sons  aucun  ])rétexte,  tenir  en  pension  leurs  élèves  en  tout 
ou  en  partie,  sous  peine  de  destilution^^\ 

Les  arlicles  9 ,  10,  11,  1  îî  ,  1 3 ,  ih  et  1 5  sont  adoptés  ainsi  qu'il  suit  : 

rrART.  9.  Lcs  enfants  ne  pourront  être  installés  dans  les  écoles  qu'à  six  ans 
r.cconiplis,  et  le  premier  jour  de  chaque  mois^^^ 

ctArt.  10.  Les  instituteurs  ou  institutrices  du  premier  degré  d'instruction  tien- 
dront registre  des  noms,  prénoms  des  enfants,  et  du  mois  où  ils  auront  été  installés 
dans  leurs  écoles. 

ff  Art.  11.  Ils  seront  payés  par  trimestre;  et  h  cet  effet  ils  seront  tenus  de  pro- 
duire à  la  municipalité,  ou  à  la  section,  un  relevé  de  leurs  registres,  fait  mois 
par  mois,  ]iorlant  les  noms  et  prénoms  des  enfants  qui  auront  assisté  à  leurs 
leçons  pendant  clia([ue  mois.  Ce  relevé  sera  confronté  avec  celui  de  la  municipalité 
ou  de  la  section;  la  confrontation  faite,  il  leur  sera  délivré  un  mandat. 

ff  Art.  12.  Ce  mandat  contiendra  le  nombre  des  enfants  qui  pendant  chaque  mois 
auront  suivi  l'école  de  l'instituteur  ou  de  l'institutrice,  et  la  somme  qui  lui  sera 
due;  il  sera  signé  du  maire  et  de  deux  officiers  municipaux,  ou  de  deux  membres 
du  conseil  général  de  la  commune,  ou  par  le  président  de  la  section  et  deux 
membres  du  conseil  de  ladite  section,  et  par  le  secrétaire. 

ffART.  13.  Les  mandats  seront  visés  par  les  directoires  et  payés  à  vue  par  les 
receveurs  des  districts. 

ffART.  \à.  Les  jeunes  gens  qui,  au  sortir  des  écoles  du  premier  degré  d'instruc- 
tion, ne  s'occuperont  pas  du  travail  de  la  terre,  seront  tenus  d'apprendre  une 
science,  art  ou  métier  utile  à  la  société. 

ffART.  15.  Ceux  desdits  jeunes  gens  qui,  à  l'âge  de  vingt  ans  accomplis,  ne  se 
éeront  pas  conformés  aux  dispositions  de  l'article  ci-dessus,  seront  privés,  pour 
le  reste  de  leurs  jours,  de  l'exercice  du  plus  beau  de  tous  les  droits,  celui  de 
citoyen  ^^\fl 

La  séance  est  levée  à  quatre  heures  ^^K 


^')  C'est  Fabre  d'Églanline  {Journal  de 
Paris).  Le  procès-verbal  ne  dit  pas  qu'à 
cette  occasion  Fabre  fut  nommé  membre 
du  Comité  :  mais  on  trouve  aux  Archives 
nationales  (F'"',  carton  ioo8,  n"  i3i8) 
une  expédition  du  décret,  en  date  du  28  fri- 
maire ,  "adjoignant  le  citoyen  I^'abre  d'Églan- 
line  au  Comité  d'instruction  publique». 

^-^  (lelte  disposition  fut  ajoutée  à  l'ar- 
ticle 1 0  du  titre  ill. 

^•■'    Cet  article,  aiigmenté  de  deux  autres 


dispositions,  fut  placé,  dans  le  décret  dé- 
finitif, avant  l'article  relatif  aux  sanctions 
pénales,  et  devint  l'article  8,  tandis  que 
l'ancien  article  8,  amendé,  devint  l'ar- 
ticle 9.  Voir  la  séance  du  Comité  du  26  fri- 
maire (p.  166). 

('*)  L'article  1 5  sera  complété  encore  par 
deux  autres  dispositions.  Voir  la  séance  du 
Comité  du  â(3  frimaire  (p.  i64). 

•^5)  IVocès  -  verbal  de  la  Convention, 
t.  XXVII,  p.  169. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  15.") 

Si  le  procès-verbal  s'est  montré  plus  explicite  qu'à  l'ordinaire,  la  presse,  par  contre, 
est  très  sobre  de  détails;  elle  se  borne  à  reproduire  les  articles  adoptés,  sins  donner  les 
discussions  et  sans  mentionner  aucun  nom  propre,  à  Texceplion  du  Journal  de  Paris,  au- 
quel nous  devons  de  savoir  que  Fabre  dÉglanline  fut  l'auteur  de  la  proposition  tondant  à 
interdire  aux  instituteurs  de  tenir  pension  particulière,  et  qu'il  fut,  à  cette  occasion,  nommé 
membre  du  Comité  d'instruction  publique. 

Voici  le  compte-rendu  du  Journal  de  la  Montafrne  : 

Convention  nationale,  se'ance  du  2.3  frimaire. 

Boufjuier  reprenô  la  suite  du  plan  d'éducation  publique.  \  oici  les  arlicles 
adoptés  : 

[Suit  le  texte  des  articles  5,  6  et  7  de  la  IIP  section  du  projet ^'^.] 

Quant  à  la  peine  à  infliger  aux  pères,  mères,  tuteurs  ou  cuiateurs  qui  n'au- 
raient pas  rempli  les  conditions  ci-dessus  ^^^  renvoyé  à  un  nouvel  examen  du  Co- 
mité. 

[Vient  ensuite  le  texte  des  articles  9,  lo,  11,  ijî,  i3,  i^i  et  i5  de  la  IIP  section.] 
Cet  article  ^^^  a  été  adopté  sauf  rédaction  ^''\ 

Voici  celui  de  la  Feuille  du  salut  public  : 

Convention  nationale,  tridi  de  la  3*  décade  de  frimaire. 

La  discussion  reprend  sur  l'instruction  publicjue.  Les  articles  suivants  sont  dé- 
crétés : 

[Suit  le  texte  de  l'article  7  de  la  III*  section  du  projet.] 

L'article  8,  sur  les  peines  à  infliger  aux  pères,  mères  contrevenant  aux  articles 
ci-dessus ,  est  renvoyé  au  Comité. 

La  Convention  décrète  en  principe  que  les  instituteurs  ne  pourront  tenir  pension. 

[Suit  le  texte  des  articles  9,  10,  11,  ts,  i3  et  lA  de  la  IIP  section  du  projet  ^^\] 

Le  Journal  de  Paris  dit  : 

Convention  nationale,  séance  du  2.3  frimaire: 
La  suite  du  plan  d'éducation  nationale  de  Bouquier  a  été  mise  à  la  discussion. 
Plusieurs  arlicles  ont  été  décrétés;  les  voici  : 

[Suit  la  reproduction  in  extenso  des  (piatre  articles  do  la  V  section,  dos  trois  aiMiclos 
de  la  IP  section  et  des  trois  premiers  aiticlos  de  la  IIP  section  ("^] 

^')   Il  y  a  ici  une  erreur  du  journaliste.  (*)    Feuille    du    salut    pul)lic ,     n'    ili'i. 

Les  arliclos  5  et  6  avaient  éb'  discutés  la  9^  frimaire  an  ii. 

veille;  cVst  à  l'occasion  de  Tarticle  (i  (jue  ^''^   Le  journaliste  ne  veut  pas   dire  (pio 

(iliarlier  avait  présenté  sou  ametideuionl.  tous  ces    articles  aient   été  décrétés   dans 

(-)  Article  8  do  la  III''  section.  la  séance  du  tî3  frimaire.  Il  avait   promis 

'^^   L'article  i5  delà   IIP  section.  la  veille  de    donner  dans   le    niimoio  ilu 

^*'  Journid    do    la    Montagne,     n"    .'?  t ,  londomaiu   lo    toxl»»    dos    articles    ailoptos 

i>^»  frin)airo  an    ii.  lo  «I'î. 


156       PROCÈS -VERBAUX  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PUBLIQUR 
Art.  h.  Le  tarif  qinl  contient  a  été  renvoyé  au  Comité. 

[Suit  le  texte  des  articles  5,  6  et  7  de  la  IIP  seclion.] 

Art.  8.  Ajourné. 

[Suit  le  texte  des  articles  9,  10  et  1 1  de  la  IIP  section.] 

La  Convention  a  renvoyé  au  Comité  d'instruction  j)ublique  un  principe  qui  ve- 
nait d'èlre  décrété;  il  porte  que  nul  instituteur  ni  institutrice  ne  pourront  tenir 
une  pension  particulière.  Fabre  iVEglanline,  auteur  de  cette  motion,  a  été  adjoint 
au  Comité  d'instruction  publique  ^'^. 

Le  compte-rendu  du  Moniteur  {Moniteur  du  25  frimaire  an  n)  est  identique  à  celui  du 
Journal  de  la  Montagne,  sauf  que  Tarlicle  5  de  la  IIP  seclion  du  projet  ne  figure  pas  au 
nombre  des  articles  adoptés  dans  la  séance. 

Knfin  le  Journal  des  débats  et  des  décrets  dit  simplement  : 

Convention  nationale,  séance  du  28  frimaire. 

On  reprend  la  discussion  sur  rmstruction  publique;  plusieurs  articles  sont  dé- 
crétés ('). 

On  trouve  dans  la  Feuille  du  salut  public  du  27  frimaire  un  article  commentant  le  vote 
du  22  frimaire,  qui  avait  établi  le  principe  de  la  fréquentation  obligatoire  des  premières 
écoles.  C'est  la  seule  manifestation  d'opinion ,  à  l'égard  de  celte  importante  question ,  que 
nous  ayons  rencontrée  dans  les  journaux;  nous  reproduisons  cet  article  ci-dessous  : 

Instruction  publique. 

Jamais  la  France  n'eût  joui  du  bienfait  précieux  d'une  éducation  vraiment  na- 
tionale si  la  Convention  n'eut  pas  décrété  que  tous  les  enfants  recevraient  une 
instruction  commune.  Il  fallait,  pour  arraclier  les  dernières  racines  de  Parislo- 
cratie  et  du  fédéralisme,  que  l'égalité  fût  la  base  de  l'éducation.  Tout  système  d'in- 
stitution nationale  qui  eût  admis  des  distinctions  et  des  privilèges  préparait  à  là 
France  peut-être  un  demi-siècle  de  discordes  civiles.  Avec  quelle  reconnaissance 
nous  devons  accueillir  une  loi  sage  qui  va  créer  les  mœurs  publiques  et  former  la 
génération  naissante  aux  vertus  républicaines!  Le  patriote  vertueux  applaudit 
avec  transport  à  ce  décret  bienfaisant,  parce  qu'il  sait  que  son  fils  appartient  à  la 
patrie,  et  que  c'est  pour  cette  mère  commune  qu'il  doit  être  élevé.  L'aristocrate  au 
contraire ,  qui  se  proposait  de  graver  dans  l'âme  tendre  de  ses  enfants  la  haine 
qu'il  a  jurée  à  la  République,  et  qu'il  voudrait  éterniser,  s'indigne  d'une  loi  qui 
les  soustrait  à  sa  funeste  influence.  Arracher,  s'écrie-t-il ,  un  fils  à  un  père!  C'est 
une  atrocité  dont  le  farouche  Spartiate  fut  seul  capable.  Comment,  dit  une  mère 
orgueilleuse,  mes  filles  seront  assises  dans  une  école  à  côté  de  créatures  à  peine 
vêtues  1  Mon  fils,  l'objet  de  ma  tendresse  et  de  mes  complaisances,  sera  obligé  de 

W  Journal   de  Paris  national ^  n°  3/»8,  ^^^  Journal    des   débats   et    des   décrets, 

a/i  frimaire  an  11.  n"  /i5i ,  p.  32  0. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  157 

fraterniser  avec  de  petits  sans-culottes,  dont  le  lang^afje  grossirr  et  les  mœurs 
agrestes  corrompront  son  aimable  naturel  ! 

Homme  faible  ou  vicieux,  femme  hautaine  et  indigne  d'être  mère,  vous  qui 
n'aimez  vos  enfants  que  pour  vous-mêmes,  et  qui  voulez  leur  communiquer  vos 
faiblesses,  vos  passions  et  vos  vices,  sacliez  donc  que  la  patrie  ne  réclame  vos  en- 
fants que  pour  les  rendre  heureux.  C'est  pour  les  purger  du  méconium  mortel  qu'ils 
ont  puisé  dans  un  sein  corrompu,  qu'elle  va  leur  faire  sucer  le  lait  républicain 
qui  donne  la  force  et  la  vigueur.  Un  jour  elle  vous  les  rendra  avec  toutes  les  ver- 
tus qui  constituent  des  hommes  libres,  et  ces  enfants  régénérés  vous  apprendront 
à  aimer  une  pairie  qui  aura  plus  fait  pour  eux  que  vous-mêmes.  Vous  leur  avez 
donné  le  jour,  et  ils  vont  recevoir  d'elle  l'éducation  '^K 

La  suite  et  la  fin  de  la  discussion  de  la  partie  du  plan  de  Bouquier  relative  au  premier 
de^ré  d'instruction  se  trouve  dans  Tannexe  G  de  la  séance  du  Comité  du  27  frimaire,  p.  191. 


On  lit  dans  les  procès-verbaux  de  la  Convention  : 

Séance  du  7  nivôse  an  11. 

ffLa  Convention  nationale,  après  avoir  entendu  le  rapport  de  ses  Comités  d'alié- 
nation et  domaines  réunis,  d'inspection  de  la  salle  et  d'instruction  pubHque,  dé- 
crète ce  qui  suit  : 

ffARTiCLK  PREMIER.  Los  bureaux  des  maîtrises  et  jurandes,  et  ceux  des  pensions 
delà  liquidation  générale,  qui  occupent  actuellement  les  maisons  place  des  Piques, 
n"'  i3  et  17,  seront  transférés  dans  celle  dépendante  de  la  succession  Joubert, 
même  place  des  Piques ,  n"  2 1 . 

ff Art.  2.  Les  bureaux  des  plans  remplaceront  ceux  des  maîtrises  et  jurandes 
dans  ladite  maison  place  des  Piques,  n°  17. 


ff  Art.  l\.  Le  congé  donné  à  la  citoyenne  Hamel  pour  les  bureaux  des  pensions, 
en  exécution  de  la  loi  du  9  vendémiaire  dernier  ^^\  pour  le  1 2  de  ce  mois  ^'\  sera 
prorogé  pour  le  12  germinal  (1"  avril  prochain,  vieux  style). 

îtArt.  5.  Le  Comité  d'inspection  de  la  salle  et  ceux  d'instruction  publique, 
d'aliénation  et  domaines,  sont  chargés  de  procurer  dans  le  plus  bref  délai  possible 
et  afin  que  la  translation  dos  bureaux  des  pensions  puisse  s'offecluor  poui*  le 
\'\  germinal  prochain,  un  local  dans  lequel  ils  feront  transporter  le  cabinet  d'his- 
toire naturelle  de  la  maison  Joubert,  de  concert  avec  les  héritiers  Joubert  fils  ^*\tî 

('^  Feuille    du    snhtt   public,    n"    i()7,  ^''    i"  janvier  1796. 

37  frimain»  an  ii.  ^*^   Procès- verbal    de     la     Cnnvenlion, 

^^'   3o  seplenibre  1793.  t   XWIII,  p.  li^o. 


158       PROGÈS-VEHBAUX  DU  COMIÏK  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 


CENT   SOIXANTE-HUITIEME   SEANCE. 

Du  95  frimaire  an  ii.  [i5  décembre  1793.] 

On  reprend  la  discussion  sur  les  articles  du  projet  de  Bouquier 
renvoyés  à  l'examen  du  Comité  ^^\ 

Le  premier  de  ces  articles ,  concernant  le  mode  de  payement  des 
instituteurs,  est  adopté  ainsi  qu'il  suit  : 

Dans  toutes  les  communes  de  la  République,  il  sera  payé  à  chaque  instituteur 
dix-huit  livres  par  an  et  a  chaque  institutrice  quinze  livres  par  an  pour  chaque 
élève  ^'). 

Le  second  article  renvoyé  à  l'examen  du  Comité  était  relatif  à  la 
peine  a  infliger  aux  pères  qui  refuseraient  d'envoyer  leurs  enfants  aux 
écoles.  La  discussion  s'engage  sur  le  fond  de  la  question,  et,  après 
plusieurs  propositions  incidentes,  on  en  vient  à  établir  qu'il  serait 
plus  utile  de  demander  le  rapport  de  l'article  proposé  ^^l  Cette  ques- 
tion est  mise  aux  voix  et  rejetée  ^^^. 


(^)  L'emploi  de  celte  tournure  :  rrOn  re- 
prend  la   discussion v  fait  voir  que 

c'était  bien  des  amendements  au  plan  Bou- 
quier  qu'il  s'agissait  dans  la  phrase  du 
procès-verbal  de  la  séance  précédente, 
commentée  dans  la  note  2  de  la  page  160. 

(^^  Le  projet  de  Bouquier  (section  III, 
article  h;  voir  p.  58)  instituait  une  échelle 
de  traitements,  graduée  suivant  le  chiffre 
de  la  population  des  communes,  et  partant 
d'un  minimum  de  dix  livres  pour  les  insti- 
tuteurs et  huit  livres  pour  les  institutrices, 
par  an  et  par  élève ,  pour  atteindre  un  maxi- 
mum de  vingt  livres  pour  les  instituteurs 
et  seize  livres  pour  les  institutrices.  Le  Co- 
milé,  comme  on  le  voit,  abandonne  ici  le 
principe  de  l'échelle  graduée  et  adopte  un 
chiffre  unique  de  traitement.  Lorsque  la 
Convention  votera  défmitivement  l'ensemble 
du  décret,  le  29  frimaire,  elle  acceptera  le 
chiffre  proposé  par  le  Comité  pour  lesinsti- 
tulricps,  quinze  livres,  mais  fixera  le  trai- 
tement des  instituteurs  à  vingt  livres  par 
élève,  au  lieu  de  dix-huit. 

(•''^  On  a  vu  (p.  1 5o)  que,  dans. la  séance 


de  la  Convention  du  2a  frimaire,  Thibau- 
deau  avait  vivement  combattu  l'amendement 
de  Charlier,  qui  rendait  obligatoire,  au  lieu 
de  facullalive  qu'elle  était  dans  le  projet  de 
Bouquier,  la  fréquentation  des  écoles  du 
premier  degré  d'instruction;  et  qu'une  fois 
l'amendement  adopté  à  la  suite  d'un  éner- 
gique discours  de  Danton,  Thibaudeau, 
s'obstinant,  revint  à  la  charge  et  en  de- 
manda le  rapport.  Il  est  probable  que  c'est 
lui  encore  qui,  dans  la  présente  séance  du 
Comité,  a  fait  une  dernière  tentative  pour 
faire  rejeter  le  principe  de  l'obligation. 

Ce  principe,  une  fois  inscrit  dans  la  loi, 
entraînait  la  nécessité  d'une  sanction  pé- 
nale; deux  propositions  avaient  été  faites  à 
cet  égard  à  la  Convention,  le  28  frimaire, 
et  renvoyées  au  Comité  :  l'une  chargeait  les 
municipalités  d'infliger  une  amende  aux 
délinquants;  l'autre  voulait  qu'ils  fussent 
traduits  devant  le  tribunal  de  police  correc- 
tionnelle. Les  dispositions  pénales  aux- 
quelles s'arrêta  le  Comité  seront  indiquées 
dans  le  procès-verbal  de  la  séance  suivante. 

^''^   Cette  phrase  d'une  rédaction  ohscure 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE. 


159 


La  discussion  est  interrompue  par  la  lecture  du  premier  numéro 
des  Annales  du  patriotisme.  La  rédaction  en  est  adoptée  ^^^. 
La  séance  est  levée  à  dix  heures  et  demie  ^'^\ 


PIEGES  ANNEXES. 

On  lit  dans  les  procès-verbaux  de  la  Convention  : 

Séance  du  9.6  frimaire  an  ii. 

ffLa  Convention  nationale,  après  avoir  entendu  la  lecture  du  projet  du  numéro 
premier  des  Annales  du  civisme  et  de  la  vertu,  présenté  pai"  Léonard  Bourdon,  au 
nom  du  Comité  d'instruction  publique,  décrète  que  ce  projet  sera  imprimé  et  dis- 
tribué à  tous  ses  membres. 

ffElle  ajourne  la  discussion  trois  jours  après  la  distribution  ^^^  » 

Le  Journal  des  débats  et  des  décrets  donne  le  compte-rendu  suivant  de  la  discussion  à 
laquelle  donna  lieu  ce  décret  '-'^^  : 

Convention  nationale,  séance  du  26  frimaire. 

Bourdon  [Léonard)  présente  le  premier  numéro  des  Annales  républicaines.  Les 
membres  chargés  de  la  rédaction  ont  eu  pour  but  un  choix  scrupuleux  des  traits 
qu'ils  devaient  citer,  une  grande  simplicité  dans  la  narration,  et  l'emploi  dos  e\- 


si^jnilie  évidemment  que  le  Comité  rejette, 
non  pas  les  propositions  relatives  à  l'obliga- 
tion et  aux  peines  à  édicler  contre  ceux  qui 
en  enfreindraient  le  principe,  mais  la  pro- 
position de  ceux  qui  avaient  voulu  que  le 
Comité  demandât  à  la  Convention  le  rap- 
port de  l'amendcmenl  Charlier.  Le  rédacteur 
du  procès-verbal  doit  avoir  été  un  adversaire 
de  robli<jalion;  c'est  ce  que  semble  indiquer 
l'emploi  de  cette  tournure  :  a  On  en  vient 
à  établir  qu'il  serait  plus  utile  de  demander 
le  rapport  de  l'article  proposée. 

^'^  La  Convention  avait  renvoyé  au  Co- 
mité, le  17  frimaire,  le  premier  numéro 
dos  Annales  du  civisme ,  présenté  par  Gré- 
goire, et  avait  invité  le  (Comité  à  se  ren- 
fermer dans  le  narré  simple  des  faits.  Le 
Comité  sub.stitna  alors  Léonard  Bourdon  à 
Gré{joiro  comme  rapporteui-,  et  le  chargea 
de  faire  une  nouvelle  rédaction  du  numéro 
(les  prncès-verhaux  du  Comité  ne  men- 
tionnent pas  cette  substitution;  mais  elle 
nous  est  connue  par  le  procès-verbal  de  la 


séance  de  la  Convention  du  2 G  Irimaire); 
c'est  donc  Léonard  Bourdon  qui  fait  ici  lec- 
ture au  Comité  du  premier  numéro  des  An- 
nales du  patriotisme.  Ce  premier  numéro  fut 
présenté  le  26  frimaire  à  la  Convention, 
sous  le  litre  d'Annales  du  civisme  et  de  la 
vertu;  l'assemblée  en  ordonna  l'impression 
et  la  distribution  à  ses  membres,  et  ajourna 
la  discussion  à  une  séance  ultérieinv.  Voir 
aux  annexes  un  extrait  du  procès-verbal  de 
la  séance  de  la  Convculion  du  af)  frimaire 
an  II,  complété  pai'  un  extrait  du  Journal 
des  débats  et  des  décrets ,  le  texte  du  rapjioit 
de  Léonard  Bourdon,  et  la  desiription  du 
projet  de  preniler  nimiéro  des  Annales  du 
civisme  et  de  la  vertu.  Pour  la  suite,  voir 
la  séance  du  Comité  du  u)  nivôse  (p.  :i ')/!). 

'^'^'  Pas  (le  sijjnalui-e,  ni  à  la  miinilt\  ni 
au  registre.  La  minute  est  di»  l.i  main  di' 
Ferry. 

{^)   Procès-verbal     de     la     CouMMilion , 

t.  xxvii,p.  -:W). 

^*^   Le  Mumleur  non  parle  pas. 


160       PROGfe-Vi:RBAUX  DU  COMITE  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

pressions  les  plus  convenables,  afin  d'être  à  la  portée  de  tous  les  esprits.  Chaque 
numéro  contiendra  le  n'cit  ^^^  des  premiers  événements  de  la  Révolution.  Les  traits 
seront  variés;  car  la  monotonie  est  ce  qu'il  faut  le  plus  éviter  dans  les  livres  élé- 
mentaires. On  a  recueilli  les  actions  vertueuses  des  corps,  des  individus,  des  vieil- 
lards, des  femmes,  des  enfants;  et  cela  servira  à  mettre  de  la  variété  dans  le  récit. 
Parmi  les  traits  que  nous  citerons,  dit  Bourdon,  il  en  est  plusieurs  dont  les  noms 
des  auteurs  nous  sont  inconnus.  Quand  on  a  cité  de  belles  actions  guerrières,  le 
nom  de  TolTicier  a  été  conservé ,  et  non  celui  des  soldats  ^^K  Vos  commissaires  ont 
décidé  que,  dans  ce  cas,  ils  ne  nommeraient  personne  avant  qu'ils  puissent 
nommer  tous  ceux  qui  s'étaient  illustrés  :  une  autre  marche  eut  eu  trop  de  rap- 
ports avec  l'ancien  régime.  A  la  fin  de  chaque  numéro  ^^\  il  y  aura  une  table 
alphabétique  des  noms  de  ceux  qui  occupent  une  place  dans  le  recueil. 
Bourdon  lit  le  premier  numéro. 

Jullien  {de  la  Brome)  demande  qu'on  ne  nomme  dans  ce  recueil  aucun  homme 
vivant. 

Romme  est  d'avis  de  nommer  l'auteur  d'une  belle  action  à  la  fin  du  récit.  11  y 
voit  un  moyen  de  censure,  au  cas  que  ce  citoyen  ait  démenti  sa  première  conduite, 
parce  qu'on  pourrait  alors  rapprocher  de  ce  qu'il  a  fait  autrefois  ce  qu'il  fait 
aujourd'hui. 

Laloy  demande  que  le  premier  numéro  lu  par  Bourdon  soit  imprimé  comme 
essai.  Chacjue  membre  pourra  faire  ensuite  et  présenter  ses  observations. 
Cette  proposition  est  décrétée. 

Romme  trouve  la  rédaction  qu'on  vient  de  lire  trop  froide.  Il  demande  que  le 
Comité  d'instruction  publique  présente  un  plan  d'organisation  pour  la  rédaction 
du  Recueil  républicain. 

La  Convention  s'en  tient  au  décret  rendu  sur  la  motion  de  Laloy,  et  passe  à 
l'ordre  du  jour  ^*^ 

Nous  possédons  le  texte  du  rapport  lu  par  Léonard  Bourdon  le  26  frimaire,  en  présen- 
tant à  la  Convention  les  Annales  du  civisme  et  de  la  vertu.  Il  a  été  reproduit  en  télé  de  ce 
projet  de  premier  numéro  dont  la  Convention  ordonna  l'impression  et  la  distribution  à  ses 
membres. 

Voici  ce  rapport  :  . 

Citoyens , 

Chargé,  par  votre  Comité  d'instruction  publique,  de  la  rédaction  des  Annales 
du  Civisme  et  de  la  Vertu ,  je  ne  me  suis  déguisé  ni  la  difficulté  d'un  pareil  tra- 

(')  Le  journaliste  aurait  dû  écrire  crun  des  soldats.  Le  Comité  se  plaint  de  cette 
récitw,  et  non  crie  récitn;  voir  ci-après  le  négligence.  Voir  ci-après  le  rapport  de  Léo- 
rapport  de  Léonard  Bourdon.  nard  Bourdon. 

^■-^  Cette  phrase  signifie  que  ceux  qui  ont  '^)  Erreur  du  journaliste.  Le  rapport  de 

fait  connaître  au  Comité  des  traits  de  vertu  Léonard  Ijourdon  dit:  rchaque  trimestre», 
militaire  lui  ont  Iransmis  le  nom  de  l'of-  ^*)  Journal    des    débats   et    des    décrets, 

ficier,  en  laissant  souvent  dans  Toubli  celui  n"  ^54,  p.  36A. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  IGl 

vail,  ni  l'élendue  des  obligations  qu'il  m'imposait,  ni  les  talents  qu'il  aurait  fallu 
pour  être  à  sa  hauteur. 

Cet  ouvrage  destine,  d'après  vos  décrets,  à  être  lu  dans  les  assemblées  popu- 
laires-les  jours  de  décade,  et  dans  les  écoles  publiques,  doit  avoir  le  mérite  que 
l'on  désire  dans  les  livres  élémentaires,  vulgairement  appelés  classiques;  il  doit 
présenter  un  bon  modèle  de  narration:  le  rédacteur  doit  entièrement  disparaître; 
l'acteur  seul  doit  être  vu.  Toutes  réflexions  doivent  être  bannies;  les  traits  cités 
doivent  être  assez  bien  choisis  pour  se  louer  eux-mêmes.  Aucun  terme  hyper- 
bolique, aucune  expression  triviale  ou  ampoulée  ne  doivent  défigurer  un  style  dont 
la  pureté,  la  simplicité  et  le  choix  des  mots  propres  sont  les  qualités  principales. 

Nous  aurions  pu  remphr  ce  numéro,  et  beaucoup  d'autres  ensuite,  de  récits 
plus  saillants;  nous  aurions  pu  y  réunir  un  ensemble  de  traits  tous  plus  héroïques 
les  uns  que  les  autres;  de  ces  traits  qui  provoquent  d'autant  plus  Tadmiration 
qu'ils  paraissent  surpasser  les  forces  ordinaires  de  la  nature.  (L'énergie  des  n'pu- 
blicains  français,  le  sublime  enthousiasme  de  la  liberté,  qui  élève  Ihomine  au- 
dessus  de  lui-même,  nous  garantissaient  que  les  matériaux  ne  nous  manqueraient 
pas.  )  Mais  nous  avons  voulu  ménager  les  jouissances  de  nos  lecteurs  :  nous  avons 
pensé  que  des  traits  de  probité,  de  désintéressement,  dont  la  Convention  nationale 
avait  entendu  le  récit  avec  intérêt,  figureraient  sans  désavantage  à  coté  de  traits 
d'héroïsme,  dans  des  Annales  dont  l'objet  est  de  présenter  à  la  jeunesse  française 
le  tableau  des  vertus  de  ses  pères,  de  ses  contemporains;  d'exciter  et  d'entreten  r 
la  sensibilité  si  naturelle  à  cet  âge. 

Voici  la  marche  que  nous  avons  suivie.  Chaque  numéro  contiendra  d'aboi-d 
un  récit  des  premiers  événements  de  la  Révolution;  les  différents  traits  de  civisme 
et  de  vertu  seront  variés  de  manière  à  éviter  l'uniformité  :  tantôt  ce  sera  un  trait 
de  désintéressement;  une  action  héroïque  lui  succédera ,  et  sera  suivie  d'un  senti- 
ment de  piété  filiale. 

Les  actions  vertueuses  des  corps,  des  individus,  des  vieillards,  des  femmes, 
des  enfants,  tracées  successivement,  nous  fourniront  un  nouveau  moyen  de  varier 
nos  récits. 

Nous  ne  regrettons  qu'une  chose  :  c'est  que,  parmi  la  multitude  de  traits  (jue 
nous  avons  déjà  recueillis,  il  y  en  ait  un  grand  nombre  dont  le  nom  du  héros  ne 
nous  soit  pas  encore  parvenu.  Nous  avons  remarqué  avec  peine  que,  iorscpril 
s'agit  d'un  trait  de  vertu  commun  à  plusieurs  défenseurs  de  la  patrie,  on  a  eu 
soin  de  nous  transmettre  le  nom  de  l'oflicier,  et  que  souvent  on  a  laissé  dans  l'oubli 
celui  des  soldats;  nous  prendrons  les  mesures  nécessaires  pour  réparer  cet  oubli 
(pii  seuible  tenir  aux  injustices  de  l'ancien  régime,  et  qui  est  si  opposé  aux  prin- 
cipes de  la  Révolution.  Cha([ue  quartier  nous  donnerons  une  table  alphabélicpie 
(les  noms  des  citoyens  dont  les  belles  actions  auront  ('té  citées  j)récédemm(Mit ,  et 
cette  table  renverra  au  numéro  sous  lecpiel  cha([ue  trait  aura  ('lé  cité.  En  atten- 
dant, nous  ne  nommerons  point  rollicier,  à  moins  que  l'action  ne  lui  soit  person- 
nelle, lorsque  le  nom  des  soldats  ne  nous  sera  point  parvenu. 

Voici  le  titre  coiiiplol  de  ce  projet  do  prciiiicr  numéro,  ImpriiiK'  ou  oxcnition  du  tloorol 
du    ;iG   triuiuiro  :    ^  Aniialfs  du  civisme  cl  de  la  rcrlu.    ^"  i".    Présenté  à   l;i   Coinoiilioil 

ni.  t  I 

IWPU4UtltlK     XAlIXNJtLI. 


162       PROCÈS-VERBAUX  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

nationale  au  nom  de  la  section  du  Comité  d'instruction  publique  char^rée  de  leur  rédac- 
tion par  Léonard  BounnoN,  député  par  le  départe.nent  du  Loiret.  I.nprimées  par  ordre 
de  la  (,onvont.on  nalionalo.  A  Paris,  de  l'Imprimerie  nationale,  l'an  ii  (0  « 

Ce  nmnéro,  qui  est  annoncé  dans  le  n"  A67  du  Journal  des  débats  H  des  décrets,  cor- 
respondant au  10  nivôse  an,i,  forme  une  brochure  de.,  paj^es.  En  tète  se  trouve 
le  rapport  de  Léonard  Bourdon;  puis  vient  le  journal  proprement  dit,  composé  de  vin^t 
pnranrapbos  numérotés.  Le  premier  paragraphe  est  le  récit  de  la  délivrance  des  gardes 
ranca.ses  enfermés  à  la  prison  de  TAbbaye,  en  juin  1789,  pour  avoir  refusé  de  tirer  sur 
le  peuple,  et  rem.s  en  liberté  par  les  citoyens  de  Paris  le  3o  juin;  chaque  numéro  devait 
en  ellet,  conlormement  au  programme  énoncé  par  Léonard  Bourdon,  débuter  par  crun 
récit  des  premiers  événements  de  la  Révolution,,;  suivent  dix-neuf  traits  de  dévouement 
de  courage,  de  probité,  de  tolérance,  de  générosité,  etc. 

(')  Bibliothèque  nationale,  Ln^  38,  in-8°;  Musée  pédagogique,  n"  18893. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE. 


163 


CENT  SOIXANTE-NEUVIEME   SEANCE. 

(extraordinaire.) 

Du  96  l'rimaire  an  11.  [16  décembre  179^  ^^K] 

Le  citoyen  Camraailie  Saint-Aubin  adresse  au  Comité  une  comédie 

ij 

intitulée  l'Ami  du  peuple  ou  les  Intrigants  démasqués^'^K  Renvoyée  au  citoyen 
Kabre  d'Eglantine  pour  l'examiner  ^^l 

Le  citoyen  Vercheuil  présente  un  plan  économique  do  fêtes  civiques. 
Renvoyé  à  la  commission  des  Six  chargée  de  cet  objet ^'*l 

La  pétition  du  citoyen  Adanson  est  renvoyée  à  Fourcroy  et  Guyton- 
Morveau  ^^\ 

Lettre  de  ia  section  d'architecture  de  la  Commission  des  mo- 
numents, relative  aux  moyens  à  employer  pour  la  conservation  des 
marbres  qui  sont  dans  la  cour  des  ci-devant  Petits-Augustins.  Arrêté 
qu'il  sera  écrit  au  ministre  de  l'intérieur  pour  suspendre  jusqu'à  nou- 
vel ordre  le  déplacement  de  ces  marbres. 

Le  ministre  de  la  guerre  écrit  au  Comité  pour  le  consulter  sur  les 
honneurs  qui  pourraient  être  rendus  à  la  mémoire  de  Turenne,  dont 
les  cendres  reposaient  à  Franciade.  Le  Comité  a  passé  à  l'ordre  du 
jour. 


(')  Les  séances  régulières  du  Comité 
avaient  lieu  les  jours  impairs  de  la  décade. 
Si  une  séance  eut  lieu  le  96  frimaire,  ce 
tut  évidemment  parce  que  le  Comité  avait 
hâte  d'achever  l'examen  des  articles  du 
projet  Bouquier  que  la  Convention  lui 
avait  renvoyés. 

(')  La  comédie  du  citoyen  Camuiaille 
Saint-Aubin,  capitaine  de  la  première 
réquisition,  seplième  compafjnie,  bataillon 
(lu  T(Miq)le,  à  Bar-sur-Ornaiii,  ('tail  un 
drami'  en  trois  actes  et  en  vers;  Tbommagc 
en  avait  été  fail  à  la  Convention  le  tia  fri- 
maire (Procès-verbal  de  la  (îonvenlion, 
I.  XXV II,  p.  i3o).  La  pièce  n'est  pas  aux 
Archives  nationales,  ce  qui  s'explique  par 
le  renvoi  à  Kabrc  (ri'i[i[lonfine. 


(^)  Fabre  d'Ejjlantine  avait  été  adjoint 
au  Comité  par  décret  du  9/4  frimaire.  Voir, 
p.  1  50 ,  l'extrait  du  Journal  de  Paris. 

^*)  Nous  n'avons  pas  trouvé  le  plan  de 
Vercheuil.  La  connu is?ion  des  Six  est  la 
commission  nommée  le  3  frimaire  pour 
s'occuper  des  fêtes  nationales,  de  la  nui- 
sique  et  des  spectacles  (p.  9  ). 

^'"^  Basire  et  Prunc^lb^  avaient  été  nom- 
més commissaires  pour  faire  un  rapport 
sur  la  collection  (>t  les  onvrajjes  d'Adanson, 
le  9  1  binmaire  (t.  II,  j).  79^).  Une  nou- 
velle pétition  d'Adanson,  en  date  du  9  3  fri- 
maire, avait  été  renvoyée  au  (lomité  le 
9  0  frimaire.  Elle  se  trouve  aux  Archives 
nationales;  nous  eu  donnons  l'analyse  aux 
annexes. 


y  m      PROCÈS-VERBAUX  DU   COMITÉ  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

On  reprend  la  discussion  sur  le  plan  d'instruction  publique  présenté 
par  Bouquicr,  L'article  à  de  la  section  III  a  été  adopté  en  ces  termes  : 

(1) 

[Les  articles  8,  (j  et  i  5  ont  été  adoptés  en  ces  termes ^^^  :] 

Aht.  8.  Les  enfants  ne  seront  point  admis  dans  les  écoles  avant  l'âge  de  six  ans 
accomplis.  Ils  y  seront  envoyés  avant  celui  de  neuf.  Leurs  pères,  mères,  tuteurs  ou 
curaleurs  ne  pourront  les  retirer  desdites  écoles  que  lorsqu'ils  les  auront  fréquentées 
pendant  quatre  années  consécutives. 

Art.  9.  Les  pères,  mères,  tuteurs  ou  curateurs  qui  ne  se  conformeraient  pas 
aux  dispositions  des  articles  6  et  8  de  la  présente  section  seront  dénoncés  au  tri- 
bunal de  la  police  correctionnelle,  et,  si  les  motifs  qui  les  auraient  empêchés  de  se 
conformer  à  la  loi  ne  sont  pas  reconnus  valables,  ils  seront  condamnés  pour  la 
première  fois  à  une  amende  égale  au  quart  de  leurs  contributions  ;  en  cas  de  ré- 
cidive, l'amende  sera  double  et  les  infracteurs  seront  regardés  comme  ennemis  de 
l'égalité  et  privés  pendant  dix  ans  de  l'exercice  du  droit  de  citoyen.  Dans  ce  dernier 
cas  le  jugement  sera  affiché. 

Art.  1 5.  Ceux  desdits  jeunes  gens  qui  à  l'âge  de  vingt  ans  accomplis  ne  se  seraient 
pas  conformés  aux  dispositions  de  l'article  ci-dessus  seront  privés  pendant  dix  ans 
de  l'exercice  des  droits  de  citoyen.  Leurs  pères,  tuteurs  ou  curateurs  qui  auraient 
concouru  à  Tinfraclion  de  la  présente  loi  subiront  la  même  peine. 

Elle  sera  prononcée  par  la  police  correctionnelle  sur  la  dénonciation  qui  lui  en 
sera  faite,  dans  le  cas  où  l'inexécution  ne  serait  pas  fondée  sur  des  motifs  va- 
lables ^'\ 

La  séance  est  levée  à  dix  heures  ^^'^ 


PIECE  ANNEXE. 

ANALYSE  DE  L\  PETITION  D'ADANSON  DU  2  3   FRIMAIRE  AN  II. 

La  seconde  pétition  d'Adanson  se  trouve  aux  Archives  nationales,  F^',  carton  i326, 
carton  où  sont  entassées  pêle-mêle  une  quantité  de  pièces  de  provenance  très  diverse. 


(')  L'article  n'a  pas  été  transcrit,  nia 
la  minute  ni  an  registre. 

(^)  La  ligne  entre  crochets  est  ajoutée 
par  nous.  Le  texte  des  articles  8,  9  et  1 5 
n'a  été  transcrit  qu'au  registre.  L'ordre 
des  articles  numérotés  primitivement  8  et 
9  est  désormais  interverti.  Dans  le  projet , 
l'article  8  était  celui  qui  ttaitait  de  la  pé- 
nalité à  infliger  aux  parents  ou  tuteurs  qui 
contreviendraient  aux  dispositions  de  l'ar- 
licle  7;  et  l'article  9  était  celui  qui  indi- 
quait l'âge  auquel  les  enfants  pourraient 
être  aduiis  dans  les  écoles.  Maintenant  la 


disposition  relative  à  l'âge  d'admission, 
renforcée  d'autres  dispositions  complémen- 
taires, devient  l'article  8;  et  les  disposi- 
tions pénales  forment  l'article  9.  Ce  numé- 
rotage se  retrouvera  dans  le  décret  définitif. 

^•^)  Pour  la  suite  et  la  fin  de  la  discus- 
sion sur  le  premier  degré  d'instruction, 
voir  la  séance  du  Comité  du  27  frimaire, 
p.  169,  note  2. 

^^)  Ce  dernier  alinéa  n'est  pas  à  la  mi- 
nute. Pas  de  signature,  ni  à  la  minute  ni 
au  registre.  La  minute  est  de  la  main  de 
Daousl. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  165 

Elle  est  ainsi  datée  :  crParis,  rue  Chanterelle,  n°  /17,  28  frimas  {sic),  ce  qui  correspond 
à  vendredi  i3  de'ccmbre  1798,  vieux  stylen.  Le  pe'titionnaire  réclame  d'abocd  au  sujetd'un 
payement  qui  ne  lui  a  pas  été  fait  :  une  gratification  annuelle  de  1,800  livres  lui  a  été 
accordée  le  2^  août  1780,  pour  lui  faciliter  le  loyer  d'un  appartement  assez  vaste  pour 
le  développement  de  sa  collection  d'histoire  naturelle;  un  décret  du  27  juillet  1791  lui  a 
conservé  celte  gratification,  qui  a  toujours  été  régulièrement  payée  jusques  et  v  compris 
l'année  1792;  mais,  par  suite  d'une  douljle  erreur,  la  gratification  de  l'année  1790  est 
restée  en  souffrance;  bien  qu'elle  ait  été  ordonnancée  le  1"  décembro  1790  au  minis- 
tère de  l'intérieur,  elle  n'a  pas  encore  été  payée.  Adanson  expose  ensuite  qu'il  n'est 
bénéficiaire  que  de  fftrois  seules  pensions  :  la  première  de  i,A75  livres,  accordée  en  1772; 
la  seconde  de  1,800  livres,  accordée  en  1780;  la  troisième  de  3, 000  livres,  accordée  en 
1790  :  ensemble  6,276  livres».  Cette  somme  est  insuflisante  pour  récompenser  ses  longs 
services,  et  il  demande  à  obtenir  le  maximum  de  pension  de  10,000  livres,  "attribué  par 

un  décret  du aux  talents  distingués,  aux  savants,  aux  philosophes  premier  chacun 

dans  leur  partie».  En  terminant,  Adanson  annonce  qu'il  se  propose  de  faire  hommage  à 
la  Convention  d'un  Plan  de  philosophie  naturelle  universelle,  commencé  depuis  cinquante- 
quatre  ans  (en  17/10),  et  qui  pourra  former  la  base  d'une  instruction  publique  générale. 


IGG       PROCÈS-VEUBAUX  DU  COMITE  D'INSTRUCTION  PUBIJQUE 


CENT  SOIXANTE-DIXIEME  SEANCE. 

Du  '^7  liiinuiie  an  ii.  [17  décerabro  1793.] 

Le  citoyen  Darparens  fait  lecture  d'un  manuscrit  de  sa  composition 
portant  |)our  titre  :  Principes  élémentaires  d'éducation  républicaine.  Ajourné 
jusqu'à  la  discussion  sur  les  livres  élémentaires  ^^l 

La  citoyenne  Orelli  |)résente  de  nouveau  une  pétition  dans  laquelle 
elle  réclame  ou  des  secours  ou  une  place  dans  l'instruction  publique. 
Cet  objet  n'étant  pas  du  ressort  du  Comité,  la  pétitionnaire  est  ren- 
voyée au  Comité  des  secours  publics  ^'^l 

Le  président  rappelle  au  Comité  que  le  citoyen  Thomas  Rousseau, 
employé  à  la  rédaction  des  Annales  du  patriotisme,  a  quitté  une  place 
de  trois  mille  livres  d'appointements  dans  les  bureaux  du  iMinistère 
de  la  guerre  et  qu'il  est  tout  à  fait  juste  de  lui  conserverie  même  trai- 
tement. Le  Comité  arrête  que  son  traitement  sera  ordonnancé,  quant 
à  présent,  sur  le  même  pied  que  celui  des  autres  employés  du  Comité, 
et  que  pour  le  surplus  il  en  sera  référé  à  la  Convention  nationale. 
Lindet  est  chargé  de  ce  rapport  ^^^. 

Le  citoyen  Perny  fait  hommage  au  Comité  d'un  planisphère  pro- 


'^)  Darparens  s'était  déjà  présenté  au 
Comité  le  1 1  frimaire  (p.  62),  et  avait  été 
ajourné  à  quinzaine.  Il  fit  imprimer  son  ou- 
vrage dans  ie  courant  de  l'an  11  ;  c'est  une 
plaquette  de  9Â  pages  in-S",  dont  voici 
le  titre  :  «: Principes  élémentaires  d'éducation 
républicaine,  ouvrage  dont  le  manuscrit  a 
élé  lu  et  remis  au  Comité  d'instruction 
publique  de  la  Convention  nationale,  par 
le  sans-culotte  Darparens,  né  à  Auch, 
chef-lieu  du  département  du  Gers,  habi- 
tant Paris  depuis  le  so  mars  1792;  à  Pa- 
ris, de  l'imprimerie  des  Sans-Culottes, 
rue  Saint-Honoré,  n°  su,  et  se  vend  chez 
Girardin,  libraire,  au  Cabinet  littéraire. 
Palais  de  l'Egalité  î5;  Bibliothèque  nationale, 
Lb''^  3590,  in-S";  Musée  pédagogique, 
n"  11757.  —  La  brochure  comprend  un 
Avis  à  mes  Frères,  un  Discours  prélimi- 
naire, puis  un  Catéchisme  par  demandes 


et  réponses ,  en  sept  chapitres  ;  elle  se  ter- 
mine par  la  Déclaration  des  droits  de 
l'homme  et  du  citoyen.  —  Le  manuscrit 
remis  par  Darparens  au  Comité  est  dans 
F",  carton  1009',  n°  1771. 

^■^)  Il  a  déjà  été  question  de  la  citoyenne 
Orelli  dans  la  séance  du  Comité  du  2/1  sep- 
tembre 1793  (t.  II,  p.  A59).  Le  nom  de 
cette  institutrice,  qui  était  orthographié 
Orielly  sur  la  minute  du  procès-verbal  du 
26  septembre,  est  écrit  Orelly  sur  la  mi- 
nute de  celui-ci. 

(')  Dans  sa  séance  du  9  frimaire,  le 
Comité  avait  fait  à  Th.  Bousseau  une  pro- 
messe formelle  d'augmentation  de  traite- 
ment (p.  hh)\  maintenant  on  ne  veut  le 
payer  que  sur  le  même  pied  que  les  autres 
employés  du  Comité.  En  conséquence ,  nous 
verrons  Th.  Kousseau  donner  sa  démission 
le  27  nivôse  (p.  291  ). 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE. 


167 


jeté  sur  l'horizon  de  Paris,  sur  lequel  il  a  tracé  la  route  apparente 
d'une  comète  qu'il  a  découverte.  Mention  honorable,  et  renvoi  à  Bou- 


fuier 


(1) 


xMathieu  fait  un  rapport  sur  la  suppression  de  la  Commission  des 
monuments.  La  rédaction  du  projet  de  décret  est  adoptée  ^^\ 

David  présente  un  pareil  rapport  sur  la  Commission  du  Muséum 
des  arts,  qu'il  propose  de  supprimer  et  de  remplacer  par  un  conser- 
vatoire composé  de  douze  membres.  Le  projet  de  décret  est  é[jalement 
adopté  par  le  Comité  ^^\ 


■')  On  sait  que  Perny  remplissait  les 
fonctions  de  directeur  temporaire  de  l'Ob- 
servatoire depuis  la  démission  de  Cassini. 
Voir  notre  tome  II,  p.  aaS. 

(2)  C'est  dans  la  séance  du  5  frimaiie 
que  Mathieu  avait  été  charfré  de  préparer 
un  rapport  sur  la  suppression  proposée  de 
la  Commission  des  monuments  et  son  rem- 
placement par  la  Commission  temporairn 
des  arts  (p.  8).  Ce  rapport  et  le  projet 
de  décret  qui  l'accompagnait,  adoptés  par 
le  Comité  le  97  frimaire,  furent  présentés 
à  la  Convention  par  Mathieu  le  lendemain. 
L'assemblée  vota  le  projet  de  décret,  avec 
un  amendement  de  David  portant  que  les 
travaux  de  la  Commission  des  arts  seraient 
salariés ,  au  lieu  d'être  gratuits  comme  le  pro- 
posait Mathieu.  Nous  donnons  aux  annexes, 
A  (p.  169),  un  extrait  du  procès-verbal  de 
la  séance  de  la  C>onvenlion  du  28  frimaire 
an  II,  complété  par  un  extrait  du  Moniteur, 
et  le  texie  du  rapport  et  du  projet  de  dé- 
cret présentés  par  Mathieu,  —  Pour  la  no- 
mination des  membres  de  la  Commission, 
dont  le  décret  avait  prescrit  la  réorganisa- 
tion, et  pour  la  fixation  de  l'indemnité  à 
leur  accorder,  voir  les  séances  du  Comité 
des  5 , 1 5 ,  1  () ,  9 1  et  29  nivôse  et  5  pluviôse 
(pages  211,  236,  257,  2G6 ,  299  et  32-3). 

La  Commission  des  nionumonls,  suppri- 
mée par  le  décret  du  28  frimaire,  ne  dis- 
parut pas  immédiatement  de  la  scène; 
elle  trouva  moyen  de  j)r()l()ng(>r  son  exis- 
tence pendant  près  de  trois  mois  encoie, 
sous  prétexte  que  le  décret  de  la  Conven- 
tion ne  lui  avait  pas  été  olliciolloujeul  no- 


tifié. Elle  s'autorisa  d'une  lettre  du  ministre 
de  l'intérieur,  du  3  nivôse,  et  d'une  lettre 
de  Mathieu,  président  du  Comité  d'instruc- 
tion publique,  du  7  nivôse,  pour  continuer 
à  tenir  ses  séances.  Nous  donnons  aux  an- 
nexes, A  (pages  181-18.5),  des  extraits  des 
procès-verbaux  de  ses  séances  des  29  fri- 
maire, 3,  6  et  9  nivôse,  où  l'on  trouvera 
exposés  les  motifs  de  cette  attitude,  et  le 
texte  des  deux  lettres  mentionnées  ci-dessus. 

Pour  la  suite  de  ce  qui  concerne  la  Com- 
mission des  monuments,  voir  les  séances 
du  Comité  des  26  nivôse  (p.  9  83)  et  9  plu- 
viôse (p.  36 1  ). 

■•■'^  Le  17  frimaire,  le  Comité  avait 
ajourné  la  discussion  d'un  rapport  que  lui 
présentait  David  en  son  nom  personnel,  et 
l'avait  invité  à  se  concerter  avec  Mathieu 
(p.  7/1).  Maintenant  David,  d'accord  sans 
doute  avec  Mathieu,  présente  de  nouveau 
son  rapport,  et  le  Comité  l'adopte.  Le  len- 
demain 98,  David  en  fera  lecture  à  la 
Convention  à  la  suite  du  rapport  de  Ma- 
thieu sur  la  Commission  des  monuments; 
mais  l'assemblée,  sur  la  proposition  de 
Cambon,  décrétera  l'ajournement,  toutou 
ordomiaut  TimpressioM  du  rapport.  Le  pro- 
cès-verbal de  la  séance  de  la  Convention 
du  28  frimaire  an  11  ne  mentionne  pas  l.i 
lecture  du  rapport  de  David;  ce  n'est  (|iie 
par  les  comptes-rendus  du  Moniteur  ci  du 
Journal  (les  débats  et  des  décrets  <nrt'lli' 
nous  est  comme.  Nous  donnons  aux  amux»'^. 
i^p.  tSÔ),  un  extrait  du  comptt^-iendu  du 
Moniteur,  et  le  texte  du  rapport  et  du  pro- 
jet de  décret  de  David.  —  Le  procès-vorbal 


168      PROCÈS-VERBAUX  DU  COMITE  ^INSTRUCTION  PUBLIQUE 

Prunelle  demande  qu'il  soit  remis  au  citoyen  Bardel  une  collection 
complète  des  décrets  des  corps  législatifs,  afin  qu'il  soit  en  état  de 
former  le  tableau  des  travaux  du  Comité.  On  arrête  que  Prunelle 
est  autorisé  à  faire  remettre  au  citoyen  Bardel  la  collection  qu'il  de- 
mande ^^K 

Valdruche  reproduit  la  demande  faite  par  le  directoire  du  dépar- 
tement de  Paris  des  fonds  nécessaires  ])our  le  payement  des  insti- 
tuteurs des  premières  écoles.  On  arrête  (|u'il  en  sera  écrit  au  ministre 
de  l'intérieur.  Valdruche  en  est  chargé  ^'-l 

Léonard  Bourdon  demande  qu'il  soit  formé  dans  la  maison  d'édu- 
cation de  Saint-Martin  un  dépôt  d'objets  d'art  qui  puisse  servir  a 
l'instruction  des  Orphelins  de  la  patrie.  Le  Comité  arrête  qu'il  en  sera 
fait  rapport  à  la  Convention  nationale.  Mathieu  en  est  chargé  ^^L 

Une  députation  des  professeurs  de  musique  est  introduite.  L'orateur 
présente  une  pétition  tendant  à  faire  déposer  dans  la  bibliothèque  de 
l'Institut  national  de  musique  les  instruments,  livres  de  musique,  etc., 
qui  se  trouveront  parmi  les  effets  vendus  au  profit  de  la  nation.  Cette 
pétition  est  renvoyée  à  la  commission  des  Six^^^. 

Olivier  envoie  les  plans  de  l'emplacement  qu'il  destine  à  sa  manu- 
facture et  des  changements  qu'il  veut  y  faire.  Renvoyé  à  Guyton  et  à 
Homme  ^^l 

Ferry  fait  un  rapport  sur  le  manuscrit  du  citoyen  Guibal,  intitulé 


du  Comité  dit  que  ie  conservatoire  pro- 
posé par  David  devait  se  composer  de  douze 
iDcmbres  :  mais  ie  rapport  de  David  n'en 
nomme  que  onze.  Le  douzième  nom  est 
celui  du  sculpteur  Dupasquier,  qui  s'est 
trouvé  omis  lors  de  l'impression  du  rap- 
port de  David,  sans  doute  par  quelque 
erreur  de  copiste  ou  accident  typogra- 
phique. Le  Comité  s'occupera  de  nouveau 
de  cette  afFaire  dans  ses  séances  des  i3, 
19  et  21  nivôse  (pages  982,  267  et  266), 
et  David  présentera  un  nouveau  rapport  à 
la  Convention  ie  27  nivôse  (p.  278). 

^^)  Bardel  était  entré  dans  les  bureaux 
du  Comité  d'instruction  publique,  comme 
commis,  sous  l'Assemblée  législative,  le 
2  décembre  1791;  et  déjà  en  janvier  1792 
il  avait  dressé,  pour  le  Comilé,  un  tableau 
de  tous  les  décrets  rendus  jusqu'à  cette 


époque  sur  l'instruction  publique  (voir  les 
Procès-verhaux  du  Comité  d' instruction  pu- 
blique de  l'Assemblée  législative). 

(2)  Voir  p.  i3A.  Valdruche  écrivit  en  efTet 
au  ministre  de  l'intérieur,  dont  la  réponse 
sera  communiquée  au  Comité  dans  la  séance 
du  18  nivôse  (p.  280). 

(•^)  Mathieu  paraît  avoir  fait  le  rapport 
demandé ,  bien  que  les  procès-verbaux  ne 
le  disent  pas.  Il  sera  question  le  1 1  pluviôse 
(p.  878)  d'un  décret  du  19  nivôse  relatif  à 
la  maison  d'éducation  de  Léonard  Bourdon. 

^^^  Il  sera  de  nouveau  question  de  cette 
demande  des  professeurs  de  musique  de 
l'Institut  national  dans  la  séance  du  7  ven- 
tôse (p.  5oo). 

(*)  Pour  la  suite  de  l'affaire  d'Olivier, 
voir  les  séances  des  1 9  nivôse  et  2 1  plu- 
viôse (pages  2  56  et  6/12). 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE. 


169 


Traité  d'hydraulique  théorique  et  pratique.  Il  est  chargé  de  répondre  à 
l'auteur  ^^l 

La  séance  est  levée  à  dix  heures  et  demie  ^-l 


PIECES   ANNEXES. 


On  lil  dans  les  procès-verbaux  de  la  Convention  : 

Séance  <ki  !^8  frimaire  an  ii. 

rLa  Convention  nationale,  après  avoir  entendu  le  rapport  de  son  Comité  (riii- 
struction  publique,  décrète  ce  qui  suit: 

ff  Article  premier.  La  Commission  des  monuments  est  supprimée. 

ffART.  2.  Elle  sera  remplacée  par  la  Commission  temporaire  des  arts  pour 
l'exécution  de  tous  les  décrets  concernant  la  conservation  des  monuments,  des 
objets  de  sciences  et  d'arts,  leur  transport  et  leur  réunion  dans  des  dépots  conve- 
nables. 

ff  Art.  3.  Les  Iravaux  de  la  Commission  des  arts  seront  salariés. 

ff  Art.  /i.  Il  sera ,  par  les  Comités  des  finances  et  d'instruction  publique ,  présente 
un  projet  de  décret  pour  le  salaire  des  membres  de  la  Commission  des  arts. 

ff  Art.  5.  Le  Comité  d'instruction  publique  présentera  à  la  Convention  nationale 
la  liste  des  membres  de  cette  Commission. 

ff  Art.  6.  Il  sera  nommé,  pour  surveiller  le  travail  conjointement  avec  le  Comiti' 
d'instruclion  publique,  deux  membres  par  le  Comité  des  finances,  deux  par  celui 
d'aliénation,  et  deux  par  celui  de  commerce  et  d'agriculture;  indépendamment  de 
cette  surveillance  officielle,  tous  les  membres  de  la  Convention  sont  invités  à  sui\re 
toutes  les  opérations  de  la  Commission. 


(')  Voir  p.  87.  Il  sera  de  nouveau  ques- 
lion  de  Guihal  lo  1  3  {jerminal  an  11. 

^'^'  l\is  de  signature,  ni  à  la  minute  ni 
au  rojjistro.  La  minute  est  de  la  main  de 
Forry. —  Le  Comité  avait  achevé,  dans  sa 
séance  de  la  veille,  Texamon  des  articles  du 
|)lan  d(î  Houquier  (|ui  lui  avaient  été  ren- 
voyés; mais  c'est  seulement  le  ;u)  IViinjun» 
que  la  (convention  put  entendre  la  leclure 
du  projet  de  décret  revu  et  amende.  Ce  fut 
Hoiiquicr  qui  se  présenta  à  la  tribune,  et 
fil  adopter  (léUnltivcmeut  l'ensemble  des 
trois  sections  du  décret.  Aussitôt  après  le 
vole,  siu"  la   proposition  (Tini    membre,  la 


Convention  ordonna  que  le  décret  sur  lc> 
écoles  primaires  serait  promuljju''  d'iu- 
f^ence,  et  que  le  Comité  d'instrui-tion  pu- 
blique lui  présenterait,  le  i*"'  nivôse,  im 
projet  d'établissement  des  ietes  civiques, 
jeux  et  exercices  nationaux.  —  Le  procès- 
vei'bal  (le  la  séance  de  la  Convention  du 
ti()  lViiiiair(>  u'a\;uit  clé  lu  et  adopte  (jue 
dans  la  séance  (hi  .")  nivôse,  ce  lut  scule- 
uu'iit  ce  jour-là  que  le  décret  pul  être 
proundgué;  et  en  elTel,  dans  Texenq^laire 
du  (b'crel  luqtrimé»  à  l'Imprimerie  exécu- 
tiv(\  on  lit  au  bas  du  texte  :  ftCt>llalionné 
à  rorljfiual   par  nous,   président   et   sooiv- 


170      PROCÈS -VERBAUX  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

cf  Art  7.  Le  Comité  d'iustriiclion  publique  présentera  incessamment  h  la  Gon- 
venlion  nationale  des  moyens  d'assurer,  dans  toute  l'étendue  de  la  République,  la 
conservation  des  monuments,  objels  d'arts  et  de  sciences,  et  bibliothèques,  sans 
autre  déplacement  que  celui  que  peut  nécessiter  la  conservation  même  des  objets. 

ff  Art.  8.  La  Commission  des  monuments  remettra  au  Comité  d'instruction  pu- 
blique les  mémoires,  notes,  descriptions,  catalogues,  inventaires,  plans  d'opéra- 
tions, et  le  registre  de  ses  délibérations  jusqu'à  ce  jour' ^^^ 

On  lit  ce  qui  suit  dans  le  compte-rendu  du  Motiiteur  : 

Convention  nationale,  séance  du  98  frimaire. 

Mathieu,  au  nom  du  Comité  d'instruction  publique,  fait  un  rapport  sur  la 
Commission  des  monuments  et  la  conservation  de  tous  les  ouvrages  précieux  aux 
sciences  et  aux  arts.  11  démontre  que  la  Commission  sur  laquelle  il  présente  des 
vues  ne  peut  plus  subsister;  il  en  propose  la  suppression.  Il  accuse  cetle  Commis- 
sion d'avoir  dilapidé  des  fonds  à  l'achat  ou  à  la  conservation  d'objets  peu  précieux, 
et  d'avoir  mis  à  l'exej'cice  de  ses  fonctions  une  négligence  coupable. 

David.  J'a})puie  le  projet  de  la  suppression;  je  suis  surtout  d'avis  qu'on  la 
compose  d'artistes  dont  les  talents  soient  bien  connus.  Si  dans  le  nombre  il  se 
trouve  des  représentants  du  peuple,  ils  ne  recevront  point  de  traitement;  mais  je 
demande  qu'on  donne  un  salaire  aux  autres  artistes  qui  se  déplaceront.  Je  propose 
de  donner  à  chacun  dix  livres  par  séance. 

***  Je  demande  que  l'on  décrète  le  principe  que  toutes  les  commissions  des 
arts  sont  supprimées,  et  qu'il  en  sera  créé  une  de  vrais  artistes;  ensuite  on  dis- 
cutera le  projet  qui  vient  d'être  présenté,  et  dont  je  demande  l'impression,  ainsi 
que  du  rapport. 

Mathieu.  J'observe  que  le  projet  que  je  viens  de  présenter  n'a  précisément 
d'autre  objet  que  celui  de  supprimer  ces  commissions,  et  d'en  créer  une  seule  et 
utile;  que  ce  projet  n'est  que  préparatoire,  et  que  ce  sera  après  avoir  recueilli  les 
vues  de  la  Commission  qu'on  pourra  présenter  son  organisation  et  la  distribution 
de  ses  travaux. 

Le  rapporteur  lit  son  projet  de  décret;   il  est  discuté  article  par  article  et 

adopté  ^^\ 

taires  de  la  Convention  nationale.  A  Paris,  cès-vorbal  de  la  séance  de  la  Convention 
le  5  nivôse  an  second  delà  République  une  et  du  29  frimaire  an  n,  contenant  le  décret 
indivisible.  Commm ,  président  ;  Pellissier  sur  les  écoles  primaires,  ainsi  que  des  cx- 
et  A.-C.  TeiBAUDEAu,  aacrétaires.-n  Voir  à  traits  du  compte-rendu  de  quelques  jour- 
ce  sujet  p.  1 96.  —  La  disposition  portant  naux. 

que  le   Comité  présenterait  le  i"  nivôse  ^'^  Procès-verbal     de     la     Convention, 

un  projet  sur  les  fêtes  civiques,  etc.,  ne  t.  XXVIl,  p.  3oi. 

fut   pas   exécutée.  —  Nous  donnons  aux  ^^^  Moniteur   du    3o    frimaire    an    11, 

annexes,  C  (p.  191),^  un  extrait  du  pro-  p.  36/i. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  171 

Nous  roproduisons  ci-après  le  rapport  et  ie  projot  do  décret  de  Mathieu;  nous  y  ajou- 
tons, en  notes,  quelques  passages  extraits  du  Compte  rendu  à  la  Convention  par  la  Com- 
mission supprimée  des  monuments  (voir  sur  cet  écrit  l'annexe  B  de  la  séance  du  27  ven- 
tôse, p.  089),  dans  lesquels  la  Commission  des  monuments  donne  des  explications  sur 
différents  faits  allégués  à  sa  charge  par  le  rapporteur  : 


({APPORT  FAIT  A  LA  CONVENTION  AU  NOM  DU  COMITE  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE, 
PAR  MATHIEU,  DEPUTE,  LE  28  FRIMAIRE,  L'AN  2"  DE  LA  REPLBLIQUE  FRAN- 
ÇAISE. 

De  l'Imprimerie  nationale,  s.  d.  ^'^. 

Je  viens,  au  nom  du  Comité  d'instruction  publique ,  vous  proposer  de  supprimer 
la  Commission  des  monuments,  et  de  la  remplacer  par  la  Commission  temporaire 
des  arts. 

La  néglig'encc  prryudiciable  et  constatdc  de  l'une,  l'ulile  et  civique  activité  de 
l'autre,  les  nombreux  inconvénients  de  leur  existence  simultanée,  sont  les  motifs 
de  la  proposition  que  je  suis  chargé  de  vous  présenter. 

Lorsque  l'Assemblée  constituante  prononça  l'abolition  des  ordres  religieux,  elle 
prit  des  mesures  pour  assurer  la  conservation  des  bibliotlièques  et  des  collections 
savantes  qui  leur  avaient  appai'tenu  ^""*.  Quoiqu'il  y  eût  dans  ces  dépôts  beaucoup 
de  scolastique,  on  peut  dire  qu'en  général,  depuis  des  siècles,  des  moines  étaient 
dépositaires  des  richesses  littéraires  les  plus  intéressantes.  C'étaient  des  aveugles 
(jui  portaient  un  flambeau  :1a  nation  devait  s'en  saisir,  et  des  décrets  furent  rendus 
pour  faire  recueillir,  avec  autant  de  soin  que  de  méthode,  les  collections  et  les  bi- 
bliothèques devenues  nationales. 

Les  émigrés  nous  ont  aussi  laissé  dans  cî  genre  une  succession  opulente.  Ils  au- 
raient craint  d'emporter  avec  eux  les  écrits  des  philosophes  anciens  et  modernes; 
c'eût  été  marcher  avec  un  tribunal  et  se  faire  accompagner  par  des  juges.  Il  reste 
donc  entre  nos  mains,  pour  Putililt'  pubhque,  ce  qui  entre  leurs  mains  souvent 
ne  servait  qu'à  leur  vanité  ou  à  l'ornement  de  leurs  salons. 

La  Révolution  s'avançant,  les  oscillations  politiques,  dans  leur  mouvement  accé- 
léré, ont  amené  et  préparé  la  chute  de  tout  ce  qui  n'avait  point  ses  bases  dans  la 
nature.  Le  trône  a  été  renversé,  et  le  glaive  de  la  loi,  en  frappant  une  tête  dans 
lacpielle  pivotaient  tous  les  préjugés  et  vivaient  toutes  les  erreurs,  a  laissé  sans  lien 
tous  ces  ennemis  de  la  vérité,  de  la  raison  et  du  bonheur  des  hommes. 

Si  les  tyrans  n'ont  jamais  existé  ([ue  pour  dé])ouiller  les  peuples,  il  est  bien 
jiisle  que  les  peu[)les,  se  ressaisissant  de  leurs  droits,  se  hâtent  de  recueillir,  dans 
les  dépouilles  du  despotisme  vaincu,  ce  qui  peut  end)ellir  et  éterniser  la  sictoin^ 
et  servira  la  fois  d'ornement,  de  li'ophée  et  d'appui  à  la  liberti'  et  à  l'e'galilé. 

Ainsi,  au  10  août  lyQ'i,  lorsque  le  courroux  national  foudroyait  le  dcrniei'  de 
nos  tyrans,  h  l'instant  où  toutes  les  armoires  de  fer,  images  de  la  conscience  des 

^'^  Bibliothèque  nationale.  Le'"  ()i  1,  in-8°;  Musée  pédagogi(pie,  n"  1  ilUv.i.  —  '■  Voir 
les  Procès-ver  hau.v  du  Comité  d'iiistrnrlinii  i)nl)li(jU('  de  r.\sscml>li'i'  léirislutive ,  Introdiulitui , 
pages  xiv-\vi. 


172      PROCÈS-VERBAUX  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

rois,  s'ouvraiont,  hors  une  seule,  pour  fournir  eu  abondance  les  male'rianx  du 
procès  du  despotisme  et  du  despote,  on  sentit  que  les  monuments  des  arts  qui  ne 
portaient  pas  renq)reinte  avilissante  de  la  servitude  devaient  être  epargne's,  qu'ils 
appai'tenaient  à  la  nation  et  h  la  gloire  :  une  Commission  des  monuments  fut  in- 
stituée. Elle  fut  forme'e  de  la  réunion  de  plusieurs  Commissions  analogues  déjà 
exislantes;  divers  décrels  fixèrent  son  altrihulion  ^^^;  la  Convention,  dans  ses  pre- 
mières séances,  la  confirma,  et  plusieurs  de  nos  collègues  furent  nommés  membres 
de  cette  Commission. 

Son  objet  était  de  prendre  connaissance  des  monuments  qui  doivent  être  con- 
servés pour  les  progrès  et  ia  gloire  des  arts  et  des  sciences,  et  de  veiller  a  leur 
conservation.  Elle  ('tait  en  même  temps  chargée  de  se  concerter  avec  les  Coinités 
des  finances,  d'aliénation  et  d'instruction  publique,  afin  de  mettre  ces  Comités  à 
portée  de  présenter  à  la  Convention  nationale  les  projets  de  décret  relatifs  à  la 
distraction  des  monuments  des  arts  et  des  sciences,  du  nombre  dos  autres  effets 
mobiliers;  elle  devait  se  concerter  avec  le  Comité  d'instruction  publique  pour  la 
disposition  la  plus  convenable  à  établir  dans  ces  objets,  et  enfin  avec  le  ministre  de 
l'intérieur  pour  l'exécution  des  décrets  rendus  en  cette  matière.  La  loi  qui  a  donné 
une  existence  définitive  à  cette  Commission  est  du  18  octobre  179-3  ^^K 

Gomment  cette  Commission  s'est-elle  acquittée  de  ses  travaux?  Le  zèle,  comme 
il  arrive  dans  les  établissements  nouveaux  ou  renouvelés ,  a  signalé  ses  premières 
opérations,  et  répondit  h  l'esprit  de  vos  décrets  et  au  but  de  sa  formation.  Ses  re- 
lations avec  le  Comité  d'instruction  publique  furent  déterminées  et  exactement 
suivies.  Mais  le  temps  vit  ce  zèle  se  ralentir;  la  correspondance  devenue  d'abord 
moins  active,  et  depuis  presque  nulle,  attesta  à  votre  Comité  qu'il  y  avait  des  ré- 
formes à  faire,  soit  dans  forganisation ,  soit  dans  la  composition  de  la  Commis- 
sion. 

Son  organisation  était  insuffisante,  en  ce  qu'elle  manquait  de  moyens  de  sur- 
veillance et  d'exécution  pour  assurer  dans  toute  l'étendue  de  la  République 
l'exactitude  et  l'activité  des  travaux  auxquels  elle  vaquait  à  Paris.  La  partie  de  la 
bibliographie  était  seule  dirigée  avec  ensemble  et  d'après  une  instruction  bien 
conçue;  mais  votre  Comité  ne  doit  pas  vous  laisser  ignorer  qu'aujourd'hui  cette 
partie  même  est  négligée,  et  à  Paris  et  dans  tous  les  départements;  que  cette  né^ 
gligence  a  pu  et  peut  encore  donner  lieu  à  des  pertes  considérables.  L'organisation 
de  la  Commission  était  insuffisante,  en  ce  qu'elle  n'était  pas  munie  de  membres 
pour  plusieurs  divisions  de  travail  importantes.  La  littérature,  les  arts,  les  anti- 
quités y  comptaient  des  hommes  éclairés  et  des  gens  de  lettres;  mais  les  sciences 
naturelles  et  les  fortifications,  ainsi  que  d'autres  brandies,  avaient  été  omises  ou 
faiblement  pourvues.  Attendu  la  diversité  des  objets  à  discerner,  à  inventorier,  à 
distraire  de  la  vente,  à  conserver  et  à  disposer  pour  l'instruction  publique,  la 
Commission,  bornée  à  certains  objets  et  à  certains  lieux,  ne  formait  pas  un  organe 
complet. 

('^   Voir  dans  les  Procès-verbaux  du  Co-  11  et  16  août,  et  16  et  19  septembre  1792. 

mité  d'instruction  publique  de   V Assemblée  ^^^   Voir  le    décret  du  18  octobre  1792 

législative,  pages  180-182,  les  décrets  des         dans  notre  tome  1",  p.  7. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  173 

De  là  peut-être  en  partie  sou  refroidissement;  ne  pouvant  embrasser  le  tout,  elle 
porta  moins  de  soins  même  dans  ce  qu'elle  aurait  pu  faire  à  la  rig-ueur.  Son  action 
fut  faible,  comme  tout  ce  qui  est  partiel;  la  slimuler  n'eut  passulli;  la  conq)lpter 
eut  été  une  des  mesures  indispensables,  si  d'ailleurs  sa  composition  eût  été  bonne. 

Votre  Comité  a  pensé  que  le  mérite  des  lumières  et  des  talents  était  insuffisant, 
si  l'on  n'y  joignait  un  j)alriolisme  très  prononcé.  Dans  le  mouvement  actuel  et  gé- 
néral, le  civisme  de  plusieurs  membres  de  cette  Commission  a  paru  stationnaire, 
et  celui  de  quelques-uns  arriéré.  Il  faut  aujourd'hui  que  tout  marche  de  front, 
hommes  et  choses.  On  sent  que  dans  des  opérations  où  l'oa  a  souvent  de  la  sévé- 
rité à  manifester,  de  la  fermeté  à  développer  pour  réserver  à  la  République  les 
objets  darts  et  de  sciences,  pour  en  (ixer  le  prix  en  présence  dus  intérêts op[)osés, 
sans  égard  pour  les  sollicitations,  il  faut  de  la  j)art  de  ceux  qui  sont  appelés  h  ces 
opérations  une  inllexibilité  républicaine,  qui  ne  consulte  et  n'écoute  que  léquité. 
Il  faut,  dans  des  Commissions  qui  doivent  concourir  avec  la  Convention  nationale 
et  avec  les  autorités  constituées,  une  marche  décidée  et  rapide,  qui  soit  en  har- 
monie avec  l'opinion  publique. 

La  (Commission  des  monuments  était  chargée  de  faire  mettre  en  réserve  et  en 
dépôt  tout  ce  qui  pouvait  servir  à  l'instruction  et  aux  arts.  Elle  n'a  point  mani- 
festé pour  les  recherches  et  les  recouvrements  des  objets  le  degré  de  zèle  et  l'acti- 
vité nécessaires.  Aussi  beaucoup  de  monuments  appartenant  à  des  émigrés,  tels 
que  vases,  statues,  tableaux,  marbres,  etc.,  se  trouvaient  chez  des  parliculiers, 
chez  des  notaires;  des  citoyens  étaient,  sans  en  avoir  donné  de  récépissé,  déposi- 
taires de  machines,  d'instruments,  de  plans,  de  cartes  qui  appartiennent  à  la  lié[)u- 
blique.  Pour  lui  assurer  la  restitution  de  tous  ces  objets,  il  ne  suffît  point  d'une 
exactitude  officielle,  il  faut  encore  cette  bonne  volonté  qui  supplée,  pour  ainsi 
dire,  a  tout,  et  que  rien  ne  supplée,  avec  laquelle  on  mérite  des  éloges,  sans  la- 
quelle on  mérite  des  reproches.  Cette  heureuse  et  civique  disposition,  la  Cooi- 
mission  des  monuments  ne  l'a  point  manifestée  pour  la  recherche  des  objels  égai'és. 

Dans  ceux  qui  s'ofî'raient  à  elle,  a-t-elle  fait  un  bon  choix?  La  voix  des  artistes 
l'a  encore  accusée  en  ce  point.  Autour  des  monuments  élevés  par  la  servitude  au 
despotisme,  la  flatterie  avait  souvent  joint  des  accessoires  que  pouvait  épargner 
un  républicain;  c'étaient  tantôt  des  bas-reliefs,  ouvrages  des  meilleurs  artistes, 
des  colonnes;  tantôt  des  statues  de  marbre,  plus  ou  moins  précieuses,  destinées 
souvent  à  retracer  des  vertus  chères  aux  républicains;  car  en  quoi  consiste  la  flat- 
terie, si  ce  n'est  à  prêter  au  despotisme  les  vertus  qu'il  n'a  pas,  les  vertus  qu'il 
opprime?  Ces  accessoires,  en  plusieurs  circonstances,  ont  été  négligés  pai-  les  com- 
missaires des  momunents.  Des  morceaux  inléressants  ont  élé  perdus,  d'autres  [>é- 
riclilent  et  sont  exposés  aux  saillies  funesles  d'un  zèle,  louable  dans  ses  motifs, 
mais  prcyudiciable  dans  ses  résultats.  Ainsi,  à  Franciade,  on  voit  dans  l'église  de 
la  ci-devant  abbaye  des  colomies  1res  précieuses  de  marbre  blanc,  au  nombre  de 
seize,  que  la  Commission  n'a  pas  cru  devoir  comprendre  dans  la  liste  des  objets 
h  recueillir'*^   Elle  a  également  omis   deux  colonnes  de  porphvrc  de  sepi  pieds 

^')   «Losseizo  colonnes  du  mausolée  de  {jiiei-  ici  le  rapporlonr.  onl  t'U'  ri-lcrnies  |iar 

François  1"',  (|ii(>  vcul  apparemment  dési-         la  Commission  ;  on  les  a  ilt-posées  et  con- 


17'j      PROCÈS-VERBAUX  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

deux  pouces  de  hauteur  et  de  onze  pouces  de  diamètre;  une  table  de  marbre, 
grand  antique  de  deux  pieds  de  hauteur  sur  vingt-trois  pouces  de  largeur,  et  d'autres 
monuments  dignes  d'attention,  soit  pour  la  matière,  soit  pour  k  beauté  des 
formes  ^'^ 

Des  collections  aussi  nombreuses  que  rares  provenant  de  l'émigré'  Choiseul- 
Goulîier,  et  de  ses  voyages  dans  la  Grèce,  emballées  à  Marseille,  semblaient  n'at- 
tendre qu'un  vent  favorable  pour  aller  trouver  leur  ancien  propriétaire;  un  em- 
bargo civique  empêcha  cette  émigration  par  la  suite  d'une  surveillance  plus  efficace 
et  plus  active  que  celle  de  la  Commission  des  moimmenls  '-^K 

II  exislait  à  Versailles  des  morceaux  d'histoire  naturelle  d'un  grand  ])rix;  il 
importe  ici  que  vous  sachiez,  citoyens,  d'abord  comment  ces  objets  se  vendent,  et 
puis  la  route  qu'ils  prennent.  L'on  a  vendu,  environ  8,000  livres,  quatre  tables 
de  bois  pétrifié  qui  avaient  appartenu  à  la  femme  du  tyran ,  et  qui ,  estimées  à  leur 
valeur,  ne  pouvaient  l'être  à  une  somme  moindre  de  i5o,ooo  livres,  à  raison  de 
leurs  dimensions  peu  communes,  et  du  travail  d'art  par  lequel  on  a  embelli  ce 
rare  produit  de  la  nature ^'^  Ces  tables  ont  été  achetées  à  Paris  i!2,200  livres, 
par  deux  particuliers  qui  se  proposent,  ainsi  qu'ils  l'ont  déclaré,  d'en  tirer  un  bé- 
néfice considérable.  Ils  ont  naïvement  avoué  qu'ils  faisaient  rarement  des  marchés 
aussi  avantageux.  Déjà  un  jardinier  anglais ,  établi  à  Sèvres,  était  en  marché  et  se 
proposait  d'en  faire  l'emplette,  non  pour  lui-même,  comme  on  peut  le  croire, 
mais  indubitablement  pour  ses  concitoyens  de  la  Grande-Bretagne.  Une  somuie  de 
25,000  livides  était  offerte  par  lui  et  refusée  par  les  propriétaires  actuels,  lorsque 
les  commissaires  chargés  d'inventorier  tous  les  objets  précieux  d'histoire  naturelle 
et  autres  monuments  ont  arrêté ,  pour  les  tables  en  question ,  le  cours  de  la  né- 


servées  pour  être  transportées  au  dépôt  des 
ci-devant  Petits-Augustins,  lors  de  la  dé- 
molition du  tombeau. w  [Compte  rendu  à  la 
(Convention  par  la  Commission  supprimée  des 
hionttnients,^.  6.) 

(^^  rr  Les  deux  colonnes  de  porphyre ,  et  le 
marbre  antique,  qui  a  environ  cinq  pieds  de 
largeur,  au  lieu  de  vingt-trois  pouces,  appar- 
tenaient à  Tautel  de  saint  Benoît ,  vis-à-vis  le 
mausolée  de  François  I".  Tant  que  le  culte 
catholique  a  existé  dans  l'église  de  Fran- 
ciade,  la  Commission  n'a  ni  pu  ni  du  en 
arrêter  Tenlèvement;  mais  depuis  que  le 
culte  y  a  été  aboli,  non  seulement  elle  en 
a  arrêté  l'enlèvement,  mais  elle  y  a  joint 
une  statue  en  marbre  blanc  représentant 
saint  Benoît. •>•)  [Ihid.,  p.  6.) 

^^)  La  Commission  des  monuments  ré- 
pond dans  son  Compte  rendu ,  trop  lon- 
guement pour  que  nous  puissions  repro- 
duire ses  explications,  qu'elle  s'est  occupée 
des    collections    Clioiseul-Goulfier   dès    le 


3 3  octobre  1792,  et  qu'elle  a  encore 
écrit  récemment  au  général  Cartaut  à  ce 
sujet. 

^^)  cfLes  commissaires  de  la  Commission 
n'ont  jamais  pu  pénétrer  dans  le  château 
de  Versailles  .  .  Peut-on  reprocher  à  une 
Commission  de  ne  s'être  pas  occupée  de  la 
vente  de  meubles  qu'un  département  l'em- 
pêchait même  de  voir,  et  qu'un  décret  con- 
servait spécialement  à  cie  département?» 
[Compte  rendu  à  la  Convention ,  etc.,  p.  26 
et  26.)  —  Le  département  de  Seiuo-et- 
Oise  avait  en  effet  refusé  aux  commissaires 
de  la  Commission  des  monuments  l'entrée 
du  château,  en  février  1798.  il  exislait 
deux  décrets  interdisant  le  déplacement  des 
objets  d'art  du  château  de  Versailles,  celui 
du  1 9  septembre  1792  (voir  Procès-verbaux 
dit  Comité  d'instruction  publique  de  V Assem- 
blée législative,  p.  383  )  et  celui  du  2  7  juillet 
1793  (voir  t.  II  de  la  présente  publication, 
p.  1/17). 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE. 


175 


gociation,  et  les  effets  d'un  agiotage  dont  chaque  oscillation  porte  à  vos  ennemis 
des  ricliesses  qu  ils  convoitent  depuis  longtemps. 

Sur  toutes  ces  pertes  fâcheuses,  sur  toutes  ces  ventes  qui  ne  le  sont  pas  moins 
et  qui  équivalent  à  des  pertes,  la  Commission  des  monuments  est  restée  muette  et 
inactive. 

Au  milieu  des  reproches  qui  lui  sont  faits,  et  qu'elle  s'efforce  de  repousser,  il 
est  une  gloire  (pi' elle  revendique,  c'est  d'avoir  occasionné  peu  de  déj)ense.  II  est 
vrai  d'abord  que  ses  travaux  étaient  gratuits  ;  il  est  également  constant  que  ses 
(lé[)enses  positives  ont  été  peu  de  chose.  C'est  à  la  Convention  nationale  à  peser  le 
mérite  de  cette  économie.  Elle  a  coûté  beaucoup  à  la  République,  si  elle  a  négligé 
et  laissé  perdre  beaucoup  de  choses  précieuses  ;  elle  lui  aurait  coûté  bien  moins 
avec  un  zèle  plus  actif  et  moins  parcimonieux. 

Ainsi,  avec  quelques  dépenses  de  plus,  on  aurait  environné  de  précautions  suf- 
fisantes le  transport  des  monuments  qui  se  sont  brisés  dans  le  déplacement, 
comme  il  est  arrivé,  sur  le  pont  du  Peuple,  pour  de  très  belles  colonnes '^^ 

Les  citoyens  de  cette  Commission,  chargés  de  la  partie  de  la  peinture, devaient 
faire  un  triage,  un  choix.  Us  ont  tout  recueiHi,tout  fait  enlever,  pêle-mêle,  bon  et 
mauvais;  ils  ont  par  là  encombré  1rs  dépôts  de  la  République  de  choses  qui  ne  va- 
laient pas  les  frais  du  transport.  En  même  temps  qu'ils  surchargeaient  les  dépôts 
d'embarrassantes  inutilités,  ils  laissaient  vendre  à  Passy,  3oo  livres,  quatre  ta- 
bleaux de  Bourdon  qui,  le  lendemain,  ont  été  vendus  3,ooo  livres ^^^  11  n'est  pas 
hors  de  propos  d'observer  qu'il  n'est  au  Muséum  qu'un  tableau  d'histoire  de  ce 
peintre ^^^  Ils  ont  l'ait  annoncera  la  (Convention  nationale  la  découverte,  dans  les 
greniers  de  Saint-Lazare,  d'un  tableau  de  Raphaël  valant  plus  de  200,000  livres, 
tandis  qu'il  est  aujourd'hui  reconnu  que  ce  n'est  qu'une  copie  qui  peut  valoir 
600  livres  ^*^. 


^^)  tfCe  fait  parait  sans  fondement.  Le 
garde  de  la  maison  des  Petits-Augushns,  le 
seul  des  gardes  de  dépôts  qui  a  jusqu'à  ce 
moment  reçu  des  colonnes,  a  attesté  par 
écrit  qu'aucun  des  objets  apportés  dans  sou 
dépôt  n'a  été  mutilé  en  route.»  [Compte 
rendu  à  la  Convention,  etc.,  p.  8.) 

(^)  frCes  tableaux  ont  été  vendus,  sur 
alliches,  par  la  municipalité  de  Passy.  La 
Commission,  instruite  de  ce  fait,  a  sur-le- 
champ  écrit  au  département.  L'enchère, 
suivant  le  rapport  fait  à  la  Commission,  a 
été  de  i3i  livres,  et  le  marchand  qui  les 
a  achetés  ne  les  a  revendus,  après  la  res- 
tauration, que  goo  livres.  Ces  tableaux 
étaient-ils  réellement  de  Bourdon  ?  Cela 
n'est  point  trop  sur.  .  .  Vu  surplus,  fussent- 
ils  de  Bourdon,  ils  ne  sont  pas  bons,  de 
l'aveu  de  tous  ceux  qui  les  ont  vus.?)  ( Ihid. , 
p.  8.) 


^^)  wLa  Convention  jugera-l-elle  cette 
observation  faite  très  à  propos,  quand  elle 
saura  qu'il  y  a  quatre  tableaux  de  ce  maître 
au  Muséum,  qu'il  en  est  d'autres  encore 
provenant  de  la  ci-devant  église  Notre- 
Dame,  ti  etc.  {Ibid.,  p.  8.)  —  On  remar- 
quera que  Mathieu  n'a  pas  dit  qu'il  n'y  eut 
au  Muséum  qu'un  seul  tableau  di>  Bour- 
don, mais  qu'il  ne  s'y  trouvait  qu'un  ta- 
bleau d'Iustniro  de  ce  maître. 

^■"^  «Jamais  la  Commission  des  monu- 
ments n'a  prononcé  sur  l'originalité  du  ta- 
bleau trouvé  à  Saint-Lazare.  Plusieui-s  de 
ses  membres,  qui  ont  été  à  Rome,  connais- 
sent parl'aiteuu'ut  celui  cpii  passe  pour  fori- 
glnal  de  Baphaël ,  et  qui  est  au  palais  Bor- 
ghèse.  Ce  fut  une  erreur  que  couiunt,  par 
zèle,  le  citoyen  Barère,  en  annonçant  cpie 
l'on  avait  trouvé  ce  tableau,  qu'il  ntlrihua 
inrine  à  lîiihrnu.  La   Commission  ne  l'avail 


17(;      PROGÈS-VKRBAUX  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

Je  crois  en  avoir  dil  assez,  ciloyons,  pour  fixer  voire  altenlion  sur  le  travail 
aussi  étendu  qu'important  qui  avait  été  confié  h  la  Commission  des  monuments,  et 
sur  la  manière  dont  elle  s'en  est  acquittée.  Vous  n'hésiterez  sûrement  pas  de  pro- 
noncer sa  suppression.  Mais  aussi,  par  l'exposé  que  je  vous  ai  soumis,  vous  avez 
pu  vous  faire  une  idée  de  l'immensité  de  son  travail ,  aussi  indispensable  qu'ur- 
,o;ent,  puistpi'il  s'aoil  d'une  part  de  prévenir  des  dilapidations  et  des  pertes,  et 
d'une  autre  d'ellecluer  pour  l'instruction  publi([ue  un  prélèvement  sur  le  mobilier 
national  destiné  à  être  vendu. 

Votre  Comité  vous  propose  de  substituer  à  la  Commission  des  monuments  celle 
que  vous  avez  cliargéc  d'inventorier  tout  le  mobilier  des  ci-devant  académies, 
tous  les  dépôts  de  machines,  de  cartes,  de  plans,  de  manuscrits  et  autres  objets 
d'arts  et  de  sciences,  dispersés  dans  différents  dépôts,  en  même  temps  que  vous 
l'avez  charg-ée  de  veiller  à  ce  que,  pour  la  conservation  de  ces  effets,  ils  soient 
rassemblés  dans  un  même  local,  autant  que  l'utilité  publique  ne  s'y  opposera 
pas;  le  tout  conformément  aux  décrets  rendus  le  i5  et  le  18  août  dernier  par  la 
Convention  nationale  ^^\ 

Pour  vous  déterminer  à  substituer  cette  Commission  à  celle  des  monuments, 
il  sullira  de  vous  exposer  sommairement  ses  travaux  depuis  sa  formation.  Vous 
serez  étonnés  de  tout  ce  qu'elle  a  fait  dans  un  si  court  espace  de  temps. 

Les  objets  qu'elle  a  embrassés  dans  son  travail  sont  la  botanique ,  la  minéra- 
logie, la  zoologits  Tanatomie,  la  physique,  la  chimie,  les  plans  et  fortifications, 
la  marine  et  la  géog'raphie,  les  ponts  et  chaussées,  les  mécanicjues  et  métiers,  les 
monuments  et  antiquités,  la  peinture,  la  sculpture,  la  g'ravure  et  l'architecture, 
les  bibliothèques,  les  manuscrits  et  les  dépôts  littéraires. 

Dans  loutes  ces  parties,  dévastes  collections  ont  été  inventoriées ,  sans  négliger 
les  moindres.  Ainsi,  pour  la  botanique, la  Commission  a  fait  l'inventaire  de  quatre 
collections  nationales  :  1°  de  celle  de  la  ci-devant  Académie  des  sciences;  2°  de 
celle  du  Collège  de  pharmacie;  3°  de  celle  de  Sainte  -  Geneviève  ;  /i"  de  celle  des 
Petit->Auguslins.  Ces  dépôts  renferment  une  quantité  considérable  de  fruits  étran- 
gers, de  bois,  de  gommes,  de  résines,  de  plantes  sèches  ou  conservées  dans  des 
licpieurs,  comme  aussi  des  plantes  peintes  ou  imitées  d'après  nature.  Il  a  été 
formé  un  catalogue  raisonné  de  tous  ces  objets  ;  ils  y  sont  désignés  sous  des  noms 
généralement  connus  et  adoptés ,  disposés  dans  l'ordre  établi  au  Muséum  national 
d'histoire  naturelle.  La  Commission  se  propose  de  suivre  le  même  plan  pour 


pas  même  vu  alors,  cl  elle  n'en  avait  en- 
tendu parlor  que  par  son  secrétaire,  le  ci- 
toyen Leblond.  Lorsqu'il  s'est  agi  d'ouvrir 
le  Muséum,  le  dépôt  des  Au|>uslins  fut  vi- 
sité; le  t;ibleau  fut  vu,  le  citoyen  David 
était  présent;  on  le  compara,  de  souvenir, 
avec  celui  de  Rome,  et  l'on  ne  décida  rien, 
sinon  qu'il  fallnil  le  placer  au  Muséum. 
Ainsi  la  Commission  n'a  point  annoncé  ce 
lableau  comme  original;  elle  n'a  point 
trompé  la  Convention,  et,  quelle  qu'en  soit 


la  valeur  mercantile,  ifn'a  rien  coûté  à  la 
nation.  »  (  Compte  rendu  a  la  Convention ,  nie, 
p.  8.)  —  Voir  t.  L',  pages  .3i2-3i3,  le 
rapport  piésenté  le  6  février  1798  à  la 
Convention  par  Barère  au  nom  du  Comité 
crinstiMiction  publique  et  de  la  Commission 
des  monuments.  —  La  toile  en  question 
doit  être  une  copie  de  la  Mise  au  tom- 
lean. 

(')   Voir  ces  décrets  dans  notre  tome  II, 
pages  319  et  3a 2. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  J77 

toutes  ies  collections  de  botanique  qui  seront  inventoriées,  de  sorte  que  l'on 
pourra  savoir,  dans  un  instant,  le  nombre  des  individus  de  chaque  espèce  quelles 
renferment.  Cet  arrangement  uniforme  et  mdthodique  en  rendra  la  distribution 
plus  facile  et  plus  commode,  si  la  Convention  nationale  juge  convenable  de  former 
des  cabinets  d'histoire  naturelle  dans  les  différents  départements  de  la  République, 
C3  qui  ne  peut  être  qu'infiniment  utile. 

L'inventaire  zoologique  de  la  ci-devant  Académie  des  sciences  est  pareillement 
achevé,  malgré  les  difficultés  qu'il  offrait.  On  conçoit  que  l'altération  produite  sur 
les  objets  par  l'exsiccation  ou  l'immersion  a  rendu  très  difficile  la  nomenclature 
scientifique  exacte  que  la  Commission  a  à  cœur  d'introduire  dans  chaque  dépôt 
soumis  à  son  examen.  Suivant  les  rapports  qui  lui  sont  faits  depuis  quelque  temps , 
déjà  plus  de  mille  soixante-dix  objets  sont  étiquetés,  et  pourront,  sans  nouveau 
travail,  se  placer  dans  des  collections  imparfaites  et  en  compléter  les  cadres. 

Le  cachet  de  la  Commission  des  arts  a  été  apposé,  non  sans  le  préalable  des 
inventaires  et  descriptions,  sur  des  cabinets  de  minéralogie,  renfermant  beaucoup 
d'objets,  tous  précieux  sous  le  rapport  de  la  science,  et  un  assez  grand  nombre 
sous  le  rapport  de  la  valeur  intrinsèque.  11  existe  déjà  assez  de  matériaux  pour 
ébaucher  une  minéralogie  de  la  France.  Observons  ici  que  ces  objets  tiennent  im- 
médiatement à  l'économie  politique ,  et  doivent  éveiller  la  sollicitude  de  ceux  qui 
portent  sur  toute  la  République ,  sur  ses  ressources  comme  sur  ses  besoins,  le  re- 
gard du  législateur  et  de  l'administrateur.  Ainsi,  la  science,  mal  à  propos  consi- 
dérée par  quelques-uns  comme  une  sorte  de  luxe,  se  rattache  à  tous  les  besoins 
publics  et  particuliers,  et  fournit  à  chaque  instant  pour  ies  uns  et  pour  les  autres 
des  instruments  et  des  lumières. 

La  physique  n'a  pas  été  suivie  avec  moins  de  zèle  :  l'observatoire  de  l'Ecole  mi- 
htaire,  l'observatoire  de  Lemonnier,  aux  ci -devant  Capucins,  l'Observatoire  na- 
tional, le  cabinet  de  physique  du  collège  dit  de  Navarre,  les  deux  cabinets  de 
physique  du  ci-devant  roi  et  du  ci-devant  dauphin ,  déposés  à  la  maison  dite  des 
Menus-Plaisirs,  les  instruments  de  physique  et  de  géométrie  de  l'Académie  des 
sciences,  ont  été  tous  inventoriés  et  exactement  décrits  par  la  Commission  des  arts. 

Pour  l'anatomie,  il  a  fallu  non  seulement  inventorier,  mais  encore  disposer  tout 
dans  un  ordre  méthodique;  dans  les  objets  que  nous  parcourons  ici,  la  méthode 
est  elle  seule  un  moyen  d'inslruction;  c'est  une  démonstration;  elle  est  également 
un  moyen  de  conservation  par  la  facilité  des  vérifications  et  un  moyen  de  respon- 
sabilité, dans  le  cas  de  perte  des  objets,  lorsque  la  perle  est  réparable.  C'est  dans 
cet  esprit  que  la  Commission  a  fait  son  travail  sur  les  objets  d'analomie  déposés  : 
1°  à  la  ci-devant  Académie  des  sciences;  -2°  dans  les  salles  de  la  ci -devant  Aca- 
démie de  chirurgie,  comprenant  dans  son  inventaire,  comme  elle  y  était  naturel- 
lement conduite,  beaucoup  d'instruments  de  chirurgie  appartenant  à  l'histoire, 
en  même  temps  qu'au  perfectionnement  de  cet  art  précieux,  espèce  de  contre- 
poids du  perfectionnement  de  l'art  de  dt'truire.  Une  partie  de  ces  instruments  avait 
été  déplacée  et  se  trouvait  éj)arse  dans  des  mains  particulières;  la  (^iOmmission  des 
arts,  par  le  zèle  éclairé  des  citoyens  chargés  de  cette  branche,  les  a  fait  renu^tlre 
et  restituer  à  la  nation,  à  l'instruction  [)ubli(jue  et  à  l'humanité. 

La  chimie  n'a  point  «'té  néglij'ée;  beaucoup  d'objets  ont  él«^  i-ecueillis,  tels  ([ue 

ni.  1-2 

IHPCVIMLMC     TIlTIOXAir. 


178      PROGÈS-VEmîAUX  DU  COMITE  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

des  produils  cliiiniques  et  des  mémoires  relatifs  aux  maniifacturos ,  entre  autres  h 
colle  de  Sèvres. 

Los  mécani(|uos  ot  métiers  ont  fixé  d'une  manière  particulière  l'attention  de  la 
Commission  dos  arts.  L'ancien  gouvernement  avait  fait  construire  aux  dépens  du 
Trésor  public  beaucoup  (\o  inacliines  el  d'instruments  plus  ou  moins  utiles  pour 
rindustrie.  Il  en  avait  fait  venir  ou  accueilli  do  rélrangor.  Il  se  trouvait  dos  mé- 
moires très  instructifs,  soit  dans  les  bureaux  de  l'ancienne  administration  du  com- 
merce, soit  dans  ceux  dos  ministres  et  particulièrement  du  ministre  do  l'intérieur, 
dans  les  cabinets  de  la  ci-devant  Académie  des  sciences,  de  celle  d'architecture, 
dans  les  dépôts  des  machines,  dans  le  mobilier  des  domaines  nationaux,  enfin 
chez  divers  artistes  ou  manufacturiers  dont  on  voulait  encourager  l'industrie, 
pour  augmenter,  avec  les  produits  industriels,  la  matière  imposable.  On  a  fait 
riuventairo  d'une  partie  considérable  de  ces  dépôts.  Le  travail  achevé  dans  les 
bureaux  de  l'ancienne  administration  du  commerce  a  fait  découvrir  de  nouveaux 
dépôts,  dont  plusieurs  sont  déjà  sous  le  sceau  de  la  Commission,  et  décrits  avec 
détail  dans  ses  catalogues. 

Des  recherches  fLiiles  sur  la  marine  et  la  géographie  ont  déjà  donné  de  nom- 
breux résultats,  el  ont  été  en  (picli|uo  sorte  payées  comptant  par  la  satisfaction  de 
remettre  entre  les  mains  du  Comité  de  salut  public  et  du  ministre  de  la  guerre 
des  cartes  très  rares  par  leur  perfection,  et  non  moins  nécessaires,  des  contrées 
qui  sont  aujourd'hui  le  théâtre  de  la  guerre  que  nous  avons  à  soutenir  contre  les 
tyrans  coalisés.  De  ce  nombre  est  une  carte  manuscrite,  très  détaillée  et  très 
exacte,  trouvée  chez  d'Orléans,  comprenant  les  côtes  de  la  France  situées  entre 
rembouchure  de  la  Loire  et  celle  de  la  Garonne. 

Le  travail  des  bibliothèques  et  dépôts  littéraires,  tant  dans  notre  langue  que 
dans  les  idiomes  connus  de  tous  les  pays  et  de  tous  les  temps ,  exigeait  le  concours 
d'un  grand  nombre  de  citoyens  éclairés.  L'immensité  des  dépôts  permet  à  peine  à 
cjux  qui,  dans  la  Commission  des  arts ,  sont  chargés  de  cette  partie,  de  la  suivre 
avec  toute  l'attention  qu'elle  mérite.  Ce  qui  regarde  la  littérature  orientale  est  très 
avancé  jusqu'à  ce  moment;  le  Comité  a  craint  de  multiplier  ici  les  agents  :  ce  qu'il 
y  a  de  constant,  c'est  que  la  nécessité  en  eût  été  le  motif  et  l'excuse. 

Des  modèles  en  relief  de  ponts,  d'écluses,  de  machines  relatives  à  tous  les 
genres  de  construction,  dont  plusieurs  sont  uniques,  des  pièces  de  trait  et  de  char- 
pente, ouvrages  finis  avec  le  plus  grand  soin,  sont  déposés  à  l'Ecole  nationale  des 
ponts  et  chaussées.  La  Commission  en  a  fait  l'inventaire  exact;  chaque  pièce  y  est 
désignée  par  des  lettres,  par  des  numéros, qui  serviront  à  les  classer  dans  un  mé- 
moire général  qui  sera  incessamment  achevé. 

La  peinture,  la  sculpture,  la  gravure  et  l'architecture  forment  les  branches  les 
plus  chargées.  Rien  n'a  été  omis  pour  assurer  à  la  République  les  chefs-d'œuvre 
des  plus  grands  maîtres,  et  tous  les  ouvrages  dignes  d'être  conservés  dans  les  arts 
du  dessin.  Les  richesses  immenses  en  ce  genre,  éparses  chez  les  émigrés,  après 
un  liiage  convenable,  tel  qu'il  est  prescrit  par  les  décrets,  se  réuniront  dans  des 
musées  nationaux,  et  olfrironL  l'ensemble  le  plus  intéressant,  et  pour  les  élèves 
qui  voudront  se  former  dans  les  arts,  et  pour  le  peuple  français,  devenu  seul 
propriétaire  de  ces  ouvrages  du  génie,  comme  il  en  a  toujours  été  le  meilleur 


DE  LA  CONVENTION  NATIOiNALE.  179 

juge.  C'est  à  cette  branche  que  se  rapportent  les  mesures  prises  par  la  Commis- 
sion pour  arrêter  à  Marseille  les  collections  de  Clioiseul-GoufBer  prêtes  à  partir. 
Celle  de  La  Borde  ne  s'est  point  trouvée;  on  la  croit  passe'e  en  Angleterre. 

Le  Palais  national,  le  palais  ci-devant  Bourbon,  la  maison  de  l'e'migré  Du  Châ- 
telet,  les  dépôts  de  la  ci-devant  Académie  de  peinture,  ont  été  inventoriés  en  ce 
qui  regarde  la  peinture,  la  sculpture,  la  gravure  et  Tarchitrcture.  L'activité  civique 
et  éclairée  que  Ton  a  portée  dans  celte  partie  a  fait  découvrir,  chez  un  notaire,  six 
bustes  de  porphyre,  quatre  bronzes  de  l'Algarde  et  Girardon,  trois  tables  de  por- 
phyre; d'autres  morceaux  rares  sont  également  replacés  sons  la  main  de  la  nation^'^. 

Les  monuments  et  les  antiquités,  restes  intéressants,  épargnés  et  consacrés  par 
le  temps,  que  le  temps  semble  nous  donner  encore,  parce  qu'il  ne  les  détruit  pas, 
que  l'histoire  consulte,  que  les  arts  étudient,  que  le  philosophe  observe,  que  nos 
yeux  aiment  à  fixer  avec  ce  genre  d'intérêt  qu'inspirent  même  la  vieillesse  des 
choses  et  tout  ce  qui  donne  une  sorte  d'existence  au  passé ,  ont  été  les  nombreux 
objets  des  inventaires  et  des  recherches  de  la  Commission  des  arts.  Bien  n'échappe 
à  son  zèle;  et  ses  lumières  savent  reconnaître  le  cachet  de  l'antique,  avant  d'ap- 
poser le  cachet  conservateur. 

Par  l'exposé  sommaire  que  je  viens  de  soumettre  à  la  Convention  nationale , 
elle  est  a  portée  de  juger  de  tous  les  services  rendus  à  la  Bépnblique  par  la  Com- 
mission des  arts,  et  de  tous  ceux  qu'elle  pourra  rendre  d'une  manière  bien  plus 
efficace ,  lorsque  vous  aurez  dégagé  sa  marche  des  entraves  que  mettait  à  ses  tra- 
vaux la  Commission  des  monuments.  Les  deux  ne  peuvent  subsister  en  même 
temps;  l'une  a  mérité  des  reproches,  l'autre  des  éloges;  l'une  a  laissé  dépérir, 
l'autre  a  recueilh  et  conservé. 

L'aristocratie  naît  de  la  permanence  des  Commissions  ;  celle  des  monuments  est 
déjà  ancienne.  Dans  le  genre  d'opérations  dont  elle  est  chargée ,  les  négligences  sont 
suivies  de  pertes  communément  irréparables  ;  les  dégradations  amènent  les  dégra- 
dations, et  ne  pas  surveiller  c'est  faire  beaucoup  de  mal.  Toutes  ces  considérations 
vous  détermineront  sans  doute  à  prononcer  une  suppression  qu'exige  le  bien  public. 

Il  s'agit  d'inventorier  avec  assez  de  promptitude  pour  ne  point  arrêter  le  mou- 
vement utile  des  aliénations,  et  de  conserver  à  la  nation  et  à  l'instruction  publi(|ue 
des  objets  précieux  qui  lui  sont  nécessaires,  que  peu  de  Français  pourraient  ac- 
quérir, et  sur  lesquels  nos  ennemis  font  souffler  un  vent  de  dt'faveur  pour  les 
acheter  ou  sous-aclieter  à  vil  prix.  Ces  inventaires  peuvent  assurer  à  la  Bépnblique 
des  monuments  admirés  et  enviés  par  les  étrangers;  ils  peuvent  épargner  par  la 
suite  des  acquisitions  coûteuses.  Ce  travail,  pour  atteindre  son  but,  doit  être  par- 
fait, sous  peine  d'inutilité  en  lui-même,  et  de  déprédation  dans  les  objets. 
Quoique  l'on  n'ait  pas  pour  l'achèvement  de  ces  opérations  une  grande  latitude 

(')   tf Avant  que  la  Commission  des  arts  do  six  autres  encore,  et  de  six  vases  é<;ale- 

eût  donne  preuve  de  son  activité  civique  et  iu(>nt  on  porpiiyre,  qui  faisaient  partie  de 

éclairée,   en    retrouvant    chez    lui    notaire  rai(|uisi(ion  lalle  |iar  d\\n|jivillcr,  au  nom 

les  objets  dont  parle  le  rapporteur,  la  Coni-  du  roi,    à    la  vente  de  Méi^ars.*?    [Compte 

mission  des   monuments  avait  prévenu    le  reiuln  à  la   Couvention  par   la    (.ommtsswn 

ministre  de  leur  existence,   et  non  seule-  supprimée  dex  mmiuments .  p.  i  'i.) 
ment  de  rexislence  de  ces  six  l)usl(^5,  uiiii'- 

la . 


180      PROCÈS-VERBAUX  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

dans  les  choix,  du  jnoins  faut-ii  profiter  de  celle  que  Ton  a.  Il  n'y  a  donc  nul 
motif  d'hésitiM-  à  supprimer  la  Commission  des  monuments,  dont  les  membres 
les  [)lus  recommandables  ont  élé  depuis  long^temps  appelés  à  des  fonctions  pu- 
bliques, ou  au  travail  de  la  Commission  des  arts  ''^ 

Il  importe  que,  dans  ce  moment,  la  Convention  nationale  ne  laisse  aucun  doute 
sur  son  intention  de  conserver  des  monuments  précieux,  des  collections  utiles, 
liérilag-e  savant,  succession  instructive  que  toute  la  France  réclame,  et  dont  l'im- 
mense quantité  promet  rétablissement  d'un  grand  nombre  de  cabinets  et  de  mu- 
sées dans  toute  11  République,  sans  préjudice  d'une  gi'ande  collection  centrale, 
où  tout  sera  ordonné  et  distribué  avec  méthode,  éclairé  et  embelli  par  la  méthode 
elli'-mème.  Il  est  digne  de  la  sagesse,  de  la  politique  de  la  Convention  nationale, 
de  son  goût  pour  les  arts,  de  vivifier  toutes  ces  richesses,  de  les  centupler  par 
cette  utile  et  savante  distribution,  de  les  animer  même  au  profit  de  l'ignorant  qui 
les  méprise;  c'est  le  moyen  de  confondre  tous  ces  contre-révolutionnaires  éhontés 
qui  osent  se  dire  les  amis  de  la  hberlé  et  de  l'égalité,  et  qui  craignent  la  réverbé- 
ration des  lumières;  qui  osent  se  dire  Français  et  amis  de  la  Révolution,  et  qui 
proposent  de  livrer  aux  llammes  toutes  les  bibliothèques  sans  exception  ,  proposi- 
tion faite  à  Marseille  par  les  agents  de  Pitt,  ainsi  que  nous  l'a  certifié  notre  col- 
lègue Granet;  proposition  faite  à  la  même  époque  oii  les  mêmes  agents  proposaient 
de  brûler  tous  les  oliviers  delà  Provence.  Ainsi  les  mêmes  êtres  faisaient  entendre, 
dans  Marseille  indignée,  ce  vœu  conspirateur  et  barbare  de  détruire,  avec  les  bi- 
bliothèques ,  Tarbre  consacré  par  les  anciens  à  Minerve ,  parce  qu'il  est  le  symbole 
de  la  paix  et  de  l'abondance,  l'arbre  formant  la  seule  culture  connue  dans  ces 
contrées  méridionales.  C'est  à  la  Convention  nationale  de  faire  aujourd'hui  pour 
les  arts,  pour  les  sciences,  pour  les  progrès  de  la  philosophie,  ce  que  les  arts,  les 
sciences  et  la  philosophie  ont  fait  pour  amener  le  règne  de  la  liberté  :  ce  sont  aussi 
des  créanciers  de  la  Révolution  et  pour  qui  la  Révolution  doit  tout  faire.  Ne  per- 
dons pas  de  vue  cette  idée,  que  les  ténèbres  sont  une  servitude;  que  qui  s'y  trouve 
ne  sait  où  marcher,  qu'il  recule  souvent  en  croyant  avancer;  que  l'ignorant  s'en- 
chaîne lui-même,  sans  le  savoir,  dans  ses  passions  et  dans  ses  erreurs;  l'énergie 
et  les  lumières,  combinées  dans  une  juste  proportion,  sont  les  véritables  et  seuls 
éléments  de  la  hberté  républicaine. 

De  là,  sans  doute,  l'attention  sérieuse  que  vous  apportez  à  tout  ce  qui  est  re- 
latif à  l'instruction  publique  et  à  la  conservation  de  tous  les  objets  et  monuments 
qui  peuvent  y  contribuer,  d'autant  mieux  que  l'instruction  donnée  immédiate- 
ment par  les  choses  est  préférable  à  celle  qui  est  transmise  par  les  hommes ,  et 
dans  laquelle  l'autorité  vient  toujours  affaiblir  plus  ou  moins  la  lumière. 

"^   Parmi  les  membres  de  la  Convention  chives;  Dufourny  était  devenu  président  du 

qui  avaient  fait  partie  de  la  Commission  des  département  de  Paris;  Vandermonde  était 

monuments,  seuls  Sergent  et  Courtois  pre-  occupé  aux  travaux  de  la  Commission  des 

naient  encore  part  aux  travaux  de  cette  Com-  poids    et   mesures.    Leblond,    Mongez    et 

mission;  depuis  longtemps  David,  Barère  et  Ameillion  étaient  entrés  dans  la  Commis- 

Guyton  s'en  étaient  désintéressés;  quant  à  sion  des  arts,  à  laquelle  Poirier  fut  égale- 

Dusaulx,  il  était  en  état  d'arrestafion  depuis  ment  adjoint  plus  tard, 
le  3  octobre  1798.  Camus  était  garde  des  Ar- 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE. 


181 


Pdnétré  de  vos  principes ,  citoyens ,  le  Comité  d'instruction  publique  me  charge 
de  vous  présenter  le  projet  de  décret  suivant  : 


PROJET   DE  DECRET. 

La  Convention  nationale,  après  avoir  entendu  le  rapport  de  son  Comité  din- 
struclion  publique,  décrète  ce  qui  suit  : 

Article  premier.  La  Commission  des  monuments  est  supprimée. 

Art.  2.  Elle  sera  remplacée  par  la  Commission  temporaire  des  arts  pour  l'exé- 
cution des  décrets  concernant  la  conservation  des  monuments  et  des  objets  de 
sciences  et  d'arts ,  et  leur  réunion  dans  des  dépôts  convenables. 

Art.  3.  Les  travaux  de  la  Commission  des  arts  seront  gratuits  ^*^. 

Art.  k.  Cette  Commission  sera  sous  l'inspection  immédiate  du  Comité  d'in- 
struction publique,  et  lui  rendi'a  compte,  deux  fois  par  décade,  de  l'état  de  ses 
opérations  ^'^^ 

Art.  5.  Il  sera  nommé  pour  surveiller  le  travail,  conjointement  avec  le  Comité 
d'instruction  publique,  deux  membres  par  le  Comité  des  finances,  et  deux  membres 
par  le  Comité  des  domaines  ^^^ 

Art.  6.  Le  Comité  d'instruction  publique  présentera  incessamment  à  la  Con- 
vention nationale  des  moyens  d'assurer  dans  toute  l'étendue  de  la  République  la 
conservation  des  monuments  et  bibliothèques,  ainsi  que  la  confection  des  cata- 
logues ordonnés  par  les  précédents  décrets. 

Art.  7.  La  Commission  des  monuments  remettra  à  la  Commission  temporaire 
des  arts  les  mémoires,  notes,  descriptions,  inventaires,  catalogues,  plans  d'opé- 
rations et  le  registre  de  ses  délibérations  jusqu'à  ce  jour. 

Nous  complétons  le  rapport  de  Mathieu  par  quelques  extraits  des  procès-verbaux  des 
séances  de  la  Commission  des  monuments,  qui  feront  voir  l'accueil  que  la  Commission  fit  à  ce 
rapport,  et  l'altitude  qu'elle  crut  devoir  prendre  en  présence  du  décret  de  la  Convention  : 

Le  nonidi  de  la  3*  décade  du  frimaire  de  l'an  deux  de  la  Hépublicpie  française 

une  et  indivisible. 

Présents  :  Puthod,  Jollain,  L.-A.  Mercier,  Moreau  le  jeune,  Ameilhon,  Des- 
marest;  F.-A.  Mulot,  secrétaire. 


('^  Sur  la  proposition  do  David,  la  Con- 
vention décida,  contrairement  au  projet  de 
Afathieu,  que  les  travaux  de  la  Coumiissioii 
des  arts  seraient  salariés.  Deux  ailicl(>s nou- 
veaux furent  introduits  dans  le  décret,  poi- 
tantquclesComilésdcs  finances  (Md'insli-uc- 
tion  publique,  réunis,  présenteraient  un 
projet  do  dérret  pour  le  salaire  des  membres 
de  la  Commission  dos  arts,  et  que  le  Comité 
d'instruction  publicpie  présenterait  à  la  Cou- 
vonlion  la   liste  dos  membres  de  la  Com- 


mi-^sion.  Le  projet  de  décret  demandé  sera 
présenté  par  Malliieu  au  Conjité  d'inslruc- 
lion  publl(pio  le  5  pluviôse  et  à  la  Conven- 
tion le  1  8  phniùse  (voir  pa{jes  .'^îi3  et  ?>'^~i). 

^-)  Cet  article  a  été  supprimé  dans  le 
décret  (léliuilif. 

^•')  Au  lieu  de  dmix  membres  à  nounnor 
par  le  Comité  des  domaines,  le  décret  déli- 
iiitif  porte  :  doux  mend)res  à  nounnor  par 
le  (Comité  craliénalion  et  deux  nioudires 
par  celui  do  commerce  et  d'a<;riculluro. 


182       PROCÈS-VERBAUX  DU  GOMITI^  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

Le  citoyen  Mercier  prt^side. 

Un  membre  lit  dans  le  Journal  de  Paris  l'annonce  de  la  suppression  de  la  Com- 
mission. 

Après  cette  lecture,  les  membres  de  cette  Commission  qui  se  trouvaient  ras- 
semblas arrêtent  qu'il  sera  e'crit  au  minisire  de  l'intërieur  pour  lui  demander  si 
l'on  peut  continuer  de  s'assembler,  le  décret  n'étant  point  signifie,  beaucoup 
d'opérations  <'tant  commencées,  et  plusieurs  des  jnembres  étant  en  mission  à  Ville- 
AfTrancliie,  Chartres,  Marly,  etc.  ^'^ 

Il  est  arrêté  que  l'on  n'entamera  aucune  opération  nouvelle, crainte  de  s'exposer 
au  moindre  reproche,  jusqu'à  la  réponse  du  ministre,  et  que  seulement  le  secré- 
taire prendra  note  des  demandes  qui  seront  faites  et  des  rapports  remis  à  la 
Connnission. 

[La  séance  continue  ensuite  parla  lecture  de  divers  rîipports.] 

Le  tridi  de  la  première  décade  de  nivôse  de  l'an  deux  de  la  République  française 

une  et  indivisible. 

Présents  :  L.-A.  Mercier,  Lemonnier,  Moreauie  jeune,  Boizot,  Jollain,  Puthod, 
Regnault,  F.-A.  Mulot. 

Les  membres  qui  composent  la  Commission  des  monuments,  réunis  en  nombre 
suffisant  pour  entendre  la  lecture  de  la  réponse  qu'ils  attendaient  du  ministre  de 
rinlérieur,  nomment  pour  les  présider  le  citoyen  Mercier  et  le  citoyen  Mulot  pour 
tenir  la  plume  ^^\  Celui-ci  leur  annonce  n'avoir  reçu  du  ministre  de  l'intérieur 
qu'une  lettre  relative  à  l'examen  à  faire  d'un  modèle  de  vaisseau  dont  le  citoyen 
Biron  annonce  l'acquisition. 

Les  membres arrêtent  qu'il  sera  écrit,  séance  tenante,  au  Comité  d'in- 
struction publique  pour  lui  demander  la  marche  qu'ils  doivent  tenir  afin  qu'ils  ne 
soient  point  accusés  d'avoir  cessé  trop  subitement  ou  continué  trop  tard  leurs  tra- 
vaux. 

Sur  la  remarque  d'un  membre  que,  si  l'on  en  croit  les  papiers  publics  et  no- 
tamment la  feuille  des  Débats,  le  rapport  du  Comité  contient  contre  la  Commission 
des  inculpations  graves  qu'il  est  tout  à  la  fois  important  et  facile  de  repousser, 
il  est  arrêté  que,  dans  la  lettre  à  écrire  au  Comité,  on  réclamera  de  sa  justice  la 
communication  du  rapport  afin  d'y  répondre  d'une  manière  satisfaisante,  si  réelle- 
ment ces  reproches  existent. 

.  .  .  Les  membres  se  sont  ajournés  à  sexlidi  prochain ,  pour  connaître  tant  la 
réponse  du  ministre,  si  elle  arrive,  que  la  réponse  du  Comité  d'instruction  pu- 
blique. 

Voici  le  texte  de  la  lettre  écrite  le  même  jour  par  Mulot  à  Mathieu,  président  du  Comité 
d'instruction  publique  : 

^^^  La  lettre  écrite  au  ministre  se  trouve  par  le  rédacteur  du  procès-verbal ,  la  Com- 

dans  le  registre  des  copies  des  lettres  de  la  mission  n'ayant  plus  d'existence  ofTicielle 

Commission,  F^'*  5.  et  ne  pouvant  plus  avoir  de  bureau  régu- 

^^^  C'est  la  formule  désormais  employée  lièrement  constitué. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  183 

3  nivôse. 
Au  président  du  Comité  d'instruction  publique. 

Citoyen  président , 

Les  membres  qui  composaient  la  Commission  des  monuments  supprime'e  par 
de'cret  du  28  frimaire  se  sont  asseml)iés  le  9  de  la  S*"  décade  du  même  mois  pour 
aviser  à  ce  qu'ils  feraient  dans  les  circonstances.  Après  avoir  pris  une  note  des  rap- 
ports qui  ont  été  remis  par  différents  d'entre  eux ,  ils  ont  cru  devoir  écrire  au  mi- 
nistre de  l'intérieur  pour  connaître  de  lui  ce  qu'ils  devaient  faire,  plusieurs  de 
leurs  collègues  étant  à  Ville- Affranchie,  à  Chartres,  à  Marly,  en  missions  relatives 
aux  monuments,  beaucoup  d'opérations  se  trouvant  commencées  et  beaucoup 
d'autres  très  pressantes  étant  demandées. 

Aujourd'hui  tridi  de  la  première  décade  de  nivôse,  les  mêmes  membres  se  sont 
assemblés  pour  entendre  la  lecture  de  la  réponse  qu'ils  attendaient  du  ministre. 
N'en  ayant  point  reçu,  ils  ont  encore  pris  la  note  des  demandes  qui  leur  étaient 
faites  et  des  rapports  commencés  ;  mais  ils  n'ont  pas  cru  devoir  entamer  de  nou- 
velles opérations. 

Cependant,  pour  ne  point  s'exposer  à  l'inculpation  de  cesser  de  faire  ce  qu'ils 
auraient  dû  continuer,  ou  de  continuer  ce  qu'ils  auraient  dû  cesser  de  faire ,  ils 
ont  arrêté  que  je  vous  écrirais  en  leur  nom  pour  vous  inviter  à  les  diriger  dans  la 
marche  qu'ils  ont  à  tenir. 

Comme  vous  avez  demandé  ^'^  à  la  Commission  une  note  sur  les  difficultés  qu'elle 
a  éprouvées  dans  le  cours  de  ses  fonctions ,  et  sur  les  divers  dépôts  qui  sont  éta- 
blis, une  copie  des  pouvoirs  donnés  à  ses  membres  et  des  décrets  relatifs  à  cette 
Commission,  et  que  ce  travail  est  sur  le  point  d'être  terminé  et  dans  le  cas 
d'être  présenté  d'ici  à  trois  ou  quatre  jours,  peut-être  même  plus  tôt,  ils  m'ont 
chargé  de  vous  demander  encore  si  votre  intention  est  qu'il  vous  soit  remis. 

Enfin  les  papiers  publics  ayant  diversement  cité  les  termes  du  rapporteur  sur 
la  Commission  des  monuments  et,  suivant  quelques-uns,  son  rapport  contenant 
des  inculpations  qu'il  est  impossible  de  croire  avoir  été  faites,  à  raison  de  la  faci- 
lité qu'il  y  aurait  à  les  [sic)  répondre ,  quoique  graves  en  apparence  :  ils  demandent 
à  titre  de  justice  de  vouloir  bien  leur  faire  communiquer  ce  rapport,  afin,  s'il  est 
vrai  que  ces  inculpations  y  soient  contenues  ou  toute  autre,  d'avoir  la  satisfaction 
d'y  répondre,  ce  qu'ils  se  flattent  de  faire  d'une  manière  triomphante^'^. 

Nous  reprenons  la  suite  des  extraits  des  procès-vorhaux  des  séances  de  la  Commission  : 

Le  sexlidi  de  la  première  décade  du  nivôse  de  l'an  deux  de  la  Républi(pie  française 

une  et  indivisible. 

Présents  :  L.-A.  Mercier,  Regnault,  Jollain,  Pulhod,  Lemonnier,  Moreau  lo 
jeune,  Boizot,  Poirier,  F.-A.  Mulol. 

Les  membres  qui  composaient  la  Conuuission  des  monuments  s'étant  assend)lés 
en  nombre  suflisant  pour  entendre  la  lecture  de  la  réponse  qu'ils  allondaient  du 

^'^  Le  i5  frimaire  (voir  p.  -y  1). —  (^)  Archives  nalionalos,  F'"*  5. 


184      PROCÈS-VERBAUX  DU  COMITE  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

ministre,  onl  nomiiid  le  citoyen  Mercier  pour  présider  et  le  citoyen  Mulot  pour 
tenir  la  plume. 

.  . .  Lecture  est  faite  d'une  lettre  du  ministre  de  l'intérieur  en  réponse  à  celle 
qui  lui  avait  été  écrite  le  29  frimaire. 

Il  est  arrêté  que  celte  lettre  sera  transcrite  en  entier  dans  le  procès-verbal. 

.  .  .  Copie  de  la  Ici  Ire  du  niinistrc  de  l'intérieur  : 

Paris,  le  li"  nivôse  l'an  y*  de  la  République  française  une  et  indivisible. 
Le  minislrc  de  Vintérieur  aux  citoyens  composant  la  Commission  des  monuments. 

Je  ne  sais  encore  (jue  par  les  papiers  publics,  aussi,  la  suppression  de  la  Com- 
mission des  monuments,  et  tant  cpie  le  décret  officiel  ne  vous  sera  pas  notifié  vous 
avez  d'autant  plus  le  droit  de  vous  assembler  que  la  nouvelle  même  de  votre  sup- 
pression })rocbaine  est  un  motif  pour  vous  de  uiettre  à  vos  opérations  la  suite  et 
l'ensemble  nécessaire  pour  vous  préparer  à  donner  h  la  Commission  qui  vous  rem- 
placera les  renseignements  dont  elle  aura  besoin  et  le  compte  de  votre  gestion  ;  je 
me  repose  sur  votre  soumission  aux  lois  et  sur  votre  zèle  civique  du  soin  d'em- 
pêcber  que  cet  incident  ne  nuise ,  même  par  le  retard  ou  l'interruption  des  opé- 
rations commencées,  aux  véritables  intérêts  de  la  République. 

Park. 

[La  séance  continue  ensuite  par  la  lecture  de  divers  rapports.] 
...  La  séance  est  ajournée  au  9  nivôse. 

Séance  du  nonidi  9  nivôse  de  l'an  deuxième  de  la  République  française 

une  et  indivisible. 

Présents  :  L.-A.  Mercier,  Sergent ,  député ,  Lemonnier,  Moreau  le  jeune,  Poirier, 
Desmarest,  JoUain,  F.-A.  Mulot 

Les  membres  qui  composent  la  Commission  des  monuments  s'étant  assemblés, 
en  vertu  de  la  lettre  du  ministre  en  date  du  3  nivôse  et  insérée  au  procès-verbal 
de  la  dernière  séance ,  ont  nommé  le  citoyen  Mercier  pour  présider  et  le  citoyen 
Mulot  pour  tenir  la  plume. 

Il  est  fait  lecture  d'une  lettre  du  président  du  Comité  d'instruction  publique, 
signée  Mathieu  ;  cette  lettre  est  la  réponse  à  celle  qui  avait  été  écrite  par  le  secré- 
taire au  nom  des  membres  composant  ci-devant  la  Commission. 

Il  a  été  arrêté  :  1°  que  cette  lettre  serait  insérée  en  entier  au  procès- verbal  ;  et 
Q°  que  le  citoyen  Mulot,  chargé  du  travail  demandé  par  le  Comité, le  terminerait 
le  plus  tôt  possible. 

Copie  de  la  lettre  du  président  du  Comité  d'instruction  publique  : 

Paris,  le  7  nivôse  Tan  2  de  la  République  française  une  et  indivisible. 

Le  président  du  Comité  d'instruction  publique  aux  citoyens  composant  ci-devant 

la  Commission  des  monuments. 

Jusqu'à  la  nolilication  du  décret,  citoyens,  vous  ne  pouvez  vous  dispenser  d'agir. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  185 

en  attendant  que  vous  soyez  relevés  dans  vos  travaux  par  la  Commission  des  arts, 
sur  i'avis  du  ministre  de  l'intérieur  qui  ne  peut  tarder  à  vous  informer  ofîicielie- 
ment  ainsi  que  vos  collègues  en  mission. 

Le  Comité  d'instruction  publique  espère  que  vous  remettrez  tous  vos  travaux , 
et  il  se  flatte  que  vous  terminerez  ce  qui  est  susceptible  d'être  promptement  ter- 
miné dans  les  exposés  ou  renseignements  demandés. 

Je  m'empresse  de  vous  communiquer,  citoyens,  deux  exemplaires  de  mon  rap- 
port adopté  par  le  Comité  et  lu  à  la  Convention  nationale.  Vous  pensez ,  d'après 
les  journaux,  qu'il  renferme  des  inculpations  qu'il  vous  sera  facile  de  réfuter  vic- 
torieusement. 

Pour  y  parvenir,  la  Commission  aura  à  prouver  qu'elle  a  fait  tout  ce  dont  elle 
était  chargée  pour  la  conservation  des  monuments  et  des  objets  des  sciences  et  arts. 
Elle  aura  à  repousser  le  reproche  de  négligence  en  général ,  et  chacun  des  faits  en 
particulier.  S'il  y  avait  eu  erreur  dans  quelques  faits,  le  Comité  et  le  rapporteur 
s'empresseront  d'en  convenir.  Je  me  borne  pour  le  moment  à  vous  observer  que 
dans  un  grand  nombre  de  mémoires  et  de  notes  qui  m'ont  été  remis,  j'ai  seulement 
extrait  quelques  faits  sur  lesquels  il  vous  est  libre  de  nous  donner  de  nouveaux  et 
plus  amples  renseignements,  s'il  y  a  lieu. 

Mathieu. 

La  séance  est  ajournée  au  1 3  nivôse. 

Les  membres  de  la  Commission  des  monuments  tinrent  encore  cinq  autres  séances  en 
nivôse,  huit  en  pluviôse  et  cinq  en  ventôse.  A  partir  du  i3  nivôse,  le  procès-verbal  emploie 
la  formule  suivante  en  tête  de  chaque  séance  : 

Les  membres  qui  composaient  la  Commission  des  monuments,  assemblés  en 
vertu  des  lettres  tant  du  président  du  Comité  d'instruction  publique  que  du  mi- 
nistre de  l'intérieur,  ont  nommé  le  citoyen pour  présider  et  le  citoyen 

pour  tenir  la  plume. 


On  lit  dans  le  Moniteur  : 

Convention  nationale,  séance  du  98  frimaire. 

David  fait  un  rapport  sur  la  réorganisation  de  la  Commission  du  Muséum, 
dont  les  membres  actuels  sont  ou  peintres  qui  n'en  ont  (|ue  le  nom,  ou  ar- 
tistes sans  patriotisme,  ou  amis  de  Uolaud,  nominateur  de  ces  conunissaires. 
H  pro[)ose  d'appeler  la  Commission  du  Muséum  Conservatoire  du  Muséum  des 
arts. 

Sur  la  proposition  de  Camhon ,  la  Convention  décrète  l'impression  et  l'ajourne- 
meut  du  projet  de  décret  présente'  par  David ^'^. 

^"^  Mtmxtauv  du  3o  frimaire  an  11,  p.  liCA. 


186       PROCÈS-VERBAUX  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

Voici  le  fexto  du  rapport  ef  du  projet  de  décret  présentés  par  David  : 

RAPPORT    SUR    LA     SUPPRESSION    DE    LA    COMMISSION    DU    MUSEUM, 
PAR    LE    CITOYEN    DAVID. 


De  rimpriiiierie  nationale,  s.  d. 


(1) 


C'est  dans  le  moment  où  tout  se  régénère  qu'il  faut  aussi  que  le  vrai  talent 
succède  à  l'impéritie  et  au  charlatanisme,  le  patriotisme  pur  au  lâche  ëgoïsme,  h 
la  faiblesse  et  à  Tinertie. 

(Test  li'op  permet  Ire  aux  ennemis  de  la  chose  publique  de  calomnier  les  Français 
on  leur  reprochant  leur  insouciance  pour  les  arts,  pour  les  sciences,  pour  les 
lettres,  pour  tout  ce  qui  doit  étendre  leur  gloire  en  les  faisant  admirer  des  na- 
tions ,  en  même  temps  qu  ils  s'en  font  respecter  par  leurs  armes. 

Les  ministres  déchus  et  leur  maître  avaient  senti  l'une  de  ces  vérités,  et  ne 
laissaient  })as  que  d'écraser  l'autre  par  l'oubli  coupable  de  tout  ce  qui  pouvait  lui 
donner  de  la  force. 

La  Convention  nationale,  toujours  juste  et  puissante,  a  saisi  toutes  les  occasions 
de  ranimer  les  arts  appauvris,  en  leur  donnant  une  direction  nouvelle  et  des 
forces  proportionnées  au  colosse  immortel  qu'ils  auront  à  soutenir. 

En  confiant  le  soin  de  cette  direction  précieuse  au  ministre  de  l'intérieur,  son 
intention  n'a  jamais  été  de  perpétuer  les  abus  qui  la  déshonoraient,  mais  bien 
au  contraire  de  les  saper  jusque  dans  leurs  fondements. 

Son  intention  n'a  jamais  été  de  confier  la  garde  du  Muséum  à  des  hommes  qui 
ne  sauraient  rien  moins  que  le  garder,  le  soin  de  restaurer  les  monuments  à  des 
hommes  qui  à  peine  se  doutent  de  la  peinture;  à  de  froids  mathématiciens,  celui 
d'en  décrire  les  beautés. 

Son  intention  n'a  pas  été  que  ces  hommes,  quand  ils  réuniraient  assez  de  talents 
pour  remplir  chaque  partie  de  leur  mission ,  fussent  dispensés  de  cet  amour  brûlant 
de  la  liberté  sans  lequel  il  est  impossible  de  servir  utilement  ni  les  arts,  ni  la  patrie. 

Elle  a  voulu  que  le  ministre  de  l'intérieur  secondât  ses  vues  en  protégeant,  en 
aidant  tous  les  arts,  et  que  le  ministre  lui-même  se  pénétrât  de  cette  utile  et 
grande  vérité,  que  ce  n'est  pas  assez  d'avoir  bâti  le  temple  de  la  liberté,  qu'il  con- 
vient encore  à  un  grand  peuple  de  l'embelUr  et  de  l'orner  d'une  manière  digne  de  lui. 

Si  ce  principe  est  démontré,  consacré  dans  toutes  les  pages  des  annales  de  la 
Convention,  il  est  instant  d'arracher  la  Commission  du  Muséum  à  l'insouciance 
coupable  où  elle  est  plongée,  et  de  chercher,  par  de  grandes  vues,  le  moyen  de 
rendre  tous  ses  ressorts  à  ce  précieux  établissement. 

Il  y  va  de  la  gloire  de  Paris;  il  y  va  de  la  gloire  de  la  France  entière,  de  toutes 
parts  accusée  de  laisser  périr  les  immortels  chefs-d'œuvre  des  arts.  L'expérience 
n'a  que  trop  prouvé  que  l'ignorance,  mère  de  tous  les  vices  et  de  tous  les  maux, 
est  le  plus  grand  obstacle  au  bonheur  de  l'espèce  humaine  que  la  Convention  se 
propose  de  fonder. 

^'^  Bibliothèque  nationale,  Le^^ôôa,  in-S".  Cette  pièce  est  annoncée  dans  le  n°  /i6.5  du 
Journal  des  débats  et  des  décrets,  correspondant  au  7  nivôse  an  11. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  187 

Examinons  donc  quelle  fut  l'organisation  ancienne  de  la  Commission  du  Mu- 
séum ,  et  de  qui  elle  était  composée  ;  et  si  nous  parvenons  à  prouver  tout  le  mal 
qu'elle  a  déjà  fait  aux  productions  du  génie,  on  en  sentira  mieux  la  nécessité  de 
l'organiser  d'une  manière  nouvelle,  et  de  substituer  à  des  hommes  inhabiles  et 
intrigants  des  artistes  éclairés  et  patriotes. 

1°  Cette  Commission  est  à  la  nomination  du  ministre  de  l'intérieur. 

9/  Elle  est  composée  de  six  membres.  Chaque  membi-e  est  salarié  à  trois  mille 
livres  par  année,  et  est  logé  au  Louvre  comme  gardien  du  Muséum. 

3°  Les  membres  sont  : 

Jollain,  ancien  garde  des  tableaux  du  roi; 

Cossard,  peintre;  mais  qui  n'en  a  que  le  nom^'^; 

Pasquter^^\  ami  intime  de  Roland; 

Rctiuvcl  )  . 

rr.  î  ceux-ci  ont  du  talent;  mais  leur  patriotisme  est  sans  couleur; 

Vincent  )  ^ 

L'abbé  Bossut,  géomètre. 

En  confiant  au  ministre  le  choix  de  ceux  qui  doivent  composer  la  Commission 
du  Muséum ,  on  laisse  un  vaste  champ  à  l'intrigue.  L'artiste  éclairé  et  philosophe 
n'est  guère  propre  à  courir  dans  les  bureaux  des  ministres  pour  obtenir  le  poste 
auquel  son  talent  l'appelle. 

L'homme  médiocre ,  au  contraire ,  accoutumé  à  ramper,  sait  prendre  toutes  les 
formes  qui  plaisent  à  ceux  qui  sont  en  place.  Pendant  que  l'artiste  amoureux  de 
son  art  consacre  tout  son  temps  h  l'étude,  l'intrigant  s'agite  pour  se  faire  remar- 
quer; il  ne  néglige  aucun  des  petits  moyens  capables  de  séduire,  et  finit  presque 
toujours  par  écarter  celui  qui  n'a  que  son  mérite  et  sa  franchise. 

En  laissant  à  la  Convention  le  soin  de  cette  nomination,  d'après  la  présentation 
du  Comité  d'instruction  pubhque,  chargé  de  révolulionner  les  arts,  les  inconvé- 
nients n'existent  plus;  l'artiste  franc  et  loyal,  la  basse  et  présomptueuse  ignorance, 
trouveront  des  juges  capables  de  les  apprécier  l'un  et  l'autre,  et  le  génie  des  arts 
n'aura  plus  à  gémir  des  coups  funestes  qui  lui  ont  été  portés  jusqu'à  ce  jour. 

Ceux  qui  composent  la  Commission  actuelle  ont  perdu  plusieurs  chefs-d'œuvre 
en  employant  des  honmies  inhabiles  pour  les  réparer.  Pour  se  convaincre  de  celte 
vérité,  il  faut  lire  les  observations  sur  le  Muséum,  publiées  par  les  éh-angors  les 
plus  éclairés  de  l'Europe  dans  cette  partie. 

Qu'on  examine  l'état  des  restaurateurs  des  tableaux  et  des  personnes  qu'ils  ont 
employées  à  détruire  les  tableaux  de  la  Répubhque,  on  y  verra  les  prix  arbitraires 
distiibués  sans  ordre,  sans  principes  et  sans  base  déterminée;  dans  de  toiles 
mains,  plus  il  en  coûte  pour  la  réparation  des  tableaux,  et  plus  ils  sont  gales ^^\ 

D'un  autre  côté,  n'est-il  pas  honteux  (jue  les  logements  du  Louvre,  (pii  ne 

^''  Jollain  et  Cossard  étaient  tous  les  deux  i8o6.  Il  sera  queslion  de  Pasquier  dans 

membres    de  la   Commission   des   monu-  la  séance  du  Comité  du  1 5  pluviôse  (pajjes 

ments.  .'k)3-39'i). 

(^'  Il  s'agit  de  Pierre  Pasquier,  peintre  ^''^  Nous  donnons  à  la  suite  du  rapport 

en  émail  et  en  miniature ,  né  à  Villefrauclie ,  de  David  (]uel(|ues  documents  relatifs  à  des 

près  de  Lyon ,  en  1  7^1,  membre  de  TAca-  restaurations  maladroites  de  tahh'aux   du 

demie   de    peinture    on     ly^iç),   mort   en  AIjis«'um. 


188      PROCÈS-VERBAUX  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

ilovraieiit  être  accordés  qu'à  des  hommes  d'un  talent  et  d'un  patriotisme  prononcés, 
n'aient  été  accordés  par  Roland  et  ses  dignes  amis  qu'à  leurs  viles  créatures  et  à 
leurs  valets  ? 

Que  la  Convention  se  hâte  de  réparer  les  torts  de  la  malveillance  et  de  l'igna- 
rorie;  qu'elle  confie  proniplemont  à  des  artistes  aussi  éclairés  que  patriotes  le  soin 
de  conserver  et  de  transmettre  à  la  postérité  les  sublimes  travaux  des  grands  ar- 
tistes de  tous  les  pays. 

C'est  ainsi  qu'elle  rendra  l'Europe  entière  tributaire  de  son  génie  ;  et  en  n'offrant 
aux  jeunes  élèves  des  arts  que  de  beaux  modèles ,  l'on  verra  bientôt  disparaître  ce 
goût  factice  et  maniéré  qui  a  caractérisé  jusqu'à  présent  presque  tous  les  maîtres 
de  l'école  française. 

La  Commission  du  Muséum  des  arts  était  répréhensible  sous  le  rapport  du 
patriolisme,  je  vous  en  propose  la  réforme;  son  organisation  était  vicieuse,  je 
vous  présente  un  mode  nouveau  propre  à  diriger  et  a  garantir  son  action.  Le 
mot  de  Conunission  était  devenu  insignifiant,  parce  qu'il  signifiait  tout;  je  vous 
présente  l'idée  et  la  dénomination  d'un  Conservatoire  du  Muséum  des  arts,  qui 
sera  sans  cesse,  par  son  nom  même,  rappelé  à  ses  devoirs;  son  objet,  qui  a  un 
centre  commun,  se  ramifie  en  plusieurs  branches  assez  distinctes  pour  exiger  des 
hommes  particulièrement  éclairés  dans  chacune  des  parties  principales. 

Ainsi  plusieurs  des  membres  du  Conservatoire  seront  attachés  à  la  peinture, 
plusieurs  à  la  sculpture,  quelques-uns  à  l'architecture,  et  d'autres  aux  antiquités, 
ce  qui  formera  quatre  sections  résultantes  naturellement  de  la  différence  des  objets. 
On  conçoit  que  ces  sections  travailleront  séparément  et  en  commun,  selon  les 
divers  objets  qui  seront  renvoyés  au  Conservatoire  par  le  ministre  de  l'intérieur. 

Le  ministre,  de  son  côté,  trouvera  par  ce  moyen  des  artistes  disponibles  et  prêts 
à  fournir  les  matériaux  des  rapports  que  le  Corps  législatif  pourra  lui  demander. 

Il  me  reste,  citoyens,  à  vous  dire  un  mot  sur  les  motifs  qui  ont  dirigé  le  choix 
fait  par  votre  Comité  d'instruction  publique  pour  composer  le  nouveau  Conserva- 
toire du  Muséum  des  arts. 

Fragonard  a  pour  lui  de  nombreux  ouvrages;  chaleur  et  originalité,  c'est  ce  qui 
les  caractérise;  à  la  fois  connaisseur  et  grand  artiste,  il  consacrera  ses  vieux  ans  à  la 
garde  des  chefs-d'œuvre  dont  il  a  concouru  dans  sa  jeunesse  à  augmenter  le  nombre. 
Bonvoisin  ;  il  a  pour  lui  son  talent ,  ses  vertus ,  et  un  refus  de  la  ci-devant  Académie. 
Lesueur,  jeune  et  intéressant  paysagiste ,  entendant  très  bien  la  tenue  administra- 
tive que  l'on  peut  étabhr  dans  un  Conservatoire.  Picault,  restaurateur  de  tableaux, 
le  plus  entendu  dans  cette  partie^''.  Voilà,  citoyens,  pour  la  section  de  peinture. 

Pour  la  sculpture  nous  proposons  Dardel ,  tête  active  et  républicaine ,  rempli 
de  talent  et  doué  d'une  heureuse  imagination.  Juhen;  je  n'en  dirai  qu'un  mot  : 
il  a  sculpté  Jean  La  Fontaine,  et  Jean  La  Fontaine  est  tout  entier  dans  son  image ^^^ 

^*^  Picault  avait  adressé  le  i3  frimaire,  venfion  de  faire  connaître  un  secret  pour 

au  Conseil  général  de  la  commune  de  Paris,  préserver  les  tableaux;  son  offre  lut  ren- 

une  pétition  dénonçant  les  abus   commis  voyée  au  Comité    d^instruction  publique, 

dans  la  restauration  des  tableaux  de  grauds  Voir  plus  loin,  p.  190. 

maîtres.  Le  17,  accompagné  d'une  dépu-  ^'^^  Ici  le  rapport  devrait  mentionner  en- 

lation  de  la  commune,  il  oflrit  à  la  Con-  core  le  nom  du  sculpteur  Dupasquier,  que 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  189 

En  architecture,  nous  vous  indiquerons  Delannoy,  artiste  à  la  fois  correct  et 
grand  autant  que  ces  deux  qualite's  peuvent  se  re'unir,  faisant  sortir  le  beau  de 
l'utile ,  l'ornement  du  sein  de  la  simplicité'  même.  David  Le  Roy,  artiste  et  homme 
de  lettres ,  connu  par  ses  recherches  et  par  ses  écrits  sur  l'architecture  civile  et 
navale  des  anciens. 

Pour  les  antiquités,  nous  vous  proposons  Wicar,  dessinateur  justement  célèbre, 
connaisseur  exerce'  par  le  long  séjour  qu'il  a  fait  en  Italie ,  et  notamment  à  Flo- 
rence. On  a  gravé,  d'après  ses  dessins,  toutes  les  pierres  antiques  du  Muséum  de 
Florence.  Varon,  avantageusement  connu  comme  artiste  et  homme  de  lettres; 
c'est  lui  qui  a  composé  les  hymnes  chantés  à  la  fête  de  la  Réunion,  le  lo  août;  il 
a  fait  deux  voyages  en  Italie,  afin  de  perfectionner  son  goût  pour  les  arts;  sans 
toutes  les  persécutions  qu'ont  éprouvées  les  artistes  français  à  Rome ,  il  eut  achevé 
un  ouvrage  pour  servir  de  suite  aux  Monumenti  inediti  de  Winckelmann,  ou- 
vrage presque  fini  et  dont  la  nation  saura  bien  faire  assurer  la  continuation. 

Tels  seraient  les  citoyens  qui  composeraient  le  Conservatoire  du  Muséum  des 
arts;  nous  avons  jugé  convenable  de  donner  à  cet  établissement  un  secrétaire, 
homme  de  lettre  à  la  fois  et  instruit  dans  les  arts;  le  citoven  Serievs  est  celui  nue 
nous  proposons,  également  recommandable  par  ses  lumières  et  par  son  goût  dans 
cette  partie. 

Citoyens,  d'après  cet  exposé,  voici  le  projet  de  décret  que  votre  Comité  d'in- 
struction publique  m'a  chargé  de  vous  soumettre  : 

PROJET  DE  DÉCRET. 

Article  premier.  La  Commission  du  Muséum  est  supprimée. 

Art.  2.  La  garde  du  Muséum  sera  confiée  h  un  Conservatoire. 

Art.  3.  Il  sera  composé  des  citoyens  dont  la  liste  est  annexée  au  présent  décret '\ 

Art.  h.  En  cas  de  vacance  d'une  de  ses  places,  il  sera  pourvu  au  remplace- 
ment par  le  Corps  législatif,  sur  la  présentation  du  Comité  d'instruction  publique. 

Art.  5.  Le  Conservatoire  du  Muséum  des  arts  sera  divisé  en  ([uatre  sections, 
savoir  :  peinture,  sculpture,  architecture,  antiquités. 

Art.  g.  Le  Conservatoire  du  Muséum  sera  pour  l'administration  soumis  au 
ministre  de  l'intérieur,  et,  pour  la  direction,  sous  la  surveillance  du  Comité  d'in- 
struction publique. 

Art.  7.  II  sera  tenu  d'exécuter  tous  les  décrets  relatifs  au  Muséum  aux([uels  il 
n'est  pas  dérogé  par  la  présente  loi. 

David  proposait  é{][alciiienl,  ainsi  qu'il  ro-  lo  iirmlaturisle  Pierre  Pasipiier,  iiomrnt.'  à 

suite  du  second  rappoit  présenté  le  9-7  ni-  la  pa'ji;  précédente. 

vôsc  (voir  p.  î^V^)).  il  est  probable  qu'une  (''   La  liste  n'est  pas  annexée  au  j)rojel 

erreur  de  copiste  ou  un  accident  lypo[jra-  de    décret  ;   mais  les  noms  proposés    par 

pliicpie  a  fait  omettre  la  phrase  qui  concer-  David  sont  énnmérés  dans  le  rapport,  sauf 

nall  Dupasquier.  —  Ne  pas  confondre  l(>  celui   de    Dnpascpiier,   omis   par   suite  de 

sculpteur  Antoine-Léonard  l)upas(piier  avec  (jnelcpie  accident. 


190       PR0GÈS-VI^:RHAUX  du  comité  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

Art.  8.  La  Cit)inmissioii  supprimée  par  le  prosent  décret  rendra  son  compte 
d'admiiiislralion  au  minislrc  de  rinlérieur. 

Art.  9.  Elle  remettra  aux  membres  du  Conservatoire  tous  étals,  inventaires, 
catalogues,  descriptions,  méjnoires,  notes  et  registres  des  délibérations  concer- 
nant les  travaux  qui  lui  étaient  contiés. 

Art.  10.  Il  sera  aflecté  pour  les  dépenses  du  Conservatoire  des  arts  un  fonds 
annuel,  <'{;al  à  celui  déterminé  par  les  décrets  pour  l'ancienne  Commission  du 
Muséum. 

Art.  11.  Chacun  des  conservateurs  recevra  un  traitement  égal  h  celui  qui  était 
attribué  à  ciiacun  des  membres  de  la  Commission  du  Muséum. 

On  lit  dans  le  Moniteur  : 

Conseil  général  de  la  Conuuune  de  Paris,  séance  du  lo  frimaire. 

Le  citoyen  Picault  ^'',  artiste,  écrit  au  Conseil  général  pour  lui  dénoncer  les 
abus  qui  exi.4ent  dans  la  restauration  des  tableaux  de  grands  maîtres  qui  appar- 
lieiment  à  la  République;  il  observe  que  la  valeur  de  ces  tableaux  se  monte  h  plus 
de  soixante  millions,  et  cpi'il  en  coûte  plus  de  quarante  mille  livres  par  an  pour 
anéantir  cette  richesse  inappréciable ,  en  confiant  cette  réparation  à  des  mains  in- 
habiles. 

Cette  dénonciation  appuyée  par  plusieurs  membres,  le  Conseil  général  arrête 
qu'il  sera  fjiit  une  pétition  à  la  Convention  pour  demander  :  i°  la  suspension  de 
toutes  les  réparations  qui  se  font  maintenant  aux  tableaux  précieux  qui  se  trouvent 
à  la  possession  de  la  République;  2°  que  ces  tableaux  ne  soient  contiés  qu'à  des 
mains  habiles,  par  la  voie  du  concours,  et  d'après  le  mode  qui  sera  proposé  par 
le  Comité  d'instruction  publique.  Quatre  membres  sont  nommés  pour  présenter 
cette  pétition  à  la  Convention  nationale  ^'\ 

Convention  nationale ,  séance  du  1 7  frimaire. 

Une  députa tion  de  la  commune  de  Paris  présente  à  la  Convention  le  citoyen 
Picaull  ''^\  artiste,  possesseur  d'un  secret  pour  conserver  les  tableaux  et  conserver 
les  chefs-d'œuvre  des  grands  peintres. 

La  Convention  le  renvoie  au  Comité  d'instruction  publique  ^''K 

La  pétition  de  Picault,  proposant  wun  moyen  pour  sauver  les  ouvrages  des  grands 
pciiilres?7,  a  été  enregistrée  au  Comité  d'instruction  publique  sous  le  n°  1876  (F'^  car- 
ton 1008). 

La  Commission  des  arts,  qui  la  première  avait  soulevé  la  question  du  renouvellement  des 
gardiens  du  Muséum  et  en  avait  saisi  le  Comité  d'instruction  publique  par  l'intermédiaire 
de  Lebrun  (voir  la  séance  du  Comité  du  5  frimaire,  p.  9),  continua  à  intervenir  en  atten- 
dant que  la  Convenlion  eût  prononcé,  et  fit  défense  au  peintre  Guilleniard  de  continuer  les 

(0   Le  Moniteur  a  défiguré  le  nom  de  Pi-  ^*)   Moniteur  du  1 9  frimaire  an  n ,  p.  3î?o. 

cault,  en  le  transformant  en  Héault.  Le  procès-verbal  de  la  Convention  ne  fait 

(*)  Moniteur ôi\  1  5  frimaire  an  11 ,  p.  3o'i.  aucune  mention  de  cet  incident. 
'^)  Cette  fois  le  Moniteur  a  écrit  Picot. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  191 

travaux  de  restauration  dont  il  avait  été  cliargé  par  la  Commission  du  Muséum  des  arts 
(dont  deux  membres,  JoUain  etCossard,  nous  -l'avons  dit,  faisaient  partie  de  la  Commission 
des  monuments).  On  lit  dans  le  registre  des  procès- verbaux  de  la  Commission  des  arts  : 

Séance  du  20  nivôse,  Tan  2'  de  la  République. 

Le  citoyen  Guillemard,  qui  avait  été  chargé  de  restaurer  plusieurs  tableaux, 
demande  à  la  Commission  s'il  continuera  ses  travaux.  Il  propose  aussi  un  mode  de 
concours.  La  Commission  arrête  sur  sa  demande  que  les  travaux  de  restauration 
seront  suspendus,  et,  sur  le  mode  de  concours,  elle  a  ajourné  jusqu'au  moment 
oii  la  discussion  sera  ouverte  sur  cet  objet.  Arrêté  en  outre  que  Lebrun  vérifiera 
l'état  des  travaux  faits  jusqu'à  ce  jour  par  ie  citoyen  Guillemard  et  en  rendra 

compte. 

Séance  du  26  nivôse,  l'an  2"  de  la  République. 

Lebrun ,  chargé  d'examiner  l'état  des  travaux  du  citoyen  Guillemard ,  peintre- 
restaurateur,  qui  avait  été  chargé  par  la  Conmiission  du  Muséum  de  la  restau- 
ration de  plusieurs  tableaux,  lait  son  rapport.  Il  observe  :  1°  que  conformément 
à  l'arrêté  de  la  Commission,  il  a  fait  défense  au  citoyen  Guillemard  de  continuer 
lesdits  travaux;  2°  qu'il  a  restauré  un  déluge  pour  être  {sic)  du  Tintoret  et  qui  a 
coûté  dix-huit  cents  hvres  de  restauration,  quoiqu'il  ne  vaille  pas  cinq  cents  livres 
et  qu'il  est  de  la  main  de  Michel  Koksy,  peintre  flamand,  etc.  ^'^ 

Le  5  messidor  an  n,  le  Comité  d'instruction  publique  entendra  im  rappo:  Idc  Biuapiier 
sur  un  mode  de  concours  pour  les  restaurations. 


On  lit  dans  les  procès-verbaux  de  la  Convention  : 

Séance  du  29  frimaire  an  u. 

On  reprend  la  discussion  sur  l'instruction  publique  ;  les  articles  relatifs  au  pre- 
mier dogn;  d'instruction  sont  entièrement  terminés  et  adoptés  ainsi  qu'il  suit  : 

ffLa  Convention  nationale,  après  avoir  entendu  son  Comité  d'instruction  sur 
l'organisation  de  l'instruction  publicjue,  décrète  ce  qui  suit  : 

«SECTION  PREMIÈRE  (2^ 
nDe  Fenscignemcnt  en  général. 

ff  Article  premier.  L'enseignement  est  libre, 
ff  Art.  2.   Il  sera  fait  publiquemeuL 

^')   Archives  nationales,  F'*  -y,  folios  17  section    reiiroduiseiil  sans  cliangemenl    le 

verso  et  19  recto.  texte  du  projet  de  Boucpiicr  (pages  57- 

^*^  Les  quatre  articles  de  l.i    pieinicro  Ô8). 


192      PROCÈS-VERBAUX  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

ff  Art.  3.  Les  citoyens  et  citoyennes  qui  voudront  user  de  la  liberté  d'enseigner 
seront  tenus  : 

ffi"  De  déclarer  à  la  nuniicipalité  ou  section  de  la  commune  qu'ils  sont  dans 
l'intention  d'ouvrir  une  école; 

ff  2°  De  désig-ner  l'espèce  de  science  ou  art  qu'ils  se  proposent  d'enseigner; 

ffS"  De  produire  un  certificat  de  civismo  et  de  bonnes  mœurs,  signé  de  la  moitié 
des  membres  du  conseil  g('néral  de  la  commune,  ou  de  la  section  du  lieu  de  leur 
résidence,  et  par  deux  membres  au  moins  du  comité  de  surveillance  de  la  section, 
on  du  lion  de  leur  domicile,  ou  du  lieu  qui  en  est  le  plus  voisin. 

ffART.  ^.  Les  citoyens  et  citoyennes  qui  se  vouent  a  l'instruction  et  a  l'enseigne- 
ment de  quelque  art  ou  science  que  ce  soit  seront  désignés  sous  le  nom  d'insti- 
tuteur ou  d'institutrice. 

«SECTION  IIO). 
nDe  la  surveillance  de  renseignement. 

ff  Article  premier.  Les  instituteurs  et  institutrices  sont  sous  la  surveillance  im- 
médiate de  la  municipalité  ou  section,  des  pères,  mères,  tuteurs  ou  curateurs,  el 
sous  la  surveillance  de  tous  les  citoyens. 

ctArt.  2.  Tout  instituteur  ou  institutrice  qui  enseignerait  dans  son  école  des 
préceptes  et  maximes  contraires  aux  lois  et  à  la  morale  républicaine  sera  dénoncé 
par  la  surveillance  et  puni  selon  la  gravité  du  délit. 

ff  Art.  3.  Tout  instituteur  ou  institutrice  qui  outrage  les  mœurs  publiques  est 
dénoncé  par  la  surveillance  et  traduit  devant  la  police  correctionnelle  ou  tout  autre 
tribunal  compétent,  pour  y  être  jugé  selon  la  loi. 

ff  SECTION  m. 
nDu  premier  degré  d'instruction. 

ff  Article  premier.  La  Convention  nationale  charge  son  Comité  d'instruction  de 
lui  présenter  les  livres  élémentaires  des  connaissances  absolument  nécessaires  pour 
former  les  citoyens,  et  déclare  que  les  premiers  de  ces  livres  sont  les  Droits  de 
riiomine,  la  Constitution,  le  Tableau  des  actions  héroïques  et  vertueuses. 

ff  Art.  2  Les  citoyens  et  citoyennes  qui  se  borneront  h  enseigner  à  lire,  à  écrire 
et  les  premières  règles  de  l'arithmétique  seront  tenus  de  se  conformer,  dans  leurs 
enseignements ,  aux  livres  élémentaires  adoptés  et  publiés  à  cet  effet  par  la  repré- 
sentation nationale. 

ff  Art.  3.  Ils  seront  salariés  par  la  République,  a  raison  du  nombre  des  élèves 
qui  fréquenteront  leurs  écoles,  et  conformément  au  tarif  compris  dans  l'article 
suivant  ^^K 

^^)  Les  trois  articles  de  la  section  11  ro-  ^'■^^   Les  trois  premiers  articles  de  la  sec- 

produisent  sans  changement   le  texte  du         lion  III  reproduisent  sans  changement  le 
projet  de  Bouquier.  texte  du  projet  de  Bouquier. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE. 


193 


ffART.  h.  Les  inslituteurs  et  institutrices  qui  ouvriront  des  e'coles  dans  les  com- 
munes de  la  République,  quelle  que  soit  leur  population,  recevront  annuellement, 
pour  chaque  enfant  ou  élève,  savoir  :  l'instituteur,  la  somme  de  vingt  livres;  lin- 
stitutrice,  quinze  livres. 

ffLes  communes  éloignées  de  plus  d'une  demi-lieue  du  domicile  de  l'instituteur 
le  plus  voisin,  et  dans  lesquelles,  par  défaut  de  population,  il  ne  s'en  établirait 
pas,  pourront,  d'après  Tavis  des  directoires  de  district,  en  choisir  un;  la  République 
lui  accordera  un  traitement  annuel  de  cinq  cents  livres  ^^K 

ffART.  5.  11  sera  ouvert,  dans  chaque  municipalité  ou  section,  un  registre  pour 
l'inscription  des  noms  des  instituteurs  et  institutrices  du  premier  degré  d'instruc- 
tion, et  des  enfants  ou  pupilles  qui  leur  seront  confiés  par  les  pères,  mères,  tuteurs 
ou  curateurs  ^^^ 

ffART.  6.  Les  pères,  mères,  tuteurs  ou  curateurs  seront  tenus  d'envoyer  leurs 
enfants  ou  pupilles  aux  écoles  du  premier  degré  d'instruction,  en  observant  ce  qui 
suit'-^). 

ffART.  7.  Ils  déclareront  à  la  municipalité  ou  section  : 

ffi"  Les  noms  et  prénoms  des  enfants  ou  pupilles  qu'ils  sont  tenus  d'envoyer 
auxdites  écoles  ; 

ff2°  Les  noms  et  prénoms  des  instituteurs  ou  institutrices  dont  ils  font  choix  ^*^ 

ffART.  8.  Les  enfants  ne  seront  point  admis  dans  les  écoles  avant  l'âge  de  six  ans 
accomplis;  ils  y  seront  envoyés  avant  celui  de  huit.  Leurs  pères,  mères,  tuteurs 
ou  curateurs  ne  pourront  les  retirer  desdites  écoles  que  lorsqu'ils  les  auront  fré- 
quentées au  moins  pendant  trois  années  consécutives  '^^. 

ffART.  9.  Les  pères,  mères,  tuteurs  ou  curateurs  qui  ne  se  conformeraient  pas 
aux  dispositions  des  articles  6,  7  et  8  de  la  j)résente  section,  seront  dénoncés  au 
tribunal  de  la  police  correctionnelle;  et  si  les  motifs  qui  les  auraient  empêchés  de 
se  conformer  à  la  loi  ne  sont  pas  reconnus  valables,  ils  seront  condamnés,  pour 
la  première  fois,  à  une  amende  égale  au  quart  de  leurs  contributions. 


(^)  L'article  6  de  la  section  III ,  dans  le 
piojet  de  Bouqnier,  présentait  un  tarif 
variant  do  dix  à  vin|i[t  livres  par  enfant  ponr 
les  instituteurs,  et  de  huit  à  seize  livres  par 
enfant  ponr  les  institutrices,  suivant  la  po- 
pulation des  communes. 

Le  second  alinéa  de  cet  article  n'existait 
pas  dans  le  projet  de  Bouquior. 

(^)  Conforme  au  texte  du  projet  de  Bou- 
(juier. 

^^^  Le  projet  do  Bouquier  disait  :  «Les 
pères,  mères,  tuteurs  ou  curat(»urs  pour- 
ront, à  leur  choix,  envoyer  leurs  enfants  ou 
pupillosn,  etc.  La  (ionvention  a  inlrodiiil 
dans  cet  article  le  principe  de  roi)li{falit)M , 

■  Il 


en  remplaçant  pourront  par  seront  tenus  de. 

(^^  Conforme  au  projet  de  Bouquier,  saut 
le  remplacement  de  l'expression  «ries  en- 
fants ou  pupilles  qu'ils  sont  dans  l'intention 
d'envoyer  auxdites  écoles»  par  celle-ci  : 
ff  qu'ils  sont  tenus  d'envoyer n. 

^*'  L'article  8  de  la  section  III  du  projet 
de  Bouquier,  relatif  aux  pères  et  mères  (jui 
n'enverraient  pas  leurs  entants  à  l'école, 
stipulait  qu'ils  seraient  tenus  de  payer 
quand  même  l'instituteur.  Col  article  a 
disparu. 

L'article  8  du  décret  corrosj)oiul  à  l'ar- 
ticle 9  du  pi'ojot,  aujfmoiilo  do  disposiliiHis 
relatives  à  la  duroo  ilo  la  trequontalion. 


l\ii-niMinic    Xiii»\i 


19/i      PROCÈS-VERBAUX  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

ffEii  cas  de  récidive,  Tamonde  sera  double,  et  les  in  Frac  leurs  seront  regarde's 
comme  ennemis  de  Tég^alité  et  privés  pendant  dix  ans  de  l'exercice  des  droits  de 
citoyen.  Dans  ce  dernier  cas,  le  jugement  sera  afliché^^^ 

wArt.  10.  Les  instituteurs  et  institutrices  du  premier  degré  d'instruction  tien- 
dront registre  des  noms  et  prénoms  des  enfants,  du  jour,  du  mois  où  ils  auront 
été  admis  dans  leurs  écoles.  Ils  ne  pourront,  sous  aucun  prétexte,  prendre  aucun 
de  leurs  élèves  en  pension,  donner  aucune  leçon  particulière,  ni  recevoir  des 
citoyens  aucune  espèce  de  gratification,  sous  peine  d'être  destitués  ^^^ 

ffART.  11.  Ils  seront  payés  par  trimestre;  et,  à  cet  effet,  ils  sont  tenus  de  pro- 
duire h  la  municipalité ,  ou  à  la  section,  un  relevé  de  leurs  registres,  fait  mois  par 
mois ,  portant  les  noms  et  prénoms  des  enfants  qui  auront  assisté  à  leurs  leçons 
pendant  chaque  mois.  Ce  registre  sera  confronté  avec  le  registre  de  la  municipalité 
ou  section.  La  confrontation  faite,  il  leur  sera  délivré  un  mandat. 

ff  Art.  1 2.  Ce  mandat  contiendra  le  nombre  des  enfants  qui  pendant  chaque  mois 
auront  suivi  l'école  de  Tinstituteur  et  de  l'institutrice,  et  la  somme  qui  kii  sera 
due.  Il  sera  signé  du  maire  et  de  deux  officiers  municipaux  ou  de  deux  membres 
du  conseil  de  la  commune,  ou  par  le  président  de  la  section  et  deux  membres  du 
conseil  de  ladite  section,  et  par  le  secrétaire  ^^\ 

ff  Art.  13.  Les  mandats  seront  visés  par  les  directoires  et  payés  a  vue  par  les 
receveurs  de  district  ^'^ 

ffART.  14.  Les  jeunes  gens  qui,  au  sortir  des  écoles  du  premier  degré  d'instruc- 
tion, ne  s'occuperont  pas  du  travail  de  la  terre,  seront  tenus  d'apprendre  une 
science,  art  ou  métier  utile  à  la  société  ^^\ 

ffART.  15.  Ceux  desdits  jeunes  gens  qui,  à  l'âge  de  vingt  ans  accomplis,  ne  se 
seraient  pas  conformés  aux  dispositions  de  l'article  ci-dessus ,  seront  privés  pen- 
dant dix  ans  de  l'exercice  des  droits  de  citoyen  ^^\ 

ffLes  pères,  tuteurs  ou  curateurs  qui  auraient  concouru  à  l'infraction  de  la  pré- 
sente loi  subiront  la  même  peine. 

ffElle  sera  prononcée  par  la  police  correctionnelle,  sur  la  dénonciation  qui  lui 
en  sera  faite ,  dans  le  cas  où  l'inexécution  ne  serait  pas  fondée  sur  des  motifs  va- 
lables ^'^.n 

Sur  la  proposition  d'un  membre , 

ffLa  Convention  nationale  décrète  que  les  décrets  rendus  ^''^  sur  l'organisation 


(1)   Cet  article  9  est  nouveau. 

(^)  La  première  phrase  de  l'article  re- 
produit farticie  10  du  projet  de  Bouquier. 
Les  autres  dispositions  sont  nouvelles. 

(^)  Les  articles  11  et  12  reproduisent 
le  texte  des  articles  correspondants  du 
projet  de  Bouquier. 

('*)  Les  dispositions  de  cet  article  dif- 
fèrent de  celles  de  l'article  correspondant 
du  projet  de  Boiupiier. 


(^)  Conforme  à  l'article  16  du  projet 
de  Bouquier. 

(**5  Dans  le  projet  de  Bouquier,  la  privation 
des  droits  de  citoyen,  pour  les  jeunes  gens 
qui  n'auraient  pas  satisfait  à  l'article  ih, 
est  prononcée  à  perpétuité. 

(')  Les  second  et  troisième  ahnéas  de 
l'article  i5  du  décret  sont  nouveaux. 

^^^  Ce  pluriel  est  dû  à  un^  erreur  du 
rédacteur  du  procès-verbal. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  195 

des  écoles  primaires  et  de  l'enseignement  public  seront  promulgués  sans  délai, 
pour  que  leur  exécution  n'éprouve  aucun  relard,  et  que  le  Comité  d'instruction 
publique  présentera,  primedi  prochain,  un  projet  d'établissement  des  fêtes  ci- 
viques, jeux  et  exercices  nationaux  ^^N. 

Les  comptes-rendus  des  journaux  sont  extrêmement  sommaires.  Voici  celui  du  Journal 
de  la  Montagne  : 

Convention  nationale,  séance  du  99  frimaire. 

Bouquier,  organe  du  Comité  d'instruction  publique,  rappelle  l'attention  do  l'as- 
semblée sur  les  articles  ajournés  de  son  projet,  concernant  les  écoles  du  premier 
degré ,  et  fait  adopter  ces  dispositions  : 

[Suit  le  texte  des  articles  9,  6,  10  (second  alinéa)  et  i5  de  la  section  III  du  décret 
définitif.  ] 

Le  décret  sur  l'organisation  des  écoles  primaires  sera  envoyé  de  suite  dans  les 
départements,  afm  qu'elles  puissent  être  bientôt  mises  en  activité  ^*^ 

La  Feuille  du  salut  public  dit  : 

Convention  nationale,  séance  du  29  frimaire. 

La  discussion  reprend  sur  l'instruction  publique;  nous  donnerons  demain  les 
articles  décrétés  ^^^ . 

Et  dans  le  numéro  suivant  : 

Convention  nationale. 

Décrets  rendus  dans  la  séance  d'hier  : 

[Suit  le  texte  des  articles  6,  8,  9,  10  (second  alinéa)  et  1 5  de  la  section  III  du  dé- 
cret <*).] 

Le  Journal  de  Parts  : 

Convention  nationale,  séance  du  29  frimaire. 
La  Convention  a  discuté  plusieurs  articles  sur  les  premières  écoles  ^'\ 

Le  compte-rendu  du  Moniteur  est  identique  à  celui  du  Journal  de  la  Montagne. 
Le  Journal  des  débats  et  des  de'crets  porte  ce  qui  suit  : 

Convention  nationale,  séance  du  29  frimaire. 

Bouquier  rapporte  les  articles  de  son  plan  sur  les  premières  écoles ,  que  la  Con- 
vention avait  renvoyés  au  Comité  d'instruction.  Ils  sont  adoptés  après  une  courte 
discussion.  Nous  en  donnerons  le  décret  en  entier '^^ 

^'^  Procès-verbal    de    la    Convention,  ^*^  Feuille    du    i^ahit    puhlic,    n"    171, 

t.  XX Vil,  paf]fes  399-335.  1"  nivôse  an  n. 

^■^)  Journal  de  la  Montagne,  n°  [\'],^0  h'I-  ^*^   Journal  de   Paris  national ,  n°  356, 

maire  an  ii.  3o  frlmairi'  au  ii. 

^•^)   Feuille    du    salut   public,     n"    170,  ("^   Journal    des    débats   ef    des    drcnls, 

'60  frimaire  au  11.  u"  '107,  p.  6o5. 

i3. 


196      PROCÈS-VERBAUX  DU  COMITE  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

Lo  Moniteur  a  publié  le  texte  complet  du  décret  du  a 9  frimaire  dans  son  numéro  du 
18  nivôse  an  11,  sous  ce  litre  :  Rédaction  du  décret  sur  l'instruction  publique,  adopté  dans 
la  séance  du  5  nivôse.  , 

Ce  titre  a  fait  croire  à  quelques  personnes  que  le  décret  n'a  été  adopté  définitivement 
que  le  5  nivôse (*\  et  qu'il  doit  être  désigné  par  la  date  do  cette  séance,  et  non  par  celle 
du  29  frimaire.  H  n'en  est  rien.  Le  décret  fut  efTeclivemenl  relu  à  la  Convention  le  5  ni- 
vôse, parce  que  c'est  ce  jour-là  que  fut  lu  et  adopté  le  procès-verbal  de  la  séance  du  29  fri- 
maire, qui  en  contient  le  texte;  mais  autre  chose  est  l'adoption  d'un  procès-verbal,  autre 
chose  le  vote  d'un  décret.  Le  décret  sur  l'enseignement  en  général  et  sur  l'organisation 
des  écok's  primaires  est  invariablement  désigné,  dans  les  procès-verbaux  du  Comité  d'in- 
struction pubUque,  sous  le  nom  de  décret  du  29  frimaire  an  11,  et  c'est  ce  nom  qu'il  porte 
dans  l'histoire. 

(')  MM.  Biichez  et  Roux,  entre  autres,  sont  tombés  dans  cette  erreur  [Histoire  parle- 
mentaire, t.  XXXI,  p.  257). 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE. 


197 


CENT  SOIXANTE   ET  ONZIEME   SEANCE. 

Du  29  frimaire  an  11.  [19  décembre  1798.] 

Prunelle  présente  au  Comité  au  nom  du  citoyen  Dumarais  une 
médaille  représentant  le  buste  de  Brutus.  Le  Comité  l'accepte  et  en 
ordonne  la  mention  civique  dans  son  procès-verbal. 

Le  Comit(3  de  commerce  envoie  trois  mémoires  sur  les  moyens  de 
fabriquer  le  papier  et  sur  les  matières  qui  peuvent  y  être  employées. 
Renvové  à  Guyton  et  a  Arbogast^^l 

On  passe  à  l'ordre  du  jour  sur  une  lettre  du  citoyen  Desbayes,  qui 
ne  contient  que  des  déclamations  inutiles^-l 

Le  citoyen  Desforges  demande  une  carte  pour  entrer  au  Comité. 
On  passe  à  l'ordre  du  jour,  motivé  sur  ce  que  cette  formalité  n'est  pas 
nécessaire  ^^^ 

Arbogast  présente  une  instruction  sur  le  système  des  poids  et  mesures 
adopté  par  la  République  française;  cette  note  est  destinée  à  être  re- 
mise au  citoyen  Dombey.  Le  Comité  l'adopte.  Il  arrête  en  outre  que  le 
citoyen  Dombey  sera  chargé  de  présenter  aux  Etats-Unis  non  seulement 
un  mètre  entier,  mais  encore  un  quart  de  mètre  avec  ses  divisions  ^^l 

Le  citoyen  Perrard  rappelle  au  Comité  un  mémoire  qu'il  a  envoyé 
depuis  quelques  mois  sur  les  moyens  de  diminuer  les  frais  du  théâtre 
de  l'Opéra  et  de  le  rendre  plus  utile.  Il  est  renvoyé  à  la  commission 
des  Six^^^. 


^''  On  sait  que  le  Comité  s'occupait  des 
questions  relatives  à  la  fahricalion  du  pa- 
pier, et  plus  spécialement  à  la  refonte  des 
vieux  papiers,  en  vertu  d'un  décret  du 
12  frimaire  (p.  /i6).  Voir  de  nouveaux 
(lélails  sur  cette  (question  aux  séances  des 
3,   9    et    i5   pluviôse  (p.   Sif'i,    36a   et 

^-'  Deshayes  proposait  au  Comité  rrde 
propager  sur  le  continent  les  vrais  prin- 
cipes républicains  par  des  instructions  n)àles 
et  éneq[i([uos  traduites  dans  toutes  les  lan- 
jjucsn.  Sa  lettre,  en  dalo  du  -h)  irimairo, 
se  trouve  dans  F",  carlou  1008,  n"  t3i(). 

^•"''  11  s'ajTJideClioudard-Desforjes,  dont 


l'offre  de  coopérer  aux  travaux  du  Comité 
est  consignée  au  procès-verbal  de  la  séance 
du  7  frimaire  (p.  36).  Sa  lettre,  en  date 
du  28  frimaire ,  est  dans  F'',  carton  1  008  , 
n"  i3ii.  Il  sera  de  nouveau  question  de 
lui  le  3  nivôse  (p.  207). 

^*)  Voir  p.  1 36.  Il  sera  encore  une  fois 
question  de  Dombey  et  de  sa  mission  dans 
la  séance  du  T)  nivôse  (p.  211). 

<^'>  Ce  l^errard  (ou  Pérai-d)  n'est  pas  le 
même  que  le  citoyen  Pérard,  de  Presles, 
qui  avait  écrit  à  la  Convention  en  août 
1793,  au  sujet  des  maladies  des  er)l"anls. 
Celui-ci  est  un  aroliilecle,  dont  il  sera  de 
nouveau  (juestion  dans  la  séance  du  7  ni- 


198      PROCÈS -VERBAUX  DU  COMITÉ  DINSTRUCTION  PUBLIQUE 

Arbo^jast  rend  coin])te  de  la  mission  dont  il  a  été  chargé  avec 
Ferry  relativement  aux  serres  chaudes  de  Monceau.  Le  Comité  arrête 
que  les  botanistes  de  la  Commission  des  arts  seront  chargés  d'aller 
visiter  le  local  et  de  donner  leur  avis  sur  le  meilleur  usage  qu'on  peut 
en  faire  pour  l'intérêt  public ^'l 

On  reprend  la  discussion  sur  le  plan  d'instruction  dans  les  degrés 
supérieurs.  On  agite  d'abord  cette  question  :  Y  aura-t-il  un  degré  d'in- 
struction intermédiaire  entre  les  écoles  primaires  et  l'enseignement  des 
sciences?  Cette  discussion  est  ajournée  à  la  séance  suivante ^^^. 


vôse  (p.  ai/»).  Nous  n'avons  pas  trouvé 
son  mémoire. 

^^^  Voir  la  séance  du  a  3  frimaire  (  p.  l '^  3). 
La  Conmiission  des  arts  envoya  dès  le  len- 
demain à  Monceau  des  commissaires.  Le 
Comité  d'instruction  publique  saisit  la  Con- 
vention de  Taffaire  le  6  nivôse,  et  lit  rendre 
un  décret  ordonnant  le  transport  au  Mu- 
séum d'histoire  naturelle  de  toutes  les 
plantes  rares  qui  se  trouvaient  dans  les 
jardins  et  terrains  nationaux  situés  dans  le 
département  de  Paris.  La  Commission  des 
arts  nomma,  le  i5  nivôse,  Vicq  d'Azyr, 
Richard  et  Lamarck  pour  veiller  à  l'exé- 
cution de  ce  décret.  Nous  donnons  aux  an- 
nexes, A  (p.  199),  des  extraits  du  re- 
gistre des  séances  de  la  Commission  des 
arts  des  3o  frimaire  et  i5  nivôse,  et  un 
extrait  du  procès-verbal  de  la  séance  de  la 
Convention  du  6  nivôse  an  11. 

^'^^  On  sait  que  le  plan  d'enseignement 
de  Bouquier  comprenait,  outre  les  trois 
sections  qui  avaient  formé  le  décret  du 
99  frimaire,  deux  autres  sections  relatives 
au  dernier  degré  d'instruction  et  aux 
moyens  généraux  d'instruction ,  que  le  Co- 
mité n'avait  pas  encore  discutées.  Il  va 
maintenant  s'occuper  à  compléter  le  décret 
du  99  frimaire  en  examinant  la  seconde 
partie  du  plan  de  Bouquier,  et  tout  d'abord 
il  est  arrêté  par  celte  question  :  Y  aura- 
t-il,  au  delà  des  écoles  primaires,  un  seul 
degré  supérieur  d'enseignement,  celui  que 
Bou(juier  appelle  le  dernier  degré,  ou  bien 
y  en  aura-t-il  deux  ?  La  discussion  de  celte 
importante  question,  renvoyée  à  ia  séance 


suivante,  ne  paraît  pas  avoir  été  reprise. 
Coupé  ramènera  l'attention  sur  cet  objet  le 
a 5  nivôse  (p.  9  84).  C'est  seulement  le 
1 9  pluviôse  qne  nous  verrons  Bouquier  ap- 
porter au  Comité  un  rapport  et  un  projet  de 
décret  (  p.  /i  3 1  ).  Mais  un  membre  de  la  Con- 
vention, qui  ne  faisait  pas  partie  du  Comité 
d'instruction  pubbcjue,  Portiez  (del'Oise), 
se  présenta  à  la  tribune  de  l'assemblée  le 
9  nivôse,  et  y  prononça  un  discours  dans  le- 
quel il  s'appliquait  à  réfuter  les  doctrines  de 
Fourcroy,  de  Bouquier  et  de  Thibaudeau 
sur  l'enseignement  supérieur,  et  demandait 
la  création,  dans  tous  les  départements, 
d'écoles  d'un  degré  supérieur  aux  écoles 
primaires,  et  où  les  jeunes  gens  recevraient 
les  connaissances  propres  à  les  mettre  en 
état  de  remplir  plus  tard  les  emplois  pu- 
blics. Le  discours  de  Portiez  fut  imprimé, 
mais  il  ne  donna  lieu  à  aucune  discussion; 
toutefois  Bouquier  répondit  plus  tard  aux 
arguments  de  Portiez  dans  son  rapport  sur 
le  dernier  degré  d'instruction.  Nous  don- 
nons aux  annexes,  B  (p.  900),  le  discours 
de  Portiez,  précédé  d'un  extrait  du  procès- 
verbal  de  la  séance  de  la  Convention  du 
9  nivôse  an  11  et  d'un  extrait  du  Moniteur. 
Quant  au  décret  qui,  le  99  frimaire, 
avait  ordonné  au  Comité  de  présenter  à  la 
Convention,  le  1"  nivôse,  un  projet  d'éta- 
blissement des  fêtes  civiques,  jeux  et  exer- 
cices nationaux,  il  ne  fut  pas  exécuté.  Le 
projet  de  décret  que  préparait  Mathieu 
sur  les  fêtes  décadaires  ne  vit  le  jour  qu'en 
ventôse  (voir  séance  du  9  ventôse,  an- 
nexe B,  p.  5o8). 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE. 


199 


Le  citoyen  Bonguyod,  membre  de  h  Convention  nationale,  fait  lec- 
ture d'un  projet  de  fêtes  civiques.  Le  Comité  l'invite  à  remettre  son 
manuscrit  à  la  commission  char(jée  de  présenter  ses  vues  sur  le  même 
objet^*). 

La  séance  est  levée  à  neuf  beures  et  demie  (^^. 


PIECES  ANNEXES. 


On  lit  dans  le  registre  des  procès-verbaux  de  la  Commission  des  arts  : 

Séance  du  3o  frimaire,  l'an  2*  de  la  République. 

Les  commissaires  de  la  section  de  botanique  se  transporteront,  ce  même  jour 
décadi  3o  frimaire,  à  la  maison  dite  de  Mousseaux^^\  pour  y  examiner  les  objets 
dont  l'utilité  des  arts  exige  la  conservation;  ils  en  feront  leur  rapport  à  la  pro- 
chaine séance  ^^^ 


On  lit  dans  les  procès-verbaux  de  la  Convention  : 

Séance  du  6  nivôse  an  11. 

ffLa  Convention  nationale,  après  avoir  entendu  le  rapport  de  son  Comité  d'in- 
struction publique,  sur  la  lettre  du  ministre  de  l'intérieur,  décrète  que  les  arbres, 
arbustes  et  plantes  rares,  soit  iiidip;ènes,  soit  exotiques,  qui  se  trouvent  dans  les 
jardins  et  terrains  nationaux  situés  à  Paris,  et  dans  l'étendue  du  département  de 
Paris,  seront  transférés  au  Jardin  national  des  plantes. 

ff Renvoie,  pour  le  surplus  des  objets  contenus  dans  la  lettre  du  ministre  de  l'in- 
térieur, à  la  Commission  des  arts  et  monuments,  pour  y  pourvoir  sans  délai  ^\t5 

On  lit  dans  le  registre  des  procès-verbaux  de  la  Commission  des  arts  : 

Séance  du  i5  nivôse,  l'an  2*  de  la  République. 
La  Commission  des  arts,  sur  l'invitation  du  président,  nomme  les  citoyens  Vicq 


'''  Bongnyod ,  député  du  Jura,  avait 
di'jà  lait  imprimer  en  juillet  i79''^  Vlùsai 
d'un  calécliisme  sur  les  droits  et  les  devoirs 
de  Vliouime  (voir  notre  toiiK»  11,  j).  909). 
Son  projet  de  l'êtes  civiques  l'ut  imprimé 
eu  Tau  III  sous  ce  litre  :  ff  Opinion  do 
Marc-Frimrois  Honguyod,  député  du  Juia, 
sur  l'organisation  des  fêtes  civiques;  <le 
riuq)riinerio  nationale,  nivôse  an  iii«;  Hi- 
bliollièque  nalionalo,  Le-"*  1  ^i^.î ,  iu-S"; 
Musée  pédagogi(Ui(',  11°  iiSm\ 


^^^  Pas  de  signature,  ni  à  la  minute  ni 
au  registre.  La  minute  (>st  do  la  main  de 
Ferry. 

'^^  On  écrivait  indilTéremniont  Mous- 
seau.v,  Moticenux  ou   Moi.cenu. 

^^'  Arcliives  nationales,  K'"^*  7,  folio  1 ."{ , 
verso.  Le  procès- verbal  de  la  séance  sui- 
vante de  la  Commission  (5  nivôse)  ne  nit>n- 
1  ion  ne  pas  de  rapport  des  commissaires. 

\'->)  Pi-ooès-verbal  de  la  Convention, 
t.  WVIIl,  p.  11/1. 


200      PROCÈS-VERBAUX  DU  COMITE  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

cPAzy!',  Richard  et  Lamarck  pour  commissairos  à  l'effet  de  veiller  à  l'exe'ciition  du 
de'cret  du  G  nivôse  (|ui  ordonne  que  les  plantes  rares,  soit  exotiques,  soit  indi- 
gènes, situées  à  i^iris,  soient  transporte'es  au  jardin  du  Muséum  national  d'his- 
toire naturelle  ^'^ 


On  lit  flans  ic^^  prortV\er})anx  do  la  Convention  : 

St^ance  du  9  nivôse  an  ii. 
L'ordre  du  jour  ramène  la  discussion  sur  l'instruction  publique^"'. 

Comme  nous  l'apprend  le  compte-rendu  du  Moniteur,  c'est  du  discours  de  Portiez  qu'il 
s'ajjil  dans  cette  phrase.  Voici  ce  que  dit  ce  journal  : 

Convention  nationale ,  séance  du  9  nivôse. 
L'ordre  du  jour  appelle  la  discussion  sur  l'instruction  publique. 

Portiez  (de  l'Oise)  detnande  qu'il  soit  établi  dans  tous  les  départements,  sui- 
vant le  rapport  de  la  population  et  les  besoins  des  localités,  des  écoles  publiques, 
où  la  jeunesse  française  recevra  des  leçons  sur  la  législation  et  la  morale  publique. 

Cette  proposition  est  ajournée  '-^K 

Nous  donnons  ci-après  le  texte  du  discours  de  Portiez  : 

INSTRUCTION  PUBLIQUE,  PAR  L.  PORTIEZ,  DEPUTE  DE  L''OISE.  SUR  LES  DISCOURS  DE 
FOURCROY,  BOUQUIER  ET  THIBÂUDEAU.  PRONONCÉE  DANS  LA  SEANCE  DU  9  NIVOSE 
L'AN    'i  DE   LA  REPUBLIQUE   UNE  ET  INDIVISIBLE. 

A  Paris,  de  l'Imprimerie  nationale,  s.  d.  (*). 

Citoyens  législateurs, 

Depuis  quinze  mois  la  Convention  nationale  est  occupée  d'un  plan  d'instruction 
publique.  La  France ,  l'Europe  est  dans  l'attente. 

C'est  de  l'instruction  publique  que  dépend  désormais  le  triomphe  complet  de 
la  liberté,  et  l'affermissement  delà  Révolution. 

Vous  avez  fondé  des  écoles  primaires  dans  lesquelles  les  enfants  apprendront  à 
lire,  à  écrire,  à  compter.  Au  sortir  de  ces  écoles,  ils  sont  tenus  d'apprendre  une 
science,  un  art,  un  métier  utile  a  la  société,  à  peine  d'être  privés,  pour  dix  ans, 
de  l'exercice  des  droits  de  citoyen.  Quinze  ans  sont  sonnés,  que  deviendra  le  jeune 
homme? 

^1)  Archives  nationales,  F^'*  7,  folio  i5,  ^*)  BibHothèque   nationale,   Le^^   618, 

verso.  in-8°  ;  Musée  pédagogique ,  n°  1 1 70 1 .  Cette 

(2)    Prorès-veihal    do    la     Convention,  pièce  est  annoncée  dans  le  n" /iG5  du yo^rna/ 

t.  XXVIII,  p.  A7.  des  débats  et  des  décrets,  correspondant  au 

^^)  Moniteur  du  h  nivôse  an  11,  p.  379.  7  nivôse  an  n. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  :>01 

Sans  cloute,  le  négociant  va  rappeler  son  fils  pour  l'initier  dans  les  calculs  et 
lui  donner  l'esprit  des  affaires,  en  un  mot,  lui  apprendre  la  règle  d'or. 

Le  fils  de  l'agriculleur  partagera  avec  son  père  les  travaux  de  la  campagne. 

L'artiste  ,  instruit  par  l'expérience  que  la  perfection  d'un  art  quelconque  ne  s'ob- 
tient que  par  un  travail  long  et  opiniâtre ,  enseignera  sa  profession  à  son  enfant. 

Ces  jeunes  gens  se  livrent  chacun  avec  ardeur  à  l'apprentissage  de  leur  profes- 
sion; ils  y  aperçoivent  un  moyen  d'établissement. 

L'âge  des  passions  est  arrivé  :  la  patrie  les  compte  au  nombre  de  ses  défenseurs. 
Parvenus  bientôt  à  la  majorité,  ils  sont  appelés  par  la  loi,  par  les  suffrages  de 
leurs  concitoyens  à  remplir  les  fonctions  de  juré,  d'ofEcier  municipal,  de  juge,  de 
législateur. 

Ce  jeune  homme  se  marie,  et,  en  s'unissant  à  une  famille  nouvelle,  il  contracte 
de  nouvelles  obligations.  Epoux  et  père,  le  voilà  tout  entier  à  l'état  à  l'aide  duquel 
il  doit  faire  vivre  sa  femme,  ses  enfants.  Je  parle  d'un  Sans  culotte. 

Ici  je  m'arrête  et  je  demande  à  Bouquier  oii,  quand,  et  comment  le  jeune 
Français  aura  appris  à  connaître  les  lois  concernant  la  garde  nationale,  les  ju- 
rés, le  code  pénal,  l'organisation  des  corps  administratifs,  la  nature  de  leurs  fonc- 
tions, leur  compétence,  etc.;  enfin,  les  lois  familières  journellement  pratiquées  et 
nécessaires  à  tous  les  instants.  Puisque  tout  citoyen  doit,  aux  termes  de  la  consti- 
tution, remplir  tous  les  emplois  publics,  il  importe  de  les  rendre  habiles  à  les  oc- 
cuper. 

Je  ne  parle  pas  de  l'histoire,  de  la  littérature,  de  l'éloquence,  de  la  musique, 
de  la  peinture,  de  la  gravure,  en  un  mot,  de  ces  sciences  et  arts  qui  ont  fait  depuis 
si  longtemps  la  gloire  de  la  France.  On  veut  que  tout  cela  ne  soit  pas  d'une  grande 
utilité,  d'une  utihté  indispensable  dans  une  république. 

Les  corps  administratifs  et  Sociétés  populaires  de  Paris  firent,  il  y  a  un  mois 
environ,  à  la  barre  de  la  Convention  ^'\  par  l'organe  deDufourny,  une  pétition  ten- 
dant à  obtenir  plusieurs  degrés  d'instruction.  Cette  demande  faite  à  la  lin  d'une 
séance  consacrée  aux  pétitionnaires  fut  convertie  en  motion  avec  beaucoup  de  cha- 
leur par  Lakanal,  et  non  moins  vivement  appuyée  et  défendue  deux  jours  de  suite 
par  Fourcroy.  Aujourd'hui  Fourcroy  se  rétracte;  et  pour  prouver  qu'il  a  été  dans 
l'erreur,  il  nous  peint  les  abus  du  régime  monarchique,  et  nous  organisons  des 
institutions  républicaines. 

frLes  professeurs,  placés  souvent  dans  les  chaires  publiques  par  l'intrigue  et  la 
bassesse,  dit  Fourcroy,  remplissaient  si  mal  les  fonctions  qiu  leur  étaient  confiées, 
que  les  écoles  royales  et  gratuites  étaient  désertes. 

rr L'adulation  ^^^  continue-t-il,  a  pu  seule  créer  ces  idées  fantastiques  pour  des 
despotes  qui  étaient  assez  sots  et  assez  vains  pour  penser  que  les  grands  ])nètes. 
les  grands  orateurs,  les  savants  illustres  naîtraient  à  leur  voix,  en  leur  distribuant 
annuellement  quelques  pièces  de  monnaie,  en  leur  faisant  écrire  quelques  billets 
insolents,  et  en  leur  préparant  des faulcuils  académiques  ^'^w 

^'^  C'était  le  i5  soplcnibrc  1793.  Voir  notre  tome  II,  p.  ûo8.  —  ^*'  Une  erreur  Ivpo- 
f;rapln{jue  a  fait  imprimer  dans  le  discours  de  Portiez  rrédiicallon-^  nii  lien  de  rPadida- 
lio^'^.  —  l'')  Voir  ci-dessus  le  discours  de  Fourcroy,  pages  ()(S  e(  <)(). 


202      PROCÈS-VERBAUX  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

Fonrcroy,  je  crois  h  la  vérité  de  ton  récit,  à  l'exactitude  de  ta  description.  Tu 
étais  professeur,  et  qui  plus  est  académicien. 

Aussi  n'esl-ce  pas  des  collèges  ci-devant  royaux,  des  académies ,  des  lycées  (pie 
je  vous  demande;  eh!  qu'ont  donc  de  commun  ces  monuments  d'orgueil''^^  avec  les 
inslilutious  républicaines  ? 

Tu  crains,  dans  l'adoption  des  collèg'es  ou  instituts,  rrune  espèce  de  sacerdoce 
plus  redoutable  peul-étre  (|ue  celui  que  la  raison  du  peuple  vient  de  ren verser ^^^n. 
Uassnre-toi  :  s'il  a  su  abatlre  l'aristocratie  invétérée  de  plusieurs  siècles,  crois  que, 
sans  user  de  sa  toute-puissance ,  ce  même  peuple  saura  triompher  d'une  aristo- 
cratie naissante,  sous  quelque  forme  qu'elle  se  présente. 

ffBoerhaave,  Linnée,  Bergmann  n'auraient-ils  pas  été^^^  de  grands  professeurs, 
demande  Fonrcroy,  quand  les  universités  de  Leyde,  d'Upsal  et  de  Stockholm  n'au- 
raient pas  existé  ^"^?fl 

Je  })ourrais  répondre  peut-être  négativement,  car  ces  hommes  célèbres  ont 
profité  des  lumières  émanées  de  ces  universités,  et  qui,  comme  l'air,  ont  une  in- 
iluence  peu  sensible,  mais  réelle;  ils  ont  perfectionné  leur  première  éducation;  ils 
ont  bâti  avec  les  matériaux  et  les  instruments  qu  elle  leur  avait  remis.  Ils  avaient 
senti  le  prix ,  la  nécessité  et  l'utilité  de  la  science. 

Est-il  donc  vrai  à  présent  que  nos  collèges,  nos  universités ,  quelque  imparfaits, 
({uelque  absurdes  qu'ils  fussent,  n'aient  pas  servi  la  chose  pubhque?  N'est-ce  pas 
là  qu'a  été  conservé  religieusement  le  dépôt  des  sciences,  le  goût  de  la  saine  htté- 
ralure?  N'est-ce  pas  de  là  que  des  hommes  studieux  ont  appelé,  par  le  fruit  des 
veilles  laborieuses,  la  révolution  dont  nous  recueillons  les  fruits?  N'est-ce  pas  de 
ces  collèges  que  sont  sortis  les  amis,  les  intrépides  défenseurs  de  la  liberté  dans  nos 
armées  et  dans  toute  la  République? 

Au  surplus,  je  compare,  dans  cette  occasion,  Fonrcroy  à  un  enfant  qui,  devenu 
fort,  bat  sa  nourrice. 

rr Créer  des  établissements,  des  degrés  supérieurs  d'instruction,  c'est,  continue 
Fonrcroy,  peupler  la  République  de  demi-savants.  .  .  et  puis,  commande-t-on  au 
génie  et  aux  talents  de  naître  pour  les  placer  à  des  postes  qu'on  leur  a  destinés 
d'avance  ^^^î" 

A  entendre  Fonrcroy,  il  faudrait  tous  hommes  de  génie  pour  instituteurs. 

Cependant  un  homme  de  génie  est  souvent  moins  capable  d'enseigner  aux  jeunes 
gens  qu'un  homme  d'un  talent  ordinaire.  Il  consent  difficilement  à  descendre  des 
hauteurs  de  la  science,  à  se  rapetisser,  si  je  puis  m'exprimer  ainsi,  pour  se  mettre 
à  la  portée  des  ignorants.  Son  imagination  active  s'irrite  des  obstacles,  et  a  peine  à 
dévorer  les  difficultés. 

Des  mœurs,  du  patriotisme,  voilà  les  premières  qualités  d'un  instituteur  répu- 
blicain; qu'il  aime  le  travail  et  qu'il  veuille  fortement  le  bien,  et  il  sera  suffisam- 
ment instruit.  Eh  quoi!  cette  jeunesse  qui  s'endurcit  aux  fatigues  de  la  guerre,  ne 
sera-t-ello  pas  une  pépinière  de  bons  instituteurs?  Ils  seront  plus  clairs  dans  leur 

^')  Expression  de  Fonrcroy  (p.  98).  —  ^^^  Voir  p.  97,  —  ^^^  Ici  encore  il  y  a  une  faute 
d'impression  dans  le  discours  de  Portiez  :  «auraient-ils  éléw  au  lieu  de  rr  n'auraient- ils  pas 
ctén.  —  ^*^   Voir  p.  98.  —  ^"^^  Voir  pages  98  et  99. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  203 

dëmonstralion ,  plus  éloquents ,  plus  précis  que  nos  anciens  professeurs  ;  ils  auronl  vu. 

ffLes  plus  belles  écoles,  dit  Bouquier,  et  les  plus  utiles,  les  plus  simples,  oii  la 
jeunesse  puisse  prendre  une  éducation  vraiment  républicaine,  sont,  n'en  doutez 
pas,  les  séances  publiques  des  départements,  des  districts,  des  municipalités,  des 
tribunaux  et  surtout  des  sociétés  populaires  ''^Kn 

L'assistance  aux  séances  dont  on  vient  de  parler  doit  faire  partie  de  l'instruc- 
tion,  mais  ne  la  constitue  pas. 

Jugeons  de  l'avenir  par  le  passé.  Quels  sont  les  jeunes  gens  qui  assistaient  aux 
séances  des  corps  administratifs  avant  leur  départ  pour  les  frontières?  (Cependant 
nous  sommes  en  révolution,  et  les  séances  devraient  offrir  un  plus  grand  intérêt. 
Il  faut  l'avouer,  les  détails  de  l'administration  sont  fastidieux  et  peu  propres  à  fixer 
l'attention  de  la  jeunesse.  Les  sociétés  populaires,  plus  peuplées  que  toutes  les 
administrations,  seront,  dans  tous  les  temps,  d'excellentes  écoles  ;  mais  ces  moyens 
d'instruction  n'existent  pas  pour  tous  les  citoyens.  Beaucoup  de  communes,  sur- 
tout dans  les  campagnes ,  n'ont  pas  l'avantage  des  sociétés  populaires. 

Thibaudeau,  qui  s'était  déjà  signalé  dans  cette  discussion  par  la  manie  des  so- 
phismes,  Thibaudeau  reproduit  les  objections  de  Fourcroy.  rll  est  impossible, 
ajoute-t-il,  de  ramener  les  ténèbres  de  l'ignorance  sur  le  sol  de  la  République 
française.  .  .  L'on  n'a  pas  encore  découvert  la  possibilité  de  faire  désapprendre  à 
l'homme  ses  connaissances,  ou  de  faire  rétrograder  ses  pensées '^^n.  Cette  idée, 
neuve  pour  Thibaudeau,  lui  paraît  juste  et  profonde,  applicable  aux  peuples  comme 
aux  individus. 

Mais  les  individus  comme  les  peuples  ont  leur  décrépitude.  Us  oublient;  aurais- 
je  besoin  d'invoquer  le  témoignage  de  l'histoire  de  la  Grèce  et  de  l'Italie  pour 
prouver  que  des  peuples  entiers  ont  été  tout  à  coup  plongés  dans  les  ténèbres  de 
l'ignorance?  A  une  génération  éclairée  a  souvent  succédé  une  génération  sauvage, 
barbare. 

ffLa  nation  privée  depuis  quatre  ans  d'écoles,  de  collèges  et  de  professeurs,  dit 
alors  Thibaudeau ^^^  (car  ils  ont  été  paralysés  par  la  Révolution),  a  plus  acquis  de 
lumières  et  de  connaissances,  que  pendant  les  siècles  de  la  plus  brillante  existence 
des  universités  et  des  académies ^'^  ^^ 

Il  ne  vous  en  a  rien  coûté  pour  cela;  mais  n'en  a-t-il  donc  rien  coûté  au  peuple 
pour  apprendre  et  reconquérir  se«  droits?  Il  n'avait  pas  besoin  de  livres,  sans  doute; 
il  était  à  l'école  des  événements  les  plus  extraordinaires  dont  les  fastes  do  Thistoire 
fassent  mention.  Est-il  bien  vrai  qu'en  même  temps  que  le  peuple  français  est  de- 
venu plus  éclairé  sur  les  droits  des  nations,  il  n'ait  pas  rétrogradé  dans  quelques 
autres  parties  des  sciences? 

rr Abandonnez  tout  à  Tinlluence  salutaire  de  la  liberté,  continue-t-il , .  .  .  craignez 
d'étouffer  l'essor  du  génie  par  des  rè^»lenients^"'^.T) 

Mais  est-ce  étouffer  fessor  du  génie  que  de  le  diriger  et  (ralimenter  son  activité 
par  des  leçons  utiles? Craignez  que  sans  ces  précautions,  celte  énergie,  développée 

^'^  Voir  le  rapport  de  Boiupûor,  p.  .57.  —  ^^'  Voir  lo  discours  de  Thibaudoau,  p.  it»(). 
—  ^^^  Dans  lo  (liàcoiirs  do  Portioz,  on  lit  «Bouquior-»  an  lieu  do  frTIiibaiidoaiH;  c'ost  une 
faute,  la  citation  est  bien  do  Thibaiidoau.  —  ^^'   Voir  p.  J09.  —  ^''^   Voir  p.  109. 


'20li      PROGES-VERliAUX  DU  COMITE  DINSTRUGTION  PUBLIQUE 

et  entretenue  aujourcriini  par  une  suite  d'évëuements  plus  intéressants  les  uns  que 
les  autres,  ne  s'énerve  avec  le  temps,  et  que  cette  chaleur  ne  s'affaiblisse  au  sein 
(le  la  paix.  Je  compte  pour  beaucoup  l'amour  du  bien  général,  les  progrès  de  l'es- 
piit  public;  mais  craignez  h  votre  tour  la  force  d'inertie,  l'isolement  de  l'égoïsme 
et  les  petits  calculs  de  l'inlérêl  personnel. 

La  Déclaration  des  droits  est  intelligible  pour  tout  homme  dont  le  bon  sens  n'est 
pas  obscui'ci  par  les  passions,  parce  que  la  Déclaration  des  droits  est  une  simple 
énonciation  des  principes  éternels  de  justice  que  tout  homme  trouve  dans  son  cœur. 
Mais  il  n'en  est  pas  de  même  des  lois  de  détail  du  code  pénal,  du  code  civil,  ou  des 
matières  d'administration.  Comment  savoir  si  la  loi  est  bien  ou  mal  appliquée,  si 
on  ne  connaît  pas  la  loi,  si  on  ne  saisit  pas  le  véritable  sens?  et  comment  le  savoir 
si  on  ne  l'a  pas  appris? 

Il  ne  s'agit  donc  pas  ici  d'apprendre  aux  jeunes  répubhcains  français  à  combiner 
des  mots,  h  cadencer  des  phrases,  à  arrondir  des  périodes,  mais  bien  d'acquérir 
des  connaissances  réelles,  des  choses  pratiques. 

Ce  n'est  même  pas  telle  science  qu'il  importe  de  donner  aux  jeunes  gens;  mais 
c'est  la  méthode  qui  simplifie  les  opérations  et  ménage  le  temps,  c'est  cette  aptitude 
qui  rend  propre  à  tout,  c'est  le  goût  des  arts  et  des  sciences  qu'il  faut  inspirer, 
c'est  le  désir  de  connaître,  de  s'instruire,  c'est  cet  amour  du  travail  qui  s'irrite  et 
s'enflamme,  et  triomphe  de  tous  les  obstacles.  C'est  cette  application  infatigable  à 
poursuivre  la  vérité;  car  si  la  liberté  est  placée  au  sommet  d'une  montagne  qu'il 
faul  gravir,  la  vérité  est  cachée  au  fonds  d'un  puits,  qu'il  ne  faut  pas  moins  de  cou- 
rage pour  sonder  la  profondeur  (sic).  C'est  ce  coup  d'œil  qui  perce  à  travers  les 
Irails  du  visage  composé  d'un  fourbe  et  lit  dans  le  cœur  humain;  en  un  mot,  cette 
habitude  de  la  réflexion,  si  nécessaire  dans  tous  les  instants  de  la  vie,  habitude 
qui  se  contracte  par  l'exercice  et  la  triture  des  affaires  et  de  l'étude.  Enfin  cette 
disposition  qui  fait  son  profit  de  tout,  tellement  que  chaque  objet  porte  à  l'es- 
prit un  tribut  d'idée  utile  au  cœur,  au  sentiment. 

Si  vous  ne  formez  dans  tous  les  départements  des  écoles  qui,  rapprochées  et 
comme  sous  les  mains  des  jeunes  Français,  les  invitent  et  leur  fassent  une  sorte  de 
violence  pour  apprendre,  plusieurs  départements  seront  privés  des  moyens  d'in- 
struction absolument  indispensables.  Les  habitants  des  diverses  parties  de  la  Répu- 
blique se  livreront  aux  sciences  et  aux  arts  les  plus  appropriés  au  climat  qu'ils 
habitent.  Dès  lors,  je  ne  vois  plus  cette  uniformité,  ce  grand  caractère  de  généra- 
lité que  vous  portez  dans  toutes  vos  lois.  Je  ne  vois  plus  cette  harmonie  désirable 
dans  cette  intéressante  partie,  cette  unité  de  sentiments  qui  doivent  animer  tous  les 
Finançais ,  régler  leurs  mœurs  et  diriger  la  conduite  de  l'habitant  du  Midi  et  de 
l'habitant  du  Nord. 

Ici  Fourcroy  et  Bouquier  croient  voir  une  corporation,  des  espèces  de  canonicats, 
de  brevets  d'immortalité.  Pourquoi  donc  se  défier  du  législateur  et  croire  qu'il  ne 
préservera  pas  l'instruction  publique  des  vices  de  ces  créations  monstrueuses?  Des 
instituteurs  nommés  par  le  peuple  et  réélus  à  des  époques  déterminées,  n'ayant 
aucune  correspondance  entre  eux,  ne  sont  pas  redoutables  pour  la  hberté.  M'au- 
ront-ils pas  intérêt  à  travailler  a  mériter  la  confiance  de  leurs  concitoyens?  La  loi 
ne  leur  indiquera-t-elle  pas  la  matière  de  leurs  leçons,  et  ces  leçons  ne  seront-elles 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  205 

pas  données  sous  les  yeux  du  public  et  jugées  par  l'opinion?  Chaque  instituteur, 
surveillé  par  tous  les  citoyens,  ne  sera-t-il  pas  sous  la  surveillance  spéciale  et  di- 
recte du  Comité  d'instruction  publique  du  Corps  législatif,  qui,  renouvelé  comme 
lui  chaque  année,  ne  peut  rappeler  \es  ifothiques  universités  et  les  aristocratiques 
académies  7 

L'enseignement  doit  être  libre,  dites-vous.  Eh!  mais  ne  l'est-il  pas  de  la  part 
des  élèves?  Votre  fils  n'a-t-il  pas  la  liberté  de  choisir  entre  tel  ou  tel  instituleur, 
d'opter  entre  l'instituteur  de  tel  ou  tel  département,  de  suivre  son  goût  pour  telle 
ou  telle  science? 

Citoyens  législateurs ,  vous  le  savez ,  les  deux  extrêmes  se  touchent,  et  les  mêmes 
effets  ont  été  souvent  le  produit  de  causes  en  apparence  opposées.  On  vous  a  fait 
voir  dans  l'établissement  des  lycées,  des  académies,  l'aristocratie  de  l'ambition,  et 
l'on  a  eu  raison.  Mais  croyez  que  si  vous  ne  formez  pas  des  établissements  d'in- 
struction autres  que  les  écoles  primaires ,  des  charlatans ,  souvent  seuls  dans  un 
département,  indépendants  des  autorités,  mettront  les  citoyens  désireux  d'ap- 
prendre à  contribution.  Ils  feront  payer  cher  à  l'élève  sans -culotte  le  privilège  de 
leur  savoir.  Et  cette  aristocratie  d'un  nouveau  genre  exercera  une  influence  vérita- 
blement dangereuse.  Je  demande  qu'il  y  ait  dans  chaque  département,  suivant 
le  rapport  de  la  population  et  le  besoin  des  localités ,  des  instituts  publics ,  où  la 
jeunesse  française  recevra  des  leçons  de  législation  et  de  morale  publique;  que 
les  instituteurs  soient  salariés  par  la  nation;  que  les  séances  soient  ])ubhques; 
({ue  les  leçons  soient  les  mêmes  et  données  d'après  les  mêmes  livres  élémentaires  ; 
que  les  écoles  n'aient  aucun  rapport  entre  elles,  et  qu'elles  soient  sous  la  direction 
spéciale  et  directe  du  Comité  d'instruction  publique  des  Corps  législatifs. 


206       PROCÈS-VEKBAU\  DU  COMITE  DI^Sïl{LfGT10N  PUBLIQUE 

CENT    SOIXANTE-DOUZIÈME    SÉANCE^'l 
Du  3  nivôse  an  ii.  [38  décembre  1793.] 

Le  citoyen  Gail  fait  lecture  d'une  pétition  qu'il  se  propose  de  pré- 
senter à  la  Convention  nationale  sur  l'enseignement  public  de  la 
langue  grecque.  11  annonce  qu'il  est  prêt  à  faire  imprimer  deux  ou- 
vrages: l'un  est  une  traduction  de  Xënophon,  et  l'autre  un  diction- 
naire grec  et  français.  11  demande  l'approbation  et  l'appui  du  Comité. 
Le  pétitionnaire  est  invité  à  présenter  directement  sa  pétition  à  la 
Convention  nationale  ^-^ 

Le  citoyen  Martin  lit  un  extrait  d'un  mémoire  concernant  les  arts 
et  la  Commission  du  Muséum.  Il  demande  un  concours  public  pour  la 
restauration  des  tableaux  appartenant  à  la  République.  Renvoyé  à 
David  (3). 

Le  citoyen  Dupain-Triel  présente  :  1°  une  carte  de  France  considérée 
dans  les  différentes  bauteurs  de  ses  plaines;  1"  un  mémoire  sur  une 
hydrographie  complète  de  la  France;  3°  [des]  instructions  élémentaires 
sur  les  différentes  opérations  de  la  guerre;  /i^une  brochure  intitulée: 
Recherches  géographiques  sur  les  hauteurs  des  plaines  de  la  France,  sur  les 
mers  et  leurs  côtes,  etc.  Ferry  et  Lindet  sont  chargés  de  les  examiner ^^l 

Des  députés  de  la  section  du  faubourg  Montmartre  font  une  péti- 
tion relative  au  local  destiné  à  l'école  des  trompettes,  à  celle  du  chant 
et  au  lieu  de  ses  séances.  Prunelle  est  chargé  de  se  concerter,  pour  cet 
objet,  avec  un  commissaire  du  Comité  des  domaines^^^ 

(^)  Il  n'y  a  pas  eu  de  séance  du  Comité  ^^^  Dupain-Triel  avait  déjà  fait  hommage 

le  1"  nivôse.  au  Comité  d'un  de  ses  ouvrages  dans  la 

(^)   J.-B.  Gail  (1755-1829),  le  célèbre  séance    du    16    décembre    1792    (t.    I*', 

helléniste,  occupait  depuis  1 79a  la  chaire  de  p.  162).  Un  rapport  sur  ce  géographe  sera 

littérature  grecque  au  Collège  de  France.  Les  fait  au  Comité  le  aS  germinal  an  11. 

procès-verbaux  de  la  Convention  ne  parlent  ^^)  L'École   des  trompettes  qui  existait 

pas  de  la  pétition  dont  il  est  ici  question.  précédemment  à   Paris  avait  été  rétablie 

^^)  Nous  ne  savons  pas  qui  est  ce  Martin ,  par  un  décret  du  i/i  brumaire  (Procès- 

et  nous  n'avons  pas  trouvé  son  mémoire.  verbal,    t.    XXIV,   p.    307);    elle    devait 

C'est  peut-clrc  le   même  qui,  le  21  plu-  compter  cent  élèves,  et  être  installée  dans 

viôse,  présentera  au  Comité  un  plan  d'édu-  un  bâtiment  national  à  désigner.  Ce  sont 

cation  nationale  (p.  A ^10).  Sur  la  question  les  élèves  de  l'Ecole  des  trompettes  qui,  le 

de   la   restauration  des  tableaux,  voir  les  1  7  germinal,  se  présentèrent  à  la  barre  de 

rapports  de  David ,  pages  187  et  97G.  la  Convention  pour  se  plaindre  de  leurs 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  207 

Grégoire  fait  un  rapport  sur  les  arbres  de  la  Liberté.  Le  projet  de 
décret  qu'il  propose  est  ajourné  et  renvoyé  au  rapporteur  pour  pré- 
senter une  nouvelle  rédaction. 

Le  premier  article  est  adopté  en  ces  termes  : 

Le  chêne  est  l'arbre  de  la  Liberté  ^^^ 

Guyton  rappelle  une  lettre  du  Comité  de  salut  public  qui  demande 
une  liste  d'bommes  de  lettres  patriotes  et  en  état  de  se  livrer  à  un 
travail  de  rédaction.  On  arrête  que  l'on  proposera  Desforges,  Tbié- 
bault  et  Borrelly,  sans  cependant  que  le  Comité  prétende  garantir 
leur  patriotisme  ^-\ 

Lindet  demande  à  être  déchargé  du  rapport  sur  la  mémoire  du  gé- 
néral Dampierre.  Sa  demande  n'est  pas  admise  ^^l 

Grégoire  demande  que  la  cérémonie  de  l'apotbéose  de  Descartes 


professeurs  et  réclamer  plus  de  liberté 
(Procès-verbal,  t.  XXXV,  p.  27).  Le  Mo- 
niteur, dans  le  compte-rendu  de  cette 
séance,  les  désij][ne  par  Tappellation  erronée 
dVélèves  de  TEcole  de  musiques,  ce  qui 
a  fait  croire  au  rédacteur  de  la  table  du 
Moniteur  qu'il  s'agissait  des  élèves  de  Tln- 
stilul  national  de  musique.  L'école  du  chant 
est  l'École  de  chant  et  de  déclamation, 
ordinairement  appelée  l'École  des  Menus 
(voir  sur  cette  école  les  Procès-verbaux  du 
Comité  d'instruction  publique  de  V Assemblée 
législative,  pages  G8  et  70).  Elle  était  in- 
stallée rue  Bergère,  dans  le  bâtiment  appelé 
les  Menus  (aujourd'hui  occupé  par  le  Con- 
servatoire national  de  musique).  La  section 
du  faubourg  Montmartre  avait  également 
ses  locaux  dans  le  même  immeuble.  La 
pétition  adressée  au  Comité  par  celte  sec- 
tion était  proi)ablenient  une  protestation 
contre  le  placement  de  l'Ecole  des  trom- 
pettes dans  le  bâtiment  des  Menus.  I.e 
i3  nivôse,  une  nouvelle  démarche  sera 
faite  auprès  du  Comité  par  la  section  du 
faubourg  Montmartre  et  les  professeurs  de 
l'EfoIe  de  clijuit  et  de  déclamation  (p.  !Vi()). 
Le  i()  nivôse,  Grégoire  sera  adjoint  à  Pru- 
nelle (p.  2  05). 

^')   Grégoire  avait  présenh»  une  piciiiiiM'.^ 


fois  un  rapport  sur  les  arbres  de  la  Liberté 
le  19  frimaire  (p.  87).  Pour  la  suite  de 
cette  affaire,  voir  la  séance  du  7  nivôse 
(p.  217). 

^^^  C'est  le  2  3  frimaire  (|ue  la  demande 
du  Comité  de  salut  public  avait  été  com- 
muniquée à  celui  d'instruction  (p.  161). 
Desforges  est  le  littérateur  Chondard- 
Desforges  (voir  p.  34,  note  2);  Thiébault 
et  Borrelly  sont  les  rédacteurs  du  Journal 
de  l'instruction  publique  (voir  t.  II,  p.  7^1, 
note  1  ;  et,  dans  le  présent  volume,  p.  '16). 

(^)  Par  un  décret  du  1"  nivôse,  la  Con- 
vention avait  chargé  le  Comité  d'instruc- 
tion publique  de  proposer  le  mode  d'exé- 
cution du  transfert  des  cendres  de  Chalier 
au  Panthéon,  et  lui  avait  en  même  temps 
demandé  un  rapport  sur  la  proposition, 
faite  par  CiOufhon  ce  même  jour,  de  retirer 
les  honneurs  du  Panthéon  au  général  Dam- 
pierre. Le  i3  frimaire  déjà  (p.  66),  Tho- 
mas Lindet  avait  été  choisi  par  le  Comité 
conmie  rapporteur  pour  les  honneurs  à 
rendre  à  Beauvais,  Baille,  Chalier  et  Gas- 
parin,  et  pour  le  procès  de  la  mcmolr.>  de 
I)ampi(>rre.  Nous  donnons  aux  annexes  un 
extrait  du  j)rocès-verl)al  de  la  séance  de  la 
Conv(Mili()u  du  1"  nivôse  an  ii,  complété 
j),!!-  nu  exliiiil  du  Moniteur. 


208      PROGES-VERBAl'X  DU  COMITE  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

soit  faite  le  1 3  février  (vieux  style),  jour  de  la  mort  de  ce  philosopherai 
Le  Comité  arrête  que  l'on  s'occupera  d'abord  de  Dampierre,  puis  de 
Marat  et  de  Chalicr^^l 

La  séance  est  levée  à  dix  heures  et  demie  ^^l 


PIEGES  ANNEXES. 

Un  lit  cans  les  procès-verbaux  do  la  Convention  : 

Séance  du  i"'  nivôse  an  ii. 

Les  citoyens  Castaing-,  Caiidy  et  Cei-ff,  dc'putés  de  Commune -Affranchie,  se 
présentent  à  la  barre;  ils  portent  avec  eux  les  cendres  et  le  bnste  du  patriote 
Chalier,  assassiné  juridiquement  par  les  fédéralistes  et  les  contre-révolutionnaires 
de  Lyon. 

ff  Sur  la  motion  d'un  membre  ^*\  la  Convention  nationale  décrète  que  les  cendres 
de  Chalier,  martyr  de  la  liberté,  seront  déposées  au  Panthéon. 

rr  Renvoie  au  Comit('  d'instruction  publique,  pour  proposer  le  mode  d'exécution 
et  faire  un  récit  détaillé  des  traits  glorieux  qui  ont  honoré  la  vie  publique  de 
Chalier. 

ff  II  sera  fait  mention  honorable  an  procès-verbal  du  zèle  et  du  civisme  des 
pétitionnaires,  et  leur  pétition  sera  insérée  dans  le  Bulletin ^^l 

ff  Et  sur  la  motion  d'un  autre  membre  ^"^  tendant  à  ce  qu'on  retirât  les  hon- 
neurs du  Panthéon  au  général  Dampierre,  la  Convention  renvoie  au  même  Comité 
pour  lui  faire  un  rapport^'^.w 

Voici  le  passage  principal  du  comple-rendu  que  le  Moniteur  a  publié  de  cet  incident  : 

Convention  nationale,  séance  du  i"'  nivôse. 

Le  président  annonce  qu'une  députation  de  Commune-Affranchie  demande  à 
[)résenter  à  la  Convention  les  restes  de  Chalier,  martyr  de  la  liberté. 
La  députation  est  admise. 


^^)  Les  honneurs  du  Panthéon  avaient 
été  accordés  à  Descartes  par  un  décret  du 
2  octobre  1798,  rendu  sur  le  rapport  de 
Chénier  (t.  II,  p.  575). 

^^^  Pour  la  suite  de  cette  affaire  en  ce 
qui  concerne  Chalier,  voir  la  séance  du 
Comité  du  i5  pluviôse  (p.  SgS). 

C*)  Pas  de  signature ,  ni  à  la  minute  ni 
au  registre.  La  minute  est  de  la  main  de 
Ferry. 

^*)   C'est  Gouthon  {Monileur). 


^^^  L'Adresse  des  sans-culottes  de  Com- 
mune-Affranchie à  la  Convention  se  trouve 
dans  F'^  carton  1008,  n°  1397.  I^^'^  ^^^ 
signée:  ff  Castaing,  député  de  Commune- 
Affranchie  w. 

(*'^  D'après  le  Moniteur,  ce  serait  aussi 
Couthon  qui  aurait  demandé  le  rapport  du 
décret  accordant  à  Dampierre  les  honneurs 
du  Panthéon. 

^')  Procès-verbal  de  la  Convention, 
t.  XXVIII,  p.  16. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  209 

Couthon.  ...  Je  demande ,  de  plus ,  que  vous  honoriez  d'une  manière  plus  au- 
thentique les  restes  d'un  martyr  de  la  liberté;  que  Ghalier  reçoive  les  honneurs  du 
Panthéon;  et  que  ce  général  qu'on  avait  cru  d'abord  patriote,  qu'on  reconnaît 
aujourd'hui  pour  un  traître,  ne  soit  plus  confondu  avec  les  amis  et  les  défenseurs 
du  peuple. 

On  demande  le  renvoi  de  ces  propositions  au  Comité  d'instruction  publique. 

Couthon.  La  Convention  ne  peut  s'empêcher  de  rendre  cet  hommage  à  un 
homme  dont  la  vie  privée  est  aussi  recommandable  que  la  vie  publique.  Citoyens, 
oubhez  les  vivants,  honorez  les  morts  :  c'est  le  moyen  d'établir  solidement  la 
République. 

Romme.  On  ne  doit  honorer  ni  flétrir  la  mémoire  d'un  homme  sans  avoir  une 
connaissance  exacte  des  faits.  Je  demande  que  le  Comité  d'instruction  publique 
soit  tenu  de  nous  faire  un  rapport  sur  Dampierre  et  Chalier. 

Danton.  La  Convention  nationale  ne  désorganisera  pas  le  tombeau  de  Dam- 
pierre sans  connaissance  de  cause.  Ce  général  eut  le  malheur  de  naître  d'une 
caste  justement  proscrite,  mais  il  est  de  notoriété  pubhcpie  qu'il  a  vécu  dans  les 
principes  de  l'égalité  pratique.  11  a  vécu  avec  ses  laboureurs  en  ami ,  en  frère  : 
voici  un  trait  qui  le  fera  connaître.  Un  malheureux  tombe  dans  une  rivière  au 
milieu  de  l'hiver,  Dampierre  se  jette  à  la  nage  et  lui  sauve  la  vie.  Il  jouissait  dans 
son  département  de  l'estime  de  tous  les  citoyens  ;  je  ne  veux  conclure  de  là  rien 
de  positif,  mais  cela  suflit  au  moins  pour  vous  prouver  qu'il  faut  examiner.  Certes, 
si  Dampierre  eût  voulu  trahir  sa  patrie,  il  l'aurait  fait  lors  de  la  défection  de 
Dumouriez;  mais  vous  savez  qu'alors  il  rallia  une  partie  de  nos  troupes  qu'un 
traître  voulait  livrer  à  l'ennemi.  Dampierre  enfin  est  mort  les  armes  à  la  main  ; 
ne  le  jugez  qu'après  avoir  examiné  froidement  sa  conduite.  Lorsque  la  Convention 
lui  décerna  les  honneurs  du  Panthéon,  je  m'y  opposai,  parce  que  je  ne  voulais 
pas  que  la  Convention  accordât  un  semblable  honneur  sans  connaître  les  faits  qui 
devaient  la  déterminer.  Je  demande  que  la  Convention  charp;e  son  Comité  d'in- 
struction publique  de  lui  faire  un  rapport  sur  les  deux  propositions  de  Couthon. 

Cette  proposition  est  adoptée ^'^ 

Le  Journal  des  débats  et  des  décrets  ne  mentionne  que  très  sommairement  cette  partie 
de  la  séance  de  la  Convention. 

'')  Moniteur  du  a  nivôse  an  u,  p.  3712. 


ni. 


mpitmiMC    «mollit. 


210      PROCÈS -VERBAUX  DU  COMITE  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

CENT    SOIXANTE-TREIZIÈME   SÉANCE. 

Du  5  nivôse  an  ii,  [2 5  décembre  1793.] 

Louis  Poucliet,  demeurant  a  Rouen,  rue  de  la  Vicomte,  n"  Ay, 
envoie  au  Comité  un  mémoire  sur  l'uniformité  des  poids  et  mesures 
décrétée  par  la  Convention,  suivi  d'une  table  de  lignes  proportion- 
nelles qui  établissent  réciproquement  les  rapports  des  nouveaux  avec 
les  anciens,  tant  en  quantité  qu'en  valeurs.  Renvoyé  à  Arbogast,  pour 
en  faire  le  rapport  au  Comité  ^^l 


(')  Il  s'aijit  de  Louis-Ézéchias  Pouchet, 
père  de  Félix-Arcliimède  Poucliet,  le  cé- 
lèbre champion  de  la  génération  spontanée, 
et  grand-père  du  naturaliste  Georges  Pou- 
chet. Louis-Ezéchias  Pouchet  est  né  le 
3i  mai  1-7/48  à  Gruchet,  canton  de  Bol- 
bec;  il  est  mort  à  Rouen  le  3o  mai  1807 
(nous  devons  ces  renseignements  à  M.  De- 
mombynes,  l'un  des  exécuteurs  testamen- 
taires de  Georges  Pouchet). 

Des  pièces  relatives  à  Louis-Ezéchias 
Pouchet,  enregistrées  au  Comité  sous  le 
n°  1  ^^7 8 ,  se  trouvent  dans  F^',  carton  1 1 3  5 , 
liasse  Poids  et  mesures.  Ce  sont  :  1°  un 
extrait  du  procès-verbal  de  la  Société  d'é- 
mulation de  Rouen,  du  8  mai  1792 ,  con- 
statant que  Pouchet  a  donné  lecture  d'un 
mémoire  sur  un  moyen  mécanique  prompt 
et  facile  de  ramener  toutes  les  mesures  an- 
ciennes et  étrangères  à  la  mesure  commune 
proposée ,  et  renvoyant  ce  mémoire  à  l'exa- 
men de  quatre  commissaires;  2°  un  rapport 
favorable  des  commissaires ,  du  1 3  décembre 
1793  (23  frimaire  an  11);  3°  deux  extraits 
du  procès-verbal  du  directoire  de  la  Seine- 
Inférieiire,  dont  l'un,  le  2 4  brumaire  an  11, 
constate  la  remise  par  Pouchet  d'un  pa- 
quet scellé  contenant  un  mémoire  sur  les 
poids,  mesures  et  monnaies,  et  d'une  péti- 
tion qui  l'accompagne,  et  ajoute  que  l'af- 
faire est  renvoyée  à  l'administrateur  com- 
missaire du  bureau  d'instruction  pour  exa- 
miner et  faire  son  rapport;  et  dont  l'autre, 


du  6  nivôse  an  11,  mentionne  le  rapport 
favorable  de  l'administrateur-  et  la  lecture 
des  deux  pièces  indiquées  au  1°  et  au  2", 
sur  quoi  le  directoire  décide  d'expédier 
le  tout  au  Comité  d'instruction  publique 
de  la  Convention;  W  une  lettre  du  direc- 
toire de  la  Seine-Inférieure,  du  8  nivôse 
an  II,  transmettant  au  Comité  les  pièces 
ci-dessus. 

Ce  n'est  évidemment  pas  la  lettre  du 
directoire  de  la  Seine-Inférieure,  du  8  ni- 
vôse, qui  a  pu  être  lue  au  Comité  dans  la 
séance  du  5.  Il  est  probable  que  Pouchet 
avait  écrit  lui-même  une  autre  lettre  quel- 
ques jours  auparavant;  mais  nous  ne  l'avons 
pas  retrouvée. 

Par  contre,  il  existe  de  lui,  dans  le 
même  carton  11 35,  une  lettre  portant  le 
n°  17Û6,  datée  du  9  pluviôse  an  11,  et  dans 
laquelle,  après  avoir  rappelé  son  mémoire 
«sur  le  rapprochement  des  anciens  poids, 
mesures  et  monnaies  avec  les  nouveaux,  au 
moyen  de  lignes  proportionnelles  de  son 
inventions,  il  demande  qu'on  lui  envoie 
copie  «de  la  collection  des  anciens  poids  et 
mesures  de  tous  les  principaux  marchés  de 
la  Républiques;  il  offre,  en  outre,  d'en- 
voyer des  renseignements  sur  les  prix  des 
cotons  filés,  en  vue  de  l'établissement  du 
tarif  général  de  toutes  les  marchandises. 
Cette  lettre  de  Pouchet  n'est  pas  men- 
tionnée dans  les  procès-verbaux  du  Co- 
mité. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE. 


211 


Un  membre  observe  que,  par  décret  du  2g  frimaire,  la  Convention 
a  cbargé  le  Comité  d'instruction  publique  de  nommer  deux  commis- 
saires pour  diriger  et  surveiller  le  transport  à  Paris  des  livres,  mé- 
moires, papiers,  cartes,  plans,  etc.,  des  bureaux  des  affaires  étran- 
gères de  Versailles.  Le  Comité,  prenant  cet  objet  en  considération, 
confirme  à  cet  égard  les  commissaires  de  la  Commission  des  arts  ^^^ 

Le  Comité  ayant  chargé  Romnie  et  Grégoire  de  préparer  une  série 
de  questions  importantes  pour  être  remise  au  citoyen  Dombey  prêt  à 
partir  pour  l'Amérique  pour  y  voyager  avec  autorisation  du  Comité  de 
salut  public,  avec  invitation  à  Dombey  de  préparer  des  réponses  à  ces 
questions ,  Grégoire  demande  qu'une  copie  de  ces  questions ,  dont  la 
rédaction  a  été  approuvée  par  le  Comité  et  qui  ont  été  remises  à 
Dombey,  soit  déposée  dans  les  cartons  du  Comité  et  qu'il  en  soit  fait 
mention  au  procès-verbal.  Adopté  ^^^ 

On  discute  provisoirement  sur  la  nouvelle  liste  à  former  pour  la 

Commission  des   arts,   conformément  au  décret  du ^^\  et  on 

arrête  que  la  liste  sera  définitivement  arrêtée  à  la  prochaine  séance  du 
Comité  (^^. 


(^)  Le  26  frimaire,  ia  Convention  avait 
décrété  ce  qui  suit  :  «Les  bureaux  du 
département  des  affaires  étrangères^  tant  à 
Versailles  qu'à  Paris,  le  bureau  central  des 
douanes  et  les  trois  régisseurs,  sont  sup- 
primés  Tous  les  bureaux  de  ce  dé- 
partement seront  réunis  (;t  distribués  en 
deux  divisions  :  Première  division,  Douanes 
nationales;  seconde  division.  Correspondance 
étrangère. 7)  (Procès-verbal  de  la  Conven- 
tion, t.  XXVIl,  p.  â5o.)  Trois  jours  après, 
Romme  fil  voler  un  second  décret  ordonnant 
que  le  Comité  d'instruction  publique  nom- 
merait deux  commissaires  pour  surveiller  le 
transport  à  Paris  des  livres,  papiers,  etc., 
existant  dans  les  bureaux  des  affaires  étran- 
gères à  Versailles.  Voir  aux  annexes 
(p.  ai  3)  un  extrait  du  procès -verbal  de 
la  séance  de  la  (Convention  du  oa)  iriniaire 
an  II ,  complété  par  un  extrait  du  Moniteur. 
■ — Il  semble  que,  le  Comité  ayant  rontirmé 
par  avance,  pour  colle  surveillance,  les 
commissaires  que  désignerait  la  Commis- 
sion des  aiis,   ralVuiie  soit  terminée;  ce- 


pendant le  17  nivôse  nous  verrons  le  Co- 
mité s'en  occuper  de  nouveau,  sur  l'inn- 
tation  de  la  Commission  des  arts,  et 
désigner  lui-même  deux  commissaires, 
Buache  etLenglès  (pages  246-2/17). 

(^)  Voir  p.  197.  La  minute  contient  une 
première  rédaction  de  cet  alinéa,  qui  a  été 
biffée,  et  que  voici  :  a  Grégoire  et  Romme 
ont  remis  à  Dombey  une  série  de  questions 
qu'ils  désirent  que  le  Comité  aj)prouve.  Le 
Comité  y  donne  son  approbation."  Nous 
n'avons  pas  trouvé  la  eopie  des  questions 
remises  à  Dombey.  —  Dombey  quitta  la 
France  peu  de  temps  après.  Il  fut  arièté 
en  mci'  par  un  corsaire,  et  conduit  à  l'île 
de  Montserrat  (Antilles),  où  il  moiinil. 
Grégoire  annoncera  sa  nioi-t  à  la  Convention 
le  17  vendémiaire  au  m,  dans  un  rapport 
sur  les  encouragenienls  à  accorder  aux  sa- 
vants, gens  de  lettres  et  artistes. 

(•'')  La  date  du  décret  est  restée  en  blanc. 
C'est  le  décret  du  -.18  frimaire. 

^*)  Voir  la  séance  du  17  frimaire(p.  167)0!, 
pour  la  suili',  cdlo  du  1  .">  nivôse  (p.  •ji>6  ». 


212      PROCÈS-VERBAUX  DU  COMITE  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

Deux  membres  du  Comité  des  domaines  viennent  proposer  au  Go- 
mité  de  s'occuper  de  la  manière  dont  il  est  le  plus  avantageux  à  la 
République  de  disposer  des  édifices  qui  peuvent  convenir  aux  sociétés 
populaires.  Romme  et  Ferry  sont  chargés  de  faire  sur  cet  objet  un 
rapport  au  Comité  ^^\ 

Mathieu  propose  au  Comité  le  projet  de  fêtes  nationales  pour  chaque 
décadi,  qu'il  était  chargé  de  faire.  On  ajourne  la  discussion  à  la  séance 
prochaine  ^^\ 

Le  mémoire  d'Achard,  bibliothécaire  national  du  département  des 
Bouches-du-Rhône,  sur  la  formation  d'une  bibliothèque  dans  la  ville 
de  Marseille,  est  renvoyé  à  Prunelle ^^^ 

Le  citoyen  Lamaisonnette,  rue  de  la  Roquette  n°  /12,  proche  le 
couvent,  expose  au  Comité  que  le  citoyen  Duderé  sollicita,  il  y  a  deux 
ans,  un  décret  sur  les  accouchements.  Lanthenas  et  Defrance  furent 
chargés  de  l'examen  et  du  rapport  de  la  pétition  de  ce  citoyen,  qui 
propose  un  moyen  d'accoucher,  sans  le  secours  du  fer,  dans  le  plus 
grand  nombre  des  cas  désespérés  où  l'opération  césarienne  et  la  section 
de  la  symphyse  sont  indiquées  comme  dernière  ressource.  Renvoyé  au 
Bureau  de  consultation  ('*•. 


(')  Le  3  frimaire,  la  Convention  avait 
chargé  les  Comités  d'instruction  publique 
et  des  domaines  «d'examiner  la  question 
s'il  convenait  que  les  sociétés  populaires, 
ainsi  que  les  sociétés  libres  des  arts,  reçus- 
sent de  la  nation  un  local  pour  leurs  assem- 
blées?? (voir  ci-dessus,  pajjes  1 0  et  26).  Pour 
la  suite  de  cette  affaire ,  voir  la  séance  du 
17  pluviôse  (p.  ^12). 

(^)  C'est  la  commission  des  Six,  nommée 
par  le  Comité  le  3  frimaire  (p.  2),  qui 
avait  dû  charger  Mathieu  d'élaborer  ce 
projet  de  fêtes  décadaires,  car  les  procès- 
verbaux  n'indiquent  pas  qu'il  ait  reçu  ce 
mandat  du  Comité.  Le  projet  de  Mathieu 
sera  discuté  le  i3  nivôse  (p.  282). 

^^^  Nous  n'avons  pas  trouvé  le  mémoire 
d'Achard.  11  sera  de  nouveau  question  de 
lui  dans  la  séance  du  3  germinal  an  11. 


(*^  Sur  Duderé-Laborde,  voir  la  séance 
du  Comité  du  26  juin  1798  (I.  P'",  p.  5o/i). 
La  lettre  de  Lamaisonnette  est  dans  F^', 
carton  ioo8\  n°  i6i/i;  elle  est  accompa- 
gnée d'un  mémoire  imprimé  sur  le  cf  nou- 
veau moyen  d'accoucher  sans  le  secours  du 
fer»,  par  M.  Duderé  de  la  Borde,  ancien 
sous-lieutenant  au  corps  des  grenadiers  de 
France  (Paris,  l'an  m"  de  la  liberté,  sh  p. 
in-8°),  et  d'une  pétition  imprimée  à  la  Con- 
vention sur  le  même  sujet  (Paris,  1792, 
5  p.  in-8").  —  Il  sera  de  nouveau  ques- 
tion de  Duderé  le  26  nivôse  (p.  285).  — 
Pas  de  signature  à  ce  procès-verbal,  ni 
à  la  minute  ni  au  registre.  La  minute  est 
de  la  main  de  Daoust.  Toutefois  le  qua- 
trième alinéa,  relatif  à  la  Commission  des 
arts,  est  d'une  autre  écriture  (qui  n'est  pas 
celle  de  Mathieu). 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  213 


PIECES  ANNEXES. 


On  lit  dans  les  procès-verbaux  de  la  Convention  : 

Séance  du  29  frimaire  an  n. 

ffSur  la  proposition  d'un  membre  ^^^  la  Convention  nationale  de'crète  que  le  Co- 
mité d'instruction  publique  est  chaj^gé  de  nommer  deux  commissaires  pour  dirig^er, 
surveiller  le  transport  à  Paris  des  livres,  mémoires,  papiers,  cartes,  plans,  etc., 
des  bureaux  des  affaires  étrangères  de  Versailles,  en  exécution  du  décret  rendu  le 
26  de  ce  mois. 

f^Ces  commissaires  se  concerteront,  pour  cet  effet,  avec  le  Conseil  exécutif ^^^» 

On  lit  dans  le  compte-rendu  du  Moniteur  : 

Convention  nationale,  séance  du  29  frimaire. 

Romme.  Vous  avez  rendu  un  décret  qui  sup[)rime  les  bureaux  des  affaires  étran- 
gères qui  étaient  à  Versailles.  On  y  avait  déposé  autrefois  des  objets  précieux,  qui 
s'y  trouvent  encore,  et  dont  la  conservation  appelle  tout  voire  intérêt.  Dans  le 
nombre  de  ces  objets  est  une  collection  de  cartes  géographiques  et  de  plans  très 
précieux  qui,  la  plupart,  ont  été  offerts  en  don  à  la  France  parles  envoyés  des 
puissances  étrangères.  On  y  remarque  encore  un  travail  sur  les  moyens  de  défendre 
la  terre  contre  la  mer.  Jusqu'à  présent  on  a  eu,  à  Versailles,  le  plus  grand  soin  de 
ce  dépôt  ;  mais  je  demande  que  la  Convention  prenne  des  mesures  pour  faire  trans- 
porter ces  papiers,  qui  y  sont  dans  le  plus  grand  ordre,  à  Paris.  Je  propose,  en 
conséquence ,  de  cliaiger  de  la  surveillance  de  ce  transport  la  Commission  des  arts 
que  vous  avez  créée  hier  :  il  faut  un  décret  pour  l'y  autoriser. 

***  Les  papiers  dont  Romme  vous  parle  se  rapportent  uniquement  à  la  diplo- 
matie. J'ignore  quel  rapport  il  peut  trouver  entre  eux  et  Tinstruction  publicjue. 
Quant  à  moi,  je  pense  qu'il  faut  laisser  sous  la  main  du  Conseil  exécutif  tous 
les  manuscrits  qui,  jusqu'à  ce  jour,  sont  restés  dans  ses  bureaux.  Je  demande  la 
question  préalable  sur  la  motion  de  Romme. 

Romme.  La  Commission  a  été  créée  non  seulement  pour  la  conservation  des  mo- 
numents des  arts,  mais  encore  de  tout  ce  qui  se  rapporte  à  l'histoire  et  à  rinstruc- 
tion;  elle  a  déjà  rassemblé  des  objets  précieux  qui  étaient  épars.  et  qu  elle  a  remis 
dans  les  dé[)ôts  qui  leur  convenaient.  11  ne  s'agit  ici  que  d'un  acte  de  surveillance  : 
si  vous  n'autorisez  pas  des  hommes  instruits  à  l'exercer,  vous  courez  risque  devoir 
dilapider  ou  se  perdre  des  collections  du  plus  giand  [)rix. 

Le  décret  proposé  par  Romme  est  adopté  ainsi  qu'il  suit^^^  : 

[Suit  le  texte  du  décret  déjà  donné  ci-dessus.] 

t^)  C'est  Romme.  —  (^)  Procès-verbal  de  la  Convention,  t.  XWll,  p.  an.'),  —  (^)  Mom- 
teuv  (lu  1"  nivôse  an  11,  p.  867. 


21/1       PROCÈS -VERBAUX  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 


CENT  SOIXANTE-QUATORZIKME  SEANCE. 

Du  7  nivôso  an  Ji.  [^^7  décembre  1793.] 

Ferry  est  adjoint  aux  commissaires  pour  la  surveillance  de  l'Obser- 
vatoire. La  lettre  de  Jeaurat  leur  est  renvoyée  ^^\ 

Deux  membres  du  Comité  des  domaines  et  d'aliénation  viennent 
demander  en  son  nom  que  le  Comité  d'instruction  publique  nomme 
deux  de  ses  membres  pour  examiner,  de  concert  avec  le  Comité  des 
domaines,  les  titres  et  papiers  déposés  dans  les  archives  du  Louvre  et 
qu'il  peut  être  important  de  conserver.  Le  Comité  a  nommé  Prunelle 
etLindet^^l 

Sur  la  pétition  de  la  Société  libre  du  Point  central  des  arts  et  mé- 
tiers, remise  par  ses  députés  au  Comité,  par  laquelle  cette  Société  l'in- 
vite à  prendre  en  considération  le  mémoire  que  le  citoyen  Colibert, 
graveur,  a  présenté  au  Comité  relativement  à  l'établissement  d'une 
école  de  gravure,  David  est  nommé  rapporteur  ^^\ 

Sur  la  lettre  de  ce  jour  de  Perrard,  architecte,  oii  il  demande  la 
nomination  d'un  rapporteur  relativement  au  mémoire  sur  l'Opéra  qu'il 
a  adressé  à  la  Convention  nationale,  Mathieu  est  nommé  rapporteur ^^^ 

Sur  la  demande  des  administrateurs  du  Lycée  des  arts  demandant 
au  Comité  s'il  ne  serait  pas  nécessaire  d'envoyer  à  Lyon  un  ou  deux 
commissaires  artistes  pour  veiller  soigneusement  à  la  conservation  de 
chaque  sorte  de  métier,  de  chaque  espèce  de  perfectionnement  dans 
les  diverses  fabriques  qui  existent,  vu  le  risque  que  l'on  peut  courir  de 
perdre  en  un  instant  les  fds  précieux  d'une  industrie  qui  a  coûté 


(^^  C'est  Bouquier  qui  était  chargé  de 
la  surveillance  de  l'Observatoire,  depuis  le 
iG  du  premier  mois;  les  procès- verbaux 
ne  mentionnent  pas  d'autre  commissaire 
que  lui.  Il  est  vrai  que,  le  26  brumaire, 
une  lettre  par  laquelle  Jeaurat  demandait 
un  logement  à  l'Observatoire  avait  été 
renvoyée  à  Arbogast.  Il  existe  une  nouvelle 
lettre  de  Jeaurat,  du  6  frimaire  (F^',  car- 
ton 1006,  n"  1069);  c'est  sans  doute  de 
celle-là  qu'il  s'agit  ici.  Il  sera  de  nouveau 
question  de  Jeaurat  le  5  pluviôse  (p.  322). 


^2)  Lindet  fera  un  rapport  au  Comité, 
le  17  germinal,  sur  l'organisation  des  ar- 
chives de  la  République. 

^•'')  Il  a  déjà  été  question  d'un  projet 
d'école  de  gravure  dans  la  séance  du  Co- 
mité du  9  frimaire  (p.  US).  Le  rapport 
de  David  seia  fait  séance  tenante  :  voir  à 
la  page  suivante. 

(*)  Il  a  déjà  été  question  du  mémoire 
de  Perrard  le  29  frimaire  (p.  197).  Ma- 
thieu présentera  son  rapport  au  Comité  le 
i3  pluviôse  (p.  389). 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE. 


215 


tant  d'années  de  soins  et  de  recherches,  Arbogast  est  chargé  de  se 
concerter  avec  Collot  d'Herbois,  l'un  des  représentants  du  peuple  à 
Lyon,  qui  se  trouve  en  ce  moment  à  Paris ^^l 

Un  membre  se  plaint  de  la  négligence  que  le  ministre  de  l'intérieur 
apporte  à  l'exécution  des  décrets  relatifs  à  la  statue  colossale  du  Peuple 
souverain  et  au  jury  destiné  à  juger  les  grands  prix  de  peinture, 
sculpture  et  architecture  ^'^l  Le  Comité  a  arrêté  qu'il  sera  écrit  au  mi- 
nistre que  le  local  du  salon  de  la  ci-devant  Académie  de  peinture  est 
suffisant  en  prenant  les  petites  précautions  nécessaires. 

David  fait  le  rapport  sur  la  pétition  du  citoyen  Golibert,  graveur. 
X)n  a  passé  à  l'ordre  du  jour^^l 


^')  La  demande  du  Lycée  des  arts  avait 
été  présentée  au  Comité  ie  i5  brumaire;  le 
Comité  l'avait  renvoyée  à  la  Commission  des 
arts  (t.  II,  p.  760);  il  en  avait  été  de  nou- 
veau question  le  5  frimaire  (pages  11-19). 
Maintenant  c'estsurune  invitationdela Com- 
mission des  arts  que  le  Comité  s'en  occupe 
de  nouveau.  Voir  aux  annexes,  A  (p.  218), 
un  extrait  du  procès-verbal  de  la  séance 
de  la  Commission  des  arts  du  3o  frimaire. 

(^)  Le  décret  relatif  à  la  statue  colossale 
du  Peuple  est  du  27  brumaire  (t.  II, 
p.  806);  le  décret  établissant  la  liste  dos 
membres  du  jury  destiné  à  juger  le  con- 
cours des  prix  de  peinture,  sculpture  et 
architecture  est  du  f!.5  brumaire  (t.  II, 
p.  829).  La  Société  républicaine  des  arts 
s'était  déjà  plainte,  par  une  lettre  de  son 
président,  de  l'inexécution  de  ce  dernier 
décret  (voir  p.  44).  L'exposition  publique 
des  ouvrages  proposés  au  concours  s'ouvrit 
un  mois  plus  tard,  le  9  pluviôse,  dans  les 
sîdies  attenant  la  galerie  d'Apollon,  au  Mu- 
séum dos  arts;  elle  dura  cinq  jours.  Lo  jury 
tint  sa  première  réunion  le  17  pluviôse, 
dans  la  salle  du  Laocoon;  il  y  en  eut  trois 
autios,  les  18,  19  ot  20;  à  l'issue  de  cette 
diîriiière  réunion  lo  jury  se  rondil  à  la 
Convention  pour  lui  présenter  les  jeunes 
artistes  auxquels  il  avait  décerné  les  prix 
{Momleur  du  21  pluviôse  an  11,  p.  572;  le 
procès-verbal  do  la  séance  du  20  ne  nion- 
lionne  j)as  le  fait).  Le  rapport  à  la  Con- 
vention  Cul  lu  par  MouNt'l;  le  jiirv  n'avait 


pas  décerné  de  grands  prix,  mais  seulement 
des  seconds  prix,  et  encore  avait-il  décidé 
de  n'en  point  accorder  à  la  sculpture,  trll 
nous  a  été  pénible,  dit  le  rapporteur,  de 
n'avoir  pas  eu  do  grands  prix  à  distribuer; 
mais  l'amour  sacré  de  la  patrie,  qui  a  en- 
traîné vers  les  frontières  un  grand  nombre 
d'artistes,  pour  y  combattre  les  ennemis 
de  l'égalité,  a  diminué  celui  des  concur- 
rents, et  le  génie  des  arts  a  cédé  sa  place 
un  moment  au  génie  de  la  liberté.»  Le  prix 
de  peinture  fut  décerné  à  Harriot,  âgé  de 
dix-sept  ans,  et  celui  d'architecture  à  Pro- 
tain, alors  soldat  dans  rarfillerie.  Trois 
nouvelles  réunions  du  jury  eurent  lieu  les 
26  pluviôse,  1**^01  11  ventôse,  pour  dis- 
cuter et  approuver  la  rédaction  de  ses  pro- 
cès-verbaux. On  trouve  des  comptes-rendus 
détaillés  de  ces  divers  réunions  dans  le 
Journal  de  la  Société  républicaine  des  arts , 
do  Dotournelle  (bibliothèque  nationale, 
V  42711,  in-8°).  Pour  la  suite,  voir  la 
séance  du  Comité  du  i5  ventôse  (p.  5 4 G). 
Quant  à  la  statue  colossale  du  Peuple, 
lo  ministre  témoigna  de  son  bon  voidoir 
en  faisant  recueillir  les  débris  de  monu- 
ments qui  devaient  on  former  le  piédestal  : 
voir  à  co  sujet  aux  annexes,  B  (p.  218), 
un  (>xtrail  du  procès-verbal  di'  la  séance 
de  la  Connnission  des  arts  du  20  nivôse 
an  II.  Il  sera  do  nouveau  question  do  ce  monu- 
ment dans  la  séance  du  j  j)luviôso  (p.  32  4  ). 
^■^'  Voir  la  noie  3  de  la  page  précédente. 
La  minute  ot  le  registre  ecrixont  ici  (^olintt 


216       PROCÈS-VERBAUX  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

Le  citoyen  Hanin  est  autorisé  à  continuer  à  fournir  à  Baudoin 
les  exemplaires  du  mode  de  division  du  cadran  des  horloges  nécessaires 
pour  être  joints  à  Talmanach^^l 

Un  membre  propose  que  l'on  autorise  l'impression  de  ['Instruction 
sur  les  mesures  déduites  de  la  grandeur  de  la  terre.  Arrêté  qu'Arbo- 
gast  conférera  avec  la  Commission  des  poids  et  mesures  relativement 
au  nombre  des  exemplaires  nécessaires,  et  que  d'autres  imprimeurs 
pourront  en  faire  des  éditions  à  leurs  frais  ^^l 

Sur  la  lettre  de  la  citoyenne  Randelle,  mère  adoptive  du  citoyen 
Sage,  le  Comité  passe  a  Tordre  du  jour,  motivé  sur  ce  que  le  Comité 
de  sûreté  générale  ne  doit  pas  être  interrompu  dans  sa  marche  révo- 
lutionnaire ^-^^ 

Lebrun,  peintre,  demande  des  commissaires  pour  savoir  si  les 
tableaux  qui  forment  la  liste  jointe  à  sa  lettre  pourront  convenir  à 
la  République,  et  en  fixer  le  prix  dans  le  cas  qu'elle  en  fît  Tacqui- 
sition.    David  et  Bouquier  sont  nommés  ^^^. 

David  et  Fourcroy  sont  chargés  de  la  direction  de  la  fête  nationale 
qui  a  lieu  décadi  prochain  ^^l 


au  lieu  de  Colibert;  nous  avons  rectifié  ce 
lapsus. 

(^)  Sur  Hanin,  voir  p.  1 1 ,  note  i,  et 
p.  35.11  sera  de  nouveau  question  de  Hanin 
le  97  nivôse  (p.  299). 

(-)  La  Commission  des  poids  et  mesures, 
créée  par  décret  du  1 1  septembre  1798  et 
substituée  aux  commissions  de  l'Académie 
des  sciences  pour  l'exécution  du  décret  du 
1*"^  août  1793,  devait,  en  exécution  de 
l'article  10  de  ce  dernier  décret,  rédiger 
ffun  livre  à  l'usage  de  tous  les  citoyens, 
contenant  des  instructions  simples  sur  la 
manière  de  se  servir  des  nouveaux  poids  et 
mesures,  et  sur  la  pratique  des  opérations 
aritliméliques  relatives  à  la  division  déci- 
males. C'est  de  ce  livre  qu'il  est  ici  ques- 
tion. Pour  la  suite,  voir  la  séance  du 
1  7  nivôse  (p.  9/17). 

(^)  Sur  Sage  et  la  citoyenne  Randelle, 
voir  notre  tome  II,  p.  81 4.  Il  s'agit  d'une 
nouvelle  lettre  de  la  citoyenne  Randelle, 
transmise  au  Comité  par  la  Commission 
des  arts.  Voir  aux  annexes,  C  (p.  318),  un 


extrait  du  procès-verbal  de  la  séance  de  la 
Commission  des  arts  du  3o  frimaire. 

(^)  Nous  n'avons  pas  trouvé  la  lettre  de 
Lebrun. 

(^)  Le  h  frimaire,  lorsque  Barère  eut 
annoncé  à  la  Convention  la  reprise  de 
Toulon,  l'assemblée  rendit,  au  milieu  de 
transports  d'enthousiasme ,  un  décret  où  on 
lisait,  à  l'article  2  :  «Il  sera  célébré  dans 
toute  l'étendue  de  la  République  une  fête 
nationale,  le  premier  décadi  qui  suivra 
dans  chaque  commune  la  publication  du  pré- 
sent décret.  La  Convention  nationale  assis- 
tera tout  entière  à  cette  cérémonie  civique,  w 
Le  lendemain  5 ,  David  annonça  à  la  Con- 
vention qu'il  avait  préparé  un  projet  de  pro- 
gramme pour  la  fête  à  célébrer  à  Paris  le 
10  nivôse;  l'assemblée  décida  le  renvoi  du 
projet  au  Comité  d'instruction  publique.  Le 
procès-verbal  de  la  séance  du  Comité  du  5  ne 
mentionne  pas  la  communication  du  projet 
de  David;  néanmoins,  le  6,  celui-ci  lut  à 
l'assemblée,  au  nom  du  Comité,  un  rapport 
et  un  projet  de  décret  qui  furent  adoptés. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE. 


217 


Thorin  donne  des  renseignements  sur  le  combustible  propre  à  di- 
minuer la  consommation  du  charbon  de  bois.  Renvoyé  au  Bureau  de 
consultation  ^^\ 

Un  membre  demande  la  radiation  de  toutes  les  inscriptions  exis- 
tantes qui  ne  sont  point  en  langue  française,  et  que  de  semblables 
inscriptions  soient  désormais  proscrites  ^^^. 

Un  membre  propose  le  rapport  de  l'arrêté  qui  consacrait  le  chêne, 
comme  arbre  de  la  Liberté,  pour  ne  pas  gêner  la  liberté  des  citoyens 
des  communes  dans  le  choix  de  ces  arbres  ^^'. 

La  séance  est  levée  à  dix  heures  et  demie  ^^l 


La  fête  du  lo  nivôse,  à  Paris,  fut  très 
solennelle  :  Chénier  composa  pour  la  cir- 
constance un  hymne  (inséré  au  Moniteur  du 

1 0  nivôse  an  ii  )  dont  Gossec  fit  la  musique , 
et  qui  fut  exécuté  au  Champ  de  Mars. 

Nous  donnons  aux  annexes,  D  (p.  219), 
un  extrait  du  compte-rendu  publié  par  le 
Moniteur  des  séances  de  la  Convention  des 
5,6,  7  et  9  nivôse  an  11,  des  extraits  du 
procès-verbal  des  séances  de  la  Convention 
des  8  ventôse  et  7  nivôse  an  11,  ainsi  que 
le  texte  du  rapport  et  du  projet  de  décret 
lus  par  David  le  6  nivôse. 

(')  On  lit  au  registre  des  procès-verbaux 
du  Bureau  de  consultation,  à  la  date  du 
19  nivôse  an  11  :  «Thorin  dit  avoir  trouvé 
une  matière  propre  à  remplacer  les  com- 
bustibles ordinaires.  Le  Bureau  lui  nomme 
pour  commissaires  les  citoyens  Berthollet, 
Desaudray  et  Le  Boy."  Ces  commissaires 
n'ont  pas  présenté  de  rapport  au  Bureau, 

11  sera  de  nouveau  question  de  Thorin  au 
Conuté  le  1*'  pluviôse  (p.  307). 

(')  Le  i5  frimaire,  Boutroue  avait  été 
nommé  rapporteur  d'une  j)élition  deman- 
dant la  suppression  des  inscriptions  latines 
(p.  69).  Il  est  probable  que  le  membre 
qui  intervient  ici  est  Grégoire  :  car  c'est 
Grégoire  que  nous  verrons  lo  19  nivôse 
faire  adopter  au  Comité  un  projet  de  dé- 
cret relatif  aux  inscriptions  des  monuments 
publics  (p.  257). 


^^^  C'est  dans  la  séance  du  3  nivôse  que 
Grégoire  avait  fait  adopter  au  Comité  l'ar- 
ticle 1*'  d'un  projet  de  décret  qui  disait  : 
«Le  chêne  est  l'arbre  de  la  Liberté?'.  Le 
procès-verbal  du  Comité  no  dit  pins  rien 
à  ce  sujet.  Mais  nous  savons  que  la  Con- 
vention vota ,  dans  lo  courant  de  nivôse,  un 
décret  sur  les  arbres  de  la  Liberté,  où  il 
n'est  en  effet  pas  question  du  chêne.  Ce 
décret  ne  figure  ni  au  procès- verbal  de 
l'assemblée,  ni  au  Moniteur;  on  le  trouve, 
sans  date,  parmi  les  «décrets  omis  dans 
les  numéros  précédents^,  à  la  fin  du 
n"  /igi  du  Journal  des  débats  et  des  décrets, 
correspondant  au  ^  pluviôse  an  11.  Grégoire 
fit  imprimer  plus  tard,  en  son  nom  per- 
sonnel, un  Essai  historique  et  patriotique 
sur  les  arbres  de  la  Liberté,  qu'il  présenta 
à  la  Convention  le  19  germinal  an  11.  Dans 
ses  Mémoires,  Grégoire  s'est  accusé  d'avoir, 
ou  écrivant  cet  Essai,  «franchi  les  bornes 
de  la  modération  démocratique n.  Nous 
donnons  aux  annexes,  E  (p.  3a3),  le  dé- 
cret sur  les  arbres  de  la  Liberté,  un  extrait 
du  procès-verbal  de  la  séance  do  la  Con- 
vention du  12  germinal  an  11,  un  pas- 
sage des  Mémoires  de  Grégoire,  et  quol(|uos 
extraits  caractéristicjues  do  VEssai  sur  les 
arbres  de  la  Libnté. 

^*'  Pas  (le  signature,  ni  à  la  un'nute  ni 
au  registre.  La  minute  est  de  la  main  de 
Daoust. 


218      PROCÈS -VERBAUX  DU  COMITÉ  DÎNSTRUGTIÔN  PUBLIQUE 


PIECES  ANNEXES. 


On  lit  dans  le  registre  des  procès-verbaux  de  la  Commission,  des  arts  : 

Sëance  (lu  3o  frimaire,  l'an  2"  de  la  République. . 

Lo  citoyen  Cbarles  Desaudray,  administrateur  g"(^néral  [du  Lyce'e  des  arts^^'], 
a  écrit  à  la  Convention  nationale  [en  brumaire  ^^^]  pour  la  prier  de  faire  veiller  par 
un  ou  deux  artistes  à  la  conservation  de  chaque  sorte  de  métier  et  de  chaque  es- 
pèce de  perfectionnement  que  présentent  les  manufactures  de  Commune-Affran- 
chie. La  Connnission,  après  avoir  entendu  la  lecture  de  la  lettre  du  citoyen  Desau- 
(h"ay,  qui  lui  avait  été  envoyée,  arrête  que  le  Comité  d'instruction  publique  sera 
invité  à  prendie  en  considération  les  sages ol^servalions  que  ladite  lettre  contient  ^"^^ 


On  lit  dans  le  registre  des  procès-verbaux  de  la  Commission  des  arts  : 

Séance  du  90  nivôse,  l'an  2'  de  la  République. 

Le  ministre  de  l'intérieur  demande  que  la  Commission  nomme  deux  de  ses 
membres  pour  faire  le  triage  des  débris  gothiques  qui  doivent  être  placés  sous  la 
statue  colossale  du  Peuple  français.  La  Commission  nomme  pour  cet  objet  Leblond 
et  Lebrun. 

Le  citoyen  Sollier,  entrepreneur  chargé  des  démolitions  de  monuments,  est  ad- 
mis. II  présente  une  autorisation  du  ministre  de  l'intérieur  pour  enlever  les  mo- 
numents dont  les  débris  doivent  être  placés  sous  la  statue  colossale  du  Peuple 
français.  Il  demande  s'il  peut  continuer  le  travail.  Renvoyé  aux  citoyens  Leblond  et 
Lebrun ,  commissaires  pour  cet  objet ^'^ 

C 

On  lit  dans  le  registre  des  procès-verbaux  de  la  Commission  des  arts  : 

Séance  du  3o  frimaire,  l'an  9*  de  la  République. 

Le  président  fait  part  d'une  lettre  de  la  citoyenne  Randelle,  mère  adoplive  du 
citoyen  Sage,  professeur  de  minéralogie  et  des  essais  à  la  Monnaie,  par  laquelle 
elle  fait  part  du  vœu  de  ce  savant  pour  qu'il  puisse  faire  son  cours  de  minéralogie 
et  de  docimasie  à  la  Monnaie  avec  un  garde  pendant  la  durée  ordinaire  de  ce 

'•)  Les  mois  entre  crochets  sont  ajoutés  par  nous.  —  ^^)  Voir  t.  II,  p.  750.  —  ^^^  Ar- 
chives nationales,  F''*  7,  foiio  1  1,  vorso.  —  W   Jhul,,  F"*  7,  folio  17,  recto. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE. 


219 


cours.  La  Commission  des  arts  appuie  fortement  cette  pétition  et  invite  h  Comité 
d'instruction  publique  de  la  prendre  en  considération,  et  d'agir  soit  auprès  du 
Comité  de  sûreté  générale,  soit  auprès  de  la  Convention,  pour  obtenir  soit  l'objet 
utile  de  la  pétition,  soit  le  prompt  examen  et  le  rapport  de  l'affaire  du  citoyen 
Sage  par  le  Comité  de  sûreté  générale '^^ 


On  lit  dans  le  Moniteur  : 

Convention  nationale,  séance  du  5  nivôse. 

David.  Citoyens,  aussitôt  que  votre  Comité  de  salut  public  vous  a  annoncé  les 
victoires  que  les  armées  de  la  République  ont  remportées  sur  les  brigands  qui  dé- 
fendaient Toulon,  je  me  suis  renfermé  cliez  moi;  je  vous  apporte  mes  idées  sur 
la  fête  nationale  que  vous  avez  décrétée. 

Je  ne  viens  pas  vous  reproduire  aujourd'hui  les  détails  intéressants  que  nous  a 
donnés  hier  le  Comité  de  salut  public  sur  la  victoire  de  Toulon;  elle  a  rempli 
(l'ivresse  le  cœur  du  véritable  républicain.  Cet  événement  aura  tant  d'influence 
sur  le  succès  de  la  guerre  que  je  n'hésite  pas  à  le  regarder  comme  le  présage  heu- 
reux de  nos  victoires:  il  nous  rappelle  nos  glorieux  exploits;  il  doit  naturellement 
attirer  nos  regards  sur  nos  armées,  qui  toutes  se  sont  couvertes  de  gloire.  Il  ne 
suffit  pas  de  chanter  les  succès  des  défenseurs  de  la  Liberté,  il  faut  les  célébrer '^^; 
il  est  temps  que  la  Convention  nationale  apprenne  à  la  France  que  sa  reconnais- 
sance n'a  point  de  bornes  envers  les  soldats  de  la  patrie,  et  que  ses  promesses  ne 
sont  point  un  vain  mot. 

David  lit  un  projet  de  décret  et  le  programme  de  la  fête  qui  doit  être  célébrée 
décadi  prochain. 

La  Convention  nationale  en  décrète  le  renvoi  à  son  Comité  d'instruction  pu- 
blique, qu'elle  charge  de  se  concerter  avec  David  ^^^' 


^')  Archives  nationales,  F^"*  7,  folio  i3, 
recto.  —  La  Commission  des  arts  s',^tait  déjà 
occupée  de  Sage  dans  sa  séance  du  2  5  bru- 
maire, et  avait  une  première  fois  prié  le 
(lomilé  d'instruction  publique  d'intervenir 
en  sa  laveur  auprès  de  la  Convention 
(F''*  7,  folio  8,  verso). 

^^'  Co  mol  ff célébrer»  est  certainement 
une  faute  d'impression.  Si  l'on  rapproche  ce 
texte  de  celui  que  David  a  puhlié  lui-même 
et  qu'on  trouvera  plus  loin,  on  voit  que 
c'est  le  mot  fr récompenser»  qu'il  faudrait 
ici. 

^')  Moniteur  du  7  nivôse  au  11,  p.  .'}()i. 
—  Le  procès-verhal  de  la  séance  du  5  ni- 
vôse représente  les  choses  autrement  ; 
d'après  lui,  ce  no  serait  pas  en  son   nom 


personnel  que  David  aurait  parlé,  mais 
comme  organe  du  Comité.  Ou  y  lit  :  «Le 
Comité  d'instruction  publique  présente  un 
projet  de  décret  relativement  à  la  fête  qui 
doit  être  célébrée  en  l'honneur  du  succès 
des  armes  de  la  République.  L'assemblée 
en  ajourne  la  discussion  au  lendemain.» 
(Procès-verbal  de  la  Convention,  t.  WVIII, 
p.  joo.)  Nous  sommes  disposé  à  croire  (pu^ 
le  l'écit  du  Moniteur,  plus  explicite ,  conllrmé 
par  le  Journal  des  débats  et  des  décrets 
(n"  'i()3,  p.  78),  représente  les  choses 
comme  elles  se  sont  réellement  passées, 
d'autant  plus  (|ue  le  procès-verbal  de  la 
Convention  se  trouve  en  définit  pivcisé- 
nient  au  sujet  du  décret  relatif  à  cette  fêle 
pour  la  rp[)rise  de  Toulon,  décret    qu'on 


220       PROCÈS- VERBAUX  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

Convention  nationale,  séance  du  6  nivôse. 

David,  au  nom  du  Comité  d'instruction  publique,  présente  le  plan  de  la  fête 
nationale  qui  doit  avoir  lieu  décadi  prochain,  et  fait  adopter  le  décret  suivant  : 

ffARTicLE  PREMEER.  La  prise  de  Toulon  et  toutes  les  victoires  remportées  dans 
cette  campagne  seront  célébrées  par  une  fête  nationale. 

ctArt.  2.  Cette  fête  aura  lieu  dans  chaque  commune  le  décadi  après  la  publica- 
tion du  présent  décret. 

ffÂRT.  3.  Les  citoyens  blessés  dans  les  combats  auront  une  place  distinguée  dans 
cette  fête  ^'N. 

La  Convention  renvoie  à  son  Comité  des  finances  la  proposition  faite  par  Da- 
vid de  doter  les  filles  des  citoyens  morts  pour  la  patrie  ^^\ 

La  disposition  portant  que  les  fdles  des  citoyens  moris  pour  la  patrie  seraient  dotées 
par  la  République  formait  i'arlicle  h  du  projet  de  décret  présenté  par  David  au  nom  du 
Comité ,  ainsi  que  cela  ressort  du  procès-verbal  de  la  séance  de  la  Convention  du  7  nivôse. 

Le  procès-verbal  de  la  Convention  du  6  nivôse  ne  fait  aucune  mention  du  projet  de 
décret  lu  par  David  au  nom  du  Comité  d'instruction  publique,  dont  les  trois  premiers 
articles  furent  adoptés  et  le  quatrième  renvoyé  au  Comité  des  finances.  Cette  omission  fut 
réparée  deux  mois  plus  lard.  On  lit  en  effet  ce  qui  suit  au  procès-verbal  du  8  ventôse  : 

Séance  du  8  ventôse  an  n. 

Un  membre  expose  que  dans  le  procès-verbal  de  la  séance  du  6  nivôse  on  a 
oublié  d'insérer  les  trois  premiers  articles  d'un  décret  présenté  par  le  Comité  d'in- 
struction publique,  pour  faire  ordonner  la  célébration  d'une  fête  nationale  en 
l'honneur  de  la  reprise  de  Toulon  :  il  donne  lecture  de  ces  trois  premiers  articles. 

La  Convention  les  adopte  ^^^  et  décrète  qu'ils  seront  rétablis  dans  le  procès- 
verbal  de  la  séance  d'aujourd'hui ,  en  ces  termes  ; 

ffLa  Convention  nationale,  après  avoir  entendu  le  rapport  de  son  Comité  d'in- 
struction publique,  décrète  : 

fr  Article  premier.  La  reprise  de  Toulon  et  les  autres  victoires  remportées  par 
les  armées  de  la  République  dans  le  cours  de  cette  campagne  seront  célébrées 
par  une  fête  nationale. 


oublia  d'insérer  dans  le  procès-verbal  du 
6  nivôse,  et  qui  dut  être  rétabli,  deux 
mois  plus  tard,  dans  celui  du  8  ventôse. 
^')  La  rédaction  que  donne  le  Moniteur 
de  ces  trois  premiers  articles  du  décret  pré- 
sente quelques  différences  avec  la  version 
officielle,  qu'on  trouvera  plus  loin.  Cela 
s'explique  par  le  fait  que  le  rédacteur  du 
Moniteur  fut  obligé  de  saisir  au  vol  le  texte 


du  décret,  celui-ci  n'ayant  pas  été  imprimé 
dans  le  Feuilleton  ni  inséré  au  procès- 
verbal. 

(^)  Moniteur  du  8  nivôse  an  n,  p.  896. 

(^)  L'emploi  de  cette  formule  est  dû  à 
uue  inadvertance  du  secrétaire.  La  Con- 
vention n'avait  pas  à  «adopter 75  les  trois 
articles,  puisqu'ils  avaient  été  adoptés  le 
6  nivôse. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  221 

ffART.  2.  Celte  fête  aura  lieu  dans  toute  Tétendue  de  la  République,  le  premier 
décadi  qui  suivra  la  publication  du  présent  décret  dans  chaque  commune. 

ffART.  3.  Les  soldats  qui  ont  versé  leur  sang  pour  la  République  auront  une 
place  distinguée  dans  cette  fête  ^^Kn 

Dans  la  séance  du  7  nivôse,  un  membre  proposa  que  rarlicle  U  du  projet  fût  remplacé 
par  une  disposition  nouvelle  dont  il  fit  lecture,  et  dont  la  rédaction  fut  renvoyée  au 
Comité  d'instruction  publique;  et  deux  autres  membres,  revenant  sur  cet  article  /i,  pro- 
posèrent d'en  préciser  et  d'en  étendre  les  dispositions.  Le  Moniteur  ne  parle  pas  de  cet 
incident;  mais  voici  ce  qu'en  dit  le  procès-verbal  : 

Séance  du  7  nivôse  an  11. 

Un  membre  propose,  au  lieu  de  l'article  U  du  décret  sui-  la  fête  nationale  qui 
doit  avoir  lieu  décadi  procbain^^',  la  rédaction  suivante  : 

ffLes  noces  des  défenseurs  de  la  République  blessés  dans  les  combats  seront  cé- 
lébrées les  décadis  dans  les  communes  où  ils  se  trouvent,  en  présence  des  auto- 
rités constituées.  « 

Cette  rédaction  est  renvoyée  au  Comité  d'instruction  publique  ^^^ 

Un  membre  propose  de  faire  participer  à  la  reconnaissance  nationale  les  filles 
des  citoyens  morts  en  défendant  la  patrie,  en  leur  donnant,  à  titre  de  dot,  une 
pension  de  cinq  cents  livres.  Un  autre  membre  propose  d'étendre  cet  acte  de  jus- 
tice a  tous  les  orpbelins  des  défenseurs  morts  dans  les  combats.  La  Convention 
nationale  renvoie  ces  propositions  à  l'examen  du  Comité  des  finances,  qui  en  fera 
incessamment  un  rapport  ^*'. 

Il  est  probable  que  le  8  nivôse  le  Comité  d'instruction  publique  présenta  une  rédaction 
définitive  de  l'article  h  ,  et  que  le  décret  fut  alors  adopté  dans  son  ensemble;  mais  le  pro- 
cès-verbal et  les  journaux  ne  mentionnent  pas  ce  détail. 

Enfin,  le  9  nivôse,  un  membre  signala  une  omission  faite  par  David  dans  le  programme 
(pi'il  avait  élaboré  pour  la  fête  :  il  avait  oublié  d'associer  la  flotte  aux  honneurs  rendus  aux 
armées  de  la  République.  C'est  le  Moniteur  qui  nous  fait  connaître  cet  incident;  voici  son 
compte-rendu  : 

Convention  nationale,  séance  du  9  nivôse. 

***  Dans  la  fête  que  célèbre  demain  la  comnume  de  Paris,  et  h  laquelle  doit 
assister  la  Convention,  quatorze  chars  doivent  ligurer  les  quatorze  armées  de  la 
République.  David  a  omis  la  reprtfsentation  de  l'armée  navale ,  et  cependant  elle 
n'a  pas  moins  bien  mérité  de  la  patrie ,  en  concourant  à  la  défense  de  nos  ports  et 
de  nos  côtes.  Je  demande  que  cette  omission  soit  réparée. 

David.  Cet  oubli  a  été  de  ma  part  bien  involontaù'o;  il  n'a  fallu  que  m'en  faire 

^'^  Procès- verbal    de    la     Convention,  patrit^  seraient  dotées  par  la  République, 

t.  XXXII,  p.  a88.  ^'^  Le  Comité  moditia  cette   rédaction, 

(^^  Cet  article   /i ,  renvoyé  la   veille  au  comme  on  le  verra  plus  loin  (p.  j-ia). 

Comité  des  finances,  perlait,  comme  on  l'a  ^*^   Procès-verbal     de    la     Convention, 

vu,  que  les  filles  des  citoyens  morts  pour  la  t.  XXVlll,  pages  id6,i-J7. 


22^2      PROCÈS -VERBAUX  DU  COMITE  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

apercevoir  pour  qu'il  lût  re'paré.  Il  y  a  chez  Pache  un  vaisseau  ofl'erl  d'abord  h 
Pe'tion ,  mais  purifié  depuis  en  passant  dans  les  mains  d'un  maire  patriote.  On  le 
portera  à  la  fêle,  avec  cette  inscription  :  Armée  navale.  (On  applaudit ^'^) 

Voici  le  texte  du  rapport  de  David  : 

RAPPORT  FAIT  PAR  DAVID,  AU  NOM  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE,  EN 
MÉMOIRE  DES  VICTOIRES  DES  ARMEES  FRANÇAISES,  ET  NOTAMMENT  A  L'OC- 
CASION    DE    LA     PRISE    DE    TOULON. 

De  l'Imprimerie  nationale,  s.  d.^^^ 

Je  ne  viens  point  reproduire  ici  les  détails  si  intéressants  que  vous  a  donnés 
hier  votre  Comité  de  salut  public  sur  la  victoire  de  Toulon;  elle  a  rempli  d'ivresse 
tous  les  cœurs  répubhcains^^^  Cet  événement  est  si  grand,  il  aura  tant  d'influence 
sur  le  sort  de  la  guerre,  que  nous  l'avons  considéré  comme  le  présage  de  toutes 
les  victoires;  il  réveille  surtout  en  nous  le  souvenir  de  nos  succès  passés  ;  il  attire 
nos  regards  sur  toutes  les  armées  de  la  République;  il  n'en  est  aucune  qui  ne  se  soit 
couverte  de  gloire.  II  est  temps  de  célébrer  nos  triomphes;  il  ne  suffit  pas  de 
chanter  les  exploits  des  braves  défenseurs  de  la  liberté,  la  nation  doit  les  consa- 
crer par  des  récompenses.  Quelle  que  soit  la  carrière  qui  nous  reste  à  parcourir, 
que  la  distribution  de  ces  récompenses  commence  aujourd'hui  ^*\  et  que  la  justice 
nationale  apprenne  h  l'Europe  entière  que  la  patrie  n'est  pas  un  vain  nom,  ni  la 
reconnaissance  nationale  une  promesse  impuissante  et  stérile. 

PROJET    DE    DÉCRET. 

Article  premier.  La  reprise  de  Toulon  et  les  autres  victoires  remportées  par 
les  armées  de  la  République  dans  le  cours  de  cette  campagne  seront  célébrées 
par  une  fête  nationale. 

Art.  2.  Cette  fête  aura  lieu  dans  toute  l'étendue  de  la  République ,  le  premier 
décadi  qui  suivra  la  publication  du  présent  décret  dans  chaque  commune. 

Art.  3.  Les  soldats  qui  ont  versé  leur  sang  pour  la  République  auront  une 
place  distinguée  dans  cette  fête. 

Art.  U.  La  Convention  nationale  invite  les  corps  administratifs  et  officiers  mu- 
nicipaux à  honorer  les  noces  des  filles  qui  choisiront  pour  époux  les  défenseurs  de 
la  République  blessés  dans  les  combats  ^^^ 

^^^  Moniteur  du  i  o  nivôse  an  n ,  p.  /io3.  ^*^  Cette  phrase  fait  évidemment  allusion 

^-)  Bibliothèque     nationale,    Le'^GaS,  à  l'article  /i  du  projet  primitif,  qui  dotait 

in-8\  les  filles  des  citoyens  morts  pour  la  patrie. 

^^)  On  voit  que  ce  rapport  est  la  repro-  Cette  disposition  ayant  disparu  du  décret, 

duction  pure  et  simple  des  paroles  pronon-  la  phrase  n'a  plus  de  raison  d'être, 

cées  par  David   le   5    nivôse,  et  publiées  '^^'   Cet  article  est  celui  qui  a  été  sub- 

déjà  par  le  Moniteur  avec  quelques  dillé-  stitué,  le  7  nivôse,  à  l'article  primitif  pro- 

rences  de  rédaction.                               •  posé  par  David  et  qui  dotait  les  filles  des 


DE  LA  GONVEIVTION  NATIONALE. 


223 


A  la  suite  du  décret  vient  le  programme  de  la  fête,  que  nous  ne  reproduisons  pas:   il 
est  accompagné  des  paroles  de  l'hymne  composé  par  Chénier^^^. 


Le  Journal  des  débats  et  des  décrets  donne,  sans  date,  le  décret  ci-après  sur  les  arbres 
de  la  Liberté ,  qui  ne  se  trouve  pas  au  procès-verbal  de  la  Convention  : 

ffLa  Convention  nationale  décrète  que,  dans  toutes  les  communes  de  la  Re'pu- 
blique  française  oiî  l'arbre  de  la  liberté  aurait  péri,  il  en  sera  planté  un  d'ici  au 
1  " germinal.  Elle  confie  cette  plantation  et  son  entretien  aux  soins  des  bons  citoyens, 
afin  que  dans  chaque  commune  l'arbre  de  la  liberté  fleurisse  sous  l'égide  de  la 
liberté  française  ^^^  fl 


On  lit  dans  les  procès-verbaux  de  la  Convention  : 

Séance  du  1 2  germinal  an  11. 

Le  représentant  du  peuple  Grégoire  ofire  à  la  Convention  nationale  un  Essai 
historique  et  patriotique  sur  les  arbres  de  la  Liberté.  Mention  honorable ,  insertion 
au  Bulletin,  renvoi  au  Comité  de  salut  public ^'^ 

On  lit  à  ce  sujet  dans  les  Mémoires  de  Grégoire  : 

Plusieurs  objets  nouveaux  avaient  attiré  l'attention  du  Comité ,  qui  m'avait  chargé 
de  les  traiter  :  tels  (|ue  les  inscriptions  des  monuments  publics,  les  dénominations 
topographiques,  l'établissement  de  fermes  expérimentales,  et  un  ouvrage  sur  les 
arbî^es  de  la  Liberté  où,  dans  (juelques  phrases,  j'ai  franchi  les  bornes  de  la  mo- 
dération démocratique;  mais  la  haine  de  la  royauté  les  dictait ^''^.  La  Chétardie,  en 


citoyens  morts  en  défendant  la  patrie.  La 
rédaction  du  nouvel  article  avait  été  ren- 
voyée au  Comité  d'instruction  publique, 
qui  lui  a  fait  subir  des  modifications. 

^'^  Le  Moniteur  a  publié  le  raj)porl  de 
David  et  le  programme  de  la  fête  dans  son 
numéro  du  1 1  nivôse;  il  avait  déjà  inséré 
l'hymne  de  Chénier  dans  son  nnméro  du 
10  nivôse.  H  y  a  (pieiquos  dilTérenccs  entre 
le  texte  de  l'hymne,  tel  que  l'a  donné  le 
Moniteur,  et  la  version  injpriuiéc  dans  la 
pièce  ollicielle  à  la  suite  du  rapport,  en 
particulier  dans  la  dernière  stroplie. 

^^)  Journal  des  débats  et  rfe.s  décrets ,  1 1"  /k|  1 
(correspondant  au  d  pluviôse  an  11),  p.  /i8. 

^'^  Procès-verbal  de  la  Convention , 
t.  XXXIV,  p.  3 18. 


^''^  D'après  une  note  d'Hippolyte  Carnot , 
Grégoire  aurait  essayé,  dans  sa  vieillesse, 
de  rejeter  la  responsabilité  de  ces  passages 
sur  uno  main  étrangère  qui  les  aurait  in- 
troduits à  son  Insu  dans  son  texte.  «Gré- 
goire, dit  H.  Carnot,  signale  dans  cet 
ouvrage,  comme  dans  plusieurs  de  ses  dis- 
cours, des  altérations  et  inlcrpolafioiis  (pii, 
selon  lui,  sont  le  lait  dos  commis  auxquels 
la  correction  des  épreuves  était  confiée,  r» 
{Mémmrcs  do  (irégoire,  introduction ,  p.  85 , 
note.)  Mais  dans  l'extrait  de  ses  Mémoires 
quo  nous  transcrivons,  Grégoire,  on  le 
voil^  n'a  pas  recours  à  en  putril  sul»leiliige, 
et  se  recoiuuu't  netleniont  l'aulenr  des  pas- 
sages qu'il  condamne. 


224       PROCÈS-VERBAUX  DU  COMITÉ  ^INSTRUCTION  PUBLIQUE 

pareil  cas,  so  serait  jiislifié  en  disant  :  ffQiielqiie  sagesse  qu'on  ait,  elle  ne  suffît 
pas  pour  vivre  tranquillement  avec  des  fous^^^w 

VEssai  de  Grégoire  parut  au  commencement  de  germinal,  sous  ca  iitre  :  vEssai  Itisto- 
rique  et  patriotique  sui'  les  arbres  de  la  Liberté,  par  Grégoire,  membre  de  la  Convention 
nationale;  à  Paris,  chez  Descnne,  libraire,  maison  Égalité;  chez  Bleuet  et  chez  Firmin 
Didol,  libraires,  rue  de  Thionville;  an  ii'  de  la  République  française;?'  petit  in- 12  de 
68  pages ^*).  Les  passages  où  Grégoire  reconnaît  avoir  «franchi  les  bornes  de  la  modé- 
ration ??  se  trouvent  dans  le  chapitre  vi  et  dernier,  intitulé  :  ff Réflexions  civiques  sur  l'arbre 
de  la  Liberté î5.  Voici  quelques  extraits  de  ce  chapitre  : 

Tout  ce  qui  est  royal  ne  doit  figurer  que  dans  les  archives  du  crime.  La  des- 
truction d'une  b(5te  féroce,  la  cessation  d'une  peste,  la  mort  d'un  roi,  sont  pour 
riiumanilé  des  motifs  d'allëgresse.  Tandis  que  par  des  chansons  triomphales  nous 
célébrons  l'époque  oii  le  tyran  monta  sur  l'échafaud,  l'Anglais  avili  porte  le  deuil 
anniversaire  de  Charles  premier,  l'Anglais  s'incHne  devant  Tibère  et  Séjan  :  mais 
la  liberté  plane  sur  les  montagnes  de  l'Ecosse  ^^^;  les  ombres  de  Sidney,  de  Pym  et 
de  Hampden  errent  autour  des  défenseurs  de  l'éternelle  justice. 

Quoique  le  Parlement  britannique  soit  vendu  a  l'iniquité',  c'est  peut-être  de  son 
sein  même  que  s'échappera  le  signal  d'une  révolution  nouvelle;  car  il  renferme 
quelques  philosophes  amis  de  la  vertu  et  des  droits  du  peuple.  Ah  I  qu'ils  ne  se 
découragent  point;  qu'ils  aient  une  marche  intrépide  et  concertée;  la  massue  de  la 
vérité  est  en  leurs  mains;  avec  elle  ils  terrasseront  les  brigands  de  la  cour  de  Saint- 
James  et  planteront  sur  les  cadavres  sanglants  de  la  tyrannie  Yarbre  de  la  Liberté, 
qui  ne  peut  prospérer  s'il  n'est  arrosé  du  sang  des  rois. 

La  main  impure  de  Capet  avait  déshonoré  un  arbre  planté  dans  le  jardin  na- 
tional au  nom  de  la  liberté  qu'il  voulait  assassiner  :  la  Convention  nationale  a 
autorisé  les  jeunes  orphehns  des  défenseurs  de  la  patrie  à  le  renverser  pour  lui  en 
substituer  un  autre  ^'^ .  .  . 

L'arbre  de  la  Liberté  s'élève  sur  les  sommets  des  Alpes;  un  jour  il  ombragera 
le  front  sourciUeux  de  l'Apennin;  l'Italie  relèvera  sa  tête  humiliée,  et  le  siècle  nou- 
veau qui  va  naître  sera  sans  doute  l'époque  de  son  réveil.  Les  peuples  tourneront 
alors  leurs  regards  affectueux  vers  la  France ,  vers  la  France  qui  venge  leurs  droits 
et  proclame  leur  imprescriptible  souveraineté.  Alors  ils  courront  aux  armes  pour 
exterminer  jusqu'au  dernier  rejeton  de  la  race  sanguinaire  des  rois,  et  l'arbre  de 
la  Liberté,  indigène  parmi  nous  sous  tous  les  rapports,  s'acclimatera  dans  des  con- 
trées lointaines,  et  couvrira  de  ses  rameaux  les  rives  du  Bosphore  et  celles  de  la 
Neva. 

^•)  Mémoires  de  Grégoire,  1. 1",  p.  35g.  ^''^  Allusion  à  la  Convention  britannique 

^"^^  Bibliothèque  nationale,  Li^^jg,  in-  réunie  à  Edimbourg  en  novembre  et  dé- 

13.  L'un  des   exemplaires    de  la  Biblio-  cembre  1798,  sous  la  présidence  de  M ar- 

thèque  (celui  qui  est  broché)  porte  cette  garot. 

dédicace  de  la  main  de  l'auleur  ;  te  Pour  la  ^*)  Décret  du  3  pluviôse.  (Note  de  Gré- 

bibliotèque  (sic)  nationale.  Grégoire.»  goire.) 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE. 


22i 


CENT   SOIXANTE-QUINZIEME    SEANCE. 

Du  9  nivôse  an  ii.  [29  décembre  1793.] 

Azémar,  au  nom  des  propriétaires  et  concessionnaires  d'une  mine 
de  fer  très  riche  située  dans  la  commune  de  la  Voulte,  district  de 
Goiron ,  département  de  l'Ardèche ,  demande  à  être  autorisé  à  faire  faire 
dans  la  fonderie  du  Creusot,  département  de  Saône-et- Loire,  l'essai 
en  grand  de  cette  mine  de  fer.  Renvoyé  au  Comité  d'agriculture  ^'^ 

Vincent,  élève  et  successeur  de  Cartier,  soumet  au  Comité  l'examen 
de  son  oïnomètre,  instrument  destiné  à  connaître  la  pesanteur  spéci- 
fique des  sels,  vins  et  eaux-de-vie,  pour  arrêter  la  cupidité  des  mar- 
chands de  vins.  Renvoyé  aux  commissaires  des  poids  et  mesures  ^^^ 

Desaudrav  invite  les  membres  du  Comité  à  la  onzième  assemblée 
[)ublique  du  Lycée  des  ar(s,  destinée  à  célébrer  la  prise  du  port  de  la 
Montagne  (ci-devant  Toulon);  il  rappelle  dans  le  post-scriptum  une 
pétition  par  lui  faite  à  la  Convention  nationale.  Le  Comité  passe  à 
l'ordre  du  jou'r^^^ 

La  Société  populaire  et  le  corps  constitué  de  la  commune  d'Argen- 
teuil  demandent  l'établissement  d'une  société  d'agriculture  dans 
chaque  département  ou  district.  Renvoyé  au  Comité  d'agriculture  ^^\ 

Darrieux  et  Saulnier,  rue  de  Lancri,  n"'  3  et  5 ,  auteurs  de  la 
Journée  du  10  août  ijg^,  écrivent  qu'ils  craignent  que  l'Opéra  ne 
trouve  des  moyens  d'éluder  la  représentation  de  cette  pièce,  qu'ils  di- 
sent être  connue  de  Danton,  Merlin  de  Thionville  et  autres  députés. 


^^)  Nous  n'avons  trouvé  aucun  détail  sur 
cette  demande  et  sur  la  suite  qui  a  pu  lui 
être  donnée. 

^^^  Dans  une  annonce  insérée  dans  le 
Moniteur  du  aS  avril  1791,  Vincent,  «élève 
et  successeur  de  M.  Cartier'7,  apprend 
au  public  que,  «par  un  travail  assidu  île 
près  de  quatre  ans,  il  a  non  seulemeni 
perfectionné  les  aréomètres  à  eau-de-vie, 
mais  encore  découvert:  le  moyen  de  faire 
des  oino/nèires  ou  pèse-vins,  propres  à  faire 
connaître  le  plus  ou  moins  d'esprit  contenu 
dans  los  vins...    Ils   se   vendent    à   Paris 


chez  l'auteur,  rue  de  la  Harpe,  près  celle 
Saint-Séverin,  maison  du  marchand  épicier, 
à  la  Téle-Noire,  n"  h. y) 

^^^  Nous  ne  savons  quelle  est  la  pétition 
de  Desaudrav  à  laquelle  il  est  fait  ici  allu- 
sion. Il  s'ajjit  sans  doute  d'une  demande  de 
suI>V(Mili()n  eu  laveur  du  Lyci'e  des  ai'Is.  Sur 
Desaudrav,  voii'  ci-dessus  p.  28,  note   :i. 

^'^  La  petit  ion  de  la  connnune  d'Ar<pMi- 
teuil  a\ait  été  présentée  à  la  (Àmvenlion  le 
iG  frimaire  (Procès- verbal,  I.  WVll. 
p.  10).  Mous  n'avons  pas  Irtune  ctMle  pièce 
aux  Archives  naiiiinales. 


m. 


1  .> 

lurmuinii     ^«Il 


226      PROCÈS -VERBAUX  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

Ils  désirent  que  le  Comité  donne  des  ordres  pour  la  faire  jouer.  Ren- 
voyé au  Comité  de  salut  public  ^^\ 

Le  Maignan  propose  un  plan  d'éducation  pour  les  jeunes  citoyennes, 
suivant  celui  de  notre  Constitution.  Jay  est  rapporteur  ^^\ 

Le  général  de  brigade  La  Roche,  chef  de  l'état-major  de  l'armée 
des  Pyrénées  Occidentales,  transmet  un  trait  de  courage  digne  d'être 
consigné  dans  les  Annales  du  civisme.  La  lettre,  renvoyée  par  le  Co- 
mité de  salut  public  au  Comité,  est  renvoyée  à  la  commission  des  An- 
nales du  civisme  ^^\ 

Sur  la  motion  d'un  membre,  l'on  met  aux  voix  la  question  sui- 
vante :  les  meilleures  méthodes  d'apprendre  aux  enfants  i**  a  lire, 
2**  à  écrire,  3°  à  compter  doivent-elles  être  les  premiers  objets  dont  on 
doive  s'occuper  pour  les  écoles  primaires?  L'affirmative  est  adoptée. 

On  propose  encore  d'exposer  au  Comité  les  bases  d'après  lesquelles 
doivent  être  composés  non  seulement  les  méthodes  ci-dessus,  mais 
encore  les  ouvrages  qui  doivent  guider  les  instituteurs  et  les  mères 
dans  les  parties  respectives  d'éducation  qui  leur  sont  confiées  ^^\ 

Guyton  et  Fourcroy  sont  chargés  de  proposer  au  Comité  les  moyens 
les  plus  convenables  d'enterrer  les  corps  qui,  dans  la  Vendée  et  ail- 
leurs, ne  l'ont  point  été  et  qui,  faute  d'inhumation,  pourraient  causer 
desé|  idémies^^^. 

La  séance  a  été  levée  à  dix  heures  et  demie  ^^\ 


^^)  Guillaume  Saulnier,  auteur  drama- 
tique, a  écrit  de  nombreux  opéras.  La 
Journée  du  lo  août ,  qu'il  fit  en  collabora- 
tion avec  Darrieux,  est  un  «drame  en 
quatre  actes  et  en  prose,  mêlé  de  chants 
et  de  déclamations  (Quérard).  Nous  n'avons 
rien  trouvé  sur  cette  affaire. 

(-^  Le  plan  d'éducation  de  la  citoyenne 
Le  Maignan  avait  déjà  été  présenté  au  Co- 
mité le  2  1  du  premier  mois  (t.  II,  p.  6o8). 

(•^^  Nous  n'avons  pas  trouvé  la  lettre  de 
La  Roche. 

^*^  Le  Comité  ne  s'était  plus  occupé  des 
livres  élémentaires  depuis  sa  séance  du 
1 1  brumaire  (t.  II,  p.  798),  dans  laquelle 
Romme  et  Basire  avaient  été  nommés  com- 
missaires pour  faire  un  rapport  dès  la  séance 
suivante,  décision  qui  resta  inexécutée.  La 
discussion  sera  continuée  le  1 9  nivôse  (p.  2  56). 


^^^  Romme  avait  proposé  à  la  Convention, 
la  veille,  que  le  Comité  d'instruction  publique 
fût  chargé  d'indiquer  les  précautions  à  pren- 
dre pour  l'enterrement  des  cadavres  dans  la 
Vendée,  afin  d'éviter  les  maladies  conta- 
gieuses. Cette  question  n'est  pas  revenue  à 
l'ordre  du  jour  du  Comité.  Le  20  ventôse, 
à  l'occasion  d'une  lettre  adressée  à  la  Con- 
vention, l'assemblée  chargera  le  Comité  de 
salut  public  de  prendre  d'urgence  les  me- 
sures nécessaires.  Voir  aux  annexes  \n\ 
extrait  du  Journal  des  débats  et  des  décrets 
(compte-rendu  de  la  séance  de  la  Convention 
du  8  nivôse  an  11) ,  et  un  extrait  du  procès- 
verbal  de  la  séance  de  la  Convention  du 
ao  ventôse  an  11. 

^''^  Cet  alinéa  n'est  pas  à  la  minute.  Pas 
de  signature,  ni  à  la  minute  ni  au  registre. 
La  minute  est  de  la  main  de  Daoust. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  227 


PIEGES  ANNEXES. 

On  lit  dans  le  Journal  des  débats  et  des  décrets  : 

Convention  nationale ,  séance  du  8  nivôse. 

Hier,  au  moment  où  la  Convention  reçut  la  nouvelle  du  grand  nombre  de  morts 
que  les  brigands  laissaient  sur  les  chemins ,  partout  où  les  re'publicains  les  atteignent, 
un  membre  demanda  que  l'on  prît  des  mesures  pour  faire  enterrer  ces  cadavres 
et  ne  pas  exposer  la  France  aux  effets  dangereux  de  leur  corruption.  Cette  propo- 
sition fut  renvoyée  au  comité  de  santé. 

Un  citoyen  qui  était  placé  dans  les  tribunes  écrit  aujourd'hui  pour  inviter  la 
Convention  à  ne  pas  détourner  ses  regards  de  cet  objet  im{)ortant. 

Bourdon  (de  l'Oise).  Le  1 4  juillet,  dans  le  premier  combat  de  la  liberté  contre 
le  despotisme,  nous  avons  tué  six  mille  hommes  ^^K  Leurs  cadavres  ont  été  mis  en 
terre,  et  il  n'en  est  pas  résulté  de  contagion.  Je  demande  l'ordre  du  jour.  On 
prendra  sûrement  les  mêmes  mesures. 

Monmayon.  Je  demande  l'ordre  du  jour  motivé  sur  la  loi  qui  enjoint  aux  corps 
administratifs  de  prendre  dans  ces  circonstances  toutes  les  précautions  nécessaires. 

Homme.  L'objet  dont  on  vous  occupe  est  de  la  plus  haute  importance.  Si  vous 
abandonnez  les  soins  que  l'on  réclame  à  des  personnes  peu  éclairées ,  il  n'est  pas 
douteux  qu'il  n'en  résuite  des  maladies  contagieuses.  Les  gens  de  l'art  sont  parvenus 
a  des  procédés  simples  et  sûrs,  pour  empêcher  qu'il  n'arrive  de  pareils  malheurs. 
Je  demande  que  le  Comité  d'instruction  publique  soit  chargé  de  les  consulter,  et 
d'indiquer  dans  un  court  délai  les  mesures  à  prendre.  J'ose  assurer  que  la  Conven- 
tion nationale  en  sera  satisfaite. 

Cette  proposition  est  décrétée  ^^\ 

On  lit  dans  les  procès-verbaux  de  la  Convention  : 

Séance  du  9o  ventôse  an  ii. 

On  lit  une  lettre  qui  annonce  que,  sur  les  frontières,  il  existe  un  grand  nombre 
de  corps  des  Prussiens  et  des  Autrichiens,  qui  sont  si  mid  enterrés  (\\\l\  peine  ils 
sont  couverts  de  terre. 

On  observe  qu'il  existe  aussi  un  grand  nombre  de  brigands  dans  la  Vendée,  qui 
ne  sont  pas  sufTisamnient  enterrés. 

On  demande  que  l'extrait  de  cette  lettre,  et  les  observations  (jui  viennent  d'être 
faites  sur  le  gi'and  nombre  de  cadavres  ([ui  se  trouvent  dans  la  V(Mi(lt'e,  soient 
renvoyés  au  Comité  de  salut  public,  pour  prendre  au  plus  tôt  les  mesures  nc'ces- 
caires  afin  de  prévenir  les  elfets  du  mauvais  air  que  peut  occasionner  l'exhalaison 
de  ces  cadavres. 

La  Convention  ordonne  ce  renvoi  ^^K 

^*)  Le  compte-rendu  du  Moniieurdiû,  :  w II  y  eut  six  mille  hommes  tuésr.  —  t-)  Journal  des 
débats  et  des  décrets ,  n"  4 ()5 ,  p.  i  o3 .  —  ^'^   Procès-verbal  de  la  Convenlion ,  I .  \  \ \  11 1 ,  p.  i  7  'i . 

1.) . 


228      PROCÈS-VERBAUX  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 


CENT   SOIXANTE-SEIZIÈME   SÉANGE^'^ 

Du  i3  nivôse  an  ii.  [a  janvier  1796.] 

De  la  Rue,  notaire,  rue  du  Four-Saint-Germain,  envoie,  avec  la 
lettre  qu'il  écrit  au  Comité,  la  notice  des  ouvrages  qu'il  lui  soumet, 
compris  sous  les  titres  suivants  : 

1"  Registre  des  pratiques  ou  Minutes  des  notaires; 

ti°  Idées  sur  les  lois  qui  défendent  les  avantages  entre  maris  et  femmes; 

3°  Projet  sur  les  institutions; 

/i"  Décret  et  tarif  du  droit  d'enregistrement; 

b"  Analyse  et  dictionnaire  de  la  Constitution  de  iJQi  ; 

G°  Précis  de  la  Constitution  de  lygS ; 

-y"   Tables  de  réduction  mécanique  des  tarifs. 

La  mention  honorable  en  est  arrêtée,  ainsi  que  le  dépôt  dans  la  bi- 
bliollièque  duComité^'^^. 

Rapport  d'Arbogast  d'une  pétition  lue  à  la  barre  de  la  Convention 
nationale,  faite  par  les  Sociétés  populaires  de  Rourg-l'Egalité,  de  Vitry, 
Thiais  et  (îhoisy-sur-Seine,  afin  :  1°  que  le  décret  sur  l'éducation 
nationale  soit  rapporté,  et  le  projet  de  Lepeletier-Saint-Fargeau 
adopté;  2°  que  les  autorités  constituées  soient  renouvelées  et  com- 
posées dorénavant  de  sans-culottes  qui  recevront  une  indemnité.  Le 
Comité  passe  à  l'ordre  du  jour  sur  ces  deux  premiers  objets.  Sur  le 
troisième,  qui  est  le  changement  du  nom  du  Port-à-l'Anglais  en  celui 
de  Port-Marat,  le  Comité  en  arrête  le  renvoi  à  Mailly  et  à  Romme,  l'un 
membre  du  Comité  de  division,  l'autre  d'instruction  publique ^^l 


^')  Le  Comité  n'a  pas  eu  de  séance  le 
1 1  nivôse ,  probablement  à  cause  de  la  fête 
célébrée  la  veille. 

'^'   Sur  La  Rue,  voir  ci-dessus,  p.  1 1. 

^^^  L'adresse  à  la  Convention,  par  les 
Sociétés  populaires  du  Bourg  de  l'Égalité , 
de  Vitry,  Thiais,  et  de  Choisy-sur-Seine ,  se 
trouve  dans  F^',  carton  1006,  n°  J009. 
La  pièce  n'est  pas  datée.  Le  passage  relatif 
à  l'éducation  est  ainsi  conçu  :  w Elles  (les 
Sociétés  populaires)  vous  engagent  en  outre 
de  rapporter  le  décret  sur  l'éducation  na- 


tionale volontaire,  et  d'adopter  le  projet 
de  Lepeletier  de  Saint-Fargeaun. 

On  voit  ici  constituer  une  commission 
spéciale  pour  l'examen  des  demandes  des 
communes  qui  désirent  changer  du  nom , 
composée  d'un  représentant  du  Comité  de 
division  et  d'un  représentant  dn  Comité 
d'instruction  publique.  Il  sera  question  de 
nouveau  de  cette  commission  à  l'occasion 
du  départ  de  Romme,  dans  la  séance  du 
Comité  du  17  pluviôse  (p.  A 12). 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE. 


229 


Bailly  fait  un  rapport  au  sujet  de  la  demande  de  Dumont  de  Val- 
daiou,  d'après  lequel  le  Comité  arrête  qu'il  sera  proposé  à  la  Conven- 
tion :  1°  que  ce  citoyen  continuera  de  jouir  sur  le  trésor  public  de  la 
pension  de  deux  mille  livres  dont  il  est  en  jouissance;  2°  que  provi- 
soirement et  jusqu'il  l'organisation  définitive  des  hospices  de  bienfai- 
sance, il  jouira  de  l'indemnité  de  quinze  cents  livres  pour  le  logement 
destiné  à  recevoir  et  à  traiter  les  blessés,  et  d'une  pareille  somme  de 
quinze  cents  livres  pour  fournir  le  linge  et  les  médicaments  néces- 
saires aux  citoyens  indigents,  lesquelles  sommes  seront  prises  sur 
les  fonds  de  secours  et  de  gratifications;  3°  qu'il  sera  payé  sur  ces 
fonds  les  arrérages  qui  lui  sont  dus  et  les  avances  qu'il  a  faites  depuis 
le  i^*"  janvier  i-ygo^^l 

Des  députés  de  la  section  du  faubourg  Montmartre  et  les  commis- 
saires des  professeurs  de  l'Institution  nationale  de  chant  et  de  déclama- 
tion lisent  un  mémoire  qui  est  renvoyé  à  la  commission  des  Six ,  qui  a  déjà 
un  plan  relatif  aux  localités  qui  ont  rapport  à  l'objet  de  ce  mémoire  ^^l 


^')  Le  29  brumaire,  Bailly  (qui  n'était 
plus  membre  du  Comité  depuis  le  6  oc- 
tobre) avait  déjà  fait  adopter  au  Comité 
un  projet  de  décret  sur  la  pension  et  Tin- 
demnilé  à  accorder  à  Dumont-Valdajou 
(t.  II,  p.  866).  Il  proposait  déjà  qu'il  lui 
fût  alloué  une  somme  annuelle  de  cinq 
mille  livres.  Nous  avons  trouvé  à  la  Biblio- 
thèque nationale  (Le^^ôg/i,  in-8")  une 
pièce  intitulée  :  r^  Rapport  sur  le  traitement 
du  citoyen  Dumont-Valdajou ,  présenté  au 
nom  des  Comités  des  finances  et  d'instruc- 
tion publique,  par  L.  Bailly,  député  par 
le  département  de  Seine-et-Marne;  lu  à  la 
séance  du  i5  frimaire  «  (le  procès-veibal 
de  la  séance  de  la  Convention  du  i5  fri- 
maire an  II  ne  mentionne  pas  cette  lec- 
lure).  Le  rapporteur  y  explique  que  Du- 
mont-Valdajou, ffconnu,  depuis  plus  de 
trente  ans,  comme  cliirurffieii-renoueur, 
par  ses  succès  dans  l'art  do  |juérirji,  trailo 
{jratuilemenl  tous  les  indijjeiils  et  leur 
fournil  les  médicaments  et  le  lin^je  néces- 
saires au  liailcmenl  ;  pour  ctî  molif,  l'an- 
cien {jouvornenienl  lui  avait  accordé  une 
pension  de  deux  mille  livres,  une  indem- 
nité aiuniclle  de  quinze»  cents  livres   poui- 


l'aider  à  payer  le  loyer  de  la  maison  oc- 
cupée par  lui,  et  une  seconde  indemnité 
de  deux  mille  livres  pour  payement  du  linge 
et  des  médicaments  employés.  Cette  pen- 
sion et  ces  indemnités  ne  sont  plus  payées 
depuis  1790;  le  rapporteur  propose  que  la 
pension  de  deux  mille  livres  soit  rétablie; 
et  que  provisoirement,  jusqu'à  l'organisa- 
tion définitive  des  hospices  de  bienfaisance, 
les  deux  indemnités 'pour  loyer  et  pour 
frais  de  linge  et  de  médicaments  soient 
maintenues,  en  réduisant  toutefois  la  se- 
conde à  quinze  cents  livres  au  lieu  de  deux 
mille.  Ce  sont  ces  propositions  que  Bailly 
présente  maintenant  au  Comité,  qui  les 
avait  déjà  entendues  le  39  brumaire.  Il  nous 
paraît  (|uo  la  date  du  î  5  frimaire,  doiniée 
dans  le  titre  de  la  pièce  ci-dessus  connue 
celle  de  la  séance  de  la  Convention  où  le 
rap|)ort  lut  présenté,  est  erronée.  Ce  rap- 
poit  est  annoncé  pour  la  premièn»  lois 
dans  le  n"  691  du  Journal  des  débals  el  des 
décrets,  correspondant  au  '1  j)luviôse  an  11. 
La  (îonvenlion  \ot<M'a,  le  3  pluviôse  an  11, 
le  projet  do  décret  présenté  j)ar  lùiilly 
(Procès-verltal.  t.  \\\,  p.  :\^). 

^->    Il   s'afrll    de    ralVairt»  dont  le  ('omilé 


230      PROCÈS-VERBAUX  DU  COMITE  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

Chevalier,  arcliitecte,  rue  des  Maçons,  if  26,  expose  des  titres  ap- 
puyas par  un  manuscrit  et  son  grand  livre  de  plans  et  dessins,  qu'il 
dépose  sur  le  bureau  comme  des  ouvrages  propres  à  donner  du  poids 
au  désir  qu'il  manifeste  d'être  porté  sur  la  liste  des  membres  de  la 
Commission  des  arts.  Renvoyé  a  Bouquier^^\ 

Le  président  lit  une  lettre  du  ministre  de  la  guerre,  en  date  du  1  2 
de  ce  mois,  relative  à  l'école  de  Liancourt  appelée  Ecole  des  enfants 
de  l'armée.  Coupé  en  est  nommé  le  rapporteur ^^l 

William  Newton,  Anglais  détenu  à  Paris,  a  écrit  à  Ferry  une  lettre 
dont  il  fait  le  rapport  au  Comité.  Cette  lettre  et  les  pièces  jointes  sont 
relatives  à  l'invention  de  voitures  et  chariots  qui,  dit-il,  peuvent  être 
tirés  par  moins  de  chevaux  que  les  voitures  qui  sont  en  usage.  Il  en 
conclut  qu'il  faut  le  considérer  comme  artiste  et  non  comme  Anglais. 
Le  Comité  passe  à  l'ordre  du  jour'^'. 

Un  mémoire  de  Pencelet  sur  l'instruction  militaire  est  présenté 
au  Comité,  qui  charge  Ferry  et  Daoust  de  lui  en  faire  le  rapport ^^^. 

Valdruche  est  chargé  de  faire  au  Comité  un  rapport  sur  la  lettre  du 
ministre  de  l'intérieur  du  i3  nivôse  et  les  états  qui  l'accompagnent, 
adressés  au  président  du  Comité,  relativement  à  l'état  des  revenus  des 
lieux  ci-devant  destinés  à  l'entretien  des  écoles  de  Paris  et  des  deux 
districts  ruraux  de  ce  département ^^^. 

Cointeraux,  professeur  d'architecture  rurale,  rue  du  Faubourg- 
Saint-Honoré,  n''  108,  envoie  le  plan  d'un  pisé  et  demande  que  l'on 
fasse  connaître  à  la  patrie  toutes  ses  découvertes.  Grégoire  et  Ferry 
sont  chargés  du  rapport^''^. 


avait  déjà  eu  à  s'occuper  le  3  nivôse 
(p.  206).  Pour  ia  suite,  voir  p.  9  55. 

^'^  Bouquier  fera  le  28  nivôse  son  rap- 
port sur  la  demande  de  Chevalier  (p.  278). 

^^^  Sur  l'école  de  Liancourt,  voir  notre 
tome  I",  p.  A  2 ,  et  notre  tome  II ,  pages  6  2  2  et 
63 /i.  Nous  n'avons  pas  trouvé  la  lettre  du 
niinislre  de  la  guerre.  Coupé  fera  un  rapport 
le  21  nivôse  (p.  267).  Il  résulte  du  projet 
de  décret  que  présenta  Coupé  au  Comité 
que,  depuis  le  9  septembre  1798,  c'est- 
à-dire  depuis  le  vote  du  décret  supprimant 
les  écoles  militaires,  la  paye  des  élèves  de 
Liancourt  avait  été  suspendue.  C'est  là  ce 
qui  avait  déterminé  la  démarche  de  Mo- 


rieux  dont  il  est  parlé  dans  les  procès- 
verbaux  des  séances  des  2  3  et  27  du  pre- 
mier mois,  et  ce  qui  motiva  la  lettre  du 
ministre  de  ia  guerre. 

^^'>  La  demande  de  Newton  avait  été 
présentée  au  Comité  le  2 1  frimaire  (p.  1 33). 

^^)  Nous  n'avons  pas  trouvé  ce  mémoire. 

^^^  Valdruche  avait  été  chargé  d'écrire 
au  ministre  de  l'intérieur  dans  la  séance 
du  27  frimaire  (p.  iG8).  Nous  n'avons  pas 
trouvé  la  réponse  du  ministre  de  l'intérieur 
du  i3  nivôse.  Le  rapport  de  Valdruche 
sera  présenté  le  29  nivôse  (p.  298). 

^•"^  11  avait  été  question  de  Cointeraux 
pour  la  dernière  fois   dans  la  séance  du 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  231 

Le  citoyen  Heaume  présente  l'analyse  d'un  petit  livre  qu'il  a  fait 
pour  les  enfants.  Cet  ouvrage  sera  placé  dans  le  carton  des  livres  élé- 
mentaires ^^^ 

Sur  la  motion  de  s'occuper  instantanément  des  fêtes  nationales,  le 
Comité  renvoie  cet  objet  à  la  prochaine  séance ^-l 

Les  membres  du  Comité  commissaires  pour  les  poids  et  mesures 
ont  fait  rapport  qu'à  la  séance  d'hier  de  la  Commission  il  leur  avait  été 
donné  connaissance  du  retard  apporté  à  l'exécution  des  marchés  des  ci- 
toyens Fourché  et  Fortin ^"^^  de  la  part  de  l'architecte  du  Louvre,  sur  le 
fondement  qu'il  ne  pouvait  permettre  aucun  changement  sans  un  ordre 
du  ministre,  quoique  les  artistes  se  soient  soumis  par  leur  marché 
à  remettre  les  choses  en  l'état  qu'ils  les  auront  prises. 

Les  commissaires  ont  annoncé  qu'ils  avaient  écrit  au  citoyen  Se- 
vestre,  l'un  des  préposés  de  l'architecte  et  qui  leur  avait  été  désigné 
comme  ayant  eu  part  à  ladite  opposition,  de  se  rendre  au  Comité. 

Le  citoyen  Sevestre  introduit  et  entendu  sur  tous  les  articles,  le 
Comité  a  arrêté  que  le  ministre  de  l'intérieur  serait  invité  à  donner  à 
tous  les  agents  de  l'administration  les  ordres  nécessaires  pour  que  les 
employés  à  la  confection  des  étalons  aient  la  pleine  jouissance  du  local 
qui  leur  a  été  accordé  pour  lesdiles  opérations,  avec  faculté  d'y  faire 
les  dispositions  qu'elles  exigent ,  à  la  charge ,  exprimée  dans  leur  marché , 
de  laisser  le  tout  en  l'état  qu'il  leur  aura  été  remis. 

Sur  ce  qui  a  été  observé  par  les  mêmes  commissaires  que  le  citoven 
Haùy,  élu  secrétaire  de  ladite  Commission  des  poids  et  mesures,  ne  pou- 
vait remplir  les  fonctions  de  cette  place  avec  l'exactitude  et  l'assiduité 
qu'exige  la  correspondance  habituelle  avec  les  artistes  et  ouvriers,  s'il 

Comité  du  ii  brumaire  (t.  II,  p.  799).  II  nous  verrons  dans  ce  même  procès-verbal 

sera  de   nouveau   parlé  de  lui  le  7  plu-  Mathieu  lire  son  projet  sur  les  fêtes  natio- 

viôse  (p.  336).  nales. 

^'^  L'imprimeur  Heaume  avait  fait  boni-  ^^^  On  trouvera  des  détails  sur  les  Ira- 
mage  à  la  Convention,  le  16  frimaire,  vaux  exécutés  par  Fourché,  balancier- 
d'uu  tressai  d'instruction  à  mettre  entre  les  ajusteur,  et  par  Fortin,  constructeur  d'in- 
rr)ains  des  jeunes  élèves  de  la  patrie  "  struments  de  pliysique,  pour  le  compte  do 
( Procès- verbal  de  la  Convention,  t.  XX Vil ,  la  Commission  des  poids  et  mesures,  et  sur 
p.  Sa).  L'envoi  de  Heaume  se  trouve  en-  les  projets  d'installation  do  cette  Com- 
rcfrislré  sous  le  n°i3GA  (F '^  carton  1 008");  mission  dans  les  anciens  locaux  de  l'Aca- 
mais  la  pièce  manque;  la  chemise  indique  demie  française,  de  l'Académie  desiuscrip- 
qu'elle  a  été  crrenvoyée  au  carton  des  lions  et  de  l'Académie  d'architecture,  au 
livres  élémentaires n.  Louvre,  au  tome  VI  des  OKinrcs  de  Lavoi- 

^->  Malgré  ce  renvoi  à  la  séance  suivante,  sier,  pages  (17 '1-675  et  6S6-6<jo. 


232       PROCÈS-VERBAUX  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

ne  lui  était  indiqué  un  lieu  où  il  pût  se  retirer  et  même  trouver  au 
besoin  un  lit,  le  Comité  a  arrêté  que  le  ministre  de  l'intérieur  serait 
invité  de  lui  procurer  incessamment  ces  facilités,  et  a  chargé  son  pré- 
sident d'adresser  au  ministre  expédition  du  présent  arrêté ^^). 

Mathieu  est  adjoint  à  David  sur  sa  demande  pour  aller  au  (comité 
des  finances  relativement  au  Conservatoire  du  Muséum  des  arts'^l 

Mathieu  lit  le  projet  sur  les  fêtes  nationales  qu'il  a  rédigé.  Les  trois 
premiers  articles  en  sont  ado()tés.  On  arrête  que  les  fêtes  des  événe- 
ments les  plus  mémorables  de  la  Révolution  seront  célébrées  aux  épo- 
ques correspondantes  aux  journées  où  ces  événements  se  sont  passés ^^l 

Séance  levée  à  onze  heures  et  demie ^^l 


^^^  La  réponse  du  ministre  de  l'inlé- 
rieur  sera  communiquée  au  Comité  le  19 
nivôse  (p.  9  56). 

^^^  Lorsqu'il  avait  présenté  à  la  Conven- 
tion, le  a 8  frimaire  (p.  1 85),  son  projet  de 
décret  sur  l'établissement  d'un  Conserva- 
toire du  Muséum  des  arts,  David  avait 
«omis  un  préliminaire  indispensable ?%  à 
savoir  de  prendre  l'avis  du  Comité  des 
finances.  Cambon  avait  en  conséquence  fait 
prononcer  l'ajournement  du  projet,  pour 
que  le  Comité  des  finances  pût  l'examiner. 
Pour  la  suite  de  ce  qui  concerne  le  Muséum 


des  arts,  voir  la  séance  du  21  nivôse 
(p.  966). 

^^)  Voir  la  séance  du  5  nivôse  (p.  919). 
La  discussion  sur  le  projet  de  Mathieu 
continuera  le  21  nivôse  (p.  967).  Le  texte 
de  ce  projet  se  trouve  aux  annexes  de  la 
séance  du  Comité  du  9  ventôse,  p.  5o8. 

^^^  Pas  de  signature,  ni  à  la  minute 
ni  au  registre.  La  minute  est  de  la  main 
de  Daoust,  Toutefois  les  quatre  alinéas  re- 
latifs aux  poids  et  mesures,  pages  28 1- 
982,  sont  de  la  main  de  Guyion  et  sont 
écrits  sur  un  feuillet  séparé. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE. 


233 


CENT   SOIXANTE-DIX-SEPTIEME   SÉANCE. 

Du  i5  nivôse  an  ii.  [^i  janvier  179^-] 

Un  membre  observe  que  Lavoisier,  trésorier  de  la  Commission  des 
poids  et  mesures,  étant  en  arrestation,  les  fonds,  les  machines,  les 
papiers  qui  sont  chez  lui  sous  le  scellé  cessent  d'être  utiles  à  la  chose 
publique.  Le  Comité  arrête  que  Guyton  et  Fourcroy  se  rendront  à  ce 
sujet  au  Comité  de  sûreté  générale  ^^^ 


(')  Voir,  sur  le  décret  d'arrestation  rendu 
le  h  frimaire  contre  ies  anciens  fermiers 
généraux,  la  séance  du  5  frimaire  (p.  9, 
note  6).  La  qualification,  donnée  à  Lavoi- 
sier par  ie  rédacteur  du  procès- verbal, 
trde  trésorier  de  la  Commission  des  poids 
et  mesures»  n'était  plus  exacte  :  dès  le 
18  frimaire,  la  Commission  avait  nommé 
Coulomb  pour  le  remplacer  dans  ces  fonc- 
tions. Nous  avons  trouvé  aux  Archives  na- 
tionales la  lettre  par  laquelle  la  Commission 
avisa  le  ministre  de  l'intérieur  Paré  de  ce 
remplacement. 

En  vertu  d'un  arrêté  du  Comité  de  sû- 
reté générale  du  28  frimaire,  autorisant 
le  porteur  «à  s'adjoindre  tel  nombre  des 
membres  des  Comités  de  surveillance,  à  se 
transporter  sans  délai  dans  les  maisons  sises 
à  Paris  et  à  la  campagne ,  appartenant  ou 
occupées  par  les  ci-devant  fermiers  géné- 
raux, et  apposer  les  scellés  sur  tous  les 
meubles  et  effets,  distraction  faite  des  linges 
et  habillements  nécessaires  à  l'usage  ordi- 
naire des  personnes  qui  y  ont  droit»,  deux 
membres  du  Comité  de  surveillance  de  la 
section  des  Piques ,  Philippon  et  Moulonnot, 
apposèrent  ies  scellés  dans  l'appartement 
que  Lavoisier  occupait  à  Paris,  boulevard 
de  la  Madeleine,  le  27  frimaire,  en  pré- 
sence de  M""  Lavoisier;  douze  jours  plus 
lard,  ils  se  transportèrent  à  la  maison  de 
oanq)agne  que  Lavoisier  possédait  à  Fré- 
cliiue  (Loir-et-Cher),  et  y  procédèrent  éga- 
lement à  l'apposition  des  scellés  le  1 1  ni- 
vôse. Le  procès-verbal  de  cette  opération  se 


trouve  aux  Archives  nationales,  F',  carton 
h'j']0  (ancien  ^707). 

La  Commission  des  poids  et  mesures 
écrivit  le  28  frimaire  au  Comité  de  sûreté 
générale  pour  réclamer  la  mise  en  liberté 
de  Lavoisier,  en  faisant  observer  «qu'il  était 
urgent  qu'il  pût  être  rendu  aux  travaux 
importants  qu'il  a  toujours  suivis  avec 
autant  de  zèle  que  d'activité».  Le  Comité  de 
sûreté  générale  passa  à  l'ordre  du  jour  sur 
cette  demande  le  39. 

Trois  jours  après  la  démarche  de  la 
Commission  des  poids  et  mesures,  le  Co- 
mité des  assignats  et  monnaies  intervenait 
à  son  tour,  cette  fois  auprès  du  Comité  de 
salut  public,  et  demandait,  par  une  lettre 
en  date  du  i""  nivôse,  que  Lavoisier  fût 
autorisé  à  travailler  dans  son  laboratoire.  Le 
Comité  de  salut  public  ne  crut  pas  devoir 
accéder  à  cette  demande;  mais,  comme  la 
lettre  du  Comité  des  assignats  faisait  ol>- 
server  que  les  travaux  de  la  Commission  des 
poids  et  mesures  se  trouvaient  interrompus 
par  suite  de  la  détention  de  Lavoisier,  il 
décida  de  réorganiser  sur-Ic-champ  cette 
Commission  en  l'épurant:  par  un  arrête  en 
date  du  3  nivôse,  après  avoir  pris  l'avis 
des  membres  du  Comité  d'instruction  pu- 
blique formant  la  section  dos  poids  et  me- 
sures, il  raya  de  lu  liste  des  uiouibres  de  la 
Connnission  les  noms  de  Borda,  Lavoisier, 
Lapluce,  Coulomb,  Rrissou  et  Delauibre, 
eu  invitant  cries  membres  restants  à  la  Com- 
mission des  poids  et  mesures  à  faire  ron- 
Uiu'lre  au  plus  tôt  au  Comité  de  <alut  public 


23/i       PROCÈS-VEnBAUX  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 
Les  (Ic'pulësde  la  section  de  Marat  sont  admis (^^.  Ils  présentent  une 


quels  sont  les  hommes  dont  elle  a  un  besoin 
indispensable  pour  la  continuation  de  ses 
travaux».  Les  membres  icslants  étaient  La- 
|jian<;e,  "Montjo,  Haiiy,  Yandeiiuonde,  Mé- 
c'hain,  et  lîerthollet  (ce  dernier  avait  été 
adjoint  à  la  Commission,  sur  la  demande 
de  celle-ci ,  par  un  arrêté  du  Conseil  exé- 
culii  provisoire  en  date  du  2  5  brumaire). 
Sur  leur  proposition  —  conformément  à 
l'arrêté  du  3  nivôse  —  Hassenfralz,  Prony 
et  Buacbe  leur  furent  adjoints;  nous  n'avons 
pas  trouvé  l'arrêté  du  Comité  de  salut  public 
qui  compléta  ainsi  la  Commission;  mais 
nous  savons  que  telle  fut  bien  sa  composition 
après  l'épuration  :  cette  indication  nous  est 
fournie  par  un  rapport  manuscrit  sur  le 
traitement  deHaûyfait,  au  commencement 
de  thermidor  an  ii,  à  Payan- Dumoulin, 
ie  commissaire  de  la  Commission  executive 
de  l'instruction  publique,  par  Grandjean, 
rrchargé  provisoire  du  contentieux  dans  la 
partie  centrale?);  on  y  lit  :  «Les  membres 
qui  ont  été  conservés  dans  cette  Commission 
par  l'arrêté  du  Comité  de  salut  public  du 
3  nivôse  portant  suppression  des  citoyens 
Borda,  Lavoisier, Laplace, Coulomb,  Brisson 
et  Delambre,  et  les  membres  nommés  pour 
leur  remplacement,  sont  aujourd'hui  :  les 
citoyens  Lagrange,  Monge,  Haiiy,  Vander- 
monde,  Méchain  (Grandjean  ne  nomme 
pas  Berlhollet;  celui-ci  par  conséquent  ne 
faisait  plus  partie  de  la  Commission  en 
thermidor) ,  Hassenfratz ,  Prony  et  Buache.5) 
(Archives  nationales,  F^^  carton  1288.)  La 
Commission  choisit  aussitôt  Hassenfratz 
comme  président;  Haûy  conserva  les  fonc- 
tions de  secrétaire,  Berthollet  fut  trésorier. 
Ce  fut  cette  Commission  réorganisée  qui 
réclama  les  fonds,  les  machines  et  les  pa- 
piers placés  sous  les  scellés  chez  Lavoisier. 
Les  membres  du  Comité  d'instruction  pu- 
blique formant  la  section  des  poids  et  me- 
sures, Fourcroy  et  Guyton-Morveau  (Ar- 
bogast  en  faisait  partie  aussi,  mais  son  nom 
n'apparaît  pas  dans  cette  circonstance), 
furent  chargés  par  le  Comité  de  faire  une 
démarche  auprès  du  Comité  de  sûreté  gé- 


nérale. Ils  y  allèrent  sur-le-champ,  et  séance 
tenante  le  Comité  de  sûreté  générale  prit 
un  arrêté  autorisant  le  Comité  d'instruction 
publique  à  nommer  des  commissaires  pour 
procéder  à  la  levée  des  scellés  chez  Lavoisier 
(voir  au  présent  procès -verbal,  p.  2  35). 
L'opération  fut  faite  le  19  nivôse,  en  pré- 
sence do  Lavoisier,  extrait  pour  la  circon- 
stance de  l'hôtel  des  Fermes  où  il  était 
détenu,  de  Guyton  et  Fourcroy,  membres 
du  Comité  d'instruction  publique,  de  Dupin 
et  Jac,  membres  de  la  (Commission  des  ci- 
devant  trois  compagnies  de  finances,  de 
Vandermonde  et  Berthollet,  membres  de  la 
Commission  des  poids  et  mesures,  de  Phi- 
lippon  et  Moutonnet,  commissaires  de  la 
section  des  Piques.  Lavoisier  profita  de  l'oc- 
casion pour  retirer  on  même  temps  une 
partie  de  ses  papiers  personnels. 

Nous  donnons  aux  annexes,  A  (p.  2  36), 
une  lettre  écrite  le  22  frimaire  au  ministre 
de  l'intérieur  par  la  Commission  des  poids 
et  mesures,  pour  lui  annoncer  la  nomination 
faite,  le  18  frimaire,  de  Coulomb  comme 
trésorier;  la  lettre  écrite  par  la  Commission 
des  poids  et  mesures  au  Comité  de  sûreté 
générale  le  28  frimaire;  la  lettre  écrite  par 
le  Comité  des  assignats  et  monnaies  au  Co- 
mité de  salut  public  le  1"  nivôse;  l'arrêté 
du  Comité  de  salut  public  du  3  nivôse, 
épurant  et  réorganisant  la  Commission  des 
poids  et  mesures;  l'arrêté  du  Comité  de 
sûreté  générale  du  i5  nivôse,  autorisant  la 
levée  des  scellés  chez  Lavoisier;  et  deux 
procès-verbaux  de  levée  et  réapposition 
des  scellés  chez  Lavoisier,  du  19  nivôse, 
relatifs,  le  premier,  au  retrait  des  objets 
appartenant  à  la  Commission  des  poids  et 
mesures,  le  second  au  retrait  par  Lavoisier 
de  divers  papiers  personnels.  Toutes  ces 
pièces  sont  inédites. 

Le  procès-verbal  de  l'inventaire  des  etfols 
et  papiers  extraits  de  l'appartement  de  La- 
voisier le  19  nivôse  ne  fut  déposé  au  Comité 
d'instruction  publique  que  dans  sa  séance 
du  29  ventôse  (voir  p.  6o3). 

l^)  La  section  du  Théâtre-Français  avait 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  235 

pétition  dont  l'objet  est  de  presser  l'établissement  de  l'Opéra  au  Théâtre- 
Français;  ils  montrent  au  Comité  les  plans  que  cette  section  a  fait  faire 
pour  prouver  qu'il  existe  des  moyens  de  faire  avec  économie  une  salle 
propre  à  l'Opéra  dans  celle  du  Théâtre-Français.  Leur  pétition,  qui 
contient  différents  motifs  d'accueillir  leur  demande,  est  renvoyée  à  la 
commission  déjà  chargée  de  cet  objet^^^ 

La  Société  populaire  de  Nemours ^'-),  au  dé[)artement  de  Seine-et- 
Marne,  demande  l'établissement  dans  cette  ville,  chef-lieu  de  district, 
d'une  bibliothèque  nationale  formée  des  livres  qui  se  trouvent  dans  les 
ci-devant  châteaux  de  plusieurs  émigrés,  qu'ils  exposent  y  être  en  assez 
grand  nombre  pour  remplir  cet  objet  sans  frais.  A  celte  occasion,  on 
passe  à  l'organisation  provisoire  de  bibliothèques  districales.  La  pro- 
position est  adoptée.  Coupé  est  nommé  rapporteur  ^^l 

Romme  est  invité  à  faire  le  plus  tôt  possible  son  rap|)ort  sur  la  ré- 
clamation de  Desmarest,  qui  réclame  de  nouveau  la  propriété  de  la 
carte  minéralogique  d'Auvergne,  dans  sa  lettre  adressée  à  Arbogast^^^ 

Guyton  et  Fourcroy,  qui  se  sont  rendus  au  Comité  de  sûreté  géné- 
rale, en  vertu  de  l'arrêté  (article  i^'  de  ce  procès-verbal),  font  lecture 
de  l'arrêté  que  ce  Comité  leur  a  remis  ^^\  qui  porte  que  le  Comité  d'in- 
struction publique  est  autorisé  aux  fins  de  sondit  arrêté  à  nommer  des 
commissaires  pour  faire  lever  les  scellés  apposés  chez  Lavoisier.  Guyton 
et  Fourcroy  sont  nommés,  lesquels  se  conformeront  audit  arrêté  du 
Comité  de  sûreté  générale. 

Marcel,  Lorin,  Ygonel,  comme  instruits  dans  l'art  d'écrire  aussi 
vite  que  la  parole,  présentent  la  Déclaration  des  droits  de  l'homme  et 
la  Constitution  écrites  en  caractères  sténographiques,  et  demandent 

pris,  après  le    lo   août  1799,  le  nom  de  ^^^   Un  projet  de  décret  sur  rorjjanisalion 

section  de  Marseille,  qu'elle  avait  ensuite  des  bibliothèques  do  district  sera   lu    par 

échangé,  après  l'assassinat  de  Marat,  contre  Coupé  dans  la  séance  suivante  (p.  aAS). 

le  nom  de  section  de  Marat.  ^^^   Dans  la  séance  du  97    du    premier 

(')  La  demande  de  la  translation  de  rO-  mois  (I.  Il,  p.   633),   il  avait  été   donné 
péra  dans  la  salle  du  Théâtre-Français  avait  .       connaissance  d'une    première   réclamation 

été  faite  à  la  Convention  le  90  brumaire  de  Dosniarost  rotative  à  une  carte  topogra- 

par  Chaumetto  au  nom  du  Conseil  {jénéral  phicjue  do  la  Bretagne.  Nous  n'avons   pas 

de  la  comnmne;  la  section  de  Marat  avait  trouvé  la  lettre  adressée  à   Arbogast.  Pour 

appuyé  cette  requête.  Voir  notre  lonio  II,  la  siiilo  dt»  rolto  alVairo,   voir  la  séanco  du 

|)agos  86A  ot  865.  La  question  no  rovionJra  17  nivôse  (p.  ^r'i6). 

à  Tordre  du  jour  que  le  1"  germinal  an  11.  ^^^  Cet  arrêté  du  Comité  do  sùrolé  giMn'v 

(^)  Nous  n'avons  pas  trouvé  la  pétition  raie  se  trouve  aux  annexes,  A,  n"  ;')  (p.  a. U)). 
do  la  Société  populaire  d('  Nomoui's. 


236       PROCÈS-VERBAUX  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

une  place  c^  parmi  les  journalistes  qui  puisent  dans  la  Convention  les 
lumières  qu'ils  répandent  sur  toute  la  France ??.  Cette  demande,  ren- 
voyée au  Comité  par  la  Convention,  est  renvoyée  au  Comité  de  salut 
public  et  subsidiairement  à  celui  des  inspecteurs  de  la  salle  ^^\ 

Deltufo,  rue  des  Deux-Portes  Saint-Sauveur,  n*'  9,  présente  une  pé- 
tition portant  la  date  du ^'-^  de  ce  mois;  elle  est  renvoyée  au  Comité 

de  salut  public.  Il  signe  comme  Tun  des  rédacteurs-traducteurs  des 
séances  de  la  Convention,  et  demande  à  être  employé,  en  observant 
que  lui  et  ses  ouvriers  ont  été  mis  en  réquisition,  le  9  septembre, 
par  le  Comité  de  sûreté  générale  ^^l 

Le  Comité  s'occupe  de  la  formation  de  la  liste  des  membres  qui 
doivent  composer  la  Commission  des  arts;  il  est  arrêté  que  tous  de- 
vront présenter  des  certificats  de  civisme  pour  être  admis ^'^l 

La  séance  est  levée  à  onze  beures  et  demie  (^^. 


PIECES  ANISEXES. 


DOCUMENTS    CONCERNANT    LAVOISIER    ET    LA     COMMISSION    DES    POIDS    ET    MESURES. 

1. 

LA  COMMISSION  DES  POIDS  ET  MESURES  À  PARE,  MINISTRE  DE  L'INTERIEUR  ^®\ 

Paris,  c?  «2  frimaire  an  2^  de  la  République  française  une  et  indivisible. 
Citoyen  ministre  , 

La  Commission  des  poids  et  mesures  t'informe  qu'elle  a  nommé ,  dans  sa  séance 
du  18  frimaire,  le  citoyen  Coulomb,  l'un  de  ses  membres,  pour  remplacer  le 


^'^  l\  n'est  plus  question  de  la  demande 
de  ces  trois  sténographes  dans  les  procès- 
verbaux  du  Comité. 

'^^  La  date  est  restée  en  blanc  à  la  mi- 
nute et  au  registre. 

^^>  Deltufo  est  cet  imprimeur  dont  il  a 
été  question  dans  la  séance  du  19  frimaire 
(p.  87).  Sa  pétition  se  trouve  aux  Archives 
nationales.  Nous  la  donnons  aux  annexes, 
B  (p.  a/43).  Elle  contient  des  renseignements 
intéressants  sur  le  service  de  traduction  que 
le  pétitionnaire  avait  tenté  d'organiser. 

Par  arrêté  du  28  pluviôse,  le  Comité  de 


salut  public  chargea  Deltufo  de  l'impres- 
sion de  douze  mille  exemplaires  de  chaque 
numéro  du  Recueil  des  actions  héroïques 
(voir  p.  33a  ). 

^*)  Le  Comité  avait  commencé  à  s'occuper 
de  la  formation  de  cette  liste  le  5  nivôse 
(p.  ail);  il  continuera  le  19  (p.  267). 

^^)  Le  dernier  alinéa  se  trouve  à  la  mi- 
nute comme  au  registre.  Pas  de  signature, 
ni  au  registre  ni  à  la  minute.  La  minute  est 
de  la  main  de  Daoust. 

(•^^  Archives  nationales,  F^^,  carton 
1289. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  237 

citoven  Lavoisier  dans  les  fonctions  de  tre'sorier.  Elle  t'accuse  en  même  temps  la 
réception  du  double,  que  tu  lui  as  envoyé',  du  marché  conclu  avec  le  citoyen 
Portin  pour  la  fabrication  des  centicades.  Elle  s'occupe  de  te  mettre  à  portée  de 
fournir  la  quantité  de  cuivre  nécessaire  et  s'assurera  auparavant,  par  des  essais, 
qu'il  n'y  entre  aucun  mélange  de  plomb. 

Borda,  président;  Haûit,  secrétaire. 

% 

EXTRAIT    DU    REGISTRE    DES    DELIBERATIONS    DE     LA    COMMISSION    DES    POIDS    ET    MESURES, 
DU   98  FRIMAIRE,  L'AN   2*  DE  LA  REPUBLIQUE  FRANÇAISE  UNE  ET  INDIVISIBLE^'^. 

La  Commission  des  poids  et  mesures  considérant  que  dans  les  circonstances 
actuelles,  oii  elle  est  obligée  de  faire  des  vérifications  très  nombreuses  d'étalons 
de  toutes  les  espèces  de  poids  et  mesures ,  en  exécution  des  différents  décrets  de 
la  Convention  nationale,  la  présence  du  citoyen  Lavoisier,  l'un  de  ses  membres, 
lui  devient  nécessaire  par  le  talent  particulier  qu'a  ce  citoyen  pour  tout  ce  qui 
exige  de  la  précision;  que  d'ailleurs  les  travaux  qu'il  a  commencés  sur  la  détermi- 
nation des  poids  et  sur  la  dilatalion  des  métaux  se  trouvent  interrompus  par  son 
absence,  et  qu'il  faudrait  qu'un  nouveau  commissaire  les  recommençât  en  entier; 
qu'enfin  il  serait  d'une  très  grande  difficulté  de  pouvoir  le  remplacer  relativement 
aux  différents  objets  dont  il  s'est  occupé,  a  pensé  qu'il  {sic)  croit  de  son  devoir  de 
représenter  au  Comité  de  sûreté  générale  combien  il  est  urgent  que  ce  citoyen 
puisse  être  rendu  aux  travaux  importants  qu'il  a  toujours  suivis  avec  autant  de 
zèle  que  d'activité. 

Borda,  président;  Haïiy,  secrétaire '''\ 

Et  au-dessous,  sur  la  même  feuille  : 

Vu  l'extrait  ci-dessus  : 

Le  Comité  de  sûreté  générale,  considérant  que  le  citoyen  Lavoisier  est  porté 
sur  la  liste  des  ci-devant  fermiers  généraux  mis  en  état  d'arrestation  en  exécution 
du  décret  de  la  Convention  nationale,  passe  h  l'ordre  du  jour. 

Ce  29  frimaire  l'an  y'  de  la  République  française  une  et  indivisible. 

M.  Bayle,  Panis,  Lavicomterie,  Elie  Lacoste, Dubarran, 
Vadier,  Voulland,  Guffroy  ^''. 

En  lélc  de  la  feuille,  en  marge,  à  gauche,  se  lit  le  titre  suivant,  d'iuie  autre  écriture  : 

Arrêté  du  Comité  de  sûreté  générale  portant  refus  de  la  demande  en  liberté 
faite  en  faveur  du  citoyen  Lavoisier. 

A  droite,  d'une  autre  écriture  :  rc Reçu  le  9  niv6se?5. 

Et  au-dessous,  encore  d'une  autre  écriture,  ces  mots  ou  abréjjé  :  «tRoçu  à  la  h*  rôgiou. 
N"  3o8tî.75 

Enfin,  dans  le  blanc  qui  se  trouve  entre  le  titre  de  l'Extrait  du  registre  des  délibérations 

^'^  Archives  nationales,  F',  carton  ^1770  (;\nrieu  'i7r)7).  —  '*^  ('et  oxirail  est  do  la  main 
de  Haiiy.  —  ('^^  Les  signatures  sont  autograj)lios.  l/;irn'to  o>t  (li>  la  nuin  <lo  Moyso  Raylo. 


238      PROCÈS-VERBAUX  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

de  la  Commission  dos  poids  ol  mesures  et  le  lexte  de  cet  extrait,  sont  écrits  ces  mois,  en- 
core d'une  autre  main  :  w Arrêté  du  Comité  de  sûreté  générale??.  Et  sur  la  même  ligne,  à 
droite  :  cr Section  des  Piques??. 

3. 

LE  COMITÉ  DES  ASSIGNATS  ET  MONNAIES  DE  LA  CONVENTION  NATIONALE 
AUX    1\EP1U:SENTANTS    DU    PlîUl'LE    COMPOSANT    LE    COMITÉ    DE    SALUT    PUBLIC  ^^^ 

Paris,  {("  1*'  nivôso,  l'an  2  de  la  Ropnl)liquc  une  ol  indivlsihlc. 

Vous  nous  invitez,  citoyens  collègues,  par  votre  lettre  du  99  frimaire  en 
re'ponse  h  la  nô're  du  90,  à  examiner  ce  (pi'exi^]^ent  les  intdrêts  de  la  Républi({ue 
relativement  à  la  fabrication  des  assignats  métallicjues  suspendue  par  l'arrestation 
de  plusieurs  membres  dont  les  travaux  sont  ne'cessaires  à  cette  fabrication. 

[Le  Comité  expose  d'abord  qu'on  a  arrêté  un  membre  de  la  Commission  des  monnaies,  le 
directeur  de  la  Monnaie  et  l'architecte,  et  qu'on  a  apposé  les  scellés  sur  la  caisse  et  sur 
])lusieurs  "ateliers.  11  demande  que  ces  trois  fonctionnaires  soient  autorisé?  à  continuer  leur 
travail,  cron  pnMiant  toutes  les  mesures  que  l'on  croira  convenables  pour  s'assurer  de  leurs 
personnes??,  et  qu'en  tous  cas  les  scellés  soient  levés.  Il  passe  ensuite  à  un  second  objet, 
qui  se  trouve  en  souffrance  par  suite  de  l'arrestation  de  Lavoisier  ;  ] 

La  pièce  de  cinq  de'cimes  est  prêle  à  être  fabriquée  :  les  flaons  sont  découpés. 
Sous  quatre  ou  cinq  jours  on  peut  en  avoir  fabriqué  pour  5o,ooo  livres;  mais  nos 
opérations  sont  encore  suspendues  pour  la  délivrance  qui  doit  en  être  faite.  Elle 
doit  avoir  lieu  en  poids  de  grave,  conformément  aux  décrets  de  la  Convention 
nationale.  Il  faut  donc  que  Tatelier  monétaire  de  Paris  ait  les  poids  de  grave  qui 
lui  sont  nécessaires.  Cependant  Fopération  de  la  Commission  des  poids  et  mesures 
se  trouve  suspendue  par  Parrestation  du  citoyen  Lavoisier  (comme  ci-devant  fer- 
mier géne'ral),  chargé  des  opérations  les  plus  délicates  et  nécessaires  sur  la  fabri- 
cation de  ces  poids.  Prenez  telle  mesure  que  vous  croirez  convenable  à  l'égard  de 
ce  citoyen  ;  mais  son  intelligence  et  son  travail  sont  nécessaires  pour  la  continua- 
tion des  travaux  des  poids  et  mesures.  Il  faut  qu'il  puisse  travailler  dans  son  labo- 
ratoire et  à  la  Commission  des  poids  et  mesures,  d'après  les  observations  de  la 
Commission  des  poids.  S'il  n'y  a  pas  de  faits  graves  sur  son  compte,  faites  en  sorte 
que  l'activité  soit  promptement  rendue  aux  travaux  dont  il  est  chargé,  avec  toutes 
les  mesures  de  sûreté  que  vous  croirez  d'ailleurs  convenables. 

Vous  voyez  que  notre  travail  sur  les  assignats  métalliques  et  sur  les  poids  et 
mesures  se  trouve  interrompu  à  l'instant  même  où  nous  touchions  à  son  terme. 
Nous  vous  indiquons  ce  qui  arrête  nos  opérations.  Prenez  les  mesures  les  plus 
promptes  pour  leur  rendre  l'activité  nécessaire  aux  intérêts  de  la  République. 

Les  membres  du  Comité  des  assignats  et  monnaies. 

Pelletier  ,  président. 

(•)  Archives  nationales,  AF  11,  carton  67,  cahier  696,  n"  3. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  230 

ARRETE  DO  COMITE  DE  SALUT  PCBLIC^^\ 

Du  3  nivôse  an  2'. 

Le  Comité'  de  salut  public,  considérant  combien  il  importe  à  l'amélioration  de 
l'esprit  public  que  ceux  qui  sont  chargés  du  g-ouvernement  ne  délèguent  de  fonc- 
tions ni  ne  donnent  de  missions  qu'à  des  hommes  dignes  de  confiance  par  leurs 
vertus  républicaines  et  leur  haine  pour  les  rois,  après  s'en  être  concerté  avec  les 
membres  du  Comité  d'instruction  publique  occupés  spécialement  de  l'opération 
des  poids  et  mesures,  arrêtent  que  Borda,  Lavoisier,  Laplace,  Coulomb,  Brisson 
et  Delambre  cesseront  à  partir  de  ce  jour  d'être  membres  de  la  Commission  des  poids 
et  mesures,  et  remettront  de  suite  avec  inventaire,  aux  membres  restants,  les  in- 
struments, calculs,  noies,  manuscrits,  et  généralement  tout  ce  qui  est  entre  leurs 
mains  de  relatif  à  l'opération  des  mesures.  Arrête  en  outre  que  les  membres  res- 
tants à  la  Commission  des  poids  et  mesures  feront  connaître  au  plus  tôt  au  Comité 
de  salut  public  quels  sont  les  hommes  dont  elle  a  un  besoin  indispensable  pour  la 
continuation  de  ses  travaux,  et  qu'elle  fera  part  en  même  temps  de  ses  vues  sur 
les  moyens  de  donner  le  plus  tôt  possible  l'usage  des  nouvelles  mesures  à  tous  les 
citoyens  en  profitant  de  l'impulsion  révolutionnaire. 

Le  ministre  de  l'intérieur  tiendra  la  main  à  l'exécution  du  présent  arrêté. 

Les  membres  du  Comité  de  salut  public. 
C.-A.  Prieur,  B.  Barère,  Carxot,  Billaud-Vare.nne,  W.  Lindet. 

5. 

expédition  D'UN  ARRÊtÉ  DD  COMITE  DE  SÔRETÉ  GÉNÉRALE  ^''\ 

Du  i5  nivôse,  2'  année  répubhcaine. 

Sur  la  demande  des  membres  du  Comité  d'instruction  publique ,  dont  l'objet 
est  de  faire  lever  les  scellés  apposés  chez  le  citoyen  Lavoisier,  à  raison  des  opéra- 
tions commencées  sur  les  poids  et  mesures , 

Le  Comité  arrête  que  le  Comité  d'instruction  publique  est  autorisé  à  nommer 
des  commissaires  pour  fîûre  lever  les  scellés  a|)posés  chez  Lavoisier,  alin  d'en  ex- 
traire les  papiers ,  les  machines ,  les  sommes  dont  il  est  dé[)osilaire ,  les  objets  re- 
latifs aux  opérations  dont  le  Comité  (Kinstruction  publique  est  chargé.  Les  com- 
missaires s'adjoindront  le  nombre  de  leurs  collègues  pris  dans  les  Comités  de  la 
Convention  qui  doivent  concourir  avec  eux  h  l'objet  dont  s'agit,  et  deux  mt^mbres 
de  la  Commission  des  poids  et  mesures.  Ils  procéderont  en  présence  de  Lavoisier. 
A  cet  elTcît,  le  concierge  de  la  maison  où  Lavoisier  est  détenu  le  représentera  sui* 
la  ré(piisition  qui  lui  en  sera  faite  au  nom  des  commissaires  du  Comité  d'instiuc- 
tion  publique.  Il  restera  pendant  l'opération  sous  la  garde  d'un  ou  de  deux  gen- 

('^  Archives  nafioiialos,  AFii,  carlon  07,  caliior  ^J9<),  n°  h.  La  inimité  est  de  la  main  de 
Prieur.  —  (•'>  Archives  mUionales,  F',  carlon  ^770  (aïK-len  h-^'ô']). 


2/40       PUOGKS-VERBAUX  DU  COMITE  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

(larmes,  el,  les  reclicirlies  effectue'es,  il  sera  reinte'gré ,  et  les  scellés  apposés  de 
nouveau  sur  ses  elFels. 

Signe'  ;  Dubarran,  Amar,  Vadier,  Jagot,  Lavicomterie. 

6. 

procès-verbal  de  l\  levée  de  scelles  pour  tirer  de  chez  le  citoyen  lavoisier 


LES  effets  appartenant  A  LA  COMMISSION  DES  POIDS  ET  MESURES 


(') 


Ce  jourcriiui  dix  et  neuf  nivôse  an  deux  de  la  République  française  une  et  indi- 
visible. Eu  vu  de  l'arrêté  du  Comité  de  sûreté  générale  de  la  Convention  natio- 
nale du  (piinze  courant,  el  d'après  la  demande  faite  par  celui  d'instruction  pu- 
blique tendanle  à  obtenir  la  levée  des  scellés  apposés  chez  le  citoyen  Lavoisier,  h 
raison  des  opérations  commencées  sur  les  poids  et  mesures  et  à  l'effet  d'en  extraire 
les  machines,  les  sommes  dont  il  était  dépositaire,  les  papiers  et  objets  relatifs 
aux  opérations  dont  ledit  Comité  d'instruction  publique  est  chargé.  Nous  citoyens 
représentants  du  peuple  Guyton  et  Fourcroy,  membres  dudit  Comité  d'instruction 
publi([ue,  Dupin  et  Jac,  membres  de  la  Commission  des  ci-devant  trois  compagnies 
de  finances,  à  nous  adjoints  les  citoyens  Vandermonde  et  Berthollet  ^^\  membres  de 
la  Commission  des  poids  et  mesures ,  nous  étant  transportés  et  réunis  a  dix  heures 
du  malin  dudit  jour,  à  la  maison  dudit  citoyen  Lavoisier,  située  boulevard  de 
la  Magdeleine,  avons  trouvé  ce  dernier  rendu  dans  ladite  maison  sous  la  garde 
de  deux  gendarmes,  en  vertu  de  la  réquisition  faite  par  nous  au  commandant  de 
la  force  armée  le  jour  d'hier,  et  en  présence  des  citoyens  Moutonnet  et  Philippon , 
commissaires  de  la  section  des  Piques,  il  a  été  de  suite  procédé  à  l'examen  des 
scellés  apposés  sur  la  porte  à  gauche  du  salon  donnant  sur  le  jardin,  lesquels  ont 
été  trouvés  intacts,  et  de  suite  ayant  été  levés,  nous  sommes  entrés  dans  ledit 
salon  et  cabinet  y  attenant.  Ledit  citoyen  Lavoisier  étant  entré  avec  nous  dans  les- 
dites  pièces,  il  nous  a  représenté  ; 

1°  Le  journal  des  dépenses  qu'il  a  faites  ainsi  que  des  recettes  pour  la  Com- 
mission des  poids  et  mesures; 

2°  Onze  quittances  des  dépenses  faites  depuis  le  i"''  vendémiaire  dernier  et 
qui  n'ont  point  été  employées  encore  dans  son  compte.  Lesdites  quittances  montent 
ensemble  à  la  somme  de  six  mille  quatre-vingt  dix  et  neuf  livres; 

3°  Différents  mémoires  d'expériences  sur  la  fusion  du  platine,  faites  chez  le  ci- 
toyen Séguin,  montant  à  sept  cent  vingt  et  sept  livres; 

li°  La  somme  de  sept  mille  quatre  cent  cinquante  et  trois  livres  en  assignats, 

(')  Archives  nationales,  F^^  carton  ii35,  connaissances  le  rendent  d'autant  plus  né- 
liasse  Poids  et  mesures,  n°  a 9 52.  cessaire  à  la  Commission  qu'il  est  commis- 

(^^  La  (Commission  des  poids  et  mesures  saire  des  monnaies,  que  la  Commission  a 

avait  demandé,  par  une  lettre  du  19  du  perdu    le    citoyen  Tillet   qui  occupait    la 

premier  mois,  sifjnée  de  Borda  comme  pré-  même  place,  et  que  les  travaux  de  la  Com- 

sident  et  de  Haùy  comme  secrétaire,  adres-  mission  embrassent    plusieurs  parties  du 

sée  à  Paré,  ministre  de  Tintérieur,  qu'en  système   monétaire?:.    A    cette    lettre    est 

remplacement  de  Tillet  (mort  eu  1799),  le  joint,  dans  le  carton  des  Archives  qui  la 

n)inistrp    nommât     Bertliullet .     dont    ries  renlérme,  un  rapport  au  (Conseil  exécutif 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  ±M 

laquelle  somme,  ainsi  que  les  pièces  ci-contre  énoncées,  ont  été  remises  audit 
citoyen  Berthollet,  trésorier  de  ladite  Commission  des  poids  et  mesures,  qui  s'en 
est  chargé; 

5°  Sept  boîtes  de  fer  blanc  contenant  du  platine  brut  pesant,  y  compris  les 
boîtes,  trois  cent  deux  marcs  trois  onces  .  ^  demie,  sur  laquelle  quantité  le  citoyen 
Lavoisier  a  déclaré  qu'il  lui  en  appartenait  quelques  livres,  ce  qui  sera  établi 
d'après  le  compte  définitif  qu'il  rendra  à  la  Commission  des  poids  et  mesures; 

6°  Un  carton ,  contenant  différents  mémoires  et  pièces  relatifs  à  ladite  Comnjissioii. 

Ledit  citoyen  Lavoisier  ayant  déclaré  qu'il  n'y  avait  plus  d'effets  appartenant 
à  ladite  Conmiis  ion  dans  lesditcs  pièces,  nous  sommes  partis  et  les  scellés  ont  été 
apposés  de  nouveau  par  lesdits  commissaires  dudit  Comité  révolutionnaire  de  la 
section  des  Piques  requis  à  cet  effet. 

Nous  étant  transportés  dans  le  cabinet  de  physique  dudit  citoyen  Lavoisier,  il 
nous  a  représenté  : 

1°  Deux  thermomètres  à  mesure  sur  planche  de  cuivre,  divisés  eu  cent  parties 
par  mètre; 

2°  Un  poids  de  trente  et  deux  marcs  en  cuivre  provenant  des  cabinets  do  la 
ci-devant  Académie,  qui  n'est  point  exactement  divisé; 

3°  Un  appareil  destiné  à  mesurer  la  force  du  papier,  construit  sous  l'inspection 
de  la  Commission  établie  pour  faire  les  recherches  pour  la  fabrication  des  assignats; 

A"  Un  centicade  en  bois  de  noyer  avec  cercles  de  cuivre; 

5°  Un  cylindre  creux  de  cuivre  jaune  destiné  à  déterminer  la  pesanteur  du 
mètre  cube  d'eau  distillée; 

6"  Trois  grands  bocaux  de  verre,  dont  deux  à  couvercle  de  bois,  destinés  poui- 
le  même  usage  ; 

7°  Une  grande  bouteille  contenant  de  l'eau  distillée  deux  fois  pour  le^  mêmes 
cxj)ériences  ; 

8°  Un  quart  de  mètre  en  cuivre  divisé  en  millimèlres; 

9°  Trois  thermomètres  divisés  en  parties  décimales. 

Puis  ledit  citoyen  Lavoisier  nous  a  fait  voir  à  Pextréniité  du  jardin  de  ladite 
maison  deux  bornes  en  pierre,  placées  aux  frais  de  la  Commission  à  A8  pieds  en- 
viron de  distance  l'une  do  l'autre  et  fondées  sui'  un  massif  de  maçonnerie.  Et  il  a 
déclaré  que  la  distance  de  ces  deux  bornes  ayant  été  rigoureusement  déterminée 
avec  les  mêmes  règles  qui  doivent  servir  à  la  mesure  du  degn'  du  méridien,  el 
ayant  servi  d'ailleurs  à  des  expériences  sur  la  dilatation  du  platine,  nous  avons 
pensé  qu'il  était  plus  à  propos  de  les  laisser  en  place  jus([u'au  moment  où  ladite 
Commission  des  poids  et  mesures  jugera  à  propos  de  les  l'aire  retirei*. 

provisoire,  si'jné  do  Paré;  ce  rappoii   est  trouvé  la  niinii(eaMlo[|raphe  dans  les  papiips 

révolu  de  l'approbation  du  Conseil,  en  dale  de  rilluslre  savant.  {Lavoisier,  par  K.  Gni- 

du  a5  Itrumaire,  portant  la  signature  de  maux,  p.  m/j'i.)  Après   rarrèlé  du  Comité 

Boucliolle,  président.  (Arcliiv(>s  nationales,  de  saint  publie  du  .'i  nivôse,  qui  épura  la  Coni- 

F'-,  c.arlon  i^î8().)  —  La  lettre  de  la  Coni-  mission  (voir  ci-dessus  p.  y-'i»)"!,  Berlliollel 

mission  a  été  rédigcie  par  Lavoisier,  connue  lut  élu  trésorier  en  remplacement  de  (ion- 

iMMis  l'apprend    M.  (!rinian\,  ipii  en  a  rc-  loml». 

III  .  I  () 


2^2      PROGÈS-VEllBAUX  DU  COMITÉ  DMNSTHIJCTÏON  PUBLIQUE 

Ledit  citoyen  Lavoisier  nous  a  déclaré  en  outre  qu'il  est  propriétaire  des  effets 
suivants  qu'il  a  déposés  dans  le  local  occupé  par  ladite  Commission  : 

1°  Une  grande  balance  et  les  dépendances,  construite  par  Fortin,  pesant  jus- 
qu'à 2  5  livres; 

2°  Une  autre  balance  construite  par  Meynie^l'aîné ,  pesant  jusqu'à  une  livre; 

3°  Une  balance  d'essai  du  même  auteur;  lesdites  trois  balances  dans  leurs  cages 


sous  verre. 


Ledit  citoyen  Lavoisier  ayant  déclaré  qu'il  n'avait  point  d'autres  effets  apparte- 
nant h  ladite  Connnission  que  ceux  ci-dessus  énoncés,  ledit  citoyen  Bertliollet 
s'en  est  cbargé  en  sadite  qualité  de  membre  et  de  trésorier  de  la  même  Commis- 
sion, et  nous  avons  clos  le  présent  procès-verbal  en  présence  desdits  citoyens  Mou- 
tonnel  et  Pliilippon,  commissaires  de  la  section  des  Piques,  qui  ont  signé  avec 
nous  et  les  citoyens  BertboUet  et  Vandermonde  ; 

Une  expédition  dudit  procès-verbal  ayant  été  remise  à  ces  derniers  pour  rester 
à  la  Commission  des  poids  et  mesures,  une  autre  au  citoyen  Lavoisier  qui  a  signé 
aussi  avec  nous  pour  lui  servir  de  décharge ,  ce  dernier  ayant  été  de  suite  recon- 
duit par  les  deux  gendarmes  au  ci-devant  hôte!  des  Fermes  pour  continuer  à  y 
être  en  état  d'arrestation  conformément  au  décret  de  la  Convention. 

L.-B.  GuYTON,  FouRGROY,  DopiN  le  jeune,  Jac,  Vandkrmonde,  Berthollet, 
Lavoisier,  Veilipvo^ ,  commissaire ,  Moutonnet,  commissaire. 

Oii  lit  à  la  fin  de  la  pièce  :  ff  A  mettre  sous  les  yeux  du  Comité  à  la  prochaine  séanoe«. 
—  En  télé,  dans  la  marge,  celle  indication  :  crA  déposer  dans  les  cartons.  29  ventôse, 
ViLLAR,  président,  w 

7. 

procès-verbal  de  levée  des  scellés  chez  lavoisier  ^^\ 

[Ce  procès-verbal,  relatif  au  retrait  par  Lavoisier,  le  ig  nivôse,  de  divers  papiers  lui 
appartenant,  est  placé  à  la  suite  du  procès-verbal  d'apposition  des  scellés  chez  Lavoisier,  à 
son  domicile  de  Paris,  le  27  frimaire,  et  à  sa  maison  de  campagne  de  Fréchine  le  1 1  nivôse.  J 

Ce  dix-neuf  nivôse,  en  vertu  d'un  arrêté  des  Comités  de  sûreté  générale  et 
d'instruction  publique  delà  Convention  nationale ,  en  date  des  i5  nivôse  et  17  du- 
dit mois^^^  nous  nous  sommes  transportés  dans  la  maison  du  citoyen  Lavoisier, 
boulevard  de  la  Magdeleine,  à  l'effet  de  lever  le  scellé  apposé  sur  la  porte  à  gauche 
en  entrant  dans  l'antichambre,  et  le  citoyen  Lavoisier  en  a  extrait  des  mémoires 
de  physique  et  de  chimie  destinés  à  l'impression,  différentes  pièces  relatives  à  sa 
déclaration  à  femprnnt  volontaire,  plusieurs  registres  manuscrits  d'expériences, 
et  nous  avons  clos  ledit  procès-verbal  et  nous  avons  signé. 

Moutonnet,  Lavoisier,  Philippon,  coinmissaire. 

^^)  Archives  nationales,  F^  carton  A770  rendre  chez  Lavoisier  ne  fut  libellé  que  le 

(ancien  '^757).  17,  bien  que  ces  deux  membres  eussent 

^^)  Ceci  semble  indiquer  que  l'arrêté  du  reçu  cette  mission  dans  la  séance  du  i5 

Comité   d'instruction   publique  donnant  à  (voir  ci-dessus,  p.  235). 
Guyton   et    à   Fourcroy  la  mission   de  se 


i 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  2^1 3 


PÉTITION   DK  DELTUFO  ^^K 

Paris,  ce.  .  .  ^^>  ]Nivos(«'c)  l'an  deuxième  de  la  République  une  et  indivisible. 

Citoyen  représentant, 
11  m'est  impossible  de  le  parler  assez  longtemps  au  Comité  de  ^'^ 


cependant  pour  obtenir  de  loi  ce  que  je  désire ,  il  faut  présenter  à  ta  mémoire  des 
faits  :  lis  donc  et  sers-moi ,  si  tu  crois  devoir  le  faire;  ou  réponds-moi ,  si  tu  ne  veux 
pas  te  charger  de  ma  cause. 

Faits. 

Lors  des  Assemblées  constituante  et  législative,  je  conçus  le  projet  de  faire  pas- 
ser dans  les  pays  étrangers,  chaque  jour  de  com^rier,  les  traductions  des  discours 
les  plus  marquants  et  des  décrets  qui  furent  rendus. 

Les  moyens  que  j'employai  furent,  dans  le  temps,  détaillés  par  François  de 
Neufchâteau.  Les  toiles  imprimées ,  les  gazes ,  les  modes  même ,  tout  fut  mis  en 
usage,  et  finalement  je  parvins  à  avoir  une  correspondance  qui  fut  utile  et  qui 
Teùt  été  davantage  sans  le  zèle  indiscret  de  Fauchet  qui  me  nomma  en  pleine  as- 
semblée et  détruisit,  par  cela  seul,  toutes  les  ressources  dont  je  m'étais  assuré. 

A  l'époque  de  la  mort  du  tyran,  je  traduisis  et  j'imprimai  différentes  Opinions  : 
j'en  appelle  à  la  mémoire  de  Saint-Just,  à  qui  j'ai  montré  celle  de  Mailhe  traduite 
et  imprimée  en  langue  espagnole;  j'en  appelle  enfin  à  la  justice  de  quelques  Co- 
mités auxquels  j'adresse  pareille  lettre,  et  je  te  demande,  à  toi  représentant,  ton 
appui  pour  obtenir  trois  choses  : 

1°  D'être  présenté  à  la  nouvelle  Commissions"^  pour  laquelle  je  te  prie  d'apos- 
tiller  la  présente; 

2°  Une  indemnité  pour  réparer  les  pertes  trop  fortes  que  j'ai  faites; 

3°  De  me  faire  donner  de  l'occupation  par  le  Comité  dont  tu  es  membre,  et 
de  le  souvenir  que,  le  9  se[)tembre  dernier,  le  Comité  de  sûreté  générale  de  la 
Convention  nationale  me  manda  ainsi  que  tous  mes  ouvriers,  et  qu'après  les  avoir 
enregistrés  pour  les  occuper,  ils  sont,  comme  moi,  depuis  ce  moment  en  réquisi- 
tion réelle,  et,  comme  moi,  sans  ouvrage. 

Un  décret  de  l'Assemblée  législative  m'a  accordé  quatre  places  dans  son  en- 
ceinte, pour  faciliter  mes  travaux  et  ceux  de  mes  collègues;  plusieurs  autres  dé- 
crets ont  confirmé  cette  faveur. 

J'ai  instruit  l'Assemblée  des  inleiligencos  qu'avaient  parmi  nous  la  femme  du 
tyran  espagnol  et  son  premier  ministre  Florida-Blancn. 

^')  Archives  nationales,  F",  carton  loo8^  ^'^^   Le  nom  du  Clomifé    a  été  laissé  on 

n°  ik(jU.  Cette  pétition  est  une  circulaire  blanc. 

imprimée,  destinée  à  être  remise  aux  meni-  ^*^    Il  s'agit,  comme  l'indique  un  autre 

bres  de  dilTérenls  Comités.  passade,  qui^  l'on  trouvera  plus  loin,  d'une 

S''^  Le  quantième  est  resté  en  blaiir.  (iommission  de  traduction. 

16. 


Wi      PROCES-VERBAUX  DU  COMITE  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

J'ai  remis  au  Comité  de  surveillance  les  lettres  orig'inales  qui  leur  étaient  adres- 
sées: le  Comité  m'en  fit  faire  la  traduction  sur-le-champ  et  ordonna  l'arrestation 
de  l'agent  porlide  qui  les  servait. 

Vin{}t  mentions  honorables  se  firent  en  ma  laveur,  sous  le  nom  collectif  de 
réducteurs-traducteurs  des  séances  de  la  Convention  nationale. 

On  nomma  une  Commission  de  traduction;  Grégoire,  Dentzel,  Riilil,  etc.,  en 
furent  membres^''.  Je  fus  mandé  à  cette  occasion  par  le  ministre  de  la  justice;  son 
successeur,  qui  a  connaissance  du  fait,  s'en  rappelle  assez  pour  me  renvoyer  au- 
jourd'hui à  la  nouvelle  Commission  ^'^ 

On  fixa  (les  honoraires  pour  mes  collègues  et  moi,  à  raison  de  six  mille  livres, 
à  la  charge  de  corriger  les  épreuves  de  nos  traductions.  Les  trois  premiers  mois 
devaient  nous  être  payés  le  i"  janvier  1798;  mais,  avant  cette  époque,  plusieurs 
des  membres  de  cette  Commission  partirent  poni'  différenis  départements  et  tout 
resta  sans  exécution. 

Ton  concitoyen ,  Deltufo, 

Vun  des  rédacteurs-  traducteurs 

des  séances  de  la  Convention  nationale , 

rue  des  Deux-Portes-Saint-Sauveur,  n°  9. 

^''   Celle  Commission  de  traduction  avail  gnements  sur  la  créatio  1  et  la  composition 

été  créée  par  un  décret  de  décembre  1798.  de  la  nouvelle  Commission  de  traduction 

(-^   Nous  n'avons  pas  trouvé  de  rensei-  dont  il  est  ici  question. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  2/i5 

CENT  SOIXANTE-DIX-HUITIÈME  SÉANCE. 

Du  17  nivôse  an  11.  [6  janvier  179^.] 

Une  députation  du  collège  de  l'Egalité  est  introduite.  Elle  remet 
une  pétition  dans  laquelle  elle  se  plaint  de  la  disposition  qu'en  con- 
séquence d'un  décret  les  préposés  du  département  de  Paris  font  de 
la  maison  de  cet  établissement  pour  en  faire  une  maison  d'arrêt  pro- 
visoire. Il  est  arrêté  de  nommer  un  rapporteur,  qui  dès  demain 
demandera  à  la  Convention  la  suspension  de  l'effet  du  décret  qui 
donne  lieu  à  la  plainte.  Mathieu  est  nommé^^l 

La  Société  populaire  de  Rebais,  district  de  Rozoy,  département  de 
Seine-et-Marne,  avertit  que  sa  commune  contient  tout  ce  qui  convient 
à  l'établissement  d'une  école  nationale  ;  qu'il  y  avait  une  ci-devant 
école  militaire  qui  fournit  un  local  avantageux  sous  différents  rapports. 
La  pétition  est  renvoyée  au  carton  qui  renferme  les  pièces  de  ce  genre, 
sur  lesquelles  il  doit  être  prononcé  lors  de  l'exécution  du  décret  à  in- 
tervenir sur  les  degrés  supérieurs  d'instruction  publique  ^-l 

Julien-David  Le  Roy  expose,  dans  sa  lettre  du  16,  que  la  situation 
de  la  France  et  de  l'Angleterre  a,  dans  ce  moment,  une  grande  ana- 
logie avec  celle  de  Carthage  et  de  Rome,  lorsque  la  première  couvrait 
la  Méditerranée  de  ses  vaisseaux  et  que  les  Romains  avaient,  dit  Po- 
lybe,  à  peine  quelques  faibles  barques;  qu'il  a  décrit  dans  un  de  ses 
ouvrages  cet  état  de  Rome  et  de  Carthage.  Il  envoie  au  Comité  un 
exemplaire  de   cet  ouvrage  pour   chaque  membre  du  Comité.   On 

(')  Un  décret  du  8  frimaire,  rendu  sur  naents??,  (Procès-verbal  de  la  Convention, 
lo  rapport  des  Comités  d'aliénation,  do-  t.  XXVI,  p.  906.)  Mathieu  n'eut  pas  \\ 
maines  et  finances,  avait  autorisé  le  rai-  porter  devant  la  Convention  la  plainte  du 
nistre  de  l'intérieur  cf  à  disposer  des  anciens  collège  de  l'Egalité  :  une  solution  fui 
collèges  Duplessis  et  de  l'Egalité,  situés  adoptée  par  le  Comité  séance  tenante, 
rue  Saint- Jacques,  ainsi  que  des  sémi-  comme  on  le  verra  à  la  page  9Û8.  11 
naires,  en  cas  d'insuffisance,  pour  y  faire  sera  de  nouveau  question,  le  99  nivôse 
transférer,  conformément  à  l'article  0  du  (p.  ••96),  du  projet  de  former  une  maison 
décret  du  1  2  septembre  dernier,  tons  les  d'arrêt  dans  le  collège  de  l'Egalité, 
gens  suspects  actuellement  détenus  dans  ^''^  L'école  militaire  de  Rebais  avait  été 
ditférentes  prisons  de  la  commune  de  Paris,  supprimée,  avec  les  autres  établissements 
(Ml  faisant  préalablement  faire  par  experts,  du  môme  genre,  par  le  décret  du  9  sep- 
ouvriers  et  architectes,  la  visite  desdils  tembre  t79''^-  Voir  notre  tome  II.  pages 
collèges,    pour   constater   l'étal    des    bâti-  .■?7r)-38(). 


2A6      PROCÈS-VEPxBAUX  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

arrête  une  mention  honorable,  et  le  président  est  chargé  d'écrire  àJ.-D. 
Le  Roy(^). 

Romme,  nommé  rapportem'  de  Desmarest,  ne  s'étant  pas  présenté 
au  (lomité,  on  arrête  qu'il  lui  sera  envoyé  l'arrêté  qui  l'en  nomme 
rapporteur  ^-l 

Le  Comité  de  sûreté  générale  adresse  une  lettre  en  caractère  in- 
connu, avec  invitation  d'en  faire  connaître  le  contenu.  Le  (Comité 
cliarge  Boutroue  d'en  faire  le  rapport (''^. 

Couturier  oiïre  Jes  animaux  de  la  ménagerie  de  Versailles  au  nom 
des  représentants  du  peuple  qui  sont  dans  cette  commune.  On  demande 
une  réponse;  le  président  est  chargé  de  faire  une  réponse  portant  au- 
torisation^^). 

Le  citoyen  Verhelst,  sculpteur,  donne  à  la  Convention  le  plan  d'un 
temple  de  la  Constitution.  Mathieu  est  chargé  du  rapport  ^^l 

Le  citoyen  Guérin,  professeur  d'hydrographie,  qui  se  plaint  de  la 
grande  disproportion  d'appointements  qui  existe  entre  les  professeurs, 
demande  que  les  écoles  d'hydrographie  soient  munies  de  livres  et  d'in- 
struments. Prunelle  est  nommé  rapporteur ^''l 

Un  membre  rappelle  le  décret  de  la  Convention  nationale  du  29 


^^)  La  lettre  de  Julien-David  Le  Roy  se 
trouve  dans  F^^  carton  ioo8\  n°  1626.  Il 
avait  déjà  envoyé  au  Comité  (séance  du  5  oc- 
tobre 1793;  voir  t.  II,  p.  570)  le  manuscrit 
d'un  Cours  historique  d'architecture  ancienne. 
Le  décret  du  27  nivôse  fera  de  lui  un  des 
membres  du  Conservatoire  du  Muséum  des 
arts  (p.  27,3).  Dans  la  séance  du  1"  germi- 
nal an  II,  on  le  verra  solliciter  une  augmen- 
tation de  sa  pension. 

^^^  Voir  p.  235.  Cet  alinéa  ne  se  trouve 
qu'à  la  minute.  Le  97  nivôse  (p.  999),  on 
verra  Mathieu  figurer  comme  rapporteur  de 
l'afTaire  Desmarest,  à  la  place  de  Romme. 

^^^  Cet  alinéa  ne  se  trouve  qu'à  la  mi- 
nute. Boutroue  remettra  la  lettre  déchiffrée 
dans  la  séance  suivante  (p.  9  55). 

'  Nous  n'avons  pas  trouvé  la  lettre  de 
Couturier.  Les  animaux  qui  existaient  à  la 
ménagerie  de  Versailles  étaient  un  lion ,  un 
couagga  ou  zèbre,  un  bubale,  et  tm  chien, 
ami  du  lion  (Despois,  Le  Vandalisme  révo- 
lutionnaire, p.  99).  On  a  vu  que,  dès  le 


ik  brumaire,  la  commune  de  Paris  avait 
fait  conduire  au  Muséum  d'histoire  natu- 
relle un  certain  nombre  d'animaux,  qu'on 
avait  laissés  provisoirement  dans  les  cages 
appartenant  à  leurs  propriétaires,  et  que,  le 
17  frimaire.  Desfontaines  avait  écrit  au 
Comité  d'instruction  publique  au  sujet  de 
l'installation  d'une  ménagerie  (t.  II,  pages 
81 6-891  ).  Le  3  pluviôse,  les  professeurs  du 
Muséum  présenteront  au  Comité  un  projet 
tendant  à  la  création  définitive  d'une  mé- 
nagerie dans  l'établissement  (p.  3i5). 

^^^  Le  procès-verbal  de  la  séance  du 
Comité  du  1" octobre  1793  (t. Il,  p.  59  5) 
mentionne  déjà,  à  peu  près  dans  les  mêmes 
termes,  le  projet  de  Verhelst  et  son  renvoi 
à  Mathieu.  Ce  projet  n'eut  pas  de  suite. 
Verhelst  en  présentera  encore  un  autre  le 
i3  prairial  an  11. 

^^^  La  même  pétition  avait  déjà  été  pré- 
sentée au  Comité  le  1"  octobre  1793  et  ren- 
voyée à  Prunelle  (t.  Il,  p.  525).  Il  en  sera 
de  nouveau  question  le  1  "  pluviôse  (  p.  3o6). 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE. 


%l\l 


frimaire  qui  charge  le  Comité  de  nommer  deux  commissaires  pour 
diriger  et  surveiller  le  transport  à  Paris  des  livres,  mémoires,  papiers, 
cartes,  plans,  etc.,  des  bureaux  des  affaires  étrangères  de  Versailles, 
en  exécution  du  décret  du  26  précédent,  et  qui  ordonne  que  les  com- 
missaires se  concerteront  à  cet  effet  avec  le  Conseil  exécutif.  Sur  cette 
proposition,  deux  commissaires  sont  nommés,  Buache  et  Langlès '^'. 
Le  Comité  arrête  que  son  président  écrira  au  ministre  de  l'intérieur 
pour  le  hâter  de  donner  à  l'Imprimerie  nationale  executive  au  Louvre 
l'ordre  de  tirer  six  mille  exemplaires  de  l'Instruction  de  la  Commission 
des  poids  et  mesures,  sur  les  mesures  déduites  de  la  grandeur  de  la 
terre,  dans  le  cas  où  il  jugerait  que  ce  nombre,  trouvé  nécessaire  par 
la  Commission,  est  convenable  pour  son  objet;  et  dans  le  cas  où  il 
en  jugerait  autrement,  il  adressera  sans  délai  ses  observations  an 
Comité  ^2^. 


^^)  Sur  l'origine  de  cette  affaire,  voir  la 
séance  du  Comité  du  5  nivôse  (p.  211). 
La  Commission  des  arts  avait,  dans  sa 
séance  du  1 0  nivôse ,  pris  l'arrêté  suivant  : 
ffLe  Comité  d'instruction  publique  est  in- 
vité à  désigner  les  citoyens  qui  doivent,  en 
conformité  du  décret  du  îîq  frimaire,  sur- 
veiller le  transport  à  Paris  des  livres,  mé- 
moires, caries,  plans  des  bureaux  des  af- 
faires étrangères  à  Versailles.»  (F"*7, 
folio  i5,  recto.)  Pour  la  suite,  voir  la 
séance  du  Comité  du  21  nivôse  (p.  26/1). 

^^)  Voir  p.  216.  On  sait  que  l'article  10 
du  décret  du  1"  août  1798  avait  chargé 
l'Académie  des  sciences  —  remplacée  le  1 1 
septembre,  pour  l'exécution  de  ce  décret, 
par  la  Commission  temporaire  des  poids  et 
mesures  —  de  rédiger  wun  livre  à  l'usage 
de  tous  les  citoyens,  contenant  des  instruc- 
tions simples  sur  la  manière  de  se  servir 
des  nouveaux  poids  et  mesures,  et  sur  la 
pratique  des  opéralions  arillini('tiques,  re- 
latives à  la  division  décimale '■>.  La  (Com- 
mission des  poids  et  mesures  confia  la  ré- 
daction de  cet  ouvrage  à  son  secrétaire 
llaùy.  Nous  n'avons  pas  Irouvé  la  lettre  par 
laquelle  la  (îomu)is>iou  dut  annoncer  au 
Coniilé d'instruction  publi(jue  (|iie  le  manu- 
scrit de  rrrlnslrnclion  sur  les  mesures  dé- 
duites de   la  grandeur  de  la    terre»   élail 


achevé.  Le  chiffre  de  six  mille  exemplaires 
fut  jugé  plus  tard  insuffisant  par  la  Com- 
mission; dans  une  lettre  au  ministre  de 
l'intérieur  en  date  du  18  pluviôse,  signée 
par  Hassenfratz  comme  président  et  Haùy 
comme  secrétaire  (Archives  nationales, F^^. 
carton  1289),  elle  demanda  qu'il  fût  porté 
à  vingt  mille.  Le  1 2  germinal ,  r//js?r/u'- 
tion  était  imprimée,  et  la  Commission  put 
en  envoyer  un  exemplaire  au  Comité  de 
salut  public  (Georges  Pouchet,  Les  sciences 
pendaiitla  Terreur,  2*éd.,  p.  89,  note  a  ).  Une 
circulaire  imprimée  (Archives  nationales, 
ihid.),  adressée  aux  administrateurs  de  dis- 
trict ,  le  2  5  germinal ,  par  Hermann ,  «  chargé 
provisoire  des  fonctions  de  ministre  de 
l'intérieur»,  leur  annonça  l'envoi,  en  (rois 
exemplaires,  de  cette  Instruction,  en  les 
invitant  à  la  faire  réimprimer.  Voici  le 
titre  complet  de  l'ouvrage  de  lîaiiy  :  rr/;j- 
slruction  sur  les  mesures  déduites  de  la  fp'nn- 
dcur  de  la  terre,  unifortnc.t  pour  toute  la 
République,  et  sur  les  calculs  relatifs  à  leur 
division  décimale,  par  la  Commission  tem- 
poraire des  poids  et  mesures  républicains, 
en  exécution  des  décrets  de  la  (Convention 
nationale.  Kdilion  originale.  A  l'aris,  de 
rinipriiueri(>  nationale  executive  du  Lou- 
vre, an  11''  de  la  Hépubliquo  une  et  indi- 
visible.»  C'est   un   volume   in-S"  de  xxmi  - 


MS      PHOCh:S-VKHUAlJX  DU  COMITK  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

(]ou|)é  fait  la  lecture  du  projet  de  décret  relatif  à  la  formation  des 
bibliothèques  districales,  dont  il  a  été  chargé  dans  la  séance  précé- 
dente^i^ 

Deux  membres  du  Comité  des  domaines  et  d'aliénation  proposent, 
au  nom  de  leur  comité,  une  manière  de  former  une  maison  d'arrêt 

r 

dans  le  collè^je  de  l'Egalité  sans  nuin»  à  sa  destination  sous  le  rapport 
d(»  l'instruction.  Le  Comité  l'adopte  et  charge  son  président  d'écrire  en 
conséquence  au  ministre  de  l'intérieur^-^ 

Le  Comité,  sur  le  rapport  de  ses  commissaires  nommés  pour  les 
nouvelles  dénominations  des  rues  et  des  villes ^'^\  arrêt(^  l'impression  des 
vues  communiquées  j)ar  la  municipalité  de  Paris  sur  le  changement 
des  noms  des  rues  de  cette  ville ^'^^. 


996  pages,  avec  1  :î  tal)les  de  réduction  e! 
une  planche  de  figures.  (Bibliothèque  iia- 
lionale,  V  /j'^q/io,  in-8";  Musée  pédago- 
gique, n"  8899.)  (^ette  Instniclioii  est  an- 
noncée dans  le  Moniteur  du  :?  1  germinal 
an  11;  mais  l'annonce  vise  une  réimpres- 
sion faite  à  l'imprinjerie  de  Marchand , 
rue  Loîistailot,  ci-devant  des  Fossés-Saint- 
Victor,  n"  Sa.  Un  avertissement  placé  à  la 
fin  dn  Discours  préliminaire  mentionne  '^u 
ces  termes  deux  autres  publications  de  la 
Commission  des  poids  et  mesures  :  cr Indé- 
pendamment du  présent  ouvrage,  la  Com- 
mission on  publie  dans  ce  moment  un 
second,  où  le  même  sujet  est  traité  difle- 
remment,  d'une  manière  plus  courte  et 
plus  élémentaire,  ainsi  que  l'indique  le 
titre  que  porte  cet  ouvrage,  (V Instruction 
abrégée  sur  les  mesures  déduites  de  la  gran- 
deur do  la  terre.  Ces  deux  Instructions  se- 
ront suivies  incessamment  d'une  troisième, 
qui  n'offrira  qu'un  précis  du  système,  et 
qu'on  imprimera  partie  en  format  in-S", 
pour  être  distribuée,  et  partie  en  forme 
(ralliche,  pour  rester  exposée  à  la  vue  de 
tous  les  citoyens  dans  les  lieux  pubhcs.75 
\^ Instruction  abrégée  sur  les  mesures  déduites 
de  la  grandeur  de  la  terre  (Bibliothèque 
nationale,  V  içidli(),  in-8")  est  un  volume 
in-8°  de  i''i8  pages,  avec  des  tables.  Quant 
au  précis  qui  devait  être  imprimé  tant  en 
format  in-8"  qu'en  alïiche,  nous  ne  l'avons 
pas  trouvé. 


Le  So  nivôse,  la  Commission  des  poids 
et  mesures  se  présenta  à  la  Convention,  et 
Vlonge  lut  en  son  nom  une  adresse  an- 
nonçant que  la  confection  des  étalons  serait 
bientôt  achevée,  et  que  ÏInstruclion  sur 
les  nouvelles  mesures  et  un  abrégé  de  cette 
Instruction  étaient  sous  presse.  La  (con- 
vention décréta  l'impression  de  l'Adresse 
de  la  Commission ,  et  son  renvoi  au  Comité 
d'instruction  publique.  Nous  donnons  aux 
annexes  un  extrait  du  compte-rendu  de  la 
séance  de  la  Convention  du  3o  nivôse  an  11, 
emprunté  au  Journal  des  débats  et  des  dé- 
crets, et  le  texte  de  l'Adresse  de  la  Com- 
mission des  poids  et  mesures. 

Il  sera  de  nouveau  question  de  Vïnstruc- 
fion  dans  la  séance  du  Comité  du  1"  floréal 


an  II. 


(^^  Le  projet  de  décret  de  (joupé  se 
trouvera  au  procès-verbal  de  la  séance  du 
Comité  du  i*' pluviôse  (p.  3o8). 

^^5  Voir  p.  3 45,  note  1.  Pour  la  suite, 
voir  la  séance  du  29  nivôse  (p.  296). 

^^^  Il  s'agit  sans  doute  de  Bomme  et  de 
Mailly;  voir  séance  du  i3  nivôse  (p.  228). 

^'*^  Les  «vues  communiquées  par  la  mu- 
nicipalité de  Paris  sur  le  changement  des 
noms  des  rues  de  cette  ville 77  sont  un  rap- 
port présenté  par  Avril,  l'un  des  adminis- 
trateurs des  travaux  publics,  an  Conseil 
général  de  la  commune.  On  trouvera  celte 
pièce  aux  annexes  de  la  séance  du  Comité 
du  2  5  nivôse  (p.  286). 


DE  LA  (:ONVEiNTIO>  NATIONALE.  2Zi9 

La  séance  est  levée  à  onze  heures ^^l 


PIECES     ANNEXES. 

On  lit  dans  le  Journal  des  débats  et  des  décrets  : 

Convention  nationale,  séance  du  3o  nivôse. 

Une  députation  de  la  Commission  dos  poids  et  mesures  se  présente.  Monge 
[jorte  la  parole.  Il  rend  compte  des  travaux  de  cette  Commission ,  dont  il  est 
membre. 

[Suit  iino  analyse  de  l'adresse  Ino  par  Mon^je.] 

Le  président  ^^\  Tout  ce  qui  tend  à  donner  au  peuple  français  des  mœurs,  des 
usages,  un  langage  dignes  de  sa  régénération,  à  l'aire  disparaître  les  bases  d'un 
odieux  régime,  a  droit  d'intéresser  la  Convention  nationale,  et  ne  pouvait  être 
confié  qu'à  de  vrais  républicains.  Elle  voit  avec  satisfaction  l'activité  et  le  zèle  avec 
lesquels  la  Commission  des  poids  et  mesures  travaille  à  faire  jouir  promptement 
la  République  des  avantages  que  ses  décrets  ont  voulu  lui  assurer,  en  faisant  cesser 
cette  divLTsilé  de  mesures  qui  fatiguait  les  citoyens  et  servait  la  mauvaise  foi.  En 
donnant  à  ses  nouvelles  mesures  une  base  invariable,  prise  dans  la  nature,  la 
France  offre  à  l'Europe  un  exemple  qui  ne  peut  manquer  de  liàter,  par  le  respect 
qu'imprimeront  toujours  les  lumières  de  la  pbilosopliie,  cette  révolution,  qu'appelle 
déjà  si  puissamment  le  sentiment  de  la  liberté. 

L'impression  du  compte -rendu  est  décrétée,  et  la  Convention  le  renvoie  au 
Comité  d'instruction  publique  ^^^ 

Voici  le  texte  de  l'adresse  lue  par  Monge  au  nom  de  la  Commission  : 

ADRESSE   DE  LA   COMMISSION   DES    POIDS    ET   MESURES  X    LA    CONVENTION    NATIONAL''. 

De  ITraprimorie  nalionale,  s.  d.  ^*^ 

Citoyens  législateurs, 

La  Commission  temporaire  des  poids  et  mesures,  substituée^  à  la  ci-devant  Aca- 
démie des  sciences  [)ar  votre  décret  du  mois  de  septembre  i7()3,  qui  vient  d'être 
régénérée  par  le  Comité  de  salut  public,  vient  vous  rendre  compte  des  travaux 
qu'elle  a  faits  depuis  cinq  mois  et  de  ceux  aux((uels,  depuis  sa  régénération,  elle 

^'^   Ce  dernier  alinéa  n'i'st  pas  à  la  nii-  (•''^   Journal    des    di-'uits    et    des    décnUs . 

nule.  Pas  de  si|fnalure,  ni  à  la  minute  ni  n''/i87,  p.  /l'i'i. 

au  re(jislre.  La  miiuife  est  de  la  main  de  ^^'    Ril»li()lliè(pu'    nationale.    Le''''    (k")/»  , 

Daousl.  in-S". 

(^^  C'est  David. 


250      PROCÈS-VERBAUX  DU  COMITE  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

se  livre  avec  une  nouvelle  activité,  pour  faire  jouir  le  peuple  français  de  Tunifor- 
mité  si  (lesiree  dans  les  poids  et  dans  les  mesures. 

Près  de  trois  ans  ont  été  employés  par  les  commissaires  de  la  ci-devant  Acadé- 
mie des  sciences  pour  rédiger  le  plan  du  travail,  pour  faire  exécuter  les  instruments 
nécessaires  à  la  détei-mination  de  la  longueur  du  quart  du  méridien  terrestre, 
pour  faire  de  nombreuses  expériences  sur  la  longueur  du  pendule,  pour  mesurer 
la  (lilalation  des  métaux,  pour  recliei'cher  avec  toute  la  précision  nécessaire  les 
poids  d'un  volume  donné  d'eau  distillée,  au  moyen  duquel,  des  étalons  de  me- 
sures linéaires,  seront  déduits  les  étalons  de  poids. 

Depuis  le  i"  septembre  ^^\  les  bases  du  travail  général  étant  bien  assises,  la  Com- 
mission s'est  occupée  de  régler  les  formes  des  divers  étalons ,  de  déterminer  la  méthode 
de  les  vérifier.  Elle  a  fait  avec  les  ouvriers  les  devis  nécessaires  pour  la  construction 
des  étalons;  les  marchés  sont  passés  avec  le  ministre  de  l'intérieur;  tous  les  artistes 
sont  en  pleine  activité;  leurs  ateliers  sont  garnis  d'ouvriers;  des  machines  ingé- 
nieuses, imaginées  par  plusieurs  d'entre  eux,  vont  servir  à  multiplier  bientôt  les 
étalons  avec  l'économie  du  temps  et  la  justesse  nécessaire  dans  une  si  belle  opération. 

Des  membres  de  la  Commission  surveillent  toutes  les  entreprises ,  et  s'occupent 
sans  relâche  de  l'examen  des  poids  et  mesures.  D'autres  sont  chargés  de  la  rédac- 
tion et  de  l'impression  de  trois  ouvrages  qui  doivent  faire  connaître  les  soins  pris 
pour  la  perfection  de  cette  grande  opération.  L'un  de  ces  ouvrages  exposera  la 
base  du  travail  de  la  Commission,  le  rapport  de  ce  travail  avec  les  nouvelles  me- 
sures, et  la  mélhode  destinée  à  simphfier  les  calculs  qu'elles  exigeaient  ^^^ 

L'autre  sera  un  abrégé  de  cette  instruction,  destiné  à  l'usage  de  tous  les  ci- 
toyens ^^^  11  ne  comprendra  que  les  résultats  les  plus  généraux  et  les  bases  indis- 
pensables à  tous  les  hommes  pour  faii-e  usage  des  poids  et  mesures  répubhcaines. 
Ces  deux  premiers  ouvrages  sont  terminés;  ils  sont  sous  presse  en  ce  moment. 

Le  troisième  offrira  la  collection  de  tous  les  mémoires  et  de  tous  les  rapports 
relatifs  à  l'ensemble  des  opérations  qui  ont  servi  à  déterminer  l'unité  des  poids  et 
mesures  ;  la  description  et  les  dessins  de  toutes  les  machines  imaginées  pour  par- 
venir à  ce  but;  le  détail  des  calculs  que  ce  travail  a  exigés,  et  la  manière  dont  on 
a  profité  de  toutes  les  connaissances  physiques  pour  se  garantir  des  erreurs  d'ob- 
servation" et  pour  vérifier  tous  les  résultats,  en  sorte  que,  dans  tous  les  temps,  on 
puisse  facilement  et  sûrement  les  retrouver,  en  répétant ,  avec  les  soins  convenables, 
les  expériences  qui  les  ont  fournis. 

Ce  dernier  ouvrage,  qui  offrira  l'historique  exact  de  toutes  les  expériences,  de 
toutes  les  recherches ,  aura  deux  parties.  L'une  contiendra  tout  ce  qui  a  rapport  à 
la  première  époque  du  travail  qui  a  pour  base  la  détermination  actuelle  et  comme 
provisoire  de  l'unité  des  poids  et  mesures,  fondée  sur  les  observations  faites  au 
nord  et  au  midi  de  la  France,  pour  déterminer  la  quantité  de  l'aplatissement  de  la 
terre.  L'autre  partie  présentera  la  seconde  époque,  la  détermination  précise  et  dé- 

^'^   C'est  par  inadvertance    que  Mongo  ^^^   C'est  V Instruction  sur  les  wesuros  <lé- 

donne  ici  la  date  du  i"  septembre,  le  dé-  duites  de  la  grandeur  de  la  terre. 

cret  qui  a  constitué  la  Commission  étant  ■"'^   C'est  V Instruction  abrégée  sur  les  me- 

dii  1 1  septembre  1793.  sures  déduites  de   la  grandeur  de  la  terre. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  251 

fmitive  de  cette  unité  qui  aura  lieu,  lorsque  Tare  terrestre  compris  entre  Barce- 
lone et  Dune-Libre  sera  entièrement  mesure  ^'^ 

Nous  pouvons  assurer  qu'il  n'y  aura  entre  l'unité  provisoire  de  mesure,  donnée 
par  les  anciennes  observations  dont  nous  sommes  obligés  de  nous  servir  en  ce 
moment,  et  l'unité  définitive  fondée  sur  les  nouvelles  opérations,  qu'une  différence 
trop  légère  pour  en  retarder  plus  longtemps  la  jouissance. 

Pour  obtenir  ce  dernier  résultat,  chercbé  et  trouvé  au  milieu  même  du  bruit  de 
nos  armes  victorieuses,  des  membres  de  la  Commission  continuent  la  mesure  de 
l'amplitude  et  de  la  longueur  de  l'arc  du  méridien  compris  entre  Barcelone  et 
Dune-Libre.  Mais,  tandis  qu'on  achève  de  perfectionner  cette  mesure  et  de  déter- 
miner, avec  une  précision  inconnue  jusqu'ici  aux  autres  peuples  de  la  terre,  l'unité 
précise  qui  sera  déposée  dans  les  étalons  destinés  à  servir  de  type  général  et  à 
être  conservés  par  la  Convention  nationale,  nous  avons  senti  qu'il  était  indispen- 
sable de  s'occuper  sur-le-champ  des  moyens  de  distribuer  le  plus  promptement 
possible  les  nouveaux  poids  et  les  nouvelles  mesures  dans  toute  l'étendue  de  la 
République.  Bientôt,  législateurs,  ce  bienfait  va  être  répandu  également,  sous  vos 
auspices,  sur  tous  les  citoyens;  bientôt  leurs  yeux  ne  seront  plus  choqués  de  ces 
poids  et  de  ces  mesures  anciennes  qui  retracent  encore  des  restes  odieux  des  temps 
et  des  choses  souillés  par  les  tyrans.  Des  mesures  et  des  poids  républicains  vont 
incessamment  remplacer  les  anciens.  La  Commission  vient  d'appeler  à  cette  utile 
et  pressante  construction  tous  les  artistes  en  état  d'y  coopérer;  elle  va  leur  fournir 
les  premiers  étalons  de  ces  mesures  et  de  ces  poids  républicains;  elle  se  charge  de 
les  guider  dans  leur  travail ,  d'en  vérifier  les  premiers  résultats ,  et  de  les  mettre  à 
portée  de  les  vérifier  eux-mêmes ,  avec  l'exactitude  convenable.  Tous  les  décadis,  un 
membre  de  la  Commission  leur  expose,  dans  une  leçon  publique,  les  vérités  et  les 
principes  qui  doivent  les  guider  dans  leurs  opérations.  Le  commerce  va  donc  jouir 
bientôt  des  premiers  fruits  d'un  travail  dont  aucune  nation  n'a  encore  tenté  et  ne  pou- 
vait même  concevoir  l'espérance  de  donner  l'exemple.  La  République  française  aura 
la  gloire  d'avoir  fait,  en  quelques  années,  ce  que  des  peuples  éclairés  n'ont  encore 
pu  faire,  et  la  liberté  comptera  ce  travail  parmi  les  bienfaits  qu'elle  répand  sur 
les  hommes.  L'uniformité  des  poids,  des  mesures  et  des  calculs  dans  toute  la  Ré- 
pubhque  fera  disparaître  toutes  les  difficultés  qui  entravaient  les  échanges  et 
favorisaient  si  souvent  la  mauvaise  foi.  La  détermination  de  ces  poids  et  de  ces 
mesures,  prise  dans  la  nature  et,  par  là,  dég.igée  de  tout  arbitraire,  sera  doréna- 
vant fixe,  immuable  et  inaltérable,  comme  la  nature  elle-niênie.  L'arithmétique, 
simplifiée  par  le  calcul  décimal,  rendra  toutes  les  opérations  du  commerce  et  de 
la  comptabilité  beaucoup  plus  faciles  et  plus  sures.  Réduite  à  ce  qu'il  v  a  de  plus 
simple,  elle  sera  à  la  portée  de  tout  le  monde;  tous  les  entants  la  sauront,  et  ce 
sera  encore  une  cause  de  moins  d'inc'jyalilo  parmi  les  hommes.  La  France,  déjà  si 
distinguée  par  les  progrès  d(^  ses  habitants  dans  les  sciences  et  dans  les  arts,  a 
d'ailleurs  été  favorivsée  par  la  nature  pour  le  succès  de  ce  grand  travail.  Elle  seule, 
|)armi  les  nations,  |)résente  une  position  avantageuse  pour  la  mesure  exacte  de  l'arc 
(lu  nH'i'idien.  Cet  arc  y  est  cou[)é  en  deux  parli(s  à  peu  près  éjjales,  par  le  oo'  pa- 

'•'    I/(Mivr;i{j('  (loiil  il  s'agit  ici  os|  i'(>sl(',  croyoïis-iioiis,  à  l'clal  de  jn-ojtM. 


252      PROGÈS-VERRAUX  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PURLIQUE 

rallèlc  (le  la  nouvelle  division  du  cercle  et  le  /»5'  de  l'ancienne.  Les  deux  extrémités 
de  cet  arc,  se  reposant  sur  le  bord  de  la  mer,  donnent  un  niveau  invariable. 

La  mesure  de  cet  arc,  qui  exige  tant  de  soins  et  de  temps,  ne  donnera  sans 
doute  qu'un  petit  degré  de  précision  de  plus  que  les  mesures  anciennes;  mais  ces 
opérations  étaient  dignes  du  peuple  français,  qui  doit  en  tout  servir  de  modèle  à 
tous  les  peuples,  et  par  la  précision  des  calculs,  et  par  celle  des  instruments 
qu'on  y  a  employés.  Les  résultats  qu'elles  donneront  laisseront  toutes  les  nations 
dans  l'impossibilité  de  faire  jamais  mieux.  La  Commission  régénérée  des  poids  et 
mesures  a  regardé  comme  un  de  ses  premiers  devoirs  de  présenter  aux  fondateurs 
de  In  République  l'état  de  ses  travaux,  et  de  vous  faire  connaître  le  zèle  des  ré- 
public;n'ns  qui  la  composent.  Sa  marche  révolutionnaire,  comme  celle  de  tout  ce 
que  vous  laites  pour  assurer  la  Révolution,  ne  connaîtra  plus  aucun  obstacle;  et 
elle  prouvera  que  l'union  des  sciences  et  des  arts,  animés  par  un  ardent  républi- 
canisme, doit  contribuer  à  cimenter  le  bonheur  du  peuple  auquel  vous  consacrez 
fous  vos  travaux. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE. 


253 


CENT    SOIXANTE-DIX-NEUVIEME    SEA.^CE. 

Du  19  nivôse  an  11.  [8  janvier  1796.] 

Sans  écrit  au  Comité  pour  [)resser  le  rapi)orl  de  sa  pétition  au 
sujet  des  enfants  qui  tombent  en  convulsion.  Fourcroy  est  invité  à  le 
faire  ^^l 

Prunelle  est  nommé  rapporteur  de  l'ouvra^je  sur  la  grammaire  que 
Péchigny,  directeur  d'une  maison  d'instruction  publique,  demeurant  à 
Chinon,  adresse  au  Comité  ^-^ 

Les  professeurs  et  élèves  de  l'Ecole  nationale  d'Alfort  réclament  en 
faveur  de  Chabert,  détenu.  Il  est  arrêté  qu'il  sera  écrit  au  Comité  de 
sûreté  générale  ^^l 

Hauchecorne,  professeur  de  philosophie  au  collège  ci-devant  des 
Ouatre-Nations,  expose  que  la  suppression  des  classes  le  met  dans 
l'impossibilité  de  subsister;  il  demande  au  Comité  de  faire  statuer  sur 
son  sort  par  la  Convention  nationale,  et  décider  s'il  a  droit  à  un  traite- 
ment ou  gratification.  Lindet  rapporteur  ^'l 

Le  Comité  renvoie  à  Arbogast  la  lettre  de  Laval,  ingénieur  méca- 
nicien, rue  Neuve-des-Pctits-Champs,  n*"  89,  auteur  de  diverses  ma- 
chines ^^l 

Petit  est  nommé  rapporteur  de  la  lettre  du  ministre  de  l'intérieur 
du  19  de  ce  mois,  au  sujet  de  Fattory  dont  il  transmet  au  Comité  le 
mémoire  ^^K 


(''  Fourcroy  avait  été  noniui»*  rapporleuf 
de  la  pétition  de  Sans  le  ;î&  bruinaiie 
(l.  H,  p.  89/i).  Il  présentera  son  rapport 
le  2t  nivôse  (p.  26/1). 

^'^^  Dans  la  séance  du  1*' octobre  1793 
(t.  II,  p.  SaS),  le  Comité  avait  renvoyé  à 
Sieyès  l'examen  d'ouvrages  élémentaires 
présentés  par  Pécliifjiiy  (dont  le  nom  a  été 
écrit  incorrectement  Véchimj  par  le  rédac- 
teur du  procès-verbal  de  ce  jour-là).  L'envoi 
de  la  grammaire  de  Pécbigny  a  été  enre- 
gistre au  (loniilc  sous  le  11"  1788  (F*', 
carton  1009');  '"'''^  ^^^  cliomisc  qui  ren- 
lermait  la  pièce  est  vide.  Prunelle  piéson- 
loia  son  rapj)ort  le   i3  pluviôse  (p.  .389). 


'•'')  Il  ne  sera  plus  ((ueslion  de  cotte 
affaire. 

^''^  Nous  n'avons  pas  trouvé  la  lettre  de 
Haucliecorno. 

^^^  Nous  n'avons  pas  trouvé  la  lettre  de 
Laval. 

^^^  Nous  n'avons  pas  trouvé  le  mémoire 
de  Fattory,  ni  la  lellrt»  du  ministre  de  l'in- 
térieur. Fattory,  vieillard  de  plus  de 
quatre-vingt-cinq  ans,  était  concierge  et 
garde  du  cabinet  des  machines  de  l'Aca- 
démie des  sciences.  Le  Comité  arrêtera  le 
19  messidor  an  11  de  proposer  une  mesure 
en  sa  laveur.  La  Couunission  dos  arts>'était 
occiipei'     (le     FattiMV     d'S     le      19      Si-p- 


25^      PROCÈS-VERBAUX  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

On  arrête  que  le  petit  ouvrage  intitulé  Le  Premier  Livre  républicain, 
pour  préparer  â  l' instruction  publique  les  enfants  des  deux  sexes,  avec 
la  lettre  d'envoi  de  son  auteur,  le  citoyen  Macarel,  rue  Saint-Sauveur, 
n"55.  .  .(') 

On  renvoie  au  président,  pour  y  répondre,  la  lettre  de  Cabley,  rue 
de  Beauvais,  n"  5i,  au  sujet  de  changements  dans  l'orthographe ^'^^ 

On  lit  une  lettre  du  ministre  de  l'intérieur  du  17  nivôse,  par  ta- 
(piello  il  instruit  le  Comité  qu'il  vient,  d'après  son  arrêté  du  i3^^^, 
d'écrire  au  citoyen  Hubert,  inspecteur  architecte  des  bâtiments  de  la 
République ,  pour  qu'il  ait  à  faire  constater  par  le  citoyen  Sevestre 
l'état  du  local  où  les  commissaires  des  poids  et  mesures  doivent  établir 
leurs  ateliers  pour  la  fabrication  des  étalons  ^^^. 

Derubigny  adresse  au  Comité  une  lettre  en  date  du  18  de  ce  mois 
pour  le  consulter  relativement  à  la  ci-devant  église  de  Saint-Médard , 
qu'il  paraît  désirer  voir  de  nouveau  affectée  au  culte  catholique.  On 
prononce  l'ajournement  ^^\ 

11  sera  écrit  pour  avoir  le  renvoi  exact  au  Comité,  des  décrets  de  la 
Convention  nationale. 

Charles  La  Roque,  de  la  commune  de  Saint-Antonin,  gendarme,  a 
fait  une  action  qui  paraît  digne  d'être  recueillie  dans  les  Annales  du 
civisme.  La  Société  populaire  de  cette  ville  la  fait  passer  au  Comité, 
qui  la  renvoie  à  la  section  des  Annales  des  faits  civiques  ^^'\ 

Léonard  Bourdon  propose  au  Comité  de  déterminer  le  nombre  des 
exermplaires  de  différents  formats  des  Annales  des  faits  civiques  qu'il 
convient  de  faire  tirer.  Il  est  chargé  d'en  conférer  avec  le  Comité  de 
correspondance  '^''K 

lembre  1798;  on  lit  dans  le  registre  de  ses  anx  ateliers  où  doivent  être  fabriqués  les 

procès-verbaux  :ff  On  propose  de  conserver  le  étalons  des  poids  et  mesures  (p.  2  3 1-2  3  9). 

traitement  de  Faltory,  âgé  de  quatre-vingt-  ^^^  La  lettre  du  ministre  de  l'intérieur 

cinq  ans  etjqui  travaille  depuis  quarante  est  dans  F'',  carton  1008^,  n"  i582. 

ans.  Cette  proposition  est  notée  pour  mé-  ^^^  Nous  n'avons  pas  trouvé  la  lettre  de 

moire. jj  (F^'  *  7,  folio  2,  verso.)  Derubigny. 

'^'  La  phrase  est  restée  inachevée.  Nous  ^'')   Nous  n'avons  pas  trouvé  la  lettre  de 

n'avons  pas  trouvé  l'ouvrage  de  Macarel  ni  la  Société  populaire  de  Saint-Antonin. 

sa  lettre.  ^')  On    sait    qu'un  projet    de    premier 

^"^^   Dansla séance  du  19  ventôse  (p.  556),  numéro  des  Annales  du  civisme  et  de  la 

le  même  Cabley  présentera  un  manuscrit  vertu   avait  été  imprimé  et  distribué  aux 

sur  la  grammaire.  membres  de  la  Convention  en  exécution  du 

^■'^   C'est-à-dire  d'après  l'arrêté   du  Co-  décret   du  26   frimaire   (voir  p.    109).  Le 

mité  du  i3  nivôse,  relatif  au  local  destiné  11  nivôse,  Léonard  Bourdon  voulut  faire 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  ^J55 

Le  Comité  arrête  : 

1°  Que  les  lettres  et  autres  pièces  adressées  au  Comité  seront  exac- 
tement enregistrées  avant  d'être  mises  sur  le  bureau; 

2°  Qu'il  sera  placé  vingt-quatre  cartons  dans  Ja  salle  des  bureaux 
sur  chacun  desquels  sera  écrit  le  nom  d'un  membre  du  Comité;  les 
pièces  renvoyées  à  un  rapporteur  seront  soigneusement  déposées 
dans  le  carton  sur  lequel  se  trouvera  son  nom  ''^\ 

Il  sera  fait  deux  papiers  à  l'usage  du  Comité  :  l'un  pour  les  lettres, 
l'autre  pour  les  extraits,  ({ui  seront  chargés  d'une  vignette  distinctive 
du  Comité  et  des  mots  imprimés  qui  annoncent  l'usage  auquel  chacun 
de  ces  papiers  est  destiné. 

Les  députés  de  la  section  du  faubourg  Montmartre  se  présentent 
relativement  à  la  demande  qu'ils  ont  faite  au  Comité  le  i3  nivôse. 
Prunelle  et  Grégoire  se  concerteront  avec  le  Comité  des  domaines  et 
la  section  ^^l 

Boutroue,  chargé  de  déchiffrer  une  lettre  que  le  Comité  de  sûreté 
générale  avait  envoyée  au  Comité  d'instruction  publique  à  cet  effet,  la 
remet  déchiffrée  sur  le  bureau;  elle  est  renvoyée  au  Comité  de  sûreté 
générale  ^^\ 

Duboyet  Langlès^'^,  correcteurs  de  l'Imprimerie  nationale  executive 
du  Louvre  ^^\  demandent  à  se  présenter  au  Comité.  Ils  sont  admis  et 


discuter  ce  projet  à  l'assemblée;  mais  ce  fut 
seulement  le  1 3  qu'elle  trouva  le  temps  de 
s'en  occuper.  Le  Comité  avait,  dans  l'in- 
tervalle, substitué  au  titre  d'Annales  du 
civisme  et  de  la  vertu  celui  de  Recueil  des 
actions  héroïques  et  civiques  des  repu  blicains 
français.  La  Convention  approuva  la  rédac- 
tion qui  lui  était  proposée,  et  décréta  (jue 
le  Recueil  serait  imprimé  en  deux  foiniats 
différents,  en  placards  et  en  cahiers, 

Le  rédacteur  du  procès-verbal  du  Comité 
désigne  ici  le  ikcueil  par  un  titre  de  sa 
faron,  Annales  des  laits  oivitpies,  qui  n'a 
pas  de  caractère  officiel. 

Nous  donnons  aux  ainieves,  A  (p.  !>58), 
un  extrait  du  complo-rendu  de  la  séance  de  la 
Convention  du  i  i  nivôse  an  ii,  emprunté  au 
Moniteur;  un  extrait  du  procès-verbal  de  la 
séance  de  la  (iOnventioii  du  i.'5  nivôse  an  ii, 
et    la  descriplion   du   premier   numéro  du 


Recueil  des  actions  héroïques  et  civiques  des 
républicains  français. 

Pour  la  suite,  voir  la  séance  du  2  5  ni- 
vôse (p.  a83). 

(^^  Le  nombre  de  vingt-quatre  carton> 
indi([ue  que  le  Comité  se  considérait  tou- 
jours comme  devant  être  réglementaire- 
ment composé  de  vingt-quatre  membres. 

-^  Voir  p.  -jog,  et,  pour  la  suite, 
p.  3C5. 

(•'>   Voir  ci-dessus  p.  a'jG, 

'^''^  Duboy  de  Lavcrne  (  i7r)5-i8oi»), 
correcleur  à  l'Imprimerie  du  Louvre,  avait 
remplacé  Anisson-Dnperron  comme  direc- 
teur de  cette  imprimerie.  Langlès,  égale- 
ment correcteur  à  la  même  iniprimerie, 
était  le  garde-interprète  des  maïuiscrits 
orientaux  de  la  Bil)liothè(|ue  nationale, 
professeur  supj)K'iin(  au  Collège  de  France. 

''•'^   L'Imprimerie  nationale  executive  est 


256      PROCES-VERBAUX  DU  COMITE  DINSTKUCTION  PUliLIQUE 

lisent  une  pétition  relative  à  l'organisation  de  l'imprimerie  destinée 
exclusivement,  par  le  décret  du  lA  frimaire  sur  l'établissement  du 
gouvernement  révolutionnaire,  à  l'impression  du  Bulletin  des  lois.  Ils 
observent  que  le  citoyen  Anisson,  directeur  de  l'Imprimerie  nationale, 
a  proposé  au  Comité  de  salut  public  de  remettre  entre  ses  mains,  avec 
la  démission  de  sa  place,  tout  ce  qui  forme  sa  propriété  personnelle 
dans  le  fonds  de  l'Imprimerie  nationale  executive  sur  estimation  d'ex- 
perts ;  que  sa  proposition  a  été  agréée.  Us  exposent  que  les  caractères 
arabes,  grecs,  persans,  arméniens,  syriaques,  hébreux,  enfin  tous  les 
caractères  étrangers,  sont  inutiles  à  l'imprimerie  du  Bulletin  des  lois; 
qu'il  serait  avantageux  de  séparer  en  conséquence  l'Imprimerie  na- 
tionale en  deux  sections:  l'une  consacrée  au  Bulletin  des  lois,  l'autre 
à  la  partie  savante  et  littéraire  ^'l  Fourcroy  et  Arbogast  sont  nommés 
rapporteurs  de  cette  pétition  ^-^l 

On  adjoint  Prunelle  à  Romme  pour  le  rapport  de  l'affaire  d'Olivier^^^ 

Il  sera  écrit  au  Comité  de  salut  public  pour  l'engager  à  prendre  les 
mesures  nécessaires  pour  enrichii'  la  nation  des  caractères  rares  qui 
se  trouvent  à  Spire  ^^\ 

11  sera  écrit  aux  représentants  du  peuple  à  Versailles  relativement 
à  l'état  des  ouvrages  de  sculpture  en  marbre  que  les  représentants  du 
peuple  Lacroix  et  Musset  ont  requis  le  citoyen  Dejoux  d'exécuter ^^l 

il  est  arrêté  que  les  mêmes  commissaires  qui  seront  chargés  des 
programmes  des  livres  élémentaires  présenteront  aussi  des  vues  sur 
le  mode  de  concours  et  les  récompenses  à  décerner  ^""l 


l'ancienne  Imprimerie  royale,  installée  au 
Louvre,  et  dont  Anisson-Duperron  était  le 
directeur.  11  ne  faut  pas  la  confondre  avec 
rétablissement  de  Baudouin,  qui  portait 
aussi  le  non;  d'Imprimerie  nationale,  mais 
qui  était  spécialement  aflecté  à  l'impres- 
sion des  travaux  des  assemblées. 

(^^  L'article  2  de  la  section  I"  du  décret 
du  1^  frimaire  sur  le  gouvernement  révo- 
lutionnaire dit  :  «  11  y  aura  une  imprimerie 
exclusivement  destinée  à  ce  Bulletin  [des 
lois] ,  et  une  Commission  composée  de 
quatre  membres  pour  en  suivre  les  épreuves, 
et  pour  en  expédier  Tenvoi.  Cotte  Com- 
mission, dont  les  membres  seront  person- 
nellement responsables  de  la  négligence  et 


des  retards  dans  l'expédition,  est  placée 
sous  la  surveillance  immédiate  du  Comité 
de  saint  public.  55 

^'^"1  Arbogast  présentera  un  projet  de  dé 
cret  au  Comité  le  5  ventôse  (p.  Agù). 

^'^)  Voir  p.  168  et,  pour  la  suite,  la 
séance  du  21  pluviôse  (p.  A/12). 

^*)  La  réponse  du  Comité  de  salut  public 
sera  lue  dans  la  séance  du  7  pluviôse 
(p.  336). 

^^)  Celle  affaire  reviendra  à  l'ordre  du 
jour  le  5  pluviôse  (p.  326). 

^•^^  Voir  la  séance  du  9  nivôse  (p.  236). 
Le  27  nivôse,  Grégoire  présentera  au  Co- 
mité un  projet  de  programme  pour  la  con- 
fection des  livres  élémentaires  (p.  29a). 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE. 


'257 


Le  Comité  arrête  que  la  continuation  du  calcul  de  la  Connaissance 
des  temps  est  renvoyée  à  la  Commission  des  poids  et  mesures  ;  celle 
Commission  est  invitée  adonner  à  cet  ouvrage  toute  la  perfection  que 
rend  possible  l'état  actuel  des  sciences  astronomiques  et  nautiques,  de 
manière  à  rendre  la  Connaissance  des  temps  préférable  à  l'Almanacb 
nautique ^^^  et  aux  Ephémérides  publiées  par  les  différentes  nations  de 
l'Europe  (2). 

Le  Comité  arrête  de  plus  que  la  Commission  des  poids  et  mesures 
est  invitée  d'envoyer  son  avis  sur  le  désir  qu'ont  témoigné  plusieurs 
membres  du  Comité  Je  faire  composer  un  catalogue  complet  d'étoiles 
fixes,  dont  les  positions  seraient  calculées  d'après  la  nouvelle  division 
du  cercle,  ainsi  que  de  diviser  la  sphère  céleste  par  bandes  [)arallèles 
et  par  fuseaux  et  de  rendre  superflue  la  manière  de  grouper  les  étoiles 
suivant  les  constellations  en  usage. 

Il  arrête  que  le  présent  arrêté  sera  envoyé  à  la  Commission  des  poids 
et  mesures (^^. 

Le  Comité  s'occupe  de  la  formation  de  la  liste  des  membres  qui 
doivent  composer  la  Commission  des  arts.  Le  Comité  arrête  que  ceux 
qui  seront  désignés  pour  former  la  Commission  du  Muséum  national 
feront  partie  de  la  Commission  des  arts^^l 

Grégoire  est  chargé  de  présenter  à  la  Convention  le  [)rojet  de  dé- 
cret suivant  : 


Article  premier.  Les  inscriptions  de  tous  los  monuments  publics  seront  désor- 
mais en  langue  française. 

Art.  2.  Toutes  les  inscriptions  des  monuments  antiques  seront  conservées. 

Art.    3.    Dans  les  monuments  modernes,   les  inscriptions  qui    ne   sont  pas 
consacrées  à  la  royauté  ou  à  la  féodalité  seront  également  conservées ^^^ 


^')  C'est  le  Nautical  Almanac,  publié 
par  l'Observatoire  de  Greenwich. 

^^)  Le  Comité  s'était  occupé  de  la  Con- 
naissance des  temps  dans  ses  séances  du  iU) 
du  prcmior  mois  (t.  II,  p.  ()'i8)  ot  du 
ai  frimaire  (p.  t,"{(3).  Pour  la  suite,  voir 
la  séance  du  i""  venl(')So  (p.  '177). 

^^^  Le  vœu  renvoyé  à  la  Commission  dos 
poids  et  mesures  n'a  pas  reçu  d'exécution. 
La  division  décimale  n'a  pas  été  appli(|uce 
A   la    spluTo    céleste;   le   ffroupement   dos 


éloiles  par  constellations  n'a  pas  été  aban- 
donné, ot  il  n'a  pas  été  entrepris  do  cala- 
lofjue  d'étoiles  dans  los  conditions  indiquées 
ci-dossiis. 

'*'  Voir  la  séance  du  1 5  nivôse  (p.  a 36), 
et  celle  du  ai  nivôse  (p.  366). 

^'■'^  Voir  les  séances  du  Comité  des  1  5  fri- 
maire (p.  ()())  ot  7  nivôso  (p.  -117).  l-e 
projet  de  décrol  fui  piésenté  à  la  Conven- 
tion par  Gré(joire  le  ai  nivôse,  et  adoplo 
sans  discussion.  (  Procôs-vorbal  do  la  (îou- 


III. 


I«PKI1I[KII     K^TlOilALE. 


258       PU0CÈS-V;^:RBAUX  du  comité  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

On  renvoie  à  Villar  l'examen  du  manuscrit  d'une  nouvelle  traduc- 
tion de  Justin,  adressée  au  Comité  par  Monnaye,  son  auteur^^^ 
La  séance  a  été  levée  à  dix  heures  et  demie  ^-^l 

VlkcES  ANNEXES. 


Le  procès  verbal  de  la  s('anco  de  la  Convention  du  1 1  nivùsc  an  ii  ne  parle  pas  de  Li 
tentative  de  Léonard  Boiu^doii  pour  obtenir  que  rassemblée  discutât  ce  jour-là  le  projet  de 
premier  numéro  des  Annales  du  civisme  et  de  la  vertu.  Mais  voici  ce  que  le  Monitew^  nous 
apprend  à  ce  sujet  : 

Convention  nationale,  séance  du  ii  nivôse. 

Léonard  Bourdon  observe  que  îe  premier  numéro  des  Annales  de  la  vertu  a  été 
imprimé  et  distribué;  il  propose  de  le  soumettre  sur-le-champ  à  la  discussion;  il 
est  prêt  à  répondre  aux  observations  que  l'on  pourrait  faire. 

On  lui  représente  que  la  séance  est  destinée  aux  ])étitionnaires^^^ 

Le  lendemain,  la  question  des  Annales  ne  vint  pas  à  l'ordre  du  jour;  ce  fut  seulement 
1(3  1 3  que  Léonard  Bourdon  obtint  la  parole  pour  proposer  un  projet  de  décret.  On  lit  dans 
les  procès-verbaux  de  la  Convention  : 

Séance  du  i3  nivôse  an  u. 

Un  menibre  du  Comité  d'instruction  publique  propose  le  décret  suivant,  qui  est 
adopté  par  la  Convention  : 

rf  La  Convention  nationale  décrète  que  les  numéros  du  Recueil  des  actions  héroïques 
cl  civiques  des  républicains  français  seront  envoyés  en  placards  et  en  cahiers  aux 
municipalités,  aux  armées,  aux  sociétés  populaires  et  à  toutes  les  écoles  de  la 
République;  qu'ils  seront  lus  publiquement  les  jours  de  décade,  et  que  les  institu- 
teurs serout  (enus  de  les  faire  apprendre  à  leurs  élèves  ^''^'i 

Ce  décret  paraît  avoir  été  adopté  sans  discussion,  car  le  Moniteur  (du  ih)  Ta  enregistré 
purement  et  simplement. 

En  substiturint  au  tilro  d'Annales  du  civisme  et  de  la  vertu  celui  de  Recueil  des  acticns 


veniion,  t.  XXIX,  p.  i6o).  Nous  donnons 
aux  annexes,  B  (p.  960),  le  texte  du  rapport 
lu  par  Grégoire  à  l'appui  du  décret. 

^'^  Cet  alinéa  ne  se  trouve  qu'à  la  mi- 
nule.  La  traduction  de  Justin  avait  été 
présentée  par  son  auteur  à  la  Convention 
le  28  septembre  1798.  (Procès-verbal  de 
la  Convention,  t.  XXI,  p.  191.)  H  sera  de 
nouveau  (pieslion  de  cet  ouvrage  le  7  ven- 
lose  (p.  /199). 

^*^  Cet  alinéa  n'est  pas  à  la  miuutL'.  Pas 


de  signatures,  ni  à  la  minute  ni  au  regisire, 
La  minute  est  de  la  main  de  Daoust. 

(^^  Moniteur  du  i3  nivôse  an  11,  p.  ^11, 5. 
—  Il  n'y  avait  pas  eu  de  séance  la  veille, 
1  0  nivôse ,  à  cause  de  la  fête  pour  célébrer  la 
reprise  de  Toulon.  La  séance  du  décadi 
étant  réglementairement  consacrée  aux  pé- 
titionnaires, il  avait  fallu  remplacer  celle-ci 
en  recevant  les  pétitionnaires  le  primidi  1 1 . 

^'*)  Procès- verbaux  de  la  Convention, 
t.  XXVTII,  p.  382. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  259 

léroïques  et  civiques ,  le  Comité  d'instruction  publique  no  fit  quo  reprendre  une  appellation 
déjà  eu)ployéepar  le  procès-verbal  de  la  Convention  du  17  frimaire,  qui  avait  désigné  cette 
publication  par  le  nom  de  Recueil  des  traits  héroïques  et  civiques  (voir  ci-dessus  p.  71). 

Le  premier  numéro  du  Recueil  des  actions  héroïques  et  civiques  ne  fut  imprimé  qu'à  la 
fin  du  mois  de  nivôse,  le  Comité  n'ayant  arrêté  définitivemc;,t  le  chififre  du  tirage  que  dans 
sa  séance  du  27.  \oici  le  titre  complet  de  ce  numéro,  lel  que  le  porte  l'édition  in-S"  :  ?•/?►- 
cueil  (les  actions  hérciques  et  civiques  des  républicains  français.  N"  1".  Présenté  à  la  Conven- 
tion nationale,  au  nom  de  son  Comité  d'instruction  publique,  par  Léonard  Dolrdon,  dé- 
puté par  le  département  du  Loiret.  Imprimé  par  ordre  de  la  Convention  nationale.  A  Pcri«. 
de  l'Imprimerie  nationale,  l'an  11.»  2/1  pages  ^'^ 

En  l'-ite  du  numéro,  après  une  page  de  titre,  est  réimprimé  (pages  3  et  A)  le  rappo,  l 
lu  par  Léonard  Bourdon  le  26  frimaire,  avec  deux  ou  trois  changements  de  rédaction  Fans 
importance.  Un  alinéa  nouveau  a  été  ajouté  à  la  fin  de  ce  rapport;  le  voici  : 

Nous  invitons  les  fonctionnaires  publics  h  nous  seconder  de  tout  leur  pouvoir, 
à  nous  faire  parvenir  toutes  les  actions  vertueuses  dont  ils  auront  connaissance,  et 
surtout  à  nous  instruire  des  noms  des  citoyens  <!ont  ces  actions  sont  la  propriété, 
et,  autant  qu'il  sera  possible,  de  la  date  pre'cise  de  chaque  trait. 

Vient  ensuite  (p.  5)  le  décret  du  i3  nivôse,  dans  le  texte  duquel  un  mot  a  été  changé. 
Tandis  que  le  texte  otTiciel,  donné  par  le  procès-verbal  de  la  Convention,  dit,  en  parlait 
dos  numéros  du  Recueil,  que  wles  instituteurs  seront  tenus  de  les  faire  apprendre  à  leui-s 
élèves»,  la  version  imprimée  sous  le  ])alrona;;e  du  Conu'té  d'instruction  publique  allénui' 
l'obligatioM  imposée  aux  écoliers;  elle  porte  :  cries  instituteurs  seront  tenus  de  les  faire 
lire  à  leurs  élèves  77. 

A  la  suite  du  décret,  en  note,  on  a  placé  l'observation  suivante: 

L'intention  delà  Convention  nationale,  en  de'crétant  l'envoi  de  ce  recueil  à  toutes 
les  écoles  de  la  République,  a  e'té  de  donner  à  tous  les  jeunes  citoyens  un  livre 
élémentaire  de  morale,  qui,  substitué  aux  catéchismes,  raix  livres  bleus  dont  on 
obscurcissait  leur  imajO^ination,  et  avec  le  secours  desquels  on  les  préparait  h  Le.-- 
clavage,  en  les  éloignant  de  la  v.'rilé,  put  leur  inspirer  une  généreuse  t'inulation, 
et  les  enflammer  du  désir  d'imiter  les  vertus  des  fondateurs  de  la  Républi<|ue. 

Les  instituteurs  rendront  ce  recueil  encore  plus  utile  à  leurs  élèves,  si,  en  le  leur 
faisant  lire,  ils  leur  donnent  quelques  explications,  soit  sur  la  signilicaîion  des 
mois,  soit  sur  la  position  des  lieux;  et  s'ils  ks  mettent  à  portée  de  discourir  cntro 
eux  sur  le  degré  deslinie  cjiie  chacun  croira  devoir  accorder  à  c'.aque  trait. 

Les  \ingt  paragraphes  qui  composent  le  corps  du  numéro  (pages  G  à  n'i)  sont  la  repio- 
duftion,  mot  pour  mol,  de  ceux  qui  étaient  contenus  ilans  le  projet  du   3 G  frimaire;  \v.\ 

^''  Bibliothèque  nationale,  Ln- 89,  in-8".  n)ières  pages,  comme  dans  l'édition  de  la 

Le  Mus('e  pédagogique  possède  (u°  1 1  7O9)  Hililiothècpie  nationale;  le  litre  de  départ 

une  autre  édition,  sortie  aussi  des  presses  est  également  placé  à  la  [lage  (î ,  et  les  vingt 

de    l'Imprimerie    nationale,   et  égalenicnt  p:,ragraphes  lniiu;nit  le  corps  du  unuicm 

in-S",   de   ce   même   numéio,   d'iuie    ini-  ()cciq)!'ut  les  pages  0  à   -m).   Nous  n'avois 

pression  plus  con)pacte;   la   brochure   n'a  j»as  rencontré  d'exccnplaire  de  i'édilion  •  n 

que  20  pages  au  lieu  de   tî'!;  le  titre,  !»•  placard, 
rappoi't ,  le  déciet  occupent   les  cinij   pi(ï- 


•260       PROCÈS-VERBAUX  DU  COMITE  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

seul  changement  a  été  l'ait  :  on  a  placé,  en  tète  de  chaque  paragraphe,  la  date  de  l'action 
racontée. 

A  la  page  6,  au-dessous  du  titre  de  départ  placé  au  haut  de  la  page,  se  lit  cette  ligne, 
donnant  la  date  à  laquelle  est  censé  paraître  le  numéro  :  kio  nivôse,  l'an  a  de  la  Répu- 
blique une  et  indivisible. r)  Détail  curieux,  et  qu'il  importe  de  signaler  pour  mettre  en  garde 
le  lecteur,  le  décret  de  la  Convention,  qui  a  été  rendu  le  i3  nivôse,  est  daté,  comme  le 
numéro  lui-même,  du  lo  nivôse^^^  :  soit  qu'il  n'y  ait  là  qu'une  simple  inadvertance,  soit 
que  le  rédacteur,  ayant  choisi  pour  son  numéro  la  date  du  lo,  se  soit  cru  autorisé  à  anti- 
dater le  décret.  Cette  erreur  sur  la  date  du  décret  se  trouve  reproduite  dans  tous  les  numé- 
ros ultérieurs  où  le  décret  a  été  réimprimé. 


RAPPORT  SUR  LES  INSCRIPTIONS  DES  MONUMENTS  PUBLICS,  PAR  LE  CITOYEN  GRE- 
GOIRE. SÉANCE  DU  2  1  NIVOSE  L'AN  2  DE  LA  REPUBLIQUE  UNE  ET  INDIVISIBLE. 
SUIVI  DU  DÉCRET  DE  LA   CONVENTION   NATIONALE. 

De  l'Imprimerie  nationale,  s.  d.  (^). 

Vous  avez  chargé  voire  Comitë  d'instruction  publique  de  vous  faire  un  rapport 
sur  le  genre  d'idiome  qui  doit  être  adopté  pour  les  inscriptions  des  monuments 
publics.  Cette  question,  vivement  débattue  dans  le  siècle  dernier,  resta  indécise. 

La  difficulté,  renouvelée  il  y  a  dix  ans,  doit  êtj-e  résolue  sous  l'empire  de  la 
liberté  ;  et  comme  les  défenseurs  officieux  des  langues  antiques  allèguent  en  leur 
faveur  des  arguments  spécieux,  permettez-moi  quelques  observations  courïes  et 
péremptoires. 

[Suivent  quelques  pages  où  Grégoire  expose  les  motifs  qui  doivent  faire  adopter,  pour 
les  inscriptions  des  monuments  publics,  l'usage  de  la  langue  française.  Los  autres  peuples 
se  servent  du  latin;  mais  ce  n'est  pas  une  raison  pour  faire  de  même.  Les  Grecs,  eux, 
employèrent  leur  idiome  national.  Notre  langue,  dira-t-on,  est  fille  du  latin;  «mais  cette 
paternité  n'anéantit  pas  nos  droits».  Le  latin  devient  barbare  sous  notre  plume  quand  nous 
voulons  exprimer  dans  la  langue  de  Virgile  des  choses  qui  n'existaient  pas  de  son  temps  et 
pour  lesquelles  cette  langue  n'a  pas  de  termes.  C'est  bien  à  tort  que  l'on  prétend  que  notre 
langue  manque  d'énergie,  d'harmonie;  il  n'en  est  rien,  et  l'inscription  du  Panthéon  fran- 
çais est  un  modèle  de  simplicité  éloquente.  Du  reste,  notre  langue  s'épurera  encore  et 
s'enrichira;  relie  recouvrera  son  antique  naïvelé;  elle  acquerra  les  tours  hardis  qui  lui 
manquent^.  Mais  il  faut  «que  les  écrivains  qui  réunissent  le  talent  et  le  courage  opposent 
une  digue  à  ce  débordement  de  pamphlets,  où  la  grossièreté,  j'ai  presque  dit  l'infamie 
du  style,  le  dispute  à  celle  du  sentiment.  .  .  Il  faut  qu'ils  tonnent  contre  cette  habitude  de 
propos  immondes,  dont  la  contagion  a  gagné  même  un  grand  nombre  de  femmes.  .  , 
Cette  dégradation  du  langage,  du  goût  et  de  la  morale  est  vraiment  contre-révolutionnaire, 

^'^  Comme  nous  l'avons  déjà  dit,  il  n'y  verbal    de    la     Convention,     t.     XXVIII, 

a   pas  eu  de  séance  de  la  Convention   le  p.  i8o,  note.) 

10  nivôse  an  II,  à  cause  de  la  fête  destinée  ^^^  Bibliothèque  nationale,  Le'*    aôaô, 

à  célébrer  la  prise  de  Toulon.  (Voir  Procès-  in-8°. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  261 

car  elle  tend  à  nous  flétrir  aux  yeux  des  étrangers.??  Suil  un  éloge  de  la  langun  françaisCj 
qui  étendra  toujours  plus  son  domaine.] 

Leibiiitz  voulait  un  idiome  universel ,  qui  fût  le  lien  commun  des  connaissances 
humaines.  Son  désir  commence  à  se  réaliser  :  notre  lang-ue,  reconnue  pour  celle 
de  la  raison,  par  sa  clarté,  deviendra,  par  nos  principes,  celle  de  la  liberté.  Ne 
lui  faisons  donc  pas  Toutrag-e  de  la  repousser  de  nos  monuments,  tandis  qu'elle 
reçoit  les  sufifi-ag-es  de  l'Europe.  Nous  sommes  loin  de  déprécier  celle  de  ces  an- 
tiques républicains  dont  nous  chérissons  la  mémoire;  mais  qui  pourrait  désirer 
sous  aucun  rapport  d'être  Grec  ou  Romain,  lorsqu'il  est  Français? 

Quant  aux  monuments  actuels,  la  Convention  nationale  a  sagement  ordonné  la 
destruction  de  tout  ce  qui  portait  l'emp-einte  du  royalisme  et  de  la  féodalité. 
Les  beaux  vers  de  Borbonius,  inscrits  sur  la  porte  de  l'Arsenal,  n'ont  pas  dû 
trouver  grâce  :  ils  étaient  souillés  de  mythologie,  et  la  poésie  doit  se  contenter 
désormais  des  richesses  de  la  nature;  surtout  ils  étaient  souillés  par  la  flatterie  en- 
vers un  tyran  (Henri  IV)  trop  longtemps  vanté  par  les  Français,  et  dont  la  pré- 
tendue bonté,  comparée  à  celle  des  autres  despotes,  n'est  que  dans  le  rapport  de 
la  méchanceté  à  la  scélératesse. 

A  ces  mesures  de  sagesse,  la  Convention  nationale  doit  en  joindre  d'autres,  pour 
assurer  la  conservation  des  inscriptions  antiques  dont  le  temps  a  respecté  l'exis- 
tence. 

Les  décrets  reii.lus  à  cet  égard  paraissent  insuffisants,  et  l'on  ne  peut  inspirer 
aux  citoyens  trop  d'horreur  pour  ce  vandalisme  ^^^  qui  ne  connaît  que  la  destruction. 

Les  monuments  antiques  sont  des  médailles  sous  une  autre  forme;  ils  doivent 
être  conservés  dans  leur  totalité;  et  quel  est  l'homme  sensé  qui  ne  frémit  pas  à  la 
seule  idée  de  voir  porter  le  marteau  sur  les  antiquités  d'Orange  ou  de  Nîmes? 
Quant  à  ceux  du  moyen  âge  et  des  temps  modernes,  dont  les  inscriplions  ne  pré- 
sentent rien  de  coniraire  aux  principes  de  l'égalité  et  de  la  liberté,  ils  doivent 
être  également  conservés;  ils  suppléent  souvent  aux  archives  par  les  faits  dont  ils 
sont  dépositaires;  ils  fixent  les  époques  de  l'histoire  :  les  détruire  serait  une  perle; 
les  traduire  serait  une  espèce  d'anachronisme;  ce  serait  les  dénaturer  sans  utilité 
comme  sans  motif,  et  vous  réprimerez  sans  doute  la  barbarie  contre-révolution- 
naii'e  qui  voudrait  nous  appauvrir  en  nous  déshonorant. 

Chaque  citoyen  pourra  toujours  donner  carrière  à  son  goût  et  à  son  génie  dans 
ses  propriétés  particulières.  Là  il  associera,  si  bon  lui  semble,  la  langue  du  Tasse 
à  celle  de  Virgil(>,  quoique  l'on  doive  espérer  de  voir  les  artistes  perdre  nuMne 
l'habitude  de  joindre  le  mot  hl'mfecit  h  leurs  noms,  au  bas  de  leurs  ouvrages. 
Mais  pour  les  monuments  publics,  comme  pour  les  monnaies,  le  peuph»  fran- 
çais ne  doit  admetli'ci  que  l'idiome  national.  Il  faut  que  les  murs,  le  marbre  et 
l'airain  parlent  à  (eus  les  sans-culottes  contemporains  et  futurs  le  langage  de  la 
hberté. 


''^  C'est  ici  (|ue  Ton  voit  parnitr»'  pour  la  proniit're  fois,  oroyons-nous,  ce  mot  di^  Tvan- 
(ialisme??  (jue  Grégoire  s'est  glorillé  d'avoir  créé  [Ménitiires ,  t.  1",  p.  ir'i.')),  et  (pii  ftait 
destiné  à  faire  loi'tuno  après  le  9  llierniidor. 


20:2 


P.OC!>S-VKnBAUX  DU  COMITÉ  D'INSTIIUCTION  PUBLIQUE 


DÉCRET  PORTANT  QUE  TOUTES    LES   INSCRIPTIONS  DES   3I0NUMENTS   PUBLICS 
SERONT  DÉSORMAIS    EN  LANGUE  FRANÇAISE. 

r.1  a  Convention  nationale,  après  avoir  entendu  le  rapport  de  son  Comité  din- 
strncfion  publique,  dëcrèle  ce  cpd  suit  : 

;•  A«T,cLE  PREMIER.  Les  inscriptions  de  tous  les  monuments  publics  seront  désor- 
niOH  en  laii^one  française.  '  ' 

-  \rt.  2.  Toutes  les  inscriptions  des  monuments  antiques  seront  conservées. 
. A.T   r,.  Dans  les  nionumenls  modernes,  les  inscriptions  qui  ne  sont  pas  consa- 
ci,  es  a  la  royauté  et  a  la  féodaliié  seront  également  conservées.. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE. 


263 


CENT    QUATRE-VINGTIEME   SÉANCE. 

Du  9  1  nivôse  an  ii.  [lo  janvier  179^.] 

Présidence  de  Thomas  Lindet. 
TiiiBAUDEAU  et  BouTROUE,  Secrétaires. 

Fourcroy  fait  un  rapport  sur  la  pétition  du  citoyen  Stephanopoli 
qui  réclame  la  récompense  qui  lui  est  due,  d'après  l'avis  du  Bureau 
de  consultation,  pour  la  découverte  du  vermifuge  connu  sous  le  nom 
de  coralline  de  Corse.  Le  Comité  adopte  le  projet  de  décret  proposé  par 
le  rapporteur.  Il  arrête,  en  outre,  qu'il  sera  proposé  à  la  Convention 
nationale  d'interdire  au  ministre  de  l'intérieur  le  droit  de  refuser  aux 
artistes  les  récompenses  qui  leur  seront  attribuées  par  le  Bureau  de 
consultation  des  arts^^l 


(^'  Fourcroy  avait  été  nommé  rapporteur 
(]e  la  pétition  de  Stephanopoli  le  1 5  bru- 
maire (t.  II,  p.  7^17).  Le  projet  de  décret 
adopté  par  le  Comité  l'ut  présenté  à  la  Con- 
vention le  26  nivôse  :  il  accordait  à  Ste- 
phanopoli une  somme  de  huit  mille  livres, 
à  titre  de  récompense  pour  avoir  introduit 
sur  le  territoire  français  l'usage  du  vermi- 
fuge connu  sous  le  nom  d'Helminthocor- 
ihon;  l'assemblée  renvoya  la  proposition 
au  Comité  des  linauccs.  (Procès-verbal, 
t.  XXIX,  p.  2 G 5.)  Celui-ci  éleva  des  objec- 
tions et,  le  29  nivôse,  Stephanopoli  alla 
exposer  au  Bureau  de  consultation  «les 
nouvelles  difficultés  qui  s'opposent  au  paye- 
ment de  ia  récompense  qui  lui  a  été  adjugée 
par  le  Bureau».  Le  Bureau  r chargea  les 
membres  qu'il  avait  anciennement  nommés 
pour  s'occuper  de  l'allaire  de  cet  artiste  de 
continuer  leurs  démaicbes  auprès  des  Co- 
mités de  la  Convention 75.  Le  9  pluviôse, 
sur  une  lettre  de  Stephanopoli,  les  com- 
missaires du  Buieau  décident  d'aller  le 
soir  même  au  Comité  des  finances,  (jui  doit 
s'occuper  de  l'allaire.  Le  ik  pluviôse,  les 
commissaires  rapportent  au  Bureau  que  la 
principale  difliculté  vient  de  ce  que  le  Co- 
mité des  liuaures    pens;iit  que   les   objets 


déjà  connus  et  antérieurs  à  la  Révolution 
n'étaient  pas  susceptibles  de  récompenses 
nationales.  Le  Bureau  constate  qu'il  ré- 
sulte de  l'article  -2  de  la  lui  du  1 2  septembre 
1791  que  les  objets  non  lécompensés  an- 
térieurement à  la  loi  sont  susceptibles  de 
recevoir  une  récompense,  et  que  Stepha- 
nopoli n'a  pas  été  récompensé  antérieure- 
ment, 11  arrête  «qu'il  sera  délivré  à  Dimn 
Stephanopoli  un  extrait  de  son  procès- 
veibal  de  ce  jour  pour  lui  servir  de  témoi- 
gnage auprès  du  Comité  des  finances,  alin 
qu'il  puisse  obtenir  la  récompense  qui  lui 
a  été  assignée  conformément  à  la  loii. 
(Registre  manuscrit  des  procès-verbaux  du 
Bureau  de  consultation.) 

11  parait  (]ueDiu)0  Stephanopoli  ne  réus- 
sit pas,  malgré  tout,  à  obtenir  le  payement 
de  ces  huit  mille  livres.  Trois  ans  plus 
lard,  en  l'an  v,  il  entreprit  un  voyage  en 
Grèce,  en  compagnie  d'un  de  ses  neveux, 
Nicolo  Stoj)liauopoli;  il  avait  obteiui  à  cet 
cH'el,  du  gouvernement  français,  une  mis- 
sion rrelative  aux  arts'?;  en  outre,  à  sou 
passage  à  iMilan,  le  général  Bonaparte  lui 
remit,  le  la  thermidor  an  v,  une  lettre 
destinée  au  bey  de  Mania.  Le  récit  de  ce 
voyago,  rédigé  parSoi'ioys,   a  élé  itnpriir.é 


26/4       PROCI^S-VERBAUX  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

Le  même  inonibre  fait  un  rapport  sur  le  travail  et  les  manuscrits 
(lu  citoyen  Sans  relativement  au  traitement  des  paralytiques  par  l'é- 
leclricité  positive  et  des  enfants  en  convulsion  par  l'électricité  négative; 
il  propose  au  Comité  un  projet  de  décret  pour  faire  imprimer  et  dis- 
tribuer aux  départements  les  méthodes  de  Sans  et  pour  faire  aug- 
menter la  pension  de  ce  citoyen,  qui  a  travaillé  utilement  pour  l'hu- 
manité pendant  plus  de  trente  ans.  Après  une  discussion  étendue  sur 
cet  objet,  le  Comité  arrête  :  i"  qu'il  sera  nommé  hors  de  son  sein  une 
commission  chargée  d'examiner  la  découverte  du  citoyen  Sans  et  d'en 
faire  son  rapport  au  Comité;  9°  quant  à  la  récompense  réclamée  par 
le  rapporteur  en  faveur  de  ce  citoyen,  le  Comité  l'ajourne  jusqu'au 
moment  où  il  s'occupera  des  secours  et  indemnités  à  accorder  aux 
fTQns  de  lettres,  savants  et  artistes ^^l 

Le  citoyen  Rubigny,  ancien  prisonnier  de  la  Bastille,  présente  des 
observations  sur  le  commerce,  l'agriculture,  les  arts,  et  fait  (juelques 
réclamations.  Le  président  l'assure,  au  nom  du  Comité,  que  son  mé- 
moire sera  pris  en  considération ^-l 

Le  citoyen  Buache,  membre  de  la  Commission  des  arts,  rappelle  ;)u 


en  l'an  viii,  sous  ce  titre  :  w  Voyage  do  Dimo 
et  Nicolo  Stepltanopoli  en  Grèce  pendant  les 
années  v  et  vi  {i  -Qj  et  l 'jgS  v.  st.),  d'après 
deux  missions,  dont  l'une  du  gouvernement 
français,  et  Vautre  du  général  en  chef  Bo- 
naparte. Rédigé  par  un  des  professeurs  du 
Prytanée.  A  Paris,  de  rimprinierie  de 
Guilleminet.  Anviii.n  2  vol.  in-S".  (Biblio- 
thètjue  nationale,  J  2 161 3.)  A  son  retour, 
Dimo  Slephanopoli,  ayant  perdu  la  vue, 
sollicita  de  nouveau  des  secours  du  gouver- 
nement. Nous  avons  trouvé  aux  Archives 
nationales,  F'^  carton  11 38,  un  rapport 
fait  au  ministre  de  l'intérieur  par  le  bu- 
reau des  dépenses  (5^  division),  en  vendé- 
miaire an  VII,  où  il  est  proposé  d'accorder 
(jiiatre  mille  cinq  cents  trancs  à  Dimo  Ste- 
plianopoli,  qui  est  atteint  de  cécité,  à 
compte  sur  les  indemnités  à  lui  promises 
pour  la  teinture  en  noir  à  Técorce  de  chêne, 
et  la  découverte  des  vertus  de  THelmintho- 
corthon.  Au  rapport  sont  annexées  les  pièces 
suivantes  :  un  rapport  imprimé,  du  98 
avril  1792,  de  Carpentier  et  Pelletier  au 


Bureau  de  consultation,  relatif  à  la  substi- 
tution de  Técorce  de  chêne  à  la  noix  de 
galle;  une  délibération  du  Bureau  de  con- 
sultation, du  10  avril  1793,  proposant 
d'attribuer  à  Dimo  Slephanopoli  une  ré- 
compense de  huit  mille  livres  pour  l'Hel- 
ininthocorthon;  un  arrêté  de  ce  même  Bu- 
reau, du  29  floréal  an  m,  constatant  que 
cette  récompense  n'a  pas  été  payée;  et  un 
arrêté,  sans  date,  signé  Ginguené,  au  nom 
de  la  Commission  executive  de  l'instruction 
pid)lique,  portant  que  ladite  récompense 
sera  ordonnancée  sur  les  fonds  disponibles. 

Nous  donnons  aux  annexes,  A  (p.  267). 
un  extrait  de  la  préface  du  Voyage  de  Dim-) 
et  Nicolo  StepJianopoli  en  Grèce. 

(''  Voir  la  séance  du  19  nivôse  (p.  2  53). 
Il  sera  de  nouveau  question  de  Sans  dans 
la  séance  suivante  (p.  279). 

(^)  Ce  citoyen  Rubigny  est  évidemment 
le  mêma  que  le  Derubigny  de  la  séance 
précédente  (p.  206).  Nous  n'avons  pas 
trouvé  son  mémoire. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE. 


265 


Comité  qu'il  est  instant  de  s'occuper  des  moyens  de  faire  transporter 
à  Paris  le  dépôt  des  archives  des  affaires  étrangères  qui  est  à  Ver- 
sailles. On  charge  le  président  d'écrire  pour  cet  objet  aux  représen- 
tants du  peuple  qui  sont  actuellement  à  Versailles,  et  de  les  inviter  à 
prendre  les  mesures  nécessaires^^). 

Le  citoyen  Sarrette  propose  des  vues  sur  les  moyens  de  faire  im- 
primer et  d'envoyer  promptement  aux  corps  administratifs  les  hymnes 
patriotiques  destinés  à  être  chantés  dans  les  fêtes  nationales.  On 
arrête  :  i"  qu'il  sera  fourni  pour  cet  objet  un  local  dans  les  domaines 
nationaux;  2°  quant  aux  moyens  d'exécution,  Guyton  est  chargé  de 
les  concerter  avec  le  Comité  de  salut  public  ^'-^ 

Grégoire  rappelle  que  le  rapport  fait  à  la  Convention  nationale  sur 
l'institution  des  sourds  et  muets  a  été  renvoyé  au  Comité  d'instruction 
publique,  il  demande  qu'il  soit  nommé  un  rapporteur.  Thibaudeau 
est  nommé  ^•^). 

On  passe  au  renouvellement  du  bureau  du  Comité.  Lindet  est 
nommé  président.  Les  deux  secrétaires  sont  Thibaudeau  et  Boulroue. 

Grégoire  fait  son  rapport  sur  la  commission  dont  il  avait  été  chargé 
relativement  au  local  des  séances  de  la  section  du  faubourg  Mont- 


^')  Buache  et  Langlès  avaient  élé  nom- 
més commissaires  pour  le  transport  des 
archives  du  département  des  affaires  étran- 
gères de  Versailles  dans  la  séance  du  17 
nivôse  (p.  9^7).  Pour  la  suite  de  cette 
affaire,  voir  la  séance  du  2  5  nivôse  (p.  9  83). 

^^)  Pour  la  suile  de  celle  affaire,  voir  la 
séance  du  27  nivôse  (p.  292). 

'^)  Un  rapport  et  un  projet  de  décret 
sur  l'organisation  des  établissements  pour 
les  sourds-muets  indigents  avait  été  pré- 
s'^nté  à  la  (îonvenlion,  peu  de  temps  aupa- 
ravant, par  Maignet,  au  nom  du  Couillé 
des  secours  publics.  Le  procès-verbal  de 
rassemblée  n'ayant  pas  monlionné  le  dé- 
pôt de  ce  docmncnl ,  et  les  journaux  n'en 
parlant  pas  non  plus,  nous  ne  savons  pas 
(piel  jour  il  fut  présenté;  mais  la  mise  en 
vente  du  rapport etdu  proji'l  dculécret  étant 
aimonoée  dans  le  nuuKTo  fi^^ll  du  Journal 
des  débittx  et  <hs  décréta ,  (pii  coiTcspond  an 
i()  nivôse  an  ii,  nous  pouvons  en  conclure 


que  ces  pièces  avaient  dû  être  communi- 
quées à  la  Convention  dans  la  première 
moitié  de  nivôse.  Nous  voyons,  en  outre, 
par  le  procès-verbal  du  Comité,  que  la 
Convention  les  renvoya  à  l'examen  du  Co- 
mité d'instruction  publitjue.  Nous  donnons 
aux  annexes,  B  (p.  268),  des  extraits  de  ce 
rapport  de  Maignet. 

Un  second  document  relatif  aux  sourds- 
muets  fut  publié  peu  après,  poin*  servir 
de  suite  au  raj)port  de  Maignet  :  c't'st  le 
comple-i'fndu  d'une  séance  tenue  à  Tota- 
biissemeiil  des  sourds-niU(Ms,  par  Sicai-d  et 
ses  aides,  en  présence  «les  membri"^  du 
Comité  des  secours  publics.  Celte  pièct^  est 
annoncée  dans  le  numéro  'i()3  du  Journal 
des  déliât  a  et  dn  décrets,  correspondant  nu 
6  pluviôse  an  ii.  Nous  en  donnons  égal-- 
nient  dos  extraits  aux  annexes  (p.  -x'x). 

Poni-  la  suite  df  cette  alVaire,  voir  la 
séance  (lu  Coniil''  du   7  plnviè-^e  (11.  i^i<7). 


266       PROCÈS-VERBAUX  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

martre.  Le  Comité  arrête  qu'on  s'en  référera  entièrement  à  l'avis  du 
Comité  des  domaines^^l 

D'après  quelques  observations  communiquées  par  Grégoire  sur 
Tadministration  du  Muséum  des  arts,  Mathieu  propose  de  nommer, 
dans  le  sein  du  Comité,  quatre  membres  chargés  d'inspecter  cet  éta- 
blissement. Arbogast  pense  que  cette  inspection  ne  doit  pas  être 
oflTicielle,  afin  de  ne  pas  faire  retomber  sur  le  Comité  une  responsa- 
bilité qui  ne  doit  peser  que  sur  les  agents  du  Conseil  exécutif.  Après 
quelque  discussion,  la  proposition  de  Grégoire  est  adoptée,  et  l'on 
arrête  (pi'il  sera  nommé  quatre  commissaires  ;  le  choix  tombe  sur 
ThibauJeau,  Boutroue,  Grégoire  et  Prunelle  ^-^. 

PruneHe  demande  qu'il  soit  formé  une  bibliothèque  à  la  disposition 
du  Comité.  Cette  idée  est  étendue  par  quelques  membres  qui  proposent 
d'établir  près  du  lieu  des  séances  du  Corps  législatif  une  bibliothèque 
à  l'usage  de  tous  les  députés.  Mathieu  pense  que  la  proposition  doit 
être  restreinte  dans  les  limites  indiquées  par  Prunelle.  Son  opinion 
est  adoptée.  Grégoire,  Arbogast  et  Thibaudeau  sont  chargés  de  pro- 
poser les  moyens  d'exécution  et  un  projet  de  règlement  pour  la  tenue 
des  livres  f^^. 

Mathieu  communique  une  note  de  Romme  qui  demande  la  parole 
pour  la  séance  de  tridi  sur  les  trois  premiers  mois  de  Y  Annuaire  du 
cultivateur.  Adopté  ^^l 

Le  même  membre  propose  ensuite  de  compléter  le  travail  sur  la 
Commission  des  arts.  On  arrête  qu'il  sera  formé  trois  listes  des  ci- 
toyens  désignés   pour  former   cette   commission    et    qu'elles    seront 


^'^  Voir  la  séance  du  19  nivôse  (p.  255). 

^•^  il  s'anjissait,  comme  nous  i'apprend 
le  procès-verbal  de  la  séance  du  Comité 
du  11  pluviôse  (p.  376),  oii  Grégoire  et 
les  autres  commissaires  présentèrent  leur 
rapport,  de  la  position  des  pooles  établis 
au  Muséum  des  arts,  qui  avait  paru  offrir 
quelques  dangers. 

Le  97  nivôse,  David  présf^nta  à  la  Con- 
vention un  second  rapport  sur  la  création 
du  Conservatoire  du  Muséum  (voir  ci- 
dessus  séance  du  27  frimaire,  p.  167,  et 
annexe  B,  p.  180,  et  séance  du  i3  nivôse, 
p.  932);  celte  fois  le  projet  de  décret    fut 


adopté.  Nous  donnons  aux  annexes,  C 
(p.  973),  un  extrait  du  procès-verbal  de 
la  séance  de  la  Convention  du  27  nivôse 
an  II,  et  le  texte  du  rapport  de  David  lu 
dans  cette  séance. 

^^^  Dans  la  séance  du  11  brumaire,  on 
avait  déjà  proposé  la  création  d'une  biblio- 
thèque pour  les  membres  de  la  Convention 
(t.  II,  p.  799).  Il  sera  de  nouveau  question 
de  la  bibliothèque  à  Tusage  du  Comité  le 
1^'' pluviôse  (p.  309). 

^*'  Voir  la  séance  du  7  frimaire  (p.  36) 
Pour,  la  suite,  voir  lo  séance  snivanlo 
(p.  980). 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE  267 

adressées  aux  différents  comités  de  la  Convention  qui  doivent  coopérer 
à  ce  travail  ^^l 

On  reprend  la  discussion  sur  les  fêtes  décadaires.  On  adopte  cet 
article  du  projet  présenté  par  Mathieu  : 

Il  y  aura  des  fêtes  révolutionnaires  qui  perpétueront  le  souvenir  des  événements 
les  plus  remarquables  de  la  Révolution  ^'K 

L'importance  de  la  matière  détermine  le  Comité  à  l'ajourner  à  la 
séance  suivante  ^^'. 

Coupé  fait  un  rapport  sur  l'école  militaire  de  Liancourt  ;  il  est  in- 
vité h.  rédiger  un  projet  de  décret  et  à  le  présenter  à  la  prochaine 
séance  ^'^l 

La  séance  est  levée  à  dix  heures  et  demie  ^^). 

R.-T.  Lîndet'"). 

PIECES  ANNEXES. 


On  lit  ce  qui  suit  ('ans  la  préface  (p.  xi)  du  Voyage  de  Dimo  et  Nicolo  Stephanopoli  en 
Grèce  pendant  les  années  v  et  vi  ^'^  : 

Dimo  est  un  de  ces  hommes  rares,  dont  les  découvertes  ont  agrandi  le  do- 
maine delà  chimie  et  de  la  médecine;  outre  celle  des  vertus  du  Lemithochorton  ^''\ 
il  a  trouvé  moyen  de  teindre  les  étoffes  de  laine  et  de  soie  en  employant  une  ma- 
tière très  commune,  Técorce  de  chêne,  qui  donne  un  noir  lustré  et  solide,  sans 
altérer  la  qualité  de  la  laine.  .  .  (Voyez,  à  la  fin  du  Voyage,  le  rapport  du  ciloveii 
Leblanc,  administrateur  du  département  de  la  Seine,  relatif  à  cette  découverte,  et 
à  la  couronne  décernée  à  Dimo^°\) 

Ce  n'était  point  assez,  pour  Dimo,  d'avoir  consacré  la  majeure  partie  de  ses 
jours  à  dérober  aux  plantes  des  secrets  salutaires  h  l'espèce  humaine,  d'avoir  reçu 

î''   Voir  la  séance  précédente  (p.  957)  ^'')  Cette  signalure  ne  se  trouve  qu'an 

et,   pour   la    suite,    celle    du    29    nivôse  registre.  La  minule  osl  (li>  la  tnain  île  Mu- 

(p.  999).  thiou,  qui  a  lenu  la  plume  ([uoique  n'étant 

^^>  Cette  disposition  avait  déjà  été  adop-  pas  secrétaire, 

lée  en  principe  le  i3  nivôse  (p.  989).  ^'^  Bibliothèque    nationale,    J     9iGi3, 

^''^  Voir,  pour    la    suite,    la  séance  du  in-8°. 

3  pluviôse  (p.  3i5).  ^'^  Sur    cette    orlho<jraphe,    voir  notre 

^'*'  Voir  la  séance  an  i3  nivôse  (p.  '.i^o)  tome  11,  pages  \ho  et  suivantes, 

et,    pour    la    suite,    celle    du    '^•\    nivôse  '">  Ce  rapport  était  adressé  au  Lycée  des 

(p.  9H0).  arts,   (jiii    (It'cerna    une  couronne  à   Dimo 

^*'   Ce  dernier  alinéa  se  trouve  à  la  mi-  Slrpliimopoli  dans  une  de  ses  séances   pu- 

nute  comme  au  regislre.  Llicpies. 


268       PROCKS-VERBAUX  DU  COMITÉ  FIINSTRUGTION  PUBLIQUE 

dos  mt^dailles,  dos  roiironnos,  dos  roconiponses,  Iniit  do  Tancion  quo  du  nouveau 
gouvernoinonl;  au  Irailonionl  des  corps,  il  a  joint  celui  des  esprits.  A  peine  la  Ré- 
volution eul-elle  éclate'  parmi  nous,  qu'il  Tenibrassa  de  tontes  ses  forces,  non  dans 
iVspoir  d'y  trouver  le  moindre  avantage  pour  sa  fortune,  mais  uniquement  par 
princij)e,  et  par  cet  amour  de  la  liberté  héréditaire  chez  tous  les  descendants  des 
Sparliates^''.  Buonaparle  faisait  un  si  grand  cas  de  ses  lalents  et  de  son  intégrité , 
qu'il  ne  trouva  point  d'honnne  plus  propre  à  être  son  oi'gnne  auprès  des  hommes 
les  plus  libres  de  la  ten-e;  aussi  dit-il  dans  sa  lettre  au  chef  des  Maïnotes,  en  lui 
recommandant  ses  envoyés  :  rr  S'ils  n'ont  point  fait  jusqu'ici  de  grandes  choses,  c'est 
qu'ils  ne  se  sont  point  trouvés  sur  un  grand  théâtre -n. 


RAPPORT  KT  PROJET  DE  DECRET  SUR  L'ORGANISATION  DES  ETABLISSEMENTS  POUR 
LES  SOURDS-MUETS  INDIGENTS,  DÉCRÈTES  LE  9  8  JUIN  DERNIER,  PAR  MAIGNET, 
DÉPUTÉ   DU   DÉPARTEMENT   DU    PUY-DE-DOME,    AU    NOM    DU    COMITÉ  DES   SECOURS 

PUBLICS. 

De  l'Imprimerie  nationale,  s.  d.  ^^^ 

[Le  98  juin  1798,  le  Comité  des  secours  publics  avait  fait  voler  à  la  Convention  un  décret 
relatif  aux  secours  à  accorder  aux  citoyens  dans  Tindigence.  Les  articles  26  à  33  du 
deuxième  paragraphe  du  titre  F",  qui  étaient  relatifs  aux  sourds-muets,  furent  renvoyés  au 
Comité  :  la  Convention  se  borna  à  décréter  en  principe  qu'il  y  aurait  divers  établissements 
dans  plusieurs  points  de  la  République,  à  Tinstar  de  celui  de  Paris,  et  elle  renvoya  au  Co- 
mité des  secours  pour  lui  présenter  un  projet  de  décret  d'après  ce  principe.  (Procès-verbal 
•(le  la  Convention,  t.  XIV,  p.  ^07.)  (Test  en  exécution  de  ce  décret  que  le  Comité  des  se- 
cours présenta  six  mois  plus  tard,  en  nivôse  an  [i,  par  l'organe  de  ]\Iaignet,  le  rapport  et 
le  projet  de  décret  que  nous  analysons  ici. 

Le  rapporteur  propose  que  les  établissements  pour  les  sourds-muets  indigents  soient  au 
nombre  de  six.  Deux  existent  déjà,  à  Paris  et  à  Bordeaux;  il  en  serait  créé  quatre  autres, 
qu'on  placerait  à  Rennes,  Clermout-Ferrand,  Grenoble  et  Nancy.  Il  serait  en  outre  institué 
à  Paris  une  école  centrale  pour  l'instruction  des  citoyens  qui  se  consacreront  à  l'éducation 
des  sourds-muets;  elle  serait  formée  dans  l'enceinte  de  la  maison  où  sera  placé  l'établisse- 
ment de  Paris;  cette  école  pourrait  recevoir  vingt  élèves;  le  cours  y  serait  de  trois  ans. 

L'institution  d'une  école  centrale,  destinée  à  répandre  la  méthode  d'enseignement  de 
Sicard,  est  le  trait  essentiel  du  plan  présenté  par  Maignet;  c'est  sur  ce  point  que  se  con- 
centrera le  débat,  c'est  ce  projet  d'école  qui  soulèvera  l'opposition  du  Comité  d'instruction 
[)ublique.  Nous  reproduisons,  par  conséquent,  les  passages  du  rapport  de  Maignet  qui  y 
sont  relatifs.] 

.  .  .  La  méthode  employc'e  pour  rendre  ces  infortunés  à  la  société  est  encore 
pour  ainsi  dire  à  sa  naissance;  peu  de  personnes  en  connaissent  les  principes:  il  en 

-')   Dimo  Stephanopoli  appartenait  à  la  in- 8".  —  Cette  pièce  est  annoncée  dans 

colonie     grecque     établie     en     Corse     au  le  numéro  /173  <lu  Journal  des  déhnls  et 

xvii' siècle.  des  décrets,   correspondant  au    16   nivôse 

^-)  Bibliothèque    nationale,    Le^^   ^79 ^  ^^  ^'^ 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  269 

est  encore  moins  qui  se  soient  adonnées  à  pratiquer  an  art  aussi  utile  qu'il  est 
étonnant. 

il  ne  faut  pas  se  dissimuler  que  ce  défaut  d'instituteurs  ne  permettra  pas,  de 
quelque  temps,  d'ouvrir  tous  les  établissements  que  vous  allez  décréter;  il  faudra 
que  les  instituteurs  commencent  à  se  former,  avant  que  l'on  puisse  leur  confier  des 
élèves.  .  .  Il  faudra  donc  un  centre  commun,  où  se  réuniront  ceux  qui  se  destine- 
ront à  une  profession  aussi  honorable,  (^ette  école  centrale  formera  une  espèce  de 
noviciat,  non  plus  du  genre  de  ceux  qu'inventèrent  la  superstition  et  l'inutilité, 
mais  de  l'espèce  de  ceux  que  créèrent  l'humanité  et  le  désir  d'apprendre  à  se  rendre 
utile  à  ses  semblables. 

Et  pourquoi  l'art  de  secourir  efficacement  le  sourd-muet  serait-il  la  seule  science 
abandonnée  au  hasard?  La  chirurgie,  la  médecine  n'ont-elles  pas  leurs  écoles  pri- 
maires? chaque  profession  n'exige-t-elle  pas  un  apprentissage?.  .  .  Que  l'on  ne 
dise  pas  que  nous  voulons  créer  une  nouvelle  espèce  d'académie,  d'université, 
lorsqu'on  détruit  celles  qui  existaient.  Et  nous  aussi,  nous  avons  applaudi  au  décret 
qui  a  fait  disparaître  ces  enfants  de  l'orgueil  et  de  l'oisiveté;  et  nous  aussi,  nous 
avons  désiré  que  l'on  débarrassât  les  sciences  des  maillots  que  les  préjugés  leur 
avaient  donnés;  nous  avons  désiré  qu'on  laissât  prendre  au  génie  son  essor;  nous 
savons  qu'il  fuit  la  gêne  et  qu'il  ne  se  développe  qu'avec  la  hberté.  Mais,  citoyens, 
nous  parlons  ici  d'une  science  qui  ne  fait  que  de  naître;  c'est  une  plante  qu'il  faut 
s'empresser  de  porter  dans  la  serre,  crainte  que  le  grand  air  ne  la  tue.  Admettons 
auprès  d'elle  tous  ceux  cpii  désirent  la  connaître,  encourageons  le  cultivateur  qui 
se  présentera  pour  la  soigner;  mais  gardons-nous  bien  de  l'abandonner  à  elle  seule , 
ou  de  la  négliger  assez  pour  qu'elle  soit  confiée  aux  premières  mains  qui  voudront 
l'élever;  nous  risquerions  bientôt  de  la  perdre.  Commençons  du  moins  à  nous 
assurer  quelques  rejetons;  propageons  les  éh-ments  de  cette  science;  formons  quel- 
ques instituteurs  qui  nous  rassurent  sur  la  perle  prématurée  des  dépositaires  des 
premiers  principes,  et,  après  avoir  obtenu  ces  avantages,  nous  pourrons  faire  dis- 
paraître sans  danger  une  école  qui  aura  produit  tout  le  bien  que  nous  en  atten- 
dions. Tels  sont  les  motifs  qui  ont  fait  regarder  à  votre  Comité  comme  absolument 
indispensable  l'établissement  d'une  école  centrale,  pour  y  former  des  instituteurs. 

Cette  école,  citoyens,  pour  être  vraiment  utile,  doit  être  placée  à  coté  d'un  de 
nos  établissements;  la  science  qui  doit  y  être  enseignée  se  con^pose,  comme  nous 
vous  l'avons  dit  ailleurs  ^'\  de  principes  et  de  jeux  scéniques.  Pour  que  celui  (jui 
en  étudie  la  théorie  puisse  en  saisir  tous  les  développements,  il  faut  qu'il  ait  con- 
tinuellement à  côté  de  lui  des  sujets  sur  lesquels  il  puisse  faire  Tessai  de  ce  qu'il 
vient  d'a[)pren(lre,  il  faut  ([u'il  acquière  tout  à  la  fois  et  les  principes  et  Tusap^e  de 
pratiquer.  Ce  n'est  que  par  ce  moyen  qu'il  pourra,  en  entrant  dans  l'établissement 
oii  vous  l'appellerez,  donner  à  l'enseignement  la  célérité  et  la  perfection  dont  il  auia 
besoin  pour  que  tous  les  instants  dont  se  composent  les  huit  années  que  vous  con- 
sacrerez à  r('du('aliou  (lu  sourd- nuiet  soient  utilenuMil  employés,  poui"  (pie  |)arlout 
elle  puisse  marcher  d'un  pas  é<;al. 

Votre  Comité  a  cru  que  c'était  dans  cette  ville  qu'il  fallait  l'établir.  Paris  est  le 

^'^  Dans  le  rapport  du  'J 8  juin  1 79!^  sur  rori^ains  ilioii  dos  secours  publics,  pa-jos  'io-/j  1 . 


^70      PROCte-VERBAUX  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

berceau  où  na(juit  ce  nouveau  genre  (rinstruction,  Paris  posséda  longtemps  le  seul 
ëlablissenient  ([ue  créa  la  philanthropie;  il  est  encore,  pour  ainsi  dire,  unique, 
puisque  celui  que  vous  avez  décrété  pour  la  ville  de  Bordeaux  est  à  peine  organisé. 
Ici  se  Irouvent  réunis  et  les  instituteurs  et  les  ateliers  nécessaires  aux  élèves; ici  se 
trouveront  toujours,  dans  un  degré  de  perfection  où  Ton  ne  ])ourra  de  longtemps 
allcindj(>  partout  ailleui's,  les  arts  et  les  sciences  (jui  peuvent  concourir  à  perfec- 
tionner rinstruction  des  sourds-muets.  C'est  donc  ici  où  il  faut  appeler  ceux  qui 
voudront  se  consacrer  à  une  étude  aussi  intéressante,  afin  qu'ils  trouvent,  pour  leur 
propre  instruction,  les  facilités  les  plus  grandes. 

Dans  cette  école  centrale,  les  leçons  seiont  publi(fues;  non  seulement  les  élèves 
auront  le  droit  d'y  assister,  le  public  y  sera  également  admis.  Son  œil  agrandit  tout; 
sa  présence  amène  le  talent  et  double  le  zèle  de  celui  qui  voit  devant  lui  son  juge. 

En  formant  cette  école  centrale,  vous  trouverez  dans  l'homme  que  vous  placerez 
à  la  léte  un  surveillant  général;  ce  sera  lui  qui,  chargé  de  l'inspection  de  tous  les 
établissements  que  vous  allez  disséminer  sur  la  surface  de  la  République,  sera 
chai'gé  de  rendre  partout  le  secours  que  vous  allez  offrir  à  ce  nouveau  genre  de 
malheureux  le  plus  complet  possible  ;  tout  sera  par  lui  ramené  à  cette  uniformité 
qui  apportera  partout  la  même  masse  de  bonheur.  .  . 

L'école  centrale  sera  composée  d'un  inspecteur  principal  et  d'un  inspecteur  par- 
ticulier; tous  les  deux  seront  alternativement  occupés  à  l'instruction  des  élèves. 
L'inspecteur  particuHer  en  sera  seul  chargé  pendant  l'absence  de  l'inspecteur  prin- 
cipal, qui  sera  tenu  tous  les  ans  de  faire  la  visite  des  établissements  particuliers. 

Chaque  établissement  aura  un  directeur,  un  adjoint  principal,  deux  adjoints  se- 
condaires, deux  j'épétiteurs  surveillants,  deux  maîtresses  surveillantes  pour  ks 
personnes  de  leur  sexe ,  un  chef  d'atelier  et  un  maître  d'écriture.  C'est  la  formation 
de  celui  qui  existe  à  Paris,  et  que  vous  avez  consacrée  en  décrétant  l'organisation 
de  celui  de  Bordeaux. 

.  .  .  L'inspecteur  général  sera  tenu  de  présenter  au  Corps  législatif  un  plan  général 
d'instruction,  et  de  déterminer  par  un  règlement  général  les  fonctions  attribuées  à 
chaque  instituteur;  il  se  concertera  pour  cela  avec  le  Comité  d'instruction  pu- 
blique. 

.  .  .  Votre  Comité,  qui  a  pris  l'engagement  de  visiter  de  temps  à  autre  tous  les  éta- 
blissements créés  en  faveur  de  l'humanité,  s'est  transporté  dans  celui  des  sourds- 
muets;  il  y  a  vu  avec  un  intérêt  bien  grand  les  succès  vraiment  surprenants  que 
les  instituteurs  ont  obtenus;  mais  il  s'est  convaincu  que  l'emplacement  occupé  par 
les  sourds-muets  pouvait  les  retarder.  La  maison  des  ci-devant  Célestins  avoisinant 
l'Arsenal  est  continuellement  fréquentée  par  les  ouvriers  appartenant  à  la  manu- 
facture d'armes;  la  circulation  de  ces  ouvriers  dans  la  maison  est  un  sujet  de  dis- 
traction pour  le  sourd-muet,  et  met  un  empêchement  aux  exercices  et  aux  prome- 
nades qui  leur  sont  nécessaires,  parce  que  les  lieux  qui  sont  consacrés  à  ces 
amusements  sont  toujours  occupés  par  ces  ouvriers  ou  par  des  matériaux  nécessaires 
à  leur  genre  d'occupation.  D'ailleurs  ce  terrain  est  d'une  valeur  inappréciable,  et 
est  sans  cesse  désiré  par  le  ministre  de  la  guerre.  Il  peut  lui  être  facilement  cédé, 
en  transportant  l'institut  des  sourds-muets  dans  le  ci-devant  séminaire  de  Saiiil- 
Magloire.  Ce  lieu  avait  été  auliefois  destiné  à  ces  malheureux;  mais  dans  un  temps 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  ^71 

où  loiit  cédait  à  l'idée  de  faire  des  prêtres,  l'évéque  de  Paris  le  choisit  pour  y 
établir  un  sc'minaire,  et  les  sonrds-muets  furent  jetés  à  l'extrémité  de  Paris.  Main- 
tenant que  la  raison  s'est  fait  entendre  et  qu'elle  a  rendu  désormais  inutile  une  pa- 
reille institulion ,  que  la  Convention  cède  cette  maison  aux  sourds-muets,  et  elle 
aura  fait  tout  à  la  fois  et  leur  bonheur  et  celui  de  la  nation  ^^''. 

[Le  projet  de  décret  qui  suit  le  rapport  contient  soixante-quatorze  articles.] 

La  visite  à  rétablissement  des  sourds-mucls,  dont  il  est  fjuestion  ci-dessus,  fit  l'objel 
d'un  compte-rendu  qui  fut  présenté  à  la  Convention  pour  servir  de  suite  au  rapport  de  Mai- 
gnet  ^'^^  Nous  en  donnons  ci-après  des  extraits  : 

COMPTE  RENDU  A  LA  CONVENTION  NATIONALE  DE  CE  QUI  S'EST  PASSE  \  L'ETABLISSE- 
MENT DES  SOURDS-MUETS,  DANS  LA  SÉANCE  TENUE  EN  PRESENCE  DES  MEMBRES  DU 
COMITÉ  DES  SECOURS  PUBLICS  :  PRESENTE  AU  NOM  DE  CE  COMITE,  POUR  SERVIR  DE 
SUITE  AU  RAPPORT   DE  MAIGNET   SUR  LES  SOURDS-MUETS. 

De  rimprin)crie  nationale,  s.  d.  ^^K 

...  Le  Comité  a  voulu  s'assurer  par  lui-même  jusqu'à  quel  point  cette  nou- 
velle espèce  de  secours  pourrait  être  utile  à  celui  à  qui  on  allait  l'offrir. 

Il  arrêta  qu'il  se  transporterait  dans  l'établissement  qui  est  sous  la  direction  du 
citoyen  Sicard;  son  premier  soin  fut  de  laisser  ignorer  et  aux  instituteurs,  et  aux 
élèves,  sa  délibération,  ainsi  que  le  jouroii  elle  serait  exécutée. 

.  .  ,  Que  n'étiez-vous  tous  présents,  citoyens,  à  cette  séance,  pour  partager  la 
satisfiiction  que  nous  éprouvions  à  mesure  que  les  développements  acquéraient  plus 
d'intérêt!  Nulle  demande  n'arrêtait  le  citoyen  Massieu,  un  dos  élèves  du  citoyen 
Sicard.  Les  réponses  les  plus  ingénieuses  et  les  plus  justes  étaient  autant  d'images 
qui  peignaient  au  naturel  la  chose  qu'il  présentait;  certes  les  amis  de  la  monarchie 
auraient  eu  à  rougir  eux-mêmes  du  rôle  qu'ils  jouent  eous  un  roi,  s'ils  avaient  lu 
la  définition  que  Massieu  donna  à  cette  question  :  Qu'était  un  roi? 

...  Le  Comité  a  engagé  le  citoyen  Massieu  de  transcrire  lui-même  et  de  vous 
présenter  le  tableau  d'une  partie  de  cette  séance .  .  .  V^ous  verrez ,  dans  les  quatre 
tableaux  que  le  citoyen  Massieu  nous  a  remis,  et  que  nous  faisons  inq)rimer  à  la 
suite  de  ce  compte,  le  langage  sinq)le  de  l'homme  de  la  nature.  Vous  admirerez 
sans  doute,  comme  nous,  riieureux  moyen  de  faire  passer  dans  l'àme  du  sourd- 
muet  les  idées  les  plus  abstraites  et  les  plus  métaphysiques,  et  vous  désirerez, 

(')  Li'   transfert   de   rétablissemenl   dos  feuille,  on  lit   colle  li|jno  :   Compte  irmlu 

sourds-muets  de  Pancien  séminaire  de  Saint-  par  Mniinul  sur  rétablissement  des  sourds  et 

Majjloire  fut  olfoclivoment  ordonné  par  un  muets. 

décret  du  i>5  pluviôse  an  ii.  ^-^^   nibliollièquo    nafionalo,    Le-^^    G^o, 

^'"^  (îe  compte-rendu  a  clé  également  ré-  in  V',  avec   plusieius    lid)li\ui\.   —    Coite 

digé  par  Maignet,  bien  que  le  titre  de  la  pit'oe  est  annoncoo  dans  le  mnuéro  'u)3  du 

pièce  ne  Tindique  pas.  En  otrol,  au  bas  de  Jouriml  dm  d<''>uts   et  des  décrets,  coires- 

la  page,  à  l'endroit  où  se  trouve  le  cliitVre  po.idanl  au  G  pluviôse  an  n. 
appelé  en  typo(i;raphif^  la  ffsi|;natiu' 


("1  ao  la 


27:>       PROCKS-VERBAUX  DU  COMITÉ  DINSTRUGTION  PUBLIQUE 

ainsi  que  nous,  que  tous  ceux  qui  se  destinent  à  l'intéressante  l'onction  de  former 
des  lioinnies  viennent  apprendre,  de  celui  que  la  nature  a  coîidanine  a  ne  jamais 
parler,  l'art  d'dnoncer  ses  pensées  avec  la  rigoureuse  justesse  de  la  saine  logique 
et  de  la  plus  parfaite  grammaire. 

Ainsi,  en  fondant  une  école  centrale  pour  l'instniclion  des  maîtres  qui  se  con- 
sacrent à  l'instruction  des  sourds-muets,  la  Convention  ne  borne  pas  son  bienfait 
à  cette  classe  infortunée;  elle  offre  à  tous  les  instituteurs  les  seuls  moyens  d'acqué- 
rir de  grandes  lumières  dans  l'art  si  dilIicUe  de  l'enseignement  :  témoins  des  efforts 
qu'il  faut  faire  et  des  procédés  toujours  nouveaux  qu'il  faut  imaginer  pour  faire 
passer  dans  l'esprit  des  ('lèves  les  grands  principes  de  raison  universelle  et  la  méta- 
physique du  langage,  ils  se  convaincront  que  l'art  analytique,  qui  exige  tant  de 
justesse  dans  l'esprit ,  est  le  seul  moyen  pour  faire  parvenir  au  perfectionnement 
de  la  raison  et  à  la  conquête  détentes  les  connaissances  humaines;  ils  y  appren- 
dront le  grand  danger  d'exercer  la  mémoire  autrement  qu'en  lui  confiant  ce  que 
l'intelligence  a  cherché  et  compris,  et  que  par  conséquent  la  mémoire  ne  doit  ê(re 
qu'un  satellite  attaché  auprès  de  la  raison  qu'il  ne  doit  jamais  précéder.  Les  sourds- 
muets  ne  savent  rien  par  cœur,  et  ils  répondent  sur  tout;  c'est  que  leur  instituteur 
n'est  que  leur  égal  et  jamais  leur  maître,  qu'ils  ne  pensent  et  ne  parient  jamais 
d'après  lui,  mais  bien  d'après  eux;  c'est  enfin  qu'on  ne  leur  apprend  aucune 
science,  mais  qu'ils  les  refont  toutes.  Ce  sera  donc  avoir  bien  mérité  de  l'humanilé 
entière  que  d'avoir  assuré  à  la  postérité,  qui  déjà  s'apprête  à  juger  nos  travaux, 
la  conservation  d'une  méthode  qui  peut  être  étendue  à  toutes  les  parties,  à  tous 
les  genres  d'instruction;  ce  sera  avoir  rempli  le  grand  devoir  d'un  législateur  qui , 
dans  ses  institutions,  doit  faire  en  sorte  qu'elles  se  prêtent  un  mutuel  appui,  et 
qu'elles  tendent  à  se  perfectionner  les  unes  par  les  autres. 

Trois  tableaux  (et  non  pas  quatre,  comme  le  dit  le  Compte  rendu)  dressés,  les  deux 
premiers  par  Massieu,  le  troisième  par  Périer,  sont  joints  au  compte-rendu,  ainsi  que 
des  explications  de  ces  tableaux,  rédigées,  les  deux  premières ,  par  Sicard,  et  la  troi- 
sième par  Périer.  Voici  les  titres  de  ces  annexes  : 

N°  1.  Tableau  analytique  pour  conduire  les  sourds-muets  à  l'intelligence  des 
actions  voir,  regarder,  fixer,  considérer,  pénétrer,  examiner  et  comparer,  par  Jean 
Massieu,  sourd-muet,  élève  de  Sicard  et  répétiteur  à  l'institution  de  Paris. 

N°  1  bis.  Explication  du  tableau  analytique  des  premières  opérations  de  l'âme, 
par  analogie  avec  celles  de  l'organe  de  la  vue ,  par  Sicard. 

N°  2.  Procédé  aoaly tique  pour  conduire  les  sourds-muets  à  l'intelligence  des 
actions  voir,  regarder,  fixer,  pénétrer,  considérer,  examiner  et  comparer,  par  Mas- 
sieu, sourd-muet,  élève  de  Sicard  et  répétiteur  à  l'institution  de  Paris. 

]N°  3.  Procédé  synthétique  pour  conduire  les  sourds  et  muets  à  l'intelligence  de 
la  pensée  de  lien  et  de  la  qualité  passive  dans  le  radical  actif,  de  la  règle  d'appo- 
sition de  l'objet,  du  service  et  de  la  nécessité  des  prépositions,  par  Périer,  élève 
du  citoyen  Sicard. 

Explication  du  second  tableau  analytique  (tableau  portant  le  N"  2),  par  Sicard. 

Explication  du  troisième  tableau ,  par  Périer. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  273 


On  lit  dans  les  procès-verbaux  de  la  Convention  : 

Séance  du  27  nivôse  an  11. 

ffLa  Convention  nationale,  après  avoir  entendu  le  rapport  du  Comité  d'instruc- 
tion publique  ^^\  décrète  : 

ff  Article  premier.  La  Commission  du  Muséum  est  supprimée. 

«Art.  2.  La  garde  du  Muséum  sera  confiée  à  un  Conservatoire. 

rr  Art.  3.  11  sera  composé  des  citoyens  dont  la  liste  est  annexée  au  présent  décret. 

ffART.  4.  En  cas  de  vacance  d'une  des  places,  il  sera  pourvu  au  remplacement 
par  le  Corps  législatif. 

wArt.  5.  Le  Conservatoire  du  Muséum  des  arts  sera  divisé  en  quatre  sections, 
savoir  :  peinture,  sculpture,  architecture,  antiquités. 

ffART.  6.  Le  Conservatoire  du  Muséum  des  arts  sera,  pour  l'administration, 
soumis  au  ministre  de  l'intérieur;  et  pour  la  direction,  sous  la  surveillance  du  Co- 
mité d'instruction  publique. 

ffART.  7.  Il  sera  tenu  d'exécuter  tous  les  décrets  relatifs  au  Muséum,  auxquels 
il  n'est  pas  dérogé  par  la  présente  loi. 

ffART.  8.  La  Commission  supprimée  par  le  présent  décret  rendra  son  compte 
d'administration  au  ministre  de  l'intérieur. 

ffART.  9.  Elle  remettra  aux  membres  du  Conservatoire  tous  états,  inventaires, 
catalogues,  descriptions,  mémoires,  notes  et  registres  des  délibérations,  concer- 
nant les  travaux  qui  lui  étaient  confiés. 

ffArt.  10.  Il  est  attribué  à  chacun  des  membres  du  Conservatoire  une  indemnité 
annuelle  de  deux  mille  quatre  cents  livi  es  et  le  logement. 

ffART.  11.  Douze  mille  livres  seront  consacrées  aux  dépenses  annuelles  et  ma- 
térielles du  Muséum,  à  la  charge  d'en  rendre  compte  au  ministre  de  l'intérieur. 

ffART.  12.  En  exécution  des  deux  articles  précédents,  la  trésorerie  tiendra  à  la 
disposition  du  ministre  de  l'intérieur  la  somme  de  trente-six  mille  livres. 

n Liste  des  membres  qui  doivent  composer  le  Conservatoire  du  Muséum  des  arts. 

ff Pem/t/re.  Fragonard,  Bonvoisin,  Lesueur,  Picault. 

nScutpture.  Dardel,  Dupas([uicr. 

(t Architecture.  David  Le  Roy,  Lannoy^"^ 

n Antiquités.  Wicar,  Varon  ^^\v 

^'^  Ce  rapport  fut  présenté  par  David  (Moniteur).  —  ^^'  La  vérilablo  roiiiii>  du  nom  do 
cet  architecte  est  Delannoy.  —  ^'^  Procès-verbal  de  la  Convention,  I.  \\l\,  p.  278. 

m.  iS 


nix       PROGt:S-VERBAUX  DU  COMITE  DINSTRUGTION  PUBLIQUE 

Voici  le  to\le  du  rapport  de  David  : 

SECOND  RAPPORT  SUR  LA  NECESSITE  DE  LA  SUPPRESSION  DE  LA  COMMISSION 
DU  MUSÉUM,  FAIT  AU  NOM  DES  COMITES  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE  ET  DES 
FINANCES,  PAR  DAVID,  DEPUTE  DU  DEPARTEMENT  DE  PARIS,  DANS  LA  SEANCE 
DU    27    NIVÔSE,    L'AN    II    DE    LA    REPUBLIQUE    FRANÇAISE. 

De  rimprimerie  nationale,  s.  d.^'^. 

Dans  mon  rapport  pour  la  suppression  de  la  Commission  du  Muséum  el  sur 
rétablissement  d'un  Conservatoire  actif  de  ce  précieux  dé[)ôt,  je  vous  ai  exposé 
avec  quelques  détails  les  motifs  qui  appuyaient  cette  double  proposition. 

Je  vous  ai  indiqué  les  vices  des  choLx  qui  avaient  été  faits,  et,  pour  en  préparer 
de  meilleurs,  je  vous  ai  présenté,  au  nom  de  votre  Comité  d'instruction  publique, 
des  artistes,  la  plupart  victimes  de  l'orgueil  académique^  La  liste  a  été  imprimée 
et  cJiacun  de  vous  a  pu  peser  le  mérite  des  candidats.  A  mesuie  que  le  jugement 
des  arts  sera  plus  souvent  et  plus  immédiatement  exercé  par  le  peuple,  le  peuple 
saura  mieux  apprécier  les  artistes;  il  fixera  ses  idées  sur  le  mérite  de  chacun  d'eux, 
et  il  assignera  lui-même  les  rangs  avec  celte  impartiale  et  sévère  équité  qui  le 
cd[ractérise ;  le  peuple  n'oubliera  jamais  les  artistes  qui  travaillent  pour  la  liberté; 
sa  reconnaissance  garantit  sa  justice. 

Au  moment  où  la  Révolution  commence  à  s'établir  dans  les  arts ,  et  promet  à 
la  République  des  chefs-d'œuvre  dignes  d'elle,  il  importe  que  tous  les  emplois 
que  peut  offrir  cette  carrière ,  plus  honorable  que  lucrative ,  soient  de  préférence 
donnés  et  à  des  talents  distingués  qui  ont  subjugué  l'opinion,  et  à  ceux  que  la 
médiocrité  académique  honorait  encore  de  ses  dédains  et  repoussait  loin  de  ses 
fauteuils. 

11  a  fallu,  dans  le  choix  qui  vous  a  été  soumis,  avoir  égard  à  l'objet  des  tra- 
vaux du  Conservatoire  qui  vous  a  été  proposé  :  ce  sont  ces  diverses  considérations 
réunies  qui  ont  déterminé  votre  Comité  d'instruction  publique  dans  la  formation 
de  la  liste  des  artistes  citoyens  à  préposer  à  la  garde  de  nos  chefs-d'œuvre  ;  aussi 
a-t-on  cru  devoir  motiver  chacun  des  choix,  afin  que  l'ensemble  put  devenir  l'ou- 
vrage de  la  Convention  nationale  et  l'expression  de  sa  volonté. 

S'il  est  un  artiste,  s'il  est  un  homme  à  talent  qui  pense  avoir  à  se  plaindre  de 
ne  pas  voir  son  nom  inscrit  sur  cette  liste,  nous  lui  dirons  :  rr  Tu  es  artiste,  nous 
n'avons  pas  eu  la  pensée  de  te  fermer  la  carrière.  Si  tu  n'es  point  admis  à  l'emploi 
honorable  de  garder  les  plus  belles  productions  des  arts,  tu  n'es  point  exclu  de 
l'honneur  d'en  augmenter  le  nombre.  51  S'il  est  parmi  les  membres  de  l'ancienne 
Commission  du  Muséum  un  homme  qui  voie  une  injustice  dans  son  exclusion, 
nous  lui  dirons  :  fr  Tu  es  homme  à  talent,  venge-toi  par  tes  ouvrages;  embellis 
le  Muséum;  rentres-y  par  des  chefs-d'œuvre w. 

Lorsque  je  vous  ai  fait  mon  rapport  sur  cette  ancienne  Commission ,  j'avais 
omis  un  préliminaire  indispensable,  par  vous  sagement  arrêté,  afin  de  ne  pro- 
noncer légèrement  aucune    dépense.   L'économie  honore   les  représentants   du 

(')  Bibliothèque  nationale,  Le^^  653,  in-S". 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  275 

peuple  :  le  (rësor  public  est  le  fruit  de  ses  sueurs  et  de  ses  victoires;  pourrait-il 
être  administré  avec  une  circonspection  trop  sévère?  Aussi  sur  l'observation  de 
Cambon  et  d'après  votre  décret,  de  concert  avec  le  Comité  d'instruction  publi([ue, 
je  me  suis  retiré  au  Comité  des  finances,  et  là,  par  la  discussion  de  quelques 
articles  relatifs  tant  à  la  dépense  qu'à  l'objet  de  l'établissement,  ce  projet  sest 
affermi  sur  ses  bases,  et  a  reçu  quelques  modifications  dont  je  dois  vous  rendre 
compte.  Douze  membres,  dans  ce  projet,  formaient  le  Conservatoire,  en  y  com- 
prenant un  secrétaire  homme  de  lettres ^'^  Le  désir  d'empêcher  la  prédominance 
d'un  seul  dans  chacune  des  sections  qui  doivent  le  composer  avait  déterminé  à 
augmenter  un  peu  le  nombre  des  membres;  condition  toujours  nécessaire  pour 
donner  à  tout  établissement  des  formes  libres  et  faire  résulter  la  liberté  du  balance- 
ment même  des  opinions. 

Le  Comité  des  finances,  sans  trop  s'écarter  de  ce  principe,  ayant  désiré  une 
réduction  dans  le  nombre,  nous  avons  fait  le  sacrifice  du  secrétaire,  et  d'un  des 
membres  pour  une  des  branches  communément  moins  chargée  ^^^.  Le  Conserva- 
toire sera  donc  réduit  à  dix  membres ,  pour  ce  qui  concerne  la  peinture,  la  sculp- 
ture, l'architecture,  et  tous  les  monumenls  déposés  au  Muséum,  commission 
toujours  prête  à  fournir  des  renseignements  au  Corps  législatif,  au  Comité  d "in- 
struction publique  et  au  ministre  de  l'intérieur,  toujours  active  pour  mettre  en 
ordre  et  ranger  dans  un  bel  ensemble  tous  les  chefs-d'œuvre  que  les  émigrés  ne 
méritaient  pas  de  conserver,  et  qu'ils  ont  laissés  à  la  nation,  aussi  digne  de  les 
posséder  que  capable  de  les  apprécier. 

Au  lieu  de  trois  mille  livres  que  votre  Comité  d'instruction  publique  vous  avait 
d'abord  proposées,  une  indemnité  de  deux  mille  quatre  cents  livres  a  paru  à 
votre  Comité  des  finances  suffisante  pour  chacun  des  artistes  conservateurs  ;  il  a 
cru  par  cette  mesure  se  tenir  également  éloigné  d'une  parcimonie  mal  entendue 
et  d'une  prodigalité  préjudiciable  aux  finances.  Une  somme  de  vingt-quatœ  mille 
livres  serait  en  conséquence  affectée  aux  membres  du  Conservaloire,  et  une  somme 
de  douze  mille  livres  aux  dépenses  matérielles  du  Muséum,  à  la  charge  par  le 
Conservatoire  de  rendre  compte  au  ministre  de  l'intérieur  de  l'emploi  de  ces  douze 
mille  livres;  ce  qui  formera  un  fonds  de  trente-six  mille  livres,  fonds  modique,  vu 
l'importance  de  son  objet. 

Ne  vous  y  trompez  pas,  citoyens,  le  Muséum  n'est  point  un  vain  rassemble- 
ment d'objets  de  luxe  ou  de  frivolité,  qui  ne  doivent  servir  qu'à  satisfaire  la 
curiosité.  11  faut  qu'il  devienne  une  école  importante.  Les  instituteurs  y  conduiront 
leurs  jeunes  élèves;  le  père  y  mènera  son  fi!s.  Le  jeune  homme,  à  la  vue  des  pro- 
ductions du  génie,  sentira  naître  en  lui  le  genre  d'art  ou  de  science  au(jucl  l'appela 
la  nature.   11  en   est  tenq)S,  législateurs,   arrêtez   Tiguorance  au   milieu  de  sa 

^')  Sur  ce  chiffre  de  douze,  voir  p.  1C7,  pour  les  antiquités;  et  de  Serioys,  coniiiic 

note  3,  et  p.  188,  note  9.  Lcsdouze  nouis  secrétaire. 

étaient   ceux    de    Fra,'jonard,    Bonvoisin,  ^^^  C'est  de  la  sculpture  qu'il  s'a<[il.  Les 

Lesueur  et  Picault,  pour  la  peinture;  de  observations  du  Comité  des  finances  ayant 

Dardel,    Julien    o\    I)uj);isquier,    pour    la  eu  pour  résultat  de  taire  ré(luir(>  le  nou)bre 

sculpture;  de  Delaîuioy  et  David  Le  floy,  des  membres  de  celte  section  à  deux,  ce 

pour  l'architecture;   de    \\i(ar  et  Varon,  fut  Julien  qui  lut  éliminé. 

iS. 


27G       PROGÈS-VERBAUK  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

course;  oncliaînez  ses  mains,  sauvez  le  Muséum,  sauvez  des  productions  qu'un 
souffle  peut  anéantir,  et  (pie  la  nature  avare  ne  reproduirait  peut-être  jamais. 

Une  nég-lijO-ence  coupable  a  porté  des  coups  funestes  aux  monuments  de  Tart^'^  ; 
je  ne  prétends  pas  vous  offrir  ici  Fénuinération  complète  des  désastres  qu'ils  ont 
essuyés  :  vous  détourneriez  vos  reg"ards  de  ce  fameux  tableau  de  Rapliaël,  que 
n'a  pas  craint  de  profaner  une  main  lourde  et  barbare.  Entièrement  relouché,  il  a 
perdu  tout  ce  qui  le  disting-uait  non  seulement  des  autres  maîtres  de  son  école, 
mais  de  Raphaël  même  :  j'entends  son  coloris  subHme. 

Vous  ne  reconnaîtrez  plus  l'Antiope  :  les  glacis,  les  demi-teintes,  en  un  mot 
tout  ce  qui  caractérise  particulièrement  le  Corrège  el  le  met  si  fort  au-dessus  des 
plus  grands  })eintres,  tout  a  disparu.  La  Vierge  du  Guide  (vulgairement  appelée 
la  Couseuse)  n'a  point  été  nettoyée,  mais  usée. 

Vous  chercherez  le  Moïse  foulant  aux  pieds  la  couronne  de  Pharaon,  très  beau 
tableau  du  peintre  philosophe,  du  Poussin,  et  vous  ne  trouverez  plus  qu'une 
toile  abîmée  de  rouge  et  de  noir,  perdue  de  restauration. 

Le  port  de  Messine,  ce  chef-d'œuvre  d'harmonie,  oii  le  soleil  de  Claude  Lorrain 
éblouissait  les  regards,  n'offre  plus  qu'une  couleur  terne  de  brique,  et  perd  par 
conséquent  tout  ce  charme ,  cette  magie  qui  appartiennent  exclusivement  à  Claude 
Lorrain  :  son  brillant  ouvrage  est  dégradé  à  tel  point  qu'il  ne  reste  que  la  gravure 
pour  nous  consoler  de  sa  perte. 

Je  vous  parlerai  de  Vernet  :  les  barbares  !  Ils  l'ont  déjà  cru  assez  ancien  pour 
le  gâter.  Tous  ses  ports  (tableaux  de  fraîche  date)  sont  déjà  rentoilés,  brûlés, 
couverts  par  la  crasse  d'un  vernis  qui  dérobe  aux  yeux  le  mérite  que  les  amateurs 
recherchent  en  lui. 

Je  rougirais  de  vous  citer  une  foule  de  tableaux  étalés  sans  choix  et  comme 
pour  insulter  au  public;  tableaux  attribués  aux  plus  grands  maîtres,  et  qui  n'en 
sont  que  des  copies. 

C'est  ainsi  quon  accable  les  Poussin,  les  Dominiquin,  Raphaël  même, de  quan- 
tité de  productions  qui  ne  méritent  pas  de  voir  le  jour  et  ne  servent  qu'à  propager 
le  mauvais  goût  et  l'erreur. 

Je  ne  dis  rien  d'un  petit  nombre  de  vases  étrusques  et  de  quelques  bustes  d'une 
grande  beauté  qu'on  a  cachés  sous  des  tables  et  dans  des  lieux  obscurs.  11  semble 
qu'on  leur  ait  reproché  un  misérable  asile  au  sein  du  Muséum,  où  ils  sont  plus 
cachés  qu'exposés.  Mais  ce  n'est  rien  encore.  Vous  ignorez ,  citoyens ,  vous  et  moi- 
même  tout  le  premier,  qui  ne  les  ai  jamais  pu  voir,  que  la  République  possède 
une  immense  collection  de  dessins  des  plus  grands  maîtres.  Eli  bien  !  à  peine  si 
l'on  sait  où  ils  sont.  Cachés  dans  les  portefeuilles  des  vds  satrapes  à  qui  nos 
tyrans  en  avaient  autrefois  confié  la  garde,  c'est  en  Italie  qu'il  fallait  aller  ap- 
prendre des  étrangers  mêmes  qu'ils  existent  en  France  :  on  les  dérobait  avec  in- 
quiétude aux  regards  des  artistes  et  du  peuple ,  comme  si  l'on  eût  craint  que  les 

^''   Comme  le  montre  ce  qui  va  suivre,  droits  qui  abîment  les  tableaux;  la  négli- 

l'îg-nora/îce  qui  menace  le  Muséum,  et  contre  gence  est  celle  de  l'ancienne  Commission 

laquelle  David  invoque  l'intervention  des  du  Muséum,  qu'il  avait  déjà  dénoncée  dans 

législateurs,  est  celle  des  restaurateurs  mala-  son  premier  rapport. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  277 

sublimes  conceptions  des  grands  hommes  n'eussent  rivalise  de  puissance  avec  le 
génie  si  jaloux  des  despotes. 

Pour  pre'venir  ces  funestes  abus,  pour  placer  tout  sous  IVeil  vivifiant  du  peuple , 
et  éclairer  chaque  objet  de  la  publicité  et  de  la  portion  de  gloire  qu'il  peut  ré- 
clamer, pour  établir  enfin  dans  le  Muséum  un  ordre  digne  des  choses  qu  il  ren- 
ferme, ne  négligeons  rien,  citoyens  collègues,  et  n'oublions  pas  que  la  culture 
des  arts  est  un  moyen  de  plus  d'imposer  à  nos  ennemis.  Lorsque  au  milieu  des 
inquiétudes  inséparables  de  la  liberté  dans  une  république  naissante,  on  vient 
porter  dans  vos  âmes  et  sur  vos  fronts  la  joie  que  doivent  inspirer  les  victoires  de 
nos  armées  sur  toutes  nos  frontières,  et  les  triomphes  de  nos  légions  contre  tous 
les  despotes  coalisés,  vos  regards  alors  semblent  se  porter  avec  complaisance  sur 
les  beaux-arts,  également  faits  pour  embellir  la  paix  et  décorer  les  pompes  triom- 
phales. Dans  les  mouvements  expansifs  et  les  civiques  aflections  qui  vous  pénè- 
trent, vous  sentez  que  de  grands  événements  doivent  laisser  naturellement  d'im- 
mortels souvenirs,  et  par  conséquent  des  monuments  qui  attestent  à  l'univers  et 
à  la  postérité  les  grandeurs  du  peuple  français;  vous  voudriez  dans  ces  instants 
heureux  répandre  sur  tout  l'éclat  de  nos  victoires  et  tout  embellir  des  rayo[is  de 
la  gloire  et  du  bonheur  :  eh  bien  !  c'est  toujours  de  cette  hauteur  (pie  vous  devez 
considérer  le  domaine  des  arts,  pour  imprimer  à  toutes  vos  lois,  dans  cette  partie, 
un  grand  caractère  qui  aille  k  son  tour  inspirer  des  victoires.  C'est  dans  ce  sublime 
mouvement  que  vous  avez  voulu  décerner  à  quatorze  armées  à  la  fois,  et  en  un 
même  jour,  les  honneurs  d'un  triomphe  mérité,  dont  le  peuple  était  en  même 
temps  l'ornement  et  l'objet.  C'est  alors  que  la  hberté  sourit  à  vos  efTorts  et  au  zèle 
ardent  de  tous  les  républicains  qui  défendent  le  territoire  de  la  France. 

Restons,  citoyens,  à  la  hauteur  de  ces  brillants  succès  :  remplissons  nos  des- 
tinées; marchons  à  de  nouveaux  triomphes,  nos  guerriers  le  veulent  ainsi. 

Un  heureux  mouvement  semble  de  lui-même  faire  avancer  le  char  de  la  victoire 
et  de  la  Révolution  :  continuons  de  le  diriger;  que  nos  ennemis  tombent  et  (jue  le 
peuple  nous  bénisse.  Pleins  de  ces  idées,  et  abandonnant  les  procès-verbaux  et  les 
détails  à  ceux  qui  croient  que  les  compilations  sont  des  annales,  écrivons,  à  la 
manière  des  anciens,  notre  histoire  dans  des  monuments;  qu'ils  soient  grands  et 
immortels  comme  la  Ré[)ublique  que  nous  avons  fondée;  et  que  le  génie  des  arts, 
conservateur  des  ouvrages  sidjlimes  que  nous  possédons,  soit  on  même  temj)s  un 
génie  créateur  et  enfante  de  nouveaux  chefs-d'œuvre. 

PROJET    DE    DÉCRET. 

[Suit  le  Icxlo  (lu  (ItVrcI ,  (jui  a  (''((''  icitriHlull  plus  liant.] 


278       PROCÈS-VERBAUX  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 


CENT  QUATRE-VINGT  ET  UNIEME   SEANCE. 

Du  93  nivôse  an  ii.  [la  janvier  179^.] 

Boiiquier  fait  le  rapport  de  la  demande  du  citoyen  Chevalier,  ar- 
chitecte, tendant  à  être  admis  au  nombre  des  membres  de  la  Com- 
mission des  arts.  On  passe  à  l'ordre  du  jour,  motivé  sur  ce  que  la  liste 
est  compléterai 

La  municipalité  de  Paris  demande  l'état  des  commis  du  Comité. 
Arrêté  que  le  chef  des  bureaux  représentera  l'état  nominatif  des  commis 
employés  dans  le  Comité  avec  l'époque  de  variation  de  leurs  appointe- 
ments et  de  l'admission  de  chacun  d'eux  ^'^l 

On  introduit  une  députation  des  artistes  de  l'Opéra,  qui  demande 
un  pronqit  rapport  sur  la  pétition  qu'ils  ont  présentée  relativement  à 
la  liquidation  de  leurs  pensions  viagères.  Le  Comité  arrête  que  les 
deux  commissaires  nommés,  Chénier  et  Mathieu,  se  concerteront  à  cet 
égard  avec  le  Comité  de  liquidation  ^^\ 

Mathieu  fait  un  rapport  sur  une  lettre  du  Comité  de  salut  public, 
qui  demande  des  livres  pour  la  Commission  des  armes.  Arrêté  :  i°que  la 
lettre  sera  renvoyée  à  la  Commission  des  arts;  2°  qu'il  sera  écrit  au 
Comité  pour  l'informer  de  ce  qui  a  déjà  été  fait^^l 


(^)  Voir  ia  séance  du  i3  nivôse,  p.  280; 
et ,  pour  la  suite ,  celle  du  2  5  nivôse ,  p.  2  8  ^1 . 

(2)  L'état  des  commis  sera  présenté  dans 
la  séance  du  37  nivôse  (p.  292). 

(^)  Nous  ne  connaissons  d'autre  pétition 
des  artistes  de  l'Opéra  que  celle  du  a  4  no- 
vembre 1 792,  dont  il  n'a  été  question  qu'une 
seule  fois  dans  les  procès-verbaux  du  Co- 
mité (voir  notre  tome  1",  pages  9a  et  98). 
C'est  probablement  de  celle-là  qu'il  s'agit 
ici.  Cette  pétition  avait  été  remise  à  Ché- 
nier comme  rapporteur  le  20  février  1793. 

^*)  Un  décret  du  2  A  frimaire  avait  or- 
donné la  nomination  d'une  Commission 
formée  de  six  membres  de  la  Convention, 
pour  prendre  connaissance  de  la  fabrication 
des  armes,  salpêtres  et  poudres,  et  rendre 
compte  à  l'assemblée,  chaque  primidi, 
de  la  situation   de  ces  différents  travaux 


(Procès-verbal  de  la  Convention,  t.  XXVII, 
p.  181).  Il  ne  faut  pas  confondre  cette 
Commission,  de  simple  surveillance,  avec 
la  Commission  des  armes  et  poudres,  qui 
devint  un  des  rouages  du  pouvoir  exécutif  ; 
celle-ci  ne  fut  instituée  que  plus  tard,  par 
le  décret  du  1 3  pluviôse,  et  n'entra  en  fonc- 
tions que  le  1"  ventôse. 

Rappelons  d'autre  part  qu'une  des  sec- 
tions du  Comité  de  salut  public,  créée  après 
le  décret  du  28  août  1798,  portait  le  nom 
de  «section  des  armes»  ou  de  ce  bureau 
des  armes  17  (exactement  cr bureau  de  la  fa- 
brication extraordinaire  des  armes n  ).  Carnot 
et  Prieur  de  la  Côte-d'Or  en  étaient  les 
chefs,  et  ils  étaient  secondés  par  une  com- 
mission de  savants  dont  faisaient  partie 
entre  autres  Cuyton-Morveau,  Fourcroy, 
Hassenfratz,    Monge    et   Berthollet.    C'est 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE. 


279 


On  donne  lecture  de  la  lettre  du  ministre  de  l'intérieur  qui  adresse 
au  Comité  l'état  de  distribution  des  fonds  accordés  pour  récompenses 
par  le  Bureau  de  consultation  des  arts.  Le  Comité  nomme  Grégoire 
pour  rapporteur  ^^l 

Par  suite  de  la  délibération  du  2 1  concernant  la  découverte  du 
citoyen  Sans,  le  Comité  nomme  commissaires  à  l'examen  de  son  pro- 
cédé les  citoyens  Corvisart,  Portai  et  Halle  ^^j^ 

Lettre  du  Comité  de  la  section  du  Muséum,  qui  adresse  un  ouvrage 
relatif  à  l'instruction.  Grégoire  est  nommé  rapporteur  ^^l 

Il  sera  écrit  au  Comité  révolutionnaire  de  la  section  de  l'Unité  pour 
avoir  des  renseignements  sur  le  patriotisme  de  Mongez^^^. 


évidemment  cette  r section  des  armes»  du 
Comité  de  salut  public,  et  non  point  la 
Commission  de  surveillance  instituée  par  le 
décret  du  2  ^  frimaire ,  qui  est  ici  désignée 
sous  le  nom  de  «Commission  des  armes», 
et  pour  laquelle  on  den)ande  les  livres;  en 
effet,  nous  verrons  plus  loin ,  le  3  pluviôse, 
le  Comité  de  salut  public  faire  de  nouveau 
une  demande  du  même  genre ,  et  cette  fois 
la  demande  est  bien  pour  la  ce  section  des 
armes»  (voir  p.  3i5). 

La  Commission  des  arts  avait  déjà  reçu 
de  son  côté,  par  l'intermédiaire  du  ministre 
de  l'intérieur  (lettre  du  1 1  nivôse),  wla  de- 
mande de  la  Commission  extraordinaire  des 
armes,  d'une  bibliothèque  et  d'un  labora- 
toire de  chimie  garni  d'instruments  de  phy- 
sique propres  à  suivre  les  expériences  utiles 
à  l'objet  important  qui  occupe  cette  Com- 
mission» (F''*  7,  folio  i5 ,  verso).  Le  20  ni- 
vôse, la  Commission  des  arts  répond  au 
ministre  qu'il  peut  disposer  de  divers  in- 
struments qu'elle  désigne.  Le  28  nivôse, 
nouvelle  lettre  du  ministre  réclamant  les 
livres  et  instruments  demandés;  le  3o,  la 
Commission  des  arts  lui  répond  qu'elle  a 
mis  le  plus  grand  einpressenieut  à  satis- 
faire aux  désirs  de  la  Commission  des  armes. 
(Ibid.,  folio  19,  verso.) 

(')  Cette  lettre  du  ministre  de  l'inlérieur 
était  adressée  au  Comité  en  oxoculion  du 
décret  du  i.'5  frimaire,  que  nous  avons 
mentionné  dans  la  note  ',\  d(>  la  page  73. 


Elle  avait  été  enregistrée  sous  le  n"  1619 
(F^^  carton  1008'');  mais  la  pièce  n'est 
pas  en  place.  L'état  adressé  par  le  ministre 
est  un  document  imprimé  donnant  le  ta- 
bleau des  récompenses  décernées  sur  l'avis 
du  Bureau  de  consultation,  du  19  no- 
vembre 1791  au  1"  janvier  1793;  il  en 
existe  des  exemplaires  dans  les  archives  du 
Conservatoire  des  arts  et  métiers.  Le  procès- 
verbal  de  la  séance  du  17  ventôse  (p.  062) 
mentionne  de  nouveau  une  lettre  du  mi- 
nistre de  l'intérieur  transmettant  la  suite  de 
cet  état  des  récompenses. 

^^^  Voir  p.  26/1.  Le  rapport  sur  la  ni('>- 
thode  de  Sans  sera  présenté  par  les  trois 
commissaires  le  a5  ventôse  (p.  569). 

^'■''^  La  lettre  du  comité  de  la  section  du 
Muséum,  en  date  du  19  nivôse,  se  trouve 
dans  F^',  carton  1008*,  n°  1611  ;  elle  an- 
nonce que  ce  comité  présente  au  Comité 
d'instruction  publique  trun  petit  ouvrage 
qui  lui  paraît  mériter  l'honneur  de  servir 
à  l'instruction  qiii  doit  avoir  lieu  au  temple 
de  la  Raison,  ci-devant  église  Saint-Gor- 
niain?i.  L'ouvrage  manque.  Grt'goire  n'a 
pas  présenté  de  rapport. 

^*)  Mongez  devait  être  inscrit  sur  la  liste 
des  membres  de  la  Commission  des  arts 
(voir  séance  du  5  pluviôse,  p.  323);  c'est 
pour(|uoi  le  Comité  demande  des  ronsei- 
gnenuMils  sur  sou  patriotisme.  Mong<v.  li- 
gure sur  la  liste  des  membres  adoptée  par 
le   Comité   le  f)   jihiviôse;    mais  on    ne   le 


280      PROCÈS-VERBAUX  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

Le  Comité  renvoie  à  la  Commission  des  poids  et  mesures  un  ou- 
vrage du  citoyen  Couret  sur  le  rapport  des  mesures  de  grains  ^^K 

Romnio  fait  lecture  de  l'explication  des  productions  de  la  nature 
dont  le  nom  est  inscrit  a  côté  de  chaque  jour  du  calendrier  national  ^^l 

Coupé  présente  un  projet  de  décret  concernant  les  enfants  des 
défenseurs  de  la  patrie  élevés  à  l'école  de  Liancourt.  Ce  projet  est 
ainsi  conçu  : 

Article  premier.  L'école  dite  des  Enfants  de  l'armée,  formée  à  Liancourt,  dépar- 
tement de  rOise,  est  maintenue  provisoirement  jusqu'à  l'organisation  effective  des 
secours  publics. 

Art.  2.  Le  ministre  de  la  guerre  enverra  au  Comité  d'instruction  publique 
la  liste  nominative  des  cent-soixante  enfants  qui  doivent  s'y  trouver,  et  de  ceux  qui 
se  présenteraient  en  sus  pour  y  être  admis,  avec  le  nom  de  leurs  départements. 

Art.  3.  Il  lui  remettra  aussi  une  indication  des  améliorations  ou  change- 
ments actuellement  nécessaires  s'il  s'en  trouve,  pour  le  plus  grand  avantage  des 
enfants  à  qui  la  nation  doit  ce  secours. 

Art.  h.  Le  Comité  d'instruction  publique  en  rendra  compte  à  la  Convention  na- 
tionale. 

Art.  5.  La  paye  de  chaque  élève,  suspendue  depuis  le  9  septembre  dernier 
(vieux  style),  leur  sera  soldée,  à  dater  de  cette  époque,  à  raison  de  i5  sols  par 
jour. 

Art.  6.  Il  sera  remis  au  ministre  de  la  guerre  une  somme  de  2^,000  livres  pour 
continuer  les  aliments  provisoires  ^^^ 

Ce  projet  est  arrêté  par  le  Comité. 

Le  citoyen  Lamarche  adresse  au  Comité  deux  exemplaires  d'un  ou- 
vrage intitulé  :  EjupUcation  et  usages  du  planisphère  céleste,  etc.  Mention 
de  l'hommage  de  ce  citoyen ^^V 

trouve  plus  sur  la  liste  définitive  telle  qu'elle  nances,  mais  il  se  trouva   des  opposants, 

fut  votée  par  la  Convention  le  18  pluviôse  Après  discussion,  un  projet  nouveau,  pré- 

(voir  p.  828).  sente  par  Bezard,  fut  substitué  au  projet 

(^^  Il  est  assez  probable  qu'il  s'agit  du  des  deux  Comités  :  il  n'avait  que  deux  ar- 

publiciste  Couret  de  Villeneuve,  d'Orléans  ticles,  reproduisant  à  peu  près  les  disposi- 

(1769-1806),  qui  s'est  occupé  quelquefois  tions  des  articles  i*""  et  5  du  projet  de  Coupé, 

de  questions  agricoles.  Voir   comme  pièce  annexe  un  extrait  du 

(2)  Voir    les    séances    des    7    frimaire  procès-verbal  de  la  séance  de  la  Conven- 

(p.   36)  et  21  nivôse  (p.  266);  pour  la  tion  du  2  5  nivôse  an  11. 
suite,  voir  celle  du  11  pluviôse  (p.  876).  ^^^  La   lettre    d'envoi  de    l'ouvrage    de 

^^^  Voir  la  séance  précédente  (p.  267).  Lamarche  se  trouve  dans  F^'',  carton  ioo8\ 

Ce  projet  de  décret  fut  présenté  par  Coupé  n°  i6o3;  mais  l'ouvrage  lui-même  n'est 

à  la  Convention  le  20  nivôse  au  nom  des  pas  en  place.  Pour  la  suite,  voir  la  séance 

Comités  d'instruction  publique  et  des  fi-  du  27  nivôse  (p.  291). 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  281 

Lettre  du  citoyen  Boncerf  sur  le  dessèchement  des  marais.  Renvoi 
au  Comité  d'agriculture. 

Lettre  de  la  Société  républicaine  de  l'Isle-Dieu.  Renvoyé  à  Ferry, 
chargé  de  ce  qui  est  relatif  aux  écoles  d'hydrographie  '''^K 

Lettre  de  De  Sacy,  député  de  la  Haute-Garonne.  Fourcroy  est  nom- 
mé rapporteur  ^^'. 

Lettre  du  citoyen  Arnaud.  Le  Comité  passe  à  l'ordre  du  jour^^^. 

Lettre  du  ministre  des  affaires  étrangères  portant  envoi  du  calen- 
drier de  la  myriade.  Arbogast  est  chargé  de  la  communiquer  à  la 
Commission  des  poids  et  mesures  ^^^ 

Lettre  de  l'agent  national  près  le  district  de  Béziers  portant  envoi 
d'un  discours  prononcé  dans  le  temple  de  la  Raison.  Renvoyé  à  la 
(iOmmission  de  correspondance  de  la  Convention  nationale. 

Les  administrateurs  du  district  de  Toul  adressent  au  Comité  dix 
exemplaires  d'un  ouvrage  intitulé  :  Réjlexmis  sur  Féducation,  par  les 
professeurs  du  Collège  national  de  Toul.  Remis  au  carton  des  livres 
élémentaires  ^^l 

R.-T.  LiNDET  ''). 
PIÈCE  ANNEXE. 

On  lit  dans  les  procès-verbaux  de  la  Convention  : 

Séance  du  26  nivôse  an  11. 

Un  membre ^'\  au  nom  des  Comités  d'instruction  publique  et  des  finances,  fait 
un  rapport  relatif  à  la  conservation  provisoire  de  l'école  des  Enfants  de  Tarmée 
établie  à  Liancourt,  déparlement  de  l'Oise,  et  propose  un  décret  en  six  articles. 
La  discussion  s'engage;  plusieurs  membres  demandent  l'ajournement;  d'antres 
pensent  qu'il  ne  doit  être  traité  qu'avec  le  plan  général  d'instruction.  Lu  membre  ^'*^ 

('>   La  lettre  de  la  Société  républicaine  (*)  Ce  calendrier   de    la    myriade    élait 

des  Amis  de  la  liberté  el  de  Pégalité  de  Tœuvre   d'un    Suédois,    nommé    Brandol. 

risie-Dieu  (ile  d'Yeu),  en  date  du  1"  ni-  Nous  n'avons  pas  trouvé  la  lettre  du  mi- 

vôse,  demandant  un  professeur  d'hydrojjra-  nistre.    Voir   la    séance    du    «u    pluviôse 

phie,  se  trouve  aux  Arcbives  nationales,  (p.  hlii). 

D  xxxviii,  carton  ni,  liasse  37;  elle  a  été  ^^'   Nous  n'avons  pas  trouvé  cet  ouvra^je. 

enregistrée  sous  le  n"  iGoO.  Cet  alinéa  ne  figure  qu'au  registre. 

^')  Nous  n'avons  pas  trouvé  la  lettre  de  (*)  Cette  signature  ne  se  tron\e  t|ir;ui 

De  Sacy.  registre.  La  minute  est  de  la  main  de  Hou- 

(')   11  est  probable  qu'il  s'agit  du  même  troue. 

Arnaud  dont  le  nom  ligure  dt'jà  dans  \o.  ''')   C'est  Coupé, 

procès-verbal  du  i"   octobre  179H  (t.   11,  ^"^  Ci'esl  Bezard  [Moiiileur). 
p.  5a5). 


282       PROCÈS-VERBAUX  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

présente  un  nouveau  projet;  la  priorité  lui  étant  accordée,  il  est  décrété  en  ces 
tenues  : 

rrLa  Convention  nationale,  après  avoir  entendu  le  rapport  de  ses  Comités  d'in- 
struction publi(pie  et  des  linanccs  réunis,  décrète  : 

ff  Article  puEMn:R.  I/école  dite  dos  Enfants  de  l'armée,  établie  à  Liancourt,  dé- 
parlement de  rOise,  est  maintenue  provisoirement  jusqu'à  l'or^janisation  effective 
des  secours  publics. 

rrAnT.  2.  La  paye  de  chaque  élève  sera  portée  à  quinze  sous  par  jour  au  lieu 
de  dix,  et  l'arriéré  leur  sera  payé  sur  ce  pied^'^^ 

(1)  Prori's-verbal  de  la  Convention,  tome  XXTX ,  p.  2/j3. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE, 


283 


CENT  QUATRE-VINGT-DEUXIEME  SEANCE. 

Du  a 5  nivôse  an  ii.  [ih  janvier  1796.] 

On  remet  sur  le  bureau  l'épreuve  du  rapport  fait  au  Conseil  général 
(le  la  commune  de  Paris,  imprimé  en  vertu  d'un  arrêté  du  Comité. 
Renvoyé  aux  citoyens  Grégoire  et  Mathieu  ^^\ 

Le  citoyen  Buache,  meml)re  de  la  Commission  des  arts,  est  intro- 
duit  ;  11  fait  lecture  d'un  rapport  sur  l'état  du  dépôt  des  papiers  des 
affaires  étrangères  étant  h  Versailles.  Ce  rapport  est  renvoyé  à  la  Com- 
mission des  arts  (-). 

La  section  chargée  de  la  rédaction  du  Recueil  des  actions  héroïques 
demande  combiefi:  il  faudra  en  faire  tirer  d'exemplaires.  Le  Comité 
arrête  que  Bourdon  lui  présentera  les  bases  de  son  calcul,  après  en 
avoir  conféré  avec  les  inspecteurs  de  la  salle  ^^^ 

Lettre  du  ministre  de  l'intérieur  du  2,3  nivôse  relativement  aux 
scellés  apposés  sur  les  papiers  du  citoyen  Mulot,  secrétaire  de  la  Com- 
mission des  monuments  supprimée  par  décret  de  la  Convention  na- 
tionale, chargé  en  cette  qualité  de  papiers  qui  doivent  être  remis  au 
Comité  d'instruction  publique  et  dont  le  dépôt  est  à  la  maison  de 
Nesle  (^). 

Il  sera  écrit  au  Comité  de  sûreté  générale  pour  lui  demander  de 
faire  lever  les  scellés  en  présence  des  deux  membres  de  la  Commission 
des  arts.  Le  Comité  nomme  à  cet  effet  les  citoyens  Naigeon  et  Leblond. 
Arrêté  en  outre  que  le  citoyen  Naigeon  sera  provisoirement  substitué 
au  citoyen  Mulot  pour  la  conservation  des  papiers,  mémoires,  etc., 

(')  Voir  la  séance  du  17  nivôse  (p.  a68).         Commission  des  monuments,  \o  Comllé  do 


Nous  donnons  aux  annexes,  A  (p.  986),  le 
texte  de  ce  rapport.  Le  7  pluviôse  (p.  337), 
Gré{joIre  présentera  au  Comité  un  rap- 
port et  un  projet  de  décret  sur  le  même 
sujet. 

('5  Voir  la  séance  du  îu  nivôse  (p.  2  05), 
et,  pour  la  suite,  celle  du  93  pluviôse 
(p.  /.5i). 

(•'')  Voir  la  séance  du  19  nivôse  (p.  9  5'i), 
et,  pour  la  suite,  celle  du  97  nivôse 
(p.  999). 

^*^  A   la   suite  de   la  suppression  de  la 


siireté  générale  ordonna  d'apposer  les  scel- 
lés sur  les  papiers  de  Mulot ,  mesure  qui 
mettait  la  Conunission  dans  Timpossibililé 
d'opérer  la  remise  au  Comité  d'instruc- 
tion j)ul)li(jue  des  rejjistn^s,  calalo|jues, 
inventaires,  etc.,  prescrite  par  l'article  8 
du  décret  du  98  frimaire.  La  lettre  du 
ministre  est  aux  Archives  nationales;  nous 
la  donnons  aux  annexes,  R  (p.  988).  Pour 
la  suite  de  ce  (pii  conceriu»  la  ("oumiission 
des  monuments,  voir  la  séance  du  ('oniité 
du  9  pluviôse  (p.  3()i). 


^84       PROCÈS-VERBAUX  DU  GOiMITÉ  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

dont  il  s'agit  ;  l'arrêté  sera  envoyé  au  ministre  de  l'intérieur  pour  être 
notifié  au  citoyen  Naigeon  ^^\ 

Lettre  du  citoyen  Prévôt,  du  2 4  nivôse,  relative  à  la  faculté  qu'a- 
vaient les  artistes  d'emprunter  les  dessins  qui  se  trouvent  dans  les  bi- 
bliothèques nationales.  Renvoyé  au  citoyen  Coupé,  rapporteur^^l 

Lettre  du  citoyen  Lenoir,  garde  du  Dépôt  des  monuments,  du  26  ni- 
vôse. Renvoyé  au  citoyen  David,  qui  en  conférera  avec  les  inspecteurs 
de  la  salle  ^^^^ 

Lettre  du  citoyen  Chevalier.  Le  Comité  passe  à  l'ordre  du  jour  sur 
sa  demande,  attendu  qu'il  n'y  a  pas  de  suppléants  à  la  Commission  des 
arts.  Le  Comité  arrête  en  outre  que  ce  citoyen  peut  retirer  les  trois 
volumes  de  dessins  par  lui  déposés  au  Comité  ^'^K 

Coupé  demande  que  la  prochaine  séance  du  Comité  soit  consacrée 
à  la  discussion  du  second  degré  d'instruction  publique.  Cette  propo- 
sition est  arrêtée  ^^l 

Mathieu  donne  lecture  au  Comité  d'une  instruction  sur  la  manière 
d'inventorier  et  de  conserver,  dans  toute  l'étendue  de  la  République, 
tous  les  objets  qui  peuvent  servir  à  l'histoire  et  à  l'enseignement.  Le 
Comité  arrête  :  1°  que  ce  rapport  sera  imprimé  en  m-li"  ;  2°  que  l'im- 
primeur conservera  ses  planches.  Et  Mathieu  est  chargé  de  faire  le 
rapport  à  la  Convention  nationale  ^^\ 


(1)  Il  sera  de  nouveau  question  de  Nai- 
geon ,  comme  gardien  du  dépôt  de  la  mai- 
son de  Nesle,  dans  la  séance  du  21  plu- 
viôse (p.  Uhii). 

(^)  Nous  n'avons  pas  trouvé  la  lettre  de 
Prévôt. 

W  Nous  n'avons  pas  trouvé  la  lettre  de 
Lenoir.  Il  sera  de  nouveau  question  de 
lui  le  29  nivôse  (p.  299). 

^*)  La  lettre  de  Chevalier,  dans  laquelle 
il  exprime  le  désir  d'être  nommé  membre 
suppléant  de  la  Commission  des  arts,  la 
liste  des  membres  titulaires  étant  com- 
plète ,  et  demande  qu'on  lui  permette 
ff  d'emporter  ses  trois  livres  dont  il  a  con- 
tinuellement besoinw,  se  trouve  dans  F'', 
carton  1008*.  n°  1687.  Voir  les  séances 
des  i3  et  28  nivôse  (pages  280  et  278). 

^^^  Le  jour  même  où  avait  été  voté  le 
décret   du  29    frimaire,  le  Comité  avait 


abordé  la  question  des  degrés  supérieurs 
d'instruction.  Le  plan  de  Bouquier  ne 
prévoyait,  au  delà  du  premier  degré ,  qu'un 
degré  supérieur  unique,  qu'il  appelait  le 
tf  dernier  degré  d'instruction 77.  Or,  le  29  fri- 
maire, le  Comité  s'était  demandé  s'il  ne 
faudrait  pas  établir  un  degré  intermédiaire 
entre  les  écoles  primaires  et  l'enseigne- 
ment des  sciences  (p.  198).  La  discussion 
avait  été  ajournée  à  la  séance  suivante, 
mais  n'avait  pas  été  reprise.  Aujourd'hui, 
nous  voyons  de  nouveau  le  Comité  fixer  à 
la  prochaine  séance  le  débat  sur  le  second 
degré  d'instruction  publique;  et  cette  fois 
encore,  en  dépit  de  cette  décision,  un 
mois  presque  entier  s'écoulera  avant  que 
la  question  ne  revienne  à  l'ordre  du  jour. 
Voir  la  suite  à  la  séance  du  19  pluviôse 
(p.  ^81). 

(")   L'instruction    que   Mathieu,    en    sa 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE. 


285 


Le  citoyen  Merlino,  commissaire  du  Comité  des  secours  publics, 
invite  le  Comité  d'instruction  publique  a  nommer  un  commissaire 
dans  son  sein  pour,  conjointement  avec  lui,  faire  examiner  par  des 
rrens  de  l'art  si  les  instruments  du  citoyen  Dudcré  peuvent  aider  la 
nature  dans  les  accouchements  laborieux  et  dispenser  de  se  servir  du 
forceps  et  autres  instruments  de  ce  genre.  Fourcroy  est  nommé  par  le 
Comité  ^1^. 

Lettre  du  citoyen  Dufresne,  membre  de  la  Société  d'histoire  natu- 
relle, relative  aux  treillages  de  fer  qui  peuvent  être  utiles  à  la  construc- 
tion d'une  ménagerie  au  Jardin  des  plantes.  Arbogast  est  nommé  rap- 
porteur ^-\ 

La  séance  est  levée  h  onze  heures  ^^l 

R.-T.  LiNDET  '■'^K 


(jualité  de  président  de  la  Commission  des 
arls,  présente  ici  au  Comité,  est  la  célèbre 
K  Instruction  sur  la  manière  d'inventorier  et 
de  conserver,  dans  toute  l'étendue  de  la  Ré- 
publique,  tous  les  ohjets  qui  peuvent  servir 
aux  arts,  aux  sciences  et  à  l'enseignement, 
proposée  par  la  Commission  temporaire 
des  arts  et  adoptée  par  le  Comité  d'in- 
struction publique  de  la  Convention  natio- 
nales. Cette  instruction  avait  été  rédi^jée 
sous  la  direction  de  Vicq  d'Azyr,  qui  avait 
reçu  à  cet  effet  mandat  de  la  Commission 
des  arts  dès  le  lo  brumaire;  la  Commis- 
sion l'avait  disculée,  amendée,  et  finale- 
ment adoptée  dans  sa  séance  du  5  nivôse; 
nous  donnons  aux  annexes,  C  (p.  289), 
tout  ce  que  contiennent  les  procès-verbaux 
des  séances  de  la  Commission  des  arts  sur 
l'élaboration  de  ce  document. 

M.  Eujjène  Despois,  dans  son  Vanda- 
lisme révolutionnaire,  dit  (p.  296)  que 
celle  Instruction  fut  publiée  «dans  les  pre- 
miers jours  de  janvier  179^"  (ce  qui  cor- 
respond à  la  seconde  décade  de  nivoso 
an  II).  (4'est  une  erreur  :  l'arrêté  du  Co- 


mité ordonnant  l'impression  est  bien  du 
20  nivôse  (i  6  janvier);  mais  celte  impres- 
sion demanda  près  de  deux  mois;  elle 
n'élait  pas  encore  aclievée  le  10  ventôse, 
jour  oii  le  Comité  décida  que  ïlnstniction 
serait  signée  par  son  président,  le  prési- 
dent de  la  Commission  des  arls,  et  les 
deux  secrétaires  du  Comité  (voir  plus  loin 
p.  5'j5). 

Les  procès-verbaux  de  la  Convention  ne 
nous  disent  pas  qu'un  rapport  ait  été  pré- 
senté à  l'assemblée  sur  cet  objet. 

(')  Voir  la  séance  du  5  nivôse  (p.  ai  a). 

(^)  Nous  n'avons  pas  trouvé  la  lettre  de 
Dufresne.  Arbogast  n'a  pas  présenté  de 
rapport  au  Comité,  mais  il  a  dû  conférer 
sur  la  question  avec  la  Commission  des 
arts,  car  celle-ci  s'en  est  occupée  dans  ses 
séances  des  5  et  1 0  pluviôse.  Voir  aux 
annexes,  D(p.a9o),  des  oxlraits  dos  procès- 
verbaux  de  ces  deux  séances. 

^•'^)  Ot  alinéa  n'est  pas  à  la  minute. 

^*'  Celle  signature  ne  se  trouve  (ju'au 
registre.  La  minute  est  de  la  main  de  Bou- 
Iroue. 


286      PROCÈS-VERBAUX  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 


PIECES  ANNEXES. 


RAPPORT  AU  CONSEIL  GENERAL  DE  LA  COMMUNE  DE  PARIS  SUR  QUELQUES  MESURES  A 
PRENDRE  EN  CHANGEANT  LES  NOMS  DES  RUES.  IMPRIME  EN  VERTU  DE  L\VRRETÉ 
DU  COMITÉ  DMNSTRUCTION  PUBLIQUE  DU  1 7  NIVOSE  LUN  2^  DE  LA  REPUBLIQUE 
FRANÇAISE  UNE  ET  INDIVISIBLE. 


De  rimprimeric  nationale,  s.  d. 


('). 


Les  noms  de  la  plupart  des  rues  de  Paris  sont  ou  barbares,  ou  ridicules,  ou 
patronymiques.  En  ge'néral  ils  sont  insignifiants,  et  leur  ensemble  ne  pre'sente 
aucun  motif. 

Il  vous  a  été  proposé  de  les  changer  partiellement.  Nous  avons  mis  sous  vos 
yeux  un  projet  qui  les  changerait  tous,  et  ferait  de  la  commune  de  Paris  une 
(  spèce  de  tableau  ge'ographique  de  la  Re'publique  française.  Vous  en  avez  consacré 

le  principe  par  votre  arrête  du ^^\  et  si  jusqu'ici  quelques  sections 

et  plusieurs  citoyens  ont  exprimé  différentes  vues,  il  semble  que  le  plus  grand 
nombre  adopte  le  plan  qui  fait  de  Paris  une  carte  géographique  de  la  France. 

Dès  que  vous  avez  eu  manifesté  votre  vœu  à  cet  égard ,  nous  avons  mis  la  main 
à  l'œuvre,  et  nous  allons  vous  soumettre  quelques  difficultés  qui  arrêtent  le 
travail  : 

i"*  Plusieurs  noms  de  villes,  sous  l'ancien  régime,  étaient  devenus  des  noms 
patronymiques;  tels  sont  les  noms  d'Orléans,  de  Clermont,  etc.  Ces  homonymes  de 
noms  d'hommes  sont  en  grand  nombre.  Nous  ne  croyons  pas  que  ce  soit  un  motif 
pour  les  rejeter  de  la  nouvelle  nomenclature,  où,  grâce  aux  salutaires  réformes  de 
la  Révolution ,  ils  ne  serviraient  qu'à  rappeler  des  abus  qu'elle  a  anéantis  ; 

2°  Quelquefois  des  hommes  en  place  ont  eu  la  gloriole  de  donner  leur  nom  à 
des  cités.  Telle  est  Arpajon,  dont  le  nom  primordial  était  Châtre.  On  peut  con- 
sulter cette  commune,  qui  ne  sera  peut-être  pas  fâchée  de  reprendre  son  pre- 
mier nom; 

3°  Plusieurs  cités  ont  des  noms  de  saint  et  de  sainte.  Le  Comité  de  division 
s'occupe  d'y  en  substituer  d'autres.  Nous  désirons  qu'il  soit  choisi  dans  le  sein  du 
Conseil  deux  membres  chargés  de  solliciter  auprès  de  ce  Comité  l'accélération  de 
son  travail  ^^^  avec  prière  de  nous  le  communiquer  quand  il  sera  terminé.  Nous 
souhaitons  encore  qu'il  soit  observé  aux  membres  de  ces  comités,  auxquels  notre 
projet  doit  être  communiqué,  qu'il  est  bien  essentiel,  pour  en  faciliter  l'usage, 

^')  Bibliothèque    nationale,   Le^^    6/16,  ^^^  La  date  est  restée  en  blanc. 

in-8".  Ce  rapport,  ainsi  que  nous  l'apprend  ^^^  Le  décret  porte  que  sous  deux  mois 

une  note  de  Grégoire  qu'on  Irouvera  plus  les  cités  ou  communes   proposeraient  les 

loin  (p.   3/12,   note  5),  a  été  rédige  par  noms  qu'elles  veulent  porter.  (iVo/e  <ie/Wi' 

Avril.  ginal.) 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  287 

que  les  noms  des  rues  soient  simples,  composes,  autant  que  faire  se  peut,  d'un 
seul  mot,  et  quen  conséquence  les  noms  des  communes  seraient  plus  aisés  a  em- 
ployer, à  retenir,  si  celte  môme  simplicité  les  accompagnait  ; 

h°  De  même  qu'à  Paris  il  se  rencontre  plusieurs  rues  d'un  même  nom ,  plu- 
sieurs communes  en  ont  de  semblables.  Il  arrive  de  là  que  les  lettres  sont  souvent 
mal  adressées;  que  l'étendue  du  dessus  d'une  lettre  ne  suffit  pas  à  la  prolixité  de 
l'adresse;  que  celui  qui  n'a  pas  une  connaissance  particulière  de  la  topographie 
des  lieux  ne  peut  reconnaître  celui  dont  il  est  question;  que  le  commerce  en 
souffre,  et  que  les  habitants  des  grandes  communes  sont  dans  une  ignorance  par- 
faite sur  la  géographie  de  leur  patrie.  Des  noms  simples,  des  noms  uniques, 
pareront  à  tous  ces  inconvénients. 

Nous  allons  maintenant  vous  donner  une  idée  du  projet  dont  vous  avez  adopté 
le  principe  par  votre  arrêté  du 

Paris  est  composé  d'environ  neuf  cents  rues,  trente  quais,  douze  ponts,  vingt- 
huit  passages,  cours  ou  ci -devant  cloîtres,  vingt-six  places,  vingt  halles  ou 
marchés ,  de  neuf  enclos  oii  l'on  passe ,  que  d'oisifs  moines  possédaient ,  et  de  plus 
de  cent  culs-de-sac. 

Voici  la  distribution  que  nous  nous  proposons  d'en  faire  : 

Les  angles  des  quais  porteront  les  noms  des  départements  de  VEst^^'^  et  de 
ïOuest;  ceux  des  anciens  boulevards,  les  noms  des  départements  du  Nord  et  du 
Midi. 

Les  encoignures  des  rues  porteront  les  noms  des  communes  de  la  République , 
suivant  l'angle  que  forme  la  prolongation  de  telle  rue  sur  la  méridienne  ou  sur  la 
perpendiculaire. 

Plusieurs  ponts  et  places  sont  déjà  nommés.  On  continuera  de  leur  imposer  des 
noms  qui  éternisent  la  Révolution. 

Les  culs~de-sac  prendront  le  nom  des  communes  environnant  Paris,  selon  le 
principe  adopte  pour  les  rues. 

Nous  réservons  l'ancienne  cité  ou  île  de  Paris ,  qui  déjà  s'embellit ,  et  s'em- 
bellira encore,  pour  placer  à  ses  angles  nombreux  les  noms  de  ceux  qui  auront 
bien  mérité  de  la  patrie  :  ils  pourront  y  figurer  à  côté  des  noms  de  ces  hommes 
dont  la  vie  a  été  un  bienfait  pour  l'univers. 

Après  avoir  employé  ce  qu'il  sera  possible  de  ces  noms  respectables ,  les  rues 
qui  resteront  porteront  des  noms  de  nombres  en  attendant  que  celui  d'un  patriote 
vertueux  y  soit  placé. 

H  paraît  qu'il  y  a  un  motif  dans  ce  projet,  puisque  les  citoyens,  à  peine  sortis 
de  l'enfance,  sauront  par  routine  (prune  rue  porte  une  telle  inscription  ])aiTe 
que  sa  direction,  en  tournant  le  dos  au  centre  de  la  cit<',  est  la  même  (pie  vA\o  de 
la  cité  dont  elle  porte  le  nom,  ou  à  peu  près;  ou  parce  (pi'elle  est  consacrée  ù  la 
mémoire  d'un  grand  homme. 

On  sait  qu'il  n'y  a  pas  de  route  droite;  les  montagnes  et  les  rivières  en  sont 
cause.  Ainsi,  les  directions  des  rues  ne  seront  |)as  routières,  mais  à  vol  tfoiseau, 
ou  prises  sur  la  méridienne,  c'est-à-dire  géographiquemenl. 

^'^   L'orlyinal  porte   :   wdu    Smh:    c'csl  mit'  Liiid'  d'i  m  pression  évidente. 


288       PROCÈS-VERBAUX  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

On  conçoit,  d'aprcs  cet  exposé,  que  le  changement  des  inscriptions  devient 
total,  au  moins  dans  les  tables  (sic);  et  qu'il  est  impossible,  par  exemple,  de 
mêler  aucun  nom  d'homme  ou  de  choses  dans  la  partie  destinée  à  former  l'espèce 
de  carte  dont  il  s'agit. 

Ainsi,  ce  projet  une  fois  adopté,  il  faut  que  les  sections  consentent  à  voir  trans- 
férer ailleurs  les  noms  qu'elles  ont  déjà  donnés  à  quelques  rues. 

Il  est  utile  que  le  Comité  de  division  se  prête  à  cet  ordre  de  choses  et  veuille 
bien  nous  conuuuniquer  son  travail,  et  que,  pour  éviter  la  confusion,  toutes  nou- 
velles dénominations  de  rues,  etc.,  soient  suspendues  à  compter  de  l'époque  oii  le 
travail  sera  définitivement  entrepris. 


LETTRE  DU  MIMSTRE   DE   L'INTERIEUR   AU   COMITE  D^NSTRUCTION   PUBLIQUE  (^''. 
Paris,  le  2  3  nivôse  an  2  de  la  République  française  une  et  indivisible. 
Le  ministre  de  l'intérieur  au  président  du  Comité  d'instruction  publique. 

La  Commission  des  monuments,  supprimée  par  le  décret  du  28  frimaire,  m'in- 
forme en  ce  moment  que  le  scellé  vient  d'être  apposé  sur  les  papiers  du  citoyen 
Mulot,  son  secrétaire,  chargé  en  cette  quahté  des  registres,  mémoires,  délibéra- 
tions, notes,  descriptions,  catalogues  et  inventaires  qu'elle  doit,  selon  l'article  8 
du  décret,  remettre  au  Comité  d'instruction  publique.  Elle  me  représente  que  ce 
scellé  arrête  les  opérations  dont  elle  s'occupait  pour  la  remise  qui  lui  est  ordonnée, 
et  elle  m'invite  à  prendre  sur  cet  objet  des  mesures  qui  puissent  faire  cesser  l'in- 
terruption du  travail  définitif  dont  elle  s'occupait. 

Ce  scellé  ayant  été  mis  en  vertu  d'un  arrêté  du  Comité  de  sûreté  générale  dans 
la  maison  de  Nesle  où  existe  le  dépôt  des  objets  de  sciences  et  d'arts  retirés  du 
mobilier  des  émigrés  et  confiés  à  la  garde  du  citoyen  Mulot,  j'ai  jugé  que  dans 
cette  circonstance  je  n'avais  d'autre  parti  à  prendre  que  d'en  rendre  compte  au 
Comité  d'instruction  publique  tant  sous  le  rapport  de  l'exécution  du  décret  du 
28  frimaire  que  sous  celui  de  la  sûreté  de  ce  dépôt  à  laquelle  il  convient  de  pour- 
voir par  le  remplacement  du  garde. 

Pour  ce  qui  regarde  le  scellé  sous  lequel  se  trouvent  les  papiers,  registres  et 
renseignements  concernant  les  travaux  de  la  Commission  des  monuments,  le  Co- 
mité jugera  sans  doute  convenable  d'inviter  le  Comité  de  sûreté  générale  à  les  en 
faire  retirer  par  les  commissaires  qui  ont  été  chargés  de  l'apposer,  en  y  appelant 
deux  membres  de  la  Commission  temporaire  des  arts. 

Mais  quant  à  la  nomination  d'un  nouveau  garde,  comme  il  me  paraîtrait  devoir 
être  pris  aujourd'hui  dans  la  Commission  temporaire  des  arts  formée  par  le  Co- 
mité d'instruction  publique,  j'ai  cru  devoir  soumettre  entièrement  au  Comité  le 
choix  de  ce  remplacement ,  qui  mérite  d'autant  plus  son  attention  que  le  dépôt  de 
la  maison  de  Nesle  renferme  des  collections  précieuses  dont  le  triage  a  été  fait 


(1) 


Arcliives  nationales,  F^',  carton  1008'',  n°  1689. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  289 

dans  le  mobilier  d'ëmig-rés  en  vertu  des  décrets  du  92  et  ^k  octobre  1792  ,et  qui 
n'ont  e'të  réunis  dans  ce  dépôt  provisoire  que  pour  faire  cesser  les  frais  de  gardien- 
nage de  ces  objets  dans  les  maisons  où  ils  avaient  été  annotés  par  la  Commission 
des  monuments. 

Paré. 

On  lit  en  marge  de  la  pièce  :  «Il  sera  écrit  au  Comité  de  sûreté  générale  pour  l'inviter  à 
faire  lever  les  scellés  en  présence  des  citoyens  Naigeon  et  Leblond,  membres  de  la  Com- 
mission des  arts  nommés  par  le  Comité  d'instruction  publique.  Le  citoyen  Naigeon  sera 
provisoirement  substitué  au  citoyen  Mulot  pour  la  conservation  des  papiers  dont  il  s'agit. 
L'arrêté  sera  envoyé  au  minisire  de  l'intérieur  pour  être  notifié  au  citoyen  Naigeon. 
9  5  nivôse.» 


On  lit  dans  le  registre  des  procès-verbaux  de  la  Commission  des  arts  : 

Séance  du  10  brumaire,  l'an  2"  de  la  République. 

Le  citoyen  Vicq  d'Azyr  est  nommé  pour  rédiger  une  Instruction;  les  notes  lui 
seront  remises  à  la  prochaine  séance. 

Séance  du  20  brumaire,  l'an  2'  de  la  République  ^^ 

Les  commissaires  chargés  de  présenter  un  plan  à  l'effet  d'organiser  un  travail 
dans  tous  les  départements  pour  faire  connaître  les  objets  dont  s'occupe  la  Com- 
mission des  arts  à  Paris,  font  part  de  ce  plan  par  le  citoyen  Vicq  d'Azyr.  La  lec- 
Inre  du  plan  a  été  suivie  d'une  discussion  qui  a  déterminé  la  Commission  à  arrêter 
que  les  trois  premiers  commissaires  ^^\  joints  aux  citoyens  Hassenfratz  et  Dunouy 
qui  ont  présenté  des  vues  nouvelles,  offriront  un  nouveau  plan  conforme  aux 
observations  qui  ont  été  proposées. 

Séance  du  25  brumaire,  l'an  2'  de  la  République. 

Le  citoyen  Vicq  d'Azyr,  chargé  par  la  Commission  de  rédiger  une  nouvelle 
Instruction  générale,  sur  les  inventaires  qui  doiv;  nt  être  faits  dans  tous  les  dépar- 
lements, fondra  dans  son  ouvrage  la  première  Instruction  envoyée  aux  corps 
administratifs  ^^\  Les  administrateurs  de  districts  se  concerteront  avec  les  sociétés 
populaires  pour  nommer  trois  commissaires  bons  républicains  qui  procéderont  aux 
divers  inventaires. 

('^  Il  n'y  a  pas  eu  de  séance  de  la  Com-  ^-'  La  «première  Instructions   csl   sans 

mission  le  i5  brumaire.  doute  celle  que  l'ancienne  Counnissioii  des 

^-*  Le  nom   seul  de  Vic(|  d'Azyr  a  été  uioiunnenls    avait    envoyée    aux    déparle- 

menlionné    dans    le    procès-verbal    de    la  inents  à  lii  lin  de   1790;   voir  à  ce  sujet 

séance  du  10  brumaire;  la  nominalioti  des  rinlroduclion    des  Procès-verhau.r   du  CV 

deuv  antres  connnissaircs,  qui  eut  lieu  pro-  inili'  </'i/j,s7r»c//()/<   pnhliijne    de   l'Assemblée 

lialilement  en  nièine  lemps  ([ue  la  sienne,  Iripshttwc ,  p.  \iv. 
n'a  pas  été  indirpiée  antérieurement. 

III.  19 

IWfMULME     !IAtlOMk.l. 


i290       PROCÈS-VERBAUX  DU  COMITE  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

Séance  du  5  nivôse,  l'an  2'  de  la  République. 

Le  citoyen  Vicq  d'Azyr  lit  un  rapport  sur  les  mesures  à  prendre  pour  procéder 
â  l'inventaire  et  assurer  la  conservation  des  objets  précieux  qui  se  trouvent  dans 
les  divers  départements.  La  Commission  arrête  que  le  lapport  sera  présenté  au 
Comité  d'inslruction  publique  avec  les  amendements  que  les  membres  de  la  Com- 
mission auront  remis  au  citoyen  Vicq  d'Azyr  ^'^ 


On  lit  dans  le  registre  des  procès-verbaux  de  la  Commission  des  arts  : 

Séance  du  5  pluviôse,  l'an  9"  de  la  République. 

Sur  la  proposition  d'un  de  ses  membres,  la  Commission  arrête  que  les  scellés 
seront  apposés  par  le  citoyen  Ricbard,  l'un  de  ses  membres,  sur  des  grilles  en  fer 
placées  à  la  maison  Maupeou,  rue  de  l'Université,  et  que  le  Comité  d'instruction 
publique  sera  invité  à  considérer  si  cet  objet  ne  serait  pas  utile  pour  la  ménagerie 
à  former  au  Muséum  national  d'bistoire  naturelle. 

Séance  du  10  pluviôse,  l'an  9*  de  la  République. 

Le  président  écrira  au  Comité  de  salut  public  pour  lui  demander  d'autoriser  la 
Commission  des  arts  à  faire  transporter  à  Paris  les  grillages  de  la  ménagerie  de 
Versailles  ^^K 

(^)  Archives  nationales,  F^'*  7,  folios  7  ^^'  Archives  nationales,  F'^*  7,  lolios  21 

reclo  el  verso ,  8  verso  et  1  h  verso.  verso  et  2  â  recto. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE. 


291 


CENT   QUATRE-VINGT-TROISIEME   SEANCE. 

Du  97  nivùse  an  11.  [16  janvier  179^1.] 

Le  président  donne  lecture  au  Comité  d'une  lettre  du  citoyen  Tho- 
mas Rousseau,  par  laquelle  ce  citoyen  donne  sa  démission  de  la  place 
de  secrétaire  de  la  commission  chargée  de  recueillir  les  traits  de  ci- 
visme. Le  Comité  nomme  Léonard  Bourdon  pour  conférer  avec  les  Co- 
mités des  inspecteurs  de  la  salle  et  des  finances  à  l'effet  de  procurer  au 
citoyen  Rousseau  des  appointements  égaux  à  ceux  qu'il  recevait  dans 
les  bureaux  de  la  guerre  ^'l 

Pétition  des  instituteurs  des  écoles  gratuites  de  Paris.  Renvoyé  à 
Vaidruche ,  rapporteur  ^-l 

Lettre  du  citoyen  Lamarche,  du  27  nivôse,  qui  demande  au  Comité 
son  approbation  d'un  ouvrage  sur  la  carte  du  ciel.  Le  Comité  passe  à 
l'ordre  du  jour  ^^l 

Lettre  de  Couturier,  régisseur  du  domaine,  etc.,  du  28  nivôse, 
concernant  l'établissement  des  écoles  primaires  à  Versailles.  Renvoyé 
au  ministre  de  l'intérieur. 

Le  président  donne  lecture  d'un  extrait  des  délibérations  de  la  sec- 
tion du  Contrat  social,  qui  annonce  au  Comité  que  les  ouvrages  de 
Marat  ne  sont  point  encore  déposés  à  la  Bibliothèque  nationale.  Ren- 
voyé au  bibliothécaire,  qui  instruira  le  Comité  s'il  a  des  fonds  à  sa 
disposition  pour  faire  l'acquisition  de  ces  ouvrages  ^*l 

Le  Comité  arrête  que  Baudouin,  imprimeur  de  la  Convention  na- 
tionale, est  autorisé  à  tirer  cent  cinquante  exemplaires  des  vues  sur  les 
nouvelles  dénominations  des  rues  d(^   Paris  pour  être  envoyés  h  la 


conmiune 


deP 


ans 


(5) 


^'^  Voir  les  séances  des  9  frimaire 
(p.  A3)  et  27  frimaire  (p.  166).  Lindel , 
qui  avait  été  nommé  rapporteur,  ne  parait 
point  s'être  occupé  de  Ja]  question,  l^our 
la  suite,  voir  la  séance  du  1"  |)luviùse 
(p.3o6). 

^"^  Voir  la  séance  du  1 .{  nivùso  (  p.  a3o). 
H  send)le  «jue  les  instituteurs  de  Paris,  las 
des  lenteurs  du  (lomilé,  avaient  adressé  à 


la  Convention  une  nouvelle  pétition;  nous 
ne  l'avons  pas  trouvée.  Four  la  suite,  voir 
la  séance  du  ;»9  nivôse  (p.  Î29S). 

^'^  Voir  la  séance  du  -.',3  nivôse  (p.  'jSo). 

(*^  Nous  n'avons  pas  trouvé  la  n^ponse 
que  Lefèvre-\  illebiune,  bibliothécaire  na- 
tional, dut  laire  au  Comité  à  ce  sujet. 

^*'  Voir  la  séance  du  «jô  nivùse  (p.  a 83), 
et  l'annexe   \  d<>  celle  M'anct»  (|).  «jSt^). 


M» 


292       PROCÈS-VERBAUX  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

Lettre  du  citoyen  Desmarest,  du  26  nivôse,  relative  à  la  carte  vol- 
caniquc  d'Auver^jne.  Renvoyé  a  Mathieu,  rapporteur  ^^l 

Lettre  du  Comité  révolutionnaire  de  la  section  du  Panthéon  fran- 
çais, du  28  nivôse,  relative  à  un  écrit  du  citoyen  Dubertrand,  ayant 
pour  titre  Droits  de  rJionime  et  du  citoyen,  etc.  Le  Comité  passe  à 
l'ordre  du  jour. 

Pétition  du  citoyen  Hanin,  graveur,  à  fin  de  payement  des  fourni- 
tures qu'il  a  faites  à  l'Imprimerie  nationale.  Le  citoyen  Mathieu  est 
nommé  rapporteur  '^^. 

Grégoire  fait  lecture  au  Comité  du  programme  qui  doit  être 
proposé  aux  savants  pour  la  confection  des  livres  élémentaires  à  Tu- 
sage  des  écoles  de  la  République.  Ce  rapport  est  suivi  d'un  projet  de 
décret;  après  quelques  débats,  cet  objet  est  ajourné ^^l 

Guyton  fait  un  rapport  sur  la  demande  du  citoyen  Sarrette  rela- 
tive à  l'impression  de  la  musique  des  hymnes  et  autres  chants  patrio- 
tiques. Ajourné  à  la  prochaine  séance  ^^^. 

Mémoire  du  citoyen  Strack  concernant  la  quadrature  du  cercle.  Le 
Comité  passe  à  l'ordre  du  jour^^l 

Bourdon  fait  son  rapport  sur  le  nombre  d'exemplaires  du  Recueil 
des  actions  héroïques  qui  doivent  être  envoyés  dans  les  départements 
tant  en  cahiers  qu'en  placards.  Le  Comité  arrête  que  le  nombre  sera 
de  quatre-vingt  mille  exemplaires  en  cahiers,  et  vingt  mille  en  pla- 
cards ^^\ 

Le  citoyen  Léger,  secrétaire  commis  du  Comité,  présente,  suivant 
l'arrêté  du  28  nivôse,  le  tableau  des  secrétaires  commis  du  Comité, 
de  leurs  appointements,  etc.,  demandé  par  la  municipahté  de  Pa- 


^'^  Voir  la  séance  du  17  nivôse  (p.  266). 
C'est  Romme  qui  avait  élé  primitivement 
désigné  comme  rapporteur  de  la  réclama- 
lion  de  Desmarest.  Mathieu,  qui  le  rem- 
place, entretiendra  le  Comité  de  celte  af- 
faire le  19  ventôse  (p.  557). 

^^^  Voir  la  séance  du  7  nivôse  (p.  316) 
et  celle  du  29  nivôse  (p.  296). 

^^^  Les  commissaires  des  livres  élémen- 
taires, nommés  le  11  brumaire  (t.  II, 
p.  728),  étaient  Romme  et  Basire.  Gré- 
goire avait  élé  désigné  comme  successeur 
de  Basire,  à  une  date  que  n'indiquent  pas 
les  procès-verbaux  du  Comité.  La  question 


avait  déjà  été  discutée  les  9  et  19  nivôse 
(p.  926  et  2  56).  Pour  la  suite,  voir  la 
séance  du  29  nivôse  (p.  298). 

^*'  Voir  la  séance  du  2 1  nivôse  (p.  266), 
et  celle  du  29  nivôse  (p.  299). 

^^^  Dans  la  séance  du  17  prairial  an  11, 
il  sera  question  d'un  citoyen  Strack,  patriote 
raayençais,  qui  est  probablement  le  même 
que  celui-ci. 

^•^^  Voir  la  séance  du  2  5  nivôse  (  p.  288). 
Le  5  pluviôse  (p.  826),  Léonard  Bourdon 
présentera  au  Comité  le  second  numéro  du 
Recueil  des  actions  héroïques  et  civiques  des 
républicains  français. 


m 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  293 

ris^^l  Le  Comité  arrête  que  son  président  certifiera  cet  état  en  ce  qui 
concerne  les  appointements  et  les  époques. 
La  séance  est  levée  à  onze  heures  ^^K 

R.-T.  LiNDET  ^'\ 

(•)  Voir  la  séance  du  28  nivôse  (p.  978).  —  (2)  Cet  alinéa  n'est  pas  à  la  minute.  — 
(•*"  Cette  signature  ne  se  trouve  qu'au  registre.  La  minnfc  est  do  la  main  de  Boulroue. 


29^4       PROGÈS-VERBAIIX  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

CENT    QUATRE-VINGT-QUATRIÈME    SÉANCE. 

(extraordinaire.) 

Du  29  nivôse  an  11,  avant  midi.  [18  janvier  179'i.] 

(lopic  (l'une  lettre  an  ministre  de  l'intérieur  : 

Le  Comité  crinstriiction  publique  te  donne  communication  d'un  arrêté  pris  par 
les  représentants  du  peuple  dans  le  département  de  Seine-et-Oise  pour  le  transport 
des  chevaux  de  Marly.  Il  paraît,  d'après  la  réponse  du  Comité  des  inspecteurs  de 
la  salle,  que  tu  as  passé  quelque  marché  pour  cette  opération.  Le  Comité  d'in- 
struction publique  attend  de  toi  une  réponse  sur  l'existence  de  ce  marché  et  sur 
son  exécution.  Dans  le  cas  où  tu  n'aurais  passé  aucun  marché,  et  dans  celui  où  ce 
marché  serait  résihé  par  défaut  d'exécution  de  la  part  de  l'entrepreneur,  le  Comité 
d'instruction  publique  me  charge  de  te  dire  qu'il  regarde  l'arrêté  des  représen- 
tants du  })euple  de  ce  jour  comme  indiquant  le  moyen  le  plus  sûr  et  le  plus  écono- 
mique 


(M 


R.-T.  LlNDET^'^ 


PIECES  ANNEXES. 


On  lit  clans  los  procès-verbaux  de  la  Convention  : 

Séance  du  26  nivôse  an  11. 

ffSur  la  proposition  d'un  membre  ^^^  la  Convention  nationale  décrète  que  les 
travaux  commencés  à  l'entrée  de  la  cour  de  la  maison  nationale  pour  y  placer  les 
chevaux  de  marbre  de  Marly  seront  suspendus,  et  que  le  Comité  d'instruction 
publique  fera  un  rapport  sur  cet  objet. 

n  Elle  décrète  en  outre  qu'à  l'avenir  le  Comité  des  inspecteurs  de  la  salle  ne 
pourra  donner  aucun  ordre  pour  des  dispositions  nouvelles  à  faire  autour  de  la 
maison  nationale  qu'après  s'être  concerté  avec  le  Comité  d'instruction  publique, 
et  sur  un  décret  de  la  Convention  ^*\« 


^^)  Les  représentants  du  peuple  en  com- 
mission à  Marly  étaient  Treilhard ,  Auguis 
et  Enlart.  Un  décret  de  la  Convention  du 
26  nivôse  nous  apprend  que  ie  Comité  des 
inspecteurs  de  la  salle  avait  résolu  de  faire 
placer  les  célèbres  chevaux  de  Marly,  de 
Coustou,  à  rentrée  de  la  cour  du  palais 
des  Tuileries;  le  décret,  rendu  sur  les  obser- 
vations de  David  et  de  Danton,  ordonna 
que  le  Comité  d'instruction  publique  serait 
préalablement  consulté  et  ferait  un  rapport 
à  ce  sujet. 

Nous   donnons  aux  annexes  un  extrait 


du  procès-verbal  de  la  séance  de  la  Con- 
vention du  26  nivôse  an  11 ,  et  un  extrait  du 
compte -rendu  du  Journal  des  débats  et 
des  décrets.  Pour  la  suite  de  cette  affaire, 
voir  la  séance  du  Comité  du  21  pluviôse 
(p. /i/ii). 

(^^  Cette  signature  ne  se  trouve  qu'au 
registre.  La  minute  est  d'une  main  que  nous 
n'avons  pu  déterminer. 

^•'')  C'est  David  [Journal  des  débats  et  dos 
décrets  ). 

(4)  Procès -verbal  de  la  Convention, 
t.  XXIX,  p.  965. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  295 

Le  Moniteur  ne  parle  pas  de  cet  incident.  Mais  voici  en  quels  termes  le  Journal  den  déhats 
et  des  décrets  en  rend  compte  : 

Convention  nationale,  séance  du  26  nivôse. 

Il  y  avait  à  Marly  deux  groupes  d'hommes  et  de  chevaux  pre'cipux  par  la 
perfection  de  leur  exécution.  On  élevait  des  piédestaux  dans  les  avenues  de  la 
Convention  pour  y  placer  ces  deux  groupes.  David  observe  qu'il  serait  plus  con- 
venable de  les  mettre  à  l'entrée  des  Champs-Elysées  pour  servir  de  pendant  au 
Mercure  et  à  la  Renommée  qui  sont  aux  deux  côtés  du  Pont  tournant.  Sa  propo- 
sition est  appuyée. 

Homme  demande  que  le  Comité  d'instruction  publique  soit  consulté  là-dessus. 

Danton.  Je  propose  à  la  Convention  de  décréter  que  toutes  les  fois  qu'il  s'agira 
d'arts  et  de  dépenses,  le  Comité  des  inspecteurs  de  la  salle  ne  puisse  rien  faire 
sans  consulter  le  Comité  d'instruction  publique,  et  en  vertu  d'un  décret  de  la 
Convention  nationale  ^^^ 

[Suit  le  texte  du  décret  déjà  reproduit  ci-dessus.] 
'')  Journal  des  débats  et  des  décrets,  n"  /i83,  p.  379. 


296      PROCÈS-VERBAUX  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

CENT    QUATRE-VIJNGT-GINQUIÈME     SÉANCE. 

Du  29  nivôse  an  11.  [18  janvier  1794.] 

Le  citoyen  Hanin  demande  que  le  Comité  lui  délivre  un  mandat 
de  la  somme  de  1,87/1  livres  pour  la  valeur  de  dix  mille  exemplaires 
du  rapport  des  nouvelles  heures  avec  les  anciennes  pour  être  joints  à 
rAlmanacli  d'instruction  publique ^^',  qu'il  a  fournis  à  Baudouin,  im- 
primeur de  la  Convention,  suivant  l'arrêté  du  Comité.  Le  Comité 
arrête  que  le  mandat  lui  sera  délivré  ^^^ 

Un  professeur  du  collège  Egalité  est  admis;  il  fait  le  tableau  des 
besoins  urgents  de  cet  établissement,  qui  ne  peut  plus  se  soutenir  à 
défaut  de  fonds.  Mathieu  est  nommé  rapporteur  de  cette  pétitionnai 

On  donne  lecture  d'une  lettre  du  département  de  Paris  relative 
aux  inconvénients  qui  résulteraient  du  changement  du   collège   de 


(^)  Le  registre  porte  :  t  TAlmanach  répu- 
blicain 7),  ce  qui  est  plus  correct. 

(^>  Voir  la  séance  du  27  nivôse  (p.  992) 
et,  pour  la  suite,  celle  du  9  pluviôse 
(p.  36o). 

'•^^  Le  collège  de  TEgalilé  avait  à  plu- 
sieurs reprises  entretenu  le  Comité  de  ses 
besoins  :  voir  les  séances  des  1  5  juin  (t.  I", 
p.  ^95),  23  juillet  (t.  II,  p.  i36)  et 
26  juillet  1793  (t.  Il,  p.  1^9).  L'ar- 
ticle 12  du  décret  du  8  mars  1793  avait 
prescrit  un  mode  provisoire  de  payement 
pour  les  traitements  des  professeurs  :  les 
fonds  nécessaires  à  ce  payement  devaient 
être,  pour  le  premier  trimestre  de  1793, 
non  pas  fournis  par  la  trésorerie  nationale, 
mais  pris  cr  sur  le  produit  des  contributions 
publiques  n  (t.  P',  p.  3/i/i);  le  décret  du 
5  mai  sur  les  bourses  stipula  en  outre  que 
la  dépense  des  bourses  serait  acquittée 
conformément  au  décret  du  8  mars  (t.  l", 
p.  /iio).  Le  décret  du  k  septembre  1793 
prorogea  le  mode  de  payement  qui,  aux 
termes  du  décret  du  8  mars,  n'était  appli- 
cable qu'au  premier  trimestre  de  1793,  et 
disposa  que  les  fonds  nécessaires  au  paye- 


ment des  traitements  et  des  bourses  conti- 
nueraient provisoirement  à  être  pris  sur  le 
produit  des  contributions  publiques  (t.  If, 
p.  36o).  Mais,  dans  l'inteivalle,  un  décret 
du  7  août  avait  établi  un  régime  excep- 
tionnel en  faveur  des  collèges  de  Paris  :  il 
avait  ordonné  qu'une  somme  de  3 07,6 5 2 
livres  2  sols  6  deniers  serait  mise  par  la 
trésorerie  nationale  à  la  disposition  du 
ministre  de  l'intérieur  pour  la  dépense  des 
collèges  de  Paris  jusqu'aux  vacances,  c'esl- 
à-dire  jusqu'en  juillet  1793  (t.  II,  p.  196). 
Pour  les  dépenses  ultérieures  de  ces  col- 
lèges, à  partir  du  1"  juillet,  une  question 
importante  se  posait  :  continuerait-on  à  les 
couvrir  par  le  procédé  indiqué  au  décret 
du  7  août,  ou  bien  en  reviendrait-on,  pour 
le  département  de  Paris  comme  pour  les 
autres ,  au  mode  de  payement  prescrit  par 
les  décrets  du  8  mars,  du  5  mai  et  du 
h  septembre?  Le  Comité  d'instruction  pu- 
blique, de  concert  avec  celui  des  finances, 
résoudra  la  question  dans  le  sens  d'un 
retour  au  décret  du  8  mars.  Voir  la  séance 
du  f)  pluviôse  (p.  3 2/1). 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE. 


297 


l'Égalité  en  une  maison  d'arrestation.  Cette  lettre  est  renvoyée  aux 
Comités  d'aliénation  et  domaines  ^^^. 

La  pétition  du  citoyen  Rousseau,  artiste,  qui  a  présenté  à  la  Con- 
vention le  plan  et  les  divisions  d'un  nouveau  méridien,  est  renvoyée  à 
la  Commission  des  poids  et  mesures (^^. 

La  citoyenne  Desmoulins  fait  hommage  au  Comité  d'un  ouvrage 
ayant  pour  titre  :  Etrennes  poétiques  et  morales  dédiées  à  la  Convention  ni- 
tionale^^K 

Les  ingénieurs  en  instruments  de  mathématiques  qui  ont  présenté 
une  pétition  à  la  Convention  nationale  pour  partager  les  travaux  de 
la  fabrication  des  poids  et  mesures  sont  admis.  Après  qu'ils  se  sont 
expliqués  sur  l'objet  de  leur  pétition,  le  Comité  a  arrêté  qu'ils  sont  in- 
vités à  se  retirer  devant  la  Commission  des  poids  et  mesures,  à  laquelle 
il  sera  écrit  pour  les  entendre  et  en  rendre  compte  au  Comité. 

Un  membre  demande  : 

1°  Que  l'on  affiche  dans  l'antichambre  du  Comité  l'arrêté  qui  fixe 
les  jours  auxquels  les  pétitionnaires  doivent  être  admis  ; 

2°  Que  les  séances  du  Comité  soient  ouvertes  à  l'avenir  à  six  heures 
du  soir. 

Ces  propositions  sont  adoptées. 

Un  membre  demande  que  l'on  s'occupe  des  moyens  de  rendre  la 
salle  des  séances  de  la  Convention  plus  saine  et  plus  favorable  aux 


'^')  La  lettre  du  département  de  Paris 
ayant  été  renvoyée  aux  Comités  d'aliénation 
et  des  domaines,  nous  ne  l'avons  pas 
trouvée.  Ces  deux  Comités  s'en  tinrent  à 
la  solution  dont  il  a  été  parlé  dans  la 
séance  du  17  nivôse  (p.  aA8),  qui  per- 
mettait, selon  eux,  cfde  former  une  maison 
d'arrêt  dans  le  collège  de  Tlilgalité  sans 
nuire  à  sa  destination  sous  le  rapport  de 
l'instruction  p.  On  choisit,  pour  le  convertir 
en  prison,  un  des  bâtiments  du  collège, 
suirisamment  isolé  des  autres,  celui  du 
Belvédère,  dans  la  cour  du  bassin.  Les 
autres  bâtiments  restèrent  occupés  par  les 
boursiers  et  leurs  professeurs,  et  les  classes 
ne  furent  pas  interrompues.  L'auteur  d'une 
Histoire  du  collège  Louis-le-Crand  {Var\s, 
18^1.')),  M.  Kmoud,  prél(Mid  (p.  -.î^S)  (pie 
ce  fut  dans  la  prison  du  collège  de  rKgalité 


que  Robespierre  fut  d'abord  amené  le 
9  thermidor,  mais  que  le  geôlier  refusa 
de  le  recevoir,  ce  qui  obligea  les  gen- 
darmes à  le  conduire  à  la  prison  du 
Luxembourg,  d'où  il  s'évada.  Cette  histoire 
est  complètement  apocryphe  :  Robespierre 
fut  conduit  directement  au  Luxembourg; 
ce  fut  le  concierge  du  Luxembourg  qui 
refusa  de  le  recevoir,  sur  un  ordre  douut' 
secrètement  par  le  Comité  de  sûreté  géné- 
rale; et  du  Luxembourg  le  prisonnier  fut 
dirigé  sur  l'administration  de  police,  quai 
des  Orfèvres. 

^^)  La  pétition  de  Rousseau  avait  été 
enregistrée  au  Comité  sous  le  n°  i335  (F'', 
carton  looS);  la  pièce  n'est  pas  en  place. 

^•'^  Il  sera  de  nouvt'an  (jucstion  di"  la 
citoyenne  Dc^smoulins  le  n  pluviôse 
(p., Vu). 


298       PROCÈS-VERBAUX  DU  COMITE  D'INSTRUCTION  PURLIQUE 

membres  et  au  peuple.  Le  Comité  charge  les  citoyens  David  et  Val- 
druclie  de  cet  objet  ^^^ 

Valdruclie  fait  le  rapport  de  la  pétition  des  instituteurs  des  écoles 
du  dé[)artement  de  Paris.  Chargé  de  se  concerter  à  cet  égard  avec  le 
Comité  des  finances,  il  dit  que  ce  Comité  a  trouvé  les  états  envoyés 
par  le  minisire  de  l'intérieur  insuffisants,  parce  qu'ils  ne  contiennent 
point  le  tableau  des  sommes  provenant  des  fondations  destinées  aux 
('coles  qui  ont  été  versées  dans  le  Trésor  public.  Le  Comité  arrête 
qu'il  sera  écrit  de  nouveau  au  ministre  de  l'intérieur  pour  qu'il  four- 
nisse ces  états  ^^^. 

Grégoire  fait  un  rapport  sur  le  concours  à  ouvrir  sur  les  livres  élé- 
mentaires; il  présente  un  projet  de  décret ^^^  La  discussion  est  ou- 
verte, et  il  est  adopté  ainsi  qu'il  suit  : 

Article  premier.  Un  concours  est  ouvert  jusqu'au  i  "  messidor  prochain  pour 
des  ouvrages  sur  les  objets  suivants  : 

1°  Instruction  sur  la  conservation  des  enfants  depuis  la  grossesse  inclusivement 
et  sur  leur  éducation  physique  et  morale  depuis  la  naissance  jusqu'à  Tépoque  de 
leur  entrée  dans  les  écoles  nationales  ; 

9°  Instructions  pour  les  instituteurs  nationaux  sur  l'éducation  physique  et  mo- 
rale des  enfants  ; 

3°  Méthodes  pour  apprendre  à  lire  et  à  écrire,  ces  deux  objets  traités  ensemble 
ou  séparément  ; 

k°  Notions  sur  la  grammaire  française  ; 

5°  Instructions  sur  les  premières  règles  d'arithmétique  et  de  géométrie  pra- 
tique. 

Des  instructions  sur  les  nouvelles  mesures  et  leurs  rapports  aux  anciennes  les 
plus  généralement  répandues  entreront  dans  les  livres  élémentaires  d'arithmétique 
qui  seront  composés  pour  les  écoles  (art.  1 1  du  décret  du  i"  août  dernier)  ; 

6"  Instruction  élémentaire  sur  la  morale  républicaine  ; 


''  Cette  proposition  n'eut  pas  de  suite;  5  ventôse  an  ii,  et  un  extrait  du  procès- 
mais  le  5  ventôse  la  Convention  chargea  verbal  de  la  séance  de  la  Commission  des 
le  Comité  des  inspecteurs  de  la  salle  d'exa-  arts  du  to  ventôse.  Cette  affaire  viendra  à 
miner  les  moyens  d'améliorer  racoustique  l'ordre  du  jour  de  la  séance  du  Comité 
de  la  salle  des  séances;  la  Commission  des  d'instruction  publique  du  7  germinal  an  n. 
arts  et  la  Société  républicaine  des  arts  ^^^  Voir  la  séance  du  i3  nivôse  (p.  aSo) 
furent  chargées  d'étudier  cette  question.  et,  pour  la  suite,  celle  du  5  pluviôse 
Voir  aux  annexes,  A  (p.  3oi),  un  extrait  du  (p.  822  ). 
procès-verbal  de  la  séance  de  la  Convention  du  ^^^   Voir  In  séance  du  27  nivôse  (p.  29??). 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE. 


299 


7°  Instruction  sur  les  principaux  phénomènes  et  sur  les  productions  les  plus 
usuelles  de  la  nature. 

Art.  2.  Les  auteurs  adresseront  leurs  ouvrages  à  la  Convention  nationale  et 
ne  se  feront  connaître  qu'après  le  jugement. 

Art.  3.  Des  re'compenses  nationales  seront  dëcernëes  aux  auteurs  des  ou- 
vrages qui  auront  été'  jugés  les  meilleurs. 

Art.  k.  Le  Comité  d'instruction  publique  présentera  un  rapport  sur  l'orga- 
nisation d'un  jury  destiné  à  juger  du  mérite  des  ouvrages  envoyés  au  concours  et 
sur  les  récompenses  à  décerner '^'^ 

Le  citoyen  Lenoir,  garde  du  dépôt  provisoire  des  monuments, 
adresse  au  Comité  la  note  des  objets  entrés  dans  ce  dépôt  depuis  le 
1 9  jusqu'au  29  nivôse.  Renvoyé  a  la  Commission  des  arts^'-^ 

Mathieu  présente  un  projet  de  décret  sur  l'organisation  de  la  Com- 
mission temporaire  des  arts  et  le  traitement  des  membres.  La  discus- 
sion est  ouverte,  et  il  est  adopté.  Mathieu  se  concertera  à  ce  sujet 
avec  le  Comité  des  finances  ^'^\ 

Le  citoyen  Prélong  adresse  au  Comité  un  recueil  de  pièces  patrio- 
tiques^^). 

Le  citoyen  Chamoulaud  adresse  au  Comité  six  exemplaires  d'une 
petite  brochure  ayant  pour  titre  :  Thermomètre  moral  du  génie  et  des 
talents  ^^K 

Guyton  a  fait  le  rapport  suivant  du  projet  ])résenté  le  9  1  de  ce  mois 
par  le  citoyen  Sarrette,  commandant  de  la  musique  de  la  garde  nalio- 


(^)  Ce  projet  de  décret  ne  se  trouve 
qu'au  registre.  Son  texte  est  identique  à 
celui  du  décret  que  la  Convention  votera 
le  9  pluviôse,  sauf  qu'à  l'article  1",  dans 
le  décret  définitif,  deux  sujets  d'()uvra{][es 
ont  été  ajoutés  :  des  notions  sur  la  géo- 
graphie, en  conséquence  d'tnie  proposition 
faite  au  Comité  le  5  pluviôse  (p.  Saa), 
et  une  instruction  élémentaire  sur  l'agri- 
culture et  les  arts  de  promièro  utilité.  Pour 
la  suite,  voir  la  séance  du  1*"  pluviôse 
(p.  3o5). 

*^'  Voir-  p.  îî8/i.  Il  sera  de  nouveau 
question   de  Lenoir  le  1"  germinal  an   11. 

(3)  Voir  la  séance  du  ai  nivôse  (p. 'i6()). 
Le  projol   do  di'crot   de  Malliiou  sr  lrou\i^ 


au  procès- verbal  de  la  séance  du  5  plu- 
viôse (p.  3a 3). 

'^'^^  Nous  n'avons  pas  trouvé  le  recueil 
de  Prélong. 

^^^  Sur  Chamoulaud,  voir  la  séance  du 
Comité  du  17  brumaire  (t.  II,  p.  771). 
Chamoulaud  avait  présente  à  la  Convention, 
le  5  nivôse,  un  nouvel  ouvrage  intitulé 
Thermomètre  moral  du  frénie  et  <hs  talents, 
qui  fut  renvoyé  au  (-omilé  d'instruction 
publique.  Le  uiamiscrit  dt^  col  ouvra^re  st» 
trouve  aux  Archives  nationales,  ainsi  qu'un 
exeu)plaire  imprimé,  accou)pagué  d'une 
lettre  d'envoi.  Voir  aux  annexes.  W  (p.  3oa). 
Il  sera  encore  question  de  Chamoulaud  le  i" 
et  \o  ()  phiviôse  (|>a}fos  ^oT).  .'^(i()(M  .'{f)o). 


300      PROCÈS-VERBAUX  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

nale  parisienne,  pour  l'impression  et  l'envoi  à  tous  les  districts  des 
hymnes  et  chants  patriotiques  composés  pour  les  fêtes  nationales  : 

Les  professeurs  de  musique  de  la  garde  nationale  parisienne  se  sont  réunis 
pour  former  le  [)lan  de  cetto  entreprise.  Son  principal  objet  est  de  mettre  les  ci- 
toyens de  tous  les  départements  à  portée  de  prendre  part  aux  cérémonies  civiques 
que  les  événements  amènent  dans  le  lieu  des  séances  de  la  représentation  nationale; 
d'enlretenir  dans  toutes  les  parties  de  la  République  le  goût  et  Tenvie  de  cet  art, 
destiné  à  être  le  signal  des  combats  et  l'expression  des  élans  d'un  grand  peuple 
vers  la  liberté  et  le  bonheur  de  l'humanité;  de  répandre  en  conséquence  et  de 
porter  dans  tous  les  districts  les  morceaux  de  musique  les  plus  propres  h  la  solen- 
nilé  dos  fêtes  nationales ,  à  entretenir  l'esprit  public,  à  échauffer  le  patriotisme 
et  à  remplir  utilement  les  jours  périodiques  de  repos  dans  lesquels  une  longue 
habitude  de  réunion  sous  les  étendards  de  la  superstition  appelle  un  remplace- 
ment plus  conforme  aux  principes  et  aux  progrès  de  notre  heureuse  Révolution. 
Plusieurs  comnumes  en  ont  déjà  formé  le  vœu  et  même  quelques-unes  en  ont  écrit 
directement  à  la  musique  nationale  parisienne. 

Pour  atteindre  ce  but ,  la  Société  des  professeurs  se  propose  de  donner  chaque 
mois  une  livraison  qui  contiendra  une  symphonie,  un  hymne  ou  chœur  patrio- 
tique, une  marche  militaire,  un  rondeau  ou  pas  redoublé,  et  au  moins  une  chan- 
son patriotique,  ce  qui  formera  un  cahier  de  5o  à  60  pages  d'impression. 

Ils  espèrent  que  même  en  réduisant  le  prix  de  l'abonnement  à  60  livres  pour 
l'année  et  se  chargeant  des  frais  de  location  des  bâtiments  nécessaires  à  cet  établis- 
sement du  moins  jusqu'à  l'organisation  d'un  Institut  national,  il  pourra  se  trouver 
un  excédent  de  recettes  qui  leur  donnera  les  moyens  de  fournir  quelques  secours 
aux  veuves  et  aux  enfants  des  artistes,  en  leur  restituant  ainsi  les  bénéfices  de  leurs 
compositions  que  les  marchands  de  musique  recueilleraient  exclusivement,  et  les 
dispensera  de  réclamer  de  la  nation  une  subsistance  qu'elle  ne  pourrait  refuseï*  à 
leur  indigence. 

Mais  quelque  intérêt  qu'inspire  cette  entreprise,  quelque  avantage  qu'elle  pro- 
mette, la  Société  a  senti  que  s'il  fallait  attendre  que  les  souscriptions  volontaires 
fussent  en  assez  grand  nombre  pour  assurer  seulement  les  premiers  frais,  le  succès 
pourrait  être  incertain  ou  du  moins  l'exécution  tellement  ralentie  que  ce  serait 
sacrifier  l'effet  que  l'on  a  droit  d'en  attendre  dans  l'époque  présente  de  la  Révolu- 
tion; ce  qui  a  déterminé  la  Société  à  soumettre  ses  vues  au  Comité,  afin  que,  dans 
le  cas  oii  il  les  approuverait,  il  prît  les  moyens  qu'il  jugerait  les  plus  propres  à 
en  hâter  la  réussite. 

Ce  rapport  entendu ,  le  Comité  convient  de  l'utilité  des  vues  présentées 
par  la  Société  des  professeurs  de  musique  et  surtout  de  faire  circuler 
promptement  dans  toute  la  République  les  chants  consacrés  aux  fêtes 
nationales;  considérant  néanmoins  que  l'organisation  de  ces  fêtes  n'est 
point    encore  décrétée,  qu'après  que  la  Convention    nationale  aura 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE. 


301 


régie  certains  objets  elle  pourra  s'occuper  de  l'Institut  national  de 
musique,  et  qu'ainsi  le  plan  présenté  ne  semble  exiger  une  prompte 
décision  que  sous  le  rapport  des  mesures  révolutionnaires  de  la  pro- 
pagation et  de  l'accroissement  de  l'esprit  républicain,  arrête  que  le 
rapport  sur  cet  objet  sera  inscrit  au  registre  et  qu'il  en  sera  envoyé 
extrait  au  Comité  de  salut  public '^^ 

R.-T.  LlNDET  ^'K 


PIECES    ANNEXES. 
A 

On  lit  dans  les  procès-verbaux  de  la  Convention  : 

Séance  du  5  ventôse  an  ii. 

La  diflicultë  que  plusieurs  pétitionnaires  avaient  éprouvée  à  se  faire  entendre 
donne  lieu  à  une  motion  d'ordre. 

Un  membre  demande  que  les  commissaires  inspecteurs  soient  tenus  de  faire  un 
[)rornpt  rapport  sur  les  moyens  de  rendre  cette  salle  plus  favorable  à  la  voix  et  à 
la  transmission  des  sons. 

Cette  proposition  est  décrétée  ^^K 


(')  Toute  la  lin  du  procès-verbal,  à 
partir  de  Talinéa  commençant  par  ces 
mots  a  Guyton  a  fait  le  rapport.  .  .  n,  ne  se 
trouve  qu'au  registre.  —  Sur  le  projet 
d'une  publication  musicale  périodique, 
présenté  par  Sarrclte,  voir  les  séances  des 
31  et  27  nivôse  (pages  266  et  292).  Après 
le  rapport  de  Guyton-Morveau,  les  musi- 
ciens de  la  garde  nationale,  constitués  en 
société  d'actionnaires  pour  faire  graver  et 
vendre  à  leur  compte  le  futur  journal, 
donnèrent,  à  la  dale  du  5  pluviôse,  un 
pouvoir  écrit  à  Sarrelle  pour  Irailcr  en 
leur  nom  ce  et  proposer  au  (îomité  de  salut 
public  d'abonner  à  ce  journal  les  cinq  cent 
cinquante  districts  de  la  Ilépui)li(ju(', 
moyennant  une  somme  de  treiilo-trois  mille 
livres  par  année,  nous  engageant  à  foin-nlr 
pour  chaque  district  une  livraison  le  pre- 
mier de  chaque  mois,  sans  inlerruption,  à 
compter  du  premier  germinal  an  deuxiôme 
(le  la  lV'pul)li(pu''5.  ( Airhives  nationales, 
AKii   ()7,    cahier     fnfA ,    n"    17.)   Sarretlc 


adressa  au  Comité  de  salut  public,  le 
2.3  pluviôse,  une  lettre  contenant  la  pro- 
position qu'il  était  chargé  de  faire  (Ar- 
chives nationales,  Ibid.,  n°  i8).  Quatre 
jours  plus  tard,  le  a6,  le  Comité  prit  un 
arrêté  par  lequel  il  acceptait  cette  proposi- 
tion pour  le  terme  d'une  année,  à  compter 
du  1"  germinal  an  11.  Nous  donnons  aux 
annexes,  C  (p.  3o3),  le  texte  de  l'arrêté  du 
Comité  de  salut  public,  copié  sur  la  mi- 
nute, et  quelques  indications  bibliogra- 
phiques sur  le  recueil  publié  par  la  Société 
des  artistes  musiciens  de  la  garde  nationale 
de  Paris,  une  lois  par  mois,  à  partir  de 
germinal  an  11,  sous  le  titre  de  Musique  à 
Vusofrc  (les  fêles  fiadoiwlcH,  recueil  qui 
n'eut  (jue  douze  inunéros. 

(-^  (lellc  signature  ne  se  trouve  qu'au 
registre.  La  minute  est  de  la  main  de 
Coupé. 

■•'^'  Pi-oc(''s- verbal  de  la  ('onvtMilion, 
t.  \\\ll,  p.  .71). 


30^       PKOCfe-VERBAUN.  DU  COMITE  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

Le  Comité  dos  inspecteurs  prit,  le  8  ventôse,  un  arrêté  invitant  la  Comminie  des  arts 
(c'est-à-dire  la  Société  populaire  et  républicaine  des  arts)  à  se  réunir  à  la  Commission 
des  arts  pour  aviser  aux  moyens  de  rendre  la  salle  de  la  Convention  saine  et  commode, 
et  plus  propre  à  transmettre  les  sons.  La  (Commission  des  arts  désijjna  comme  commissaires, 
dans  sa  séance  ilu  lo  ventôse,  (lliarles,  Vicq  d'Azyr,  Berlhollet,  Monge  et  Le  Roy;  et  une 
députafion  de  la  Société  populaire  des  arts  ayant  été  introduite,  les  commissaires  convinrent 
de  se  réunir  le  surlendemain  pour  conférer  avec  les  membres  de  cette  Société  (F^'*7, 
folios  33  verso  et  3^!  verso). 


Le  manuscrit  de  Touvrage  présenté  à  la  Convention  par  Cliamoulaud  le  5  nivôse  se 
trouve  aux  Archives  nationales,  F'^  carton  ioo8^  n''  iA6o.  Il  est  intitulé: 

Thermomètre  moral  du  génie  et  des  talents,  présenté  à  la  Convention  nationale 
par  F.  Chamoulaud,  auteur  d'une  Invention  propi'e  à  perfectionner  les  digues  de 
h  Hollande ^'\  d'un  plan  pour  la  re'géne'ration  des  mœurs  en  France,  de  celui  d'un 
établissement  national  d'humanité,  etc.,  etc. ^"l  Paris,  ce  primidi  i"  décade,  ni- 
vôse, an  2°  de  la  République  française  une  et  indivisible. 

En  marge  de  la  pièce  on  lit  :  rr  Renvoyé  au  Comité  d'instruction  publique.  Pellissikr, 
secrétaire.  5  nivôse.^  Et  plus  bas  :  «Du  i3  pluviôse.  Passé  à  l'ordre  du  jour.  Boutroue,  se- 
crétaire. ?5 

Dans  la  même  chemise  se  trouve  un  exemplaire  imprimé  du  Thermomètre  moral.  C'est 
une  brochure  de  i6  pages,  portant  les  indications  suivantes  :  ccA  Paris,  chez  l'auteur,  rue 
de  la  Verrerie,  près  celle  des  Coquilles,  n°  i3i  ;  chez  Prault,  Rondonneau  et  C'%  au  dé- 
pôt des  lois,  place  de  la  Réunion,  ci-devant  Carrousel;  chez  Desenne,  Jardin  Egalité,  n"*  i 
et  a  ;  et  les  marchands  de  nouveautés. '^  Au-dessus  du  titre  on  lit  cette  ligne  en  majuscules  : 
rr Seconde  colonne  d'une  Républiqueii.  L'explication  de  cette  ligne  bizarre  se  trouve  dans  une 
jiote  placée  au  bas  de  la  page  i3,  et  que  voici  :  «Une  a"  édition  de  la  première  colonne 
d'une  République,  la  Régénération  des  mœurs,  paraîtra  dans  quelques  jours,  avec  des  dé- 
veloppements très  intéressants,  et  se  trouvera  chez  les  mêmes  libraires w. 

La  brochure  est  accompagnée  d'une  lettre  d'envoi,  ainsi  datée  :  «Paris,  ce  Octodi  (sic) 
nivôse,  a^  année  delà  République  française  une  et  indivisible?'. 


^'^  L'auteur  a  demandé  à  la  Convention 
nationale  la  nomination  de  quatre  commis- 
saires-ingénieurs, pour  examiner  et  con- 
stater cette  invention,  si  importante  pour 
l'humanité  et  l'honneur  du  nom  français. 
Sa  demande  a  été  renvoyée  au  Comité  de 
salut  public.  Son  rapport  est  attendu.  {l\ote 
de  Chamoulaud.)  —  H  y  a  aux  Archives  na- 
tionales, D  xxxvni,  carton  m,  liasse  38, 
une  lettre  de  Chamoulaud  du  9  frimaire 
an  II,  eniegistréc  au  Comité  d'instruction 
publique  sous  le  n°  11  (ii,  dans  laquelle 
il  sollicite  un  prompt  rapport  sur  cette  in- 
vention relative  aux  digues  de  la  Hollande. 


(^^  Le  citoyen  Chamoulaud  a  offert  à  la 
nation,  depuis  huit  mois,  en  divers  genres , 
cinq  plans  utiles  que  la  Convention  natio- 
nale a  honorés  de  ses  suffrages.  {Note  de 
Chamoulaud.)  —  Outre  le  Thermomètre 
moral  et  les  trois  autres  ouvrages  ou  plans 
mentionnés  dans  le  litre  ci-dessus,  Cha- 
moulaud avait  encore  présenté  à  la  Conven- 
tion, le  i5  avril  1793,  un  plan  pour  accé- 
lérer l'extinction  des  pensions  accordées 
aux  citoyens  et  citoyennes  ci-devant  liés  par 
des  vœux.  (Procès-verbal  de  la  Convention, 
t.   IX,  p.  a6/i.) 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  :J03 


AIIRETE  DU  COMITE  DE  SALUT  PUBLIC  RELATIF  A  LA  PUBLICATION  MENSUELLE,  PAR 
LES  ARTISTES  DE  LA  MUSIQUE  DE  LA  GARDE  NATIONALE  DE  PARIS,  DE  LIVRAISONS 
CONTENANT  DE  LA   MUSIQUE  À   L'USAGE   DES  FETES  NATION  ALES  ^^^. 

Du  27  pluviôse  an  11. 

Le  Comité  de  salut  public ,  vu  la  dëlibe'ration  du  Comité  d'instruction  publique 
en  date  du  29  nivôse  dernier,  relativement  à  un  projet  des  artistes  composant  la 
musique  de  la  garde  nationale  de  Paris ,  qui  se  proposent  de  faire  graver  des  airs 
patriotiques  et  d'en  répandre  chaque  mois  des  livraisons  dans  toute  la  République, 
considérant  que  cette  entreprise ,  indépendamment  des  vues  d'utilité  qu'elle  pré- 
sente par  rapport  à  l'art  musical,  comme  objet  d'instruction  publique,  est  une 
mesure  imporlante  sous  les  rapports  révohuionnaires,  en  ce  qu'elle  tend  à  amé- 
liorer l'esprit  public  par  la  propagation  des  hymnes  et  chants  républicains,  à  exci- 
ter par  là  le  courage  des  défenseurs  de  la  patrie,  en  même  temps  qu'elle  fournira 
aux  fêtes  civiques,  que  l'on  ne  saurait  trop  multiplier,  un  des  moyens  qui  en  fait 
le  principal  ornement  et  qui  influe  très  efficacement  sur  leur  eifel  moral;  vu. 
d'autre  part,  les  conditions  d'association  et  d'abonnement  proposées  parles  artistes 
musiciens  de  la  garde  nationale  de  Paris  ; 

Arrête  : 

1°  Qu'il  sera  remis  à  la  société  de  ces  musiciens  un  mandat  sur  la  trésorerie 
nationale  de  la  somme  de  trente-trois  mille  livres,  pour  les  aider  dans  l'entreprise 
qu'ils  veulent  faire  pour  répandre  de  la  musique  patriotique; 

2°  Qu'ils  seront  tenus  pendant  une  année  entière  de  donner  chaque  mois  au 
Comité  de  salut  public,  et  à  compter  du  1"  germinal  prochain,  cincj  cent  cin- 
quante exemplaires  de  la  livraison  de  musique  qu'ils  publieront,  laquelle  devi'a 
contenir  une  symphonie,  une  hymne  ou  chœur,  une  marche  militaire,  un  rondeau 
ou  pas  redoublé,  et  au  moins  une  chanson  patriotique:  le  tout  formant  un  cahier 
de  cinquante  à  soixante  [)ages  d'impression^^'; 

3°  Ces  exemplaires  seront  distribués  dans  tous  les  districts  par  le  Comité  de 
salut  pubhc,  afin  qu'ils  puissent  y  servir  dans  les  fêtes  civiques,  et  de  manière  à 
les  mettre  à  la  portée  du  plus  grand  nombre  des  citoyens. 

C.-A.  Prieur,  Barère,  Collot  d'Herbois,  Carnot,  Billaid- 
Varenne,  Saint- Just. 


^^)  Archives  nationales,  AK  H  ,caiion  G7,  Prieur)  :  ^Observez  que  chaque  cahier  ne 

cahier  ^98,  n°i5.  coulera  (pie  5  livres  à   la  Ht>pul)liquo,  ce 

(-^   Ou  lit  au  bas  de  la  pièce  la  note  sui-  ([iii  lail  Go  livres  par  au  pour  les  livraison> 

vante  qui  se  rapporte  à  cet  alinéa,  et  (pii  à  donner  à  ciiacun  des  dislricls". 
est  de  la   mèuie  uiaiii   cpie    la  minute  de  Au-dessous,  d'une  aiilre  eciiliuc: -liellc 

Parrêté  (c'est-à-dire  de  la  nialu  de  C.-A.  note  n'es!  pas  à  copitM  ". 


30/i       PROCÈS-VERBAUX  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

Le  preniler  iiiiinéro  du  recueil  entrepris  par  les  musiciens  de  la  garde  nationale  de  Paris 
et  subventionné  par  le  Comité  de  salut  public  parut  le  ao  germinal,  sous  le  litre  de  Mu- 
si(ine  à  Vusai^o  des  fêles  nationales,  et  ce  jour-là  Gossec  en  présenta  lui-même  un  exem- 
plaire à  la  (lonvonlion  (Procès-verbal,  t.  XXXV,  p,  io5).  Les  numéros  suivants  parurent  de 
mois  eu  mois  durant  une  année;  mais,  à  l'expiration  du  marché  passé  le  26  pluviôse  an  11 
avec  le  Comité  de  salut  public,  le  traité  d'abonnement  no  fut  pas  renouvelé.  La  publication 
n'eut  donc  qu'un  au  d'existence  et  ne  compta  que  douze  numéros. 

La  Bibliothèque  nalionale  possède  les  six  premiers  numéros  de  la  Musique  à  l'usage 
(les/êtes  nationales  (Vm",  7019-7024);  on  trouve  la  collection  complète  à  la  bibhothèque 
du  (lonsorvaloire  national  de  musique.  Voici  la  reproduction  du  lilrc  imprimé  sur  la  cou- 
verture de  chaque  numéro  : 

UNITÉ. 

INDIVISIBILITÉ   DE   LA    RÉPUBLIQUE. 

LIBERTÉ,  ÉGALITÉ,   FRATERNITÉ 

OU  LA  MORT. 

Musique  à  l'usage  des  fêtes  nationales, 

A  Paris,  Du  magasin  des  Editeurs  Musiciens  de  la  Garde  Nationale  Parisienne, 
rue  Joseph,  Section  de  Brutus. 

Parmi  les  morceaux  symphoniques  et  les  chœurs  contenus  dans  les  six  premiers  numé- 
ros, les  plus  remarquables  sont  les  suivants  : 

N°  1.  Germinal. 

Ouverture  pour  instruments  à  vent,  par  Catel,  de  la  musique  de  l'arme'e  pari- 
sienne. Exe'cutée  dans  le  temple  à  [sic)  la  Raison,  le  90  frimaire  an  9*  de  la  Ré- 
publique. 

Chœur  patriotique,  exécuté  h  la  translation  de  Voltaire  au  Panthe'on  français 
en  1791.  Paroles  de  Voltaire,  musique  de  Gossec. 

N"/!.  Messidor. 

Hymne  à  l'Etre  Suprême,  adopté  par  le  Comité  de  salut  public,  et  chanté  à  la 
lête  du  20  prairial.  Par  Th.  Desorgues,  musique  de  Gossec. 

N°  5.   Thermidor. 

Hymne  à  la  Nature,  par  Varon,  musique  de  Gossec.  Exécuté  à  ia  fête  de  la 
Réunion  du  10  août,  an  i"  de  la  République  française,  station  sur  l'emplace- 
ment de  la  Bastille ,  au  lever  de  l'aurore. 

Hymne  à  la  Victoire  sur  la  bataille  de  Fleurus,  par  Lebrun,  musique  de  Catel. 
Chanté  au  Concert  du  peuple,  le  16  messidor  an  ^^  de  la  République  française. 

N"  6.  Fructidor. 
Le  Chant  du  départ,  hymne  de  guerre,  parM.-J.  Chénier,  musique  de  Méhul. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE. 


305 


CENT   QUATRE-VINGT-SIXLEME   SEANCE. 

Du   1*"  pluviôse.   [90  janvier  179/I.] 

Grégoire  lit  son  rapport  sur  les  livres  élémentaires  qui  doivent  être 
employés  dans  l'instruction  primaire.  Il  est  adopté,  après  avoir  discuté 
la  manière  la  plus  convenable  de  distribuer  des  récompenses  aux  au- 
teurs de  ceux  de  ces  ouvrages  qui  n'auront  pas.  atteint  la  perfection 
désirée  ^^\ 

Le  citoyen  Jussieu  père  propose  à  la  Convention  nationale  des 
vues  pour  l'établissement  de  jeux  décadaires.  Mathieu  est  chargé  du 
raj)port  ^~K 

Le  citoyen  Goupilleau,  de  Montargis,  a  fait  hommage  à  la  Conven- 
tion d'une  machine  qu'il  croit  propre  à  suppléer  aux  canaux  et  rivières, 
même  aux  voitures.  Sur  le  renvoi  au  Comité,  Ferry  est  nommé  rap- 
porteur ^^l 

La  lettre  de  Chamoulaud ,  qui  désirerait  être  indiqué  à  la  Convention 
nationale  comme  commissaire  pour  l'exécution  de  son  plan  pour  la  régé- 
nération des  mœurs  en  France,  est  renvoyée  à  Grégoire  et  à  Mathieu  ^^•. 

Mention  honorable  de  l'envoi  que  fait  J.-B.  Lélu  de  la  musique 
d'un  hymne  à  la  patrie  '^\ 


^')  Voir  la  séance  du  ag  nivôse  (p.  298). 
Il  paraît  que  dans  la  séance  précédente 
Grégoire  s'était  borné  à  présenter  le  projet 
de  décret,  et  que  ce  fut  seulement  le  i"plu- 
viôse  qu'il  communiqua  au  Comité  son  rap- 
port. Ce  rapport  fut  lu  à  la  Convention  le 
o  pluviôse,  et  ajourné.  L'assemblée  le  dis- 
cuta dans  la  séance  du  y  pluviôse.  On 
trouvera  le  texte  de  ce  document  aux  an- 
nexes de  la  séance  du  Comité  du  g  ylu- 
viôse,  D  (p.  36 A). 

^^^  La  lettre  de  Jussieu  avait  clé  enregis- 
trée au  Comité  sous  le  n"  i53G  (E'\  carlon 
1008'');  elle  n'est  pas  en  place,  l/analyse 
écrite  sur  la  chemise  nous  apprend  (pie  Jus- 
sieu, outre  des  jeux  décadaires,  j)ropo8ait 
l'établissement  dt;  gyrïinases.  ÎNous  ne  sa- 
vons pas  (|iti  es!  ce  Jussieu  :  ce  n'es!  pas 
Tilluslre  holanisie  Antoine-Laurent  de  Jus- 


sieu, qui  de  1790  à  1792  avait  été  membre 
de  la  municipalité  de  Paris,  car  le  procès- 
verbal  l'appelle  Jussieu  père ,  et  Antoine- 
Laurent  de  Jussieu  n'était  pas  encore  marié 
en  179^1.  Il  sera  de  nouveau  question  de 
Jussieu  et  de  son  projet  pour  les  décades 
le  3  5  ventôse  (p.  ^lig). 

(^^  Nous  n'avons  rien  trouvé  aux  Archives 
sur  la  machine  de  Goupilleau  de  Montar- 
gis. Le  rapport  de  Ferry  a  été  présenté 
séance  tenante  (voir  à  la  page  307). 

^*)  Sur  Chamoulaud,  voir  page  tigg. Nous 
n'avons  pas  trouvé  sa  lettre.  Le  plan  de  Cha- 
moulaud pour  la  régénération  des  mœurs, 
au  moyen  de  dénominations  morales  données 
aux  rues  et  places,  est  l'un  de  ceux  que 
mentionnera  Grégoire  dans  le  rapport  <pi  il 
présentera  au  (ioniitt'  le  7  pluviôse  (j).  337). 

^^^    La  hUlre  du   nuisicien   Lélu,  en  date 


m. 


IVIrnilil.Mt     NAIIUNALK. 


30G       PROCES -VERBAUX  DU  COMITE  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

Les  officiers  municipaux  de  la  commune  de  Libreville  adressent  au 
Comité  un  ouvrage  imprimé  du  citoyen  Rauxin,  intitulé  Instruction 
sociale  du  républicain,  sur  lequel  ils  demandent  que  le  Comité  porte  son 
jugement.  Villar  est  chargé  d'en  faire  le  rapport  ^^^ 

Roux-Martin,  agent  national  du  district  d'Aix,  adresse  au  Comité 
six  abdications  de  sacerdoce.  L'administration  du  département  de  la 
Lozère  lui  envoie  l'abdication  de  son  ci-devant  évêque,  du  directeur 
de  son  séminaire  et  de  deux  de  ses  vicaires  généraux.  Toutes  ces  pièces 
sont  renvoyées  a  Prunelle  (^^. 

Arrêté  que  les  commissaires  de  la  section  du  Comité  chargés  de  re- 
cueillir les  faits  civiques  rédigeront  l'attestation  que  désire  le  citoyen 
T.  Rousseau,  qui  a  rempli  d'une  manière  satisfaisante  les  fonctions  de 
secrétaire  de  cette  section  ^'^\ 

On  propose  que  le  secrétaire  des  bureaux  du  Comité  recueille 
chaque  jour,  dans  le  Feuilleton  de  la  Convention  njTtionale,  les  décrets 
qui  concernent  le  Comité  d'instruction  publique.  La  proposition  est 
adoptée,  et  il  est  arrêté,  de  plus,  que  ces  décrets  seront  transcrits 
sur  un  registre  ou  cahier  qui  sera  remis  à  chaque  séance  sur  le  bu- 
reau ^'-^\ 

On  charge  Ferry  des  pétitions  et  rapports  concernant  les  écoles 
d'hydrographie;  en  conséquence,  la  pétition  du  citoyen  Guérin,  dont 
Prunelle  avait  été  chargé,  est  renvoyée  à  Ferry  ^^^. 

Le  citoyen  Bruley,  colon  de  Saint-Domingue,  adresse  au  Comité 
un  mémoire  relatif  à  la  cochenille;  il  a  établi  à  Saint-Domingue  une 
nopalerie;  ses  efforts  ont  été  justifiés  par  des  succès,  et  les  essais  de 
teinture  qu'il  a  faits  prouvent  que  nous  pouvons  nous  affranchir  du 
joug  espagnol  et  nous  dispenser  de  laisser  sortir  de  la  République  une 
somme  annuelle  de  neuf  millions  pour  nous  procurer  de  la  cochenille. 


du  9  5  frimaire,  se  trouve  dans  F*',  carton 
looS^,  n°  1079. 

^')  Nous  n'avons  pas  trouvé  la  lettre  des 
officiers  municipaux  de  Libreville  (Charle- 
ville)  ni  Touvrage  de  Rauxin  envoyé  par 
eux.  Voir  la  suite  à  la  séance  du  3  pluviôse 
(p.  3i/i). 

^^^  Ces  diverses  pièces  ne  sont  plus  aux 
Archives. 

^^^  Voir  la  séance  du  27  nivôse  (p.  291) 


et,  pour-  la  suite,  celle  du  9  pluviôse 
(p.  *36o). 

^''^  Une  décision  analogue,  concernant 
les  décrets  rendus  sur  Tinstruction  publique, 
avait  déjà  été  prise  le  i5  frimaire  (p.  67). 

^^^  Voir  les  séances  dui5  octobre  (t.  11, 
p.  525)  et  du  17  nivôse  (p.  266).  C'est 
dans  la  séance  du  1 5  frimaire  que  Ferry 
avait  été  chargé ,  avec  Ronime,  du  rapport 
sur  les  écoles  d'hydrographie  (p.  68). 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE. 


307 


L'objet  du  mémoire  du  citoyen  Bruley  paraît  de  la  plus  grande  im- 
portance pour  la  prospérité  de  nos  colonies  et  pour  celle  de  la  métro- 
pole. Le  Comité  nomme  pour  rapporteurs  Guyton  et  Fourcroy,  avec 
invitation  de  faire  au  plus  tôt  leur  rapport  ^^^ 

Ferry,  qui  avait  été  chargé  dans  cette  séance  du  rapport  concernant 
la  machine  du  citoyen  Goupilleau,  de  Montargis  ^^\  expose  au  Comité 
que  l'auteur  n'a  pas  assez  expliqué  sa  machine.  Il  s'est  presque  unique- 
ment occupé  d'en  montrer  les  avantages,  et  il  a  oublié  de  la  décrire.  Au 
reste,  il  paraît  avoir  plus  de  bonne  volonté  que  de  lumières  en  méca- 
nique. Sa  machine,  telle  qu'on  la  peut  comprendre,  ne  vaut  rien. 
Je  pense  ^^^  cependant  qu'il  faut  donner  à  l'auteur  le  moyen  de  faire 
prononcer  des  hommes  de  l'art  sur  le  mérite  de  ce  qu'il  présente 
comme  une  découverte,  et  le  renvoyer  au  Bureau  de  consultation 
des  arts  pour  donner  son  avis  au  Comité  d'instruction  pubUque.  Le 
Comité  passe  à  l'ordre  du  jour. 

Le  Comité  passe  également  à  l'ordre  du  jour  sur  la  nouvelle  péti- 
tion du  citoyen  Thorin  relativement  à  la  manière  de  convertir  la  tourbe 
en  charbon  par  l'analyse  ^'^\ 

Coupé  fait  le  rapport  dont  il  avait  été  chargé  sur  les  bibliothèques 
districales.  Il  lit  un  projet  de  décret  pour  être  présenté  à  la  Conven- 
tionnel Il  est  discuté,  et  le  Comité  arrête  ([u'il  sera  proposé  tel  qu'il 
suit  : 


^')  On  trouve  des  détails  sur  la  nopalerie 
de  Bridcy  dans  la  note  1 7  du  Rapport  sur 
les  moyens  d'améliorer  l'agriculture  en 
France,  lu  par  Grégoire  à  la  Convention 
le  i3  du  premier  mois  (t.  II ,  p.  A 76).  Nous 
n'avons  pas  trouvé  le  mémoire  de  Bruloy, 
Le  17  ventôse,  Bruley  fut  dénoncé  à  la 
Convention  par  Duiay  comme  contre -ré- 
volutionnaire, et  emprisonné;  il  ne  lut  re- 
mis en  liberté  que  par  décret  du  16  bru- 
maire an  III.  Le  i5  (loréal  an  m,  une 
députation  du  Lycée  des  arts  appela  l'atten- 
tion de  la  Convention  sur  le  service  qu'avait 
rendu  Bruley  en  acclimatant  la  cochenille  à 
Saint-Domingue. 

^-^  Voir  à  la  page  3o5. 

^'^'  Le  présent  alinéa  a  été  rédigé  par 
Ferry  lui-même  sur  un  feuillet  à  part,  et 
intercalé   ensuite  dans   le  procès-verbal  : 


ainsi  s'explique  l'emploi  du  discours  di- 
rect. 

^^)  Voir  la  séance  du  7  nivôse  (p.  217). 

(5)  Voir  p.  '2  '18.  Ce  projet  fut  présenté  par 
Coupé  à  la  Convention  le  a  pluviôse.  L'as- 
semblée di'cida  rimpression  du  rapport  et 
l'ajournement.  Le  8  pluviôse,  le  décret  fut 
discuté  et  adopté  avec  plusieurs  modifica- 
tions; ([uatre  articles  nouveaux  y  furent 
ajoutés,  tandis  que  le  dernier  arlicle(  art.  10 
du  projet)  fut  supprimé;  enfin  le  9  plu- 
viôse eut  lieu  la  seconde  lecture  du  décret. 
Nous  donnons  aux  annexes  (p.  3oc))  des  ex- 
traits des  procès-verbaux  des  séances  d»^  la 
Convenliondes  a,8el9  pluviôse  an  11,  ainsi 
(pie  le  rapport  do  Coupé.  Nous  y  joignons 
une  lettre  anonyme  adressée  au  (lomité  et 
dénonçant  des  dilapidations  commises  au 
détriment  de  certaims  bibliothèques. 


ao. 


308       PROCÈS-VERBAUX  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 


PROJET  DE  DECRET. 


Article  premier.  Aussitôt  après  la  publication  du  présent  décret,  les  adminis- 
trations de  distiict  qui  seraient  encore  en  retard  feront  former,  conformément  aux 
instructions  envoyées  aux  départements,  un  inventaire  exact  de  tous  les  livres 
et  manuscrits  qui  composent  les  bibliothèques  des  ci-;]evant corps  et  cotnniunautés 
ecclésiastiques  et  des  émigrés,  ensemble  des  objets  d'histoire  naturelle,  des  instru- 
ments de  physique,  de  mécanique,  des  antiques,  médailles,  pierres  gravées,  etc., 
qui  leur  appartenaient,  et  en  feront  parvenir  une  copie  au  département  et  une 
autre  au  Comité  d'instruction  publique. 

Art.  2.  Elles  choisiront  parmi  les  édifices  nationaux  situés  dans  leur  arrondis- 
sement un  emplacement  convenable  pour  y  établir  une  bibliothèque  publique; 
elles  en  enverront  au  département  l'indication ,  avec  le  devis  estimatif  de  la  dépense 
nécessaire  pour  recevoir  la  bibliothèque. 

Art.  3.  Les  administrations  de  département  les  feront  parvenir  dans  le  mois  au 
Comité  d'instruction  publique,  avec  leur  avis  sur  l'emplacement  proposé  et  la  com- 
position des  bibliothèques  de  leurs  districts. 

Art.  li.  Les  bibliothèques  des  grandes  communes,  celles  qui  étaient  publiques, 
sont  maintenues ,  et  il  n'y-sera  rien  innové  quant  à  présent. 

Art.  5.  Les  parties  doubles  et  multipliées  qui  pourraient  s'y  trouver  seront 
réunies  aux  autres  collections  provenant  des  ci-devant  communautés  religieuses 
et  des  maisons  des  émigrés  dans  chaque  district,  pour  en  composer  la  biblio- 
thèque, suivant  le  décret  qui  sera  rendu  à  cet  égard  sur  le  rapport  du  Comité  d'in- 
struction publique. 

Art.  6.  En  conséquence  de  l'article  i",  il  sera  sursis  à  toute  vente  de  livres 
provenant  des  émigrés  et  de  tous  autres  objets  rares  et  instructifs  énoncés  au 
même  article. 

Art.  7.  Aussitôt  après  que  la  composition  de  chaque  bibhothèque  de  district 
aura  été  déterminée,  il  en  sera  formé  un  catalogue  exposable  aux  yeux  du  public, 
et  il  en  sera  envoyé  une  copie  pour  être  déposée  au  district,  et  une  autre  au 
Comité  d'instruction  publique. 

Art.  8.  Les  livres,  manuscrits,  plans,  tableaux  et  autres  objets  rares  énoncés 
dans  l'article  i",  que  les  citoyens  pourraient  donner  et  léguer,  seront  placés  dans 
la  bibliothèque  et  ajoutés  à  son  catalogue. 

Art.  9.  Le  bâtiment  servant  h  chaque  bibliothèque  sera  entretenu  des  deniers 
pubhcs;  l'administration,  la  police  appartiendront  à  la  municipalité  des  lieux. 

Art.  10.  La  garde  des  bibliothèques  de  district  sera  confiée  à  un  bibliothé- 
caire aux  appointements  de  douze  cents  livres.  Il  répondra  de  ce  dépôt,  et  il  le 
tiendra  ouvert  au  public  selon  le  règlement  qui  en  sera  fait  par  la  municipalité. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  309 

Prunelle  est  chargé  du  rapport  des  vues  que  Chamoulaud  a  présen- 
tées à  la  Convention  sous  le  tilre  de  Thermomètre  moral  du  génie  et  des 
talents  ^^\ 

L'on  observe  qu'il  serait  infiniment  utile  d'établir  une  bibliothèque 
à  l'usage  du  Comité  dans  une  partie  de  la  salle  où  sont  les  bureaux. 
L'on  convient  qu'elle  ne  peut  être  mieux  placée  que  dans  la  plus  voi- 
sine des  pièces  donnant  sur  la  cour  et  qui  y  communique.  On  nomme 
en  conséquence  Guyton  et  Fourcroy  pour  en  conférer  avec  les  Comités 
de  salut  public  et  des  inspecteurs  de  la  salle  ^~K 

R.-T.  LlNDET  ^'\ 

PIÈGES    ANNEXES. 

On  lit  dans  ies  procès-verbaux  de  la  Convention  : 

Séance  du  2  pluviôse  an  n. 

Un  membre  fait  un  rapport  au  nom  du  Comité  d'instruction  publique  ^*^  sur  la 
nécessité  de  former  dans  chaque  district  des  bibliothèques  et  des  cabinets  d'his- 
toire naturelle,  des  livres  et  monuments  provenant  des  ci-devant  maisons  reli- 
gieuses et  des  émigrés. 

L'impression  du  rapport  et  l'ajournement  sont  décrétés  ^^\ 

Voici  le  texte  du  rapport  de  Coupé  (de  l'Oise)  : 

RAPPORT  SUR  LES  BIBLIOTHÈQUES  NATIONALES,  PAR  J.-M.    COUPÉ  (dE  L'OISe). 

De  l'Imprimerie  nationale,  s.  d.  ^^^ 
Citoyens, 

Votre  Comité  d'instruction  publique  m'a  chargé  de  venir  appeler  votre  attention 
sur  les  bibliothèques  nationales.  Des  Sociétés  populaires  expriment  un  vœu  qui 
devient  général ,  d'établir  dans  chaque  district  une  bibliothèque  publique;  les  fonds 
en  sont  amassés  depuis  des  siècles,  et  ils  sont  dignes  de  Teinie  de  toute  l'Europe. 

Les  cloîtres  ont  sauvé  de  la  destruction  de  l'empire  romain  et  de  la  barbarie  ce 
qu'il  a  été  possible  des  productions  savantes  de  l'antiquité;  ils  y  ont  ajouté  celles 
des  siècles  suivants,  et  ces  temps  d'ignorance  et  d'erreur  n'ont  pas  été  les  moins 

^'^  Voir  la  séance  du  39  nivôse  (p.  999).  conlenani  le  rapport  de  Ferry  sur  la  ina- 

Le  rapport  de  Prunelle  sera   présenté   le  chine  de  Goupilloau  de  Montargis  est  de 

i3  pluviôse  (p.  •'589).  la  main  do  Foriy,  sur  un  ftMiilIel  à  part. 

'^^  Voir  la  séance  du  ai  nivôse  (p.  aCG)  ^'^^   Ce  rapport   Cul   fait   par  Coupé  (de 

et,   pour  la    suite,  celle   du    37   pluviôse  POlso). 
(p.  /i65).  ^*)    Procès -verbal     clt>     la    Convention, 

^^^  Cette  signature  ne  se    trouve  qu'au  t.  X\\,  p.  ^îT). 
registie.    La    minute  est  de   la    main  de  ^'"   Bibliothèque    ualionale,    Le'''  67;')  , 

Daoust,  ancien  secrétaire.  Toutefois  l'alinéa  in-8". 


310       PROCÈS-VERBAUX  DU  COMITE  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

féconds.  Il  y  aura  sans  don  le  boanconj)  à  réformer  dans  ces  amas  informes;  mais 
il  existe  un  fond  précieux  qu'un  sa^je  discornement  saura  conserver. 

Ces  antiques  dépôts  se  grossissent  encore  de  bibliothèques  particulières  délais- 
sées par  les  émigrés,  de  collections  d'histoire  naturelle,  d'instruments  de  physique, 
de  mécanique,  de  médailles,  d'antiques. 

Ces  trésors  littéraires,  ainsi  amassés  et  répandus  dans  chaque  département, 
restent  encore  la  plupart  entassés  sans  ordre,  connue  des  matériaux  bruts;  ils  dé- 
périssent ou  sont  exposés  aux  dilapidations.  H  est  temps  de  les  dis[)oser  ])our  une 
grande  destination  ,  et  d'en  faire  jouir  tous  les  citoyens. 

La  loi  sur  la  vente  du  mobUier  des  énn'gcés  oi'donne  que  leurs  bibliothèques 
seront  transport('es  au  chef-lieu  du  département;  une  autre  loi  ordonne  aussi  d'y 
transporter  les  bibliothèques  des  maisons  religieuses,  pour  y  former  de  tout  cet 
ensemble  une  bibliothèque  départementale.  Ce  n'est  point  î^ssez  :  les  l)ibliothèques 
princi|)ales  des  grandes  communes,  celles  qui  étaient  publiques,  doivent  sans 
doute  y  êtro  maintenues;  mais  il  s'y  trouve  des  parties  doubles  et  multiples  que 
l'on  peut  en  séparer.  Dans  la  même  ville  il  existe  souvent  plusieurs  bibliothèques; 
il  n'est  pas  de  district  qui  n'en  compte  plusieurs ,  soit  dans  les  ci-devant  maisons 
religieuses,  soit  dans  celles  des  émigrés.  Ce  sont  ces  différentes  collections  htté- 
raires  que  votre  Comité  d'instruction  publique  vous  propose  de  rapprocher,  et 
d'en  composer  une  bibliothèque  dans  chaque  district,  afin  de  mettre,  autant  qu'il 
est  possible,  tous  les  citoyens  à  portée  d'aller  s'instruire. 

Il  croit  qu'il  sera  du  plus  grand  avantage  pour  la  chose  publique  de  placer  une 
bibliothèque  à  côté  de  la  Société  populaire  principale  de  chaque  district.  La  litté- 
rature, les  sciences  doivent  s'allier  aux  vertus  civiques,  unir  leurs  travaux  et  con- 
courir ensemble  à  la  gloire  et  à  la  prospérité  de  la  République. 

Vous  avez  décrété  que  l'enseignement  est  libre  :  il  suffit  de  mettre  le  génie  de 
la  liberté  dans  cette  grande  carrière.  Chaque  bibliothèque  publique  doit  devenir 
l'école  de  tous  les  citoyens ,  leur  présenter  le  tableau  des  siècles  et  des  nations ,  et 
les  agrandir  de  tous  les  travaux  et  de  toutes  les  pensées  de  l'esprit  humain. 

PROJET   DE   DÉCRET. 

[Suit  le  projet  de  décret  en  dix  articles,  dont  le  texte  est  identique  à  celui  qui  figure 
dans  le  procès-verbal  du  Comité.] 

Le  projet  de  décret  fut  discuté  dans  la  séance  du  8  pluviôse,  et  plusieurs  dispositions 
nouvelles  y  furent  ajoutées,  en  sorte  que  le  nombre  des  articles,  qui  était  de  dix,  se  trouva 
porté  à  (,feize.  La  rédaction  en  fut  adoptée  définitivement  dans  la  séance  du  lendemain. 
Voici  l'extrait  du  procès- verbal  de  ces  deux  séances  : 

Séance  du  8  pluviôse  an  u. 

On  entend  un  rapport  du  Comité  d'instruction  publique. 

ffLa  Convention  nationale,  après  avoir  entendu  le  rapport  de  son  Comité  d'in- 
struction publique,  décrète  : 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  311 

ff Article  premier.  Aussitôt  après  la  publication  du  présent  décret,  les  admi- 
nistrations de  district,  en  conséquence  des  instructions  ci-jointes,  feront  dresser 
un  recolement  des  inventaires  qu'elles  ont  dû  faire  des  livres  et  manuscrits  des 
ci-devant  corps  et  communautés  ecclésiastiques,  et  de  ceux  quelles  sont  tenues 
de  faire  encore  des  livres  des  émigrés,  ainsi  que  des  condamnés  dont  les  biens 
sont  confisqués,  ensemble  des  objets  d'histoire  naturelle,  des  instruments  de  phy- 
sique, de  mécanique,  des  antiques,  médailles,  pierres  gravées,  tableaux,  dessins, 
gravures,  plans,  cartes  et  autres  monuments  des  arts  et  d'instruction  qui  leur 
appartenaient,  en  feront  parvenir  une  copie  au  département  et  une  au  Comité 
d'instruction  publique  ^'^ 

ccArt.  2.  Les  administrations  de  district  proposeront,  parmi  les  édifices  natio- 
naux situés  dans  leur  ari'ondissement,  un  emplacement  convenable  pour  y  établir 
une  bibliothèque  publique;  elles  en  enverront  au  département  l'indication,  avec 
le  devis  estimatif  de  la  dépense  nécessaire  pour  recevoir  la  bibliothèque  et  les 
autres  objets  désignés  dans  l'article  i"'^\ 

ffART.  3.  Les  administrations  de  département  les  feront  parvenir,  dans  le  mois, 
au  Comité  d'instruction  publi({ue,  avec  leur  avis  sur  l'emplacement  proposé  et  la 
composition  des  bibhothèques  de  leurs  districts '^^ 

ffART.  h.  Les  bibliothèques  des  grandes  communes,  celles  qui  étaient  publi- 
ques, sont  maintenues  :  il  n'y  sera  rien  innové  quant  à  présent;  seulement  elles 
fourniront  l'inventaire  de  tous  les  livres  et  autres  monuments  qui  les  composent 
au  Comité  d'instruction  publique^'^ 

ff  Art.  5.  Les  parties  doubles  et  répétées  qui  pourraient  s'y  trouver  sont  réunies 
aux  autres  collections  provenant  des  ci-devant  corps  et  communautés  ecch'sins- 
liqucs  des  émigrés  et  condamnés  de  chaque  district,  pour  en  composer  la  biblio- 
thèque suivant  le  décret  qui  sera  rendu  à  cet  égard,  sur  le  rapport  du  Comité 
d'instruction  publique  ^^'. 

ffART.  6.  En  conséquence  de  l'article  i",  il  sera  sursis  h  toute  vente  de  livres 
provenant  des  émigrés,  et  de  tous  autres  objets  rares  et  monuments  instructifs 
énoncés  au  même  article  ^''^ 

frAfiT.  7.  Tous  les  dépôts  publics  des  monuments  des  arts,  et  les  établissements 
d'instruction  publique  existants,  sont  pareillement  maintenus  quant  à  présent^' . 

rrART.  8.  Pour  procédei'  aux  inventaires  et  recoloments  de  catalogues  prescrits 
parles  articles  précédents,  les  administrations  de  district  nonunoront  des  com- 
missaires hors  de  leur  sein,  en  se  concertant  avec  les  Sociétés  populaires ^''^ 

^')  Article  i"  du  projet,  avec  quelques  (s)  article  .')  du  projet,  avec  de  légers 

changoinenls.  cliangemenis. 

^-)   Article  9.   du  projet,   avec,    quelques  ■••)    Article    ()    du    projet,   sans    clian|;e- 

chaii{jements.  n.enl,  saut  riulercalalioii  liu  mot  -uioiiu- 

'•^'  Article  3  du  projet,  sans  clian|jenienl.  uitMits'n. 

^"^  Article    fi    du    projet,     f.a    dernière  t')  Arlioie  nouveau, 

phrase,  à  pai-lir  du  mot   tseulemenl^,  esl  ^"^   Article  nouveau, 

nouvelle. 


312       PROCÈS-VERBAUX  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

ffÂRT.  9.  Ces  commissaires  se  conformeront,  pour  ces  opérations,  à  Tin- 
striiction  qui  sera  adressée  aux  districts  par  le  Comité  d'instruction  publiijue  : 
leur  travail  sera  terminé  dans  quatre  mois,  à  compter  de  la  publication  du  présent 
décret;  et  l'indemnité  quils  recevront  des  administrations  de  district  ne  pourra 
pas  excéder  cinq  livres  par  jour  ^'^ 

ffART.  10.  Pour  détermine!'  eutin  les  livres,  les  objets  rares,  les  monuments 
des  arts  et  d'instruction  publique  qui  seront  définitivement  conservés  dans  chaque 
bibliol!iè(pie,  ou  qui  devront  être  transportés  d'un  dépôt  dans  un  autre,  aliénf's 
ou  supprimés,  le  Comité  d'instruction  publique  présentera  à  la  Convention  na- 
tionale un  projet  de  décret  sur  la  formation  d'une  commission  temporaire,  à  qui 
ce  travail  sera  confié  ^^^. 

ffART.  11.  Aussitôt  après  que  la  composition  de  chaque  bibliothèque  de  district 
aura  été  déterminée ,  il  en  sera  formé  un  catalogue  exposable  aux  yeux  du  pubhc; 
il  en  sera  envoyé  une  copie  pour  être  déposée  au  district,  et  une  autre  au  Comité 
d'instruction  publique  ^^^ 

ffART.  12.  Les  livres,  manuscrits,  plans,  tableaux  et  autres  objets  rares  énoncés 
dans  l'article  i",  que  les  auteurs  et  les  autres  citoyens  pourraient  donner  ou  léguer, 
seront  placés  dans  la  bibliothèque  et  ajoutés  à  son  catalogue  ^*^ 

ffART.  13.  Les  bâtiments  servant  à  chaque  bibliothèque,  ainsi  qu'aux  établis- 
sements existants  d'instruction  })ublique,  seront  entretenus  des  deniers  publics  : 
l'administration  et  la  police  réglementaire  appartiendront  à  la  municipalité  des 
Heux,  sous  la  surveillance  de  l'administration  de  district  ^'^^'i. 

Séance  du  9  pluviôse  an  11. 

Un  membre  donne  lecture  d'un  décret  rendu  dans  la  séance  d'hier,  au  nom  du 
Comité  d'instruction  publique. 
La  rédaction  est  adoptée  ^''^ 

Le  rapport  de  Coupé  avait  parlé  de  dilapidations  auxquelles  étaient  exposées  les  biblio- 
thèques et  les  collections,  restées  pour  la  plupart  «entassées  sans  ordre,  comme  des  ma- 
tériaux brutsî).  Une  lettre  anonyme,  adressée  au  Comité  peu  de  temps  après  l'adoption 
du  décret,  confirme  cette  assertion  du  rapporteur,  en  dénonçant  des  actes  commis  par 
des  commissaires  peu  consciencieux  dans  la  Meuse  et  dans  la  Marne.  Nous  la  reproduisons 
ci -après  : 

AUX    CITOYENS    MEMBRES    DU    COMITÉ    D'INSTRUCTION    PUBLIQUE 
DE    LA    CONVENTION     NATIONALE,     À    PARIS. 

Citoyens , 
Je  viens  de  lire  dans  les  gazettes  votre  projet  de  décret  sur  les  bibhotlièques  ; 

^^)  Article  nouveau.  ^^>  Article  9  du  projet,   avec  quelques 

(■2)  Article  nouveau.  additions.  L'article  10  du  projet  a  été  sup- 

^^)   Article  7   du   projet,  sans  change-          primé.  —  Procès-verbal  de  la  Convention , 

ment.  t.  XXX,  p.  188. 

(*)  Article  8   du  projet,  avec  un  léger              ^•'^    Procès-verbal    de    la    Convention, 

changement.  t.  XXX,  p.  30^. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  313 

eh  bien,  je  vous  dirai  qu  elles  ont  étd  toutes  dilapidées  tant  dans  ies  maisons  re- 
ligieuses que  chez  les  émigrés  par  les  commissaires. 

Si  vous  aviez  des  mouchards  dans  la  ville  d'Etain  ,  déparlement  de  la  Meuse, 
on  en  trouverait  de  l'abbaye  de  Ghâtillon,  ordre  de  Cîteaux;  les  commissaires  ont 
eu  bien  autres  choses,  etc.,  mais  la  plupart  se  Irouvent  encore  aujourd'hui 
membres  du  district.  Surtout  le  procureur-syndic,  qui  est  très  riche. 

A  Colmey,  district  de  Longwy,  département  de  la  Moselle,  envoyez  un  mou- 
chard demander  après  nn  nommé  Ilobillard,  qui  n'y  est  point  depuis  longtemps; 
des  malles  y  sont,  il  a  des  livres  qui  appartenaient  à  l'abbaye  de  Saint-Pierre  de 
Chalons-sur-Marne.  Voilà  comme  les  livres  ont  été  dispersés.  Salut. 

P.  S.  Faites  dans  la  République  quelque  acte  semblable,  on  en  découvrira  bien 
d'autres^^^ 


^')  Archives  nationales,  F", carton  1708,  n°  1881.  Cette  pièce,  sans  si^jnalure,  ne  porte 
aucune  indication  de  heu  ni  de  date. 


31 /j       PROCÈS-VERBAUX  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PUBLIOUE 


CENT    QUATRE-VINGT-SEPTIEME    SEANCE. 

Du  3  pluviôse  an  ii.  [^i,-?,  janvier  179-'!. | 

On  l'ait  lecture  de  la  pétition  faite  par  le  citoyen  Dlor^je,  écrite  à 
la  Convention  nationale  et  renvoyée  par  décret  du  2  pluviôse.  Thibau- 
deau  est  nommé  rapporteur  ^^l 

Lettre  du  citoyen  Groslain,  conimissaire  du  Comité  révolutionnaire 
de  la  section  de  l'Indivisibilité,  du  3  pluviôse,  relative  à  une  pendule 
existante  chez  Nicolaï.  Le  Comité  nomme  rapporteur  Prunelle,  qui  en 
conférera  avec  la  Commission  des  arts^'-l 

Lettre  du  citoyen  Hutin,  qui  envoie  des  échantillons  de  papier  fait 
avec  des  papiers  écrits  et  imprimés.  Guyton  est  nommé  rapporteur  ^^l 

Pétition  du  citoyen  Jacques  Cusack,  Américain,  tendant  à  obtenir 
la  naturalisation  en  France.  Renvoi  de  cette  pétition  au  Comité  de  lé- 
gislation ^^l 

Villar  fait  le  rapport  d'un  ouvrage  intitulé  Instruction  sociale,  par 
Rauxin,  et  de  la  lettre  de  la  municipalité  de  Libreville.  Le  rapporteur 
présentera  un  projet  de  réponse  à  cette  municipalité^^). 


^')  Le  peintre  Diorge,  fc directeur  dos 
cabinets  de  peinture  et  sculpture  et  de  l'é- 
cole gratuite  de  dessin  de  Berguesî),  avait 
obtenu  de  la  Convention,  le  17  frimaire, 
qu'elle  acceptât  la  dédicace  de  la  gravure 
d'un  tableau  représentant  la  bataille  de 
Hondschoote.  Le  i5  nivôse,  Diorge  offrit 
à  l'assemblée,  qui  accepta  de  nouveau, 
l'hommage  de  son  tableau  lui-même  et 
proposa  d'entreprendre  une  série  de  ta- 
bleaux de  batailles  ;  cette  offre  fut  renvoyée 
au  Comité  d'instruction  publique.  Enfin  le 
9  pluviôse,  sur  la  motion  d'un  membre, 
l'assemblée  renvoya  une  seconde  fois  au 
Comité  d'instruction  publique  la  pétition 
présentée  par  Diorge  le  1 5  nivôse  (  Procès- 
verbal  de  la  Convention,  t,  XXX,  p.  2/t). 
On  trouve  aux  Archives  nationales  un  im- 
primé adressé  par  Diorge  au  Comité  d'in- 
struction publique  et  à  la  Convention:  nous 
en  donnons  des  extraits  aux  annexes,  A 
(  p.  3 1 5  ).  Sur  le  rapport  fait  à  la  Convention 


par  Thibaiideau  le  27  pluviôse,  l'assemblée 
décida  de  passer  à  l'ordre  du  jour  sur  la  péti- 
tion de  Diorge.  Nous  donnons  aussi  aux  an- 
nexes des  extraits  du  procès-verbal  des  séances 
de  la  Convention  des  28  et  27  pluviôse,  un 
extrait  du  Journal  des  débats  et  des  décrets , 
et  un  extrait  des  Mémoires  de  Thibaudeau. 

^'^)  La  lettre  relative  à  la  pendule  trouvée 
chez  Nicolaï  a  été  enregistrée  sous  le 
n°  1659  (F'^  carton  1008^);  elle  n'est  pas 
en  place. 

(^^  Sur  la  question  du  papier,  voir 
page  197.  La  lettre  de  Hutin  a  été  enre- 
gistrée sous  le  n°i73i  (F'\  carton  1009^); 
la  pièce  manque,  ayant  été  renvoyée  à  la 
Commission  des  arts.  Le  rapport  de  Guyton 
sur  les  procédés  de  Hutin  sera  présenté  le 
9  pluviôse  (p.  3C2). 

(^^   Voir  la  séance  du  9  frimaire  (p.  /i3). 

(^)  Voir  la  séance  du  1"  pluviôse  (j).  3  06) 
et,  pour  la  suite,  celle  du  i3  pluviôse 
(p.  389)- 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE. 


315 


Ouvrage  sur  les  moutons.  Coupé  est  nommé  rapporteur  ^^^. 

Sur  la  demande  des  professeurs  du  Muséum  d'histoire  naturelle 
tendante  à  l'établissement  d'une  ménagerie,  le  Comité  nomme  Four- 
croy  rapporteur  ^^l 

Mathieu  fait  un  rapport  sur  les  fêtes  nationales  ^^^. 

Lettre  du  Comité  de  salut  public  du  3  pluviôse,  par  laquelle  il 
demande  qu'il  soit  remis  à  la  section  des  armes  un  exemj)laire  de  VEn- 
cijclopédie  méthodique.  Le  Comité  arrête  que  la  section  des  dé|)ôts  litté- 
raires de  la  Commission  des  arts  fera  remettre  cet  exemplaire  à  la 
section  des  armes  dans  le  plus  bref  délai  et  sous  récépissé.  Renvoi**,  à 
cet  effet,  la  lettre  et  le  présent  arrêté  au  citoyen  Langlès,  membre  de 
la  section  des  dépôts  littéraires  ^''^ 

R.-T.  LlNDET^'). 

PIÈCES  ANNEXES. 


La  pétition  imprimée  adressée  par  le  peintre  Dlorge  au  Comité  d'instruction  publicjue  , 
lue  à  la  Convention  le  i  pluviô-îe,  existe  aux  Archives  nationales  (F'",  carton  1008')  en 
deux  exemplaires  enregistrés  l'un  sous  le  n"  iCSa  ,  l'autre  sous  le  n°  i658.  Ce  second  exem- 
plaire est  celui  qui  fut  présenté  à  la  Convention  :  il  porte  en  tète  ces  mots  écrits  par  un  secré- 
taire :  «Renvoyé  au  Comité  d'instruction  publique  par  décret  du  9  pluviôs?».  Et  plus  bas  : 
«Tbibaudoau,  rapporteurs. 

Nous  reproduisons  les  principaux  passages  de  cet  imprimé,  qui  sort  de  l'Imprimerie  des 
86  départements  et  du  Journal  de  la  Montagne,  rue  Faubourg-Poissonnière,  n"  3  (in-8° 
de  8  pages). 


LE   CITOYEN    DLORGE   AUX    CITOYENS   MEMBRES  COMPOSANT    LE  COMITE    D'INSTRLCTION 
PUBLIQUE   DE   LA   CONVENTION    NATIONALE,   ET    À   TOUS  SES  CONCITOYENS. 

Le  citoyen  Dloi'ge,  connu  à  Paris  par  fliiïéronts  ouvrages,  dirocleur  des  cabinets 
de  peinture  et  de  scul[)ture  (établis  à  Bergues  par  le  directoire  du  (!é|)ai'temenl  du 
Nord,  et  de  Técole  gratuite  de  dessin  (pi'en  1791  il  institua  dans  la  même  ville. 


^'^  Nous  n'avons  pas  trouvé  cet  ouvrage 
sur  les  moutons.  C'est  peut-être  le  livre 
bien  connu  de  Daubenton. 

l')  Voirp.  y/i6.  Une  pièce  intitulées  Projet 
d'ai'licles  pour  l'établissement  d'une  ména- 
gerie au  Muséum  d'histoire  naturelloT^  avait 
été  enregistrée  au  Comité  sous  le  n"  i()57 
(F'',  carton  1008*);  elle  n'est  pas  en  plan». 
Nous  l'avons  rel roux iMMlans  1(»  carton  1  -itK), 
el  nous  (loinions  aux  annexes,  M  (  |).  .{1  ()  ), 


les  articles  en  question.  Il  sera  de  nouveau 
question  du  projet  de  ménagerie  le  7  ven- 
tôse (p.  5oi)  et  le  a 7  lloreal  an  11. 

^''^   Voir  la  séance  du  a  1  nivôse  (p.  267)61, 

pour  la  suite,  celle  du  i(>  pluviôse  (j).  699). 

'    Voir  la  séance  du  '.\'.\  nivôse  (p.  97^). 

Nous  donnons  la  lettre  du  Comité  de  salul 

jiublic  aux  annexes,  (]  (p.  .390  V 

'^   Celte  «^ignaliu'e  ne  se  trouve  qu'au  !•»'- 
gislrc.  La  miuuloestde  la  main  vie  Houlrotie. 


316      PROCÈS-VERBAUX  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

sous  les  auspices  du  Conseil  gênerai  de  la  commune,  s'est  trouvé  à  la  bataille 
d'Honscolle  (s/c),  le  8  septembre  dernier,  pour  en  faire  le  dessin.  Il  vient  d'en 
peindre  le  tableau,  qui  représente,  avec  la  plus  grande  vérité,  la  situation  de  l'at- 
taque, et  du  massacre  qui  s'en  est  suivi.  .  .  Il  n'a  point  oublié  nos  braves  gen- 
darmes qui  ont  commencé  l'affaire  avec  leur  impétuosité  ordinaire,  suivis  parles 
intrépides  sans-culottes,  par  les  chasseurs,  et  la  belle  colonne  de  troupes  de  ligne. 
Tous  ensemble,  à  travers  des  marais  inondés,  et  qui  paraissaient  impraticables, 
ont  pénétré  sur  le  derrière  de  l'armée  ennemie  :  manœuvre  qui  décida,  et  de  la 
victoire ,  et  du  sort  de  cette  campagne  en  Flandre.  On  voit  dans  le  lointain  la  fuite 
des  vaincus. 

Ce  tableau  a  été  présenté  à  la  Convention  nationale,  le  17  frimaire,  par  l'ar- 
tiste, à  qui  l'assemblée  a  fait  l'accueil  le  plus  favorable;  elle  a  bien  voulu  agréer 
la  dédicace  de  la  gravure  de  ce  tableau,  qu'il  lui  a  offerle  de  la  part  du  Conseil 
général  de  la  commune  de  Bergues,  et  qui  sera  gravé  par  un  habile  artiste. 

Après  cet  exposé  vient  la  reproduction  de  l'adresse  lue  par  Dlorge,  la  seconde  fois 
qu'il  se  présenta  à  la  Convention  pour  demander  à  être  chargé  de  peindre  une  série  de  ta- 
bleaux militaires  : 

Copie  de  l'adresse  lue  par  le  citoyen  Dlorge  le  i5  nivôse. 

Citoyens  représentants, 

Envoyé  vers  vous  le  17  frimaire  par  la  commune  de  Bergues,  que  j'habite,  j'ai 
eu  l'avantage  flatteur  de  vous  offrir,  en  son  nom ,  la  dédicace  de  la  gravure  du 
tableau  de  la  mémorable  bataille  d'Honscoote,  tableau  dont,  j'ose  le  dire,  la  vérité 
augmente  l'intérêt,  puisque  je  l'ai  dessiné  dans  le  moment  même  de  l'action, 
dont  les  dangers,  que  j'étais  fier  de  partager,  n'ont  fait  qu'enhardir  mon  pinceau 
civique. 

Déjà,  citoyens  représentants,  vous  avez  dignement  récompensé  l'intention  de 
l'artiste,  en  agréant  cette  dédicace.  Encouragé  par  ce  premier  succès,  j'ose  espérer 
que  vous  voudrez  bien  accepter  l'offrande  de  ce  tableau,  en  original,  que  j'ai  soi- 
gneusement conservé  pour  en  faire  hommage  à  la  République. 

J'ose  espérer  encore  que  votre  patriotisme  comblera  mes  vœux  en  recevant  l'en- 
gagement que  je  contracte  solennellement  de  déposer  sur  l'autel  de  la  patrie  tous 
les  tableaux  que  je  forai  dans  ce  même  genre,  auquel  je  suis  jaloux  de  consacrer 
sans  partage  mes  faibles  talents. 

Je  n'entreprendrai  pas  de  développer  l'utilité  et  le  but  moral  d'une  aussi  pré- 
cieuse collection ,  puisque  j'ai  le  bonheur  de  parler  à  des  républicains  montagnards 
qui  sentent  comme  moi  combien  il  importe  de  soutenir  l'émulation  de  nos  braves 
guerriers,  en  laissant  à  la  postérité  des  monuments  qui  seront,  pour  ainsi  dire, 
autant  de  cartes  géographiques  de  leurs  hauts  faits  immortels .  .  .  Cette  idée  élec- 
trise  mon  âme ,  enflamme  mon  génie  :  je  brûle  du  désir  d'obtenir  la  permission  de 
me  livrer  à  ce  genre  de[|travail.  Dites  un  mot,  législateurs,  et  je  vole  à  l'instant  au 
poste  où  mon  cœur  m'appelle .  .  . 

Dlorge. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  317 

Cette  adresse  a  obtenu  les  plus  vifs  applaudissements.  La  Convention  a  accepté 
le  tableau,  en  a  (sic)  ordonné  l'insertion  au  Bulletin,  et  le  renvoi  au  Comité  d"in- 
sîruction  publi(|ue  qui  est  chargé  de  faire  un  rapport  sur  l'autorisation  demandée. 
L'artiste  a  été  admis  aux  honneurs  de  la  séance. 

Viennent  ensuite  trois  pafjes  intitulées  Observations  particulières  du  citoyen  Dlorge,  dans 
lesquelles  l'auteur  disserte  sur  les  nombreux  avantages  que  doit  présenter  son  projet.  A  la 
fin  de  la  brochure,  p.  8,  on  lit  cet  avis  : 

Nota.  On  souscrit  pour  la  gravure  du  Tableau  de  la  bataille  d'Honscoote, 
moyennant  2 A  livres,  à  l'adresse  et  aux  conditions  portées  dans  le  prospectus. 

La  souscription  est  également  ouverte  au  Bureau  d'agence  et  correspondance 
expéditives,  rue  du  Gros-Chenet,  n°  7. 

Il  n'avait  pas  été  fait  mention,  au  procès-verbal  de  la  Convention,  des  deux  démarches 
faites  par  Dlorge  auprès  de  l'assemblée  en  frimaire  et  en  nivôse.  L'artiste  obtint  que  celte 
omission  fût  réparée.  On  lit,  en  effet,  ce  qui  suit  au  procès- verbal  de  la  séance  du  2.3  plu- 
viôse an  II  : 

Sur  la  proposition  d'un  membre , 

ffLa  Convention  décrète  que  le  décret  du  i3  frimaire  ^'\  portant  qu'elle  accep- 
tait la  dédicace  de  la  gravure  du  tableau  représentant  la  bataille  d'Honscoot  {sic), 
peint  par  le  citoyen  Delorge  (s«c),  ladite  gravure  dédiée  par  la  commune  de 
Bergues;  et  celui  du  16  nivôse  ^'\  portant  acceptation  de  l'hommage  du  tableau, 
aussi  avec  mention  honorable  et  insertion  au  Bulletin,  seront  rétablis  dans  les  pro- 
cès-verbaux à  ces  deux  époques  ^'\  ri 

Le  97  pluviôse,  sur  le  rapport  de  Thibaudeau,  la  Convention  rendit  le  décret  suivant  : 

ffLa  Convention  nationale,  après  avoir  entendu  le  rapport  de  son  Comité  d'in- 
struction publique  sur  la  pétition  du  citoyen  Delorge  [sic),  peintre,  tendante  à  être 
autorisé  à  suivre  les  armées  en  cette  qualité,  décrète  qu'il  n'y  a  pas  lieu  à  déli- 
bérer ^^Kn 

Le  Journal  des  débats  et  des  décrets  donne  du  rapport  de  Thibeaudeau  l'analyse  qui  suit  : 

Convention  nationale,  séance  du  27  pluviôse. 

La  Convention  avait  renvoyé  au  Comité  d'instruction  publicjue  l'examen  de  la 
pétition  du  citoyen  Delorges  {sic),  qui  lui  avait  fait  don  d'un  tableau  représentant 

(')   Ce  chiffre  est  erroné,  ha  petit  ii)n  de  (-)   Chilfrc   également  erroné.   Li  pcli- 

Dlorge,  imprimée  par  ses  sohis  et  dislrl-  lion  de  Dhwge  (htnuc  la   date  du   i .")  ni- 

buéc    par  lui-même,  indl([uo  la  date  du  vôse. 

17    frimaire.   Le   Moniteur,    qui    a    meu-  (')   Procès -verbal     de     la    (a)n\iMitlou , 

lionne  la  première  démarche  de  Dlorge  à  t.  \\\1,   [>.    iSf).    —  Les   tlcuv  ilt'crt'l-> 

la    barre  de    la  (îonvenlloii,  commet    lui  n'ont  pas  été  rétablis  dans  les  procès-ver- 

aussi  une  erreur  en  la  plaçant  au  ûo  hl-  Itaux  des  séances  indiquées, 
maire  {Moniteur   du   aa   frimaire    an    ii .  ^^^  i*rocès-verbal    de    la     (louvenliou . 

p.  o.'li).  I.   \\\l,  |..  nyS. 


318       PUOCÈS-VERBAUX  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

la  bataille  d'Hondscoole,  et  lai  demandait  la  permissioii  d'être  attache'  aux  arme'es 
connue  peintre  de  batailles;  il  motivait  sa  demande  sur  l'avantage  qui  ro'sulterait 
pour  la  patrie  de  placer,  comme  des  modèles ,  sous  les  yeux  des  citoyens  français, 
les  traits  d'iu^roïsme  et  de  bravoure  qui  immortalisent  nos  frères  d'armes  dans  les 
combats  qu'ils  livrent  aux  satellites  des  despotes. 

Tlu'haudcin ,  rapporteur  du  Comité,  annonce  qu'après  avoir  examine  le  tableau 
de  Delorges,  on  a  reconnu  quil  appartenait  aux  temps  barbares  oh.  la  nature  était 
méconnaissable  dans  l'imitation  que  l'on  en  faisait;  rien  n'y  a  paru  laisser  (sic)  les 
traces  du  moindre  talent,  ni  composition,  ni  dessin,  ni  coloris,  ni  goût;  en  tout 
on  n'a  trouvé  dans  l'artiste  que  des  dispositions  négatives,  l^e  Comité,  d'ailleurs, 
a  considéré  qu'aucune  loi  ne  défendait  aux  peintres  de  suivre  les  armées,  pour 
Y  choisir  des  sujets.  En  conséquence,  il  propose  de  passer  à  l'ordre  du  jour  sur  la 
pétition  de  Delorges. 

La  Convention  adopte  le  décret  ^^^ 

Tliibaudeau  lui-même ,  dans  ses  Mémoires ,  a  consacré  à  Dlorge  une  page  que  nous  re- 
j)i'oduisous  ci-après  : 

Nous  étions  bien  assaillis  [au  Comité  d'instruction  publique]  par  une  tourbe  de 
oens  qui  croyaient  suppléer  à  la  médiocrité  de  leurs  talents  par  la  chaleur  de  leur 
patriotisme;  mais  nous  ne  nous  laissions  point  imposer  par  leurs  clameurs.  Par 
exemple,  un  citoyen  D. .  . ,  directeur  des  arts  à  Bergues ,  avait  apporté  à  Paris  un 
1res  mauvais  tableau  de  sa  composition,  représentant  la  bataille  d'Hondscoote ,  et 
demandait  à  e'tre  chargé  de  suivre  les  armées  pour  peindre  les  batailles.  C'était 
lout  sinqilement  une  spéculation  financière.  Sa  demande  fut  renvoyée  au  Comité 
d'instruction  pubhque;  je  fus  chargé  d'en  faire  le  rapport.  Je  n'épargnai  pas  la  mé- 
diocrité de  l'artiste,  quoiqu'il  l'eût  mise  sous  la  protection  de  son  répubhcanisme; 
et,  quanta  son  projet,  je  le  combattis  par  les  considérations  suivantes,  qui  déter- 
minèrent la  Convention  à  le  rejeter  : 

ff  Ce  serait  se  faire  une  bien  petite  idée  de  la  plus  étonnante  des  révolutions,  que 
de  croire  qu'il  appartient  à  la  peinture  d'en  perpétuer  le  souvenir.  L'existence  de 
la  patrie ,  cette  nouvelle  république  fondée ,  la  face  de  la  Fiance  changée  par  la  puis- 
sance du  peuple  et  par  vos  lois;  les  champs  de  bataille,  les  fleuves,  les  mers,  teints 
du  sang  de  vos  ennemis,  tous  ces  lieux  témoins  de  nos  exploits;  voilà  les  monu- 
ments de  notre  gloire!  Malheur  à  nous  si  la  mémoire  s'en  perd  dans  la  postérité! 
C'est  que  nous  aurons  perdu  notre  énergie,  avili  nos  triomphes  et  dégradé  nos 
travaux.  Croit-on  qu'alors  de  frivoles  peintures  feraient  revivre  ce  que  nous  au- 
rions éteint  nous-mêmes  par  nos  propres  fautes ?, Entretenons  nos  armées,  hono- 
rons leurs  victoires  en  les  utilisant;  consolidons  la  Réj)ublique  par  de  bonnes  lois 
et  de  bonnes  mœurs ^^'.t? 

')  Journal  des  débats  et  des  décrets,  11°  51/1 ,  p.  089.  —  ^-^  Thibaudeau,  Mémoires,  t.  1"', 
P-  77- 


DE  LA  COxWENTION  NATIONALE.  319 


PROJET  DWKTICLES  POUR  L'ETABLISSEMENT   D'UNE  MENAGERIE 
AU  MUSÉUM  D'HISTOIRE   NATURELLE  ^^1'. 

[La  première  page  et  une  partie  de  la  seconde  page  du  manuscrit  contiemient  uu 
préambule  exposant  la  nécessité  de  créer  une  ménagerie.  Viennent  ensuite  les  liuil  ai  licles 
ci-après,  sous  la  forme  d'un  projet  de  décret  à  présenter  à  la  Convenlion  :] 

i"  La  ménagerie  de  Versailles  sera  supprimée;  les  animaux  qu'elle  contient 
seront  transportés  incessamment  au  Muséum  d'histoire  naturelle,  et  toutes  les  dé- 
penses de  celte  ménagerie  cesseront  à  partir  du 

^^  11  sera  formé  une  ménagerie  dans  l'enceinte  du  Muséum  d'histoire  natu- 
relle. 

3°  Les  professeurs  du  Muséum  seront  chargés  de  l'organisation  et  de  la  sur- 
veillance de  l'établissement,  ainsi  que  du  choix  des  employés  au  service  des  ani- 
maux. 

li°  Les  fonds  ci-devant  affectés  à  l'entretien  de  la  ménagerie  de  Versailles  se- 
ront appli({ués  à  l'entretien  de  celle  du  Muséum  et  versés  dans  les  Jiiains  du  lr(> 
sorier,  à  dater  du 

5°  11  sera  remis  à  la  disposition  du  ministre  de  l'intérieur  une  somme  de 
5o,ooo  livres  pour  être  employée  aux  frais  de  construction  de  la  ménagerie  du 
Muséum. 

6°  Le  ministre  de  l'intérieur  sera  autorisé  à  faire  remettre  au  Muséum  tous  les 
objets  et  matériaux  existant  dans  les  diverses  ménageries  et  autres  dépôts  faisant 
partie  de  la  propriété  nationale,  et  nécessaires  j)our  l'établissement  de  la  nouvelle 
ménagerie. 

7°  Les  professeurs  du  Muséum  feront  procéder,  sous  l'inspection  du  Comité 
d'instruction  publique,  à  la  construction  de  ladite  ménagerie  dans  le  lieu  qui  aura 
été  choisi  à  cet  effet  ;  ils  feront  aussi  construire  promptement  des  loges  provisoires 
pour  les  animaux  déjà  existants  au  ^Muséum,  ou  qui  pourront  y  être  amenés  avant 
le  complément  des  travaux  de  la  ménagerie. 

o„  (  Le  ministre  de  l'intérieur  }      ,    i        ,  i  i  m  •  - 

o    <  X     ^       1^   !'•    .      ,•  II-  est  cnaree  de  statuer  dennitivement 

(   Le  liOmite  d  mstrucdon  publique   \  " 

sur  les  indemnités  à  accorder  aux  propriétaires  de  quelques  animaux  envoyés  au 

Muséum  par  la  municipalité  de  Paris  ^^^ 

La  pièce  ne  porte  ni  date  ni  signature.  On  lit  sur  la  première  pnge,  en  marge  :  rFour- 
croy,  rapporteur  ?\ 

Elle  a  conune  chemise  une  autre  fouille,  de  giaïul  foi-mal,  avec  uu  eu-téle  inipriuu».  cl 
sur  laquelle  on  lit  ce  qui  suit  : 

^'^  Archives  nationales,  K'^,  cailon  iîmj,  u'  idôy.  —  ^  Ndir  i.  l|,  pages  Sni  d 
suivantes. 


320       PHOCÈS-VERBAUX  DU  COMITE  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

Extrait  du  registre  des  délibérations  du  Comité  d'instruction  publique, 
ce  3  pluviôse  de  Van  3*  de  la  République  française  une  et  indivisible. 

Sur  la  cloinande  des  profcsseiu's  du  Musëuin  d'hisloire  naturelle  tendante  à  l'éta- 
blisseniont  dune  nidnagerie,  le  Comité  nonnnc  Foureroy  rapporteur. 

Pour  copie  conforme  : 

R.-T.  LiNDET. 

c 

LETTRE  DU  COMITE  DE  SALUT   PUBLIC   À    CELUI   D'INSTRUCTION  PUBLIQUE  ^^^. 
COMITÉ 

DE  SALUT  PCBLIC 

,  ,  I^aris,  le  quiiilidi  3  pluviôse  de  la  i"  aiiuée  de  la  République 

Bureau  des  poudres  ^  .-t'-ii 

^     ,  ,.  une  Cl  indivisible, 

et  salpêtres. 

Le  Gomitë  de  salut  public  de  la  Convention  nationale 
au  Comité  d'instruction  publique. 

Nous  vous  j)rions  de  nous  faire  parvenir  le  plus  tôt  que  vous  pourrez  un  exem- 
plaire de  VEncfjclopédie  méthodique  pris  parmi  ceux  qui  doivent  s'être  trouvés  en 
grand  nombre  chez  les  émigrés  et  de  le  faire  remettre  à  la  section  des  armes  où 
l'on  a  un  besoin  fréquent  de  consulter  cet  ouvrage. 

Les  membres  du  Comité  de  salut  public, 
Carnot,  C.-A.  Prieur. 

Au  bas  de  la  pièce  on  lit  :  "L'exemplaire  demandé  a  été  fourni )5. 
(')  Arcbives  nationales,  F*',  carton  1009^  n"  17G'. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE. 


321 


CENT    QUATRE-VINGT-HUITIEME   SEANCE. 

Du  5  pluviôse  an  ii.  [2^  janvier  179^.] 

Mémoire  des  citoyens  Auger,  sculpteur,  et  Sobre,  architecte,  relatif 
à  la  confection  d'un  jardin  géographique.  Mathieu  est  nommé  rappor- 
leur^i^ 

Pétition  du  citoyen  Macquart  relative  a  un  cabinet  à  l'Ecole  des 
mines.  Mathieu  est  nommé  rapporteur  ^'^^. 

Pétition  du  citoyen  Linger  relative  aux  récompenses  militaires. 
Celte  affaire  est  ajournée  ^^l 


(''  Le  projot  relatif  à  la  transformation 
du  parterre  du  Luxembourg  en  une  carte 
géographique  de  la  France  avait  été  pré- 
senté à  la  Convention  le  1"  pluviôse,  dans 
la  séance  du  soir  (Procès-verbal  de  la  Con- 
vention, t.  XXX, p.  21).  Il  fut  enregistre  au 
Comitésous  ien"  1718  (F^',  carton  1009'), 
mais  la  pièce  n'est  pas  en  place.  On  lit  sur 
la  chemise  :  crLes  citoyens  Sobre,  Auger  et 
Aupenot  proposent  un  plan  de  la  surface 
immense  de  la  République,  qu'on  pourrait, 
disent-ils,  exécuter  dans  le  jardin  ci-devant 
de  Luxembourg».  Et  plus  bas  :  cr Remis  au 
carton  de  Mathieu  w. 

^^^  La  pétition  de  Macquart  se  trouve 
dans  F",  carton  toog^  n°  1722  :  il  y 
expose  qu'il  a  remis  au  Comité  de  liquida- 
tion, en  1790,  des  pièces  relatives  à  un 
cabinet  déposé  à  l'Ecole  des  mines  par 
ordre  du  gouvernement,  cr  Aujourd'hui  ce 
Comité  exige  qu'avant  le  1"  février,  ancien 
style,  on  fournisse  les  pièces  à  l'appui  de 
la  demande  en  liquidation  formée  par  ce 
citoyen.  Il  ne  peut  satisfaire  sur  ce  point, 
parce  que  le  Comité  d'instruction  publique, 
qui  a  chargé  la  Commission  des  arts  de 
faire  un  rapport  sur  ce  cabinet,  n\i  j)as 
encore  été  à  portée  de  prendre  un  parti  siu- 
cet  objet.  Mac(juait  prie  le  Comité  de  vou- 
loir bien  faire  droit  à  sa  demande  en  lo 
mettant  à  même  de  terminer  celte  alVaire, 
ou  de  remettre  à  la  liquidation  les  preuves 


qu'il  a  fait  ce  quiMépendait  de  lui  pour  y 
parvenir.»  La  pièce  est  dutée  du  5  plu- 
viôse 1798  {ùc\  A  cotte  pétition  est  joint 
un  rapport  de  Lelièvre.  membre  delà  Com- 
mission des  arts,  du  2  octobre  179'^.  — 
Dès  le  22  septembre  1798,  la  Commission 
des  arts  avait  renvoyé  à  sa  section  d'his- 
toire naturelle,  pour  rapport,  l'afTaire  du 
cabinet  Macquart,  ainsi  que  celle  de  la  col- 
lection Palrin  (sur  Patrin,  voir  les  Procès- 
verbaux  (la  Cotnité  d' instruction  publique  de 
la  Législative,  au  mot  Patrin);  le  5  plu- 
viôse, elle  entendit  un  rapport  de  sa  section 
de  minéralogie  sur  le  cabinet  Macquart, 
«déposé  dans  le  local  du  cabinet  de  miné- 
ralogie à  la  Monnaie»,  et  arrêta  de  «ren- 
voyer au  Comité  d'instruction  publique  pour 
prendre  une  détermination  sur  cet  objet  ^i 
(F''*  7,  folio  21,  verso). 

Le  rapport  de  Mathieu  sera  présenté  au 
Comité  le  7  pluviôse  (p.  338). 

^^'  La  pétition  de  Linger  se  trouve  dan-? 
F'",  carton  1009',  n"  1709.  Elle  est  datée 
du  3  pluviôse.  Le  pétitionnaire  propose  de 
d('cerner  aux  défenseurs  de  la  patrie  qui 
se  seront  signalés  par  des  actions  héroïques 
et  lemarqiiablos  inie  espèce  île  carte  ri- 
vii[U('  ([ui  serai!  ;\itachée  à  une  branoho  de 
laurier  (connue  à  réchanlillon)  avec  un 
ruban  tricolore  scellé  du  cachet  de  la  Con- 
vention. Cette  idée,  dit-il,  lui  a  t'ti'  inspirée 
par   le  spi'rtacle  (l(>s  gendarmes  de  i-eleni' 


2  I 


IMI-ItlMI  r.ll      KAriOlALI. 


32i>       PROG!^:S-VERBA[J\  DU  COMITE  DINSTRUGTION  PUBLIQUE 

Coupé  fait  un  rapport  sur  la  demande  du  citoyen  Ferlus  relative  à 
des  maisons  d'éducation.  Le  Comité  passe  à  l'ordre  du  jour^^^ 

Le  même  membre  fait  un  rapport  sur  un  arrêté  du  département  de 
la  Côtc-d'Or  relatif  au  maintien  de  la  liberté  des  opinions  religieuses 
dans  l'éducation  publi([ue.  Le  Comité  passe  à  l'ordre  du  jour,  motivé 
sur  ce  que  cet  arrêté  est  dans  les  principes  de  la  liberté  ^^L 

Un  citoyen  fait  hommage  au  Comité  d'une  petite  brochure  intitulée  : 
Licre  des  principes  de  la  langue  française ,  etc.  Mention  de  l'hommage. 

Un  membre  demande  que  dans  le  nombre  des  livres  élémentaires 
on  met(e  les  notions  géographiques.  Adopté ''^^. 

Lettre  du  citoyen  Jeaurat,  du  5  pluviôse.  Bouquicr  est  nommé  rap- 
porteur ^'^^ 

Lettre  des  administrateurs  du  département  de  Paris,  du  5  pluviôse, 
relative  aux  secours  à  accorder  aux  instituteurs  des  petites  écoles.  Ren- 
voyé à  Valdruche,  rapporteur.  Le  Comité  l'invite  à  conférer  sans  délai 
avec  le  Comité  des  finances  pour  obtenir  à  ces  citoyens  un  secours 
provisoire  ^^\ 

Lettre  des  officiers  municipaux  de  Noyers,  département  de  l'Yonne, 
du  2  pluviôse.  Le  Comité  passe  à  l'ordre  du  jour^'^^ 


delà  Vcndéo,  à  qui  le  président,  dans  la 
séance  du  i"  pluviôse,  a  distribué  des 
feuilles  de  laurier.  Un  modèle  de  la  dé- 
coration proposée  est  joint  à  la  pétition. 
On  lit  en  marâtre  de  la  pièce  :  «Renvoyé  au 
Comité  d'instruction  publique  le  ^i  pluviôse 
l'an  2°.  Bassal,  secrétaire. -ii  Et  plus  bas  : 
ff.Ajournén.  — Ce  Linger  est  peut-être  le 
même  qu'im  Linge:%  commissaire  des  ar- 
tistes réunis  de  Lyon,  qui  a  présenté  une 
pétition  à  la  Convention  en  août  1798. 
(  Cotte  pétition  a  été  imprimée  et  se  trouve  à 
la  Bibliothèque  nationale,  Le-^*'  2.^87,  in-Zi".) 
^^^  La  pétition  du  citoyen  Ferlus  (Dom 
Ferlus,  directeur  de  l'école  de  Sorèze)  avait 
été  enregistrée  sous  le  n"  10 /ii  (F^'',  carton 
1006).  La  pièce  manque.  Sur  la  cbemise 
on  lit  :  «Le  citoyen  Ferlus,  fondateur  de 
l'école  de  Sorèze,  sollicite  de  la  Convention 
nationale  les  moyens  de  la  soutenir".  Et 
plus  bas  :  «Renvoyé  à  Coupé?).  Sur  l'école 
de  Sorèze,  voir  notre  tome  II,  pages  298  et 
3o8. 


^^^  L'arrêté  du  département  de  la  Côte- 
d'Or,  qui  remontait  au  mois  de  brumaire, 
avait  été  enregistré  au  Comité  sous  le 
n"  1111  (F^^  carton  1006).  La  pièce  n'est 
pas  en  place. 

^^)  Voir  à  la  séanca  du  29  nivôse  (p.  298) 
le  projet  de  décret  sur  les  livres  élémen- 
taires. Pour  la  suite,  voir  la  séance  du  9  plu- 
viôse (p.  362). 

^^)  Nous  n'avons  pas  trouvé  cette  lettre 
de  Jeaurat.  Voir  la  séance  du  7  nivôse 
(p.  21  A)  et,  pour  la  suite,  celle  du  9  plu- 
viôse (p.  36o). 

(^'  Nous  n'avons  pas  trouvé  la  lettre  du 
département  de  Paris.  Voir  la  séance  du 
29  nivôse  (p.  298)  et,  pour  la  suite,  celle 
du  7  pluviôse  (p.  335). 

(**)  Les  officiers  municipaux  de  Noyers 
demandaient  s'ils  pouvaient  conserver  la 
place  de  membre  du  comité  de  surveillance 
a  leur  curé,  marié  depuis  six  semaines.  La 
lettre  est  aux  Archives  nationales,  F'', 
carton  1009^  n"  171/1. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  323 

Mathieu  fait  un  rapport  sur  les  salaires  à  attribuer  aux  membres 
de  la  Commission  provisoire  des  arts^^^;  il  présente  un  projet  de  décret 
ainsi  conçu  : 

Article  premier.  Les  membres  de  la  Commission  temporaire  des  arts  définiti- 
vement instituée  pour  inventorier  et  faire  mettre  en  dépôt  pour  i'inslruction  pu- 
blique les  livres,  instruments,  machines  et  autres  objets  de  sciences  et  arts,  sont 
les  citoyens  dont  les  noms  suivent  : 

Pour  inventorier  les  collections  d'histoire  naturelle,  de  botanique,  de  zoologie  et 
de  minéralogie,  les  citoyens  Richard,  Lamarck,  Thouin  ,Desfontaiiies,  Gillet-Lau- 
mont,  Besson ,  Lelièvre ,  Nitol; 

Pour  inventorier  les  instruments  de  physique,  d'astronomie  et  autres,  les  ci- 
toyens Fortin ,  Charles,  Lenoir,  Dufourny,  Janvier,  horloger; 

Pour  inventorier  les  dépôts  et  laboratoires  de  chimie,  les  citoyens  Pelletier, 
Vauquelin,  Leblanc,  Berthollet; 

Pour  inventorier  les  cabinets  d'anatomie,  les  citoyens  Thillaye,  Fragonard,  ana- 
tomiste,  Vicq  d'Azyr,  Gorvisart ,  Portai; 

Machines  d'arts  et  métiers,  les  citoyens  Mollard,  Hassenfralz,  Vandermonde: 

La  marine,  cartes  imprimées  et  manuscrites ,  les  citoyens  Adet,  Monge.  Buache; 

Plans,  machines  de  guerre  et  fortifications,  les  citoyens  Beuvelot.  Dupuis-Torcy  ; 

Antiquités  et  médailles,  les  citoyens  Leblond,  Mongoz; 

Les  bibliothèques,  les  citoyens  Langlès,  Ameilhon,  Barrois  aîné.  Poirier; 

Peinture  et  sculpture,  les  citoyens  Naigeon,  Lesueur; 

Plans,  machines,  ponts  et  chaussées  :  Prony,  Rauch,  Plessis,  Chambéry; 

Instruments  de  musique  anciens,  étrangers  :  Sarrette  et  Bruni. 

Art.  2.  Ceux  d'entre  eux  qui  ne  touchent  point  de  traitement  pour  d'autres  fonc- 
tions ou  emplois  publics  recevront  une  indemnité  de  deux  mille  livres,  à  raison  de 
cent  livres  par  mois  et  de  huit  cents  livres  à  la  fin  de  leur  travail. 

Art.  3.  Ceux  qui  en  toucheraient  une  moindre  pour  un  autre  travail  pourront 
opter  pour  celle  fixée  pour  les  membres  de  la  Commission  temporaire  des  arts. 

Art.  li.  La  Commission  terminera  dans  l'année  le  travail  dont  elle  est  chargée. 

Art.  5.  Chacun  des  membres  de  la  Connnission  sera  tenu  de  se  munir  d'un 
certificat  de  civisme. 

Le  Comité  approuve  ce  projet,  et  cependant  il  invite  le  rapporteur 
à  conférer  avec  le  Comité  des  finances  pour  la  radiation  de  la  fin  de 
l'article  9  ainsi  exprimée  :  à  raison  de  cent  livres  par  mois  et  de  huit 
cents  livres  â  la  fin  de  leur  travail  ^^^K 

('^  Voir  la  séance  du  îîq  nivôse  (p.  999).  y  a  (jiiohpies  dinércnccs  oiilre  Ir  projet  de 

f"^)  Le  projet  de  (h'cret  lut  présenté  à  la  décret  et  le  ilécr'!  délliiilif.  I/arlicIe  ^i  du 

Convention  pai-  Malliien  le  iS  pluviôse,  et  projet  a  disparn;  l'article  .")  e4  devenu  Tar- 

voté  par  elle  après  une  courte  discussion.  Il  ticio  i  ;  une  disposition  nouvelle .  adjoi^jnant 

ai  . 


32  i       PROCES -VEllBAUX  DU|G0MITE  DUNSTRUGTION  PUBLIQUE 

David  observe  que  le  décret  de  la  Convention  nationale  qui  appelle 
les  artistes  au  concours  pour  présenter  des  modèles  du  monument 
qui  doit  être  élevé  sur  la  place  du  pont  National  n'a  pas  été  connu 
des  artistes.  Le  Comité  charge  David  de  présenter  à  la  Convention 
nationale  le  projet  de  décret  suivant  : 

PROJET    DE    DÉCRET. 

Le  concours  sera  ouvert  à  partir  de  la  publication  du  présent  décret;  il  sera  clos 
au.  .  . ,  etc.,  etc.  ^^\  (Nota.  David  donnera  le  projet.) 

r 

Mathieu  fait  un  rapport  sur  la  pétition  du  collège  de  l'Egalité.  Le 
Comité  arrête  le  projet  suivant: 

La  Convention  nationale,  après  avoir  entendu  le  rapport  des  Comités  d'instruc- 
lion  publique  et  des  finances,  réunis,  sur  la  pétition  du  collège  de  l'Egalité  pour 
obtenir  les  fonds  ne'cessaires  à  ses  dépenses , 

Considérant  :  i°  Que  le  décret  rendu  le  7  août  1798  (vieux  style),  par  lequel 
il  est  dit  qu'il  serait  tenu  par  la  trésorerie  nationale  à  la  disposition  du  ministre 
de  rintérieur  une  somme  de  807,552  livres  2  sols  6  deniers,  est  dérogatoire  au 
mode  général  établi  par  les  décrets  tant  du  8  mars  sur  les  collèges  que  du  5  mai 
de  l'année  1798  (vieux  style)  sur  les  salaires  et  pensions  des  professeurs  et  sur 
les  bourses  et  autres  établissements  d'enseignement  public  ; 

2"  Qu'il  importe  que  les  collèges  et  établissements  nationaux  d'instruction  pu- 
blique existant  à  Paris  soient  assujettis  au  mode  établi  par  les  décrets  ci-dessus 
mentionnés  ; 

Décrète  qu'il  sera  pourvu  aux  besoins  desdits  collèges  conformément  aux  lois 
du  8  mars  et  du  5  mai  concernant  les  boursiers,  les  professeurs  et  les  maisons 
consacrées  à  l'éducation  publique  ^^K 


à  la  Commission  les  membres  du  Conser- 
vatoire du  Muséum  des  arts,  forme  Tar- 
ticle  5  du  décret.  Les  noms  des  membres 
de  la  Commission  sont  les  mêmes  au  projet 
et  au  décret  définitif,  à  deux  exceptions 
près  :  le  nom  de  Mongez  a  disparu  du 
décret,  sans  doute  parce  que  la  section  de 
r  Unité  n'avait  pas  fourni  des  renseignements 
favorables  sur  son  patriotisme  (voir  la  séance 
du  Comité  du  28  nivôse,  p.  279)',  et  le 
nom  de  Lcsueur  a  été  remplacé  par  celui 
de  l'architecte  Hubert.  Le  Moniteur  (n°  du 
28  pluviôse  an  11)  place  par  erreur  le  vote 
du  décret  à  la  séance  du  22  pluviôse. 

Nous  donnons  aux  annexes,  A  (p.  827), 
un  extrait  du  pi  ocès-vorhal  de  la  séance  de 


la  Convention  du  18  pluviôse  an  11,  con- 
tenant le  décret.  Quant  au  rapport  dont 
Mathieu  fit  précéder  la  lecture  du  projet  de 
décret,  il  n'a  pas  été  imprimé,  et  nous  n'en 
possédons  pas  le  texte. 

^*)  Voir  la  séance  du  7  nivôse  (p,  21  5). 
Le  projet  de  décret  n'a  pas  été  transcrit, 
David  ayant  sans  doute  négligé  de  le  re- 
mettre au  secrétaire.  Ce  projet  n'a  pas  été 
présenté  à  la  Convention.  Pour  la  suite,  voir 
la  séance  du  Comité  du  3  floréal  an  11. 

^-)  Voir  la  séance  du  29  nivôse  (p.  296). 
Ayant  à  opter  entre  deux  systèmes  pour  ac- 
quitter les  dépenses  des  collèges  de  Paris , 
celui  du  décret  du  7  août  1798  et  celui 
des  décrets  du  8  mars  et  du  5  mai,  les  Co- 


I 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE. 


325 


Lettre  de  la  Commission  des  poids  et  mesures  du  .  .^^^  pluviôse,  par 
laquelle  cette  Commission  annonce  que  le  marché  proposé  par  le  citoyen 


mités  d'instruction  publique  et  des  finances 
choisirent  ce  dernier.  Les  considérants  du 
projet  de  décret  nous  donnent  les  raisons 
de  cette  décision  :  le  système  du  décret  du 
7  août  était  dérogatoire  au  mode  général 
établi  par  les  décrets  antérieurs;  et  il  im- 
portait de  ne  pas  accorder  aux  collèges  de 
Paris  le  privilège  d'un  régime  exceptionnel , 
mais  de  les  assujettir  au  mode  établi, 
comme  ceux  des  autres  déparlements. 
Lorsque  le  projet  de  décret  fut  présenté  à 
la  Convention  le  i3  pluviôse,  les  considé- 
rants furent  supprimés,  soit  qu'on  les  eût 
jugés  inutiles,  soit  qu'on  voulût  éviter  de 
rappeler  le  souvenir  du  décret  du  7  août. 
L'article  unique  du  décret  fut  adopté  avec 
un  léger  changement  de  rédaction.  Nous 
donnons  aux  annexes  B  (p.  33o),  un 
extrait  du  procès-verbal  de  la  séance  de  la 
Convention  du  1 3  pluviôse  an  11.  Le  décret 
du  1 3  pluviôse  abrogeait  implicitement  celui 
du  k  septembre  1793,  c'est-à-dire  mettait 
fin  au  régime  provisoire  pendant  lequel  les 
directoires  de  district  avaient  été  autorisés  à 
payer  directement  les  dépenses  des  collèges 
sur  le  produit  des  contributions  publiques. 
D'ailleurs  le  décret  même  du  k  septembre 
avait  assigné  un  terme  très  rapproché  à  ce 
provisoire,  en  ordonnant  que  dans  deux  mois 
pour  tout  délai  les  corps  administratifs  au- 
raient à  faire  parvenir  au  ministre  de  l'in- 
térieur les  états  des  dépenses  des  collèges, 
c'est-à-dire  à  se  conformer  aux  piescriplions 
des  articles  1 1  et  1 3  du  décret  du  8  mars. 
L'effet  immédiat  du  décret  du  i3  plu- 
viôse fut  de  faire  mettre  à  la  disposition  du 
dt'partemeiit  de  Paris,  par  le  ministre  (l(> 
l'intérieur,  les  sommes  nécessaires  pour 
couvrir  les  dépenses  des  collèges  de  Paris 
(traitements  des  professeurs  et  enlnMien 
des  boursiers)  pour  les  deux  derniers  tri- 
mestres de  1793.  Nous  en  avons  la  preuve 
dans  une  lettre  de  llerman,  cliatgé  provi- 
soirement des  lonctionsdu  ministre  de  Tin- 
térieur,  au  Comité  de  salut  public,  en  date 
du  2 1  germinal  an  n ,  (jui  constate  que  le 


ministre  de  l'intérieur  a,  en  exécution  de 
ce  décret,  ordonné  le  versement  des  fonds 
nécessaires  dans  la  caisse  du  receveur  du 
département.  Toutefois,  le  payement  des 
professeurs  pour  le  quatrième  trimestre, 
échu  le  1 1  nivôse  an  II (3 1  décembre  1793), 
dont  l'état  s'élevnit  à  6o,3:î5  livres,  souf- 
frit quelques  difificultés,  parce  que,  pendant 
ce  trimestre,  l'enseignement  avait  été  in- 
terrompu dans  les  collèges  de  Paris  en  ver- 
tu d'un  arrêté  du  département;  et  il  en  fut 
de  même  pour  les  trimestres  de  l'année 
1796;  mais  les  objections  soulevées  par  le 
Comité  des  finances  furent  écartées,  et  un 
arrêté  du  Comité  d'instruction  publique  du 
22  frimaire  an  m  autorisera  la  Commission 
executive  de  l'instruction  publique  à  ordon- 
nancer, sur  les  fonds  misa  sa  disposition, 
le  payement  des  sommes  dues  aux  profes- 
seurs des  collèges  de  Paris.  Il  sera  question, 
dans  la  séance  du  Comité  du  5  floréal  an  11 , 
des  difficultés  relatives  au  payement  des 
traitements  des  professeurs  des  collèges. 

Nous  avons  trouvé  aux  Archives  natio- 
nales, dans  une  note  rédigée  pour  la  (Com- 
mission executive  de  l'instruction  publique, 
en  vendémiaire  an  iv,  par  Champagne, 
principal  du  collège  de  l'Egalité,  des  ren- 
seignements précis  sur  le  nombre  et  la  si- 
tuation des  boursiers  des  collèges  de  Paris, 
pendant  les  années  1791  à  1790.  Nous  les 
résumons  aux  aimexes,  B  (p.  33o). 

Dans  le  même  carton  des  Archives  nous 
avons  rencontré  une  lettre  des  adnn'nistra- 
leurs  du  district  de  Bordeaux  au  ministre 
do  l'intérieur,  du  10  gerniiiiid  an  11,  (|ui 
réclame  le  payement  des  professeurs  du  col- 
lège de  Bordeaux  pour  la  période  allant  au 
1*'  octobre  1793  à  la  fin  de  ventôse  an  n; 
à  celle  lettre  est  joint  un  élat  des  prolesseiu-s 
et  de  ce  (jui  est  dû  à  cliacim  d'eux.  Les 
documents  qui  piMivonl  nous  renseigner  sur 
la  aitualiou  des  collèges  eu  l'an  11  sont  des 
plus  rares;  aus^i  reproduisons- nous  celle 
pièce  à  l'annexe  B  (p.  33 1  ). 

^^)   Le  quanlièuïe  est  resté  en  blanc. 


326       PUOGÈS-VEnBAUX  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

Haupt  pour  les  dix  livres  de  platine  à  raison  de  5o  livres  le  marc  peut 
être  accepté  ^^l 

Le  Comilé  approuve  ce  marché  et  arrête  que  le  président  en  in- 
struira la  Commission  des  poids  et  mesures. 

Prunelle  fait  un  rapport  sur  l'état  des  ouvrages  de  sculpture  en 
marbre  exécutés  par  le  citoyen  Dejoux,  sculpteur  statuaire,  d'après 
les  ordres  des  représentants  du  peuple  Delacroix  et  Musset,  ouvrages 
dont  le  prix  est  porté  à  à,5oo  livres. 

Le  Comité  pense  que  le  prix  porté  audit  état  peut  être  accordé  au 
citoyen  Dejoux  ;  charge  en  outre  son  président  de  répondre  aux  citoyens 
Musset  et  Delacroix  en  leur  renvoyant  l'état  apostille  ^^\ 

Bourdon  fait  lecture  du  second  numéro  du  Recueil  des  actions  hé- 
roïques des  républicains  français  ^^^l 

Lettre  de  la  Société  républicaine  des  arts  de  Paris  ^*\ 


^'^  La  lettre  de  la  Commission  des  poids 
et  mesures  avait  été  enregistrée  au  Comité 
sous  le  II"  1710  (F^^  carton  1009^);  elle 
n'est  pas  en  place. 

^■^^  Voir  ia  séance  du  19  nivôse  (p.  2  5G). 

^^)  Voir  p.  392.  Le  second  numéro  du 
Recueil  des  actions  Jiéroïques  et  civiques  des 
républicains  français  porte  la  date  du  1"  ven- 
tôse. Les  procès-vorbaux  de  la  Convention 
ne  disent  pas  si,  comme  le  premier,  il  a  été 
lu  à  l'assemblée  ;  le  Moniteur  n'en  parle  pas 
non  plus.  Mais  il  existe  un  arrêté  du  Comité 
de  salut  public,  du  28  pluviôse,  qui  en 
fixe  le  tirage  à  cent  cinquante  mille  exem- 
plaires. Nous  donnons  aux  annexes,  C 
(p.  332),  le  texte  de  l'arrêté  du  Comilé 
de  salut|public,'"el  la  description  de  ce  se- 
cond numéro. 

(*)  Cette  lettre  est  probablement  la  pé- 
tition présentée  à  la  Convention  par  la  So- 
ciété républicaine  des  arts  le  28  nivôse 
pour  demander  à  l'assemblée  ffde  détruire 
le  monstre  de  l'intriguer,  de  façon  que  '^\q 
talent  seul,  soutenu  par  un  civisme  sans  re- 
proche, obtienne  la  préférence:^.  La  pièce 
se  trouve  dans  F^',  carton  1009^  n°  1777- 

—  Les  deux  derniers  alinéas  de  ce  pro- 
cès-verbal ne  se  trouvent  qu'à  la  minute,  et 
ils  ont  été  biffés.  Pas  de  signature,  ni  à  la 


minute  ni  au  registre.  La  minute  est  de  la 
main  de  Boutroue. 

—  Nous  devons  placer  ici  le  récit  d'un 
incident  qui  fut  soulevé  dans  la  séance  de  la 
Convention  du  5  pluviôse,  et  qui  nous  ren- 
seigne sur  la  manière  dont  étaient  obser- 
vées les  prescriptions  du  décret  du  3  du 
second  mois,  interdisant  de  détruire  ou  mu- 
tiler les  livres,  gravures,  objets  d'art,  etc., 
sous  prétexte  de  faire  disparaître  les  signes 
de  royauté  ou  de  féodalité.  Camille  Des- 
moulins s'était  plaint  de  l'arrestation  de 
son  beau-père,  chez  qui  des  commissaires 
de  section  avaient  cru  découvrir  des  objets 
portant  des  emblèmes  proscrits;  et  Bour- 
don (de  l'Oise)  avait  demandé  que  le  Comité 
de  sûreté  générale  fit  sous  trois  jours  un 
rapport  sur  cet  acte  d'cr oppressions.  Danton 
s'opposa  à  ce  qu'un  privilège  de  priorité  fût 
accordé  au  beau-père  de  Camille  Desmou- 
lins; il  fit  observer  rr  qu'une  révolution  ne 
peut  se  faire  géométriquement^  ;  que  les  Co- 
mités révolutionnaires  pouvaient  commettre 
des  erreurs,  mais  qu'il  fallait  se  garder  de 
toute  mesure  qui  risquerait  d'atténuer  une 
sévérité  nécessaire;  enfin  il  proposa  qu'au 
lieu  de  s'occuper  d'un  fait  particulier,  la 
Convention  demandât  à  ses  Comités  de  sû- 
reté générale  et  de  salut  public  un  rapport 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE. 


327 


PIECES  ANNEXES. 


On  lit  dans  les  procès-verbaux  de  la  Convention  : 

Séance  du  18  pluviôse  an  11. 

Un  membre ^^^  a  la  parole  au  nom  des  Comités  réunis  des  finances  et  d'instruc- 
tion publique.  Il  propose  un  mode  d'org^anisation  pour  la  Commission  temporaire 
des  arts,  un  mode  d'indemnité  pour  ceux  de  ses  membres  qui  ne  sont  point  d'ail- 
leurs chargés  de  fonctions  puljli(|ues. 

Un  membre  témoigne  son  élonnement  de  ce  que  la  condition  des  certificats  de 
civisme  ne  soit  point  exigée  par  le  projet. 

Un  autre  membre  déclare  que  le  choix  de  l'assemblée  est  un  équivalent  hono- 
rable et  suffisant  d'un  certificat  de  civisme;  qu'au  surplus,  il  ne  s'agit  point  ici  de 
fonctions  politiques,  mais  d'un  simple  travail  de  commission  et  passager  comme 
elle. 

Le  rapporteur  fait  observer  que  la  condition  du  certificat  de  civisme  fait  partie 
du  pi'ojet  de  décret  qu'il  a  présenté,  qu'ainsi  les  observations  du  premier  opinant 
sont  sans  objet. 

ffLa  Convention  nationale,  après  avoir  entendu  le  rapport  des  Comités  réunis 
d'instruction  publique  et  des  finances,  décrète  ce  qui  suit  : 

ff  Article  premier.  Les  membres  de  la  Commission  temporaire  des  arts,  adjointe 
au  Comité  d'instruction  publique,  ot  chargée  d'inventorier  et  de  réunir  dans  des 
dépôts  convenables  les  livres,  instruments,  machines  et  autres  objets  de  sciences  et 
arts,  propres  à  l'instruction  publique,  sont  les  citoyens  dont  la  liste  suit  : 

frPour  inventorier  les  collections  d'histoire  naturelle,  de  botanique,  de  zoologie 
et  de  minéralogie,  les  citoyens  Richard,  Lamarck,  Thouin,  Desfontaines,  Gillet- 
Laumont,  Besson,  Lelièvre,  Nitot; 

ffPour  inventorier  les  instruments  de  physique,  d'astronomie  et  autres,  les  ci- 
toyens Fortin,  Charles,  Lenoir,  Dufourny,  Janvier,  horloger; 


général  «sur  les  moyens  de  rendre  justice 
à  toutes  les  victimes  dos  mesures  et  arres- 
tations arbitraires,  sans  nuire  à  Tacliondu 
gouvernement  révolufionnairen.  Ronjme  in- 
tervint alors  dans  le  débat  pour  dénoncer 
des  abus  qui  se  seraient  commis  dans  la  sec- 
tion de  Beaurepain»,  où  dis  estampes  au- 
raient été  conlisquées  sous  prétexte  qu'elles 
portaient  les  empreintes  de  la  royauté. 

La  dénonciation  l'aile  par  Honunc  pro- 
voqua des  réponses  du  Comité  révolution- 
naire (\o  la  section  de   Beaurepaire  et  du 


Comité  de  sm'veiilance  du  département  de 
Paris,  qui  fuient  lues  dans  la  séance  du 
7  pluviôse  et  dont  la  Conveulion  ordonna 
l'insertion  au  Bulletin.  Ces  réponses  mon- 
trèrent que  Romme  avait  été  mal  informé, 
et  qu(!les  conunissaires  incrimiut's  n'avaient 
point  conllsqué  des  œuvres  d'art,  mais  des 
poitrails  de  la  famille  royale.  Nous  doimons 
aux  annexes,  D  (p.  3;?3),  des  extraits  du 
Moinleur  relatils  à  cet  incidonl. 
(')  C'est  Mathieu. 


328       PROCÈS-VERBAUX  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

ffPoiir  invrnlorier  les  dépôts  et  laboratoires  de  chimie,  les  citoyens  Pelletier, 
Vaiiquelin,  Leblanc,  Berthollet; 

ff  Ponr  inventorier  les  cabinets  d'anatomie ,  les  citoyens  Thillaye ,  Fragonard ,  ana- 
tomisle,  Vicq  d'Azyr,  Corvisart,  Portai; 

rr  Ponr  inventorier  tontes  les  machines  d'ai'ts  et  métiers  appartenantes  à  la  Rëpn- 
l)liqne,  les  citoyens  Mollard,  llassenfratz ,  Vandermonde; 

ff  Ponr  inventorier  les  objets  qui  concernent  la  marine  et  les  cartes  imprimées  ou 
manuscrites  de  géop,raphie ,  les  citoyens  Adet,  Monge,  Buache; 

ffPoui-  inventorier  les  plans ,  macliines]de  ^onerre  et  tout  ce  qui  concerne  les  for- 
tifications, les  citoyens  Beuvelot,  Dupuis-Torcy; 

ffPonr  inventorier  les  antiqnités  et  médailles,  le  citoyen  Leblond^'^; 

ffPour  inventorier  les  bibliothèques,  diriger  et  snrveiller  la  confection  des  cata- 
logues, les  citoyens  Langlès ,  Ameilhon,  Barrois  l'aîné,  Poirier; 

ffPour  inventorier  tout  ce  qui  tient  à  la  peinture  et  à  la  sculpture,  le  citoyen 
Naigeon  ^^^;  pour  rarchiteclure,  le  citoyen  Hubert  ^^'; 

rrPour  inventorier  les  plans,  machines,  modèles,  et  tout  ce  qui  est  relatif  aux 
ponts  et  chaussées,  les  citoyens  Prony,  Ranch,  Plessis,  Chambéry; 

ffPour  inventorier  les  instruments  de  musique,  anciens,  étrangers,  ou  les  plus 
rares  par  leur  perfection  entropies  instruments  connus  et  modernes,  les  citoyens 
Sarrette  et  Bruni  ^*^ 

ff  Art.  2  Les  citoyens  chargés  de  ces  divers  inventaires  seront  tenus  de  se  munir 
de  certificats  de  civisme. 

n-ART.  0.  Chacun  des  membres  composant  la  Commission  temporaire  des  arts 
sera  indemnisé  à  raison  de  deux  mille  livres  par  an. 

ffART.  [U  Ceux  de  ses  membres  qui  reçoivent  un  salaire  pour  d'autres  travaux 
pubhcs  ou  emplois  seront  tenus  d'opter. 

ffART.  5.  Les  membres  du  Conservatoire  du  Muséum  national  font  partie  de  la 
Commission  temporaire  des  arts  ^^\  m 


^^)  Le  nom  de  Mongez,  qui  figurait  sur 
lo  projet  de  décret  à  côté  de  celui  de  Le- 
blond,  a  disparu;  voir  à  ce  sujet  la  note  6 
de  la  page  979.  Mongez  était  membre  de  la 
Commission  des  monuments, 

(^)  A  côté  du  nom  de  Naigeon ,  le  projet 
de  décret  portait  celui  de  Lesueur,  qui  ne 
figure  plus  à  cette  place,  parce  qu'il  est 
compris  parmi  les  memJjres  du  Conserva- 
toire du  Muséum  des  arts,  qui  font  de 
droit  partie  de  la  Commission  en  vertu  de 
l'article  5. 

(3'  Le  projet  de  décret  n'indiquait  [pas 
de  commissaire  pour  l'architecture. 

^''^   La    Commission   dos  arts   décida   le 


i5  ventôse  de  faire  imprimer  la  liste  de 
ses  membres.  Cette  liste  définitive,  qu'on 
trouvera  page  5o2,  ne  contient  plus  les 
noms  de  Chambéry  et  de  Sarrette. 

^^^  Procès-verbal  de  la  Convention , 
t.  XXXI,  p.  59.  LeMonitew^  place  à  tort  ce 
décret  à  la  fin  de  la  séance  du  9  a  plu- 
.viôse.  • —  Les  membres  du  Conservatoire 
du  Muséum  des  arts  sont  Fragonard,  Bon- 
voisin,  Lesueur,  Picault,  pour  la  peinture; 
Dardel ,  Dupasquier,  pour  la  sculpture; 
David  Le  Roy,  Lannoy,  pour  l'architecture; 
Wicar  et  Varon,  pour  les  médailles  et  an- 
tiquités. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  329 

La  Commission  des  monuments  avait  fourni  cinq  de  ses  membres  à  la  Commission  des 
arts.  Ce  sont  d'une  part  Dnfourny,  Vandcrmonde  et  Lehlond ,  qui  depuis  longtemps  avaient 
cessé  de  prendre  part  aux  travaux  de  la  Commission  des  monuments  (Leblond  joua  un  rôle 
considérable  dans  la  nouvelle  Commission  des  arts,  où  il  fut  désigné  le  20  pluviôse  pour 
remplir  les  fonctions  d'agent);  d'autre  part  Ameilhon  et  Poirier,  qui  restèrent  fidèles  à  la 
Commission  des  monuments  jusqu'au  bout,  et  qui  n'en  furent  pas  moins  placés  dans  la 
Commission  des  arts,  section  de  bibliograpliie. 

Il  est  intéressant  de  comparer  la  liste  des  membres  de  la  Commission  des  arts,  telle  que 
la  donne  le  décret  du  18  pluviôse,  avec  celle  des  commissaires  nommés  en  août  et  sep- 
tembre 1798  par  le  ministre  de  l'intérieur,  que  nous  avons  donnée  au  tome  11,  page  ôoq. 
Ce  rapprocbement  fait  constater  ce  qui  suit  : 

La  nouvelle  Commission  comprend  douze  sections,  comme  l'ancienne  :  la  section  d'ar- 
chitecture a  été  réunie  à  celle  de  peinture  et  de  sculpture,  mais  d'autre  part  une  nouvelle 
section  a  été  créée,  celle  des  instruments  de  musique; 

Dans  la  section  d'histoire  naturelle,  Brongniart  a  été  remplacé  par  Lamarck;  Besson  et 
Nitot  ont  été  ajoutés; 

Dans  celle  de  physique,  l'horloger  Berthoud  a  été  remplacé  par  l'horloger  Janvier;  Du- 
fourny  a  été  ajouté^'); 

Dans  celle  de  chimie,  Adet  (transféré  à  la  section  de  marine  et  géographie)  a  été  rem- 
placé par  Pelletier: 

Dans  celle  d'analomie,  Fragonard  a  été  ajouté; 

Dans  celle  des  machines  d'arts  et  métiers,  Dunouy  a  été  remplacé  par  Vandermonde^^' ; 

Dans  celle  de  marine  et  géographie,  Adet,  précédemment  de  la  section  de  chimie,  de- 
vient le  collègue  de  Monge  et  de  Buache; 

Dans  celle  des  fortifications,  Simonne  et  Ybert  sont  remplacés  par  Beuvelot  et  Dupuis- 
Torcy  (3). 

Dans  celle  des  antiquités,  Mongez  (membre  de  la  Commission  des  monuments)  a  disparu 
pour  cause  d'incivisme; 

Dans  celle  des  dépôts  hltéraires  (bibliographie),  Domergue  et  Dorat-Cubières  ont  dis- 
paru; Langlès,  Barrois  et  Poirier  les  remplacent; 

Dans  celle  de  peinture,  sculpture  et  architecture  (réunies),  Lebrun  a  disparu,  ainsi 
que  Désarnod  et  Gilbert;  ces  deux  derniers  sont  remplacés  par  Hubert; 

Dans  celle  des  ponts  et  chaussées,  Plessis  et  Chambéry  sont  ajoutés; 

La  section  des  instruments  de  ^usique,  de  nouvelle  création,  comprend  Sarrette  *^  et 
Bruni  ; 

Enfin  les  membres  du  Conservatoire  du  Muséum  des  arts,  adjoints  à  la  Commission, 
l'augmentent  de  dix  noms,  que  nous  avons  rappelés  dans  la  note  5  de  la  page  828. 

^"   Dufourny  avait  été  proposé    au  Co-  ^^'   Mandar,  (|ui  a\ait  été  adjoint  ul lé- 
mité   d'instruction  publique   par   la   Com-  nourement  àcellesection(voir  t.  Il ,  p.  617), 
mission  des  arts  elle-même,  le  i5  nivôse  avait  quitté  Paris. 
(F''*  7,  folio  16,  recto).                                              ^*'   Siu-relte  avait  été  proposé  par  la  Com- 

^^^   Vandermonde  avait  été  proposé  par  mission  des  arts  le  ô  nivôse  (F''*  7,  folio  j /j. 

la  Commission  des  aris   en    même   leuq)s  verso). 
que  Dufourny,  le    1 5   nivôse. 


330       PROCÈS -VERBAUX  DU  COMITE  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 


On  lit  dans  les  procès-verbaux  de  la  Convention  : 

Séance  du  i3  pluviôse  an  ii. 

Au  nom  des  Comités  d'instruction  publique  et  des  finances,  un  membre  fait 
adopter  le  décret  ci-après  : 

rrLa  Convention  nationale,  après  avoir  entendu  le  rapport  des  Comités  d'in- 
struction publique  et  des  finances  sur  la  pétition  du  coUèg^e  de  l'Egalité  pour  ob- 
tenir les  fonds  nécessaires  à  ses  dépenses; 

r Décrète  qu'il  sera  ])ar  le  département  de  Paris  pourvu  aux  besoins  des  col- 
lèges de  Paris  conformément  aux  lois,  et  notamment  à  celles  du  8  mars  et  du 
5  mai  derniers  (vieux  style),  concernant  les  boursiers,  les  professeurs,  et  les 
maisons  consacrées  à  l'éducation  publique ^'N. 

Des  renseignements  sur  les  boursiers  des  collèges  de  Paris  nous  sont  fournis  par  une 
note  de  Champagne,  principal  du  collège  de  l'Egalité,  rédigée  en  vendémiaire  an  iv  ^-). 
Nous  les  résumons  ci-après  : 

Au  mois  d'octobre  1791,  il  y  avait  huit  cents  boursiers  dans  les  dix  collèges  de  Paris  : 
environ  cinq  cents,  Agés  de  moins  de  dix-huit  ans,  suivaient  les  classes  d'humanités;  les 
trois  cents  autres,  plus  Agés,  étaient  attachés  aux  études  spéciales  des  facultés  de  droit,  de 
médecine  et  de  théologie  :  cent  cinquante  environ,  parmi  ceux-ci ,  étudiaient  la  théologie; 
un  pareil  nombre  était  réparti  entre  les  études  de  droit  et  celles  de  médecine.  Vers  la  fin 
de  1791,  la  nomination  aux  bourses  fut  suspendue. 

Les  trois  cents  boursiers  des  études  supérieures  continuèrent  et  achevèrent  leurs  cours, 
de  sorte  qu'en  l'an  iv  leurs  bourses  se  trouvaient  toutes  vacantes. 

Quant  aux  cinq  cents  boursiers  des  classes  d'humanités,  le  plus  grand  nombre  d'entre 
eux  étaient  encore  dans  les  collèges  au  1"  octobre  1798,  époque  à  laquelle  l'enseignement 
fut  suspendu  par  le  département  de  Paris  jusqu'à  l'organisation  d'un  enseignement  nou- 
veau qui  ne  fut  pas  mis  en  activité.  Néanmoins  dans  quelques  collèges  l'enseignement 
continua,  mais,  dit  Champagne,  won  n'osa  plus  y  enseigner  qu'à  la  dérobées.  Survint  la 
réquisition,  qui  conduisit  aux  armées  les  boursiers  âgés  de  plus  de  dix-huit  ans,  au 
nombre  d'environ  deux  cent  cinquante;  leurs  bourses  leur  furent  expressément  conservées 
par  des  décrets  spéciaux.  Il  en  demeura  donc  deux  cent  cinquante  à  Paris  :  les  plus  âgés 
d'entre  eux,  une  centaine  environ,  se  livrèrent  à  l'étude  de  la  médecine  ou  des  mathéma- 
tiques, ou  bien  reçurent  des  places  dans  différentes  administrations;  sur  les  cent  cinquante 
pins  jeunes,  environ  quatre-vingts  rentrèrent  dans  leurs  familles,  renonçant  au  bénéfice  de 
leur  bourse,  pour  se  vouer  à  différentes  professions;  les  autres,  restés  dans  les  collèges 
ou  chez  leurs  parents,  attendirent  le  moment  où  l'enseignement  serait  remis  en  activité 
pour  reprendre  leur  cours  d'études. 

^')  Procès-verbal  (\o  la  Convention,  t.  XXX,  p.  3o8.  —  (^'  Archives  nationales,  F'', 
carton  1 1/1 3. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  331 

Voici  la  lettre  des  administrateurs  du  district  de  Bordeaux  dont  il  est  question  dans  la 
note  2  de  ia  page  32  4  : 

Bordeaux,  le  i3  germinal  l'an  2^ 

Les  administrateurs  du  district  de  Bordeaux  faisant  provisoirement  les  fonctions 
du  département  du  Bec-d'Ambès  au  ministre  de  l'intérieur. 

Citoyen , 

Le  décret  delà  Convention  nationale  du  8  mars  1798  (vieux  style)  en  déclarant 
domaines  nationaux  les  biens  formant  la  dolatioi  des  collèges,  des  bourses  et  de 
tous  autres  établissemenls  d'instruction  publique,  sous  quelque  dénomination 
qu'ils  soient,  a  mis  à  la  charge  do  la  nation  les  traitements  des  professeurs  et 
instituteurs,  etc. 

L'article  1 1  dit  que  les  fonds  nécessaires  seront  fournis  par  la  trésorerie  natio- 
nale, d'après  l'état  de  dépense  qui  sera  envoyé  par  les  corps  administratifs  au 
ministre  de  l'intérieur. 

Jusqu'à  présent,  ces  fonds  ont  été  pris  sur  le  produit  des  contributions  publi- 
ques et  délivrés  sur  les  ordonnances  des  directoires  de  district,  conformément  à 
l'article  12;  à  la  vérité  cette  faculté  était  bornée  au  premier  trimestre  de  1798; 
aussi  pour  ramener  à  exécution  les  dispositions  de  ce  décret,  nous  t'adressons 
l'état  nominatif  des  professeurs  actuellement  en  activité  au  collège  de  Bordeaux, 
avec  le  traitement  alloué  à  cbacun  d'eux  dans  les  proportions  déterminées  par 
l'article  10,  et  ce  qui  leur  revient  tant  pour  deux  mois  vingt-un  jours  du  tri- 
mestre de  vendémiaire,  que  pour  celui  de  nivôse  maintenant  échu''  ;  tu  voudras 
bien  donner  des  ordres  afin  que  le  montant  de  cet  état  nous  parvienne  le  plus  tôt 
possible;  tu  sentiras  comme  nous  qu'il  est  instant  que  cette  dette  soit  acquittée, 
et  elle  ne  peut  l'être  que  lorsque  nous  aurons  reçu  les  fonds  que  nous  te  de- 
mandons. 

Salut  et  fraternité. 

Rey,  Viette,    R.  Meyere. 
(ÙOMBERBY,  secrétdirp. 


A  cette  lettre  est  joint  l'état  suivant,  donnant  les  noms  des  professeurs  on  activité  au 
collège  de  Bordeaux,  et  l'indication  des  sommes  dues  à  chacun  d'eux  : 

^')  Voici   comment   les  administrateurs  au  ao  décembre;  ce  trimestre  no  comprend 

établissent  leur  compte  :  le  trimestre  d'oc-  donc  (jue  d(Miv  mois  et  vingt  et   un  jours 

tobre,    ou    trimestre    de    vendémiaire,    a  (les  vingt  i^t  mi  premiers  jours  d'octohro, 

commencé  le  1"  octobre,  mais,  par  suite  plus  les  mois  do  l»i-umairo  et  do  tVimaire). 

du  changement  du    calendrier,    il   a   tallu  bo  trimestre  de  nivôse  comprend  nivôso, 

l'arrêter  à   la   lin  de  frimairo,  c'ost-à-diio  pluviôse  et  ventôse. 


332       PROCÈS -VERBAUX  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 


DEPAllTEMEINT 

DU    BEC  DVVMBÈS. 

.DISTRICT 

DE   BORDEAUX. 


Etal  des  professeurs  actuellement  en  activité  au  collège  national 
de  Bordeaux,  avec  la  fixation  de  leur  traitement  et  le  mon- 
tant de  ce  qui  est  dû  à  chacun,  tant  pour  2  mois  21  jours 
du  trimestre  d'octobre  que  pour  celui  de  nivôse. 


NOMS 

DES  PAIITIES 

prenantes. 


GulLHB. 
DUPAC.  . 

Alibkrt. 

pKnLUS. 

Lanoix.. 

ÂnAM.  . 

ClIALBET 
D0PLEI\, 


GENRK  DES  FONCTIONS 


ou    DES    SERVICES. 


Professeur  de  physique  et  mathématiques, 

Idem 

Professeur  d'éloquence  politique,  etc.  .  .  . 

Idem 

Professeur  de  grammaire 

Idetn 

Suppléant  des  classes 

Portier  du  colli-ge 

Totaux , 


MONTANT   DES  TRAITEMENTS 

ou    SALAIRES 


par 
année. 


i,8oott 
1,800 
1,800 
i,8oo 
1,600 
1,600 
i,5oo 
5oo 


ia,4oo 


par 
quartier. 


Aoott 
/i5o 

/ifjO 

Zi5o 
Aoo 
Aoo 
375 


3,100 


pour 

2  mois 

et  ai  jours. 


^o5ltoo' 
/lo5  00 
Zio5  00 
/io5  00 
36o  00 
36o  00 
337  10 
112   10 


3,790  00 


TOTAL 

de 

CE  QUI  EST  DÛ 

à  chacun. 


8551+00' 
855  00 
855  00 
855  00 
760  00 
760  00 
71a  10 
a37  10 


Arrêté  par  nous,  administrateurs  du  district  de  Bordeaux,  faisant  les  fonctions 
de  département  dans  notre  ressort,  le  98  ventôse,  an  deuxième  de  la  Bépublique 

française  une  et  indivisible. 

Mille,  Monville,  Viettk. 
CoMBERRY,  secrétaire. 

On  lit  en  marge  de  la  pièce:  «3*  division,  19  germinal.  N°  6168.»  Et  au-dessous: 
«R.  20  germinal.  Grandjëan.w 


Voici  le  texte  de  Tarrété  du  Comité  de  salut  public  relatif  à  l'impression  du  Recueil  des 
actions  héroïques  : 

Du  28  pluviôse  an  11. 

(Présents  :  Coutbon,  B.  Barère,  Carnot,  C.-A.  Prieur,  Billaud-Varenne,  Saint- 
Just,  Robespierre,  R.  Lindet,  Jeanbon  Saint-André,  Collot  d'Herbois.) 

Le  Comité  de  salut  public  arré.'e  qu'il  sera  tiré  cent  cinquante  mille  exem- 
plaires de  cliaque  numéro  du  Recueil  des  actions  héroïques  et  civiques  des  républi- 
cains français ,  présenté  a  la  Convention  nationale  au  nom  du  Comité  d'instruction 
publique. 

Les  administrations  de  département  sont  autorisées  à  les  faire  réimprimer  selon 
le  besoin  des  administrés. 

Les  inspecteurs  de  la  salle  distribueront  une  partie  de  ce  travail  à  l'imprimerie 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  333 

des  Orphelins  des  défenseurs  de  la  patrie  réunis  à  la  Société'  des  Jeunes  Français , 
et  au  citoyen  Deltul'o^' .  Les  Orphelins  des  deTenseurs  de  la  patrie  en  imprime- 
ront douze  mille  exemplaires,  et  le  citoyen  Deltufo  la  même  (quantité'  ''. 

La  page  de  titre  du  second  numéro  du  Recueil  des  actions  héroïques  et  civiques  des  répu- 
blicains français,  dans  les  exemplaires  sortis  des  presses  de  rimprimerie  nationale,  est 
exactement  semblable  à  celle  du  premier,  sauf  que  les  mots  N"  II  ont  été  substitués  à  ceux 
de  N"  r\  Il  semble  qu'on  ait  utilisé  la  même  composition.  Aussi  la  présence,  dans  le  titre 
de  ce  second  numéro,  des  mots  :  Présenté  à  la  Convention  nationale,  qui  se  trouvaient  dans 
le  titre  du  n°  i,  n'est-ello  pas  à  nos  yeux  une  preuve  que  le  n"  2  ait  été  réellement  lu  à 
la  Convention;  elle  s'explique  tout  naturellement  par  le  fait  qu'on  n'a  riiîn  voulu  changer 
à  la  disposition  du  titre.  D'ailleurs,  le  numéro  étant  imprimé  en  vertu  d'un  décret  de  la 
Convention  et  distribué  à  ses  membres,  on  pourrait  dire  à  la  rigueur  qu'il  lui  était  présenté. 

Ce  numéro,  pour  les  exemplaires  tirés  à  l'Imprimerie  nationale,  forme  une  brochure 
de  28  pages  in-8''"^^^  Au  verso  de  la  page  de  titre  se  trouve  une  Chanson  républicaine  sur 
le  salpêtre,  en  quatre  couplets.  Le  titre  de  départ  est  placé  à  la  page  3;  il  porte  la  date 
du  1"  ventôse.  Le  corps  du  numéro  se  compose  de  vingt-huit  paragraphes,  qui  occupent 
les  pages  3  à  26;  la  date  de  l'action  racontée  figure  en  tête  de  chaque  paragraphe,  à  l'ex- 
ception des  deux  derniers.  Les  pages  27  et  28  sont  occupées  par  une  Chanson  en  huit 
couplets,  consacrée  à  célébrer  «l'autel  de  la  Patrie  n,  et  qui  doit  se  chanter  sur  l'air  Du 
serin  qui  te  fait  envie. 

Le  Musée  pédagogique  possède  un  exemplaire  ^^^  de  l'édition  de  ce  second  numéro  sor- 
tie des  presses  de  l'imprimeur  Deltufo,  édition  faite  on  vertu  de  l'arrêté  du  Comité  de 
salut  public.  L'indication  de  l'imprimerie  est  ainsi  libellée  :  «A  Paris,  Imprimerie  natio- 
nale des  rédacteurs-traducteurs  des  séances  de  la  Convention  nationale,  rue  des  Deux- 
Portes-Bon-Conseil,  n"  S.-n  Le  nombre  des  pages  de  cette  édition  est  de  82  au  lieu  de  28. 


On  lit  dans  le  Moniteur  : 

Convention  nationale,  séance  du  5  pluviôse. 

Homme.  Je  demande  la  parole  pour  un  fait  qui  regarde  les  arts.  Une  de'noncia- 
lion  a  été  faite  à  la  Convention ^'^^;  si  elle  était  seule  et  isolée,  elle  ne  devrait  pas 
s'en  occuper;  mais  je  sais  que,  dans  la  section  de  Beauropaire,  des  personnes  se 
disant  munies  d'ordres  du  Comité  de  sûreté  générale  sont  entrées  chez  un  mar- 
chand d'estampes,  ont  enlevé  plusieurs  gravures,  sous  prétexte  qu'elles  por- 
taient les  empreintes  de  la  royauté.  Vous  savez,  citoyens,  qu'un  décret  met  sous 
la  protection  des  lois  tous  les  objets  qui  inlt'ressent  les  ai'ts.  Je  dcMuando  que  le 
(jomité  de  sûreté  générale  poursuive  les  personnes  qui  se  sont  dites  porteui's  de 
ces  ordres. 


(')  Sur  Deltufo,  voir  l'annexe   B  de  la  (*^  Musée  pédagogique,  n"  187G0. 

séance  du  if)  nivôse,  p.  ^^li'S.  '■*'   C'est  la   dénonciation  faite  par  Ca- 

'^^   Archives  nationales,  A  F*  il,  '17.  mille    Dosnioiilins,    relative    à  l'arn-slalion 

^^^   Bibliothèquonalionale,Ln-3(),  in-8°;  de   son  l)oau-pôre  et  à  la  conlisoation  ile 

Musée  pédagogique,  n"  1 J  770.  tlivers  livrt^s  et  objets  saisis  chez  celui-ci. 


33/i      PROCÈS -VERBAUX  DU  COMITE  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

Les  nroposilions  de  Danton''^  et  de  Roniine  sont  renvoye'cs  aux  Comités  réunis 
de  salut  public  et  de  sûretd  ^^-énerale^^^. 

Convention  nationale,  séance  du  7  pluviôse. 

Le   Comité  révolutionnaire  de   la  section  de   Beaurepaire 
au  président  de  la  Convention  nationale. 

Le  6  pluviôse,  Tan  9.  de  la  République  une  et  indivisible. 

Le  Comité  de  surveillance  et  révolutionnaire  de  la  section  régénérée  de  Beau- 
repaire  ayant  été  inculpé  le  5  })luviôse,il  t'envoie,  pour  sa  justification,  copie  de  la 
lettre  du  Comité  de  surveillance  du  département  de  Paris  au  Comité  de  sûreté 
générale,  et  t'invite  d'en  donner  lecture  à  la  Convention. 

Copie  de  la  lettre  du  Comité  de  surveillance  du  département  de  Paris,  séant 
rue  de  la  Convention  nationale,  n"  18,  vis-à-vis  Saint-Rocli  : 

Le  Comité  de  surveillance  du  département  de  Paris  aux  représentants  du  peuple 
composant  le  Comité  de  sûreté  générale  de  la  Convention  nationale. 

Le  6  pluviôse,  l'an  9  de  la  République  une  et  indivisible. 

Citoyens,  plusieurs  marchands  de  gravures  ont  été  dénoncés  au  Comité,  et  des 
perquisitions  faites  chez  eux  il  est  résulté  que  les  uns  étaient  des  conspirateurs, 
les  autres  de  lâches  corrupteurs  des  mœurs;  le  tribunal  révolutionnaire  a  fait  jus- 
tice des  premiers,  la  pohce  correctionnelle  des  seconds. 

Romme  a  annoncé  à  la  Convention  cpie,  dans  la  section  de  Beaurepaire,  on 
avait  violé  le  décret  de  la  Convention,  en  enlevant  des  gravures  sous  prétexte 
qu'elles  portaient  des  emblèmes  de  la  royauté. 

Chez  Basset,  Enault,  Rapilly,  Dieu,  Lelong  et  Joubert  on  a  fait  perquisition, 
et  chez  tous  on  a  trouvé,  non  pas  des  emblèmes  de  la  royauté,  mais  des  malles 
de  rois,  reines,  dauphins,  etc.  On  n'a  pas  pensé  que,  quand  les  statues  ont 
tombé  sous  les  bras  vigoureux  d'un  peuple  libre,  on  dût  respecter  comme  chefs- 
d'œuvre  de  fart  de  petits  roitelets  bien  soigneusement  cachés,  et  dont  les  planches 
étaient  scrupuleusement  conservées.  Voilà  ce  que  nous  avons  fait  sur  la  section  de 
Beaurepaire.  Pas  un  paysage,  pas  une  estampe  autre  que  les  ci-dessus  men- 
tionnées, n'ont  été  saisis.  Nous  respectons  les  arts,  mais  non  les  tyrans. 

Nous  vous  prévenons  de  ces  faits  qui  peuvent  éclairer  votre  religion. 

Signé  :  Les  membres  du  Comité ,  Marchand,  Moessard, 
Clémence,  Lécrivain,  Guigne  jeune,  Chery. 

Pour  copie  conforme  : 
Brun  ,  secrétaire-greffier. 

La  Convention  ordonne  l'insertion  de  cette  lettre  au  Bulletin  ^^\ 


^''  Danton  avait  proposé  que  les  Comités  arrestations  arbitraires,  sans  nuire  à  facti- 

de  s.ilut  public  et  de  sûreté  générale  fissont  vile  du  gouvernement  révolutionnaire, 

un  rapport  sur  les  moyens  de  rendre  jus-  '-^  Moniteur  à\\  6  pluviôse  an  11,  p.  5o8. 

ticc  à  toutes  les  victimes  des  mesures  et  ^^)  Moniteur  an  8  pluviôse  an  11,  p.  5i6. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE. 


335 


CENT   QUATRE-VINGT-NEUVIEME    SEANCE. 

Du  7  pluviôse  an  ii.  [36  janvier  179^.] 

Le  Comité  approuve  le  désir  que  les  Or[)helins  des  défenseurs  de  la 
patrie  lui  ont  témoigné  de  placer  le  buste  du  jeune  Barra  auprès  de 
l'arbre  de  la  Liberté  qu'ils  ont  été  autorisés  par  la  Convention  natio- 
nale d'élever  dans  le  jardin  des  Tuileries;  charge  Léonard  Bourdon 
de  se  concerter  à  cet  égard  avec  le  Comité  des  inspecteurs  de  la 
salle  (1^ 

Les  instituteurs  des  petites  écoles  de  Paris  se  présentent;  après  avoir 
été  entendus,  le  Comité  arrête  que,  vu  l'absence  de  Valdruche,  rap- 
porteur de  cette  affaire,  et  l'urgence  des  besoins  où  se  trouvent  ces 
citoyens,  qui  ont  continué  leurs  fonctions  essentielles  sans  recevoir  la 
rétribution  qui  leur  est  due,  il  nomme  Léonard  Bourdon  pour  rap- 
porteur, à  l'effet  de  se  concerter  avec  le  Comité  des  linances  pour  sol- 
liciter le  payement  de  ce  qui  est  dû  aux  instituteurs  des  petites  écoles 
de  Paris  à  litre  de  secours  provisoire  ^^^ 


(^)  C'est  la  première  fois  que  le  nom 
de  Barra  paraît  dans  les  procès-verbaux  du 
Comité.  La  mort  de  Joseph  Barra  avait  été 
annoncée  à  la  Convention  dans  la  séance  du 
2  5  frimaire,  par  la  lecture  d'une  lettre  de 
Tadjudatit-général  Desmarres, commandant 
la  division  de  Brossuire,  écrite  de  Gliolet,  le 
18  frimaire,  et  adressée  au  ministre  de  la 
guerre;  la  Gonvontion,  émue  par  le  récit 
de  la  noble  conduite  de  cet  enfant,  avait 
voté  sur  le  champ  un  secours  de  trois  mille 
livres  et  une  pension  via^^ère  de  mille  li- 
vres à  la  mère  ([u'il  laissait  sans  ressources. 
Treize  jours  [)lus  tard,  le  8  nivôse,  Robes- 
pierre proposa  de  décerner  à  Barra  les 
hoimeurs  du  Panthéon,  et  Barère  demanda 
que  le  portrait  du  jeune  héros  fût  placé 
dans  toutes  les  écoles  primaires;  les  deux 
propositions  furent  décrétées.  Nous  don- 
nons aux  annexes,  A  (p.  «^Sq),  des  (>\lrails 
du  procès-vei'bal  des  séances  de  la  (îouveii- 
linn  des  9  5  frimaire  et  8  nivôse  an  11.  — 
Les  Orphelins  des  défenseurs  de   la  pairie 


sont  des  élèves  de  l'institution  dirigée  par 
Léonard  Bourdon;  ils  avaient,  le  3  pluviôse, 
obtenu  de  la  Convention  l'aulorisalion  de 
renverser  un  arbre  de  la  liberté  planté 
par  Louis  XVI  dans  le  jardin  des  Tuileries, 
et  d'en  planter  un  autre  à  sa  place.  Voir 
aux  annexes,  B  (p.  3^o),  un  extrait  du 
procès-verbal  de  la  séance  de  la  Convention 
du  o  pluviôse  an  11,  En  ce  ([ui  concerne  le 
buste  de  Barra,  voir  la  suite  à  la  séan-e 
du  Comité  du  a 5  pluviôse  (p.   /161). 

^2)  Voir  la  séance  précétiente  (p.  3a a). 
Les  négociations  de  Léonard  Bourdon  avec 
le  Comité  dos  (iuances  alioutirout  à  la  ré- 
daction d'un  proj(4  de  décret  qui  lut  pié- 
seuté  à  la  Convention  le  'i  veniôse  et  volé 
par  elle.  Il  pourvoyait  au  paiement  des  ar- 
rérages dus  aux  iustituteui's  et  institutrices 
non  seulement  du  département  de  Paris, 
mais  de  toute  la  France,  et  accordait, 
pour  toute  l'amK'e  i7()->  et  pour  Tamice 
i7()'i  juscpi'au  'j  aviil  [\')  germinal),  une 
auguicnlalicn  de  traitement  jusiju'à  concur- 


336       PROCÈS-VERBAUX  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

Sur  la  proposition  d'un  de  ses  membres,  pour  prendre  connais- 
sance de  l'école  connue  sous  le  litre  des  Jeunes  Français ,  de  concert  avec 
les  commissaires  du  Comité  de  salut  public,  [le  Comité  dési^jne]^^^ 
Fourcroy,  Matbieu,  Daoust,  Ferry  et  Grégoire  ^'-^. 

Le  citoyen  Coinleraux  adresse  au  Comité  un  prospectus  d'une  expé- 
rience pour  économiser  le  bois  de  chauffage ,  et  de  souscription  pour 
un  journal.  Le  Comité  arrête  que  ce  prospectus  sera  placé  dans  la 
salle  des  bureaux  exposé  à  la  vue,  et  nomme  Daoust  pour  rapporteur 
de  tout  ce  qui  concerne  Cointeraux^^^^. 

Le  président  fait  donner  lecture  d'une  lettre  du  Comité  de  salut 
public  sous  la  date  du  6  pluviôse,  en  réponse  à  celle  du  président  du 
Comité  d'instruction  publique,  relativement  aux  monuments  litté- 
raires^^^.  Après  cette  lecture,  le  Comité  arrête  : 

i**  Que  la  lettre  du  Comité  de  salut  public  restera  annexée  au 
procès-verbal  de  ce  jour  ^^^; 

2°  Que  son  président  écrira  aux  représentants  près  les  armées  du 
Rhin  et  de  la  Moselle,  ainsi  qu'à  ceux  qui  sont  près  toutes  les  ar- 
mées françaises  des  frontières,  pour  les  inviter  à  donner  des  ordres 
pour  que  les  monuments  qui  intéressent  la  littérature  et  les  arts  dans 
les  villes  des  ennemis  de  la  République  soient  soignés,  réservés,  et 
adressés  au  Comité  d'instruction  publique  ^^l 

Le  président  fait  part  au  Comité  du  décret  du  7  pluviôse,  qui  lui 
renvoie  soixante-six  médailles  en  cuivre  représentant  l'effigie  de  plu- 


ronce  de  quatre  cents  livres  dans  les  com- 
munes d'une  population  moindre  de  cinq 
mille  âmes,  et  de  six  cents  livres  dans 
celles  d'une  population  plus  élevée,  pour 
les  insliluleurs  et  instilulrices  dont  le  trai- 
tement n'alleignail  pas  ces  chiffres.  Nous 
donnons  aux  annexes ,  C  (  p.  3  /i  1  ),  un  extrait 
du  procès-verbal  de  la  séance  de  la  Conven- 
tion du  A  ventôse  an  11. 

^''^  Les  mots  entre  crochets  sont  ajoutés 
par  nous. 

^^)  Voir  p.  168.  Il  s'agit  de  l'institut 
de  Léonard  Bourdon,  établi  au  ci-devant 
prieuré  Saint-Martin,  et  dans  lequel  étaient 
placés  les  Orphelins  des  défenseurs  de  la 
patrie.  Il  sera  de  nouveau  question  de  cet 
inslilul  h'  i  i  pluviôse  (p.  378). 


^■'^  Voir  la  séance  du  i3  nivôse  (p.  280) 
et,  pour  la  suite,  celle  du  17  germinal 
an  II. 

^''^  La  lettre  du  président  du  Comité 
d^instruclion  publique  avait  été  écrite  en 
exécution  d'un  arrêté  pris  le  19  nivôse 
(p.  2  56);  elle  était  relative  à  des  carac- 
tères rares  qui  se  trouvaient  à  Spire. 

^^)  En  dépit  de  cet  arrêté,  la  lettre  du 
Comité  de  salut  public  n'est  pas  annexée 
au  procès-verbal.  Mais  nous  pouvons  néan- 
moins en  donner  le  texte  d'après  la  mi- 
nute, qui  nous  a  été  obligeamment  si- 
gnalée par  M.  Aulard.  Voir  aux  annexes,  I) 
(p.  3^2). 

^*^)  Il  sera  de  nouveau  question  de  cet 
objet  le  7  ventôso  (p.  Soo). 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE. 


337 


sieurs  ci-devant  rois  de  France,  adressées  par  la  municipalité  de  Cha- 
rolles.  Le  Comité  renvoie  les  soixante-six  médailles  à  la  Commission 
des  arts^i^. 

Grégoire  donne  lecture  d'un  rapport  et  d'un  projet  de  décret  sur 
les  noms  à  donner  aux  rues,  culs-de-sac  et  places  des  communes;  il 
présente  trois  bases  pour  ces  noms  : 

1°  Les  noms  de  départements,  de  districts  et  de  communes; 

9°  Ceux  des  hommes  qui  ont  bien  mérité  des  nations  ou  de  la 
patrie  ; 

3°  Ceux  des  vertus  républicaines,  etc. 

La  discussion  s'ouvre  ;  diverses  idées  sont  présentées,  telles  que  celle 
d'étendre  le  projet  sur  les  dénominations  à  donner  aux  communes, 
telle  encore  celle  de  former  une  nomenclature  générale  de  noms  pour 
les  rues  et  places  applicable  à  toutes  les  communes  de  la  République. 
Le  Comité  ajourne  la  discussion  de  cet  objet,  et  arrête  que  le  projet 
de  Grégoire  sera  imprimé  par  ordre  du  Comité  d'instruction  publique  ^^^. 

Le  président  fait  part  d'une  lettre  du  6  pluviôse  qui  lui  est  adressée 
par  le  citoyen  Sicard,  instituteur  des  sourds  et  muets,  par  laquelle  il 
invite  le  Comité  à  prendre  connaissance  de  ses  travaux  et  de  l'Ecolft 
des  sourds  et  muets.  Le  Comité,  après  la  lecture  de  cette  lettre, 
nomme  les  citoyens  Thibaudeau,  Lindet,  Coupé,  Grégoire,  Daoust 
et  Mathieu  pour  se  transporter  le  1 1  pluviôse  à  l'Ecole  des  sourds 
et  muets  (^l 


^')  La  lettre  de  la  municipalité  de  Gha- 
rolles,  qui  avait  été  lue  à  la  Convention 
le  morne  jour  (Procès-verbal,  t.  XXX, 
p.  162),  se  trouve  dans  F^',  carton  1009', 

^^^  Grégoire  avait  clé  nommé,  le  a 5 
brumaire,  rapporteur  d'un  plan  de  Cb;i- 
moulaud  concernant  des  dénominations  mo- 
rales à  donner  aux  rues,  et  il  avait  déjà 
présenté  un  rapport  le  27  brumaire  (t.  II, 
pages  826  et  833).  Invité  à  crdonnor  de 
nouveaux  développements  à  ses  idéesn,  il 
continua  sou  travail,  en  profitant  du  rap- 
port présenté  par  Avril  au  Conseil  général 
de  la  commune  (  voir  séances  des  1 7  et  2  5  ni- 
vôse, pages  a/i8  et  983).  Nous  donnons  aux 
annexes,  E  (p.  3^i2  ),  des  extraits  du  rapport 


de  Grégoire,  qui,  bien  qu'imprimé  par 
ordre  du  Comité ,  ne  fut  jamais  présenté  à  la 
Convention. 

^^)  On  a  vu  (séance  du  21  nivôse, 
p.  260)  qu'un  projet  de  décret  du  Comité 
des  secours  publics  sur  les  sourds-muets 
avait  été  renvoyé  à  l'examen  du  Comité 
d'instruction  pulilique.  La  lettre  de  Sicard 
se  trouve  aux  Arcbives  nationales.  Nous  la 
donnons  aux  annexes,  F  (p.  'iUli). 

Le  9  pluviôse,  le  projet  de  décret  du 
Comité  (les  secours  vint  à  l'ordre  du  jour 
de  l'assemblée.  La  (iOnviMilion,  au  lieu 
d'adopter  le  projet,  en  ordonna  la  revision 
et  prescrivit  (pi'elle  serait  l'aile  par  les  Co- 
mités tl'inslruclinn  pidiliquo,  des  linances, 
et  des   secours,    réunis.    Lo  i3    pluviôse, 


lU. 


2  3 


IMPIUMI  niK     ^«TlOlJtlI. 


338      PROCÈS-VERBAUX  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

Le  Comité  d'instruction  publique,  après  avoir  entendu  le  rapport 
de  la  Commission  des  arts  et  celui  d'un  de  ses  membres  sur  la  de- 
mande du  citoyen  Mac(juart,  médecin  naturaliste,  à  l'effet  d'obtenir 
une  pension  viagère  do  la  somme  de  quatre  mille  livres  pour  lui  tenir 
lieu  d'indemnité  tant  pour  les  frais  d'un  voyage  entrej)ris  par  ordre  du 
gouvernement,  que  pour  ses  travaux,  et  la  collection  de  minéraux  rap- 
portée par  lui  en  France,  déclare  que  cette  demande  lui  paraît  fondée 
et  aiTcte  que  le  pétitionnaire  se  pourvoira  devant  le  liquidateur  gé- 
néral suivant  les  formes  usitées  ^^l 

Fcrrv  fait  un  rapport  sur  la  pétition  du  citoyen  tioliberger  de  Vau- 
senville,  qui  demande  des  avances  qui  le  mettent  en  état  de  faire 
valoir  pour  l'avantage  de  la  République  un  nouvel  art  de  rayer  le 
papier,  dont  il  est  l'inventeur.  Ce  nouvel  art,  dit  le  rapporteur,  déjà 
approuvé  par  la  ci-devant  Académie  des  sciences  et  pour  l'exercice 
duquel  le  citoyen  Rohberger  avait  obtenu  un  brevet  d'invention, 
présente  en  effet  des  moyens  prompts  et  fort  économiques  pour 
fabriquer  toute  espèce  de  papier  rayé.  L'inventeur  l'a  poussé  très 
loin,  et  peut-être  complété  en  imaginant  plusieurs  outils  aussi  simples 
que  commodes  pour  fabriquer  ses  châssis,  mouler  et  tailler  ses  tire- 
lignes,  etc.  Le  Comité  renvoie  le  citoyen  Rohberger  au  Rureau  de  consul- 
tation des  arts,  qui  est  chargé  de  donner  son  avis  sur  la  récompense 
qui  peut  être  due  à  ce  citoyen  pour  ses  découvertes  dans  les  arts  ^^\ 

La  séance  est  levée  à  onze  heures  et  demie  ^^^. 

R.-T.  LlNDET^'^^ 


Raffron  îut  à  la  tribune  un  discours  dans 
lequel  il  combaltait  vivement  le  plan  du 
Comité  des  secours  publics  et  critiquait  la 
méthode  de  Tabbé  Sicard,  dont  Maiguet 
s'était  lait  le  panégyriste.  Nous  donnons 
aux  annexes,  F  (p.  3^5),  un  extrait  du 
procès-verbal  de  la  séance  de  la  Convention 
du  9  pluviôse  an  ii  et  un  extrait  du  compte- 
rendu  du  Journal  des  débats  et  des  décrets; 
un  extrait  du  compte-rendu  du  Moniteur, 
pour  la  séance  du  i3  pluviôse,  et  le  texte 
du  discours  de  Ratlron.  —  Pour  la  suite, 
voir  la  séance  du  3  ventôse,  p.  /i85. 

^')  Voir  la  séance  du  5 pluviôse  (p.  Sai). 
—  La  minute  contient  le  commencement 
d'une  première  rédaction  de  cet  alinéa  du 


procès-verbal,  qui  a  été  biffée  et  remplacée 
par  la  rédaction  actuelle.  Voici  le  passage 
biffé  :  «Mathieu  fait  un  rapport  sur  la  col- 
lection du  citoyen  Macquart ,  médecin  natu- 
raliste, qui  a  voyagé  par  ordre  de  l'ancien 
gouvernement.  La  discussion  ouverte  sur 
cet  objet,  le  Comité  arrête.  .  .  n  (la  suite 
manque  ). 

^^^  Voir  la  séance  du  1 5  frimaire  (p.  69  ) , 
où  l'art  de  rayer  le  papier,  dont  Rohberger 
était  l'inventeur,  est  désigné  sous  le  nom 
de  ffgammographie».  Pour  la  suite,  voir  la 
séance  du  17  ventôse  (p.  553). 

^^)  Cet  alinéa  ne  se  trouve  pas  à  la  mi- 
nute. 

^*^  Cette  signature  ne  se  trouve   qu'au 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE. 


339 


PIECES  ANNEXES. 


On  lit  dans  les  procès-verbaux  de  la  Convention  : 

Séance  du  26  frimaire  an  11. 

Le  rapporteur  du  Comitë  de  salut  public/'^  donne  lecture  de  plusieurs  de'pêches 
qui  annoncent  qu'auprès  de  Cholet,  après  trois  heures  de  combat,  on  a  détruit 
un  rassemblement  de  brigands.  Parmi  ces  dépêches,  une  lettre  du  ministre  de  la 
guerre  recommande  à  la  nation  la  mère  d'un  enfant  qui  a  montré  le  plus  grand 
courage,  et  a  mieux  aimé  mourir  que  de  livrer  deux  chevaux  qu'il  conduisait. 
Sur  la  motion  d'un  membre,  la  Convention  a  rendu  le  décret  suivant  : 
ffLa  Convention  nationale,  après  avoir  entendu  la  lecture  de  la  lettre  du  citoyen 
Desmarres,  commandant  la  division  de  Bressuire,  écrite  de  Cholet  le  18^^^  fri- 
maire au  ministre  de  la  guerre ,  décrète  que  la  lettre  qui  fait  mention  de  la  bra- 
voure, du  dévouement  et  de  la  piété  fihale  du  jeune  Joseph  Barra,  de  la  com- 


registre.  La  minute  est  de  la  même  main 
que  les  quatre  premiers  alinéas  du  procès- 
verbal  du  19  frimaire.  Toutefois  l'alinéa 
relatif  à  Rohberger,  écrit  sur  un  feuillet  à 
part,  est  de  la  main  de  Ferry. 

—  Nous  devons  mentionner  ici  un  décret 
important  qui  fut  rendu  le  8  pluviôse  sur 
un  rapport  présenté  par  Barère  au  nom 
du  Comité  de  salut  public.  C'est  le  décret 
que  le  procès-verbal  de  l'assemblée  ap- 
pelle le  «  décret  sur  les  idiomes  n  ;  il  or- 
donne que,  dans  les  dix  jours,  un  institu- 
teur de  langue  française  sera  établi  dans 
chaque  commune  de  campagne  des  dépar- 
tements du  Morbihan,  du  Finistère,  des 
Côtes-du-Nord  et  de  la  partie  de  la  Loire- 
Inférieure  dont  les  habitants  parlent  bas- 
breton;  il  prescrit  enraiement,  à  l'article  r^, 
la  même  nomination  d'un  instituteur  de 
langue  française  dans  les  communes  des 
campagnes  du  Haut  et  Bas-Hhin,  de  la  Corse 
et  des  parties  des  déparlements  de  la  Mo- 
selle, du  Nord,  du  Mont-Terrible,  des 
Alpes-Maritimes,  et  des  Basses-Pyrénées, 
dont  les  habitants  parlent  des  idiomes 
étrangers.  Le  décret  fut  volé  apros  nue 
courte  discussion,  dans  laquelle  un  membre 
proposa  (pic  la  mesure  lût  généralisée, 
c'est-à-dire  qu'elle  fut  étendue  à  tous  les 
départements   où  il  était  tait  usage  d'un 


patois.  Barère  répondit  que  la  chose  était 
impossible,  faute  d'hommes  et  faute  de 
temps;  d'ailleurs  les  patois  proprement  dits 
n'ont  pas  empêché  de  connaître  la  langue 
nationale  :  si  elle  n'est  pas  bien  parlée  là 
où  ils  existent,  elle  est  du  moins  facilement 
entendue;  le  législateur  ne  doit  des  insti- 
tuteurs de  langue  qu'aux  pays  où  un  idiome 
étranger  règne  exclusivement,  et  qui  se 
trouvent,  par  ce  fait,  comme  séparés  delà 
grande  famille.  Le  1 3 ,  un  membre  demanda 
que  les  dispositions  du  décret  du  8  fussent 
étendues  au  département  des  Pyrénées- 
Orientales;  la  proposition  fut  renvoyée  au 
Comité  de  salut  public.  Le  3o,  Barère  fil 
voter  un  article  additionnel  qui  étendait  les 
dispositions  du  décret  aux  déparlements 
des  Pyrénées-Orientales  et  de  la  Meurlhe. 
Nous  donnons  aux  annexes,  G  (p.  3.'i8), 
des  extraits  du  procès-verbal  des  séances 
de  la  (Convention  des  8,  i3  et  3o  j)luviôse. 
le  texte  du  rapport  de  Barère  du  8  plu- 
viôse, un  extrait  du  Journal  de»  débats  it 
des  décrets  donnant  la  tliscussion  du  8  plu- 
viôse, ot  un  extrait  du  Monitoar  donnant 
le  discours  pi-ononcé  par  Barère  le  3o  plu- 
viôse. 

U)  C'est  Barère  (Momteur). 

^'^  Le  procès-verbal  imprimé  porte  8  au 
lieu  de  18  :  c'est  une  faute  d'impression. 


jj 


3/iO      PROCÈS-VERBAUX  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

miine  de  Palaiseau,  district  de  Versailles,  sera  insensé  dans  ie  procès-verbal  ^'^  et 
dans  le  Bulletin. 

rrElle  accorde  à  lu  citoyenne  juère  du  jeune  Barra  une  pension  viag^ère  de  mille 
livres  et  une  somme  de  trois  mille  livres  payable  sur-le-cliamp  ^"\  ii 

Séance  du  8  nivôse  an  ii. 

Un  membre  ^^^  observe  qu'entre  les  belles  actions  qui  ont  e'clale  dans  la  guerre 
de  la  Vendée,  la  nation  entière  doit  distinguer  celle  du  jeune  Barra,  comme  of- 
frant h  la  fois  le  plus  beau  modèle  de  l'amour  de  la  patrie  et  de  la  piété  filiale.  Il 
demande  que,  pour  exciter  dans  les  jeunes  cœurs  Tamour  de  la  gloire,  de  la  pa- 
trie et  de  la  vertu,  pour  préparer  d'autant  mieux  les  prodiges  que  va  opérer  la 
génération  naissante,  et  pour  apprendre  à  nos  ennemis  à  désespérer  de  soumettre 
un  peuple  chez  qui  les  plus  sublimes  vertus  datent  de  l'âge  le  plus  tendre,  les 
honneurs  du  Panthéon  soient  décernés  à  Joseph  Barra  ;  que  celte  cérémonie  soit 
prompte  et  j)ompeuse;  que  le  génie  des  arts  l'embellisse,  et  que  David  soit  chargé 
d'en  donner  le  plan. 

Un  autre  membre  ^*^  demande  que  tous  les  artistes  et  graveurs  concourent  à 
retracer  les  traits  de  ce  jeune  martyr  de  la  liberté,  et  qu'un  exemplaire  soit  placé 
dans  chaque  école  primaire. 

La  Convention  applaudit  à  ces  diverses  propositions ,  et  le  décret  suivant  est  rendu  : 

ffLa  Convention  nationale  décerne  les  honneurs  du  Panthéon  au  jeune  Barra. 
David  est  chargé  de  donner  ses  soins  à  l'embellissement  de  celte  fête  nationale. 

ffLa  gravure  qui  représentera  l'action  héroïque  de  Joseph  Barra  sera  faite  aux 
frais  de  la  République,  d'après  un  tableau  de  David ^^\  et  un  exemplaire,  envoyé 
par  la  Convention  nationale,  sera  placé  dans  chaque  école  primaire ^'^^  51 

Le  21  nivôse  fut  lue  à  la  Convention  une  nouvelle  lettre  de  i'adjudant-général  Desmarres, 
donnant  des  indications  sur  l'attitude  dans  laquelle  Barra  devrait  être  représenté  par  David. 
{Moniteur  du  22  nivôse  an  n.) 


On  lit  dans  les  procès-verbaux  de  la  Convention  : 

Séance  du  3  pluviôse  an  11. 
Une  députation  de  jeunes  Orphelins  des  défenseurs  de  la  patrie  se  présente  à  la 


(*)  Malgré  le  décret,  la  lettre  de  I'adju- 
dant-général Desmarres  n'est  pas  au  procès- 
verbal  ;  elle  n'a  été  insérée  qu'au  Bulletin. 
Le  Moniteur  l'a  publiée  aussi. 

(^)  Procès -verbal  de  la  Convention, 
t.  XXVIl,  p.  218. 

^^^   C'est  Robespierre  (Moniteur). 

(''^  C'est  Barèrc  (Moniteur). 

(^)  Le  Moniteur  nous  apprend  que  David, 
après   que  Robespierre  eut  prononcé  son 


nom,  s'était  écrié  :  c:Ce  sont  de  telles  ac- 
tions que  j'aime  à  retracer.  Je  remercie  la 
nature  de  m'avoir  donné  quelques  talents 
pour  célébrer  la  gloire  des  héros  de  la  Ré- 
publique ;  c'est  en  les  consacrant  à  cet  usage 
que  j'en  sens  surtout  le  prix.«  (Moniteur 
du  10  nivôse  an  n,  p.  ^o3.)Le  tableau  ainsi 
promis  ne  fut  jamais  exécuté. 

^®)  Procès -verbal    de     la    Convention, 
t.  XXVlII,p.  ik%. 


DE  LA  CONVENTIOiN  NATIONALE. 


3M 


barre,  et  demande  en  leur  nom  à  être  autorisée  à  renverser  l'arbre  de  la  liberté 
planté  par  le  tyran  dans  le  jardin  national,  et  à  en  planter  un  autre. 

Un  membre '^^  demande  que  cette  proposition  soit  décrétée,  et  que  l'assemblée 
nomme  deux  commissaires  pour  assister  à  celte  cérémonie  civique. 

Un  membre  ^^'  demande  l'insertion  de  celte  pétition  et  de  la  réponse  du  prési- 
dent au  Bulletin.  Il  annonce  que  le  jeune  citoyen  Lalour,  qui  a  porté  la  parole,  a 
fait  une  campagne  entière  et  a  été  blessé  de  deux  coups  de  feu,  et  que  son  père 
a  été  fusillé  par  les  rebelles  de  Lyon. 

L'assemblée  décrète  ces  propositions,  ordonne  l'insertion  au  Bulletin,  avec  men- 
tion honorable,  de  la  pétition  et  de  la  réponse,  et  de  la  conduite  républicaine  du 
jeune  Latour;  et  renvoie  au  Comité  des  inspecteurs  de  la  salle  pour  fournir  un 
arbre  en  remplacement. 

Les  deux  commissaires  sont  Léonard  Bourdon  et  Fourcroy  ^^^ 


On  lit  dans  les  procès-verbaux  de  la  Convention  : 

Séance  du  h  ventôse  an  ii. 

Un  membre  ^*\  au  nom  des  Comités  d'instruction  publique  et  des  finances,  pro- 
pose un  projet  de  décret  relatif  aux  instituteurs  et  institutrices  des  petites  écoles, 
qui ,  après  discussion ,  est  adopté  dans  les  termes  suivants  : 

ffLa  Convention  nationale,  ouï  le  rapport  de  ses  Comités  d'instruction  publique 
et  des  finances ,  décrète  ce  qui  suit  : 

ff  Article  premier.  Les  arrérages  dus  jusqu'au  i5  germinal  prochain  ^^^  aux  in- 
stituteurs et  institutrices  des  petites  écoles,  dont  les  salaires  étaient  acquittés  en 
tout  ou  en  partie  sur  les  revenus  des  fabriques  et  autres  biens  mis  à  la  disposition 
de  la  nation,  ainsi  que  sur  ceux  des  octrois  et  autres  droits  ou  établissemenls  sup- 
primés, seront  payés,  sur  les  ordonnances  des  corps  administratifs,  comme  les 
créances  au-dessous  de  huit  cents  livres ^^^ 

rrART.  2.  Les  instituteurs  ou  institutrices  dont  le   traitement  fixe  ou   casuel 


<•'   C'est  Diihem  [Moniteur). 

(2)   C'est  Hicliai-d  [Monileuv). 

^^)  Procès -verbal  do  la  Conveiilioii, 
t.  XXX,  p.  79. 

''')  C'est  Léonard  Bourdon  [Mouileiir). 
Le  Monitenv  nous  apprend  ([uc  béoiiaid 
Bourdon,  avant  de  donner  lertnrc^  du  |)ro- 
jet  de  décret,  annonça  à  la  (ïonvcntlon 
que  «les  écoles  primaires  seraient  or[;ani- 
sées  au  1*'  [jerniinal  proclialu". 

^*^  Le  i5  gerniinal  an  n  correspondait 
au  h  avril  i79'i.  Le  dôcrel  jjarantissail  donc 
le  payement,  en  plus  de  Tannée  i79<5,  du 
premier  quartier  de  179^». 


^*)  Un  décret  du  20  novembre  179*^ 
avait  prescrit  que  cries  reconnaissances  dé- 
finitiv(>s  de  toutes  les  créances  qui  n'excé- 
deraient pas  le  montant  de  huit  cents  livres, 
et  qui  seraient  délivrées  par  les  directoires 
<ie  deparlciiKMil ,  conlormemenl  à  la  loi  du 
1  -l  septembre  1791,  seraient  acquittées  par 
le  leceveur  du  district  du  cliet-lleu  du  dé- 
j)arlemenl,  sur  les  fonds  qui  lui  seraient 
laits  par  la  caisse  de  Texlraortlinaire,  d'après 
les  états  desdites  leconnaissances,  qui  se- 
ront adressés  douilles  à  radininislralioii  de 
cette  caisse  par  les  ilirecloires",  (^Procès- 
verbal  de  la  Convention,   I.  111,  p.  ahù.) 


3/J2      PROCÈS -VERBAUX  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

ne  s'élève  pas  à  quatre  cents  livres  clans  les  comniiines  qui  ont  une  population 
moindre  de  cinq  mille  âmes,  ou  à  six  cents  livres  dans  les  autres,  recevront  une 
augmentation  de  traitement  pour  toute  l'année  1798,  et  jusqu'au  i5  germinal, 
jusqu'à  due  concurrence. 

ff  Abt.  o.  Les  fonds  de  cette  augjnentation  de  traitements  seront  faits  dans  la 
commune,  par  la  voie  des  sols  additionnels  au  rôle  des  contributions  foncière  et 
mobilière  de  1793,  et  l'avance  par  les  dix  plus  forts  contribuables,  sur  le  man- 
dat des  olliciers  municipaux. 

crÂRT.  U.  Les  salaires  des  instituteurs  ou  des  institutrices  des  écoles  primaires 
qui  ne  seraient  point  organisées  conformément  à  la  loi  du  99  frimaire  ^'\  au  1 5  ger- 
minal procbain,  seront  acquittés  sur  les  biens  des  administrateurs  chargés  de  l'exé- 
cution de  ladite  loi  ^"^\n 

D 

LETTRE  DU  COMITE  DE  SALUT   PUBLIC   A   CELUI  D'INSTRUCTION   PUBLIQUE  ^^\ 

6  pluviôse  an  n. 

Le  Comité  de  salut  public,  citoyens  collègues,  ne  pense  point  qu'il  soit  néces- 
saire de  s'adresser  à  lui  pour  ordonner  l'emploi  des  monuments  de  littérature  ou 
de  typographie  qui  peuvent  se  trouver  à  Worms,  à  Spire  ou  à  Mayence.  C'est  a 
vous  à  prendre  à  cet  égard  les  mesures  que  votre  sagesse  et  votre  amour  pour  la 
chose  publique  pourront  vous  suggérer. 

Salut  et  fraternité. 

E 

SYSTÈME  DE  DÉNOMINATIONS  TOPOGRAPHIQUES  POUR  LES  PLACES,  RUES,  QUAIS,  ETC.  , 
DE  TOUTES  LES  COMMUNES  DE  LA  REPUBLIQUE,  PARLE  CITOYEN  GREGOIRE,  IMPRIME 
PAR  ORDRE  DU  COMITE  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE. 

De  rimprimerie  nationale,  s.  d.  (*). 

[Grégoire  rappelle  que  plusieurs  pétitions  ont  demandé  un  système  régulier  de  déno- 
minations lopographiques  pour  les  places  publiques,  rues,  quais,  etc.,  de  tontes  les  com- 
munes. Déjà  celle  de  Paris  s'en  est  occupée  ^^);  quelques-unes  ont  effectué  des  réformes , 
totales  ou  partielles. 

11  développe  des  considérations  générales  sur  la  nécessité  et  l'utilité  de  celte  réforme,  et 
cite  de  nombreux  exemples  historiques.  Puis  il  analyse  divers  systèmes  proposés.] 

Le  premier  est,  à  quelques  modifications  près,  celui  que  Teisserenc  déve- 
loppa dans  sa  Géographie  parisienne  imprimée  en  175/1. 

^^^  Le  procès-verbal  imprimé    laisse  la  ^'')   Bibliothèque    nationale,    Le^^    6A7, 

date  en  blanc.  Mais  celte  date  est  donnée  in-S". 

par  le  texte  du  décret  tel  qu'il  se  trouve  ^^'  Rapport    etc.,  par  le   citoyen  Avril, 

au  Feuilleton.  {Note  de   Grégoire.)    C'est  cette   note    qui 

(ï)   Procès -verbal    de     la    Convention,  nous  a  appris  le  nom  de  l'auteur  du  Rap- 

t.  XXXll,  p.  160.  port  au   Conseil  général  de  la  commune  de 

(')  Archives  nationales,  AF II,  carton  37,  Paris  sur   quelques  mesures  à  prendre  en 

cahier  laS.  changeant  le  nom  des  rues. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  3^3 

[C'est  le  sysième  exposé  dans  le  rapport  au  Conseil  général  de  la  commune  de  Paris.] 

Préfère-t-on  des  denoininalions  empruntdos  de  choses  qui  par  leur  nature 
sont  invariables?  L'agriculture,  le  commerce,  les  arts  et  métiers,  surtout  les  vertus 
et  la  Révolution,  sont  des  sources  abondantes  oii  Ton  peut  puiser.  Daus  un  pays 
que  la  nature,  les  convenances  et  la  politique  ont  destirié  particulièrement  à  deve- 
nir cultivateur  et  manufacturier,  telles  de  nos  communes  auraierit,  par  exemple,  la 
place  de  Yagriculture.  Ce  serait  un  centre  dont  les  rues  seraient  les  rayons;  elles 
rappelleraient  la  charrue,  le  versoir,  la  herse,  le  Jléau,  \e  rouleau,  \a  gerbe,  etc. 
Toutes  les  rues  aboutissantes  à  la  place  du  commerce  en  retraceraient  par  leurs  dé- 
nominations les  attributs 

...  Si  aux  rapports  tirés  des  objets  physiques,  on  veut  substituer  des  rap- 
ports résultant  d'objets  moraux,  donnons  à  une  place  le  nom  d'une  vertu  prin- 
cipale; les  vertus  les  plus  connexes  à  celle-là  communiqueront  leurs  noms  aux 
rues  adjacentes.  A  la  place  de  la  Justice  aboutiront  les  rues  de  la  Sévérité,  de  V Im- 
partialité,  de  la  Loi,  etc^'\  Autoiu*  de  V Humanité  seront  re'parties  la  Bienveillance , 

V Hospitalité ,  la  Générosité,  la  Bonne  foi,  etc Mais,  dira-t-on,  le  but  moral 

sera  manqué,  parce  que  ces  dénominations,  devenues  trop  familières,  n'auront 
plus  de  prise  sur  le  cœur.  On  peut  rétorquer  cet  argument  contre  tous  les  systèmes, 
et  dès  lors  il  est  nul:  avec  de  telles  objections  on  nous  conduirait  à  sup[)rimer  les 
emblèmes  de  la  liberté,  que  nous  devons  au  contraire  multiplier. 

.  .  .  Dans  les  faits  immortels  de  notre  Re'volution,  dans  nos  succès,  nous  trou- 
verons des  sujets  pour  embellir  toutes  les  places.  Leurs  dénominations,  combinées 
avec  celles  des  rues  adjacentes,  formeront  un  abrège  historique.  Pourquoi  la  place 
des  Piques  ne  serait-elle  pas  avoisinée  par  les  rues  du  Patriotisme ,  du  Courage ,  du 
10  Août,  du  Jeu  de  paume ,  etc.?  N'est-il  pas  naturel  que  de  la  place  de  la  Bévolu- 
tion  on  aborde  la  rue  de  la  Constitution,  qui  conduirait  h  celle  du  Bonheur? .  .  . 

Ceci  conduit  à  examiner  s'il  ne  serait  pas  utile  de  donner  à  des  places,  à  des  mo- 
numents publics,  des  noms  d'hommes  distingués,  soit  de  ceux  que  celte  commune 

aurait  vu  naître  dans  son  sein,  soit  de  philosophes,  de  républicains  célèbres 

Les  grandes  comnuuie^  en  réalisant  un  sysième  de  dénominations,  le'serveraient 
peut-être  quelques  rues  sous  la  sinqile  indication  d'un  uuméro,  h  cùlé  duquel  on 
lirait:  Qui  la  nommera?  Ce  serait  Tanuonce  dune  espèce  de  concours  ouvert  aux 
talents  et  aux  vertus,  et  ces  idées  sont  digues  d'un  peuple  libre  ^'\ 

Actuellement  réunissons  dans  un  tableau  raccourci  la  série  de  nos  idées. 

Les  dénominations  peuvent  être  géographiques,  historiques,  révolutionnaires, 
ou  empruntées  dos  verlus,  de  l'agriculture,  du  commerce,  des  sciences,  des  arts, 
et  des  honunes  qui  les  ont  illustrés 

Si  la  plupart  des  grandes  connnunes  tiennent  à  l'uniformité  rigoureuse  d'un 
système,  il  faudra  se  résoudre  à  (juelques  sacrifices.  Ainsi  dans  l'Inpotlièse  que 

^'^  C'est  ri(l«'>o  du  citoyen  Cliauioulaud  ,  ^-^  Telle  est  aussi  l'opinion  que  le  citoyen 

dans  une  j)elile   hrociiurc  inliliilét'  :  Plmi  Avril  a  consignée  dans  son  rapport,  [IS'ote 

pour  la  n''i>L'u(''r(ili()ii  th's  nm'urs  en  trnnre.  de  Uréfi^ttre.) 
{Note  de  Grégoire.  ) 


Uii      PROCÈS -VERBAUX  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

Paris  adoptât  un  plan  gc^o^i^rapbique ,  les  mes  de  Lille  et  de  Thionville  céderaient 
à  d'autres  mieux  orientées  leurs  noms  qui  se  reporteraient  ailleurs. 

Mais  il  est  possible  qu'une  commune  ait  des  motifs  plausibles  pour  désirer  le 
maintien  de  certaines  dénominations  de  lieux  qui  ont  été  la  scène  d'un  ëvënement 
mémorable,  qui  ont  été  le  berceau  ou  l'asile  d'un  grand  homme,  etc. 

Et  pourquoi  s'asservir  à  un  système  exclusif,  dont  l'exécution,  répétée  dans 
quarante-quatre  mille  communes,  établirait  une  fatigante  monotonie?  Il  subirait 
d'ailleurs  d'irrésistibles  changements,  à  mesure  qu'on  percerait  des  rues  nouvelles; 
et  dans  une  conunune  telle  que  Paris,  qui  a  neuf  cents  rues,  le  besoin  de  la 
variété  est  plus  sensible. 

Au  lieu  d'un  système  unique,  laissons  donc  à  l'esprit,  au  goût,  au  sentiment, 
la  faculté  de  choisir  entre  ceux  que  l'on  propose,  d'en  combiner  les  éléments,  d'en 
féconder  les  principes,  de  les  approprier  aux  localités,  et  d'en  assortir  les  résultats 
de  la  manière  la  plus  avantageuse. 

Qu'il  nous  suffise  de  proposer  aux  citoyens  des  projets  d'une  exécution  facile, 
peu  dispendieuse,  dont  le  but  est  vraiment  moral,  vraiment  patriotique,  et  pour 
l'exécution  comptez  sur  un  peuple  sensible ,  qui  obéit  à  la  voix  de  la  patrie  avec 
autant  de  zèle  lorsqu'elle  invite  que  lorsqu'elle  commande. 

En  conséquence,  votre  Comité  vous  propose  de  décréter  seulement  : 

crQue  la  présente  instruction  sera  envoyée  à  toutes  les  communes  de  la  Répu- 
blique ,  avec  invitation  à  s'y  conformer.  » 


LETTRE    DE    L'ABBE    SIGARD   AU    COMITE  D'INSTRUCTION    PUBLIQUE (^^. 

Paris,  ce  6  pluviôse,  an  3*  de  la  République  française  une  et  indivisible. 
Citoyens  représentants , 

Il  vient  d'être  présenté  a  la  Convention  par  le  Comité  de  secours  pubhcs  un 
nouveau  plan  d'organisation  pour  des  écoles  à  fonder  dans  la  Répubhque  en  faveur 
des  sourds-muets.  Il  contient  aussi  le  projet  d'établissement  d'une  école  centrale 
oii  viendraient  se  former  les  maîtres  qui  se  destineraient  à  suivre  ce  genre  de  tra- 
vail. Ce  plan  est  trop  important,  il  peut  influer  trop  utilement  sur  l'instruction 
publique  en  général  pour  qu'il  ne  soit  pas  soumis  à  votre  Comité. 

C'est  donc  maintenant  de  vous,  citoyens,  que  la  nation  doit  attendre  l'examen, 
le  perfectionnement  et  l'exécution  de  vues  qui  non  seulement  doivent  porter  la 
consolation  dans  un  si  grand  nombre  de  familles,  mais  encore  enrichir  la  Répu- 
blique de  vrais  instituteurs,  et  leur  fournir  des  procédés  lumineux  et  certains 
pour  parcourir  avec  succès  la  carrière  si  difficile  de  l'enseignement.  L'école  cen- 
trale surtout  pourra  devenir  l'école  de  tous  les  maîtres.  Venez  vous  en  convaincre, 
citoyens^  en  consacrant  une  troisième  fois  quelques  heures  de  ce  temps  que  vous 
employez  avec  tant  de  zèle  au^bonheur  de  la  génération  présente  et  des  généra- 

(')  Arcliives  nationales,  F^',  cailon  1009',  ""  ^7^9* 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  365 

lions  futures.  Vous  ne  refuserez  pas  cette  faveur  à  celui  qui  a  déjà  reçu  de  vous 
les  encouragements  les  plus  flatteurs. 
Salut  et  fraternité. 

L'instituteur  des  sourds-muets, 

SiCARD. 

Susrriplion  :  «Aux  citoyens  représentants  du  peuple  français,  membres  du  Comité 
d'instruction  publique». 

On  lit  en  marge  :  ffLe  Comité  a  pris  un  arrèlé  par  lequel  il  nomme  des  commissaires 
pour  aller  à  Técole  des  sourds  et  muets.  Le  7  pluviôse. n 

On  lit  dans  les  procès-verbaux  de  la  Convention  : 

Séance  du  9  pluviôse  an  11. 

Rapport  du  Comité  des  secours  publics  :  le  projet  de  décret  est  renvoyé  à  l'exa- 
men des  Comités  d'instruction  publique ,  des  finances  et  des  secours  publics  réunis  ^^K 

On  lit  dans  le  Journal  des  débats  et  des  décrets  : 

Convention  nationale,  séance  du  9  pluviôse. 

Au  nom  du  Comité  des  secours  publics,  un  membre'^^  fait  lecture  d'un  projet 
de  décret  en  quarante-trois  ^^^  articles  sur  l'organisation  de  plusieurs  institutions 
pour  l'éducation  des  sourds  et  muets. 

Jeanbon  Saint- André  demande  la  question  préalable  sur  ce  projet,  qu'il  trouve 
difliis  et  trop  complet.  Cette  loi ,  dit-il ,  me  paraît  plus  avantageuse  pour  les  insti- 
tuteurs que  pour  les  institués;  elle  établit  d'ailleurs  une  hiérarchie  organique, 
toujours  dangereuse  dans  un  Etat  libre;  elle  éveille  la  cupidité  des  instituteurs; 
elle  est  tellement  volumineuse,  enfin,  qu'on  pourrait  croire  que  la  moitié  des 
citoyens  de  la  République  est  composée  de  sourds  et  muets. 

Le  rapporteur  observe  que  l'objet  du  rapport  est  de  la  plus  grande  importance, 
puisque  le  nombre  des  sourds  et  muets  s'élève  dans  la  République  à  plus  de  quatre 
mille;  que  cependant  le  nombre  des  instituts  est  fixé  à  six  pour  toute  la  Répu- 
blique, et  le  nombre  des  instituteurs  à  vingt  seulement  :  d'oii  il  résulte  que  la 
dépense  pour  cet  objet  no  peut  êlre  considérable.  Il  termine  par  déclarer  que  si  le 
projet  est  volumineux,  c'est  que  le  Comité  avait  cru  utile  d'y  insérer  les  détails 
des  règlements  indispensables  pour  l'organisation  de  ces  institutions. 

Thibaudeau  demande  le  renvoi  du  projet  aux  Comités  d'instruction  j)ul)lique  el 
des  finances,  pour  être  rapporté  avec  le  projet  d'organisation  générale  de  Tiu- 
slruction  publi([ue,  avec  lequel  il  pense  (|ue  cette  loi  a  nn(»  analogie  naturelle. 

Le  rapporteur  consent  au  renvoi. 

^*)  Procès- verbal    de     la    Convention,  ^^^   Ce  clnlfre  est  dû  à  une  erreur  du 

I.  XXX,  p.  ao8.  Nous  avons  donné    des  jouriinlisle  :  le  projet  de  décret  conlenait 

extraits  du  rapport  du  Comité  des  secours  soixante-cjuatorzc  articles  et  non  quaranle- 

p.  'î08.  trois. 

(«^  C'est  Maijriiot. 


346      PROCÈS -VERBAUX  DU  COMITE  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

Jeanhon  Saint-André  obsorvo  quo  c'est  la  niatièro  qu'il  faut  renvoyer  aux  Co- 
mités (rinslruclion  et  des  finances  :  autrement  ce  serait  leur  donner  une  très 
mauvaise  base  que  de  leur  envoyer  pour  canevas  le  projet  de  loi  du  Comité  de 
secours.  Il  croit  qu'ils  n'en  peuvent  avoir  de  meilleure  que  les  principes. 

Le  renvoi  esl  de'creté^''. 

La  lecture  laite  par  RallVon  dans  la  séance  du  i3  pluviôse  n'est  pas  mentionnée  par  le 
procès-verbal;  mais  elle  est  indiquée  dans  le  compte-rendu  du  Journal  des  débats  et  des 
décrets,  dont  voici  l'extrait  : 

Convention  nationale,  séance  du  i3  pluviôse. 

Rajfron  présente  à  la  Convention  quelques  observations  sm'  l'organisation  des 
institutions  à  établir  dans  la  Républi([ue  en  laveur  des  citoyens  sourds  et  muets. 

La  Convention  ordonne  l'impression  du  travail  de  RafTron,  et  le  renvoie  à 
Texamon  du  Comité  d'instruction  publique,  pour  on  (?tre  fait  rapport  dans  le  plan 
{{énéral  cpfil  esl  chargé  de  présente]*  ^^\ 

Voici  le  texte  du  discours  de  Raffron  : 

OBSERVATIONS  SUR  LES  ÉTABLISSEMENTS  PROPOSES  PAR  LES  COMITES  DE  SECOURS  ET 
D'INSTRUCTION  PUBLIQUE  (^^,  EN  FAVEUR  DES  SOURDS-MUETS.  SEANCE  DU  1  3  PLU- 
VIOSE L'AN   II. 

De  rimprimerie  nationale,  s.  d.  ^*). 
Citoyens , 

Je  ne  pense  pas  qu'il  faille  tant  d'apprêts  pour  satisfaire  à  ce  que  la  nation  doit 
aux  sourds-muets,  et  procurer  à  ces  êtres  maltraités  par  la  nature  les  secours  dont 
ils  ont  réellement  besoin.  Il  s'agit  ici  de  secours,  je  le  pense  et  dois  le  penser  ainsi, 
et  rien  de  plus.  Avant  de  former  une  entreprise ,  il  faudrait  bien  connaître  le  but 
qu'on  se  propose,  tâcher  de  l'atteindre,  et  surtout  ne  pas  le  dépasser,  car  alors  il 
est  plus  difficile  d'y  arriver. 

11  me  semble  que  l'on  tombe  précisément  dans  cet  inconvénient  par  rapport  aux 
établissements  projetés  pour  les  sourds-muets.  Vous  voulez  leur  donner  des  se- 
cours :  en  cela  vous  satisfaites  à  l'humanité  et  au  devoir.  Mais  dans  les  mesures 
que  vous  prenez  pour  cet  eff'et ,  vous  paraissez  vous  occuper  au  moins  autant  de 
la  grandeur  de  cet  établissement  que  de  son  utilité  réelle  pour  ceux  qui  en  sont 
l'objet.  Vous  voulez  que  l'on  publie  par  toute  la  terre  la  victoire  que  vous  avez 
remportée  suc  la  nature,  en  faisant  des  savants  de  ceux  à  qui  elle  avait  rendu  très 
difficiles  les  moyens  de  communiquer  leurs  pensées.  Certes,  vous  dépassez  le  but 
que  vous  vous  étiez  proposé  :  ce  ne  sont  plus  là  des  secours. 

^^)  Journal    des    débats   et  des    décrets,  projet  du  Comité  des  secours  eût  été  ren- 

n"  A96.  p.  193.  voyé  au  Comité  d'instruction  publique  déjà 

^^)  Journal    des   débats   et   des   décrets,  en  nivôse,  ce  dernier  n'avait  rien  proposé 

n°5oo,  p.  176.  encore. 

^3)  Ces  mots  fret  d'instruction  publique»  (*)  Bibliothèque  nationale,  Le  ^'^   683, 

sont   une  erreur  de  RafTron.   Rien  quo  le  in-S". 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  347 

D'abord  examinons  avec  quelques  détails  et  sans  prévention  l'état  des  sourds- 
muets.  Je  crois  pouvoir  les  partager  en  deux  classes;  savoir,  ceux  qui  sont  nés  dans 
l'aisance  :  ceux-là  n'ont  certainement  pas  besoin  de  secours.  Ils  sont  contents  de 
vivre  au  sein  de  leurs  familles;  ils  ne  manquent  de  rien,  leurs  parents  pourvoient 
à  tous  leurs  besoins,  étant  eux-mêmes  dans  l'aisance.  Il  n'est  pas  douteux  que  les 
sourds-muets  de  cette  classe  préfèrent  leur  situation,  à  vivre,  éloignés  de  leurs  pa- 
rents, dans  des  maisons  communes,  qui  (je  vous  en  demande  pardon)  ressemblent 
beaucoup  à  des  couvents.  Ils  y  seront  assujettis  à  une  gène,  à  une  contrainte  qu'ils 
ne  connaissent  pas,  à  la  règle  des  exercices  communs,  à  l'assiduité  aux  leçons  qui 
doivent  orner  leurs  esprits  de  sciences  dont  ils  n'ont  que  faire,  et  les  mettre  au 
rang  des  savants,  dont  la  République  n'éprouve  pas  disette. 

Viennent  les  pauvres  :  pour  ceux-ci,  il  faut  leur  donner  la  nourriture,  l'babit, 
le  logement,  et  les  commodités  de  la  vie;  leur  enseigner  les  droits  et  les  devoirs 
de  l'homme  en  société,  autant  que  cela  sera  possible;  leur  apprendre  les  métiers 
pour  lesquels  ils  auront  de  l'aptitude.  Ces  métiers,  où  ils  réussiront  (car  ils  ont 
une  grande  dextérité),  leur  procureront  de  l'aisance  et  les  sauveront  de  Tennui. 
Mais  il  ne  faut  pas  leur  vendre  ces  bienfaits  par  un  tourment  habituel,  pour  leur 
apprendre  la  grammaire,  la  syntaxe,  la  géométrie,  l'histoire,  etc.  L'abbé  de  l'Epée 
avait  des  élèves  capables  de  soutenir  une  thèse  de  tht'ologie.  J'en  ai  vu  un  chez  lui 
à  qui  il  avait  appris  à  répondre  la  messe.  Son  parler,  talent  ridiculement  artificiel , 
n'a  point  obtenu  mon  admiration.  Chercher  la  perfection  dans  ce  genre,  ce  serait 
courir  après  une  chimère.  Ils  sont  nés  muets,  ils  mourront  muets.  Ainsi  le  veut  In  nature. 

Je  vous  prie  d'observer  que  l'institution  académique  du  citoyen  Sicard ,  succes- 
seur de  l'abbé  de  l'Epée  et  héritier  de  sa  réputation,  ne  doit  pas  paraître,  quand 
on  l'examine  attentivement,  comme  j'ai  fait,  aussi  merveilleuse  qu'on  la  juge  au 
premier  abord.  L'abbé  de  l'Epée  a  formé  une  grammaire  pour  les  sourds-muets, 
en  recueillant  tous  les  gestes  inventés  par  les  sourds-muets  eux-mêmes ,  pour  se 
communiquer  leurs  pensées.  Il  a  recueilli  tous  ces  divers  signes,  et  en  a  composé 
un  corps  de  doctcine  qui  a  paru  étonnant,  qu'il  a  grossi  de  réflexions  métaphy- 
siques, qu'il  a  perfectionné,  si  l'on  veut  :  mais  au  fond,  il  a  peu  inventé. 

Les  sourds-muets  avant  l'abbé  de  l'Epée  n'étaient  pas  si  savants  théologiens 
peut-être,  mais  ils  se  comnmnicpiaient  assez  facilement  leurs  pensées,  ainsi  qu'à 
ceux  avec  lesquels  ils  vivaient.  J'atteste  ce  lait,  dont  j'ai  été  plusieurs  fois  témoin 
en  France  et  en  pays  ('tranger.  Ils  ont  une  langue  à  eux  ;  c'est  la  première  (pii 
ait  existé  parmi  les  hommes,  la  langue  des  signes,  qui  rend  si  expressives  nos 
langues  parlées. 

Ce  sont  les  sourd-smuets  qui  ont  été  leurs  premiers  grammairiens.  Réfléchissez-y, 
et  vous  serez  de  mon  avis. 

Il  est  agréable,  je  l'avoue,  et  même  commode  de  se  livrer  à  radmiration,  cpii 
est  une  source  de  jouissances,  que  nous  [)rocure  souvent  une  esp«'Mv  de  délirt^  ou 
l'ignorance.  Le  sage  admire  peu  :  il  a  moins  de  ces  jouissances,  mais  plus  de  rec- 
titude dans  l'esprit. 

Les  sourds-muets  ([ue  j'ai  connus  possé(lai<'nt  très  bien  \cuv  o-vi\u)n\iùir  des 
signes,  cpioicpie  l'abbt';  de  ILpée  n'eut  point  encore  établi  son  école. 

Contentons-nous  de  ce  qui  est  vraisemblable.  Ne  nous  obstinons  pas  à  \ouloir 


3/i8       PROCÈS-VERBAUX  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

brillantei- tout  coque  nous  touchons,  el  à  donner  le  poli  de  l'acier  fin  au  soc  delà 
cliaiTue.  N'oublions  pas  que  ce  sont  des  secours  que  nous  administrons;  que  des 
secours  se  donnent  à  ceux  qui  sont  dans  le  besoin.  Laissons  les  sourds-muets  qui 
ont  le  nécessaire  dans  leurs  familles,  ils  y  seront  beaucoup  mieux  que  dans  vos 
établissements.  Saciilions  l'e'clat  à  l'ulililé  réelle.  N'employons  pas  h  la  vanité  un 
argent  qui  servira  mieux  à  soulager  les  vrais  nécessiteux,  jusqu'à  ce  que  nous 
ayons  j)U  amener  les  choses  au  point  de  réduire,  de  diminuer  considérablement 
cette  plaie  du  corps  social,  qui  est  une  charge  énorme  pour  l'Etat  (la  dette  des 
secours),  en  mettant  la  presque  totalité  des  citoyens  à  portée  de  vivre  dans  une 
médiocrité  aisée,  du  fruit  de  leurs  travaux,  et  que  nous  ayons  pu  les  affranchie  de 
rhumiliation  inhérente  à  la  mendicité.  Tout  homme  qui  mendie,  hors  le  cas  d'ac- 
cident, est  dégradé  de  l'état  de  citoyen;  et  sans  avoir  étabh  une  académie  de  sourds- 
muets,  nous  aurons  bien  mérité  de  la  patrie. 

Je  conclus  à  ce  que  l'établissement  proposé  pour  les  sourds-muets  se  réduise  à 
des  secours  pour  ceux  d'entre  eux  qui  sont  indigents. 

Ces  observations  doivent  s'étendre  à  l'institution  des  aveugles,  dirigée  par  le 
citoyen  Haûy. 

Raffron. 


On  lit  dans  les  procès-verbaux  de  la  Convention  : 

Séance  du  8  pluviôse  an  ii. 

Rapport  du  Comité  de  salut  public  sur  les  idiomes. 

ffLa  Convention  nationale,  après  avoir  entendu  le  rapport  du  Comité  de  salut 
public ,  décrète  : 

ff  Article  premier.  Il  sera  établi  dans  dix  jours,  à  compter  du  jour  delà  pubhca- 
tion  du  présent  décret,  un  instituteur  de  langue  française  dans  chacjue  commune 
de  campagne  des  départements  du  Morbihan,  du  Finistère,  des  Côtes-du-Nord, 
et  dans  la  partie  de  la  Loire-Inférieure  dont  les  habitants  parlent  l'idiome  appelé 
bas-breton. 

ffART.  2.  11  sera  procédé  à  la  même  nomination  ^^^  d'un  instituteur  de  la  langue 
française  dans  chaque  commune  de  campagne  des  départements  du  Haut  et  Bas- 
Rhin,  dans  le  département  de  Corse,  dans  la  partie  du  département  de  la  Moselle, 
d  1  département  du  Nord^^\  du  Mont-Terrible,  des  Alpes-Maritimes  et  des  Basses- 
Pyrénées,  dont  les  habitants  parlent  un  idiome  étranger  ^^^ 

^'^  Le  délai  de  dix  jours,  imparti  pour  fut  introduit  dans  l'article  à  la  suite  d'une 

les  départements  bretons  à  l'article  précé-  observation  faite  par  Merlin  (de  Douai).  Le 

cèdent,  nous  semble  implicitement  indiqué,  projet  du  Comité  de  salut  public  ne  visait 

pour  les  départements  que  mentionne  l'ar-  que  quatre  idiomes  étran^jers,  le  bas-breton, 

ticle  2 ,  par  l'expression  «la  même  nomina-  l'allemand,  le  basque  et  l'italien  :  Merlin 

tionr».  Voir  la  note  a  de  la  page  SBg.  y  fit  ajouter  le  flamand. 

(^^  Le  nom    du  département  du  Nord,  ^^^  Nous  donnons  le  texte  de  cet  article, 

comme  on   le    verra  plus  loin  (p.  356),  non  d'après  le  procès-verbal  imprimé,  qui 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  3/j9 

ff  Art.  3.  Il  ne  pourra  être  choisi  aucun  instituteur  parmi  les  ministres  d'un 
culte  quelconque,  ni  parmi  ceux  qui  auront  appartenu  à  des  castes  ci-devant  pri- 
vilégiées; ils  seront  nommés  par  les  représentants  du  peuple,  sur  l'indication  faite 
par  les  sociétés  populaires. 

ctArt.  h.  Ils  seront  tenus  d'enseigner  tous  les  jours  la  langue  française  et  la  dé- 
claration des  droits  de  Tliomme  alternativement  '^^  à  tous  les  jeunes  citoyens  des 
deux  sexes,  que  les  pères,  mères  et  tuteurs  sont  obligés  d'envoyer  dans  les  écoles 
publiques. 

ffLes  jours  de  décade  ils  donneront  lecture  au  peuple  et  traduiront  vocalement 
les  lois  de  la  République,  en  préférant  celles  qui  sont  analogues  à  l'agriculture  et 
aux  droits  des  citoyens. 

cfART.  5.  Les  instituteurs  recevront  du  trésor  public  un  traitement  de  mille  cinq 
cents  livres  par  an,  payables  à  la  fin  de  chaque  mois,  à  la  caisse  du  district,  sur 
le  certificat  de  nisidence  donné  par  la  municipalité,  et  d'assiduité  et  de  zèle  à  leurs 
fonctions,  donné  par  l'agent  national  près  chaque  commune. 

ffLes  sociétés  populaires  sont  invitées  à  propager  l'établissement  des  clubs  pour 
la  traduction  vocale  des  décrets  et  des  lois  de  la  République,  et  à  multiplier  les 
moyens  de  faire  connaître  la  langue  française  dans  les  campagnes  les  plus  reculées. 
Le  Comité  de  salut  public  est  chargé  de  prendre  à  ce  sujet  toutes  les  mesures  qu'il 
croira  nécessaires  ^^\  n 

Voici  le  texte  du  rapport  lu  par  Barère  à  l'appui  de  ce  décret  : 

RAPPORT  ET  PROJET  DE  DECRET  PRESENTES,  AU  NOM  DU  COMITE  DE  S.VLUT  PUBLIC, 
SUR  LES  IDIOMES  ETRANGERS  ET  L'ENSEIGNEMENT  DE  LA  LANGUE  FRANÇAISE ,  PAR 
B.   BARÈRE,  DANS  LA  SEANCE  DU  8  PLUVIOSE,  L'AN  DEUXIEME  DE  LA  REPUBLIQUE. 

De  l'Imprimerie  nationale,  s.  d.  ^^\. 
Citoyens , 

Les  tyrans  coalisés  ont  dit  :  L'ignorance  fut  toujours  notre  auxiliaire  la  plus  puis- 
sante; maintenons  l'ignorance,  elle  fait  les  fanatiques,  elle  multiplie  les  contre- 
révolutionnaires.  Faisons  rétrograder  les  Français  vers  la  barbarie  ;  servons-nous 
des  peuples  mal  instruits,  ou  de  ceux  qui  parlent  un  idiome  différent  de  cehii  de 
l'instruction  publique. 

Le  Comité  a  entendu  ce  complot  de  l'ignorance  et  du  despotisme. 

Je  viens  appeler  aujourd'hui  voire  attention  sur  la  plus  belle  langue  de  l'Eu- 
rope, celle  qui  la  première  a  consacré  franchement  les  droits  de  l'homme  et  du  ci- 
toyen, celle  (jui  est  chargée  de  Iransmetti-e  au  moiido  les  plus  sublimes  pensées  de 
la  hberté,  et  les  plus  grandes  spéculations  de  la  [)olili([uo. 

esl  incorrect  à  cot  eiulroil,  mais  d'après  le  rempruntons  au    lo\lo   du  projet  de    Ba- 

projet  qui  suit  le  rapport  de  Baièro.  rère. 

^'^  Le  mot  cfaltcrnativementn,   (pii    pa-  ^*'   Procès-verbal    do     la     Convenlioii . 

rait  indiquer  la  séparation  des  sexes  pour  t.  X\\,  p.  iç)i. 

rcusel(jneniont,  ne  se  trouve  pas  dans  le  ^^^   Bibliotiièqu'^   nalicuialo.    Le  •  •''    (>73, 

texte    donné   par    le   procès-verbal;    nous  iu-S";  Musco  peda^jogicpie,  n"  G3()r'. 


350      PROCES-VERBAUX  DU  COMITE  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

Lonolemps  elle  fut  esclave,  elle  flatta  les  rois,  corrompit  les  cours  et  asservit 
les  peuples;  lonp;temps  elle  fut  déshonorée  clans  les  écoles,  et  mensongère  dans  les 
livres  de  rcnincation  publique;  astucieuse  dans  les  tribunaux,  fanatique  dans 
les  temples,  barbare  dans  les  diplômes,  amollie  parles  poètes,  corruptrice  sur  les 
théâtres,  elle  semblait  attendre,  ou  plutôt  désirer,  une  plus  belle  destinée. 

V'purée  enfin,  et  adoucie  par  quelques  auteurs  dramatiques,  ennoblie  et  bril- 
lante dans  les  discours  de  quelques  orateurs,  elle  venait  de  reprendre  de  l'énergie, 
de  la  raison  et  de  la  liberté  sous  la  plume  de  quelques  philosophes  que  la  persé- 
cution avait  honorés  avant  la  Révolution  de  1789. 

Mais  elle  paraissait  encore  n'appartenir  qu'à  certaines  classes  de  la  société;  elle 
avait  pris  la  teinte  des  distinctions  nobiliaires;  et  le  courtisan,  non  content  d'être 
distingué  par  ses  vices  et  ses  déprédations,  cherchait  encore  à  se  distinguer,  dans 
le  même  pays,  par  un  autre  langage.  On  eût  dit  qu'il  y  avait  plusieurs  nations 
dans  une  seule. 

Cela  devait  exister  dans  un  gouvernement  monarchique,  où  l'on  faisait  ses 
preuves  pour  entrer  dans  une  maison  d'éducation,  dans  un  pays  où  il  fallait  un 
certain  ramage  pour  être  de  ce  qu'on  appelait  la  bonne  compagnie,  et  où  il  fal- 
lait siffler  la  langue  d'une  manière  particulière  pour  être  un  homme  comme  il 
faut. 

Ces  puériles  distinctions  ont  disparu  avec  les  grimaces  des  courtisans  ridicules 
et  les  hochets  d'une  cour  perverse.  L'orgueil  même  de  l'accent  plus  ou  moins  pur 
ou  sonore  n'existe  plus,  depuis  que  des  citoyens  rassemblés  de  toutes  les  parties 
de  la  République  ont  exprimé  dans  les  assemblées  nationales  leurs  vœux  pour  la 
liberté,  et  leurs  pensées  pour  la  législation  commune.  Auparavant  c'étaient  des  es- 
claves brillants  de  diverses  nuances;  ils  se  disputaient  la  primauté  de  modes  et  de 
langages.  Les  hommes  libres  se  ressemblent  tous,  et  l'accent  vigoureux  de  la 
liberté  et  de  l'égalité  est  le  même,  soit  qu'il  sorte  de  la  bouche  d'un  habitant  des 
Alpes  ou  des  Vosges,  des  Pyrénées  ou  du  Cantal,  du  Mont-Blanc  ou  du  Mont-Ter- 
rible, soit  qu'il  devienne  l'expression  des  hommes  dans  des  contrées  centrales, 
dans  des  contrées  maritimes ,  ou  sur  les  frontières. 

Quatre  points  du  territoire  de  la  République  méritent  seuls  de  fixer  l'attention 
du  législateur  révolutionnaire ,  sous  le  rapport  des  idiomes  qui  paraissent  le  plus 
contraires  à  la  propagation  de  l'esprit  public,  et  présentent  des  obstacles  à  la  con- 
naissance des  lois  de  la  Répubhque  et  à  leur  exécution. 

Parmi  les  idiomes  anciens,  velches,  gascons,  celtiques,  visigoths,  phocéens  ou 
orientaux  qui  forment  quelques  nuances  dans  les  communications  des  divers  ci- 
toyens et  des  pays  formant  le  territoire  de  la  République,  nous  avons  observé  (et 
les  rapports  des  représentants  se  réunissent  sur  ce  point  avec  ceux  de  divers  agents 
envoyés  dans  les  départements  )  que  l'idiome  appelé  bas-breton ,  l'idiome  basque , 
les  langues  allemande  et  italienne  ont  perpétué  le  règne  du  fanatisme  et  de  la  su- 
perstition, assuré  la  domination  des  prêtres,  des  nobles  et  des  praticiens,  empêché 
la  Révolution  de  pénétrer  dans  neuf  départements  importants,  et  peuvent  favoriser 
les  ennemis  de  la  France. 

Je  commence  par  le  bas-breton.  11  est  parlé  exclusivement  dans  la  presque  tota- 
lité des  départements  du  Morbihan,  du  Finistère,  des  Côtes  du-Nord,  une  partie 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  351 

d'ille-et- Vilaine  ^'\  et  dans  une  grande  partie  de  la  Loire-Infe'rieure.  Là ,  l'ig-norance 
perpétue  le  joug  impose'  par  les  prêtres  et  les  nobles;  là,  les  citoyens  naissent  et 
meurent  dans  l'erreur  :  ils  ignorent  s'il  existe  encore  des  lois  nouvelles. 

Les  habitants  des  campagnes  n'entendent  que  le  bas-breton  ;  c'est  avec  cet  in- 
strument barbare  de  leurs  pense'es  superstitieuses  que  les  prêtres  et  les  intrigants 
les  tiennent  sous  lem'  empire,  dirigent  leurs  consciences,  et  empêchent  les  citoyens 
de  connaître  les  lois  et  d'aimer  la  République.  Vos  travaux  leur  sont  inconnus,  vos 
efforts  pour  leur  affranchissement  sont  ignorés. 

L'éducation  pulilique  ne  peut  s'y  établir,  la  régénération  nationale  y  est  impos- 
sible. C'est  un  fédérahsme  indeslriictible,  que  celui  qui  est  fondé  sur  le  défaut  de 
communication  des  pensées;  et  si  les  divers  déparlements,  seulement  dans  les  cam- 
pagnes ,  parlaient  divers  idiomes ,  de  tels  fédéralistes  ne  pourraient  être  corrigés 
qu'avec  des  instituteurs,  des  maîtres  d'école,  et  dans  plusieurs  années  seulement. 

Les  conséquences  de  cet  idiome,  trop  longtemps  perpétué  et  trop  généralement 
parlé  dans  les  cinq  départements  de  l'Ouest,  sont  si  sensibles  que  les  paysans  (au 
rapport  de  gens  qui  y  ont  été  envoyés)  confondent  le  mot  loi  et  celui  de  religion 
à  un  tel  point  que,  lorsque  les  fonctionnaires  pubh'cs  leur  parlent  des  lois  de  la 
République  et  des  décrets  de  la  Convention,  ils  s'écrient  dans  leur  langage  vul- 
gaire :  Est-ce  qu'on  veut  nous  faire  sans  cesse  changer  de  religion  ? 

Quel  machiavélisme  dans  les  prêtres,  d'avoir  fait  confondre  la  loi  et  la  religion 
dans  la  pensée  de  ces  bons  habitants  des  campagnes!  Jugez,  par  ce  trait  particulier, 
s'il  est  instant  de  s'occuper  de  cet  objet.  Vous  avez  ôté  à  ces  fanatiques  égarés 
l'empire  des  saints,  par  le  calendrier  de  la  République;  ôtez-leur  l'empire  des 
prêtres  par  l'enseignement  de  la  langue  française. 

Dans  les  départements  du  Haut  et  du  Bas-Rhin,  qui  a  donc  appelé,  de  con- 
cert avec  les  traîtres,  le  Prussien  et  l'Autrichien  sur  nos  frontières  envahies? 
N'est-ce  pas  l'habitant  des  campagnes  qui  parle  la  même  langue  que  nos  ennemis, 
et  qui  se  croit  ainsi  bien  plus  leur  frère  et  leur  concitoyen,  que  le  frère  et  le  conci- 
toyen des  Français  qui  lui  parlent  une  autre  langue  et  qui  ont  d'autres  habitudes? 

Le  pouvoir  de  l'identité  du  langage  a  été  si  grand  qu'à  la  retraite  des  Alle- 
mands, plus  de  vingt  mille  honnues  des  campagnes  du  Bas -Rhin  sont  énugrés. 
L'empire  du  langage  et  de  l'intelligence  qui  régnait  entre  nos  ennemis  d'Alle- 
magne et  nos  concitoyens  du  département  du  Bas-Rhin  est  si  incontestable  qu'ils 
n'ont  pas  été  arrêtés  dans  leur  émigration  par  lout  ce  que  les  honunes  ont  de  plus 
cher,  le  sol  qui  les  a  vus  naître,  leurs  dieux  pénates  et  les  terres  (ju'ils  avaient 
fertilisées.  Les  différence  des  conditions,  l'orgueil  a  produit  la  première  émigra- 
tion qui  a  donné  à  la  France  des  milliards;  la  différence  du  langage,  le  défaut 
d'éducation ,  l'ignorance  ont  [)roduit  la  seconde  émi<[i'atiou  qui  laisse  presque  tout 
un  département  sans  cultivateurs.  C'est  ainsi  que  la  coiitie-ré\olution  s'est  établie 
sur  quelques  frontières  en  se  réfugiant  dans  les  idiomes  étrangers  ou  barbares  que 
nous  aurions  dii  faire  disparaître. 

Vers  une  a»itie  extrémité  de  la  Républicjue  est  un  peuple  neuf  cpioique  antique, 
un  peuple  pasteur  et  navigateur,  ([ui  ne  fut  jamais  ni  esclave  ni  maître,   (jue 


'i' 


Liî  tlôcrot  ne  parle  pas  dMllo-ol-\  iiuino. 


352      PROCÈS-VERBAUX  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

César  ne  put  vaincre  au  milieu  de  sa  course  triomphale  dans  les  Gaules,  que  l'Es- 
pagne ne  put  atteindre  au  milieu  de  ses  l'évolulions,  et  que  le  despotisme  de  nos 
despotes  ne  put  soumettre  au  joug  des  intendants,  je  veux  parler  du  peuple 
basque.  Il  occupe  rexlrémité  des  Pyrénées  occidentales  qui  se  jette  dans  TOcéan. 
Une  langue  sonore  et  imagée  est  regardée  chez  eux  comme  le  sceau  de  leur  ori- 
gine et  l'héritage  transmis  [)ar  leurs  ancêtres.  Mais  ils  ont  des  prêtres,  et  les 
prêtres  se  servent  de  leur  idiome  pour  les  fanatiser;  mais  ils  ignorent  la  langue 
française  et  la  langue  des  lois  de  la  République.  11  faut  donc  qu'ils  l'apprennent,  car 
malgré  la  didérence  du  langage  ot  malgré  leurs  prêtres,  ils  sont  dévoués  à  la  Répu- 
bli(|ue  qu'ils  ont  déjà  défendue  avec  valeur  le  long  de  la  Bidassoa  et  sur  nos  escadres. 

Un  autre  département  mérite  d'attirer  vos  regards,  c'est  le  département  de 
Corse.  Amis  ardents  de  la  liberté,  quand  un  perfide  Paoli  et  des  administrateurs 
fédéralistes  ligués  avec  des  prêtres  ne  les  égarent  pas ,  les  Corses  sont  des  citoyens 
français;  mais  depuis  quatre  ans  de  révolution,  ils  ignorent  nos  lois,  ils  ne  con- 
naissent pas  les  événements  et  les  crises  de  notre  liberté. 

Trop  voisins  de  l'Italie,  que  pouvaient-ils  en  recevoir?  Des  prêtres,  des  indul- 
gences, des  adresses  séditieuses,  des  mouvements  fanatiques.  Pascal  Paoli,  Anglais 
par  reconnaissance,  dissimulé  par  habitude,  faible  par  son  âge,  Italien  par  prin- 
cipe, sacerdotal  par  besoin,  se  sert  puissamment  de  la  langue  italienne  pour  per- 
vei'tir  fesprit  public,  pour  égarer  le  peuple,  pour  grossir  son  parti;  il  se  sert 
surtout  de  l'ignorance  des  habitants  de  Corse  qui  ne  soupçonnent  pas  même 
l'existence  des  lois  françaises,  parce  qu'elles  sont  dans  une  langue  qu'ils  n'enten- 
dent pas. 

Il  est  vrai  qu'on  traduit  depuis  quelques  mois  notre  législation  en  italien;  mais 
ne  vaut-il  pas  mieux  y  établir  des  instituteurs  de  notre  langue  que  des  traduc- 
teurs d'une  langue  étrangère? 

Citoyens,  c'est  ainsi  que  naquit  la  Vendée;  son  berceau  fut  l'ignorance  des  lois, 
son  accroissement  fut  dans  les  moyens  employés  pour  empêcher  la  Révolution  d'y 
pénétrer,  et  alors  les  dieux  de  l'ignorance,  les  prêtres  réfrac taires ,  les  nobles 
conspirateurs,  les  praticiens  avides  et  les  administrateurs  faibles  ou  complices 
ouvrirent  une  plaie  hideuse  dans  le  sein  de  la  France  :  écrasons  donc  l'ignorance, 
étabhssons  des  instituteurs  de  langue  française  dans  les  campagnes. 

Depuis  trois  ans  les  assemblées  nationales  parlent  et  discutent  sur  l'éducation 
publique,  depuis  longtemps  le  besoin  des  écoles  primaires  se  fait  sentir  :  ce  sont 
des  subsistances  morales  de  première  nécessité  que  les  campagnes  vous  deman- 
dent; mais  peut-être  sommes-nous  encore  trop  académiques  et  trop  loin  du 
peuple ,  pour  lui  donner  les  institutions  les  plus  ada])tées  à  ses  plus  pressants  besoins. 

Les  lois  de  l'éducation  préparent  à  être  artisan,  artiste,  savant,  littérateur,  lé- 
gislateur et  fonctionnaire  public;  mais  les  premières  lois  de  l'éducation  doivent 
préparer  à  être  citoyen  ;  or,  pour  être  citoyen,  il  faut  obéir  aux  lois,  et  pour  leur 
obéir,  il  faut  les  connaître.  Vous  devez  donc  au  peuple  l'éducation  première,  qui 
le  mette  à  portée  d'entendre  la  voix  du  législateur.  Quelle  contradiction  présentent 
à  tous  les  esprits  les  départements  du  Haut  et  du  Bas -Rhin,  ceux  du  Morbi- 
han, du  Finistère,  d'Ille-et-Vilaine,  de  Loire -Inférieure,  des  Côtes-du-Nord, 
(les  Basses-Pyrénées  et  de  Corse?  Le  législateur  parle  une  langue  que  ceux  qui 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  353 

doivent  exécuter  et  obëir  n'entendent  pas.  Les  anciens  ne  connurent  jamais  de 
contrastes  aussi  frappants  et  aussi  dang-ereux. 

Il  faut  populariser  la  langue,  il  faut  détruire  cette  aristocratie  de  langage  qui 
semble  établir  une  nation  polie  au  milieu  d'une  nation  barbare. 

Nous  avons  révolutionné  le  gouvernement,  les  lois,  les  usages,  les  mœurs,  les 
costumes,  le  commerce  et  la  pensée  même;  révolutionnons  donc  aussi  la  lanpue 
qui  est  leur  instrument  journalier. 

Vous  avez  décrété  l'envoi  des  lois  à  toutes  les  communes  de  la  République; 
mais  ce  bienfait  est  perdu  pour  celles  des  départements  que  j'ai  indiqués.  Les 
lumières  portées  à  grands  frais  aux  extrémités  de  la  France  s'éteignent  en  y  arri- 
vant, puisque  les  lois  n'y  sont  pas  entendues. 

Le  fédéralisme  et  la  superstition  parlent  bas-breton;  l'émigration  et  la  liaine 
de  la  République  parlent  allemand;  la  contre-révolution  parle  l'italien,  et  le  fana- 
tisme parle  le  basque.  Brisons  ces  instruments  de  dommage  et  d'erreur. 

Le  Comité  a  pensé  qu'il  devait  vous  proposer,  comme  mesure  urgente  et  révo- 
lutionnaire, de  donner  à  chaque  commune  de  campagne  des  départements  dési- 
gnés un  instituteur  de  langue  française,  chargé  d'enseigner  aux  jeunes  personnes 
des  deux  sexes,  et  de  lire  chaque  décade  à  tous  les  autres  citoyens  de  la  com- 
mune les  lois,  les  décrets  et  les  instructions  envoyés  par  la  Convention.  Ce  sera 
à  ces  instituteurs  de  traduire  vocalement  ces  lois,  pour  une  intelligence  plus  fa- 
cile dans  les  premiers  temps.  Rome  instruisait  sa  jeunesse  en  lui  apprenant  à  lire 
dans  la  loi  des  douze  tables.  La  France  apprendra  à  une  partie  des  citoyens  la 
langue  française,  dans  le  livre  de  la  déclaration  des  droits. 

Ce  n'est  pas  qu'il  n'existe  d'autres  idiomes  plus  ou  moins  grossiers  dans  d'autres 
départements;  mais  ils  ne  sont  pas  exclusifs,  mais  ils  n'ont  pas  empêché  de  con- 
naître la  langue  nationale.  Si  elle  n'est  pas  également  bien  parlée  partout,  elle  est 
du  moins  facilement  entendue.  Les  clubs,  les  sociétés  patriotiques,  sont  des  écoles 
primaires  pour  la  langue  et  pour  la  liberté;  elles  suffiront  pour  la  faire  connaître 
dans  les  départements  où  il  reste  encore  trop  de  vestiges  de  ces  patois,  de  ces  jar- 
gons maintenus  par  l'habitude  et  propagés  par  une  éducation  négligée  ou  nulle. 
Le  législateur  doit  voir  d'en  haut,  et  ne  doit  ainsi  apercevoir  que  les  nuances 
très  prononcées,  que  les  différences  énormes;  il  ne  doit  des  instituteurs  de  langue 
qu'au  pays  qui,  habitué  exclusivement  à  un  idiome,  est,  pour  ainsi  dire,  isolé  et 
séparé  de  la  grande  famille  ^^^. 

Ces  instituteurs  n'appartiendront  à  aucune  fonction  de  culte  quelconque  :  point 
de  sacerdoce  dans  l'enseignement  public;  de  bons  patriotes,  des  hommes  éclairés , 
voilt^  les  premières  qualités  nécessaires  pour  se  mêler  d'éducation. 

Les  sociétés  populaires  indiqueront  des  candidats  :  c'est  de  leur  soin,  c'est  des 
villes  que  doivent  sortir  ces  instituteurs,  c'est  par  les  représenlanis  du  peu[)le  en- 
voyés pour  établir  le  gouvernement  révolutionnaire  qu'ils  seront  choisis. 

Leur  traitement  sera  payé  par  le  trésor  public.  La  République  doit  l'instruction 

^')  Cet  alinéa  a  prohahloincnl  été  njoTiU'  par  Rarùi-e,  après  coiij),  on  réponse  à  la  pro- 
position qui  avait  été  faite  à  la  Couveiilion  de  généraliser  la  mesure  proposée.  Voir  pins 
loin,  p.  35G. 

ni.  .j3 


354      PROCÈS -VERBAUX  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

élt^mentnire  à  tous  les  citoyens;  leur  trnilement  n'éveillera  pas  la  cupidité;  il 
doit  satisfaire  aux  besoins  d'un  homme  dans  les  campagnes;  il  sera  de  quinze 
cents  francs ^'^  par  année.  L'assiduité  prouvée  par  les  autorités  constituées  sera  la 
caution  de  la  République  dans  le  payement  qu'elle  fera  à  ces  instituteurs  qui  vont 
remplir  une  mission  plus  importante  qu  elle  ne  paraît  d'abord.  Ils  vont  créer  des 
hommes  à  la  liberté,  attacher  des  citoyens  h  la  patrie,  et  préparer  l'exécution  des 
lois  en  les  faisant  connaître. 

Cette  proposition  du  Comité  aura  peut-être  une  apparence  frivole  aux  yeux  des 
hom'mes  ordinaires,  mais  je  parle  à  des  législateurs  populaires,  chargés  de  prési- 
der à  la  plus  belle  des  révolutions  que  la  politique  et  l'esprit  humain  aient  encore 
éprouvées. 

Si  je  parlais  à  un  despote,  il  me  blâmerait;  dans  la  monarchie  même,  chaque 
maison,  chaque  commune,  chaque  province,  était  en  quelque  sorte  un  empire  sé- 
paré de  mœurs,  d'usages,  de  lois,  de  coutumes  et  de  langages.  Le  despote  avait 
besoin  d'isoler  les  peuples,  de  séparer  les  pays,  de  diviser  les  intérêts,  d'empêcher 
les  communications,  d'arrêter  la  simultan.'ité  des  pensées  et  l'identité  des  mouve- 
ments. Le  despotisme  maintenait  la  variété  des  idiomes;  une  monarchie  doit  res- 
sembler à  la  tour  de  Babel;  il  n'y  a  qu'une  langue  universelle  pour  le  tyran, 
celle  de  la  force,  pour  avoir  l'obéissance,  et  celle  des  impôts,  pour  avoir  de  l'argent. 

Dans  la  démocratie,  au  contraire,  la  surveillance  du  gouvernement  est  confiée 
à  chaque  citoyen;  pour  le  surveiller,  il  faut  le  connaître,  il  faut  surtout  en  con- 
naître la  langue. 

Les  lois  d'une  République  supposent  une  attention  singulière  de  tous  les  ci- 
toyens les  uns  sur  les  autres,  et  une  surveillance  constante  sur  l'observation  des 
lois  et  sur  la  conduite  des  fonctionnaires  publics.  Peut-on  se  la  promettre  dans  la 
confusion  des  langues,  dans  la  négligence  de  la  première  éducation  du  peuple, 
dans  l'ignorance  des  citoyens? 

D'ailleurs,  combien  de  dépenses  n'avons-nous  pas  faites  pour  la  traduction  des 
lois  des  deux  premières  Assemblées  nationales  dans  les  divers  idiomes  parlés  en 
France,  comme  si  c'était  à  nous  à  maintenir  ces  jargons  barbares  et  ces  idiomes 
grossiers  qui  ne  peuvent  plus  servir  que  les  fanatiques  et  les  contre-révolutionnaires. 

Laisser  les  citoyens  dans  l'ignorance  de  la  langue  nationale ,  c'est  trahir  la  pa- 
trie, c'est  laisser  le  torrent  des  lumières  empoisonné  ou  obstrué  dans  son  cours; 
c'est  méconnaître  les  bienfaits  de  l'imprimerie;  car  chaque  imprimeur  est  un  insti- 
tuteur public  de  langue  et  de  législation. 

Laisserez-vous  sans  fruit,  sur  quelque  partie  du  territoire,  cette  belle  invention 
qui  multiplie  les  pensées  et  propage  les  lumières,  qui  reproduit  les  lois  et  les  dé- 
crets, et  les  étend  dans  huit  jours  sur  toute  la  surface  de  la  République;  une  in- 
vention qui  rend  la  Convention  nationale  présente  à  toutes  les  communes,  et  qui 
seule  peut  assurer  les  lumières,  l'éducation,  l'esprit  public  et  le  gouvernement 
démocratique  d'une  grande  nation? 

Citoyens,  la  langue  d'un  peuple  Hbre  doit  être  une  et  la  même  pour  tous. 

<')  Nous  avons  ici  un  des  rares  exemples  de  l'emploi  du  mol  franc  dans  le  sens  de  livre) 
en  dérogation  au  décret  du  17  frimaire  an  11.  Voir  tome  II,  p.  667,  note  1. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  355 

Dès  que  les  hommes  pensent,  dès  qu'ils  peuvent  coaliser  leuis  pensées,  l'em- 
pire des  prêtres,  des  despotes  et  des  intrigants  louche  à  sa  ruine. 

Donnons  donc  aux  citoyens  l'instrument  de  la  pensée  publique ,  l'agent  le  plus 
sûr  de  la  Re'volution ,  le  même  langage. 

Eh  quoil  tandis  que  les  peuples  étrangers  apprennent  sur  tout  le  globe  la 
langue  française,  tandis  que  nos  papiers  publics  circulent  dans  toutes  les  ré- 
gions; taudis  que  le  Journal  universel '^^^  et  le  Journal  des  Hommes  libres  ^^'  sont 
lus  chez  toutes  les  nations  d'un  pôle  à  l'autre,  on  dirait  qu'il  existe  en  France  six 
cent  mille  Français  qui  ignorent  absolument  la  langue  de  leur  nation ,  et  qui  ne 
connaissent  ni  les  lois,  ni  la  Révolution,  qui  se  font  au  milieu  d'eux? 

Avons  l'orgueil  que  doit  donner  la  prééminence  de  la  langue  française  depuis 
qu'elle  est  républicaine ,  et  remplissons  un  devoir. 

Laissons  la  langue  italienne  consacrée  aux  délices  de  l'harmonie  et  aux  expres- 
sions d'une  poésie  molle  et  corruptrice. 

Laissons  la  langue  allemande,  peu  faite  pour  des  peuples  libres  ,jusqu'àceque  le 
gouvernement  féodal  et  militaire ,  dont  elle  est  le  plus  digne  organe ,  soit  anéanti. 

Laissons  la  langue  espagnole  pour  son  inquisition  et  ses  universités,  jusqu'à  ce 
qu'elle  exprime  l'expulsion  des  Bourbons  qui  ont  détrôné  les  peuples  de  toutes  les 
Espagnes. 

Quanta  la  langue  anglaise,  qui  fut  grande  et  libre  le  jour  qu'elle  s'enrichit  de 
ces  mots  :  la  majesté  du  peuple,  elle  n'est  plus  que  l'idiome  d'un  gouvernement 
tyrannique  et  exécrable ,  de  la  banque  et  des  lettres  de  change. 

Nos  ennemis  avaient  fait  de  la  langue  française  la  langue  des  cours  :  ils  l'avaient 
avilie.  C'est  à  nous  d'en  faire  la  langue  des  peuples ,  et  elle  sera  honorée. 

11  n'appartient  qu'à  une  langue  qui  a  prêté  ses  accents  à  la  liberté  et  à  l'égalité; 
à  une  langue  qui  a  une  tribune  législative  et  deux  mille  tribunes  populaires,  qui 
a  de  grandes  enceintes  pour  agiter  de  vastes  assemblées ,  et  des  théâtres  pour  cé- 
lébrer le  patriotisme;  il  n'appartient  qu'à  la  langue  qui,  depuis  quatre  ans,  se 
fait  lire  par  tous  les  peuples;  qui  décrit  à  toute  l'Europe  la  valeur  de  quatorze  ar- 
mées; qui  sert  d'instrument  à  la  gloire  de  la  reprise  de  Toulon,  de  Landau,  du 
Fort-Vauban  et  à  l'anéantissement  des  armées  royales,  il  n'appartient  qu'à  elle  de 
devenir  la  langue  universelle. 

Mais  cette  ambition  est  celle  du  génie  de  la  liberté;  il  la  remplira.  Pour  nous, 
nous  devons  à  nos  concitoyens ,  nous  devons  à  raffermissement  de  la  r\é[)ublique , 
(le  faire  parler  sur  tout  son  territoire  la  langue  dans  laquelle  est  écrite  la  déclara- 
tion des  droits  de  l'homme. 

Voici  le  projet  de  décret  : 

PROJET   DE   DÉCRET. 

[Suit  un  dôcret  on  ciu(j  arliclos,  dont  le  texte  est  identique,  sauf  de  léiTÔres  difTéronces 
indiquées  en  note,  à  celui  du  décret  voté,  que  nous  avons  donné  p.  3'i8.] 

'')  Lo  Jourtxd  univei'sel  était  rédi{jé  par  1\-J.  Audouin,  député  de  Seine-et-Oise.  — 
^'^  Le  Journal  des  liomines  libres  de  Ions  les  poys  elait  rédigé  par  Charles  Diivid,  députe 
d'Ille-el-Vilaine. 


35G     PROCES-VERBAUX  DU  COMITE  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

On  lit  dans  le  Journal  des  débats  et  des  décrets  : 


Convention  nationale ,  séance  du  8  pluviôse. 

Barere  fait  un  rapport  sur  les  moyens  de  l'cmedier  aux  inconve'nients  qui  nais- 
sent de  quel(pic>  idiomes  trop  ^o-énéralemcnl  reçus  dans  telle  ou  (elle  partie  de  la 
République  et  très  dilTérents  de  la  lan^fue  nationale.  Il  cite  le  bas-breton,  l'alle- 
mand, ritalien  et  le  basque.  Il  fait  sentir  l'impossibilité  d'éclairer  une  portion  du 
peuple  lorsqu'elle  ne  peut  l'être  que  par  des  canaux  dont  la  corruption  jusqu'à  ce 
jour  n'a  pas  été  équivoque.  Le  Comité  propose  d'établir  dans  les  départements  où 
l'on  ne  parle  pas  généralement  le  français  plus  ou  moins  modifié,  des  instituteurs 
de  langue  française.  Ils  auront  i,5oo  livres  d'appointemeuls.  Le  rapport  de 
Barère  renferme  des  idées  précieuses  sur  la  nécessité  de  l'uniformité  du  langage 
chez  un  peuple  libre.  Nous  promettons  à  nos  lecteurs  de  le  leur  donner  en  en- 
tier. 

Merlin  (de  Douai)  observe  que  dans  deux  districts  du  département  du  Nord  on 
ne  parle  que  flamand.  Il  demande  un  article  additionnel  pour  cet  objet  ^*\ 

On  voudrait  généraliser  cette  mesure  ^^^ 

Barere  fait  observer  que  le  Comité ,  dans  la  proposition  qu'il  a  faite ,  a  eu  l'in- 
tention de  faire  quelque  bien.  Mais ,  dit-il ,  vous  voulez  faire  un  si  grand  bien  que 
vous  n'obtiendrez  aucun  heureux  résultat.  La  mesure  généralisée  exige  un  temps 
et  une  masse  d'hommes  si  considérable  que  nous  ne  pourrions ,  aussi  tôt  que  nous 
le  désirons,  remplir  l'objet  que  nous  nous  proposons.  Ce  dont  nous  avons  essen- 
tiellement besoin  aujourd'hui,  c'est  qu'il  ne  se  forme  pas  une  nouvelle  Vendée 
dans  la  ci-devant  Bretagne,  où,  comme  nous  le  verrons  dans  les  rapports  de  Ri- 
chard et  Choudieu,  les  prêtres  ont  exercé  la  plus  cruelle  influence  en  ne  parlant 
que  le  bas-breton.  Ce  dont  nous  avons  besoin,  c'est  de  repeupler  un  district  du 
département  du  Bas-Rhin,  que  des  émigrés  ont  entraîné,  parce  qu'ils  parlaient 
aux  habitants  leur  langage,  et  se  servaient  de  ce  moyen  pour  les  égarer.  Ce  dont 
nous  avons  besoin ,  c'est  que  Paoli  n'opère  pas  la  contre-révolution  en  Corse  par 
les  moyens  que  lui  en  offre  la  langue  italienne,  qu'on  parle  uniquement  dans  cette 
île.  Enfin ,  ce  dont  nous  avons  besoin ,  c'est  de  mettre  à  l'abri  du  fanatisme  le 
peuple  basque ,  qui  est  patriote ,  mais  que  des  ennemis  de  la  liberté  pourraient 


(^)  Le  déparlement  du  Nord  a  été  in- 
tercalé dans  le  texte  de  l'article  a  du  dé- 
cret. * 

(^)  La  réponse  de  Barère  montre  ce 
qu'il  faut  entendre  par  cr généraliser  cette 
mesure».  On  proposait  évidemment  que 
des  instituteurs  de  langue  française  fussent 
établis  dans  tous  les  départements  où  il 
existait  des  patois.  Un  alinéa  du  rapport 
de  Barère  (voir  p.  353),  qui  paraît  avoir 
été  ajouté  après  coup,  contient  également 


une  réponse  à  cette  proposition;  le  rap- 
porteur y  explique  que  les  patois  ne  sont 
pas  exclusifs,  qu'ils  n'ont  pas  empêché  de 
connaître  la  langue  nationale;  que  si  elle 
n'est  pas  également  bien  parlée  partout, 
elle  est  du  moins  facilement  entendue;  et 
que  les  clubs,  les  sociétés  patriotiques, 
suffisent  pour  en  répandre  l'usage  général 
dans  les  déparlements  où  restent  encoi-e 
trop  de  vesliges  de  ces  patois  maintenus 
par  l'habitude  et  le  manque  d'éducation. 


I 

SI 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE. 


357 


corrompre  en  lui  déguisant  les  vrais  principes.  Voilà  les  quatre  objets  principaux 
qu'a  saisis  le  Comité  de  salut  public. 
Le  décret  est  adopté  ^^K 


M.  Becq  de  Fouquières  rattache  au  rapport  de  Barère  sur  les  idiomes  étrangers  et  l'en- 
seignement de  la  langue  française  quelques  vers  d'André  Chénier,  que  nous  reproduisons  à 
titre  de  curiosité  : 

AUX  MUSES  (^). 

On  dit  que  le  dédain  froid  et  silencieux 

Devint  une  ardente  colère, 
Lorsque  le  Moniteur  vous  eut  mis  sous  les  yeux 

Le  sot  fatras  du  sot  Barère  : 
Qu'au  pliœbus  convulsif  de  l'ignare  pédant, 

De  honte  et  de  terreur  troublées , 
Votre  front  se  souvint  de  ce  Thrace  impudent. 

Qui  vous  eût  toutes  violées. 
On  dit  plus  :  mais  je  sais  combien  chez  nos  plaisants 

Grâce,  pucelage  et  faconde 
Exposent  une  belle  à  des  bruits  médisants  ; 

Ils  veulent  que  sur  cet  immonde 
Vous  ayez,  mais  tout  bas,  aux  effroyables  sons 

D'apostrophes  trop  masculines. 
Joint  :  pied-plat,  gredin,  cuistre,  et  d'autres  maudissons 

Peu  faits  pour  vos  lèvres  divines; 
Dignes  de  lui,  d'accord  ;  mais  indignes  de  vous. 

Ces  gens  n'ont  point  votre  langage. 
N'apprenez  point  le  leur.  Un  ignoble  courroux 

Justifie  un  ignoble  outrage  ^^^ 

Ces  vers  ont  été  publiés  pour  la  première  fois  dans  l'édition  de  M.  Gabriel  de  Cbénier 
(Lemerre,  187 A,  t.  II,  p.  2o3),  où  ils  sont  placés  parmi  les  satires.  M.  Becq  de  Fou- 
quières a  jugé  que  ce  morceau  devait  étic  classé  parmi  les  ïambes,  à  cause  do  son  rvthnie; 
et  il  a  écrit  à  son  sujet  le  commentaire  suivant  : 


Ces  vers  ont  été  composés  dans  les  derniers  jours  du  mois  de  janvier  179A 


(4) 


(0  Journal  des  débats  et  des  décrets, 
n°  /195,  p.  102. 

(^)  Ce  litre  :  Au.t  Muses  est  de  la  création 
de  M.  Bocq  de  Fon(]uiôres;  il  n'existe  pas 
dans  l'édilion  do  M.  Gabrivl  do  Clionior.  il 
est  cPailleurs  conforme  au  sens  de  la  pièce, 
comnio  h;  montre  l'allusion  lailo  par  lo  poète 
au  Tlirace  Pyrèno,  qui  avait  essayé  do  violer 
les  M uses. 

^•''^    Les   Musos   auxquelles  s'adresse    ici 


André  Cliônlor  sont  évidemment  do  jeunes 
damos  de  sa  connaissance  qui,  après  la  loc- 
Ime  du  Moniteur,  auraient,  au  rapport  de 
corlains  r plaisanls",  fait  pleuvoir  sur  Ba- 
rèri>  dos  ôpilliètos  dicti'os  par  ini  counoux 
(pio  lo  poôle  ([iialilio  lui-in(''me  il'- ignoble r). 
^^^  Ceci  est  do  la  part  do  M.  Becq  do  Fou- 
(piières  une  simple  supposition;  mais  elle 
est  très  vraisemblable,  car  on  no  voit  pas  à 
(piol  autre  rapport  do  Bai'èro  (juo  celui  sur 


358      PROCÈS -VERBAUX  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

Dans  la  séance  du  7  pluviôse  ^^\  la  Convention  avait  vote  un  décret  excellent  et 
qni  devait  avoir  toute  l'approbation  d'André  Chénier,  puisqu'il  établissait  un  in- 
stituteur dans  toutes  les  communes  des  départements  où  la  langue  française  était 
[)eu  répandue.  Malheureusement  ce  décret  avait  été  précédé  d'un  long  discours  de 
Barère,  empliaticpie  et  pédant,  semé  de  sottises,  en  formelle  opposition  d'ailleurs 
avec  l'esprit  du  décret.  André  Chénier  ne  pouvait  supporter  les  fautes  de  goût;  et 
plusieurs  phrases  de  Barère  blessèrent  en  lui  l'écrivain,  le  poète,  le  lettré;  il  les 
considéra  comme  un  outrage  aux  Muses.  Le  discours  de  Barère  fut  dès  le  soir  même 
ti'ailé  fort  dédaigneusement  dans  tous  les  cercles  de  Paris;  mais,  quand  il  parut 
dans  le  Moniteur  du  9  pluviôse,  les  gens  de  goût  accueilUrent  avec  colère  certains 
passages  qui  maltraitaient  les  sociétés  polies.  Il  suffira  de  citer  les  deux  suivants  : 
ffll  faut  populariser  la  langue,  avait  dit  Barère,  il  faut  détruire  cette  aristocratie  du 
langage  qui  semble  établir  une  nation  polie  au  milieu  d'une  nation  barbare.  Nous 
avons  révolutionné  le  gouvernement,  les  lois,  les  usages,  les  mœurs,  les  costumes, 
le  commerce ,  et  la  pensée  même  ;  révolutionnons  donc  aussi  la  langue ,  qui  en  est 
l'instrument  journalier.  «  Ce  que  voulait  dire  Barère  valait  mieux  sans  doute  que 
ce  qu'il  avait  dit  ;  c'est  contre  le  bon  goût  surtout  qu'il  avait  péché.  André  Ché- 
nier vengea  les  neuf  sœurs  outragées,  dans  cet  ïambe  qu'il  leur  adressa. 

On  sait  que  Barère  était  député  des  Hautes-Pyrénées  ;  il  est  possible  que  ce  soit 
cette  circonstance  qui  ait  rappelé  à  la  mémoire  d'André  Chénier  l'histoire  racontée 
par  Ovide  [Mélam.  V,  27A)  de  ce  Thrace  nommé  Pyrène  {Pyreneus)  qui  avait 
voulu  violer  les  Muses  ^^'. 

Le  décret  du  8  pluviôse  fut  complété  quelques  jours  plus  tard  par  un  article  additionnel 
qui  en  étendait  les  dispositions  aux  déparlements  des  Pyrénées-Orientales  et  de  la  Meurthe. 
Voici  ce  que  contient  à  ce  sujet  le  procès-verbal  de  la  Convention  : 

Séance  du  i3  pluviôse  an  11. 

Un  membre ^^^  demande  que  les  dispositions  de  la  loi  du  8  pluviôse,  sur  les 
idiomes,  soient  étendues  au  département  des  Pyrénées-Orientales. 

Le  renvoi  de  cette  proposition  au  Comité  de  salut  public  est  décrété  ^''K 

Séance  du  3o  pluviôse  an  n. 
ffLa  Convention  nationale,  après  avoir  entendu  le  rapport  de  son  Comité  de 


les  idiomes  étrangers  pourraient  se  ratta- 
cher les  vers  d'André  Chénier. 

^^)  Lapsus  de  M.  Becq  de  Fouquières;  il 
faut  Hre  rdu  8  pluviôse??.  M.  Louis  Moland 
a  reproduit  celte  erreur  dans  son  édition 
des  Œuvres  'poétiques  d'André  Chénier  (Pa- 
ris, Garnier,  i883),  t.  II,  p.  290. 

^^*  Documents  nouveaux  sur  André  Ché- 
niei'  et  examen  critique  de  la  nouvelle  édition 
de  ses  œuvres,  par  Becq  de  Fouquièiies 
(p.  339).  —  André  Chénier  habitait  à  ce 


moment  Versailles,  où  il  vivait,  disent  les 
biographies,  «dans  le  silence  et  l'étuden.  Il 
ne  fut  arrêté  que  le  17  ventôse  an  u,  et  son 
arrestation,  comme  on  le  sait,  fut  due  à  une 
circonstance  tout  à  fait  fortuite. 

^^^  Nous  ne  connaissons  pas  le  nom  de  ce 
membre,  le  Moniteur  n'ayant  pas  mentionné 
l'incident. 

^*)  Procès-verbal  de  la  Convention,  t.  XXX, 
p.  293. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  359 

salut  public  ^'^  décrète,  comme  article  additionnel  à  la  loi  du  8  pluviôse,  pre'sent 
mois,  sur  les  idiomes  étrangers  et  l'enseignement  de  la  langue  française,  qu'il 
sera  établi  un  instituteur  de  la  langue  française  dans  chaque  commune  de  la  partie 
du  département  de  la  Meurthe  dont  les  habitants  parlent  un  idiome  étranger,  et 
dans  les  communes  du  département  des  Pyrénées-Orientales  qui  parlent  exclusi- 
vement le  catalan. 

rrCes  nominations  seront  faites  de  la  même  manière  et  dans  le  délai  prescrit  ^*^ 
pour  les  départements  des  Haut  et  Bas-Rhin ,  de  la  Moselle  et  autres  dénommés  en 
ladite  loi^'^»» 

Le  Moniteur  résume  de  la  façon  suivante  les  paroles  prononcées  par  Barère  en  présentant 
l'article  additionnel  ci-dessus  : 

Convention  nationale,  séance  du  3o  pluviôse. 

Barère.  La  loi  du  8  pluviôse ,  sur  les  idiomes  étrangers  et  renseignement  de  la 
langue  française,  est  incomplète  en  ce  qu'on  n'y  a  pas  compris  le  département  de 
la  Meurthe  et  celui  des  Pyrénées-Orientales,  dont  plusieurs  communes  ont  besoin 
d'instituteurs  de  la  langue  française. 

Une  partie  de  ce  département  [de  la  Meurthe]  est  composée  de  communes  des 
ci-devant  provinces  de  Lorraine  allemande  et  d'Alsc;ce,qui  forment  aujourd'hui  une 
grande  partie  du  district  de  Dieuze,  et  près  des  deux  tiers  de  celui  de  Sarrebourg, 
dont  les  habitants  n'entendent  et  ne  parlent  que  la  langue  allemande,  où  l'instruc- 
tion des  écoles  ne  s'est  jamais  faite  qu'en  cette  langue,  de  même  que  les  délibéra- 
tions et  autres  actes  des  municipalités,  et  où  le  département  est  obligé  de  faire 
parvenir  les  lois  traduites  en  allemand. 

Les  habitants  de  plusieurs  communes  des  Pyrénées-Orientales  parlent  exclusi- 
vement le  catalan,  cet  idiome  de  nos  ennemis  fanatiques.  Nous  vous  proposons  de 
faire  disparaître  encore  ces  traces  de  barbarie  et  d'envoyer  des  instituteurs  à  ces 
citoyens  qui  ne  savent  pas  parler  encore  la  langue  de  la  liberté. 

Il  est  donc  nécessaire  d'étendre  le  bienfait  de  la  loi  du  8  pluviôse  sur  celte  partie 
des  déparlements  de  la  Meurthe  et  des  Pyrénées-Orientales.  Décrétons,  par  un 
article  additionnel,  qu'il  y  sera  nommé  des  instituteurs  de  la  langue  française, 
comme  on  l'a  fait  pour  les  départements  de  la  Moselle ,  du  Bas-Rhin  et  autres  dé- 
nommés  au  décret. 

Cette  proposition  est  adoptée  en  ces  termes  ^*^  : 

[Suit  le  texte  du  décret,  déjà  reproduit  ci-dessus.] 

Sur  l'origine  probable  du  rapport  de  Barère  et  du  décret  du  8  pluviôse,  voir  p.  /j/jo, 
note  II ,  et  p.  /i/»/j ,  annexe  A. 

^'^  Il  avait  été  présenté  par  Barère  {Mo-  menis  énumérés  à  l'article  a  du  décret  du 

niteur).  8  pluviôse. 

^-'   Cette  pliraso  indique  que  le  délai  de  ^'^     Procès-verbal    de    la    Convention, 

dix  jours,  imparti  pour  K-s  (li'parlomonts  t.  XWI,  p.  30)']. 
bretons,  l'était  également  pour  les  déparle-  (*)  Moniteur  du  a  ventôse  an  ii,  p.  6i3. 


360      PROCÈS -VERBAUX  DU  COMITE  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 


CENT   QUATRE-VINGT-DIXIEME   SEANCE. 

Du  9  pluviôse  an  ii.  [28  janvier  179^.] 


Le  citoyen  Chamoulaud  adresse  un  ouvrage  ayant  pour  titre  Moyen 
facile  défaire  servir  les  beaux-arts  dans  le  moment  actuel  à  raffermissement 
de  la  liberté.  Grégoire  est  nommé  rapporteur ^^^ 

Le  ministre  de  la  justice  adresse  des  observations  sur  le  mode  de 
changement  de  prénom.  Petit  est  nommé  rapporteur ''^l 

Le  citoyen  Mangard  présente  le  plan  d'un  établissement  qu'il  se 
propose  de  faire  pour  l'éducation  de  la  jeunesse  depuis  l'âge  de  neuf 
ans  jusqu'à  dix-huit  ans  sous  le  titre  d'Institut  patriotique.  Coupé  est 
nommé  rapporteur  ^^l 

Un  membre  observe  que  le  citoyen  Thomas  Rousseau,  homme  de 
lettres,  secrétaire-rédacteur  de  la  commission  des  faits  civiques,  s'est 
acquitté  des  fonctions  de  cette  place  avec  un  zèle  patriotique  et  des 
talents  qui  justifient  le  suffrage  de  la  Société  des  jacobins  à  son  égard. 
Le  Comité,  convaincu  de  la  vérité  des  faits  énoncés  concernant  le  ci- 
toyen Rousseau,  arrête  qu'il  en  sera  fait  mention  dans  son  procès- 
verbal  et  que  l'extrait  lui  en  sera  délivré  ^^l 

Lettre  du  citoyen  Jeaurat,  qui  demande  à  rentrer  à  l'Observatoire 
pour  le  récompenser  de  ses  longs  travaux.  Renvoyé  à  Rouquier^^l 

Le  citoyen  Hanin  prie  le  Comité  de  lui  faire  délivrer  un  mandat 


(')  Chamoulaud  avait  déjà  présenté  au 
Comité  trois  autres  ouvrages  (voir  t.  II, 
p.  771,  et  dans  le  présent  volume  p.  299). 
Grégoire  n'a  pas  présenté  de  rapport. 

^^^  Nous  n'avons  pas  trouvé  la  lettre  du 
ministre  de  la  justice.  Petit  n'a  pas  présenté 
de  rapport. 

(^^  Sur  Mangard,  voir  la  séance  du  i3 
frimaire  (p.  63).  Son  plan  à' histitut  pa- 
triotique avait  été  présenté  le  8  pluviôse  à 
rassemblée,  qui  l'avait  renvoyé  au  Comité 
(le  procès- verbal  de  la  Convention  n'en 
parie  pas;  mais  nous  savons  ce  détail  par 
une  pétition  de  la  section  du  Mont-Blanc, 
dont  il  sera  question  à  la  séance  du  Comité 


du  i3  ventôse,  p.  538).  Ce  plan  a  été  enre- 
gistré sousie  n°  1726  (F",  carton  1009^); 
mais  la  pièce  manque,  et  la  chemise  porte 
cette  mention  :  rLe  pétitionnaire  a  retiré 
son  plan».  Le  rapport  de  Coupé  sera  pré- 
senté dans  la  séance  du  1 1  pluviôse 
(p.  377). 

^^^  Voir  la  séance  du  1"  pluviôse 
(p.  3o6).  Il  sera  de  nouveau  question  de 
Th.  Rousseau  le  17  germinal  an  11. 

''^^^  La  lettre  dont  parle  cet  alinéa  est 
sans  doute  celle  dont  il  a  déjà  été  question 
au  procès-verbal  du  .5  pluviôse  (p.  322). 
Pour  la  suite,  voir  la  séance  du  19  ven- 
tôse (p.  555). 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE. 


361 


pour  la  troisième  livraison  de  dix  mille  exemplaires  du  rapport  des 
nouvelles  heures  avec  les  anciennes.  Renvoyé  à  Mathieu ^^^ 

Lettre  du  citoyen  Famin ,  professeur  de  physique ,  qui  demande  qu'on 
lui  fasse  délivrer  un  microscope  solaire  appartenant  au  ci-devant  duc 
d'Orléans,  dont  il  se  servait  pour  ses  expériences.  Le  Comité  passe  à 
l'ordre  du  jour  ^^\ 

Lettre  du  citoyen  Lalande,  professeur  d'astronomie,  qui  se  plaint 
de  ce  que  l'armée  révolutionnaire  occupe  maintenant  les  appartements 
affectés  ci-devant  à  l'astronome  auprès  de  l'observatoire  de  l'Ecole  mi- 
litaire. Un  membre  demande  qu'on  examine  la  question  de  savoir 
s'il  n'est  pas  utile  d'établir  deux  observatoires.  Ferry  est  nommé  rap- 
porteur de  cette  affaire  ^-^l 

Le  citoyen  Lebrun  ^^^  adresse  un  rapport  sur  la  manière  dont  on  pro- 
cédera dans  les  maisons  où  la  nation  n'a  qu'une  portion,  pour  le 
prélèvement  des  objets  utiles  à  l'instruction  publique.  Le  citoyen  Villar 
est  nommé  rapporteur,  en  se  concertant  avec  les  commissaires  du 
Comité  des  domaines  chargés  de  cette  partie  ^^l 

Un  membre  propose  qu'il  soit  écrit  à  la  Commission  des  monu- 
ments pour  qu'elle  vienne  à  la  séance  de  tridi  prochain  rendre  compte 
de  ses  travaux  ^^l 


^^)  Voir  p.  296.  Une  lettre  de  Hanin, 
réclamant  le  payement  de  dix  mille  exem- 
plaires de  son  tableau  de  concordance  des 
heures,  avait  été  enregistrée  sous  le  n"  1 728 
(F'",  carton  1009').  La  pièce  n'est  pas  en 
place.  Pour  la  suite,  voir  la  séance  du 
1 1  pluviôse  (p.  378). 

^^^  La  lettre  de  Famin  est  aux  Archives 
nationales;  nous  la  donnons  aux  annexes, 
A  (p.  363).  Pour  la  suite,  voir  la  séance  du 
1 1  pluviôse  (p.  376). 

^^)  La  lettre  de  Lalando,  en  date  du 
29  nivôse,  sollicitant  la  concession  d'un 
logement  pour  le  citoyen  Le  François,  as- 
tronome à  Tobservaloire  de  l'Ecole  mili- 
taire, avait  été  adressée  à  la  (loinmission 
des  arts,  qui,  le  3o  nivôse,  l'avait  renvoyée 
au  Comité  d'inslrucfion  pul)li<jue  (>n  l'in- 
vitanl  à  la  prendre  en  coiisidf'ralion  (F'"*, 
folio  19,  verso).  Colle  lettre  se  Iroiivi* 
dans  F'',  rarlon  1009',  n"  17'.î9.  Miclu'I- 


Jean -Jérôme  Le  François  de  Lalande 
(1766-1839)  était  le  neveu  du  célèbre  as- 
tronome, dont  le  nom  patronymique  était 
Le  François.  Il  sera  question  d'une  nou- 
velle demande  de  Le  François  le  29  plu- 
viôse (p.  ^70). 

^*^  Le  citoyen  Lebrun  est  le  peintre  Le- 
brun, qui  fut  membre  de  la  Comnn'ssion 
des  arts  juscju'au  1 5  pluviôse  (voir  p.  892  ). 

^*)  Voir  la  suite  à  la  séance  du  29  plu- 
viôse (pages  liGg-lt'jo). 

^"^  Celte  proposition  avait  été  certaine- 
ment inspirée  à  son  auteur  par  un  arrêté  de 
la  Commission  des  aris,  pris  quelques  jours 
auparavant  :  voir  aux  annexes,  B  (p.  363), 
un  extrait  du  procès-verbal  de  la  séance  de 
la  Commission  des  arts  du  3o  nivôse.  La  pro- 
position, sous  cette  forme,  n'eut  pas  île 
suite.  Mais  le  1  i  pluviôse  nous  vei'rons 
(p.  376)  le  ('onillé  déciller  irecrin^  an  mi- 
nistre de    i'inleritMU'  pour  le  prier  de  rt'- 


362      PROCES -VERBAUX  DU  COMITE  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

Guyton  a  fait  le  rapport  de  la  découverte  du  citoyen  Hutin,  par 
laquelle  il  a  converti  en  papier  neuf  des  échantillons  de  papier  écrits. 
Le  Comité  la  renvoie  à  la  Commission  des  arts,  et  arrête  qu'il  sera 
écrit  au  citoyen  lïutin  pour  l'engager  à  fournir  un  mémoire  détaillé 
de  ses  procédés  ^^^. 

Un  membre  demande  qu'il  soit  nommé  un  rapporteur  pour  pré- 
senter un  projet  de  décret  sur  la  formation  d'un  jury  pour  juger  les 
livres  élémentaires  dont  le  programme  a  été  décrété  par  la  Conven- 
tion, et  sur  la  fixation  des  récompenses  à  accorder  aux  auteurs.  Thi- 
baudeau  est  nommé  rapporteur ^'^^. 

Une  députation  du  Bureau  de  consultation  des  arts  est  admise; 
elle  ])ropose  qu'il  soit  autorisé  à  proposer  des  récompenses  pour 
les  artistes  qui  en  mériteraient  et  qui  n'en  auraient  pas  demandé. 
Cette  proposition  est  adoptée;  Fourcroy  est  nommé  rapporteur  pour 
la  présenter  à  la  Convention  ^^^l 

Coupé  propose  de  revoir  toutes  les  lois  faites  sur  le  Bureau  de 
consultation  des  arts,  de  manière  qu'il  se  borne  à  vérifier  le  mérite 
des  artistes,  et  que  ce  ne  soit  plus  le  ministre  de  l'intérieur,  mais  la 
Convention  nationale,  qui  décrète  les  récompenses  sur  le  rapport  du 
Comité  d'instruction  publique.  La  proposition  est  ajournée ^^^ 


clamer  lui-même  à  la  Commission  des  mo- 
numents le  compte-rendu  de  ses  travaux. 

^^'  Voir  la  séance  du  3  pluviôse  (p.  3 1  k). 
La  Commission  des  arts  s'occupa  de  Hutin 
le  20  pluviôse,  et  le  renvoya  aux  commis- 
saires déjà  nommés  pour  examiner  les 
procédés  de  refonte  du  papier.  Voir  aux 
annexes,  G  (p.  36/i),  un  extrait  du  procès- 
verbal  de  la  séance  de  la  Commission  des 
arts  du  20  pluviôse  an  11. 

(-)  Voir  p.  33  2.  Le  rapport  et  le  projet  de 
décret  sur  les  livres  élémentaires  (voir  les 
séances  des  29  nivôse  et  1"  pluviôse, 
pages  398  et  3o.5),  lus  à  la  Convention 
par  Cr^goire  le  3  pluviôse,  revinrent  à 
l'ordre  du  jour  dans  la  séance  de  l'assem- 
blée du  9 ,  où  le  pi  ojet  de  décret  fut  voté 
avec  une  addition.  Nous  donnons  aux  an- 
nexes, D  (p.  3 6/1),  des  extraits  du  procès- 
verbal  dos  séances  de  la  Convention  des  3 
et  9  pluviôse  an  ii,  et  le  texte  du  rapport 
de    Grégoire.   —  Le  programme  du  con- 


cours pour  les  livres  élémentaires  une  fois 
adopté,  il  restait  au  Comité,  aux  termes  de 
l'article  k  du  décret,  à  présenter  un  rap- 
port sur  l'organisation  du  jury  et  sur  les 
récompenses  à  décerner.  Tbibaiideau,  dé- 
signé comme  rapporteur,  présentera  un 
projet  de  décret  au  Comité  le  1 1  messidor 
an  II. 

^^)  Fourcroy  n'a  pas,  à  notre  connais- 
sance, présenté  cette  proposition  à  la  Con- 
vention. La  demande  du  Bureau  de  consul- 
tation avait  son  origine  dans  le  désir  de 
récompenser  les  travaux  métrologiques  du 
mathématicien  Paneton.  Nous  donnons  aux 
annexes ,  E  (  p.  872),  des  extraits  du  procès- 
verbal  des  séances  du  Bureau  de  consultation 
des  9  et  i/i  pluviôse  an  11. 

Il  sera  de  nouveau  question  du  Bureau 
de  consultation  dans  la  séance  suivante 
(p.  375.) 

^^)  Celte  proposition  n'est  pas  revenue  à 
l'ordre  du  jour. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  363 

La  séance  est  levée  à  dix  heures  et  demie  ^^^. 

R.-T.  Lindet('). 


PIECES  ANNEXES. 


LETTRE   DE  FAMIN   AU  COMITE  D'INSTRUCTION   PUBLIQUE 


(3) 


Aux  citoyens   membres   du   Comité    d'instruction  publique. 

Citoyens, 

Depuis  dix  ans  je  donne  à  mes  frais  chaque  hiver  des  cours  gratuits  de  phy- 
sique expérimentale  pour  les  citoyens  peu  fortunés  de  la  capitale.  La  Convention 
nationale  m'ayant  autorisé  par  un  décret  à  les  donner  cette  année  comme  les  pré- 
cédentes dans  mon  même  local,  maison  ci-devant  Egalité,  je  l'ai  ouvert  il  v  a  six 
semaines,  et  il  est  suivi  avec  assiduité.  Mais  un  obstacle  vient  s'opposera  mes 
intentions  patriotiques.  J'avais  depuis  treize  ans  un  microscope  solaire  dont  le  ci- 
devant  duc  d'Orléans  m'avait  laissé  la  jouissance,  vu  que  j'ai  instruit  ses  enfants 
dans  la  physique.  Ses  créanciers  me  l'ont  redemandé  pour  le  vendre  avec  ses  autres 
effets.  Mais  tous  ces  effets  ont  été  mis  depuis  sous  le  scellé  de  la  nation.  C'est  donc 
à  vous  que  je  m'adresse,  citoyens,  pour  vous  observer  que  ce  microscope  m'est  ab- 
solument nécessaire  pour  faire  mes  expériences  sur  la  lumière.  Je  vous  demande 
donc  que  vous  daigniez  ordonner  qu'il  me  soit  remis  pour  l'instruction  publique  à 
laquelle  je  me  livre.  En  levant  cet  obstacle  à  mon  travail,  j'ose  croire  que  vous 
remplirez  les  vues  bienfaisantes  de  la  nation  protectrice  des  sciences  et  des  citoyens 
qui  les  cultivent  sans  autre  intérêt  que  celui  du  bien  public. 

P.-N.  Famin,  professeur  de  'physique  expérimentale , 
maison  nationale  ci-devant  d'Egalité. 

La  pièce  ne  porte  aucune  date.  On  lit  en  marge:  ff Ordre  du  journ. 


B 
On  lit  dans  le  registre  des  procès-verbaux  de  la  Commission  des  arts  : 
Séance  du  3o  nivôse,  l'an  2*  de  la  République. 

Le  président  ouvre  la  séance;  un  membre  observe  que  la  Commission  des  mo- 
numents, supprimée  par  décret  du. . .  ^^',  continue  ses  fonctions  avec  plus  d'aclivité 
qu'elle  n'en  avait  avant  sa  suppression.   La   Commission  des  arts  arrête  que  le 

^'^  Gel  alinéa  n'est  pas  à  la  minute.  (')   Archivesnationales.F'',  carloii  1009', 

t*)  Cette  signature  ne  se   trouve  qu'au  n"i7ao. 
registre.  La  minute  est  de  la  main  de  Tlii-  ^*^   La  date  a  été   laissée  en  l)l;tMC.  (Tost 

bandeau.  le  a8  frimaire  an  11. 


364       PROCES -VERBAUX  DU  COMITE  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

Comité  d'inslruclion  publique  est  invité  à  mander  les  membres  de  la  ci-devant 
Commission  des  monuments  pour  leur  demander  de  préparer  leurs  comptes  et 
de  donner  l'état  de  leurs  employés  ^^^. 


On  lit  dans  le  registre  des  procès-verbaux  de  la  Commission  des  arts  : 
Séance  du  20  pluviôse,  l'an  2*  de  la  République. 

La  Commission  renvoie  aux  commissaires  précédemment  nommés  pour  véri- 
fier les  moyens  d'effacer  soit  les  caractères  imprimés,  soit  ceux  écrits  à  la  main, 
de  dessus  le  papier,  une  lettre  du  citoyen  Hutin,  juge  du  tribunal  du  district  de 
Soissons,  sous  la  date  du  3o  nivôse ^^^. 


On  lit  dans  les  procès-verbaux  de  la  Convention  : 

Séance  du  3  pluviôse  an  11. 

Un  membre  du  Comité  d'instruction  publique  fait  un  rapport  et  présente  un 
projet  de  décret  dont  l'assemblée  ordonne  l'impression  et  l'ajournement. 
La  séance  est  levée  à  trois  heures  et  demie ^^\ 

Voici  le  texte  du  rapport  de  Grégoire  : 

RAPPORT   SUR   L'OUVERTURE  D'UN    CONCOURS   POUR  LES  LIVRES   ELEMENTAIRES   DE   LA 

PREMIÈRE  ÉDUCATION.  SEANCE   DU    3   PLUVIOSE,   L'AN  SECOND    DE   LA  REPURLIQUE 

UNE   ET   INDIVISIBLE. 

De  rimprimerie  nationale,  s.  d.  ^^^. 

Le  corps  social  doit  veiller  à  sa  conservation  et  au  bonheur  des  individus  qui  le 
composent. 

Pour  assurer  son  existence  et  son  bonheur,  il  faut  que  ses  membres  jouissent 
de  leurs  droits  et  s'acquittent  de  leurs  devoirs. 


(^^  Archives  nationales,  F ''* 7,  folio  19, 
verso. 

(^J  Ibid.,  folio  2  5,  verso.  —  Les  commis- 
saires précédemment  nommés  sont  Pelletier 
et  Hassenfratz  :  voir  ci-après,  p.  896,  un 
extrait  du  procès-verbal  de  la  séance  du 
10  pluviôse  an  n  de  la  Commission  des 
arts. 

^^)  Procès-verbal  de  la  Convention, 
t.  XXX ,  p.  82.  —  Quoique  l'objet  auquel 
se  rapporte  ce  projet  de  décret  ne  soit  pas 


indiqué,  c'est  très  certainement  du  rapport 
de  Grégoire  sur  les  livres  élémentaires 
qu'il  s'agit.  Ce  rapport  fut  lu  le  3  plu- 
viôse, ainsi  que  constate  le  libellé  de  son 
litre.  Le  Journal  des  débats  et  des  décrets 
mentionne  cette  lecture  dans  son  compte- 
rendu  de  la  séance,  que  nous  donnons  plus 
loin  (p.  370).  Le  Moniteur  la  place  par 
erreur  au  U  pluviôse. 

W   Bibliothèque  nationale,  Le  ^^  669, 
in-8. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  365 

Comment  jouiront-ils  de  ceux-là,  comment  rempliront-ils  ceux-ci,  s'ils  ne  les 
connaissent?  Celte  connaissance  est  l'objet  de  Téducation,  qui  seule  peut  donner 
les  lumières  et  les  vertus  indispensables  au  maintien  de  la  société.  Ainsi  l'éducation 
est  dans  toutes  ses  branches  soumise  à  l'autorité  tutélaire  du  gouvernement, 
comme  un  moyen  sans  lequel  il  ne  pourrait  atteindre  son  but;  car  un  peuple  igno- 
rant et  corrompu  n'aurait  jamais  qu'une  liberté  précaire. 

Si,  comme  personne  n'en  doute,  le  gouvernement  doit  non  seulement  procurer 
au  peuple  des  subsistances,  mais  encore  veiller  à  ce  qu'elles  ne  soient  point  alté- 
rées ,  son  obligation  devient  plus  étroite  au  moral ,  puisque  le  poison  du  vice  et 
des  préjugés  est  le  plus  grand  fléau  d'un  Etat. 

De  là  il  résulte  que  tous  les  citoyens  ont  un  égal  intérêt  à  ce  que  personne 
n'élève  mal  ses  enfants,  comme  à  ce  qu'il  ne  nourrisse  pas  des  animaux  féroces 
pour  les  lancer  dans  la  société.  De  là  naît  une  responsabililé  réciproque  des  pères 
envers  la  patrie ,  de  la  patrie  envers  tous  les  membres  de  la  grande  famille.  Cette 
responsabilité  fait  partie  de  la  garantie  sociale. 

L'éducation  doit  harmoniser  avec  les  principes  constitutionnels ,  car  toutes  les 
institutions  doivent  être  ramenées  à  l'unité;  et  lorsqu'un  gouvernement  est  comme 
le  nôtre  fondé  sur  les  vrais  principes,  il  esl  dans  l'ordre  immuable  des  choses  qne 
les  intérêts  des  parents,  des  enfants  et  de  la  patrie  coïncident,  et  que  les  affections 
indestructibles  de  la  nature  soient  toujours  compatibles  avec  la  meilleure  existence 
du  corps  social. 

Quoique  les  parents  aient  sur  leurs  enfants  un  droit  inné  et  antérieur  à  toute 
organisation  pohlique,  leur  autorité  doit  se  coordonner  au  bien  général,  et  se 
fondre  dans  l'intérêt  public;  lorsqu'ils  dérogent  à  ce  devoir,  coupables  envers  la 
société,  ils  sont  punissables  par  elle,  parce  que  le  droit  de  punir  dérive  du  droit 
de  sûreté. 

Pour  s'épargner  la  douleur  d'avoir  des  crimes  à  punir  et  des  abus  à  extirper, 
la  sagesse  ordonne  de  les  prévenir;  ce  principe  paraît  avoir  échappé  à  tous  les  lé- 
gislateurs, car  il  n'est  aucun  peuple  qui  n'ait  plus  de  lois  répressives  que  de  lois 
rémunératrices;  la  France  régénérée  doit,  au  contraire,  se  hâter  d'atteindre  un 
ordre  de  choses  tel  que  la  patrie  ait  peu  de  peines  à  infliger  et  beaucoup  de  ré- 
compenses à  décerner;  et  certes  l'on  ne  compromet  pas  la  vérité  en  assurant  (pie, 
si  la  théorie  et  la  pralique  de  l'éducation  étaient  portées  au  point  de  perfection 
dont  elles  sont  susceptibles,  un  code  criminel  serait  presque  inutile. 

Le  peuple  français  a  dépassé  les  autres  peuples;  cependant  le  régime  détestable 
dont  nous  secouons  les  lambeaux  nous  tient  encore  à  grande  distance  de  la  nature; 
il  reste  un  intervalle  énorme  entre  ce  que  nous  sommes  et  ce  (jne  nous  pourrions 
être.  Hâtons-nous  de  combler  cet  intervalle;  reconstituons  la  natnre  humaine  en 
lui  donnant  une  nouvelle  lrem[)e.  Il  faut  que  l'éducation  publique  s'enq)are  de  la 
génération  qui  naît,  qu'elle  aille  trouver  l'enfuit  sur  le  sein  de  sa  mère,  dans  les 
bras  de  son  père,  pour  partager  leur  tendresse  et  l'éclairer.  La  sollicitude  de  la 
patrie  commence  à  l'époque  où  le  développement  d'un  germe  nouveau  promet  au 
corps  social  un  nouvel  individu. 

Ainsi  le  premier  livre  ('lémenlaire  doit  embrasser  la  période  ijui  s'écoule  depuis 
le  commencemeiit  de  la  grossesse  jusqu'à  l'âge  d'environ  six  ans,  époque  à  laquelle 


366      PROCÈS-VERBAUX  DU  GOMlTt:  DINSTRUGTION  PUBLIQUE 

iVnlanl  passera  dans  les  e'coles  nationales.  Cet  ouvrage  doit  tracer  d'une  manière 
claire  et  précise  le  devoir  des  pères,  des  mères  et  des  nourrices. 

La  Convention  nationale  n'entend  prononcer  qu'avec  peine  le  mot  de  nourrice. 
Elle  dprouve  un  sentiment  douloureux  en  apprenant  que  les  registres  de  l'an  der- 
nier du  bureau  des  recommandaresses  présentent  encore,  pour  Paris  seulement, 
près  de  six  mille  entants  qui  n'ont  pas  suce'  le  lait  maternel,  sans  compter  un 
nombre  supérieur,  peut-être,  tant  de  ceux  qui  ont  été  portés  aux  enfants  trouvés, 
(pie  de  ceux  qui  ont  été  envoyés  en  nourrice  sans  passer  par  l'intermédiaire  de 
Yun  ou  l'autre  de  ces  dépôts.  On  n'annonce  rien  de  neuf  en  disant  que  l'impossi- 
bilité pliysique  ou  morale  peut  seule  dispenser  une  mère  d'allaiter  son  enfant; 
mais  il  faut  que  désormais  l'opinion  publique  flétrisse  celles  qui,  foulant  aux  pieds 
un  devoir  sacré,  ne  donnent  à  la  patrie  un  nouvel  individu  que  pour  se  hâter  de 
l'abandonner  à  des  mains  mercenaires. 

Une  foule  d'individus  naissent  estropiés  ou  le  deviennent  dans  l'enfance;  il  est 
des  contrées  où  la  constitution  physique  est  tellement  altérée,  qu'on  y  chercherait 
en  vain  une  seule  de  ces  belles  formes  qui  servaient  de  modèles  aux  statuaires  an- 
tiques. Des  méilecins  ont  calculé  à  quatre  mille  le  nombre  des  maladies  auxquelles 
l'homme  est  sujet,  et  les  tables  de  mortalité  prouvent  que  la  moitié  des  enfants 
périt  avant  l'âge  de  huit  ans. 

Celte  destruction  anticipée  d'êtres  que  la  nature  destinait  à  remplir  la  carrière 
de  la  vie  a  communément  sa  source  dans  le  libertinage,  l'ignorance,  l'imprudence 
et  les  préjugés  des  parents,  surtout  des  mères,  à  qui  toutes  les  relations  de  la  na- 
ture et  de  l'habitude  donnent  une  influence  plus  immédiate  sur  la  formation  phy- 
sique et  morale  des  enfants. 

Les  abus  du  maillot  et  du  berçage  sont  encore  loin  d'être  anéantis.  Il  est  une 
foule  d'usages  invétérés  dont  l'effet  inévitable  est  de  faire  périr  les  enfants,  et  d'al- 
térer leur  complexion;  tels  sont  la  malpropreté  qui  appelle,  pour  ainsi  dire,  tous 
les  ravages  des  maladies  cutanées  ;  les  nourritures  qui ,  empâtant  l'estomac ,  en 
détruisent  les  ressorts;  les  habillements  serrés,  qui  exercent  une  comprevssion  fu- 
neste; l'insouciance,  qui,  abandonnant  des  enfants  à  leurs  cris  immodérés,  les 
expose  aux  hernies;  l'imprudence,  qui  leur  cause  des  terreurs  capables  de  pro- 
duire l'épilepsie.  C'est  une  vérité  de  fait  que  la  plupart  des  sujets  affectés  de  ce 
mal  l'ont  contracté  dans  l'enfance  pour  les  causes  que  l'on  vient  d'indiquer. 

L'ouvrage  que  l'on  demande  doit  donc  tracer  des  règles  de  conduite  pour  le 
temps  de  la  grossesse,  des  couches,  de  l'allaitement  et  du  sevrage;  il  doit  par- 
courir toutes  les  phases  de  l'enfance  dans  ce  qui  concerne  la  nourriture,  les  habits, 
le  sommeil ,  la  veille ,  l'exercice ,  les  accidents ,  les  maladies  ;  combattre  les  abus  et 
leur  substituer  les  méthodes  les  plus  propres  à  conserver  l'enfant  en  développant 
sa  croissance  et  ses  forces. 

En  passant  à  l'éducation  morale ,  on  doit  commencer  par  écarter  deux  erreurs. 
La  première  est  de  penser,  avec  Diderot  et  quelques  autres  écrivains,  que  la 
nature  fait  des  méchants.  L'effet  de  ce  fatalisme  décourageant  est  d'étouffer  l'ému- 
lation, d'ôter  le  prix  à  la  vertu,  de  justifier  le  crime,  et  de  fournir  aux  parents 
lâches,  aux  instituteurs  corrompus,  des  prétextes  dont  ils  ne  manquent  pas  de  se 
prévaloir  pour  s'assurer  l'impunité.  Quand  il  s'agit  de  vertus,  le  père  qui  dit  : 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.      *  367 

Cet  enfant  ne  fera  jamais  rien;  Tenfant  qui  dit  :  Cela  est  plus  fort  que  moi,  sont 
deux  êtres  coupables;  on  ne  peut  trop  inculquer  cette  vc^rilé  atteste'e  par  l'expé- 
rience :  l'homme  est  en  grande  partie  le  produit  de  son  éducation,  et,  comme  l'a 
dit  Jean-Jacques  :  cr  L'homme  est  bon;  les  hommes  sont  méchants  t. 

La  seconde  erreur  est  de  croire  qu'avant  l'âge  d'environ  sept  ans,  l'enfant  est 
insusceptible  d'être  dirigé  vers  le  bien.  Il  est  incontestable  que,  dans  un  âge 
plus  tendre,  il  généralise  déjà  ses  notions,  puisqu'il  sait  classer  par  genres  et  par 
espèces  diverses  productions  de  la  nature  et  des  arts;  son  esprit  rassemble  des 
idées  abstraites,  et  sa  mémoire  en  recueille  les  signes,  puisqu'il  apprend  sa 
langue.  Son  caractère  commence  à  se  former,  dit  un  écrivain,  dès  que  ses  yeux 
sont  ouverts;  déjà  le  feu  de  quel![ues  passions  l'agite;  il  s'irrite  par  les  obstacles, 
il  manifeste  de  l'opiniâtreté.  Plus  tard  on  acquiert  des  connaissances,  mais  à  cet 
âge  on  contracte  des  habitudes,  et  dans  le  reste  de  la  vie  on  ne  fait  guère  que  les 
garder. 

Chez  le  méchant,  elles  sont  la  source  de  ses  crimes  et  du  malheur  de  ses  sem- 
blables. Un  homme  que  l'on  menait  au  supplice  disait  :  rrCe  n'est  pas  le  juge,  c'est 
ma  mère  qui  m'envoie  à  l'échafaudu.  Chez  le  juste,  elles  sont  la  source  des  souve- 
nirs les  plus  chers,  des  jouissances  les  plus  douces  et  des  vertus  les  plus  pures.  11 
est  dilïicile,  impossible  peut-être,  qu'un  homme  ne  soit  pas  vertueux  quand  il  ne 
peut  se  rappeler  sans  attendrissement  qu'aux  époques  les  plus  reculées  de  sa  vie, 
un  père,  une  mère  se  privaient  du  sommeil  pour  assurer  le  sien;  qu'ils  retran- 
chaient sur  leur  nécessaire  pour  lui  donner  le  superflu,  et  que  peut-être  en  tra- 
vaillant à  son  bonheur  ils  ont  trouvé  la  maladie  qui  les  a  conduits  au  tombeau. 

Puisque  l'âme  d'un  enfant  est  disposée  à  recevoir  toutes  sortes  d'impressions, 
et  que  celles  du  premier  âge  prolongent  leurs  effets  sur  toute  la  durée  de  la  vie,  il 
faut  stimuler  et  diriger  le  zèle  des  parents,  afin  qu'ils  épient  avec  une  sainte  im- 
patience le  moment  où  les  premières  étincelles  de  la  réflexion  éclaireront  les 
caresses  du  sentiment,  pour  planter  dans  l'âme  d'un  enfauLle  germe  de  toutes  les 
vertus.  Les  quakers  des  États-Unis  de  l'Amérique  sont  tellement  persuadés  de  ces 
principes  que,  quand  un  entretien  familier  s'établit  entre  eux  et  des  inconnus,  il 
n'est  pas  rare  qu'ils  débutent  par  ces  mots  :  Quelle  a  été  ta  première  éducation?  Us 
sentent  qu'il  est  dangereux  de  tolérer  les  écarts  des  enfants  sous  prétexte  de  leur 
extrême  jeunesse ,  parce  qu'une  faute  légère  produit  bientôt  un  vice,  et  que  celui 
qui  a  fini  par  assassiner  avait  peut-être  conunencé  par  voler  une  pomme '^ 

Les  parents  eux-mêmes,  par  leurs  discours,  rendent  un  enfant  vindicatif  en 

^^^  Le  Moniteur,  qui  a  reproduit  le  rap-  quelques  idées  morales,  brise  les  œufs  et 

port  de  Grégoire,  en  le  plaçant  par  erreur  le  nid  d'un  oiseau,  et  Ton  ne  sent  pas  la 

à  la  séance  du  U  pluviôse,  en  a  supprimé  nécessité  de  le  détourner  d'une  action  (jui 

quelques  passages,  mais  donne  d'autre  part  arrête  la   reproduction  des  êtres,  qui  fait 

deux  passagiîs  qui  ne  se  trouvent  pas  dans  deux  maliiouieux,  el  dont  les  eflets  répolt's 

le  document  tel  ([u'il  a  élé  imprime  à  l'im-  endurcissent   iusensihlomenl  le  cœur,  à  loi 

primerie    nationale.    C'est   ainsi    (ju'à   cet  point   cpTil  se  complaît  à    lourmeiilt>r  les 

endroit  il  intercale  la  phrase  suivante  :  animaux:  et  relui  ([ui  man(|ii(>  iriinmanilé 

«Par  exemple,  on  n'attache  aucune  im-  envers    les  animaux   sera   cruel  envers   les 

porlance  à   ce  c|u'un   enfant,  qui   a    déjà  hommes. ^^ 


3G8       PKOGÈS-VEllBAUX  DU  COMITÉ  DINSTRUGTION  PUBLIQUE 

l'ail torisant  à  frapper  la  pierre  contre  laquelle  il  s'est  heurté.  Ils  le  forment  au 
mensonge  et  à  l'orgueil  en  lui  disant  qu'on  cesse  crêtre  beau  quand  on  pleure;  de 
là  résulte  qu'un  enfant  vêtu  de  drap  se  préfère  déjà  à  son  camarade  habillé  de 
bure  ou  de  toile.  Voilà  la  première  brèche  à  l'égahté  et  un  premier  pas  vers  le 
despotisme.  Ces  assertions  paraîtront  moins  paradoxales  si  l'on  saisit  la  chaîne  des 
intermédiaires  qui  les  unissent. 

Il  avait  raison,  cet  ancien  qui  recommandait  un  grand  respect  pour  l'enfance. 
Ce  qu'on  dit  devant  un  enfant  n'est  presque  jamais  sans  conséquence;  lors  même 
qu'il  parait  exclusivement  livré  à  ses  jeux,  il  vous  entend;  son  imagination  re- 
cueille tout,  sa  mémoire  conserve  tout;  et,  si  les  effets  ne  se  développent  pas  à 
l'instant,  lorsque  les  crises  de  la  puberté  feront  fermenter  les  passions,  il  se  rap- 
pellera ce  propos  infâme  débité  en  sa  présence  avec  cet  air  de  mystère  qui  éveille 
sa  curiosité  :  un  mot  aura  préparé  le  naufrage  de  son  innocence. 

L'honnne  a  pour  se  guider  la  raison  et  l'exemple;  et,  comme  l'âge  et  l'expé- 
rience n'ont  point  encore  mûri  la  raison  de  l'enfant,  la  nature  lui  a  donné  le  goût 
de  l'imitation.  N'ayant  point  d'exemples  publics,  il  ne  peut  se  modeler  que  sur  les 
exemples  domestiques.  La  conduite  des  parents  est  un  livre  toujours  ouvert  dans 
lequel  il  lit  celle  qu'il  doit  tenir.  Et  comment  prétendre  qu'un  enfant  soit  vertueux 
quand  ceux  qui  l'entourent  ne  le  sont  pas?  Deviendra-t-il  un  homme  véridique 
quand  en  bien  comme  en* mal  on  lui  manque  de  parole?  Acquerra-t-il  le  sentiment 
de  la  justice  quand,  au  lieu  de  le  reprendre,  de  le  châtier  avec  le  calme  de  la 
raison,  c'est  en  se  livrant  à  des  colères  qui  sont  toujours  proportionnées  non  pas 
à  la  grièveté  de  la  faute ,  mais  à  la  perte  ou  au  désagrément  qu'on  éprouve?  Et  l'on 
vient  se  plaindre  que  des  enfants  sont  d'une  dépravation  précoce  :  le  ruisseau  est 
impur,  parce  que  la  source  est  empoisonnée^*^. 

Ces  faits  établissent  d'une  manière  péremptoire  la  nécessité  de  faire  des  instruc- 
tions soit  pour  les  parents,  qui  tiennent  leur  mission  de  la  nature,  soit  pour  les 
instituteurs,  qui  l'ont  reçue  de  la  loi,  puisqu'ils  doivent  tour  à  tour  pétrir  le 
caractère  de  l'enfant,  l'imprégner  de  mœurs  républicaines,  en  sorte  que,  vivant 
dans  l'atmosphère  de  la  vertu,  il  l'aspire  par  tous  les  sens.  Hâtons-nous  donc  de 
mettre  en  main,  aux  parents  et  aux  instituteurs,  non  pas  des  ouvrages  volumi- 
neux, mais  des  méthodes  simples  que  les  esprits  peu  cultivés  puissent  saisir,  que 
leur  mémoire  puisse  facilement  retenir,  et  qui,  en  leur  montrant  le  but,  les 
éclairent  des  lumières  nécessaires  pour  l'atteindre. 

En  traçant  le  cadre  que  l'on  doit  remplir,  nous  avons  marqué  les  écueilsà  éviter; 
nous  présentons  les  problèmes  à  résoudre,  sans  préjuger  aucune  solution,  afin  de 
laisser  aux  auteurs  la  plus  grande  latitude. 

Lire,  écrire  et  parler  la  langue  nationale  sont  des  connaissances  indispensables 
à  tout  citoyen.  L'unité  de  la  République  commande  l'unité  d'idiomes,  et  tous  les 
Français  doivent  s'honorer  de  connaître  une  langue  qui  désormais  sera  par  excel- 
lence celle  du  courage ,  des  vertus  et  de  la  liberté. 

(^)  Le  Moniteur  ajoute  ici  :  qu'un  enfant  soit  vertueux  quand  ceux  qui 

ff  Une  contagion  physi(|ue  el  morale  l'entourent  ne  le  sont  pas,  c'est  exiger  qu'il 
s'exhale  de  Thomme  corrompu.  Prétendre         touche  de  la  boue  sans  en  être  souillé,  r) 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  369 

Les  dMnients  du  calcul,  de  l'arpenlag-e,  du  toise',  sont  e'g-alenient  indispen- 
sables; et  qu'on  ne  s'effraye  pas  d'entendre  parler  pour  l'enfant  de  ge'ome'trie  pra- 
tique. Il  en  saisira  plus  facilement  les  principes  que  les  règles  de  la  syntaxe.  Ainsi, 
des  instructions  sur  la  mesure  du  temps,  sur  les  mesures  linéaires,  celles  de 
superficie  et  de  poids,  doivent  faire  |)artie  des  ouvrages  classiques. 

Des  notions  géographiques  doivent  entrer  dans  la  série  des  livres  élémentaires. 

Nous  devons  encore  mettre  l'enfant  à  portée  d'apprécier  les  objets  que  la  nature 
reproduit  sans  cesse  sous  ses  yeux  et  avec  lesquels  il  a  des  rapports  journaliers  et 
nécessaires.  On  ne  peut  lui  donner  que  des  notions,  mais  en  le  plaçant  sur  la  voie 
il  aura  la  facilité  d'y  marcher  lorsque  l'âge  et  les  circonstances  développeront  son 
goût  et  ses  talents. 

La  Convention  nationale  a  décrété  que  la  Déclaration  des  droits,  la  Constitution 
et  les  Annales  du  civisme  formeraient  les  premiers  ouvrages  classiques.  Pour  en 
développer  l'esprit,  une  instruction  sur  la  morale  républicaine  est  également  né- 
cessaire. La  patrie  acquitte  sa  dette  envers  le  citoyen  en  lui  faisant  connaître  ses 
droits  et  ses  devoirs.  Alors  commence  la  dette  du  citoyen,  qui  doit  user  de  ses 
droits  et  remplir  ses  devoirs  pour  le  bonheur  de  sa  pairie. 

.lusqu'ici,  la  plupart  des  livres  élémentaires  ont  été  très  médiocres,  parce  qu'ils 
étaient  le  fruit  de  la  médiocrité.  Le  génie  (pii  forme  des  conceptions  hardies,  qui 
enfante  des  ouvrages  sublimes,  qui  saisit  un  grand  ensemble,  est  seul  capable  de 
présenter  des  analyses  où  l'on  trouve  tout  ce  qui  compose  les  éléments  d'une 
science,  et  de  les  approprier  aux  facultés  des  individus  auxquels  on  les  destine. 

Ces  ouvrages  sont  de  la  plus  grande  importance,  puisqu'ils  ont  pour  objet  de 
vulgariser  les  hautes  théories ,  de  les  rendre  usuelles  par  leur  application  aux  besoins 
deia  société,  qu'ils  doivent,  pendant  des  siècles,  concourir  à  la  régénération  d'une 
postérité  républicaine,  et  consolider  par  les  vertus  la  liberté  conquise  par  le  cou- 
rage. 

Les  livres  proposés  au  concours  n'offrent  pas  tous  la  même  difficulté  :  c'est 
d'après  cette  considération  et  celle  du  mérite  intrinsèque  des  ouvrages  que  les  re- 
présentants du  peuple  détermineront  le  genre  et  l'étendue  des  récompenses.  Tous 
les  citoyens  qui  ont  médité  sur  l'éducation  sont  tributaires  de  la  patrie.  Une  belle 
carrière  est  ouverte  aux  talents  républicains.  La  Convention  nationale  éprouvera 
la  plus  douce  satisfaction  en  couronnant  leurs  efforts;  car  cette  époque  sera  un  jour 
de  triomphe  sur  l'ignorance  et  les  préjugés. 


PROJET   DE  DECRET. 

La  Convention  nationale,  après  avoir  entendu  le  rapport  de  son  Comité  d'in- 
struction publique,  décrète  ce  qui  suit  : 

Article  premier.  Un  concours  est  ouvert  jusqu'au  i"  messidor  prochain  pour 
des  ouvrages  sur  les  objets  suivants  : 

i"  Instructions  sur  la  consorvation  dos  enfants,  depuis  la  grosses>e  iiU'hisi\o- 
ment,  et  sur  leur  éducation  [)liysique  et  morale,  depuis  la  naissance  jusqu'à 
l'époque  de  leur  entrée  dans  les  écoles  nationales. 

III.  9^ 

iMi'niwi  nir    >  u  ion  (i  t . 


370      PROCÈS -VERBAUX  DU  COMITE  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

ù"  Instructions  pour  les  instituteurs  nationaux,  sur  i'e'ducation  physique  et  mo- 
rale des  enfants. 

3°  Méthode  pour  apprendre  à  hre  et  à  écrire  ;  ces  deux  objets  traités  ensemble 
ou  séparément. 

k°  Notions  sur  la  grammaire  française. 

5°  Instructions  sur  les  premières  règles  d'arithmétique  et  de  géométrie  pra- 
tique, rr Des  instructions  sur  les  nouvelles  mesures  et  leurs  rapports  aux  anciennes, 
le  plus  généralement  répandues,  entreront  dans  les  livres  élémentaires  d'arithmé- 
tique qui  seront  composés  pour  les  écoles  nationales. w  (Article  ii  du  décret  du 
i"  août  dernier.) 

6°  Notions  sur  la  géographie. 

7"  Instructions  sur  les  principaux  phénomènes  et  sur  les  productions  les  plus 
usuelles  de  la  nature. 

8°  Instructions  élémentaires  sur  la  morale  républicaine. 

Art.  2.  Les  auteurs  adresseront  leurs  ouvrages  à  la  Convention  nationale,  et  ne 
se  feront  connaître  qu'aptes  le  jugement. 

Art.  3.  Des  récompenses  nationales  seront  décernées  aux  auteurs  des  ouvrages 
qui  auront  été  jugés  les  meilleurs. 

Art.  à.  Le  Comité  d'instruction  publique  présentera  un  rapport  sur  l'organisa- 
tion d'un  jury  destiné  à  juger  du  mérite  des  ouvrages  envoyés  au  concours,  et  sur 
les  récompenses  a  décerner. 

On  ht  dans  le  Journal  des  débats  et  des  décrets  : 

Convention  nationale,  séance  du  3  pluviôse. 

Grégoire,  au  nom  du  Comité  d'instruction  publique,  fait  un  rapport  relatif  à  la 
pétition  présentée  par  le  département  de  Paris ,  sur  les  encouragements  et  les  in- 
structions à  donner  aux  femmes  mères  d'enfants  naturels  ^^^  :  il  propose  un  concours 
et  des  récompenses  pour  des  ouvrages  sur  la  première  éducation  physique  et  mo- 
rale des  enfants. 

La  Convention  ordonne  l'impression  du  rapport  et  du  projet  de  décret  ^'^\ 

Le  rapport  ayant  été  imprimé  et  distribué ,  la  question  revint  à  Tordre  du  jour  le 


^^^  Nous  ne  connaissons  pas  la  pétition 
du  département  de  Paris  dont  il  est  ici 
question;  nous  n'en  avons  pas  trouvé  la 
mention  dans  les  procès-verbaux  de  la 
Convention.  Les  procès-verbaux  du  Co- 
mité, séances  des  39  nivôse  et  1*'" pluviôse, 
n'y  font  aucune  allusion,  et  le  rapport  lui- 
même  n'en  parle  pas  :  il  semble  pourtant 
que  s'il  avait  été  destiné  à  donner  satis- 
faction à  une  pétition  de  ce  genre,  Gré- 
fjoire  l'aurait    dit   explicitement.   D'autre 


part,  il  ne  nous  parait  pas  complètement 
invraisemblable  d'admettre  que  les  déve- 
loppements donnés  dans  le  rapport  à  ce 
qui  concerne  la  grossesse  et  l'allaitement 
aient  pu  être  motivés  par  cette  pétition, 
dont  nous  ne  connaissons  l'existence  que 
par  le  compte-rendu  du  Journal  des  débats 
et  des  décrets. 

(^)  Journal    des    débats    et  des    décrets, 
n"  690,  }).  39. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  371 

9  pluviôse ,  et  l'assemblée  adopta  le  projet  de  décret ,  avec  quelques  changements  et  addi- 
tions. Voici  l'extrait  du  procès-verbal  : 

Séance  du  9  pluviôse  an  11. 

ffLa  Convention  nationale,  après  avoir  entendu  le  rapport  de  son  Comité'  d'in- 
struction publique,  décrète  ce  qui  suit  : 

ff  Article  PREMIER.  Un  concours"^  est  ouvert  jusqu'au  1"  messidor  prochain  pour 
des  ouvrages  sur  les  objets  suivants  : 

ffi°  Instruction  sur  la  conservation  des  enfants,  depuis  la  grossesse  inclusive- 
ment, et  sur  leur  éducation  physique  et  morale  depuis  la  naissance  jusqu'à  l'époque 
de  leur  entrée  dans  les  écoles  nationales  :  ces  deux  objets  traités  ensemble  ou  sé- 
parément ^'^  ; 

ff2"  Instructions  pour  les  instituteurs  nationaux,  sur  l'éducation  physique  et  mo- 
i-ale  des  enfants; 

ffS"  Méthode  pour  apprendre  à  lire  et  à  écrire:  ces  deux  objets  traités  ensemble 
ou  séparément; 

nli°  Notions  sur  la  grammaire  française; 

ff  5°  Instruction  sur  les  premières  règles  d'arithmétique  et  de  géométrie  pratique. 
Des  instructions  sur  les  nouvelles  mesures  et  leurs  rapports  aux  anciennes ,  le  plus 
généralement  répandues,  entreront  dans  les  livres  élémentaires  d'arithmétique  qui 
seront  composés  pour  les  écoles  nationales.  (Article  11  du  décret  du  1"  août  der- 
nier); 

ffô"  Notions  sur  la  géographie  ; 

ff7°  Instructions  sur  les  principaux  phénomènes  et  sur  les  productions  les  plus 
usuelles  de  la  nature; 

ffS"  Instructions  élémentaires  sur  la  morale  républicaine; 

ffQ"  Instructions  élémentaires  sur  l'agriculture  et  les  arts  de  première  utilité  : 
[ces  deux  objets  ^^^]  traités  ensemble  ou  séparément  ^*^ 

ff  Art.  2.  Les  auteurs  adresseront  leurs  ouvrages  h  la  Convention  nationale,  et 
ne  se  feront  connaître  qu'après  le  jugement. 

«tArt.  3.  Des  récompenses  nationales  seront  décernées  aux  auteurs  des  ouvrages 
qui  auront  été  jugés  les  meilleurs. 

ffAfiT.  à.  Le  Comité  d'instruction  pubhque  présentera  un  rapport  sur  Torgani- 
sation  d'un  jury  destiné  à  juger  du  mérite  des  ouvrages  envoyés  au  concours,  et 
sur  les  récompenses  à  décorner. 

ffLe  rapport  et  le  présent  décret  seront  insérés  au  Bulletin  ^'^^ '^ 

*^^  Le  procès-verbal  imprimé  porte,  par  mots,  omis  par  erreur  dans  le  procès-vor- 

suite  d'une  faute  d'impression,  ff  cours  n  au  bal  impriuK». 

lieu  de  ff  concours ?i.  ^*^   Cet  alinéa  «'sl  nouveau. 

^')  Ce  dernier  membre  de  phrase  est  ^*^  Cet  alinéa  est  nouveau.  —  Procès- 
nouveau,  verhiil  ilo  |;i  CointMiliou  ,  t.  \\\.  p.  -i  i  o. 

'■'   C'est    [ïou>    ipu    ajouloub  ces    trois 


37:2      PROCÈS -VERBAUX  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

Le  Moniteur  relate  comme  suit  l'adoption  du  décret  : 

Convention  nationale,  séance  du  9  pluviôse. 

Grégoire  soumet  à  la  délibération  le  projet  de  décret  sur  la  confection  des  livres 
élémentaires,  tel  qu'il  a  été  proposé  dans  la  séance  du  h  (sic)  pluviôse. 
Ce  projet  de  décret  est  adopté  en  ces  termes '^^  ; 

[Suivent  les  quatre  articles  du  décret.] 


On  lit  dans  les  procès-verbaux  du  Bureau  de  consultation  des  arts  et  métiers  ^^^  : 

Séance  du  9  pluviôse  an  11. 

Les  citoyens  Hassenfratz  et  Lagrange ,  au  nom  de  la  Commission  des  poids  et 
mesures,  consultent  le  Bureau  pour  savoir  s'il  est  possible  de  présenter  à  son 
jugement  les  travaux  métrologiques  du  citoyen  Paneton,  travaux  très  connus, 
dont  Lauteur  est  dans  Tindigence  et  ne  paraît  nullement  disposé  à  se  présenter  au 
Bureau  en  remplissant  les  formalités  ordinaires. 

Un  membre  fait  un  rapport  verbal  sur  le  mérite  supérieur  de  l'ouvrage  du  ci- 
toyen Paucton;  et,  après  une  discussion  approfondie  sur  l'utilité  dont  cet  ouvrage 
a  été  pour  les  opérations  relatives  aux  nouveaux  poids  et  mesures ,  le  Bureau 
nomme  pour  commissaires  les  citoyens  Lagrange ,  Hassenfratz ,  Servières ,  Halle , 
et  les  charge  de  solliciter  auprès  des  Comités  d'instruction  publique  et  de  salut 
public  un  article  additionnel  à  la  loi.  Cet  article  autoriserait  le  Bureau  à  aller  au 
devant  des  artistes  et  de  tous  les  hommes  instruits  qui ,  par  leurs  travaux  et  leurs 
ouvrages ,  auraient  éminemment  contribué  au  progrès  des  arts ,  mais  qui ,  par  mo- 
destie ou  par  des  considérations  particulières,  ne  se  présenteraient  pas  au  Bureau. 

Séance  du  16  pluviôse  an  11. 

Les  commissaires  nommés  par  le  Bureau  pour  solliciter  auprès  des  Comités 
d'instruction  publique  et  de  salut  public  un  article  additionnel  à  la  loi  rendent 
compte  des  démarches  qu'ils  ont  faites  auprès  du  Comité  d'instruction  publique. 
Ce  Comité  a  adopté  la  proposition  de  demander  à  la  Convention  un  article  addi- 
tionnel à  la  loi  du  12  septembre  1791  ;  cet  ai'ticle  autoriserait  le  Bureau  à  aller 
au  devant  des  artistes  qui  ne  se  présentent  point  pour  participer  aux  récompenses , 
et  qui  ont  éminemment  contribué  au  progrès  des  arts.  Le  citoyen  Fourcroy,  membre 
du  Comité  d'instruction  puhlique ,  a  été  chargé  par  ce  Comité  de  faire  un  rapport 
à  ce  sujet. 

(*)  Moniteur  du  11  pluviôse  an  11,  p.  598.  —  ^'^^  Second  registre  manuscrit  des  procès- 
verbaux  du  Bureau  de  consultation.  (Conservatoire  des  arls  et  métiers.) 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE. 


373 


CENT  QUATRE-VINGT-ONZIEME   SEANCE. 

Du  1  1  pluviôse  an  ii.  [3o  janvier  179^».] 

Le  citoyen  Bertlielot  fait  hommage  à  la  nation  de  cinq  manuscrits 
contenant  des  détails  topographiques  sur  le  ci-devant  Dauphiné  et 
pays  adjacents;  en  faisant  cet  hommage,  il  prie  le  Comité  de  lui 
donner  une  lettre  de  recommandation  auprès  du  département  de  Paris 
tendant  à  lui  faire  obtenir  dans  la  gendarmerie  une  place  d'officier. 
Le  Comité  a  arrêté  qu'il  recevait  le  don  du  citoyen  Berthelot,  et  que 
son  président  écrirait  en  son  nom  au  département  pour  appuyer  la 
demande  de  ce  citoyen  ^^K 

Sur  la  proposition  d'un  membre  relativement  à  l'envoi  à  faire  des 
numéros  des  Annales  des  actions  héroïques,  le  Comité  arrête  qu'ils 
seront  envoyés  aux  autorités  constituées,  aux  municipalités  et  aux 
sociétés  populaires  ^^K 

Sur  la  proposition  d'un  membre  sur  la  question  de  savoir  s'il  serait 
utile  d'établir  un  théâtre  pour  la  déclamation  dans  la  maison  d'édu- 
cation des  Orphelins  des  défenseurs  de  la  patrie,  le  Comité,  en  ayant 
reconnu  l'utilité,  autorise  la  Commission  des  arts,  en  exécution  du  dé- 
cret du  19  nivôse,  à  procurer  à  cet  établissement  un  petit  théâtre  pro- 
venant de  la  ci-devant  liste  civile  ou  des  émigrés  ^^^ 

Vu  la  troisième  livraison,  faite  par  le  citoyen  Hanin  au  citoyen 
Baudouin,  imprimeur  de  la  Convention,  de  dix  mille  exemplaires  de 
la  gravure  d'un  cadran  contenant  le  rapport  des  nouvelles  heures  avec 
les  anciennes,  pour  être  joints  à  l'Almanach  d'instruction  publique 


^^)   Voir  la  séance  du  5  frimaire,  p.  ifî. 

f^)  Le  décret  du  i3  nivôse  (p.  iiôS), 
porte  que  les  numéros  du  Becueil  des  actions 
héroïques  et  civiques  seront  envoyés  rraux 
municipalités,  aux  armées ,  aux  sociétés  po- 
pulaires et  à  toutes  les  écoles  de  la  Uépu- 
bliquen.  On  ne  voit  pas  bien  coniment  Ic^ 
Comité  a  pu  prendre,  sur  celte  question, 
un  airètt'  qui  ï(;stri'i|jiiait  les  dispositions 
du  décret  de  la  (lonvenliou. 

^^^  Le  7  pluviôse  (p.  33G),  le  Comité 
avait     nommé     cinq    commissaires    pour 


«prendre  connaissance 'i  de  l'école  dirigée 
par  Léonai'd  Bourdon.  Aous  n'avons  pas 
trouvé  de  décret  en  date  du  k)  nivôsedont 
les  dispositions  puissent  s\\ppli(pier  à  cotte 
afl'aire.  Dès  le  a5  nivôse,  la  Connnission 
des  arts  s'était  occupée  de  fournira  la  mai- 
sou  d'éducation  de  Léonard  Bourdon  les 
colleclions  (jui  pouvaient  être  utiles  aux 
('ii'vt^s:  voir  aux  annexes,  A  ^p.  ^77),  uu 
extrait  du  procès-verbal  do  la  séance  de  la 
Connnission  des  arts  du  -j'ô  nivôse  an  11. 


37/t      PROCÈS -VERBAUX  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

arrête  qu'il  sera  payé  audit  citoyen  Hanin  la  somme  de  1,875  livres 
par  le  (Comité  des  inspecteurs  de  la  salle ^^l 

Un  membre  propose  de  confier  un  manuscrit  portant  nombre  de 
corrections  faites  au  Dictionnaire  de  la  langue  française  au  citoyen 
*-^  qui  voudrait  entreprendre  une  nouvelle  édition  de  cet  ou- 
vrage. Sur  cette  proposition,  le  Comité  arrête  que  les  citoyens  Coupé 
et  Grégoire  examineront  le  manuscrit  dont  il  s'agit  et  feront  un  rapport 
relatif  à  l'avantage  qui  pourrait  résulter  d'une  nouvelle  édition  du  Dic- 
tionnaire de  la  langue  française  ^^\ 

Lettre  du  citoyen  Sérane  portant  envoi  d'une  brochure  intitulée 
Catéchisme  du  citoyen,  etc.  Ferry  est  nommé  rapporteur  ^^l 


(^)  Voir  la  séance  du  9  pluviôse  (p.  36 1) 
et,  pour  la  suite,  celle  du  27  pluviôse 
(p.  U66). 

^2)  Le  nom  est  resté  est  blanc ,  à  la  mi- 
nute et  au  registre. 

^^^  Au  sujet  du  manuscrit  delà  nouvelle 
édition  du  Dictionnaire  de  TAcadémie  fran- 
çaise, voir  dans  notre  tome  II,  p.  3a6,  les 
deux  lettres  de  Tabbé  Morellet  à  Romme 
et  l'extrait  des  Mémoires  de  Tabbé  Morellet. 
Le  nom  du  citoyen  qui  voulait  entreprendre 
une  nouvelle  édition  du  Dictionnaire  est 
resté  en  blanc  :  c'est  à  lui  sans  doute  que 
Lakanal  fait  allusion  dans  son  rapport  du 
premier  jour  complémentaire  de  l'an  m, 
où  il  dit  :  «Il  y  a  plus  de  six  mois  qu'un 
homme  de  lettres  connu ,  lié  avec  toute  l'an- 
cienne Académie ,  avait  offert  au  Comité  de 
se  charger  de  ce  travail  (la  revision  de  l'exem- 
plaire corrigé  du  Dictionnaire).  Cette  pro- 
position n'eut  point  alors  de  suite;  il  l'a 
renouvelée  dans  ces  derniers  temps,  au 
nom  du  libraire  Smits,  patriote  liégeois, 
qui  vient  de  donner  une  superbe  édition  de 
la  traduction  de  Sénèque;  presque  au 
même  instant  le  libraire  Maradan,  connu 
aussi  par  de  belles  entreprises,  a  présenté 
au  Comité  une  pétition  pour  le  même  objet. 
Le  Comité  l'a  engagé  à  se  concerter  avec 
l'homme  de  lettres  auteur  des  premières 
propositions  :  ils  se  sont  vus,  et  le  résultat 
de  cette  entrevue  est  une  compagnie  formée 
par  les  deux  libraires  Smits  et  Maradan, 
avec  un  riche  libraire  étranger,  v  L'homme 


de  lettres  qui  présenta  au  Comité  d'instruc- 
tion publique,  au  nom  du  libraire  Smits, 
le  a  thermidor  an  m ,  la  proposition  d'édi- 
ter l'exemplaire  corrigé  du  Dictionnaire  de 
l'Académie,  n'est  autre  que  Carat.  Si  c'est 
lui  dont  le  nom  a  été  laissé  ici  en  blanc  au 
procès-verbal,  Lakanal  a  évalué  d'une  façon 
trop  vague  et  peu  exacte  l'intervalle  écoulé 
entre  la  première  proposition  de  Carat  et 
le  rapport  du  premier  jour  complémentaire 
de  l'an  m,  en  employant  l'expression  crplus 
de  six  moisw  ;  c'est  «plus  de  dix-neuf  moisn 
qu'il  fallait  dire. 

Un  décret  rendu  à  la  suite  du  rapport 
de  Lakanal  autorisa  la  publication  proje- 
tée. Maradan  s'étant  retiré  de  l'entreprise, 
l'édition  fut  faite  sous  le  nom  de  Smits  et 
Compagnie,  en  a  volumes  petit  in-folio; 
l'impression  ne  fut  terminée  qu'en  l'an  vu. 
Voici  le  titre  de  la  publication:  Dictionnaire 
de  l'Académie  française ,  revu ,  corrigé  et 
augmenté  par  l'Académie  elle-même;  cin- 
quième édition;  à  Paris,  chez  J.-J.  Smits  et 
C'^  imprimeurs  libraires,  rue  de  Tournon, 
n°  11 33,  faubourg  Germain;  l'an  vu  delà 
République.  —  Il  sera  de  nouveau  question 
du  Dictionnaire  de  l'Académie  dans  la 
séance  du  21  pluviôse  (p.  6/n). 

^^^  11  a  déjà  été  parlé  de  Sérane  dans 
notre  tome  II,  p.  22.  On  trouve  dans  F^^ 
carton  1008*,  n°  i633,  la  lettre  par  la- 
quelle Sérane  annonçait  l'envoi  de  son 
Catéchisme.  11  sera  de  nouveau  question  de 
cet  ouvrage  le  1 1  floréal  an  ii. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  '  375 

Lettre  close  portant  pour  suscription:  Procédé  chimique  pour  fondre 
l'argenterie.  Renvoyé  au  Comité  des  finances. 

Un  membre  propose  de  demander  au  ministre  des  affaires  étran- 
gères la  collection  de  tous  les  actes,  lois,  décrets,  etc.,  qui  ont  été 
traduits  en  différentes  langues  jusqu'à  ce  jour,  et  de  l'inviter  à  faire 
parvenir  ce  qui  sera  traduit  par  la  suite.  Adopté.  Le  Comité  arrête 
en  conséquence  que  son  président  écrira  à  cet  effet  au  ministre  des 
affaires  étrangères ^^^ 

Un  autre  membre  propose  de  demander  au  Bureau  de  consultation 
des  arts  la  collection  de  tous  les  rapports  qu'il  a  fait  imprimer  jusqu'à 
ce  jour  et  qu'il  fera  imprimer  par  la  suite.  Adopté.  Le  président  lui 
écrira  à  cet  effet  ^^^. 

Lettre  de  la  Société  des  jacobins,  du  8  pluviôse,  relative  aux 
appointements  des  instituteurs  de  l'Ecole  de  musique.  Renvoyé  à 
Mathieu,  rapporteur ^^l 

Guyton  présente  une  brochure  intitulée  Second  chant  de  la  Côte-d'Or 
pendant  la  guerre  de  la  Liberté,  etc.,  par  Baillot.  L'examen  en  est  ren- 
voyé à  Guyton  et  à  Léonard  Bourdon,  qui  en  feront  leur  rapport  ^'^^ 

Grégoire  et  les  autres  commissaires  nommés  pour  examiner  la 
position  des  poêles  qui  ont  été  établis  au  Muséum  font  le  rapport  de 

(1^  La  réponse  du  ministre  des  affaires  p.  109),  sanctionné  le  27,  les  professeui's 

étrangères  sera  communiquée  le  17  pluviôse  de    l'Ecole   de   chant  et    de  déclamation 

(p.  Ail).  avaient  continuée  toucher  leurs  traitements; 

^^^  Le  procès -verbal    de   la  séance    du  et  ils  les  louchèrent  jusqu'au  moment  où 

19  pluviôse  du  Bureau  de  consultation  men-  l'École  fut  fondue  dans  le  Conservatoire  de 

tionne  la  lettre  écrite  par  le  Comité  d'in-  musique  organisé  parle  décret  du  i6ther- 

struction  publique,  et  nous  fait  connaître  midor  an  m.  On  trouve  aux  Archives  na- 

la  réponse  qui  y  fut  faite.  Voir  aux  annexes,  tionales,  F",  carton  1991,  plusieurs  man- 

B  (p.  378).  L'état  des  récompenses  accor-  dats  de  payement  pour  les  traitements  de 

déesdu  1"  janvier  1798  jusqu'au  commen-  ces  professeurs  en  l'an  11  et  en  l'an  m. 
cément  de  l'an  11 ,  annoncé  dans  la  réponse  ^*^  L'ouvrage  de  Baillot  avait  été  présenté 

du  Bureau,  sera  transmis  au  Comité  par  le  le  même  jour  à  la  Convention,  qui  l'avait 

ministre  de  l'intérieur  dans  la  séance  du  renvoyé  au  Comité  d'instruction  publique, 

17  ventôse  (p.  55i).  pour  examiner  s'irmérilail  d'être  imprimé 

^^)  La  lettre  de  la  Société  des  Jacobins  el  envoyé  dans  toute  la  République  el  aux 

avait  été  enregistrée  sous  le  n"  17H7  (K'\  armées.  11  fut  enregistré  sous  le  if  178Ô 

carton  1009*);  mais  la  pièce  n'est  pas  en  (F'",  carton  1009'),  mais  la  pièce  manque, 

place.  C'est  sans  doute  des  professeurs  de  Voir  aux  annexes,  C  (p.  '^79),  un  extrait 

l'Kcole  des  Menus  qu'il  s'agit  ici.  En  vertu  du  procès-verbal  de  la  séance  de  la  Con- 

du    décret  de    l'Assenibléo    législalivf    du  vention  du   1 1    pluviôse  an   11.  11  sera  de 

aa  mai  1799  (Voir  Pfocès-vpibaux  du  Co-  nouveau  question  des  C/ui/Ws  Jf  la  Càte-d'Or 

mité  d'inslructio»  puhliqncdr  la  [j'irinldlive,  le  99  ventôse  (p.  598). 


376      PROCES -VERBAUX  DU  COMITE  D1NSTRUCTI0N  PUBLIQUE 

leur  visite ^^l  II  en  résulte  que,  pour  le  présent,  il  n'y  a  pas  de  dan- 
ger, attendu  que  l'hiver  est  avancé;  mais  que,  pour  l'année  prochaine, 
il  faudra  prendre  quelques  mesures  de  précaution. 

Sur  la  proposition  de  Roninie,  le  Comité  arrête  qu'il  sera  imprimé 
deux  mille  exemplaires  in-8°  de  V Annuaire  du  cultivateur  ^-\ 

Le  président  écrira  au  ministre  de  l'intérieur  pour  le  prier  de  faire 
rendre  à  la  Commission  des  monuments  compte  de  ses  travaux;  il 
sera  invité  en  outre  de  faire  passer  ce  compte  au  Comité  d'instruction 
publique  ^^l 

Le  citoyen  Famin  est  introduit;  il  demande  que  le  Comité  lui  fasse 
remettre  un  microscope  solaire  dépendant  de  la  succession  du  ci- 
devant  duc  d'Orléans,  microscope  dont  iL avait  l'usage  depuis  dix  ans 
et  qui  lui  est  nécessaire  pour  continuer  le  cours  gratuit  de  physique 
expérimentale  qu'il  donne  au  public.  Le  même  citoyen  fait  hommage 
au  Comité  d'un  ouvrage  dont  il  est  auteur,  intitulé  Cours  abrégé  de 
physique  expérimentale.  Mention  honorable  de  l'hommage.  Le  Comité 
charge   Mathieu  de  prendre  des  renseignements  à  cet  égard  ^^\ 

Le  Comité  arrête  que  les  jours  auxquels  il  admettra  les  pétition- 
naires seront  les  primedi  et  quintidi. 

Lettre  du  Comité  de  salut  public,  du  li  pluviôse,  par  laquelle  il  pro- 

(^)  Voir  la  séance  du  31  nivôse  (p.  966).  vilait  donc  la  Commission  à  obéir  au  dé- 

^-^  Voir  la  séance  du  28  nivôse  (p.  280)  cret.   Celle-ci  répondit  que  le  ministre  se 

et,  pour   la  suite,    celle   du    1^'    ventôse  trompait  en  prétendant  que  le  décret  du 

(p.   A77).  28  frimaire  avait  été  notifié,  et  que  cette 

^^)  Voir  la  séance  du  9  pluviôse  (p.  36 1).  notification  n'avait  jamais  eu  lieu;  et  elle 

Le  ministre  de  l'intérieur  écrivit  en  effet  continua  de  s'assembler  en  attendant  la  ré- 

à  la  Commission  des  monuments  une  lettre  ponse  du  ministre.  Cette  réponse  n'arriva 

dont  celle-ci  prit  connaissance  le  i3  plu-  que  le  i3  ventôse.  ]\ous  donnons  aux  an- 

viôse;  mais  il  n'y  parlait  que  des  papiers  nexes,  D  (p.  879),  des  extraits  des  procès- 

qui  se  trouvaient  chez  Mulot.  La  Commis-  verbaux  de  la  Commission  des  monuments, 

sion  répondit  qu'elle  venait  de  recevoir  ces  séances  des  9,  i3,  16,  19  et  29  pluviôse, 

papiers,  et  qu'elle  les  remettrait  à  qui  il  3,  6  et  9  ventôse;  et  des  lettres  de  la  Com- 

appartiendrait.  Puis  les  choses  en  restèrent  mission    au   président    de   la    Convention 

là  jusqu'au  99  pluviôse,  jour  où  la  Commis-  (19  pluviôse)  et  au  ministre  de  l'intérieur 

sion  prit  connaissance  d'une  nouvelle  lettre  (i3  et  29  pluviôse).  Pour  la  suite,  voir  la 

du  ministre  :  celui-ci  exprimait  son  éton-  séance  du  Comité  du  9  ventôse  (p.  5o5). 
nement  que  la  Commission  continuât  de  ('')  Dans  la  séance  précédente  (p.  36i), 

s'assembler  après   que  le  décret  de   sup-  le  Comité  avait  passé  à  l'ordre  du  jour  sur 

pression  lui  avait  été  notifié,  et  annonçait  la  demande  de  Famin.  Celui-ci  revient  à  la 

que  le  Comité  d'instruction  publique   lui  char^je  en  se  présentant  en  personne.  Pour 

avait  enjoint  rde  hâter  par  tous  les  moyens  la  suite,   voir   la  séance   du    i3  pluviôse 

do  rirjueur  l'exécution    de  la  loir»;  il  in-  (p.  889). 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE. 


377 


pose  au  Comité  d'instruction  publique  plusieurs  questions  à  résoudre. 
Lindet  et  Mathieu  sont  nommés  rapporteurs  ^^l 

Le  citoyen  Fourcroy  expose  que  le  citoyen  Coquebert,  professeur 
d'agriculture  au  Lycée  républicain,  demande  à  emprunter  les  instru- 
ments d'agriculture  appartenant  à  la  nation  et  qui  sont  déposés  chez 
le  citoyen  Lefebvre,  ci-devant  agent  de  la  Société  d'agriculture.  Le 
Comité  autorise  le  citoyen  Lefebvre  à  prêter  ces  instruments  au  ci- 
toyen Coquebert,  sous  son  récépissé  et  à  la  charge  par  lui  de  les 
remettre  aussitôt  qu'il  n'en  aura  plus  besoin  pour  son  cours  d'agri- 
culture ^^l 

Coupé  fait  le  rapport  de  la  demande  du  citoyen  Mangard  relative 
à  un  établissement  d'instruction  publique.  Le  Comité  passe  à  l'ordre 
du  jour,  motivé  sur  la  loi  qui  rend  libre  l'instruction  publique  '-^K 

U.-T.  Lindet  '*^ 
PIÈCES  ANNEXES. 


On  lit  dans  le  registre  des  procès-verbaux  de  la  Commission  dos  arts  : 

Séance  du  25  nivôse,  l'an  oJ  de  la  République. 

Les  citoyens  Vicq  d'Azyr,  Richard  et  Lamarck  [sont]  nommés  commissaires 
pour  examiner  les  objets  d'instruction  publi([ue  qui  pounaieni  convenir  à  la  mai- 
son d'éducation  des  élèves  de  la  patrie  située  au  ci-devant  prieuré  de  Saint-Mar- 
tin-des-Champs.  On  propose  de  s'occuper  d'un  plan  d'organisation  générale  pour 
composer  les  collections  d'objets  et  d'instruments  propres  à  l'instruction.  La  Com- 
mission arrête  :  1°  Que  chacune  de  ses  sections  formera  un  tableau  :  i°  des  livres 
élémentaires,  2"  des  objets  et  instruments,  3°  des  lieux  oii  on  pourrait  les  trou- 


(')  La  lettre  du  Comité  de  salut  public 
demandait  à  celui  d'instruction  des  ronsei- 
{jnemenls  destinés  à  entrer  dans  une  Iii- 
strucliou  générale  qu'il  se  proposait  (ren- 
voyer aux  administrateurs  des  déparlemonis 
et  dos  districts  et  aux  agents  nationaux. 
Cette  lettre  est  aux  Archives  nationales; 
nous  la  donnons  aux  annexes,  E  (p.  38G}. 
Lindet  présentera  un  projet  d'instruction 
le  9.5  pluviôse  (p.  /161). 

^"^  La  Sooi«'»té  (l'agricultHre  (voir  sur 
rolto  s<)riét('  notro  toino  1'',  p.  /ji  1)  jvjuf 


été  comprise  dans  le  décret  du  8  août  179.'^ 
qui  supprimait  les  académies.  Nous  avons 
donné  (t.  Il,  p.  '^'^ï))  l'indication  do  plu- 
sieurs lettres  de  Lefebvre  relatives  aux  tra- 
vaux de  celte  société. 

^'''  Voir  la  séance  du  9  pluviôse  (p.  3  60). 
11  sera  de  nouveau  question  de  Mangaixl  le 
1.3  ventôse  (p.  538). 

^*^  Celte  signature  ne  se  trouve  qu'au 
registre.  La  minute  est  de  la  main  de  Rou- 
lrou(\  saut  les  cIiki  premiers  alint>as.  (jui 
sont  (Tune  autre  écriture. 


378      PROCÈS -VERBAUX  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

ver,  ou  dos  moyens  de  so  les  procurer:  —  9°  Qiu)  le  travail  de  chaque  section 
sera  remis  aux  trois  commissaires  ci-dessus  désignés  ^^K 


On  lit  dans  les  procès-verbaux  manuscrits  du  Bureau  de  consultation  dos  arts  et  mé- 
tiers ^^)  : 

Sëanco  du  1 9  ])luviôse  an  11. 

Le  président  fait  lecture  d'une  lettre  du  Comité  d'instruction  publique  par 
Inquollo  ce  Comité  demande  au  Bureau  la  collection  de  ses  mémoires  imprimés. 
Après  une  assez  longue  discussion,  le  Bureau  arrête  que  son  président  fera  à  ce 
Comité  une  réponse  conçue  en  ces  termes  : 

ffLe  Bureau  de  consultation  a  reçu,  aujourd'hui  19,  la  lettre  en  date  du  i3  plu- 
viôse, par  laquelle  le  Comité  d'instruction  publique  lui  demande  un  exemplaire 
de  la  collection  imprimée  de  ses  rapports. 

ffll  n'y  a  jusqu'à  présent  d'imprimé  d'une  manière  authentique  que  le  tableau 
des  récompenses  distribuées  depuis  le  19  novembre  1791  jusqu'au  i""  janvier 
1793.  Le  Bureau  s'empresse  de  l'envoyer  au  Comité. 

ffOn  li'availle  en  ce  moment  à  faire  dresser  aussi  l'état  des  récompenses  accor- 
dées depuis  le  1"  janvier  1793  jusqu'au  1''  vendémiaire  de  la  9^  année  de  la 
République.  Aussitôt  qu'il  sera  achevé,  le  Comité  en  recevra  un  exemplaire. 

cfA  l'égard  de  la  collection  que  demande  le  Comité,  le  Bureau  n'en  a  fait  im- 
primer aucune,  n'ayant  aucun  fonds  destiné  à  cet  objet.  Il  en  est  une,  fort  incor- 
recte et  très  incomplète,  dont  l'éditeur  est  le  citoyen  Chemin.  Il  ne  l'est  qu'en 
vertu  de  la  permission  générale  donnée  aux  imprimeurs  de  prendre  communication 
des  rapports  faits  au  Bureau.  Ce  citoyen  n'a  pas  même  présenté  aux  auteurs  les 
épreuves  de  leurs  rapports  imprimés,  malgré  l'invitation  qui  lui  en  avait  été  faite  par 
plusieurs  membres  du  Bureau.  Certains  rapports  n'y  sont  imprimés  que  par  extraits. 

ff Néanmoins,  comme  plusieurs  exemplaires  de  cette  collection  incomplète  ont 
été  déposés  au  secrétariat,  le  Bureau  s'empresse  d'en  envoyer  un  au  Comité  d'in- 
struction publique ,  en  le  priant  d'observer  qu'il  ne  se  rend  garant  ni  de  l'exac- 
titude de  l'édition,  ni  de  la  justesse  des  réflexions  qui  y  ont  été  ajoutées. 

rfOn  ne  pourrait  remédier  à  ces  défauts  qu'en  aflectant  des  fonds  particuliers 
à  l'impression  d'une  collection  authentique,  surveillée  par  le  Bureau  lui-même,  et 
qui  pourrait  remplir,  relativement  aux  arts,  un  grand  objet  d'utihté.  Le  Bureau 
soumet  cette  réflexion  à  la  sagesse  du  Comité. 

ffSi  le  Comité  désire  d'ailleurs  avoir  une  idée  exacte  et  complète  des  travaux  du 
Bureau  de  consultation,  il  lui  propose  d'en  faire  faire  une  copie  entièrement  con- 
forme aux  rapports  déposés  au  secrétariat.  Il  attendra ,  pour  faire  commencer  ce 
travail,  la  réponse  du  Comité. t^ 

Le  Bureau  invite  les  commissaires  qui  ont  rédigé  le  tableau  imprimé  des  ré- 
compenses nationales  à  s'occuper  de  la  suite  de  ce  travail. 

W  Archives  nationales,  F''*  7,  folio  18,  verso.  —  ^^^  Archives  du  Conservatoire  des  arts 
et  métiers. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  379 


On  lit  dans  les  procès-verbaux  de  la  Convention  : 

Séance  du  1 1  pluviôse  an  ii. 

Un  membre  ^^^  pre'sento  un  ouvrag-e  intitulé  Second  chant  de  la  Côie-d' Or  pen- 
dant la  guerre  de  la  Liberté,  récité  le  i  o  nivôse  par  Pierre  Baillot  :  il  annonce 
qu'il  contient  plusieurs  traits  dignes  d'être  inscrits  dans  les  annales  civicjues;  il 
en  demande  le  renvoi  au  Comité  d'instruction  publique,  et  fait  la  motion  qu'il 
soit  cliargé  d'examiner  si  cet  ouvrage,  très  propre  à  entretenir  le  sentiment'"'  de 
la  liberté,  à  donner  l'idée  des  fêtes  qui  conviennent  à  des  républicains,  ne  mérite 
pas  l'impression  et  l'envoi  dans  toute  la  République  et' aux  armées. 

Cette  motion  est  renvoyée,  avec  l'exemplaire  présenté,  au  Comité  d'instruction 
publique  ^^\ 

D 

Ainsi  qu'on  Ta  vu  ,  la  Commission  des  monuments  continuait  ses  fonctions,  en  alléguant 
que  le  décret  du  28  frimaire  ne  lui  avait  pas  encore  été  notifié;  et  à  chacune  de  ses 
séances ^*^  elle  avait  soin  de  constater  en  tète  du  procès-verbal  que  ses  assemblées  avaient 
lieu  en  vertu  de  la  lettre  du  ministre  de  l'intérieur  du  3  nivôse  et  de  celle  du  président 
du  Comité  d'instruction  publique  du  7  nivôse.  Son  secrétaire,  Mulot,  ne  venait  plus  aux 
séances,  pour  des  motifs  tirés  de  ses  «raffaires  personnelles n;  il  avait  en  outre  donné  sa 
démission  de  gardien  du  dépôt  de  la  maison  de  Nesle;  mais,  chose  singulière,  le  suc- 
cesseur que  le  Comité  d'instruction  publique  lui  avait  nommé,  Naigeon,  ne  pouvait  obtenir 
qu'il  fût  procédé  au  recolement  des  objets  renfermés  dans  ce  dépôt.  Les  membres  de  la 
Commission  des  monuments  paraissent  n'avoir  eu  aucunement  rinlention  préméditée  d'é- 
luder les  prescriptions  du  décret  du  28  frimaire;  mais,  formalistes  à  l'excès,  ils  exigeaient 
que  les  choses  fussent  faites  selon  tous  les  rites  adminisiralifs;  et,,  blessés  des  reproches 
qui  leur  avaient  été  adressés  dans  le  rapport  de  Mathieu ,  ils  n'étaient  pas  fâchés  de  con- 
stater que  le  ministre  et  le  Comité  d'instruction  publique  se  rendaient,  à  leur  égard,  cou- 
pables d'omissions  ou  de  négligences  qui  leur  paraissaient  justifier  leur  altitude. 

Voici  ce  que  nous  lisons  dans  les  procès-verbaux  de  leurs  séances  des  9  ot  i3  pluviôse  : 

Séance  du  9  pluviôse  de  l'an  deuxième  de  la  Ré|)ublique  française 

une  et  indivisible. 

Présents:  L.-A.  Mercier,  Moreau  le  jeune,  Putbod,  Jollain,  Lenionnier,  ^ccvc- 
taire,  Ameilbon,  vice-secrétaire. 

^')  C'est  probablement  Guy ton-Morveau;  ^*'   Depuis  sa  séance  du  (j  nivôse  (voir 

ce  fut  lui  qui,  le  même  soir,  présenta  l'ou-  p.    186),  la   Conunission  des  nionumenls 

vrage  au  Comité.  s'était  réunie   les    i3,   iG,    îîS,  26  et  -ir) 

^'^*  Le  procès-verbal  imprimé  porte  ffser-  nivôse.  Ku   pluviôse  elle  se  réunit  les   3, 

ment T»  au  lieu  de  ff sentiment î7  ;  nous  avons  0,  9,    i3,    iG,    19,    ti3   et  29  du   mois, 

corrigé  celte  faute  d'impression.  En  ventôse,  les  3,    G,   9,    i3  et    i(')   du 

^•'''  Procès -verbal    de     la    Convention,  mois. 
t.  XXX,  p.  2/19. 


380      PROCÈS -VERBAUX  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

Les  membres  qui  composaient  la  Commission  des  monuments,  assemblés  en 
vertu  des  lettres  tant  du  président  du  Comité  d'instruction  publique  que  du  mi- 
nistre de  rintérieur,  ont  nommé  le  citoyen  Mercier  président  et  le  citoyen  Ameilhon 
secrétaire. 

11  a  été  arrêté  que  l'on  écrirait  au  président  de  la  Convention  au  sujet  de  la 
continuation  des  séances  de  la  Commission  ^^^ 

...  Le  citoyen  Poirier  a  fait  part  à  l'assemblée  qu'il  avait  les  cartes  de  dépouil- 
lement dont  il  avait  besoin  pour  tirer  quelques  notes,  et  qu'il  les  rapporterait  in- 
cessamment. 

Séance  du  i3  pluviôse  de  l'an  deux  de  la  République  française 
une  et  indivisible. 

Présents  :  L.-A.  Mercier,  Desmarest,  Poirier,  Putliod,  Moreau  le  jeune ,  Jollain , 
Lemonnier,  secrétaire,  Ameilhon,  vice-secrétaire. 

[Mercier  préside,  Ameilhon  tient  la  plume.] 

...  Le  citoyen  Poirier  renouvelle  la  promesse  de  remettre  à  la  Commission, 
si  elle  subsiste  encore ,  ou  à  la  Commission  temporaire  des  arts ,  les  cartes  de  dé- 
pouillements relatifs  aux  sciences,  belles-lettres  et  arts  commencés  en  1790^^^. 

Le  citoyen  Leblond  s'est  présenté  pour  communiquer  une  lettre  du  ministre  de 
l'intérieur  qui  le  chargeait  conjointement  avec  le  citoyen  Naigeon  de  retirer  les 
papiers  de  la  Commission  qui  pourraient  se  trouver  sous  les  scellés  apposés  sur  les 
papiers  du  citoyen  Mulot ^^^  ;  et,  sur  la  réponse  qui  lui  a  été  faite  que  le  citoyen  Mulot 
venait  de  renvoyer  tous  les  papiers  qu'il  avait  à  la  Commission,  il  s'est  retiré. 

Lecture  d'une  lettre  du  ministre  de  l'intérieur  à  la  Commission  relativement 
au  même  objet.  Il  sera  écrit  au  ministre  que  le  scellé  n'est  point  sur  les  papiers 
du  citoyen  Mulot,  et  qu'il  a  renvoyé  aujourd'hui  ce  qui  lui  restait  des  papiers  de 
la  Commission  ^^\ 


Voici  le  texte  de  la  lettre  écrite  par  la  Commission  au  ministre  : 

i3  pluviôse. 

La  Commission  des  monuments  au  citoyen  ministre  de  l'intérieur. 
Citoyen  ministre, 

Le  citoyen  Leblond  s'est  présenté  aujourd'hui  à  notre  séance  et  nous  a  commu- 
niqué ta  lettre  relative  aux  papiers  de  la  Commission  qui  étaient  entre  les  mains 


(^'  Il  n'a  pas  été  donné  suite  à  cette  dé- 
cision ce  jour-là.  La  question  reviendra  le 
19  pluviôse. 

^^^  C'est  là  Torigine  du  rr Rapport  sur  la 
remise  à  la  Commission  temporaire  des 
arts  des  cartes  du  dépouillement  des  ou- 
vrages imprimés  ou  manuscrits,  commencé 
à  la  Commission  des  monuments  en  1 790^, 


présenté  par  Poirier  au  Comité  d'instruc- 
tion publique  à  la  date  du  i5  messidor 
an  H,  et  qui  fut  imprimé  par  ordre  de  ce 
Comité  à  la  suite  de  la  seconde  édition  de 
V Instruction  sur  la  manière  d'inventorier,  etc. 

^•^)  Voir  la  séance  du  Comité  d'instruc- 
tion publique  du  20  nivôse,  p.  2  83. 

e^^   Archives  nationales,  F"*  h. 


DE  LA  GOiNVENTJON  NATIONALE.  381 

du  citoyen  Muiot,  lettre  absolument  conforme  à  celle  que  tu  nous  as  adresse'e  sur 
le  même  objet.  En  réponse,  nous  te  prévenons  que  Mulot  venait  de  nous  faire  pas- 
ser tous  ceux  de  ses  papiers  qu'il  avait  et  qui  vont  être  re'unis  aux  autres  pour 
être  remis  à  qui  il  appartiendra  dès  que  nous  en  aurons  reçu  l'avis  officiel  '  . 

Nous  continuons  par  des  extraits  des  procès-verbaux  des  séances  des  i  G  et  19  pluviôse  : 

Séance  du  16  pluviôse  de  l'an  deuxième  de  la  République  française 

une  et  indivisible. 

Présents:  L.-A.  Mercier,  Poirier,  Desmarest,  Puthod,  Moreau  le  jeune,  Boizot, 
JoUain,  Lemonnier,  secrétaire,  Ameilhon,  vice-secrétaire. 

[Mercier  préside,  Ameilhon  lient  la  plume.] 

.  .  .  Lecture  d'une  réponse  au  rapport  du  Comité  d'instruction  publi(jue  :  cette 
réponse  a  été  lue  et  adoptée  ^^^ 

Séance  du  19  pluviôse  l'an  2^  de  la  République  française 
une  et  indivisible. 

Présents:  L.-A.  Mercier,  pi-ésident,  Puthod,  Moreau  le  jeune,  Poirier,  Boizot, 
Ameilhon,  vice-secrétaire. 

[Mercier  préside,  Ameilhon  lient  la  plume.] 

...  Un  membre  a  fait  part  a  l'assemblée  qu'il  avait  ouï  dire  que  l'on  accusait 
la  Commission  de  se  perpétuer  dans  ses  fonctions;  il  a  ajouté  qu'il  regardait 
comme  très  important  de  faire  connaître  sur  ce  point  les  vrais  sentiments  de 
la  Commission,  qui  ne  continue  ses  opérations  que  par  le  zèle  le  plus  désinté- 
ressé, et  d'après  les  lettres  du  Comité  d'instruction  publique  et  du  ministre.  En 
conséquence  il  a  proposé  d'en  écrire  directement  au  président  de  la  Convention 
nationale.  La  proposition  a  été  appuyée,  discutée,  adoptée,  et  le  président  i\ 
été  chargé  de  faire  partir  séance  tenante  la  lettre  proposée  à  la  Convention  ^^\ 


Voici  le  texte  de  cette  lettre  à  la  Convention  : 

I  9  pluviôse. 

La  Commission  des  monuments  au  président  de  la  Convention  nationale. 

Citoyen  président. 

La  Convention  nationale  a  supprimé,  par  son  décret  du  -28  frimaire,  la  Com- 
mission des  monuments  :  les  membres  qui  la  composaient,  jaloux  en  tout  temps 
de  montrer  leur  respect  pour  la  loi,  voulaient  cesser  leurs  fonctions,  lorscju'une 

^'^  Archives  nationales,  F'^*  5.  sera  lue  do  nouveau  dans  la  séance  de  la 

^'^  Celle  réponse  au  rapport  de  Mathieu  Commission  du  -U)  pliiviôso. 

—  peut-être  avec  quelques  modifications  —  (-^^   Archives  nationales,  F'"  *  -i. 


382      PROCÈS -VERBAUX  DU  COMITE  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

lettre  du  président  du  Comité  d'instruction  publique  en  date  du  7  nivôse,  dont 
copie  est  ci-jointe,  les  prévient  qu'il  est  de  leur  devoii'  de  rester  à  leur  ^hcc  jusqu'à 
la  nolijicalion  officielle  du  décret. 

Le  niinisti-e  de  l'intérieur,  par  sa  lettre  du  3  nivôse,  dont  copie  est  ci-jointe  éga- 
lement, en  réponse  à  celle  de  la  Commission,  leur  avait  imposé  la  même  obliga- 
tion de  continuer  leurs  assemblées  et  leurs  travaux  jusqu'à  l'expédition  officielle 
du  décret.  Comme  depuis  trois  ans  les  littérateurs  et  les  artistes  qui  composent  la 
Commission  ont  consacré  gratuitement  et  avec  zèle  tout  leur  temps ,  et  qu'ils  ne 
peuvent  jamais  être  soupçonnés  de  n'écouter  que  leur  intérêt  en  continuant  des 
opérations  qui  les  ont  arrachés  à  leurs  cabinets  et  à  leurs  ateliers,  ils  ont  regardé 
comme  un  devoir  rigoureux  de  ne  pas  cesser  de  s'assembler  en  attendant  la  noti- 
fication du  décret;  mais  ils  demandent  qu'enfin  les  successeurs  que  la  Convention 
leur  a  donnés  soient  seuls  chargés  de  la  conservation  des  objets  de  sciences  et  arts. 
Peut-être  bientôt  les  accuserait-on  de  vouloir  se  perpétuer  dans  cette  Commission 
au  mépris  de  vos  décrets,  tandis  qu'ils  attendent  avec  impatience  le  moment  oii 
on  les  rendra  à  leur  solitude. 

Salut  et  fraternité  ^^\ 

Nous  ne  savons  pas  si  cette  lettre  fut  lue  à  la  Convention;  les  procès-verbaux  de  l'as- 
semblée n'en  font  aucune  mention.  En  tout  cas,  le  président  de  la  Convention  n'y  fit  pas 
de  réponse,  ainsi  que  le  constate  la  lettre  de  la  Commission  des  monuments  au  mi- 
nistre de  l'intérieur  qu'on  trouvera  ci-après. 

La  Commission  se  réunit  le  28  pluviôse,  sans  que  sa  séance  offre  de  particularité  à 
noter.  Mais  la  séance  du  29  pluviôse  est  importante: 

Séance  du  529  pluviôse  l'an  deuxième  de  la  République  française 

une  et  indivisible. 

Présents  :  L.-A.  Mercier,  président;  Moreau  le  jeune,  Lemonnier,  Jollain,  Poi- 
rier, Puthod,  Regnault,  Ameilhon,  vice-secrétaire,  Boizot,  secrétaire  d'office. 

[Mercier  préside;  Boizot  tient  la  plume.] 

.  .  .  Lecture  est  faite  d'une  lettre  du  ministre  de  l'intérieur  en  date  du  26  de  ce 
mois,  par  laquelle  il  annonce  d'abord  qu'il  a  fait  notifier  à  la  Commission  le  décret 
de  la  Convention  qui  la  supprime  et  la  remplace  par  la  Commission  temporaire 
des  arts ,  et  lui  fait  remarquer  conséquemment  que  ses  fonctions  ont  dû  cesser  de- 
puis cette  notification .  .  . 

En  outre,  sur  la  représentation  de  la  Commission  temporaire  des  arts  que  la 
Commission  des  monuments  continuait  ses  fonctions ,  que  des  ouvriers  recevaient 
encore  des  pouvoirs  de  cette  Commission  supprimée ,  il  ajoute  que  la  Commission 
nouvelle  ne  peut  agir  par  le  défaut  de  remise  de  registres,  d'inventaires  et  de 
plans. 

Enfin,  après  avoir  dit  que  deux  lettres  du  Comité  d'instruction  pubhque  lui 
avaient  manifesté  sa  surprise  de  ce  que  la  Commission  des  monuments  n'avait  point 

^'^  Archive?  iialionalc'^.  F''  *5. 


DE  LA  CONVENTION  NATION.^E.  383 

remis  à  ia  Commission  temporaire  des  arts,  conformément  à  l'article  8  du  de'cret 
du  28  frimaire,  ses  archives,  et  lui  enjoignaient  de  hâter  par  tous  les  moyens  de 
rigueur  Texécution  de  la  loi,  il  annonce  que  le  citoyen  Naigeon  est  successeur  du 
citoyen  Mulot,  sur  la  démission  que  ce  dernier  a  donnée  de  sa  place,  mais  qu'il 
n'en  peut  prendre  possession  sans  un  recolement  général  fait  sur  l'inventaire;  qu'il 
a  nommé  deux  commissaires  pour  faire  la  vérification  du  dépôt;  qu'il  est  à  propos 
que  la  Commission  des  monuments  en  nomme  deux  pareillement. 

Il  termine  en  invitant  la  ci-devant  Commission  à  prendre  de  telles  mesures, 
d'après  sa  lettre,  pour  remplir  le  vœu  du  décret  et  celui  du  Comité  d'instruction 
publique ,  qu'elles  puissent  incessamment  l'affranchir  de  tout  reproche. 

Les  membres  qui  composaient  la  Commission  supprimée  des  monuments ,  à  la 
lecture  de  cette  lettre,  n'ont  pu  s'empêcher  de  manifester  leur  surprise  d'autant 
mieux  fondée  qu'ils  n'avaient  reçu  aucune  lettre,  soit  du  ministre,  soit  du  Comité 
d'instruction  pubhque.  Ils  ont  arrêté  conséquemnient  que  séance  tenante  il  serait 
écrit  au  ministre  de  l'intérieur. .  . 

Lecture  a  été  faite  du  compte  rendu  à  la  Convention  nationale  et  servant  de  ré- 
ponse au  rapport  du  Comité  d'instruction  publique.  Ledit  compte  rendu  est  adopté  : 
il  est  arrêté  qu'il  sera  imprimé  incessamment,  et  que  le  citoyen  Mercier  se  char- 
gera de  veiller  à  ce  que  l'édition  soit  faite  le  plus  promptement  possible.  Il  en  sera 
tiré  douze  cents  exemplaires,  de  même  fonnat  que  l'exposé  des  travaux  de  la  Com- 
mission déjà  imprimé  ^^K 

Voici  le  texte  de  la  lettre  écrite  par  la  Commission  au  ministre  de  Tintérieur  : 

99  pluviôse. 

Les  membres  de  la  Commission  supprimée  des  monuments 
au  citoyen  ministre  de  l'intérieur. 

Citoyen  ministre , 

Par  ta  lettre  du  9 5  pluviôse,  à  laquelle  nous  répondons  à  l'instant  oii  elle  nous 
parvient,  tu  nous  mandes  nous  avoir  notifié  le  décret  de  suppression,  et  que  toutes 
nos  fonctions  ont  dû  cesser  depuis  cette  notification.  Tu  ajoutes  que  d'après  ce 
décret,  qui  exige  de  nous  la  remise  au  Comité  d'instruction  publique  de  tous  nos 
papiers,  tu  ne  nous  as  autorisés  qu'à  terminer  seulement  celles  de  nos  opérations 
qui  ne  pourraient  être  suspendues  sans  inconvénient,  etc.  Nous  n'avons  pas  reçu, 
citoyen  ministre,  cette  notification,  non  plus  que  les  instructions  qui  l'accompa- 
gnaient. Conséquemment  à  l'ancienne  lettre  par  laquelle  tu  nous  avais  mandé  que 
nous  devions  continuer  jusqu'à  cette  notification  du  décret,  nous  avons  donc  con- 
tinué de  nous  assembler  trois  fois  par  décade».  A  chaque  sc'ance,  nous  attendions 
avec  la  plus  vive  impatience  cette  notification  annoncée.  Dans  les  intervalles,  nous 
t'avons  écrit  quatre  lettres  au  moins  sur  différents  objets;  toutc^s  nos  lettres  sont 
restées  sans  réponse  de  ta  part.  Co  silence  nous  affectait  d'anlani  plus  (pie  nous 

^'^  Arcliivos  nationales,  F"  *  A.  —  Ct»  comptf^-rpiulu  ini|triino  l'iil  prôsonlô  ;ui  Coinilô 
(luns  sa  séanr»'  du  'i-y  ventôse:  voir  p.  585. 


38/i      PROCÈS -VERBAUX  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

craignions  prëcisémeut  ce  qui  est  arrivé,  que  l'on  ne  nous  accusât  de  continuer 
nos  travaux,  lors  même  que  tu  nous  en  avais  prescrit  la  continuation  jusqu'à  la 
notification  du  de'cret. 

Dans  cette  pensée,  et  informés  que  l'on  murmurait  sur  cette  continuation,  tout 
involontaire  qu'elle  fût  de  notre  part,  quelques-uns  d'entre  nous  s'étant  présentés  h 
tes  bureaux  on  leur  avait  dit  plus  d'une  fois  que  nous  recevrions  incessamment 
des  lettres  que  nous  ne  recevions  pas;  nous  prîmes  le  parti,  il  y  a  quinze  jours, 
d'écrire  au  président  de  la  Convention  elle-même ,  de  lui  exposer  notre  situation 
d'après  ton  ancienne  lettre  et  celle  du  Comité  d'instruction  publique ,  dont  nous 
lui  envoyâmes  copie;  mais  nous  n'avons  pas  plus  reçu  réponse  de  la  Convention 
que  de  toi-même. 

Voilà  exactement  ce  qui  s'est  passé,  citoyen  ministre;  juge  après  cela  s'il  est  né- 
cessaire d'user  à  notre  égard  de  moyens  de  rigueur  pour  l'exécution  de  la  loi.  En- 
voie-nous le  décret  et  les  instructions  dont  tu  en  as  accompagné  la  notification  ; 
que  cette  lettre  soit  ici  tridi  prochain  que  nous  nous  assemblerons  pour  en  faire 
lecture,  et  cette  séance  sera  la  dernière,  parce  que  tu  voudras  bien  en  même  temps 
nous  faire  savoir  le  jour  et  l'heure  où.  sera  faite  la  remise  de  tous  nos  papiers  au 
Comité  d'instruction  publique. 

Le  président  de  ce  Comité  a  dit  nous  avoir  écrit  plus  d'une  fois  pour  l'exécution 
du  décret  de  notre  suppression.  Nous  n'avons  pas  plus  reçu  de  lettre  de  ce  Comité 
que  de  toi  et  du  président  de  la  Convention,  malgré  nos  sollicitations. 

Par  quelle  fatalité  cela  est-il  arrivé?  Nous  l'ignorons.  Les  lettres  sont-elles  restées 
dans  les  bureaux?  ou  quelques  malveillants  les  ont-ils  interceptées  pour  nous 
nuire  ou  dans  d'autres  vues  ?  C'est  ce  que  nous  ignorons  encore.  Mais  il  est  aisé  de 
vérifier  que  ces  lettres  ne  nous  sont  pas  parvenues  ni  en  commun  ni  à  aucun  de 
nous  en  particulier.  A  qui  ont-élles  été  remises?  Le  jour,  l'heure?  C'est  ce  qu'il 
est  aisé  de  constater.  Mais  il  est  dur  pour  des  gens  qui ,  après  trois  ans  entiers  de 
travaux  gratuits  pour  la  chose  pubhque,  ne  soupirent  qu'après  leur  retraite, 
voyant  que  leurs  services  ne  sont  plus  agréables ,  il  est  dur  qu'on  leur  reproche  de 
ne  pas  faire  ce  qu'ils  désirent  le  plus  ardemment.  Est-il  possible  de  supposer  que 
nous  ayons  seulement  pensé  à  éluder  la  loi  qui  nous  supprime  !  L'idée  serait  sotte 
de  notre  part  :  elle  est  et  elle  a  été  constamment  aussi  loin  de  nous  qu'elle  devait 
l'être.  Nous  te  répétons  que  nous  ne  soupirons  qu'après  notre  retraite  et  qu'aus- 
sitôt que  tu  nous  auras  écrit,  citoyen  ministre,  nous  exécuterons  le  décret  avec 
la  soumission  convenable  à  des  républicains  et  le  plus  promptement  possible.  Nous 
n'emporterons  dans  nos  retraites ,  avec  la  satisfaction  d'avoir  rempli  notre  mission 
le  mieux  que  nous  avons  pu,  que  la  douleur  de  n'être  plus  jugés  utiles,  comme 
ci-devant,  malgré  le  dévouement  le  plus  entier  et  le  plus  soutenu. 

Nous  t'observons  en  finissant,  citoyen  ministre,  que  le  citoyen  Mulot,  pour  des 
affaires  personnelles  et  qui  n'ont  aucun  trait  à  la  Commission ,  a  cru  ne  pouvoir 
paraître  dans  nos  séances  depuis  fort  longtemps  ;  que  notre  commis-grefïier  Cos- 
sart  nous  a  quittés  lors  de  l'émission  du  décret,  en  sorte  que  nous  nous  sommes 
trouvés  sans  secrétaire  et  sans  commis-greffier  :  ce  qui  nous  a  empêchés  de  faire 
tout  ce  que  nous  aurions  désiré.  Nous  observons  encore  que  quand  nous  t'avons 
mandé  que  les  scellés  étaient  sur  nos  registres  et  ceux  de  nos  papiers  qui  étaient 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  385 

entre  les  mains  du  citoyen  Mulot  ^^\  c'est  qu'on  nous  l'avait  dit  ainsi;  mais  que  nous 
nous  sommes  empresses  de  rectifier  cette  méprise  involontaire  dès  que  nous  avons 
été  instruits  que  les  scellés  n'avaient  pas  été  mis  à  l'hôtel  de  Nesle  ,  mais  seulement 
à  sa  demeure  particulière  que  nous  ne  connaissons  pas  ^^K 

Le  procès- verbal  du  29  pluviôse  nous  apprend  qu'aussitôt  cette  lettre  écrite  séance  te- 
nante, trois  commissaires,  Moreau,  Lemonnier  et  Puthod,  furent  désignés  pour  la  porter 
au  minisire.  Ils  rendirent  compte  de  leur  mission  dans  la  séance  suivante.  Nous  donnons 
encore  des  extraits  du  procès-verbal  des  séances  des  3 ,  6  et  9  ventôse  : 

Séance  du  tridi  trois  ventôse  de  l'an  deux  de  la  République  française 

une  et  indivisible. 

Présents  :  L.-A.  Mercier,  président,  Moreau  le  jeune,  Lemonnier,  Puthod,  Des- 
marest,  Jollain,  Poirier.  Boizot,  faisant  fonction  de  secrétaire. 

[Mercier  préside,  Boizot  tient  la  plume.] 

.  .  .  L'un  des  commissaires  a  fait  rapport  que  le  ministre  auprès  duquel  ils  s'é- 
taient rendus,  pour  remphr  la  mission  dont  ils  avaient  été  chargés  par  la  Commis- 
sion ,  après  avoir  fait  lecture  de  la  lettre  dont  ils  étaient  porteurs ,  a  fait  appeler  le 
premier  commis  de  la  division  qui  est  chargée  de  ce  qui  concerne  les  arts ,  lequel 
s'est  trouvé  absent.  Qu'alors  le  ministre  a  promis  de  faire  une  réponse  pour  ce 
jourd'hui  tridi  ainsi  qu'il  y  était  invité. 

...  On  fait  lecture  du  compte  rendu  par  le  citoyen  Mulot  au  ministre  de  l'in- 
térieur de  tout  ce  qu'il  a  fait  à  la  maison  de  Nesle  en  qualité  de  garde  du  dépôt 
sous  l'inspection  de  la  Commission.  La  lecture  de  ce  compte-rendu  a  été  entendue 
avec  la  plus  grande  satisfaction.  Le  citoyen  Mulot  y  développe  les  vues  les  plus 
sages  et  les  plans  les  mieux  raisonnes  soit  pour  l'arrangement,  soit  pour  la  con- 
servation des  différents  objets  gardés  dans  ce  dépôt;  en  sorte  qu'il  a  paru  à  la 
Commission  que  ce  compte  pouvait  servir  de  modèle  aux  gardes  des  dépôts  de 
cette  espèce  ;  en  conséquence  il  a  été  arrêté  que  la  Commission  témoignerait  au  ci- 
toyen Mulot  sa  satisfaction  sur  la  manière  dont  il  a  rempli  la  place  de  garde  du 
susdit  dépôt;  même  qu'elle  l'invitera  à  envoyer  son  compte-rendu  au  Comité  d'in- 
struction publique  en  même  temps  qu'au  ministre  de  l'intérieur,  et  encore  à  en  mul- 
tiplier les  copies  par  la  voie  de  l'impression,  consentant  que  mention  y  soit  faite  de 
l'approbation  de  la  Commission  ^^K 

.  .  .  Les  membres  ont  prolongé  la  séance  pour  attendre  la  réponse  du  ministre, 
laquelle  n'étant  pas  arrivée,  ils  ont  arrêté  (ju'il  serait  écrit  de  nouveau  au  mi- 
nistre ...  La  lettre  a  été  écrite  séance  tenante. 


(')  Voir  à  ce  sujet  la  lettre  du  ministre  (^)  Le  compte  rendu  par  Mulot   de  sa 

au  Comité  d'instruction  publique,  du  •j3ni-  <«vslion  du  dt''[)ôt  do  Noslo  n'a  pas  été  im- 

vôso,  p.  a88.  primé  :  du  moins  no  l'avons-nous  pas  trouvé 

^^)   Archives  nationales,  F''*"  5.  à  la  Hiltliolhôque  nationale. 


III.  j.) 

I  u  l' n  I  u  1. 1. 1 1;    X  \  I  I 


386       PROCÈS -VERBAUX  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

Séance  du  sextidi  6  ventôse  de  Tan  deuxième  de  la  République  française 

une  et  indivisible. 

Présents  ;  L.-A.  Mercier,  Desmarest,  Poirier,  Jollain,  Moreau  le  jeune.  [La 
signature  de  Boizot  manque  à  la  liste  de  présence,  bien  que  ce  soit  lui  qui  ait  fait 
fonction  de  secrétaire.] 

[Mercier  préside,  Boizot  tient  la  plume.] 

...  La  lettre  écrite  par  les  membres  de  la  Commission  supprimée  au  citoyen 
ministre  de  l'intérieur  n'a  point  encore  eu  de  réponse.  Il  sera  constaté  au  procès- 
verbal  qu'elle  a  été  portée  par  le  citoyen  Bardet,  remise  dans  l'antichambre  du  mi- 
nistre d'oii  elle  lui  a  été  portée  sur-le-champ. 

Cette  lettre  et  la  précédente  se  trouvant  sans  réponse,  la  Commission  reste  tou- 
jours dans  l'attente  de  la  notification  du  décret  de  suppression,  et  ses  membres  se 
réunissent  ainsi  que  le  lui  ont  prescrit  le  Comité  d'instruction  publique  et  le  ministre 
de  l'intérieur  lui-même. 

Lecture  d'une  lettre  du  citoyen  Mulot  qui  remercie  la  Commission  du  suffrage 
qu'elle  a  bien  voulu  donner  à  son  compte-rendu. 

Séance  du  nonidi  9  ventôse  de  l'an  deux  de  la  République  française 

une  et  indivisible. 

Présents  :  L.-A.  Mercier,  Moreau  le  jeune,  Jollain,  Lemonnier. 

[Mercier  préside,  Lemonnier  tient  la  plume.] 

...  A  l'ouverture  de  la  séance,  il  ne  s'est  point  encore  trouvé  de  réponse  de  la 
part  du  ministre  de  l'intérieur  ^^\ 

Pour  la  suite  des  extraits  des  procès-verbaux  des  séances  de  la  Commission  des  monu- 
ments, voir  l'annexe  D  de  la  séance  du  9  ventôse  (p.  528)  et  l'annexe  A  de  la  séance  du 
i3  ventôse  (p.  589). 


LETTRE  DU  COMITE  DE  SALUT  PUBLIC   A  CELUI  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE^^). 

Paris,  le  h  pluviôse,  an  second  de  la  République  une  et  indivisible. 

Les  représentants  du  peuple  français,  membres  du  Comité  de  salut  public, 
aux  citoyens  représentants,  membres  du  Comité  d'instruction  publique^^\ 

Citoyens  et  chers  collègues , 

La  plupart  des  autorités  constituées  de  la  Répubhque  ont  fait  au  Comité  beau- 
coup de  questions  concernant  le  gouvernement  révolutionnaire. 

('^  Archives  nationales,  F"^'*  4.  tinée  à  tous  les  comités  de  la  Convention; 

(2)  Archives  nationales,  F ^',  carton  1006,  les  mots  :  instruction  publique,  dans  cette 

n"  1721.  suscription,  ont   été  ajoutés  d'une   autre 

(^^  Celte  lettre  est  une  circulaire  des-  main. 


I 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  387 

Pleins  de  confiance  en  vos  lumières ,  convaincus ,  d'ailleurs ,  de  votre  sollicitude 
pour  tout  ce  qui  inte'resse  ce  nouveau  gouvernement  provisoire,  nous  avons  cru 
devoir  vous  fournir  l'occasion  de  lui  donner  toute  la  vigueur,  toute  l'activité  qu'il 
comporte. 

Nous  vous  invitons,  en  conséquence,  au  nom  de  ce  que  nous  avons  de  plus 
cher  ;  au  nom  de  la  Patrie,  à  faire  le  plus  promptement  possible  un  travail  par- 
ticulier sur  les  différentes  questions  que  vous  trouverez  ci-jointes. 

Vous  voudrez  bien  nous  présenter  vos  vues;  elles  guideront  les  nôtres  dans 
l'instruction  générale  que  nous  nous  proposons  de  faire. 

C'est  ainsi,  chers  collègues,  qu'en  ne  laissant  aucuns  doutes  sur  les  moyens 
d'assurer  l'exécution  de  la  loi  du  i/î  frimaire,  nous  aurons  concouru,  tous  en- 
semble, au  bonheur  que  promet  à  nos  concitoyens  un  gouvernement  dont  l'idée 
seule  a  déjà  fait  pâlir  d'effroi,  et  précipitera  bientôt  dans  le  néant,  les  traîtres  et 
les  conspirateurs. 

Salut  et  fraternité. 

Les  membres  chargés  de  la  correspondance , 

Billaud-Varenne,  Gollot  d'Herbois. 

A  cette  lettre  est  jointe  la  pièce  suivante  : 

Comité  d'instruction  publique. 

Les  administrations  des  départements  et  des  districts,  les  agents  nationaux 
demandent  une  instruction  qui  fixe  leur  compétence  sur  les  objets  d'administration 
dont  le  détail  est  ci-après,  afin  de  distinguer  les  lois  révolutionnaires  : 

Instruction  publique; 

Payement  des  boursiers  des  collèges  ; 

Bibliothèques  ; 

Monuments. 

Les  administrations  de  district  auront- elles  des  imprimeries  pour  la  réimpres- 
sion des  lois? 

On  lit  en  marge  :  r.  Ajourné  à  la  prochaine  séance  le  7  pluviôse  de  l'an  3.»  —  «Ajourné 
le  9  pluviôse  à  la  prochaine  séance. w  —  «  Mathieu  et  Lindet  rapporteurs.»  —  «Le  1 1  flo- 
réal l'an  2'  (le  la  République.  Plaichard.  Répondu.» 


2.) . 


388       PROCÈS -VERBAUX  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 


CENT    QUATRE-VINGT-DOUZIEME    SEANCE. 

Du  i3  pluviôse  an  ii.  [i*'  lévrier  179^1.] 

Lettre  de  la  Société  des  Jacobins  portant  extrait  de  celle  du  maire 

de  la  commune  de  la ^^\  Villar  est  nommé 

rapporteur  ^^^ 

Pétition  de  la  veuve  Villain,  dont  le  fils  est  mort  au  siège  de  Va- 
lenciennes.  Renvoyé  à  la  commission  des  faits  héroïques,  qui  fera 
passer  incessamment  cette  pétition  au  Comité  de  liquidation. 

Lettre  du  citoyen  Lémane,  représentant  du  peuple  près  les  armées 
du  Rhin  et  de  la  Moselle,  portant  envoi  de  celle  du  général  de  bri- 
gade Vachot,  du  3  pluviôse.  Renvoyé  à  la  commission  des  faits  hé- 
roïques ^^l 

Lettre  du  directeur  général  de  la  liquidation ,  du  1 2  pluviôse.  Ren- 
voyé à  Guyton,  rapporteur  ^^^ 

Lettre  du  citoyen  Beffara,  commissaire  de  police  de  la  section  du 
Mont-Blanc.  Renvoyé  à  Mathieu,  rapporteur (^^. 

Pétition  du  citoyen  Barbier,  invalide,  du  10  pluviôse,  tendant  à  ce 
que  la  nation  fasse  imprimer  ses  ouvrages.  Le  Comité  passe  à  l'ordre 


du 


jour 


(6) 


^^^  Le  nom  de  la  commune,  laissé  en 
blanc  dans  le  registre,  est  indéchiffrable 
sur  la  minute. 

^^)  Nous  n'avons  pas  trouvé  cette  lettre 
de  la  Société  des  Jacobins. 

'^^^  Nous  n'avons  pas  trouvé  la  lettre  du 
représentant  Lémane,  ni  celle  du  général 
Vachot. 

^^)  Il  s'agit  du  cabinet  Joubert  (voir  les 
séances  des  i3  et  28  frimaire,  pages  6h 
et  lAi).  La  lettre  de  Denormandie,  direc- 
teur général  provisoire  de  la  liquidation, 
priant  le  Comité  d'instruction  publique 
de  faire  évacuer  promptement  le  cabinet 
d'histoire  naturelle  de  la  maison  Joubert 
afin  de  pouvoir  y  transporter  les  bureaux 
des  pensions,  avait  été  enregistrée  sous  le 
n°  1791  (F^^,  carton  1009^);  ^^^^  ^^  che- 


mise cil  se  trouvait  la  pièce,  et  à  laquelle 
nous  avons  emprunté  l'indication  de  son 
contenu,  est  vide.  Pour  la  suite  de  cette 
affaire ,  voir  la  séance  du  1 1  germinal  an  n. 

^^)  Il  s'agit  de  Louis-François  Beffara 
(1751-1838),  l'auteur  du  Dictionnaire  de 
V Académie  royale  de  musique,  en  sept  vo- 
lumes; il  fut  commissaire  de  police  du 
quartier  de  la  Ghaussée-d'Antin  pendant  un 
quart  de  siècle,  sous  les  divers  régimes 
qui  se  succédèrent  de  1792  à  1816.  Nous 
n'avons  pas  trouvé  sa  lettre.  Le  renvoi  à 
Mathieu  semble  indiquer  qu'elle  était  rela- 
tive à  quelque  fête.  Il  sera  de  nouveau 
question  de  lui  le  29  ventôse  (p.  699). 

^^^  Nous  n'avons  pas  trouvé  la  lettre  de 
Barbier. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE. 


389 


Rapport  fait  par  Prunelle  sur  l'ouvrage  intitulé  Thermomètre  moral 
du  génie  et  des  talents,  par  le  citoyen  Ghamoulaud.  Le  Comité  passe  à 
l'ordre  du  jour^^^. 

Prunelle  fait  un  rapport  sur  la  pétition  du  citoyen  Péchignx ,  di- 
recteur de  la  maison  d'institution  à  Chinon,  et  d'un  ouvrage  présenté 
par  ce  citoyen  intitulé  De  la  grammaire.  Le  Comité  arrête  la  mention 
honorable  (^^. 

Lettre  du  citoyen  Rauch,  du  i3  pluviôse  ^^l  Renvoyé  à  la  Commis- 
sion des  arts. 

Rapport  fait  par  Villar  sur  un  ouvrage  du  citoyen  Rauxin  ayant 
p  our  titre  Instruction  sociale  du  répuhhcam,  etc.,  adressé  au  Comité  par 
la  Société  [)opulaire  de  Mézières  et  Libreville'^). 

Mathieu  fait  un  rapport  sur  la  pétition  du  citoyen  Laurent,  natu- 
raliste entomologiste.  Arrêté  que  le  président  écrira  aux  professeurs 
du  Muséum  d'histoire  naturelle  pour  les  engager  à  procurer  une  place 
au  citoyen  Laurent;  arrêté  en  outre  qu'il  sera  écrit  à  ce  citoyen  pour 
l'informer  de  la  détermination  prise  par  le  Comité  ^^l 

Mathieu  fait  un  rapport  sur  la  demande  qu'a  faite  le  citoyen 
Famin,  à  l'effet  d'obtenir  à  titre  de  prêt  un  microscope  solaire.  Le 
Comité  passe  à  l'ordre  du  jour^^^. 

Sur  la  proposition  de  Mathieu,  le  Comité  arrête  que  les  plans  du 
citoyen  Perrard  pour  l'établissement  de  l'Opéra  au  local  du  ci-devant 


^*^  Voir  la  séance  du  -29  nivôse  (p.  999). 
Il  sera  de  nouveau  question  de  l'ouvrage 
de  Ghamoulaud  le  1"  germinal  an  11. 

^-)  Voir  la  séance  du  19  nivôse  (p.  !î53). 
11  sera  de  nouveau  question  do  Péclilgny  le 
37  prairial  an  11. 

')  Rauch  était  momhre  de  la  Commis- 
sion des  arls,  section  desponls  et  chaussées. 
Il  se  trouvait  en  mission  à  Nancy,  et  avait 
été  remplacé  momentanément  dans  la 
Commission  des  aits,  dès  le  i5  frimaire, 
par  Plessis,  sous-chof  de  la  division  du 
cadasire  et  transports,  Connnission  des 
subsistances  (F"  *  7,  folio  1  1,  reclo). 

^*^  Voir  les  séances  des  i""  et  3  pluviôse 
(pnges  3o6  et  3i/i). 

^'*  Voir  la  séance  du  17  friniaii-e 
(p.  7 A).  Le   rapport  de  Villai-  se  trouvait 


dans  F^",  carton  1 1  /i 3  ;  M.  Georges  Pouchet 
l'y  avait  vu,  et  nous  apprend  que  le  rap- 
porteur désapprouvait  l'opuscule  de  Rauxin  ; 
il  disait  :  «On  n'y  trouve  pas  ce  qui  carac- 
térise un  bon  livre  élémentaire  :  la  régu- 
larité du  plan,  l'exactitude  des  définitions, 
la  justesse  des  pensées  et  la  correction  du 
style. 7>  (G.  PoucuKT,  Les  sciences  pendant  la 
Teneur,  2'  éd.,  p.  tio,  note  i.)  Le  carton 
1  i/j3  ayant  été  remanié,  nous  n'avons  pu 
remettre  la  main  sur  ce  rapport,  malgré 
nos  recherches. 

^•^^  Voir  la  séance  du  1 1  pluviôse 
(|).  37 G).  Après  avoir  ainsi  passé  à  Tordre 
du  jour  une  seconde  fois,  le  ("ouiité  se  ra- 
visera le  1  9  pluviôse  et  accordera  à  Fauiiu 
l'objet  de  sa  demande  (p.  'i3i). 


,00      PROCÈS-VEnBAUX  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

390      rnuuEiC  rx'^ûPnr*;    et  au  elle 

et  du  citoyen  WaïUy'^'.  r.-T.  LindetW. 

,         ,  „  ni  W  Celte  signature  ne  se  tronve  qu'au 

,„  Sur  P;.--^.  J-^:  ^-:î;t;?el         reg^tre.  U  n,.nute  est  de  la  n.a.n  de  Bou- 

vôso  (p.  a>'0'  ^^  ^"^  •■  troue. 

2  1  frimaire  (p.  i35). 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE. 


391 


CENT   QUATRE-VINGT-TREIZIEME   SEANCE. 

Du  i5  pluviôse  an  ii.  [3  lévrier  179^.] 

Grégoire  propose  qu'on  nomme  trois  commissaires  chargés  de 
prendre  connaissance  de  l'état  actuel  de  la  Bibliothèque  nationale, 
de  ses  règlements,  du  travail  relatif  aux  manuscrits,  des  améliorations 
dont  elle  est  susceptible.  Cette  proposition  est  adoptée.  Les  citoyens 
Coupé,  Prunelle  et  Grégoire  sont  nommés  commissaires  pour  cet 
objet(^). 

Grégoire  propose  de  nommer  deux  commissaires  chargés  de  fra- 
terniser avec  la  commission  du  Muséum  des  plantes.  Cette  proposition 
est  adoptée.  Guyton  et  Boutroue  sont  nommés  commissaires  ^-^ 

Lettre  de  la  citoyenne  Masson,  qui  fait  part  au  Comité  de  son 
procédé  pour  la  refonte  des  papiers  imprimés  et  écrits.  Renvoyé  à 
Guyton  ^^l 


(')  Le  28  germinal  an  11,  des  rapports 
de  Villebrune,  de  Bellissen  et  de  Mancel 
seront  renvoyés  à  ces  trois  commissaires. 

^^^  A  plusieurs  reprises,  le  Comité  avait 
nommé  des  commissaires  chargés  de  s'oc- 
cuper du  Muséum  d'histoire  naturelle.  Le 
i5  juin  179.3,  Arbogast  et  Lanthenas 
avaient  été  désignés  comme  commissaires 
pour  la  formation  d'une  bibliothèque  (t.  l", 
p.  /igô);  le  22  août,  Grégoire  avait  été 
chargé  de  suppléer  Lanthenas  (  t.  II ,  p.  33 /i)  ; 
le  10  septembre,  Lakanal  avait  reçu  le 
mandat  d'assister  tous  les  quinze  jours  à 
l'assemblée  des  professeurs  pour  rr  frater- 
niser avec  eux»  (p.  891);  le  21  brumaire, 
Basire  et  Prunelle  avaient  été  chargés  de 
missions  spéciales,  concernant  la  ména- 
gerie et  d'autres  questions  (p.  79'i);  le  19 
frimaire,  Romme  avait  remplacé  Basire 
(p.  89  du  piésent  volume);  enfin,  le  3  plu- 
viôse, Fourcroy  avait  été  nommé  l'apporleur 
de  la  question  de  la  ménagerie  (p.  3i5). 
La  proposition  de  Grégoire  consiste  à  nom- 
mer des  conmiissaires  investis,  comme  Pavait 
été  précédemment   Lakanal,  d'un  mandat 


général,  et  chargés  de  «fraternisera  avec 
les  professeurs;  l'expression  de  «commis- 
sion du  Muséum  des  plantes  «  est  évidem- 
ment un  lapsus  du  rédacteur  du  procès- 
verbal  :  c'est  l'assemblée  des  professeurs 
qu'il  a  voulu  désigner.  Les  deux  com- 
missaires nommés  le  i5  pluviôse  n'ont 
rien  fait;  c'est  Arbogast  et  Fourcroy  que 
nous  verrons  en  floréal  charges  des  rela- 
tions avec  le  Muséum.  Il  sera  de  nouveau 
question  du  Muséum  d'histoire  naturelle 
le  1 7  pluviôse  (p.  ^  1 3  ). 

(^^  Voir  les  séances  des  5  et  9  frimaire 
(p.  1 1,  note  2 ,  pages  61  et  AT)  ).  Nous  avons 
déjà  parlé  d'une  lettre  de  la  citoyenne  Mas- 
son, enregistrée  au  Comité,  en  septembre 
1793,  sous  le  n"  9/17  (F'",  carton  ioo5^). 
La  Commission  desai-ts,  de  sou  côté,  s'était 
occupée  du  procédé  de  la  citoyenne  Masson , 
sui-  la  demande  do  la  municipalité  do  Paris  : 
voir  aux  annexes,  A  (p.  895),  un  extrait  des 
procès-verbaux  des  séances  de  la  Commis- 
sion des  arts  des  a5  nivôse  et  10  pluviôse 
an  M.  Pour  la  suite,  voir  la  séance  du 
Comité  du  29  pluviôse  (p.  ^70). 


392        PROCÈS -VERBAUX  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

Lettre  du  citoyen  Lebrun,  qui  donne  sa  démission  de  membre  de 
la  Commission  des  arts.  La  démission  est  ado[)tée^^^. 

Lettre  du  Comité  de  salut  public,  qui  invite  le  Comité  à  s'occuper 
de  l'exécution  du  décret  du  i  2  frimaire  relatif  à  la  découverte  de 
diverses  mines^^^,  et  de  celui  du  1 2  frimaire  relatif  au  procédé  à  suivre 
pour  faire  disparaître  l'écriture  et  l'impression  de  dessus  le  parchemin 
et  le  papier^^^.  Renvoyé  a  Guyton. 

Pétition  du  citoyen  Sergent,  qui  propose  de  confier  l'impression 
des  livres  élémentaires  à  une  imprimerie  surveillée  par  le  Comité 
d'instruction  publique,  et  qui  demande  à  être  chargé  de  ce  travail.  Le 
Comité  passe  à  l'ordre  du  jour^^^. 

Lettre  du  citoyen  Rozet,  libraire,  qui  adresse  un  mémoire  en 
forme  de  conversation  au  sujet  de  la  suppression  des  signes  de  pro- 
priété royale  sur  les  livres  de  la  Bibliothèque  nationale  de  Paris.  Pru- 
nelle est  nommé  rapporteur ^^^. 


(^)  Le  peintre  Lebrun  faisait  partie  de 
îa  Commission  des  arls,  telle  qu'elle  avait 
été  constituée  par  le  ministre  de  l'intérieur 
en  exécution  du  décret  du  12  août  1798 
(voir  notre  tome  II,  p.  5io).  Dans  le  projet 
de  réorganisation  de  cette  Commission,  lu 
par  Mathieu  au  Comité  le  5  pluviôse 
(p.  323),  le  nom  do  Lebrun  ne  figurait 
pas  au  nom  dos  membres  conservés.  Cette 
omission  fut  l'occasion  d'un  incident  assez 
vif  dans  la  séance  de  la  Société  répu- 
blicaine des  arls  du  i3  pluviôse  :  Lesueur 
proposa  d'exclure  Lebrun  de  la  Société ,  et 
celle-ci  arrêta  de  déléguer  trois  de  ses 
membres  auprès  du  Comité  d'instruction 
publique  pour  prendre  des  informations. 
Cet  incident  décida  Lebrun  à  envoyer  au 
Comité  une  lettre  par  laquelle  il  demandait 
à  ne  pas  être  compris  dans  la  liste  des 
membres  de  la  Commission  des  arls  qui 
devait  être  présentée  à  la  Convention. 
Cette  lettre  a  été  enregistrée  sous  le 
n°  1609  (F^',  carton  1008^)';  mais  elle 
n'est  pas  en  place,  et  nous  ne  la  connais- 
sons que  par  l'analyse  écrite  sur  la  chemise. 
Nous  donnons  aux  annexes,  B  (p.  SgS),  un 
extrait  du  compte-rendu  de  la  séance  du 
i3  pluviôse  an  11  de  la  Société  républicaine 


des  arts,  publié  par  le  Journal  de  la  Société 
républicaine  des  arts. 

(^)  Nous  n'avons  pas  trouvé  cette  lettre 
du  Comité  de  salut  public.  Voici  le  pas- 
sage du  procès-verbal  de  la  séance  de  la 
Convention  du  la  frimaire  an  11  qui  ren- 
ferme le  décret  en  question  :  crUn  membre 
fait  part  à  la  Convention  nationale  d'une 
découverte  de  mine  de  fer,  de  cuivre  et  de 
plomb  faite  par  le  citoyen  Guiraut,  chi- 
miste, du  département  de  l'Aveyron.  La 
Convention  décrète  qu'il  sera  fait  mention 
honorable  du  zèle  du  citoyen  Guiraut,  et 
renvoie  sa  pétition  et  sa  découverte  au  Co- 
mité d'instruction  publique,  pour  en  faire 
son  rapport,  w  (Procès-verbal  de  la  Con- 
vention, t.  XXV,  p.  317.) 

(3)  Yoir  séance  du  9  frimaire ,  annexe  A 
(p.  ^6). 

(*)  Sergent  avait  déjà  présenté  une 
autre  pétition,  relative  à  l'établissement 
d'une  imprimerie  pour  le  département  de 
la  guerre  (t.  11,  p.  365).  Sa  nouvelle  pé- 
tition se  trouve  dans  F^',  carton  ioo9\ 
n°  1793. 

^*)  Nous  n'avons  pas  trouvé  la  lettre  de 
Rozet,  mais  nous  donnons  aux  annexi^s,  C 
(p.  396),  des  extraits  de  son  mémoire,  in- 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE. 


393 


Le  Comité  arrête  que  Grégoire  est  autorisé  à  faire  tirer  cent  exem- 
plaires du  rapport  sur  la  nouvelle  dénomination  des  rues^^^ 

Lettre  des  instituteurs  de  l'Ecole  des  sourds  et  muets  de  Bordeaux, 
qui  demandent  une  modification  du  décret  rendu  sur  cet  établisse- 
ment par  la  Convention;  ils  adressent  un  mémoire.  Thibaudeau  est 
nommé  rapporteur (^). 

Le  citoyen  Perier,  professeur  à  l'Établissement  des  sourds  et 
muets,  est  admis;  il  présente  divers  mémoires  et  tableaux  sur  la  mé- 
thode adoptée  dans  cet  enseignement.  Renvoyé  à  Thibaudeau  ^^^. 

L'ode  sur  la  campagne  de  1798,  composée  par  le  citoyen  Legrand 
de  Laleu,  offerte  à  la  Convention,  est  renvoyée  à  Villar^*^ 

On  donne  lecture  de  l'adresse  de  Bernascon  et  Lauras  relative  à 
Chalier^^l   Le  Comité  nomme  Lindet  pour  faire   un  rapport  sur  ce 

martyr  de  la  liberté,  conformément  au  décret  du ^^'\ 

et  lui  renvoie  cette  pétition. 

Des  membres  du  Conservatoire  du  Muséum  des  arts  sont  admis;  ils 
demandent  que  le  Comité  nomme  trois  commissaires  pour  être  présents 
à  la  remise  des  états,  inventaires  et  objets  d'art  commis  à  la  garde 


tituié  Conversation  familièi'e  entre  un  homme 
de  lettres  et  un  libraire,  ainsi  qu'un  article 
de  La  Harpe,  dans  le  Mercure  français,  relatif 
à  cette  brochure.  Nous  faisons  précéder  ces 
pièces  de  la  reproduction  (intégrale  pour 
l'une,  par  extraits  pour  l'autre)  de  deux 
brochures  sur  la  même  question,  écrites 
par  Renouard ,  dont  l'intervention  a  été 
mentionnée  dans  la  séance  du  29  du  pre- 
mier mois  (t.  II,  p.  65o).  Pour  la  suite, 
voir  la  séance  du  i3  ventôse  (p.  537). 

^^)  Voir  la  séance  du  7  pluviôse  (p.  387). 

^^)  Le  décret  du  19  mai  1798  sur 
l'école  des  sourds-muets  de  Bordeaux  se 
trouve  dans  notre  tome  I",  p.  /ii6.  Nous 
n'avons  pas  trouvé  la  lettre  en  question; 
il  paraît,  d'après  le  rapport  de  Thibaudeau 
du  11  ventôse  (p.  ôr^f)),  que  l'établisse- 
ment de  Bordeaux  ])roteslait  contre  le  pro- 
jet de  créer  à  Paris  uno  école  centrale  pour 
y  former  des  instituteurs.  Unt*  nouvelle 
lettre  des  instituteurs  de  l'établissement  de 
Bordeaux  sera  lue  au  (Comité  le  3  messidor 
an  II. 

^■*)  Sur   Perier,   voir   I.   Il,    p.   (iS'i.    Il 


existe  dans  F^\  carton  1009^  n°  1919, 
une  pétition  de  Perier,  demandant  qu'on 
lui  confère  à  l'institution  des  ?ourds-rauets 
de  Paris  la  place  de  professeur,  qu'il  a 
occupée  jusque-là  gratuitement. 

^^)  Legrand  de  Laleu,  architecte  de  la 
commune  de  Paris,  avait  présenté  cette 
ode  à  la  Convention  le  â6  nivôse  (Procès- 
verbal  delà  Convention,  t.  XXIX,  p.  aC'j). 
Nous  n'avons  pas  trouvé  la  pièce. 

^*^  L'adresse  de  Bernascon  et  Lauras 
avait  été  lue  à  la  Convention  le  7  pluviôse. 
Voir  aux  annexes,  D  (p.  /io8),  un  extrait 
du  procès-verbal  de  la  séance  de  la  (Con- 
vention du  7  pluviôse,  complété  par  des 
extraits  du  procès-verbal  des  séances  des 
16  nivôse  et  5  pluviôse  an  ii,  où  furent 
votés  des  décrets  chargeant  le  Comité  d'in- 
struction publique  de  faire  un  rapport  sur 
les  Mioy<Mis  (rext'culer  en  bronze  les  monu- 
ments (If  la  Ucvolulion.  Il  sera  de  nou\enu 
(lucslioii  (le  Bernascon  et  Lauras  le  n  i  ger- 
minal au  II. 

^"^  C'est  le  décret  du  i"  nivôse.  Voir  ci- 
dessus,  séance  du  3  nivôse,  annexes  (p.  1108). 


39/1      PROCÈS -VERBAUX  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

de  la  commission  du  Muséum,  et  afin  d'obtenir  l'extraction  des  pa- 
piers relatifs  au  Muséum  qui  se  trouvent  sous  les  scellés  apposés  chez 
le  citoyen  Pasquier^^^.  Le  Comité  nomme  David,  Mathieu  et  Prunelle 
pour  s'occuper  de  ces  deux  objets ^'^^. 

Un  membre  de  la  Société  populaire  des  arts  est  admis;  il  commu- 
nique un  arrêté  qui  porte  nomination  de  commissaires  pour  se  rendre 
au  Comité  d'instruction  publique  et  vérifier  si  le  citoyen  Lebrun  a  été 
renvoyé  de  la  Commission  des  arts.  Il  lui  a  été  répondu  que  le  Comité 
avait  reçu  ce  soir  la  démission  du  citoyen  Lebrun ^•^^. 

Le  Comité  nomme  Lindet  pour  faire  un  rapport  sur  la  mort  glo- 
rieuse du  maire  de  Fougères,  fusillé  le  i5  brumaire  par  les  brigands 
de  la  Vendée;  l'écharpe  de  ce  martyr  de  la  liberté  est  déposée  au 
Comité  (^). 

Sur  le  rapport  de  David,  le  Comité  arrête  qu'il  sera  écrit  au  citoyen 
Hubert,  architecte,  pour  qu'il  ait  à  présenter  ses  comptes  de  la  fête 
du  10  août^^l 

Un  ouvrage  ayant  pour  titre  Le  manuel  des  jeunes  républicains,  ou 
Eléments  d'instruction  à  l'usage  des  jeunes  élèves  des  écoles  primaires,  est 
renvoyé  à  l'examen  de  Bouquier^^l 

La  séance  a  été  levée  à  dix  heures  et  demie  ^"^l 


(')  Pasquier  était  membre  de  l'ancienne 
commission  du  Muséum.  Le  premier  rap- 
port de  David  le  qualifiait  d'ami  intime  de 
Roland  (voir  p.  187). 

(^)  Pour  la  suite,  voir  la  séance  du  9  5 
pluviôse  (p.  A 60)  et  celle  du  99  ventôse 
(p.  595). 

(3)  \q[y  ci-dessus  la  note  1  de  la  p.  892. 
L'arrêté  de  la  Société  populaire  des  arts 
avait  été  enregistré  sous  le  n°  1610  (F", 
carton  1008'').  La  pièce  manque;  la  che- 
mise qui  la  contenait  porte  cette  mention  ; 
tf  Extrait  du  procès -verbal  de  la  Société 
populaire  et  républicaine  des  arts,  séante 
au  Muséum  national,  au  sujetjdu  citoyen 
Lebrun  n.  Et  en  marge  :  «  Terminer». 

''  On  trouvera  aux  annexes,  E  (p.  'iog), 
un  extrait  du  procès-verbal  de  la  séance  de 
la  Convention  du  h  pluviôse  an  11 ,  relatif 
au  maire  de  Fougères.  L'écharpe  du  maire, 


enregistrée  au  Comité  sous  le  n"  179^, 
fut  déposée  dans  l'armoire  du  Comité; 
quant  à  la  lettre  du  Conseil  général  de  la 
commune  de  Fougères,  elle  ne  fut  trans- 
mise au  Comité  que  quelques  jours  plus 
tard,  et  fut  enregistrée  sous  le  n°  1985 
(  F  ^^  carton  1009^);  mais  la  pièce  n'est  pas 
en  place.  —  L'écharpe  du  maire  de  Fou- 
gères a  aujourd'hui  disparu  des  Archives 
nationales,  où  elle  a  été  recherchée  sur 
nos  indications,  mais  sans  résultat. 

(^)  L'architecte  Hubert  avait  été  l'or- 
donnateur de  la  fêle  du  10  août  1798. 
Les  comptes  demandés  seront  présentés  le 
5  ventôse  (p.  AgS). 

(^)  Nous  n'avons  pas  trouvé  cet  ouvrage. 

^'^  Ce  dernier  alinéa  n'est  pas  à  la  mi- 
nute. Pas  de  signature,  ni  à  la  minute  ni 
au  registre.  La  minute  est  de  la  main  de 
Thibaudeau. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  395 


PIÈCES   ANNEXES. 


On  Ut  dans  le  registre  des  procès-verbaux  de  la  Commission  des  arts  : 

Séance  du  26  nivôse,  l'an  2'  de  la  République. 

La  municipalité  de  Paris  écrit  à  la  Commission  pour  prévenir  qu'elle  a  beau- 
coup de  papiers  inutiles  qui  auraient  été  brûlés  s'il  n'avait  pas  été  annoncé  que  la 
citoyenne  Masson  avait  un  procédé  pour  effacer  soit  les  caractères  écrits ,  soit  ceux 
imprimés;  elle  observe  qu'elle  est  obligée  de  les  faire  garder  pour  les  garantir  du 
feu  des  malveillants.  La  Commission  arrête  que  la  section  de  chimie  lui  présentera 
un  rapport  sur  cet  objet  à  la  prochaine  séance  ^'^ 

Séance  du  10  pluviôse,  l'an  2*  de  la  République. 

Les  citoyens  Pelletier  et  Hassenfratz  remettent  sur  le  bureau  des  observations 
courtes  et  précises  sur  le  procédé  employé  par  la  citoyenne  Masson  pour  blanchir 
le  papier.  Le  président  écrira  au  Comité  de  salut  public  et  a  la  municipalité  de 
Paris  sur  la  méthode  d'enlever  l'impression  sans  dénaturer  le  papier  comme  le  fait 
la  citoyenne  Masson.  Les  citoyens  Hassenfratz  et  Pelletier  sont  chargés  de  pour- 
suivre auprès  du  Comité  de  salut  public  la  composition  et  la  publication  d'un  petit 
ouvrage  sur  l'art  de  blanchir  le  papier  avec  la  soude  ^^\ 


SOCIETE  POPULAIRE  ET   REPUBLICAINE  DES   ARTS. 

Séance  du  1 3  pluviôse  an  11. 

Le  citoyen  Lesueur,  peintre,  avance  que  Lebrun,  peintre  et  marchand  de  ta- 
bleaux, a  été  renvoyé  de  la  Commission  des  arts ,  et  que  nous  ne  pouvons  le  garder 
à  cause  de  cela  dans  la  Société.  Celui-ci  nie  le  fait ,  et  ajoute  que  même  dans  ce 
moment,  il  a  une  mission  à  remplir  pour  cette  même  Conunission  des  arts.  L'as- 
semblée,  n'étant  pas  éclairée,  nomme  Détournelle,  Desoria,  Eynard,  pour  s'en  in- 
former auprès  du  Comité.  Un  membre  inculpe  ensuite  Lebrun  d'avoir  dit  (jue  les 
peintres  ne  se  connaissaient  pas  en  tabh'aux.  Celui-ci  n'poiid  ([u'il  n'a  jamais  voulu 
dire  cela,  qu'il  avait  composé  deux  écrits  sur  ce  sujet,  où  il  rendait  justice  aux 
peintres,  quant  à  la  connaissance  parfaite  des  beautés  d'un  labloau,  mais  non  à 
celle  lactique  de  marchand,  qui  reconnaît  au  giain  de  la  loilo,  au  ton  des  cou- 
leurs, de  quel  auteur  est  l'ouvrage,  bon  ou  mauvais,  talent, dit-il,  bien  inférieur  à 

^'^  Lo  rapport  n'a  été  lait  que  le  10  plu-  ^"^^   Archives  nationales,  F'"*  7,  folios  iS 

viôse,  recto  ol  a  a  recto. 


396       PROCÈS -VERBAUX  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PURLIQUE 

cette  connaissance  des  beautés  d'une  production  qui  fait  admirer  l'ouvrage,  sans 
considérer  si  c'est  un  maître  flamand  ou  italien,  copie  ou  original. 

Je  ne  rapporterai  pas  ici  tout  ce  qui  a  e'té  dit  sur  ie  compte  de  la  citoyenne 
Lebrun  ^^^  ni  ce  que  son  époux  a  dit  pour  sa  défense,  les  arts  n'y  gagneraient  rien, 
et  tout  ici  est  pour  les  arts.  C'est  aux  citoyens  qui  connaissent  les  personnages  à 
s'en  tenir  à  ce  qu'ils  en  pensent  ^^\ 


La  question  de  la  suppression  des  armoiries  sur  la  reliure  des  livres  de  la  Bibliothèque 
nationale,  qui  est  ramenée  à  Tordre  du  jour  par  la  brochure  du  libraire  Rozet,  avait  déjà 
occupe  la  Convention  en  brumaire  (t.  II,  pages  65o,  G5;î  ,  656,  658).  Depuis  la  publication 
de  notre  tome  II,  nous  avons  trouvé  deux  pièces  qui  permettent  de  mieux  préciser  la  na- 
ture de  rintcrvention  d'Antoine-Augustin  Renouard  dans  cette  circonstance.  Ce  sont  deux 
écrits  de  sa  plume,  publiés  l'un  le  2  5  du  premier  mois  de  l'an  n,  et  l'autre  le  a  du  second 
mois,  et  que  nous  allons  reproduire,  par  extraits  pour  le  premier,  intégralement  pour  le 
second. 

Le  décret  du  1 8  du  premier  mois,  complétant  ceux  du  i"  août  et  du  A  juillet  1798 
relatifs  à  l'etTacement  des  armoiries  et  signes  de  la  royauté  sur  les  monuments  publics  et 
les  maisons ,  avait  été  interprété  par  la  Commission  des  monuments  comme  devant  s'ap- 
pliquer également  aux  livres.  Nous  avons  vu  qu'elle  s'était  préoccupée  de  rechercher  le 
meilleur  moyen  pour  faire  disparaître  les  armoiries  qui  se  trouvaient  sur  la  couverture  des 
livres  de  la  Bibliothèque  nationale,  et  l'estampille  royale  qu'ils  portaient  à  l'intérieur. 
Instruit  de  ces  projets,  Renouard,  pour  en  prévenir  l'exécution,  rédigea  à  la  hâte  un  mé- 
moire qu'il  intitula  Observations  de  quelques  patriotes  sur  la  nécessité  de  conserver  les  mo- 
numents de  la  littà'ature  et  des  arts,  et  qu'il  fit  imprimer  (chez  Didot,  d'après  Quérard). 
cfDans  les  vingt-quatre  heures,  ses  Observations  furent  rédigées,  imprimées,  et  répandues 
avec  la  même  rapidité  dans  tous  les  établissements  publics  et  littéraires  de  Paris,  et  à  la 
Convention  pour  chacun  de  ses  membres.  Cet  écrit,  qui  pouvait  perdre  M.  Renouard  et 
MM.  Arm.  Charlemagne  et  Chardin,  qui  avaient  consenti  à  joindre  leurs  signatures  à  la 
sienne,  produisit  un  effet  inespéré,  et,  sur  la  motion  d'ordre  de  Thibault  et  de  Chénier, 
il  fut  renvoyé  au  Comité  d'instruction  publique. w  (Biographie  universelle  et  portative  des 
contemporains  )  de  Rabbe  et  Luneau  de  Boisjolin,  article  Renouard.)  Nous  devons  faire  ob- 
server que  le  Moniteur,  en  rapportant  les  discours  prononcés  par  Thibault  et  Chénier  dans  la 
séance  du  1"  jour  du  second  mois,  ne  fait  aucune  mention  de  la  brochure  de  Renouard  ^^). 
Cette  brochure  avait  été  adressée  directement  par  son  auteur  au  Comité  d'instruction 
publique,  qui  s'en  occupa  dans  sa  séance  du  29  du  premier  mois.  Ce  que  la  Convention 
renvoya  au  Comité,  ce  n'est  pas  l'écrit  de  Renouard,  c'est  la  motion  faite  par  Chénier. 
Quoi  qu'il  en  soit,  voici  les  principaux  passages  des  Observations  de  Renouard  : 

(1)  M""' Lebrun  avait  quitté  la  France  en  p.  60.  Bibliothèque  nationale,  V  /12711, 

octobre  1789,  et  s'était  rendue  en  Italie.  in-S". 

En  pluviôse  an  11  elle  se  trouvait  à  Vienne,  ^^^  11  l'annonce  avec  éloge  dans  son  nu- 

d'où  elle  alla  à  Berlin,   puis  à  Saint- Pé-  méro  du  12  frimaire  an  11,  en  ajoutant  : 

tersbourg.  ccLa  Convention  nationale  a  depuis  sanc- 

^^^  Journal  de  la  Société  républicaine  des  tienne  par  un  décret  les  principes  énoncés 

arts,  rédigé  par  Détournelle,  architecte,  dans  cet  écrit  estimables. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  397 


OBSERVATIONS  DE   QUELQUES  PATRIOTES  SUR   LA   NECESSITE   DE   CONSERVER 
LES  MONUMENTS  DE  LA  LITTERATURE  ET  DES  ARTS  ^^\ 

A  Paris,  l'an  deuxième  de  la  République  française  une  et  indivisible. 

...  Ce  n'était  pas  assez  d'avoir  proscrit  les  titres  de  noblesse ,  d'avoir  détruit 
les  signes  extérieurs  de  la  féodalité  et  de  l'esclavage;  il  fallait  poursuivre  ces 
monstres  hideux  jusque  dans  leurs  derniers  retranchements.  Aussi  la  Convention 
a-l-elle  rendu  un  décret  fort  sage  lorsqu'elle  a  ordonné  la  destruction  de  tous  les 
vestiges  de  féodalité,  même  dans  l'intérieur  des  maisons.  .  .  Mais  prenons  garde 
de  faire  plus  que  n'a  voulu  le  législateur  :  il  a  porté  une  loi  populaire,  une  loi 
bienfaisante;  gardons-nous  de  faire  une  loi  barbare,  une  loi.  .  .  destructive  des 
monuments  des  sciences  et  des  arts .  .  . 

Quelques  personnes,  animées  d'un  zèle  plus  ardent  qu'éclairé,  ont  cru  que  celte 
loi  prononçait  aussi  la  destruction  de  tout  ce  qui  dans  les  livres,  estampes,  statues, 
(ableaux,  médailles,  etc.,  conservait  quelques  traces  de  féodalité,  ({uelques  restes 
(le  cette  basse  adulation  dont  les  vils  courtisans  ont  toujours  enivré  leurs  stupides 
maîtres.  Ici  je  m'arrête,  et  j'ose  à  peine  envisager  le  précipice  effroyable  dans  lequel 
des  fourbes  et  des  méchants  voudraient  engager  des  patriotes  ardents  à  précipiter 
tout  ce  qui  est  du  ressort  de  l'instruction  et  des  connaissances  humaines .  .  . 

Examinons  un  peu  où  nous  conduirait  ce  délire  une  fois  qu'on  lui  aurait  lâché 
la  bride.  Si  vous  arrachez  les  armoiries  qui  se  trouvent  à  l'extérieur  de  beaucoup 
de  livres ,  certes  vous  ne  pouvez  laisser  subsister  celles  qui  dans  la  plupart  de  ces 
livres  décorent  ou  plutôt  surchargent  la  première  page.  Il  faut  en  outre  faire  main 
basse  sur  toutes  les  dédicaces.  La  fleur  de  lis,  qui,  par  un  pur  effet  de  l'habitude, 
était  un  ornement  continuellement  employé  dans  toutes  nos  imprimeries ,  devra 
donc  entraîner  la  destruction  de  toutes  les  pages  sur  lesquelles  elle  se  trouvera 
placée,  soit  en  fleuron,  soit  en  vignette,  ou  autrement;  et  certes  plus  des  deux 
tiers  de  nos  livres  sont  balafrés  de  celle  insignifiante  et  ridicule  empreinte.  Le  pri- 
vilège du  roi  qui  se  trouve  dans  la  plupart  des  livres  ne  sera-t-il  pas  aussi  une 
cause  de  proscription? 

Très  certainement ,  ce  pas  une  fois  fait ,  vous  ne  pouvez  laisser  subsister  aucun 
des  livres  dans  lesquels  les  rois  sont  ou  flattés,  ou  au  moins  dépeints  avec  une  cer- 
taine complaisance  pour  le  plus  souvent  forcée.  Il  faut  brûler  tous  les  livres  d'his- 
toire,  parce  que  jusqu'alors  l'histoire  n'a  malheureusement  été  que  celle  des  rois. .  . 
Sera-t-il  possible  de  faire  grâce  à  l'excellent  discours  sur  l'Histoire  universelle,  à 
ce  chef-d'œuvre  de  l'immortel  et  éloquent  Bossuet? 

[L'auteur  passe  en  revue  les  principaux  écrivains  français,  dont  aucun  ne  pourra  trouver 
{jràce  :  Fénclon,  Racine,  Molièic,  Hoileau,  La  Kontaint»,  Voltaire,  n- qui  sera  puni  des  mé- 
nagements qu'il  fut  obligé  de  prendre  pour  faire  circuler  ses  productions  liardiosi,  et 
Rousseau,  cfà  qui  la  Révolution  française  doit  plus  encore  peul-élre  qu'à  Voltairen,  Celte 
d(ïstruclion  ferait  la  joie  des  Anglais;  crils  seraient  charmés  do  voir  détruire  ou  bouleverser 

("   BiblioUitMiuo  nationale,  Lb"  853,  in-8". 


398       PROCÈS-VERBAUX  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

notre  Bibliothèque  nationale,  ce  monument  unique  qu'ils  ne  peuvent  contempler  sans  pal- 
piter d'envie  et  de  ragen.  Renouard  continue  ainsi  :] 

A  entendre  certains  hommes,  rien  n'est  plus  facile  que  d'arracher  les  ëcussons 
qui  se  trouvent  sur  un  grand  nombre  de  livres  ^'^  Mais  examinez  donc  que  par 
une  telle  opération  vous  dégradez  les  volumes ,  qu'ensuite  il  faudra  arraclier  aussi 
les  fleurs  de  lis  que  les  relieurs  ont  presque  constamment  employe'es  pour  orne- 
ments; que,  dans  la  seule  Bibliothèque  nationale,  il  y  a  plus  de  cent  mille  volumes 
ainsi  habille's;  que  tous  les  assignats,  tous  les  e'cus  du  monde  entier  ne  pourraient 
réparer  le  dommage  qui  résulterait  d'une  pareille  dévastation;  que  si  vous  y  ajoutez 
les  autres  bibliothèques  publiques  ,  celles  de  tous  les  particuliers,  vous  aurez  plu- 
sieurs milliards  de  volumes  qu'il  vous  faudra  déshabiller,  et  même  mutiler.  Et  en 
vérité  à  qui  aura  profité  tout  ce  bouleversement?  en  quoi  aurez-vous  servi  la  cause 
de  la  liberté?  Si  vous  arrachez  les  fleurs  de  lis  et  autres  décorations  extérieures, 
rien  ne  pourra,  ainsi  que  je  l'ai  dit  plus  haut,  dispenser  d'arracher  des  livres  tout 
ce  qui  est  royal  ou  féodal,  et  conséquemment  de  les  détruire  à  peu  près  tous? 

[Quant  aux  estampes,  peintures,  médailles,  etc.,  continue  Renouard  ,  faut-il  les  mutiler 
ou  les  détruire  parce  qu'il  s'y  trouve  des  armoiries,  ou  parce  qu'ils  «retracent  des  événe- 
ments tenant  aux  rois  ou  à  leur  détestable  alentour???] 

En  vérité,  nous  ressemblerions  un  peu  trop  à  ces  chrétiens  fanatiques  qui,  dans 
les  premiers  siècles  de  l'Eglise,  détruisaient  les  précieux  ouvrages  des  Phidias, 
des  Praxitèle,  des  Protogène,  parce  qu'ils  représentaient  des  Apollon,  des  Cybèle, 
des  Jupiter  et  autres  dieux  du  paganisme. 

Et  quand  tout  sera  détruit,  quels  modèles,  quels  objets  de  comparaison  trou- 
vtront  les  artistes  pour  perfectionner  leur  goût,  enflammer  leur  génie?  11  est  abso- 
lument impossible  de  faire  que  ce  qui  a  été  n'ait  pas  existé.  Toujours  on  se  sou- 
viendra qu'il  y  a  eu  des  rois;  leur  scélératesse  est  gravée  d'une  manière  ineffaçable 
dans  la  mémoire  de  quiconque  mérite  le  nom  d'homme.  Conservons,  Français  ré- 
publicains, conservons  la  mémoire  de  ces  monstres ,  mais  pour  mieux  les  abhorrer, 
pour  tenir  un  poignard  toujours  prêt  à  plonger  dans  le  sein  du  premier  audacieux 
qui  tenterait  d'usurper  le  pouvoir  suprême,  de  celui  qui  serait  assez  lâche  pour 
laisser  entrevoir  que  les  Français  pourraient  supporter  un  nouveau  joug.  Mais 
gardons-nous  de  céder  aux  impulsions  désordonnées  d'une  fougue  dévorante,  qui 
ne  nous  laisserait  que  d'inutiles  regrets ,  et  dont  les  bruyantes  expéditions  n'auraient 

^^^  N'a-t-on  pas  été  jusqu'à  dire  que  pour  instant  de  ceux  qui  sont  chers  et  précieux, 

avoir  souffert  une  mutilation  de  quelques  de    ces    chefs-d'œuvre    qui    honorent  la 

pages  un  livre  n'en  serait  pas  moins  un  France,  tel  livre  valant  quatre  à  cinq  cents 

livre?  Avec  des  raisonneurs  de  cette  force  livres  lorsqu'il  est  entier  et  bien  complet, 

le  seul  parti  à  prendre  est  de  se  taire.  Mais  n'en  vaut  plus  que  quinze  si  on  en  arrache 
quiconque  n'est  pas  entièrement  dépourvu      *  un  seul  feuillet.  Quelle  perte  incalculable 

des  moindres  connaissances  sait  très  bien  ne  ferait-on  pas  éprouver  à  la  France,  au 

que  la  mutilation  déprécie  totalement  un  grand  contentement  de  ses  jaloux  ennemis! 

livre  quel   qu'il  soit;    et,   pour  parler  un  (Note  de  Renouard.) 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  399 

en  rien  servi  la  cause  de  la  sainte,  de  la  sublime  liberté^  qui  toujours  fut  et  sera 
toujours  l'amie,  la  protectrice  des  arts,  des  sciences  et  du  génie. 

Paris,  le  25'  du  i"  mois,  l'an  2"°'  de  la  République  française  une  et  indi- 
visible. 

Ant.-Augustin  Renouard,  Chardin,  Charlemagne  fils. 

L'auteur  de  l'article  de  la  Biographie  universelle  des  contemporains  prétend,  on  l'a  vu, 
que  cet  écrit  «pouvait  perdre  MM.  Renouard,  Arm.  Charlemagne  et  Chardin n.  Or  non 
seulement  le  Comité  d'instruction  publique  l'accueillit  avec  la  plus  grande  faveur,  mais 
quelques  mois  plus  tard,  en  messidor,  c'est-à-dire  au  moment  où  le  régime  de  la  Terreur 
était  à  son  apogée,  la  Commission  des  arts  proposa  la  réimpression  de  la  brochure  de 
Renouard.  Voici  ce  qu'on  lit,  en  effet,  dans  les  procès-verbaux  de  ses  séances  : 

Séance  du  20  germinal,  l'an  2'  de  la  République. 

Le  citoyen  Renouard  transmet  à  la  Commission  un  imprimé  intitulé  Observa- 
tions de  quelques  patriotes  sur  la  nécessité  de  conserver  les  monuments  de  la  littérature 
et  des  arts. 

Séance  du  26  messidor,  l'an  2*  de  la  République. 

Richard  fait  un  rapport  sur  l'ouvrage  intitulé  Observations  de  quelques  patriotes 
sur  la  nécessité  de  conserver  les  monuments  de  la  littérature  et  des  arts.  La  Commis- 
sion, vu  l'utilité  de  cette  petite  brochure  dans  laquelle  sont  proposés  les  moyens  de 
sauver  le  berceau  de  la  liberté  universelle  de  l'abîme  de  la  barbarie  où  le  crime  et 
l'ignorance  s'efforcent  de  l'entraîner,  arrête  que  les  citoyens  Chardin,  Renouard  et 
Charlemagne  fils  seront  invités  à  assister  h  la  prochaine  séance;  et  que  le  Comité 
d'instruction  publique  sera  invité  à  faire  tirer  un  plus  grand  nombre  d'exemplaires 
de  cet  ouvrage,  qui  ne  peut  être  trop  répandu,  vu  son  utilité  pour  l'instruction 
publique;  et  comme  cet  ouvrage  embrasse  plus  particulièrement  les  productions 
littéraires ,  ces  citoyens  seront  invités  à  s'étendre ,  par  un  supplément ,  sur  les  ob- 
jets d'arts  et  de  sciences  en  général. 

Séance  du  5  thermidor,  l'an  2  °  de  la  République. 

Les  citoyens  Renouard  et  Chardin,  auteurs  d'un  ouvrage  intitulé  Observations 
de  quelques  patriotes,  etc. ,  sont  introduits  à  la  séance.  Le  président  les  accueille  fa- 
vorablement au  nom  de  la  Commission,  et  les  invite  à  traiter,  dans  un  supplé- 
ment, les  parties  d'arts  sur  lesquelles  ils  ne  se  sont  point  assez  étendus.  Varon  est 
nommé  pour  se  concerter  avec  eux  et  remplir  l'objet  que  se  propose  la  Commis- 
sion. Ces  citoyens  sont  invités  à  assister  à  la  séance  ^^K 

Mais  revenons  au  premier  mois  de  Tan  11  et  à  l'impression  produite  par  la  brochure  de 
Renouard  au  moment  même  de  son  apparition.  Le  procès-veibal  de  la  séance  du  Comité' 
d'instruction  publique  du   ag  du  premier  mois  nous  dit  que   Renouard  avait  di'inanilé  à 
conférer  sur  cet  objet  avec  le  Comité,  et  que  Mathieu  avait  été  chargé  de  la  conléreuce. 
Comme  nous  allons  le  voir,  Renouard  devait  se  rendre  au  Comité  le  5  du  second  mois, 

^'^  Archives  nationales,  F''*  7,  l'olios  5a  verso,  1^7  roclo,  1 -iô  recto. 


ûOO       PROCÈS -VERBAUX  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

mais  le  3 ,  après  avoir  lu  dans  un  journal  le  compte-rendu  de  la  séance  de  la  Convention 
du  1",  il  écrivit  au  Comité  la  lettre  suivante,  qui  fut  imprimée  par  ses  soins,  sans  indi- 
cation d'imprimeur,  comme  l'avaient  été  ses  Observations  : 

AU   COMITÉ  D'INSTRUCTION   PUBLIQUE  ^^\ 

Je  devance  le  rendez- vous  que  vous  m'aviez  donnd  pour  samedi  5^^^,  parce  que 
je  lis  dans  la  feuille  du  soir  que  vous  êtes  charges  de  présenter  aujourd'hui  la 
rëdaclion  du  décret  sur  les  armoiries  en  ce  qui  concerne  les  livres. 

Gardez-vous,  je  vous  prie,  d'imaginer  qu'il  soit  possible,  qu'il  soit  utile  de 
chercher  à  détruire  tout  ce  qui  reste  de  la  féodalité  ou  du  nom  royal  sur  les  livres, 
estampes  et  autres  objets  de  ce  genre.  Ne  considérons  en  ce  moment  que  la 
Bibliothèque  nationale  :  ou  vous  feriez  couper  les  écussons  avec  un  fer  tranchant, 
pour  les  remplacer  par  des  morceaux  de  peau  qu'il  serait  impossible  de  bien 
adapter;  ou  vous  feriez  appliquer  une  pièce  de  peau  sur  l'écusson;  ou  enfin  vous 
essaieriez  de  faire  disparaître  l'or  par  le  moyen  de  l'eau  régale.  Ce  dernier  expé- 
dient laisserait  sur  la  peau  l'empreinte  des  fleurs  de  lis ,  des  couronnes  ;  et  les  deux 
premiers  seraient  aussi  longs  h  exécuter  que  leur  résultat  serait  peu  satisfaisant,  et 
les  livres  resteraient  absolument  dégradés.  Il  y  aurait  en  outre  à  enlever  les  LL 
couronnées  dont  sont  chargés  les  dos  de  presque  tous  les  volumes. 

Il  serait  encore  plus  impraticable  de  détruire  entièrement  toutes  ces  reliures 
écussonnées  pour  les  faire  rétablir  à  neuf.  D'abord  veuillez  réfléchir  que  tous  les 
relieurs  de  France  ne  pourraient  faire  ce  travail  en  plusieurs  années;  que  le  ma- 
rocain est  d'une  rareté  extrême,  qu'il  vaut  de  hb  à  5o  livres  la  peau;  que  celte 
opération  extravagante  en  aurait  bientôt  quintuplé  le  prix.  Le  veau  et  la  basane 
sont  proportionnellement  aussi  rares  et  aussi  chers.  Songez  en  outre  que  depuis 
plusieurs  siècles,  les  meilleurs  relieurs  ont  continuellement  travaillé  à  décorer  et 
enrichir  ce  dépôt  précieux.  Il  faut  être  artiste  dans  ce  genre  pour  faire  de  bons 
ouvrages.  On  peut  mettre  en  réquisition  plusieurs  milliers  d'hommes  pour  tra- 
vailler à  forger  des  armes  destinées  à  exterminer  les  tyrans  ;  plus  ou  moins  par- 
fait, leur  travail  n'en  est  pas  moins  utile;  mais  ramassez  sans  choix  des  ouvriers, 
jnêrne  parmi  le  petit  nombre  des  relieurs,  vous  aurez  bientôt  consommé  la  ruine 
de  la  Bibliothèque.  Je  sais  très  bien  que  des  hommes  instruits  doivent  considérer 
le  contenu  et  non  l'habillement  des  livres  :  mais  enfin  faut-il  détruire  les  chefs- 
d'œuvre  de  reliure  qui  sont  une  partie  si  intéressante  de  la  richesse  nationale?  Si 
absolument  il  fallait  ne  faire  aucun  cas  des  accessoires  qui  rendent  un  livre  re- 
commandable  sous  un  autre  rapport  que  celui  de  leur  contenu,  il  faudrait  n'avoir 
dans  la  Bibliothèque  nationale  qu'un  seul  Virgile,  qu'un  seul  Horace,  tandis  qu'il 
y  en  a  plusieurs  centaines  ;  les  uns  des  premières  éditions ,  ou  imprimés  sur 
vélin;  d'autres  sont  précieux  par  leur  élégante  impression,  par  de  belles  gra- 
vures ,  ou  enfin  par  une  reliure  riche  et  magnifiquement  établie.  Je  soutiens  que 
si  on  veut  rhabiller  les  livres  ou  placarder  les  écussons,  on  gâtera  toutes  ces  ra- 

(^)  Bibliothèque    nationale,    Lb"    871,  ^^^  C'est  le  samedi  26  octobre,  corres- 

in-S".  pondant  au  5"  jour  du  second  mois. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  kO\ 

retës  si  intéressantes;  on  mettra  la  BilJiollièque  dans  un  dérang-enient  et  un  dés- 
ordre absolu;  les  livres  les  pins  précieux  seront  abimés  ou  volés;  et,  après  avoir 
passé  bien  du  temps  à  cet  inutile  et  désastreux  travail ,  on  sera  obligé  d'y  renon- 
cer par  lassitude.  Heureux  seront  les  pauvres  livres  qui  n'auront  pas  eu  le  triste 
avantage  d'avoir  été  ou  aperçus,  ou  peut-être  même  convoités  par  les  travailleurs! 

Nous  avons  tant  de  fripons  et  de  voleurs  publics,  que  je  serais  assez  porté  à 
croire  que  quelques  hommes  avides  fondent  l'espoir  d'un  grand  bénéfice  sur  les 
réparations  ou  plutôt  sur  les  dégradations  qu'on  cherche  à  provoquer  dans  la 
Bibhothèque  nationale.  Que  savons-nous  si  les  Anglais  n'essaient  pas  de  nous  faire 
escamoter  par  ce  moyen  quelques-unes  de  nos  raretés  littéraires? 

Il  ne  serait  pas  moins  ridicule  qu'inutile  de  barbouiller  l'estampille  intérieure. 
Le  placard  dont  vous  souilleriez  le  volume  pour  cacher  cette  empreinte  éterni- 
serait le  souvenir  des  vains  efforts  que  vous  auriez  faits  pour  la  détruire.  D'ailleurs 
pour  cette  seule  opération  il  n'en  faudrait  pas  moins  tenir  tous  les  volumes  un  à 
un,  employer  beaucoup  de  temps,  beaucoup  dépenser;  et  tout  cela  pour  rien, 
moins  que  rion. 

Je  vous  prie  donc  avec  la  plus  vive  instance  de  représenter  à  la  Convention  qu'il 
est  nécessaire  de  ne  rien  changer  aux  livres  de  la  Bibliothèque  nationale.  Mainte- 
nant on  y  relie  tous  les  livres  avec  les  lettres  B.  N.  entrelacées;  l'estampille  porte 
Bibliothèque  Nationale.  Laissons  tout  ce  qui  existait  antérieurement,  puisque  nous 
ne  pourrions  rien  changer  sans  tout  détruire. 

Ant.-Aug.  Renocard. 

Le  2*  du  9'  mois,  l'an  2*  de  la  République  française. 

Le  décret  du  3  du  second  mois,  rendu  sur  le  rapport  de  Romme '^^^  parut  avoir  tranché 
la  question  dans  le  sens  souhaité  par  Renouaid,  puisqu'il  défendit  de  ff mutiler  ou  altérer 
en  aucune  manière,  sous  prétexte  de  faire  disparaître  les  signes  do  féodalité  ou  de  royauté, 
les  livres  imprimés  ou  manuscrits,  etc.». 

Cependant  le  ministre  de  l'intérieur,  Paré,  s'était,  avant  ce  décret,  occupé  de  la  ques- 
tion. 11  avait  demandé  à  im  libraire  de  Paris,  Rozet,  un  mémoiro  sur  la  possibilité  d'enle- 
ver les  emblèmes  royaux  empreints  sur  les  livres  de  la  Bibliothèque  nationale,  sans  en- 
dommager les  volumes.  Rozet,  après  s'être  concerté  avec  deux  relieurs,  Bradel  et  Petit  ^^, 
présenta  au  ministre,  le  1"  jour  du  second  mois,  le  mémoire  demandé,  accompagné 
d'une  soumission  par  laquelle  les  deux  relieurs  s'offraient  de  faire  l'opération  dont  il  s'agit 
ponr  la  somme  d'un  million  de  livres.  Mais  le  surlendemain  lut  volé  le  décret,  et  Paré, 
n'osant  plus  agir,  renvoya  Rozet  et  ses  deux   associés  à  Ronime,  président  du   Comité 

(')  La  Bingrapliie  universelle  et  portative  notre  tome   11,  p.  6G-^4,  où  le  rapport   de 

des  contemporains  dit   (pic  rrM.  Renouard,  Homme  a  été  abrégé  et  où  le  décret  e>t  date 

qui  craignait  (pie  le  (h'cret  conservateur  du  k  brumaire. 

ne  circidàt  avec  une  lenteur  perfide,  le  fit  ^'^   Petit,  comme  on  le  verra  plus  loin, 

imprimer  lui-même  à  ses  frais,  et  arracha  avait  déjà,  peu  de  temj)s  auparavant,  enlevé 

ainsi,  dans  les  départements,  plusii^urs  mo-  les  armoiries  royales  qui  se  trouvaient  sur 

numents  à  la  fureur  du  vandalisme^.  L'im-  la  reliure  des  atlas  du  dépôt  de  la  marine, 

pression   faite  aux  frais  de    Renouard   est  et  y  avait  substitué  les  embK'uies  do  la  Rt>- 

sans  doute  cette  édition  du  décicl  du  'À  du  publi(pie. 
second  mois  que  nous  avons  sijjnalce  dans 

III.  iT) 

lufi.iui  nit.    MiioNtLi. 


402       PROCÈS-VERBAUX  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

d'instruction  publique.  Le  mémoire  de  Rozet,  avec  la  soumission,  fut  remis  à  Romme  ie 
19  brumaire;  le  président  du  Comité  répondit  à  Rozet  en  invoquant  le  décret  du  3 ,  et  ie 
libraire  n'insista  pas. 

Mais  il  parait  qu'en  pluviôse  Rozet  crut  pouvoii'  revenir  à  la  charge.  H  lit  alors  impri- 
mer, sous  la  forme  d'un  dialogue,  ses  idées  sur  la  question,  et  le  récit  de  ce  qui  s'était 
passé.  Sa  brochure  est  cuiieuse  et  instructive,  et  nous  en  reproduisons  ci-après  les  princi- 
paux passages  : 

COiNVERSATIO.N  FAMILIERE  ENTRE  UN  HOMME  DE  LETTRES  ET  UN  LIBRAIRE,  SUR  LE 
PROJET  DE  SUPPRIMER  LES  ARMOIRIES  ET  AUTRES  MARQUES  DE  PROPRIETE  FEO- 
DALE, EMPREINTES  SUR  LA  RELIURE  DE  TOUS  LES  LIVRES  DE  LA  BIBLIOTHEQUE 
NATIONALE. 

S.  L  n.  dA'K 


Le  libraire.  J'ai  éié  plusieurs  fois  à  la  Bibliothèque  nationale,  oii  j'avais 
quelques  livres  à  parcourir.  .  .  J'en  sors  même  actuellement,  et  je  suis  toujours 
chagrin  de  voh'  qu'on  ne  s'empresse  pas  d'anéantir  tous  les  signes  de  despotisme 
dont  ils  sont  couverts. 

L'homme  de  lettres.  Oh!  oh!  est-ce  que  tu  tiendrais  encore  au  projet  de  publier 
les  idées  que  tu  avais  sur  cela ,  et  dont  tu  m'as  déjà  parié  ?  Je  croyais  que  tu  les 
avais  abandonnées,  et  que  tu  restais  tranquille  là-dessus? 

Le  libraire.  Comment  tranquille!  Lorsque  je  vois  abolir  de  toutes  parts  dans 
la  République  les  marques  de  la  royauté,  et  que  la  nation,  justement  indignée  au 
ressouvenir  du  joug  sous  lequel  elle  a  gémi  si  longtemps,  voudrait,  s'il  était  pos- 
sible, en  eflàcer  jusqu'aux  moindres  traces,  lorsque  l'empressement  unique  et 
merveiUeux  qu'on  a  apporté  à  l'exécution  de  quelques  décrets  rendus  en  consé- 
quence justifie  si  bien  le  vœu  général ,  je  serais  tranquille  spectateur  de  l'inaction 
ou  du  retard  que  l'on  met  à  expulser  toutes  les  souillures  qui  entourent  chaque 
parcelle  du  dépôt  le  plus  vaste  et  le  plus  précieux  que  nous  ayons  de  toutes  les 
connaissances  humaines  ! 

[L'homme  de  lettres  rappelle  qu'en  ce  qui  concerne  les  livres  de  la  Bibliothèque,  on  a 
fait  une  invitation  à  tous  les  savaiils,  aux  chimistes,  aux  relieurs  d'aller  examiner  au  Louvre 
plusieurs  livres  empreints  sur  le  plat  de  la  reliure,  au  dos,  ou  estampillés  sur  ie  titre  inté- 
rieur, des  armoiries  marquant  la  propriété  ci-devant  royale,  et  de  s'occuper  des  moyens 
de  les  enlever  sans  nuire  à  la  reliure  ni  au  corps  du  volume  ^^\] 

Le  libraire.  Cela  est  vrai.  Mais  à  peine  cette  invitation  a-t-elle  été  publique  que 
les  diflicultés  se  sont  élevées  de  toutes  parts.  Elles  étaient  accompagnées  de  pré- 
textes si  sj)écieux  et  si  imposants  qu'il  en  résultait  une  apparence  d'impossibilité 
absolue  d'exécuter  le  vœu  de  la  nation  à  cet  égard.  On  a  d'abord  commencé  par 
faire  entrevoir  qu'il  en  coûterait  plus  de  quatre  milhons  à  la  République,  pour  ce 
qui  concerne  les  livres  seuls  de  la  Bibhothèque  nationale.  .  .  Je  ferai  voir  qu'il  y 
a  au  moins  les  trois  quarts  de  celte  somme  à  retranche!'.  On  prétendait  encore 


(1) 


Bibliothèque  nationale,  Q76/1 ,  in-S".  —  '-'   Voir  notre  tome  11,  p.  65/i. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  /î03 

qu'il  ^tait  impossible  rloter  les  armoiries  ni  autres  marques  de  féodalité'  de  dessus 
le  plal  de  la  reliure  des  livres,  sans  ôter  en  même  temps  toutes  celles  qui  peuvent 
se  ti'ouver  imprimées  ou  gravées  sur  le  tilre  ou  dans  le  corps  du  volume. 

L'homme  de  lettres.  Gomment!  Mais  cela  est  fou!  11  s'en  ensuivrait  (sic)  une 
nuitilation  et  une  dégradation  monstrueuses  des  ouvrages  les  plus  importants. 

Le  libraire.  Hé  bien,  on  a  soutenu  cette  assertion  dans  une  petite  brochure 
qu'on  a  publiée  à  ce  sujet^^',  et  l'on  ajoutait  que  si  ces  mutilations  s'effcctuaifnt,  tel 
livre  du  prix  de  cinq  cents  francs  n'en  vaudrait  pas  désormais  douze  ou  quinze. 

L'homme  de  lettres.  Parbleu ,  voilà  une  vérité  bien  nouvelle  qu'on  nous  apprend 
là!  Qui  donc  pourrait  en  douter? 

[Ensuite,  les  deux  interlocuteurs  tombent  d'accord  que,  selon  les  lermos  mi-mes  du 
décret  du  3  brumaire,  on  doit  supprimer  ce  qui  peut  être  oté  sans  causer  aucun  dommafjf. 
Il  s'agit  donc  «d'ôter  simplement  les  armoiries  et  emblèmes  royaux  qui  existent  sur  la 
reliure,  ainsi  que  l'estampille  qui  est  empreinte  sur  le  titre  de  chaque  volume.  Ce  sont  là 
les  deux  seules  et  uniques  marques  qui  constataient  en  quelque  sorte  la  domination  féodale 
et  les  actes  de  propriété  que  les  rois  voulaient  exercer  sur  tous  ces  volumes.  Ptir  consé- 
(juent,  ce  n'est  que  de  la  suppression  de  ces  deux  sortes  de  marques  dont  on  doit  s'occuper, 
parce  qu'elles  sont  ostensiblement  injurieuses  à  la  nation  et  contradictoires  avec  l'égalité  et 
la  liberté  qu'elle  a  recouvrées  au  prix  de  son  sang.n] 

L'homme  de  lettres.  11  y  a  cinq  ou  six  mois  au  plus  que  dans  le  dépôt  général 
des  cai'tes  de  la  marine,  on  a  supprimé  les  armoiries,  ci-devant  royales,  (pii 
étaient  sui*  la  reliure  de  tous  les  volumes  d'atlas,  pour  y  substituer  les  nouvelles 
marques  et  emblèmes  de  la  Piépublique. 

Le  libraire.  J'ai  été  témoin  d'une  partie  de  l'opération;  elle  a  été  faite  très 
adroitement  par  le  citoyen  Petit,  relieur,  sans  toucher  nullement  à  lintérieur  des 
volumes.  Les  signes  royaux  (jui  sont  peints  et  gravés  sur  les  cartes  gt'ographiques 
contenues  dans  ces  atlas  sont  restés  dans  leur  entier,  pai-ce  qu'en  ellél  il  n'aurait 
pas  été  possible  de  les  faire  disparaître  sans  nmtiler  et  altérer  les  cartes. 

L'homme  de  lettres.  Hé  bien!  où  est  donc  l'empêchement  que  la  même  opération 
ne  se  fasse  sur  les  livres  de  la  Bibliothèque  nationale? 

Le  libraire.  On  a  parlé  de  quatre  milhons;  il  est  constant  que  deux  des  pr,  uiiers 
relieurs  de  Paris,  les  citoyens  Petit  et  Bradel,  ont  fait  leurs  soumissions  pour  le 
quart  seulement  de  cette  somme,  entre  les  mains  du  citoyen  Paré,  ministre  de 
l'intérieur,  et  que  copie  collationnée  et  signée  des  mêmes  relieurs  a  ensuite  été 
remise  au  citoyen  Uoiimie,  (h'pulé  à  la  Convention,  et  pour  lors  président  du 
Comité  de  l'instruction  publiijue. 

L'homme  de  lettres.  Bon ,  voilà  d»jà  trois  millions  Ao  moins  :  ne  serait-il  pas 
permis  de  soupçonner  (ju'on  aurait  osé  en  imposer'  an  Comit('?  Mais  je  ne  sa\ais 
})as  qu'on  eiit  fait  celte  soumission,  qui  est  assez  ini|)orlanle,  et  qui  devait  cer- 
tainement faire  ouvrir  les  yeux.  Dis-moi  quand  et  à  propos  (l«»  qnoi  elle  esl  venm»: 
tu  ne  me  contes  pas  tout? 

t*^  H  s'agit  des  Observations  do  ilenouard. 


liOh       PROGÈS-VEKBAUX  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

Le  libraire.  Dans  le  courant  du  mois  vendémiaire  passé,  le  ministre  Paré,  qui 
s'occupe  constanunent  de  tout  ce  qui  peut  contribuer  à  la  gloire  et  à  l'avantage  de 
la  nation,  me  demanda  un  mémoire  sur  la  possibilité  d'ôter  les  signes  royaux 
dont  il  s'agit,  sans  endommager  les  volumes  et  aux  moindres  frais  possible.  Je  fus 
aux  informations,  et,  après  un  examen  de  toutes  choses,  conjointement  avec  les 
deux  relieurs  ci-dessus,  je  lui  présentai,  le  premier  brumaire  suivant,  uu  détail  de 
toutes  les  opérations  à  faire,  et  à  la  suite  duquel  étaient  les  soumissions  de  ces 
deux  artistes.  Mais  pendant  cet  intervalle,  les  excès  des  mal  intentionnés  devinrent 
si  fréquents  et  si  odieux,  les  craintes,  les  clameurs  des  savants  et  de  tous  les  ama- 
teurs de  livres  se  manifestèient  d'une  manière  si  vive,  (|ue  le  Comité  crut  devoir 
se  déterminer  à  solliciter  le  décret  en  question,  qui  fut  rendu  dans  la  séance  du 
3  brinnaire,  trois  jours  après  la  présentation  de   mon  mémoire,  et  tout  parut 
arrêté.  Le  citoyen  Paré  ne  pouvant  plus  alors  s'occuper  de  cette  entreprise,  dont  il 
aurait  bien  voulu  illustrer  son  ministère,  nous  fumes  renvoyés  au  citoyen  Romme, 
auquel  le  mémoire,  suivi  des  soumissions,  fut  remis  le  12  du  même  mois;  mais 
il  était  trop  tard,  le  décret  était  public,  le  citoyen  Romnre  me  l'objecta;  je  n'in- 
sistai pas  davantage.  Cependant  d  n'a  pas  trouvé  mauvais  que  je  publiasse  mes 
réflexions,  si  elles  étaient  sages  et  bien  fondées   :  voilà  au  juste  où  nous  en 
sommes. 

L'homme  de  lettres.  Ah  !  je  ne  savais  point  tout  cela ...  Et  faudrait-il  beaucoup 
de  tem])s  pour  terminer  entièrement  la  besogne? 

Le  libraire.  Quatre  ou  cinq  ans  au  plus,  et  peut-être  moins. 

L'homme  de  lettres.  Ce  serait  donc  à  peu  près  deux  cent  mille  livres  qu'il  en 
coûterait  à  la  République,  pour  chacune  de  ces  cinq  années.  Parbleu,  à  peine 
s'apercevrait-on  de  cette  dépense;  et  ce  serait  bien  l'offenser,  comme  tu  l'as  dit, 
que  de  la  croire  retenue  par  un  obstacle  si  peu  digne  de  sa  grandeur,  de  sa  puis- 
sance et  de  ses  moyens! 

Le  libraire.  Si  tu  veux,  je  vais  te  démontrer  en  peu  de  mots  la  facilité  de  toute 
l'opération.  Je  te  prouverai  qu'elle  ne  saurait  durer  plus  longtemps,  et  que  la 
dépense  ne  pourrait  guère  être  plus  forte. 

L'homme  de  lettres.  Tu  me  feras  plaisir.  J'aime  beaucoup  à  voir  les  preuves  de 
ce  qu'on  avance,  ma  conviction  en  devient  plus  certaine. 

Le  libraire.  La  Bibliothèque  nationale,  comme  je  te  l'ai  dit,  est  composée  de 
près  de  trois  cent  mille  volumes.  Il  en  est  peu  qui  ne  soient  couverts  d'abord  des 
armoiries  sur  le  plat  de  la  reliure ,  ensuite  des  chiffres  royaux  sur  le  dos  de  chaque 
volume,  et  puis  encore  estampillés  sur  le  titre  intérieur  par  une  empreinte,  en 
encre  rouge,  des  trois  fleurs  de  lis  couronnées  avec  ces  mots  à  l'entour  :  Biblio- 
thèque DU  Roi. 

L'homme  de  lettres.  Je  sais  cela. 

Le  libraire.  On  peut,  sans  touchera  la  reliure ,  enlever  les  parties  couvertes 
seulement  des  armoiries  ou  chiffres,  et  y  substituer  des  morceaux  de  peau  des 
mêmes  grandeurs,  soit  en  veau,  mouton,  maroquin  ou  parchemin,  sur  lesquels 
seront  empreintes  les  devises  ou  emblèmes  relatifs  à  la  liberté  du  peuple  français 
et  à  l'unité  de  la  République.  Ces  morceaux,  préparés  et  amincis  d'avance,  seront 
placés  et  collés  avec  art;  un  (ilet  cachera  la  jointure;  l'application  de  l'or,  l'em- 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  /i05 

preinte  du  fer  chaud,  et  tout  le  reste  du  travail  se  feront  ensuite  de  la  même  ma- 
nière que  lorsqu'on  applique  des  armoiries  au  dos  ou  sur  le  plat  d'un  livre. 

I/homme  de  lettres.  Et  l'estampille,  qui  est  empreinte  en  encre  rouge  huileuse 
sur  le  titre  de  chaque  volume,  comment  s'y  prendra-t-on  pour  l'enlever  sans  mu- 
tilation ?  Cela  ne  me  paraît  pas  aisé. 

Le  libraire.  Aussi  ne  l'enlèvera-t-on  pas;  mais  on  peut,  après  l'avoir  légèrement 
grattée,  la  couvrii*  tout  simplement,  avec  du  pain  à  cacheter,  d'un  morceau  de 
papier  blanc,  sur  lequel  on  appliquera  avec  un  timbre  sec  le  cachet  de  la  Répu- 
blique, en  forme  de  scel  qui  constatera  d'autant  plus  la  propriété  nationale,  la 
fera  reconnaître  et  empêchera  qu'on  n'en  abuse  par  le  respect  qu  elle  inspirera. 

L'homme  de  lettres.  Ha,  ha  !  ton  idée  n'est  pas  mauvaise.  Ce  sera  comme  le 
scel  des  actes  des  notaires  et  autres. 

Le  libraire.  Telle  est  simplement  la  nature  du  travail  à  faire  pour  parvenir  au 
but  qu'on  se  propose,  travail  qui  ne  devient  immense  qu'à  raison  du  nombre  pro- 
digieux de  volumes  qui  l'occasionne. 

[Le  libraire  explique  ensuite  comment  on  disposerait,  dans  quelques  parties  des  bâtiments 
adjacents  à  la  Bibliothèque,  un  local  suffisant  pour  contenir  quarante  ou  cinquante  ouvriers 
et  ouvrières.  On  n'aurait  à  craindre  ni  désordre  ni  gaspillatje;  il  y  aurait  un  inspecteur 
chargé  de  vérifier  l'estampille  de  cliaque  volume,  et  deux  registres  doubles  sur  lesquels 
chaque  livraison  serait  inscrite  avec  les  cotes  du  catalogue;  les  enlèvements  de  volumes  se- 
raient faits  avec  ordre,  par  corps  d'armoires  et  par  tablettes.  Quant  au  changement  d'une 
bonne  édition  avec  une  mauvaise,  cela  est  de  toute  impossibilité;  et  le  libraire  explique 
en  détail  pourquoi.  ] 


L'homme  de  lettres.  Il  est  bon  cependant  d'observer  qu'il  y  a  des  livres  dont 
les  armoiries,  indiquant  le  cabinet  dont  ils  proviennent,  font  connaître  le  nom  du 
propriétaire  curieux  auquel  ils  ont  appartenu.  Ces  armoiries  sont  regardées 
comme  une  espèce  de  tradition  qui,  d'avance,  constate  en  quelque  sorte  l'excel- 
lence et  la  rareté  de  l'édition,  la  beauté  de  l'impression,  le  choix  du  papier,  la  soli- 
dité de  la  reliure ,  tout  ce  qui  peut  enfin  contribuer  à  la  perfection  d'un  livre. 
Tels  sont  ceux  du  comte  d'Hoym,  du  duc  de  la  Vallière,  et  d'autres.  Les  biblio- 
manes  prisent  beaucoup  ces  sortes  de  livres,  et  l'on  en  trouvera  vraisemblablement 
plusieurs  à  la  Bibliothèque  nationale.  Ne  serait-il  pas  imprudent  de  supprimer  ces 
signes  extérieurs,  quoique  féodaux,  car  ce  serait  détruire  l'authenticité  apparente 
du  mérite  qu'on  leur  attribue  ? 

Le  libraire.  Aussi  n'y  touchera-t-on  point;  la  suppression  [)rojetée  ne  devant 
uniquement  s'offectuer  que  sur  les  marques  extérieures  de  rovaulé,  et  non  sur 
dautres. 

[Suit  l'éloge  des  lalenls  de  Bradcl,  «neveu  du  lameux  de  Rome'^,  et  i\\}  Pclil,  noIiiMir 
de  la  marine,  tout  aussi  bon  aitiste  et  non  moins  honnélei.] 

Enfin,  il  est  une  considération  digne  d'altirer  les  regards  des  représentants  de 

la  nalion c'est  qu'en  su|)[)rimant  actuellement  tous  les  signes  de  servitude 

et  de  domination  qui  existent  sur  les  livres  dr  la  Hibliothè(pie  nationale,  pour  v 


/lOG       PROCÈS -VERBAUX  DU  COMITE  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

substituer  ceux  de  la  liberté  et  de  notre  nouvelle  constitution  républicaine ,  cette 
ojK^ralion  sera  forcement  suivie  d'une  espèce  de  raccommodage  des  volumes  qui 
pourraient  se  trouver  écorne's  aux  encoig-nures,  ou  défectueux  d'une  autre  manière. 
Ceux  dont  la  vétusté  et  le  dépérissement  exigeraient  une  reliure  entière  ou  une 
simple  couverture  nouvelle,  seraient  reliés  ou  recouverts  à  neuf.  Ces  travaux, 
ainsi  que  le  soin  d'un  nettoiement  et  d'une  nouvelle  polissure  générale  de  tous  les 
volumes  quelconques,  leur  donneraient,  en  les  restaurant  ainsi,  un  air  de  fraî- 
cbcur  qui  pourrait  contribuer  à  leur  conservation  pendant  plus  de  trois  siècles, 
sans  y  toucher  autrement  ({ue  par  les  soins  annuels  ou  journaliers  ordinairement 
en  usage  dans  la  Bibliothèque. 

Uhomme  de  lettres.  Il  me  vient  une  idée  :  si  tu  pouvais  te  bien  rappeler  notre 
conversation,  tu  n'aurais  qu'à  la  mettre  par  écrit  et  la  faire  imprimer;  cela  suf- 
firait. 

Le  libraire.  Parbleu,  ton  idée  est  excellente,  et  de  ce  pas  je  cours  la  mettre  à 
exécution.  Adieu,  citoyen. 

L'hoiniite  de  lettres.  Adieu ,  sans-culotte. 

Plus  curieux  encore  que  la  brochure  de  Rozet  est  l'article  qui  lui  fut  consacré  par 
La  Harpe  dans  le  Mercure  français  du  97  pluviôse,  t.  P"",  p.  948^^),  Nous  le  reproduisons 
ci-après  : 

NOUVELLES    LITTERAIRES. 

Conversation  familière  entre  un  homme  de  lettres  et  un  libraire,  etc.  Brocliurc  in-S",  chez 
les  marchands  de  nouveautés. 

Il  n'est  personne,  que  je  sache,  qui  n'ait  approuvé  le  projet  de  faire  disparaître 
de  la  terre  de  liberté  les  anciens  emblèmes  delà  servitude  :  c'était  une  conséquence 
immédiate  de  la  fondation  d'une  République;  et  les  armoiries  en  sculpture,  les 
tourelles,  les  ponts-levis,  les  créneaux  et  tout  cet  appareil  de  guerre  qui  n'ap- 
partient qu'aux  forteresses  de  l'Etat,  étaient  encore  plus  ridicules  qu'odieux,  puis- 
qu'ils n'otfraient  que  des  signes  de  ce  qui  n'était  plus ,  et  semblaient  attester  une 
domination  féodale  qu'on  avait  détruite  :  les  laisser  subsister,  c'eut  été  tolérer  une 
insulte  publique  à  la  liberté. 

Mais  il  s'est  élevé  beaucoup  de  réclamations  contre  la  suppression  des  armoi- 
ries sur  les  livres.  Cette  suppression  cependan! ,  à  la  considérer  en  elle-même,  et 
telle  qu'elle  devait  être,  n'était  encore  qu'une  conséquence  tout  aussi  juste  de  ce 
même  principe  d'unité  auquel  nous  devons  tout  rapporter.  Elle  n'a  pu  donner 
lieu  à  la  censure  et  aux  plaintes  que  parce  que.  dans  les  premiers  moments,  1rs 
intentions  des  législateurs  ont  été  mal  comprises  et  mal  remplies;  car  il  semble 
qu'il  y  ait  un  malheureux  esprit  d'exagération  qui  épie  les  dispositions  les  plus 
sages  pour  les  gâter,  et  cet  esprit  est  encore  plus  souvent  l'ouvrage  de  la  perfidie 
que  celui  de  l'ignorance. 

(^)  Mercure  français,  historique,  politique  et  littéraire,  par  une  société  de  patriotes. 
Bibliothèque  nationale,  Le  ^/jo,  in-8°. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  Zi07 

C'est  le  sujet  de  cette  brochure,  qui  paraît  être  d'un  excellent  citoyen  et  d'un 
homme  instruit,  et  avoir  été  rédigée  dans  les  bureaux  du  ministre  de  l'intérieur. 
L'objet  en  est  beaucoup  plus  important  qu'on  ne  le  croirait  peut-être  au  premier 
aspect,  et  tous  les  patriotes  doivent  désirer  que  les  vues  de  l'auteur  ne  restent  pas 
sans  exécution.  C'est  ce  qui  nous  eng-ago  à  en  parler  ici. 

Il  retrace  d'abord  les  excès  où  l'on  s'est  porté  tiès  arbitrairement. 

[Suit  une  citation  de  la  brochure.] 

...  En  effet,  il  importe  fort  peu  qu'un  particulier  ait  chez  lui  des  livres  où  se 
trouvent  les  blasons  moiiarcliiques,  qui  sont  là  aussi  indifférents  que  les  armoiries 
d'Angleterre,  d^*  Hollande  ou  d'Allemagne;  cela  indique  seulement  que  tel  livre 
a  été  imprimé  à  Paris,  à  Londres  ou  à  Amsterdam  :  c'est  une  enseigne;  et  ce  n'est 
pas  la  peine  de  disputer  là-dessus.  Mais  ce  qui  n'est  point  du  tout  indifférent,  c'est 
que  tous  les  livres  de  la  Bibliothèque  nationale  soient  extérieurement  couverts  des 
emblèmes  de  la  royauté  et  des  marques  mensongères  d'une  propriété  illusoire. 
puisque  en  effet  ces  livres  n'ont  jamais  appartenu  qu'à  la  nation.  Certes,  il  n'y  a 
point  de  républicains  dont  les  yeux  ne  soient  blessés  de  cette  insultante  bigarrure. 
Notre  Bibliothèque  est  un  monument  public,  national;  elle  doit  en  porter  les  ca- 
ractères, et  c'est  une  contradiction  choquante,  une  vraie  monstruosité  que  le  fron- 
tispice du  bâtiment  porte  îe  nom  de  la  nation ,  et  que  les  livres  portent  les  livrées 
royales.  Voilà  sur  quoi  se  récrie  l'auteur,  et  il  a  grande  raison  : 

Et  sapit,  et  mecum  facit,  et  Jove  judicat  œquo. 

Encore  une  fois,  on  ne  peut  trop  insister  ici  sur  la  différence  capitale  qui  existe 

en  ce  genre  entre  ce  qui  est  public  et  ce  qui  est  particulier 

Les  gens  qui  veulent  toujours  rendre  le  bien  plus  difficile  à  faire  qu'il  ne  l'est 
ont  objecté  d'abord  qu'il  en  coûterait  quatre  millions  pour  opérer  cette  destruction. 
Je  réponds  d'abord  que  nous  ne  sommes  pas  à  quatre  millions  près  quand  il  s'agit 
d'une  opération  j)ubhque,  vraiment  républicaine  et  qui  intéresse  flionneur  na- 
tional. Mais  l'auteur  fait  mieux;  il  prouve  que  celte  dépense  n'excédera  pas  un 
million,  lequel,  réparti  en  quatre  années  que  durera  le  travail,  forme  une  somme 
annuelle  fort  peu  considérable.  Les  citoyens  Bradei  et  Petit,  relieurs,  ont  fait  leur 
soumission,  pour  un  milhon,  entre  les  mains  du  ministre  de  l'intérieur,  et  voici 
de  quelle  manière  ils  se  proposent  de  procéder  :  ce  détail  doit  intéresser  tous  les 
bons  citoyens. 

[Suit  une  citation  de  la  brochure.] 

.  .  .  Tous  les  amis  ardents  d'une  Bépubli(pie  dont  les  destinées  j)araissent  s'affermir 
et  s'embellir  tous  les  jours  doivent  joindre  leurs  vœux  à  ceux  de  fauteur  et  aux 
nôtres,  pour  que  la  Convention  rende  un  décret  qui  achève  de  donnera  ce  beau 
monument  (la  Bibliothèque)  toute  la  dignité  des  formes  républicaines.  Ij  rst  dt'jà 
bien  différent  de  ce  qu'il  était  :  le  temps  n'est  plus  où  on  en  conliail  la  oai(l(>  oi 
l'inspection  à  unJ('ronie  Bignon,  qui  ne  voyait  (f  usc(^tle  |)lace  (pie  vinj^t  Miil!(M''eus 
de  revenu,  et  à  qui  le  ministre  son  [)ai'ent  disaii  si  <;aieni(Mit  :  rrMon  cousin,  voilà 
une  belle  occasion  pour  apprendre  à  lire^:  plaisanterie  qui,  pour  le  dire  en  pas- 


408       PROCÈS -VERBAUX  DU  COMITE  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

sanl,  tombait  autant  sur  le  gouvernement  qui  donnait  la  place,  que  sur  le  Je'rôme 
qui  la  recevait.  La  Bibliothèque  est  aujounUuii  confuse  à  un  homme  des  plus  sa- 
vants de  l'Europe  et  des  mieux  savants,  qui  joint  le  patriotisme  aux  lumières,  et 
qui  doit  être  aussi  choque'  que  personne  des  enveloppes  royales  qui  déshonorent 
ces  matériaux  immortels,  avec  lesquels  nous  avons  élevé  l'édifice  de  la  liberté. 


On  lit  dans  les  procès-verbaux  do  la  Convention  : 

Séance  du  7  pluviôse  an  11. 

Les  citoyens  artistes  Bernascon  et  Lauras  font  hommage  h  la  Convention  d'un 
imprimé  contenant  une  parlie  des  belles  actions  (pii  ont  illustré  la  vie  du  grand 
honune  Chalicr,  et  de  son  buste,  modelé  d'api  es  nature,  le  17  juillet  dernier  à 
(rois  heures  du  malin,  lendemain  de  son  exécution.  Ils  demandent  d'être  autorisés 
à  le  modeler  en  bronze,  afin  que  les  traits  de  ce  vertueux  républicain  passent  à  la 
postérité  la  plus  reculée. 

Mention  honorable,  insertion  au  Bulletin  et  renvoi  au  Comité  d'instruction  pu- 
blique ^^^ 

Le  16  nivôse,  à  l'occasion  de  la  présentation  d'un  buste  de  Chalier  par  le  sculpteur 
Beauvallet ,  la  Convention  ,  sur  la  proposition  de  Romme,  avait  chargé  le  Comité  d'instruc- 
tion publique  de  faire  un  rapport  sur  les  moyens  d'exécuter  en  bronze  les  monuments  de 
la  Liberté,  et  les  bustes  des  grands  hommes.  Voici  l'extrait  du  procès-verbal  : 

Séance  du  1 6  nivôse  an  11. 

Beauvallet,  sculpteur,  fait  hommage  à  la  Convention  du  buste  en  plâtre  de 
Chalier.  pour  faire  pendant  à  celui  de  Marat. 

Mention  honorable. 

Sur  la  proposition  d'un  membre,  la  Convention  décrète  que  le  Comité  d'instruc- 
tion publique  lui  fera  un  rapport  sur  les  moyens  de  faire  exécuter  en  bronze  les 
monuments  de  la  Liberté  qui  peuvent  en  être  susceptibles,  ainsi  que  les  bustes  des 
grands  hommes  qui  ont  péri  victimes  de  la  Révolution  ^^\ 

Le  Journal  des  débats  et  des  décrets  rend  compte  en  ces  termes  de  l'incident  : 
Convention  nationale,  séance  du  16  nivôse. 

Beauvallet,  artisîe,  offre  à  la  Convention  le  buste  de  Chalier.  II  s'est  attaché  à 
retracer  l'image  de  ce  vertueux  républicain.  On  applaudit  vivement.  La  Convention 
accepte  l'offrande,  et  décrète,  sur  la  proposition  de  Romme,  qu'il  en  sera  fait  une 
mention  honorable  au  procès-verbal. 

Romme.  C'est  avec  le  bronze  que  nous  fondons  la  République  :  c'est  avec  le 
bronze  que  nous  devons  transmettre  à  la  postérité  l'image  de  ses  défenseurs.  Tout 

^'^  Procès-verbal     de    la     Convention,  ^^^  Procès-verbal     de    la    Convention, 

t.  XXX,  p.  157.  t.XXVlII,  p.  3i/i. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  Û09 

patriote  doit  véritablement  s'ëtonner  que  nos  monuments  éieve's  en  ihonneur  de 
la  liberté  ne  soient  encore  qu'en  terre  ou  en  plâtre.  Je  demande  que  le  Comité 
d'instruction  publique  soit  chargé  de  présenter  un  projet  de  loi  sur  la  fonte  en 
bronze  des  monuments  dont  nous  avons  décrété  l'érection.  —  Applaudi. 
Le  renvoi  au  Comité  d'instruction  publique  est  décrété ^^'. 

Dix-neuf  jours  plus  tard,  un  nouveau  décret  réitéra  l'invitation  adressée  au  Comité  de 
s'occuper  des  moyens  de  faire  exécuter  en  bronze  les  monuments  do  la  Révolution.  Il  s'agis- 
sait cette  fois  d'un  buste  do  Lepeletier  présenté  par  le  sculpteur  Bouillet  : 

Séance  du  5  pluviôse  an  ii. 

Le  citoyen  Bouillet,  artiste,  offre  à  la  Convention  le  buste  de  Michel  Lepeletier, 
sous  le  costume  antique. 

Mention  honorable,  insertion  au  Bulletin. 

Un  membre ^^^  propose,  et  la  Convention  rend  le  décret  suivant  : 

ffLe  Comité  d'instruction  publique  est  chargé  d'examiner  si  le  buste  de  Lepele- 
tier, présenté  par  Bouillet,  n'est  pas  préférable  à  ceux  qui  ont  déjà  été  présentés  à 
la  Convention,  pour  être  coulé  en  bronze,  ainsi  que  les  bustes  des  autres  martyrs 
de  la  liberté.  Le  Comité  est  chargé  de  faire  incessamment  son  rapport  sur  les 
moyens  d'exécuter  en  bronze  les  monuments  de  la  Révolution  ^^\  ^^ 

E 

On  lit  dans  les  procès-verbaux  de  la  Convention  : 

Séance  du  A  pluviôse  an  ii. 

Le  Conseil  général  de  la  commune  de  Fougères,  département  d'Ille-et-Vilaine, 
écrit  à  la  Convention  que  Nicolas-François-Roch  Lesueur,  maire  de  cette  commune, 
a  été  fusillé  le  i5  brumaire  parles  brigands  de  la  Vendée;  que  s'il  n'avait  pas  été 
revêtu  de  la  première  magistrature  de  cette  commune,  et  qu'il  n'en  eût  pas  rempli 
les  devoirs  avec  tout  le  zèle  d'un  vrai  républicain ,  il  respirerait  encore;  il  demande 
que  son  écharpe,  qu'il  envoie,  soit  suspendue  aux  voûtes  du  Panthéon,  et  que  son 
nom  soit  inscrit  sur  la  liste  des  martyrs  de  la  liberté. 

La  Convention  nationale  décrète  mention  honorable  du  dévouement  de  ce  géné- 
reux citoyen,  et  renvoie  la  lettre  de  la  commune  de  Fougères  au  Comilé  d'instruc- 
tion publique  ^"^ 

On  trouve  dans  les  cartons  du  Comité  d'instruction  publique  (Archives  nationales,  F", 
carton  1009',  n°  179^1)  une  chemise  portant  cette  mention  : 

f 

ff Echarpe  du  maire  de  Fougères,  fusillé  le  t5  brumaire  ()ar  les  rebelles  kV^  la 
Vendée.  » 

Au-dessous  on  lil  :  rDoposéo  dans  rarmoii-o  du  C,()milt>  lo  1  (>  jiliiviùso''. 

^'^  Joiinml    des    dobalf,   et    des    dc-vels,  '     Procès- \orl)al     do    la     (àjuvonlion, 

nVi-yS,  p.  ;^'}î.  I.  \X.\,  p.  110. 

^^'  Les  journaux  ne  nous  apprennent  pas  '*^    Procès-verbal     \\{'    la     (^nno.ntioii , 

lo  nom  de  ce  membre.  t.  XXX,  p.  8S. 


/ilO       PROCÈS -VERBAUX  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

La  lettre  du  Conseil  général  delà  commune  de  Fougères  fut  enregistrée  sous  le  n°  igSô. 
La  pièce  manque  ;  la  chemise  qui  la  contenait  porte  cette  mention  : 

Le  Conseil g(^n(^i'al  de  la  commune  de  Fougères,  dëparlemenlderille-et-Vilaine, 
demande  que  le  nom  de  Nicolas-François-Roch  Lesueur,  maire  de  cette  commune, 
qui  a  éié  fusille  le  i5  brumaire  par  les  rebelles  de  la  Vendée,  soit  inscrit  sur  la 
liste  des  marlyrs  delà  liberté,  et  que  son  écharpe  soit  suspendue  aux  voûtes  du 
Panthéon  français. 

Au-dessous,  on  lit  :  «L'écharpe  est  dans  l'armoire  du  fond'7.  —  Et  plus  bas  :  r Renvoyé 
à  Lindct.  5(7  pluviôse.  J.-M.  Coupé  (de  TOise),  secrétaire.-^ 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE. 


un 


CENT   QUATRE-VINGT-QUATORZIEME   SEANCE. 

Du  17  pluviôse  an  11.  [5  février  1796.] 

Le  citoyen  Richer  fait  hommage  au  Comité  d'un  ouvrage  qui  a  pour 
titre  Catéchisme  de  la  Constitution  française.  Le  (]omitë  en  arrête  la  men- 
tion honorable  ^^K 

Le  citoyen  Perrot  présente  au  Comité  ses  FAans  civiques  et  raisonnes, 
imprimés  par  arrêté  de  la  commune  de  Passy.  Mention  honorable  au 
procès-verbal  ^^l 

Le  ministre  des  affaires  étrangères  fait  passer  au  Comité  un  certain 
nombre  d'exemplaires  des  différents  actes ,  décrets ,  procès-verbaux ,  etc. , 
rjui,  d'après  les  décrets  de  la  Convention  nationale,  ont  été  traduits 
dans  les  diverses  langues.  Le  citoyen  Grégoire  fera  un  raj)[)ort  sur  l'en- 
voi du  ministre  ^^l 

Le  Comité  renvoie  à  la  Commission  des  arts  une  lettre  du  citoyen 
Pinson,  chirurgien  en  chef  de  l'hôpital  militaire  du  Repentir  à  Fran- 
ciade.  L'objet  de  ladite  lettre  est  l'entretien  du  cabinet  d'anatomie  du 
ci-devant  duc  d'Orléans  ^^\ 

Le  citoyen  Martin,  municipal,  se  plaint  d'avoir  été  destitué  de  son 


^'^  Richer  avait  présenté  précédemment, 
le  18  août  1793,  une  pétition  demandant 
que  la  République  fil  imprimer  son  ouvrage 
intitulé  :  La  vie  des  plus  célèbres  marins  fran- 
çais. Sa  pétition  du  1 8  août  et  la  lettre 
d'envoi  de  son  Catéchisme ,  datée  du  1 5  plu- 
viôse, se  trouvent  dans  F^',  carton  ioo5^ 
n°  91 0,  et  carton  1009^  n"  1799  (le  6a- 
téchisme  manque).  Il  sera  de  nouveau  ques- 
tion de  Richer  le  5^7  pluviôse  (p.  /»66)  et 
le  1"  messidor  an  11. 

^^^  La  lettre  d'envoi  de  Perrot,  datée  du 
16  pluviôse,  est  dans  F'^  carton  1009', 
n°  19/41  (l'ouvrafi^e  manque). 

^^^  Le  Comité  avait  décidé,  le  11  plu- 
viôse, de  demander  au  ministre  des  affaires 
étrangères  la  colloclion  des  actes,  lois,  dé- 
crets, etc.,  traduits  en  dillérentos  langues 
(p.  375).  La  réponse  du  ministre  osl  dans 
F",  carton   1009-,    n°    a  1^5;    les  exem- 


plaires envoyés  n'y  sont  pas  joints.  Grégoire 
a  présenté  son  rapport  le  91  pluviôse 
(p.  A62). 

('"'  On  trouve  dans  F'% carton  ii3o,un 
certain  nombre'  de  pièces  relatives  à  ce 
cabinet  d'anatomie.  La  Commission  des 
arts,  dans  sa  séance  du  ao  pluviôse  an  11, 
décida  que  l'otTrc  de  Pinson  serait  acceptée; 
qu'il  serait  invité  à  coopérer  au  déplacement 
des  objets  du  cabinet  du  ci-devant  d'Or- 
léans, à  transporter  au  Muséum  d'histoire 
naturelle  les  pièces  d'anatomie  artilicielle 
dont  il  étail  l'autour,  et  à  rt^parer  celles  qui 
en  auraient  boi^oin.  wA  l'égard  des  offres 
faites  par  Pinson  do  vendre  à  la  nation  son 
cabinet,  la  Conunission  charge  la  section 
d'anatoniie  de  lui  faire  un  rapport  sur  cet 
objet. n  (F'"*  7,  folio  -iG,  verso.)  11  sera  de 
nouveau  question  do  Pinson  dans  la  séance 
du  (iomilo  du  17  germinal  an  11. 


Z.l!>       PROCÈS-VERBAUX  DM  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

emploi  (l'instituteur,  et  remplacé  par  le  ci-devant  curé  de  la  commune. 
Le  Comité  passe  à  l'ordre  du  jour  (^'. 

Le  citoyen  VVandelaincourt  annonce  au  Comité  qu'il  vient  d'arrêter 
l'impression  bien  avancée  de  la  seconde  partie  de  l'abrégé  de  son  His- 
toire naturelle.  Coupé  de  l'Oise  est  nommé  rapporteur  ^-\ 

D'après  une  lettre  écrite  par  le  Comité  de  salut  public,  un  membre 
propose  d'examiner  la  question  de  savoir  si  la  nation  procurera  des 
salles  d'assemblée  a  toutes  les  sociétés  populaires  des  différentes  com- 
munes. Coupé  de  l'Oise  est  nommé  rapporteur  ^^K 

Le  Conseil  général  de  la  commune  de  Paris  fait  part  au  Comité  d'un 
trait  de  civisme  qui  honore  un  jeune  citoyen  nommé  Foliot.  Renvoyé 
à  la  section  des  actions  vertueuses  ^'^\ 

Un  membre  du  Comité  de  division  ^^^  observe  au  Comité  d'instruction 
publique  que  le  citoyen  Romme,  chargé  de  présenter,  de  concert  avec 
lui,  un  plan  de  dénominations  à  donner  aux  différentes  communes  de 
la  République,  est  sur  le  point  d'aller  en  commission '^^  et  que  son 
absence  retardera  beaucoup  trop  le  travail  attendu  depuis  longtemps. 


(')  La  lettre  de  Martin  a  été  enregistrée 
sous  le  n"  1770  (F^^  carton  1009');  elle 
n'est  pas  en  place. 

^2)  Le  représentant  VVandelaincourt ,  dont 
les  publications  sont  énumérées  dans  notre 
tome  II,  p.  908,  avait  continué  à  user  des 
presses  de  T Imprimerie  nationale.  Il  venait 
de  faire  distribuer  à  la  Convention  un  nou- 
veau volume.  Sur  une  observation  présentée 
par  Thibaudeau  à  l'assemblée  le  lA  plu- 
viôse, le  Comité  avait  été  chargé  d'examiner 
s'il  était  à  propos  de  laisser  à  chaque  repré- 
sentant rla  faculté  de  consacrer  par  l'im- 
pression ses  rêveries  w.  C'est  à  la  suite  de 
cet  incident  que  Wandelaincourt  écrivit  au 
Comité  la  lettre  ici  mentionnée,  qui  fut 
enregistrée  sous  le  n°  1790  (F^',  carton 
1009^);  elle  n'est  pas  en  place,  mais  la 
chemise  qui  la  contenait  en  donne  l'analyse 
suivante  :  ff Lettre  du  citoyen  Wandelain- 
court témoignant  au  Comité  d'instruction 
publique  le  rogret  de  n'avoir  pas  réussi  dans 
la  composition  de  plusieurs  livres  élémen- 
taires que  son  désir  d'être  utile  lui  avait 
fait  entreprendrez.  Coupé  n'a  pas  présenté 


de  rapport.  Voir,  aux  annexes,  A  (p.  Ai  A), 
un  extrait  du  Moniteur  (compte-rendu  de  la 
séance  de  la  Convention  du  tA  pluviôse). 

^^'  Voir  la  séance  du  Comité  du  5  nivôse, 
p.  212.  Un  nouveau  décret,  du  9  nivôse^ 
avait  chargé  les  Comités  d'instruction  pu- 
bUque  et  des  finances,  réunis,  d'examiner, 
sous  le  double  rapport  politique  et  financier, 
s'il  serait  convenable  cr d'accorder  un  local 
dans  les  bâtiments  nationaux  aux  sociétés 
populaires,  ainsi  qu'aux  sociétés  des  arts». 
(Procès-verbal  de  la  Convention,  t. XXVIII, 
p.  16A.)  Nous  donnons,  aux  annexes,  B 
(p.  Al 5),  la  lettre  du  Comité  de  salut  pu- 
blic, en  date  du  i3  pluviôse,  lettre  qui 
vise  le  décret  du  3  frimaire.  C'est  sans 
doute  à  la  suite  du  mandat  donné  à  Coupé 
dans  la  présente  séance  que  celui-ci  pré- 
sentera au  Comité,  le  19 pluviôse  (p.  A 33), 
un  projet  de  décret  laissant  aux  communes 
la  faculté  de  disposer  des  églises. 

^^^  Nous  n'avons  pas  trouvé  cette  pièce. 

^^)  Ce  doit  élre  Mailly.  Voir  la  séance  du 
i3  nivôse,  p.  228. 

(^)  L'arrêté  du  Comité  de  salut  public 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE. 


un 


Le  Comité,  au  défaut  du  citoyen  Romme,  nomme  pour  commissaires 
les  citoyens  Grégoire  et  Villar. 

Le  citoven  Petit  achève  la  lecture  d'un  rapport  suivi  d'un  projet  de 
décret  et  tendant  à  solliciter  le  rapport  du  décret  déjà  rendu  sur  l'éta- 
blissement des  écoles  primaires  ^^^.  Le  Comité  observe  que  le  citoyen 
Petit  peut  demander  par  motion  d'ordre  à  la  Convention  nationale 
qu'elle  veuille  entendre  sa  réclamation.  Le  Comité  délibérera  sur  le 
plan  du  citoyen  Petit,  si  un  décret  de  la  Convention  le  lui  ordonne^-'. 

Après  une  mûre  délibération  sur  les  récompenses  dues  aux  talents 
qui  se  sont  distingués  dans  la  carrière  des  sciences  et  des  arts,  Gré- 
goire, chargé  d'un  rapport  sur  cette  question  importante,  présentera 
un  projet  de  décret  à  la  prochaine  séance  ^^l 

Au  nom  de  la  Commission  des  arts,  section  de  botanique,  Mathieu 
dépose  sur  le  bureau  le  catalogue  des  plantes  du  Muséum  d'histoire 
naturelle  ^^^.  Le  Comité  arrête  que  Mathieu  informera  la  Convention  de 
la  remise  dudit  catalogue,  qui  est  une  preuve  du  zèle  et  de  l'activité 


qui  envoya  Romme  en  mission  dans  la  Dor- 
dogne  et  les  départements  circonvoisins  est 
du  2 4  pluviôse.  Cette  phrase  du  procès- 
verbal  montre  que  les  décisions  du  Comité 
de  salut  public,  en  matière  d'envoi  de  re- 
présentants en  mission,  n'étaient  prises 
qu'après  entente  préalable  avec  les  inté- 
ressés. 

^'^  La  rédaction  de  cette  phrase  indique 
que  Petit  avait  commencé  la  lecture  de  son 
rapport  dans  une  auli-e  séance.  Cette  lecture 
n'a  pas  été  mentionnée  dans  les  procès- 
verbaux  des  séances  précédentes. 

^^^  Petit  donna  lecture  à  la  Convention 
de  son  discours  et  de  son  projet  de  décret 
dans  la  séance  du  37  pluviôse  ;  l'assemblée 
vota  la  question  préalable.  Le  Moniteur  ne 
parle  pas  de  cet  incident.  Le  procès-verbal 
le  mentionne  en  ces  termes  :  ff  Un  men)bre 
prononce  un  discours  sur  l'instruction  pu- 
blique, et  présente  un  projet  de  décret 
relatif  à  ce  sujet.  La  (juestion  préalable  est 
pr-oposée  et  admise  sur  le  tout.??  (i*rocès- 
verbal  de  la  Convention,  t.  XXXI,  p.  3oo.) 
Nous  donnons  aux  annexes,  C  (p.  ^lO), 
le  texte  du  discoiu's  et  du  projet  de  tlocret 
de  Petit,  qui  ont  été  imprimés  par  l'auteur. 


('^  C'est  le  20  juillet  1 798  que  le  Comité 
avait  nommé  Grégoire  rapporteur  d'une 
proposition  tendant  à  accorder  des  récom- 
penses nationales  aux  savants  et  gens  de 
lettres  (t.  II,  p.  85).  Le  3  septembre,  sur 
le  rapport  de  Grégoire,  le  Comité  avait 
arrêté  les  bases  d'un  projet  de  décret  sur 
la  matière  (t.  II,  p.  356).  Depuis  ce  mo- 
ment, il  ne  s'était  plus  occupé  de  la  ques- 
tion.  Mais  l'article  A  d'un  décret  rendu  le 
i3  frimaire,  sur  la  proposition  des  Comités 
de  liquidation  et  de  Texamen  des  comptes, 
chargea  le  Comité  d'instruction  publicpie 
de  se  faire  rendre  compte,  par  le  ministre 
de  l'intérieur,  Tcle  l'emploi  dos  sonnnes 
accordées  pour  l'encouragement  dos  arts 
utiles,  le  genre  des  inventions,  le  nom  de 
leurs  auteurs,  la  récompense  accordée  à 
chacun  d'eux.  Le  Comité  d'instruction  en 
fera  son  rapport  à  la  Convention.'^  tl'esl  ce 
décret  (pii  tit  ronio|li-t>  à  Tordro  du  jour 
la  (jueslion  dos  récompenses,  connue  le 
montre  une  lettre  du  Comité  de  salut  public, 
dont  il  est  parlé  à  la  séance  suivante.  \oir 
la  suite  à  la  séance  du  19  pluviôse  (p.  'i3a  ). 

t*'   Voir  j),  391.  Nou>^  n'avons  pas  trouvé 
ce  catalogue. 


Al/4       PROCES -VERBAUX  DU  COMITE  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

que  les  administrateurs  dudit  Muséum  ont  mis  jusqu'ici  dans  leurs 
travaux. 

Le  citoyen  Beurtau  vient,  au  nom  de  la  section  du  Contrat  social, 
présenter  un  ouvrage  de  sa  composition  sur  l'instruction  militaire.  Le 
citoyen  Daoust  est  nommé  rapporteur  ^^\ 

Le  citoyen  Mailly,  peintre  en  émail,  présente  au  Comité  un  projet 
t^  pour  faire  revivre  l'art  de  la  peinture  en  émail  et  encourager  les  ar- 
tistes de  ce  genre  w.  Mention  honorable  ^^l 

Le  citoyen  Viel  Saint-Maur,  ingénieur  militaire,  demande  à  être 
employé  ^^\ 

R.-T.   LlNDET^^). 

PIÈGES  ANNEXES. 


Oa  lit  dans  le  Journal  des  débats  et  des  décrets  : 

Convention  nationale,  séance  du  i/»  pluviôse. 

Thibaudcau.  Je  tiens  à  la  main  la  distribution  de  ce  jour  et  j'y  trouve  un  vo- 
lume in-8°  d'environ  cinq  cenls  pages,  sous  le  titre  de  Plan  de  l' organisation  de 
Vinstniction  publique,  par  Wandelaincourt^^\  imprimé  par  ordre  de  la  Convention. 
Je  me  rappelle,  en  efFel,  qu'il  fut  de'crété  par  la  Convention  qu'il  serait  permis  à 
chacun  de  ses  membres  de  faire  imprimer  ses  vues  sur  le  meilleur  mode  d'organi- 
sation de  l'instruction  publique  ^'^K  Cette  disposition  était  sage,  mais  elle  a  été  mal 
interprétée  par  Wandelaincourt,  qui,  compilant  le  cours  d'éducation  de  Dupont 
de  Nemours,  l'histoire  universelle,  l'histoire  naturelle,  nous  offre  aujourd'hui, 
dans  un  volume  de  cinq  cents  pages,  la  sixième  suite  de  son  plan^'^;  ce  qui  en 


^^^  Nous  n'avons  pas  trouvé  cet  ouvrage. 

(2)  Il  a  déjà  été  question  de  Mailly  le 
6  février  1798  (voir  t.  P',  p.  3i5),  Nous 
n'avons  pas  trouvé  le  projet  dont  il  s'agit. 
Il  sera  de  nouveau  parlé  de  Mailly  le  1  5  mes- 
sidor an  H. 

^^>  II  sera  de  nouveau  question ,  avec  plus 
de  détails ,  de  la  demande  de  l'ingénieur  Viel 
dans  la  séance  du  21  pluviôse  (p.  /^/ji  ). 

(*)  Cette  signature  ne  se  trouve  qu'au 
registre.  La  minute  est  de  la  main  de  Villar, 
qui  ne  sera  pourtant  élu  secrétaire  que  le 
ai  pluviôse. 

^^)  Le  titre  exact  des  publications  de 
Wandelaincourt  était  :  Instruction  publique 
et  Suite  du  plan  d'instruction  publique  pré- 


senté par  A.-H.  Wandelaincourt.!]  avait  aussi 
fait  paraître  une  autre  série  intitulée  Plan 
d'éducation  publique  et  Suite  du  plan  d'édu- 
cation publique,  en  trois  volumes,  ainsi 
qu'un  volume  intitulé  Eléments  de  morale. 

^^^  C'est  le  décret  du  h  juin  179'^  :  voir 
notre  tomel",  p.  h'jli. 

^'^  Le  volume  dont  parle  Thibaudeau 
estcelui  qui  conlicni  V Abrégé  d'histoire  na- 
turelle, qui  est  en  effet  le  sixième  de  la  sé- 
rie Plan  d'i7istrucfîon  publique.  Ce  volume 
n'a  que  260  pages,  et  non  5oo;  mais  avec 
la  seconde  partie,  qui  était  sous  presse  ,  et 
dont  ce  l'impression  était  bien  avancées 
(d'après  ce  que  Wandelaincourt  fit  savoir 
lui-même  au  Comité,  ainsi  que  le  constate 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  /il  5 

suppose  d'autres;  et  j'ignore,  quant  à  moi .  où  s'arrêtera  cette  ëtoiinante  fe'condité. 
Gomme  j'ai  l'intime  conviction  que  l'intention  de  la  Convention  ne  fut,  dans  le 
principe,  que  d'éclairer  les  opérations  du  Comitf'  par  la  réunion  des  lumières,  et 
non  de  consacrer  par  l'impression  les  rêveries  philanthropiques  de  ses  membres, 
je  demande  le  rapport  du  décret  qui  a  permis  de  pareilles  impressions. 

Charlier.  Je  m'y  oppose;  ce  n'est  point  ici  le  cas  du  rapport  du  décret;  l'abus 
d'une  loi  utile  n'en  prouve  pas  le  danger.  Wandelaincourt,  au  lieu  de  vues,  vous 
fait  distribuer  un  extrait  indigeste  et  volumineux  de  l'histoire,  de  l'histoire  naturelle 
et  fies  moralistes.  Décrétez  le  renvoi  de  son  recueil  au  Comité  d'instruction  pu- 
blique ,  pour  examiner  s'il  ne  serait  pas  juste  de  faire  supporter  par  Wandelain- 
court les  frais  de  son  impression,  sauf  à  lui  à  vendre  son  ouvrage  aux  amateurs; 
et  je  doute  qu'il  en  trouve  un  grand  nombre.  Voilà  la  marche  que  vous  devez 
suivre;  mais  maintenez  votre  décret  :  j'en  fait  la  motion  expresse. 

Levasseur  demande  que  désormais  aucun  membre  ne  puisse  faire  imprimer  des 
opinions  de  ce  genre  sans,  au  préalable,  avoir  déposé  son  manuscrit  au  Comité 
d'instruction  publique,  et  avoir  obtenu  son  attache. 

Morisson  observe  qu'il  existe  deux  décrets  distincts  :  l'un  qui  permet  l'impres- 
sion des  vues  de  différents  membres  sur  l'éducation  publique  ;  le  second  qui  auto- 
rise Wandelaincourt  à  faire  imprimer  son  plan  d'organisation  ''^\  Wandelaincourt 
a  abusé  de  cette  faveur,  dit  Morisson.  Je  demande  que  ce  second  décret  soit  rapporté. 

On  demande  le  renvoi  du  tout  au  Comité  d'instruction  publique.  Décrété  -'^^ 

Wandelaincourt,  qui  avait  lait  partie  du  Comité  d'instruction  publique  de  janvier  à 
juin  1793,  y  rentra  vers  ie  milieu  de  l'an  m;  mais  il  ne  recommença  pas  ses  publications 
pédagogiques,  brusquement  arrêtées  par  l'intervention  de  Thibaudeau. 

B 

LETTRE  DU  COMITE  DE  SALUT  PUBLIC   AU  COMITÉ  D'INSTRUCTION   PUBLIQUE  ^^K 

Un  décret  du  3  frimaire  vous  charge  d'un  rapport  sur  la  question  de  savoir  s'il 
convient  que  les  sociétés  populaires  reçoivent  de  la  nation  un  local  pour  leurs 
assemblées. 

Le  Comité  de  salut  public  vous  invite  à  lui  faire  part  si  Tordre  do  vos  travaux 
vous  a  encore  permis  de  vous  occuper  de  ce  travail  vraiment  intéressant  pour  tous 
les  patriotes  français. 

Salut  et  fraternité. 

Billaud-Varenne,  Coli.ot  d'Herbois. 

Paris,  le  i3  pluviôse  l'an  2*  de  la  Uépublique. 


le   procès- verbal),   il   paraît  probable   que  '"'   Journal   des    débats    rt    <l<'s    tlrcrets , 

VAbrt'iré  d'histoire  naturelle  eut  alti;int  les  n"  5oi,  p.  u)a. 

dimensions  indiquées  par  Thibaudeau.  ^''   Archives  nationales,  F", carton  1 3a6 , 

^^^  Nous  n'avons  pas   trouvé  ce  second  n"  iSo3. 
décret,  spécial  ;\  Wandelaincourt. 


/rl6       PUOCÈS -VERBAUX  DU  COMITE  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

On  lit  en  marge  :  ffCoupé  rapporteur.  Villar,  secrétaire. -n  Et  plus  bas,  de  la  main  de 
Coupe  :  ff Remis  au  Comité  de  salut  public,  selon  sa  demande,  entre  les  mains  de  Collot 
d'IIerbois». 


DISCOURS  SUR  LA  NKCRSSITK  l)K  RAPPORTER  LK  DECRET  DU  3o  FRIMAIRE^'^  RELATIF 
À  L'ORGANISATION  DU  PREMIER  DEGRE  D'INSTRUCTION,  PAR  MIGHEL-EDME  PETIT, 
DÉPUTÉ  DU  DÉPARTEMENT  DE  L'AISNE,  MEMBRE  DU  COMITE  D'INSTRUCTION  PU- 
BLIQUE, PRONONCÉ  LE  2  7  PLUVIOSE,  L'AN  11°  DE  LA  REPUBLIQUE  FRANÇAISE, 
UNE  ET  INDIVISIBLE. 

V*  Hérissant,  impr. ,  rue  de  la  Parcheminerie ^'^^ 

Citoyens, 

L'ordre  du  jour  amène  la  discussion  sur  l'établissement  du  deuxième  degré  d'in- 
struction, comme  si  le  premier  degré'  d'instruction  était  établi;  cependant  je  puis 
(lire  aujourd'hui  ce  que  je  disais  avant  que  ie  décret  du  3o  frimaire  [sic)  fut  rendu , 
nous  ne  savons  pas  encore  comment  nos  enfants  apprendront  à  lire;  car  ce  décret  est 
inexécutable.  Il  est  inexécutable,  car  il  contient  des  dispositions  contradictoires; 
car  il  offre  autant  d'exceptions  qu'il  impose  d'obligations;  car  il  tue  l'enseigne- 
ment et  le  resserre  dans  des  chambres  tout  en  disant  qu'il  sera  public;  car  il 
ruine  vingt-cinq  mille  pères  de  famille  en  pure  perte,  et  causerait  80  millions  au 
moins  de  dépense  annuelle  à  la  République. 

Je  demande  le  rapport  de  ce  décret,  et  je  propose  d'y  substituer  une  loi  dont 
les  bases  sont  prises  dans  les  [)rincipes  dont  nous  sommes  tous  d'accord,  dans  des 
vérilés  dont  nous  serons  bientôt  convenus. 

Les  idées  que  je  dois  vous  soumetti-e ,  je  les  ai  communiquées  au  Comité  d'in- 
struction publique.  Il  les  a  accueillies  quant  au  fond;  mais  les  couleurs  ne  lui  en 
ont  pas  paru  assez  rembrunies  à  certains  égards  ^^^  Je  croyais  d'abord  avoir  en- 
tendu celte  observation,  je  crois  que  je  me  suis  trompé  :  vous  jugerez  entre  le 
Comité  et  moi,  et  la  postérité  nous  jugera  tous. 

L'article  i""  de  la  première  section  du  décret  du  3o  frimaire  {sic)  porte:  ff  L'en- 
seignement est  libre  n,  c'est-à-dire  qu'il  est  permis  à  tout  citoyen  de  se  livrer  à  l'en- 
seignement; tel  est  l'esprit  de  cet  article;  je  ne  crois  pas  que  l'on  puisse  nier  cela. 
Eh  bien,  dans  la  section  troisième  de  ce  même  décret,  il  est  dit,  article  6  :  ffLes 
pères,  mères,  tuteurs  et  curateurs  seiont  tenus  d'envoyer  leurs  enfants  ou  pu- 
pilles aux  écoles  du  premier  degré  d'instructiomi ;  article  9  :  ffCeux  des  pères, 
mères,  etc.,  qui  ne  se  con^rmeraient  pas  aux  dispositions  des  articles  6,  etc.,  et 
dont  les  excuses  ne  seront  pas  jugées  valables,  seront  condamnés,  pour  la  pre- 
mière fois,  à  une  amende  égale  au  quart  de  leurs  contributions;  eu  cas  de  réci- 

(^^  C'est  le  décret  du  29  frimaire  que  natnrée  par   quelque   faute  d'impression, 

l'orateur  désigne  ainsi.  signifie   probablement    que    l'autour   juge 

(^)  Bibliothèque  nationale,  Le^^  219/1,  •^"'^P  favorablement,  au  gré  du  Comité,  les 

in-8°.  anciens    instituteurs    qu'il    voudrait    con- 

'3)   Cette  phrase,  si  elle  n'est  pas  dé-  server. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  417 

dive,  rameude  sera  double,  et  les  infracteurs  seront  regardes  comme  ennemis  de 
l'égalité,  et  privés  pendant  dix  ans  de  l'exercice  du  droit  de  citoyen,  jugement  al- 
fiché".  V enseiirnemenl  est  libre!  Cette  phrase  sera  toujours  sonore  pour  des  oreilles 
ré{)ublicaines;  les  pères  et  mères ,  etc. ,  seront  forcés  d'envoyer  leurs  enfants  à  l'école 
publique,  cette  obligation  a  quelque  chose  de  raisonnable  aux  yeux  de  ceux  qui 
sont  prêts  à  tout  sacrifier  à  l'égalité;  mais  voyons  si  ces  deux  propositions,  -l'en- 
seignement est  librc«,  et  rrles  pères  et  mères,  etc.,  seront  forcés,  sous  des  peines 
infamantes,  d'envoyer  leurs  enfants  aux  écoles  publiques 75,  ne  sont  pas  absolu- 
ment contradictoires. 

Le  mot  enseignement  est  pris  ici  dans  toute  l'étendue  de  son  acception;  ainsi, 
nous  entendons  par  enseignement  libre  autorisé  le  droit  d'ouvrir  école,  d'ensei- 
gner à  un,  deux,  trois,  quarante,  deux  mille  enfants.  Pour  que  l'enseignement 
soit  libre  dans  le  sens  du  décret,  il  faut  que  tout  homme,  toute  femme  jouisse  du 
droit  d'enseigner  à  un,  deux,  trois,  quarante,  deux  mille  enfants  quelconques. 
Aux  termes  du  décret,  tout  homme,  toute  femme,  ont  donc  le  droit  d'enseig4ier  en 
général  à  tous  les  enfants  quelconques  :  cela  est  incontestable;  mais  si  nul  père, 
nulle  mère,  aucun  tuteur  ni  curateur,  ne  peuvent  eux-mêmes  avoir  le  droit  d'ensei- 
gner à  leurs  enfants,  s'ils  sont  contraints  d'envoyer  leurs  enfants  chez  l'institu- 
teur, et  ce  sous  peine  de  dégradation  civique,  aux  termes  du  décret,  il  s'ensuit 
qu'aux  termes  du  décret  tout  hoiume  n'a  pas  le  droit  d'enseigner  à  tout  enfant 
quelconque;  aux  termes  du  décret,  l'enseignement  est  donc  libre,  et  aux  termes 
du  décret  l'enseignement  n'est  donc  pas  libre.  Première  disposition  contradictoire  du 
décret. 

On  me  répond  ici  par  une  distinction  beaucoup  plus  plaisante  que  subtile  :  on 
me  dit  qu'aux  ternies  du  décret  tout  homme  peut  bien  enseigner  aux  enfants  des 
autres,  mais  non  pas  aux  siens.  C'est  mettre  une  absurdité  à  la  place  d'une  con- 
tradiction. La  contradiction  est  frappante;  reste  à  prouver  Tabsurdilé.  Une  chose 
est  absurde  lorsqu'elle  est  contraire  au  sens  comnmn  :  et  quoi  de  plus  contraire 
au  sens  commun  que  de  supposer  que  celui  qui  sera  en  état  d'enseigner  aux  en- 
fants des  autres  ne  pourra  pas  instruire  les  siens?  Le  droit  d'instruire  soi-même 
ses  enfants,  surtout  lorsqu'il  s'agit  de  leur  montrer  à  lire  et  à  écrire,  n'est  qu'une 
petite  partie  du  droit  d'instruire  les  enfants  des  autres.  Qui  instruit  les  enfants  des 
autres,  fait  le  plus;  qui  n'instruit  que  ses  enfants,  fait  le  moins  :  comment  donc 
refuserait-on  une  petite  partie  à  celui  à  qui  on  accorde  le  tout?  ()uoi  !  la  loi  me 
jugera  capable  d'instruire  tous  les  enfants  d'une  commune,  et  cette  même  loi  me 
défendra  d'inslruire  mon  enfant!  Est-il  rien  de  plus  incroyable? 

D'autres  défenseurs  du  dticret  me  disent  que  le  déci'ct  ne  contraint  pas  les  in- 
slituleurs  qui  ont  des  enfants  de  les  envoyer  étudier  ailleurs  que  cheZ'  euv.  Cela  est 
faux;  car  le  décret  dit  que  cries  pères  et  mères,  etc.,  enverront  Ifurs  enfants  chez 
rinstituteur«,  ce  qui  suppose  un  déplacement  de  l'enfant,  une  sortie  de  la  maison 
palernelle;  or,  celui  cpii  <[arde  son  enfant  chez  lui  ne  le  dt'place  pis,  ne  l'envoie 
pas  ailleurs;  les  institut(3urs  ne  peuvent  donc  pas  plus  (pie  les  aiidvs  citovens  in- 
struire chez  eux  leurs  enfants,  aux  termes  du  (h'crol;  mais  je  veux  cpie  cela  soit 
ainsi  dans  l'esprit  du  décret  :  dans  ce  cas-là  ou  cn'e  un  privilèt^|e  [)()ur  les  in^lilu- 
leurs,  et  qu'arrivera-t-il?  c'est  ([ue  tout  homme  va   se   faire  insliluleui-,   toute 

111.  37 

IMPKIUIMC     MATIO^.tlt. 


/il8      PROCÈS -VERBAUX  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

femme  va  se  faii'e  institutrice,  afin  de  jouir  du  privilège  d'instruire  soi-même  son 
enfant;  et  nous  verrons  alors  comment  on  s'y  prendra  pour  détruire  ce  privilège 
naturel,  que  la  plus  louable  finesse  aura  recouvré! 

Je  dis  que  tout  homme,  toute  femme,  auront  la  facilité  de  jouir  de  ce  privilège, 
et  cela  est  incontestable,  aux  termes  du  décret;  car,  pour  être  instituteur  ou  insti- 
tutrice, il  sullit  de  déclarer  qu'on  est  dans  rinienlion  d'ouvrir  une  école,  et  de  dési- 
gner r espèce  de  science  ou  art  que  Von  veut  enseigner,  de  produire  un  certificat  de  ci- 
visme et  de  bonnes  mœurs.  Point  d'examen  sur  la  science  ;  point  de  nécessité  d'avoir 
un  local  sain,  propre  et  commode;  point  d'obligation  d'enseigner  annuellement  à 
tel  nombre  d'enfants;  rien  de  tout  cela  :  par  conséquent  liberté  tout  entière  de 
se  faire  instituteur  public,  même  lorsqu'on  n'aurait  ni  feu  ni  lieu  et  qu'on  ne 
saurait  ni  A  ni  B. 

Si  donc  les  instituteurs  n'ont  pas,  aux  termes  du  décret,  le  droit  d'instruire 
eux-mêmes  leurs  enfants,  le  décret  consacre  une  absurdité  pour  étayer  une  con- 
tradiction; s'ils  ont  ce  droit,  ce  que  je  suis  porté  à  croire  malgré  le  texte  du  dé- 
cret, le  décret  est  encore  illusoire;  car  il  donne  un  privilège  qui  devient  le  privi- 
lège de  tout  le  monde. 

On  me  dit  encore  que  l'obligation  d'envoyer  ses  enfants  à  l'école  publique  n'est 
point  contradictoire  avec  le  droit  de  les  instruire  chez  soi;  car  il  est  très  possible  de 
les  envoyer  à  l'école  pendant  deux  heures ,  et  de  les  garder  le  reste  du  temps. 

A  cela  je  réponds  que  les  législateurs  qui  savent  que,  dans  certains  cas,  la  con- 
trainte est  nulle,  ne  doivent  point  employer  la  contrainte  dans  ces  cas-là;  car  il 
en  résulte  toujours  le  plus  grand  mal  dans  une  République,  je  veux  dire  le  mépris 
d'une  loi  abusive;  je  réponds  que  cette  idée  d'éviter  la  loi  tout  en  s'y  soumettant  en 
apparence  peut  bien  être  une  astuce  civique  dans  une  monarchie;  mais  que,  dans 
une  République,  elle  est  un  outrage  fait  à  la  volonté  générale;  je  réponds  enfin 
que  le  répubhcoin  doit  obéir  à  la  loi  sans  se  permettre  d'en  faire  des  commen- 
taires à  son  profit. 

Je  le  sais  bien,  avec  toutes  vos  contraintes  prétendues  lacédémoniennes,  vous 
ne  parviendrez  pas  plus  en  France  à  arracher  aux  pères  et  mères  leurs  en- 
fants, qu'à  faire  jeter  dans  les  apolhètes,  dans  un  puits,  ceux  de  ces  petits  inno- 
cents qui  sont  nés  faibles  ou  mal  sains,  qu'à  faire  danser  toutes  nues,  dans  les 
fêtes  publiques,  nos  pudibondes  jeunes  filles;  qu'à  faire  chanter,  à  coups  de  fouet, 
des  épithalames  aux  célibataires,  ainsi  que  cela  se  pratiquait  à  Sparte.  On  ne  veut 
jamais  convenir  que  tous  les  peuples,  non  plus  que  tous  les  hommes,  ne  sont  pas 
également  disposés  aux  mêmes  goûts ,  aux  mêmes  habitudes ,  et  l'on  nous  tue  avec 
des  livres  dont  on  ne  connaît  que  quelques  passages ,  ou  qu'on  ne  veut  pas  nous 
citer  tout  entiers.  On  dit  bien  que  les  vieillards  Spartiates  trouvaient  une  saveur 
délicieuse  au  brouet  noir,  espèce  de  mets  vraiment  détestable;  mais  on  ne  dit  pas 
que,  dans  leur  jeunesse,  ils  étaient  obligés  de  voler  leur  dîner,  sous  peine  de 
mourir  de  faim;  qu'ils  se  baignaient  journellement  dans  l'Eurotas,  et  ne  se  cou- 
chaient que  sur  des  nattes  de  roseaux  et  de  chardons.  Je  sais  que  l'amour  maternel, 
qui  est  fort  comme  la  nature,  trouvera  bien  moyen  d'éviter  vos  lois,  dites  coactives, 
et  vous  le  savez  vous-mêmes.  Mais  si  cela  est  ainsi,  et  si  vous  en  convenez,  vous 
convenez  donc  aussi  que  votre  loi  permet  et  défend. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  ^419 

On  me  dit  enfin,  car  il  faut  que  je  réponde  à  tout,  que  forcer  les  enfants  d'aller 
aux  écoles  publiques  présente  un  moyen  de  réunion  pour  les  enfants ,  qui  d'ailleurs 
peuvent  être  élevés  cJiez  leurs  parents. 

Mais  i"  je  nie  l'existence  des  écoles  publiques  dans  le  sens  du  décret,  en  sorte 
que  véritablement  cette  réunion  n'aura  pas  lieu;  9°  je  soutiens  que  cette  réunion, 
qui  sera  peut-être  de  deux,  trois  ou  quatre  enfants,  dont  les  uns  iront  franche- 
ment à  l'école  avec  l'envie  d'apprendre,  et  les  autres,  plus  savants  peut-être  que 
les  maîtres,  et  toujours  disposés  à  les  ridiculiser,  n'iront  à  Técole  que  par  sima- 
grée  civique ,  est  ce  qu'on  peut  imaginer  de  plus  monstrueusement  opposé  à  l'en- 
seignement; car,  d'un  côté,  elle  fera  tort  aux  bonnes  dispositions  des  enfants  qui 
voudraient  apprendre  ;  et  d'un  autre,  elle  donnera  tous  les  vices  de  l'orgueil  à  ceux 
qui  savent  déjà.  Et  n'avons-nous  pas  mille  autres  moyens  de  réunion  pour  les  en- 
fants; et  le  législateur  doit-il  donc  faire  exprès  une  mauvaise  loi  pour  obtenir  de 
bonnes  habitudes  sociales? 

On  peut  et  l'on  ne  peut  pas  instruire  ses  enfants  soi-même ,  deuxième  disposition 
contradictoire  du  décret.  Tout  à  l'heure  je  vais  examiner  quels  sont  ceux  qui, 
en  dernière  analyse,  jouiront  du  droit  de  se  faire  instituteurs  de  leurs  enfants  : 
suivons  les  dispositions  contratlictoires  ou  inexécutables  du  décret. 

Le  décret  dit,  article  9. ,  première  section  :  ff  L'enseignement  sera  fait  publique- 
ment «. 

Si  chacun  peut  se  faire  instituteur  à  raison  de  vingt  livres  par  chaque  enfant, 
certes  il  y  aura  une  quantité  prodigieuse  d'instituteurs,  on  ne  peut  ])as  nier 
cela.  S'il  y  a  une  quantité  prodigieuse  d'instituteurs,  il  est  bien  impossible  que 
chacun  de  ces  instituteurs  soit  à  portée  de  recevoir  du  matin  au  soir  le  public  chez 
lui,  et  le  public  n'aura  ni  le  temps  ni  la  commodité  d'aller  dans  tous  les  différents 
logis  où  il  y  aura  des  instituteurs  pour  assister  aux  leçons.  Ce  n'est  pas  tout; 
l'heure  des  leçons  n'étant  pas  fixée  par  la  loi,  cha([ue  instituteur  ]iourra  fermer 
sa  porte  à  tout  venant,  sous  prétexte  que  ce  n'est  pas  là  l'heure  de  la  leçon.  Cette 
heure,  il  l'indiquera  pour  demain  à  telle  portion  du  jour;  pour  après-demain  à 
telle  autre  portion  du  jour;  et  je  ne  vois  pas  même  pourquoi,  avec  la  liberté  indé- 
finie de  l'enseignement,  il  n'aurait  pas  le  droit  de  n'enseigner  que  de  nuit.  On 
peut  rire  de  cette  id('e  :  moi  j'y  trouve  quelque  chose  de  très  sérieux  et  une  inti- 
nité  d'avantages,  dont  le  plus  inappréciable  serait  de  préparer  les  enfants  à  deve- 
nir des  hommes  dans  l'obscurité,  à  n'avoir  peur  de  rien,  à  se  débarrasser  de  tous 
les  fantômes  physiques  et  moraux,  à  juger  sainement  de  tous  les  objets  après  les 
avoir  vus  dans  le  blanc  et  dans  le  noir.  Je  suis  instituteur  ,  et  je  ne  veux  enseigner 
que  de  nuit;  car  le  jour  exj)Ii(pie  les  objets  qu'il  montre,  et  c'est  la  nuit  qu'il  im- 
porte (fètre  s:»vaut  :  ipii  est-ce  qui  m'empêchera  de  me  livrer  à  mon  système  que 
je  trouve  utile,  et  que  Lycurguc  adoptait  en  partie?  Dans  ce  cas-là,  tous  les  ci- 
toyens et  citoyennes  de  la  connuuue  abandonneront-ils  gaiement  hua-  lit,  j)our 
vérifier  si  eu  effet  je  suis  un  phil()S()[)he  ou  un  fou  ? 

Qu'on  me  dise  donc  comment  l'enseignement  pourra  se  donner  publicniement 
dans  le  système  du  décret?  Pour  moi,  il  nùst  impossible  de  reconnaître  ici  au- 
cun des  caractères  de  la  publicité.  Une  nudtitude  prodigieuse  de  maîtres;  une 
quantité  innombrable  de  petits  réduits,  d;ms  chacun  desquels  il  v  aui-a  tout  au 

37. 


h^O      PROGI^S -VERBAUX  DU  COAUTE  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

plus  un,  dcu\  ou  trois  enfants.  Point  d'assistants  aux  leçons,  que  d'ailleurs  chaque 
instituteur  donnera  à  des  heures  toutes  différentes,  le  secret  le  plus  absolu  sur  les 
succès  ou  sur  les  fautes  des  eiifanls;  rien  ])()ur  exciter  leur  émulation  (ju'une 
petite  honte  de  conscience,  et  de  la  gloire  à  huis-clos;  point  d'exercices  publics, 
point  de  jeux,  point  de  promenades,  point  de  concours  ])ubhcs,  pohit  de  récom- 
penses décernées  publiquement;  encore  ime  fois,  jesoutiens  que  celte  espèce  d'en- 
seignement n'a  rien,  absolument  rien  de  public. 

D'après  les  dispositions  du  décret,  ce  grand  adverbe  publiquement  ne  signifie 
donc  rien  de  ce  qu'il  présente  à  la  foi  publique.  Au  lieu  d'un  enseignement ywe7 
publiquement,  vous  aurez  un  enseignement  donné  dans  le  parliculier,  dans  le 
téte-à-léle,  vous  aurez  une  éducation  de  chambre  :  en  faut-il  davantage  pour  tuer 
l'enseignement  ? 

L'enseignement  sera  public  et  renseignement  ne  sera  pas  public ,  troisième  disposi- 
tion contradictoire  du  décret. 

Outre  ces  dispositions  contradictoires,  ce  décret  contient  des  dispositions  con- 
traires à  la  loi,  à  la  Constitution,  à  la  politique,  à  la  sage  économie  qui  doit  dis- 
penser la  fortune  publique. 

1°  Il  impose  à  tout  citoyen  et  citoyenne,  au  cas  d'infraction  de  la  loi,  la  peine 
d'une  amende  égale  au  quart  de  la  contribution  ;  et  cependant  une  multitude  de 
citoyens,  et  de  bons  citoyens,  ne  payent  point  de  contribution! 

2°  Il  prononce  dans  le  même  cas  récidivé  la  peine  de  la  dégradation  civique 
contre  les  femmes,  et  cependant  les  femmes  ne  jouissent  point  du  droit  de  citoyen, 
aux  termes  de  la  Constitution  1 

3°  Il  impose  l'obligation  définitive  d'obtenir  des  certificats  des  comités  de  sur- 
veillance, et  cependant  les  comités  de  surveillance  ne  sont  que  provisoires! 

k"  Il  est  de  la  bonne  politique  d'intéresser  le  plus  grand  nombre  d'individus 
au  maintien  des  lois;  et  cependant,  avec  trois  mots  de  loi,  il  réduit  au  désespoir 
vingt-cinq  mille  pères  de  famille!  ce  sont  les  maîtres  d'école  actuellement  exis- 
tants dans  chaque  conunune. 

5°  L'économie,  qui  doit  dis})enser  la  fortune  publique,  ne  l'emploie  qu'à  des 
objets  réels  ou  d'utilité  publique;  elle  les  paye  pour  les  avoir;  et  cependant  il  fait 
payer  l'absurde  ignorance  qu'au  moyen  du  premier  degré  d'instruction  il  va  ré- 
pandre sur  notre  territoire,  plus  de  quatre-vingts  millions  par  an! 

Je  crois  qu'en  voilà  assez  pour  démontrer  que  ce  décret  doit  être  rapporté. 
Cependant  je  veux  encore  faire  voir  que  ce  décret, qui  semble  consacrer  l'enseigne- 
ment forcé,  et  qui,  en  même  temps,  offre  à  tout  homme  la  facihté  d'être  l'insti- 
tuteur particuher  de  son  enfant,  est  peut-être  la  loi  la  plus  favorable  au  riche,  à 
l'aristocrate. 

De  deux  dispositions  contradictoires  qui  se  rencontrent  dans  une  loi,  chacun 
adopte  toujours  la  plus  conforme  à  ses  intérêts,  à  ses  desseins  :  ainsi,  chacun  se 
fera  le  précepteur  de  ses  enfants,  et  sera  encore  payé  pour  cela  par  la  Répu- 
blique. 

Et  qu'on  ne  me  dise  pas  qu'il  sera  possible  d'obvier  à  cet  inconvénient,  en 
forçant  ceux  qui  se  seront  donnés  pour  instituteurs  d'instruire  d'autres  enfants  que 
les  leurs;  car  vous  n'avez  aucun  moyen  de  coaction  dans  ce  cas-là;  et  vous  en 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  /iâl 

auriez,  que  vous  ne  pourriez  les  employer,  à  moins  rjue  d'être  les  ennemis  jure's 
(le  toute  science  dans  les  enfants  que  vous  voudriez  faire  instruire. 

Certainement  ceux  à  qui  il  sera  le  plus  facile  de  se  faire  eux-mêmes  instituteurs 
de  leurs  enfants  sont  les  riches,  les  aristocrates.  En  effet,  un  riche  qui  aura  reçu 
de  l'dducation  se  présentera  avec  avanlag-e  à  la  commun^,  au  comité  de  surveil- 
lance, et  en  ohtiendra  le  certificat  ne'cessaire  pour  être  instituteur:  tandis  que  ce 
même  cerliticat  sera  refusé  au  pauvre  qui  en  saura  bien  assez  pour  montrer  à  lire, 
mais  qui  n'aura  pas  cette  éloculion,  ces  manières,  cet  entregent  qui  séduiront 
longtemps  encore  ceux  qui  donnent  les  certificîits.  Voici  donc  une  loi  portée  contre 
les  aristocrates,  et  qui  ne  frappera  que  les  patriotes!  voici  donc  encore  une 
loi  portée  contre  les  riches,  et  qui  ne  frappera  que  les  pauvres!  voici  donc  les 
principaux  inconvénients  que  le  décret  voulait  faire  disparaître  de  Téducation, 
encouragés,  consacrés  par  ce  décret!  voici  donc  l'aristocratie,  le  royalisme,  ia  su- 
perstition en  mesure  de  combiner  leurs  poisons,  et  de  les  répandre  dans  la  Répu- 
blique ! 

On  me  dira  que  les  instituteurs  seront  forcés  par  la  surveillance  de  faire  ap- 
prendre les  livres  élémentaires.  Cela  est  bon,  si  la  surveillance  peut  avoir  lieu  à 
l'égard  de  chaque  instituteur,  (juand  tout  homme  sera  instituteur;  mais  je  veux 
que  cela  soit,  alors  tels  enfants  apprendront  bien  la  lettre  de  vos  livres,  et  l'on 
leur  insinuera  l'esprit  tout  contraire  à  cette  lettre  :  ils  seront  répu])licains  en  pa- 
roles pendant  tout  le  jour,  et  le  soir  ils  réciteront  la  prière  pour  le  roi! 

Et  pourquoi  toutes  ces  contradictions,  ces  inconséquences,  ces  absurdités  dans 
une  institution  de  la  plus  haute  importance?  Il  faut  le  dire  aussi,  les  circonstances 
ont  été  impérieuses  :  la  Convention  nationale,  longtem|)s  arrêtée  dans  sa  marche, 
dans  les  grandes  opérations  que  la  République  attendait,  s'est  trouvée  tout  à  coup 
pressée,  si  je  puis  le  dire,  par  le  pouvoir  et  par  la  nécessité  de  tout  faire:  et  l'in- 
struction publique  fut  un  des  objets  que  notre  impatience  ne  livrait  jamais  assez 
tôt  au  peuple  français.  Peuple!  c'est  notre  zèle  pour  ton  bonheur  et  pour  ta  gloire 
qui  nous  a  fait  errer  un  moment,  et  tu  n'as  pas  une  send)lable  faute  à  reprochera 
aucun  de  ceux  qui  furent  tes  rois.  C'est  ainsi  que  la  discussion  de  cet  objet,  (pii 
exigeait  toutes  les  lenteurs  de  la  sagesse,  cette  discussion  n'a  pas  pu  être  entière, 
profonde,  suivie  avec  constance. 

Quoi  qu'il  en  soit,  que  mettrons-nous  à  la  place  du  décret  du  3o  frimaire  {sic)'l 
Nous  le  trouverons  bientôt  en  écartant  de  la  discussion  tout  ce  qui  lui  est  étranger, 
tout  ce  dont  nous  sommes  d'accord  relativement  à  l'instruction  publique  et  à  l'éduca- 
tion. Nous  convenons  tous  que  l'instruction  publicpie  com|)rond  la  morale  pul)li(pi(\ 
l'action  du  gouvernement  sur  les  citoyens  (|uanl  aux  moyens  qu'il  doit  emplovtu' 
pour  se  faire  aimer  d'eux,  les  fêtes,  les  cérémonies  publicjues,  enlin  l'éducation 
des  enfants. 

Par  rapport  à  l'éducation  des  enfants,  nous  convenons  que  les  soins  de  la  Répu- 
blique doivent  s'(>ten(lre  jus(pi'aux  pères  et  mères;  que  les  ])ères  et  mèivs  cpii  ont 
des  mœurs  sont  les  |)his  [)ro[)res  à  élever  des  enfants  qui  seront  un  jour  dt  s  t;ens 
de  bien;  qu'en  rapprochant  les  enfants  de  la  nature  nous  en  ferons  plus  aisément 
des  républicains;  que»,  |)our  les  ra[)[)rocher  de  la  nature,  il  faut  encourajyer  les 
mères  à  les  allaiter  elles-mêmes;  que  ce  seul  moyen  suflirail  pour  (MiIrcItMiii-  dans 


422      PROCÈS -VERBAUX  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

les  mi^naji^es  les  sentiments  les  plus  chers  au  cœur  de  riioniine;  que  los  pères  et 
mères  doivent  ëlever  leurs  enfants  dans  Tamour  du  travail  et  de  la  simplicité,  dans 
riiorrour  du  mensonge,  des  rois  et  do  tout  pouvoir  arbitraire;  qu'il  faut  des  livres 
ëlëmenlaires  destines  à  rinstruclion  dos  pères  et  mères,  à  celle  dos  enfants,  à  celle 
dos  instilutours;  qu'il  faut  que  tous  nos  enfants  apprennent  à  lire,  à  e'crire,  h 
compter,  h  manier  les  armes,  à  nager;  qu'ils  soient  tous  en  état  de  gagner  leur 
vie  par  un  travail  quelcon(pie  à  l'âge  de  vingt  ans;  qu'enlin  l'enseignement  doit 
être  gratuit  et  public;  voilà  ce  dont  nous  sommes  tous  d'accord.  Mais  l'onseigne- 
mont  doit-il  olre  libre?  doit-il  être  forcé?  voilà  ce  sur  quoi  nous  différons  d'opi- 
nions faute  de  nous  otre  expliqués  :  expliquons-nous  donc. 

Si  nous  adoptons  la  liberté  indéfinie  de  l'enseignement,  voyons  ce  qui  en 
résultera.  Je  l'ai  dit,  tout  homme  et  même  tout  ignorant  pourra  alors  se  faire 
instituteur,  et  dépensera  en  pure  porte  l'argent  de  la  République.  Tout  homme 
pourra  se  faire  instituteur;  et  l'aristocrate  et  le  superstitieux  pourront  donner  au 
moins  par  leurs  exemples,  c'est  la  meilleure  manière  d'enseigner,  des  leçons  d'aris- 
tocratie et  de  fanatisme.  Alors  il  va  y  avoir  une  quantité  prodigieuse  d'instituteurs 
et  par  conséquent  une  prodigieuse  diversité  dans  les  heures  de  leçons,  dans  les 
jours  de  congé,  dans  la  manière  d'enseigner,  dans  les  soins  qu'on  aura  des  en- 
fants, dans  les  exemples  qu'on  leur  mettra  sous  les  yeux,  etc.,  et,  comme  je  le 
disais  aussi,  il  n'y  aura  aucun  caractère  de  publicité  dans  l'enseignement.  J'ajoute 
que  cet  enseignement,  ainsi  livré  au  caprice  de  chacun,  ne  présentera  aucun  en- 
semble qui  en  garantira  l'unité  qui  lui  est  si  essentielle,  aucune  idée  de  nécessité 
publique  pour  les  enfants.  Il  faut  aller  à  V  école  ;  car  voilà  riieure  :  vois-tu?  tous  les 
camarades  qui  y  vont.  Cet  argument  beaucouj)  plus  fort  qu'on  ne  pense ,  et  qui 
peut  avoir  de  si  grandes  conséquences  pour  toute  la  vie,  vous  perdez  l'occasion  de 
le  faire.  La  langue  française,  dont  il  est  si  important  d'étendre  l'usage  dans  sa 
pureté,  cette  langue  restera  encore  un  jargon  dans  plusieurs  parties  de  la  France; 
vous  aurez  encore  des  Gascons  vers  la  Garonne  et  des  Allemands  vers  le  Rhin. 
Les  néologies  les  plus  barbares  vont  s'introduire  dans  cette  langue  destinée  sans 
cela  à  étie  la  langue  de  l'univers.  Ce  seul  objet  mérite  la  plus  sérieuse  attention, 
et  le  dessein  do  populariser  la  langue  française ,  dessein  que  vous  venez  d'adopter^^\ 
rentre  dans  ma  pensée,  surtout  quand  je  vois  que  d'une  administration  à  l'autre 
on  ne  s'entend  pas,  tant  le  français  est  négligé;  su]'tout  quand  je  vois  jusque  dans 
la  rédaction  même  de  nos  décrets  se  glisser  les  fautes  les  plus  impardonnables 
telles  que  ce  solécisme  :  renseignement  sera  fait  publiquement.  On  fait  le  prône; 
mais  on  donne  l'enseignement  ou  l'instruction.  La  langue  française  doit  gagner  à 
la  Révolution,  puisqu'elle  se  nettoie  de  toutes  les  expressions  de  la  bassesse  roya- 
liste. Eh  bien!  je  vous  proteste,  moi,  qu'elle  deviendra  ])ientôt  inintelligible  si  la 
présomptueuse  ignorance  veut  l'enseigner;  et  sans  doute  ce  serait  ici  un  petit 
inconvénient  si  ceux  qu'il  entraîne  après  soi  n'étaient  pas  incalculables;  si  les 
hommes  pouvaient  s'entendre  entre  eux  en  parlant  un  langage  différent,  si  les 
habitudes  civiles,  et  le  gouvernement  qui  en  résulte,  si  la  moralité  même  pou- 
vaient être  absolument  les  mêmes  pour  des  hommes  qui  se  servent  seulement  de 

('^  Allusion  au  décret  du  8  pluviôse  (p.  368). 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  Un 

dialectes  différents;  si  enfin  le  pur  idiome  de  la  liberté  ne  devait  pas  préparer  la 
liberté  du  monde. 

Dans  tous  les  objets  d'enseignement  pour  un  grand  peuple  dont  le  gouverne- 
ment est  un  et  indivisible,  il  doit  y  avoir  un  premier  modèle,  un  prototype  à  la 
vue  duquel  toute  émulnlion  s'excite  et  s'encourage  :  où  sera-t-il  ce  modèle,  si 
chacun  peut  en  tout  définir  le  beau,  le  bon,  le  juste,  le  convenal)le,  llisité  à  sa 
mode!  et  si  déjà  vous  êtes  menacés  d'avoir  beaucoup  de  peine  à  trouver  vingt-cinq 
à  trente  mille  instituteurs  qui  aient  assez  de  sagacité  pour  saisir  oii  ils  sont  ce  bon, 
ce  beau,  combien  n'y  aurait-il  pas  plus  d'obstacles  à  trouver  dix  millions  de  ces 
instituteurs  privilégiés?  Les  livres  élémentaires  seront  là?  A  la  bonne  heure  :  mais 
qui  me  répond la  que  tous  ceux  qui  se  feront  instituteurs  pourront  se  les  procurer 
et  les  entendre  ? 

Pour  toutes  ces  raisons,  il  nous  est  donc  impossible  d'adopter  la  liberté  indéfinie 
de  l'enseignement. 

Devons-nous  adopter  l'enseignement  généralement  forcé?  l'enseignement  forcé 
par  des  peines  infamantes?  Oui,  si  vous  pouvez  donner  des  entrailles  à  tous  les 
instituteurs;  oui,  si  vous  pouvez  fermer  vos  oreilles  et  vos  cœurs  aux  cris  de  la 
nature  qui  réclamerait  contre  votre  barbare  institution;  oui,  si  vous  pouvez  faire 
qu'en  toutes  circonstances  les  instituteurs  soient  plus  instruits  que  les  pères; 
oui,  si  vous  pouvez  donner  brusquement  h  tous  les  enfants  les  mêmes  habiludos 
physiques  et  morales,  et  s'il  n'est  pas  de  la  sagesse,  de  la  République  de  faire 
quelque  attention  à  la  manière  différente  dont  ils  ont  été  élevés  jusqu'à  ce  jour; 
oui  enfin,  si  vous  vouiez  tuer  dans  nos  enfants  la  moitié  de  la  génération  fu- 
ture. Mais,  comme  il  n'y  a  pas  une  seule  de  ces  suppositions  qui  ne  fasse  horreur 
ou  pitié,  il  s'ensuit  que  nous  ne  devons  pas  adopter  l'enseignement  généralement 
forcé. 

Que  faire  donc?  Que  fîiire?  Trouver  dans  l'état  présent  des  choses  des  movens 
de  le  perfectionner,  et  ne  pas  s'obstiner  à  chercher  la  panacée  des  vices  de  notre 
présente  éducation  dans  une  généralité  métaphysique,  dans  un  grand  principe, 
((ui,  connue  tout  autre,  pris  selon  toute  son  étendue,  aboutit  aux  abîmes  de  l'ab- 
surdité. 11  faut  que  l'enseignement  soit  libre  de  manière  seulement  à  être  utile  à 
la  Ré[)ublique,  de  manière  à  ne  pas  cesser  d'être  enseignement;  il  faut  que  l'édu- 
cation soit  doucement  forcée;  et  c'est  à  nous,  législateurs,  d'allier  dans  celle 
grande  circonstance  une  violence  agréable  avec  une  liberté  (pii  plaîl.  Pour  par- 
venir à  ce  but,  commençons  par  ne  pas  confondre  les  termes.  LenscigiuMneiit 
n'est  pas  l'éducation.  L'enseignement  dont  il  est  ici  question  est  la  manière  de 
donner  à  nos  eiifants  la  science  jugée  nécessaire  pour  devenir  des  hommes  libres. 
Il  se  rapporte  directement  aux  lumières  de  i'espril. 

L'éducation  républicaine  est  l'art  naturel  el  social  de  s'occuper  des  «Mifanis, 
même  avant  leur  naissance,  de  les  soigner,  pour  ainsi  dire,  dans  rendu-yon  de 
l'espèccî,  de  faciliter  leur  V(Muie  au  monde,  de  [)ourvoir  à  tous  l«»urs  bt'soins,  de 
|)rotéger  le  dév(^loppement  de  leui's  forc(^s,  de  Iimii- adresse,  dr  concouiir  avec  la 
nature  au  perfectionnement  de  k'urs  organes,  ii  lout  ce  (pii  piuil  liuir  (ionin-r  l<^s 
habitudes  franches  de  la  liberh'.  L'éducation ,  connue  on  v(u(,  so  ra|)porle  plus 
parliculièr(Mnent  au  corps  (juà  I'espril  de  r(Md"an(  ;  ol  il  serait  bien  à  souhaiter  (pie 


im      PROCES -VERBAUX  DU  COMITE  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

les  pères  et  mères  n'oubliassent  jamais  celte  vérité  si  importante  aux  enfants 
qu'avant  d'avoir  de  res])ril  il  faut  premièrement  avoir  un  corps. 

Ces  défiuitions  de  l'éducation  et  de  l'ensei}}nement,  une  fois  adoptées,  nous 
aideront  à  trouver  les  v('ril('s  (juc  nous  cherchons. 

Si  J'édiicatiou  se  rapporte  ])lus  particulièeinenl  au  physique  des  enfants,  et 
doit  s'en  saisir  dès  avant  leur  naissance,  le  concours  des  pères  et  mères,  celui  des 
mères  surtout,  est  indispensable  à  l'éducation  ;  c'est  la  nature  qui  dit  cela;  cela  est 
donc  vrai.  Les  pères  et  mères  ne  doivent  point  élre  éloi^jnés  de  l'éducation  de 
leurs  enfants;  car  la  nature  nous  dit  encore  (pie,  tandis  ([ue  l'homme,  plus  fort, 
plus  robuste  que  la  femme,  travaille  pour  j]-agner  le  pain  comnum  du  ménaj^-e, 
la  femme,  plus  faible,  mais  aussi  pourvue  d'ini  tact  plus  délicat,  plus  douce 
dans  ses  manières,  plus  ostensiblement  sensible,  plus  adroitement  adroite,  pro- 
dip;ue  à  leurs  enfants  des  soins  qui  les  acquittent  tous  deux  de  la  ])lus  charmante 
des  obligations. 

L'éducation  qui  connaît  par  pratique  toutes  les  dispositions  de  l'enfant,  qui 
épie  ses  goûts  et  ses  habitudes ,  qui  se  moditie  selon  ses  besoins  particuliers ,  qui 
saisit  le  premier  battement  de  son  cœur,  et  dirige  en  quelque  sorte  son  indivi- 
dua1il(',  ne  peut  pas  être  générale,  uniforme,  absolument  semblable  pour  tous 
les  enfants. 

L'éducation  donne  à  l'enfant  les  premières  notions  et  quelques  idées  de  ce 
qu'il  devra  apprendre  dans,  la  suite  par  l'enseignement.  Elle  lui  donne  ces  idées 
ne  fût-ce  que  par  les  occasions  qu'ont  les  enfants  de  voir  sans  cesse  leur  père 
remplir  les  devoirs  de  ciloyen,  ne  fût-ce  que  par  le  plaisir  d'imiter  qui  leur  est 
si  naturel.  Ne  les  voit-on  pas  aujourd'hui  faire  l'exercice  du  fusil  avec  un  bâton, 
battre  la  caisse  sur  tout  ce  qu'ils  ont  à  leur  disposition,  se  ranger  et  marcher 
comme  des  soldats  ?  Les  mères  sont  toujours  là  tremblantes  qu'il  n'arrive  quelque 
accident;  et  c'est  ainsi  que  celui  dont  le  bras  vigoureux  repoussera  un  jour  les 
ennemis  de  la  République  croît  et  s'élève  par  elle  sous  les  yeux  de  la  nature. 

On  peut  donc  seulement  éclairer  l'éducation  par  quelques  instructions  relatives 
à  l'enseignement;  mais  les  principaux  objets,  les  soins  essentiels  de  l'éducation 
appartiennent  aux  pères  et  mères.  Comment  donc  l'éducation  pourrait-elle  être 
forcée?  cela  est  impossible. 

Si  l'enseignement  est  la  manière  de  donner  aux  enfants  la  science  jugée  néces- 
saire pour  devenir  des  hommes  libres,  il  y  a  distinction  à  faire  entre  l'enseigne- 
ment et  son  objet.  Sans  doute,  tout  ce  qui  constitue  la  science  de  l'homme  libre 
doit  être  absolument  commun  à  tous  les  citoyens  de  la  République.  Ici  point  d'ex- 
ceptions,  point  de  grâces,  nuls  égards  :  punissez  par  le  mépris  public  et  par  la 
nullité  celui  qui,  à  un  certain  âge,  ne  connaîtra  ni  les  devoirs  ni  les  droits  du 
citoyen;  cela  est  bon,  juste  et  avantageux  à  la  République  et  à  l'individu  même 
que  l'on  force,  malgré  lui,  d'être  un  homme.  Là  où  l'ignorance  est  un  crime, 
l'intérêt  pubhc,  la  volonté  générale  interrogent  pour  s'assurer  de  la  science  :  mais, 
si  je  suis  instruit,  que  vous  importe  comment  je  le  suis  devenu?  Que  vous  im- 
porte, dès  que  je  sais  les  livres  élémentaires,  la  Constitution,  que  j'aie  conunencé  à 
les  apprendre  hier  ou  aujourd'hui,  par  la  fin  ou  par  le  frontispice?  Si  j'ai  une  mé- 
moire tout  au  rebours  des  autres,  est-ce  ma  faute?  et,  dans  un  pays  libre,  ne 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  ^25 

(levez-vous  pas  respecter  mon  individuelle  liberté  qui  choisit  ses  meilleurs  moyens 
d'obe'ir  à  la  loi  ?  C'est  de  mes  lumières  que  vous  avez  besoin  et  non  pas  des  dif- 
férentes routes  que  mon  esprit  a  parcourues  pour  s'éclairer. 

L'enseignement  aura  toujours  été  bon,  quand  tous  les  citoyens  seront  instruits. 
Vous  devez  donc  laisser  à  chacun  la  liberté  d'apprendre  conmie  bon  lui  semble; 
mais  vous  devez  vous  assurer  que  tous  les  citoyens  sont  instruits  :  il  est  de  votre 
devoir  de  faire  en  sorte  que  tous  aient  également  la  facilité  de  s'instruire;  car 
l'instruction  est  la  dette  de  la  patrie  envers  tous  les  citoyens.  Voici  donc  à  quoi  se 
réduit  la  question  de  l'enseignement,  par  rapporta  tous  les  citoyens  en  général  : 
1°  La  Républi{jue  doit  salarier  des  instituteurs  pour  tous  les  enfants  dont  les  pères 
n'ont  pas  la  facilité  de  procurer  l'enseignement  :  laisser  par  conséquent  subsister 
et  perfectionner  les  écoles  dans  les  endroits  oii  il  y  en  a,  et  en  établir  dans  les 
endroits  où  il  n'y  en  a  pas;  9°  Laisser  à  chacun  le  droit  naturel  d'instruire  son 
enfant  a  sa  manière;  3" La  République  doit  s'assurer  qu'en  effet  les  enfants,  élevés 
de  quelque  manière  que  ce  soit,  sont  instruits;  et,  pour  parvenir  à  cette  certitude, 
elle  a  les  examens  qu'il  faut  que  chacun  subisse  avant  de  jouir  du  droit  de  citoyen. 
Ces  examens  sont  des  moyens  simples,  qui  peuvent  être  employés  à  certains  jours 
dont  on  ferait  des  fêtes  dans  les  communes.  C'est  en  effet  pour  la  République  un 
sujet  de  joie  que  l'occasion  d'augmenter  le  nombre  de  ses  enfants. 

Si  vous  voulez,  comme  cela  est  juste,  confondre  tous  les  enfants,  les  accou- 
tumer à  fraterniser,  établir  entre  eux  l'égalité  de  droits  par  l'égahté  de  fait, 
instituez  des  concours  pour  des  récompenses  qui  seront  décernées  à  tous  les  en- 
fants; que  les  jours  de  congé,  de  récréation,  soient  les  mêmes  pour  tous;  qu'ils 
se  livrent  tous  ensemble  à  des  jeux  communs,  sous  les  yeux  des  pères  et  mères 
de  famille.  Indiquez  des  rendez-vous,  et  je  vous  garantis  cpie  l'aristocrate,  tou- 
jours soigneux  de  la  forme,  y  enverra  ses  enfants  les  prenners.  Que  vous  inq)or- 
tent  les  motifs  du  père?  Amusez  les  enfants  aujourd'hui,  promettez-leur  du  plaisir 
pour  la  prochaine  décade,  et  bientôt  leurs  jeunes  cœurs  appartiendront  à  la  Répu- 
blique. 

Si  l'on  veut  ajouter,  à  ces  moyens  de  les  confondre,  les  moyens  tirés  delà 
science  du  gouvernement,  faites  que  la  meilleure  instruction,  celle  qui  sera  le 
plus  profitable  aux  enfants,  soit  celle  que  l'on  donnera  dans  les  écoles  publiques. 
Ne  négligez  lien  pour  la  propreté,  l'entretien,  la  décoration  même  de  ces  écoles, 
bannissez-en  les  mauvais  traitements,  dont  on  en  accable  depuis  si  longtenq)s 
l'enfance,  et  vous  verrez  bientôt  les  pères  s'empresser  d'y  envoyer  leurs  enfants. 

L'enseignement  doit  donc  être  lihrc  dans  ses  moyens,  et  il  ne  doit  ])as  être 
libre  dans  son  objet.  Il  doit  être  libre  en  ce  que  chacun  doit  avoir  le  droit  d'in- 
struire lui-même  ses  enfants.  11  ne  peut  pas  être  libre,  en  ce  cpi'il  n'est  j)as  indif- 
férent à  la  Républicjue  que  les  enfants  arrivés  à  un  certain  âge  ne  sachent  que 
telle  ou  tell(»  chose;  et  si  la  R('publi(pie  doit  prendre  (pit'Kpies  mesures  poui" 
forcer  les  par.Mits  à  envoyer  leuis  enfants  à  IVcole  publicpie,  ces  mesui"(^s  doivent 
être  celles  de  la  douceur,  de  la  persuasion,  el  nyn  pas  celle  d'une  contrainte  ridi- 
cule et  bai'bare  avec  des  Français. 

Citoyens,  c'est  de  la  réunion  des  vérités  (pu»  j(^  viens  de  dire  aux  vérités  tlont 
nous  sonmies  tous  d'acconl  sui*  l'inslruclion  publiipie,  siu*  l't^ducation .  sin*  l'en- 


/i26      PROGKS-VERBAUX  DU  COMITE  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

seignement,  ({ue  se  forme  à  mes  yeux  le  seul  système  d'enseignement  qui  con- 
vienne à  la  R('[)ubliquo. 

J'observe  que,  par  raj)|)ortà  l'instruction  publique  qui,  flans  nos  circonstances  , 
est  rensemble  des  moyens  que  le  gouvornomeiil  doit  enq)loyer  pour  se  faire  aimer 
des  hommes,  toutes  nos  pensées  sont,  pour  ainsi  dire,  en  réquisition. 

J'observe  que,  [)ar  rap[)ort  à  l'dducation ,  les  livres  éle'mentaires  que  vous  avez 
décrétés  à  l'usage  des  pères  et  mères  mettront  probablement  en  évidence  tout 
le  physique  de  l'éducation,  et  même  sa  moralité,  ensorte  qu'il  semble  que  nous  ne 
devions  phis  nous  occuper  que  du  matériel  de  l'enseignement;  cependant  je 
ne  crois  pas  que  l'on  puisse  séparer  tout  à  fait  l'enseignement  de  son  but  moral, 
et  c'est  dans  cet  esprit  que  j'ai  conçu  plusieurs  articles  du  projet  de  décret  que  je 
vous  présente. 

J'observe  encore  que  mon  système,  qui  consiste  à  laisser  les  écoles  où  il  y  en  a, 
et  à  en  établir  où  d  n'y  a  pas,  qui  garantit  pour  toute  la  République  l'unité,  la 
publicité,  la  généralité  commune  de  l'instruction,  qui  laisse  aux  pères  et  mères 
le  droit  d'instruire  eux-mêmes  leurs  enfants,  et  cependant  réunit  tous  les  enfants 
(juelconques,  de  manière  à  en  faire  de  vi'ais  républicains;  qui  est  d'une  exécution 
d'autant  plus  facile  qu'il  est  aux  trois  quarts  exécuté;  qui  arrache  à  la  misère  et 
au  déses|)oir  vingt-cinq  mille  pères  de  famille;  qui  enfin  établit  la  seule  liberté 
raisonnable  de  l'enseignement,  ne  coûtera  pas  à  la  République  la  moitié  fie  ce 
(pie  coûterait,  s'il  était  possible  de  l'exécuter,  le  décret  que  j'ai  combattu. 

PROJET    DE    DÉCRET. 

La  Convention  nationale  rapporte  son  décret  du  3o  frimaire (.S2c)  relatif  à  l'or- 
ganisation de  l'instruction  publique,  et,  déclarant  à  tous  les  Français  cjue  les  prin- 
cipaux devoirs  des  parents  envers  leurs  enfants  sont  de  leur  inspirer  tle  bonne 
heure  le  goût  du  travail  et  de  la  simplicité,  le  courage  des  actions  vertueuses, 
l'amour  de  la  République,  l'horreur  du  mensonge,  de  l'ignorance  qui  mène  à 
l'esclavage,  la  haine  des  rois  et  tle  tout  pouvoir  arbitraire,  elle  décrète  ce  qui 
suit  : 

Article  premier.  Les  écoles  publif|ues  actuellement  existantes  dans  chaque 
commune  seront  conservées,  et  il  en  sera  établi  de  semblables  dans  toutes  les 
communes  ou  sections  de  communes  qui  en  seront  susceptibles. 

Art.  2.  Il  sera  pourvu  par  la  Convention  nationale,  sur  les  demandes  et  obser- 
vations des  communes,  à  ce  que  les  bâtiments  destinés  à  ces  écoles  soient  sains  et 
commodes. 

Art.  3.  Il  y  aura  dans  chaque  commune  ou  flans  chaque  section  de  commune 
qui  en  seront  susceptibles  une  école  publique  pour  les  garçons  et  une  école  pu- 
blique pour  les  filles. 

Art.  U.  Les  enfants  ne  seront  ploint  admis  dans  les  écoles  pubhques  avant  l'âge 
de  six  ans,  et  ils  y  seront  envoyés  avant  l'âge  de  huit  ans. 

Art.  5.  On  enseignera  dans  ces  écoles  aux  enfants  mâles  à  lire,  à  écrire,  à 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  427 

comptci';  on  leur  fera  apprendre  les  livres  e'Ie'menLaires  destine's  à  leur  usage  et  la 
Constitution  de  la  République  française. 

Art.  6.  On  enseignera  aux  filles  à  lire,  à  écrire,  à  compter,  à  coudre,  à  filer, 
et  elles  apprendront  les  livres  élémentaires  destinés  à  leur  usage. 

Art.  7.  Toutes  corrections  physiques  sont  expressément  bannies  des  écoles, 
quelles  qu'elles  soient,  et  même  des  maisons  d'apprentissage. 

Art.  8.  Jl  y  aura  dans  chaque  commune  ou  section  de  commune  un  instituteur 
pubhc  et  une  institutrice;  l'instituteur  sera  logé  et  recevra,  en  outre,  un  traitement 
proportionné  à  celui  des  anciens  maîtres  d'école.  L'institutrice  sera  logée  et  recevra 
en  outre  un  traitement  de  trois  cents  livres  par  an. 

Art.  9.  La  proportion  du  nombre  de  citoyens  pour  l'établissement  d'une  école 
publi([ue  sera  celle  des  communes  les  moins  peuplées  de  celles  où  il  y  a  déjà  de 
ces  sortes  d'établissements. 

Art.  JO.  Il  sera  pourvu  à  l'enseignement  dans  les  plus  petites  communes,  soi! 
en  y  établissant  des  instituteurs  à  raison  de  cinq  cents  livres  par  an,  soit  on  accor- 
dant à  l'instituteur  public  de  la  commune  la  plus  voisine  un  traitement  de  surcroît, 
pour  aller,  à  des  jours  fixés  selon  les  commodités  locales,  enseigner  dans  ces  com- 
munes. 

Art.  11.  Ceux  des  maîtres  d'école  actuellement  existants  qui  voudront  être 
conservés  avec  le  titre  d'instituteurs,  et  ceux  qui  se  destineront  à  cette  fonction, 
seront  tenus  de  subir  devant  la  municipalité  et  le  Conseil  général  de  la  comnume 
un  examen  sur  tout  ce  ({u'ils  devront  enseigner  aux  enfants.  11  eu  sera  de  même 
pour  les  institutrices. 

Art.  12.  Les  instituteurs  et  les  institutrices  seront  nommés  par  la  municipalité, 
sur  la  présentation  de  la  majorité  absolue  des  pères  de  famille,  et  leur  examen 
aura  lieu  entre  la  présentation  et  la  nomination. 

Art.  13.  Les  instituteurs  et  les  institutrices  sont  sous  la  surveillance  inmiédiate 
des  municipahtés ,  et  sous  la  surveillance  des  citoyens. 

Art.  1/i.  Ceux  des  instituteurs  ou  institutrices  qui  se  permettraient  des  mauvais 
traitements  envers  leurs  élèves  seront  destitués  par  la  numicipalit(\  sur  le  témoi- 
gnage de  deux  pères  de  famille. 

Art.  15.  Ceux  des  instituteurs  ou  institutrices  qui  enseigneraient  des  maximes 
contraires  aux  lois  et  à  la  morale  ré[)ublicaine  seront  punis  connue  contre-n'volu- 
lionnaires,  ainsi  que  ceux  qui  outrageraient  les  mœurs  publi(|ues. 

Art.  16.  Dans  chaque  commune  ou  section  de  connnuiie,  lui  ciloyen  choisi  [)ar 
la  nmnici  pâli  té  enseignera  aux  gaiçons  le  numiement  des  armes,  et,  à  certains 
jours  marqués,  tous  les  enfants  de  la  comnume,  élevés  quelque  part  <[ue  ce  soil, 
feront  les  exercices  ensemble. 

Art.  17.  11  sera  aussi  ('(abli  une  école  de  natation  dans  clia([ue  coiniiiunc  (|iii 
en  sera  susceptible. 


/i28      PROCÈS -VERBAUX  DU  COMITE  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

Art.  18.  11  sera  dislribné  annuelloinent  des  prix  aux  enfants  de  tous  les  citoyens 
sans  oxce])tion.  (|in,  dans  quelque  école  que  ce  soit,  au  jugement  de  la  majorité 
absolue  des  pères  de  famille,  ayant  fait  des  progrès  dans  leurs  études,  auront  eu 
le  phis  d'assidu it(>  au  ti'avail  ou  aux  exercices  de  corps,  relatifs  à  l'agriculture  ou 
aux  iiiéliers  (Tulililé  première. 

Ces  prix  consisteront  en  livres  élémentaires  et  exemplaires  de  la  Constitution, 
et,  dans  une  fête  instituée  h  cet  effet,  les  enfants  les  recevront  du  maire  de  la 
comnume.  Ceux  qui  auront  mérité  pour  prix  un  exemplaire  de  la  Constitution 
le  recevront  en  mettant  un  genou  en  terre  [)our  marquer  le  respect  dû  à  la  loi. 

Il  y  aura  aussi  des  [)rix  pour  les  tilles  qui  auront,  au  jugement  des  mères  de 
famille  recueilli  par  la  munici|)ali(é,  montré  le  plus  d'application  aux  travaux 
de  leur  sexe,  qui  se  seront  rendues  le  plus  utiles  à  leurs  mères  où  à  leurs  parents. 

(iCS  prix  consisteront  en  ajustements  simples ,  en  tourets,  en  rouets  h  filer,  etc.; 
ils  leur  seront  délivrés  en  présence  de  la  nmnicipalité,  par  la  plus  Agée  des  mères 
de  famille. 

Art.  19.  Les  jours  de  congé  ou  de  récréation  seront  les  mêmes  pour  toute  la 
République,  autant  que  les  localités  le  permettront,  et  tous  les  enfants  élevés  soit 
aux  écoles,  soit  chez  leurs  parents,  soit  chez  des  instituteurs  particuliers,  seront 
confondus  ensemble  ets'occu[)erontdejeux  communs  sous  la  surveillance  des  pères  , 
mères,  tuteurs,  curateurs  et  instituteurs. 

Art.  20.  Ceux  des  pères,  mères,  tuteurs,  curateurs  ou  instituteurs  qui,  sans 
excuse  jugée  légitime  par  la  municipalité,  n'enverraient  point  leurs  enfants  ou  leurs 
élèves  soit  aux  exercices  militaires,  soit  aux  concours  pour  les  prix,  soit  aux  dis- 
tributions de  ces  mêmes  prix ,  soit  enfin  aux  récréations  publiques ,  seront  déclarés 
suspects  et  traités  comme  tels. 

Art.  21.  Tout  jeune  homme,  riche  ou  pauvre,  qui,  à  l'âge  de  vingt  ans  ac- 
comphs,  ne  sera  pas  en  état  de  gagner  sa  vie  par  un  travail  quelconque,  à  moins 
qu'il  n'y  ait  eu  pour  lui  impossibilité  physique,  ne  sera  point  inscrit  sur  la  liste 
des  citoyens.  Il  en  sera  de  même  de  ceux  qui,  au  même  âge,  seraient  dans  l'igno- 
rance absolue  de  la  Déclaration  des  droits  et  de  la  Constitution  française.  Les  uns 
et  les  autres  seront  privés  pour  dix  ans  de  l'exercice  du  droit  de  citoyen,  et  ne 
pourront  être  réhabilités  qu'après  s'être  mis  en  état  d'obéir  à  la  loi. 

Art.  22.  Il  est  permis  h  tout  citoyen  d'établir  et  d'organiser  des  maisons  d'en- 
seignement, d'ouvrir  des  cours,  etc.,  pourvu  qu'il  donne  ses  leçons  en  public. 

Art.  23.  Il  sera  nommé,  par  la  Convention  nationale  et  dans  son  sein,  une 
Commission  de  huit  membres,  chargée  spécialement  de  l'exécution  du  présent  dé- 
cret; celle  Commission  correspondra  directement  avec  les  municipalités  pour 
prendre  tous  les  renseignements  relatifs  à  la  conservation  ou  à  l'établissement  des 
écoles  primaires,  et,  sur  son  rapport,  il  sera  définitivement  statué  par  la  Conven- 
tion nationale. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  /i29 

CENT   QUATRE-VINGT-QUINZIÈME   SÉANCE. 

Du  19  pluviôso  ;»n  11.  [7  levrior  179'».] 

Le  citoyen  Aubry  est  admis;  il  présente  au  nom  de  la  Société  po- 
pulaire de  la  Ferté-sur-Aube  un  projet  sur  les  fêtes  décadaires;  il  en 
donne  lecture.  Il  est  renvoyé  à  iMatliieu  ^^K 

Romme  présente  un  projet  de  décret  pour  faire  autoriser  le  ministre 
de  l'intérieur  à  faire  transférer  au  Louvre  la  pendule  qui  est  aux  ci- 
devant  Menus,  par  le  citoyen  Janvier,  après  qu'il  l'aura  décimalisée. 
Ce  projet  est  adopté  : 

Le  ministre  de  l'intérieur  est  chargé  de  faire  placer  dans  un  lieu  apparent  du 
Vieux  Louvre  riiorlog-e  construite  par  Janvier,  qui  est  dans  TEcole  do  doclanialion, 
rue  Poissonnière,  après  qu'elle  aura  été  décimalisée  pai-  son  auteur.  Le  Comité 
d'instruction  publique  veillera  à  l'exécution  prompte  de  ce  décret  ^^^ 

Le  même  membre  présente  un  projet  de  décret  pour  appeler  tous 
les  artistes  de  la  République  à  concourir  pour  la  solution  de  plusieurs 
questions  relatives  à  l'organisation  décimale  des  montres  et  des  pen- 
dules : 

Article  premier.  Les  artistes  de  la  République  sont  appelés  à  concourir  pour  la 
solution  des  questions  suivantes  : 

Première  question.  Quelle  est  l'organisation  la  plus  simple,  la  plus  solide,  la 
moins  coûteuse  à  donner  aux  montres  de  poche,  aux  pendules,  aux  horloges, 
pour  mesurer  ensemble  ou  séparément  les  différentes  parties  du  jour  (|ui,  par  le 
décret  du  h  frimaire,  est  divisé  en  dix  heures,  chaque  heure  en  dixièmes,  centièmes, 
millièmes  et  dix-millièmes?  Et  quelle  est  la  meilleure  manière  de  les  indi(pier,  soit 
par  le  cadran,  soit  par  la  sonnerie  ? 

Deuxième  queslioit.  Quel  est  le  changement  le  plus  prompt,  le  plus  simple,  le 
plus  sur  et  le  moins  coûteux  à  faire  aux  anciennes  montres,  pendules,  hoiloges, 

^'^  Nous  n'avons  pas  trouvé  le  projet  de  91;  rassemblée  passa   à   Tonliv  du  jour, 

la  Société  populaire  do  la  Ferté-sui'-Aulte.  ff  motivé  sur  ce  que  le  Couiité  d'instruction 

Mathieu  présentera  au  Comité   un  projet  puldique  est  autorisé  à  taire  ce  qu'il  pro- 

de  décret  le  9  ventôse  (p.  5o5).  posen    (Procès-verhal    de    la   Convention, 

^'^  Le  texte  de  co  projet  de   décret    no  I.  \\\l,  p.   i'M\).  Il  sera  de  nouveau  parlé 

li{fure  (pi'au    registi-e.  Il  lut  présoult'  par  de»    rii«>rlo|n'     des    MtMui><    le    -U)    pluviôse 

llonnne  à  la  Convention  le  surlendeuiaiu  [\).  !i(nj). 


'i30      PROCÈS -VERBAUX  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

pour  leur  faire  marquer  à  la  fois  ranciemie  et  la  nouvelle  division  du  joui-,  ou  seu- 
lement la  nouvelle  division? 

Art.  2.  La  première  question  comprend  la  détermination  du  nombre  le  plus 
convenable  de  vibrations  à  faire  battre  au  rc'gulateur,  pour  donner  au  mouvement 
une  marclie  uniforme  et  constante,  et  atténuer,  autant  qu'il  est  possible,  les  causes 
de  variations. 

Dans  la  solution  de  ces  questions,  on  n'aura  ëgard  qu'au  temps  moyen. 

Art.  3.  Le  concours  sera  ferme  au  i^'  messidor  prochain. 

Art.  h.  Les  mémoires,  plans,  calculs,  modèles,  mouvements  ou  pièces  d'horlo- 
gerie destinés  au  concours  seront  envoyés  au  Comité  d'instruction  publique. 

Art.  5.  Sur  la  présentation  de  ce  Comité,  la  Convention,  après  l'ouverture  du 
concours,  nommera  un  jury  pour  le  juger,  et  fixera  par  un  décret  le  mode  du  juge- 
ment. 

Art.  6.  Les  quatre  concurrents  qui,  au  jugement  du  jury,  auront  le  mieux  ré- 
solu les  questions  proposées,  recevront,  selon  le  mérite  de  leurs  inventions,  savoir  : 
le  premier  3,ooo  livres;  le  deuxième  2,5oo  livres;  le  troisième  2,000  livres;  le 
quatrième  i,5oo  livres,  à  prendre  sur  les  fonds  destinés  à  l'encouragement  des 
arts. 

Art.  7.  Ces  quatre  concurrents  seront  en  outre  chargés  de  construire  chacun 
une  horloge  à  grande  sonnerie  ;  ces  quatre  horloges  seront  examinées  et  estimées 
par  un  nouveau  jury;  celle  qui  sera  jugée  la  meilleure,  sous  le  rapport  de  l'art, 
sera  placée  au-dessus  de  la  Maison  nationale  consacrée  aux  séances  des  repré- 
sentants du  peuple ,  les  trois  autres  dans  les  édifices  publics  qui  seront  indiqués  par 
un  décret  ^^^. 

Art.  8.  La  Convention,  sur  le  rapport  de  son  Comité  d'instruction  publique, 
statuera  ultérieurement  sur  les  moyens  de  faire  profiter  promptement  toute  la  Ré- 
publique des  résultats  de  ce  concours. 

Art.  9.  Les  objets  envoyés  au  concours  seront,  après  le  jugement,  rendus  à 
ceux  à  qui  ils  appartiennent,  sur  la  demande  qu'ils  en  feront  ^^^. 


('^  Par  un  décret  du  à  juillet  1798 
(voir  t.  II,  p.  368),  la  Convention  avait 
déjà  ordonné  de  placer  dans  le  pavillon  de 
l'Unité  une  horloge  de  Lepaute,  et  d'instal- 
ler dans  la  salle  de  ses  séances  une  pendule 
du  même  artiste. 

(^)  Le  texte  de  ce  projet  de  décret  ne 
figure  qu'au  registre.  L'origine  du  concours 
pour  la  meiliourc  manière  de  décimaliser 
les  montres  et  liorloges  anciennes  se  trouve 
dans  un  décret  du  5  octobre,  ordonnant  la 
construction  d'une  pendule  décimale.  Le 


Comité  avait  nommé  le  même  jour  Ronune 
et  Arbogast  commissaires  pour  rédiger  le 
programme  d'un  concours  entre  les  artistes 
(t.  II,  p.  570).  La  question  revint  à  l'ordre 
du  jour  ie  16  du  premier  mois  (p.  597). 
Le  8  frimaire,  à  l'occasion  de  l'envoi,  par 
l'horloger  Firstenfelder,  d'une  montre  dé- 
cimale, la  Convention  chargea  le  Comité 
d'examiner  s'il  serait  utile  d'ouvrir  un  con- 
cours «pour  appeler  l'attention  des  artistes 
sur  la  nouvelle  division  du  jour  57 ,  et  Romme 
fut  nommé  rapporteur.  Le  projet  de  décret 


DE  LV  CONVENTION  NATIONALE. 


^31 


Un  membre  demande  que  le  Comité  s'occupe  de  la  composition 
d'un  livre  élémentaire  à  l'usage  des  marins;  le  Comité  arrête  que  les 
citoyens  Bouquier  etBoutroue  sont  nommés  commissaires  pour  s'occuper 
de  cet  objet  ^^'. 

Mathieu  propose  d'accorder  au  citoyen  Famin  l'objet  de  sa  de- 
mande ^^\  vu  le  décret  rendu  qui  l'autorise  à  continuer  son  cours 
gratuit  de  physique  à  la  maison  dite  d'Egalité^^l  Sur  ce  motif,  le  Co- 
mité adopte  la  proposition,  en  la  renvoyant  pour  l'exécution  à  la 
Commission  des  arts  ^*l 

Le  citoyen  Delisle  fait  hommage  d'un  ouvrage  intitulé  Calcul  des 
décimales  appliqué  aux  différentes  opérations  du  commerce,  etc.  Le  Comité 
arrête  que  cet  ouvrage  sera  déposé  dans  sa  bibliothèque  et  qu'ex- 
trait du  procès-verbal  sera  envoyé  au  citoyen  Delisle. 

Bouquier  donne  lecture  d'un  rapport  et  d'un  projet  de  décret  sur 
les  degrés  supérieurs  d'instruction  publique;  la  discussion  est  ajournée 
à  la  prochaine  séance  ^^K 


transcrit  ci-dossus  et  adopté  par  le  Comité 
lïil  présenté  par  liomme,  ie  surlendemain 
ai,  à  la  Convention  qui  l'adopta  sans  chan- 
gement. (Procès-verbal  de  la  Convention, 
t.  XXXI,  p.  i3o.)  A  partir  de  ce  moment, 
le  Comité  va  commencer  à  recevoir  des 
modèles  de  monties  et  d'horloges  qui  lui 
seront  envoyés  pour  le  concours. 

('^  Dans  la  séance  du  12  pluviôse,  Jean- 
bon  Saint- André ,  de  retour  de  Brest ,  avait 
présenté  à  la  Convention  un  rapport  sur  la 
mission  dont  il  avait  été  cliargé  avec  Prieur 
de  la  Marne  pour  la  réorganisation  de  la 
flotte.  Sur  sa  proposition,  la  Convention,  le 
16  pluviôse,  adopta  quatre  décrets,  dont 
le  premier  était  relatif  à  rétablissement  d'un 
cours  d'instruction  sur  les  vaisseaux  de  la 
République.  Nous  donnons,  à  l'annexe  A 
(p.  fi^h),  quelques  indications  sur  le  rap- 
port de  Jeanbon  Saint-André,  avec  le  texte 
du  décret  sur  les  instituteurs  de  la  marine 
C'est  en  exéculion  de  co.  décret  que  le 
(îomité  d'instruclion  publi([ue  s'occupe,  le 
19  pluviôse,  de  la  conq)osilion  d'un  livre 
élémentaire  à  l'usage  des  marins.  Pour  la 
suite, voir  la  séance  du  1Î7  pluviôse  (p.  'iGG). 

^'■•^    \  oir  la  séance  du  1  ',\  [)luviôse  (  p.  389). 


(^)  Ce  décret  est  mentionné  dans  la  lettre 
de  Famin,  que  nous  avons  reproduite  p.  363. 

(*)  Voir  aux  annexes,  B  (p.  /i38),  des 
extraits  du  registre  des  procès-verbaux  de 
la  Commission  des  arts,  20  et  -20  pluviôse 
an  II. 

(''^  Le  2  5  nivôse  (p.  a8^),  le  Comité 
avait  décidé  de  s'occuper  «dans  sa  prochaine 
séancen  du  second  degré  d'instruction  pu- 
blique. Un  mois  presque  entier  s'était  écoulé 
sans  qu'il  en  eût  été  question  de  nouveau.  Le 
projet  présenté  maintenant  par  Bouquier 
sur  les  degrés  supérieurs  d'instruction  pu- 
blique est  de  même  ajourné  ff  à  la  prochaine 
S(''aiice»;  le  sujet,  néanmoins,  ne  reviendra 
à  Tordre  du  jour  que  le  •^  1  ventôse  (p.  ôOo  ). 
Le  plan  de  Bouquier  sur  le  second  (ou 
dernier)  degré  d'instruction  ne  nous  a  pas 
été  conservé  sous  la  forme  où  il  fut  pré- 
senté le  19  pluviôse,  mais  seulement  sous 
celle  qu'il  reçut  au  sortir  des  discussions  du 
Comili'  dans  les  séances  des  m,  aii  et  ao 
ventôse,  et  des  négociations  avec  le  Comité 
de  salut  public  et  celui  des  finances,  et 
sous  la([uelle  il  fut  présenté  à  la  Convention 
le  '2'\  germinal.  (  \ Oii'  ce  projet  de  décret  et 
le  rappoit  ([ui  le  précède  à  la  page  hj  \  du 


/i32      PROCES-VERBAUX  DU  COMITE  D'INSTRUCTION  PUBLtOUE 

La  Nouvelle  méthode  de  musique  vocale,  etc.,  est  renvoyée  à  Val- 
flruche  ^'l 

Lettre  de  la  Commission  des  poids  et  mesures  qui  demande  la  levée 
(les  scellés  apposés  dans  l'atelier  du  citoyen  Fourché  sur  difîerents 
MiodMes  et  manuscrits  appartenanl  à  la  ci-devant  Académie  d'archi- 
tecture, et  le  transport  de  ces  objels.  lienvoyé  à  ia  Commission  des 
arts  (2). 

Le  citoyen  Carré  adresse  au  Comité  des  réflexions  sur  la  base  du 
nouveau  système  des  poids  et  mesures.  Renvoyé  aux  commissaires  des 
poids  et  mesures  ^-^l 

Lettre  du  Comité  de  salut  public  qui  invite  le  Comité  à  s'occuper 
des  primes  et  encouragements,  conformément  au  décret  du  1 3  frimaire. 
Le  Comité  renvoie  cette  lettre  à  Grégoire  et  l'autorise  à  se  concerter 
avec  les  commissaires  des  autres  comités  à  cet  égard  ^^\ 

Une  hymne  composée  par  le  citoyen  Maurice,  secrétaire  du  Comité 
d'agriculture,  sur  la  prise  de  Toulon,  est  renvoyée  à  Valdruche  ^^K 

Le  citoyen  Carpent  soumet  ses  vues  pour  former  un  établissement 
propre  à  assurer  l'existence  des  nourrices  qui  journellement  viennent 
chercher  des  enfants,  et  propose  un  plan  de  nourriture  salubre  pour 
les  enfants.  Renvoyé  à  Grégoire  ^""l 

présont  volume.)  En  comparant  le  plan  du  ^''^  La  lettre  de  Carré  n'est  pas  dans  les 

a  6  germinal  aux  sections  IV  et  V  de  celui  cartons  du  Comité. 

que  Bouquier  avait  présenté  au  Comité  dès  ^*)  Nous  n'avons  pas  trouvé  la  lettre  du 

le  1 1  frimaire  (voir  p.  56),  on  voit  que  Comité  de  salut  public.  Voir  la  séance  du 

le  projet  du  ii  frimaire  contenait  déjà  tout  17  pluviôse  (p.  ^i3),  et,  pour  la  suite, 

l'essentiel,  et  que  les  seules  parties  ajou-  celle  du  21  pluviôse  (p.  kk3). 
lées  à  ce  projet  primitif  sont  une  section  ^^'  L'hymne  composé  par  Maurice  avait 

relative  au  clioix  des  instituteurs  des  sciences  été  présenté  à  la  Convention   le  7  nivôse 

et  arts,  une  autre  sur  les  récompenses,  et  (Procès-verbal,   t.   XXVIll,  p.    110).  Cet 

une  autre  sur  le  traitement  des  instituteurs  hymne,   avec  la  lettre  d'envoi    datée    du 

du  dernier  degré  d'instruction.  Quant  au  7  nivôse,  se  trouve  dans  F^',  carton  1708, 

rapport  qui  accompagne  le  plan  du  2/1  ger-  n°    i8^3.   Une  note  signée  de  Plaichard 

minai,  la  rédaction  de  ce  document  peut  nous  apprend    que  la  «mention  civique» 

être  restée  celle-là  même  que  Bouquier  lut  fut  accordée  à  cet  hymne  le    17   prairial 

au  Comité  du  ig  pluviôse;  cette  hypothèse  an  11  (le  procès-verbal  n'en  dit  rien), 
est  confirmée  par  un  détail  relevé  plus  loin  ^^^   Nous  n'avons  pas   trouvé    de  pièce 

(p.  572,  note  1).  émanant  de  Carpent.  Le  2  5  pluviôse  (p. /i 59) 

^^)  Valdruche  n'a  pas  présenté  de  rap-  il  sera  de  nouveau  parlé  de  Carpent  et  de 

port  sur  cette  méthode,  dont  l'auteur  n'est  son  projet,  comme  s'il  n'en  avait  pas  été 

pas  nonnné.  question    précédemment    et    si    Grégoire 

^^^  Nous  n'avons  pas  trouvé  la  lettre  de  n'avait  pas  été  nouimé  rapporteur, 
la  Commission  des  poids  et  mesures. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE. 


/i33 


Le  citoyen  Grancher  adresse  un  mémoire  sur  l'embellissement  de 
la  ville  de  Paris.  Renvoyé  à  Prunelle  '^l 

Le  citoyen  Perrin,  directeur  des  postes  de  Verdun,  envoie  un  dis- 
cours qu'il  a  prononcé  sur  le  mode  à  adopter  par  ceux  qui  veulent 
changer  de  nom.  Renvoyé  à  Petit  ^^K 

Coupé  présente  un  projet  de  décret  tendant  à  laisser  à  la  disposition 
des  communes  les  églises  ^^l  Le  projet  est  adopté,  à  la  charge  qu'il  se 
concertera  avec  les  Comités  de  division  et  des  domaines  ^''^. 

Lettre  de  Renouard,  officier  municipal  de  Paris,  qui  fait  part  de 

plusieurs  difficultés  sur  l'exécution  de  la  loi  du ^^>  relative  aux 

écoles  primaires.  Renvoyé  à  Bouquier^''^ 

Le  Comité  arrête  qu'il  sera  nommé  un  commis  adjoint  au  secrétaire 
de  la  Commission  des  arts,  qui  le  présentera  au  Comité  ^"^K 

R.-T.  LlNDET^**). 


(')  Le  mémoire  de  Grancher  a  élc  en- 
registré au  Comité  sous  le  n°  iCo/i  (F^', 
carton  1008^);  la  pièce  manque.  Le  27  plu- 
viôse (p.  A65)  il  en  sera  question  de  nou- 
veau. 

^^)  Le  discours  (imprimé)  de  Perrin, 
ff  prononcé  dans  le  temple  de  la  Raison  w,  se 
trouve  dans  F'^  carton  1708,  n"  iSSg. 
Petit  n'a  pas  présenté  de  rapport. 

(^)  Voir  la  séance  précédente  (p.  612), 
où  Coupé  avait  été  nommé  rapporteur  pour 
la  question  des  locaux  à  accorder  aux  So- 
ciétés populaires.  La  question  de  la  desti- 
nation à  donner  aux  é^jlises  avait  déjà  été 
abordée  le  21  frimaire,  ctRomme  avait  été 
désigné  comme  rapporteur  (p.  i35);  mais 
il  n'avait  pas  présenté  de  rapport. 

^'*^  Pour  la  suite,  voir  la  séance  du 
20  pluviôse  (p.  /iGo). 

^^^  La  date  a  été  laissée  en  blanc,  tant 
au  registre  qu'à  la  minute.  C'est  de  la  loi 
du  29  frimaire  qu'il  s'agit. 


^^^  Nous  n'avons  pas  trouvé  la  lettre  de 
Renouard.  Une  nouvelle  lettre  adressée  au 
Comité  sur  le  même  sujet  par  des  ofliciers 
municipaux  de  Paris  sera  lue  le  1 3  ventôse 
(p.  537). 

(')  Il  nous  paraît  que  l'expression  de 
ff  secrétaire  de  la  Commission  des  arlsn  dé- 
signe ici  le  fonctionnaire  que  la  Commis- 
sion allait  choisir  dans  son  sein  quelques 
jours  plus  tard,  le  a 5  pluviôse  ,  en  lui  don- 
nant le  titre  d'agent.  Le  titre  de  secrétaire 
de  la  Commission  fut  réservé,  à  partir  du 
25  pluviôse,  à  un  membre  du  Comité 
d'instruction  publique,  délégué  par  ce  Co- 
mité (voir  la  séance  du  Comité  du  20  plu- 
viôse, p.  ^59).  Quant  au  commis  adjoint 
à  l'agent,  il  sera  désigné  par  le  Comité, 
le  9  ventôse,  en  la  personne  d'Oudry 
(p.  5oG). 

^*)  Cette  signature  ne  se  trouve  qu'au 
registre.  La  minute  est  de  la  main  de  Tiii- 
baudeau. 


III. 


•jS 


lUIT.IULMS     XAIIOMLC. 


UU      PROCÈS -VERBAUX  DU  COMITE  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 


ANNEXES. 

A 

On  lit  dans  les  procès-verbaux  de  la  Convention  : 

Séance  du  i  2  pluviôse  an  n. 

Joanhon  Saint- André' ,  tant  en  son  nom  (ju'en  celui  de  Prieur  de  la  Marne , 
rend  compte  à  la  Convention  dos  opéiations  qu'ils  ont  faites  en  qualité  de  repré- 
sentants du  peuple  dans  les  départements  maritimes  de  la  République. 

La  Convention  ordonne  l'impression  de  leur  rapport. 

Il  lui  communique  un  arrêté  pris  à  Brest  le  27  vendémiaire  dernier,  relatif  à 
rétablissement  d'un  cours  d'instruction  sur  les  vaisseaux  de  la  République,  et 
deuiande  que  cet  arrêté  soit  converti  en  loi  générale. 

Sa  demande,  appuyée,  est  décrétée,  sauf  rédaction;  et  à  cet  effet  l'arrêté  est 
renvoyé  au  Comité  de  salut  public. 

Le  même  membre  communique  trois  autres  arrêtés  des  i3  brumaire,  9  et  i5 
nivôse;  il  en  demande  la  confirmation.  Décrété. 

(Ces quatre  décrets  ont  été  définitivement  adoptés  le  16  pluviôse^^^) 

Le  rapport  de  Jeanbon  Saint-André  a  été  imprimé  sous  ce  titre  :  Rapport  des  repré- 
sentants du  peuple  envoyés  à  Brest  et  a'iprès  de  l'armée  navale,  par  Jeanbon  Saint-André; 
de  rimprimerie  nationale,  s.  d.  Il  se  trouve  à  la  Bibliothèque  nationale,  Le^^6i,  in-8°. 

Voici  le  passage  de  ce  rapport  qui  a  trait  à  l'établissement  d'instituteurs  à  bord  des 
vaisseaux  de  la  flotte  : 

La  trabison  de  Toulon,  l'incendie  d'Huningue  et  des  magasins  de  Lorient,  les 
mècbes  phospboriques  de  la  Vendée,  l'audace  des  fédéralistes  des  villes  de  com- 
merce qui  attaquaient  la  représentation  nationale  et  demandaient  en  secret  un 
maître  à  l'Angleterre,  vous  avaient  fait  sentir  la  nécessité  de  surveiller  vos  côtes, 
et  de  mettre  vos  établissements  marifimes  à  l'abri  des  invasions  combinées  des  en- 
nemis du  dedans  et  du  dehors.  Vous  étiez  environnés  des  crimes  de  Pitt  ;  il  fallait 
que  votre  active  sollicitude  les  déjouât.  Vous  envoyâtes  à  Brest  les  citoyens  Bréard 
et  Trébouart('). 

Vous  aviez  alors  une  flotte  de  vingt-deux  vaisseaux  dans  la  rade  de  Quiberon. 
C'était  la  dernière  espérance  de  la  patrie  sur  les  mers.  Les  travaux  languissaient 
dans  tous  les  ports;  la  malveillance  enclouait  tous  les  bras;  si  la  flotte  périssait, 
la  France  était  eflacée,  au  moins  pour  quelque  temps,  du  catalogue  des  puis- 
sances maritimes;  et  le  gouvernement  anglais,  coalisé  avec  les  rebelles  de  la 
Vendée,  pouvait  vomir  sur  votre  territoire  des  légions  ennemies  pour  seconder 
le  fanatisme  de  ses  alliés. 

^')  Procès-verbal  de  la  Convention,  t.  XXX,  p.  280. —  ^^^  Décret  du  a5  août  1793. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  U^b 

L'esprit  public  du  département  du  Finistère  en  général,  et  celui  de  la  com- 
mune de  Brest  en  particulier,  n'était  pas  propre  à  dissiper  les  alai*mes  des  amis 
delà  patrie.  Le  fédéralisme  y  avait  jeté  des  racines  profondes;  il  se  montrait  avec 
audace;  il  paraissait  compter  sur  le  succès  ou  l'impunité  de  ses  crimes;  et  tout 
porte  à  croire  que,  malgré  le  mystère  qu'il  mettait  dans  ses  démarches,  il  n'en 
poursuivait  pas  moins  ses  projets  avec  vigueur. 

C'est  au  milieu  de  ces  écueils  que  vos  collègues  avaient  à  marcher,  dans  un 
pays  où  le  fanatisme  des  campagnes  leur  présentait  sans  cesse  de  nouveaux  dan- 
gers; au  milieu  d'un  peuple  qu'une  langue  inconnue  du  reste  de  la  République 
sépare  de  vous ,  qui  connaît  à  peine  vos  lois ,  qui  adoi-e  ses  prêtres ,  et  qui  porte 
dans  ses  erreurs  cette  ténacité  de  caractère  qui  le  distingue  parliculièroment. 

Bréard  et  Tréhouart  luttèrent  heureusement  pendant  quelque  temps  contre 
ces  difficultés;  mais  les  semences  de  la  rébellion  avaient  été  jetées  sur  la  flotte; 
elles  y  avaient  germé,  et  bientôt  elles  se  développèrent  d'une  manière  effrayante. 
Le  Comité  de  salut  public  pensa  qu'il  fallait  renforcer  la  commission,  en  lui  ad- 
joignant deux  membres  pris  dans  son  propre  sein.  Prieur  (de  la  Marne)  et  moi 
reçûmes  l'ordre  de  partir  (3o  septembre),  et  vous  approuvâtes  cette  mesure  par 
un  décret. 

La  flotte  avait  mouillé  dans  la  rade  de  Brest  avant  notre  arrivée.  Nos  collègues 
avaient  pris  les  premières  précautions  que  commandait  la  prudence  :  quelques 
vaisseaux  étaient  consignés;  un  certain  nombre  d'indiviilus  avaient  été  mis  en  état 
d'arrestation  ;  plusieurs  procès-verbaux  avaient  été  recueillis  ;  et  l'un  de  nos  pre- 
miers devoirs  devait  être  de  porter  la  lumière  dans  cette  conspiration  ténébreuse, 
ourdie  contre  la  liberté,  et  dans  laquelle  ceux  qui  paraissaient  les  plus  séditieux 
n'étaient  certainement  pas  les  plus  coupables. 

Pour  les  bien  connaître,  nous  voulûmes  voir  tous  les  équipages  et  chercher 
dans  nos  entretiens  avec  eux,  et  jusque  dans  la  physionomie  des  marins,  cette 
vérité  qui  se  dérobe  si  souvent  aux  yeux  de  l'homme  public.  Nous  visitâmes  suc- 
cessivement tous  les  vaisseaux;  nous  parlâmes  le  langage  sévère  qu'exigeait  la 
circonstance,  et,  mêlant  aux  reproches  l'expression  de  la  fraternité,  nous  lais- 
sâmes à  chacun  la  faculté  de  sa  propre  justification  et  la  hberté  d'articuler  les 
faits  dont  il  avait  connaissance.  Notre  objet  fut  rempli,  et  nous  eûmes  la  satis- 
faction de  voir,  dès  le  premier  moment,  que  la  flotte  n'était  pas  perdue  pour  la 
République,  le  plus  grand  nombre  des  ofliciers  vanter  sa  honne  conduite,  hseflorts 
que  chacun  avait  faits  pour  apaiser  la  sédition;  ils  avaient  presque  tous,  à  les 
entendre,  bien  mérité  de  la  patrie.  Le  matelot,  plus  sim[)le,  avoua  sa  faute,  re- 
connut son  erreur,  et  nous  demanda  avec  cette  ardeur  (pie  la  nature  ins[)ire  les 
moyens  et  l'occasion  de  la  réparer.  Ce  repentir  si  vrai,  si  naïvement  exprimé, 
nous  prouva  qu'à  la  mer  comme  à  terre  le  vrai  patriotisme  est  le  [)nrtage  des 
hommes  peu  fortunés,  qui  servent  la  patrie  sans  prétention  et  sans  orgueil. 

Notre  route  fut  dès  lors  tracée;  il  nous  fut  démonlré  que  la  justice  naliouale 
n'aurait  qu'à  punir  quelques  chefs,  auteurs  ou  complices  de  la  trahison.  \ous 
connaissez,  citoyens,  les  d('tails  de  nos  opi-rations  à  cet  égard:  ils  sont  consignés 
dans  l(^  rap[)ort  que  nous  avons  fait  imprimer  à  IJresl,  (^l  dont  il  a  (Ur  tMivoyé 
des  exemplaires  à  la  Convention  nationale  et  au  Comité  de  salut  public.   Des 

98. 


hZ(j      PROCÈS -VERBAUX  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

traîtres  ont  été  livrés  au  tribunal  révolutionnaire;  des  officiers  suspects  d'aristo- 
cratie ou  d'intrigue  ont  été  destitués;  et  la  flotte  a  été  purgée  avec  tout  le  soin 
qu'il  nous  a  été  possible  d'apporter  dans  un  épurement  aussi  important  et  aussi 
nécessaire .  .  . 

En  réfléchissant  sur  les  causes  qui  avaient  concouru  à  produire  les  mouvements 
de  l'escadre,  nous  vîmes  facilement  que  l'ignorance  des  marins  y  avait  contribué 
pour  beaucoup.  Ces  hommes,  perpétuellement  errants  d'un  hémisphère  à  l'autre, 
ne  peuvent  pas  participer  aux  bienfaits  de  l'éducation,  et  de  là  vient  qu'ils  sont 
aussi  plus  A\ciles  à  tromper.  Un  reste  de  fanatisme,  fruit  de  cette  même  ignorance, 
régnait  k  bord  de  la  flotte.  Quelques-uns  se  rappelaient  qu'ils  avaient  eu  autrefois 
des  aumôniers,  et  ils  avaient  la  faiblesse  de  les  regretter.  Nous  pensâmes  qu'il  était 
nécessaire  de  détruire  ce  préjugé.  Mais ,  convaincus  que  l'erreur  d'opinion  résiste 
à  la  force  et  cède  à  la  raison,  nous  osâmes  proposer  à  ces  hommes  simples  et 
bons  le  choix  entre  ces  aumôniers  et  des  instituteurs;  ils  ne  balancèrent  pas.  Le 
matelot  sentit  l'avantage  d'avoir  sous  ses  yeux  son  fils,  de  surveiller  sou  éducation 
et  de  penser  que  l'égalité  n'était  plus  désormais  un  vain  mot,  puisque  la  patrie 
offrait  à  tous  ie  moyen  de  se  rendre  capables  de  la  servir  dans  tous  les  grades. 
Nous  arrêtâmes  donc  qu'il  serait  mis  sur  chacun  des  vaisseaux  de  la  Répubhqiie, 
de  vingt  canons  et  au-dessus,  un  instituteur  chargé  de  donner  aux  mousses  et 
aux  jeunes  novices  des  leçons  de  lecture,  d'écriture,  de  calcul  et  d'hydrographie. 
Cette  mesure  fut  reçue  avec  des  transports  de  reconnaissance,  et  son  utilité  est 
trop  évidente  pour  que  la  Convention  nationale,  après  avoir  examiné  notre  arrêté, 
n'en  fasse  pas  une  loi  générale  et  permanente  pour  toute  la  marine  de  la  Répu- 
blique. 

La  nécessité  de  faire  promptement  des  matelots  nous  suggéra  l'idée  d'établir 
aussi  une  école  de  matelotage  sur  chaque  vaisseau.  Les  matelots  gabiers  furent 
désignés  pour  être,  dans  cette  partie,  les  instituteurs  des  novices;  des  récom- 
penses furent  promises  au  zèle  et  h  la  bonne  volonté  des  uns,  des  encourage- 
ments à  la  docilité  et  à  l'application  des  autres. 

D'autres  dispositions  non  moins  bienfaisantes  furent  successivement  arrêtées. 
Elles  sont  relatives  à  la  propreté,  à  la  bonne  tenue,  aux  adoucissements  qu'on 
doit  procurer  à  des  hommes  libres ,  lorsque  luttant  à  la  fois  contre  la  violence  de 
deux  éléments  terribles,  ils  sont  à  la  fois  exposés  à  l'intempérie  des  airs  et  aux 
périls  de  la  mer.  Tout  ce  que  nous  ordonnâmes  à  cet  égard  n'était  que  juste; 
mais  il  tendait  à  prouver  aux  matelots  français  que  le  temps  était  enfin  arrivé  où 
l'on  s'occupait  sérieusement  du  soin  de  rendre  leur  condition  meilleure. 

Voici  le  texte  du  décret  sur  les  instituteurs  de  la  marine,  proposé  par  Jeanbon  Saint- 
/\ndré  le  12  pluviôse,  et  inséré  au  procès-verbal  de  la  séance  du  16  pluviôse  an  11  : 

ffLa  Convention  nationale  décrète  : 

ff Article  premier.  II  sera  établi  à  bord  de  tous  les  vaisseaux  de  la  République, 
de  vingt  canons  et  au-dessus,  un  instituteur  chargé  de  donner  aux  jeunes  citoyens 
embarqués  à  bord  de  ces  mêmes  vaisseaux  des  leçons  de  lecture,  d'écriture,  de 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  437 

calcul,  et  même,  autant  que  faire  se  pourra,  de  leur  enseigner  les  premiers  élë- 
mcnts  de  la  théorie  de  la  navigation. 

rrART.  2.  Ces  instituteurs  seront  salariés  par  la  nation,  et  recevront,  savoir  : 
quatre-vingts  livres  à  bord  dos  vaisseaux  de  ligne  et  soixante  livres  à  bord  des 
frégates,  par  mois;  ils  mangeront  à  la  gamelle  des  officiers,  et  il  sera  passé  pour 
cet  effet  le  même  traitement. 

ffART.  3.  Les  instituteurs  rassembleront  leurs  élèves  deux  fois  par  jour,  aux 
heures  et  dans  les  lieux  qui  seront  jugés  les  plus  convenables  par  le  commandant 
du  vaisseau. 

ffART.  k.  Les  mousses  et  les  novices  dont  l'âge  n'excéderait  pas  dix-huit  ans 
seront  tenus  de  suivre,  toutes  les  fois  que  leur  service  leur  permettra,  le  cours 
d'instruction  établi  à  bord  des  vaisseaux;  et,  à  l'égard  des  marins  d'un  âge  plus 
avancé,  ils  auront  la  faculté  de  participer  aux  mêmes  instructions,  aux  heures  où 
ils  ne  seraient  pas  de  service,  sans  quelles  puissent,  sous  aucun  prétexte,  leur  être 
refusées. 

ffART.  5.  Il  sera  fait  incessamment  une  édition  soignée  de  la  Déclaration  des 
droits  de  l'homme  et  de  l'acte  constitutionnel,  auxquels  seront  ajoutés  des  notes 
explicatives  et  simples,  et  des  traits  historiques  choisis  de  préférence  parmi  les 
actions  des  défenseurs  de  la  liberté. 

ff  Art.  6.  Le  lieutenant  en  pied  à  bord  de  chaque  vaisseau  de  la  République,  ou 
celui  qui  en  remplit  les  fonctions ,  est  spécialement  chargé  de  veiller  à  ce  que  les 
instituteurs  remplissent  leurs  devoirs;  il  pourra  les  censurer,  même  publiquement 
en  présence  de  l'équipage,  de  leur  négligence;  il  en  fera  la  dénonciation,  à  son 
retour  dans  les  ports,  au  ministère  de  la  marine,  et  ceux  des  instituteurs  qui  n'au- 
ront pas  rempli  leurs  devoirs  seront  destitués  de  leur  emploi  et  privés  d'embarquer 
à  l'avenir  sur  aucun  des  vaisseaux  de  la  République. 

ffAflT.  7.  Ceux  des  mousses,  novices  ou  matelots  qui,  dans  l'instruction  à  bord 
des  vaisseaux,  auront  manifesté  une  application  et  des  talents  qui  les  rendent 
propres  à  servir  la  patrie  dans  des  grades  plus  élevés,  en  recevront  une  attestation 
de  Tétat-major  et  de  r('qui[)age  du  vaisseau,  à  la  suite  d'un  examen  qu'ils  auront 
subi  en  leur  présence  à  la  fin  de  la  campagne.  Copies  de  ces  attestations,  colla- 
tionnées  par  les  employés  civils,  seront  envoyées  au  ministre  de  la  marine,  qui 
admettra  les  sujets  au  rang  des  élèves  de  la  marine,  suivant  le  degré  de  leur  ca- 
pacité, et  leur  fera  suivre  le  cours  d'instruction  établi  dans  les  ports.  Dès  lors,  les 
citoyens  deviendront  susceptibles  de  tous  les  grades,  en  subissant  les  examens 
prescrits  par  la  loi. 

ffART.  8.  Nul  ne  pourra,  néanmoins,  êtie  admis  par  le  ministre  au  rang  d'élève 
de  la  marine  (pi'il  n'ait  préablement  acquis  la  connaissance  des  premiers  élé- 
ments de  la  théorie  de  la  navigation. 

ffART.  9.  Les  citoyens  (pii  désireront  remplir  les  places  d'instituteurs  à  bord  dos 
vaisseaux  feront  inscrire  leurs  noms,  leur  âge,  le  lieu  de  leur  naissance  et  de  leur 


/j38      PROCÈS-VERBAUX  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

domicile ,  sur  un  tableau  qui  sera  dressé  à  cet  effet  au  bureau  de  la  marine  du  port 
où  devra  se  faire  l'armement. 

ffART.  10.  Les  instiluteui's  devront  être  d'une  capacité  suffisante,  de  mœurs 
pures.  Ils  justifieront  de  leur  certificat  de  civisme;  ils  ne  pourront  être  reçus  en 
lenr  qualité  à  bord  des  vaisseaux  s'ils  n'ont  manifesté  un  attaclicment  ferme  et 
sincère  aux  principes  de  la  République.  Aucun  ministre  d'un  culte  quelconque 
ne  pourra  être  admis  pour  occuper  cette  place. 

ff  Art.  1 1.  Pour  le  choix  et  la  nomination  de  ces  inslituteurs,  il  sera  formé  avant 
l'embarquement  un  conseil  formé  du  capitaine,  du  lieutenant,  du  maître  d'équi- 
page, et  de  trois  matelots,  pères  de  famille.  Ce  conseil,  pour  cette  fois  seulement, 
ou,  à  l'avenir,  quand  il  s'agira  d'un  nouvel  instituteur  qui  n'aurait  pas  navigué  en 
cette  qualité,  examinera  le  sujet  proposé,  et  constatera,  par  une  déclaration  écrite 
et  signée,  sa  capacité. 

ffART.  12.  L'employé  civil  de  la  marine  ne  pourra  inscrire  au  rôle  d'équipage 
un  instituteur  qui  n'aurait  pas  navigué  en  cette  qualité ,  s'il  n'est  muni  de  la  dé- 
claration mentionnée  en  l'article  précédent. 

ffART.  13.  Dans  le  cas  où  il  se  présenterait,  par  la  suite,  des  instituteurs  qui 
auraient  navigué,  le  conseil  désigné  en  l'article  9  choisira,  parmi  ceux  qui  ne 
seront  pas  employés,  celui  qu'il  jugera  à  propos;  et  il  en  dressera  pareillement 
déclaration,  qui  sera  mise  sous  les  yeux  de  l'employé  civil,  afin  que  ce  citoyen 
puisse  être  inscrit  au  rôle  d'équipage. 

ffART.  là.  Les  livres  élémentaires  pour  la  lecture,  les  papiers,  plumes  et  encre 
seront  fournis  par  l'administration  de  la  marine,  sur  les  états  présentés  par  l'in- 
stituteur, et  arrêtés  par  le  lieutenant  de  vaisseau  '^^Kn 


On  lit  dans  le  registre  des  procès-verbaux  de  la  Commission  des  arts  : 

Séance  du  20  pluviôse,  l'an  2"  de  la  République. 

Après  la  lecture  d'une  lettre  du  18  pluviôse,  adressée  par  le  citoyen  Famin, 
professeur  de  physique,  au  Comité  d'instruction  publique,  et  que  ce  Comité  a 
renvoyée  à  la  Commission  des  arts,  la  Commission  renvoie  au  (jomité  d'instruction 
publique  le  même  objet  en  lui  observant  que  l'instrument  demandé  par  le  citoyen 
Famin  est  une  lunette  achromatique,  d'autant  plus  précieuse  que,  dans  ce  moment, 
les  substances  dont  on  fait  ces  verres  se  tirent  d'Angleterre  et  manquent  absolu- 
ment ^^K 


^^)  Procès  -  verbal    de    la     Convention,  arts  s'étant  aperçue  dans  l'intervalle  qu'elle 

t.  XXXI,  p.  9.  s'était  méprise  sur  la  nature  de  l'instru- 

^^)  L'objet  ne  fut  pas  renvoyé  au  Comité  ment  dont  Famin  demandait  à  conserver 

d'instruction  pujjlique,  la  Commission  des  l'usage. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  A39 

Séance  du  2  5  pluviôse,  l'an  2"  de  la  République. 

Sur  la  demande ,  faite  précédemment  par  le  citoyen  Famin ,  d'un  instrument  de 
physique  qu'on  croyait  d'abord  être  une  lunette  achromatique,  on  observe  que  cet 
instrument  n'est  qu'un  microscope  solaire;  et  il  est  arrêté  qu'on  peut  en  accorder 
l'usage  au  citoyen  Famin  sur  son  récépissé  ^'\ 

("  Archives  nationales,  F''*  7,  folios  96  recto  et  26  bia  recto. 


àUO      PROCÈS-VERBAUX  DU  COMITE  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 


CENT    QUATRE-VINGT-SEIZIÈME   SÉANCE^". 

Du  21  pluviôse  an  ii.  [9  février  179^1.] 

Le  citoyen  M.  .  .,  de  la  section  du  Muséum,  offre  un  ouvrage  inti- 
tulé Les  Droits  de  l'homme  et  du  citoyen  mis  en  vers  français  pour  lapins 
grande  facilité  des  jeunes  gens  ^^^\ 

Un  ouvrage  intitulé  Programme  d'une  cérémonie  en  l'honneur  de  l'Ega- 
lité,  de  la  Liberté  et  de  la  Raison,  propre  à  être  exécutée  à  tous  les  décadis 
dans  toutes  les  communes  de  la  République ^  est  renvoyé  à  Mathieu  ^^\ 

Le  Comité  de  salut  public  fait  passer  au  Comité  un  projet  d'adresse 
aux  communes  et  aux  sociétés  populaires  de  la  République,  par  Urbain 
Domergue,  sur  la  langue  française.  Renvoyé  à  Grégoire  ^^^. 

Le  citoyen  Ducreux,  artiste,  réclame  le  logement  qui  lui  avait  été 
accordé  par  décrets  de  l'Assemblée  constituante  et  de  la  Convention. 
Sa  pétition  est  renvoyée  à  Prunelle ^^^. 

Le  citoyen  Martin  présente  un  plan  d'institution  d'une  musique 
et  d'éducation  nationale.  Renvoyé  à  Valdruche  ^^\ 

Les  ouvriers  et  artistes  de  la  Manufacture  nationale  des  tapisseries 
dite  des  Gobelins  demandent  qu'il  soit  décrété  que  des  portraits  de 
Lepeletier  et  Marat  seront  accordés  à  ladite  manufacture  pour  être 
exécutés  en  tapisserie.  Renvoyé  à  Thibaudeau  ^^'. 


(')  La  minute  du  procès- verbal  de  cette 
séance  manque.  Nous  donnons  le  texte  du 
registre. 

^^)  Nous  n'avons  pas  trouvé  cet  ouvrage. 

(•■')  Cet  ouvrage  anonyme  (imprimé)  se 
trouve  dans  F",  carton  1009^  n°   1987. 

^^)  Cette  pièce  intéressante  se  trouve  dans 
les  cartons  du  Comité.  Nous  la  donnons  aux 
annexes,  A(p.  ^i^/i).  C'est  évidemment  dans 
ce  projet  de  Domergue  que  Barère  a  puisé 
i'idée  de  son  rapport  du  8  pluviôse;  ce  pro- 
jet n'a  pas  du  élre  étranger  non  plus  à  la 
rédaction  du  rapport  sur  «la  nécessité  et  les 
moyens  d'anéantir  les  patois  et  d'universa- 
liser l'usage  de  la  langue  françaises,  que 
Grégoire  présentera  au  Comité  le  9  prairial 
an  II.  Il  sera  de  nouveau  question  de  Do- 
mergue dans  les  séances  des  1 7  ot  2 1  ven- 
tôse, pages  553  et  559. 


(^^  Joseph  Ducreux  (1737-1809),  né  à 
Nancy,  peinlre  et  graveur,  élève  de  Latour, 
avait  reçu  sous  l'ancien  régime  le  titre  de 
rt  premier  peintre  de  la  reine  w.  Au  salon  de 
1  793  ,  il  exposa  les  portraits  de  Robespierre 
ot  de  Coulhon.  La  pétition  de  Ducreux 
a  été  enregistrée  sous  le  n°  i852  (F'^  car- 
ton 1703).  Elle  n'est  pas  en  place.  Pour 
la  suite,  voir  la  séance  du  27  pluviôse 
(p.  /465). 

^^)  Nous  n'avons  pas  trouvé  le  plan  de 
Martin. 

(')  La  pétition  des  employés  et  ouvriers 
de  la  manufacture  des  Gobelins  avait  été 
présentée  à  la  Convention  le  20  nivôse 
(Procès-verbal,  t.  XXLX,  p.  93).  Elle  se 
trouve  dans  F^^,  carton  1008*,  n°  1628. 
Elle  est  accompagnée  d'une  délibération  de 
la  section  du  Finistère,  en  date  du  5  fri- 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE. 


4Zil 


La  citoyenne  Desmouiins,  auteur  des  Etrennes  poétiques  et  morales, 
demande  des  secours.  Sa  pétition  est  renvoyée  à  Villar^^^. 

Le  citoyen  Grosbert,  directeur  de  l'arsenal  de  Meulan,  écrit  au  Co- 
mité relativement  au  transport  des  groupes  de  Marly  et  aux  difficultés 
qui  se  présentent.  Le  Comité  arrête  qu'il  sera  écrit  à  Grosbert  qu'il 
ait  à  exécuter  l'arrêté  des  représentants  du  peuple,  ainsi  qu'au  ministre 
de  l'intérieur  pour  l'en  prévenir  ^^^ 

Le  citoyen  Viel,  ingénieur,  auteur  de  plusieurs  ouvrages,  demande 
un  secours  provisoire  qui  le  mette  en  état  de  les  faire  imprimer. 
Ajourné,  quant  à  l'examen  des  ouvrages,  jusqu'à  l'ouverture  du  con- 
cours, et  renvoyé,  pour  le  secours,  au  Comité  des  secours  publics ^^^. 

Le  citoyen  Morellet  écrit  qu'il  adresse  au  Comité  quelques  cabiers 
du  travail  de  l'Académie  sur  la  langue  française  qui  manquaient  et 
qu'il  a  trouvés  cbez  plusieurs  ci-devant  académiciens.  Ces  cabiers  com- 
mencent au  mot  Catholiquement  et  finissent  au  mot  Encens^^K 

Le  ministre  des  affaires  étrangères  adresse  au  Comité  une  lettre 
sur  le  calendrier  de  M.  Henry  Brandel,  Suédois.  Renvoyé  à  Arbo- 
gast  ^^\ 

Le  citoyen  Despréaux  adresse  plusieurs  questions  sur  les  biblio- 
thèques. Ordre  du  jour  motivé  sur  la  loi  du  8  pluviôse  ^''l 


maire,  demandant  l'exocution  on  tapisserie 
(les  Gobelins  des  bustes  de  Lepeletier  et  de 
Marat.  Pour  la  suite  de  cette  afTaire,  voir 
la  séance  du  17  floréal  an  11. 

^'^   Voir  la  séance  du  99  nivôse  (p.  -2Ç)']). 

^^^  Voirla  séance  extraordinaire  du  ag  ni- 
vôse (p.  29/1).  Nous  n'avons  pas  trouvé 
la  lettre  de  Grosbert.  La  Commission  des 
arts  s'occupa  de  la  question  le  3o  pluviôse, 
à  propos  d'une  lettre  des  commissaires  du 
Conseil  exécutif  du  37,  et  approuva  la  me- 
sure d'un  nouveau  devis  demandé  par  le 
ministre  de  l'intérieur  à  Grosbert  (F"*  7, 
folio  3o,  verso).  Un  arrêté  du  Comité  de 
salut  public  du  .j  floréal  ordonnera  dt>  placer 
lesclu'vaux  de  Marly  à  l'entrée  des  Cbamps- 
Klysées  :  on  le  trouvera  dans  noire  tome  IV, 
aux  annexes  de  la  séance  du  3  floréal. 

^•'''  Voir  p.  /ii/i.  La  lettre  de  Viol  a  été 
enregistrée  sous  le  n"  1709  liin  (F'\  car- 
Ion  1809');  ^^^6  n'est  pas  en  place. 


'''^  11  est  probable  que  l'envoi  fait  par 
Morellet  eut  lieu  à  la  suite  de  quelcjue 
réclamation  faite  par  Grégoire  et  Coupé, 
nommés  commissaires  le  1 1  pluviôse  pour 
s'occuper  de  la  question  d'une  nouvelle 
édition  du  Dictionaire  do  l'Académie  (voir 
p.  37A).  Nous  donnons  aux  annexes,  B 
(p.  A 6 8),  la  lettre  do  Morollet. 

^•'*)  V^oir  la  séance  du  a3  nivôse  (p.  981). 
La  lettre  du  ministre  des  affaires  étran- 
gères a  été  enregistrée  sous  le  n"  1607 
(F'^,  carton  1008^).  Elle  n'est  pas  on  place. 
L'analyse  écrite  sur  la  cliemiso  qui  avait 
contenu  la  pièce  dit  :  fLetlre  du  ministre 
des  alVairos  étrangères  demandant  qu'on 
lui  fasse  passoi-  l'Almanacli  do  la  mvriado 
du  consul  Mrandol ,  Suotlols.  (pTil  a  onvo\é 
au  (îomito  et  dont  il  a  oublié  do  pitMulie 
copio'7. 

^"^  La  lettre  de  Desproaux  se  trouve  dans 
F'^  carton  ioo8\  n"  1606. 


Mi^      PROCÈS -VERBAUX  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

Lo  citoyen  Dutrone  adresse  au  Gomitë  un  rapport  fait  à  l'Assemblée 
législative  sur  rorganisation  de  l'instruction  publique  dans  les  colonies, 
relative  aux  cultures  et  manufactures.  Renvoyé  à  Bouquier^^^. 

Grégoire  demande  qu'on  dépose  à  la  Bibliothèque  nationale  et  aux 
Archives  de  la  Convention  un  exemplaire  des  ouvrages  relatifs  à  la 
Révolution  traduits  en  langue  étrangère.  La  proposition  est  adoptée ^^^ 

Prunelle  fait  un  rapport  et  présente  un  projet  de  décret  sur  la  fabri- 
cation du  minium  du  citoyen  Olivier;  le  projet  est  adopté,  et  Prunelle 
se  concertera  néanmoins  avec  les  Comités  de  commerce,  d'aliénation 
et  des  finances  (*^^. 

Mathieu  propose  qu'il  soit  écrit  par  le  Comité  au  ministre  de  l'in- 
térieur pour  qu'il  ait  à  prendre  tous  les  moyens  pour  établir  la  res- 
ponsabilité du  citoyen  Naigeon,  nouveau  gardien  du  Dépôt  de  la 
maison  de  Nesle,  en  en  faisant  constater  l'état.  Cette  proposition  est 
adoptée  (^). 

Le  citoyen  Buache,  membre  de  la  Commission  des  arts,  écrit  au 
Comité  pour  lui  faire  passer  sa  démission.  Elle  est  acceptée  ^^l 


(^)  Le  rapport  (imprimé)  qu'envoyait 
Dutrone,  et  qui  est  joint  à  sa  lettre,  avait 
été  rédigé  par  Queslin ,  au  nom  des  Comités 
colonial,  d'instruction  publique  et  d'agri- 
culture de  l'Assemblée  législative,  à  propos 
de  mémoires  que  Dutrone  avait  présentés 
à  l'Assemblée  constituante.  La  lettre  deman- 
dait que  le  Comité  d'instruction  publique 
se  concertât  avec  le  Comité  de  marine  pour 
présenter  les  conclusions  de  ce  rapport  à  la 
Convention.  La  lettre  et  le  rapport  se  trou- 
vent dans  F^',  carton  ]7o3,n°  1876.  Pour 
la  suite  de  cette  affaire ,  voir  la  séance  du 
91  ventôse  (p.  56o). 

^^'>  Voir  la  séance  du  17  pluviôse 
(p.  611). 

(3)  Voir  la  séance  du  19  nivôse  (p.  256) 
et,  pour  la  suite,  celle  du  9  prairial  an  11. 

^^^  Naigeon  avait  remplacé  Mulot  comme 
gardien  du  dépôt  de  la  maison  de  Nesle  : 
voir  la  séance  du  26  nivôse  (p.  288).  La 
proposition  do  Mathieu  est  motivée  par  le 
fait  que  Naigeon  n'avait  pas  encore  pu 
opérer  le  recolement  des  objets  déposés  à 
la  maison  de  Nesle,  par  suite  des  lenteurs 


de  Mulot  et  de  la  Commission  des  monu- 
ments (voir  p.  879,  annexe  D). 

^^^  Le  décret  nommant  les  membres  de 
la  Commission  des  arts,  voté  parla  Con- 
vention le  18  pluviôse  (voir  p.  827),  portait 
(art.  2)  que  les  membres  de  la  Commission 
seraient  tenus  de  se  munir  de  certificats  de 
civisme.  C'est  cette  disposition  qui  détermina 
Buache  à  donner  sa  démission.  Nous  repro- 
duisons sa  lettre  aux  annexes,  C  (p.  4/18).  La 
Commission  des  arts  fit  une  démarche  au- 
près du  Comité  d'instruction  pubhque  pour 
l'inviter  à  prendre  en  considération  les 
services  de  Buache  (voir  aux  annexes,  C, 
un  extrait  du  procès-verbal  de  la  séance  de 
la  Commission  des  arts  du  2  5  pluviôse 
an  11);  mais  le  Comité  ne  pouvait  aller  à 
rencontre  d'une  disposition  formelle  du  dé- 
cret. Buache  parvint  sans  doute  à  se  pro- 
curer le  certificat  de  civisme  exigé  :  car, 
malgré  la  démission  qu'il  avait  donnée,  les 
procès-verbaux  de  la  Commission  des  arts 
nous  le  montrent  continuant  à  siéger  dans 
la  Commission  comme  si  rien  ne  s'était 
passé. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE. 


as 


Léonard  Bourdon  fait  lecture  d'un  projet  de  lettre  écrite  à  la  mu- 
nicipalité de  Montbard  au  sujet  du  tombeau  de  BufTon;  il  est  adopté ^^^ 

On  procède  au  renouvellement  du  bureau.  Bouquier  est  nommé 
président,  Coupé  et  Villar  sont  nommés  secrétaires. 

La  discussion  est  ouverte  sur  le  mode  d'exécution  du  décret  rendu 
hier  sur  les  encouragements  et  récompenses  à  donner  aux  arts  et 
sciences.  Bourdon  propose  qu'il  soit  nommé  une  section  de  trois  mem- 
bres pour  s'occuper  de  cet  objet  et  en  faire  rapport  dans  huit  jours. 
Cette  proposition  est  adoptée.  Bourdon,  Grégoire  et  David  sont 
nommés  commissaires  à  cet  effet  ^^\ 

La  Société  populaire  et  républicaine  des  arts  dénonce  une  annonce 
insérée  dans  le  n"  39-7  des  Petites  Arches  et  un  projet  d'un  nouveau 
culte.  Renvoyé  à  Mathieu  ^^'. 


(^)  Une  lettre  de  Buffon  fils,  que  nous 
avons  trouvée  dans  les  papiers  du  Comité, 
donne  des  renseignements  sur  cette  affaire , 
dont  les  procès-verbaux  antérieurs  n'ont 
pas  parlé.  Il  paraît  que  la  nmnicipalité 
de  Montbard  avait  exhumé  les  restes  de 
BufTon,  nous  ne  savons  pour  quel  motif. 
Prévenu  du  fait  par  le  fils  du  défunt,  le 
Comité  avait  aussitôt  chargé  deux  commis- 
saires d'aller  au  Comité  de  saiut  public 
pour  lui  demander  d'intervenir.  L'un  de  ces 
deux  commissaires  était  Léonard  Bouidon. 
Le  3  pluviôse,  Buffon  fils  se  rendit  au 
Comité  d'instruction  publique  pour  s'in- 
former du  résultat  de  la  démarche  faite; 
n'y  ayant  pas  rencontré  Léonard  Bour- 
don, il  écrivit  dans  les  bureaux  mêmes  du 
Comité  une  lettre  au  président,  Thomas 
Lindet.  Nous  donnons  cette  lettre  aux  an- 
nexes, D  (p.  hkcj). 

^^)  Le  décret  de  la  Convention  du 
90  pluviôse,  rendu  sur  une  pélition  du 
Lycée  des  arts,  portait  qu'à  l'avenir  tous 
les  arts,  aussi  bien  les  beaux-arts  que  les 
arts  mécaniques,  pniticipeiaienl  aux  n'com- 
penses  et  aux  encourageinenls,  et  avait 
chargé  le  Comité  d'Instruction  pubUcjue  de 
proposer  le  mode  d'exécution.  Ce  décret, 
que  nous  donnons  aux  annexes,  E  (p.  ^i5o ) , 
ajoutait  aux  arts  mécani(jues,  déjà  encou- 
ragés par  l'institution  du  Bureau  do  con- 


sultation des  arts  et  métiers,  et  aux  sciences 
et  lettres,  visées  par  le  projet  qu'avait 
adopté  le  Comité  d'instruction  publique  le 
3  septembre  1793  (t.  II,  p.  356),  les 
beaux-arts  qui,  jusqu'alors,  n'avaient  reçu 
d'autres  récompenses  que  les  bourses  accor- 
dées à  l'occasion  des  concours  de  peinture , 
sculpture  et  architecture.  Pour  la  suite, 
voir  la  séance  du  17  germinal  an  11. 

^^^  Nous  n'avons  pas  trouvé  la  lettre  de 
la  Société  républicaine  des  arts.  Le  n°  397 
des  Petites  AJJiches  ne  contient  aucune  an- 
nonce à  laquelle  puisse  s'appliquer  la  dé- 
nonciation dont  il  est  ici  question.  Il  est 
probable  que  nous  sommes  en  présence 
d'une  bévue  de  l'employé  qui  a  transcrit 
sui-  le  registre  le  procès-verbal  (dont  la 
minute  n'existe  plus),  et  qui  aura  amalgamé 
deux  alinéas  dilléronts  en  un  seul,  en 
supprimant  la  fin  du  premier  et  le  com- 
mencement du  second. 

La  veille  -jo  pluviôse,  la  Société  répu- 
blicaine des  arts  avait  présenté  à  la  Con- 
vention une  adresse  concernant  les  anciens 
élèves  de  rAcadéniie  do  Franco  à  Home, 
(fvictimes  infortunées  du  fanatisme  et  de  la 
rage  ullramontaine,  revenues  au  sein  de 
leur  patrie  à  travers  mille  dangers '';  elle 
avait  «invoqué  la  vengeance  nationale 
contre  les  traîtres  et  quelques  vils  artistes 
([ui    ont    proie    un    serment    exécrablt^    à 


Lxlxti      PROCÈS -VERBAUX  DU  COMITE  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

Le  citoyen  Thillaye  écrit  au  Comité  pour  demander  a  étro  autorisé 
à  mettre  en  ordre  et  à  soigner  le  cabinet  des  écoles  de  cliirurgie  gra- 
tuitement, et  qu'il  soit  rendu  public.  Le  Comité  arrête  qu'il  sera  écrit 
au  ministre  de  l'intérieur  pour  qu  il  ait  à  s'occuper  de  cet  objet  et  qu'il 
présentera  Thillaye  au  ministre  ^^l 

Le  citoyen  Langlès,  membre  de  la  Commission  des  arts,  donne  sa 

démission  de  cette  place  ;  elle  est  acceptée  ^-l 

R.-T.  Ltndet. 


PIECES  ANNEXES. 


ADRESSE  AUX  COMMUNES  ET  AUX  SOCIETES  POPULAIRES 
DE  LA  RÉPUBLIQUE  FRANÇAISE,  PAR  URBAIN  DOMERGUE  (^). 

Citoyens , 

La  Convention  nationale,  en  organisant  l'instruction  que  réclame  le  premier 
âge,  a  laissé  aux  Sociétés  populaires  le  soin  de  compléter  l'instruction  républicaine. 
La  connaissance  de  la  langue  française  entre  nécessairement  dans  cette  instruction 
complémentaire.  Je  propose  d'y  initier  l'adolescence  et  l'âge  mûr  par  des  moyens 
simples,  infaillibles,  presque  gratuits  et  propres  à  la  répandre  dans  tous  les  points 
de  la  République. 

L'étude  de  la  langue  nationale  est  devenue  un  besoin  pour  tous  les  citoyens, 
parce  que  tous  les  citoyens  sont  appelés  par  les  droits  de  l'homme  et  par  la  con- 
stitution à  des  emplois  où  il  faut  parler  et  écrire.  Sous  l'ancien  régime,  on  voyait 
quelques  liommes,  après  avoir  appris  le  français  avec  du  latin,  vexateurs  en 


Louis  XVilw;  elle  avait  dénoncé  nommé- 
ment Ménageot,  Fabre  de  Montpellier, 
Corneille,  Gouffier,  Tierce  père  et  fils, 
Doyen,  et  demandé  «qu'il  lui  fût  permis 
de  brûler  quelques  portraits  de  ces  mons- 
tres et  plusieurs  tableaux,  produits  de  leur 
génie  corrompue.  (Procès-verbal  de  la  Con- 
vention, t.  XXXI,  p.  io3.)  —  On  trouve 
le  texte  de  cette  adresse  et  des  détails  sur 
la  discussion  qu  elle  souleva  au  sein  de  la 
Société  républicaine  des  arts  dans  le  Journal 
de  la  Société  républicaine  des  arts,  pages  i  o3 
et  12  1.  C'est  évidemment  à  cette  adresse 
que  s'appliquent  les  premiers  mots  de  l'a- 
linéa :  cfLa  Société  populaire  et  républi- 
caine des  arts  dénonce .  .  .ri 


^^)  La  lettre  de  Thillaye  se  trouve  dans 
F",  carton  1708,  n°  1877.  Thillaye  était 
membre  de  la  Commission  des  arts,  section 
d'anatomie.  Il  sera  de  nouveau  question  de 
lui  le  1  7  ventôse  (p.  55 1). 

^^'  La  lettre  de  Langlès  se  trouve  dans 
F'^  carton  1 708,  n"  1878.  Le  motif  allégué 
par  Langlès  est  que  rrla  stricte  régularité 
de  ses  fonctions  à  la  Bibliothèque  nationale 
et  au  Collège  de  France  ne  pourrait 
s'accorder  avec  les  travaux  de  la  Commis- 
sion». 

(^)  Archives  nationales ,  F^',  carton  1  708, 
n°  187 A.  Celte  adresse  est  de  la  main  d'un 
copiste,  excepté  le  post-scriptwn. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  hkù 

surplis  ou  en  robe  de  la  foule  illettrée,  troubler  les  consciences  par  l'erreur,  ou 
dévorer  les  fortunes  par  la  fraude. 

Aujourd'hui  que  tous  les  emplois  sont  avoués  par  la  raison ,  fondés  sur  la  justice; 
aujourd'hui  que  l'ouvrier,  que  l'agriculteur,  que  tous  les  citoyens  doivent  sur- 
veiller les  autorités  dans  les  Sociétés  populaires,  qu'ils  peuvent  être  préposés  à 
l'exécution  des  lois  dans  les  administrations,  à  leur  confection  dans  la  représenta- 
tion nationale,  pouvant  tous  marcher  au  môme  but,  ils  doivent  avoir  les  mêmes 
moyens  pour  l'atteindre.  Et  quel  moyen  plus  efficace  que  la  connaissance  de  notre 
idiome;  par  elle,  nous  avons  une  prononciation  pure,  sorte  de  musique  qui  pré- 
pare l'esprit  aux  idées,  et  l'ame  aux  impressions;  une  construction  correcte  qui 
mène  à  la  clarté  par  l'ordre;  une  orthographe  saine  ([ui  rend  lisible  à  tous  ce  qui 
a  été  écrit  pour  tous.  Trop  souvent  les  dissonnances  dans  la  prononciation,  la  vio- 
lation de  rorthogra[)he,  l'obscurité  des  constructions,  détruisent  Teflet  d'une 
pensée  qui  eût  été  utile  à  la  patrie  ,  arrêtent  un  mouvement  oratoire  qui  eût  pro- 
duit un  mouvement  civique.  Les  peuples  esclaves  sont  condamnés  au  silence  :  la 
parole,  mère  et  fille  de  la  liberté,  est  le  partage  et  l'amour  des  peuples  libres.  Qui 
de  vous,  ignorant  les  principes  de  notre  langue,  n'a  pas  désiré  mille  fois  d*y  être 
initié?  qui  de  vous,  initié  dans  ces  principes,  n'a  pas  désiré  de  s'y  perfectionner? 
Quand  le  besoin  ne  vous  en  imposerait  pas  la  loi,  vous  la  recevriez  de  l'orgueil 
républicain;  l'homme  libre  doit  faire  bien  tout  ce  qu'il  fait,  et  vaincjueur  de 
l'homme  esclave  en  force,  en  courage,  en  vertu,  il  doit  être  son  vain(|ueur  en 
connaissances. 

A  de  si  justes  motifs  se  joint  un  point  de  vue  pohtique  qui  doit  fixer  l'attention 
de  la  représentation  nationale  :  les  lois  écrites  en  français  ne  sont  point  entendues 
par  les  sections  de  la  République  qui  parlent  allemand,  comme  dans  le  Haut  et  le 
Bas-Rhin ,  italien,  comme  en  Corse ,  provençal ,  languedocien ,  basque,  bas-breton  , 
comme  dans  un  grand  nombre  de  départements.  11  est  bien  dilficile  d'être  réuni 
d'opinions  quand  on  est  séparé  par  le  langage.  Et  que  dirai-je  des  mœurs  qui 
sont  les  lois  en  action,  des  mœurs  supplément  et  colonne  des  lois?  Les  départements 
limitrophes  des  étrangers,  de  nos  ennemis,  communi([uent  avec  eux  par  un 
idiome  commun,  puisent  dans  leurs  écrits,  dans  leur  commerce,  des  erreurs  (jui 
déshonorent  la  raison ,  des  principes  qui  tuent  la  liberté.  C'est  de  là  que  le  despo- 
tisme astucieux  a  jeté  ces  semences  de  poison  dont  le  développement  a  menacé  de 
mort  l'œuvre  immortelle  de  notre  régénération.  N'en  doutons  pas,  Pitt  a  fait  entrer 
la  difTf'rence  de  nos  dialectes  dans  ses  moyens  de  contre-révolution.  C'est  à  l'aide  des 
ténèbres  qu'elle  répand,  de  la  confusion  qu'elle  sème,  que  It^  ministre  de  George, 
l'Arimane  des  despotes,  a  fomenté  les  brigandages  de  la  \endée,  rinlame  trahison 
des  Toulonnais,  les  oscillations  de  Marseille,  la  défection  de  la  Corse.  Le  peu[)le 
parisien  est  resté  constamment  fidèle,  parce  qu'il  n'a  jamais  cessé  d'entendre  la 
voix  des  représentants  du  peuple  français.  Tous  enfants  de  la  même  famille,  nous 
(levons  tous  avoir  la  même  pensée,  être  nuis  parle  même  sentiment.  Que  !  hunne 
des  Marseillais,  que  les  chants  palrioti(|ues,  aiguillon  des  citoyens  dans  le  sein  des 
connnunes,  terreur  des  ennemis  dans  nos  camps,  puissent  enllannner  lous  les 
cœurs  de  l'amour  de  la  liberté,  de  l'orient  à  l'occident,  du  sn<l  au  midi.  ElVacons 
les  jargons,  comme  nous  avons  ellacé  les  provinces,  La  Kt>publi(jU(>,  uneci  iiulixi- 


liUiJ      PROCÈS-VERBAUX  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

sible  dans  son  territoire,  dans  son  système  politique,  doit  être  une  et  indivisible 
dans  son  langage. 

Un  moyen  ([ui  a  paru  simple,  efficace  et  peu  dispendieux  pour  propager  la  con- 
naissance de  notre  idiome,  est  de  publier  périodiquement  un  cours  de  langue 
française  contenant  : 

i"  La  granunaire  française  ëlëmentaire,  simplifiée,  avec  des  exemples  tirés  des 
droits  de  l'homme,  de  la  constitution  républicaine,  des  meilleurs  auteurs  en  mo- 
rale et  en  poiifique,  suivie  de  la  nomenclature  des  mots  à  difficultés,  familles  de 
mots,  ot  des  homonymes.  Celle  partie,  dégagée  de  toutes  les  difficultés  et  de  toutes 
les  erreurs  de  la  routine  collégiale,  sera  écrite  d'un  style  si  clair,  et  présentée  sous 
un  jour  si  lumineux,  qu'il  sera  impossible  à  l'intelligence  la  plus  ordinaire  de  ne 
pas  la  saisir.  Les  exemples,  en  éclairant  les  préceptes,  porteront  dans  les  esprits 
la  connaissance  des  droits;  dans  les  cœurs,  l'amour  des  devoirs.  La  nomenclature 
des  mots  à  difficultés,  les  familles  de  mots,  les  homonymes,  sont  des  moyens 
rapides  de  conquérir  l'usage  que  les  autres  moyens  ne  font  acquérir  que  lente- 
ment. 

2°  Un  vocabulaire  des  mots  usuels  et  de  ceux  qu'a  enfantés  la  Révolution,  où 
il  y  aura  des  définitions  logiques,  une  prononciation  exacte,  une  prosodie  sûre, 
le  sens  propre  et  le  sens  figuré,  la  synonymie,  la  classification,  l'orthographe  de 
l'usage  et  les  réformes  que  sollicite  la  l'aison. 

Ce  vocabulaire,  précieux  sous  tous  les  aspects,  le  sera  surtout  par  la  justesse 
des  définitions.  La  connaissance  de  la  vraie  signification  des  mots  donne  de  la  rec- 
titude à  l'esprit,  et  prévient  toutes  les  erreurs  qui  naissent  du  langage. 

Erreurs  logiques,  erreurs  grammaticales,  erreurs  politiques,  danger  a  chaque 
page,  à  chaque  mot,  tels  sont  tous  nos  lexiques  depuis  le  Richelet  portatif  jusqu'au 
grand  dictionnaire  des  quarante  immortels  dont  l'heureuse  mort  a  délivré  la  langue 
des  chaînes  où  elle  languissait  esclave ,  pauvre ,  sans  honneur  et  sans  courage.  Fai- 
sons un  dictionnaire  républicain,  avoué  par  la  raison,  par  le  goût,  parla  saine  poli- 
tique, où,  chaque  mot  peignant  une  idée  juste,  l'œil  du  Français  ne  soit  plus  blessé 
en  lisant  ces  définitions  académiques  :  Le  roi  est  le  souverain,  le  citoyen  est  Vhahilant 
d'une  ville;  marquis,  baron,  comte,  duc,  prince,  sont  des  termes  de  dignités.  Un  m 
est  un  usurpateur,  un  tyran,  l'oppresseur  de  la  liberté  publique.  Un  citoyen  est  un 
membre  de  la  cité,  du  souverain.  Marquis,  baron,  comte,  duc,  prince,  sont  des 
expressions  jadis  inventées  par  l'orgueil,  adoptées  par  la  bassesse,  maintenant 
effacées  par  le  niveau  de  l'égalité  et  reléguées  sur  la  scène  pour  devenir  un  objet  de 
dérision  ou  d'horreur. 

3"  La  grammaire  raisonnée,  pour  les  personnes  qui  veulent  approfondir  cette 
science. 

Cette  partie  est  le  développement  philosophique  de  la  grammaire  élémentaire. 
Elle  motive  les  changements  révolutioimaires  que  j'ai  opérés  dans  le  système  gram- 
matical. Elle  est  digne  des  méditations  de  l'instituteur,  de  l'écrivain,  de  l'orateur, 
du  philosophe. 

A"  La  solution  des  différentes  difficultés  qu'on  peut  proposer  sur  la  langue 
écrite  ou  parlée.  Ainsi,  une  solution  donnée  en  fiiveur  d'un  seul  profite  à  tous: 
de  tous  les  points  de  la  Républirj[ue,  mille  questions  viennent  converger  en  un  seul 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  UM 

point,  d'où  la  lumière  part  en  faisceau  pour  être  distribuée  à  tous  cea\  qui  l'ai- 
inent. 

Cette  partie  est  piquante  par  la  curiosité,  agre'able  par  la  variété,  instructive 
sans  appareil  ;  en  forçant  à  remonter  à  des  principes  inconnus,  à  tracer  des  règles 
nouvelles,  elle  enrichit  de  morceaux  précieux  l'édifice  de  la  grammaire. 

5°  Le  commentaire  grammatical  d'un  auteur  célèbre. 

Les  autres  parties  renferment  l'explication  des  principes,  celle-ci  en  présente 
l'application.  J'examinerai  et  les  fautes  qui  sont  échappées  aux  grands  écrivains  et 
les  beautés  dont  ils  ont  enrichi  la  langue.  Jean-Jacques,  Voltaire,  Buffon,  Racine, 
nos  plus  beaux  génies  comparaîtront  devant  nos  lecteurs,  (]ui  leur  pardonneront 
quelques  taches  effacées  par  tout  l'éclat  du  talent.  Mes  remarques  seront  respec- 
tueuses, par  égard  pour  les  grands  hommes;  raisonnées,  pour  être  plus  utiles; 
également  éloignées  et  du  ton  de  l'école,  et  de  celui  des  académies,  pour  [n'être] 
ni  sèches,  ni  fausses. 

6°  Le  recueil  des  meilleurs  morceaux  d'éloquence  et  de  poésie,  avec  des  notes 
didactiques.  Tout  ce  que  l'éloquence  républicaine  enfantera  de  beau,  tout  ce  que 
notre  poésie  régénérée,  fidèle  au  goût,  inspirée  par  le  génie,  offrira  d'images,  de 
sentiments,  de  pensées  fortes,  consigné  dans  cette  partie  de  l'ouvrage,  élèvera 
l'âme,  enflammera  le  cœur,  nourrira  l'esprit  du  lecteur  républicain.  Des  préceptes 
interjetés  marqueront  la  route  que  suit  le  talent,  les  écueils  qu'il  doit  éviter,  et. 
faisant  passer  de  l'admiration  à  l'imitation  des  chefs-d'œuvre ,  nous  verrons  éclore 
une  nouvelle  race  de  Démosthènes  et  de  Tyrtées  aussi  supérieurs  en  verve  à  nos 
petits  orateurs  en  rabat  et  à  nos  petits  poètes  de  ruelle  que  les  fiers  habitants  de 
la  Montagne  le  sont  en  énergie  à  ces  hommes  dégradés  qui  voulaient  un  maître. 

Citoyens,  l'ouvrage  que  j'entreprends  est  difficile,  immense.  Mais  je  puise  mon 
courage  dans  vingt-cinq  ans  de  méditations  sur  notre  idiome,  je  le  puise  dans  le 
besoin  qu'éprouve  mon  cœur  d'être  utile  à  tous  les  Français;  je  le  puise  dans  le 
noble  espoir  d'élever  notre  langue  à  la  hauteur  du  peuple  qui  la  parle;  je  le  puise 
dans  la  certitude  de  coopérer  à  l'unité  de  langage,  comme  nos  législateurs  ont 
opéré  l'unité  de  gouvernement  et  de  législation,  et  dans  la  certitude  plus  flatteuse 
encore  de  pouvoir,  par  la  propagation  de  notre  langue,  ce  conducteur  ('leclrique 
(le  la  liberté,  de  l'égalité,  de  la  raison,  contribuer  à  la  régénération  politique  de 
l'Europe. 

P.  SJ^^  —  L'adresse  qu'on  vient  de  lire  contient  un  plan  dont  l'exécution  jxnit 
être  inliniment  utile  aux  écoles  de  langue  française  que  vient  de  faire  décider  le 
Comité  de  salut  public  ^^\  l--a  j)artie  élémentaire  sera  traitée  spécialement  pour  ceux 
([ui  ne  savent  pas  le  français.  Dans  la  partie  des  questions  h  résoudre,  on  lèvera 
toutes  les  difficultés  que  les  instituteurs  pourront  rencontrer  dans  renseignement, 
on  indiquera  tous  les  moyens  de  remplir  le  plus  tôt  et  le  mieux  possible  l'esprit 
d'un  décret  aussi  moral  que  j)olitique.  Le  vocabulaire  est  d'une  nécessité  assez  évi- 
dente; nous  avons  de  nouvelles  idées,  une  nouvelle  langue,  il  nous  faut  absolu- 
ment de  nouvelles  définitions,  un  dictionnaire  nouveau. 

^'^  Ce  poslscripiutn  est  do  la  main  do  l)ouior{][uo. —  ^^^  Doirot  du  S  j>lii\iôsi>;  voli" 
p.  'iliH. 


'm      PROCÈS-VI^RBAUX  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

On  lit,  en  marge,  de  la  main  de  Prieur  (de  la  Côle-d'Or)  :  cr Renvoyé  au  Comité  d'in- 
slrucfion  publique  par  celui  de  salut  public  pour  avoir  son  avis.  17  pluviôse  an  2.  C.-A. 
PniEUR,  B.  Barère. »  Et  plus  loin  :  «Renvoyé  à  Grégoire??. 


LETTRE  DE   MORELLET  AU  PRESIDENT  DU  COMITE   D'INSTRUCTION    PUBLIQUE '^\ 

Au  citoyen  président  du  Comité  d'instruction  publique. 
Citoyen  président 

Au  mois  de  septemb.  dernier  le  citoyen  Romme  alors  président  du  comité 
d'instruction  publicpie  m'aiant  demandé  le  travail  de  l'académie  francoise  sur 
la  lang-ue  je  lui  ai  envoyé  l'exemplaire  imprimé  du  dictionaire  sur  lequel  sont 
les  corrections  qu'elle  destinoit  à  servir  à  l'édition  qu'elle  preparoit.  il  mnnquoit 
à  l'exemplaire  quelques  cabiers  emportés  par  les  académiciens  qui  y  travail- 
loient  elles  eux.  je  prévins  le  citoyen  Romme  que  j'allois  faire  mes  dibgences 
pour  les  recouvrer,  je  les  ai  retirés  en  effet  de  chès  quelques  uns  de  nos  anciens 
confrères  et  en  particulier  de  cbès  le  feu  m"'  de  Beauveau.  je  m'empresse  de  vous 
les  envoyer  pour  les  joindre  au  corps  de  l'ouvrage,  salut  et  fraternité. 

A.  MoRELLET. 

le  iG  Pluviôse  rue  du  faub.  st  Hon.  n"  83. 

On  lit  sur  la  chemise:  «Le  1"  cahier  commence  à  la  page  267  jusqu'à  278.  Le  -2^  de- 
puis 676  jusqu'à  616.» 

C 

LETTRE  DE  BUACHE  AU  PRESIDENT  DU  COMITE  DMNSTRUCTION    PUBLIQUE  ^^\ 

Paris,  9  1  pluviôse,  Tan  2*  de  la  République  française  une  et  indivisible. 
Au  citoyen  président  du  Comité  d'instruction  publique. 

Citoyen , 

Je  te  prie  de  faire  agréer  au  Comité  d'instruction  publique  la  reconnaissance  la 
plus  vive  de  ma  part  pour  les  marques  de  confiance  dont  il  m'a  honoré,  et  en 
même  temps  tous  mes  regrets  de  me  voir  dans  l'impossibilité  de  remplir  ses  vues. 
La  Convention  nationale  exige  un  certificat  de  civisme  des  membres  de  la  Com- 
mission des  arts,  et  dans  les  circonstances  présentes  où  des  malveillants  ont  cher- 
ché à  former  sur  moi  une  opinion  défavorable,  je  ne  puis  me  hasarder  à  deman- 
der un  certificat,  par  la  raison  que  s'il  m'était  refusé  je  serais  regardé  alors  comme 

(')  Archives  nationales,  F^',  carton  1708,  n°  1882.  —  Nous  conservons  pour  cette 
pièce  l'ortliographe  de  roriginal.  —  ^-^   Archives  nationales,  F^^,  carton  1708,  n°  187^. 


1 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  Iili9 

un  homme  suspect  et  incarce'rë  sur-le-champ.  Je  l'aurais  obtenu  bien  certaine- 
ment avant  mon  admission  dans  la  Commission  des  arts;  mais  l'exactitude  avec  la- 
quelle j'en  ai  rempli  les  fonctions  et  mon  zèle  pour  la  chose  pubhque  m'ont  fait 
des  ennemis  dangereux  dont  je  dois  craindre  la  vengeance.  J'en  ai  e'prouvé  déjà 
les  plus  funestes  effets,  et  h  l'exception  de  la  liberté  j'ai  tout  perdu.  Je  remplissais 
avec  satisfaction  la  commission  dont  j'étais  chargé,  et  c'est  avec  la  plus  grande 
peine  que  j'y  renonce,  et  me  vois  obligé  de  donner  ma  démission. 

J'enverrai  à  la  première  séance  de  la  Commission  des  arts  le  reste  des  inven- 
taires que  j'ai  faits,  et  tous  les  renseignements  que  j'ai  pu  me  procurer  jusqu'à  ce 
jour. 

Salut  et  fraternité. 

Blache. 

On  lit  dans  le  registre  des  procès-verbaux  de  la  Commission  des  arts  : 

Séance  du  sS  pluviôse,  l'an  2*  de  la  République. 

Un  membre  ayant  observé  que  la  Commission  des  arts  s'assemble  pour  la  [)re- 

mière  fois  depuis  son  organisation  conformément  au  décret  du ^'\  demande 

qu'il  soit  fait  un  appel  des  membres  qui  la  composent.  L'appel  fait,  un  membre 
de  la  section  de  marine  et  de  géographie  ^^^  observe  que  le  citoyen  Buache,  son 
collègue  dans  cette  partie,  ayant  donné  sa  démission,  les  travaux  attribués  à  la 
section  de  marine  et  de  géographie  seraient  sans  activité,  parce  que  demeurant 
chargé  seul  de  ces  travaux ^^\  il  était  très  occupé  d'ailleurs  pour  le  service  public. 

[La  Commission  arrête  qu'il  sera  écrit  à  Buache  pour  l'inviter  à  conlinuer  ses  travaux  jus- 
qu'à ce  qu'il  soit  remplacé.  Elle  arrête  en  outre  qu'il  sera  écrit  au  Comité  d'instruction 
publique.  ] 

11  sera  écrit  au  Comité  d'instruction  publique  pour  l'inviter  à  prendre  en  consi- 
dération les  services  de  ce  citoyen  qui,  par  son  zèle,  son  activité  et  ses  connais- 
sances a  mérité  les  suffrages  de  ses  collègues  ^*^ 


LETTRE  DE  BUFFON   FILS  AU  PRÉSIDE^T  DU  COMITE  D'INSTRUCTION   PUBLIQUE  ^^^ 

Le  3  pluvios  lan  second  de  la  République  fraucoise  une  et  Indivisible. 

Le  citoyen  léonard  Bourdon,  mavoit  dit  de  me  rendre  ce  soir  ici .  citoven ,  el 
de  le  demander  pour  être  instruit  de  la  décision  que  le  Comité  de  salut  public,  a 
prise  sur  la  demande  faite  j)ar  les  deux  commissaires  qua  nonunés  le  (^iomite  diu- 

(')  La  date  a  été  laissée  en  blanc.  C'est  le  (*^  Archives    nationales,     F'"*  7,    lolio 

décret  du  18  pluviôse  an  n.  aG  his,  vorso. 

('^  (î'est  sans  doute  Mongc,  collè^jue  de  ^-'^  Archives  nationales,  F'",  carton  ioo8\ 

Buache  dans  cette  section.  n"  iGr)G.  Nous  conservons  l'orlliograplie  cl 

^^^  Mais  Adel  appartenait  également  à  la  ponctuation  de  l'original, 
la  même  section. 


m. 


•'9 

lUrilIlil.Ml.     NAIlUTIJILt 


/i50      PROCÈS -VERBAUX  DU  COMITE  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

struction  publique,  pour  demander  une  lettre  a  la  municipalité  de  Montbard,  afin 
que  elle  respectât  le  tombeau  de  mon  père;  et  remit  son  corps  dans  un  autre  cer- 
cueil de  plomb  ou  de  pierre,  comme  jl  ny  est  pas  jose  te  prier  citoyen  de  vouloir 
bien  men  jnsti'uire  et  je  te  te'moigne  ici  ma  sensibilité  sur  la  manière  honorable 
et  affectueuse  avec  la  qu'elle  tu  as  repondu  a  ma  demande,  le  jour  ou  je  me  suis 
présenté  au  Comité. 

BCFFON  ^^K 

On  lit  en  marge  :  «A  représenter  à  la  procliaino  séance».  —  Au  dos  de  la  lettre  se  lit 
cette  suscriplion  :  «Citoyen  Lindet,  Président  du  Comité  d'instruction  publique  de  la  Con- 
vention nationale 55.  Et  au-dessus  :  wLu». 


On  lit  dans  les  procès-verbaux  de  la  Convention  : 

Séance  du  20  pluviôse  an  u. 

Pétition  des  citoyens  composant  le  Lycée  des  arts  ^"^K 

rfSur  la  proposition  d'un  membre,  la  Convention  nationale  décrète  qu'il  sera 
accordé,  sur  la  déclaration  d'un  jury,  des  récompenses  et  des  encouragements  a 
tous  les  arts,  tant  à  ceux  connus  sous  la  dénomination  de  beaux-arts  qu'à  ceux 
qu'on  qualifiait  d'arts  mécaniques. 

ff Renvoyé  au  Comité  d'instruction  publique,  pour  proposer  incessamment  le 
mode  d'exécution  ^^K  -n 


t')  On  sait  que  G.-L.-M,  Leclerc  de  But-  '^^  Nous  n'avons  pas  trouvé  cette  péti- 

lon    fut  arrêté   quelque   temps  après,   et  lion  aux  Archives  nationales. 

que,  impliqué  dans  l'affaire  de  la  conspi-  ^^^  Procès -verbal     de    la    Convention, 

ration  des  prisons,  il  fut  condamné  à  mort  t.  XXXI,  p.  io3. 
le  22  messidor. 


DE  LA  GOiNVENTlON  NATIONALE. 


UM 


CENT     QUATRE-VINGT-DIX-SEPTIEME     SÉANCE. 

Du  23  pluviôse  an  ii.  [ii    lévrier  179^^.] 

Présidence  de  Bouquier. 
CoDPÉ  et  ViLLAR,  secrétaires. 

Le  citoyen  Romme  a  présenté  de  la  part  du  citoyen  Firstenfelder 
une  montre  décimale  pour  le  concours  proposé  par  la  Conventions^', 
et  elle  a  été  déposée  sur  le  bureau  sous  le  n"  i  et  le  cachet  du  Comité. 
Elle  a  deux  cadrans,  un  en  dix  parties  d'un  côté,  et  un  autre  en  douze 
parties  ou  heures  de  l'autre.  Sur  ce  cadran  est  écrit  Martin  Firstenfelder, 
et  elle  est  accompagnée  du  reçu  du  citoyen  Soulavie,  résident  de  la 
République  à  Genève  ^'^^ 

Le  ministre  des  affaires  étrangères  envoie  l'état  de  la  bibliothèque 
qui  était  entre  les  mains  du  ci-devant  jurisconsulte  des  affaires  étran- 
gères, pour  servir  aux  commissaires  chargés  d'en  faire  et  surveiller  le 
transport  de  Versailles  à  Paris  ^^^ 

Sur  la  demande  formée  par  le  citoyen  Hébert,  directeur  des  théâtres 
de  Rochcfort  et  de  la  Rochelle,  pour  que  le  Comité  d'instruction  pu- 
blique écrive  aux  représentants  du  peuple  de  lui  faire  rendre  la  salle 
de  spectacle  occupée  par  la  Société  populaire,  le  Comité  passe  à 
l'ordre  du  jour^^l 

Le  Comité  de  salut  public  écrit  au  Comité  d'instruction  pour  que 
des  mémoires  sur  la  fabrication  des  cuirs  de  Russie,  qui  se  trouvent 
dans  les  papiers  de  Juigné,  soient  conservés  et  lui  soient  remis  par  le 
citoyen  Buache.  Le  Comité  d'instruction  publique  arrête,  en  outre, 
que  le  citoyen  RerthoUet  en  fera  rexam(în  et  en  fera  faire  une  copie 
pour  remettre  au  Comité  d'instruction  publique  ^^l 


('^  Le  décret  instituant  ce  concours  est 
du  a  1  pluviôse.  Voir  la  séance  du  1 9  plu- 
viôse, p.  /i3o,  note  2. 

(^)  Sur  Firstenfelder,  voir  la  séance  du 
9  frimaire  (p.  A  a). 

(^)  Voir  la  séance  du  2 5  nivôse  (p.  283). 
Nous  n'avons  pas  trouvé  la  lettre  du  mi- 
nistre. Le  22  pluviôse,  la  Convention  avait 
volé  un  décret  ordonnant  Tinslallation  du 
dépôt  des  ailaires  étranjjères  de  Versailles 


dans  la  maison  Beaujon  (Elysée-Bourbon); 
ce  décret  fut  rapporté  le  2/1  (Procès-verbal, 
t.  XXXI,  pa/jes  i()2  et  216). 

^*^  Nous  n'avons  pas  trouvé  la  lettre 
d'Héborl. 

(''^  La  maison  de  l'éniijfrt'  Jiii'jné,  située 
quai  Voltaire  (quai  Mala(piais),  devait  être 
évacuée  à  bref  délai  pour  être  remise  à 
l'adminislration  des  armes  et  mnnllions  de 
{juerre.  Instruite  de  la  chose,  la  Commis- 


'■^9 


452      PROCÈS-VERBAUX  DU  COMITE  DINSTRUCTION  PUBLIQUE 

Arrêté  que  la  Commission  des  arts  est  chargée  d'écrire  aux  repré- 
sentants du  peuple  et  d'avoir  recours  à  eux  pour  l'exécution  du  décret 
du  3  1  pluviôse  ^^^  sur  l'enlèvement  des  modèles  d'armes  fait  à  Stras- 
bourg par  l'émigré .  .  .  ^-\ 

Le  Comité  a  nommé  deux  commissaires,  Arbogast  et  Mathieu,  pour 
aller  examiner  un  globe  de  9  pieds  de  diamètre  commencé  rue  de  la 
Barouillère,  près  la  barrière  de  Vaugirard,  et  lui  rendre  compte  de 
l'état  où  il  se  trouve  ^^^ 

Un  membre  propose  d'écrire  au  ministre  de  l'intérieur  pour  qu'il 
donne  l'ordre  de  faire  remettre  en  place  et  à  la  disposition  de  la  na- 


sion  des  arts  décida,  le  30  pluviôse,  d'in- 
viter le  Comité  de  salut  public  à  faire 
retirer  de  cette  maison  certains  papiers 
relatifs  à  la  fabrication  du  cuir  de  Russie, 
ainsi  que  dos  cartes  et  plans.  Le  Comité 
prit  aussitôt  un  arrêté  (22  pluviôse),  dont 
une  expédition  fut  adressée  au  Comité  d'in- 
struction publique.  Nous  donnons  aux  an- 
nexes, A  (p.  A 53),  un  extrait  du  procès- 
verbal  de  la  séance  de  la  Commission  des 
arts  du  20  pluviôse,  l'arrêté  du  Comité  de 
salut  public  du  22  pluviôse,  et  une  lettre 
de  l'administration  des  armes  et  munitions 
de  guerre  à  la  Commission  des  arts,  rela- 
tive à  l'évacuation  de  la  maison  de  Juigné, 
du  25  ventôse. 

(^)  La  minute  porte  erronément  2  2  plu- 
viôse ,  et  le  registre  1 2  pluviôse. 

^'^)  Le  nom  de  l'émigré  est  resté  en  blanc , 
tant  au  registre  qu'à  la  minute.  C'est  Nadal. 

Le  procès-verbal  de  la  Convention  ne 
contient  pas  le  décret  du  2 1  pluviôse  relatif 
à  un  enlèvement  de  modèles  d'armes  fait  à 
Strasbourg.  Mais  le  Moniteur  supplée  à  cette 
omission.  Nous  donnons  aux  annexes,  B 
(p.  655),  un  extrait  du  compte-rendu  du 
Moniteur. 

(^)  Le  globe  terrestre  dont  il  est  ici 
question  est  celui  de  dom  Berge  vin.  Com- 
mencé en  1786,  sous  le  ministère  de 
M.  de  Vergennes,  ce  globe  était  déjà  assez 
avancé  en  1788,  année  oii  l'Académie  des 
sciences  fut  cbargée  par  M.  de  Montmorin 
de  l'examiner  et  entendit  à  son  sujet  un 
rapport  rédigé  par  Buacbe.  Le  3  mars  1 790, 


un  traité  intervint  entre  dom  Bergevin  et 
le  département  des  affaires  étrangères,  au 
sujet  des  dépenses  nécessitées  par  ce  travail 
(procès-verbal  de  la  séance  du  Comité  d'in- 
struction publique  du  12  fructidor  an  ni). 
Un  des  premiers  objets  dont  s'occupa  la 
Commission  des  arts,  en  septembre  1798, 
fut  l'achèvement  de  cette  intéressante  en- 
treprise. C'est  certainement  sur  Tinitiative 
de  la  Commission  des  arts  que  le  Comité 
d'instruction  publique  désigna  des  commis- 
saires pour  aller  rue  de  la  Barouillère  et 
lui  faire  un  rapport. 

Le  globe  de  Bergevin  fut  achevé  en 
l'an  III.  Originairement  destiné  au  châ- 
teau de  Versailles,  puis  promis  au  Mu- 
séum d'histoire  naturelle,  il  fut,  sur  la  pro- 
position de  la  Commission  executive  de 
l'instruction  publique,  déposé  dans  la  bi- 
bliothèque publique  des  Quatre-Na  lions 
(bibliothèque  Mazarine);  depuis  188 5,  il 
se  trouve  dans  le  musée  de  l'Observatoire 
de  Paris,  dont  il  forme  une  des  pièces  les 
plus  remarquables. 

Nous  donnons  aux  annexes,  C  (p.  656), 
des  extraits  d'une  lettre  de  M.  de  Montmorin 
à  l'Académie  des  sciences,  et  du  rapport  de 
Buache,  empruntés  à  un  travail  de  M.  Er- 
nest Maindron  publié  en  1887;  ainsi  que 
des  extraits  des  procès-verbaux  des  séances 
de  la  Commission  des  arts  des  8  et  22  sep- 
tembre 1793. 

Il  sera  de  nouveau  question  du  globe  de 
Bergevin  dans  la  séance  du  Comité  du 
i""  terminal  an  11. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE. 


UdV) 


tion  tous  les  catalogues  et  les  pièces  contenues  au  portefeuille  d'Angi- 
viller,  et  objets  qu'il  pourrait  avoir  chez  lui,  à  Versailles  ou  h  Paris, 
appartenant  à  la  nation (^^. 

Le  Comité  a  arrêté  de  faire  imprimer  la  méthode  du  citoyen  Sicard, 
pour  l'instruction  des  sourds  et  muets,  au  nombre  de  deux  mille ^'^^ 

La  séance  est  levée  à  dix  heures  et  demie. 


J.-M.  Coupé  (de  l'Oise),  secrétaire 


(3) 


PIECES  ANNEXES. 


On  lit  dans  le  registre  des  procès-verbaux  de  la  Commission  des  arts  : 

Séance  du  20  pluviôse,  l'an  2"  de  la  République. 

Un  membre  a  observé  qu'il  s'est  trouvé  dans  les  papiers  de  l'émigré  Juigné ,  en 
sa  maison,  quai  de  Voltaire,  quelques  mémoires  manuscrits  sur  la  Russie,  oii 
Juigné  avait  été  ambassadeur.  Parmi  ces  papiers,  on  a  remarqué  trois  ou  quatre 
pièces  qui  présentent  des  recherches  intéressantes  sur  la  manière  de  faire  le  cuir 
de  Russie,  et  elles  ont  été  mises  à  part  pour  être  conservées  et  communiquées  au 
Comité  de  salut  public.  Sur  le  rapport  exposé  ci-dessus,  la  Commission  des  arts 
a  arrêté  qu'il  en  serait  rendu  compte  au  Comité  de  salut  public,  et  que  ces  manu- 
scrits, ainsi  que  les  cartes  et  plans,  seraient  retirés  de  la  maison  de  Juigné,  qu'il 


'•')  Charles-Claude  de  la  Billarderie, 
comte  d'Angiviller,  avait  été  surintendant 
des  bâtiments  du  roi,  et  membre  de  l'Aca- 
démie des  sciences.  Les  comptes  présentés 
par  lui  en  1790  ayant  paru  fort  exagérés, 
un  décret  de  l'Assemblée  constituante, 
rendu  sur  le  rapport  de  Camus,  le  10  juin 
1791,  ordonna  la  saisie  de  ses  biens.  Il  se 
réfugia  alors  en  Allemagne,  où  il  mourut 
en  1810. 

Il  ne  faut  pas  le  confondre,  comme  on 
le  fait  souvent,  avec  Flaliaut  de  la  Billar- 
derie, maréchal  do  canjp,  qui  fut  inten- 
dant du  Jardin  du  roi  après  Bulfon,  jus- 
(pi'en  soptond)re  1791.  Flahaul  de  la 
Billarderie,  né  le  1  tî  avril  172/1,  d'après 
un  document  des  Archives  nationales  (  F", 
carton  1^39),  fut  gtiilloliné  à  Ai  ras  en 
l'an  II.  11  fut  le  père  du  comte  do  Flahaul, 
général  du  premier  empire ,  pair  de  France , 
et  sénateur  du  second  empire.  Sa  veuve,  par 


un  second  mariage,  devint  M"*  de  Souza. 

Il  est  question  à  plusieurs  reprises,  dans 
les  procès-verbaux  de  la  Commission  des 
arts,  des  objets  et  papiers  divers  provenant 
du  comte  d'Angiviller.  La  Commission  des 
monuments  en  avait  dressé  l'inventaire,  et 
avait  forme  dans  la  maison  d'Angiviller 
un  dépôt  de  cartes.  Voir  aux  annexes,  D 
(p.  /i58),  un  extrait  de  V Exposé  sncciiict 
des  travaux  de  la  Commission  des  monu- 
ments, et  un  extrait  du  procès-verbal  de  la 
séance  de  la  Commission  des  arts  du  -jo  ven- 
tôse an  H. 

(-^  Celte  décision  du  Comité  ne  paraît 
pas  avoir  été  exécutée.  Nous  avons  cheivhé 
inutilement  à  la  Bibliothèque  nationale  une 
Méthode  de  Sicard  pour  l'instruction  des 
sourds-muets,  (pii  aurait  été  inipriiiiée  en 
Tan  11  ou  en  l'an  m. 

^■'^  Signature  de  la  minute,  qui  »^st  de 
la  main  de  Coupé. 


/t5/i       PR0CI>S-VERBA[1X  DU  COMITF.  D'INSTRUCTION  PIJBfJQUE 

est  instant  d'évacuer,  et  transportés  à  la  maison  de  Nesle.  Elle  a  chargé  les  citoyens 
Leblond  et  Biiache  de  ce  transport  ^^^ 

La  minute  de  l'arrêlo  pris  h  surlendemain  par  le  Comité  de  salut  public,  en  consé- 
quence de  la  communication  faite  par  la  Commission  des  arts,  est  de  la  main  de  Prieur 
(de  la  Côte-d'Or)  et  ne  porte  d'autre  signature  que  la  sienne.  Nous  en  donnons  le  texte 
ci-dessous  : 

Le  Comité  de  salut  public,  instruit  que  dans  les  papiers  de  Juigné  se  trouvent 
des  mémoires  sur  la  i'ohrication  des  cuirs  do  Russie,  considérant  combien  il  est 
précieux  de  recueillir  promptement  tout  ce  qui  peut  avancer  et  favoriser  la  fabri- 
cation des  cuirs,  et  craiguant  que  dans  le  déménagement  rapide  qui  se  fait  de  la 
maison  Juigné  ces  papiers  ne  se  trouvent  confondus  avec  un  grand  nombre  d'autres 
et  ne  puissent  être  retrouvés  au  moment  du  besoin, 

Arrête  : 

Que  le  citoyen  Buaclie  est  chargé  de  faire  remettre  au  Comité  de  salut  public, 
section  des  armes,  les  mémoires  relatifs  à  la  fabrication  des  cuirs  de  Russie,  qui 
se  trouvent  parmi  les  papiers  de  Juigné ,  et  que  le  Comité  d'instruction  publique 
sera  prévenu  de  cette  mesure. 

Les  membres ,  etc. 


2  expéditions  :  i  pour  le  Comité  d'instruction  pubhque  ;  i  pour  Buache ,  aux 
du  Louvre. 

Paris,  le  32  pluviôse  an  2". 

C.-A.  Prieur  ('). 


galeries  du  Louvre. 


Une  expédition  de  cet  arrêté  se  trouve  dans  les  cartons  du  Comité  d'instruction  publique 
(F",  carton  1708,  n°  1889);  elle  porte  en  tête  la  mention  :  «Comité  de  salut  public. 
Bureau  de  la  fabrication  extraordinaire  des  armes??  ;  elle  ne  contient  que  le  dispositif  de 
Tarrèté,  sans  les  considérants,  et  elle  indique,  comme  ayant  «signé  à  l'original)?,  c'est- 
à-dire  au  registre,  Robespierre,  Carnot,  C.-A.  Prieur,  Barère,  Billaud-Varenne  et 
R.  Lindet. 

Nous  avons  trouvé,  dans  un  carton  de  la  série  F^',  une  lettre  adressée  le  mois  suivant 
à  la  Commission  des  arts  par  l'administration  des  armes  et  munitions  de  guerre,  qui  devait 
prendre  possession  de  la  maison  de  Juigné,  et  qui  insistait  pour  que  l'évacuation  en  fût 
opérée  le  plus  promptement  possible.  Voici  cette  pièce  : 

Administration 

conservatoire  des  armes 

et  munitions  de  guerre  ,     •    r./      ii-  •    i-  •  -i-i 

de  la  République  ^"  ^^  ventôse  1  an  2"  de  la  liepublique  une  et  nidivisible. 

L'administration  me  charge,  citoyens,  de  vous  inviter  à  ordonner  que  la  biblio- 
thèque et  le  cabinet  d'histoire  naturelle  soient  évacués  au  plus  tôt,  l'intention  du 

^  Archives  nationales,  F^'*7,foHo  26  6es,  ^-)  Archives  nationales,  AF  11,  carton  67, 

recto.  cahier  Zjgo,  pièce  6. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE. 


/i55 


Comitë  de  salut  public  ëtant  que  nous  ayons  à  notre  disposition  et  le  plus  prompte- 
ment  possible  la  jouissance  de  cette  localité. 

Al.  Berger. 

Suscription  :  c:  Aux  citoyens  membres  composant  la  Commission  des  arts  et  monuments 
publics  séante  au  ci-devant  Collège  des  Qualre-Nations^'^» 

On  lit  sur  la  pièce  :  rr Renvoyé  à  la  section  des  dépôts  littéraires  et  d'iiistoire  naturelle, 
3o  ventôse.  Vill.vp.  ,  secrétaire '^^"i . 

Et  au-dessous,  d'une  autre  écriture  :  «Renvoi  à  la  section  des  armes  du  Comité  de  salut 
public  pour  savoir  dans  quelle  maison  est  établie  cette  Commissions^'.  3o  ventôse. rî 

La  main  d'un  employé  de  la  section  des  armes  a  écrit,  en  réponse  à  cette  demande,  l'in- 
dication ci- après,  qu'il  a  placée  au-dessous  de  la  signature  AL  Berger  :  r  A  l'Arsenal ,  maison 
ci-devant  Montbaré??. 

Enfin,  en  marg-e,  on  lit  ces  mots,  qui  se  rapportent  à  la  fflocalitéTi  dont  l'évacuation  est 
demandée  et  qui  n'est  pas  désignée  clairement  dans  le  texte  de  la  lettre  :  «-Quai  Malaquais, 
maison  ci-devant  Juigné  ^''^w. 


On  lit  dans  le  Moniteur  : 

Convention  nationale,  se'ance  du  21  pluviôse. 

Rûhl.  Il  existait  dans  l'arsenal  de  Strasbourg  une  collection  très  précieuse  de 
modèles  de  toutes  les  armes  relatives  à  Tartillerie.  Cette  collection  a  été  emportée 
en  partie  par  Nadal,  lorsqu'il  a  émigré  par  la  protection  de  Dietrich,  qui  a  enfin 
expié  ses  crimes  sous  le  glaive  de  la  loi^^^  Mais  il  est  intéressant  de  rétablir  cette 
collection.  J'atteste  le  témoignage  de  notre  collègue  Romme,  qui  Ta  vue  et  admirée. 
Je  demande  donc  que  le  Comité  d'instruction  publique  avise  aux  moyens  de  réparer 
cette  perte. 

Le  renvoi  au  Comité  d'instruction  publique  est  décrété  ^®\ 


(')  L'auteur  de  cette  lettre  a  confondu 
la  Commission  des  arts  et  celle  des  monu- 
ments, croyant  qu'elles  ne  faisaient  qu'un. 
C'est  la  Commission  des  monuments  qui 
siégeait  au  collège  des  Quaire-Nations.  La 
Commission  des  arts  avait  ses  locaux  à 
l'hôtol  de  Brionne,  à  côté  du  Comité  d'in- 
struclion  publique. 

S-)  Vlllar  signe  ici  comint;  secrétaire  do 
la  (Commission  des  arts.  Il  remplit  ces 
fonctions  pendant  le  mois  de  ventôse,  con- 
formément à  l'arrêté  du  Comité  d'instruc- 
tion publique  du  90  pluviôse  (voir  p.  A.^x)), 
disposant  (juo  le  président  et  le  secrétaire 
du  Comité,  à  l'expiration  de  leur  charge, 


rempliraient  pendant  le  mois  suivant  les 
fonctions  do  président  et  de  secrétaire  de 
la  Commission  dos  aits. 

(^^  C'est-à-dire  l'administration  des  armes 
et  munitions  de  guerre. 

(*)   Archives  nationales,  F'",  carlon  1 0/18. 

S*)  Dielrich ,  ancien  maire  de  Strasbourg , 
avait  été  condamné  à  mort,  le  8  nivôse,  par 
le  tribunal  révolutioiuiaire,  comme  cou- 
pal)io  d'avoir  eu  des  inlolligencoset  pratiqué 
des  manœuvres  avec  los  oiniemis  inloriours 
et  extérieurs  de  la  République.  Nadal  était 
l'inspecliHu-  de  l'arsenal  de  Strasbourg 
[Journal  des  dcbats  et  des  décrets). 

S")   Moniteur  du  -^S  pluviôse  an  u ,  p.  579. 


^50      PROCES-VERBAUX  DU  COMITE  ^INSTRUCTION  PUBLIQUE 


Dans  un  article  paru  dans  la  Revue  scientifique  dn  7  mai  1887,  ^'-  Ernest  Maindron  a 
publié  divers  documents,  retrouvés  par  lui  à  la  bibliothèque  Mazarine  et  aux  archives  de 
l'Académie  des  sciences,  relatifs  au  {rjobe  terrestre  construit  par  dom  Bergevin  de  178^ 
à  1794.  Nous  reproduisons  ci-après  quelques  extraits  de  ces  documents. 

L'Iutrodiiclion  d'une  description  manuscrite  de  ce  globe,  conservée  à  la  bibliothèque 
Mazarine  (n°  3G88,  in-/i°),  nous  apprend  que  le  plan  en  fut  proposé  en  178/4  au  comte 
de  Vergennes,  ministre  des  affaires  étrangères,  par  le  géographe  Le  Clerc.  Le  comte  de  Ver- 
gennes  mit  sous  les  yeux  du  roi  un  mémoiie  exposant  l'utilité  de  ce  travail,  et  Louis  XVI 
donna  l'ordre  do  l'exécuter. 

11  lut  statué  tf  que  le  globe  serait  terminé  en  deux  ans  :  qu'il  serait  placé  à  Versailles,  afin 
qu'il  pût  être  utile  à  Monseigneur  le  dauphin  et  qu'il  l'eût  sous  les  yeux.  .  .  ;  que  dom 
Bergevin,  religieux  de  l'ordre  de  Saint-Bernard,  serait  chargé  de  l'exécution  mécanique  du 
globe  et  de  la  description  des  moyens  employés  dans  sa  composition  interne  et  externe; 
qu'il  aurait  pour  collaborateurs  dans  la  partie  géographique  MM.  Le  Clerc  et  Robert  de 
Vaugondy?^. 

Quatre  ans  plus  tard,  le  globe  était  presque  entièrement  achevé  (le  délai  de  deux  ans, 
fixé  poui"  la  terminaison  du  travail,  avait  été  bien  vite  reconnu  insuffisant).  Le  comte 
de  Montmorin,  successeur  de  Vergennes,  écrivit  alors  à  Condorcet,  secrétaire  perpétuel  de 
l'Académie  des  sciences,  le  17  février  1788,  une  lettre  où  on  lit  ce  qui  suit  : 

M.  l'abbé  Bergevin  m'informe  que  l'ouvrage  tire  à  sa  fin  ;  mais  avant  que  d'en 
permettre  l'exposition  publique,  j'ai  pense'  que  ce  monument  devait  être  soumis 
à  l'examen  de  commissaires  de  l'Académie  des  sciences  ;  c'est  même  le  vœu  de 
dom  Bergevin. 

J'ai  à  vous  prier,  pour  cet  effet,  monsieur,  de  vouloir  bien  engager  l'Académie 
des  sciences  à  nommer  des  commissaires  pour  examiner  le  nouveau  globe  et  en 
faire  leur  rapport  à  la  Compagnie.  L'atelier  de  dom  Bergevin  est  établi  dans  une 
maison  où  il  loge,  rue  Barouillère,  faubourg  Saint-Germain.  Lorsque  je  serai 
instruit  de  vos  dispositions  à  ce  sujet,  je  l'en  informerai,  en  lui  recommandant 
d'aller  se  concerter  avec  vous,  monsieur,  et  de  concourir,  en  ce  qui  le  concerne, 
à  la  vérification  projetée ,  dont  je  me  propose  de  rendre  compte  à  Sa  Majesté. 

Les  commissaires  nommés  par  l'Académie  des  sciences  furent  Lalande ,  Buache  et  Cbabert. 
Leur  rapport,  rédigé  par  Buache,  fut  présenté  deux  mois  après,  le  19  avril.  Nous  en  dé- 
tachons les  passages  suivants  ; 

Nous,  commissaires  nommés  par  l'Académie ,  avons  examiné  un  globe  terrestre, 
de  huit  pieds  de  diamètre,  ordonné  par  le  roi  et  exécuté  sous  les  auspices  du  mi- 
nistre des  affaires  étrangères  par  dom  Bergevin,  religieux  de  l'ordre  de  Citeaux. . . 

Ce  globe  devait  être  de  neuf  pieds  de  diamètre ,  suivant  le  projet  arrêté  et  la 
soumission  de  dom  Bergevin  ^'^;  mais,  après  plusieurs  essais  et  en  considérant  les 

(')  Ceci  explique  pourquoi,  dans  le  procès-verbal  du  Comité  d'instruction  publique,  il  est 
question  d'un  globe  de  neuf  pieds. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  /j57 

(iiflTicuUés  qu'il  y  aurait  à  le  placer  dans  un  lieu  convenable,  le  ministre  le  réduisit 
à  huit  pieds. 

Le  premier  soin  de  dom  Bergevin  fut  de  donner  à  son  globe  la  plus  grande 
solidité;  et  il  fut  secondé  dans  cette  partie  par  M.  Bergevin,  architecte,  son  frère, 
qui  y  employa  toutes  les  ressources  d(;  l'art. 

[Suit  une  description  minutieuse  de  la  charpente  intérieure  du  globe,  exécutée  en  bois, 
consolidée  par  des  pièces  de  cuivre,  et  recouverte  de  lames  de  cuivre.] 

Cette  charpente  a  été  exposée  en  plein  air  aux  chaleuis  de  Tété  et  a  éprouvé  les 
rigueurs  et  l'humidité  de  deux  hivers,  sans  qu'on  y  ait  aperçu  aucun  dérangement. 

On  a  mis  sur  le  globe  vingt  à  vingt-cinq  couches  d'une  couleur  jaune  préparée 
à  l'huile  et  au  vernis,  et  que  les  peintres  appellent  couleur  de  préparation;  et 
lorsque  cette  couleur  a  été  bien  durcie  à  l'air,  on  l'a  poncée  avec  des  pierres  ponces 

fines On  a  peint  ensuite  le  globe  avec  du  blanc  de  céruse  préparé  à  l'huile 

et  au  vernis,  et  on  y  a  mis  encore  trente  couches  très  claires;  on  l'a  laissé  ensuite 
à  l'air  pendant  un  été,  et,  lorsque  l'on  a  été  assuré  que  la  peinture  était  sèche, 
on  l'a  polie  au  chiffon  avec  la  pierre  ponce  broyée  sur  un  marbre ,  et  ensuite  au 
tripoli. 

C'est  dans  cet  état  que  dom  Bergevin  a  entrepris  d'y  tracer  la  géographie;  après 
différents  essais  qu'il  a  faits  sur  la  manièi'e  d'y  décrire  les  objets,  il  s  est  déterminé 
à  les  graver  dans  la  peinture  même  et  à  appliquer  dans  les  tailles  le  plus  beau 
noir  d'imprimerie  qu'il  a  pu  se  procurer.  .  .  Les  montagnes  sont  faites  au  pinceau; 
elles  se  distinguent  d'une  manière  frappante. .  .  Il  ne  reste,  pour  terminer  ce  globe, 
(pj'à  y  ajouter  les  deux  couleurs  ([ui  distinguent  les  terres  et  les  mers,  avec  le 
vernis  qui  doit  recouvrir  le  tout.  On  ne  l'a  pas  fait,  afin  de  pouvoir  y  appliquer  les 
changements,  correclions  et  additions  qui  paraîtraient  convenables  après  l'examen 
des  matériaux  géographiques  que  l'auteur  a  employés .  .  . 

Un  petit  globe  de  seize  pouces  de  diamètre,  qui  est  le  modèle  du  grand  et  qui 
est  terminé  dans  toutes  ses  parties,  nous  a  mis  à  portée  d'entrevoir  ce  que  serait 
ce  dernier  lorsque  l'on  y  aurait  mis  la  dernière  main. 

On  lit  ce  qui  suit  dans  le  registre  des  procès-verbaux  de  la  Commission  des  arts  : 

Séance  du  8  septembre  1798. 

Globe  de  Bergevin  à  continuer;  modèle  à  retirer  de  la  maison  des  aiîaires 
étrangères  ^'^  Tliouin  annonce  que  ce  globe  avait  été  destiné  au  Muséum  d'histoire 
naturelle. 

Séance  du  99  septembre  1798. 

La  section  de  la  marine  remet  un  procès-verbal  sur  le  glob»»  de  B(M*gevin  et  sur 
le  globe  du  citoyen  Vlentelle  ^'\  Déposé  au  carton  ^^\ 

^'^  Ce  uio(l(M('  est  le  potil  {jlobc  de  seize  nati()nale,el  se Ironvodans  la  salie  des  «globes 

pouces  dont  parle  le  rapport  de  Huache.  (voir  VEnuta  et  Addenda  en  tète  du  pré- 

'^^  Sur  le  gIoi)e  de  Mentelle,  voir  notre  sent  volume), 
tome  II,  p.  .5-^7.  Le  globe  de   Mentelle  a  ^^^  Archives  nationales,  F'"*  7.  folios  1 

été  acquis  en   1877   par   la    Bibliothèque  verso  et  3  verso. 


/i58      PROCES -VERBAUX  DU  COMITE  D1NSTRUGTI0N  PUBLIQUE 


La  Commission  des  monuments,  dans  VExposé  succinct  des  travaux  de  la  Commission 
(p.  9  de  cet  Exposé),  parle  du  soin  qu'elle  a  pris  de  recueillir  des  cartes  géographiques  et 
de  les  réunir  en  un  dépôt  dans  la  maison  d'Angiviller  : 

Lo  d(q)ôt  qui  se  forme  à  rancienne  demeure  de  l'émigré'  d'Angiviller,  sous  la 
surveillance  de  la  Commission,  sous  la  garde  d\m  de  ses  membres,  peut  prouver 
le  zèle  de  la  Commission  à  cet  égard.  Elle  ne  s'est  pas  bornée  à  réunir  ainsi  toutes 
les  cartes  qu'elle  a  pu  découvrir;  elle  a  voulu,  par  une  communication  facile,  se- 
conder les  travaux  des  auteurs  de  l'Atlas  national,  dont  l'ouvrage  sera  si  utile  à  la 
République  '^^K 

On  lit  dans  le  registre  des  procès-verbaux  de  la  Commission  des  arts  : 

Séance  du  20  ventôse,  l'an  9.'  de  la  République. 

Il  est  arrêté  que  les  sections  respectives  vérifieront,  avec  l'inventaire  qui  doit  être 
remis  par  la  ci-devant  Commission  des  monuments,  les  objets  de  sciences  et  d'arts 
de  la  maison  de  l'émigré  d'Angiviller,  et  procéderont  ensuite  à  leur  transport 
dans  les  dépôts  nationaux,  ainsi  qu'il  conviendra ^^^ 


(^)  Sur  VAtlas   national  et  ses  auteurs,  ^^^  Archives  nationales,  F'^*  7,  folio  38 

voir  pages  /i63-464.  verso. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE. 


A59 


CENT   QUATRE-VINGT-DIX-HUITIEME   SEANCE. 

Du  a5  pluviôse  an  ii.  [i3  février  179^.] 

Le  citoyen  Mathieu  rend  compte  de  ce  qui  s'est  passé  à  la  séance 
de  la  Commission  des  arts,  qui  a  eu  lieu  ce  matin  quintidi.  Ladite 
Commission  a  choisi  pour  son  secrétaire-commis  le  citoyen  Lehlond; 
elle  demande  que  le  Comité  d'instruction  puhlique  ratifie  cette  élec- 
tion. Le  président  met  la  proposition  aux  voix;  elle  est  adoptée ^^l  On 
arrête  en  même  temps  que  le  président  et  le  secrétaire  de  la  Commis- 
sion des  arts  seront  pris  dans  le  sein  du  Comité.  L'un  et  l'autre,  après 
avoir  rempli  leurs  fonctions  respectives  pendant  un  mois  dans  le 
Comité,  iront  les  continuer  dans  la  Commission  des  arts  pendant  le 
mois  su  i vaut  ^^l 

Il  sera  fait  une  liste  des  membres  qui  peuvent  être  présentés  a 
la  Convention  nationale  pour  être  adjoints  au  Comité  d'instruction 
pubHque^^l 

Le  citoyen  Carpent  présente  ses  vues  pour  former  un  établissement 


^''  Sur  la  nomination  d'un  secrétaire- 
commis,  ou  commis  adjoint  au  secrétaire, 
que  la  Commission  des  arts  avait  été  in- 
vitée à  présenter,  voir  la  séance  du  Comité 
du  19  pluviôse  (p.  /i33).  Ce  secrétaire- 
commis  reçut  de  la  Commission  le  titre 
à'' agent.  Nous  donnons  aux  annexes,  A 
(p.  /iôa),  un  extrait  du  procès-verbal  de  la 
séance  de  la  Commission  des  arts  du  2  5  plu- 
viôse, relatif  à  la  nomination  de  Leblond 
en  qualité  d'agent. 

^^^  Cette  phrase  signifie  que  le  président 
et  le  secrétaire  du  Comité,  à  l'expiration 
de  leurs  fonctions,  rempliront  pendant  le 
mois  suivant  celles  de  président  et  de  se- 
crétaire de  la  Commission  des  arts.  Et  en 
effet,  nous  voyons  que  Lindet,  président 
sortant  du  Comité,  devient  président  de  la 
Connnission  dos  arts  :  c'est  lui  ([ui  signera 
en  cette  qualité  Vlustructiou  sur  la  ma- 
nière (l'inreiitoricr,  etc.,  publiée  dans  le 
courant  de  vcnlôse. 

^'^  Lorsqu'un  comit*'  trouvait  insulîisant 


le  nombre  de  ses  membres,  il  devait  en 
aviser  le  Comité  de  salut  public,  et  lui  in- 
diquer ceux  des  représentants  qu'il  désirait 
se  voir  adjoindre;  le  Comité  de  salut  public 
proposait  alors  à  la  Convention  les  aug- 
mentations qu'il  jugeait  nécessaires  {^ote 
du  Comité  de  salut  publie  relative  ait.v  dif- 
férents comités  de  la  Convention,  dans  noire 
tome  II,  p.  780).  Une  première  fois  déjà, 
le  Comité  d'instruction  publique  avait  usé 
de  ce  moyen  pour  se  compléter,  et  six  mem- 
bres lui  avaient  été  adjoints  le  1  1  brumaire. 
Maintenant  il  se  trouvait  de  nouveau  privé 
d'un  certain  nombre  de  ses  membres,  par 
l'arrestation  de  Basire  de  Cloots,  de  Fabre, 
et  l'envoi  en  mission  de  Romme  ;  Guyton  et 
Fourcroy  allaient  voir  presque  tout  loin* 
temps  réclamé  pai-  l'Kcole  des  armes  et 
poudres,  dont  les  cours  s'ouvraient  le 
i"  ventôse.  La  liste  des  noms  qui  liu-tMil 
adoptés  pour  être  présentés  à  la  Conven- 
tion est  aiuiexée  au  procès-verbal  di>  la 
séance  suivante  (p.  /iGG). 


A60      PROCES -VERBAUX  DU  COMITE  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

propre  à  assui'cr  l'existcînce  des  nourrices  qui  viennent  chaque  jour 
chercher  des  enfants,  et  propose  pour  les  enfants  un  plan  de  nourri- 
ture saluhre.  Ajourné  à  la  prochaine  séance ^^^. 

Le  citoyen  Coupé  fait  un  rapport  au  nom  du  Comité  d'instruction 
puhlique  et  de  celui  des  domaines,  réunis,  sur  la  destination  des  ci- 
devant  églises  et  autres  hàtiments  possédés  par  des  corporations  par- 
ticulières supprimées  et  restés  vacants.  Le  Comité  arrête  que  le  ré- 
sultat des  délibérations  prises  par  lesdits  comités  sera  présenté  au 
Comité  de  salut  public  ^'^^. 

Le  Conservatoire  du  Muséum  des  arts  est  introduit.  Un  membre, 
au  nom  de  ses  collègues,  rend  compte  des  premiers  travaux  de  cette 
commission.  Il  résulte  de  son  rapport  déposé  sur  le  bureau  qu'il  lui 
a  été  impossible  jusqu'ici  de  procéder  à  des  inventaires  complets.  Le 
Comité  prendra  cet  objet  en  grande  considération  ^'^^. 

Le  citoyen  Grégoire  propose  de  faire  un  rapport  sur  l'exécution  de 
la  loi  du  28  nivôse  ^'^^  relative  au  concours  qui  doit  être  ouvert  pour  la 
composition  des  livres  élémentaires.  Ajourné  à  la  séance  prochaine  ^^l 

Les  administrateurs  au  département  de  police  de  la  commune  de 
Paris  donnent  avis  au  Comité  qu'ils  ont  reçu  trois  voitures  de  papier 
imprimé  en  feuilles.  Le  citoyen  Guyton-xMorveau  est  nommé  rap- 
porteur ^^\ 


(■'  Voir  p.  hS'2.  H  sera  de  nouveau  ques- 
tion de  Carpent  le  9  floréal  an  11. 

^^>  Voir  la  séance  du  19  pluviôse  (p.  433). 
Le  5  ventôse  (p.  A93),  Coupé  rendra 
compte  de  la  remise  laite  par  lui  de  ce 
projet  de  décret  au  Comité  de  salut  public. 
Une  disposition  identique  à  celle  du  projet 
de  Coupé  se  trouve  dans  le  plan  de  Bou- 
quier  :  voir  p.  60  (article  9  de  la  section  IV) 
et  p.  570  (article  2  de  la  première  section). 
Le  projet  de  décret  préparé  par  Coupé  n'a 
pas  été,  à  notre  connaissance,  présenté  à 
la  Convention;  mais  les  votes  de  l'assem- 
blée dans  les  séances  des  i5  et  2  5  ventôse, 
interprétant  le  décret  du  2  5  brumaire,  dé- 
clarèrent que  ce  décret  donnait  aux  com- 
munes la  faculté  de  disposer  des  presbytères 
et  des  én;lises  (voir  p.  bh^,  note  1). 

(^)  Voir  la  séance  du  i5  pluviôse  (p.  Sc)k) 
et,  pour  la  suite,  celle  du  2  7  pluviôse  (p.  466). 


^*^  Date  erronée  ;  le  décret  est  du  9  plu- 
viôse. 

^^)  Le  décret  du  9  pluviôse  (article  h) 
avait  chargé  le  Comité  de  présenter  un  rap- 
port sur  l'organisation  d'un  jury  chargé  de 
juger  les  ouvrages  envoyés  au  concours. 
Déjà  Tliibaudeau  avait  été  nommé  rap- 
porteur le  9  pluviôse  (p.  36a).  Bien  que 
le  Comité  ajourne  ici  la  question  crà  la 
prochaine  séance^^,  il  ne  s'en  occupera  que 
le  1 1  messidor  an  11. 

^**)  Il  est  probable  que  les  trois  voitures 
de  papier  imprimé  envoyées  au  départe- 
ment de  la  police  de  la  commune  conte- 
naient du  papier  destiné  à  la  refonte.  (Voir 
à  ce  sujet  la  lettre  de  la  municipalité  de 
Paris  lue  à  la  Commission  des  arts  le  2  5  ni- 
vôse, p.  395).  Dans  ce  cas,  il  était  natu- 
rel de  renvoyer  l'affaire  à  Guyton,  chargé 
depuis  frimaire  du  rapport  sur  cette  ques- 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE. 


AGI 


Le  citoyen  Sarrette  envoie  sa  démission  de  membre  de  la  Commis- 
sion des  arts;  elle  est  acceptée.  Le  choix  du  successeur  de  Sarrette 
est  ajourné (^l 

Les  inspecteurs  de  la  salle  invitent  le  Comité  à  surveiller  la  con- 
sommation de  bois  qui  se  fait  dans  ses  bureaux.  Renvoyé  au  citoyen 
Mathieu,  inspecteur  du  Comité. 

Le  Comité  s'occupera  dans  la  séance  prochaine  des  mesures  à 
prendre  pour  maintenir  la  propriété  des  artistes ,  violée  par  les 
contrefacteurs  (^^ 

Le  Comité  de  division  fait  passer  au  Comité  d'instruction  publique 
un  extrait  du  registre  de  ses  délibérations,  séance  du  19  pluviôse.  Il 
demande  qu'on  lui  procure  toutes  les  géographies  anciennes  et  mo- 
dernes, le  grand  Atlas  national,  et  les  autres  cartes  géographiques. 
Renvoyé  à  la  Commission  des  arts  ^^\ 

David  est  chargé  de  se  transporter  au  Comité  des  inspecteurs  de  la 
salle  pour  l'engager  à  ne  prendre  aucune  détermination  sur  le  place- 
ment du  buste  du  jeune  Barra  avant  de  connaître  un  plan  général 
sur  les  œuvres  d'art,  que  doit  présenter  le  citoyen  Cambon  à  la  Con- 
vention nationale  ^^l 

Le  président  lit  une  lettre  du  Comité  de  salut  public  sur  plusieurs 
questions  que  ledit  Comité  a  déjà  fait  passer  au  Comité  d'instruction 
publique ^^^.  Le  Comité  adopte  le  projet  d'instruction  proposé  par  Lindet 


lion.  Voir  la  suite  à  la  séance  du  1  7  ven- 
tôse (p.  55 1). 

('^  La  démission  de  Sarrette  paraît  avoir 
été  motivée,  comme  on  le  verra  plus  loin, 
par  ses  occupations  à  l'Institut  national  de 
musique.  Voir  la  suite  à  la  séance  du 
5  ventôse  (p.  àgh). 

^'-^  Cette  décision  du  Comité  fut  prise  à 
la  suite  d'un  décret  rendu  par  la  Convention 
le  a  1  pluviôse.  Voir  aux  annexes ,  B  (  p.  /i  6  9) , 
un  extrait  du  procès-verbal  de  la  séance  de 
la  Convention  du  ai  pluviôse  an  11,  avec 
quelques  indications  complémentaires  em- 
pruntées au  Moniteur.  La  (jueslion  re- 
viendra à  l'ordre  du  jour  le  1 1  ventôse 
(p.  53o),  à  l'occasion  d'un  projet  présenté 
par  la  Société  républicaine  des  arts. 

^•'')  La  lellie  du  Coinilé  de  division  lui 
lue  à  la  Commission  des  ai  Is  le  3o  pluviôse. 


Nous  donnons  aux  annexes,  C  (p.  A63  ),  un 
extrait  du  procès-verbal  de  la  séance  de  la 
Commission  de  ce  jour,  et  des  indications 
bibliographiques  sur  VAtlas  national. 

^'')  Voir  p.  335.  Le  plan  auquel  il  est 
fait  ici  allusion  et  (|uo  devait  présenter 
Cambon  est  sans  doute  un  plan  de  déco- 
ration de  la  salle  des  séances.  Nous  ne 
croyons  pas  qu'il  ait  été  présenté. 

^*)  Cette  lettre,  enregistrée  au  Comité 
sous  le  n"  197^1  (F^",  carton  1009M,  n'est 
pas  en  place;  le  contenu  en  est  ainsi  résumé 
sur  la  chemise  :  cr  Lettre  du  Comité  de  salut 
public  demandant  au  Comité  d'instruction 
publicjue  de  lui  faire  parvenir  sous  trois 
jours  la  solution  des  questions  qu'il  lui  a 
posées  sur  le  gouvernement  révolution- 
n;iire'>.  Il  s'ngil  des  (juestions  posées  dans 
la  lettre  du  'i  pluviôse  (voir  p.  376). 


^62      PROCÈS -VERBAUX  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

relatif  aux  questions  insérées  dans  la  note  du  Comité  de  salut  public 
sur  les  objets  concernant  l'instruction  publique,  les  bourses,  collèges, 
bibbothèques,  monuments  et  imprimeries,  destiné  pour  les  autorités 
constituées  qui  doivent  seconder  l'activité  du  gouvernement  révolution- 
naire. Il  sera  fait  mention  dans  ladite  instruction  de  la  loi  concernant 
les  instituteurs  dans  les  départements  fanatisés (^^.  Il  en  sera  tiré  deux 
copies  :  l'une  pour  être  envoyée  au  Comité  de  salut  pubHc,  l'autre 
pour  être  déposée  aux  archives  du  Comité  d'instruction  pubbque^^l 
La  séance  est  levée  à  dix  heures  et  demie  ^-^^ 


PIlÈCES  ANNEXES. 


On  Ht  daDS  ie  registre  des  procès-verbaux  de  la  Commission  des  arts  : 

Séance  du  26  pluviôse,  Tan  2'  de  la  Re'publique. 

Il  est  arrêté  qu'il  sera  nommé  un  agent  chargé  delà  correspondance  de  la  Com- 
mission des  arts,  et  d'ouvrir  toutes  lettres  et  paquets  adressés  à  la  Commission, 
afin  de  faire  parvenir  à  ses  différentes  sections  les  avis  d'après  lesquels  il  faudrait 
procéder  à  l'examen  et  inventaire  des  objets  relatifs  aux  sciences  et  aux  arts  qui 
doivent  être  mis  en  réserve  dans  les  maisons  ecclésiastiques  supprimées ,  dans  celles 
des  émigrés,  et  dans  les  maisons  ci-devant  royales.  Le  citoyen  Leblond  est  nommé 
pour  remplir  cette  fonction  ^^^ 


On  lit  dans  les  procès- verbaux  de  la  Convention  : 

Séance  du  21  pluviôse  an  n. 

Un  membre  demande  que  le  Comité  d'instruction  publique  présente,  sous  huit 
jours ,  à  la  Convention  nationale  un  rapport  et  un  projet  de  décret  contenant  des 
mesures  capables  d'assurer  aux  autem'S  des  productions  des  arts  leur  propriété ,  et 
à  prévenir  le  délit  des  contrefaçons. 

Renvoyé  au  Comité  d'instruction  pubhque  ^^K 

(^^  C'est  le  décret  du  8  pluviôse,  (p.  3 A 8.)  Villar,  excepté  l'alinéa  sur  le  projet  d'in- 

('^^  Le   projet   d'instruction    rédigé    par  struction  en  réponse  à  une  noie  du  Comité 

Lindet    eût    été  fort    intéressant    à    con-  de  salut  public;  cet  alinéa,  qui  se  trouve 

naître.  Nous  ne   l'avons  malheureusement  sur  une  feuille  à  part,  est  de  la  main  de 

pas  retrouvé.  Voir  la  suite  de  cette  affaire  Thomas  Lindet. 

à  la  séance  du  1"  ventôse  (p.  ^76).  ^^^  Archives  nationales,  F^^^*  7,  fol.  97,  r°. 

(^)  Pas  de  signature,  ni  à  la  minute  ni  ^^^  Procès-verbal    de     la    Convention, 

au  registre.  La  minute  est  de  la  main  de  t.  \\Xl,p.  128. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  ^63 

Le  Moniteur  contient  à  ce  sujet  des  détails  intéressants,  que  nous  reproduisons  ci-après  : 

Convention  nationale ,  se'ance  du  2 1  pluviôse . 

***.  Je  viens  dénoncer  à  la  Convention  un  attentat  commis  aux  droits  de  pro- 
priëtd^'^  Voici  les  faits.  Le  citoyen  Besché,  sculpteur  en  plâtre,  domicilié  dans  la 
commune  de  Moulins,  a  moule'  Tanne'e  dernière  le  buste  de  Brutus;  depuis  quelques 
jours  son  fils  est  arrivé  à  Paris  pour  y  faire  des  acquisitions  :  il  est  rencontré  par 
Liénard,  aussi  sculpteur  en  plâtre,  et  arrêté  par  lui  sous  prétexte  que  son  père, 
ayant  acheté  Tannée  dernière  le  buste  de  Brutus,  l'avait  contremoulé,  et  avait  ainsi 
fait  un  grand  tort  à  sa  fortune.  Après  l'avoir  retenu  plusieurs  jours  en  chartre  privée , 
Liénard  traîne  Besché  fils  chez  un  juge  de  paix ,  qui  l'a  autorisé  à  le  retenir  chez 
lui  jusqu'à  ce  qu'il  lui  ait  remis  quatre  cents  livres,  somme  à  laquelle  le  juge  de 
paix  l'a  condamné  pour  avoir  contremoulé  l'ouvrage  dont  Liénard  se  dit  être  l'au- 
teur. Vous  voyez,  citoyens,  qu'au  mépris  de  toutes  les  lois  Liénard  retient  chez 
lui  un  citoyen.  Je  demande  que  le  Comité  de  sûreté  générale  prenne  connaissance 
de  cette  affaire,  et  que  la  liberté  soit  rendue  au  jeune  Besché. 

David.  Je  m'étonne  de  voir  Liénard  se  plaindre  d'une  chose  qu'il  a  faite  lui- 
même  toute  sa  vie  ;  car  il  ne  fait  que  contremouler  les  ouvrages  des  meilleurs  ar- 
tistes. Je  demande  que  le  Comité  d'instruction  publique  soit  chargé  de  vous  présenter 
une  loi  qui  consacre  d'une  manière  certaine  les  propriétés  des  artistes,  et  empêche 
de  pareils  frelons  de  dévorer  le  miel  des  abeilles.  Je  demande  que  la  liberté  soit 
rendue  au  fils  Besché. 

Lacroix.  L'assemblée  ne  peut  pas  décréter  la  mise  en  liberté  d'un  homme  qui 
n'est  pas  détenu  dans  une  maison  d'arrêt.  II  est  inouï  qu'un  homme  en  tienne  un 
autre  en  chartre  privée  de  sa  seule  autorité.  Je  demande  que  le  Comité  de  sûreté 
générale  soit  saisi  de  cette  affaire.  Il  fera  justice  de  ce  particulier. 

Couthon.   La  détention  d'un  innocent  prolongée  d'un  instant  est  un  malheur 
public.  Je  demande  que  le  Comité  soit  chargé  de  s'en  occuper  siu^-le-champ. 
Toutes  ces  propositions  sont  décrétées  ^^K 


On  lit  dans  le  registre  des  procès -verbaux  de  la  Commission  des  arts  : 

Séance  du  3o  pluviôse,  l'an  2°  de  la  B(>pul)lique. 

On  renvoie  aux  sections  des  dépôts  littéraires,  de  marine  et  de  g<'ogiapliit'.  la 
demande  faite  par  le  Comité  de  division  d'atlas  et  d'ouvrages  de  géographie  choisis 
parmi  ceux  qui  proviennent  du  mobilier  des  émigrés  ^^^ 

\j  Atlas  national,  mentionné  par  le  procès-verbal  du  Comité  d'instruction  publique,  avait 
été  entrepris  en  1790  par  une  association  d'injrénicnrs  géograpbes,  sous  la  dinHlioii  do 

^'^  L'expression  est  inexacte:  c'est  un  frai-  ('-*  Moiiitvurdix  ao  pluviôse  ;ni  11 ,  p.jycj. 

tentât  contre  la  liberté  individuelles  qu'il  '^   Archives  nationales,  F'"*"  7,  tolioay, 

fallait  dire,  ainsi  que  le  monlic  la  suite.  recto. 


^6Zi      PROCÈS-VEUBAUX  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PURLIQUE 

Diimez.  l.es  bureaux  de  la  pnblicalioii,  situés  d'abord  rue  Serpente,  furent  transférés  en 
1791  rue  de  la  Harpe,  n"  26.  Les  autein^s  avaient  reçu  des  encouragements  du  Comité 
de  constitution  de  l'Assemblée  constituante  et  de  la  commune  de  Paris  [Moniteur  du 
19  mai  1790).  L'ingénieur  Dumez  était  membre  du  (Conseil  {jénérai  de  la  commune  et 
administrateur  des  subsistances;  mis  hors  la  loi  le  9  thermidor  avec  ses  collègues,  il  fut 
guillotiné  le  1 1 .  A  celle  date,  la  publication  de  Y  Atlas  national  était  complètement  achevée  f^\ 
La  Ribliotlièque  nationale  en  possède  un  exemplaire  relié,  dont  voici  le  titre  : 

Atlas  national  de  France,  contenant  la  lopographie  de  tous  les  départements 
qui  composent  la  Republique  française;  par  une  société  d'ingénieurs  français.  A 
Paris,  chez  Dumez,  directeur  de  cet  Atlas,  rue  de  la  Harpe,  n"  26,  et  chez  Aubry, 
libraire,  rue  Raillct,  n"  2.  L'an  11*  de  la  République  française,  une  et  indivisible. 
De  l'imprimerie  de  Roisle,  rue  Haute-Feuille,  n°  21  ^^\ 

Après  la  mort  de  Dumez,  plusieurs  autres  éditions  de  son  atlas,  revisé  et  augmenté, 
furent  faites  sous  la  direction  de  Ciianlaire,  qui  avait  été  l'un  de  ses  collaborateurs,  et  par 
le  nom  duquel  la  publication  fut  désormais  désignée.  Le  nom  du  véritable  auteur  disparut 
complètement,  —  on  devine  pourquoi,  —  et  il  est  si  bien  oublié  qu'à  la  Bibliothèque  na- 
tionale V Atlas  national  de  l'an  11  n'est  connu  que  sous  la  désignation  d'w Allas  de  Chan- 
lairew,  en  dépit  du  titre  qui  porte  en  toutes  lettres  le  nom  de  Dumez. 

'^•)  Le  procès-verbal  de  la  séance   de  la  Comité  d'instruction  publique,  et  que  leur 

Commission  des  arts  du  5  messidor  an  u  lettre  fut  renvoyée  à  la  Commission, 
nous  apprend  que  les  auteurs  de  l'i^f /as  na-  ^^)   Bibliothèque  nationale,   section  des 

tional  firent  hommage  de  leur  ouvrage  au  cartes  et  plans,  C  3868. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE 


465 


CENT   QUATRE-VI?JGT-DIX-NEUVIEME  SEANCE. 

Du  37  pluviôse  an  11.  [i5  février  l'jgti.] 

Un  membre  fait  lecture  d'un  mémoire  du  citoyen  Grancher,  con- 
tenant des  vues  sur  les  embellissements  à  faire  dans  Paris.  Mention 
civique,  et  arrêté  que  ce  mémoire  sera  remis  dans  les  cartons  du  Go- 
mité  (1). 

Un  membre  ayant  fait  le  rapport  sur  la  réclamation  faite  par  le  ci- 
toyen Ducreux,  peintre,  d'un  logement  au  Louvre  qui  lui  avait  été 
accordé  en  qualité  d'artiste,  le  Comité  a  arrêté  que  le  président  écrira 
au  ministre  de  l'intérieur  pour  savoir  les  motifs  qui  ont  fait  accorder 
un  logement  au  pétitionnaire  et  ceux  qui  l'empêcheraient  maintenant 
d'en  jouir  ^^l 

Un  membre  du  Gomité  des  inspecteurs  de  la  salle  étant  venu  de- 
mander que  le  Gomité  d'instruction  arrêtât  la  description  et  le  modèle 
du  nouveau  sceau  de  la  République  française  ^^),  le  Gomité  a  arrêté  que 
le  sceau  de  la  République  représentera  un  homme  nu  d'une  stature 
colossale,  appuyé  d'une  main  sur  sa  massue  et  tenant  de  l'autre  la 
figure  de  la  Liberté  et  de  l'Egalité;  le  piédestal  sera  composé  des  débris 
du  trône  et  de  l'autel;  sous  ses  pieds  sera  cette  inscription  :  Le  Peuple 
français,  et  sur  le  fond  seront  inscrites  ces  lettres  :  R.  F.  U.  L,  c'est-à- 
dire  la  République  française  une  et  indivisible.  David  et  Romme  ont  été 
nommés  commissaires  et  chargés  de  se  concerter  avec  le  graveur  pour 
l'exécution  (^l 

D'après  l'arrêté  du  Gomité  de  salut  public  pour  l'établissement 
d'une  bibliothèque  à  l'usage  des  différents  comités,  Arbogast,  Mathieu 
et  Grégoire  sont  nommés  commissaires  pour  se  concerter  avec  les  in- 
specteurs de  la  salle  pour  la  composition  et  l'établissement  de  cette 
bibUothèque  auprès  du  Gomité  d'instruction  publique ^^^ 


('^  H  a  déjà  élé  quoslion  de  ce  mémoire 
le  19  pluviôse  (p.  A 33). 

'^^  Voir  la  séance  diitî  i  pluviôse  (p.  l\t\o) 
et,  pour  la  suite,  relie  du  3  ventôse 
(p.  /)85). 

(')  Voir  dans  notre  tonio  II  la  noie  '1  de 
a  page  79/1  (séance  du  âi  brumaire),  et 


le  décret  du  a 8  brumaire  {Ihid.,  p.  811). 

^*)  Pour  la  suite,  voir  la  séance  du 
5  venlôse  (p.  /193). 

(^)  L'arrêté  du  (]omilé  de  salut  public, 
en  date  du  -a'S  pluviôse,  avait  eu  pour  ori- 
gine le  projet  du  Comité  d'in>;truclion  pu- 
blique   d'établir    uue    bibliothèque    à    son 


III. 


lUI-niUtt.lK     ^iTIOlJkL.. 


466      PROCÈS-VERBAUX  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

Mathieu  observe  que  I'oq  avait  omis  dans  un  des  derniers  procès- 
verbau.v  l'arrêté  de  compte  du  citoyen  Hanin  montant  à  1,8-75  livres 
pour  la  quatrième  livraison  d'exemplaires  contenant  le  rapport  des 
nouvelles  heures  avec  les  anciennes,  pour  être  joints  à  l'Almanach 
d'instruction  publique.  Le  Comité  arrête  qu'il  sera  inséré  dans  le 
procès-verbal  de  la  séance  de  ce  jour^^\ 

Les  membres  composant  le  Conservatoire  des  arts^^^  étant  venus  dé- 
poser qu'ils  désiraient  que  leurs  fonctions  fussent  exactement  définies, 
et  représenté  que  leurs  occupations  ne  leur  permettaient  pas  de  se 
livrer  en  même  temps  à  celles  de  la  Commission  des  arts,  le  Comité 
a  arrêté  qu'il  examinera  s'il  est  utile  d'augmenter  le  nombre  des  mem- 
bres de  la  Commission  temporaire  des  arts  dans  quelques-unes  de  ses 
sections. 

En  exécution  du  décret  qui  ordonne  qu'il  sera  composé  à  l'usage 
des  marins  une  instruction  et  un  recueil  des  traits  de  vertu  des 
hommes  de  mer^^^  le  Comité  a  arrêté  qu'il  sera  proposé  à  Thiébault, 
Richer  et  Turpin  de  rédiger  cet  ouvrage  dans  le  mois^'^^ 


Liste  des  membres  à  adjoindre  au  Comité  d'instruction  publique '^''K 


1.  LoNQÏJEUE,  député  d'Eure-et-Loir. 

2.  Plaiciiard-Choltière. 

3.  Veau  de  Launay,  d'Iudre-et-Loire. 

usage  (voir  la  séance  du  1"  pluviôse, 
p.  809).  Nous  donnons  aux  annexes  le  texte 
de  cet  arrêté,  dont  une  expédition  se  trouve 
dans  les  cartons  du  Comité  d'instruction 
publique,  et  un  extrait  du  procès-verbal 
de  la  séance  de  la  Commission  de  arts  du 
2  5  pluviôse.  Pour  la  suite,  voir  la  séance 
du  Comité  du  1"  ventôse  (p.  ^76). 

^^^  Une  troisième  livraison  de  dix  mille 
exemplaires  de  la  gravure  du  cadran  de 
Hanin,  au  prix  de  1,875  livres,  a  été  in- 
scrite au  procès-verbal  du  11  pluviôse 
(  p.  3  7  3).  Voir  la  suite  à  la  séance  du  1 5  ven- 
tôse (p.  565). 

^^''  Par  cf  Conservatoire  des  arts '5,  le 
procès-verbal  entend  les  membres  du  Con- 
servatoire du  Muséum  des  arts  ou  Musée 
du  Louvre.  Voir  la  séance  du  25  pluviôse 
(p.  660).  L'article  h  du  décret  du  32  plu- 


h.   Galèis. 

5.  BoDiN,  chirurgien,  d'Indre-et-Loire. 

6.  Dufay,  député  de  S -Domingue. 

viôse  disait  :  «Les  membres  du  Conserva- 
toire du  Muséum  national  font  partie  de  la 
Commission  temporaire  des  arts». 

(^)  Décret  du  16  pluviôse,  article  5. 
Voir  p.  ^137. 

^*)  Thiébault  est  l'ancien  professeur  de 
l'Académie  militaire  de  Berlin  (voir  t.  II, 
p.  7^1,  note  1);  Richer  est  l'homme  de 
lettres  dont  il  est  question  au  procès-verbal 
du  17  pluviôse,  auteur  de  l'ouvrage  ma- 
rmscrit  La  vie  des  plus  célèbres  marins  fran- 
çais (p.  Ail);  Turpin  est  l'historien  qui  sol- 
licitait des  secours  depuis  un  an  (voir  t.  Y\ 
p.  356).  Pour  la  suite,  voir  la  séance  du 
29  ventôse  (p.  600). 

^^)  Voir  la  séance  du  25  pluviôse,  p.  ^ôg. 
Cette  liste  se  trouve  s(u'  un  papier  à  part, 
qui  n'est  pas  de  la  main  de  Coupé,  et  qui 
est  rattaché  à  la  minute  du  procès-verbal 


-     DE  LA  CONVENTION  NATIONALE. 
La  séance  est  levée  à  onze  heures. 


/»67 


J.-M.  Coupé  (de  l'Oise),  secrétaire '-^K 


COMITE 
DE  SALUT  PUBLIC. 

Bureau 

de  ia  fabrication 

extraordinaire 

des  armes. 


PIECES    ANNEXES. 


ARRETE  DU  COMITE  DE    SALUT    PUBLIC    RELATIF  A    L\   FORMATION 
D'UNE     BIBLIOTHÈQUE    PRES    DU     COMITK    D'INSTRUCTION     PL- 

f2\ 


BLIQUE 


Vu  Tarrêté  du  Comité  d'instruction  publique  du  i"  de  ce  mois,  qui  charge  les 
citoyens  Guyton  et  Fourcroy  de  communiquer  au  Comité  de  salut  public  le  projet 
d'établir  près  du  Comité  d'instruction  publique  une  bibliothèque  qu'il  serait  facile 
de  composer  d'articles  choisis  dans  les  bibhothèques  d'émigrés  et  des  étabhssements 
supprimés,  et  qui  mettrait  à  la  portée  des  Comités  des  Hvres  dont  ils  ont  besoin 
journellement,  et  particulièrement  ceux  qui  traitent  des  arts  qu'il  importe  de  ré- 
pandre et  de  perfectionner  comme  moyen  de  force  et  de  prospérité  de  la  Répu- 
bhque ; 

Le  Comité,  considérant  que  la  collection  qu'il  a  désiré  avoir  sous  sa  main  et 
dans  le  lieu  même  de  ses  séances  ne  pourrait  remplir  entièrement  l'objet  pro- 
posé; qu'il  a  chaque  jour  besoin  des  grands  Recueils  de  physique,  mécanique,  etc., 
et,  dans  le  moment  actuel,  des  Transactions  de  la  Société  de  Londres;  que  les  grands 
ouvrages  qui  n'existent  que  dans  très  peu  de  bibhothèques  sont  la  plupart  sous  les 
scellés,  ou  dans  des  dépôts  fermés,  et  ne  peuvent  ainsi  être  consultés  par  les  geu^ 
de  l'art  employés  par  le  Comité  ; 

Considérant  enfin  que  ces  livres  mis  dans  un  dépôt  particidier,  sous  la  surveil- 
lance immédiate  du  Comité  d'instruction  publique,  n'en  seront  que  plus  sûrement 
et  mieux  conservés  pour  l'usage  auquel  la  Convention  nationale  jugera  à  propos  de 
les  destiner  définitivement; 

Arrête  qu'il  sera  incessamment  formé  dans  le  local  du  Comité  d'instruction 
publique  une  collection  des  meilleurs  ouvrages  sur  les  objets  relatifs  aux  travaux 
des  différents  Comités  de  la  Convention  nationale; 

Que  le  Comité  d'instruction  publi([ue  donnera  en  conséquence  tous  les  ordres 
nécessaires,  et  fera  lever  les  scellés  sous  lesquels  pourraient  se  trouver  les  iu-tides 
indiqués,  afin  d'en  faire  distraction  ; 


par  un  si^jno  clo  renvoi.  En  niar{je  de  ce 
papier  on  lit  :  a  Cette  liste  sera  pn-sentée 
au  Comité  le  97  pluviôse  pour  ôlrc  discu- 
lécn.  Au  bas  de  la  liste  se  (rouve  celle  an- 
notation :  ffSera  la  présente  liste  jointe  au 
procès-verbal  du  ^7  pluviôse.  J.-M.  Coopk, 
secrétaire.  « 


Voir  la  suite  à  la  séance  du  1"  ventôse 
(p.  '.7G). 

('^  Si|pialure  de  la  minute,  qui  est  de 
la  main  de  (^oupé,  excepté  l'alinéa  conte- 
nant la  liste  des  membres  à  adjt)indro  au 
Comité. 

^*'   Arclnve>  nationales,  F'",  carton  i3oG. 


3o 


/i68      PROCES-VERBAUX  DU  COMITE  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

Renvoie  au  Comitë  des  inspecteurs  de  la  salle  pour  les  dispositions  à  faire  dans 
ies  salles  destinées  à  recevoir  ladite  collection. 

A  Paris,  le  28  pluviôse  l'an  2  de  la  République  une  et  indivisible. 

Signé  au  registre  :  Robespierre,  Garnot,  Barhire,  Goothon,  C.-A.  Prieur, 
Jeanbon  Saint-André,  R.  Lindet,  Billadd-Varenne. 

Pour  extrait  :  Carnot,  C.-A.  Prieur,  B.  Barère,  Billaud-Varenne. 

La  pièce  porto  comme  adresse  :  «Au  Comité  d'instractioii  publique,  à  Paris??,  avec  uu 
timbre  contenant  les  mots  :  te  Comité  de  salut  public.  Sextidi.w 

On  lit  dans  le  registre  des  procès-verbaux  de  la  Commission  des  arts  : 

Séance  du  25  pluviôse,  l'an  2*  de  la  République. 

Le  citoyen  Grégoire  invite  la  Gominission  à  s'occuper  de  la  demande  faite  [)ar 
les  Comités  de  salut  public  et  d'instruction  pubbque  de  bibliotbèque  destinée  à 
leur  usage.  La  section  des  dépôts  littéraires  est  cbargée  de  se  concerter  sur  cet 
objet  avec  le  Comité  d'instruction  publique  ^^K 

^')  Archives  nationales ,  F^'*  7,  folio  27,  recto. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE. 


àQ9 


DEUX  CENTIEME  SEANCE. 

Du  29  pluviôse  an  11.  [17  février  179^4-] 

Le  citoyen  Biron  ayant  offert  un  modèle  de  vaisseau,  le  Comité  a 
arrêté  que  cette  offre  serait  notifiée  au  Comité  de  salut  public  pour 
qu'il  puisse  décider  s'il  veut  se  le  procurer  pour  son  usage  particulier  '^\ 

Coupé  est  chargé  de  la  question  renvoyée  au  Comité  d'instruction 
j.ublique  par  décret  de  la  Convention,  s'il  ne  convient  pas  de  laisser 
dans  les  districts  les  bibliothèques  toutes  formées  qui  s'y  trouvent  ^^l 

Des  pièces  et  papiers  appartenant  au  procès-verbal  que  Basire  de- 
vait rédiger  lorsqu'il  était  secrétaire  de  la  Convention  ayant  été  pré- 
sentés sur  le  bureau  du  Comité,  Petit  a  été  nommé  rapporteur  pour 
les  constater  et  inventorier,  et  en  faire  le  rapport  ^-^^ 

Arbogast  est  nommé  commissaire  pour  faire  décimaliser  et  placer 
convenablement  l'horloge  de  Janvier  qui  est  aux  Menus  ^^^. 

Bouquier  est  chargé  de  présenter  à  la  prochaine  séance  une  in- 
struction sur  l'exécution  de  la  loi  qui  établit  l'instruction  publique 
des  enfants  ^^^ 

Sur  les  difficultés  qui  peuvent  s'élever  dans  les  maisons  des  émigrés 

(')  H  n'est  plus  question  de  Biron  dans  ^^)  Bouquier  ne  se  pressa  pas  de  rédiger 

les  procès-verbaux.  Une  lettre  de  lui  avait  cette  instruction,  destinée  à  servir  de  rè- 
été  enregistrée  sous  le  n°  2ao5  (F'',  car- 
ton 1010^);  elle  n'est  pas  en  place.  La  che- 
mise en  donne  le  sommaire  suivant  :  rr  Bi- 
ron envoie  la  note  des  objets  relatifs  à  la 
marine  dont  il  fait  honimafje  à  la  Bépu- 
bli(]ue.  —  Benvoyé  à  la  Commission  des 
arts  le  27  ventôse." 

^^^  Le  décret  dont  il  s'agit  avait  été 
rendu  le  27  pluviôse,  en  même  temps 
qu'un  autre  relatif  aux  bibliothèques  des 
ports.  Nous  donnons  ces  deux  décrets  aux 
annexes,  A  (p.  ^171).  La  question  revien- 
dra dans  la  séance  du  9  ventôse  (p.  5o5). 

^^)  Il  avait  déjà  été  question  des  papiers 
de  Basire  dans  la  séance  du  17  frimaire 
(p.  7/1).  Polit,  chargé  d'exuininer  ces  pa- 
piers, procédera  à  cet  examen  séance  te- 
nante (voir  à  la  page  /171). 

^*)  Voir  la  séance  du  19  pluviôse  (p.  ^i:u)). 


glement  organique  au  décret  du  29  fri- 
maire. Le  8  germinal,  le  Comité  l'invitera 
de  nouveau  à  la  présenter  dans  le  plus 
bref  délai  possible.  Le  11  germinal,  il  lui 
adjoindra  Thibaudcau.  Le  21  floréal,  il 
arrêtera  que  Bouquier  et  Thibaudeau  fe- 
ront d.ms  le  plus  bref  délai  possible  un 
rapport  sur  les  moillours  moyons  à  prendre 
pourl'organisaiionde  Tinstruction  publique. 
Malgré  1(^  désir  qu'avait  le  Comité  de  voir 
ses  d(Hix  commissaires  lui  présenter  le  pro- 
jet demandé,  l'instruction  ne  parait  pas 
avoir  été  jamais  rédigée.  Mais  nous  verrons 
désormais  renvoyer  à  Bouquier,  puis  à  Bou- 
quier et  à  Tliibau(l(\iu  ,  toutes  les  demandes 
adressées  au  (iomité,  et  elles  sont  noni- 
brciisi^s,  au  sujet  de  l'interprétation  du  ik'- 
cret  du  :u)  frimaire. 


MO      PROCÈS -VERBAUX  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

ou  autres  où  la  nation  se  trouve  n'avoir  de  droits  que  pour  une  portion 
quelconque,  arrêté  que  Villar  se  concertera  avec  le  Comité  des  do- 
maines pour  en  faire  son  rapport  au  Comité  d'instruction  publique  ^^\ 

Arrêté  que  le  ministre  de  l'intérieur  se  concertera  avec  la  Commis- 
sion des  arts  pour  accorder  au  citoyen  Le  François  ^2),  astronome,  la 
pendule  et  le  compteur  ^^^  cjui  se  trouvent  dans  l'observatoire  de  la 
ci-devant  Ecole  militaire  ^^l 

Le  citoyen  Guyton  ayant  fait  le  rapport  de  la  proposition  faite  par 
la  citoyenne  Masson  pour  remanier  le  papier  écrit  et  imprimé  et  le 
faire  servir  de  nouveau,  le  Comité  a  arrêté  que  le  rapporteur  écrira  à 
[a  citoyenne  Masson  pour  l'engager  à  exposer  sa  proposition  telle 
qu'elle  puisse  être  adoptée,  et  mise  à  exécution  ^^\ 

Des  commissaires  de  la  Société  des  Cordeliers  étant  venus  apporter 
une  note  des  œuvres  de  Marat  pour  en  faire  l'impression  en  faveur 
de  sa  veuve,  le  Comité  a  arrêté  que  la  liste  totale  des  ouvrages  de 
Marat  lui  serait  remise  avec  les  intentions  de  sa  veuve  à  la  prochaine 
séance  ^^\ 


(')  Voir  la  séance  du  9  pluviôse  (p.  36i) 
et,  pour  la  suite,  celle  du  11  ventôse 
(p.  53i.) 

f2)  La  minute  et  le  registre  portent  Fran- 
çois; c'est  une  erreur  commise  par  le  se- 
crétaire Coupé. 

(3)  Coupé,  qui  avait  mal  saisi  l'objet  de 
la  pétition,  avait  écrit  :  «la  pendule  inti- 
tulée le  Compteur,  qui  se  trouve... 55  A 
cette  rédaction  provenant  d'un  malentendu, 
nous  avons  substitué  celle  qu'indique  le 
contenu  de  la  pétition  de  Le  François. 

(*)  Il  a  déjà  été  question  de  Le  Fran- 
çois le  9  pluviôse  (p.  36 1);  son  oncle  La- 
iande  avait  écrit  au  Comité  en  sa  faveur. 
La  nouvelle  pétition  de  Le  François  avait 
été  enregistrée  sous  le  n°  1965  (F",  car- 
ton 1009^);  elle  n'est  pas  en  place,  ayant 
été  renvoyée  au  ministre  de  l'intérieur.  En 
voici  l'analyse,  d'après  la  chemise  :  wPéti- 
tion  du  citoyen  Le  François,  demandant 
une  autorisation  pour  la  remise  d'une  pen- 
dule en  bois  de  rose  et  d'un  compteur  à 
demi-secondes,  réclamés  par  les  héritiers 
du  citoyen  Dagelet,  et  signalant  dans  l'in- 
ventaire   l'omission    d'une   lunette   méri- 


dienne et  d'un  héiiomètre».  La  Commis- 
sion des  arts  s'occupa  de  la  demande  de 
Le  François  dans  sa  séance  du  ao  ventôse; 
on  lit  dans  son  procès-verbal  de  ce  jour  : 
«Le  citoyen  François  réclame  des  instru- 
ments de  physique  et  d'astronomie  :  il  est 
arrêté  que  la  section  de  physique  fera  l'in- 
ventaire de  tous  ces  instruments  déposés 
dans  le  lieu  indiqué  par  le  citoyen  Fran- 
çois, après  quoi  il  sera  tenu  de  s'adresser 
au  département  pour  réclamer  ceux  qui  lui 
appartiendraient».  (F^'*  7,  folio  37,  verso.) 

(5)  Voir  la  séance  du  i5  pluviôse 
(p.  391)  et,  pour  la  suite,  celle  du  3  ven- 
tôse (p.  hSh). 

^^)  Le  Club  des  Cordeliers  avait  décidé 
le  22  nivôse  de  présenter  à  la  Convention 
une  pétition  demandant  la  réimpression  des 
ouvrages  de  Marat.  Cette  pétition  fut  pré- 
sentée le  3o  nivôse,  et  renvoyée  au  Comité 
d'instruction  publique.  Nous  donnons  aux 
annexes,  B  (p.  ^72),  un  extrait  du  Moni- 
teur  relatif  à  la  proposition  faite  aux  Corde- 
liers le  22  nivôse,  un  extrait  du  procès- 
verbal  de  la  séance  de  la  Convention  du 
3o  nivôse  an  11,  et  un  extrait  du  Moniteur 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE. 


471 


Le  citoyen  Petit,  nommé  commissaire  pour  examiner  les  pièces 

étiquetées  rt procès-verbaux  du  secrétariat  de  Basire  »,  a  fait  cet  examen 

sur  le  bureau  séance  tenante.  Il  est  résulté  de  cet  examen  que  ces 

pièces  sont  au  nombre  de  deux  cent  vingt-trois  pétitions,  motions 

faites  à  la  Convention,  etc.,  et  qu'il  n'y  a  aucun  procès-verbal   de 

dressé  des  séances  de  la  Convention.  Petit  a  été  chargé  de  remettre 

le  tout  au  Comité  des  décrets  ^^\ 

La  séance  est  levée  à  onze  heures. 

J.-M.  GoDPÉ^'). 

PIÈCES  ANNEXES. 


On  lit  dans  les  procès-verbaux  de  la  Convention  : 

Séance  du  27  pluviôse  an  11. 

ffLa  Convention  nationale  décrète  que  les  bibliothèques  rassemblées  dans  les 
divers  ports  de  la  République,  et  formées  d'ouvrages  relatifs  à  la  théorie,  à  la 
pratique  vi  à  l'histoire  de  la  navigation ,  les  dépôts  des  cartes  de  géographie  et 
d'hydrographie,  les  instruments  de  mathématiques,  de  navigalion  et  autres 
dépôts  de  la  même  nature,  rassemblés  dans  l'objet  de  favoriser  l'instruction  des 
marins,  les  progrès  et  le  perfectionnement  de  l'art  nautique,  sont  exceptés  de  la 
loi  du  8  pluviôse ^^^  qui  ordonne  le  rassemblement,  dans  les  chefs-lieux  de  dis- 
trict, de  tous  les  ouvrages  appartenant  aux  arts  et  aux  sciences.  11  ne  sera  rien 
innové  à  l'égard  de  tous  ces  objets,  qui  demeureront  dans  les  lieux  où  ils  sont 
déposés,  sous  la  surveillance  et  la  responsabilité  des  agents  préposés  à  leur  con- 
servation ^''\  ti 


donnant  le  texte  de  la  pétition  des  Cordo- 
liers.  Au  moment  où  les  Cordeliers  se  pla- 
çaient ainsi  sous  le  patronage  do  Marat, 
Fabre  d'Kglanlino  publiait  une  brocliure 
intitulée  Portrait  de  Mnrat,  dans  laquelle, 
après  un  éloge  de  l'Ami  du  peuple  qui  ne  le 
cède  en  rien  aux  hyperboles  do  la  pétition 
cordelière,  il  niollait  en  garde  contre  rrles 
fourbes  qui  s'intitulent  de  ce  nom  célèbres. 
Nous  donnons  égaloment  aux  annexes,  B, 
quelques  extraits  de  Técril  de  Fabre. 

Pour  la  suite,  voir  la  séance  du  3  ventôse 
(p.  685).^ 

(')   Voir  ci-dessus,  p.  AGç),  nolo  3. 

^^)  Signature  de  la  mhiute,  qui  est  de 
la  main  do  Coupé. 

(^^  Le  procès-verbal  imprimé  porte,  par 


erreur,  «la  loi  du  i/i  pluviôses;  nous  avons 
rétabli  la  date  exacte.  Le  décret  sur  les  bi- 
bliothèques de  district  fut  voté  dans  la 
séance  du  8  pluviôse. 

^*)  Voici  à  quel  propos  ce  décret  lit 
rendu.  Romme  avait  lait  observer  que  le 
décret  ordonnant  qu'il  sciait  formé  une 
bibliolhèquo  dans  rha(juo  chof-lieu  de  dis- 
trict pourrait  nuire  à  un  établissement 
formé  à  Rocholort  par  Lequinio  et  Lai- 
gnelot,  où  ils  avaient  réuni  dos  ouvrages 
de  navigation;  il  demandait  une  excoplion 
en  faveur  de  rot  ('tablissemenf.  Jeanbon 
Saint-André  proposa  alors  de  généraliser 
cotio  oxcoption.  {Moniteur  du  iî()  phniôse 
an  M,  p.  Ooi  bis.) 


/i72      PROCÈS -VERBAUX  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

Un  membre  ^^'  propose  de  comprendre  dans  la  même  exception  les  communes 
de  la  République  qui  ne  sont  pas  chefs-lieux  de  district,  et  qui  renferment  des 
établissements  de  nature  h  demander  la  conservation  des  livres,  cartes,  plans, 
dossiers,  modèles,  instruments,  machines,  qui  peuvent  leur  être  relatifs. 

La  Convention  renvoie  cette  proposition  au  Comité  d'instruction  publique, 
pour  présenter  mi  rapport  dans  le  plus  court  délai  ^^^ 


On  lit  dans  le  Moniteur  : 

Société  des  Amis  de  la  Déclaration  des  droits  de  l'homme  et  du  citoyen, 

dite  Club  des  Cordeliers. 

Séance  du  22  nivôse. 

Un  membre  se  plaint  de  ce  que  les  écrits  immortels  de  l'Ami  du  peuple ,  qui 
ont  formé  et  consolidé  la  République  parmi  nous,  restent  ensevelis  et  ignorés. 
Marat,  ajoute-t-il,  a  légué  à  ses  héritiers  une  ample  moisson  de  gloire;  mais  il  ne 
leur  a  pas  laissé  de  fortune.  Il  serait  utile  à  la  République  que  Ton  fît  réimprimer 
ses  ouvrages,  et  qu'on  engageât  la  Convention  pour  souscrire  pour  un  très  grand 
nombre  d'exemplaires,  et  que  le  bénéfice  de  l'édition  fût  abandonné  aux  parents 
de  Marat. 

Hébert  et  Momoro  sont  chargés  de  rédiger  à  ce  sujet  une  pétition  à  la  Con- 
vention nationale  ^^^ 

On  lit  dans  les  procès-verbaux  de  la  Convention  : 

Séance  du  3o  nivôse  an  11. 

Les  citoyens  membres  de  la  Société  des  Cordeliers  demandent  que  la  Conven- 
tion nationale  décrète  l'impression  des  ouvrages  de  Marat,  dont  le  dépôt  précieux 
est  entre  les  mains  de  sa  veuve;  que  le  tirage  en  soit  en  grand  nombre,  afin  de 
répandre  la  vérité  par  toute  la  Répubhque.  La  veuve  de  ce  martyr  de  la  liberté, 
partageant  les  sentiments  de  tous  ses  vrais  amis,  invite  les  législateurs  à  rendre 
cet  ouvrage  en  quelque  sorte  une  propriété  nationale.  rrNous  vous  y  invitons 
aussi,  ajoutent-ils,  au  nom  de  Marat  lui-même,  qui  n'a  cessé  de  travailler  au  mi- 
lieu des  poignards  pour  le  bien  de  la  patrie,  et  qui  ne  nous  a  laissé  que  des 
vertus  à  imiter,  n 

Mention  honorable,  insertion  au  Bulletin,  renvoi  au  Comité  d'instruction 
publique  ^*\ 

<^)  Nous  ne  savons  pas  qui  est  ce  membre;  le  Moniteur  ne  parle  pas  de  cette  propo- 
sition. 

(2)  Procès-verbal  de  la  Convention,  t.  XXXI,  p.  297. 

^^)  Moniteur  du  26  nivôse  an  11,  p.  A62. 

(*)  Procès-verbal  de  la  Convention,  t.  XXIX,  p.  3^o. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  A73 

Voici  le   texte  intégral  de  la  pétition  des  Cordeliers,  tel  qu'il  a  été  imprimé  dans  le 
Bulletin  de  la  Convention  : 

Les  citoyens  composant  la  Sociëtd  des  Cordeliers,  de'positaires  du  cœur  de 
Marat,  leur  véritable  ami,  sont  introduits. 

Vorateur.  Législateurs,  les  Amis  des  Droits  de  l'homme  et  du  citoyen,  les 
frères  de  Marat,  se  présentent  à  la  barre  du  Sénat  français,  avec  le  cœur  de  ce 
martyr  de  la  liberté  dont  ils  sont  dépositaires.  C'est  dans  cette  enceinte  qu'il  a 
fait  tonner  la  voix  de  la  vérité,  trembler  les  traîtres  et  les  intrigants.  Ce  cœur 
tout  brûlant  pour  la  liberté  en  a  soutenu  avec  courage  les  principes  sacrés;  il  les 
a  développés  dans  ses  immortels  écrits,  où  les  citoyens  doivent  puiser  les  exem- 
ples de  toutes  les  vertus  républicaines  et  les  règles  de  leurs  devoirs. 

Marat,  en  mourant  pour  son  pays,  n'a  hiissé  que  des  vertus  à  imiter  :  la 
vérité,  longtemps  étouffée,  est  tout  entière  dans  ses  écrits;  c'est  l'héritage  qu'il  a 
légué  à  une  épouse  vertueuse  et  patriote  comme  lui. 

Les  Amis  des  Droits  de  l'homme  sentent  combien  la  patrie  peut  avoir  besoin 
de  ses  ouvrages;  ils  savent,  et  vous  le  savez  vous-mêmes,  législateurs,  quels 
efforts  la  faction  liberticide  a  faits  pour  en  arrêter  la  circulation  et  pour  étouffer 
sa  voix.  Pour  réparer  à  cet  égard  les  crimes  de  cette  faction,  pour  réparer  aussi 
ceux  de  l'infâme  ministre  Roland,  qui,  afin  de  pervertir  plus  facilement  l'opinion 
publique,  étouffait  dans  les  départements  la  vérité  que  Marat  semait  à  flots  dans 
ses  écrits,  il  est  du  devoir  de  la  République  de  propager  ses  ouvrages,  de  les  re- 
mettre entre  les  mains  des  jeunes  citoyens,  afin  qu'ils  y  apprennent  de  bonne 
heure  leurs  droits  et  leurs  devoirs  envers  la  patrie,  afin  qu'ils  y  voient  les  trames 
que  leurs  pères  ont  été  obligés  de  combattre  et  de  déjouer  pour  assurer  leur 
liberté,  afin  qu'ils  sachent  qu'il  faut  se  dévouer  entièrement  et  s'oublier  soi- 
même  pour  être  digne  d'elle. 

Nous  vous  demandons  donc,  législateurs,  au  nom  de  la  patrie,  au  nom  des 
principes  immuables  de  la  liberté,  que  vous  décrétiez  l'impression  des  ouvrages 
de  Marat,  dont  le  dépôt  précieux  est  entre  les  mains  de  son  épouse;  que  vous  en 
ordonniez  le  tirage  à  grand  nombre,  afin  de  répandre  par  toute  la  République  la 
vérité.  La  citoyenne  Marat  vous  fait  la  même  demande  ;  c'est  à  celte  épouse  ver- 
tueuse que  nous  devons  une  partie  des  ouvrages  de  l'Ami  du  peuple,  et  ce  dépôt 
précieux  lui  appartient  à  bien  des  titres  :  car  lorsque  son  dévouement  pour  la 
patrie  le  lui  fit  accueillir  au  moment  où  il  allait  succomber  à  son  inforlune  et 
(|u'il  était  dans  l'impossibilité  de  continuer  à  travailler  pour  la  patrie,  elle  sa- 
crifia sa  fortune  et  ses  soins  pour  le  lui  rendre. 

Les  écoles  primaires  trouveront  dans  ces  écrits  les  éléments  d'un  cours  de  mo- 
rale républicaine;  tous  les  citoyens,  la  règle  de  leur  conduite;  la  Répubii(pie,  les 
bases  de  son  élablissement  et  la  garantie  de  ses  droits  et  de  son  existence. 

L'épouse  de  Marat,  partageant  les  sentiments  de  tous  les  vrais  amis  de  la 
liberté,  vous  invite,  législateurs,  à  rendre  on  (piehpie  sorte  cet  ouvrage  une  j)ro- 
priélé  nationale.  Nous  vous  y  invitons  aussi  au  nom  de  Marat  lui-même,  (pii  n'a 
cessé  de  travailler  au  milieu  des  poignards  pour  le  bien  de  la  patrie,  ot  (pu, 
comme  nous  venons  de  vous  le  dire,  ne  nous  a  laissé  que  des  vertus  à  imiter. 


/j7/i      TROCÈS -VER BAUX  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PURLIQUE 

Les  pdlitionnaires  sont  admis  aux  honneurs  de  la  séance  au  milieu  des  applau- 
dissements, et  leur  pétition  renvoyée  au  Comité  d'instruction  publique  ^'^ 

Le  Portrait  de  Mnrat  ,  par  Fabro  d'Efjlantine,  avait  paru  le  16  nivôse,  d'après  une 
indication  fournie  par  le  Moniteur  '^^K  Voici  h;  litre  complet  de  celle  pièce  curieuse  : 

PORTRAIT   DE   MARAT,  PAR   P.-F.-N.    FABRE  D"'ÉGLANTINE  ,  REPRESENTANT  DU  PEUPLE, 
DÉPUTÉ   DE  PARIS  A  LA   CONVENTION  NATIONALE. 

Ils  ont  fait  le  semblant;  moi  j'y  vais  tout  de  bon. 

Régnier. 

A  Paris,  cbez  Maradan,  libraire,  rue  du  Gimelière-Saint-André-des-Arts,  n°  9. 
Seconde  année  de  la  Républiques^). 

Au  bas  de  la  dernière  page  (p.  a^)  se  lit  le  nom  de  l'imprimeur  :  ce  De  l'imprimerie  de 
(Irapeiel,  rue  Saint-Jean-de-Beauvais,  n°  36n. 

L'auteur  déclare,  en  débutant,  que  tout  le  monde  a  voulu  parler  de  Marat,  sans  l'avoir 
bien  connu,  et  en  lui  prêtant  souvent  des  vues  qui  n'étaient  pas  les  siennes;  il  est  résulté, 
de  ces  dires  inexacts  et  intéressés,  «non  pas  un  portrait,  mais  une  défiguration  complète». 
Fabre  promet,  lui,  un  portrait  ressemblant  : 

Moi,  qui  ai  vu  de  près  Marat,  qui  l'ai  bien  connu;  moi,  qui,  depuis  le 
ik  juillet  1789,  l'ai  observé  et  étudié  avec  attention  et  constance,  à  peu  près 
comme  j'ai  observé  et  étudié  tous  les  hommes  de  la  Révolution  française,  de  tous 
les  partis,  et  en  proportion  des  moyens  qu'ils  m'ont  offerts  de  les  observer,  je 
vais  essayer  de  peindre  ce  martyr  de  la  liberté ,  au  physique  et  au  moral. 

Le  Portrait  de  Marat  n'est  pas  un  panégyrique  sans  réserves;  il  y  a  des  restrictions 
dans  l'éloge  : 

Marat  avait  de  l'orgueil ,  quelquefois  une  vanité  folle ,  et  même ,  si  l'on  peut 
s'exprimer  ainsi,  une  fatuité  politique.  Ces  défauts  avaient  chez  Marat  une  source 
louable  et  un  principe  généreux,  plutôt  qu'une  forme  séduisante.  .  .  L'événement 
venait-il  à  justifier  sa  façon  de  voir  et  d'agir  (et  cela  est  souvent  arrivé),  il  n'est 
pas  étonnant  que  l'accomplissement  de  sa  prédiction  et  son  triomphe  lui  donnas- 
sent de  l'orgueil.  .  .  De  là  s'ensuivaient  quelques  petits  accès  de  fatuité,  que  j'ap- 
pelle politique,  puisqu'elle  n'avait  de  rapport  qu'à  la  patrie  :  mais  comme  il  avait 
un  esprit  juste  et  un  bon  esprit,  ces  petites  échappées  ne  duraient  qu'un  in- 
stant ...  il  était  toujours  le  premier  à  les  réprimer  et  à  rentrer  dans  sa  bonhomie 
naturelle,  car  il  en  avait. 


S^)  Bulletin  de  la  Convention,   3o  ni-  ne  pouvait  pas  être  mieux  peint  que  par 

vôse  an  11.  l'auteur  du  Philinle  de  Molière. yy  [Moniteur 

(2)  «Pans,  17  nivôse.  —  Il  a  paru  hier  du  18  nivôse  an  11.) 
une  brochure  intitulée  PoHmii  </e  Mam^  ^-'^   Bibliothèque  nationale,   Ln^iSAoa, 

par  Fabre  d'Egluntinc.  L'Ami  du  peuple  in-8°. 


DL  LA  GONVEMION  NATIONALE.  /i75 

11  avait  plus  que  de  la  bonhomie  ,  ajoute  Fabre  :  il  avait  de  la  piideur,  aussi  rien  ne 
l'indignait  plus  que  Timpudence.  Il  avait  aussi  de  la  naïveté. 

Cette  naïveté  dérivait  en  partie  de  sa  forte  sensibilité  et  de  sa  faiblesse;  car  si 
tous  les  hommes  faibles  ne  sont  pas  sensibles ,  tous  les  hommes  sensibles  sont  plus 
oîi  moins  faibles ,  mais  ils  le  sont.  rrLes  coquins,  disait  souvent  Marat,  me  peignent 
cruel;  mais  qu'ils  se  trompent  l»  Oui,  Marat  était  fortement  sensible,  et  Marât 
était  très  faible.  Puisqu'il  était  naïf,  sensible  et  faible ,  Marat  devait  être  crédule , 
et  il  l'était.  Par  ces  qualités,  apanage  d'un  bon  naturel,  que  de  maux  les  traîtres 
ont  faits  à  la  patrie  ! .  .  .  Sa  faiblesse  et  sa  crédulité  étaient  des  conséquences  de 
son  bon  naturel,  et  il  n'en  faut  imputer  l'abus  qu'aux  méchants,  dont  le  projjre 
est  de  convertir  en  poison  les  sources  les  plus  pures. 

Voici  la  conclusion  du  Portrait  : 

.  .  .  Marat,  enfin,  avait  du  génie,  de  l'esprit,  de  l'érudition  et  du  goût,  de 
grandes  vertus,  quelques  défauts,  mais  point  de  vices.  Il  fut  patriote  excellent, 
révolutionnaire  intrépide.  S'il  est  arrivé  quelque  mal  par  lui,  la  faute  en  est  à  ses 
ennemis  et  aux  traîtres  :  nul  n'a  voulu  plus  que  lui  le  salut  de  la  patrie  ;  peu  lui 
ont  rendu  de  plus  grands  services  :  on  baptise  de  son  nom  les  patriotes  malgré 
eux;  si  le  sentiment  reste  à  ses  mânes,  peut-être  beaucoup  de  fourbes  s'intitu- 
leront de  ce  nom  célèbre  malgré  lui.  Marat  a  bien  mérité  de  la  patrie,  et  la  pos- 
térité se  souviendra  religieusement  de  lui  partout  où  l'amour  do  l;i  Liboit*'  sera 
une  passion. 


476      PROCÈS -VERBAUX  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 


DEUX  CENT  ET  UNIEME  SEANCE 

Du  i"  ventôse  an  ii.  [19  février  179^1.] 

Une  députalion  de  la  Société  populaire  et  républicaine  des  arts  est 
admise  à  la  séance ,  et  fait  hommage  au  Comité  du  premier  numéro 
dun  journal  de  peinture,  sculpture,  architecture  et  gravure.  Le  Co- 
mité arrête  qu'il  sera  remis  à  ladite  Société  un  exemplaire  du  Journal 
des  actions  vertueuses  ^^^. 

Le  citoyen  Pochon  réclame  un  tableau  qu'il  a  déjà  offert  au  Comité 
de  l'Assemblée  législative ,  et  auquel  il  se  propose  de  donner  un  certain 
degré  d'énergie  qui  lui  manque.  Le  tableau  sera  remis  au  citoyen 
Pochon  (^l 

Sur  la  proposition  de  Grégoire,  le  Comité  arrête  que  le  nom  du 
citoyen  Bourgain,  député  de  Paris,  sera  .inséré  dans  la  liste  qui  doit 
être  présentée  au  Comité  de  salut  public  et  qui  a  pour  objet  l'adjonc- 
tion de  quelques  membres  au  Comité  d'instruction  publique  ^^\ 

Un  membre  propose  de  délibérer  sur  l'emplacement  d'une  bi- 
bliothèque dans  le  Comité.  On  arrête  que  les  commissaires  déjà 
nommés  à  cet  effet  présenteront  par  écrit  le  plan  donné  par  Lindet  ^^l 

Le  Comité  de  salut  public  demande  une  réponse  aux  questions 
(ju'il  a  envoyées  au  Comité  d'instruction  publique.  Arrêté  que  l'in- 
struction rédigée  par  Lindet  sera  remise  audit  Comité  ^^K 


^^^  Le  journal  présenté  ici  au  Comité 
d'instruction  publique  était  rédigé  par  Tar- 
chitecle  Détournelle.  Nous  donnons  aux 
annexes,  A  (p.  ^79),  quelques  indications 
bibliograpliiqu.es. 

(2)  Pochon,  homme  de  loi,  avait  ofl'ert 
à  l'Assemblée  législative,  le  97  décembre 
1791,  un  tableau  «représentant  l'ensemble 
et  l'image  entière  de  la  constitution  fran- 
çaise», et  demandait  que  ffla  copie  de  ce 
tableau  servît  de  frontispice  à  la  constitution 
française n.  Voir  les  Procès-verbaux  du  Co- 
mité ir instruction  publique  de  la  Législative. 
Pour  la  suite ,  voir  la  séance  du  1 5  ventôse 
(p.  5/18). 

(^^   Voir    la     séance     du     27     pluviôse 


(p.  ^66)  et,  pour  la  suite,  celle  du  3  ven- 
tôse (p.  liHh). 

^^^  Le  sens  de  cet  alinéa  est  celui-ci  : 
Un  membre,  qui  est  Lindet,  propose  de 
délibérer  sur  l'emplacement  à  choisir  pour 
la  bibliothèque  qui  doit  être  créée  auprès 
du  Comité  d'instructiori  publique,  à  l'usage 
des  différents  comités,  et  présente  un  plan. 
Ce  plan  est  renvoyé  aux  commissaires 
nommés  le  27  pluviôse,  Arbogast,  Mathieu 
et  Grégoire  (p.  A 66).  Le  plan  de  Lindet 
sera  inséré  au  procès-verbal  du  5  ventôse 
(p.  /190). 

^^)  Voir  la  séance  du  2 5  pluviôse  (p. /162). 
La  réponse  rédigée  par  Lindet  ne  parut  pas 
suffisante  au  Comité  de  salut  public,  car 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE. 


lill 


Sur  la  demande  du  citoyen  Battellier,  représentant  du  peuple  à 
Sèvres,  le  Comité  permet  auv  artistes  de  la  manufacture  de  porcelaine 
de  déplacer  du  Muséum  des  arts  les  bustes  des  grands  hommes  pour 
les  exécuter  en  porcelaine.  Le  citoyen  Battellier  présidera  au  déplace- 
ment des  bustes  avec  toutes  les  précautions  que  sa  sagesse  lui  dictera  ^^K 

Vu  l'absence  du  citoyen  Méchain,  astronome,  chargé  du  calcul  de 
h  Connaissance  des  temps ,  Bouquier^^^  propose  de  remplacer  ledit  citoyen 
Méchain.  Le  Comité,  sur  l'observation  faite  que,  par  un  de  ses  précé- 
dents arrêtés,  la  Commission  des  poids  et  mesures  est  chargée  de  la 
continuation  de  la  Connaissance  des  temps,  passe  à  l'ordre  du  jour  ^^l 

Le  Comité  arrête,  après  avoir  pris  connaissance  des  épreuves  de  la 
Connaissance  des  temps  pour  1796,  que  la  Commission  des  poids  et 
mesures,  déjà  chargée  de  la  continuation  de  cet  ouvrage,  est  autorisée 
à  faire  les  frais  d'impression  nécessaires  pour  que  les  noms  des  saints 
et  autres  de  l'ancien  régime  disparaissent  dudit  ouvrage,  afin  de  le 
républicaniser  le  plus  possible.  La  Commission  ne  négligera  rien  pour 
en  accélérer  la  publication  ^^\ 

Le  Comité  arrête  que  l'inspecteur  du  Comité  fera  l'emplette  d'une 
édition  complète  des  œuvres  de  Mably  pour  l'usage  du  Comité  de  salut 
public  et  des  divers  comités  qui  peuvent  en  avoir  besoin. 

Sur  la  proposition  de  Romme,  le  Comité  arrête  que  V Annuaire  du 
cultivateur  sera  imprimé  au  Louvre  ^^\ 

Le  citoyen  Romme  ayant  demandé  que  le  commis  Brunard  l'ac- 
compagnât en  qualité  de  secrétaire  pour  la  mission  qu'il  va  remplir 


nous  le  verrons  revenir  à  la  charge  dans  la 
séance  du  1 1  floréal  an  11. 

(*)  Nous  n'avons  pas  trouvé  la  lettre  de 
Battellier  ici  mentionnée.  Mais  il  en  existe 
une  autre,  du  16  nivôse  an  11,  enregistrée 
sous  le  n°  17^9  (F",  carton  1009^),  dans 
laquelle  Battellier  annonce  que  l'inspecteur 
de  la  manufacture  de  Sèvres  remettra  au 
Comité  une  porcelaine  représentant  la  Li- 
berté assise  et  accoudée  sur  l'arche  consti- 
tutionnelle. 

^^)  BoiKiuier  était  commissaire  spécial 
do  l'Observatoire. 

^^^   Voir  la  séance  du  19  nivôse  (p.  '^^)']). 

^*)  11  est  de  nouveau  question  de  la 
Connamance    des    temps    dans    ce    même 


procès-verbal ,  à  la  page  suivante.  Pour  la 
suite,  voir  la  séance  du  5  ventôse  (p. /196). 
^^)  C'est-à-dire  à  flmprimerie  nationale 
executive.  Voir  la  séance  du  1 1  pluviôse 
(p.  876),  et,  pour  la  suite,  celle  du  1.)  ger- 
minal an  II.  —  Dans  la  séance  de  la  Con- 
vention de  la  veille,  3o  pluviôse,  Bomme, 
au  moment  de  partir  pour  sa  mission  en 
Dordognc,  avait  tait  hommage  à  l'assemblée 
de  VAnnuaire  du  cultivateur,  qui  n'était  tMi- 
core  que  manuscrit.  La  Convention  décréta 
l'impression  de  l'ouvnige  ot  sa  réimpres- 
sion dans  chaque  département,  pour  (pi'im 
exemplaire  en  put  »"'tre  envoyé  à  chaque 
commune,  ^ous  donnons  aux  annexes,  B 
(p. '180).  un  extrait  du  compte-rondu  fait 


/Î78      PROCÈS -VERBAUX  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

dans  la  Dordogne  et  autres  départements  voisins,  le  Comité  arrête 
que  ledit  Brunard  suivra  le  citoyen  Romme  en  qualité  de  secrétaire  ^^^. 

Les  professeurs  de  l'Observatoire  de  la  République  sollicitent  une 
augmentation  de  traitement  et  la  permission  d'acheter  un  nouvel 
instrument  du  citoyen  Haupoix.  Duhem  est  nommé  rapporteur  ^^^. 

Le  citoyen  Bcrtin  présente  une  seconde  édition  du  Système  de  sténo- 
graphie. Renvoyé  au  Bureau  de  consultation  des  arts  ^^\ 

Le  président  du  Comité  invitera  le  Comité  de  sûreté  générale  à 
ordonner  la  levée  des  scellés  apposés  chez  le  citoyen  Cassini,  à  l'effet 
d'en  retirer  les  manuscrits  relatifs  à  la  Connaissance  des  temps,  calculés 
pour  les  années  179^  et  1796  (vieux  style).   Le  Comité  de  sûreté 


par  le  Moniteur  de  la  séance  de  la  Conven- 
tion du  3o  pluviôse  an  11,  ainsi  que  des  in- 
dications bibliographiques  sur  ïAunuaire 
du  cultivateur. 

(')  La  mission  de  Romme  lui  fut  conférée 
par  un  arrêté  du  Comité  du  salut  public 
du  ak  pluviôse  an  11,  lui  ordonnant  de  se 
rendre  rrdans  le  département  de  la  Dor- 
do[jne  et  autres  circonvoisins,  où  se  trouvent 
les  fors  de  la  qualité  convenable,  pour  y 
former  tous  les  établissements  de  fonderie 
et  forerie  que  la  localité  comporte,  y  donner 
à  ceux  déjà  existants  toute  l'étendue  dont 
ils  sont  susceptibles,  suivant  les  vues  qui 
sont  développées  dans  l'instruction  qui  lui 
sera  remise,  et  de  manière  que  sous  deux 
mois,  au  plus  tard,  tous  les  établissements 
possibles  soient  dans  la  plus  grande  acti- 
vités. Un  second  arrêté,  du  5  ventôse,  lui 
donna  pouvoir  cr pour  l'organisation  du  gou- 
vernement révolutionnaire,  l'épuration  des 
autorités  constituées,  etc.,  dans  la  ville 
d'Angoulême  et  le  département  de  la  Cha- 
rente, à  la  condition  de  se  concerter  avec 
le  représentant  du  peuple  spécialement 
envoyé  dans  ce  département».  Romme 
partit  de  Paris  le  5  ventôse,  avec  quatre 
personnes  (deux  commissaires  du  Comité 
de  salut  public,  Gillet  et  Lamotte,  et  deux 
secrétaires).  Il  se  rendit  d'abord  à  Angou- 
lême,  ensuite  à  Périgueux.  Sa  mission  dura 
sept  mois  ;  il  ne  rentra  à  Paris  que  le  A  ven- 
démiaire an  m.  Il  a  publié  un  rapport 
sur  sa  mission,  daté  tlu  10  pluviôse  an  m 


(Bibliothèque  nationale,  Le ''^  109,  in-8°). 

^''^>  Duhcm,  qui  était  membre  du  Comité 
depuis  le  1 1  brumaire,  figure  ici  pour  la 
première  fois  au  procès-verbal  (voir  plus 
loin  la  note  a  de  la  page  hSà).  —  Nous 
n'avons  pas  trouvé  la  lettre  des  profes- 
seurs de  l'Observatoire.  L'ingénieur  Jean 
Haupoix,  âgé  de  trente-deux  ans,  demeu- 
rant à  Paris,  rue  Bourg-i'Abbé,  n"  60, 
avait  présenté  dès  1799  au  Bureau  de  con- 
sultation des  arts  et  métiers  une  lunette 
équatoriale  perfectionnée;  le  Bureau,  sur 
le  rapport  de  Coulomb,  Lagrange  et  Borda, 
lui  avait  décerné,  en  1793,  une  récom- 
pense de  5,000  livres,  formant  le  médium 
de  lai"  classe,  et  devait,  après  avoir  en- 
tendu un  nouveau  rapport,  lui  accorder, 
le  lA  ventôse,  une  seconde  récompense  de 
1,000  livres,  «pour  compléter  le  maximum 
de  la  i""*  classe  v  (  Registre  général  du  Bureau 
de  consultation,  folio  bh).  La  Commission 
des  arts,  de  son  côté,  eut  à  s'occuper  de 
l'instrument  de  Haupoix  dans  sa  séance 
du  3  2  septembre  1798.  Nous  donnons  aux 
annexes,  C  (p.  /182),  un  extrait  du  procès- 
verbal  de  la  séance  du  20  mars  1798  du 
Bureau  de  consultation,  et  un  extrait  du 
procès-verbal  de  la  séance  du  22  septembre 
1798  de  la  Commission  des  arts.  —  Il  sera 
de  nouveau  question  de  la  pétition  des  pro- 
fesseurs de  l'Observatoire  dans  la  séance  du 
5  ventôse  (p.  ^95). 

^^)  Sur  Bertin ,  voir  la  séance  du  1 5  avril 
t798(t.  r,  p.AiH). 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE. 


/i79 


générale  sera  prié  en  même  temps  de  permettre  que  ledit  citoyen 
Cassini  remette  lui-même  les  manuscrits,  lesquels  seront  portés  à  la 
Commission  des  poids  et  mesures  ^^^ 

Le  citoyen  Laverne^^^,  directeur  temporaire  et  commissaire  envoyé 
de  l'Imprimerie  executive,  étant  venu  exposer  qu'il  était  question  de 
faire  l'inventaire  et  l'estimation  des  presses  et  des  caractères  que  l'on 
devait  transporter  de  cette  imprimerie  dans  celle  du  Bulletin  des  lois, 
le  Comité  a  arrêté  qu'il  serait  renvoyé  à  la  Commission  des  arts  pour 
qu'elle  nommât  un  commissaire  qui  se  concerterait  avec  ceux  du  Co- 
mité pour  surveiller  cet  inventaire  et  cette  estimation  des  presses  et 
des  caractères,  et  distinguer  ce  qui  appartient  à  la  nation  et  ce  qui 
peut  appartenir  au  directeur  ^'^K 

La  séance  est  levée  à  dix  heures  et  demie  ^^^ 


PIECES  ANNEXES. 


Le  Jowmalde  la  Société  républicaine  des  arts,  rédigé  par  Détournelle,  architecte,  et  dont 
le  premier  numéro  fut  présenté  au  Comité  d'instruction  publique  le  i"  ventôse,  n'était  pas, 
comme  son  titre  pourrait  le  faire  croire,  l'organe  officiel  de  la  Société  républicaine  des 
arts,  mais  une  publication  particulière,  dont  le  rédacteur  était  seul  responsable. 

L'exemplaire  de  la  Bibliothèque  nationale  (V  /42711,  in-S"),  ainsi  que  les  autres  exem- 
plaires que  nous  connaissons,  ne  comprennent  que  les  six  numéros  des  mois  de  ventôse, 
germinal  et  floréal  (892  pages).  Au  bas  de  la  dernière  page  on  lit  :  Fin  du  premier  volume. 
Nous  ne  croyons  pas  qu'il  existe  une  suite. 

Ce  journal  contient  entre  autres  :  l'histoire  de  la  fondation  de  la  Société  républicaine  des 


^'^  Voir  au  présent  procès-verbal,  p.  ^177. 
Pour  la  suite,  voir  la  séance  du  28  ventôse 
(p.  563). 

W  C'est  Duboy  de  Laverne,  dont  il  a 
déjà  été  question  dans  la  séance  du  19  ni- 
vôse (p.  2.^).^)). 

^^^  C'est-à-dire  à  Anisson-Duperron , 
l'ancien  directeur.  Il  est  probable  que  c'est 
ii  cette  démarche  de  Duboy  do  Laverne  que 
se  rattache  une  pièce  qui  avait  été  enre- 
gistrée sous  le  n"  1966  {¥^\  carton  1009'), 
et  qui  n'est  plus  en  place  :  c'est  une  lettre 
des  commissaires  nationaux  de  l'envoi  des 
lois,  ffavertissani  le  Comité  de  l'existence 
à  l'Imprimerie  nationale  d'objets  précieux 
pour  les  sciences  et  les  arts,  et  lui  denuin- 


dant  de  nommer  un  expert  pour  les  exa- 
miner». Celte  lettre  fut  renvoyée  à  la  Com- 
mission dos  art>^,  qui  iioinma  trois  commis- 
saires pour  effectuer  le  départ  des  objets 
relatifs  aux  arts  et  aux  sciences  dans  l'im- 
priniorio  nationale  executive  :  voir  aux 
annexes,  D  (p.  /18I)),  un  extrait  du  procès- 
verbal  de  la  séance  de  la  Commission  des 
arts  du  .')  vonlôse  an  11.  Il  sera  de  nouveau 
(juestion  do  Tlmprimerie  executive  le  5  ven- 
tôse (p.  A 9 6 ) . 

^*)  Pas  de  signature,  ni  à  la  minute  ni 
au  registre.  La  mirnito  est  i\o  la  main  de 
Villar,  oxcoplé  l'alinoa  relatif  à  Diihoy  de 
Laverno,  (jui  est  de  colle  de  Coupé. 


680       PKOGÈS-VERBAUX  DU  COMITE  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

arts,  avec  le  texte  de  son  règlement;  le  compte-rendu  des  sept  séances  du  Jury  des  arts 
(du  1 7  pluviôse  au  1 1  ventôse),  et  celui  des  séances  du  Club  révolutionnaire  des  arts,  fondé 
par  les  membres  de  ce  jui'y  après  Tachèvement  de  leurs  travaux;  et  le  compte-rendu  des 
séances  de  la  Société  républicaine  des  arts,  à  partir  du  3  pluviôse. 


On  lit  dans  le  Moniteur  : 

Convention  nationale,  séance  du  3o  pluviôse. 

Romme.  Je  viens  vous  faire  Fliommage  d'un  ouvrage  que  le  Comité  d'instruc- 
tion publique  a  jugé  digne  d'être  mis  parmi  les  livres  élémentaires  que  vous  pré- 
parez pour  l'usage  de  la  République:  c'est  Y  Annuaire  du  cultivateur  ^^\  Tous  les 
objets  qui  se  rapportent  au  premier  des  arts  utiles,  à  l'agriculture,  y  sont  déve- 
loppés de  la  manière  la  plus  claire,  la  plus  précise,  la  plus  multiple,  et  sans 
phrases.  On  y  a  recueilli,  avec  talent  et  exactitude,  les  vérités  consacrées  par 
l'expérience  :  point  de  système ,  point  de  théorie ,  point  d'opinions  particulières  ; 
tout  y  est  vérité,  tout  y  est  substantiel.  Je  me  plais  à  rendre  ici  un  hommage 
solennel  aux  auteurs  de  cet  ouvrage  précieux. 

Je  demande  à  être  autorisé  à  mettre  à  la  tête  de  ï Annuaire  du  cultivateur ^^'\ 
dont  vous  décréterez  sûrement  l'impression,  une  note  qui  constate  l'approbation 
qu'y  donne  le  Comité  d'instruction  publique.  Je  demande,  en  outre,  qu'il  soit 
imprimé  et  tiré  au  nombre  d'exemplaires  égal  à  celui  des  districts,  qui  le  feront 
réimprimer  pour  l'envoyer  aux  communes. 

La  Convention  adopte  les  propositions  de  Romme,  ainsi  qu'il  suit  : 

ff  La  Convention  nationale,  sur  la  proposition  d'un  membre,  décrète  : 

ff Article  premier.  V Annuaire  du  cultivateur  sera  imprimé  à  Paris,  sous  la  sur- 
veillance du  Comité  d'instruction  publique,  au  nombre  de  deux  mille  exemplaires, 
pour  être  distribués  aux  représentants  du  peuple  et  aux  corps  administratifs  de  la 
République. 

ff  Art.  2.  L'ouvrage  sera  réimprimé  dans  le  chef-lieu  de  chaque  département, 
sous  la  surveillance  de  l'administration ,  pour  être  envoyé  à  chaque  commune. 


(^)  VAnnuaire  du  cultivateur  est  men- 
tionné cinq  fois  dans  les  séances  du  Co- 
mité d'instruction  publique  antérieures  au 
3o  pluviôse  an  ii  :  le  ai*  jour  du  premier 
mois  (t.  II,  p.  609),  le  7  frimaire  (p.  36 
du  présent  volume),  le  21  nivôse  (p.  266), 
le  28  nivôse  (p.  280),  et  le  11  pluviôse 
(p.  376);  mais  nulle  part  les  procès- 
verbaux  n'indiquent  que  l'ouvrage  ait  été 
placé  par  le  Comité  au  nombre  des  livres 
élémentaires.  Toutefois,    puisque  Romme 


le  déclare  ici  à  la  Convention,  il  faut  bien 
admettre  que  cette  décision  a  réellement 
élé  prise,  probablement  le  jour  (11  plu- 
viôse) 011  le  Comité  vota  l'impression  de 
l'ouvrage. 

(^^  Le  Moniteur  a  imprimé  ici  ff  VAnnuaire 
républicain-)-)  an  lieu  de  VAnnuaire  du  culti- 
vateur; nous  rectifions  cette  erreur  du 
journaliste.  Le  mot  républicain  ne  figure 
pas  dans  le  titre  de  l'ouvrage. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  481 

ff  Art.  3.  Les  noms  des  citoyens  qui  ont  concouru  à  Y  Annuaire  du  cultivateur 
seront  imprimes  flans  le  titre  de  l'ouvrage  comme  un  liomma(je  dû  au  zèle,  au 
dévouement  qu'ils  ont  montré  en  communiquant  les  vérite's  utiles  qu'une  longue 
expe'rience  leur  a  fait  acquérir  ^^^n 


V Annuaire  fut  imprimé  à  l'Imprimerie  nationale  executive  du  Louvre;  mais  comme 
Romme  n'était  pas  là  pour  surveiller  cette  impression,  elle  fut  très  mal  exécutée  :  quand  le 
volume  fui  achevé,  on  s'aperçul  qu'un  mois  entier  avail  été  oublié.  Romme,  de  retour  de 
sa  mission,  signala  le  fait  au  Comité  d'instruction  publique  le  6  frimaire  an  m,  et  celui-ci 
décida  que  l'impression  serait  aussitôt  recommencée.  Nous  n'avons  pas  trouvé  d'exemplaires 
du  premier  tirage  :  l'édition  a  dû  probablement  être  détruite.  Les  exemplaires  existants 
appartiennent  à  la  réimpression. 

Voici  le  titre  de  l'ouvrage  : 

Annuaire  du  cultivateur  pour  la  troisième  année  de  la  République,  présenté  le  So  plu- 
viôse de  l'an  if  à  la  Convention  nationale ,  qui  en  a  décrété  l'impression  et  l'envoi, 
pour  servir  aux  écoles  de  la  République,  par  G.  Romme,  représentant  du  peuple. 

Les  citoyens  qui  ont  concouru  à  ce  travail,  en  communiquant  les  vérités  utiles  qu'ils 
doivent  à  leur  expérience  et  à  leurs  méditations,  sont  :  Cels,  Vilmorin,  Thouin,  Par- 
mentier,  Dubois,  Desfontaines,  Laraarck,  Préaudaux,  Leièvre,  Boulier,  Cbabert, 
Flandrin,  Gilbert,  Daubenton,  Richard  et  Mollard. 


A  Paris,  de  l'Imprimerie  nationale  des  lois,  an  m'  de  la  République 


(2). 


En  tète  du  volume  est  une  estampe  formant  frontispice,  dessinée  par  Le  Barbier  l'aîné, 
gravée  par  L.-M.  Halbon  :  elle  représente  Gincinnatus  rentrant  dans  sa  chaumière  après  la 
victoire.  Au-dessous  de  la  gravure  sont  ces  vers  : 

*  Quand  des  tyrans  ligués  la  horde  fut  vaincue , 

Il  déposa  son  arme  et  reprit  la  charrue. 

L'explication  détaillée  de  ce  frontispice  forme  les  pages  3  et  /i.  A  la  page  5  se  lit  l'-ltc/- 
(issemcnt  suivant  : 


Peu  de  jours  avant  la  présentation  de  cet  ouvrage  à  la  Convention  nationale, 
II.  Romme  est  parti  pour  une  mission  ((ui  a  duré  sept  mois.  Dans  rinq)ression  qui 
a  (Hé  faite  pendant  son  absence,  Prairial  a  été  omis  en  entier,  et  plusieurs  fautes 
graves  se  sont  glissées  dans  les  autres  mois.  Le  Comité  d'instruction  publique,  sur 
le  compte  ({ui  lui  en  a  été  rendu,  a  arrêté,  le  G  frimaire  de  l'an  troisième,  la 
réimpression  de  l'ouvrage,  dont  plusieurs  articles  ont  été  retouchés,  quelques-uns 
refaits  en  entier;  on  y  a  ajouté  luie  table  des  pesanteurs  spéciliques,  une  explica- 
tion de  quelques  mots  [)eu  usités  de  V Annuaire ,  et  une  table  al|)hal)éli([iie. 

(')  Moniteur  du  -j  ventôse  au  n,  p.  GiO.  Voir  aussi  Procès-vtM'bal  do  la  C.onvonlio:! , 
t.  XXXI,  p.  .'iG'.î. —  ^2'    Bibliothèque  nationale,  S  i3/iij,  n.  iUi.  a,  in-S', 


tui'niMritic    >  \Tioi  \i  ( . 


482     PROGÈS-VEKBAUX  DU  COMITÉ  DlNSTRUCTfON  PUBLIQUE. 

Vient  enstiile  un  Discours  préliminaire,  qui  occupe  les  pages  7  à  18.  Puis  commence, 
avec  une  pagination  nouvelle,  V Annuaire  proprement  dit,  qui  comprend  les  parties  sui- 
vantes : 

Pages  1-3,  Décret  de  la  Convention  du  3o  pluviôse  an  11  ; 

Pages  3-7,  Instruction  sur  l'annuaire  républicain  ; 

Pages  8-9  0,  Tableau  des  douze  mois,  avec  l'indication  du  lever  et  du  coucher  du  soleil 
et  «le  la  lune; 

Pages  31-980,  Notices  sur  les  plantes,  minéraux,  animaux  et  instruments  qui  figurent 
à  chacun  des  jours  de  l'année,  chaque  mois  formant  une  division  spéciale; 

Pages  381-288,  Tableau  des  pesanteurs  spécifiques; 

Pages  989-806,  Explication  do  quelques  mots  de  V Annuaire; 

Pages  307-3 15,  Table  alphabétique. 


On  lit  dans  les  procès-verbaux  inédits  du  Bureau  de  consultation,  des  arts  et  métiers, 
à  la  date  du  90  mars  1798  : 

Les  commissaires  du  citoyen  Haupoix^^^  font  le  rapport  de  la  machine  d'obser- 
vations astronomiques  de  cet  artiste. 

Le  Bureau  de  consultation ,  après  mûre  délibération ,  adopte  l'avis  de  ses  com- 
missaires en  ces  termes  : 

ff  Le  Bureau  de  consultation  des  arts  et  métiers,  après  avoir  entendu  le  rapport 
fait  par  ses  commissaires  sur  l'instrument  équatorial  présenté  par  le  citoyen  Hau- 
poix;  considérant  que  cet  artiste  a  fait  preuve  de  beaucoup  de  talent  et  d'habileté, 
tant  dans  la  disposition  de  toutes  les  parties  de  son  instrument  que  dans  leur  exé- 
cution ,  et  qu'il  l'a  rendu  susceptible  de  plusieurs  genres  d'observations  en  substi- 
tuant au  cercle  de  déclinaison  un  cercle  astronomique  à  lunettes  mobiles;  consi- 
dérant encore  que  les  travaux  qui  ont  pour  objet  le  perfectionnement  des 
instruments  d'astronomie  exigent  beaucoup  de  temps,  d'essais  et  de  dépenses,  est 
d'avis,  conformément  à  la  loi  du  12  septembre  1791,  que  le  citoyen  Haupoix 
mérite,  quant  à  présent,  le  médium  de  la  première  classe  des  récompenses  natio- 
nales, c'est-à-dire  5, 000  livres;  se  réservant  le  Bureau  de  compléter  à  ce  jeune 
artiste  le  maximum  de  la  première  classe,  lorsque,  l'instrument  du  citoyen  Haupoix 
ayant  été  soumis  à  l'observation,  il  en  sera  rendu  compte  au  Bureau ^^^n 

Le  lA  ventôse  an  11,  le  Bureau  émit  un  nouvel  avis  tendant  à  accorder  à  Haupoix  une 
seconde  récompense  de  mille  livres  «pour  compléter  le  maximum  de  la  première  classe 55. 

On  Ht  dans  le  registre  des  séances  de  la  Commission  des  arts,  à  la  date  du  a 2  sep- 
tembre 1798  : 

Les  sections  de  physique  et  de  mécanique  se  concerteront  pour  prendre  connais- 
sance d'un  instrument  équatorial  chez  Opoix  {sic)  et  qui  lui  appartient,  pour 
voir  si  cela  ne  serait  pas  utile  à  la  nation  ^^^ 

^^)  Ces  commissaires  étaient  Coulomb,  Lagrange  et  Borda.  —  ^-^  Regislre  des  procès- 
verbaux  du  Bureau  de  consultation  des  arts  et  métiers.  —  ^-^^  Archives  nationales,  F^'*7, 
foho  U ,  recto. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  /i83 


On  lit  dans  le  registre  des  procès-verbaux  de  la  Commission  des  arts  : 

Séance  du  5  ventôse,  l'an  -2"  de  la  Bépiihlique. 

La  Commission  de  Tenvoi  des  lois  fait  savoir  que  [elle  est]  chargée  par  le  Comité 
de  salut  public  de  traiter  avec  le  citoyen  Anisson,  directeur  de  l'Imprimerie  natio- 
nale executive,  de  ses  propriétés  dans  ladite  impiimerie.  Les  citoyens  Mollard, 
Barrois,  Langlès  sont  nommés  commissaires  pour  prendre  connaissance  des  seuls 
objets  relatifs  aux  arts  et  aux  sciences  dans  celte  imprimerie ,  et  pour  en  effectuer 
le  départ^'). 

('^  Archives  nationales,  F  "  *  7,  folio  33,  recto. 


/i84      PROCÈS-VERBAUX  DU  COMITE  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 


DEUX  CENT  DEUXIEME  SEANCE. 

Du  3  ventôse  an  ii.  [ai  février  1^79 'i.  j 

On  fait  lecture  d'une  lettre  à  la  citoyenne  Masson  pour  l'engager 
à  exprimer  suffisamment  la  proposition  qu'elle  a  annoncée  d'un  pro- 
cède pour  faire  servir  le  papier  écrit  et  imprimé  pour  suppléer  au 
chiffon.  La  lettre  est  envoyée  ^^\ 

On  fait  la  proposition  de  demander  au  Comité  de  salut  public  une 
adjonction  de  huit  membres  pour  le  Comité  d'instruction  publique. 
Cette  proposition  est  arrêtée  ^'^\ 

Le  citoyen  Scrieys  offre  au  Comité  ses  Décades  républicaines.  Le 
Comité  a  nommé  Prunelle  pour  lui  en  faire  un  rapport ^^l 


(^)  Voir  la  séance  du  2  9  pluviôse  (  p.  6  7  0  ) 
et,  pour  la  suite,  celle  du  28  ventôse 
(p.  564). 

^^)  Une  liste  de  six  membres  à  ajouter 
au  Comité  avait  été  présentée  le  27  plu- 
viôse :  elle  comprenait  les  noms  de  Lon- 
qûeue,  Plaichard-Choîtière,  Veau  de  Lau- 
nay,  Gales,  Bodin  et  Dufay.  Le  1"  ventôse, 
sur  la  proposition  de  Grégoire ,  un  septième 
nom,  celui  de  Bourgain,  y  avait  été  ajouté. 
Le  total  des  membres  adjoints  à  proposer 
au  Comité  de  salut  public  est  maintenant 
porté  à  huit;  nous  ignorons  qui  est  le 
huitième. 

Les  procès-verbaux  de  la  Convention  ne 
contiennent  pas,  de  ventôse  à  thermidor, 
de  décret  adjoignant  des  membres  au  Co- 
mité d'instruction  publique.  11  en  résulte 
que  Tadjonction  de  nouveaux  membres  eut 
lieu  en  vertu  d'un  simple  arrêté  du  Co- 
mité de  salut  public.  Il  paraît  que  dans  les 
derniers  mois  qui  précédèrent  le  9  ther- 
midor, le  Comité  de  salut  public  avait  fini 
par  nommer  directement  les  membres  qui 
devaient  compléter  les  comités.  Voir  à  ce 
sujet  aux  annexes,  A  (p.  /i 8 7),  un  fragment 
d'un  rapport  fait  par  Barère  à  la  Convention 
ie  1 4  thermidor  an  11. 

Dès  le  5  ventôse ,  nous  verrons  Plaichard- 
Choîtière  siégeant  au  Comité  d'instruction 


publique  et  nommé  rapporteur  d'une  affaire 
en  remplacement  de  Bomme  (p.  698 ).  Le 
nom  de  Plaichard-Choîtière  est  du  reste  le 
seul,  parmi  les  sept  noms  nouveaux  mis  eu 
avant  le  27  pluviôse  et  le  1"  ventôse,  qui 
paraisse  dans  les  procès-verbaux  du  Comité; 
les  autres  candidats  proposés  ne  semblent  pas 
être  entrés  au  Comité  d'instruction  publique. 
Par  contre ,  deux  noms  de  membres  du  Co- 
mité qui,  jusqu'alors,  n'avaient  pas  pris 
part  à  ses  travaux,  figurent  dans  les  procès- 
verbaux  à  partir  de  ventôse  :  ceux  de  Duhem 
(nommé  membre  dès  le  1 1  brumaire  an  11, 
mentionné  pour  la  première  fois  le  1"  ven- 
tôse) et  de  Duval  (nommé  membre  dès  le 
i  5  du  premier  mois ,  mentionné  pour  la 
première  fois  le  5  ventôse). 

On  trouve  dans  les  Mémoires  de  Thibau- 
deau  quelques  pages  consacrées  aux  prin- 
cipaux membres  qui  formèrent  le  Comité 
d'instruction  publique  pendant  l'hiver  et  le 
printemps  de  l'an  11 ,  jusqu'au  9  thermidor. 
Nous  donnons  ces  pages  aux  annexes,  B 
(p.  487). 

^^)  Le  18  pluviôse,  le  littérateur  Se- 
rieys  avait  offert  à  la  Convention,  qui  en 
avait  agréé  l'hommage,  le  prospectus  d'une 
publication  intitulée  Décodes  républicaines. 
Voir  aux  annexes,  C  (p.  ^89),  un  extrait 
du  procès-verbal   de  la  séance  de  la  Con- 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE. 


485 


On  propose  d'arrêter  que  toutes  les  minutes  de  lettres  et  de  rap- 
ports seront  numérotées.  Arrêté. 

Le  citoyen  Momoro,  député  par  la  Société  des  Cordeliers,  est 
venu  porter  la  parole  au  sujet  de  l'édition  des  œuvres  de  Marat^^^, 
annonçant  qu'une  partie  de  la  famille  de  cet  illustre  défenseur  de 
la  liberté  consentait  à  abandonner  à  sa  veuve  tous  ses  manuscrits,  et 
qu'elle  se  proposerait  de  se  charger  de  l'impression,  désirant  que  la 
Convention  voulût  bien  souscrire.  Ajourné  à  la  prochaine  séance,  où 
la  citoyenne  veuve  Marat  doit  se  présenter  elle-même  ^^\ 

Sur  la  lettre  du  ministre  de  l'intérieur  qui  demande  l'avis  du  Co- 
mité sur  un  logement  accordé  au  Louvre  au  citoyen  Ducreux,  peintre, 
on  a  demandé  et  arrêté  l'ajournement  ^^K 

Les  citoyens  Brisset  et  Famin  étant  venus  apporter  un  essai  de  chaus- 
sure de  cordes  et  matières  communes  pour  les  citoyens  de  l'intérieur 
qui  auraient  donné  leurs  souliers  à  nos  braves  défenseurs,  le  Comité, 
en  applaudissant  à  leur  zèle,  a  cru  devoir  les  renvoyer  au  Comité  des 
marchés. 

Un  membre  du  Comité  des  secours  publics  est  venu  donner  com- 
munication d'un  rapport  à  faire  à  la  Convention  et  d'un  projet  de 
décret  portant  établissement  de  plusieurs  nouvelles  écoles  pour  les 
sourds  et  muets.  Les  deux  écoles  de  Paris  et  de  Bordeaux  ayant  paru 
suffisantes  quant  à  présent,  il  a  été  proposé  de  les  perfectionner  et  de 
les  diriger  vers  l'industrie  en  particulier;  et  la  question  préalable  a  été 
demandée  sur  les  autres  écoles  proposées,  et  adoptée  ^^^. 


vention  du  18  pluviôse  an  11.  Les  Décades 
républicaines ,  ou  Histoire  abrégée  de  la  Répu- 
blique française,  par  une  Société  do  Sans- 
culottes,  à  Paris,  de  rimprimorie  de  la  So- 
ciété Tiiypo{jrapliique  (sic)  des  Trois  Amis, 
parurent  en  livraisons  tous  les  décadis,  de- 
puis le  9  0  pluviôse  an  11  jusqu'au  milieu 
de  l'an  m.  La  collection  comprend  qua- 
rante-deux numéros  de  36  pages,  formant 
sept  volumes.  (Bibliotliè([ue  nationale, 
Lc^8i5,  petit  in- 12.)  L'ouvrage  porte  en 
épigraphe  ces  mots  empruntes  à  un  rap- 
port fait  au  nom  du  Comité  de  salut  public  : 
ffPid)liez  et  répande/,  j)arlout  vos  succès, 
pour  en  obtenir  de  nouveaux.  H.vnKRE.rj  A 
partir  du  tome  V,  c'est-à-dire  de  Pan  m ,  le 


nom  de  Barère  disparait. —  Il  sera  de  nou- 
veau question  des  Décades  républicaines  le 
i3  ventôse  (p.  587). 

^'^  Voir  la  séance  du  29  pluviôse  (p.  ^71). 
Momoro  était  à  ce  moment  président  de 
la  Société  des  Cordeliers. 

^"-)  Voir  la  suite  à  la  séance  du  7  ven- 
tôse (p.  /199). 

^^)  Voir  la  séance  du  t?  7  pluviôse  (  p.  ItGh) 
et,  pour  la  suite,  celle  du  ai  germinal  an  11. 

(*)  Voir  les  séances  des  a  t  nivôse  (  p.  tîOri) 
et  7  pluviôse  (p.  337).  Le  membre  du  Co- 
mité des  secours  publics  qui  vient  conunu- 
ni(|uer  un  projet  de  décret  est  piobabhMneiil 
Roger  Ducos,  cai*  c'est  ce  dernier  que 
l'on  verra,  le  11   ventôse,  présenter  à  la 


/i86      rnOCÈS -VERBAUX  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

Les  citoyens  Duboy-Laverne  et  Langlès,  correcteurs  de  l'Impri- 
merie executive,  sont  venus  pour  offrir  au  Comité  un  petit  recueil  inti- 
tulé Le  manuel  du  républicain ,  en  ces  termes  : 

Citoyens  législateurs, 

L'Imprimerie  nationale  executive  du  Louvre  gémit  depuis  longtemps  sous  le 
poids  des  travaux  (radminislralion ,  dont  l'urgence  toujours  extrême  n'est  guère 
favorable  à  la  perfection  typographique.  Elle  a  taché  de  dérober  quelques  instants 
k  ses  veilles  pour  l'exécution  soignée  d'un  recueil  qui  présentât  sous  un  très  petit 
format  les  objets  dont  la  connaissance  et  l'usage  journalier  sont  essentiels  à  un  ré- 
publicain. L'hommage  de  ce  Manuel  était  dû  au  Comité  d'instruction  publique, 
puisqu'il  est  en  grande  partie  le  résultat  de  ses  travaux.  Nous  nous  empressons 
de  venir  le  lui  présenter,  et  de  le  prier  de  jeter  un  regard  protecteur  sur  un  éta- 
blissement qui,  rendu  exclusivement,  selon  sa  destination  primitive,  aux  sciences 
et  aux  arts,  peut  sous  les  auspices  de  la  liberté  contribuer  à  leur  donner  un  nouvel 

essor. 

Nous  nous  occupons  en  ce  moment  de  la  fonte  d'un  caractère  beaucoup  plus 
petit,  au  moyen  duquel  nous  espérons  faire  circuler  dans  les  pays  étrangers  les 
principes  de  la  liberté  et  de  l'égalité  sous  un  format  qui  trompera  la  surveillance 
la  plus  active  des  despotes  et  de  leurs  agents. 

A  Paris,  le  3  ventôse,  l'an  2'  de  la  République  une  et  indivisible. 

Signé  :  Duboy-Laverne,  correcteur,  L.  Langlès,  correcteur 
de  ladite  Imprimerie  pour  les  langues  orientales  ^^\ 

Le  Comité  a  approuvé  ce  travail,  avec  mention  civique,  et  leur  a 
témoigné  toute  sa  satisfaction  pour  la  perfection  typographique  de  ce 
petit  recueil  ^^l 


Convention  un  nouveau  rapport  sur  ce 
sujet.  Le  Comité  des  secours  publics  per- 
sistait à  proposer  que  le  nombre  des  éta- 
blissements de  sourds-muets  fût  porté  à  six  ; 
le  Comité  d'instruction  publique ,  au  con- 
traire, émit  l'avis  que  les  établissements 
de  Paris  et  de  Bordeaux  devaient  suffire  : 
toutefois,  celte  opinion  ne  passa  qu'à  une 
voix  de  majorité,  à  ce  que  nous  apprend 
le  rapport  de  Roger  Ducos  du  1 1  ventôse. 
Thibaudeau,  l'un  des  commissaires  dési- 
gnés le  7  pluviôse  pour  visiter  l'école  des 
sourds-muets  de  Paris,  présentera  le  7  ven- 
tôse au  Comité  (p.  5oo)un  projet  de  décret 
sur  les  bases  arrêtées  dans  la  séance  du  3. 
(^)  La  lettre  de   Duboy  de  Laverne  et 


Langlès  est  jointe  en  original  à  la  minute 
du  procès-verbal. 

^^^  Le  Manuel  du  républicain  est  une  pla- 
quette de  format  minuscule,  de  1 16  pages, 
contenant  la  Constitution  précédée  de  la 
Déclaration  des  droits  de  l'homme  et  du 
citoyen,  le  calendrier  républicain  pour 
l'an  H ,  précédé  des  décrets  et  de  l'instruc- 
tion y  relatifs,  une  notice  sur  le  nouveau 
système  des  poids  et  mesures,  et  le  décret 
du  1  II  frimaire  sur  le  gouvernement  révo- 
lutionnaire. En  voici  le  titre  exact  :  ^^  Ma- 
nuel du  i^épublicain ,  contenant  l'Acte  consti- 
tutionnel, r Annuaire  du  nouveau  calendrier 
l'épublicain ,  avec  toutes  les  tables,  etc.  A 
Paris,  de  l'Imprimerie  nationale  executive 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  hSl 

Le  président  ayant  fait  lecture  de  la  pétition  du  citoyen  Dominique- 
Antoine  Rosa,  le  Comité  a  renvoyé  la  pétition  au  Comité  des  secours 
puLlics^^l 

La  séance  est  levée  à  onze  heures  ^^\ 


PIÈCES  ANNEXES. 


On  lit  dans  le  Moniteur  : 

Convention  nationale,  séance  du  i^  thermidor  an  n. 

Barère.  .  .  Le  travail  que  je  suis  chargé  de  vous  présenter  au  nom  du  Comité 
de  salut  public  a  pour  objet  une  autre  délégation  de  pouvoirs  dont  la  Convenfioii 
nationale  ne  doit  pas  se  dessaisir,  soit  pour  l'intérêt  de  son  autorité,  soit  poui-  lin- 
térct  du  peuple;  cependant,  d'après  les  intentions  perfides  du  dictateur,  et  par  ses 
manœuvres  dans  l'assemblée,  il  vous  avait  fait  décréter  que  le  Comité  de  salut 
public  nommerait  tous  les  membres  des  comités;  opération  difficile,  pénible, 
odieuse,  et  tendante  à  avilir  la  représentation  nationale,  et  à  défavoriser  les  membres 
du  gouvernement  aux  yeux  mêmes  de  leurs  collègues  '-^K 

Le  décret  du  i3  septembre  1798  (voir  t.  II,  p.  596)  avait  simplement  donné  au  Comité 
de  salut  public  le  droit  de  présenter  des  listes  de  candidats  pour  les  comités,  la  nomination 
étant  réservée  à  la  Convention.  11  parait,  d'après  le  langage  tenu  le  16  thermidor  par  Ba- 
rère, que  l'assemblée  avait  fini  par  ne  plus  s'occuper  en  rien  des  nominations,  et  par 
laisser  le  Comité  de  salut  public  agir  discrétionnairement.  Mais  nous  ne  connaissons  pas  de 
décret  par  lequel  la  Convention  se  soit  foi-mellement  dessaisie  de  son  autorité  en  cette  ma- 
tière en  faveur  du  Comité  de  salut  public.  Il  n'y  a  eu  du  reste,  jusqu'au  9  thermidor,  aucun 
renouvellement  intégral  des  comités,  après  celui  qui  eut  lieu  en  exécution  du  décret  du 
i3  septembre;  les  comités  sont  restés  les  mémos,  sauf  quelques  démissions  ol  dos  adjonc- 
tions de  membres,  comme  celle  qui  fut  faite  pour  le  Comité  d'instruction  publique  le 
11  brumaire  (t.  II,  p.  73 1). 


On  lit  dans  les  Mémoires  de  Tliibeaudeau  : 

Une  fois  membre  du  Comité  d'instruction  publique,  je  m'occupai  avec  assiduité 

du  Louvre.  An    -3"  de  la  République.    Se  (p.  ^19/1),  un  projet  de  décret  relatif  à  colto 

trouve  au  dépôt  dos  lois,  place  do  la  Réu-  proposition. 

nlon,    ci -devant    du    Grand    (iarrousol.?^  ^'    Nous  n'avons  pas  trouvé  la  pétition 

(Hihliothôque  nationale,  Lh''',  3373.)  Du-  <lo  Rosa. 

boy  de  Laverne  ot  banglôs  avaiont  fait,  le  ^"^^   Pasde  signature,  ni  à  l;i  n)innte,  ni  an 

19  nivôse  (p.  aaT)),  une  démarciio  auprès  registre.  La  minute  ost  do  la  main  do  (iiuijié. 

du  Comité  pour  (l(>numdei'  qu'il  tût  créé,  saut  l'alinéa  sur  Domini(pie-Antoino  Rosa, 

à  l'imprimerie  du  Louvre,  une  section  ré-  qui  parait  »Hre  do  la  main  ilu  président. 

servéo  à  l.i  partie^  sjivaiit(>  ol  littéraire.  Ar-  ^-'^   Moniloiir    du    1  .">    tliMuiidoi-  an    11, 

bogast  prcsonlora  au  Comité,  le  5  voiitôs-?  p.  1291. 


Zi88      PROCÈS -VERBAUX  DU  COMlTi:  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

des  diverses  parties  dont  il  était  chargé,  et  je  passais  dans  la  bibliothèque  qui  y  fut 
e'tabîie  tout  le  lemps  que  nie  laissaient  les  séances  de  la  Convention. 

Il  ëtait  en  général  com])osé  d'hommes  modérés,  car  il  y  avait  là  fort  peu  d'in- 
fluence à  exercer  sur  les  personnes  et  d'occasion  déjouer  un  grand  rôle  dans  la 
politique.  Les  lenq)s  n'élaieut  guère  favorables  pour  proposer  et  faire  réussir  des 
plans  utiles;  on  s'y  occupait  donc  principalement  à  donner  des  secours  et  des  en- 
couragements aux  hommes  de  lettres,  aux  savants  et  aux  artistes  que  les  circon- 
stances réduisaient  à  la  misère,  à  opposer  une  digue  aux  dévastations  du  vanda- 
lisme, et  à  conserver  cette  masse  considérable  de  richesses  scientifiques  et  d'objets 
d'art,  que  la  suppression  des  maisons  religieuses  et  la  confiscation  des  biens 
d'émigrés  avaient  mise  dans  les  mains  de  la  nation. 

L'abbé  Grégoire  fut  un  des  membres  du  Coinilé  qui  y  développa  le  plus  de  zèle 
et  rendit  le  plus  de  services  :  on  connaît  ses  rapporls,  ils  étaient  courageux  pour 
le  temps.  C'était  un  vrai  républicain,  actif,  laborieux  et  désintéressé.  Quoique 
prêtre  et  fidèle  à  son  état,  lorsque  tant  d'autres  l'abjuraient,  il  était  anssi  ennemi 
du  fanatisme  que  du  despotisme  et  de  toute  espèce  de  tyrannie. 

Parmi  les  autres  membres  du  Comité  se  trouvaient  : 

Le  peintre  David,  la  gloire  d'une  école  qui  avait  eu  Vien  pour  créateur.  Il  avait 
la  dictature  des  arts.  Par  son  talent,  nul  autre  n'en  était  plus  digne  Ses  élèves  se 
faisaient  remarquer  comme  lui  par  l'exagération  de  leur  patriotisme;  et  la  plupart 
de  leurs  compositions  en  étaient  empreintes.  Ils  se  distinguaient  aussi  par  ce  cos- 
tume du  moyen  âge,  dont  on  voulut,  un  instant,  faire  le  costume  national.  On  a 
reproché  à  David  d'avoir,  par  jalousie,  persécuté  quelques  artistes.  Je  ne  m'en  suis 
jamais  aperçu.  11  y  en  avait  un  petit  nombre  qui  tenait  à  l'aristocratie,  moins  par 
opinion  que  par  reconnaissance,  car  la  Révolulion  régnait  dans  tous  les  ateliers. 
Comme  patriole,  David  a  pu  leur  être  contraire;  comme  artiste,  la  supériorité  de 
son  talent  ne  pouvait  le  rendre  accessible  au  sentiment  d'une  basse  rivalité.  La 
diiïbrmité  de  ses  traits  et  une  certaine  rudesse  de  manières  ne  prévenaient  pas  en 
sa  faveur;  mais  dans  l'intimité  il  avait  de  la  simplicité  et  de  la  bonhomie. 

Fourcroy ;  il  tenait  le  sceptre  des  sciences  naturelles  et  physiques,  comme  David 
celui  des  arts;  de  plus,  dans  la  société  parleur  facile;  à  la  tribune,  orateur 
agréable,  et  à  l'école,  professeur  presque  sans  égal.  Républicain  ardent,  irritable, 
mais  éclairé,  il  fut  aussi  accusé  d'avoir  précipité  vers  Véchafaud,  ou  laissé  périr 
des  savants  qui,  comme  lui,  étaient  au  premier  rang  dans  la  carrière.  Je  voyais 
Fourcroy  tous  les  jours  :  il  avait  de  l'amitié  pour  moi;  jamais  je  ne  lui  surpris 
une  parole  ni  un  sentiment  capable  d'ébranler  la  haute  estime  que  j'avais,  autant 
pour  son  caractère  moral  que  pour  ses  grands  talents.  Je  n'ai  connu  de  lui  que  de 
nombreux  services  rendus  aux  sciences  et  à  ceux  qui  les  cultivaient. 

Duhem,  médecin,  fameux  par  la  violence  de  ses  cris  dans  la  Convention.  11  ne 
les  épargnait  pas  non  plus  dans  le  Comité.  Il  dit,  un  jour  qu'on  y  citait  J.-J.  Rous- 
seau, que  c'était  un  aristocrate  et  un  fanatique,  et  que  s'il  eût  encore  vécu  c'eût  été 
un  homme  bon  à  guillotiner.  Heui'eusement,  les  hommes  de  ce  tempérament 
n'étaient  pas  communs  au  Comité. 

Edme  Petit;  il  avait  une  grande  franchise,  et  disait,  sur  les  choses  et  sur  les 
hommes,  des  vérités  toutes  crues  qui  contrastaient  fortement  avec  les  opinions  ré- 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE. 


liS9 


gnantes.  On  les  lui  pardonnait  en  faveur  de  son  originalité.  C'était  un  homme  de 
bien,  un  adorateur  passionné  de  J.-J.  Rousseau,  de  sa  personne  et  de  ses  écrits. 
Il  affectait  dans  ses  manières  et  ses  expressions  cette  rudesse  qu'on  est  convenu  , 
par  un  contresens,  de  prendre  pour  l'enseigne  de  la  philosophie. 

Plaichard-Choltière ,  bon  et  brave  homme,  qui  dormait  depuis  le  commence- 
ment jusqu'à  la  (in  des  séances  ^^^:  probablement  le  plus  sage,  et  sans  contredit  le 
plus  heureux  de  nous  tous. 

Léonard  Bourdon,  que  l'on  appela  ensuite  Léopard,  et  qui  s'occupait  par-dessus 
(out  de  faire  fleurir  sa  maison  d'éducation  aux  dépens  des  autres  établissements  de 
celte  espèce. 

La  plupart  de  nos  travaux  étaient  obscurs,  car  ils  se  bornaient  à  empêcher,  au- 
tant que  possible,  le  mal  et  la  destruction.  Le  Comité  avait  le  surveillance  de  tous 
les  établissements  scientifiques  et  de  l'instruction,  des  collections  et  dépôts.  Nos 
occupations  n'avaient  point  d'amertume,  nous  n'avions  affaire  qu'à  des  livres,  des 
tableaux,  des  statues,  des  hommes  do  lettres,  des  artistes  et  des  savants.  Nous 
étions  journellement  en  rapport  avec  des  hommes  du  premier  mérite,  tels  que 
Daubenton,  Lagrange,  Monge,  Prony,  Corvisart,  Pernardin  de  Saint-Pierre,  etc. 
Les  uns  par  patriotisme,  les  autres  pour  éviter  la  proscription,  tous  par  amour 
des  sciences  et  des  arts,  nous  apportaient  le  tribut  de  leur  zèle  et  de  leurs  lu- 


mières 


A-') 


On  lit  dans  les  procès-verbaux  de  la  Convenlion  : 

Séance  du  18  pluviôse  an  11. 

Le  citoyen  Serieys,  commis  aux  bibliothèques  nationales,  envoie  à  la  Conven- 
lion le  prospectus  des  Décades  républicaines ,  et  la  prie  d'accepter  deux  exemplaires 
(le  chaque  livraison  pour  être  déposés  dans  ses  archives.  La  Convenlion  acco[)te 
l'offrande,  décrète  la  mention  honorable  et  le  renvoi  au  Comité  d'instruction  pu- 
blique ^='^. 


^')  Plaichard-Clioltière  fut  secrétaire  du 
Goniilé  à  partir  du  îî()  venlôso  jnscju'au 
17  fructidor.  Pendaiil  son  secrétariat,  les 
procès-voi'baux,  jusqu'alors  très  souiuiaires, 
deviennent  beaucoup  plus  détaillés,  énu- 
niéranl  avec  une  minutie  fastidieuse  toutes 
les  lettres  et  pétitions  rorues  par  le  Comité. 


Il  est  assez  difficile  de  concilier  celle  acti- 
vité de  Plaichard  comme  secrétaire  avec 
l'assertion  dn  'riiii)audeau  (|ui  le  montre 
dormant  pendant  les  séances. 

^-'  Thibaudeau ,  Mémoires,  1. 1",  p.  73-77. 

i'»)  Procès-verbal  de  la  r.onvention, 
t.  XWI,  p.  'm. 


Û90      PROCÈS -VERBAUX  DU  COMITE  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

DEUX    CENT    TROISIÈME    SÉANCE 

Du  5  venlose  an  ii.  [28  février  179^.] 

Le  citoyen  Grégoire  présente,  au  nom  du  citoyen  Lavoye,  impri- 
meur en  taille-douce,  un  cahier  de  différentes  écritures  gravées.  Le 
Comité,  rendant  justice  à  la  beauté  de  ce  travail,  arrête  que  cet  ou- 
vrage sera  rendu  au  citoyen  Lavoye  et  qu'il  en  sera  fait  mention  au 
procès-verbal  pour  y  recourir  au  besoin  dans  le  cas  où  il  s'agirait  des 
livres  élémentaires  ^^\ 

Le  citoyen  Lindet  fait  au  Comité  le  rapport  des  dispositions  à  faire 
dans  les  pièces  dépendantes  du  local  du  Comité  d'instruction  publique 
pour  l'emplacement  d'une  ])ibliothèque  à  y  fonder  pour  l'usage  des 
membres  de  la  Convention  nationale ('^^.  Le  Comité,  ayant  adopté  le 
plan  proposé,  a  arrêté  qu'il  sera  inscrit  au  procès-verbal  et  qu'il  sera 
communiqué  aux  inspecteurs  de  la  salle. 

Projet  d'emplacement  pour  la  bibliothèque  dont  la  formation  a  été  arrêtée  par  le  Comité 
(l instruction  publique ,  et  dont  le  Comité  de  salut  public  demande  la  plus  prompte 
exécution^^K 

1 .  La  bibliothèque  sera  placée  dans  les  deux  premières  pièces  d'entrée  du  (jO 
mité  d'instruction  publique. 

2.  La  porte  d'entrée  située  au  bas  de  l'escalier  qui  conduit  au  Comité  de  sûreté 
générale  sera  fermée  à  demeure. 

3.  La  porte  entre  les  deux  premières  pièces  sera  enlevée  et  l'ouverture  sera 
libre ,  mais  la  cloison  qui  sépare  les  deux  pièces  subsistera. 

U.  Les  cloisons  en  bois  et  grillages  seront  enlevés. 

5.  Le  poêle  sera  déplacé  et  mis  dans  la  pièce  qui  est  actuellement  la  deuxième. 

6.  La  porte  qui  communique  à  la  salle  des  secrétaires  sera  replacée  de  ma- 
nière qu'elle  sera  désormais  en  sens  opposé,  c'est-à-dire  dans  les  appartements 
destinés  à  la  bibliothèque. 

7.  Il  sera  établi  des  rayons  en  planches  dans  les  deux  pièces  ci-dessus  désignées, 
du  haut  en  bas,  espacés  diversement  pour  les  in-foHo,  in-quarto  et  in-douze,  suj' 
les  trois  côtés  de  chacune  des  deux  pièces. 

8.  Il  y  aura  une  échelle  à  l'usage  de  la  bibliothèque. 

^^^  Le  procès-verbal  de  la   sé-ance  sui-  ^^^  Voir  la  séance  du  1"  ventôse  (p.  ^76). 

vante  (p.  5oi)  enregistre  le  don  fait  par  /'')  Cette  pièce  est   sur  une  feuille   vo- 

Lavove  au  Comité  de  ses  modèles  d'écriture.  lante  annexée  à  la  minute. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  A9i 

9.  Il  y  aura  une  table  et  quelques  chaises  dans  chacune  des  deux  pièces. 

10.  Il  sera  ouvert  une  porte  d'entrée  de  la  cour  dans  la  pièce  occupe'e  par  les 
commis  à  la  place  de  la  fausse  fenêtre. 

11.  En  dedans  de  la  salle  des  commis,  il  sera  fait  un  tambour.  On  pourra  em- 
ployer la  porte  dont  le  déplacement  a  été  indiqué  ci-dessus. 

Conservation  de  la  bibliothèque. 

1.  Il  sera  nommé  un  commis  garde  de  la  bibliothèque. 

2.  Le  garde  de  la  bibliothèque  tiendra  un  catalogue  où  seront  inscrits  tous  les 
livres,  cartes,  plans  et  autres  effets  qui  pourront  y  être  déposés. 

3.  Le  recolement  en  sera  fait  tous  les  mois  par  deux  commissaires  du  Comité 
d'instruction  publique. 

à.  Le  garde  de  la  bibliothèque  sera  responsable  dés  livres  et  autres  effets  qui 
auraient  été  enlevés. 

5.  La  bibliothèque  sera  ouverte  tous  les  jours  depuis  neuf  heures  du  malin  jus- 
qu'à trois  heures,  et  depuis  six  heures  jusqu'à  dix  heures  du  soir,  pour  les 
membres  du  corps  législatif  seulement;  nulle  autre  personne  n'y  sera  admise. 

6.  Aucun  hvi'e,  carte,  plan  ou  autre  pièce  déposée,  ne  pourra  être  déplacé  de 
la  bibliothèque  sinon  sur  le  mandat  d'un  comité  de  l'assemblée  nationale.  Le  garde 
de  la  bibliothèque  sera  tenu  de  veiller  sous  sa  responsabilité  au  rétablissement  des 
pièces  qui  auront  été  ainsi  déplacées.  A[)rès  un  recolement,  les  mandats  de  d<'pla- 
cement  ne  pourront  plus  valoir  de  décharge,  si  les  hvres  ou  effets  déplacés  n'ont 
pas  été  rétablis. 

7.  Le  garde  de  la  bibliothèque  sera  employé  pour  les  écritm-es  du  Comité  d'in- 
struction publique  ^^^ 

Le  citoyen  Lindet  ayant  fait  le  rapport  de  la  proposition  faite  par  la 
Commission  dos  arts  de  racheter  quatre  tables  de  bois  pétrifié,  montées 
en  acier  poli  et  bronze  doré,  vendues  et  provenant  de  la  ci-devani 
reine,  le  Comité  a  arrêté  que  le  rapporteur  se  concerterait  avec  le 
Comité  des  finances  pour  proposer  un  projet  de  décret  a  ce  sujet  ^-\ 

Lindet  rend  compte  d'une  proposition  faite  d'acheter  le  cabinet 
d'histoire  naturelle  de  la  citoyenne  d'Orcv  et  une  partie  de  sa  bi- 
bliothèque   qui  concerne   l'histoire  naturelle.  Le   Comité   arrête  de 

^'^     Il  sera  encore  question  de  la  biblio-  ciiper  de  la  question,  el  avait  ronctii  an 

thèque  des  Coinilos  paj^os  /j()r)  et  /196.  raciiat  des  quatre  tahlos.  Voir  aux  atinoxes, 

(■■')   Sur  CCS  tables  (1(;  l)ois  pétrifié,  voir  A  (p. '197  ),  dos  extraits  des  procès-verbaux 

la  séance  du  19   Irimaire  (p.  88),   et   le  des  séances  de  la   Coumùssion  dos  if)  el 

rapport  de  Mathieu  sur  la  suppression  de  3o  pluviôse.  Pour  la  suite  de  celte  affaire, 

la  (loinuiissiou  des  uionuiuents  (annexe  A  voir  la  séance  du  Comité  du  19  jjiTinitial 

de  la  séance  du    «j'y  frimaire,  p.    17^1).  I.a  au  11. 
Conunissiou  des  arts  avait  continué  à  s'oc- 


/192      PROCÈS -VERBAUX  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

prendre  des  informations  sur  le    prix  des  objets  proposés  et    sur  le 
montant  de  sa  dette ^'^ 

Le  citoyen  Hanin  présente  au  concours  pour  les  montres  qui  doivent 
indi(iuer  les  nouvelles  heures  une  montre  de  son  invention ^^\  Le  Co- 
mité, après  l'avoir  admise  et  fait  numéroter,  a  arrêté  de  faire  inscrire 
au  procès-verbal  cotte  description  qu'il  en  donne  lui-même  : 

Sur  le  moiivenicnt  ordinaire  d'une  montre  est  appliqué  un  cadran  portant 
l'ancienne  et  la  nouvelle  heure;  dans  la  circonfc'rence  du  cercle  la  plus  extérieure 
du  cadran  sont  gravées  cinq  cents  divisions  indiquant,  au  moyen  des  chiffres,  le 
nombre  des  minutes  composant  chaque  heure  décimale.  Au-dessous  de  ces  divisions 
sont  rangés  cinq  chiffres  se  partageant  également  chacun  cent  minutes,  lesquels 
forment  ensemble  le  même  espace  de  la  durée  de  douze  heures  anciennes.  Mais 
connue  les  cinq  heures  dont  on  vient  de  parler  ne  forment  que  la  moitié  de  l'es- 
pace de  la  journée  et  qu'il  est  très  nécessaire  de  compter  sans  interruption  depuis 
une  jusqu'à  dix  heures,  c'est  pourquoi  on  trouvera  cinq  autres  chiffres  placés  au- 
dessous  de  ces  premiers,  d'une  couleur  différente,  afin  de  distinguer  les  heures  du 
jour  et  celles  de  la  nuit.  Le  centre  du  cadran  représente  la  division  des  anciennes 
heures  avec  ses  minutes. 

Une  aiguille,  surmontée  d'une  pique,  s'élève  à  la  hauteur  du  cercle  le  plus  ex- 
térieur du  cadran  et  sert  à  indiquer  la  nouvelle  heure  et  l'ancienne  et  à  déterminer 
eu  même  temps  la  concordance  de  ces  divisions  respectives  au  moyen  de  son 
ravon  ^^K 

Un  inventaire  de  divers  objets  rares  et  précieux  provenant  de 
Castries  ^^^  ayant  été  présenté  au  Comité  pour  décider  de  l'usage  et 
du  placement  de  ces  divers  objets,  le  Comité  a  nommé  le  citoyen  Ma- 
thieu pour  lui  en  faire  le  rapport  ^^\ 

Les  citoyens  Daguerre  et  Lignereux  demandent  que  la  Commission 
des  arts  soit  autorisée  à  faire  transporter  ailleurs  les   objets  précieux 


(')  La  veuve  et  les  héritiers  de  Gigot 
d'Orcy,  ancien  receveur  général  des  tinances 
à  Chàloiis,  se  trouvaient  débiteurs  du  trésor 
pour  une  certaine  somme;  la  veuve  propo- 
sait de  s'acquitter  en  cédant  la  Libliothèquo 
et  le  cabinet  d'histoire  naturelle  de  son  mari. 
Voir  aux  annexes,  B  (p.  ^97),  des  extraits 
des  procès-verbaux  des  séances  de  la  Com- 
mission des  arts  des  10  et  i5  frimaire  et 
3o  pluviôse  an  n.  Pour  la  suite,  voir  la 
séance  du  Comité  du  1 1  ventôse  (p.  53o). 

^^)  Le  concours  pour  la    décimalisation 


des  montres  et  pendules  avait  été  ouvert 
parmi  décret  du  ai  pluviôse  (séance  du 
Comité  du  19  pluviôse,  p.  ^29). 

^•'')  Cette  description  de  la  montre  de 
Hanin  ne  se  trouve  qu'au  registre. 

^'^)  Il  s'agit  du  maréchal  de  Castries, 
émigré,  chez  qui  on  avait  saisi  une  im- 
portante collection  d'objets  intéressant  l'art 
militaire. 

^^5  Pour  la  suite,  voir  la  séance  du 
19  ventôse  (p.  557). 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE. 


493 


déposés  chez  eux  par  la  ci-devant  reine.  Le  Comité  a  arrêté  de  ren- 
voyer à  la  Commission  des  arts  pour  s'arranger  à  l'amiable  avec  les 
citoyens  Daguerre  et  Lignereux  sur  les  frais  de  garde  qui  leur  con- 
viennent et  d'indiquer  un  local  propre  à  les  déposer ^^^ 

Le  citoyen  Romme  ayant  déposé  sur  le  bureau  un  rapport  sur  les 
bras  artificiels,  le  Comité  a  nommé  Plaichard  pour  lui  en  faire  le 
rapport '^^ 

Les  maire  et  officiers  municipaux  de  la  commune  de  Versailles 
avant  présenté  une  pétition  tendant  à  obtenir  la  liberté  du  citoyen 
La  Rive  qu'ils  désirent  avoir  pour  instituteur,  le  Comité  la  renvoie 
au  Comité  de  sûreté  générale. 

Le  citoyen  Coupé  rend  compte  au  Comité  de  la  remise  faite  par 
lui  au  Comité  de  salut  public  du  projet  de  décret  sur  les  divers  usages 
et  établissements  civils  des  communes  ^^^  avec  l'avis  des  Comités  des  fi- 
nances, des  domaines  et  des  secours  publics  ^^^ 

Le  ministre  de  l'intérieur  ayant  écrit  au  Comité  sur  la  collection 
des  machines  du  citoyen  Pelletier  et  le  local  à  lui  accorder,  le  Comité 
renvoie  à  la  Commission  des  arts^^l 

Le  Comité  a  renvoyé  à  David  ce  qui  concerne  le  dessin  et  l'exécu- 
tion du  sceau  de  la  République  ^''^ 

Un  membre  ayant  proposé  d'admettre  le  citoyen  Villebrune  pour 
la  Commission  des  arts,  cette  proposition  a  été  arrêtée,  et  le  citoyen 


C'  La  lettre  de  Daguerre  et  Lignereux 
avait  été  enregistrée  sous  le  n°  1989  (F^^, 
rarlon  1009');  ^^'^  a'vSi^^  été  transmise  au 
Comité  par  la  Commission  des  arts.  Celle- 
ci,  chargée  de  terminer  l'affaire,  décida  de 
répartir  les  objets  déposés  chez  Daguerre 
et  Lignereux  entre  le  Muséum  des  arts  et 
le  Musénm  d'histoire  nalurcllo.  Voir  aux 
annexes ,  G  (  p.  /i  9  8  ) ,  des  extraits  des  procès- 
verbaux  des  séances  de  la  Commission  des 
arts  des  3o  pluviôse  et  2  5  ventôse  an  11. 

^^^  Il  s'agit  évidemment  de  l'invention 
de  Legros,  dont  Romme  avait  été  nonmié 
lapporlenr  le  19  brumaire  (t.  II,  p.  785). 
Homme  avait  (juitlé  Paris  ce  jour-là  même 
5  ventôse  (voir  p.  678,  note  1).  IMaichard, 
qui  le  remplace  comme  rapporteur,  est  un 
des  nouveaux  njembrcs  qui  vonaicMit  d'être 
adj(ùnts  au  Connh'. 


(^^  Nous  reproduisons  textuellement  la 
phrase  telle  qu'elle  se  trouve  à  la  minute 
et  qu'elle  a  été  transcrite  au  registre.  Voir 
la  séance  du  a 5  pluviôse  (p.  660). 

^*)  La  mention  de  l'avis  des  Comités  des 
finances  et  des  secours  publics  peut  (aire  sup- 
poser que  le  projet  de  décret  de  Coupé  ré- 
pondait non  seulement  à  la  demande  laite 
par  le  Comité  de  salut  public  (voir  séance 
du  17  pluviôse,  p.  ûia),  mais  à  l'injonc- 
tion contenue  dans  le  décret  du  «^  5  brumaire 
(t.  II,  p.  803). 

^*'  Sur  la  collection  de  machines  de  Pel- 
lelit'r,  voir  la  st'ance  du  Comité  du  •>-  août 
et  le  décret  du  3o  août  1793  (t.  ll,p.3/iG). 

^*^  Voir  la  séance  du  'J7  plnviôse(p.  /i65) 
et,  pour  la  suite,  colli'  du  7  ventôse 
(p.  '199). 


494      PROCÈS -VERBAUX  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

Villebrune  sera  admis  lorsqu'il  s'agira  d'une  addition  à  la  Commis- 
sion (les  arts^^\ 

Le  même  membre  propose  qu'il  soit  également  indiqué  un  artiste 
musicien  pour  remplacer  Sarrette,  qui  a  donné  sa  démission  :  il  de- 
mande qu'il  soit  nommé  un  commissaire.  Duval  est  nommé  ^^\ 
Diiïcrents  faits  héroïques  sont  renvoyés  à  Léonard  Bourdon  ^^l 
Un  membre  ^'^^  propose  un  projet  de  décret  à  communiquer  au  Co- 
mité de  salut  public  sur  la  conversion  de  l'Imprimerie  executive  en 
Imprimerie  nationale  des  arts.  Le  projet  de  décret  a  été  arrêté  ainsi 
qu'il  suit  : 

PROJET  DE  DÉCRET  ^^^. 

La  Convention  nationale,  ouï  le  rapport  de  ses  Comités  de  saint  public  et  d'in- 
struction publique,  décrète  : 

Article  premier.  L'Imprimerie  nationale  executive  du  Louvre  est  convertie  en 
Imprimerie  nationale  des  arts. 


^'^  Sur  Lefèvre  de  Villebrune,  bibliothé- 
caire national,  voir  la  note  3  de  la  page 
1^9.  La  proposition  d'adjoindre  Villebrune 
à  la  Commission  des  arts  venait  de  cette 
Commission  elle-même  ;  on  lit  dans  le  re- 
gistre de  ses  séances,  à  la  date  du  3o  plu- 
viôse :  ffll  est  arrêté  que  le  citoyen  Ville- 
brune sera  proposé  au  Comité  d'instruction 
publique  pour  être  adjoint  à  la  section  des 
dépôts  littéraires  dans  la  Commission.  »  (  F^'* 
7,  folio  98,  verso.)  Il  sera  de  nouveau 
question  de  Villebrune  le  29  ventôse  (p.  596). 

(2)  YQÎf.  ja  séance  du  2  5  pluviôse  (  p.  46 1  ). 
La  démission  de  Sarrette  ne  fut  pas  main- 
tenue, et  Duval  ne  présenta  personne  pour 
le  remplacer.  Toutefois  Sarrette  ne  siégea 
effectivement  dans  la  Commission  des  arts 
qu'à  partir  du  3o  floréal.  En  effet,  arrêté 
le  5  germinal,  sur  une  dénonciation  qui 
l'avait  signalé  comme  hébertiste,  il  ne  fut 
relâché  que  le  ai  floréal,  en  vertu  d'un 
arrêté  du  Comité  de  sûreté  générale.  A  la 
date  du  3o  floréal  an  11,  on  lit  dans  le 
registre  des  procès-verbaux  de  la  Commis- 
sion des  arts  :  rc  Le  citoyen  Sarrette ,  membre 
de  la  Commission,  section  de  musique, 
s'excusant  de  n'avoir  pu  encore  prendre 
part  aux  délibérations  de  la  Commission, 
parce  que  ses  occupations  à  l'Institut  na- 


tional de  musique  l'en  avaient  empêché, 
demande  à  être  associé  aux  travaux  de  la 
Commission.  Adopté.»  (Archives  nationales, 
F^'  *  7,  folio  80 ,  verso.) 

La  question  des  relations  à  établir  entre 
la  Commission  des  arts  et  l'Institut  national 
de  musique  sera  soulevée  dans  la  séance 
suivante  (p.  5 00).  —  Duval  paraît  ici  pour 
la  premièrefois  comme  membre  du  Comité: 
voir  la  note  2  de  la  page  kSd. 

^^)  Le  troisième  numéro  du  Recueil  des 
actions  héroïques  et  civiques  était  en  prépa- 
ration. Il  sera  lu  au  Comité  par  Léonard 
Bourdon  le  9  germinal  an  11. 

^^^  C'est  Arbogast,  l'un  des  rapporteurs 
nommés  le  1 9  nivôse  (p.  266);  voir  la  note 
qui  suit.  Voir  aussi  les  pages  ^79  et  /180. 

^^^  Ce  projet  de  décret  se  trouve  sur  une 
feuille  volante  annexée  à  la  minute.  Sur  la 
minute  même,  on  lit  à  cette  place,  entre 
parenthèses,  les  mots  :  trici  le  projet  d'Ar- 
bogasi?7.  —  Il  ne  fut  pas  donné  suite  à  ce 
projet.  Mais  le  12  nivôse  an  m  un  arrêté 
du  Comité  chargera  la  Commission  executive 
de  l'instruction  publique  de  faire  un  rap- 
port sur  les  caractères  français  et  étrangers 
provenant  de  la  ci -devant  imprimerie  du 
Louvre  ;  ce  rapport  sera  présenté  au  Comité 
le  1*'  brumaire  an  iv. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE. 


495 


Art.  2.  L'inventaire  ge'ne'ral  de  la  riche  collection  des  caractères  français  et 
étrangers  composant  ladite  imprimerie  sera  rendu  public  par  la  voie  de  Timpres- 
sion. 

Art.  3.  Les  Comités  de  salut  public  et  d'instruction  publique  sont  autorisés  à 
y  faire  imprimer  aux  frais  de  la  nation  les  ouvrages  qu'ils  jugeront  utiles  aux 
arts,  aux  sciences  et  à  l'instruction  publique  en  général,  sur  les  fonds  qui  seront 
destinés  pour  ces  objets. 

Art.  h.  La  Convention  nationale  autorise  ses  Comités  de  salut  public  et  d'in- 
struction publique  de  régler  l'organisation  de  cet  ('tablissement,  de  fixer  les 
appointements  des  citoyens  qui  y  seront  employés ,  afin  de  ne  pas  interrompre 
l'activité  pour  ce  qui  peut  concerner  les  arts. 

Un  membre  ayant  rendu  compte  des  mémoires  et  travaux  de  l'ar- 
chitecte Hubert,  qui  a  ordonné  la  fête  du  lo  août  dernier, le  Comité  a 
arrêté  qu'il  lui  serait  accordé  la  somme  de  20,000  francs^^^. 

Le  ministre  de  la  guerre  ayant  envoyé  des  faits  héroïques,  ils  ont 
été  renvoyés  a  L.  Bourdon  ^~K 

Le  Comité  a  chargé  Duhem  de  lui  faire  un  rapport  sur  l'augmenta- 
tion des  honoraires  des  astronomes  et  l'achat  d'un  nouvel  instrument 
astrologique  ^^^  du  citoyen  Haupoix^^^. 

Le  Comité  a  arrêté  que  son  président  écrira  au  citoyen  Ameilhon^^^ 
pour  qu'il  envoie  au  Comité  d'instruction  publique  les  livres  ([ui  lui 
seront  demandés  pour  y  former  le  dépôt  qui  servira  de  bibliothèque 
aux  divers  Comités  de  la  Convention  nationale  ^^^ 


(')  Voir  la  séance  du  i5  pluviôse  (p.  896) 
et,  pour  la  suite,  celle  du  11  ventôse 
(p.  53o). 

(2)  Voir  la  note  3  de  la  page  précédente. 

^^^  Ce  mot  est  écrit  ainsi  tant  au  registre 
qu'à  la  minute. 

^*>  Voir  la  séance  du  1*'  veniôso,  où 
Duhem  avait  déjà  été  nommé  rapporteur 
(p.  ^78),  et,  pour  la  suite,  celle  du  17 
ventôse  (p.  55 i). 

^*^  Ameilhon,  membre  de  la  Commis- 
sion des  arts,  faisait  partie  de  la  section 
de  cette  (lonnnission  chargée  d'inventorier 
les  bibliothèques, 

^^^  En  vertu  de  cette  décision,  Ameilhon 
fit  parvenir  au  Comité  un  nombre  assez 
considéiablc  d'oiiviages  de  toute  u.ilure.  11 
existe  aux  Archives  nationales  (MM  HyS) 
un  registre  intitulé  Journal  de    lu   hihlio- 


thèque  du  Comité  d'instniction  publique.  Ce 
registre  contient,  sur  ses  71  premières 
pages,  la  liste  des  ouvrages  remis  au  Co- 
mité pour  sa  bibliothèque,  par  Ameilhon 
pour  la  plupart,  et  aussi  par  quelques 
autres ,  Poirier,  Buache ,  Barrois ,  Lefèvre- 
Villebrune,  etc.,  du  1 1  xenlôse  an  11  au 
l 'i  fructidor  an  m.  Le  95  ventôse  an  in, 
la  bibliothèque  s'accroît  des  tr  livres  et  bro- 
chures dont  il  a  été  fait  hommage  à  la  na- 
tion pendant  le  cours  des  Assemblées 
constituante,  législative  et  conventionnelle, 
remis  au  Comité  d'instruction  publique  en 
exécution  du  décret  du  3  ventôse  an  3'^. 
Dans  la  seconde  partie  du  registre  se  trouve , 
sur  cinq  feuillets,  la  liste  des  ouvrages 
prêtés,  du  -H)  pluviôse  an  11  au  ()  ventôse 
au  III. 


/i96      PROCÈS -VERBAUX  DU  COMITÉ  D7NSTRUCTI0N  PUBLIQUE 

Le  Comité  d'instruction  publique,  après  avoir  pris  connaissance  de 
la  Table  en  3o  pages  de  la  différence  des  méridiens  entre  Paris  et  les 
principaux  lieux  de  la  terre,  déjà  imprimée  depuis  plusieurs  mois  dans 
la  Connaissance  des  temps  pour  i -y  <^  5,  dans  laquelle  Table  il  se  trouve 
des  noms  de  villes  de  la  République  qui  ont  été  changés  depuis, 
passe  à  l'ordre  du  jour  motivé  sur  ce  que  la  Table  a  été  imprimée 
avant  que  ces  changements  de  noms  aient  eu  lieu,  arrête  en  con- 
séquence qu'elle  pourra  paraître  telle  qu'elle  est  imprimée,  pour  cette 
fois  seulement ^^l 

Sur  la  proposition  du  commissaire  inspecteur  du  Comité  d'instruc- 
tion publique,  le  Comité  arrête  que  le  citoyen  Baston  est  nommé  gar- 
dien de  la  bibliothèque  du  Comité  et,  comuie  tel,  chargé  d'en  dresser 
le  catalogue,  comme  aussi  de  tenir  état  de  tous  les  livres  ou  volumes 
demandés  par  le  Comité  de  salut  public  ou  autres,  sous  la  surveillance 
des  membres  du  Comité  chargés  de  la  formation  de  la  bibliothèque  ^-K 

Sur  la  proposition  du  même  membre ,  amendée  par  un  autre 
membre,  le  Comité  arrête  que  l'un  des  deux  commis  de  la  section  des 
Annales  du  civisme,  moins  occupée,  remplacera  provisoirement  le  ci- 
toyen Baston  dans  son  précédent  travail. 

Une  membre  ayant  proposé  de  changer  la  fleur  de  lis  qui  sur  les 
cartes  indique  le  Nord ,  Grégoire  est  chargé  de  se  concerter  avec 
Buache  à  cet  égard. 

La  séance  est  levée  à  dix  heures  et  demie  ^^^. 


11)  Voir  la  géance  d  u  i  ^'  ventôse  (  pages  /i  7  7 
et  II'] S)  et,  pour  la  suite,  celle  du  26  flo- 
réal an  II. 

^-  11  sera  de  nouveau  question  de  la  bi- 
bliothèque du  Comité  le  99  germinal  an  ii. 

^•^^  Pas  de  signature,  ni  à  la  minute  ni 
au  registre.  La  minute  est  de  la  main  de 
Coupé.  Les  articles  du  plan  de  Lindet  rela- 
tif à  la  bibliothèque  sont  sur  une  feuille  à 


part,  de  la  main  de  Lindet.  Le  projet  de 
décret  sur  une  Imprimerie  nationale  des 
arts  est  sur  une  feuille  à  part,  de  la  main  de 
Duboy  de  Laverne,  avec  corrections  d'Ar- 
bogast.  L'alinéa  relatif  à  la  lettre  à  écrire 
à  Ameilhon  pour  qu'il  envoie  des  livres  est 
de  la  main  de  Grégoire.  Enfin  les  deux 
alinéas  relatifs  au  commis  Baston  sont  de 
la  main  de  Mathieu,  sur  un  feuillet  à  part. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  497 


PIECES    ANNEXES. 

A 

On  lit  dans  le  registre  des  procès-verbaux  de  la  Commission  des  arts  : 

Séance  du  i5  pluviôse,  Tan  2*  de  la  Re'publique. 

Sur  la  proposition  du  citoyen  Romme^'\  les  citoyens  Besson  et  Nitot  sont  nommés 
commissaires  à  l'effet  de  prendre,  de  concert  avec  le  ministre  de  l'intérieur,  des 
mesures  pour  remettre  dans  les  mains  de  la  nation  les  tables  de  bois  pétrifié  ven- 
dues au  ci-devant  château  de  Versailles,  Lesdits  commissaires  ne  traiteront  avec 
les  possesseurs  actuels  des  tables  qu'après  en  avoir  fait  leur  rapport  à  la  Commis- 
sion des  arts. 

Séance  du  3o  pluviôse,  l'an  5'  de  la  République. 

Le  citoyen  Besson  lit  un  rapport  sur  quatre  tables  de  bois  pétrifié ,  montées  en 
acier  poli  et  bronze  doré,  dont  il  a  été  autorisé,  conjointement  avec  le  citoyen 
Nitot,  à  faire  l'estimation.  Cette  estimation,  ainsi  que  l'indemnité  à  accorder  aux 
acquéreurs ,  est  approuvée  |)ar  la  Commission ,  qui  les  autorise  à  accélérer  l'acqui- 
sition de  ces  tables  pour  le  compte  de  la  nation  ^^^ 


On  lit  dans  le  registre  des  procès-verbaux  de  la  Commission  des  arts  : 

Séance  du  10  frimaire,  l'an  a*  de  la  République. 

La  citoyenne  Gigot  d'Orcy  propose  de  vendre  son  cabinet  et  sa  bibliothèque  à  la 
nation.  Des  commissaires  nommés  par  chaque  section  respective  se  transporteront 
le  1 9  frimaire  chez  la  citoyenne  d'Orcy  pour  inventorier  son  cabinet  et  sa  biblio- 
thèque ,  sur  lesquels  ils  feront  un  rapport  à  la  Commission. 

Séance  du  i5  frimaire,  l'an  2*  de  la  République. 

Sur  le  rapport  des  commissaires  chargés  d'examiner  le  cabinet  et  la  bibliothèque 
de  la  citoyenne  Gigot  d'Orcy,  la  Commission  arrête  que,  vu  l'importance  de  ces 
deux  objets,  aussi  intéressants  par  leur  ensemble  ([ue  par  leur  beauté,  le  prix  en 
sera  préalablement  constaté  par  tous  les  renseignements  ({ue  so  procurera  le  ci- 
toyen Prunelle  "^^  afin  que  le  Comité  d'instruction  publi(pieen  sollicite  l'acquisition 
auprès  de  la  Convention  nationale  dans  un  rap[)()rt  bien  motivé. 

^*)  Nous  ne  savons  pas  à  quoi  titre  Romnie  ^^^   Prunelle  était  l'un  dos  trois  membres 

prend  part  aux  délihéralions  de  la  Com-  désignés  le    '2'S    brumaire   par   lo   Comité 

uiission,  à  moins  que  ce  ne  soit  en  vertu  d'inslnirtioii    pul)li([no    «rpour   assislor   au 

du  décret  du  iT)  août  1793  (t.  II,  p.  3 19).  travail  de  la  Commission  des  arts".  (\oii- 

^^^  Archives  nationales,  F^'*  7,  folios  a6  t.  II,  p.  8i5.) 
recto  et  3o  verso. 

ni.  '.\:\ 


/i98       PROCÈS-VERBAUX  DU  COMITE  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

Séance  du  3o  pluviôse,  l'an  2*  de  la  République. 

Un  membre  du  Comité'  des  finances  propose  d'acquérir  pour  la  nation  le  cabinet 
d'histoire  naturelle  de  la  citoyenne  d'Orcy.  11  y  trouve  un  double  avantage,  en  ce 
que  la  citoy(>nne  d'Oi'cy  est  débitrice  à  la  nation ,  et  que  le  cabinet  qu'elle  propose 
de  céder,  à  dire  d'experts,  présente  dans  ses  différentes  parties  une  masse  d'objets 
qu'il  serait  difficile  de  réunir.  On  observe  qu'il  a  déjà  été  pris  des  mesures  pour 
l'acquisition  de  ce  cabinet,  que  des  membres  de  la  Commission  en  ont  fait  leur 
rapport  qui  a  été  communique'  au  Comité  d'instruction  publique.  On  ajoute  que 
ce  cabinet  est  accompagné  d'une  bibliothèque  précieuse  dont  on  doit  faire  inces- 
samment la  vente.  Il  est  arrêté  qu'on  renouvellera  les  instances  de  la  Commission 
auprès  du  Comité,  en  l'invitant  de  joindre  à  l'acquisition  de  ce  cabinet  la  partie  de 
la  bibliothèque  qui  concerne  l'histoire  naturelle  ^'^. 

G 

On  lil  dans  In  registre  des  procès-verbaux  de  la  Commission  des  arts  : 

Séance  du  3o  pluviôse,  l'an  2'  delà  République. 

Le  citoyen  Besson  lit  un  rapport  sur  des  effets  précieux  appartenant  à  la  ci- 
devant  reine,  déposés  chez  les  citoyens  Daguerre  et  Lignereux.  11  propose  à  la 
Commission  d'approuver  la  pétition  qui  est  contenue  dans  ce  rapport,  et  le  renvoi 
au  Comité  d'instruction  pubhque.  Adopté ^^^ 

Conformément  à  l'arrêté  du  Comité  d'instruction  publique  du  5  ventôse,  la  Commission 
des  arts  négocia  avec  Daguerre  et  Lignereux,  et,  après  avoir  convenu  des  frais  de  garde 
qui  leur  seraient  payés,  prit  un  arrêté  concernant  le  placement  des  objets  déposés  chez 
eux  : 

Séance  du  25  ventôse,  l'an  2'  de  la  Répubhque. 

Il  est  arrêté  que  les  objets  indiqués  seront  transportés  au  Muséum  des  arts  pour 
faire  choix  de  ceux  qui  conviennent  à  ce  Muséum,  et  renvoyer  les  autres  à  celui 
d'histoire  naturelle  ^^\ 

(^)  Archives  nationales,  F'^*  7,  fohos  10,  recto  et  verso,  et  29,  verso.  —  ^^^  Archives  na- 
tionales, F^'*  7,  folio  3i,  peclo.  —  ^^)  Ibid.,  folio  Ai,  recto. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE. 


^99 


DEUX  CENT  QUATRIEME  SEANCE. 

Du  7  veiilôs  '  an  II.  [2.')  février  179'!.] 

Lettre  du  citoyen  Sergent  qui  en  adresse  une  du  citoyen  Pouilin, 
accompagnée  de  deux  pièces  de  vers.  Renvoyé  à  Bouquier,  rappor- 
teur (1). 

Pétition  du  citoyen  Monnaye  qui  adresse  à  la  Convention  nationale 
une  traduction  de  Justin  et  demande  que  cet  ouvrage  soit  rangé  au 
nombre  des  livres  classiques.  Arrêté  qu'il  n'y  a  pas  lieu  à  délibérer  ^2^. 

La  proposition  du  sceau  de  la  République  est  renvoyée  à  David,  qui 
se  concertera  avec  les  artistes  qui  doivent  l'exécuter  ^-^l 

La  citoyenne  veuve  Marat  étant  venue  proposer  de  faire  imprimer 
les  ouvrages  et  manuscrits  de  Marat,  et  demandant  que  la  Convention 
veuille  bien  souscrire  pour  un  certain  nombre  d'exemplaires,  le  Co- 
mité arrête  qu'il  sera  nommé  un  rapporteur  qui,  d'après  l'aperçu  de  la 
dépense,  proposera  à  la  Convention  une  souscription  ^'^\ 

Il  sera  écrit  parle  président  au  ministre  de  l'intérieur  pour  donner 
des  pouvoirs  conçus  dans  les  termes  proposés  par  sa  lettre  ci-jointe  ^^^ 
et  il  lui  sera  envoyé  la  liste  des  membres  de  la  Commission  des  arts 
avec  leur  adresse. 

Rapport  à  faire  sur  l'empreinte  des  monnaies.  Renvoyé  à  Mathieu  '^^K 


.  (')  Nous  n'avons  pas  trouvé  les  lettres 
de  Sergent  et  de  I*oiillin.  Bouquier  n'a  pas 
présenté  de  rap{)ort. 

^■^)  Voir  la  séance  du  19  nivôse  (p.  a.58). 
Il  y  a  dans  F•^  carlon  loo8^  n"  i583, 
une  lettre  de  Monnaye,  du  'îG  ventôse, 
dans  laquelle  il  demande  qu'on  lui  fasse 
coruiaîlre  les  motifs  pour  lesquels  le  Comité 
a  prononcé  Tordre  du  jour  sur  sa  demande 
d'impression  de  sa  traduction  de  Justin. 

^^^  Le  procès-veibal  de  la  séance  du 
5  ventôse  (p.  A93)  conlicnl  déjà  cette 
môme  indication  du  renvoi  à  David,  Il  ne 
sera  plus  parlé  de  celte  alïain'. 

(''^  Voir  la  séance  du  3  ventôse  (p.  /jS.")) 
et,  pour  la  suite,  celle  du  ii  ventôse 
(p.  53o). 

'*)  La  lettre  dont  il  est  ici  question  n'est 


pas,  comme  cette  phrase  incorrecte  semble 
le  dire ,  une  lettre  du  ministre  de  l'intérieur, 
mais  bien  la  lettre  du  président,  soumise 
par  lui  à  l'approbation  du  Comité.  Cette 
lettre,  qui  devrait  être  insérée  au  procés- 
verbal,  n'y  a  pas  été  jointe.  Il  s'agit  de 
pouvoirs  destinés  aux  membres  de  la  Com- 
mission des  arts.  Nous  donnons  aux  annexes, 
A  (p.  5oi),  des  extraits  des  procès -ver- 
baux des  séances  de  la  (lommis^ion  des  arts, 
des  a5  pluviôse,  5  et  tT)  ventôse  an  11. 

^"^  Le  décret  du  -jS  brumaire  avait  cliarj^é 
les  (lomltés  d'instruction  publiipie  et  des 
monnaies,  réunis,  de  rassembler  dans  une 
seule  loi  tous  les  décrets  rendus  jiiscju'à  ce 
jour  sur  les  monnaies  (voir  t.  11,  p.  81 1  ). 
C'est  sans  doute  en  exécution  de  ce  décret 
que  Mathieu  est  chaigé  du  rapport. 


,,'\ 


500      PROCÈS -VERBAUX  DU  COMITE  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

Thibaudeau  lit  un  rapport  sur  les  établissements  d'instruction  pour 
les  sourds  et  muets,  suivi  du  projet  de  décret  suivant;  adopté ^^l 

Observations  sur  les  objets  d'art  et  autres  objets  à  conserver  par  les 
troupes  françaises  dans  les  pays  qu'elles  parcourent.  Renvoyé  à  Bou- 


tiuier 


(2) 


4 

Arrêté  qu'il  sera  fait  une  convocation  générale  de  tous  les  membres 

du  Comité  pour  discuter  le  sujet  des  fêtes  décadaires  la  séance  pro- 

cbaine  ^^l 

Les  professeurs  de  musique  de  la  garde  nationale  demandent  que 
tous  les  instruments  de  musique  des  émigrés  soient  réunis  par  la 
Commission  des  arts,  et  qu'd  soit  procédé  par  un  jury  composé  de  gens 
de  Fart.  Renvoyé  à  la  commission  chargée  de  statuer  sur  le  tout^^^. 

Un  artiste  annonce  un  projet  de  moulins.  Renvoyé  au  Bureau  de 
consultation  des  arts  pour  avoir  son  avis^'^^. 


^^^  En  regard  de  cet  alinéa,  on  lit  en 
marge,  à  la  minute  :  «Le  projet  est  entre 
les  mains  de  Tiiibaudeau?^  Voir  la  séance 
du  3  ventôse  (p.  685).  Dans  la  séance  du 
9,  le  projet  de  Thibaudeau  reviendra  à 
l'ordre  du  jour  et  sera  complété  (p.  5o6). 

(2)  Voir  la  séance  du  7  pluviôse  (p.  336  ). 
Il  parait  probable  qu'il  s'agit  ici  d'observa- 
tions présentées  par  la  Commission  des  arts. 
Celle-ci,  en  elTet,  s'était  occupée  de  la 
question  le  5  ventôse  ;  on  s'était  plaint  que 
les  monuments  des  arts,  en  pays  ennemi, 
fussent  souvent  détruits,  et  que,  dans  les 
déparlements,  le  travail  de  conservation  ne 
fût  pas  effectué  avec  toutes  les  lumières  et 
toute  l'activité  désirables  ;  on  avait  proposé 
qu'il  fût  envoyé  des  agents  de  surveillance; 
que  les  ingénieurs  fussent  aussi  chargés  de 
ce  soin,  autant  que  les  travaux  qui  leur 
sont  propres  n'en  souffriraient  point,  et  que 
«cette  indication  fût  énoncée  dans  la  lettre 
à  écrire  aux  représentants  du  peuple  près 
les  arméesw.  La  proposition  fut  adoptée. 
Voir  aux  annexes,  B  (p.  boh),  un  extrait 
des  procès-verbaux  des  séances  de  la  Com- 
mission des  arts,  5  ventôse  an  11. 

^^)  Mathieu,  nommé  rapporteur,  avait 
présenté  un  projet  qui  avait  été  lu  et  discuté 
dans  les  séances  des  5,  i3  et  21  nivôse;  il 
avait  ensuite  lu,  le  3  pluviôse,  un  rapport. 


Dans  la  séance  du  9  ventôse  (p.  5o5)  eut 
lieu  la  discussion  annoncée. 

^*^  La  demande  des  professeurs  de  mu- 
sique de  la  garde  nationale  avait  été  enre- 
gistrée sous  le  n°  2019  (F^',  carton  1009^). 
La  pièce  manque;  mais  en  voici  le  résumé, 
d'après  la  chemise  :  wLes  professeurs  com- 
positeurs de  la  musique  de  la  garde  na- 
tionale parisienne  demandent  que  les  fonc- 
tions des  membres  de  la  Commission 
temporaire  des  arts  se  bornent  à  inventorier 
et  faire  mettre  en  dépôt  tous  les  objets  re- 
latifs à  la  musique  et  appartenant  à  la  Ré- 
publique, et  qu'il  soit  formé  un  jury  de 
musiciens  pour  faire  le  choix  des  morceaux 
de  musique  et  des  instruments  qui  auront 
été  rais  en  dépôts.  On  lit  au-dessous  :  rr Ren- 
voyé à  la  Commission  des  arts,  le  7  ventôse n. 
Le  Comité  de  salut  public  prit  lui-même 
l'affaire  en  mains,  et,  deux  mois  après, 
donna  satisfaction  au  désir  exprimé  par 
l'Institut  national  de  musique ,  en  autorisant 
les  commissaires  de  celui-ci  à  faire  un  choix 
des  meilleurs  instruments  de  musique  qui 
se  trouvaient  dans  les  maisons  nationales 
et  parmi  les  meubles  d'émigrés.  Voir  aux 
annexes,  C  (p.  5o/i),  l'arrêté  du  Comité  de 
salut  public  du  7  floréal  an  11. 

(^)  Il  est  probable  qu'il  s'agit  d'un  moulin 
inventé  par  Durand  (voir  t.  II,  p.  595). 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE. 


501 


Renvoyé  à  Mathieu  pour  les  dépenses  faites  par  le  musicien  Sarrette 
d'acquisition  d'instruments  ^^K 

Renvoyé  pour  le  concours  des  livres  élémentaires  un  atlas  du  ci- 
toyen Desnos,  géographe ^^l 

Le  président  est  chargé  d'écrire  au  ministre  de  l'intérieur  pour 
qu'il  obtienne  le  décret  demandé  par  le  citoyen  Daubenton  ^^K 

Le  citoyen  Lavoyeprie  le  Comité  d'agréer  l'hommage  de  ses  deux 
volumes  in-folio  de  modèles  d'écriture.  Le  Comité  accepte  le  don  et 
arrête  que  la  mention  honorable  sera  consignée  dans  le  yjrocès-verbal  ^^l 

La  séance  est  levée  à  dix  heures  et  demie  '^^K 


PIECES  ANNEXES. 

A 

On  lit  dans  le  registre  des  procès-verbaux  de  la  Commission  des  arts  : 

Séance  du  25  pluviôse,  l'an  2*  de  la  République. 

Les  pouvoirs  donnés  par  le  ministre  de  l'intérieur  aux  membres  de  la  Commis- 
sion des  arts^"'  ne  paraissant  pas  suffisants,  les  citoyens  Vicq  d'Azyr  etLelièvre 
sont  nommés  pour  rédiger  un  projet  de  nouveaux  pouvoirs  qui  sera  présenté  au 


Le  6  ventôse,  Durand,  déjà  rr honoré  des 
suffrages  de  la  Convention  nationale  pour 
l'invention  de  ses  moulins  à  bras  et  à  ma- 
nège», s'était  présenté  à  la  barre  de  l'as- 
semblée pour  lui  annoncer  rr qu'il  venait 
d'inventer  la  mécanique  d'un  fléau  à  battre 
le  blé,  qui,  à  l'aide  de  deux  hommes, 
donnera  trente-six  mille  coups  de  fléau 
dans  une  heure ti  ;  l'objet  avait  été  renvoyé 
aux  Comités  d'agriculture,  de  commerce, 
des  finances  et  de  salut  public.  (Procès- 
verbal  de  la  Convention,  t.  XXXII,  p.  aao.) 
Une  pièce  r(>lative  à  cette  invention  avait 
été  enregistrée  sous  le  n"  290/1  (F",  car- 
ton 1010').  Elle  manque;  en  voici  le  ré- 
sume :  ffLes  administrateurs  dos  moulins 
Durand  prient  le  Comilé  d'envoyer  des 
commissaires  pour  assister  à  l'épreuve  d'un 
moulin  à  manège  construit  j»oin'  la  com- 
mune de  Versailles '\  Sur  la  chemise,  on  lit 
cette  note  :  «Renvoyé  à  la  Commission  des 
arts,  le  97  ventôse?^.  Mais  le  procès-verbal 
du  37  veutùse  ne  parle  pas  de  Durand  et  de 
son  moulin. 


^^^  Mathieu  fera  un  rapport  à  ce  sujet 
le  29  ventôse  (p.  600). 

^2)  V Atlas  méthodique  et  élémentaire  de 
géographie  et  d'histoire  était  l'œuvre  d'une 
association  de  géographes.  Desnos ,  libraire , 
ff ingénieur-géographe  de  Sa  Majesté  da- 
noise n,  qui  en  était  l'acquéreur  et  l'éditeur, 
en  avait  fait  hommage  à  la  Convention,  le 
28pluviôse(Procès-verbal,t.  XXXI,p.  309). 
Cet  allas,  enregistré  sous  le  n°  1971  (F'^, 
carton  1009^),  a  été  «déposé  à  la  bibho- 
llièque  du  Comité  le  i3  ventôse'?. 

^^^  11  est  probable  qu'il  s'agit  du  projet 
de  décret  relatif  à  la  création  d'une  ména- 
gerie (pages  3i5  et  319).  Pour  la  suite, 
voir  la  séance  du  27  floréal  an  11. 

^*^   Voir  la  séance  précédente  (p.  A 90). 

^*)  Pas  de  signature,  ni  à  la  minute  ni 
au  registre.  La  minute  est  de  la  main  de 
Coupé,  sauf  les  deux  premiers  alinéas,  (jui 
sont  de  Boutroue,  et  celui  sur  Lavoye,  qui 
est  de  Grégoire. 

^"^  Voir  un  spécimen  de  ces  pouvoirs 
dans  notre  tome  II,  p.  5o8. 


502       PROCKS-VERBAUX  DU  COMITE  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

ministre.  Il  est  arrête'  qu'il  sera  e'crit  aux  citoyens  qui  ont  cesse'  d'être  membres 
de  la  Commission  des  arts  pour  les  engager  h  renvoyer  les  pouvoirs  dont  ils  sont 
numis. 

Séance  du  5  ventôse,  l'an  9/  de  la  République. 

Lecture  d'un  projet  de  nouveaux  pouvoirs  h  obtenir  du  ministre  de  l'intérieur 
pour  les  membres  de  la  Commission,  afin  de  simplifier  leurs  opérations.  Le  Co- 
mité d'instruction  publique  sera  invité  à  engager  le  ministre  à  expédier  sous  cette 
("orme  les  pouvoirs  dont  il  s'agit.  A  la  lettre  écrite  au  ministre  sera  jointe  la  liste 
des  membres  de  la  Commission  des  arts. 

Séance  du  1 5  ventôse ,  l'an  2"  de  la  République. 
L'impression  de  la  liste  des  membres  de  la  Commission  est  arrêtée  ^'^ 

Voici  cette  liste,  que  nous  avons  retrouvée  à  la  Bibliothèque  nationale  : 

Liste  des  membres  composant  la  Commission  temporaire  des  arts, 
adjointe  au  Comité  d'instruction  publique. 

(S.  1.  n,  d.,  et  sans  nom  d'imprimeur  (-'.) 

CLASSES.  NOMS.  DEMEURES. 

N°  I. 
Histoire  naturelle. 


Zoologie 
Botanique. 

Minéralogi 


Richard Rue  Copeau,  n°  53 1. 

^    *      *  \    Lamarck Au  Muséum  d'histoire  naturelle. 

Thouin Au  Muséum  d'histoire  naturelle. 

Desfontaines Au  Muséum  d'histoire  naturelle. 

Gillet-Laumonl Cloître  Saint-Benoît,  n°  36ij. 

Besson Rue  du  Goq-Saint-Honoré,  n°  129. 

Lelièvre A  la  Monnaie,  rue  Guénégaud,  n°  1682. 

Nitot  (Etienne) Pont  du  Peuple,  au  coin  de  la  place  Thion- 

ville. 


N"  II.  /    Fortin Place  Chalier. 

Charles Au  Louvre. 

Physique I   Lenoir Rue  Basse-des-Ursins ,  n°  2. 

Dufourny A  l'Arsenal,  maison  des  Poudres. 

Janvier Cour  du  Louvre. 


Chimie 


N°  III.  l  Pelletier Rue  Jacob,  n°  1 1 90. 

Vauquelin Rue  des  Boucheries. 

Leblanc A  l'Arsenal,  maison  des  Poudres. 

Berthollet Maison  de  la  Monnaie. 


(^^  Archives  nationales,  F^'*  7,  folios  28  Les  noms  do  Chamhe'ry  et  de  Sarrelte  ont 

recto,  22  verso,  et  87  recto. —  La  liste  qui  disparu  (la  démission  de  Sarrelte  ne   fut 

ut  imprimée  en  vertu  de  la  décision  du  que  momentanée;  il  rentra  à  la  Coramis- 

i5  ventôse  nous  montre  la  Commission  di-  sion  le  3o   floréal);  à  part  ces  deux  sup- 

visée  en  quatorze  sections,  la  peinture,  l'ar-  pressions,  la  liste  est  identique  à  celle  que 

ch'teclure  et  la  sculpture  ayant  été  sépa-  donne  le  décret  du  18  pluviôse  (p.  827). 

rées  et  formant  chacune  une  section  spéciale.  ^^^  Bibhothèque  nationale ,  Le '"'  1 1,  in-A°. 


DE  LA  CONVENTION  N  \TIONALE.  503 

CLA88B8.  NOMS.  DEMEL'RES. 

N"  IV.  /   Thillaye Aux  p]coles  de  chirurgie. 

\    Fragonard  (Honoré).  Rue  de  la  Tissanderie,  n°  27. 

Analomie /    Vicq  d'Azyr Au  Louvre. 

Corvisai  t Rue  d'Enfer,  n"  i  A9. 

Portai Rue  Pavée-des-Ar(s,  n°  6. 


N"  V. 
Machines,  arts  et  nfié- 
tiers 


MoHard Rue  de  Charonne,  n"  31. 

llassonfralz Quai  Voltaire,  n"  h. 

Vandermonde Rue  de  Charonne,  n°  2 a. 


N°  \  I.  i    Adct Maison  de  la  Marine. 

Géographie |    Monge Rue  des  Pelits-Auguslins,  n"  aS. 

(   Buaciie Galeries  du  Louvre,  n°  5. 

N"  VIL 

Machines  de  guerre,  (    Bcuvelol Rue  de  Seine,  faubourg  S*-Germain,  n"  li. 

fortifications (    Dupuis Rue  de  la  Jussienne,  n"  19. 

N"  VIÏL  (   Leblond Collège  des  Quatre-Nations. 

Médailles  et  antiquités  I   Varon Au  Conservatoire. 

(    Wicar Au  Conservatoire. 

N°  IX.  /    Langlès Place  Thionville,  n"  i3. 

n-,  ,.  ,  .  1   Ameilhon Rue  ci-devant  des  Prètres-Sainl-Paul,  n"  87. 

Bihlioffraphie 'r.-.-  /-w-ii  •  « 

'    '  I   Barrois  aine Quai  des  Augustins,  n    19. 

(   Poirier A  la  ci-devant  abbaye  de  Saint-Germain-des- 

Prés,  n^Hoa. 

N"  X.  /    Naigeon  aîné Au  Dépôt  national,  rue  de  Beaune. 

Fragonard Au  Conservatoire. 

Peinture /   Bonvoisin Au  Conservatoire. 

Losueur Au  Conservatoire. 

Picault Au  Conservatoire. 

N"  XL  l    Hubert Place  du  Vieux-Louvre. 

Architecture }   Lannoy^' Au  Conservatoire. 

Le  Roy  (David) Au  Conservatoire  ou  au  Louvre. 


N"  XH. 
Sculpture.  .  .  . 


Dupasquier Au  Conservatoire. 

Dardel Au  Conservatoire. 


N"  XIII.  (  Prony Maison  de  Toulouse. 

Ponts  et  chaussées..  . }  Raucli Maison  des  Ponts  et  Chaussées. 

(  Plessi> Rue  de  Bussy,  près  celle  de  Seine. 

N"  \1V. 
Instruments  do  inu-  j 

sique    anciens    et  ,  Bruni Rue  de  Cléry,  n°  67. 

étrangers ) 

Agent Leblond (^.oll^ge  des  Quatre-Nafions. 

^'^   La  forme  véritable  du  nom  (>sl  Dvlanmni. 


504   PROCÈS -VERBAUX  DU  COMITÉ  DINSTRUCTION  PUBLIQUE 


On  lit  dans  le  registre  des  procès-verbaux  de  la  Commission  des  arts  : 

Séance  du  5  ventôse,  l'an  2'  de  la  République. 

La  proposition  d'inviter  le  Comité  d'instruction  publique  à  écrire  aux  repré- 
sentants du  peuple  est  mise  aux  voix  et  adoptée;  et  la  Commission  arrête  que  le 
Comité  d'instruction  publique  est  invité  à  écrire  aux  représentants  du  peuple  pour 
les  engager  à  faire  prendre  toutes  les  mesures  conservatoires  par  les  citoyens 
éclairés  qu'ils  pourront  choisir  à  cet  effet  ^^\ 


ARRETE   DU   COMITE  DE  SALUT    PUBLIC    RELATIF  AUX   INSTRUMENTS  DE  MUSIQUE 
A   DISTRAIRE   DE   LA  VENTE   DU    MOBILIER   APPARTENANT    A  LA   NATION  ^^\ 

Du  7  floréal  an  11. 

(Présents  :  B.  Barère,  Carnot,  Cou  thon,  Collot  d'Herbois,  C.-A.  Prieur,  Billaud- 
Varenne,  Robespierre,  Saint- Just,  B.  Lindet.) 

Le  Comité  de  salut  public  charge  l'agent  national  du  département  de  Paris  de 
se  concerter  avec  trois  commissaires  de  l'Institut  national  de  musique  pour  exa- 
miner les  divers  instruments  de  musique  qui  se  trouvent  dans  les  maisons  natio- 
nales et  parmi  les  meubles  d'émigrés. 

Il  fera  faire  par  les  trois  commissaires  de  l'Institut  un  choix  des  meilleurs  in- 
struments des  maîtres  les  plus  célèbres;  ils  seront  distraits  de  la  vente  dumobiher 
appartenant  à  la  nation  ;  il  en  sera  fait  un  double  inventaire ,  signé  de  l'agent  na- 
tional du  département  et  des  trois  commissaires  de  l'Institut  national  de  musique. 

^1^  Archives  nationales,  F'''*  7,  folio  ')i  recto.  —  ^^^   Archives  nationales,  AF*ii,  /|8. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE. 


505 


DEUX   CENT   CINQUIEME   SEANCE. 

Du  9  ventôse  an  ii.  [37  février  179'i.J 

Ajourné,  jusqu'après  des  renseignements  à  prendre  sur  son  civisme, 
la  proposition  de  correspondre  faite  au  Comité  par  le  citoyen  Amée, 
qui  va  au  Canada  ^^\ 

Questions  proposées  et  envoyées  par  Bentabole  au  Comité.  Ajour- 
nées (^^. 

Un  décret  de  la  Convention  pour  l'exception  à  accorder  aux  com- 
munes qui  ne  sont  pas  chefs-lieux  de  district,  à  l'effet  de  conserver  la 
bibliothèque  qui  s'y  trouverait  déjà  '^^K 

Le  Comité  d'instruction  publique,  après  avoir  entendu  et  discuté  le 
plan  de  fêtes  nationales  et  décadaires  présenté  par  Mathieu  ^'^  arrête 
que  pour  mûrir  son  opinion  particulière  et,  à  cette  fin,  pressentir  l'opi- 
nion publique,  le  plan  du  rapporteur  sera  imprimé  et  distribué  aux 
membres  de  l'assemblée,  le  Comité  se  réservant  de  le  soumettre  à  une 
discussion  nouvelle,  dans  un  court  délai,  pour  en  être  ensuite  pré- 
senté un  rapport  définitif  et  complet  en  son  nom  à  la  Convention 
nationale  ^^\ 


f')  Deux  lettres  d'Amée  avalent  été  enre- 
{jistrées  sous  le  n°  2o59(F^',  carton  1009-); 
elles  manquent.  Voici  le  résumé  de  ces 
deux  pièces  :  «  1°  Amée  partant  pour  l'Amé- 
rique septentrionale,  où  il  va  diriger  la 
culture  d'une  propriété,  otTro  d'y  entrete- 
nir une  correspondance  utile  à  la  Répu- 
blique; 2°  lettre  d'Amée  du.  .  .  germinal, 
qui  rappelle  l'objet  de  sa  pétitions.  Sur  la 
chemise  on  lit  en  outre  ces  deux  notes  : 
«Ajourné  le  9  ventôse  jus(]u'après  des  ren- 
seignements sur  le  civisme  dn  pétition- 
naire».—  cfFourcroy  rapporteur,  le  07  giM-- 
minal.n  Le  procès-verbal  du  97  germinal 
ne  parle  pas  d'Amée. 

^''^'  11  s'agit  d'une  lettre  du  représentant 
Bentabole  au  Comité  de  salut  public,  datée 
de  Nogent,  le  93  pluviôse,  et  relative  à 
l'érection  de  Temples  de  la  raison  dans  toutes 
les  couununesde  la  Répid)lique.  Un  extrait 


de  cette  lettre  (copie),  envoyé  par  le  Co- 
mité de  salut  public  à  celui  d'instruction 
publique,  a  été  enregistré  sous  le  n"  9o55 
(F'^  carton  1009-).  Nous  donnons  cet  ex- 
trait aux  annexes,  A  (p.  007). 

^^)  C'est  un  décret  du  97  pluviôse,  qui 
(bargeait  le  Comité  de  présenter  à  bref  dé- 
lai un  rapport  sur  cette  exception  (voir  la 
séance  du  Comité  du  99  pluviôse,  p.  AG9). 
Le  procès-verbal  indique  ici  que  le  Comité 
a  dû  s'occuper  de  cette  question.  Il  n'a  pas 
été  présenté  à  la  Convention  de  rapport 
spécial  sur  ce  sujet;  mais  il  se  trouve  traité 
dans  le  rapport  général  sur  la  biMiographie, 
que  (îrt'goiro  lera  à  l'assemldée  le  99  ger- 
minal (voir  séance  du  ai  germinal  an  i\). 

^*)  Voir  p.  5oo 

^^)  Nojis donnonsaux annexes, B(]).Ô0(S), 
le  plan  de  letes  nationales  présiMitt»  par  Ma- 
tliieu,  tel  qu'il  lut  impriint'  (pie|(|U(>s  jours 


506      PROCÈS -VER  BAUX  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

Arrêté  que  le  rapporteur  sur  les  sourds  et  muets  proposera  dans  son 
projet  de  décret  de  faire  nommer  à  l'avenir  les  instituteurs  des  établis- 
sements de  Paris  et  de  Bordeaux  sur  la  présentation  du  Comité  d'in- 
struction publique,  en  conservant  toutefois  les  instituteurs  actuels ^^l 

Sur  la  proposition  du  commissaire  inspecteur  du  Comité  d'instruc- 
tion publique,  le  Comité  arrête  :  i"  que  le  citoyen  Oudry^-^,  commis  à 
la  bibliographie,  sera  appelé  dans  la  salle  du  secrétariat  pour  y  tra- 
vailler comme  secrétaire  commis  de  l'agent  de  la  Commission  des 
arts;  ^°  que  le  citoyen  Oudry  sera  remplacé  à  la  bibliographie  par  le 
citoyen  Labenne  ^^\  anciennement  attaché  comme  commis  au  Comité 
d'instruction  et  contre  qui  il  n'exista  jamais  de  sujet  de  plainte,  dont 
l'exactitude  au  contraire  fut  jugée  digne  d'éloge. 

Arbogast  est  chargé  de  se  concerter  avec  le  Comité  des  finances 
pour  la  somme  nécessaire  au  citoyen  Desfontaines  pour  faire  graver 
les  plantes  qu'il  a  observées  sur  le  mont  Atlas  ^''^ 

Le  citoyen  Duval  est  adjoint  à  la  section  de  la  bibliographie  ^^\ 

Arrêté  qu'il  sera  écrit  par  le  président  du  Comité  au  ministre  de 
l'intérieur  pour  que  l'ancienne  Commission  des  monuments  remette  à 
la  nouvelle'''^  ses  comptes  et  procès-verbaux  sans  différer ^^l 


après.  Le  1 1  germinal  an  ii,  le  Comité 
autorisera  Mathieu  à  se  concerter  avec  le 
Comité  de  salut  public  au  sujet  de  ce  plan. 

(')  Voir  p.  5oo.  Nous  donnons  aux  an- 
nexes, C  (p.  5i3),  le  texte  du  rapport  et 
du  projet  de  décret  de  Thibaudeau  sur  les 
sourds-muels.  Nous  le  faisons  précéder  du 
rapport  de  Roger  Ducos  sur  le  même  objet 
(voir  la  séance  du  3  venlôse,  p.  ^4  85),  et 
d'un  extrait  du  procès-verbal  de  la  séance 
de  la  Convention  du  1 1  ventôse  an  ii,  oii 
les  deux  rapports  furent  lus  et  l'ajourne- 
ment de  la  discussion  décrété.  Nous  y  joi- 
gnons un  extrait  des  Mémoires  de  Thibau- 
deau relatif  à  Sicard.  Pour  la  suite  de  cette 
affaire,  voir  au  tome  IV  la  séance  du  Co- 
mité du  8  germinal  an  ii  (annexe). 

^^)  Il  a  déjà  été  question  du  commis  Ou- 
dry en  brumaire  (voir  tome  II,  pages  7^2 
et  833).  C'est  sur  la  demande  de  la  Com- 
mission des  arts  que  le  Comité  désigne  ici 
un  commis  pour  travailler  sous  la  direction 
de  l'agent  de  la  Commission  des  arts  sur) 


la  nomination  de  Leblond  comme  agent, 
voir  la  séance  du  a 5  pluviôse,  p.  ^59). 
Nous  donnons  aux  annexes,  D  (p.  628),  un 
extrait  du  procès-verbal  de  la  séance  de  la 
Commission  des  arts  du  5  ventôse  an  n. 

^•^'  Sur  Labenne,  voir  les  Procès-verbaux 
du  Comité  d'instruction  publique  de  l'Assem- 
blée Jéi'islative ,  Table. 

(*)  Il  est  question  du  botaniste  Desfon- 
taines et  des  planches  de  son  ouvrage  dans 
une  lettre  écrite  par  Lavoisier  au  Comité 
le  10  août  1793  (t.  II,  p.  3i/i).  Pour  la 
suite,  voir  la  séance  du  27  ventôse  (p.  585). 

(^)  Cette  section  se  composait  de  Jay, 
Prunelle  et  Mathieu  (voir  t.  II,  p.  606). 

^'^^  C'est-à-dire  à  la  Commission  des 
arts. 

W  Voir  la  séance  du  1 1  pluviôse  (p.  376). 
Dans  les  extraits  que  nous  avons  donnés 
des  procès-verbaux  de  la  Commission  des 
monuments,  nous  en  sommes  resté  à  la 
séance  du  9  ventôse  (p.  386).  La  Com- 
mission attendait  toujours  que  le  minisire 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE. 


507 


Le  citoyen  Gence,  de  la  section  Ghalier,  présente  des  vues  sur  les 
fêtes  publiques  et  leur  application  à  la  fête  de  Marat.  Mention  hono- 
rable (1). 

La  séance  est  levée  à  dix  heures  ^^l 


PIECES     ANNEXES. 


EXTRAIT  DE  LA  LETTRE  DU  CITOYEN  BENTABOLE,  REPRESENTANT 
DU  PEUPLE  A  NOGENT,  LE  2  3  PLUVIOSE  2^  ANNEE,  AU  COMITE  DU  SALUT  PUBLIC  ^"^1 

i"  question.  La  Convention  dëcrëtera-t-elle  l'érection  d'un  Temple  de  la  Rai- 
son dans  toutes  les  communes  de  la  République  ?  Et  cette  question  n'est  point  in- 
différente dans  un  moment  où  l'on  veut  atteindre  la  superstition ,  puiscpie  l'érection 
d'un  temple  dédié  à  toute  autre  chose  qu'à  l'Etre-suprême  peut  présenter  aux 
malveillants  des  moyens  de  supposer  aux  yeux  des  ignorants  une  espèce  do  nou- 
veau culte,  et  que  tout  au  moins  il  y  a  des  raisons  politiques  de  ne  point  précipiter 
cette  mesure ,  si  elle  est  bonne. 

2"  question.  La  Convention  décrétera-t-elle  que  la  nation  abandonnera  dans 
chaque  commune  une  église  supprimée,  ou  un  domaine  national  quelconque, 
pour  en  faire  un  Temple  de  la  Raison?  Il  y  a  lià.ooo  communes;  chaque  local  ne 
valût-il  que  3,ooo  livres,  cela  ferait  une  dépense  pour  le  fisc  de  182  millions. 


Signé  :  Rentabole. 


Pour  extrait  conforme. 


On  lit  en  marge  :  «Registre  n"  26  a.  w  —  «  Renvoyé  au  Comité  d'instruction  publique 
par  le  Comité  de  salut  public  le  huit  ventôse  2"  année  de  la  République,  ^j  Et  plus  bas  : 
«Ajourné,  9  ventôse.  J.-M.  Coupé,  secrétaire. r> 


lui  notifiât  officiellemont  le  décret  du  98  fri- 
maire. Cette  notification  arriva  enfin,  et 
fut  lue  à  la  Commission  le  i3  ventôse; 
séance  tenante  la  (Commission  écrivit  au 
Comité  d'instruction  publique  poui-  le  prier 
d'envoyer  des  commissaires  avec  mandat 
d'aller  recevoir  les  papiers  de  la  Connnission 
dans  le  lieu  de  ses  séances.  Nous  donnons 
aux  annexes,  E  (p.  598),  un  extrait  du 
procès-verbal  do  la  séance  de  la  Commis- 
sion des  monuments  du  i3  ventôse,  et  sa 
lettre  au  Comité  du  miMue  jour.   Pour  la 


suite,  voir  la  séance  du  Comité  du  1 3  ven- 
tôse (p.  536). 

(')  La  brochure  de  Gence  avait  été  enre- 
gistrée sous  le  n"  ;M)5/j  (F'^,  carton  1009-); 
elle  n'est  pas  en  place. 

^^^  Pas  de  signature ,  ni  à  la  minute  ni  au 
registre.  La  minute  est  delà  main  de  (-oupé, 
sauf  l'alinéa  sur  le  plan  de  fêles  natiouides 
et  décadaires,  et  celui  sur  les  commis  Oudry 
et  Labenne,  qui  sont  de  la  main  de  Matliieu. 

(•'*^  Archives  nationales,  F",  carton  1  no()', 
if  2  055. 


508      PROCÈS -VERBAUX  DU  COMITE  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 


PROJET  DE  FETES  NATIONALES,  PRESENTE  AU  NOM  DU  COMITE  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE, 
PAR  MATHIEU,  DÉPUTÉ  DU  DÉPARTEMENT  DE  L'OISE. 

A  Paris,  de  rimprimerie  nationale,  Tau  ii  de  la  République ^^^ 

kNous  voulons  remplir  los  vœux  do  la  nature,  accomplir  les 
destins  de  l'liumar)ité,  tenir  les  promesses  de  la  philosophie, 
absoudre  la  providence  du  lonjf  rèjjne  du  crime  et  de  la  ty- 
rannie. Que  la  France,  jadis  illustre  parmi  les  pays  esclaves, 
éclipsant  la  gloire  de  tous  les  peuples  libres  qui  ont  existé,  de- 
vienne le  modèle  des  nations,  l'efl'roi  des  oppresseurs,  la  conso- 
iation  des  opprimés,  l'ornement  de  l'univers,  et  qu'en  scellant 
notre  ouvrage  de  notre  sang,  nous  puissions  voir  au  moins 
briller  l'aurore  de  la  félicité  universelle. . .  Voilà  notre  ambi- 
tion ,  voilà  notre  but.w 

(  Rappo7't  fait  au  nom  du  Comité  de  salut  public , 
par  Maxirailien  11obespierre(^'.  ) 

Article  premier.  La  Pu^piiblique  fi'anraise  colc^brera  tous  les  quatre  ans  la  fête 
de  la  Révolution  à  laquelle  elle  doit  son  établissement.  Cette  fête  sera  le  dernier 
jour  de  Tannée  sextile,  et  la  dernière  des  Sans-Culotides. 

Art.  2.  Elle  célébrera,  tous  les  ans,  les  événements  et  les  époques  les  plus  mé- 
morables de  la  Révolution.  Cinq  fêtes  sont  instituées  pour  les  rappeler  aux  Fran- 
çais. 

Art.  3.  Ces  fêtes  seront:  i°  le  ih  judlet  1789;  2°  le  10  août  1792  et  1798; 
3°  le  6  octobre  1789;  A"  le  21  janvier  1798;  5°  le  3i  mai.  Elles  auront  lieu  aux 
époques  correspondantes  dans  l'ère  républicaine. 

Art.  h.  Tous  les  décadis  de  l'année  seront  consacrés  à  des  fêtes  nationales  dans 
toute  la  République,  sans  préjudice  des  Sans-Culotides,  maintenues  par  le  présent 
décret. 

Art.  5.  Ces  fêtes,  instituées  sous  les  auspices  de  l'Etre-suprême ,  auront  pour 
objet  de  réunir  tous  les  citoyens,  de  leur  retracer  les  droits  et  les  devoirs  de 
l'bomme  en  société,  de  leur  faire  chérir  la  natin-e  et  toutes  les  vertus  sociales. 

Art.  6.  Les  fêtes  décadaires  seront  célébrées  dans  l'ordre  porté  au  tableau  an- 
nexé au  présent  décret. 

Art.  7.  Ces  réunions  fraternelles  et  périodiques  auront  lieu  dans  les  édifices 
nationaux  consacrés  à  un  culte  public,  à  l'époque  du  1"  vendémiaire. 

(')  Bibliothèque    nationale.    Le  ^^  788,  (^^   Ce  passage  est  extrait  du  rapport  du 

in -8°;    Musée   pédafjo^rlque ,  n°  1  iSaî-^  17  pluviôse  an  n  sur  les  principes  de  mo- 

Cette  pièce  est  annoncée  dans  le  n°b^6  du  raie  politique  qui  doivent  diriger  la  Con- 

Journal  des  débats  et  des  décrets,  corres-  vention    nationale    dans    radministration 

pondant  au  19  ventôse  an  ii.  intérieure  de  la  République. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  509 

Art.  8.  Ces  édifices  seront  tous  appeie's  Temples  de  la  Raison. 

Art.  9.  Aucun  homrae  ne  pourra  être  exclu  du  temple  de  la  Raison,  hors  le 
cas  de  trouble  effectif  par  lui  provoque. 

Art.  10.  La  peine  de  ceux  qui  négligeront  d'assister  aux  fêtes  nationales  sera 
dêtre  regardés  par  leurs  concitoyens  comme  indifférents  sur  les  principes  de 
l'égalité  républicaine. 

Art.  11.  Chaque  municipahté  aura  la  direction  et  la  police  des  fêtes,  et  veil- 
lera à  ce  que  le  plus  grand  ordre  soit  maintenu  avec  les  formes  douces  qui  carac- 
térisent et  dirigent  les  faciles  mouvements  d'un  peuple  libre. 

Art.  112.  Nul  citoyen  ne  pourra  porter  la  parole  dans  les  discours  civiques  ou 
moraux  des  fêtes  nationales ,  s'il  n'est  marié  ou  veuf,  hors  l'exception  portée  dans 
l'article  i6. 

Art.  13.  Nul  citoyen  ne  pourra  avoir  la  parole  deux  décadis  de  suite  dans  la 
tribune  du  temjde  de  la  Raison. 

Art.  là.  Les  conseils  généraux  des  communes  détermineront  à  l'avance  le 
citoyen  qui  sera  chargé  de  l'instruction. 

Art.  15.  Les  citoyennes  seront  appelées  une  fois  dans  l'année  à  cette  fonction: 
ce  sera  le  jour  de  la  fête  qui  a  pour  objet,  aux  termes  de  la  Constitution,  les  hon- 
neurs et  les  consolations  dus  au  malheur. 

Art.  16.  Les  jeunes  gens  non  mariés  seront  appelés  une  fois  dans  l'année  à  la 
même  fonction  :  ce  sera  le  jour  de  la  fête  consacrée  à  honorer  la  vieillesse. 

Art.  17.  Les  discours  civiques  n'excéderont  pas  la  durée  d'un  quart  d'heure. 

Art.  1 8.  Ils  seront  analogues  au  sujet  de  chaque  fête. 

Art.  19.  L'orateur  ne  pourra  être  interrompu  par  des  discussions,  sous  pré- 
texte d'erreur  dans  son  opinion.  S'il  abusait  de  la  tribune,  on  pourra  en  porter 
une  plainte  fraternelle  à  la  municipalité. 

Art.  20.  Dans  le  cas  d'un  abus  notable  dans  ce  genre,  l'orateur  sera  privé 
expressément ,  pour  trois  années ,  de  l'honneur  de  monter  à  la  tribune. 

Art.  21.  Il  sera  ouvert  un  concours  pour  la  composition  des  discours  ou  in- 
structions philosophiques  et  patriotiques  que  l'on  pourra  lire  chatpie  décadi  dans 
les  communes  où  il  ne  se  trouverait  aucun  citoyen  qui  eût  la  confiance  de  monter 
à  la  tribune  pour  instruire  ses  concitoyens. 

Art.  22.  La  Conveuliou  nationale,  sur  le  rapport  de  son  Comilé  d'instruction 
publique,  fera  publier  les  meilleurs  essais  (pii  lui  seront  adressés  dans  ce  genre. 

Art.  23.  Un  concours  est  pareillement  ouv(M*t  pour  les  hymnes  et  chants  natio- 
naux. 

Art.  2^f.   Le  pi'ix  de  ces  divers  concoui's  scu'a  une  couronne  de  chêne. 

Art.  2,"").   Elle  sera  décernée  [)ar  li!s  représentants  du  [)eupie  à  rauleur,  soit  de 


510       PROCÈS-VERBAUX  DU  COMITÉ  DMNSTRUCTION  PUBLIQUE 

ia  meilleure  instruction,  soit  de  la  plus  belle  hymne,  soit  de  la  plus  belle  mu- 
sique. 

Art.  26.  Les  hymnes  et  chants  nationaux  seront  placés  au  rang  des  livres  e'ié- 
mentaires  et  des  objets  d'exercice  pour  les  écoles. 

Art.  27.  Les  instituteurs  et  institutrices  sont  tenus  de  conduire  leurs  élèves  au 
temple  de  la  Raison  aux  jours  des  fêtes  nationales. 

Art.  28.  Indépendamment  de  l'hymne  de  chaque  fête,  il  en  sera  composé  une 
comnume  à  tous  les  décadis ,  destinée  à  célébrer,  dans  un  petit  nombre  de  slrophes, 
l'Etre-suprême ,  la  nature,  les  vertus  publiques  et  privées  chères  aux  républi- 
cains. 

Art.  29.  L'article  27  de  la  Déclaration  des  droits  ainsi  conçu  :  Que  tout  individu 
qui  usurperait  la  souveraineté  soit  à  l'instant  mis  â  mort  par  les  hommes  libres,  sera, 
par  le  génie  des  poètes  républicains,  mis  en  beaux  vers  et  chanté  en  chœur,  chaque 
décadi,  par  tous  les  Français,  sur  tous  les  points  de  la  France  et  à  la  même 
heure.  Cette  heure  sera  annoncée  par  le  tambour  dans  tous  les  corps-de-garde, 
par  le  canon  dans  toutes  les  places  frontières,  dans  tous  les  ports  et  dans  toutes 
rades. 

Art.  30.  Aucun  hymne  ne  pourra  être  définitivement  adopté  pour  les  fêtes 
nationales  qu'après  avoir  été  admis  par  le  Corps  législatif. 

Art.  31.  Les  hymnes  et  chants  nationaux  seront  les  mêmes  dans  toute  la  Répu- 
blique. 

Art.  32.  11  ne  pourra  y  être  apporté  aucun  changement  qu'en  vertu  d'un 
décret. 

Art.  33.  11  n'y  a  point  de  fêtes  locales  annuelles;  il  peut  y  avoir  des  fêtes  de 
circonstance. 

Art.  34.  Les  municipalités,  soit  des  villes,  soit  des  campagnes,  pourront, 
lorsque  le  temps  le  permettra ,  célébrer  les  fêtes  nationales  dans  des  heux  cham- 
pêtres. 

Art.  35.  Une  partie  des  jours  consacrés  aux  fêtes  sera  employée  à  des  exer- 
cices militaires  et  de  gymnastique,  lesquels  seront  terminés  par  des  danses  et 
divertissements  au  choix  des  citoyens. 

Art.  36.  Tous  les  musiciens  prêteront  le  charme  de  l'harmonie  aux  fêtes  natio- 
nales ;  ils  sont  tous  invités  à  former  pour  la  République  des  élèves  dans  cet  art. 

Art.  37.  Les  peintres,  sculpteurs  et  tous  les  artistes  français  sont  invités  à 
seconder  de  tous  leurs  talents  le  perfectionnement  et  l'embelhssement  des  fêtes 
nationales. 

Comme  annexe  au  projet  de  décret  est  imprimé,  sur  un  feuillet  hors  texte,  le  tableau 
suivant  : 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE. 


511 


FETES  NATIONALES  DE  LA  REPUBLIQUE  FRANÇAISE. 


FETE   QUADRIEiNNALE  DE  LA  REVOLUTION  FRANÇAISE, 
LE  DERNIER  JODR  DE   L'ANNEE  SEXTILE. 


FETES  ANNUELLES. 


REVOLUTIONNAIRES. 


Le  lU  Juillet  1789.  —  Le  1  0  Août  1792.  —  Le  6  Octobre  17^9. 
Le  21  Janvier  1793.  —  Le  3i  Mai  1798. 


SANS-CULOTTIDES. 


r  De  la  Vertu.  —  2°  Du  Génie.  —  3°  Du  Travail.  —  U°  De  l'Opinion. 

5°  Des  Récompenses. 


DECADAIRES. 


VElNDEMIAinE. 


A  la  Nature. 


A  l'Amour 
fraternel. 


A  VAutomne 

A  ^^ 
à  l'Age  viril. 


BUUMAIRE. 


l'Agriculture. 


Au 

Malheur  honoré 

et  consolé. 


Aux  Martvrs 

de 

la  liberté. 


FRIMAIRE. 


A  la  Société. 


A  la  Famille. 


Aux  Vicloirea 
nationales. 


NIVOSE. 


A  l'Industrie. 


Au 
Patriotisme. 


A  V  Hiver 
et  à  la  Sagesse  , 
fruit  des  années. 


PLUVIOSE. 


la  Navigation. 


A  rHéroïsme. 


Aux  Peuples 
alliés. 


VENTOSE. 


A  la  Vérité. 


la  Bienveillance 
universelle. 


Au  Mariage. 


GERMINAL. 


A  l'Humanité. 


A  l'Ai 


Au  Printemps 
et  il  l'Knfauce. 


FLOREAL 


A  la  Raison. 


A  la  Fidélité 
conjug;ili'. 


Au  Courage 


PRAIRIAL. 


A  l'Égalité. 


A  l'Amour 
paternel. 


A  la  (Jloirc, 


MESSIDOR. 


A  la  Liberté. 


A  l'Amour 
maternel. 


A  Vlùè 

ol 

ù  lu  Jeunesse. 


THERMIDOR. 


Au\  Droits 
de  l'homme 
en  société. 


V  la  Piété 
liliale. 


A  la  Lovaulé. 


FRLCTIDOR. 


la  Constitution. 


A  l'Adoption. 


A  l'Kleclricitô 


512      PI{OCf:S-VERB\UX  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 


Le  ]  1  gonninal  an  ii,  un  mois  après  l'arrêté  qui  ordonnait  Timpression  du  projet  de 
décret  présenté  par  Mathieu,  le  Comité  d'instruction  publique  prit  îe  nouvel  arrêté  suivant  : 

ff  Mathieu  est.  autorisé  à  se  concerter  avec  le  Comité  de  salut  public  pour  le 
projet  de  décret  sur  les  fêtes  nationales,  -n 

Le  résultat  de  ce  concert  fut  que  le  Comité  de  salut  public  retint  le  projet,  pour  s'en 
réserver  l'initiative,  et  chargea  Robespierre  de  préparer  un  rapport  sur  cet  objet.  Telle  fut 
l'origine  du  fameux  rapport  du  18  floréal  crsur  les  rapports  des  idées  religieuses  et  morales 
avec  les  principes  républicains,  et  sur  les  fêtes  nationales??. 

Le  décret  du  18  floréal,  dout  l'article  i^'"  disait  :  «Le  peuple  français  reconnaît  l'exis- 
tence de  l'Etre-suprème  et  l'immortalité  de  l'àme??,  institua,  par  son  article  7,  trente-six 
fêtes  décadaires.  Les  titres  de  vingt-et-une  de  ces  fêtes  sont  empruntées  au  projet  de  Ma- 
thieu, comme  on  va  le  voir.  Nous  reproduisons  ci-après  cet  article  7,  en  écrivant  en  italiques 
celles  des  fêtes  dont  les  titres  figurent  déjà  dans  le  projet  de  décret  de  Mathieu  : 

ffART.  7.  Elle  (la  République  française)  célébrera,  aux  jours  dedécadis,  les 
fêtes  dont  rénuméralion  suit  : 


A  i'Être-supréme  et  à  Ia  Nature  ^^K 

Au  Genre  humain. 

Au  Peuple  français. 

Aux  Bienfaiteurs  de  l'humanité. 

Aux  Martyrs  de  la  liberté. 

A  la  Liberté  et  à  VEgalité^'\ 

A  la  République. 

A  la  Liberté  du  Monde. 

A  Y  amour  de  la  Patrie  ^^^ . 

A  la  haine  des  tyrans  et  des  traîtres. 

A  la  Vérité. 

A  la  Justice. 

A  la  Pudeur. 

A  la  Gloire  et  à  ITmmortalité. 

A  l'Amitié. 

A  la  Frugalité. 

Au  Courage. 

A  la  Bonne  foi  ^'^^ 

(^^  Le  projet  du  Comité  d'instruction 
publique  disait  simplement  «à  la  Naturen, 
et  ne  consacrait  aucune  fête  spécialement 
à  l'Etre-suprême;  mais  il  ne  faudrait  pas 
chercher  là  une  omission  voulue  et  signifi- 
cative ,  comme  l'a  fai  t  xM.  G.  Pouchet ,  puisque 
dans  ce  même  projet  les  fêtes  décadaires 
sont  toutes  ^instituées  sous  les  auspices  de 
l'Etre-suprême 57  (article  5). 

(^J  Robespierre  réunit  ici  on  une  seule 
deux  fêtes  qui  sont  distinctes  l'une  de 
l'autre  dans  le  projet  de  Mathieu. 

(•'')  Le  projet  de  Mathieu  disait  r  Patrio- 
tisme" au  lieu  d'Amour  de  la  Patrie. 


A  V  Héroïsme. 

Au  Désintéressement. 

Au  Stoïcisme. 

A  V Amour. 

A  la  Foi  conjugale^^K 

A  VAm.our  paternel. 

A  la  Tendresse  maternelle  ^^h 

A  la  Piété  filiale. 

A  Y  Enfance  ^'^K 

A  la  Jeunesse. 

A 

A  Y  Age  viril. 
A  la  Vieillesse  ^^K 
Au  Malheur. 
A  r Agriculture. 
A  Vîndiistrie. 
A  nos  Aïeux. 
A  la  Postérité. 
Au  Bonheur,  w 

^^'  Le  projet  de  Mathieu  disait  w Loyautés 
au  lieu  de  Bonne  foi. 

^^^  Le  projet  disait  ce  Fidélité  conjugale??. 

('')  Le  projet  disait  rc Amour  maternel??. 

^'^'  Dans  le  projet  de  Mathieu,  les  fêtes 
consacrées  aux  quatre  âges  sont  en  même 
temps  consacrées  aux  saisons  :  le  Prin- 
temps et  l'Enfance,  l'Été  et  la  Jeunesse, 
l'Automne  et  l'Age  viril,  l'Hiver  et  la 
Vieillesse  (la  Sagesse). 

(*)  Le  projet  de  Mathieu  se  sert  ici  d'une 
périphrase  :  au  lieu  de  dire  la  Vieillesse,  il 
dit  cfla  Sagesse,  fruit  des  années??. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  513 


On  lit  dans  les  procès-verbaux  de  la  Convention  : 

Séance  du  1 1  ventôse  an  ii. 

L'ordre  da  jour  appelait  la  discussion  sur  les  établissements  publics  relatifs  aux 
sourds-muets.  Les  Comités  des  secours  et  d'instruction  publique  ayant  été  divisés 
d'avis  sur  cette  matière,  les  rapporteurs  de  ces  deux  Comités  ^'^  présentent  successi- 
vement leurs  projets  de  décrets. 

La  Convention  nationale  décrète  l'impressio!!  des  deux  rapports  et  l'ajournement 
de  la  discussion  ^^^ 

Voici  le  texte  du  rapport  de  Roger  Ducos  : 

RAPPORT  ET  PROJET  DE  DECRET  SUR  L'ORGANISATION  DES  ETABLISSEMENTS  POUR 
LES  SOURDS-MUETS,  D'APRES  LES  DECRETS  DES  28  JUIN  DERNIER  (  VIEUX  STYLE) 
ET  9  PLUVIÔSE,  PAR  ROGER  DUCOS,  DEPUTE  PAR  LE  DEPARTEMENT  DES  LANDES, 
AU  NOM  DU  COMITÉ  DES  SECOURS  PUBLICS. 

De  l'Imprimerie  nationale,  s.  d.  (^). 
Citoyens , 

Au  nom  de  votre  Comité  des  secours  publics ,  je  viens  de  nouveau  fixer  votre 
attention ,  réveiller  votre  sollicitude  en  faveur  de  cette  classe  d'êtres  infortunés  qui 
ont  le  plus  à  gémir  des  caprices  et  des  rigueurs  de  la  nature,  les  sourds-muets  de 
naissance. 

Jusqu'ici  vous  vous  êtes  occupés  de  secourir  l'indigence,  de  tendre  une  main 
généreuse  à  l'Iiumanité  souffrante,  de  vivifier  l'instruction;  en  un  mot,  de  tout  ce 
que  chaque  individu  a  droit  d'exiger  de  la  grande  société  dont  il  est  membre  ;  mais 
les  sourds-muets  réclament  une  institution  particulière;  et  cette  institution,  j'ose 
le  dire,  sera  une  des  plus  sublimes  qu'ait  fondées  un  peuple  libre,  humain  et 
philosophe.  Les  Français  doivent  tout  vaincre,  jusqu'aux  écarts  mêmes  de  la  na- 
ture. 

Citoyens,  vous  avez  renvoyé  à  la  revision  de  vos  Comités  des  secours  publics, 
d'instruction  pubhquc  et  des  finances,  un  projet  de  décret  que  celui  des  secours 
vous  présenta,  le  9  pluviôse,  sur  cet  objet  iiiq)ortant. 

Les  Comités  d'instruction  publique  et  des  finances  ont  été  d'avis  qu'on  devait 
maintenir  les  deux  étabhssenients  formés  dans  les  villes  de  Paris  et  de  Bordeaux  ^*\ 
en  donnant  de  l'extension  aux  avantages  ([ue  doit  en  retirer  la  République;  mais 
ils  croient  inutile  d'en  augincnler  le  nond)re. 

^''  Roger  Diicos  et  Tliihaudeau.  —  ^'-^  Procès-verbal  de  la  Converilioii ,  l.  \\\Ii ,  p.  liSn. 
—  ^■'^  Bil)liol!i('(jue  nalionalo,  Le^"  7 1  ^1,  in-S";  Musée  pédagogique,  n"  1 1  G()  1 .  —  (♦)  C«*lle 
opinion  n'a  passé  (pie  (Piiiic  voix  au  (loniilô  (riiisiruction  |)nl)liqiie.  (  .'Vo/c  (/c  //()/<  r  Diu-nn.) 

m.  33 

IMfKi tii  r.ii:     «irioxttr. 


51/t      PROGi:S-VERBAUX  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PUP,LIQUE 

Votre  Comité  des  secours  a  e'té  d'une  opinion  contraire  :  il  a  cru  qu'il  vous  de- 
vait compte  de  ses  motifs;  votre  de'cret  lui  a  fait  un  devoir  de  vous  les  communi- 
quer, d'autant  que  vous  avez  déjà  consacré ^^^  le  principe  qu'il  soutient;  que  vous 
devez  ou  rapporter  le  décret,  ou  en  accueillir  les  conséquences  qui  ne  doivent  pas 
rester  indécises. 

Oui,  citoyens,  malgré  ce  qui  a  été  observé  et  imprimé  contre  le  premier  projet 
de  décret,  le  Comité  des  secours  a  pensé  qu'il  était  nécessaire,  non  seulement  de 
conserver,  mais  même  d'étendre  les  établissements  pour  les  sourds-muets;  il  n'a 
pas  cru  que  ces  êtres  malheureux  fussent  indignes  d'être  dég-rossis  et  cultivés,  parce 
que  la  nature  aura  rendu  leur  éducation  plus  pénible  et  leur  existence  moins 
utile  :  il  a,  au  contraire,  cru  que  l'état  du  sourd-muet  méritait  toute  l'attention 
du  gouvernement,  parce  que  c'est  l'être  le  plus  moralement  infirme,  parce  que 
tout  être  pensant,  quelles  que  soient  sa  structure,  sa  couleur  ou  son  organisation, 
doit  jouir  des  droits  et  des  bienfaits  du  g-ouvernement  français,  sous  lequel  il  a  au 
moins  eu  le  bonheur  de  naître ,  et  que  c'est  une  obligation  de  lui  en  faciliter  les 
moyens. 

L'art  d'apprendre  à  parler  aux  sourds-muets  n'est  pas  moderne.  Depuis  long- 
temps des  amis  de  Thumanité  s'étaient  appliqués  à  donner  la  vie  sociale  à  ces  êtres 
malheureux.  Ces  hommes  rares  eurent  même  quelque  succès  qui  les  fit  admirer 
de  leur  siècle,  parce  que  jusqu'alors  le  sourd-muet,  faute  des  moyens  d'instruc- 
tion, n'avait  olfert qu'une  monstruosité  de  la  nature,  un  être  à  charge  à  la  société; 
mais  leur  méthode  était  incomplète  et  tombée  même  dans  loubli  par  le  peu  d'élèves 
qu'elle  était  parvenue  à  former. 

Un  nouveau  génie ,  que  la  nature  semble  avoir  décidément  accordé  en  réparation 
de  ses  torts,  a  enfin  découvert  une  méthode  plus  simple  et  plus  heureuse;  et  déjà 
la  nation  française  en  a  ressenti  l'utile  expérience  par  le  nombre  des  sourds-muets 
qui  ont  été  éduqués  dans  les  établissements  de  Paris  et  de  Bordeaux. 

Aussi  cette  partie  intéressante  de  l'enseignement  public  a  été  prise  dans  la  plus 
grande  considération  par  la  première  législature.  Un  décret  du  -21  juillet  1791 
(vieux  style)  accorda  une  protection  spéciale  en  faveur  de  l'étabhssement  des 
sourds-muets,  déclara  que  le  nom  de  Lépée,  premier  fondateur  de  cet  étabUsse- 
ment,  serait  placé  au  rang  de  ceux  qui  ont  le  mieux  mérité  de  l'humanité  et  de 
la  patrie,  fixa  le  local,  régla  la  dépense  annuelle  de  l'établissement  de  Paris,  le 
seul  qui  existait  encore  sous  l'approbation  du  gouvernement. 

Il  s'en  était  formé  un  second  dans  la  ville  de  Bordeaux  :  vous  lui  avez  accordé 
la  même  protection,  les  mêmes  secours,  puisque,  par  un  décret  du  19  mai  1793 
(vieux  style),  vous  lui  avez  aussi  assigne  un  local,  et  réglé  son  administration  à 
l'instar  de  celui  de  Paris. 

Il  y  a  malheureusement  des  sourds-muets  partout,  et,  dans  quelques  autres 
lieux  de  la  République,  la  philanthropie,  si  fort  refroidie  aujourd'hui  dans  le  cœur 
des  riches,  y  soutenait  quelque  petite  institution  de  ce  genre,  comme  elle  avait 
soutenu  celles  de  Paris  et  de  Bordeaux  avant  que  le  gouvernement  les  adoptât. 
Vous  avez  voulu  y  étendre  le  même  bienfait;  vous  décrétâtes  en  principe,  le 

(')  Par  le  décret  du  28  juin  1793. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  515 

98  juin  5  ^u'il  y  aurait  plusieurs  établissements  semblables  sur  divers  points  de  la 
République,  et  renvoyâtes  au  Comité  des  secours  pour  vous  présenter  un  projet 
de  décret  d'après  ce  principe;  et  c'est  ce  décret  du  98  juin  ou  que  vous  devez  rap- 
porter, ou  dont  vous  devez  décréter  les  conséquences. 

Enfin  les  besoins  impérieux  de  la  patrie  ayant  nécessité  la  réunion  du  local  et 
bâtiments  occupés  par  les  sourds-muets  à  l'arsenal  de  Paris,  loin  de  vous  livrer  à 
l'indifférence  sur  le  sort  de  ces  êtres  malheureux,  vous  vous  êtes  empressés  d'auto- 
riser vos  Comités  des  secours  et  d'aliénation,  par  décret  du  2  5  pluviôse,  à  les 
faire  transférer  au  local  du  ci-devant  sf-minaire  de  Saint-Magloire  ^''. 

Citoyens,  vous  ne  savez  pas  rétrog-rader  (juand  il  s'ag-it  de  bienfaisance,  ou 
plutôt  de  payer  une  dette  nationale  à  chacpie  citoyen.  Vous  ne  le  voudrez  pas, 
quoi  qu'on  vous  ait  déjà  dit  à  cette  tribune,  quoi  qu'on  puisse  vous  dire  encore 
contre  le  principe  que  vous  avez  consacré. 

Ce  n'est  pas  en  confondant  le  sourd-nuiet  avec  les  autres  élèves  de  la  patrie  que 
vous  parviendrez  à  lui  donner  l'instruction  que  vous  avez  promise  à  tou>^.  Cehii 
qui  n'entend  ni  ne  peut  être  entendu  a  besoin  d'une  instruction  extraordinaire  pour 
laquelle  il  faut  même  former  des  instituteurs  particuliers;  il  faut  créer  à  cet  être 
parasite  un  langage  pour  le  conduire  à  la  connaissance  du  nôtre  :  un  mécanisme 
ingénieux,  des  exercices  purement  scéniques,  dont  peu  d'hommes  tiennent  encore 
les  ressorts,  suppléent  au  mode,  aux  leçons  d'enseignement  ordinaire,  forcent  l'œil 
à  suppléer  a  la  privation  de  l'ouïe  et  de  la  parole,  font  germer  le  jugement  et  la 
raison,  et  préparent  au  sourd-muet  tout  le  bonheur  dont  il  peut  jouir,  et  dont  il 
ne  doit  pas  être  privé. 

Ce  n'est  pas  en  vous  bornant  aux  deux  seuls  établissements  qui  existent,  que 
vous  mettrez  tous  les  sourds-muets  à  même  de  recevoir  l'inslruction  qu'ils  ont 
aussi  le  droit  d'exiger.  Ceux  d'une  partie  du  nord  et  du  midi  seraient  les  seuls  qui 
en  profiteraient;  et  quand  vous  voudriez  faire  les  frais  pour  les  tourner  tous  vers 
ces  deux  points,  outre  une  foule  d'inconvénients  qui  s'y  opposent  et  que  vous 
pressentez,  ces  deux  établissements  seraient  encore  insuflîsants  pour  quatre  mille 
sourds-muets  (pi'on  compte  au  moins  dans  la  République. 

Ainsi,  abandonner  les  sourds-muets  au  cours  de  l'instruction  générale  serait 
les  priver  de  toute  instruction  et  les  abandonner  à  lem*  malheur;  comme  ne  pas 
mullipher  les  établissements  qui,  seuls,  peuvent  la  leiu*  procurer,  serait  enlever 
à  la  presque  totalité  la  faveur  (ju'on  accorderait  à  quehpies-uns  et  que  l'humanité 
et  la  société  réclament  également  pour  tous. 

On  a  reproché  au  Comité  des  secours  de  vouloir  Iture  des  sourds-muets  des  sa- 
vants ^^\  lorsque  la  nature  les  avoués,  dit-on,  à  la  nullité,  et  que  de  simples  secoiu's 
dans  leurs  familles  devraient  leur  suffire. 

Non,  votre  Comité  ne  cherche  pas  plus  à  en  faire  des  savants,  que  vous  ne 
cherchez  vous-mêmes  à  faire  des  savants  de  tous  les  autres  élèves  (pii  participeront 
à  l'instruction  générale  que  vous  avez  décrétée;  mais  il  veut  en  laiie  des  honnnes, 
il  veut  les  porter  au  degré  de  perfectionnement  dont  ils  sont  susceptibles,  pour 

(')   Voir  Procès-verbal  (lo  la  Convonfion,  (*)   Voir  le  discours  de  HaUroiulii  i  .S  |)lii- 

t.  XXXI,  p.  263.  viôse,  p.  'Mii). 


51G      PROCÈS-VEriBAUX  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PUPJJQUE 

n'être  pas  étrangers  à  la  société  dont  ils  sont  membres.  Or,  quand  on  considérera 
que,  par  le  genre  d'éducnlion  que  Ton  confère  au  sourd-muel,  on  parvient  à  iui 
ftiire  tout  conqirendre,  à  le  faire  idéer  avec  justesse,  à  communiquer  sa  pensée, 
soit  |)ar  le  geste,  soit  par  Técritui'e,  certes  on  conviendra  que  les  bienfaits  de  la 
nation  ne  seront  pas  perdus  :  on  ira  plus  loin,  on  conviendra  que  tout  homme 
qui  a  acquis  la  faculté  de  penser,  de  méditer,  peut  devenir  aussi  savant  qu'un 
autre;  car  on  n'a  besoin  pour  cela  que  des  yeux  pour  lire,  et  de  l'intelligence 
pour  concevoir  et  approfoiidir. 

D'ailleurs,  peut-on  dire  que  la  nature  ait  voué  les  sourds-muets  à  la  nullité, 
lorsque  dans  ses  combinaisons,  dans  ses  productions  les  plus  opposées  par  leurs 
effets,  elle  a  placé  le  remède  à  côté  du  mal;  lorsque,  dans  sa  sagesse  profonde, 
elle  a  inspiré  les  moyens  de  tourner  les  facultés  dont  elle  a  privé  les  sourds-muets 
au  profit  de  celles  qu'elle  leur  a  laissées? 

Abandonner  les  sourds-muets  dans  leur  famille,  avec  des  secours!  Mais  n'a-t- 
on pas  rélléchi  que  c'est  tuer  la  moralité  du  sourd-muet,  pour  qui  une  famille, 
sans  moyens  d'instruction,  s'habitue  d'étouffer  des  sentiments  d'affection  auxquels 
il  est  incapable  de  correspondre;  en  qui  une  famdle  s'habitue  à  ne  voir  qu'un  être 
sauvage,  barbare,  un  fléau  domestique,  ou ,  si  l'on  veut  qu'elle  fit  l'essai  de  quelques 
moyens  d'instruction,  qui  ne  pourrait  en  user  que  de  1res  imparfaits,  incapables 
de  tourner  au  profit  personnel  du  sourd-nmet,  de  manière  à  le  dégager  de  la 
charge  de  sa  famille,  dont  il  ne  sera  pas  moins  l'éternel  rebut? 

Je  le  demande  même ,  si  une  famille  quelconque  ne  peut  se  captiver  (sic)  à  donner 
par  elle-même  l'insti'uction  aux  enfants  doués  de  tous  les  sens,  s'il  faut  des  insti- 
tuteurs et  une  instruction  commune,  que  doit-on  espérer  qu'elle  fera  pour  le 
sourd-muet?  Et  pourtant  pourquoi  celui-ci  sera-t-il  différemment  traité  que  les 
autres?  Est-ce  parce  qu'il  est  plus  malheureux?  Est-ce  parce  qu'il  a  plus  besoin 
de  secours  ou  de  moyens  particuliers  pour  acquérir  une  éducation  à  laquelle  l'ex- 
périence prouve  qu'il  est  capable  de  parvenir? 

On  nous  annonce  que  l'instituteur  Sicard  s'occupe  de  la  composition  d'un  livre 
élémentaire,  à  l'aide  duquel  tout  citoyen  sera  en  état  d'instruire  les  sourds-muets; 
mais  combien  n'existe-t-il  pas  de  livres  élémentaires  pour  l'instruction  des  autre 
élèves,  et  quelle  est  pourtant,  je  le  répète,  la  famille  qui  se  voue  à  instruire  les 
enfants?  Pourrait-on  d'ailleurs  l'exiger?  Ce  ne  sera  pas  l'agriculteur,  l'homme  de 
métier,  car  il  a  besoin  de  tout  son  temps  pour  pi'ocurer  du  pain  à  sa  famille  : 
saura-t-ii  d'ailleurs  user  du  livre  élémentaire  qu'on  annonce?  L'art  d'instruire  doit 
avoir  ses  maîtres;  et  la  République  le  reconnaît,  puisqu'elle  les  donne  pour  tous 
et  les  paye  pour  les  indigents. 

Citoyens,  reportez-vous  à  cette  idée  humaine  et  politi<{ue,  que  quand  un  seul 
membre  de  la  société  souffre,  toute  la  société  souffre,  et  vous  n'hésiterez  pas  de 
faire  participer  sans  distinction  tous  les  enfants  de  la  patrie  au  bienfait  de  l'instruc- 
tion :  car  je  ne  crois  pas  le  sourd-muet  plus  nul  pour  la  Répubhque  que  le  boi- 
teux, le  perclus,  l'infirme,  etc.  Faites-les  instruire  tous,  vous  le  devez,  et  chacun 
sera  en  état,  de  manière  ou  d'autre,  de  s'industrier  pour  lui  et  de  conférer  son 
contingent  à  l'utilité  commune. 

Abandonner  les  sourds-muets  avec  de  simples  secours!  Mais  n'a-t-on  pas  encore 


DE  LV  CONVENTION  NATIONALE.  517 

refléchi  que  ce  serait  se  déclarer  contre  l'intérêt  matériel  de  la  République?  En 
eflt't,  l'éducation  du  sourd-muet  se  termine  à  l'âge  de  seize  ans,  et  plus  tôt,  s'il  est 
assez  instruit,  et  tout  secours  finit  avec  elle  :  au  lieu  que  si  l'éducation  proposée 
lui  manquait,  il  faudrait  le  secourir  toute  sa  vie.  Avec  son  éducation,  le  sourd- 
muet  peut  gagner  sa  vie  :  sans  une  éducation,  il  sera  toujours  à  charge  à  sa  fa- 
mille et  à  la  République. 

Or,  qu'on  calcule  le  bénéfice  qu'y  retrouvera  le  trésor  public.  11  existe  quatre 
mille  Fourds-muets  au  moins ^'^,  qu'il  faudrait  annuellement  secouih*,  lorsque  le 
trésor  public  n'aura  qu'à  subvenir  à  la  dépense  de  six  maisons,  où  d'ailleurs  les 
élèves  indigents  auront  seuls  l'éducation  gratuite. 

Et  les  sourds-muets  appartinssent-ils  tous  à  des  familles  indigentes,  ne  serait- 
ce  pas  un  motif  de  plus  pour  ne  devoir  pas  calculer  les  moyens  d'en  former  des 
hommes  capables  de  concevoir  leurs  droits  et  d'en  jouir?  Ces  moyens  sont  les  éta- 
blissements proposés.  Parcourez  les  siècles  passés  qui,  comparativement  au  nôtre, 
ont  aussi  produit  des  sourds-muets  :  vous  y  apercevrez  sans  doute  quelque  pro- 
dige que  la  nature  a  opéré  jusque  dans  ses  monstruosités  mêmes;  mais  combien 
de  milliers  d'hommes  perdus  pour  eux  et  pour  la  société!  Pounjuoi?  Parce  qu'ils 
étaient  abandonnés,  faute  de  moyens  d'instruction.  Réparez  donc  ce  malheur  pour 
l'avenir,  aujourd'hui  que  tout  s'offre  à  vous  pour  tout  régénérer. 

On  vous  a  dit  que  les  sourds-muets  des  familles  riches  préféreront  vivre  avec  elles 
dans  l'aisance,  et  que  c'est  tourmenter  ceux  des  familles  pauvres  comme  ceux  des 
riches ,  que  de  les  enfermer  dans  des  maisons  communes. 

Je  réponds  qu'un  pareil  raisonnement  supposerait  aux  sourds-muets,  dont  la 
pensée  est  absolument  inactive,  des  jouissances  morales  que  la  seule  éducation 
peut  leur  acquérir;  et  celte  supposition  n'est  certainement  pas  admissible,  car  je 
n'ai  jamais  cru  aux  idées  innées.  Je  réponds  qu'il  faudrait  conclure  du  raisonne- 
ment objecté,  que  l'éducation  serait  un  tourment  pour  tous  les  enfants  quelconques; 
car  ils  sont  bien  rares  ceux  qu'elle  ne  gène,  à  qui  elle  ne  répugne  pas,  juscjuà  ce 
que  la  raison  soit  assez  exercée  pour  leur  en  faire  sentir  le  besoin  :  dès  lors  il  fau- 
drait donc  repousser  tout  système  d'éducation.  Je  réponds  qu'un  de  nos  grands 
principes  est  que  tous  les  enfants  appartiennent  à  la  patrie,  qui  doit  s'en  saisir 
pour  les  tourner  à  son  profit  :  aussi,  quoique  la  Convention  nationale  n'ait  pas 
décrété  des  maisons  comnunies  pour  l'instruction  générale,  elle  a  néanmoins  voulu 
qu'elle  fut  un  devoir  pour  tous,  c'est-à-dire  que  les  pères  et  mères  seraient  tenus 
de  la  donner  à  leurs  enfants,  et  ensuite  un  métier.  Je  réponds  que  de  ce  qu'il 
n'est  pas  possible  d'utdiser  les  sourds-muets  à  la  faveur  de  Tinstruction  générale, 

^'^  Le  Goiiillé  des  secours  a   invité  les  duquel  il  résulte  qu'il  y  a  quarante  sourJ>- 

(léparlemcnls  à  faire  un  recensement  des  muets.  Dans  le  seul  dislticl  d(>  Gronohlo, 

sourds-inuels  de  naissance  qui  peuvent  se  déparleinent  de  l'Isère,  il  y  a  citiqnaule- 

Irouver  dans  leur  ressort,  avec  (lt''si<pialion  quatre  sourds-muets.  Il  y  a  lieu  île  croire 

de  sexe  et  d'àfre,  et  de  lui  en  adresser  les  le  noini)re  de  ces  èlres  malheureux  bien 

étals  :  la  j)lupart  oui  n'-pondu  (\\C\U  s'en  considéraMe.   C'est   la  faute   des   départe- 

occupaient.  ments  si  la  Convention  n'en  a  pas  la  ccrli- 

Dans  le  département  du  (iers,  deux  dis-  tude.  {l\'ote  de  lioi>er  Ducos.) 
tricls,  sur  six,  ont  seulement  envoyé  l'étiil, 


518      PROCÈS -VERBAUX  DU  COMITE  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

la  })alne  doit,  autant  par  humanité  que  par  obligation,  s'en  saisir  et  leur  donner 
une  éducation  forcée.  Le  nombre  heureusement  médiocre  de  ces  malheureux  est 
une  raison  de  plus  pour  déterminer  leur  réunion  dans  des  maisons  communes, 
jusqu'au  complément  de  leur  éducation.  Je  réponds  enfin  que  c'est  dans  leurs 
propres  iamilles  (pie  les  sourds-muels  éprouveront  des  tourments;  mais  que  par 
l'instruction,  (|ui  ne  leur  coûte  ([u'unc  gène  momentanée,  vous  les  en  mettrez  à 
l'abri  le  reste  de  leur  vie. 

On  nous  a  encore  dit  que  la  première  langue  fut  celle  des  signes ,  que  nous  ne 
devons  pas  nous  obstiner  à  doimer  le  poli  de  l'acier  fin  au  soc  de  la  charrue ^^^ 
Fausse  similitude  :  car  où  a-t-on  puisé  la  certitude  que  les  signes  aient  été  notre 
|)remier  langage?  Ne  nous  a-t-on  pas  dit  aussi  que  le  premier  honnne  avait  parlé? 
Pour  moi,  citoyens,  je  considère  ce  qui  existe;  les  hommes  parlent,  et  nous  de- 
vons, autant  qu'il  est  possible,  rapprocher  de  nous,  de  nos  relations  sociales,  ceux 
à  qui  la  nature  en  a  ravi  deux  éléments  indispensables  :  or  l'instruction  proposée 
remplit  ce  grand  objet;  et  sans  elle,  je  le  répète,  vous  abandonnez  quatre  mille 
êtres  sauvages  à  la  merci  de  leur  malheur,  à  une  profonde  nullité;  vous  les  arra- 
chez à  l'utilité  commune,  pour  laquelle  vous  voulez  pourtant  que  chaque  citoyen 
reçoive  une  instruction  ^^\ 

Citoyens,  ce  sont  des  hommes  qui  sollicitent,  non  pas  le  poli,  le  degré  supérieur 
d'une  éducation  scientifique,  mais  leur  portion  aux  droits  de  tous.  On  compare 
les  sèurds-rauets  au  soc  de  la  charrue ,  mais  vous  savez  bien  que  ce  soc  ne  devient 
incisif  que  par  la  trempe  de  l'acier;  l'instruction  sera  donc  aussi  au  sourd-muet 
ce  qu'est  l'acier  au  soc  de  la  charrue. 

D'ailleurs,  n'avez-vous  pas  des  exemples  de  la  supériorité  même  des  talents  à 
la({uelle  le  sourd-muet  est  capable  d'atteindre?  L'art  de  la  peinture,  de  la  sculp- 
ture en  compte  parmi  ses  amateurs.  Le  28  pluviôse,  vous  vîtes  à  votre  barre  l'ar- 
tiste Desenne,  sourd-muet,  vous  offrir,  par  l'organe  d'une  citoyenne,  le  buste  de 
Mucius  Scévola ,  qu'il  a  sculpté  :  le  même  vous  avait  offert  les  bustes  de  Lepele- 
lier  et  Marat.  Dans  le  Muséum  national  on  admire  les  tableaux  du  peintre  Grégoire , 
également  sourd-muet.  L'expérience  de  ce  perfectionnement  moral  se  vérifie  en- 
core dans  l'établissement  de  Paris,  où  Jean  Massieu,  sourd-nmet,  est  répétiteur, 
et  duquel  le  premier  tableau  analytique  joint  au  compte  rendu  à  la  Convention 
nationale  par  son  Comité  des  secours ^^^  est  l'ouvrage.  Enfin,  combien  n'en  voit-on 
pas  dans  les  imprimeries ,  qui  paraissent  plus  spécialement  fixer  le  goût  des  sourds- 
muets,  car  seize  sourds-muets  sont  sortis  de  l'école  de  Paris  en  état  de  gagner  leur 
vie  dans  cette  partie;  vous  en  trouverez  dans  les  imprimeries  nationales.  Un  autre 
est  tourneur,  un  autre  chapeliei-,  un  autre  jardinier- pépiniériste,  un  autre  fabri- 
cant de  petites  étoffes;  d'autres  dessinateurs,  sculpteurs;  quinze  filles  travaillent  à 
la  couture,  quelques-unes  brodent  :  voilà  le  produit  de  cette  première  école,  où 

^^)  Voir  le  discours  de  Raffron  du  i3plu-  semblables,  de  les  instruire,  de  les  utiliser 

viôse  (p.  368).  pour  eux   et  la    société  dans    laquelle  ils 

(2^   Les  sourds-muets  peuvent  avoir  un  doivent  d'ailleurs  vivre,  non  pas   réunis, 

langage  à  eux  (les  bêtes  ont  ie  leur);  mais  mais  divisément.  {J\ote  de  Roger Ducos.) 

ce  n'est  que  pour  eux.  11  s'agit  de  leur  ac-  ,       ^''^  Voir  ci-dessus,  p.  a 7 2. 
quérir  celui  de  la  communication  avec  leurs 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  519 

il  y  en  a  dans  ce  moment  qui  montrent  les  plus  grandes  dispositions  pour  l'écri- 
ture et  le  calcul. 

Ces  exemples  sont  encore  trop  rares,  il  est  vrai,  mais  c'est  par  la  rareté  des 
moyens  d'enseignement  :  ce  n'est  surtout  que  depuis  que  l'établissement  pour  les 
sourds-muets  a  été  fondé  à  Paris ,  et  que  des  sociétés  de  bienfaisance  en  ont  essayé 
avec  succès  à  Bordeaux  et  ailleurs,  qu'on  a  vu  sortir  des  citoyens  utiles  de  la  classe 
des  sourds-muets.  Massieu  a  été  formé  à  l'établissement  de  Bordeaux ,  où  son  col- 
lègue Bodonnet  est  aussi  répétiteur. 

On  ne  doit  donc  pas  douter  de  la  possibilité  d'utiliser  les  sourds-muets,  et  pour 
eux  et  pour  la  République.  Il  est  même  à  remarquer  que  les  métiers,  les  arts  d'imi- 
tation surtout,  leur  conviennent,  et  doivent  peut-être  exclusivement  leur  être  in- 
spirés :  il  est  d'expérience  que  c'est  leur  goût  dominant;  et  dès  Jors,  combien  les 
ateliers  et  les  manufactures  n'y  gagneront-ils  pas!  Vous  pouvez  y  acquérir  des 
milliers  d'ouvriers  de  plus. 

Mais  pour  parvenir  à  ce  grand  avantage,  il  faut  commencer  par  dégrossir  le 
sourd-muet;  il  faut  l'instruction,  et  il  la  lui  faut  particulière  pour  qu'elle  lui  soit 
utile.  Citoyens,  n'en  doutez  pas  :  les  établissements  que  vous  nous  avez  chargés  de 
vous  proj)oser  feraient  un  grand  vide  dans  la  carrière  que  vous  parcourez,  si  vous 
ne  vous  empressiez  de  les  consacrer;  la  postérité,  qui  doit  recueillir  l'avantage 
complet  de  la  Révolution,  vous  les  demande.  Ce  n'est  pas  seulement  une  grande 
dette  que  vous  acquitterez  h  la  philanthropie,  mais  vous  exécuterez  un  grand 
principe  de  la  Constitution. 

ff L'instruction  est  le  besoin  de  tous  :  la  société  doit  favoriser  de  tout  son  pou- 
voir les  progrès  de  la  raison  publique,  et  mettre  l'instruction  à  la  portée  de  tous 
les  citoyens. 71  (Droits  de  l'homme,  art.  xxn.) 

ffLa  Constitution  garantit  à  tous  les  Français  une  instruction  commune.  ^^  (Con- 
stitution, art.  cxxn.) 

Cependant,  si  tous  ces  motifs,  si  vos  propres  principes  ne  pouvaient  convaincre 
ceux  qui  auraient  conçu  quelque  système  contraire,  je  leur  dirais  :  Allez  h  l'éta- 
blissement des  sourds-muets,  vous  y  trouverez  la  réponse  h  toutes  les  dilTicultés 
que  vous  vous  créez;  vous  les  abandonnerez,  parce  que  vous  voulez  le  bien  de  la 
société  et  le  bonheur  de  vos  semblables. 

Citoyens,  après  que  toutes  ces  réflexions  ont  convaincu  voire  Comité  de  la  né- 
cessité d'étendre  les  étabhssements  pour  les  sourds-muets,  il  s'est  livré  à  l'examen 
du  projet  de  décret  dont  vous  avez  ordonné  la  revision:  il  a  pivssenti  que  vous 
aviez  dû  l'imjirouver,  parce  ([u'on  y  avait  réuni  plusieurs  articles  régie  mon  t:\ires, 
créé  Irop  de  fonctionnaires,  projjosé  de  trop  forts  traitements,  et  enfm  incliné  à 
reproduire  ces  corporations  scolaslicpies  ([ue  vous  avez  an(>anties;  il  a  rectilié  ces 
quatre  causes  de  réjection  présumées  du  premier  [)rojel  :  voici  les  bases  ulté- 
rieures qu'il  vient  vous  soumettre. 

Qu'il  y  ait  six  établissements  [)oin'  tout  le  territoire  de  la  Rt'publique,  conqiris 
les  deux  déjà  en  activilf»  dans  les  comnunies  de  Paris  et  de  Bordeaux;  le  nombre 
ne  peut  en  être;  moindre^  sui*  un  territoire  aussi  étendu  et  aussi  [)opuleu\  que  la 
France  :  vous  auriez  même  beau  donner  de  l'extension  à  ceux  de  Paris  et  de  Bor- 
deaux, ils  ne  sauraient  suflire,  ils  ne  sauraient  sn[)pl(>er  à  la  justice,  au  besoin  de 


520      PROCÈS -VERBAUX  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 


rapprocher  rinslruclion  des  élèves ,  comme  vous  rapprochez  les  maisons  d'hospice 
du  malheureux^''. 

Le  placement  et  l'arrondissement  de  ces  six  établissements  est  fixé  par  le  tableau 
suivant  : 


Pa 


ris 


Tableau  des  communes  ou  il  sera  établi  des 
avec  celui  des  départements  compris  dans 
semenis, 

Paris. 
Nord. 
Ardennes. 
Aisne. 

Pas-de-Calais. 
Somme. 
Oise. 
Marne. 

Seino-et-Marno. 
Aube. 

Seine-et-Oise. 
Yonne. 
Loiret. 
Eure-et-Loir. 
Eure. 

Seine-Inférieure. 
Loir-et-Cher. 
Indre-et-Loire. 
Bec-d'Ambès. 
Basses-Pyrénées. 
Hautes-Pyrénées. 
Ariège. 

Pyrénées-Orientales. 
Aude. 
Bordeaux...  <;  Haute-Garonne. 
Tarn. 
Gers. 
Landes. 

Lot-et-Garonne. 
Dordogne. 
Charente. 


\ 


écoles  pour  l'éducation  des  sourds-muets  j 
r arrondissement  de  chacun  de  ces  établis- 

i  Charente-Inférieure. 
Bordeaux...)  Vienne. 
{Suite.)     ]  Deux-Sèvres. 
\  Vendée. 

Calvados. 

Orne. 

Sarthe. 

Maine-et-Loire. 

Mayenne. 
Rennes.  .  .  .  <   Manche. 

Loire-Inférieure. 

Ille-et-Vilaine. 

Morbihan. 

Côtes-du-Nord. 

Finistère. 

Puy-de-Dôme. 

Indre. 

Cher. 

Nièvre. 

Saône-et-Loire. 

Allier. 

Creuse. 

Haute-Vienne. 

Corrèze. 

Rhône. 

Loire. 

Haute-Loire. 

Cantal. 

Lot. 

Aveyron. 

Lozère. 


Clerinont. 


"^  On  a  dit  qu'il  fallait  au  moins  éluder 
de  fonder  les  quatre  établissements  proposés 
jusqu'à  ce  qu'on  fût  certain  s'ils  seront  né- 
cessaires; mais  leur  nécessité,  leur  utilité 
est  déjà  démontrée.  Veut-on  donc  attendre 


que  les  bâtiments  nationaux  convenables 
soient  vendus,  pour  que  la  République  en 
acquière  ou  en  fasse  construire  à  gros  frais? 
{Note  de  Roger  Dncos.) 


DE  LA  CONVENTION  N\TION.\LE. 


521 


Grenob'o. . 


Isère. 

Ain. 

Mont-Blanc. 

Ardèche. 

Dronie. 

Ilaulos-Alpos. 

Alprs-Mai'ilinios. 

HpTauIt. 

Gard. 

Basses- Alpes. 

Var. 

Bouches  (In-Bhone 

Vaucluse. 

Corse. 


\ancv 


/  Meurlhe. 
Meuse. 
Moselle. 
Bas-Rhin. 
Haut-Rhin. 
Vosges. 
Haute-Saône. 
Haute-Marne. 
Côte-d^Or. 
Doubs. 
Jura. 
Mont-Terrible. 


Qu'il  y  ait  dans  chaque  établissement  quatre  instituteurs  qui  le  dirigeront  al- 
ternativement, un  économe  et  deux  surveillantes  :  ce  nombre  de  fonctionnaires 
nous  a  paru  sulHre,  et  ne  devait  pas  non  plus  être  moindre;  il  faut  bien  quatie 
instituteurs  pour  quatre-vingts  à  ([uatre-vingt-dix  élèves  sourds-muets  que  vous 
aurez  au  moins  dans  chaque  établissement  :  à  celui  de  Paris  vous  avez  dans  ce 
moment  cinquante  élèves,  et  le  nombre  en  serait  bien  supérieur  si  les  places  gra- 
tuites n'y  étaient  bornées;  car  il  y  a  des  demandes  pour  cinquante-trois  de  plus 
(il  n'y  a  que  vingt-quatre  places  gratuites).  11  faut  donc  quatre  instituteurs;  il 
faut  de  plus  un  économe  cliargé  du  détail  de  la  dépense;  et  comme  les  sourds- 
iuuets  des  deu\  sexes  sont  admis  à  l'institution,  la  moralité,  les  soins  différents 
qu'exigent  les  filles,  rendent  également  les  deux  surveillantes  indispensables. 

Votre  Comité  a  encore  cru  qu'outre  le  logement  qu'auraient  ces  fonctionnaiies 
dans  les  établissements,  il  fallait  tellement  les  fixer  auprès  d'élèves  qui  ont  besoin 
d'une  conduite  singulièrement  suivie,  que  la  même  table,  les  mêmes  mets  fussent 
communs  à  tous  :  cette  disposition  de  votre  décret  sera  à  la  fois  utile  et  républicaine. 

Vous  n'auriez  rien  fait  ponr  cette  institution,  si  vous  négligiez  les  moyens  in- 
faillibles de  la  pcrpéluer;  il  faut  donc  former  de  nouveaux  instituteurs.  Votre  Co- 
mité propose  qu'il  y  ait  deux  places  dans  chaque  établissement  pour  les  citoyens 
([ui  voudront  ac([uérir  les  connaissances  nécessaires  pour  [)arvenir  nu\  places 
d'instituteurs. 

11  vous  propose  de  mettre  ces  établissements  sous  la  surveillance  des  directoires 
de  district,  et  à  Paris  sous  celle  de  la  municipalité  (n'y  ayant  pas  de  district); 
mais  le  Conseil  exécutif  aura  la  surveillance  sur  tous.  Ces  établissements  exigeant 
des  rapports  d'autant  plus  étendus  que  leur  arrondissement  est  considérable,  il  a 
])aru  (pie  le  moyen  de  les  simplifier  ('tait  d'inveslir  de  leur  surveillance  les  direc- 
toires iU)  district. 

Le  Comit('  vous  propose  encore  un  moyen  de  melliv  promptement  en  ad i vile 
les  quati'e  établisscMuents  à  organiser:  c'est  d\  appeler  les  inslituleuis  (jui  s(M-oiit 
surabondanls  à  Paris  et  à  Bordeaux,  ainsi  ([ue  tous  l 's  citoyens  cpii  se  sonl  livrés 
h  cette  sorte  d'institution;  car  il  en  est  (pii  ont  consacrt'  \ouv  (emps  à  oMIe  ('Inde. 


522      PROCÈS-VERBAUX  DU  COMITE  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

et  qui  oui  espéré  qu'un  moment  viendrait  où  un  gouvernement  bienl'aisanl  ren- 
drait leur  talent  utile  à  riuimanité. 

Le  règlement  pour  le  régime  intérieur,  le  choix  des  ateliers  nécessaires  à  Pin- 
struction  des  sourds-muets ,  seront  laissés  à  la  direction  et  aux  soins  des  directoires 
de  district,  sous  Papprobalion  du  Conseil  exécutif. 

Comme  l'indigence  a  seule  droit  aux  secours  de  la  nation,  on  obligera  à  payer 
pension  les  familles  des  sourds-muets  que  les  directoires  de  district  jugeront  en 
avoir  les  moyens  suflisants.  Les  aspirants  à  devenir  instituteurs,  qui  auront  des 
moyens,  payeront  aussi  leur  pension. 

On  établit  un  ordre  pour  la  reddition  des  comptes  et  pour  référer  de  la  situation 
des  établissements  au  Corps  législatif. 

Le  Comité  vous  propose  de  fixer  l'âge  de  six  ans  pour  l'admission  des  sourds- 
muets  dans  les  établissements,  et  seize  pour  leur  sortie,  h  moins  que  le  perfec- 
tionnement de  leur  instruction  permette  qu'ds  soient  plus  tôt  rendus  à  leurs 
familles  ou  livrés  à  l'apprentissage  de  quelque  art,  métier  ou  à  l'agriculture,  seloti 
le  goût  qu'ils  auront  manifesté.  Mais,  citoyens,  je  Fai  déjà  annoncé,  la  loi  doit 
user,  à  l'égard  des  sourds-muets,  du  droit  que  la  patrie  a  sur  tous  ses  enfants:  il 
doit  y  avoir  obligation  à  les  confier  aux  établissements.  La  Ré|)ublique  ne  peut 
loléi-er  que  des  enfants  qui  ont  besoin  d'une  instruction  extraordinaire  pour  sur- 
monter le  tort  que  la  nature  leur  a  fait  en  soient  privés;  elle  ne  doit  pas  tolérer, 
autant  qu'il  est  possible,  qu'aucun  citoyen  ne  lui  soit  pas  ulile. 

Enfin  votre  Comité  vous  propose  d'accorder  à  chaque  sourd-muet  indigent,  à  sa 
sortie  de  Pétabhssement,  les  moyens  de  se  livrer  à  Papprentissage  de  Part  ou  mé- 
tier qu'ils  auront  choisi  :  c'est  un  dernier  secours  que  vous  leur  devez,  autant 
pour  ne  pas  rendre  leur  instruction  infructueuse  dans  leur  intérêt  personnel ,  que 
pour  remplir  le  grand  but  de  les  utiHser  définitivement  au  profit  de  la  société. 

C'est  à  ces  bases ,  citoyens ,  que  le  Comité  a  circonscrit  son  travail  :  il  les  a  résu- 
mées en  douze  articles,  au  lieu  de  soixante-quatorze  qu'en  contenait  le  premier 
projet  de  décret.  11  a  ensuite  examiné  le  traitement  que  vous  deviez  accorder  aux 
instituteurs,  à  Péconome  et  aux  surveillantes.  Il  a  considéré  qu'en  réglant  leur  trai- 
tement vous  deviez  réfléchir  que  ces  fonctionnaires,  fixés  dans  de  grandes  villes ,  ne 
seront  pas,  comme  dans  Pancien  régime,  des  célibataires;  qu'ils  doivent  donc  re- 
trouver dans  le  prix  de  leur  travail  quelque  ressource  qu'ils  doivent  à  leur  famille 
et  qu'ils  pourraient  lui  procurer  par  d'autres  genres  d'occupations. 

En  conséquence  le  Comité  vous  propose  d'assigner  à  chacun  des  instituteurs 
deux  mille  quatre  cents  livres;  à  Péconome  mille  huit  cents  livres,  et  à  chacune 
des  surveillantes  huit  cents  livres. 

Voici  le  projet  de  décret  : 

[Nous  ne  reproduisons  pas  les  douze  articles  du  projet  de  dérrot,  le  contenu  en  ayant 
déjà  été  indiqué  dans  le  rapport.  | 


DE  LA  CONVENTION  NATION  \LE.  523 

Voici  le  texln  du  rapport  et  du  projet  de  décret  présentés  par  Thiltaudeau  : 

RAPPORT   SUR  LES  SOURDS-MUETS,    AU  NOM   DU  COMITE  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE, 
PAR  THIBAUDEAU,   DEPUTE  DE  LA   VIENNE. 

De  l'Imprimerie  nationate,  s.  d.  ^'^ 

Le  Comité  des  secours  publics  a  présente  à  la  Convention  un  rapport  et  un 
projet  de  décret  en  soixante-quatorze  articles,  sur  l'établissement  et  l'organisation 
des  écoles  de  sourds-muets.  Ce  projet  a  été  renvoyé  à  la  revision  des  Comités 
réunis  de  secours,  d'instruction  publique  et  des  finances. 

Ils  ont  été  divisés  sur  une  (juestion  principale;  celle  de  savoir  si  on  se  borne- 
rait, quant  à  présent,  à  juaintenir  les  deux  écoles  existantes  à  Paris  et  a  Bordeaux. 
Le  Comité  des  secours  a  pensé  qu'il  fallait  en  créer  quatre  nouvelles;  votre  Co- 
mité d'instruction  publique  oroit  que  les  deux  établissements  actuels  suffiront ,  au 
moyen  de  quelques  dispositions  particulières. 

11  est  vrai  que  la  Convention  avait  décrété  en  principe,  le  28  juin  dernier,  qu'il 
y  aurait  divers  établissements  pour  les  sourds-muets  dans  plusieurs  points  de  la 
République;  mais  ce  décret  l'ut  rendu  sans  discussion,  à  la  fin  de  la  loi  sur  l'orga- 
nisation des  secours  publics;  et  il  faut  toujours  examiner,  avant  de  fonder  de  nou- 
veaux établissements,  s'ils  sont  nécessaires. 

S'il  ne  s'agissait  de  traiter  cet  objet  que  sous  le  rapport  des  secours,  il  n'y  au- 
rait point  de  difficulté;  car  la  loi  rendue  pour  tous  les  citoyens  français  serait 
commune  aux  sourds-muets. 

Mais  il  s'agit  d'instruction,  d'écoles  et  d'enseignement  à  donner  aux  sourds- 
muets;  il  serait  inutile  de  chercher  à  émouvoir  la  pitié  ou  la  justice  de  la  nation 
envers  des  individus  qui  sont  membres  de  la  même  famille  :  l'instruction  est  la 
dette  de  la  société  et  le  besoin  de  tous  les  hommes.  Le  bénéfice  de  ce  principe  est 
pour  les  sourds-muets  comme  pour  les  autres  citoyens  ;  ils  ont  même  un  droit  de 
plus  à  la  bienveillance  de  la  patrie ,  puisqu'ils  sont  malheureux.  Ainsi ,  je  ne  pense 
pas  que ,  lorsqu'il  existe  dans  une  société  des  moyens  de  réparer  les  torts  de  la  na- 
ture envers  des  êtres  qu'elle  a  pour  ainsi  dire  mutilés,  il  se  trouve  un  seul  homme 
qui  s'oppose  aux  progrès  d'une  méthode  qui  aurait  pour  objet  de  rendre  les  sourds- 
muets  utiles  à  eux-mêmes  et  à  la  société ,  de  perfectionner  leurs  facultés  morales , 
et  de  les  rendre  citoyens. 

Il  faut  donc  examiner  rapidement  l'état  de  l'enseignement  donné  aux  sourds- 
muets,  les  progrès  «pi'il  a  laits,  les  résultats  qu'il  a  produits,  et  quels  sont  ceux 
qu'on  peut  en  al  tendre. 

L'abbé  de  l'Epée,  inventeur  de  l'art  d'instruire  les  sourds-muets,  a  été  précédé 
sans  doute  par  quelques  philosophes  de  divers  pays,  qui  avaient  (essayé,  mais  sans 
de  grands  succès,  de  rendre  à  eux-mêmes  et  à  la  société  cette  portion  d'individus 
(jue  la  nature  semblail  en  avoir  séparés.  Lui  seul  trouva  l'art  de  donner  une  sorte 
de  coi'ps  aux  idées  abstraites,  et  de  les  peindre  aux  yeux  par  des  signes  manuels, 
pour  en  fain;  j)asser  la  valeui'  dans  l'esprit.  Tels  furent  ses  premiers  essais.  En- 

''^   Bibliothèque  nationale,  Le''*  681,  in-8". 


52/1      PROnfe-VERBAUX  DU  COMITK  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

coiirag-é  par  ladiniration  que  devait  exciter  ce  premier  succès,  il  fit  une  seconde 
tentative  moins  heureuse,  il  essaya  d'assujettir  aussi  à  des  signes  physiques  les 
règles  de  notre  grammaire;  mais  il  oublia  qu'il  avait  affaire  à  un  peuple  tout  neuf, 
sé|)aiv  do  tons  les  autres;  il  n'e'tudia  pas  assez  la  grammaire  des  signes  (pii  leur 
élairnl  j)ropres;  et  les  sourds-muets,  dresse's  parlailement  à  un  simple  mécanisme, 
(écrivaient,  sous  la  dictée  des  signes,  des  pages  entières  au  gré  des  spectateurs; 
mais  ils  n'étaient  que  copistes  :  ils  lisaient  des  yeux  ce  qu'on  écrivait,  comme  des 
écoliers  de  cinquième  lisaient  Gicéron  et  Tacite;  ils  connaissaient  même  la  valeur 
des  mots,  conime  ces  écoliers  entendraient  les  mots  de  Gicéron ,  si  on  les  leur  tra- 
duisait, mais  ils  ne  connaissaient  auciuie  règle  de  langage;  ils  ne  comprenaient 
aucune  phrase,  ils  n'en  faisaient  jamais  d'eux-mêmes. 

Tel  était  à  peu  près  l'état  de  cet  enseignement  à  la  mort  de  son  inventeur.  Ge 
résultat  était  plus  curieux  qu'utile;  mais  il  en  était  de  cette  précieuse  découverte 
comme  de  toutes  celles  que  fait  l'esprit  humain  :  il  n'y  avait  que  le  temps  et  l'expé- 
rience qui  pussent  la  perfectionner  ;  et  quels  que  soient  les  progrès  qu'aient  faits  les 
successeurs  de  l'Epée,  il  eut  le  mérite  d'inventer,  de  vaincre  les  premières  dif- 
ficultés, et  il  n'en  doit  pas  moins  être  placé  parmi  ce  petit  nombre  d'hommes  qui, 
sous  le  despotisme,  ont  bien  uK'rité  do  l'iiumanité. 

Aujourd'hui,  à  l'aide  de  la  théorie  de  Sicard,  réduite  en  pratique,  les  élèves 
comprennent  non  seulement  les  mots  de  notre  langue,  mais  ils  rendent  leurs  idées 
dans  cette  langue;  ils  décomposent  les  périodes  les  plus  compliquées,  répondent  à 
toutes  les  questions  qu'on  leur  fait  par  écrit,  comme  nous  répondons  à  toutes 
celles  que  l'on  nous  fait  de  vive  voix.  H  n'y  a  de  différence  entre  eux  et  nous  que 
celle  qu'il  y  a  entre  des  absents  léduits  à  se  communiquer  par  écrit.  Encore 
riionune  qui  entend  et  qui  parle,  sans  même  connaître  le  langage  des  signes,  peut 
s'entretenir  avec  les  sourds-muets  :  il  suffit  pour  cela  de  former  des  lettres,  de  les 
figurer  en  l'air  comme  on  les  tracerait  sur  le  papier;  et  le  sourd-muet,  qui  les 
voit  faire,  en  fait  des  mots  et  des  phrases,  et  répond  de  la  même  manière.  Le 
sourd-muet  peut  donc  lire  nos  livres,  s'instruire  de  nos  usages,  et  connaître  nos 
lois  et  nos  mœurs  :  tous  ceux  qui  ont  vu  les  leçons  données  aux  sourds-muets,  et 
qui  ont  conversé  avec  le  sourd-muet  Massieu,  conviendront  de  cette  vérité. 

Je  sais  bien ,  comme  l'ont  dit  quelques  membres ,  que  le  sourd-muet  qui  n'a 
pas  reçu  Finstruction  d'après  la  méthode  Sicard  n'est  pas  aussi  sauvage  qu'on  vou- 
drait le  faire  croire,  qu'il  est  propre  aux  travaux  de  la  campagne,  à  quelques  mé- 
tiers et  surtout  aux  arts  d'imitation;  mais  le  sourd-muet  dans  cet  état  ne  peut 
guère  communiquer  qu'avec  les  hommes  parmi  lesquels  il  vit  habituellement;  il 
ne  peut  connaître  les  lois,  il  a  beaucoup  de  peine  à  gérer  ses  affi.ires,  à  se  dérober 
à  l'astuce,  à  l'injustice,  en  un  mot  il  n'est  jamais  qu'imitateur. 

Il  ne  s'agit  pas  de  le  rendre  savant,  mais  de  perfectionner  sa  raison  et  son  in- 
telligence, de  lui  apprendre  à  comparer  les  objets,  à  en  tirer  des  résultats,  à  con- 
naître la  nature  des  êtres  et  les  lois  de  la  République. 

Et  si,  comparaison  faite  d'un  sourd-muet  qui  a  reçu  l'instruction  avec  le  sourd- 
muet  dans  l'cUat  de  nature,  le  premier  ressemble,  à  la  parole  près,  à  l'homme 
civilisé,  et  que  le  second  en  soit  encore  à  une  grande  distance,  qui  peut  s'opposer 
à  ce  que  le  gouvernement  ne  propage  cette  instruction?  Quelle  raison  de  morale 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  525 

ou  de  justice  pourrait  motiver  une  telle  opinion,  tandis  que  si  l'institut  des  sourds- 
muets  n'était  encore  qu'un  objet  de  pure  curiosité,  on  pourrait  même  en  deman- 
der sous  quelques  rapports  la  conservation. 

L'utilité  de  l'institut  des  sourds-muets  étant  démontrée,  il  faut  examiner  si 
les  établissements  actuellement  existants  sont  suffisants,  ou  s'il  faut  eu  fonder 
d'autres. 

Votre  Comité  des  secours  publics  en  proposait  six  [)our  toute  la  Iiéj)ubiique, 
c'est-à-dire  quatre  nouveaux,  puisqu'il  en  existe  actuellement  un  ù  Paris  et  un  à 
Bordeaux.  Il  proposait  en  outre  l'établissement  d'une  école  centrale  pour  y  former 
des  instituteurs. 

L'organisation  de  l'école  centrale  présentait  encore  une  de  ces  idées  académi({ues 
que  vous  avez  tant  de  fois  proscrites;  c'était  une  espèce  de  centre  auquel  devaient 
aboutir  toutes  les  autres  écoles  de  la  République,  et  duquel  des  inspecteurs  de- 
vaient sortir  pour  la  parcourir.  La  simple  publicité  de  ce  projet  avait  déjà  excité 
de  la  jalousie  entre  l'instituteur  de  Bordeaux  et  celui  de  Paris  ^'''  :  ainsi  votre  Co- 
mité n'a  })as  hésité  à  le  rejeter. 

Il  est  un  moyen  plus  simple  et  plus  efficace  de  remplir  le  même  but.  Sicard 
travaille  à  un  ouvrage  qui  contiendra  la  théorie  et  la  méthode  de  son  enseignement; 
il  va  initier  la  société  entière  dans  un  art  qu'une  sorte  de  charlatanisme  avait  aussi, 
dans  le  principe,  entouré  de  mystères;  et  il  assure  que  sa  théorie  est  d'une  si 
grande  évidence,  qu'U  ne  faudra,  pour  la  comprendre  et  la  réduire  en  pratique, 
qu'une  intelhgcnce  commune.  Ainsi,  les  honunes  tant  soit  peu  instruits  pourront 
élever  eux-mêmes  leurs  enfants ,  ou  bien  il  se  trouvera  des  citoyens  qui ,  sous  les 
auspices  de  la  liberté  de  l'enseignement,  ouvriront  des  écoles;  et  on  n'aura  plus  à 
craindre,  quand  cette  méthode  sera  publique,  la  disette  des  instituteurs,  ou  ({ue 
l'inventeur  emporte  son  secret  dans  la  tombe.  Les  étrangers,  dit-on,  nous  ont  envié 
cette  découverte.  Eli  bieni  avec  l'ouvrage  de  Sicard,  ils  seront  sur  ce  point  aussi 
riches  que  nous  :  tout  ce  qui  tend  au  perfectionnement  des  individus  et  à  la  pro- 
spérité des  nations  appartient  à  l'humanité  tout  enlière. 

Quelles  ont  été  les  bases  du  Comité  des  secours  publics,  lorsqu'il  a  proposé  réta- 
blissement de  six  écoles  de  sourds  et  muets  dans  la  République? 

C'est  une  assertion  fondée  sur  la  tradition;  il  a  supposé  qu'il  pourrait  y  avoir 
environ  quatre  mille  sourds-muets  dans  la  République. 

Mais  il  l'a  dit  sur  la  foi  de  Sicard;  Sicard,  sur  la  foi  de  l'Epée,  et  l'Epée,  sur  je 
ne  sais  quelles  données.  La  vérité,  c'est  qu'on  n'a  jamais  eu  que  des  notions  très 
imparfaites  sur  le  nombre  de  ces  infortunés.  11  semblerait  cependant  que,  daus 
l'organisation  actuelle  du  gouvernement,  il  n'y  aurait  rien  de  plus  facile  ' . 

Mais  jusqu'à  ce  que  cette  connaissance  soit  acquise,  il  est  vraisemblable  que 
les  deux  écoles  actuellement  subsistantes  à  Paris  et  à  Bordeaux  sont  suffisantes 
pour  l'instruction  des  sourds-muets. 

(^^   Voir  p.  393.  l'ansse,  et  il  y  a  tout  lien  do  croire  qu'il  n'y 
^^'  On  a  (les  étals  envoyés  par  quelques  en  a  point ,  ou  peu,  dans  la  plupart  des  dé- 
districts  et  départements,  et  Ton  en  concliil  paiienuiils  qui  n'ont  point  produit  ilélats. 
(ju'ils  renferment  tous  le  même  nombre  de  {Note  de  Thibniideau.) 
sourds-muets.  C'est  une  base   absolument 


520      PROCÈS -VERBAUX  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

Il  n'y  a,  dans  ce  moment,  qu'environ  qualre-vingts  élèves  dans  ces  deux  écoles, 
el  on  peut  y  en  recevoir  un  plus  grand  nombre. 

Si  Toxpérience  en  démontrait  rinsuffisance ,  alors  le  Corps  législatif  sérail  tou- 
jours à  temps  pour  en  établir  de  nouvelles. 

Mais  il  est  inutile  do  créer  des  établissements  dont  la  nécessité  n'est  pas  dé- 
montrée, et  lorsqu'il  n'y  aurait  pas  même  assez  d'instiluteurs  pour  y  enseigner, 
ni  d'enfants  pour  les  suivre.  Le  Comité  des  secours  publics  ne  propose  même 
quaire  nouveaux  (établissements  que  comme  des  pierres  d'attente,  jusqu'à  ce  qu'il 
y  ait  des  maîtres  formés. 

C'est  un  étrange  moyen  de  former  les  hommes  que  de  leur  offrir  à  l'avance 
des  places  :  au  moins  est-il  douteux  qu'il  convienne  à  une  République.  Au  surplus , 
avant  de  multiplier  ces  écoles ,  il  faut  en  connaître  davantage  les  résultats  ;  et  quand 
il  sera  démontré,  par  des  exemples  communs,  que  cet  enseignement  est  utile  au 
perfoctionnemont  de  l'espèce ,  le  gouvernement  sera  toujours  en  état  de  le  propa- 
ger davantage. 

Il  faut  bien  en  général  rapprocher  du  peuple  les  secours  qui  lui  sont  dus;  mais 
il  y  a  un  moyen  d'empêcher  que  l'éloignement  ne  rende  ce  secours  illusoire  :  c'est 
que  la  République  fasse  venir  à  ses  frais,  dans  les  écoles,  les  sourds-muets  de 
toutes  les  parties  de  son  territoire. 

L'Assemblée  constituante  avait  ébauché  la  bienfaisance  nationale  envers  ces  mal-- 
heureux;  elle  n'avait  établi,  dans  l'école  de  Paris,  que  vingt-quatre  places  gra- 
tuites; la  Convention,  par  son  décret  du ^^\  n'en  avait  établi  que  le  même 

nombre  dans  l'école  de  Bordeaux. 

Cette  disposition  est  vraiment  intéressante  :  il  faut  que  tous  les  sourds-muets 
de  la  République  soient  appelés  à  partager  ce  bienfait.  II  suffit  pour  cela  d'un  lo- 
gement assez  étendu  pour  les  recevoir. 

Il  ne  faut  pas  craindre  le  trop  grand  rassemblement  d'enfants,  car  l'instruction 
eu  est  beaucoup  meilleure. 

Il  faut  établir  la  municipalité  surveillante  sur  l'administration  économique  de  la 
maison  ; 

Et  une  agence,  comme  le  propose  le  Comité  des  secours. 

Mais  il  faut  diriger  principalement  l'enseignement  vers  la  pratique  des  arts  et 
métiers,  et  rendre  ainsi  les  sourds-muets  utiles  a  eux-mêmes  et  à  la  société;  car 
si  l'enseignement  n'en  faisait  que  des  machines  curieuses  pour  amuser  le  public, 
le  gouvernement  ne  devrait  pas  le  protéger  d'une  manière  aussi  spéciale. 

II  y  a  une  imprimerie  dans  l'école  de  Paris  ;  il  en  est  déjà  sorti  plusieurs  sourds- 
muets.  Deux  sont  actuellement  à  l'Imprimerie  nationale  ou  des  assignats;  deux  à 
celle  de  Pain,  cloître  Saint-Honoré;  deux  à  celle  de  la  veuve  Hérissant;  et  il  en 
est  qui  travaillent  à  l'imprimerie  de  l'école. 

On  peut  y  étabhr  d'autres  ateliers,  tels  que  la  menuiserie,  la  tisseranderie ,  la 
fabrication  d'étoffes,  etc. 

Votre  Comité  pense  qu'au  moyen  de  ces  nouvelles  mesures ,  vous  concilierez  à 
la  fois  ce  qu'exigent  les  principes  d'économie  que  vous  devez  apporter  dans  tous 

^^^  C'est  le  décret  du  i  sj  mai  1798.  Voir  notre  tome  1*",  p.  à  il*. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  527 

les  élablissenients  publics,  et  ce  que  vous  devez  de  secours  et  d'instruction  aux 
sourds-muets. 

PROJET    DE    DÉCRET. 

Article  premier.  Les  deux  écoles  de  sourds  et  muets,  actuellement  existantes 
à  Paris  et  à  Bordeaux ,  sont  conservées. 

Art.  2.  Les  sourds-muets  y  sont  envoyés,  entretenus  et  élevés  aux  frais  de  la 
République,  depuis  ï'dge  de  liuit  ans  jusqu'à  dix-huit;  ils  seront  tous  vêtus  et 
nourris  de  la  même  manière ,  et  recevront  en  sortant  une  somme  équivalente  à 
une  année  de  leur  pension  ^'^ 

Art.  3.  L'éducation  des  sourds-muets  sera  principalement  dirigée  vers  les 
arts  et  métiers  :  en  conséquence  les  municipalilés  veilleront  à  ce  qu'il  soit  formé 
(les  ateliers  dans  chaque  école.  Le  produit  du  travail  des  sourds-muets  tournera 
au  profit  de  l'établissement. 

Art.  h.  Tout  ce  qui  concerne  l'arrangement  intérieur  des  écoles,  les  dépenses, 
l(^s  comptes,  l'établissement  des  ateliers,  l'achat  des  matières,  la  vente  des  mar- 
chandises qui  y  sont  ouvrées,  les  nominations  aux  places  autres  que  celles  d'in- 
stituteurs, et  tout  ce  qui  est  étranger  à  l'enseignement,  est  confié  a  une  agence 
composée  de  quatre  citoyens  et  quatre  citoyennes  nommés  et  renouvelés  dans  les 
formes  et  dans  les  temps  indiqués  par  la  loi  du  28  juin  dernier,  sous  la  sui'veil- 
lance  de  la  municipalité  et  des  corps  administratifs. 

Art,  5.   Il  y  aura  dans  chaque  école  : 

Un  premier  instituteur  aux  appointements  de 6,000  livres. 

Un  second  instituteur a, 6 00 

Deux  instituteurs  adjoints,  chacun â.ooo 

Un  économe.  . i,5oo 

Un  maître  d'écriture 800 

Deux  répétiteurs,  chacun 600 

Deux  gouvernantes,  chacune 600 

Un  chef  d'atelier i,aoo 

Ils  y  auront  le  logement;  l'économe,  les  deux  répétiteiu*s  et  les  deux  gouver- 
nantes y  seront  en  outre  nourris ,  à  la  même  table  et  des  mêmes  mets  que  les 
élèves. 

Art.  6.  Les  instituteurs  actuellement  existants  sont  conservés;  ils  seront 
nommés  à  l'avenir  par  la  représentation  nationale. 

Art.  7.  L'agence  présentera  aux  corps  administratifs  chargés  de  le  vérifier 
l'état  des  sommes  nécessaires  pour  la  nourriture  et  l'entrelien  ch^s  sourds-nniets, 
et  toutes  les  dépenses  de  rétablissement.  Le  Corps  législatif  en  décrétera  les 
fonds. 

^'^  Il  y  en  a  qui  pensent  (pie  les  enfants  des  riches  devraient  payer  pension  :  r\>>l  une 
question  à  examiner,  (ISolo  (le  TInhnndeau.) 


528      PHOCÈS-VKRIUUX  DU  COMITE  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

AuT.  8.  La  CoiiveiUion  décrète  un  concours  jusqu'au  premier  nivôse  de  l'an  m, 
|)our  la  l'odaclion  d'une  grammaire  el  autres  livres  élémentaires  relatifs  à  Tensei- 
{>nemeut  des  sourds-muets,  d'après  les  formes  prescrites  par  le  décret  du  cj  plu- 
viôse. 

Il  est.  assez  piquant  de  transcrire,  à  la  suite  de  ce  rapport  si  élogicux  pour  Sicard, 
la  pa^jc  que  Tiiibaudeau  a  consacrée  dans  ses  Mémoirea  à  l'instituteur  des  sourds-muets.  La 
voici  : 

L'école  des  sourds-muets  était  dirigée  par  l'abbé  Sicard,  originaire  ih  Bor- 
deaux :  au  fond,  ennemi  de  la  Révolution,  mais,  courtisan  adroit,  il  suivait  se 
plier  aux  circonstances.  On  lui  reprochait  aussi  d'être  très  intéressé,  un  peu 
charlatan ,  et  de  briller  d'un  éclat  emprunté  au  génie  modeste  de  l'abbé  de  TEpée , 
son  prédécesseui'  et  son  maître.  L'abbé  Sicard  eut  beaucoup  de  peine  à  se  sauver 
de  la  Terreur.  11  ne  dut  son  salut  cjuà  plusieurs  membres  du  Comité ,  qui  ne  le 
trouvaient  pas  bien  dangereux  comme  personnage  politique ,  et  sui'tout  à  l'inipos- 
sibihté  où  l'on  croyait  être  alors  de  le  remplacer.  11  est  assez  singulier  que  cette 
considération  pût  l'emporter  sur  la  raison  d'Etat  de  ce  temps-là,  à  laquelle  on 
avait  sacrifié  des  hommes  aussi  précieux  et  des  établissements  non  moins  utiles. 
Mais  celui  des  sourds  et  muets  était  ])opulaire  et  en  faveur,  sans  doute  pai*ce 
qu'il  avait  pour  objet  de  faire  participer  par  l'art ,  aux  dons  communs  et  les  p'us 
nécessaires  de  la  nature,  des  êtres  malheureux  à  qui  elle  les  avait  refusés^''. 


D 

On  lit  diuis  le  rep^istre  des  procès-verbaux  de  la  Commission  des  arts  : 

Séance  du  5  ventôse,  l'an  st^  de  la  République. 

11  sera  adjoint  à  l'agent  un  commis  qui  résidera  dans  les  salles  du  Comité 
d'instruction  pubhque  :  il  fera  un  tableau  des  inventaires  dressés  par  les  dilfé- 
l'entes  sections  delà  Commission.  11  y  sera  joint  celui  des  inventaires  dressés  par 
la  ci-devant  Commission  des  monuments,  aussitôt  qu'elle  aura  rendu  ses  comptes 
et  remis  ses  papiers  ^^\ 

E 

On  lit   '  ns  le  registre  des  procès-verbaux  de  la  Commission  des  monuments  : 

Séance  du  i  o  ventôse  de  l'an  deux  de  la  République  française 
une  et  indivisible.  '  \ 

Présents  :  L.-A.  Mercier,  Poirier,  DesFnarest,  Lemonnier,  Jollain,  Moreau  le 
jeune,  Regnault. 

[Mercier  préside,  Lemonnier  lient  la  plume.] 

.  .  .  Lecture  est  faite  de  deux  lettres  du  ministre  de  l'intérieur,  en  date  des  g  et 
^'^  Thibaudeal,  Mémoires,  l.  V,  p.  78.  —  ^^'>  Archives  nationales,  F  1^*7,  folio 01,  verso. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  529 

1 1  ventôse.  Par  la  première,  le  ministre  demande  l'envoi  [de  deux  commissaires  à 
la  maison  de  Nesle  pour  opérer  avec  des  commissaires  de  la  Commission  tempo- 
raire des  arts  le  recolement  des  effets  qui  y  sont  déposés.  Par  la  seconde,  le  mi- 
nistre notifie  officiellement  le  décret  de  suppression  de  la  Commission. 

D'après  cette  lecture  il  est  arrêté  qu'il  sera  écrit  au  ministre  de  l'intérieur  : 
i"  Que,  pour  répondre  à  sa  demande  de  commissaires  pour  le  recolement  de  l'a 
maison  de  Nesle,  les  citoyens  Lemonnier  et  Moreau  vont  se  rendre  au  dépôt; 
2°  que  la  Commission  écrirait  au  Comité  d'instruction  publique  pour  lui  demander 
le  jour  et  l'heure  où  il  serait  possible  de  remettre  tous  les  papiers  de  la  Com- 
mission conformément  à  l'article  8  du  décret  et  opérer  la  consommation  de  sa 
suppression  ordonnée  par  la  loi  du  28  frimaire. 

Ces  deux  lettres  sont  écrites  sur-le-champ  par  le  président '^\ 

Voici  la  lettre  écrite  au  Comité  d'instruction  publique  : 

i3  ventôse. 

Au  président  et  aux  membres  du  Comité  d'instruction  publique. 

Nous  venons  enfin  de  recevoir  du  ministre  de  l'intérieur  la  communication 
officielle  du  décret  du  28  frimaire  qui  a  prononcé  notre  suppression.  Sans  aucun 
délai  nous  nous  empressons  de  vous  prier  de  nous  indiquer  le  jour  et  l'heure  de 
la  remise  de  nos  papiers  et  registres,  ordonnée  par  l'article  8  du  décret.  Comme 
la  masse  de  ces  papiers  ne  laisse  pas  que  d'être  considérable ,  il  serait  peut-être 
convenable  que  vous  nommassiez  des  commissaires  pour  venir  recevoir  ces  pa- 
piers dans  le  lieu  de  notre  séance  avec  pouvoir  de  nous  en  donner  décharge.  Pour 
cela  nous  désirerions  que  vous  voulussiez  bien  nous  faire  savoir  dans  notre  séance 
du  16  de  ce  mois  le  jour  et  l'heure  où  vos  commissaires  viendraient  faire  cette 
opération,  afin  que  tout  ceci  fut  terminé  dans  le  plus  court  délai,  comme  nous 
le  désirons  très  vivement  et  pour  obéir  au  décret  de  la  Convention  ^^^ 

Pour  la  suite  des  extraits  des  procès-verbaux  des  séances  de  la  Commission  des  monu- 
ments, voir  l'annexe  A  de  la  séance  du  i3  ventôse  (p.  538). 

(')  Archives  nationales,  F^'^/j.  —  ('-'   Archives  nationales,  F''*5. 


m.  3'i 


mpRiutnii:    XATiovjiii:. 


530      PROCÈS-VERBAUX  DU  COMITE  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 


DEUX  CENT  SIXIEME  SEANCE. 

Du  11  veotôse  an  ii.  [i"  mars  179  ^1.] 

Arrêté  que  les  citoyens  Prunelle  et  David  se  concerteront  pour  ré- 
gler ce  qui  sera  accordé  à  l'architecte  Huhert  et  aux  entrepreneurs, 
pour  les  décorations  de  la  fête  du  10  août  dernier  ^^l 

Projet  de  règlement  pour  assurer  la  propriété  des  artistes  et  gens  de 
lettres,  présenté  par  la  Société  populaire  des  arts.  Renvoyé  à  David  ^'^^ 

La  citoyenne  veuve  d'Orcy  présente  une  pétition  pour  obtenir  un 
décret  qui  ordonne  l'acquisition  pour  la  République  du  cabinet  d'his- 
toire naturelle  de  son  mari,  et  d'en  faire  l'examen.  Petit  est  nommé 
rapporteur  ^^^ 

Sur  la  proposition  de  nommer  dans  le  Comité  les  rapporteurs  à 
tour  de  rôle,  le  Comité  passe  à  l'ordre  du  jour. 

Le  citoyen  Momoro,  commissaire  nommé  par  la  section  Marat  et 
le  club  des  Gordeliers,  donne  au  Comité  la  note  des  ouvrages  qui 
doivent  composer  l'édition  des  œuvres  de  l'Ami  du  peuple,  avec  les 
détails  et  l'aperçu  de  la  dépense.  Le  Comité  arrête  que  le  rapporteur, 


^^)  Voir  la  séance  du  5  ventôse  (p.  AgS) 
et,  pour  la  suite,  celle  du  17  ventôse 
(p.  552). 

W  Voir  la  séance  du  25  pluviôse 
(p.  Ii6i).  Le  projet  de  règlement  présenté 
par  la  Société  républicaine  des  arts  avait 
été  enregistré  sous  le  n°  3070  (F^',  carton 
1009^);  la  pièce  manque.  David  ne  paraît 
pas  s'être  occupé  de  la  question  :  c'est  Ma- 
thieu que  nous  en  verrons  chargé  par  la 
suite  (séances  du  19  ventôse,  p.  555, 
9  5  ventôse  et  1"  germinal). 

^^)  Voir  la  séance  du  5  ventôse  (p.  ^91). 
La  veille,  10  ventôse,  la  Commission  des 
arts  avait  arrêté  d'envoyer  séance  tenante 
une  députation  au  Comité  des  finances 
pour  lui  rappeler  que  le  lendemain  devait 
avoir  lieu  la  vente  des  biens  meubles  pro- 
venant de  la  succession  Gigot  d'Orcy;  plu- 
sieurs membres  du  Comité  d'instruction 
publique  se  joignirent  à  la  députation,  qui 
revint  bientôt  après  annoncer  qu'un  sursis 


à  la  vente  avait  été  décrété  (F^'  *  7,  folio  34, 
verso).  En  effet,  ce  même  jour  10  ventôse, 
la  Convention,  sur  la  proposition  du  Co- 
mité des  finances,  rendit  un  décret  ordon- 
nant de  surseoir  à  la  vente.  Deux  autres 
décrets  furent  votés  à  la  suite  :  l'un  ren- 
voyant au  Comité  d'instruction  publique  la 
proposition  faite  par  Jean  De  Bry  de  prohiber 
toute  sortie  de  livres  du  territoire  de  la 
République;  l'autre  chargeant  le  Comité  de 
salut  public  de  prendre  des  mesures  pour 
empêcher  l'exportation  des  objets  pouvant 
intéresser  les  arts.  Nous  donnons  aux  an- 
nexes ,  A  (  p.  5  3  2  ) ,  d'après  le  procès-verbal  de 
la  Convention  et  le  Moniteur,  le  texte  de  ces 
trois  décrets  et  le  compte-rendu  de  la  dis- 
cussion. Pour  la  suite  de  l'affaire  Gigot 
d'Orcy,  voir  la  séance  du  1 7  ventôse  (  p.  5  5 1  ) , 
et,  pour  la  question  de  la  prohibition  de  la 
sortie  des  livres,  celle  du  i3  ventôse 
(p.  538). 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE. 


531 


après  s'être  concerté  avec  le  Comité  des  finances,  fera  à  la  Convention 
la  proposition  d'accorder  les  avances  énoncées  pour  cette  entreprise  ^^^. 

Petit  lit  un  rapport  et  un  projet  de  décret  sur  la  suppression  de 
l'Ecole  militaire,  la  levée  du  scellé  de  son  administration  et  l'inven- 
taire de  ses  papiers.  Adopté ^^l 

Villar  lit  un  projet  de  décret  sur  les  objets  provenant  des  émigrés 
et  dont  la  nation  n'est  propriétaire  qu'en  partie.  Adopté '-^^ 

Sur  la  représentation  faite  par  un  membre  de  la  nécessité  de 
prendre  connaissance  des  opérations  faites  par  la  Commission  des  arts 
de  Versailles,  le  Comité  a  arrêté  qu'il  serait  écrit  à  l'administration 
du  département  de  Seine-et-Oise,  et  qu'il  lui  sera  fait  à  ce  sujet  un 
certain  nombre  de  questions  auxquelles  elle  sera  avertie  de  répondre 
dans  le  plus  court  délai  ^^l 


(^^  Voir  la  séance  du  7  ventôse  (p.  A 99) 
et,  pour  la  suite,  celle  du  21  ventôse 
(p.  559). 

(^)  Voir  dans  notre  tome  I",  pages  3 1 9 
et3ai,  la  pétition  des  administrateurs  de 
la  Fondation  de  l'École  militaire.  Une  dé- 
cision du  Conseil  exécutif  du  28  novembre 

1792  avait  supprimé  l'Ecole  militaire,  et 
les  scellés  avaient  été  apposés  le  6  février 

1793  sur  les  registres  de  l'ancienne  admi- 
nislrallon;  mais  l'article  2  du  décret  du 
18  juin  1793  ordonna  la  levée  de  ces 
scellés  (t.  I",  p.  A 67).  Malgré  ce  décret, 
les  registres  restèrent  sous  les  scellés,  et 
les  administrateurs  ne  purent  rendre  leurs 
comptes.  La  décision  du  Conseil  exécutif 
était  attaquée  comme  illégale  par  les  admi- 
nistrateurs, qui  prétendaient  qu'un  décret 
seul  pouvait  supprimer  la  Fondation;  or 
ce  décret  n'était  pas  intervenu;  celui  du 
9  septembre  1793  avait  supprimé  aies 
écoles  militaires»,  c'est-à-dire  les  collèges 
011  étaient  reçus  les  élèves  de  la  Fondation 
de  l'Ecole  militaire;  mais  de  la  Fondation 
même  le  décret  n'avait  rien  dit,  parce  que 
le  rapporteur  la  croyait  déjà  légalement 
supprimée  (en  etlet,  la  lettre  do  Xavier 
Audouin  du  6  août  1793  disait  :  «Cet  éta- 
blisseujent  n'existe  plus  »  ;  voi  r  notre  tome  II , 
p.  37H). 

lue    pt'iition     des    adiiiiiiisli'.ilciirs     d' 


la  Fondation,  présentée  à  la  Convention 
en  brumaire,  fut  renvoyée  au  Comité  d'in- 
struction publique;  elle  y  fut  enregistrée 
sous  le  n"  1126  (F^',  carton  1006;  la  pièce 
manque);  ce  fut  cette  pétition  qui  donna 
lieu  au  rapport  de  Petit.  Le  rapport  fut  pré- 
senté à  la  Convention  le  16  ventôse,  et 
l'assemblée  vota  le  projet  de  décret  qui 
l'accompagnait.  Ni  le  procès-verbal  de  la 
Convention  ni  les  journaux  ne  font  mention 
de  ce  décret;  mais  le  rapport  de  Polit,  im- 
primé par  ordre  de  l'assemblée,  existe,  et 
le  procès-verbal  de  la  séance  du  Comité 
d'instruction  publique  du  17  ventôse  dit 
expressément  (p.  55])  que  TEcolo  militaire 
vient  d'être  «supprimée  par  un  décret  71, 
ce  qui  implique  l'adoption  du  projet  pré- 
senté à  la  Convention  la  veille.  Nous  don- 
nons aux  annexes,  B  (p.  533),  le  texte  du 
rapport  et  du  projet  de  décret  lus  par 
Petit. 

^•^)  Cet  alinéa  n'existe  qu'à  la  minute. 
Voir  la  séance  du  39  pluviôs(>  (j).  A 70).  La 
question  reviendra  à  l'ordre  du  jour  le 
5  messidor  an  11. 

^*^  La  réponse  de  l'administration  de 
Seine-et-()ise  a  été  enregistrée  sous  le 
n°  9i3G(F''',  carton  io(u/);  elle  manque. 
Km  voiri  le  résumé  :  «Le  présidonl  du  dé- 
partoment  de  Soiuo-el-Oiso  fait  lonnailre 
;hi  Comité  les  moyens  employés  pour  léunir 


3'i 


532      PROCÈS-VEIIBAUX  DU  COMITE  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 
La  séance  est  levée  à  dix  heures  et  demie  ^^^. 

PIÈCES  ANNEXES. 


On  Ut  dans  le  Moniteur  (^)  : 

Convention  nationale,  séance  du  lo  ventôse. 
Monnot,  au  nom  du  Comité  des  fmances,  propose  le  projet  de  de'cret  suivant  : 

ffLa  Convention  nationale,  après  avoir  entendu  son  Comité'  des  fmances,  dé- 
crète qu'il  est  sursis  à  toute  vente  de  bibliothèque  ou  autres  biens  annoncés  et 
alîicliés  par  la  veuve  et  héritiers  de  Gigot  d'Orcy,  ci-devant  receveur  général  des 
finances  à  Châlons,  jusqu'après  l'apurement  du  compte  à  rendre  par  ladite  veuve 
et  héritiers  des  sommes  qu'ils  peuvent  redevoir  au  trésor  public  ;  charge  le  ministre 
des  contributions  publiques  de  faire  exécuter  le  présent  décret,  v 

Grégoire.  J'appuie  d'autant  plus  le  projet  du  Comité  que  les  étrangers,  ne 
pouvant  vaincre  la  République  par  la  force  des  armes,  cherchent  à  la  déshonorer 
en  lui  enlevant  les  monuments  des  arts  dont  elle  est  enrichie.  C'est  ainsi  qu'on  a 
déjà  fait  passer  chez  nos  ennemis  et  jusqu'en  Russie  des  manuscrits  très  précieux. 

Jean  De  Bry.  Ce  que  vient  de  dire  le  préopinant  doit  exciter  la  surveillance  la 
plus  active  de  la  part  de  la  Convention.  Je  demande  que  vous  décrétiez  en  prin- 
cipe la  prohibition  de  la  sortie  des  hvres  hors  du  territoire  de  la  Répubhque. 

On  demande  le  renvoi  au  Comité  d'instruction  publique. 

Grégoire.  J'entends  dire  autour  de  moi  qu'il  faut  des  distinctions  dans  cette 
mesure,  à  l'égard  des  livres  qui  peuvent  propager  les  principes  sacrés  de  la  Révo- 
lution française.  Certes,  ceux-là  ne  sauraient  être  trop  répandus.  Il  ne  s'agit  ici 
que  des  manuscrits  et  des  éditions  rares  et  précieuses. 

La  proposition  de  Jean  De  Bry  est  adoptée  avec  le  projet  de  décret  du  Comité 
des  finances  : 

cfEt  sur  la  proposition  faite  par  un  membre  de  prohiber  toute  sortie  de  livres 
du  territoire  de  la  République  jusqu'à  la  paix ,  la  Convention  renvoie  à  son  Comité 
d'instruction  publique  pour  lui  faire  un  rapport  dans  la  séance  de  demain  ^^^w 


dans  un  dépôt  convenable  tous  les  objets  de 
sciences  et  arts  qui  se  sont  trouvés  dans  les 
maisons  d'émigrés  de  son  ressorte.  La  che- 
mise porte  cette  note  :  v.  Renvoyé  à  l'agent 
de  la  Commission  des  arts,  28  ventôse. 
J.-M.  Coupé,  secrétaire.-/)  Le  procès-verbal 
de  la  séance  du  28  ventôse  ne  mentionne 
pas  ce  renvoi.  —  Pour  la  suite  de  ce  qui 
conrorne  la  Commission  des  aris  de  Ver- 
sailles, voir  la  séance  du  8  germinal  an  n. 
''^  Pas  de  signatine,    ni  à  la  minute  ni 


au  registre.  La  minute  est  de  la  main  de 
Coupé. 

^2)  Voir  aussi  le  procès-verbal  de  la  Con- 
vention, t.  XXXIl,  p.  386. 

^•'^)  Le  Moniteur  et  le  procès-verbal  pla- 
cent ce  second  décret  plus  haut  à  la  suite 
du  décret  proposé  par  le  Comité  des 
finances,  comme  second  alinéa.  Il  nous  a 
paru  préférable  de  l'en  séparer  pour  le  re- 
mettre à  sa  place  naturelle. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  533 

Thibault.  H  faut  que  la  Convention  sache  qu'il  s'est  forme  à  Paris  une  pre'ten- 
due  commission  de  l'étranger  qui  se  dit  autorisée  du  Comité  de  salut  public  pour 
acheter  des  objets  de  luxe  et  les  faire  passer  hors  de  la  République.  Cette  Com- 
mission a  formé  un  fonds  de  cinquante  millions  pour  cette  entreprise.  Je  voudrais 
d'abord  savoir  si  le  Comité  de  salut  public  a  donné  réellement  cette  autorisation, 
et  ensuite  je  désirerais  que  la  Commission  du  Muséum  '^  examinât  si ,  parmi  les 
objets  achetés  par  ces  entrepreneurs,  il  n'y  en  a  pas  qui  puissent  contribuera  orner 
le  Muséum.  Je  demande  donc  le  renvoi  de  mon  observation  au  Comité  de  salut 
public  et  à  la  Commission  du  Muséum. 

Ce  renvoi  est  décrété  ^^^  : 

ffLa  Convention  nationale  décrète  que  le  Comité  de  salut  public  prendra  toutes 
les  mesures  convenables  pour  empêcher  l'exportation  des  objeîs  qui  peuvent  inté- 
resser les  arts  et  enrichir  le  Muséum  national  ^^^  ?) 


RAPPORT  ET  PROJET  DE  DECRET  PRESENTES,  AU  NOM  DU  COMITE  D'INSTRUCTION 
PUBLIQUE,  PAR  MICHEL-EDME  PETIT,  LE  1 6  VENTOSE,  L'AN  II  DE  LV  REPU- 
BLIQUE UNE    ET    INDIVISIBLE. 

De  l'Imprimerie  nationale,  s.  d.  (*). 

ÉCOLE  MILITAIRE. 

Citoyens , 

Vous  avez  renvoyé  à  votre  Comité  d'instruction  publique  une  pétition  des  ad- 
ministrateurs de  l'Ecole  militaire  de  Paris. 

Cet  établissement,  réservé  par  l'Assemblée  constituante,  non  supprimé  par 
aucun  décret  de  l'Assemblée  législative,  ni  par  aucun  de  vos  décrets,  a  été  sup- 
primé par  une  décision  du  Conseil  exécutif  du  28  novembre  1792.  En  consé- 
quence de  cette  décision  arbitraire,  les  scellés  ont  été  apposés,  conformément  aux 
ordres  du  ministre  de  la  guerre,  sur  les  archives  de  l'administralion,  par  un  ci- 
toyen nommé  par  ledit  ministre  à  cet  effet,  et  nommé  en  outre  par  le  même  mi- 
nistre a  l'effet  de  veiller  à  la  conservation  des  bâtiments,  meubles,  etc.,  et  de  faire 
tout  ce  qui  pourrait  être  utile  à  la  République.  Le  neveu  de  ce  citoyen  a  été  nommé 
par  lui  gardien  du  scellé  :  ce  citoyen ,  noimné  conservateur  de  cette  maison  im- 
mense, s'y  est  logé;  il  a  pris  possession  de  tout  sans  inventaire  |)r(^'alal)lo;  et 
grand  nombre  d'effets  très  précieux,  tels  que  les  meubles  de  la  chapelle,  une 
très  grande  quantité  de  fer,  de  plomb,  de  cuivre,  de  fonte,  qui  existaient  dans  les 
magasins  en  décembre  1792,  un  superbe  tapis  de  pied  servant  à  la  salle  du 

^'^   L'oraleur  désigne  pai*  celle  exprès-  la   (^oiivenlioii   le  texte  île  ce  décret,  qui 

sion  le  ConserNaloire  du  ]\lus(''imi  des  aris.  n'est  pas  reproduit  par  le  Moniteur. 

^'^  Moniteur  du  \  9.  venlôse  an  11 ,  j).  ()55.  ^*'   liibliolliècpie    na(ionali\     Ij-^'^  ■70.')^ 

^•''*   Nous  empruntons  au  procès-verbal  de  in-S";  Musée  podago^l(pie,  u'  iiGô*». 


534      PROCÈS -VERBAUX  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

conseil,  sont  disparus;  toutes  les  cloisons  intérieures  des  bâtiments  à  droite,  ainsi 
que  les  boiseries,  ont  éié  détruites.  Un  passage  donnant  sur  le  Champ  de  la  Révo- 
lution, passage  que  les  administrateurs  avaient  fait  supprimer,  pour  empêcher 
que  Ton  n'emportât  les  etlets  de  la  maison,  a  été  rétabh.  Les  jardins,  dont  les 
seuls  légumes  avaient  été  estimés  trois  cents  livres,  ont  été  loués  par  le  citoyen  con- 
servateur à  un  jardinier,  à  condition  de  rendre  tous  les  fruits  au  conservateur,  et  d'ap- 
provisionner sa  maison  de  légumes.  C'est  ainsi  que  cette  maison,  dont  le  mobilier 
était  immense,  présente  aujourd'hui  de  tous  côtés  le  délabrement,  le  désordre  et 
la  misère. 

L'administration  qui,  en  décembre  1792,  avait  porté  au  Trésor  national  une 
somme  de  un  million  neuf  cent  mille  hvres,  malgré  toutes  les  dépenses  et  améliora- 
tions qu'elle  avait  faites ,  cette  administration  dont  la  gestion  avait  été  celle  de  l'intelli- 
gence, de  réconomie  et  de  la  probité,  qui  avait  remis  au  conservateur  tous  les  inven- 
taires du  mobilier  alors  existant,  l'administration  reçut  du  ministre  de  la  guerre  une 
lettre  qui  lui  disait  que  ses  fonctions  étaient  sans  objet,  qu'elles  cesseraient  au 
bout  de  trois  jours,  et  cependant  lui  enjoignait  de  tenir  ses  registres  de  comptabi- 
lité prêts  pour  le  1"  décembre  (remarquez  que  les  papiers  et  registres  de  l'admi- 
nistration étaient  sous  le  scellé  du  citoyen  devenu  conservateur,  et  qu'ils  y  sont 
encore,  malgré  votre  décret  du  18  juin  dernier);  et  cependant  cette  lettre  enjoi- 
gnait à  l'administration  de  donner  l'état  nominatif  des  administrateurs,  des  em- 
ployés, des  pensions  accordées  sur  les  fonds  de  la  Fondation,  des  élèves  qui  sont 
dans  les  collèges  à  la  charge  de  la  Fondation,  avec  une  note  instructive  sur  la 
famille  de  chacun,  enfin  l'état  des  élèves  placés  dans  les  corps  et  qui  jouissent  de 
la  pension  de  deux  cents  livres;  et  cependant  le  ministi-e  de  la  guerre,  le  directeur 
général  de  la  hquidation  |)our  ce  qui  regarde  les  employés  de  la  loterie  supprimée, 
les  entrepreneurs  de  bâtiments,  les  ouvriers,  les  fournisseurs  qui  ont  besoin  de 
mémoires  arrêtés,  et  tous  les  locataires  des  maisons  et  terrains  dépendants  de  la 
Fondation ,  ont  été  et  sont  encore  aujourd'hui  avec  l'administration  dans  une  cor- 
respondance active  et  forcée,  correspondance  d'autant  plus  pénible  que  l'admi- 
nistration n'a  dans  ce  moment  à  sa  disposition  qu'une  partie  de  ses  registres  et 
papiers!  L'administration  est  plus  occupée  pour  concourir  à  la  suppression  illé- 
gale de  cette  maison  qu'elle  ne  l'était  pour  y  entretenir  l'ordre  et  l'économie. 

Tous  les  faits  que  je  viens  d'articuler  résultent  des  pièces  et  renseignements 
que  je  tiens.  Je  vous  propose  donc ,  au  nom  du  Comité  d'instruction  publique ,  le 
projet  de  décret  suivant  : 

PROJET  DE  DÉCRET. 

La  Convention  nationale,  après  avoir  entendu  le  ra[)port  de  son  Comité  d'in- 
struction publique,  décrète  ce  qui  suit: 

Article  premier.  L'École  militaire  de  Paris,  n'ayant  pas  été  comprise  dans  les 
décrets  portant  suppression  de  pareils  établissements,  est  supprimée  par  le  présent 
décret. 

Art.  2.  Les  scellés  apposés  sur  les  archives  seront  levés  sans  délai. 

Art.  3.  li  sera  fait  par  un  commissaire  du  Conseil  exécutif,  contradictoirement 


DE  LA  GONVENTlOiN  NATIONALE.  535 

avec  les  ci-devant  administrateurs  de  l'Ecole  militaire,  un  inventaire  des  registres, 
papiers  et  titres  qui  se  trouveront  sous  le  scelle. 

Art.  à.  Seront  seulement  remis  aux  administrateurs  les  registres  de  compta- 
bilité et  les  pièces  relatives  au  compte  qu'ils  ont  à  rendre. 

Art.  5.  Les  administrateurs  seront  tenus  de  présenter  leur  compte  au  ministre 
de  la  guerre,  dans  deux  mois,  à  compter  du  jour  de  la  clôture  dudit  inventaire; 
et  les  appointements  dont  ils  jouissaient  leur  seront  alloue's  en  dépense  jusqu'au 
jour  de  la  présentation  de  leur  compte. 

Art.  6.  Les  pièces  déposées  au  Comité  d'instruction  publique  et  relatives  aux 
dilapidations  qui  pourraient  avoir  eu  lieu  dans  le  mobilier  de  l'Ecole  militaire,  de- 
puis le  mois  de  décembre  1 792  jusqu'à  ce  jour,  seront  remises  au  Comité  de  sûreté 
générale  qui,  conjointement  avec  le  Comité  des  domaines,  s'occupera  de  cet  objet 
pour  en  faire  un  rapj)ort  à  la  Convention  nationale ,  dans  le  plus  bref  délai. 


536      PROCÈS -VERBAUX  DU  COMITE  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 


DEUX  CENT  SEPTIEME  SEANCE 

Du  i3  ventôse  an  ii.  [3  mars  179^.] 

Un  manuscrit  intitule  Géographie  universelle  et  politique  est  présenté 
pour  le  concours  des  livres  élémentaires  :  il  est  coté  n°  1  et  déposé  au 
Comité. 

Un  membre  propose  de  nommer  deux  commissaires  spécialement 
chargés  de  recevoir,  enregistrer  et  donner  récépissé  de  tous  les  manu- 
scrits de  livres  élémentaires  proposés  au  concours,  et  un  commis  qui 
consignera  les  récépissés,  et  que  ces  manuscrits  soient  déposés  dans 
une  armoire  à  trois  clefs.  Arrêté. 

Les  deux  commissaires  nommés  sont  Lindet  et  Villar,  et  le  commis 
est  Baston  ^^\ 

Le  citoyen  Morin  offre  au  Comité  un  ouvrage  de  sa  composition, 
intitulé  Mécanisme  de  la  nature.  Le  Comité  en  ordonne  mention  au 
procès-verbal  ^^\ 

La  Commission  des  monuments  supprimée  ayant  écrit  au  Comité 
pour  répondre  à  la  demande  qui  lui  a  été  faite  de  rendre  ses  comptes, 
un  membre  propose  que  le  président  écrira  à  cette  Commission  pour 
qu'elle  se  rende  à  sa  séance  du  1  7  de  ce  mois  au  soir,  avec  le  registre 
de  ses  délibérations  et  le  bordereau  de  ses  papiers  ou  inventaires, 
l'état  de  tous  ses  agents  ou  employés.  Arrêté  ^^\ 


(^)  Nous  voyons  prendre  ici  les  premières 
mesures  d'exécution  pour  le  concours  des 
livres  élémentaires  décrété  le  8  pluviôse.  Il 
faut  noter,  toutefois,  qu'avant  la  réception 
du  manuscrit  de  la  Géographie  naturelle  et 
politique,  sans  nom  d'auteur,  qui  reçoit  le 
n°  1,  le  Comité  avait  déjà  accueilli  pour  le 
concours  deux  autres  ouvrages  :  les  modèles 
d'écriture,  de  Lavoye  (5  et  7  ventôse, 
pages  690  et  5oi),  et  V Atlas  méthodique  et 
élémentaire ,  de  Desnos (7  ventôse,  p.  5oi). 
—  Aucun  des  nombreux  ouvrages  envoyés 
pour  le  concours  et  cotés  à  partir  du  1 3  ven- 
tôse ne  se  retrouve  dans  les  cartons  du  Co- 
mité. 

(^^   Enregistré  sous  le  n"  igSa  (F^',  car- 


ton 1009^),  ^^^^^  qu'un  autre  ouvrage 
du  même  auteur,  intitulé  Calendrier  per- 
pétuel. Le  premier  de  ces  ouvrages  n'est 
pas  en  place. 

(^5  Voir  la  séance  du  9  ventôse  (p.  5o6). 
La  lettre  de  la  Commission  des  monu- 
ments, dui3  ventôse  (p.  599),  demandait 
au  Comité  de  nommer  des  commissaires  pour 
recevoir  les  papiers  de  la  Commission  dans 
le  lieu  de  ses  séances.  Ces  commissaires  se- 
ront désignés  le  1 7  ventôse.  La  Commission 
des  monuments,  invitée  à  se  rendre  à  la 
séance  du  Comité  du  17,  et  à  y  apporter  ses 
registres ,  reçut  communication  de  cet  arrêté 
le  1 6 ,  et  chargea  trois  de  ses  membres  d'al- 
ler, le  lendemain ,  au  Comité  d'instruction 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  537 

Un  membre  propose  que  le  président  écrira  au  ministre  de  Finté- 
rieur  pour  savoir  de  lui  la  raison  du  retard  de  l'envoi  de  la  loi  qui 
supprime  la  Commission  des  monuments.  Arrêté  '^^. 

Le  Comité  nomme  les  citoyens  Plaichard,  Duhem,  Guyton  et  Four- 
croy  en  qualité  de  commissaires  pour  aller  se  concerter  avec  le  Comité 
de  la  guerre  pour  la  nomination  du  Conseil  de  santé  '^^ 

Un  plan  d'une  place  de  la  Révolution  et  d'un  temple  à  la  Liberté  et  à 
la  Vérité,  à  Montpellier,  est  présenté  au  Comité.  La  lettre  qui  annonce 
cet  envoi  a  été  lue  à  la  Convention  le  8  ventôse.  Déposé  au  Comité  ^^\ 

Le  citoyen  Brazier  présente  au  Comité  deux  modèles  d'écriture  pour 
servir  au  concours.  Déposé  et  coté  ^^\ 

Deuxième  numéro  des  Décades  républicaines  présentées  au  Comité, 
Renvoyées  à  Prunelle  ^^\ 

Sur  la  demande  du  citoyen  Rozet,  relative  à  ce  qu'il  a  proposé 
d'effacer  l'empreinte  royale  sur  les  volumes  de  la  Bibliothèque  natio- 
nale ,  le  Comité  passe  à  l'ordre  du  jour,  motivé  sur  le  décret  qui  or- 
donne qu'il  n'y  sera  pas  touché  ^^\ 

Un  membre  propose  de  choisir,  dans  la  Commission  des  arts,  une 
section  particulière  pour  discerner  et  examiner  les  manuscrits  qui 
s'inventorient  dans  tous  les  dépôts  supprimés  et  chez  les  émigrés,  et 
en  être  responsables.  Ajourné  ^"^l 

Lettre  de  la  municipalité  de  Paris  sur  l'établissement  des  écoles 
primaires.  Renvoyé  à  Bouquier^^l 

publique ,  munis  des  pièces  demandées.Voir,  ^^)  La  lettre  lue  à  la  Convention  le  8  vén- 
aux annexes,  A  (p.  BSg),  un  extrait  du  lôse  est  du  représentant  Boisset  (Procès- 
procès-verbal  de  la  séance  de  la  Commis-  verbal  de  la  Convention,  t.  XXXII,  p.  277). 
siou  des  monuments  du  i6  ventôse  an  11,  Nous  n'avons  trouve  ni  la  lettre,  ni  le  plan, 
séance  qui  fut  la  dernière.  (*)  La  lettre  de  Brazier  et  son  ouvrage, 

Pour  la  suite,  voir  la  séance  du  Comité  VArt  d'écrire  simplifé,  ont  été  enregistrés 

du  17  ventôse,  p.  552.  sous  le  n"  âo63  (F'\  carton  1009*);  lettre 

(')   La  réponse  que  dut  faire  le  ministre  et  ouvrage  ne  sont  pas  en  place, 
de  l'intérieur  n'est  pas  mentionnée  dans  les  ^^^   C'est  l'ouvrage  périodique  de  Serieys  : 

procès-verbaux  ultérieurs,  et  nous  ne  l'avons  voir  la  séance  du  3  ventôse  (p.  'i85).  Il  en 

pas  retrouvée.  sera  de  nouveau  question  le  .')  gerujinal  an  u. 

^^'  Le  a8  ventôse,  les  Comités  réunis  de  ("'  Voir  la  séance  du  i5  pluviôse  (p.  892) 

la  guerre,  d'instruction  publique  et  do  la  et,  pour  la  suite,  cellodu  5  germinal  an  11. 
marine  proposeront  à  la  Convention   une  '-"^  Le    19  ventôse   (p.  557),  ""  arrêté 

liste  de  trois  cent  soixante  ofTiciers  de  santé,  prescrira  à   la   Connnission  les  mesures  à 

pour  former  la  Connnission  de  santé.  (Pro-  prendre  relativement  aux  manuscrits, 
cès-verbal  de   la   Convention,   t.  WXIU,  ^'*'    Déjà,    le  19    pluviôse   (p.  /i33),    le 

p.  A  18.)  Comité  avait  entendu  la  lecture  d'une  lettre 


538       PROGÈS-VERBVUX  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

Sur  une  pétition  de  la  section  du  Mont-Blanc  pour  un  local  de 
gymnase  et  d'institut  à  accorder  au  citoyen  Mangard,  le  Comité  passe 
à  l'ordre  du  jour,  motivé  sur  ce  que  le  pétitionnaire  peut  s'adresser  à 
roux  qui  sont  chargés  de  ces  locations.  Quant  à  la  seconde  partie  de  la 
mémo  pétition,  tendante  à  faire  confier  au  citoyen  Mangard  les  livres 
qui  sont  sous  les  scellés  dans  l'étendue  de  la  section  du  Mont-Blanc, 
le  Comité  ajourne  jusqu'au  travail  général  sur  les  bibliothèques  na- 
tionales ^^^ 

Arrêté  qu'il  ne  sera  point  fait  à  la  Convention  nationale  de  rap- 
port sur  le  commerce  et  l'exportation  des  livres ,  attendu  la  loi  sur  cette 
matière  et  les  mesures  prises  par  le  Comité  de  salut  public  ^'^K 

Un  membre  propose  de  nommer,   en  conséquence  du  décret  du 

ventôse,  deux  commissaires  pour  assister  à  la  levée  des  scellés  ap- 


1  1 


crun  oiîicior  municipal  de  Paris,  relative  à 
des  difficultés  dans  rexécution  de  la  loi  du 
99  frimaire.  La  lettre  lue  le  i3  ventôse, 
enregistrée  sous  le  n°  2077  (F^\  car- 
ton 1009^),  était  une  lettre  de  rappel; 
elle  manque.  En  voici  le  résumé  :  «Les 
officiers  municipaux  administrateurs  des 
établissements  publics  de  Paris  demandent 
une  solution  sur  diff*érentes  observations 
faites  au  Comité ,  relativement  à  l'exécution 
de  la  loi  du  99  frimaire  sur  l'instruction 
publique  en  ce  qui  concerne  la  commune 
de  Paris «.  On  lit  sur  la  chemise  :  «Renvoyé 
à  Bouquier  le  i3  ventôse  55. 

^^)  Le  Comité  avait  déjà  reçu,  le  9  plu- 
viôse (p.  36o),  le  plan  d'un  établissement 
d'éducation  présenté  par  Mangard,  et  avait 
passé  à  l'ordre  du  jour  le  1 1  pluviôse 
(p.  877).  La  pétition  de  la  section  du 
Mont-Blanc  fut  présentée  à  l'assemblée  le 
i3  ventôse  (le  procès-verbal  de  la  Con- 
vention ne  la  mentionne  pas)  et  renvoyée 
au  Comité ,  où  elle  fut  enregistrée  sous  le 
n°  9062  (F^',  carton  1009^).  Dans  cette 
pièce,  sans  date,  les  pétitionnaires  rap- 
pellent que  Mangard  a  présenté  à  la  Con- 
vention, qui  l'a  renvoyé  au  Comité  d'in- 
struction publique  le  8  pluviôse,  le  plan 
d'un  Institut  patriotique  ou  Ecole  élémen- 
taire des  sciences,  arts  et  métiers  utiles  au 
service  de  la  patrie.  Ils  demandent  qu'on 


accorde  à  Mangard,  pour  y  installer  son 
Institut,  une  maison  située  rue  de  Pro- 
vence, n°  18,  contre  un  loyer  de  6,000  li- 
vres; et  que  les  livres  appartenant  à  la 
nation,  dans  l'étendue  de  la  section,  soient 
confiés  à  Mangard  jusqu'à  l'organisation 
des  bibliothèques  nationales.  On  lit  en 
marge  :  cr Renvoyé  au  Comité  d'instruction 
publique  le  treize  ventôse  l'an  deux  de  la 
République.  Oudot,  secrétaire t^  ;  et  plus 
bas  :  ff  L'ordre  du  jour  sur  la  première  par- 
tie, l'ajournement  sur  la  seconde.  i3  ven- 
tôse. J.-M.  Coupé,  secrétaire.n 

^'^)  La  Convention  avait  chargé  le  Comité , 
le  10  ventôse,  de  lui  faire  un  rapport  sur 
une  proposition  de  Jean  De  Bry,  tendant  à 
prohiber  la  sortie  des  livres  (voir  p.  532). 
Comme  l'assemblée  avait  en  même  temps 
chargé  le  Comité  de  salut  public  de  prendre 
des  mesures  pour  empêcher  l'exportation 
des  objets  pouvant  intéresser  les  arts,  le 
Comité  d'instruction  publique  estima  qu'un 
rapport  sur  la  question  serait  superflu.  Ce- 
pendant, le  19  ventôse,  la  question  sera 
renvoyée  à  Grégoire  (p.  556).  Nous  don- 
nons aux  annexes,  B  (p.  5Ao),  im  arrêté 
du  Comité  de  salut  public  du  20  ventôse 
et  une  délibération  du  Conseil  exécutif 
provisoire  du  92  ventôse,  relatifs  à  ces 
mesures. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE. 


539 


posés  sur  (les  caisses  de  médailles  déposées  à  la  Trésorerie.  Les  deux 
commissaires  nommés  sont  Villar  et  Prunelle  ^^^. 

Le  département  de  Paris  ayant  envoyé  au  Comité  une  lettre  origi- 
nale de  Charles  IX  à  Charles  de  Louviers  ^^^  pour  le  récompenser  de 
l'assassinat  du  connétable  de  Mouy  ^^\  Grégoire  est  chargé  de  vérifier  ce 
qui  concerne  la  mort  du  connétable  de  Mouy,  et  d'en  donner  connais- 
sance à  la  Convention  ^^\ 

La  séance  est  levée  à  dix  heures  et  demie  ^^\ 

PIECES  ANNEXES. 


On  lit  dans  le  registre  des  procès-verbaux  de  la  Commission  des  monuments  : 

Séance  du  1 6  ventôse  de  l'an  deux  de  la  République  française  une  et  indivihle. 

Présents  :  L,-A.  Mercier,  Lemonnier,  Boizot,  Moreau  le  jeune,  Jollain,  F.-A. 
Mulot,  secrétaire ^'^l 

[Mercier  préside,  Lemonnier  tient  la  plume.] 

...  Un  membre  observe  que  dans  la  dernière  lettre  du  ministre  de  rinlérienr 
à  la  Commission  ^'\  il  dit  :  rrJe  persiste  à  regarder  comme  une  noliiicalion  for- 
melle ma  lettre  du  1 5  nivôse  par  laquelle  je  vous  ai  annoncé  l'envoi  qui  m'a  été 


^'^  11  s'agit  d'un  déciet  en  2 a  articles, 
rendu,  le  1 1  ventôse,  sur  le  rapport  du 
Comité  des  finances,  relatif  à  l'emploi  à 
faire  des  diamants,  pierres  précieuses, 
perles  et  autres  bijoux  déposés  à  l'admi- 
nistration des  domaines  nationaux,  et  de 
tous  les  objets  de  cette  nature  appartenant 
à  la  nation  ;  les  articles  ao  et  ai  concernent 
des  dispositions  particulières  concernant  des 
caisses  de  médailles  déposées  à  la  trésorerie. 
Nous  donnons  le  texte  de  ces  articles  aux 
annexes,  G  (p.  5/ti). 

('^)  Le  rédacteur  du  procès-verbal  a  mal 
désigné  l'objet  de  cette  lettre  de  Cbarles  IX , 
qui  n'est  pas  adressée  à  Cbarles  de  Louviers, 
mais  au  duc  d'Alençon.  H  faut  lire  :  «une 
lettre  originale  de  Cbarles  IX  au  duc  d'Alen- 
çon, lui  ordonnant  de  donner  le  collier  de 
son  ordre  à  Cbarles  de  Louviers  pour  le 
récompenser  75,  etc. 

^•')  Mouy  n'était  pas  connétable  ;  c'était 
un  des  cbefs  du  parti  buguenol  ;  il  rem- 


plissait les  fonctions  de  gouverneur  de  Mort. 
L'erreur  commise  ici  par  le  rédacteur  du 
procès-verbal  a  été  empruntée  par  lui  à  la 
lettre  d'envoi  écrite  par  le  département  de 
Paris,  où  se  trouve  employée  l'expression 
inexacte  de  rr  connétable  de  Mouy  71. 

^*'  Grégoire  commuiii([ua  le  document  à 
la  Convention  le  lendemain,  1 '1  >entôse. 
L'assemblée  vota  le  dépôt  à  la  lUbliotbèque 
nationale  de  la  lettre  de  Cbarles  IX  et  de 
celle  du  département  de  Paris  qui  raccom- 
pagnait. Voir,  aux  annexes,  L)  (p.  D^ii), 
le  texte  de  ces  deux  pièces,  avec  un  extrait 
du  Moniteur. 

^^)  l^as  de  signature,  ni  à  la  minute  ni 
au  registre.  La  minute  est  de  la  main  de 
Coupé. 

(•'^  Mulot  avait  cessé  d'assister  aux 
séances  de  la  Commission  depuis  le  9  ni- 
vôse; il  ne  réparait  que  dans  cette  séance, 
qui  est  la  dernière. 

^')  (]elle  du  11  ventôse;  voir  p.  ÔaH. 


bhO      PROCÈS-VERBAUX  DU  COMITE  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

fait  le  9  de  cette  loi,  en  vous  invitant  conformément  à  l'article  8  de  remettre  dans 
le  plus  bref  délai  au  Comité  d'instruction  les  mémoires,  notes,  etc.«  L'opinant 
ajoute  qu'il  est  essentiel  de  constater  que  cette  lettre  du  1 5  nivôse  n'est  point 
parvenue  à  la  Commission  ;  en  conséquence  on  fait  l'examen  des  lettres  du  mi- 
nistre de  l'intérieur  reçues  dans  le  cours  de  nivôse  par  la  Commission ,  et  l'on 
trouve  qu'il  ne  nous  est  parvenu  (jue  deux  lettres  de  ce  ministre  durant  le  cours 
de  ce  mois.  Tune  datée  du  3  et  l'autre  du  98,  en  sorte  que  la  lettre  du  i5  allé- 
guée par  le  ministre  est  sans  doute  restée  dans  ses  bureaux.  En  conséquence,  la 
Commission  décide  que  le  fait  sera  consigné  dans  le  procès-verbal  d'aujourd'hui. 

.  .  .  Lettre  du  président  du  Comité  d'instruction  publique  par  laquelle,  en  ré- 
ponse à  celle  de  la  Commission  du  1 3  de  ce  mois ,  il  nous  invite  à  nous  présenter 
le  1 7  dans  la  séance  du  soir  avec  le  registre  de  nos  délibérations ,  le  bordereau  de 
nos  papiers  et  inventaires  et  le  tableau  des  agents  employés  par  nous,  La  matière 
mise  en  délibération ,  il  est  arrêté  que  trois  membres  de  la  Commission  supprimée 
se  rendront  demain  17  a  l'invitation  du  Comité,  munis  des  pièces  demandées. 
Ces  commissaires  sont  les  citoyens  Desmarest,  Moreau  et  Lemonnier,  qui  sont 
chargés  de  demander  au  Comité  de  déterminer  le  mode  d'exécution  de  l'article  8 
du  décret  de  suppression. 

. . .  Ajourné  au  nonidi  prochain  pour  connaître  la  réponse  du  Comité  aux  com- 
missaires ^^^ 


On  lit  dans  le  registre  des  arrêtés  du  Comité  de  salut  public  : 

Du  2  0  ventôse  an  11. 

(Présents  :  B.  Barère,  Carnot,  C.-A.  Prieur,  Couthon,  Collot  d'Herbois,  Saint- 
Just  et  R.  Lindet.) 

Le  Comité  de  salut  public ,  en  exécution  du  décret  de  la  Convention  du  1 0  de 
ce  mois  pour  empêcher  l'exportation  des  objets  qui  peuvent  intéresser  les  arts  et 
enrichir  le  Muséum  national,  arrête  : 

Que  le  Conseil  exécutif  provisoire  donnera  sur-le-champ  les  ordres  et  prendra 
toutes  les  mesures  nécessaires,  soit  auprès  des  armées,  soit  aux  domaines,  soit 
dans  les  ports,  pour  empêcher  toute  exportation,  par  toutes  les  frontières ,  de 
livres,  tableaux  et  autres  ouvrages  cjui  tiennent  au  perfectionnement  des  arts,  et 
au  complément  du  Muséum  et  de  la  Bibliothèque  nationale. 

Le  Conseil  exécutif  provisoire  rendra  compte  dans  trois  jours  au  Comité  des 
mesures  qu'il  aura  prises  pour  l'exécution  du  présent  arrêté. 

Du  2  A  ventôse  an  11. 

(Présents  :  B.  Barère,  Carnot,  C.-A.  Prieur,  Collot  d'Herbois,  Couthon,  Ro- 
bespierre, Billaud-Varenne,  Saint- Just  et  R.  Lindet.) 

Vu  la  délibération  du  Conseil  exécutif  provisoire  du  2  2  ventôse ,  dont  la  teneur  suit  : 

(^^  Archives  nationales,  F''* A.  —  La  Commission  des  monuments  n'a  pas  donné  suite 
à  sa  décision  de  se  réunir  encore  le  19  ventôse;  la  séance  du  16  a  été  la  dernière. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE. 


541 


ff Lecture  faite  de  l'aiTeté  du  Comité  de  salut  public  portant  qu'il  sera  donné 
des  ordres  pour  empêcher  toute  exportation  de  livres ,  tableaux  et  autres  ouvrages 
qui  tiennent  au  perfectionnement  des  arts,  au  complément  du  Muséum  et  de  la 
Bibliothèque  nationale  ; 

ffLe  Conseil  arrête  que  toutes  les  demandes  qui  lui  seront  présentées  à  l'effet 
d'autoriser  l'envoi  à  l'étranger  des  livres,  manuscrits,  tableaux  ,  cartes,  gravures, 
médailles  et  généralement  tous  ouvrages  qui  tiennent  aux  arts,  seront  renvoyées 
tant  au  directeur  de  la  Bibliothèque  nationale  qu'au  Conservatoire  du  Muséum  ,  qui 
jugeront  du  mérite  des  objets  dont  l'exportation  est  demandée  et  feront  leur  rap- 
port au  Conseil  de  ceux  dont  la  sortie  peut  être  permise  et  de  ceux  qu'il  est  inté- 
ressant de  conserver. 

crLe  présent  arrêté  sera  soumis  à  l'approbation  du  Comité  de  salut  pubUc. 

rrPour  ampliation  conforme  au  registre. 

ff  Signé  :  Desaugier,  secrétaire  par  intérim.  « 
Approuvé  par  le  Comité  de  salut  public ''^ 


EXTRAIT  D'UN  DECRET  DU  1  1  VENTOSE  AN  II,  RENDU  SUR  LE  RAPPORT  DU  COMITE 
DES  FINANCES,  ET  RELATIF  À  L'EMPLOI  DES  DIAMANTS,  PIERRES  PRECIEUSES, 
PERLES  ET  AUTRES  BIJOUX  ARPARTENANT  \  LA  NATION,  AINSI  QU'À  DES  CAISSES 
DE  MÉDAILLES   DEPOSEES    À    LA    TRESORERIE. 


ctArt.  20.  Les  Comités  des  finances  et  d'instruction  nouimerout  deux  membres 
|)Our  enlever  les  scellés  apposés  sur  des  caisses  contenant  des  médailles,  qui  sont 
déposées  à  la  trésorerie  nationale. 

ff  Art.  21.  Ils  feront  un  inventaire  des  effets  qui  s'y  trouveront.  Ils  feront  porter 
au  cabinet  des  médailles  celles  qui  seront  dans  le  cas  d'être  conservées ,  et  à  la 
Monnaie  de  Paris  celles  qui  devront  être  fondues  ^*\« 


On  lit  dans  le  Moniteur  ^^'^: 

Convention  nationale ,  séance  du  i  h  venlose. 

Grégoire.  Votre  Comité  d'instruction  })iibliqiio  m'a  chargé  de  vous   faire  un 
rapport  relatif  à  une  lettre  que  viennent  de  lui  adresser  les  adiuinislrateurs  du 

^')  Archives  nationales,  AFii*,  ^17.  (convention,  t.  WMll,  p.  10;  coUii-ci  ne 

^"^  Procès-verhal     de     la     Convention,  donne  ([u'iin   résumé   du  contenu    de   la 

t.  XXXII,  p.  37 A.  lettre  de  Charles  IX,  et  non  le  texte  com- 

^^^   Voir   aussi    le    procès-verhal    de   la  plet  des  doux  pièces. 


5/i2      PROCÈS -VERBAUX  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

(Idpartenienl  de  Paris,  en  lui  envoyant  une  lettre  originale  d'un  des  anciens  tyrans 
de  la  France.  Voici  ces  lettres  : 

Les  administrateurs  composant  le  département  aux  citoyens  représentants  du  peuple 
composant  le  Comité  d'instruction  publique  de  la  Convention  nationale. 

Paris,  le  i3  ventôse,  l'an  a*. 

Nous  vous  envoyons,  citoyens  reprc^sentants ,  l'original  d'une  lettre  d'un  des 
Nérons  de  la  France,  de  Charles  IX;  elle  est  adressée  à  son  frère  le  duc  d'Alençon , 
et  datée  du  lo  octobre  iSôq  ;  il  y  annonce  qu'il  vient  de  donner  le  collier  de  son 
ordre  à  Charles  de  Louviers,  seigneur  de  Moureviel^^^  pour  le  récompenser  de 
l'assassinat  du  connétable  de  Mouy^^^  Cette  pièce  nous  a  paru  un  titre  précieux 
pour  déposer  de  la  profonde  scélératesse  des  tyrans  qui  ont  gouverné  la  France , 
et  pour  fortifier  dans  l'esprit  d'un  peuple  qui  a  recouvré  sa  liberté  la  juste  hor- 
reur due  au  gouvernement  monarchique ,  qui  comble  de  faveurs  et  de  récompenses 
les  crimes  les  plus  atroces  commis  pour  l'intérêt  personnel  du  despote.  Nous  nous 
empressons  de  déposer  dans  vos  mains  ce  monument  de  crime  et  d'infamie ,  nous 
reposant  sur  vous  pour  en  faire  l'usage  le  plus  propre  à  fortifier  l'amour  du  répu- 
blicanisme. 

(Suivent  les  signatures.) 

Lettre  du  roi  Charles  IX. 

Mon  frère ,  pour  le  signalé  service  que  m'a  fait  Charles  de  Louviers ,  seigneur 
de  Moureviel^'\  présent  porteur,  étant  celui  qui  a  tué  Mouy  de  la  façon  qu'il 
vous  dira ,  je  vous  prie ,  mon  frère ,  de  lui  bailler  de  ma  part  le  collier  de  mon 
ordre ,  ayant  été  choisi  et  élu  par  les  frères  compagnons  dudit  ordre  pour  y  être 
associé,  et  faire  en  sorte  qu'il  soit,  par  les  manants  et  habitants  de  ma  bonne 
ville  de  Paris,  gratifié  de  quelque  honnête  présent  selon  ses  mérites;  priant  Dieu, 
mon  frère ,  qu'il  vous  tienne  en  sa  sainte  et  digne  garde. 

Écrit  au  Plessis-lès-Tours ,  le  lo^  jour  d'octobre  1869. 

Votre  bon  frère , 

Charles. 

Au  dos  :  A  mon  frère  le  duc  d'Alençon. 

Je  suis  allé  vérifier  à  la  Bibliothèque  nationale  les  faits  et  l'écriture.  Les  faits 
sont  très  exacts;  il  y  a  plus  ;  c'est  qu'après  avoir  lâché  le  coup  de  pistolet  à  Mouy, 
le  sieur  de  Moureviel  ^"^  redoutant  la  vengeance  de  son  fils ,  le  roi  lui  donna  deux 
de  ses  gardes  ;  ce  qui  n'empêcha  pas  le  fils  de  Mouy  de  tuer  cet  assassin  dans  la 

^^^  Le  Moniteur   a  imprimé  Montrevel;  viel.  Les  historiens  appellent  généralement 

le  procès-verbal    de   la  Convention,  Mon-  ce  personnage  Maurevel  ou  Maurevert. 
réveil;  le  Journal  des  débats  et  des  décrets,  ^^^  Sur  le  titre  de  connétable  donné  à 

Monireveil.L'd  lettre  originale  de  Charles IX  tort  à  Mouy,  voir  la  note  3  de  la  p.  589. 
porte,  d'après  M.  Henri  Bordier  [Histove  (^)   Voir  In  note  1  ci-dessus. 

de  I  ronce  de  Bordier  et  Cliarton),  Moure-  '^^   Voir  la  note  1  ci-dessus. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE. 


543 


rue  Saint-Denis,  au  milieu  de  ses  gardes.  Quant  à  l'écriture,  elle  est  incontesta- 
blement de-  Charles  IX.  Ainsi,  comme  la  publicité  de  cette  lettre  peut  servir  à 
augmenter  encore  l'horreur  du  peuple  pour  les  rois ,  je  demande  l'insertion  de  ces 
deux  lettres  au  Bulletin  et  leur  dépôt  à  la  Bibliothèque  nationale  ^^^ 
Ces  deux  propositions  sont  décrétées  ^^^ 


^^)  Le  Moniteur  a  imprimé  par  erreur  : 
trieur  dépôt  aux  Archives  nationales n.  Nous 
avons  rectifié  d'après  le  procès-verbal  de 
la  Convention,  qui  dit  :  rfLa  Convention 
nationale  décrète  l'insertion  de  cette  lettre 
et  de  celle  du  département  de  Paris  an 
Bulletin;  elle  en  ordonne  de  plus  le  dépôt 
parmi  les  manuscrits  de  la  Bibliothèque 
nationale^.  Le  Journal  des  débats  et  des 
décrets  ne  commet  pas  la  faute  dans  la- 
quelle est  tombé  le  Moniteur. 

Nous  avons  demandé  la  lettre  de 
Charles  IX  du  lo  octobre  iSôg  à  la  Bi- 
bliothèque nationale ,  déparlement  des  ma- 
nuscrits, oii  il  nous  a  été  déclaré  que,  vu 


l'absence  de  registre  d'entrée  pour  les  pièces 
déposées  à  la  Bibliothèque  pondant  la  Ré- 
volution, il  ne  serait  pas  possible,  sans  de 
longues  recherches,  de  retrouver  ce  docu- 
ment. Mais  il  existe  une  preuve  que  la  pièce 
en  question  est  bien  réellement  au  nombre 
des  manuscrits  conservés  dans  ce  dépôt  : 
c'est  le  l'ait  que  M.  Henri  Bordier  a  pu  re- 
produire cette  lettre  royale,  avec  l'ortho- 
graphe de  l'original,  dans  ['Histoire  de 
France  qu'il  a  publiée  en  collaboration  avec 
M.  Edouard  (îharlon  (t.  11,  p.  78);  il  avait 
donc  eu  le  document  sous  les  yeux, 

^■^)  Moniteur    du     i5    ventôse     an    u, 
p.  668. 


Uh      PROCÈS-VERBAUX  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

DEUX   CENT   HUITIÈME   SÉANCE. 

Du  i5  ventôse  an  ii.  [5  mars  i79^».] 

Le  Comité  arrête  qu'il  sera  écrit  au  citoyen  Ameilhon  pour  l'inviter 
à  faire  passer  à  la  Bil)llolhè(jue  nationale  deux  exemplaires  des  vo- 
lumes lik,  45  et  46  des  Mémoires  de  l'Académie  des  inscriptions, 
qui  sont  imprimés,  mais  pas  encore  publiés  ^^^ 

Arrêté  qu'il  sera  écrit  au  directeur  de  l'Imprimerie  nationale  exe- 
cutive pour  qu'il  envoie  à  la  Bibliothèque  nationale  un  exemplaire 
des  3*  et  4^  volumes  des  Notices  des  manuscrits  de  la  Bibliothèque 
nationale,  rédigées  parles  savants  que  le  gouvernement  en  avait  char- 
gés; et  sur  la  proposition  d'examiner  s'il  serait  à  propos  que  sur  le 
dépôt  des  livres  appartenant  à  la  nation ,  qui  sont  dans  les  magasins 
de  l'Imprimerie  nationale  executive,  on  en  envoyât  un  exemplaire 
dans  la  bibliothèque  de  chaque  district,  le  Comité  arrête  que  le  cata- 
logue de  ce  dépôt  sera  envoyé  à  la  section  de  bibliographie  du  Comité 
d'instruction  publique  pour  faire  partie  du  catalogue  général  des  livres 
appartenant  à  la  nation,  qui  les  répartira  dans  les  divers  établissements 
publics  ('^^ 

Sur  l'avis  du  comité  révolutionnaire  de  la  section  de  l'Homme- 
Armé ,  au  sujet  de  la  galerie  et  du  cabinet  d'histoire  naturelle  du  ci- 
toyen Poissonier,  qui  sont  sous  le  scellé ,  et  auxquels  on  avait  cou- 
tume d'avoir  recours  pour  des  cours  d'instruction,  le  Comité  arrête 
qu'il  sera  écrit  au  Comité  de  sûreté  générale,  et  qu'il  témoignera  sa  sa- 


(^)  Cet  alinéa  est  sur  un  papier  à  part, 
annexé  à  la  minute.  La  minute  porte  une 
première  rédaction,  moins  explicite,  de  ce 
même  alinéa.  Après  l'avoir  remplacée  par 
la  seconde,  Coupé  a  oublié  de  biffer  la  pre- 
mière, en  sorte  que  le  copiste  a  transcrit 
sur  le  registre  les  deux  alinéas  sans  s'aper- 
cevoir que  le  premier  faisait  double  emploi 
avec  le  second.  Voici  la  première  rédaction  , 
que  nous  n'avons  pas  cru  devoir  mainte- 
nir dans  le  texte  :  «Le  Comité  arrête  de  faire 
passer  les  trois  derniers  volumes  de  l'Acadé- 
mie des  inscriptions  à  la  Bibliothèque  natio- 


nale, et  d'en  charger  le  citoyen  Ameilhon». 
(^^  La  section  de  bibliographie,  à  la- 
quelle Duval  avait  été  adjoint  le  9  ventôse 
(p.  5o6),  va  prendre  une  activité  nouvelle  : 
elle  réclame  des  catalogues  dont  elle  a  be- 
soin (voir  aussi  27  ventôse,  p.  586);  elle 
réorganise  le  bureau  des  commis,  en  éli- 
minant Domergue,  dont  les  vues  ne  s'ac- 
cordaient pas  avec  celles  du  Comité  (  1 7  ven- 
tôse, p.  553);  enfin  Grégoire,  invité  le 
1"'  germinal  à  rédiger  ses  idées  sur  ia  bi- 
bliographie, présentera  le  22  germinal 
an  H  un  rapport  à  la  Convention. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE. 


oao 


tisfaction  au  comité  révolutionnaire  de  i'Homme-Armé  pour  sa  vigi- 
lance ^^\ 

Arrêté  qu'il  sera  accordé  1,8-75  livres  pour  la  cinquième  livraison 
d'une  gravure  sur  le  rapport  des  nouvelles  heures  avec  les  anciennes  -^ 

Le  Comité  arrête  que  des  membres  pris  dans  son  sein  se  trans- 
porteront dans  les  dépôts  de  la  guerre,  de  la  marine  et  autres  dépôts 
publics,  qu'ils  y  prendront  des  renseignements  sur  l'état  actuel  de  ces 
divers  dépôts  et  sur  leur  organisation;  qu'ils  j)résenteront  au  Comité 
un  rapport  sur  l'amélioration  dont  ces  établissements  peuvent  être 
susceptibles  et  sur  le  parti  le  plus  avantageux  qu'on  peut  en  tirer  pour 
la  défense  de  la  patrie,  les  progrès  de  l'esprit  public,  le  perfectionne- 
ment des  arts,  et  la  prospérité  de  la  République.  Le  Comité  nomme 
quatre  commissaires,  savoir  Petit,  Grégoire,  Boutroue  et  Thibau- 
deau  ^^\ 

Arrêté  que  le  17  de  ce  mois,  lorsque  la  Commission  des  arts^^^  se 
rendra  au  Comité,  il  sera  procédé  à  la  reconnaissance  des  papiers. 

Le  président  du  Comité  d'instruction  publique,  celui  de  la  Commis- 
sion des  arts  et  les  deux  secrétaires  du  Comité  signeront  l'instruction 
rédigée  par  la  Commission  des  arts  et  qui  doit  être  envovée  aux  auto- 
rités constituées  pour  la  conservation  des  monuments  des  arts  et  des 
bibliothèques  ^^K 


(')  La  lettre  du  comité  révolutionnaire 
de  la  section  de  i'Hornme-Armé,  en  date 
du  i3  ventôse,  enregistrée  sous  le  n"  2126 
(F",  carton  1009^),  nous  apprend  que 
Poissonicr  était  un  ancien  conseiller  d'Etat; 
en  procédant  à  son  arrestation ,  le  comité 
révolutionnaire  avait  pris  la  précaution  de 
faire  apposer  les  scellés  sur  la  galerie  et  le 
cabinet  d'histoire  naturelle  qui  se  trouvaient 
à  son  domicile. 

('^^  Il  s'agit  du  ta])loau  gravé  parHauin. 
Voir  la  séance  du  97  pluviôse  (p.  A 00)  et, 
pour  la  suite,  celle  (lu  29  ventôse  (p.  098). 

^'^  Gomme  nous  l'apprend  une  pièce  qui 
se  trouve  dans  les  cartons  du  Comité  (F  '^ 
carton  1009',  n"  tuAo),  cette  décision  du 
Comité  l'ut  prise  à  l'occasion  d'un  rapport 
présenté  à  la  Conmiission  toinporairc  dos 
arts  par  David  Le  Roy,  et  intitulé  :  Obser- 
vation Hur  le  liiu  qu'on  doit  clioisir  pour  le 


m. 


(lép(k  de  marine  et  de  diverses  machines.  Le 
Roy  y  proposait  que  la  collection  de  petits 
bâtiments  fût  placée  sur  la  Seine,  en  face 
de  la  terrasse  des  Tuileries;  les  cartes,  ma- 
nuscrits, etc.,  seraient  déposés  dans  un  hôtel 
d'émigré.  Comme  l'indiquent  les  annota- 
tions écrites  sur  la  pièce,  ce  rapport  fut  ren- 
voyé par  la  Connnission  dos  arts  au  Coniité 
d'instruction  publique  le  i  ô  ventôse  ;  le 
jour  même,  le  Comité  le  renvoya  aux  com- 
missaires désignés  ci-dessus.  Lue  note  fi- 
nale» ajoute:  «Ordre  du  jour,  19  ventôso. 
I.-AL  Coupé,  secrétaire. n  Le  procès-verbal 
(In  19  ventôse  no  dit  rien. 

^^^  Il  y  a  ici  un  lap^^us  évident  du  seciu'- 
taire  :  il  tant  lire  «la  Commission  dos  nio- 
nnnionls'i. 

^'•'^  VInstruction  sur  la  manière  d'invento- 
rier et  de  ctntserver,  dans  toute  retendue  de 
la  llrpuldique,    tous  les  objets  qui  peuvent 

3J 


i|ii'i\iui:i>it    !iiiio:«itt. 


5/i6      PROCÈS -VERBAUX  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

Les  membres  du  jury  des  arts  étant  venu  apporter  leur  jugement 
motivé  sur  les  prix,  le  Comité  a  arrêté  qu'il  sera  imprimé  au  nombre 
de  quatre  mille  exemplaires,  et  que  les  citoyens  Naigeon,  Allais  et  Le- 
sueur  surveilleront  l'impression  ^^^ 

Le  citoyen  Joly  présente  des  observations  sur  la  matière  première  du 
papier.  Renvoyé  à  Guyton  ^^K 

La  Société  de  Soisy-Marat  demandant  à  faire  usage  de  son  église  et 


aervir  aux  arts ,  aux  sciences  et  renseigne- 
ment avait  été  lue  au  Gomilc  le  90  nivôse 
par  Mathieu  (p.  a8^).  Le  même  jour,  le 
Comité  en  avait  décidé  l'impression  dans 
le  loruiat  in-6°.  L'impression  étant  main- 
tenant sur  le  point  d'être  achevée ,  le  Co- 
mité décide  quelles  sont  les  signatures  à 
placer  à  la  fin  de  cette  pièce.  L'' Instruction  , 
formant  une  brochure  in-6°  de  70  pages, 
parut  quelques  jours  après  (le  Journal  des 
débats  et  des  décrets  l'annonce  dans  son 
n"  562,  correspondant  au  2  5  ventôse); 
conformément  à  la  décision  du  Comité, 
elle  est  signée  de  la  manière  suivante  :w  Le 
président  de  la  Commission  des  arts,  Th. 
Lindkt;  le  président  du  Comité,  Bouquier 
aine;  les  secrétaires,  Villar,  Coupé 55.  Nous 
connaissons  deux  exemplaires  de  cette  pre- 
mière édition  :  l'un  à  la  bibliothèque  du 
musée  Carnavalet,  l'autre  à  la  bibliothèque 
du  Musée  pédagogique,  qui  l'a  acquis  à 
la  vente  de  la  collection  Charles  Renard, 
à  Caen.  La  Bibliothèque  nationale  ne  pos- 
sède que  des  exemplaires  d'une  seconde  édi- 
tion faite  quatre  mois  plus  tard  ,  et  qui  con- 
tient, à  la  suite  de  V Instruction,  p.  71,  un 
«Rapport  sur  la  remise  à  la  Commission 
temporaire  des  arts  des  cartes  du  dépouil- 
lement des  ouvrages  imprimés  ou  manu- 
scrits, commencé  à  la  (Commission  des  mo- 
numents en  1790,7?  signé  Poirier  et  daté 
du  i5  messidor  an  11.  (Voir  la  séance  du 
Comité  du  1 5  messidor  an  11.)  Nous  donnons 
aux  annexes  des  extraits  du  procès-verbal 
de  la  séance  de  la  Commission  des  arts  du 
3o  ventôse,  relatifs  à  la  distribution  de  Vln- 
struction,  ainsi  que  des  indications  sur  cette 
Instruction,  et  une  analyse  de  son  contenu. 
^'^  Voir  la  séance  du  7  nivôse,  p.  2i5, 


note  2.  Dans  sa  réunion  du  11  ventôse, 
le  jury  des  arts  avait  chargé  quatre  com- 
missaires, Allais,  Nepveu,  Naigeon  et  Le- 
sueur,  de  porter  au  Comité  la  minute  et  le 
cahier  des  opinions  et  des  procès- verbaux 
du  jury.  Les  procès -verbaux  du  jury  des 
arts  furent  imprimés  à  l'Imprimerie  natio- 
nale en  une  brochure  de  90  pages  in-S", 
qu'on  trouve  à  la  Bibliothèque  nationale, 
V  50079,  in-S".  Cette  brochure  ne  porte 
pas  de  titre  d'ensemble;  au  haut  de  la  pre- 
mière page  on  lit  :  Procès-Verbal  de  la  pre- 
mière séance  du  Jury  des  arts ,  nommé  par 
la  Convention  nationale,  et  assemblé  dans 
une  des  salles  du  Muséum ,  en  vertu  des  dé- 
crets des  g  et  a5  jours  (sic)  de  brumaire 
an  II  de  la  République  française  une  et  indi- 
visible, pour  juger  les  ouvrages  de  peinture, 
sculpture  et  architecture  mis  au  concours 
pour  obtenir  le  prix.  Séance  ouverte  à  une 
heure,  le  ij  pluviôse.  Au  haut  de  la  page  5 
on  lit  :  Procès-verbal  de  la  seconde  séance 
du  Jury  des  arts,  le  18  pluviôse.  Au  haut  de 
la  page  ào  :  Procès-verbal  de  la  troisième 
séance  du  Jury  des  arts,  le  ig  pluviôse.  Le 
jury  des  arts  s'étant  constitué,  après  l'achè- 
vement de  ses  travaux,  en  Club  révolu- 
tionnaire des  arts,  nous  verrons  le  1*'' flo- 
réal an  II  le  Comité  d'instruction  publique 
arrêter  que  mille  exemplaires  de  l'opinion 
motivée  du  jury  seront  remis  à  ce  Club,  et 
que  les  trois  mille  autres  seront  remis  à 
la  Commission  des  arts  pour  être  distri- 
bués dans  les  diverses  communes  de  la 
République. 

^^^  La  lettre  de  Joly,  capitaine  à  la  suite 
du  10^*  régiment,  avait  été  enregistrée 
sous  le  n"  2012  bis  (F",  carton  1009'^). 
Elle  manque. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE. 


547 


presbytère  pour  des  établissements  civils,  le  Comité  passe  à  l'ordre  du 
jour  motivé  sur  un  décret  qui  laisse  cette  faculté  aux  communes  ^^l 

Les  citoyens  Fourcbard  et  Ballet,  instituteurs  de  Joinville,  réclament 
leurs  honoraires.  Renvoyé  à  Léonard  Bourdon  ^-^. 

Le  Comité  d'instruction  publique,  après  avoir  entendu  un  rapport 
de  la  Commission  temporaire  des  poids  et  mesures  sur  la  nécessité  de 
prendre  des  mesures  révolutionnaires  pour  accélérer  la  fabrication  des 
poids  et  mesures  dans  toute  l'étendue  de  la  République  ,  et  en  approu- 


(')  La  pétition  de  la  Société  populaire 
de  Soisy-Marat,  en  date  du  26  nivôse, 
avait  été  présentée  à  la  Convention  dès  le 
28  nivôse  (Procès-verbal  de  la  Convention , 
t.  XXIX,  p.  297);  elle  est  enregistrée  sous 
le  n°  1780  (F",  carton.  1009');  elle  de- 
mande la  concession  de  la  ci-devant  église 
avec  le  presbytère  pour  y  former  des  éta- 
blissements utiles  :  école,  cliambre  de  com- 
mune, temple  de  la  Raison,  et  local  pour 
les  séances  de  la  Société  populaire.  Le  dé- 
cret visé  par  le  Comité  est  sans  doute  celui 
du  20  brumaire,  portant  que  cries  presby- 
tères et  paroisses  situés  dans  les  communes 
qui  auront  renoncé  au  culte  public,  ou  leurs 
produits,  seront  destinés  pour  subvenir  au 
soulagement  de  Thumanité  souffrante  et  à 
l'instruction  publiques  (Voir  notre  tome  II, 
p.  863).  On  a  vu  que  Coupé  avait  élaboré 
un  projet  de  décret  ffsur  la  destination  des 
ci-devant  églises  et  autres  bâtiments  pos- 
sédés par  des  corporations  particulières  sup- 
primées et  restés  vacants n  (p.  A60),  et 
que  ce  projet  se  trouvait  entre  les  mains 
du  Comité  de  salut  public. 

D'où  vient  que  le  Comité  d'instruction, 
après  avoir  attendu  un  mois  et  demi,  s'oc- 
cupe aujourd'hui  de  la  pétition  de  la  So- 
ciété populaire  de  Soisy-Marat?  Probable- 
ment parce  que,  le  matin  mémo,  la  Con- 
vention ,  ayant  à  s'occuper  d'une  pétition  des 
citoyens  de  la  commune  de  Mont-Saint-Père 
demandant  wque  la  maison  ci-devant  pres- 
bytérale  leur  lût  accordée  pour  leur  servir 
de  maison  d'éducationn ,  avait  décidé  <rde 
passer  à  l'ordre  du  jour  sur  la  demande  en 
conce  sion  du  presbytère ,  motivé  sur  \o  dé- 
cret qui  déclare   que  toutes    ces  maisons 


appartiennent  aux j habitants,  et  qu'ils  en 
peuvent  disposer»  (Procès-verbal  de  la 
Convention,  t.  XXXIII,  p.  38). 

Il  faut  remarquer  ici  que,  si  la  Conven- 
tion et  le  Comité  passent  simplement  à 
l'ordre  du  jour  sur  les  pétitions  des  muni- 
cipalités ou  des  sociétés  qui  demandent  à 
disposer  des  églises  et  des  presbytères  pour 
en  faire  des  temples  de  la  Raison  et  des 
écoles,  par  le  motif  qu'un  décret  a  déjà  ac- 
cordé cette  faculté,  l'assemblée  n'agit  pas  de 
même  à  l'égard  dos  sociétés  populaires  qui 
sollicitent  la  concession  d'une  ci -devant 
église  comme  local  pour  y  tenir  leurs  séances  ; 
pour  ce  cas  spécial  il  faut  un  décret  particu- 
lier, et  l'autorisation  n'est  accordée  qu'à  titre 
provisoire  :  ainsi,  le  26  ventôse,  la  Conven- 
tion rendra  un  décret  portant  que  «rla  So- 
ciété populaire  de  Richemont  est  autorisée 
à  jouir  provisoirement  de  son  ancien  tem- 
ple, jusqu'à  ce  qu'il  lui  ait  été  accordé  un 
autre  local»,  et  un  autre  décret  qui  rac- 
corde à  la  Société  populaire  do  Montreuil 
la  jouissance  provisoire  de  sa  ci -devant 
église»;  tandis  que  dans  la  même  séance, 
sur  la  pétition  de  la  Société  populaire  de 
Rry-sur-Oise  ([ui  demande  la  jouissance  de 
sa  ci-devant  église  pour  en  faire  un  temple 
de  la  Raison,  elle  passe  à  l'ordre  du  jour, 
tf  motivé  sur  la  loi  qui  accorde  cette  liberté» 
(Procès-verbal de  la  Con\enlion,  t.  XXXIII, 
pages  35 1  et  359  ). 

A  rapprocher  de  la  lettre  do  Bontabole 
(p.  507)  ot  du  rapport  de  Bouquier  sur 
le  dernier  degré  d'instruction  (p.  57?., 
lignes  Uo-Uq). 

^-^  Il  sera  do  nouveau  question  do  cotte 
réclamali»    •  lo  mj  venlôso  (p.  .")i)9). 

33. 


5/i8      PROCÈS -VERBAUX  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

vant  les  propositions  de  la  Commission,  renvoie  au  Comité  de  salut 
public  l'examen  de  cette  question,  et  l'invite  à  demander  au  nom  des 
deux  Comités  réunis  un  décret  à  la  Convention  pour  charger  spéciale- 
ment le  Comité  de  salut  public  de  l'exécution  de  toutes  les  mesures 
nécessaires  à  la  prompte  jouissance  du  bienfait  de  l'uniformité  des 
poids  et  mesures  républicains.  Le  Comité  d'instruction  publique  charge 
Guyton  et  Fourcroy  de  se  transporter  au  Comité  de  salut  public  pour 
lui  faire  connaître  cet  arrêté  ^^^. 

Arrêté  qu'il  sera  délivré  un  extrait  du  procès- verbal  au  citoyen 
Pochon  pour  le  présenter  à  la  Commission  des  arts  au  sujet  de  sa 
machine  '*^^. 

Sur  la  demande  du  citoyen  Veuzel,  qui  annonce  une  façon  de  fleurs 
artificielles,  le  Comité  arrête  que  cette  proposition  sera  renvoyée  aux 
botanistes  du  Jardin  des  plantes,  et  nomme  à  cet  effet  le  citoyen 
Plaichard(3). 

Un  arrêté  du  Comité  de  l'Opéra  est  présenté  au  Comité  pour  an- 
noncer ['Ecole  du  patriotisme  ^^^. 

Séance  levée  à  dix  heures  et  demie  ^^\ 


(')  Dans  sa  remarquable  étude  Les  sciences 
pendant  la  Terreur,  Georges  Pouchet  a  écrit 
ce  qui  suit  (p.  89  de  la  2'  édition)  :  «La 
construction  des  étalons  pour  les  départe- 
ments était  en  retard.  Le  21  pluviôse,  le 
Comité  de  salut  public,  considérant  qu'il 
importe  de  favoriser  par  tous  les  moyens  la 
fabrication  des  nouvelles  mesures,  accepte 
la  proposition  faite  par  un  certain  nombre 
d'ouvriers  de  se  réunir  à  cet  efTet;  il  met  à 
leur  disposition  une  maison  du  cloître  Notre- 
Dame  ;  enfin  il  décide  qu'on  leur  avancera , 
sons  caution,  une  somme  de  26,000  francs. 
Mais  cette  caution  même  devient  une  diffi- 
culté; les  ouvriers  ne  la  trouvent  pas;  c'est 
un  nouveau  retard.  Le  Comité  décide  alors 
{Il  ventôse)  que  les  26,000  francs  seront 
avancés  aux  artistes,  à  charge  à  eux  d'en 
justifier  l'emploi.  (Archives  nationales,  F^^ 
carton  i289).w  II  est  probable  que  le 
rapport  présenté  au  Comité  d'instruction 
par  la  Commission  des  poids  et  mesures, 
ffsur  la  nécessité  de  prendre  des  mesures 
révolutionnaires   pour   accélérer   la  fabri- 


cation des  poids  et  mesures  dans  toute 
l'étendue  de  la  République»,  proposait  de 
faire  dans  les  départements  quelque  chose 
de  semblable  à  ce  qui  venait  d'être  orga- 
nisé à  Paris.  La  Commission  avait  déjà  in- 
sisté sur  l'urgence  de  s'occuper  des  moyens 
de  distribuer  le  plus  promptement  possible 
les  nouveaux  poids  et  les  nouvelles  mesures, 
dans  l'adresse  lue  à  la  Convention  le  3o  ni- 
vôse (p.  361,  lignes  i3-i6).  Nous  n'avons 
pas  trouvé  de  décret  de  la  Convention  char- 
geant le  Comité  de  salut  public  de  la  mis- 
sion que  le  Comité  d'instruction  proposait 
de  lui  confier. 

(^)  Voir  la  séancedu  i"ventôse(p./i76). 

(^^  Nous  n'avons  pas  trouvé  la  lettre  de 
Veuzel. 

(*)   Nous  n'avons  pas  trouvé  cet  arrêté. 

^^^  Pas  de  signature,  ni  à  la  minute  ni 
au  registre.  La  minute  est  de  la  main  de 
Coupé,  sauf  les  alinéas  suivants,  portés  sur 
des  feuillets  séparés  :  le  premier,  qui  est 
de  la  main  de  Grégoire  ;  celui  qui  est  rela- 
tif à  la  nomination  de  quatre  commissaires 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  549 


PIÈCES  ANNEXES. 

On  lit  dans  le  registre  des  procès-verbaux  de  la  Commission  des  arts  : 
Séance  du  3o  ventôse,  l'an  a'  de  la  République. 

Il  est  arrêté  que  l'agent  se  rendra  a  l'Imprimerie  nationale  pour  savoir  si  l'envo 
du  nombre  des  exemplaires  de  l'Instruction  de  la  Commission,  destinés  pour  le 
ministre  de  l'inlérieur,  a  été  efifectué. 

.  .  .Sur  la  demande  de  l'agent  du  district  de  Bourg  de  l'Egalité,  relativement  à 
différents  objets  déposés  à  Montrouge,  il  est  arrêté  qu'il  sera  écrit  à  cet  agent 
pour  savoir  de  lui  :  i"  s'il  a  reçu  le  décret  du  .  .  ^^^  pluviôse  concernant  la  conser- 
vation des  objets  de  sciences  et  d'arts;  2°  s'il  a  reçu  l'Instruction  de  la  Commission 
des  arts;  3°  s'il  connaît  dans  son  district  des  citoyens  capables  de  faire  lexamen  et 
un  choix  des  objets  à  conserver,  etc.  ^^^ 

L'Instruction,  publiée  par  la  Commission  des  arts  forme  une  brochure  de  70  pafjes  in-^", 
sous  ce  litre  :  k  Instruction  sur  la  manière  d'inventorier  et  de  conserver,  dans  toute  l'étendue  de 
la  Républif/ue ,  tous  les  objets  qui  peuvent  servir  aux  arts,  aux  sciences  et  à  l'enseignement, 
proposée  par  la  Commission  temporaire  des  arts,  et  adoptée  par  le  Comité  d'instruction 
publique  de  la  Convention  nationale;  à  Paris,  de  l'Imprimerie  nationale,  l'an  second  de  la 
RépubHque^^^n. 

Les  six  premières  pages  forment  une  introduction  générale  sur  la  nécessité  de  recueillir 
et  de  conserver  les  objets  utiles  à  l'instruction  publique,  et  sur  le  rôle  assigné  à  la  Com- 
mission des  arts.  Viennent  ensuite,  pages  7-1 1  :  I,  le  tableau  des  sections  de  la  Commission 
(les  arts,  avec  l'indication  des  lettres  dislinctives  affectées  à  chacune  d'elles;  II,  le  tableau 
des  collections  et  dépôts  à  inventorier  par  la  Commission  des  arts  dans  le  département  de 
Paris,  avec  l'indication  des  signes  distinclifs  affectés  à  chacun  d'eux;  111,  des  exemples 
d'étiquettes  à  placer  sur  les  objets  inventoriés;  IV,  le  plan  des  divisions  principales  d'un 
cahier  d'inventaires;  V,  le  plan  des  divisions  principales  d'un  catalogue  méthodique.  Les 
pages  19-1 5  indiquent  le  travail  à  faire  dans  les  départements,  à  l'exemple  de  celui  qui  se 
fait  à  Paris,  et  les  moyens  de  l'exécuter.  Les  pages  iG-GT)  sont  consacrées  à  des  réflexions 
sur  chacune  des  sections  de  la  Commission,  avec  des  instructions  prali(|ues  sur  le  mode  de 
procéder  à  l'égard  des  inventaires ,  catalogues  et  mesures  de  conservation  qui  concernent 

qui  doivent  se  transporter  dans  les  dépôts  "'  Le  chiflVe  du  quantième  a  été  laissé 

de  la  guerre,  delà  marine,  etc.,  qui  est  en   blanc.  C'est  le  déciot  du  18  pluviôse, 
aussi  de  la  main  de  Grégoire  (la  dernière  ^'-^  Archives  nationales,  F'"*  7,  folio  /ia 

phrase,  contenant  les  noms  des  commis-  recto  et  verso. 

saires,  est  de  Coupé);  celui  sur  le  rapport  ^■'^  Bihiiothèque   tlu    musée  (]arnavalet, 

de   la   Connnission    des  poids  et  mesures  n°  9()355  ;  Musée  pédagogi(jue,  n"  i  8706'. 

relatif  à  l'accélération  de  la  fabrication  des  —  Cette  priMuière   édition   est    aimoncée 

poids  et  niesures,  qui  nous  paraît  être  delà  dans    le   n"  56 tî   du  Jourmd  dos  délais  et 

main  de  Fourcroy  (siiuf  les  deux  dernières  drs  décrets,  correspondant  au  a5  \entôse 

lignes  contenant  les  noms  des  commissaires,  an  11. 
qui  sont  de  (.oupé). 


550      PROCÈS -VERBAUX  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

chacune  d'entre  elles.  Enfin  les  pages  67-70  renferment  des  réflexions  générales  sur  la 
nécessité  de  conserver  et  de  protéger  les  monuments  des  arts,  réflexions  qui  se  terminent 
par  l'analyse  des  décrets  de  la  Convention  du  18  du  premier  mois  et  du  3  brumaire. 

Les  sections  de  la  Commission  des  arts  et  les  lettres  distinctives  qui  leur  sont  aflectées 
sont  les  suivantes,  d'après  le  tableau  de  la  page  7  : 

Histoire  nalurefle,  A  (Minéralogie,  A  1  ;  Botanique,  A  a;  Zoologie,  A  3^'^); 

Physique,  B; 

Chimie,  G; 

Anatomie,  médecine,  chirurgie,  D; 

Mécanique,  arts  et  métiers,  E; 

Géographie  et  marine,  F; 

Fortifications,  génie  militaire.  G; 

Antiquités,  H; 

Dépôts  littéraires,   1; 

Peinture  et  sculpture,  L; 

Architecture,  M; 

Musique,  MM; 

Ponts  et  chaussées,  M, 

Soit  en  tout  quinze  grandes  divisions,  la  première  section  étant  divisée  en  trois  sous- 
sections. 

La  seconde  édition  de  V Instruction  ^^\  faite  à  la  fin  de  messidor  an  11,  outre  qu'elle  con- 
tient, à  la  suite  de  V Instruction  proprement  dite,  un  Rapport  de  Poirier  (pages  71-87)  et 
un  Errata  (p.  88),  présente  dans  la  disposition  du  texte  un  certain  nombre  de  diflerences 
avec  la  première  édition.  Les  pages  7  à  1 3  ont  été  remaniées  :  le  tableau  des  collections 
et  dépôts  à  inventorier,  formant  le  paragraphe  II  et  allant  de  la  page  7  à  la  page  10,  a  été 
désinlerligné  de  manière  à  occuper  moins  de  place  que  dans  la  première  édition  ^^^  ;  l'es- 
pace gagné  de  la  sorte  a  permis  de  donner  des  dimensions  un  peu  plus  grandes  aux  mo- 
dèles d'étiquettes  de  la  page  10  et  aux  modèles  des  divisions  principales  d'un  cahier 
d'inventaires  et  d'un  catalogue  méthodique  de  la  page  11.  A  la  page  55,  la  seconde  édi- 
tion contient  une  note  relative  aux  manuscrits,  qui  ne  se  trouve  pas  dans  la  première,  et 
que  voici  :  tr  Pour  mettre  la  Commission  des  arts  en  état  de  juger  le  siècle  des  anciens 
manuscrits,  l'on  pourrait  en  figurer  le  titre  et  deux  ou  trois  lignes,  soit  par  une  exacte 
imitation  de  l'écriture,  soit  en  les  calquant??.  Pour  faire  de  la  place  à  cette  note,  il  a  fallu 
remanier  légèrement  de  la  page  bli  à  la  page  58.  Enfin  les  quatre  notes  du  bas  de  la 
page  70  ont  été  recomposées  en  autres  caractères.  A  part  ces  différences  purement  typo- 
graphiques, l'ouvrage  est  resté  le  même  :  il  n'a  pas  été  fait  de  changements  dans  le  texte. 

^')   Dans  l'impiimé  original,  la  zoologie  '-^^  Ce  tableau  contient,  dans  l'une  et 

a  été  placée  avant  la  botanique,  et  porte  la  l'autre  édition,  une  faute  restée  inaperçue 

lettre  A  2  ;  tandis  que  la  botanique ,  placée  la  des  correcteurs  :  page  9,  ligne   36  de  la 

dernière, porte  la  lettre  A  3.  Cette  erreur  est  première  édition  (ligne  21    de  la  seconde 

signalée  dans  un  errata  qui  se  trouve  à  la  fin  édition),  on  lit  :  «  Globe  de  Bergerin,  rue 

de  la  seconde  édition  de  V  Instruction,  1^.  88.  de  la  Barouillière  w,  au  lieu  de  «  Globe  de 

^^'   Bibliothèque   nationale.  Le  ^^  711,  Bergevin 7i. 
in-û°. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE. 


551 


DEUX   CENT   NEUVIEME   SEANCE. 

Du  17  ventôse  an  11.  [7  mars  179^-] 

ViHar  se  concertera  avec  Petit  pour  prendre,  soit  au  bureau  de  la 
guerre,  soit  à  l'Ecole  militaire  supprimée  par  un  décret,  tous  les  ren- 
seignements nécessaires  concernant  l'administration  de  ladite  école  et 
les  dilapidations  qu'elle  a  éprouvées ^'^ 

Duhem  remplacera  Petit  qui  était  chargé  d'un  rapport  relatif  à  la 
pétition  présentée  à  la  Convention  nationale  par  la  citoyenne  Gigot 
d'OrcyC^). 

Guyton-Morveau  fera  un  rapport  sur  une  lettre  écrite  au  Comité 
par  les  administrateurs  au  département  de  police  et  qui  a  pour  objet 
trois  voitures  de  papiers  en  feuilles  imprimées  ^^K 

On  renvoie  au  Comité  de  sûreté  générale  une  lettre  du  citoyen 
Thillaye,  membre  de  la  Commission  des  arts,  lequel  a  reçu  ordre  du 
comité  révolutionnaire  de  sa  section  de  se  rendre  à  la  caserne  des 
Carmes,  rue  de  Vaugirard.  Le  président  écrira  au  même  Comité  pour 
l'instruire  de  la  conduite  du  citoyen  Thillaye  dans  ladite  Conimission , 
et  de  son  exactitude  à  seconder  le  ministre  de  l'intérieur  pour  la  partie 
relative  aux  arts^^^. 


(')  Voir  la  séance  du  1 1  ventôse  (p.  53 1). 
Celte  expression  du  procès-verbal  :  wl'E- 
cole  mililairo  supprimée  par  un  décrets, 
nous  apprend  (|ue  le  projet  de  décret  pré- 
senté par  Petit  à  la  Convention  le  iG  ven- 
tôse, et  portant  que  cri' École  militaire  de 
Paris,  n'ayant  pas  été  comprise  dans  les  dé- 
crets portant  suppression  de  pareils  établis- 
sements, est  supprimée  par  le  présent 
décret»,  avait  été  adopté  (comme  nous 
l'avons  déjà  dit,  le  procès-verbal  de  l'as- 
semblée n'en  parle  pas).  Il  sera  (pieslion, 
dans  la  séance  du  25  messidor  an  11,  dos 
élèves  des  ci-devant  écoles  militaires. 

W  Voir  la  séance  du  1  1  ventôse  (p.  53o  ). 
Dubem  présentera  son  rapport  an  Comité 
le  5  {jerminal  an  11. 

^''  Voir  la  séance  du  a 5  pinviôso 
(p.  AGi  ).  Le  rapport  do  (iuyion  sur  ce  point 


spécial  se  trouve  probablement  compris 
dans  celui  qu'il  fera  au  Comité  le  97  ven- 
tôse (p.  585)  sur  la  refonte  des  papiers. 

(*)  Sur  Thillaye,  voir  la  séance  du 
31  pluviôse  (p.  likli).  La  Commission  des 
arts  s'occupa  de  son  côté  do  faire  rendre  la 
liberté  à  Thillaye  :  le  ao  ventôse,  sur  une 
lettre  de  celui-ci,  annonçant  qu'il  est  en 
état  d'arrestation  dans  la  caserne  des 
Carmes,  rue  de  Vaugirard,  (^lle  arrête  que 
son  président  écrira  au  Comité  de  sûreté 
générale,  et  qu'une  députai  ion  se  rendra 
auprès  du  comité  révolutionnaire  do  la  sec- 
tion delMucius  Sctnola;  le  a5,  elle éciit une 
nouvelle  lettre  au  Comité  do  sùrolé  «jéné- 
rale  pour  demander  t qu'il  soit  prononcé 
de  suite  sur  les  motifs  qui  ont  provoqué 
l'arrcstalion  Ac  Thillaye,  afm  que  s'il  n'est 
pas  coupable  il  soit  rendu  promptomenl  à 


552      PROCÈS -VERBAUX  DU  COMITE  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

Trois  députés  de  la  ci-devant  Commission  des  monuments  se  pré- 
sentent au  Comité  pour  lui  rendre  compte  de  leurs  opérations  et  re- 
mettre sur  le  bureau  les  registres  de  leurs  délibérations^^^  Les  mêmes 
députés  se  présenteront  encore  le  2  i  de  ce  mois  et  apporteront  avec 
eux  tous  les  papiers  et  inventaires  qui  leur  ont  été  demandés  en  vertu 
du  décret  portant  suppression  de  la  Commission  des  monuments  ^^\ 

Le  ministre  de  l'intérieur  fait  passer  au  Comité  le  tableau  des  ré- 
compenses adjugées  par  le  Bureau  de  consultation  des  arts  et  métiers. 
Renvoyé  à  Grégoire ^^'. 

Les  mémoires  du  citoyen  Hubert,  chargé  de  diriger  les  travaux  re- 
latifs à  la  fête  du  10  août,  sont  renvoyés  au  ministre  de  l'intérieur 
pour  être  examinés,  apurés  et  ordonnancés (^^. 

Les  deux  commissaires  nommés  par  décret  du.  .  .^^^  et  chargés  de 
faire  un  rapport  sur  le  projet  d'un  nouvel  aérostat  présenté  par  le  ci- 
toyen Second  déposent  sur  le  bureau  leurs  observations.  Il  résulte 
des  conclusions  des  deux  commissaires  que  le  projet  de  Second  ne  peut 
être  exécuté,  vu  l'insuffisance  des  moyens  proposés  par  l'auteur^^'l 


ses  Ira  vaux  w.  (F^^*  7,  folios  38  recto  et 
tio  verso.)  Pour  la  suite  de  cette  aiTaire, 
voir  la  séance  du  Comité  du  29  ventôse 
(p.  59M. 

^^^  Ces  députés,  Desmarest,  Moreau  et 
Lemonnier,  venaient  pour  obéir  à-  un  ar- 
rêté du  Comité  pris  le  1 3  ventôse  (p.  536). 
La  Commission  des  monuments  avait  dé- 
cidé de  se  réunir  de  nouveau  le  19  ventôse, 
rr  pour  comiaître  la  réponse  du  Comité  à  ses 
commissaires 5^  Mais  cette  réunion  n'eut 
pas  lieu;  les  membres  de  la  Commission 
comprirent  qu'ils  ne  pouvaient  continuer 
plus  longtemps  à  s'assembler,  d'autant 
plus  qu'ils  s'étaient  dessaisis  du  registre  de 
leurs  procès-verbaux,  remis  sur  le  bureau 
du  Comité  d'instruction  publique.  Grégoire 
et  Arbogast  furent  cbargés  (voir  p.  56a) 
d'aller  recevoir  les  papiers  de  la  Commis- 
sion des  monuments;  ils  rendront  compte 
de  leur  mandat  le  2  3  ventôse  (p.  569). 

(-'  Les  députés  de  la  Commission  des 
monuments  ne  reviendront  que  le  2  3  ven- 
tôse (p   56a). 

^•■^^   Une  lettre  du  ministre  de  l'intérieur, 


transmettant  l'état  imprimé  des  récompenses 
décernées  depuis  le  19  novembre  1791  au 
1"  janvier  1798,  avait  déjà  été  renvoyée  à 
Grégoire  le  2  3  nivôse  (p.  979).  Cette  fois 
il  s'agit  de  l'état  promis  dans  la  lettre  du 
Bureau  do  consultation  du  19  pluviôse  (voir 
p.  378).  Nous  n'avons  pas  trouvé  ce  nouvel 
état  dans  les  cartons  du  Comité.  Pour  la 
suite,  voir  la  séance  du  3  germinal  an  n. 

'-'^^  Voir  la  séance  du  1 1  ventôse  (p.  53o). 
Une  réclamation  de  Hubert  sera  mentionnée 
au  procès-verbal  du  9  prairial  an  11. 

^^^  La  date  du  décret  a  été  laissée  en 
blanc  tant  au  registre  qu'à  la  minute.  Il 
faut  lire  :  wpar  décret  du  2  5  du  premier 
moisw. 

^''^  Jean-Louis  Second,  député  de  l'A- 
veyron,  était  un  homme  de  loi,  et  n'avait 
par  conséquent  pas  de  connaissances  spé- 
ciales en  physique  et  en  mécanique.  Il  n'en 
avait  pas  moins  inventé,  croyait-il,  un  moyen 
de  diriger  les  ballons,  et  la  Convention, 
sur  sa  demande,  avait  désigné,  le  20  du 
premier  mois,  Guyton-Morveau  et  Fourcroy 
comme  commissaires    pour   examiner  son 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE. 


553 


Le  citoyen  Roliberger,  inventeur  de  la  gammofjraphie,  fait  plusieurs 
demandes  en  faveur  de  son  art.  Renvoyé  au  Comité  des  inspecteurs  de 
la  salle  (Il 

La  Société  populaire  de  Poitiers  envoie  un  extrait  du  registre  de  ses 
séances,  relatif  à  une  fête  civique.  Le  citoyen  Denesle,  membre  de 
cette  société,  fait  hommage  au  Comité  de  quelques  couplets  analogues 
à  ladite  fête.  Renvoyé  à  Mathieu  ^~K 

Sur  la  proposition  d'un  membre,  il  est  arrêté  que  tous  les  commis 
attachés  au  Comité  d'instruction  publique  seront  tenus  de  présenter 
un  certificat  de  civisme  et  de  rendre  compte  de  leur  conduite  révolu- 
tionnaire depuis  1789. 

Domergue  quittera  sa  place  de  premier  commis  à  la  biJiliogra- 
phie^^l 

Les  commissaires  de  la  section  de  bibliographie  rendront  compte 
du  travail  de  tous  les  commis. 


projet  et  en  faire  le  rapport.  (Voir  p.  3, 
note  8,  et  p.  7.)  Le  rapport  do  Fourcroy  et 
(juyton  se  trouve  dans  F^',  carton  1705, 
n°  a33i. 

^')  Sur  Rohberger  de  Vausenville,  voir 
la  séance  du  7  pluviôse  (p.  338).  L'inven- 
teur de  la  gammographie  avait  été  renvoyé 
au  iîureau  de  consultation  des  arts  et  mé- 
tiers. On  lit  dans  les  procès-verbaux  de  ce 
Hureau,  séance  du  19  pluviôse  :  «Le  Co- 
mité d'instruction  publique  envoie  au  Bu- 
reau les  papiers  du  citoyen  Vausenville, 
auteur  de  l'art  gammographique.  Le  Bui-eau 
décide  qu'il  ne  peut  s'occuper  de  cette  af- 
faire, le  citoyen  Vausenville  ayant  acquis 
lin  brevet  d'invention  pour  Tobjet  qu'il 
présente  aujourd'liui.77  Bobbergcr,  en  con- 
séquence, revint  à  la  cliarge  auprès  du 
Comité,  et  demanda  de  nouveau  :  «  i°  que 
le  brevet  d'invention  qu'il  avait  obtenu  fût 
exécuté  conl'ormément  à  la  loi  du  17  janvier 
1791;  2°  des  avances  |)()ur  mettre  son  art 
en  activité,  sous  le  contrôle  d'un  agent 
nommé  par  la  Convention;  3"  à  être  em- 
ployé comme  rayeur-régleur  des  registres 
du  gouvernement,  se  faisant  fort  d'écono- 
miser à  la  nation  plus  de  3oo,()0()  livres 
par  an;  V'  im  logouicnl  vaste  et  commode 


où  il  pût  établir  ses  travaux n.  La  pétition 
de  Robberger,  enregistrée  sous  le  if  9060 
(F^',  carton  1009-),  manque;  la  cbemise 
porte  cette  note  :  «  Renvoyé  au  Comité  des 
inspecteurs  de  la  salle,  17  ventôse.  Villar, 
secrétaire. n  Mais  cette  même  cbemise  ren- 
ferme encore  un  extrait  du  procès-verbal 
du  Bureau  de  consultation  du  1  9  pluviôse 
et  une  lettre  d'envoi  de  cet  exltail,  signée 
par  Laplace  comme  vice-président ,  du  6  ven- 
tôse an  II. 

^'-)  Nous  n'avons  pas  trouvé  l'envoi  de  la 
Société  populaire  do  Poitiers  ni  les  couplots 
de  Denesle.  Donesle,  ilirecteur- démon- 
strateur du  Jardin  des  plantes  de  Poitiers, 
avait  déjà  écrit  à  deux  reprises  au  Comité, 
le  19  janvier  1798  (F'",  carton  loo'i, 
n"  336)  et  le  5  nivôse  an  11  (F",  carton 
ioo8\  n°*  i5Go  et  i565);  il  sera  de 
nouveau  question  de  lui  le  T)  prairial  an  11. 

^•'^  Voir  p.  Vio.  Nous  ne  saxons  pas  au 
juste  los  niolils  (jui  engagèrent  le  Comité 
à  (b'cidoi-  le  renvoi  do  Domergue.  Une  lettre 
de  celui-ci,  qu'on  IrouNOra  aux  annexes  do 
la  séance  du  tîi  ventôse  (p.  5Co),  semble 
indi(pier  qu'il  s'était  élevé  des  dis-^ontimonls 
outre  lui  ot  les  comnussaires  de  la  soclioii 
de  bibliograpbie  au  sujet  du  plan  à  suivre. 


55^      PROCÈS -VERBAUX  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PURLIQUE 

Il  sera  accorde  un  logement  au  garçon  de  bureau  de  la  section  de 
bibliographie,  après  en  avoir  conféré  avec  le  Comité  des  inspecteurs 
de  la  salle ^^'. 

Sur  le  rapport  de  Duhem,  le  Comité  arrête  le  projet  de  décret  sui- 
vant : 

1  °  A  compter  de  la  date  du  présent  décret,  le  traitement  annuel  des  professeurs 
astronomes  de  la  République  sera  porté  à  la  somme  de  2,5oo  livres. 

9."  Le  ministre  de  l'intérieur  est  chargé  d'acquérir  le  nouvel  instrument  éqna- 
lorial  ou  lunette  ])arallactique  du  citoyen  Haiipoix,  et  d'en  payer  la  valeur  siu'  les 
fonds  destinés  à  ravancement  des  arts^'^^ 

La  séance  est  levée  à  onze  heures  ^^^ 

^•)    Voir  la  suite  de   ce    qui   concerne  il  s'agissait  d'estimer  la  valeur  de  la  lunette 

la  bibliographie  à  la  séance  du  ;î3  ventôse  de  Haupoix.  Voir  la  séance  du  19  ventôse 

(p.  56^.  (p.  558). 

^^^  Voir  les  séances  des  1*'"  et  5  ventôse  (■'')  Cet   alinéa   n'est   pas  à    ta  minute, 

(pages  678  et  ^96 ).  Le  projet  de  décret  Pas  de   signature,    ni  à  la  minute  ni  au 

de  Duhem   dut  encore  être  modifié  sur  un  registre.  La   minute    est  de    la   main    de 

point  avant  d'être  présenté  à  la  Convention  :  Villar. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  555 

DEUX   CENT   DIXIÈME   SÉANCE. 

Du  19  ventôse  an  11.  [9  mars  179^.] 

Le  citoyen  Belair  prosente  au  Comité  un  mémoire  imprimé  sur  la 
suppression  des  jachères.  Mention  honorable  ^^K 

Le  citoyen  Jeaurat,  astronome,  envoie  au  Comité  l'indication  de  ses 
travaux  astronomiques,  avec  cinq  estampes  représentant  des  instru- 
ments astronomiques  ('^^.  Renvoyé  aux  citoyens  Arbogast  et  Mathieu  pour 
faire  un  rapport  général  sur  les  savants  qui  avaient  des  pensions  sur 
les  caisses  des  académies  et  sur  ce  qu'il  convient  de  leur  accorder  pour 
les  secourir  et  indemniser  ^^\ 

Le  citoyen  Brisson  annonce  un  aimant  armé  qui  était  à  Versailles 
destiné  à  l'instruction  des  enfants  de  Capet.  Renvoyé  à  la  Commission 
des  arts  ^^\ 

Le  citoyen  Maget,  ancien  chirurgien  de  marine,  demande  une  pen- 
sion. Renvoyé  au  Comité  de  liquidation  ^^l 

Mandar  demande,  par  l'organe  du  ministère  de  la  marine,  une  gra- 
tification pour  une  traduction  d'un  voyage  anglais.  Renvoyé  à  Jay 
Sainte-Foy  pour  examiner  cet  ouvrage  ^^^ 

(1)  C'est  ie  général  Julienne-Belair  (voir  gens  de  lettres  et  artistes  reviendra  à  l'ordre 
t.  II,  p.  21  A).  Le  mémoire  a  été  enregis-  du  jour  le  17  germinal  an  11,  et  ce  sera 
tré  sous  le  n°  3187  (F'',  carton  1009^  la  Grégoire  qui  continuera  à  être  chargé  do 
pièce  manque).  Belair  avait  fait  hommage  à  cette  affaire. 

la  Convention,  le  6  ventôse,  d'un  ouvrage  (*)  Voir  comme  annexe  (p.  558)  un  ex- 
sur  l'agriculture  (Procès-verbal,  t.  XXXII,  trait  du  procès-verbal  de  la  séance  do  la 
p.  923).  Il  sera  question  d'un  nouveau  mé-  Commission  des  aris  du  aô  ventôse  an  11. 
moire  de  Belair  le  3  germinal  an  11.  (5)  Philbert  Maget .  ancien  chirurgien- 

(2)  Voir  la  séance  du  9  pluviôse  (p.  36o)  major  de  la  marine,  demandait  une  pen- 
et,  pour  la  suite,  celle  du  1 3  messidor  an  II.  sion  et  envoyait  un  ouvrage  intitulé  VArt 

(■'^  Le  rapport  dont  sont  chargés  ici  Ar-  de  guérir  radicalement  les  hei^nies.  La  péti- 

bogast  et  Mathieu,  et  qui  concerne  unique-  tion  et   l'ouvrage    avaient   été   enregistrés 

ment  les  savants  qui  avaient  des  pensions  sous  le  n°  :ui8  (F'',  carton   1009-);  ils 

sur  les  caisses  des  académies,  parait  dis-  manquent.  On  ht  sur  la  chemise  :  çrHecotn- 

tinct  du  rapport  général  sur  les  encoura-  mandé  par  le  citoyen  Valdruchc.  —  Ren- 

gements  à  donner  aux  arIs  et  aux  sciences,  voyé  au  Ciomilé  de  licpiidation  ,    19    ven- 

confié  le  21  pluviôse  à  Léonard  Bourdon,  tôse.  J.-M.  Coipk,  secrétaire. r> 
Grégoire  et  David  (p.  A/i3).  Toutefois  nous  ("^^   Thcophilo  Mandar,  homme  de  lettres, 

ne  verrons  pas  Arbogast  et  Mathieu  pré-  traducteu!-  de  divers  livres  anglais,  avait 

senior  de  rapport  particulier.  La  question  lait  honunage  à  la  Convention,  lo  -.19  jau- 

dos  secours  et   récompenses  aux   savants,  vier  179^,  d'un  ouvrage  Sur  les  rapports 


556       PROCÈS-VERBAUX  DU  COMITE  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

La  proj)osition  faite  à  la  Convention  d'empécher  la  sortie  des  livres 
hors  du  sein  de  la  République  est  renvoyée  à  Grégoire  ^'l 

La  commune  de  Brioude  envoie  les  procès-verbaux  de  la  fête  qu'elle 
a  célébrée  sur  la  prise  de  Toulon.  Renvoyé  à  Mathieu ^^'. 

Observation  de  la  commune  de  Tain'^^  sur  le  changement  du  mot 
de  maire.  Renvoyé  à  Grégoire  ^'^\ 

Viliar  est  nommé  rapporteur  d'un  manuscrit  sur  une  grammaire 
du  citoyen  Cabley  ^^\ 

Mathieu  est  nommé  rapporteur  sur  des  articles  additionnels  à  la  loi 
contre  les  contrefaçons  des  ouvrages  de  musique  ^^\ 

Stain  réclame  la  médaille  pour  les  commissaires  des  assemblées 
primaires.  Renvoyé  aux  commissaires  de  la  salle  (''^ 

La  commune  de  Castel-Sarrasin  demande  à  changer  de  nom.  Ren- 
voyé à  la  commission  chargée  de  ces  demandes ^^^. 


des  insurrections  avec  la  liberté  et  la  prospé- 
rité des  empires  (F^',  carton  loo/i ,  n"  Sga  ). 
^'ous  l'avons  vu  plus  tard  membre  de  la 
Commission  des  arts,  rédigeant  un  rap- 
port sur  le  cabinet  du  général  Monlalem- 
bert  (t.  Il,  p.  517).  Il  était  maintenant 
juge  au  tribunal  de  Porrentruy,  départe- 
ment du  Mont-Terrible.  Dans  la  séance  de 
la  Convention  du  28  nivôse  avait  été  lue 
une  lettre  de  l'adjoint  au  ministre  de  la 
marine  demandant  une  gratification  de  six 
cents  livres  en  faveur  de  Mandar,  pour  sa 
traduction  du  Voya^re  en  retour  de  l'Inde  en 
Europe,  par  terre,  de  Thomas  Hovvell; 
l'assemblée  renvoya  la  lettre  aux  Comités 
des  finances  et  d'instruction  publique;  elle 
a  été  enregistrée  sous  le  if  2121  (F'^, 
carton  1009^;  la  pièce  manque).  Le  18  plu- 
viôse, jMandar  écrivit  de  Delémont  deux 
lettres  au  Comité,  pour  le  prier  de  pres- 
ser le  rapport  sur  la  gratification,  et  pour 
lui  demander  l'envoi  de  tous  les  imprimés 
de  ses  travaux,  attendu  qu'il  s'occupe  d'un 
travail  sur  l'instruction  publique  (F'',  car- 
ton 170.3,  n°  1896);  à  ces  lettres  est  joint 
un  numi'ro  du  Journal  de  France  politique 
et  littéraire,  contenant  un  compte-rendu  de 
la  séance  de  la  Convention  du  28  nivôse. 
Pour  la  suite,  voir  la  séance  du  Comité  du 
9  germinal  an  11. 


^'^  Le  i3  ventôse  (p.  538),  le  Comité 
avait  décidé  de  ne  pas  faire  de  rapport  sur 
cette  proposition. 

^^)  Ces  procès-verbaux  ont  été  enregistrés 
sous  le  n°  2107  (F^^  carton  1009^);  les 
pièces  manquent. 

^^^  La  minute  et  le  registre  écrivent  à 
tort:  cfd'Etainn. 

^^^  La  Société  populaire  de  Tain,  dis- 
trict de  Valence  (Drôme),  dans  une  lettre 
du  6  pluviôse  lue  à  la  Convention  le  18  plu- 
viôse (Procès -verbal,  t.  XXXI,  p.  /ii), 
faisait  observer  que  le  nom  de  maire  rap- 
pelait le  temps  de  la  tyrannie,  et  elle  en 
demandait  un  autre  plus  républicain.  Cette 
lettre  est  enregistrée  sous  le  n°  2108  (F'', 
carton  1009-).  Pour  la  suite,  voir  la  séance 
du  1"  germinal  an  11. 

(^)  Une  lettre  de  Cabley,  sur  des  chan- 
gements à  faire  dans  l'orthographe,  avait 
déjà  été  renvoyée  à  Mathieu  le  19  nivôse 
(p.  25/1). 

'•^^  Voir  la  séance  du  1 1  ventôse  (p.  53o) 
et,  pour  la  suite,  celle  du  26  ventôse 
(p.  069). 

^'^  La  réclamation  de  Stain  a  été  enre- 
gistrée sous  le  n"  2090  (F^',  carton  1009^); 
la  pièce  manque. 

^^)  La  lettre  de  la  commune  de  Castel- 
Sarrazin,  qui  demandait  à  s'appeler  Mont- 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  557 

La  Société  populaire  de  Metz  demande  le  rapport  du  décret  (jui  or- 
donne une  fête  à  l'occasion  du  supplice  du  dernier  tyran.  Petit  rap- 
porteur ^^^. 

Les  citoyens  André  et  Gabriel  Boudeville  étant  venus  annoncer  au 
Comité  d'instruction  publique  un  moyen  nouveau  d'arrêter  les  incen- 
dies et  surtout  ceux  occasionnés  par  l'artillerie  sur  les  vaisseaux  ou 
villes  assiégées,  le  Comité  d'instruction  publique  les  a  renvoyés  au 
Comité  de  salut  public,  section  des  armes,  pour  lui  en  donner  com- 
munication sans  délai  ^^l 

Le  citoyen  Mathieu  est  chargé  de  rendre  compte  au  Comité  de  la 
carte  volcanique  d'Auvergne  ;  et  la  nation  exercera  son  droit  sur  ce  tra- 
vail du  citoyen  Desmarest  par  le  prélèvement  de  mille  exemplaires  ^^^ 

Sur  le  rapport  fait  par  Mathieu  concernant  une  lettre  du  citoyen 
directeur  du  Dépôt  de  la  guerre,  sur  le  dépôt  provenant  de  l'émigré 
Casiries  ^^^  après  discussion  le  Comité  arrête  :  i"  que  l'inventaire  en- 
voyé par  Calon  n'est  pas  suffisamment  détaillé,  vu  la  destination  et 
l'importance  des  objets;  2°  que  la  Commission  des  arts  est  chargée  de 
préparer  un  travail  sur  la  manière  la  plus  convenable  de  recueillir, 
d'inventorier,  de  classer  et  répartir  les  différents  manuscrits  ou  papiers 
trouvés  chez  les  émigrés  et,  en  général,  dans  les  domaines  nationaux-; 
3°  que  les  manuscrits  précieux,  dans  les  circonstances  actuelles,  pour 
l'attaque  ou  la  défense  des  places,  seront  mis  à  la  disposition  du  Comité 
de  salut  public. 

La  Commission  des  arts  prendra  les  moyens  propres  à  parvenir  a  la 
découverte  de  tous  les  manuscrits  importants  ({ui  sont  dispersés  chez 
les  différents  particuliers  et  à  exciter  sur  ce  point  l'attention  de  tous 
ceux  qui  pourront  avoir  des  renseignements  ^^^ 

Sarrazin,   a    été    lue    à  la    Convention  le  carton    looç)-);  la  p'n'HO  manque:  ello  est 

17  pluviôse  (Procès-verbal,  t.  XXXI.  p.  19);  mentionnée  dans  Tctat  de  la  centurie,  joint 

elle  a  été  enregistrée  sous  le  n"  ao8i  (F^^  au  carton. 

carton  1009-);  la  pièce  n'est  pas  en  place.  ^'^  La  découverte  des  frères  Boudeville 

Une  nouvelle  demande  de  celle  comnmne  sera    do   nouveau  présentée  au  Comité  le 

parviendra  au  Comité  le  5  {jermiual  au  11.  7  tloréal  an  n. 

^''  Le  décret  ordonnant  que  Tanuivcr-  ^-^^  Voir  la  séance  du  37  nivôse  (p.  j^a) 

saire  de  IVxérution  de  Louis  XVI  serait  ce-  et,    pour    la   suite,   colle  du   -j^    ventôse 

l('l)ré  toutes  les  années  avait  été  l'oiidu  par  (p.  3G8). 

la   Convention  le   0.    pluviôse,    à   la  suite  ^*)   Voir  la  séance  du  5  ventôse  (p.  '19-^  ). 

(Tune  pétilion  de  la  Société  des  Jacobins.  (^'  Voir,  au  sujet  des  manuscrits,  la  pro- 

La  pélition  i\o  la  Société  jmpulairo  do  Metz  position  déjà  faite  le  i3  ventôse  (p.  r)o7  ),  et, 

avait  été  enregistrée  sous  le  n"  :uo:j  (F'',  poin-  la  suite,  la  séance  du  19  lloréal  an  11. 


558     PROCÈS -VERBAUX  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

Duval  est  chargé  du  rapport  sur  l'ouvrage  du  musicien  Durieu  ^^\ 
Arbogast  et  Duliem  sont  chargés  de  se  concerter  avec  Lagrange 

|)()ur  l'estimation  de  l'instrument  astronomique  équatorial  du  citoyen 

Haupoix  (-L 

Séance  levée  à  dix  heures  ^^\ 


PIECE  ANNEXE. 

On  lil  dans  le  registre  des  procès-verbaux  de  la  Commission  des  arts  : 

Séance  du  25  voiitôse,  l'an  2*  de  la  République. 

Le  ciloyeri  Besson  ayant  consulté  le  Comité  d'instruction  publique  sur  l'usage 
qu'il  doit  faire  d'un  aimant  armé,  provenant  du  mobilier  du  ci-devant  roi,  un 
membre  de  la  section  de  physique  est  chargé  de  le  recevoir,  et  de  le  placer  dans 
le  cabinet  de  la  ci-devant  Académie  des  sciences  ^^^ 


'*^  Diirien  avait  présonté  le  19  pluviôse 
à  la  (Convention,  qui  l'avait  renvoyé  au 
(jomilé,  un  ouvrage  sur  une  nouvelle  mé- 
thode de  musique  vocale  (Procès-verbal, 
t.  XXX,  p.  217).  Le  93  pluviôse,  le  Co- 
mité chargea  Valdruche  de  l'examen  de 
cet  ouvrage;  le  procès-verbal  du  Comité 
n'en  dit  rien,  mais  nous  comiaissons  le  fait 
par  une  note  de  Coupé,  qui  se  trouve  en 
marge  d'une  lettre  écrite  ce  même  jour 
par  Durieu  au  président  du  Comité  (F'', 
carton  1708,  n°  1891).  Il  n'est  plus  ques- 
tion de  Durieu  dans  les  procès-verbaux; 
les  annotations  portées  sur  la  chemise  qui 
contenait  une  autre  lettre  de  lui  (F^^,  car- 
ton loioS  n°  3608)  nous  apprennent  que 


cette  dernière  lettre  fut  lue  au  Comité  le 
9  germinal  an  11  et  que  le  ai  germinal 
Durieu  relira  lui-même  sa  pétition  et  son 
ouvrage,  par  le  motif  que  ce  si  cet  ouvrage 
était  destiné  à  concourir,  un  autre  pour- 
rait s'en  approprier  le  mériten. 

i^^)  Voir  la  séance  du  1 7  ventôse  (p.  556) 
et,  pour  la  suite,  celle  du  2  5  ventôse 
(p.  570). 

(^^  Pas  de  signature,  ni  à  la  minute  ni 
au  registre.  La  minute  est  de  la  main  dq 
Coupé,  sauf  l'alinéa  sur  l'émigré  Castries, 
qui  est  de  la  main  de  Mathieu. 

(*^  Archives  nationales,  F"* 7,  folio  89, 
verso. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE. 


559 


DEUX   GEAT   ONZIEME    SÉA>CE^". 
Du  2  1  ventôse  an  ii.  [i  i  mars  179^.] 

Le  citoyen  Momoro  vient  apporter  des  renseignements  sur  l'édition 
des  œuvres  de  Marat.  Il  est  invité  à  les  communirjuer  au  citoyen  Lindet, 
rapporteur  de  cette  affaire,  et  à  se  concerter  avec  lui^'^\ 

Mathieu,  inspecteur  du  Comité,  est  chargé  d'examiner  les  papiers 
qui  se  trouvent  à  l'entrée  du  Comité;  et,  après  l'examen,  de  les  ren- 
voyer, s'il  le  juge  à  propos,  aux  inspecteurs  de  la  salle '^l 

Lettre  de  Domergue,  renvoyée  aux  commissaires  préposés  à  la  biblio- 
graphie pour  en  rendre  compte  au  Comité  ^^^ 


(•)  Cette  séance  est  la  dernière  qui  sur  le 
rejjistre  porle  un  numéro  d'ordre  ;  à  partir 
d'ici,  le  copiste  du  Comité  s'est  abstenu  de 
donner  ce  genre  d'indication.  L'écart  entre 
notre  numérotage  et  celui  du  registre  est ,  de- 
puis la  séance  du  1 7*  jour  du  premier  mois 
(voir  t.  Il,  p.  598),  de  quatre  unités;  la 
séance  du  2 1  ventôse  est  désignée  sur  le  re- 
gistre comme  la  deux  cent  septième.  Nous 
continuerons  à  donner  jusqu'au  bout  aux 
séances  un  numéro  d'ordre,  cette  indication 
pouvant  avoir  son  utilité, 

(^^  Voir  la  séance  du  1 1  ventôse  (p.  53o), 
où  le  Comité  avait  pris  un  arrêté  chargeant 
son  rapporteur  de  se  concerter  avec  le  Co- 
mité des  finances  et  de  proposer  à  la  Con- 
vention d'accorder  les  avances  nécessaires 
pour  la  publication  des  œuvres  de  Marat. 
Momoro  n'eut  pas  le  temps  de  se  concerter 
avec  Lindet,  car,  deux  jours  plus  tard,  il 
était  arrêté  comme  conspirateur.  A  la  date 
du  21  ventôse,  après  un  conflit  passager 
entre  les  Cordeliers  et  les  Jacobins,  l'union 
entre  les  deux  clubs  paraissait  rétablie 
(séance  des  Cordeliers  du  lA  ventôse  :  dis- 
cours de  Carrier  et  d'Hébert,  provoquant  à 
l'insurrection;  séance  des  Jacobins  du  iG: 
discours  conciliant  de  Collot  d'Iloibois; 
séance  des  (^ordelieis  du  17  :  députation 
(les  Jacobins  aux  (Cordeliers,  conduite  par 
(iollol  (THerbois,   explications   l'écinrotpics 


et  serment  d'union  ;  séance  des  Jacobins 
du  9.9^  :  députation  des  Cordeliers  aux 
Jacobins,  nouvelles  assurances  de  frater- 
nité); mais  le  28  ventôse,  Saint-Just  lisait 
à  la  Convention  son  rapport  sur  la  wconju- 
ration  ourdie  contre  le  peuple  français  et 
sa  liberté»,  et  la  nuit  suivante  Ronsin, 
Vincent,  Hébert,  Momoro  étaient  arrêtés. 
Ils  furent  guillotinés  le  4  germinal  avec 
Anacbarsis  Clools  et  quelques  autres.  — 
La  question  de  la  publication  des  œuvres 
de  Marat  reviendra  à  l'ordre  du  jour  le 
2  5  messidor  an  11. 

(^)  Il  ne  s'agit  pas  ici  des  trois  voitures 
})leines  de  papiers  imprimés  dont  il  a  été 
question  dans  les  séances  des  20  pluviôse 
et  17  ventôse  (pages  660  et  53 1).  Comme 
la  suite  le  montre,  ce  no  sont  pas  des 
papiers  destinés  à  la  refonte,  puiscpi'ils 
seront  en  partie  déposés  dans  des  cartons. 
(Voir  la  séance  du  a5  ventôse,  p.  370). 

^*^  Nous  donnons  aux  annexes  la  lettre 
lie  Domergue.  L!n  arrêté  du  Comité  pris  le 
17  ventôse  (p.  o;)'i)  avait  or(b)nnê  que 
ff  Domergue  quitterait  sa  place  de  premier 
commis  à  la  bibrKtgrapliie-i.  Dans  la  séance 
(lu  '\',\  (p.  56'!  ),  le  (ion)ilé  rêgleia  la  (pies- 
tion  des  ajipoinlemenls  dus  à  Domergue, 
nommera  Bardcl  comme  son  remplaçant, 
et  ado])tera  un  rè|[lement  poin-  l'ordie  du 
travail  de  la  Mbliogiapbie.  Dans  celle  du 


560       PROCÈS -VERBAUX  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

r 

Etat  des  livres  du  district  de  Marennes  propres  à  être  remis  en  ma- 
tières. Renvoyé  a  la  bibliographie. 

Députation  de  la  section  des  Piques  pour  consulter  le  Comité  sur  un 
mode  d'exécution  des  écoles  primaires.  Arrêté  que  ce  mode  sera  renvoyé 
pour  le  concours. 

Précis  sur  la  canne  à  sucre,  mémoires  sur  le  sucre  et  vin  de  canne  à 
sucre,  sur  l'indigo,  etc.,  présenté  par  le  citoyen  Dutrone.  Renvoyé 
au  Comité  des  colonies  et  d'agriculture  ^^^. 

Le  citoyen  Gadolle  présente  une  brochure  sur  l'instruction  de  la 
jeunesse  ^^\ 

Le  citoyen  Bouquier  fait  lecture  de  son  projet  sur  l'enseignement 
des  sciences.  La  discussion  est  ajournée  à  la  prochaine  séance  ^^^. 

Le  citoyen  Mathieu  a  proposé  de  reconnaître  nationale  la  pro- 
priété. .  .  ('^^ 

La  séance  est  levée  à  onze  heures  ^^K 


PIECE  ANNEXE. 


LETTRE   D'URBAIN    DOMERGUE    AU   COMITE  D^INSTRUCTION   PUBLIQUE 


(6) 


Piimidi,  2  1  ventôse,  Tan  deux  de  la  République  une  et  indivisible. 

Citoyens , 

J'ai  reçu  avec  soumission  l'arrêté  qui  m'ordonne  de  quitter  ma  place.  Je  ne 
l'avais  pas  demandée;  le  Comité,  qui  m'avait  compris  dans  la  liste  des  auteurs  des 
ouvrages  élémentaires  ^'\  me  la  donna  pour  me  retenir  à  Paris,  d'oià  l'on  me  rappe- 
lait pour  remplir  une  chaire  de  langue  française.  Son  intention  était  qu'en  surveil- 


27  ventôse  (p.  587),  il  passera  à  l'ordre  du 
jour  sur  la  demande  de  Domergue  de  con- 
server une  partie  du  logement  qu'il  occu- 
pait. 

^^^  Voir  la  séance  du  2 1  pluviôse  (p.  A/12) 
et  celle  du  3  messidor  an  n. 

^^)  La  lettre  de  Gadolle,  ci-devant  in- 
stituteur, se  trouve  dans  F'^  carton  1009^, 
11°  2169.  Sa  brochure  est  intitulée  Obser- 
vations sur  Véducation  publique.  Il  en  avait 
déjà  fait  hommage  à  la  Convention  par 
lotire  du  18  décembre  1792  (F^',  carton 
]  00/i ,  n"  30/4). 

'^^  Bouquier  avait,  dès  le  19  pluviôse 
(p.  ASi),  In  au  Comité  un  rapport  et  un 


projet  sur  les  degrés  supéiieurs  d'instruc- 
tion publique;  la  discussion  en  avait  été 
ajournée.  Pour  la  suite,  voir  la  séance  du 
23  ventôse  (p.  563). 

^'*)  Ce  commencement  de  phrase  ne  fe 
trouve  qu'à  la  minute.  Après  ces  mots,  le 
secrétaire  a  écrit,  entre  parenthèses  :  «pla- 
cer ici  sa  rédaction  '•>  ;  mais  il  a  négligé  de 
remplir  la  lacune. 

^^^  Pas  de  signature,  ni  à  la  minute  ni 
au  registre.  La  minute  est  de  la  main  do 
Coupé. 

^•^^  Archives  nationales ,  F",  carton  1703 
(dans  la  chemise  marquée  187'!  bis). 

(''   Voir  t.  Il,  p.  21C 


DE  LA  CO^JVENTION  NATIONALE.  561 

iant  le  travail  bibliographique ,  je  ne  perdisse  pas  de  vue  le  travail  particulier  qu'on 
attendait  de  moi. 

J'ai  rempli  cette  double  tâche,  autant  que  je  l'ai  pu;  et,  pour  me  renfermer 
dans  la  bibliographie,  l'étude  que  j'ai  faite  des  choses  et  des  hommes  m'a  per- 
suadé : 

1°  Que  le  plan  qu'on  suit  est  vicieux,  et  ne  conduira  que  par  un  très  long 
chemin  au  but  que  l'on  se  propose,  comme  je  l'ai  exposé  dans  un  rapport  que  jai 
fait  au  Comité,  il  y  a  environ  deux  mois  ^^'; 

2°  Que  les  hommes  employés  à  la  bibliographie  doivent  être  soumis  à  un 
règlement  qui  fixe  et  les  heures  du  travail  et  le  nombre  des  cartes  à  dépouiller; 

3°  Que,  chaque  décade,  le  chef  du  bureau  doit  rendre  compte  aux  membres 
composant  la  section  bibliographique  de  la  conduite  des  préposés  et  du  résultai 
du  travail. 

C'est  depuis  mon  rapport,  sur  iequd  on  espérait  de  jour  en  jour  qu'd  serait 
statué,  que  les  bibliographes,  incertains  si  l'on  suivrait  l'ancienne  marche,  ou  si 
l'on  adopterait  le  nouveau  plan,  ont  vu  ralentir  leur  zèle.  Ce  n'est  pas  à  moi  qui 
ai  le  malheur  d'avoir  encouru  la  disgrâce  du  Comité  à  inculper  personne. 

Mais  en  quittant  ma  place,  je  forme  un  vœu  que  je  supphe  le  Comité  de  ne  pas 
rejeter,  c'est  de  coopérer  à  la  rédaction  du  plan  à  suivre,  du  règlement  et  de  la 
nouvelle  instruction  motivée  qu'il  convient  de  publier  et  d'envoyer  à  tous  les 
directoires  de  département  et  de  district. 

La  perte  de  ma  place  m'afflige;  mais  je  ne  serai  pas  inconsolable,  si  le  travail 
important  de  la  bibliographie  peut  tirer,  au  moment  de  ma  retraite,  quelque  avan- 
tage de  mon  expérience  et  de  mes  observations. 

Urbain  Domergde. 

P.  S.  Sur  le  point  de  rétablir  la  Société  des  amateurs  de  la  langue  française  ^"\ 
je  désire  que  le  Comité  me  laisse  la  jouissance  d'une  pièce  conliguë  aux  bureaux , 
pièce  qui  leur  est  inutile  et  m'est  indispensable,  ainsi  que  d'un  cabinet  sur  le 
derrière.  Une  institution  dont  le  but  est  de  rendre  la  langue  de  la  liberté  plus 
accessible  à  tous  et  plus  digne  de  notre  régénération  me  parait  devoir  intéresser  le 
Comité  d'instruction  publique. 

SuscrlpLion  : 

Aux  citoyens  composant  le  Comité  d'instruction  publiipie,  à  Paris. 

En  marge  :  rrRonvoyé  aux  commissaires  de  la  bihliographlo  pour  en  rendre  compte  au 
Comité.  9  1  ventôse.  J.-AL  Counî,  secrétaire. n  —  rrOrdre  du  jour,  37  ventôse.'' 

(')  Il  s'agit  sans  doute  du  rapport  sur  la  ('-^  Cette  Société,  fondée  eu  1791,  avait 

bibliographie  générale,  présonié  par  Do-  publié  jxMulanl   un    an    le   Jotimal   de   la 

mergue  au  Comité  le  3 1  brumaire.  Voir  ce  laiifriie  française ,  suite  do  celui  (pie  Do- 

docnment  au  tome  II ,  p.  79.").  Mais  il  y  avait  meigue  avait  publié  à  byou  sous  le  même 

quatre  mois,  et  non  deux,  que  ce  ra[)[)ort  titre  de  178^1  à  1791. 
avait  été  fait. 


III. 


36 

iHi<riyinir.    x»tiox\ii. 


562      PROCÈS -VERBAUX  DU  COMITE  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 


DEUX   CENT   DOUZIEME   SEANCE. 

Du  23  ventôse  an  u.  [  i3  mars  179^.] 

Grégoire  rend  compte  de  la  réception  des  papiers  de  la  Commission 
des  monuments  supprimée,  dont  il  avait  été  chargé  avec  Arbogast^^^;  et 
ayant  demandé  qu'il  fut  donné  un  récépissé  de  ces  papiers  et  registre 
à  cette  (Commission,  le  Comité  passe  à  l'ordre  du  jour  motivé  sur  ce 
que  cela  avait  déjà  été  arrêté. 

Un  membre  propose  ^'-^  :  i"*  que  les  députés  de  la  Commission  des 
monuments  soient  admis  à  la  séance;  2°  qu'il  leur  soit  donné  acte  du 
dépôt  de  leur  registre  de  délibérations;  3"  que  leur  registre  soit  clos  et 
arrêté  ;  à°  qu'il  leur  soit  demandé  s'ils  ont  rendu  compte  au  ministre  de 
l'intérieur  de  leur  administration  et  de  l'emploi  des  fonds  à  eux  destinés. 

Cette  demande  leur  ayant  été  faite,  ils  ont  répondu  qu'ils  rendraient 
ce  compte  au  ministre  de  l'intérieur. 

Les  mêmes  commissaires  autorisés  à  donner  décharge  à  la  ci-devant 
Commission  des  monuments  de  ses  papiers  le  sont  aussi  à  leur  donner 
décharge  du  registre  de  ses  séances ^^^. 

Note   concernant    des    monuments   précieux    existant    à    Sceaux, 


(^)  Le  procès-verbal  de  la  séance  n'a  pas 
parlé  de  la  mission  confiée  à  Grégoire  et  à 
Arbogast;  mais  le  texte  du  présent  procès- 
verbal  montre  clairement  que  les  deux  com- 
missaires avaient  dû  être  nommés  le  17, 
et  s'étaient  rendus  au  local  de  la  Commis- 
sion des  monuments  pour  y  recevoir  les 
papiers. 

(-)  On  lit  à  la  minute  le  commencement 
d'une  première  rédaction  biffée,  qui  est 
ainsi  conçue  :  cr Mathieu  propose  de  de- 
mander à  la  Commission  qu'elle  rende 
compte.  .  .  n  L'alinéa  qui  a  pris  place  dans 
le  procès-verbal ,  au  lieu  de  la  rédaction 
inachevée  du  secrétaire ,  est  de  la  main  de 
Mathieu,  et  se  trouve  sur  un  feuillet  séparé. 

^^'>  Conformément  à  la  proposition  faite 
plus  haut,  que  le  registre  des  délibérations 
de  la  Commission  des  monuments,  déposé 
le  17  ventôse  sur  le  bureau  du  Comilé,  fût 


clos  et  arrêté,  et  que  les  commissaires  Gré- 
goire et  Arbogast  en  donnassent  décharge  à 
la  Commission,  les  lignes  suivantes  furent 
écrites  séance  tenante  dans  le  registre ,  de 
la  main  de  Grégoire,  immédiatement  après 
le  procès-verbal  de  la  séance  de  la  Com- 
mission du  16  ventôse  : 

w  Aujourd'hui  vingt-trois  ventôse  Tau 
second  de  la  République  une  et  indivi- 
sible, les  citoyens  soussignés,  membres  du 
Comité  d'instruction  publique ,  chargés  par 
lui  de  vérifier  et  de  clore  le  présent  re- 
gistre, ayant  pris  connaissance  dudit  re- 
gistre, et  barré  tous  les  blancs,  ont  clos  le 
registre  après  avoir  reconnu  qu'il  était 
composé  de  deux  cent  septante-deux  pages, 
la  page  cent  nonante-un  étant  double,  et 
intercalée.  Fait  au  Comité  d'instruction 
publique  les  jour  et  an  ci-dessus.  Grégoire, 
Ahbogast.-" 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE. 


563 


remise  par  les  membres  de  la  ci-devant  Commission  des  monuments. 
Renvoyée  à  la  Commission  des  arts. 

Liste  des  émigrés  dont  on  a  reçu  les  effets  à  la  maison  de  Nesle  par  la 
ci-devant  Commission  des  monuments.  Renvoyée  à  la  Commission  des  arts. 

Un  membre ^^^  propose  :  i°  qu'il  soit  tenu  des  cartons  pour  la  corres- 
pondance des  départements,  relativement  aux  travaux  de  la  Commission 
des  arts;  2°  qu'il  soit  tenu  note  par  ordre  de  date,  sur  un  registre,  des 
pièces  formant  cette  correspondance. 

Trait  de  bravoure  de  Groslaire.  Renvoyé  à  Bourdon  ^'^K 

Bouquier  reprend  la  lecture  de  son  projet  d'enseignement  des 
sciences  ^^\  Il  est  discuté  article  par  article. 

Un  membre  propose  que  le  Comité  d'instruction  publique  se  con- 
certe avec  le  Comité  de  salut  public  pour  charger  nominativement  les 
savants  les  plus  propres  à  composer  les  livres  élémentaires  destinés  à 
l'instruction  publique,  et  que  l'indication  de  ces  savants  sera  faite  à  la 
prochaine  séance  ^^^. 

Un  membre  propose  de  nommer  des  commissaires  pour  assister  à 
la  levée  des  scellés  apposés  sur  les  papiers  de  Cassini;  le  Comité 


(')  Ce  membre  est  Mathieu.  L'alinéa  a 
été  rédigé  par  lui,  ot  se  trouve  sur  un 
feuillet  séparé,  écrit  de  sa  main. 

(2)  Voir  p.  59^1. 

(•■'^  La  minute  porte  ici,  entre  paren- 
thèses, cette  note  du  secrétaire  :  «Il  sera 
inscrit  à  la  finw.  Mais  le  projet  de  Bouquier 
n'a  pas  été  transcrit;  la  discussion  d'ail- 
leurs n'en  a  été  achevée  que  dans  la  séance 
suivante.  Voir  p.  56o. 

^*^  Il  nous  paraît  probable  que  la  propo- 
gillon  faite  ici  s'applique  non  aux  livres  élé- 
mentaires destinés  aux  premières  écoles, 
puisque  la  composition  de  ces  livres  avait 
été  mise  au  concours  par  le  décret  du  g  plu- 
viôse, mais  à  la  composition  dos  livres  des- 
tinés au  dernier  degré  d'instruction.  Déjà  en 
décembre  179a,  Arbogast,  dans  son  liap- 
port  sur  la  composition  des  livres  élémentaires 
destinés  à  l'instruction  publique ,  avait  pio- 
posé  ce  mode  do  composition.  Il  disait  : 
«Votre  Comité  a  cru  devoir  vous  proposer  de 
charger  diroctomont  les  hommes  les  plus 
éclairésdo  la  composition  des  ouviages  pour 


les  instituts,  et  d'ouvrir  un  concours  pour 
ceux  des  écoles  primaires  et  secondaires.?) 
(Voir  notre  tome  I",  p.  97.)  Fourcroy  éga- 
lement, dans  son  discours  du  19  frimaire, 
avait  proposé  que,  pour  l'enseignement  des 
sciences  et  des  arts,  on  se  procurât  les 
livres  élémentaires  «non  par  un  concours 
qui  exige  un  temps  trop  long  et  qui  mul- 
tiplie les  difficultés,  mais  par  un  choix  fait 
parmi  ceux  qui  existent  déjà,  et  que  la  ré- 
daction de  ceux  qui  manquent  lut  confiée 
à  (les  patriotes  éclairés,  par  le  Comité  d'in 
struction  publique??.  (Voir  le  présent  vo- 
lume, p.  10a.) 

Le  membre  qui  venait  de  faire  au  Co- 
mité la  proposition  relatée  par  le  procès- 
verbal  —  c'est  probabloment  Arbogast  ou 
Fourcroy  —  demandait  que  la  désignation 
dos  savants  charg<''s  de  l'édigor  h>s  livres  élé- 
mentaires eût  li»Hi  dès  la  séance  suivante. 
Mais  celte  motion  n'eut  pas  do  suite  pour 
le  moment;  elle  était  en  contradiction  tant 
avec  le  (h'crfl  du  9  pluviùso  qu'avec  le  plan 
présente  par  lioutpiiei'.  Le  projet  de  détTol 


.)!( 


564      PROCÈS -VERBAUX  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

nomme  Arbogast  et  Proiiy,  d'après  l'arrêté  du  Comité  de  sûreté  géné- 
rale ('). 

Un  membre  ^'^^  propose  de  faire  accorder  à  la  citoyenne  Masson  un 
supplément  de  gratification  pour  son  procédé  sur  les  papiers,  et  de 
proposer  un  concours  pour  tous  les  ouvriers  qui,  pendant  un  temps 
donné,  indi(|ueront  des  procédés  analogues  à  ceux  de  la  citoyenne 
Masson  ;  il  demande  à  être  autorisé  à  se  concerter  avec  la  Commission 
des  approvisionnements  et  à  proposer  à  la  prochaine  séance  un  projet 
de  décret  a  cet  égard.  Arrêté  ^^^ 

Labenne  recevra  ses  honoraires  du  jour  de  son  admission  (^^,  et  Do- 
mergue  jusqu'au  jour  de  l'arrêté  qui  lui  a  été  signifié  sur  la  cessation 
de  ses  travaux  ^^^. 

Un  membre ^^'^  propose  un  projet  de  règlement  pour  Tordre  du  tra- 
vail de  la  bibliographie;  il  est  arrêté  ainsi  qu'il  suit  : 


do  Bouquier  sur  le  dernier  degré  d'instruc- 
tion contenait  en  effet  la  disposition  sui- 
vante (article  3  de  la  section  P^)  :  r? Elle  (la 
Convention)  charge  son  Comité  d'instruc- 
tion de  faire  choix  des  livres  élémentaires 
existants  des  diverses  sciences  et  arts  qui 
doivent  concourir  à  la  perfection  de  l'in- 
struction publique,  et  d'accélérer  par  i a 
voie  du  concours  la  composition  de  ceux 
qui  manquent ^1.  Ce  fut  seulement  après  le 
9  thermidor,  quand  le  plan  de  Bouquier 
eut  été  écarté,  qu'on  verra  le  Comité  re- 
noncer au  système  du  concours ,  et  désigner, 
le  i"  brumaire  an  m,  neuf  savants  ou 
hommes  de  lettres  qu'il  charge  de  rédiger 
les  livres  élémentaires  suivants  :  livre  élé- 
mentaire de  morale  républicaine  (Bernar- 
din de  Saint-Pierre);  éléments  de  calcul  et 
de  géométrie  (Lagrange);  éléments  d'his- 
toire (Garât);  éléments  de  lecture  et  d'é- 
criture (Sicard);  éléments  de  grammaire 
(Pougens);  éléments  d'histoire  naturelle 
(Daubenton);  explication  des  droits  de 
l'homme  et  de  la  constitution  (Volney); 
description  et  usage  des  instruments  de 
l'industrie  de  l'homme  (Monge);  éléments 
des  principaux  phénomènes  de  la  nature 
(Haiiy).  Le  concours  ouvert  par  le  décret 
du  9  pluviôse  an  ii  pour  la  composition  de 


neuf  livres  élémentaires  destinés  aux  pre- 
mières écoles  n'en  fut  pas  moins  maintenu; 
et  un  certain  nombre  des  ouvrages  présentés 
à  ce  concours  seront  couronnés  en  l'an  iv. 

^^^  Voir  la  séance  du  i"  ventôse  (p.  ^79). 
Cassini  avait  été  arrêté  comme  suspect  le 
a6  pluviôse,  sur  une  dénonciation  venue  du 
comité  révolutionnaire  de  Beauvais  (Oise). 
Une  expédition  de  l'arrêté  du  Comité  de 
sûreté  générale ,  en  date  du  21  ventôse,  est 
jointe  à  la  minute  du  procès-verbal  ;  l'arrêté 
porte  que  les  scellés  seront  levés  cren  pré- 
sence de  Cassini  et  en  celle  de  deux  citoyens 
préposés  par  le  Comité  d'instruction  pu- 
blique et  par  le  comité  révolutionnaire  de 
sa  section  55. 

(-)  Ce  membre  est  Guylon-Morveau, 
ainsi  que  le  fait  voir  le  procès-verbal  de 
la  séance  du  97  venlôse  (p.  585). 

(^^  Voir  la  séance  du  3  ventôse  (p.  ^84) 
et,  pour  la  suite,  celle  du  27  ventôse 
(p.  585). 

^^)  Labenne  avait  été  nommé  cammis  à 
la  bibliographie  le  9  ventôse  (p.  5 06). 

(^)  L'arrêté  destituant  Domergue  est  du 
17  ventôse  (p.  553). 

(")  C'est  Grégoire  ;  le  projet  de  règlement 
qui  va  suivre,  et  dont  l'original  est  joint 
à  la  minute  du  procès-verbal ,  est  de  sa  main. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  565 

Article  premier.  Il  y  aura  à  la  bibliographie  un  commis  chargé  de  la  division 
et  distribution  des  cartes  et  de  leur  vérification  journalière.  Il  entretiendra  avec 
tous  les  districts  de  la  République  une  correspondance  active,  qui  sera  toujours 
signée  par  les  députés  commissaires  de  la  bibliographie;  il  tiendra  un  état  exact 
des  lettres  écrites  ou  reçues,  ainsi  que  des  paquets  de  cartes  reçus  et  renvoyés. 

Art.  2.  II  enverra  journellement  une  notice  du  travail  de  chaque  jour  aux  com- 
missaires de  la  bibliographie,  qui  en  rendront  compte  le  primedi  de  chaque  dé- 
cade au  Comité. 

Art.  3.  Tous  les  citoyens  employés  h  la  bibliographie  s'y  rendront  à  huit  heures 
précises  du  matin  et  n'en  sortiront  qu'à  trois  heures  après-midi.  Une  demi-heure 
est  accordée  pour  le  déjeuner. 

Art.  tx.  Les  bureaux  de  la  bibliographie  seront  fermés  à  trois  heures  ;  après 
cette  époque  nul  ne  pourra  y  rentrer,  excepté  le  citoyen  charg('  de  vérifier  les  cartes. 

Art.  5.  Nul  ne  pourra  s'occuper  dans  le  local  de  la  bibliographie  de  choses 
étrangères  à  son  travail  ;  on  n'y  pourra  recevoir  de  visites. 

Art.  6.  Les  cent  mille  feuilles  qui  sont  le  résultat  des  dépouillements  dt^'à  faits 
seront  épurées  et  corrigées. 

Art.  7.  Chacun  des  citoyens  chargés  du  dépouillement  des  cartes  en  dépouillera 
au  moins  cent  par  jour. 

Art.  8.  Ceux  qui  seront  chargés  des  manuscrits,  à  défaut  de  travail,  aideront 
ceux  qui  seront  chargés  de  l'épuration  des  dépouillements  déjà  faits. 

Art.  9.  Il  ne  sera  plus  apposé  sur  aucun  ouvrage  les  lettres  V  ou  G  pour  dési- 
gner les  ouvrages  à  vendre  ou  à  garder. 

Art.  10.  La  manière  d'opérer  sera  développée  dans  une  instruction  approuvée 
par  le  Comité  d'instruction  publique  et  qui  servira  de  règlement  pour  cet  objet. 

Art.  11.  Il  y  aura  un  garçon  de  bureau  logé  près  de  la  bibliographie. 

Art.  12.  Le  citoyen  Bardel  est  chef  de  la  bibliographie. 

instruction  sur  la  manière  de  procéder  au  dépouillement  des  cartes^^^. 
On  copie  sur  des  feuilles  les  titres  écrits  sur  les  cartes. 

Manière  uniforme  de  faire  cette  transcription. 

On  écrit  au  haut  de  la  feuille,  à  l'extrémité  gauche  et  en  lettres  rondes,  le  nom 
de  l'auteur  et  ses  prénoms,  entre  deux  crochets. 

On  écrit  encore  au  haut  de  la  feuille  et  vers  le  milieu  le  nom  de  la  classe  :  r)il)lio- 
graphie,  Sciences  ou  Théologie  ou  Jurisprudence ,  à  la(|U('llt>  l'ouvrage  apparlieiit. 

Si  Touvrage  est  anonyme,  on  met  à  la  place  du  nom  d'auteur  le  nom  île  la 

^'^  Celte  Inslriicfion  ne  se  (rouvo  pns  ;"i  la  niiiiule.  Dans  le  rogislro,  le  lopislo  l'a  placée 
au  procos-veibal  do  la  séance  du  1^7  veniôso.  Sa  place  nalurollo  nous  parail  ôiro  ici,  à  la 
suite  ilu  Uùjjlouieut. 


566      PROCÈS -VERBAUX  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PURLIQUE 

classe,  par  exemple:  Histoire,  et  vers  le  milieu  de  la  page,  à  la  même  hauteur, 
le  nom  de  la  section,  comme  histoire  ancienne,  histoire  moderne,  ou  même  le  nom 
d'un  article  de  la  section,  comme  histoire  de  France,  histoire  d'Italie,  d'Espagne, 
d' Allemagne ,  etc. 

Au-dessous  du  nom  de  l'auteur  ou  de  la  classe,  à  la  distance  de  trois  ou  quatre 
lignes,  on  écrit  en  chiffres  arabes  la  date  de  l'impression. 

Plus  bas,  et  à  la  distance  d'environ  quinze  lignes  du  haut  de  la  page  et  à  l'ex- 
trémité gauche,  on  écrit  le  titre  sans  interhgne. 

Le  nom  de  l'auteur  est  toujours  mis  au  commencement  du  titre ,  en  caractères 
un  peu  plus  gros  que  le  reste.  Il  est  souligné.  Les  prénoms  sont  placés  à  la  suite, 
entre  deux  crochets.  Dans  les  titres  anonymes,  le  mot  principal,  c'est-à-dire  le 
mot  qui  indique  la  nature  et  la  qualité  de  l'ouvrage,  est  souligné. 

Le  nom  de  l'auteur,  mis  au  haut  de  la  page,  est  toujours  au  nominatif.  11  est 
encore  au  nominatif  au  commencement  du  titre,  excepté  dans  les  titres  grecs  et 
latins  où  l'on  peut  le  laisser  au  génitif,  suivant  le  sens  de  la  phrase. 

Ce  qui  est  écrit  dans  le  titre  et  à  la  suite  du  titre  appartient  à  tous  les  exem- 
plaires de  la  même  édition.  C'est  pourquoi  les  conditions  essentielles  et  intiin- 
sè(]ues  doivent  seules  être  indiquées  au  bas  du  titre.  Ces  conditions  premières 
sont  le  numéro  de  Vannée,  le  nom  de  ville,  le  nom  d'imprimeur,  le  caractère 
gothique  ou  en  lettres  iwides,  etc.,  la  forme  intérieure  du  livre,  comme  papier 
réglé,  etc.,  ]e  format  et  le  nombre  des  volumes. 

Lorsque  le  nombre  des  volumes  est  indiqué  sur  la  carte,  il  faut,  avant  de 
l'écrire  au  bas  du  titre,  être  sûr  que  l'ouvrage  est  complet.  Car  si  l'ouvrage 
n'était  pas  complet  il  ne  faudrait  pas  écrire  ce  nombre  au  bas  du  titre,  mais  seu- 
lement à  la  suite  du  numéro  du  département,  du  district  et  du  dépôt  littéraire  où 
existe  cet  exemplaire  incomplet.  Si  le  nombre  des  volumes  était  plus  que  complet, 
c'est-à-dire  s'il  indiquait  outre  un  exemplaire  complet  un  ou  plusieurs  volumes 
d'un  second  exemplaire,  il  ne  faudrait  écrire  au  bas  du  titre  que  le  nombre  des 
volumes  de  l'exemplaire  complet,  et  mettre  le  nombre  des  volumes  dépareillés  à 
la  suite  des  caractères  qui  indiquent  le  dépôt  httéraire  où  se  trouvent  ces  volumes. 
Dans  ce  dernier  cas,  on  écrit  deux  fois  les  caractères  indicatifs,  une  fois  pour 
l'exemplaire  complet ,  et  la  seconde  fois  pour  l'exemplaire  incomplet. 

Les  conditions  importantes  comme  vélin  grand  papier,  marge  large,  fig., 
cartes,  etc.,  mais  qui  n'appartiennent  pas  nécessairement  à  tous  les  exemplaires 
de  l'édition,  sont  mentionnées  à  la  suite  des  numéros  et  lettre  qui  indiquent  le 
dé|)ôt  littéraire  où  se  trouve  l'exemplaire. 

Les  conditions  extérieures,  telles  que  :  relié,  broché ,  couverture  en  bois,  en  carton, 
en  parchemin,  en  veau ,  en  basane,  en  maroquin;  incomplet,  dépareillé ,  délabré,  etc., 
ne  sont  jamais  mises  au  bas  du  titre,  mais  elles  affectent  uniquement  l'exemplaire 
auquel  elles  appartiennenL 

Après  avoir  écrit  le  titre,  on  copie  ce  qui  se  trouve  au  bas  de  la  carte,  c'est-à- 
dire  le  numéro  du  département,  et  les  noms  du  district,  delà  commune  et  du 
dépôt  littéraire.  On  y  ajoute  le  numéro  qui  indique  le  rang  de  l'ouvrage  dans  le 
dépôt.  Ce  numéro  est  toujours  sur  la  carte,  à  la  tête  du  titre. 

Cette  indication  se  fait  au-dessous  du  titre  pour  toutes  les  bibliothèques  du 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  567 

60*  département  ^^\  et  au  revers  de  la  feuille  pour  les  bibliothèques  de  tous  les 
autres  ddpartemenfs.  Pour  cet  effet,  la  page  du  revers  est  divisée  en  trois  parties 
égales  par  deux  lignes  verticales  ;  les  d^pai  tements  depuis  1  jusqu'à  3o  sont  mis 
dans  la  première  colonne,  depuis  3o  jusqu'à  60  dans  la  deuxième,  et  depuis 
60  jusqu'à  86  dans  la  dernière.  Lorsqu'une  colonne  est  remplie,  on  e'crit  le  titi-e 
sur  une  autre  feuille  et  l'on  opère  de  la  même  manière. 

On  observe  dans  le  classement  des  feuilles  un  ordre  constant  et  régulier. 

Pour  classer  les  feuilles  qui  ne  sont  pas  anonymes,  on  suit  l'ordre  alphabétique 
des  noms  d'auteur. 

Si  plusieurs  auteurs  ont  le  même  nom ,  on  suit  pour  les  classer  entre  eux  l'ordre 
alphabétique  des  prénoms  ;  et  si  les  prënoms  sont  aussi  les  mêmes,  on  suit  Tordre 
alphabétique  des  noms  de  profession,  de  pays,  etc. 

Dans  le  classement  des  ouvrages  d'un  même  auteur,  on  ne  consulte  pas  la 
[  nature ^^^]  des  ouvrages,  mais  l'ordre  des  dates.  Les  éditions  sans  date  sont  placées 
les  premières  en  dessus,  ensuite  les  plus  anciennes  éditions,  etc. 

Le  classement  des  ouvrages  anonymes  se  fait  par  ordre  de  matières.  Les  feuilles 
d'une  classe  sont  divisées  en  autant  de  paquets  qu'il  y  a  de  sections  dans  cette 
classe  ;  chacun  de  ces  paquets  est  encore  divisé  en  autant  d'autres  qu'il  y  a  d'ar- 
ticles dans  la  section;  enfin,  ces  derniers  paquets  sont  subdivisés  autant  de  fois 
qu'il  y  a  de  paragraphes  dans  chaque  article.  Quand  on  est  parvenu  à  la  dernière 
division,  on  range  par  ordre  de  date  les  feuilles  de  chaque  paquet,  il  est  facile 
après  cela  d'intercaler  une  nouvelle  feuille  ;  si  j'ai  par  exemple  l'ouvrage  anonyme 
intitulé  :  Uart  de  conserver  sa  santé,  Leyde,  de  Graaff,  1 68-2 ,  t  volume  in-i  q  ,  je 
le  place  à  la  classe  3,  Sciences  et  Arts,  section  V,  de  la  Médecine,  arl.  3,  Traités 
sin/ruliers,  S  2,  Hygiène,  entre  les  années  1681  et  i683. 

On  ne  transcrit  pas  toutes  les  cartes. 

Lorsqu'on  a  déjà  copié  le  titre  d'un  ouvrage  et  qu'il  se  trouve  sur  une  nouvelle 
carte  un  exemplaire  du  même  ouvrage,  imprimé  dans  la  inêiiie  année,  dans  la 
même  ville,  par  le  înême  imprimeur,  avec  les  mêmes  caractères ,  dans  la  même  forme 
intérieure  et  dans  \q  même  format ,  c'est-à-dire  un  exemplaire  de  la  même  édition, 
on  copie  seulement  sur  la  feuille  ce  qui  se  trouve  écrit  au  bas  de  la  carte,  avec  le 
n°  d'ordre  et  les  conditions  extérieures  s'il  y  en  a. 

Toutes  les  fois  qu'une  des  conditions  essentielles  est  différente,  on  fait  une  nou- 
velle feuille.  Ainsi  on  fera  une  nouvelle  feuille  si  la  date,  le  caractère,  les  noms  de 
ville  et  iX imprimeur  étant  les  mêmes,  \q format  est  différent,  etc. 

On  est  convenu  de  regarder  comme  étant  du  même  format  les  in- 1-2  et  les 
in-S",  les  in- 16  et  les  in-18 ,  les  in-sâ  et  les  in-3a. 

Les  différences  dans  la  nature  du  papier,  dans  la  rehure,  etc.,  ne  constituant  pas 
une  différence  d'échlion,  ne  suffisent  pas  j)our  déterminer  à  l'aire  une  nouvelle 

^''  Lo  Go"  département,  dans  l'ordro  al-  ^"'^   Le   nianuscril,   qui    est    do  la   main 

pliabétlqiie,  est  lo  départoinenl  (]o  Paris  (si  d\\u  copislo,  porte  «Irihiine'i.  \oiis  avons 

Ton  nn  lait  pas  eniror  on  complo  les  ilô-  snhslilué   à  celle   expression    ininlolli'jihlo 

parlenionls  dos  Alpos-Mariliinos,  du  Mont-  celle  que  le  contexte  noUvS  a  seiublé  indi- 

Blaiic   ol   (lu  Moiil -Toriililc,   chm-s  (h^pitis  (jium". 
l'ouverturo  de  la  session  do.  la  Convoiilion). 


568      PROCÈS -VERBAUX  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

feuille.  Ainsi,  on  ne  fait  pas  une  nouvelle  feuille  parce  qu'un  exemplaire  est  im- 
primé sur  vélin  et  l'autre  sur  papier;  parce  que  Tun  est  avec  figures  et  l'autre 
sans  figures;  l'un  complet  et  l'autre  incomplet;  l'un  relié  et  l'autre  broché,  l'un  en 
parchemin  et  l'autre  en  maroquin ,  etc. 

On  fait  autant  de  feuilles  différentes  qu'il  y  a  d'exemplaires  sans  date. 

Manuscrits. 

Les  procédés  pour  le  dépouillement  et  le  classement  des  manuscrits  sont  les 
mêmes  que  pour  les  imprimés. 

Vérificateiirs. 

Les  détails  de  cette  instruction  indiquent  toutes  les  fautes  qui  sont  à  corriger 
dans  les  anciennes  fouilles. 

Le  citoyen  Bardel,  chef  de  la  bibliographie,  est  chargé,  sous  sa  responsabilité, 
de  tenir  la  main  à  l'exécution  des  dispositions  contenues  dans  la  présente  instruc- 
tion et  de  celle  des  règlements  faits  pour  la  bibliographie  en  date  du  28  ventôse 
présent  mois. 

Sur  la  proposition  d'un  membre,  il  est  arrêté  qu'il  sera  demandé 
au  citoyen  Desmarest  ce  qu'il  reste  à  faire  pour  la  gravure  de  la  carte 
minéralogique  de  l'Auvergne,  les  frais  nécessaires  pour  cet  achève- 
ment, dans  quel  délai  il  peut  promettre  au  Comité  la  publication  de 
l'ouvrage  qui  doit  accompagner  [la  carte] ^^l 

Le  Comité  a  arrêté  que  deux  de  ses  membres,  Guyton  et  Fourcroy, 
sont  ses  commissaires  auprès  du  Comité  de  salut  public  pour  conférer 
avec  lui  pour  toutes  les  mesures  d'instruction  qui  pourront  coïncider 
avec  les  opérations  générales  [du  gouvernement,  qu'il  leur  sera  ad- 
joint', selon  les  rapports  particuliers,  un  ou  plusieurs  membres  du 
Comité,  et  tjue  Bouquier,  d'abord,' ira  concerter  avec  "^eux  son  projet 
d'enseignement  des  sciences  au  Comité  de  salut  public  ^^l 

Séance  levée ^^l 


^1)  Cet  alinéa  ne  se  trouve  qu'à  la  mi- 
nute. Par  un  lapsus,  le  secrétaire  a  écrit 
ainsi  la  fin  de  la  phrase^:  «la  publication 
de  l'ouvrage  qui  doit  accompagner  l'ou- 
vrage n.  II  faut  évidemment  lire  :  «qui  doit 
accompagner  la  carte 75.  Sur  la  carte  de  Des- 
marest, voir  la  séance  du  19  ventôse 
(p.  557)  et,  pour  la  suite,  celle  du  i3  ger- 
minal an  II. 

(^^  La  discussion  du  projet  de  Bouquier 
n'est  pas  encore  achevée.  Elle  ne  sera  termi- 
née que  dans  la  séance  suivante  (p.  669). 


^^)  Pas  de  signature,  ni  à  la  minute 
ni  au  registre.  La  minute  est  de  la  main 
de  Coupé,  sauf  l'alinéa  qui  contient  les 
quatre  propositions  faites  par  Mathieu  au 
sujet  de  la  Commission  des  monuments, 
et  celui  qui  contient  deux  propositions  du 
même  membre  au  sujet  de  la  correspon- 
dance avec  les  départcmenis,  relativement 
aux  travaux  de  la  Commission  des  arts; 
ces  alinéas,  portés  sur  des  feuillels  séparés, 
sont  de  la  main  de  Mathieu. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE. 


560 


DEUX   CENT   TREIZIEME    SEANCE. 

Du  95  ventôse  an  ii.  [i5  mars  179^.] 

Bouquier  reprend  la  lecture  de  son  projet  d'enseig^nement  des 
sciences  ^^l 

Trois  commissaires  médecins,  nommés  pour  examiner  la  proposition 
faite  par  le  citoyen  Sans  d'employer  l'électricité  négative  pour  la  gué- 
rison  des  maladies  convulsives  des  enfants^'-),  en  font  le  rapport,  et  il 
est  arrêté  qu'il  en  sera  fait  mention  au  procès-verbal,  ainsi  que  de  la 
satisfaction  du  Comité  ^^l 

Un  citoyen  présente  une  note  sur  les  propriétés  musicales  et  sur 
les  moyens  d'arrêter  les  contrefaçons.  Uenvové  à  Mathieu  ^^^ 

Les  citoyens  Lépine  et  Niquet  présentent  au  Comité  les  tableaux 
gravés  des  principaux  événements  de  la  Révolution  française,  depuis 
l'Assemblée  des  notables  en  1787.  Renvoyé  à  David  pour  lui  en  faire 
le  rapport  ^^^. 

Le  ministre  de  l'intérieur  notifie  au  Comité  l'envoi  des  décrets  des 

8  et  27  pluviôse  sur  les  bibliothèques  nationales  ^^^. 

Le  citoyen  Trouville,  ingénieur,  vient  offrir  au  Comité  un  projet 
d'hydraulique  naturelle.  Renvoyé  à  Mathieu  ^^^. 

Le  citoyen  Jussieu  vient  proposer  des  idées  pour  la  célébration  des 
décades.  Renvoyé  à  Mathieu  ^^\ 

^'^  Voir  la  suite  an  premier  alinéa  de 
la  page  suivante. 

^'^^   Voir  la  séance  du  a 3  nivôse  (p.  279). 

^^)  Le  rapport  des  commissaires  Corvi- 
sart,  Halle  et  Portai  avait  été  enregistré  au 
Comité  sous  le  n°  2191  (F^',  carton  1009^), 
mais  il  n'est  pas  en  place.  Une  note  écrite 
sur  la  chemise  nous  apprend  que  ce  docu- 
ment a  été  renvoyé  à  la  rlenxiéme  section 
du  Comité  le  1 1  brumaire  an  m.  Il  sera 
de   nouveau    question   do   Tabbé    Sans  le 

9  1  floréal  an  11. 

^*)  Mathieu  avait  été  nommé,  le  1  9  ven- 
tôse, rapporteur  pour  les  articles  addi- 
tionnels à  la  loi  contre  les  contrefaçons  des 
ouvrages  de  musi(pie  (p.  556). 

^■'^    La  leltiv  do  Lépiiio  et  iNiquol  avait 


été  enregistrée  au  Comité  sons  le  n"  2188 
(F^^  carton  1009-);  elle  manque.  11  sera 
de  nouveau  question  des  gravures  de  Lépine 
et  Niquet  le  5  floréal  an  11. 

^^)  Le  décret  du  8  pluviôse  est  celui  (pii 
institue  les  bibliothèques  de  district;  le  dé- 
cret du  27  pluviôse  est  celui  qui  excopte 
les  bibliothèques  des  ports  dos  dispositions 
du  décret  du  8.  La  lettre  du  ministre  avait 
été  enregistrée  au  Comité  sous  le  1°  2190 
(F^',  carton  10 09-);  elle  manque. 

^'^  Nous  n'avons  pas  trouvé  la  lettre  de 
Trouville.  Pour  la  suite,  voir  la  séance  ilu 
27  ventôse  (p.  586). 

^*'  Sur  Jussieu,  voir  la  séance  du  1"  plu- 
viôse (p.  3o5).  Lo  malin  mémo  du  aô  \on- 
lôse,  admis  à  la  barro  do  la  Cun\onlion, 


570      PROCÈS -VERBAUX  DU  COMITE  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

Le  projet  d'enseignement  de  Bonquier  ayant  été  discuté  article  par 
article,  il  a  été  arrêté  qu'il  serait  communiqué  aux  Comités  des  finances 
et  de  salut  public,  et  ensuite  proposé  à  la  Convention  nationale  ^^\ 

Il  a  été  nommé  trois  commissaires,  Buache,  Prony  et  Lagranpe, 
pour  l'examen  et  l'acquisition  de  l'instrument  astronomique  du  citoyen 
Haupois^'-^. 

Il  a  été  arrêté  qu'il  serait  désigné  six  commis  pour  la  transcription 
des  inventaires  de  la  (Commission  des  arts  ^^\ 

Mathieu  fait  un  rapport  sur  une  masse  de  papiers  qui  étaient  à 
l'entrée  du  Comité.  Il  est  arrêté  qu'il  les  fera  déposer  les  uns  dans  les 
cartons,  par  ordre  de  matières,  et  le  reste  servira  à  faire  des  enve- 
loj)pes  ^'^l 


Jnssieu  avait  fait  loc'ure  friine  pétition 
(iaiis  laquelle,  dit  le  procès-verbal,  il  pré- 
seiilait  «diverses  vues  sur  l'instruction  pii- 
liiiquen  ;  l'assemblée  lui  accorda  les  hon- 
neurs de  la  séance,  et  décréta  le  renvoi  au 
Comité  d'insiruclion  publique.  (  Procès - 
verbal  delà  Convention,  t.  XXXIII,  p.  366.) 
C'est  bien  de  celte  pétition  qu'il  est  ici 
question.  La  pièce  avait  été  enregislrée  au 
Comité  d'insiruction  publique  (F'^,  car- 
ton too9^  n°  2189),  mais  elle  manque. 
La  chemise  qui  l'a  contenue  porte  l'indi- 
cation suivante  :  crJussieu  présente  un  mé- 
moire sur  la  célébration  dos  décades  dans 
la  campagne.  Mathieu,  rapporteur,  26  ven- 
tôse. îi  Le  ai  germinal,  sur  le  rapport  d'un 
membre  (Mathieu,  sans  doute),  frle  mé- 
moire du  citoyen  Jussieu  sur  les  fêtes  dé- 
cadaires est  adressé  au  Comité  de  salut 
pubhc,  qui  a  annoncé  un  rapport  et  un 
grand  travail  sur  cet  objet?'».  Ce  mémoire 
fui  donc  au  nombre  des  matériaux  que  Ro- 
bespierre put  utiliser  pour  le  projet  de  dé- 
cret présenté  par  lui  le  18  floréal. 

'"^  Voir  p.  r)63.  C'est  dans  cette  séance 
que  le  Comité  termine  la  discussion  du  projet 
de  décret  de  Bouquier  sur  le  dernier  degré 
d'instruction,  projet  qui,  après  avoir  été 
communitjué  au  Comité  des  tinances  et  à 
celui  de  salut  public,  sera  présenté  à  la  Con- 
vention le  26  germinal  an  11.  C'est  ici,  par 
conséquent,  qu'il  nous  paraît  convenable  de 


placer  le  texte  de  ce  document  et  celui  du 
rapport  qui  le  précède.  Nous  le  donnons 
aux  annexes,  A  (p.  671). 

(2)  Voir  la  séance  du  19  ventôse  (p.  558) 
et,  pour  la  suite,  celle  du  5  germinal  an  n. 

^^^  La  Commission  des  arts  avait  arrêté, 
le  i5  ventôse,  que  la  section  des  dépôts 
littéraires  serait  autorisée  à  prendre  six 
commis  intelligents,  aux  appointements  de 
dix-huit  cents  livres,  pour  la  confection  des 
inventaires  des  bibliothèques,  et  un  garçon 
de  bureau,  également  aux  appoinlemenis 
de  dix-huit  cents  livres;  le  20  ventôse, 
pour  l'exécution  de  son  arrêté  du  i5,  elle 
décida  que  le  Comité  d'instruction  publique 
serait  invité  à  choisir  lui-même  ces  six  com- 
mis (F^^*  7,  folios  37  recto  et  39  recto). 
On  verra,  dans  la  séance  du  Comité  du 
1 9  germinal  an  11 ,  trois  commis  seulement , 
Guibourest,  Thibaudeau  jeune  et  -leannet, 
désignés  pour  le  travail  de  transcription  des 
inventaires  de  la  Commission  des  arts. 

Nous  plaçons  ici  aux  annexes,  B(p.  58 1), 
des  extraits  du  Règlement  de  la  Coinmission 
des  aris,  élaboré  par  une  commission  nom- 
mée le  3o  frimaire,  discuté  à  plusieurs  re- 
prises jusqu'au  2  5  ventôse,  et  adopté  définiti- 
vement ce  jour-là  ;  nous  les  faisons  précéder 
d'extraits  des  procès- verbaux  des  séances  de 
la  Commission  des  3o  frimaire,  5,  i5  et 
3o  pluviôse,  10,  20  et  25  ventôse. 

^^^  Voir  la  séance  du  21  ventôse  (p.  559). 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  571 

La  séance  est  levée  à  onze  heures  ^^\ 

PIÈCES  ANNEXES. 

A 

RAPPORT    ET    PROJET   DE  DECRET    SUR    LE    DERNIER    DEGRE   DMNSTRUGTION , 
PAR     G.     BOUQUIER,     PRESENTES     AU      NOM     DU     COMITE     D'INSTRUCTION     PUBLIQl  E. 

De  rimprimerie  nationale,  s.  d.^^'. 

Ea  consacrant  la  liherlc  de  i'onscignenient,  ia  Gonvenlion  nalionalo  a  rendu 
hommage  aux  droits  imprescriptibles  de  l'homme. 

Elle  devait  ouvrir  des  sources  fécondes  d'instruction ,  des  sources  dont  les  eaux 
salutaires  fussent  pures  comme  la  nature,  brillantes  comme  la  liberté,  douces 
comme  l'égahté.  Pouvait-elle  mieux  remplir  ce  devoir  qu'en  appelant  aux  hono- 
rables fonctions  d'instituteur  et  d'institutrice  les  citoyens  et  citoyennes  qui,  j)ar 
leur  civisme  et  leurs  bonnes  mœurs,  ont  mérité  la  confiance  du  peuple? 

Elle  ouvre  la  libre  carrière  de  l'enseignement.  Pouvait-elle  employei*  un  moyen 
plus  vaste,  plus  grand,  plus  elïicace  pour  répandre  l'instruction  sur  la  surface 
entière  de  la  République? 

Par  sa  loi  du  99  frimaire,  en  organisant  l'enseignement  des  connaissances  que 
les  enfants  sont  susceptibles  d'acquérir,  et  qui,  perfectionnées,  doivent  former  de 
vrais  républicains,  des  citoyens  utiles  à  leur  pays,  la  Convention  n'a  rempli 
(ju'une  partie  de  sa  tâche  relative  a  l'instruction.  H  lui  reste  à  procurer  à  la  jeu- 
nesse des  moyens  de  perfectionner  ces  premières  connaissances,  et  d'acquérir  les 
notions  relatives  à  l'organisation  du  gouvernement  démocratique,  que  le  peuple 
a  adopté  avec  tant  d'enthousiasme ,  et  qu'il  défend  avec  tant  de  force ,  d'énergie , 
de  courage  et  d'intrépidité. 

L'instruction  ne  nous  a  paru  susceptible  d'êlre  considérée  que  sous  deux  rap- 
ports :  sous  celui  des  connaissances  indispensables  aux  citoyens,  et  sous  celui  des 
connaissances  nécessaires  à  la  société. 

L'idée  d'établir  des  écoles  secondaires  ou  intermédiaires,  consacrées  à  ren- 
seignement des  lois^^\  et  à  je  ne  sais  quelles  autres  sciences  pour  lescjuolles  il  parai! 
(]ue  les  savants  de  l'ancien  régime  conservent  encore  une  afTeclion  particulièie,  a 
été  (h^jà  produite  plusieurs  fois;  une  pareille  idée,  émanée  sans  doute  du  rei-veau 
de  (juelque  ci-d(îvant  professeur  d'université,  nous  a  paru,  pour  no  rien  dire  de 
plus,  subversive  des  institutions  républicaines,  dont  les  bases  simples  doivent  être 
[)rises  dans  la  nature. 

Mettre  en  avant  une  pareille  proposition,  n'est-ce  pas  incontestablement  vouloir 

^'^  Pas  de  signature,  ni  à  la  minute  ni  au  des  débats  et  des  décrets ,  corrospondaul  au 

roijislrc.  La  miuulc  est  (le  la  luain  de  Coupé.  a^i  goiiuiual  an  ii. 

^'^'    Hihliolhr(|ue    nalionalo,    Le'"'  7()0,  ^'^^    Allusion    au    distours    prouonco  par 

iii-8";  Muscc  pô(lago{ji(pi(',  n"  1  1  700.  Cclto  Porlicz  à  la  Convonliou  le   :i  nivôse  :  voir 

pièce  est  annoncée  dans  le  n"  57  1  du  Journal  p.  tîoo. 


572      PROCES-VERBAUX  DU  COMITE  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

faire  revivre  ces  établissements  gothiques,  où  une  jeunesse  immorale  perdait  un 
temps  pre'cieux  à  entasser  péniblement  dans  son  cerveau  des  connaissances  toujours 
futiles  et  souvent  perfides,  des  connaissances  qu'elle  e'tait  forcée  d'oublier  lorsque 
son  intérêt  ou  son  goût  lui  inspirait  le  désù*  d'acquérir  des  connaissances  utiles? 
N'est-ce  pas  vouloir  organiser  de  nouveaux  corps  académiques,  établir  de  nou- 
veaux repaires  de  savants  où  les  égoïstes  spéculatifs  puissent  encore  s'isoler  impu- 
nément de  la  société  et  y  nourrir  l'aristocratie  pédagogique,  tout  aussi  funeste  que 
celle  du  pouvoir  arbitraire  de  la  naissance  et  des  richesses  ? 

Proposer  l'établissement  de  chaires  de  lois ,  c'est  vouloir  ressusciter  la  chicane 
et  son  cortège,  que  la  raison,  la  philosophie  et  la  liberté  ont  écrasé  de  leur  triple 
massue;  c'est  vouloir  créer  une  Sorbonne  do  légistes,  dont  les  docteurs  fourrés  ou 
non  fourrés  parviendraient  bientôt  à  substituer  aux  lois  leurs  opinions  hétéroclites; 
c'est  vouloir  livrer  encore  une  fois  le  peuple  à  la  voracité  des  ci-devant  procureurs 
ou  avoués  qui  ne  manqueraient  pas  de  s'enrôler  dans  cette  nouvelle  basoche  pour 
y  recommencer,  sous  l'égide  de  la  loi,  la  spoliation  des  malheureux  plaideurs. 

Citoyens,  la  Révolution  a  pénétré  jusqu'aux  entrailles  de  la  terre  pour  en  extraire 
le  sal[)être!  Des  murs  de  collège,  d'université,  d'académie,  pourraient-ils  l'ar- 
rêter dans  sa  marche  rapide?  Non,  sans  doute;  elle  les  renversera;  elle  pénétrera 
dans  ces  antres  de  la  déraison;  elle  en  chassera  l'immoralité,  l'erreur,  le  mensonge, 
la  superstition,  l'ignorance  et  l'orgueil;  elle  renversera  ces  chaires  où  l'intéj'êt  pro- 
fessait avec  impudence  l'art  meurtrier  de  la  chicane,  sous  le  titre  imposant  de 
science  des  lois. 

Les  lois  doivent  être  simples,  claires  et  en  petit  nombre;  elles  doivent  être  telles 
que  chaque  citoyen  puisse  les  porter  toujours  avec  soi. 

Ainsi,  loin  d'établir  des  écoles  de  lois,  la  Convention  nationale  doit  interdire, 
sous  de  fortes  peines,  toute  espèce  de  paraphrases,  interprétation,  glose  et  com- 
mentaire. 

Les  sociétés  populaires,  constamment  occupées  aujourd'hui  à  briser  les  trames 
des  tyrans  coalisés,  à  déjouer  leurs  complots,  à  surveiller  les  malveillants,  à  pour- 
suivre les  fripons,  à  dénoncer  les  conjurations;  les  sociétés  populaires,  lorsque  le 
torrent  de  la  Révolution  aura  englouti  les  ennemis  de  la  liberté,  n'étant  plus  en 
surveillance  permanente,  s'occuperont,  dans  le  sein  de  la  paix,  de  l'étude  des  lois, 
des  sciences  et  des  arts.  C'est  alors  qu'elles  deviendront  pour  la  jeunesse  de  vrais 
lycées  républicains  où  l'esprit  humain  se  perfectionnera  dans  toute  espèce  d'art  et 
de  science. 

Favorisons  donc  l'établissement  des  sociétés  populaires  dans  les  communes  où, 
soit  faute  de  local,  soit  faute  de  moyens  pécuniaires,  il  ne  s'en  est  pas  encore 
formé.  Le  fanatisme  avait  un  temple  dans  chacune  de  ces  communes.  Que 
ces  temples  deviennent  ceux  de  la  liberté,  de  l'instruction,  de  la  propagation  des 
lois  et  des  mœurs  républicaines.  Décrétez  que  les  édifices  de  la  superstition  actuel- 
lement abandonnés,  et  qui  le  seront  dans  la  suite,  aj)partiennent  aux  communes; 
et  par  ce  décret  vous  aurez  beaucoup  fait  pour  l'instruction  publique  '^K 

(^)  Le  décret  du  9  5  brumaire  accordait  c'est  ce  qui  ressort  des  votes  de  la  Conven- 
déjà  en  partie  ce  que  demandait  Bouquier:  tioii  des  i5  et  a 5  ventôse,  au  sujet  des  de- 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  573 

Ce  ne  sont  pas  les  mœurs  qui  font  le  gouvernement,  c'est  le  gouvernement  qui 
fait  les  mœurs.  Cette  vérité,  dès  longtemps  reconnue,  vous  est  de  nouveau  de'mon- 
tréepar  les  effets  de  la  Révolution,  et  par  la  hauteur  prodigieuse  à  laquelle  le  gou- 
vernement républicain  que  vous  avez  décrété ,  et  que  le  peuple  français  a  consacré 
par  sa  sanction,  a  tout  à  coup  élevé  l'esprit  public. 

L'égoïsme,  enfant  naturel  de  la  monarchie,  avait,  sous  le  règne  des  tyrans, 
isolé  tous  les  citoyens  :  l'intérêt  individuel  était  le  régulateur  suprême  de  leurs 
actions.  A  peine  avez-vous  posé  sur  les  débris  du  trône  du  despotisme,  et  sur  la 
tombe  du  dernier  de  nos  tyrans,  les  bases  du  gouvernement  démocratique,  que 
le  flambeau  de  la  raison,  de  la  philosophie  éclaire  tous  les  points  de  la  surface  de 
la  République,  l'ignorance  s'enfonce  dans  ses  sombres  cavernes,  le  fanatisme  dis- 
paraît, l'erreur  fuit  devant  la  vérité. 

Les  Français  habitant  dans  l'enceinte  d'une  même  commune  ignoraient  réci- 
proquement leur  existence  politique  et  même  leur  existence  physique.  Le  toc- 
sin de  la  Révolution  vient  frapper  leurs  oreilles;  il  révedle  dans  leurs  âmes  le  sen- 
timent de  la  liberté,  les  pénètre  de  la  nécessité  de  s'unir  pour  vaincre  les  tvrans, 
et,  dans  un  clin  d'œil,  vingt-cinq  milhons  d'égoïstes  isolés  ne  forment  plus  qu'une 
immense  famille  de  frères  et  d'amis. 

C'est  par  une  fréquenlation  constamment  soutenue,  par  une  communication  non 
interrompue  d'idées,  que  les  esprits  s'éclairent,  que  les  âmes  s'élèvent,  que  les 
vertus  héroïques  se  déploient. 

Est-ce  de  nos  écoles  gothiques  où  des  docteurs  en  b;)nnet  carré  n'enseignaient 
d'autre  science  que  celle  d'obscurcir  la  raison  par  le  raisonnement,  de  substituer, 
aux  idées  simples  qui  naissent  de  la  contemplation  de  la  nature,  des  idées  méta- 
physico-mystiques;  est-ce  de  ces  écoles  qu'a  jailli  ce  feu  pati-iotique  qui  porte  les 
citoyens  à  se  dépouiller  de  leur  nécessaire  pour  secourir  la  République?  Est-ce 
dans  ces  écoles  que  nos  citoyennes  ont  appris  à  faire  le  sacriflce  de  leurs  bijoux, 
de  leurs  modes  pour  subvenir  aux  besoins  des  défenseurs  de  la  liberté  ?  Est-ce 
dans  ces  écoles  qu'elles  ont  appris  que  la  vertu  est  la  plus  belle,  la  plus  riche  parure 
(le  leur  sexe?  Est-ce  dans  les  antres  des  atqui  et  des  ergo  qu'une  foule  de  héros, 
morts  dans  les  combats,  avaient  appris  à  haïr  les  tyrans,  à  adorer  lu  liberté,  à  mourir 
pour  la  patrie?  Est-ce  enfin  dans  ces  antres  que  le  jeune  Barra  puisa  ce  courage  hé- 
roïque qui,  en  le  rendant  le  modèle  éternel  delà  jeunesse  r('publicaine.  Ta  conduit 
au  Panthéon?  Non,  sans  doute  :  le  germe  de  ces  vertus  sublimes  était  dans  le  ecvur 
de  ces  héros  généreux,  et  l'enthousiasme  de  la  liberté  pouvait  seul  lui  donner  fessur. 

Les  véritables  écoles  des  vertus,  des  mœurs  et  des  lois  républicaines,  sont  dans 
les  sociétés  populaires,  dans  les  assemblées  de  sections,  dans  les  fêtes  décadaires, 
dans  les  fêtes  nationales  et  locales,  les  banquets  civiques  et  les  théâtres.  C'est  là 
que  la  jeunesse  acquei'ra,  [)Our  ainsi  dire  sans  travail,  la  connaissance  de  ses  droits 
et  (le  ses  devoirs,  qu'elle  puisera  des  sentiments  pro[)res  à  (^lever  son  âme  à  la 
liauteur  des  vertus  l'épublicaines;  c'est  là  (ju'elle  apprendra  qu'il  est  graml,  (pi'il 

n);m(los  di^  lii  coiiumiin'  de  Monl-Sainl-Père  roncessioti  dos  églisos  aux  sociclés  popu- 

ol  de  la  S()ci(''l(''  j)()piilaii(>  de  nry-sut-Oisc  laites  pour  y  tenir  leui"s  séaiU'S  n'eluit  pas 

(p.  567,  note    1).  Mais  l.i  (pieslion  de  la  encore  Iraiicliée. 


57A      PROCÈS-VERBAUX  DU  COMITE  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

est  beau  de  se  dévouer  pour  Je  salut  de  la  patrie,  qu'il  est  sublime  de  mourir  pour 
elle  I  Pendant  le  cours  de  noire  Révolution ,  la  Socie'té  des  Jacobins  de  Paris  a  pro- 
duit elle  seule  plus  d'héroïsme,  plus  de  vertus  que  n'en  ont  offert  pendant  des 
siècles  tous  les  établissements  scientifiques  de  l'Europe. 

Par  votre  loi  du  fîQ  frimaire,  vous  avez  rempli  vos  obligations  envers  les  ci- 
toyens, en  mettant  l'instruction  nécessaire  à  tous  à  la  portée  de  tous  :  il  ne  vous 
reste ,  à  cet  égard ,  qu'à  organiser  l'enseignement  des  sciences  nécessaires  à  la  société. 

Le  but  de  cet  enseignement  est  de  trouver  en  tous  temps  des  citoyens  assez 
instruits  pour  exercer  utilement  les  diverses  fonctions  relatives  au  salut,  au  bon- 
heur de  la  société,  à  l'intérêt  commun  de  la  République.  Vous  atteindrez  ce  but  en 
établissant,  aux  frais  de  la  nation,  des  instituteurs  éclairés  dont  le  zèle  patriotique 
propage,  avec  l'activité  républicaine ,  l'art  d'administrer  des  secours  à  l'humanité 
souffrante,  aux  défenseurs  de  la  patrie,  blessés  dans  les  combats  en  exterminant 
les  monstres  qui  cherchent  à  dévorer  la  liberté,  aux  animaux  que  l'homme  a  ren- 
dus les  compagnons  de  ses  travaux  pénibles,  et  dont  les  services  sont  presque  inap: 
préciables;  l'art  de  tenir  dans  un  état  respectable  de  défense  les  places  frontières 
de  la  République,  d'en  repousser  l'ennemi,  en  lançant  sur  ses  cohortes  merce- 
naires la  foudre  des  hommes  libres;  la  science  d'entretenir  nos  routes,  nos  canaux, 
nos  rivières,  nos  ponts,  et  d'ouvrir  les  communications  nécessaires  aux  opérations 
de  notre  commerce;  l'art  de  perfectionner  la  navigation,  et  de  rendre  formidable 
la  marine  de  la  Répubhque;  l'art,  enfin,  d'exploiter  les  mines,  d'extraire  les  mé- 
taux du  sein  de  la  terre,  et  de  les  employer  aux  besoins  du  peuple  et  à  la  défense 
de  sa  souveraineté. 

Ces  établissements  doivent  être  placés  suivant  les  différentes  indications  de  la 
nature.  Ce  n'est  pas  sur  le  Puy-de-Dôme  qu'on  doit  établir  des  hydrographes;  ce 
n'est  pas  dans  les  bruyères  des  Landes  qu'on  doit  enseigner  l'art  d'attaquer,  de 
défendre,  de  fortifier  une  place;  ce  n'est  pas  dans  des  contrées  désertes  qu'on  doit 
placer  des  instituteiu-s  de  santé,  des  artistes  vétérinaires.  Si  on  nous  objectait 
qu'en  fixant  ainsi  dans  certaines  communes  l'enseignement  gratuit  des  sciences 
utiles  à  la  société,  cet  enseignement  ne  serait  pas  à  la  portée  de  tous,  nous  répon- 
drions qu'il  ne  doit  pas  l'être . 

En  effet,  est-ce  à  la  République  à  procurer,  à  ses  frais,  à  chacun  des  individus 
qui  la  composent,  une  instruction  dont  les  résultats  peuvent  donner  à  ceux  qui  se 
la  procurent  des  moyens  particuliers  de  parvenir  aux  places  ou  d'agrandir  lem' 
fortune,  par  l'exercice  de  leurs  talents?  Non,  sans  doute  :  la  République,  nous 
l'avons  déjà  dit,  ne  doit  à  ses  enfants  que  l'enseignement  gratuit  des  sciences  qui 
leur  sont  nécessaires  pour  exercer  les  droits  du  citoyen  et  en  remplir  les  devoirs. 
En  répandant  sur  toute  l'étendue  de  son  territoire  l'enseignement  gratuit  de  ces  '^^ 
sciences,  la  République  française  a  seule  plus  fait  que  tous  les  États  libres  dont 
l'histoire  nous  a  transmis  les  lois,  les  mœurs  et  les  usages.  La  Grèce,  qui  porta 
les  sciences,  et  surtout  les  arts,  à  un  si  haut  degré  de  j)erfection,  ne  salaria  ja- 
mais l'instruction.  Cependant  il  sortit  de  son  sein  une  foule  de  savants  et  d'artistes 

(')  Dans  rimprimé  original,  on  lit  r renseignement  gratuit  des  sciencesw;  la  correction 
que  nous  avons  laite  nous  paraît  nécessaire  à  la  clarté  du  sens. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  575 

qui ,  en  honorant  leur  patrie  et  leur  siècle ,  ont  mérité  la  reconnaissance  de  la  pos- 
térité dont  ils  ont  été  longtemps  les  modèles. 

En  mettant  à  la  portée  de  tous  l'instruction  nécessaire  à  tous,  la  République 
s'est  donc  acquittée  de  sa  dette  envers  ses  enfants;  en  proclamant  la  liberté  de 
l'enseignement  de  toute  espèce  d'art  et  de  science,  elle  a  procuré  à  tous  des 
moyens  multipliés  de  se  livrer,  à  cet  ég-ard,  à  leurs  penchants  divers;  d'ailleurs, 
le  projet  de  décret  que  nous  vous  présentons  contient  des  dispositions  favorables 
aux  citoyens  à  qui  la  nature,  pour  leur  tenir  heu  de  richesse,  a  dispensé  celte 
heureuse  aptitude  qui  aplanit  le  sentier  des  sciences,  et  qui  distingue  presque  tou- 
jours les  favoris  de  Minerve  des  esclaves  de  Plutus. 

Nous  croyons  donc  qu'il  est  essentiel  de  placer  l'enseignement  des  différentes 
sciences  utiles  à  la  société  dans  les  communes  de  la  République  qui,  par  leur  po- 
sition, se  prêtent  le  plus  à  en  accélérer  le  succès. 

C'est  auprès  des  hospices  ou  maisons  de  bienfaisance,  dans  les  grandes  com- 
munes de  la  République ,  que  doivent  être  placés  les  instituteurs  de  santé. 

C'est  dans  les  places  fortes  que  le  génie  militaire ,  l'art  des  mines  et  de  l'ar- 
tillerie doivent  être  enseignés. 

C'est  dans  les  places  maritimes  que  les  hydrographes  doivent  donner  des  leçons 
des  sciences  propres  à  former  des  marins  et  à  perfectionner  la  navigation. 

C'est  enfin  dans  les  communes  les  plus  populeuses  de  la  République  qu'on 
doit  étabhr  des  moyens  généraux  pour  la  propagation  des  arts  et  des  sciences 
dont  la  culture,  sans  être  absolument  nécessaire  à  la  société,  ne  contribue  p:.s 
moins  au  lustre,  à  l'éclat,  a  la  splendeur  du  gouvernement. 

D'après  ces  considérations  puisées  dans  la  nature,  et  relatives  à  l'enseignement 
des  sciences  nécessaires  à  la  société,  votre  Comité  d'instruction  publique  m'a  chargé 
de  vous  présenter  le  projet  de  décret  suivant  : 

PROJET   DE    DÉCRET  RELATIF    AU    DERNIER   DEGRE   D'INSTRUCTION. 


SECTION  PREMIERE. 
Moyens  de  propager  l'inslruclion. 

Article  premier.  La  réunion  des  citoyens  en  assemblées  de  communes,  de  sec- 
tions, et  en  sociétés  populaires,  les  théâtres,  les  jeux  ciNicfues,  les  ('vohilions  mili- 
taires, les  fêtes  nationales  et  locales,  font  partie  du  dernier  degré  irinslruction 
publique. 

Art.  :2.  Pour  faciliter  la  réunion  des  citoyens  en  sociétés  populaires,  la  célé- 
bration (les  fêtes  nationales  et  locales,  l'exécution  des  jeux  civicpies,  des  évolutions 
militaires,  et  la  représentation  des  pièces  [)atriotiques,  la  Convention  déclare  cpie 
les  églises,  les  maisons  ci-dev<mt  curial(\s  acludlement  abandonnées,  el  (|ui  le  se- 
ront dans  la  suit(\  appartiennent  aux  comnunies. 

Art.  3.  Elle  charge  son  Comité  d'instruction  de  faire  choix  des  li\res  ('knieu- 
taires  existants  des  diverses  sciences  cl  arts  qui  doivent  concourir  à  la  perfcclion 
de  l'inslruclion  publicjue,  et  d'accélérer  par  la  voie  du  concours  la  composition  de 
ceux  qui  mancjuent. 


576      PllOGÈS -VERBAUX  DU  COMITÉ  DINSTRUGTION  PUBLIQUE 

SECTION  II. 
Dos  sciences  et  arts  dont  l'enseignement  sera  salarié  par  la  République. 

Article  premier.  Dans  chacune  des  communes  de  Lille,  MeLz,  Strasbourg, 
Besançon,  Bourg-es,  Montpellier,  Toulouse.,  Bordeaux  et  Brest,  il  sera  établi  sept 
instituteurs  de  santd  qui  seront  tenus  de  donner  en  langue  française  des  leçons 
publiques ,  savoir  : 

1°  D'anatomie  et  physiologie  ^'^ 

2"  De  botanique  et  matière  médicale. 

3°  De  chimie  et  pharmacie. 

li°  De  chirurgie. 

5"  D'accouchements,  des  maladies  des  l'emmcs  et  des  enfants. 

G"  Do  pathologie  thérapeutique. 

7°  De  médecine  clinique. 

Art.  2.  Cet  établissement  sera  double  pour  la  commune  de  Paris. 

Art.  3.  Il  y  aura  de  plus  dans  cette  commune,  auprès  de  chacune  des  maisons 
publiques  destinées  aux  traitements  des  maladies  des  enfants,  de  celles  des  hommes 
dont  Tesprit  est  aliéné,  et  au  traitement  des  maladies  vénériennes,  un  officier  de 
santé  chargé  de  donner  aux  élèves  le  résultat  de  toutes  ses  observations  sur  tout 
ce  qui  peut  contribuer  au  soulagement  de  l'humanité  dans  ces  affections. 

Art.  II.  Indépendamment  des  instituteurs  vétérinaires  actuellement  en  activité, 
il  en  sera  établi  un  dans  chacune  des  communes  ci-après ,  savoir  : 

A  Arras ,  A  Toulouse , 

A  Nancy,  A  Bordeaux, 

A  Dijon,  A  Bourges, 

A  Poitiers,  A  Rennes, 

A  Avignon,  A  Gaen. 
A  Aurillac, 

Art.  5.  Il  sera  établi  un  instituteur  de  génie  et  mines,  et  un  d'artillerie,  dans 
chacune  des  places  fortes  de  la  République  ci-après,  savoir  : 

A  Lille,  A  Perpignan, 

A  Metz,  A  Bayonne, 

A  Strasbourg,  A  Brest, 

A  Besançon,  A  Paris. 
Au  Port-la-Montagne , 

Art.  6.  Ges  instituteurs  militaires  enseigneront  publiquement  les  sciences  né- 
cessaires à  former  des  ingénieurs,  mineurs  et  artilleurs,  d'après  les  livres  élémen- 
taires qui  leur  seront  délivrés  à  cet  effet. 

Art.  7.  La  partie  du  génie  relative  aux  ponts  et  chaussées  ne  sera  enseignée 
qu'à  Paris  :  trois  instituteurs  seront  chargés  de  cet  enseignement. 

(')  L'imprimé  original  porte  «philosophie»  :  nous  avons  corrigé  cette  faute  d'irupression. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  577 

Art.  8.  Quatre  observatoires  seront  établis  dans  la  République  : 

Le  premiei'  à  Paris:  qualr*^'  astronomes  y  seront  attachés. 

Le  second  à  Strasbourg", 

Le  troisième  à  Brest, 

Le  quatrième  à  Marseille. 

Deux  astronomes  seront  attachés  à  chacun  de  ces  trois  observatoires. 

Akt.  9.  Les  astronomes  de  la  République  sont  tenus  de  former  des  élèves  pour 
les  observations  astronomiques  et  météorologiques,  pour  les  calculs  de  la  connais- 
sance des  temps,  et  autres  ouvrages  tendant  à  perfectionner  la  navigation. 

Art.  10.  Il  y  aura  un  hydrographe  dans  chaque  port  de  la  République;  il  y 
eiiseignera  publiquement  les  sciences  nécessaires  aux  marins. 

Art.  11.  Usera  établi  dans  la  commune  de  Paris  un  instituteur  de  minéralogie 
et  un  de  métallurgie. 

Art.  12.  La  Commission  chargée  des  relations  de  la  liépublique  avec  l'étranger 
sera  tenue  d'entretenir  auprès  de  chacun  de  ses  agents  dans  les  contrées  asiatiques 
([uatre  jeunes  gens  destinés  à  y  ac(|uérir  la  connaissance  dos  langues  de  ces  con- 
trées. 

Art.  13.  Les  différents  instituteurs  ci-dessus  désignés  pour  remplir  le  dernier 
degré  d'instruction  seront  salariés  par  la  République. 

Art.  1  A.  L'enseignement  libre  des  sciences  et  arts  non  désignés  par  le  présent 
décret  n'est  pas  aux  frais  de  la  République. 

Art.  15.  Les  enfants  qui  auraient  des  dispositions  bien  prononcées  pour  quelque 
art  ou  science  dont  l'enseignement  est  ou  n'est  pas  salarié  par  la  République,  et 
dont  ils  ne  seraient  pas  à  portée  de  pouvoir  profiter,  si  leurs  parents  sont  reconnus 
[.ar  le  conseil  général  de  leur  commune  liors  d'étal  de  subvenir  à  leur  instruclion. 
obtiendront,  pour  trois  années  seulement,  un  secours  d'encouragement  qui  leur 
sera  déliviv  année  par  ann('e.  suivant  le  mode  et  aux  conditions  énoncés  dans  une 
des  sections  ci- a  près. 

SECTION  m. 

Du  choix  des  inslilu leurs  des  sciences  et  arts  dont  lenseigw.imjnt  est  salarié 

pur  ht  Hépuhlinne. 

Article  premilir.  Les  instituteurs  des  sciences  et  arts  dont  renseignement  est 
salarié  [)ar  la  Répulilique  seront  élus  par  des  jurys. 

Art.  2.  Ces  jurys  seront  composés  chacun  de  quarante  mendjres.  Leui*  forma- 
lion  se  fera  publicpiement. 

Art.  3.  Le  jury  auquel  sera  conli('  le  choix  des  instituteurs  de  santé,  de  l'art 
vétérinaire,  de  minéralogie,  de  mélallui'g'e  et  d'Iiydn^graphie.  sera  formé  h  la  [)lu- 
rolilé  relative  des  voix,  par  les  administrateurs  de  district  réunis  aux  citoyens  des 
conununes  où  ces  établissements  seront  placés. 

Art.  h.  Les  ingénieurs,  mineurs  et  artilleurs  de  tout  gra(!e,  en  gai nisitn  dau> 
les  places  fortes  de  la  R<'[)ubli(pie  où  doivent  iMre  établis  les  instituteurs  des  sciences 

in.  '.\-j 


IMIMllMI  ME     !IAII(l>l  tl  r 


578      PROCÈS-VERBAUX  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

relatives  au  j<»-énie,  mines  et  ai-tillerie,  formeront,  à  la  pluralité  relative  des  voix, 
le  jury  qui  doit  les  choisir. 

Art.  5.  Les  jurys  feront  leurs  élections  [)ubliquement,  et  à  la  majorité  absolue. 
Ils  émettront  leur  vœu  à  haute  voix. 

Art.  g.  Il  sera  fait  double  du  procès-verbal  d'élection;  l'un  sera  déposé  au  secré- 
tariat de  la  municipalité,  et  l'autre  envoyé  à  la  Commission  d'instruction  publique. 

Art.  7.  L'expédition  du  procès-verbal  d'élection  sera  le  titre  de  l'instituteur  élu. 

Art.  8.  La  Commission  d'instruction ,  sur  les  dénonciations  qui  pourraient  lui 
être  faites  contre  un  ou  plusieurs  instituteurs  ci-dessus,  après  avoir  vérifié  les 
faits,  en  ordonnera,  s'il  y  a  lieu,  le  remplacement  par  élection,  conformément  au 
présent  décret. 

Art.  9.  Les  quatre  astronomes,  actuellement  en  exercice  à  l'observatoire  de  la 
République  à  Paris,  sont  maintenus  comme  observateurs  et  instituteurs  des  sciences 
astronomiques. 

Art.  10.  Sur  la  présentation  du  Comité  d'instruction  publique,  la  représenta- 
lion  nationale  nommera  les  six  astronomes  qui  doivent  être  établis  dans  les  obser- 
vatoires désignés  à  l'article  8 ,  section  II. 

SECTION  IV. 
Moyens  généraux  d'instruction. 

Article  premier.  Indépendamment  des  établissements  fixés  par  le  décret  du 
8  pluviôse  ^'\  il  y  aura  dans  les  grandes  communes  de  la  République  une  bibliothèque 
et  un  cabinet  d'instruments  de  physique  expérimentale,  par  chaque  section  de 
population  de  cinquante  mille  âmes.  Il  y  aura  de  plus,  auprès  de  chaque  hospice 
ou  maison  de  bienfaisance,  un  jardin  destiné  à  la  culture  des  plantes  usuelles. 

Art.  2.  Ces  établissements  seront  ouverts  au  public.  Le  conseil  géiiéral  de  la 
commune  déterminera  le  mode  de  publicité. 

Art.  3.  Les  citoyens  qui  cultivent  quelque  art  ou  science  relatif  à  ces  établisse- 
ments y  seront  admis  chaque  jour. 

Art.  h.  Les  citoyens  qui  désireraient  ouvrir  des  cours  de  physique  expérimen- 
tale ou  d'histoire  naturelle,  et  qui  n'auraient  pas  les  objets  et  instruments  néces- 
saires à  cet  effet,  pourront,  sous  leur  responsabihté ,  et  du  consentement  du  conseil 
général  de  la  commune,  donner  publiquement  leurs  leçons  dans  les  cabinets  na- 
tionaux. 

Art.  5.  Ces  établissements  nationaux  sont  sous  la  surveillance  immédiate  des 
municipalités. 

Art.  6.  Il  sera  établi  dans  chacun  d'eux  un  ou  plusieurs  surveillants,  aux  frais 
de  la  République. 

('^  C'est  le  décret  instituant  les  bibliotlièques  de  district.  Voir  p.  3io. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  579 

Art.  7.  Ces  surveillants  seront  élus  conformément  à  l'article  3  de  la  section  III. 

Art.  8.  Ils  seront  chargés,  sous  leur  responsabilité,  de  la  conservation  des 
objets  confiés  à  leur  garde,  sous  peine  d'être  poursuivis  comme  dilapidateurs  du 
trésor  public. 

SECTION  V. 

Des  récompenses. 

Artiglk  premier.  Tout  instituteur  d'art  ou  science,  salarié  ou  non  salarié  par  la 
République,  qui,  à  compter  du  jour  de  la  publication  du  présent  décret,  justifiera 
avoir  enseigné  pendant  l'espace  de  vingt  ans,  obtiendra  de  la  République  une  pen- 
sion annuelle  de  deux  mille  livres  pendant  le  reste  de  ses  jours -'^ 

Art.  2.  Toute  institutrice  du  premier  degré  d'instruction  seulement  qui,  à 
compter  de  l'époque  ci-dessus,  justifiera  avoir  enseigné  pendant  vingt  ans,  obtien- 
dra une  pension  annuelle  de  mille  livres  pendant  le  reste  de  ses  jours. 

Art.  3.  Tout  instituteur  ou  institutrice  du  premier  degré  d'instruction  seule- 
ment ((ui,  à  compter  de  l'époque  ci-dessus,  justifiera  avoir  enseigné  pendant  dix 
ans,  obtiendra,  s'il  continue,  indépendamment  du  salaii-e  accordé  par  la  loi  du 
a()  frimaire,  une  gratification  annuelle. 

Cette  gratification  sera  de  deux  cents  livres  pour  l'instituteur  et  de  cent  livres 
pour  l'institutrice  :  elle  leur  sera  payée  jusqu'à  ce  qu'ils  aient  obtenu  la  pension  ac- 
cordée par  les  deux  premiers  articles  de  la  présente  section. 

Art.  U.  Pour  obtenir  les  pensions  et  gratifications  ci-dessus,  les  instituteurs  et 
institutrices  seront  tenus  de  justifier  de  leur  enseignement  année  par  année,  par 
lin  certificat  délivré  dans  les  mêmes  formes  que  les  certificats  de  civisme  et  visé 
par  le  district. 

Art.  5.  Les  trois  décadis  de  fructidor  seront,  dans  chaque  commune  ou  section 
de  commune  de  la  République,  consacrés  à  l'examen  des  jeunes  élèves  de  toutes 
les  écoles. 

Art.  g.  Cet  examen  sera  fait  publiquement. 

Art.  7.  Les  autorités  constituées  y  assisteront. 

Art.  8.  Les  citoyens  et  citoyennes  auront  la  faculté  d'interroger  les  jeunes  élèves 
des  deux  sexes,  d'après  les  livres  élémentaires  à  l'usage  de  chaque  degré  d'in- 
struction. 

Art.  9.  Sur  l'avis  du  conseil  général  de  la  commune  (|ui,  à  cet  effet,  sasso- 
ciera  quatre  citoyens  pères  de  famille  choisis  parmi  les  plus  instruits,  le  plus  iigé 
des  pères  et  la  plus  agét*  des  mères  distribueront  à  chacun  des  deux  jeunes  élèves 
de  chaque  sexe  des  premières  écoles  qui  auront  })aru  les  mieux  instruits  un  prix 
d'émulation  dont  la  valeur  ne  pourra  excéder  la  somme  de  six  li\res. 

^''   Kii  r;i[)proclianl  cet  arlicle  du  second  ceiiv  du   (ItM'iiit'i-  tlo|jre,  ilaus  colli»   dosi- 

alinéa   de  rarticle  3  de  colle  section,  on  [jnalioii  générale:  w  Tout  instituteur  d'art 

voit  que  les  instituteurs  du  premier  de|jré  ou  science^, 
«rinstruction  sont  compris,  aussi  bien  (juc 

37. 


580       PROCES-VERBAUX  DU  COMITE  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

Art.  10.  Les  prix  d'éinulation  des  écoles  du  dernier  degré  (rinslruction  serout 
des  couronnrs  de  chêne. 

Art.  11.   Ln  distribution  des  |)rix  se  fera  le  jour  de  la  fèlo  dos  Récompenses. 

Art.  \Î1.  Les  instituteurs  et  institutrices  salariés  par  la  nation  ne  pourront 
prendre  leurs  vacances  que  dans  le  mois  vendémiaire.  Ce  mois  ^cra  payé  à  ceux 
des  premières  écoles  sur  le  nombi-e  d'élèves  du  mois  précédent. 

Art.  13.  Outre  les  prix  ci-dessus,  les  jeunes  gens  désignés  ai'ticle  i5,  section  II, 
qui,  d'après  l'examen  ci- dessus,  auront  été  reconnus  avoir  des  dispositions  bien 
prononcées  pour  un  art  ou  science,  salarié  on  non  salarié,  et  <jui  témoigneiaient 
le  désir  de  s'y  perfectionner,  s'ils  veulent  obtenir  le  secours  d'encouragement 
mentionné  audit  article  i5,  seront  tenus  de  se  présenter,  à  leur  choix,  devant  un 
instituteur  de  cet  art  ou  science.  Ils  seront  examinés  de  nouveau  par  cet  instituteur, 
et  les  quatre  citoyens  choisis  par  le  conseil  général  de  la  connnune  du  lieu  de  la 
résidence  dudit  instituteur. 

Si  les  jeunes  candidats,  après  ce  second  examen,  sont  jugés  avoir  les  dispo- 
sitions qu'ils  avaient  manifestées  dans  le  premier,  ils  obtiendront  une  somme  de 
huit  cents  livres  pour  une  année. 

Si  à  la  tin  de  cette  année  il  conste  par  un  nouvel  examen  qu'ils  ont  fait  des 
progrès  satisfaisants,  ils  obtiendront  une  paredie  sonnne  pour  une  seconde  année. 

lis  l'obtiendront  enfin  pour  la  troisième,  après  avoir  subi  les  mêmes  épreuves. 

Art.  Ih.  Les  pensions  et  gratifications  accordées  par  l'article  A  ci-dessus  se- 
ront acquittées  par  les  trésoriers  de  district,  sur  le  vu  des  certificats  exigés  des  pen- 
sionnaires de  la  Répubhque, 

Art.  1 5.  Les  sommes  destinées  au  piix  d'émulation  seront  délivrées  par  les 
percepteurs  des  contributions  des  communes  sur  un  récépissé  des  municipahtés; 
ces  récépissés  seront  reçus  pour  comptant  par  les  trésoriers  de  district. 

Art.  16.  Les  secours  d'encouragement  accordés  par  l'article  i3  de  la  présente 
section  seront  acquittés  par  le  trésorier  de  district  du  lieu  du  domicile  des  pères, 
mères,  tuteurs  ou  curateurs  des  jeunes  gens  qui  les  auront  obtenus,  sur  le  vu  du 
certificat  de  l'instituteur  et  des  citoyens  qui  les  auront  examinés,  ledit  certificat 
visé  par  la  municipalité  du  lieu  de  la  résidence  de  l'instituteur  et  des  examinateurs. 

SECTION  VI. 
Du  traitement  des  inslituteurs  du  dernier  degré  d'instruction. 

Article  premier.  Le  traitement  annuel  de  chaque  astronome,  observateur  et 
instituteur,  est  fixé  à  la  somme  de  trois  mille  livres. 

Art.  2.  Celui  de  chaque  instituteur  de  santé,  à  trois  mille  cinq  cents  livres. 

Art.  3.  Celui  de  chaque  instituteur  vétérinaire,  à  deux  mille  cinq  cents  livres. 

Art.  /i.  Celui  de  chaque  instituteur  de  génie,  mines  et  artillerie,  à  trois  mille 
cinq  cents  livres. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  581 

Art.  5.  Celui  de  chaque  instituteur  de  génie  relatif  aux  ponts  et  chaussées,  à 
trois  mille  cinq  cents  livres. 

Art.  6.  Celui  de  chacjue  instituteurd'hydrograpliie,àdeux  mille  cinq  cents  livres. 

Art.  7.  Celui  de  cha(|uo  instituteur  ih  minéralogie  et  métallurgie,  à  trois  mille 
cinq  cents  livres. 

Art.  8.  Celui  des  surveillants  des  établissements  publics  mentionnés  en  la  sec- 
tion IV,  à  deux  mille  livres  dans  les  communes  d'une  population  de  cinquante 
mille  âmes  et  au-dessus,  et  h  quinze  cents  livres  dans  les  communes  d'une  popula- 
tion au-dessous. 

Art.  9.  Les  instituteurs  et  institutrices,  salariés  ou  non  salariés,  ne  pourront, 
sous  quelque  prétexte  (jue  ce  soit,  obtenir  de  logement  dans  les  bâtiments  natio- 
naux. 


On  lit  dans  le  registre  des  procès-verbaux  de  la  Commission  des  arts  : 

Séance  du  3o  frimaire,  l'an  2'  de  la  Républicjue. 

Le  président  fait  part  à  la  Commission  du  décret  du  q8  frimaire  portant  sup- 
pression de  la  Conmnission  des  monuments.  Après  la  lecture,  sur  la  proposition 
d'un  membre,  la  Commission  désigne  les  citoyens  Leblond,  Lebrun  et  Vicq  d'Azyr 
comme  commissaires  pour  présenter  un  règlement  relatif  aux  travaux  de  la  Com- 
mission. 

Séance  du  5  pluviôse,  l'an  2*  de  la  République. 

Vicq  d'Azyr  fait  lecture  d'un  projet  de  règlement  relatif  à  la  Commission  des 
arts;  il  est  adopté  par  la  Commission  avec  quelques  amendements. 

Séance  du  i5  pluviôse,  l'an  9.'  de  la  République. 

F^a  séance  prochaine  commencera  par  la  lecture  du  règlement  que  Vicq  d'Azyr 
est  chargé  de  présenter  h  la  Commission  ^'\ 

Séance  du  3o  pluviôse,  l'an  y*  de  la  Républi([ue. 

On  fait  lecture  du  projet  de  règlement  pour  la  Commission  des  arts.  11  est  arrêté 
qu'il  en  sera  fait  deux  copies,  déposées  dans  les  bureaux  du  Comité  d'instruction 
pnbli({ue,  pour  être  comnumiquées  aux  membres  de  la  Commission. 

Séance  du  10  ventôse,  l'an  2'  de  la  Républi([ue. 

On  reprend  la  lecture  du  projet  dt^  règlement.  La  discussion  s'ouvre  sur  chacun 
des  articles.  Il  est  adopté,  à  l'exception  de  (piehpies  articles  dont  l'examen  est 
ajourné. 

Séance  du  20  ventôse,  l'an  2'  delà  Républi([ue. 

On  continue  la  lecture  du  rè|;lement  :  il  <\st  adopte',  sauf  la  rédaction  du  dernier 
article,  concernant  les  entrepreneurs  et  l'inspecteur. 

^'^  Celle  Iccinro  iront  lien  que  It^  Wo  pluviôse. 


582       PROCftS-VERBVUX  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PURUTOUE 

Se.'ince  du  25  ventôse,  Tan  2'  de  la  République. 
On  fait  lecture  du  dernier  article  du  règlement  :  il  est  adopte' ^^'. 

Le  Règlement  de  la  Commission  des  arts  comprend  vingt-sept  articles,  compldtés  par  dix 
articles  additionnels  concernant  les  manuscrits.  Nous  reproduisons  ci-après  celles  dos  dis- 
positions de  co  règlement  qui  font  connaître  l'organisation  intérieure  de  la  Commission  : 

RÈGLEMENT     DE     LA     COMMISSIO      TEMPORAIRE    DES     ARTS, 
ADJOINTE    AU  COMITE  D'INSTRUCTION   PUBLIQUE. 

De  l'Imprimerie  nationale,  s.  d.^- . 

Article  premier.  La  Commission  temporaire  des  arts  sera  divisée  en  treize  sec- 
lions  ,  ainsi  qu'il  suit  : 

Histoire  naturelle,  Physique ,  Chimie,  Analomie ,  Mécanique ,  (léographie  et  Marine, 
Fortifications  et  Génie  militaire.  Antiquités,  Dépôts  littéraires ,  Peinture  et  Sculpture, 
Architecture,  Musique,  Ponts  et  chaussées '^^K 

Art.  2.  La  Commission  continuera  de  s'assembler  dans  les  salles  du  Comité 
d'instruction  publique ,  tous  les  quintidi  et  décadi ,  à  neuf  heures  et  demie  précises 
du  matin,  pendant  l'hiver,  et  à  huit  heures  et  demie  précises  du  matin,  pendant 
les  autres  saisons. 

Art.  3.  Chaque  membre  é'*rira  son  nom,  en  entrant,  sur  un  registre  de  pré- 
sence, lequel  sera  arrêté  et  signé,  h  la  fin  de  chaque  séance,  par  le  président. 

Art.  II.  La  séance  s'ouvrira  par  la  lecture  du  procès-verbal  de  la  séance  précé- 
dente. Chaque  section  rendra  compte  ensuite  des  travaux  dont  elle  est  spécialement 
chargée. 

Art.  5.  Le  président  el  le  secrétaire  de  la  Commission  temporaire  des  arts 
seront  nommés  par  le  Comité  d'instruction  publique,  et  toujours  parmi  les 
membres  de  ce  Comité. 

Art.  6.  Le  Comité  d'instruction  publique  nommera  parmi  les  membres  de  la 
Commission  temporaire  des  arts  un  agent  qui  sera  chargé  de  faire  exécuter  tout 
ce  qui  sera  porté  sur  les  plumitifs  des  séances,  de  diriger  le  bureau,  d'en  survriller 
la  correspondance,  de  recevoir  les  lettres  adressées  à  la  Commission,  et  de  faire 

<'^  Archives  nationales,  F^'*  7,  folios  1.8  compte  quatorze,  et  le  décret  du  18  plu- 
recto,  21.  verso,  2.5  recto,  3o  recto,  viôse  (voir  p.  827)  seulement  douze.  Ces 
3^  verso,  89  recto,  Ai  verso.  différences  viennent  de  ce  que  le  décret 

^'^   Bibliothèque    nationale.    Le  ^^  698,  réunit  la  peinture,  la  sculpture  et  Tarchi- 

in-8°.  tecture  en  une  seule  section,  tandis  que  la 

(•'')  Le  Règlement,   de   même  que  17/*-  Liste  des  membres  en  ïail  trois  sections  à\i- 

struction  sur  la  manière  d'inventorier,  divise  férentes ,  et  le  Règlement  deux  sections ,  en 

la   Commission  en   treize   sections,  tandis  réunissant  la  peinture  et  la  sculpture, 
que  la  Liste  des  membres  (voir  p.  .5o2j  en 


DE  L\  CONVENTION  NATIONALE.  583 

parvenir  à  chacune  de  ses  sections,  ou  à  chacun  de  ses  membres,  les  lettres  ou  avis 
qui  pourront  les  concerner. 

Art.  7.  Le  bureau  de  la  Commission  temporaire  des  arts  sera  établi  dans  une 
des  salles  qui  sont  destinées  au  logement  du  Comité  d'instruction  publique.  Il  y 
aura  plusieurs  armoires  ferme'es,  pour  y  déposer  les  registres,  les  inventaires  et 
les  papiers  qui  devront  être  conservés  avec  le  plus  de  soiu.  Les  papiers  moins 
précieux  y  seront  distribués  avec  ordre  dans  des  cartons,  et  plusieurs  commis  y 
travailleront  sous  la  surveillance  de  l'agent  de  la  Commission  des  arts. 

.  .  .  Art.  10.  Chaque  section  remettra,  le 2 5' jour  de  chaque  mois,  un  état  de 
ses  travaux  à  l'agent  de  la  Commission,  lequel  en  dressera  un  tableau  général  dont 
il  sera  [donné]  lecture  dans  la  séance  suivante  à  la  Commission  assemblée;  et  ce 
tableau  sera  présenté  chaque  mois,  par  deux  commissaires,  au  Comité  d'instruc- 
tion publique. 

.  .  .  Art.  1^.  Les  mannscrits  seront  recueillis  et  placés  dans  une  section  parti- 
culière du  local  destiné  aux  dépôts  littéraires,  où  il  en  sera  fait  un  dépouillement  et 
un  inventaire  général.  Tous  les  manuscrits  qui  seront  jugés  propres  à  donner  des 
renseignements  utiles  pour  la  défense  de  la  République  seront  mis  à  part;  il  en 
sera  dressé  un  état,  et  ils  seront  remis  au  Comité  de  salut  public,  qui  les  fera 
déposer  dans  un  lieu  à  sa  convenance,  et  qui  en  nommera  le  gardien. 

.  .  .  Art.  18.  Des  lieux  de  dépôts  provisoires  seront  indiqués  oii,  pour  éviter 
les  frais  de  gardien,  les  objets  d'arts  et  de  sciences ,  relatifs  à  l'instruction  publique, 
provenant  soit  des  maisons  d'émigrés,  vSoit  de  celles  des  conspirateurs,  soit  des 
ci-devant  églises  et  des  maisons  ci-devant  religieuses,  seront  transportés  et  réunis. 
Ces  dépôts  seront  divisés  en  six  classes .  .  . 

Les  Articles  additionnels  au  rèfrlement  de  la  Commission  temporaire  des  arts,  concernant 
les  manuscrits ,  sont  le  développement  de  Tarlicle  i6  du  lièglement.  On  trouve  Torigine  de 
cet  article  i^i  et  des  articles  additionnels  dans  un  arrêté  pris  par  le  Comité  d'instruction 
publique  le  19  ventôse  (p.  567),  portant  que  les  manuscrits  précieux  pour  l'attaque  ou  la 
défense  des  places  seraient  mis  à  la  disposition  du  Comité  de  salut  public;  et  que  la  Com- 
mission des  arts  préparerait  un  travail  sur  la  manière  la  plus  convenable  de  recueillir, 
d'inventorier,  de  classer  et  répartir  les  divers  manuscrits  trouvés  chez  les  émigrés  et  en 
général  dans  les  domaines  nationaux. 

Il  est  probable  que  c'est  aux  Af-ticles  additionnels  que  se  rapportent  les  deux  mentions 
ci-dessous,  qui  figurent  dans  les  procès-verbaux  de  la  Commission  des  arts  à  une  date  à 
laquelle  le  Règlement  était  déjà  adopté  : 

S(*ance  du  5  germinal.  Tan  -i'  de  la  Hé|)ubliqne. 

On  achève  la  lecture  du  règlement.  Il  est  adopf*'.  Il  (sl  arn'l('  ipiOn  en  pres- 
sera l'impression. 

Séance  du  10  germinal,  l'an  9"  de  la  l{(q)ubli(pi(\ 

Le  citoyen  Vicq  d'Azyi-  lail  im  rapport  sui'  les  mesures  à  prendre  pour  réta- 
blissement d'un  dépôt  des  niaïuiscrits  e(  sur  1(MU*  clnssilication.  Adopt(\  En  consé- 


584      PROaVS-VRHHAUX  DC  C,)M,TK  D'.NST.UCT.ON  PUBL-OUF 

Los  dix  Articles  additionnels  porlenl    on  «.,1... 
pour  les  manuscrits,  ,„e  les  mLus    Us     .:::•' I      ■"']  "'''  ""  ''^P"'  P^visoi,. 

co  p,;o„„or  (,-,a„e,  ils  seronl  .-épanis,  p»,  ordrode  Z  A  "'"",' 5»°'  "  ''™"""'"-  ^P-' 
raison,  pour  qu'elles  en  fass.nl  Te  nm  „  et  .In^,  ,     '       "'  '''  '''''™'  "l^  '»  f^  ™- 

■uanuscrils  ,„i  sont  de  leur  ressort  '     '       "'  ''"'■'  ""^*  '"'  ^"  'lassiliealio,,  ,|e, 

A  ia  suite  du  «,,_,  ,  .,,,  ,,,,,„,  ^,,.^,„,,,,^,^  ^^  ,^^^  ^  ^^^  ^^^^^^^^^^^  ^^^^^^^^^ 

ArcJjives  nationales    K  i;  *  ^    r  i-     , 

l'unaies,  1^         ^,  iolios/17  f-Pclo,  5i  rorto. 


i 


DE  L\  CONVENTION  NATIONALK.  585 


DEUX   CENT   QUATORZIEME    SEANCE. 

Du  '?.']  venlôso  an  ii.  [  i -y  mais  179'!.] 

Prësi  lence  de  Villar. 
DuHEM  et  Plaighard,  secrétaires. 

Le  citoyen  Desfontaines,  botaniste,  est  venu  montrer  au  Comité 
les  planches  gravées  de  sa  collection  du  mont  Atlas,  au  nombre  de 
soixante.  Le  Comité  a  trouvé  ce  travail  supérieurement  exécuté;  et 
comme  ses  moyens  sont  épuisés,  et  qu'il  reste  encore  une  partie  do 
son  herbier  à  terminer,  le  Comité  a  chargé  Arbogast  d'en  confc'rer 
avec  le  Comité  des  finances  sur  les  avances  qu'il  conviendrait  de  faire 
à  ce  citoven  pour  cet  objet  ^^\ 

La  commission  formée  par  les  Comités  de  division  et  d'instruction 
publique  pour  le  travail  du  changement  des  noms  de  certaines  com- 
munes de  la  République,  ayant  eu  besoin  de  cinq  secrétaires  commis, 
et  ayant  proposé  le  citoyen  Joseph  Rossigneux,  choisi  le  5  ventôse. 
Antoine  Colasson  du  6  ventôse,  Jacques  Coutot  du  8  ventôse,  Da- 
guier  du  c)  ventôse,  J. -François  Millot  du  lo  ventôse,  le  Comité  a 
adopté  ce  choix,  cl  il  a  été  arrêté  de  leur  faire  délivrer  leurs  mandats 
en  commun  par  les  Comités  de  division  et  d'instruction  pubUque--^^ 

Le  citoyen  Guyton  communique  au  Comité  le  projet  de  décret  con- 
cernant la  refonte  des  papiers  imprimés  et  la  récom[)ense  à  accorder 
à  la  citoyenne  Masson ,  inventrice  du  procédé.  Le  projet  est  adopté  ^^\ 

Le  citoyen  Mathieu  propose  une  liste  de  commis  pour  la  bibliogra^ 
phie,  savoir  :  Delormel,  Villars,  Carpentier,  Roullier,  Desnos  et  Re- 
naud. Arrêté  qu'ils  sont  admis,  en  leur  déclarant  la  nécessité  de  pro- 
duire leur  certificat  de  civisme. 


*'^   Voir  laséanco  du  9  vonlùse  (|i.  ^oO)  Lo  projet  sur  la   reloiito  des  papi(>rs  im- 

ol,  pour  la  suite,  colle  du  ;i5  ijorminal  ail  II.  piiinos   el    la  nM'ompense   à  accorder  à   la 

^•^'  Sur  la  commission  formée  de  mem-  citoyenne  ^fasso^  lut    prt'senlé    à   la  Con- 

l)res  des  Comités  de  division  et  d'instruc-  venlion  le  ()  |jerniinal.  Nous  en  donnons  le 

tion    j)ul)liqiie    pour    le    clian{jement    des  texte  aux  annexes,  A  (p.  58-).  Il  sera  de 

noms  des   communes,    voir  la    séance    du  nouveau  (pieslion   de    la  cilovt>nne  Masson 

i3  nivôse  (|).  2;?8).  dans  la  seaiici»  du  (imnite  du    1  i  jjerniinal 

^^^    Voir  la  séance  du  tî8  ventôse  (  j). .')()'!  ).  ^u  11. 


586      PR(X:ÈS -VERBAUX  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

On  fait  le  scrutin  pour  la  nomination  du  président  du  Comité.  La 
majorité  a  été  pour  Viliar. 

Ensuite,  le  scrutin  ponr  les  secrétaires  a  donné  la  majorité  pour 
Duliem  et  Plaicliard  ^^^ 

Plaichard  est  nommé  rapporteur  sur  la  demande  du  citoyen  (^otte 
de  conserver  sa  demeure  à  Mont-Emile  ^'-l 

Les  vingt  exemplaires  du  compte  de  la  Commission  des  monu- 
ments, présentés  au  Comité,  seront  remis  aux  membres  de  la  (Com- 
mission des  arts^^l 

Le  Comité  arrête  qu'il  sera  écrit  au  directeur  de  l'Imprimerie  natio- 
nale executive  pour  qu'il  envoie  au  Comité  d'instruction  publique  : 

1°  Un  exemplaire  de  la  partie  du  droit  imprimée,  mais  non  encore 
publiée,  du  catalogue  de  la  Bibliotbèque nationale; 

q"*  a  la  section  de  la  bibliograpbie  qui  est  au  Louvre,  un  exem- 
plaire complet  de  tout  ce  qui  est  imprimé  du  catalogue  de  la  Biblio- 
thèque nationale,  y  compris  la  partie  mentionnée  dans  l'article 
précédent  ^^^ 


(*'  En  marge  de  la  minute  du  procès- 
verbal,  le  secrétaire  qui  tenait  la  plume  a 
écrit  une  liste  comprenant  huit  noms,  et  a 
noté  en  regard  le  nombre  des  voix  re- 
cueillies par  les  divers  candidats  aux  fonc- 
tions de  secrétaires.  Voici  la  reproduction 
de  cette  lisle  : 


Grégoire 
Boutroue 
Daoust  I 
Duhem  1 


Plaichard 
Coupé 
Duval 
Viliar. 


^'-'  Le  Père  Coite  (17^0-181 5),  physicien 
et  astronome,  avait  la  jouissance  d'un  lo- 
gement et  d'un  jardin  dans  l'ancienne 
maison  àbs  Oratoriens,  à  Montmorency.  Il 
avait  demandé  à  en  conserver  l'usage  wpour 
y  continuer  ses  observations  météoro- 
logiques?), par  une  pétition  qui  fut  lue  à 
la  Convention  le  20  ventôse;  l'assemblée 
renvoya  au  Comité  d'instruction  publique 
et  à  la  Commission  des  arts.  (Procès- 
verbal  de  la  Convention,  t.  XXXIII, 
p.  1G8.)  La  Commission  des  arts  s'occupa 
le  jour  même  de  la  pétition  de  Cotte,  et 
chargea  îe  physicien  Charles  d'en  faire  un 


rapport  pour  le  Comité  d'instruction  pu- 
blique (F''*  7,  folio  38,  recto).  Pour  la 
suite ,  voir  la  séance  du  Comité  du  2 1  ger- 
minal an  II. 

C'est  la  ville  de  Montmorency  qui  est  ici 
désignée  sous  le  nom  de  Mont-Emile  (un 
décret  de  la  Convention  du  8  brumaire 
au  II  avait  ordonné  que  Montmorency  por- 
terait désormais  le  nom  à'' Emile). 

^^'  Il  s'agit  du  compte-rendu  imprimé 
dont  il  est  question  dans  le  procès-verbal 
de  la  séance  de  la  Commission  des  monu- 
ments du  39  pluviôse  (voir  p.  383).  Voir 
aux  annexes,  B  (p.  689),  un  extrait  du  re- 
gistre de  la  Commission  des  arts,  séance  du 
3o  ventôse  an  11. 

Le  Compte  rendu  à  la  Convention  natio- 
nale par  la  Commission  supprimée  des  mo- 
numents se  trouve  à  la  Bibliothèque 
nationale;  nous  en  donnons  des  extraits  aux 
annexes,  B. 

'''^  Ce  second  alinéa  se  trouve  à  la  mi- 
nute seulement.  Sur  le  registre ,  le  copiste 
a,  par  inadvertance,  fondu  les  deux  alinéas 
en  un  seul,  en  plaçant  après  les  mots  trdu 


DE  L\  CONVENTION  NATIONALE.  587 

Les  citoyens  Renaud,  Passan,  Lagrenier,  députes  de  la  section  des 
Lombards,  viennent  exposer  le  désir  qu'elle  aurait  de  pouvoir  mettre 
en  culture  les  jardins  incultes  de  son  arrondissement.  Le  Comité  ap- 
prouve son  zèle  et  en  fait  mention  au  procès-verbal ^^^ 

Sur  la  demande  du  citoyen  Domergue  de  conserver  une  partie  du 
logement  qu'il  occupe  à  la  bibliographie ,  le  Comité  passe  à  Tordre  du 
jour.  Au  surplus,  le  Comité  exprime  le  désir  que  le  citoyen  Domergue 
continue  ses  utiles  travaux  sur  le  génie  et  les  progrès  de  la  langue 
française  ^'^l 

Sur  la  proposition  de  Mathieu,  chargé  de  plusieurs  rapports,  Gu\- 
ton  est  nommé  rapporteur  de  la  pétition  du  ritoyen  Trouville^^^ 

Séance  levée  à  onze  heures. 

Vn.LAR,  président.  Plaichard,  sécréta  ire  ^\ 


PIECES  ANNEXES. 


On  lit  dans  les  procès-verbaux  de  la  Convention  : 

Séance  du  6  germinal  an  it. 

Un  membre '*\  au  nom  du  Comité  d'instruction  publique,  présente  un  projet 
de  décret  relatif  à  la  refonte  des  papiers  imprimés,  dont  le  brulement  a  été  sus- 
pendu par  le  décret  du  i  9  frimaire  '-'^K 

La  discussion  s'ouvre  sur  l'article  2 . 

Un  membre  demande  qu'il  soit  rejeté,  parce  que  les  entrepreneurs,  comme  les 
inventeurs,  ne  sont  pas  tenus  de  dévoiler  leur  secret.  Il  pense  que  l'article  3  est 
suffisant. 

Le  rapporteur  répond  que  la  pensée  de  tout  inventeur  est  mise  en  réquisition 
[)our  le  service  de  la  Réj)ublique;  mais  que  la  rédaction  de  l'article  rî  ne  contra- 
rie pas  les  vues  du  préopinant. 

catalogue  de  la   Bibliothèque    nationale»,  ^*'  Voir  la  lettre  do  Domergue  plus  haut, 

((ui  terminent  le  premier  alinéa,  los  mois  p,  5Go. 

qui  lermiupnt    le  socoTid  :   ry   compris  la  '^'^   Voir  la  st'ancedu 'JO  vonlc>se(p.  ."ilit)). 

parlio    menlionnéo    dans    Tai-licle    préci'-  ^^^   Ces  si|jnaliin>s  uo  sont  (pi'au  rogislrc. 

(lenl^\  La  inimilt',  sans  signature,  esl  de  la  main 

^'    La  rédaction  de  cet  alinéa  osl  celle  de  d(»  (loupé,  sauf  l'alinéa  relatif  à  Domergue, 

la    minute.   La    rédaction    du    regisli'c    ne  cpii  est  do  la  main  d(»  (îrégoiro. 

mentionne  pas  les  noms  des  trois  députés,  •'')  ("est  (îuyIon-Morveau  ( A/f);iiVc»r). 

et   dit  simplement  :   «Des   députés   d(>    la  ^'^    \oir  le  décret  du  i  u   frimaire  p.  6l). 
section  des  Lomhardsn. 


588      PROCÈS-VERBAUX  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PUBUIQUE 
La  Convenlion  adopte  ie  projet  de  ddcrol  ainsi  qu'il  suit  : 

frUa  Convontion  nationale,  après  avoir  entendu  le  rapport  de  ses  Comités  de 
salut  public  el  d'instrnclion  publique  , 

rr Considérant  que  les  pa[)iers  imprimés,  dont  le  brùlement  a  été  sus[)endu  par 
le  décret  du  i  9.  frimaire,  dans  l'espérance  d'en  retrouver  la  matière,  commencent 
à  former  dans  quelques  connnunes  un  encombrement  qu'il  est  urjjeni  de  faire 
cesser  par  une  destination  définitive,  décrète  ce  qui  suit  : 

ff  Article  premier.  Dans  les  deux  décades  qui  suivront  la  publication  du  présent 
décret,  tous  ceux  qui  se  proposent  de  former  des  établissements  pour  la  refonte 
des  papiei's  inq)rimés  dont  lasupj)ression  a  été  ou  sera  ordonnée  seront  tenus  de  le 
déclarer  à  la  Commission  des  subsistances  et  ap})rovisionnements,  d'indiquer  l'éten- 
due qu'ils  entendent  donner  à  celte  fabrication,  et  l'époque  à  laquelle  elle  sera 
en  activité. 

ff  Art.  2.  Les  entrepreneurs  feront  connaître  à  ladite  Commission  les  procédés 
et  matières  qu'ils  veulent  y  employer. 

ff  Art.  3.  Ils  ne  pouiTont  se  servir  de  potasse,  salin,  cendre  gravelée,  védasse, 
cendre  de  bois,  ni  d'aucune  espèce  d'alcali  végétal,  qu'en  donnant  préalablement 
à  tout  emploi  la  déclaration  de  la  quantité,  et  se  soumettant  de  reverser  dans  les 
afiiiieries  de  salpêtre,  immédiatement  après  leur  opération,  toute  la  quantité  dii- 
dil  alcali  qui  aura  passé  dans  leurs  chaudières,  sauf  le  déchet  de  cinq  centièmes 
au  plus,  qui  sera  vérifié  par  l'aréomètre. 

ff  Art.  k.  Les  entrepreneurs  seront  autorisés  à  se  faire  délivrer,  par  les  conseils 
généraux  des  communes ,  les  papiers  imprimés  mis  en  dépôt  en  exécution  du  dé- 
cret du  iQ  frimaire,  à  la  charge  par  eux  de  les  faire  dénaturer  ùnmédiatement 
après  le  transport,  et  d'en  foire  dresser  acte  en  présence  d'un  mendîre  du  conseil 
général  de  la  commune  du  lieu  de  l'établissement. 

ffART.  5.  Dans  le  cas  oii  il  ne  se  présenterait  aucun  entrepreneur  dans  le  délai 
fixé  par  l'article  i",  ou  que  ceux  qui  se  présenteraient  n'annonceraient  pas  des 
movens  suffisants  pour  atteindre  et  consommer  la  quantité  mise  en  réserve,  la 
Commission  des  subsistances  et  approvisionnements  fera  rédiger  et  publier,  sans 
délai,  une  instruction  sur  ce  nouvel  art,  pour  le  mettre  à  la  portée  des  citoyens 
qui  voudraient  se  livrer  à  ce  genre  d'industrie. 

ffART.  6.  Ladite  Commission  ordonnera,  s'd  est  nécessaire,  des  essais  en  grand; 
elle  pourra  même  établir  des  ateliers  à  la  proximité  des  dépôts  les  plus  considé- 
rables, où  les  opérations  seront  portées  au  point  de  dénaturer  lesdits  papiers  im- 
primés pour  mettre  en  délivrance  la  pâte  qui  en  proviendra ,  laquelle  sera  préala- 
blement séchée  à  la  presse,  pour  en  prévenir  l'altération. 

ffART.  7.  La  Commission  est  chargée  de  faire  examiner  si  les  papiers  couverts 
d'écritures,  devenus  inutdes  ou  dont  la  suppression  aurait  été  ordonnée,  sont  de 
même  susceptibles  d'être  remis  en  pâte. 

ffART.  8.   Il  est  accordé  à  la  citoyenne  Masson  une  somme  de  trois  mille  cinq 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  589 

cenls  livres.  (|ui  lui  sera  payée  [)ar  la  Ire'soreiie  nationale  sur  les  fonds  destinés  à 
rencouragement  des  arls,  en  considération  des  travaux  (ju'elle  a  faits  pour  parve- 
nir à  la  refoule  des  [)apiers  imprimés. 

"•A  HT.  9.   L'insertion  au  Bulletin  du  présent  décret  tiendra  lieu  de  publication  ''.  » 


B 
Ou  iil  dans  le  regislie  des  pi'ocès-verbaiix  de  la  Commission  des  arts  : 

Séance  du  3o  ventôse,  l'an  2'  de  la  République. 

Lecluie  de  la  lettre  du  citoyen  Moreau  qui  annonce  que  la  Commission  sup- 
primée des  monuments  a  clos  ses  séances.  Les  exemplaires  de  la  réponse  de  ladit<î 
Connnission  au  raj)port  du  citoven  Mathieu ,  joints  à  cette  lellre.  son!  rlistribués 
aux  mendjres  de  la  Commission  des  arts  "^'. 

Voici  le  litre  complet  de  la  réponse  de  la  Commission  des  monumenis  au  rapport  de 
Mathieu,  dont  il  est  question  ci-dessus  : 

COMPTE  RENDU  À  LA  CONVENTION  NATIONALE  PAR  LA  COMMISSION  SUPPRIMEE  DES 
MONUMENTS,  ET  SERVANT  DE  REPONSE  AU  RAPPORT  DU  COMITE  D'INSTRUCTION 
PUBLIQUE. 

De  l'imprimerie  de  Brosselard,  quai  ci-devant  Conli,  n"  1878  ^^\ 
Ce  compte-rendu  débute  ainsi  : 

Le  Comité  d'instruction  publique,  par  le  ra|)port  qu'il  a  présenté  le  28  Iri- 
luaire  à  la  Convention  nationale,  et  qui  a  fait  prononcer  la  suppression  de  la 
Commission  des  monuments,  a  grièvement  inculpé  les  membres  qui  la  conqjo- 
saient:  l'honneur  les  force  à  repousser  ces  inculpations. 

Le  Comité,  sui'pris  sans  doute,  les  a  puisées  dans  des  notes  inexactes  qiu  lui 
avaient  été  fournies.  Ces  républicains  inculpés  vont  rétablir  les  é[»oques  et  les 
faits;  et  ils  se  llattent  qu'en  terminant  des  fonctions  entreprises  par  le  seul  amour 
«le  la  pati'ie,  remplies  avec  un  zèle  toujours  soutenu,  et  j)lus  ardent  même  à  l'in- 
stant où  il  était  h;  plus  calomnié,  sans  aucun  émolument,  et  eu  sacriliant  tout,  inté- 
lèls  et  plaisirs,  ils  ii'«Mnporteront  pas  du  moins  dans  leurs  retraites  les  reproches 
accablants  d'une  négligence  et  d'une  ignorance  désastreuses,  et  surtout  d'un  inci- 
visme honteux  pour  eux,  coupable  aux  yeux  des  patriotes,  et  pernicieux  à  la  chose 
publique. 

Ils  parleront,  sans  vouloii"  olfenser  |)ersonne,  avec  la  sim[)li(ifé  de  1  lionnne  vrai 
et  la  franchise  du  républicain. 

''  Procès-verbal  de  la  Convention ,  I.  \\\l\,  j).  \h'A.  —  -  Archives  nationales,  K'"*;, 
ibiio  fivi ,  recto. —    '    Bihliothè(|ue  nationale,  Lj  '  i  0. 


590      PROCÈS-VERBAUX  DU  COMITE  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

Après  celte  iiilroduclioii,  la  Coiiimissioii  des  nionuiiierils  se  livie,  pendant  ia  pages,  à 
une  réfutation  détaillée  du  rapport  de  Mathieu  ;  les  pajjes  sont  divisées  en  deux  colonnes  : 
celle  de  gauche,  intitulée  liapporl,  contient  des  passages  empruntés  au  rapport  de  Mathieu; 
celle  de  droite,  intitulée  Wépnnsp  au  rapport,  donne,  en  i-egard,  les  explications  de  la  Com- 
mission, généralement  beaucoup  plus  longues  que  le  texte  des  passages  auxquels  elles  ré- 
pondent. La  (iOnnnission  des  monuments  passe  successivement  en  revue  sa  création,  son 
organisation,  sa  réorganisalion  en  179*^;  elle  répond  aux  reproches  d'insuffisance,  de  ci- 
visme arriéré;  puis  elle  examine  l'un  après  l'autre  divers  faits  que  Mathieu  avait  allégués  à 
sa  charge,  et  se  justifie  quelquefois  rd'une  manière  triomphantes,  comme  elle  l'avait  pro- 
mis dans  sa  lettre  au  président  du  Comité  d'instruction  publique  du  3  nivôse  (voir  p.  i83 
du  présent  volume).  Nous  avons  placé  en  note,  au  bas  des  pages  consacrées  à  la  repro- 
duction du  rapport  de  Mathieu  (pages  171-180),  les  principales  rectifications  contenues 
dans  cette  réponse  de  la  Commission  des  monuments. 

Nous  extrayons  de  cette  brochure  un  passage  qui  cou  lient  un  exposé  intéressant  des 
origines  de  la  Commission  des  monuments  et  des  changements  successifs  apportés  à  son 
organisation  (pages  3-6  de  la  brochure): 


Le  i3  octobre  1790,  TAsseiiiblée  coiislituaiile  iviidit  un  décret  par  lequel  les 
directoires  de  département,  et,  à  Paris,  la  municipalité,  étaient  tenus  de  veiller  à 
la  conservation  des  églises  et  des  maisons  devenues  domaines  nationaux,  et  d'en 
dresser  des  états  pour  être  envoyés  au  Comité  d'aliénation.  La  municipalité  de 
Paris  devait  s'associer,  pour  éclairer  sa  surveillance,  des  membres  choisis  de  dif- 
férentes académies. 

En  vertu  de  ce  décret,  la  municipalité  de  Paris  nomma  une  commission  par- 
ticulière, composée  des  citoyens  Vandermonde  et  Desmarest,  de  l'Académie  des 
sciences;  Barthélémy,  Ameilhon,  Leblond,  de  l'Académie  des  belles-lettres; 
Doyen  et  Mouchy,  de  l'Académie  de  peinture  et  sculpture,  et  Masson,  ancien 
orfèvre. 

De  son  côté,  le  Comité  d'aliénation  de  l'Assemblée  nationale  avait  formé  une 
commission  de  savants  pour  s'occuper  d'un  travail  concernant  la  recherche  des 
monuments  relatifs  aux  sciences,  aux  lettres  et  aux  arts.  Cette  commission  comp- 
tait, parmi  ses  membres,  plusieurs  de  ceux  qui  composaient  la  commission  mu- 
nicipale. Elle  tint  sa  première  séance  le  8  novembre  1790,  dans  les  salles  de  la 
Bibholhèque  des  Quatre-Nations.  Dans  cette  séance,  elle  s'organisa,  fixa  le  plan 
de  ses  travaux,  et  en  détermina  la  répartition  entre  ses  membres. 

Dans  une  séance  tenue  au  Comité  d'aliénation,  le  38  novembre,  vingt  jours 
après  son  installation,  le  président  du  Comité  d'aliénation  proposa,  pour  sim- 
plifier le  travail  et  éviter  un  double  emploi,  de  réunir  à  la  commission  qu'il  avait 
formée  la  commission  municipale,  ce  qui  fut  arrêté;  et  le  6  décembre  cette  réu- 
nion s'opéra. 

Alors  la  Commission  se  trouva  composée  des  citoyens  Ameilhon ,  Barthélémy, 
Bréquigny,  Dacier,  David, Debure,Desmarets,  Doyen,  Leblond,  Masson,  Mercier, 
Mongez,  Mouchy,  Pajou,  Poirier,  Vandermonde,  auquel  fut  adjoint  le  citoyen 
P  uthod-  Maisonrouge . 

Le  nombre  des  membres ,  tenus  de  prouver  la  prestation  de  leur  serment  ci- 
vique, s'accrut  successivement  des  citoyens  Boizot,  Ormesson,  Dufourny,  Camus, 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  591 

Meusnier,  Lemonnier,  jN'Ioreau  et  Regnault.  Le  21  mai  1792,  il  fut  lixé  à  vin^t- 
trois,  et  le  mode  des  élections  fut  détermine  ''. 

Le  lendemain  de  la  conquête  du  trône,  le  1 1  août  1792,  l'Assemblée  législa- 
tive créa  une  autre  Commission  composée  de  huit  membres,  dont  quatre  choisis 
par  la  Commission  extraordinaire  de  l'Assemblée,  et  quatre  nommés  par  l'admi- 
nistration municipale ,  [qui]  devaient ,  réunis  ensemble ,  faire  les  lecherches ,  di-esser 
inventaire  du  mobilier  de  la  couronne,  jirincipalement  des  tableaux,  statues,  mo- 
numents relatifs  aux  beaux-arts,  et  procéder  au  recolement  des  effets  inventoriés 
au  Garde-meuble. 

Les  membres  nommés  par  l'Assemblée  législative  furent  les  citoyens  Reboul, 
Broussonnet,  Courtois  et  Mulot.  Ceux  que  la  municipalité  choisit  furent  les  citoyens 
David,  Cossard,  Dufourny  et  Restoul. 

Le  16  septembre,  cette  Commission  créée  le  16  août  précédent  fut  réunie  à 
celle  qu'avait  formée  l'Assemblée  constituante;  et  un  décret  du  18  octobre,  rendu 
par  la  Convention  nationale,  fixa  le  nombre  des  membres  à  trenle-trois,  que  com- 
plétèrent les  citoyens  Guyton,  Barère,  Dusaulx  et  Sergent,  pris  dans  le  sein  de  la 
Convention  elle-iuême. 

Tels  furent  l'établissement  et  les  accroissements  de  la  Commission  des  monu- 
ments. 

Au  reproche  adressé  à  la  Commission  par  Mathieu,  que  «le  civisme  de  quelques-uns  de 
ses  membres  avait  paru  arriérée,  voici  la  réponse  laite  par  le  Compte  rendu  (p.  i."))  : 

Le  vrai  patriote  est  celui  qui  se  consacre  et  se  dévoue  tout  entier  au  service  de 
la  patrie;  celui  qui  scrupuleusement  et  avec  le  zèle  le  plus  désintéressé  remplit 
celle  des  fonctions  que  la  République  lui  a  confiée.  La  Counnission  ne  connaît 
aucun  de  ses  membres  qui  soit  en  arrière  dans  l'exécution  de  ses  devoirs. 

Voici  enlin  la  conclusion  (pages  UU  et  Ub)  . 

La  reconnaissance  d'une  grande  nation  est  Tàme  des  vertus  publiques.  Dans 
un  autre  temps,  les  membres  de  la  Connnission  des  monuments  eussent  [)u  en 
demander  des  témoignages  en  vrais  républicains;  il  leur  sulîit  aujourd'hui  d'avoir 
rempli  leurs  devoirs  envers  la  Répubhque;  mais  ils  n'ont  pas  du  laisser  sans  ré- 
ponse des  inculpations  consignées  dans  un  rapport,  devenu  public,  d'après  \oqur\ 
leur  sup[)ression  a  été  décrétée. 

La  Commission  n'eût  jamais  sollicité  bassement  des  éloges.  Des  républicains, 
des  artistes  qui  idolâtrent  les  chefs-d'œuvre,  sont  assez  récompensés  par  ce  ([u'ils 
ont  fait  pour  la  nation,  qui  les  avait  honorés  de  sa  conliauce,  et  par  la  seule  \ue 

^''  La  pièce  jusllficalive  u"  q  contient,  à  vinijf-trois;  il  «'st  arrêt»»  que  les  élections 

ce  sujet,  l'extrait  suivant  des  procès-ver-  des  membres  de  la   Connnission  s(»  feront 

baux  de  la  (Commission:  «Il  est  arrêté  que  dorénavant  au  scrutin,.  .  .  que  le  membre 

le  nombre  des  membres  de  la  Commission  élu  justifiera  th»  la  prestation  de  son  ser- 

restera  fixé,  comme  il  Test  maintenant,  à  nient  civicpie-'. 


59^2      PROCÈS-VERIUUX  DU  GOMITK  D'INSTRUCTION  PURLÏQUE 

des  ouvrages  siiMimes  qu'ils  on!  conservés;  mais  la  juslice  est  un  besoin  pour  eux. 
Le  peuple  veut  ([u'on  la  lasse  à  lous  :  ses  représentants  ont  le  même  désir;  ce  ne 
sera  donc  pas  inutilement  que  la  Commission  des  monuments  demande  que  le 
Comité  ([ui  Ta  attacjuée  dans  Topinion  puhlicpie  lui  i-ende  justice,  suivant  la  pro- 
messe de  son  président  ^'\  en  face  de  la  Convcnlion  où  cette  Commission  a  été  si 
injustement  et  si  grièvement  maltraitée. 

Les  qnaloi'ze  dorniôrcs  j);ifjes  de  la  brociiuro  sont   occupées  par  un  certain  nombre  de 
pièces  juslilicatives,  {groupées  sous  ce  titre  : 

cf  Pièces  à  Tappui  du  compte  rendu  par  la  Commission  supprimée  des  monuments 71. 

(^^   Dans  sa  lettre  du  7  nivôse  en  réponse  par  le  capporlfur.  Comme  il  a  été  dit  plus 

à  celle  que  la  Con)n)lssion  des  monuments  haut,  nous  avons  placé  au  bas  des  pa^jes  du 

lui    avait  adressée    le    3    (voir  ci-dessus,  rapport  de  Mathieu  (pages   171-180),  en 

p.  i85),  Mathieu  avait  écrit  :  «S'il  y  avait  notes,  les  passages  du  Compte  rendu  où  la 

eu  erreur  dans  quelques  laits,  le  Comité  et  (Commission  dis  monunionls  rectifie  un  cer- 

le    rajjporlt'ur     s'(>nipr(>sseront     d'en    con-  tain  nonibie  df  laits  allégués  par  le  rap- 

venir?7.  Aucune  rectification  ne  lut  publiée  porteur  el  (pi'elle  déclare  inexacts. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE. 


593 


DEUX   CENT   QUINZIEME   SEANCE. 

Du  ^9  ventôse  an  ii.  [19  mars  179A.] 

Le  citoyen  Giraud  adresse  au  Comité  d'instruction  publique  (quelques 
exemplaires  d'un  ouvrage  intitulé  :  Réflexions  sur  les  laines  de  France. 
Renvoyé  à  Coupé  ^^^. 

Le  citoyen  La  Chabeaussière  présente  au  Comité  un  ouvrage  intitulé  : 
Catéchisme  républicain,  philosophique  et  moral.  Coupé  est  nommé  rappor- 
teur de  cet  ouvrage  ^*^^ 

Le  citoyen  Le  Marquant  l'aîné  écrit  au  Comité  la  lettre  suivante  : 

Je  n'ai  ni  ia  santé,  ni  les  talents  que  demandent  les  respectables  fonctions  d'in- 
stituteur public.  Mais  si  ces  raisons  ne  me  permettent  pas  de  me  présenter  au 
concours  ouvert  par  la  Convention  nationale ,  je  ne  lui  en  dois  pas  moins  l'hom- 
mage d'une  idée  que  j'ai  crue  heureuse.  Le  travail  ci-joint  en  rend  compte.  Si  le 
Comité  le  juge  digne  d'être  présenté  à  la  Convention,  son  approbation  est  la  pkis 
flatteuse  récompense  que  je  désire,  comme  le  titre  de  citoyen  utile  est  le  plus  beau 
que  je  connaisse. 

Le  Marquant  l'aîné. 


(^)  Nous  n'avons  pas  trouvé  l'onvrage  de 
(îiraud. 

^-)  Ange-Etieniie-Xavier  Poisson  de  La 
Chabeaussière  (1752-1820),  né  et  mort  à 
i^aris,  fils  d'un  avocat,  était  destiné  d'abord 
à  l'état  ecclésiastique;  s'en  étant  dégoûté, 
il  servit  comme  officier  dans  les  gardes  du 
corps  du  comte  d'Artois,  puis  se  consacra 
aux  lettres  et  devint  auteur  dramatique. 
Quoiqu'il  eût  épousé  une  marquise,  il  se 
montra  partisan  de  la  Révolution,  et  fut 
employé  dans  les  bureaux  du  ministère  de 
l'intérieur,  3"  division.  Dénoncé  en  nivôse 
an  II  comme  ayant  donné  asile  à  Julien  de 
Toulouse,  il  fut,  malgré  ses  dénégations, 
arrêté  et  enfermé  aux  Madeloniiettcs.  Il 
travaillait  alors  à  la  composition  d'un  caté- 
chisme en  quatrains,  et  ce  fut  de  sa  prison 
qu'il  en  adressa  ie  manuscrit  au  Comité 
d'instruction  publique.  La  Chabeaussière  ne 
sortit  de  prison  ([u'api'ès  le  9  thermidor. 
Son  Catéchisme  républicain  lut  imprimé  on 


l'an  ni ,  et  placé  au  nombre  des  livres  d'édu- 
cation à  l'usage  des  écoles  primaires  j)ar  la 
loi  du  1 1  germinal  an  iv.  Devenu  plus 
tard  l'un  des  quatre  administrateurs  du 
Théâtre  des  arts  (Opéra),  La  Chabeaus- 
sière ne  conserva  ces  fonctions  qu'un  an  ; 
il  avait  été  accusé  de  malversations,  mais 
fut  acquitté  en  nivôse  an  vu.  Il  collabora 
quelque  temps  à  la  Décade.  Membre  de 
nombreuses  sociétés  Httéraires,  il  se  pré- 
senta sans  succès  à  l'Académie  française 
en  1819.  En  1 8 1  ^  ,  il  était  redevenu  roya- 
liste. La  lettre  de  La  Chabeaussière  se 
trouve  aux  Archives  nationales;  nous  en 
donnons  le  texte  aux  annexes,  A  (p.  Go  A). 
A  trois  reprises,  en  germinal  an  11,  nous 
verrons  le  Comité  s'occuper  encore  de 
La  Chabeaussière  et  de  son  Catéchisme; 
le  9,  il  en  confie  l'examen  à  Villar;  le  17, 
il  passe  à  l'ordre  du  jour;  le  9,3,  il  ren- 
voie l'ouvrage  au  concours  des  livres  élé- 
mentaires. 


111. 


:\s 


IMI-niULML     >AIIU^il.l.. 


594       PROCÈS -VERBAUX  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

Renvoyé  à  la  Commission  des  poids  et  mesures  ^^l 
Le  citoyen  Gail ,  professeur  de  littérature ,  écrit  au  Comité  la  lettre 
suivante  : 

Pour  la  traduction  de  mon  Xénophon,  je  suis  obligé  d'aller  tous  les  jours  à  la 
Bibliothèque  nationale.  Tous  les  jours  je  perds  et  fais  perdre  à  un  ami  une  heure 
et  demie  en  course.  Si  je  pouvais  collationner  chez  moi  deux  excellents  manuscrits, 
j'éviterais  une  perte  de  temps  considérable.  Voudrais-tu  bien,  citoyen  président, 
enjiager  le  Comité  d'instruction  de  la  Convention  [à  écrire]  en  ma  faveur  au  garde 
des  manuscrits,  et  à  lui  demander  qu'il  me  les  confie  '^^K 

L'ordre  du  jour  ^^\ 

Le  citoyen  Thillaye  écrit  au  Comité  pour  le  prier  de  s'intéresser 
pour  lui  auprès  de  la  section  de  Mutins  Scevola,  solliciter  son  interro- 
gatoire. Renvoyé  à  Bouquier^^^. 

On  présente  un  rapport  du  citoyen  Albert  sur  les  bains  médicinaux 
du  quai  d'Orsay,  Renvoyé  a  Duhem  ^^\ 

Le  citoyen  Viallon  envoie  un  mémoire  sur  une  division  des  heures, 
la  seule  qui  puisse  rapprocher  l'ancienne  manière  de  compter  le  temps. 
Renvoyé  à  la  Commission  des  poids  et  mesures  ^^K 

Le  comité  révolutionnaire  de  la  section  de  l'Indivisibilité  envoie  le 
récit  d'un  trait  héroïque  du  citoyen  Groslaire.  Renvoyé  à  Léonard 
Bourdon  ^''l 


('^  Le  travail  de  Le  Marquant  ue  se 
trouve  pas  dans  les  cartons  du  Comité. 

^-^  La  lettre  de  Gail  a  été  enregistrée  sous 
le  n°  3  2  53  (F^',  carton  loio^). 

^^^  Le  copiste  qui  a  transcrit  le  prorès- 
verbal  sur  le  registre ,  au  lieu  de  donner  le 
texte  même  de  la  lettre  de  Gail,  tel  qu'il 
ligure  à  la  minute ,  l'a  résumé ,  et  a  rédigé 
de  la  façon  suivante  l'alinéa  relatif  à  cette 
affaire  : 

trLe  citoyen  Gail,  professeur  de  litté- 
rature, écrit  au  Comité  au  sujet  de  deux 
manuscrits  qui  se  trouvent  dans  la  Biblio- 
thèque nationale  et  dont  il  a  besoin  pour 
continuer  sa  traduction  de  Xénophon;  on 
observe  que  ces  manuscrits  ne  peuvent  en 
aucun  cas  être  déplacés,  et  le  Comité  passe 
à  l'ordre  du  jour.?7 

^*)  Voir  la  séance  du  17  ventôse  (p.  55 1) 
et ,  pour  la  suite ,  celle  du  1 9  germinal  an  11. 


^^^  Il  a  été  question  d'Albert  et  de  ses 
bains  dans  la  séance  du  19  septembre  1798 
(t.  II,  p.  A38).  Nous  n'avons  pas  trouvé  le 
rapport  renvoyé  à  Duhem. 

^'^^  Le  mémoire  de  Viallon,  enregistré 
sous  le  n°  2226,  n'est  pas  à  sa  place  aux 
Archives  nationales.  Nous  avons  trouvé  dans 
le  carton  11 35  de  la  série  F^^,  liasse  Poids 
et  mesures ,  un  rapport  fait  sur  ce  mémoire 
par  Lagrange  à  la  Commission  des  poids  et 
mesures,  le  6  germinal,  avec  une  lettre  de 
réclamation  de  Viallon  adressée  au  Comité 
à  la  date  du  lA  germinal,  lettre  dont  il 
sera  question  à  la  séance  du  31  germinal 
an  n.  Wous  donnons  aux  annexes ,  B  (p.  6o5), 
des  extraits  du  rapport  de  Lagrange  et  de 
la  lettre  de  Viallon. 

(')  Il  a  déjà  été  question  du  trait  de 
bravoure  de  Groslaire  au  procès-verbal  du 
a3  ventôse  (p.  5G3).  La  lettre  du  comité 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE. 


595 


Le  président  du  département  de  Seine -et- Oise  prie  le  Comité 
d'éclairer  l'administration  sur  l'espèce  de  contradiction  qu'il  trouve 
entre  deux  articles  de  la  loi  du  29  frimaire  relative  à  l'établissement 
des  écoles  primaires.  Renvoyé  à  Boucjuier  ^^K 

Féraud,  représentant  du  peuple  à  l'armée  des  Pvrénées  Occiden- 
tales, envoie  un  arrêté  relatif  à  un  vieillard  d'Oloron.  Renvoyé  à 
Mathieu  (2). 

Foussedoire,  représentant  du  peuple  dans  les  départements  des 
Vosges  et  du  Haut-Rhin,  envoie  copie  d'un  arrêté  qu'il  a  pris  pour  la 
rédaction  et  la  distribution  d'une  feuille  périodique  dite  Feuille  villa- 
geoise. Vu  par  le  Comité  ^^\ 

La  Société  populaire  de  Nemours  apprend  à  la  Convention  que  le 
citoyen  Paulinier  a  recueilli  chez  lui,  et  s'est  chargé  d'élever  comme 
son  propre  fils,  un  enfant  de  douze  ans  abandonné  à  quelques  lieues 
de  cette  commune  par  un  officier  français.  Vu  par  le  Comité  '^'^K 

Strophes  à  la  Convention  sur  l'abolition  de  l'esclavage,  par  un 
anonyme.  Villar  nommé  rapporteur  ^^\ 

Le  ministre  de  l'intérieur  invite  le  Comité  d'instruction  publique  à 
engager  celui  de  sûreté  générale  à  faire  lever  les  scellés  apposés  chez 
le  citoyen  Pasquier.  Duhem  nommé  rapporteur  ^^^ 

La  Société  populaire  de  Brie- sur- Hières  observe  que  quelques 
communes  fêtent  les  décadis  et  les  ci-devant  dimanches.  Cet  abus 
est  préjudiciable  à  l'agriculture;  elle  demande  qu'on  y  remédie,  et 
que  l'instruction  publique  soit  promptement  organisée.  Vu  par  le 
Comité  ^'^\ 


révolutionnaire  de  la  section  de  l'Indivisi- 
bililé  avait  été  enregistrée  au  Gorailé  sous 
le  n"  -2176  (F'^  carton  1009");  elle  n'est 
pas  en  place. 

^')  Cette  lettre  avait  été  enregistrée  au 
Comité  sous  le  n°  3 1 77  (  F",  carton  1 009'')  ; 
elle  n'est  pas  en  place. 

(^^  L'arrêté  de  Féraud  avait  été  enre- 
gistré au  Comité  sous  le  n°  2178  (F^^,  car- 
ton 1009-)  ;  il  n'est  pas  on  place.  L'analyse 
de  lu  pièce,  écrite  sur  la  chemise  qui  la 
contenait,  nous  apprend  que  le  vieillard 
d'Oloron  était  âgé  de  cent  dix  ans. 

(•'')  L'arrêté  de  Foussedoire  est  dans  F'^ 
carton  1009^  n"rU75.  La  louille  périodique 


dont  il  s'agit  devait  être  rédigée  en  français 
et  en  allemand. 

^'^^  La  lettre  de  la  Société  populaire  de 
Nemours,  en  date  du  8  pluviôse,  a"  année, 
est  dans  F^',  carton  1009-,  n"  9i8/i. 

^^^  Ces  strophes ,  datées  du  9  pluviôse  l'an 
second,  sont  dans  F'",  carton  1 009-,  n"  'j  1 86. 

(")  La  lettre  du  ministre  de  l'intérieur 
est  dans  F'",  carton  1009'^  n°  12191).  Les 
scellés  apposés  chez  Pasquier  (voir  pages  39  3- 
39^1  )  doivent  être  levés  pour  qu'on  puisse 
cr distraire  de  la  masse  des  papiers  de  ce  ci- 
toyen ccu\  relatifs  à  la  comptabilité  do  la  Com- 
mission supprimée  du  Muséum'?  (dos  arts). 

^')   La  pétition  de  la  Société  populaire  de 

38 . 


596      PROCI>S -VERBAUX  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

Le  ministre  de  i'intérieur  soumet  à  l'aveu  du  Comité  d'instruction 
publique  la  demande  que  lui  fait  le  citoyen  Richard,  mécanicien,  de 
partager  les  fonctions  du  citoyen  Faltory,  concierge  et  garde  du  ca- 
binet de  la  ci-devant  Académie  des  sciences.  Renvoyé  à  la  Commission 
des  arts  ^^\ 

La  Société  populaire  de  Gray  livre  à  la  vengeance  nationale  une  dé- 
libération de  la  Société  populaire  de  Moulins  et  une  adresse  au  Comité 
de  salut  public.  Renvoyé  a  Boutroue  ^-\ 

Le  citoyen  Launeau ,  agent  national  près  le  district  d'Autun ,  instruit  le 
Comité  de  la  dilllculté  d'organiser  l'instruction  publique  dans  son  arron- 
dissement. 11  ne  se  présente  point  d'instituteurs.  Renvoyé  à  Bouquier  ^•^^. 

Le  citoyen  Kosmann,  médecin  à  Neuf-Brisach,  envoie  la  recette 
d'un  traitement  pour  les  lièvres  putrides  et  malignes.  Renvoyé  à  Plai- 
chard  et  à  Duhem  ^'*^- 

Les  administrateurs  du  département  de  la  Haute-Marne  envoient  un 
arrêté  du  district  de  Langres  qui  supprime  le  traitement  des  supérieur 
et  vicaires  [du  séminaire^^^]  de  ce  département.  Vu  par  le  Comité ^''l 

Le  citoyen  Villebrune ,  bibliothécaire  national,  envoie  des  observa- 
tions sur  le  commerce  de  la  librairie  française.  Renvoyé  à  Grégoire  ^''^ 


Brie-su r-Hières  est  dans  F^'',  carton  1009', 
n"  21 85. 

^'^  Voir,  au  sujet  de  Fattory,  la  séance 
du  19  nivôse  (p.  2  53). 

^'^)  La  lettre  de  la  Société  populaire  de 
Gray-sur-Saône,  datée  delà  première  décade 
de  ventôse  de  l'an  2*,  est  dans  F^',  carton 
1009-,  n"  9197.  Elle  est  adressée  au  Co- 
mité de  salut  public,  auquel  la  Société 
dénonce  «un  libelle  imprimé  qu'elle  a  reçu 
de  la  Société  populaire  de  Moulins^^  Ce 
«libelle 55  est  un  imprimé  de  dix  pages 
dans  lequel  la  Société  populaire  de  Moulins 
demande  au  Comité  de  salut  public  de  pro- 
poser à  la  Convention  le  rapport  du  décret 
du  18  frimaire,  qui  favorise  le  fanatisme. 
La  lettre  avait  été  renvoyée  au  Comité 
d'instruction  publique  par  celui  de  salut 
public,  à  la  date  du  21  ventôse.  Nous  don- 
nons aux  annexes,  C  (p.  607),  la  lettre 
de  la  Société  populaire  de  Gray  et  l'im- 
primé de  la  Société  populaire  de  Moulins. 

(^)  La  lettre  de  Launeau  avait  été  enre- 


gistrée sous  le  n°  2209  (F^^  carton  1009*), 
elle  n'est  pas  en  place. 

^''^  La  lettre  de  Kosmann  avait  été  en- 
registrée sous  le  n°  2212  (F^^,  carton 
1  009^)  ;  elle  n'est  pas  en  place. 

'^)  Ces  deux  mots  ne  sont  ni  à  la  minute 
ni  au  registre  ;  nous  les  empruntons  à  la 
lettre  même  des  administrateurs  de  la 
Haute-Marne,  pour  compléter  le  sens. 

(•^^  La  lettre  des  administrateurs  de  la 
Haute-Marne,  datée  du  21  ventôse  de  la 
2*  année  républicaine,  est  dans  F'',  car- 
ton loo9^  n"  221 3.  Cette  lettre  n'annonce 
pas  la  suppression  du  traitement  ;  elle  dit 
simplement  que  le  directoire  du  district  de 
Langres  cf  propose 55  cette  suppression. 

(')  Voirp.  àç)d.  Le  mémoire  de  Villebrune 
est  dans  F^',  carton  loioS  n°  2216.  Gré- 
goire ,  nommé  rapporteur,  ne  s'en  occupa  pas 
et  fut  remplacé,  le  2  3  messidor  an  11,  par 
Mathieu.  Après  le  9  thermidor,  le  Comité 
arrêta,  dans  sa  séance  du  1 1  fructidor,  que 
crie  manuscrit  intitulé  Considérations  sur  la 


I 


DE  L\  CONVENTION  NATIONALE. 


597 


Le  citoyen  Bonnier  envoie  un  projet  de  Prière  du  républicain.  Vu 
par  le  Comité  ^^\ 

La  commune  des  Landes ,  district  de  Blois,  demande  une  instruction 
sur  l'exécution  de  la  loi  du  29  frimaire  relative  à  l'organisation  des 
écoles  primaires.  Renvoyé  à  Bouquier  ^-'. 

La  commune  du  Creusot  demande  qu'on  l'autorise  à  faire  construire 
aux  frais  de  la  République  un  temple  à  la  Raison  dans  son  enceinte. 
Vu  par  le  Comité  ^•^^. 

La  Société  des  Jacobins  envoie  copie  d'une  lettre  que  lui  ont  écrite 
les  citoyens  Muller  et  Neef,  qui  ont  trouvé  un  remède  contre  la 
maladie  des  chevaux  nommée  morve  ;  ils  demandent  que  des  commis- 
saires soient  chargés  d'examiner  et  juger  l'efficacité  de  ce  remède.  Plai- 
chard  et  Duhem  nommés  rapporteurs  ^'^K 

Le  conseil  général  de  la  commune  de  Soissons  envoie  un  arrêté 
relatif  aux  fêtes  décadaires.  Renvoyé  à  Mathieu  ^^'. 

Sur  le  plan  d'éducation  de  Lepeletier,  par  un  anonyme.  Renvoyé  à 
Bouquier  ^^\ 

Le  citoyen  Lenioine  envoie  un  mémoire  sur  cette  question  :  Y  a-t-il 
eu  du  fédéralisme  à  Toulouse?  Renvoyé  au  Comité  de  sûreté  générale  ^'l 

Le  citoyen  Pocholle  envoie  un  mémoire  intitulé  :  Moyen  d'extirper 
et  d'anéantir  à  jamais  toute  espèce  de  superstition  et  de  fanatisme.  Renvoyé 
aLindet^s). 


lihraij'ie  serait  renvoyé  à  l'auteur,  par  l'in- 
termédiaire (lu  citoyen  Lehlond,  agent  de 
la  Commission  temporaire  des  arts'7.  Mal- 
gré cette  décision ,  le  mémoire  est  resté  dans 
les  cartons  du  Comité.  Nous  le  donnons 
ci-après  aux  annexes,  D  (p.  619). 

^''  La  «Prière  du  républicainr" ,  de  Bon- 
nier, est  dans  F",  carton  1010',  n°  2a  17. 
Le  manuscrit  est  daté  de  Daclié  par  Mon- 
félimar,  6"  ventôse. 

^')  La  lettre  de  la  commune  des  Landes 
a  été  enregistrée  sous  le  n"  atii  fi  (F'",  car- 
ton 1010^);  elle  n'est  pas  en  place. 

(^^  La  lettre  de  la  commune  du  Creusot , 
datée  du  9  ventôse  de  l'an  deux,  est  dans 
F",  carton  1010*,  n"  ^21 5. 

^*^  La  lettre  envoyée  par  la  Société  des 
Jacobins  a  été  enregistrée  sous  \o  n°  'i-n  i 
(  F'",  cai'lon  1010')  ;  elle  n'est  pu'^  (Mi  j)lan>. 


Plaichard  et  Duhem  étaient  médecins  l'un 
et  l'autre. 

(•'')  L'arrêté  de  la  commune  de  Soissons 
a  été  enregistré  sous  le  n°  2921  (F'',  rai'- 
ton  1010');  il  n'est  pas  en  place. 

-^)  Ce  mémoire  d'un  anonyme  sur  le  plan 
de  Lepeletier,  enregistré  sous  le  n"  2222, 
et  qui  devrait  être  dans  le  carton  1010' 
de  la  série  F'",  se  trouve  dans  le  carton  1 3 1 8 
de  cette  série. 

^'^  Le  mémoire  de  Lemoine,  enregistré 
sous  le  n°  22^3  (F'",  carton  1010'),  n'est 
pas  en  place ,  ayant  été  envoyé  au  Comité 
de  sûreté  générale. 

^*''  Pocholle, de  la  Seine-lnféi'ieure,  après 
avoir  été  en  mission  dans  rillo-et-Vilaine, 
était  rentré  à  la  Convention  en  frimaire. 
Baudot  lui  a  consacré  une  page  caractéris- 
li(]ui'  :  ffQui  ('tait  ce  Pocholle?  Un  membre 


598      PROCÈS-VERBAUX  DU  COMITE  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

La  Société  populaire  do  Charolles,  après  quelques  réflexions  sur  le 
désœuvrement  et  l'ennui  des  citoyennes  des  campagnes  qui  n'ont  plus, 
pour  se  réunir  le  décadi  dans  le  chef-lieu  de  leurs  communes,  les  motifs 
qui  les  y  attiraient  le  dimanche,  demande  que  chaque  municipalité  de 
la  campagne  soit  autorisée  à  employer  le  jour  de  décadi  une  somme 
pour  procurer  des  délassements  aux  citoyennes  des  campagnes  ^^\ 

Bourdon  (Léonard)  a  lu  quelques  passages  d'un  ouvrage  intitulé  : 
Les  chants  de  la  Cote-d'Or  pendant  la  guerre  de  la  Liberté.  Lindet  est  ad- 
joint à  Bourdon  pour  faire  un  nouveau  rapport  sur  cet  ouvrage  ^-l 

Le  Comité  arrête  qu'il  sera  payé  à  Hanin  la  somme  de  1,875  livres 
pour  la  sixième  livraison  des  gravures  pour  le  calendrier  ^^\ 

Un  citoyen  demande  pour  Greive,  employé  par  le  Comité  de  sûreté 
générale,  la  commission  de  faire  à  Lucienne  la  recherche  des  papiers 
appartenant  à  la  conspiration  Du  Barry  et  propres  à  fournir  des  maté- 
riaux à  l'histoire  ^^l  Le  Comité  passe  à  Tordre  du  jour  sur  la  demande 
et  néanmoins  arrête,  vu  l'importance  de  l'objet  civiquement  désigné  à 


de  la  Convention  nalionaie,  ci-devani  ora- 
torien,  ayant  un  pied  dans  TÉglise  et  l'autre 
dans  le  monde.  Pendant  la  session  il  était 
amphibie,  souvent  au  Marais  et  quelquefois 
aux  pieds  de  la  Montagne.  Il  assistait  peu 
aux  séances,  vivant  plus  avec  les  comédiens 
qu'avec  ses  collègues  ;  il  amusait  les  actrices 
avec  des  madrigaux ...  On  comprend  qu'un 
patriote  de  cette  force  n'avait  pas  une 
grande  influence  à  la  Convention  nationale. 
Quand  le  temps  fut  venu  d'employer  toutes 
les  inutilités  pour  faire  du  mal ,  il  se  vengea 
du  peu  d'importance  qu'il  avait  eu  dans  le 
lemps  du  bien;  il  fut  réacteur  à  Tours  et 
dans  quelques  départements  de  la  Bre- 
tagne, et,  pour  mettre  le  comble  à  toute 
sa  malfaisance,  il  proposa  à  la  Convention, 
le  veille  du  i3  vendémiaire,  de  désarmer 
les  patriotes,  c'est-à-dire  de  mettre  la  Con- 
vention elle-même  sous  le  joug  des  sections 
royalistes. r  (Baudot,  Noteshistoriqiies  sur  la 
Convention,  etc.,  p.  299.)  Le  mémoire  de 
PochoUe  sur  le  moyen  d'extirper  la  super- 
stition et  le  fanatisme,  qui  avait  été  enre- 
gistré sous  le  n°  222^1  (F^',  carton  1010^), 
n'est  pas  en  place  :  c'est  regrettable,  car 
ce  document  aurait  présenté  de  l'intérêt. 


'')  La  pétition  de  la  Société  populaire  de 
Charolles  est  dans  F^^  carton  1  o  1  o\  n°  2  2  2  5. 
Elle  avait  été  renvoyée  au  Comité  par  la 
Convention  le  ai  pluviôse.  Une  note  de  la 
main  de  Villar  nous  apprend,  ce  que  ne  dit 
pas  le  procès- verbal ,  que  le-  Comité  a  passé 
à  l'ordre  du  jour. 

^^^  Il  a  été  question  une  première  fois  de 
l'ouvrage  de  Baillot,  Chants  de  la  Cote-d^Or, 
le  1 1  pluviôse  (p.  376). 

^^^  Voir  la  séance  du  1 5  ventôse  (p.  î)li^)) 
et,  pour  la  suite,  celle  du  9  messidor 
an  II. 

^'')  La  lettre  de  Greive,  citoyen  des  Etats- 
Unis  d'Amérique,  datée  de  Louveciennes, 
29  nivôse  an  11,  est  dans  F^',  carton 
1708,  rf  1800.  Le  pétitionnaire  y  dit 
qu'ayant  une  connaissance  exacte  de  beau- 
coup de  papiers  existant  dans  la  maison 
appartenant  ci-devant  à  la  Du  Barry,  très 
intéressants  pour  l'histoire,  et  d'une  biblio- 
thèque digne  d'être  conservée,  il  demande 
que  dans  le  cas  où  ses  connaissances  dans 
ce  genre  pourraient  être  utiles,  les  repré- 
sentants Lacroix  et  Musset  veuillent  bien 
l'employer  dans  le  classement  qu'ils  en 
pourraient  faire. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE. 


599 


sa  surveillance,  qu'il  sera  écrit  à  l'administration  du  district  de  Ver- 
sailles pour  l'inviter  à  faire  passer  au  Comité  d'instruction  publique, 
dans  le  plus  court  délai,  l'inventaire  des  papiers  et  de  tous  les  objets  de 
sciences  et  arts  et  histoire  naturelle  existant  à  Lucienne,  et  à  se  confor- 
mer dans  la  confection  de  cet  inventaire  à  l'Instruction  de  la  Commis- 
sion des  arts  adoptée  par  le  Comité  d'mstruction  publique,  (juo  le  dis- 
trict doit  avoir  reçue  du  ministre  de  l'intérieur  ^^^. 

Sur  la  pétition  des  citoyens  F.  Fourchard  et  J.-G.  Ballet,  instituteurs 
de  la  commune  de  Joinville,  tendante  à  être  payés  de  la  somme  de 
deux  cents  livres  attachée  à  leurs  fonctions  et  payable  sur  la  succession 
de  la  ci-devant  demoiselle  de  Guise,  dont  les  biens  appartiennent  au- 
jourd'hui à  la  nation,  le  Comité  passe  à  l'ordre  du  jour  motivé  sur  le 
décret  de  la  Convention  en  date  du  ....  '^^  qui  ordonne  que  le  traite- 
ment des  instituteurs  sera  payé,  comme  les  créances  au-dessous  de 
huit  cents  livres,  par  les  corps  administratifs,  et  que  le  traitement  pour 
l'année  1798  jusqu'au  i5  germinal,  époque  de  l'organisation  des 
écoles  primaires,  sera  au  minimum  de  quatre  cents  livres.  Léonard 
Bourdon  est  nommé  rapporteur  ^^\ 

Le  citoyen  Beffara,  commissaire  de  police  de  la  section  ^'^'  du  Mont- 
Filanc,  met  sous  les  yeux  du  Comité  un  ouvrage  de  vingt  années  de 
travail  sur  l'Opéra  national.  Benvoyé  à  la  Commission  des  arts  ^^K 

La  municipalité  de  Liancourt,  district  de  Gournai  (s/c],  représente 
que  le  souvenir  du  dimanche  est  perpétué  par  les  époques  des  marchés 
qui  se  tiennent  encore  les  lundis,  mardis,  etc.  Benvoyé  au  Comité 
d'agriculture  et  du  commerce. 

Le  citoyen  Olivier  entretient  le  Comité  de  la  nécessit('^  de  remplacer 
promptement  les  curés  par  des  instituteurs   de   morale.    Benvov»'    a 


Bo 


uquier 


(6) 


^'^  La  réponse  du  département  de  Seine- 
et-Oisesera  lue  dans  la  séance  du  9  germinal 
an  II. 

^^^  La  date  a  été  laissée  en  blanc.  Cesl 
le  décret  du  à  ventôse  an  11;  voir  ci-dessu*^ 
p.  3Ai. 

^•^^  Voir  p.  5/17.  La  lettre  écrite  par  Four- 
chard et  Ballet  avait  été  enregistrée  sous  li> 
n"  1981  (F^',  carton  1009');  elle  n'est  pas 
en  place. 

^*^  La    minute   et    le    registre    portent 


ff commission rî  au  lieu  de  ffseclioni:  cVst 
un  lapsus  quo  nous  avons  corrigé. 

■'■  Sur  Bcilara ,  voir  la  note  5  de  la  p.  388. 
On  avait  enregistré  au  Comité,  sous  le  n"  1 789 
(F'',  carton  1009  '),  une  lettre  annonçant 
son  Dictionnaiie  de  l'Opéra;  la  pièce  man- 
que, et  les  procès-vorbaux  n'en  ont  pas 
lait  mention.  Il  revient  ici  à  la  charge.  Il 
sera  de  nouveau  question  de  BelTara  et  de 
son  ouvrage  le  •?.']  messidor  an  11. 

''^    La    lettn'  d'Olivier,  datt'e  do  \idai. 


600      l>nOCI^:S-VERB4lJX  DU  COMITE  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

Le  Comité  d'instruction  publique,  après  avoir  entendu  la  pétition 
des  citoyens  Tliiébault,  Turpin  et  Richer,  passe  à  l'ordre  du  jour  et 
arrête  :  i"  qu'il  sera  envoyé  auxdits  citoyens  un  exemplaire  de  la  loi  du 
1 6  pluviôse  concernant  l'Instruction  des  jeunes  élèves  de  la  marine; 
2°  qu'ils  seront  invités  à  remplir  isolément  et  promptement  la  tâche 
qui  leur  a  été  imposée  ^^^ 

'Mathieu  fait  un  rapport  sur  les  réclamations  du  citoyen  Sarrette, 
commandant  la  musique  de  la  garde  nationale  parisienne  ^^\  Il  expose 
que  cet  institut,  dont  l'utilité  est  généralement  reconnue,  dont  la  Con- 
vention a  déjà  sanctionné  l'établissement  sans  avoir  réglé  encore  le 
mode  de  son  organisation,  a  reçu  une  extension  dont  les  frais  sur- 
passent ceux  que  la  commune  de  Paris  peut  y  employer;  que  les  ser- 
vices que  rend  et  que  peut  rendre  cet  institut  aux  armées  de  la  Répu- 
blique, en  leur  fournissant  des  musiciens,  motivent  et  justifient  cette 
extension,  et  qu'en  attendant  que  le  Comité  ait  pu  adopter  un  projet 
sur  l'organisation  de  cet  institut,  il  est  utile  que  le  gouvernement,  par 
mesure  propre  à  développer  l'esprit  public,  vienne  au  secours  de  l'in- 
stitut par  une  somme  en  supplément  à  celle  que  lui  paye  la  commune 
de  Paris,  et  de  plus  en  remboursant  au  citoyen  Sarrette  les  avances 
faites  depuis  le  mois  brumaire  jusqu'au  i*"'  ventôse.  Sur  la  proposition 
du  rapporteur,  le  Comité  arrête,  vu  l'utilité  de  l'institut  pour  les  ar- 
mées et  les  fêtes  nationales  :  i°  le  remboursement  de  la  somme  de 
^1,570  livres  1  1  deniers  au  citoyen  Sarrette,  pour  avances  par  lui  faites 
jusqu'au  i^""  ventôse;  2°  le  payement  supplémentaire  d'une  somme  de 
1,200  livres  par  mois  à  partir  du  mois  ventôse  ;  3°  que  le  Comité  de 
salut  public  sera  invité  à  se  faire  rendre  compte  de  l'emploi  de  ladite 
somme  de  1,200  livres;  4"  que  le  citoyen  Sarrette,  indépendamment 
des  supplémentaires  portés  au  nombre  de  treize,  justifiera  du  complet  de 
la  musique  de  la  garde  nationale  parisienne  au  Comité  de  salut  public (^). 

Extraits  d'une  lettre  écrite  au  Comité  de  salut  public  par  l'agent  na- 

près    le    Mesle- sur-Sarthe,    12    ventôse  trouve  dans  F",  carton  101  oS  n°  2  9  56.  La 

an   2%  se  trouve  dans  F",  carton  ioio\  question    reviendra  à   Tordre  du  jour  le 

n°  2219.  1"  germinal  an  11. 

''^  Voir     la    séance    du     27     pluviôse  (^^  Voir  la  séance  du  7  ventôse  (p.  5oi). 

(p.  /i66).  La  lettre,  en  date  du  22  ventôse,  ^^^  La  musique   de  la   garde  nationale 

par  laquelle  Turpin,  Thiébault  et  Richer  parisienne   comprenait,    au     moment  011 

soumcllent  leur  plan  pour  la  rédaction  de  elle  obtint  de  la  Convention,  le  18  brumaire 

l'Instruction  à  Tiisage  des  jonnesmarins,  se  an  ii,  d'être  érigée  en  Institut  national  de 


DE  ].V  COiWENTION  NATIONALE. 


601 


tional  d'Étampes  en  date  de  la  dernière  décade  de  nivôse  et  enregistrée 
an  bureau  de  l'action  sous  le  n"  i  2.53.  L'ordre  du  jour^^l 


musique,  le  personnel  suivant  :  un  com- 
mandant avec  le  grade  de  capitaine  (Sar- 
rette);  un  lieutenant  maître  de  musique 
(Gossec);  un  sous-maitre  de  musique  (Le- 
fèvre);  un  sergent-major  secrétaire  (Viny); 
trois  sergents,  trois  caporaux,  trente  pro- 
fesseurs de  première  classe,  dix  professeurs 
(le  deuxième  classe,  et  huit  professeurs  de 
troisième  classe;  en  tout  cinquante-huit 
personnes,  dont  les  traitements  réunis 
s'élevaient  à  la  somme  de  52,5oo  livres. 
Cette  somme  était  payée  par  la  ville  de 
Paris,  ainsi  que  le  loyer  (3,ooo  livres  par 
an)  de  la  maison  portant  le  n"  1 1  de  la  rue 
Saint-Joseph,  section  de  Brulus,  occupée 
par  les  musiciens.  Mais,  à  la  date  du  i"  fri- 
maire, treize  «  supplémentaires  «  avaient 
été  adjoints  aux  cinquante-huit  membres 
de  l'ancien  corps  de  musique,  savoir  deux 
compositeurs  (Lesueur  et  Méhul)  et  onze 
professeurs  de  première  classe  (dont  quatre 
pour  les  instruments  à  cordes);  leurs  trai- 
tements s'élevaient  ensemble  à  i2,35o  li- 
vres. (Voir  la  liste  nominative  des  membres 
de  l'Institut  national  de  musique,  avec  l'in- 
dication de  leurs  traitements ,  dans  B.  Sar- 
rette  et  les  origines  du  Conservatoire  natio- 
nal de  musique  et  de  déclamation,  de 
M.  Constant  Pierre,  1895, pages 36 etSa.) 
C'est  à  l'adjonction  des  treize  supplémen- 
taires que  Mathieu  fait  allusion  lorsqu'il 
dit  que  l'Institut  «a  reçu  une  extension 
dont  les  frais  surpassent  ceux  que  la  com- 
mune de  Paris  peut  y  employer».  Les 
A, 670  livres  1 1  deniers  à  remboursera  Bar- 
rette comprenaient  essentiellement  Irois 
mois  de  traitement,  frimaire,  nivôse  et 
pluviôse,  payés  ou  dus  aux  supplémen- 
taires; et  les  1,900  livres  mensuelles  que 
l'arrêté  du  Comité  propose  d'accorder  sont 
destinées  presque  in  tégralemen  t  au  payement 
ultérieur  du  traitement  de  ces  supplémen- 
taires. 

Le  Comité  de  salut  public,  au(juel  cet 
arrêté  fut  conimunicjué,  le  sanctionna  par 
l'arrêté  suivant  en  date  du  h  lloréal  an  ii  : 


cfLe  Comité  de  salut  public,  vu  le  rapport 
et  l'arrêté  du  Comité  d'instruction  publique 
du  29  ventôse  dernier,  relatifs  à  la  néces- 
sité d'accorder  des  sommes  pour  soutenir 
l'établissement  de  l'Institut  national  de 
musique  décrété  par  la  Convention ,  arrête 
que,  conformément  aux  conclusions  dudit 
rapport,  il  sera  remis  au  commandant  de 
la  musique  do  la  garde  nationale  pari- 
sienne, ou  à  celui  qui  le  représente,  un 
mandat  sur  la  trésorerie  de  la  somme  de 
A, 570  livres,  en  remboursement  des  dé- 
penses qu'il  a  faites  pour  l'entretien  de  l'In- 
stitut, et  un  second  mandat  pour  toucher 
1,200  livres  chaque  mois,  pendant  un  an, 
à  compter  du  1"  ventôse  dernier,  et  dont 
la  destination  doit  être  de  faire  un  supplé- 
ment au  payement  des  artistes  attachés  à 
l'Institut.  Le  compte  de  l'emploi  de  ces  dif- 
férentes sommes  sera  rendu  à  la  Commis- 
sion de  l'instruction  publique,  qui  demeure 
chargée  de  la  surveillance  de  cet  objet.» 
(Archives  nationales,  AF  11* ,  ^18;  et  aussi 
F'',  carton  1  291,  n°  i58.) 

Le  payement  des  1,900  livres  men- 
suelles eut  lieu  régulièrement  jusqu'en  mes- 
sidor an  II,  date  à  laquelle  il  fut  interrompu 
à  cause  de  l'épuisement  du  crédit  de 
5o  millions,  sur  lequel  étaient  délivrées  les 
ordonnances  du  Comité  de  salut  public.  Le 
26  brumaire  an  m,  un  arrêté  du  Comité 
d'instruction  publique  porta  remède  à  cotte 
interruption,  en  ordonnant  que  l'Institut 
national  de  musique  toucherait  l'arriéré  et 
le  courant ,  sur  les  tonds  mis  à  la  disposi- 
tion de  la  Commission  executive  de  l'in- 
struction publique.  L'arriéré,  c'est-à-dire 
les  mois  de  thermidor  ot  fructidor  an  ii, 
fut  j)avé  par  un  mandat  expédié  lo  7  fri- 
maire an  m  (F'"',  carton  1291,  n°  i58). 
C'est  par  erreur  que  M.  Constant  Pierre 
a  dit,  dans  l'ouvrage  cité  ci-dessus  (p.  7t>, 
note),  (jue  lo  payement  des  1,200  livres 
mensuelles  allouées  aux  nuisicions  r n'ont 
pas  lion  immt'diatomont'^. 

^'>    On  tromo  ro{  extrait  di>   lettre   dan-^ 


602      PROCÈS -VERBAUX  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

Le  citoyen  Henri  Knapp ,  gazeticr  aliemand,  du  pays  de  Wurtemberg, 
annonce  qu'il  va  continuer  sa  feuille  périodique  en  allemand  sous  la 
surveillance  des  autorités  constituées  ^^l 

La  section  de  la  Fraternité  de  la  commune  de  Reims  fait  part  des 
traits  de  désintéressement  de  quatre  citoyens  qu'elle  a  armés  et  envoyés 
combattre  contre  les  tyrans.  Renvoyé  à  L.  Bourdon  ^^^ 

Le  citoyen  Degaulle,  détenu  aux  Ecossais,  envoie  ses  idées  sur  la 
motion  qui  a  été  faite  et  renvoyée  au  Comité  de  salut  public  de  desti- 
tuer tous  les  nobles  des  emplois  militaires.  Prunelle  nommé  rappor- 
teur ^^\ 

La  commune  de  Cliampagnole  voudrait  être  autorisée  à  se  former 
une  bibliothèque  publique  des  exemplaires  doubles  de  tous  les  ouvrages 
qui  se  trouveraient  dans  les  maisons  religieuses  ou  des  émigrés  de  son 
district.  Renvoyé  à  Coupé  ^^^. 

Le  citoyen  Basset  observe  que  les  livres  élémentaires  anglais  sont  ce 
qu'il  y  a  de  meilleur  en  ce  genre  ;  il  engage  la  Commission  des  arts  à 
les  recueillir  et  demande  h  être  employé  à  les  rechercher.  Renvoyé 
à  Grégoire  '^-'K 

La  commune  delà  Réunion,  district  de  Decise,  envoie  le  procès- 
verbal  de  la  fête  qu'elle  a  célébrée  à  l'occasion  de  la  prise  de  Toulon. 
Vu  par  le  Comité  ^*'^. 

Le  citoyen  Perrier,  horloger,  envoie  le  plan  d'un  nouveau  cadran, 


F'',  carton  1708,  n"  18^2.  Il  est  accom- 
pagné d'un  imprimé  intitulé  :  Extrait 
du  registre  des  délibérations  du  directoire 
du  district  d'Etampes,  séance  publique  du 
sa  nivôse  de  Van  deuxième.  Cet  imprimé 
contient  une  Adresse  de  l'agent  national  du 
district  d'Etampes,  destinée  à  w extirper  les 
dernières  fibres  du  fanatisme??.  Nous  don- 
nons aux  annexes,  E  (p.  619),  l'extrait  de 
la  lettre,  ainsi  que  le  texte  de  l'imprimé. 

('^  La  lettre  de  Knapp  a  été  enregistrée 
saus  le  n"  2218  (F^^  carton  1010^);  elle 
n'est  pas  en  place.  La  chemise  porte  cette 
annotation  :cr Renvoyé  au  Comité  de  sûreté 
générale,  99  ventôse.  Villar.» 

'^^  La  lettre  de  la  section  de  la  Frater- 
nité, de  Reims,  a  été  enregistrée  sous  le 
n°  2  9  10  (F",  carton  1010');  elle  n'est  pas 
en  place. 


^■^)  La  lettre  de  Degaulle,  datée  du 
7  ventôse  an  2*,  est  dans  F^',  carton  l909^ 
n^gigS. 

^^)  La  lettre  de  la  commune  de  Cham- 
pagnole  a  été  enregistrée  sous  le  n"  919G 
(F^',  carton  1009^);  elle  n'est  pas  en 
place. 

^^^  La  lettre  de  Basset  a  été  enregistrée 
sous  le  n°  9196  (F^^,  carton  1009-);  elle 
n'est  pas  en  place.  Le  5  thermidor  an  11 ,  la 
proposition  de  Basset  sera  renvoyée  au  jury 
des  livres  élémentaires. 

^''^  Le  procès-verbal  envoyé  par  la  com- 
mune de  la  Réunion  a  été  enregistré  sous 
le  n°  2182  (F^^  carton  1009^).  La  pièce 
n'est  pas  en  place,  et  la  chemise  qui  la 
contenait  a  disparu;  mais  cette  pièce  est 
mentionnée  sur  l'état  manuscrit  joint  au 
carton. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  603 

fait  des  observations  et  demande  des  éclaircissements  sur  le  concours 
ouvert  au  Comité  pour  indiquer  le  moyen  le  plus  court  et  le  moins 
coûteux  d'appliquer  aux  montres  et  aux  pendules  un  cadran  conforme 
à  la  nouvelle  division  du  jour.  Renvoyé  à  la  Commission  des  poids  et 
mesures  ^^\ 

La  Société  populaire  de  Wazemmes  demande  le  Recueil  des  actions 
héroïques  et  envoie  son  règlement.  Renvoyé  à  Bourdon  ^-\ 

Procès-verbal  des  citoyens  Guyton  et  Fourcroy,  membres  du  Comité 

d'instruction  publique,  Dupin  et  Jac,  membres  de  la  Commission  des 

ci- devant  trois  compagnies  de  finances,  de  l'inventaire  fait  par  eu\ 

des  effets  et  papiers  dans  la  maison  et  en  présence  du  citoyen  Lavoisier. 

le  19  nivôse^^^,  l'an  g*"  de  la  République  une  et  indivisible.  A  déposer 

dans  le  carton  ^^^. 

ViLLAR,  président.  Plaichard,  secrétaire  ^^K 


^'^  Nous  n'avons  pas  trouvé  la  lettre  de 
Perrier. 

(^)  La  lettre  de  la  Société  populaire  de  Wa- 
zemmes a  été  enregistrée  sous  le  n°  2180 
(F^',  carton  1009^);  ^^^^  "'^^*^  P^^  ^"  place. 

(^)  La  minute  et  le  registre  portent 
f ventôse»  au  lieu  de  «nivôse»;  c'est  un 
simple  lapsus. 

^*^  Nous  avons  donné,  aux  annexes  de 
la  séance  du  i5  nivôse,  A  (p.  2^0),  le  texte 
du  procès -verbal  de  la  levée  des  scellés 
chez  Lavoisier,  du  19  nivôse,  dont  il  est 
ici  question.  On  ne  nous  dit  pas  pourquoi 
cette  pièce  ne  fut  déposée  au  Comité  d'in- 
struction publique  qu'après  plus  de  deux 
mois  écoulés.  Elle  avait  été  remise  d'abord 
aux  deux  membres  de  la  Commission  des 
poids  et  mesures  présents  h  l'opération, 
Berlhollet  et  Vandermonde.  Probablement 
Guyton  et  Fourcroy,  commissaires  délégués 
par  le  Comité, s'avisèrent,  au  bout  de  quel- 
que temps,  que  la  place  de  cette  pièce  était 
plutôt  dans  les  cartons  du  Comité  d'in- 
struction publique  que  dans  ceux  de  la 
Commission  des  poids  et  mesures,  o\  se  la 
firent  remettre  par  la  Commission. 


'■'^  Ces  signatures  sont  celles  du  registre  ; 
pas  de  signature  à  la  minute.  La  minute 
est  de  la  main  de  Plaichard.  —  Ce  procès 
verbal  est  le  premier  qui  ait  été  rédigé  par 
Plaichard -Choltière,  élu  secrétaire  dans 
la  séance  précédente;  c'est  lui  qui  tiendra 
la  plume  désormais,  sauf  de  rares  excep- 
tions, pendant  plus  plus  de  cinq  mois,  jus- 
qu'au 1 7  fructidor.  Avec  lui  —  on  a  pu  le 
remarquer  par  ce  premier  spécimen  — les 
procès  -  verbaux  du  Comité  vont  changer 
de  forme  :  très  sommaires  jusqu'ici,  ne 
mentionnant  que  les  principaux  points  de 
l'ordre  du  jour,  —  et  souvent  même  pas- 
sant sous  silence  des  objets  très  importants, 
—  ils  vont  devenir  minutieusement  com- 
plets, et  s'encombrer  de  i'énumération 
d'une  foule  d'affaires  minuscules,  au  milieu 
desquelles  les  questions  essentielles  seront 
comme  noyées.  Plaichard  met  tout  sur  le 
même  plan,  et  les  communications  les  plus 
insignifiantes  de  correspondants  obsciu-s, 
les  demandes  banales  de  solliciteurs,  occu- 
peront dans  ses  procès-verbaux  presque 
toute  la  i)Iace. 


60^1      PHOGKS-VRRBAllX  DU  COMITK  DMINSTIUICTION  PUBLIQUE 


PIECES  ANNEXES, 


LETTRE   DE   LA    GHABRAUSSIERE  AU    COMITE   D'INSTRUCTION   PUBLIQUE  ('l 

Aux  représentants  du  peuple  composant  le  Comité  d'instruction  publique. 

Toujours  détenu,  sans  savoir  pourquoi  et  sans  le  mériter,  j'ai  été  obligé,  ci- 
toyens, de  continuer,  sans  autre  secours  que  celui  de  mon  cœur  et  de  ma  mémoire, 
l'ouvrage  élémentaire,  mais  philosophique  et  moral,  dont  je  vous  avais  entretenu  ^^\ 
C'est  aux  législateurs  choisis  que  la  Convention  elle-même  a  chargés  de  l'intéres- 
sante mission  de  fonder  l'instruction  publique  sur  les  bases  républicaines  de  la 
raison  et  de  la  vérité  que  je  dois  lo  premier  hommage  de  ce  nouveau  catéchisme; 
je  désire  qu'il  paraisse  revêtu  de  votre  approbation,  et  je  le  soumets  à  vos  lu- 
mières. Je  n'ai  point  eu  la  prétention  d'en  faire  un  objet  de  concours;  assez  d'autres 
vont  s'élancer  dans  la  carrière  que  vous  avez  ouverte  aux  jeunes  athlètes,  et  il  ne 
convient  pas  à  un  lutteur  déjà  vieux  de  s'y  montrer.  Daignez  seulement  protéger 
cet  essai,  qui  n'est  que  le  prélude  d'une  plus  grande  entreprise.  Je  croirai  avoir 
atteint  mon  but,  si  vous  le  jugez  digne  de  quelque  attention.  Au  cas  où  vous 
daigneriez  m'honorer  d'une  réponse,  voulez-vous  bien  me  la  faire  parvenir  aux 
bureaux  de  la  3'  division  du  ministère  de  l'intérieur,  où  je  la  recevrai  quand  les 
nombreuses  affaires  du  Comité  de  sûreté  générale  lui  auront  enfin  permis  de  s'as- 
surer que,  victime  d'une  manœuvre  odieuse  et  de  la  vengeance  particulière  d'un 
scélérat  intrigant  qui  me  calomnie,  jamais  patriote  plus  irréprochable  ne  fut  plus 
injustement  détenu. 

Salut  et  fraternité.  La  Chabeaussijîre. 

On  lit  en  marge  :  «Coupe,  rapporteur,  29  ventôse. '1  —  El  plus  bas:  frRenvoyé  au  con- 
cours, a  3  germinal.  Plaichard.?^ 

Sur  la  chemise  qui  contient  la  pièce  est  écrite  l'analyse  suivante  : 

ffLe  citoyen  La  Chabeaussière,  détenu,  offre  au  Comité  de  salut  public,  qui  renvoie  à 
celui  d'instruction,  un  exemplaire  de  son  ouvrage  intitule  :  Catéchisme  républicain,  philo- 
sophique  et  moral. 
■■    «Renvoyé  à  Villar. 

tf Renvoyé  au  carton  de  réserve  le  5^7  messidor.?^ 

Cette  analyse  indique  que  La  Chabeaussière  avait  également  écrit  une  lettre  au  Comité  de 
salut  public,  qui  l'avait  renvoyée  à  celui  d'instruction  publique.  Mais  cette  lettre  manque, 
tandis  que  celle  que  contient  la  chemise  est  bien  réellement  adressée  au  Comité  d'instruc- 
tion publique.  Le  Catéchisme  (manuscrit)  qui  accompagnait  la  lettre  manque  aussi. 

^')  Archives  nationales,  F'",  carton  1706,  n"  2860.  —  ^^'  Le  nom  de  La  Chabeaussière 
n'a  pas  figure  jusqu'ici  dans  les  procès-verbaux  du  Comité. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  605 


EXTRAITS  D'UN  RAPPORT  FAIT  A  LA  COMMISSION  DES  POIDS  ET  MESURES  REPURLICAI.NES 
PAR  LE  CITOYEN  LAGRANGE,  DANS  LA  SEANCE  DU  8  GERMINAL,  AN  2'^  DE  LA  RÉpL- 
RLIQUE  FRANÇAISE,  UNE  ET  INDIVISIBLE,  SUR  UN  MEMOIRE  DU  CITOYEN  VIALLON    'l 

Laijraiige  expose  d'abord  la  proposition  faite  par  Vialioii.  Avec  la  division  dn  jour  on 
dix  heures,  les  heures  sont  trop  longues;  en  outre,  la  division  de  Theure  en  cent  minutes 
est  trop  grande,  il  est  peu  commode  de  compter  les  minutes  jusqu'à  cent.  Viallon  propose 
,donc  de  diviser  le  jour  en  vingt  heures,  l'heure  en  cinquante  minutes,  et  la  minute  en 
cent  secondes,  La  division  en  vingt  heures  se  rapproche  davantage  de  l'ancienne.  Avec 
la  division  proposée,  le  système  décimal  est  conservé,  puisque  le  jour  se  trouve  divisé  en 
mille  minutes,  et  ensuite  en  cent  mille  secondes,  comme  dans  la  division  adoptée;  pour 
l'adaptation  des  horloges  et  des  montres,  on  ne  comptera  les  heures  que  jusqu'à  dix,  en 
recommençant  ensuite,  comme  on  rompt;iit  deux  lois  douze  dans  ranrienne  division;  tout 
se  réduira  donc  à  changer  les  cadrans. 

Lagrange  répond  ce  qui  suit  : 

ffJ*observe  d'abord  qrte,  dans  la  mesure  du  temps,  le  système  de'cimal  est  hoau- 
coup  moins  important  pour  les  besoins  de  la  vie  que  dans  toutes  les  autres  me- 
sures; car,  à  Texception  des  astronomes,  personne  n'a  jamais  de  grands  calculs  à 
faire  sur  les  heures,  minutes  et  secondes,  à  moins  que  ce  ne  soit  dans  la  sobition 
(le  quelques  problèmes  particuliers.  Ainsi  on  peut  dire  que  l'introduction  de  l'échelle 
décimale  dans  les  mesures  du  temps  est  plutôt  fondée  sur  des  raisons  de  conve- 
nance, de  simplicité  et  d'uniformité  que  sur  les  grands  motifs  d'utilité  générale 
qui  ont  fait  adopter  cette  échelle  dans  la  mesure  de  toutes  les  autres  quantités. 
Mais,  puisque  la  division  décimale  du  jour  a  été  consacrée  par  un  décret,  la  Gom- 
nnssion  des  poids  et  mesures  ne  peut  que  désirer  qu'elle  soit  maintenue,  parce 
qu'elle  complète  le  système  de  numération  décimale  que  la  Commission  a  adopté 
comme  le  plus  propre  à  faciliter  et  simplifier  toutes  les  opérations  arithmétiques  : 
d'ailleurs  il  faut  remarquer  que  la  division  décimale  du  jour,  décrétée  par  la  Con- 
vention, ne  prescrit  pas  absolument  que  les  heures,  qui  constituent  la  première 
division  du  jour  en  dix  parties,  soient  immédiatement  divisées  en  cent  parties,  ce 
qui  pourrait  être  en  effet  peu  commode  pour  les  usages  de  la  société;  rien  ireni- 
péche  de  diviser  d'abord  les  heures  décimales  en  dixièmes,  et  ces  dixièmes  en 
autres  dixièmes,  et  ainsi  de  suite  :  cette  division  est  même  plus  conforme  au  sys- 
tème général  de  division,  en  prenant  le  jour  pour  l'unité  [)rincipale  de  la  mesure 
du  temps;  et  la  Convention  l'a  adoptée  expressément  dans  le  décret  relatif  au 
concours  pour  la  meilleure  construction  des  montres  et  des  horloges.  Or  il  est 
visible  que  la  première  division  des  heures  eu  dixièmes  est  très  convenable  aux 
besoins  de  la  société,  et  qu'elle  ne  s'écarte  que  très  peu  de  l'usage  reçu  de  ooinjiler 
par  heures  et  quarts  d'heure;  car  chacun  de  ces  dixièmes  répond  à  i  V  qV  de 

^'^  Archives  nationales,  K'\  caitori   ii."i.">    n"  J'JuI). 


606      PROCÈS -VERBAUX  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

l'aiicieune  division,  et  par  conséquent  à  très  peu  près  à  un  quart  d'heure,  qui  est 

la  plus  petite  division  usitée  jusqu'à  présent  dans  la  société.  Ainsi  les  inconvénients 

(|ue  paraît  présenter  la  division  décimale  du  jour  sont  plus  apparents  que  réels,  et 

cette  division  réunit  au  contraire  tous  les  avantages  que  l'on  y  peut  désirer,  tant 

poui-  les  besoins  de  la  vie  que  pour  les  calculs  astronomiques.  Il  serait  seulement  à 

souhaiter,  ce  me  semble ,  que  pour  éviter  toute  ambiguïté ,  et  pour  mettre  le  plus 

de  clarté  et  de  simplicité  dans  la  mesure  du  temps,  on  changeât  la  dénomination 

d'heures,  de  minutes,  de  secondes,  etc.;  les  noms  de  déci-jour,  centi-joiir,  etc., 

porteraient  leur  signification  avec  eux,  et  seraient  d'ailleurs  semblables  à  ceux  qu'on 

a  adoptés  dans  la  division  du  mètre  ;  mais  il  serait  surtout  essentiel  d'avoir  une 

manière  abrégée  d'exprimer  les  parties  des  deux  premières  divisions  du  jour,  par 

exemple  A  et  5 ,  ou  A  sur  5 ,  ou  etc.,  pour  désigner  quatre  déci-jour  et  cinq  centi- 

jour,  on  bien  /»5  en  passant  tout  de  suite  aux  centièmes  de  jour.  J'observerai  même 

que  la  division  du  jour  en  cent  parties  étant  suffisante  pour  les  besoins  ordinaires 

de  la  vie,  on  pourrait  ne  mettre  dans  les  montres  communes  qu'une  seule  aiguille 

avec  un  cadran  divisé  en  cent  parties,  ce  qui  les  rendrait  plus  simples  et  moins 

sujettes  à  se  déranger  :  on  en  mettrait  deux  dans  les  montres  destinées  à  donner 

une  division  du  jour  plus  précise ,  et  la  seconde  aiguille  marquerait  alors  sur  le 

même  cadran  les  dix-millièmes  de  jour,  qui  répondent  à  8",64.  Enfin  dans  les 

montres  où  l'on  voudrait  avoir  une  division  répondante  aux  anciennes  secondes, 

on  pourrait  mettre  une  troisième  aiguille  beaucoup  plus  courte  que  les  autres ,  et 

qui  marquerait  les  cent-millièmes  parties  du  jour  répondantes  à  5i"^8A,  dans  la 

circonférence  d'un  petit  cercle  divisé  seulement  en  dix  parties.  « 

Au  rapport  de  Lagrange  est  jointe  une  lettre  de  Vialion  au  président  du  Comité,  du 
ik  germinal.  Vialion  y  dit  qu'il  a  assisté  à  la  séance  de  la  Commission  où  le  rapport  de  La- 
grange a  été  fait,  et  il  cherche  à  en  réfuter  les  conclusions.  Il  insiste  surtout  sur  deux  points  : 
que  c'est  trop  de  dix  divisions  dans  une  heure  :  wces  dix  divisions  seront  bien  difliciies  à 
marquer  pour  les  sonneries,  il  faudra  plusieurs  timbres  et  de  grands  changements  dans  les 
mouvements»;  et  qu'avec  son  système  à  lui,  wdans  la  plupart  des  horloges  de  campagne, 
il  suffira  de  peindre  les  cadrans  en  dix  heures  au  lieu  des  douze  heures  actuelles».  Il  ajoute 
en  post-scriptum  :  r  Je  crois  devoir  prévenir  le  Comité  que  le  citoyen  Pingre,  dont  on  connaît 
les  talents  astronomiques,  pense  que  les  deux  décimales,  que  je  propose  dans  une  révolu- 
tion diurne,  conviennent  également  au  peuple  et  à  l'astronomie».  Il  signe  :  «Viallon, 
bibliothécaire  de  Geneviève». 

On  lit  en  marge  :  rr  Ordre  du  jour  sur  la  lettre  du  citoyen  Vialion  et  adoption  du  rapport 
du  citoyen  Lagrange  fait  à  la  Commission  des  poids  et  mesures.  21  germinal.  Plaichard.» 


DE  LA  CO.WENTION  NATIONALE.  '  607 

c 

LETTRE  DE  LA  SOCIÉTÉ  POPULAIRE  DE   GUAY    AU  COMITE  DE   SALUT   PUBLIC  '-^^ 

Gray,  le  i"  décadi  de  Venlôse  de  l'an  ^2"  de  la  République  une  et  indivisible. 
Département  de  la  Haute-Saône. 

Aux  représentants  du  peuple  composant  le  Comité  de  salut  public. 

Citoyens  représentants, 

La  Société  montagnarde  et  révolutionnaire  de  cette  commune,  guidée  par  l'es- 
prit des  lois  et  la  saine  raison,  croit  devoir  livrer  à  votre  surveillance  et  à  la  ven- 
geance nationale  le  libelle  anonyme  ci-joint  qu'elle  a  reçu  timbré  de  Moulins ,  per- 
suadée que  vous  parviendrez  à  découvrir  l'antre  où  s'est  forgé  ce  nouveau  poignard 
de  l'aristocratie. 
Salut  et  fraternité. 

Bard  ,  président. 
VuiLLEMOT,  secrétaire.  Gautherot,  secrétaire. 

En  tête  de  la  pièce  se  lit  l'enregistrement  du  Comité  de  salut  public  :  TReçu  ik  ventôse. 
Enreg.  n"  227.W 

En  marge  :  «Renvoyé  au  Comité  d'instruction  publique,  20  ventôse  l'an  3  de  la  Répu- 
blique une  et  indivisible». 

Le  cf libelle  anonyme  n  est  un  Extrait  des  registres  et  délibérations  de  la  Société  populaire 
de  Moulins,  séance  du  17  nivôse  an  n,  suivi  d'une  Adresse  au  Comité  de  salut  public, 
formant  un  imprimé  de  1 0  pages.  Nous  le  reproduisons  ci-après  : 

EXTRAIT    DES   REGISTRES    ET   DÉLIBÉRATIONS  ET   ADRESSE   DE  LA    SOCIÉTÉ   POPULAIRE 

DE  MOULINS  AU  COMITE  DE  SALUT  PUBLIC. SÉANCE  DU  DIX-SEPT   MVOS  (sic), 

L'AN  SECOND   DE  LA    REPUBLIQUE  FRANÇAISE,   UNE  ET  INDIVISIBLE. 

A  Moulins,  de  l'imprimerie  nationale  de  G.  Boutonnet,  imprimeur 
du  département  de  l'Allier  (-). 


EXTRAIT  DES  REGISTRES  ET  DELIBERATIONS  DE  LA  SOCIETE  POPULAIRE  DE  MODLINS. 

Séance  du  ij  nivos  (sic),  ra)i  a"  de  la  République  française ,  une  et  indivisible. 

Un  des  secrétaiiTS  monte  à  la  tribune  et  lail  lecture  d'une  lettre  écrite  de  Bt»- 
sançon  par  un  volontaire  du  délacbenient  de  la  première  réquisition  de  l'Allier, 
dans  hupielle  ce  brave  sans-culotte  expose  à  ses  père  et  mère  que  le  fanatisme 
exerce  plus  que  jamais  son  empire  à  Luzy,  Auluu  et  autres  connnunes  par  où  son 

'')  Archives  nationales,  F",  carton  ioo()-,  n"  2197.  —  (*^  Sur  la  j)a!j«'  (K>  lilr.-  ou  a 
ocril  rrs  moU  :  ffRoiiIroiio,   r;ipj);)i'liMn',  'H)  vi'iiiôse  l'an  •j"'?. 


608       PROCES-VERBAUX  DU  COMITE  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

détachement  vient  de  passer;  que  Lebeaupin,  commandant  de  ce  détachement,  a 
ëte'  traduit  dans  la  maison  d'arrêt  de  Besançon,  parce  que  plusieurs  de  ses  frères 
d'armes  avaient  chanté  dans  une  église  ce  couplet  philosophique  : 

Sols  enfants  de  rilalic, 
Qu'un  prêtre  tient  en  ses  mains, 
L'ombre  de  Brutus  vous  crie 
De  redevenir  Romains. 
Allez,  arrachant  l'étolo 
De  votre  sacré  tyran, 
Rebâtir  le  Capilolc 
Des  débris  du  Vatican. 

El  qu'enlin  il  s'était  vu  assaillir,  ainsi  que  tous  ses  braves  camarades,  par  une 
foule  innombrable  de  fanatiques  de  tout  sexe  et  de  tout  âge,  qui,  en  présence 
même  des  officiels  municipaux  revêtus  de  leurs  écharpes,  avaient  poussé  la  scélé- 
ratesse, l'horreur  et  l'infamie  jusqu'à  dire  d'un  ton  menaçant  et  avec  toutes  les 
fureurs  de  la  rage  :  nAh!  puisse  le  premier  boulet  de  nos  ennemis  exterminer  des 
protestants ,  des  dévastateurs  et  des  impies  tels  que  vous,  n 

Saisi,  transporté  d'indignation,  le  président  se  lève,  comme  involontairement 
et  malgré  lui  :  en  philosophe  éclairé,  il  i*emonte  à  la  source,  et  tonne  avec  une 
sainte  colère  contre  les  horreurs  et  les  atrocités  dont  il  vient  d'entendre  le  récit, 
et,  sur  ses  observations  non  moins  judicieuses  qu'éloquentes  et  énergiques,  la  So- 
ciété arrête,  d'une  voix  unanime,  qu'il  sera  écrit,  sur-le-champ  ^^\  tant  à  la  Société 
mère  des  Jacobins  et  au  ministre  de  la  guerre  qu'au  Comité  de  salut  public  et  à 
la  Convention  nationale,  pour  demander  justice  en  faveur  de  Lebeaupin  et  ven- 
geance contre  les  fanatiques  et  les  contre-révolutionnaires  qui  avaient  violé  le  droit 
des  gens  et  commis  un  crime  de  lèse-nation,  en  privant  de  sa  liberté  ce  généreux 
défenseur  de  îa  patrie. 

Républicains,  continue  le  président,  je  ne  sais  si  je  m'abuse,  mais  il  me  semble 
que  le  décret  du  18  frimaire  et  la  proclamation  du  Comité  de  salut  public  aux 
autorités  constituées,  sous  la  date  du  98  nivos  (sic)  dernier ^^\  loin  d'avoir  atteint 
leur  objet,  ont  rallumé  les  torches  du  fanatisme  et  aiguisé  ses  poignards. 

Ce  trait  de  lumière  ayant  frappé  tous  les  esprits,  un  membre  demande  la  pa- 
role, et,  l'ayant  obtenue,  s'explique  en  ces  termes  : 

ff Frères  et  amis,  d'après  la  lettre  dont  vous  venez  d'entendre  la  lecture  et  les 
faits  affligeants  qui  y  sont  consignés,  j'avoue  avec  le  président,  qui  a  fait  passer 
dans  nos  âmes  toute  l'indignation  dont  la  sienne  est  pénétrée ,  que  la  malveillance, 
la  superstition  et  le  fanatisme  ont  effectivement  souri  au  décret  de  la  Convention 
nationale  et  à  l'adresse  du  Comité  de  salut  public  sur  la  liberté  des  cultes;  mais  il 
est  essentiel  de  vous  observer,  et  je  vous  prie  d'être  intimement  convaincus  que 

^')  Ces  lettres  ont  été  écrites  sur  le  bu-  autorités  constituées,  montre  que  ie  procès- 

reau ,  adoptées  à   l'unanimité  et  envoyées  verbal  de  la  séance  de  la  Société  populaire 

de  suite.  {Note  de  V original.)  de  Moulins ( qui  avait  eu  lieu  le  17  nivôse) 

^^)  Ce  membre  de  phrase,  où  il  est  parlé  a  été  rédigé  postérieurement  au  28  nivôse. 
de  l'adresse  du  Comité  de  saint  public  aux 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  609 

nos  législateurs  n'ont  eu  d'autre  intention,  sans  doute,  que  celle  de  com[)atir  à  la 
faiblesse  de  quelques  individus  ignoi-ants,  sots,  cre'dules  et  superstitieux. 

ffPour  vous,  frères  et  amis,  qui,  depuis  l'instant  à  jamais  me'morable  de  notre 
heureuse  re'volulion,  n'avez  cessé  d'être  ce  que  vous  êtes  aujourd'hui,  c'est-à-dire 
hommes  français  et  n'publicains;  vous  qui  avez  écrit  depuis  peu  à  Fouché,  ce  lé- 
gislateur si  recommandable  par  son  génie,  son  héroïsme  et  ses  vertus,  que  toutes 
les  religions  sont  filles  de  l'erreur,  de  rinq)osture,  de  la  superstition,  du  fanatisme 
et  de  la  tyrannie;  vous  qui  savez,  ainsi  que  Lequinio  et  tous  les  sages  de  la 
terre,  que  les  cultes  n'ont  été  inventés  que  par  les  fourbes,  les  charlatans  et  les  des- 
[)otes;  vous  aussi  qui  avez  la  sagesse  et  le  bon  esjH'it  de  ne  croire  qu'à  ces  vérités 
éternelles  et  fondamentales  qui  tombent  sous  nos  sens,  et  que  la  raison  seule  peut 
admettre;  hâtez-vous,  pour  votre  gloire,  et  plus  encore  pour  l'instruction  et  le 
bonheur  de  l'espèce  humaine,  hâtez-vous  d'apprendre  à  vos  concitovens,  vos  amis 
et  vos  frères,  qu'un  vrai  républicain  ne  doit  avoir  d'autre  religion  que  celle  de  la 
nalure,  ni  pratiquer  d'autre  culle  que  celui  de  la  liberté. 

•tNos  législateurs  républicains  ont  si  bien  reconnu  de  quelle  inqmrtance  il  était 
de  propager  ces  principes  éternels  et  sacrés  dont  le  développement  est  dans  \os 
cœurs,  (pi'après  avoir  interdit  toutes  disputes  théologiques,  ces  représentants, 
dignes  de  l'être,  ont  invité  tous  les  bons  citoyens,  au  nom  de  la  patrie,  à  pro- 
noncer des  discours  ou  à  faire  des  lectures  philosophiques ,  tant  aux  sociétés  po- 
pulah'cs  que  dans  les  tenqjlcs  de  la  raison. 

ffC'est  en  vertu  d'une  invitation  aussi  sage  que  j'ai  cru  devoir  consacrer  quelques 
instants  à  extraire,  de  nos  écrivains  célèbres,  les  passages  qui  m'ont  paru  les  plus 
propres  à  fixer  votre  attention  et  à  défanatiser  les  peuples. 

ffPour  atteindre  et  parvenir,  s'il  est  possible,  à  un  but  aussi  désirable,  je  com- 
mencerai par  jeter  un  coup  d'œil  succinct  et  rapide  sur  les  religions  et  les  cultes, 
dont  peut-être  il  ne  serait  plus  question  aujourd'hui  dans  aucun  de  nos  départe- 
îiients,  si  le  décret  du  18  frimaire,  rendu  sur  la  motion  de  Robespierre,  n'en  eut 
permis  l'exercice  et  consacré  la  liberté. 

ffJe  ferai  voir,  en  second  lieu  ,  ce  qu'ont  été  les  prêtres  dans  tous  les  temps,  et  ce 
qu'ils  seraient  encore,  si  le  flambeau  de  la  raison  tardive  qui  commence  à  nous 
éclairer  enfin,  malgré  les  efforts  impuissants  que  l'on  fait  pour  l'éteindre,  n'eut 
contraint  ces  êtres  faux,  menteurs  et  perfides  à  abjurer  leurs  erreurs  et  à  renon- 
cer, pour  jamais,  à  leur  vil  et  méprisable  métier  de  charlatan. 

rr J'examinerai,  en  troisième  lieu,  pourquoi  tous  ces  imj)osteui's  sacrés  ont  in- 
venté le  [)aradis,  l'enfer,  le  purgatoire  et  tous  ces  contes  i-idicuh^s,  honteux,  déplo- 
rables et  funestes,  qui  ont  fait  et  font  encore  aujourd'hui,  chez  presque  Ions  les 
peuples  de  la  terre,  le  malheur,  l'épouvante  et  l'eflroi  de  la  majeure  partie  des 
pauvres  humains. 

rrJe  vous  préscutei'ai ,  en  quatrième  lieu,  le  tableau  horrible  et  dé'ioùlant,  mais 
exact  et  (idèle,  du  nojubre  des  victimes  immohies  aux  s(uds  noms  de  Moïse,  Jésus 
et  Mahomet. 

ffEnlin,  frères  et  amis,  je  prouvei'ai ,  JMS(|n"au  dernier  deort'  (i"('\i(lence,  que  la 
religion  de  la  nature  est  la  seul(M]u'un  être  raisonnable  puisse  admetire  et  pralicpiei". 

ffEn  attendani,  rc'publicains,  (pie  je  [)ass(>  au  (hneloppemeni  di'  nu^s  preuves. 

m.  .H) 

l\ll-MUir.ll.      >\TIO>iLl. 


610       PROCES-VERBAUX  DU  COMITE  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

je  demande  premièrement  que  nous  prêtions  tous  aujourd'hui,  et  sans  desempar/r, 
le  serment  aug-uste  et  solennel  cpie  voici  : 

nJc  jure  de  maintenir,  de  tout  mon  pouvoir,  l'unité  et  V indivisibilité  de  la  llcpu- 
blique;  je  jure  en  outre  de  reconnaître  pour  mon  frère  tout  homme  juste  et  vraiment 
ami  de  fhumanké ,  quels  que  soient  sa  couleur,  sa  taille  et  son  pays;  je  jure  aussi  de 
n'avoir  jamais  d'autre  religion  que  celle  de  la  nature;  d'autre  temple  que  celui  de  la 
raison;  d'autres  autels  que  ceux  de  la  patrie;  d'autres  i)rêtres  que  nos  législateurs  ; 
ni  d'autre  culte  que  celui  de  la  liberté,  de  l'égalité  et  de  la  fraternité. 

ffJe  demande  en  second  lieu,  si  vous  adoptez  mon  serment  et  ma  motion,  que 
vous  fassiez  imprimer  le  procès-verbal  d'une  séance  aussi  mémorable ,  et  que  vous 
en  adressiez  des  exemplaires  à  toutes  les  sociétés  des  Jacobins ,  pour  que  nos  con- 
citoyens, nos  amis  et  nos  frères  connaissent,  dans  tous  les  départements  de  la  Ré- 
publique, notre  profession  de  foi  en  matière  de  religion,  de  morale  et  de  politique. 

ffJe  demande  enfin,  frères  et  amis,  que  nous  fassions  une  adresse  au  Comité 
de  salut  public  pour  l'inviter,  au  nom  de  la  raison  et  de  la  philosophie,  à  proposer 
à  la  Convention  nationale  le  rapport  de  son  décret  relatif  à  la  liberté  des  cultes,  i 

Ces  différentes  motions  ayant  été  appuyées,  mises  aux  voix,  et  accueillies  una- 
nimement, le  président  a  prononcé  le  serment  en  entier,  et  tous  les  membres  ont 
ensuite  monté  à  la  tribune  [)our  le  prêter  individuellement,  et  chacun  à  leur  tour. 

La  séance  a  été  terminée  par  des  chansons  patriotiques. 

ADRESSE 
DE  LA  SOCIÉTÉ  POPULAIRE  DE  MOULINS  AU  COMITÉ  DE  SALUT  PUBLIC. 

Les  philosophes  anciens  et  modernes  ont  pensé  qu'il  était  de  l'intérêt  du  genre 
humain  d'enchaîner  toutes  les  nations  par  les  liens  de  la  tolérance  et  de  la  frater- 
nité; et  c'est  d'après  une  doctrine  aussi  belle  et  aussi  sage  que  la  Convention  na- 
tionale a  rendu  son  décret  du  1 8  frimaire ,  relatif  à  la  liberté  ces  cultes. 

En  pronmlguant  une  pareille  loi,  l'intention  de  nos  législateurs  était  sans  doute 
d'unir  plus  que  jamais  tous  les  Français  par  ces  doubles  liens  de  la  tolérance  et  de 
la  fraternité;  mais  par  malheur  l'événement  a  trompé  leur  attente  et  la  nôtre. 

Instruits  par  l'expérience ,  nous  aurons  donc  aujourd'hui  le  courage  et  la  fran- 
chise de  vous  dire  que  s'il  se  manifeste  depuis  peu  des  mouvements  pour  cause  de 
religion ,  ce  n'est  pas  seulement  au  machiavélisme  artifcieux  des  'puissances  étran- 
geres^^^  qu'il  faut  en  imputer  la  cause,  mais  au  décret  du  18  frimaire  dont,  par 
une  fausse  et  perfide  interprétation,  les  ennemis  de  la  chose  pubhque  se  servent 
tous  les  jours  pour  allumer  les  torches  de  la  guerre  civile.  Ah  !  législateurs ,  c'est 
au  nom  de  la  raison ,  de  la  philosophie  et  du  sang  de  nos  frères  prêt  à  couler  en- 
core, peut-être,  pour  des  chimères,  des  extravagances  et  des  impostures,  que 
nous  W)us  prions  d'inviter  la  Convention  nationale  à  rapporter  son  décret  relatif  à 
la  liberté  des  cultes,  ou,  disons  mieux,  à  arracher  de  la  main  des  fanatiques  et 
des  anti-révolutionnaires  le  poignard  à  deux  tranchants  dont  ces  scélérats  se  flattent 

(')  Les    mots    en   italiques  sont   extraits  de   l'adresse  du  Comité  de  salut  public  du 
28  nivôse. 


DE  U  CONVENTION  NATIONALE.  611 

aujouj'd'hiii,  plus  que  jauiais,  de  Irapper  les  patriotes  et  les  sages  qu'ils  traiteot 
iiiipunénient  de  scélérats,  de  protestants  et  (Piiupies. 

Législateurs,  si  vous  voulez  sincèrement  (eli!  conunent  pourrions-nous  »  n  dou- 
ter?) que  le  fanatisme  ne  soit  plus  qu'un  squelette  qui,  réduit  cha^juc  jour  en  poussière , 
tombe  naturellement  et  sans  efforts'^',  il  faul,  de  toute  nécessité,  que  non  seulement 
vous  lassiez  un  rapport  pour  inviter  l'auguste  aréopage  à  annuler  son  décret,  mais 
encore  que  vous  soyez  vous-mêmes  assez  grands  pour  avouer  à  la  France ,  à  l'Eu- 
rope et  à  l'univers  entier  que  vous  avez  commis  involontairement  une  grande  er- 
reur, lorsque  vous  avez  annoncé,  dans  votre  adresse  du  98  nivos  [sic)  aux  auto- 
rités constituées,  que  la  liberté  des  cultes  devait  être  l'objet  de  la  sollicitude  des 
fonctionnaires  publics  et,  plus  particulièrement  encore,  des  agents  nationaux '^K 

Législateurs,  nous  osons  vous  le  dire  avec  cette  franchise  austère  et  républicaine 
qui  caractérise  de  vrais  sans-culottes:  Il  n'y  a  pas  un  instant  à  perdre;  hâtez-vous, 
prononcez,  exercez  les  plus  beaux  de  vos  droits,  celui  de  vous  réformer  vous- 
mêmes  :  eh!  quelle  gloire  vous  en  recueillerez!  car  ce  n'est  pas  de  proposer  des 
décrets  inliniment  sages  qui  vous  fait  mériter  toute  notre  admiration  :  une  foule  de 
rapports  sages,  éloquents  et  sublimes,  dépose  en  faveur  de  votre  génie,  de  votre 
sagesse  et  de  votre  suprême  équité;  mais  ce  qui  nionlrera  que  vous  êtes  supérieui-s 
aux  autres  et  à  vous-mêjnes,  c'est  que,  trop  grands  j)our  j)rendre  le  change  sur 
ce  qui  honore  \éritablement  l'honnne,  vous  aurez  autant  de  satisfaction  à  vous 
dédire  que  de  regret  de  vous  être  trompés.  Voilà  les  exemples  qu'il  sied  à  des  lé- 
gislateurs,  tels  que  vous  et  nos  représentants,  de  donner  au  monde,  et  ([ue  nous 
attendons  avec  confiance  de  votre  amoui'  pour  TluKuanité. 

Que  la  Convention  nationale  raj)porte  son  décret  relatif  à  la  libcrli*  des  cultes: 
quelle  ell'ace  jusqu'au  dernier  vestige  de  la  loi  ou,  pour  mieux  dire,  de  la  capu- 
cmade  connue  sous  le  nom  de  constitution  civile  du  clergé;  qu'elle  ordonne  la  dé- 
molition de  tous  les  clochers,  qui  sont  autant  de  signes  de  ralliement  pour  le 
fanatisme,  la  superstition  et  l'idolâtrie;  qu'elle  s'oppose,  sous  les  peines  les  plus 
sévères,  à  toutes  les  cérémonies  religieuses;  et  nos  législateurs  acquerront,  ainsi 
que  vous,  de  nouveaux  droits  à  notre  reconnaissance,  parce  que  c'est  alors,  mais 
alors  seulement,  (pie  nous  n'aurons  plus  rien  à  craindre  des  restes  impurs  du  fa- 
natisme, et  que  nous  aurons  le;  bonheur,  ])our  rappeler  ici  vos  expressions  pitto- 
resques et  énergiques,  (renq)êclier  ce  monstre,  non  moins  hideux  qu'exécrable, 
d'exhaler  ses  miasmes  pestilentiels  et  orageux  qui,  en  inondant  r atmosphère  politique, 
porteraient  en  tout  lieu  la  contagion  et  la  mort. 

^'^  Les  mots  en  italiques,  ici  et  dans  le  lions,  venir  au  secours  de  rintligenl ,  soti- 

roslf  de  la  pfige,  sont  extraits  de  l'adresse  la<jor  riuniianilé   sDullrante  et  faire  enfni 

du  Clonillé  de  salut  public  du  ;>8  nivôse.  le  honlieur  du  peuple  :  lels  sont   les  soûls 

'-"^^  Surveiller  jour  et  nuit  rexéculion  des  et  grands  objets  faits  pour  fixer  la  sollici- 

lois,  et  surtout  de  celles  relatives  au  inaxi-  Inde  des  agents  nationaux  et  de  tous  les 

iniim,  déjouer  Tinlrigue,  {)unir  la  nialveil-  lonclioniiaires    publics;    quant    aux    reli- 

lance,  aviser  aux  moyens  de  procurer  les  ijions  et  aux  cultes,  de  pareilles  sottises  ne 

denrées  de  première  nécessité,  vivifier  les  doivent  être  robjot  ipie  de  leur  dérision, 

établissements  utiles,  en  former  de   non-  di»  leur  mépris  et  de  leur  pitié.  (.Vofc  </<• 

veaux,  ouvrir  et  faciliter  des  connnuiiica-  Vori^uiaL) 

3o. 


612       PROCftS-VERBAUX  DU  COMITE  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

Nota.  Celte  adresse  et  le  procès-vei-bal  qui  la  précède  ont  été  rédigés  par  douze 
commissaires  que  la  Société  a  choisis  et  nommés  à  cet  effet. 

Robespierre^  fora  allusion  à  celle  adresse  de  la  Société  po[)ulaire  de  Moulins  dans  la 
séance  des  Jacobins  du  9  3  prairial  [Moniteur  du  2 (S  piairial  an  11). 


nOîNSIDERATIONS  SUR    LK    C.OMMKHCK    I)K    LV    LIBKAIini:, 
PAU    LEFÈVRE   DK   VILLEBHUNE  ^ '^. 

Pour  me  faire  comprendre,  je  dois  définir  les  expressions  que  je  veux  em- 
ployer. 

1.  Le  libraire  manufacturier  est  celui  qui  inqirime  lui-même  ou  fait  imprimer, 
et  dont  le  commerce  consiste  à  fabriquer  ou  faire  fabri(pier  des  livres  soit  d'auteurs 
vivants,  soit  d'auteurs  morts  dont  il  fait  de  nouvelles  éditions. 

2.  Le  libraire  est  celui  qui  vend  des  livres  imprimés  par  d'autres  que  lui,  et 
dont  le  travail  consiste  uniquement  à  varier  pour  le  conniierce  son  fonds  de  ma- 
gasin. On  peut  encore  distinguer  le  libraire  marchand  de  nouveautés  du  libraire 
bibliomane. 

3.  Le  commissionnaire  en  librairie,  sans  avoir  de  magasin  de  livres  en  pi'o- 
priété,  se  charge  de  les  procurer  aux  libraires  et  aux  consommateurs  sous  un 
bénéiice  quelconque. 

Ce  premier  exposé  indique  déjà  des  bases  différentes  pour  leur  commerce  et  des 
relations  très  distinctes  avec  l'opinion  publique  ainsi  qu'avec  l'organisation  sociale. 

De  la  librairie  mannfacluriere ,  levier  d' industrie. 

La  librairie  manufacturière  est  un  levier  d'industrie,  dès  lors  un  commerce 
utile  au  corps  social,  puisqu'elle  offre  un  moyen  de  subsistei'  a  plusieurs  de  ses 
membres.  Aussi  plus  elle  acquiert  d'extension,  plus  elle  occupe  de  bras,  plus  elle 
vivifie  la  société.  Sans  cette  librairie  l'imprimeur,  le  manufacturier  de  papier,  tous 
les  ai'ts  qui  fournissent  aux  genres  divers  de  consommation  qui  en  résultent,  tels 
que  fondeurs  de  caractères,  relieurs,  manqueraient  de  moyens  de  subsistance.  Sous 
ce  point  de  vue  la  librairie  est  un  métier  utile.  Elle  l'est  encore  plus  pour  les  Fran- 
çais que  pour  aucun  autre  peuple,  car  leur  langue  est  plus  généralement  adoptée, 
les  hommes  instruits  de  tous  les  pays  la  parlent,  et  nulle  part  ailleurs  on  ne 
trouve  cette  réunion  d'hommes  éclairés  dont  les  productions  soient  généralement 
désirées  par  tous  les  peuples.  Et  notre  langue,  rendue  encore  plus  générale  par  le 
véhicule  de  la  librairie ,  augmentera  tous  les  jours  cette  prépondérance  de  notre 
République.  Donc  la  librairie  manufacturière,  en  même  temps  qu'elle  occupe  beau- 
coup de  bras,  devient  pour  la  France  une  branche  d'exportation  d'objets  manufac- 
turés dont  la  quantité  doit  encore  augmenter  et  qui  peut  avoir  la  progression  la 

(•)  Archives  nationales,  F ^^  carton  1009*,  n"  2216. 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  613 

plus  rapide  sans  parvenir  à  aucun  maximum  qui  nous  fasse  e'prouver  de  pénurie. 
Or  tout  commerce  d'exportation  d'objets  manufacture's  est  utile,  car  il  favorise  la 
population  en  ajoutant  aux  moyens  de  subsistance.  Enfin  le  commerce  d'exporta- 
tion de  la  librairie  a  sur  les  autres  un  avantage,  c'est  qu'il  augmente,  par  l'exten- 
sion de  l'usage  de  noti-e  langue,  la  pre'dominance  que  notre  République  doit  con- 
server sur  l'esprit  des  esclaves  qui  nous  entourent. 

Stagnation  de  la  librairie  manufacturière  ;  ses  causes. 

La  librairie  manufacturière  a  nécessairement  éprouvé  une  diminution  d'activité 
pendant  la  Révolution. 

1°  Moins  d'ac([iiéreurs;  beaucoup  d'êtres  inutiles  formaient  faslueusement  des 
bibliothèques  qu'ils  ne  savaient  pas  lire.  Incapables  d'être  républicains,  ils  ont  fui 
le  sol  où  l'on  ne  connaît  de  distinction  que  celle  des  vertus. 

2"  Ceux  qui  s'instruisaient  et  lisaient  pour  s'instruire,  absorbés  par  la  défense 
de  la  patrie  ou  par  des  places  qu'ils  occupent,  ne  lisent  pas  ou  lisent  beaucoup 
moins. 

3°  L'interruption  du  commerce  avec  les  pays  armés  contre  nous  qui  a  fermé 
cette  branche  d'exportation. 

k"  Les  entraves  imposées  au  commerce  avec  les  pays  neutres. 

Les  livres  sont  une  espèce  de  luxe  pour  beaucoup  d'individus  ;  ils  les  achètent 
par  oisiveté,  par  caprice  :  un  prix  trop  considérable  les  elTraye.  Aussi  les  libraires 
des  pays  neutres,  à  qui  on  veut  imposer  la  loi  de  payer  nos  livres  en  denrées  de 
première  nécessité  nullement  abondantes  chez  eux,  et  qui  ne  peuvent  pas  non  plus 
les  payer  en  monnaie  de  leur  pays,  vu  l'état  où  l'agiotage  des  hommes  d'argent  a 
porté  le  change,  n'achètent  plus  de  nos  livres,  craignant  de  ne  pouvoir  les  re- 
vendre, ou  tlu  moins  leurs  demandes  en  sont  infiniment  ralenties. 

Inconvénients  de  cette  stagnation. 

Ne  considérons  pas  l'intérêt  individuel  de  chacun  des  libraires  manufacturiers; 
portons  nos  regards  sur  l'intérêt  général. 

La  librairie  manufacturière  occupe  beaucoup  de  bras,  vivifie  plusieurs  arls  qui 
en  dépendent,  procure  un  moyen  de  subsistance  à  beaucoup  de  familles  et  fournit 
un  objet  d'exportation  d'articles  manufacturés,  avantage  précieux,  puisqu'il  décide 
la  balance  du  commerce  en  notre  faveur. 

Mais  la  stagnation  des  manufactures  de  livres,  outre  ([u'(»lle  plonge  dans  le  be- 
soin ou  déplace  beaucou[)  de  familles,  a  d'aulr.s  inconvénients. 

D'autres  maïuifactures  s'élèveront  et  s.»  vivifieront  hors  de  nos  frontières,  d'autres 
écoulements  se  formeront,  et  les  étrangers,  habitués  à  m'  plus  tirer  de  livi(S  de 
France,  ou  en  fabriqueront  et  dès  lors  n'en  tireront  plus  même  à  Tépocpie  de  la 
paix,  ou  por'lei'oiil  leurs  <|ouls  vers  les  productions  littéraires  d'une  auti'e  langue. 
Une  trop  lon};ue  inleriaiption  ('ans  celte  branche  inq)ortant(^  d'industrie  ijue  les 
circonstances  donnaient  aux  français  sera  suivie  d'un  arjéanlissement  total  : 

1°  Parce  (pie  les  peuples  élranjjers  ne  f(M'ont  [)lus  de  demandes; 


6U       PROCES-VERBAUX  DU  COMITE  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

3°  Parce  que  les  citoyens  qui  avaient  choisi  ce  genre  d'iiiclustrie  se  porteront 
vers  des  occupations  qui  puissent  les  nourrir. 

De  la  librairie  manufacturière ,  levier  politique. 

Il  est  important  à  la  nation  française  que  ses  principes  révolutionnaires  se  pro- 
pag-ent  au  delà  de  ses  frontières,  car  alors  les  peuples  divers  (pii  Tenlourent,  im- 
prègnes de  liberté,  résisteront  davantage  aux  trames  perfides  de  leurs  tyrans.  Il 
sufîit  d'indiquer  cette  considération  frappante. 

De  la  librairie  inanufacluriere ,  levier  moral. 

Considérons  un  moment  le  libraire  comme  un  manufacturier  ordinaire.  Son  tra- 
vail augmente  ou  diminue  en  proportion  des  demandes  qu'il  reçoit,  et  le  genre  sur 
lequel  il  porte  son  industrie  est  celui  dont  on  lui  demande  le  plus.  Quand  les  rê- 
veries scolasti(|ues  occupaient  les  esprits,  elles  devenaient  l'objet  de  ses  spécula- 
tions; la  jurisprudence  a  eu  son  tour;  les  mémoires,  les  traductions  de  l'anglais, 
ont  successivement  été  le  genre  dont  le  plus  grand  succès  décidait  le  choix.  Mais 
en  même  temps  que  la  fantaisie  du  moment  déterminait  son  genre  d'industrie, 
lui,  par  les  ouvrages  dont  il  inondait  sa  patrie,  réagissait  sur  ses  concitoyens,  en- 
racinaii  dans  un  plus  grand  nombre  de  cerveaux  les  rêveries  ou  les  futilités  vers 
lesquelles  le  torrent  du  moment  dirigeait  quelques  meneurs  d'opinion.  Voilà  le 
rapport  moral  du  libraire  avec  la  morahlé  publique.  Lorsque  le  caprice  de  la 
mode  se  portait  \ers  un  genre  d'études  desfrucleur  de  la  raison  ou  vers  des  lec- 
tures immorales,  la  librairie  répandait  ce  venin  dans  toutes  les  classes  de  la  so- 
ciété, et  l'immoralité  de  la  cour  sous  l'ancien  régime  refluait  jusqu'aux  confins 
reculés  du  pays.  Alors  il  n'existait  aucun  esprit  national;  le  libraire  obéissait  au 
désir  du  gain  et  ne  voyait  que  cela.  Combien  il  était  déchu  depuis  les  Elzevir,  les 
Estienne ,  etc.  ! 

L'instruction  révolutionnaire  qui  doit  accélérer  la  foruiation  de  l'esprit  public 
et  hâter  la  maturation  de  la  liberté,  en  quelque  sorte,  comme  la  serre-chaude  accé- 
lère la  maturité  du  fruit  et  le  délivre  plus  tôt  des  dangers  qui  accompagnent  sa 
croissance,  l'instruction  révolutionnaire  doit  s'emparer  d'un  levier  moral  aussi 
puissant.  Mais  elle  le  doit  en  combinant  par  des  mesures  réfléchies  la  liberté  du 
manufacturier  et  les  bénéfices  qui  doivent  récompenser  son  industrie  avec  l'in- 
fluence qu'il  a  sur  l'esprit  public.  Elle  doit  utiliser  la  librairie  manufacturière,  la 
faire  concourir  h  l'avancement  de  l'esprit  public,  ne  point  perdre  de  vue  la  partie 
commerciale  comme  objet  d'exportation  et  d'influence  extérieure. 

Relations  de  la  librairie  manufacturière  avec  le  gouvernement. 

0\x  l'esprit  public  est  formé,  ces  relations  sont  nécessairement  nulles  :  car  les 
demandes  des  consommateurs,  qui  dirigent  le  libraire  dans  le  choix  de  ses  entre- 
prises, se  trouvent  d'accord  avec  les  vues  du  gouvernement,  et,  par  consécpient, 
son  mtérêt  mercantile  coïncide  avec  l'intérêt  national.  Mais  là  où  l'esprit  public 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  615 

n'est  pas  encore  formd,  ii  est  h  craindre  que  les  goûts  des  consommateurs  imbus 
d'iddes  antérieures  ne  soient  pas  d'accord  avec  Tesprit  national;  dès  lors  l'intérêt 
mercantile  du  libraire  ne  coïncide  pas  avec  l'intérêt  national,  et  des  relations  entre 
le  libraire  manufacturier  et  le  gouvernement  deviennent  nécessaires,  jusqu'au  mo- 
ment où  cette  circonstance  n'existe  plus. 

Quelles  doivent  être  ces  relations?  La  prohibition  d'ouvrages  contraires  aux 
principes  républicains  est  indispensable  dans  le  gouvernement  n-volutionnaire.  Mais 
il  est  d'autres  ouvrages  tellement  ternes  qu'ils  sont  inutiles  pour  le  développement 
des  esprits  :  on  ne  peut  les  défendre  pour  cela  seul.  Les  ouvrages  de  ce  genre 
forment  la  grande  majorité  de  ceux  (jui  s'impriment  :  ils  sont  les  plus  recherchés, 
par  cela  même  qu'ils  sont  nuls  et  en  cela  au  niveau  de  la  grande  majorité  des  têtes 
organisées  sous  l'ancien  régimie.  On  ne  peut  pas  les  défendre,  puiscju  ils  ne  sont 
qu'inutiles  et  que  sous  le  point  de  vue  manufacturier  ils  occupent  des  bras  en 
attendant  que  des  têtes  plus  fortement  organisées  rendent  les  bons  livres  plus  com- 
muns. 

L'intérêt  commercial  porte  le  libraire  manufacturier  vers  ces  ouvrages  parce 
qu'ils  ont  un  plus  grand  nombre  de  lecteurs.  Dans  le  nombre  de  ces  livres  sont  les 
compilations,  les  extraits,  presque  tous  les  romans,  les  esprits  ,  etc.,  qui  odi'ent 
aux  têtes  vides  un  savoir  aisé  au  moyen  duquel  des  compagnies  de  sols  s'ad- 
mirent mutuellement.  Le  libraire  n'est  point  coupable  de  se  livrer  à  ce  genre  de 
manufacture  où  son  industrie  est  récompensée  par  des  bénéfices,  puisque  ces 
livres  n'ont  d'autre  vice  que  d'être  inutiles,  mais  la  patrie  doit  offrir  au  libraire 
une  compensation  qui  balance  à  ses  yeux  les  bénéfices  qu'il  sacrifierait  au  plus 
grand  avantage  de  sa  patrie. 

Quel  doit  être  cet  avantage? 

1°  Récompense  civique  au  libraire  qui  dans  le  cours  de  l'année  a  publié  le  plus 
grand  nombre  d'ouvrages  utiles.  Et  ce  nombre  doit  être  estimé  non  point  par  la 
quantité  absolue,  mais  par  la  quantité  relative,  savoir  :  le  hbraire  qui,  sur  quatre 
ouvrages,  en  a  publié  deux  utiles,  aura  bien  mieux  mérité  de  la  patrie  que  celui 
qui  sur  dix  en  aura  publié  quatre.  Dès  lors  le  libraire  sentira  le  besoin  d'être  in- 
struit pour  mieux  faire  son  choix,  et  de  la  classe  de  simple  manufacturier  il  s'élè- 
vera à  une  espèce  de  magistrature  d'opinion  qui  devrait  être  sa  place  naturelle 
dans  la  société,  si  la  conduite  de  beaucoup  et  aussi  leur  ignorance  ne  les  avait 
pas  déplacés. 

Quant  à  la  manière  de  juger  quels  ouvrages  sont  réputés  utiles  et  aux  détails 
d'organisation ,  cela  exigerait  divers  dévelop])ements.  Je  me  borne  à  proposer  le 
principe. 

9°  La  Convention  ayant  décrété  qu'il  sera  formé  une  bibliothècpie  nationale 
dans  chaque  chef-lieu  de  district,  on  pourrait  ajouter  à  la  récompense  honorili(jue 
l'acquisition  d'exemplaires  des  ouvrages  jugeas  utih^s  pour  les  j)lacer  dans  ces  bi- 
bliothèques. Cette  mesure,  (pii  servirait  d'encouragfMnent  au  libraire,  servirait  en 
même  temps  de  prompt  véhicule  des  principes  utiles  en  mettant  les  ouvrages 
choisis  dans  des  dépôts  publics  où  ils  peuvent  fixer  l'esprit  incertain  de  jeunes  gens 
désireux  de  s'instruiieelcpii  viennent  y  puiser  des  conseils  et  déterminer  leur  choix. 

Par  cette  organisation  des  enc()ui'a<';ements,  le  conunerce  conserve  touf(^  la  lilxM'té 


gk;     pi{oci>s-vrj{BAU\  du  comité  d'instruction  publique 

(loiil  il  a  besoin  pour  so  vivifier,  et  le  gouvernement,  par  une  action  coiislanle  ' 
mais  nullement  onéreuse,  fait  dévier  la  tendance  des  esprits  de  leur  ancienne  nul- 
!it(>  vers  des  "objets  plus  utiles.  Le  libraire  qui  sentira  que  l'estime  [)ublique  devient 
sa  récompense  mellra  plus  de  choix  dans  ses  entrepi'ises  et  se  livrera  moins  à  ces 
spéculations  pécuniaires  qui  ne  contribuent  en  rien  au  pei-lbctionncment  de  Fes^ 
prit  humain. 

Cette  plus  grande  sévérité  dans  le  choix  des  hvres  de  la  part  du  libraire  rendra 
h  d'aulres  travaux  plus  utiles  des  hommes  nés  sans  talents  qui  com|)llent,  ressassent 
des  id('es  d'autrui,  dont  ils  font  dos  volumes  pour  vivre,  et  l'écrivain  doué  d'un 
vrai  talent,  sûr  de  Irouvei*  des  libraires  qui  l'apprécient,  ne  craindra  plus  de  se 
livrer  à  des  travaux  un  peu  longs,  mais  dont  il  sera  dédommagé  par  la  plus  grande 
perfection  de  son  travail.  On  ne  verra  plus,  au  scandale  d'un  siècle  éclairé,  des 
libraii'cs  mettre  au  rabais  les  méditations  de  l'homme  ti  talent  et  leur  préférer  les 
insipides  productions  d'hommes  ineptes  dont  les  écrits  se  traînent  au  niveau  d'une 
foule  d'acquéreurs.  Comme  manufacturier,  ce  libraire  n'est  point  blâmable,  pnis([ue 
ces  derniers  ouvrages  sont  davantage  demandés,  et  que  le  débit  lent,  quelquefois 
retardé  pendant  nombre  d'années,  de  l'autre,  l'exposerait  à  des  pertes.  Mais  c'est 
au  gouvernement  à  combiner  des  encouragements  qui  décident  le  libraire  en  faveur 
de  l'ouvrage  utile.  Malheur  alors  à  celui  que  rap[)ât  d'un  plus  grand  gain  sédui- 
rait davantage  que  l'estime  publique  !  bientôt  l'opinion  en  ferait  justice,  car  l'estime 
est  tout  sous  un  régime  républicain. 

Des  propriétés  d'auteur. 

Semblables  à  ces  hommes  dont  d'anciens  conteurs  ont  parlé  qui,  n'ayant  chacun 
qu'une  jambe,  devaient  s'unir  pour  marcher,  les  auteurs  et  les  libraires  devraient 
être  des  frères  unis;  et  de  mauvaises  institutions  sociales  les  avaient  séparés.  Au- 
cune loi  ne  garantissait  aux  auteurs  leur  propriété;  dès  lors  ils  étaient  hvrés  à 
toute  la  rapacité  des  libraires,  et  quelquefois  opposaient  à  leurs  vexations  des 
vexations  semblables. 

Les  lois  sur  la  propriété  d'auteur  et  contre  les  contrefaçons  ayant  donné  des 
bases  solides  aux  relations  mutuelles  des  auteurs  et  des  libraires,  elles  deviendront 
plus  justes,  et  l'auteur  sera  assuré  de  recueillir  les  fruits  de  ses  peines.  Mais  ce  n'est 
pas  tout.  La  République  prendra  nécessairement  un  ascendant  marqué  en  Europe  : 
au'elle  en  protite  pour  consacrer  davantage  ce  principe  en  unissant  tous  les  peuples 
par  le  lien  commun  d'un  accord  qui  proscrive  les  contrefaçons  faites  d'un  pays  à 
un  autre.  Chaque  nation  y  trouvera  son  avantage  pour  ses  livres  nationaux,  et,  en 
même  temps  cjue  l'avantage  de  lous  s'y  trouvera,  la  propriété  de  l'auteur,  récom- 
pensé de  ses  peines,  sera  entièrement  assurée.  Tout  homme  laborieux  gagne  sa 
subsistance  par  un  travail  journaher;  l'auteur  seul  travaille  plusieurs  années  pour 
recueillir  son  bénéfice  lorsque  son  livre  paraîtra.  Contrefaire  son  ouvrage,  c'est 
donc  lui  enlever  tout  ce  qu'il  aurait  dû  gagner  dans  l'espace  de  tenqDs  qu'il  a  mis 
à  perfectionner  son  travail.  Et  un  gouvernement  ne  doit  pas  plus  de  proteclion  à 
un  homme  de  son  pays  qui  contrefait  un  livre  imprimé  dans  un  autre  pays  qu'il 
n'en  doit  à  celui  qui  a  été  voler  chez  ses  voisins.  Le  crime  est  le  même;  mais  il 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  617 

s'agissait  des  auteurs,  et  les  gouvernemenls  corrompus  mettaient  bien  peu  d'im- 
portance au  sort  d'un  auteur  qui  vivait  de  son  travail  :  ils  ne  s"occui)aient  que  de 
celui  qui  substituait  les  anticliambres  et  les  boudoirs  à  son  cabinet  de  méditation. 

Quittons  ces  vues  de  détail,  pour  nous  occuper  de  vues  plus  géne'rales.  Il  est  de 
l'intérêt  d'une  nation  de  concentrer  en  elle  le  plus  grand  nombre  d'hommes  in- 
struits, qui  y  forment  un  foyer  de  lumière,  germe  d'un  développement  général  des 
esprits.  Non  point  qu'il  faille  encourager  ces  fanloccinis  incrustés  dans  les  (juarante 
fauteuils  d'où  ils  propageaient  le  vide  et  la  nullité  dans  les  têtes  françaises ,  mais 
bien  ces  hommes  utiles  dont  les  progrès  concourent  au  bien  génc'ral.  C'est  en  en- 
courageant les  hommes  instruits  que  les  Anglais  ont  perfectionné  chez  eux  l'agri- 
culture, les  arts  et  le  conmierce.  Mais  les  récompenses  nationales  ne  doivent  atteindre 
que  l'auteur  mûri  par  fage:  trop  jeune  elles  l'énervent  au  moral,  comme  les  ré- 
compenses de  la  beauté  l'énervent  au  physique.  Une  fois  mûri,  les  récompenses 
deviennent  moins  un  véhicule  pour  lui  que  pour  la  race  qui  se  forme  autour  de 
lui,  qui  le  contemple  et  qui  brûle  dc^à  d'obtenir  de  semblables  honneurs.  Principe 
essentiel  à  méditer  :  les  récompenses  doivent  encore  moins  agir  comme  véhicule 
sur  celui  qui  les  reçoit  que  sur  celui  qui  les  voit  distribuer. 

Ainsi  donc,  jusqu'à  l'époque  de  ces  récompenses,  compagnes  du  repos,  l'auteur 
doit  trouver  dans  son  travail  le  fruit  de  ses  peines  :  pour  qu'il  le  trouve,  il  faut 
que  son  bénéfice  lui  soit  assuré  par  des  institutions  en  vigueur,  et  que  ses  relations 
avec  le  hbraire  deviennent  des  relations  fraternelles  et  non  des  relations  de  cor- 
saires; cela  doit  ôlre  une  suite  des  institutions  proposées  pour  vivifier  la  librairie. 

Du  commerce  d'échange. 

Sous  ce  point  de  vue  encore,  la  librairie  manufacturière  est  un  commerce  utile 
à  la  nation  française ,  car  le  nombre  des  livres  étrangers  qu'elle  consonmie  n'écjui- 
vaut  pas  à  celui  des  livres  qu'elle  exporte;  dès  lors  la  balance  doit  être  renqjlie  soit 
en  argent  ou  en  deniers,  et  nos  besoins  déterminent  plutôt  l'entrée  des  articles  bruts 
que  celle  des  articles  manufacturés.  En  échange  de  nos  livres,  le  Nonl  peut  nous 
fournir  des  goudrons,  des  chanvres  pour  cordages,  enfin  des  cires,  jiiscpi'au  mo- 
ment où  nos  récoltes  nous  suthront. 

Mais  pour  que  les  échanges  puissent  avoir  lieu,  il  faut  que  leurs  objets  aient  des 
valeurs  similaires  ou  à  peu  près  similaires.  Le  commerce  d'échanjje,  (pii  est  le  vrai 
c;)minerce,  ne  pourra  s'établir  d'une  manière  stable  qu'après  ranéantissement  des 
combinaisons  du  change;  l'amilication  de  l'agiotage  dont  on  a  voulu  faire  im  élé- 
ment essentiel  du  coimnerce,  ce  qui  n'est  pas.  Et  c'est  en  cela  (pie  l'an-èté  ipii 
restieint  le  commerce  de  la  France  avec  les  pays  neutres  h  des  échanges  occa- 
sionne une  gêne  moment;uiée  dans  le  commerce  :  c'est  que  les  changes  sont  tous 
les  jours  rendus  plus  défavorables  à  la  France  par  les  cond)iuais()ns  des  agioteurs 
et  les  nouvelles  <les  alarmistes.  Mais  C(^tte  (Miorme  disp;\ril('»  du  change  anéantie 
par  l:i  consolidation  finale  de  notre  Ih'vohiliou,  le  connneire  d'tVhantjc,  (|ui  fst 
peut-être  nuisible  momentanc'inent  aux  vrais  intérêts  de  la  pitric,  deviendra  natu- 
rellement, entre  les  mains  de  conunei'çants  insti-nils.  nn  nioxen  d*an»;nienltM-  à 
1  infini  l'exjjortation  de  nos  livr(»s  mamd'acturés. 


618       PROCÈS-VERBAUX  DU  COMITÉ  D  INSTRUCTION  PUBLIQUE 


De  la  librairie. 

La  lihi-airio  siniplo  est  un  véliiculo  do  la  librairio  maniifncliirière;  plus  il  so  forme 
(le  vciuieurs,  plus  lo  uonibro  des  cousoiniualeuis  au^iiionie,  car  uu  plus  grand 
nombre  d'individus  ont  l'objet  sous  les  yeux  et  sont  tentés  de  racquërir.  Ce  libraire, 
purement  marchand  des  livres  que  le  manufacturier  met  au  jour,  n'a  de  relation 
avec  le  gouvernement  que  par  sa  surveillance  de  police  sur  les  objets  mis  en  vente, 

De  In  librairie  bibliomane. 

Outre  le  marchand  de  nouveautés,  il  existe  un  autre  genre  de  libraire,  c'est 
celui  qui  n'exerce  son  industrie  que  sur  des  livres  rares  ou  précieux  dont  les  édi- 
tions eont  épuisées. 

Ou  ces  livres,  sans  oiïi'ir  un  intérêt  assez  grand  pour  en  permettre  une  édition 
nouvelle,  contiennent  des  vérilés  qu'il  est  utile  de  conserver  comme  livres  à  con- 
sulter; ou  ce  sont  simplement  des  éditions  choisies  devenues  rares,  mais  dont  le 
pru  d'exemplaires  est  recommanoable  par  la  correction  et  la  beauté  du  travail. 
Sous  ces  deux  points  de  vue,  il  est  de  l'intérêt  national  de  conserver  ses  richesses 
on  ce  genre;  dès  lors  la  bibliomanie  doit  être  considérée  sous  un  point  de  vue 
bien  différent  de  la  librairie  manufacturière. 

Plus  le  manufacturier  exporte,  plus  il  vivifie  le  commerce,  puisqu'il  alimente 
dos  ci!o\  eus  occupés  à  des  arls  divers.  Il  exporterait  dix ,  cinquante ,  cent  mille  exem- 
plaires de  l'ouvrage  qu'il  manufac'ure  sans  rien  enlever  à  la  France;  an  contraire, 
il  v  fernit  rentrer  des  articles  utiles  en  échange  direct  et  même  en  échanere  indirect 


ir 


lange 


par  h  bdance  naturelle  du  commerce. 

Le  bibliomane  au  contraire  qui  exporte  des  livres  enlève  réellement  un  objet  de 
prix  à  sa  patrie  et  lui  fait  supporter  une  perte  d'autant  plus  grande  que  ces  édi- 
tions rares  et  précieuses  peuvent  moins  être  remplacées,  puisqu'il  n'en  existe  qu'un 
nombre  déterminé.  Dès  lors  les  mêmes  motifs  pour  lesquels  je  voudrais  encourager 
l'exportation  des  livres  manufacturés  m'engagent  à  croire  que  l'exportation  des 
livres  rares  est  plutôt  nuisible  qu'utile.  Elle  ne  peut  être  avantageuse  qu'à  quelques 
individus  qui  s'occupent  spécialement  de  ce  commerce,  mais  l'intérêt  général  doit 
l'enqjorter  sur  l'intérêt  particulier.  Au  lieu  que  la  librairio  manufjicturière,  par  ses 
exportn lions,  vivifie  plusieurs  arts,  alimente  un  grand  nombre  de  citoyens  et  sous 
tous  les  points  de  vue  est  avantageuse  à  la  nation. 

La  pièce  n'a  pas  à?  si<rnaiiire. 

Elle  est  ronfoniio  dans  une  double  cliemise.  Sur  la  première  chemise,  on  lit  celte  indi- 
calion  :  r  Le  cifoyoîi  Viîlehrune,  bibliothécaire  national,  envoie  des  observations  sur  le  com- 
merce de  la  lihrairie  françaiseï^.  Et  an-dessous  :  tf  Renvoyé  à  Grégoire,  29  ventôse.  Villar, 
■préùdent.n 

Sur  la  seconde  chemise,  on  lit  :  ce  Considérations  sur  la  librairie.  Renvoyées  à  Mathieu, 
28  messidor,  Plaicijvrd.i-» 

Et  sur  la  pièce  mémo  :  rI»envoyc  à  l'auteur  par  i'inlei'médinire  du  citoyen  Leblond, 
agent  do  la  Commission  temporaire  des  arts,  onze  fructidor.  Plaichaud.^i 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  619 


EXTRAIT  D'UNE  LETTRE  ECRITE  AU  COMITE  DE  SALUT  PUBLIC  PAR  L'AGENT  NATIONAL 
DU  DISTRICT  D^ÉTAMPES,  EN  DATE  DE  LA  DERNIERE  DÉCADF,  DE  NIVOSE,  ET  ENRE- 
GISTREE AU  BUREAU  DE  LWCTION   SOUS   LE   N°    lîio3  ^^K 

Je  VOUS  envoie  des  exemp'aires  (rune  adresse  aux  communes  pour  extirper  les 
dernières  fibres  du  fanatisme.  Je  vous  rendrai  compte  de  l'effet  qu'elle  aura  pro- 
duit. 

Pour  extrait  conforme. 

On  lit  en  marge  :  f  Renvoi  au  Comité  d'instruction  publique  le  17  pluviôse  Tan  a  de  la 
République  une  et  indivisible.  BiLLArD-\  arenne.-»  Et  plus  bas  :  -L'ordie  du  jour,  29  ven- 
tôse. V  j LLAR ,  président.  •> 

ha  pièce  qui  accompagne  cette  lettre  est  un  imprimé  de  six  papes,  que  nous  reprodui- 
sons ci-après  : 

LIBERTÉ.  ÉGALITÉ. 

EXTRAIT 
Oa   REGISTRE   DES  DÉLIBÉRATIONS  DU  DIRECTOIRE  DD  DISTRICT  D'ÉT\MPES. 

Spnncfi  fi/hli'quc  du  s-?  nivôse  d?  l'an  deuxième  de  la  République  une  et  indivisihle. 

L'agent  national  a  proposé  à  l'administration  une  adresse  aux  communes. 

Le  Conseil  ge'ne'ral,  adoptant  les  mesures  indiquées  par  Tagent  national,  arrête 
que  son  discours  sera  transcrit  sur  ses  registres,  qu'il  sera  imprinu»  et  envoyé 
aux  Sociétés  populaires  de  ce  district,  aux  communes  et  à  la  Con\ontion  na- 
tionale. 

Suit  la  teneur  de  l'adresse  : 

L'AGENT  NATIONAL   PRES  LE  DISTRICT  D'ETAMPES  A  LV\DMIMSTR\TION. 

De  (ouïes  les  parties  du  district  le  peuple  demande  la  lumière  :  apercevant  à 
travers  les  nuages  de  la  superstition,  dont  le  fanatisn;e  l'avait  enveloppé,  la  route 
du  bonl.eur.  il  demande  un  guide  :  nous  (pii  sommes  ses  magistrats,  nous  (pi'il  a 
placés  là  pour  régir  ses  intérêts,  hatons-nous  de  lui  porler  le  llambeau  de  la  rai- 
son :  ce  flambeau,  semblable  au  soleil,  portera  une  lumière  Nivitiante  qui  don- 
nera nu  peuple  la  force  de  briser  les  liens  dans  lesquels  il  gémit  encore,  et  dont  il 
aspire  depuis  si  longtemps  à  être  dégagé. 

Réduisons  au  silence  ces  bomines  hypocrites  (pii,  se  couvrant  du  mascpie  de  la 
vertu,  parle:it  sans  cesse  de  la  liberté  du  culte,  pour  abuser  les  gens  faibles;  ces 
liommes,  (jui  j;ulis  tournant  en  ridicule  les  momeiies  inventées  pnr  les  prêtres,  af- 
fectent aujourd'hui  un  attachement  inviolable  à  ce  cpi'ils  appellent  la  religion  de  lt'U'"S 

•^   Archives  nationales,  F",  carton  170.'^,  n"  iS/i-j. 


620       PROGKS-VERBAÏIX  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PURUIOUE 

pères;  meltons  à  (Idcoiivert  la  vilaine  aino  de  ces  hommes  perfides,  (pii  veuleut 
avec  le  mot  de  religion  metlre  la  division  entre  des  frères,  et  les  faire  poignarder 
les  uns  parles  antres.  Disons  à  nos  concitoyens  (jue  lenrs  vrais  amis,  ceux  qui 
aiment  la  religion  de  lenrs  pères,  sont  ceux  qni  praticpient  les  vertus  sociales,  ceux 
qni  s'occnpent  sans  i-elache  du  bonlienr  de  tous.  11  n'est  pas  besoin  de  dire  en 
qnoi  consiste  le  bonheur.  Tonthonune  (pii  descend  dans  son  cœur  y  reconnaît  que 
pour  être  heureux,  il  faut  vivre  unis,  il  faut  saci'ifier  ses  opinions  particulières  à 
l'intérêt  général. 

Un  peuple  qui  est  entré  en  révolution  pour  reconquérir  sa  liberté  et  reprendre 
la  jouissaïu'e  des  droits  inqirescriptibles  de  Fégalité,  dont  il  a  été  dépouillé,  ne  voit 
que  la  patrie:  il  sacrifie  tout,  son  existence  même,  à  la  patrie. 

Qui  ne  reconnaît  à  ces  traits  les  citoyens  du  district  d'Etampes;  ils  ont  tout  fait 
pour  la  Révolution;  rien  ne  leur  a  conté  :  la  patrie  a-t-elle  appelé  ses  enfants  pour 
la  défendre  contre  ses  ennemis  du  dehors  et  du  dedans,  à  l'instant  se  sont  formés 
les  bataillons;  tous  ont  demandé  des  armes  cl  la  présence  deFennemi  pour  le  com- 
battre; les  citoyens  qui  étaient  retenus  dans  leurs  foyers  soit  par  la  faiblesse  de 
l'âge,  soit  par  les  soins  domestiques  dus  à  leurs  familles,  soit  pour  les  besoins  in- 
térieurs de  la  Répubhque,  se  sont  empressés  à  l'envi  de  fournir  pour  nos  braves 
défenseurs,  et  pour  les  fra's  de  la  guerre,  de  l'argent,  des  souliers,  des  chenu'ses, 
des  bas,  du  vieux  linge  pour  les  blessés,  et  enfin  tous  les  objets  uliles  aux 
armées. 

Après  tant  de  sacrifices  pour  le  bonheur,  indiquons  à  nos  concitoyens  le  dernier 
pas,  et  ils  le  feront.  Disons-leur  : 

Citoyens  nos  frères, 

Vous  qui  avez  tout  fait  pour  la  patrie,  vous  mettrez  la  dernière  main  à  son 
bonheur  en  faisant  le  dernier  effort  qu'elle  attend  de  vous;  vous  avez  reconnu  que 
les  prêtres  étaient  des  imposteurs,  que  leur  ministère  n'était  qu'un  ministère  de 
mensonge  et  d'erreur;  vous  déclarez  que  vous  ne  voulez  vous  attacher  qu'à  la 
vraie  religion,  celle  dictée  par  la  raison  et  qui  commande  la  vertu;  soyez  consé- 
(|uents  dans  votre  marche  :  quand  on  reconnaît  qu'un  homme  a  tiompé,  on  doit 
rejeter  tout  ce  qui  vient  de  lui.  Abjurez  donc  les  môraeries  que  les  prêtres  ont  in- 
ventées, et  auxquelles  ils  ont  donné  pompeusement  le  nom  de  cérémonies  reli- 
gieuses. Cessez  l'exercice  public,  dans  les  églises,  d'un  culte  trop  longtemps  privi- 
légié et  dont  les  prêtres  ont  si  cruellement  abusé  dans  la  Vendée  :  que  chacun 
exerce  c'.ez  lui  le  culte  qu'il  croit  le  meifieur. 

Vous  reconnaissez  tous  que  chacun  est  libre  d'adopter  le  culte  qui  lui  plaît. 
Vous  ne  pouvez  révoquer  en  doute  que  chaqu?  citoyen  a  un  droit  égal  d'exercer 
son  culte  dans  l'église,  puisqu'elle  appartient  à  tous.  Jugez  actuellement,  si  chacun 
allait  en  même  temps  dans  l'église,  exercer  publiquement  son  culte,  quel  effet 
cela  produirait,  et  s'il  n'en  résulterait  pas  les  plus  grands  maux.  Ne  venez  pas 
nous  objecter  que  dans  votre  commune  tout  le  monde  est  du  même  avis  en  religion , 
vous  n'en  savez  rien,  et  il  suffit  d'un  seul  homme  qui  ne  le  soit  pas, pour  troubler 
la  paix  d'une  commune,  s'il  voulait  user  du  droit  qu'il  a. 

Une  autre  considération  non  moins  puissante  et  qui  vous  déterminera  :  ce  sont 


DE  LA  CONVENTION  NATIONALE.  621 

l<3s  pnUi'cs  (|ui,  par  leurs  agents,  vous  excitent  à  continuer  l'exercice  public  du 
culte;  ils  disent,  ces  ennemis  de  la  paix  et  du  bonheur  du  peuple  :  Tant  que  le 
peuple  restera  attaché  aux  cërëmonies  religieuses,  nous  le  tenons  entre  nos  mains. 
Il  s'ennuiera  de  faire  l'office  sans  prêfre.  Il  trouvera  que  l'office  sans  prêtre  n'a 
pas  autant  de  mérite.  Au  premier  moment  favorable  nous  nous  pre'senterons.  il 
nous  accueillera,  et  une  fois  que  nous  le  tiendrons  nous  lui  mettrons  des  cliaiiies 
si  pesantes,  et  nous  les  riverons  si  bien,  qu'il  ne  pourra  jamais  s'en  dégager. 

Au  nom  de  la  patrie,  au  nom  de  la  liberté  reconquise,  au  nom  de  l'égalité  qui 
s'établit,  au  nom  de  vos  intérêts  les  plus  chers,  cessez  l'exercice  public  d'un  culte 
qui  bientôt  vous  replongerait  dans  l'esclavage;  il  serait  la  source  des  plus  grands 
maux;  infailliblement  il  ferait  naître  parmi  vous  la  discorde,  cette  ar.Mie  dont  nos 
ennemis  ont  fait  un  si  cruel  usage  contre  nous  à  Lyon,  à  Toulon,  et  sans  laquelle 
les  Français  seraient  invincibles. 

Que  vos  églises  deviennent  les  temples  de  la  raison;  que  clicque  décade,  le 
mutin,  les  citoyens  s'y  rassemblent  pour  s'instruire  des  lois  et  des  év(''nemenls  de 
la  guerre;  que  là  chacun  s'occupe  du  grand  intéi'êt  de  la  Républiipie.  Oiiand  (oui 
le  peuple  aura  les  yeux  ouverts  sur  ceux  à  qui  il  confie  le  gouverneinrnt  de  llùat 
et  le  commandement  des  armées,  personne  n'osera  le  tromper,  ou  ,  si  (piel([u"un  i\ 
la  témérité  de  le  tenter,  ses  projeis  seront  déjoués  à  l'instant,  et  la  voiigoance  na- 
tionale en  fera  justice.  Que,  le  soir,  les  citoyens  se  rassemblent  encore  dans  le 
Temple  de  la  Raison,  pour  y  célébrer  par  des  chants  patrioliques,  des  jeux  et  des 
danses,  le  succès  des  armes  de  la  République. 

Que  vos  cloches  ne  sonnent  plus  que  pour  annoncer  aux  citoyens  qu'on  va  s'as- 
sembler dans  le  Templn  de  la  Raison,  s'y  occuper  des  grands  intérêts  do  la  Répu- 
blique, ou  de  l'intérêt  particulier  de  la  commune;  elles  vous  seront  encore  utiles 
pour  annoncer  à  vos  voisins  les  accidents  imprévus  qui  pourraient  survenir,  et 
pour  vous  assurer  de  leur  part  un  secours  prompt  et  réciproque. 

Bargx-Delisle. 

Pour  expédition  :  Seringk,  vice-président. 
Cros.mer.  secrétaire. 

A  Etainpes,  chez  Dupré,  imprimeur  du  district. 


m 


APPENDICE 


NOTE  SUR  LAKANAL  ET  SA  MISSION  A  BERGERAC. 

Lakanal  était  sorti  du  Comité  d'instruction  publique  pour  aller  en  mission  à  Ber{{(»rac, 
où  l'avait  envoyé  le  décret  collectif  du  17  du  premier  mois,  relatif  à  la  levée  extraordinaire 
de  chevaux;  il  resta  dans  la  Dordogne  jusqu'après  le  9  thermidor,  sauf  deux  courts  voyages 
à  Paris  en  nivôse  et  en  germinal. 

Donc,  pendant  plus  de  dix  mois,  Lakanal  ne  prit  aucune  part  aux  travaux  du  Comité  -'"', 
H  n'est  pas  sans  intérêt  d'indiquer  les  dates  essentielles  (pii  marquent  l'eniploi  de  son 
temps  durant  celte  période. 

Le  i3  brumaire  an  11,  il  écrit  de  Bergerac  à  la  Convention  qu'il  y  a,  tout  près  de  cette 
ville,  une  manufacture  d'armes  qui  peut  devenir  un  établissement  de  la  plus  haute  impor- 
tance :  il  propose  de  lui  donner,  en  faisant  couvrir  les  dépenses  par  les  «valets  de  couin 
du  département,  un  développement  considérable.  «Ln  mot,  et  je  fonde  à  Bergerac,  sans 
qu'il  en  coûte  une  obole  à  la  République,  la  plus  belle  de  ses  manufactures  d'armes. n 

Le  ah  brumaire,  à  la  lecture  de  cette  lettre,  la  Convention  décrète  l'établissement  d'une 
manufacture  d'armes  à  Bergerac  et  charge  Lakanal  de  s'en  occuper. 

Mais  le  27  brumaire,  la  Convention  décrète  que  la  mission  des  représeiitanls  du  peuple 
pour  la  levée  extraordinaire  de  chevaux  prendra  fin  le  10  frimaire,  et  qu'un  représentant 
du  peuple  sera  envoyé  auprès  de  chaque  armée  pour  y  procéder  à  l'enregistrement  des 
militaires  et  autres  citoyens  pour  le  service  des  troupes  à  cheval,  et  à  l'encadrement  des 
chevaux  dans  les  différentes  armes  :  Lakanal  est  désigné  pour  se  rendre  à  l'armée  de  l'Ouest, 

Le  5  frimaire,  Lakanal  écrit  de  Bergerac  à  la  Convention  qu'il  espère  en  peu  de  mois 
justifier  la  confiance  que  l'assemblée  lui  accorde  en  le  chargeant  de  suivre  l'établissement 
d'une  manuAicture  d'armes,  et  envoyer  le  premier  fusil  sans  tirer  un  sol  du  trésor  na- 
tional. En  même  temps  il  déclare  abjurer  la  prêtrise  et  le  traitement  que  les  lois  y  ont 
attaché. 

Cette  lettre  fui  lue  à  la  Convention  le  i3  frimaire;  l'assemblée  la  renvoya  au  Comité 
de  salut  public  et  en  ordonna  l'insertion  au  Bulletin. 

Comme  nous  l'avons  dit  dans  notre  tome  11  (p.  791),  la  lettre  du  5  frimaiie  ne  fui 
insérée  que  par  extraits  au  Bulletin  du  i3  frimaire;  les  rédacteurs,  après  avoir  n-prodifil 
les  détails  relatifs  à  la  manufacture  d'armes,  ont  omis  les  paragraphes  iclalils  aux  [)r.Mre> 
et  à  l'abjuration.  Mais  ces  paragraphes  —  nous  nous  en  sommes  aper(,"u  depuis  —  furent 
imprimés  un  mois  plus  taid,  dans  le  Bulletin  du  19  nivôse.  Nous  les  reproduisons  ici.  pour 
compléter  les  pièces  relatives  aux  abjiu'ations  des  membres  du  Comité  d'iuslructiou  [ui- 
bli(|ue  que  nous  avons  données  dans  notre  lonie  II  : 

^'^  11  faut  excepter  un  projet  de  décret  ([u'il  piesenl;i  à  la  (A>u\eiili(»n  le  nS  germinal 
an  11,  sur  une  colonne  à  ériger  au  Panthéon  (mi  counneniorarKui  de  h  journée  du  n>  aoùl 


62/i  APPENDICE. 

Article  de  la  lettre  du  ciloyen  Lahanal ,  représentant  du  peuple  dans  les  départements 
de  la  Dordogne  y  du  Bec  d'Ambès,  du  Lot  et  de  Lot-et-Garonne '•^^  omis  dans  la 
séance  du  u3  frimaire. 

raul-il  que  je  vous  parle  des  prêtres?  Agréez  pour  mon  excuse  plus  d'un  mil- 
lier pesanl  de  bel  argent  retire'  de  leurs  mains.  La  vieille  idole  du  fanatisme  n'était 
qu'à  demi  brisée  par  quatre  ans  de  Révolution;  des  femmes  ici  encensaient  encore 
ses  ponq)eux  accoulremenls.  J'ai  senti  que  le  trésor  public  [)ouvait  encore  se  rem- 
j)lir  de  ces  précieuses  futilités,  qui  nourrissaient  dans  (pielques  âmes  le  sommeil 
(le  la  raison  el  le  pouvoir  du  sacerdoce.  Je  vous  envoie  trois  riches  malles  de  vases, 
autrefois  sacrés.  Je  dois  avouer  que,  par  un  effort  qui  tient  du  prodige,  dociles  à 
ma  i'('quisilion,  les  curés  sont  venus  eux-mêmes  restituer  les  escroqueries  du  men- 
son{;e  et  les  ont  accompagnc'es,  les  uns  de  leurs  boucles,  les  autres  des  galons  des 
bahifs  dont  ils  s'allublaient  dans  leurs  jiieuses  mascarades.  Un  d'eux,  digne  d'être 
un  boinme  libre,  après  m'avoir  appo?'té  son  ci-devant  calice,  a  emprunté  d'un 
ministre  protestant  les  va^es  de  verre  de  son  culte.  J'ai  tout  fait  pour  connaître 
riiiq)ression  que  j)ouvait  produire,  au  moins  en  secret,  mon  opération  financière, 
(  t  je  me  suis  convaincu  (pi'elle  a  obtenu  un  assentiment  unanime. 

A  propos  de  prêtres,  qu'il  me  soit  pej'uiis  de  dire  deux  mots  de  moi. 

Dans  le  cours  de  la  maladie  la  plus  grave  que  j'aie  essuyée  de  ma  vie,  on  me 
fit  passer,  un  beau  matin,  à  travers  toutes  les  mômeries  sacerdotales,  depuis  ce 
qu'on  appelait  la  confirmation ,  jusqu'au  dornier  période  de  l'bypocrisie  bumaine, 
le  sacerdoce.  G'esl  peu,  dans  la  vie,  de  n'être  qu'un  jour  malade  d'esprit  et  de 
corps.  Depuis,  j'ai  été  exécré  par  tous  les  bourreaux  eu  étole,  tant  anciens  que  du 
nouveau  style.  La  députation  de  l'Ariège,  à  laquelle  j'appartiens,  attestera  qu'ils 
ont  employé  vainement  des  mesures  tortionnaires  pour  me  faire  sacrifier  au  men- 
songe. Je  n'ai  jamais  messe,  confessé,  etc.,  etc.  Ainsi,  je  n'ai  jamais  été  prêtre,  et 
tout  ce  qui  concerne  cette  borde  de  jongleurs  est  étranger  à  mon  ame  franche  et 
loyale.  Je  prie  la  Convention  nationale  de  regarder  cette  démarche  de  ma  part, 
moins  comme  une  abjuration  de  la  prêtrise  et  du  traitement  que  les  lois  y  oui 
attaché,  que  comme  une  justification  des  principes  que  j'ai  toujours  professés. 

Lakanal  ^^K 
La  députation  de  l'Ariège  atteste  ces  faits. 

Pourquoi  les  rédacteurs  du  Bulletin  ont-ils,  après  coup,  dans  le  numéro  du  19  nivôse, 
pliblié  celte  dernière  partie  de  la  lettre  de  Lakanal?  G'esl  évidemnient  Lakanal  lui-même, 
de  passage  à  Paris  à  celte  date,  qui  leur  a  demandé  de  le  faire. 

Le  C  frimaire,  le  lendemain  du  jour  où  il  avait  écrit  à  la  Convention  la  lettre  dont  il 

^')  Le  décret  du   17   du  premier  mois  comme  nous  l'avons  dit  (t.  II,  p.  791), 

sur  la  levée  extraordinaire  des  chevaux  avait  n'est  pas  aux  Archives  nationales.  M.  Aulard 

attribué  à  Lakanal  la  treizième  circonscrip-  l'a  retrouvé  au  Ministère  de  la  guerre  el  a 

lion ,  formée  des  quatre  départements  de  publié  le  texte  complet  de  la  lettre  dans  le 

la  Gironde,  de  Lot-et-Garonne,  du  Lot  et  Recueil  des  actes  du  Comité  de  salut  pu'Jic, 

de  la  Dordo|jne.  avec  la  correspondance  oj/icielle  des  repré- 

<'-^î  L'original  de  cette  lettre  de  Lakanal,  sentants  en  mission,  etc.,  t.  VllI,  p.  7o3. 


APPENDICE.  6:>5 

vient  d'être  question,  Lakanal  reçut  le  décret  du  97  brumaire.  Aussitôt  il  écrivit  de  nou- 
veau à  rassemblée,  pour  lui  demander  s'il  devait  obéir  au  décret  du  2/1  brumaire  et  rester 
à  Bergerac,  ou  à  celui  du  27  et  partir  pour  l'armée  de  l'Ouest. 

Chose  assez  singulière,  la  lettre  du  6  parvint  à  Paris  un  jour  avant  celle  du  5.  Elle  fut 
lue  à  la  Convention  dans  la  séance  du  1 2  frimaire ,  et  l'assemblée  décréta  que  Lakanal  res- 
terait à  Bergerac. 

Cependant  Lakanal  se  rendit  à  Paris  au  commencement  de  nivôse.  Ce  vovage  fut  mo- 
tivé par  une  dénonciation  qui  avait  été  faite  contre  lui  :  c'est  du  moins  ce  qui  résulte  de 
la  lettre  suivante,  écrite  de  Paris  par  Lakanal  (sans  date),  qu'on  trouve  dans  une  brochiue 
de  M.  F.  Clamageran  •')  : 

ÉGALITÉ.    LIBERTÉ.    FRATERNITÉ. 

PAI\    AUX    SANS-GCLOTTES,    GDERRE    AUX    MESSIEURS! 

Lakanal,  représentant  du  peuple,  à  ses  frères  de  la  Société  populaire  de  Bergerac. 

Mes  bons  amis, 

Les  Comités  de  salut  public  et  de  sûreté  générale  ne  veulent  recevoir  aucune 
espèce  de  justification  de  ma  part  que  lorsque  mes  ennemis  auront  démontré  qu'ils 
ont  fait  plus  de  bien  que  moi  au  peuple,  et  plus  de  mal  aux  messieurs,  aux  roya- 
listes, etc.,  etc.  J'ai  eu  beaucoup  de  peine  à  obtenir  indulgence  pour  mes  accu- 
sateurs. 

Voici  la  réponse  que  nous  allons  leur  faire,  m'ont  dit,  en  m'embrassant,  les 
membres  du  Comité  de  salut  public  :  nous  soupçonnons  que  la  Rochelle  et  Roche- 
fort  ont  des  intelligences  avec  les  ennemis  de  la  République  ;  nous  avons  besoin 
d'y  envoyer  un  montagnard  pur  et  patriote.  Tu  es  délégué  pour  remplir  celte  mis- 
sion délicate. 

L'arrêté  qui  me  délègue  est  signé  de  l'unanimité  des  membres  des  deux  Comités 
réunis  de  sûreté  générale  et  de  salut  public. 

Je  serais  parti,  mais  les  douze  commissaires  chai'gés  de  l'épuration  de  la  So- 
ciété des  Jacobins  viennent  de  me  nommer  pour  un  des  épuraleurs  qui  doivent  réor- 
ganiser celte  société  célèbre.  Je  suis  donc  encore  pour  quebpics  jours  à  Paris  ^'K 

'')   Le  conventionnel  Lakanal,  son  admi-  sages  ond)ai'rassauls  :  celui-ci  en  est  un.  Les 

nistration  dans  le  département  de  la  Dor-  commissaires  chargés  de  répuralion  des  Ja- 

dogne ,  par  F.  Clamageran,  ancien  rédac-  cobins,  nommés  le  6  frimaire,  étaient  au 

leur  en  chef  da  Républicain  de  la  Dordogne ;  nombre  de  quinze,  non  de  douze  (la  liste 

in-16,  Paiis,  Armand  Le  Chevalier,  187G.  donnée  par  le  Moniteur  contient  mémo  seize 

—  Celte  lettre  et  quelques  autres,  (jui  sont  noms  au  lieu  de  quinze).  Il   lauilrait  sup- 

également  reproduites  dans  la  brochure  ci-  poser  (juo   (juelques-uns   de   c^s  couuiiis- 

dessus,  ont  été  publiées  pour  la  première  saires  avaient  démissionné,  qu'il  n'en  ros- 

fois  en  i845,  dans  le  Journal  de  liergerac ,  lait  (pie  douze;  que  pour  se  compléter  ils 

par  l'auteur  anonyme  d'un  article  écrit  à  étaient  autorisés  à  recourir  au  procède  «le 

l'occasion  de  la  mort  de  Lakanal,  cpii  dl-  la  cooptation,  et  (pi'ils  s'étaient  on  cousé- 

sait  en    avoir   eu    les   originaux    entre   les  (pience  adjoint  Lakanal.  Mais  il  e-^l  singu- 

uiuins.   Que  sont  devenus   ces   originaux?  lier  (pie  h's  coiuptes-reudiis  des  stMuces  'le 

Nous  l'ignorons.  la  Société  des  Jacobins  ne  mentionnent  pos 

^^^  Cette  lettre  contient  plusieurs  pas-  une  seule  fois  le  nom  de  Lakanal  ;  non  seu- 

III.  '10 

iMi>MUi«ii:    xttioxiLr. 


62G  APPENDICE. 

J'ai  reçu  l'ordre  exprès  du  Comitd  de  salut  public  de  revenir  dans  le  départe- 
ment de  la  Dordogne  et  autres  environnants.  Toutes  les  Sociétés  populaires,  toutes 
les  administrations  princi[)ales  m'ont  demandé.  Je  ne  vous  dirai  pas  l'accueil  favo- 
ral)le  que  je  reçois  ici  de  tous  les  amis  sincères  du  peuple.  Mes  antagonistes  m'ont 
préparé  des  jouissances  bien  voluptueuses,  en  me  forçant  à  me  rendre  à  Paris.  Ils 
croyaient  me  perdre,  les  pauvres  gens  !  Ils  ne  ressemblent  pas  mal  à  ces  taupes 
qui,  remuant  un  coin  de  jardin,  croient  bouleverser  le  monde. 

Je  vous  embrasse  cbaudcment. 

Lakanal. 

Le  7  nivôse,  Lakaual  paraît  à  la  tribune  de  la  Convention,  et  y  fait  son  rapport  sur  la 
levée  extraordinaire  de  chevaux  [Journal  des  débats  et  des  décrets,  n''AG5,  p.  102;  Moni- 
teur Au  9  nivôso,  p.  398).  Le  même  jour  le  Comité  de  salut  public  prenait  un  arrêté  (men- 
tionné dans  la  lettre  ci-dessus)  portant  que  Lakanal  retournerait  dans  le  département  de 
la  Dordogne  pour  l'exécution  du  décret  du  1  ^  frimaire  sur  le  gouvernement  révolution- 
naire et  pour  continuer  les  opérations  relatives  à  la  fabrication  des  armes  (').  Le  lendemain, 
un  autre  arrêté  du  même  Comité  spécifia  diverses  dispositions  relatives  au  recrutement  des 
ouvriers  de  la  manufacture  d'armes  de  Bergerac  ^^). 

Le  9  nivôse,  le  grand  arrêté  collectif  qui  désignait  cinquante-buit  représentants  pour 
établir  le  gouvernement  révolutionnaire  dans  les  départements  attribuait  à  Tallien,  Tsa- 
beèu  et  Lakanal  les  départements  du  Bec-d'Ambès  et  de  la  Dordogne  ^^\  Quant  à  l'arrêté 
des  Comités  de  salut  public  et  de  sûreté  générale  réunis,  qui  délègue  Lakanal  dans  la 
Charente-Inférieure  pour  y  rempHr  une  mission  «délicate??,  arrêté  dont  il  est  question 
dans  la  lettre  de  Lakanal,  il  n'existe  pas  aux  Archives  nationales. 

Le  même  jour,  9  nivôse,  Lakanal  paraît  encore  une  fois  à  la  Convention.  Un  citoyen, 
envoyé  par  les  autorités  constituées  de  Ribérac,  s'était  présenté  à  la  barre  pour  demander 
des  subsistances.  Lakanal  affirma  que  ce  n'était  pas  là  le  vrai  motif  de  la  mission  du  dé- 
légué; il  se  plaignit  des  obstacles  qu'il  avait  rencontrés  à  Bergerac,  et  dénonça  Limousin, 
ancien  membre  de  la  Législative.  La  dénonciation  de  Lakanal  et  la  pétition  du  délégué  de 
Bibérac  furent  renvoyées  au  Comité  de  sûreté  générale. 

Lakanal  était  de  retour  à  Bergerac  peu  de  jours  après.  Il  adressait  de  là,  le  28  nivôse, 
à  la  municipahté  de  Périgueux  une  lettre  publiée  par  M.  Glamageran,  pour  lui  demander, 
entre  autres,  si  les  secours  publics  étaient  organisés,  si  les  écoles  primaires  étaient  en  ac- 
tivité (*\  et  s'il  serait  facile  de  fonder  à  Périgueux  une  maison  d'économie  rurale  et  une 
bibliothèque  populaire. 

Vers  la  fin  de  germinal,  Lakanal  se  trouve  de  nouveau  à  Paris,  et  présente  à  la  Con- 
vention, le  28,  un  projet  de  décret  sur  une  colonne  à  ériger  au  Panthéon  à  la  mémoire 
des  citoyens  morts  pour  l'égahté  le  10  août  1792  ,  projet  déjà  arrêté  par  le  Comité  d'in- 

lement  il  n'est  pas  indiqué  comme  ayant  ^'^  Aulard,  Recueil  des  actes  du  Comité 

fait   partie   des   commissaires  épurateurs,  de  salut  public,  t.  IX,  p.  689. 
mais  son  nom  ne  figure  pas  même  parmi  ^-^^  Ibid.,  p.  721. 

ceux  des  députés  qui  ont  passé  à  l'épura-  ^^^  Ibtd.,  p.  7^6. 

tion.  Lakanal  ajoute  qu'il  restera  quelques  ^^^    La    municipalité    répondit    qu'elle 

jours  de  plus  à  Paris,  à  cause  des  fonctions  n'avait  pas  encore  reçu  le  décret  du  29  fri- 

que  la   Société  des  Jacobins  lui   a   con-  maire,  mais  qu'en  vertu  d'un  arrêté  du  rc- 

fiées  :   or  l'épuration    fut    une    opération  présentant  Roux-Fazillac,  du  21  frimaire, 

fort    longue,    qui    se   prolongea  jusqu'en  les   instituteurs    avaient   commencé    leurs 

ventôse.  cours  le  ai  (frimaire  ou  nivôse?). 


APPENDICE.  627 

struction  publique  le  9  septembre  1798  (voir  notre  tome  II,  p.  370).  Mais  il  retourne  en- 
suite à  Borgerar,  pour  y  séjourner  encore  près  de  quatre  mois.  Ce  sera  seulement  le  91  ther- 
midor qu'il  fera  sa  rentrée  définitive  à  la  Convention  nationale  et  au  Comité  d'instruction 
publique. 


II 

M.  Constant  Pierre,  dans  son  livre  B.  Sarrette  et  les  origines  du  Conservatoire  national 
de  musique  et  de  déclamation  (Paris,  Delalain,  1890),  dit  qu'il  a  inutilement  cherché  aux 
Archives  nationales,  dans  les  cartons  contenant  les  pièces  annexes  des  procès-verbaux  ma- 
nuscrits de  la  Convention  (G  377-280) ,  la  pétition  présentée  à  la  Convention  le  18  bru- 
mnire  an  11  par  les  musiciens  de  la  garde  nationale,  mais  qu'il  en  a  par  bonheur  découvert 
une  copie  dans  le  carton  Dxxxvni,  2,  ce  qui  lui  a  permis  de  publier  le  texte  de  ce  docu- 
ment important  pour  l'histoire  des  origines  du  Conservatoire.  Si  M.  Pierre  n'a  pas  trouvé 
la  pièce  qu'il  cherchait,  c'est  qu'elle  n'est  pas  en  effet  dans  la  série  C;  elle  se  trouve  dans 
F'^  carton  1007,  n"  1275  :  c'est  l'original  même  de  la  pétition,  portant  les  signatures 
autographes  de  Gossec  et  Sarrette,  et  l'ordre  de  renvoi  au  Comité  d'instruction  publique 
signé  Merlin.  Elle  est  accompagnée  d'une  autre  pièce,  la  délibération  du  Conseil  général 
de  la  commune  de  Paris,  en  date  du  1^  brumaire,  arrêtant  qu'une  députation  du  Conseil 
accompagnera  les  musiciens  de  la  garde  nationale  à  la  Convention  le  1 8  brumaire  :  cette 
seconde  pièce  détermine  la  date  de  la  séance  du  Conseil  général  dans  laquelle  les  musiciens 
vinrent  annoncer  leur  intention  de  présenter  une  pétition  à  la  Convention  et  prièrent  les 
représentants  de  la  commune  de  les  appuyer. 

Le  texte  publié  par  M.  Pierre  présente,  dans  les  premiers  alinéas,  plusieurs  fautes  graves, 
dues  sans  doute  à  des  erreurs  de  copie.  En  outre,  le  dixième  alinéa  a  été  complètement 
remanié;  les  onzième,  douzième,  treizième,  quatorzième  et  quinzième  alinéas  ne  se  trouvent 
pas  dans  le  document  original,  et  ont  été  ajoutés  après  coup. 

Nous  reproduisons  ci-après  le  texte  do  la  pétition  originale  et  celui  de  la  délibération  du 
Conseil  général,  ces  deux  documents  n'ayant  pas  été  donnés  dans  notre  tome  II  : 

GARDE  COMMUNE  DE  PARIS. 

NATIONALE.  

Corps 
de  musique.  Le  octodi  (sic)  a'""  de  Brumaire  l'au  second  de  la  Républi([ue  Irançaise. 

LE   CORPS   DE   MUSIQUE   DE   LA    GARDE   NATIONALE   PARISIENNE 
À    LA    CONVENTION   NATIONALE. 

Représentants  du  peuple, 

Le  corps  de  musicpie  de  la  g-ai'de  nationale  parisienne,  formé  par  la  réunion 
des  [)rcniiers  artistes  de  rKuroj)e,  dans  le  g-enre  des  inslrument^  à  vent,  sollicite 
l'élablisseincMil  d'un  Institut  national  de  nnisique,  dans  lequel,  sous  les  auspices 
de  la  Répul)li(pie,  ces  menues  artistes  puissent  accroître  et  perpétuer  les  connais- 
sances que  Pélude  leur  a  l'ait  ac((uérir. 

L'inléret  public,  intimement  lié  à  celui  des  arts,  n'clamt*  impérativement  v\  leiii* 
faveur  la  protection  nationale. 


628  APPENDICE. 

Il  doit  s'aiieanlii'  enfin,  cet  engourdissement  honteux,  dans  lequel  ils  lurent 
plongés  par  la  lulle  impuissante  et  sacrilège  du  despotisme  contre  la  liberté. 

Elle  est  victorieuse  î  son  triomphe  doit  être  dans  nos  fastes  Tépoque  assurée  de 
la  renaissance  des  beaux-arts  dont  elle  est  l'essence. 

L'un  d'eux  qui,  dans  les  combats,  soutient  et  anime  par  ses  accents  l'énergie 
(les  défenseurs  de  l'égalité,  la  musique,  ornera  ce  triomphe,  et  dans  le  calme  bien- 
faisant de  la  paix  en  célébrera  le  souvenir. 

L'âme  des  Français,  rendue  à  sa  grandeur  première,  ne  doit  plus  être  amollie 
par  des  sons  efféminés  dans  des  salons,  ou  dans  des  temples  consacrés  par  Timposture. 

La  divinité  de  la  République  est  la  Liberté,  son  temple  est  l'Univers;  c'est  sous 
la  voûte  céleste  que  doit  se  célébrer  son  culte.  Nos  places  publiques  seront  désor- 
mais nos  salles  de  concert. 

Le  corps  de  musique  de  la  garde  nationale  se  présente  sous  deux  aspects  prin- 
cipaux d'utilité  :  Institut  national ,  et  exécution  dans  les  fêtes  publiques.  Sous  le  rap- 
port de  l'instruction,  le  résultat  obtenu  depuis  dix  mois,  dans  l'essai  de  l'école  de 
musique,  formée  sous  les  auspices  de  la  municipalité ,  indique  suffisamment  ce  qu'un 
établissement  de  ce  genre,  développé  par  de  plus  puissants  moyens,  peut  devenir. 

C'est  dans  le  sein  de  cet  Institut  national  que  se  formeront  les  artistes  si  néces- 
saires à  l'exécution  des  fêtes  nationales  ;  placés  au  centre  de  la  République ,  trois  à 
quatre  cents  musiciens,  distribués  dans  les  fêtes  qui  y  sont  célébrées,  y  imprime- 
ront le  caractère  et  l'énergie.  Ils  se  répandront  successivement  dans  tous  les  points 
de  la  République;  les  départements,  comme  le  point  central,  auront  aussi  leurs 
moyens  d'exécution,  pour  solenniser  les  époques  mémorables  de  notre  régénéra- 
tion. Alors  la  nation  formera  plus  facilement  les  corps  de  musique  qui  animent  aux 
combats  nos  phalanges  républicaines. 

L'art  de  la  musique  sera  conservé  par  l'émulation.  Ce  n'est  point  ici  un  rassem- 
blement académique,  stagnant  dans  la  boue  de  l'ignorance  et  de  la  présomption; 
c'est  une  réunion  fraternelle  et  active  d'artistes  travaillant  de  concert  sans  jalousie, 
et  n'étant  dirigés  que  par  le  désir  de  porter  au  dernier  degré  les  connaissances  de 
leur  art. 

Formé  de  soi-même  au  milieu  des  orages  de  la  Révolution ,  et  régi  par  les  prin- 
cipes sacrés  de  la  liberté  et  de  l'égalité ,  le  corps  de  musique  de  la  garde  natio- 
nale, remphssant  avec  zèle  ses  devoirs  civiques,  a  néanmoins  su  cultiver  son  art 
et  se  rendre  digne  d'obtenir  de  la  confiance  nationale  une  place  dans  l'instruction 
publique. 

Au  nom  du  corps  de  musique  de  la  garde  nationale  parisienne  ; 

GossEC ,  maure  de  musique  du  corps.          Sarrette  ,  commandant. 
Octodi  a""*  de  brumaire ,  an  deuxième  de  la  République  une  et  indivisible. 

On  lit  en  marge  :  «Renvoyé  au  Comité  d'instruction  publique  le  18  Brumaire  Tan  2  de 
la  Rép.  fr.  —  Merlin.»  Et  au  haut  de  la  pièce  :  «Instruction  publique,  18  brumaire.  Re- 
mise le  1  a  ou  1,')  au  carton.» 

A  la  pétition  est  joint,  sur  une  autre  feuille,  l'extrait  du  registre  des  délibérations  du 
Conseil  général.  Voici  celte  seconde  pièce  : 


APPENDICE.  G29 

COMMUNE  DE  PARIS. 


Paris,  le  k"  jour  de  la  9*  décade  du  mois  Brumaire  de  l'an  second 
de  la  République  française  une  et  indivisible. 

Extrait  du  registre  des  délibérations  du  Conseil  général. 

Le  Conseil  géiërai,  après  avoir  enlendu  une  dëputalion  des  citoyens  artistes  des 
sections  armées  de  Paris,  laquelle  a  présenté  une  pétition  tendante  à  ce  que  le 
Conseil  nommât  une  députalion  pour  accompag^ner  cesdils  artistes  à  la  Convention 
à  l'effet  de  demander  que  l'établissement  de  la  musique  de  la  force  armée  de  Paris 
devînt  un  établissement  national  ;  considérant  qu'à  toutes  les  époques  de  la  Ré- 
volution, ces  artistes  ont  donné  des  preuves  non  équivoques  de  leur  civisme  et  de 
leur  dévouement  à  la  commune  de  Paris,  déclare  que  les  citovens  arlistes  des  sec- 
tions armées  de  Paris  ont  bien  méiité  de  la  commune,  et,  faisant  droit  à  leur  péti- 
tion, arrête  qu'une  députation  du  Conseil  général  accompagnera  lestlits  artistes  à 
la  Convention  le  dix-huitième  jour  de  brumaire  de  l'an  2"  de  la  Réj)ubliqiie. 

Signé  :  Ldbix,  vice-président  ; 

DoRAT-CuBii:RES ,  secrétttire-grejîer  adjoint. 

Pour  extrait  conforme  : 

DoRAT-CuBiiîRES ,  secrélaire-grpjipr. 


ni 

Parmi  les  communes  qui  changèrent  de  nom  en  l'an  11,  on  cile  fréquemment  celle  de 
Saint-Maximin  (Var),  qui  adopla  le  nom  de  Marathon  (').  Barras  rapporte  (Mémoires,  t.  I", 
p.  118)  que  Lucien  Bonaparte,  alors  garde-magasin  dans  cette  ville,  rdonl  il  était  la  ter- 
reur et  l'orateur  perpétuel  à  la  Société  populaires,  fut  l'instigateur  de  ce  cbangement  de 
nom.  Nous  avons  retrouvé  (^)  la  pétition  que  la  Société  populaire  de  Saint-Maximin  adressa 
à  ce  sujet  à  la  Convention  le  95  brumaire,  et  qui  fut  ronvoyée  au  Comité  d'iiistrurlion 
publique  le  21  frimaire;  cette  pétition  n'est  mentionnée  ni  dans  les  procès-verbaux  do  l'as- 
semblée, ni  dans  ceux  du  Comité. 
Voici  cette  pièce  : 

De  Saint-Maximin,  le  a 5  brumaiie  l'an  y 
de  la  République  une  et  indivisible. 
Représentants , 

Vous  avez  décrété  que  les  villes  qui  portent  des  noms  superstitieux  devaient  en 
clianger. 


^'^  Le  nom  de  Marathon  l'ut  clioisi  éga-  renvoyée  au  Comilé  d'inslruclion  pul>li(|ue 

lement  par  une  autre  comuunie,  celle  de  porto  la  date  du  i()  briiuiairenn  11  i^Arcliives 

Caslillonnès( Lot-et-Garonne):  sow  Procès-  nationales,  K '',  carton  1  007,  n"  t-j;;^). 
verbaux  de  la  Convention,  t.  XVIH  ,  p.  'Sh\.  ^*)   Arcbives  nationales,  F'",  carton  t  008  , 

La  pétition  des  habitants  de  Caslillonnès,  n"  i3/ii. 


630  APPENDICE. 

Les  sans-culottes  de  Saint-Maximin  ont  toujours  saisi  avec  avidité  tout  ce  qui 
peut  contribuer  à  ia  ruine  des  préjuges  religieux  et  royalistes  :  à  la  voix  de  Bar- 
ras ,  les  trésors  qui  entouraient  les  restes  de  la  Magdeleine  et  de  ses  amis  s'ache- 
minent déjà  vers  votre  barre. 

Vous  nous  faites  penser  au  nom  que  nous  portons;  et  soudain,  prompts  à 
suivre  la  voix  sacrée  de  la  Montagne,  nous  prenons  celui  d'un  de  ses  plus  fermes 
pitons. 

Marathon  est  le  nom  que  nous  avons  pris  :  ce  nom  sacré  nous  rappelle  la  plaine 
athénienne  qui  devint  le  tombeau  de  cent  mille  satellites:  mais  il  nous  rappelle  avec 
encore  plus  de  douceur  la  mémoire  de  l'Ami  du  peuple.  Maral  est  tombé  victime 
des  fédéralistes  et  des  intrigants.  Puisse  le  nom  que  nous  prenons  contribuer  à 
éterniser  ses  vertus  et  son  civisme. 

Nous  attendons  votre  sanction;  et  nous  finissons  par  inviter  à  sévir  contre  ceux 
d'entre  vous  qui  pourraient  encore  témoigner  de  inodérantisme  :  les  traîtres  I  ils 
nous  prêchaient  la  loi .  .  .  Et  c'était  en  nous  la  prêchant  qu'ils  dirigeaient  les  poi- 
gnards de  la  mort  dans  le  sein  de  notre  ami. 

Gastaud,  vtce-préstdenl  ; 
Bertin,  secrétaire; 
Ricard  ,  secrétaire. 

On  ht  en  haut  de  la  pièce  :  «Reçu  le  19  frimaire  de  l'an  2%  n"  gSGon.  Et  en  marge  : 
«Renvoyé  au  Comité  d'instruction  publique  par  celui  des  pétitions,  le  21  frimaire  l'an  9 
de  la  Répnbhque.  Jay.w 

Lucien  Bonaparte,  qui  était  président  de  la  Société  populaire,  n'a  pas  signé  :  mais  il 
n'en  est  pas  moins  probable  que,  comme  le  dit  Barras,  il  a  été  le  véritable  auteur  de  la 
pétition. 

IV 

jNous  avons  trouvé  dans  les  cartons  du  Comité  d'instruction  publique  la  lettre  sui- 
vante ^^\  dont  il  n'est  fait  aucune  menlion  dans  les  procès-verbaux  de  ce  Comité. 

Cette  lettre,  relative  à  une  mission  en  Corse,  est  signée  Buonarroti  et  Buonaparte. 
Philippe  Buonarroti  avait  été  chargé  en  juillet  1798  d'une  mission  dans  les  départements 
corses  par  le  Conseil  exécutif  provisoire;  il  fut  arrêté  par  les  insurgés  lyonnais,  et,  une 
fois  remis  en  liberté,  se  rendit  dans  le  Midi.  Joseph  Bonaparte,  qui  avait  fait  un  voyage 
à  Paris  en  juin  1798,  fut  adjoint  à  Buonarroti,  soit  dès  cette  époque,  soit  plus  tard  en 
nivôse.  L'expédition  qu'on  avait  projeté  d'envoyer  en  Corse  éprouva  des  retards,  par  suite 
du  siège  de  Toulon  d'abord,  puis  par  diverses  circonstances.  Au  moment  oîi  fut  écrite  la 
lettre  qu'on  va  lire,  Buonarroti  et  Joseph  Bonaparte  étaient  occupés,  à  Toulon,  à  surveiller 
les  armements  préparatoires.  (Voir  Iung,  Bonaparte  et  son  temps,  tome  11,  p.  AaS.) 

Voici  cette  pièce  curieuse  : 

^')  Archives  nationales,  F",  carton  1708,  n"  1880. 


APPENDICE.  631 

Au  Pott  do  la  Montagne,  le  3'  pluviôse  an  2 
de  la  République  une  et  indivisible. 

Les  commissaires  du  Conseil  executif  en  Corse  approuve's  par  le  Comité 

de  salut  public, 

Au  Comité  d'instruction  publique  de  la  Convention  nationale. 

Nous  venons  d'écrire  au  ministre  de  Tintérieur  j)our  un  objet  qui  intéresse  es- 
sentiellement les  départements  de  l'île  de  Corse. 

Il  est  désormais  notoire  que  la  maladie  des  Corses  est  l'ignorance  ;  il  n'y  a  jamais 
eu  dans  l'île  de  Corse  d'autres  bibliotbèqnes  que  celles  des  couvents,  où  on  ne 
peut  absolument  trouver  que  des  livres  de  théologie  et  quelques  anciens;  les  par- 
ticuliers n'ont  pas  le  goût  des  livres,  et  pas  même  un  bon  magasin  de  livres 
n'existe  en  Corse. 

La  trahison  des  Toulonnais  et  des  rebelles  de  Marseille  met  à  la  disposition  de 
la  nation  une  quantité  de  bons  livres  :  nous  avons  vu  dans  cette  circonstance  une 
occasion  favorable  pour  l'instruction  des  départements  où  nous  sommes  envoyés, 
et  nous  avons  demandé  aux  représentants  du  peuple  qui  sont  ici  de  faire  faire  un 
choix  de  ces  livres  et  d'en  ordonner  le  transport  en  Corse  pour  y  établir  des  bi- 
bliothèques. 

Ces  représentants,  tous  deux  Corses  (Saliceti  et  Moltedo),  nous  ont  paru 
craindre  qu'on  ne  vît  dans  une  pareille  démarche  une  affection  partielle  (sic)  pour 
leur  pays  natal,  et  nous  ont  semblé  désirer  que  cette  mesure  fut  adoptée  par  un 
pouvoir  supérieur. 

Il  est  superflu  de  vous  démontrer  l'utilité  de  notre  demande  :  la  Corse  est  le 
pays  le  plus  ignorant  de  la  Répubhque  et  celui  qui  a  le  moins  de  moyens  d'in- 
struction; si  l'on  veut  y  consolider  la  hberté  et  le  rendre  véritablement  français, 
il  faut  que  les  lumières  y  arrivent  par  torrents. 

Cette  occasion  ne  se  présentera  pas  de  longtemps  ;  lorsque  les  livres  dont  nous 
parlons  seront  perdus  ou  auront  eu  une  disposition  quelconque,  il  deviendra  né- 
cessaire de  dépenser  une  forte  somme  pour  donner  à  la  Coi'se  des  bibliothèques, 
qui  aujourd'hui  coûteraient  fort  peu. 

Cette  idée  entre  dans  le  plan  que  vous  venez  de  présenter  à  la  Convention  na- 
tionale :  nous  vous  prions  de  vous  concerter  avec  le  ministre  de  l'intérieur  et  le 
Comité  de  salut  public,  pour  la  faire  adopter. 

Salut  et  fraternité. 

BUONAIIUOTI.  RlONAPAHTF. 

La  pièce  est  d'une  anire  main  «jue  rollc  des  deux  signalaiies.  Eilenoporlo  auriif)i>  anno- 
lalion  on  marge. 


Le  5  pluviôse  an  11,  Tlu'MM'sia  (ïabarrus,  ri-devant  comtesse  de  Fonlenay,  avait  tTiil  à 
un  meuibrc  du  (lomilé  do  salut  piddic  pour  lui  onvoyor  im  Discours  sur  l'éducation  .  com- 
posé par  elle  et  lu  dans  le  'rouipio  (\o  la  Uaisoii ,  à  i^)rdi'aux.  lo  10  uivôso;  ou  uumuo  toiup^, 


632  APPENDICE. 

elle  sollicitait,  au  nom  du  représentant  Ysabeau,  un  service  au  sujet  de  l'acquisition  d'un 
bien  national,  le  prieuré  de  Saint-Paul,  qu'Ysaheau  désirait  acheter.  Nous  ne  savons  pas 
quel  est  le  menibro  du  Comité  de  salut  public  auquel  la  lettre  de  Thérésia  Cabarrus  était 
adressée. 

Cette  lettre  fut  renvoyée,  à  cause  du  Discours  sur  l'éducation  qui  l'accompagnait,  au 
Comité  d'instruction  publi(|ue,  à  la  date  du  19  pluviôse.  Les  procès-verbaux  du  Comité 
d'instruction  publique  n'on^lonl  pas  mention;  la  lettre  et  la  brochure  ne  furent  pas  re- 
mises à  un  rapporteur,  mais  simplement  enregistrées  sous  le  n°  1660  et  placées  dans  les 
cartons  du  Comité,  où  nous  les  avons  retrouvées  (F",  carton  1008''). 

La  lettre  est  d'une  écriture  fine,  nette  et  menue.  Nous  conservons  l'orthographe  et  la 
ponctuation  de  l'original  : 

Bordeaux,  ce  5  pluvios  L'an  deux. 

Huit  mois  d'absence,  et  mille  circonstances  en  détruisant  la  Société  du  pavillon 
laboissière  auront  sûrement  anéanti  le  faible  souvenir  d'une  ancienne  Connais- 
sance, vous  aurez  oublié  les  jeux  que  votre  esprit  embellissoit  et  celle  qui  y  ap- 
plaudissoit; .  .  les  absents  ont  toujours  tort  à  dit  je  ne  sais  qui ,  moi  qui  n'aime  pas 
les  on  dit  je  veux  vous  empêcher  de  prononcer  cette  sentence ,  et  de  peur  que  las 
de  me  lire  sans  me  deviner  vous  n'en  portiez  une  plus  sévère,  je  me  hatte  de  vous 
dire  que  la  griffonneuse  se  nomme  Cabarrus  Fontenay,  et  qu'elle  à  eu  L'avantage 
de  vous  voir  souvent  chez  la  cit.  Jully  —  une  gageure  à  gagner  ma  fait  faire  un 
discours  sur  L'éducation  je  prends  la  liberté  de  vous  L'envoyer,  Lu  par  un  de  vos 
collègues  au  temple  de  la  raison  qui  ce  jour  là  céda  sa  place  à  L'indulgence ,  il  va 
reclamer  la  votre,  si  le  nombre  et  L'utilité  de  vos  occupations  vous  permettent  de 
jetler  les  yeux  sur  cet  essai  d'une  plume  mal  taillée  — 

le  citoyen  Isabeau  en  me  chargeant  ainsi  que  ie  citoyen  Tallien  de  le  rappeler 
à  votre  souvenir,  veut  aussi  que  je  sois  son  avocat  près  de  vous  pour  L'acquisition 
du  prieuré  de  S'  paul.  .  .  jai  eu  beau  lui  représenter  qu'indiscrette  et  importune 
j'aurois  peut-être  besoin  de  son  nom  pour  me  faire  excuser,  il  à  fallu  prendre  la 
plume.  .  .  et  vous  dire  assez  mai  ce  quil  ma  très  bien  expliqué.  .  .  le  prieuré 
convient  à  son  âge,  à  ses  goûts;  vous  combleriez  ses  vœux  sa  félicité  en  lui  cédant 
un  bien  qui  ne  peut  ajoutter  a  la  votre,  et.  .  .  mais  en  voila  assez  si  vous  y  con- 
sentez et  trop  si  vous  devez  refuser  =  recevez  de  nouveau  mes  excuses  pour  cet 
indéchiffrable  griffonnage  croyez  à  L'estime  et  aux  sentiments  fraternels 

de  Therèsia-CABARKus-FoNTENAY. 

Vous  demander  deux  mots  de  réponse  seroit  peut  être  beaucoup,  mais  veuillez 
vous  ressouvenir  Citoyen,  qu'Isabeau  compte^sur  un,  et  que  par  L'autre  vous  obli- 
geriez infiniment  votre  importune. 

On  lit  en  tête  le  luiméro  d'enregistrement  du  Comité  de  salut  pubHc  :ff6.  R.,  n°  55^o». 
A  droite  :  «R.  le  i3  pluviôse?'. 

En  marge  :  cf  Renvoi  au  Comité  d'instruction  publique  le  19  pluviôse  l'an  2  de  la  Ré- 
publique une  et  indivisible.  Collot  d'Herbois,  Billaud-Varemse.» 

La  brochure  est  un  petit  in-8°  de  huit  pages,  imprimé  à  Bordeaux,  chez  Jean-Baptiste 
Cavazza,  rue  des  Ayres,  n"  â,  près  du  Grand-Marché.  L'exemplaire  des  Archives  nationales 


APPENDICE.  G33 

porte  en  marge  quelques  corrections  faites  de  la  main  de  l'auteur,  rectifiant  des  erreurs 
typographiques.  Voici  le  contenu  de  cet  opuscule,  auquel  Tallien  a  sans  doute  collaboré  : 


DISCOURS  SUR  L'ÉDUCATIO^',    PAR   LA    CITOYEMVE   TIIKRESIA   CABARRUS-FOMEN  A  Y, 

Lu  dans  la  séance  tenue  au  Temple  de  la  Raison  de  Bordeaux ,  le  premier  décadi  du 
mois  de  nivôse ,  jour  de  la  Fête  nationale,  célébrée  à  l'occasion  de  la  reprise  de 
Toulon  par  les  armes  de  la  République ,  imprimé  d'après  la  demande  des  citoyens 
réunis  dans  ce  Temple. 

Sans  prétendre  remplir  avec  g-ioire  la  taclie  pénible  que  je  m'impose,  comptant 
pins  sur  l'indulgence  de  mes  auditeurs  que  sur  mes  moyens,  je  vais  essayer  de 
tracer  l'esquisse  rapide  d'un  plan  d'éducation  pour  ia  jeunesse;  je  vais  jeter  au  ha- 
sard quelques  idées;  heureuse  si,  par  le  sacrifice  de  mon  amour-propre,  je  j)eux 
mériter  les  suffrages  des  âmes  sensibles  et  des  bons  citovens. 

Beaucoup  d'auteurs  ont  paru  dans  cette  carrière  difficile  ;  beaucoup  de  philo- 
sophes célèbres  se  sont  occupés  de  former  à  la  vertu  de  jeunes  élèves  que  leurs 
sages  leçons  devaient  éclairer,  mais  aucuns  d'entre  eux  n'étaient  à  la  hauteur  des 
événements  qui  se  succèdent  aujourd'hui;  presque  tous  resserrés  par  d'antiques 
préjugés,  influencés  par  eux,  n'ont  pu  laisser  prendre  à  leur  imagination  cet  essor 
vers  la  vérité,  qui  peut  seul  former  des  héros;  je  dis  plus,  des  hommes  faits  pour 
habiter  une  République.  Ce  flambeau  sublime,  nommé  Raison,  ne  jetait  plus 
qu'une  faible  lueur;  le  génie  était  entravé,  enchaîné  par  le  despotisme;  les  vertus 
qui  constituent  le  grand  homme  étaient  étouffées  dès  leur  naissance;  le  vice  seul 
triomphait.  Pour  qui  auraient-ils  écrit?  Et  comment  auraient-ils  pu  écrire?  <rLes 
enfants,  disait  le  sage  Locke  ,  doivent  être  propres  à  être  élevés  avant  que  l'on 
puisse  songer  à  leur  éducation.  r> 

La  première  doit  être  physique,  consacrée  seulement  à  cette  partie  de  leur  exis- 
tence, et  si  leurs  jeunes  cerveaux  sont  propres  parleur  souplesse  à  recevoir  toutes 
sortes  d'impressions,  poui-quoi  fatiguer  leur  imagination  de  choses  qui  ne  sont 
pas  à  leur  portée?  Pourquoi  ensevelir  leurs  idées  dans  une  foule  de  mots  (pi'ils  ne 
comprennent  pas?  Pourquoi,  contrariant  la  nature,  chercher  à  greffer  sur  ces 
jeunes  arbrisseaux  des  plantes  étrangères,  dont  la  sève  trop  forte  entraîne  la  des- 
truction de  ce  nouvel  essai  d'habitudes  nuisibles  ;i  l'humanité? 

Mères  de  famille,  respectez,  chérissez  le  titre  (]ue  la  nature  vous  donne;  rem- 
plissez avec  une  exactitude  scrupuleuse  les  devoirs  qu'elle  vous  impose  envers  vos 
enfants;  rappelez -vous  qu'une  mère  insouciante  et  cou[)able  est  une  calamit(' 
publique,  que  la  société  doit  punir  de  tout  son  mépris,  que  c'est  un  monstre 
([u'elle  doit  extraire  de  son  sein;  ressouvenez-vous  qu'il  n'est  point  de  détails,  de 
soins  qui  ne  soit  précieux  pour  cet  a}';e,  où  tout,  jusipi'à  l'existence,  est  un  tra\ail: 
n'accablez  point  leur  triste  et  stérile  enfance  des  fatras  d'un  régime  proscrit  par 
la  philosophie,  et  dont  le  tenq)s  a  tin*  une  juste  ven};eance;  nonriissez  les  jeunes 
tètes  de  toutes  les  idées  relatives  h  l'état  de  l'homme;  ([ue  toutes  celles  qui  peuvent 
leur  servir  un  jour  de  principe  et  de  nw^lhod»'  pour  une  condnih>  irréprochable 
s'y  gravent  en  cai-actèi'es  ardents  et  ineffaçables,  et  vous  aurez  créé  le  thermomètre 


6U  APPENDICE. 

de  leur  bonheur  pour  l'âge  où  vous  serez  obliges  de  les  éloigner  de  l'asile  oii  vous 
abritiez  leur  débile  jeunesse. 

Alors  devra  commencer  réellomont  le  plan  do  leur  éducation  :  que  ce  soit  loin 
du  toit  paternel;  que  des  mains  avides  et  mercenaires  ne  soient  point  chargées  de 
rinslriiction  de  cette  pépinière  nombreuse  et  faible;  que  ce  soit  un  litre  à  l'estime, 
et  que  dans  le  siècle  de  la  régénération  philosophique, les  agents  vertueux,  chargés 
de  l'éducation  publi(jue,  soient  considérés  et  respectés  comme  les  principes  de 
vertu  qui  peuvent  embellir  la  société  et  la  maintenir. 

Oh  vous!  zélateurs  généreux  dont  la  tache  pénible  est  semée  d'épines,  que  rien 
ne  vous  rebute;  ayez,  après  le  choix  que  vos  concitoyens  auront  fait  de  vos  lu- 
mières, de  vos  talents,  et  surtout  de  vos  vertus,  ce  courage  impassible,  si  néces- 
saire dans  l'état  glorieux  que  vous  devez  embrasser;  que  vos  élèves  soient  vos  en- 
fants, mais  aussi  soyez  leurs  pères  tendres;  consultez  l'inchnation  de  leurs  cœurs, 
qu'aucune  dissimulation  n'environne  encore  ;  et  quand  une  fois  vous  aurez  connu 
ce  dédale ,  dans  lequel  la  sagesse  s'égare  souvent  elle-même  par  ses  tardives  re- 
cherches, dirigez  vos  instructions  particulières  vers  le  point  où  vous  apercevrez 
des  dispositions;  que  l'enfant  trouve  en  vous  [non]  un  juge,  mais  un  ami;  qu'il  ait 
besoin  de  vous  avouer  ses  fautes ,  pour  se  débarrasser  d'un  poids  funeste  qui  entrave 
la  vertu;  que  vos  sages  conseils  l'y  ramènent,  qu'il  se  sente  soulagé,  et  que  la 
douceur  seule  le  gouverne  :  loin  d'une  cohorte  républicaine  toutes  les  punitions  qui 
abrutissent  l'enfance,  qui  l'asservissent  honteusement,  et  qui  la  forcent  à  une  dis- 
sinmlation  coupable  et  naturelle,  pour  éviter  un  châtiment  mérité,  dont  l'aveu  de 
sa  faute  ne  saurait  la  préserver. 

Evitez  aux  enfants  de  ce  régime  nouveau  toutes  les  formules  scolastiques  et  pédan- 
lesque;  que  le  latin,  cette  langue  sublime,  il  est  vrai,  dans  ses  beautés,  ne  soit  pas 
cependant  un  principe  exigé  dans  l'éducation  de  nos  jeunes  élèves;  qu'ils  apprennent 
d'abord  le  langage  correct  de  leur  pays;  que  l'on  ait  soin  de  leur  prononciation; 
qu'ils  s'énoncent  en  public  avec  grâce  et  facilité;  qu'ils  y  rendent  leurs  idées  sans 
pompe  et  sans  luxe,- la  simplicité  et  la  précision  étant  les  compagnes  de  la  fran- 
chise; que  tous  les  exercices  du  corps  soient  protégés,  et  que  dans  ce  nouveau 
système,  l'adresse,  le  courage  et  la  vertu  soient  les  seuls  objets  d'égards,  de  ré- 
compenses et  de  distinctions  ;  que  tous  les  enfants,  sans  exceptions ,  soient  envoyés 
dans  les  écoles  publiques;  ils  appartiennent  à  l'Etat  avant  d'être  à  leurs  parents;  que 
la  disposition  aux  talents  soit  accueillie  et  protégée,  sans  toutefois  être  insultante 
pour  ceux  que  la  nature  a  traités  avec  moins  de  faveur.  Tous  les  exercices  du 
corps,  les  manœuvres  militaires,  une  lutte  même  à  laquelle  présideraient  de  sages 
directeurs ,  tout  ce  qui  peut  entretenir  enfin  la  souplesse  et  la  force  ;  voilà  ce  qui  doit 
former  de  jeunes  soldats ,  des  républicains ,  des  défenseurs  de  la  liberté ,  des  hommes. 

Instituteurs,  mêlez-vous  aux  jeux  de  vos  disciples,  comme  vous  piésidez  à  leurs 
travaux;  qu'une  douce  paix  accompagne  vos  regards  moins  sévères;  soyez-y  leurs 
modèles,  mais  n'opposez  point  d'entraves  à  leurs  simples  amusements.  Après  les 
jouissances  de  cet  âge  heureux,  viennent  les  études  plus  sérieuses  de  l'adoles- 
cence; elles  doivent  prendre  un  caractère  plus  grave,  plus  majestueux,  rappeler  à 
l'homme  qu'il  doit  acquérir  ce  nom ,  pour  ne  pas  être  classé  parmi  les  usurpateurs 
de  ce  titre  imposant. 


APPENDICE.  635 

Sybarites  étrangers,  que  votre  mollesse  fatale  ne  reparaisse  plus  dans  l'enceinte 
re'gf^nérée  de  ma  patrie:  que  des  vêtements  simples  et  modest'^s  habituent  la  jeu- 
nesse à  fuir  le  luxe,  comme  l'ennemi  des  mœurs  et  de  la  dignité  re'publicaine;  que 
la  France  suffise  à  ses  besoins;  que  les  bras  endurcis  à  tous  les  travaux  contribuent 
à  son  inde'pendance,  à  sa  culture,  à  Taccroissement  de  ses  richesses  et  de  ses  pro- 
ductions; nous  verrons  alors  renaître  le  siècle  de  la  philosophie,  de  la  justice,  de 
la  fraternité,  et  l'Europe  etonne'e  applaudira  du  moins  à  cette  combinaison  phi- 
lanthropique, si  tous  ses  peuples  n'ont  pas  le  courage  de  l'imiter;  l'honneur  seul 
alors  gouvernera  les  hommes;  cette  vertu,  masque  habituel  de  toutes  les  erreurs, 
de  tous  les  e'garements,  j'ai  presque  dit  d  '  tous  les  vices,  brill  -ra  pour  lors  de  tout 
son  éclat.  Sages  directeurs  de  nos  gymnases,  ménagez  ce  tissu  de  sensibilité  et 
d'orgueil  :  sacliez  que  ce  sont  les  deux  lisières  qui  soutiennent  tous  les  âges  et  qui 
étayent  le  bonheur  d'une  manière  durable;  elles  sont  les  deux  supports  de  ces 
jeunes  rameaux  dont  vous  cultivez  les  fleurs;  elles  périront,  si  vous  ne  les  protégez  ; 
ces  deux  nuances  qui  n'appartiennent  qu'à  Thonnue  digne  de  porter  ce  nom ,  con- 
servez-les avec  soin  quand  vous  les  rencontrez ,  ce  sont  les  vertus  avec  lesquelles 
on  peut  former  un  être  digne  de  tout;  l'une  d'elles,  isolée,  peut  créer  un  monstre, 
un  tyran;  réunies,  elles  donnent  le  jour  à  un  héros;  celui  qui  les  possède  est  un 
coursier  fougueux  que  le  frein  doit  dompter,  mais  qu'il  ne  doit  pas  réduire. 

Heureuse  sensibilité!  toi  qui  fais  le  charme  de  la  vie,  qui  peux  seule  réparer 
les  maux  que  tu  causes,  viens  épanouir  les  cœurs  de  nos  jeunes  athlètes,  et  si  la 
fierté  guide  leurs  pas  vers  la  gloire ,  arrête  quelquefois  ses  nobles  élans  [)our  (juils 
sachent  que,  sans  toi,  il  n'est  point  de  gloire  ou  de  bonheur  véritable. 

Liberté  sacrée,  échauffe  leurs  cœurs;  que  les  deux  hémisphères  retentissent  de 
tes  accents;  que  ta  statue  remplace  partout  celle  des  tyrans  et  des  suborneurs  qui 
l'ont  si  longtemps  sacrifiée  à  leurs  passions  et  à  leurs  criminelles  entreprises;  que 
tes  feux  brillants  pénètrent  jusque  dans  les  plus  affreux  climats;  que  là  même,  la 
nature  multiplie  ses  ressources  pour  rendre  aux  êtres  sensibles  le  bénéfice  de  ton 
influence  céleste  :  déjà  tous  les  peuples  veulent  fléchir  le  genou  vers  ton  (lis(pie 
éclatant;  comme  à  l'aurore  d'un  beau  jour,  l'ombre  et  le  soleil  luttent  encore  dans 
nos  campagnes  azurées ,  mais  la  partie  faible  de  ce  tableau  magicjue  disparaissant 
bientôt,  il  ne  reste  plus,  devant  l'œil  étonné,  que  le  triomphe  complet  de  la  lumière. 

Loin  de  nous  aussi  tous  les  préjugés  religieux  que  le  despotisme  inventa,  et 
que  le  charlatanisme  sacerdotal  prêcha  pendant  tant  de  siècles ,  en  riant  lui-même 
de  cette  doctrine  puérile  et  fastidieuse.  Directeurs  de  la  jeunesse,  menez  vos  jeunes 
«'lèves  voir  le  lever  de  la  brillante  aurore;  que  le  soleil  les  étonne  à  son  coucher; 
que  le  cœur,  à  ce  spectacle  im[)osant,  é[)rouve  un  mouvement  d'admiration,  et  que 
d'eux-mêmes  ils  fléchissent  le  genou  devant  le  Créateur  de  la  nature;  lîi,  point 
d'enthousiasme,  point  de  sectaires  adroits  à  exalter  leui*  débile  cerveau;  qu'ils 
])rient,  qu'ils  versent  des  larmes  de  joie;  (pie  leur  Cd'ui-  attendri,  e\lasi(',  envoie 
à  la  divinih',  sans  aucune  formule  d'habitude,  les  hommages  de  sa  reconnaissance 
et  de  son  admiration,  ceux-là  seuls  sont  agréables  à  TEtre-suprème.  Bientôt  leur 
imagination  soit  du  sommeil  de  l'enfimce;  ils  sentent  leur  glorieuse  destination .  ils 
ont  besoin  de  la  gloire,  et  leur  cceur,  «pie  rien  n'a  rétnVi,  les  y  entraîne  sur  les 
ailes  du  génie. 


036  APPENDICE. 

Mais  tout  passe,  la  fraîcheur  de  la  jeunesse,  celle  de  la  beauté';  semblables  à  la 
rose,  elles  brillent  et  se  flétrissent  :  les  g-énérations  rapides  des  faibles  mortels 
ressemblent  aux  feuilles  qui  tombenl  dans  les  forêts  h  la  fin  de  l'automne;  c'est 
pour  cette  saison  de  la  vie  qu'il  faut  se  pre'parer  des  consolations,  qu'il  faut  in- 
struire la  jeunesse;  forte  de  son  éclat,  elle  reg^arde  souvent  avec  mépris  ceux  qui 
leur  (sic)  ont  donné  le  jour;  ils  ne  prévoient  pas  qu'ils  sont  dans  celle  classe  qui  peut 
parvenir  à  cet  âge  respectable,  quand  l'honneur  vous  y  a  conduit;  ils  ne  songent 
pas  qu'ils  auront  besoin  de  leurs  semblables,  s'ils  arrivent  jamais  à  cette  époque 
où  l'homme,  en  décroissant,  accumule  ses  besoins.  Instituteurs,  je  n'ai  plus  qu'un 
mol  à  vous  dire  :  vous  arrivez  à  la  vieillesse  avant  les  élèves  que  vous  formez,  ap- 
prenez-leur h  la  respecter;  que  des  cheveux,  blanchis  dans  le  respect  des  lois, 
soient  l'objet  de  leur  vénération;  que  dans  les  fêtes  publiques  ils  aient  une  place 
distinguée;  que  dans  un  siège  ils  soient  entourés  des  bras  de  nos  jeunes  Spartiates; 
ces  glorieux,  ers  généreux  défenseurs  de  la  Liberté,  donneront  encore  des  exemples 
de  courage;  les  Nestors  de  la  régénération  moderne  offriront  à  nos  guerriers  les 
cicatrices  honorables  dont  ils  seront  couverts;  ils  leur  inspireront  l'amour  de  la 
Patrie,  la  haine  de  la  servitude,  des  tyrans,  et  après  avoir  rempli  leur  carrière 
avec  honneur,  ils  attendront  sans  murmure  et  sans  efi'roi  l'heure  qui  doit  les  sé- 
parer de  leurs  neveux ,  dont  ils  auront  obtenu  l'estime  et  les  regrets. 

Il  existe  une  autre  édition  de  ce  Discours,  d'un  format  un  peu  plus  petit.  Cette  édition, 
qui  a  douze  pages,  ne  porte  pas  de  nom  d'imprimeur;  les  fautes  d'impression  de  l'édition 
de  Bordeaux  y  ont  été  corrigées.  11  est  probable  que  cette  réimpression  a  été  faite  à  Paris. 
C'est  cette  seconde  édition  que  Ton  trouve  à  la  Bibliothèque  nationale  (Lb^'*3626,  in-8"). 
Le  Musée  pédagogique  en  possède  aussi  un  exemplaire  (n"  11760). 

M""'  d'Abranlès  a  raconté  dans  ses  Mémoires  une  anecdocte  relative  à  la  lecture  du  dis- 
cours de  Thérésia  Cabarrus  dans  le  temple  de  la  Baison  à  Bordeaux.  Nous  transcrivons 
ci-dessous  le  passage  : 

Étant  un  jour  à  Bordeaux,  elle  fit  un  discours  sur  des  matières  assez  abstraites, 
et  propre  à  être  lu  en  manière  de  sermon ,  comme  alors  cela  se  faisait  assez  sou- 
vent. Elle  n'eut  pas  le  courage  de  le  lire  elle-même,  et  pria  M.  Jullien  de  le  lire 
à  sa  place;  mais  elle  assista  à  la  séance,  dont  les  auditeurs  étaient  bien  plus  attentifs 
à  la  regarder  qu'à  écouter  le  débit  lourd  et  ennuyeux  de  celui  qui  lisait  son  discours. 
Elle  portait  un  habit  d'amazone,  en  casimir  gros  bleu,  avec  des  boutons  jaunes,  et 
le  collet  et  les  parements  en  velours  rouge;  sur  ses  beaux  cheveux  noirs,  alors 
coupés  à  la  Titus,  et  bouclés  tout  autour  de  sa  tête,  dont  la  forme  était  parfaite, 
était  posé,  un  peu  de  côté,  un  bonnet  en  velours  écarlate,  bordé  de  fourrure.  Elle 
était  admirable  de  beauté  dans  ce  costume.  Par  intervalle,  elle  témoignait  de  l'hu- 
meur en  faisant  une  petite  moue,  parce  que  le  lecteur  ne  lisait  pas  comme  son 
oreille  d'auteur  l'aurait  voulu.  Aussi  le  décadi  suivant  alla-t-elle  à  la  même  église 
des  Récollets,  et  lut-elle  elle-même  son  discours^". 

^'^   Mémoires  de  M"""  la  duchesse  d'Abrantès,  t.  II,  p.  îî3^j;  Paris,  Ladvocat,  t83i. 


APPENDICE.  637 

11  y  a  dans  ce  récit  une  grosse  erreur.  Ce  n'est  pas  Julllen  ''  qui  a  pu  lire  le  discour.", 
de  Thérésia  Cabarrus;  en  nivôse,  il  était  dans  le  Morbihan,  et  il  ne  se  rendit  à  Bordeaux 
qu'en  germinal.  Toutefois  ce  n'est  pas,  croyons-nous,  à  l'auteur  des  Mémoires  qu'on  doit 
imputer  la  méprise  :  il  ne  s'agit  probablement  que  d'une  simple  faute  commise  par  un  co- 
piste ou  par  l'imprimeur.  Au  lieu  de  Jullien,  il  faut  évidemment  lire  Tallien,  et  sans  doute 
c'est  bien  ce  nom  qu'avait  écrit  M'"*  d'Abrantès '^^ 


Ml 

QUELQUES  IDÉES  SUR  LES  ARTS ,  SUR  LA  NECESSITE  DE  LES  ENCOURAGER,  SUR  LES 
INSTITUTIONS  QUI  PEUVENT  EN  ASSURER  LE  PERFECTIONNEMENT,  ET  SUR  DIVERS 
ÉTABLISSEMENTS  NÉCESSAIRES  A  L'ENSEIGNEMENT  PUBLIC,  ADRESSEES  \  LA  CON- 
VENTION NATIONALE  ET  AU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE,  PAR  BOISSV- 
D'ANGLAS,   DÉPUTÉ   DU   DEPARTEMENT   DE   L'ARDECHE. 

De  l'Imprimerie  nationale  ^^^ 

Parmi  les  iuslitutions  politiques  desliiiées  à  cimenter  de  plus  en  plus  l'édifice  de 
la  liberté  nationale,  celles  qui  peuvent  influer  sur  l'esprit  humain,  et,  en  étendant 
les  lumières  de  la  raison,  ciéer  ou  régénérer  les  mœurs  publi(|ues,  sans  lesqucllej 
tout  g-ouvernement  n'a  qu'une  existence  momentanée  et  précaire;  celles  doul  le 
résultat  doit  être  nécessairement  d'accroître  la  prospérité  de  l'empire ,  d'étendre  et 
de  fortifier  son  influence  sur  les  autres  nations  ses  rivales,  et  de  préparer  dans  le 
corps  social  lui-même  de  nouveaux  moyens  d'en  conserver  l'organisation  et  l'in- 
dépendance; celles-là,  dis-je,  doivent  attirer  essentiellement  les  reg-ards  d'une 
réunion  d'hommes  appelés  à  compléter  la  régénération  d'un  grand  pcu|)le,  à  créer 
pour  les  siècles  et  pour  l'univers,  et  à  mettre  en  action  le  véritidde  système  de  la 
félicité  pubhque,  enfin  à  empêcher  qu'aucune  des  chaînes  déjà  brisées,  dont  les 
tyrans  de  la  terre  s'étaient  servis  pour  consolider  leur  domination,  ne  puisse  jamais 
être  renouée. 

La  Convention  nationale,  fidèle  à  la  plus  sacrée  de  ses  obligations,  a  déjà  posé 
les  premières  bases  de  l'enseignement  public,  et  pourvu  aux  premiers  besoins  de 
la  génération  qui  va  naître.  Bientôt  les  premiers  élénients  de  ce  qu'il  faut  savoir 
seront  l'apanage  de  cette  jeunesse  encore  naissante,  qui  doit  recueillir  tous  les 
fruits  de  la  révolution  qui  s'achève,  et  jouir  de  tous  les  bienfaits  d'une  liberté  dont 
la  conquête  ne  lui  aura  point  coûté  de  sacrifices.  Bientôt  un  homme  absolument 
dépourvu  de  connaissances  ne  se  rencontrera  pas  plus  sur  notre  sol  (|u'un  esclave 
ou  qu'un  tyran.  Gloire  soit  rendue  à  jamais  à  ceux  ([ui  ont  pensé  que  sans  un  bon 

(')   Marc-Antoine  Jullien,  dit  de  l^iris ,  diio  par  un  reprcsonlanl.  Ce  représentant 

commissaire   du    Comité   de   salut   public  ne  pouvait  être  (juc  Tallien. 
dans  les   départements    de    l'Ouest  et   du  ^^   Hibliotlièque    nationale,    Le '^"*    (uj;, 

Sud-Ouest.  C'est   le   fds  de  Jullien   do    la  in-8";  Must'e  pédagogiqu.',  n"  i  iG'i;.  C»Mfe 

Drôme.  j)ièce  est  annoncée  dans  le  n'  5t.')  du  Joitr- 

'^'^^   «Lu  par  un   de   vos   collègues '',  dit  uni  des  débats  et  de»  décrets ,  corrospoudant 

Thérésia   Cabarrus  dans  sa  lettre  :  c'est-à-  au  -.'8  pluviôse  au  ii. 


638  APPENDICE. 

système  crinstruclioii  publique,  il  ne  pouvait  y  avoir  de  liberté;  que  le  fanatisme 
et  l'ignorance  étaieni,  entre  les  mains  des  despotes,  une  arme  toujours  redou- 
table ,  et  que  la  base  de  tout  bon  gouvernement  étant  la  vertu  et  la  pratique  de 
tous  les  devoirs  sociaux,  le  plus  sûr  moyen  de  rendre  les  hommes  meilleurs,  et 
consé(|uennnenl  plus  dignes  de  la  liberté,  était  do  les  éclairer  et  de  les  instruire. 

Mais  il  ne  suflit  pas ,  sans  doute ,  de  généraliser  et  de  répandre  les  lumières  de 
cette  instruction  première  qui ,  comme  la  chaleur  de  la  nature ,  doit  se  propager 
dans  toutes  les  parties  du  corps  social ,  pour  les  rajeunir  et  les  vivifier  :  il  faut 
encore  pré|)arer  pour  resj)rit  humain  tous  les  moyens  de  développement  et  de 
perloclion  aux(piels  il  est  susceptible'  d'atteindre;  alors  la  carrière  du  législateur 
s'ag-randit;  alors  ses  augustes  fonctions  l'élèvent  à  une  hauteur  surnaturelle;  ce 
n'est  pas  seulement  pour  ses  contemporains  qu'il  médite,  c'est  pour  les  siècles;  ce 
n'est  pas  une  seule  nation  qu'il  organise,  c'est  la  terre  entière;  son  influence 
s'étend  sur  la  postérité;  ses  bicnf^iits  appartiennent  à  l'univers,  dont  il  prépare  et 
ratlVanchissement  et  le  bonheur  :  c'est  alors  qu'il  a  véritablement  dérobé,  comme 
Prométhée,  le  feu  sacré  de  la  divinité,  et  qu'il  va,  comme  elle,  régénérer  et  em- 
bellir In  nature. 

Pénétrons-nous  donc  de  nos  devoirs,  de  notre  puissance  et  de  nos  moyens, 
calculons  nos  richesses,  apprécions  notre  position,  et  voyons  ce  qu'il  nous  reste  à 
faire. 

Ce  n'est  pas  un  peuple  nouveau  que  nous  sommes  chargés  d'organiser,  ce  n'est 
pas  de  petites  peuplades  éparses  çà  et  là  sur  la  terre,  séparées  entre  elles,  isolées 
des  autres  nations,  n'ayant  et  ne  voulant  avoir  aucune  influence  sur  leur  existence 
politique,  sur  leur  gouvernement  et  sur  leurs  mœurs,  sans  opulence,  sans  in- 
dustrie, sans  luxe  et  sans  grandes  villes,  et  formées  d'honmies  accoutumés  à  peu 
de  besoins  et  nés  avec  des  mœurs  simples  et  pures  :  c'est  un  vieux  peuple  dont 
il  faut  assurer  la  régénération  ;  c'est  une  nation  composée  de  vingt-cinq  millions 
d'hommes,  longtemps  façonnée  à  tous  les  genres  de  tyrannie,  et  devenue  libre  en 
un  jour  par  le  seul  élan  de  son  courage  et  par  le  seul  résultat  des  progrès  de  sa 
raison;  c'est  un  amas  d'hommes  actifs,  industrieux  et  éclairés,  pour  qui  l'instruc- 
tion est  un  besoin ,  le  luxe  une  passion  naturelle ,  les  connaissances  de  l'esprit  une 
source  intarissable  de  richesses,  dont  les  arts  ont  fait  longtemps  les  délices  et  la 
gloire,  et  du  sein  de  laquelle  partent  sans  cesse,  comme  d'un  foyer,  tous  les  rayons 
qui  doivent  éclairer  le  monde;  c'est  une  nation  que  son  industrie  et  ses  talents  ont 
placée  au  premier  rang  de  celles  qui  couvrent  la  terre,  et  qui  depuis  un  siècle 
entier  exerce  sur  elles,  par  ses  talents  et  par  son  langage,  une  sorte  de  suzeraineté 
morale  de  laquelle  nulle  encore  n'a  pu  s'afij-anchir;  c'est  un  peuple,  enfin,  nom- 
breux et  serré,  occupant  le  plus  riche  territoire  de  TEurope,  possédant  de  vastes 
et  opulentes  cités,  des  colonies  et  de  riches  établissements  dans  les  quatre  parties 
du  monde ,  à  la  fois  commerçant  et  agricole ,  et  formé  d'hommes  généreux ,  humains , 
vifs,  sensibles  et  paisibles,  qui  ne  veulent  être  ni  conquérants  ni  guerriers,  ni 
usurpateurs  ni  esclaves,  mais  se  maintenir  dans  l'enceinte  de  leurs  frontières,  au 
sein  du  bonheur  et  de  la  liberté. 

11  ne  s'agit  donc  pas  de  leur  enseigner  à  se  passer,  mais  à  jouir;  d'organiser 
pour  eux  la  pauvret»;,  mais  l'opulence;  de  leur  enlever  tout  ce  qui  rend  les  autres 


APPENDICE.  639 

nations  tributaires  de  leur  empire,  mais  (raccroîtrc  et  de  multiplier  tous  leurs 
moyens  d'influence  sur  elles;  de  les  condamner  à  végéter  dans  un  cercle  étroit 
d'occupations  et  de  travaux,  mais  de  leur  ouvrir  toutes  les  carrières  de  imagi- 
nation et  du  génie,  et  de  diriger  leur  application  et  leurs  veilles  vers  tout  ce  qui 
peut  agrandir  la  sphère  de  nos  connaissances,  opui-er  et  forlifier  notre  raison, 
reculer  les  bornes  de  l'esprit  humain,  et  par  là  les  maintenir  à  cette  hauteur  où  la 
révolution  les  élève. 

Le  despotisme  en  expirant  a  laissé  à  la  France  j'égénérée  un  superbe  et  vaste 
héritage  qu'elle  ne  saurait  répudier  sans  honte.  Il  lui  a  restitué,  pour  les  siècles 
et  pour  l'univers,  l'immense  dépôt  de  toutes  les  connaissances  humaines,  le  ré- 
sultat de  tous  les  talents  de  l'espi-it,  le  produit  de  toutes  les  créations  du  génie. 
C'est  dans  ses  mains  que  sont,  pour  ainsi  dire,  réunies  et  fixées,  connue  en  un 
seul  et  unique  faisceau,  toutes  les  lumières  qui  ont  pu  jaillir  jus([u  ici  du  choc  de 
toutes  les  pensées,  et  de  fensemhle  de  toutes  les  méditations.  Elle  doit  donc  aux 
nations  qui  lui  succéderont  un  jour  de  leur  tiansmottrc  dans  toute  son  inté'p-iff' 
cet  inappréciable  dépôt.  Elle  leur  doit  de  ne  pas  arrêter,  par  une  coupable  in- 
différence ,  la  marche  et  les  progrès  de  l'esprit  humain ,  et  de  faire  pour  la  posté- 
rité ce  que  les  siècles  passés  ont  fait  pour  elle.  11  faut  que  le  despotisme,  dont 
l'orgueil  encourageait  et  protégeait  les  arts  qui  devaient  enseigner  à  le  détruire, 
soit  à  cet  ég-ard  surpassé  par  la  liberté,  lors  même  que  celle-ci  ne  peut  être  détor- 
minéc  que  par  l'amour  du  bien  public. 

Mais  il  est,  et  il  faut  bien  le  dire,  il  est  au  sein  des  richesses,  de  quelque  genre 
qu'elles  soient,  une  sorte  d'indifférence  qui  résulte  de  la  satiété,  et  qui  nous  rend 
prqsque  insensibles  aux  objets  que  nous  possédons  :  et  si  ces  richesses  aj)partien- 
nent  à  l'esprit,  si  leur  existence  est,  pour  d'autres  hommes  que  nous,  un  titre 
d'honneur  et  de  gloire;  à  cette  inditïérence  qui  naît  de  la  possession,  se  joint  le 
dédain  qui  naît  de  la  jalousie  :  alors  la  médiocrité,  qui  ne  peut  rien  produire, 
outrage  les  productions  qui  la  blessent;  et  loin  de  jouir  en  paix  des  trésors  qu'elle 
ne  peut  accroître,  mais  dont  elle  pourrait  faire  son  bonheur,  elle  cherche  à  les 
anéantir,  et  croit  se  venger  des  grands  hommes  qu'elle  ne  saurait  atteindre,  en 
dédaignant  le  fruit  de  leuis  travaux  et  en  s'efforçant  de  diminuer  la  reconnaissance 
qui  leur  est  due. 

C'est  ce  sentiment  destructeur  qui  ose  conspirer  encore  au  milieu  de  nous, 
contre  la  conservation  des  arts,  de  leurs  chefs-d'œuvre  et  de  leurs  préceptes;  qui 
veut  en  arrêter  les  progrès,  et  qui  semble  ne  s'attacher  qu'à  replonger  la  terre,  et 
surtout  la  France,  dans  les  ténèbres  de  cette  ignoi'ance  barbare  dont  la  succession 
lente,  mais  sûre,  des  méditations  de  l'esprit,  a  su  farracher  pour  notre  bonheur. 
Il  n'est  pas  rare  en  effet  d'entendre  dire  au  milieu  de  nous  :  A  ({uoi  snrcnl  mcorc 
aujourd'hui  ces  arts  et  ces  sciences  que  Von  vante?  et  pourquoi  ce  pruplv ,  qui  se  ré- 
génère après  avoir  brisé  pour  Jamais  toutes  1rs  chaînes  dr  son  <'sclara<ir,  rrstrrait-il 
assujetti  à  tous  ers  besoins  factices  de  iànie  qui  naissent  des  arts  et  du  lud'c?  Qu'im- 
portent les  talents  de  r imagination  pour  celui  qui  sait  élre  libre?  L'austérité  répu- 
blicaine doit  les  repousser  loin  d'elle  :  tls  ornairnt  la  cour  des  despotes  ;  ils  Irur  aidaient 
à  charger  leurs  sujets  de  fers ,  et  leurs  adulations  corruptrices  étaient  une  barrière 
impénétrable  aux  plaintes  des  infortunés  soumis  à  leur  puissance  :  ils  étairut  des  nistru- 


6/i0  APPENDICE. 

umits  de  Itjrannie  entre  les  mains  de  nos  oppresseurs  :  il  faut  donc  les  détruire  tous, 
de  peur  quils  ne  conspirent  encore  contre  la  liberté,  en  amollissant  le  courage  de  ceux 
qui  doivent  la  dcfcudrc. 

ffTii  veux  èlre  libre,  peul-on  rëpondre,  et  lu  veux  anéantir  les  sciences  et  les 
arts,  et  tu  repousses  de  tes  institutions  tout  ce  qui  peut  élever  et  nourrir  Tâme, 
tout  ce  qui  peut  ag-randir  la  sphère  de  Fesprit  humain  !  x4pprends  que  la  liberté 
est  produite  par  ce  même  enthousiasme  qui  crée  les  conceptions  du  génie,  comme 
elle  est  mise  en  théorie  et  en  pratique ,  comme  elle  est  garantie  et  conservée  par 
la  philosophie  et  par  les  lumières  de  la  raison.  Considère  les  descendants  de  Mil- 
tiade  et  d'Aristide;  ils  ne  sont  devenus  les  esclaves  du  plus  insolent  despotisme 
(praprès  avoh'  vu  périr  leurs  arts,  leurs  temples,  leurs  divinités  et  leurs  jeux; 
qu'après  avoir  laissé  détruire  leurs  statues  et  leurs  tableaux,  leurs  poètes  et  leurs 
philosophes.  C'a  élé  en  ne  voulant  que  l'Alcoran,  en  proscrivant  à  la  fols,  comme 
des  objets  anti-religieux  et  inutiles,  tous  les  ouvrages  de  sculpture  et  de  peinture, 
en  s'opposant  à  l'introduction  de  cet  art  divin  qui  multiplie  à  l'infini  toutes  les 
pensées  du  génie,  que  les  sectateurs  de  Mahomet  ont  banni,  peut-être  pour  ja- 
mais, la  liberté  de  sa  terre  natale,  et  courbé  la  moitié  du  monde  sous  le  joug  de 
sa  tyrannie  :  Omar,  en  disant  que  l'Alcoran  suffisait,  et  en  brûlant  le  plus  vaste 
dépôt  qu'aient  eu  les  connaissances  humaines,  a  retardé  de  dix  siècles  l'aurore 
de  la  liberté,  et  de  plusieurs  milliers  d'années  peut-être  l'universalité  de  son  em- 
pire. Penses-tu  que  celui  qui  dirait  la  même  chose  de  notre  immortelle  déclara- 
tion des  droits  ne  serait  pas  aussi  coupable?  penses-tu  qu'il  ne  préparerait  pas 
le  prompt  oubli  de  cette  même  déclaration ,  s'il  voulait  resserrer,  dans  les  trente- 
cinq  articles  qu'elle  conlient,  le  cercle  entier  des  méditations  humaines?  Ils  sont 
sublimes,  ces  articles;  mais  l'Alcoran  aussi  renferme  les  préceptes  de  l'éternelle 
justice,  sans  laquelle  il  n'est  point  de  liberté;  et  cependant  l'Alcoran  est,  dans  les 
mains  des  despotes  qui  l'enseignent  à  leurs  esclaves,  un  impénétrable  rempart 
contre  les  efforts  de  cette  même  liberté  qu'ils  redoutent.  « 

Ah!  redisons-le  sans  cesse,  et  ne  nous  lassons  point  de  le  répéter,  c'est  le  des- 
potisme qui  a  besoin  des  ténèbres;  mais  la  hberté,  toute  rayonnante  de  gloire,  ne 
peut  subsister  qu'environnée  de  toutes  les  lumières  qui  peuvent  éclairer  les 
hommes  :  c'est  pendant  le  sommeil  des  peuples  que  la  tyrannie  peut  s'établir  et 
se  naturaliser  au  milieu  d'eux;  c'est  pendant  la  nuit  de  Tignorance  que  se  forgent 
et  que  se  rivent  les  chaînes  qu'elle  leur  prépare.  Cet  instinct  sacré  qui,  à  Taspect 
des  beautés  de  l'univers,  appelle,  entraîne  l'homme  de  génie  et  le  tourmente  de 
l'impérieux  besoin  d'en  créer  des  imitations  nouvelles,  est  aussi  celui  qui  fait  em- 
braser l'homme  généreux  et  sensible  de  l'ardent  désir  d'être  libre,  et  qui,  l'ar- 
rachant à  l'indolence  et  à  l'oisiveté  par  le  sentiment  de  la  dignité  de  son  être,  le 
force  de  se  ressaisir  des  droits  sacrés  qu'il  a  reçus  de  la  nature. 

Les  fondateurs  de  la  liberté  d'un  grand  peuple  doivent  donc  aussi  cultiver  et 
encourager  les  sciences  et  les  arts,  comme  l'un  des  moyens  de  conserver  leur 
propre  ouvrage;  mais  ils  le  doivent  encore  à  cause  de  leur  influence  sur  les  mœurs 
et  le  caractère  des  nations  qui  les  accueillent;  et  enfin,  parce  qu'appelés  à  créer  ou 
à  développer  toutes  les  sources  de  la  félicité  publique  et  toutes  les  causes  du 
bonheur  particulier,  ils  ne  peuvent  manquer  de  les  chérir  pour  les  jouissances 


APPENDICE.  GM 

qu'ils  procurent,  et  pour  les  consolations  qu'ils  oiïrenl.  Ce  n'est  ])as  sans  doule 
un  objet  peu  digne  de  ceux  qui  sont  appelés  à  balancer  et  à  fixer  la  destine'e  des 
hommes,  que  des  institutions  qui  peuvent,  par  leur  résultat,  faire  couler  quelques 
gouttes  d'ambroisie  dans  la  coupe  amère  de  notre  existence. 

Les  arts  en  effet  sont  à  la  vie  ce  que  les  (leurs  sont  à  la  nature;  ils  l'embellissent 
de  tout  leur  éclat,  et  font  oublier,  par  le  charme  (juils  versent  sur  elle,  les  amer- 
tumes dont  elle  est  si  oïdinairement  semée;  ils  adoucissent  les  mœurs  de  ceux 
qui  les  cultivent,  et  les  rendent  plus  dignes  d'institutions  sociales,  fondées  sur  la 
philanthropie  et  l'égalité;  ils  tempèrent  cette  sorte  d'âpreté  farouche  qui  s'unit  aux 
vertus  républicaines,  et  ils  changent  en  une  surveillance  ])his  douce  cette  jalouse 
méfiance  C[ui  suit  la  conquête  de  la  liberté. 

Après  les  grandes  révolutions  qui  régénèrent  les  empires,  en  occasionnant  j)armi 
les  peuples  de  longues  et  violentes  secousses,  il  existe  encore,  comme  après  les 
bouleversements  ()liysiques  du  globe,  des  oscillations  [)lus  ou  moins  prolongées, 
qui  retardent  le  rétablissement  de  l'ordre  ordinaire  des  choses;  pendant  ce  tem[)s 
le  besoin  du  l'epos  est  pour  beaucoup  (Thommes  le  seul  sentiment  qui  subsiste 
encore,  tandis  que  pour  beaucoup  d'autres  le  besoin  de  l'agitation ,  contracté  pendant 
a  tourmente,  prend  la  place  du  désir  de  la  paix,  sans  laquelle  on  ne  [)eut  bit'u 
goûter  les  fruits  bienfaisants  que  la  liberté  doit  produire. 

L'amour  et  la  culture  des  arts  arrachent  les  uns  à  celte  inactive  insensibilité,  et 
dirigent  l'enthousiasme  et  l'exaltation  des  autres  vers  des  objets  où  la  clialeiu-  et 
l'activité  de  l'âme  puissent  se  développer  sans  danger,  et  trouver  à  la  fois  un  ali- 
ment et  des  résultats  dignes  d'elle.  Ils  entretiennent  et  tempèrent  ce  mouvement 
vital,  dont  l'absence  du  corps  politique,  ou  la  trop  grande  rapidité  serait  une  cause 
également  sûre  de  destruction  et  de  mort.  Ils  détournent  les  citoyens,  par  une 
suite  d'occupations  et  de  jouissances,  de  cette  soif  des  conquêtes,  de  ce  caractère 
belhqueux  et  guerrier,  le  plus  grand  écueil  qu'ait  à  craindre  un  peuple  (jui  s'est 
armé  tout  entier  pour  repousser  de  nombreux  ennemis,  et  dont  la  victoire  a  cou- 
ronné les  entreprises;  et  ils  les  arrachent  en  même  temps,  et  par  les  mêmes  moyens, 
h  cette  léthargique  apathie  qui  n'est  ni  le  calme  d'un  peuple  heureux  et  bien  orga- 
nisé, ni  l'immobilité  majestueuse  d'une  nation  forte  et  puissante,  mais  le  sonnneil 
de  la  nature  et  i'avant-coureur  de  l'esclavage. 

Les  arts  répandent  avec  profusion  tous  leurs  bienfnits  sur  ceux  qui  les  aiment; 
ils  marchent  environnés  de  l'union  et  de  la  concorde  :  leurs  divinil('s  mêlent  au 
laurier  ([ui  les  ombrage  l'olivier  de  la  fralei-nité,  cl  leur  front  serein  et  riant 
semble  être  l'asile  éternel  du  boidieur  et  de  la  paix;  elles  versent  de  leurs  mains 
bienfaisantes  un  baume  consolateur  sur  toutes  les  blessures,  et  semblent  ne  se 
présenter  aux  humains  que  pour  resserrer  de  plus  «mi  plus  les  liens  sacrés  (pu  li  s 
unissent.  Les  arts  tempèrent  et  étouffent  tous  les  germes  de  division  :  ils  rap- 
prochent, en  les  unissant  pai*  les  mêmes  goûts  et  les  mêmes  travaux,  ceux  tpie  des 
différences  d'opinion  et  de  sentiment  ont  pu  éloijjner  les  uns  des  autres,  l^^s  dis- 
sensions intestines  que  font  naître  les  grandes  crises  polili(|ues,  les  restes  des  [)arlis 
ou  des  factions,  les  haines  publicpies  devenues  des  ressenlimenls  particuliers,  les 
sujets  de  discorde  (pii  n'ont  |)u  s'anivintir  tout  à  fait  devant  finlérêt  sacré  de  la 
patrie,  finissent  par  disparaître  au  sein  d'occupations  bienfaisantes  et  douces  dont 

III.  M 


6^2  APPENDICE. 

le  charme  est  égalemeni  senti  par  tous;  et  il  ne  reste,  au  lieu  d'elles,  que  cette 
émulation  do  g-loire  qui  agrandit  encore  la  carrière  où  elle  se  montre. 

Cultivez  donc  les  arts  et  les  sciences,  peuple  géne'reux  et  sensible ,  devant  lequel 
se  sont  bi'isées  toutes  les  chaînes  de  la  tyi'annie;  c'est  au  flambeau  de  la  philo- 
sophie et  de  la  raison  que  s'est  allumé  parmi  vous  le  feu  divin  du  patriotisme, 
entretenez-le  au  lieu  de  l'éteindre;  et  ne  dédaignez  pas  des  lumières  dont  le  ré- 
sultat a  été  votre  bonheur.  Débarrassé  des  liens  qui  g-ênaient  tous  vos  mou- 
vements, vous  avez  pris  l'attitude  fière  d'un  peujde  qui  connaît  la  dignité  de  son 
être  et  la  sainteté  de  ses  droits,  et  vous  avez  étonné  les  autres  nations  de  la 
terre.  Qu'allez-vous  faire,  maintenant  que  les  despotes  qui  les  asservissent,  forcés. 
de  fuir  loin  de  vos  frontières  et  de  reconnaître  votre  indépendance,  vont  vous 
laisser  cet  heureux  loisir  nécessaire  h  la  consolidation  et  au  perfectionnement  des 
institutions  nouvelles?  Vous  naissez  dans  l'ordre  politique  de  l'univers,  et  il  vous 
observe  avec  inquiétude,  pour  savoir  quelle  sera  la  place  que  vous  y  prendrez,  et 
quel  sera  le  caractère  dont  vous  voudrez  vous  investir.  Cependant  vous  n'avez 
que  le  choix  ou  d'être  un  peuple  industrieux  et  agricole,  éclairé  et  paisible;  ou 
de  faire  de  la  guerre  votre  passion  et  votre  métier.  Voulez-vous,  au  lieu  d'être 
heureux,  porter  la  terreur  au  bout  du  monde?  voulez-vous  être  craint  et  redouté? 
voulez-vous  asservir  la  terre,  et  régner  sur  elle  par  la  victoire?  iMais  un  gouver- 
nement comme  le  vôtre,  mais  les  principes  sur  lesquels  il  est  établi,  ne  s'alhent 
point  avec  le  désir  des  conquêtes  :  il  est  un  empire  saint  que  vous  pouvez  exercer 
sans  crime,  et  dont  le  sceptre  est  dans  vos  mains;  c'est  celui  de  la  raison.  Vous 
avez  été  sous  le  despotisme  le  peuple  le  plus  éclairé  de  l'univers ,  soyez-le  encore 
avec  la  liberté.  Rendez  les  autres  nations  tributaires ,  non  de  votre  autorité  poli- 
tique, non  de  votre  gouvernement,  mais  de  vos  talents  et  de  vos  lumières;  et 
forcez-les  à  vous  être  soumises  par  le  sentiment  de  vos  bienfaits;  il  existe  une  dic- 
tature pour  les  peuples ,  dont  le  joug  ne  répugne  point  à  ceux  qui  se  courbent 
sous  lui  :  c'est  la  dictature  du  génie;  appelez  donc  le  génie  au  milieu  devons; 
naturalisez-le  sur  votre  territoire,  afin  d'exercer  sou  propre  empire  et  de  régner 
par  son  influence;  qu'il  trouve  des  temples  parmi  vous,  et  que  les  peuples  qui 
vous  environnent  y  viennent  l'adorer  et  le  servir. 

Ainsi ,  vous  conserverez  sur  la  terre  la  seule  suprématie  compatible  avec  la  véri- 
table liberté ,  avec  vos  institutions  paisibles,  avec  le  bonheur  qu'elles  vous  pro- 
mettent :  celle  de  l'opinion. 

Ainsi ,  vous  subjuguerez  les  nations ,  sans  que  vos  succès  puissent  coûter  une 
seule  larme  :  vos  mœurs  paisibles  et  douces  seront  bientôt  celles  de  l'Europe;  vos 
arts  seront  ceux  des  autres  peuples;  ils  viendront  en  puiser  parmi  vous  les  pré- 
ceptes et  les  leçons,  et  vous  ne  les  leur  donnerez  qu'imprégnés,  si  je  puis  parler 
ainsi,  des  principes  de  cette  liberté  que  l'univers  attend  de  vous.  Laissez  aux  des- 
potes sanguinaires  le  désir  de  régner  par  les  armes;  il  est  une  force  pour  vous 
dont  l'effet  est  bien  plus  puissant  et  l'attrait  plus  irrésistible,  c'est  celle  de  la  per- 
suasion; c'est  celle  qui,  lorsque  les  Tartares  eurent  conquis  le  plus  vaste  empire 
de  TAsie,  les  força  de  se  naturaliser  sur  son  territoire,  et  d'adopter  les  mœurs  et 
les  usages  du  peuple  qu'ils  venaient  de  vaincre ,  dont  ils  se  montrèrent  ainsi  moins 
les  conquérants  que  la  conquête  :  ce  sera  par  elle  que  vous  pourrez  réaliser  ces 


APPENDICE.  6/i3 

projets  de  République  uuiverselle ,  sans  cjue  les  bases  de  vos  institutions  en  puis- 
sent être  blessées;  ce  sera  par  elle  que  l'on  verra  tous  les  hommes,  sinon  français 
et  assujettis  à  vos  lois,  du  moins,  et  ce  qui  est  la  même  chose,  frères  et  libres,  et 
fidèles  à  tous  vos  principes. 

Si  donc  vous  voulez  conserver  l'empire  dont  le  sceptre  vous  est  remis ,  la  gloire 
qui  vous  est  particulière,  l'influence  qui  vous  est  propre;  si  vous  voulez  être  dans 
l'univers  tout  ce  que  vous  y  pouvez  être;  si  vous  voulez  achever  l'ouvrage  que 
vous  avez  si  glorieusement  entrepris,  et  faire,  pour  le  reste  du  monde,  ce  que 
vous  avez  fait  pour  vous;  si  vous  voulez  porter  partout  une  lumière  salutîiire  et 
sainte,  dont  les  rayons  puissent  bannir  à  jamais  tous  les  despotes  et  leurs  satellites, 
encouragez,  accueillez,  honorez  les  sciences,  la  philosophie  et  les  arts  :  (|ue  toutes 
vos  lois  les  favorisent  ou  les  respectent;  que  leurs  tre'sors  soient  vos  plti<  pré- 
cieuses richesses,  et  que  les  travaux  qui  les  doivent  produire  soient  placés  par  vous 
au  premier  rang  des  services  rendus  à  la  patrie.  Que  l'éclat  des  arts  se  réfléchisse 
sur  tous  les  actes  de  votre  gouvernement;  qu'il  onibelhsse  toutes  vos  fêtes,  orne 
toutes  vos  cérémonies,  s'associe  à  toutes  vos  institutions;  et  ({ue  le  talent  de  vos 
artistes  s'agrandisse  encore  par  l'usage  que  vous  en  saurez  faire;  que  l'enseigne- 
ment soit  partout;  que  l'émulation  naisse  de  toutes  parts,  et  que  la  gloire  puisse 
répandre  ses  plus  précieuses  faveurs  sur  tout  homme  qui  en  sera  digne. 

[Boissy  d'Anglas  parle  ensuite  du  rôle  que  les  arts  ont  joué  dans  la  vie  nationale  des 
Grecs  et  des  récompenses  qu'ils  y  obtenaient.  Que  la  France  républicaine  imite  la  Grèce; 
qu'elle  organise  des  fêtes  nationales  qui  seront  tout  à  la  fois  celles  des  talents  et  de  la 
liberté;  que  des  prix  publics  soient  décernés  chaque  année  à  toutes  les  vertus  et  à  tous  les 
talents;  que  tout  respire,  chez  les  Français,  l'amour  des  talents  et  des  arts  :] 

.  .  .Que  vos  heux  publics,  vos  places,  vos  édifices,  étalent,  à  tous  les  regards, 
les  plus  beaux  traits  d'héroïsme  et  de  courage ,  consacrés  par  les  nuiins  du  génie  ; 
que  l'on  y  retrouve  à  chaque  instant  quelque  belle  action  retracée,  ou  le  souvenir 
de  quelques  grands  hommes  gravé  sur  l'airain  ou  le  marbre;  que  l'ame  du  jeune 
citoyen  vienne  s'embraser  à  leur  aspect  de  ce  feu  divin  qui  élève  riiomnic  au-dessus 
de  lui-même ,  en  le  pénétrant  du  désir  sacré  de  surpasser  ce  qu'il  admire.  Montrez- 
nous  les  images  des  premiers  martyrs  de  la  liberté,  des  généraux  ([ui  ont  défendu 
notre  territoire,  des  grands  écrivains  qui  ont  éclairé  le  monde  et  illustré  la  uni  ion 
française  :  que  Rousseau  y  paraisse  environné  d'un  groupe  de  mères  et  (reufants 
devenus  heureux  [)arlui,  ou  dictant  aux  nations  de  la  terre  le  vrai  code  de  la  li- 
berté; que  Voltaire  y  ridiculise  encore  le  fanatisme  et  l'orgueil  des  rois,  on  prépa- 
rant ainsi  par  ses  écrits  l'alfianchissement  des  j)euples;  que  la  philosophie  et  que 
la  raison  y  reconnaissent  leurs  héros  et  la  science  ses  disciples;  que  tous  les  hommes 
justement  célèbres,  justement  investis  de  l'admiration  des  âges,  y  reparaissent 
ressuscites  par  le  génie  et  par  les  arts,  et  que  cette  muette  éloquence  leur  prépare 
des  successeurs  et  des  énudes:  n'en  bannissez  point  Fc'uelou,  il  doit  se  retrouver 
aussi  dans  TÉlysée  des  talents;  n'en  baimissez  poini  Fénelon,  doni  l'Aïue  hieniai- 
sante  et  douce  aurait  chéri  vos  institutions  lépuhlicaines,  et  ([ui  condwillil  aussi  le 
lanatisme  et  l'hypocrisie  en  faisani  ainu^r  la  loli'rance.  Pardonnez-lui  d'avoir  élevé 
le  lils  d'un  des|)ole,  en  songeant  cpie,  nudgrt'  les  vices  de  la  plus  dépravée  de 


6li!i  APPENDICE. 

toutes  les  cours,  que,  malgré  les  prestiges  d'uue  royauté  criminelle  et  justement 
abhorrée,  il  voulait  en  faire  un  homme  de  bien;  songez  que  si  son  génie  n était 
pas  mûr  pour  la  liberté,  il  Pétait  au  moins  ])our  la  bienfaisance  et  pour  la  justice; 
et  que  ne  pouvant,  par  le  lort  de  son  siècle  bien  plus  que  par  le  sien  propre, 
rappeler  le  peuple  aux  sentiments  et  h  Texercice  de  ses  droits  et  de  sa  dignité  na- 
turelle, il  s'efforça  du  moins  d'alléger  par  ses  inmiorlels  préceptes  le  fardeau  de  la 
tyrannie  qui  devait  encore  peser  sur  lui.  N'en  l)annissez  point  les  autres  grands 
hommes,  ses  contenqiorains  et  ses  amis;  leur  gloire  à  la  vérité  semble  s'être  ré- 
fléchie sur  le  front  du  plus  insolent  de  vos  despotes,  et  avoir  illustré  une  mémoire 
qui  ne  devait  être  qu'odieuse;  mais  par  la  réunion  de  leurs  chefs-d'œuvre  ils  ont 
honoré  la  nation  française,  hâté  les  progrès  de  la  raison,  et  accéléré,  par  Pimpul- 
sion  qu'ils  ont  donnée  à  l'esprit  humain ,  la  chute  des  tyrans  et  la  naissance  de  la 
liberté. 

Vous  consacrerez  plus  d'une  fois  les  jeux  de  la  scène  à  acquitter  la  reconnais- 
sance du  peuple,  en  évoquant  par  leur  prestige  les  grands  hommes  que  vous  avez 
perdus,  en  retraçant  avec  toute  leur  pompe  ces  grandes  actions  nationales  qui 
devront  vivre  dans  la  postérité,  et  qui,  appartenant  aux  grandes  époques  de  votre 
histoire,  seront  doublement  chères  a  vos  concitoyens.  Que  la  carrière  dramatique 
s'agrandisse  par  Pemploi  que  vous  en  saurez  faire,  et  la  direction  que  vous  lui 
donnerez  ;  que  le  théâtre  s'épure  et  se  régénère  à  votre  voix  :  consacrez-y  tout  ce 
qui  mérite  d'être  présenté  comme  un  modèle  à  l'imitation  des  gens  de  bien;  tout 
ce  qui  peut  élever,  corriger,  perfectionner  les  mœurs,  et  former  le  cœur  par  les 
plaisirs  de  l'esprit  et  de  l'âme  ;  que  le  peuple  y  vienne  en  foule  puiser  des  leçons 
et  des  exemples,  et  recueillir,  sous  la  forme  de  l'amusement  et  de  la  récréation, 
toute  Pinstruction  que  vous  trouverez  utile  de  faire  retomber  sur  lui.  Surveillez-en 
Padministration  et  la  conduite  ;  qu'il  soit  dans  vos  mains  un  moyen  toujours  efficace 
de  régénération  et  d'enseignement:  mais  n'en  abandonnez  point  l'influence  à 
l'ignorance  ou  au  hasard.  Songez  avec  quelle  force  on  agit  sur  les  hommes  assem- 
blés quand,  après  les  avoir  réunis  par  Paîtrait  du  plaisir,  on  sait  exciter  en  eux 
toutes  les  passions  de  Pâme,  éveiller  Pimagination,  faire  naître  l'enthousiasme; 
quand  on  peut  diriger  l'opinion  publique  suivant  son  intérêt  ou  son  désir;  quand 
on  peut  disposer  à  son  gré  de  l'émotion ,  du  ridicule  ou  de  l'horreur.  Empêchez  que 
la  médiocrité  ne  souille  de  ses  productions  le  temple  où  doivent  essentiellement 
briller  celles  de  Pesprit  et  du  génie,  de  peur  qu'elles  ne  corrompent  le  goût,  en 
présentant  de  faux  modèles  au  jeune  talent  qui  veut  s'instruire,  et  au  spectateur 
qui  veut  apprendre  à  le  juger;  empêchez  surtout  que  la  hcence  et  que  la  dépra- 
vation des  mœurs  ne  s'y  reproduisent  jamais.  Toutes  les  représentations  drama- 
tiques doivent  être  des  leçons  de  morale,  les  théâtres  des  écoles  de  vertu;  et  vous 
laisseriez  profaner  vos  plus  belles  institutions,  si  vous  souffriez  qu'elles  fussent 
déshonorées  par  la  moindre  apparence  du  vice. 

En  considérant  le  théâtre  comme  l'un  de  vos  établissements  les  plus  propres  à 
perfectionner  Porganisation  sociale,  et  à  rendre  les  hommes  plus  vertueux  et  plus 
éclairés,  vous  ne  consentirez  pas  qu'il  soit  uniquement  l'objet  de  spéculations  finan- 
cières, mais  vous  en  ferez  aussi  une  entreprise  nationale:  ainsi  le  peuple  tout  entier 


I 


APPENDICE.  6/i5 

jouira  de  ses  avantages;  ainsi  son  influence  sur  l'amélioration  de  nos  mœurs  sera 
aussi  rapide  que  certaine;  ainsi  la  parcimonie  de  l'intérêt  particulier  n'en  dimi- 
nuera point  la  majesté,  et  n'en  rétrécira  pas  le  cercle.  Que  ce  soit  là  Tun  des 
principaux  objets  de  votre  magnificence  publique,  du  luxe  de  votre  gouvernement, 
des  profusions  de  voire  richesse:  que  la  splendeur  de  vos  jeux  dramatiques  réflé- 
chisse sur  celle  du  peuple,  et  atteste  tout  à  la  fois  et  l'opulence  de  la  nation  fran- 
çaise, et  la  pureté  de  ses  goûts,  et  la  délicatesse  de  ses  mœurs.  Ainsi  vous  agran- 
direz encore  la  carrière  où  l'esprit  humain  peut  s'élever  à  une  plus  grande  hauteur, 
et  se  développer  avec  le  plus  de  force;  ainsi  vous  ofl'rirez  au  peuple  une  source 
toujours  renaissante  d'instruction  et  de  plaisir;  ainsi  vous  formerez  à  votre  gré  le 
caractère  national,  en  le  façonnant  à  la  vertu  par  le  charme  de  l'amusement,  et  à 
la  bienfaisance  et  à  l'humanité  par  le  spectacle  et  l'expression  des  plus  doux  sen- 
timents de  la  nature. 

Conservez  les  monuments  des  arts,  des  sciences  et  de  la  raison:  ils  attestent  à 
la  fois  et  perpétuent  les  l'ichesses  de  l'esprit  immain;  ils  fixent  au  milieu  de  vous 
et  naturalisent  sur  votre  territoire  le  résultat  des  plus  belles  conceptions  du  gé- 
nie, et  des  plus  profondes  méditations  de  l'étude;  leur  éclat  doitendjellir  vos  cités, 
et  se  réfléchir  sur  la  République  entière;  leurs  beautés  doivent  être  au  milieu 
d'elle  une  parure  nationale;  mais  ils  sont  l'apanage  des  siècles,  et  non  votre  pro- 
priété particulière:  vous  n'en  pouvez  disposer  que  pour  en  assurer  la  conservation. 
Le  temps,  qui  les  a  respectés,  a  voulu  qu'ils  fussent  gardés  religieusement  pour 
les  âges  qui  doivent  vous  suivre;  et  la  moindre  négligence  de  votre  part  serait  à 
la  fois  un  sacrilège  et  la  violation  d'un  dépôt.  Le  hasard  qui  les  a  rassemblés  sur 
votre  terre  n'a  pas  voulu  vous  en  faire  un  pur  don,  mais  les  confier  à  votre  garde  :  ils 
appartiennent  aux  artistes  qui  doivent  s'enflammer  à  leur  aspect;  à  riiomuie  de 
génie  qui  ose  espérer  un  jour  d'en  reproduire  les  perfections;  ils  ap|)artiennpnt 
au  talent  de  tous  les  pays  et  de  tous  les  siècles,  comme  l'Antinoiis,  rApolh)n,  le 
Laocoon,  et  les  tableaux  de  Raphaël;  comme  les  restes  sacrés  du  temple  de  Thésée, 
de  celui  d'Héliopolis,  ou  les  ruines  impérissables  de  Persépolis  et  de  Palmyre.  Dé- 
fendez au  temps  et  à  l'ignorance  d'y  porter  une  main  coupable.  Qu'ils  soient  tou- 
jours au  milieu  de  vous  le  type  sacré  du  génie  et  le  modèle  do<.  talents;  (juils 
soient  non  seulement  conservés,  mais  réunis;  et  que  leur  ensendjie  oflre  sans  cesse 
à  l'admiration  des  hommes,  par  le  spectacle  des  plus  brillantes  productions  di' 
l'esprit  humain,  tout  ce  qui  peut  avertir  le  plus  sûrement  de  son  étendue  et  d»'  sa 
puissance. 

Les  arts,  on  ne  peut  tro[)  le  redire,  ont  besoin  de  l'appui  les  uns  des  autres, 
pour  se  développer  et  s'agrandir  :  c'est  de  leur  réunion  et  de  leur  ensend)le  (pie 
naît  l'afTeimissement  de  leur  empire;  mais  cette  réunion  ne  peut  s'elTecluer  utile- 
ment (|ue  dans  un  seul  point,  qui  devi(>nt  le  rendez-vous  géïKM-al  du  génie,  et  où 
chaque  talent  aj)j)orte  au  faisceau  comunui  le  tribut  de  toutes  ses  forces,  le  secours 
de  toute  sa  puissance,  les  trésors  de  toutes  ses  dirouvertes.  Alors  toutes  les  con- 
quêtes faites  sur  l'ignorance  par  l't'lude  cl  par  la  nu'dilation  (l«'\itiment  com- 
munes; alors  rinfluence  de  l'imagination  s'étend  et  se  développe;  alors  le  génie, 
agrandi  par  ces  rc'sultats,  verse  iudilVérriiHucnt  (oui  l'éclal  de  sts  ronct'ptiouN  sur 


6/16  APPENDICE. 

tous  les  arts  et  sur  tous  les  talents,  qui  s'enrichissent  (également  de  ses  bienfaits.  Le 
trône  du  gënie,  le  seul  que  vous  ne  vouliez  pas  renverser,  ne  peut  subsister  que 
dans  un  seul  lieu,  quoique  son  règne  soit  universel;  et  la  nature  des  choses, 
comme  l'intcTet  de  la  nq)ubli(|ue,  ont  dgaloment  marque'  sa  place  à  côt(5  du  sanc- 
tuaire des  lois,  et  do  ceux  qui  sont  spc^cialcment  chai'gos  d'organiser  et  de  main- 
tenir toutes  les  institutions  sociales.  La  France  entière  a  les  yeux  fixe's  sur  le  point 
où  vont  se  rattacher  dans  un  centre  commun  tous  les  fds  du  gouvernement;  les 
trompettes  de  la  renommée  y  sont  toutes  rdunies  :  où  le  génie  établirait-il  donc  le 
chef-lieu  de  son  empire,  si  ce  n'était  dans  cet  endroit  même?  Sa  place  est  indis- 
ponsablement  là  où  il  peut  éli'c  le  plus  promptement  et  le  plus  efficacement 
aperçu;  là  d'où  sa  gloire  peut  s'élancer  avec  le  plus  de  rapidité  pour  s'étendre 
sur  tout  l'univers  ;  là  où  ses  conceptions  peuvent  attirer  le  plus  aisément  possible 
les  regards  et  les  encouragements;  là,  en  un  mot,  où  il  peut  rassembler,  avec  le 
moins  de  temps  et  de  contrariétés,  beaucoup  de  juges,  beaucoup  de  secours  et 
beaucoup  de  gloire.  Que  Paris  donc  soit  la  capitale  des  arts;  qu'il  retrouve,  dans 
l'avantage  inestimable  d'être  l'asile  de  toutes  les  connaissances  humaines  et  le  dépôt 
de  tous  les  trésors  de  l'esprit,  une  nouvelle  splendeur  plus  éclatante  que  celle  qu'il 
retirait  de  son  luxe,  de  ses  plaisirs  factices  et  de  tous  les  abus  qui  formaient,  en 
quelque  sorte,  sa  dot  et  son  patrimoine;  il  doit  être  l'école  de  l'univers,  la  métro- 
pole de  la  science  humaine  ,  et  exercer  sur  le  reste  du  monde  cet  empire  irrésistible 
de  l'instruction  et  du  savoir.  Que  le  génie  y  trouve  partout  ses  instituteurs  et  ses 
modèles ,  tout  ce  qui  consacre  sa  gloire  et  prépare  son  développement ,  tout  ce  qui 
assure  son  influence  et  son  action  ;  que  toutes  les  carrières  de  l'enseignement  y 
soient  ouvertes;  que  tous  les  chemins  de  la  gloire  y  soient  indiqués,  que  l'artiste 
y  rencontre  partout  ce  qui  peut  exciter  son  enthousiasme  et  offrir  un  but  à  ses 
travaux. 

C'est  à  Paris  sans  doute  qu'il  faut  établir  le  dépôt  sacré  de  toutes  les  connais- 
sances humaines ,  et  la  réunion  des  résultats  les  plus  précieux  de  l'imagination  et 
du  génie;  c'est  à  Paris  qu'il  faut  rassembler  tous  les  monuments  des  sciences  et  des 
arts,  dont  l'ensemble  est  si  nécessaire  à  leur  perfectionnement,  et  dont  l'étude  peut 
seule  former  le  dernier  degré  de  l'instruction  publique  ;  c'est  là  qu'il  faut  organiser 
pour  les  siècles  et  pour  l'univers  l'école  suprême  de  l'homme;  et  si  l'on  embrasse 
comme  moi  toute  la  grandeur  de  cette  institution ,  si  l'on  est  frappé ,  comme  je  le 
suis,  de  l'immensité  de  ses  développements  et  de  ses  parties,  si  l'on  daigne  calculer 
toute  l'influence  que  peut  avoir  sur  la  gloire  et  la  prospérité  du  peuple  français  et 
sur  l'amélioration  du  corps  social  cette  véritable  encyclopédie  de  l'enseignement, 
on  sentira  sans  peine  que  ce  n'est  pas  trop  qu'une  ville  aussi  vaste  pour  lui  servir 
d'asile,  qu'un  empire  aussi  puissant,  aussi  étendu  et  aussi  riche  pour  l'alimenter 
de  ses  secours.  C'est  ici  que  toute  économie  doit  s'anéantir  devant  des  motifs  d'un 
ordre  supérieur;  c'est  ici  que  toute  mesquinerie  serait  un  larcin,  et  toute  épargne 
déplacée  une  atteinte  à  la  fortune  publique,  dont  les  dispensateurs  ne  sont  pas  tou- 
jours sages  quand  ils  ne  dépensent  pas,  mais  bien  quand  ils  dépensent  à  propos; 
c'est  ici  que  l'on  peut  réclamer  l'abondance  et  la  profusion,  la  magnificence  et  le 
luxe,  et  que  rien  de  ce  qui  peut  accélérer  les  effets  que  l'on  se  propose  ne  saurait 
être  rejeté ,  quoique  sacritice  qu'il  enlraîne. 


I 


APPENDICE.  6Zi7 

Le  génie,  qui  doit  présider  à  un  établissement  consacré  uniquement  à  son  culte, 
réclame  tous  les  secours  et  toutes  les  dépenses;  qu'il  les  ol^tienne.  Il  veut  réunir 
autour  de  lui  tous  les  monuments  qui  altostent  sa  gloire  et  servent  d'exemple  à  ses 
leçons;  appelez-les  d'un  bout  de  la  France  à  l'autre.  Il  a  besoin  du  concours  de 
tous  les  bommes,  dont  il  a  inspiré  lui-même  les  conceptions  et  les  travaux,  et  qui 
peuvent  le  plus  efficacement  reproduire  les  préceptes  qu'ils  en  ont  reçus;  faites-les 
chercher  par  toute  la  terre;  que  yos  bienfaits  les  fixent  au  milieu  de  vous,  les  na- 
turahsent  sur  votre  territoire,  les  dédommagent  de  tous  les  sacrifices  (ju'ils  peuvent 
vous  faire,  et  prouvent  à  l'univers  que  la  France  est  la  véritablo  patrie  des  talents 
et  du  mérite. 

Vous  avez  ouvert  un  Muséum;  rassemblez-y  soigneusement  tout  ce  que  la  Répu- 
blique renferme  déjà  de  chefs-d'œuvre,  tous  ceux  que  produiront  vos  artistes,  ceux 
que  vous  pourrez  enlever  aux  nations  voisines  et  arraclier  avec  de  l'or  à  leur  igno- 
rance ou  à  leur  avarice.  Enrichissez,  par  des  accroissements  de  tous  les  jours,  cet 
autre  dépôt  plus  spécialement  consacré  aux  merveilles  de  la  nature;  qu'il  soit 
nombreux,  grand,  magnifique  et  vrai  comme  elle,  et  que  la  terre  entière  s'em- 
presse d'y  venir  déposer  ses  trésors,  ses  singularités,  ses  productions  et  tous  les 
titres  de  son  histoire;  qu'il  soit  les  archives  du  globe,  et  que  rien  de  ce  (pii  est  sur 
sa  surface,  dans  ses  entrailles,  dans  les  éléments  qui  le  coriq^osent,  ne  puisse  y 
être  cherché  vainement.  Envoyez  dans  toutes  les  parties  du  monde  des  artistes  et 
des  savants  interroger  les  secrets  de  la  nature  et  vous  apporter  ses  plus  étonnantes 
richesses  :  voilà  les  concpiêtes  dignes  de  vous;  voilà  celles  dont  vous  devez  être 
insatiables;  l'univers  ne  peut  vous  les  disputer,  il  est  sous  la  dépendance  du  génie 
et  du  travail,  et  l'un  et  l'autre  sont  dans  vos  mains.  Cent  dépôts  divers  du  même 
genre  existent  sur  votre  territoire,  mettez-les  tous  à  contribution,  demandez-leur 
tout  ce  que  vous  ne  réunissez  pas,  mais  laissez-leur  ce  que  vous  avez  dt^à,  car 
l'accaparement  n'est  pas  l'opulence,  et  vous  n'aspirez  pas  à  une  jouissance  exclu- 
sive. 

Vous  possédez  une  immense  bibliothèque  :  c'est  le  plus  vaste  d('[)ôl  (pi'aient  eu 
les  connaissances  humaines;  cependant  beaucoup  de  livres  y  manquent  encore; 
qu'ils  y  soient  placés  le  plus  tôt  possible,  et  que  la  France,  du  moins,  n'en  renferme 
pas  un  seul  qu'on  ne  soit  sûr  de  l'y  trouver.  N'écoutez  |)as  ceux  qui  vous  diront 
qu'il  faut  en  bannir  au  conti-aire  la  plupart  de  ceux  (pii  existent  et  qui,  en  s'api- 
toyant  sur  l'excès  de  nos  richesses  littéraires,  font  bien  voii*  qu'elles  sont  pour  eux 
une  véritable  pauvreté;  n'écoutez  pas  ceux  ([ui  vous  diront  ipie  lors(jue  la  raison 
et  les  lumières  de  l'esprit  ont  pris  la  place  de  l'ignorance  et  des  |)r('jugés,  il  faut 
anéantir  tout  ce  qui  peut  rappeler  les  jours  de  l'erreur,  en  perpétuant  ses  docu- 
ments. Une  telle  doctrine  n'est  autre  chose  qu'un  syslt'me  de  barbarie  et  de  té- 
nèbres. Sans  doute,  il  faut  régénérer  les  sciences;  sans  doute,  il  faut  changer  les 
bibliolhèques;  mais  ce  n'c^st  pas  par  des  destructions,  ce  n'est  pas  en  bi-ùlant  les 
livres  que  vous  leur  en  substituerez  de  meilleurs;  c'est  «mi  jum  léclionn.iiit  les 
sciences  qui  y  sont  ensei|;ii(rs,  c'est  en  améliorant  les  résultat-^  de  la  nuMlilation 
et  de  l'étude,  c'est  en  créant  des  llK'orics  nouvidles  plus  luiniuiMises  ci  plus  sa{i^es, 
c'est  en  éclairant  par  vos  découvertes  les  j)rocé(lés  de  vos  artistes  cl  lis  opinions 
de  vos  savants.  On  ne  peut,  soyez-en  bien  surs,  tuer  un  livre  (pieu  en  taisant  un 


6'i8  ^  APPENDICE. 

meilleur;  mais  alors  il  n'esl  pas  nécessaire  d'employer  coatre  lui  le  fer  et  le  feu;  il 
périt  de  lui-mtMiio,  (tiule  de  lecteurs,  et  s'anéantit  incessamment  dans  l'éternelle 
nuit  de  l'oubli.  Tout  livre  que  Ton  ne  lit  pas  a  cessé  d'être,  et  il  est  inutile  alors 
que  vous  cliercliiez  à  le  détruire  ;  celui  que  l'on  lit  encore  ne  vous  appartient 
point;  c'est  une  propriété  de  l'esprit  sur  laquelle  vous  n'avez  aucun  droit.  Je  sais 
bien  qu'il  est  des  sciences  qui,  grâce  à  la  sublimité  de  nos  institutions  nouvelles, 
ont  disparu  de  dessus  la  terre,  ])Our  ne  s'y  montrer  jamais.  Elles  étaient  les  filles 
de  l'ig-norance  et  de  l'erreur,  et  le  Ihunbeau  de  la  raison  les  a  dissipées,  comme  le 
jour  chasse  les  ténèbres.  Ce  n'est  pas  pour  elles  que  je  réclame  :  je  ne  veux  pas 
(pi'on  les  ressuscite;  mais  qu'on  ne  \iole  pas  leur  tombeau,  de  peur  qu'on  n'y  en- 
sevelisse avec  elles  des  objets  dignes  de  nos  regrets.  Je  m'en  rapporte  bien  plus  à  l'in- 
térêt de  ceux  qui  lisent,  qu'à  toutes  vos  réformes  bibliographiques;  c'est  parce  que  je 
suis  bien  certain  que  nul  n'ira  perdre  son  temps  à  étudier  les  dogmes  d'une  science 
qui  n'est  plus,  (pie  je  ne  vois  aucun  inconvénient  à  en  laisser  subsister  les  livres, 
jusqu'à  ce  que  le  tenq)s  lui-même  les  ait  enveloppés  dans  ses  destructions  succes- 
sives. S'il  n'y  a  rien  de  bon  dans  ces  livres,  croyez  qu'on  ne  les  ouvrira  jamais;  et 
alors  quel  mal  feront-ils?  Mais  s'il  y  avait  dans  un  seul  d'entre  eux  une  seule  idée 
qui  put  être  ulile  au  bonheur  de  l'homme,  qui  pût  accélérer  le  développement  de 
son  esprit  ou  étendre  le  cercle  de  son  instruction,  ah!  sans  doute,  en  y  portant  la 
ilamme,  vous  auriez  commis  un  attentat  dont  les  siècles  ne  vous  laveraient  pas. 
Que  de  livres  ont  péri  depuis  la  renaissance  des  lettres  et  la  découverte  de  l'impri- 
merie! et  ce  qu'il  y  a  de  consolant,  c'est  qu'il  n'en  a  péri  aucun  dont  la  perte  soit 
regrettable;  et  ce  qu'il  y  a  de  précieux,  c'est  que  les  bons  livres  sont  abondants, 
tandis  que  les  mauvais  sont  rares.  Il  ne  faut  donc  pas  des  mesures  coercitives  pour 
opérer  ce  scrutin  épuratoire  des  bibliothèques  :  mais  il  y  a  le  temps  et  la  poslérité 
qui  peuvent  l'eiïectuer  sans  danger;  et  il  faut  s'en  l'apporter  à  eux  seuls. 

Et  à  qui  conlieriez-vous  la  direction  de  cette  réforme?  qui  investiriez-vous  de 
cette  magistrature  suprême  des  pensées?  Gréeriez-vous,  comme  je  crois  l'avoir  en- 
tendu proposer,  une  commission  pour  vous  en  présenter  le  travail,  ou  pour  l'ar- 
rêter définitivement?  Mais  alors  de  quels  membres  la  composeriez-vous?  Quel 
serait  l'homme  assez  habile,  assez  profond,  assez  raisonnable,  assez  dégagé  des 
préjugés,  assez  peu  morose  pour  pouvoir  distinguer  dans  l'immensité  des  livres 
ceux  qu'il  faut  conserver  de  ceux  que  l'on  doit  anéantir?  Quel  serait  celui  dont  le 
coup  d'œil  serait  assez  juste ,  ou  le  jugement  assez  fait ,  pour  pouvoir  découvrir  dans 
l'innombrable  collection  de  tous  les  répertoires  de  la  science  humaine  ceux  qui 
sont  les  enfants  de  l'erreur  et  ceux  qui  le  sont  de  la  vérité?  Quel  serait  l'homme 
assez  audacieux  ou  assez  profondément  éclairé  pour  assigner  des  bornes  plus  ou 
moins  rapprochées  aux  méditations  de  l'esprit  humain?  Qui  oserait  lui  dire  :  Ceci 
n'est  pas  de  ton  domaine,  et  tu  dois  renfermer  tes  études,  tes  recherches  et  tes 
travaux  dans  le  cjrcle  plus  ou  moins  vaste  que  je  suis  chargé  de  te  tracer?  Qui 
oserait  tirer  la  ligne  hors  de  laquelle  tout  devrait  être  détruit,  et  en  deçà  de  la- 
quelle tout  pourrait  subsister  encore?  Une  commission  pour  circonscrire  les 
sciences,  pour  élaguer  l'arbre  de  ses  méditations,  pour  placer  une  barrière  éter- 
nelle entre  l'erreur  et  la  vérité!  une  commission  d'hommes,  bon  Dieu!  Ah!  le  con- 
cile de  Trente  aussi,  lui  qui  du  moins  prétendait  à  l'infaiUibilité,  avait  créé  une 


( 


APPENDICE.  6/i9 

commission  pour  un  objet  presque  semblable  et  décrt^té,  comme  on  vous  le  ])ro- 
pose,  un  index  des  livres  et  des  pensées;  mais  la  postérité  a  cassé  ses  décrets  et 
la  raison  s'en  est  moquée. 

Nul  homme  sans  doute,  nulle  réuiiion  d'hommes  ne  peuvent  se  charger  de  celle 
fonction  surhumaine;  c'est  au  temps,  qui  démolit  en  silence,  à  compléter  par  ses 
destructions,  comme  par  ses  découvertes,  le  grand  ouvrage  de  la  régénération  do 
l'esprit  humain;  c'est  à  lui  seul,  c'est  à  la  voix  des  siècles,  c'est  à  la  raison  uni- 
verselle et  tardive,  c'est  à  l'instinct  de  l'intérêt  particuher  à  distinguer  ce  qu'il  faut 
apprendre  de  ce  qu'il  faut  repousser  loin  de  son  entendement  et  de  sa  mémoire. 
Le  temps  seul  met  tout  à  sa  place  :  il  est  supérieur  à  toutes  les  pn'lentions  de 
l'amour-propre  et  de  la  vanité,  à  l'orgueil  des  courtes  el  fausses  lumières,  aux 
petites  passions  de  l'âme;  il  prononce  lard,  sans  doute,  niais  il  [)rononce  d'une 
manière  sûre,  et  ses  arrêts  sont  irrévocables;  attendez-les  donc  avec  respect,  et 
sans  oser  les  devancer;  attendez-les,  et  méfiez- vous  de  toutes  ces  propositions 
extravagantes  qui  ne  sont  faites  que  par  le  désir  d'une  célébrité  vainement  bri- 
guée :  c'est  la  vanité  seule  qui  les  dicte.  On  croit  s'agrandir  soi-même  en  provo- 
quant des  destructions  :  on  croit  se  montrer  supérieur  à  tout  ce  qu'on  abat  ou 
qu'on  dédaigne;  et  l'on  se  hisse  avec  fierté  sur  les  décombres  dont  en  s'entoure, 
comme  un  enfant  monte  sur  une  table  afin  de  paraître  plus  grand.  On  croit  se 
donner  un  vernis  de  philosophie  et  de  supériorité  scientifique  en  témoignant  son 
mépris  pour  les  livres  et  pour  tout  ce  que  les  autres  savent,  et  Ton  veut  masquer 
sous  cette  morgue  la  médiocrité  dont  la  conscience  nous  accable.  Mais  vous  n'en 
serez  pas  dupes,  citoyens;  un  tel  charlatanisme  ne  peut  en  im[)oser  un  seul  in- 
stant à  la  raison  qui  vous  inspire  et  à  la  sagesse  qui  vous  conduit.  Vous  ajouterez, 
h  tous  vos  bienfaits  envers  l'humanité,  celui  de  vous  préserver  même  de  l'hono- 
rable désir  d'atteindre  à  un  perfectionnement  qui  ne  peut  être  votie  ouvrage. 

Vous  croirez  avoir  fait  assez  en  faisant  retentir  de  tous  les  côtés  la  voix  sacrée 
de  l'enseignement,  et  en  améliorant  dans  une  organisation  nouvelle  toutes  ses 
parties  et  toutes  ses  méthodes.  Vous  croirez  avoir  fait  assez  en  obtenant  des  bons 
esprits  de  tous  les  pays  ces  livres  élémentaires,  dont  le  but  doit  être  d'é[)urer  les 
principes  en  simphfiant  les  procédés ,  et  qui ,  par  la  direction  qu'ils  donneront  aux 
premiers  pas  de  l'inexpérience  et  de  la  jeunesse,  assureront  la  continuité  de  leur 
marche  dans  la  carrière  que  vous  leur  ouvrez;  ils  prépareront  la  maturité  de  la 
réflexion  à  distinguer  dans  cette  immensité  d'ouvrages,  dont  l'amas  vous  elfraye, 
ce  qui  doit  être  rejeté,  des  choses  véritablement  précieuses  dont  la  conservation 
intéresse  la  gloire  de  l'empire  et  peut  influer  sur  le  bonheur  des  hommes.  \  uns 
croirez  avoir  fait  assez  en  ap|)elanl  sur  toutes  les  productions  (pie  l'on  veut  j)ro- 
scrire  l'œil  vigilant  de  cette  critique  exercée  qui ,  comme  l'a  dit  un  écrivain  |)hilo- 
soi[à\e ,  juffc  les  ovvrages,  les  talents  et  les  sièeles,  et  donne  au  génie  toute  sa  gloire, 
en  détruisant  l'autorité  de  ses  défauts.  Ses  décisions  devront  être  les  seules  écou- 
tées, les  seules  souveraines  et  définitives;  mais  soil  (pielles  condamnent  à  un  éter- 
nel oubli,  soit  qu'elles  ordomient  la  vie  en  investissant  de  la  gloire,  vous  ne 
devrez  confier  qu'au  temps  el  à  elles-mêmes  le  soin  de  les  exécuter.  Ainsi  nous 
substituerez,  aux  torches  de  l'incendie  que  l'on  nous  j)ropost'  d'allnmer.  le  s«Md 
flambeau  de  l'inslruction  :  ainsi  se  formera  au  milieu  de  vous  la  gloiitMiso  collt'c- 


650  APPENDICE. 

tion  de  nos  richesses  littéraires;  ainsi  s'épureront  sans  danger  les  dépôts  sacrés 
qui  les  contiennent  :  elles  gagneront  par  le  choix  ce  qu'elles  perdront  par  le 
nomhro;  la  nation  saura  ce  qu'elle  possède,  et,  dans  ce  qu'elle  possède,  ce  qui 
mérite  son  allenlion;  ainsi,  sans  lui  l'ion  ôter,  vous  cliasserez  tout  le  superflu  qui 
l'eniharrasse;  vous  accroîtrez  ses  véritables  trésoj's,  en  lui  facihtant  les  moyens 
(l'on  user;  et,  en  rapprochant  de  ses  études  le  but  auquel  elles  doivent  tendre, 
vous  les  améliorerez  en  les  rendant  aussi  plus  faciles.  Les  bons  écrivains  vous  de- 
vront d'être  mieux  goûtés;  les  autres  de  ne  pas  mourir  tout  entiers;  et  la  recon- 
naissance universelle  des  peuples  éclairés  par  vous  associera  vos  noms  à  ceux  des 
grands  hommes  que  vos  institutions  auront  fait  naître. 

11  me  serait  facile  sans  doute  d'appuyer  par  de  nouveaux  développements  tout 
ce  que  je  viens  de  vous  dire  ;  mais  je  n'ai  pas  besoin  d'insister.  Songez  seulement , 
ajouterai-je  encore,  que  si  vous  laissez  entamer  une  seide  fois  le  plus  petit  dépôt 
de  la  science,  vous  livrez  h  l'esprit  de  système  l'entière  destruction  de  tous;  son- 
gez que  celui  qui  aura  proscrit  aujourd'hui,  avec  raison  si  l'on  veut  même,  une 
branche  de  nos  connaissances ,  sera  remplacé  demain  par  celui  qui  l'aurait  con- 
servée mais  qui  en  aurait  rejeté  une  autre,  qu'il  se  hâtera  d'anéantir  dès  qu'il  en 
aura  le  pouvoir;  qu'ainsi  de  système  en  système,  de  suppressions  en  suppressions, 
et  toujours  guidé  par  le  désir  d'opérer  des  réformes  éclatantes  et  nouvelles,  et 
toujours  dirigé  par  ce  sentiment  qui  fait  que  les  hommes  sont  plus  flattés  de  ce 
qu'ils  détruisent  qu'honorés  de  ce  qu'ils  créent,  on  arrivera,  en  définitive,  au  ren- 
versement de  la  dernière  pierre  de  cet  édifice  magnifique ,  élevé  par  le  génie  et  les 
sciences,  au  faîte  duquel  s'est  placé  de  lui-même  le  trône  éclatant  de  notre 
liberté. 

La  muette  éloquence  des  monuments  et  des  chefs-d'œuvre  élève  l'âme  et 
agrandit  la  sphère  de  l'imagination  et  de  l'esprit  :  mais  elle  ne  suffit  pas  à  l'in- 
struction :  il  lui  faut  encore  des  démonstrations  animées  et  en  action;  il  lui  faut 
des  leçons  vivantes;  et  les  beautés,  comme  les  préceptes  des  arts,  ne  peuvent  être 
abandonnés  à  la  contemplation  silencieuse  de  ceux  qui  sont  appelés  par  le  génie 
à  en  étudier  les  secrets  et  à  en  reproduire  un  jour  les  perfections.  Il  doit  exister 
dans  le  sanctuaire  des  talents  une  sorte  d'initiation  et  de  mystère,  et  dans  leur 
temple  un  sacerdoce  chargé  d'en  enseigner  le  culte.  Le  feu  du  génie  est  comme 
celui  que  les  Romains  consacraient  à  la  divinité  protectrice  de  leurs  remparts  :  il 
doit  être  alimenté  sans  cesse,  et  brûler  sous  la  garde  non  interrompue  de  déposi- 
taires choisis  par  lui.  Le  dépôt  de  la  science  s'accroît  et  se  développe  par  l'ensei- 
gnement; et  c'est  en  simplifiant  ses  procédés  et  ses  méthodes,  pour  les  rapprocher 
de  l'entendement  de  tous  les  hommes ,  que  l'on  acquiert  et  que  l'on  fixe  ses  plus 
précieux  résultats. 

A  côté  de  tous  ces  trésors  de  l'imagination  et  du  génie ,  de  la  méditation  et  de 
l'étude,  dont  Paris  présentera  l'ensemble  à  l'admiration  de  l'Europe  entière,  seront 
donc  ceux  plus  précieux  encore  d'un  enseignement  universel  ;  ceux  sans  lesquels 
les  premiers  ne  sont  rien,  mais  qui  aussi  ne  sont  rien  sans  eux;  et  qui,  en  s'ap- 
puyant  sur  la  réunion  immortelle  de  toutes  les  collections  de  la  science  et  des  arts, 
apprennent  à  les  mettre  en  œuvre ,  savent  ordonner  l'emploi  de  leurs  richesses  et 
sont  la  lumière  et  le  fil  qui  dirigent  dans  les  sentiers  de  leur  labyrinthe.  Vous 


APPENDICE.  651 

appellerez  autour  de  vous  les  hommes  de  qui  les  sciences  elles  arts  peuvent  obte- 
nir le  plus  de  lumières,  quels  que  soient,  comme  je  Tai  déjà  dit,  leur  patrie  et  le 
territoire  qui  les  a  vu  naître.  Le  gënie  et  les  talents  appartiennent  à  tous  les  pays  : 
leurs  trésors  sont  destinés  au  peuple  qui  s'en  montre  le  plus  digne,  en  les  hono- 
rant le  mieux;  et  puisque  l'invincible  loi  de  la  nature  ne  vous  permet  de  diriger 
votre  choix  que  sur  le  présent  qui  s'échappe  et  qui  dans  sa  course  rapide  peut 
être  si  difficilement  saisi;  puisque  vous  ne  pouvez  demander  ni  aux  siècles  qui  ne 
sont  plus,  ni  à  ceux  qui  ne  sont  pas  encore,  le  tribut  de  leurs  grands  hommes,  et 
que,  forcés  de  disputer  à  la  faux  de  la  mort  le  mérite  dont  vous  devez  vous  enri- 
chir, il  ne  vous  est  permis  d'embrasser  dans  vos  lecherches  que  la  durée  d'un 
éclair,  du  moins  vous  en  dédommagerez -vous  en  ne  leur  assignant  daulres 
limites  que  les  bornes  mêmes  du  monde.  Bientôt  votre  terie,  fertilisée  par  rinlluence 
de  la  liberté,  et  par  tous  les  bienfaits  de  vos  institutions  régénératrices,  n'aura 
plus  rien  à  enlever  aux  autres  nations  ;  bientôt  vous  aurez  irrévocablement  saisi 
la  première  place  parmi  les  peuples  éclairés,  et  on  ne  vous  la  disputera  plus. 

L'institut  national  que  vous  créerez,  soit  que  vous  le  nommiez  Acadcmio  ou 
Lycée,  soit  que,  pour  réhabiliter  un  nom  devenu  presque  odieux,  vous  le  nommiez 
Université,  offrira  dans  ses  détails  toutes  les  branches  de  l'enseignement  public, 
et  dans  son  ensemble  le  plus  haut  degré  de  la  science  humaine.  11  faut  que  tout 
ce  que  les  hommes  savent  y  soit  enseigné  dans  la  plus  haute  perfection.  11  faut 
que  tout  homme  y  puisse  apprendre  à  faire  ce  que  tous  les  hommes  de  tous  les 
pays,  embrasés  du  feu  du  génie,  ont  fait  et  peuvent  faire  encore.  Il  faut  que  cet 
ëtabhssement  honore  non  la  France  seule,  mais  l'humanité  tout  entière,  en 
l'étonnant  par  le  spectacle  de  sa  puissance  et  le  développement  de  sa  force.  Cette 
universalité  de  savoir  serait,  sans  doute,  une  chimère,  s'il  ne  s'agissait  (pie  de 
quelques  hommes  pris  au  hasard  et  dans  un  espace  nécessairement  circonscrit; 
mais  il  s'agit  du  rassemblement  et  de  l'élite  de  tous  les  hommes  instruits  de  la 
terre,  de  l'extrait,  si  je  puis  parler  ainsi,  de  tout  l'univers  savant;  et  par  une  telle 
réunion  de  science,  de  talents  et  d'habileté,  il  est  impossible,  sans  doute,  de  ne  pas 
arriver  au  plus  parfait  résultat  des  produits  de  l'esprit  humain ,  au  dernier  terme 
de  l'instruction  et  du  savoir. 

Je  ne  vous  présenterai  point  ici  l'organisation  n'glementaire  de  cet  asile  indes- 
tructible de  toutes  nos  connaissances  :  votre  Comité  d'instruction  publi([ue.  plus 
accoutumé  que  je  ne  le  suis  à  mûrir  des  résultats  et  à  balancer  des  systèmes  de 
législation  et  d'enseignement,  doit  être  chargé  de  ce  travail;  il  en  ordonnera 
toutes  les  parties  ;  il  en  combinera  les  divers  rapports;  et,  dis[)osant  avec  méthode 
tous  les  matériaux  de  ce  grand  édifice,  il  en  sera  le  véritable  architecte.  Je  n  ai 
point  oublié,  d'ailleurs,  que  je  n'ai  voulu  vous  soumettre  cpie  cpielques  idées  et 
non  l'ensemble  d'un  projet;  j'aurais  besoin,  pour  leur  donner  plus  d'accord,  de 
les  élaborer  moi-même  par  l'étude  et  par  la  réilexion.  J'ajouterai,  néanmoins,  (pie 
cette  superbe  institution  doit  être  l'école  (l(»s  savants,  non  moins  (pie  celle  des 
élèves,  et  le  dépôt  de  la  science  autant  cpie  celui  de  renseignement;  que  ce  doit 
être  tout  5  la  fois  le  temple  de  la  gloire,  |)()ui-  (vux  cpii  y  seront  appelés  après 
avoir  parcouru  quelques-uns  des  sentiers  du  g('nie,  et  la  carrière  où  s'exerceront 
les  athlètes,  excités  par  sa  voix  puissante.  11  existait  des  académies  qui  end); as- 


652  APPENDICE. 

saient  dans  leur  minion  tout  renchaînement  des  méditations  luiniaines;  vous  les 
avez  sagement  supprimées  :  leur  régime  n'était  pas  assez  libre  pour  subsister  sous 
votre  gouvernement,  et  leur  manière  d'exister  se  ressentait  trop  du  temps  et  des 
auteurs  de  leur  naissance;  l'esprit  de  corps  les  avait  souillées  de  ses  poisons,  en 
substituant  ses  pn'jugés  rt  sa  morgue  à  la  recherche  et  à  l'amour  de  la  science; 
il  semblait  les  avoir  changées  en  des  institutions  établies  pour  arrêter  les  progrès 
des  lumières  et  de  la  raison ,  et  pour  offrir  un  asile  sur  aux  anciennes  habitudes 
de  l'orgueil  et  aux  vieilles  routines  de  l'erreur;  elles  tendaient  à  anéantir  l'émnla- 
tion  par  l'injustice,  et  à  glacer  renlhousiasme  par  une  application  pédantesque  et 
sèche  des  règles  instituées  pour  faciliter  l'clfort  du  génie;  enfin  elles  ôtaient  au 
vrai  talent  l'énergie  dont  il  ne  peut  se  passer,  en  l'accoutumant  à  la  dépendance 
et  aux  sollicitations,  et  en  circonscrivant  la  gloire,  à  laquelle  il  a  un  droit  incontes- 
table, dans  les  limites  d'une  coterie.  Mais  vous  en  reprendrez,  sans  doute,  pour 
le  reporter  dans  vos  nouveaux  établissements,  tout  ce  qui  pouvait  faciliter  le  déve- 
loppement des  forces  morales  et  prêter  un  appui  quelconque  à  l'accélération  de 
nos  lumières.  Vous  conserverez  ces  conférences  périodiques  entre  des  hommes  ha- 
biles et  versés  dans  les  mêmes  sciences,  dont  le  résultat  doit  être  d'accroître  les 
l'ichesses  de  l'imagination  et  de  l'esprit,  et  de  diriger  le  vol  du  génie  vers  le  but 
!e  plus  utile  et  le  plus  sûr;  vous  encouragerez  ces  travaux  communs,  desquels 
jailHssent,  avec  une  force  doublement  active,  tous  les  rayons  qui  doivent  éclairer 
le  monde;  vous  ordonnerez  ces  jugements  et  ces  récompenses,  qui  encourageront 
les  jeunes  artistes,  et  maintiendront  la  pureté  du  goût  et  des  bons  principes,  en 
forçant  les  savants  eux-mêmes,  qui  devront  les  appliquer  dans  leurs  décisions,  à 
ne  jamais  les  perdre  de  vue.  Vous  n'arrêterez  que  peu  de  statuts;  et,  la  carrière 
une  fois  ouverte,  vous  laisserez  au  génie  et  au  talent  le  soin  d'y  marcher  à  leur 
gré.  Us  ne  veulent  pas  d'entraves;  et  si  quelque  chose  doit  être  libre,  c'est  la  mé- 
thode et  les  formes  de  l'enseignement,  qui  appartiennent  au  domaine  sacré  de  la 
pensée  et  de  l'intelligence  humaine  :  appelez  autour  de  vous  les  savants  et  les 
ai'tistes;  offrez -leur  des  encouragements  et  des  récompenses,  des  institutions 
publiques  et  la  hberté,  et  vous  aurez  assez  fait:  chacun  ensuite  ne  manquera  pas  de 
se  tracer  lui-même  la  route  qu'il  devra  suivre,  d'enseigner  tout  ce  qu'il  sait,  et 
de  l'enseigner  en  adoptant  les  moyens  les  plus  sûrs  de  s'honorer  par  beaucoup  de 
succès.  C'est  en  associant  la  gloire  des  artistes  au  perfectionnement  des  arts  eux- 
mêmes  et  de  leur  enseignement,  que  vous  l'atteindrez  de  la  manière  la  plus 
prompte  et  la  plus  sûre;  c'est  en  associant  le  peuple  tout  entier  à  cette  gloire  des 
artistes  que  vous  la  rendrez  plus  certaine  et  plus  durable  et  que  vous  rendrez  son 
éclat  plus  brillant.  Ainsi  la  liberté  doit  honorer  les  arts  qui  doivent  l'embellir; 
ainsi  l'instruction,  qui  est  l'une  de  ses  plus  fermes  bases,  est  aussi  l'un  de  ses  plus 
excellents  résultats;  ainsi  toutes  les  institutions  politiques,  fondées  sur  la  raison 
et  les  droits  de  tous,  se  défendent  les  unes  les  autres,  se  prêtent  l'appui  de  leur 
force  et  s'embellissent  de  leur  parure  mutuelle.  Honorez,  récompensez,  encoura- 
gez et  cultivez  les  arts  et  les  sciences,  et  vous  affermissez  de  plus  en  plus  l'édifice 
de  la  liberté  publicpie;  consolidez  la  hberté,  et  les  lettres  et  les  sciences  se  fixeront 
au  milieu  du  peuple  généreux  et  sensible  qui  aura  su  la  conquérir  et  la  dé- 
fendre. 


APPENDICE.  653 

Mais  en  élevant  le  temple  des  arts  à  côte'  de  celui  des  lois,  en  considérant  le 
ge'nie  comme  une  magistrature  nationale  et  suprême,  associé  en  quelque  sorte  à 
l'exercice  de  la  puissance  du  peuple,  et  la  dominant  même  par  son  influence  sur 
l'opinion,  sur  les  mœurs,  et  sur  la  direction  de  l'esprit  public;  en  plaçant  les  ar- 
chives de  l'intelligence  humaine  h  côté  de  celles  du  gouvernement  social,  vous  ne 
voudrez  point  déshériter  les  autres  portions  de  l'empire  du  bienfait  de  Tinslruc- 
tion  et  de  la  facilité  de  l'enseignement.  L'enseignement  habituel  et  jouinalier  doit 
être  partout,  et  à  ia  portée  de  tous  ceux  qui  veulent  le  recevoir  et  s'enrichir  de  ses 
résultats.  Si  l'éducation  du  génie  ne  peut  se  compléter  que  dans  un  seul  lieu,  celle 
de  l'esprit  et  de  la  raison  doivent  se  trouver  à  portée  de  tous  ceux  qui  sont  ap[)elés 
à  en  recueillir  les  trésors ,  c'est-à-dire  de  tous  les  citoyens.  Les  monuments  qui 
leur  appartiennent  doivent  être  rassemblés  à  côté  d'elle,  et  prépara  tous  les  genres 
d'instructions  qui  n'ont  pas  besoin  de  la  réunion  de  tous  les  chefs-d'œuvre  et  de 
tous  les  talents.  L'enseignement  doit  être  d'autant  plus  rapproché  qu'il  doit  at- 
teindre un  plus  grand  nombre  d'hommes  ;  l'instruction  doit  être  d'autant  plus 
éparse  qu'elle  est  plus  superficielle  et  à  la  portée  de  plus  de  monde;  j)artout  elle 
doit  avoir  en  surface  ce  qui  lui  manque  en  profondeur;  et  moins  on  peut  apprendre 
de  choses,  plus  il  faut  pouvoir  les  obtenir  sans  les  acheter  par  des  déplacements. 
A  mesure  que  le  cercle  de  l'instruction  s'agrandit,  celui  de  l'enseignement  se  res- 
serre :  il  finit  par  se  terminer  en  un  seul  point,  où  aboutissent  tous  les  rayons, 
comme  ceux  de  l'astre  du  jour  se  réunissent  autour  de  son  disque,  duquel  ils  re- 
partent pour  éclairer  le  monde  et  vivifier  toute  la  nature. 

Ainsi  après  avoir  offert  dans  les  écoles  primaires  tout  ce  qu'il  est  défendu,  sous 
peine  d'être  esclave,  à  un  ciloyen  d'ignorer;  ce  qui,  formant  le  premier  anneau  de 
la  chaîne  de  nos  connaissances,  est  aussi  la  base  du  vaste  édifice  de  finstruclion 
et  du  savoir;  ce  qui  est  étranger  à  toutes  les  choses  qui,  dans  les  arts,  appar- 
tiennent aux  spéculations  et  aux  combinaisons  du  génie,  parait,  sinon  investi  d'un 
grand  éclat,  du  moins  appuyé  sur  toutes  les  certitudes  dont  l'entendement  humain 
peut  avoir  la  démonstration  ^^\  il  faut  sans  doute  continuer  à  diriger  la  raison  et 
l'esprit  dans  la  carrière  qui  leur  est  ouverte,  et  organiser  les  établissements  où  ils 
peuvent  puiser  l'instruction  qui  leur  est  propre.  Leur  méditation  et  leur  (Hude  ont 
besoin  de  modèles  et  de  guides;  elles  ne  peuvent  être  abandonuj'es  à  elles-mêmes 
sans  être  exposées  à  errer  sans  fil  au  milieu  d'un  labyrinthe  inextricable  et  à  y 
périr  de  lassitude  et  d'épuisement,  apiès  avoir  tenté  d'en  parcourir  toutes  les 
issues.  Mais  ce  qui  doit  leur  être  enseigné  est  encore  loin  d'appartenir  au  perfec- 
tionnement des  connaissances  humaines  et  au  développement  de  toutes  les  facultés 
de  notre  intelligence  :  il  ne  s'agit  pas  encore  de  créer  des  savants,  mais  des 
hommes  instruits;  de  dévoiler  tous  les  secrets  du  talent  et  de  montrer  a  les  mettre 
en  œuvre,  mais  d'apprendre  à  jouir  des  fruits  heureux  de  ses  conceptions  et  ii  les 

^•^  Nous  reproduisons  texluollcnienl  ce!  le  étranger  h  tontes  les  choses  qui,  dans  les 

phrase  dovonuo  ininlellijjihio,  probahiomoiil  arts,  appnrlionnont  aux  sporulation**  et  aux 

par  suite  d'une  faute  cfiiupression  <pii  a  in-  oouihinaisonsdu  ijiMiie,  parait ,  sinon  investi 

Iroduit  à  tort  le  mot  est  devant  le  mot  étran-  d'un  grand  éclat ,  du  moins  appuyé  sur  toutes 

ger.  Nous  pensons  qu'on  doit  lire  :  ffce  qui ,  les  certitudes.  .  .  n 


654  APPENDICE. 

apprécier  avec  justesse  ;  c'esl  réducatioii  de  l'esprit  qu'il  faut  achever,  et  non  celle 
du  génie;  c'est  un  second  pas  qu'il  faut  faire  faire  à  l'ëtude  dans  la  route  de  l'in- 
struclioii;  ou,  si  Ton  veut,  un  point  intermédiaire  qu'il  faut  fixer  entre  l'ig-norance 
bannie  par  l'enseignement  des  premières  écoles,  et  le  complément  de  toutes  les 
connaissances  rassemblées  dans  le  dépôt  suprême  et  central  dont  Paris  doit  être 
l'asile. 

On  a  proposé  d'établir  une  école  secondaire  ou  collège  dans  chaque  district; 
d'autres  ont  pensé  qu'il  suffirait  d'en  créer  une  pour  chaque  département;  d'autres 
enfin  ont  désiré  qu'il  y  en  eût  cent  ou  environ  dans  toute  l'étendue  de  la  République, 
en  les  distribuant  en  raison  combinée  de  la  proximité  relative  des  grandes  villes 
et  de  la  masse  de  leur  population.  J'adopterai  assez  volontiers  ce  dernier  avis;  outre 
qu'il  me  paraît  mieux  remplir  les  intentions  que  doivent  avoir  les  législateurs  en 
organisant  les  établissements  de  ce  genre,  celles  de  leur  donner  toute  la  splendeur 
dont  ils  sont  susceptibles,  par  la  facilité  d'y  réunir  le  plus  d'hommes  de  mérite  et 
un  plus  grand  nombre  d'élèves,  il  a  l'avantage  de  s'affranchir  de  la  circonscription 
des  limites  départementales,  dont  la  trop  stricte  application  dans  l'organisation  des 
institutions  sociales  accoutume  les  citoyens  à  se  considérer  comme  appartenant  à 
une  section  de  l'empire  plutôt  qu'à  une  autre,  et  à  ne  trouver  leur  patrie  que  dans 
la  portion  de  territoire  qui  leur  offre  l'espèce  de  gouvernement  et  de  protection 
[)ublic[ue  dont  l'effet  est  le  plus  journalier. 

Il  y  a  trop  de  districts  pour  qu'on  puisse  fixer  dans  chacun  d'eux  un  établisse- 
ment secondaire  :  cette  multitude  de  collèges,  en  organisant  une  armée  de  profes- 
seurs, tendrait  nécessairement  à  appeler  dans  ces  importantes  places  la  médiocrité 
parasite  et  ambitieuse  qui  se  présente  avec  tant  d'assurance,  et  à  rendre  ainsi 
presque  nuls  tous  les  avantages  que  la  nation  et  les  générations  futures  doivent 
recueillir  d'un  enseignement  bien  organisé.  A  force  de  vouloir  tout  enseigner  par- 
tout, on  n'enseignerait  rien  nulle  part;  et  au  lieu  des  ressources  et  de  l'éclat  que 
peuvent  donner  aux  instituts  du  second  ordre  leur  établissement  dans  les  villes  et 
leurs  distances  respectives,  on  n'obtiendrait  que  des  chaires  sans  élèves,  ou  des 
élèves  sans  professeurs  dignes  de  les  instruire.  Il  a  fallu  multiplier  presque  à  l'in- 
fini les  écoles  primaires,  parce  cjue,  d'une  part,  il  est  facile  de  trouver  des  insti- 
tuteurs capables  d'enseigner  ce  que  l'on  y  professe ,  et  que ,  de  l'autre,  tous  les  jeunes 
citoyens  devant  y  être  appelés  sans  distinction,  et  n'y  en  ayant  aucun  qui  ne  soit 
apte  à  recevoir  l'instruction  qui  y  est  donnée,  il  a  bien  fallu  rapprocher  d'eux 
cette  sorte  d'institut  usuel ,  dont  le  grand  avantage  est  de  porter  partout  les  pre- 
mières lumières,  comme  le  soleil  répand  ses  rayons  dans  les  lieux  les  plus  reculés 
de  la  nature.  Mais  dans  les  établissements  secondaires ,  dont  la  nécessité  n'est  pas 
aussi  absolue,  dont  l'enseignement,  étant  plus  perfectionné,  suppose  dans  les  pro- 
fesseurs un  degré  de  mérite  peu  commun,  il  peut  n'être  pas  très  aisé  d'en  remplir 
convenablement  les  places,  et  consécjuemment  très  politique  de  les  multiplier  sans 
nécessité.  L'essentiel  dans  ce  degré  d'instruction  est  moins  d'apprendre  que  d'ap- 
prendre bien.  Le  peu  d'habileté  des  maîtres  est  plus  nuisible  que  leur  absence 
totale:  car  alors  les  préjugés  remplacent  les  lumières;  et  il  se  trouve  qu'au  lieu  de 
créer  des  établissements  pour  l'ulifité  de  l'instruction ,  on  en  fonde  pour  le  main- 
tien de  l'erreur  et  pour  le  développement  du  faux  savoir. 


APPENDICE.  655 

Je  ne  tracerai  pas  ici  l'organisation  de  ces  établissements  secondaires  :  c'est, 
comme  je  l'ai  dit  à  propos  de  l'institut  national,  au  Comité  d'instruction  pu- 
blique qu'un  pareil  travail  est  confié;  il  ne  doit  pas  seulement  embrasser  des  rè- 
glements intérieurs ,  ou  une  législation  purement  administrative ,  mais  le  système 
général  et  complet  de  l'enseignement  public,  et  présenter  cet  enchaînement  mé- 
thodique et  uniforme  qui,  dans  l'édifice  de  l'instruction,  doit  lier  et  assortir  toutes 
les  parties  et  donner  à  chacune  d'elles  le  rang,  l'importance  et  l'étendue  qui  leur 
sont  propres.  Un  tel  ouvrage  doit  être  les  résultats  des  méditations  les  plus  pro- 
fondes, et  le  produit  de  la  philosophie  et  de  la  raison,  et  surtout  de  l'absence  de 
tous  les  préjugés.  Quant  à  moi,  j'ai  suffisamment  indiqué  ([uclle  était  la  base  sur 
laquelle  je  croyais  qu'il  fallait  le  fonder,  en  disant  ({ue  si  rétablissement  central  et 
suprême  était  destiné  à  former  des  savants,  celui-ci  ne  l't'lait  qu'à  faire  des 
hommes  instruits;  et  c'est  pour  cela  surtout  que  j'ai  désiré  que  l'on  prît  toutes  les 
précautions  possibles  pour  empêcher  que  la  médiocrité  ne  s'y  établît  h  la  place  du 
vrai  mérite,  de  peur  que,  présomptueuse  dans  ses  vues  et  incapable  de  les  réaliser, 
elle  ne  crût  plus  digne  d'elle  de  former  des  demi-savants,  et  ne  donnât  ainsi  à  la 
France  l'espèce  d'hommes  la  plus  dangereuse,  la  plus  véritablement  ennemie  des 
sciences  et  des  arts,  et  la  plus  opposée  à  leurs  progrès. 

L'institut  national  s'étant  saisi  de  la  première  place  de  l'enseignement  public, 
ayant  réuni  autour  de  lui  tous  les  monuments  des  arts  et  des  sciences  et  tout  ce  qui 
atteste  et  fixe  le  haut  degré  où  l'esprit  humain  est  parvenu  par  ses  connaissances, 
les  instituts  secondaires  doivent  réunir  tout  ce  qui  reste;  et  certes,  leur  domaine 
est  encore  assez  vaste  pour  devoir  flatter  l'émulation  de  ceux  qui  seront  appelés  à 
le  mettre  en  œuvre.  Les  monuments  d'un  intérêt  local  et  particulier,  ou  dont  les 
doubles  existent  déjà  dans  le  dépôt  central ,  doivent  être  rassemblés  et  conservés 
autour  d'eux;  ils  doivent  être  répartis  entre  eux  suivant  leur  nature  et  les  besoins  de 
chacun.  Ainsi  dans  les  dépôts ,  par  exemple ,  qui  sont  destinés  plus  particulièrement  à 
l'histoire  naturelle,  on  doit  trouver  peu  de  ces  choses  qui  appartiennent  aux  grandes 
révolutions  de  la  nature  et  qui,  apportées  de  l'extrémité  du  monde,  ont  été  la 
conquête  des  voyageurs,  mais  beaucoup  de  celles  qui  intéressent  les  pays  où  l'in- 
stitut est  établi.  Toutes  les  suites  recueilHes  dans  le  département  même,  ou  dans  les 
environs,  y  seront  placées;  on  y  verra  tout  ce  qui  a  rapport  à  l'agricultuie  ou  îi 
l'industrie  du  pays,  tout  ce  qui  peut  les  développer  et  les  améliorer,  ou  en  fixer 
les  résultats;  tout  ce  qui  peut  enseigner  aux  citoyens  à  s'enrichir  des  productions 
du  sol  sur  lequel  ils  vivent.  On  y  conservera  la  collection  de  tous  les  objets  de  nn- 
néralogie  qui  attestent  la  richesse  du  pays  même  et  peuvent  en  favoriser  l'accrois- 
sement; et  le  savant  qui  viendra  visiter  ces  contrées  trouvera,  si  je  puis  parler 
ainsi,  auprès  de  leur  institut  national,  la  table  des  matières  de  son  voyage. 

Il  est  nécessaii-e  de  créer  un  système  général  de  bibliographie  nationale,  et  d'ar- 
rêter un  plan  de  répartition  |)our  tous  les  livres  (pii  apparlienneul  à  la  Répu- 
blique. Ces  richesses  sont  immenses,  et  la  désertion  ('ou|)able  des  lâches  emu'niis 
de  notre  liberté  a  remis  entre  les  mains  de  la  nation  uii(>  masse  de  trésors  litté- 
raires véritablement  inappréciable;  c'est  aux  di'positaires  de  sa  [)uissance  à  faire 
tourner  cette  conquête  nationale  au  plus  grand  bien  des  sciences  et  des  arts.  Il 
faut  d'abord  qu'un  nombre  suffisant  d'e\em[)laii'es  de  tous  les  lisres  soit  dejiosé  à 


630  APPENDICE. 

la  bibliollièiiiie  de  la  nation:  nous  l'avons  considérée  comme  les  archives  élernelles 
de  l'esprit  humain,  il  faut  donc  qu'elle  soit  complète.  Il  faut  ensuite  que  le  surplus 
soit  dislril)ué  avec  ordre  et  niélhode  mire  les  cent  établissements  secondaires;  et, 
comme  les  livres  usuels  sont  heureusement  les  plus  communs,  il  sera  facile  d'avoir 
partout  des  bibliothèques  suflisamment  nondjrcuKes  et  sutlisaniment  assorties. 

Ainsi  chaque  établissement  du  second  ordre  aura  autour  de  lui  tout  ce  qui  peut 
faciliter  l'enseignement  dont  il  sera  chargé  de  distribuer  les  trésors.  Ainsi  chaque 
professeur  pourra  s'enrichir  lui-même  de  toutes  les  richesses  déjà  acquises,  et 
donner  une  nouvelle  vie  à  Tinstruclion  qui  lui  sera  confiée.  Ainsi  le  jeune  homme 
(pii  voudra  s'instruire ,  et  développer  jusqu'à  un  certain  point  les  talents  qu'il  aura 
reçus  delà  nature,  le  pourra  faire  sans  trop  s'éloigner  de  ses  foyers;  et  si  la  science 
[)roprement  dite  n'est  remise  qu'en  des  mains  dignes  d'en  faire  fructifier  le  dépôt, 
l'instruction  plus  générahsée  sera  l'apanage  de  tous  les  citoyens  de  la  République 
pour  lesquels  elle  pourra  avoir  quelques  charmes.  Vous  environnerez  ces  établis- 
sements secondaires  de  toutes  les  institutions  que  vous  croirez  les  plus  propres  à 
exciter  l'émulation  et  le  goût  du  savoir,  à  favoriser  les  progrès  de  l'étude,  à  faire 
reconnaître  les  hommes  que  la  nature,  en  leur  départissant  le  génie,  aura  appelés 
aux  plus  hautes  destinées.  L'instruction  sera  gratuite;  elle  est  une  dette  de  la  so- 
ciété, et  ce  n'est  pas  l'acquitter  que  de  la  vendre  :  c'est  à  la  nation  à  subvenir  à 
ses  dépenses;  et  si  l'on  songe  combien  peu  il  en  coûte  pour  entretenir  et  salarier 
des  savants,  on  sentira  qu'il  fallait  que  les  despotes  sentissent  bien  tout  le  mal  que 
les  progrès  de  la  raison  devaient  leur  faire,  puisqu'ils  ont  si  peu  contribué  à  en 
accélérer  la  marche,  et  qu'ils  ont  fait  si  rarement  de  la  dotation  du  savoir  un  des 
objets  de  leur  magnificence  et  de  leur  éclat. 

Telles  sont,  citoyens,  les  vues  que  j'ai  cru  devoir  vous  offrir;  sans  doute,  elles  ne 
contiennent  rien  de  neuf;  mais  il  peut  être  bon  de  recneilhr  et  de  fixer  même  ce 
qui  a  été  dit,  quand  ce  qui  a  été  dit  peut  être  utile.  Arrivé  au  terme  où  nous 
sommes,  il  s'agit  moins  de  présenter  des  idées  nouvelles  que  d'en  présenter  de 
bonnes;  et  je  croirai  avoir  beaucoup  fait  si  j'ai  pu  attirer  les  regards  de  ceux  qui 
sont  plus  habiles  que  moi  sur  les  objets  importants  dont  je  me  suis  occupé.  Chacun 
doit  son  tribut  à  la  masse  de  nos  résultats  politiques;  et  n'avoir  à  donner  qu'une 
pite  ne  doit  pas  être  une  raison  pour  ne  rien  offrir. 

Paris,  25  pluviôse.  Tan  2  de  la  République  française  une  et  indivisible. 


TABLE  DES  MATIÈRES. 


Pagos. 
Introduction i 

Errata  et  Addenda  pour  les  tomes  I,  II  et  III  des  Procès-verbaux  du   Comité  d'in- 
struction publique  de  la  Convention  nationale cxin 

Liste  alphabétique  des  conventionnels,  ministres,  généraux,  publioistcs,  menlionnés 
pour  la  première  fois  dans  ce  volume cxxi 

PROCÈS-VERBAUX  DU  COMITÉ  D'INSTRUCTION  PUBLIQUE. 

157'  SÉANCE,  3  frimaire  an  11  [28  novembre  1798] 1 

Annexes  : 

A.  Lettre  du  syndic  de  la  maison  nationale  des  Invalides  au  Comité  d'instruc- 

tion publique,  le  3  frimaire  de  l'an  2* h 

B.  Pièces  relatives  à  la  décoration  extérieure  du  Panthéon  :  Extraits  do  deux 

Rapports  de  Quatremère  de  Quincy  au  directoire  du  département  de  Paris, 
1791  et  an  II 5 

Conseil  général  de  la  commune  de  Paris,   2a  brumaire  an  11  (protestation 
contre  le  projet  de  placer  sur  la  coupole  du  Panihéon  une  statue  colos- 
sale de  la  Renommée,  modelée  par  Dejoux)  :  extrait  du  Journal  de  la 
Montagne 6 

C.  Extrait  du  procès-verbal  de  la  Convention,  20*  jour  du  premier  mois  de  l'an 

deuxième  (Second  annonce  qu'il  a  trouvé  le  moyen  de  diriger  les  aéro- 
stats; Guyton-Morveau  et  Fourcroy  chargés  de  l'examen  du  projet) 7 

i58'  SKANCE,  5  frimaire  an  11  [26  novembre  1798] 8 

Annexes  : 

A.  Extrait  du  registre  des  j)i'ocès-verbaux  de  la  Connnission  des  arts,  5  frimaire 

an  II  (déplacement  projeté  des  collections  occupant  le  cabinet  de  la  ci- 
devant  Académie  des  sciences) 1 3 

B.  lîidicalions  sur  les  premières  séances  de  la  Commission  dos  arts,  du  i''so|>- 

tembre  1798  au  5  frimaire  an  11;  le  conflit  avec  la  Comnn'ssion  dos  mo- 
numents; extraits  du  registre  des  procès-vorbnux  de  la  Commission  ib'S 
arts,  1*'  septembre,  8  octobre,  26  brumaire,  5  frimaire l 'i 

C.  Exposé  des  décrets  rendus  au  sujel  do  la  forme  générale,  du  !>7  mars  1791 

au  27  septembre  1  798 1  (> 

Extrait  du  procès-verbal  do  la  (^)nvo^lion,  '1  frimaire  au  11  (décret  ordon- 
nant l'urreslatiou  dos  ci-devani  formieis  généraux,  inlendanls  et  rece- 
veurs généraux  dos  liuanct's) 17 

Extrait  du  compte-rondt»  du  ./otinml  dea  drlmls  et  dea  (h'ciils tS 

m.  àa 


lUrKIHtdK     Sltl<>>tl>. 


658  TABLE  DES  MATIERES. 

Lettre  de  Lavoisier  à  la  Convention  nationale,  5  frimaire  an  ii 19 

Extrait  du  procès-verbal  de  la  Convention,  3  mars  1798  (décret  portant 
qu'à  l'avenir  on  ne  lira  à  la  tribune  que  les  lettres  des  ministres  et  celles 
des  commissaires) 20 

Lettre  de  Lavoisier  au  Comité  de  sûreté  générale,  6  frimaire  an  11 no 

Extraits  du  Journal  des  débats  et  des  décrets  et  du  procès-verbal  de  la  Con- 
vention, relatifs  à  des  décrets  rendus  dans  les  séances  des  10,  12  et  91 
frimaire  an  11 20 

D.  Extrait  des  délibérations  do  la  Société  réj)ublicaine  des  arts,  séance  du  sex- 

lidi  de  la  troisième  décade  de  brumaire  de  l'an  deux  (nomination  d'une 
députation  de  quatre  membres  pour  aller  demander  au  Comité  d'instruc- 
tion publique  la  continuation  de  la  jouissance  des  salles  de  la  ci-devant 
Académie  de  peinture) 26 

Extrait  du  procès-verbal  de  la  Convention,  3  frimaire  an  11  (décret  char- 
geant les  Comités  d'instruction  publique  et  des  domaines  d'examiner  si 
les  sociétés  populaires  et  les  sociétés  libres  des  arts  doivent  recevoir  de  la 
nation  un  local  pour  leurs  assemblées) 26 

Arrêté  du  Comité  des  inspecteurs  relatif  au  concours  pour  la  décoration 
d'une  pendule,  1 3  nivôse  an  11 27 

E.  Extrait  du  procès-verbal  de  la  Convention,   5  frimaire  an  11  (députation  du 

Lycée  des  arts,  inventions  de  la  citoyenne  Masson  et  du  machiniste  Kock).     27 

Extrait  du  compte-rendu  du  Moniteur 27 

F.  Pétition  présentée  à  la  Convention  le  21  brumaire  an  11  par  le  Comité  cen- 

tral des  sociétés  populaires  (demande  d'une  loi  portant  qu'un  citoyen  ne 
sera  plus  tenu  de  contribuer  au  salaire  des  prêtres  auxquels  il  ne  croit  pas).     28 

Extrait  du  procès-verbal  de  la  Convention,  21  brumaire  an  11  (présentation 

de  la  pétition  du  Comité  central  des  sociétés  populaires) 29 

Extrait  du  compte-rendu  du  Moniteur 3o 

Pétition  présentée  à  la  Convention  le  5  frimaire  par  la  commune  de  Paris 
(demande  de  livres  pour  l'enfance) 3 1 

Autre  pétition  présentée  à  la  Convention  le  5  frimaire  par  la  commune  de 
Paris  (demande  que  les  prêtres  soient  exclus  de  toute  espèce  de  fonctions 
publiques) 32 

Extrait  du  procès-verbal  de  la  Convention,  5  frimaire  an  11  (présentation  des 
pétitions  de  la  commune  de  Paris) 32 

Extrait  du  compte-rendu  du  Journal  des  débats  et  des  décrets 32 

169*  SÉANCE,  7  frimaire  an  u  [27  novembre  1793] 36 

Annexes  : 

A.  Extrait  du  procès-verbal  de  la  Convention,  6  frimaire  an  11  (décret  chargeant 
le  Comité  d'instruction  publique  de  faire  un  rapport  sur  les  fêtes  natio- 
nales, et  fixant  au  second  primidi  de  frimaire  l'ouverture  de  la  discus- 
sion sur  l'instruction  publique) 36 

Extrait  du  compte-rendu  du  Motiiteur  (discours  de  Danton) 37 

Extrait  du  compte-rendu  du  JoMrna/  des  débats  et  des  décrets  (discours  de 
Danton) 38 


f 


TABLE  DES  MATIÈRES.  051) 

B.  extrait  du  procès-verbal  de  la  Convention,  21  avril  et  8  soptemlire  i7(j."> 

(hommage  fait  par  Geriet  d'un  ouvrage;  réclamation  de  Gerlet) 39 

C.  Extrait  du  registre  des  procès-verbaux  de  la  Commission  des  arts,  26  sep- 

tembre 1793  (cabinet  Joubcrt) ko 

D.  Extrait  du  procès-verbal  de  la  Convention,  G  frimîiire  an  ii  (lettre  de  Loqui- 

nio  et  Laignelot,  sur  la  destruction  des  monuments  du  fanatisme  à  Ro- 
chefort;  le  Comité  d'instruction  publique  est  chargé  de  faire  un  rapport 
sur  l'avantage  ou  l'inutilité  politique  de  ces  destructions) 60 

160*  SÉANCE,  9  frimaire  an  11  [29  novembre  1793] /41 

Annexes  : 

A.  Extraits  du  rapport  présenté  au  Bureau  de  consultation  des  arts  et  métiers, 

le  5  septembre  1793,  sur  les  procédés  de  Brongniart  et  de  M"*  Masson 
pour  la  refonte  des  papiers  imprimés  ou  manuscrits 'i5 

Extrait  du  procès-verbal  de  la  Convention,  19  frimaire  an  11  (décret  pres- 
crivant de  conserver  sous  scellés  les  parchemins,  livres  et  papiers  donnés 
pour  être  brûlés,  jusqu'à  ce  que  la  Convention  ail  prononcé  sur  leur  des- 
tination, sur  le  rapport  du  Comité  d'instruction  publique) ^6 

Fragments  d'une  adresse  de  la  Commission  des  subsistances  et  approvisionne- 
ments aux  patriotes,  sur  l'économie  dans  l'usage  du  papier  :  extrait  du 
Moniteur 67 

B.  Extrait  du  procès-verbal  de  la  Convention,  8  frimaire  an  11  (Martin  Firsten- 

feldcr,  de  Carouge,  envoie  une  montre  décimale;  décret  chargeant  le  Co- 
mité d'instruction  publique  d'examiner  s'il  est  utile  d'ouvrir  un  concours 
entre  les  artistes  au  sujet  de  la  nouvelle  division  du  jour) ^7 

C.  Extrait  du  procès-verbal  de  la  Convention,    10  brumaire  an  11   (pétition  de 

Nalbec  pour  que  le  tutoiement  soit  rendu  obligatoire;  la  Convention  se 
borne  à  ordonner  l'insertion  de  la  pétition  au  Bulletin) à'j 

Extrait  du  compte-rendu  du  Moniteur 68 

Convention  nationale,  séance  du  21  brumaire  an  11  (Basire  demande  une 
loi  prescrivant  le  tutoiement;  l'assemblée  passe  à  l'ordre  du  jour)  :  ex- 
trait du  Moniteur /i  9 

D.  Extrait  du  procès-verbal  de  la  Convention,  26  brumaire  an  11  (pétition  de 

Cusack,  demandant  le  titre  de  citoyen  français) \)n 

E.  Lettre  de  Janvier,   mécanicien-astronome,   au  président  de  la  Convention, 

envoyant  un  mémoire  njlalif  à  une  machine  à  marées,  2.5  juillet   «793.  .      ^o 

F.  Lettre  de  Daguey,  auteur  du  Tableau   des  droits  de  Thonmie,  au  Comité 

d'instruction  publique,  9  frimaire  an  2" 5o 

jCi"  séance,  1 1  frimaire  an  11  [i"  décembre  i79''{J Ô2 

Annexes  : 

A.  Extrait  du  procès-verbal  de  la  Convention,    10  frimaire  nu  11  (les  dépult's 

dos  autorités  constituées  du  Vaucluse  apporli'iit  le  (  crur  île  (jasparin).  .  .      .'>.") 

Extrait  du  comj)to-ren(hi  du  Moniteur  (proposition  de  porter  le  cœur  de 
dasparin  au  Panlht'on  renvoyée  au  Comité  d'instruction  publi(|ue) 55 

B.  HapporI  et  projet  de  décret  formant  un  plan  gênerai  d'instruction  publiipie. 


600  TABLE  DES  MATIÈRES. 

par  G.  Bouqiiior,  meml)re  do  la  Convention  nationale  et  du  Comilé 
d'instruction.  Imprimés  par  ordre  du  Comité;  do  l'Imprimerie  na- 
tionale        50 

C.  Extrait  du  reijistre  des  procès-verbaux  de  la  Commission  des  arts,  20  frimaire 
an  H  (monuments  dont  la  mutilation  était  projetée  par  la  municipalité 
d'Auleuil) 62 

1  Ga*  SÉANCE ,  1 3  frimaire  an  11  [  3  décembre  1 798  ] 63 

Annexes  : 

Extrait  du  procès-verbal  de  la  Convention,  7  brumaire  an  11  (pétition  de 
Mang^ard  pour  que  l'étude  de  l'ancien  lanjjajjc  français  devienne  une  branche 
de  l'instruction  publique) 05 

Texte  de  la  pétition  de  Man^jard  :  extrait  du  Bulletin  de  la  Convention. .  .      05 

Extrait  du  compte-rendu  du  Moniteur  (proposition  de  Grégoire) 60 

i03'  SÉANCE,  i5  frimaire  an  11  [5  décembre  1798] O7 

Annexes  : 

A.  Extraits  du  registre  des  procès-verbaux  de  la  Commission  des  monuments, 

du  3^  jour  de  la  1"^  décade  du  2*  mois  de  l'an  deuxième  au  sextidi  de 
la  seconde  décade  de  frimaire  de  l'an  deux  (rédaction  et  présentation  d'un 
rapport  sur  les  travaux  de  la  Commission,  demandé  par  le  Comité  d'in- 
slruction  publique) C9 

B.  Extrait  du  procès-verbal  de  la  Convention,  2  frimaire  an  11  (renvoi  au  Co- 

mité d'instruction  publique  de  la  proposition  d'effacer  toutes  les  inscrip- 
tions latines) 71 

C.  Extrait  du  procès-verbal  de  la  Convention,  17  frimaire  an  11  (lecture,  par 

Grégoire,  du  premier  numéro  du  Recueil  des  traits  héroïques  et  civiques; 
renvoi  de  ce  numéro  au  Comité ,  pour  qu'il  présente  une  nouvelle  rédac- 
tion ) , 71 

Extrait  du  compte-rendu  du  Journal  des  débats  et  des  décrets 7a 

1 64*  SÉANCE ,  1 7  frimaire  an  11  [7  décembre  1 793 ] 78 

Annexes  : 

A.  Extrait  du  registre  des  procès-verbaux  de  la  Commission  des  arts,   i5  fri- 

maire an  II  (collection  d'insectes  de  Laurent) 76 

B.  Instruction  publique  :  Spectacles.  Opinion  d'Anacliarsis  Cloots,  membre  du 

Comité  d'instruction  publique;  de  l'Imprimerie  nationale,  nivôse,  l'an 
deuxième  de  la  République 76 

Robespierre  fait  décider  la  radiation  de  la  liste  des  Jacobins  de  tous  les 
nobles,  banquiers  et  étrangers;  en  conséquence,  Clools  est  rayé,  22  fri- 
maire an  II 82 

La  Convention  décrète  que  tous  individus  nés  en  pays  étrangers  sont  exclus 
du  droit  de  représenter  le  peuple  français,  5  nivôse  an  11 82 

Arrêté  du  Comité  de  sûreté  générale,  ordonnant  l'arrestation  de  Thomas 
Paine  et  d'Anacharsis  Cloots,  7  nivôse  an  11 83 

C.  Extrait  d'un  mémoire  de  Lavoisier  relatif  à  la  division  décimale  de  la  livre 

de  compte,  suivi  d'un  projet  de  décret 83 


1 


TABLE  DES   MATIÈRES.  661 

Extrait  du  procès-verbal  de  la  Convention,  17  frimaire  an  11  (décret  voté 
sur  le  rapport  du  Comité  des  assijjnals  et  monnaies,  disi^ant  la  livre  de 
compte  en  décimes  et  centimes) 85 

i65*  SÉANCE,  19  frimaire  an  11  [9  décembre  1793] 87 

Annexes  : 

A.  Convention  nationale ,  séance  du  1  a  frimaire  an  11  (pétition  de  Rollin  d'Étain 

pour  l'adoption  d'un  système  frdouzimaln  de  numération)  :  extrait  du 
Moniteur qo 

B.  Extraits  du  registre  des  procès-verbaux  de  la  Commission  des  arts,  10  et  1  5 

frimaire  an  11  (tables  de  bois  pétrifié  vendues  à  des  particuliers) 91 

G.  Ouverture  de  la  discussion  sur  l'instruction  publique ,  séance  de  la  Conven- 
tion du  18  frimaire  an  11  (Romme  donne  lecture  du  travail  de  revision 
des  décrets;  Bouquier  lit  son  projet  de  décret  précédé  de  l'exposé  des 
motifs) 02 

Extraits  des  comptes-rendus  du  Journal  de  la  Montairne,  de  la  Feuille  du 
salut  public,  du  Journal  de  Paris,  du  Moniteur  et  du  Journal  des  déhats 
et  des  décrets q  g 

Extrait  du  procès-verbal  de  la  Convention,  19  frimaire  an  11  (suite  de  la 
discussion  sur  l'instruction  publique  :  Fourcroy  lit  un  rapport  et  un  pro- 
jet de  décret  sur  l'enseignement  libre  des  sciences  et  des  arts;  discours 
de  Thibaudeau;  discours  de  Petit) 9,') 

Exiraits  des  comptes-rendus  du  Journal  de  la  Montagne  (ailionciion  de  Thi- 
baudeau au  Comité  d'instruclion  publique),  de  la  Feuille  du  salut  public, 
du  Journal  de  Paris,  du  Moniteur  et  du  Journal  des  débats  et  des  décrets.        9') 

Rapport  et  projet  de  décret  sur  l'enseignement  libre  des  sciences  et  des  arts, 
par  Fourcroy,  député  du  département  de  Paris  ;  de  l'Imprimerie  nationale.       97 

Opinion  de  A.-C.  Thibaudeau,  membre  de  la  Convention  nationale,  sur 
l'instruction  publique,  prononcée  à  la  séance  du  19  frimaire;  de  l'Im- 
primerie nationale 1  oô 

Extrait  dos  Mémoires  de  Thibaudeau,  relatif  à  son  adjonction  au  Comité 

d'instruction  publique  le  19  frimaire 110 

Extraits  des  Notes  historiques  de  Baudot  et  des  Mémoires  do  Rarras,  relatifs 
à  Thibaudeau 111 

Discours  sur  la  révision  du  décret  pour  l'organisation  des  premières  écoles, 
faite  par  le  Comité  d'instiuction  publi'pie,  et  sur  quobpies  nouveaux 
systèmes  d'éducation,  par  Michol-Eduie  Petit,  député  du  doparlemont 
de  l'Aisne,  membre  du  Comitt'  d'instruclion  publicpio;  proiKtnn''  le  19 
frimaire,  l'an  denxièuio  de  la  Républitpie  Iraiiçaiso;  de  ITmprimerie 
nationale 11a 

Plan  simple,  facile  et  uniforme  (ruiic  éducation  n'-publicaine  et  populaire, 
par  Dehigueullo,  (b'-putc*  par  le  di'parlemonf  du  Loirt>t  ;  do  rimprimcrie 
nationale 1  a8 

Rectification  au  snji^l  i\o  l'Opinion  de  Jean-Marie  Calés,  député  de  la  Hauto- 
Garonuo  (Do  rodiicaliou  nationale),  (jui  a  ('lé  placée  au  tonu*  l",  pagos 
QG7-ti7'j,  ol  qui  appartient  nu  dob.il  Ac  Irininiro  an  11 t  !^J 


662  TABLE   DES   MATIÈRES. 

166"  SÉANCE ,  9 1  frimaire  an  11  [  1 1  décembre  1 798 ] 1 33 

Annexes  : 

Arrêtés  du  Comité  de  salut  public  relatifs  à  Dombey,  21  et  26  frimaire 
«n  II i3^ 

167"  SÉANCE,  93  frimaire  an  11  [i3  décembre  1798] 189 

Annexes  : 

A.  Lettre  de  Mulot,  secrétaire  de  la  Commission  des  monuments,  au  président 

du  Comité  d'instruction  publique,  22  frimaire  de  l'an  11 1/4 4 

Analyse  de  V Exposé  succinct  des  travaux  de  la  Commission  des  monuments 
depuis  S071  établissement  en  novembre  ijQO ihk 

B.  Extrait  du  procès-verbal  de  la  Convention,  21  frimaire  an  11  (suite  de  la 

discussion  sur  l'instruction  publique  :  discours  de  Romme,  de  Jay  de 

Sainte-Foy;  la  priorité  est  accordée  au  projet  de  Bouquier) 1/16 

Extrait  des  comptes-rendus  du  Journal  de  la  Montagne,  de  la  Feuille  du 
salut  public ,  du  Journal  de  Paris,  du  Moniteur,  du  Journal  des  débats  et 
des  décrets  et  du  Journal  universel ; 166 

Société  des  Jacobins,  séance  du  21  frimnire  an  11  (Bouquier  communique 
son  projet  de  décret  sur  l'instruction  publique;  la  Société  en  arrête 
l'impression  et  la  distribution)  :  extrait  du  Moniteur 169 

Suite  de  la  discussion  sur  l'instruction  publique,  séance  de  la  Convention 
du  22  frimaire  an  11  (adoption  des  i"^"  et  11*  sections  et  de  plusieurs  articles 
de  la  111°  section  du  projet  de  Bouquier;  l'article  h  de  cette  section  est 
renvoyé  au  Comité  ;  discussion  sur  l'article  6 ,  amendement  de  Charlier 
établissant  l'obligation  scolaire,  discours  de  Thibaudeau,  de  Danton, 
de  Lecointe-Puyraveau ,  adoption  de  l'amendement) i5o 

Extraits  des  comptes-rendus  du  Moniteur,  du  Journal  de  la  Montagne,  de 
la  Feuille  du  salut  public,  du  Jouj^al  de  Paris  et  du  Journal  des  del)ats 
et  des  décrets 1 5o 

Extrait  du  procès-verbal  de  la  Convention,  28  frimaire  an  11  (suite  de  la 
discussion  sur  l'instruction  publique  :  débat  sur  l'article  8  de  la  m"  sec- 
tion du  projet  de  Bouquier;  il  est  renvoyé  au  Comité  d'instruction  pu- 
blique ;  adoption  des  articles  9a  i5) i53 

Extraits  des  comptes-rendus  du  Journal  de  la  Montagne  (adjonction  de 
Fabre  d'Églantine  au  Comité  d'instruction  publique),  du  Moniteur  et 
du  Journal  des  débats  et  des  décrets 1 55 

Article  de  la  Feuille  du  salut  public,  du  37  frimaire,  sur  l'adoption  de  l'a- 
mendement de  Charlier 1 56 

C.  Extrait  du  procès-verbal  de  la  Convention,  7  nivôse  an  11  (décret  relatif  au 

transfert  du  cabinet  Joubert  dans  un  autre  local) 107 

168*  SÉANCE,  25  frimaire  an  11  [i5  décembre  1798]. i58 

Annexes  ; 

Extrait  du  procès-verbal  de  la  Convention,  26  frimaire  an  11  (présentation 
par  Léonard  Bourdon  d'une  nouvelle  rédaction  du  premier  numéro  des 
Annales  du  civisme  et  de  la  vertu  ;  l'impression  de  ce  projet  est  ordonnée).      1  09 


TABLE  DES  MATIÈRES.  663 

Extrait  du  compte-rendu  du  Journal  des  débats  et  des  décrets i  ôg 

Rapport  lu  par  Léonard  Bourdon  le  2G  frimaire  :  extrait  du  projet  de  pre- 
mier numéro  des  Annales  du  civisme  et  de  la  vertu i  Go 

Analyse  de  ce  projet  de  premier  numéro 1  Gi 

169*  SÉANCE,  extraordinaire,  26  frimaire  an  11  [1 6  décembre  1793] i63 

Annexe  : 

Analyse  d'une  pétition  d'Adanson,  du  28  frimaire  an  11 16/i 

170'  SÉANCE,  97  frimaire  an  II  [  1 7  décembre  1798] ifiC 

Annexes  : 

A.  Exlrait  du  procès-verbal  de  la  Convention,  98  frimaire  an  11  (décret  rendu 

sur  le  rapport  de  Mathieu,  supprimant  la  Commission  des  monuments 

et  la  remplaçant  par  la  Commission  temporaire  des  arts) iGg 

Extrait  du  conipte-rendu  du  Moniteur 1  -jo 

Rapport  fait  à  la  Convention,  au  nom  du  Comité  d'instruction  publique 
[sur  la  suppression  de  la  Commission  des  monuments  et  son  remplace- 
ment par  la  Commission  temporaire  des  arts],  parlMathiou,  député,  le 
a8  frimaire,  l'an  2"  de  la  République  française;  de  l'Imprimerie  na- 
tionale        171 

Extraits  du  registre  des  procès-verbaux  de  la  Commission  des  monuments, 
29  frimaire,  3,  6  et  9  nivôse  an  11  (avec  lettres  du  ministre  de  l'intérieur, 
du  8  nivôse,  et  du  président  du  Comité  d'instruction  publique,  du  7  ni- 
vôse, autorisant  la  Commission  à  continuer  de  s'assembler  jusqu'à  la 
notification  ollicielle  du  décret  de  suppression,  et  lettre  de  la  Commission 
au  Comité  d'instruction  publique,  du  3  nivôse  an  11) 181 

B.  Convention  nationale,  séance  du  28  frimaire  an  11  (rappoit  et  projet  de  dé- 

cret présentés  par  David  sur  la  réorganisation  do  la  Commission  du  Mu- 
séum des  arts  sous  le  nom  de  Conservatoire;  impression  et  ajournement 
décrétés)  :  extrait  du  Moniteur 1 85 

Rapport  sur  la  suppression  de  la  Commission  du  Muséum ,  par  le  citoyen 

David;  de  l'Imprimerie  nationale 186 

Conseil  général  de  la  commune  de  Paris,  séance  du  i3  frimaire,  et  Con- 
vention nationale ,  séance  du  17  frimaire  an  11  (proposition  de  Picault 
relative  aux  restaurations  de  tableaux)  :  extrait  du  Moniteur 190 

Extraits  du  registre  des  procès-verbaux  de  la  Coumiission  des  arts,  20  et 
26  nivôse  an  11  (défense  faite  à  Guiliemard  do  continuer  ses  travaux  de 
restauration  de  tableaux  du  Muséum  des  arts) 191 

C.  Exlrait  du  procès-verbal  de  la  Convenlion,  29  frimaire  an  11  (suite  de  la 

discussion  sur  rinstiuclion  publique  :  adoption  des  articles  non  encore 
votés,  relatifs  au  premier  degn''  d'iiislruction;  texte  complet  dos  trois 
sections  du  décret;  décret  ordonnant  la  promulgation  immédiate  du  dis- 
cret rondii  sur  l'organisation  d(>s  écoles  primaires  et  de  renseignomenl 
public,  et  chargeant  le  Comilc'  (rinstruction  de  présenter  le  1"  nivôse  un 
projet  d'établissement  des  fêtes  civicpies,  jeux  et  exercices  nationaux).  .      191 

Extraits  des  comptes-rendus  du  Johmat  de  la  Monlnirne,  de  la  F(!>hi//c  (/u 

salut  public,  du  Journal  de  l'ai-is  e|  i\n  Journal  des  débats  et  des  décrets.      19.) 


66/»  TABLE  DES  MATIERES. 

Observalion  sur  la  date  du  5  nivôse ,  donnée  par  le  Moniteur  du  1 8  ni- 
vôse an  II  comme  celle  de  l'adoption  du  décret  du  29  frimaire 1  q6 

171"  SÉANCE,  39  frimaire  an  n  [19  décembre  1793] 19-^ 

Annexes  : 

A.  Extrails  du  regisire  des  procès-verbaux  de  la  Commission  des  arts,  3o  fi-i- 

inaire  et  i5  nivôse  au  11,  cl  du  procès-verbal  de  la  Convention,  G  ni- 
vôse an  II  (commissaires  envoyés  à  Monceau;  décret  pour  le  transport  au 
Jardin  national  des  plantes  de  toutes  les  plantes  rares  qui  se  trouvent 
dans  les  jardins  et  terrains  nationaux  du  département  de  Paris;  com- 
missaires nommés  pour  surveiller  l'exécution  dé  ce  décret) 199 

B.  Extrait. du  procès- verbal  de  la  Convention,  2  nivôse  an  11  (suite de  la  discus- 

sion sur  l'instruction  publique  :  discours  de  Portiez) 200 

Extrait  du  compte-rendu  du  Moniteur 200 

Instruction  publique,  par  L.  Portiez,  député  de  l'Oise.  Sur  les  discours  de 
Fourcroy,  Bouquier  et  Tliibaudoau.  Prononcée  dans  la  séance  du  2  ni- 
vôse l'an  2  de  la  République  une  et  indivisible;  de  l'Imprimerie  natio- 
nale        «ÎOO 

1  72"  SÉANCE,  3  nivôse  an  11  [23  décembre  1793] 206 

Annexes  : 

Extrait  du  procès-verbal  de  la  Convention,  1"  nivôse  an  11  (des  députés 
de  Lyon  apportent  les  cendres  de  Chalier,  leur  dépôt  au  Panthéon  est 
décrété  ;  le  Comité  d'instruction  publique  est  chargé  de  proposer  le  mode 
d'exécution ,  et  de  faire  un  rapport  sur  la  motion  de  retirer  les  honneurs 
du  Panthéon  au  général  Dampierre) 308 

Extrait  du  compte-rendu  du  Moniteur 208 

173'  SÉANCE,  5  nivôse  an  11  [aô  décembre  1793] 210 

Annexes  : 

Extrait  du  procès-verbal  de  la  Convention,  29  frimaire  an  11  (décret  char- 
geant le  Comité  d'instruction  pu])lique  de  nommer  deux  commissaires 
pour  surveiller  le  transport  à  Paris  des  livres  et  papiers  des  bureaux  des 
affaires  étrangères  de  Versailles) 2 1 3 

Extrait  du  compte-rendu  du  Moiiiteur 2i3 

1 7 k'  SÉANCE ,  7  nivôse  an  11  [27  décembre  1793] 21  ^4 

Annexes  : 

A.  Extrait  du  registre  des  procès -verbaux  de  la  Commission  des  arts,  3o  fri- 

maire an  II  (commissaires  à  envoyer  à  Commune-Affranchie) 218 

B.  Extrait  du  registre  des  procès-verbaux  de  la  Commission  des  arts,  20  nivôse 

an  II  (commissaires  nommés  pour  le  triage  des  débris  gothiques  à  placer 

sous  la  statue  colossale  du  Peuple) 218 

C.  Extrait  du  registre  des  procès-verbaux  de  la  Commission  des  arts,  3o  fri- 

maire an  II  (démarche  en  faveur  du  minéralogiste  Sage) 218 

D.  Convention  nationale,  séances  du  5  nivôse  (projet  de  décret  présenté  par 

David  pour  la  célébration  d'une  fête  à  l'occasion  de  la  reprise  de  Toulon  ; 


TABLE  DES  MATIKRES.  665 

renvoi  du  projet  au  Comité  d'instruction  publique)  et  du  G  nivôse  an  ii 
(projet  de  décret  sur  le  même  sujet,  présenté  par  David  au  nom  du  Co- 
mité d'instruction  publique)  :  extrait  du  Moniteur 919 

Extrait  du  procès-verbal  do  la  Convention,  8  ventôse  an  11  (texte  du  décret 
voté  le  6  nivôse,  et  oublié  au  procès-verbal  de  ce  jour,  ordonnant  la  célé- 
bration d'une  fête  à  l'occasion  de  la  reprise  de  Toulon) 920 

Extrait  du  procès-verbal  de  la  Convention,  7  nivôse  an  11  (amendements 
proposés  au  projet  de  décret  relatif  à  la  fête  à  célébrer-  à  l'occasion  de  la 
reprise  de  Toulon) 031 

Convention  nationale,  séance  du  9  nivôse  an  11  (addition  proposée  au  pro- 
gramme de  cette  fête)  :  extrait  du  Moniteur aa  1 

Rapport  fait  par  David,  au  nom  du  Comité  d'instruction  publique  [le  G  ni- 
vôse an  II],  en  mémoire  des  victoires  des  armées  françaises,  et  notam- 
ment à  l'occasion  de  la  prise  de  Toulon;  de  riniprimorie  nationale.  ...      •?.-^.?. 

E.  Décret  sur  les  arbres  de  la  Liberté  (sans  date)  :  extrait  du  Journal  des  débats 

et  des  décrets 2  'i  .'> 

Extrait  du  procès-verbal  de  la  Convention,  12  germinal  an  11  (Grégoire 

offre  son  Essai  historique  et  patriotique  sur  les  arbres  de  la  Liberté)..  .  .      2  2.3 

Extrait  des  Mémoires  de  Grégoire  relatif  à  cet  Essai 2->.'> 

Indications  bibliographiques  sur  cet  Essai;  extrait  du  chapitre  vi •?.-?.'[ 

175*  SÉANCE,  9  nivôse  an  11  [29  décembre  1798] , 22.') 

Annexes  : 

Convention  nationale,  séance  du  8  nivôse  an  11  (le  Comité  d'instruction 
publique  est  chargé  d'indiquer  les  précautions  à  prendre  pour  l'inhuma- 
tion des  cadavres  dans  la  Vendée,  afin  de  prévenir  les  épidémies):  extrait 
du  Journal  des  débats  et  des  décrets 227 

Extrait  du  procès-verbal  de  la  Convention,  20  ventôse  an  11  (le  Comité  de 
salut  public  est  chargé  de  prendre  des  mesure-;  pour  prévenir  les  effels 
que  pourraient  produire  les  exhalaisons  des  nombreux  cadavres  insulTi- 
samment  enterrés,  sur  les  frontières  et  on  Vendée) 227 

176'  SEANCE,  i3  nivôse  an  11  [2  janvier  179^»] 228 

177*  SÉANCE,  i5  nivôse  an  11  [^1  janvier  179^] 233 

Annexes  : 

A.   Documents  concernant  Lavoisier  et  la  Commission  des  poids  et  mesures  : 

Lettre  de  la  Commission  des  poids  et  mesures  à  Paré,  ministre  de  l'inté- 
rieur, pour  annoncer  la  nomination  de  Coulomb  comme  trésorier,  en 
remplacement  de  Lavoisier,  22  frimaire  an  2*" ù'U\ 

Extrait  du  registre  des  délibérations  de  la  Commission  dos  poids  et  nn^ 
sures,  98  frimaire,  l'an  2%  adressé  au  Comité  de  sûreté  générale,  en  vue 
d'obt(Miir  (juo  Lavoisier  soit  rendu  à  ses  travaux;  et  airèlé  du  Comité  de 
sûreté  générale,  du  29  frimaire  l'an  2',  passant  à  l'ordi'e  du  jour  sur 
celle  demande 2.^7 

Kxlrait  iViino.  lettre  dti  Coniiti'  des  assignais  et  imwniaies  au  Comil»'  d«» 
salut  public,  signalant   rinlerrnjilion   du   travail   dv^  poiils  el   mesures 


666  TABLE  DES  MATIERES. 

causée  par  l'arrestation  de  Lavoisier,  et  demandant  que  ce  citoyen  soit 
rendu  à  ses  travaux  s'il  n'y  a  pas  de  faits  graves  sur  son  compte,  i"  ni- 
vôse ,  l'an  2 2  3  S 

Arrêté  du  Comité  de  salut  public,  portant  que  Borda,  Lavoisier,  Laplace, 
Coulomb,  Brisson  et  Delambre  cesseront  d'être  membres  de  la  Commission 
des  poids  et  mesures;  et  que  les  membres  restants  feront  connaître  au 
Comilé  de  salut  puhlic  quels  sont  les  hommes  dont  la  Commission  a  un 
besoin  indispensable  pour  la  continuation  de  ses  travaux,  3  nivôse  an  a*.     989 

Arrêté  du  Comité  de  sûreté  générale,  autorisant  le  Comité  d'instruction 
publique  à  nommer  des  commissaires  pour  faire  lever  les  scellés  apposés 
chez  Lavoisier,  afin  d'en  extraire  les  papiers,  etc.,  relatifs  aux  opérations 
dont  ce  Comité  est  chargé,  1  5  nivôse,  a"  année  républicaine qSq 

Procès-verbal  de  la  levée  do  scellés  pour  tirer  de  chez  le  citoyen  Lavoisier 
les  effets  appartenant  à  la  Commission  des  poids  et  mesures,  le  19  nivôse 
an  II 2/10 

Procès-verbal  de  levée  des  scellés  chez  Lavoisier,  pour  le  retrait  fait  par  lui 

de  divers  papiers  lui  appartenant,  le  19  nivôse  an  11 2^2 

B.  Pétition  de  Deltufo,  du  mois  de  nivôse  an  11,  demandant  à  être  occupé 
comme  imprimeur,  et  rappelant  les  services  rendus  par  lui  comme  em- 
ployé de  la  Commission  de  traduction 268 

178*  SÉANCE,  17  nivôse  an  11  [6  janvier  179^1] 2^5 

Annexes  : 

Convention  nationale,  séance  du  3o  nivôse  an  11  (présentation  par  la  Com- 
mission des  poids  et  mesures  d'une  adresse  lue  par  JMonge,  et  réponse 
du  président)  :  extrait  du  Journal  des  débats  et  des  décrets 2/49 

Adresse  de  la  Commission  des  poids  et  mesures  à  la  Convention  nationale; 

de  rimpriraerie  nationale 2  ^19 

179*  SÉANCE,  19  nivôse  an  11  [8  janvier  179^] -^58 

Annexes  : 

A.  Convention  nationale,  séance  du  11   nivôse  an  11  (Léonard  Bourdon  de- 

mande que  l'assemblée  s'occupe  du  premier  numéro  des  Annales  du 
civisme  et  de  la  vertu;  l'objet  est  ajourné)  :  extrait  du  Moniteur 2  58 

Extrait  du  procès-verbal  de  la  Convention,  i3  nivôse  an  11  (décret  relatif 

au  Recueil  des  actions  héroïfjues  et  civiques  des  républicains  français) . . .      2  58 

Analyse  du  premier  numéro  du  Recueil  des  actions  héroïques  et  civiques 

des  républicains  français 259 

B.  Rapport  sur  les  inscriptions  des  monuments  publics,  par  le  citoyen  Gré- 

goire.  Séance  du  21  nivôse  l'an  2  de  la  République  une  et  indivisible. 
Suivi  du  décret  de  la  Convention  nationale;  de  l'Imprimerie  nationale. 
(Extraits.) 260 

180'  SÉANCE ,  2 1  nivôse  an  11  [1 0  janvier  1 79A  ] 2G8 

Annexes  : 

A.  Extrait  de  la  préface  du  Voyage  de  Dimo  et  Nicolo  Stephanopoli  en  Grèce  pen- 
dant les  années  v  et  vi  [par  Serieys];  Paris,  an  viii 267 


TABLE  DES  MATIERES.  GG7 

B.  Rapport  et  projet  do  décret  sur  Tor^^anisation  des  établissements  pour  les 

sourds-muets  indi{jents,  décrétés  le  28  juin  dernier,  par  Maignet ,  dé- 
puté du  département  du  Puy-de-Dôme,  au  nom  du  Comité  des  secours 
publics.  De  rimprimerio  nationale.  (Exliaits.) oGH 

Compte  rendu  à  la  Convention  nationale  de  ce  qui  s'est  passé  à  rétablis- 
sement des  sourds-muets,  dans  la  séance  tenue  en  présence  des  membres 
du  Comité  des  secours  publics  :  présenté  au  nom  de  ce  Comité,  pour 
servir  de  suite  au  rapport  de  Maignet  sur  les  sourds-muets.  De  l'Inipri- 
merie  nationale.  (Extraits.) q-j  1 

C.  Extrait  du  procès-verbal  de  la  Convention,  9,7  nivôse  an  11  (décret  supprimant 

la  Commission  du  Muséum  et  créant  le  Conservatoire  du  Muséum  des  arts).     273 

Second  rapport  sur  la  nécessité  de  la  suppression  de  la  Commission  du 
Muséum,  fait  au  nom  des  Comités  d'instruction  publique  et  des  finances, 
par  David,  député  du  département  de  Paris,  dans  la  séance  du  27  ni- 
vôse, l'an  II  de  la  République  française;  de  l'Imprimerie  nationale.  ...      276 

181'  SKANCK,  28  nivôse  an  11  [12  janvier  179*'»] 27H 

Annexe  : 

Extrait  du  procès-verbal  de  la  Convention,  95  nivôse  an  11  (projet  de  dé- 
cret proposé  par  Coupé,  sur  l'école  des  enfants  de  l'armée  à  Liancourt; 
autre  projet  de  décret  sur  le  même  objet,  présenté  par  Bezard,  atlopté).     281 

183"  SÉANCE,  25  nivôse  an  11  [ih  janvier  1 79*^1] a88 

Annexes  : 

A.  Rapport  au  Conseil  général  de  la  commune  de  Paris  sur  quelques  mesures 

à  prendre  en  changeant  les  noms  des  rues  [par  Avril].  Imprimé  en  vertu 
de  l'arrêté  du  Comité  d'instruction  publique  du  17  nivôse  Tan  2"  de  la 
République  française  une  et  indivisible;  de  l'Imprimerie  nationale.  .  .  .      a8(» 

B.  Lettre  du  ministre  de  l'intérieur  Paré  au  Comité  d'instruction  publique, 

relative  aux  scellés  apposés  sur  les  papiers  de  Mulot,  secrétaire  de  la  Com- 
mission des  monuments,  28  nivôse  an  2 588 

C.  Extrait  du  registre  des  procès-verbaux  de  la  Commission  des  arts,  10,  20 

et  25  brumaire  et  5  nivôse  an  11  (rédaction,  par  Vicq  d'Azyr,  d'une 
Instruction  sur  les  inventaires  à  faire  dans  les  départements) 289 

D.  Extraits  du  registre  des  procès-verbaux  de  la  Commission  des  arts,   5  et 

10  pluviôse  an  11  (grillages  pour  la  ménagerie  du  Muséum) 290 

i83"  SÉANCE,  27  nivôse  an  11  [iG  janvier  179^1] ^9* 

i8iÇ|*  SÉANCE,  extraordinaire,  29  nivôse  an  11,  avant  midi  [18  janvier  179''] ^9'i 

Annexes  : 

Extrait  du  procès-verbal  de  la  Convention,  26  nivôse  an  \i  (décret  onlon- 
nant  la  suspension  des  travaux  connuenccs  à   rentrée  de  la  coin-  du 

palais  des  Tuileries  pour  y  placer  les  chevaux  de  Marly) 09'! 

Extrait  du  compte-rendu  du  Journal  des  délmts  vt  des  dirrcts 29;) 

i85"  SÉANCE,  29  nivôse  an  11  [  18  janvier  1 79/1  ] '^96 

Annexes  : 

A.    Extrait  du  jjrocès-vtM'bal  de  la  CointMition ,  .')  ventôse  an  11  (les  iiisptM-ti'urs 


668  TABLE  DES  MATIERES. 

de  la  sallo  sont  chargés  d'étudier  les  moyens  d'améliorer  l'acouslique  de 
la  salle  des  séances);  et  résumé  d'un  passage  du  procès-verbal  de  la 
séance  de  ia  Commission  des  arts  du  lo  ventôse 3oi 

B.  Analyse  du   Thermomètre   moral  du  nénie  cl  des  talents,  de  Chamoulaud , 

présenté  à  la  Convention  lo  5  nivôse  an  ii 3oa 

C.  Arrêté  du  Comité  do  salut  public,  relatif  à  la  publication  mensuelle,  par 

les  artistes  do  la  musique  de  la  garde  nationale  de  Paris,  de  livraisons 
contenant  do  la  musique  à  l'usage  des  fêtes  nationales,  97  pluviôse 
an  II 3o3 

Indications  bibliographiques  sur  lo  recueil  périodique  intitulé  Musique  à 

l'usage  des  fêles  nationales 3o^ 

1 80*"  SÉANCE,  1"  pluviôse  an  11  [ 20  janvier  1 79 A] 3o5 

Aimoxes: 

Extrait  du  procès-verbal  de  la  Convention,  a  pluviôse  an  11  (rapport  de 
Coupé  sur  la  formation  do  bibliothèques  de  dlslrict;  impression  et  ajour- 
nement décrétés) 309 

Rapport  sur  les  bibliothèques  nationales  [9  pluviôse  an  11],  par  J.-M.  Coupé 

(de  l'Oise);  de  l'Imprimerie  nationale 309 

Extraits  du  procès-vorbal  de  la  Convention,  8  pluviôse  (décret  sur  la  for- 
mation des  bibliothè([ues  de  disli'ict)  et  9  pluviôse  an  11  (adoption  de 
la  rédaction  de  ce  décret) 3 1  0 

Lettre  anonyme  adressée  au  Comité  d'instruction  publique,  dénonçant  des 
dilapidations  de  livres  dans  la  Meuse  et  la  Marne 3i  '? 

1 87*  SÉANCE ,  3  pluviôse  an  11  [22  janvier  179^] 3 1 A 

Annexes  : 

A*  Pétition  du  peintre  Dlorge,  adressée  au  Comité  d'instruction  publique,  re- 
lative à  son  tableau  de  la  bataille  d'Hondschoote.  (Extraits.) 3i  5 

Extrait  du  procès-verbal  de  la  Convention,  2  3  pluviôse  an  11  (rétablisse- 
ment des  décrets  des  i3  [17]  frimaire  et  16  [i5]  nivôse,  oubliés  au 
procès-verbal,  et  portant  acceptation  de  ia  dédicace  et  de  l'hommage 
du  tableau  de  Dlorge ) 817 

Extrait  du  procès-verbal  de  la  Convention,  27  pluviôse  an  11  (décret  rendu 
sur  le  rapport  de  Tbibaudeau,  portant  qu'il  n'y  a  pas  lieu  à  délibérer 
sur  ia  pétition  do  Dlorge,  qui  demandait  à  être  autorisé  à  suivre  les  ar- 
mées en  quaUté  de  peintre  de  batailles) 317 

Extrait  du  compte-rendu  du  Journal  des  débats  et  des  de'crets 317 

Extrait  des  Mémoires  de  Tbibaudeau,  relatif  à  Dlorge 3 1 8 

B.  Projet  d'articles  pour  i'élalilissement  d'une  ménagerie  au  Muséum  d'his- 

toire naturelle,  présenté  par  les  professeurs  du  Muséum,  s.  d 319 

C.  Lettre  du  Comité  de  salut  public  à  celui  d'instruction  pubHque,  demandant 

un  exemplaire  de  V Encyclopédie  méthodique  pour  la  section  des  armes, 

3  pluviôse  de  la  2'  année 320 


TABLE  DES  MATIÈRES.  669 

i88'  SÉANCE,  5  pluviôse  an  ii  [a^  janvier  179^4] 821 

Annexes  : 

A.  Extrait  du  procès-verbal  de  la  Convention,  18  pluviôse  an  u  (dfkret,  rendu 

sur  le  rapport  de  Mathieu,  relatif  au  salaire  des  membres  de  la  Com- 
mission temporaire  des  arts) 827 

Comparaison  entre  la  liste  des  membres  de  la  Commission  des  arts,  d'après 
le  décret  du  18  pluviôse,  et  celle  des  commissaires  nommés  en  août  et 
septembre  1798  par  le  ministre  de  l'intérieur 829 

B.  Extrait  du  procès-verbal  de  la  Convention,  i3  pluviôse  an  11  (décret  por- 

tant qu'il  sera  pourvu  aux  besoins  des  collèges  de  Paris  conformément 

aux  lois  des  8  mars  et  5  mai  1798) 83o 

Analyse  d'une  note  de  Champagne,  principal  du  collège  de  l'Egalité,  rela- 
tive aux  boursiers  des  collèges  de  Paris 33o 

Lettre  des  administrateurs  du  district  de  Bordeaux  réclamant  le  payement 
des  professeurs  du  collège  de  Bordeaux  pour  la  période  du  1"  octobre 
1798  au  3o  ventôse  an  11 83 1 

C.  Arrêté  du  Comité  de  salut  public  relatif  à  l'impression  du  Recueil  des  actions 

héroïques  et  civiques  des  républicains  français ,  a  8  pluviôse  an  ii 882 

Analyse  du  second  numéro  du  Recueil  des  actions  héroïques  et  civiques  des 

républicains  français  (  i*"^  ventôse  an  11) 333 

D.  Convention  nationale,  séances  du  5  pluviôse  (Romme  se  plaint  que  dans  la 

section  de  Beaurepaire  on  ait  enlevé,  chez  un  marchand  d'estampes,  des 
gravures  sous  le  prétexte  qu'elles  portaient  les  empreintes  delà  royauté) 
et  du  7  pluviôse  an  11  (lettre  du  Comité  révolutionnaire  de  la  section  de 
Beaurepaire  au  président  de  la  Convention,  expliquant  (pi'on  a  saisi, 
non  des  gravures  portant  dos  emblèmes  de  la  royauté,  mais  des  malles 
remplies  de  portraits  du  roi,  de  la  reine  et  du  dauphin)  :  extrait  du 
Moniteur 383 

189"  SÉANCE,  7  pluviôse  an  n  [26  janvier  179^*] 335 

Annexes  : 

A.  Extraits  du  procès-verbal  de  la  Convention,  a5  frimaire  (annonce  de  la  mort 

héroïque  de  Joseph  Barra;  pension  accordée  à  sa  mère)  et  8  nivôse  anii 
(décret  décornant  les  honneurs  du  Panthéon  à  Joseph  Barra,  et  ordon- 
nant que  la  gravure  représentant  Taclion  héroi(|ue  do  Barr'a,  à  exécuter 
d'après  un  lahleau  de  David,  sera  placée  dans  chaque  école  primaire).      889 

B.  Extrait  du  procès-verbal  de  la  Convention,  3  phiviô^^e  au  11  (les  Orphelins 

des  défenseurs  de  la  patrie  sont  autorisés  à  renverser  l'arbro  do  la  Li- 
berté planté  par  le  tyran  dans  le  jardin  national,  et  à  on  phuilor  un 
autre) 3/jo 

C.  Extrait  du  procès-vorbal  i\v  la  Couvonllon,  h  ventôse  an  11  (décret,  rendu 

sur  le  rapport  do  Léonard  Bourdon,  proscrivant  le  mode  de  payement 
dos  arrérages  dus  jusqu'au  if)  germinal  aux  instituteurs  et  institutrices 

dos  petites  écoles) 3.'i  1 

I).  Lettre  du  Comité  de  salut  public  à  celui  trinstruclion  publique,  relative 
aux  monuments  de  filtératui"o  ou  de  l\p(i;fi'a|ilii('  (|iii  pi'in.Mil  se  trointM- 
à  VVoruïs.  Spire  et  Mayeuco,  (i  pluviôse  a:i  ti 3Vi 


670  TABLE  DES  MATIERES. 

E.  Système  de  dénominations  lopofjrapliiquos  pour  les  places,  rues,  quais,  etc., 

de  toutes  les  communes  de  la  Republique,  par  le  citoyen  Gré^joire,  im- 
primé par  ordre  du  Comité  d'instruction  publique;  de  ITmprimcrie  na- 
tionale. (Extraits.) 3/i^ 

F.  Lettre  de  l'abbé  Sicard  au  Comité  d'instruction  publique,  l'invitant  à  visiter 

l'école  des  sourds-muets,  6  pluviôse  an  2* 3/jZi 

Extrait  du  procès-vorbal  do  la  Convention,  9  pluviôse  an  11  (projet  de  dé- 
cret présenté  par  le  Comité  dos  secours  publics  sur  les  écoles  do  sourds- 
muets,  renvoyé  aux  Comités  d'instruction  publique  et  des  tinancos).  . .      3/i5 

Extrait  du  compte-rendu  du  Journal  des  débats  et  des  décrets 3/i5 

Convention  nationale ,  séance  du  i3  pluviôse  an  11  (RafTron  combat  le  projet 
du  Comité  des  secours  publics)  :  extrait  du  Journal  des  débats  et  des  dé- 
crets       3/16 

Observations  sur  les  établissements  proposés  par  les  Comités  des  secours  et 
d'instruction  publique  en  faveur  des  sourds-muets  [par  RalTron].  Séance 
du  i3  pluviôse  l'an  11  ;  de  l'Imprimerie  nationale 3/16 

G.  Extrait  du  procès-verbal  de  la  Convention,  8  pluviôse  an  11  (décret,  rendu 

sur  le  rappport  de  Rarère  ,  établissant  des  instituteurs  de  langue  fran- 
çaise dans  les  communes  de  campagne  des  départements  dont  les  habi- 
tants parlent  un  idiome  étranger) 3/i8 

Rapport  et  projet  de  décret  présentés,  au  nom  du  Comité  de  salut  public, 
sur  les  idiomes  étrangers  et  l'enseignement  de  la  langue  française,  par 
R.  Rarère,  dans  la  séance  du  8  pluviôse,  l'an  deuxième  de  la  Répu- 
blique; de  l'Imprimerie  nationale 3/19 

Extrait  du  compte-rendu  du  Journal  des  débats  et  des  décrets 356 

Vers  d'André  Chénier  écrits  à  propos  du  rapport  de  Rarère 307 

Extraits  du  procès-verbal  de  la  Convention,  i3  et  3o  pluviôse  an  11  (dé- 
cret additionnel  à  celui  du  8  pluviôse  sur  les  idiomes  étrangers) 358 

Discours  de  Rarère  à  l'appui  du  décret  ci-dessus,  séance  du  3o  pluviôse  : 

extrait  du  Moniteur 359 

190*  SÉANCE,  9  pluviôse  an  11  [28  janvier  179*^] 36o 

Annexes  : 

A.  Lettre  de  Famin  au  Comité  d'instruction  publique,  s.  d 363 

R.  Extrait  du  registre  des  procès-verbaux  de  la  Commission  des  arts,  3o  ni- 
vôse an  II  (le  Comité  d'instruction  publique  est  invité  à  demander  ses 
comptes  à  la  Commission  des  monuments,  qui  continue  ses  fonctions 
malgré  le  décret  de  suppression) 363 

C.  Extrait  du  registre  des  procès-verbaux  de  la  Commission  des  arts,  20  plu- 
viôse an  II  (lettre  de  Hulin,  annonçant  un  procédé  pour  effacer  les  ca- 
ractères imprimés  ou  écrits  sur  le  papier) 36/i 

1).  Extrait  du  procès-verbal  de  la  Convention,  3  pluviôse  an  11  (Grégoire  pré- 
sente un  rapport  et  un  projet  de  décret  sur  un  concours  à  ouvrir  pour 
les  livres  élémentaires  de  la  première  éducation  :  impression  et  ajourne- 
ment décrétés) 36^^ 

Rapport  sur  l'ouveiture  d'un  concours  pour  les  livres  élémentaires  de  la 


TABLE  DES  MATIÈRES.  671 

première  éducation  [par  Grégoire].  Séance  du  3  pluviôse,  l'au  s»'Coiid 

de  la  République  une  et  indivisible;  de  rimprimerie  nationale 3(^1 

Extrait  du  compte-rendu  du  Journal  des  débats  et  des  décrets 3-^0 

Extrait  du  procès-ver])al  de  la  Convention,  9  pluviôse  an  11  (adoption  du 
décret  sur  le  concours  à  ouvrir  pour  la  composition  de  neuf  ouvrages 
élémentaires,  et  texte  de  ce  décret) '.]- \ 

Extrait  du  compte-rendu  du  Moniteur y- a 

E.  Extrait  des  procès-verbaux  du  Bureau  de  consultation  des  arts  et  métiers, 
9  et  1^  pluviôse  an  11  (le  Bureau  demande  d'èlre  autorisé  à  aller  au- 
devant  des  artistes  et  savants  qui  ne  se  présentent  pas  pour  participer 
aux  récompenses) . . . . , S-^a 

191*  SÉANCE,  11  pluviôse  an  11  [3o  janvier  179AJ 373 

Annexes  : 

A.  Extrait  du  registre  des  procès-verbaux  de  la  Commission  des  arts,  2  5  nivôse 

an  H  (commissaires  nommés  pour  former  des  collections  à  Tusage  de  la 
maison  d'éducation  de  Léonard  Bourdon) 377 

B.  Extrait  des  procès-verbaux  du  Bureau  de  consultation,  séance  du  19  plu- 

viôse an  II  (lettre  au  Comité  d'instruction  publique,  relative  à  l'état 

des  récompenses  décernées  par  le  Bureau,  etc.) 378 

C.  Extrait  du  procès-verbal  de  la  Convention,  11  pluviôse  an  11  (présentation 

d'un  ouvrage  intitulé  Second  chant  de  la  Côte-d' Or  pendant  la  guerre  de 

la  Liberté) 379 

D.  Extraits  du  registre  dos  procès-verbaux  de  la  Commission  des  monuments, 

séances  des  9,  i3,  16,  19,  29  pluviôse,  3,  G  et  9  ventôse  an  ii  (la 
Commission  attend  que  le  ministre  de  l'intérieur  lui  notifie  officiellement 
le  décret  du  28  frimaire);  lettres  de  In  Commission  au  président  de  la 
Convention,  19  pluviôse,  et  au  ministre  de  l'intérieur,  i3  et  .29  plu- 
viôse       379 

E.  Lettre  du  Comité  de  salut  public  à  celui  d'instruction  publique,  transmet- 

tant un  questionnaire  à  remplir,  en  vue  de  la  ré«laction  d'une  Instruc- 
tion sur  le  gouvernement  révolutionnaire,  U  pluviôse  an  second 386 

192*  SÉANCE,  i3  pluviôse  an  11  [1"  février  1796] 388 

193^  SÉVNGE,  i5  pluviôse  an  11  [3  février  179^1 1 391 

Annexes  : 

A.  Extraits  du  registre  des  procès-verbaux  de  la  Commission  des  arts,  20  ni- 

vôse et  10  pluviôse  an  n  (examen  du  procédé  de  la  citoyenne  Masson 
pour  blancbir  le  papier) 390 

B.  Société  républicaine  des  arts,   extrait  du  compte-rendu  de  la  séance   du 

i3  pluviôse  an  11  (affaire  Lebrun)  :  extrait  du  Journal  de  la  Société  ré- 
publicaine des  arts 39.) 

C.  Documents  relatifs  à  la  question  de  la  suppression  dos  armoiries  sur  les 

livres  do  la  Bibliotbèquo  nutionalo  : 
Observations  de  quolques  patriotes  sur  la  nécessité  de  conserver  les  ma- 
niunonts  de  la  littérature  et  des  arts.  Signé  :  Anl.- \ugustin  HtMioiiard, 


G72  TABLE  DES  MATIERES. 

Chardin,  Charlemagne  fils.  Paris,  le  2  5*  du  i"  mois,  l'an  2*;  publié 

sans  nom  d'imprimeur.  (Extraits.) 897 

Extraits  do  registre  des  procès  -  verbaux  de  la  Commission  des  arts, 
20  germinal,  25  messidor  et  5  thermidor  an  11  (proposition  de  réim- 
primer les  Observations  de  quelques  patriotes) 899 

Au  Comité  d'instruction  publique.  Signe  :  Ant.-Aug.  Renonard.  [Lettre  re- 
lative à  l'enlèvement  des  armoiries  sur  les  livres  de  la  Bibliothèque  na- 
tionale.] Le  2*  du  2*  mois,  l'an  2*;  publié  sans  nom  d'imprimeur. .  . .      /»oo 

Conversation  familière  entre  un  homme  de  lettres  et  un  libraire,  sur  le 
projet  de  supprimer  les  armoiries  et  autres  marques  de  propriété  féo- 
dales, empreintes  sur  la  reliure  de  tous  les  livres  de  la  Bi!)liotlièque  na- 
tionale [par  Rozet,  libraire,  pluviôse  an  11].  S.  1.  n.  d.  (Extraits.) /iO'2 

Article  de  La  Harpe  rendant  compte  de  la  brochure  ci-dessus  de  Rozet  : 

extrait  du  Mercure  français  du  27  pluviôse  an  11 /loG 

D.  Extraits  du  procès-verbal  de  la  Convention,  7  pluviôse  (hommage   d'un 

buste  de  Chalier  par  Bernascon  etLauras),  16  nivôse  (décret  chargeant 
le  Comité  d'instruction  publique  de  faire  un  rapport  sur  les  moyens  de 
faire  exécuter  en  bronze  les  monuments  de  la  liberté  et  les  bustes  des 
grands  hommes)  et  5  pluviôse  an  11  (décret  renouvelant  au  Comité  d'in- 
struction publique  la  demande  de  ce  rapport) /108 

Extrait  du  compte -rendu  du  Journal  des  débats  et  des  décrets,  séance  du 

lO  nivôse /108 

E.  Extrait  du  procès-verbal  de  la  Convention,  /i  pluviôse  an  11  (envoi,  par  la 

commune  de  Fougères,  de  l'écharpe  de  son  maire,  Lesueur,  fusillé  le 

i5  brumaire  par  les  brigands  de  la  Vendée) /109 

Analyse  de  la  lettre  du  Conseil  général  de  la  commune  de  Fougères ^110 

19/»"  SÉANCE,  17  pluviôse  an  II  [5  février  179^] ^11 

Annexes  : 

A.  Convention  nationale,  séance  du  lû  pluviôse  an  11  (Thibaudeau,  à  propos  de 

l'impression  d'une  suite  du  Plan  d'instruction  publique  de  Wandelain- 
court,  demande  le  rapport  du  décret  du  k  juin  1798):  extrait  du  Jour- 
nal des  del)ats  et  des  décrets àiU 

B.  Lettre  du  Comité  de  salut  public  à  celui  d'instruction  publique,  l'invitant 

à  présenter  le  rapport  demandé  par  un  décret  du  3  frimaire,  sur  la  ques- 
tion de  savoir  si  les  sociétés  populaires  doivent  recevoir  de  la  nation  un 
local  pour  leurs  assemblées,  i3  pluviôse  l'an  2* ^i5 

C.  Discours  sur  la  nécessité  de  rapporter  le  décret  du  3o  [29]  frimaire  relatif 

à  l'organisation  du  premier  degré  d'instruction,  par  Michel-Edme  Petit, 
député  du  département  de  l'Aisne,  membre  du  Comité  d'instruction 
publique,  prononcé  le  27  pluviôse,  Tan  11^  de  la  République  française, 
une  et  indivisible;  V  Hérissant,  impr /it6 

195*  SÉANCE,  19  pluviôse  an  11  [7  février  179^1] ^129 

Annexes  : 

A.  Extrait  du  procès- verbal  delà  Convention,  12  pluviôse  an  11  (Jeanbon  Saint- 
André  présente  un  rapport  sur  ses  oj)éralions  dans  les  départements  ma- 
ritimes de  la  République;  décret  proposé  sur  les  instituteurs  de  la  maiine).     Ix^h 


TABLE  DES   MATIÈHES.  673 

Rapport  des  représentants  du  peuple  envoyés  à  Bre>t  el  aupr.js  de  rarinée 
navale,  par  Jeanbon  Saint- André;  de  rinipriinerie  nationale.  (Ex- 
traits.)        63  'i 

Extrait  du  procès-verbal  de  la  Convention,  iG  pluviôse  an  ii  (texte  du  dé- 
cret sur  les  instituteurs  de  la  marine) 630 

B.  Extraits  du  registre  des  procès-verbaux  de  la  Commission  des  arts,  20  et 
25  pluviôse  an  11  (demande,  par  Famin,  de  conserver  l'usage  d'un  micro- 
scope solaire  appartenant  au  ci-devant  duc  d'Orléans) k'i>i 

196*  SÉANCE,  2 1  pluviôse  an  11  [9  février  179''!  ] 660 

Annexes  : 

A.  Projet  d'adresse  aux  communes  et  aux  sociétés  populaires  de  la  République 

française ,  par  Urbain  Domergue ,  s.  d Vi  4 

B.  Lettre  de  Tabbé  Morellet  au  président  du  Comité  d'instruction  publique, 

annonçant  Tenvoi  des  feuilles  qui  manquaient  à  l^exemplaire  du  Dic- 
tionnaire de  TAcadémie  française  remis  à  Rommeen  septembre  1793  et 
portant  des  corrections  en  vue  d'une  nouvelle  édition,  i(\  pluviôse. . . .      A'j8 

C.  Lettre  de  Buaclie  au  président  du  Comité  d'instruction  publique,  annon- 

çant qu'il  ne  peut  accepter  sa  nomination  de  membre  de  la  nouvelk* 
Commission  des  arts,  2 1  pluviôse  l'an  2*,  cl  extrait  du  rej^islre  des  séances 
de  la  Commission  des  arts,  25  pluviôse  an  11  (annonce  de  la  démission 
de  Buacbe,  regret  exprimé  par  Monge;  démarcbe  auprès  du  Comité). .  .      A68 

D.  Lettre  de  Buffon  fils  au  président  du  Comité  d'instruction  publique,  rela- 

tive au  tombeau  de  son  père,  3  pluviôse  l'an  second 669 

E.  Extrait  du  procès-verbal  de  la  Convention,  ao  pluviôse  an  ii  (décret  por- 

tant qu'il  sera  accordé  des  récompenses  et  encoiiragenienls  à  tous  les 
arts,  tant  aux  beaux-arts  qu'aux  arts  mécaniques) /jôo 

197*  sicANCE.  23  pluviôse  an  11  [1 1  février  179^1] 'l'it 

Annexes: 

A.  Extrait  du  registre  des  procès-verbaux  de  la  Commission  des  arts,  10  plu- 

viôse an  II  (mémoires  relatifs  à  la  fabrication  du  cuir  de  Russie,  trouvés 
dans  les  papiers  dcJuigné,  signalés  au  Comité  de  salut  public);  arrtMé 
du  Comité  de  salut  public  relatif  à  ces  mémoires,  lia  pluvitise  an  ii*; 
lettre  de  l'administration  des  arn)es  et  munitions  de  guern^  à  la  Com- 
mission des  arts,  2  5  ventôse  l'an  9' 6.') 3 

B.  Convention  nationale,  séance  du  21  pluviôse  an  11  (Rùlil  signale  la  porte 

d'une  collection  de  modèles  d'arlillerio  qui  existait  à  l'arsenal  do 
Strasboiu'g)  :  extrait  du  Moniteiw 4ôâ 

C.  Extraits,  empruntés  à  un  article  de  M.  Ernest  Maindron,  d'urn?  lettiv  du 

comte  de  Montmorin  à  l'Académie  des  sciences,  17  février  1788,  el 
d'un  rapport  de  Buaclie  à  cette  Académie,   u)  avril    1788,  relatifs  au 

globe  teriestre  de  dom  Bergcviu A J6 

Extraits  du  registre  des  procès-verbaux  de  la  C*ommission  des  arts-,  8  el 

22  septembre  »7y3  (gloires  do  Bergevin  el  de  Menlc4le) h^-j 

D.  Exlraii  de  VErposé  succinct  </e«  Irnvtntr  de    la   Commission  </«i  monumeud 

(dt'pôl  de  cartes  fcMiué  elie/  d' Vngiviller)  «'l  du  rogisto»  de^  pr\Kès-ver- 

111.  A3 


lUMiiutiii;    ait\o>àir. 


iMh  TABLE   DES   MATIÈRES. 

btiux  de  la  Commission  des  ails,  9o  ventôse  an  ii  (vérification  des  objets 

de  sciences  et  d"'arls  de  la  maison  de  fémigré  d'Angiviller) «...      458 

J98*  si';a>ce,  9  0  pluviôse  an  11  [  i3  février  179/1]. 459 

Annexes  : 

A.  Extrait  dn  registre  des  procès-verbaur' dé  la  Commission  des  arts,  aB  plu- 

viôse an  11  (nomination  de  Leblond  tommeiigent  de  la  Commission).. .      /iôa 

B.  Kxtrail  du  procès-vêrBal  de  la  Convention,   21   pluviôse  an  li  (le  Comité 

d'instruction  publique  est  invité  à  présenter»- sous  huit  jours  un  projet 

de  décret  pour  prévenir  la  contrefaçon  des  productions  des  arts) 46a 

Extrait  du  compte-rendu  du  Moniteur 463 

C.  Extrait  du  registre  des  procès-verbaux'de  la  Commission  des  arts,  3o  plu- 

viôse an  II  (demande  d'atlas  et  d'ouvrages  de  géographie  faite  par  le  Co- 
mité de  division) , ».  * 463 

Détails  bibliographiqups  sur  V Atlas  national  de  Dumez 464 

J99*  SÉANCE,  27  pluviôse  an  ii  [  i5  février  1794].. ., 465 

Annexes: 

Arrêté  du  Comité  de  salut  public  relatif  à  la  formation  d'une  bibliothèque 

près  du  Comité  d'instruction  publique,  23  pluviôse  l'an  9 467 

Extrait  du  registre  des  procès-verbaux  de  la  Commission  des  arts,  26  plu- 
viôse an  II  (formation  d'une  bibliothèque  à  Pusage  des  Comités) 468 

aoo'  SÉANCE,  29  pluviôse  an  11  [  17  février  179^1].:^ 469 

Annexes  : 

A.  Extrait  du  procès-verbal  de  la  Convention,  27  pluviôse  an  11  (exception  au 

décret  du  8  pluviôse  sur  les  bibliothèques,  en  faveur  des  bibliothèques 

des  ports) 471 

B.  Société  des  Cordeliers,  séance  du  92  nivôse  an  11  (afrélé  portant  qu'il  sera 

fait  une  pétition  à  la  Convention  pour  la  réimpression  des  écrits  de  Ma- 

rat)  :  extrait  du  Monite.ir é ».»...      47  a 

Extrait  du  procès-verbal  de  la  Convention,  3o  nivôse  an  11  (pétition  pfé- 
senté^  par  la  Société  des  Cordeliers,  pour  la  réimpression  des  écrits  de 
Marat,  renvoyée  au  Comité  d'instruction  piiblique) 472 

Texte  de  la  pétition  de  la  Société  des  Cordeliers  :  extrait  du  Bulletin  de  la 

Convention 473 

Extraits  du  Portrait  de  Marat  (16  nivôse),  par  Fabre  d'Eglanline 474 

201'  SÉANCE,  1"  ventôse  an  11  [  19  février  1794] 476 

Annexes: 

A.  Détails  bibliographiques  sur  le  Journal  de  la  Société  républicaine  des  arts, 

de  Détournelle 479 

B.  Convention  nationale,  séance  du  3o  pluviôse  an  11  (décret,  rendu  sur  la 

proposition  de  Romme,  relatif  à  l'impression  de  Y  Annuaire  du  cultiva- 
teur) :  extrait  du  Moniteur 48o 

Détails  bibliographiques  sur  V Annuaire  du  cultivateur  pour  la  troisième  année 
de  la  République 48 1 


TABLE  DES  MATIÈRES.  \ïrrb 

C.  Extraits  des  procès-verbaux  du  Bureau  de  consul  la  ùon,  20  mars  1793,. ei  ' 

du  registre  des  procès-verbaux  de  la  Commission  des  arls,  22  septembre    - 
1793  (instrument  équalorial  de  Haupoix) iiS''à 

D.  Extrait  du  registre  des  procès-verbaux  de  la  Commission  des  arts,  5  ven- 

tôse an  II  (nomination  de  commissaires  pour  le  dépari  des  objets  relalifs 

aux  arts  et  aux  sciences  existant  à  l'Imprimerie  nationale  executive).  . .      683 

209*  SÉANCE,  3  veniôse  an  ii  [  2  i  février  1  796] ^ 684 

Annexes  : 

A.  Convention  nationale,  séance  du  16  thermidor  an  11  (rapport  de  Bârère, 

proposant  le  rapport  du  décret  qui  avait  conféré  au  Comité  de  salut  pu- 
blic le  droit  de  nommer  les  membres  des  Comités)  :  extrait  du  Moni- 
teur       687 

B.  Extrait  des  Mémoires  de  Tbibaudeau,  relatif  à  divers  membres  du  Comité 

d'instruction  publique  (Grégoire,  David-,  Fouroroy,  Duliem,  Pelit,  Plai- 
chard-Chollière,  Léonard  Bourdon) 687 

C.  Extrait  du  procès-verbal  de  la  Convention,  18  pluviôse  an  11  (Serie\s  fait 

hommage  du  prospectus  de  ses  Décades  républicaines) 689 

2o3'  SÉ4RCB,  5  ventôse  an  11  [23  février  1796  | 690 

Annexes  : 

A.  Extraits  du  registre  des  procès-verbaux  de  la  Commission  des  arls.  i5  et 

3o  pluviôse  an  11  (tables  de  bois  pétrifié) 697 

B.  Extraits  du  registre  des  procès-verbaux  de  la  Commission  des  arts,  10  et 

i5  frimaire  et  3o  pluviôse  an  11  (cabinet  et  bibliothèque  Gigot  d'Orcy).     697 

C.  Extraits  du  registre  des  procès- verbaux  de  la  Commission  des  arts,  3o  plu- 

viôse et  2  5  veniôse  an  11  (objets  précieux  provenant  de  la  reine,  déposes 

chez  Daguerre  et  Lignereux) , 698 

206*  SÉANCE,  7  ventôse  an  11  [26  février  179'»] 699 

Annexes  : 

A.  Extraits  du  registre  des  procès-verbaux  de  la  Commission  des  arts,  2b  plu- 

viôse, 5  et  i5  ventôse  an  11  (demande  de  nouveaux  pouvoirs  au  mi- 
nistre de  l'intérieur,  par  l'intermédiaire  du  Comité  d'instruction  pu 
blique;  impression  de  la  lisle  des  membres  de  la  Commission) joi 

Liste  des  membres  composant  la  Commission  temporaire  des  arts,  adjointe 
au  Comité  d'instruction  publique;  sans  nom  d'imprimeur 5oa 

B.  Extrait  du  registre  des  procès-verbaux  de  la  Commission  des  arls,  5  veniôse 

an  II  (le  Comité  d'instruction  publique  est  invité  à  écrire  aux  repré- 
sentants en  mission  de  prendre  des  mesures  conservatrices  à  r»'gard  dos 
objets  d'arts  et  de  sciences) .'10  '1 

C.  Arrêté  du'  Comité  de  salut  public  relatif  aux  instruments  de   musique   à 

distraire  de  la  vente  du   mobilier  appartenant    à  la  nation,  7  lloroal 

an  II .') o  '1 

floo'  SÉANCE,  9  ventôse  an  11  [27  février  1796] r)t).') 

Annexes  : 

A.  Extrait  d'une  lettre   de  Bentabole,    reprt^senlant  du    peuple   à  .N'ogo.nt,  h» 

a3  pluviôse  îi*  annéo ,  au  Comité  d»^  salut  public 107 


676  TABLE  DES  MATIEUES. 

B.  Projet  de  fêles  nalioiiales,  presenlé  an  nom  du  (jOiiiilé  d'inslruclion  pii- 

l)lique,  par  Malliieii,  député  du  département  de  TOise  [veniôse  an  u]; 

de  rimprimeric  nationale,  Tan  ii 5o8 

Comparaison  entre  le  projet  de  Mathieu  et  le  décret  présenté  par  Robes- 
pierre au  nom  du  Comité  de  salut  public  le  18  floréal 5ia 

C.  Extrait  du  procès-verbal  de  la  Convention,  11  ventôse  an  11  (rapports  sur 

les  établissements  de  sourds-muets,  présentés  par  Uoger  Ducos  cl  par 
Thibaudeau  ) 5i  3 

Rapport  et  projet  de  décret  sur  l'organisation  des  établissements  pour  les 
sourds-muels,  d'après  les  décrets  des  98  juin  dernier  (vieux  style)  et 
9  pluviôse,  par  Roger  Ducos,  député  par  le  département  des  Landes, 
au  nom  du  Comité  des  secours  publics;  de  l'Imprimerie  nationale 5i3 

Rapport  sur  les  sourds-muels,  au  nom  du  Comité  d'inslruclion  publique, 

par  Thibaudeau,  députe  do  la  Vienne;  de  l'Imprimerie  nationale  ....      5a3 

Extrait  des  Mémoires  de  Thibaudeau  relatif  à  Sicard 598 

D.  Extrait  du  registre  des  procès-verbaux  de  la  Commission  des  arts,  5  ventôse 

an  II  (arrêté  portant  qu'il  sera  adjoint  à  l'agent  un  commis  résidant 

dans  les  salles  du  Comité  d'instruction  publique) ,^38 

E.  Extrait  du  registre  des  procès-verbaux  de  la  Commission  des  nionuments, 

i3  veniôse  an  u  (notification  du  décret  du  98  frimaire  par  le  ministre 
de  l'intérieur),  et  lettre  au  Comité  d'instruction  pnblicjue  demandant 
que  des  commissaires  viennent  recevoir  les  papiers  de  la  Commission, 
1 3  ventôse 628 

aoC  SÉANCE,  1 1  ventôse  an  11  [  1"  mars  1  79'»] •  ....,.,.  •  .  .  r ^3q 

Annexés  : 

A.  Cor^vention  nationale,  séance  du   10  veniôse  an  11  (décret  suspendant  la 

vente  de  la  bibliothèque  de  Gigot  d'Orcy;  décret  demandant  un  rapport 
au  Comité  d'instruction  publique  sur  la  proposition  de  prohiber  la  sortie 
des  livres;  décret  chargeant  le  Comité  de  salut  public  de  prendre  des 
mesures  pour  empêcher  l'exportation  des  objets  intéressant  les  arts)  : 
extrait  du  Moniteur  et  du  procès-verbal 53a 

B,  Rapport  et  projet  de  décret  [sur  l'Ecole  militaire]  présentés,  au  nom  du 

Comité  d'instruction  publique,  par  Mfchel-Edme  Patil,  le  16  veniôse, 

l'an  II  de  la  République  une  et  indivisible;  de  ITmprimerie  nationale  .  .      533 

307'  SÉANCE,  i3  veniôse  an  11  [3  mars  179^»] 536 

Annexes  : 

A.  Extrait  du  registre  des  procès-ver'baux  de  la  Commission  des  monumenls, 

16  ventôse  an  II  (commissaires  nommés  pour  aller  au  Comité  d'instruc- 
tion publique,  le  17,  remettre  les  papiers  de  la  Commission) 589 

B.  Arrêté  du  Comité  de  salut  public,  20  ventôse,  et  délibéi^ation  du  Conseil  exé- 

cutif provisoire,  92  ventôse  an  11,  approuvée  par  le  Comité  le  9/1  ven- 
tôse, pour  empêcher  l'exporlation  des  livres,  tableaux,  etc.,  qui  peuvent 
servir  à  compléter  la  Bililiothèque  nationale  et  le  Muséum  des  arts..  . .      bkû 

C.  Extrait  d'un  décret  du  11  veniôse  an  11,  rendu  sur  le  rapport  du  Comité 

des  finances,  et  relatif  à  l'emploi  des  diamants,  pierres  précieuses,  perles 


TARLE  DES  MATIÈRES.  677 

cl  autres  bijoux  apparlenaiil  à  la  notion ,  ainsi  qu'à  des  caisses  de  mé- 
dailles déposées  à  la  trésorerie 5  i  i 

D.  Convention  nationale,  séance  du  i/i  ventôse  an  ii  (Gré[;oire  présente  une 
leltrc  de  Charles  IX ,  du  lo  octobre  1669,  accordant  une  récompense  à 
Moureviel  [Maurevel  ou  Maurevert]  pour  l'assassinat  de  Mouy,  lettre 
envoyée  par  le  déparlement  de  Paris)  :  extrait  du  Moniteur 56 1 

208*  SÉANCE,  i5  ventôse  an  n  [5  mdrs  179^] 5^^ 

Annexes  : 

Extraits  du  registre  des  procès- verbaux  de  la  Commission  des  arts,  3o  ven- 
tôse an  H  (distribution  de  V In'struction  sur  la  mauièi'e  d'inveittorier,  etc.).      5 '«9 

Analyse  de  V Instruction  aur  la  manière  d'inventorier-  et  de  conserver,  dans 
toute  retendue  de  la  République ,  tous  les  objets  qui  peuvent  servir  aux 
arts,  aux  sciences  et  à  V enseignement;  de  rinjprimerie  nationale.  DifTé- 
rences  entre  les  deux  éditions  de  cette  Instruction 569 

309*  SÉANCE,  17  ventôse  an  11  [7  mars  179'»] 55i 

2 1  o*  SÉANCE,  19  ventôse  an  n  [9  mars  1 7,9'!  ] , 555 

Annexe  : 

Extrait  du  registre  des  procès-verbaux  de  la  Commission  des  arts,  25  ven- 
tôse an  II  (aimant  armé  provenant  du  mobilier  du  roi) 558 

21  i*  SÉANCE,  91  ventôse  an  n  [1 1  mars  179^1] 559 

Annexe  : 

Lettre  d'Urbain  Domergue  au  Comité  d'iiistruction  publique,  relative  à  l'ar- 
rêté qui  le  révoquait  de  sa  place  de  premier  commis  à  la  bibliographie, 
2 1   ventôse  l'an  deux 56o 

2 1 2'  SÉANCE,  28  ventôse  an  ii  [1 3  mars  1 79A ] 50:1 

21 3'  SÉANCE,  25  ventôse  an  II  [1 5  mars  179'»] ^69 

Annexes  : 

A.  Rapport  et  projet  de  décret  sur  le  dernier  degré  d'instruction,  par  G.  Bou- 

quier,  présentés  au  nom  du  Comité  d'instruction  publique;  de  l'Impri- 
merie nationale 571 

B.  Extraits  du  registre  des  procès-verbaux  de  la  Commission  des  arts,  3o  fri- 

maire, 5.  i5  et  3o  pluviôse,  10,  90  et  a5  ventôse,  5  et  i5  germinal 

dn  II  (discussion  et  adoption  du  Règlement  de  la  Commission) 5Si 

Extraits  du  Règlement  de  la  Commission  temporaire  des  arts ,  adjointe  au  Co- 
mité d'instruction  puldique;  de  rimprimorio  nationale 58-j 

ar^"  SÉANCE,  27  ventôse  aii  11  [17  mars  179'!] 585 

Annexes  : 

A.  Extrait  du  procès-verbal  de  la  Convention,  G  germinal  an  11  (docrtt  volé 

sur  le  rapport  de  Guyton-Morveau,  sur  la  refonte  des  papiei-s  imprimes).     087 

jB;  Extrait  du  registre  des  procès-verbaux  de  la  Commission  des  arts,  3o  ven- 
tôse an  II  (lettre  de  Moreau  annonçant  (juc  la  Commission  des  monuments 
a  clos  ses  séances;  exemplaires  de  la  rt'ponse  au  rapport  de  Mathieu  dis- 
tribués AUX  membres  de  la  ('ommission  (l»'s  arts) 58<j 


678  TABLE  DES  MATIERES. 

Extraits  du  Compte  rendu  à  la  Convention  nationale  par'  la  Cominission  sup- 
primée des  monuments  ;  de  l'imprimerie  de  Brosselard 58q 

3  1 5*  sÉANCs,  39  ventôse  an  11  [19  mars  179/i] 098 

Annexes  : 

A.  Lettre  de  La  Chabeaussière,  détenu,  au  Comité  d'instruction  publique,  s.  d. 

[ventôse] 60^ 

B.  Extraits  sur  le  rapport  fait  à  k  Commission  des  poids  et  mesures  républicaines 

par  le  citoyen  Lagranjje,  dans  la  séance  du  8  germinal,  an  a*  de  la 
République  française  une.  et  indivisible,  sur  un  mémoire  du  citoyen 
Viallon 6o5 

C.  Lettre  de  la  Société  populaire  de  Gray  au  Comité  de  salut  public,  pour  dé- 

noncer un  imprimé  émané  de  la  Société  populaire  de  Moulins,  10  ven- 
tôse an  H 607 

Extrait  des  registres  et  délibérations  de  la  Société  populaire  de  Moulins, 

1 7  nivôse  an  11 607 

Adresse  de  la  Société  populaire  de  Moulins  au  Comité  de  salut  public.  ...      610 

D.  Considérations  sur  le  commerce  de  la  librairie,  par  Lefèvre  de  Villebrune, 

s.  d.  [  ventôse ] 619 

E.  Extrait  d'une  lettre  écrite  au  Comité  de  salut  publie  par  l'agent  national  du 

district  d'Étampes,  en  lui  envoyant  une  adresse  aux  communes  du  dis- 
trict pour  extirper  les  dernières  fibres  du  fanatisme,  3o  nivôse  an  11. .      619 

Extrait  du  registre  des  délibérations  du  directoire  du  district  d'Etampes, 
s  2  nivôse  an  11 619 

Adresse  de  l'agent  national  près  le 'district  d^Étampes  aux  communes 619 

APPENDICE.   ^ 

L      Note  sur  Lakanal  et  sa  mission  à  Bergerac *.......► 698 

IL  Texte  de  la  pétition  présentée  à  la  Convention  le  1 8  brumaire  an  n  par  le 
corps  de  musique  de  la  garde  nationale  parisienne  pour  demander  la 
création  d'un  Institut  national  de  musique. 627 

Texte  de  la  délibération  du  Conseil  général  de  la  commune  de  Paris,  du 
i4  brumaire  an  11,  portant  qu'une  députation  du  Conseil  accompagnera 
les  musiciens  de  la  garde  nationale  parisienne  à  la  Convention 629 

IIL  Pétition  de  la  Société  populaire  de  Saint-Maximin- (  Var-)  à  la  Convention, 
pour  demander  que  le  nom  de  la  commune  de  Saint-Maximin  soit  changé 
en  celui  de  Marathon,  25  brumaire  an  11 629 

IV.  Lettre  de  Philippe  Buonarroti  et  de  Joseph  Bonaparte  au  Comité  d'instruc- 

tion publique,  demandant  qu'un  choix  soit  fait  parmi  les  livres  apparte- 
nant à  la  nation  à  Toulon  et  à  Marseille,  pour  établir  des  bibliothèques 
en  Corse;  Port  de  la  Montagne,  3  pluviôse  an  11 63o 

V.  Lettre  de  Thérésia  Cabarrus-Fontenay  à  un  membre  du  Comité  de  salut 

public,  annonçantl'envoi  d'un  discours  sur  l'éducation;  Bordeaux,  5  plu- 
viôse an  ir 63 1 

Discours  sur  l'éducation,   par  la  citoyenne  Thérésia  Cabarrus-Fontenay, 


TABLE  DES   MATIÈRES.  679 

lu  dans  la  séance  tenue  au  temple  de  la  Raison  de  Bordeaux  le  pre- 
mier décadi  du  mois  de  nivôse,  jour  de  la  fcle  nationale  célébrée  à 
1  occasion  de  ïa  reprise  de  Toulon  par  les  armes   de  la  République- 

Bordeaux,  chez  Jean-Baptiste  jCavazza _  '     go, 

VI.  Quelques  idées  sur  les  arts,  stir  la  nécessité  de  les  encouraijor  sur  les 
msïitulions  qui  peuvent  en  assurer  le  perfectionnement,  et'  sur  divers 
établissements  nécessaires  à  l'enseignement  public,  adressées  à  la  Con- 
vention nationale  et  au  Comité  d'instruction  publique,  par  Boissy  d'An- 
^las,  député  du  département  de  TArdèche;  de  l'Imprimerie  nationale 
[pluviôse  an  ii].  (Extraits.) ^  g^ 


7? 


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